CR = RES er — } ! ll EC EN HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES PAR EUGÈNE SIMON ANCIEN PRÉSIDENT DES SOCIÉTÉS ENTOMOLOGIQUE ET ZOOLOGIQUE DE FRANCE. DEUXIÈME ÉDITION TOME PREMIER Accompagné de figures intercalées dans le texte re NUE OINITS 4 1 # (SE 1 1 1984 SUN Te f un fn ? PARIS LIBRAIRIE ENCYCLOPÉDIQUE DE RORET RUE HAUTEFEUILLE, 12 1892 Paris. — Imprimerie Épouarn DURUY. 22, rue Dussoubs. La première édition de cet ouvrage date de plus de vingt ans, et, depuis cette époque, nos connaissances sur l'Histoire naturelle des Araiïgnées se sont pour ainsi dire renouvelées. Cette étude, dont les bases ont été jetées par Latreille, Walckenaer et Sundevall, a été continuée par C. Koch, Blackwall, Westring, Menge, etc., et elle est de nos jours poursuivie par un grand nombre de naturalistes dont nous ne citerons ici que les cinq principaux : L. Koch, T. Thorell, O. P. Cambridge, E. Keyserling et Bertkau; nous croyons aussi avoir contribué à ses progrès par diverses publica- tions, notamment celle d’une faune française ; c’est assez dire que cette nouvelle édition d'un livre, qui n'était au reste qu'une œuvre de jeunesse fort imparfaite, n'aura guère de commun avec la première que le titre et la dis- position générale. Dans une première partie, nous exposerons, d’une manière aussi complète que possible, l’organisation extérieure des Araignées, en décrivant successivement les diverses pièces de leur système tégumentaire et indiquant leur homologie avec les pièces correspondantes des Insectes et des Crus- lacés, et nous ferons suivre cet exposé d'un vocabulaire des termes employés et de leur synonymie ; mais nous — VI — laisserons de côté l’organisation interne, dont nous ne nous sommes jamais spécialement occupé, renvoyant à ce sujet aux travaux d'E. Blanchard, Bertkau, Schimkewitsch, Cro- neberg, Dabl, W. Wagner et de beaucoup d’autres sa- vants anatomistes qui font autorité; nous ne ferons que, de loin en loin, quelques emprunts à ces auteurs dans les cas où cela nous paraîtra nécessaire à la démonstration des homologies dont nous avons parlé. La seconde partie, qui sera de beaucoup la plus impor- tante, le véritable corps de l’ouvrage, sera consacrée à la description des familles et des genres. Aucun ouvrage em- brassant ainsi l’ensemble de l’ordre des Araignées n’a paru depuis l’époque éloignée de notre première édition, et les essais de classification qui ont été proposés n'ont eu pour base que des faunes restreintes (1). Le Genera que nous publions aujourd’hui pour combler cette lacune, sera aussi pour nous le meilleur moyen de faire connaître sommairement le résultat des voyages que nous avons entrepris dans la région méditerranéenne, au Venezuela, aux îles Philippines et à l’île de Ceylan, dans le but d'étudier sur place les divers types d’Arachnides et de nous rendre compte de leurs affinités. Sous ce dernier rapport, nos idées se sont bien souvent modifiées au cours de nos chasses; pour n'en citer qu'un exemple : c’est en voyant les grandes toiles en nappe pourvues d’une retraite (1) Les deux principales, sans parler de celle que nous avons proposée et que nous comptons développer dans les pages suivantes, sont celle de Thorell, basée sur la morphologie générale, et celle de Bertkau, basée sur certaines particularités anatomiques ; mais le premier de ces auteurs n’a guère fait l’application de sa méthode qu’aux faunes européenne et indo-malaise, et le second ne s’est servi, pour établir la sienne, que des types de l’Europe centrale. == Ait tubiforme des Hippasa et des Podophthalma, que nous avons compris l’étroite parenté des Agélénides et des Ly- cosides qui nous aurait sans doute toujours échappé si nous avions restreint nos recherches à la faune de France. Dans cette seconde partie, nous ne parlerons qu'inci- demment des mœurs et de lindustrie des espèces, et seulement dans leurs rapports avec la classification, mais nous réunirons dans une troisième partie tout ce qui est connu sur la Biologie des Araignées, comme l’a fait ré- cemment Mac Cook dans son bel ouvrage American Spiders. Il nous a semblé que l'étude des mœurs devait forcément suivre celle des espèces, le point essentiel pour faire de fructueuses observations étant de bien connaître les ani- maux qui en font l’objet. Nous terminerons enfin par la distribution géographique des Araignées à la surface du globe. L'ouvrage actuel se composera donc de quatre parties : 1° Anatomie extérieure ; 2° Classification et Histoire des familles ; 3° Biologre ; 4° Distribution géographique. PREMIÈRE PARTIE Anatomie extérieure des Araignées Le corps des Araignées est formé de deux parties réunies par un étroit pédicule : la première, résultant de la fusion de la tête et du thorax, est le céphalothorax, la seconde est l'abdomen. Le céphalothorax (fig. 1) est en dessus d’une seule pièce, dont la forme est très variable et dont la surface est le plus souvent marquée d’une fossette médiane (fovea media) affectant la forme d’un sillon longitudinal, d’un sillon transverse ou d’un trou rond, et de stries ou dépressions rayonnantes partant du centre (striæ radiantes); fossette et stries correspondant à des attaches musculaires internes. Les deux premières stries, plus constantes que les autres, limitent la partie € céphalique (pars cephalica) qui, dans certains cas, se distingue en outre par son élévation brusque au-dessus de la partie thoracique (Éresus) ou plus rarement par un étranglement latéral | Sallicus, Myrmecium, etc.); dans d’autres cas, les stries rayonnantes, plus rarement la fossette, disparais- sent et la surface du céphalothorax est parfaite- ment homogène (Micaria). La partie céphalique porte les yeux et en avant les chélicères. L’espace compris entre les yeux et la base des chélicères est le bandeau (clypeus): il est horizontal et sur le même plan que la face dorsale dans le sous- ordre des Théraphoses ; chez toutes les autres Arai- _ gnées, il est plus ou moins vertical ou oblique et - forme, sauf de rares exceptions (Miagrammopes), un angle avec la face dorsale (1). La partie thora- cique est presque toujours déclive en arrière, sou- vent sa portion médiane est de tissu moins résistant, quelquefois même (1) C’est uniquement pour la clarté des descriptions que j'ai adopté ce terme de bandeau (clypeus), créé par Walckenacr, mais ce bandeau n’est aucunement une partie distincte et définie. Menge a introduit d’autres termes dont je ne vois pas l'utilité ; 1 ) HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES submembraneux quand elle est recouverte par le bord antérieur d’un volu- mineux abdomen (Gasteracantha), son bord postérieur est presque toujours plus ou moins échancré au-dessus de l'insertion du pédicule; dans certains cas, cependant, le céphalothorax se rétrécit brusquement en arrière en forme de cou cylindrique qui semble prolonger le pédicule (Myrmecium, fig. 9 ct; Formicinoides, fig. 19 ct). — Le céphalothorax est le plus souvent entouré d’un rebord, limité intérieurement par une strie submarginale ; ce rebord est tantôt mousse, tantôt en arête plus ou moins tranchante. L'abdomen, ou seconde partie du corps, est aussi de forme variable et presque toujours sans traces de segmentation. Sa face dorsale, dont le tégu- ment est généralement plus épais que celui de la face ventrale, présente de petites impressions ou fossettes indurées disposées par paires, qui sont, comme celles du céphalothorax, l'indice d’attaches musculaires ; ces impres- sions sont notamment très visibles chez les Thomisides, où l’on remarque toujours une impression médiane antérieure impaire, suivie de deux ou trois autres bisériées. La face ventrale offre aussi parfois des impressions, c’est ainsi que chez les Scytodes, dont les téguments sont mous et délicats, on remarque, en arrière des stigmates et un peu en dedans, deux impressions chitineuses assez larges, limitées en dedans par un rebord semi-circulaire (fig. 21). Ces impres- sions pourraient être prises au premier abord pour vre seconde paire de stigmates analogues à ceux des Dysderides et devenir ainsi une cause d'erreur. En dessous, l'abdomen offre une partie antérieure, limitée par ur sillon (rüma epigasteris) ou un changement de plan, qui est l’épigastre, présentant au milieu l’orifice génital et latéralement les stigmates de la première paire (fig. 3 et 20). L'’abdomen est parfois recouvert de plaques ou scula coriacés dorsaux ou ventraux. ‘ Dans le groupe des Gasteracantha (Argiopides) (fig. 2) et des Phoroncidiu (Theridiides), toute la face dorsale est plus ou moins indurée en forme de grand scutum souvent armé d’épines et tou- jours marqué de petites plaques plus dures disposées régulièrement : les unes formant une série marginale, les autres un groupe médian trapézoïde. Chacune de ces plaques, appelées points calleux ou ocelliformes, pré- SEE sente un cordon chitineux épais, de fines lignes concentriques el une impression médiane un peu ombiliquée. Chez ces mêmes espèces, le tégument de la face ventrale est aussi coriacé el plissé, et le pourtour des filières est épaissi en forme d’anneau ou de tube tres dur (mamillæe tubulatæ). ion? pour lui, la partie du céphalothorax portant les yeux et la bouche est l’epicranium, qui se divise lui-même en face (prosopum), joues (genae), front (frons et vertex). — Walckenaer paraît, daus certains cas, assimiler le bandeau à une lèvre supérieure ou labre ; à propos des chélicères, il dit (Apt., I, p. 68) « les mandibules placées immédia- lement sous le labre ou bandeau », mais ce rapprochement ne repose absolument sur rien, PREMIÈRE PARTIE — ANATOMIE 3 Une plaque dorsale scutum dorsale) se remarque chez un grand nombre d’Araignées, notamment chez des Affides (Ælurillus, etc.), des Drassides (Echemus, etc.), des Clubionides (Corinna, ete.) où elle est presque toujours propre au mâle, chez des Théridiides (Lophocarenum, ete.) où elle existe dans les deux sexes. D’autres n'ont, au contraire, qu'une plaque ventrale (scutum ventrale), mais les exemples en sont moins nombreux (Laches scutiventris E. Sim.); d’autres enfin, assez nombreuses (Palpimanus. etc.), sont pourvues 9 Fig. 9. d’une plaque épigastrique embrassant toute la région de l’épigastre, s’éten- dant plus ou moins loin sur la face ventrale, contournant en avant le pédi- cule et formant autour de sa base un rebord circulaire plus ou moins saillant, ce rebord est quelquefois crénelé en dessus, et, chez les mâles de quelques Theridiides (Asagena, etc.), il concourt à produire la stridulation. (Voy. plus loin.) Quelques espèces offrent en même temps les deux plaques : dorsale et épigastrique, et, de plus, une plus petite plaque infra-mamillaire, formant au-dessous des filières une sorte de demi-ceinture, disposition bien nette dans lc groupe des Gamasomorpha (Oonopides) (fig. 3-1), et chez plusieurs Theri- diides {Pholcomma, etc.). Enfin, dans certains cas, le système des plaques abdominales est assez complet pour indiquer une segmentation. C’est ainsi que, dans le genre Tetrablemma Cambr. (fig. 5}, on remarque, indépendamment d’un grand scutum dorsal, un scutum épigastrique très développé, un ventral et un infra-mamillaire indépendants, et, de plus, dans l’espace miembraneux qui les sépare, trois bandes chitineuses parallèles, divisées chacune en trois parties : deux latérales et une postérieure plus petite. La segmentation est encore plus visible dans le genre Liphistius, Araignée très anormale dont l’abdomen est recouvert en dessus de sept arceaux chiti- neux mobiles très analogues à ceux des Pédipalpes. Chez un grand nombre d’Araignées à téguments mous et dépourvus de pubescence, le cœur se voit par transparence à la face dorsale de l’abdomen sous la forme d’une bande de couleur claire et opaque, ayant de chaque côté trois diverticula coniques. Il est surtout très visible chez les Pholcus où il est situé immédiatement sous la peau; mais, d’après Schimkewitsch (Anat. Ep.), il n’est jamais visible chez les Epetres, où il est séparé du tégument dorsal par les lobes du foie. k HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES L'’abdomen est prolongé en arrière, au-dessus des filières, par un petit post- abdomen ou tubercule anal (luber anale) conique ou semi-circulaire, qui, vu en dessus, est formé de deux ou trois segments (fig. 6) dont les sutures droites sont plus ou moins nettes, et, vu en dessous, de deux seulement ; le dernier segment est triangulaire-obtus ou semi-circulaire ; dans certains cas (Uroctea, OŒEcobius) (fig. 7), il offre à l’extrémité une surface arrondie ou ovale, glabre, mais entourée d’une couronne de longs crins et souvent divisée longitudinale- ment par une petite carène garnie de crins semblables. L’orifice anal est situé en dessous, à la base du dernier segment, elle est en forme de fente transverse ou d’entaille triangulaire plus ou moins masquée par une avance obtuse du segment précédent. . } Fig. 8. Fig. 7. Fig. 6. Immédiatement au-dessous des filières inférieures se voit encore un petit appendice grêle ou aigu (colulus), dont l’usage n’est pas connu. Cet appendice est ordinairement très petit et peu visible, il atteint rarement une certaine longueur (Loæosceles) (fig. 8), il manque complètement chez toutes les Arai- gnées pourvues du cribellum, dans le sous-ordre entier des Théraphoses et dans la famille des Drassides. Le pédicule (petiolus) qui unit le céphalothorax à l'abdomen est ordinaire- ment court et caché par la convexité de l’abdomen ; quelquefois, cependant, il est long et donne à certaines Araignées l'aspect d’Hyménoptères, les Myrmecium (Clubionides) (fig. 9) et les Salficus (Aitides) (fig. 10) sont dans ce cas. _ li Fig. 10. Fig. 49. Fig. 9. Il est membraneux, mais soutenu en dessus par une sorte de lanière chiti= neuse (lorum pediculi) qui est échancrée à ses deux extrémités. Cette lanière est EU PREMIÈRE PARTIE — ANATOMIE 5 tantôt indivisé, droite et parallèle (Nephila), tantôt concave (Aviculariides), souvent aussi, pour plus de mobilité, elle est divisée en deux segments inégaux par une suture membraneuse arquée, à convexité antérieure (Sparassides, Zodariides) (fig. 11) ou postérieure (Lycosides) (fig. 12); le second segment est un peu plus court que le premier, il est quelquefois réduit à une très petite pièce profondément échancrée à son bord antérieur ; cette disposition se remarque chez les Dysdera (fig. 13), dont le premier segment, très développé, a la forme d’un triangle à sommet dirigé en arrière et s’adaptant dans l’échan- crure du second segment, tandis que chez les Uroctea le premier segment est très large et cordiforme ; quelquefois (chez les Pholcides) (fig. 14), le pédicule offre en dessus deux étroites lanières chitineuses, parallèles (Priscula) ou con- vergeant en arrière (Pholcus), séparées par une zone membraneuse longitudi- nale ; à leurs extrémités antérieures, ces lanières s’insèrent au céphalothorax qui offre deux petites entailles ou échancrures correspondantes. Ke Lette Te Céle, rCiof y V4 A4 4 GR Qu (earst Fig. 11. Fig. 12. Fig. 13. Fig. 14. En dessous, le pédicule est ordinairement membraneux ; dans certains cas, cependant, sa partie antérieure est soutenue et comme enveloppée d’une pièce chitineuse (plagula sternalis postica) appliquée au bord postérieur du sternum et paraissant même quelquefois soudée; chez les Dysderides (fig. 15) et les Fig. 15, 17. Fig. 18. Fig. 16. Palpimanides, cette pièce a la forme d’une demi-ceinture à bord postérieur 1 droit ou un peu échancré qui, latéralement, ferme les cavités cotyloïdes des hanches postérieures et vient se terminer en dessus, sur les côtés de la pièce principale du pédicule ; chez les Nephila, elle est arquée en forme d’accent … aiguet se prolonge latéralement en minces lanières contournant les hanches postérieures jusqu'aux pièces épimériennes ; elle offre une curieuse disposition dans le genre Hermippus (Zoduriüdes) (fig. 16), où elle affecte la forme d’un 6 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES long triangle à sommet antérieur, à base légèrement échancrée et suivie de deux petites pièces obliques. Dans un grand nombre de types (Zodariides fig. 17], Pholcides), elle est représentée par une fine carène souvent bifurquée en arrière, partant de la pointe du sternum et coupant longitudinalement l'intervalle membraneux intercoxal; cette carène peut être appelée carina intercoxalis, bien qu’elle soit l’homologue de la plagula sternalis. En arrière, le pédicule est souvent entouré et protégé par un rebord très dur de la partie antérieure de l'abdomen, ce qui se voit notamment chez les espèces pourvues de scutum épigastrique, comme les Palpimanus. Mais il n’est vérita- blement induré en dessous que chez les Araignées où cette partie est très longue et constamment à découvert, par exemple chez les Salticus où il offre une lanière (loruwm inferum pediculi) analogue à celle de la face dorsale, mais indivise ; chez les Myrmecium (fig. 18), elle paraît cependant offrir une suture, mais toute la partie antérieure à cette suture semble constituée par un pro- longement du sternum qui dépasse les hanches postérieures entre lesquelles il est extrêmement rétréci. Cette portion du sternum des Myrmecium résulte peut-être de la soudure d’une pièce analogue à celle que j'ai décrite chez les Dysdera. Dans certains cas, la longueur apparente du pédicule est due à une dispo- sition particulière du céphalothorax, qui se rétrécit brusquement en arrière en forme de cou cylindrique, ce qui se voit chez les Myrmecium (fig. 9 cé.) et surtout les Formicinoides. Chez ces derniers (fig. 19), le prolongement du céphalothorax est très long, ses bords se replient et se soudent en dessous de : manière à constituer une sorte de tube, et leur suture n’est indiquée que par une fine strie, les pièces propres du pédicule sont réduites à une très petite plaque inférieure pourvue d’une carène. Les stigmates (spiracula) se présentent sous la forme de fentes étroites, transverses ou obliques, dont le bord antérieur est seul muni d’un épaissis- sement en forme de bourrelet. Ils sont toujours situés à la face inférieure de l’abdomen ; les uns communiquent avec des organes respiratoires localisés et feuilletés, connus sous le nom de sacs pulmonaires, bien que leur structure intime les rapprochent des trachées (1). Les autres communiquent avec des trachées, tantôt simples, tantôt ramifiées, analogues à celles des insectes quant à leur disposition et à leur aspect, mais en différant grandement, aussi bien par leur origine que par leur structure histologique (2). Les cavités respiratoires dont j'ai parlé, sont visibles à l’extérieur et offrent l'aspect de plaques arrondies ou semi-circulaires d’une teinte un peu diffé- rente de celles des parties voisines et précédant les stigmates pulmonaires qui se distinguent ainsi des stigmates trachéens. Toutes les Araignées du premier sous-ordre et celles du genre Hypochilus, (1) L’histologie des sacs pulmonaires a été étudiée par Leuckart, qui a démontré le premier l’homologie de ces organes et des trachées (Cf. Ueb. d. Bau und Bedentung der Sogenannten Lungen bei den Spinnen, 1849). — Cf. aussi à ce sujet, Mac Leod, Recherches sur la structure et la signification de l'appareil respiratoire des Arachnides in Archiv. Biol., t. V, 1884, p. 16. (2) Mac Leod, loc. cit., p. 28-29. PREMIÈRE PARTIE — ANATOMIE 7 qui appartient au second, offrent quatre stigmates pulmonaires, deux situés au pli épigastrique et deux situés plus ou moins loin en arrière. Les deux premiers se retrouvent chez toutes les autres Araignées (fig. 20, 21), excepté dans le genre Nops Mac-Leay, qui, d’après une récente observation du : Dr Bertkau, manque absolument de sacs pulmonaires et n'offre que des ; q trachées (1). Ces stigmates pulmonaires sont accompagnés d’un ou de deux stigmates trachéens, qui, jusqu'ici, ne manquent absolument que dans la famille des Pholcides et dans le genre Pedanostethus E. Sim. (Ctenium Menge), qui appartient à celie des Theridiides. Dans certains cas, chez les Dysderides, les Oonopides, les Filistatides, les Argyroneta, il y a deux stigmates trachéens placés immédiatement au-dessous des pulmonaires ou un peu plus en arrière, ce qui se voit chez les Oonopides, où ils ont une tendance à se rapprocher de la ligne médiane (2), et les Fülista- tides, où ils sont cachés au fond d’un pli transverse et profond (3). Fig. 20. Fig. 1, Dans toutes les autres familles, les trachées débouchent à l’extérieur par un seul stigmate occupant la ligne médiane ; ce stigmate s’ouvre quelquefois au milieu même de la face ventrale (fig. 20), par exemple chez les Anyphæna (Clubionides) et les Glenognatha (Tetragnathinæ); mais, le plus souvent, il est situé très en arrière, en avant des filières inférieures (fig. 21) ou du cri- bellum (fig. 56 sf.) dans un pli transverse du tégument. Nora. Les stigmates trachéens ont été découverts chez les Dysderides par Dugès (Observ. Aran. in Ann. Sc. Nat., 2e ser., VI, 1836, p. 159) et chez l'Argyronele, par Grube (Muller’s Archiv., 1842, p. 296). L'existence de trachées, dans la grande majorité des Araignées et leur stigmate postérieur ont été indiqués par Menge (Ueb. die Lebensweise des Arachniden, Dantzig, 1843), qui, cependant, n’a pu les trouver dans tous les types, notamment chez les Epeirides; cette dernière découverte est due à . (1) Observation indiquée sommairement par T. Thorell in Spindl. Nikob., ete. K. Sy. vet. Akad., Handl., t. XXIV, n° 2, p. 9. (2) Disposition encore exagérée dans le genre Tetrablemma Cambr., où ces stigmates, rapprochés l’un de l’autre, sont situés au milieu de la face ventrale, en arrière d'un grand scutum épigastrique (Cf. O. P. Cambridge, P. Z. S. L., 1873, pl. xui, fig. 1 c). (3) La découverte des deux stigmates trachéens des Filistates est toute récente et due à Geo. Marx (Cf. On the importance of the structural characters of Hypochilus in the classification of spiders, in Proceed. Entom. Soc. Washingt., 1, 1889, p. 388). 8 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Siebold (Lehrbuch der Vergleichenden Anatomie, 1 part., 1848, p. 535). Tout récem- ment, le Dr Bertkau a fait une étude complète de ces organes, il a montré que le nombre normal des stigmates trachéens est de deux, et que le stigmate impair n'est que le résultat de la fusion sur la ligne médiane de ces deux stigmates, qui sont séparés exceptionnellement chez les Dysderides, les Filistatides et l'Argyronete. Les organes respiratoires ont souvent été pris pour base de la classification des Araignées ; L. Dufour (1) et Latreille (2), prenant en considération le nombre des sacs pulmonaires, avaient réparti les Araignées en deux tribus, que le premier appelait quadripulmonaires et bipulmonaires, et le second, tetrapneumones et dipneumones. Le Dr Bertkau s'est, au contraire, basé sur le nombre des orifices ou stigmates (3), et ses deux divisions portent les noms de tetrasticta et tristiclta, ce qui l’a amené à rapprocher les Dysderiides et l'Argyronete des Aviculariides, résultat beaucoup moins heureux, comme l’a démontré Thorell (4); la séparation des stigmates trachéens ou leur fusion en un seul est un caractère qui ne peut avoir la valeur que lui accorde Bertkau. Le sternum |[fig. 22) occupe la face inférieure du céphalothorax, il est formé de deux pièces très inégales : la première, beaucoup plus petite, est située entre les hanches des pattes-mächoires et sert de plancher à la cavité buccale ; la seconde est située entre les hanches des pattes ambulatoires. Ces deux pièces sont séparées par une suture membraneuse qui permet à la première une certaine mobilité de haut en bas, quelquefois cependant elles sont soudées, indiquées seulement par une strie superficielle qui s’efface même parfois complètement (quelques Aviculariidæ, quelques Sicariidæ); dans ce cas, le sternum n’est véritablement formé que d’une seule pièce. La pièce labiale (pars labialis) est cependant regardée par beaucoup d’auteurs comme faisant partie intégrante de la bouche et analogue à la ièvre inférieure (labium) des insectes. Sa forme est très variable, elle est plus ou moins grande, carrée, semi-circulaire ou ovale, rarement réduite à une simple lame (Aphan- tochilus) séparant les lames-maxillaires qui semblent se toucher. Sa face externe est plane ou convexe, l’interne, dont je parlerai plus loin, à propos de la bouche, est toujours membraneuse et déprimée. La forme et le développement de la pièce principale du sfernum sont égale- ment très variables ; dans la plupart des cas, ses bords sont coupés de chaque côté de quatre échancrures, plus ou moins profondes, correspondant aux hanches, qui sont insérées au milieu de l’espace membraneux, quelquefois au contraire la plaque sternale se replie de chaque côté et vient rejoindre le bouclier céphalothoracique dont elle n’est séparée que par un étroit sillon membraneux ; dans ce cas, cette plaque est percée de chaque côté de quatre larges ouvertures arrondies ou ovales qui sont les cavités cotiloïdes (acetabula) (1) Observations sur quelques Arachnides quadripulmonaires in Ann. Sc. Phys., V, 1820, p. 26. (2) Familles naturelles du Règne animal, ete., 1895. (3) Versuch. einer natürlichen Anordnung der Spinnen, in Archiv. f. Naturg., XLIV, 1878, 1, p. 351. (4) On Dr Bertkau’s Classif. of the Order Araneæ, in Ann. Mag. Nat. Hist., 1886, p. 301. PREMIÈRE PARTIE — ANATOMIE 9 des hanches, disposition qui s’observe notamment dans les familles des Dys- derides et des Palpimanides. En arrière, le sternum se termine très souvent en pointe prolongée ou non entre les hanches postérieures qui se touchent ou sont très rapprochées, souvent aussi il est tronqué et les hanches postérieures sont plus ou moins disjointes transversalement. Cette pièce principale du sternum résulte, comme la pièce dorsale du céphalothorax, de la fusion de plusieurs segments dont les sutures sont quelquefois vaguement indiquées Fig. 92, par de légères dépressions. Dans le groupe des Miagrammopinæ (fig. 23) cependant, on distingue nettement deux sferniles dont la séparation, au niveau de l'intervalle des hanches de la deuxième et de la troisième paire, est indi- quée par un étranglement brusque et un changement de plan; chacun des sternites à la forme d’un triangle à sommet antérieur; enfin, chez ja plupart des Araignées, on distingue entre les hanches postérieures un petit sternite rudimentaire que j'ai décrit plus haut sous le nom de plagula sternalis postica et de carina intercoæalis (fig. 15-18). Nora. On peut se convaincre que la pièce labiale appartient bien au sternum en l'étudiant chez les Pédipalpes de la famille des Tarantulides (Phrynus); la plaque sternale de ces Arachnides présente une série médiane de trois sternites dont le pre- mier prolongé en avant, en longue pointe cylindrique, représente la pièce labiale des Araignées. La bouche s'ouvre assez profondément ; la pièce labiale, dont j'ai parlé plus haut, lui sert de plancher ; à sa face interne, cette pièce offre un grand espace membraneux de forme oblongue, limité par une fine ligne chitineuse de couleur foncée (fig. 24), plan chez presque toutes les Araignées, mais coupé chez les Aviculariides d’un profond canal longitudinal graduellement élargi par le fond, déjà figuré chez le Nemesia par Dugès (1) (fig. 25); les Scytodes et les Pholcus offrent une disposition intermédiaire; chez les premiers (fig. 26), les sillon, très étroit, se bifurque en arrière. L’orifice buccal est surmonté d’une autre pièce qui n’est visible qu'après (1) Reg. Anim. Cuv. Arach., pl. ui, fig. 3b. — La description que Dugès donne, d’autre part, de la bouche, est obscure et même erronée (Observ. Aran., p. 178). 10 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES avoir écarté ou enlevé la précédente (excepté chez le: Archeides), qui s’y oppose et forme avec elle une sorte de bec. Cette pièce, qui est le rostre (rostrum), présente la forme d’un tubereule conique déprimé. Sa face supérieure légèrement convexe est glabre avec une bande pileuse médiane et les bords garnis de poils simples assez longs, elle est de tissu assez souple, surtout à l’extrémité qui paraît extensible, sa base Fig, 24. Fig. 95. . Lig. 96. est très rarement recouverte d’une petite plaque chitineuse carrée (Palpi- manides) (fig. 27); chez les Archeides, où elle est exceptionnellement à découvert par suite de l'éloignement des chélicères (fig. 32}, sa base est longue, étroite, parallèle et assez dure, tandis. que son extrémité membra- neuse se dilate en fer de lance. Sa face inférieure, appliquée au repos — sur le plan membraneux de la pièce ji labiale, est glabre, plane et bordée = —— d’une ligne de petites dents, qui ont — été découvertes par Kessler (1); ces LE — Pre dents, qui diminuent graduellement | , Là de grosseur de la base au sommet du rostre, sont remplacées, chez les Pholcus, par des poils simples; son ET QUE Fig, 98. milieu est coupé d’un profond sillon qui se dilate légèrement vers le fond où il est en continuité avec l’æsophage, le reste de sa surface paraît, sous un grossissement suffisant, recouverte d’un réseau ou d’une striation régu- lière de fibres très ténues traversant en partie le sillon médian (fig. 28); ces fibres sont des lignes brisées, dont les brisures, régulièrement espacées, paraissent au premier abord de teinte plus foncée et ont été prises ancien- nement pour de petites dents, notamment par Lyonnet (Anat. pl. 21, fig. 20), qui, à part cela, a figuré les parties buccales des Araignées avec une exactitude qu’on ne retrouve pas chez les auteurs qui l’ont suivi. Le rostre correspond à la pièce que j'ai appelée à tort épistome chez les Opiliones (Ar. Fr., t. VII), il n'offre cependant jamais la forme d’une lame itranchante ordinaire chez ces derniers. Croneberg, ayant remarqué que la fente longitudinale, prise par Treviranus pour l’orifice buccal, était l’indice de la soudure de deux pièces distinctes chez l’embryon, n’est pas éloigné d'y (4) Bull. Mosc., 1849. PREMIÈRE PARTIE — ANATOMIE il voir la représentation des antennes des insectes (1); Schimkewitsch l’assimile, au contraire, à un labre en faisant remarquer que, chez certains insectes, PAbeille (d’après Butschli), le Bombyx (d’après Tichomiroff), le labre résulte aussi de la fusion de deux appendices primitifs. Pour moi, le rostre représente à l’état de vestige l’ensemble des pièces buccales des insectes réduites à leur plus simple expression, car, si chez les Araignées, sa partie inférieure, qui peut figurer-le labre selon les vues de Schimkevwitsch, reste seule distincte, chez d’autres types de la classe des Arachnides, notamment chez les Galeodes, sa face supérieure porte en outre deux paires de très petits appendices qui ont été assimilés par E. Blanchard aux mandibules et aux mâchoires (2). Les pièces épimériennes manquent complètement ou n'existent qu’à l'état rudimentaire, elles sont alors représentées par une étroite bande de tissu chitineux qui s'étend latéralement entre le rebord céphalothoracique et les hanches; cette bande est quelquefois divisée, c’est ainsi que chez quelques Pholeides (notamment chez Priscula umbratilis -F E. Sim.), on voit de chaque côté, au-dessus de © l'insertion des hanches, une série de quatre petits ares chitineux (fig. 29). Il est probable que, chez les Dysderides et les Palpimanides, les bords du sternum, qui se prolongent au-dessus des hanches, résultent de la soudure de pièces épimériennes plus développées. Fig:29. . Les yeux sont toujours simples et se présentent à l'extérieur sous forme de cornéules très lisses enchâssées dans le tégument. Ils sont normalement au nombre de huit et toujours situés sur la partie céphalique dont ils occupent une surface plus ou moins étendue, Leur nombre est quelquefois de six, quelquefois aussi, mais beaucoup plus rarement, il est réduit à quatre (Tetrablemma) et même à deux (Nops). Ils sont imsérés à plat ou obliquement, souvent même sur de légères saillics inclinées en divers sens, ce qui change leur axe et augmente le rayon visuel, comme Leuwenhoeck l’a, le premier, observé. Les yeux sont de deux sortes généralement faciles à reconnaitre par leurs caractères extérieurs : les uns, qui existent exclusivement chez les espèces diurnes et chasseresses, telles que les Lycosa, Attus, ete., sont ronds, convexes, et diversement colorés ; les autres, qui se montrent chez les espèces nocturnes et lucifuges, sont plats, d’un blanc nacré et de forme variable, tantôt ronds, tantôt ovales, tantôt même plus ou moins anguleux; en raison de leurs fonctions, j'ai appelé les premiers yeux diurnes ct les seconds yeux nocturnes. Un grand nombre d’Araignées (Aviculariides, Drassides, etc.) possèdent simultanément les deux sortes d’yeux. Les yeux sont disposés en deux lignes transverses formées chacune de (4) Archiv. f. Naturg., 1880. (2) Organ. Reg. Anim. Arachn., pl. 25, fig. 5. 19 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES quatre yeux, et on peut y reconnaitre des yeux médians antérieurs (0. medii antici) (fig. 1 et 31 om.), latéraux antérieurs (laterales antici), médians posté- rieurs (medii postici) et latéraux postérieurs (laterales postici) (fig. 1 et 31 oL.), mais ces deux lignes ne sont pas toujours parallèles, elles sont très souvent courbées, soit en avant à convexité antérieure (recurvæ), soit en arrière à con- vexité postérieure (procurvæ), tantôt les deux lignes sont courbées dans le même sens, tantôt elles le sont en sens inverse, ou bien encore l’une des deux est seule courbée. La courbure des lignes oculaires est souvent si grande que les yeux paraissent placés sur trois ou même quatre rangs, mais une étude attentive, soit des modifications de chaque type, soit de la nature même des yeux, permet de rétablir la disposition primitive normale. C’est ainsi que, si l’on compare les yeux en deux lignes régulières des Selamia à ceux des Storena, on reconnaîtra que les yeux de la première ligne de ces dernières sont les latéraux de la première extrêmement courbée (procurva) et que les yeux de la troisième sont les médians de la seconde, également courbée dans le même sens, ses yeux latéraux formant avec les médians de la première une ligne presque droite. Les yeux des Oxyopes présentent au premier abord la dis- position de ceux des S{orena, mais leur homologie est différente, car ici les deux lignes sont courbées en sens inverse et ce sont les médians de la pre- mière frecurva) (au lieu d’être les latéraux) qui, plus avancés que les latéraux, constituent à eux seuls la première ligne, tandis que les latéraux de la seconde forment la troisième. Les Attides s’éloignent encore plus du type normal, car leurs yeux sont placés sur trois rangs écartés, occupant toute l'étendue de la partie cépha- lique. Les quatre antérieurs sont cependant en ligne droite compacte, puis viennent sur les bords latéraux deux très petits yeux, puis enfin deux autres de moyenne grosseur placés aux angles postérieurs, le tout dessinant un grand quadrilatère; pour moi, cependant, les petits yeux du second rang ne sont autres que les médians du second; dans le genre Asamonea du groupe des Lyssomanes, ils sont placés en dedans des postérieurs et la ligne oculaire, bien que très courbée, se dessine nettement. Chez les Lycosides, la seconde ligne est extrêmement courbée au point de pouvoir être regardée comme formant deux lignes, mais tous les degrés de courbure existent dans la famille voisine des Pisaurides, qui offre quelques exemples de lignes ocu- laires presque parallèles. Les types que je viens de citer ayant tous des yeux homogènes et diurnes, leur homologation peut paraître un peu arbitraire d'autant plus que leur grosseur relative est très variable; chez les Attides, en effet, ce sont les médians antérieurs qui ont la prééminence, tandis que chez les Lycosides ce sont ceux de la seconde et chez les Oxyopidæ les latéraux. L’homologation est plus facile chez les Araignées hétérophthalmes ; chez la plupart, notamment chez les Aviculariides, les Drassides, etc., les médians anté- rieurs sont seuls diurnes, leur importance diminue en raison des habitudes lucifuges, ils sont parfois extrêmement réduits et représentés par une simple petite tache pigmentaire chez les espèces cavernicoles. Quelquefois aussi, ils font complètement défaut, tel est le cas dans les familles entières des Dysderides, des Oonopides, des Sicariides, et dans certains PREMIÈRE PARTIE — ANATOMIE 13 genres tels que les Spermophora, Chorizomma, Scotolatys, Masteria, etc., qui appartiennent à des familles ayant normalement huit yeux; il est facile de voir que ce nombre est réduit par l’oblitération des médians antérieurs. Il n’y a à cette règle que très peu d’exceptions, on peut cependant citer le Crypto- cleples paradozus E. Sim., petite espèce du groupe des Linyphinæ, qui se distingue de ses congénères par l’absence de l’un des yeux latéraux; chez les Miagrammopes, le nombre des yeux parait réduit à quatre, par suite de l’obli- tération presque complète des yeux du premier rang; les quatre postérieurs gardent la situation normale qu’ils occupent dans les genres voisins (Hyptiotes). Les yeux des Araignées hétérophthalmes sont généralement en groupe plus compact et sont plus régulièrement bisériés que ceux des Araignées homo- phthalmes. Quelquefois, cependant, certaines paires d’yeux ont complètement dévié de leur position normale. C’est ainsi que, chez les Selenops, les petits yeux médians de la seconde ligne sont venus se placer sur les côtés des latéraux de la première; on peut s’en convaincre en comparant le groupe oculaire des Selenops à celui des Plator, chez lesquels la position normale s’est maintenue. Chez les Cfenus, ils sont venus se placer sur les côtés des médians de la pre- mière ligne qui sont eux-mêmes dans une situation anormale, étant beaucoup plus reculés que les latéraux, etc. Les lignes oculaires idéales dont je viens de parler doivent toujours être prises en passant par le centre des yeux et non tangentes à leurs bords anté- rieurs ou postérieurs, ce qui pourrait devenir une cause d'erreur. Nora. J'ai recherché dans les travaux des anatomistes modernes, notamment dans ceux de Graber (1) et de Grenacher (2), qui sont, je crois, les plus récents sur la ques- tion, si la structure intime des yeux diurnes et nocturnes offrait quelques différences pouvant faire croire à une différence fonctionnelle et justifiant la distinction que j'en ai faite, uniquement d’après leur aspect extérieur. Suivant Grenacher, les terminaisons rétiniennes du nerf optique des yeux médians antérieurs (diurnes) ont des noyaux postbacillaires, c’est-à-dire silués en arrière des bâtonnets, tandis que ceux des yeux postérieurs (nocturnes) ont des noyaux prébacillaires. Schimkewitsch (Anat. Ep., p. 12) dit également : « Les noyaux prébacillaires existent seulement dans les yeux pos- térieurs de l'Epeire, aussi le dimorphisme des yeux indiqué par Grenacher est-il bien marqué. » F. Plateau, qui a publié plus récemment une série d'expériences sur la vision chez les Arachnides (3), ajoute : « Sans admettre immédiatement, avec Grena- cher, que la vision doit nécessairement être plus nette avec les yeux de la première catégorie (médians antérieurs), ce qui serait, du reste, presque impossible à constater, nous pouvons, raisonnablement, supposer que les deux formes d'organes ont des rôles légèrement différents. » Voici, au reste, les conclusions auxquelles M. F. Plateau a été conduit par ses expériences sur la vision des Araignées : 1° Les Araignées, en général, percoivent à distance les déplacements des corps volu- mineux ; (4) Archiv. Mikr. Anat., XVII, 1879, p. 58, 3 pl. (2) Untersuchungen über das Sehorgan der Arthropoden insbesondere der Spinnen, Insecten und Crustaceen, Gütt., 1879 (Araignées, p. 39-57). {3) Recherches expérimentales sur la vision chez les Arthropodes, 2° partie. Bruxelles, 1887. lu HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES 2% Les Araignées chasseresses (Attides, Lycosides) sont probablement les seules qui voient les petits objets ; 3 Elles perçoivent des mouvements à une distance qui oscille, d'après les observa- teurs et suivant les espèces, entre 2 et 20.centimères ; 4 La distance, à laquelle la proic est vue assez bien pour que la capture en soit tentée, n'est que de 1 à 2 centimètres ; 5° Mème à cette faible distance la vision n’est pas nette, car les Araignées chasse- resses commettent de nombreuses erreurs ; Ge Les Araignées tendant des toiles ont une vue détestable à toules les distances ; elles ne constatent la présence et la direction de la proie qu'aux vibrations de leur filet, et cherchent à prendre de petits objets tout autres que des insectes, dès que la présence de ces objets détermine dans le réseau des secousses analogues à celles que produiraient les mouvements d'insectes ailés (Op. cit., p. 35). Les chélicères (chelæ) où première paire d’appendices du céphalothorax sont insérées dans la partie membraneuse qui sépare le bord frontal de la cavité buccale; elles sont formées de deux articles : la tige et le crochet (fig. 30). L'article basilaire ou tige (paturon Lyonnet) se présente sous deux aspects qui caractérisent les deux sous-ordres; chez les Theraphoses, 11 est dirigé en avant dans Paxe du corps et présente la forme d’un demi-cylindre, à convexité extérieure, c’est-à-dire convexe en dehors et plan en dedans ; chez toutes les autres Araignées, il est dirigé en bas ou obliquement et il présente soit la forme d’un cylindre soit plus souvent celle d’un cône; il jouit dans tous les cas d’une certaine mobilité dans tous les sens. Cet article est presque toujours de tégument plus résistant que les autres parties du corps; sa base offre souvent au côlé externe une saillie basse et lisse (macula basalis) où condyle articulaire, qui manque dans un grand nombre de familles, notamment chez les Dysderides, les Theridiides, les Attides, ete.; son extrémité est obliquement tronquée au côté interne, et cette face oblique est coupée dans le haut d’une échancrure membraneuse nécessaire à la mobilité du . crochet, elle est, le plus souvent, garnie d’un ou de deux rangs de dents limitant une sorte de gouttière dans laquelle vient se replier le crochet au repos, très souvent cette gouttière est encore limitée, au bord supérieur seulement, par une brosse de forts crins, brièvement barbelés, formant une sorte de scopula, ce qui se voit no- tamment chez les Clubionides, Agelenides, Drassides, Lycosides, cte.; d’autres fois, ies bords de la gouttière, dépourvus de dents et de scopula, sont dilatés a l'angle en forme d’apophyse formant pince avec le crochet, ce qui se voit très bien chez les Scytodes et les Pholcus, dont Ile crochet est petit (fig. 31 ch.). Fig. 50. Le second article ou crochet (unguis) est inséré à l’extrémité de la tige, dans une petite cavité membraneuse entourée d’un rebord, un peu dilaté de chaque côté au point où se fait l’articulation. Ce crochet est très mobile, mais dans une seule direction : chez les Theraphoses, il se replie longitudinalement en PREMIÈRE PARTIE — ANATOMIE \5 dessous, chez toutes les autres Araignées au côté interne, dans la rainure que j'ai décrite; sa base, vue en dessus, est tronquée droit, en dessous celle est coupée d'une échancrure qui renferme une petite pièce chitineuse plagula articularis), déja très bien figurée par Lyonnet {Anat., pl. 19, fig. lc), tantôt libre, tantôt soudée aux bords de l’échancrure. Le crochet est très dur, aigu, arqué en croissant, très rarement dilaté à la base (Scytodes), plus rare- ment encore recourbé en dehors à la pointe (Laches); sa face inféricure offre deux [rarement une seule) fines carènes, dont linférieure est le plus souvent finement et régulièrement dentée {elle est lisse chez les Dysderides et la plupart des Attides). Ce crochet est creusé pour donner passage au canal excréteur de la glande vénénifique qui débouche près de son extrémité, à la face supéro-interne, par un très petit orifice presque toujours arrondi, quelquefois cepen- dant allongé en forme de fente (Dysdera), d'au- tres fois arrondi, mais s’ouvrant au fond d’une petite fossette longitudinale, comme Dugès l’a figuré chez le Nemesia (Reg. An. Cuv. Ar., pl. 1, fig. 1) (1). Fig. 31. Nora. L'appareil venimeux des Araignées se compose de deux glandes pyriformes situées à la partie antérieure du céphalothorax au-dessous du tégument dorsal, leur grosse extrémité est tournée en avant et donne naissance à un canal excréteur très vrèie parcourant toute la longueur des chélicères pour aboutir ou pore subterminal du crochet que j’ai décrit. Ces glandes sont tantot situées entièrement dans le cépha- lothorax (Agelena, Tegenaria, Epetra), tantôt elles sont partiellement situées dans l'article basilaire des chélicères (Clubione), tantôt enfin elles sont entièrement con- tenues dans cet article (Avicularia, d’après Siebold et Slannius). — Leur dimension, relativement à la taille de l'animal, est très variable. Mac Leod les a trouvées très petites chez Lycosa pulverulenta et Marpissa muscosa, beaucoup plus grosses chez les Epeira, Agelena et Tegenaria, etc. — Cf. Mac Leod. Notice sur l'appareil venimeux des Aranéides in Archiv. Biol., t. 1, 1880. L’espace qui sépare la base des chélicères du bord du bandeau est de tissu souple et membraneux, ce qui permet la mobilité de la tige, quelquefois cependant cet espace offre une étroite bande transverse indurée qui paraît correspondre aux pièces épimériennes, car c’est précisément chez les espèces où celles-ci existent qu’elle se montre le plus souvent {fig. 31). -Gette pièce exceptionnelle chez les Araignées est, au contraire, bien déve- loppée chez d’autres Arachnides, notamment chez les Tarantula (Pedipalpes), où elle offre au milieu une pointe ou prolongement triangulaire qui s’avance entre la base des chélicères ; une pointe semblable existe chez les Obisium où elle est regardée comme un épistome (Cf. Ar. Fr., t. VIL, p. 2). (1) Cet orifice existe chez toules les Araignées, ce qui n’était pas admis du temps de Walckenaer; cet auteur dit, en effet : « cet onglet est mobile, arqué, très dur et a, dans quelques espèces, un pelit trou qui donne passage au venin » (Apt, t. I, p. 69). 16 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Les chélicères sont regardées par un grand nombre d'auteurs comme les analogues des mandibules des insectes et elles sont désignées sous ce nom dans la plupart des ouvrages systématiques. Savigny avait cependant reconnu que ces appendices ne sont point des mandibules, et il les considérait comme une première paire de pattes modifiée en vue de fonctions spéciales (1). Latreille avait, peu de temps après, émis l’opinion qu’ils n'étaient autres que des antennes modifiées (2); cette idée a été soutenue par un certain nombre de ses successeurs, parmi lesquels om peut citer Grube, E. Blanchard, Siebold, Owen, Zenker, Gegenbauer, etc., et appuyée de preuves anatomiques très sérieuses, principalement tirées du mode d’innervation, le nerf des chélicères prenant naissance, comme celui de vraies antennes, du ganglion susæso- phagien, et Balbiani a ajouté de nouvelles preuves tirées du développement embryonnaire : « Les premiers protozonites qui apparaissent chez l’embryon, dit-il, sont ceux correspondant aux 2°, 3° et 4° segments thoraciques, c’est- a-dire ceux qui porteront, plus tard, les pattes-mâchoires et les deux pre- mières paires de pattes ambulatoires ; puis se forment les 5° et 6° protozonites thoraciques, correspondant aux deux dernières paires de pattes locomotrices, et, enfin, le protozonite le plus antérieur destiné à porter la première paire d’appendices ou les chélicères. Ce segment est le seul qui se forme aux dépens de la portion céphalique, tandis que tous les autres naissent de la portion thoracique. Cette origine du premier segment justifie donc la signifi- cation, attribuée depuis Latreille, aux appendices antérieurs des Arachnides de représenter les antennes des autres articulés. » {Développ. Aran., 1876, p. 85). Ces résultats ont cependant été contestés par les adversaires de l’hypothèse (1) Savigny s'exprime ainsi à cet égard : « Les mandibules des Arachnides ne sont, au fond, que deux palpes antérieurs plus gros et surtout plus courts que les palpes postérieurs, il me paraît donc certain que les Arachnides ne possèdent ni vraies man- dibules ni vraies mâchoires, comme ils sont aussi privés de labre proprement dit, d’yeux composés et d’antennes ; ils manquent des parties les plus apparentes de la tête des Héxapodes. On peut dire, de la plupart des Crustacés, qu'ils ont la tête con- fondue avec le corps, et, des Arachnides, qu'ils n’ont pas même de tête. Ainsi, à ne considérer que les organes extérieurs de la nutrition et du mouvement, on pourrait en quelque sorte définir les Arachnides des Crustacés sans tête à douze pattes, dont les deux premières paires sont converties en mandibules et en mâchoires. » (Mém. sur les Anim. sans vertèbres ; 2° Mém. Observ. gén. sur la bouche des Arachnides, des Crustacés et des Entomostracés). — Il est curieux que les auteurs, qui ont cité Sa— viguy avec le plus d’éloges, lui aient presque toujours fait dire le contraire de ce qu’il dit réellement, relativement à l’homologie des appendices des Arachnides (Voir notamment Milne Edwards, Lecons sur la Physiol. et l'Anat. comp., t. V, p. 540, note). (2) Ce n'est qu’en 1829, dans son ouvrage intitulé : « Les Crustacés, les Arachnides et les Insectes distribués en familles naturelles », que Latreille fait le rapprochement des chélicères et des antennes; il s'exprime ainsi à cet égard (t. 1, p. 207, note) : « Chélicères ou antennes-pinces, c’est ce qui résulte évidemment de leur comparaison avec les antennes intermédiaires des divers Crustacés et notamment de ceux de l’ordre des Pæœcilopodes (Limules), il n’est donc pas rigoureusement vrai que les Arachnides n’aient point d'antennes, caractère négatif qu’on leur avait jusqu'à nous exclusive- ment attribué ». — Dans tous ses ouvrages antérieurs, Latreille parle des chélicères sous le nom de mandibules, PREMIÈRE PARTIE — ANATOMIE 17 de Latreille, notamment par Ganin, Salensky, Balfour et Schimkewitsch ; d’après ces auteurs, le ganglion des chélicères est primitivement infra-œæso- phagien exactement comme celui des mandibules des insectes, mais, tandis que chez ces derniers il garde sa situation primitive et se confond plus ou moins avec ceux de la 1" et de la 2° paire de mâchoires [lèvre et ses palpes), chez les Arachnides, il vient se placer, par suite du développement, au-dessus du tube digestif pour faire définitivement partie intégrante du cerveau. Le ganglion des chélicères ne serait donc qu’un ganglion mandibulaire dévié de sa situation normale chez l’animal adulte seulement. Mais une nouvelle opinion, également basée sur l’embryologie, s’est fait jour dans ces derniers temps. Pelseneer a, en effet, démontré que chez l’Apus (Crustacé phyllopode), même adulte, les ganglions qui innervent les deux paires d'antennes sont réellement infra-æsophagiens, et Lameere est arrivé au même résultat dans ses études sur le développement de la Blatte. Chez tous les Arthropodes, le cerveau serait constitué par deux ganglions : le premier ophthalmique, le second antennaire ; celui-ci qui fait primitivement partie de la chaîne ventrale se réunit ultérieurement au premier pour constituer la masse supra-œæsophagienne. L'embryologie vient donc de nouveau confirmer l’hypo- thèse de Latreille (1). Indépendamment de ces preuves tirées du développement embryonnaire, qui paraissent encore assez contradictoires, l’homologation des chélicères et des antennes ressort bien évidemment de leur morphologie. Le caractère essentiel de l’antenne est d’être préorale, par opposition aux mandibules et aux mâchoires qui, sans aucune exception, sont postorales; quant à sa forme, elle est des plus variables ; l’idée qu’on s’en fait en général, chez les insectes, est celle d’un appendice allongé, pluriarticulé et très mobile, mais elle est loin de garder cette forme dans tous les types et devient parfois apte à remplir des fonctions spéciales, par exemple chez les Daphnies où elle est convertie en rame natatoire, chez les Corophies où elle peut servir à la fois d’organe saltatoire et de préhension, chez les Branchipus où elle affecte la forme d’un puissant crochet biarticulé. La modification que subit l’antenne chez les Arachnides est à peu près de même nature que chez ces derniers et doit être regardée comme un phé- nomène d'adaptation dont toutes les paires de membres peuvent offrir des exemples. Mais, si les chélicères diffèrent grandement par la forme et les fonctions des antennes typiques des insectes, elles s’éloignent encore plus à ce double point de vue des mandibules : leur crochet mobile sert à harponner et à saisir la proie et non à la broyer, et dans certains cas, notamment chez beaucoup d’Opiliones, elles gardent la forme d’appendices allongés et pluriarticulés. Enfin, la preuve décisive vient, pour moi, de leur situation constamment préorale. Chez la plupart des Arachnides, elles sont insérées immédiatement en avant de la bouche et au-dessous du bord frontal dans un espace membraneux très (1) A. Lameere, Sur l’unité d’origine du type Arthropode in GC. R. Soc. ent. Belg., août 1890, | 18 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES souple, qui permet la mobilité de leur article basilaire, elles s'appuient au repos sur la face interne des lames-maxillaires et semblent faire partie des pièces buccales. Mais il en est autrement chez les espèces récemment étudiées du groupe des Archeides, les chélicères sont ici tres largement séparées de la bouche par un grand espace, dont le tégument solide ne diffère pas de celui de la face dor- sale, et situées près des yeux, exacte- ment comme des antennes normales d'insectes. L’homologie est ici absolu- ment évidente, comme on peut s’en con- vaincre par la figure que j’en donne ci- contre (fig. 32). Les pattes-mâchoîres ou seconde paire d’appendices du céphalothorax sont formées de six articles : la hanche {coæa), le trochanter, le fémur, la patella, le tibia et le tarse. La hanche, qui est insérée sur le côté de la pièce labiale, se présente sous deux aspects, selon qu’on l’examine chez les Theraphoses et chez les vraies Araignées ; chez les premiers, elle diffère à peine de celles des pattes ambulatoires, c’est un article épais, à bords presque parallèles, dont le côté interne est un peu aminci et garni d’une brosse de crins destinée à retenir les aliments et dont la base est garnie, sur une plus ou moins grande étendue, de petits spicules qui doivent jouer un rôle dans la manducation, souvent cet article est un peu dilaté à l'angle supéro-interne; dans certains cas (Atypus), il s’avance même en forme de longue apophyse, mais, si on examine cette apophyse par la face interne, on reconnait qu’elle n’est qu’une simple dilatation de l’article et non une lame-maxillaire distincte, comme cela à lieu chez les vraies Araignées. Chez celles-ci, la hanche est toujours pourvue d’une lame-maxillaire (lamina-maæillaris) (fig. 33) droite ou inclinée sur la pièce labiale, au reste de forme très variable, selon les familles et les genres. La face externe des lames est toujours homogène et les impressions qu’elle présente par- fois sont superficielles, mais leur face interne offre toujours, près la base, une profonde strie qui s'étend obliquement de l'insertion du trochanter au bord interne, Cette strie indique que la lame est un lobe distinct, quoique soudé et immobile, représentant la branche interne ou endopodite des mâchoires des insectes broyeurs et des Crus- tacés. Fig. 32. PREMIÈRE PARTIE — ANATOMIE 19 Le bord interne des lames s’amincit légèrement, il est néanmoins obtus et garni d’une forte brosse de crins (scopula) qui s'étend plus ou moins loin sur la face inférieure, celle-ci offre en outre, le long de son bord supéro- externe, une carène tranchante finement denticulée (serrula) (1); cette scopula et cette carène jouent un rôle important dans l’acte de la manducation : l’une pour déchirer la proie, l’autre pour en faire pénétrer les parties liquides dans la cavité buccale ; la carène denticulée manque cependant quelquefois, notam- ment chez les Dysderides. À la face inférieure des lames, près de leur bord interne, on trouve un petit amas de cellules glandulaires dont les fonctions ne sont pas connues ; Dahl avait cru y reconnaitre des organes olfactifs, mais cette opinion a été révoquée en doute par Bertkau. Ces organes ne se décelant à la surface des téguments par aucune particularité notable, je n’ai pas en m'en occuper ici. Les articles suivants : fémur, patella et tibia, différent à peine, au moins chez la femelle, de ceux des pattes et leur mode d’articulation est le même, Le tarse n’est formé que d’un seul article {au lieu de deux), et les scopulas, quand elles existent, sont limitées à cet article; chez la femelle, le tarse diffère encore de celui des pattes soit par l’absence de griffe, soit par la pré- sence d’une seule griffe (au lieu de 2 ou 3); cette griffe est souvent dépourvue de dents; quand elle en présente, ellés sont généralement moins nombreuses que celles des griffes des pattes. Chez le mâle, le tarse, qui renferme l'organe copulateur, est plus ou moins modifié (fig. 60, GI et 62 tr.) et les deux articles précédents, tibia et patella, sont très souvent aussi pourvus de dilatations et d’apophyses qui manquent chez la femelle. Le nombre des articles de la patte-mâchoire est toujours de six; c’est par suite d’une erreur d'observation que Lucas et Walckenaer en ont attribué sept à celle des mâles du genre Actinopus; chez ces Aviculariides, le bulbe génital est cylindrique à la base, ce qui a pu le faire prendre pour un article supplémentaire. Les pattes-mâchoires appartiennent à la région thoracique et ne sont autres qu'une première paire de pattes refoulée sous la cavité buccale, et ne diffé- rant absolument des pattes ordinaires que par la réduction des articles du tarse et l'existence d’un endopodite ou lobe-maxillaire annexé à la hanche, encore ces deux particularités sont-elles sujettes à des exceptions. Dans le sous-ordre des Araignées théraphoses, j'ai déja dit que le lobe- maxillaire n'existait pas et que la similitude de toutes les hanches était presque complète; tandis que chez les Scorpions et les Opiliones des lobes- maxillaires se montrent également aux pattes ambulatoires des deux pre- mières paires. Le caractère du tarse ne souffre pas d'exception chez les Araignées, mais chez les Galeodes le tarse de la patte-mâchoire et celui de la première paire de pattes sont semblables, la division tarsale ne se montrant qu'à partir de la deuxième paire de pattes. (1) Cette carène a été décrite pour la première fois et figurée chez l’Agelena par Miss Staveley in Proceed. Zool. Soc. Lond., 1867, p. 673. 90 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Au reste, le nombre des articles n’a pas une très grande importance, car, chez d’autres Arachnides, tels que les Thelyphonus, il varie d’une paire de pattes à l’autre. I est impossible d'établir de ligne de démarcation entre les appendices thoraciques des Arachnides, qui appartiennent tous à une seule et même série {1}, et le nom de patte-machoire, que je laisse à ceux de la première pour rappeler leur double fonction, n'implique aucune homologie avec les appendices qui portent le même nom chez les Crustacés. Je serais plus tenté d’y voir les analogues des pattes de la première paire des Crustacés décapodes; la frappante ressemblance de ces pattes et des pattes-mâchoires de beaucoup d’Arachnides (celles des Scorpions et des Chernes) rend cette hypothèse très vraisemblable ; dans ce cas, les Arachnides seraient véritablement décapodes. Nora. Les pattes-mâchoires des Arachnides ne seraient ainsi assimilables ni aux pattes-mâchoires, n1 aux mâchoires des Crustacés ; mais étudiées chez les types où elles diffèrent le plus des pattes ordinaires, chez les vraies Araignées par exemple, plu- sieurs particularités de structure les rapprochent plus des vraies mâchoires que des pattes-mâchoires ; c’est ainsi que l’endopodite ou branche accessoire s’insère au côté interne du trochanter qui est la continuation réelle du membre, ce que Milne Edwards appelait le protopodite, exactement comme le lobe maxillaire de la mâchoire d’un insecte broyeur, tandis que sur la patte-mâchoire d'un Crustacé la branche accessoire (analogue au lobe maxillaire) est insérée au côté externe des articles qui prolongent le membre et présente l'aspect d'un petit palpe qui n’a de commun avec celui des insectes que son mode d'insertion ; en d’autres termes, l'endopodite des mâchoires et des pattes-mâchoires des Arachnides est interne, tändis que celui des pattes-mä- choires des Crustacés est externe (Cf. KF. Plateau, Expériences sur le rôle des palpes, etc., 3e parlie, in Bull. Soc. zool. Fr., XII, 1887). Les pattes ambulatoires (pedes) sont toujours au nombre de huit, et chacune d’elles est formée de sept articles; ce nombre parait, dans certains cas, plus considérable par suite de la présence de fausses articulations, mais il n’est jamais inférieur à sept; c’est par erreur que Mac-Leay n’a donné que six articles aux pattes antérieures des Ofiothops, le dernier article du tarse, très petit et appendiculé dans ce genre, lui avait échappé. Ces articles sont : la hanche (coxa), le trochanter, le fémur, la patella, le tibia, le métatarse et le tarse. Les hanches (coxæ) (fig. 31}, insérées sur les côtés de la pièce principale du sternum, concourent à fermer latéralement la cavité thoracique et sont cachées en dessus, au moins en partie, par la pièce dorsale; elles sont indivises et se touchent le plus souvent par leurs bords latéraux. Leur face antérieure offre toujours un sillon longitudinal entier (sulcus coæalis), légèrement induré et (1) Savigny, qui regardait les pattes-mâchoires comme correspondant à la seconde paire des véritables pattes des Crustacés décapodes (la première étant représentée pour lui par les chélicères), dit avec raison : « Il y a même des genres, tels que les Galéodes, où les palpes et les deux pieds antérieurs se ressemblent tellement qu'on peut dire avec une égale raison des uns et des autres qu'ils sont des palpes ou qu’ils sont des pattes » (loc. cit. p. 60). Dee ra Te - D PREMIÈRE PARTIE — ANATOMIE 21 ressemblant à une suture (1); ce sillon, qui correspond à une apodème, se termine par une petite saillie sur laquelle s’articule le trochanter. Leur mode d’articulation basale est de deux types, selon que les côtés du céphalothorax restent membraneux ou qu’ils sont recouverts par les bords repliés du sternum. Fig. 34. Fig. 35. Fig. 36. Dans le premier type, les hanches présentent en dessous une troncature oblique dont les bords limitent une ouverture oblongue occupant au moins la moitié de la longueur de l’article et donnant passage aux muscles, aux nerfs et aux vaisseaux; dans le second type (Dysdera, Palpimanus, etc.), les hanches sont insérées dans des cavités cotyloïdes arrondies ou oblongues, elles sont brusquement rétrécies à la base en un court pédicule échancré en dessous ; l’étroite zone membraneuse qui entoure cette base est elle-même coupée en dessous d’une petite ligne chitineuse qui correspond à l’échancrure. Dans le premier type, les hanches sont peu mobiles, au moins de bas en haut, et leurs bords latéraux, qui se touchent, sont plus ou moins plans et glabres, tandis que celles du second peuvent exécuter des mouvements plus étendus, et, au moins les six postérieures, sont cylindriques ou globuleuses. Le trochanter (fig. 34 t) est, à part de rares exceptions, très court; vu en dessus, il est plan et se présente comme un simple anneau séparant la hanche de la base du fémur; en dessous, il offre deux plans séparés par un sillon semi-cireulaire : le premier est convexe et en forme de bourrelet, le second est plus déprimé et toujours glabre, son bord supérieur offre souvent une échancrure qui est plus sensible chez les espèces qui poursuivent leur proie à la course ; la base du trochanter, à son articulation coxale, se rétrécit brièvement et offre sur un point une saillie indurée, elle-même coupée d’une petite échancrure correspondant au sillon de la hanche et s’emboîtant dans la petite saillie de son extrémité; quand on écarte les deux articles, on peut voir encore qu'ils sont reliés en ce point par une fine ligne chitineuse coupant l’espace membraneux inter-articulaire ; celui-ci est à peu près égal et circu- laire. Le trochanter est peu mobile et suit en partie les mouvements du fémur. (1) Ce sillon, indiqué comme exceptionnel chez les Miagrammopes, par Thorell (Rag. Mal., IV, p. 124), existe chez toutes les Araignées. 29 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Le fémur est un article allongé, souvent comprimé, souvent aussi plus ou moins courbé, à concavité intérieure, surtout aux deux premières paires. Son articulation membraneuse sur le trochanter est mince en dessus, mais large en dessous et capable d’une grande distension, ce qui permet à l’article un mouvement de flexion supérieure complet, son mouvement de flexion infé- rieure, bien que très étendu, est limité par le rebord inférieur lisse du tro- chanter, ses mouvements latéraux sont aussi assez grands, mais en partie liés à ceux du trochanter et de la hanche. L’extrémité du fémur est en dessus coupée en ligne droite, en dessous elle est entaillée d’une profonde échancrure. La patella (fig. 35) est plus courte que le fémur, elle est toujours plus ou moins convexe et s’élargit un peu de la base à l’extrémité en forme de genou; vue en dessus, sa base est coupée en ligne droite et paraît en continuité avec l'extrémité fémorale, elle y est articulée par ses angles qui sont un peu sail- lants, disposition qui s'oppose complètement au mouvement de flexion supé- rieure et aux mouvements latéraux; son mouvement de flexion inférieure est, au contraire, complet et, grâce à l’échancrure fémorale, elle peut se replier entièrement. Son extrémité, vue en dessus, est obliquement tronquée de chaque côté et s’avance en pointe, disposition qui permet à l’article suivant de petits mouvements latéraux. A la base de la patella, au côté interne, on remarque toujours une échancrure membraneuse à bord induré qui corres- pond à une petite pièce chitineuse dont je parlerai plus loin sous le nom de lorum articulare. Le tibia est presque toujours plus long que la patella, cylindrique ou com- primé, quelquefois dilaté aux paires antérieures ; ses mouvements de flexions sont entièrement liés à ceux de la patella, mais, grâce à son mode d’articula- tion basilaire, il peut exécuter de petits mouvements latéraux ; la ligne mem- braneuse qui sépare la patella du tibia est également mince sur tout son pourtour et les deux articles ne sont en contact par leurs parties solides que sur un seul point de leur bord supérieur. Le metatarse (fig. 36) est également un article allongé, mais presque tou- jours moins robuste que le tibia, son articulation sur le tibia a beaucoup d’analogie avec celle de la patella sur le fémur, son mouvement de flexion inférieur est également complet, ceux de flexion supérieure et latérale sont nuls; en dessus, la base de l’article est coupée en ligne droite et en continuité avec le bord correspondant du tibia; en dessous, les deux articles sont échancrés en sens inverse, mais l’échancrure du métatarse est beaucoup moins profonde que celle du tibia. L’extrémité du métatarse présente en dessus, au-dessus de l’articulation tarsale, un rebord semi-circulaire souvent lobé,. L’échancrure membraneuse inférieure de l'extrémité fémorale offre une étroite pièce chitineuse indépendante, arquée en croissant et correspondant à la petite échancrure de la patella que j'ai décrite plus haut; d’après Gaubert, cette pièce que j'appellerai lorum articulaire sert dattache aux tendons des muscles de l’article fémoral. Une pièce analogue se remarque quelquefois, notamment chez les Aviculuriides, à l'articulation du tibia sur le métatarse, Le tarse (fig. 36 #) ou article terminal est presque toujours plus petit que le précédent, son mode d’articulation lui permet des mouvements dans tous les sens, mais celui de flexion supérieure est limité par le rebord semi-circulaire PREMIÈRE PARTIE — ANATOMIE F.) du métatarse ; la zone membraneuse qui entoure sa base est à peu près égale en dessous et sur les côtés; en dessus, le bord de l’article offre soit une légère échancrure, soit une faible dépression limitée par une petite carène. L’extré- mité du tarse est toujours coupée obliquement et plus avancée en dessous qu’en dessus ; les griffes sont insérées sur la partie déclive, très près de l’ex- trémité, qui les dépasse cependant un peu; cette petite pointe tarsale, que quelques auteurs appellent hypopodium, est plus développée chez les Araignées à deux griffes où elle porte les fascicules ungueaux; dans certains cas, elle est recouverte d’une petite pièce chitineuse GREEN À à la plantula décrite par Kirby chez certains Coléoptères. D'après leur mode d’articulation et leur musculature, les sept articles que j'ai décrits peuvent se répartir en cinq groupes : la hanche d’un seul article; le trochanter d’un seul article ; la cuisse d’un seul article ; la jambe de deux articles : la patella et le tibia; enfin, le tarse de deux articles : le métatarse et le tarse. Le tibia a été décrit à tort par quelques auteurs, notamment par Dugès (Obs. Aran., p, 165) et par E. Blanchard, comme appartenant au tarse, et j'ai partagé cette erreur dans la première édition de cet ouvrage; la patella doit être regardée comme une petite pièce intercalaire permettant à l’article sui- vant quelques mouvements latéraux, mais l'articulation principale, celle qui permet les grands mouvements de flexion et d'extension, est celle de la patella sur le fémur, on peut ajouter que les muscles traversent les deux articles dans toute leur longueur, de l’extrémité tibiale à l’extrémité fémorale. La patella est toujours distincte chez les Araignées, les Tarantula et les Opiliones ; chez les Thelyphonus, elle n'existe qu'aux six paires postérieures ; aux pattes de la première paire, le tibia n’est formé que d’un seul article long s'insérant directement sur le fémur, et chez les Scorpions, qui s’éloignent davantage des Araignées, tous les tibias sont uniarticulés. Le trochanter est un article indépendant qui, dans aucun cas, ne se soude ni à la hanche, ni au fémur, et dont les mouvements ne sont pas complè- tement liés à ceux des articles voisins ; il est indépendant de la hanche {1}, comme le prouve ce fait qu’une patte arrachée se détache toujours à l’articu- lation coxale et que sa régénération s'opère exclusivement à cet endroit, même quand le membre a été brisé ou sectionné à un point quelconque de sa lon- gueur (Cf. W. Wagner, la Mue des Araignées, p. 350); dans ce cas, l’Araignée se débarrasse elle-même du moignon et opere une autotomie analogue à celle qui a été décrite chez divers Crustacés décapodes (Cf. Fredericq, Archiv. Zool. experim., 1883). Son articulation sur le fémur est, d’un autre côté, tout à fait différente de celle de la patella sur le tibia; celle-ci est représentée, vis-à-vis du fémur, par une petite pièce qui manque chez les Araignées, mais qui est bien développée chez les Chernetes et les Galéodes où elle se montre surtout aux paires postérieures, car il est à noter que la division des articles se fait darrière en avant; cette pièce, qui est le érochantin, est une véritable patella fémorale, et son articulation est exactement semblable à celle de la patella tibiale. (1) Degeer le rattachait à la hanche (Mém., t. VII, p. 208), 2 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Pour résumer ce que je viens de dire sur la répartition des articles et leur homologie, je donne le tableau suivant en prenant pour exemple une patte de la première paire et une patte de la quatrième paire chez les divers types d’Arachnides que je viens de citer. On y verra que les articles fondamentaux : hanche, trochanter, tibia, tarse, ne font jamais défaut, tandis que les articles auxiliaires ou intercalaires, trochantin, patella, disparaissent souvent. PATTE DE LA PREMIÈRE PAIRE. Galeodes. Scorpion. Thelyphonus. Araignée, Tarantula (Phrynus) Opiliones. Hanche...... + + 4 + Trochanter... + + + 2 Trochantin... + — —_ Le Fémur.-..." + + + + Patella. ...... — — — + TM 5905000 + + + == Métatarse. ... + + (biarticulé) + + Harsern etre + + + (pluriarticulé) + PATTE DE LA QUATRIÈME PAIRE. Hanche. ..... Trochanter. .. Trochantin... Fémur....... Patella...... ï 1 ESS 206000 Métatarse (biarticulé) Tarse.- 2. + (pluriartieulé) + —+ (triarticulé) + [biarticulé (1)] ++ +H++ LE + + ++ + — + + + + + HH+HHHI ++ Indépendamment des sept articles que je viens de décrire, le métatarse et le tarse offrent encore, chez certaines espèces, des divisions supplémentaires ou brisures naturelles beaucoup plus simples, appelées fausses articulations (arti- culationes spuri) ; ce sont des cercles membraneux, sans point de contact des parties solides. Chez les Hersilia, les métatarses {sauf celui de la troisième paire) sont divisés en deux articles, et, chez les Nops, les tarses offrent la même particularité, caractère qui n’a sans doute pas grande importance, car il n’existe pas dans les genres Tama et Caponia, cependant si voisins des Hersilia et des Nops. Chez les Pholeus, les Triclaria, etc., à pattes extrêmement fines et longues, le tarse est coupé d’un très grand nombre de petits cercles membraneux qui en augmentent beaucoup la flexibilité. Chez un certain nombre d’Araignées à pattes fines, l’extrémité du tarse se rétrécit brusquement au-dessous de la région des griffes, qui paraissent portées par un petit article supplémentaire, qui a reçu le nom d’onychium. Cet article est plus ou moins appendiculé, c’est-à-dire rétréci de l'extrémité à la base, (1) Chez les Galéodes, le trochanter des deux paires postérieures est biarticulé ; le mode d’articulation indique que les deux articles appartiennent à un même groupe, ils portent tous deux des appendices malléiformes. PREMIÈRE PARTIE — ANATOMIE 25 celle-ci est même séparée du corps de l’article par un petit cercle membraneux comparable à une fausse articulation (fig. 38 0). Les griffes (ungues) sont très dures, arquées et aiguës à la pointe, obtuses sur leur face supérieure ou dorsale, amincies et tranchantes sur leur face inférieure, qui est le plus souvent armée d’une série de dents très régulières, qui ont été comparées à celles d’un peigne. Les griffes sont normalement au nombre de deux, contiguës à la base, mais susceptibles de s’écarter; leur base Fig. 37. est parfois entourée d’un rebord limitant une petite cavité semi-circulaire, mais, le plus souvent, elles sont insérées tout à fait à découvert, et occupent la partie supérieure de l’extrémité tarsale, celle-ci se prolongeant un peu en dessous pour former l’hypopodium (voy. p. 23). Dans un grand nombre de familles, à ces deux griffes principales vient s’ajouter une troisième griffe plus petite, mais de structure semblable et placée au-dessous lfig. 37), Les deux griffes principales sont le plus souvent semblables, quelquefois cependant {Thomisides, Attides) l’externe diffère de l’interne par un moindre nombre de dents; elles sont parfois dépourvues de dents, d’autres fois, au contraire, elles en présentent deux séries, tantôt (Nemesia, Diplurua, etc.) leur face inférieure est élargie et bordée de chaque côté d’une série den- ticulée, tantôt (Scytodes, Gamasomorpha, Gmogula, ete.) elle reste tranchante, et la seconde série est portée par une fine carène qui s’étend au côté interne de la griffe (fig. 38). La griffe impaire est plus petite que les autres et souvent aussi d’une autre forme, étant coudée près de la base et droite dans toute sa partie terminale ; elle n’offre souvent qu’un très petit nombre de dents fines. Enfin, dans certains cas, principalement chez les grandes fileuses, on re- marque, près l’extrémité du tarse, des poils arqués et denticulés sur leur con- cavité, qui offrent, en petit, l’aspect des véritables griffes; ces poils sont désignés sous le nom de griffes auxiliaires (ungues spurü) (fig. 37 usp). On à cru longtemps qu’ils étaient propres à la famille des Argiopides, mais ils existent aussi chez la plupart des Theridiides, des Pholcides, chez les Scytodes (fig. 38), les Uloborus et quelques Drassides (Homalonychus Marx). L’extrémité du tarse, au-dessous de l'insertion des griffes, est souvent un. peu saillante et garnie d’un fascicule de poils papilliformes, c’est-à-dire dilatés à l'extrémité, occupant un espace (vu en avant) de forme oblongue et souvent divisé en deux lobes par une ligne glabre (fasciculi unguiculares), souvent aussi 26 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES des poils semblables garnissent le dessous des tarses et des métatarses, et forment les scopula, qui sont toujours indépendantes des fascicules quand ils existent simultanément, comme cela a lieu chez presque toutes les Araignées à deux griffes. Les fascicules n'existent, à part de rares exceptions (Palpimanides, Psechrides), que chez ces Araignées où ils semblent remplacer la griffe impaire; les sco- pulas se montrent également chez les dionychée et trionychée ; mais, chez ces dernières, on ne les observe que chez les espèces vagabondes, comme les Lycosides, qui poursuivent leur proie à la course. Des scopulas de même nature se montrent rarement sur d’autres articles ; quelques grandes espèces de la famille des Avi- culariides en sont cependant pourvues au côté interne de leurs fémurs postérieurs. Le nombre des poils composant les fascicules est très variable selon les espèces, et n’est pas le même aux quatre paires dans une même espèce; d’après W. Wagner, il peut atteindre, chez l’Attus terebratus, celui de 60. Les scopulas ne sont pas toujours exclusive- ment formées de poils spatulés, celles des Avi- culariides, si remarquables par leur épaisseur, sont constituées par des poils fins terminés cha- cun par un petit crochet et garnis de villosités inégales et espacées (fig. 39), celles des Sparassus par des poils légèrement dilatés et bilobés à l’extrémité (fig. 40). Fig. 40. Fig. 39. D'après les recherches les plus récentes sur la locomotion des Arthropodes, chez les Arachnides, les pattes de la 2° et de la 3° paire figurent, pendant la marche, quatre leviers de sustentation déterminant sur le sol une base d’appui de forme triangulaire. Les pattes de la 1" paire sont tractives, celles de la 4° pulsives. Le premier et le dernier membre, d’un même côté, agissent simulta- nément, et les efforts actifs pour la progression se développent toujours dans la moitié du corps à laquelle correspond la base du triangle d'appui. D'après M. J, Demoor, auquel j’emprunte ces détails, le système des Arachnides peut être nommé : système du triangle de sustentation unique et variable avec leviers actifs indépendants. Mais, parmi les Araignées, il en est qui ne se servent pour ainsi dire pas de leurs pattes antérieures, les Palpimanus et beaucoup d’Attides tiennent ces pattes constamment relevées comme des palpes, et leur mode de locomotion doit être analogue à celui des Hexapodes qui, d’après le même auteur, est celui du double trépied à mouvements alternatifs, chaque trépied étant formé par les pattes antérieure et postérieure d’un côté, et la patte inter- médiaire du côté opposé. Enfin, d’autres Araignées, telles que les Thomisides, au lieu de présenter la marche normale postéro-antérieure, ont une marche essentiellement latérale analogue à celle des Crabes; ici le rôle des diverses paires des membres est moins bien défini; pour les pattes d'un même ordre, les levées et les foulées sont alternatives avec un temps d'appui commun (1). (4) CF. J, Demoor, Comptes rendus des Sc. de l’Acad. des Sc., 1890, p. 839. — Cf. PREMIÈRE PARTIE — ANATOMIE 27 On désigne, sous le nom d’organes lyriformes, des organes extrême- ment petits placés sur les appendices, à l’extrémité supérieure de leurs six premiers articles et consistant en bandes chitineuses très étroites, présentant un renflement circulaire sur le trajet et recouvrant des fentes traversant le tégument; ces bandes sont parallèles, très rarement perpendiculaire à l’axe des articles ; elles forment, par leur réunion, de petites plaques qui ne sont visibles que sous un assez fort grossissement, Les organes lyriformes ne sont d'aucune utilité pour la classification, leur nombre et leur situation {au moins chez les Araignées adultes) sont constam- ment les mêmes (fig. 41 et 42). Les hanches des pattes offrent, en dessous, à l'extrémité un organe lyriforme impair et médian ; le trochanter en offre trois presque semblables à son bord Fig. 41. Fig. 42. supéro-interne, mais aucun à l’externe; le fémur en offre deux, l’un externe, l’autre interne; la patella en offre deux, géminés et séparés par une très mince ligne chitineuse au côté interne, et un seul, plus petit au côté externe, celui-ci assez largement séparé du bord articulaire ; le tibia en offre deux au côté interne et un seul à l’externe; enfin, le métatarse n’en offre qu’un seul placé en dessus à l'extrémité, c’est le seul dont les fibres soient perpendicu- laires à l'axe de l’article; le tarse en est dépourvu. Les organes lyriformes existent aussi aux quatre premiers articles des pattes-mâchoires où ils ont également Carlet, C. r., 1879, p. 1124. Sur la locomotion des Arachnides, le professeur Carlet s'exprime ainsi : « J'ai pu suivre très nettement l’ordre de soulèvement des « pattes d’une femelle d'Epeira. Cet ordre est presque impossible à saisir sur les « Araignées mâles, à cause de la rapidité de leur marche. Chez les femelles, l'abdomen « plus volumineux constitue un fardeau à traîner qui retarde l'allure et permet de « lracer le tableau suivant : SLA ; ST ; ie 62 Ici, le polygone de sustentation est un quadrilatère formé d'un côté 2 par les pattes de rang pair et, de l’autre, par les pattes de rang impair. « En résumé, la marche des insectes peut être représentée par trois hommes (bipèdes) « placés l’un derrière l’autre et marchant très rapidement, le premier et le dernier « allant au pas, celui du milieu en ayant changé avec eux. De même la marche des « Arachnides est figurée par quatre bipèdes se suivant et allant, ceux de rang pair, « de même pas, et ceux de rang impair du pas contraire, » 928 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES exactement la disposition de ceux des pattes, mais ils manquent aux deux derniers. Ils ont été observés aux chélicères où ils sont au nombre de deux placés au côté interne de la tige, près l’insertion du crochet, le plus inférieur à lignes transverses, l’autre à lignes longitudinales, enfin quelques organes lyriformes ont été signalés sur le tronc (Gaubert). Ils ne sont pas propres aux Araignées, on les trouve aussi chez les Pédi- palpes, les Opiliones et les Chernetes ; mais, chez les premiers, les lignes sont dispersées sans ordre, tandis que chez les autres elles sont placées régulière- ment, mais plus espacées que chez les Araignées. Quelle est la fonction de ces organes ? Dahl, qui n’a décrit que ceux des métatarses, pensait qu’ils jouaient un rôle dans la fabrication des toiles (1); mais cette hypothèse a dû être abandonnée, car des organes semblables ont été découvert depuis chez des types qui ne possèdent ni filières, ni glandes séricigènes. Bertkau, auquel on est redevable de leur découverte (2), Schim- kewitsch, W. Wagner et Gaubert supposent qu’ils jouissent de la propriété de percevoir des sons. M. Gaubert s'exprime ainsi à cet égard : « Leur existence, dès l’origine de la vie active de l’Araignée, et leur présence constante indiquent que ce sont des organes de grande importance. Or, on ne connaît point d’organe auditif des Arachnides, et cependant on est sûr que ces animaux ont la faculté de perce- voir des sons, aussi j’admets l’hypothèse de Schimkewitsch et de W. Wagner. En outre, l’organe auditif est, de tous les organes des sens, celui qui présente le moins de modifications dans un même groupe, ce qui tient à ce qu’un animal ne peut se soustraire à l’influence du son, comme il se sous- trait à l’action de la lumière; on pourrait ainsi expliquer la structure uniforme des organes lyriformes. Au point de vue physique, rien ne s'oppose à ce qu'ils soient des organes auditifs : la membrane qui recouvre les fentes peut vibrer sous l'influence des ondes sonores et transmettre les excitations produites par le son au milicu qui est au-dessous d’elle, lequel les transmettrait aux nerfs. Cependant le grand nombre des organes est une objection sérieuse à l’hypo- thèse de Wagner; en outre, les fentes décrites sur le thorax de lEpeire par Schimkewitsch, présentent une certaine analogie avec les fentes des organes lyriformes et doivent avoir la même fonction qu'il faudrait aussi attribuer à deux organes situés sur les côtés des sacs pulmonaires et décrits par Bertkau ; on aurait done des animaux ayant des organes auditifs disséminés sur tout le corps, ce qui est difficile à admettre » (loc. cit., p. 52-53). (1) Dahl, Das Gehëér und Geruchsorgan der Spinnen in Arch. mikros. Anat. XXIV, 4883. (2) Le Dr Bertkau en fait mention, pour la première fois, dans une note de son ouvrage : Versuch einer Natürlichen Anordnung der Spinnen, ete., in Archiv. f. Nat., 1878, p. 354. — En 1885, Schimkewitsch en a donné une description et indiqué la place qu’ils occupent chez l’Epeira diademata, mais ce travail renferme des inexac- titudes (Sur un organe des sens des Araignées in Zool. Anz., 1885, n° 201). — Quelques jours après, le Dr Bertkau a réclamé la priorité de la découverte (Zool. Anz., 1885, p. 597), — Enfin W. Wagner, en 1888, a donné, dans son travail sur la mue des Araignées (Annales des Sciences naturelles, 1888, p. 285) une nouvelle description des organes lyriformes sans parler des travaux antérieurs de Bertkau. La situation PREMIÈRE PARTIE — ANATOMIE 99 Au point de vue systématique, j'ai déjà dit qu'ils ne peuvent être d'aucun secours ; mais, comme leur nombre et leur situation sont constants, ils pour- raient être employés pour la détermination dun article pris isolément, ce qui aurait une certaine importance pour la paléontologie. Ils peuvent aussi aider à trancher certaines difficultés d'homologation, c’est ainsi que chez les Hersilia, dont les métatarses sont biarticulés, l'organe lyriforme gardant sa situation normale, on peut en conclure que la fausse articulation est de nature toute différente des articulations ordinaires, Pour bien faire saisir l’homologie des appendices des Araignées et de ceux des autres Arthropodes, et sans entrer dans une discussion qui n’entrainerait trop loin, cette question étant fort controversée (1), je donne sous forme de tableau le parallélisme des appendices d'un Crustacé décapode, d'un Insecte et d'une Araignée tel que je le conçois, en laissant de côté les appendices ab- dominaux, bien que certains auteurs (Packard) regardent les filières comme représentant les fausses pattes ou cercopodes des Crustacés. APPENDICES CÉPHALIQUES ET THORACIQUES. Crustacé décapode. Insecte. Araignee. App. céphaliques | A. Antennes internes. — -- préoraux. | B. Antennes externes. Antennes. Chélicères. C, Mandibules. Mandibules. ; . Mächoires Mäâchoires. App: de la 1 paire. > Rostre. postoraux. : qe à UE ESSIOEER E. Mâchoires Lèvre inférieure de la 2e paire. et ses palpes. F, Pattes-mâchoires — — de la {re paire. G. Pattes-mächoires — = de la 2° paire. H. Pattes-mâchoires — == de la 3° paire. . I. Pattes ambulaloires Pattes Palles-mächoires. Appendices de la {rc paire. de la {re paire. thoraciques. J. Pattes ambulatoires Pattes Pattes de la 2e paire. de la 2e paire. de la 1re paire. K. Pattes ambulatoires Pattes. Pattes de la 3e paire. de la 3° paire. de la 2° paire. L. Pattes ambulatoires — Paites de la 4° paire. de la 3e paire. M. Pattes ambulatoires — Pattes de la 5° paire dc la 4° paire. Les filières fmamillæ) sont des appendices cylindriques, conique: ou com- primés, d'un tissu plus résistant que celui de Fabdomen, moins cependant et le nombre exact de ces organes, et leur constance dans loute la série des Arai- gnées n’ont été indiqués que tout récemment par M. Gaubert, qui les a en outre observés chez les Pédipalpes, les Opiliones et les Chernetes (Note sur les organes lyri- formes des Arachnides in Bull. Soc. philom. Paris, 8° sér., Il, n° 2, p, 47; et surtout : Recherches sur les organes des sens, etc., Thèse à la Fac. des sc. de Paris, 1892). (1) De toutes les hypothèses qui ont été émises, celle qui s'éloigne le plus de la mienne est celle de Haller (Zool. Anz., 1881, n° 88), qui accorde aux Acariens trois paires de mâchoires et deux paires de patles abdominales. 30 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES que celui des membres, mais toujours beaucoup plus mince sur leur tronca- ture terminale qui reste submembraneuse. Leur nombre normal est de six : deux médianes, toujours petites, uniarti- culées et rapprochées ; deux supérieures, plus fortes, presque toujours formées de deux articles, quelquefois de trois et même de quatre (Aviculartides), et deux inférieures presque toujours biarticulées ; les filières supérieures et infé- rieures sont généralement disposées en carré, très souvent aussi en trapéze, les inférieures étant plus séparées, ce qui se voit notamment chez toutes les espèces pourvues du cribellum, quelquefois même les inférieures viennent se placer sur les côtés des médianes et les supérieures sur les côtés des infé- rieures, de manière à former une seule ligne transverse, ce qui se voit chez les Hahnia. Ces filières sont situées immédiatement au-dessous du tubereule anal et en groupe compact, il n'y à que deux exceptions à cette règle : chez les Liphistius, le groupe entier des filières est situé près du pli épigastrique et le tubercule anal reste isolé; chez les Myandra et Molycria, les filières infé- rieures, séparées des autres, sont placées au milieu de la face ventrale (fig. 43), tandis | que les médianes et supérieures ) LD EN gardent leur place normale, Dm UE) PEN disposition qui se voit aussi, mi ji nn LAN mais à un moindre degré, dans ui le genre Zimiris, qui appar- tient cependant à une autre famille (Prodidomides), quel- Ur quefois il n'y a que deux pai- Fig. 43. Fig. 44. Fig. 45. res de filières ou même qu'une seule. Chez les Théraphoses, il n'y à généralement que quatre filières : deux grosses, souvent très longues et triarticulées, et deux petites uniarticulées (1) qui représentent les médianes des Araignées ordinaires, elles sont placées au- dessous dés filières principales qui représentent les supérieures, ce sont ici les inférieures qui manquent; quand elles existent exceptionnellement (Hexura, Hexathele, etc.), elles sont très réduites et placées sur les côtés des médianes ; chez les Anisaspis et les Diplothele, au contraire, les médianes elles-mêmes disparaissent et les deux supérieures existent seules.’ Chez les Palpimanides et la plupart des Zodariides, ce sont, au contraire, les inférieures qui gardent leur développement normal, tandis que les médianes et supérieures dispa- raissent complètement {tous les Palpimanides, Lutica [Zodariides|, Mecysmau- chenius [Archeides]) ou, au moins, sont rudimentaires (Zodurium). La longueur des filières n'est pas toujours en rapport avec la quantité de fils qu'elles émettent ; les Hersilia par exemple, si remarquables par l'extrême longueur de leurs filières supérieures (2), filent relativement très peu. (1) Elles ne sont biarticulées que dans le genre Eriodon. (2) Ces grandes filières ont été regardées autrefois comme très différentes des autres, ne produisant pas de soie et analogues à des sortes de palpes; Lyonnet, qui les appelle queues, dit : « L’ugage ne m'en est pas connu, peut-être serventselles à l’ani= mal pour chercher, en tâätonnant, les endroits les plus propres à y attacher son fHil. » < 4 À dl “ 1 PREMIÈRE PARTIE — ANATOMIE 31 Ces appendices sont très mobiles; quand ils sont à peu près égaux, comme chez les Argiopides, les Thomisides, etc., ils sont, au repos, très rapprochés et figurent, avec le tubercule anal, une rosette à cinq divisions, tandis qu'en activité ils divergent comme les rayons d'une étoile; ils sont souvent entourés d'un cercle chitineux qui les protège (Gasteracantha) et dans lequel ils ont quelquefois la faculté de rentrer, par exemple chez les Cryptothele Mig. 1 et 45). Les filières, sauf les médianes, sont très souvent, sinon toujours, formées de deux ou même de trois articles, dont les articulations sont de petits cercles membraneux ressemblant aux fausses-articulations des pattes, quelquefois elles sont très obliques, ce qui se voit aux filières supérieures des Argiopides où le dernier article semble se prolonger, comme une échancrure, sur le côté interne du premier, disposition destinée sans doute à augmenter le champ occupé par les fusules. La soie, sécrétée par des glandes spéciales de plusieurs sortes, n'est pas émise directement par les filières, comme le croyaient les anciens anatomistes, notamment Lyonnet (1); Îles filières ne sont que les supports des fusules (fusulæ), déjà observées par Leuwenhoeke et Degeer (Mém. VIIT, p. 210), qui donnent passage au liquide gommeux qui, en +e séchant à l'air, forme les fils. Les fusules sont elles-mêmes formées de deux parties : une base cylin- drique ou conique et un tube terminal. Elles sont de plusieurs sortes, et il semble que leurs fonctions ne soient pas les mêmes, car les glandes aux- quelles elles correspondent sont de forme et de structure différentes (voy. plus:loin). On distingue : 1° les fusules cylindriques à sommet droit (fig. 46); dont l’article basilaire est un cylindre parfait, tronqué droit à l'extrémité, et dont le tube termi- nal, qui nait du milieu de cette tron- cature, est très fin et droit, tantôt plus court que la base (Epeira), tantôt plus long (Tegenaria); elles corres- Fig. 46. Fig. 48. Fig. 47. pondent aux glandes aciniformes. — 20 Les fusules cylindriques à sommet courbe (fig. 17), qui différent! des précé- dentes par leur base plus courte, avec la troncature apicale excavée en forme de godet et de tube toujours courbé; elles correspondent aux glandes piri- formes. — 3° Les fusules coniques (fig. 48), dont la base épaisse s'atténue au sommet en forme de cône, et dont le second article est assez épais et conique; ces fusules diffèrent les unes des autres par la taille, les petites correspondent # (1) Lyonnet croyait l'extrémité des filières percée de petits trous comme un crible, donnant passage au liquide soyeux, et cependant il représente (pl. 19, fig. 6) l’extré- milé de l’une des filières inférieures de la Tegenaria, terminée par diverses rangées concentriques de petits tuyaux. « Il y a apparence, dit-il, que ces tuyaux servent à mouler une autre sorte de soie plus épaisse que celle qui passe immédiatement du mamelon, qui pourrait bien être gluante, tandis que celle du mamelon ne l’est pas. » 39 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES aux glandes aggréyées et ampullacees, les grosses (spingots des auteurs anglais), toujours peu nombreuses et constantes dans leur situation, correspondent aux glandes tubiformes. Je ferai cependant remarquer que, chez certaines espèces possédant les diverses sortes de glandes, les fusules sont parfois très uniformes, notamment chez les Tegenaria où elles paraissent toutes du premier type. Les fusules sont portées par l’article terminal dont la surface est de tissu très souple ; il arrive cependant, mais rarement, que l’article basilaire, dilaté à l'angle interne, porte une très grosse fusule du troisième type, ce qui se voit notamment sur les filières supérieures des Pachygnatha (fig. 49); chez les Prodidomides !fig. 51), une fusule isolée existe au bord supéro-interne de l’article basilaire, elle est toujours très visible et constitue l’un des ca- ractères les plus cons- tants de cette singulière famille ; chez les Pytho- nissa (Drassides) (fig. 50); jai trouvé huit grosses fusules disposées en quinconce à la face su- périeure de la partie ba- Fig. 49. Fig. 50. silaire des filières média- nes, disposition très remarquable dont je donne la figure. En règle générale, les fusules sont plus nombreuses et plus différenciées chez les grandes fileuses, telles que les Argiopides, j'en donne la disposition d'après Mac Cook, qui en a publié d'excellentes figures. Aux filières supérieures (fig. 53), le champ s'avance au bord interne en échancrure oblique, il porte environ 120 fusules ; toutes celles qui garnissent le sommet sont petites et du 3° type; celles qui garnis- sent l'échancrure sont longues cylindri- ques et régulièrement sériées, elles appar- tiennent au 1% type; il y a, de plus, cinq grosses fusules (spingots) du 3° type : quatre en groupe serré au bord inférieur près de la suture, la cinquième isolée au fond de l'échancrure au milieu des fusules tubiformes. Fig. 51. Fig. 52. Aux filières médianes (fig. 54), le champ est très allongé et oblique, on y compte environ 150 fusules du 1% type et trois grosses du 3 type, dont deux sotit situées au sommet et l'autre un peu plus bas (1). . (1) Comme on peut le voir, les filières médianes portent des fusules aussi bien que les autres, et W, Wagner les a constatées chez toutes les espèces dont il a fait l'étude; PREMIÈRE PARTIE — ANATOMIE 33 Les filières inférieures (fig. 55) offrent un champ presque arrondi, limité au côté interne par un demi-cercle chitineux, il porte de 60 à 70 très courtes fusules et au côté interne, sur le bord, une seule très grosse fusule, dont la base est entourée d’un double anneau chitineux qui se prolonge, au côté in- terne de la filière, jusqu'à sa base, par une ligne ou sorte de lanière de même nature. Le champ des fusules est toujours entouré de soies, les unes simples, les autres barbelées. Fig. 53. l'ig. 54. Fig. 55. La disposition des fusules varie grandement selon les types, et je ne puis passer en revue, même sommairement, toutes ses modifications. Les fusules sont quelquefois extrêmement petites et peu nombreuses, par exemple chez les Pholcus ; quelquefois elles sont dispersées et isolées,.et toutes presque sem- blables, cylindriques avec l’article terminal long et filiforme, ce qui se voit chez les Tegenaria; d'autres fois, notamment chez les Hersilia (fig. 52), elles sont toutes longues et cylindriques, mais très inégales, avec l’article terminal plus court. Chez les Drassides, les filières inférieures n'offrent que cinq (Pros- thesima) ou sept (Pythonissa) très longues fusules cylindriques disposées en rayon sur le bord de l'article terminal, et ayant la faculté de s'étendre et de se rétracter. Les fusules les plus longues sont celles des filières inférieures des Prodidomides, surtout des Zimiris où elles forment une sorte de pinceau aussi long que l'article basilaire qui est lui-même très long (fig. 53). Nora. Les glandes séricigènes sont de sept sortes; j’en emprunte la nomenclature à C. Apstein : 1° Glandulae ampullaceae existent chez toutes les espèces étudiées ; 20 Glandulae tubiformes manquent chez les Dysderides et les Attides, et sont presque toujours propres aux femelles ; 3° Glandulae aciniformes existent chez toutes les espèces étudiées ; 4° Glandulae piriformes existent chez toutes les espèces étudiées, mais sont souvent difficiles à distinguer des Gl. aciniformes, notamment chez les Prosthesima et les Tegenaria; 5° Glandulae aggregatae n'existent absolument que chez les Argiopides {à l'exception des Pachygnatha) et les Theridiides ; 6° Glandulae lobatae n'existent que dans le groupe des Theridions ; 7 Glandulae cribelli sont propres aux familles de la section des Cribellatae. — Quant à leurs différences fonctionnelles, les auteurs ne sont pas tout à fait d'accord, et nos connaissances sont encore incomplète à cet égard ; certains auteurs ont cru cependant qu'elles en étaient dépourvues, et Degeer avait émis la singulière opinion que ces filières médianes étaient des organes de respiration (Mém., VIT, p.211). - 3 94 HISTOIRE NATERELLE DES ARAIGNÉES Schimkewitsch (Anat, Ep., p. 46) dit à ce sujet : « Les glandes tubiformes des femelles chargées d'œufs sont d’une couleur fort jaune, tandis que chez les femelles qui ont pondu elles présentent une couleur blanc opaque ; comme la soie du cocon de l’Ep. diademata est d’une couleur jaune, on peut admettre que les glandes tubiformes servent à filer les cocons. Nous avons encore la preuve de cette supposition, parce que ces glandes n'existent point chez les mâles. » De son côlé, C. Apstein admet que les Glandes aggrégées servent uniquement à la sécrétion des fils visqueux ou à globules qui existent dans les toiles des Argiopides et de quelques Theridiides, ces glandes sont, en effet, propres à ces deux groupes d'Araignées; que les glandes tubiformes sécrètent la soie des cocons ovigères, ces glandes manquent cependant chez les Segestria et les Altides ; que les glandes piri- formes, qui sont les plus constantes, fournissent la soie ordinaire des toiles et des re traites; que les glandes lobées sécrètent sans doute la soie dont les Araignées se servent pour emmailloter leur proie avant de s'en saisir, fonction qu’elles paraissent cepen- dant parlager avec d’autres sortes de glandes, puisque les Théridions seuls en sont pourvues; que les glandes du cribellum sécrètent la soie des fils floconneux propres aux Araignées de la section des Cribellatae ; quant aux glandes ampullacées et acim- formes, l’auteur déclare n’en pas connaître les fonctions; il ajoute que les Pachygnatha, qui présentent quatre sortes de glandes bien caractérisées, ne fabriquent aucume toile et paraissent ne pas faire usage de leurs fils (Cf. Apstein, Bau und Function der Spinndrüsen der Araneida, in Archiv. f. Naturg., 1889, p. 62. — Sur le même sujet, Œffinger, Spinnorgane Epeira, in Archiv. f. mikrosk. Anat., 1866, t. II. — Bucholz et Landois, Anat. Unters. Bau der Arachniden in Müllers Archiv., 1868, p. 240, etc.). Un certain nombre d'Araignées possèdent, indépendamment de six filières bien développées, un organe remplissant des fonctions analogues, mais d'un aspect, sinon d'une structure, très diffé- rent. Cet organe, découvert par Blackwall en 1841 et regardé par lui comme une quatrième paire de filières, a été désigné depuis sous les noms d'organe infra-ma- millaire (Thorell) et de cribellum (L. Koch) qui à prévalu. Le eribellum (fig. 56) est situé im- médiatement au-dessous des filières in- férieures ; il consiste en une plaque transverse légèrement surélevée de tissu chitineux généralement rougeâtre, en- tourée d'un fin rebord plus dur et plus foncé et divisée longitudinalement par une fine carène en deux aires égales, souvent un peu concaves ; sous un faible grossissement, la surface du cribellum parait glabre et criblée de petits points plus transparents lui donnant l'aspect d'un crible, mais, sous un grossissement plus considérable, on voit que chacun de ces points donne naissance à un poil court. Ces poils, dont la nature n'a été bien reconnue que dans ces derniers temps par Bertkau, sont des fusules semblables par leur structure à celles des filières, mais beaucoup PREMIÈRE PARTIE — ANATOMIE sh) plus petites et communiquant avec une glande spéciale, dont le produit est un liquide soyeux qui parait être un peu différent de eclui excrété par les filières véritables. — L'existence du cribellum est liée à celle du calamistrum, dont la découverte est également due à Blackwall; celui-ci est situé sur le méta- tarse de la quatrième paire de pattes, qui offre en dessus une ou plus rare- ment deux (Amaurobius) lignes longitudinales de crins recourbés disposés très régulièrement sur une arête plus ou moins nette de l'article, Le cribellum est presque semblable dans les divers types qui en sont pourvus, quelquefois cependant la carène est très développée et les deux plaques paraissent largement séparées transversalement, ce qui se voit chez les Œcobius (fig. 57); quelquefois même, chacune des aires du cribellum est subdivisée en petites plaques, surtout à son bord inférieur, ce qui s'observe surtout chez les Æresides (fig. 58) ; quelquefois, au contraire, la division dis- paraît et la plaque est unique, ce qui a lieu dans plusieurs genres de la famille des Dictynides, chez les Uloborides et les Hypochilides. Les modifications du calamistrum sont un peu plus grandes; le plus sou- vent l'article qui le porte est presque normal, d'autres lois il est fortement comprimé et concave en dessus (Miagrammopes [fig. 59])}; le calamistrum occupe soit M toute la longueur du métatarse, soit une portion très £ restreinte de sa base (Fiistata, Acanthoctenus, etc.) ; les crins qui entrent dans sa composition sont tantôt longs et espacés (ŒÆEcobius), tantôt très courts et très serrés (Eresus). Le calamistrum et le cribellum sont bien développés chez la femelle et le jeune mâle; mais, chez le mâle adulte, ils disparaissent ou ne se montrent qu'à l'état rudimentaire, mais les mâles des Araignées à cribellum SSSSSS SK sont cependant reconnaissables à l'écartement trans- versal de leurs filières inférieures. Les fonctions du cribellum et du calamistrum sont bien connues, ils concourent à la fabrication des fils cotonneux et adhérents qui caractérisent les toiles de toutes les Araignées de la section des Cribellatæ. Quand l'Araignée veut produire des fils de cette nature, elle soulève son abdomen au moment où les fusules du cribellum émettent le liquide gommeux et passe à sa surface, par un mouvement transversal rapide et régulier, comparable à celui d'une scie ou d'un archet, ses métatarses postérieurs garnis du calamistrum; celui-ci joue alors le double rôle de carde et de dé- vidoir. La production des fils calamistrés étant soumise à la volonté, les fileuses ne les emploient pas exclusivement ; les grands fils, qui suspendent là toile ou la divisent, sont simples et produits par les filières ; les fils calamistrés, destinés plus spécialement à retenir la proie, en occupent les intervalles ; c'est ainsi que, chez les Uloborides orbitèles, les fils suspenseurs, ceux du cadre et les rayons sont simples ; les cercles sont seuls calamistrés, ils remplacent les fils à glo- bules des Argiopides. Fig, 59. 36 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Les Araignées mâles offrent dans leurs organes copulateurs l'une des anomalies les plus singulières qui aient été observées parmi les Arthropodes, cette anomalie consiste en la séparation anatomique et l'éloignement des testicules et des pénis. Ceux-ci sont, comme toujours, contenus dans l'abdomen et débouchent à l'extérieur par un petit orifice occupant la même place que celui de la femelle, mais toujours plus simple. Les pénis, au nombre de deux, sont fixés au dernier article ou tarse de la patte-mâchoire. 4 SP Fig. 60, 61. Fig. 62. L'organe copulateur est assez uniforme dans toute la série des Araignées, en ce sens qu'on y retrouve, plus ou moins modifiées, les mêmes parties essentielles ; mais son aspect est très divers, ce qui tient à l’adjonction de parties accessoires, telles que pointes ou apophyses, portées par le bulbe lui- même ou par les articles de la patte-mâchoire (tarse, tibia, patella et fémur) et de moins en moins importantes à mesure que l’on s'éloigne de l’extrémité de l’appendice. Quelques auteurs ont cru que ces apophyses jouaient le rôle d'organes de fixation aux parties génitales de la femelle, ou qu’elles pouvaient, dans cer- tains cas, exercer une pression latérale sur le bulbe pendant la copulation : Lebert à même avancé qu’elles pouvaient servir comme dilatateurs de l'orifice de l’épigyne; en réalité, leurs fonctions sont encore inconnues. Je vais passer en revue les diverses pièces dont se compose l'organe copula- teur en choisissant comme type les formes les plus simples (Aviculariides, Dysderides) et en indiquant brièvement leurs principales modifications sur lesquelles j'aurai l’occasion de revenir à propos de chaque famille, PREMIÈRE PARTIE — ANATOMIE 37 A. Le tarse (tarsus), qui est le support du bulbe, s’en distingue toujours, quelle que soit sa forme, par son tégument semblable à celui des articles pré- cédents et garni de poils ; dans les types simples, il ressemble complètement à celui de la femelle, mais ordinairement il est dilaté et recouvre le bulbe comme d’un couvercle; en règle générale, il s’écarte d'autant plus de celui de la femelle que l’organe qu’il contient est plus compliqué ; quelquefois il se rétrécit au delà de sa dilatation basale et se prolonge en pointe terminée elle- même par une petite griffe; dans les types où il s'éloigne le plus de la forme normale, il à une tendance à se diviser en deux branches : l’une interne, qui est le corps même de l'article, et l’autre externe, plus ou moins divergente, qui est la branche accessoire (ramulus exterior). Chez les Thomisides et certains Attides, dont le tarse est cependant de forme simple, la branche externe, petite et dentiforme, parait presque faire partie du bulbe, car elle est insérée à son côté externe, au bord même de l’alvéole et généralement dirigée en arrière. Chez les Argiopides, la branche principale est dilatée, déprimée et disciforme, tandis que l’externe est une petite apophyse recourbée, le plus souvent un peu dilatée à l'extrémité, mais atteignant rarement (Meta) une certaine dimension. Quand elle est très développée, la branche externe parait articulée à la base, ce qui se voit chez les Tetragnatha et Pachygnatha (fig. 61), où les deux branches ont une tendance à se ressembler, comme forme et dimension, de sorte que le bulbe parait inséré dans une sorte de fourche ou de pince. Chez les Pholcus, la disposition est très curieuse, la branche interne est longue et presque parallèle, tandis que l’externe a la forme d'une vésicule facile à con- fondre avec les parties mêmes du bulbe (fig. 62). Quelle que soit la forme du tarse, il offre toujours en dessous une cavité ou fossette dans laquelle s’insère le bulbe; c’est l’alvéole (cavité membraneuse Lyonnet, alveolus Westring, Menge). La grandeur de l’alvéole est aussi en rapport avec la complication du bulbe ; chez les Dysderides et Aviculariides, il est très petit, tandis que chez les Argiopides, il occupe toute la face inférieure du tarse; dans le groupe entier 1 des Theridions (sensu stricto), la pointe tarsale offre une petite dent rentrante située au bord supérieur de l’alvéole. J’ai conservé à l'ensemble de l’article le nom de tarse, mais il a reçu de divers auteurs des noms spéciaux (lamina Westring, calotte Walckenaer, cym- bium et parucymbium Menge, cymbium W. Wagner, etc.). B. Hæmatodocha, qui s'insère au fond de l’alvéole tarsal, a été désigné im- proprement sous le nom de muscle spiral (Menge), car son tissu chitineux est simplement fibreux-élastique, sans aucune analogie avec celui d'un muscle strié ou lisse, c'est un sac qui, au repos, est aplati, plié en spirale et peu apparent, mais qui, au moment de l’accouplement, se dilate en forme de grosse vésicule par le fait d’un afflux sanguin considérable, ce qui a été dé- montré par l’examen de son contenu au moment de la turgescence ; son extré- mité inférieure est percée d’une ouverture (orificium hæmatodochæ Wagner), communiquant avec un espace libre de l'alvéole désignée par W. Wagner sous le nom de lacuna tarsi. Il est, comme je l’ai dit, de tissu fibreux généralement 38 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES incolore, mais il offre, sur l’une de ces faces, une fine lanière chitineuse qui lui sert de soutien. F B. Bulbe (bulbus genitalis auct., tegulum W. Wagner). Je réserve ce nom à la partie dure et chitineuse, généralement vivement colorée, qui est la plus apparente de l'organe copulateur et qui recouvre l'hæmatodocha, sauf dans sa partie basale. Le bulbe est de forme très variable; dans les types les plus simples, il est cylindrique, globuleux ou piriforme et atténué vers l'extrémité où il est percé d'une petite ouverture donnant passage au style; dans les formes plus complexes, il paraît formé de plusieurs pièces qui, au repos, sont juxtaposées, mais se disjoignent plus ou moins au moment de la turgescence de l’hæmatodocha. Le tégument du bulbe est résistant, mais presque toujours assez mince pour laisser apercevoir, par transparence, les circonvolutions du tube sémini- fère qu’il contient. Le bulbe renferme en effet un tube, élargi par le fond, où il se termine en cul-de-sac, plus ou moins enroulé et se prolongeant, au moins jusqu'à l’ex- trémité, par un fin canal excréteur de consistance beaucoup plus dure, qui est le style. Ce tube a toujours été trouvé rempli d'éléments spermatiques, et, contraire- ment à l’opinion de beaucoup d'auteurs récents (notamment de Menge), il est admis aujourd’hui que, de toutes les parties du bulbe, il est seul à en con- tenir; il a reçu pour cette raison les noms de éube séminifère, receptaculum seminis (Stein, W. Wagner), spermatophore (Bertkau), ce dernier nom avait été donné précédemment par Menge à une partie que je décrirai plus loin sous le nom de conducteur du style. La partic terminale exertile du tube séminifere a été décrite par Lyonnet sous le nom de pénis, et par Menge sous celui d’embolus, qui a été adopté par un grand nombre d’anatomistes modernes, mais je lui laisserai le nom de style (stylus), que je lui ai toujours donné dans mes descriptions spécifiques. Le style est percé d'un fin canal qui donne passage au liquide spermatique quand le mâle le recueille lui-même ou qu’il le transmet à la femelle ; au moment de l’accouplement, il pénètre dans l’orifice génital et sa longueur parait être en rapport avec celle des conduits de l’oviducte. Le style est souvent assez court et ne dépasse pas ou à peine l’orifice du bulbe, tel est le cas chez les Dysderides, les Lycosides, les Amaurobius, les Pholcus, etc.; il est souvent plus long et sa partie extérieure entoure le bulbe comme une sorte de ceinture, ce qui se voit chez la plupart des Clubionides et des Thomisides ; il atteint quelquefois une excessive longueur et est roulé en spirale de quatre à cinq tours recouvrant le bulbe, ce qui est très visible chez les Latrodectus; d’autres fois, ce long style se détache du bulbe, se recourbe en arrière et atteint le bord frontal; Cicurina impudica E. Sim. en offre un exemple frappant. D. Le conducteur du style (conductor) manque dans les formes les plus simples comme les Segestria, mais il existe dans un si grand nombre d'espèces qu'il peut être regardé comme partie fondamentale ; il consiste en une apo- physe {apophyse terminale où lame externe des descriptions spécifiques) qui prend naissance à la base du style et qui, dans certains cas, ne semble être PREMIÈRE PARTIE — ANATOMIE 39 qu'un prolongement du bulbe fAtypus); son rôle paraît être de protéger le style et de lui servir de soutien ; sa forme varie extrêmement et il serait trop long de la suivre dans toutes ses modifications. Dans son type le plus simple, par exemple chez les Atypus et les Harpactes, le conducteur a l'aspect d’un cornet évasé, largement ouvert en dessous et enveloppant le style; chez les Pachygnatha, où il est encore assez simple, il prend la forme d'une longue tige, plus ou moins contournée, qui accompagne le style auquel elle ressemble ; chez la plupart des Agelenides, où il atteint presque toujours un grand déve- Joppement, il ressemble à une grande lame mince prenant naissance à la base du bulbe, contournant tout son bord externe, et libre à son extrémité supé- rieure ; cette lame est finement ourlée comme une oreille à son bord externe, et c'est dans la rainure de cet ourlet qu'est reçue toute la partie terminale du style ; chez les Pholcus, le conducteur est une pièce sécuriforme terminale qui tranche, par sa consistance et sa couleur foncée, sur les autres parties du bulbe ; le style, très court, la traverse dans une sorte de canal, etc. Menge avait cru que cet organe était un réservoir permanent de sperme et l'avait appelé spermalophore, nom qui a été réservé avec plus de raison par Bertkau au tube intérieur du bulbe et auquel je préfère celui de conducteur employé par Lyonnet. Les anciens auteurs croyaient à une communication directe des testicules et des pénis au moyen de vaisseaux traversant le pédicule, le céphalothorax et la patte-mâchoire ; de nos jours encore, O. Herman a cru à l'existence de cette communication, mais son absence est aujourd'hui démontrée et les recherches des anatomistes modernes ont pleinement confirmé l'opinion que Dugès expri- mait à cet égard il y a plus de cinquante ans : «Il n'y à nulle communication, « disait-il, entre ces organes et ceux contenus dans l'abdomen ; de quelque « manière qu'on procède à la dissection, on ne voit dans les autres parties du « palpe aucun canal dirigé vers le tronc. » Tréviranus, qui avait reconnu l'absence de communication, en était arrivé à cette conclusion que le bulbe ne jouait qu'un rôle secondaire dans l’accouple- ment, celui d’un organe excitateur dont l'action précédait un rapprochement des orifices sexuels abdominaux. De tous les auteurs modernes, O. P. Cam- bridge est le seul qui ait parlé d'un accouplement de cette nature {1}, mais cette observation isolée est tellement en désaccord avec tout ce qui est connu aujourd'hui de l'accouplement des Araignées, que, malgré l'autorité de l’auteur, il doit forcément rester des doutes à son égard. Les observations les plus nombreuses et les plus concluantes ont au con- traire prouvé quil n’y avait aucun rapprochement abdominal. L'accouplement est précédé, de la part du mâle, d'un acte préparatoire qui a été suivi à plusieurs reprises par Menge, Bertkau, Ausserer, van Hasselt, M. Campbell (2), il file alors une petite toile spéciale sur laquelle il éjacule (4) Article Arachnida in Encyclop. Britannica. — Cf. aussi Mac Cook, Amer. Spid., etc., t. I, p. 28. (2) On the Parring of Tegenaria Guyoni, etc., Linn. Soc. Journ. Zool., XVI, p. 163. — Avec de longs détails sur l’accouplement de Tegenaria parietina Fourc. (Guyoni). L0 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES une ou plusieurs gouttelettes de sperme quil recueille immédiatement avec ses bulbes génitaux en les y trempant à plusieurs reprises, le liquide pénètre dans le tube séminifère par le canal du style, par suite de la loi de capillarité, et c'est ainsi armé qu'il se présente à la femelle. L'hæmatodocha se remplit alors d'une quantité considérable de sang par l'orifice que j'ai décrit, entre en turgescence et prend l'aspect d'une grosse vésicule membraneuse; le bulbe en recoit une forte pression et le style, poussé au dehors et soutenu par son conducteur, peut facilement pénétrer dans l'orifice génital de la femelle. Quelques auteurs ont décrit de fins canaux permettant à une certaine partie du sang contenu dans l'hæmatodocha de pénétrer dans le tube séminifère lui-même pour aider à l'éjaculation du sperme, mais il paraît exister encore quelques doutes à cet égard. Immé- diatement après l’accouplement, l’'hæmadotocha s'’affaisse, se contracte et le bulbe reprend sa position normale dans l’alvéole. Je ne m'étendrai pas davantage sur l’accouplement et le rôle que semblent y jouer les diverses parties du bulbe, comptant en faire l’objet d'un chapitre spécial dans la troisième partie de cet ouvrage. L'orifice génital femelle s'ouvre au milieu du pli épigastrique entre les stigmates, il est souvent très simple et consiste en une fente transverse qui ne diffère pas sensiblement de l’orifice génital du mâle, tel est le cas dans le sous-ordre entier des Théraphoses, dans les familles des Filistatides, Sicariides, Dysderides, dans le groupe des Nephilinæ et des Tetragnathinæ. Mais, très souvent aussi, il offre plus de complication et est sur- monté d'une pièce, de forme variable, désignée sous le nom d’épigyne (epigynum) ou sarum (Menge) (fig. 63). Cette pièce est ordinairement une plaque operculaire (claustrum Menge), creusée d'une ou de deux fossettes dont la disposition est d'une grande utilité pour ca- ractériser les espèces. Quand l'épigyne atteint son plus haut degré de complication, comme chez les Argiopides et les Linyphia, elle offre une pièce élevée creusée à sa face inférieure en forme de coquille et dont le bord supérieur est prolongé par un appendice généralement assez mou, dont la forme et la longueur sont, au reste, très variables; cet appendice est le crochet {clavus Menge), appelé quelquefois oviposilor; sa base est le scape (scapus). Fig. 63. Organes stridulatoires. Les mâles de quelques Araignées de la famille des Theridides, particulièrement ceux des genres Steatoda, Crustulina, Lithy- phantes, Teutanu, Asagena, Enoplognatha, Pedanostethus, etc., ont l'abdomen très mobile de haut en bas et pourvu à la base, autour du pédicule, d'un rebord très dur, armé, à la face interne, de dents rentrantes dont la disposi- tion varie selon les espèces, et leur céphalothorax présente, en arrière, un espace lisse, un peu convexe et très finement strié en travers; le frottement répété du rebord abdominal sur cette surface striée produit une faible stridu- lation comparable à celle des Leptura. Cet organe stridulatoire a été découvert par Westring chez Asugena phalerata Panz., il a été étudié depuis chez PREMIÈRE PARTIE — ANATOMIE LA diverses espèces par M. Campbell: cet auteur à constaté que, chez Crus- tulina guttata, le rebord chitineux existe dans les deux sexes, mais tandis que, chez le mâle, le cercle est entier et denté, chez la femelle, il est formé de deux segments, et les dents y sont remplacées par des stries et de petites granula- tions; chez Steatoda bipunctata L., au contraire, l'organe, qui est bien déve- loppé chez le mâle, fait complètement défaut chez la femelle. D'après M. Campbell, des organes stridulatoires, dont la situation, sinon le mécanisme, serait très différente, existent aussi chez les Lepthyphantes, de la tribu des Linyphinæ. Les chélicères de ces Araignées offrent à la face externe une série de fines lignes chitineuses parallèles, et la face interne du fémur de leur patte-mâchoire est armée de lignes courbes à peu près semblables et de plus d'une saillie basilaire obtuse. Ces Araignées agitent souvent leurs pattes-mâchoires, et il est probable que le frottement répété des deux surfaces striées doit produire un son. Mais, quel que soit le soin que M. Campbell ait apporté à ses observations, en s’aidant même du microphone, il lui à été impossible de percevoir ce son, aussi la stridulation des Lepthyphantes reste- t-elle encore hypothétique (1). Des organes stridulatoires ont aussi été décrits par Wood Mason chez une grande espèce d'Aviculariides, observée dans l’Assam par M. $. F. Peal; cette stridulation, très forte et comparable à celle que ferait le frottement d'une lame de couteau sur les dents d'un peigne, est produite par le frottement du bord interne des hanches des pattes-mâchoires sur le bord externe des chéli- cères, le premier étant garni d'une sorte de peigne formé de séries chiti- neuses régulières et élastiques, et le second d'une râpe formée d'une ligne irrégulière d'épine. D’après $S. O. Peal, l’Araignée produit sa stridulation au moment d'attaquer sa proie ou de se défendre; sous l'influence d’une grande excitation, elle se dresse sur ses pattes postérieures et agite vivement les surfaces stridulantes de ses organes buccaux (2). Ces organes stridulants, que je n'ai pas observés, existeraient dans les deux sexes, tandis que ceux que j'ai indiqués chez les Theridiides sont propres aux mâles ou au moins n'existent, chez les femelles, qu'à l'état rudimentaire. Les téguments des Araignées sont revêtus de poils qui prennent naissance dans de petits enfoncements ou follicules ; leur forme est extrêmement variée, ils peuvent cependant être rapportés à deux types : 1° Les soies (selæ, crines), placées isolément, dressées plus ou moins, le plus souvent simples et effilées, quelquefois cependant finement villeuses, d'autres fois tronquées au bout (pili obtusi, bacilliformes), comme il en existe sur le bord du bandeau de beaucoup de Thomisides, ou sur certains articles des pattes de plusieurs Araignées, où ils sont généralement disposés en séries régulières, notamment aux métatarses postérieurs des Miagrammopes (fig. 59e); d’autres fois encore, dilatés comme de petites massues et appelés pour cette raison poils claviformes (pili claviformes) (fig. 66) ou cucurbitiformes (par W. Wagner); ces sortes de poils n'existent que chez un petit nombre d’Arai- (1) T. M. Campbell, Tr. Linn. Soc., XV, 1880, p. 152-155. (2) J. Wood Mason, Pr. As. Soc, Beng., 1875, p. 197. 42 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES gnées, on en voit, notamment, chez quelques Thomisides (Oxyptila) où ils sont dispersés sur toutes les parties du corps, et les Aviculariides où ils sont localisés sur les deux derniers articles des membres. La structure du follicule des soies est assez compliquée et, comme il recoit un nerf, les soies sont considérées avec raison comme des organes tactiles; certains de ces poils, situés sur les articles terminaux des pattes et dont la structure basale diffère légèrement de celle des poils tactiles ordi- naires, ont été regardés par Dahl comme des organes auditifs {1}, ce qui est contesté par W. Wagner (2). ; Fa \ . J Fig. 67, Fig. 66. Fig. 65. Fig. 64. 2° Les poils ordinaires, appelés protecteurs, recouvrent les téguments en couche plus ou moins continue et lui donnent sa coloration dans un grand nombre de cas; ils ne sont pas dressés comme les soies, mais plus ou moins couchés et appliqués ; ils sont opaques à cause des granules de pigment dont ils sont remplis et leur follicule, dépourvu de nerf, est beaucoup plus simple que celui des soies. Ces poils sont tantôt simples, tantôt barbelés comme des plumes (pih plu- mosi) (fig. 64 et 65), leurs barbes, beaucoup plus longues à la base du poil qu'à l'extrémité, sont souvent elles-mêmes pourvues de barbules {les Agelena et les Agræca en offrent de beaux exemples), tantôt ils sont aplatis et légère- ment dilatés (pili lanceolati ou fusiformes), comme ceux de l'abdomen des Eresus ; tantôt, enfin, ils sont larges et imbriqués comme de petites écailles (squamulæ), ce qui se voit souvent chez les Attides (fig. 67). Toutes les Araignées sont pourvues de poils tactiles ou soies, beaucoup manquent de poils protecteurs ; ceux-ci sont très développés chez les Arai- gnées chasseresses, telles que les Lycosides et les Attides; ils manquent, au moins partiellement, chez beaucoup de sédentaires, telles que les Theri- diides, etc. Les espèces qui sont revêtues d’une toison de poils protecteurs, offrent, au moins sur les membres, des espaces glabres dont la disposition est constante; ils sont bien visibles chez les Aviculariides, où l'on remarque sur la patella (1) Dahl, Das Gehôr und Geruchsorgan des Spinnen, in Zool. Anz., 1883. (2) W. Wagner, Des poils nommés auditifs chez les Araignées in Bull. Mosc., 1888, n° 4, p. 2. PREMIÈRE PARTIE — ANATOMIE 43 une large bande glabre oblique, et sur le tibia deux bandes parallèles plus étroites ; les chélicères en offrent également. On appelle épines (spinæ, aculei) des poils beaucoup plus forts que les autres, rigides, c'est-à-dire ne pliant pas et articulés à la base, insérés sur les articles des membres, et dont la disposition et le nombre, toujours assez restreint relativement à celui des poils ordinaires, sont constants et four- nissent de bons caractères spécifiques. Les épines sont presque toujours disposées en séries longitudinales, elles sont dites supérieures où dorsales, inférieures, externes ou internes, selon la place qu'elles occupent sur les articles ; leur forme est très variable ; elles sont quelquefois assez fines pour être confondues avec des soies, quelquefois assez fortes pour prendre la forme de dents, comme par exemple au tibia de la seconde paire des mâles d'Epeira. La plupart des épines sont mobiles ; à l’état normal, elles sont couchées et appliquées, la pointe dirigée vers l’extrémité de l'article; elles ne sont pas pourvues de muscles moteurs, et leur mouvement de redresse- ment, qui est simultané pour toutes les épines d'un membre, parait dû uniquement à un afflux sanguin, on peut le produire artificiellement en comprimant les articles basilaires. D'autres épines sont immobiles et plus ou moins dressées verticalement, souvent un peu courbes ; on en voit une série à la face inférieure des fémurs antérieurs de certains Epeires, au côté interne des tibias et métatarses anté- rieurs dans la famille des Mimetides. Quand les épines sont petites, rapprochées, et en nombre indéterminé, elles prennent le nom de spinules (spinulsæe). Les Araignées ne subissent point de métamorphoses, mais, plusieurs fois dans leur existence, surtout pendant la période de la croissance, elles re- nouvellent leurs téguments, comme le font les larves d’Insectes et les Crus- tacés ; ce phénomène a été appelé la mue. La première mue coïncide avec la naissance ; les suivantes, rapprochées les unes des autres, ont lieu dans le cocon; les mues qui ont lieu ensuite sont espacées et moins nombreuses. Beaucoup d’auteurs ont admis qu'il y en avait quatre, mais, d’après W. Wagner, le nombre en est plus considérable et, au reste, il varie selon les espèces et les circonstances. Je ne m’occuperai pas ici du phénomène de la mue en lui-même, comptant en faire l’objet d’un chapitre dans la troisième partie (biologie) de cet ou- vrage (1), je ne parlerai que des modifications que les mues successives peuvent apporter dans la forme et les caractères des Araignées. Ces modifica- tions peuvent devenir des causes d’erreur dont il est utile de se prémunir; elles sont de deux sortes : 1° celles qui tiennent à la croissance même et qui portent principalement sur la coloration, la proportion des yeux, l’armature des griffes et l'apparition des organes copulateurs ; 2° celles qui tiennent à la disparition d’organes transitoires qui n'existent que chez le jeune. 1° La coloration des jeunes Araignées est toujours très simple ; au moment (1) Ce phénomène et celui de l’éclosion ont été très bien décrits par Degeer (Mém., VII, p. 183-195) et, plus récemment, par W. Wagner. ke HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES de la naissance, elles sont presque toutes d’un blanc testacé uniforme; les dessins de l’adulte se montrent cependant de bonne heure, c’est ainsi que les Epeira, encore renfermées dans le cocon, présentent déjà le folium caracté- ristique, mais réduit à une simple tache noire ; les détails du folium ne se montrent que plus tard et graduellement. Quelquefois, cependant, les orne- ments du jeune paraissent plus complexes que ceux de l’adulte, ce qui a lieu pour les espèces qui font exception dans leur genre par l’uniformité de leur coloration ; dans ce cas, les jeunes offrent des dessins très analogues à ceux qui se voient normalement dans les autres espèces du genre, c’est ainsi que le jeune Segestria florentina ressemble complètement aux S. senoculata et bavarica, et ne perd ses chevrons et ses points qu’à la dernière mue. Les jeunes du groupe des Aviculariæ, qui ont bien souvent été décrits comme espèces, offrent sur l’abdomen des chevrons fauves, qui disparaissent chez l’adulte. Le Latrodectus 13-guttatus, comme l'avait déjà observé Dugès, offre, dans son jeune âge, treize taches blanches sur fond brun; plus âgé, ses taches sont d’un rouge de sang parfois bordées de blanc ; mais, chez les indi- vidus tout à fait adultes, ces taches sont réduites ou disparaissent même par- tiellement, par suite de l’extension de la teinte noire du fond. Après la première mue, certaines Araignées sont complètement glabres, les poils ne commencent à se montrer qu’à la seconde mue; d’autres, au contraire, en sont pourvues dès la naissance. W. Wagner a remarqué que le premier cas s’observe chez les espèces renfermées dans un cocon serré et peu extensible, comme celui des Pardosa, tandis que le second s’observe chez les espèces dont le cocon est spacieux et de tissu lâche, comme celui des Aftides. Les extrémités des membres subissent des modifications du jeune à l’adulte; chez les jeunes Aïftides, les fascicules des scopula n’existent pas après la pre- mière mue, c’est-à-dire après la naissance, il n’apparaissent que sur le troi- sième tégument, mais leurs poils sont encore peu nombreux ; ils augmentent à chaque mue successive. Le griffes se modifient elles-mêmes, voici ce qu’en dit W. Wagner dans son ouvrage sur la mue des Araignées : « Après l’éclosion, c’est-à-dire après la première mue, on observe, sur les pattes de l’Attus, deux petits crochets lisses (ou l’un d’eux seul ayant une dent), relativement très petits, étant au moins quatre fois plus petits que les crochets qui vont se former en dessous d’eux vers la fin de la période précé- dant la troisième mue. Ces nouveaux crochets, après deux mues (sur le troi- sième tégument), sont assez grands; l’un d’eux est dentelé, l’autre non; le nombre des dents est différent sur chaque paire de pattes. Ce nombre augmente très lentement avec l’âge; une dent nouvelle apparaît d’abord sous l'aspect d’un tubercule à peine visible; à la mue suivante, celui-ci s’étire en forme de dent et croît ensuite, pendant qu’à côté d’elle apparaît un nouveau tubercule, et ainsi de suite. La lenteur avec laquelle croissent les dents et augmente leur nombre peut expliquer le phénomène que, pendant la période post-em- bryonnaire, à partir de la deuxième mue, le nombre général n’atteint que trois et même deux de plus, comparativement à ce que nous avons vu après la deuxième mue. En revanche, pendant la période des deux dernières mues, le nombre des dents augmente considérablement, non seulement au crochet PREMIÈRE PARTIE — ANATOMIE 45 qui en portait après la deuxième mue, mais même sur celui qui, tout le temps, c’est-à-dire pendant la période de toutes les mues, est resté lisse. En chiffres, cette augmentation s’exprimera ainsi : « Un mâle d’Aftus, avant la dernière mue, offre, à la 1'° paire de pattes, sur la griffe externe, 0 ; sur l’interne, 5 ; — à la 2° paire, sur la griffe externe, 0; sur l’interne, 6; — à la 3° paire, sur la griffe externe, 0; sur l’interne, 5; — à la 4° paire, sur la griffe externe, 0; sur l’interne, 6. — Le même Atfus, après la dernière mue, offre à la 1° paire de pattes, sur la griffe externe, 1 ; sur l’interne, 10; — à la 2° paire, sur la griffe externe, 2; sur l'interne, 9 ; — A à la 3° paire, sur l’interne, 3 ; sur l’externe, 6 ; — à la 4° paire, sur l’interne, 4 ; sur l’externe, 7. « Les deux crochets du mâle ne deviennent dentés qu'au stade de matu- rité sexuelle, ce qui est d'autant moins explicable que le mâle ne fabrique de coque que pour l'hiver et que chez la femelle, au stade de maturité sexuelle, ces crochets, sur trois paires de pattes, restent lisses, et ce n'est que sur la troisième paire qu'on observe des crochets à trois dents. « Voici comment les choses se passent chez Lycosa singoriensis : NIUE patte 2° patte 3° patte 1° patte Se Re tee RSR qu PRESS 2e || Grife | Griffe || Griffe riffe | Griffe || Griffe | Griffe & |lexterne| interne||externe inierne ||externe | interne Période des 2° et 3e mues (G ?)..| 7 8 9 8 8 ï 8 |62 L’avant - dernière mue du mâle, .. 6 6 6 6 8 10 10 |61 Mäle complète ment adulte .... 0 10 S 9 9 10 10 11 12 179 L’avant — dernière mue de la femelle 6 Hay! 7 5 6 7 7 3 8 155 Femelle complète- ment adulte .... di) 7 7 ñ 6 S D Î FH oi « Par conséquent, le nombre général des dents aux griffes des pattes du mâle, pendant l’avant-dernière mue, à baissé de 62 à 61, et est ensuite re- monté, chez un sujet adulte, jusqu'à 79. Ce nombre, chez la femelle de l'avant- dernière mue, est tombé à 55, et chez un sujet adulte, est resté presque inva- riable à 51. « Cette circonstance montre que le mâle a dévié de sa structure primitive dans un sens et la femelle dans un autre : le mâle a un surplus de 17 dents, com- parativement aux premiers stades et la femelle 11 de moins. « La modification à la griffe de la patte-mâchoire a marché dans un autre sens. Vers l’époque de la maturité sexuelle d’un mâle, le crochet même s’est transformé en épine ; chez la femelle, il est resté presque invariable. Dans ce sens, par conséquent, la femelle à subi moins de modification que le mâle. LG HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES « Chez Pardosa amentata, nous remarquons, après l’éclosion, la particu- larité suivante : au bout de la patte-mâchoire, on voit un petit crochet tout à fait pareil à ceux des pattes. Vers la fin de la deuxième période de la mue, sous celui-ci on en voit apparaitre un autre relativement très grand et dentelé, ne différant pas de ceux des pattes. Chez la femelle, le nombre des dents de cette griffe n’augmente pas avec la croissance, comme on l'observe sur les pattes, mais diminue graduellement. « En ce qui concerne les mâles, ce crochet denté se métamorphose chez eux peu à peu en une simple épine. Par conséquent, chez ces Araignées, comme chez bien d’autres, les griffes, d’abord tout à fait semblables durant la période post-embryonnaire, se modifient dans deux sens contraires : sur les griffes des pattes, le nombre des dents augmente chez les mâles et atteint son maxi- mum vers l'époque de la maturité sexuelle; quant à ceux des pattes-mâ- choires, le nombre en diminue, et, vers l'époque mentionnée, la griffe même se transforme en épine (1). » Il résulte de ceci que les griffes, qui fournissent d'excellents caractères, ne doivent être étudiées que chez l'animal adulte et que les divergences dans les descriptions qu'en donnent les auteurs peuvent tenir à l'âge des sujets observés. Le groupe oculaire subit aussi d'assez grandes modifications avec l'âge; la croissance des yeux n'étant pas la même que celle de la pièce dorsale du céphalothorax qui les porte : les yeux sont relativement très gros chez les jeunes Araignées, et, par les progrès de ? l'âge, ils s'écartent les uns des autres sans augmenter proportionnellement de volume ; les yeux paraissent ainsi plus séparés chez les adultes que chez les jeunes, ce qui est très visible chez les he Philodromus, les Clubiona, les Sparas- Fig 69. Hie6E sus, etc., où les intervalles des yeux sont très souvent pris en considération dans la caractéristique des genres; le genre Etillu a été établi sur de jeunes Heteropoda, et plusieurs autres sont dans le même cas. Il arrive parfois que la position même des yeux change de l’adulte au jeune ; chez les très jeunes Dinopis, le front est plus large et plus obtus qu'il ne le sera plus tard, et les yeux du quatrième rang (latéraux postérieurs) sont plus écartés transversalement et forment, avec ceux du deuxième {médians postérieurs), un trapèze beaucoup plus étroit en avant, tandis que, chez l'adulte, ils figurent un quadrilatère parallèle, caractère qui, dans toute autre circonstance, serait considéré comme de valeur générique (fig. 68, 69). Chez ces mêmes Dinopis, de même que chez les Tetragnatha, l'abdomen est beaucoup plus court et plus épais chez le jeune que chez l'adulte, et, quand il offre des tubercules en dessus, ils sont plus développés chez le jeune (notam- ment chez D. spinosus Marx). Les caractères sexuels sont ceux quise montrent les derniers; avant les dernières mues, il est impossible de distinguer les sexes, tous deux offrant les 2 11}, Alt p\ (1) W. Wagner, La mue des Araignées in Ann. Sc. Nat., 1888, p. 363. PREMIÈRE PARTIE — ANATOMIE L7 formes et la livrée que la femelle doit garder toute sa vie; les caractères secondaires du mâle, portant sur la coloration, le plus grand allongement des chélicères et des membres ou la forme de certains de leur articles, ne se montrent, d'après W. Wagner, que vers la cinquième mue chez l’Aftus, vers la sixième ou la septième chez le Lycosa. L'organe copulateur s’accuse un peu avant : les deux derniers articles (tibia et tarse) de la patte-mâchoire perdent graduellement leurs poils et aug- mentent de volume tout en conservant une forme allongée ; à ce moment, les deux articles paraissent n'en former qu'un seul, ils ne se séparent nettement qu à la dernière mue, le bulbe paraît alors, mais, dès l’avant-dernière mue, il offre son volume définitif et on peut distinguer ses parties principales, notam- ment le style et le conducteur, au travers de la mince cuticule qui doit dispa- raîitre à la dernière mue. 2° Les modifications qui consistent en la disparition d'organes sont extré- mement curieuses, mais moins générales et ne s’observent que chez les mâles. Dans le jeune âge, les deux sexes sont pareils et offrent les formes et les couleurs qui doivent persister chez la femelle seule. Certains organes, qui sont propres à celle-ci, existent également chez les jeunes mâles, je ne reviendrai pas sur les griffes qui en fournissent un frappant exemple. Le calamistrum est dans le même cas, car il se montre indistinctement chez tous les individus aux premiers stades du développement et disparaît chez le mâle aux dernières mues, tandis que chez la femelle il persiste et acquiert même du dévelop- pement. VOCABULAIRE ABDOMEN : partie postérieure du corps. ACUMINE (acuminatus) : terminé en pointe. AIRE OCULAIRE (@re4 oculorum) : espace occupé par les yeux. ALVÉOLE (alveolus) : cavité ou fossette que présente, en dessous, le tarse de la patte-mâchoire du mâle et dans laquelle s’insère le bulbe. ANTE (en composition) : situé en avant de (antéoculaire situé en avant de l’œil). ANTENNES-PINCES : nom donné par Latreille (Reg. Anim. Cuv., t. IV, p. 207) aux chélicères des Arachnides et rappelant leur homologie avec les an- tennes des Crustacés et des Insectes. APICAL (apicalis) : placé au sommet. APOPHYSE (@pophysis) : saillie ou prolongement. Area oculorum : aire oculaire. Articulationes spuriæ : fausses articulations. ATTENUE (altenuatus) : graduellement diminué. BANDE CHITINEUSE BASALE DES CHÉLICÈRES (villa coriacea basalis chelarum) : espace transverse induré situé entre le bord du bandeau et la base des chélicères chez quelques Araignées, notamment chez plusieurs Pholcides. BaNDEAU (clypeus) : portion du céphalothorax comprise entre les yeux et la base des chélicères. Br (en composition) : signifie divisé en deux (hifide, bilobe). Buzse (bulbus genitalis) : organe copulateur du mâle inséré dans l’alvéole du tarse de la patte-mâchoire. CALAMISTRUM : organe composé de poils disposés comme les barbes d’une plume en une ou deux séries placées sur le métatarse de la quatrième paire de pattes chez toutes les espèces de la section des Cribellatæ. Calcar : éperon. CARÈNE INTERCOXALE (Carina inlercoxalis) : carène indurée, souvent bifurquée en arrière, et s'étendant entre les hanches postérieures chez un grand nombre d'espèces. Cette carène est l’homologue de la plaque sternale postérieure. CÉPHALOTHORAX : portion antérieure du corps résultant de la fusion de la tête et du thorax. . a PREMIÈRE PARTIE — VOCABULAIRE 19 CÉPHALIQUE (PARTIE) (pars cephalica) : partie antérieure du céphalothorax, limitée en arrière par les stries céphaliques, et portant les yeux et les ché- licères. Chelæ : chélicères. CHÉLICÈRES (chelæ) : appendices de la première paire, situés au-dessous du bord frontal et formés de deux articles : la fige et le crochet. Clavus Menge : crochet de l’épigyne. Claustrum Menge : plaque operculaire de l’épigyne. Clypeus : bandeau. COLULUS : petit appendice conique situé entre les filières inférieures ou un peu au-dessous chez les Araignées de la section des Ecribellatæ. COMPRIMÉ (compressus) : aplati comme par l'effet d’une pression latérale (par opposition à déprimé). CONCOLOR : d’une même couleur. CONDUCTEUR DU STYLE (conductor styli) ou LAMELLE : appendice du bulbe, le plus souvent en forme de cornet ou de voile entourant le style ou pénis. CORNICULES (cornicula) : petits appendices grêles à la base, dilatés à l’extré- mité, disposés par paire et insérés sur le front de quelques espèces du groupe des Érigones. COURBE (curvatus) : se dit d’une ligne longitudinale courbée à concavité externe |})(} par opposition à incurvé. CRIBELLUM : plaque chitineuse, située entre les filières inférieures ou un peu au-dessous chez toutes les Araignées de la section des Cribellatæ. CROCHET DES CHÉLICÈRES (wncus chelurum) : second article des chélicères, ayant la forme d’une pointe mobile très dure, généralement aiguë et plus ou moins recourbée. ù CROCHET DE L'ÉPIGYNE (clavus Menge) : appendice flexible faisant partie de l’épigyne et naissant de son bord supérieur dans les familles des Argio- pides et des Theridiides. Curvatus : courbé. Cymbium : nom donné par Menge et W. Wagner au tarse de la patte-mâchoire des Araignées mâles. DépriMÉ (depressus) : aplati comme par l'effet d’une pression verticale (par opposition à comprimé). DIVARIQUÉ Où DIVERGENT (divaricatus) : se dit de pièces ou de lignes contiguës à la base et s’écartant à l’extrémité. Embolus : nom donné par Menge à la partie du bulbe que j'appelle style. ÉProN (calcar) : apophyse dentiforme, généralement double, située à l’extré- mité des tibias antérieurs chez la plupart des mâles de la famille des Avi- cularides. 90 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Exporopite : branche interne des mâchoires chez les Crustacés et les Insectes, représentée, chez les Araignées, par les lames-maxillaires. ÉPIGASTRE (epigaster) : portion antérieure du ventre, généralement plus con- vexe et quelquefois indurée, limitée en arrière par le pli épigastrique, offrant, au milieu, l’orifice génital et, latéralement, les stigmates pulmo- naires. EPIGYNE (epigynum, sarum Menge) : ensemble des organes génitaux externes de la femelle. ÉPIMÉRIENNES (PIÈCES) : ligne chitineuse entière ou divisée, s'étendant laté- ralement au-dessus des hanches et au-dessous du bord du céphalothorax chez quelques espèces, notamment quelques Pholcides. EPINES (spinæ, aculei) : poils plus forts que les autres et ne pliant pas. FAcrës : aspect propre d’un genre ou d’un groupe de genres. FAscICuLEs (fasciculati) : se dit de poils ou d’épines disposés en touffes ou faisceaux. FASCICULES UNGUEAUX (fasciculi unguiculares) : touffes de scopula , situées immédiatement au-dessous des griffes. FAUSSES ARTICULATIONS (articulationes spuriæ) : cercles membraneux divisant un article et augmentant sa flexibilité. FE£MUR : troisième article des membres. FizièRes (Mmamillæ) : appendices cylindriques ou coniques, groupés au-dessous de l’anus et servant à l’excrétion du liquide soyeux, normalement au nombre de trois paires : filières inférieures (mamillæ inferiores), filières supérieures (inamillæ superiores) et filières médianes (mamillæ mediæ). Forrux : dessin en forme de feuille que présente, en dessus, l'abdomen des Argiopides et de beaucoup de Theridiides. ForCIPULES : nom donné par Savigny (Mém. Anim. sans vertèbres, 2° part., 1818) aux chélicères des Arachnides. FOSSETTE MÉDIANE DU CÉPHALOTHORAX (foveu media) : impression de forme variable que présente le céphalothorax, dans son milieu, au point de jonction des stries céphaliques. FovéoLé (foveolatus) : marqué d’une ou de plusieurs impressions. FusuLres (fusuli) : petits appendices biarticulés garnissant l’extrémité. des filières et donnant passage au liquide soyeux, on distingue : les fusules cylindriques à sommet droit (fusuli cylindracei apice recti), les fusules cylindriques à sommet courbe (fusuli cylindracei apice arcuati), les fusules coniques, petites (fusuli conici) et les fusules coniques, grosses (fusuli conicr magni). GÉMINÉ (geminatus) : accouplé deux à deux. GEÉNICULÉ (geniculatus) : coudé brusquement. GLABRE (glaber) : dépourvu de pubescence. PREMIÈRE PARTIE — VOCABULAIRE 1 GRIFFES PAIRES OU SUPÉRIEURES (unques Superiores) : les deux griffes qui ter- minent les tarses des pattes ; elles sont mutiques (ungues mutici) ou pecti- nées (ungues pectinali vel dentati). GRIFFE IMPAIRE OU INFÉRIEURE (#nguis inferior) : griffe placée au-dessous des autres ; elle manque dans un certain nombre de famiiles. CRIFFES AUXILIAIRES (ungues spurii) : poils très robustes, pectinés et placés près des griffes chez les Argiopides, quelques Theridiides et Sicuriides. HANCHE (coxa) : article basilaire des membres. HæmarobocHA : nom donné par W. Wagner à la partie inférieure du bulbe insérée dans l’alvéole et ayant la forme d’un petit sac de tissu élastique. HÉTÉROPHTHALMES : Araignées dont les yeux sont de deux sortes : diurnes et nocturnes. HOMOPHTHALMES : Araignées dont les yeux sont d’une seule sorte : diurnes ou nocturnes. Hypopopruu : extrémité du tarse des pattes dépassant un peu les griffes et supportant les fascicules ungueaux. INcURVÉ (éncurvala) : se dit d’une ligne longitudinale courbée à concavité interne ( () ) par opposition à curvala. INERME (inermis) : sans pointes ni épines. INFrA (en composition) : situé en arrière ou au-dessous (infra-oculaire, situé - au-dessous des yeux). INSERTION : point d'attache de pièces mobiles. Inter (en composition) : situé dans l'intervalle (intercoæal, situé entre les hanches). LAMES-MAXILLAIRES (laminæ-maæillares) : dilatation des hanches de la patte- mâchoire. LANCÉOLÉ (lanceolatus) : en forme de fer de lance. LABIALE (PIÈCE) (pars labialis) : pièce antérieure du sternum, située entre les hanches des pattes-mâchoires. LIGNE OCULAIRE (linea oculorum) : ligne idéale passant par le centre des yeux. Ceux-ci sont normalement placés sur deux lignes de quatre yeux chacune : ligne oculaire antérieure (line antica) et ligne postérieure (linea postica). LingaIRE (linearis) : se dit d’une partie étroite à peu près d’égale diamètre dans toute sa longueur. LOBE CÉPHALIQUE ({uber cephalicum) : protubérance de forme variable, située sur la région frontale et portant le plus souvent une ou deux paires d’yeux, chez beaucoup de mâles du groupe des Erigones. Lorum articulare : petite pièce chitineuse transverse, située au milieu de l’espace membraneux des articulations fémoro-patellaire et métatarso- tibiale. 52 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Lora pediculi : lanières chitineuses du pédicule, on distingue le lorum superum, qui est constant, et le lorum inferum, qui n’existe que chez un petit nombre de types. Macula basalis chelarum : tache basale des chélicères. MARGES DU CROCHET DES CHÉLICÈRES (margines sulci chelarum) : bords de la rainure, souvent denticulés, dans laquelle se replie le crochet des chéli- cères au repos, on distingue la marge inférieure (margo inferior) et la marge supérieure (Mmurgo Superior). MEMBRANEUX : nom donné aux téguments souples et généralement incolores, qui unissent les diverses parties du squelette tégumentaire. MéTATARSE (metatarsus) : 6° article des pattes ambulatoires, il manque à la patte-mâchoire. Murrr (en composition) : de beaucoup de {multistrié, à stries nombreuses). Muscie sprRAL (Menge) : hæmatodocha. MuTIQUE (imulticus) : synonyme d’inerme. OBsoLÈTE (obsoletus) : presque effacé ou très peu marqué. OxycxiuM : petit article terminal supportant les griffes chez quelques Arai- gnées. ORGANES BUCCAUX (parles oris) : ensemble des pièces externes de la partie buccale : pièce labiale et lames-maxillaires. ORIFICE GÉNITAL (vulva) : orifice externe des organes de la génération, situé dans les deux sexes, au milieu du pli épigastrique. ORIFICE DE L'HÆMATODOCHA (Orificium hæmatodochæ) : orifice situé à la base de l’hæmatodocha à son point d'insertion dans l’alvéole. Ovipositor : nom donné par quelques auteurs au crochet de l’épigyne. Partes oris : organes buccaux. PATELLA : 4° article des membres. PATTES (pedes) : au nombre de huit, insérées au céphalothorax et formées de sept articles. PATTES-MACHOIRES (pedes-maæillares) : appendices thoraciques de la première paire, formés de six articles. PArURON : nom donné par Lyonnet à l’article basilaire ou tige des chéli- cères. PÉpicuLe (petiolus) : portion rétrécie unissant le céphalothorax à l’abdomen. Petiolus : pédicule. PILIGÈRE Ou PILIFÈRE : qui donne naissance à un ou plusieurs poils. PLANTULA : petite pièce chitineuse triangulaire située sous les griffes chez les Aviculariides (le nom de plantula a été donné par Kirby et Spence, in Introd. Entom., à un petit article accessoire,quelquefois attaché en dedans des ongles au sommet de l’ungula chez les Insectes). PREMIÈRE PARTIE — VOCABULAIRE 53 Porzs (pili, setæ) : soyeux (pili simplices) : simples, atténués et mous; raides (setæ, crines) : simples et atténués, mais plus forts et dressés ; écailleux (pili squamiformes vel squamulæ) : aplatis, élargis et souvent im- briqués ; bacilliformes (pili bacilliformes) : cylindriques, tronqués ou obtus au sommet ; plumeux (pili plumosi) : pourvus de barbes divergentes, souvent elles- mêmes garnies de barbules. POINTS CALLEUX Où OCELLIFORMES (#mpressiones ocelliformes) : larges fossettes dont le fond est épaissi en forme de tubercule déprimé, sur lPabdomen de certains Argiopides (Gasteracantha) et Theridides (Phoroncidia). PoiNTS ENFONCÉS (mpressiones) : petites impressions indurées, généralement disposées par paires sur l’abdomen. PLAQUE ARTICULAIRE (plagula articularis) : petite pièce chitineuse située dans l’échancrure membraneuse articulaire d’un article, notamment à la base du crochet des chélicères. PLAQUE OPERCGULAIRE (claustrum Menge) : plaque chitineuse de forme très variable, recouvrant ou accompagnant l’orifice génital femelle chez un grand nombre d'espèces. PLAQUE STERNALE POSTÉRIEURE (plagqula sternalis postica) : pièce située en arrière du sternum et enveloppant la base du pédicule. PLI ÉPIGASTRIQUE (rüna epigasteris) : pli transverse situé à la face inférieure de Pabdomen dans la première moitié, au niveau de l’orifice génital et des stigmates. PLurt (en composition) : à plusieurs (pluridenté, à plusieurs dents). Posr (en composition) : situé en arrière de (postoral, en arrière de la bouche). POST-ABDOMEN (postabdomen vel tuber anale) : petit tubercule articulé, situé à l'extrémité de l’abdomen, immédiatement au-dessus des filières. L’orifice anal s'ouvre à sa face inférieure. Pré (en composition) : situé en avant de (préoral, en avant de la bouche). PROCURVÉE (procurva) : se dit d’une ligne courbée avec la concavité en avant (— ), par opposition à recourbee (linea oculorum procurva, la ligne posté- rieure des yeux chez les Sforena, ete.\. PUBESCENT (pubescens) : garni de poils. Rastellus : râteau. RaTEAU (rastellus) : groupe de fortes dents situé à l’extrémité des chélicères chez les Aviculariides terricoles. Receptaculum seminis : nom donné par Stein et W. Wagner au tube séminifère ou spermatophore. FU d4 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES RECURVÉE (recurva) : se dit d’une ligne courbée avec la concavité en arrière { = ), par opposition à procurvée (linea oculorum recurva, la ligne posté- rieure des yeux chez les Lycosides, etc.). Rima epigasteris : pli épigastrique. Rostre (rostrum) : pièce buccale impaire située au-dessus de la pièce labiale et au-dessous des chélicères. SACS PULMONAIRES : cavités, au nombre de deux ou de quatre situées près le pli épigastrique et renfermant les organes respiratoires localisés. Sarum Menge : épigyne. SCAPE DE L'ÉPIGYNE (SC4pus vulvæ) : Saillie transverse en forme de rebord, souvent divisée en trois lobes et s’élevant au bord inférieur de l’orifice génital et s’opposant au crochet du bord supérieur; n’existe que chez les Argiopides et quelques Theridüdes. ScopuLA (scopulæ) : brosses de poils garnissant le dessous des tarses et des métatarses d'un grand nombre d’Araignées. SCOPULA DES LAMES-MAXILLAIRES : espace pileux plus ou moins étendu, situé à la face inférieure des lames-maxillaires près leur bord interne. SCOPULA DE LA MARGE SUPÉRIEURE DU CROCHET : brosse de poils raides, fine- ment barbelés, garnissant la marge supérieure du crochet des chélicères chez un grand nombre d’Araignées. SCUTA : plaques chitineuses, plus ou moins dures, recouvrant l’abdomen en dessus (scutum dorsale) ou en dessous (scutum ventrale), la région épigas- trique (Scutum epigasteris) ou le dessous des filières (scutum infra-mamil- lare). SERRULA : fine carène crénelée s'étendant à la face inférieure des lames- maxillaires le long de leur bord externe. SILLON DES HANCHES (sulcus coxalis) : pli induré longitudinal s'étendant à la face interne des hanches. SPERMATOPHORE : nom donné par Menge à la partie du bulbe, que j'appelle conducteur du style et, par Bertkau, au tube séminifère. SPINULE (Spinula) : épine très petite et aiguë. SQUAMEUX (SQuumosus) : couvert de squamules. SQUAMULE (squumula) : poil dilaté et aplati en forme de petite écaille. STERNITE : segment du sternum. STERNUM : pièce recouvrant la face inférieure du céphalothorax. Stemma : nom donné par Menge à l’ensemble des pièces chitineuses du bulbe. STIGMATES (spiracula) : orifices des organes respiratoires. STRIES CÉPHALIQUES (striæ cephalicæ) : les deux premières stries rayonnântes limitant, en arrière, la partie céphalique. 14 x PREMIÈRE PARTIE — VOCABULAIRE > STRIES RAYONNANTES (sériæ radiantes) : impressions obliques et divergentes du céphalothorax. STRIDULATOIRES (ORGANES) : organes produisant la stridulation chez quelques mâles de la famille des Theridides. STYLE (stylus) : partie fine et exertile contenue dans le bulbe du mâle et servant à la copulation. Su (en composition) : signifie presque ou légèrement (submembraneux, presque membraneux). SUBULÉ (Subulatus) : terminé en pointe aiguë et fine comme une alène. Suleus coæalis : sillon de la hanche. TACHE BASALE fmacula basalis) : espace convexe et lisse situé à la base externe des chélicères chez un grand nombre d’Araignées. TARSE (éarsus) : article terminal des membres. Tegulum.: nom donné par W. Wagner à la partie solide du bulbe. TESTACE (éestaceus) : couleur de terre cuite ; teinte normale des téguments non pigmentés. THORACGIQUE (PARTIE) (pars thoracica) : partie postérieure du céphalothorax, située au delà des stries céphaliques. TrBra : 5 article des membres. TIGE DES CHÉLICÈRES (Corpus chelarum) : article basilaire des chéliceres. TROCHANTER : second article des membres. TUBERCULE ANAL (uber anale) : voy. post-abdomen. Uncus chelarum : crochet des chélicères. Uncus vulvæ : crochet de l’épigyne, aussi appelé clavus. VERSICOLOR : de plusieurs couleurs. Vulva : orifice génital. Yeux (oculi) : ils sont toujours simples, au nombre de huit, de six ou de deux, disposés sur deux rangs (linea oculorum antica et linea oculorum posticu) ; on distingue les médians antérieurs (medii antici), les médians postérieurs (inedii postici), les latéraux antérieurs (laterales antici) et les latéraux pos- térieurs (laterales postici), et ils sont de deux sortes : YEUX DIURNES (0culi diurni) : yeux ronds, convexes et colorés. YEUX NOCTURNES (0culi noclurni) : yeux plats, incolores et de forme variable. Fig. 1. Explication des figures de la 1'° partie Céphalothorax d’Amaurobius, vu en dessus : pc, partie céphalique; — pt, partie thoracique; — f, fossette médiane; — sr, stries rayonnantes ; — €, base des chélicères; — om, yeux médians; — ol, yeux latéraux. . Abdomen de Gasteracantha, vu en dessus : 6, épine; — 0, points ocelliformes. Abdomen de Gamasomorpha, vu en dessous : se, scutum épigastrique ; — sm, scutum infra-mamillaire; — g, orifice génital; — sp, stigmates pulmonaires ; — st, stigmates trachéens ; — on, filières. Le même, de profil, mêmes lettres : sf, scutum dorsal ; — p, pédi- cule. Abdomen de Tetrablemma, vu de profil : sv, scutum ventral; — sl, scuta latéraux. . Tubercule anal de Miagrammopes, vu en dessus. Tubercule anal d’Uroctea, vu en arrière. Colulus de Loæosceles : c, colulus ; — m, l’une des filières inférieures. Pédicule de Myrmecium, vu en dessus : ct, céphalothorax rétréci en arrière, en forme de cou; — !, lorum supérieur du pédicule. . Pédicule de Salticus, vu en dessus. . Pédicule de Sparassus, vu en dessus : s, suture à convexité anté- rieure. . Pédicule de Lycosa, vu en dessus : $s, suture à convexité postérieure. Pédicule de Dysdera, vu en dessus. Pédicule de Pholcus, vu en dessus : !, lorum divisé en deux lanières. Plaque sternale postérieure de Dysdera, vue en dessous : s, sternum; — p, plagula; — c, hanches postérieures. . Pédicule de Hermippus, vu en dessous : p, plagula ; — /, les deux petites pièces représentant le lorum inférieur. . Lame intercoxale de Laches. Pédicule de Myrmecium, vu en dessus : p, plagula; — /, lorum inférieur. . Pédicule de Formicinoides, vu en dessous : s, sternum ; — ct, cépha- lothorax prolongé en arrière, en forme de cou; — p, pièces du pédicule ; — a, abdomen ; — c, hanches postérieures. ” 20. 21. 31. 32. 33. 34. Co OX 39. 40. PREMIÈRE PARTIE — EXPLICATION DES FIGURES By! Abdomen de Glenognatha, vu en dessous : sp, stigmates pulmo- naires; — sf, stigmate trachéen; — m, filières; — g, orifice génital. Abdomen de Scytodes, vu en dessous : mêmes lettres ; 4, impressions chitineuses. Sternum de Sparassus, vu en dessous : pl, pièce labiale ; — s, ster- num; — /, lames-maxillaires ; — €, hanches. Sternum de Miagrammopes : mêmes lettres; sta, sternite antérieur; — stp, sternite postérieur. Pièce labiale de Tegenaria, par la face interne : m, espace médian membraneux. Pièce labiale de Nemesia, par la face interne : s, sillon médian. Pièce labiale de Scytodes, par la face interne : s, sillon médian bifurqué en arrière. Rostre de Palpimanus, vu en dessus : a, pièce basale chitineuse; — b, extrémité membraneuse. Rostre de Tegenaria, vu en dessous : €, canal médian; — e, petites épines marginales. Céphalothorax de Priscula, vu de profil : e, pièces épimériennes. . Ghélicère vue en dessous obliquement : #, tige; — #”b, tache basale; — mi, marge inférieure ; — ms, marge supérieure; — s, scopula ; — U, crochet; — p, plagula articulaire; — c, carène dentée; — 0, orifice. Face de Priscula, vue en avant : om, yeux médians antérieurs (diurnes) ; — o{, yeux latéraux nocturnes; — 6, bandeau; — Le, lorum basilaire des chélicères ; — «ch, chélicères. Céphalothorax d’Eriauchenius, de profil : €, céphalothorax; — 0, yeux; — ch, chélicère; — {, lame-maxillaire; — b, bouche. Lame-maxillaire de Sparassus, par la face interne : ç, hanche; — l, lame ; — st, suture de la lame; — 51°, serrula ; — se, scopula ; — 9 +) 2 , t, trochanter ; — f, base du fémur. Hanche et trochanter par la face interne : c, hanche; — se, ligne indurée ; — {, trochanter. . Extrémité du fémur et patella-par la face interne : p, patella ; — e, échancrure basilaire ; — /, lorum articulaire. Métatarse et tarse : m, métatarse ; — f, tarse ; — f, fascicules ; — s, scopula ; — 4, griffes. Griffes d’Epeira : us, griffes supérieures ; — wi, griffe inférieure ; — usp, griffes auxiliaires. Griffes de Scytodes : mêmes lettres, de plus 0, onychium. Poil des scopula d’un Avicularia, très grossi. Poil des scopula d’un Sparassus, très grossi. 60. HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES . Patte vue du côté interne pour montrer la situation des organes lyriformes. — Ces organes sont indiqués par des chiffres sur la hanche 1 ; sur le trochanter 2, 3, 4 ; sur le fémur 5 ; sur la patella 6, 7; sur le tibia 8, 9; sur le métatarse 10. La même, par la face externe. Les organes lyriformes sont indiqués parles chiffres"1,"2;3,"4, 5. Abdomen de Molycria, vu en dessous : mi, filières inférieures situées au milieu de la face ventrale ; — "”, filières médianes et supérieures. 4. Filières de Cryptothele au moment de l'extension. 5. Les mêmes, rétractées et cachées. . Fusule cylindrique à tige droite du 1% type (très grossie) : 1, article basilaire ; 2, article terminal. . Fusule cylindrique, à tige courbe, du 2€ type. . Fusule conique du 3° type. . Filière inférieure de Pachygnatha (d’après W. Wagner) : fè, grosses fusules du 3° type, dont l’externe est portée par l’article basilaire. Filières de Pythonissa, très écartées et vues en dessus : mi, filières inférieures ; — #5, filières supérieures; — fu, les sept longues fusules des filières inférieures ; — mm, filières médianes ; fu, huit grosses fusules ; {4, tubercule anal. . Filière inférieure de Zimiris : fa, fusule unique portée par l’article basilaire ; — f, fusules du second article très longues et disposées en pinceau. Extrémité d’une grande filière d’Hersilia, montrant les fusules longues et inégales. . Filière supérieure d’Epeira : st, suture de l’article terminal ; — ps, poils simples ; — pb, poils barbelés; — ff, fusules du 1% type: — f?, fusules du 2 type; — f5, fusules du 3° type. Filière médiane d’Epeira, mêmes lettres. . Filière inférieure d’Epeira, mêmes lettres, de plus : 4, zone chiti- neuse limitant le 2€ article ; — ch, ligne chitineuse longitudinale du 1® article. 2 . Extrémité de l’abdomen d’un Amaurobius (d’après Bertkau) : €r, cribellum ; — st, Stigmate trachéen ; — m, filières inférieures. Cribellum d’OEcobius (d’après Bertkau). Cribellum de Séegodyphus (d’après Bertkau). 9. Métatarse postérieur de Miagrammopes (d’après Bertkau) : m, méta- tarse; — €, calamistrum ; — 6, épines bacilliformes sériées ; — l, tarse. Organe copulateur de Segestria : tb, tibia ; — tr, tarse ; — a, alvéole; — h, hæmatodocha ; — b, bulbe; — sp, tube spermatophore — st, style. PREMIÈRE PARTIE — EXPLICATION DES FIGURES D9 Fig. 61. Organe copulateur de Pachygnatha : mêmes lettres, de plus : re, rameau externe du tarse; — /, lanière chitineuse de l’hæmato- docha ; — ce, conducteur du style. 62. Organe copulateur de Pholcus : mêmes lettres, de plus : p, patella ; ap, apophyses auxiliaires du bulbe. x 63. Épigyne d'Epeira : u, crochet; — $, scape. | 64. Poil brièvement barbelé d’Eurypelmu. 65. Poil plumeux d'Agelena. 66. Poil claviforme d’Oxyptlilu. . Poils squamiformes de Micaria : a, poil blanc mat; — b, poil mé- tallique (d’après Emerton). 68. Front et yeux de Dinopis adulte. 69, Front et yeux du même, jeune. DEUXIÈME PARTIE Classification et histoire des familles CLASSIFICATION DES ARAIGNÉES L'ordre des Araignées se divise naturellement en deux sous-ordres renfermant (C1 . Liphistiidæ. . Hypochilidæ. . Uloboridæ. . Psechridæ. . Sicariidæ. . Leptonetidæ. . Oonopidæ. . Hadrotarsidæ. . Caponiidæ. . Dysderidæ. . Prodidomidæ. . Drassidæ. 20. . Palpimanidæ. Stenochilidæ. 41 familles. 4. Sous-ordre. Araneæ theraphosæ > 2 Aviculariidæ. 3. Sous-ordre. Araneæ veræ 4r° Section. Cribellatæ 7e 8. 9. 2% Section. Ecribellatæ Zoropidæ. Dictynidæ. OEcobiidæ. . Zodariidæ. Hersiliidæ. . Pholcidæ. . Theridiidæ. . Archeidæ. 27. Mimetidæ. À 28. 29. 30. 31. Argiopidæ. Bradystichidéæ. Thomisideæ. Platoridæ. 10. LE 32. 39. 34. 99. Atypidæ. Eresidæ. Filistatidæ. Clubionid:e.- Urocteidæ, Agelenidæ. Pisauridæ. —36.—Trechaleidæ. = 37 30. 39. A0. IA. Lycosidæ. Senoculidæ. Perissoblemmatidæ. Oxyopidæ. Attidæ. 1. Sous-ordre ARANEAE THERAPHOSAE Ce premier sous-ordre renferme toutes les Araignées dont les chélicères sont dirigées en avant, dans l’axe du corps, avec l’article basilaire ou tige toujours libre, plan au côté interne, convexe en dessus et au côté externe, et le second article ou crochet inséré à l'extrémité du premier et se repliant lon- gitudinalement en dessous; dont les hanches des pattes-mâchoires sont dé- pourvues de lames-maxillaires et généralement à bords parallèles; dont l'abdomen offre, en dessous, deux paires de stigmates éloignées l’une de l’autre, très apparentes et correspondant à deux paires de sacs pulmonaires ; enfin, dont les filières sont normalement au nombre de quatre : deux supé- rieures, grosses et triarticulées, et deux inférieures, petites, correspondant aux médianes des Araignées ordinaires. Le caractère tiré des filières souffre d’assez nombreuses exceptions; c'est ainsi que, dans la famille des Liphistiidæ, on remarque huit filières, deux de plus que chez toutes les autres Araignées, et que dans celle des Atypidæ on en compte six. — Le caractère tiré des hanches n’est pas applicable au groupe des Atypinæ, dont les pièces buccales se rapprochent de celles des Araignées ordinaires. Le sous-ordre des Araignées théraphoses renferme trois familles : Liphistiidæ, Aviculariidæ et Atypidæ. 1. Famille LIPHISTIIDAE Le singulier genre Liphistius, décrit par Schiôdte en 1849, d’après un exem- plaire mutilé, et dont la caractéristique a été complétée par O. P. Cambridge (Ann. Mag. Nat. Hist., 1875, p. 249) et par van Hasselt (Vers. Med. K: Akad. Wetensch. À. Natuurk., 2, r. XV, p. 186), constitue à lui seul cette première famille. Ce genre se rapproche des Aviculuriides qui suivent, surtout de ceux de la sous-famille des Clenizinæ {voy. plus loin), par sa forme générale, la struc- ture de son céphalothorax, de ses chélicères, de ses pièces buccales et de ses appendices, mais il s’en éloigne par quatre particularités de première impor- tance, dont trois, qui sont exceptionnelles dans l’ordre entier des Araignées, semblent indiquer un type de transition : 1° La segmentation de son abdomen, qui est recouvert en dessus de plaques tergales mobiles, rappelant celles des Pédipalpes. 2° La place occupée par ses filières, qui au lieu d’être groupées pres du tubercule anal, en sont très éloignées et situces beaucoup plus en avant, vers le milieu de la face ventrale. FAMILLE DES LIPHISTIIDÆ 63 3° Le nombre de ses filières qui est de huit, deux paires de laterules, très épaisses, et deux paires de médianes, beaucoup plus petites. 4° La forme de son sternum, qui est étroit et lincuire. L’abdomen, qui est presque globuleux, est recouvert en dessus de sept plaques coriacées à bords droits et parallèles, se recouvrant légèrement pen- dant la rétraction; les quatre premières plaques sont presque égales, elles occupent toute la largeur de la face dorsale, la cinquième est un peu plus petite et plus étroite, les deux dernières sont beaucoup plus petites (fig. 70).— Le tubereule anal, qui est obtusément triangulaire, est complètement isolé. — Les filières, situées beaucoup plus en avant, vers le milieu du ventre, et au- dessous d'un pli transverse profond du tégument qui correspond aux stig- mates de la seconde paire, sont au nombre de huit : deux latérales inférieures très épaisses et contiguës, à troncature ovale-transverse ; deux supérieures un peu plus petites, mais cependant épaisses et déprimées, à troncature ovale- longitudinale ; deux médianes petites, grêles et acuminces, situées entre les latérales supérieures et inférieures; enfin, deux médianes inférieures, sem- blables aux supérieures, cependant un peu plus longues et situées immédiate- ment en avant des latérales inférieures ; ces médianes inférieures représentent peut-être le colulus, organe qui manque chez tous les autres Théraphoses (fig. 71). CN (( à Hhiret | 4 / 1 7 / / KE / N 71 SEC SZ 27 Fo Hier ie le L. desultor Sch. Id. Yeux. Id. Abdomen Abdomen en dessus, en dessous. Le seul exemplaire de Liphistius, étudié par Schiôdte, manquait de filières, son abdomen ayant été fendu en dessous et bourré de coton, aussi cet auteur considérait-il absence de filières comme l’un des principaux carac- tères du genre. Quelques divergences existent dans les deux descriptions que nous en ont données, depuis, O. P. Cambridge et van Hasselt, et l’individu que j'ai sous les yeux (provenant de Benkolen à Sumatra) s’en écarte encore à certains égards; mais ces divergences paraissent tenir à l’état de conservation plus ou moins bon des types. Les filières ont été représentées écartées et disséminées par y. Hasselt, au contraire en groupe compact par Cambridge. L'exemplaire de ma collection est fortement rétracté et ses filières ressemblent davantage à celles figurées par Cambridge; le second article des latérales, représenté segmenté par les deux auteurs, n’est pas visible; de plus, la face ventrale offre, au niveau des stigmates de la seconde paire, un pli transverse, très net, 64 HISTOIRE NATURELLE DES APRAIGNÉES dont le rebord recouvre un peu la base des filières (1).— Je puis ajouter que sa pièce labiale est beaucoup plus courte que ne l’a figurée Schiôdte, mais moins transverse que ne l’indique Cambridge ; elle est environ d’un tiers plus longue que large. Le sternum est étroit, presque linéaire, et toutes les hanches, rapprochées à la base, sont plus longues que ceffes des Aviculartides. Abstraction faite des caractères qui lui sont tout à fait propres, le genre Liphistius offre de frappantes analogies avec plusieurs types de la famille suivante. Son céphalothorax, dont les impressions céphaliques n'’atteignent pas la fossette et ses chélicères courtes, bombées, subverticales et dépourvues de râteau, ressemblent à celles des Miginæ. Son mamelon oculaire, très petit et élevé, rappelle celui des Paratropis, et ses yeux, par leur proportion et groupement, ont de l’analogie avec ceux des Musteria (fig. 72). Ses pattes, dépourvues de scopula, armées de nombreuses épines et pourvues de trois griffes tarsales à dents espacées, ressemblent à celles des Ctenizinæ : elles sont cependant plus inégales que chez tous les Aviculariides connus, les posté- rieures étant beaucoup plus longues que les antérieures ; leurs épines, assez longues et dressées, ressemblent à celles des Hexurinæ (Altypidæ). Le pièces buccales sont dépourvues des spinules, qui manquent rarement dans la famille suivante; les pattes-mâchoires sont encore plus pédiformes, leurs hanches allongées et parallèles sont tout à fait semblables, comme longueur et épaisseur, à celles des hanches des pattes. Liphistius Schiôdte 2x Kroyer, Naturh. Tijdsk., 2, &. Il, 1849 (Lipistius). Cephalothorax longior quam latior, parte cephalica sat convexa et antice parum attenuata, thoracica humiliore, crasse marginata, fovea ovato-trans- versa seu leviter semilunari, striisque radiantibus, marginem et foveam haud attingentibus, profunde impressa. Tuber oculorum parvum et rotundum, con- vexum. Oculi quatuor laterales maximi, ovati, obliqui et subcontigui, medii postici sat magni apicem tuber occupantes, medii antici minutissimi et punc- tiformes ante posticos siti. Chelæ crassissimæ, sed breves, ad basin convexæ, dein fere abrupte declives. Pars labialis longior quam latior, apice obtusa. Coxæ pedum-maxillarium parallelæ, coxis pedum anticorum haud breviores, crasse crinitæ, haud spinulosæ. Pedes (rv, rt, 11, 1) robusti, sat longi, et, præsertim in metatarsis, numerose aculeati. Ungues tarsorum superiores longi et parum curvati, prope basin dentibus paucis remotis 2 vel 3 tantum armati, unguis inferior subrectus à basi unidentatus. Typeus : L. desultor Schiôdte. AR. GEOGR. : Ins. Pinang et Ins. Sumatra. (4) Le Dr T. Thorell a récemment émis l’opinion que les descriptions de Cam- bridge et de v. Hasselt pourraient s'appliquer à deux espèces du genre Ziphislius, et il propose de donner à celle de v. Hasselt le nom de L. sumatranus, Cf. St. Rag. Mal., IV, 1890, p. 27. 2. Famille AVICULARIIDAE v Les Aviculariides, plus connus sous le nom de Mygules (1), se distinguent des Araignées ordinaires par des caractères organiques assez importants pour en avoir été séparés à titre de tribu, par Walckenaer, dès l’année 1805 (Tabl. Aran.), sous le nom de Théraphoses. Le caractère essentiel des Théraphoses consistait, pour Walckenaer, dans la forme et la direction des chélicères. Les auteurs suivants, qui ont pris pour base de leur classification les organes respiratoires, ont été beaucoup moins heureux en ce qu’ils ont rapproché dans un même groupe des types extrêmement différents sous tous les rapports, tels que les Mygales, les Segestries et les Dysdères (Latreille, Fam. Nat, p. 312). La famille actuelle des Aviculariides correspond aux genres Mygale, Sphodros et Missulena, de Walckenaer (Apt., I, 1837), aux genres Cleniza, Mygale et Actinopus, de CO. Koch {Ueb. Ar. Syst., 1850). Ces deux auteurs rappro- chaient bien à tort des Mygales le genre Filistata. Fig. 73. Atmetochilus fossor E. Sim. (1) Le nom de Mygale a été employé en 1800, par Cuvier, pour un genre de Mam- mifères, et ce n’est qu’en 1802 que Walckenaer a proposé le même nom pour un genre d’Arachnides (Faune Par., If, p. 249). l b) 66 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES L’étude la plus importante qui ait été publiée, depuis, sur cette famille, est due au D' Ausserer (Verh. z. b. Ges. Wien, 1871-1875), dont la classification et la division générique servent de base à tous les travaux modernes. J’ai depuis proposé une classification des Aviculariides qui diffère sur plusieurs points de celle du D' Ausserer (Ann. Soc. ent. Fr., 1889), et j’ai encore quelques modi- fications nouvelles à y apporter. Le céphalothorax des Mygales est ovale ou presque carré, assez peu rétréei en avant où il est tronqué carrément, sans changement de plan sensible dans la région frontale, comme cela a lieu chez les Araignées ordinaires ; la partie céphalique est toujours séparée de la thoracique par des dépressions obliques, très rarement remplacées par des fossettes (Miginæ) ; la partie thora- cique est marquée d’une fossette médiane arrondie ou transverse, tantôt pro- curva — , tantôt recurva =, caractère qui a souvent une importance plus que générique; dans un genre du groupe des Eurypelmata (Sphærobothria), elle est arrondie et pourvue d'un gros tubercule médian. Les yeux sont au nombre de huit [très rarement de six (Masteria)], et nettement hétérogènes, deux (médians antérieurs) diurnes et arrondis, tous les autres nocturnes, plus ou moins ovales ou même anguleux; ils forment presque toujours un groupe compact plus ou moins élevé sur un mamelon; ils sont rarement disséminés (Actinopodinæ), rarement aussi répartis en deux groupes (Idiops), dont le premier est formé de deux yeux correspondant aux d- latéraux antérieurs. Je considère ces yeux comme se rapportant à deux lignes transverses, et, le plus ou moins de courbure de ces lignes a une grande im- portance dans la caractéristique des genres; la ligne oculaire doit toujours être prise en passant par le centre des yeux; elle est recourbée (recurva) quand les médians sont plus avancés que les latéraux, et procurvée (procurva) quand ils sont plus reculés. Quand il est question de la largeur d’une ligne oculaire, c'est toujours de l’espace absolu qu’elle occupe sur le mamelon, sans tenir compte du développement de sa courbe. Quand les yeux sont ovales, ce qui est de règle pour les latéraux, et que la largeur de leur diamètre est comparée à celle de leur intervalle, c’est toujours de leur plus grand dia- mètre dont il est parlé. Les chélicères, insérées en avant du céphalothorax, au milieu de téguments irès souples, sont susceptibles d'un écartement latéral assez grand et elles sont tout à fait indépendantes l’une de l'autre {1); elles sont dirigées en avant, dans l’axe du corps qu’elles semblent prolonger; en dessus et au côté externe, la tige est convexe: au côté interne, elle est entièrement plane; en dessous, elle s’amincit et présente le sillon ou canal dans lequel est reçu le crochet au repos. Ce canal est tantôt (Aviculuriinæ) limité au côté interne par un rang de dents, et, au côté externe, par une carène garnie d’une forte brosse de crins ; d’autres fois, il est limité par deux rangs de dents inégales, quelquefois si rapprochés qu’ils semblent n’en former qu’un seul; le crochet, (1) J'insiste sur ce point, car quelques auteurs modernes ont donné pour caractère à cette famille d’avoir les chélicères soudées à la base, ce qui est tout à fait inexact. FAMILLE DES AVICULARIIDÆ 67 inséré à l'extrémité de la tige, se replie longitudinalement en dessous, sa face supérieure est toujours convexe, l’inférieure est plus ou moins canaliculée et pourvue de deux carènes ; tantôt (Ctenizinæ) les deux carènes se prolongent jusqu’à la base où elles sont quelquefois légèrement den- so tées ; tantôt (Aviculuriinæ) la carène interne se prolonge jusqu’à la base, tandis que l’externe n’occupe que la partie / terminale du crochet. La tige des chélicères est tantôt mutique, tantôt armée à l’extrémité de dents chitineuses très fortes et très dures, | 4 le plus souvent disposées sur plusieurs rangs, comme une \ herse (fig. 74), et quelquefois même portées sur une avance \ obtuse de l’angle interne de la tige. Ces dents constituent le râteau (rastellus) qui a une importance biologique assez grande, car il est l’indice, chez les espèces qui le possèdent, Chélicère pourvue J’habitudes terricoles; pour constater sa présence ou son ue absence, il faut examiner l’animal en dessous et regarder obliquement (d’arrière en avant) l’insertion du crochet. Fig. 74. La pièce labiale est tantôt libre et mobile, tantôt immobile et intimement soudée au sternum, dont elle n'est distincte que par une strie suturale ou une légère dépression ; elle est de forme variable, mais rarement beaucoup plus longue que large (Actinopodinæ) ; son extrémité est presque toujours pourvue de denticules ou spinules, tantôt assez gros et en nombre constant, tantôt petits et serrés comme une râpe. Le sternum est assez large et presque toujours plus rétréci en avant qu’en arrière ou, sauf une exception (Anisaspis), il ne se prolonge pas entre les hanches postérieures, qui sont contigués ; il doit surtout être étudié au point de vue des impressions superficielles dont il est presque toujours marqué, ces impressions sont tantôt rapprochées l’une de l’autre, tantôt largement séparées et placées près des bords latéraux. Les hanches des pattes-mâchoires sont parallèles ; elles manquent complè- tement des lobes-maxillaires, qui caractérisent les Araignées ordinaires et ressemblent aux hanches des pattes ambulatoires ; elles n’en diffèrent que par les spinules dont elles sont armées {1} et la brosse de crins qui garnit leur bord interne ; quelquefois cependant, elles sont plus épaisses et leur angle supéro-interne à une tendance à se prolonger en pointe {Paratropidinæ, Acti- nopodinæ). Ges hanches sont presque toujours armées de spinules analogues à celles de la pièce labiale ; ces spinules sont tantôt groupées à la base, tantôt, mais beaucoup plus rarement, disséminées sur toute la longueur de l’article. La patte-mâchoire est toujours très développée et moins différenciée des pattes ambulatoires que chez les Araignées ordinaires, . Fovea thoracica valde procurva semilunaris. ......... Cyrtauchenieæ. D rHovea thoracicalrecurva seu SUbreCta. 2 AN Re Nemesieæ. 1. PACHYLOMEREÆ Le groupe des Pachylomerus est caractérisé par la structure des tibias de la 3° paire de pattes qui sont en dessus, à la base, marqués d'une profonde dé- pression très lisse, glabre et de teinte plus foncée que les téguments voisins ; 86 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES l’article offre de plus, de chaque côté, une fine ligne membraneuse : l’interne droite, l’externe arquée en croissant (fig. 85). Ce caractère n'est cependant pas exclusivement propre aux Pachylomerus, je l'ai indiqué dans le groupe des Myrtale de la sous-famille précédente et les Heligmo- C2 merus, du groupe suivant, en présentent des traces. A part cela, les Pachylomerus offrent tous les caractères des & Cieniza, bien que leurs formes, chez les femelles, soient \S encore plus courtes et trapues. Leur partie céphalique est toujours très convexe en arrière, mais longuement inclinée en avant et, le plus Pic. & souvent, un peu déprimée en arrière du groupe oculaire. g. 85. ; PÉRU OM. Leurs téguments, très lisses et glabres, rappellent ceux des Actinopus, dont ils se rapprochent aussi par les caractères sexuels des mâles dont les tibias antérieurs sont dépourvus d'éperons et dont le tarse de la patte-mâchoire est très court et subarrondi ; mais les mâles des Pachylomerus sont remarquables en ce que elurs tarses et métatar- ses antérieurs sont éga- lement garnis de sco- pula, tandis que dans les groupes suivants les tarses seuls en sont pourvus. Patte de la 3e paire. Le terrier est PEU PTO- Fig. 86. P. aedificatorius Westw. Fig. 88. P. nidulans F. fond, simple, entière- Tarse 1V, côté interne. ment garni d'un épais Fig. 87. Id., côté externe, fourreau soyeux et fer- mé d’un opercule mince, mais rigide, semi-circulaire et très largement tron- qué du côté de la charnière. Tarse 1V, côté interne. Fig. 89, Id., côté externe. Le genre Conothele se compose de quelques espèces propres à la Malaisie, à la Papuasie et à la Birmanie; le genre Pachylomerus, qui est assez nombreux, est américain, il a cependant un représentant au Japon (d'après Dôünitz) et un autre dans la région méditerranéenne occidentale (Algérie et Espagne), mais ce dernier paraît y avoir été introduit en même temps que les Opuntia et les Agave d’origine américaine ; les Pachylomerus s'étendent du sud des États- Unis au nord du Brésil. Ils sont surtout abondants dans l'Amérique centrale et aux Antilles. Les Chorizops et Cyclocosmia ont la même distribution. GENERA 1. Abdomen postice ampliatum, truncatum et discoidale 2 — Abdomen normale, postice rotundum 2, Oculi a margine antico frontis late remoti. Area oculorum late transversa, medii antic inter se subcontigui sed a lateralibus late distantes Sec A0 Ro) PE ALORS ..... Chorizops. FAMILLE DES AVICULARIIDÆ 87 — Oculi a margine antico frontis parum remoti. Area oculorum com- pactilis, vix 1/3 latior quam longior. Oculi quatuor antiei inter se sat anguste et fere æque separati.. ........ ..... Cyclocosmia. 3. Oculi medii antici lateralibus multo minores. Metatarsus 3i paris supra usque ad basin crebre et inordinate aculeatus. Pachylomerus. — Oculi antici subæquales. Metatarsus 3 paris supra ad marginem apicalem aculeis validis transversim uniseriatis instructus. Conothele. Pachylomerus Auss., Verh. z. b. G. Wien, 1871, p. 145. — Pachyloscelis Lucas, Mag. Zool., cl. VII, 1836 (ad part.). — Aclinopus Lucas, Ann. Soc. ent. Fr., 1837, p. 387 (ad part.). — Sphodros Walck., Apt., I, 1837, p. 136 {ad part.). — Cleniza CG. Koch, Ar., V (ad part. venatoria). — Umanidia Thorell, Tijds. v. Entom., XVIII, 1875 (typus picea). Area oculorum latior quam longior. Oculi quatuor antici in lineam valde procurvam, medii lateralibus minores. Laterales postici anticis minores, medii postici lateralibus haud (ædificatorius, salebrosus) vel non multo minores (Audouini, asperulus). Clypeus angustus. Pars labialis haud vel non multo longior quam latior, attenuata, ad apicem spinulis paucis sed semper plu- riserialis munita. Coxæ pedum-maxillarium spinulis similibus inter se remotis, sed longitudinem totam articulum fere occupantibus, instructæ. Im- pressiones sterni magnæ ovatæ et obliquæ, inter se appropinquatæ. Pedes feminæ brevissimi et robustissimi, tibiæ metatarsi tarsique quatuor anteriora tibiæ tarsique pedum-maxillarium utrinque vitta aculeorum brevium, ins- tructa, metatarsus tibiaque ad apicem 3 paris superne numerose aculeata, tibia metatarsusque 4: paris fere mutica, tarsi quatuor postici, saltem extus, prope ungues pluriaculeati vel dentati. Pedes maris multo longiores et gra- ciliores, tibia antica cylindracea nec inflata nec calcarata, sed utrinque nume- rose aculeata, tarsi metatarsique quatuor anteriores utrinque parce aculeati subtus crebre scopulati. d'. Pedes-maxillares longi, tibia leviter inflata, tarso parvo ut in Acfinopodi, bulbum haud superante, apice obtuso et emarginato. Typus : P. nidulans Fabr. AR. GEOGR. : America sept. et merid.; Antilliæ ; Japonia; Africa sept. et Hispania merid. (1). Bien que très naturel, le genre Pachylomerus peut se diviser en plusieurs groupes, dont les caractères, tirés de la forme de l'aire oculaire et de l’arma- ture des tarses postérieurs, n'ont pas une valeur générique, car les formes extrèmes sont reliées par des passages gradués. À. — Area oculorum plus duplo latior quam longior trapeziformis, evidenter angustior antice quam postice. Oculi quatuor antici lineam modice procurvam formantes (margine antico mediorum cum centro lateralium lineam rectam designante). Sternum haud longius quam latius vel paulo latius. Tarsus (1) P. aedificatorius Westw., probablement introduit. E 88 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES 4 paris extus, in parte apicali, spinis pluriseriatis et fere inordinatis instruc- tus, intus muticus et subglaber sed linea setarum rigidorum oblique sectus (fig. 88, 89) (nidulans Fabr., carabivorus Atk., etc.). B. — Area oculorum utrinque parallela circiter 1/3 latior quam longior. Oculi quatuor antici ut in præcedenti lineam modice procurvam formantes, spatium inter laterales anticos et posticos dimidio oculo haud latius vel angustius. Sternum vix longius quam latius. Tarsus posticus præcedentis sed linea setosa interiore minus distincta (asperulus E. Sim., salebrosus E. Sim.). CG. — Area oculorum vix 1/4 latior quam longior, postice quam antice vix latior et subquadrata. Oculorum linea antica validissime procurva et oculi medii medium aream occupantes. Spatium inter laterales oculo saltem haud angustius. Sternum paulo longius quam latius. Tarsus 4i paris extus, ad mar- ginem apicalem, dentibus validis 4-5 contiguis et regulariter seriatis instruc- tus, intus parcissime pilosus, linea setosa obliqua carens (fig. 86, 87) (ædifica- torius Westw.). Conothele Thorell, Rag. Mal., etc., II, 1878, p. 303. — Cieniza Dolesch., 1859 (imalayana). A Pachylomero differt area oculorum magis transversa, duplo latiore quam longiore, oculis majoribus et inter se minus disjunctis, quatuor anticis subæquis et lineam parum procurvam designantibus, mediis posticis rotundis lateralibus minoribus et spatio inter laterales anticos et posticos evidenter angustiore, parte labiali spinulis grossis uniseriatis vel sæpius inordinate pluriseriatis armata, coxis pedum-maxillarium minus spinulosis et spinulis apicem articulum haud attingentibus, metatarso 3i paris superne haud crebre spinuloso sed apice serie transversa aculeata tantum instructo. Typus : C. malayana Dolesch. AR. GEOGR. : Asia merid. ; Malaisia et Papuasia. Cyclocosmia Auss., Verh. z. b. G. Wien, 1871, p. 144. — Mygale Hentz, Bost. Journ., IV (ad part. M. truncata). À. Puchylomero differt area oculorum magis compactili et circiter 1/3 latiore quam longiore, oculis quatuor anticis, desuperne visis, lineam multo minus procurvam designantibus, mediis lateralibus minoribus, lateralibus posticis anticis minoribus et ab anticis spatio dimidio oculo haud latiore distantibus, mediis posticis lateralibus minoribus, parte labiali ad apicem spinulis paucis, transversim uniseriatis, munita, coxis ad basin spinulis similibus paucis, aream parvam occupantibus, tantum instructis, abdomine postice ampliato, truncato et plaga duriuscula discoidali prædito. Typus : C. truncata Hentz. AR. GEOGR. : America sept. Nora. L'espèce type m'est inconnue, la diagnose précédente est faite d’après C. The- veneti E. Sim., dont je possède le type. — Le Dr Ausserer, qui paraît avoir donné les FAMILLE DES AVICULARIIDÆ 89 caractères du genre d’après Hentz, décrit les tibias de la 3° paire comme dépourvus d'impression ; cette impression, qui est aussi marquée que dans le genre Pachylo- merus, a échappé à Heniz comme à presque tous les auteurs antérieurs à Ausserer. GENUS INVISUM Chorizops Auss., Verh. 3. b. G. Wien, 1871, p. 144. — Actinopus C. Koch, Ar., IX, 1842, p. 99, fig. 752 {ad part. loricatus). À præcedentibus differt (sec. CG. Koch) area oculorum anguste transversa, oculis mediis anticis lateralibus paulo majoribus, inter se subcontiguis sed a lateralibus latissime remotis, clypeo lato. — Abdomen Cyclocosmiæ, postice truncatum et plaga duriuscula discoidali præditum. Typus : C. loricatus C. Koch (sp. un.). Nora. La supposition du Dr Karsch, qu’Actinopus loricatus C. Koch devrait être identifié à Cyclocosmia truncata Hentz, me paraît tout à fait improbable. Les yeux figurés par €. Koch ont une disposition entièrement différente. 2. IDIOPEÆ Les Idiops sont caractérisés par la disposition de leurs yeux qui sont répartis en deux groupes : le premier, formé des deux yeux latéraux anté- rieurs, beaucoup plus avancés que les autres et presque contigus, est situé au bord frontal ; le second, formé de six yeux {les quatre médians et les deux latéraux postérieurs), est plus ou moins reculé et compact (fig. 90, 91). À part cela, les Idiops offrent tous les caractères des Pachylomerus et le genre Helig- momerus, dont les tibias de la 3° paire présentent une impression lisse (moins Ze See TOI développée que celle des Pachylome- 122) QQ rus), fait presque le Dés taire les O © KE ) deux groupes. — Les mâles diffèrent en ce que ceux des 1diops sont pourvus Fig. 90. Fig. 91. d'un double éperon tibial supéro-in- ÉGROAPONENE Taiops. terne et que tous leurs tarses sont garnis eue Yeux. de légères scopula, tandis que ceux des Pachylomerus ont les antérieurs seuls dans ce cas, mais tandis que, chez ces derniers, les métatarses antérieurs ont aussi des scopula, ceux des Jdiops en sont dépourvus. On connaît actuellement le terrier de trois espèces du genre Acanthodon et d'une espèce du genre Heligmomerus. Ge terrier est toujours simple, sans bran- chement, profond, fortement maçonné et entièrement tapissé. Celui d'A. crassus E. Sim. {Colleti Cambr..), de l'Inde, décrit par Cambridge (P. Z. S. L., 1889, pl. 11) et celui d’H. taprobanicus E. Sim., que j'ai observé à Kandy, sont fermés d'un opercule très épais, extrêmement convexe en dessous, surtout du côté opposé à la charnière: celui de l'A. compactus Gerstäck., que j'ai décrit (Ann. Soc. ent. Fr., 1890, p. 126), est pourvu d'un opercule également épais, mais dont la face interne est presque plane et garnie d’un revêtement 90 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES soyeux très épais et d'aspect pelucheux, tandis que la face externe est ru- gueuse, marquée de plis concentriques assez réguliers, convexe, mais coupée d'un profond et large sillon longitudinal; enfin, celui de l’A. argus E. Sim., du Venezuela (Ann. Soc. ent. Fr., 1889, pl. 11, fig. 1), est pourvu d’un oper- cule rigide, mais mince sur les bords, feuilleté en dessus, et très plan en dessous. Les Pseudidiops se rapprochent davantage par leurs mœurs des Moggridgea et surtout des Myrtule ; ils ne creusent pas de terrier, mais construisent, sur les arbres, une coque ovale, de tissu épais, recouverte de petits fragments d'écorce et de lichens, tronquée obliquement à l'un des bouts et fermée d’un opercule à charnière élastique (cf. E. Sim., loc. cit., 1889, pl. 1, fig. 3). Des cinq genres que j'admets dans ce groupe, deux me sont imparfaitement connus ; du genre Idiops, proprement dit, je ne connais que le mâle; du genre Pseudidiops, je ne possède qu’un débris. Le genre Heligmomerus ne renferme que deux espèces propres à l’Inde mé- ridionale et à Ceylan; les genres Idiops et Pseudidiops sont confinés dans l'Amérique du Sud équatoriale ; le genre Acanthodon, qui est de beaucoup le plus nombreux, a des représentants dans presque toutes les régions tropicales du monde et un seul dans la région méditerranéenne orientale. GENERA 1. Sternum postice latius quam longius. Pars labialis spinulis sat numerosis et pluriseriatis armata. Oculi antici in tubere bilo- bato et valido impositi. ..... SARA QUES RES RNA LR EI r Pseudidiops. — Sternum longius quam latius vel saltem haud latius. Pars labialis feminæ ad apicem spinulis paucis et uniseriatis armata, Mare OCUIMANTAICIISTDSESSIIES EPP RMEN EN REIRCERRES 2. 2. Tibia 3i paris supra ad basin ut in Pachylomero impressa, lævis et glabra. Chelæ intus ad apicem in apophysem angustam sat JON ÉMDIEOUUE EE MAMANNENEMNE SR APR Heligmomerus. DID SDAariSnOorMals NAUTUMNPTESSA NPA NEERPRER NP 3. 3. Oculi areæ secundæ inter se parum inæquales et sat late distantes; medii antici a lateralibus quam inter se multo remotiores.. . NAT A ER A AN PE ET AAR E AV ARRE Acanthodon. — Oculi areæ secundæ inter se appropinquati et valde inæquales ; medii antici reliquis multo majores......,... A pe Idiops. Heligmomerus, noy. gen. Ab Idiopi differt oculis mediis anticis et lateralibus areæ secundæ inter se æquidistantibus, chelis ad angulum interiorem sat anguste et longe promi- nentibus, dentibus rastelli humilibus et obtusissimis, tibia 3' paris superne ad basin depressa, lævi et glabra fere ut in Pachylomero. FAMILLE DES AVICULARIIDÆ 91 Typus : H. taprobanicus E. Sim. (1). AR. GEOGR. : India merid. et ins. Taprobane. Acanthodon Guérin, Rev. Zool. Soc. Cuv., 1838, p. 10. — Id., Fovorite, Zool., V, 1839, p. 161. — Jdiops Cambr., P. Z. L. S., 1870, p. 101 (ad part.). —- Idiops Auss., 1871. — Idiosoma Auss., Verh. z. b. G. Wien, 1871, p. 150 (typus I. sigillatum Cambr.}). — Idiops E. Sim. Cephalothorax feminæ lævis, crassissimus, parte cephalica valde convexa, antice longe declivi et pone oculos depressa. Oculi duo änteriores magni ovati obliqui et plus minus prominuli, in margine frontali siti. Oculi sex posteriores, aream ovato-transversam, saltem duplo latiorem quam longiorem, occupantes, medii antici et laterales subæquales (plerumque medii paulo minores), medii a lateralibus quam inter se semper remotiores; medii postici reliquis oculis minores, cum lateralibus posticis lineam leviter procurvam, rarius rectam (A. Argus E. Sim.) designantes (fig. 90). Pars labialis circiter æque longa ac lata, obtusissima, ad apicem spinulis grossis paucis et uniserialis munita. Coxæ pedum-maxillarium intus, usque ad apicem, parce spinulosæ. Rastellus chelarum, ad angulum interiorem, leviter prominens, sed haud productus. Pedes brevissimi et crassissimi ut in Pachylomero, sed tibia 3° paris haud im- pressa, usque ad basin pilosa. Ungues dentibus binis (2° altero majore) sub- basilaribus tantum armati. Cephalothorax maris multo humilior. Tegumenta cephalothoracis et sæpe abdominis granulosa, interdum spinulosa (A. sigil- latus Cambr.). Pedes multo longiores (cf. supra, p. 89), ungues tarsorum dentibus 3-4 valde iniquis armata. Typus : À. Petiti Guérin. AR. GEOGR. : Syria; Arabia merid.; Asia centr.; India et Birmania ; Africa iropica orient., occid. et austr.; America merid.; Australia. (1) Espèce inédite dont voici la diagnose : H. taprobanicus, sp. nov. $ (pullus). — Long. 14 mill — Cephalothorax fusco- piceus, nitidus et glaber. Oculi medii et laterales areæ secundæ subæquales æquidis- tantes et spatiis oculis haud vel vix latioribus a sese disjuncti. Oculi medii postici anticis fere duplo minores inter se quam a lateralibus plus triplo remotiores. Abdomen magnum, atro-violaceum, subtus dilutius, pilis brevibus minutissime tuberculatis cons- persum. Sternum, partes oris pedesque testaceo-olivacea, nitida. Pars labialis paulo longior quam latior prope apicem denticulis principalibus trinis, seriem transversam formantibus, denticulisque paucis inordinatis munita. Pedes brevissimi et robusii, numerose aculeati, aculeis ut in /diopi ordinatis. Ungues tarsorum anticorum robusti, exterior dente basilari simplici, interior dente bifida instructi, ungues tarsorum pos- ticorum graciliores et longiores, dente simplici instructi. — Ceylon : Kandy. J'en possède une seconde espèce : H. prostans, sp. nov. 9. — Long. 21 mill. — Ab . taprobanico, cui valde affinis et subsimilis est, differt oculis mediis et lateralibus areæ secundæ inter se distantio- ribus et mediis lateralibus evidentius minoribus, unguibus tarsorum robustioribus, cunctis dente basali inæqualiter bifido instructis, parte labiali apice denticulis trinis transversim uniseriatis tantum armata. — India meridionalis : mons Kodeikanel. 92 HISTOIRE NATUPELLE DES ARAIGNÉES A Ediops Perty, Delect. Anüm., etc., 1833, p. 197, tab. 39, fig. 5.— Sphasus Walck., Apt., I, 1837 (ad part. S. idiops). — Idiops Cambr., Auss., Sim. (ad part. I, fuscus). d. Ab Acanthodonti, cui valde affinis est, differt oculis areæ secundæ inter se valde appropinquatis et valde inæqualibus, mediis anticis maximis, lateralibus plus duplo et mediis posticis plus quintuplo majoribus, oculis mediis anticis et lateralibus inter se æque et anguste separatis (fig. 91). Typus : L fuscus Perty. AR. GEOGR. : Brasilia. Nora. On ne connaît du genre /diops que le sexe mâle, j'en donne les caractères d’après une espèce encore inédite dont voici la diagnose : I. Germaini, sp. nov. G. — Long. 14 mill. — Cephalothorax obscure fusco-rufes- cens, sat minute et parce granulosus. Oculi antici fere rotundi subcontigui. Oculi areæ secundæ conferti et valde inæquales. Abdomen supra atrum, subtus fulvum, rude pilo- sum. Sternum, partes oris (vmnino muticæ) coxæque lævia et fulvo-testacea, pars labialis infuscata. Pedes longi, sat graciles, fusco-rufescentes, metatarsis tarsisque dilutioribus et fulvis. Tibia 1i paris cylindracea, intus ad apicem calcaribus binis parvis et subæquis armata. Articuli cuncti parce et sat minute aculeati. Tarsi cuncti subtus scopulati et utrinque seriatim aculeati. Ungues tarsorum dentibus 3-4 valde iniquis armati. Pedes-maxillares longi; tibia longe-ovata, extus ad apicem leviter depressa et area semi-circulari crebre aculeata instructa ; bulbo apice simplici, tenuissimo. — Brasilia : prov. Rio (Germain). Idiops fuseus, dont Perty ne décrit également que le mâle, est originaire de la province de Piauhi. Perty indique très nettement le caractère qui sépare le genre Idiops du genre Acanthodon « oculi 8 : 2 antici, 2 majores medii et pone hos 4 in lineam curvam disposili ». Pseudidiops E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1889, p. 215. — Dendricon Cambr., P. Z. S. L., 1890, p. 623, tab. LIIL, fig. 2. Ab Idiopi differt oculis anticis in tubere valido obtuse bilobato elevatis, sterno postice convexo et latiore quam longiore, antice valde attenuato, parte labiali spinulis sat numerosis et pluriseriatis armata et coxis pedum-maxil- larium crebrius spinulosis. Typus : P. opifex E. Sim. AR. GEOGR. : America merid.; Guyana et Venezuela. 3. CTENIZEÆ Les Cteniza diffèrent des Idiops par leurs yeux disposés en groupe compact, plus large que long, les médians antérieurs formant avec les latéraux une ligne plus ou moins courbée en arrière, des Pachylomerus par leurs tibias de la troisième paire normaux, c'est-à-dire sans impression lisse. Ils s’éloignent en outre des deux groupes précédents par leur partie céphalique plus réguliè- rement convexe, sans dépression en arrière des yeux et par leurs hanches des FAMILLE DES AVICULARIIDÆ 93 pattes-mâchoires dont les spinules peu nombreuses, au lieu d’être dispersées, sont groupées à la base. Sous tous les autres rapports, les Ctenizæ sont presque semblables aux Pachylomerus. Les caractères sexuels sont de même nature; chez les mâles, les pièces buccales sont entièrement mutiques ; les griffes tar- sales sont pourvues d’une série de 7 à 8 dents fines, tandis que chez les femelles elles n’offrent qu’une ou rarement deux dents basilaires ; les pattes sont assez longues et grêles aux extrémités avec les tarses des trois premières paires, et souvent l'extrémité des métatarses de la première, garnis de scopula assez denses; les tibias antérieurs sont tantôt cylindriques, sans éperons, mais armés d’épines nombreuses comme chez les Pachylomerus (Cleniza); d’autres fois, le tibia est fortement dilaté à l’extrémité et pourvu d’un puissant éperon recourbé Fig. 02. en dehors (Cyrtocarenum). Chez ces mêmes espèces, le méta- tarse est plus ou moins déformé, courbe ou même coudé. La patte-mâchoire, qui est très longue, ressemble complètement à celle des Pachylomerus ; le tibia légèrement fusiforme est inerme, toujours dépourvu du groupe spinuleux qui caractérise celui des Idiops. Les caractères génériques sont tirés de la disposition oculaire (voy. plus loin) et de la structure du râteau qui mérite une attention spéciale : le plus souvent l’angle interne de la chélicère, saillant et détaché, porte à son extré- mité les deux dents internes du râteau qui sont beaucoup plus grosses que les autres et obtuses (Cteniza, Aepycephalus) (fig. 93) ; d’autres fois, la saillie est moins prononcée et les deux dents qu'elle porte diffèrent à peine des laté- rales avec lesquelles elles figurent une ligne régulière (Cyrtocarenum) fig. 9%); d’autresfois, la saillie porte toutes les dents du râteau, nombreuses, très ser- rées et irrégulières (Bothriocyrtum) (fig. 95), enfin plus rarement il n’y à pas de saillie angulaire et le râteau, formé de dents nombreuses et disposées irré- gulièrement, paraît occuper tout le bord antérieur qui est arrondi (Acaltyma) (fig. 96). Ki 6 Fie. 93. Fig. 94. Fig. 95. Fig. 96. Cleniza. Cyrtocarenum. Bothriocyrtum. Acattyma. Râteau des chélicères. Cteniza. Patte antérieure. ne Le terrier a été observé pour les genres Céeniza, Bothriocyrltum et Cyrtoca- renum, il est de forme typique, simple, sans branchement, et tapissé d’un fourreau soyeux entier ; son opercule est toujours épais et taillé en biseau sur les bords, tantôt presque arrondi (Cieniza), tantôt largement tronqué du côté 94 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES de la charnière (Bothriocyrtumy. Les œufs ne sont pas enveloppés d’un cocon {au moins chez les Cteniza et Bothriocyrtum), mais simplement maintenus en position par quelques fils et formant une masse ovale suspendue près le fond du terrier. Le genre Cfeniza ne possède qu’une seule espèce très localisée en Corse, dans les Alpes-Maritimes et en Toscane, tandis que l’unique espèce du genre Aepycephalus ne se trouve qu'en Sicile et en Sardaigne. Le genre Cyrtocare- num, qui est de beaucoup le plus nombreux, a son centre dans la région méditerranéenne orientale, principalement dans les îles de la Grèce, mais il possède aussi quelques représentants dans l’Afrique australe orientale; le genre Sferrochrotus n’a qu’une seule espèce de l’Asie centrale; le genre Acattyma est répandu dans l’Asie orientale et au Japon ; le genre Bothriocyr- tum représente le groupe dans le Nouveau Monde, l’une de ses espèces habite la Californie, l’autre le Mexique. GENERA 1. Area oculorum magna, vix 1/3 latior quam longior, trapezifor- mis, antice quam postice angustior. Spatium inter oculos laie- QUES anboos Ep hosnCos CORTE ALICE 20 ooobeocue 2 — Area oculorum minor, plerumque angusle iransversa et utrinque parallela (Cyrtocareno lapidario ex.). Spatium inter oculos late- ralestoculoere sempenhaud Mature PME ENTER 3. 2. Oculi laterales antici et postici mediis plus sextuplo majores. Oculi medii antici longe ante medium aream siti... Aepycephalus. — Oculi laterales antici mediis paulo majores, posticis vix majores. Oculi medii antici medium aream occupantes.............. Cteniza. 3. Oculi antici lineam valde procurvam formantes, medii pone cen- trum aream siti. Spatium inter laterales anticos et posticos oculo multo minus......... î Ô . CS . — Oculi antici lineam vix procurvam formantes. .. ............... 5. 4. Area oculorum mediorum haud latior quam longior, medii antici lateralibus saltem quadruplo minores, medii postici pone late- rales siti. Chelæ ad angulum interiorem prominentes {sec, Cro- NÉE) AE EN AREERE EC EU D EUR Sterrhochrotus. — Area oculorum mediorum circiter duplo latior quam longior, medii ant:ci lateralibus saltem duplo minores, medii postici ad mar- ginem interiorem lateralium siti. Chelæ ad apicem rotundæ, haud prominentes....... LE VAS ART he .... Acattyma. ». Clypeus subverticalis, oculis lateralibus anticis non multo latior. Spatium inter oculos laterales anticos et posticos oculo haud vel vix angustius. Tibiæ metatarsique antica aculeis lateralibus numerosis et inordinatis munita sed aculeis inferioribus ca- rentia. Tibiæ posticæ extus muticæ vel aculeis paucissimis et uniseriatis munitæ......... ANNEE ....... Cyrtocarenum. FAMILLE DES AVICULARIIDÆ 95 — Ulypeus subdirectus, oculis lateralibus anticis saltem duplo latior. Spatium inter oculos laterales anticos et posticos oculo multo angustius. Tibiæ metatarsique antica aculeis lateralibus nume- rosis atque aculeis inferioribus paucis munita. Tibiæ posticæ extus aculeis numerosissimis et inordinatis instructæ. ..... Bothriocyrtum. Cteniza Latr., Reg. Anim., 2° ed., IV, 1829, p. 230 {ad part.). — Mygalo- donta E: Sin., H. N. Ar., 1864 (ad part.). — Nemesia Thorell, Eur. Spid., 1870, p. 166 {ad part.). — Cteniza Auss. 1871-75 (ad part.). Oculi aream trapezoidalem antice quam postice paulo angustiorem et cir- citer 1/3 latiorem quam longiorem occupantes, antici in lineam valde procur- vam, medii medium aream occupantes, laterales antici reliquis oculis paulo majores, medii et laterales postici inter se parum inæquales et utrinque sub- contigui. Spatium inter laterales oculo fere duplo latius. Chelæ, ad angulum interiorem, processu sat angusto dentes binos principales obtusos rastelli gerente, munitæ. Pars labialis circiter æque longa ac lata, attenuata atque obtusa, apice spinulis paucis (5-6) fere inordinatis armata. Coxæ pedum- maxillarium intus, prope basin, area spinulosa parva munitæ. ?. Pedes breves et robusti, valde aculeati, sed patella et tibia 4 paris omnino muticis, metatarso 4i paris intus mutico extus aculeato. Tarsi cuncti meta- tarsis breviores. Ungues tarsorum dente unico subbasali muniti. d. Pedes longi, tibia antica cylindracea, haud calcarata, sed utrinque nu- merose aculeata. Ungues tarsorum dentibus sat numerosis (5-8) armati. Typus : C. Sauvagei Rossi (sp. un.). AR. GEOGR. : Gallia merid. orient. ; Italia et ins. Corsica. Aepycephalus Auss., Verh. 3. b. G. Wien, 1871, p. 150. À Cieniza differt area oculorum majore, trapeziformi, antice quam postice angustiore et vix 1/3 latiore quam longiore, oculis validissime inæqualibus, lateralibus anticis et posticis inter se æquis sed mediis anticis et posticis plus sextuplo majoribus, oculis anticis in lineam parum procurvam, mediis longe ante medium aream sitis, spatio inter laterales oculo paulo angustiore. Chelæ, partes oris, pedesque Cenizæ sed unguibus anticis unidentatis, posticis muticis. Typus : À. brevidens (sp. un.). AR. GEOGR. : ins. Sihica et Sardinia (1). 7 (1) Je donne la diagnose du genre d’après un spécimen de l’A. brevidens, de Sar- daigne, qui m’a été communiqué par M. le professeur A. Costa. 96 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Cyriocarenum Auss., Verh. z. b. G. Wien, 1871, p. 156. — Cteniza C. Koch., Ueb. Ar. Syst., I, 1837, p. 35. — Id., V, 1850, p. 71 (ad part. C. graja). —— Cyrtocephalus Lucas, 1853 (ad part. lapidarius). — Cteniza Auss., loc. cit. (ad part. C. orientalis). — Pachylomerus Cambr., P. Z. S. L., 1889, p. 35 (ad part. P. natalensis). À Cteniza differt area oculorum plus duplo latiore quam longiore, utrinque parallela vel rarius (C. lapidarius) postice quam antice paulo latiore, oculorum linea anlica multo minus procurva, subrecta et oculis mediis prope marginem anticum aream sitis, lateralibus anticis et posticis subsimilibus et spatio oculo angustiore vel saltem haud latiore a sese distantibus, clypeo subverticali oculis lateralibus anticis haud duplo latiore, processu chelarum humiliore et dentes binos rastelli reliquis majores sed subsimiles et subacutas gerente. — Pedes Ctenizæ sed in mare tibia li paris apice valde incrassata et calcare inferiore robusto et acuto, extus arcuato, instructa, metatarso li paris plus minus arcuato. Ungues pedum anticorum maris dentibus 5-6, posticorum dentibus 4 minutis armati. Typrus : C. cunicularium Oliv. AR. GEOGR. : Regio mediterranea orient. imprimis insulæ græcences ; Africa austr. Les espèces de ce genre peuvent se rapporter à deux groupes ainsi carac- térisés : À. — Oculi medii postici lateralibus majores (jonicum Sund. [1]). B. — Oculi medii postici lateralibus minores (cunicularium Oliv. [2]). Bothriocyrium E. Sim., Act. Soc. Linn. Bord., 1891, p. 305. — Cteniza : Cambr., Auss. (ad part.). À Cyrtocareno differt clypeo subdirecto et oculis lateralibus anticis saltem duplo latiore, spatio inter oculos laterales oculo multo angustiore, rastello chelarum angulum interiorem prominentem omnino occupante, tibiis meta- tarsisque anticis aculeis lateralibus numerosis subinordinatis atque aculeis inferioribus binis munitis, tibiis, metatarsis tarsisque quatuor posticis extus aculeis numerosis et inordinatis armatis. — Ungues tarsorum unidentati, interdum postici dentibus paucissimis instructi. Typus : C. californicum Cambr. AR. GEOGR. : America sept. et centr. Aeattyma L. Koch, AbBL 7. b. G. Wien, 1877, p. 760. mU\ MER, | à EE 422 j EV" À Cyrtocareno differt oculis confertioribus, aream fere duplo latiorem quam (1) Comprenant aussi C. hellenum Auss. (2) Comprenant aussi C. lapidarium Lucas et grajum C. Koch ; C. tigrinum L. Koch est probablement le mâle de l’une de ces espèces. Sur les Cyrtocarenum, de Grèce, cf. E. Simon, Ann. Soc. ent. Fr., 1884, p. 346. — Je ne sais auquel des deux groupes rapporter les C. rufidens Auss. et nalalense Cambr. TPE FAMILLE DES AVICULARIIDÆ 97 longiorem et utrinque parallelam occupantibus, anticis in lineam validissime procurvam, mediis medium aream fere occupantibus et lateralibus saltem duplo minoribus, lateralibus posticis ab anticis spatio oculo multo angustiore sejunctis, chelis apice rotundis haud prominulis et rastello ex dentibus nu- merosis fere inordinatis composito, sterno haud longiore quam latiore, inter- dum paulo longiore. Typus : A. Roretzi L. Koch. AR. GEOGR. : Asia orient. et Japonia. Sterrhochrotus, nov. gen. — Cteniza Croneberg, in Fedchensko’s Reis. Turk., etc., Ar., 1875, p. 27, tab. 11, fig. 18 (A. farghanensis). À præcedentibus differt (sec. Croneberg) area oculorum parva, haud latiore quam longiore, oculis inter se appropinquatis, quatuor anticis lineam validis- sine procurvam formantibus, mediis medium aream occupantibus et latera- libus plus quadruplo minoribus, lateralibus posticis ab anticis vix separatis et fere duplo minoribus, mediis posticis pone laterales sitis ?. — Chelæ Ctenizæ. Typus : S. farghanensis Croneb. (1) (sp. un.). AR. GEOGR. : Asia central. (Turkestan). 4. APOROPTYCHEÆ Les espèces de ce groupe diffèrent de celles des précédents par leur pièce labiale plus longue et généralement soudée au ster- num, dont elle est cependant distincte par une pro- fonde strie arquée, par leurs hanches des pattes-mâ- choires plus courtes, beaucoup plus larges et presque carrées, par leur sternum ovale, marqué, de chaque côté, d’une ou de deux très petites impressions sub- marginales (fig. 97); caractères qui rappellent ceux des Actinopodinæ ; ils en diffèrent aussi par leurs filières supérieures, dont l’article terminal est plus long, assez grêle et acuminé, caractère exceptionnel parmi les Clenizinæ et indiquant une tendance vers les Diplurinæ (2); enfin par leurs tarses antérieurs Fig. 97. garnis de scopula dans les deux sexes et leurs griffes tarsales, qui, sauf une exception (Rhytidicolus), sont, au moins aux pattes antérieures, pourvues d’une double rangée de dents comme chez les Cyrtauche- mius et les Nemesia. On peut ajouter que chez les mâles les tibias antérieurs Aporoplychus. Pieces buccales et sternum- (1) Cette espèce m'est inconnue en nature ; la description et les figures publiées par Croneberg indiquent suffisamment qu’elle ne peut rentrer dans aucun des genres admis jusqu'ici dans le groupe des Cteniza. (2) Le même caractère se remarque cependant dans quelques genres du groupe suivant. 1 98 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES sont toujours dépourvus d'éperons, et que le râteau des chélicères, formé de petites dents, n'est jamais élevé sur un prolongement de la tige. Le céphalothorax des Aporoptychus est plus allongé que celui des Céeniza, mais sa partie céphalique est également convexe et sa fosseite thoracique fortement courbée en arrière, excepté cependant dans le genre Phrissæcia où elle est courbée en avant, comme chez les Nemesia. L'aire oculaire est toujours transverse et plus de deux fois plus large que longue; les quatre yeux anté- rieurs sont peu inégaux, les médians sont presque toujours les plus gros, la ligne qu'ils forment est presque toujours droite, quelquefois un peu courbée en avant (fig. 99), plus rarement en arrière (Bolostromus) (fig. 101), l'intervalle des yeux latéraux est dans tous les cas beaucoup plus étroit que leur diamètre. Les pattes sont moins robustes que celles des Cieniza; les antérieures n'offrent que des épines assez longues et isolées ; elles sont toujours dépour- | vues des bandes latérales spinu- on Jeuses quine manquent jamais dans o QE) Che © () CD © les groupes précédents; les tibias à 0h 00 09 de la première paire sont même $ souvent entièrement mutiques, A mais les pattes de la troisième paire nue OUNMAMRENS - offrent en dessus, aux patellas, co 09 CN 9) tibias et métatarses, de petites épi- nes irrégulières, assez nombreuses. Les tarses des deux premières pai- res, quelquefois ceux de la pre- mière paire seulement (Rhytidico- lus), sont garnis de scopula assez légères qui s'étendent rarement aux méta- tarses ; les tarses postérieurs, simplement pileux en dessous, sont presque toujours armés d’épines inférieures et internes. Fig. 98. Phryssaecia. Fig. 100. Aporoptychus. Fig. 99. Phaeoclita. Fig. 101. Bolostromus. Yeux. Les Aporoptycheæ sont terricoles; j'ai décrit et figuré le terrier des genres Phæoclita, Celidotopus et Rhytidicolus du Venezuela, et il est difficile d'en dire quelque chose de général ; celui des deux premiers est, en effet, d’une grande simplicité, sans opercule, et pourvu seulement d'un branchement intérieur qui coupe le conduit principal à angle aigu (voy. supra p. 71), tandis que celui du Rhytidicolus structor est peut-être le plus complexe quiait été observé dans la sous-famille entière des Clenizinæ ; il se compose, en effet, de trois chambres fermées chacune d'un opercule semblable, semi-circulaire et épais (cf. supra p. 73). Les genres Aporoptychus et Bolostromus ont à la fois des représentants dans l'Afrique occidentale et australe, et l'Amérique du Sud; le genre douteux Acontius se compose d’une seule espèce africaine; tous les autres genres sont propres aux régions colombienne et andine de l’Amérique du Sud. FAMILLE DES AVICULARIIDÆ 99 GENERA 1. Ungues tarsorum uniseriatim dentati. Pars labialis apice parce spinulosa. Rastellus angulum ïinteriorem chelarum tantum COCA Se deb ne ane AA Rhytidicolus. — Ungues tarsorum, saltem anticorum, numerose biseriatim dentati. Pars labialis mutica. Rastellus marginem apicalem chelarum HERO AMMOCCUPATS nd nue Moslahiéte de sin ie rire ds PA RATS DOS ICHaACuleAtI 0. UMA men DR D LA RER PA 3. ES DE UMOUTULICUS See eu vue AC STE SEA De NE PAL ESP PET 4, 3. Oculorum linea antica, desuperne visa, evidenter procurva. Ungues tarsorum anticorum biseriatim, posticorum uniseriatim den- CELL d'OS NS AE CRE AREA LAN RER NU AN .:.... Bolostromus. — Oculorum linea antica, desuperne visa, plane recta. Ungues tar- sorum cunctorum biseriatim dentati................, Phænothele. Oculorum linea antica, desuperne visa, recta seu levissime pro- SOUPE PVC CMP ER EER OCR UE so > SHAUDE SNS Se CE QC CLOC DECURC HEC LUC LR CSC RC DC Oh — Oculorum linea antica, desuperne visa, recurva, oculi æquales. Phæoclita. PRHoyearthoracicaprocurva Pars labialismutica "nent 6. — Fovea thoracica leviter recurva. Pars labialis apice parce spinu- losa. Oculi medii antici lateralibus minores .....,.... . Phrissæcia. 6. Oculi medii antici lateralibus multo majores. ......... Aporoptychus. — Oculi medii antici lateralibus minores. ...... .......... Celidotopus. Aporoptychus E. Sim., Bull. Soc. zool. Fr., 1886, p. 572. Oculi antici, desuperne visi, in lineam subrectam, a sese anguste et fere æque separati, medii lateralibus multo majores. Oculi postici utrinque sub- contigui, medii minores. Laterales antici et postici subsimiles vel postici paulo minores (fig. 100). Rastellus chelarum ex dentibus parvis, subæquis et numerosis, marginem apicalem fere totam occupantibus, compositus, Pars labialis mutica, multo longior quam latior, convexa, leviter attenuata atque obtusa. Laminæ prope basin spinulis paucis, lineam curvatam formantibus, munitæ. ?. Pedes mediocres ; tarsi pedum-maxillarium, tarsique pedum quatuor anticorum sat crebre scopulati; metatarsi antici utrinque rare scopulati ; tarsi postici haud scopulati ; tibiæ anticæ compressæ et inferne muticæ : metatarsi quatuor antici inferne aculeati: patella, tibia metatarsusque 3! paris supra inordinate et numerose aculeata ; tarsi cunéti mutici. Urigues tarsorum serie duplici dentium instructi. d. Pedes longi et sat graciles ; tibia antica fere mutica { metatarsus anticus leviter incrassatus et fusiformis inferne cum tars6 breviter scopulatus. Tyreus : À. australis E. Sim. AR. GEOGR. : Africa tropica occid. et America max. austr: RO 100 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Phrissæcia E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 189. Ab Aporoptycho differt oculis quatuor anticis, desuperne visis, lineam evidenter recurvam formantibus, mediis lateralibus majoribus (fig. 98), fovea thoracica haud procurva sed leviter recurva, parte labiali multo longiore quam latiore et apice parce spinulosa, coxis pedum-maxillarium ad basin crebre et inordinate spinulosis, tibiis quatuor anticis inferne aculeatis, unguibus tar- sorum cunctis numerose biseriatim dentatis. Typus : P. ecuadorensis E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : America merid. (Ecuador). Phæoclita E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1889, p. 181. Ab Aporoptycho differt oculis anticis æquis, inter se paulo distantioribus et desuperne visis lineam leviter recurvam formantibus (fig. 99), parte labiali paulo breviore, tibiis anticis aculeis longis et uniseriatis subtus instructis, unguibus tarsorum anticorum numerose biseriatim dentatis sed posticorum dentibus paucis et uniseriatis tantum armatis, tarsis cunctis muticis, anticis scopulatis. d. Fere ut in Aporoptycho sed tibiis anticis inferne numerose biseriatim aculeatis. Typus : P. fauna E. Sim. (sp. un.). ÂR. GEOGR. : America merid. ( Venezuela.). Celidotopus E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1889, p. 185. À Phæoclitu differt oculis mediis anticis lateralibus evidenter minoribus, oculis mediis posticis lateralibus multo minoribus, tarsis anticis scopulatis et muticis, posticis inferne breviter biseriatim aculeatis. Tvpus : C. pulchripes E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : America merid. (Venezuela). Bolostromus Auss., Verh. 7.0. G. Wien, 1875, p. 149. — Ancylotrypa E. Sim., Act. Soc. Linn. Bord., 1888 (1889), p. 406 (typus fossor). Ab Aporoptycho differt oculis anticis subæquis (fossor) vel mediis minoribus (Spinosus) in lineam parum sed evidenter procurvam, oculis posticis utrinque vix disjunctis (fig. 101), parte labiali haud longiore quam latiore, coxis pedum- maxillarium paulo longioribus, tarsis posticis subtus et extus aculeatis. — UÜngues tarsorum cunectorum biseriatim dentati (spinosus) vel ungues antici biseriatim et postici uniseriatim dentati (fossor). d. Tibia antica valde aculeata ; metatarsus anticus haud scopulatus. Tyeus : B. venustus Auss. AR. GEOGR, : Africa austr. occid. ét Amer, merid, de. FAMILLE DES AVICULARIIDAÆ 101 Phznothele E. Sim., Act. Soc. Linn. Bord., XLIT, 183$ (1889), p. 399. A Bolostromo differt linea oculorum antica, desuperne visa, plane recta, oculis anticis subæquis, dentibus rastello paulo longioribus et unguibus cunctis numerose biseriatim dentatis. &. Tibia antica valde aculeata ; metatarsus vix distincte scopulatus. Tyeus : P. Guujoni E. Sim. AR. GEOGR. : Ecuador et Antilliæ. HKhytidicolus E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1SS9, p. 185 À præcedentibus differt oculis quatuor anticis subæqualibus, desuperne visis, lineam plane rectam formantibus, chelarum rastello angulum interiorem tantum occupante, ex dentibus parvis et inordinatis composito, parte labiali haud longiore quam latiore et spinulis paucis ad apicem munita, coxis spi- nulis haud seriatis, inordinatis et aream angulosam occupantibus. — Tarsi pedum sex posticorum aculeati, haud scopulati, sed tarsi pedum 1i paris mutici et subtiliter scopulati. Ungues tarsorum cunctorum uniseriatim dentati. Tyeus : R. structor E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : America merid. (Venezuela). Nora. C’est probablement à côté de l’un des genres Aporoptychus et Bolostromus que doit se placer le genre Acontius Karsch, trop brièvement décrit in Sitz. berich. Ges. Naturf. Freunde, Berlin av. 1879, p. 64 : « Pars labialis evidenter longior quam ad basin latior, chelæ antice rotundæ, æqualiter et valde dentalæ. Genus inter Pachy- loscelem Lucas et Actinopum Perty ». — A. Hartmanni Karsch, loc. cit., de Loango. — Ces quelques mots sont insuffisants pour se faire une idée exacte des caractères du genre. 5. CYRTAUCHENIEÆ Les Cyrtauchenius peuvent être définis des Cteniza dont les tarses et méta- tarses antérieurs sont garnis d'épaisses scopula et dont les griffes tarsales sont armées d'une double rangée de dents, mais ce dernier caractère souffre d’assez nombreuses exceptions. On peut ajouter que leurs chélicères, sauf une exception (Myrmeciophila), sont arrondies à l'extrémité, sans prolongement angulaire, que leur sternum, plus allongé, est marqué de quatre impressions, dont les premières sont, à la vérité, très petites et souvent indistinctes, enfin que leurs pattes antérieures, armées d'épines isolées, n'offrent jamais de bandes spinuleuses latérales. Ce groupe est moins homogène que les précédents ; certains genres, dont les téguments sont lisses et glabres, se rapprochent des Cfeniza, notamment le genre anormal Myrmeciophila, dont les griffes tarsales n'offrent qu'une seule dent et dont les chélicères sont, par exception, pourvues d'un processus denté analogue È à celui des Bothriocyrtum (fig. 102). Mais dans le plus grand nombre les téguments sont pubescents comme dans le groupe suivant avec lequel quelques genres font le passage, notamment le genre Pselligmus, qui ne se 102 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES rattache absolument aux Cyrtauchenius que par la courbure (procurva) de sa fossette thoracique. Je ne connais les mâles que de deux genres, et ils diffèrent beaucoup l'un de l’autre ; celui des Cyrtauchenius rappelle celui des Cfeniza vrais, ses tibias antérieurs, fortement épineux, sont également dépourvus d'éperons, celui des Eutychides se rapproche au contraire de celui de certains types de la sous-famille des Aviculdriinæ, ses tibias anté- rieurs sont en effet armés d'un éperon apical obtus sur- monté d'épines. Les caractères génériques sont tirés de la disposition oculaire : dans la plupart des cas les deux lignes sont à peu près d’égale largeur et la première est très peu courbée, Fig, 102. mais deux genres font exception : chez les Cyrtauchenius vrais et les Agaunippe la première ligne, beaucoup plus étroite que la seconde, est fortement courbée, cette cour- bure est tellement prononcée chez les Aganippe que les yeux latéraux antérieurs, beaucoup plus avancés que les médians, rappelient ceux des Idiops (fig. 104). Les impressions sternales doivent être étudiées avec soin, elles se présentent sous trois aspects : tantôt elles sont grandes, Myrmeciophila. Râteau. RU A DEEE ER Q CES F 5 fo en 0 AUS 00 Fig. 103. Fig. 104. Fig. 105. Cyrtauchenius. Aganippe. Amblyocarenumt. Yeux. ovales et rapprochées de la ligne médiane (Cyrtauchenius, Eutychides), tantôt elles sont petites, ovales et largement séparées transversalement bien que séparées des bords latéraux (Amblyocarenum, Damarchus), tantôt enfin elles sont étroites, linéaires, transverses et atteignent les bords comme chez les Ne- mesia | Stenoterommata, Aptostichus, etc.). Les fi- lières sont presque tou- jours semblables à celles des Cteniza ; celles des Atmetochilus, des Da- marchus et des Stenote- rommata sont cependant plus grêles avec l'article Lie 406. Fig. 107. Fig, 108. terminal plus long que Damarchus. Eutychides. Stenoterommata. le médian et acuminé Sternum. comme chez les Aporoptychus. Le terrier des Cyrtauchenieæ est toujours simple, c'est-à-dire sans bran- chement, mais il est garni d’un revêtement soyeux, épais, entier, et de parois FAMILLE DES AVICULARIIDÆ 103 maçonnées, qui dans certains cas dépassent la surface du sol et s'élèvent en forme de colonne (Cyrtauchenius inops E. Sim., C. Latastei E. Sim.); son orifice reste rarement béant {C. inops), il est ordinairement clos d'un opercule, toujours assez mince, tantôt rigide (Amblyocarenum), tantôt flasque (Cyrtau- chenius). Le terrier de quelques espèces (Cyrtauchenius structor, etc.) offre un second opercule intérieur d'une nature toute spéciale {voy. p. 74). Le genre Cyrtauchenius, qui est nombreux, habite la partie occidentale du nord de Afrique, une seule de ses espèces à été rencontrée dans l'Afrique australe ; le genre Amblyocarenum habite la région méditerranéenne occiden- tale et possède aussi un représentant dans l'Amérique du Nord; l’unique espèce du genre Homostolu habite l'Afrique australe ; les genres Afmetochilus et Damarchus sont propres à la péninsule malaise et à l’ile de Sumatra; le genre Aganippe à l'Australie. Dans le Nouveau Monde, les genres Myrmecio- philu, Aptostichus ct Actinoxia sont confinés dans l'Amérique du Nord ; les genres Eucteniza et Eutychides dans l'Amérique centrale, le second a aussi un représentant aux Antilles ; les genres Pselligmus et Stenoterommata dans l'Amérique du Sud où ils s'étendent du Brésil au Chili. GENERA 1. Area oculorum multo latior postice quam antice. Oculorum linea antica valde procurva, utrinque oculi medii et laterales postici late sejuncti. Metatarsi quatuor antici valde biseriatim aculeati. Hansicexiposterioresaculeati{l) 4 REP CPE CRE 1° — Area oculorum utrinque subparallela. Oculorum linea antica pa- rum procurva. Oculi medii et laterales postici utrinque subcon- 2, Oculi subæquales, quatuor antici in lineam validissime procur- vam, lincas duas fere designantes (sec. Cambr.)..,.,,.., Aganippe. — Oculi valde inæquales, laterales mediis multo majores ct laterales postici reniformes. Oculi quatuor antici in lineam minus pro- GITE NN MISERERE NET oo eat MOYIAUChENIUS, 3. Sterni impressioncs litæ inter se appropinquatæ sed ad marginem JS CNET ANR RSR EMA Qi ES RS ET ONE ASE LA # 4. — Sterni impressiones parvæ, submarginales, inter se transversim | ESS MEMOIRE AN AO BAR NARE LRE MR EP ECS eh pire aLe fe 4. Chelæ intus ad apicem processu obtuso et dentato instructæ, Ungues, saltem anteriores, ad basin unidentati.... Myrmeciophila. — Chelæ ad apicem subrotundæ vel ad angulum interiorem leviter convexæ, haud productæ. Ungues pluridentati. .,.....,..., , b. Mamillæ superiores articulo ultimo medio longiore et graciliore. Sternum antice valde transversim depressum. Pars labialis paulo longior quam latior........,....,........... Atmetochilus. [21 (1) Ces deux derniers caractères n’ont pas été vérifiés dans le genre Aganippe. S ; y | 3 . “ CH Ace Dr A , Ur LV / : - L | / x VC É: A4 Meta t é ALAK d. AR CIMNU ET) x L ue 25 Gras Dufr « 10% HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES — Mamillæ superiores articulo ultimo medio multo breviore conico velthemisphærico-Sternumenormale APP EPP PP PACE 6. 6. Ungues antici serie unica obliqua et sinuosa dentium numeroso- rum (10-12); ungues postici, prope basin, serie unica dentium parvorum 3 vel 4 armati. Pars labialis paulo longior quam JATION Se PMR EEE ERRRee HDI RS UE RP RE Eutychides. — Ungues antici ad basin serie interiore dentium 4-5 et dente exte- riore unico longiore; ungues postici serie unica dentium 6-7 inæqualium armati. Pars labialis fere æque longa ac lata. Homostola. 7. Mamillæ superiores articulo ultimo medio haud breviore vel lon- ER OIIOEE Hood ane Ton ONE 0 DOM decor 0 2e 8. — Mamillæ superiores articulo ultimo medio breviore et obtusis- SIMON ele ARR Re Er ER E ON En CE PA Den AE rc 1 DNRERR 3) 8. Area oculorum haud duplo latior quam longior, utrinque paral- lela. Pars labialis multo latior quam longior. Impressiones sterni marginales. ........... dt POLE .. Stenoterommata. — Area oculorum pæne triplo latior quam longior et postice quam antice paulo angustior. Pars labialis fere æque longa ac lata. Impressiones sterni submarginales................,.. Damarchus. 9. Oculi medii antici lateralibus majores. Ungues pedum anticorum seriebus duabus dentium numerosorum instructi...... Pselligmus. — Oculi medii antici lateralibus minores....,....,............... : 10. 10. Dentes rastelli numerosi et inordinati. Ungues tarsorum robusti, saltem anticorum, dentibus paucis muniti............ CAE 112 — Dentes rastelli quatuor longi et æqui. Ungues tarsorum graciles et longi in parte basali serie dentium parvorum muniti.. Actinoxia. 11. Tarsi metatarsique antici breves, æquales, usque ad basin crebre scopulati. Metatarsi, aculeo apicali excepto, mutici........... Pr tete Mn ee idees ncecveredcee-2 MAX MDIYOCAEENUIMR — Metatarsi antici ue evidenter longiores, paulo rarius scopu- lati et inferne pluriaculeati. ..:..... AAA PRO TS Aptostichus. Cyrtauchenius Thorell, Eur. Spid.. 1870, p. 165 (ad part.) (1). — Cyrto- cephalus Lucas, Ann. Soc. ent. Fr., 1845, p. 58 (ad part. terricola). — Mygale (ad part. gracilipes) et Cyrtocephalus (ad part.) Lucas, Expl. sc. Alg., Ar., 1848. — Dolichoscaptus E. Sim., Act. Soc. Linn. Bord., 1888 (1889), p. 383. Cephalothorax glaber, longus. Area oculorum saltem triplo latior quam longior, antice quam postice multo angustior. Oculi antici in lineam valde (1) Le nom de Cyrtocephalus faisant double emploi (Audouin ; Coléop.) a été rem- placé par Thorell en celui de Cyrlauchenius. — Le Cyrtocephalus terricola Lucas en est le tvpe; M. H. Lucas dit expressément, en proposant le genre : « l'espèce type de cette nouvelle coupe est le C. terricola » (Ann. Soc. ent. Fr., 1845, p. 58). Cette FAMILLE DES AVICULARIIDÆ 105 procurvam, fere æquidistantes, laterales mediis majores (præsertim in femina). Oculi medii postici parvi, a mediis anticis et a lateralibus posticis fere æque et late distantes. Laterales postici anticis non multo minores, longi, ad mar- ginem interiorem fere semper emarginati et reniformes. Spatium inter late- rales oculo (saltem in femina) haud vel vix angustius. Pars labialis et coxæ omnino muticæ. Sternum longum, impressionibus latis a sese appropin- quatis. ® Pedes robusti. Tarsi quatuor antici aculeis lateralibus binis parvis muniti, interdum mutici. Tarsi postici extus valde aculeati. Metatarsi antici aculeis inferioribus et interdum interioribus seriatis muniti. Ungues tarsorum anti- corum sat numerose biseriatim dentati. Ungues tarsorum posticorum mutici vel (saltem ungue interiore) dentibus submediis parvis 2-3 armati. d Pedes longi, tarsis metatarsisque gracilibus, anticis leviter scopulatis. Tibia antica haud calcarata, numerose aculeata. Oculi antici inter se multo minus separati et plerumque subæquales. Cephalothorax prope marginem posteriorem spinosus. Tyeus : C. terricola Lucas. AR. GEOGR. : Africa septentrionalis et australis. Les espèces de ce genre peuvent se répartir en trois sections : A. — Oculi laterales postici mediis multo majores et lateralibus anticis vix minores, intus emarginati. Mamillæ superiores articulo medio paulo latiore quam longiore, articulo ultimo medio haud longiore et obtusissimo. Tibiæ anticæ feminæ aculeis inferioribus uniseriatis tantum instructæ. Tarsi 3i paris superne aculeis numerosis (5-7) uniseriatis armati ({erricola Lucas) (1). B. — Oculi mamillæque præcedentis. Tibiæ anticæ feminæ aculeorum serie inferiore et serie interiore instructæ. Tarsi 3i paris superne, in parte apicali, aculeis parvis paucis et biseriatis instructi (bicolor E. Sim.) (2). C. — Oculi medii antici lateralibus non multo minores. Oculi laterales pos- tici parvi, elongati, intus haud emarginati. Mamillæ superiores articulo medio paulo longiore quam latiore, ultimo medio paulo longiore graciliore et acu- minato. Tibiæ anticæ feminæ aculeorum serie inferiore et serie interiore ins- tructæ. Tarsi 3i paris superne aculeis robustis paucis et biseriatis armati {zebra E. Sim.). note, parue antérieurement à la publication de l'Exploration de l'Algérie, a échappé à Thorell et à moi-même qui avons toujours regardé le C. Walckenaeri Lucas comme type. IL en résulte que mon genre Dolichoscaptus (type terricola) doit reprendre le nom de Cyrtauchenius, tandis que mon genre Cyrtauchenius doit recevoir un nom nouveau (Amblyocarenum). Les espèces de l’ancien genre Cyrtocephalus Lucas se répartissent aujourd’hui dans les genres Cyrtauchenius, Amblyocarenum et Cyr- locarenum. (1) Comprenant aussi C. villatus, maculalus, luridus, artifex, structor, Bedeli, dayensis E. Sim. (2) Comprenant aussi C. castaneiceps, inops, Latastei E. Sim. 106 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Aganippe Cambr., Ann. Mag. Nat. Hist. 1877, p. 28. Genus ignotum, a Cyrtauchenio, cui verisimiliter affine est, differt, sec. Cam- bridge, oculorum linea antica linea secunda saltem 1/3 angustiore et validis- sime procurva (figuram trapeziformem vel lineas binas designante), oculis cunctis subæqualibus, lateralibus posticis haud reniformibus, parte labiali paulo longiore quam latiore. Typus : À. subtristis Cambr. AR. GEOGR. : Nova-Hollandia. Nora. Ce genre, qui ne m'est connu que par la descriplion incomplète de Cam- bridge (l’auteur ne parle ni de l’armalure des pattes, ni de celle des griffes), me parait cependant voisin du genre Cyrtauchenius sensu stricto, il n’en diffère à première vue que par l’exagération de la courbure de sa première ligne oculaire. Amblyocarenum E. Sim. — Cyrtocephalus Lucas, Expl. sc. Alg. Ar., 1818 (ad part. C. Walckenaeri). — Cyrtauchenius Thorell, Eur. Spid., 1870, p. 165 (ad part.). — Cyrtauchenius E. Sim., Act. Soc. Linn. Bord., 1888, p. 381; 1891, p. 308. Cephalothorax crassissimus, vix 1/4 longior quam latior, glaber, parte cephalica lata et convexa, fovea semilunari profunda. Area oculorum plus triplo latior quam longior, utrinque fere parallela. Oculi antici in lineam leviter procurvam, inter se fere æque et late distantes, medii lateralibus paulo minores. Oculi postici utrinque subcontigui, medii minores. Late- rales postici anticis paulo minores, ab anticis spatio oculo haud latiore sepa- rati. Chelæ apice subrotundæ, rastello ex dentibus numerosis subsimilibus et inordinatis composito, munitæ. Pars labialis multo latior quam longior, mu- tica. Coxæ pedum-maxillarium intus ad basin spinulis paucis armatæ. Sterni impressiones posticæ minutæ inter se transversim late remotæ sed marginem haud attingentes. Pedes (saltem in @) breves et robustissimi. Tarsi metatar- sique quatuor anteriores breves, robusti et subæquales, subtus creberrime scopulati, tarsi postici dense setosi, cuncti mutici, metatarsi antici aculeo api- cali unico tantum armati. Ungues dentibus paucissimis armati sed in anticis plerumque biseriatim ordinatis (d'ignotus). Tyrus : A. Wulckenueri Lucas. AR. GEOGR. : Europa merid. occid. et Africa sept.; America sept. occid. Les espèces de ce genre se répartissent en deux groupes : A.— Oculi medii antici inter se quam a lateralibus paulo remotiores, Oculorum series postica antica vix latior. Ungues tarsorum anticorum seriebus duabus dentium muniti (serie interiore ex dente unico submedio, exteriore ex dentibus 2 vel 3 subbasilaribus), ungues posticorum prope basin dentibus minutissimis binis geminatis tantum armati { Walckenaeri Lucas). B. — Oculi medii antici a lateralibus quam inter se vix remotiores. Oculorum series postica antica vix angustior. Ungues tarsorum anticorum serie unica L L. à AAC # # ul F . Miyrmeciophila Atkinson, Entom. Americ., IT, 1886, p. 132 (Myrmekiaphilu) FAMILLE DES AVICULARIIDÆ 107 ex dentibus duobus remotis armati, ungues posticorum prope basin dente minutissimo tantum armati ({alpa E. Sim.). — Myrmeciophilu E. Sim., Act. Soc. Linn. Bord., 1891, p. 208, Cephalothorax oculique fere Amblyocareni sed spatio inter oculos lateraies oculo evidentius angustiore. Chelæ intus ad apicem processu magno, obtuso crebre et inordinate dentato munitæ fig. 102). Pars labialis mutica (foliata) vel Sspinulis paucissimis munita (Atkinsoni), latior quam longior. Coxæ pedum- maxillarium intus ad basin spinulis paucis armatæ. Sterni impressiones magnæ, ovatæ, et inter se parum distantes. Pedes robusti, longiores quam in TA yocareno, tarsi metatarsique quatuor anteriores tarsique pedum-maxilla- rium scopulati, sed scopulis metatarsorum raris et basin haud attingentibus, metatarsi antici tarsis longiores et pluriaculeati. Ungues tarsorum anticorum dente basali unico vel duplici tantum armati, ungues tarsorum posticorum omnino mutici (1). Tyeus : foliala Atkinson. AR. GEOGR. : America sept. Stenoterommata Folmb., An. Soc. cient. Argent., XI, 1881. — Jd., E. Sim., Bull. Soc. zool. Fr., 1886, p. 173. Amblyocareno sat affine. Cephalothorax paulo longior et humilior, parce pilosus, fovea mediocri vel parva. Area oculorum haud duplo latior quam longior, utrinque parallela. Oculi antici in lineam leviter procurvam, æqui vel medii minores. Oculi postici utrinque contigui. Spatium inter laterales oculo plus duplo angustius. Chelæ apice rotundæ, dentibus rastelli parvis, nume- rosis et inordinatis. Pars labialis multo latior quam longior, apice spinulis 4-5 uniseriatis armata. Coxæ pedum-maxillarium intus ad basin area sat magna, crebre spinulosa, munitæ. Sterni impressiones posticæ minutæ, elongatæ et sublineares, transversim late remotæ et marginem attingentes. Pedes Amblyocareni sed metatarsis anticis subtilius scopulatis, aculeo medio vel aculeis plurimis armatis. Ungues dentibus numerosis series duas forman- tibus armati. Mamillæ superiores articulo ultimo medio haud breviore sed gra- ciliore. Tyeus : S. platense Holmb. no GEOGR. : America merid. : Brasilia, Republica Argentina et Chili. FAURE Thorell, Kongl. Sv. Vet. Akad. Handl., 24, 1891, p. 14. ? Cyrtauchenius Thorell, Rag. Mal., etc., IV, 1891, p. 406 (C, montanus). À Sitenoterommati differt oculis confertioribus, aream pæne triplo latiorem quam longiorem et postice quam antice paulo angustiorem occupantibus, (1) Je donne cette diagnose d'après le type de A. foliata Atk., qui m'est communi- qué par M. G. Marx, de Washington. 108 HISTOIRE NATURELLE DES APAIGNÉES oculis anticis sat magnis et subæquis in lineam leviter procurvam, oculis posticis anticis multo minoribus utrinque subæquis et subcontiguis, chelis apice rotundis, dentibus rastelli longis numerosis et uniseriatis, parte labiali minus transversa apice spinulis paucissimis 2-3 instructa, sterni impressio- nibus posticis sat magnis et ovatis inter se late remotis sed ad marginem bene separatis fere ut in Amblyocareno. — Pedes mamillæque Stenoterommatis. Typus : D. Workmani Thorell (1). AR. GEOGR. : Penins. Malayana et ins. Sumatra. Aptostichus E. Sim., Act. Soc. Linn. Bord., 1891, p. 209. Cephalothorax fere Stenoterommalis sed fovea minus profunda, interdum subrecta. Oculi subsimiles sed quatuor antici in lineam magis procurvam et medii lateralibus saltem duplo minores. Oculi medii postici anticis non multo minores. Laterales postici mediis non multo majores et a latera- libus anticis bene separati. Chelarum rastellus ex dentibus validis nume- rosis et subinordinatis compositus. Sternum Séenoterominatis. Pedes (saltem in ® ) breves et robusti, valde aculeati, tibiis anticis, ad marginem exteriorem, aculeis longis uniseriatis, metatarsis aculeis multo brevioribus biseriatis subtus armatis, tibiis 4? paris aculeis lateralibus et dorsalibus carentibus ; tarsis posticis, in parte apicali, aculeis paucis et seriatis munitis, tarsis meta- tarsisque anticis usque ad basin dense scopulatis. Typus : À. atomarius E. Sim. AR. GEOGR. : California. Homostola E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr. 189... Aptosticho affinis. Cephalothorax subsimilis sed fovea latiore et magis pro- curva. Oculi subsimiles sed laterales postici mediis multo majores et a latera- libus anticis angustius separati. Impressiones sterni majores et inter se appro- pinquatæ. Pedum tibiæ anticæ muticæ sed tibiæ posticæ aculeis lateralibus interioribus validis uniseriatis instructæ. Tarsi postici haud aculeati sed inferne setis robustis spiniformibus numerosis et inordinatis instructi. Typus : À. vulpecula E. S. (sp. un.). AR. GEOGR. : Africa austr. (1) Je donne les caractères de ce genre d’après un exemplaire typique de D. Work- mani Th., qui m'est communiqué par M. T. Workman; il me parait très probable que l’espèce décrite par Thorell, sous le nom de Cyrtauchenius montanus, appartienne au même genre. D’après Thorell, les tarses postérieurs seraient épineux chez C. mon- tanus et mutiques chez D. Workmani, maïs l’exemplaire de ce dernier, que j'ai sous les yeux, a une petite épine externe au tarse de la 3e paire ; ce caractère est, au reste, peu important. Le genre Damarchus est surtout remarquable par ses impressions sternales bien séparées de la marge et ressemblant à celles des Amblyocarenum. 4 ‘ FAMLILE DES AVICULARIIDÆ 109 Eutychides E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr. 1888, p. 214. Ab Amblyocareno differt cephalothorace paulo longiore et pubescente, oculis lateralibus anticis mediis duplo majoribus, lateralibus posticis anticis multo minoribus et spatio inter oculos laterales dimidio oculo angustiore, parte labiali haud longiore quam latiore, prope apicem spinulis paucis et inordi- natis armata, coxis ad marginem interiorem usque ad apicem parce spinulosis, sterni impressionibus quatuor elongatis inter se appropinquatis et antice convergentibus, posticis maximis, tibiis metatarsisque anticis subtus ad api- cem biaculeatis, tarsis posticis aculeatis, unguibus anticis serie unica obliqua et sinuosa dentium numerosorum (10-12), unguibus posticis, prope basin serie unica dentium parvorum 3 vel 4 armatis. d Tibia antica crassa sed teres, calcare apicali unico obtuso sed aculeato armata, metatarsus anticus ad basin angustus et curvatus (saltem in Æ. quu- dalupensis). Tyeus : Æ. aurantiacus E. Sim. AR. GEOGR. : America centr. et Antilliæ. Atmetochilus E. Sim., Jour. Asiat. Soc. Beng., LVI, pars Il, n° 1, 1887. Cephalothorax Eutichydæ. Area oculorum circiter triplo latior quam longior, utrinque subparallela (oculorum series postica paulo angustior quam antica). Oculi quatuor antici maximi, subæquales, fere æque et sat anguste separati, in lineam modice procurvam. Oculi postici subæquales et subcontigui, anticis multo minores. Spatium inter laterales oculo paulo angustius. Chelæ apice subrotundæ, dentibus rastelli numerosis, inordinatis, iniquis et parum robustis. Pars labialis paulo longior quam latior, leviter attenuata et obtusa, mutica et immobili a sterno stria superficiali, parum expressa, tantum dis- creta. Coxæ pedum-maxillarium ad basin spinulis paucis armatæ. Sterni impressiones magnæ, confluentes et antice foveam magnam transversim semicircularem formantes. Pedes robusti, sat longi, metatarsi quatuor antici tibiis circiter æquilongi, postici tibiis multo longiores. Tarsi metatarsique quatuor anteriores scopulis parum densis, setis intermixtis, vestiti. Metatarsi antici aculeis paucis instructi. Ungues cuncti dentibus paucis basilaribus ad marginem exteriorem et ungues tarsorum anticorum dente minutissimo sub- medio ad marginem interiorem armati. Mamillæ SUDERQE articulo ultimo medio longiore, graciliore et acuminato. Dyeus : À. fossor E. Sim. (sp. un.) v à AR. GEOGR. : Birmania occid. 7) Actinoxia E. Sim., Act. Soc. Linn. Bord., 1891, p. 320. Cephalothorax Amblyocareni sed paulo longior et humilior, subglaber. Area oculorum compactilis, plus duplo latior quam longior, oculi laterales antici mediis plus duplo majores, laterales antici et postici a sese anguste separati. Pars labialis multo latior quam longior, prope apicem spinulis paucissimis 110 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES armata. Sterni impressiones vix expressæ, late ovatæ et subrotundæ. Tibiæ metatarsique antici inferne, ad marginem exteriorem, aculeis gracilibus lon- gissimis et divaricatis instructa. Pedes 3i paris numerose et breviter aculeati ; pedes 4ï paris patella tibiaque muticis, metatarso parce aculeato. Ungues gra- ciles longi et parum curvati, in parte basali serie dentium parvorum muniti. Chelarum rastellus ex dentibus quatuor longis et subæquis compositus. Typus : À. versicolor (sp. un.). AR. GEOGR. : California. Pselligmus E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr. 189... Cephalothorax longe ovatus, parum convexus, pubescens, fere ut in Nemesia, sed fovea procurva impressus. Tuber oculorum parvum, convexum, circiter 1/3 latius quam longius. Oculi inter se valde appropinquati, quatuor antici in lineam leviter procurvam, inter se æque et anguste separati, medii lateralibus majores, laterales postici anticis non multo minores, elongati et obliqui, ab anticis vix separati. Medii postici elongati, recti, a mediis anticis et lateralibus posticis vix separati. Chelæ apice rotundæ, rastello ex dentibus mediocribus numerosis et inordinatis composito, munitæ. Pars labialis multo latior quam longior, apice obtusa, spinulis paucis et uniseriatis munita. Coxæ intus ad basin area sat parva crebre spinulosa munitæ. Sterni impressiones posticæ parvæ, submarginales et transversim latissime remotæ. Pedes (saltem in 9) médiocres, tarsi et metatarsi quatuor antici crebre scopulati, tarsi cuncti mutici, metatarsi cuncti pluriaculeati sed tibiæ quatuor anteriores muticæ. Ungues tarsorum, præsertim anticorum, dentibus numerosis biseriatis. instructi ; unguis inferior minutissimus, in tarsis anticis vix ullus. Typus : P. infaustus E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : Brasilia. Ce genre remarquable fait le passage au groupe suivant. L’unique espèce offre entièrement le faciès d’un Nemesia, mais sa fossette thoracique est nette- ment courbée en arrière. GENUS IGNOTUM ET INCERTUM ÆEucteniza Auss., Verh. 2. b. G. Wien, 1875, p. 119. — Ctenizæ valde affinis et subsimilis, sed tarsis metatarsisque anticis scopulatis et utrinque seriatim aculeatis (sec. Auss.). — E. meæicana Auss. (Mexique): 6. NEMESIEÆ Les Nemesia se distinguent des autres Aviculariides Lerricoles par leur céphalothora* moins convexe et à fossette transverse ou courbée en arrière (recurva), c'est-à-dire à convexité antérieure. Leurs yeux sont en groupe com- pact ; leur sternium est marqué de deux petites impressions très écartées trans- versalement (excepté chez les Genysa, où elles sont rapprochées), quelquefois ovales et obliques et séparées de la marge (Spiroctenus, Scalidognathus), mais le plus souvent transverses et se joignant à la marge ; leurs chélicères sont tou- FAMILLE DES AVICULARIIDÆ 111 jours arrondies à l'extrémité, sans saillie angulaire, et dans plusieurs genres le râteau, formé de dents fines presque semblables à des crins, a une tendance à s’effacer. Leurs pattes sont semblables à celles des Cyrtauchenius, c'est-à-dire que leurs tarses et métatarses antérieurs sont garnis de scopula, mais dépour- vus de bandes spinuleuses latérales ; les dents de leurs griffes sont presque toujours nombreuses, tantôt unisériées, tantôt bisériées. Leurs téguments sont, sauf chez les Scalidognathus, revêtus de pubescence, formant sur l’ab- domen des dessins plus ou moins complexes, leur donnant déjà une certaine ressemblance avec les Avicularinæ. Dans certains cas (Hermacha), la griffe inférieure est presque rudimentaire, au moins aux tarses antérieurs, et dans les mêmes genres l'article apical des filières supérieures est plus long que le médian et acuminé, de sorte que le groupe des Nemesia peut être considéré comme intermédiaire aux sous-familles des Ctenizinæ et des Aviculariinæ. Les caractères des mâles rappellent un peu ceux de ces derniers ; les tibias anté- rieurs, sauf deux exceptions (Rachias et Scalidognathus), sont pourvus d'un ou de deux éperons apicaux, qui le plus souvent ne sont que des épines plus fortes que les autres et un peu courbes, mais qui dans certains cas (Arbanilis et Genysa) prennent la forme de véritables apophyses. Le terrier des Nemesia diffère de celui des groupes précédents en ce que son revêtement soyeux n’occupe jamais que la partie supérieure ; ce terrier offre au reste tous les degrés de complication, étant tantôt simple, tantôt pourvu d'un branchement intérieur; son opercule d’entrée est tantôt en rondelle épaisse, taillée en biseau sur les bords, comme celui des Cteniza, tantôt, au contraire, mince et inégal sur son pourtour, comme celui des Cyrtauchenius, rigide ou flasque, selon les espèces. Ce terrier offre très souvent un second opercule intérieur d'une contexture toute différente (voy. supra, p. 74). Le genre Nemesia compte près de trente espèces toutes propres à la région méditerranéenne occidentale, sauf deux ou trois qui se rencontrent en Égypte; le genre Hermacha a des représentants dans l'Afrique australe et au Brésil, tandis que le genre Spiroctenus est propre à l'Afrique australe et le genre Genysa à Madagascar; le genre Scalidognathus est jusqu'ici étroitement confiné à l'ile de Ceylan; le genre Rachias ne possède qu'une seule espèce brési- lienne ; le genre Arbanitis et les genres douteux Hermeas ct Misgolas repré- sentent le groupe en Australie et en Nouvelle-Zélande. GENERA 1. Ungues tarsorum dentium seriebus duabus instructi, Tarsi quatuor postici setulosi seu leviter scopulati, haud spinosi (R, dispar & excepto). Spatium inter oculos laterales oculo multo angustius. 2. — Ungues tarsorum dentium serie unica instructi............ RSS 4, 2. Coxæ pedum-maxillarium ad basin spinulis validis paucissimis et uniseriatis armatæ. Tarsi cuncti ungue inferiore parvo mu- 10 VID PET RANS Re Re LA a AE D SE Une .. Nemesia. — Coxæ pedum-maxillarium ad basin area crebre et tenuiter spi- nulosa notatæ. Unguis inferior tarsorum anticorum nullus vel Meullus DOStICOrUIM paArvUS He nee IA M 3. 112 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES 3. Mamillarum articulus ultimus medio vix brevior et acuminatus. Oculi quatuor antici inter se subæquales, bene separati et li- neam valde procurvam formantes. 4' tibia antica unicalcarata et tarsi postici mutici......... 4 SERRE EME TA ... Hermacha. — Mamillarum articulus ultimus medio multo brevior et conico. Oculo quatuor antici inter se appropinquati et lineam parum procurvam formantes, mediü lateralibus multo majores. & tibia antica haud calcarata et tarsi postici utrinque aculeati..... Rachias. S e Tarsi, saltem postici, aculeati. Spatium inter oculos laterales oculo latius vel haud angustius. Ungues superiores dentibus paucis, basin tantum occupantibus muniti. ........... RTS D. — Tarsi mutici. Spatium inter oculos laterales oculo angustius. Ungues superiores dentibus numerosis seriem flexuosam api- cem fere attingentem formantibus armati............ Spiroctenus. 5. Oculorum linea antica validissime procurva. Tarsi quatuor pos- ten) tantmmiaculeatie Pere ARE PO EE .. Arbanitis. — Oculorum linea parum procurva. Tarsi cuncti aculeati...... RÉTE 6. 6. Tegumenta pubescentia. Impressiones sterni ad marginem quam inter se remotiores. 4 tibia antica intus valde bicalcarata... Genysa. — Tegumenta glabra. Impressiones sterni inter se quam ad margi- nem multo remotiores. <' tibia antica haud calcarata......... Scalidognathus. Nemesia Aud. in Sav., Descr. Egypte (2° ed.), XXII, 1825-27, p. 302. —— Mygale Walck., 1805-1837 (ad part.) — Céeniza Latr., 1829 (ad part.). — Cleniza GC. Koch, 1850 (ad part. C. africana). — Mygalodonta E. Sim.., Hist. nut. Ar., 1864 [ad part.). — Nemesia Thorell, Eur. Spid., 1870, p. 166. (ad part.). — Id. Auss., Verh. 3. b. G. Wien, 1871, p. 165. Cephalothoracis pars cephalica (9) sat convexa, fovea magna et recurva. Area oculorum 1/2 vel 1/3 latior quam longior. Oculi antici in lineam plus minusve procurvam (plerumque margine antico mediorum cum centro latera- lium Hneam rectam formante), sæpe medii lateralibus paulo minores. Late- rales postici anticis paulo minores. Spatium inter laterales latitudinem mino- rem oculum vix æquans, sæpe angustius. Chelarum rastellus validus, ex dentium seriebus duabus compositus, dentibus seriei primæ (4 vel 6) reliquis longioribus. Pars labialis latior quam longior, mutica. Coxæ pedum-maxilla- rium spinulis robustis paucis (4-6) plerumque uniseriatis, ad basin, armatæ. Pedes mediocres, tarsi metatarsique quatuor antici et tarsi pedum-maxilla- rium (©) sat crebre scopulati, tarsi quatuor postici setulosi et mutici. Meta- tarsus 4i paris tibia paulo brevior. Ungues superiores in parte basali serie duplici dentium muniti. d. Tibia antica incrassata, inferne calcare apicali unico arcuato et acuto instructa. Typus : N. cellicola Aud. in Sav. FAMILLE DES AVICULARIIDÆ 113 AR. GEOGR. : Regio mediterranea præsertim occid. (1). Les espèces de ce genre se répartissent en cinq groupes : À. — Oculi medii antici lateralibus majores. Spinulæ coxarum pedum- maxillarium biseriatim ordinatæ. Scopulæ tarsorum et metatarsorum anticorum integræ longæ sed parum densæ [N. arenicola E. Sim. (2)]. B. — Oculi medii antici lateralibus paulo minores, rarius haud minores; apex mediorum cum centro lateralium lineam fere rectam formans. Spinulæ coxarum uniseriatim ordinatæ. Scopulæ metatarsorum quatuor anticorum integræ. Scopulæ tarsi li paris, prope ungues, spatio minuto elongato-triquetro setuloso munitæ. Scopulæ tarsi 2 paris linea media setarum remotarum, basin attin- gente, sectæ. Cephalothorax pube longa et prona crebre obtectus. d. Bulbus apice simplex setiformis [N. Mandersjernæ L. Koch (3)]. GC. — Oculi antici inter se paulo remotiores et in lineam paulo minus pro- curvam ordinati, medii lateralibus paulo minores. Spinulæ coxarum uniseria- tim ordinatæ. Scopulæ metatarsi 1i paris marginem interiorem articulum tantum occupantes. Scopulæ tarsorum quatuor anticorum vitta setosa (haud aculeata) longitudinaliter sectæ. Cephalothorax subglaber. d. Bulbus apice simplex setiformis [N. Simoni Cambr. (4)]. D. — Oculi præcedentium, antici in lineam sæpe magis procurvam. Spinulæ coxarum uniseriatim ordinatæ. Scopulæ metatarsorum quatuor anticorum in- tegræ. Scopulæ tarsorum quatuor anticorum in parte secunda linea duplici spinarum brevium sectæ. Cephalothorax glaber vel pilis remotis, colore fundo haud obtectis, vestitus. d. Bulbus apice plerumque bifidus, rarius simpliciter setiformis [N. Sau- pagei Dorthes (5)]. (1) N. tubifex Pocock, de l'Afghanistan, est très douteux pour le genre. Les espèces américaines qui lui ont été rapportées ne lui appartiennent pas (cf. gen. Hermacha). (2) Espèce inédite : N. arenicola, sp. nov. — ©. Long. 12 mill. — Cephalothorax pallide luridus, parce albo-pilosus. Oculi medii reliquis majores maculam nigram cordiformem occupantes. Abdomen ovatum, albo-testaceum. Chelæ fulvæ. Sternum, partes oris pedesque lurida, tibiis quatuor anlicis inferne aculeis longis tribus, uniseriatis, aculeisque interioribus binis minoribus armatis, metatarsis aculeis 3-2 inferne munitis, aculeis pedum pos- ticorum longis et gracilibus. — Corsica : Porto-Vecchio. (3) Comprenant aussi les N. suffusa, congener, Eleonora, incerta Cambr., badia Auss., corsica E. Sim. — Le terrier de toutes ces espèces est fermé d’un opercule en pellicule mince et flasque reposant sur l’orifice sans y pénétrer; il est généralement pourvu d’une bifurcation intérieure avec ou sans opercule. (4) Comprenant aussi N. crassimana E. Sim. — Le terrier de ces espèces est très simple, sans branchement ni opercule intérieur, son opercule d'entrée est en pelli- cule mince. (5) Comprenant aussi : N. cellicola Sav., barbara Lucas, hispanica Auss., alpigrada, angustaia E. Sim., Brauni L. Koch, etc. — Le terrier de ces espèces est simple et cylindrique, rarement pourvu d'un branchement (barbara Lucas), toujours dépourvu d’opercule intérieur, son opercule d’entrée est en rondelle épaisse, taillée en biseau sur les bords. 8 114 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES E. — Area oculorum saltem duplo latior quam longior. Oculi antici in lineam procurvam, valde inæquales, medii lateralibus saltem duplo minores, laterales antici posticis multo majores. Coxæ pedesque præcedentium [N. Di- dieri E. Sim. (1)]. Hermacha E. Sim., Act. Soc. Linn. Bord., 1888 (1889), p. 407. — Nemesia Bertk., Mém. Acad. Belg., 1880 (anomala, fossor.). A Nemesia differt fovea thoracica subrotunda, chelarum rastello parum distincto ex dentibus paucis longis et subsetiformibus composito, coxis pedum-maxillarium, prope basin, area crebre et tenuissime spinulosa notatis, mamillis paulo longioribus, articulo ultimo medio vix breviore, ungue infe- riore pedum quatuor anticorum vix ullo, posticorum minuto. d. Tibia antica haud incrassata, calcare apicali unico gracili instructa. Tyeus : H. caudata E. Sim. AR. GEOGR. : America merid. et Africa austr. Rachias nov. gen. — Hermachu E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr. 1891, p. 303 {ad part. dispar). A. Nemesia et præsertim Hermacha cui affinis est, differt area oculorum magis compactili, oculis quatuor anticis magnis inter se anguste et fere æque separatis et, præsertim in mare, mediis lateralibus majoribus, lineam minus procurvam formantibus, utrinque oculis lateralibus parum disjunctis, chela- rum rastello ex dentibus validioribus et sat numerosis sed brevibus compo- sito, parte labiali et coxis pedum-maxillarium, in mare muticis, in femina parte labiali spinulis 2 vel 3 et coxis area basilari crebre spinulosa armatis, pedibus feminæ brevibus et robustis, metatarsis tarsisque quatuor anticis usque ad basin crebre et integre scopulatis, tarsis posticis scopulis raris et linea setosa sectis, pedibus maris longis, versus extremitates gracillimis valde et creber- rime aculeatis, tarsis posticis utrinque aculeatis, sed tibia antica haud calca- rata, ungue inferiore pedum anticorum nullo vel vix ullo, posticorum parvo, mamillis superioribus ut in Nemesia crassis, articulo ultimo medio multo bre- viore. Typus : R. dispar E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : Brasilia. (1) Espèce inédite : N. Didieri, sp. nov. — ©. Long. 17 mill. — Cephalothorax pallide luridus, pilis pronis pallide-flavis vestitus et in parte cephalica crinis longis paucis erectis unise- riatis munitus. Abdomen longe oblongum, albido-luridum, parce flavido-pubescens, antice leviter fusco-reliculatum, postice lineis transversis exillimis arcuatis inter se remotis et vix expressis notatum. Sternum, pedes-maxillares pedesque lurida, tarsis, “ræsertim anticis, leviter infuscatis. Chelæ subnigræ. — Algiria : Hoûdna. — Le terrier est simple, son opercule est mince, mais rigide. FAMILLE DES AVICULARIIDÆ 115 Spiroctenus E. Sim., Act. Soc. Linn. Bord., 1888 (1889), p. 408. Nemesiæ affinis et cephalothorace similis, area oculorum convexiore et vix 1/3 latiore quam longiore, spatio inter oculos laterales oculo postico paulo angustiore, oculis lateralibus anticis a margine frontali anguste separatis, chelarum rastello (in mare) ex dentibus debilioribus et uniseriatis composito, tarsis quatuor anticis metatarsisque in parte apicali (in mare) sat crebre sco- pulatis sed tarsis posticis simpliciter setosis, cunctis muticis, unguibus supe- rioribus dentium numerosorum serie unica sinuosa fere S designante munitis, dentibus versus basin longioribus, ungue inferiore minutissimo, distin- guendus. & Tibia antica ad apicem calcare interiore calcareque inferiore sat gracilibus et curvatis instructa, metatarsus anticus curvatus et valde aculeatus. Typus : S. personatus E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : Africa max. austr. Arbanitis L. Koch, Ar. Austr. 1874, p. 491. — Pholeuon L. Koch, loc. cit., 1873, p. 472 (olim, nom. preocc.). — Nemesia Cambr., Tr. N.-Zeal. Inst., VIII, 1877, p. 284 (ad part. Güilliesi). A. Nemesia differt oculis anticis inter se distantioribus et lineam valde pro- curvam designantibus ([margine antico mediorum pone marginem posticum lateralium sito), æquis vel mediis paulo minoribus, spatio inter laterales oculo latiore, posticis anticis paulo minoribus, chelarum rastello ex dentibus mino- ribus numerosis, in series plurimas ordinatis, composito, scopulis tarsorum et metatarsorum quatuor anticorum crassis, tarsis posticis setosis et inferne aculeatis, unguibus prope basin, dentibus paucis longis subgeminatis et uniseriatis armatis. d' Tibia antica calcare apicali valido instructa, tibia pedum-maxillarium valde inflata inferne ad apicem fovea magna crenulato-marginata insigniter impressa. Txpus : A. longipes L. Koch. AR. GEOGR. : Nova-Hollandia et Nova-Zealandia. Genysa E. Simon, Ann. Soc. ent. Fr., 1885, p. 235. Arbanitidi valde affinis sed area oculorum magis transversa et a margine antico cephalothoracis parum separata, oculis anticis in lineam multo minvs procurvam, inter se sat late distantibus, mediis lateralibus paulo majoribus, unguibus superioribus tarsorum anticorum prope basin dentibus binis stricte geminatis longis et iniquis, posticorum dentibus binis longis sed disjunctis instructis, tarsis cunctis (saltem in mare) aculeatis differt. Tegumenta ut in Arbanitide crebre pubescentia. Pars labialis convexa, haud vel vix latior quam longior, cum coxis pedum-maxillarium (4) omnino mutica. Impressiones sterni ovatæ et obliquæ, a margine laterali quam inter se paulo remotiores, chelarum dentibus rastelli parvis et subinordinatis. Tibia antica versus apicem leviter incrassata, ad apicem calcaribus binis 116 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES sat longis instructa. Metatarsi cuncti longi et graciles, tarsi antici metatarsis tenuiores et multo breviores. Pedum-maxillarium tibia ovata extus ad apicem area spinulosa semicirculari munita. Typus : G. bicalcarata E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : ins. Madagascar. Scalidognathus Karsch, Berl. Ent. Zeitschr., XXXVI, 1891, p. 269. — Mygale O. P. Cambr., Linn. Soc. J. Zool., X, 1869, p. 373 (M. radialis). À Genysa, cui valde affinis, differt tegumentis glabris parce setosis, oculis anticis inter se minus distantibus, æquis (S), vel mediis minoribus et spatio inter laterales oculo haud latiore, impressionibus sterni inter se quam ad marginem cephalothoracis plus duplo distantioribus, chelarum rastello ex dentibus validis numerosis et fere inordinatis composito. — Scopulæ tarsorum et metatarsorum quatuor anticorum rarepiles. Tarsi cuncti pluriacuelati, (9) ungues superiores dente subbasilari unico et longo tantum armati, (3) ungues superiores tarsorum anticorum serie unica dentium 7 (radialis) vel 11 (oreo- phila), posticorum 5 armati. © Pedes longi, tibia antica haud incrassata, inferne ad apicem leviter am- pliata et aculeis validis tribus instructa sed haud calcarata, metatarso gracili et leviter curvato, tarso longo metatarso haud breviore. Tibia pedum-maxil- larium valde inflata, extus ad apicem area dentata munita. Typus : S. radialis Cambr. (1). AR. GEOGR. : insula Taprobane. Nora. Le Dr Karsch a indiqué très sommairement (in Zeitschr, f. d. Ges. Naturw., LI, 1878, p. 820) les caractères de deux genres australiens qu’il dit voisins des Arba- nilis : tous les caractères donnés pour distinguer le genre Misgolas (type M. rapax) me paraissent tenir au sexe; le genre Hermeas (type H. crispus, de Tasmanie) serait caractérisé par la plus grande distance du bord frontal au groupe oculaire. Nemesia tubifex Pocock, Trans. Linn. Soc. Lond., 2° ser., V, 1889, p. 412, pl. xi1, fig. 2, de l'Afghanistan, est de classification incertaine. 5e Sous-famille BAR YCHELINÆ. Cette sous-famille commence la série des Aviculariides à deux griffes tar- sales, accompagnées de longs fascicules de scopula qui font paraître l’extré- mité de leurs tarses bilobée. À part ce caractère, les Barychelinæ se rappro- chent beaucoup des Ctenizinæ, principalement des Nemesia, auxquels ils ressemblent par leurs téguments presque toujours pubescents. Ils s’en rap- prochent également par leurs mœurs ; ils sont, en effet, presque tous terricoles et leur procédé de construction est le même, car leurs chélicères sont, à part (1) S. seliceps Karsch en est synonyme; j'en ai trouvé une seconde espèce à Ceylan, S. oreophila E. Sim. FAMILLE DES AVICULARIIDÆ 117 de rares exceptions (Sason), pourvues d’un râteau, dont les dents sont à la vérité plus fines que chez la plupart des Cfenizinæ et souvent même assez difficiles à distinguer des crins (Idiommata). Leurs filières supérieures sont épaisses et assez courtes comme celles des Ctenizinæ et leur dernier article est presque toujours petit et subarrondi, il a cependant une tendance à s’allonger dans les genres Euthycælus et Epi- pedesis ; leurs filières inférieures sont très petites et étroitement con- niventes (fig. 109), elles font com- plètement défaut dans le genre anormal Diplothele (fig. 110). Indé- Fig. 109. Fig. 110. pendamment de fascicules un- gueaux très développés, tous leurs tarses et leurs métatarses anté- rieurs, sont garnis de scopula épaisses, presque toujours divisées, au moins aux paires postérieures, par une bande de crins ; les épines, au moins chez les femelles, sont rares et espacées aux pattes antérieures, mais plus nombreuses aux postérieures. Barychelus. Diplo!hele. Filières vues en dessous. Les mâles ont les tibias antérieurs pourvus d’un éperon apical inféro- interne, qui est court, mais surmonté d’une ou deux épines longues et plus ou moins arquées. Le tarse de la patte-mâchoire est remarquable en ce qu'il se prolonge presque toujours au delà du bulbe ; le plus souvent sa partie termi- nale est tronquée obliquement avec l’angle supérieur saillant très obtus et inégalement bilobé; chez les Leplopelma, cette extrémité tarsale est tronquée et marquée d’une fossette pileuse. Les griffes tarsales sont fines et longues, quelquefois mutiques, le plus souvent pourvues, vers le milieu de leur longueur, d’un petit nombre de dents courtes. fe Les Barychelinæ se répartissent en trois groupes : dans le premier, les yeux ont une grande analogie avec ceux des Tdiops; dans les deux autres, le groupe oculaire est normal; dans le troisième, les chélicères, dépourvues de râteau, sont très courtes et ressemblent à celles des Miginæ. 1. Area oculorum longior quam latior vel saltem haud latior. Oculi laterales antici ante reliquos siti ut in {diopi.......... Barycheleæ. — Area oculorum compactilis, latior quam longior, rarius rotunda.…. de 2, Spatium inter oculos laterales diametro oculo angustius vel saltem haud latius. Chelæ normales. ................... Leptopelmateæ. — Spatium inter oculos laterales diametro oculo saltem duplo latius. Chelæ parvæ, subverticales. Ungues tarsorum semper mutici. Sasoneæ. 118 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES 1. BARYCHELEÆ | gate MO Ce premier groupe est caractérisé par la forme de l’aire oculaire qui est au moins aussi longue que large (excepté dans le genre Sipalolasma) et souvent même un peu plus longue, disposition qui résulte de la courbure exagérée de la première ligne, dont les yeux latéraux, beaucoup plus avancés que les médians, sont situés au bord frontal, tandis que les médians sont rapprochés des quatre yeux de la seconde ligne, qui sont beaucoup plus petits. Les yeux paraissent ainsi former deux groupes comme chez les Idiops (fig. 111), au point que plusieurs espèces ont été décrites sous ce nom générique par des auteurs qui avaient négligé l’étude des griffes tarsales. Il faut dire cependant que la séparation des deux groupes est toujours beaucoup moins prononcée que chez les Idiops, souvent à peine plus que chez les Cyrtauchenius et les Aganippe, et que les deux yeux frontaux sont toujours assez largement séparés l’un de l’autre; dans le genre ambigu Sipalolasma (fig. 114), le groupe oculaire BACS No 0 Fig. 111. Fig. 112. Fig. 113. Fig. 114. Barychelus. Barychelus. Homoeoplacis. Sipalolasmu. Yeux. Râteau. Râteau. Yeux. entier est même plus large que long, et la disposition de ses yeux est inter- médiaire à celle des Barychelus et des Leptopelma. La pièce labiale est presque toujours plus large que longue (excepté chez les Idioctis) et mutique, elle n'offre que très rarement (Pisenor, Sipalolasma) au sommet une simple ligne de spinules ; les spinules basilaires des hanches des pattes-mâchoires sont très peu nombreuses et rarement disposées sur plusieurs rangs ou en groupe indé- fini (Sipalolasma). Les scopula des tarses postérieurs sont toujours divisées par une bande de crins plus ou moins nette, celles des tarses et métatarses anté- r'eurs sont entières, elles n’offrent que très rarement des traces de division (Pisenor). Le terrier des Barycheleæ, au moins celui des trois espèces qui ont été obser- vées : Idioctis helva L. Koch, Idiophthalma pantherina E. Sim. et Sipalolasma Ellioti E. Sim., est fermé d’un opercule assez mince, mais rigide et de forme très régulière. Le terrier de l’Idioctis helva L. Koch, de l’île Ovalau, qui a été figuré par L. Koch (Ar. Austr., pl. xxvr1), se divise, à une faible distance de l’entrée, en deux branches divergentes : l'une horizontale, l’autre verticale ; il est garni d'un fourreau soyeux entier et fermé d’un opercule presque rond. Le terrier de l’Idiophthalma pantherina E. Sim., que j’ai observé au Venezuela, est peu profond, simple, sans branchement, mais légèrement élargi vers le fond, il est entièrement garni d’un fourreau de tissu léger, teinté de fauve près de l'entrée, et adhérant aux parois. Ce terrier est fermé d’un opercule arrondi, fixé par une large charnière, mince, mais rigide et reposant sur l’ori- FAMILLE DES AVICOULARIIDÆ 119 fice sans y pénétrer ; sa face externe est recouverte de terre grenue non dis- tinctement disposée par couches, plane avec un léger rebord marginal ; sa face interne est lisse et garnie d’une toile d’un fauve lustré, parfaitement homo- gène, sans trace de trous ni de réseau ; ses bords sont largement et insensi- blement taillés en biseau; quand il est relevé, cet opercule ressemble à s’y méprendre, à certaines graines discoïdes. Le terrier de Sipalolasma Ellioti E. Sim., que j'ai observé dans le sud de l’île de Ceylan, est également simple et court, mais il se dilate dans le fond en forme de chambre spacieuse et son revêtement entier est léger et blanc ; son opercule est semi-circulaire et inséré à la partie inférieure de l'orifice comme celui des Pachylomerus. Le groupe des Barycheleæ est représenté dans l'Afrique australe tropicale par les genres Cyphonisiu et Pisenor, et, aux îles Marcaraignes, par le genre Tigidia. Les genres Diplothele, Plagiobothrus et Sipalolasma habitent l'Inde et l’île de Ceylan. L'Australie et la Papuasie ont en propre les genres Idiommata et Triltame ; l'unique espèce du genre Idioctis est propre à l'ile Ovalau, et le genre Barychelus est particulier à la Nouvelle-Calédonie. Dans le Nouveau Monde, les genres Sérophæus et Homæoplacis n’ont chacun qu’une seule espèce du bassin de l’Amazone, tandis que le genre Idiophthalma a des représentants au Venezuela, en Colombie, dans l'Ecuador et au Brésil. GENERA L., Minister Ne AE NO Diplothele. — Mamillæ quatuor........ SORA Eu EE RE RO LE RE AE Ne : 2. 2. Oculi antici ad marginem frontalem late distantes (sec. L. Koch). of ep ANS D ES OR PERS CE Ce CRE ... Trittame. — Oculi antici ad marginem frontalem siti. ................ sac 3. 3. Pars labialis longior quam latior vel saltem haud latior...... EE 4. Rte DA Ne latiOonquaMIONCIOr 20 NN PSE D. 4. Fovea thoracica transversa recta. Pars labialis longior quam lation (Étant ae . Idioctis. — Fovea thoracica procurva semilunaris. Pars labialis parva æque i lonetaclatanéec Karsch} Pere ne Te nne :e Plagiobothrus. ». Chelæ apice prominentes et processu obtusissimo et dentato mu- AE S LOMME Mois RP EE PAR RDA A ETS AA AE DNA ET De 6. — Chelæ apice rotundæ et rastello ordinario munitæ......,........ 8. 6. Fovea thoracica subrecta. Processus chelarum inordinate et mi- HUE dENtALUS ARE LU DO CICR ................ Barychelus. — Fovea thoracica valde procurva et semilunaris. ............. er 7 7. Oculi medii areæ secundæ magni frontalibus haud minores. Me- tatarsi antici tarsis longiores et paulo crassiores. Processus chelarum dentibus validis et obtusis quinque regulariter unise- ratsarmatus. .41:00.:,..0.................... Homœæoplacis. 120 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES — Oculi medii areæ secundæ mediocres, frontalibus minores. Me- tatarsi antici tarsis nec crassiores nec longiores. Margo apicali chelarum dentibus uniseriatis atque ad angulum processu grosse et inordinate dentato munitus...................... Tigidia. 8. Area oculorum circiter 1/3 latior quam longior, utrinque paral- lela. Pars labialis ad apicem spinulis uniseriatim ordinatis mu- LE NO IE DD 0 Des CA DNS DOS PA © CO Sipalolasma. — Area oculorum haud latior quam longior vel sæpius paulo lon- gior,.et postice quam antice paulo lation. 9. 9. Fovea thoracica valde procurva. Pars labialis mutica, non multo ÉO Meme EE oo noee doscocergoacos Idiophthalma. — Fovea thoracica recte transversa seu leviter recurva............ 10. 10. Area oculorum antice quam postice paulo angustior. Fovea tho- racica leviter recurva. Dentes rastelli minutissimi...... Cyphonisia. — AÂrea oculorum subparallela. Fovea subrecta. Rastellus normalis. . 11. 11. Pars labialis plus triplo latior quam longior, serie transversa spinularum armata. Coxæ intus ad basin spinulis paucissimis UNIS LIAISON ER RP PEUR INR ER AA Pisenor. — Pars labialis haud triplo latior quam longior et mutica. Coxæ intus ad basin spinulis 8-10 pluriseriatis armatæ...... Idiommata. Barychelus E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1888, p. 245. Cephalothorax crassus, antice posticeque fere æqualiter attenuatus, parte cephalica in ® convexa in d humili, fovea transversa et subrecta. Area oculo- rum vix longior quam latior et -antice quam postice paulo angustior. Oculi duo antici magni ovati et obliqui, ad marginem anticum siti, spatio oculo in © latiore in d' paulo angustiore a sese distantes. Oculi antici areæ secundæ paulo majores et inter se minus separati. Oculi postici parvi, lineam rectam designantes, utrinque subcontigui, interior (medius) exteriore minor (fig. 111). Chelæ ad apicem processu magno obtusissimo minute et inordinate dentato munitæ (fig. 112). Pars labialis latior quam longior, truncata et mutica. Coxæ prope basin spinulis paucis et uniseriatis munitæ. Sternum longius quam latius, planum. Pedes feminæ robusti et breves, antici parcissime, postici sat numerose aculeati, tarsi cuncti, metatarsique quatuor antici crebre sco- pulati, scopulæ tarsorum 4 paris linea setosa sectæ. Pedes maris longiores et graciliores, tibia antica cylindracea, valde aculeata, intus ad apicem calcare brevi, sed spinam longam acutam et curvatam gerente ; metatarsus gracilis, versus basin rarius scopulatus et aculeo valido munitus. Bulbus spina sim- plici et arcuata. Tyeus : B. badius E. Sim. (sp. un.). AR. GE0GR. : Nova-Caledonia. Homæoplacis E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1892. À Barychelo differt fovea thoracica minore et procurva, area oculorum evi- FAMILLE DES AVICULARIIDÆ 121 denter latiore postice quam antice et oculis frontalibus spatio oculo angus- tiore a sese distantibus, chelis apice, ad angulum interiorem, paululum pro- minentibus et dentibus rastelli quinque uniseriatis validis et subacutis armatis (fo 115): Tyeus : H. pentodon E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR.: Brasilia. Tigidia E. Sim. Ann. Soc. ent. Fr., 1892. Ab Homæoplacidi differt fovea thoracica multo majore et valde procurva, oculis frontalibus inter se latius remotis, oculis anticis areæ secundæ multo minoribus, chelis ad marginem apicalem serie dentium atque ad angulum processu obtuso grosse pluridentato instructis, tarsis anticis metatarsis nec brevioribus nec angustioribus. Tyeus : T. mauriciana E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : Ins. Mauricia. Cyphonisia E. Sim., Act. Soc. Linn. Bord., 1888 (1889), p. 409. Cephalothorax Barycheli, fovea profunda, subrecta, levissime recurva. Area ‘ oculorum convexa, paulo latior quam longior, et antice quam postice paulo angustior. Oculi duo antici magni, ovati et obliqui, ad marginem anticum siti, spatio oculo fere duplo latiore a sese separati, medii areæ secundæ fron- talibus paulo majores et a sese multo minus separati, postici parvi in lineam subrectam, utrinque subcontigui, interior (medius) exteriore minor. Chelæ apice rotundæ, haud productæ, rastello ex dentibus minutissimis 8-10 regulariter uniseriatis composito, instructæ. Partes oris pedesque Barycheli sed metatarsis quatuor anterioribus omnino muticis, et apice metatarsorum posticorum minute scopulato. Typus : C. obesa E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : Africa trop. occid. Idiommata Auss., Verh. z. b. G. Wien, 1871, p. 183. — Idiops Cambr., P. Z. S. L., 1870, p. 154 {ad part. Blackwalli). — Idiommata L. Koch, Ar. Austr., 1874, p. 474. — Encyocrypta E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1888, p. 247 (typus E. meleagris). Cephalothorax oculique Cyphonisiæ sed fovea recte transversa. Chelæ apice rotundæ, haud productæ, rastello sæpe vix distincto ex dentibus numerosis longis, tenuibus et subsetiformibus composito, armatæ. Coxæ pedum-maxilla- rium ad basin spinulis 8-10 pluriseriatis armatæ. Pedes Cyphonisiæ sed meta- tarsis anticis basi aculeatis. Pedes maris longiores et graciliores ; tibia antica cylindracea, valde aculeata, intus ad apicem calcare sat brevi sed spinas duas longas geminatas et curvatas apice gerente, instructa. Bulbus apice rectus at- tenuatus et oblique truncatus cum angulo interiore tenuiter et acute producto. Tyeus : I. Blackwalli Cambr. Ar. GEOGR. : Nova-Hollandia ; Nova-Guinea ; ins. Pelewet Nova-Caledonia. 1929 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Nora. J'avais proposé le genre Encyocrypta (Ann. Soc. ent. Fr., 1888, p. 247) pour une espèce de la Nouvelle-Calédonie (E. meleagris E. Sim.), différant des Idiommata (d'après les descriptions) par ses chélicères pourvues d’un râteau formé de dents longues et presque sétiformes. Mais j'ai pu étudier depuis un véritable Zdiommata (1. reticulata L. Koch), chez lequel j'ai constaté la présence d’un râteau exactement semblable à celui d’E. meleagris. Il ne reste donc absolument rien pour séparer les deux genres. 1. meleagris E. Sim. et reticulata L. Koch sont même deux espèces extrêmement voisines. Pisenor E. Sim., Act. Soc. Linn. Bord., 1888 (1889), p. 411. — ? Idiommata Gerstk., in Decken’s Reis. O. Af., III, 1873, p. 485. À Barychelo differt oculis anticis transversim latius remotis, spatio oculo multo latiore a sese separatis, chelis apice rotundis haud productis et rastello ex dentibus sat longis, uni vel biseriatis composito, armatis, parte labiali multo latiore quam longiore, apice lineam transversam dentatam gerente, coxis, prope basin, spinulis paucis et inordinatis munitis, tarsis cunctis scopu- latis, scopulis posticorum vitta lata setosa longitudinaliter sectis, anticorum integris vel linea setosa exillima et parum distincta sectis. Tibia antica maris apice calcaribus binis, inferiore altero majore et arcuato armata. | TyPUs : P. notius E. Sim. AR. GEOGR. : Africa trop. occid. et orient. Idiophthalma Cambr., Ann. Mag. Nat. Hist., 1877, p. 27. Cephalothorax sat longus, parte cephalica convexa, fovea profunda valde procurva et semilunari. Area oculorum haud vel parum longior quam latior postice quam antice plerumque parum latior, interdum {robusta E. Sim.) multo latior. Oculi antici ad marginem anticum siti, magni et late ovati, spatio oculo paulo angustiore a sese distantes. Oculi antici areæ secundæ majores, inter se appropinquati. Oculi postici in lineam rectam, interior (medius) altero minor. Partes oris Barycheli. Chelæ apice rotundæ, rastello ex dentibus longis (6-7) confertis et uniseriatis composito armatæ. Pedes Bary- cheli sed tibiis anticis magis aculeatis (g' ignotus). Typus : 1. suspecta Cambr. À Ar. : GEOGR. : America merid. : Venezuela, Colombia, Ecuador et Brasilia. Diplothele Cambr., Proceed. Zool. Soc. Lond., 1890, p. 621. Cephalothorax ovatus, parte cephalica sat convexa, fovea procurva semilu- naris. Area oculorum paulo longior quam latior, feminæ subparallela, maris postice quam antice evidentius latior. Oculi antici in margine frontali siti, sat magni, late oblongi, spatio oculo paulo angustiore a sese distantes. Oculi antici areæ secundæ paulo minores, inter se appropinquati. Oculi postici in lineam subrectam, utrinque subcontigui, laterales mediis majores. Sternum vix longius quam latius, haud impressum. Pars labialis mutica, transversa, latior quam longior. Coxæ, prope basin, spinulis paucissimis (2-3) uniseriatis FAMILLE DES AVICULARIIDÆ 193 munitæ. Chelæ feminæ sat longæ et robustæ, apice rastello ex dentibus longis et uncatis, inordinatis, instructæ, chelæ maris parvæ, subverticales, rastello carentes. Pedes robusti et breves, metatarsi tarsique quatuor antici parum dense et uniformiter scopulati, tarsi postici subtus setosi utrinque anguste scopulati. Pedes feminæ quatuor antici mutici, postici tibiis metatarsisque aculeis longis subsetiformibus armatis. Pedes maris cuncti, præsertim postici, numerose aculeati, tibia antica apice leviter incrassata et calcare brevissimo sed spinam longam gracilem et curvatam gerente, munita. Mamillæ duæ, contiguæ et robustæ, articulo basali sat longo et tereti, articulo medio duplo breviore, ultimo brevissimo et hemisphærico. Tuber anale longum angustum et acuminatum. Typus : D. Walshi Cambr. AR. GEOGR. : India et ins. Taprobane {1). Sipalolasma, nov. gen. Cephalothorax subglaber, fovea leviter procurva. Area oculorum vix 1/3 latius quam longius a margine antico vix separata. Oculi quatuor antici magni, in lineam valde procurvam (margine anteriore mediorum pone laterales sito). Oculi postici utrinque subcontigui, medius laterali minor. Spatium inter laterales oculo paulo latius (fig. 114). Chelæ apice rotundæ, dentibus rastello numerosis et contiguis sed sat gracilibus. Pars labialis latior quam longior, apice spinulis 7-8, transversim uniseriatis, munita. Coxæ ad basin area spi- nulosa munitæ. Pedes @ sat breves, antici parce, postici sat numerose acu- leati. Scopulæ tarsorum et metatarsorum anticorum integerrimæ, tarsorum (1) Le curieux genre Diplothele, décrit tout récemment par Cambridge, ne renfermait jusqu'ici qu'une seule espèce : D. Waishi Cambr., du Bengale, j'en ai trouvé une seconde espèce à Ceylan : D. Halyi, sp. nov. — ®. Long. 10 mill. — Cephalothorax fusco-olivaceus, sub- lævis et glaber, parte cephalica sat convexa, fovea mediocri sed profunda, procurva. Abdomen nigricans sat longe et parce fulvo-pubescens, antice et in lateribus fere inordinate testaceo-guttulatum, in medio maculis testaceis arcuatis uniseriatis orna- tum, subtus obscure fulvum, parce et inordinate nigricanti-notatum. Sternum, partes oris, pedesque pallide olivacea, metatarsis anticis tarsis haud longioribus, tibiis posticis subtus metatarsisque acuieis longis subsetiformibus instructis. d. Long. 9 mill. — Tegumenta longius et densius fulvo-cinereo pubescentia. Ce- phalothorax humilior. Area oculorum postice quam antice evidentius latior. Chelæ multo minores et inermes. Pedes paulo longiores, antici parce, postici numerose aculeati ; tibia 1i paris sublus ad apicem calcare gracili curvato et leviter elevato munita ; metatarso l' paris subtus ad basin aculeo unico, metatarso 2i paris aculeo inferiore aculeoque interiore submedio armatis. Pedes-maxillares sat robusti et omnino mutici; tibia patella vix longiore haud latiore, parallela ; tarso tibia vix bre- viore apice leviter attenuato et obtuso ; bulbo parvo, rufulo, anguste piriformi, spina lobo circiter æquilonga, subrecta, sed apice leviter contorta et acute bifida. Nuwara-Eliya. A: D, Walshi Cambr., cui affinis est, differt imprimis fovea thoracica majore, pictura abdominis obscuriore, metatarsis anticis feminæ tarsis haud longioribus, etc. 1 Lo] 4 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES posticorum sectæ. Ungues mutici. Pedes maris multo longiores et graciliores, tibia antica cylindracea, calcare apicali humili sed pluriaculeato munita. Typus : $S. Ellioti E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : ins. Taprobane. Nora. Ce genre fait exactement le passage des Barychelus aux Leptopelma, et il pourrait, avec autant de raison, être rapporté à l’un ou l’autre groupe. Je le main- tiens dans le premier, parce que l'intervalle de ses yeux latéraux est nettement plus large que leur diamètre et que les spinules de sa pièce labiale sont disposées sur un seul rang, comme chez les Pisenor. L'espèce type de ce genre est inédite, en voici la diagnose : S. Ellioti, sp. nov. — ©. Long. 11 mill. — Cephalothorax oblongus, antice modice attenuatus, fusco-piceus, parte thoracica lineolis obscurioribus radiantibus numerosis sed parum expressis notata, sublævis et subglaber, parce et tenuiter nigro-pilosus, parte cephalica sat convexa, fovea lata et profunda fere recte transversa. Oculi qua- tuor antici magni et subæquales in lineam validissime procurvam, medii a lateralibus quam inter se paulo remotiores. Oculi medii postici lateralibus saltem duplo minores, a mediis anticis anguste separati sed a lateralibus posticis juxte contigui. Laterales postici anticis saltem 1/3 minores, elongati, spatium inter laterales diametro magno postici saltem haud angustius. Abdomen breviter ovatum, convexum, nigro-viola- ceum, sericeo-pubescens, regione epigasteris mamillisque dilutioribus. Chelæ sat magnæ, fusco-piceæ, dentibus rastelli sat longis, numerosis, contiguis et seriatim ordinatis. Partes oris, sternum, pedes-maxillares pedesque obscure fusco-olivacea, subglabra, parce nigro-setosa. Pars labialis ad apicem spinulis paucis (6-7) lineam unicam arcuatam designantibus instructa. Pedes sat longi, tibia 1i paris leviter com-— pressa, intus aculeis setiformibus binis armata, tibia 2: paris subtus, prope medium, aculeo simili munita, metatarsi quatuor antici crasse scopulati, aculeo basali robus- tiore tantum armati, aculeo apicali carentes. G. Long. 10 mill. — Cephalothorax postice latior, sed antice magis attenuatus, pallide fuscus, rufescens, longe fulvo-sericeo-pubescens, zonis radiantibus glabris sal latis ornatus. Chelæ multo minores. Pedes multo longiores et graciliores, fulvo-sericeo- pubescentes et nigro-hirsuti. T'ibia 1i paris extus aculeis sat gracilibus tribus seriatis, intus aculeis similibus binis, ad apicem intus dente sat robusto et curvato, subtus calcare mediocri et obtuso sed apice quadridentato (dente medio reliquis robustiore) insigniter armata. Pedes postici numerose aculeati. Pedes-maxillares mediocres; tibia patella saltem 1/3 longiore, haud crassiore, apicem versus leviter attenuata, extus mutica, intus aculeis gracilibus binis apicalibusque similibus trinis armata ; tarso parvo apice profunde fisso ; bulbo subgloboso, depressiusculo, spina lobo longiore, apice gracili et leviter curvata, dimidium longitudinem tibialem haud attingente. — Ceylon : Cottawa. GENERA INVISA Trittame L. Koch, Ar. Austr., 1873, p. 482, tab. xxxvI1, fig. 2. Genre remarquable dont le mâle seul est connu, caractérisé par la grande distance qui sépare les yeux antérieurs du bord frontal, ces yeux étant plus éloignés du bord que du second groupe oculaire. La fossette thoracique est dite procurva, mais ce caractère est peu indiqué sur la figure. — Une seule espèce de la Nouvelle-Hollande : T. gracilis L. Koch. FAMILLE DES AVICULARIIDÆ 195 Idioctis L. Koch, loc. cit., 1873, p. 483, tab. xxvii, fig. 5. Paraît voisin du genre Idiommata, mais en diffère (sec. L. Koch) par la pièce labiale plus longue que large, caractère exceptionnel dans le groupe. — Une seule espèce de l’île Ovalau : I. helva L. Koch. Strophæus Ausserer, Verh. z. b. Ges. Wien, 1875, p. 166. Paraît voisin du genre Idiophthalma Cambr., mais en diffère (sec. Ausserer) par la ligne postérieure des yeux courbée en avant. — Une seule espèce de l’'Amazone : S. Kochi Cambr., décrite antérieurement par O. P. Cambridge sous le nom générique d’Idiops. . Plagiobothrus Karsch, Berl. Entom. Zeitschr., XXX VI, 1891, p. 272. « Genus generi Idioctis L. Koch finitimum, differt præsertim fovea thoracica « procurva semilunari et parte labiali parva æque longa ac lata. » — Une seule espèce : P. semilunaris Karsch, de l’île de Ceylan. 2. LEPTOPELMATEÆ Ce groupe diffère du précédent par son aire oculaire compacte, toujours plus large que longue et élevée sur un mamelon frontal bien défini; les quatre yeux antérieurs forment toujours une ligne plus ou moins courbée, mais le sommet des médians ne se trouve jamais en arrière de la base des latéraux ; l'intervalle des latéraux antérieurs aux postérieurs est presque tou- jours plus étroit que leur diamètre. Les pièces buccales diffèrent de celles des Barychelus en ce que la pièce labiale à l'extrémité, et les hanches des pattes-mâchoires à la base, sont garnies de spinules irrégulières, comme chez les Aviculariinæ, quoique moins nombreuses ; mais il y a des exceptions à cette règle, car, chez les Cosmopelma et Trichopelma, la pièce labiale est mutique. Le râteau des chélicères ne manque jamais, mais il n’est pas élevé sur une saillie angulaire de la tige, ce qui est très fréquent dans le groupe précédent. Les Leplopelma sont terricoles, mais ils ferment rarement leur terrier d’un opercule ; cet opercule, qui est toujours mince, n’existe, à ma connais- sance, que dans le genre Sfothis, dont une espèce (S. cænobita E. Sim., du Venezuela) creuse un trou peu profond et large, en forme de loge, clos d’un large opercule mince, mais rigide ; l’autre espèce (S. astutu E. Sim., du Vene- zuela) creuse une galerie plus profonde qui se recourbe en demi-cercle pour revenir à la surface, pourvue ainsi de deux orifices fermés chacun d’un oper- cule semblable. Le terrier des autres espèces reste toujours béant, mais il est quelquefois garni d’un fourreau soyeux qui se prolonge au dehors en forme de cornet évasé soutenu par des herbes (Leptopelma elongatum E. Sim., du Maroc) ; d’autres fois, l’orifice est garni d’une collerette de feuilles artistement maintenues (Psalistops). Le terrier lui-même est tantôt simple, tantôt pourvu d’un branchement aveugle qui remonte obliquement à la surface (Psalistops). 126 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Les formes les plus simples nous sont fournies par les genres Eutycælus et Epipedesis E. Sim., du Venezuela, dont la demeure consiste en un trou pro- fond et sans revêtement, ou en une galerie sinueuse creusée en tranchée et tapissée d’une toile. Le terrier atteint, au contraire, son maximum de complication chez Lepto- pelma cavicola E. Sim., d'Algérie, où il offre une première chambre en forme de loge ovale pourvue d’un couloir latéral étroit, donnant accès dans un trou profond et vertical ou puits qui est lui-même pourvu d’un petit diverticulum remontant à la surface (cf. E. Simon, Act. Soc. Linn. Bord., 1889, pl. xxx, fig. 3). Le genre Eeptopelma, qui représente seul le groupe dans l'Ancien Monde, compte deux espèces dans l'Italie méridionale, deux dans l’Afrique septen- trionale occidentale et une douteuse dans l’Afrique orientale. Tous les autres genres sont américains, les Psalistops, Euthycælus et Epipedesis n’ont encore été observés qu’au Venezuela; le genre Cosmopelma, au Brésil, et le genre douteux Acanthogonatus, au Chili ; le genre Sfothis est représenté au Venezuela et à l'île Saint-Vincent, aux Antilles; le genre Trichopelma, au Brésil et à Saint-Domingue. GENERA 4. Pars labialis apice spinulosa. Scopulæ tarsorum, saltem posterio- rum, linea setosa longiludinaliter sectæ. Ungues tarsorum HeDtATIE Re AE ARR A At RCA ET TRE AT RP 2. — Pars labialis mutica. Scopulæ integræ, posteriores setis inter- nus AUMEUNCSIEATSOTUMIMNUTICI PEER ANNEE RER RS - 6£ 2, Clypeus oculis lateralibus anticis multo latior. Scopulæ tarsorum quatuor anticorum integræ, posticorum sectæ. .,..........., 3. — Clypeus oculis lateralibus anticis angustior vel saltem haud latior. 3. Linea oculorum anticorum valde procurva. Oculi medii et laterales postici subæquales. Spatium inter laterales anticos et posticos diometro oculo haud angustius. Mamillarum articuli medius et UIMUSMSUD EQUIPE ANTENNES RER Leptopelma. — Linea oculorum anticorum multo minus procurva. Oculi medii postici lateralibus minores. Spatium inter laterales anticos et posticos dimidio diametro postico angustius. Mamillarum arti- cuusitmUs MmeMoMoNTIOr AMP E NME . Euthycælus. 4. Linea oculorum anticorum valde procurva. Spatium inter laterales anticos et posticos diametrum posticum circiter æquans. Ma- millarum articulus ultimus medio brevior et obtusissimus. ... (4 — Linea oculorum anticorum parum procurva. Spatium inter late- rales dimidio diametro oculi postici angustius. Pars cephalica humilis. Mamillarum articulus ultimus medio paulo longior et ANCUSTOP EPP RCE CT RE NET D .... Epipedesis. 5. Scopulæ tarsorum anticorum anguste posticorum latissime sectæ. Pars cephalica valde convexa. Fovea thoracica lata. .... Psalistops. FAMILLE DES AVICULARIIDÆ 127 — Scopulæ tarsorum quatuor anticorum crassæ et integræ, posti- corum anguste sectæ. Pars cephalica humilior. Fovea thoracica DSC Lt AM, en Stothis. 6. Coxæ pedum-maxillarium spinulis paucissimis 3 vel 4 uniseriatis prope basin munitæ. Coxæ pedum anticorum muticæ. Tarsi cuncti crebre scopulati sed scopulæ posticorum setis inordina- fon Eee EEE ECHEC ANNE SE CARRE - Trichopelma. — Coxæ pedum-maxillarium et coxæ pedum anticorum ad basin atque ad marginem posteriorem in parte basilari, crebre spinu- losæ. Tarsi metatarsique quatuor antici longe sed parum dense scopulati, postici setosi, cuncti fasciculis unguicularibus mu- DRE LU Had ae rave de Ne a PA RD ne tai su Al RTL Cosmopelma. Leptopelma Auss., Verh. z. b. Ges. Wien, 1871, p. 183. Cephalothorax pubescens, parte cephalica sat convexa, fovea magna recte transversa seu leviter procurva. Tuber oculorum convexum vix duplo latius quam longius, a margine antico spatio oculo laterali antico plus duplo latiore remotum. Oculi antici in lineam sat procurvam, æqui vel medii vix majores vel vix minores. Medii postici anticis multo minores, haud vel vix minores quam laterales postici, hi lateralibus anticis multo minores. Spatium inter oculos laterales latitudine posticorum haud vel vix angustius. Chelarum ras- tellus ex dentibus longis et gracilibus (sæpe setis validis subsimilibus) com- positus. Pars labialis latior quam longior, recte truncata, in parte apicali cum basi coxarum inordinate spinulosa. Pedes sat breves (IV, 1, It, rt), acu- leati. Scopulæ tarsorum densæ, metatarsorum læviores, scopulæ tarsorum quatuor anticorum integræ, quatuor posticorum vitta setosa longitudinaliter sectæ. Tarsi normales, metatarsis haud vel vix angustiores. Mamillæ supe- riores breves et crassæ, articulo basali reliquis longiore, articulis 2° et 3° subæquis hic angustiore et conico. Tibia antica maris parallela intus calcare apicali spiniformi gracili curvato atque acuto armata. Tarsus pedum-maxil- larium angustus, parallelus, bulbum superans, apice truncatus et fovea pilosa munitus. Tyeus : L. transalpinum Auss. AR. GEOGR. : Italia merid., Barbaria et Africa orient. Psalistops E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1889, p. 196. À Leptopelmati differt oculis lateralibus anticis a margine frontali anguste separatis, oculis mediis posticis minutissimis lateralibus saltem duplo mino- rfibus, scopulis tarsorum quatuor anticorum anguste sectis, quatuor postico- rum latissime sectis (in tarsis 4i paris vitta setosa latitudinem articuli totam fere occupante), mamillis articulo apicali obtusissimo, medio breviore atque ad basin haud angustiore. Tibia antica maris Leptopelmatis sed tarsus pedum- maxillarium brevior bulbum vix superans, apice obtusissime bilobatus. Typus : P. melanopygia E. Sim. AR. GEOGR. : America merid. : Venezuela. 198 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Stothis E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1889, p. 198. À præcedenti cui valde affinis, cephalothorace oculisque subsimilibus, differt imprimis scopulis tarsorum et metatarsorum quatuor anticorum integerrimis et crassis, scopula tarsorum 3 paris linea setosa exili basin articuli haud attingente, scopula tarsorum 4i paris linea setosa integra et sat angusta, lon- gitudinaliter sectis. Typus : S. cœnobita E. Sim. AR. GEOGR. : America merid. : Venezuela et Antilliæ. Euthycælus E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1889, p. 200. s À Leptopelmati differt oculorum linea antica multo minus procurva, oculis mediis posticis lateralibus evidenter minoribus et spatio inter laterales anticos et posticos dimidio oculo postico angustiore, spatio inter oculos anticos et marginem frontalem oculis anticis vix duplo latiore, mamillarum articulo apicali medio evidenter longiore et subtereti. Typus : E. colonica E. Sim. AR. GEOGR. : America merid. : Venezuela. Epipedesis E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1889, p. 202. À Leptopelmati differt cephalothorace humiliore, fovea minore sed magis procurva, oculorum linea antica multo minus procurva, oculis mediis posticis plerumque majoribus, spatio inter laterales posticos et anticos oculo postico angustiore, spatio inter laterales anticos et marginem frontalem oculo paulo angustiore, scopulis quatuor anticis anguste et sæpe parum distincte sectis, sed scopulis posticis valde sectis, mamillarum articulo ultimo medio paulo longiore et angustiore vel saltem haud breviore. Typus : E. montigena E. Sim. AR. GEOGR. : America merid. : Venezuela. Cosmopelma E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1889, p. 217. Leptopelmati sat affine. Cephalothorax fere glaber, parte cephalica sat con- vexa, fovea lata lineari et procurva. Tuber oculorum leviter convexum, saltem duplo latius quam longius, a margine antico spatio oculo antico plus triplo latiore sejunctum. Oculi antici in lineam subrectam, vix procurvam, fere æquidistantes, medii paulo majores. Medii postici mediis anticis et lateralibus posticis multo minores. Laterales antici et postici inter se subcontigui, postici paulo minores. Chelæ, desuperne visæ, breves, rastello simplici, ex dentibus parvis paucis (4-5) uniseriatis composito, ad marginem apicalem munitæ. Pars labialis plus duplo latior quam longior, recte truncata et mutica. Coxæ pedum-maxillarium et coxæ pedum anticorum, ad basin atque ad marginem, in parte basali, crebre spinulosæ. Pedes brevissimi et robusti, IV, ï, It, IT, acu- leati, tarsi metatarsique quatuor anteriores longe et parum dense scopulati, tarsi quatuor posteriores simpliciter setosi. Ungues tarsorum mutici. Typus : C. decoratum E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : Pragilia. FAMILLE DES AVICULARIIDÆ 129 Trichopelma E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1888, p. 215. Cephalothorax et oculi fere Leplopelmatis, sed oculis anticis majoribus et inter se minus remotis, spatio inter laterales dimidio oculo latiore. Pars labialis mutica, multo latior quam longior. Coxæ pedum-maxillarium spinulis paucis- simis 3 vel 4 et uniseriatis prope basin munitæ. Pedes sat breves (1v, I, It, it) aculeati, tarsi cuncti metatarsique quatuor antici crebre scopulati, scopulæ tarsorum cunctorum haud sectæ sed posticorum setis validis inordinatim in- termixtæ. Ungues tarsorum (saltem in femina) omnino mutici. Mamillæ superiores robustæ et breves, articulo 2° 1° breviore et angustiore, ultimo mi- nutissimo hemisphærico. Tibia antica maris apice calcaribus binis, inferiore altero longiore et intus inflexo, instructa. Tarsus pedum-maxillarium apice parum productus et obtusissime bilobatus. Typus : T. nitidum E. Sim. AR. GEOGR. : Antilliæ : ins. Santo-Domingo; Brasilia. GENUS INVISUM ET INCERTUM Acanthogonatus Karsch., Zeischr. f. d. G. Naturw., LIII, 1880, p. 391. Le D" Karsch a décrit très sommairement sous ce nom un genre qu’il dit très voisin des Leptopelma, dont il différerait surtout par l’armature des pattes. — Une seule espèce : 4. Francki Karsch, du Chili. 3. SASONEÆ Le genre Sason me paraît se rattacher à la sous-famille des Barychelinæ, dont il offre les principaux caractères, notamment ceux des filières et des fascicules ungueaux. Il est remarquable par ses chélicères dépourvues de râteau, bombées, mais brusquement abaissées en avant, ce qui les fait paraître très courtes, comme celles des Miginæ. Le céphalothorax, dont la fossette est recourbée (recurva), est court, large et peu convexe; le groupe oculaire, qui n’est pas élevé sur un ma- melon défini comme chez les Leptopelma, est grand, et les quatre yeux antérieurs sont 4 CM © dpi en ligne tellement courbée ® Le) jo. qu’elle semble en former deux, comme chez les Bary- Fig. 115. Fig. 116. cheleæ. La pièce labiale est Sason robustum Cambr. Sason robustum Cambr. plus grande que dans les Yeux. Pieces buccales. groupes précédents, plane et tronquée droit au sommet où elle est armée, chez la femelle, d'une série régulière de grosses dents rappelant celles des Paratropis. Les pattes courtes et peu inégales sont presque mutiques chez les femelles; elles ne diffèrent pas autrement de celles des Leptopelma; chez les mâles, elles sont plus longues et armées d’épines grêles ; le tibia de la première paire offre, au sommet, un éperon simple, grêle, spiniforme et courbe; la patte-mâchoire est exactement celle des Leptopelma. 9 130 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES ‘Les Sason ne sont point terricoles et leur industrie a une certaine analogie avec celle des Miginæ. — La coque d’habitation qu’ils construisent sur les écorces et les vieux murs est très remarquable, en ce qu’elle est presque entie- rement formée de deux opercules presque juxtaposés du côté de la charnière, qui est largement tronquée; le milieu de la coque est plus ou moins relevé et chacun des opercules est également incliné, mais en sens inverse. Le tissu de cette coque est épais et élastique, il est blanc. et lisse à l’intérieur, ru- gueux et mêlé de débris à l'extérieur pour se confondre avec les surfaces voisines. J'ai observé, à Ceylan, les deux sexes de Sason robustum Cambr. et j'ai reconnu que mon genre Saizicus, décrit sur un mâle des iles Andaman, reposait uniquement sur un caractère sexuel. Le genre Sason est représenté à Ceylan et aux îles Andaman; le genre Rianus Thorell, qui appartient peut-être au même groupe, est propre à l’ile de Pinang. Sason E. Sim., Soc. ent. Fr. Bull., nov. 1887. — Sarpedon Cambr., P. Z.S. L., 1883, p. 353 (nom. preocc.). — Satzicus E. Sim., Journ. Asiat. Soc. Beng., LVII, 1888 (1887), p. 287 (typus : S. andamanicus). — OŒEcophlæus Pocock, Ann. Mag. Nat. Hist., 1892, p. 49 (typus : OE. cinctipes). Cephalothorax brevis et latus, utrinque ample rotundus, humilis, fovea thoracica recurva. Area oculorum magna, haud duplo latior quam longior. Oculi quatuor antici inter se fere æque et sat late distantes in lineam validis- sime procurvam ordinati, medii pone medium aream siti, lateralibus plus minus majores. Laterales a margine antico cephalothoracis vix separati. Oculi postici parvi et subæqui utrinque subcontigui. Spatium inter oculos laterales latissimum. Pars labialis paulo latior quam longior, plana et apice recte secta, in mare omnino mutica in femina apice spinulis grossis uniseriatis munita. Coxæ pedum-maxillarium maris muticæ, feminæ ad basin spinulis paucis inordinatis munitæ. Sternum postice utrinque impressione parva sub- marginali præditum. Pedes feminæ breves parum inæquales et mutici, maris longiores et aculeis paucis -gracilibus armati. Metatarsi tarsique quatuor antici usque ad basin crebre scopulati, metatarsus 31 paris ad apicem tar- susque scopulati sed linea setosa exili secti, metatarsus 4 paris haud scopu- latus, tarsus subtus setosus utrinque leviter scopulatus. Ungues tarsorum longi, graciles et omnino mutici (1). Tibia antica maris haud incrassata, intus ad apicem calcare simplici spiniformi et curvato armata. Tyeus : S. robustum Cambr. AR. GEOGR. : ins. Taprobane et ins. Andaman. (1) Chez le mâle de S. robustum, les griffes de la première paire de pattes offrent, vers le milieu, une très petite dent. FAMILLE DES AVICULARIIDÆ 131 GENUS INVISUM ET INCERTÆ SEDIS Rianus Thorell, Ann. Mus. civ. Gen., XXX, 1890, p. 276. C’est probablement près du genre Sason qu’il faudra placer le genre Rianus Thorell ; ses chélicères, dépourvues de râteau, sont de même forme. Mais il en diffère, d'après Thorell, par sa fossette thoracique légèrement procurva, son groupe oculaire aussi long que large et plus étroit en avant qu’en arrière, comme chez les Idiommata; ses pattes armées d’épines espacées, ses griffes tarsales pourvues de deux dents. — Une seule espèce : R. atratus Thorell, de l’île de Pinang. 6° Sous-famille AVICULARIINÆ. Cette sous-famille renferme toutes les espèces auxquelles s'applique le plus souvent le nom de Mygale ; la plupart sont remarquables par leur grande taille et leurs formes robustes, les plus petites (Ischnocolus) descendent à peine au- dessous de la moyenne. Comme dans la sous-famille précédente, les griffes sont au nombre de deux; il n’y a d’exception à cet égard que dans les genres Mitothele (Ischnocoleæ) et Chilobrachys (Phlogieæ) où la plantula est armée d’une petite pointe simulant une griffe inférieure; ces griffes sont fines, courbées seulement dans leur partie terminale, souvent mutiques, souvent aussi armées, vers le milieu de leur longueur, d’un petit nombre de dents courtes et uni- sériées, elles sont toujours accompagnées de fascicules ungueaux débordant l’extrémité des tarses qui parait bilobée (fig. 118) ; en dessus, cette extrémité présente aussi un groupe de poils longs et courbes qui recouvrent les griffes et leurs fascicules, ce qui est surtout bien visible chez les Avicularia (fig. 120). Les pièces buccales sont très uniformes dans tous les genres ; les lames- maxillaires sont parallèles, rarement un peu saillantes à l’angle supéro- interne (Phlogius), et leur base offre toujours un groupe plus ou moins étendu et de forme indéterminée de spinules serrées ; la pièce labiale, qui est presque carrée et libre, est garnie dans sa partie terminale, qui est plus ou moins convexe, de spinules semblables, mais encore plus serrées, souvent confluentes et formant râpe; il arrive cependant quelquefois que les spinules labiales soient plus espacées, notamment chez les Phryxotrichus, Encyocrates, Para- physa qui appartiennent cependant à des groupes différents. Les chélicères sont toujours dépourvues de râteau. Les filières supérieures sont longues et formées de trois articles cylindriques et presque égaux; les inférieures sont petites, non conniventes, mais leur intervalle est rarement plus large que leur diamètre. Les tibias antérieurs des mâles sont tantôt mutiques, tantôt armés de deux éperons dont l’inférieur est presque toujours plus long que l’interne et courbé. Les scopula, toujours épaisses, qui garnissent le dessous des tarses et des métatarses méritent une attention spéciale, car ce sont elles qui four- nissent en grande partie les caractères propres des groupes; elles sont tantôt entières et uniformes (scopulæ integræ) (fig. 120), tantôt divisées longitudina- lement par une bande de crin (scopulæ sectæ) (fig. 119); cette bande s’observe tantôt aux tarses des quatre paires (Ischnocolus), tantôt aux postérieurs seule- ment ; dans certains cas (Chætorrhombus) (fig. 117), elles sont remplacées par 4 132 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES un petit espace pileux rhomboédrique situé sous les griffes et ne divisant que l’extrémité de la scopula. Une division s’observe aussi quelquefois aux scopula des métatarses de la quatrième paire seulement. Les scopula métatarsales s'étendent ordinairement jusqu’à la base de l’article aux deux premières paires, tandis qu’aux postérieures elles n’occupent que leur partie terminale, leur plus ou moins d’étendue est souvent à considérer. Fig. 117. Fig. 118. His A4; Fig. 120. Chaetorrhombus. Adranochelia. Ischnocolus. Avicularia. Tarse en dessous. Fascicules ungueaux. Tarse en dessous. Les Aviculariinæ creusent rarement de véritables terriers (Phlogius), mais ils profitent souvent des cavités naturelles du sol ou des troncs d’arbres pour y établir leur demeure, qu'ils tapissent d’une toile de tissu serré, mais léger et transparent, toujours moins étendue que celle des Diplurinæ et sans retraite tubiforme. Ils sont nocturnes, se mettent, le soir, à l'affût pour saisir leur proie qui consiste presque toujours en gros Coléoptères; c’est à tort qu’on à attribué aux grosses espèces de l'Amérique du Sud l’habitude de poursuivre les oiseaux-mouches. Ils enveloppent leurs œufs, qui sont nom- breux et non agglutinés, d’un cocon de tissu blanc et flasque, que certaines espèces portent dans leurs chélicères jusqu’à l’éclosion. Les Aviculariinæ sont répandus dans toutes les régions tropicales et sub- tropicales du monde, mais ils sont surtout abondants dans l’Amérique du Sud. Cette sous-famille se divise en dix groupes : 1. Scopulæ tarsorum (saltem posticorum) linea setosa longitudina- HÉCTABEC Le MAC ee re NA Eee TR NE ES 2. — COpulæ Ars OrumNnteENn Re PE CCE EEE CC CC CU LLC LE ÿ. 2. Scopulæ tarsorum cunctorum sectæ............... .... Ischnocoleæ. — Scopulæ tarsorum posticorum tantum sectæ...... ............ 3. 3. Scopulæ tarsorum 3ï et 4i parium sectæ............ Chætopelmateæ. —. SCopulæ tarsorum A paris FANEUM SEC... ee cree 4. APPPedesnumeroseaculeati eee PP ec ee ........ Crypsidromeæ. — Pedes, aculeis apicalibus metatarsorum posticorum exceptis, DD LD FL ARENA A CR LA AN PERLE PTS SR LUE USE AE DESSERT Phlogieæ. SMPedes muticiveliiere ULICI REA PNMRONERTEN MENRREREUnE 6. FAMILLE DES AVICULARIIDÆ MS — Pedes numerose aculeati............. nn te du Let ae A en AE 8. 6. Tarsi metatarsis paulo angustiores et apice obtusi. Pedes aculeis apicalibus metatarsorum fere semper muniti. Fovea thoracica plerumque procurva semilunaris........... -..... Selenocosmieæ. — Tarsi metatarsis latiores vel saltem haud angustiores apice recte secti. Pedes semper mutici. Fovea thoracica haud procurva.. de 7. Fovea thoracica minutissima. Pedes antici posticis longiores. ES NON ec terecrc.-..-* 1EÆCIIOtHETIEEÆ. — Fovea thoracica magna et profunda. Pedes postici anticis lon- GITES PEINE CEA PART TRAITER ...... Avicularieæ. 8. Femora postica intus scopula brevi dense velutina. Metatarsus 4i paris haud scopulatus, usque ad apicem simpliciter pilosus CHACUN Le URL de ............ Theraphoseæ. — Femora postica intus haud scopulata, pilis longis parce munita. Metatarsus 4 paris apice scopula parva munitus,............ J. 9. Metatarsus anticus usque ad basin crasse scopulatus et aculeis basilaribus fere semper carens.......... PA ... Eurypelmateæ. — Metatarsus anticus scopula basin haud attingente et aculeis ba- silaribus instructus............ NE ttes .... Homæœommatezæ. 1. ISCHNOCOLEÆ Je réunis dans ce premier groupe tous les genres dont les tarses des quatre paires sont divisés par une bande de crins ; à part ce caractère, d’une consta- tation généralement facile {1}, les Ischnocoleæ n’ont guère de particularités communes et ils forment un ensemble peu homogène. Je place en tête du groupe le genre très anormal Mitothele, que j'avais d’abord rapproché des Diplura à cause de la longueur excessive de ses filières supérieures et de la présence d’une troisième griffe, très petite à la vérité et située entre deux fascicules ungueaux très développés; malgré ces deux carac- tères, qui font exception dans la sous-famille entière des Avicularinæ, je pense aujourd’hui que ce genre ne peut être éloigné des Ischnocolus à cause de ses fascicules, de ses pièces buccales spinuleuses, et de la structure de ses griffes supérieures qui diffèrent complètement de celles des Diplurinæ ; j'ai décrit depuis, sous le nom de Solenothele, un autre type dont les filières dif- fèrent à peine de celles des Mitothele. Les affinités des Magulla et Tmesiphantes, bien que très différentes, sont également ambiguës ; la division des tarses antérieurs y est si peu prononcée que ces deux genres pourraient tout aussi bien rentrer dans le groupe suivant, tandis que celle des postérieurs atteint un tel développement que le tarse paraît en dessous entièrement garni de soies, les scopula étant réduites à d’étroites lignes latérales ; chez les femelles, les pattes sont très courtes et les antérieures sont presque mutiques ; par (1) Je dis généralement facile, car dans certains cas, notamment chez les Tmesi- phantes, la division des scopula des tarses antérieurs est tres peu marquée. 134 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES leurs chélicères très courtes et presque verticales et leurs filières relativement courtes, les Magulla ressemblent aux Sason, ils sont en outre remarquables par la petitesse de leur mamelon oculaire. Les caractères des mâles sont très variables ; chez les Dryptopelma, Crator- rhagus, Tmesiphantes, ils sont normaux pour la sous-famille, les tibias anté- rieurs sont pourvus de deux éperons, dont l’inférieur est plus long que l’in- terne; chez les Cratorrhagus, cet éperon inférieur est obtus et armé à l’extrémité de plusieurs dents contiguës, il est en outre armé d’une dent inférieure plus longue, disposition qui rappelle beaucoup ce qui se voit chez les Chætopelma, tandis que dans les deux autres genres l’éperon, beaucoup plus grêle, se ter- mine par une simple dent aiguë dirigée en dedans; le tarse de la patte- mâchoire, obtusément bilobé, dépasse à peine le bulbe. Chez quelques Ischnocolus (aper E. Sim., etc.), les tibias antérieurs sont entièrement mutiques, sans épines ni éperons, mais, chez les espèces de ce genre qui habitent la région méditerranéenne, les tibias antérieurs sont armés en dessous de fortes et nombreuses épines irrégulières, avec l’épine supéro-interne, représentant l’éperon, un peu plus longue que les autres et légèrement courbe, disposition qui rappelle celle des Leptopelma ; les mâles d’Ischnocolus se rapprochent aussi de ceux des Leptopelma par la structure de leur patte-mâchoire, dont le tarse est long et le bulbe petit, globuleux-déprimé, et pourvu d'une longue pointe sétiforme simple. Les espèces de ce groupe, dont j’ai observé les mœurs, vivent sous les pierres et les souches ; elles filent une toile de tissu léger, peu étendue et irrégulière, tapissant quelquefois une large galerie en forme de tranchée; elles courent avec une grande rapidité. CAT 6 Le genre Ischnocolus, qui est nombreux, a des représentants dans toutes les régions tropicales et subtropicales, quelques-unes de ses espèces habitent la région méditerranéenne ; le genre Cratorrhagus est représenté dans la région méditerranéenne orientale et dans l’Amérique centrale ; le genre Solenothele ne renferme qu'une seule espèce propre à l'Afrique occidentale ; les genres Dryptopelma, Tmesiphantes et Magulla habitent l'Amérique du Sud tropicale, et le genre anormal Mitothele ne renferme qu'une seule espèce propre à la Pata- gonie. GENERA 1. Mamillæ superiores abdomine vix breviores. ...... PS - neo — Mamillæ superiores abdomine plus duplo breviores......... LE 3. 2. Tarsi antici reliquis crassiores, scopulis anguste et parum dis- tincte sectis, tarsi postici graciles, scopulis raris et late sectis. Ungues tarsorum Ischnocoli. ......... ............... Solenothele. — Tarsi cuncti graciles et subsimiles, scopulis distinctissime sectis. Ungues superiores serie dentium armati. Unguis inferior mi- DUCISS ITS EEE ee CE Tree CCC NL .......... Mitothele. 3. Scopulæ parum densæ, in tarsis anticis linea exili sectæ in pos- ticis vitta setosa latissima (latitudinem totam articulum occu- pante). Sternum latius quam longius. ............. FRE NE UR 4. re 14 FAMILLE DES AVICULARIIDÆ 135 — Scopulæ tarsorum cunctorum densæ, anguste et fere æqualiter sectæ. Sternum longius quam latius. ............. Shen 5. 4. Chelæ normales (9). Metatarsi cuncti tarsis longiores. ($) Pedes 1 paris, aculeo metatarsali apicali excepto, mutici sed metatarsi 2i paris numerose aculeati...... ou Re): ..... Tmesiphantes. — Chelæ parvæ et subverticales (9). Metatarsi antici tarsis breviores. Pedes quatuor antici, aculeo metatarsali apicali excepto, mu- CEE en a les ne eee à CR REP En Magulla. 5. Tuber oculorum valde convexum. Oculi antici in lineam valde procurvam, inter se remoti. Pars labialis haud latior quam longior. Tibia antica maris valde bicalcarata. ....... Dryptopelma. — Tuber oculorum humile et transversum. Oculi antici in lineam vix procurvam, inter se appropinquati. Pars labialis latior AMAlONCIOr. ACCES ee PHASE EEE DR OTNES na ee 6. 6. Area oculorum utrinque parallela. Tibia antica maris haud calca- rata, leviter compressa et valde aculeata. .,........... Ischnocolus. — Area oculorum trapeziformis, utrinque obliqua. Tibia antica maris MAlTESDICAIEATAL AN PARLONS Re ee RL Cratorrhagus. Mitothele E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., Bull. nov. 1887. — Mitura E. Sim., Bull. Soc. zool. Fr., 1886, p. 574 (nom. preocc.). Cephalothorax parum convexus, fovea mediocri, leviter recurva. Tuber ocu- lorum saltem duplo latius quam longius. Oculi antici in lineam leviter pro- curvam subrectam, æque et non late remoti, medii lateralibus majores. Medii postici anticis multo minores, elongati. Oculi laterales parum disjuncti, pos- tici anticis minores. Sternum vix longius quam latius. Pars labialis paulo latior quam longior, leviter attenuata, in parte apicali cum basi coxarum pedum-maxillarium sat dense spinulosa. Pedes modice longi, robusti, sed versus extremitates graciles, antici parcissime, postici numerose aculeati. Sco- pulæ tarsorum cunctorum vitta setosa sectæ. Ungues superiores serie den- tium parvorum muniti; unguis inferior parvus. Mamillæ superiores longæ, abdomine non multo breviores, articulo basali reliquis breviore, 2° et 30 subæ- quis, sed ultimo graciliore et recto. Intervallum mamillarum inferiorium lati- tudine mamillæ paulo latius. Typus : M. caudicula E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : America max. austr. Ischnocolus Auss., Verh. z. b. Ges. Wien, 1871, p. 184. Cephalothorax humilis, fovea mediocri recte transversa seu levissime recurva (funetanus) seu paululum procurva. Tuber oculorum humile, plus duplo latius quam longius. Oculi antici inter se appropinquati, subæquales vel medii minores, rarissime vix majores (Jickelü), in lineam vix procurvam interdum rectam. Medii postici anticis minores, lateralibus posticis vix minores. Laterales postici anticis minores. Spatium inter laterales dimidio 136 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES oculo angustius. Chelæ sat angustæ. Pars labialis latior quam longior, apice truncata, interdum levissime emarginata, apice spinulosa. Coxæ pedum- maxillarium ad basin area crebre spinulosa munitæ. Sternum longius quam latius, planum. Pedes mediocres (IV, 1, 11, xt), cuncti aculeati, metatarsi antici tarsis longiores aculeis binis : altero basali altero apicali vel aculeo apicali unico tantum armati. Tarsi cuncti metatarsique quatuor antici sat dense scopulati, metatarsi quatuor postici tantum in parte secunda leviter scopulati. Mamillæ superiores sat longæ, articulis 1° et 2° subæquis, articulo 3° reliquis paulo longiore et graciliore. Tibia antica maris leviter compressa et arcuata, interdum mutica (1. aper E. $., etc.), plerumque intus et extus numerose et inordinate aculeata cum aculeo interiore apicali reliquis paulo longiore et arcuato. Tarsus pedum-maxillarium apice bulbum superans. Typus : I. holosericeus Auss. AR. GEOGR. : Regio mediterranea : Hispania, Sicilia, Barbaria, ins. Cypria, Syria; Regio Æthiopica; India orient.; ins. Nikobaricæ; Malaisia : Java, Sumatra, Borneo; ins. Philippinæ; Nova-Hollandia: America centr.; Antil- liæ ; America merid. : Colembia, Brasilia, Uruguay. Les espèces de ce genre peuvent se rapporter à trois groupes : À. — Pars labialis apice spinulis paucis et remotis armata. Metatarsi antici aculeis binis, altero basilari altero apicali subtus instructi. Oculi quatuor antici subæquales. Tarsus pedum-maxillarium maris sat longus et fere paral- lelus ut in Leptopelmati, bulbum multo superans, supra leviter depressus apice obtusus et scopulatus [I. holosericeus Auss. (1)]. B. — Pars labialis crebre spinulosa. Metatarsi antici ut in præcedenti bi- aculeati. Oculi medii antici lateralibus minores. Mas ignotus (species unica æthiopica : I. Jickelii L. Koch). C. — Pars labialis apice crebre et tenuiter spinulosa. Metatarsi antici ple- rumque aculeo apicali tantum armati, interdum mutici. Oculi antici inter se subæquales sæpius medii lateralibus paulo majores. Tarsus maris pedum- maxillarium bulbum parum superans, apice obtusissime bilobatus et leviter scopulatus [I. Baeri E. Sim. (2)]. Solenothele E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1891, p. 297. - Ab Ischnocolo differt imprimis mamillis superioribus multo longioribus abdomine vix brevioribus, articulis 1° et 2° subæqualibus, ultimo reliquis paulo longiore et tereti, pedibus quatuor anticis posticis crassioribus, tarsis latis, crasse scopulatis anguste et parum distincte sectis, tarsis posticis sat gracili- bus rare scopulatis et late sectis. Typus : S. decemnotata E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : Africa trop. occid. (1) Comprenant toutes les espèces de la région méditerranéenne. (2) Comprenant aussi : 1. inermis et hirsutus Auss., lucubrans L. Koch, linteatus. aper, insularis E. Sim. Je ne sais auquel des trois groupes rapporter les espèces suivantes qui me sont inconnues : sericeus, obscurus, Doleschalli Auss., alticeps, parvus Keyserl. FAMILLE DES AVICULARIDÆ 137 Cratorrhagus E. Sim., Act. Soc Linn. Bord., 1891, p. 322. — Nemesia E. Sim., Ar. nouv. IT, Liège, 1873, p. 31 (ad part. concolor). — Avicularia E. Sim., loc. cit. (ad part. tetramera). Ab. Ischnocolo differt fovea thoracica majore et transversa, oculorum linea secunda latiore quam linea prima et area oculorum trapeziformi, parte labiali non multo latiore quam longiore et in parte secunda crebre spinulosa, mamillis longioribus articulis tribus subæquis (concolor) vel articulis quatuor (in C. tetramera articulo basali bipartito). Tibia antica maris apice bicalca- rata, calcare inferiore altero longiore apice dentibus contiguis paucis et subtus dente majore armato. Tarsus pedum-maxillarium brevis, apice bulbum haud superans et obtusissime bilobatus. Typus : C. concolor E. Sim. AR. GEOGR. : Regio mediterranea orient. et America centr. Dryptopelma E. Sim., Act. Soc. Linn. Bord., 1888 (1889), p. 402. Ischnocolo et Crypsidromo sat affine. Fovea thoracica parva sed profunda et recurva. Tuber oculorum valde convexum, vix 1/3 latius quam longius. Oculi antici in lineam magis procurvam, inter se remotiores, medii late- ralibus minores. Medii postici lateralibus multo minores. Laterales postici anticis paulo minores. Spatium inter laterales dimidio oculo haud latius. Pars labialis saltem æque longa ac lata, apice convexa et crebre spinulosa. Pedes longi (saltem in mare), scopulis metatarsorum quatuor anticorum apicem tantum.occupantibus, quatuor posticorum nullis. Tibia antica apice bicalcarata, calcare inferiore longo, gracili et arcuato, apice dente acuto, simplici munito. Tarsus pedum-maxillarium Crathorragi (femina ignota). Tyeus : D. janthinum E. Sim. (sp. unica). AR. GEOGR. : America merid. : Ecuador. Magulla E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1892. Cephalothorax brevis, convexus et latus sed antice sat attenuatus, fovea mediocri procurva. Tuber oculorum parum convexum, haud duplo latius quam longius. Oculi antici inter se appropinquati et subæquales, in lineam leviter procurvam. Oculi medii postici anticis multo minores. Laterales postici mediis majores sed lateralibus anticis minores. Spatium inter laterales dimidium oculum circiter æquans. Chelæ parvæ, subverticales. Sternum latius quam longius, leviter convexum. Pars labialis haud vel vix latior quam longior, apice leviter attenuata, truncata et sat crebre spinulosa. Coxæ ad basin area crebre spinulosa munitæ. Pedes breves et robusti (VI, 1, I, 111), quatuor antici laculeo metatarsali excepto) mutici; postici, præsertim metatarsis, aculeati. Metatarsi antici parvi, tarsis breviores, inferne ad apicem aculeo medio minu- tissimo tantum armati. Scopulæ tarsorum densæ, 1 paris linea setosa angusta, 2! paris linea latiore apicem versus ampliata, 3i et 4 parium vitta latissima, latitudinem totam fere occupante, sectæ (mas ignotus). Typus : M. obesa E. Sim. (sp. un... AR. GEOGR. : Brasilia. 138 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Tmesiphantes E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1892. Cephalothoracis pars cephaliea {præsertim feminæ) convexa, fovea magna valde procurva. Tuber oculorum oculique, pars labialis, coxæ sternumque Magullæ. Chelæ normales. Pedes feminæ robusti et parum longi sed meta- tarsis tarsis longioribus. Pedes 1‘ paris (aculeo metatarsali excepto) mutici, sed pedes 2i paris metatarso sat numerose aculeato. Scopulæ tarsorum parum densæ, quatuor anticæ linea setosa vix expressa sectæ, scopulæ 3ï paris vitta setosa lata, scopulæ 4i paris vitta setosa latissima, latitudinem totam occu- pante, sectæ. Pedes maris multo longiores, ad extremitates graciles, cuncti numerose aculeati, tarsis quatuor anticis scopulis subintegris, quatuor pos- ticis haud scopulatis inferne crebre setosis. Tibiæ anticæ calcares, tarsusque pedum-maxillarium Dryptopelmatis. Typus : T. nubilus E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : Brasilia. 2. CHÆTOPELMATEÆ Ce groupe renferme tous les Aviculariinæ chez lesquels les scopula des tarses des deux paires postérieures sont divisées par une bande de crins, tandis que celles des tarses des deux premières paires sont entières et indi- vises; très rarement une légère division se remarque aux tarses de la seconde paire (Cyclosternum Guujoni E. Sim.) ; d’autres fois la division est à peine indi- quée aux tarses de la troisième paire (Cyclosternum) ; chez les Adranochelia, la bande pileuse des tarses postérieurs est, au contraire, tellement large qu’elle semble couvrir toute la face inférieure de l’article; chez les Chætorrhombus, cette bande, très large à l’extrémité de l’article, s’atténue à sa base et affecte la forme d’un losange (fig. 117). Les pièces buccales et les filières sont tout à fait normales. Les pattes sont armées de nombreuses épines, principalement aux tibias et métatarses postérieurs. Les mâles sont pourvus aux tibias antérieurs de deux éperons assez varia- bles ; chez les Chætorrhombus, ils sont petits, aigus et semblables, mais l’infé- UE js) Fig. 4121. Fig. 122. Fig. 193. Fig. 124. Chaetorrhombus Adranochelia Cyclosternum Chaetopelma Kochi Auss. rufohirta E. Sim. Schmardae Auss. olivacea C. Koch. Éperons d, Éperon inférieur, Éperons Gi: Éperon inférieur, en dessous. extrémité, en dessous. rieur est seul élevé sur un tubercule obtus et dirigé en dedans (fig. 121) ; chez les Adranochelia, l’éperon inférieur est long, grêle, courbe et brusquement terminé par une dent aiguë (fig. 122), tandis que l’interne est petit et denti- forme, exactement comme chez les Dryptopelma et Tmesiphantes du groupe FAMILLE DES AVICULARIIDÆ 139 précédent ; la même disposition s’observe chez les Stichoplastus, mais la dent y est située un peu au-dessous de l’extrémité ; chez les Cyclosternum typiques (CG. Schmardæ Auss. etc.), les deux éperons sont au contraire très forts, l’infé- rieur, un peu plus long et obtus, est pourvu à l’extrémité interne d’une dent basse et obtuse, tandis que l’interne est presque arrondi, resserré à la base et pourvu de quelques dents irrégulières au côté interne {fig. 123), mais chez les petites espèces du même genre (C.obscurum E. Sim... etc.), l’éperon interne est petit et dentiforme, tandis que l’inférieur garde sa forme normale. L’éperon inférieur de Chætopelma olivacea C. Koch est oblique et bordé d’une série très régulière de dents aiguës et contiguës, il offre, de plus, en dessous, vers le milieu, une dent beaucoup plus longue et un peu sinueuse (fig. 124). Le tarse de la patte-mâchoire est semblable à celui des Eurypelma; le bulbe est géné- ralement piriforme, court et obtus, excepté cependant celui de Chætopelma olivacea G. Koch, qui est petit, déprimé et prolongé par une pointe sétiforme très longue. La plupart des espèces de ce groupe sont de teinte sombre et leurs tégu- ments sont garnis de pubescence rougeâtre, mais quelques espèces du genre Cyclosternum font exception, car leur face dorsale est ornée de bandes, plus ou moins complexes, formées de pubescence orangée ou verte. Ces Araignées filent une toile légère et semi-transparente, plus ou moins étendue, dont elles garnissent les creux d’arbre et les fissures de rocher où elles établissent leur demeure. Elles creusent quelquefois, sous les vieilles souches, une large tranchée irrégulière tapissée d’une toile (Chætorrhombus Kochi Auss.); une espèce commune en Égypte (Chætopelma olivacea C. Koch) se tient dans les endroits sombres et humides des habitations. Le genre Chætopelma est répandu en Égypte, en Syrie et en Arabie, on en a décrit une espèce américaine (?); le genre Séichoplastus a un représentant au Venezuela et un autre dans l'Inde méridionale; les genres Adranochelia et Chætorrhombus ne renferment chacun qu’une seule espèce propre au Vene- zuela ; le genre Cyclosternum (auquel j’ai réuni le genre Hapalopus Auss.) est de beaucoup le plus nombreux, une seule de ses espèces habite l’Afrique occidentale, toutes les autres sont américaines et surtout répandues dans les régions colombienne et andine. GENERA 1. Scopulæ tarsorum posticorum vitta setosa latitudinem totam arti- CUITE O COLA NE ASE PONS SRI RS Re NAN nIes 2. — Scopulæ tarsorum posticorum vitta setosa exili et parallela, arti- culo multo angustiore. Tibia antica maris valde bicalcarata. de 2, Vittæ setosæ scopularum versus basin attenuatæ et rhomboidales. Tibia antica maris calcaribus binis parvis et æquis armata.... 3 SE 00 OU ERTIPMRER DER PS AUS RCE Eu ... Chætorrhombus. — Vittæ setosæ scopularum 3 paris sat angustæ, 4i paris latis- simæ. Tibia antica maris apice calcaribus binis iniquis mu- nita. pales is Sur ertels ris diete 1. 1e serge s..e ss... + Adranochelia. 140 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES 3. Tuber oculorum humile. Oculi medi antici lateralibus non ma- jores. Tarsi pedum quatuor posticorum scopulis fere æqualiter et'evidentisSime SeCtiS SN MEN TN ENREENER PUNPRN A PEREREe 4. — Tuber oculorum convexum. Oculi medii antici lateralibus plerum- que majores et saltem duplo majores quam medii postici. Sco- pulæ tarsorum 4i paris valde sectæ, 3i paris anguste et sæpe OISE SEA odcrosoco tete dec RS RS ER DE Cyclosternum. 4. Cephalothoracis pars cephalica convexa, fovea thoracica magna et recurva. Oculi medii antici lateralibus paulo minores et vix majores quam medii postici. Medii postici a lateralibus anticis et mediis posticis fere æqualiter et sat late remoti. ... Chætopelma. — Cephalothorax humilior, fovea mediocri transversa seu leviter recurva. Oculi antici æqui, magni, medii postici anticis multo minores, a mediis anticis anguste separati sed a lateralibus DOSHCIS MUR Te CONTIENT EEE CCE CC cer Stichoplastus. Chætopel:na Auss., Verh. 3. b. G. Wien, 1871, p. 190. — Mygale (Eurypelma) CG. Koch, Ar., IX, 1842, p. 34 (olivacea). — Avicularia E. Sim., 1873 (ad part. s{riatocauda). Cephalothoracis pars cephalica lata et saltem in femina sat convexa, fovea magna leviter recurva. Tuber oculorum parum convexum, fere duplo latius quam longius, à margine antico spatio oculo laterali haud vel vix latiore sejunctum. Oculi antici in lineam vix procurvam, medii lateralibus minores et inter se paulo remotiores. Oculi medii postici anticis haud vel vix minores plerumque minores quam laterales postici. Spatium inter oculos laterales dimidio oculo haud latius. Pedes sat robusti, scopulæ cunctæ densissimæ, in metatarsis quatuor anticis basin attingentes, in metatarsis quatuor posticis partem apicalem tantum occupantes. Tibia antica maris apice bicalcarata, cal- care inferiore magno arcuato, apice regulariter serrato-dentato et subtus dente majore armato ; calcare interiore minore (fig. 124). Typus : C. olivaceum GC. Koch. AR. GEOGR. : Ægyptus; Syria; Arabia merid. ; et fortasse America merid. Adranochelia E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1889, p. 207. Cephalothoracis pars cephalica convexa, fovea magna transversa. Tuber oculorum valde convexum, saltem 1/3 latius quam longius, a margine frontali spatio oculo laterali antico vix latiore sejunctum. Oculi antici in lineam sat procurvam (margine antico mediorum pone centrum lateralium sito) fere æquidistantes, medii lateralibus paulo minores. Medii postici anticis minores, elongati. Laterales postici anticis minores ab anticis non late remoti. Pedes (saltem in mare) longi et robusti sed versus extremitates graciles. Metatarsi cuncti haud scopulati. Tarsorum scopulæ parum densæ, quatuor anticæ setis paucis intermixtæ, scopulæ tarsorum 3 paris linea setosa distinctissima sectæ, scopulæ tarsorum 4i paris vitta setosa latissima, latitudinem articulum totam occupante, munitæ. Tibia antica maris haud incrassata, calcare infe- FAMILLE DES AVICULARIIDÆ 141 riore sat longo et gracili apice abrupté unidentato, calcare interiore minore (fig. 122) (femina ignota). Typus : À. rufohirta E. Sim. AR. GEOGR. : America merid. : Venezuela. Chætorrhombus Auss., Verh. z. b. G. Wien, 1871, p. 196. — Id. E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1889, p. 206. À Chætopelmati differt tubere oculorum paulo convexiore, fovea thoracica subrecta, pedibus quatuor anticis (præsertim metatarsis tarsisque) posticis multo robustioribus, tarsis metatarsisque anticis fere æquilongis, scopulis tarsorum quatuor posticorum vitta setosa a basi ad apicem velde dilatata, latitudinem articulum totam occupante et rhomboidale, in tarso 3 paris basin articulum haud attingente, scopulis tarsorum anticorum apice, prope ungues, aream setosam parvam, gerentibus. Tibia antica maris calcaribus binis parvis et æquis armata (fig. 121). Metatarsi antici graciles longi et apice tantum scopulati. i Typus : C. Kochi Auss. (sp. un.). AR. GEOGR. : America merid. : Venezuela. Stichoplastus E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1889, p. 208. À Chætopelmati differt cephalothorace multo humiliore et subplano, fovea thoracica parva et leviter procurva, tubere oculorum a margine antico latius remoto, oculis quatuor anticis sat magnis, subæquis, in lineam magis procur- vam, mediis anticis posticis multo majoribus, mediis posticis ab anticis anguste sed distincte separatis sed a lateralibus posticis juxte contiguis. A Cyclosterno differt imprimis tubere oculorum humiliore, oculis mediis anticis lateralibus haud majoribus, scopulis tarsorum quatuor posticorum fere æqua- liter et valde sectis. Tibiæ anticæ maris calcares fere Adranocheliæ. Typus : S. ravidus E. Sim. ue AR. GEOGR. : India merid. et America merid: Cyclosternum Auss., Verh. 3. b. G. Wien, 1871, p. 192. — Cyclosternum + Hapalopus Auss. loc. cit., 1875, p.175. — Hapalopus E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1887, p. 275 ; 1889, p. 205. ï A Chætopelmati differt tubere oculorum convexiore, a margine antico latius sejuncto, oculis anticis plerumque in lineam paulo magis procurvam, mediis lateralibus fere semper majoribus (rarius subæqualibus Gaujoni, vel mediis paulo minoribus, flavohirtum, obscurum, elegans), mediis posticis anticis multo minoribus, sterno saltem æque longo ac lato, fovea thoracica minore haud vel non multo latioré quäm tubére oculorum, recte transversa seu plus minus procurva. Pedes Chætopelmatis, scopulis tarsorum 4! paris valde sectis sed scopulis tarsorum 3 paris et rarissime 2! paris (Guujoni) angustius et fere obsolete sectis. Tibia antica maris bicalcarata, calcaribus crassis et obtusissi- mis, inter se appropinquatis, vel calcare interiore inferiore multo minore. Tyeus : C. Schmardæ Auss. 149 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES AR. GEOGR. : Africa trop. occid.; America centr. : Mexico, Costa-Rica; America merid. : Venezuela, Colombia, Ecuador, Brasilia. 3. CRYPSIDROMEÆ Ce groupe ne diffère du précédent que par la division de ses scopula, qui est limitée à la quatrième paire de pattes, les scopula des trois paires antérieures étant toujours entières, encore cette division des tarses postérieurs est-elle dans certains cas peu marquée | Crypsidromus tetricus E. Sim.). Le céphalo- thorax est en général plus convexe que chez les Chætopelma et sa fossette est toujours procurva comme chez les Phlogius et les Selenocosmia. Les pattes sont courtes et robustes chez les femelles, beaucoup plus longues et plus fines chez les mâles où elles ressemblent quelquefois à celles des Diplurinæ; leurs épines sont nombreuses, principalement aux tibias et métatarses postérieurs. Les pièces buccales et les filières sont normales. Les mâles des Crypsidromus ont toujours les tibias antérieurs dépourvus d'éperons et armés, à l'extrémité en dessous, de quelques épines ordinaires (souvent 4) un peu plus fortes que les autres, mais les mâles des Cyrtopholis ont le même article pourvu de deux forts éperons ressemblant à ceux des Eurypelma; chez une espèce inédite de Saint-Thomas (la seule que je con- naisse en nature), l'éperon inférieur beaucoup plus long que l'interne et assez grêle, fortement courbé et obtus, son épine terminale, située un peu au-des- sous de l’extrémité, est longue et recourbée en dessus en forme de crochet, l’éperon porte en outre sur sa face supérieure une épine couchée en avant. Les mâles des autres genres me sont inconnus. Les espèces de ce groupe sont de teinte sombre et uniforme, une seule espèce, Crypsidromus pentuloris E. Sim., fait exception, sôn abdomen est, en effet, orné de bandes rouges, qui, par leur disposition, rappellent celles de certains Cyclosternum. : Des cinq genres que j'admets dans ce groupe, trois seulement me sont connus en nature; je donne les caractères des autres d'après Ausserer. Les mœurs des Crypsidromus ne sont pas connues ; j'ai souvent rencontré au Venezuela les mâles de certaines espèces errant la nuit, ils sont attirés par la lumière et courent avec une grande vélocité. Ce groupe est propre à l'Amérique du Sud; il est répandu depuis le Mexique jusqu’au sud du Brésil et il possède aussi quelques représentants aux An- tilles. GENERA 1, Oculi laterales antici prope marginem frontalem siti. Medii postici rotundi à lateralibus posticis quam a mediis anticis distan- tioresi(SecAueS EPP EPrNS ere eeceercec. CHA TPDAXICRISE — Oculi laterales antici a margine frontali late remoti. Medii postici ovati a mediis anticis quam à lateralibus posticis distantiores. 2. 2. Pars labialis paulo longior quam latior, trapeziformis, apice valde attenuata atque truncata, spinulis paucis munita. Sternum con- vexum. Oculi laterales antici et postici æqui........... . Ozopactus. FAMILLE DES AVICULARIIDÆ 143 — Pars labialis parallela, quadrata, apice crebre spinulosa. Oculi RÉ RNESanTIeNDOStICiSMa)OreS MA EL cc Je 3. 3. Femora postica intus scopulata (sec. Ausserer)........., Callyntropus. — Femora postica haud scopulata................... LU NME 4. 4, Scopulæ metatarsi 2i paris tertiam partem apicalem articulum tantum occupantes. Tibia antica maris teres haud calcarata. à A SERRES ee RU eee. dre se... CTYPDSIdrOMUS — Scopulæ metatarsi 2! paris basin articulum attingentes. Tibia anbcamarsavalde/bicalcarata 0" FACE CCE . Cyrtopholis. Crypsidromus Auss., Verh. 3. b. Ges. Wien, 1871, p. 194 (ad part.). — Metriopelma L. Becker, Ann. Soc. ent. Belg., 1878, c. r., p. cezvt (déc.) (typus Breyeri). Cephalothoracis pars cephalica sat convexa, in mare humilior, fovea pro- funda et procurva. Tuber oculorum convexum, vix 1/3 latius quam longius, a margine antico spatio oculo latiore sejunctum. Oculi antici subæquales, in lineam parum procurvam (margine antico mediorum evidenter ante centrum lateralium sito). Medii postici anticis minores, a mediis anticis quam a lateralibus posticis remotiores (rarissime æquidistantes). Spatium inter laterales dimidio oculo plerumque latius, interdum paulo angustius. Pedes feminæ parum longi et sat robusti, cuncti aculeati, metatarso li paris usque ad basin crebre sco- pulato, aculeo apicali unico vel duplici armato, metatarso 2i paris scopula tertiam partem basilarem tantum attingente, aculeo apicali aculeisque basila- ribus armato, metatarso 3 paris tantum ad apicem scopulato, metatarso 4i paris haud scopulato. Scopulæ tarsi 4i paris linea setosa exili sectæ, scopulæ tarsi 3i paris, in medio setis paucis intermixtæ sed haud sectæ. Pedes maris multo longiores et graciliores, tibia antica nec incrassata nec calcarata, subtus ad apicem aculeis (plerumque 4) reliquis paulo longioribus instructa. Typus : C. isabellinus Auss. AR. GEOGR. : America centr. et merid.; Antilliæ (1). Cyrtopholis E. Sim. — Cyrtosternum Auss., Verh. z. b. Ges. Wien, 1875, p. 176 (nom. preocc.). — Crypsidromus Auss., loc. cit., 1871 [ad part. innocuus). À Crypsidromo, cui valde affinis et subsimilis est, tantum differt in femina scopulis metatarsi 2! paris basin attingentibus et scopulis metatarsi 3i paris medium articulum superantibus, tibia antica maris fere Eurypelmatis, valde bicalcarata, calcare inferiore longo et arcuato, altero multo minore et conico. Typus : C. cursor Auss. AR. GEOGR. : Antilliæ. Nora. L'espèce type m'est inconnue ; je donne les caractères du genre d’après une espèce inédite de Saint-Thomas, dont je possède les deux sexes, et d’après Crypsi- dromus innocuus Auss., qui en esl inséparable. Le caractère dominant me paraît être (1) Je ne serais pas surpris que les espèces décrites des Antilles appartiennent toutes au genre suivant. 14 FAMILLE DES AVICULARIIDÆ l'existence des éperons chez les mâles, qui ressemblent à des Eurypelma. Ausserer, qui ne comprenait dans le genre que le seul C. cursor, l’éloignait des Crypsidromus à cause de la plus grande courbure de la première ligne oculaire, mais ce caractère est si peu prononcé que je n’ai pas cru devoir en tenir compte. Ozopactus E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1889, p. 212. Crypsidromi affinis. Cephalothorax similis, fovea profundissima leviter pro- cüurva. Oculi subsimiles, sed quatuor antici in lineam paulo magis procurvam, laterales antici et postici æqui et spatio oculo haud angustiore separati. Sternum convexum. Pars labialis paulo longior quam latior, trapeziformis, versus apicem valde attenuata et truncata, spinulis paucissimis munita. Unguis chelarum validus et superne transversim profunde striatus. Pedes fere Crypsidromi, sed magis aculeati, præsertim tibiis metatarsisque secundi paris (mas ignotus). Typus : O. silvicolu E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : America merid. : Venezuela. GENERA INVISA C'est à ce groupe qu’il faudra rapporter les deux genres suivants qui me sont inconnus en nature et dont j’ai donné les caractères au tableau (supra p. 142), d’après Ausserer. Harpaxictis E. Sim. — Harpaxibius Auss., Verh. z. b. Ges. Wien, 1871, p. 195 (nom. preocc.). Une seule espèce du Venezuela : H. striatus Auss. Callyntropus Auss., loc. cit., 1875, p. 181. Ne diffère des Crypsidromus que par la présence d’une scopula au côté interne des féinurs postérieurs, caractère qui se retrouve dans le groupe des Theraphoseæ. — Une seule espèce du Brésil : C. convexus C. Koch. 4. PHLOGIEÆ Dans un travail précédent, j'avais proposé de réunir dans un même groupe les Crypsidromus et les Phlogius à cause de leurs scopula qui offrent la même disposition ; mais les Phlogius s’éloignent des trois groupes précédents par leurs pattes mutiques ou ne présentant tout au plus que les épines apicales es métatarses postérieurs, caractère qui les rapproche des Selenocosmia ; ils diffèrent aussi des Crypsidromus par leurs yeux antérieurs disposés sur le mamelon en ligne presque droite. Leur céphalothorax est en général peu con- vexe et sa fossette est toujours nettement procurvée. Les tibias antérieurs des aâles sont dépourvus d’éperons. Les pattes sont robustes et en général peu inégales comme celles des Sele- nocosmia ; dans le genre Coremiocnemis cependant, les postérieures sont beau- coup plus longues que les antérieures et en outre remarquables par les longs FAMILLE DES AVICULARIIDÆ 145 poils dont elles sont hérissées, tandis que les pattes antérieures ne sont garnies que d’une pubescence assez courte. Dans le genre Orphnæcus, les yeux sont très petits et espacés, ce qui est sans doute la conséquence de la privation de lumière ; l'unique espèce de ce genre habite, en effet, les grottes de Calap- nitan aux îles Philippines, où elle est commune et redoutée des habitants qui considèrent l'accès des grottes comme dangereux à cause de la grosse Arai- gnée venimeusé qui s’y trouve en abondance. Le genre Chilobrachys se dis- tingue par ses griffes supérieures, pourvues d’une série de dents, tandis que chez tous les autres Phlogieæ, comme, au reste, chez presque tous les Avicula- rünæ, ces griffes sont mutiques ou tout au plus pourvues d’une petite dent médiane. Les Phlogius Se rapprochent par leurs mœurs des Leplopelma ; ïls sont terri- coles et, malgré l’absence absolue de râteau, ils creusent de profonds terriers qu’ils tapissent d’une toile légère, mais dont ils ne ferment jamais l'entrée d'un opercule. M. A. Raffray a observé à l’île de Pinang le terrier du Coremioc- nemis cunicularia E. Sim., dont l’orifice très large est prolongé au dehors par une toile évasée en forme de cornet comme celle du Leptopelma elongatum E. Sim. J’ai observé à Ceylan le terrier plus complexe du Chilobrachys nubilus Karsch; ce terrier a deux orifices qui correspondent. à deux galeries assez longues et cylindriques aboutissant à une chambre spacieuse arrondie ou ovale, dans laquelle se tient l'Araignée avec son cocon; cette chambre se prolonge encore en arrière en une galerie étroite et aveugle au fond de laquelle sont entassés les débris des insectes ayant servi de nourriture à l'habitant. Ce groupe est propre à l’Ancien Monde et il n'a jusqu'ici aucun représen- tant en Afrique ; le genre Chilobrachys ne renferme qu’une seule espèce con- finée dans l’ile de Ceylan ; le genre Coremiocnemis une seule à l’île de Pinang, et le genre Orphnæcus une seule aux iles Philippines. Les espèces assez nom- breuses du genre Phlogius sont répandues dans l’Asie tropicale orientale, en Malaisie, en Papuasie et dans le nord de l'Australie. GENERA 1. Oculorum lineæ binæ æquilatæ. Oculi antici magni inter se parum separati, laterales antici posticis multo majores. Pedes aculeis dpicaliDuStmelatArS OR UMAMSITUCU Rec -cepncee 2 — Oculorum linea antica angustior quam postica. Oculi antici parvi a sese late distantes, laterales antici posticis multo minores. . DHHINOMMMULIC IA Ses emma -cs-neues 1 OTHNEŒECUS. Tuber oculorum a margine frontali spatio oculo laterali antico duplo latiore sejunctum. Ungues tarsorum mutici vel dente MedOMINUTSSIMO INSERM EAN EE Dogohsuse 3. — Tuber oculorum a margine frontali spatio oculo haud eo se- junctum. Ungues tarsorum serie dentium quatuor instructi... NE M A. Le ue. ts. CRIIODrAChys. 3. Pedes cuncti breviter et similiter pubescentes, antici et postici subæquales sed patella cum tibia 4 paris semper brevior quam Daeltcumauibladäparis her Mi in se Phlogius. 10 146 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES — Pedes antici breviter pilosi, postici longissime hirsuti, postici an- ticis multo longiores. Patella cum tibia 4 paris longior quam patella cum tibia li paris. ..,,.,......:......... Coremiocnemis. Phlogius E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1887, Bull, p. CxCv. — Phrictus L. Koch, Ar, Austr., 1874, p. 489 (nom. preocc.)}. — Phrictus Auss., Thorell, E. Sim. {olim.). Cephalothorax humilis, parte cephalica feminæ parum convexa, maris sub- plana, fovea sat parva. Oculi antici magni, lineam subrectam formantes, medii lateralibus paulo majores et à lateralibus quam inter se plerumque paulo remotiores, spatio dimidio oculo angustiore vel saltem haud latiore a sese distantes. Oculi laterales antici posticis multo majores, spatium inter laterales latitudine magna anticorum multo angustius. Pedes, aculeis apica- libus metatarsorum posticorum exceptis, mutici. Pedes parium 1 et 4i fere longitudine æqui sed patella et tibia 41 paris semper breviores quam iidem articuli L paris. Scopulæ crassæ. Scopulæ metatarsorum quatuor anticorum basin attingentes, 31 paris fere basin, 4! paris medium superantes, in meta- tarso et tarso 4i paris (in tarso sæpe parum dilucide) linea setosa longitudi- naliter séctæ [rarissime scopulis tarsorum quatuor posticorum sectis (1}]. Tibia antica maris teres et mutica. Typus : P. crassipes L. Koch. ÂR. GEOGR. : Asia merid. orient. : Birmania, Siam, Cochinchina ; Malaisia : Sumatra, Borneo, Moluccæ ; Nova-Guinea; Nova-Hollandia orient. et septentr. Coremiocnemis, nov. gen. — Phlogius E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1892 (ad part. P. cunicularius). À Phlogio, cui valde affinis et subsimilis est, differt pedibus posticis anticis multo longioribus, patella et tibia 4 paris longioribus quan iisdem articulis 1 paris, pedibus 4 paris, præsertim tibiis et metatarsis, reliquis pedibus multo longius pilosis et hirsutis. Typus : C. cunicularia E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : ins. Pinang. Chilobrachys Karsch, Berl. entom. Zeitschr., XX XVI, 1891, p. 270. À Phlogio, cui valde affinis est, tantum differt arca oculorum à margine an- tico cephalothoracis spatio oculo laterali antico haud latiore distante, ungui- bus tarsorum superioribus serie dentium quatuor armatis, plantula minute dentata et unguem inferiorem simulante. Typus : G. ntelinus Karsch (sp, un.) AR. GEOGR, : ins. Taprobane. (1) Ce caractère exceptionnel s’observe chez une petite espèce très anormale de Sumatra que j'ai décrite sous le nom de P. insignis. FAMILLE DES AVICULARIDÆ 147 Orphnæeus E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1892, p. 36. Phlogio affinis et cephalothorace subsimilis. Oculi quatuor antici in lineam subrectam, inter se late et fere æque distantes {spatiis inter oculos oculis sal- tem duplo latioribus), parvi, laterales mediis duplo minores et punctiformes. Oculi medii postici-parvi, lateralibus anticis similes, sed laterales postici me- diis fere duplo majores. Oculorum linea postica latior quam antica. Pedes fere Phlogii sed cuncti omnino mutici. Tibia antica maris omnino mulica et teres. Typeus : 0. pellitus E. Sim. (sp. un.). ÂR. GE0G. : ins. Luzonia (in speluneis). 5. SELENOCOSMIEÆ Ces Aviculariides diffèrent de ceux des groupes précédents par leurs scopula tarsales entières, non divisées ; à part cela, ils se rapprochent beaucoup des Phlogius ; leur fossette thoracique est également procurvée; leurs pattes, sauf les épines apicales métatarsales, sont mutiques, et leurs tibias antérieurs sont, chez les mâles, dépourvus d’éperons. Mais chacun de ces caractères est sujet à des exceptions, c’est ainsi que, chez les Harpactira, les épines des pattes sont assez nombreuses et les tibias antérieurs des mâles sont armés d’un seul éperon grêle. Chez les Lampropelma et Haplopelma, la fossette est presque droite; chez les Encyocrates et les Ephebopus, elle est même tout à fait droite. Les Selenocosmieæ sont tous de grande taille ; leur céphalothorax est presque toujours, au moins chez les femelles, épais et convexe, mais sous ce rapport les genres Cyriopagopus et Haploclastus diffèrent à peine des Phlogius, et chez les Encyocrates le céphalothorax est presque plan et ressemble à celui des Paæcilotheria. Leurs pattes antérieures, un peu plus épaisses que les postérieures, sont sou- vent aussi un peu plus longues, toutes sont garnies de scopula extrêmement épaisses, semblables à du velours ; dans les genres Loxomphalia, Phoneyusa et Hysterocrates, elles s'étendent jusqu’à la base de tous les métatarses, tandis que dans les autres types, celles des métatarses postérieures n'occupent que la partie apicale de l’article; elles sont souvent divisées par une bande de crins, notamment chez les Harpactira, mais cette bande ne s'étend jamais aux scopula tarsales. Les tarses antérieurs sont généralement un peu plus étroits que les métatarses, les postérieurs sont souvent un peu plus larges, au moins chez les espèces dont les scopula métatarsales ne sont pas très développées, ils sont toujours arrondis à l’extrémité, jamais tronqués comme chez les Avicu- laria et les Pæcilotheria. . Comme je l’ai dit plus haut, les mâles des Harpactira présentent un éperon tibial d’une forme particulière; il est grêle et long, sa moitié basilaire est cylindrique et un peu courbe, tandis que la terminale est formée par une épine noire, droite, longue et très aiguë, il n’y a pas d’éperon interne, mais le bord apical offre au côté externe de l’éperon une épine assez forte. D’après Ce] 148 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Thorell, le mâle de l’Omothymus Schiwdti offre aussi un éperon tibial, mais d’une autre forme, court, très obtus et spinuleux comme celui des Avicularia ; mais le genre Omothymus, qui m'est inconnu en nature, est douteux pour le groupe. Tous les autres mâles connus sont dépourvus d'éperons, mais il arrive quelquefois, notamment chez Harpaxotheria gracilipes E. Sim... que l'extrémité de leur tibia est armée en dessous, au bord arqué de l’'échancrure, d’une ligne serrée d’épines, tandis que chez Harpaxotheria ectypa E. Sim., le tibia n’offre au même point qu’une ou deux petites épines. Ce groupe est, comme le précédent, propre à l'Ancien Monde {1}, il est répandu dans les mêmes régions, et de plus, il est largement représenté dans l'Afrique tropicale : les genres Harpactira, Loxomphalia, Phoneyusa, Hystero- crates, Pelinobius et Harpaxotheria sont exclusivement africains, le premier seul s'étend jusqu'au Cap de Bonne-Espérance ; le genre Encyocrates ne renferme qu’une seule espèce qui représente le groupe à Madagascar; les Selenocosmia sont répandus dans l’Asie tropicale orientale, la Malaisie et la Nouvelle- Guinée ; le genre Haploclastus habite l'Inde méridionale ; le genre Cyriopago- pus ne compte qu'une seule espèce de Birmanie; le genre Haplopelmu une seule de l’île de Borneo, et le genre Lampropelma une seule de l’île Sangir. GENERA . Metatarsi cuncti usqu asin crassissime scopulati. Scopulæ 1. Metat t e ad b ssissime scopulati. S ] pedum posticorum articulis latiores. Patella et tibia 4i paris evidenter longiores quam üidem articuli li paris.............. De — Metatarsi postici apice tantum scopulati. Scopulæ articulis haud latiores. Patella et tibia 4 paris breviores vel saltem haud lon- giores (Cyriopagopo excepto) quam patella et tibia 1i paris .. 4 2, Oculi antici sat parvi, subæqui, fere æquidistantes, spatiis oculo saltem haud minoribus inter se disjuncti. Spatium inter late- rales oculo haud angustius. Fovea thoracica parva et valde DONNE DS ob don da nadesaooo doses au sobSaoblboTac se 3. — Oculi antici majores, medii lateralibus paulo majores et inter se paulo remotiores. Spatium inter laterales oculo evidenter an- gustius. Fovea thoracica magna et lata. Tibia 4! paris parallela, metatarso angustior. ® tarsus pedum-maxillarium normalis... DR D DTA AE TN hou oenoeeemoceeceeecete LOXOMONAINTE 3. Tibia 4 paris parallela metatarso ad apicem tarsoque angustior. Pedum-maxillarium feminæ tarsus supra valde tumidus. Phoneyusa. ! — Tibia 4 paris metatarso tarsoque latior, dilatata et fusiformis. Pedum-maxillarium feminæ tarsus normalis. ...., Hysterocrates. | (1) Une espèce : Ephebopus murinus Walck., a cependant été décrite comme veñant du Brésil, mais très probablement par suite d’une erreur de provenance: FAMILLE DES AVICULARIIDÆ 119 4, Metatarsi tarsique cuncti aculeati. Scopulæ metatarsorum 4! paris linea setosa valde sectæ. Tibia antica maris calcare unico caca ELU nee. 7... M ONEHarpactira: — Pedes mutici vel postici tantum aculeati. Tibia antica maris mu- fic, (Tes Sa RARE ARR EEE RARES se ee Re Dh 5. Patella cum tibia 1i paris multo brevior quam patella cum tibia 4 paris. Metatarsus et tibia 4° paris æquilongi. Cephalothorax humilis planus..... NME ER en ee nr GyYTIopag opus: — Patella cum tibia 1 paris longior vel saltem haud brevior quam paelle Goo ten) SERRE CROP APE ERR AREAS 6, G. Fovéa thoracica recte transversa. Tuber oculorum humile et transversum. Oculorum linea antica modice procurva......... de — Fovea thoracica procurva. Tuber oculorum convexum et linea CCHOEUMMANTICLNAlTeMDrOCUENA ee en eee Horre 8. Pars cephalica valde convexa, fovea thoracica magna. Oculi an- tici spatiis oculo haud angustioribus a sese distantes. Pars labialis apice ut in Selenocosmia creberrime spinulosa. Scopulæ metatarsi 3 paris basin fere attingentes.......,....... Ephebopus. | — Pars cephalica humilis, fovea thoracica parva. Oculi antici spatiis oculo angustioribus a sese distantes. Pars labialis remotius spinulosa. Scopulæ metatarsi 3° paris dimidium apicale articu- lumtantumioccupantes tr er. Lee... HEncyocrates: (w2) Patella cum tibia 4 paris brevior quam idem articulus 1' paris. Metatarsmpostcntibistlonsiores Rte EEE nee Oo — Patella cum tibia 4 paris haud brevior quam idem articulus ADS RS Re EU ete ee ot eue are SARA lite 9. Fovea thoracica sat parva, valde semilunaris. Scopulæ metatar- sorum anticorum parallelæ, articulo haud vel vix Jatiores. Sco- pulæ metatarsorum posticorum medium articulum attingentes, linea setosa parum distincta plerumque sectæ. Metatarsi pos- tici, saltem ad apicem, aculeati........... ......... Selenocosmia. — Fovea thoracica latior et subrecta. Scopulæ metatarsorum anti- corum ovatæ (versus apicem attenuatæ) arliculo latiores. Sco- pulæ metatarsorum posticorum medium articulum haud attin- gentes. 5.206.000 6% 090 90e... 000260096000... e 10. 10. Cephalothorax humilis. Tuber oculorum transversum et sat magnum. Oculi inter se sat remoti. Spatium inter laterales dimidio oculo multo latius. Pedes omnino mutici... Lampropelma. — Cephalothoracis pars cephalica convexa. Tuber oculorum sat parvum et subrotundum. Oculi inter se appropinquati. Spatium (1) Les genres assez nombreux, dont la femelle seule est connue, sont classés dans cette section par analogie. 150 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES inter laterales dimidio oculo multo angustius. Tibiæ metatar- sique postici apice breviter aculeati....,...,......... Haplopelna. 11. Cephalothorax humilis ut in-Cyriopagopo, fovea parum procurva. Pedes omnino mutici. Metatarsus et tibia 4i paris æquilongi. Scopulæ metatarsi 4! paris parvæ et late sectæ....... Haploclastus. — Cephalothorax crassus et convexus ut in Selenocosmiu, fovea semi- lunari. Pedes postiei aculeis apicalibus tibiarum et metatarso- rum fere semper muniti. Metatarsus 4i paris tibia plus minus longior. Scopulæ metatarsorum cunctorum integræ. ..,...... 12. 12. Oculi medii postici ab oculis mediis anticis quam a lateralibus posticis remotiores. Scopulæ metatarsorum 4! paris articulo lation er Re Dean se atelier TÉAPDAAONERIEA — Oculi medii postici ab oculis lateralibus posticis quam a mediis anticis remotiores. Scopulæ metatarsi 4 paris articulo haud JA RL er ce ca oc MP IOO MMS Harpactira Auss., Verh. z. db. G. Wien, 1871, p. 203. — Mygale Walck., Apt., I (ad part.). — Id. C. Koch, Ar., IX (ad part.). — Eurypelma C. Koch, Ueb. Ar. Syst., 1850 (ad part.). Pars cephalica feminæ sat convexa, maris humilior, fovea sat angusta et profunda, feminæ leviter procurva, maris subrecta, interdum recta. Tuber ocu- lorum sat magnum et convexum, non multo latius quam longius, a margine frontali spatio oculo laterali latiore sejunctum. Oculi antici in lineam valde procurvam (margine antico mediorum cum margine postico lateralium lineam rectam formante), æqui vel medii paulo majores, medii spatio oculo haud vel non multo angustiore a sese distantes. Medii postici minores quam medii an- tici et paulo minores quam laterales postici. Laterales postici anticis minores, spatio inter laterales oculo angustiore. Pedes sat robusti sed parum longi, tibiis metatarsisque cuncetis, saltem ad apicem, aculeatis. Pedes antici et pos- tici fere longitudine ædqui, sed patella cum tibia 4 paris paulo breviore quam codem articulo 1i paris. Scopulæ metatarsorum quatuor anticorum basin attingentes, metatarsorum 3i paris tertiam partem basilarem, 4 paris medium superantes, hæ linea setosa sectæ. Tibia antica maris calcare apicali unico gracili et curvato, prope medium subarticulato, instructa. Typus : À. atra Latr. AR. GEOGR. : Africa trop. orient, et centr.; Africa austr. Selenocosmia Auss., Verh. z. b. G. Wien, 1871, p. 204. — Mygale Walck., (ad paït. javanensis) ; G. Koch (ad part. monstrosa). Pars cephalica plerumque valde convexa. Fovea sat parva, valde procurva et semilunaris. Tuber oculorum sat convexum, 1/3 tantum latius quam longius, a margine antico spatio oculo laterali plus duplo latiore sejunctum. Oculi an- tici in lineam parum procurvam (margine antico mediorum ante centrur late- ralium sito), æqui, vel medii vix majores, fere æquidistantes, spatiis oculo FAMILLE DES AVICULARIIDÆ 151 evidenter angustioribus inter se separati. Medii postici elongati et recti, multo minores quam medii antici et laterales postici. Laterales postici anticis mi- nores atque ab anticis spatio oculo angustiore sejuncti. Pedes robusti, quatuor antici feminæ subæquales, sed in mare pedes 1 paris evidenter longiores. Pedes antici, aculeis apicalibus metatarsorum et interdum tibiarum exceptis, mutici, postiei aculeis apicalibus et lateralibus paucis tibiarum et metatarso- rum instructi. Patella cum tibia 4 paris semper brevior quam patella cum tibia li paris. Scopulæ metatarsorum quatuor anticorum parallelæ tibiis haud vel vix latiores et basin articulum attingentes ; scopulæ metatarsi 3i paris fere basin ; 4i paris medium attingentes, hæ linea setosa, plerumque parum dis- tincta, longitudinaliter sectæ. Tibia antica maris mutica. Typus : S. javanensis Walck. AR. GEOGR. : Asia trop. orient. : Siam, Cambodgia ; Malaisia : Sumatra, Java, Borneo et Moluccæ; Nova-Guinea. Lampropelma, nov. gen. À Selenocosmia differt cephalothorace humiliore, fovea latiore et multo mi- nus procurva, parte labiali paulo grossius et remotius spinulosa, pedibus cunetis muticis, scopulis metatarsorum anticorum latissimis, ovatis et tibiis latioribus, scopulis metatarsorum posticorum medium articulum haud attin- gentibus et linea setosa angusta distinctissime sectis. Tyeus : L. nigerrimum E. Sim. (1) (sp. un.). AR. GEOGR. : ins. Sangir. Haplopelma, nov. gen. — Selenocosmia Thorell, Rag. Mal., etc., IV, 1889-00, p. 397 (S. Doriæ). À Selenocosmia differt fovea thoracica latiore et subrecta, scopulis metatar- sorum anticorum latissimis, ovatis et articulis latioribus, scopulis metatarso- rum posticorum medium articulum haud attingentibus, indistinete sectis, A Lampropelmati differt tibiis metatarsisque posticis apice aculeatis, parte cepha- lica convexiore ut in Selenocosmia, tubere oculorum multo minore et subro- tundo (haud transverso) et oculis inter se multo minus disjunctis, Typus : H. Doriæ Thorell (sp. un.). AR. GEOGR. : ins. Borneo {2}. (1) Cette espèce est inédite, en voici la diagnose : L. nigerrimum, sp. nov. — ©. Ceph.th., long. 21 mill.; lat. 17,6 mill. Abd., long. 25 mill, ; lat. 19 mill, Pedes, 1, 62 mil. ; 11, 56 mill. ; ui, 47,2 mill.; 1v, 59,5 mill, — Cephalothorax niger, obscure fusco-cinereo-pubescens. Tuber oculorum magnum. Oculi antici inter se subæquales (medii vix majores), medii a lateralibus quam inter se paulo remotiores. Laterales postici anticis non multo minores, longe ovati, ab anticis spatio dimidio oculo latiore sejuncti. Abdomen ovatum, nigrum, nigro-pubes- cens. Venter sternum et partes oris nigerrima et nigro-velutina, laminæ intus cocci- neo-ciliatæ. Pedes robusti, atri, fusco-cinereo-pubescentes et hirsuti. Scopulæ cras- sissimæ cinereo-micantes. — Ins. Sangir, (2) Je l’ai recu de Sarawak. 152 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Cyriopagopus E. Sim., Jour. Asiat. Soc. Bengl., LVI, p. 12, n° 1, 187, p. 110. À Selenocosmia differt cephalothorace multo humiliore et subplano, fovea transversa sublineari minus procurva, tubere oculorum humiliore et magis transverso, pedibus brevioribus omnino muticis, patella cum tibia & paris multo longiore quam eodem articulo 1° paris, metatarso ki paris tibia non breviore, scopulis crassissimis in metatarsis sex anterioribus basin articulum attingentibus. — Pedum-maxillarium feminæ tarsus normalis. Typus : C. paganus E. Sim. AR. GEOGR. : Asia trop. (Tennasserim). Haploclastus, nov. gen. A Selenocosmia differt cephalothorace multo humiliore et subplano, fovea transversa sublineari minus procurva, pedibus omnino muticis, patellis cum tibiis 4i et 1i parium ædquilongis, scopulis crassis, in metatarsis quatuor anti- cis basin attingentibus, in metatarsis 3! paris medium parum superantibus, sed in metatarsis 4 paris parvis, sectis et apicem articulum tantum occupan- tibus, scopulis tarsorum 4 paris in parte basali tantum, vitta setosa evanes- cente imperfecte sectis. — Tarsus pedum-maxillarium feminæ versus apicem evidenter compressus et acuminatus. — À Phlogio, cui sat affinis est, differt oculorum linea antica magis procurva, scopulis tarsorum posticorum imper- fecte sectis, etc. Typus : H, cervinus E. Sim. [sp. un. (1)]. AR. GEOGR. : India trop. Loxomphalia E. Sim., Act. Soc. Linn. Bord., 1888 (1889), p. 412. Pars cephalica sat convexa, fovea magna lata et profunda. Oculi antici in lineam parum procurvam {(margine antico mediorum longe ante centrum late- ralium sito), medii lateralibus majores et inter se quam a lateralibus paulo remotiores. Medii postici parvi et obliqui, a mediis anticis quam a lateralibus (1) Cette espèce est inédite, en voici la diagnose : H. cervinus, sp. nov. — Q. Ceph.th., long. 15 mill. ; lat. 11 mill. Abd., long, 45 mill. Ped.-max., long. 26 mill. Ped., 1, 39 mill. ; 11, 37 mill.; 1x, 34,2 mill. ; 1v, 38,8 mill.— Cephalothorax humilis, obscure fuscus, sat longe cinereo-cervino-pubescens. Area oculorum magna et transversa. Oculi medii antici lateralibus paulo majores, rotundi et a lateralibus quam inter se paulo remotiores, laterales longe ovati et obliqui. Medii postici anticis saltem triplo minores ovati et subrecti postice leviter acuminati, laterales postici longe ovati, mediis majores sed lateralibus anticis minores. Abdomer oblongum, nigricans, ferrugineo-pubescens et setosum. Pars labialis subplana, trans- versim subtilissime striolata, apice minute et crebre spinulosa. Chelæ, sternum, pedes-maxillares, pedesque obscure fusca, ferrugineo-hirsuta. Pedes modice longi, antici poslicis evidenter crassicres, circiter æquilongi, cuncti mulici, Tibia meta- tarsusque 4ï paris æquilongi. — Ind. merid, : mont. Kodeikanel, FAMILLE DES AVICULARIIDÆ 153 posticis vix remotiores. Laterales antici et postici fere æqui, spatio oculo evi- denter angustiore a sese distantes. Pedes (1v, 1, 11, 111) mutici et robusti (mi- nus quam in Phoneyusa). Scopulæ densissime et integræ, posticæ articulis latiores. Scopulæ metatarsorum. quatuor anticorum basin attingentes, quatuor posticorum prope basin ductæ. Patella et tibia 4 paris evidenter longiores quam iidem articuli 1‘ paris. Tarsus pedum-maxillarium feminæ normalis. Tyeus : L. rubida E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : Africa tropica orientalis. Phoneyusa Karsch, Berl. ent. Zeitschr., 1881, p. 348; et ISS6, p. 83 (ad part.). — Selenocosmia Karsch, in Greeff, Fauna d. Guin. Ins. S. Thome, 1884, p. 60. Pars cephalica humilis, fovea sat minuta valde procurva. Tuber oculorum non multo latius quam longius. Oculi antici in lineam sat procurvam (mar- gine antico mediorum vix ante centrum lateralium sito) minuti, subæquales et fere æquidistantes, spatiis oculo paulo latioribus vel saltem haud angustiori- bus a sese distantes. Oculi medii postici longissimi, a lateralibus vix separati. Laterales postici anticis paulo minores. Spatium inter laterales oculo haud vel vix angustius. Pedes mutici et robustissimi {1v, 1, 11, 111). Scopulæ densis- simæ et integræ, posticæ articulis multo latiores, basin metatarsorum cuncto- rum fere attingentes. Patella et tibia 4 paris evidenter longiores quam iidem articuli li paris. Pedum-maxillarium feminæ tarsus supra ad basin valde con- vexus, apicem versus valde acuminatus. Typus : P. Greeffi Karsch (sp. un.) (1). AR. GEOGR. : ins. Sao Thome (Africa occid.). Hysterocrates, nov. gen. — Phoneyusa E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1891, p. 298 (ad part. P. Greshoffi). À. Phoneyusa cui valde affinis est, imprimis differt structura pedum postico- rum, metatarso tarsoque angustioribus et parallelis sed tibia multo erassiore inflata, ad basin atque ad apicem attenuata et fusiformi, tarso pedum-maxilla- rium feminæ normali haud tumido. Typus : H. Greshoffi E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : Africa trop. occid. Pelinobius Karsch, in Fischer, Reise in d. Massai-Land, 1885, p. 135. Cephalothorax Selenocosmiæ. Oculi antici in lineam parum procurvam (mar- gine antico mediorum ante centrum lateralium sito), medii lateralibus paulo (1) Les deux autres espèces rapportées à ce genre par le Dr Karsch {P. Belandana Karsch et Büttneri Karsch) s'en éloignent par la structure de leurs scopula aux mé- tatarses de la 4° paire « scopula an metatarsus 1v auf die Spitzenhaelfte des Gliedes beschraenkt » et rentrent probablement dans le genre Harpaxotheria. 154 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES majores et a lateralibus quam inter se paulo remotiores, Oculi medii postici parvi, a lateralibus posticis late remoti. Laterales postici anticis minores. Spa- tium inter laterales oculo haud vel vix angustius. Pedes, aculeis apicalibus metatarsorum exceptis, mutici, robusti sed metatarsis tarsisque sat angustis, tarsis apicem versus attenuatis, Patellæ cum tibiis parium li et 4 fere æqui- longæ. Scopulæ densæ sed parum latæ, articulis haud latiores, scopulæ meta- tarsorum quatuor anticorum basin attingentes, metatarsorum 3 paris 2/3 occupantes, 4 paris tertiam partem apicalem vix attingentes. Tibia antica maris cylindracea et mutica. Tyeus ; P. muticus Karsch. . AR, GEOGR, : Africa trop. orient, et occid. Harpaxotheria E. Sim., Act. Soc. Linn. Bord., 1888 (1889), p. 413. — Pelinobius Karsch, Berl. ent. Zeitschr., 1886, p. 83 (ad part. P. Belandana et Bütineri). À Selenocosmia differt oculis anticis in lineam minus procurvam {margine antico mediorum longe ante centrum lateralium sito), et oculis posticis lineam transversam, linea antica paulo angustiorem, formantibus, pedibus 4i paris, aculeis apicalibus metatarsorum et tibiarum {binis) tantum armatis, longioribus quam pedibus Li paris, tibia cum patella 4 paris haud (9) vel vix longiore (4) quam tibia cum patella 1 paris, scopulis metatarsorum quatuor posticorum crassissimis integris et articulis paulo latioribus, scopulis metatarsi 5i paris vix 1/3 basilari, metatarsi 4 paris medium haud attingentibus. Typus : H antilope E. Sim. AR. GEOGR. : Africa tropica : orient. in reg. æthiopica; Africa centr, in reg. Niam-Niam et Africa occid. Encyocrates E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1892. Pars cephalica subplana, vix convexa. Fovea parva et recte transversa tubere oculorum haud latior. Tuber sat humile, circiter 1/3 latius quam longius, a margine frontali spatio oculo paulo latiore remotum. Oculi antici in lineam procurvam, subæquales {medii vix majores), fere æquidistantes et spatiis oeulis evidenter minoribus a sese disjuncti. Medii et laterales postici subæquales, subcontigui et oculis anticis minores, medii elongati a mediis anticis et la- teralibus posticis fere æqualiter et anguste separati. Spatium inter laterales oculo postico angustius. Pedes longi et robusti, aculeis apicalibus metatar- sorum posticorum exceptis, mutici. Scopulæ crassissimæ, metatarsorum qua- tuor anticorum basin fere attingentes, metatarsi 3i paris 1/4, 4 paris 1/2 attingentes, cunctæ integræ. Tibia cum patella 4 paris, eodem articulo 1° paris æquilonga. Metatarsus 4 paris (in ) tibia longior. Typus : E. Raffrayi E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : ins. Madagascar. FAMILLE DES AVICULARIID# 159 Ephebopus, nov. gen. — Mygale Walck., Apt. I, 1837, p. 220 (ad part, M. murina,. Pars cephalica convexa, lata et parum attenuata. Fovea maxima et profunda ovato-transversa. Tuber oculorum humile, magnum, plus duplo latius quam longius, a margine frontali spatio oculo laterali antico haud latiore remotum, Oculi antici mediocres, æqui, in lineam parum procurvam, spatiis oculis saltem haud minoribus à sese distantes. Oculi medii postici minuti, a mediis anticis quan a lateralibus posticis multo remotiores. Laterales postici anticis minores et ab anticis spatio oculo haud vel vix angustiore sejuncti. Pedes feminæ parum longi, aculeis apicalibus paucis metatarsorum et tibiarum posticorum exceptis, mutici. Scopulæ tarsorum et metatarsorum sex anticorum crassis- simæ et latæ, basin fere attingentes, scopulæ metatarsorum 4i paris apicem tantum occupantes. Metatarsus 4i paris tibia vix longior. Patella et tibia äi paris iisdem articulis 1° paris saltem 1/3 longitudinis patellæ breviores. Typus : E. murinus Walck (1). Patria ignota. GENUS INVISUM Le genre suivant, qui m'est inconnu, est de classification incertaine, il paraît se rapprocher des genres Cyriopagopus et Encyocrates, mais d'un autre côté certains de ses caractères rappellent ceux des Avicularia, notamment la structure de l’éperon tibial du mâle. J'en donne les caractères d'après le D' T. Thorell : Omothymus Thorell, K. Sv. Vet. Akad. Handl., 2%, n° 2, 1891, p. 11. « Cephalothorax sat humilis, paulo longior quam latior, parte cephalica vix elevata, dorso pæne recto, fronte {saltem in &) angusta, fovea centrali sat parva sed profunda, transversa et recta. Oculi conferti, tuberculo sat magno et alto impositi; aream occupant, quæ rectangula est et circa triplo latior CA (1) Cette remarquable espèce n’a pas été revue depuis Walckenaer, j'en donne la description d’après le type qui existe encore au Muséum : E. murinus Walck. (Mygale). — Q. Ceph.th., long. 23,5 mill.; lat. 19,5 mill. Abd., long. 25 mill.:; lat. 16 mill. Ped.-max., long. 38,5 mill. Pedes, 1, 62,5 mill.; 11, 56,2 mill.; ut, 46,2 mill.; 1v, 59 mill. — Cephalothorax niger, crebre fulvo-cervino-pubescens, parte cephalica magna et convexa, fovea maxima et transversa. Chelæ robustæ, sat breves, nigræ, ferrugineo-setosæ. Abdomen oblongum, fuscum, fulvo-rufescenti-pu- bescens et setosum, Coxæ sternumque obscurius nigricanti-velutina. Pedes-maxillares pedesque obscure fusci, fulvo-ferrugineo-pubescentes et hirsuti, patellis supra lineis obliquis binis, tibiis lineis binis parallelis, metatarsis prope basin linea unica abbre- viata, breviter albido-pilosis ornatis, Scopulæ crassissimæ, cinereo-micantes. — Patria ? Indiqué du Brésil, mais très probablement par erreur, E. murinus Walck. a entière- ment le faciès d'un Aviculariides de l'Ancien Monde. 156 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES quam longior. Series oculorum antica, a fronte visa, fortiter deorsum curvata est : linea recta basin mediorum anticorum tangens laterales anticos supra tangit, vix secat. Oculi medii antici rotundi reliquis oblongis majores sunt, Labium subquadratum. Pedes longi, ita : 1, 1V, 11, 11 longitudine se exci- pientes, tibiis et metatarsis saltem plerisque apice aculeatis ; scopula tarsorum densissima, indivisa, mediocri latitudine, apice truncata ; unguiculi bini mu- tici, ad maximum partem detecti. Tibia cum patella 4i paris brevior quam tibia cum patella 1i paris. Metatarsus 4ï paris tibiam longitudine non multo superat. Apex tibiæ 1i paris in g‘' in procursum crassum brevissimum obtusis- simum, apice spinulis parvis densissimis vestitum, productus est. Mamillæ superiores longæ, tarsum 4! paris longitudine circiter æquantes, articulis tribus æque fere longis ». Typus : 0. Schivdtei (sp. un.). AR. GEOGR. : ins. Pinang. 6. THERAPHOSEÆ 33. ‘ko (re Les espèces de ce groupe se reconnaissent à la présence d’une scopula, ou brosse de poils courts et laineux, qui garnit la face interne de leurs fémurs de la quatrième paire; ce caractère, découvert par Ausserer chez les Lasiodora, leur est propre, mais il n’est pas toujours d’une étude facile. Le céphalo- thorax est presque toujours aussi long que large, rarement un peu plus long; sa partie céphalique est plus ou moins convexe, au moins chez les femelles, et sa fossette est grande, arrondie ou ovale transverse, jamais arquée. Le groupe oculaire est assez variable, il est ordinairement presque arrondi et la première ligne des yeux est fortement arquée, quelquefois cependant, chez les Acan- thoscurria, il est plus transverse et la première ligne est peu courbée comme chez les Ephebopus. Les pattes sont longues, les postérieures sont armées de nombreuses épines, principalement aux tibias et aux métatarses, tandis que les antérieures ne présentent que peu d’épines très espacées. Les scopula sont toujours entières ; aux métatarses antérieurs, elles atteignent la base de l'ar- ticle, tandis qu’elles manquent ordinairement aux métatarses de la quatrième paire qui sont, jusqu’à l’extrémité, garnis de poils simples et d’épines ; mais à cet égard il y a des exceptions; chez les Acanthoscurria, l'article présente à l'extrémité une petite scopula comme chez les Ewrypelma, tandis que chez les Xenesthis cette scopula, très développée, s'étend jusqu’à la base. Les caractères sexuels des Theraphoseæ sont intermédiaires à ceux des Selenocosmia et des Eurypelma ; les tibias antérieurs des mâles sont dépour- vus d’éperons dans les genres Theraphosa et Sericopelma; chez les Acanthos- curria ils n’offrent qu'un seul petit éperon, dans tous les autres genres ils sont armés de deux puissants éperons semblables à ceux des Eurypelma. Le bulbe génital est assez uniforme dans tous les genres, il est peu atténué et terminé en pointe, courte, obtuse ou subaiguë, canaliculée ou carénée. Ce groupe renferme les plus grosses Araignées connues ; le Theraphosa Leblondi Latr., qui est le géant de l’ordre entier, ne mesure pas moins de neuf centimètres de longueur; les Xenesthis, les Lasiodora et les Sericopelma lui FAMILLE DES AVICULARIIDÆ 157 sont à peine inférieurs. Ils sont revêtus de pubescence, en général plus courte et plus couchée que celle des Homæwomma et des Eurypelma, souvent (Xenesthis, Lasiodora) teintée de rouge et de violet. On ne connaît rien de leurs mœurs ; ils habitent tous l'Amérique du Sud, de Panama au Paraguay. GENERA 1. Tibia cum patella 4 paris brevior vel saltem haud longior quam tibia cum patella L' paris. Tibia antica maris mutica vel cal- COLE ADICAlNUICONARMALAL EE 2e hein eceneiessless ceci à 2 — Tibia cum patella 4 paris longior quam patella cum tibia li paris. Tibia antica maris apice valde bicalcarata. ............,....., 4, Tibia antica maris mutica. Tuber oculorum subrotundum. Oculi antici in lineam validissime procurvam (margine antico medio- rum pone marginem posticum lateralium sito),.....,...,..... on 12 — Tibia antica maris intus ad apicem unicalcarata. Tuber oculorum paulo latius quam longius. Oculi antici in lineam minus pro- curvam (margine antico mediorum ante centrum lateralium SO RE elite ee leielee alle e doute scene eee LA CANEOSCUTFIA: 3. Oculi antici parvi, intervallum mediorum oculo duplo latius. Ce- phalothorax æque longus ac latus. Tibia cum patella 4i paris brevior quam tibia cum patella 1i paris. Pars labialis apice spinulis remotis, vittam angustam occupantibus, munita..... AS RE TS a NN herapho sa: — Oculi antici majores, intervallum mediorum oculo angustius. Ce- phalothorax longior quam latior. Tibiæ cum patellis 4 paris et l' paris longitudine æquæ. Pars labialis apicem spinulis densis, vittam latam occupantibus, munita.,......., Sericopelma. 4, Metatarsi quatuor postici intus usque ad basin densissime sco- DATE TR ER Na lee se nr duree M CNCSTRIS: — Metatarsi 4° paris haud scopulati..,......,.....,...,..... Lasiodora. Acanthoseurria Auss., Verh. z. b. G@. Wien, 1871, p. 205. — Mygale C. Koch, Ar., IX, 1842 (ad part. geniculata). — Acanthoscurria et Acanthopalpus Muss-, loc. cit., 1871, p. 205-207. Cephalothorax longior quam latior, parte cephalica sat convexa, fovea profunda, recta transversa. Oculi antici in lineam procurvam ([margine antico mediorum paulo ante centrum lateralium sito), æqui, vel medii paulo majores et fere æquidistantes, spatiis oculo angustioribus inter se distantes. Medii postici lateralibus minores. Laterales postici anticis minores, ab anticis spatio oculo angustiore sejuncti. Pedes longi (iv, 1, 11, It), versus extremitates, præsertim in mare, sat graciles, antici, tantum in tibiis parce aculeati, postici in tibiis et metatarsis valde aculeati, Scopulæ metatarsorum quatuor anticorum fere basin, 3 paris fere medium attingentes, 4i paris apicem tantum occupantes. Femur 3 paris paulo crassius quam femur #i paris. Patella mt . ’ 1 k 158 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES cum tibia 4i paris brevior quam patella cum tibia li paris, æque longa vel vix longior quam patella cum tibia 2 paris. Tarsi 1i et # parium æquilongi. Tarsus 41 paris metatarso plus duplo brevior. Tibia antica maris calcare unico brevi recto obtuso depresso et apice pluriaculeato, intus ad apicem instructa. Tibia pedum-maxillarium tuberculo obtuso, extus prope apicem, notata. Typus : A. geniculata C. Koch. AR. GEOGR. : Amer. merid. : Brasilia, Bolivia. Nora. Sept espèces du genre Acanthoscurria sont actuellement décrites, j'ai donné récemment la revision de celles qui me sont connues en nature (Ann. Soc. ent. Fr., 1892). Ces espèces, étroitement unies, diffèrent cependant les unes des aulres par la proportion des yeux et leur plus ou moins d’écartement : les médians postérieurs sont tantôt pelits, également et assez largement séparés des médians antérieurs et des latéraux postérieurs, et l'intervalle des latéraux est assez large (maga, musculosa E. Sim.), tantôt ils sont allongés et contigus aux latéraux (insubtilis, ferina E. Sim.) ; les veux antérieurs sont tantôt presque égaux, les médians quelquefois un peu plus petits que les latéraux (geniculata C. Koch, minor Auss.), généralement un peu plus gros. Ausserer avait proposé, pour ces dernières espèces, le sous-genre Acanthopalpus, qui ne cor- respond pas à une division naturelle du genre. Chez tous les Acanthoscurria, les tibias antérieurs des mâles offrent un seul éperon, supéro-interne, plus court que le dia- mètre de l’article et portant, à son extrémité, un groupe d'épines géminées régulière- ment sériées ; les paltes de la re et de la 4° paire sont rarement égales (4. mag), celles de la 4° paire sont presque toujours un peu plus longues, ce qui tient à la grande longueur de leur métatarse, car leur patella et leur tibia sont toujours plus courts que ceux de Ja {re paire. Le tibia de la patte-mâchoire est tantôt cylindrique, tantôt dilaté et fusiforme; il offre toujours, au côlé externe près l'extrémité, une saillie lantôt lrès basse et obtuse (4. maga, musculosa, minor, geniculata), tantôt allongée en forme de dent (theraphosoides Auss., ferina, insubtilis E. Sim.). Le bulbe est ovale-court ou subglobuleux, plus ou moins saïllant et même anguleux à l’extré- mité, en dessous, où il est quelquefois armé de petites épines ; il est prolongé par une pointe courte et épaisse, néanmoins subaiguë el toujours coudée, pourvue d’une carène spirale, quelquefois très développée. Theraphosa Thorell, Eur. Spid., 1870, p. 161 (ad part.). — Mygale Lair., 1804 (Leblondi) id. Walck., 1805-1807 {ad part. Leblondi). — Theraphosa Auss., Verh. z. b. G. Wien, 1871, p. 217. Cephalothorax maris circiter æque longus ac latus, feminæ vix longior quam latior, utrinque ample rotundus, antice valde attenuatus (ad marginem anti- cum quam in medio duplo angustior), fovea profundissima transversa, tubere oculorum vix latiore. Tuber oculorum parvum, subrotundum. Oculi antici minuti, æqui, in lineam validissime procurvam (margine antico mediorum pone marginem posticorum sito), in æquidistantes, in $ medii a lateralibus quam inter se paulo remotiores, spatiis inter oculos oculo semper latioribus. Oculi medii postici anticis minores, a mediis anticis et a lateralibus posticis fere æque et sat late distantes. Laterales antici et postici æqui, spatio oculo latiore a sese separati. Chelæ maris, desuperne visæ, parte cephalica plus duplo breviores. Pars labialis apice spinulis obtusis sat longis et remotis, zonam anguslam occupantibus, munita. Pedes longi, 1v, 1, 11, ax (x et rv in FAMILLE DES AVICULARIIDÆ 159 mare subæquales), aculeis brevibus armati. Scopulæ metatarsorum quatuor anticorum basin fere attingentes, metatarsi 3° paris tertiam partem apicalem tantum occupantes. Tibia cum patella 4 paris maris paulo brevior, feminæ haud longior quam patella cum tibia 1i paris. Metatarsus 4i paris saltem in d tibia cum patella simul sumptis non multo brevior. Tibia antica maris haud Calcarata. Bulbus genitalis teres, apice haud attenuatus, depressus et utrinque serrato-marginatus. Typus : T. Leblondi Latr. (sp. un.). AR. GEOGR. : America merid. : Guyana. Nora. Seule espèce connue, décrite par Latreille in Hist. nat. Crust. Ins., & VII, 1804, p. 1#9. Le nom de Mygale Leblondi ou Blondi a été appliqué à beaucoup d’es- pèces de grande taille habitant l'Amérique du Sud. Le type de Latreille, rapporté de Antilles, du Brésil et même de Java ! (par C. Koch). Aux caractères du genre donnés par Ausserer, il faut retrancher celui tiré de l'insertion du bulbe qui serait dirigé en avant dans l’axe du tarse ; cette indication, qui a sans doute été prise de la figure très grossière de Mygale javanensis C. Koch (Ar. IX, fig. 747), n’est pas exacte; le bulbe est, au moins à l'état de repos, dirigé en arrière comme dans les genres voisins. Ce bulbe est cylindrique dès la base, dans sa portion terminale, il est déprimé et bordé de chaque côté d’une carène finement denticulée, Scricopelma Auss., Verh. 3. b. G. Wien, 1875, p. 195 (Eurupelma subgenus Sericopelma). — Theraphosa Karsch, Zeitschr. f. G. Naturiw., LIIT, 1880 (ad part.). — Sericopelma E. Sim., Act. Soc. Linn. Bord., 1891, p. 324. À Theraphosa cephalothorace evidenter longiore quam latiore, oculis anticis majoribus, mediis à lateralibus quam inter se multo remotioribus et spatio oculo multo angustiore a sese disjunctis, patellis cum tibiis 4 et 1 parium fere longitudine æquis, parte labiali crebrius et latius spinulosa, facile distinguen- dum. — Bulbus piriformis, parum attenuatus, in parte secunda depressus, utrinque acute marginatus et dente parvo apicali munitus. Typus : $S. rubronitens Auss. (sp. un.). AR. GEOGR. : America centralis. Nora. Ce genre a de grandes analogies avec le précédent, il s'en rapproche par l'absence d’éperons aux tibias antérieurs des mâles, par la forme arrondie du tuber- cule oculaire et la forte courbure de la première ligne des yeux ; mais les caractères qui l’en distinguent me paraissent suffisants pour le maintenir contrairement à l’opi- nion du D° Karsch; la grosseur et le rapprochement des yeux médians antérieurs lui sont particuliers dans le groupe actuel. Je ne puis saisir, d’après les descriptions, les caractères qui séparent S. panamanum Karsch de S. rubronitens Auss. et l'individu de ma collection, certainement identique à S. rubronitens, vient du Chiriqui, localité assignée par Karsch à S. panamanum. L'espèce décrite par M: L. Becker, sous le nom de Sericopelma Breyeri, n’est autre qu'un mâle du genre Crypsidromus (cf. supra p. 14). 160 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNEES Xenesthis E. Sim., Act. Soc. Linn. Bord., 1891, p. 324. Cephalothorax maris paulo longior quam latior. Oculi antici sat parvi, subæqui, lineam modice procurvam formantes [margine antico mediorum cum centro lateralium lineam rectam designante). Medii postici mediis anticis et lateralibus posticis minores, a mediis quam a lateralibus remotiores. Spatium inter laterales latitudinem oculum circiter æquans. Pedes longi. Patella et tibia 4 paris feminæ haud longiores, maris longiores quam patella et tibia li paris. Scopulæ metatarsi 31 paris compactiles, basin fere attingentes ; sco- pulæ metatarsi 4i paris intus fere basin, extus tertiam partem basilarem arti- culi attingentes et subtus linea subglabra, versus apicem sensim attenuata, longitudinaliter sectæ. Tegumenta breviter et crebre pilosa. Tibia antica maris apice bicalcarata. Bulbus apice breviter et obtusissime attenuatus et profunde canaliculatus. Typus : X. colombiana E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : America meridionalis : Colombia. Lasiodora C. Koch, Ueb. Ar. Syst., V, 1850, p. 72. — Mygale auct. — Eury- pelma subgen. Lasiodora Auss., loc. cit., 1871-1875. Cephalothorax maris haud vel non multo longior quam latior, feminæ paulo longior. Oculi antici mediocres, æquales, vel medii paulo minores (L. Klugi C. Koch), inter se sat late et fere æque distantes, lineam sat procurvam for- mantes ([margine antico mediorum paulo pone centrum lateralium sito); medii postici mediis anticis et lateralibus posticis minores, plerumque a mediis quam. à lateralibus remotiores. Spatium inter laterales latitudinem oculum circiter æquans. Pedes longi. Patella cum tibia 4 paris plerumque paulo longior quam patella cum tibia 1 paris. Metatarsus 4i paris, præsertim in mare, tibia multo longior. Scopulæ metatarsorum quatuor anticorum basin attingentes, metatarsorum 3 paris partem apicalem occupantes. Metatarsi ä paris plerumque haud scopulati, usque ad apicem simpliciter pilosi et aculeati. Tibia antica maris apice bicalcarata, calcare inferiore interiore majore, curvato et obtusissimo. Bulbus apice obtusus et canaliculatus. | Typus : L. Klugi C. Koch. AR. GEOGR. : America merid. : Colombia, Ecuador, Brasilia, Paraguay. Les espèces de ce genre se répartissent en deux groupes : À. — Tibia et patella 4° paris (g' ®) longiores quam tibia et patella 1° paris. Metatarsus # paris haud scopulatus. Cephalothorax longior quam latior. Oculi antici mediocres, æqui vel medii lateralibus paulo minores. Corpus pedesque breviter pubescentia, et parce setosa. Bulbus maris apice sat anguste lanceo- latus, superne marginatus et, saltem prope apicem, leviter carinatus [L. nigri- color Auss. (1)]. B. — Tibia et patella 4 paris haud vel non multo longiores quam tibia (1) Comprenant aussi : E. fortis et immanis Auss., Augusti et vespertina E. Sim. etc. FAMILLE DES AVICULARIIDÆ 16L et patella li paris (in ® paulo longiores). Metatarsus 4 paris ad apicem sco- pula parva, interdum indistincta, munitus. Oculi antici sæpissime æquales. Cephalothorax in mare haud in femina non multo longior quam latior. Abdomen pedesque longe hirsuta [L. Klugi C. Koch {1)]. 7. HOMŒOMMATEÆ Ce groupe diffère du précédent par ses fémurs postérieurs dépourvus de scopula internes et ses pattes antérieures armées d’épines beaucoup plus nombreuses ; il diffère du suivant par ses métatarses antérieurs dont les scopula n'occupent que la partie terminale et dont la base est armée, en des- sous, de plusieurs épines. On peut ajouter que les yeux médians sont petits et que les antérieurs sont à peine plus gros que les postérieurs, mais, à cet égard, il y a des exceptions. Les tibias antérieurs des mâles sont, comme dans le groupe suivant, armés de deux éperons, mais ces éperons sont généralement beaucoup plus petits ; le bulbe se termine presque toujours en pointe fine arquée. Par leur taille et leur faciès, les Homæomma ressemblent complètement aux Eurypelma, mais les crins dont leurs téguments sont hérissés, indépendam- ment de la pubescence couchée, sont en général plus longs et plus isolés. Ce groupe est exclusivement américain : la seule espèce du genre Rhechostica habite le Texas, celle du genre Agathostola la Haute-Colombie, celle du genre Phryxotrichus le Chili, où elle est très commune; les genres Grammostola et Homæomma sont propres au Brésil et au Paraguay. GENERA 1. Pars labialis apice creberrime et minute spinulosa. Tarsi pedum li et 4i parium æquales vel tarsi 4! paris paulo longiores........ 2: — Pars labialis apice spinulis paucis et remotis munita. Tarsi pedum fi paris paulo breviores quam tarsi li paris........ Phryxotrichus. PAOcuiimedibposticiablanticis late remote PAU APE D. — Oculi medii postici a mediis anticis et lateralibus posticis fere æque et anguste separati............ Re ne pu RARE 4. 3. Oculi medii parvi, anticus laterali circiter 1/3 minor, posticus laterali saltem quintuplo minor.. Oculi laterales sat magni, subæquales, spatio oculo vix angustiore inter se distantes. Scopulæ metatarsorum anticorum dimidium apicalem haud DEEE ARR ae nan nt e ee cuaee ete e 00 a eee cine ee ELOMOŒOMINA: — Oculi medii antici lateralibus paulo majores, postici lateralibus tantum 1/3 minores. Oculi laterales sat parvi, æquales, spatio (1) Comprenant aussi : £. spinipes et striatipes®&Auss., Bencdeni Bertk., etc. l5- 11 1 162 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES diametro magno oculo latiore inter se distantes. Scopulæ me- tatarsorum anticorum tertiam partem basilarem attingentes.., ne do ARE CE din on is Te de PE ANR echo te 1. Metatarsi postici haud scopulati, usque ad apicem simpliciter pilosi et aculeati. Oculi medii postici magni anticis vix minores. Oculi laterales magni, subæquales, spatio dimidio oculo angustiore HISÉSÉICISIANIES PEER LR To à ER CRU Agathostola” — Metatarsi posticei apice scopulati. Oculi medii postici anticis paulo minores. Oculi laterales sat magni, posticus antico paulo minor, Spatio oculo non multo angustiore a sese distantes..... Grammostola. Homæomma Auss., Verh. z. b. G. Wien, 1871, p. 210. Cephalothorax non multo longior quam latior, parte cephalica sat convexa. Tuber oculorum humile, circiter 1/3 latius quam longius. Oculi antici lineam validissime procurvam designantes et, præsertim medii, inter se late distantes (spatium inter medios oculo saltem duplo latius), medii lateralibus minores. Medii postici minutissimi, a lateralibus posticis bene sejuncti sed a medüs anticis fere duplo latius quam a lateralibus posticis remoti. Laterales sat magni, subæquales, mediis majores, spatio oculo vix angustiore inter se separati. Pars labialis apice creberrime spinulosa. Pedes longi (1Y, 1, 11, nt) (maris pedes 1v à 1 subæquales). Scopulæ metatarsorum quatuor anticorum partem apicalem articulum tantum occupantes, parte basali articuli aculeata. Metatarsi postici tibiis longiores, apice minute scopulati. Tarsi Li et 4? parium subæqui. Calcares tibiales maris sat graciles et subacuti, inferior longior et arcuatus, bulbus angustus, usque ad basin teretiusculus, haud carinatus, apice simpliciter tenuissimus. Tyeus : H. Stradlingi Cambr. (1). AR. GEOGR. : nn Rhechostica, nov. gen. — Homæomma E. Sim., Act. Soc. Linn. Bord., 1891, p. 372 (H. texense E. Sim.). .… Ab Homæommati differt oculis mediis anticis lateralibus paulo majoribus et spatio oculo non multo latiore a sese distantibus, mediis posticis ab anticis sat late remotis sed a lateralibus posti@s vix separatis, oculis lateralibus me- diocribus, æquis et spatio oculo latiore inter se distantibus, scopulis metatar- sorum anticorum tertiam partem basilarem articulum saltem attingentibus. Bulbus maris prope medium depressus et extus carina acuta semicirculari munitus, apice rectus et acutissimus. Typus : R. texensis E. Sim (sp. un.). AR. GEOGR. : America septentr. in reg. callida. (1) — Mygale (Eurypelma) versicolor C. Koch, Ar., IX, 1842, p. 57, f. 727, et Ho- moeonuna versicolor Auss., loc. cit. — Mygale versicolor Walck., Apt., I, p. 211, de la Martinique, appartient au genre Avicularia. FAMILLE DES AVICULARIIDÆ 163 Agathostola, nov. gen. Ab Homæommati differt tubere oculorum paulo minore, oculis majoribus et aream magis compactilem formantibus, anticis inter se æquidistantibus et spatiis oculo angustioribus separatis, mediis lateralibus paulo minoribus, mediis posticis magnis, planis et leviter angulosis, anticis haud minoribus, a mediis anticis et lateralibus posticis fere æque et anguste separatis, laterali- bus magnis, æquis, spatio dimidio oculo angustiore inter se distantibus. Pedes longi, saltem in mare, Homæommatis, sed metatarsis posticis haud scopulatis, usque-ad apicem simpliciter pilosis et aculeatis. Bulbus maris apice attenua- tus sed robustus et obtusus, sat valde curvatus. Tyeus : À. strabo E. Sim. (sp. un.). {: AR. GEOGR. : Colombia. Grammostola, nov. gen. — ÆEurypelma E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1891, p. 311 (ad part. E. pulchripes). Ab Agathostola differt tantum oculis mediis posticis magnis sed lateralibus anticis minoribus, oculis lateralibus magnis sed poslico antico paulo minore et ab antico spatio dimidio oculo evidenter latiore distante, scopulis metatar- sorum anticorum quartam partem basilarem articuli attingentibus, metatarsis posticis scopulis apicalibus munitis. Bulbus simplex, apice tenuissimus ut in Homæommati. Typus : G. pulchripes E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : America merid. : Paraguay. Phryxotrichus E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1888, p. 222. — Mygale Nic. in Gay, Hist. d. Chile, etc., Zool. IIT (ad part. rubiginosa). — Orthotrichus Karsch, Zeiüschr. f. Ges. Naturw., LIIT, 1880, p. 390 (nom. preocc.). À præcedentibus præsertim differt parte labiali spinulis paucissimis et remo- tioribus munita, pedibus longioribus (in &' 1, 1v, 11, nt, in @ 1, 1, 11, it), sco- pulis metatarsorum quatuor anticorum maris tertiam partem apicalem tantum occupantibus, feminæ medium articulum superantibus, et tarsis anticis pos- (1) Cette espèce est inédite, en voici la diagnose : A. strabo, sp. nov. — ©. Ceph.th., long. 19 mill.; lat. 17 mill. Pedes, 1, 61 mill ; 11, 60 mill.; 1x, 59 mill.; 1v, 68 mill. — Cephalothorax niger, crebre et breviter niger- rimo-velutinus, ad marginem et antice rufulo-hirsutus. Abdomen breviter ovatum, nigro-velutinum, antice crebre, postice parcius sed longissime rufulo-crinitum. Sternum, _chelæ, pedesque atro-olivacea, valde sed parum dense rufulo-hirsuta. Tibia antica calcare interiore robusto et obtuso, inferiore longiore, haud graciliore, curvato, apice breviter subacuto. Metatarsus anticus leviter curvatus, scopula dimidium apicalem paulo superante, aculeis apicalibus aculeisque interioribus binis armatus. Pedes- maxillares normales ; tibia haud inflata, subtus valde ciliata ; bulbo mediocri, piri-— formi, contorto, extus inflexo, apice depresso et obtuso. — Colombia. 164 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES ticis paulo longioribus, tubere oculorum convexiore, oculis anticis inter se æque et sat late remotis, mediis lateralibus paulo minoribus, mediis posticis parvis ab anticis late remotis, a lateralibus posticis minus sed bene separatis, oculis lateralibus mediocribus, subæqualibus, inter se spatio oculo haud latiore sejunctis. Typus : P. roseus Walck. (sp. un.). AR. GEOGR. : America austr. : Chili. 8. EURYPELMATEÆ Le céphalothorax des Eurypelma est toujours un peu plus long que large, sa partie céphalique, surtout chez la femelle, est assez convexe, sa fossette est grande, arrondie ou ovale transverse. Le tubercule oculaire convexe n'est jamais beaucoup plus large que long, et les yeux antérieurs figurent une ligne fortement courbée. Les pattes sont armées de nombreuses épines; les postérieures sont plus longues que les antérieures ; la patella et le tibia de la 4° paire, mesurés ensemble, sont un peu plus longs que ces mêmes articles à la 1'° paire, excepté dans les genres Brachypelma et Planadecta ; les tarses sont plus courts que les métatarses, paraïlèles et obtus. Les scopula sont épaisses et entières, mais pas très larges, elles débordent rarement les articles ; celles des métatarses antérieurs atteignent presque la base qui est presque toujours dépourvue d'épines, celles de la 3° n'occupent que la seconde moitié de l’article, celles de la 4°, qui ne manquent jamais, sont ordinaire- ment limitées à son extrémité. Chez les mâles, les tibias antérieurs sont armés de deux éperons, dont l'inférieur est généralement plus long que l’in- terne et courbe ; le bulbe se termine presque toujours en pointe fine courhée. Les genres Lasiodora, Homæonma et Eurypelma, que j'ai placés dans des groupes différents pour en faciliter l'étude, et rompre la série trop nombreuse des grandes Mygales américaines, sont en réalité très voisins ; leurs carac- tères, généralement assez faciles à saisir, s’effacent chez certaines espèces, et la limite des trois groupes devient parfois toute conventionnelle. C’est ainsi que, chez les mâles des Eurypelma cancerides Latr., cubanum Walck., molli- comum Auss., les fémurs de la 4° paire sont garnis, au côté interne, de poils courts et serrés différant à peine de ceux des Lasiodora, mais, dans ces espèces, cette particularité est propre aux mâles, et la scopula apicale des métatarses postérieurs (qui manque chez les Lasiodora) est toujours bien distincte. Les mâles des Eurypelma mollicomum Auss., E. quyanum E. Sim. et Para- physa manicata E. Sim. offrent à la base des métatarses de la première paire quelques fortes épines mêlées aux scopula, caractère qui les rapproche des Homæommu. Enfin, dans le genre Eurypelma, la forme caractéristique du bulbe que j'ai décrite n’est pas constante, c'est ainsi que, chez les Eurypelma mollicomum Auss., vagans Auss., etc., ce bulbe se termine en pointe assez épaisse presque comme chez les Lasiodora. Les Eurypelma sont de très grosses Araignées, bien que, sous le rapport de FAMILLE DES AVICULARIIDÆ 165 la taille, elles soient toujours un peu inférieures aux espèces du groupe des Theraphoseæ. Beaucoup ne paraissent filer aucune toile, elles se retirent dans les creux d'arbre et sous les souches dans les forêts humides; d’autres tapissent leur demeure d’une toile légère ; toutes sont nocturnes et se mettent à l'affût, le soir, pour surprendre leur proie. Le cocon est très gros, arrondi et flasque ; la femelle le porte dans ses chélicères appliqué sur le sternum. Le groupe des Eurypelma est exclusivement américain ; il est nombreux en espèces répandues depuis le sud des Etats-Unis jusqu’à la République Ar- gentine. GENERA 1. Fovea thoracica magna rotunda, tuberculum turbinatum inclu- dens. Oculorum linea antica parum procurva. .... Sphærobothria. — Fovea transversa seu rotunda haud tuberculata. Oculorum linea CANAL EMI O CUVE ee ee ce Mec scene IE 2, 2. Pars labialis spinulis paucis (8-10) grossis et remotis munita. Me- tatarsus anticus tibia brevior basi aculeatus. — Æ. Tibia antica calcaribus binis subcontiguis et obtusissimis instructa,. Paraphysa. — Pars labialis apice minute et creberrime spinulosa. — &. Tibia antica calcaribus binis iniquis et bene separatis, inferiore lon- TIONS EL CHOUEIO) CHENE CE LAN QE C0 CAO DRE EP COPINE 4. 3. Pedes sat longi (præsertim in mare). Metatarsus 4 paris scopula parva apicem articulum tantum occupante munitus......... ; — Pedes breves, robusti et longissime hirsuti fere Aviculariæ. Meta- . tarsus 4 paris scopula crassa, medium articulum attingente munitus. Tibia cum patella 4 paris haud longior vel brevior quam tibia cum patella li paris...... CRE TAN APR EE ARE ARE RE 6. Tarsi cuncti longi, postici leviter fusiformes, antici metatarsis non multo breviores, postici metatarsis tantum 1/3 breviores. Meta- ASUS ANEAICUS IDIA DrEVIOn A ENTER E RC ENS Eurypelma sect. B. — Tarsi paralleli, antici metatarsis circiter 1/3 breviores, postici saltem duplo breviores. ....... ete Na ten ele RS ee D. Metatarsus anticus muticus tibia longior vel æquilongus. — &. Bul- bus anguste piriformis, versus apicem sensim attenuatus, dApiceplerumquentenuis. IE ec AANINE Eurypelma sect. C. — Metatarsus anticus ad basin aculeatus, tibia brevior vel æquilon- gus. — d'. Bulbus subglobosus, spina brevi robusta et com- DIRESSOT RUE ARRETE R RES HR Eurypelma sectirà" 6. Unguis chelarum superne omnino lævis. Pedes antici et postici subsimiles. Tibiæ cum patellis Li et 41 parium æquilongæ. …. Le CORDES RNA URAANE A ne du LENS ..... Brachypelma. — Unguis chelarum superne in parte media profunde striatus. Pedes antici posticis robustiores. Tibia cum patella li paris longior quam patella cum tibia 4i paris......,...... ......... Planadecta. S = Û QC 166 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Paraphysa, nov. gen. Cephalothorax Eurypelmatis. Tuber oculorum latius quam longius. Oculi antici in lineam parum procurvam [margine antico mediorum ante centrum lateralium sito), medi lateralibus paulo minores et inter se quam a lateralibus paulo remotiores. Medii postici minutissimi, lateralibus plus triplo minores, a mediis anticis quam a lateralibus posticis remotiores. Laterales postici anti- cis haud minores et ab anticis spatio oculo multo angustiore sejuncti. Ster- num planum, longius quam latius. Pars labialis spinulis paucis (8-10) remotis et inordinatis armata. Pedes (1v, 1, 1, tr) valde aculeati. Femur 3i paris paulo crassius quam femur 4i paris. Tibiæ cum patellis 4i et 1i parium æquilongæ. Metatarsus 4i paris gracilis, tibia multo longior, apice scopula parva munitus. Metatarsus li paris tibia brevior, subtus scopula basin fere attingente et aculeis basilaribus armatus. Tarsi paralleli et obtusi, anticus metatarso tantum 1/5 brevior. d. Tibia antica apicem versus leviter incrassata, calcaribus binis subsimi- libus et subgeminatis brevibus sed crassissimis et obtusissimis armata, Tyeus : P. manicata E. Simon (sp. un.) (1). AR. GEOGR. : America meridionalis. Eurypelma C. Koch, Ueb. Ar. Syst, V, 1850, p. 73. — Mygale Latr., Gen. Crust., etc, I, 1806 (nom. preocc.). — Id. Walck., Apt., I, 1837. — Eury- pelma (sub-gen. Eurypelma) Auss., Verh. z. b. G. Wien, 1871, p. 208. — Eurypelma (ad part.), loc. cit., 1875, p. 188-89. Cephalothorax paulo longior quam latior, parte cephalica, præsertim feminæ, sat convexa. Tuber oculorum latius quam longius. Oculi antici subæquales, rarius medii lateralibus paulo majores, æquidistantes et spatiis oculo haud vel paulo latioribus inter se separati, interdum, præsertim in mare, medii inter se quam a lateralibus paulo remotiores et spatio inter medios et laterales oculo angustiore, lineam valde procurvam (margine antico medio- rum plerumque pone centrum laterialium sito) semper formantes. Medii pos- tici anticis et lateralibus posticis saltem 1/3 minores, fere semper a mediis anticis quam a lateralibus posticis remotiores. Laterales postici anticis minores et ab anticis spatio oculo paulo angustiore sejuncti. Pedes valde aculeati. Femur 3 paris plerumque paulo crassius quam femur 4 paris. Tibia cum patella 4 paris haud longior vel interdum paulo longior (rusticum E. Sim.) (1) Cette espèce est inédite, en voici la diagnose : P. manicata, sp. nov. — G. Ceph.th., long. 21 mill.; lat. 18 mill. — Cephalo- thorax fuscus, pilis pronis crassis læte fulvis crebre vestitus. Sternum pedesque fusca, fulvo-nitido pubescentia, parce et parum longe hirsuta. Tibia antica calcaribus apica- libus binis crassis et oblusissimis armata. Metatarsus anticus aculeis basilaribus binis interiore leviter elevato, instructus. Pedum-maxillarium libia subparallela, intus aculeis longis 3-4 armata, bulbus sat anguste piriformis, valde attenuatus et apice aculus, in parte secunda arcuatus, extus carinatus et prope medium serie dentium parvorum quinque geminatorum instructus. — America meridionalis. (Specimen uni- cum valde detritum abdomine carens.) / FAMILLE DES AVICULARIIDÆ 167 vel rarius paulo brevior (Maræi E. Sim.) quam patella cum tibia li paris. Metatarsus 4 paris semper sat gracilis, in mare sæpissime vix brevior quam patella et tibia simul sumptæ, in femina evidenter brevior sed tibia semper paulo longior, ad apicem scopula parva munitus. Tibia antica maris versus apicem leviter incrassata et calcaribus validis binis armata, calcare interiore brevi subrecto atque obtuso, calcare inferiore multo longiore teretiusculo arcuato atque obtuso. Pedum-maxillarium tibia haud inflata, intus aculeis plurimis armata, bulbus angustus simplex, apice fere semper tenuissimus et extus Curvabus. Tyeus : E. rubropilosum Auss. (avicularia C. Koch, non L.). AR. GEOGR. : America sept., centr. et merid.; Antilliæ. Les nombreuses espèces de ce genre peuvent se répartir en trois groupes : AÀ,— Metatarsus anticus tibia æquilongus (mollicomum) vel brevior (guyanum) ad basin (saltem in mare) pluriaculeatus. Tarsi normales. Bulbus maris lobo subgloboso, spina robusta et brevi, carinata, apice breviter subacuta. Tibia pedum-maxillarium intus numerose aculeata, aculeis apicalibus reliquis bre- vioribus et robustioribus {E. mollicomum Auss.). Nora. Les espèces de ce groupe font presque le passage des Homoeomma aux Eurypelma, mais l’ensemble de leurs caractères les rattache si étroitement aux derniers qu’il me paraît impossible de les en séparer génériquement. Ils diffèrent des Eurypelma typiques par leurs métatarses antérieurs pourvus d'épines basilaires et souvent plus courts que les tibias; mais, dans tous les cas, les scopula atteignent la base de l'article. Les spinules labiales sont aussi moins nombreuses et moins denses _ que chez les autres Eurypelma, mais elles le sont cependant plus que chez les Phryxo- trèchus et les Paraphysa. — Indépendamment de l'E, mollicomum Auss., ce groupe renferme encore l’espèce suivante qui est inédite : E. guyanum, sp. nov. — . Long. 36 mill. — Ab £. mollicomo differt parte cepha- lica paulo latiore et convexiore, oculis mediis anticis lateralibus saltem 1/3 majoribus {in mollicomo vix majoribus) et lateralibus posticis anticis vix minoribus, pedibus paulo brevioribus et metatarso 1i paris tibia breviore (in mollicomo æquilongo). Tibia antica et pedum-maxillarium maris fere ut ÆE. mollicomo. — Fuscum, læte cervino- pubescens, abdgmen nigro-velutinum, rufulo-hirsutum, — Guyana. B. — Metatarsus anticus muticus, tibia brevior. Tarsi insigniter longi, postici leviter fusiformes, antici metatarsis non multo breviores, postici meta tarsis tantum 1/3 breviores. Oculi (saltem in mare) a sese appropinquati. Bulbus maris anguste piriformis, apice sensim attenuatus, tenuissimus et curvatus. Tibia pedum-maxillarium intus aculeis binis submediis tantum ar- mata (E. Marxi E. Sim.). CG. — Metatarsus anticus semper muticus, tibia paulo longior, rarius æqui- longus. Tarsi normales. Bulbus maris anguste piriformis, apice sensim atte- nuatus, plerumque tenuissimus et curvatus. Tibia pedum-maxillarium intus pluriaculeata (E. cancerides Latr.). Nora. À ce groupe appartiennent presque toutes les espèces du genre; il est à noter que toutes celles qui habitent l'Amérique du Nord ont le bulbe étroitement piri- forme, non caréné et terminé en pointe fine, tandis que les espèces qui habitent À Li. 168 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES l'Amérique centrale et le Mexique ont le bulbe tefminé en pointe obtuse, tantôt comprimée et carénée avec la carène inférieure lisse {caniceps E. Sim.) ou crénelée (serratum E. Sim.), tantôt déprimée et carénée de chaque côté (vagans Auss., lan- ceolatum E. Sim.). e Sphærobothria Karsch, Zeischr. f. Ges. Naturw., LIT, 1879. Cephalothorax longior quam latior ($ 22-18), parte cephalica feminæ sat convexa, fovea maxima et subrotunda, tuberculum magnum turbinatum inclu- dente. Tuber oculorum parvum et convexum, circiter 1/3 latius quam lon- gius. Oculi antici sat magni, æqui, in lineam parum procurvam (margine antico mediorum cum centro lateralium lineam rectam formante), medii a lateralibus quam inter se remotiores sed spatio oculo angustiore a sese dis- tantes. Sternum haud longius quam latius. Pedes modice longi (1v, 1, I, ni) aculeati. Scopulæ metatarsôrum quatuor anticorum basin haud attingentes, metatarsorum 3i paris tertiam partem apicalem occupantes, metatarsorum # paris haud distinctæ. Metatarsus 4i paris tibia longior. Tvpus : S. Hoffmanni Karsch (sp. un.). AR. GEOGR. : America centr. : Costa-Rica. Brachypelma E. Sim., Act. Soc. Linn. Bord., 1891, p. 330. Cephalothorax crassus fere Selenocosmiæ, fovea transversa profunda. Tuber oculorum non multo latius quam longius, sat convexum, antice leviter pro- minulum et crinitum. Oculi fere Eurypelmatis, antici mediocres, subæquales, inter se late distantes, medii postici parvi, a mediis anticis quam a lateralibus posticis remotiores. Sternum æque longum ac latum. Pars labialis apice grosse et sat remote spinulosa. Pedes robusti, breves, creberrime et longis- sime hirsuti fere Aviculariæ, antici posticis non insigniter robustiores. Tibiæ et patellæ 4i paris (&, ©) et li paris æquilongæ. Metatarsus 4 paris scopulis crassis, medium fere attingentibus, munitus. Unguis chelarum supra omnino lævis. Tibia antica maris calcaribus apicalibus binis crassis et obtusis, inte- riore recto, inferiore longiore et arcuato ; bulbus anguste piriformis, apice atte- nuatus sed crassus, valde compressus atque obtusus. Typus : B. Emilia White (sp. un.). AR. GEOGR. : America centralis. Planadecta, nov. gen. Cephalothorax fere præcedentis. Tuber oculorum subrotundum sat con- vexum, antice leviter prominulum et crinitum. Oculi antici sat magni, inter se fere æque et sat late remoti, oculi medii postici magni a mediis anticis quam a lateralibus posticis non multo remotiores. Sternum longius quam latius. Pars labialis apice crebre spinulosa. Chelæ, desuperne visæ, parte cephalica non multo breviores, ungue supra, in parte media, profunde longitudinaliter striato. Pedes breves et robusti, antici posticis evidenter crassiores, tibia cum patella 4 paris brevior quam tibia cum patella 1 paris, metatarsus 4ï paris FAMILLE DES AVICULARIIDÆ 169 scopulis crassis medium attingentibus munitus. Tibiæ cunctæ aculeis apica- libus parvis tantum armatæ. Metatarsi antici mutici, postici aculeis lateralibus paucis muniti. Typus : P. lyrata E. Sim. (sp. un.) (1). AR. GEOGR. : America meridionalis. GENERA INVISA ET INCERTÆ SEDIS Mygalarachne Ausserer, Verh. z. b. G. Wien, 1871, p. 207. Comparé au genre Acanthoscurria, dont il différerait par la grosseur des chélicères ayant à la base (mesurées ensemble) les deux tiers de la largeur du céphalothorax et l'absence de scopula fémorales. — Une seule espèce : M. bre- vipes Auss., du Honduras. Evathlus Ausserer, loc. cil., 1875, p. 138. Est aussi, d’après Ausserer, un sous-genre des Acanthoscurria, dont il ne paraît différer que par l’absence de scopula fémorales. L’organe mâle, figuré par Ausserer, est semblable à celui des Eurypelma. — Une seule espèce : E. truculentus Auss., de provenance incertaine. Lasiopelma E. Sim. — Lasiocnemus Ausserer, loc. cit, 1871, p.210 (nom. preocc.). Ne diffère des Eurypelma que par ses métatarses postérieurs exactement de même longueur que les tibias ; dans tous les autres genres du groupe, ils sont plus longs que les tibias. — Une seule espèce de l'Amérique du Sud : L. grossum Auss. Davus Cambr., Biol. centr. Amer. Ar., 1892, p. 91. Une seule espèce : D. fasciatus Cambr., du Costa-Rica. — Je ne puis saisir les caractères de ce genre, d'après la description. (1) Cette espèce est inédite, en voici la diagnose : P. lyrata, sp. nov. — ©. Ceph.th., long. 21 mill. ; lat. 17,9 mill. Pedes, 1, 53 mill.; IV, 93,9 mill. — Cephalothorax crassus, parte cephalica lata et convexa, fusco-cas- taneus, pilis pronis, sat brevibus, sed versus marginem paulo longioribus, cinereo- sericeis dense vestitus, Abdomen fuscum, cervino-pubescens et hirsutum. Partes oris, coxæ, sternumque nigricantia. Chelæ (desuperne visæ) parte cephalica multo breviores, Pedes castanei, fulvo-cinereo-pubescentes et pilosi, anteriores posterioribus crassiores; scopulæ tarsorum et metatarsorum anticorum crassæ et latæ ; tibiæ cunctæ, aculeis apicalibus parvis exceptis, muticæ, metatarsi postici aculeis lateralibus utrinque binis et apicalibus muniti. Metatarsi li paris tibia circiter æquilongi, metatarsi postici tibia multo longiores. Unguis chelarum supra, in parte media, striis longitudinalibus 4-5 profundis insigniter impressus. — America merid. 170 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES 9. AVICULARIEÆ le Lar o@! Le céphalothorax des Avicularia est ovale et plus long que large, il est beau- coup moins convexe que dans les groupes précédents, et, vu de profil, sa ligne dorsale est presque droite ; sa fossette est grande, ovale transverse ou légère- ment courbée en arrière (recurva). Le mamelon oculaire n’est jamais très convexe. Chez les Avicularia, les yeux sont disposés comme chez les Eury- pelma; tandis que chez les Tapinauchenius, les quatre antérieurs sont en ligne très peu courbée, comme chez les Phlogius. Les Aviculariæ se distinguent, à première vue, de toutes les espèces étudiées précédemment par leurs pattes entièrement mutiques, courtes et très robustes, avec les scopula de tous les tarses et des métatarses antérieurs extrêmement abondantes et longues, dé- bordant latéralement les articles; les fascicules ungueaux sont aussi très dé- veloppés, étalés en palettes à l’extrémité des tarses qui parait, en dessus, tronquée carrément ; cette extrémité offre, en dessus, un groupe de longs poils courbes, généralement rougeûtres, recouvrant les griffes et leurs fasci- cules. Ces pattes sont peu inégales, les postérieures sont cependant toujours les plus longues; les scopula des métatarses antérieurs atteignent la base, celles des postérieures n'occupent que l’extrémité et elles sont divisées par une bande de crins, toutes les autres scopula sont entières, au moins chez les adultes, car, chez les jeunes, les scopula des tarses postérieurs offrent aussi les traces d’une légère division. Les tibias antérieurs des mâles ne sont jamais mutiques ; chez les Tapinauchenius, ils offrent deux éperons construits comme ceux des Eurypelma, tandis que chez les Avicularia, ils n’en portent qu’un seul très obtus, nodiforme et spinuleux; le bulbe se termine toujours en pointe très fine et longue, Les Aviculuriæ sont, en général, de même taille que les Eurypelma, mais leur faciès est différent, ce qui tient à l’épaisseur de leurs extrémités et à la pubescence très longue et très touffue, dont leur abdomen et leurs pattes sont hérissés ; ces longs poils, quelquefois disposés sur les pattes comme les barbes d’une plume, ont souvent des reflets irisés ; les poils du céphalothorax sont beaucoup plus courts et feutrés, ils sont souvent d’une teinte différente de celle des autres parties du corps. : Les mœurs des Aviculuria ne diffèrent pas sensiblement de celles des Eury- pelma, mais leurs allures sont plus vives ; ceux que j'ai capturés au Venezuela couraient sur des troncs d’arbre avec une étonnante vélocité. Comme le précédent, ce groupe est propre à l'Amérique (1); ses espèces sont répandues depuis le sud des États-Unis jusqu'à la République Argentine, plusieurs sont propres aux Antilles. (1) Avicularia Holmbergi Thorell a cependant été indiqué de Malaisie, mais l’auteur donne cette provenance comme incertaine et il ajoute que la communication lui en a été faite par le Dr van Hasselt. Le Dr van Hasselt ayant recu fréquemment des Arachnides de la Guyane hollandaise et des [les-sous-le-Vent, il est permis de croire à une confusion géographique. FAMILLE DES AVICULARIDÆ 171 GENERA 1. Oculi antici inter se parum inæquales, lineami validissime procur- vam formantes. — G'. Tibia antica intus ad apicem calcare unico obtusissimo et crebre spinuloso munita ,...... . Avicularia. — Oculi anticiinæquales, medii lateralibus fere duplo majores, lineam parum procurvam vel subrectam formantes. — G'. Tibia antica MEDICINE EN MUR NRA METRE Tapinauchenius. Avicularia Lamarck, H. N. An. sans Vert., V, 1SIS, p. 107. — Mygale auet. {ad part.). — Eurypelma (ad part.) et Typhochlæna C. Koch, Ueb. Ar. Syst., V, 1850, p. 75. — Avicularia Auss., Verh. 3. b. G. Wien, 1871, p. 201. Cephalothorax humilis, parte cephalica feminæ parum convexa, maris sub- plana. Tuber oculorum humile, circiter 1/3 latius quam longius et fovea tho- racica circiter æquilatum. Oculi antici in lineam valde procurvam, subæqui vel medii majores, spatio inter medios latitudinem oculum saltem æquante, inter medios et laterales vix angustiore. Medii postiei anticis multo minores et lateralibus paulo minores. Laterales postici anticis minores, ab anticis spatio oculo haud vel non multo angustiore distantes. Pedes breves et robustissimi, scopulæ metatarsi 3° paris medium attingentes, 4 paris tertiam partem apica-| lem haud superantes. Metatarsus posticus tibia haud vel vix longior. d. Tibia antica intus ad apicem calcare obliquo, obtuso et tenuiter spinuloso armata. Tvypus : À. avicularia L. AR. GEOGR. : America septentr. in reg. callid.; America centr. et merid. ; Antilliæ. Les espèces de ce genre se répartissent en deux groupes : À. — Abdomen immaculatum [Aviculuria sensu stricto (1)]. B. — Abdomen maculatum | Typhochlæna CG. Koch (2)]. Nora. Le type de ce genre, auquel il convient de laisser le nom d’Avicularia Linné, bien que la courte phrase linnéenne puisse s'appliquer à presque toutes les espèces de cette sous-famille, est une espèce répandue en Guyane et dans le nord du Brésil; elle (1) Comprenant : À. avicularia L., Walckenaeri Perty, versicolor Walck., rultilans, metallica Auss., velutina E, Sim., etc. (2) Comprenant : A. seladonia et caesia C. Koch, Magdalenae Karsch, glauca E. Sim. — Cette dernière espèce me paraît très voisine de Typhochlaena caesia C. Koch et, par ses caractères génériques, elle est inséparable des Avicularia, j'en ai conclu que le genre Typhochlaena ne devait pas être maintenu; les caractères qu'en donne C. Koch (Ueb. Arachn. Syst., V, 1850. p. 75) sont, au reste, insignifiants : « Cephalothorax longiusculus, abdomen grossum , luride pubescens et variegatum, pedes sat longi, valde squamati et hirsuti, crasse scopulati ». Le Dr Karsch a décrit depuis une espèce de Santa-Martha, sous le nom de Typhochlaena Magdalenae (Sieb. neue Arachn. v. Santa-Martha, in $S. E. Z., XL, p. 106), mais sans parler des carac- tères du genre. 172 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES a été très bien figurée par Kleemann dans le supplément de l’Iconographie de Rœsel (pl. xi et xui), figure citée par Linné dans la 12° éd. du Systema. Ausserer en parle sous le nom d’Avicularia vestiaria Degeer, mais Degeer (Mém. VII, 315, pl. 38, fig. 8) n’a jamais employé ce nom qui n’est autre que le premier mot de la phrase descrip- tive tronquée. Mygale avicularia Walckenaer paraît correspondre à cette espèce, mais + Mygale avicularia G. Koch en est tout à fait distinct et appartient au genre Eury- pelma (E. rubropilosum Auss.), sa Mygale hirsutissima paraît, au contraire, en être synonyme. Les M. anthracina et diversipes, du même auteur, généralement rapportés au genre Avicularia, rentrent probablement dans le genre Eurypelma.—Mygale versi- color Walckenaer, qui a été bien à tort rapporté au genre Homoeomma, est un Avi- cularia très commun dans les petites Antilles. — M. plantaris, scoparia, aus, 1 leporina C. Koch, sont de très jeunes Avicularia indéterminables. Dans ce genre, les jeunes diffèrent grandement des adultes, surtout par la coloration ; leur abdomen est fauve et orné de taches brunes obliques linéaires disposées par paires, leurs pattes sont fauves avec les hanches et les tarses noirâtres; de plus, les scopula des tarses postérieurs sont, au moins partiellement, divisées par une bande de crins. Tapinauchenius Auss., Verh. z. b. G. Wien, 1871, p. 200. — Mygale auct. {ad part). — Kurypelma (ad part.) et Typhochlæna lad part. læta sec. Karsch) Ch. Koch, Ueb. Ar. Syst., V, 1850, p. 75. Aviculariæ affinis. Cephalothorax humilior, antice magis attenuatus et fronte sat angusta. Area oculorum major et magis transversa, oculi quatuor antici in lineam multo minus procurvam (margine antico mediorum ante centrum lateralium sito) et medii lateralibus semper majores. Oculi laterales elongati et subæquales (plumipes C. Koch) vel sæpius postici anticis minores, spatio oculo angustiore vel rarius subæquo (cærulescens) inter se distantes. Oculi medii postici reliquis oculis multo minores. Chelæ paulo debiliores. Pedes longiores et paulo graciliores sed scopulis tarsorum cunctorum et me- tatarsorum anticorum latissimis et apice subquadratis. Tegumenta creberrime et longissime hirsuta. d. Tibia antica calcaribus apicalibus binis, inferiore interiore longiore et curvato, armata. Typus : T. plumipes C. Koch. AR. GEOGR. : America septentr. in reg. caMid.; America centr. et merid. : Venezuela, Guyana, Brasilia sept.; Antilliæ. 10. PŒCILOTHERIEÆ Ce groupe se distingue du précédent par sa fossette thoracique très petite, quelquefois tout à fait sulciforme (Pæcilotheria), ses pattes antérieures nette- ment plus longues que les postérieures, et ses tiblas antérieurs dépourvus d'éperons chez le mâle. À part cela, les Pœcilotheria sont très voisins des Avicularia, leurs pattes sont également mutiques, leurs scopula très larges et débordantes, et leurs tarses coupés carrément à l'extrémité, disposition qui n’est cependant bien nette qu'aux deux premières paires, mais leurs pattes sont beaucoup plus longues et plus grêles, ce qui fait paraître leurs articles terminaux encore plus épais; leurs scopula des métatarses postérieurs sont FAMILLE DES AVICULARIDÆ 173 , également coupées d'une bande de crins, qui, chez les Scodra, s un peu sur la scopula tarsale. Ces Araignées ont aussi des rapports avec les Selenocosmia, particulièrement avec le genre Encyocrates, dont la fossette est également petite et droite, mais, chez les Encyocrates, les tarses sont un peu plus étroits que les métatarses et obtus, les métatarses postérieurs ont des épines apicales et la fossette thora- cique n'est pas sulciforme, ses bords s'évasent en dessus comme chez tous les autres Aviculartdes. Les téguments des Pæcilotheriæ sont hérissés de très longs crins de couleur claire ; ils sont, de plus, garnis de pubescence courte et serrée, blanche ou jaune, formant divers dessins, soit des annelures sur les pattes, soit une bande festonnée sur l'abdomen. La seule espèce de ce groupe que j'ai vue vivante, le Pœcilotheria fusciata Latr., est une très grosse Araignée qui se rencontre à Ceylan, dans les endroits sombres et humides des maisons où elle est, au reste, crès rare; je ne sais rien de plus sur ses mœurs (1). Ce groupe ne renferme que deux espèces, anciennement connues, qui re- présentent dans l’Ancien Monde les Aviculuria du Nouveau : Pœcilotheria fasciata Latr., habite Ceylan et l’Indoustan méridional ; Scodra calceata Fabr., la côte occidentale d'Afrique. étend même GENERA Fovea thoracica parva, transversim sulciformis. Oculorum linea antica sat procurva. Scopulæ tarsorum cunctorum integerrimæ. Pœcilotheria. Fovea thoracica parva subrotunda. Oculorum linea antica minus pro- curva. Scopulæ tarsorum posticorum ad basin obsolete sectæ. Scodra. Pœcilotheria E. Sim., Bull. Soc. zool. Fr., 1885, p. 38. — Mygale auct. (ad part.). — Scurria OC. Koch, Ar., IX, 1842, p. 42. — Id. Auss., loc. cût., Sep 199) mom preocc.|: Ccphalothorax planus. Fovea sulciformis, parva, recte transversa. Tuber oculorum humile. Area oculorum plus duplo latior quam longior. Oculi antici in lineam sat procurvam (margine antico mediorum pone centrum late- ralium sito) inter se fere æquidistantes et spatiis oculis paulo angustioribus distantes, medii lateralibus paulo majores. Medii postici anticis multo minores. Laterales postici mediis paulo majores sed lateralibus anticis paulo minores. Spatium inter laterales oculo vix angustius. Pedes longissimi (præsertim in mare). Scopulæ tarsorum cunctorum integerrimæ. Metatarsus 4i paris, præ- sertim in mare, tibia multo longior. d. Bulbus apice parum attenuatus, spina crassa, spiraliter carinata. Typus : P. fasciata Latr. (sp. un.). AR. GEOGR. : India merid. et ins. J'aprobane. (1) Ce que Walckenaer dit des mœurs de celle espèce (ApL., I, p. 209), d'après Seba el Percival (Account of Ceylon, London, 1805, p. 317), s'applique certainement à une Araignée du genre Nephila (Argiopides). 174 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Scodra L. Becker, Soc. ent. Belg., 1879, c. r., p. CxLr. — Séromatopelma Karsch, Berl. Ent. Zeitschr., 1881, p. 218. Cephalothorax planus. Fovea parva subrotunda. Tuber oculorum parum convexum. Area oculorum circiter duplo latior quam longior. Oculi antici in lineam parum procurvam (apice mediorum evidenter ante centrum lateralium), medii lateralibus majores, inter se quam a lateralibus remotiores et spatio oculo haud vel vix latiore sejuncti. Medii postici reliquis oculis multo minores. Laterales antici et postici subsimiles, spatio oculo multo angustiore a sese distantes. Pedes Pœcilotheriæ sed paulo breviores, longissime pubescentes et fimbriati, scopulis tarsorum posticorum ad basin linea setosa obsoleta divisis, metatarsis 41 paris tibiis non multo brevioribus. d'. Bulbus apice tenuissimus ut in Avicularia. Tyeus : S. calceata Fabr. (sp. un.). AR. GEOGR. : Africa trop. occid. Nora. Le genre MyGaLopes Nic. èn Gay, Hist. d. Chile, Zool., IL, est à supprimer ; il est établi sur de très jeunes Avicularides de plusieurs genres. - Le genre Pachypelma a été proposé par le Dr Karsch, in Zeitschr. f. d. Ges. Na- turwiss., LIT, 1830, p. 289, pour le Mygale oculata Nic. Il ne reste plus des exem— plaires types de Nicolet que des débris informes. 7e Sous-famille DIPLURINÆ. Les Diplurinæ, que je place à la fin de la série des Aviculariides, parce qu'ils me paraissent en représenter le type le plus amoindri, diffèrent des Avicula- rünæ vrais par l'absence absolue de fascicules ungueaux, la structure des griffes supérieures, qui sont toujours pourvues de dents longues et nom- Fig. 195. Fig. 196. Fig. 197. Macrothele. Hexathele. T'helechoris. Filières vue en dessous. breuses, souvent bisériées, et la présence, presque constante, d’une griffe inférieure. Leurs filières sont aussi plus longues et plus écartées transversa- lement que chez les autres Aviculariides, mais j'ai décrit plus haut quelques genres anormaux du groupe des Ischnocolus dont les filières diffèrent très peu de celles des Diplura, et d’un autre côté, je rapproche aujourd'hui des Diplura FAMILLE DES AVICULARIIDÆ 175 un certain nombre de types tels que les Atrax et les Hadronyche qui, sous ce rapport, diffèrent à peine des Aviculariinæ ; il en résulte que le caractère tiré des filières, bien que très général, n'a pas de valeur absolue. Les filières infé- rieures sont largement séparées, leur intervalle a au moins deux fois leur diamètre et souvent plus, mais ce caractère est d’une constatation diffi- cile, car le plus ou moins de rétraction de l'abdomen peut faire varier l'écar- tement de ces filières. Les supérieures sont encore plus disjointes et formées de trois articles généralement grèles et longs; il résulte de leur écartement transversal que le tubercule anal se trouve isolé, mais il est toujours situé au niveau de la base des filières supérieures et non au-dessus comme chez les Atypidæ. Le céphalothorax est rarement convexe ; sa fossette est transverse ; ses dé- pressions rayonnantes toujours profondes. Le groupe oculaire est compact et transverse, il est normal, excepté dans le groupe des Masteria où il affecte une disposition spéciale. Les pièces buccales sont souvent entièrement mutiques, souvent aussi fine- ment spinuleuses ; les spinules sont plus constantes sur les hanches que sur la pièce labiale, notamment dans le groupe des Diplureæ. La pièce labiale est carrée ou transverse, très rarement plus longue que large (Hadronyche). Le sternum est plan, rarement plus long que large, ses impressions sont petites, obliques et submarginales. Les pattes, dont la longueur est très variable, sont plus ou moins robustes, mais leurs deux derniers articles sont toujours remarquablement grêles et longs ; les tarses sont le plus souvent marqués en dessus de petites strioles membraneuses qui ajoutent à leur flexibilité. Les chélicères sont généralement médiocres et toujours dépourvues de râteau. Chez les mâles, les tibias antérieurs sont pourvus d'un éperon simple supéro-interne ou d'un groupe d’épines dentiformes ; chez les Diplurua, l'article lui-même est grêle et normal, tandis que chez les Macrothele, il est plus ou moins dilaté; dans les deux groupes, le métatarse offre au côté externe une longue dépres- sion qui se termine par une saillie obtuse; les Brachythele font seuls exception à cette règle. Les deux derniers groupes de cette sous-famille se distinguent chacun par un caractère exceptionnel dans la famille entière ; chez les Heæxathele, les filières sont au nombre de six et disposées comme celles des Atypidæ (fig. 126); chez les Masteria, le nombre des yeux est réduit à six, disposés en groupe compact presque arrondi. Depuis mon premier projet de classification des Aviculariides, j'ai modifié Ja composition de la sous-famille des Diplurinæ, j'en ai retiré le genre ambigu Mitothele pour le reporter au groupe des Ischnocolus (voy. p. 133); j'y ai réuni au contraire le groupe entier des Aname, dont les affinités ont jusqu'ici échappé à tous les auteurs ; le genre Aname est synonyme du genre Brachy- thele, et le genre Fufius du genre Hapalothele; quant au genre Atraæ, il ne me paraît différer des Macrothele que par la brièveté de ses filières ; le genre cu- rieux Hudronyche L. Koch, qui m'est inconnu en nature, et que son auteur rapprochait des EÉriodon, me paraît aussi se rattacher au groupe des Macro- thele. Je rapproche aussi des Diplura, les Trechona C. Koch, que tous les 176 HISTOIRE NATURELLE DES APAIGNÉES auteurs ont placés dans le voisinage des Eurypelma à cause de leurs griffes, au nombre de deux, et sans doute de leur grande taille, mais ici l'absence de la griffe impaire n’a pas une très grande importance, car cette griffe est rudi- mentaire dans le genre voisin Eudiplura ; l'absence des fascicules ungueaux et la structure même des griffes, qui sont armées d’une double série dentée, indiquent au contraire une très grande affinité entre les Diplura et les Tre- chona. Les Diplurinæ ne sont point terricoles ; ils sont sédentaires et filent, à la manière des Agelenides, de grandes toiles nappiformes de tissu serré, mais léger et transparent. À l'exception des Trechona et des Eudiplura, qui atteignent de grandes dimensions, les Diplurinæ sont tous de taille moyenne, ou même petite (Mas- teria). Les Diplurinæ se répartissent dans les quatre groupes suivants, caractérisés par la présence ou l'absence des scopula, l'armature des griffes tarsales qui se compose, tantôt d’une seule, tantôt de deux séries de dents, le nombre des yeux qui est quelquefois réduit à six (Masteria), enfin celui des filières qui est exceptionnellement de six dans quelques genres (Heæathele). 1. Tarsi metatarsique (saltem antici) plus minus scopulati. Ungues superiores seriebus dentium numerosorum duabus muniti. In- tervallum mamillarum inferiorum diametro mamillæ duplo latius. Tarsi mutici ......... DRM SAR cie Re .. Diplureæ. — Pedes haud scopulati. Ungues superiores serie simplici dentium muniti. Intervallum mamillarum inferiorum diametro mamillæ saltemiquedRuploMatIIs EAP PEER PORN ER EST PEER 2} 2. Oculi octo, aream transversam magnam multo latiorem quam longiorem occupantes. Tarsi, saltem postici, aculeati....... à D. — Oculi sex, aream parvam subrotundam occupantes. Tarsi mutici. LR NE DA AA A A EE EP coche NIAS LEE D Moule AQU ALU O RASE TEEN CEE nee Macrotheleæ. — Mamillæ sex....... ne be DEAR ES ET EN . Hexatheleæ. 1. DIPLUREÆ Ce premier groupe renferme les Diplurinæ, dont les tarses, très grêles et sou- vent flexibles, sont garnis en dessous, au moins aux deux paires antérieures, de scopula peu denses, souvent divisées par une bande de crins, et dont les griffes supérieures sont constamment pourvues d’une double série de dents. On peut ajouter que leur pièce labiale est mutique ou presque mutique, que leurs yeux, au nombre de huit, forment un groupe transverse assez grand, que leurs tarses sont toujours dépourvus d’épines, et que leurs filières infé- rieures sont moins écartées transversalement que dans le groupe suivant. Chez les mâles, les tibias antérieurs sont presque toujours armés d’un seul éperon grêle, spiniforme, mais ordinairement élevé sur un tubercule bas et arrondi, FAMILLE DES AVICULARIDÆ 177 le métatarse offre au côté externe, à la base (excepté chez les Brachythele), une longue dépression qui se termine par une petite saillie obtuse. La longueur des filières supérieures est très variable ; elle n'excède jamais celle de l’abdomen et lui est bien souvent inférieure; chez les Brachythele, les filières ne diffèrent pas de celles des Aviculariinæ. Les genres Hapalothele et Brachythele sont largement distribués, le premier a des représentants à Madagascar, en Australie, dans l'Amérique centrale et méridionale, tandis que le second est particulier x la zone subtropicale et même tempérée, il a quelques représentants dans la région méditerranéenne orientale et dans l’Asie centrale, en Australie et en Tasmanie, au Cap de Bonne-Espérance et à Madagascar, ses espèces américaines sont confinées les unes en Californie, les autres au Chili. Tous les autres genres sont particu- liers à l'Amérique du Sud, où ils sont répandus du golfe du Mexique au Chili. GENERA 1. Linea oculorum antica leviter procurva. Pedes longi, tarsis graci- libus, flexuosis et subarticulatis. Mamillæ superiores abdo- mine plerumque haud vel vix breviores (1}................ 2 CE “ee — Linea oculorum antica recta vel recurva (2). Tarsi sat graciles sed recti. Mamillæ superiores abdomine plerumque plus duplo bre- NUDNE SARNIA NAS RE SET PRET 36 2, Tarsi antici utrinque leviter et rare scopulati, inferne vitta setosa muniti; postici haud sSCOpulati. ...-....................... Diplura. — Tarsi antici integre breviter et sat crebre scopulati...........,... 3. 3. Tarsi cuncti integre scopulati. Unguis inferior brevis vel nullus. Tuber oculorum a margine frontali sat late remotum.,........ 4. — Tarsi antici integre scopulati, postici linea setosa longitudinaliter secti. Unguis inferior parvus sed distinctus. Oculorum tuber a margine frontali parum remotum. Oculi medii antici latera- libus vix minores, ..... a nie tele lise eee a ITU CRIS: 4. Unguis inferior parvus sed distinctus. Oculi medii antici laterali- DE re AR UN MAUR AAA püdiplura —Unguis inferior nullus. Oculi medii antici lateralibus haud ma- NOTE SEC AUSSeren) er CN... UTrechona. 5. Oculi antici sat minuti, æqui vel sæpius medii lateralibus minores. Metatarsi quatuor anteriores usque ad basin sat crebre scopu- lati. Pars labialis multo latior quam longior.......... Brachythele. (1) Chez les Trechona, les filières paraissent cependant plus courtes que la moitié de l'abdomen. Ce caractère ne doit être étudié que chez les exemplaires en bon état ; la longueur de l'abdomen parait bien souvent diminuée soit par la ponte, soit par la dessiccation. (2) Rarement un peu procurvée, chez quelques Brachythele américains. 19 7 178 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES — Oculi antici maximi, æqui, vel sæpius medii lateralibus majores. Metatarsi quatuor anteriores in parte apicali rare scopulati. Pars labialis haud vel non multo latior quam longior..,...... 6. 6. Fovea thoracica recte transversa. Pars labialis paulo latior quam JON TAPIE dolce Ne EME. Hapalotheletn Spbe — Fovea thoracica recurva. Pars labialis saltem haud latior quam lon On NE A RENE UN CR Rs ete ..... Hapalothele (Fufius). Diplura C. Koch, Ueb. Ar. Syst, V, 1850, p. 75. — Mygale C. Koch (olim ad part.) — Thalerothele Berik., Acad. Belq.; Mém. Sao. Etr., XLIII, 1880, p. 23. Cephalothorax humilis, fovea leviter recurva. Tuber oculorum saltem duplo latius quam longius, a margine frontali spatio oculum lateralem circiter æquanti sejunctum. Oculi antici magni, inter se anguste et æque distantes, lineam parum vel vix procurvam formantes, subæquales vel medii paulo ma- jores. Medii postici parvi, a mediis anticis et a lateralibus posticis angustis- sime sejuncti. Laterales antici et postici inter se vix separati, hi paulo minores. Pars labialis paulo latior quam longior, convexa, mutica vel fere mutica. Coxæ pedum-maxillarium, prope basin, area parva, minute spinulosa munitæ. Pedes (1v, 1, 11, 1x vel 1v, 1, ut, ur) longi et graciles, tarsis gracillimis et plus minus flexuosis, anticis utrinque rare scopulatis subtus setis validioribus biseriatis munitis, reliquis tarsis haud scopulatis, valde et inordinate setosis, aculeis longis et numerosis. Unguis inferior longus. Mamillæ superiores ab- domine haud vel vix breviores, interdum (in mare) longiores, articulis tribus subæquis, ultimo reliquis graciliore tereti et recto. Mamillæ inferiores spatio diametro mamillæ duplo vel rarius triplo latiore a sese distantes. Tibia antica maris versus apicem vix incrassata, calcare apicali simplici et parvo, ad basin plus minus bulboso ad apicem spiniformi armata ; metatarsus anticus extus prope basin, leviter emarginatus dein obtuse et minute tuberculatus. Typus : D. macrura C. Koch. ; AR. GEOGR. : America meridionalis : Venezuela, Colombia, Ecuador et Brasilia; Antilliæ (1). Ces espèces peuvent se répartir en deux groupes : À.—(Thalerothele) Mamillæ superiores abdomine evidenter breviores, articulo ultimo præcedenti vix longiore subtereti et recto. Tarsi pedum anticorum sat robusti et parum longi. Cephalothorax plerumque rufulus. Abdomen macula- tum [fasciata Bertk. (2)]. du B. — Mamillæ superiores abdomine haud breviores, articulo ultimo præce- denti longiore valde attenuato. Tarsi cuncti graciles. Corpus fuscum plus minus sericeo-pubescens [macrura G. Koch. (3)]. (1) D. longipalpis Karsch, du Congo, ferait exception, mais il est très douteux pour le genre. D. maculata Thorell appartient au groupe suivant (Macrothele). (2) Comprenant aussi D. bicolor E. Sim. " (3) Comprenant aussi : D. acqualorialis, longicauda Auss., gymnognatha Berlk., soricina et Cousini E. Sim. FAMILLE DES AVICULARIIDÆ 179 Uruchus E. Sim., Act. Soc. Linn. Bord., XLIT, 1888 (1889), p. 400. Dipluræ valde affinis et subsimilis sed oculis quatuor anticis in lincam paulo magis procurvam, mediis lateralibus vix minoribus, tarsis anticis usque ad basin metatarsisque ad apicem breviter et crebre scopulatis linea setosa carentibus, tarsis posticis sat dense scopulatis sed linea valde setosa et inte- gra longitudinaliter sectis facile distinguendus. Typus : U. Gaujoni E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : America merid. : Ecuador. Eudiplura, nov. gen. — Diplura Auss., Verh. 3. b. G. Wien, 1871, p. 179 {ad part. Rogenhoferi). Cephalothorax et oculi Dipluræ sed tubere oculorum à margine antico lon- gius remoto. Pars labialis apice spinulis paucissimis munita. Pedes longis- simi et graciles, tarsis gracillimis et flexuosis sed cunctis usque ad basin cum metatarsis anticis dense scopulatis, scopulis integris. Unguis inferior parvus, in tarsis anticis subobsoletus. Mamillæ abdomine paulo breviores, articulo medio basali paulo longiore, ultimo medio paulo longiore et graciliore tereti et recto. Pedes antici maris Dipluræ. Typus : E. Rogenhoferi Auss. (sp. un.). AR. GEOGR. : Brasilia. Trechona C. Koch, Ueb. Ar. Syst., 1850, p. 75. — Mygale Latr., Acad., 1830 (M. venosa). — Id. Walck., Ann. Soc. ent. Fr., 1835, p. 637 (M. zebra). — Pezionyx E. Sim., H. N. Ar., 1864, p. 68. — Trechona Auss., Verh. z. b. G. Wien, 1871, p. 197. Genusignotum Eudipluræ verisimiliter affine, differt imprimis sec. auctores ungue inferiore tarsorum omnino obsoleto. — Tuber oculorum humile. Ocuit inter se appropinquati, antici majores et lineam sat procurvam formantes. Pedes (1v, 1, x, 11) longi et tenues. Tarsi cuncti metatarsique quatuor ante- riores breviter et rare scopulati sed scopulæ integræ. Metatarsi cuncti tibiüs paulo longiores et graciliores. Mamillæ superiores graciles, abdomine breviores (sec. Ausserer). Typus : T. venosa Latr. AR. GEOGR. : America merid. : Colombia, Brasilia et Chili (1). (1) Des quatre espèces que l’on rapporte à ce genre, il me paraît probable qu'une seule : T. venosa Latr., lui appartient réellement. C'est la plus grosse espèce de la sous-famille, elle est remarquable par son abdomen orné de bandes transverses d’un rouge orangé. 180 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Brachythele Auss., Verh. z. b. G. Wien, 1871, p. 173. — Mygale C. Koch, 1839 {ad part. icterica). — Mygale Nicolet, 1849 (ad max. part.). — Aname L. Koch, Ar. Austr., 1873, p. 465. — Id. Auss. loc. cit., 1875, p. 152. Cephalothorax sat longus et ovatus fere Nemesiæ, parte cephalica parum convexa, fovea magna fere recte transversa rarius leviter procurva (pallida, subcalpetanu). Tuber oculorum parum convexum, duplo vel tantum 1/3 latius quam longius, à margine antico parum remotum. Oculi antici inter se parum disjuncti, æqui vel sæpius medii minores, in lineam plane rectam, rarius levissime procurvam (Pissi, longitarsis, pallida, Theveneti). Oculi postici fere æqui, anticis minores, laterales postici ab anticis anguste distantes. Pars labialis latior quam longior, apice recte secta, plerumque mutica, interdum apice parce spinulosa. Coxæ pedum-maxillarium intus ad basin area inordi- nate spinulosa munitæ. Pedes parum longi (1v, 1, 11, x), aculeati, tarsi meta- tarsique quatuor antici fere usque ad basin plus minus crebre scopulati, tarsi postici leviter scopulati, interdum scopulæ tarsorum posticorum linea setosa sectæ (subcalpetana), tarsi postici fere semper mutici (aculeati in B. icterica sec. Auss.). Ungues superiores serie duplici dentium muniti (serie unica in tarsis posticis B. incertæ sec. Auss.). Mamillæ superiores breves et sat crassæ, interdum graciliores, articulis tribus subæquis, ultimo reliquis graciliore, mamillæ inferiores spatio diametro mamillæ vix latiore a sese distantes. Tibia antica maris apice leviter incrassata et calcare unico simplici acuto et spini- formi, interdum biaculeato, instructa. Metatarsus anticus cylindraceus et rectus vel ad basin leviter attenuatus et curvatus, extus nec depressus nec dentatus. Tyrpus : B. iclerica C. Koch. AR. GEOGR. : Regio mediterranea orientalis : Græcia, insula Cypria, Asia minor; Asia centralis ; Africa australis; Madagascar ; Nova-Hollandia et Tas- mania ; America septentrionalis occidentalis et America maxime australis. Hapalothele Lenz, Zoolog. Jahresb., 1885. — Ixalus L. Koch, Ar. Austr. 1873, p. 469 (nom. preocc.). — Ixamatus E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1887. Bull. (note). — Fufius E. Sim. loc. cit., 1888, p. 213. À Brachythela differt oculis anticis maximis inter se valde appropinquatis, mediis lateralibus fere semper majoribus, lineam rectam vel leviter recurvam (atramentaria, lanicia) designantibus. Oculis mediis posticis lateralibus multo minoribus, parte labiali haud vel non multo latiore quam longiore, attenuata et prope apicem, in femina, parce spinulosa, in mare mutica, interdum in utroque sexu mutica, metatarsis quatuor anticis haud scopulatis vel sæpius rare scopulatis sed scopulis basin articulum haud attingentibus, posticis sim- pliciter pilosis, rarius (lanicia E. Sim.) tarsis 3 paris leviter scopulatis et linea setosa sectis, mamillis superioribus paulo longioribus, inferioribus spatio diametro mamillæ plerumque latiore sejunctis. — Tibia antica maris calcare apicali Dipluræ, sæpe (albovittata) majore et dentiformi, metatarsus extus ad basin depressus dein dentatus. Typus : H. varia L. Koch. AR. GEOGR. : ins. Madagascar ; Nova-Hollandia ; Amer. centr.; Amer. me- rid, : Bolivia, Brasilia. FAMILLE DES AVICULARIIDÆ 181 Les espèces de ce genre peuvent se rapporter à trois groupes : À. — Fovea thoracica recta et profunda. Pars labialis evidenter latior quam longior. Metatarsi antici maris haud scopulati insigniter aculeati. Oculi qua- tuor antici æqui lineam rectam formantes. Mamillæ superiores dimidio abdo- minis haud breviores, articulo ultimo medio multo longiore graciliore atque acuminato. — Species oceanicæ (H. varia L. Koch). B. — Fovea thoracica mamillæ oculique præcedentium. Pars labialis vix latior quam longior. Metatarsi antici maris apice leviter scopulati. — Species africanæ (H. Reuteri Lenz). C. — (Fufius E. Sim.) Fovea thoracica plus minus recurva. Pars labialis haud vel vix latior quam longior, interdum paulo longior. Oculorum linea antica (desuperne visa) plus minus recurva. Metatarsi antici apice scopulati. — Species americanæ [H. atramentaria E. Sim. {1)]. GENERA INVISA ET INCERTÆ SEDIS % Heterothele Karsch, Sifz-berich. Ges. Naturf. Freunde, Berl., 1879, p. 64. Trop brièvement décrit pour qu’il soit possible de s'en faire une idée exacte « Ungues superiores serie dentium parvorum unica. Chelæ contiguæ apice muticæ in marginem sulci dentibus validis 10 armatæ. Mamillæ 4. Oculi 8. Pedes qua- tuor anteriores scopulati. Tibiæ anticæ in utroque sexu haud incrassatæ. Genus inter Evagrum Auss. et Brachythelam Auss. » (H. honesta Karsch, du Congo.) Thalerommata Auss., Verh. z. b. G. Wien, 1875, p. 182, pl. vi, fig. 26-29. À Trechona, sec. Ausserer, differt scopulis tarsorum et metatarsorum qua- tuor anticorum multo crassioribus, unguibus tarsorum in mare uniseriatim dentatis in femina muticis et pedibus 3i paris longioribus quam pedibus 2i paris. Typus : T. gracile Auss. Species unica colombiana. Ce genre est véritablement d’un classement très difficile, le D' Ausserer le dit voisin des Trechona et, d’un autre côté, la description qu’il donne de ses griffes semble indiquer qu’il n’appartient même pas au groupe des Diplureæ. I1 serait peut-être mieux placé dans le voisinage des Ischnocolus de la sous- famille précédente. (1) Comprenant aussi H. auricomis, albovittata E. Sim., du Brésil; H. Garleppi, lanicia E. Sim., de Bolivie. — Ces espèces américaines, dont j'avais formé autrefois le genre Fufius, se distinguent des espèces typiques du genre par des caractères assez importants, notamment par la fossette thoracique recourbée, la pièce labiale au moins aussi longue que large, elc., mais ces caractères s’effacent dans un certain nombre d'espèces, au point que la limite des deux groupes est souvent difficile à déterminer ; pour cette raison, je considère les Fufius comme les représentants américains des Hapalothele, d'Océanie et d'Afrique. 182 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Nora. Le Dr Karsch a décrit très sommairement deux genres qu'il dit voisin des Trechona, mais dont je ne puis saisir les caractères : Hororneze Karsch, Zeitschr. f. G. Naturw., LIT, 1879, p. 544, type : H. recta, de Caracas, et Scnismaroraeze Karsch, loc, cit., p. 544, type : T. lineata Karsch, de Caracas. 2. MACROTHELEÆ. Ces Araignées diffèrent des Diplureæ par leurs tarses grêles dépourvus de scopula et presque toujours armés de petites épines latérales, et par leurs griffes supérieures, ne présentant qu’un seul rang, souvent sinueux, de dents longues et nombreuses. Leur groupe oculaire est normal. Leurs pièces buc- cales sont assez variables : chez les Evagrus, Phyxioschæma, Stenygrocercus, elles sont entièrement mutiques et offrent à leur côté interne une sur- face un peu convexe et luisante; dans les autres genres elles sont finement et densément spinuleuses, excepté cependant chez les Thelechoris où la pièce labiale est mutique, tandis que les hanches sont spinuleuses comme celles des Diplura. La pièce labiale est ordinairement presque carrée, elle est quelquefois beaucoup plus large que longue chez les Thelechoris et Phyxioschæma, beaucoup plus rarement plus longue que large, notamment dans le genre anormal Hadronyche. Les filières sont très écartées trans- versalement et le tubercule anal est isolé; de plus, les inférieures, qui sont assez longues, sont plus séparées des supérieures que chez les autres Avicu- lariidæ (fig. 125); les supérieures sont extrêmement longues, formées de trois articles grêles, ordinairement presque égaux ; chez les Thelechoris cependant l’article terminal est beaucoup plus long que les autres, très fin, flexible et coupé d’un grand nombre de petits cercles membraneux ou fausses articula- tions (fig. 127). Dans les genres Afrax et Hadronyche, qui ont été jusqu'ici rapprochés des Actinopodinæ et des Clenizinæ, les filières sont cependant assez courtes, mais elles gardent la disposition générale de celles des Macrothele. Chez les mâles, les tibias antérieurs sont très renflés, quelquefois presque globuleux, notamment chez les Porrhothele (fig. 128), ou un peu anguleux en dessous à l’extrémité, ou ils sont armés de nombreuses et fortes épines qui rem- Fig. 198. Fig. 199. ° Porrhothele. Evagrus. placent l’éperon ; le mé- Tibia de la Lre paire Tibia de la 2 paire O. tatarse est grêle et for- tement courbé, au moins dans sa moitié basilaire, il offre en dessous, vers le tiers apical, une saillie obtuse ; j'ai déjà signalé la curieuse exception que forme le genre Evagrus, chez lequel ce sont les pattes de la seconde paire qui offrent les particularités précédentes : le tibia (fig. 129) est encore plus curieux que celui des Por- rhothele, car il est pourvu en dessous à la base d’une très grande apophyse arquée en avant, et l’ensemble de l’article ressemble à un croissant dont la FAMILLE DES AVICULARIIDÆ 183 concavité est garnie d’épines irrégulières, tandis que l’extrémité de l’apophyse porte trois longues pointes géminées. Les Macrothele sont en général plus petits que les Diplura, ils dépassent rarement la taille moyenne, leurs pattes sont plus courtes et souvent héris- sées de longs crins; leur coloration est ordinairement uniforme et sombre, quelques espèces offrent cependant sur l’abdomen deux séries de taches blan- châtres sur fond brun ou noir. Ces Araignées filent, entre les racines des arbres et dans les fissures des rochers, de grandes toiles nappiformes de tissu léger, se terminant, comme celles des Tegenaria, par une retraite tubiforme à double issue. Les genres Afraxæ, Hadronyche et Cethegqus sont particuliers à la Nouvelle- Hollande ; le genre Porrhothele à la Nouvelle-Zélande, et le genre Stenygrocer- eus à la Nouvelle-Calédonie; le genre Phyxioschæma, si voisin du précédent, ne renferme qu’une seule espèce de la région transcaspienne ; le genre Macro- thele est largement distribué : deux de ment petits, tres écartés trans- D 7 — versalement, et cachés au fond Fig. 216. d'un pli transverse droit et Filistala capitata Hentz. Pli transverse et stigmates profond, parallèle au pli épi- trachéens. gastrique ; le D' Geo. Marx, qui a découvert cette curieuse disposition, a bien voulu dessiner pour moi les deux figures ci-contre : la première (fig. 216) montre le pli stigmatique dans son ensemble ; la seconde (fig. 217) montre l'un des stigmates beaucoup plus grossi, la base de la trachée se voit par transparence (1). Les téguments sont garnis de poils épais finement villeux ; la figure pré- cédente représente, au-dessous du stigmate trachéen, l'un de ces poils grossi ; ces poils sont souvent obtus, principalement sur le sternum et les pièces buccales. Les pattes des mâles sont beau- coup plus longues et plus grêles que celles des femelles, bien qu’à cet égard il y ait de grandes différences Fig-1247: d'espèce à espèce ; dans certains cas Filislata capitata Hentz. L'un des stigmates (F. capitata Hentz), elles sont très trachéens beaucoup plus grossi. longues et fines aux extrémités au point de ressembler à celles des Pholcus. L'orifice sexuel de la femelle est une simple fente transverse comme chez les Mygales. La longueur de la patte-mâchoire du mâle est très variable : (1) Le calamistrum n’est pas toujours formé de soies disposées sans ordre, comme _ je l'ai dit à la page précédente ; celui des grosses espèces, telles que Félistata capitata Hentz, est, au contraire, com- posé d’une série unique régulière et un peu courbe de soies arquées et hami- Ÿ formes, occupant la dépression fovéi- forme de la base de l’article, comme le représentent les deux figures ci-contre, 218 219 Filistata capilata Hentz. Calamistrum : Fig. 218. En dessus. — Fig. 219. De profil. Marx. dont je suis redevable au Dr Geo. 17 258 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES celle des F, nana E. Sim., condita Cambr., Garciai, pulchella E. Sim., etc., est épaisse et modérément longue, tandis que celle des F. testacea Latr., capitata Hentz, etc., est d'une longueur et d’une gracilité extrêmes ; le fémur et surtout le tibia, toujours cylindriques, sont beaucoup plus longs que la patella; le tarse, beaucoup plus court que le tibia, reste cependant un article allongé et cylindrique, légèrement atténué à la base et tronqué à l’extrémité, qui est creusée d’une cupule pour recevoir le bulbe ; l’alvéole est terminal, disposition très curieuse qui ne se retrouve que dans la famille des Hypochilides ; à cette différence près, que l'alvéole tarsal des Fülistata est tout à fait circulaire, sans lobe ni apophyse (fig. 215) ; le bulbe, petit et simple, a une certaine analogie avec celui des Æresus, il se compose d’un lobe conique marqué d’une ligne foncée spirale et terminé en pointe généralement contournée. Les Filistata sont des Araignées sédentaires, filant une toile très étendue formée de fils épais et bleuâtres indiquant la présence du cribellum et ana- logue à celle des Amaurobius ; cette toile irrégulière affecte la forme d’un large tube mal défini, elle a été comparée, pour cette raison, à celle des Segestria, mais le tissu en est différent. Le cocon, déprimé et floconneux, est engagé au milieu de la toile, comme celui des Amaurobius. Le genre Filistata, qui compose à lui seul cette famille, renferme une quin- zaine d'espèces répandues dans toutes les régions tropicales, subtropicales et tempérées-chaudes du monde : 5 habitent la région méditerranéenne; 1, les iles de l’Atlantique; 1, l'Asie centrale; 1, les iles Nikobar ; ?, les iles Philip- pines ; 1, la Nouvelle-[Hollande, et 3, l'Amérique. Certaines de ces espèces sont remarquables par la grande extension de leur habitat : F. testacea Latr. est répandu dans toute la région méditerranéenne, sur la côte occidentale d'Afrique jusqu’au Sénégal, dans les îles de l'Atlan- tique, en Arabie jusque dans l'Yemen ; tandis que F. capitata Hentz est répandu en Amérique, depuis les États-Unis jusqu’à la République Argen- tine {1) et, de plus, commun aux îles Bermudes et aux Antilles. Filistata Latr., Cons. gen. Cr. Ar., etc., 1810, p. 121. — Teratodes C. Koch, Ar., V, 1839, p. 6. — OŒEcobius L. Dufour, Ann. Soc. ent. Fr., 1863, p. 6 {ad part. OE. nigripalpis (2)]. — Fülistata om. auct. Area oculorum subrotunda vel paulo longior quam latior. Oculi conferti, quatuor antici in lineam procurvam, quatuor postici in lineam leviter recur- vam ordinati. Clypeus latus, fere directus, antice acuminatus. Pedes feminæ breves et robusti, tarsis compressis, pedes maris graciliores et longiores, in- terdum longissimi. Typus : F. testacea Latr. AR. GEOGR. : Regio mediterranea ; ins. Atlanticæ; Africa occid. et orient. Arabia merid.; Asia centr.; ins. Nikobaricæ; ins. Philippinæ; Nova-Hol- landia ; America septent., centr. et merid.; Antilliæ. (1) IL a été cité par Holmberg sous le nom de F, testacea Latr. (2) Synonyme de Filistata testacea Latr. ee né es FAMILLE DES FILISTATIDÆ 299 Les Filistala terminent la série des Araignées cribellatses ; les auteurs qui n’admettent pas cette section, prétendent qu'elle a l’inconvénient de rappro- cher des types très dissemblables, tels que les Uoborus et les Eresus, mais j'espère avoir montré, dans les pages précédentes, que cette hétérogénéité n'était qu'apparente et que les diverses familles d'Araignées cribellatées avaient plus d’affinités les unes avec les autres qu’avec aucun type de la section suivante; pour me résumer, les Hypochilus sont si voisins des Dinopis, que, si l'on ne tenait compte de leurs quatre sacs pulmonaires, il faudrait les placer dans le même groupe; les Dinopis appartiennent à la famille des Uloborides dont le dernier représentant, le genre Æbutina, offre un mélange si intime des caractères des Uloborus et des Dictyna qu’il pourrait, avec autant de raison, être rapporté à l’un ou l’autre groupe. Les Zoropsis et les Psechrus sont voisins l'un de l’autre et également voisins des Amaurobius; les Psechrus ont aussi des rapports plus lointains avec les Dinopis. Les Diclyna ne sont pas très éloignés des Eresus, et ceux-ci, par leurs chélicères à marge inférieure mu- tique, leurs pièces buccales et leurs tarses, mênent naturellement aux Filistata. Les Œcobius restent seuls isolés, mais il est possible que l’on découvre quelques formes intermédiaires les reliant aux Dictynides, qui sont jusqu'ici leurs plus proches voisins. 2° section. — ARANEÆ VERÆ ECRIBELLATÆ Comprenant toutes les espèces dépourvues du cribellum et du calamistrum. Cette section renferme trente et une familles qui peuvent se répartir en deux sous-sections, que j'appellerai Haplogynæ et Entelegynæ. lre sous-section. — HAPLOGYNÆ Cette sous-section, qui correspond à mon ancien sous-ordre des Gnaphosæ, renferme toutes les espèces dont les organes sexuels externes ressemblent par leur simplicité à ceux des Théraphoses. L'orifice génital, situé dans les deux sexes, au pli épigastrique, entre les stigmates pulmonaires, est une simple | fente transverse sans plaque ni crochet. Chez le mâle, le tarse de la patte- mâchoire est plus ou moins cylindrique et peu modifié dans sa forme, il diffère généralement très peu de celui de la femelle ; le bulbe lui-même est simple, il se compose d'un lobe cylindrique ou globuleux.prolongé par une pointe plus ou inoins longue, droite, courbe ou contournée qui représente le conducteur du style, l’orifice du style est situé à l'extrémité de cette pointe (fig. 60) qui, dans certains cas cependant (Scytodes, Caponia), est encore prolongée par une tige sétiforme. | D’après Bertkau, les organes internes de la génération sont aussi plus simples que ceux des autres Araignées et l’oviducte ne présente qu’une seule poche copulatrice, excepté cependant dans la famille des Sicariides (1) où ces organes ont la disposition normale. Pendant l'accouplement, qui a été observé par Bertkau pour les Segestria et les Scytodes (2), les deux bulbes du mâle, rapprochés, pénètrent simultanément dans l’orifice génital femelle. Les yeux sont normalement au nombre de six, tous du type nocturne, excepté cependant dans les genres Plectreurys (Sicariidæ), Hadrotarsus (Hadro- tarsidæ) et Caponia (Caponiidæ) qui en ont huit, et dans le genre Nops (Capo- nüdæ) qui n’en présente que deux. à L’abdomen offre généralement en dessous à la base, comme celui des Théra- phoses, quatre stigmates : les premiers correspondant aux sacs pulmonaires ; les seconds aux trachées; mais, à cet égard, les trois familles de Sicariides, Leptonetides et Hadrotarsides font exception, car leur stigmate trachéen est, comme celui des autres Araignées, situé près des filières (fig. 21). La sous-section des Haplogynæ renferme six familles : Sicariidæ, Leptonetidæ, Oonopidæ, Hadrotarsidæ, Dysderidæ et Caponiidæ (1). (1) Et probablement aussi dans celle des Leptonetides. (2) Archiv. f. Naturg., XLIV, 1878, I, p. 351. (3) La famille des Caponiidae, qui fait le passage des Haplogynae aux Entelegynae;, doit suivre celle des Dysderidae et non la précéder, comme je l’ai indiqué au tableau des familles (p. 61), elle portera le n° 17 et celle des Dysderidae le n° 16. 42. Famille SICARIIDAE Cette famille renferme toutes les Araignées Aplogynes dont les chélicères et les pièces buccales sont construites comme celles des Fiistata, et dont l'abdomen n'offre en dessous, au pli épigastrique, qu'une seule paire de stigmates correspondant aux sacs pulmonaires; le stigmate trachéen étant plus reculé et situé en avant des filières. Le genre Scytodes, qui est le plus connu et le plus répandu de cette famille, n’en représente pas le type le plus complet, car, par ses organes sexuels, au moins par le tarse et le bulbe de sa patte-mächoire, il se rapproche des Lepto- nelides qui suivent et, dans certaines espèces, la plus grande complication de la région épigastrique de la femelle indique même une tendance vers les Araignées entelegynes. Le type de cette famille est, pour moi, le genre Sicarius, que la plupart des auteurs, trompés par le faciès, ont jusqu'ici rapporté à la famille des Thomisides ; la connaissance de ses organes sexuels, qui est toute récente, a seule mis sur la voie de ses vraies affinités ; il est inséparable du genre Loxosceles, qui correspond à une division des Scytodes de Walckenaer (les déprimees). Parmi les autres types que je rattache à cette famille, le genre Plectreurys me paraît établir la transition avec les Fülistata qui précèdent, il a même des rapports avec les Théraphoses. Le genre Periegops, encore plus anormal, fait le passage des Scytodes aux Dysdera, il devrait peut-être former une famille spéciale, la structure de ses chélicères et de ses pièces buccales étant déjà très différente de celle des Sicurüdes typiques. Enfin, le genre Drymusu est intermédiaire aux Sicarides et aux Leptonetides ; malheureusement pour ces derniers genres, la femelle seule est décrite et la connaissance du mâle serait très utile pour être bien fixé sur leur classification. Le céphalothorax est très variable selon les groupes; il ne présente de stric longitudinale que dans le genre Loxosceles. Les yeux sont normalement au nombre de six, tous nocturnes et presque semblables, répartis en trois paires largement séparées les unes des autres. Le genre Plectreurys fait seul exception à cette règle, il offre, en effet, huit yeux disposés comme ceux des Hypochilus. Le bandeau est toujours large, vertical ou incliné en avant, non impressionné. Les chélicères ressemblent à celles des Füilistates, elles sont également dé- pourvues de tache basale et presque cylindriques, tronquées obliquement à la base, avec l’angle interne prolongé en petite pointe plus ou moins cachée par le rebord du bandeau; dans leur partie basilaire, elles sont soudées l’une à l’autre, en dessus elles sont reliées par urme suture membraneuse et ne sont en contact par leurs parties solides que sur un point, situé vers leur tiers 262 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES basilaire, tandis qu'en dessous leurs bords internes sont amincis, coupés droit et en continuité dans une étendue plus ou moins grande; la marge supé- rieure, tronquée carrément, est prolongée par une lame angulaire transparente souvent membrancuse, mais alors soutenue par une tige chitineuse mobile plus résistante qui suit le bord interne de la chélicère et se termine en pointe aiguë (fig. 230). Le crochet est toujours large à la base, maïs fin à l'extrémité, tantôt assez long et très fortement arqué (Loæosceles, Sicarius, etc.), tantôt très court, presque globuleux à la base et brusquement terminé en petite pointe aciculée (Scytodes, Plectreurys). Dans le genre Sicarius seulement, les chélicères et les fémurs des pattes- mâchoires ont une disposition spéciale, que je décrirai plus loin, qui les rend aptes à produire par leur frottement une stridulation. Le sternum est au moins aussi variable que le céphalothorax, il est presque toujours prolongé en arrière entre les hanches postérieures qui sont plus ou moins disjointes, il n’y a d’exception à cet égard que dans les deux premiers groupes. Les pièces buccales, très uniformes dans tous les genres, ressemblent à celles des Fülistata : la pièce labiale est immobile et soudée au sternum dont elle n’est distincte que par une strie plus ou moins profonde, elle est grande, plus longue que large, atténuée et obtuse, le plus souvent un peu resserrée à la base ; les lames-maxillaires sont fortement inclinées et convergentes, assez larges à la base au niveau de l'insertion du trochanter, ensuite étroites et parallèles ; leur bord apical, tronqué droit et plus ou moins membraneux, se rencontre en avant de la pièce labiale; vues par la face interne [les chélicères enlevées), ces lames sont planes, leur bord externe est suivi d’une fine carène tout à fait marginale, qui ne manque absolument que dans le genre Sicarius ; cette carène est un peu épaissie et colorée dans la seconde moitié où elle est tantôt lisse (Loæosceles), tantôt finement granuleuse (Scytodes), elle représente la serrula ; leur bord interne est également suivi d’une fine careène lisse et entière qui limite un pan coupé net, le plan supérieur en est tout à fait glabre, tandis que l’interne, qui est un peu concave, est villeux; le rostre, vu en dessus, est d’une forme assez particulière, il se compose d’une base presque carrée, dépassant un peu la strie suturale des lames, et d’une partie terminale, environ de même longueur, étroite, cylindrique et terminée par un faisceau de poils atteignant presque l’extrémité des lames; vu en dessous, ce rostre offre, comme celui des Théraphoses, un sillon longitudinal qui manque chez les autres Araignées ; mais, tandis que le sillon des Théraphoses est simple et graduellement élargi par le fond, celui des Scytodes se divise à la base en deux branches divergentes (voy. 1'° partie, p. 10, fig. 26). Les pattes sont plus ou moins longues et grêles ; les hanches sont presque toujours égales et semblables, excepté chez les Plectreurys où les antérieures sont plus longues et plus épaisses ; les patellas sont petites et toujours sem- blables aux quatre paires; les trochanters ne sont pas échancrés au bord apical; les tarses, toujours dépourvus de scopulas et de fascicules, sont pourvus d'un petit article unguifère ou onychium qui ne manque absolument que dans les genres Sicarius et Plectreurys. Les griffes supérieures sont armées VAMILLE DES SICARIIDÆ 263 de dents généralement nombreuses, disposées sur un seul rang ou sur deux rangs (Scytodes, Periegops) ; dans ce cas, le second rang, qui n'existe qu’à la griffe externe, est situé au côté interne de la griffe qui reste tranchante en dessous ; une griffe impaire assez longue existe dans la plupart des cas, elle manque cependant chez les Loxosceles, les Sicarius et quelques Scytodes ; chez ces derniers, l'absence de la griffe impaire n'a pas l'importance d’un caractère générique. Enfin, il se joint parfois aux griffes, notamment chez les Scytodes, une ou deux paires de griffes auxiliaires (fig. 38). Les filières sont petites et resserrées ; elles doivent être étudiées chez les Loæosceles où elles sont plus développées que dans les autres genres; les infé- rieures sont cylindriques et légèrement disjointes à la base ; les supérieures, situées immédiatement au-dessus des précédentes, sont un peu plus courtes, plus grêles et légèrement courbées en dedans, toutes sont pourvues d'un très court article apical en cône surbaissé garni de fusules assez grosses, mais peu nombreuses et presque homogènes ; chacune de ces filières porte au côté interne, à l’extrémité de leur premier article, quelques gros poils noirs dis- posés en faisceau dirigé en dedans; les filières médianes sont petites, mais élevées sur un tubercule commun; ces filières sont parfois extrêmement petites, mais on leur trouve toujours la disposition générale précédente. Le colulus est remarquablement long, plus développé que chez aucune autre Araignée, cylindrique et acuminé ; le tubereule anal est, au contraire, à peine saillant et transverse. Les téguments, dépourvus de poils protecteurs, sont glabres ou parsemés de soies souvent longues et robustes; ceux des Sicarius, qui sont très épais et coriacés, sont en outre garnis de squames et de poils claviformes. La patte-mâchoire dé la femelle est petite et presque semblable dans les divers genres qui composent cette famille ; le tibia est plus long que la patella ; le tarse, plus long que le tibia, est très acuminé et toujours dépourvu de griffe, mais il est garni à l’extrémité de poils raides irréguliers, quelquefois de poils barbelés (Plectreurys), quelquefois de poils d’une nature spéciale terminés chacun par une petite dilatation globuleuse (Scytodes). La patte-mâchoire du mâle est aussi très uniforme, au moins dans les trois groupes des Plectreurys, Sicarius et Loxosceles, où elle ressemble à celle de cer- tains Théraphoses (principalement à celle des Heæura et des Brachybothrium [p. 193]); le fémur est presque droit et un peu comprimé, jamais dilaté; la patella nodiforme et convexe; le tibia, plus long que la patella, est plus ou moins élargi, ovale, fusiforme ou globuleux; le tarse, plus de moitié plus court que le tibia, est brièvement appendiculé, c’est-à-dire que sa base est un peu prolongé en cou cylindrique, séparant le tibia de l’alvéole; celui-ci est presque terminal, mais oblique, et son bord supérieur est presque toujours un peu prolongé en pointe courte très obtuse ou tronquée ; le bulbe est un gros globule, brusquement terminé par une pointe grêle, longue et plus ou moins courbée (fig. 220). Le tarse des Scytodes est cependant plus grêle et plus long, et le bulbe, également plus allongé, est prolongé, au delà de l’orifice du style, par une fine pointe sétiforme. 264 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Les six genres dont se compose cette famille, se distinguent les uns des autres par des caractères si spéciaux, que je les considère comme les types d'autant de sous-familles ; en voici les caractères : SOUS-FAMILLES 1. Sternum postice subacuminatum, haud productum, et coxæ pos- ticæ inter se contiguæ.......,. 5 2 CCC ste. Le — Sternum postice plus minus latum et coxæ posticæ inter se dis- LANVLCS PEER Me ARR RE MC eee E ». 2. Oculi octo. Chelæ Scytodis. Tarsi onychio carentes.....: Plectreurinæ. — Oculi sex. Chelæ margine superiore sulci carinato et dentato, ungue valido et longo. Tarsi onychio præditi, ungues exteriores biseriatim dentati RE CON tn HOUR .... Periegopinæ. 3. Cephalothorax altus et subglobosus. Ungues exteriores pedum bi- - seriatim dentati. Unguis chelarum ad basin globosus, ad apicem abrupte et breviter aciculatus...... Re era Scytodinæ. — Cephalothorax humilis vel depressus. Ungues pedum uniseriatim dentati. Unguis chelarum sat longus, valde uncatus, ad basin SNS NOR SEEUS Le soc dodo bave >Docoasaoue 4. Tarsi onychio carentes. Frons recte truncata. Sternum cordiforme, Dostice late oDITSUMERPE PAPER EP PAPER C PTE EEE 0 OICATINTE — Tarsi onychio præditi. Frons obtusa.......... . © 5. Sternum postice breviter acuminatum et coxæ posticæ inter se parum distantes. Ungues tarsorum bini, dentibus paucis (6) ini- quis et curvatis in parte basali muniti.. ............ Loxoscelinæ. — Sternum postice late obtusum seu truncatum et coxæ posticæ inter se late distantes. Ungues tarsorum trini, superiores den- tibus longis rectis et numerosis pectinati. ........... Drymusinæ. 1e Sous-famille PLECTREURINZÆ. Le genre Plectreurys, qui compose à lui seul cette première sous -famille, rappelle par son faciès les Filistata et surtout les Segestria de la famille des Dysderides. Il se rattache à celle des Sicariides par la structure de ses pièces buccales et de ses chélicères, et le nombre de ses stigmates épigastriques, mais il s'éloigne des types normaux de cette famille par trois caractères exceptionnels : l’absence de l’article unguifère; la présence de huit yeux disposés en deux lignes transverses comme ceux des Hypochilus, et la contiguite des hanches postérieures, le sternum n'étant pas prolongé en arrière. 5 Le céphalothorax, médiocrement convexe, est ovale, dépourvu de strie médiane, mais toujours marqué de stries rayonnantes n'atteignant pas le milieu ; sa partie céphalique est un peu plus étroite que la thoracique, avec le front cependant assez large et obtus ; le bandeau, qui est vertical et plan, est plus large que le groupe oculaire; celui-ci occupe toute la largeur du FAMILLE DES SICARIIDÆ 265 front, ses yeux sont presque égaux et disposés en deux lignes transverses presque droites ; les médians forment un trapèze beaucoup plus étroit en avant qu’en arrière, de chaque côté les latéraux, légèrement disjoints, sont élevés sur un fort tubercule commun f{fig. 221). op 220 221 2922 Plectreurys tristis E. Simon. — Fig. 220, Patte-mâchoire du mâle. — Fig. 221. Front et yeux en dessus. — Fig. 222. Extrémité du fémur de la 1re paire portant l’éperon. Les chélicères et les pièces buccales sont tout à fait normales; la pièce labiale, presque aussi large à la base que le bord antérieur du sternum, en est cependant séparée par une strie suturale plus profonde que chez les autres Sicariides. Le crochet des chélicères est court, fortement courbé et très dilaté à la base comme une griffe de chat ; les marges ont la disposition ordinaire. Le sternum et les pattes ressemblent à ceux des Füilistata et des Segestria ; celui-ci est allongé, atténué en avant et en arrière où il ne se prolonge pas entre les hanches, mais les espaces intercoxaux latéraux sont marqués de fines lignes chitineuses qui manquent chez les autres Sicariides, disposition qui rappelle ce qui se voit à un peu plus haut degré chez les Dysderides. Les pattes sont très robustes ; les antérieures, plus longues que les autres, ont les tibias et métatarses armés en dessous d’épines courtes et nombreuses, régulièrement disposées en deux séries; les épines des autres pattes sont beaucoup moins nombreuses et isolées ; contrairement à ce qui a lieu chez les autres Sicariides, les hanches de la 1'° paire sont plus épaisses et plus longues que les autres. L'article unguifère fait complètement défaut ; les griffes supé- rieures sont petites, mais épaisses et fortement courbées, elles sont armées d’une série:de dents longues et nombreuses (7-10) unisériées ; la griffe infé- rieuré est relativement longue et fine, coudée à la base, où elle porte une ou deux petites dents, ensuite droite. Les filières sont petites et très resserrées, les quatre latérales sont presque semblables, entre les inférieures se voit un petit colulus très fin et aigu. Le tarse de la patte-mâchoire de la femelle est plus long que le tibia, légè- rement courbe et acuminé, il est, comme toujours, dépourvu de griffe, mais garni de crins raides très forts, dont quelques-uns, situés près de la pointe, sont finement barbelés. Le pli épigastrique offre, au niveau de la fente géni- tale, un épaississement coriacé transverse, coupé, au milieu du bord inférieur, d’une légère échancrure ; de chaque côté, le stigmate, très apparent, est entouré d’un rebord de même nature marqué de fines stries concentriques. 266 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Le mâle, à peine plus petit que la femelle, s'en distingue par un caractère sexuel remarquable en ce qu’il rappelle encore ceux des Théraphoses : ses tibias antérieurs sont en effet pourvus, au côté externe, près l’extrémité, d’un tubercule bas et obtus, prolongé par une forte épine et ressemblant complète- ment à l’éperon des Diplura (fig. 222). Sa patte-mâchoire est tout à fait nor- male (fig. 220). Les Plectreurys sont de taille assez grande (P. fristis E. Sim.) ou moyenne (P. castanea E. Sim.) ; leur céphalothorax et leurs pattes sont noirs ou bruns, tandis que leur abdomen est d'un gris testacé et garni de poils isolés. On ne connaît rien de leurs mœurs. Les deux espèces connues habitent l'Amérique du Nord occidentale, Plectreurys E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1893. Cephalothorax ovatus, parum convexus, fronte sat lata, stria media thora- cica carens. Oculi octo, mediocres, in lineas duas subrectas ordinati, postici inter se subæquales et fere æquidistantes, antici subæquales vel medii minores, medii à lateralibus quam inter se multo remotiores. Area mediorum haud longior quam latior vel latior, antice quam postice multo angustior. Oculi laterales inter se anguste separati, valde elevati. Clypeus verticalis, area ocu- lorum multo latior. Chelæ robustæ, attenuatæ, margine superiore sulei dente angulari magno lamelloso et pellucido munito, ungue brevi unecato ad basin valde ampliato. Partes oris Scytodis sed parte labiali ad basin stria transversa profundius discreta. Sternum ovatum, antice attenuatum, postice breviter attenuatum et obtusum haud productum. Pedes (1, 1V, 11, 111) antici reliquis multo robustiores, femoribus subclavatis, tibiis metatarsisque subtus nume- rose biseriatim aculeatis. Coxæ li paris reliquis majores. Typus : P. tristis E. Sim. AR. GEOGR. : America septentr. occident, 2 Sous-famille PERIEGOPINÆ Le genre Periegops est l'un des plus ambigus que je connaisse, il tient à la fois des Sicariides et des Dys- derides, et il offre en outre un certain nombre de carac- tères particuliers qui justi- fieraient peut-être la créa- tion d’une famille spéciale. Il se rattache aux Sicariides par ses griffes tarsales portées sur un onychium et pour- vues (au moins aux paires 23 22/4 Pr pe LE 6 antérieures) de deux séries ri in. k i EE Mio, 2 . H t 4 X Re Periegops Minsuius E. Sim G: Pi 2 2 Front et yeux en de dents fines ét trés (noms dessus. — Fig, 224. Chélicère et pièces buccales. breuses (plus de 20), dispo- sées comme celles des Seytodes et accompagnées d'une griffe inférieure forte- FAMILLE DES SICARIIDÆ 267 ment coudée et armée à la base d’une dent longue, par ses stigmates épigas- triques, au nombre de deux seulement, occupant la situation ordinaire, et par ses filières inférieures qui sont séparées par un colulus bien développé. Son sternum et ses pièces buccales rappellent davantage ceux des Dysde- rides ; le premier est ovale et allongé, longuement atténué en avant où il dé- passe un peu les hanches antérieures, brièvement terminé en arrière en petite pointe non prolongée entre les hanches postérieures qui sont contiguës; sa pièce labiale est beaucoup plus longue que large, graduellement atténuée et obtuse, convexe, mais un peu déprimée près de l’extrémité; ses lames sont longues, étroites et parallèles depuis l'insertion du trochanter qui est presque basale, inclinées, mais disjointes à l’extrémité qui est obliquement tronquée et pourvue d’une forte scopula, comme celles des Segestria (fig. 224). Par le céphalothorax et les chélicères, le genre Periegops s'éloigne de toutes es autres Araignées Aplogynes ; le premier ressemble à celui des Amaurobius (Dictinydæ) et surtout des Storena (Zodariidæ), il est convexe, ovale, peu atténué en avant, avec le front très large et obtus, le bandeau vertical, légère- ment convexe et très haut, sa partie thoracique déclive est marquée de stries rayonnantes peu visibles, mais dépourvue de strie médiane. Les chélicères sont robustes et verticales, leur crochet est puissant, très arqué et large à la base, la marge inférieure est mutique, la supérieure est submembraneuse, saillante et armée de trois dents inégales un peu divergentes (fig. 224), Les yeux, au nombre de six et tous nocturnes, sont très petits, égaux et disposés en trois paires très largement séparées les unes des autres, la mé- diane occupant le milieu du front et les latérales ses angles (fig. 223). L'abdomen est ovale, court, comme je l'ai dit, son pli épigastrique est normal, ses filières, surtout les inférieures, sont épaisses, mais courtes, et elles sont accompagnées d'un colulus obtus assez développé. Les pattes sont robustes et assez longues, surtout les postérieures ; elles sont dépourvues d’épines, mais garnies de crins raides très forts disposés en séries longitudinales très régulières ; les hanches sont cylindriques, nulle- ment globuleuses et contiguës par leurs bords latéraux, celles de la 1" et de la 4° paire sont plus longues que les intermédiaires ; les patellas sont égales aux quatre paires et assez courtes ; les tarses sont grêles et beaucoup plus courts que les métatarses. Ce groupe ne renferme qu'une seule espèce, le Periegops hirsutus E. Sim., Araignée de taille moyenne, propre à la Nouvelle-Zélande. Periegops, nov. gen. Cephalothorax convexus, haud attenuatus, fronte latissima et obtusa, parte cephalica haud distincta. Oculi sex, parvi et æqui, in paria tria inter se latis- sime remota et latitudinem totam frontalem occupantia, ordinati. Clypeus latissimus, leviter convexus. Chelæ robustæ, margine inferiore sulci mutico, superiore elevato, submembranaceo et tridentato, ungue crasso. Pars labialis multo longior quam latior, attenuata et obtusa, convexa, sed apice deplanata. Laminæ longæ, parallelæ et inclinatæ, apice oblique sectæ. Sternum ovatum. [42 268 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Pedes (1v, 1, 11, 11) haud aculeati, sed setis rigidis, seriatim ordinatis, instructi, tarsis articulo unguifero munitis, unguibus trinis, superioribus numerosis- sime biseriatim pectinatis. Abdomen ovatum. Mamillæ inferiores robustæ et breves, colulo obtuso separatæ (mas ignotus), Typus : P. hirsutus E. Sim. (sp. un.) (1). AR. GEOGR. : Nova-Zealandia. 3e Sous-famille SICARIIN Æ Le céphalothorax des Sicarius est fortement déprimé et toujours large dans la région thoracique qui est tronquée au bord postérieur, assez brusquement rétréci dans la région céphalique, qui est tronquée avec le bandeau vertical ; la strie médiane thoracique fait défaut, mais les stries rayonnantes, surtout les céphaliques, sont bien indiquées; ce céphalothorax a une certaine analogie avec celui de quelques Thomisides (Philodromus) et Clubionides (Selenops), près desquels les anciens auteurs avaient placé les Sicarius et même les Loxosceles (Lowe). Sicarius Hahni Karsch. — Fig. 225. Front et yeux en dessus, — Fig. 226. Sternum et pièces buccales. — Fig. 227. Abdomen en dessus. Les six yeux sont presque semblables et disposés en trois paires largement séparées les unes des autres : les yeux médians, presque connés, occupent le milieu du front au niveau des latéraux antérieurs; de chaque côté, les yeux latéraux sont nettement disjoints, leur intervalle étant au moins égal à leur diamètre (fig. 225). Les chélicères sont robustes; leur crochet est très fortement courbé, presque en demi-cercle et très large à la base où il s’avance en forme de talon ; la saillie membraneuse de la marge inférieure est très développée, sa tige chiti- (1) Cette espèce est inédite, en voici la diagnose : P. hirsutus, sp. nov. — G. Long. 8 mill. — Cephalothorax fusco-rufescens, subti- liter coriaceus, setis fulvis crassis parce vestitus. Abdomen breviter ovatum, flavo- testaceum, supra lineis transversis quinque arcualis atque in parte basali vitta longitudinali nigris ornatum. Chelæ nigræ, coriaceæ, parce et valde fulvo-hirsutæ. Sternum fusco-rufescens, subtiliter coriaceum. Pedes (rv, 1, 11, 111) pallide fusco- avidi, setis spiniformibus longis, seriatim ordinatis, instrucli. — N. Zealandia, ss FAMILLE DES SICARIIDÆ 269 neuse est, au contraire, assez petite et n’atteint pas son extrémité (fig. 230). Ces chélicères sont remarquables en ce qu’elles portent à leur côté externe un organe stridulatoire qui consiste en une large bande très légèrement convexe, glabre, très finement et densément striée en travers (fig. 228); de son côté, le fémur de la patte-mâchoire offre, à la face interne correspondante, de six à dix petits tubercules coniques disposés sur un seul rang longitudinal (fig. 229); en agitant ses pattes-mâchoires de haut en bas, l’Araignée fait vibrer les stries au moyen de ces tubercules et produit ainsi une stridulation comparable à un bourdonnement d’Abeille. Cette disposition existe dans les deux sexes, elle est analogue à celle qui a été décrite par M. Campbell chez les Lepthyphantes (voy. p. 41). Les pièces buccales ne diffèrent de celles des autres Sicariides que par l’absence complète de carène et de serrula à la face inférieure des lames dont le bord externe reste entièrement membraneux. Le sternum est au moins aussi large que long, souvent même plus large que long, car, sous ce rapport, il y a d’assez grandes différences d'espèce à espèce, toujours tronqué et même un peu échancré entre les hanches de la 4e paire, qui sont très largement disjointes; il est à peine plus long que la pièce labiale, dont il n’est distinct que par un changement de plan et une très fine strie superficielle arquée en arrière (fig. 226). Les pattes sont longues, peu inégales et dirigées latéralement comme celles des Philodromus ; celles de la 2° paire sont un peu plus longues que les autres, puis viennent celles de la première; elles sont assez robustes et leurs \ 229 230 231 Sicarius Hahni Karsch. — Fig. 228. Chélicère par la face externe montrant la plaque stridula- toire. — Fig. 229. Fémur de la patte-mâchoire par la face interne. — Fig. 230. Crochet de la chélicère. — Fig. 231. Patte-mâchoire du mâle. articles, garnis de petites épines ou de soies claviformes disposées en séries serrées et nombreuses, sont quelquefois un peu anguleux, comme ceux des Opilionides, principalement les tibias et les métatarses. Les griffes sont in- sérées directement sur l'extrémité tarsale, sans onychium; elles sont au nombre de deux, longues et peu courbées, pourvues, dans leurs deux tiers basilaires, d’une série de dix à douze fortes dents diminuant graduellement de l’extrémité à la base, dont les principales sont légèrement divergentes et arquées. 270 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES L'abdomen est court et large, presque arrondi ou obtusément tronqué à ses extrémités et toujours plus convexe que le céphalothorax; son épigastre, un peu convexe, est limité par un pli fortement arqué en arrière. Les filières, très petites, sont toujours contractées au fond d’une sorte de fossette formée par un rebord circulaire garni lui-même d’une couronne de crins, ce qui rend leur étude très difficile ; les inférieures, beaucoup plus épaisses que les supé- rieures, paraissent avoir la troncature arrondie, entourée d'un cercle de petites épines, et, pourvue, plus au milieu, d'un faisceau de soies qui sont peut-être des fusules ?. La patte-mâchoire est, dans les deux sexes, de forme normale {voy. p. 263), mais elle est plus courte et plus robuste que celle des autres Sicarides. Chez le mâle, les articles axillaires ont la disposition de ceux des Loxosceles, mais le bulbe ressemble souvent à celui des Scytodes, au moins celui de S. Hahni Karsch, dont je donne la figure (fig. 231); ce bulbe est, en effet, piriforme, court, mais prolongé par une longue pointe cylindrique et droite qui se termine brusquement par une tige sétiforme un peu arquée en avant. Les Sicurius sont des Araignées de grande taille, d’une coloration uniforme, variant du noirâtre terreux au fauve rougeâtre, remarquables par leurs tégu- ments épais, coriacés, souvent rugueux, garnis de squames, de crins clavi- formes ou de crins spiniformes recourbés et comme bouclés, disposés avec une certaine régularité, au moins sur les pattes et sur l'abdomen ; sur celui-ci, les poils bouclés sont ordinairement implantés sur de grosses côtes trans- verses arquées et interrompues sur la ligne médiane, simulant une segmen- tation (fig. 227). L'espèce de ce genre, que j'ai observée au Transvaal, se trouve sous les grosses pierres où elle se tient aplatie sur le sol, les pattes étalées latérale- ment ; ses allures sont extrêmement lentes et analogues à celles des Tarentula (Phrynus), sa progression consiste en effet en petites saccades séparées par des temps de repos; quand on s’en saisit, elle ne cherche pas à fuir et se contente d’agiter de haut en bas ses pattes-mâchoires pour produire la faible stridulation dont j'ai décrit plus haut le mécanisme. La femelle dépose ses œufs, qui sont nombreux et légèrement agglutinés, sous la voûte de la pierre qui lui sert de retraite; elle les enveloppe d’un mince cocon de tissu adhérent, qu’elle recouvre ensuite d’une épaisse couche de terre très fine, parfaitement exempte de débris et de pierres ; cette masse de terre, qui a la forme d’une demi-sphère surbaïissée, n’est enveloppée d’au- cun tissu soyeux, aussi se désagrège-t-elle très facilement. On connaît une quinzaine d'espèces de Sicarius : deux ou trois se trouvent dans l’Afrique australe ; les autres sont américaines ; on en a décrit une du Pérou, une des îles Gallapagos (Thomisoides utriformis Butler), toutes les autres sont du Chili. is : FAMILLE DES SICARIIDÆ 271 Sicarius Walck., Apt, IV, Supp., 1847, p. 879, — Thomisoides Nicolet in Gay, Hist. Chile, Zool., IIT, 1849, p. 352. — Hexomma Karsch, Zeitschr. f. d. Ges. Naturw., LI, 1878, p. 325. — Hexophthalma Karsch, Stett. ent. Zeitschr., XL, 1879, p. 109. — Thomisoides Keyserl., Spinn. Ain. later., 1880, p. 258. Cephalothorax planus, haud longior quam latior, postice late truncatus, utrinque ample rotundus, antice abrupte angustior et truncatus, stria thora- cica carens. Clypeus verticalis. Oculi inter se subæquales, medii duo inter se subcontigui et utrinque laterales bini inter se sejuncti. Pedes robusti [Tt, 1, IV, 1) seriatim aculeati vel setosi, tarsis onychio carentibus, unguibus binis 10-12 pectinatis munitis. Tegumenta duriuscula, squamulis, pilisque clavi- formibus vel uncatis vestita. Typus : S. terrosa Nicolet. AR. GEOGR. : Africa austr.; America andina ct austr.; ins. Gallapagos. Les espèces de ce genre se répartissent en deux groupes basés sur la forme du sternum. À. — Sternum haud latius quam longius, fere rotundum, postice brevissime acuminatum. Coxæ posticæ inter se parum disjunctæ. Anguli frontales rotundi [S. éerrosa Nic. (1)]. B. — Sternum latius quam longius, antice rotundum, postice late truncatum et leviter emarginatum. Coxæ posticæ inter se late disjunctæ. Anguli frontales plus minus prominuli [S. crustosa Nic. (2)]. 4° Sous-famille LOXOSCELINÆ Le céphalothorax des Loæosceles est assez déprimé, il diffère de celui des Sicarius et de tous les autres Sicariides par la présence d’une strie inédiane thoracique profonde et entière, faisant suite aux stries céphaliques qui se réunissent à angle aigu; son front est obtus et son bandeau est large et obli- quement incliné en avant. Les yeux médians contigus sont situés en avant des latéraux; ceux-ci sont, de chaque côté, à peine séparés et l’ensemble de l'aire oculaire est triangulaire. Les pièces buecales et les chélicères sont normales; le crochet des chéli- cères est plus long que celui des Sicarius, mais également courbé; la saillie membraneuse est semblable, mais la tige chitineuse est plus développée, elle suit tout le bord interne de la chélicère sous forme de fine carène transpa- parente et se termine dans le haut en forte pointe plus dure et aiguë, s’oppo- sant au crochet. ns Das nt He a D (1) Comprenant aussi S. deformis, müinoratus, rubripes Nic., gracilis Keyserl., rupestris Holmb. _ (2) Comprenant aussi S, fumosus, lanuginosus Nic., peruensis Keyserl., utriformis Butler, Hahni Karsch. Plusieurs de ces espèces offrent des caractères intermédiaires à ceux des deux groupes, principalement en ce qui concerne la forme du sternum: 9279 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Le sternum est ovale, à peine plus long que large, et terminé en arrière en petite pointe obtuse entre les hanches qui sont peu séparées. Les pattes sont longues, un peu latérales et très fines aux extrémités; leurs crins, quelquefois presque spiniformes, sont disposés en séries longitudinales comme ceux des Sicurius. Les griffes, au nombre de deux, sont portées par un onychium plus court que celui des Scytodes ; elles ressemblent à celles des Sicarius, mais leurs dents, qui ont la même disposition, sont moins nom- breuses (ordinairement 6), et elles n’occupent que la moitié basilaire. L’abdomen est ovale, assez convexe ; ses filières, plus développées et plus apparentes que celles des autres Sicariides, ont, au reste, la disposition ordi- naire (voy. p. 263 et p. 4, fig. 8}. La patte-mâächoire de la femelle est assez grêle ; son tarse, long et acuminé, est garni à la base de crins simples, semblables à ceux du tibia, et à l’extré- mité de crins finement villeux. La patte-mâchoire du mâle est de forme normale (voy. p. 263), son tibia est tantôt presque globuleux, tantôt ovale et très allongé (L. fluvescens Nic.). Les Loxosceles sont de taille moyenne; leurs téguments, mous, lisses et par- semés de crins isolés, sont rufescents et unicolores avec ceux de la partie céphalique souvent rembrunis; ils se trouvent sous les écorces des vieux arbres, dans les fissures de rochers, sous les pierres et quelquefois dans les grottes ; la toile qu'ils filent est assez grande et très irrégulière, elle ressemble à celle des Filistata ; les fils en sont épais et ont l’apparence de ceux des to les des Araignées cribellatées (1). On en connait sept ou huit espèces très voisines les unes des autres et presque toutes largement distribuées : l'espèce type (L. rufescens L. Duf.) est répandue dans la région méditerranéenne, les îles de l'Atlantique, les iles Comores (2), Madagascar, le Japon et l'Amérique du Nord; deux autres espèces se trouvent dans la région méditerranéenne; trois ou quatre dans l'Amérique centrale et méridionale, et une dans l'Afrique australe ; cette dernière (L. spe- luncarum ÆE. Sim.), que j'ai découverte dans les grottes du Transvaal, ne s’écarte guère de la forme typique que par ses pattes plus fines et plus longues. Loxosceles Lowe, Zool. Journ., V, 1831, p. 321. — Omosites Walck., Ann. Soc. ent. Fr., II, 1833, p. 438. — Scytodes Walck., Apt., I, 1837, p. 270 {ad part.). — Loæosceles Thorell ; E. Sim., etc. Cephalothorax leviter convexus, postice late truncatus, utrinque ample rotundus, antice sat abrupte attenuatus, fronte rotunda, clypeo oblique por- recto, stria media thoracica præditus. Oculi subæquales, medii duo inter se contigui ante laterales siti et utrinque laterales duo a sese subcontigui. Ster- (1) Au point qu'il est permis de supposer que le colulus, si développé et garni de crins, joue un rôle analogue à celui du cribelium ?. (2) Spermophora comoroensis Butler (Ann. Mag. Nat. Hist., 1879, p. 45, pl. 1, fig. 5) en est synonyme. EE FAMILLE DES SICARIIDÆ 276 num ovatum, longius quam latius, postice breviter attenuatum et coxæ posticæ a sese parum distantes. Pedes longi et graciles (rt, 1, 1V, xt, vel It, IV, 1, It), aculeis vel setis rigidis seriatim ordinatis muniti. Tarsi onychio præditi. Ungues tarsorum bini longi, in parte basali dentibus sex, versus basin sensim minoribus et arcuatis, muniti. Mamillæ sat longæ. Tegumenta mollia, glabra et Iævia. Typus : L. rufescens L. Dur. AR. GEOGR. : Regio mediterranea ; ins. Atlanticæ ; Africa trop. et austr, (1); Madagascar ; Japonia ; America sept., centr. et merid. 5e Sous-famille SCY TODINÆ. Le nom de Scylodes a été donné par Latreille, en 1804, à un ensemble hété- rogène, correspondant aux genres actuels Scytodes, Pholcus et Theridion (Nouv. Dict., etc., XXIV, p. 232), et c'est Walckenaer qui a donné à ce genre ses vraies limites, en 1805, en le restreignant au S. thoracica Latr. (Tabl. Aran.) ; après avoir placé les Scytodes entre les Theridion et les Latro- dectus, Walckenaer les a ensuite rapprochés des Dysdera (Apt., TI) à cause du nombre de leurs yeux, et C. Koch est arrivé au même résultat (Ueb. Ar. Syst., V, 1850). Dans la première édition de ce livre, j'avais proposé de réunir les Scytodes et les Pholcus en une seule famille, qui a été adoptée par Thorell avec les mêmes limites ; malgré les rapports très certains que présentent ces deux genres (2), je pense aujourd'hui qu’ils appartiennent à deux séries différentes : la structure de leurs pièces buccales est la même, mais elle se retrouve, à peu de chose près, dans un certain nombre de familles, telles que les Zodariides, les Ürocteides, les Filistatides et les Hersiliides, qui n'ont pas entre elles de liens bien étroits {3}. Le céphalothorax des Scylodes est ovale-large ou presque arrondi, très con- vexe et subglobuleux, largement arrondi en arrière, incliné et atténué en avant, avec le bord frontal assez étroit et tronqué carrément, souvent même un peu saillant aux angles ; il est complètement dépourvu de stries (fig. 232- 233). Les yeux sont disposés, comme ceux des Loæosceles, en trois paires large- (1) Espèce inédite, dont voici la diagnose : L. speluncarum, sp. nov. — ®. Long. 5 mill. — Cephalothorax sublævis, pilis longis pronis parce vestitus, obscure fulvo-testaceus, parte cephalica postice vitta lata infus- cata V>magnum formante, discreta. Oculi ordinarii. Abdomen ovatum, fusco-testaceum fulvo-pubescens. Pedes longissimi, versus extremitates gracillimi, pallide fusco-testacei, femoribus obscurioribus, sat longe criniti. À L. rufescenti præsertim differt pedibus multo longioribus, metatarsis tarsisque gracilioribus — Transvaal, in speluncis. (2) Pour les rapports des Sicariides, des Leptonetides et des Pholcides, voyez plus loin à propos de cette dernière famille. nd (3) Dugès avait autrefois proposé, sous le nom de Micrognathes ou Scytodés, une division assez vague comprenant toutes ces Araignées (Observ. sur les Aran., in Ann, Sc. Nat., 1836, p. 106), | 18 974 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES ment séparées les unes des autres, dont la médiane, beaucoup plus avancée que les latérales n’est séparée du bord frontal que par un bandeau assez étroit. Les chélicères sont plus faibles que celles des types précédents, et leur crochet est très court, presque globuleux à la base, brusquement terminé en petite pointe grêle, aiguë et presque droite. rx ÉTS ES 235 Cl c 999 9a 239 239 2 Scylodes thoracica Latr. — Fig. 232. Céphalothorax de profil. — Fig. 233, Id., de face.— Fig. 234. Tarse et bulbe de la patte- mâchoire du mâle. — Fig. 235. Extrémité du tarse de la patte- mâchoire de la femelle. Le sternum est ovale plus long que large, atténué en avant où il dépasse un peu les hanches antérieures, largement arrondi en arrière entre les hanches postérieures qui sont disjointes; latéralement, il présente toujours un fin rebord sinueux. Les pattes sont longues ct grêles, peu inégales: toutes les hanches sont presque semblables ; les métatarses et tarses très fins, ceux-ci sont pourvus d'un article unguifère très net. Les griffes, larges et courbées, sont armées sur leur bord inférieur d'une série de six à douze dents robustes, et la griffe externe présente, de plus, une seconde série de dents plus faibles à son côté interne. Ces griffes sont ordinairement accompagnées d’une griffe impaire très petite, mutique (ou pourvue d'une très petite dent basale) qui est souvent rudimen- taire, quelquefois même tout à fait atrophiée; L. Koch avait proposé, pour les Scytodes à deux griffes, le genre Diclis, que je ne puis admettre, car le carac- tère unique sur lequel il repose n'est corroboré par aucune autre particularité de structure ou de faciès (1). L'abdomen présente toujours, au-dessous des stigmates épigastriques, deux larges impressions un peu indurées, rougeâtres et arquées en croissant, et plus ou moins rapprochées de la ligne médiane; chez quelques grandes (4) La terminaison larsale figurée par L, Koch (Ar. Austr., pl. xxiv, fig. 5c) est tout à fait normale pour le genre Scylodes; quant à la proportion des pattes 1, 1v, 11, ut a@lieu de 1, 11, 1v, 11, elle n’a rien d’absolu ; chez beaucoup de Scytodes à trois griffes, la quatrième paire est plus longue que la deuxième, On connaît actuellement neuf espèces de Scylodes à deux griffes : S. (Dictis) striatipes L. Koch, pallida Dol;, tardigrada, venusta, gilva, lugubris Th., nigrolineata, arabica et perimensis E. Sim. FAMILLE DES SICARIIDÆ 275 espèces, l’épigastre présente de plus, en avant du pli génital, un arceau chi- tineux transverse qui a de l’analogie avec celui de certains Pholcides. Les filières sont petites; les inférieures sont cependant assez épaisses, coniques et subcontiguës ; les supérieures, beaucoup plus petites et plus grêles, sont situées au-dessus des inférieures et également subcontiguës ; les médianes sont indistinctes; les inférieures sont précédées d’un colulus long, cylindrique et obtus. La patte-mâchoire de la femelle est courte, comme celle de tous les Sica- riides ; le tarse, qui est long et très acuminé, porte à l’extrémité, au milieu, des poils raides ordinaires, deux, trois ou quatre poils plus épais, légèrement courbes et se terminant chacun par un léger renflement ea forme de bouton ; il est probable que ces poils sont des organes tactiles, mais l’étude histolo- gique n'en a pas été faite (fig. 235). La patte-mâchoire du mâle est également courte et ses articles basilaires sont normaux ; mais le tarse, qui est assez large et presque globuleux à la base, se rétrécit brusquement et se prolonge en pointe plus ou moins longue, toujours grêle, droite et subaiguë ; le bulbe, qui est inséré à sa base, est assez petit, ovale ou cylindrique, très rarement subglobuleux, il est toujours très atténué en longue pointe cylindrique ou sinueuse qui est elle-même prolongée par une tige sétiforme ; cette dernière est quelquefois très petite et située à côté de l’orifice du style qui est terminal (S. longipes Luc., etc.), quelquefois aussi longue que le bulbe entier et dressée comme un crin, dépassant l'orifice du style qui est situé à sa base en dessus ($S. thoracica Latr., etc.) (fig. 234). Les différences sexuelles sont très faibles ; le mâle, qui est presque de même taille que la femelle, s'en distingue seulement par ses pattes plus longues et son céphalothorax un peu plus large en arrière, mais moins convexe; chez quelques grandes espèces africaines (S. major E. Sim., etc.), ses fémurs anté- rieurs sont armés de chaque côté d’une série de granulations ou même de petits denticules, qui manquent chez la femelle. Les Scylodes sont des Araignées de taille moyenne ou petite dont les téguments, très mous, de couleur claire, blanche ou jaunâtre, sont ornés de dessins noirs formant généralement sur le céphalothorax une bordure découpée, une double bañde médiane ou une figure Iyriforme, sur l'abdo- men de petites taches plus ou moins serrées, sur les mem- bres des annelures ou des lignes ; il arrive rarement que les figures noires plus développées deviennent confiuentes (S. fusca Walck., velutina Lowe, etc.) ; ces téguments sont parsemés de longs crins noirs dressés qui ne masquent pas la couleur du fond. Ces Araignées ont des allures très lentes ; elles vivent en général sous les pierres, dans les détritus végétaux, au pied Scylodes delicatula à E, Sim des arbres ou encore dans les fissures des rochers où elles Femelle grossie. filent une petite toile très irrégulière formée de gros fils Fig. 236. 276 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES lâches. S. thoracica Latr., qui se trouve dans ces conditions dans la région méditerranéenne, ne se rencontre à Paris, c'est-à-dire en dehors de son habitat normal, que dans l'intérieur des maisons. C’est aussi dans l’intérieur des maisons et des cases que vivent, en Malaisie, S, marmorata L. Koch, et dans l’Amérique du Sud, $. longipes Lucas. Quelques espèces malaises, notamment $. pallida Dol., qui est très commun aux Philippines, ont des mœurs un peu différentes, car elles se trouvent constamment sur les feuilles des arbres qu’elles roulent à la manière des Clubiones et des Théridions. Au moment de la ponte, toutes portent dans leurs chélicères, appliqué sur le sternum, leur cocon ovigère qui forme une masse globuleuse brunâtre ou violacée. Le genre Scylodes se compose actuellement d'une quarantaine d’espèces répandues dans les zones tropicale et subtropicale du monde entier, sauf une qui, en Europe et en Amérique, atteint la zone tempérée : six espèces habitent la région méditerranéenne, dont une (S. fhoracica) se retrouve dans l'Amérique du Nord, s’avance dans l’Europe centrale jusqu’au sud de l'Angleterre, et a été signalée à l’île Saint-Hélène, dont deux (S. Bertheloti Luc. et delicatula E. Sim.) s'étendent d'un côté aux îles Océaniques, de l’autre jusque dans l’'Yemen ; trois sont décrites de l’Yemen, l’une d'elles (S. univittata E. Sim.) se retrouve dans l'Inde; cinq sont répandues dans l’Afrique tropicale et à Madagascar ; sept dans l'Inde, la Péninsule malaise et l’Indo-Chine ; une, la Chine; sept, la Malaisie et la Polynésie ; dix, l'Amérique du Sud où elles sont répandues du Mexique au Chili ; la plupart de ces espèces ont des habitats très étendus. Scytodes Latr., Nouv. Dict., etc., XXIV, 1804, p. 134. — Scytodes - Dictis L. Koch, Ar. Austr., 1873, p. 292. — Scytodes + Dictis Thorell, 1887. Oculi æqui in tria paria inter se late distantia dispositi, par medium ante lateralia situm. Clypeus oculis mediis latior, recte truncatus seu leviter emar- ginatus. Pedes graciles (1, 11, IV, 111, r'arius 1, 1V, 11, 111), mutici (interdum femoribus anticis maris biseriatim spinulosis). Ungues trini, exterior dentium serie duplici munitus, inferior parvus, obsoletus vel nullus (Dictis). Typus : S. éhoracica Latr. AR. GEOGR. : Europa et Regio mediterranea ; ins. Atlanticæ ; Africa tropica et austr.; ins. Madagascar; Asia occid., centr., orient. et merid.; Malaisia et Polynesia ; America sept., centr., merid. et antillana. 6 Sous-famille DRYMUSINÆ. Les Drymusa, qui font le passage des Scylodes aux Leptoneta, ont uü céphalothorax peu élevé qui, par son contour, ressemble à celui des Loæosceles, ais qui manque absolument de stries thoracique et céphaliques, et dont le bandeau est plus étroit. Leurs yeux ont aussi la disposition de ceux des Loæosceles et des Scytodes ; dans l’une des espèces (D. nubila E. Sim.), la paire médiane est beaucoup plus avancée que les latérales et l’ensemble de l’aire 7 FAMILLE DES SICARIIDÆ 277 oculaire est presque un triangle équilatéral, tandis que dans la seconde espèce (D. capensis E. Sim.) les yeux médians sont à peine plus avancés que les latéraux. Les chélicères sont celles des Loæosceles, mais les pièces buccales diffèrent de celles des autres Sicarüdes par le plus grand développement de la pièce labiale qui, à la base, est presque aussi large que le bord antérieur du siernum. Celui-ci est plus large que celui des Loæosceles et des Scytodes, et ressemble à celui des Sicarius, mais il est plus convexe ; il est plus large que long et lar- gement tronqué entre les hanches postérieures disjointes. Les pattes sont très longues et très fines, presque filiformes aux extrémités, mais leurs fémurs sont bien nettement dilatés à la base, comme ceux de beau- coup de Leptonetides et d'Oonopides ; l'onychium, aussi développé que celui des Seytodes, porte trois griffes dont l’inférieure, bien développée et très courbée, est armée, dans sa concavité, d’une dent basale, tandis que les supérieures sont fines, très courbées et garnies, presque jusqu’à la pointe, d’une série très régulière de dix à douze dents fines, longues, droites et presque égales. L'abdomen est ovale-allongé, ses filières ressemblent à celles des Scytodes. La femelle de Drymusa nubila présente le caractère exceptionnel d’avoir la région épigastrique très convexe et un peu prolongée avec l'orifice génital entouré d’un rebord coriacé, ce qui existe aussi chez certains Leptonetides ct indique une tendance vers les Araignées entelegynes. Sa patte-mächoire est semblable à celle des Loæosceles ; son tarse manque des soies claviformes qui caractérisent celui des Scytodes. Les mâles sont inconnus. Les Drymusa sont de petites Araignées aux pattes fines et longues dont les téguments, lisses et glabres, sont ornés, comme ceux des Scytodes, de dessins noirs sur fond testacé ou olivâtre ; on en connait deux espèces : l’une propre à l’île Saint-Vincent, aux Antilles ; l’autre, à l’Afrique australe. Cette der- nière, que j'ai découverte aux environs de Cape-Town, file une petite toile irrégulière dans les creux d'arbres ; elle paraît très rare, car je n’en ai trouvé qu'un seul individu. Drymusa E. Sim., Proceed. Zool. Soc. Lond., 1891, p. 571. Cephalothorax sat humilis, haud impressus, fronte obtusa, Sternum late cordiforme, haud longius quam latius, antice haud attenuatum, latissime et recte sectum, postice attenuatum sed truncatum et coxæ posticæ inter se late distantes. Pars labialis maxima, ad basin spatium intercoxale totum occupans, multo longior quam latior. Pedes longissimi et gracillimi, sed femoribus, versus basin, leviter ampliatis, tarsis onychio munitis. Ungues tarsorum trini, superiores graciles curvati dentibus rectis longis et gracilibus numerosis fere usque ad apicem instructi, inferior sat validus ad basin uni- dentatus. Typus : D. nubilu E. Sim. AR, GEOGR. : Africa austr.; Antillæ. 278 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Les deux espèces connues de ce genre se rapportent à deux groupes ainsi caractérisés : A.— Oculi medii longe ante laterales siti et area oculorum tota triquetra. Clypeus oculis mediis anticis plus duplo latior (D. nubila Sim.). B. — Oculi medii parum ante laterales siti et area oculorum tota transversa. Clypeus oculis mediis anticis haud duplo latior [D. capensis E. Sim. (1)]. GENUS INVISUM ET INCERTÆ SEDIS æ Segestrioides Keyserl., Verh. z. b. Ges. Wien, 1882, p. 218. C'est avec doute que je rapporte ce genre au groupe actuel ; par ses pièces buccales, il ne diffère pas des Scytodes, mais ses yeux sont beaucoup plus resserrés et disposés en groupe transverse comme ceux des Segestria. Les stigmates épigastriques sont au nombre de deux, et la patte-mâchoire de la femelle est dépourvue de grifle, caractères qui indiquent suffiamment qu’il n'appartient pas à la famille des Dysderides. Une seule espèce : S. bicolor Keyserl., du Pérou. (1) Cette espèce est inédite, en voici la diagnose : D. capensis E. Sim. — Q. Long. 4 mill. — Cephalothorax sublævis glaber, parce et longe setosus, obscure fulvo-olivaceus, vitla marginali lata et dentata vittisque dorsalibus duabus postice confluentibus latis et utrinque lineolas radiantes emiltentibus nigricantibus ornatus. Oculi medii ovati et contigui lateralibus paulo majores et ante laterales siti. Clypeus oculis mediis haud duplo latior. Abdomen sat longe oblongum, tesiaceum, vittis transversis 5-6 in medio arcuatis utrinque sursum curvalis et am- pliatis atque in parte prima vitta longitudinali nigricantibus decoratum. Sternum venterque nigricanlia. Pedes graciles et longi, olivacei, patellis albidis, tibiis, meta- tarsis tarsisque apice anguste albido-annulatis — Cap. Bona-Spei. 15. Famille LEPTONETIDAE Cette famille, qui se compose de petites Araignées à longues pattes presque toutes cavernicoles, se place naturellement entre les Sicariides et les Oonopides. Les Leptonetides se rapprochent des premiers par le nombre de leurs stigmates épigastriques, la structure de leurs filières qui sont accompagnées d'un colulus, celle de leurs griffes tarsales portées par un onychium, et celle de leurs organes sexuels qui, chez les mâles, ont la plus grande analogie avec ceux des Scytodes vrais. D'un autre côté, ils diffèrent des Sicariides par leurs chélicères longues à marge supéricure dentée fau moins dans les genres les plus élevés, tels que Leptoneta et Psiloderces), et à crochet long et grêle, leur pièce labiale libre, leurs lames droites ou légerement inclinées, mais jamais conniventes. Le genre Drymusa fait le passage des Sicariides aux Leptlonetides et le genre Theotimu celui des Leptonetides aux Oonopides, principalement aux Orchestina. Je parlerai plus loin des rapports que ces Araignées présentent avec les Oonopides et avec les Pholcides, principalement avec les Modisimus. Dans le genre Ochyrocera, notamment, le céphalothorax est presque celui d'un Pholcus, et l’abdomen offre en dessous, dans la région épigastrique, une pièce chitineuse transverse et bombée, qui n’a d'analogue que chez les Artema et genres voisins ; mais la structure des chélicères et celle des organes sexuels des mâles sont entièrement différentes ; je dois aussi signaler une analogie assez frap- pante qui existe entre les Leptonetides et les Theridiides du groupe des Linyphia ; ils s’en rapprochent par leurs pièces buccales et leur sternum, leur épigastre convexe, etc. Quelques Linyphinæ, dont les organes génitaux ont une ten- dance à se simplifier, comme par exemple les Anthrobia, semblent indiquer une liaison entre deux types au fond très éloignés. Le céphalothorax est court, large et ordinairement presque arrondi, con- vexe, longuement incliné et plus ou moins atténué en avant, pourvu d’une strie médiane thoracique très petite et punctiforme, mais presque toujours dépourvu de stries rayonnantes. Le bandeau, qui est incliné en avant, est long, surtout dans le genre Psiloderces, où il égale presque le céphalothorax entier; il n’est étroit que dans le genre Theotima. Les yeux font quelquefois complètement défaut {Telema, quelques Leptoneta) ; quand ils existent, ils sont petits et au nombre de six ; leur disposition varie grandement selon les genres ; ceux des Leptoneta sont répartis en deux groupes, dont le premier est composé de quatre yeux étroitement connés et dessinant une ligne transverse arquée en avant, tandis que le second, plus ou moins reculé, est formé de deux yeux géminés semblables {fig. 237). Dans tous les autres genres, les six yeux forment un groupe transverse composé de deux yeux médians géminés, 280 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES et de chaque côté de deux yeux latéraux! également géminés ; ceux-ci sont distinctement séparés des médians chez les Psiloderces (fig. 239), Ochyrocera et Usofila, tandis que chez les Theolima tous les yeux, rapprochés comme ceux des Orchestina, de la famille suivante, forment, au milieu du front, un petit groupe compact. F8 / \ 7) \ isa 237 239 238 Leptoneta convexa E. Sim, — Fig. 231. Céphalothorax. — Fig. 238. Chélicère et pièces buecales, — Psiloderces Egeria E. Simon. — Fig. 239. Céphalothorax. ‘Les chélicères sont longues, presque cylindriques, atténuées et dépourvues de tache basale; les marges du crochet sont longuement déclives et (au moins chez les Leptoneta) la supérieure est pourvue d’une petite dent assez rappro- chée du crochet, de trois ou quatre dents plus petites et inégales reculées et de poils villeux longs et isolés; le crochet est très long, grêle et cylindrique jusqu’à la base, La pièce labiale est libre ou au moins séparée du sternum par une strie ; elle est déprimée à la base, convexe à l’extrémité avec: un change- ment de plan généralement bien net ; celle des Leptoneta est courte et n’atteint pas le milieu des lames {fig. 238), mais, dans tous les autres genres, elle est plus longue, atténuée et obtuse, atteignant et dépassant même le milieu des lames. Celles-ci sont longues, assez larges à la base, au niveau de l'insertion du trochanter, ensuite étroites et subparallèles ; à l’extrémité, leur côté externe est arrondi sans être dilaté, l'interne est obliquement et obtusé- ment tronqué ; en dessous, elles présentent (au moins chez les Leptoneta) une scopula interne peu développée et une serrula externe extrêmement fine ; elles sont droites et parallèles (Leptoneta) ou plus ou moins inclinées sur la pièce labiale, maïs elles ne se rencontrent jamais au sommet. Le sternum est largement cordiforme et plus ou moins convexe, largement tronqué en avant, atténué et brièvement prolongé en arrière entre les hanches postérieures qui sont plus ou moins disjointes. Les pattes sont ordinairement très longues et grêles, mais les fémurs, sur- tout les antérieurs, sont souvent dilatés et plus ou moins fusiformes, ce qui est surtout bien visible dans le genre Telema ; les hanches sont presque cylin- driques et les antérieures sont plus longues que les autres ; toutes les patellas sont petites et semblables ; les métatarses et tarses filiformes, ceux-ci se. terminent par un petit onychium qui porte les griffes très petites et au nombre de trois ; au moins, chez les Leptoneta et Psiloderces, les supérieures sont très FAMILLE DES LEPTONETIDÆ 281 courbées et armées à la base d’une, deux ou trois dents fines et longues, tandis que l'inférieure est petite, aiguë et mutique. Les filières sont presque égales ; les inférieures sont cylindriques à tronca- ture subarrondie, ordinairement presque contiguës à la base, plus rarement assez largement séparées (Telema); les supérieures, situées au-dessus des inférieures, sont un peu plus courtes, leur troncature est longitudinale et pourvue de fusules peu nombreuses, disposées sur un ou sur deux rangs ; les filières médianes sont petites, coniques (Telema) ou à troncature longitudinale. Comme chez les Sicarides, les filières infé- rieures sont précédées d’un colulus long, cylindrique, et plus où moïns aigu, Le tubereule anal est très peu saillant et presque arrondi. Les femelles des Leptonetides se distinguent des autres Araignées aplogynes par leur région épigastrique plus déve- loppée, plus ou moins convexe, avec l'orifice génital, au reste très simple, dépassant légèrement le pli transverse, carac- tère qui semble les rapprocher des Araignées entelégynes et qui se retrouve dans le genre Drymusa, de la famille précé- dente; chez les Ochyrocera, l'épigastre convexe présente de plus une pièce chitineuse transverse en forme d’arceau ou de selle, qui n’a d'analogue que dans la famille des Pholcides. Fig. 240. T'elera tenellaE.S. Mâle grossi. La patte-mächoire de la femelle est longue, avec la patella petite, les autres articles longs et cylindriques ; le tarse est acuminé comme celui des Sicartides, mais il est, de plus, ordinairement pourvu d’une griffe fine et mutique. La patte-mâchoire du mâle est plus longue et plus grêle que celle des types « 241 242 243 244 Fig. 241. Leptoneta spinimana E, Sim. Patte-màächoire du mâle. — Fig. 242. Lept. microphthalma E. Sim. Tarse de la patte-mâchoire du mâle, en dessus. — Fig. 243. Ochyrocera arietina E. Sim. Patte-maächoire du mâle. — Fig. 244. Telema tenella E. Sim. Id. voisins ; le fémur est long et cylindrique, quelquefois armé en dessous de deux séries de longues épines divergentes, élevées chacune sur un petit tubercule [L. spinimana E. Sim (1)] (fig. 241) ; la patella est petite; le tibia, plus long et (1) Cette disposition a de l’analogie avec celle qui s’observe sur la patte-mâchoire des Opiliones mecostethi. de 282 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES cylindrique, quelquefois un peu fusiforme (Ochyrocera), comme celui des Sicariides ; quant au tarse, il ressemble généralement à celui des Scytodes ; il est étroit et cylindrique; celui des Theotima et Leptoneta dépasse à peine le bulbe ; chez ces derniers, il est obtus, marqué en dessus, vers le milieu, d’une dépression transverse et armé au delà de ce point, au côté externe, d’une apophyse dirigée en avant ; cette apophyse, de forme variable et plus ou moins développée, selon les espèces, est surtout bien nette chez L. microphthalma où elle affecte la forme d’un gros crochet courbé, brusquement terminé en pointe aciculée (fig. 242) ; celui des Telema et des Ochyrocera américains est, au con- traire, prolongé en très longue pointe fine, cylindrique et aiguë, dépassant de beaucoup le bulbe (fig. 244) ; le tarse de l’Ochyrocera cruciata E. Sim. est ceper- dant d’une forme toute différente, et il rappelle un peu celui des Filistata ; il est, en effet, aussi long que le tibia et cylindrique, légèrement dilaté à l’extré- mité où il est tronqué obliquement, avec l’angle supérieur un peu prolongé ; l’alvéole, qui occupe cette truncature oblique, est ainsi très largement séparée du tibia (fig. 245) ; le bulbe est volumineux, mais ordinairement très simple; celui des Leptoneta, Telema et Theotima est globuleux et ter- miné en pointe conique courte, généralement obtuse et accompagnée d'une petite tige grêle de même lon- gueur; celui des Ochyrocera américains est étroit et prolongé en très longue pointe arquée en croissant, formant une sorte de pince avec la pointe tarsale hi M ia (fig. 25), tandis que celui de l'Ochyrocera cruciata E. Sim., déjà remarquable par son insertion termi- minale, porte à son extrémité deux très longues tiges dissemblables : l’une (externe), fortement contournée, se termine en pointe aiguë, l’autre est droite et grêle, mais terminée par une petite dilatation malléiforme (fig. 245). Fig. 245, Les Leptonetides sont de petites Araignées aux pattes fines et longues, dont les téguments, mous et glabres, sont presque toujours incolores et testacés, comme ceux de presque toutes les espèces qui vivent à l'abri de la lumière; les Ochyrocera et Theotima font cependant exception, car ils sont ornés de bandes et de taches sériées ressemblant à celles des Scytodes. Les Leptoneta, au nombre d’une dizaine d’espèces, habitent les grottes de la région pyrénéenne ; quelques-unes cependant ont été rencontrées en dehors des grottes, dans les mousses épaisses des forêts, dans les Pyrénées, la Provence, l'Italie et la Corse ; j'en ai trouvé une espèce en Algérie (L. spinimana E. Sim.), et j'en ai décrit une autre du Japon {L. japonica E. Sim.). L’unique espèce du genre Telema, est propre à une grotte des Pyrénées-Orientales (à la Preste), et celle _du genre Psiloderces aux grottes de Calapnitan, à l'ile de Luzon (province de Camarines-Sur). Le genre Ochyrocera a été détouvert à l’ile Saint-Vincent, aux Antilles, où il compte deux espèces (arielina et quinquevittuta E. Sim.). J’en ai trouvé deux espèces au Venezuela (janthinipes et vesiculifera E. Sim.) et deux à Ceylan (picturata et cruciata E. Sim.) ; elles se trouvent dans les dé- tritus humides des forêts et ressemblent à de petits Pholcus ; les femelles ont également l'habitude de porter leurs œufs dans leurs chélicères ; ces œufs sont FAMILLE DES LEPTONETIDÆ 283 gros, violacés, et retenus ensemble par quelques fils. Le genre Theotima (Theoclia) ne renferme que deux espèces : l’une (T. microphthalma E. Sim.) habite la grotte d'Antipolo, à l'ile de Luzon ; l’autre (T. radiata E. Sim.) a été découverte à l’île Saint-Vincent et retrouvée au Venezuela; elle n’est pas cavernicole, mais se trouve dans les détritus végétaux, à la manière des Ochyr'ocera et des Oonopides, auxquels elle ressemble. GENERA 1. Pars labialis haud longior quam latior et tertiam partem basila- rem laminarum haud superans. Oculi sex : antici quatuor inter se contigui et lineam recurvam formantes, postici duo contigui, AHAANICIS AIeMeMOEs MR le CR RES TT RO AER CE Leptoneta. — Pars labialis longior quam latior, dimidium laminarum attingens vel superans. Oculi nulli vel aream unicam transversam occu- D ANITE SR RE ER AEM I LION EME ELEEe A ARMOR LENS Belséio 2 2, Pars labialis apice sensim attenuata et dimidium laminarum attingens. Oculi nulli. Pedum anticorum femora valde incras- EAN LP US OP NIA A EN N rl co mete SO HN MORE ag Telema. — Pars labialis dimidium laminarum superans. Oculi sex aream transversam occupantes........... EE vid n0/0 Do e o'oinio do ere 51e 3, Pars labialis apice ampliata et ovata. Clypeus porrectus et cepha- lothorace toto vix brevior. Oculi laterales inter se contigui et lineam postice divaricatam designantes. Femora cylindracea.. Ra te | den et eee der ec LTÉE STIOUeLCES — Pars labialis versus apicem leviter attenuata. Clypeus subporrec- tus, cephalothorace plus duplo brevior. Oculi laterales inter se contiguüi et angulum acutum formantes.. 4, Area oculorum latitudinem frontalem fere occupans, oculi me- diocres, laterales a mediis distincte separati. Clypeus area ocu- lorum saltem duplo latior. Pedes longi, parum inæquales, gracillimi, sed femoribus versus basin incrassatis et longe fusi- HOT O US A NDS RERO RER ER AS SAN TA ..... Ochyrocera. — Area oculorum minuta, latitudine frontali multo angustior, oculi parvi, quatuor antici inter se contigui. Clypeus area oculorum non multo latior. Pedes mediocres, postici reliquis longiores, femora haud insigniter incrassata.. ........ er ne rc URheodimar Leptoneta E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1872, p. 477. Cephalothorax paulo longior quam latior, convexus, stria thoracica brevis- sima. Oculi in areas duas ordinati : aream anticam ex oculis quatuor inter se contiguis et lineam recurvam designantibus, aream secundam plus minus remotam ex oculis binis geminatis (fig. 237). Clypeus latus, oblique proclivis. Pars labialis haud longior quam latior et tertiam partem basilarem laminarum baud superans, ad basin transversim depressa, ad apicem convexa et leviter 284 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES attenuata (fig. 238). Laminæ longissimæ, angustæ et rectæ, apice attenuatæ sed obtusæ. Sternum late cordiforme, postice, inter coxas, sat breviter atte- nuatum et subacuminatum. Pedes gracillimi et longi (1, 1v, 11, x vel 1, 11, 1, it), parce aculeati, femoribus anticis versus basin sæpissime leviter incras- satis, metatarsis tarsisque filiformibus, tarsis longis sed metatarsis multo brevioribus. Mamillæ inferiores inter se subcontiguæ. Pedum-maxillarium maris tarsus angustus, supra in medio depressiusculus et extus unidentatus, bulbum magnum et globosum haud vel vix superans (fig. 241-242). Typus : L. convexa E. Sim. AR. GEOGR. : Europa merid. occid.; Africa sept. occid.; Japonia (L. japo- nica E. Sim.). Telema E. Sin., Ann. Soc. ent, Fr., 1882, p. 204. Cephalothorax Leptonetæ. Oculi nulli. Pars labialis major, æque longa ac lata et subtriquetra, dimidium laminarum attingens. Laminæ sat longæ, leviter inclinatæ, attenuatæ et obtusæ. Pedes longi et graciles (1, 11, 1v, zx vel 1, IV, 11, it), femoribus 1i paris reliquis multo robustioribus, ad basin atque ad apicem valde attenuatis. Mamillæ inferiores transversim distantes. Pedes- maxillares maris tarso ad basin convexo ad apicem gracili subrecto et Jongis- simo, bulbum maximum et globosum multo superante (fig. 244), Typus : T. tenella E. Sim. {sp. un.) AR. GEOGR. : Pyrenæi montes orient. (in speluncis), Psiloderces E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1892, p. 40. Cephalothorax fere Leptonetæ sed elypeo multo latiore cephalothorace toto vix breviore, oblique porrecto, a basi leviter constricto, ad marginem ampliato et arcuato. Oculi sex parvi et subæquales, aream unicam formantes, medii inter se contigui et utrinque laterales bini inter se contigui et lineam postice divaricatam formantes, sed a mediis bene separati, medii cum lateralibus anticis lineam leviter recurvam formantes (fig. 239). Pars labialis longior quam latior et dimidium laminarum superans, ad basin sat angusta et paral- lela, ad apicem sat abrupte ampliata atque ovata, Cætera Leptonetæ (mas ignotus). Typus : P. Egeria E. Sim. (sp. un... AR. GEOGR. : Insula Luzonia [in speluncis). Usofila G. Marx, Proceed. Ent. Soc. Wash., IT, n° 1, 1891, p.Ss. Genus invisum a Psiloderci, cui subsimile est, tantum differt sec. G. Marx, clypeo angustiore subverticali, parte labiali triquetra paulo longiore quam latiore, apice obtusa et spiraculis epigasteris quatuor, ab Ochyrocera differt oculis lateralibus utrinque a mediis latius distantibus et lineam extus diva- ricatam designantibus. Typus : U. gracilis G. Marx (sp. un.). AR. GEOGR. ; America septentrionalis. - FAMILLE DES LEPTONETIDÆ 2895 Nora. Ce genre, décrit par le Dr Geo. Marx, d’après les manuscrits de Keyserling, est certainement inséparable du genre Psiloderces. L'auteur donne cependant à son espèce quatre stigmates épigastriques disposés comme ceux des Dysdera, tandis que le Psiloderces me paraît n’en avoir que deux, comme les autres Leptonetides. S'il n'y a pas erreur, le nombre des stigmates n'aurait dans le groupe actuel qu’une valeur à peine générique. La patte-mâchoire du mâle d’Usofila gracrlis, figurée par le Dr Geo. Marx, ressemble complètement à celle d’un Ochyrocera. Ochyrocera E. Sim., Proceed. Zool. Soc. Lond., 1891, p. 565. À Psiloderci differt clypeo cephalothorace plus duplo breviore sed por- recto, oculis quatuor anticis in lineam rectam seu leviter procurvam, latera- libus a mediis vix separatis inter se contiguis et angulum acutum forman- tibus, parte labiali apice leviter attenuata haud ampliata, pedum femoribus ad basin sensim incrassatis et leviter fusiformibus, reliquis articulis gracil- limis. — Pedum-maxillarium maris femur gracile et longum, patella parva nodiformis, tibia longa sæpe incrassata atque ovata, tarsus plerumque apice gracillimus, longissimus et rectus, interdum cylindraceus et apice oblique sectus (0. cruciata E. Sim.), bulbus plerumque angustus, teretiusculus, spina longissima et arcuata insigniter præditus (fig. 243), interdum spinis duabus longis et dissimilibus instructus (fig. 245) (0. cruciata E. Sim... Typus : 0. arietina E. Sim. AR. GEOGR. : Asia tropica : ins. Taprobane [picturala, cruciata E. Sim. (1)] ; America tropica : Venezuela (janthinipes, vesiculifera E. Sim.), et ins. Sancti Vincenti (arietina, quinquevittata E. Sim... Theotima E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1892, p. 439. — Theoclia E. Sim., Proceed. Zool. Soc. Lond., 1891, p. 567 (nom. præocc.). Ab Ochyrocera, cui affinis est, differt clypeo angustiore et obliquo, area ocu- lorum multo minore, latitudinem frontalem multo angustiore, oculis parvis, quatuor anticis inter se contiguis et lineam rectam formantibus, oculis late- ralibus posticis pone anticos oblique sitis, pedibus brevioribus, posticis anticis evidenter longioribus, femoribus haud insigniter incrassatis, partibus oris brevioribus. — Pedes-maxillares maris tarso gracili bulbum vix supe- rante, bulbo maximo, simplici et globoso. Typus : T. radiata E. Sim. AR. GEOGR. : Insulæ Philippinæ [in speluncis); Antillæ ; Venezuela, (1) Ces deux espèces et Leptloneta japonica E. Sim. sont décrits dans le Bulletin de la Société entomologique de France, séance du 12 juillet 1893. 14. Famille OONOPIDAE Le type de cette famille est l’Oonops pulcher Templeton, autour duquel sont venus se grouper, dans ces dernières années, beaucoup d'espèces et même de genres qui avaient échappé aux anciens auteurs à cause de leur petite taille. Les Oonopides tiennent à la fois des Sicariides, des Leptonetides et des Dys- derides ; ils touchent surtout de très près aux Leptonetides, dont ils ont les lames-maxillaires inclinées, mais non conniventes ; les chélicères à crochet long et grêle jusqu à la base, les hanches subglobuleuses, les fémurs généra- lement comprimés et dilatés en massue, mais, tandis que chez les Leptone- tides ce sont les antérieurs qui sont les plus épais (Telema\, chez les 0ono- pides, ce sont généralement les postérieurs ; enfin, par leurs tarses pourvus d'un onychium, mais cet onychium ne porte que deux griffes dont les dents sont généralement bisériées, comme celles des Scytodes, et, de plus, accom- pagnées de quelques poils spatulés formant de petits fascicules ungueaux, qui manquent dans les deux familles précédentes. Ils s'en éloignent aussi, pour se rapprocher des Dysderides, auxquels ils ont été jusqu'ici associés, par leurs stigmates épigastriques au nombre de quatre : deux pulmonaires et deux trachéens ; mais ces derniers, souvent très difficiles a voir, sont ordinairement plus séparés des premiers et ont une tendance à se rapprocher de la ligne médiane, principalement chez les Oonopinæ loricatæ ; ils diffèrent aussi des Sicariides et Leptonetides par leurs yeux formant un groupe compact comme ceux des Dysderides, mais j'ai dit plus haut qu'une disposition analogue existait dans le genre Theotima, qui se rattache cepen- dant à la famille précédente. PE PA Le céphalothorax des Oonopides est brièvement ovale et toujours assez rétréci dans la région frontale; il ne présente aucune impression, tout au plus une très petite strie médiane reculée ; il est ordinairement convexe dans la seconde moitié, fortement incliné en arrière, plus longuement en avant, et il rappelle un peu celui des Scytodes ; quelquefois cependant il est assez plat et plus long, notamment celui des Opopæa, Oonopina, Epectris, ete., bien que toujours brusquement abaissé au bord postérieur ; quelquefois son sommet est tronqué et pourvu, au-dessus de la déclivité postérieure, de deux saillies basses souvent granuleuses (Gamasomorpha camelina E. Sim., Dysderina bi- mucronota E. Sim... etc.) ; celui du Xyphinus hystrix est armé de quatre longues épines : deux au sommet, deux au bord postérieur, et d’épines marginales plus petites (fig. 254-255). Le groupe oculaire occupe presque toujours la totalité de la largeur du front ; il se compose de six yeux nocturnes, gros et peu inégaux : de chaque \ FAMILLE DES OONOPIDÆ 237 côté, deux latéraux, étroitement connés, et äeux médians se touchant ct peu ou point séparés des latéraux; le groupe oculaire des Orchestina et Salsula est plus transversal, ses yeux latéraux étant bien séparés des médians, qui sont ordinairement (Orchestina) situés au niveau des latéraux antérieurs (fig. 252) ; chez les vrais Oonops, les yeux médians occupent presque toujours 246 247 248 249 25) 291 202 253 Fig. 246. Oonops pulcher Templ. Yeux. — Fig. 247. Id. Pièces buccales. — Fig. 248. Gañaso- morpha. Chélicère. — Fig. 249. Dysderina. Patte de la 1re paire. — Fig. 250. Gamaso- morpha. Griffe externe par la face interne. — Fig. 251. Orchestina. Patte de la 40 paire. — Fig. 252. Id. Yeux. — Fig. 253. Id. Pièces buccales. le centre du groupe oculaire, de sorte que, vus en dessus, ils forment, avec les latéraux postérieurs, une ligne fortement arquée en avant (fig. 246) ; chez les Stenoonops et Aprusia, et dans tous les genres de la section des Oonopinæ loricatæ, ils sont situés au niveau des latéraux postérieurs avec lesquels ils figurent une ligne légèrement courbée en avant, ou tout à fait droite (Stenoonops, Dysderina, etc.\, ou très rarement un peu courbée en arrière (Ischnothyreus, Epectris) ; les yeux antérieurs, généralement un peu plus gros que les autres, sont presque toujours disjoints ; ils ne sont connivents que dans les genres Ischnothyreus et Scaphiella, dont tous les yeux réunis figurent un petit cercle fermé. La largeur du bandeau est variable, mais elle n’atteint jamais celle du groupe oculaire. Les chélicères sont coniques, assez larges à la base, mais très atténuées à l'extrémité ; leur troncature est longue, très oblique et à marges mutiques, mais garnies dans le haut, près l'insertion du crochet, de quelques gros poils obtus, courbes et barbelés ; leur crochet est plus ou moins long, arqué, gréle jusqu'à la base, comme celui des Leplonetides et des Prodidomides (fig. 218), excepté cependant celui des Salsula qui s’épaissit un peu près de l'insertion, comme celui des Loæosceles. La pièce labiale, qui est mobile sur le sternum; est assez vatiable, tantôt plus large que longue, trapézoïde, carrée ou même semi-circulaire, plus rare- ment (Orchestina) beaucoup plus longue et légèrement ovalaire (fig. 253). Les lames sont toujours larges à la base, étroites à l'extrémité, qui est un peu atténuée et obtuse, presque toujours inclinée, mais ne se rencontrant jamais en avant de la piëce labiale qu'elles dépassent plus où moins (fig. 247); elles 288 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES ne sont tout à fait droites et parallèles que dans les deux genres Telchius et Hytanis, qui, par leurs pièces buccales et leurs chélicères, plus fortes que celles des autres Oonopides, ressemblent aux Dysderides. Le sternum est très développé, cordiforme ou ovale large ; il atteint presque les bords du bouclier céphalothoracique, et rejette les hanches très en dehors; il est atténué en arrière, mais néanmoins assez largement obtus ou tronqué, entre les hanches postérieures qui sont toujours largement disjointes ; sa sur- face convexe offre parfois de profondes impressions rayonnantes. L'abdomen est ovale ou presque globuleux, excepté chez l'Orchestina lubi- fera E. Sim., très curieuse petite espèce que j'ai découverte à Ceylan, ou il se rétrécit brusquement en arrière et se prolonge en forme de queue cylindrique, portant les filières à son extrémité (fig. 256). Cet abdomen est tantôt entière- ment mou, tantôt revêtu de plaques ou scuta [voy. plus loin); quelle que soit sa convexité, ses filières sont toujours terminales; elles sont assez petites, très resserrées en faisceau, et elles paraissent portées sur une base membra- neuse cylindique analogue à celle des Zodariides ; les inférieures et supé- rieures, étroitement conniventes, sont presque égales en longueur et formées de deux articles dont le terminal est beaucoup plus petit et acuminé; les supérieures sont un peu plus grêles que les inférieures, surtout chez les Orchestina. DD 1 = - 254 255 258 256 297 Fig. 254. Xyphinus hystrix E. Sim. Céphalothorax en dessus, — Fig. 255. Id. Idem, de profil. — Fig. 256. Orchestina tubifera E. Sim. Céphalothorax et abdomen de profil. — Fig. 251. Scaphiella cymbalaria $ ÆE. Sim. Céphalothorax et abdomen de profil. — Fig.-258. Id. idem, en dessus, Les pattes sont peu longues et rarement très inégales ; dans ce cas, ce sont les postérieures qui sont les plus longues ; elles sont tantôt mutiques, tantôt armées, aux deux paires antérieures seulement, d'épines sériales longues, légèrement soulevées à la base, quelquefois un peu courbes et toujours cou- chées, occupant le dessous des tibias et des métatarses, et souvent le côté interne des fémurs (fig. 249). Cette disposition des épines, qui se retrouve dans d’autres familles (Zoropsidæ, Agelenidæ, Clubionidæ, etc.), est propre aux Oonopides, dans la série des Araignées aplogynes ({1); les pattes postérieures (1) Elle existe cependant dans les genres Holissus et Ariadne de la famille des Dysderides. FAMILLE DES OONOPIDÆ 289 sont quelquefois pourvues, aux tibias et métatarses, de petites épines isolées, notamment chez les Salsula et Ischnothyreus; les hanches sont séparées les unes des autres, plus ou moins globuleuses et brièvement pédiculées; les trochanters sont petits ; les fémurs sont comprimés et plus ou moins dilatés à la base, surtout les postérieurs qui sont parfois claviformes, notamment ceux des Orchestina (fig. 251); les patellas sont assez petites et presque sem- blables aux quatre paires, excepté dans les genres S{enoonops et Triæris où les antérieures sont beaucoup plus longues que les autres, comme celles des Dysderides ; les articles terminaux sont presque toujours très grêles, comme je l’ai dit plus haut, le tarse se termine par un petit onychium portant deux griffes et, au-dessous, quelques poils lancéolés ou spatulés formant un petit fascicule. Les griffes sont toujours garnies d’une doublé rangée de dents, comme celles des Scytodes; dans les premiers genres (Sulsula), ces griffes sont longues, très grêles jusqu’à la base et fortement courbées en demi-cercle; elles portent une rangée inférieure de dents fines et nombreuses (plus de douze) atteignant presque l’extrémité et très longues, surtout les basilaires, qui sont souvent quatre fois plus longues que le diamètre de la griffe (Salsula longipes E. Sim.), et d'une rangée interne de dents aussi nombreuses, mais plus petites et dirigées en avant. Dans la plupart des cas, surtout dans le groupe des Oonopidæ loricatæ, les griffes sont plus courtes, plus robustes et pourvues, en dessous, de trois à six dents fortes, dont les basilaires sont généralement plus petites que les autres et, au côté interne, d’une série de dents beaucoup plus petites, n'occupant que la moitié apicale de la griffe (fig. 250). La patte-mâchoire de la femelle est courte et souvent robuste; la patella et le tibia sont presque égaux ou ce dernier est plus long ; le tarse, acuminé ou légèrement ovale, est généralement plus court que les deux articles précé- dents réunis ; il est garni à l’extrémité de très forts crins irréguliers, mais dé- pourvu de griffe pectinée ; il porte tout au plus, chez quelques espèces, une petite pointe apicale mutique. La patte-mâchoire du mâle, toujours courte, est très variable et parfois sin- gulière, mais ses modifications ne sont pas toujours en rapport avec les carac- tères génériques, et il arrive souvent que des espèces très voisines, au point que les femelles sont difficiles à distinguer, offrent, chez les mâles, des carac- ières sexuels tout à fait différents. Cette patte-mâchoire ressemble souvent à celle des Leptonetides et des Sica- rides ; celle des Orchestina, notamment, rappelle celle des Loæosceles, à un fémur droit et presque parallèle succède une patella petite, puis un tibia beau- coup plus gros, renflé et subglobuleux, quelquefois même presque vésiculeux comme celui des Pholcus (0. manicata E. Sim., etc.), puis un tarse assez petit et ovale, ordinairement pourvu d'un petit fascicule de crins à sa base externe, donnant insertion à un bulbe en forme de gros globule, assez brusquement terminé en pointe simple plus ou moins épaisse et longue (fig. 259) ; dans le genre voisin Salsula, le tibia et la patella sont presque semblables entre eux et assez épais, tandis que chez la plupart des vrais Oonops, ces deux articles sont assez grêles et presque égaux, comme ceux des Telema et Theotima; le tarse est grêle, cylindrique et assez court, car il n’atteint pas l'extrémité du 19 290 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES bulbe; celui-ci, gros et globuleux, se prolonge en pointe, de forme variable selon les espèces, souvent terminée par une dilatation (fig. 261). 259 260 261 262 263 264 Fig. 259, Orchestina Pavesii E. Sim. Patte-mâchoire G'. — Fig. 260. Dysderina princeps E. S. Id. — Fig. 261. Oonops procer E. Sim. Id. — Fig. 262. Ischnothyreus aculeatus E. Sim. Id. — Fig. 263. Gamasomorpha nigripalpis E. Sim. Id. — Fig. 264. Ischnothyreus peltifer E. Sim. Id. La patte-mâchoire des Oonopinus angustatus E. Sim. et Philesius marmoratus E. Sim. ne diffère de celle des Oonops que par la plus grande longueur du tarse qui atteint l’extrémité du bulbe, Chez d'autres Oonopides, tous les articles sont courts, renflés isolément, un peu resserrés à leur articulation et moniliformes, sauf le tarse, qui est petit et atténué ; le bulbe, plus ou moins long, est étroit et presque cylindrique; cette disposition s’observe, à quelques légères différences près, chez les Oonops pulicarius E. Sim., Oonopinus aurantiacus E. Sim., Opopæa ambigua E. Sim. et Ischnothyreus aculeatus E. Sim., mais, chez ces deux derniers, la patte-mà- choire est très réduite, noire, courbée en dehors, et le bulbe est presque aussi long que tous les autres articles réunis (fig. 262). Dans le genre Gamasomorpha, les articles sont également épais, mais non moniliformes, et le tarse, plus large et ovale, presque disciforme, ressemble à celui des Araignées entelégynes ; il recouvre un bulbe généralement médiocre, mais prolongé par une pointe très longue, arquée en dedans, et venant, au repos, se croiser devant les pièces buccales. Chez les Xestaspis, qui se ratta< chent au même type, la pointe terminale du bulbe est cependant très petite et droite. D'autres espèces offrent de curieuses modifications portant sur certains articles; c’est ainsi que, chez les Ischnothyreus peltifer, Opopæa deserticola, mattica E. Sim. et O0. punctata Cambr., la patella prend un développement exagéré et s’insère au fémur, qui est petit et claviforme, non par son extré- mité, mais par le milieu de sa face inférieure ; le tibia est, au contraire, très petit et nodiforme (fig. 264). Chez les Xyphinus hystrix et Gumasomorpha nigripalpis E. Sim., le tarse FAMILLE DES OONOPIDÆ 291 est anormal, car il est cylindrique et plus ou moins courbe à la base, tronqué à l'extrémité, avec le bord externe plus ou moins saillant, en forme de bourrelet et donnant insertion à un petit bulbe oblique, qui se trouve ainsi séparé du tibia par une sorte de cou, comme celui des Filistata et de l’'Ochy- rocera cruciata E. Sim. (fig. 263). Mais l’anomalie la plus singulière nous est fournie par les Ischnothyreus vestigator E. Sim., Stenoonops scabriculus E. Sim., les Scaphiella et Dysderina, chez lesquels le tarse et le bulbe sont entièrement confondus en une masse globuleuse et ovale, garnie en dessus (dans la région qui correspond au tarse) de poils isolés, et glabre en dessous (dans la région qui correspond au bulbe), sans qu’il y ait de ligne de démarcation entre les deux régions ; à l'extrémité, ce bulbe porte une petite pointe recourbée qui est le style (fig. 260). Les sexes sont de même taille, mais, indépendamment de sa patte-mâ- choire, le mâle diffère quelquefois de la femelle par des caractères sexuels secondaires très singuliers ; le mâle de l’Orchestina dentifera E. Sim., espèce de Ceylan, a les chélicères armées en avant d’une forte dent, caractère qui se retrouve dans la famille des Pholcides à laquelle l'Orchestina dentifera et sa proche voisine 0. manicata E. Sim. ressemblent aussi par le tibia de leur patte-mâchoire très renflé et vésiculeux ; le céphalothorax du mâle est quel- quefois beaucoup plus convexe que celui de la femelle ({schnothyreus aculeatus, Xestaspis tumidula E. Sim.); ses scuta abdominaux sont plus développés, notamment ceux des Jschnothyreus et des Scaphiella ; chez ces derniers, les scuta du mâle ne diffèrent pas de ceux des [Gumasomorpha, tandis que chez la femelle, le dorsal manque complètement (fig. 257-258)]. Dans quelques espèces, les pièces buccales subissent, chez le mâle, une complète déformation ; les lames, qui sont noires et rebordées, sont prolon- gées à l'angle interne, en une pointe grêle et recourbée, tandis que la pièce labiale, large et courte, envoie de chaque côté un prolongement lacinié for- mant une sorte de ceinture entre les lames et le bord antérieur du sternum. Ces curieuses modifications ne sont pas en rapport avec les caractères géné- riques, car elles s’observent dans des espèces très différentes dont les con- génères sont normales [ Gamasomorpha nigripalpis (fig. 263), Ischnothyreus aculeatus, Xestaspis tumidula E. Sim., etc.]. Les Oonopides sont de petites Araignées, leur taille varie de 2 à 3 mill. ; la plus grosse espèce (Salsulu longipes E. Sim.) atteint à peine 4 mill., beaucoup ne dépassent pas le millimètre et restent même au-dessous (Orchestina, Opopæa, Epectris, etc., etc.). Ils vivent dans les détritus végétaux secs ; la seule espèce, qui étende son habitat à l’Europe tempérée, se trouve cependant dans l'intérieur des maisons; sa présence à été signalée dans les herbiers et même dans les boîtes des col- lections entomologiques où elle vient sans doute chasser les Acarus. Les Oonopides courent rapidement et par saccades ; quelques-uns, tels que les Orchestina, exécutent même des sauts à grande distance. Ils ne filent point de toile; leur cocon est des plus simples, il se compose d'un petit amas irrégulier de bourre floconneuse recouvrant les œufs qui sont gros et peu nombreux. 292 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES La famille des Oonopides, qui, il y a peu d’années, ne renfermait qu’une seule espèce, l’Oonops pulcher Templ., en compte aujourd’hui plus de cent, et ce nombre s’accroitra certainement encore, car, jusqu'ici, ces très petites Araignées ont échappé aux chasseurs qui ne sont pas rompus à la re- cherche des Araignées. 13 espèces habitent la région méditerranéenne, surtout dans ses parties chaudes et désertiques; 2, les îles de l'Atlantique; 4, l'Arabie, principale- ment l’Yemen ; 3, la côte occidentale d'Afrique ; 9, l'Afrique australe ; 15, l'île de Ceylan ; 1, l’île de Sumatra ; 3, Singapore ; 1, la Birmanie; 8, les iles Phi- lippines ; 1, le Japon; 1, la Nouvelle-Hollande; 3, la Nouvelle-Zélande et la Polynésie; 24, les Antilles et le Venezuela ; 4, la Colombie; 5, le Pérou, et 2, le Brésil. Quelques-unes de ces espèces sont presque cosmopolites, c’est ainsi que je possède l'Ischnothyreus peltifer E. Sim., de Sierra-Leone (Afrique occid.), de Ceylan, des Philippines et des Antilles ; l'Opopæa deserticola E. Sim., de toutes les régions précédentes, moins Sierra-Leone, plus l’Arabie, le Sahara algé- rien et le Transvaal; Orchestina Pavesii E. Sim., qui est répandu dans la région méditerranéenne, se retrouve jusque dans lYemen, tandis que Salsula longipes E. Sim. habite les dunes sablonneuses de l'Égypte, du Sahara algé- rien et du cap de Bonne-Espérance. Pour en faciliter l'étude, je répartis les Oonopides en deux sections, qui ne correspondent cependant pas à des groupes naturels : 1. Oonopidæ molles. Ce groupe comprend les espèces dont l’abdomen est entièrement mou, c’est-à-dire dépourvu de plaques ou seuta, quelquefois cependant un peu coriacé en dessous dans la région épigastrique seule- ment. Les deux premiers genres : Orchestina et Salsula, s’écartent sensiblement du type normal de la famille des Oonopides qu'ils relient à celle des Leptonetides, mais leurs caractères ne sont pas assez tranchés pour nécessiter la création d’une sous-famille. Ces Oonopides sont, en général, de teinte uniforme, jaune clair ou rouge orangé, avec l'abdomen plus pâle que les autres parties du corps. Le Telchius micans E. Sim. est cependant de teinte plus foncée et son abdomen, au moins en dessus, est d’un noir à reflets irisés ; celui de l’Oonops figuratus E. Sim. offre, par exception, un dessin noir réticulé et des bandes claires transverses; enfin quelques Orchestina (cinctu E. Sim.) offrent, sur le céphalothorax, une ligne marginale et même des lignes rayonnantes réticulées, et sur l'abdomen de petites taches rappelant celles des Theotima et même des Scytodes (elegans, dentifera E. Sim.). Fig, 265. Orchestina Pavesii E. S. Mâle très grossi. E 4 FAMILLE DES OONOPIDÆ 293 GENERA 1. Area oculorum transversa. Pars labialis multo longior quam LENCO PERES ÉD DID D A ie ML Us en nee Re _ 2 — Area oculorum subrotunda. Pars labialis haud vel non multo lon- SO QUAI AIO MA PAR ML... DO UET 0 bre bete 3. 2. Oculi medii cum lateralibus anticis lineam rectam seu leviter pro- curvam formantes. Pedes mutici parum longi. Femora postica RÉ NOIS MU O)LODUSTOT A RM need .:... Orchestina. — Oculi medii medium aream occupantes. Pedes, præsertim postici, parce aculeati. Femora cuncta subsimilia.......... . OAaISUla: 3. Oculi postici in lineam rectam seu leviter procurvam. ........... 4. — Oculi postici in lineam recurvam. Patellæ cunctæ breves. Area oculorum fronte haud vel non multo angustior. ,............ DR 4. Area oculorum fronte duplo angustior. Pedes mutici. Patellæ pedum anticorum insigniter longæ. ..... Rats .... Stenoonops. — Area oculorum fronte vix angustior. Pedes antici seriatim aculeati. Petolss Cum less se EEE EE PERS de .. Aprusia. 5. Clypeus oculis anticis latior. Area oculorum transversa. Oculi laterales postici a mediis distinctissime separati.......... Telchius. — Clypeus oculis anticis angustior vel saltem haud latior. Area ocu- lorum parum transversa. Oculi laterales postici a mediis angus- HSSNNEISEDALALIE CAMP EE RCE Ce FAO OT ON ARR 0 D CAES 6. 6. Cephalothorax brevis et convexus. Tibiæ metatarsique antici sub- tus aculeis vel setis rigidis biseriatis armati.....,...... ... Oonops. — Cephalothorax longior et humilior. Pedes breves et robusti, om- HIHOMTUEC I MAUR SE SE ee A À CIO BEEN à .... Oonopinus. °) Orchestina E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1882, p. 237 (note). — Schænobates E. Sim., Aran. Nouv., 2 mém., Liège, 1873 (non Blackw.) \ JE Cephalothorax brevis, præsertim postice convexus, fronte lata et obtusa. Area oculorum transversa latitudinem frontalem totam occupans. Oculi qua- tuor antici in lineam subrectam, medii paulo majores et inter se contigui a lateralibus anguste separati. Oculi duo postici oblique divaricati ab anticis contigui sed a mediis spatio oculo haud angustiore distantes. Clypeus por- rectus, oculis anticis latior. Pars labialis longior quam latior, ovata. Laminæ sat longæ et inclinatæ (fig. 253). Sternum convexum, cordiforme, longius quam latius, postice valde attenuatum. Coxæ cunctæ inter se distantes, sub- globosæ, posticæ reliquis longiores et inter se spatio articulo haud an- gustiore separatæ. Pedes mutici 1V, 1, 11, it, valde inæquales, postici reliquis multo longiores, femoribus præsertim posticis valde dilatatis et claviformibus (fig. 251), reliquis articulis tenuibus. Pedum-maxillarium maris femur breve et subrectum, patella parva, tibia magna et inflata, tarsus sat parvus et ovatus, bulbus globosus apice attenuatus et spiniformis (fig. 259). 29% HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Typus : 0. Pavesii E. Sim. AR. GEOGR. : Regio mediterranea et Arabia meridionalis (Pavesii E. Sim.) ; Africa austr. (cincta E. Sim.); ins. Taprobane [{ubifera, manicata, dentifera E. Sim. (1)];ivs. Philippinæ (elegans E. Sim.); Nova-Zealandia (Oonops sep- temcincta Urquhart); Vénezuela (sal{abunda E. Sim.). Salsula E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 18892, p. 236. Ab Orchestina differt fronte angustiore et obtuse truncata, oculis quatuor anticis lineam procurvam formantibus, mediis medium aream fere occupan- tibus, clypeo, oculis anticis multo latiore, subverticali, pedibus longioribus inter se parum inæqualibus, cunctis tenuiter et parce aculeatis, femoribus minus incrassatis. — Pedes-maxillares maris fere Orchestinæ sed patella et tibia inter se subsimilibus. Tvpus : S. longipes Ë. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : Africa sept. et austr. Oonops Templ., Zool. Journ., V, 1834, p. 404. — Deletrix Blackw., Lond. a. Ed. Phil. Mag., X, 1837, p. 100. — Oonops, auct. (ad part.). Cephalothorax ovatus, postice convexus et valde declivis. Area oculorum latior quam longior et latitudinem frontalem fere totam occupans. Oculi quatuor postici in lineam recurvam, mediüi inter $e contigui a lateralibus an- guste separati et plerumque paulo majores. Oculi duo antici spatio oculo latiore, rarius paulo angustiore (0. loxoscelinus KE. Sim.), a sese distantes (fig. 247). Clypeus oculis anticis angustior vel æquilatus. Sternum late cordi- forme, paulo longius quam latius, postice obtusum. Coxæ posticæ longiores quam latiores et spatio intercoxali articulo haud angustiore. Pedes mediocres, inter se parum inæquales, femoribus robustis et compressis, tibiis metatar- sisque anticis aculeis inferioribus (vel setis rigidis in O. énermi et spinimano) longis et pronis biseriatis subtus instructis et sæpe femoribus anticis intus aculeis paucis similibus munitis. Typus : O0. pulcher Templ. AR. GEOGR. : Europa et ins. Atlanticæ (pulcher Templ.); Gallia merid. (inermis, procer E. Sim.); Ægyptus (pauper Cambr.); Africa austr.; ins. Ma- deræ (concolor Blackw.); ins. Taprobane; Antillæ et Venezuela (globimanus, spinimanus, pulicarius, figuratus E. Sim.) ; Venezuela (loxoscelinus E. Sim.). Nora. La patte-mâchoire du mâle est de forme normale (voy. p. 289) et les diffé rences qui se remarquent d'espèce à espèce portent principalement sur la structure de l'extrémité du bulbe. O. pulicarius E. Sim. fait seul exception ; sa patte-mâchoire, très différente de celle de ses congénères, ressemble complètement à celle de l’'Oono- pinus aurantiacus E. Sim. (voy. plus loin). (4) Pour les descriptions des Orchestina cincta, manicata et dentifera E. Sim., cf. Bull. Soc. ent. Fr., juillet 1893. FAMILLE DES OONOPIDÆ 295 Aprusia, nov. gen. Ab Oonopi differt oculis.quatuor posticis, desuperne visis, lineam rectam seu levissime procurvam designantibus, oculis binis anticis reliquis paulo majoribus inter se appropinquatis. — Tibiæ anticæ subtus femoraque intus ad apicem seriatim aculeata [mas ignotus). Tyrus : À. strenuus E. Sim. {sp. un.) (1). AR. GEOGR. : ins. Taprobane. Telchius E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1892, p. 445. Ab Oonopi differt cephalothorace breviore et fronte obtusa paulo latiore, area oculorum fronte paulo angustiore, paulo magis transversa, oculis late- ralibus posticis a mediis distinctius separatis, clypeo oculis anticis latiore et leviter porrecto, pedibus robustioribus et brevioribus, tibiis metatarsisque anticis aculeis vel setis spiniformibus biseriatis subtus instructis, tarsis anticis metatarsis haud vel vix brevioribus (mas ignotus). Typus : T. barbarus E. Sim. AR. GE0GR. : Algeria (barbarus E. Sim.); Venezuela (micans E. Sim.). Oonopinus E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1892, p. 446. Ab Oonopi differt cephalothorace longius ovali, humiliore supra deplanato, sterno longiore, postice minus attenuato et latius obtuso, coxis posticis sub- globosis a sese latius separatis, pedibus brevioribus et, præsertim anticis, crassioribus, crasse pilosis sed muticis. Typus : O. angustatus E. Sim. AR. GEOGR. : Gallia merid., Hisp. et Algeria (angustatus E. Sim.) ; Venezuela {aurantiacus E. Sim.). Nora. Dans les deux espèces que je connais, la patte-mâchoire du mâle est très dissemblable ; celle d’'O. angustatus E. Sim. ressemble à celle des Oonops vrais (voy. plus haut), à cette seule différence près que le tarse, étroit et cylindrique, plus long que les deux articles précédents réunis et un peu courbe, alteint l'extrémité du bulbe; celui-ci, globuleux et un peu déprimé, est prolongé en pointe épaisse et un peu courbe ressemblant à celle d’un Orchestina ; tandis que la patte-mâchoire d’O. au- rantiacus ressemble beaucoup à celle d'Oonops pulicarius E. Sim. (voy. plus haut); tous ses articles sont courts, renflés, presque globuleux et moniliformes, mais sa (1) Cette espèce est inédite, en voici la diagnose : A. strenuus, sp. nov. — Q. Long. 1,5 mill. — Cephalothorax, sternum pedesque testaceo-lurida, lævia et nitida. Oculi nigro-cincti. Abdomen oblongum albidum. Ce- phalothorax sat convexus, fronte angusta Oonopis. Femora antica intus ad apicem aculeis gracilibus et longis binis, tibiæ subtus aculeis similibus 4-4, armata. — Ins. Taprobane : Nuwara-Eliya !. Le genre Aprusia est extrêmement voisin du genre Jschnothyreus, du groupe suivant, dont il ne diffère essentiellement que par l'absence de scuta ; les yeux et les pattes sont entièrement semblables. 296 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES patella, plus grosse que le tibia, ressemble un peu à celle d’Opopaea deserticola; son bulbe, petit et cylindrique, porte plusieurs petites pointes noires recourbées. D’après ces considérations, les Oonopinus peuvent se répartir en deux groupes : À. — Pedum-maxillarium maris femur, patella tibiaque teretiuscula, tarsus tibia cum patella longior, curvatus ei angustus, bulbus maximus, globosus depresso-piriformis (0. angustatus E. Sim.). B. — Pedum-maxillarium maris articuli cuncti, subglobosi et moniliformes, patella tibia major, tarsus parvus, bulbus mediocris anguste cylindratus (0. aurantiacus E. Sim.). Stenoonops E. Sim., Proceed. Zool. Soc. Lond., 1891, p. 564. Cephalothorax, sternum pedesque Oonopis. Area oculorum parva, dimidium frontis tantum oceupans. Oculi postici parvi, a sese contigui, in lineam plane rectam. Oculi antici reliquis paulo majores et spatio oculo saltem haud latiore a sese distantes. Clypeus angustissimus vix ullus. Pedes mutici, patellis an- ticis reliquis longioribus, tibiis non multo brevioribus. Pedum-maxillarium maris (S. scabriculi) femur, patella tibiaque Oonopis pulchri sed tarso cum bulbo coalito, articulum magnum et ovatum apice oblique truncatum et spina apicali parva arcuata et obtusa munitum, formante. Typus : S. scabriculus E. Sim. AR. GEOGR. : Antillæ et Venezuela (scabriculus et egenulus E. Sim.). 2. Oonopidæ loricatæ. Ce groupe renferme les espèces dont l'abdomen est cuirassé de plaques dures ou scuta. Dans les formes typiques (Gamasomorpha, Dysderina, etc.), sa face supérieure est entièrement recouverte d'un scutum dorsal ovale et plus ou moins convexe, sa face inférieure est également recouverte d’un scutum, qui se rétrécit en avant pour entourer le pédicule et se dilate un peu au- dessus de son insertion, qui se prolonge en arrière, où il est tronqué, jusqu'à la base des filières ; ce scutum est marqué, vers le tiers antérieur, d'un double pli ou bourrelet transverse qui correspond aux stigmates et à l’orifice génital, ce qui prouve qu'il résulte de la soudure d'un seutum épigastrique et d’un scutum ventral; enfin, en arrière, immédiatement au-dessous des filières, se voit encore un troisième scutum beaucoup plus petit et semi-circulaire qui est le scutum infra-mamillaire. Ce système n'est pas toujours aussi complet; c’est ainsi que, chez les Triæris et surtout les Ischnothyreus, le scutum dorsal, beaucoup plus étroit et ovale, ne recouvre qu'une faible partie de l’abdomen ; chez les Scaphiella, il manque complètement, mais, en revanche, le scutum ventral, très déve- loppé et dilaté latéralement, couvre les parties latérales (fig. 257-258), mais cette disposition n'existe que chez les femelles ; les mâles des Scaphiella sont normaux quant à leurs scuta et ressemblent aux Opopæa. Le scutum inférieur est aussi souvent abrégé; celui des Zschnothyreus et RE. FAMILLE DES OONOPIDÆ 297 Triæris ne dépasse pas le pli épigastrique, mais il est alors suivi d’une étroite bande transverse coriacée qui représente le scutum ventral. Chez les Xyphi- nus, où il est très développé, il est très long dans sa partie pédiculaire rétrécie, et l'abdomen paraît séparé du céphalothorax par une sorte de cou cylindrique, comme celui des Myrmecium. Quant au scutum infra-mamillaire, il manque dans un grand nombre d’espèces. Les scuta abdominaux sont en général d’un rouge foncé et les parties membraneuses qui les séparent restent blanches, ils sont quelquefois d’un jaune orangé vif, très rarement ornés de dessins; le scutum dorsal de l’Ischnothyreus bipartitus E. Sim. présente cependant, vers le milieu, une bande noirâtre transverse, et celui d’Epectris apicalis E. Sim. est jaune en avant et noir en arrière. Les téguments, qui sont très durs, sont souvent lisses et brillants, souvent aussi granuleux, finement striolés ou impresso-ponctués ; ils sont garnis de poils isolés, tantôt fins et cylindriques, tantôt un peu déprimés et lancéolés, très rarement plumeux. GENERA 1. Abdomen scuto dorsali et plerumque scuto ventrali obtectum... 2. — Abdomen scuto ventrali, utrinque dilatato et partes laterales amplectente tantum munitum..... Te D UN ONE à Scaphiella (9). 2, Oculi antici inter se contigui et area oculorum circulum integrum CNE EL EME RNA RS ERA RER UE ARE RCE 3. — Oculi antici inter se disjuncti et area oculorum antice aperta.... 4. 3. Pedes breves et mutici. Abdomen Gamasomorphæ valde biscu- ANS RARE MEL ES Re A SELS : Cl . Scaphiella (G). — Pedes longiores, antici valde biseriatim aculeati, scuta abdomina- 1e) BIENNE EMA EAST DRE AIRES EE A Ischnothyreus. 4. Oculi postici lineam procurvam formantes. ....... RAA . Epectris. — Oculi postici lineam rectam seu sæpius recurvam formantes...… 5. 5. Abdomen scuto dorsali angusto, scuto epigasteris valde abbre- viato et rimam haud superante munitum. Patellæ 1i paris reli- quis multo longiores et tibiis vix breviores.. ..........,... Triæris. — Abdomen scuto dorsali scutoque ventrali magnis omnino vel fere omnino obtectum. Patellæ cunctæ subsimiles et sat IDRÈMES PO TARA EUR NE Re RE er en CRU ARE 4 6. 6. Tibiæ metatarsique antici inferne aculeis longis pronis bise- HE IS TNONN SN RARE RIRE SRE ........ Dysderina. — Pedes omnino mutici........... PE TaUe SE le fee dan does te 1. Cephalothorax aculeis dorsalibus et marginalibus valde armatus. Petiolum abdominale longum................. ...... Xyphinus. — Cephalothorax muticus vel rarius ad apicem minute bimucro- natus. Petiolum abdominale breve................,,........ 8. 298 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES 8. Cephalothorax brevis, alte convexus et postice fere abrupte de- clivisaSternumilatecordiOrMe Ne M EME CORRE FEES [Eee 9. — Cephalothorax longus, humilis et planus. Clypeus angustissimus. SÉerTumAlonee OA TUNER CUT EP PAPERS Opopæa. 9. Oculi postici lineam valde recurvam formantes, medii medium aream fere occupantes ut in Oonopi. Scutum ventrale abdo- minis abbreviatum et dimidium ventrem vix superans ... Philesius. — Oculi postici lineam rectam vel parum recurvam formantes. Scuta AbHOMINANASNIES TA PNEEERrEEE PE CE MAD EEE 0 Bare JUS 10. 10. Laminæ-maxillares rectæ et parallelæ ut in Dysdera partem la- bialem multo superantes. Patellæ cunctæ pedum longæ et sub- QUALES PRE CRE TEA Re Te «se soebecnte EPA — Laminæ breves et inclinatæ partem labialem non multo supe- rantes ABatelleISA DEV AN ENPRRERRE ER PERRET 11 11. Abdomen scuto infra-mamillari annuliformi munitum. Pedes Sat levres et RODusUt 2002 Loi eco coonvoocod Gamasomorpha. — Abdomen scuto infra-mamillari carens. Pedes sat longi... Xestaspis. Ischnothyreus E. Sim. — Jschnaspis E. Sim., Proceed. Zool. Soc. Lond., 1891, p. 562 (nom. præocc.). Cephalothorax breviter ovatus, postice sat convexus vel in mare convexior et gibbosus (1. peltifer E. Sim.). Area oculorum latitudinem frontalem fere occupans ; oculi sat magni, quatuor postici inter se contigui et lineam levis- sime procurvam formantes ; oculi duo antici reliquis paulo majores et a sese contigui. Clypeus oculis anticis angustior. Sternum late cordiforme sed pos- tice attenuatum, obtuse truncatum et coxis angustius. Abdomen ovatum scuto dorsali angusto et parallelo feminæ dimidium dorsum haud vel vix superante, maris longiore et apice obtuso supra munitum, subtus in femina fere omnino molle, scuto epigasteris sat parvo et pone rimam vitta transversa seu plagula parva semicirculari coriacea tantum munitum, in mare scuto ventrali majore dimidium ventrem superante et postice rotundo præditum. Pedes longi, coxis cunctis paulo longioribus quam latioribus, femoribus sat robustis et compressis anticis intus aculeatis, tibliis metatarsisque quatuor anticis inferne valde biseriatim aculeatis. Pedes postici mutici vel parce açuleati (I. vestigator E. Sim.). Typus : I. peltifer E. Sim. AR. GEOGR. : Africa occid. ({peltifer E. Sim.); ins. Taprobane (peltifer, bi- partitus, vestigator, lymphaseus E. Sim.); ins. Philippinæ (peltifer, aculea- tus E. Sim.); Antillæ (peltifer E. Sim.). Nora. Dans ce genre, les caractères sexuels des mâles sont très variables et, comme il arrive souvent dans la famille des Oonopides, ils n’ont pas de valeur générique, car rien n’y correspond chez les femelles ; la patte-mächoire se présente sous trois formes très différentes, que j'ai décrites plus haut dans les généralités de la famille. De plus, dans le premier groupe (type Z. aculeatus), le céphalothorax et les pièces buc- FAMILLE DES OONOPIDÆ 299 cales sont dissemblables d'un sexe à l’autre, ce qui n’a pas lieu dans les deux autre; groupes. À. — Cephalothorax feminæ normalis, maris valde gibbosus. Laminæ maris apice breviter acutæ. Pedes-maxillares minutissimi, nigri, extus valde curvati, articulis cunctis cylindraceis et inter se subsimilibus, bulbo sat longe piriformi, articulis reliquis cunctis simul sumptis vix breviore (fig. 262) (I. aculeatus E. Sim.) (1). B. — Cephalothorax et partes oris normales in utroque sexu subsimiles, Pedum-maxillarium maris femur parvum, patella maxima ovata, ad femur prope medium affixa, supra longe producta, apicem versus attenuata, tibia minutissima subglobosa, tarsus parvus, bulbus sat late piriformis (fig. 264) (I. peltifer E. Sim.). C. — Cephalothorax et pedes-maxillares præcedentis. Pedum-maxillarium maris femur tibiaque sat longa et cylindracea, hæc setis rigidis longis valde hirsuta, tarsus bulbusque inter se coaliti, articulum magnum, ovatum, apice attenuatum, formantes (I. vestigator E. S.). Opopæa E. Sim., Proceed. Zool. Soc. Lond., 1891, p. 560. — Oonops Cambr., P. Z. S. L., 1872, p. 293 (ad part. O0. punctatus). — Oonops Keyserl., Verh. z. b. G. Wien, 1881, p. 299 {ad part. 0. cupidus). Cephalothorax longus et oblongus, humilis, supra rectus et deplanatus, postice abrupte declivis' et truncatus. Area oculorum latitudinem frontalem fere totam occupans. Oculi quatuor postici, desuperne visi, inter se contigui et lineam levissime recurvam formantes, medii lateralibus majores. Oculi antici reliquis majores inter se sat anguste separati. Clypeus oculis anticis multo angustior. Sternum magnum, longe ovatum, postice obtusum. Abdo- men scutis dorsali et ventrali magnis obtectum. Pedes breves, robusti et mutici, coxis globosis, femoribus late clavatis et compressis, tarsis anticis metatarsis non multo brevioribus. Tyeus : 0. deserticola E. Sim. AR. GEOGR. : Africa sept., occid. et austr. (mattica E. Sim.) ; Syria [punctata Cambr. (2)]; Arabia; ins. Taprobane {ambigua KE. Sim.); ins. Philippinæ ; America antillana : ins. S.-Vincenti, et andina : Peruvia (cupida Keyserl.). Nora. Les espèces de ce genre diffèrent beaucoup les unes des autres par les caractères sexuels des mâles, et cependant les femelles sont très uniformes. Les pièces buccales des O. deserticola E. Sim., cupida Keyserl., mattica E. Sim. et probable- ment punctata Cambr. sont normales, mais leur patte-mâchoire, très singulière, rés- semble à celle de l’Zschnothyreus peltifer E. Sim. : la patella, très grande, est de même forme, c’est-à-dire prolongée, au-dessus de son insertion, en gros lobe arrondi, (1) Ce groupe renferme encore 1. biparlitus et lymphaseus E. Sim., de Ceylan. (2) L'espèce, dont j'ai parlé (in Ann. Soc. ent. Fr., 1839, p. 88), sous le nom d'Oonops punclatus Cambr., est toute différente et identique à l’Oonops scutatus du même auteur, qui rentre dans le genre Dysderina. 300 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES mais le fémur est relativement plus long et claviforme; les pièces buccales de l'O. ambiqua E. Sim. sont, au contraire, anormales ; la pièce labiale, courte et large, émet de chaque côté, à la base, un prolongement étroit et acuminé, et les lames ont un rebord noir prolongé à l'extrémité en petite pointe recourbée; la patte-mâchoire, qui est petite, noire et courbée, ressemble à celle de l’Zschnothyreus aculeatus E. Sim., mais son fémur est noueux, pourvu en dessus d’une saillie obtuse et en dessous de deux saillies plus petites. Les femelles ne peuvent être séparées génériquement, cependant celle d’O. ambigua se rapproche des Ischnothyreus par ses scula abdomi- naux abrégés, le dorsal, qui est arrondi à l'extrémité, ne dépasse pas le tiers apical. tandis que le ventral, qui est tronqué à l’extrémité, ne dépasse pas le milieu. D’après ce qui précède, les Opopaea se répartissent en deux groupes : À. — Partes oris normales in utroque sexu subsimiles. Pedum-maxillarium maris femur mediocre et clavatum, patella maxima ovata, ad femur subtus inserta et supra globoso-producta, apicem versus attenuata, reliqui articuli parvi (0. deserticola E. Sim.) (1). B. — Partes oris maris singulares, pars labialis utrinque ad basin ampliata et producta, laminæ nigro-marginatæ et intus ad apicem uncatæ. Pedes- maxillares nigri, curvati, articulis parvis, femore nodoso (0. ambigua E. Sim.). Scaphiella E. Sim., Proceed. Zool. Soc. Lond., 1891, p. 561. Cephalothorax oblongus fere Opopææ sed postice leviter acuminatus et valde declivis. Oculi postici contigui, in lineam leviter procurvam rarius rectam {scutiventris E. Sim.) æqui vel sæpius medii paulo majores. Oculi antici reli- quis majores, inter se contigui rarius anguste separati (scutiventris). Clypeus oculis anticis latior et leviter porrectus. Sternum late cordiforme, convexum, postice attenuatum sed inter coxas poslicas sat late truncatum. Pedes breves et robusti, omnino mutici, coxæ cunctæ subglobosæ. Abdomen feminæ longe cylindraceum vel compressum, scuto dorsali carens, scuto ventrali maximo, mamillas attingente, postice truncato et leviter emarginato utrinque valde ampliato et partes laterales omnino amplectente munitum (fig. 257-258). Pedes-maxillares breves et robusti; femore clavato; tarso dilatato et ovato sed apice acuminato intus ad basin fasciculo setarum munito. Abdomen maris longe ovatum, depressiusculum, seuto ventrale scutoque dorsale fere omnino obtectum. Typus : S. cymbalaria E. Sim. AR. GEOGR. : Antillæ et Venezuela (cymbalaria, scutiventris, Ithys E. Sim.). Epectris E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1893, p. 74. Cephalothorax longe ovatus et humilis fere Opopææ. Oculi quatuor postici inter se subæquales et subcontigui, lineam procurvam formantes. Oculi antici reliquis paulo majores, spatio oculo paulo angustiore a sese distantes. Clypeus oculis anticis fere duplo latior et oblique porrectus. Sternum scutaque (1) Comprenant toutes les espèces du genre, moins la suivante. FAMILLE DES OONOPIDÆ 301 abdominalia Opopææ sed scutum ventrale mamillas haud attingens. Pedes mutici, breves, antici posticis multo breviores, robusti, femoribus clavatis. Typus : E. apicalis E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : ins. Philippinæ. Gamasomorpha Karsch, Berl. ent. Zeitschr., XXV, 1831, p. 40. — Cinelo- morpha E. Sim., Proceed. Zool. Soc. Lond., 1891, p. 558. — Xestaspis Thor., Ann. Gen., 1887-1890 (saltem ad part.). Cephalothorax breviter ovatus et, præsertim postice, convexus, apice obtusus, rarissime leviter emarginatus et minute bimucronatus (inclusa Th., camelina E. Sim.), postice fere abrupte declivis, fronte obtusa. Area oculo- rum latitudinem frontalem fere totam occupans. Oculi quatuor postici in lineam rectam seu leviter recurvam, æqui vel medii paulo minores (cata- phracta Karsch), sæpius paulo majores (puberula, silvestris E. Sim., etc.), medii inter se contigui, a lateralibus anguste separati. Oculi antici reliquis majores, inter se plus minus distantes. Clypeus oculis anticis æquilatus vel angustior vel paulo latior. Sternum latum, sed paulo longius quam latius, postice attenuatum sed inter coxas posticas recte truncatum. Scuta abdomi- nalia dorsale et ventrale integra et mamillas fere attingentia, scutum infra- mamillare plerumque distinctissimum. Pedes breves, omnino mutici, coxis cunctis subglobosis, femoribus compressis et subclavatis, tarsis minutis metatarsis brevioribus. Typus : G. cataphracta Karsch. AR. GEOGR. : Arabia petræa (arabica E. Sim.) ; ins. Taprobane ({aprobanica, nigra, nigripalpis E. Sim.); Singapore (camelina E. Sim.); Birmania (in- clusa Th.); Sumatra (paramata Th.); ins. Philippinæ (lucida E. Sim.); Ja- ponia (cataphracta Karsch); Nova-Hollandia (loricata L. Koch); Antillæ et Venezuela (puberula, silvestris, simplexæ, tovarensis E. Sim.). Nora. J'avais proposé le genre Cinelomorpha pour quelques espèces américaines, dont les yeux postérieurs sont en ligne plus courbée avec les latéraux plus séparés des médians, dont les yeux antérieurs sont séparés au moins de leur diamètre et dont le bandeau est plus large que ces yeux, mais j'ai trouvé depuis des formes intermé- diaires graduées qui rendent le maintien de ce genre impossible. Dans presque toutes les espèces, les pièces buccales sont semblables dans les deux sexes et la patte-mäâ- choire, dont j'ai donné plus haut la description, est très uniforme; une seule espèce (C. nigripalpis E. Sim.), que j'ai découverte à Ceylan, fait exception; ses pièces buc- cales du mâle sont déformées exactement comme celles de l'Opopaea ambiqua E. Sim., et sa patte-mâchoire, qui est noire, est très singulière, j'en ai donné plus haut une figure (fig. 263); pour cette raison, G. nigripalpis doit être considéré comme type d’un groupe spécial. À. — Partes oris in utroque sexu similes et normales. Pedum-maxillarium maris femur robustum et clavatum, tibia patellaque breves et subæquales, tarsus sat late ovatus, bulbus mediocris et teretiusculus sed apophysem apicalem longissimam et intus curvatam gerens [G. cataphracta Karsch (1)]. (1) Renfermant toutes les espèces du genre, moins la suivante. 302 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES B. — Partes oris maris valde singulares : laminæ nigro-marginatæ apice angustæ et uncatæ. Pedum-maxillarium femur subtus gibbosum, patella sat longa, tibia brevis et annuliformis, tarsus longus et curvatus apice ampliatus et oblique sectus, bulbus terminalis, membranaceus, oblique truncatus cum angulo inferiore acute producto (fig. 263) (G. nigripalpis E. Sim... Xestaspis E. Sim., Bull. Soc. zool. Fr., 1884, p. 324. À Gamasomorpha, cui affinis est, differt abdominis seuto infra-mamillare haud vel vix (hyperion) distincto, scuto ventrali mamillas haud attingente, sterno late cordiformi sed postice magis attenuato et truncatura postica an- gustiore, clypeo oculis anticis latiore et oculis anticis inter se paulo remo- tioribus. — Pedes-maxillares maris parvi, femore subrecto, tibia patellaque subæquis, tarso patella cum tibia simul sumptis longiore, angusto et acu- minato, bulbo simplici'et tereti, spina apicali parva munito. Typus : X. nitida E. Sim. AR. GEOGR. : Africa sept. in reg. deserta (nitida E. Sim.); Africa occid. (tumidula, parumpunctata E. Sim.); Arabia merid. (hyperion E. Sim.) ; ins. Ta- probane (sublævis E. Sim.). Les espèces de ce genre se répartissent en deux groupes : A. — Cephalothorax et partes oris in utroque sexu subsimiles et normales (X. nitida E. Sim.) (1). B. — Cephalothorax et partes oris in utroque sexu valde dissimiles, fe- minæ normales, cephalothorax maris postice valde tumidus et abrupte de- clivis, laminæ nigro-marginatæ et apice uncatæ (X. fumidula E. Sim.) (2). Hytanis E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1892, p. 440. À Gamasomorpha, cui valde affinis et subsimilis est, tantum differt laminis- maxillaribus apice longioribus et rectis fere Dysderæ, parte labiali saltem duplo longioribus, cephalothorace sternoque paulo longioribus, hoc postice minus late truncato, pedum patellis cunctis longioribus et inter se subsimi- libus (mas ignotus). Tyeus : H. oblonga E. Sim. AR. GEOGR. : America meridionalis : Venezuela, Amazonas. Triæris E. Sim., Proceed. Zool. Soc. Lond., 1891, p. 561. Cephalothorax fere Gamasomorphæ sed paulo humilior. Oculi postici inter se contigui et lineam leviter recurvam formantes, medii lateralibus paulo majores. Oculi antici spatio oculo latiore inter se distantes. Clypeus oculis anticis paulo latior. Sternum Gamasomorphæ. Abdomen longum, scuto dorsali abdomine angustiore, longe ovato, medium non multo superante, scuto infe- (1) Comprenant aussi X. hyperion E. Sim. (2) Et probablement aussi X. parumpunctala E. Sim. \ FAMILLE DES OONOPIDÆ 303 riore brevi rimam epigasteris haud superante. Pedes sat breves et robusti fere Gamasomorphæ sed patellis tibiisque anticis setis rigidis spiniformibus biseriatis subtus instructis et patellis Li paris reliquis patellis multo longio- ribus (mas ignotus). Typus : T. stenaspis E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : Antillæ et Venezuela. Philesius E. Sim. — Pelecinus E. Sim., Proceed. Zool. Soc. Lond., 1891, p. 561 (nom. præocc.). Cephalothorax sternumque fere Gamasomorphæ sed cephalothorace humi- liore. Area oculorum latitudinem frontalem fere totam occupans. Oculi cuncti æquales, quatuor postici in lineam valde procurvam, medii inter se contigui sed à lateralibus distincte separati. Oculi antici spatio diametro oculo latiore inter se distantes. Clypeus oculis anticis latior. Abdomen sat anguste oblongum, scuto dorsali omnino obtectum, scuto ventrali abbreviato, dimidium ventrem vix superante, mamillæ haud coriaceo-cinctæ. Pedes sat longi, coxis cunctis subglobosis, femoribus ad basin compressis, metatarsis tarsisque longis et gracillimis. — Pedes-maxillares maris femore gracili, patella tibiaque circiter æquilongis et teretiusculis, bulbo magno globoso et depressiusculo, apophysi media sat longa instructo. Typus : P. marmoratus E. Sim. AR. GEOGR. : Antillæ : ins. Sancti-Vincenti. Xyphinus E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1893, p. 70. Cephalothorax ovatus, postice convexus et valde declivis, ad apicem spinis duabus subgeminatis, ad angulos posticos spinis duabus longioribus, spinisque minoribus marginalibus insigniter armatus (fig. 254-255). Oculi postici a sese contigui, lineam leviter recurvam formantes, medii lateralibus majores. Oculi antici spatio oculo latiore a sese distantes. Clypeus oculis anticis paulo latior. Sternum longius quam latius sed postice, inter coxas, late et recte sectum. Abdominis scuta Gamasomorphæ sed petiolo abdominali multo lon- giore et cylindraceo. Pedes sat longi, mutici, coxis cunctis (sed præsertim posticis) longioribus quam latioribus, femoribus ad basin compressis et leviter dilatatis, tarsis anticis metatarsis multo brevioribus. Pedes-maxillares maris parum longi et robusti, tibia patella longiore et ovata, tarso extus ampliato et convexo, bulbo subterminali bipartito, apice obtuse et robuste dentiformi. Typus : X. hystrix E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : Singapore. Dysderina E. Sim., Proceed. Zool. Soc. Lond., 1891, p. 556, — Oonops auct. (ad part.). À Gamasomorpha differt præsertim tibiis metatarsisque anticis inferne aculeis longis pronis et biseriatis valde armatis et sæpe femoribus intus seriatim aculeatis (fig. 249), scutis abdominalibus dorsali et præsertim ventrali postice plus minus abbreviatis et mamillas plerumque haud attingentibus. — Pedes- 304 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES maxillares maris femore subrecto, patella tibiaque sat gracilibus et teretibus, tarso bulboque fere semper subcoalitis, maximis et ovatis, apophysi apicali parva (principalis Keyserl., etc.), vel curvata et longa, munito (loricata E. Sim... Tyeus : D. principalis Keyserl. AR. GEOGR. : Regio mediterranea calida, præsertim orient. (loricata E. Sim., scutata Cambr.); Africa austr. (D. capensis E. Sim.) ; ins. Philippinæ (purpurea, bimucronata E. Sim.); America merid. : Antillæ, Venezuela, Colombia et Peruvia ({globosa, principalis, propinqua, similis, machinator, desultrix Keyserl., armata, princeps, spinigera E. Sim.). Nora. Les espèces de ce genre se repartissent en deux groupes; dans le premier, les yeux postérieurs, très gros, sont étroitement contigus et en ligne droite, tandis que les yeux antérieurs ne sont séparés que par un espace plus étroit que leur dia- mètre ; le tarse et le bulbe de la patte-mâchoire sont, chez le mâle, absolument con- fondus, et leur pointe termirale est toujours petite et recourbée. Dans le second groupe, dont j'avais pensé former un genre spécial, les yeux postérieurs sont en ligne franchement courbée en avant, avec les latéraux un peu séparés des médians, et l'intervalle des yeux antérieurs est au moins égal à leur diamètre ; le bulbe, qui se sépare plus nettement du tarse, est globuleux-déprimé, un peu comme celui des Pele- cènus, et il se termine en pointe beaucoup plus longue et arquée. Entre ces deux formes on trouve tous les passages. A. — Oculi postici in lineam subrectam. Oculi antici spatio oculo angus- tiore a sese distantes. Bulbus maris a tarso haud discretus, magnus et ovatus, spina apicali sat parva et uncata munitus (D. principalis Keyserl.) (1). B. — Oculi postici in lineam procurvam. Oculi antici spatio oculo haud angustiore a sese distantes. Bulbus maris a tarso discretus, globoso-depres- siusculus, spina longa et arcuata munitus (D. loricata E. Sim.) (2). (1) Comprenant aussi D. (Oonops) globosa, propinqua, similis Keyserl., de Colombie; D. armata, princeps et spénigera E. Sim., du Venezuela et des Antilles ; D. (Oonops) machinator et desultrix Keyserl., du Pérou; D. purpurea E. Sim., des Philippines. (2) Comprenant aussi D. (Oonops) scutata Cambr., d'Egypte; D. bimucronata E. Sim., des Philippines. 15. Famille HADROTARSIDAE Les deux genres Hadrotarsus Thorell et Gmogala Keyserling me sont in- connus en nature, et je ne puis en parler que d’après les descriptions ; autant qu’on en peut juger par celles-ci, ils sont voisins l’un de l’autre, et ils ne peuvent rentrer dans aucune des familles admises jusqu'ici. La place qu’ils doivent occuper dans la série des Araignées est assez incer- taine; je les rapproche des Oonopides à cause de leurs griffes portées sur un onychium et à dents bisériées, caractère qui n’a jusqu'ici été observé que parmi les Araignées aplogynes ; mais ils ont aussi des rapports très sérieux avec les Theridiides, notamment avec les Pholcomma et plus encore avec les Paculla et Tetrablemma; leurs stigmates épigastriques paraissent au nombre de deux, bien que les auteurs ne soient pas affirmatifs à cet égard (1); quant à l’arma- ture de leurs chélicères, les descriptions n'en parlent pas. Le céphalothorax est court, non ou à peine plus long que large, amplement arrondi sur les côtés, brièvement acuminé en avant, un peu comme celui des ŒEcobius et convexe, avec le bandeau large. Les be yeux, au nombre de huit, sont resserrés, et en deux EU lignes transverses dont la postérieure est fortement arquée en arrière (procurvée) ; les yeux antérieurs et les latéraux postérieurs, qui se touchent, sont arron- Fig. 266. dis, tandis que les médians postérieurs, qui sont bien Gmogala scarabeus Keys. séparés des latéraux, mais accolés l’un à l’autre, sont Front et yeux (d’après plats, vitreux, allongés et anguleux comme ceux des Fine) OŒEcobius ; ces yeux sont plus gros que les autres chez les Gmogalu (fig. 266), tandis qu’ils sont plus petits que les antérieurs chez les Hadrotarsus. La pièce labiale est transverse et largement tronquée ; les lames sont tres courtes, larges à la base, arrondies au côté externe, subacuminées au côté interne. Les chélicères sont petites et faibles, leur crochet est long et grêle, celui de l’Hadrotarsus babirussa est recourbé en avant dans la seconde moitié, comme celui des Laches (Zodariides), mais ce caractère est probablement propre au mâle. (1) Thorell ne décrit que deux stigmates, mais à la fin de sa description on peut lire : « cum Oonope Templ. inter Tubitelarias « habitu » non parum convenit, numero vero oculorum et, ut credo, etiam numero spiraculorum ab hoc genere abhorrens ». 20 306 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Le sternum est très grand, un peu plus large que long, obtusément trian- gulaire, très largement tronqué en avant et tronqué en arrière entre les hanches postérieures qui sont largement disjointes, comme celles des Oono- pidæ loricatæ. L'abdomen, qui est ovale, court et convexe, est recouvert en dessus et en dessous de scula qui, par leur disposition, rappellent plutôt ceux des Paculla que ceux des Gamasomorpha; le scutum dorsal est homogène et entier, tandis que le scutum inférieur est divisé en trois plaques formant un scutum épigastrique au bord postérieur duquel sont les stigmates et l'ori- fice génital, un scutum ventral et un scutum infra-mamillaire (1). Les filières, au nombre de quatre (sec. Thorell), sont resserrées, égales en longueur et en épaisseur, leur article apical est très petit et obtus. Les pattes sont courtes, peu inégales et mutiques, elles ressemblent à celles des Oonopides ; les tarses, au moins les antérieurs, sont au moins aussi longs que les métatarses ; ceux des Gmogala sont grèles, tandis que ceux des Hadrotarsus sont un peu dilatés et fusiformes ; ces tarses sont pourvus d’un petit onychium portant deux griffes garnies d’une double rangée de dents nombreuses. La patte-mâchoire du mâle est, d’après Thorell, plus complexe que celle des autres Araignées aplogynes, mais, chez beaucoup d’Oonopides, elle s’écarte aussi plus ou moins de la forme typique ; le bulbe de l'Hadrotarsus babirussa, qui est très gros, porte à l’extrémité deux pointes fines, très longues et sinueuses, et, à la base, une petite pointe plus courte et plus robuste per- pendiculaire. Les Hadrotarsides sont de très petites Araignées qui présentent le faciès des Oonopidæ loricatæ, on en connaît deux espèces : Hadrotarsus babirussa Thorell, découvert à l’île Yule (Roro), près la Nouvelle-Guinée, par L.-M. d’AI- bertis, et Gmogala scarabeus Keyserl., décrit de Sydney. Hadrotarsus Thorell, Rag. Mal., etc., III, 1881, p. 190. « Cephalothorax non multo longior quam latior, inverse cordiformis fere. antice sat altus, clypeo alto. Oculi conferti, in series duas fere æque longas, fortiter deorsum curvatas (posticam fortissime procurvam quoque) dispositi ; (1) Voici ce qu’en dit Thorell : « Venter secundum medium cute duriuscula late est tectus et in tres partes sive areas, lneis transversis pallidis disjunctas, divisus : area antica, quæ antice, mox pone petiolum, fere in formam circuli est excisa, usque ad medium ventris (ubi rima genitalis cum spiraculis duobus locum tenere videtur) pertinet.; area media vittam transversam angustam in tres partes (mediam minutam) abruptam format, postica sat magna est, subquadrata, usque ad mamillas pertinens. Utrinque ad marginem lateralem, area antica ellipsin longam el angustam paulo aliter coloralam ostendit : hæ duæ ellipses, quæ parallelæ sunt, scuta pulmonalia haud dubie repræsentant. » Cette disposition est exactement celle des Paculla et des Tetrablemma, que je rap- porte à la famille des Theridiides. d FAMILLE DES HADROTARSIDÆ 307 oculi medii antici reliquis majores et anteriora versus inspicientes, cum late- ralibus posticis seriem desuper visam pæne rectam formant, medii postici, sursum spectantes, oblongi et triangulo-reniformes fere sunt, et cum mediis anticis aream latiorem antice quam postice occupant; oculi laterales foras spectant. Chelæ parvæ, directæ, ungue saltem in mare longo, gracili et ante- riora versus curvato. Laminæ breves, basi porrectæ, in latere exteriore rotundatæ, subacuminatæ. Pars labialis transversa, late truncata. Pedes breves, aculeis carentes, 4 paris reliquis longiores, tarsi metatarsis lon- giores, tarsi saltem li paris incrassati; unguiculi bini longi et graciles, saltem in mare ordinibus duobus dentium breviorum serrato-dentati. Abdo- men oblongum, toto dorso cute duriuscula, scutum convexum formanti tectum. Mamillæ quatuor (num sex ?), breviores, conicæ, inferiorés et supe- riores æque fere magnæ, articulo 20 brevi, obtuso. » Typus : H. babirussa Thorell. Gmogala Keyserl., in L. Koch, Ar. Austr., IT, 1890, p. 269. Ab Hadrotarso, cui verisimiliter valde affinis est, præsertim differt oculis mediis posticis reliquis oculis multo majoribus, elongato-triquetris et inter se contiguis, tarsis cunctis gracilibus haud inflatis, anticis metatarsis haud brevioribus (sec. Keyserl.). Typus : G. scarabeus Keyserl. eme rs (E= 16. Famille DYSDERIDAE Les genres Dysdera et Segestria, créés par Latreille en 1804, forment une famille qui est aujourd’hui admise par tous les auteurs et à laquelle on adjoint ordinairement le genre Oonops, qui est, pour moi, le type d'une famille particulière (voy. plüs haut). Les Dysderides sont essentiellement caractérisés par le nombre de leurs stigmates, qui est toujours de quatre, très apparents, et par la forme de leurs pièces buccales qui n'a pas d’analogue dans la série des Araignées aplogynes. Les deux groupes dont se compose cette famille, ont des affinités diffé- rentes : les Dysdera touchent de très près aux Oonopides, dont ils ont le ster- num et les hanches postérieures subglobuleuses ; les deux genres Rhode et Holissus, dont les griffes sont portées par un petit onychium, font même le passage des Dysderides aux Oonopides : les premiers ont des scuta abdominaux, analogues à ceux des Gamasomorpha ; les seconds ont aux pattes antérieures des épines sériales qui rappellent celles des Dysderina et des Ischnothyreus. Les Segesiria ont, au contraire, des analogies avec les Sicarüiides ; leur patte-mâchoire mâle ressemble à celle des Loxosceles et des Plectreurys, prin- cipalement celle des Ariadna, dont le tibia est également dilaté; dans ce dernier genre, le crochet des chélicères est presque droit et large à la base, et la marge inférieure de la rainure est mutique, mais ces analogies s’ef- facent chez les vrais Segestria, dont les chélicères ressemblent à celles de beaucoup d’Araignées de la série des entelégynes, notamment à celles des Clubionides. Le céphalothorax des Dysderides est ovale, quelquefois allongé et presque parallèle (Segestria), le plus souvent court et plus ou moins atténué en avant, jamais tres convexe, dépourvu de strie ou n’en présentant qu’une très petite. Les yeux, au nombre de six, presque semblables, forment un groupe plus ou moins compact, toujours plus étroit que le front, et séparé de son bord anté- rieur par un étroit bandeau. Les chélicères sont robustes, plus ou moins atténuées et dépourvues de tache basale ; leur crochet est long, plus ou moins robuste; ses carènes inférieures sont toujours lisses ; les marges, qui sont obliques et plus ou moins dentées, varient selon les groupes (fig. 270-272). La pièce labiale, qui est libre, est beaucoup plus longue que large, rebordée latéralement, parallèle ou un peu atténuée, toujours tronquée au sommet, souvent même un peu échancrée. Les lames sont longues et droites, nulle- ment inclinées, larges et plus ou moins convexes à la base, au niveau de l’in- sertion du trochanter, ensuite fortement resserrées au bord externe, puis ASS: A FAMILLE DES DYSDERIDÆ 309 légèrement et graduellement dilatées, obliquement tronquées au bord interne, qui est débordé par une très longue scopula (fig. 271); en dessous, la surface des lames est légèrement concave, la scopula s’étend plus ou moins, mais se termine en ligne droite très nette; le bord externe est suivi d'une fine carène, qui n'est bien visiblement dentée que chez les Segestria, et qui manque com- plètement chez les Dysdera vrais, dont les lames sont aussi plus acuminées que celles des autres représentants de la famille (fig. 268-269). 267 271 268 272 2HOMROrS 269 274 Fig. 267. Dysdera. Yeux. — Fig. 268. Id. Pièces buccales. — Fig. 269. Id. Lame en dessous, — Fig. 210. Id. Chélicère. — 21i. Harpactes. Pièces buccales, — Fig. 272. Id. Chélicère, — Fig. 213. Id. Lame en dessous. — Fig. 214. Tedia oxygnatha E. Sim. Pièces buccales. Le sternum est ovale allongé, fortement impressionné latéralement ; il n’est cordiforme, large et convexe, que dans le groupe des Rhode, qui fait le pas- sage aux Oonopides ; il est atténué en avant où il dépasse toujours les hanches antérieures ; en arrière, il est plus ou moins obtus entre les hanches posté- rieures disjointes, et suivi d'une pièce chitineuse transverse qui embrasse la base du pédicule, dont j'ai donné une figure dans la première partie de ce livre (p. 5, fig. 15). Les bords latéraux du sternum se présentent sous deux aspects, selon qu'on les étudie chez les Segestria et les Dysdera ; chez les pre- miers, ces bords sont obtusément échancrés comme ceux de presque toutes les Araignées, tandis que, chez les Dysdera et genres voisins, ils se replient pour rejoindre le bouclier céphalothoracique, et les hanches sont insérées isolément dans des cavités cotiloïdes arrondies ou oblongues. Les hanches sont presque cylindriques, longues et contiguës par leurs bords latéraux chez les Segestria, tandis que, chez les Dysdera, elles sont plus ou moins globuleuses à la base, comme celles des Oonopides, brièvement pédi- culées et coupées en dessous d’une échancrure qui correspond à une lanière chitineuse qui coupe la partie membraneuse correspondante (cette lanière existe aussi chez les Segestria), mais tandis que, chez les Oonopides, toutes les hanches sont à peu près semblables, chez les Dysdera, celles des deux pre- 310 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES mières paires, surtout celles de la première, sont beaucoup plus longues que les autres et cylindriques; les hanches des Sfalita offrent une disposition intermédiaire à celle des Segestria et des Dysdera. L'abdomen est ovale allongé ou presque cylindrique, très mou; il n’est garni de scuta que dans le genre Rhode, maïs sa région épigastrique est presque toujours légèrement indurée et marquée de deux petites impressions ; son pli est droit ou peu arqué, il présente de chaque côté deux stigmates allongés et entourés chacun d’un fin bourrelet chitineux rougeâtre ; ces stigmates sont très rapprochés l’un de l’autre : ceux de la première paire sont droits et transverses ; ceux de la seconde, situés un peu plus en dedans, sont plus ou moins obliques. Les filières sont courtes et resserrées; les inférieures sont étroitement con- niventes et dépourvues de colulus, elles sont formées d’un article épais cylin-! drinque ou un peu aplati sur sa face interne et d’un second article très court et conique portant les fusules; l’article basilaire offre souvent (chez les Dys- dera), vers le premier tiers.et au côté externe, un pli oblique qui semble indiquer qu’il est formé de deux articles soudés; les filières supérieures, situées au-dessus des précédentes, sont environ de même longueur, à peine plus grêles, leur article apical est un peu plus développé, également conique; les filières médianes sont, chez les Dysdera, assez épaisses et presque aussi longues que les inférieures, tandis que chez les Segestria elles sont beaucoup plus grêles et plus courtes. Les pattes sont peu inégales, ordinairement robustes, rarement très longues et fines (Stulitu, Holissus) ; elles sont presque toujours remarquables par la grande longueur des hanches et des patellas aux paires antérieures ; leurs tarses sont, au contraire, petits et presque toujours dépourvus d'onychium, ils portent deux ou trois griffes dont les supérieures sont toujours garnies d'une série de dents unisériées, plus nombreuses aux paires antérieures qu'aux postérieures, tandis que la griffe impaire est presque toujours mutique. La patte-mâchoire de la femelle est normale; son tarse, qui est plus long que le tibia, est tantôt cylindrique (Segestria), tantôt légèrement ovale (Dys- dera), et, dans ce cas, il est garni au côté interne de poils plus serrés formant une sorte de scopula; il n’est long et acuminé que dans le genre Rhode; il porte toujours à son extrémité une petite griffe très simple dépourvue de dents. Les Dysderides sont, de toutes les Araignées aplogynes, celles dont la patte- mâchoire du mâle est le moins modifiée; ses articles axillaires : fémur,patella, tibia et tarse sont, à quelques exceptions près, semblables à ceux de la femelle ; le bulbe, qui est inséré près la base du tarse, dans un très petit alvéole, est ordinairement très simple et n'acquiert un certain degré de complication que dans quelques espèces du groupe des Dysdereæ (voy. plus loin). Ces Araignées se répartissent en deux sous-familles : les Dysderinæ et les Segestriinæe. FAMILLE DES DYSDERIDÆ 311 1re Sous-famille DYSDERINÆ Cette sous-famille renferme les genres chez lesquels le sternum, replié laté- ralement, limite des cavités cotiloïdes {voy. plus haut) et dont les hanches, au moins les postérieures, sont disjointes et brièvement pédiculées. Leur cépha- lothorax, généralement large en arrière, s’atténue plus ou moins en avant où il porte, au milieu du bord frontal, le groupe oculaire, qui est ovale ou presque arrondi et ouvert en avant, excepté cependant chez les Sfalita (voy. plus loin). Leurs chélicères sont très atténuées, souvent un peu proclives ; chez les Dys- dera, leurs marges sont très longuement obliques et les dents, quand elles existent (deux à la marge inférieure et deux à la supérieure), sont très reculées ; dans tous les autres genres, les marges sont plus courtes, mais leurs dents, moins reculées, ont la même disposition ; dans un certain nombre d'espèces cependant, les marges sont mutiques et simplement carénées; leur crochet est toujours long, peu robuste et presque cylindrique. Les pattes sont courtes, excepté celles des Harpassa et des Stalila, et les postérieures sont généralement plus longues que les antérieures ; elles sont remarquables par la grande longueur des hanches et des patellas aux paires antérieures; elles sont quelquefois mutiques, mais le plus souvent armées de petites épines, plus nombreuses aux paires postérieures qu'aux antérieures, excepté chez les Slalita et les Holissus; leurs métatarses postérieurs offrent en dessous, à l’extrémité, un groupe pileux scopuliforme qui les fait paraître plus épais à l'extrémité qu’à la base; leurs tarses portent deux ou trois griffes dont les supérieures sont toujours fortement pectinées et l’inférieure mutique. | L'abdomen est ovale allongé, son tubercule anal est peu saillant et trans- verse. Les filières médianes sont presque aussi longues que les inférieures et relativement assez épaisses. Les mâles ne diffèrent des femelles que par leur patte-mâchoire, que j'ai décrite plus haut, et leurs chélicères plus longues et plus inclinées, celles de Dysdera dentichelis E. Sim., espèce de Syrie, offrent cependant en avant, chez le mâle, une forte dent conique qui manque chez la femelle. - Les Dysderinæ sont en général de taille moyenne, quelquefois petite (quelques Harpactes, Rhode, Holissus), d’autres fois assez grande; leur système de coloration est des plus simples : leur céphalothorax et leurs membres sont d'un rouge plus ou moins vif, plus rarement noirs, tandis que leur abdomen reste d’un blanc testacé ou d’un gris à reflets satinés, excepté chez les Rhode où il est garni de scuta. Les Dysdera habitent sous les pierres, quelquefois sous les écorces et dans les mousses ; la plupart recherchent les endroits sombres et humides ; ils s’en- ferment dans une coque ovale déprimée, de tissu blanc très serré et résistant ; la femelle y dépose ses œufs sans les envelopper d’un cocon spécial. Les Dysderinæ se rapportent à trois groupes : 312 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES 1. RAHODEÆ Les Rhode, qui relient les Oonopides aux Dysderides, ont un céphalothorax plus convexe que celui des Dysdera, arrondi en arrière, avec le bord postérieur prolongé en petit lobe obtus au-dessus du pédicule (fig. 276) ; leur sternum est convexe et non impressionné, beaucoup plus large que celui des Dysdera, et il rejette les hanches très en dehors, en arrière, il se prolonge, entre les hanches pos- térieures, largement disjointes, et enveloppe le pédicule jusqu’au scutum épigastrique de l’abdomen (fig. 278) ; leur groupe oculaire, semblable à celui des Harpactes, est rela- tivement plus grand, car il occupe au moins les deux tiers de la largeur du front ; leurs pièces buccales ressem- blent aussi à celles des Harpactes : la pièce labiale, qui est très longue, est plus élargie à la base, ses stries laté- rales sont nulles ou peu distinctes, les lames sont plus convexes à la base, au niveau de l’insertion du trochanter; leur abdomen, qui est étroit et long, est un peu coriacé His. 275. dans la région épigastrique chez les Holissus et les fe- Rhode scutiventris E.S. elles des Rhode; chez les mâles de ces derniers, il offre ct te tantôt un scutum dorsal un peu atténué et tronqué en arrière, et un scutum ventral très grand qui couvre sa face inférieure et enve- loppe, en avant, le pédicule (R. biscutata E. Sim.), tantôt un scutum ventral seulement (R. scutiventris E. Sim.) ; dans le premier cas, il ressemble à celui des Gamasomorpha; dans le second, à celui des Scaphiella. 276 277 278 Rhode biscutata E. Sim. — Fig. 276. Bord postérieur du céphalothorax. — Fig. 27%. Patte- mâchoire du mâle. — Fig. 278. Bord postérieur du sternum et pédicule. Les pattes des Rhode sont médiocres; celles des Harpassa sont, au con- traire, très longues et très fines; leurs hanches sont, comme je l'ai dit, tout à fait rejetées en dehors et brièvement pédiculées ; les postérieures sont sub- globuleuses, tandis que les antérieures sont cylindriques et longues; les autres articles ne diffèrent pas autrement de ceux des Dysderides typiques, excepté les tarses qui, au-dessous des griffes, se rétrécissent brusquement en forme de petit onychium, caractère qui rappelle la famille précédente. Les griffes sont au nombre de trois : les supérieures sont plus longues, plus fines et moins courbées que celles des Dysdera; elles sont pourvues d’une série de dents fines et longues, très nombreuses (13) et serrées, atteignant FAMILLE DES DYSDERIDÆ 313 presque l'extrémité de la griffe; l’inférieure est bien développée, très aigue et mutique ; les poils qui entourent ces griffes sont finement villeux. La patte-mâchoire du mâle diffère de celle des autres Dysderides par la grande longueur de son tarse, qui est étroit et cylindrique; le bulbe, qui est inséré près de sa base, est extrêmement simple et petit, ovale allongé, pro- longé par une pointe fine assez courte (fig. 277). Les Rhode sont de la taille des petits Harpactes ; les téguments de leur cépha- lothorax et de leur sternum, qui sont noirs ou d’un rouge foncé, sont épais, fortement granuleux ou impresso-ponctués ; ceux de leurs scuta abdominaux sont également épais, mais plus lisses. On en connaît trois espèces qui habitent les forêts montagneuses de la région méditerranéenne occidentale, où ils se trouvent dans les mousses humides, principalement sous les arbres verts : R. scutiventris E. Sim. se trouve en Espagne et dans l’ouest de l'Algérie, aux environs d'Oran ; R. biscu- tata E. Sim., dans l’est de l’Algérie, près de Bône, et Harpassa tenuipes E. Sim., dans les montagnes de l’île de Corse. GENERA Abdomen scuto ventrali et sæpe (in mare) scuto dorsali obtectum. Bédestsatibrevesivel Mmedioerest. CP EEE EL RIRER UE Len Rhode. Abdomen molle, scuto epigasteris, parum distincto, tantum munitum. BÉNESRErA CNE Sie LION PAPER IR ERA ERR ER A E RCE TE Harpassa. Rhode E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1882, p. 235. Cephalothorax breviter ovatus et convexus, postice abrupte angustior et supra pediculum abdominale breviter productus. Oculi magni, postici quatuor in lineam subrectam, medii inter se subcontigui a lateralibus anguste separati, oculi duo antici reliquis majores subrotundi et inter se appropinquati. Clypeus oculis anticis angustior. Sternum maximum, convexum et subrotundum, pos- tice productum. Partes oris fere Harpactis, sed parte labiali versus basin magis ampliata et laminis ad basin convexioribus. Pedes mutici breves (scuti- ventris E. Sim.) vel sat longi (biscutata E. Sim.) (1v, 1, 1, 111 vel 1, IV, …, tt). Coxæ inter se remotæ, posticæ subglobosæ. Ungues trini leviter appendicu- lati, superiores tenuiter et numerose pectinati. Abdomen angustum, longe pediculatum, scuto ventrali in mare maximo in femina abbreviato et interdum in mare (biscutata E. Sim.) scuto dorsali obtectum. Tegumenta cephalotho- _racis et sterni valde granulosa vel impresso-reticulata, scutorum abdominalium lævia et nitida (scutiventris E. Sim.) vel subtiliter coriacea atque opaca (biscutata E. Sim.). Typus : R. scutiventris E. Sim. AR. GEOGR. : Regio mediterranea occid. : Hispania et Algeria. 31% HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Harpassa E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1882, p. 233. Cephalothorax sternumque fere Rhodes sed parte thoracica stria minutis- sima munita et clypeo oculis anticis haud angustiore. Pedes {1, IV, 1, it) gra- ciles et longissimi. Abdomen haud scutatum, sed regione epigasteris leviter coriacea. Tegumenta cephalothoracis et sterni coriacea. Typus : H. tenuipes E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : ins. Corsica. 2. HOLISSEÆ La petite espèce pour laquelle je propose ce groupe, diffère des autres Dysderides par un caractère qui la rapproche des Oonopides, particulièrement des Dysderina et des Ischnothyreus : ses pattes antérieures offrent en dessous, aux patellas, tibias et métatarses, deux séries de très longues épines couchées; on en compte cinq paires à la patella, douze au tibia et huit au métatarse; à part cela, Holissus unciger KE. Sim. ressemble complètement à un Harpactes de moyenne taille, et il en offre tous les caractères; ses griffes, au nombre de trois, sont légèrement appendiculées comme celles des Rhode, les supérieures sont armées chacune de cinq fortes dents. La patte-mâchoire du mâle est aussi celle d’un Harpactes; son tarse, à peine plus long que le tibia, est un peu plus large et ovale; son bulbe est relativement assez complexe, il est piriforme, court; sa pointe terminale très développée, beaucoup plus volumi- neuse que le lobe, est en forme d’épais bourrelet rougeâtre, fortement sinueux en S et dessinant un fer à cheval ouvert par le bas, avec chacun des angles prolongé par une apophyse lamelleuse noire : l’externe, large et tronquée carrément, avec les angles prolongés, aigus; l’interne, plus longue, étroite et lancéolée. Le genre Holissus ne renferme qu’une seule espèce propre aux montagnes de l’ile de Corse. Holissus E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1882, p. 231. Cephalothorax oculi et partes oris Harpactis, sternum planum paulo latius. Pedes (1v, 1, 11, 111) mediocres, patellis, tibiis, metatarsisque quatuor anterio- ribus subius aculeis longis, pronis et numerosis, biseriatim ordinatis, insigniter armatis (in patellis 5-5, in tibiis 12-12, in metatarsis 8-8). Ungues tarsorum trini, subappendiculati, superiores quinquedentati, inferior muticus. Tyeus : H. unciger E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : ins. Corsica. 3. DYSDEREÆ Ce groupe renferme toutes les espèces typiques auxquelles s’applique le mieux, ce que j'ai dit a propos de la sous-famille des Dysderinæ. La patte-mâchoire du mâle est presque toujours semblable à celle de la FAMILLE DES DYSDERIDÆ femelle par ses articles axillaires, je ne connais que deux espèces (Harpactes crassipalpis E. Sim. et Orsolobus singularis Nic., dont je parlerai plus loin) dont le fémur soit dilaté et claviforme:; dans presque toutes les petites espèces du genre Harpactes, dans les genres Séalita et Tedia, le bulbe est extrêmement 219 280 281 282 Fig. 219. Dysdera nicaeensis Thorell. Bulbe. — Fig. 280. D. Kollari Dobl. Id. — Fig. 281. D. fuscipes E. Sim. Id. — Fig. 282. D. nubila E. Sim. Id. simple, étroit, cylindrique, rétréci à la base en un court pédicule et terminé en pointe effilée généralement courte, tandis que dans le genre Dysdera et plu- sieurs espèces du genre Harpactes, il est nettement formé de deux parties : un lobe ovale et cylindrique et une pointe représentant le conducteur, en forme de bec oblique très variable selon les espèces (fig. 279, 280, 231, 282), membra- neux, mais soutenu par des lanières chitineuses; cette partie atteint un grand développement chez quelques Harpactes (H. tæntüfer Th., istriacus E. Sim.) et chez l’Orsolobus singularis Nic. (voy. plus loin). Les griffes tarsales sont tantôt au nombre de trois et dépourvues de fasci- cules comme celles de tous les autres Dysderides, tantôt au nombre de deux seulement et accompagnées de fascicules formés de poils spatulés, mais, comme dans le groupe des Scytodes, ce caractère n’a pas de valeur générique ; dans le genre Harpuctes, dont les espèces sont cependant étroitement unies, on observe les deux formes, et quelques espèces, dont on a même fait un genre sous le nom de Dasumia, ont trois griffes aux tarses antérieurs et deux aux postérieurs. Les genres Dysdera et Harpactes diffèrent l’un de l’autre par la structure de leurs lames-maxillaires (p. 309, fig. 268 à 274) ; le genre Tedia que j'ai proposé pour une petite espèce de Syrie ne diffère des Dysdera que par ses lames qui. au lieu d'être droites, sont nettement arquées en dedans et encore plus acu- minées (fig. 274); ce genre ne mériterait guère d’être maintenu si son bulbe n’était différent de celui des Dysdera typiques, beaucoup plus simple et presque semblable à celui des Rhode. Le genre Sfalita a été proposé par Schiôdte pour des Harpactes cavernicoles, légèrement modifiés par la privation de lumiere ; leurs yeux. sont, soit obli- 316 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES térés, soit rudimentaires [S. Schiôdtei Thorell, des caves de Lésina (1)]; dans ce cas, ces très petits yeux figurent un groupe plus transverse et rappelant un peu celui des Ariadna ; leurs pattes sont beaucoup plus longues et plus grêles que celles des Harpactes ordinaires et cet allongement porte même sur les hanches qui ressemblent un peu à celles des Segestria ; de plus leurs tibias et métatarses sont parsemés d’épines, même aux paires antérieures; leurs tarses se terminent par trois griffes dont les supérieures sont plus longues, plus grêles et garnies de dents plus nombreuses que celles des Harpactes; aux griffes des pattes postérieures on compte cinq ou six dents tandis qu’à celles des antérieures on en compte au moinstreize comme chez les Rhode, mais, tandis que chez ceux-ci la pointe apicale dépasse à peine la première dent, chez les S{alita elle est très longue et recourbée. Je rapproche avec doute des Sfalita, le nouveau genre Orsolobus, dont le type est une petite espèce du Chili, décrite par Nicolet sous le nom de Segestria singularis ; la place que doit occuper ce genre est très incertaine, je n’ai pu en faire une étude complète, n’en possédant qu'un débris manquant d’abdo- men. De tous les genres de la série des aplogynes, il me paraît surtout se rap- procher du genre Stalita ; il en possède les pattes longues, parsemées d’épines, et les griffes tarsales pourvues de dents nombreuses, mais ces griffes paraissent portées sur un petit onychium comme celles des Leptonetides et des Oonopides ; ses pièces buccales sont bien celles des Dysderides normaux ; sa patte-mâchoire ressemble un peu à celle des Oonopides par ses articles axillaires qui sont épais, le fémur claviforme, la patella longue et .convexe, le tibia à peine plus court, mais cylindrique, le tarse plus long que le tibia et acuminé, mais le bulbe, qui est très gros et très complexe, ressemble à celui de certains Harpactes (H. tæntüfer Thorell); son lobe est gros et cylindrique, brusquement rétréci à l’extrémité, en pointe aussi longue que lui, coudée en dedans à angle A SRE ie droit, non atténuée, carénée et terminée par plu- atte-mâchoire du mâle. sieurs petites apophyses dont la principale est recour- bée en forme d’ S: à la base de cette longue pointe, le lobe porte en dessous une forte dent conique et en dessus une dent plus petite (fig. 283); ses yeux forment un groupe transverse analogue à celui des Orchestina et des Ariadna ; mais, d’après Thorell, les yeux rudimentaires de Stalita Schiôdtei ont une dis- position semblable. Fig. 283. Le groupe des Dysdères n’a jusqu'ici aucun représentant sous les tropiques. On connaît vingt-cinq espèces du genre Harpactes, répandues dans la région méditerranéenne, dont une seule s’étend à l'Europe tempérée et même sep- tentrionale (H. Hombergi Scopl.), et une à l'Europe centrale (H. rubicundus C. Koch..). Le genre Dysdera ne compte pas moins de quarante-cinq espèces ; il a éga- (1) Stalita taenaria Keyserl. (non Schiëdte), in Verh. z, b. Ges. Wien, 1862. FAMILLE DES DYSDERIDÆ 317 lement son centre dans la région méditerranéenne, principalement dans ses parties montagneuses, car on en à décrit au moins vingt-cinq espèces dont deux seulement s'étendent jusqu'à la région de Paris (D. crocata CG. Koch. et D. erythrina Latr.); la première a un habitat très étendu, car elle se trouve aussi dans l’Amérique du Nord (D. interrita Hentz.), où elle représente seule le groupe des Dysderinæ et, dit-on, l'Amérique australe au sud du tropique (D. gracilis Nic.?); elle a été signalée de Sainte-Hélène par Cambridge et je lui rapporte un jeune spécimen que j'ai capturé au cap de Bonne-Espé- rance; les îles de l’Atlantique sont riches en Dysdera, les archipels de Madère et des Canaries ne possèdent pas moins de six à sept espèces qui leur sont propres ; trois espèces ont été décrites de l’Asie centrale, et une de l'Amé- rique australe (D. mugna Keyserl.). Le genre Sialita compte actuellement trois espèces : deux propres aux grottes de la Carniole {S. éænaria Schiôdte et stygia Joseph), et une aux caves de l’île de Lésina, en Dalmatie (S. Schiôdtei Thorell). Le genre Orsolobus ne renferme qu'une seule espèce propre au Chili. . GENERA 1. Oculi sex, aream subrotundam occupantes. Pedes mediocres, tibismmetatarsisque anticis utile PEN EN NONEn. 2e — Oculi nulli vel sex, aream transversam occupantes. Pedes longis- simi, tibiis metatarsisque cunctis parce aculeatis... ,........ 4. 2, Laminæ apice acuminatæ, subtus planæ et serrula carentes. Dnénestarsonunebinr ere nee 3. — Laminæ extus ad apicem rotundæ, intus oblique sectæ, subtus depressæ et extus carinula subtili marginatæ. Ungues tarso- A LUE RURAL AE Ce RER AE Harpactes. HÉRÉANE ADICe) reCLæ ae ee ne Rue. cer Dysdera. Haine ADICe INUUS ATCUALE MINE MAT AU NU MEME. .... Tedia. 4. Oculi nulli seu minutissimi vix perspicui.. .................. Stalita. — Oculi magni aream transversam fronte vix angustiorem occu- pantes, quatuor antici in lineam subrectam..... Re Orsolobus. Dysdera Latr., Nouv. Dict. H. N., XXIV, 1804, p. 134. — Dysdera omn. auct Cephalothorax sat late ovatus, haud striatus. Area oculorum compactilis, oculi quatuor postici inter se subcontigui in lineam procurvam, oculi duo antici reliquis plerumque paulo majores et transversim remotiores. Clypeus oculis anticis haud angustior vel latior. Sternum ovatum, impressum. Chelæ longæ, valde attenuatæ, plus minus porrectæ, marginibus sulci muticis vel sæpius dentibus binis remotissimis instructis. Pars labialis saltem duplo lon- gior quam latior, utrinque stria submarginali munita, apice obtuse truncata et incisura pilosa emarginata. Laminæ apice rectæ et longe acuminatæ, sub- 318 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES tus planæ et serrula carentes. Pedes mediocres (1, IV, 11, 1), femoribus ple- rumque muticis (interdum femore postico supra ad basin et femore antico intus prope apicem aculeatis), libiis metatarsisque anticis semper muticis, posticis fere semper aculeatis. Ungues tarsorum bini fasciculati. Tyeus : D. erythrina Latr. AR. GEOGR. : Europa et regio mediterranea ; Africa sept. et max. austr.: ins. Atlanticæ ; Asia centr.; America sept. et austr. Tedia E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1882, p. 230. À Dysdera, cui valde affinis est, tantum differt laminis-maxillaribus apice magis acuminatis, leviter divaricatis et intus arcuatis, parte labiali paulo bre- viore, bulbo maris simpliciore. Tyrus : T. oxygnatha E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : Syria. Hlarpactes Templ., Zool. Journ., V, 1834, p. 401. — Dysdera auct. (ad part.). — Dasumia Thorell, Tidschr. v. Entom., XVIII, 1875, p. 100. À Dysdera, cui valde affinis est, differt parte labiali apice obtuse truncata haud emarginata, laminis partem labialem minus superantibus, apice intus brevius truncatis, extus magis rotundis, subtus scopula interiore ampliata et extus serrula tenui munitis, chelarum ungue breviore, marginibus brevioribus et minus obliquis, superiore et inferiore plerumque bidentatis. Cephalothorax Dysderæ sed interdum stria media thoracica parva munitus. Oculi Dysderæ sed plerumque antici inter se minus distantes. Pedes fere Dysderæ sed femoribus cunctis aculeatis (rarius femoribus 2i et 3 parium muticis), unguiculi tarsorum Dysderæ bini et fasciculati vel trini et fasciculis carentes. Tyeus : H. Hombergi Scopoli. AR. GEOGR. : Europa et regio mediterranea. Nora. D'après la structure de leurs griffes tarsales, les Harpactes se rapportent à trois groupes : A. — Tarsi cuncti fasciculati et unguibus binis tantum armati (H. dras- soides E. Sim.) (1). B. — (Dasumia Tk.). Tarsi quatuor antici unguibus trinis armati sed fas- ciculis carentes, tarsi quatuor postici unguibus binis et fasciculis instructi (H. tæniifer Thorell) (2). C. — Tarsi cuncti unguibus trinis muniti sed fasciculis carentes (H. Hom- bergi Scopl.) (3). (1) Comprenant aussi A, laevigatus Thorell (D. Scheuchzeri Pav.), ignavus, inae- quipes E. Sim. (2) Comprenant aussi H. istriacus E. Sim. et H. carpalhicus Kulez. (3) Comprenant toutes les espèces typiques. FAMILLE DES DYSDERIDÆ Ë 319 Stalita Schiôdte, Overs. Kong. Danske Vid. Selsk. Forh.; 1847, p. 80. Cephalothorax breviter ovatus, sat convexus, stria tenui'munitus. Oculi nulli vel minutissimi et vix perspicui (medii duo inter se contigui et utrinque laterales bini, a mediis leviter separati). Chelæ et partes oris Harpactis. Coxæ longiores, cunctæ cylindraceæ. Pedes multo longiores et graciliores, tibiis me- tatarsisque cunctis parce aculeatis [tibiis quatuor anticis aculeis inferiori- bus 3-3, metatarsis aculeis 2-2). Ungues tarsorum trini, superiores longi et numerose pectinati. fre Tyeus : S. {ænaria Schiôdte. AR. GEOGR. : Carnicæ Alpes et Dalmatia (in speluncis). Orsolobus, nov. gen. — Segestria Nic. in Gay, Hist. de Chile, Zool., III, 1849, p. 346 (ad part. singuluris). Cephalothorax sat convexus, sat late ovatus, sed fronte mediocri et truncata. Oculi maximi, quatuor antici inter se contigui et lineam leviter procurvam formantes, et utrinque oculus posticus obliquus a laterali antico haud sepa- ratus. Sternum late cordiforme, postice attenuatum et obtusum. Pars labialis longior quam latior, apice attenuata et obtusa. Laminæ sat angustæ et longæ, fere rectæ. Pedes graciles et longi (1, 1v, 11, tr vel 1v, 1, 11, 111), aculeis paucis et tenuibus muniti, coxis cunctis longioribus quam latioribus et cylindraceis, posticis inter se parum separatis, tarsorum unguibus gracilibus dentibus tenuibus numerosis munitis. Pedes-maxillares maris robustissimi, femore cla- viformi, patella convexa sat longa, tibia patella paulo breviore et cylindracea, tarso tibia longiore, apice acuminato, bulbo maximo, longe producto et intus inflexo. Typus : 0. singularis Nic. (sp. un.). AR. GEOGR. : America austr. : Chili. 2 Sous-famille SEGESTRIINÆ Les Segestria diffèrent surtout des Dysdera par leur sternum ovale allongé, presque également atténué en avant où il dépasse les hanches antérieures, et, en arrière, où il est brièvement obtus, non prolongé entre les postérieures, échancré latéralement, mais non prolongé par des lanières chitineuses dans les espaces intercoxaux ; les hanches sont plus allongées, plus cylindriques et moins nettement pédiculées à la base. Le céphalothorax est plus allongé et plus parallèle, à peine atténué en avant et toujours dépourvu de strie. Les yeux figurent un groupe beaucoup plus transverse; ils sont disposés en trois paires, assez largement séparées les unes des autres; dans le genre Ariadna, la paire médiane est située au niveau des latéraux postérieurs, et dans le genre Segestria au niveau des antérieurs. Les pièces buccales ne diffèrent de celles des Harpactes que par des détails insignifiants : à la face interne des lames, la serrula est plus distincte et nettement crénelée au moins chez les Segestria ; mais les pattes diffèrent, au contraire, beaucoup par leur propor- tion et leur armature; contrairement à ce qui a lieu chez les Dysderinæ, les 320 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES antérieures sont beaucoup plus longues que les postérieures et leurs épines, beaucoup plus nombreuses, sont disposées aux tibias et métatarses, en séries inférieures régulières, surtout bien nettes chez les Ariadna ; la proportion des articles est aussi différente, car les patella antérieures ne sont jamais beaucoup plus longues que les posté- rieures. Les griffes tarsales sont au nombre de trois ; les supérieures sont puissantes, fortement courbées et armées d’une série de six à huit dents presque égales ; ces dents sont un peu plus nombreuses aux griffes des pattes antérieures qu'à celles des postérieures où elles sont quelquefois réduites à quatre (quelques . Ariadna); la griffe inférieure est fortement coudée et très aiguë, elle offre toujours en dessous, au coude, une petite dent qui manque chez les Dysdera. L'abdomen est plus cylindrique. Son tubercule anal plus grand, au moins celui des Segestria, semi-circulaire transverse et, vu en dessus, nettement bisegmenté. Segestria pusiola E. Sim. où RARE ok . 4 à Les filières ont été étudiées chez les Segestria par C. Apstein : les supérieures portent sur leur article apical de huit à dix fusules assez grosses, presque semblables entre elles et implantées irrégulièrement, mélées à quelques longs poils ; les médianes, plus petites, relativement aux autres que celles des Dysdera, sont très acu- minées, surmontées d'un fort crin et pourvues sur leur face antérieure de deux très grosses fusules géminées; les inférieures se terminent en cône garni à l'extrémité de quelques très petites fusules. Mâle grossi. La patte-mâchoire du mâle ne diffère pas beaucoup dans le genre Segestria de celles des Dysdera, mais dans le genre Ariadna elle ressemble davantage à celle des Loæosceles ; son tibia est, en effet, plus ou moins dilaté et souvent presque globuleux; le bulbe est toujours des plus simples, celui des Segestria, dont j'ai donné une figure dans la première partie (p. 36, fig. 60), est ovale allongé, terminé en pointe simple un peu arquée, tandis que celui des Ariadna est plus court, quelquefois presque globuleux, mais également ter- miné en pointe simple avec l’orifice du style terminal. Indépendamment de leur patte-mâchoire, les mâles des Segestria ne diffèrent guère des femelles que par leurs pattes un peu plus longues; ceux des Ariadna s’en distinguent en outre par leurs épines plus nombreuses, dispo- sées aux pattes antérieures sur plusieurs rangs, et dans certains cas (A. bicolor Hentz, etc.\ par leurs métatarses antérieurs pourvus de chaque côté d’une âent conique. Les Segestria s'éloignent des Dysdera par leur faciès et leurs allures; leur corps est beaucoup plus allongé et cylindrique; leurs pattes antérieures, plus longues et plus robustes que les autres, sont dirigées en avant et, con- trairement à ce qui a lieu chez les autres Araignées, celles de la troisième paire prennent la direction des antérieures ; leur céphalothorax, souvent pu- FAMILLE DES DYSDERIDÆ 321 bescent, est brun ou noir, tandis que leur abdomen est tantôt uniformément d’un gris soyeux, tantôt orné de dessins noirs transverses en forme d’accents ; leurs chélicères ont quelquefois des reflets métalliques. Ils sont plus sédentaires que les Dysdera, et filent dans les creux d’arbres, en dessous des écorces, dans les fissures de rochers ou les trous de murs, un tube long et étroit, de tissu blanc et serré, fermé par le bas, ouvert et un peu évasé par le haut, dans lequel ils se tiennent constamment, les six pattes an- térieures étendues en avant ; l'orifice du tube des Ariadna est garni d’une sorte de petite collerette de soie blanche très régulière, celui des Segestria s’évase beaucoup plus et est en outre prolongé par des fils irréguliers rayonnants, qui arrêtent la proie au passage. Les œufs des Segestria sont nombreux (80 à 90), non agpglutinés, enveloppés d’un cocon lenticulaire de tissu blanc fin et serré que la femelle dépose dans une coque spéciale, à proximité de son tube ; cette coque est ordinairement recouverte de débris étrangers qui y adhèrent forte- ment. _ Le genre Segestria renferme une quinzaine d’espèces surtout répandues dans la zone tempérée ; on en connait cinq d'Europe dont trois atteignent la région parisienne, l’une de ces espèces se retrouve dans les iles de l’Atlan- tique (S. florentina Rossi), une de Syrie, une des iles Canaries, une de Mada- gascar, une de Nouvelle-Zélande, deux de l'Amérique du Nord et une de l'Amérique australe. Le genre Ariadna, qui compte une vingtaine d'espèces, est plus largement distribué et surtout répandu dans la zone tropicale où il représente presque seul la famille des Dysderides ; on en connait deux de la région méditerra- néenne, une de l'île Madère, une de l'île de Ceylan, une de Sumatra, une du Japon, trois de la Nouvelle-Hollande et de la Tasmanie, deux ou trois de l'Afrique australe, deux de l'Amérique du Nord, une des Antilles, trois du Venezuela, une de Colombie, deux du Brésil, une de la République Argentine et trois du Chili. GENERA Oculi medii cum lateralibus anticis lineam subrectam formantes. Pars labialis haud attenuata apice recte secta. Chelarum margo inferior valde bidentatus. Tibiæ metatarsique pedum anticorum PARCS DOUTER RU EL En tees .......... Segestria. Oculi medii cum lateralibus posticis lineam subrectam formantes. Pars labialis apice attenuata et obtusa. Chelarum margo infe- rior muticus. Tibiæ metatarsique pedum anticorum aculeis longis, pronis et numerosis regulariter biseriatis subtus in- ÉTTIC TUNER ANA MAL RARES, LA PRG A Les à Re RING LE ARE AA Ariadna. Segestria Latr., Nouv. Dict. H. N., XXIV, 1804, p. 134. — Segestria om. auct. Cephalothorax elongatus, subparallelus, fronte lata. Oculi inter se subæ- quales, quatuor antici in lineam subrectam, medii inter se subcontigui sed a lateralibus plus minus remoti, his inter se contiguis. Clypeus oculis anticis 21 322 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES æquilatus vel angustior. Chelarum margo inferior valde bidentatus, superior tridentatus, dente medio reliquis majore, unguis robustus et curvatus. Pars labialis plus duplo longior quam latior, parallela, haud attenuata et apice recte truncata. Pedes robusti et longi (d'1, 11, It, 1V; @ 1, 11, 1V, it), quatuor antici subæquales, scopulati, aculeis paucis, in tibiis et metatarsis anticis per paria ordinatis, instructi. Typus : S. florentina Rossi. AR. GEOGR. : Europa et regio mediterranea ; ins. Atlanticæ ; ins. Mada- gascar ; America sept. et austr.; Nova-Zealandia. Ariadna Aud. in Sav., Descr. Egypt. (2° éd.), 1825-27. — Dysdera Walck. [ad part. (Ariadna)].— Pylarus Hentz, Bost. J. Nat. Hist., IV, 1842, p. 226. — Segestria Nic. in Gay, Hist. de Chile, Zool., III (ad part.). Cephalothorax oculique fere Segestriæ sed oculi medii cum lateralibus pos- ticis lineam rectam seu leviter recurvam, rarius leviter procurvam (A. segmen- tata E. Sim.) formantes. Clypeus oculis anticis plerumque latior. Sternum Segestriæ. Pars labialis apice attenuata et obtusa. Laminæ angustiores et leviter inclinatæ. Chelarum unguis sat brevis, subrectus, ad basin crassus, margo inferior muticus, superior minute dentatus. Pedes antici posticis robustiores et crassiores, femore li paris intus ad apicem leviter dilatato et aculeo, reliquis longiore et erecto, munito, tibiis metatarsisque quatuor ante- rioribus subtus aculcis pronis, longis, numerosis et regulariter biseriatis instructis, tibia metatarsoque 3i paris inferne aculeis debilioribus paucis et uniseriatis munitis. Pedes 4i paris plerumque omnino mutici, rarius parce aculeati (A. nigra, segmentata E. Sim.). — Pedes maris longiores, metatarsis anticis gracilibus, leviter curvatis et parce aculeatis, muticis ({ongipes Nic., etc.) vel utrinque valde bimucronatis (bicolor Hentz — pallida C. Koch). Pedes postici, præsertim femoribus supra, aculeati. Typus : À. insidiatrix Aud. in Saw. AR. GEOGR. : Regio mediterranea ; Africa austr.; ins. Taprobane ; ins. Su- matra (1); Japonia (lateralis Karsch) ; Nova-Hollandia et Tasmania (segimentata E. Sim.); America sept.; Antillæ; America merid. : Venezuela, Colombia, Brasilia, Resp. Argent. et Chili. Nora. Je ne sais à quel genre rapporter le Segestria canities M. Cook, de Californie, dont le Rev. Mc. Cook a publié deux figures (sans description) et a dépeint les mœurs dans son ouvrage American Spiders (t. II, p. 135). Cette Araignée n’est certainement ni un Segestria, ni un Ariadna, et la figure que l’auteur donne de ses yeux fait penser au Periegops. Les mœurs de celte Araignée sont aussi très différentes de celles des Dysderides, car elle construit, au milieu d’une toile irrégulière, un tube de tissu épais, cotonneux et recouvert de débris étrangers dans lequel elle dépose ses cocons qui sont discoïdes. (1) Segestria Snellenmanni V. Hasselt. 17. Famille CAPONIIDAE Le genre Nops Mac Leay, le seul de l’ordre entier des Araignées dont les yeux soient au nombre de deux, forme, avec les genres Caponia (Colophon Cambr.) et Caponina E. Sim., une famille très naturelle qui se distingue prin- cipalement des autres Araignées aplogynes par la disposition très particulière de ses filières, qui n'a d’analogue que dans la famille des Platorides, et celle de ses organes respiratoires. A part cela, les Caponüides font le passage des Oonopides et des Dysderides aux Prodidomides ; ils se rapprochent des premiers par le nombre de leurs stigmates et la structure de leurs organes sexuels, des seconds par celle de leurs pièces buccales et de leurs chélicères, la forme de leur céphalothorax et même la dis- position de leurs yeux (ceux des Caponia). Ils rappellent aussi, par leurs pièces buccales, les Sicartides et les Filistatides, et ces derniers par leur céphalothorax et leurs yeux ; ils offrent aussi certaines analogies avec les Palpimanides, notamment avec les Huttonia. Fig. 285. nn luna Canbr Le céphalothorax est ovale, atténué et obtus Mâle grossi. en avant et en arrière, dépourvu de strie mé- diane et ne présentant que de très faibles stries rayonnantes superficielles. Le groupe oculaire, qui est séparé du bord frontal par un très large bandeau, incliné, souvent même presque horizontal, est tou- jours compact; celui des Caponia, qui représentent le type le plus complet de la famille, se compose de huit yeux : deux médians diurnes et, de chaque côté, trois latéraux nocturnes, plus petits, égaux et disposés en ligne courbe à con- cavité intérieure (fig. 286); celui des Nops et Caponina est réduit aux deux yeux médians, qui sont assez gros et resserrés; les yeux latéraux faisant complètement défaut (fig. 287). Les chélicères sont assez petites, faibles, atténuées et verticales ; elles man- quent de tache basale ; les bords de la rainure sont indistinets et mutiques, mais le supérieur est accompagné d’une dilatation membraneuse d’aspect vési- culeux, qui n'a d’analogue que chez les Sicariides ; le crochet est très long, très grêle et très courbé, comme celui des Prodidomides, mais il est plus brus- quement élargi à la base, en petit lobe presque globuleux, et ressemble davantage à celui des Stenochilus (fig. 239). 324 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES La pièce labiale est libre, plane ou peu déprimée, beaucoup plus longue que large, longuement atténuée à l’extrémité, qui est obtuse et marquée de chaque côté, à la base, d'une petite échancrure. Les lames-maxillaires sont très forte- ment cintrées sur la pièce labiale et se rencontrent presque par leur bord apical, qui est obtusément tronqué; elles sont larges au niveau de l'insertion du trochanter, qui est presque médiane, presque également atténuée à la base et à l'extrémité; leur bord interne, arqué, qui entoure la pièce labiale, est caréné (fig. 290); leur face inférieure offre au bord externe, presque au sommet, une fine serrula marginale. 286—287 288 289—290 Fig. 286. Caponia natalensis Cambr. Front et yeux. — Fig. 287. Nops coccineus E. Sim. Front et yeux. — Fig. 288. Id. Extrémité d’une patte. — Fig. 289. Id. Chélicère. — Fig. 290. Id. Pièces buccales. Le sternum est ovale plus ou moins allongé et plan; en avant, il est obtu- sément tronqué et légèrement échancré pour l'insertion de la pièce labiale ; en arrière, il est peu atténué, obtus et peu prolongé; les hanches posté- rieures sont néanmoins distantes, mais leur intervalle est membraneux; ce . sternum se prolonge rarement (Nops coccineus E. Sim.) latéralement en la- nières chitineuses séparant les hanches, comme chez les Dysdera. Les pattes sont toujours assez courtes et robustes, entièrement mutiques ; les hanches, et souvent les patellas de la première paire, sont beaucoup plus longues que les autres, comme chez les Dysderides ; les trochanters postérieurs sont, au contraire, un peu plus longs que les antérieurs, tous sont assez for- tement rétrécis à la base et un peu appendiculés, tronqués droit à l’extrémité, sans échancrure ; les tarses sont robustes et comprimés, atténués à la base, obliquement tronqués à l'extrémité, dépourvus de scopula et de fascicules ; ceux des Caponia et Caponina sont normaux ; ceux des Nops sont nettement divisés par une fausse articulation membraneuse en deux articles dont le second est plus court que le premier, surtout aux pattes postérieures (fig. 288). Les griffes, au nombre de trois, sont insérées sur un plan très oblique; les supérieures sont robustes, fortement courbées et pourvues d’une série de FAMILLE DES CAPONIIDÆ 325 quatre à sept fortes dents unisériées, plus nombreuses aux paires postérieures qu'aux antérieures ; la griffe inférieure est assez petite et toujours mutique ; chez les Nops, elle est remplacée aux paires antérieures par deux petites lames membraneuses. Les pattes antérieures des Nops sont remarquables par des productions membraneuses, qui manquent chez les Caponia et Caponina et dont je ne connais point d'analogue chez les autres Araignées : leurs métatarses des deux premières paires offrent en dessous, dans presque toute leur longueur, une fine carène transparente, qui, sous un grossissement suffisant, paraît striée perpendiculairement à l’axe de l’article et qui est bordée de chaque côté d'une série régulière de poils simples ; leur tarse présente en dessous, tout à fait à la base, une apophyse également membraneuse, mais de consistance un peu plus solide, obtuse et souvent un peu canaliculée en dessus, toujours mobile, articulée à la base .et insérée dans un petit alvéole semi-circulaire, à bords légèrement indurés; enfin, le même article offre à l'extrémité, au- dessous des griffes, deux petites lames semi-circulaires de même nature, insérées verticalement et parallèlement (fig. 288); ces productions membra- neuses sont analogues à celles de la marge des chélicères, et sont probable- ment des organes de tact. L'’abdomen est ovale allongé; son pédicule offre en dessous une pièce chi- tineuse transverse, tantôt (Nops) étroite et largement séparée de la pointe sternale, tantôt (Caponia) triangulaire, obtuse, à sommet antérieur touchant presque au sternum ; sa région épigastrique est souvent un peu indurée, elle est limitée en arrière par un pli droit offrant, de chaque côté, deux stig- mates linéaires rapprochés. Le colulus fait complètement défaut comme chez les Dysderides; le tubercule anal est peu saillant et semi-circulaire transverse. Les filières qui sont terminales et au nombre de six, sont disposées en deux lignes transverses ; les inférieures sont situées sur les côtés des médianes et forment avec elles une ligne droite ou légèrement recourbée; ces filières qui se touchent, sont toujours d’égale longueur, celles des Caponia sont aussi d'égale épaisseur, tandis que celles des Nops sont inégales, les médianes étant plus épaisses que les latérales ; les supérieures, situées au-dessus des inférieures, sont plus épaisses, plus longues et cylindriques, leur article apical est petit, et conique très obtus (fig. 292). La patte-mâchoire de la femelle est assez longue; son tibia est généralement un peu plus long que la patella et rétréci vers la base; son tarse, au moins aussi long que les deux articles précédents, est plus large, ovale et obtus, il est garni en dessous de poils serrés et il présente en dessus, près de l’extrémité, une petite dépression pileuse, il est dépourvu de griffe proprement dite, mais porte à l’extrémité une ou deux petites épines simples. La patte-mâchoire du mâle est du même type que celles des familles précé- dentes, elle s’en distingue cependant par le plus grand développement du tarse qui ressemble davantage à celui des Araignées entelégynes; celui des Nops et Caponma est ovale allongé et dépasse de beaucoup le bulbe. tandis 326 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES que celui des Caponia est très volumineux, très obtus, légèrement comprimé et réniforme; le bulbe s’insère en dessous dans un petit alvéole basilaire ; celui des Nops et Caponina est simple et ressemble un peu à celui des Loxos- celes et des Ariadna, il se compose d’un gros lobe ovale ou globuleux brusque- ment terminé en pointe cylindrique, recourbée en avant, toujours assez courte et tronquée à l'extrémité, l’orifice du style y est terminal (fig. 291) ; celui des Caponia se compose d’un lobe plus petit, globuleux et d'une pointe extrêmement longue recourbée en boucle, se prolongeant au delà de l’orifice du style en un long filet arqué (fig. 293), disposition qui rappelle un peu ce qui se voit chez les Scytodes. 291 292 293 Fig. 291. Nops coccineus E. Sim. Tibia, tarse et bulbe de la patte-mâchoire du mâle. — Fig. 292. Caponia natalensis Cambr. Filières vues en dessous. — Fig. 293. Id. Patte-mâchoire du mâle. Les sexes sont de même taille et ne diffèrent guère que par leur patte-mâ- choire; les pattes des mâles sont seulement un peu plus longues et plus grèles que celles des femelles, au moins dans les genres Nops et Caponina. Indépendamment des caractères que j’ai énumérés, les Caponiides s'éloignent encore de toutes les autres Araignées par la structure interne de leurs organes respiratoires ;.ils manquent, en effet, absolument de sacs pul- monaires; leur première paire de stigmates épigastriques commu- nique avec des trachées qui con- sistent en un tronc principal, court, qui donne naissance à de fines ramifications en forme de buissons (fig. 295 S T1); leur seconde paire de stigmates com- munique avec des trachées plus développées, dont les deux bran- ches principales se dirigent pa- rallèlement en avant ou, près la base de l'abdomen, elles pré- sentent quelques ramifications qui s'étendent probablement Fig. 294. Caponia natalensis Cambr. Stigmates et système dans le céphalothorax ; les deux trachéen. autres branches, l’une presque semblable aux antérieures, l’autre plus faible, se dirigent en arrière jusqu’à l'extrémité de l'abdomen où elles se ramifient (fig. 295 ST?) ; les trachées des FAMILLE DES CAPONIIDÆ DAT stigmates postérieurs ressemblent à celles des Segestria et Dysdera, elles s’en distinguent cependant en ce que le tronc antérieur (se dirigeant vers le céphalothorax) est double, tandis que dans les espèces de la famille précé- dente il est unique {1). HONTE jf M) hit} Les Caponiides sont des Araignées de taille moyenne (de 4 à 6 mill.); leurs téguments, toujours glabres, sont ordinairement lisses et brillants, quelquefois cependant fortement co- riacés et même granuleux, au moins ceux du céphalothorax et du sternum (Nops coccineus E. Sim.); leur céphalo- thorax et leurs pattes sont fauves ou d’un rouge sombre uniforme, leur abdomen est ordinairement d’un gris soyeux uniforme, celui de quelques espèces du genre Nops {variabilis Key- serl., coccineus E. Sim., Branickü Tacz.) Fig. 295. est cependant orné en dessus de des- Nops coccineus E. Sim.— Stigmates et système sins noirs en forme de chevrons ou trachéen : ST!, stigmate de la 1ro paire; de bandes longitudinales sinueuses. ST?, stigmate de la 2e paire. CA EU LL Les quelques espèces de Nops que j'ai trouvées au Venezuela vivent sous les pierres dans les endroits secs et ne paraissent filer aucune toile; le Caponia natalensis Cambr., qui se trouve éga- lement sous les pierres, s’enferme, au contraire, dans une petite coque ovale de tissu léger et semi-transparent. L'unique espèce du genre Caponia a été décrite de Natal, je l'ai reçue de Port-Elisabeth et je l’ai observée moi-même sur plusieurs points de la colonie du. Cap, de la République Orange et du Transvaal ; tous les autres représen- tants de la famille sont américains. Le genre Nops renferme actuellement huit espèces : deux des Antilles (l’une de Cuba, l’autre de Saint-Vincent), trois du Venezuela, une de la Co- lombie et de l'Ecuador, une de la Guyane et une de la région de l’Amazone. Le genre Caponina ne compte que deux espèces : l’une propre à l'ile Saint- Vincent, l’autre au Venezuela. (1) J’extrais ces détails d’une lettre du Dr P. Bertkau qui, sur ma demande, a bien voulu faire la dissection d’un Caponia et d'un Nops. Le Dr P. Bertkau ajoute : « Le résultat de mes études confirme absolument votre supposition de la grande affinité des genres Nops et Caponia, les organes respiratoires étant presque identiques dans ces deux genres » ; je suis également redevable au Dr Bertkau des deux figures ci- jointes (fig. 294 et 295). 328 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES GENERA 1. Metatarsi quatuor antici inferne carina pellucente, tarsi apophysi basilari et laminibus binis subunguicularibus pellucentibus in- signiter muniti. Tarsi biarticulati. Oculi bini. Sternum longe OMAN AMAR GE NEA RS AR AR ee On RO AT Nops. — Metatarsi tarsique normales, carina apophysique carentes. Tarsi uniarticulati SernumiIatelCorMiOrMer PEER ET EP EPP EEE 2. D HOCU DIE MAN A ACER REA RR TASSE Een QATAR Caponina. 2 OCUIMOC LOL RMUP EAN PR ANAL NN Les ee D EL FEU NE EE A LG AAC Caponia. Nops Mac Leay, Ann. Mag. Nat. Hist., II, 1838, p. 2. — Diops Taczan., ‘Hor. Soc. ent. Ross., X, 1873, p. 73. Cephalothorax ovatus, antice attenuatus et obtusus. Oculi duo, magni, inter se parum distantes. Clypeus subdirectus, oculis plus quadruplo latior. La- minæ apice vix attenuatæ atque obtusæ. Pars labialis longior quam latior, attenuata et obtusa. Sternum planum, sat longe oblongum, antice posticeque attenuatum. Pedes 1v, 111, 1, 11 vel IV, 1, 11, 111, mediocres et robusti, patellis longis, quatuor anticis tibiis 1/3 tantum brevioribus, metatarsis quatuor an- ticis carina inferiore membranacea munitis, tarsis compressis, ad basin atte- nuatis et subappendiculatis,in parte secunda articulatione spuria sectis, qua- tuor anticis calcare inferiore basilari laminisque binis subunguicularibus membranaceis munitis. Ungues superiores curvati, dentibus 4-5 magnis et longis instructi, unguis inferior tarsorum posticorum valde uncatus et mu- ticus. Pedes-maxillares feminæ tarso tibia crassiore, obtuso, subtus dense piloso, apice aculeo vel aculeis binis instructo. Pedes-maxillares maris tibia patella longiore, tarso longe et sat anguste ovato, sat convexo, tibia et patella simul sumptis longiore, bulbi lobo magno globoso-piriformi, spina parum longa, robusta, arcuata, apice truncata vel minutissime bifida. Typus : N. Guanabacoæ Mac Leay. : AR. GEOGR. : Antillæ : ins. Cuba et Sancti-Vincentii; America merid. : Venezuela, Colombia, Ecuador, Guyana et Brasilia sept. Caponina E. Sim., Proceed. Zool. Soc. Lond., 1891, p. 573. À Nope differt cephalothorace latius ovato, antice paulum attenuato et ob- tuso, clypeo subverticali oculis vix duplo latiore, oculis duobus majoribus et inter se subcontiguis, sterno convexo, latissime cordiformi, haud vel vix longiore quam latiore, laminis apice valde attenuatis, pedibus mediocribus, feminæ sat brevibus et robustis, maris longioribus et gracilioribus, patellis sat parvis, cunctis subæqualibus et tibiis multo brevioribus, tarsis uniarti- culatis, sat longis, feminæ sat robustis, compressis et metatarsis non multo brevioribus, maris gracillimis et flexuosis, metatarsis tarsisque anticis carina calcareque carentibus. Typus : C. testacea E. Sim. AR. GEOGR. : Antillæ : ins. Sancti-Vincentii; Venezuela. FAMILLE DES CAPONIIDÆ 329 Caponia E. Sim.. Ann. Soc. ent. Fr., Bull. nov. 1887. — Colophon Cambr., Ann. Mag. Nat. Hist., 1874, p. 170 (nom. præocc.). Cephalothorax ovatus, parum convexus. Oculi octo, aream compactilem latiorem quam longiorem occupantes : oculi medii duo majores nigri et utrinque oculi laterales tres æqui albi, lineam curvatam designantes. Clypeus area oculorum latior, subdirectus et leviter acuminatus. Pars labialis multo longior quam latior, subacute triquetra. Sternum late cordiforme, vix longius quam latius. Pedes 1v, 1, 11, tr, breves et mutici et præsertim antici robustis- simi, patellæ cunctæ subæquales, tibiæ anticæ haud vel vix attenuatæ, me- tatarsi tarsique antici nec carinati nec calcarati, tarsi haud articulati, coxæ anticæ reliquis coxis multo longiores. Ungues superiores robusti, dentibus validis 9-10, versus basin sensim minoribus, instructi, unguis inferior minutus, uncatus et muticus. Pedes-maxillares feminæ fere Nopis sed tibia breviore. Pedum-maxillarium maris patella et tibia breves et transversæ, tarsus maxi- mus ovato-reniformis, bulbus prope basin tarsi insertus, lobo mediocri sub- globoso, spina terminali longissima, tæniiformi et biflexuosa. Typus : C. natalensis Cambr. {sp. un.). AR. GEOGR. : Africa austr. 2° sous-section. — ENTELEGYNÆ Cette sous-section. de beaucoup la plus nombreuse, car elle ne renferme pas moins de vingt-quatre familles, qui, par le nombre de leurs espèces, représentent au moins les deux tiers de l’ordre entier des Araignées, comprend tous les types chez lesquels les organes sexuels externes ont atteint le plus haut degré de complication. L'’orifice sexuel, dont la situation est normale, est, chez la femelle, plus ou moins apparent, étant soit entouré d'un bourrelet chitineux, soit recouvert d’une plaque operculaire lisse ou fovéolée, formant un claustrum, soit enfin surmontée d’une épigyne plus ou moins développée, composée d’un scape et d’un crochet. La patte-mâchoire du mâle est beaucoup plus différenciée de celle de la femelle que dans la sous-section précédente; son tarse est élargi, au moins à la base, en forme de calotte, creusée en dessous d’un grand alvéole, contenant un bulbe qui offre, au reste, tous les degrés de complication. Contrairement à ce qui à lieu chez les Araignées aplogynes, chacun des bulbes fonctionne isolément pendant l’accouplement. Les yeux sont normalement au nombre de huit et généralement hétéro- gènes; presque toutes les familles renferment cependant quelques espèces qui n’ont que six yeux, par suite de l’oblitération des médians antérieurs. L'abdomen ne présente en dessous, à la base, que deux stigmates corres- pondant aux sacs pulmonaires ; le stigmate trachéen, impair et médian, est plus reculé, généralement situé en avant des filières, plus rarement au milieu de la face ventrale (Ammozxenus, Anyphæna, Glenognatha, etc.); chez l’Argyro- neta seulement, il est situé plus en avant et un peu en arrière des stigmates pulmonaires (1); les Pholcides et quelques Theridiides n’ont pas de stigmate trachéen. Les caractères essentiels de ce groupe s’altèrent quelquefois au point que plusieurs types, qui, par l’ensemble de leur organisation, rentrent dans la série des Entelègynes, diffèrent à peine des Aplogynes par leurs organes sexuels. (1) C'est par erreur que j’ai attribué dans la première partie de cet ouvrage, p. 7, deux stigmates trachéens à l’Argyroneta comme aux Dysderides ; ce stigmate est unique ! et médian, mais, contrairement à ce qui a lieu chez les autres Araignées, il est ! situé, comme les deux stigmates trachéens des Dysdera, au-dessous des stigmates pulmonaires. Le Dr Bertkau comprend l’Argyroneta dans sa section des Tristicta et non dans celle des Tetrasticta, comme je le lui ai fait dire à tort. ARAIGNÉES ENTELÉGYNES 331 Sous ce rapport, les Palpimanides sont presque semblables aux Caponiides, et il est cependant impossible de les éloigner des Drassides et des Zodarüdes ; les Paculla et les Tetrablemma ressemblent à des Oonopides, et cependant je ne puis les séparer des Theridiides où leur place naturelle est dans le voisinage des Cineta ; les organes sexuels se simplifient parfois, même dans les familles où ils sont ordinairement d’une haute complexité; le genre Nephila, de la famille des Argiopides, en est un exemple. Les Leptonetides, que j'ai étudiés plus haut, ont de si nombreux rapports avec les Pholcides qu’on pourrait les prendre pour une forme amoindrie du même type. La sous-section des Entelégynes renferme vingt-quatre familles : Prodido- midæ, Drassidæ,-Palpimanidæ, Zodariidæ, Hersiliidæ, Urocteidæ, Ammoxenidæ, Pholcidæ, Theridüidæ, Archeidæ, Mimetidæ, Argiopidæ, Bradystichidæ, Thomi- sidæ, Platoridæ, Clubionidæ, Agelenidæ, Pisauridæ, Trechaleidæ, Lycosidæ, Senoculidæ, Perissoblemmatidæ, Oxyopidæ et Aitidæ (1). Fi (1) La famille des Ammoxenidae, fondée sur un genre que j'ai découvert cette année même dans l'Afrique australe, ne figure pas au tableau de la page 61. La dé- couverte de ce type m'a forcé de changer la place de la famille des Urocteidae, qui portera le n° 23 au lieu du n°33. La famille des Stenochilidae, qui porte au tableau le n° 26, est supprimée et réunie à celle des Palpimanidae ; la liaison des deux types se fait par le genre Huttonia, que j'ai étudié tout récemment. 18. Famille PRODIDOMIDAE Le genre Prodidomus, proposé par Hentz, en 1847, pour une Araignée amé- ricaine, qui na été revue que dans ces dernières années (1), est synonyme du genre Miltia, que j'ai proposé, en 1869, pour l'Enyo amaranthina Lucas. Il forme, avec les genres Eleleis et Zimiris E. Sim., un petit groupe aux carac- tères ambigus qui, par la structure de ses organes sexuels, rentre certaine- ment dans la section des Entelègynes et est même très voisin des Drassides, mais qui, sous d’autres rapports, rappelle encore les Aplogynes, particulière- ment les Caponiides, dont il a, à peu de chose près, les pièces buccales et les chélicères. Les affinités de ces Araignées ont été très diversement appréciées par les auteurs ; Hentz trouvait à son Prodidomus rufus des analogies avec les Clu- biona et les Theridion (2) ; le P. amaranthinus, qui en est voisin, a été décrit par Lucas sous le nom générique d’Enyo (Zodarion) et rapporté par Cam- bridge à la famille des Fülistatides ; j'ai proposé depuis de le rapporter à celle des Drassides, et je pense encore que, de toutes les Araignées connues, ce sont celles dont il se rapproche le plus (3) ; il y est relié par les genres Theuma et Anagraphis, qui sont exactement intermédiaires aux Zimiris et aux Drassodes. J’ai aussi décrit le genre Zimiris comme appartenant à la famille des Dras- sides, et j'ai depuis indiqué son étroite parenté avec les Prodidomus ; les Zimiris ne présentent qu'une simple analogie, dans la disposition de leurs filières inférieures avec les Myandra (Mutusca Cambr.), qui sont des Clubionides voisins des Micaria (4). (1) Nathan Banks, On Prodidomus rufus Hentz, in Proceed. Ent. Soc. Washingt., IT, no 2, 1892, p. 259. (2) Le genre Prodidomus n'était cependant pour lui qu’un sous-genre de ses Cyllo- podia (Hypliotes), ce qui paraît assez singulier, (3) Cf. Ann. Soc. ent. Belg., C. R., oct. 1884. — Les rapports que je leur trouvais avec les Micariosoma (Ar. Fr., IV, p. 280) sont plus apparents que réels; ils ont de commun avec eux d’avoir les griffes muliques. (4) Thorell signale celte analogie (St. Rag. Mal., etc., IV. p. 384), mais il est permis de douter que l'espèce décrite par cet auteur sous le nom de Zimiris mamillata ap- parlienne bien au genre Zimiris; on lit en effet dans la description, à propos des pattes de la quatrième paire : « coxæ longæ, trochanteres breves ». FAMILLE DES PRODIDOMIDÆ 399 Le céphalothorax de ces Araignées est peu élevé ou plan, ovale allongé, obtus en avant, obtusément tronqué en arrière avec une petite échancrure médiane ; celui des Prodidomus et des Eleleis ne présente aucune impression, tandis que celui des Zimiris est marqué d'une fine strie thoracique. 1 ji \ lei at D GA l AM (RU Q (l D 296 297 298 299 300 Fig. 206. Prodidomus gulosus E. Simon. Front, yeux et chélicères en dessus. — Fig. 297. Id. Pièces buccales. — Fig. 298. Id. Filières de profil. — Fig. 299. Zd. Hanche et trochanter de la 4e paire. — Fig. 300. Zimiris Doriai E. Sim. Filières de profil. Les yeux, au nombre de huit, sont très nettement hétérogènes : les mé- dians antérieurs sont diurnes, noirs, ronds et convexes, tandis que les autres sont nocturnes, plats, d'un blanc nacré, ovales ou anguleux ; ils sont dis- posés en groupe compact, analogue à celui des Zodarion : les quatre anté- rieurs, resserrés, figurent une ligne droite, tandis que les postérieurs, placés, de chaque côté, au-dessus des latéraux antérieurs et se touchant, figurent deux lignes convergeant en arrière {fig. 296 et 301). Les chélicères sont très robustes, larges et convexes à la base, mais assez fortement atténuées et divergentes comme celles des Pachygnatha ; elles sont dépourvues de tache basale; leurs marges sont mutiques et indistinctes : la supérieure est garnie de très longs crins simples ou villeux, assez réguliè- rement sériés ; le crochet est extrêmement long [aussi long que la tige), très grêle et cylindrique jusqu’à la base, fortement arqué en demi-cercle et quel- quefois un peu sinueux (fig. 296). La pièce labiale, libre, est assez courte, non ou à peine plus longue que large, et elle dépasse rarement le milieu des lames ; elle est plane, non re- bordée, à peine atténuée, obtuse ou tronquée. Les lames ressemblent un peu à celles des Caponiides, elles ne sont pas im- pressionnées, leur face inférieure est dépourvue de serrula et sa scopula in- terne est formée de poils isolés; elles sont cintrées sur la pièce labiale, larges, au niveau de l’insertion du trochanter, arrondies à la base, atténuées à l'extrémité qui est obliquement tronquée avec l’angle supérieur plus ou moins acuminé (au moins chez les Prodidomus) (fig. 297). Le sternum est plan et assez largement ovale, arrondi au bord antérieur où il dépasse les hanches, très brièvement acuminé en arrière, entre les hanches postérieures, qui sont plus ou moins disjointes. 334 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Les pattes des Prodidomus et des Eleleis sont assez courtes et mutiques; celles des Zimiris sont au contraire assez longues et armées de petites épines iso- lées. Les hanches et les patellas antérieures sont beaucoup plus longues que les autres comme chez les Dysdera et beaucoup de Drassides. Les trochanters de la 4° paire sont remarquablement longs et cylindriques; ceux des Prodi- domus sont au moins aussi longs que les hanches (fig. 299); ceux des Zimiris sont au contraire plus courts que les hanches, mais ils restent au moins deux fois plus longs que les trochanters des trois paires antérieures ; ceux-ci sont assez courts et égaux dans le genre Zimiris, tandis que dans le genre Prodi- domus ceux de la 1" paire sont presque aussi longs que les hanches. Les fémurs sont dilatéS et comprimés comme ceux des Caponiides et Oonopides, assez brusquement et brièvement rétrécis à la base, plus longuement atténués a l'extrémité; les autres articles sont presque cylindriques ; les tarses sont grêles et relativement longs. Les griffes, au nombre de deux, sont fines et entièrement mutiques ; elles sont accompagnées de fascicules de poils spatulés très denses. Les tarses et métatarses antérieurs des Zimiris présentent aussi en dessous de légères sco- pulas. L'abdomen est ovale allongé, tronqué et souvent même un peu échancré en avant; celui des Prodidomus et des Eleleis est largement et obtusément tronqué en arrière où il paraît prolongé par les filières supérieures très épaisses ; celui des Zimiris se rétrécit brusquement en arrière où il est pro- longé en petite pointe obtuse portant les filières supérieures et médianes, qui sont largement séparées des inférieures. Les filières inférieures, plus ou moins séparées transversalement, sont aussi plus séparées des filières supérieures que chez les autres Araignées et, dans certains cas (Zimiris), elles rappellent celles des Myandra (Mutusca Cb.), de la famille des Clubionides; elles sont plus ou moins longues et déprimées (à coupe ovale) et portent à l'extrémité un faisceau de très longues fusules, sou- vent (Zimiris) aussi long que la filière même; ce faisceau a été décrit à tort comme un second article grêle et long ; le second article existe à la vérité, mais il est court et annuliforme ; sa troncature, un peu concave, donne nais- sance aux longues fusules et on remarque, au milieu de leur faisceau, une ligne noire qui est probablement une tige chitineuse leur servant de soutien ; le bord apical du 1% article est garni de longs crins, il est un peu saillant en dessous où il porte un tubercule conique et dentiforme qui est peut-être une fusule (fig. 298 et 300). Les filières médianes sont petites et étroitement connées; celles des Prodi- domus et des Éleleis sont plus courtes que les autres filières; celles des Zimiris paraissent presque aussi longues parce qu’elles sont portées par un prolonge- ment abdominal. « Les filières supérieures se présentent sous un aspect différent dans chacun des trois genres dont se compose cette famille; celles des Prodidomus et des Eleleis très épaisses et connées, semblent, vues en dessus, prolonger l'ab- domen dont elles occupent tout le bord postérieur tronqué ; celles des Eleleis (fig. 302) sont simplement cylindriques, beaucoup plus longues et plus ……— rc lntie SES FAMILLE DES PRODIDOMIDÆ 339 épaisses que les autres filières, tandis que celles des Prodidomus (fig. 298) ont un article basilaire déprimé au côté interne, où il est garni à la base d’un faisceau de poils noirs, et très obliquement tronqué à l'extrémité, un second article, occupant toute la longueur de cette troncature, comprimé, allongé et un peu saillant à l’angle inférieur, garni de fusules épaisses et nombreuses, plus courtes que celles des filières inférieures. Les filières supérieures des Zimiris sont, au contraire, grêles et cylindriques et pourvues d’un petit article apical garni de fusules assez longues et pénicillées (fig. 300). Le colulus manque complètement ; le tubercule anal est peu saillant, mem braneux et très obtusément triangulaire . La patte-mâchoire de la femelle des Prodidomus ressemble à celle des Capo- niides ; son tarse court est également un peu élargi et ovale, garni de poils assez denses et armé d’une ou de deux petites épines simples et de plus mar- qué à l'extrémité d’une petite fossette pileuse ; celle des Zimiris est plus grêle et son tarse plus long et acuminé est pourvu d'une petite griffe mutique. Les mâles des Zimiris sont inconnus; ceux des Prodidomus, presque sem- blables aux femelles par la taille, ont une patte-mêchoire robuste qui rappelle celle des Drassides, notamment celle des Leptodrassus; son fémur est assez long, légèrement comprimé et courbe à la base ; son tibia, un peu plus court que la patella, est un peu dilaté au côté externe, où il est généralement 301 302 303 Fig. 301. Eleleis crinita E. Sim. Céphalothorax en dessus. — Fig. 302. Id. Filières de profil. — Fig. 303. Prodidomus aurantiacus E. Sim. Patte-mâchoire du mâle. pourvu d’une petite apophyse médiane subaiguë et d’une apophyse externe plus longue, tantôt obliquement tronquée à l’extrémité, avec l’angle inférieur plus ou moins prolongé aigu (P. amaranthinus Luc., Leltourneuxi, aurantia- cus E. Sim.); tantôt simplement obtuse ou tronquée (P. penicillatus E. Sim.) ; le tarse ovale, plus ou moins large et convexe, est toujours très obtus et il dépasse à peine le bulbe ; celui-ci est volumineux, mais simple, membra- neux dans le milieu et entièrement entouré d’un épais stylus adhérant en forme de lanière (fig. 303). L'orifice génital de la femelle est accompagné d’une petite plaque chitineuse très simple, généralement rebordée et sinueuse de chaque côté. En résumé, la famille des Prodidomides est caractérisée par ses chélicères 336 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES atténuées et divergentes, à marges mutiques, à crochet extrêmement long et grêle, sans aucune dilatation basilaire, ses lames inclinées, plus ou moins acuminées à l’extrémité, la grande longueur de ses trochanters postérieurs … qui n’a d’analogue que dans le groupe des Hemiclœæa (1), aussi par ses griffes mutiques et la structure de ses filières, mais ces deux derniers caractères se retrouvent exceptionnellement dans quelques genres de la famille suivante. W Les Prodidomus sont de petites Araignées dont la taille varie de 2 à 4 mill.; leur céphalothorax est tantôt d’un jaune plus ou moins vif, tantôt d'un rouge vineux et souvent réticulé de plus foncé ; il est tantôt lisse et brillant, tantôt chagriné et opaque, et toujours garni de longs poils, épais et couchés, très blancs, allongés, ou lancéolés et squamiformes ; leurs pattes ont la colo- ration du céphalothorax ; leur abdomen est tantôt blanchâtre testacé, tantôt d'un rouge violacé, plus foncé en dessus et garni de pubescence soyeuse. Ils se trouvent sous les pierres, dans les endroits les plus secs; leur dé- marche est ordinairement assez lente et analogue à celle des Palpimanus, tandis que celle des Zimiris est d’une extrême vivacité. Le genre Prodidomus renferme une quinzaine d'espèces : six habitent la région méditerranéenne la plus australe ; une (douteuse) l'ile Madère (2); une l'Afrique occidentale ; trois (inédites) le Transvaal; quatre l’Yemen; une l'Inde; une la Nouvelle-Calédonie; une l'Amérique du Nord et deux le Venezuela. Le genre Zimiris compte trois espèces : l’une propre à l'Yemen, une autre à l’Inde, la troisième de provenance probablement malaise, mais incertaine. Le genre Eleleis ne renferme qu’une seule espèce propre au cap de Bonne- Espérance, c’est une très petite Araignée aux pattes courtes et épaisses, entiè- rement d'un blanc testacé, remarquable par les crins obtus ou claviformes dont ses téguments sont parsemés (fig. 301 et 302). GENERA 1. Mamillæ superiores inferioribus multo crassiores. Mamillæ infe- riores mediocres a reliquis mamillis parum separatæ. Trochan- teres 4i paris coxis saltem haud breviores. 4%, Ve, . ...... Le) — Mamillæ superiores inferioribus multo minores et graciliores, ar- | ticulo apicali parvo et acuminato. Mamillæ inferiores longis- AN simæ a reliquis mamillis remotæ. Trochanteres 4i paris coxis breviores..##" EE nc ANT TE CE RE CT Ne Out Zimiris. HUMMER LPO Eleleis. | — Mamillæ superiores breves, articulo basali oblique secto, apicali 14 COMPTÉSSONELNOVALO NAME MENP EAN ANA INR EAN RE Prodidomus. 2. Mamillæ superiores longæ et cylindratæ.. (1) Auquel appartient, je crois, le genre Trochanteria Karsch, que j'avais pensé autrefois rapporter à la famille des Prodidomides (voy. plus loin). (2) Clotho lepida Blackw., très douteux pour le genre. FAMILLE DES PRODIDOMIDÆ 337 Prodidomus Tlentz, Bost. J. N. H., V, 1847, p. 467. — Millia E. Sim. Rev. zool., 1870, p. 147. Cephalothorax striis carens. Oculi inter se subæquales, aream æque longam ac latam, vel paulo longiorem quam latiorem (penicillatus E. Sim.), vel paulo latiorem (major E. Sim.) occupantes. Medii antici rotundi nigri, reliqui ovati plani albo-vitrei et inter se subcontigui, lineam obliquam postice convergen- tem designantes (fig. 296). Pars labialis non multo longior quam latior, dimi- dium laminarum plerumque paulo superans, leviter attenuata atque obtusa. Mamillæ inferiores inter se parum remotæ, subcylindratæ, fusulis longis (sed mamillis brevioribus) munitæ et intus ad apicem fusula majore et dentiformi armatæ ; mamillæ mediæ parvæ; mamillæ superiores inferioribus multo cras- siores, inter se contiguæ et intus deplanatæ, biarticulatæ, articulo basali apice oblique truncato, apicali longe ovato et compresso {fig. 298). Pedes (1v, :, 1x, rt) breves et robusti, mutici vel tibiis metatarsisque posticis aculeis setifor- mibus binis tantum armatis, haud scopulati. Patellæ 1? paris longissimæ. Trochanteres 1! paris et præsertim 4 paris longi, hi coxis haud breviores (fig. 299). Typus : P. rufus Hentz. AR. GEOGR. : Regio mediterranea calid. : Hispania merid., Barbaria, Ægyptus et Syria; Africa occid.; Africa austr.; Arabia merid.; India orient.; Nova- Caledonia ; America sept. et merid. : Venezuela. Eleleïs, gen. nov. Cephalothorax, partes oris oculique fere Prodidomi, sternum latius fere rotundum, pedes multo breviores et crassiores. Mamillæ inferiores inter se parum remotæ, cylindratæ, fusulis sat longis munitæ, mamillæ mediæ parvæ, mamillæ superiores inferioribus multo crassiores et longiores inter se contiguæ, simpliciter cylindratæ (fig. 302). Typus : E. crinita E. Sim. (1). AR. GEOGR. : Africa max. australis. Zimiris E. Sim., Ann. Mus. civ. Gen., XVIII, 1882, p. 239. Cephalothorax stria thoracica tenui munitus. Oculi fere Prodidomi sed medii antici (diurni) reliquis majores. Chelæ, partes oris sternumque Prodidomi. Pedes longiores et graciliores, tibiis aculeis inferioribus tenuibus munitis, (1) Cette espèce est inédite, en voici la diagnose : E. crinita. — Q®. Long. 2 mill. — Cephalothorax pedesque pallide luridi subpellu- centes, cephaicthorax in declivitate postica glaber, supra pilis nigris longissimis crassis et obtusis radiantibus ornatus. Abdomen magnum et convexum, albo-testaceum, crasse cinereo-pubescens, pilis clavatis pronis conspersum, postice truncalum, leviter depressum et crasse pilosum. Area vulvæ coriacea, plana et rufula. Pedes crasse pilosi. — Caput Bonæ-Spei. 22 338 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES metatarsis tarsisque subtus leviter scopulatis ; patellis quatuor anticis insig- niter longis ; trochanteribus sex anterioribus sat brevibus et inter se subæ- quis, trochanteribus 4! paris multo longioribus et cylindraceis sed coxis multo brevioribus. Mamillæ inferiores longissimæ, a reliquis mamillis remotæ et inter se transversim latissime distantes, sat longæ, depresso-teretiusculæ, fusulis longissimis penicillatis et intus ad apicem fusula dentiformi munitæ. Mamillæ mediæ graciles et breves sed prominentes. Mamillæ superiores mediis vix longiores, sat graciles, cylindratæ, articulo apicali minutissimo fere incons- picuo (fig. 300). Typus : Z. Doriai E. Sim. AR. GEOGR. : Arabia merid.; India: et fortasse Malaisia. 19. Famille DRASSIDAE Cette famille, telle que je la limite ici, correspond à mon ancienne sous- famille des Drassinæ (Ar. Fr., t. IV), moins le genre Micaria, plus le groupe des Hemiclœu, classé jusqu'ici parmi les Sparassides ; les genres que j'avais réunis dans la sous-famille des Clubioninæ et que tous les auteurs, sans exception, comprennent encore aujourd’hui dans la famille des Drassides, for- meront, avec les Sparassides et les Ctenus, une famille spéciale, très nom- breuse, que j'étudierai plus loin sous le nom de Clubionides. Ainsi réduite, la famille des Drassides renferme toutes les Araignées à deux griffes tarsales, généralement pectinées, et presque toujours accompagnées de fascicules ungueaux ; dont la pièce labiale est plus longue que large, dépas- sant le milieu des lames, qui sont arquées sur cette pièce, marquées vers le milieu d'une large impression oblique et sur la face inférieure d'une longue serrula externe et d'une forte scopula interne; dont l’abdomen est dépourvu X de colulus; dont les filières inférieures tubiformes et de tégument assez dur, sont généralement plus grosses et plus longues que les supérieures et aussi plus écartées transversalement, de sorte que l'aire occupée par les filières est trapézoïde, plus large dans le bas que dans le haut; dont les filières infé- rieures uniarticulées portent sur le bord de leur troncature arrondie de très grosses fusules contractiles, en nombre défini et régulièrement disposées en cercle plus ou moins interrompu ; enfin dont les filières supérieures se terminent par un très petit article apical obtus garni de petites fusules dis- posées irrégulièrement et de trois ou quatre plus grosses également irrégu- lières (1). À ces caractères on peut ajouter que les Drassides ont un céphalothorax ovale, jamais très convexe, atténué et obtus en avant, généralement pourvu d’une strie médiane thoracique, mais presque toujours dépourvu d'impres- sions rayonnantes. Leurs yeux sont disposés en deux lignes transverses dont la première n’est séparée du bord frontal que par un étroit bandeau; ils sont au nombre de huit, excepté dans le genre Lygromma, où ils sont réduits à six, les médians antérieurs faisant défaut (2), et le genre Andromma, où ils sont (1) La disposition des filières est cependant toute différente dans les deux groupes anormaux des Cithaeron et des Cybaeodes (voy. plus loin). (2) Un autre Drassides sénoculé a été décrit par L. V. Kempelen sous le nom de Thysa pythonissaeformis (Verh. z. b. Ges. Wien, XVII, 867), mais O. Hermann a montré depuis que cette Araignée n’était qu'un Gnaphosa lucifuga Latr. mal déve loppé, chez lequel les yeux médians antérieurs étaient accidentellement oblitérés. La 340 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES réduits à quatre par suite de l'oblitération complète des quatre yeux du second rang; ils sont dans tous les cas très nettement hétérogènes : deux médians antérieurs diurnes ronds et noirs, les autres vitreux, souvent allongés ou même anguleux, surtout les médians postérieurs. Les chélicères sont verticales, rarement un peu proclives, jamais net- tement divergentes, ni très atténuées, plus ou moins robustes et pourvues d'une tache basale ; leur crochet est assez long, arqué et très aigu, toujours assez élargi à la base; ses carènes inférieures sont lisses ou finement serrulées (Callilepis, etc.) ; l'armature des marges est variable et j'étudierai plus loin ses diverses modifications qui fournissent en grande partie les caractères propres des groupes. Le sternum est plan ou légèrement impressionné sur les bords, ovale, briè- vement atténué en arrière, et sauf quelques exceptions non prolongé entre les hanches postérieures qui sont peu séparées, mais dépassant ordinairement un peu en avant les hanches antérieures, formant dans certains cas (Hemi- clæa, Lampona) une sorte de menton au-dessous de la pièce labiale. Les pattes sont plus ou moins longues et robustes, presque toujours armées d'épines, plus nombreuses aux paires postérieures qu'aux antérieures et jamais disposées en séries très serrées ; les hanches et les patellas antérieures sont presque toujours beaucoup plus longues que les autres, tandis que tous les trochanters sont courts et peu inégaux (excepté dans la sous-famille des Hemiclæinæ) ; les tarses sont longs et presque toujours garnis de scopulas qui s'étendent aux métatarses antérieurs; les fascicules ungueaux, formés de poils spatulés, ne manquent que dans les genres Anagraphis et Callilepis. Les deux griffes tarsales sont courbées ; elles ne sont entièrement mutiques que dans la sous-famille des Hemiclæinæ, les genres Theuma et Tricongius; leurs dents sont généralement peu nombreuses, espacées, et elles diminuent de longueur de l'extrémité à la base. La patte-mâchoire de la femelle est pourvue d'une griffe pectinée. Celle du mâle est généralement robuste ; son tibia est armé d’une apophyse supéro- externe qui manque rarement ; son tarse ovale, plus ou moins long, recouvre complètement le bulbe, qui est ordinairement assez simple, mais le dépasse rarement beaucoup. Nora. J’ai laissé à cette famille le nom bien connu de Drassides, bien que le nom générique de Drassus doive disparaître. La nomenclature générique de cette famille est presque complètement à remanier. C’est ainsi que les genres Gnaphosa Latr. (Nouv. Dict. Hist. Nat., XXIV, 1804, p. 134) et Drassus Walck. (Tabl. Aran., 1805, p. 45) sont absolument synonymes ; Latreille ne cite pas de type, mais il dit que son genre Gnaphosa correspond aux Cellulicoles de Walckenaer (Fau. Par.), devenus peu après (Tabl. Aran.) le genre Drassus, dont le type est D. lucifugus; ces noms syno— nymes ne peuvent être pris aujourd’hui dans deux seus différents, et j’adopte, pour le genre Drassus des auteurs modernes, le nom de Drassodes, donné par Westring, en 1851, à l’une de ses sections. Il est curieux que les auteurs modernes aient donné pour type au genre Drassus de Walckenaer, soit le D. lapidosus Walck. (C. Koch), que Walckenaer a toujours compris dans son genre Clubiona, soit le D. quadripunctatus L. FAMILLE DES DRASSIDÆ : JA (Thorell), dont il ne parle qu’en 1837 dans ses Aptères (sous le nom de D. sericeus) (1). J'ai eu le tort, pour la même raison, dans mes Arachnides de France, t. IV, de donner à deux genres les noms de Gnaphosa et de Pythonissa; le genre Pythonissa C. Koch (Ueb. Ar. Syst., I) a, en effet, pour type P. nigra C. Koch, qui est un syno- nyme probable de G. lucifuga ; les deux genres, ayant le même type, sont par consé- quent synonymes, et j'adopterai, pour le second, le nom de Callilepis Westring. Le Dr L. Koch a eu tort de remplacer le nom de Melanophora C. Koch par celui de Prosthesima, sous prétexte que le premier était déjà employé par Meigen pour un genre de Diptère, attendu que le genre Melanophora, Arachn. (C. Koch, in Herrich- Schäffer, Deutschl. Ins., 1833), est antérieur au genre Melanophora, Diptère (Meigen, Syst. Beschr., VII, 1838). Le genre Herpyllus Hentz, qui est devenu par la suite un magasin hétérogène, a eu pour type à l’origine H. ecclesiasticus Hentz (syn. de Drassus vasifer Walck.); c'est d’après cette espèce que Hentz donne les caractères du genre (in Sillim. Journ., etc., XXI, 1832, p. 102), aussi le nom de Herpyllus doit-il être maintenu au genre dont cette espèce est le lype. Les Drassides se répartissent en quatre sous-familles, dont les deux der- nières, très anormales, manquent de presque tous les caractères de la famille et ne lui sont rattachées qu'avec doute : SOUS-FAMILLES 1. Mamillæ inferiores inter se late separatæ, duriusculæ, longiores et transversim plerumque remotiores quam mamillæ superiores. 2. — Mamillæ inferiores inter se subcontiguæ, membranaceæ, breviores et minus transversim remotæ quam mamillæ superiores. ..... 3. 2, Coxæ et sæpe trochanteres 4i paris reliquis longiores. Laminæ haudelvidistineterinpresse PER Pr EE TC Hemiclœæinæ. — Coxæ et fere semper patellæ li paris reliquis longiores. Laminæ HS ME TISSIMEANMEESS EME AP EPA NE CNT RER Drassodinæ. 3. Laminæ leviter impressæ, Chelarum margines mutici. Tarsi peur Sac ee onX © ECOLE MERE .... Cithæroninæ. — Laminæ haud impressæ. Chelarum margines dentati. Tarsi pe- GLUNIN RÉCUI TEE ANR AMENER ARR RER DRE s Cybæodinæ. 4re Sous-famille HEMICLŒINÆ. J'étudierai d'abord dans cette famille les Hemiclæa qui, par leurs griffes mutiques, leurs hanches et trochanters postérieurs très longs et même leurs chelicères un peu divergentes, ont des rapports avec les Prodidomides. Ces Araignées ont été jusqu'ici classées dans le voisinage des Delena et des Selenops, du groupe des Sparassinæ, dont elles ont le faciès, mais elles ont, à (1) A l'exception peut-être de son D. rubrens, qu’il est impossible d'identifier avec certitude, Walckenaer ne comprenait à l’origine, dans son genre Drassus, aucune des espèces qu’on y place aujourd’hui : D. lucifugus (type du genre Gnaphosa), D. nocturnus (type du genre Callilepis), D. gnaphosa (Poecilochroa douteux), D. fulgens (Micaria), D. vasifer (Herpyllus ecclesiasticus Hentz), D. viridissimus (Dictyna). TLtES 342 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES peu de chose près des filières de Drassides normaux, et leurs pièces buccales ressemblent plus à celles des Drassodes qu'à celles des Sparassus (1) ; la place que je leur donne ici est encore con- F4 firmée par la découverte du genre Tra- 4 chycosmus qui les relie intimement aux ; j Drassides ordinaires, particulièrement É aux Lamponu. U ji Le céphalothorax des Hemiclæa est très déprimé (sauf celui des Trachy- cosmus), entièrement plan en dessus, comme celui des Delena et des Selenops, ordinairement plus long que large et presque parallèle, avec le front large et tronqué carrément ; sa surface est marquée d’une impression thoracique médiane ponctiforme, fovéiforme ou plus ordinairement sulciforme et assez longue, de dépressions céphaliques gé- Fig. 304. néralement très profondes, se réunis- sant en arrière à angle aigu et de dé- pressions rayonnantes plus faibles, mais larges, atteignant rarement la marge. Les yeux, presque égaux, assez petits et largement séparés, sont disposés en deux séries transverses subpa- rallèles, dont la postérieure, plus large que l’antérieure, est légèrement ré- curvée; ses yeux médians obliques, ovales ou anguleux comme ceux des Drassodes, sont beaucoup plus rapprochés l’un de l’autre que des latéraux (fig. 305). Hemicloea plumea L. Koch. Mâle grossi. RS) LE: SN KR DO 2 P 12 2 2 /: 3 2 2 ER 306 309 307 Fig. 305. Rebilus lugubris L. Koch. Front et yeux. — Fig. 306, Id. Filières. — Fig. 307. Hemicloea limbata L. Koch. Filières. Les chélicères sont très robustes, fortement convexes, souvent géniculées à la base; leur face inférieure est marquée de gros plis transverses n'occupant pas toute leur largeur; la marge inférieure de leur crochet est complètement mutique dans le genre Platyoides et la supérieure ne présente que des dents (1) Je laisse cependant dans la sous-famille des Sparassinae (famille des Clubionridue) le genre américain Lentulus, que j'avais rapproché des Hemicloea. Ce genre ambigu offre presque les yeux et les pièces buccales des Hemicloea, mais ses griffes et ses filières sont celles des Sparassus. FAMILLE DES DRASSIDÆ 343 rudimentaires; mais, dans tous les autres genres, la marge inférieure est pourvue de deux dents, largement séparées l'une de l'autre, dont la première, située près de l'échancrure membraneuse du crochet, est un peu inclinée en avant, tandis que la marge supérieure est généralement pourvue de trois dents : R première isolée, les deux autres plus rapprochées ; le crochet est long, robuste et arqué, large et presque cylindrique dans son tiers basilaire, il se rétrécit ensuite brusquement et devient un peu canaliculé en dessous, avec deux ca- rènes entièrement lisses La pièce labiale, qui est plus longue que large, est légèrement atténuée et tronquée mA à l'extrémité, HEUSQS cependant ob- alt) ); ll / tuse ; elle est assez épaisse et presque plane 2 IA dans sa portion terminale, mais déprimée dans portion basilaire où elle est mar- quée, de chaque côté, d’une profonde strie Hemicloea. Pièces buccales et bord submarginale sinueuse (fig. 308). antérieur du sternum. Fig. 308. Les lames-maxillaires sont longues ; leur bord externe est assez profondément échancré au-dessus de l'insertion du trochanter, qui se fait un peu en avant le milieu, il est ensuite légèrement divergent et convexe; leur bord interne est, dans la moitié basilaire, arqué sur la pièce labiale, dans la seconde, très obliquement et longuement tronqué. Le sternum est plan, ovale, assez allongé, longuement atténué en avant où il dépasse plus ou moins les hanches antérieures; chez les vrais Hemi- elæa, il se rétrécit même brusquement entre ces hanches en forme de menton (fig. 308), caractère qui se retrouve à un moindre degré dans le genre Lampona (voy. plus loin) ; en arrière, il est tantôt brièvement atténué et obtus, tantôt largement arrondi et même tronqué, et les hanches postérieures sont plus ou moins largement disjointes à la base. Les pattes, à l’exception de celles des Trachycosmus, sont latérales comme celles des Selenops (Clubionides), Plator (Platorides) et Sicarius |(Sicariides), et celles de la seconde paire sont également plus longues que les autres; viennent ensuite celles de la quatrième paire, puis celles de la première, mais ces dernières sont généralement plus robustes que les autres; comme chez les Drassides en général, les pa- tellas antérieures sont plus longues que les postérieures, mais la proportion des autres articles est très différente; les hanches, sur- tout les postérieures, sont remarquablement longues, et, dans certains cas (Platyoides), 309 310 Fig. 309. Hemicloeina. Hanche et tro- ]es trochanters de la quatrième paire sont chanter de la 4e paire. — Fig. 310. aussi très longs et cylindriques, comme ceux Platyoides. Idem. 5 ÿ ques, des Prodidomides (fig. 309 et 310); les méta- tarses sont courts, relativement aux tiblas; ces pattes sont mutiques ou 34% HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES armées de quelques épines faibles, plus constantes aux paires postérieures qu'aux antérieures; elles sont souvent garnies de scopulas et toujours pourvues de fascicules; leurs griffes sont grêles et régulièrement courbées, tantôt entièrement mutiques (Trachycosmus, Rebilus, Hemiclæa, 1% gr.), tantôt pourvues de quelques dents basilaires ou médianes (Platyoides, Hemiclæa, 2 gr.). Les filières inférieures sont tubiformes et largement séparées à la base, comme celles des Drassodes (1), mais elles ne sont longues que chez les He- miclæa du 2° groupe et les Platyoides (fig. 307); les supérieures, qui sont de même forme que les inférieures, mais souvent un peu plus longues, sont également écartées, de sorte que l’aire occupée par les filières est presque carrée au lieu d’être trapézoïde, comme dans la sous-famille suivante. Les filières médianes sont généralement simples et coniques ; celles des Rebilus sont, par exception, d’une forme très particulière : leur troncature, comprimée et très allongée, est garnie de deux séries régulières de grosses fusules assez courtes et tronquées (fig. 306); les filières médianes des Trachycosmus sont plus petites, mais leur troncature est de même forme. L’abdomen, ovale-allongé, tronqué en avant, est très plat, comme le cépha- lothorax. Les Trachycosmus, qui relient les Hemiclæa aux Lampona, ont le céphalo- thorax un peu plus épais, mais de même forme ; l'abdomen, ovale, assez con- vexe et légèrement mamelonné; leurs yeux et leurs chélicères sont exacte- ment ceux des Hemiclœa; leurs lames sont plus courtes, mais également un peu divergentes à l’extrémité ; leurs griffes tarsales sont également mutiques, mais leurs pattes sont celles des Lampona, à cette seule différence près, que les hanches de la quatrième paire sont aussi longues que celles de la première. La pâtte-mâchoire du mâle des Hemiclæu est assez ro- buste; son tibia, un peu pius long que la patella, est toujours élargi à l'extrémité où il porte, au bord supéro- externe, une longue apophyse grêle et aiguë dirigée en avant, quelquefois pourvue elle-même de petites dents (H. limbata) ; leur tarse, ovale court, dépasse peu le bulbe, qui est volumineux et convexe. Fig. 311. Trachycosmus sculg- Les mœurs des Hemiclæinæ ne sont pas connues ; la tilis E. Sim. Mâle : seule espèce que j’ai eu l’occasion d'observer au Trans- grossi. vaal (Platyoides Abrahami Cambr.), vit sous les écorces des arbres morts; quand on soulève l'écorce sous laquelle elle se tient, elle se sauve avec une étonnante rapidité et se réfugie dans les fissures du bois. e groupe à son centre dans la région australienne. L’unique espèce du BToup genre Trachycosmus se trouve en Tasmanie; le genre Hemiclæa compte une dizaine d’espèces, le genre Rebilus trois, le genre Pyrnus deux, toutes de la (1) Je n’ai pu étudier suffisamment leurs fusules qui, dans tous mes exemplaires, sont rétractées.: j FAMILLE DES DRASSIDÆ 349 Nouvelle-Hollande, mais dont une (A. Rogenhôferi Th.) habite aussi la Nou- velle-Zélande ; l’unique espèce du genre Hemiclæina a été décrite du nord de PAustralie. La sous-famille des Hemiclæwinæ est représentée dans l’Afrique australe par le Platyoides Abrahami Cambr.; et dans l'Amérique du Sud, par le Trochanteria ranuncula Karsch., si cette espèce lui appartient réellement, ce qui est douteux. GENERA 1. Cephalothorax sat crassus sed supra deplanatus. Pedes haud late- rales, antici posticis longiores, coxæ mediocres inter se subæ- UALES NN EE CD OURS a a ie MO S .. Trachycosmus. — Cephalothorax planissimus. Pedes laterales, 2i paris reliquis lon- giores. Coxæ posticæ reliquis multo longiores............... Le) 2. Sternum inter coxas anticas abrupte angustius et mentum leviter traneversinideplanatum formans. + Le #0 Leu: 00e Hemiclæa. — Sternum antice sensim attenuatum............ ...... A OU dl. 3. Cephalothorax latior quam longior, utrinque ample rotundus.. Pyrnus. — Cephalothorax longior quam latior Hemielææ ................... 4. 4. Mamillæ mediæ truncatura apicali magna longitudinali, fusulis Srossistnumerosisiet Diserlatismunitd 0 MORE Rebilus. — Mamillæ mediæ parvæ simplices et conicæ..... MER MR TU Tes D. 5. Chelarum margo inferior dentibus binis inter se remotis armatus. PEUES DOS TOUTES EAU A0 ECONOMIE HOME Le .. Hemiclœina. — Chelarum margo inferior muticus. Pedes postici coxis trochan- tenibusquelnsienitenlonsis te REIN AIN ERREUR Platyoides. Hemielœa Thorell, Ofo. K. V. Akad. Forh., 1870, p. 380. — Delena Walck. Apt., 1, 1837 (ad part. Plagusiæ). — Hemiclæa L. Koch., Ar. Austr., 1879 (ad part.). — Id. E. Simon, Rev. Sparass., 1880. Cephalothorax longior quam latior, planissimus, postice late truncatus, fronte lata et recte truncata, striis radiantibus (præsertim cephalicis) pro- fundis. Oculi postici in lineam latissimam, leviter recurvam, medii lateralibus minores et a lateralibus quam inter se remotiores. Oculi antici inter se subæ- quales, in lineam angustiorem, rectam. Area mediorum trapeziformis, multo latior quam longior. Oculi laterales prominuli. Clypeus fere nullus. Chelæ robustissimæ et convexæ, margine inferiore sulci bidentato, superiore triden- tato, dente medio reliquis majore. Pars labialis multo longior quam latior, subparallela, leviter attenuata et apice recte secta, utrinque, in parte basali, marginata et prope medium oblique excisa. Laminæ longæ et rectæ, extus, pone insertionem trochanteris, valde emarginatæ, apice intus longe trun- catæ, divaricatæ, obtusæ, vel acuminatæ. Sternum longe ovatum, antice ab- rupte coarclatum, et ante coxas anticas in mentum productum. Coxæ longæ, præsertim posticæ. Pedes laterales (11, 1v, 1, 11). Mamillæ inferiores trans- 346 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES versim plus minus distantes (in H. {enera L. K., latissime, in H. Rogenho- feri Th. sat anguste); mamillæ mediæ minores, teretiusculæ, truncatura sub- rotunda. Typus : H. Sundevalli Thorell. AR. GEOGR. :. Nova Hollandia ; Nova Zealandia. Nora. Les espèces de ce genre se rapportent à deux groupes dont les caractères, assez tranchés dans quelques espèces, s’effacent dans d’autres (1), ce qui empêche de leur donner une valeur générique : À. — Oculi medii antici a lateralibus quam inter se multo remotiores. Che- larum margo inferior dente 1° prope radicem unguis sito, altero longe remoto, superior dentibus tribus : 2° (reliquis majore) et 3° inter se appropinquatis sed ab altero longe remotis. Laminæ apice acuminatæ. Trochanteres postici reliquis non multo longiores. Pedes 1i paris reliquis non insigniter robustiores. Ungues tarsorum parum curvati et omnino mutici (H. plagusia Walck., etc.). B. — Oculi antici inter se fere æquidistantes. Chelarum margo inferior den- tibus binis parvis sat remotis et inter se bene separatis, superior dentibus trinis medio reliquis majore. Laminæ apice obtusæ. Coxæ trochanteresque äi paris reliquis multo longiores, hi cylindrati. Pedes 1i paris reliquis robus- tiores. Ungues curvati et in parte basali dentati (unguis exterior plerumque dentibus 3-4 sat validis et divaricatis, unguis interior dentibus 5-7, versus basin abrupte minoribus) (H. tenera, limbata L. K., Rogenhôferi Th., etc.). Rebilus E. Sim., Rev. Sparass., 1880, p. 17. — Hemiclæa L. Koch. Ar. Austr., 1875 (ad part.). Ab Hemiclæa (1 sect.), cui valde affinis est, differt sterno antice attenuato et paulum producto sed haud constricto et simpliciter truncato, mamillis infe- rioribus transversim late distantibus, mamillis mediis truncatura magna longi- tudinali et compressa fusulis magnis numerosis et regulariter biseriatis mu- nita (fig. 306), mamillis superioribus inferioribus paulo longioribus haud gracilioribus, unguibus tarsorum muticis. Typus : R. lugubris L. Koch. AR. GEOGR. : Nova Hollandia. Hemiclœina nov. gen. — Hemiclæa Thorell, St. Rag. Mal., etc., III, 1881, p. 307 (H. somersetensis). À Rebilo, cui affinis est, tantum differt parte labiali apice rotunda haud trun- cata, mamillis inferioribus longioribus et crassioribus quam superioribus, ma- millis mediis parvis et simpliciter conicis. Tyepus : H. somersetensis Thorell. AR. GEOGR. : Nova Hollandia sept. (1) C’est ainsi que H. plana L. Koch (sp. ignota), qui paraît appartenir au 4+ groupe par ses pattes antérieures peu inégales et ses trochanters courts, a la griffe externe mutique et l’interne dentée vers le milieu (cf. L. Koch, Ar. Austr., pl. xuix, fig. 6 b). FAMILLE DES DRASSIDÆ 347 Platyoides Cambr., Proceed. Zool. Soc. Lond., 1890, p. 624. Ab Hemiclœina, cui valde affinis est, differt parte labiali breviore apice obtusa, coxis trochanteribusque 4i paris reliquis multo longioribus (trochan- tere teretiusculo coxa vix 1/4 breviore) (fig. 310), unguibus tarsorum prope medium minute bidentatis, chelarum margine inferiore mutico, superiore longe crinito et minute granuloso. Tyeus : P. Abrahami Cambr. AR. GEOGR. : Africa australis. Pyrnus E. Sim., Rev. Sparass., 1880, p. 17. — Hemiclæa L. Koch., Ar. Austr., 1875 (ad part. H. fulva et flavitarsis L. Koch). Genus ignotum, a Rebilo, cui valde affine est, tantum differt, secundum L. Koch, cephalothorace paulo latiore quam longiore (1). Typus : P. fulvus L. Koch. AR. GEOGR. : Nova Hollandia. T'rachycosmus, nov. gen. Cephalothorax latus, vix attenuatus, fronte latissima et truncata, sat cras- sus sed supra deplanatus, stria media brevissima et punctiformi, radiantibus vix expressis. Oculi parvi inter se subæquales, antici in lineam leviter pro- curvam, medii a lateralibus quam inter se remotiores, postici in lineam multo latiorem, latissimam et leviter recurvam, medii depressi et angulosi a sese appropinquati sed a lateralibus latissime remoti. Area mediorum latior quam longior. Sternum ovatum. Chelæ robustissimæ, ad basin alte geniculatæ et prominentes, margine inferiore sulci dentibus binis inter se remotis, supe- riore dentibus trinis, medio majore. Pars labialis non multo longior quam latior, dimidium laminarum vix attingens, apice rotunda. Laminæ apice intus oblique truncatæ, extus rotundæ, levissime divaricatæ. Pedes breves et ro- busti, haud laterales (1v, 1, 11, 111) mutici, tarsis metatarsisque anticis scopulis raris et longis vestitis. Patellæ 1 paris reliquis longiores. Coxæ anticæ reli- quis robustiores. Coxæ 4i paris inter se parum disjunctæ, intermediis lon- giores, anticis fere æquilongæ. Ungues tarsorum omnino mutici, gracillimi, subrecti sed apice valde uncati. Mamillæ breves et conicæ, inferiores et superiores subsimiles, fere æquæ separatæ et aream quadratam occupan- tes, mediæ minores truncatura longitudinali. Tegumenta coriacea et durius- cula. Typus : T. sculptilis E. Sim. (sp. un.) (2). AR. GEOGR. : Tasmania. (1) L'auteur ne décrit pas les filières. (2) Cette espèce est inédite, en voici la diagnose : T. sculptilis, sp. nov. — Q®. Long. 6 mill. — Cephalothorax fusco -castaneus, lævis, tenuiter punctatus et striolatus. Abdomen magnum, depressum, antice trun- 348 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES GENUS INVISUM ET INCERTÆ SEDIS F'rochanteria Karsch, Zeitschr. f. Ges. Naturw., LI, 1878, p. S17. « Oculi 8 in duas series subrectas parallelas dispositi, serie posteriore latiore; medii antici inter se subcontigui a lateralibus spatio, quod occupant disjuncti, oculi posteriores 4 spatiis subæqualibus dispositi. Pedes propor- tione IV, I-II1, 1, non aculeati, tarsorum unguibus binis simpliciter dentatis. Pedum 4 paris coxa et præsertim trochanter extrema longitudine, iisque ar- ticuli uniti eadem longitudine ac femur cum patella. » Tyeus : T. ranuncula Karsch. AR. GEOGR. : America meridionalis. Nora. Ce genre me paraît devoir prendre place dans le voisinage des Platyoides ; J'avais pensé d’abord le rapporter à la famille des Prodidomides, mais la forme de son céphalothorax, la disposition de ses yeux, et, semble-t-il, la structure de ses filières paraissent plulôt convenir à un Hemicloeinae. Mais il reste encore des doutes à cet égard, le Dr Karsch ne décrit pas les chélicères et ce qu'il dit des filières est tout à fait insuffisant (1). 2 Sous-famill BRASSODINÆ Cette sous-famille renferme les formes typiques auxquelles s’applique plus particulièrement ce que j'ai dit dans les généralités de la famille {voy. plus haut); pour en faciliter l’étude, je répartis ses genres assez nombreux en neuf groupes, dont les caractères sont principalement tirés de l’armature des marges des chélicères. Les Theuma, Lygromma et Anagraphis, que je place en tête, ont des filières et souvent des griffes de Zimiris, ils relient la famille actuelle à la précédente; d'un autre côté la liaison des Drassides aux Palpimanides se fait par les Lampona. Les huit groupes sont ainsi caractérisés : GROUPES 1. Oculi sex inter se subcontigui fere Dysderæ.......... Lygrommateæ. — Oculi octo in series duas ordinati ro ss rss mt £e 2. Pars labialis non multo longior quam latior et dimidium lamina- TUMINONMNULOSUPDETANS APE EME ERREUR 3. catum, postice leviter ampliatum et rotundum, atro-cinereum, inordinate testaceo- variatum et postice serie macularum parvarum 4 vel 5 notatum. Chelæ geniculatæ, fusco-rufulæ, antice nitidæ, extus punclato-rugosæ. Sternum fuscum, nitidum, par- cissime punctatum. Pedes robusti et breves, breviter et parce pilosi, femoribus tibiisque coriaceis, atri, femoribus ad basin, patellis cunctis, metatarsis tibiisque ad apicem dilutioribus et rufulis. Plaga vulvæ plana, fulva et nitida, subquadrata, sed postice obtusa et in medio obtuse excisa. — Tasmania. (4) Voici tout ce qu'il en dit : « die Spinnwarzen 6 an der Zahl sind Kurz und Ziemlich von gleichen Länge ». FAMILLE DES DRASSIDÆ 349 — Pars labialis longior et dimidium laminarum multo superans.... D: PPDA ÆEMETE ATMATIS. Neue con: « Fe ee NS js creed 4. — Mamillæ normales. Ungues tarsorum mutici. ....... ... Tricongieæ. 4. Ungues tarsorum mutici et dense fasciculati.............. Theumeæ. — Ungues tarsorum haud fasciculati sed pectinati ...... Anagraphideæ. 75. Chelarum margo inferior carinatus vel lobatus................ 6. — Chelarum margo inferior muticus vel bidentatus................ He 6. Chelarum margo inferior carina acuta tenuiter dentata instructus. Stria media thoracica plus minus longa............ .. Gnaphoseæ. — Chelarum margo inferior dentibus datis et obtusis vel lobis tribus contiguis munitus. Stria thoracica minutissima puncti- OST SR Re eee ln à Men Dieu NAT . ... Laroneæ. 7. Laminæ transversim impressæ, haud vel tantum intus carinato- marginatæ. Pars labialis tertiam partem apicalem laminarum ED NE EVA SUD ERA AS ele ME de Me 0e ee Du dre aie à de na (ee) — Laminæ longæ et valde depressæ, intus et plerumque extus cari- nato-marginatæ. Pars labialis longissima, apicem laminarum fere attingens. Sternum antice valde attenuatum et coxas an- DICASISUDE ANS AE ee nee ER LE et Kms Ne Lamponeæ. 8. Laminæ-maxillares subrectæ, extus, pone insertionem trochan- teris subbasilarem, emarginatæ. Chelarum margines longe obliquæ, superiore dentibus tribus iniquis medio majore, infe- MORTE USADINIS DS UTUCLIE INC Ee LOIAPNIEN Drassodeæ. — Laminæ-maxillares valde arcuatæ, insertione trochanteris sub- media. Chelarum margo superior plerumque muticus, carinatus, brevis et subtransversus, inferior indistinctus muticus vel mi- HU IMEMNITeNtAUUS FETE oo Les Re Echemeæ. 1. THEUMEÆ Les Theuma |Scylax E. Sim.) pourraient être définis des Drassodes à filières || et a griffes de Zimiris; ils diffèrent aussi des Drassides ordinaires par l’arma- ture de leurs chélicères. Leur céphalothorax est ovale et pourvu d’une strie thoracique longue; leurs yeux, presque égaux, ressemblent à ceux des Gnaphosa : les antérieurs, res- serrés, sont en ligne droite ou très légèrement procurvée, tandis que les pos- térieurs sont en ligne beaucoup plus large et fortement récurvée. Leur bandeau est étroit. Leurs chélicères sont longues; les marges en sont longuement obliques, l'inférieure porte une série de 3 ou 4 très petites dents granuliformes, tandis que la supérieure porte 2 ou 3 dents beaucoup plus fortes ; le crochet est long comme celui des Zimiris, mais il s’épaissit beau- coup plus vers la base (fig. 313). Leur pièce labiale, plus courte que celle des 390 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES autres Drassides, dépasse peu le milieu des lames, elle est néanmoins plus longue que large, un peu resserrée de chaque côté à la base, très légèrement atténuée à l'extrémité, où elle est tronquée. Leurs lames sont celles des Drassodes, mais leur impres- sion est à peine sensible. Leur sternum et leurs pattes sont normaux; les tarses sont garnis à l'extrémité de fascicules très denses et de deux griffes fines arquées et entièrement mutiques comme celles des Zimiris. Leurs filières ressemblent aussi à celles des 213 Zimiris ; les inférieures très longues sont cepen- Fig. 312. Theuma æylina E. $. Aant moins séparées des supérieures (à peine L'une des filières inférieures.— plus que chez les Megamyrmecion), cylindriques Fig. 313. Id. Chélicère en des- tronquées à l’extrémité avec une dent ou fusule nn dentiforme à l'extrémité en dessous, la concavité de leur troncature porte au bord inférieur de très longues fusules, à peine de moitié plus courtes que le corps de la filière, et son bord supérieur est garni de très longs crins formant pinceau avec les fusules (fig. 312); les médianes et supérieures sont normales, celles-ci sont distinctement biarticulées. La patte-mâchoire du mâle de T. Walteri E. Sim. n’a rien de remarquable ; son tibia plus court et un peu plus épais que la patella, est légèrement avancé au côté externe où il est armé d’une apophyse longue, grêle et aiguë, dirigée en avant et recourbée en crochet à l’extrémité ; son tarse, étroit, long et un peu courbe, dépasse le bulbe qui est ovale et simple. Le genre Theuma, qui compose à lui seul ce groupe, ne renferme que trois espèces déserticoles; l'une a été trouvée en Asie dans la région transcas- pienne, les deux autres dans l’Afrique australe. Elles sont de taille moyenne et ressemblent complètement par le faciès et la coloration au Drassodes lapi- dosus Walck. Theuma E. Sim. — Seylax E. Sim., Verh. 3. b. G. Wien, 1889, p. 384 (nom. præocc.) Cephalothorax ovatus, modice convexus, stria media thoracica tenui et ra- diantibus vix expressis, notatus. Oculi antici inter se appropinquati, in lineam rectam seu leviter procurvam, inter se æquales vel medii lateralibus minores. Oculi postici in lineam leviter recurvam multo latiorem quam lineam anti- cam, medii a lateralibus quam inter se remotiores. Area mediorum trapezi- formis, haud latior quam longior. Clypeus oculis lateralibus anticis fere æqui- latus. Chelæ longæ, marginibus sulci longe obliquis, inferiore dentibus minutissimis 3 vel 4, superiore dentibus 2 vel 3 majoribus instructis, ungue longo sed versus basin sensim incrassato. Pars labialis non multo longior quam latior et dimidium laminarum non multo superans, utrinque ad basin constricta, ad apicem leviter attenuata et truncata. Sternum late ovatum, planum. Pedes longi (1v, 1, 11, 111), valde aculeati, metatarsis tarsisque anticis scopulatis, tarsis cunctis apice dense fasciculatis et unguibus muticis ins- FAMILLE DES DRASSIDÆ 391 tructis. Mamillæ inferiores superioribus plus duplo longiores et crassiores, cylindratæ sed versus basin attenuatæ, a superioribus prominentibus (ut in Zimiri) distantes, articulo apicali brevi annuliformi, fusulis longissimis et penicillatis munito, articulo basali subtus ad apicem fusula dentiformi ins- tructo ; mamillæ superiores distincte biarticulatæ. Tegumenta pilis simplici- bus (leviter depressis) vestita. Tyeus : T. Walteri E. Sim. AR. GEOGR. : Asia centr. : Regio transcaspia; Africa austr. (1). 2. ANAGRAPHIDEÆ Le genre Anagraphis, pour lequel je propose un groupe spécial, ne diffère essentiellement du genre Theuma que par ses griffes tarsales plus longues (surtout les postérieures), pourvues, dans leur moitié basilaire, d’une série de six dents et non accompagnées de fascicules; en dessous de ces griffes, se remarque seulement un petit pinceau de poils raides. Les yeux, les pièces buccales et les chélicères sont, à peu de chose près, ceux des Theuma; les lames cependant sont uniformément convexes, sans trace d'impression, et la marge inférieure des chélicères ne porte que deux petites dents, souvent plus fortes que celles des Theuma, surtout chez les femelles. Tous les autres caractères sont ceux des Theuma et la patte-mâchoire du mâle est du même type; celle de T. pallens E. Sim. est pourvue d’une apo- physe tibiale beaucoup plus petite et recourbée; son tarse, plus large, dépasse moins le bulbe. Les Anagraphis ont le faciès des Drassodes ; on en connaît un petit nombre d'espèces toutes propres à l’Afrique australe. (1) Les deux espèces de l'Afrique australe sont inédites, en voici les diagnoses : T. xylina, sp. nov. — Q. Long. 6 mill. — Cephalothorax, sternum pedesque fulvo- lutea, sericeo-pubescentia, metatarsis, tarsis chelisque rufescentibus. Abdomen albi- dum, dense sericeo-roseo-pubescens, antice pilis erectis longioribus nigricantibus munitum. Oculi antici inter se æque et anguste distantes, subæquales (medii vix minores). Oculi postici in lineam vix recurvam, subæquales, medii ovato-transversi, inter se spatio oculo saltem haud angustiore separati. Tibiæ anticæ subtus aculeis sat longis 3-3, metatarsi in parte basali aculeis similibus 2-2 armati. Tibiæ posticæ aculeis inferioribus, lateralibus et dorsalibus binis munitæ. Plaga vulvæ rufula, longior quam latior et parallela, fovea longitudinali anguste triquetra secta. T. aprica, sp. nov. — Q®. Long. 5,8 mill. — Præcedenti valde affinis et subsimilis, differt oculis mediis anticis lateralibus evidentius minoribus, oculorum linea postica magis procurva, oculis mediis ovalis et obliquis, spatio inter se oculo angustiore, pedibus et aculeis debilioribus. 302 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Anagraplhis, nov. gen. Cephalothorax oculique fere Theumæ sed oculis posticis inter se fere æqui- distantibus et area mediorum trapeziformis paulo latiore postice quam lon- giore. Pedes longi, valde aculeati, tarsis gracilibus, tarsis metatarsisque anticis vix distincte scopulatis, tarsis haud fasciculatis, unguibus longis (præsertim posticis) in parte basali serie dentium sex munitis. Partes oris, chelæ, mamillæque fere Theumæ. Tesumenta pilis plumosis vestita. Typus : A. pallens E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : Africa max. austr. 3. LYGROMMATEÆ Les Lygromma, qui donnent leur nom à ce groupe, diffèrent de tous les autres Drassides par le nombre de leurs yeux qui est de six seulement, dis- posés en petit groupe compact, ovale transverse, occupant le milieu du front comme ceux des Dysdera : deux antérieurs (correspondant aux latéraux anté- rieurs) étroitement disjoints, et, de chaque côté, deux yeux un peu plus petits touchant aux antérieurs et se touchant entre eux (fig. 314). Le céphalothorax des Lygromma est ovale allongé, marqué d'une strie mé- diane thoracique assez fine et longue. Leur pièce labiale, à peine plus longue que large et tronquée droit à l’extrémité, leurs lames non impressionnées, leurs chélicères, dont le crochet est grêle et long et dont la marge inférieure est pourvue d’une série de 2 ou 3 très petites dents granuliformes, ressemblent complètement à celles des Theuma et des Anagraphis; leurs filières sont semblables, c’est-à-dire cons- truites sur le type de celles des Zimiris. Leurs pattes sont beaucoup plus courtes et plus robustes et la proportion de leurs articles 314 315 les rapproche davantage de celles Fig. 314. Lygromma senoculatum E. Sim. Yeux. — des Drassodinæ ordinaires ; les Fig. JS 2 7 E. Sim. Tibia de A hanches et les patellas anté- patte-mâchoire du mâle, en dessus. à rieures sont, en effet, beaucoup plus longues que les postérieures ; les tarses, qui sont très longs, surtout les antérieurs, qui égalent au moins les métatarses, portent deux griffes, pourvues chacune de cinq ou six dents et accompagnées de petits fascicules formés de quelques poils extrêmement longs, spatulés et tronqués. La patte-mâchoire du mâle est robuste et l'armature de son tibia est plus complexe que chez la plupart des Drassides, car elle se compose comme chez les Prodidomus de deux apophyses, l’une située vers le milieu du bord externe dilaté, recourbée en avant, plus ou moins sinueuse et obtuse, l’autre, située à l’angle supéro-externe, plus longue et dirigée obliquement en avant le long du bord tarsal (fig. 315). FAMILLE :DES DRASSIDÆ 393 …. Les Lygromma figurent parmi les plus petits Drassides ; leur coloration-est entièrement fauve. On en connaît deux espèces (L. senoculatum et valencia- num E. Sim.) propres au Venezuela où je les ai trouvées dans les parties les plus sombres et les plus humides des forêts, dans les détritus, au pied des arbres. Lygromana E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1892, p. 451. Cephalothorax ovalis, stria media tenui et longa munitus. Oculi sex noc- turni, aream compactilem, fronte multo angustiorem, occupantes, quatuor ‘postici parvi, in lineam procurvam et duo antici, reliquis majores, inter se subcontigui. Pars labialis subquadrata vel ad basin leviter attenuata, apice late et recte secta. Chelarum margo inferior serie denticulata tenuissima mu- nitus. Pedes mediocres, saltem femoribus, robusti, patellis coxisque li paris insigniter longis. Ungues tarsorum dentibus sex armati, pilis clavatis longis- simis paucis muniti. Mamillæ fere Zimiris sed fusulis penicillatis inferiorum paulo brevioribus. Typus : L. senoculatum E. Sim. AR. GEOGR. : America merid. : Venezuela. 4. TRICONGIEÆ La petite Araignée du Venezuela pour laquelle je propose ce groupe, rap- pelle encore les Prodidomides par ses chélicères, ses pièces buccales et ses griffes, mais, contrairement à ce qui a lieu dans les groupes précédents, ses filières sont normales et semblables à celles des Drassodes. Le céphalothorax du Tricongius collinus E. Sim. est bas, presque plan en dessus, et complètement dépourvu de strie; il est peu atténué en avant et son front est large et obtusément tronqué. Ses yeux, au nombre de huit, sont en -deux lignes transverses, peu séparées l’une de l’autre, de sorte que l'aire tra- pézoïde occupée par les médians est beaucoup plus large que longue ; les yeux : “antérieurs resserrés, et en ligne légèrement procurvée, sont très inégaux, les médians étant plus de trois fois plus petits que les latéraux, tandis que les postérieurs, assez petits et égaux, largement et presque également espacés, sont en ligne très légèrement recurvée, beaucoup plus large que la pre- mière. Les chélicères sont caractéristiques : leur crochet, beaucoup plus long et plus grêle que celui des autres Drassides, ressemble à celui des Prodi- domides ; la marge supérieure est pourvue, au-dessus de l'insertion du crochet, d’un groupe de longs crins raides, légèrement claviformes, dirigés en avant et disposés en pinceau, tandis que la marge inférieure présente deux très petites granulations à peine visibles. La pièce labiale et les lames, dont l'impression est nulle ou à peine dis- tincte, ne diffèrent pas de celles des Theuma. Le sternum est également ovale, mais il se prolonge un peu plus en arrière entre les hanches postérieures, en petite pointe obtuse fortement pileuse. L'abdomen et les filières sont ceux des Drassides ordinaires. } 394 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Les pattes sont courtes et robustes, avec les fémurs comprimés et clavi- formes ; les antérieures sont mutiques ou presque mutiques, tandis que les postérieures sont armées de nombreuses épines. Les griffes (au moins les postérieures) sont longues, fines et entièrement mutiques comme celles des Prodidomides et accompagnées de petits fascicules formés de poils spatulés-tronqués très longs et peu nombreux. La patte-mâchoire du mâle est courte, robuste et de forme ordinaire; son tibia, un peu plus court que la patella, est pourvu d’une longue apophyse su- péro-externe dirigée en avant et taillée en biseau à l’extrémité ; son tarse, volumineux, est à peine plus court que tous les autres articles réunis, large- ment ovale et atténué; son bulbe est simple et plan. Le genre Tricongius ne renferme qu'une seule espèce de petite taille et en- tièrement d'un fauve brunâtre; je l’ai trouvée à Caracas où elle se tient dans les endroits secs au pied des plantes. Tricongius E. Sim.. Ann. Soc. ent. Fr., 1892, p. 453. Cephalothorax humilis, brevis et latus, postice late truncatus, antice leviter et sensim attenuatus, fronte lata et obtuse truncata, stria thoracica carens. Oculi antici inter se appropinquati, in lineam subrectam, medii lateralibus plus quadruplo minores, punctiformes. Oculi postici parvi, inter se late et fere æque distantes, in lineam subrectam (vix recurvam), parum remotam et linea antica multo latiorem. Area mediorum multo latior quam longior et antice quam postice duplo angustior. Clypeus angustissimus. Chelæ robustæ, ungue longissimo, arcuato, usque ad basin gracili fere ut in Prodidomo, margine inferiore sulci dentibus binis parvis granuliformibus re- motis munito, margine superiore, prope radicem unguem, fasciculo pilorum longorum insigniter munito. Pars labialis paulo longior quam latior, apice recte secta et dimidium laminarum vix superans. Sternum longe ovatum pla- num. Pedes breves et robusti, aculeati, femoribus clavatis. Ungues /saltem posteriores) mutici, pilis clavatis longissimis et paucis muniti. Mamillæ infe- riores mediocres, superioribus tantum 1/3 longiores. Typus : T. collinus E. Sim. (sp. un..). Ar. GEOGR. : America merid. : Venezuela. 5. DRASSODEÆ Les Drassides, que je rapproche dans ce groupe, ont les chélicères robustes, avec les marges longuement obliques et armées de fortes dents isolées; on en compte généralement trois (dont la médiane plus forte que les latérales), à la marge supérieure et toujours deux à l’inférieure; ces dernières sont robustes et bien séparées l’une de l’autre (fig. 320), sauf dans les groupes des Drassodes lapidosus Walck. et deserticola E. Sim. (fig. 318), où elles sont très petites et granuliformes. Les lames-maxillaires, plus longues que celles des espèces des groupes sui- FAMILLE DES DRASSIDÆ 399 vants, sont aussi moins arquées ; elles sont échancrées au bord externe au- dessus de l'insertion du trochanter, qui se fait bien avant le milieu, plus ou moins dilatées et arrondies à l'extrémité externe et obliquement tronquées à l’interne (fig. 316). Dans le genre Drassodes, ces lames sont fortement impressionnées, et la pièce labiale, beaucoup plus longue que large, légèrement atténuée et tron- quée à l'extrémité, atteint leur angle interne, tandis que dans les genres Lep- todrassus et Talanites l'impression des lames est à peine sensible et la pièce labiale est plus courte. 316 317 318 319 920 321 323 322 Fig. 316. Drassodes. Pièces buccales. — Fig. 317. Drassodes hispanus L. Koch. Apophyse tibiale du mâle de profil. — Fig. 318. D. lapidosus Walck. Marges de la chélicère. — Fig. 319. Id. Front et yeux. — Fig. 320. D. hispanus L. Koch. Marges de la chélicère. — Fig. 321, D. la- pidosus Walck. Apophyse tibiale en dessus.— Fig.322. D. severus C. Koch. Idem.— Fig. 323. Leptodrassus femineus E. Sim. Front et yeux. Ces deux derniers genres ne présentent qu'à un degré très affaibli les caractères de la famille des Drassides, et j'avais, pour cette raison, placé les Leptodrassus en tête de la sous-famille des Clubioninæ (Ar. Fr., t. IV); leurs pièces buccales ressemblent à celles des Agræcinæ; leurs filières inférieures sont moins séparées transversalement que celles de la plupart des Dras- sides (1); leurs filières supérieures sont aussi longues que les inférieures, mais elles les dépassent un peu, car elles sont légèrement proéminentes, elles sont plus grêles, contiguës l’une à l'autre et nettement formées de deux articles, dont le second est grêle et un peu courbé en dedans; enfin, leurs pattes antéricures sont garnies d'épines assez nombreuses et leurs patellas ne sont guère plus longues que celles des pattes postérieures. Le genre Drassodes ne comprenait, pour Westring, que les espèces plus ou moins voisines du Drassus lapidosus Walck., j’y joins celles qui se rapprochent du Drassus troglodytes G. Koch, de sorte qu'il correspond aux deux premiers groupes de mon ancien genre Drassus (Ar. Fr., IV); de plus, quelques types (1) Mais elles ne sont pas tout à fait contiguës l’une à l’autre, comme je l'ai dit par erreur. 36 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES anormaux, qui cependant ne peuvent être séparés du genre autrement que comme sections. Ainsi constitué, le genre Drassodes paraît peu homogène, mais ses formes extrêmes sont reliées par les intermédiaires les plus gradués ; dans toutes ces espèces, les pièces buccalés, que j'ai décrites, sont très uniformes {1); les yeux latéraux des deux lignes sont largement disjoints (2); le groupe formé par les quatre yeux médians est plus long que large et les pattes antérieures, dont les épines sont peu nombreuses ou nulles, ont les hanches et les patellas beaucoup plus longues que celles des pattes postérieuress les yeux médians postérieurs sont beaucoup plus rapprochés l’un de l’autre que des latéraux, souvent ovales obliques ou triangulaires (fig. 319), excepté cependant dans le groupe anormal qui a pour type le D. pretiosus L. Koch, dont les yeux ressemblent à ceux des Scotophæus, genre de la section suivante qui correspond à mon ancien troisième groupe du genre Drassus ; dans le groupe des D. deserticola et paroculus E. Sim., les yeux ressemblent, au contraire, à ceux des Leptodrassus et des Megamyrmecion, et, dans le groupe du D. citipes E. Sim., à ceux des Echemus. Dans les genres Talanites et Leptodrassus, les yeux latéraux sont, de chaque côté, presque contigus, et le groupe des médians est au moins aussi large que long ; dans le premier de ces genres, les yeux médians antérieurs sont plus petits que les latéraux et les yeux postérieurs sont en ligne droite, tandis que dans le second les yeux médians antérieurs sont beaucoup plus gros que les autres et les yeux postérieurs sont en ligne assez fortement procurvée (fig. 324). Les filières sont moins caractéristiques que celles des espèces du groupe suivant, mais construites sur le même plan (voy. plus loin). Dans les espèces du groupe de Drassodes lapidosus Walck., la patte-mà- choire du mâle est grêle et longue; son tibia au moins aussi long que la patella, souvent plus long et cylindrique, est quelquefois mutique (D. lutescens C. Koch, lacertosus Cambr.), mais il est le plus souvent armé d'une petite apophyse supéro-externe simple, droite ou crochue (fit. 321); le tarse est étroit, vu en dessus, presque semblable à celui de la femelle et terminé en pointe subaiguë, dépassant plus ou moins un bulbe ovale et simple ; dans une espèce seulement le fémur est renflé et claviforme, tandis que les autres articles restent grêles (D. lacertosus Cambr.); dans les espèces australiennes du groupe de Drassus perexæiquus E. Sim., les articles de la patte-mâchoire, surtout le tibia, sont encore assez grêles et longs, mais l’apophyse tibiale, courte et aiguë, est presque supère et le tarse est plus largement ovale; dans le groupe du D. deserticolu E. Sim., la patte-mâchoire est très grêle et son tibia long et cylindrique est dépourvu d’apophyse ; dans le groupe du D. his- panus L. Koch, la patte-mâchoire est plus robuste et son apophyse tibiale (1) Excepté cependant dans le groupe du D. lancearius E. Sim. où elles ressemblent à celles des Echemus. ; (2) Excepté cependant dans les groupes des D. citipes el lancearius E. Sim. és FAMILLE DES DRASSIDÆ 397 latérale est courte, lamelleuse, très obtuse ou tronquée, avec l'angle supé- rieur pourvu d’une petite pointe crochue (fig. 317); dans le groupe du D. tro- glodytes G. Koch, elle est encore plus robuste; son. tibia, assez court, porte toujours une apophyse supère, un peu déprimée, presque toujours ter- minée par une dilatation sécuriforme ou dolabriforme appliquée sur le tarse (fig. 323), qui est gros, ovale, convexe et dépassant à peine le bulbe. La patte-mâchoire la plus anormale est celle du Drassodes lancearius E. Sim., de Chine, pour lequel je propose un groupe spécial; son fémur, qui est robuste et convexe, est fortement cilié en dessous; sa patella est grande, convexe et pourvue au côté externe, près de l'extrémité, d’une très longue apophyse grêle et droite dirigée en bas; son tibia est beau- coup plus court et plus étroit, caréné en des- sus, pourvu, au côté externe, de deux apo- physes dentiformes : l'une légèrement si- nueuse et dirigée en avant, l’autre plus petite et perpendiculaire; le tarse, gros et ovale, res- semble à celui du D. troglodytes (fig. 324). Dans les deux genres Talanites et Leptodras- sus, les articles de la patte-mâchoire, sauf le tarse, sont assez grêles ; le tibia, qui est court, porte une petite apophyse supéro - externe grêle, droite ou crochue, plus rarement assez épaisse et un peu bifide (L. femineus E. Sim.) ; le tarse est volumineux, large à la base, mais assez longuement atténué à l’extrémité, il recouvre un bulbe plus complexe que celui des Drassodes. Fig. 324. Drassodes lancearius E. Sim. Patte-machoire du mâle. La taille est très variable dans le genre Drassodes, beaucoup de ses repré- sentants sont d'assez grosses Araignées (D. lapidosus, etc.), ils sont de teinte uniforme variant du brun-rouge au fauve pâle et leurs téguments sont garnis de pubescence satinée, blanche ou jaune; quelques espèces du groupe du D. troglodytes (D. minusculus L. Koch, etc.), et une seule du groupe de D. lapi= dosus (D. nigrosegmentatus E. Sim.) offrent cependant sur l’abdomen des dessins sériés accentiformes ; ce mode de coloration se retrouve dans le groupe du Drassus pretiosus et dans le genre Tolanites ; tandis que les Leptodrassus, qui sont tous de petite taille, sont d'un fauve uniforme. Les mâles ne se distinguent des femelles par aucun caractère notable, sauf quelquefois par leurs chélicères plus longues et plus proclives (D. lapido- sus Walck.); ils manquent presque toujours du scutum abdominal, qui est, au contraire, très fréquent dans le groupe suivant (1). Les Drassodes se trouvent sous les pierres, plus rarement sous les écorces et dans les fissures de rochers ; ceux du groupe du Drassodes lapidosus Walck. (1) Quelques mâles du genre Leptodrassus et le Drassodes lancearius présentent, sur l’abdomen, les traces d’un pelit scutum antérieur. 38 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES vivent surtout dans les pays de plaine et abondent dans la zone désertique ; ceux du groupe du D. troglodytes recherchent les forêts et beaucoup sont par- ticuliers à la zone alpine. Le cocon de ces Araignées est aplati, comme celui de tous les Drassides, mais toujours légèrement et également convexe sur ses deux faces ; son tissu, tou- jours blanc, est plus ou moins résistant, mais jamais papyracé, ni-vernissé, comme celui des espèces du groupe suivant ; les Drassodes du groupe du D. la- pidosus construisent, de plus, une grande coque d'habitation dans laquelle ils s’accouplent et gardent leurs cocons, tandis que ceux du groupe de D. {ro- glodytes ne construisent pas de coque, gardent leurs cocons à découvert ou creusent une sorte de petit terrier qui leur sert de retraite. Le genre Drassodes renferme au moins une centaine d'espèces (1), surtout répandues dans les zones tempérée et subtropicale de l’hémisphère nord ; un très petit nombre (presque toutes douteuses pour le genre) ont été signalées sous les tropiques, et quelques-unes seulement dans la région océanienne de l'hémisphère sud, mais jusqu'ici aucune espèce de ce genre n'a été indiquée de l'Amérique du Sud. Quelques Drassodes ont des habitats étendus, c'est ainsi que le D. fugax E. Sim. a été rencontré dans l’Europe méridionale et en Chine; le D. troglodytes C. Koch est répandu des îles de l'Atlantique à la Mongolie, tandis que le D. lapidosus Walck. habite toutes les régions précé- dentes et, de plus, l'Amérique du Nord. Les deux espèces connues du genre Talanites sont propres à la région mé- diterranéenne orientale. Le genre Leptodrassus compte six espèces dans la région méditerranéenne et une dans l’Asie centrale (Drassus hamipalpus Croneb.); mais ce genre est aussi représenté dans l’Afrique occidentale et australe, et même dans les Andes de l'Amérique du Sud par des espèces encore inédites. GENERA 1. Oculi laterales utrinque late separati. Area oculorum mediorum longior quam latior. Laminæ valde impressæ.......... Drassodes. — Oculi laterales utrinque subcontigui. Area oculorum mediorum latior quam longior. Laminæ vix impressæ.................. 19 2, Oculi medii antici lateralibus paulo minores. Oculi postici in li- non TÉDIEMe LUs dB 0 abat ee RU UE Talanites. — Oculi medii antici lateralibus multo majores. Oculi postici in li- DÉdMIDTOCULEAEE EE CEE RES UP AO SU Leptodrassus. (1) On ne peut donner ici un chiffre exact, car il est impossible de classer avec certitude un grard nombre d’espèces décrites par les auleurs sous le nom générique de Drassus. FAMILLE DES DRASSIDÆ 399 Drassodes Westr., 1851. — Clubiona Walck., Tabl. Ar., 1805, p. 41 (ad part. furiæ). — Drassus C. Koch, Ueb. Ar. Syst., I, 1837, p. 18 (ad part.). — Clubiona Walck., Apt., I, 1837, p. 598 (furiæ). — Herpyllus Hentz, 1850 (ad part. H. obesus, etc.). — Drassodes et Drassus (ad part. troglodytes) Westr., Ar. Suec., 1861, p. 360 et 337. — Drassus L. Koch, Ar. Fam. Drass., 1866 (ad part.). — Id. Thorell, Eur. Spid., 1869-70 {ad part.).— Id. E. Sim. Ar. Fr, IV, 1878; p. 107% (ad part. : gr. L et 2). Cephalothorax sat convexus, fronte lata. Oculi antici in lineam leviter pro- curvam rarius rectam, inter se subæquales. Oculi postici in lineam latiorem et leviter procurvam, medii a lateralibus quam inter se plerumque multo remo- tiores, sæpe subcontigui. Area mediorum longior quam latior. Spatium inter oculos laterales latum sed paulo minus quam spatium inter oculos medios anticos et posticos. Pars labialis multo longior quam latior, leviter attenuata, apice obtuse truncata. Pedes in proportione 1, 1, 11, 111 (rarissime 1, IV, I, Hi), antici parce aculeati, interdum mutici, postici numerose aculeati, scopulati. Manillæ ordinariæ, inferiores superiores non multo superantes, mediæ gra- ciles et acuminatæ. Typus : D. lapidosus Waick. AR. GEOGR. : Orbis utriusque reg. subtrop. temp. et frig. Les espèces de ce genre nombreux peuvent se répartir en plusieurs groupes. A. — (D. lapidosus Walck.). Cephalothorax plus minus crassus, sat lon- gus. Oculi antici inter se æquales vel medii lateralibus vix majores, in lineam leviter procurvam. Oculi postici (superne visi) in lineam leviter procurvam, medii plus minus ovati vel triquetri inter se valde appropinquati sed a late- ralibus latissime remoti. Area mediorum longior quam latior et antice quam postice paulo latior. Chelæ sat convexæ, plerumque in mares longiores et proclives, margine superiore sulci dentibus sat validis 2 vel 3, inferiore den- tibus parvis binis remotis, armatis (fig. 318). Pedes longi, tiblis posticis acu- leis dorsalibus fere semper instructis. Pedes-maxillares in utroque sexu longi et graciles ; tibia patella multo longiore; tarso feminæ paulo breviore quam tibia et patella simul sumptis ; tarso maris angusto et acuminato; tibia inter- dum mutica (lutescens C. Koch), plerumque apophysi parva, simpliciter acuta, recta vel uncata, instructa (fig. 321). Nora. Ce groupe a son centre dans la région méditerranéenne, on peut lui rap— porter avec certitude les espèces suivantes décrites par les auteurs sous le nom géné— rique de Drassus : D. lapidosus Walck., lutescens C. Koch, villosus, pubescens Thorell, mandibularis L. Koch, lacertosus, alexandrinus, aegyptius Cambr., cerdo Thorell, difficilis, luteo-micans, albicans, fugax, rubidus, portator E. Sim.; il est aussi repré- senté dans l'Asie centrale et orientale (D. lapidosus W., nigrosegmentatus E. Sim., fugax E. Sim.), dans l'Amérique du Nord, et Ls îles de l'Atlantique (D. assimilatus Blackw.). B. — (D. deserticola E. Sim.). Cephalothorax chelæque præcedentis, pedes longiores et graciliores, tarsis posticis tenuibus et leviter flexuosis. Oculi an- 360 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES tici inter se appropinquati et lineam leviter procurvam formantes, medii late- ralibus majores. Oculi postici in lineam valde procurvam, non multo latiorem quam lineam anticam, medii ovati et obliqui, inter se subcontigui, interdum lateralibus multo majores (D. paroculus E. Sim.), utrinque oculi laterales inter se parum disjuncti (spatium interoculare oculo angustius vel saltem haud latius). Pedes-mäxillares maris graciles et longi, fere præcedentis, tibia tereti et mutica, tarso angusto et longo. Nora. Les deux espèces, pour lesquelles je propose ce groupe, me paraissent insé— parables du D. lapidosus W., dont elles offrent le faciès et les principaux caractères, sauf la proportion et la disposition des yeux; sous ce rapport, elles sont anormales pour le genre et se rapprochent des Leptodrassus et des Megamyrmecion. Ces deux espèces sont inédites, en voici les diagnoses : D. deserticola, sp. nov.— SG. Long. 6 mill. — Cephalothorax longe ovalus, luridus, lævis. Oculi medii antici lateralibus saltem 1/3 majores, inter se anguste separati, a lateralibus conligui. Oculi medii postici longi el obliqui,- lateralibus vix majores. Abdomen angustum, albo-sericeo pubescens. Pedes longi, gracillimi, luridi, tibiis quatuor anticis subtus prope medium uniaculeatis, metatarsis ad basin biaculeatis, tibiis posticis aculeis inferioribus lateralibus et dorsalibus binis insiructis. Pedes- maxillares longi et graciles, tibia patella saltem 1/3 longiore et teretiuscula, apophysi carente, tarso longe et anguste ovato. — Algeria merid. D. paroculus, sp. nov. — . Long. 5,4 mill. — Cephalothorax luridus, subtilissime nigro-cinctus. Oculi medii antici lateralibus non multo majores, inter se anguste separati, a lateralibus contigui. Oculi medii poslici reliquis oculis saltem 1/3 majores, obtuse triquetri et inter se subcontigui. Abdomen longum, sericeo-pubescens. Pedes longi, luridi, tibiis anticis subtus, in parle secunda, uniaculeatis sed metatarsis muticis. Pedes postici et pedes-maxillares præcedentis. — Hisp. merid. . B. — (D. hispanus L. Koch). Cephalothorax fere præcedentis sed fronte paulo latiore. Oculi antici in lineam rectam seu subrectam, medii lateralibus paulo majores. Oculi postici, superne visi, in lineam rectam seu levissime procurvam (D. vinosus E. Sim.), medii subrotundi, lateralibus minores, a lateralibus quam inter se remotiores, sed inter se sat late distantes. Area me- diorum parallela et paulo longior quam latior. Chelarum margo inferior den- tibus binis sat validis armatus (fig. 320). Pedes D. lapidosi. Pedes-maxillares maris paulo robustiores, tarso ovato obtusiore, tibia apophysi exteriore uncata vel pluridentata munita (fig. 317). | Nora. Les espèces qui rentrent dans ce groupe sont : D. hispanus L. Koch, hypo- crila, vinosus E. Sim., d'Europe, sollers E. Sim., de Mongolie. J'en possède une autre espèce inédite de l’Asie centrale et une de ansone du Nord occidentale (Oregon, Washinglon Territory), cette dernière remarquable par la complication de son apophyse tibiale chez le mâle. Û C.— (D. troglodytes C. Koch). Cephalothorax convexus, fronte lata. Oculi antici æqui vel medii vix minores, in lineam leviter procurvam. Oculi postici, superne visi, in lineam leviter procurvam, medii triquetri inter se subcon- tigui, a lateralibus plus minus remoti. Area mediorum longior quam latior et antice quam postice latior. Chelæ robustæ et convexæ, dentibus binis mar- ginis inferioris validis. Pedes breves et robusti, antici fere mutici, tibiis pos- FAMILLE DES DRASSIDÆ 301 ticis aculeis dorsalibus carentibus, tarsis posticis plerumque haud scopulatis. Pedum-maxillarium maris tibia apophysi valida fere superiore, secundum tarsum ducta et apice securiformi, armata, tarso magno convexo et obtuso (fig. 322). Nora. Dans ce groupe, les caractères du genre s’altèrent quelquefois; c’est ainsi que, dans les plus petites espèces (minusculus L. Koch, criminalis Cambr., etc.), les yeux du second rang sont resserrés et presque équidistants, mais entre ces formes amoindries et celles qui sont le mieux caractérisées, tous les passages existent. . On peut rapporter à ce groupe un grand nombre d’espèces européennes et circa- méditerranéennes : D. troglodytes, severus C. Koch, silvestris Blackw. (= infuscatus Westr.), minusculus, umbratilis, orientalis L. Koch, macellinus, occidentalis, fulvus, pictus, capnodes, brevipes Thorell, afjinis Pavesi, invalidus, criminalis, delinquens, morosus, nanus, ensiger, denotutus, pugnax Cambr., concertor, lyphon, vica- rius E. Sim., etc., etc. ; il est aussi représenté dans l'Asie centrale (infletus Cambr.), en Sibérie (Stuxbergi L. Koch), en Chine (pugnans E. Sim.), et j'en possède plusieurs espèces de l'Amérique du Nord. D.— (D. perexiguus E. Sim.). Cephalothorax convexus, fronte lata. Oculi an- tici in lineam levissime procurvam, medii lateralibus evidenter majores. Oculi postici, superne visi, in lineam procurvam, medii à lateralibus quam inter se non multo remotiores. Area mediorum antice quam postice vix latior et non multo longior quam latior. Chelæ robustæ, margine inferiore dentibus binis iniquis (20 altero majore) instructo. Pedes mediocres, saltem in mare, antici posticis paulo longiores, tarsis gracilibus haud vel rarissime scopulatis, sed faseiculis densis munitis. Pedum-maxillarium maris tibia sat longa et gracilis, apophysi apicali exteriore simplice armata, tarsus sat angustus et longe ovatus. Nora. Ce groupe est propre à la région océanienne; le type est le Drassus per-— exiquus E. Sim., de Nouvelle-Calédonie; j'en possède plusieurs autres espèces iné- dites d'Australie et de Tasmanie, et il est possible que plusieurs Drassus australiens, décrits par L. Koch, lui appartiennent. J'avais un instant pensé lui rapporter l'Aracus captlor Thorell, de Birmanie, à cause de la proportion de ses pattes qui est la même que celle de certains mâles, mais le Dr Thorell décrit le groupe oculaire de l’Aracus comme n'occupant que la moitié de la largeur du front, et la seconde ligne de ses yeux tout à fait droite (recta vel saltem haud procurva), ce qui ne convient pas à nos espèces. E. — (D. pretiosus L. Koch). Cephalothorax modice convexus, antice atte- nuatus. Oculi antici in lineam rectam, medii lateralibus majores. Oculi postici in lineam latiorem, plane rectam, parvi, inter se æqui et fere æquidistantes. Area mediorum vix longior quam latior. Chelarum margo inferior dentibus binis sat validis instructus. Tarsi metatarsique antici crebre scopulati. Ungues postici tridentati. Nora. Je considère, comme type de ce groupe, le Drassus pretiosus L. Koch, de Nouvelle-Zélande, espèce qui m'est inconnue en nature; j’en possède deux autres, probablement inédites : l’une de Tasmanie, l’autre de la province de Victoria; leurs caractères sont ambigus; par leurs chéticères et leurs pièces buccales, elles rentrent dans le:genre Drassodes, tandis que la. proportion el la disposition de leurs yeux, et 362 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES la forme de leur céphalothorax rappellent davantage le genre Scotophaeus du groupe des Echemeae. F. — (D. citipes E. Sim.). Cephalothorax modice convexus, antice attenua- tus. Oculi antici in lineam subrectam, inter se subæquales vel medii latera- libus vix minores. Oculi postici in lineam leviter procurvam, linea antica non multo latiorem, medii ovati, inter se subcontigui, utrinque oculi laterales parum separati (spatio interoculari oculo angustiore). Area mediorum fere parallela et paulo longior quam latior. Chelarum margo superior sat brevis, dentibus angularibus binis, margo inferior dentibus binis subæquis, instructi. Metatarsi tarsique antici rare scopulati, unguibus parvis muniti, tarsi pos- tici nec scopulati nec fasciculati, unguibus longioribus, dentibus quinque, apicalibus reliquis longioribus et leviter divaricatis, instructis. Nora. Ce groupe est très anormal; l'absence de fascicules ungueaux aux tarses pos- térieurs suffirait pour le distinguer de tous les Drassodes étudiés précédemment. Par ses yeux et même ses pièces buccales, il se rapproche beaucoup du genre Echemus. L'espèce d'Égypte, sur laquelle il est fondé, me paraît inédite, en voici la diagnose : D. citipes, sp. nov. — ®. Long. 7 mill. — Cephalothorax fulvo-rufescens, lævis et nitidus, sericeo-pubescens. Oculi antici inter se subæquales, in lineam leviter pro- curvam. Oculi medii postici ovati et obliqui. Abdomen oblongum, antice truncatum, lurido-testaceum, sericeo-pubescens, ad marginem anticum nigro-crinitum. Pedes fulvo-rufescentes, tibiis metatarsisque 1i paris omnino muticis, tibia 2i paris subtus aculeo parvo submedio, metatarsis aculeis basilaribus binis instructis, tibiis metatar- sisque posticis numerose aculeatis. Plaga vulvæ longior quam lalior, parallela, fulva, antice carinula transversa, postice maculis rufulis binis geminatis, notata. — Ægyptus. G.— (D. lancearius E. Sim.). Cephalothorax modice convexus, antice atte- nuatus. Oculi antici in lineam evidenter procurvam, medii majores, inter se disjuncti sed a lateralibus contigui. Oculi postici in lineam leviter procurvam, linea antica non multo latiorem, medii subtriquetri inter se subcontigui, utrinque oculi laterales parum separati (spatio interoculari oculo paulo angus- tiore). Area mediorum longior quam latior et antice quam postice latior. Che- larum margo superior dente angulari valido et acuto, margo inferior dentibus binis iniquis (2° 1° paulo majore), instructi. Pedes antici fere mutici, meta- tarsis tarsisque rare scopulatis, postici tibiis metatarsisque numerose et longe aculeatis, tarsis nec scopulatis nec fasciculatis, unguibus tarsorum postico- rum longis, parum curvatis, prope basin 2 vel 3 dentatis. Pedes-maxillares maris valde singulares, patella longa apophysi exteriore longa et gracili munita. Nora. Ce groupe est au moins aussi anormal que le précédent, dont il se rapproche par l’absence de fascicules aux Larses postérieurs, le peu d’écartement des yeux laté- raux et ia forme des pièces buccales, qui est presque celle des Scotophaeus et des Echemus; mais le D. lancearius E. Sim. diffère de tous les autres Drassides par la structure très particulière de sa patle-mâchoire, que j'ai figurée plus haut (voy. p. 357 fig. 324). Cette espèce est inédite, en voici la diagnose : D. lancearius, sp. nov. — SG. Long. 7 mill. — Cephalothorax fulvo-rufescens, FAMILLE DES DRASSIDÆ 363 antice sensim infuscatus, lævis, sericeo-pubescens. Oculi medii antici lateralibus evidenter majores. Oculi medii postici obtuse triquetri et inter se contigui. Abdomen oblongum, pallide fulvum, ad marginem anticum leviter coriaceum. Pedes fulvo- rufescentes, tibiis metatarsisque quatuor anticis omnino mulicis, posticis longe eJ numerose aculealis. Pedes- maxillares fulvi, tibia tarsoque infuscatis ; femore robusto, subtus convexo et valde ciliato ; patella magna, convexa, extus apophysi gracili, cylin- dracea et subrecta instructa; tibia multo breviore et angustiore, supra carinulata, extus apophysi dentiformi sinuosa, brevi, anteriora versus directa et prope medium apophysi minore perpendiculari munita; tarso magno, late ovato. — Sina sept, Walanites nov. gen. À Drassodi differt oculis anticis in lineam rectam, mediis lateralibus paulo minoribus, oculis posticis in lineam latiorem plane rectam, inter se sat late et fere æque distantibus, area oculorum meüiorum latiore quam longiore et antice quam postice angustiore, utrinque oculis lateralibus subcontiguis, la- minis brevioribus, haud vel vix distincte impressis, pedibus cunctis sat nu- merose aculeatis. Typus : T. fervidus E. Sim. AR. GEOGR. : Syria et Ægyptus (1). Leptodrassus E. Sim., Ar. Fr., IV, 1878, p. 208. — Drassus Cambr. Thorell (ad part.) (2). Cephalothorax leviter convexus fronte mediocri, stria tenui et brevi. Area oculorum latitudinem totam frontalem fere occupans. Oculi antici in lineam leviter procurvam, medii lateralibus multo majores, inter se disjuncti sed a lateralibus haud separati. Oculi postici æqui et inter se fere æquidistantes, in lineam procurvam, haud latiorem quam lineam anticam. Oculi laterales an- tici et postici utrinque contigui. Clypeus oculis anticis latior. Pars labialis (1) Il est possible que le Rév. O. P. Cambridge ait décrit des espèces de ce genre sous le nom générique de Drassus, son D. omissus, notamment, semble lui appartenir, mais la suivante, que je considère comme type, paraît inédite : T. fervidus, sp. nov. — 4%. Long. 4 mill — Cephalothorax luteus, linea margi- nali nigra exillima cinctus et in parle thoracica lineis obscurioribus radiantibus abbre- viatis notalus. Abdomen albo-testaceum, albo-argenteo dense pubescens, antice el utrinque parce nigro-punctalum, postice lineis transversis arcuatis nigris, seriatim ordinatis, ornatum. Sternum pedesque lutea. Pedes longe et numerosissime aculeati, tibiis metatarsisque quatuor anticis subtus aculeis longis quatuor munitis, tarsis tenuibus haud scopulatis. Pedum-maxillarium maris tibia patella vix longior, extus ad apicem apophysi divaricata, gracili, recta et acuta instrucla, tarsus magnus late ovatus. — Syria. (2) Je rapporte avec doute à ce genre : Drassus ornatus Cambr., d'Égypte; D. le- nerrimus Cambr., de Syrie; D. tenuis L. Koch, de Dalmatie; D. tenellus Thorell, d'Italie. L'espèce du Turkestan, décrite par Croneberg sous le nom de Drassus hami- palpus, lui appartient sûrement, sa patte-mâächoire est même presque semblable à celle du Leptodrassus femineus, 304 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES non multo longior quam latior, attenuata et truncata, dimidium laminarum parum superans. Chelarum margo inferior bidentatus, dente 1° truncato, altero validiore-acuto et paululum uncato. Pedes graciles, aculeati, haud sco- pulati sed fasciculis unguicularibus densis muniti. Mamillæ inferiores longæ et teretiusculæ, inter se parum separatæ, superiores inferioribus æquilongæ, graciliores, distinctissime biarticulatæ, articulo apicali gracili, mamillæ mediæ _ gracillimæ et acuminatæ. Typus : L. femineus E. Sim. AR. GEOGR. : Europa max. austr.; Africa sept.; Asia occid. et centr. 6. ECHEMEÆ Les espèces dont se compose ce groupe, qui est le plus nombreux, offrent au plus haut degré les caractères propres à la famille des Drassides. La marge inférieure de leurs chélicères est indistincte, mutique (fig. 325 et 327) ou pour- vue seulement d’une très petite dent granuliforme, qui ne manque jamais dans le genre Scotophæus, mais qui est exceptionnelle dans les genres Pœcilo- chroa et Melanophora ; la marge supérieure est presque toujours courte, trans- verse, légèrement concave, mais saillante et obtuse à l'angle qui est mutique et caréné ou surmonté de une ou deux petites dents ; dans le genre Scotophæus, cependant, cette marge est plus longuement oblique et pourvue, comme dans le groupe précédent, de deux dents isolées [fig. 326). 7 329 926 921 À 328 329 Fig. 325. Megamyrmecion. Marges de la chélicère. — Fig. 326. Scotophaeus. Idem. — Fig. 321. Phaeocedus. Idem. — Fig. 328. Melanophora. Pièces buccales. — Fig. 329. Sergiolus. Idem. Les lames-maxillaires différent de celles des Drassodes, en ce qu’elles sont plus larges, plus fortement arquées et obtuses, non ou à peine échancrées au bord externe, au delà de l'insertion du trochanter, qui se fait presque au milieu (fig. 328); les genres Sergiolus et Latonigena font seuls exception à cette règle, car leurs lames sont très longues et dilatées à l’extrémité externe (fig. 329), et leur pièce labiale, plus longue et plus étroite que celle des autres genres, ressemble à celle des Lampona. Le céphalothorax est plus déprimé et plus atténué en avant que celui des Drassodes ; celui des Sergiolus et des Aphantaulax est dépourvu de strie mé- diane; ces derniers avaient été, pour cette raison, rapportés par L. Koch au genre Micaria ; mais ce caractère a peu de valeur, car, dans l’une des espèces du genre Setaphis (S. suavis E. Sim.), la strie thoracique est tout à fait rudi- FAMILLE DES DRASSIDÆ 309 mentaire, à peine perceptible, tandis qu’elle est assez longue dans les autres espèces du genres. Les yeux sont, comme toujours, en deux lignes transverses ; la largeur relative de ces lignes et la direction de leur courbure fournissent en grande partie les caractères génériques ; dans les genres Megamyrmecion, Echemus et Herpyllus, la seconde ligne est fortement procurvée; dans les autres genres, elles est droite ou très légèrement recurvée ; plus large que la première dans les genres Scotophæus, Pæcilochroa, Latonigena, Phæocedus, de même largeur dans les genres Melanophora, Cesonia et Setaphis. Le sternum est plus étroit et plus long que celui des Drassodes, plus lon- guement atténué en avant où il dépasse toujours un peu les hanches anté- rieures. Les pattes ne sont jamais très longues, mais toujours assez robustes ; les hanches et les patellas des paires antérieures sont beaucoup plus longues que celles des postérieures ; les métatarses et tarses antérieurs, et les tarses posté- rieurs sont garnis de scopulas qui, à ces derniers, sont souvent réduites aux fascicules ungueaux. Les griffes sont construites comme celles des Drassodes et toujours pectinées ; leurs dents, généralement au nombre de cinq ou six, sont parfois réduites à trois (Phæocedus braccatus L. Koch). Les filières inférieures sont toujours plus écartées que les supérieures et presque toujours plus longues ; leurs grosses fusules, dont le nombre varie selon les espèces, sont disposées, sur le pourtour de leur troncature, en cercle toujours incomplet; chez les Megamyrmecion, où elles sont particulièrement développées , on en compte neuf ou dix et elles n’occupent que l’une des moitiés du cercle, comme le représente la figure ci- contre (fig. 330), mais ces fusules sont très contrac- tiles, et elles ne sont bien visibles qu’au moment de leur extension, aussi n’est-il pas toujours facile de les étudier sur les individus conservés dans l'alcool, Fig 330. elles suivent trop souvent la rétraction de la surface D rm beueiilé de apicale de la filière qui rentre dans le tube et les June des filieres supérieures entraine avec elle. Quand les filières inférieures vue en dessus et montrant sont très développées, notamment chez les Mega- neuf grosses fusules au MO- jymecion et les Callilepis, le bord inférieur de leur ment de l’extension. : Ë : ; troncature offre une très petite dent, qui représente (comme chez les Theuma et les Anagraphis) la fusule dentiforme des Prodi- domides. La patte-mâchoire du mâle est plus ou moins robuste; son fémur est courbe, il est quelquefois renflé et subclaviforme (Phæocedus braccatus L. Koch), mais je ne connais qu'une seule espèce (Pæcilochroa conspicua L. Koch) chez laquelle il offre en dessous une apophyse dentiforme ; la pa- tella est atténuée à la base et presque toujours mutique, elle offre très rare- ment une apophyse angulaire externe (Melanophora gracillima Cambr.); le tibia est, au contraire, normalement pourvu d’une apophyse supéro-externe simple, de forme très variable selon les espèces; le tarse est ovale, plus ou 366 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES moins large et il ne dépasse jamais beaucoup le bulbe; celui-ci est simple, il ne présente que très rarement un long stylus exserte formant boucle (WMela- nophora tantula E. Sim., nilotica Cambr., etc.). En dehors de leurs pattes-mâchoires, les sexes sont presque semblables ; beaucoup de mâles, particulièrement ceux des genres Echemus et Scotophæus, ont l’abdomen recouvert en dessus, dans sa partie antérieure, d'une plaque dure ou scutum ovale, qui manque chez les femelles. Les Scotophæus, Megamyrmecion, Echemus et Mulicymnis sont de teinte uni- forme, variant du fauve au brun-rouge et leurs téguments sont revêtus de pubescence satinée, presque toujours plumeuse ; les Melanophora, comme leur nom l'indique, sont d’un noir plus ou moins intense, sauf une tache claire un peu transparente aux fémurs antérieurs, et leur abdomen offre parfois des reflets irisés ; quelques-uns cependant sont fauves (M. rustica L. Koch, etc.), d’autres ont le céphalothorax rouge (M. electa C. Koch, etc.). Les Pœcilochroa, Latonigena, Herpyllus, Sergiolus, Aphantaulaæ, Phæocedus et Setaphis sont ornés, au moins sur l’abdomen, de grandes taches ou de cein- tures blanches ou jaunes formées de pubescence simple ou plumeuse sur fond noir, brun ou plus rarement rouge; leurs pattes sont souvent ornées d’anne- lures ; les Cesonia, qui ressemblent à des Cythæron, offrent sur l'abdomen des bandes longitudinales. La division générique de ce groupe est des plus difficiles et les caractères sur lesquels reposent les genres sont, en général, de peu de valeur; l'essai que j'en présente ici doit être considéré comme provisoire, car une revision complète de toutes les espèces serait nécessaire. Le genre que je décris sous le nom de Scotophæus, correspond à mon ancien troisième groupe du genre Drassus, ayant pour type le Drassus scutulatus L. Koch (Ar. Fr., IV), moins quelques espèces anormales (auspeæ, patricius E. Sim., campestratus Cambr., etc.) que je rattache au genre Pœcilochroa et le Drassus braccatus L. Koch, qui ne rentre dans aucun des genres admis ; cette espèce offre, en effet, des chélicères et des pièces buccales de Melanophora avec un céphalo- thorax et des yeux ressemblant beaucoup à ceux du Drassodes troglodytes C. Koch. Les genres principaux : Echemus, Pœcilochroa et Melanophora sont peu homogènes ; dans le premier, l'écartement des yeux du second rang est très variable et certaines espèces, telles que Æ. lubricus E. Sim., du Venezuela, sont intermédiaires aux Echemus et aux Megamyrmecion. Je divise le genre Pærcilo- chroa en trois groupes, dont le premierayant pourtype P. campestrata Cambr., fait le passage aux Scotophæus. Il serait aussi possible de diviser le genre Mela- nophora, mais il faudrait pour cela en faire la monographie; dans ce genre, les yeux du second rang se présentent sous trois aspects, tantôt les médians sont plus gros que les latéraux et presque contigus (M. lutetiana L. Koch, pusilla CG. Koch, etc.), tantôt ils sont de même grosseur ou un peu plus petits et aussi écartés (M. subterranea C. Koch, etc.), enfin, ils sont quelquefois, mais rarement, plus écartés (M. segrex E. Sim., etc.); je détache du genre Melanophora, le M. suavis E. Sim., que j'ai toujours considéré comme une espèce très anormale, pour en faire le type du genre Sefaphis qui a aussi des représentants dans l’Afrique australe. FAMILLE DES DRASSIDÆ 307 Le genre Latonigena fait le passage des Echemeæ aux Lampona; ses pièces buccales ressemblent beaucoup à celles de ces derniers, elles sont plus longues que celles des autres Echemeæ et les lames, dont l'insertion du trochanter est presque basale, présentent au côté interne une carène margi- nale entière, mais tous les autres caractères du genre sont ceux des Pæcilo- chroa. Les mœurs des Echemeæ sont peu variées; ces Araignées se trouvent sous les pierres et sous les écorces ; un très petit nombre (Pœcilochroa, Aphan- taulax) vivent sur les feuilles des plantes qu'elles roulent à la manière des Clubiona ; aucune ne construit de coque proprement dite, c’est tout au plus si quelques Melanophora filent, au moment de la ponte, une toile légère formant une retraite irrégulière souvent tubiforme. Contrairement à ce qui a lieu dans le groupe précédent, le cocon est plano- convexe, fixé par sa face plane; sa face supérieure, convexe dans le milieu, s’aplanit sur les bords en forme de marge circulaire ; son tissu est très serré, papyracé et luisant, blanc dans les cocons des Pœcilochroa, des Scotophæus et des Megamyrmecion, rosé, quelquefois même d'un rouge vif dans celui des Melanophora. Le genre Megamyrmecion renferme une dizaine d'espèces dont quatre ha- bitent la région saharienne du nord de l'Afrique, une de ces espèces s'étend jusque dans l’Yemen ; une ou deux sont répandues dans l'Afrique australe, j'en possède une (inédite) de Madagascar, et j'en ai décrite une autre de Cali- fornie. Le genre Echemus est un peu plus nombreux et surtout plus largement dis- tribué, deux ou trois de ses espèces ont été indiquées d'Europe, une dizaine de la région méditerranéenne australe, d’autres des îles de l’Atlantique, de l’Asie centrale, de l'Inde, de la Nouvelle-Hollande (1), de l'Amérique du Sud et des Antilles. La seule espèce du genre Mulicymnis est de l’Inde. Le genre Scotophæus, qui correspond en grande partie au troisième groupe de mon ancien genre Drassus (Ar. Fr.), compte une cinquantaine d’espèces, surtout répandues dans la zone tempérée de l’hémisphère nord, aussi bien dans l’ancien que dans le nouveau monde, mais il est aussi représenté sous les tropiques. _ Le genre Melanophora est de beaucoup le plus nombreux de la famille en- tière des Drassides, car il ne renferme pas moins de 150 espèces (2) dont la distribution ressemble à celle des Scotophæus; ces Araignées abondent, en effet, dans les zones tempérée et subtropicale de l’hémisphère nord, un très petit nombre ont été signalées sous les tropiques et quelques-unes seulement dans les régions océanienne, africaine et américaine de l'hémisphère sud ; (1) Quelques espèces australiennes, décrites par L. Koch sous les noms de Drassus ochropus, D. dilutus, etc., pourraient appartenir au genré Echemus. (2) Plusieurs des espèces syriennes et égyptiennes, décrites par Cambridge, sont peut-être des Echemus. 308 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES quelques Melanophora sont largement distribués, c'ést ainsi que M. rustica et longipes L. Koch sont communs à l’Europe et à la Sibérie, tandis que M. sub- terranea C. Koch se trouve en Europe et dans l’Amérique du Nord. Le type du genre Sefaphis se trouve dans le midi de la France et en Al- gérie, les autres représentants du genre sont de l'Afrique australe. Le second groupe du genre Pœcilochroa compte quatre espèces répandues dans le sud de l’Europe et le nord de l'Afrique (P. conspicua L. Koch), une espèce aux iles Nikobars (P. Behnü Thorell), plusieurs dans l’Amérique du Nord (1) et dans l'Amérique du Sud, particulièrement au Brésil, au Pérou (P. latefasciata E. Sim.) et dans la République Argentine ; le troisième groupe n'en renferme qu'une seule, répandue dans toute l'Europe et, dit-on, dans l’Asie centrale (d’après Croneberg); les quelques espèces du troisième groupe habitent l’extrême sud de l’Europe et la zone désertique du nord de l’Afrique, quelques-unes paraissent s’étendre jusqu'à l’Æthiopie. L’unique espèce du genre Phæocedus est européenne. | Le genre Aphantaulax compte huit espèces dans la région méditerranéenne et une seule dans l'Afrique australe. Les autres genres sont exclusivement américains : le genre Herpyllus a une espèce aux Etats-Unis, une au Venezuela et une douteuse au Chili (Drassus longipes Nicolet); le genre Sergiolus a deux espèces aux Etats-Unis et une aux Antilles ; l’unique espèce du genre Cesonia est des Etats-Unis; le type du genre Latonigena est de la République Argentine, j'en possède une autre de la province de Minas (Brésil) et une autre du Paraguay. GENERA 1. Cephalothorax stria media thoracica carens..........,......... 2. — Cephalothorax stria media thoracica munitus.........,........ 4. 2. Pars labialis triplo longior quam latior. Laminæ longæ. Oculo- rumiineaantiCarecta seu SUDrECLA EEE EEE EEE ENE Sergiolus. — Pars labialis vix duplo longior quam latior. Laminæ mediocres Melanophoræ. Oculorum linea antica procurva................ D 3. Oculi medii antici lateralibus multo minores. Clypeus oculis an- | DICIS ANETS HONNEUR ARE RU ER te Setaphis {ad part.). — Oculi medii antici lateralibus majores. Clypeus oculis anticis ED ON OTSSS DEN ENS NES ER A ARS ER A NE RL Aphantaulax. 1MOCulorumAineaposticawalderocurya 2 NP RENTE EEE D. _MOCHorumlMmenposticasubrecta TRAME PONS PE ENTRER 8. 5. Oculi postici inter se æquidistantes, medii lateralibus minores et TONER MEME Me Lie MU A ARE En AIR Lee PE QE ne Herpyllus. 4 Mais plusieurs des espèces rapportées au genre Poecilochroa, par Emerton, ne lui appartiennent pas, notamment P. variegata Hentz, (Sergiolus) et bilineata Hentz (Cesunia), etc. 12 13. FAMILLE DES DRASSIDÆ 369 Oculi medii postici ovati vel subangulosi, lateralibus majores vel saltem haud minores, inter se subcontigui........ RE CE 6. Oculi medii postici inter se subcontigui sed a lateralibus sat late ROMODE ee Ne RS ec AU cRo SRE . Megamyrmecion. Oculi postici cuncti inter se subcontigui.......... GA à AA EE Ta . Oculi postici inter se subæquales.......... RAA RE . Echemus. Oculi medii postici lateralibus multo majores .... ..... Mulicymnis. Oculorum linea postica antica haud vel vix latior............ Déc Je Oculorum linea postica antica multo latior....,........... ane 11 Oculi postici inter se æquidistantes vel medii a lateralibus quam MECS NPAUlOMeMOtIOreS. ere ce hole Melanophora. Oculi medii postici inter se remoti sed a lateralibus haud vel vix SEDATAU SR Ne ARR ANSE RAS, Sal DA LATE ace 10. Oculi antici æqui. Clypeus oculis anticis saltem duplo latior. Cesonia. Oculi medii antici lateralibus multo minores. Clypeus oculis an- HCBRATNEUS OP E ee ec eceeeletnte Setaphis (ad part.). Chelarum margo superior sat longe obliquus, dentibus 2 vel 3 ar- matus. Oculorum linea postica leviter procurva et spatium inter oculos laterales paulo minus quam spatium inter oculos medios. Oculi medii antici reliquis multo majores .... Scotophæus. Chelarum margo superior brevis, transversus et leviter emargi- natus, muticus vel ad angulum prominulum minute dentatus . 12, Cephalothorax convexus fronte lata. Oculorum linea postica leviter procurva, oculi medii elongato-triquetri inter se appro- pinquati. Oculi medii antici reliquis haud majores..... Phæocedus. Cephalothorax Melanophoræ. Oculorum linea postica leviter pro- curva rarius recta, oculi medii rotundi inter se late remoti. Oculi medii antici reliquis plus minus majores.............., 13. Laminæ Melanophoræ sat breves, intus haud carinatæ. Pœcilochroa. Laminæ fere Lamponæ, longæ et intus carinatæ........ Latonigena. Megamyrmecion Reuss, Zoo!. Miscell. Ar.,1834, p. 217. — Dyction Walck., Apt. I, 1837, p. 380. — Megamyrmecion E. Sim., Ann. Mus. civ. Gen., 1882, p. 257. Cephalothorax ovatus, fronte angusta, stria thoracica longa. Oculi antici inter se subcontigui, in lineam valde procurvam, medii lateralibus majores. Oculi postici in lineam validissime procurvam semi-circularem, linea antica haud latiorem, medii obliqui, ovati vel angulosi, a lateralibus quam inter se remotiores. Clypeus oculis anticis paulo latior. Chelæ mediocres, margine inferiore sulci mutico, superiore subtransverso ad angulum minute bidentato. Pars labialis longior quam latior, vix attenuata, truncata, dimidium lamina- rum superans. Laminæ latæ, intus arcuatæ, apice subrotundæ. Pedes valde aculeati (IV, 1, 1, It), postici longi. Tarsi metatarsique antici scopulati, tarsi 2l 370 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES apice longe fasciculati. Ungues longi, 6-8 dentati. Mamillæ inferiores longis- simæ, fusulis grossis 9-10, semi-circulum formantibus, munitæ. Typus : M. caudatum Reuss. - AR. GEOGR. : Africa sept. et austr. (velox E. Sim.) in reg. deserta ; ins. Ma- dagascar ; India; America sept. {californicum E. Sim.). Echemus E. Sim., Ar. Fr., IV, 1878, p. 99. — Prosthesima Cambr.., P.Z. S. L., 1874 (ad part. P. mollis, etc.). * Cephalothorax ovatus, humilis, antice valde attenuatus. Oculi antici inter se subcontigui, in lineam procurvam, medii lateralibus majores. Oculi postici in lineam valde procurvam, parum remotam et linea antica haud latiorem, inter se valde appropinquati et subcontigui, medii lateralibus paulo majores, plani, rotundi vel triquetri, laterales antici et postici inter se parum separati. Pars labialis magna, longior quam latior, angulum interiorem laminarum attingens, apice rotunda vel obtuse truncata. Cætera Megamyrmecii sed ungue chelarum longiore et mamillis brevioribus. — Abdomen maris supra scutatum. . Typus : E. ambiguus E. Sim. AR. GEOGR. : Europa merid.; Africa sept., occid. et austr.; ins. Canariæ (canariensis E. Sim.); Asia occid. et orient.; India (Chaperi E. Sim.); ins. Taprobane; Nova Hollandia ; America antillana et andina. Mulicymnis E. Sim., Bull, Soc. zool. Fr., 1885, p. 22. . Cephalothorax humilis, angustus, antice valde attenuatus. Oculi antici inter se subcontigui, in lineam valde procurvam, medii lateralibus plus duplo ma- jores. Oculi postici inter se subcontigui, in lineam leviter procurvam, mediü triangulares et obliqui, lateralibus plus triplo majores. Oculi laterales antici et postici inter se late remoti. Mamillæ mediocres. Cætera Echemi. Tyeus : M. bicolor E. Sim. (sp. un.). . AR. GEOGR. : India orient. Phæocedus, nov. gen. — Drassus L. Koch, Ar. Fam. Drass., 1866, p. 97 (D. braccatus). — Id. Cambr., P. Z. S. L., 1874, p. 386 (D. bulbifer). — Id. E. Sim., Ar. Fr., IV, 1878, p. 436 (D. braccatus). Cephalothorax ovatus, convexus, antice parum attenuatus. Oculi antici inter se valde appropinquati, in lineam rectam, medii lateralibus paulo ma- jores. Oculi postici, superne visi, in lineam subrectam (vix procurvam), linea antica paulo latiorem, medii triquetri inter se appropinquati. Area mediorum paulo longior quam latior, parallela. Chelæ robustæ, ad basin con- vexæ, margine superiore sulci brevi, transverso, carinato, haud dentato, infe- riore indistincto. Partes oris, sternum, pedesque normalia. Pedum-maxil- larium maris femur subclavatum, patella tibiaque breves, apophysis exterior tibiæ longa apice dilatata et truncata, tarsus bulbusque maximi. Pili corporis simplices, haud plumosi. Typus : P. braccatus L. Koch (sp. un.). AR. GEOGR. : Europa media et meridionalis. FAMILLÉ DES DRASSIDÆ 371 Scotophæus, nov. gen. — Drassus omn. auct. {ad part.). — Drassus E. Sim., Ar: Fr., IV, 1878 (ad part. 3° groupe). -Cephalothorax humilis, antice valde ‘attenuatus, stria thoracica munitus. Oculi antici in lineam rectam seu subrectam, medii lateralibus majores. Oculi postici in lineam levissime procurvam, medii a lateralibus quam inter se re- motiores (1). Area mediorum parallela, longior quam latior, rarius subqua- drata. Spatium inter oculos laterales paulo minus quam inter medios anticos et posticos. Chelæ attenuatæ, ungue longo, margine superiore sulci sat longe obliquo, dentibus mediocribus 2 vel 3 remotis instructo, margine inferiore indistincto, granula parva tantum armato. Sternum longum, antice longe atte- nuatum.Pedes sat breves, antici parce postici sat numerose aculeati, metatarsis tarsisque anticis et plerumque tarsis posticis scopulatis. Abdomen maris supra antice scutatum. Typus : S. quadripunctatus L. AR. GEOGR. : Orbis utriusque reg. frigid., temp. et calid. Nora. Parmi les espèces anciennement décrites sous le nom de Drassus, que l'on peut rapporter à ce genre, on peut citer : D. vialor, scululatus L. Koch, cognatus Westr., Blackwalli Thorell, isabellinus, politus, relusus, navaricus, musculus, cor- cyraeus E. Sim., quadripunctatus Linné, loricatus L. Koch, etc., d'Europe; D. mun- dulus, senilis, scutalus, vulpinus Cambr., d'Égypte et de Syrie; D, Furtadoi E. Sim., des Açores ; D. semitectus E. Sim., du Sénégal ; D. coruscus L. Koch, d’Æthiopie et de l’Yemen; D. rufescens Croneb., du Turkestan ; D. rebellatus E. Sim., de Chine, etc. J'en possède d’autres indéterminées de l'Afrique occidentale et australe, de l'Asie centrale et méridionale, de l'Amérique du Nord et de l'Amérique du Sud, Pæcilochroa Westr., Gôteb. Handl. (n. s.), XIV, 1874. — Pythonissa G. Koch, 1839 (ad part. variana). — Melanophora Westr., 1861 (ad part. M. variana). — Melanophora L. Koch, 1866 {ad part. conspicua). — Gnaphosa Thorell, 1870 (ad part.). — Pœcilochroa et Drassus (ad part. D. auspex, etc.) E. Sim., ASE VIVEASNTSe Cephalothorax Melanophoræ. Oculi antici inter se valde appropinquati, in lineam procurvam vel subrectam, medii lateralibus plus minus majores. Oculi postici in lineam latiorem, a linea antica remotam. Area mediorum longior quam latior, antice quam postice angustior. Spatium inter laterales anticos et posticos saltem haud angustius quam spatium inter medios anticos et pos- (1) Ce caractère est sujet à des exceptions ; je possède une espèce (inédite) de l’Ari- zona, chez laquelle les yeux médians postérieurs sont un peu plus resserrés que les latéraux chez le mâle et, au contraire, un peu plus écartés chez la femelle. Les Sco- tophaeus de l'Afrique australe ressemblent aux Drassodes du groupe de D. lapidosus, leurs yeux médians postérieurs, beaucoup plus resserrés que les latéraux, sont trian— gulaires et obliques, et la dent de la marge inférieure de leurs chélicères est plus forte que celle des autres espèces du genre; une espèce des Canaries (S. varëus E. Sim.), remarquable par sa coloration variée, qui rappelle celle du Liocranum rupicola Walck., a les yeux postérieurs équidistants, au moins chez la femelle. 372 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES ticos. Chelæ, partes oris, sternum pedesque Melanophoræ. Genus inter Scoto- phæum et Melanophoram. Tyeus : P. variana C. Koch. AR. GEOGR. : Europa; Africa sept. et occid.; Asia occid., centr. et trop. ; Amer. sept. et merid. Nora. Je rapporte les espèces de ce genre à trois groupes : À. — Oculi antici inter se valde appropinquati, in lineam subrectam, medii lateralibus multo majores. Oculi postici, superne visi, in lineam plane rec- tam, inter se æquidistantes, vel medii a lateralibus quam inter se paulo re- motiores. Chelarum margo superior leviter depressus, ad angulum prominulus “et carinatus sed muticus, margo inferior indistinctus et muticus (P. campes- trata Cambr.) (1). B. — Oculi antici inter se valde appropinquati, in lineam procurvam, medii lateralibus paulo majores. Oculi postici, superne visi, in lineam levis- sime recurvam, medii inter se quam à lateralibus vix remotiores. Chelarum margo inferior dente parvo, superior ad angulum prominulum dentibus binis geminatis, instructi. Clypeus oculis anticis duplo latior (P. conspicua . L. Koch.) (2). GC. — Oculi antici inter se valde appropinquati, in lineam leviter procur- vam, medii lateralibus vix majores. Oculi postici, superne visi, in lineam levissime recurvam, medii inter se quam à lateralibus multo remotiores. Cly- peus oculis anticis duplo latior. Chelarum margo inferior prominulus, cari- natus sed muticus, inferior indistinctus et muticus (P. variana C. Koch). Latonigena, nov. gen. Cephalothorax oculique fere Pæœcilochroæ. Oculi antici inter se subæquales et appropinquati, in lineam procurvam. Oculi postici inter se fere æquidis- tantes, in lineam plane rectam, seu leviter recurvam, a linea antica remotam, medii lateralibus minores. Clypeus oculis anticis saltem duplo latior. Chela- rum margo inferior indistinctus et muticus, superior brevis subtransversus et carinatus. Sternum longum, antice valde attenuatum et coxas anticas supe- rans. Pars labialis multo longior quam latior. Laminæ longæ fere Sergioli sed intus acute marginatæ. Mamillæ pedesque Pœcilochroæ. Typus : L. auricomis E. Sim. AR. GEOGR. : America austr. : Brasilia merid., Paraguay, Resp. Argentina. (1) Comprenant aussi : P. patricia, auspex, dimidiata (Drassus) E. Sim., et proba- blement P. nigrofemorala (Drassus) Cambr., d'Égypte ; P. incompta (Prosthesima) Pavesi, de Tunisie; P. viduata (Drassus) Pavesi, du Choa. (2) Comprenant aussi P. picta E. Sim., d'Europe; P. latefasciata E. Sim., du Haut- Amazone et probablement P. Behnii Thorell, des îles Nikobar ; j'en possède d’autres | espèces inédites de l'Amérique du Nord, de l’Ecuador et du Brésil. FAMILLE DES DRASSIDÆ 313 Melanophora C. Koch, in H. Schæffer, Deutschl. Ins., 1533, 120, 20-23. — Herpyllus Hentz, Sillim. Journ., XXI, 1832, p. 102 (ad part. H. ater). — Melanophora (ad part.) Westr., L. Koch (olim.), Thorell, 1869-70. — Prosthesima L. Koch, 1872. — Id., E. Sim., Ar. Fr., IV, 1878 (ad part.). Cephalothorax ovatus, antice valde attenuatus, stria media thoracica mu- nitus. Oculi antici inter se appropinquati, in lineam procurvam, æqui vel plerumque medii paulo minores. Oculi postici in lineam rectam vel subrec- tam, linea antica haud vel vix latiorem, inter se æquidistantes, vel sæpe medii a lateralibus quam inter se paulo remotiores. Clypeus oculis anticis latior. Chelæ normales vel rarius antice valde crinitæ (M. barbata L. Koch), margine superiore dente unica vel dentibus duobus munito, margine inferiore mutica vel dente parvo instructo. Pedes Scotophæi, tibiis anticis rarissime leviter incrassatis et insigniter pilosis (M. carmeli Cambr., etc.). Pedes-maxil- lares maris robusti, tibia apophysi simplici extus armata, rarissime patella extus ad apicem spina uncata munita (M. gracillima Cambr.), tarso obtuso bulbum parum superante. Typus : M. subterranea C. Koch. AR. GEOGR. : Orbis utriusq. reg. temp. et calid. Herpyllas Hentz, Sillim. Journ., etc., XXI, 1832, p. 102 (typus M. ecclesias- ticus). — pot Walck., Apt., I, 1837 (ad part. vasifer). — Prosthesima Keyserl., Verh. z. b. G. Wien, 1887, p. 430 (ad part. P. propinqua). — Id. Emerton, Tr. Conn. Acad., VIII, 1890, p. 9 (P. ecclesiastica). — Herpyllus E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1892, p. 455. À Melanophora, cui affinis et subsimilis est, linea oculorum postica valde procurva, oculis mediis posticis lateralibus minoribus et pilis corporis, saltem ad partem, plumosis, facile distinguendus. Typus : H. vasifer Walck. (H. ecclesiasticus H. et P. propinqua Keyserl.). AR. GEOGR. : America sept. et America merid. : Venezuela (suavis E. Sim.) Brasilia et fortasse Chili (1). Aphantaulax E. Sim., Ar. Fr. IV, 1878, p. 32. — Micaria L. Koch, 1866 {ad part. M. Albini, etc.). Cephalothorax Melanophoræ, sed stria thoracica carens. Oculi antici inter se appropinquati, in lineam procurvam, medii lateralibus majores. Oculi pos- tici parvi, in lineam rectam vel subrectam linea antica paulo latiorem et longe remotam, medii inter se quam a lateralibus remotiores. Area mediorum tra- peziformis, multo longior quam latior. Chelarum margo inferior dente minu- (1) Le Drassus longipes Nicolet, dont je n’ai pu étudier qu’un débris, rentre proba- blement dans ce genre ; j'en possède une autre espèce inédite de Bahia au Brésil. 274 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES tissimo et remoto armatus, margo superior tenuiter carinatus atque ad angu- Jlum minutissime dentatus. Partes oris, pedes, mamillæque Pæcilochroæ. Typus : À. Albini Aud. in Sav. AR. GEOGR. : Regio mediterranea ; Africa austr. {australis E. Sim.); India orient. ; ins. Philippinæ; Antillæ : Jamaïca. Sergiolus E. Sim., Proceed. Zool. Soc. Lond., 1891, p. 573. — Herpyllus Hentz, Bost. J. Nat. Hist., 1847-1850 {ad part. EI. variegatus). — Pœcilochroa Emer- ton, Tr. Conn. Acad., VIII, 1890, p. 10 (ad part.). Cephalothorax anguste oblongus, parum convexus, antice parum atte- nuatus, fronte sat lata, stria media thoracica carens. Oculi antici inter se subcontigui, in lineam rectam, medii lateralibus majores. Oculi postici parvi, in lineam leviter recurvam, parum remotam et linea antica evidenter latio- rem, à sese æquidistantes vel medii inter se quam a lateralibus paulo remo- tiores. Area mediorum trapeziformis, paulo longior quam latior. Clypeus oculis anticis saltem duplo latior. Chelæ mediocres, marginibus sulci muticis, inferiore indistincto, superiore sinuoso et longe crinito. Pars labialis fere triplo longior quam latior, ad basin atque ad apicem leviter attenuata, et truncata. Laminæ longæ, subrectæ, ad basin attenuatæ, extus ad apicem leviter dilatato-rotundæ. Sternum anguste oblongum, antice posticeque atte- nuatum. Pedes Aphantaulacis. . Typus : S. variegatus Hentz (1). AR. GEOGR. : America sept. in reg. calid. (variegatus H., cyaneiventris E. Sim.) et Antillæ (elegans E. Sim.). Setaphis nov. gen. — Prosthesima E. Sim., Ar. Fr., IV, 1878, p. 76 (ad part. P. suavis E. Sim.). Cephalothorax ovatus, humilis, subplanus, marginatus, stria media thora- cica minutissima vix perspicua (suavis E. Sim.), vel sat longa (seæmaculata E. Sim.) impressus. Oculi antici inter se appropinquati, in lineam valde procurvam, medii lateralibus multo minores. Oculi postici in lineam levis- sime procurvam, antica haud latiorem, medii a lateralibus subcontigui, inter se plus minus separati, semper elongati et obliqui. Clypeus oculis anticis an- gustior. Sternum magnum, oblongum, postice acutum et coxas posticas pau- lulum superans. Partes oris pedesque fere Melanophoræ, tibüs anticis, præsertim in mare, leviter incrassatis, tarsis posticis nec scopulatis nec fasciculatis, subtus valde crinitis. . Typus : S. suavis E. Sim. - AR. GEOGR. : Gallia merid. et Alg. occid. (2) (suavis E. Sim.); Africa austr. (sexmaculata E. Sim.). _ (1) Les yeux et les pièces buccales ont été très inexactement figurés par Hentz. (2) Drassus parvulus Lucas (Expl. Alg., Arachn., p. 219, pl. xmi,-fig. 6) appartient peut-être à ce genre ; malheureusement, il a été décrit et figuré sur un très jeune individu, ce qui le rend difficile à reconnaître, SES DEN FAMILLE DES DRASSIDÆ 379 Cesonia, nov. gen. — Herpyllus Hentz, Bost. J. Nat. Hist., 1847-1850 (ad part. H. bilineatus). — Pæœcilochroa Emerton, Tr. Conn. Acad., VIII, 1890, p. 11 (ad. part.). Cephalothorax humilis, antice valde attenuatus, fronte angusta, stria media thoracica tenui et brevi munitus. Oculi antici in lineam procurvam, subæ- quales, medii inter se anguste sejuncti sed a lateralibus haud separati. Oculi postici in lineam plane rectam, a linea anlica remotam et vix latiorem, medü inter se quam à lateralibus multo remotiores. Clypeus oculis anticis saltem duplo latior. Laminæ, chelæ pedesque Melanophoræ. Pars labialis evidenter brevior sed longior quam latior, leviter attenuata et obtusa, dimidium lami- narum superans. Mamillæ inferiores superioribus longiores et crassiores, subtus, præsertim ad basin, longe crinitæ. Typus : C. bilineala Hentz (sp. un.) AR. GEOGR. : America septentrionalis. GENUS INVISUM ET INCERTÆ SEDIS Aracus Thorell, Ann. Mus. civ. Gen., 2° ser., V, 1887, p. 35. « À Drasso et Melanophora, quibus hoc genus valde affine est, differt ma millis superioribus solito brevioribus et præterea, saltem in exemplo typico, pedibus 1i paris paris 4 pedes longitudine paululo superantibus ; quæ nota valde singularis est et fortasse non semper sibi constans. » ; Typus : À. captor Thorell. AR. GEOGR. : Birmania. 7. LAMPONEÆ Les Lampona (Latona L. Koch) ressemblent aux Scotophæus et aux Melano- phora par leur forme générale et leurs chélicères, dont la marge inférieure est toujours indistincte et mutique, la supérieure assez courte, presque trans- verse et pourvue de deux ou trois petites dents obluses; mais ils s’en dis- tinguent par certains caractères qui rappellent un peu ceux des Stenochilus et des Palpimanus. La pièce labiale de ces Araignées est plus longue que celle des autres Dras- sides (excepté cependant celle des Sergiolus et Latonigena), elle dépasse le tiers apical des lames et elle est ordinairement marquée, de chaque côté, d’un rebord mousse; les lames ressemblent à celles des Palpimanus, elles sont longues, presque parallèles, et assez fortement cintrées, mais elles sont de plus fortement déprimées dans le sens de leur longueur, bordées au côté interne d’une carène entière, au côté externe d’une carène incomplète et marquées au milieu, dans leur concavité, de gros plis obliques (fig. 332). Le sternum, qui est assez étroit et long, est fortement atténué en avant où il dépasse les hanches antérieures ; il est dans cet endroit brusquement rétréci et parallèle en forme de menton, caractère qui n’a d’analogue que dans le groupe des Hemiclæa ; il se termine en arrière, entre les hanches EQUIE rieures, en petite pointe obtuse. 376 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES La plagula, qui lui fait suite, est en forme de ceinture transverse, pourvue en avant d’une petite pointe aiguë qui n'’atteint pas l'extrémité sternale. Au- dessus des hanches se voient très nettement des pièces épimériennes, mais elles ne sont pas reliées à des prolonge- ments du sternum comme cela a lieu chez les Dysdera et les Palpimanus. Les yeux ont la disposition ordinaire; les antérieurs sont resserrés et en ligne procurvée, avec les médians plus gros que les latéraux, tandis que les postérieurs sont en ligne un peu plus large, droite ou légèrement procurvée; les médians, plus ou moins allongés et obli- ques, sont beaucoup plus resserrés que les la- téraux. L’abdomen est ovale et assez déprimé; celui de la femelle est remarquable par l'épaississe- ment des plaques operculaires de ses stigmates qui forment, de chaque côté de l'épigastre, un large scutum coriacé semi-circulaire ; la fos- sette génitale, située entre ces plaques, est simple, ovale longitudinale et entourée d'un épais rebord coriacé ; chez les mâles, toute la région épigastrique est recouverte d'un scutum qui se prolonge peu en arrière où il est coupé en ligne droite, mais qui se dilate plus ou moins de chaque côté; l'abdomen du mâle offre de plus, en avant, un scutum dorsal ovale, acuminé ou tronqué en arrière. Fig. 331. Lampona cylindrata L. Koch. Mâle grossi. . 332 399 334 Fig. 332. Lampona fasciata L. Koch. Pièces buccales. — Fig. 333, Id. Filières. — Fig. 334. Lampona cylindrata L. Koch. Patte-mâchoire du mâle, de profil. Les pattes sont courtes et très robustes, surtout celles des deux premières paires, entièrement mutiques ou rarement pourvues de quelques petites épines isolées (L. brevipes L. Koch); les patellas des deux premières paires sont mé- diocres et presque égales ; les tarses sont relativement courts. FAMILLE DES DRASSIDÆ 377 Les tarses et métatarses antérieurs et les tarses postérieurs sont garnis de scopulas très denses, qui s'étendent souvent à l'extrémité des métatarses pos- térieurs. Les griffes des pattes antérieures sont courtes et très courbées, celles des postérieures sont plus longues; elles sont pourvues d’un petit nombre de dents robustes qui manquent souvent complètement à la griffe externe. L’abdomen, qui est tronqué en arrière, offre au milieu, immédiatement au- dessous des filières inférieures, une petite saillie garnie de crins qui est peut-être un colulus rudimentaire (fig. 333) ; les filières inférieures, écartées transversalement, sont assez courtes; les médianes sont presque semblables aux inférieures ; tandis que les supérieures sont plus longues et un peu plus épaisses, contrairement à ce qui a lieu pour les autres Drassides, cylindriques ou légèrement atténuées à la base (fig. 333) (1). La patte-mâchoire du mâle est assez robuste; son tibia et sa patella sont presque d’égale longueur et celui-ci est pourvu d’une forte apophyse supéro- externe simple et dirigée en avant ; le tarse est gros et ovale, il dépasse peu le bulbe; celui-ci ressemble un peu à celui des Palpimanides, il a la forme d'un gros globule, terminé en avant en pointe simple, se prolongeant jusqu’à l'extrémité du tarse (fig. 334). Les Lampona sont des Araignées d’assez forte taille, dont les téguments sont épais, souvent rugueux ou impresso-ponctués, principalement ceux des pièces buccales et du sternum; leur céphalothorax et leurs pattes sont noirs ou brun rougeâtre, tandis que leur abdomen est ordinairement orné de larges macules claires sur fond brun ou noir, il offre presque toujours, en arrière, au-dessus des filières, une petite tache blanche plus constante que les autres. Le genre est exclusivement propre à la Nouvelle-Hollande ; il renferme actuellement onze espèces, toutes décrites et figurées par le Dr L. Koch dans ses Arachniden australiens (p. 363, pl. XX VIII et XXIX). Lampona Thorell, Eur. Spid., etc., 1870, p. 37, — Latona L. Koch, Ar. Fam. Drass., 1866, p. 3 (nom. præocc.). — Lampona L. Koch, Ar. Austr., p. 362. Cephalothorax ovato-elongatus, humilis et subplanus, stria thoracica brevi, radiantibus nullis. Oculi antici inter se anguste separati, in lineam valde procurvam, medii lateralibus majores. Oculi postici in lineam paulo latiorem et leviter procurvam, medii elongati et obliqui a lateralibus quam inter se multo remotiores. Clypeus oculis lateralibus anticis haud vel non multo latior. Chelæ mediocres, margine inferiore sulci indistincto et mutico, supe- riore crasse scopulato et dentibus parvis et obtusis 2 vel 3 armato, ungue valde curvato ad basin crasso. Pars labialis multo longior quam latior, leviter (1) Je n’ai pu étudier leurs fusules, qui sont rétractées sur tous les spécimens que J'ai à ma disposition. 378 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES attenuata et truncata, tertiam partem apicalem laminarum superans, leviter depressa et marginata. Laminæ arcuato-inclinatæ, subparallelæ, versus basin leviter attenuatæ, valde impressæ et intus et extus marginatæ. Sternum longe ovatum, antice sat abrupte angustius et inter coxas anticas paululum produc- tum. Coxæ anticæ reliquis longiores. Pedes breves et robusti (1, 1, 11, 11) mutici, vel rarius aculeis parvis paucissimis muniti (L. brevipes L. Koch). Patellæ quatuor anticæ æquales et mediocres. Tarsi sat breves. Scopulæ crassæ. Ungues tarsorum anticorum breves et valde curvati, posticorum lon- giores, paucidentati, exterior sæpe muticus. Mamillæ inferiores sat breves, inter se transversim sat late distantes, mediæ inferioribus subsimiles haud vel vix breviores, superiores longiores, paulo crassiores, versus basin leviter attenuatæ. Typus : L. cylindrata L. Koch. AR. GEOGR. : Nova Hollandia. 8. LARONIEÆ Les Laronia diffèrent des autres Drassodinæ par la forme de leurs chélicères /Let l’'armature de leurs marges; ces chélicères sont larges et convexes à la | | base, mais très atténuées et un peu déprimées à l’extrémité; leur bord interne, | Lau lieu d'être arrondi, est coupé droit, un peu caréné et garni de forts crins | spiniformes dirigés en dedans ; la marge inférieure, qui est peu oblique, est armée de trois tubercules très Mise larges et presque contigus, mais dissem- blables et inégaux : le premier, rapproché du crochet, est large, très obtus et presque arrondi; le second, un peu plus petit, est également obtus, mais un peu in- cliné en bas, le troisième, enfin, beaucoup plus petit et aigu, occupe l’angle; la marge supérieure _ - présente aussi, dans certains cas, de petites expan- Fig.335. !:. sions membraneuses (fig. 335). Les pièces buccales Laronia rufithorax E.Sim. ne diffèrent pas sensiblement de celles des groupes Crochet et marges de la précédents ; les lames sont armées, au côté externe, core de crins spiniformes, comme celles de quelques Cal- lilepis. Le céphalothorax, dont le front est large et obtus, ressemble à celui des Gnaphosa, mais sa strie thoracique est très petite et presque ponc- tiforme. _ Les yeux ont aussi la danestion de ceux des Cnuphosn; les postérieurs forment également une ligne récurvée plus large que la première. Les filières sont assez courtes, d’égale longueur, mais les supérieures sont plus épaisses que les inférieures comme chez les Lampona. Les pattes sont peu longues, garnies d’épines assez nombreuses; les tarses, dépourvus de scopulas, ne présentent que de petits fascicules ungueaux, mais ils sont toujours armés en dessous de deux séries parallèles de crins spini- formes ou de petites épines. La patte-mâchoire du mâle de L. rufithorax est assez robuste et de Br ordinaire ; son tibia, plus court que la patella, est armé d’une forte _apophyse FAMILLE DES DRASSIDÆ 379 supéro-externe dirigée en avant et un peu courbe; son tarse est gros et ovale, terminé en pointe subaiguë armée d'épines, dépassant le bulbe, qui est volu- mineux, mais assez simple. Les Laronia sont de taille médiocre ; ils rappellent par leur coloration les Pæcilochroa et certains Callilepis (nocturna, etc.) ; leur céphalothorax et leurs pattes sont rouges ou d'un brun rouge, tandis que leur abdomen est orné de bandes transverses claires sur fond brun ou noir. On en connaît trois espèces : l'une propre au Venezuela {L. rufithorax E. Sim.), une autre à l'Uruguay (L. variegata E. Sim.), la troisième à Sierra- Leone sur la côte occidentale d'Afrique (L. cincta E. Sim.) Laronia E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1892, p. 457. Cephalothorax ovatus, sat convexus, fronte lata, stria brevissima. Oculi antici inter se appropinquati, in lineam leviter procurvam, æquales, vel medii vix minores. Oculi postici subæquales (rufithorax E. Sim.) vel medii minores (variegata, cincta E. Sim.), inter se fere æquidistantes, in lineam recurvam multo latiorem. Clypeus oculis anticis latior. Chelæ ad basin latæ et convexæ, versus apicem valde attenuatæ et leviter depressæ, intus recte sectæ, carinatæ et crinitæ, ungue mediocri, curvato, sat gracili sed a basin sensim incrassato, margine inferiore sulci trilobato. Pars labialis multo longior quam latior, ad basin atque ad apicem attenuata. Laminæ longæ, paululum attenuatæ atque obtusæ, evidenter arcuatæ, extus valde crinitæ. Pedes sat breves (IV, 1, 11, 1), aculeati, haud scopulati, tarsis subtus aculeis vel setis spiniformibus biseriatim ordinatis, munitis. | Typus : L. rufithorax E. Sim. AR. GEOGR. : America merid. : Venezuela, Uruguay ; Africa occid. 9. GNAPHOSEÆ _ Les espèces de ce groupe diffèrent de tous les autres Drassides parleurs chélicères, dont la marge inférieure est pourvue d’une lame chitineuse carini- forme. coupée droit à ses deux extrémités et plus ou moins concave à son bord supérieur qui est crénelé de petites dents dont les deux apicales sont gé- néralement plus fortes que les autres (fig. 336). . Leurs pièces buccales sont presque semblables à celles des Melanophora; leurs lames sont également cintrées et presque arrondies à l'extrémité. Leurs filières inférieures sont généralement plus longues, et elles ressem- blent à celles des Megamyrmecion; leur troncature, presque arrondie, est garnie au bord supérieur de très longues fusules exertiles et rayonnantes, disposées sur un seul rang, on en compte dix ou onze chez les Gnaphosa, de quatre à sept chez les Callilepis, deux seulement chez les Asemesthes (fig. 337): Les filières supérieures et médianes sont généralement normales, excepté cependant celles des Callilepis qui offrent la curieuse disposition que j'ai figurée dans la première partie (p. 30, fig. 50); les médianes sont élevées sur 380 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES une sorte de support marqué en dessus de deux petites saillies pourvues cha- cune de deux pointes coniques chitineuse: un peu rougeâtres, qui sont de simples tubercules et non des fusules, comme je le supposais; ils ne sont bien développés-que dans les grosses espèces du genre (1). Les yeux antérieurs sont toujours resserrés et en ligne légèrement pro- curvée, les médians sont presque toujours un peu plus petits que les latéraux, ils ne sont un peu plus gros que chez quelques Callilepis déserticoles (C. Schæfferi Aud.). Dans le genre Gnaphosa, la seconde ligne des yeux est beaucoup plus large que la première et fortement recurvée, ses yeux médians sont entre eux presque contigus, mais ils sont très largement séparés des latéraux (fig. 338); tandis que dans les deux autres genres, la seconde ligne des yeux, plus séparée de la première, est à peine plus large, souvent de même largeur et même plus étroite (Asemesthes), 336 331 ses yeux sont équidistants ou les médians sont Fig. 336. Gnaphosa. Marge infé- plus séparés l'un de l’autre que des latéraux, ceux rieure de la chélicère. — Fig.337. des Callilepis sont presque égaux (fig. 339), tandis Asemesthes. Extrémité de lune (Le ceux des Asemesthes sont très inégaux, les des filières inférieures. E À - latéraux étant beaucoup plus gros que les mé- dians (fig. 340); dans le genre Callilepis, la disposition des yeux de la seconde ligne varie dans d'assez larges limites d'espèce à espèce. PT: Cf 0 2 JET Ô Te © GAYS 0°‘ 338 339 340 Fig. 338. Gnaphosa. Yeux vus en dessus. — Fig. 339. Callilepis. Id. — Fig. 340. Asemesthes. Id. Les pattes sont ordinairement {Gnaphosa, quelques Callilepis) courtes et robustes; leurs patellas des deux premières paires sont peu inégales, et leurs tarses antérieurs sont presque toujours plus courts que les métatarses ; beau- coup de Callilepis ont cependant les pattes plus longues et beaucoup plus grèles aux extrémités, avec les patellas de la première paire nettement plus longues que celles de la seconde; leurs épines sont plus nombreuses aux paires postérieures qu'aux antérieures; chez quelques Callilepis (C. spinosis- sima E. Sim.) elles sont très développées et en partie irrégulières aux patellas et aux tibias de la 3° et de la. 4° paires. Les tarses et métatarses antérieurs sont garnis de scopulas, qui chez les Callilepis n'atteignent pas la base. Les griffes tarsales des Gnaphosa sont robustes et armées dans leurs deux tiers basilaires d’une série de 4 à 5 dents, dont les 2 ou 3 premières plus (1) Je n’en ai pas trouvé trace chez C. nocturna L., exornata C. Koch, plumalis Cambr., etc. - del FAMILLE DES DRASSIDÆ 381 longues que les autres, les griffes postérieures ont souvent une dent de plus que les antérieures; les griffes des Callilepis sont plus longues, au moins aux paires postérieures, peu arquées et pourvues, dans leur moitié basilaire, d'une série de 5 à 7 longues dents isolées, diminuant de longueur de l’extrémité à la base ; chez les C. nocturna L., exornata C. Koch, etc., ces griffes sont accom- pagnées en dessous d’un fascicule de poils longs aplatis et tronqués, mais chez les espèces déserticoles (C. Schæfferi Aud., spinosissima E. Sim., plumalis Cambr., etc., etc.), les fascicules font complètement défaut, comme chez les Anagraphis, ce caractère n’a pas ici de valeur générique, car on le voit varier chez des espêces très voisines sous tous les autres rapports (1), Le tarse de la patte-mâchoire de la femelle est tantôt obtus (Gnaphosa), tantôt acuminé ; sa griffe est très rarement mutique (C. nocturna L.}, elle est ordinairement pourvue de dents plus nombreuses chez les Callilepis (8 chez C. Aussereri L. Koch) que chez les Gnaphosa (3 chez G. iberica E. Sim.). La patte-mâchoire du mâle des Gnaphosa, robuste, simple et très uniforme, est du même type que celle des Echemeæ ; son apophyse tibiale supéro-externe est droile ou un peu arquée en haut, très obtuse (G. bicolor H., etc.) ou subaiguë (G. muscorum L. K., etc.), rarement un peu bifide (G. occidentalis E. Sim., etc.); dans quelques espèces (G. bicolor H.), le fémur offre à l’extrémité une brosse de crins noirs; celle des Callilepis est plus polymorphe, son fémur est rarement dilaté et comprimé et son tibia plus rarement encore dépourvu d’apophyse (C. nocturna L.), ce dernier est presque toujours armé d’une apophyse supéro- externe simple ou double, de forme très variable selon les espèces, quelque- fois courte et robuste (C. plumalis Cambr., etc.), d’autres fois très longue, grêle et bifide (GC. lutata Cambr., etc.); le bulbe est simple, il ne s’écarte de la forme normale que dans une espèce américaine (qui m'est inconnue en nature), décrite par L. Koch, sous le nom de Pythonissa sericata, où il est entouré d’un long stylus exserte formant une double boucle. Les téguments sont revêtus de poils généralement plumeux. Les Gnaphosa sont de teinte sombre et uniforme, avec les pattes souvent éclaircies, surtout les fémurs; quelques-uns seulement (G. ulacris E. Sim., zeu- gitana Pav., etc.) rappellent les Drassodes et les Callilepis par leur coloration ; la plupart comptent parmi nos plus gros Drassides ; d’autres sont de la taille des Melanophora auxquels ils ressemblent. Ils habitent sous les pierres et dans les mousses des bois, principalement des bois de conifères. Ils ne construisent pas de coque proprement dite, quelques-uns s’enveloppent d’une toile légère ‘| au moment de la ponte. Leur cocon est blanc, aplati, lenticulaire et tran- chant sur les bords, son tissu tient le milieu entre celui du cocon des Dras- sodes et celui des Melanophora, il n’est pas fixé comme celui de ces derniers et ne prend jamais de teinte rougeûtre. | Le genre Callilepis est moins homogène et ses espèces pourraient se rap- porter à trois groupes principaux : dans le premier, qui a pour type C. noc- (1) Chez C. exornata C. Koch, les fascicules sont bien développés, tandis qu'ils font défaut chez C. cinereoplumosa E. Sim. 382 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES turna L., les pattes sont courtes et la coloration dorsale est analogue à celle des Pæcilochroa, étant formée de grandes taches blanches ou jaunes sur fond brun ou noir ; dans le second, qui se compose de quelques espèces propres aux îles de l’Atlantique (C. nigromaculata BI., des îles du Cap-Vert, convexa, Verneaui E. Sim., des Canaries, lugubris Cambr., de Sainte-Hélène), les pattes sont encore assez courtes, le céphalothorax convexe et la face dorsale ornée de petits dessins réticulés sur fond gris ou fauve; enfin dans le troi- sième groupe, qui comprend toutes les espèces déserticoles, les pattes sont beaucoup plus longues et la livrée est fauve avec des dessins réticulés ou ponctués ; l'abdomen offre souvent une bande claire médiane bordée de noir ou de brun et fortement denticulée comme une plume, d’autres fois une série de lignes transverses arquées en forme d’accents; la coloration devient par- fois entièrement blanche dans les espèces qui habitent exclusivement les sables du désert (C. Schæfferi Aud.). Un grand nombre d’espèces sont intermédiaires au deuxième et au troisième groupe (C. plumalis Cambr., etc.) ; quelques-unes, dont les pattes postérieures sont remarquablement épineuses (C. spinosissima E. Sim.) pourraient former un groupe spécial. Les Callilepis sont d’une excessive vivacité, ils se tiennent sous les pierres où ils filent une petite toile irrégulière de tissu léger ; leur cocon, plano-con- vexe, ressemble à celui des Melanophora, mais il est toujours blanc. Le genre Gnaphosa renferme environ 55 espèces, dont 28 se trouvent en Europe, principalement dans les hautes montagnes et dans la zone septen- trionale ; 8 sont propres à la région méditerranéenne ; 3, à la Sibérie; 5, à l'Asie centrale et 8, à l’Amérique du Nord; quelques-unes de ces dernières s’'avancent beaucoup au Nord ; 2, de nos espèces alpines (G. muscorum et montana L. Koch), se retrouvent en Sibérie (d’après L. Koch). Le genre Callilepis est un peu plus nombreux, mais quatre de ses espèces seu- lement se trouvent dans l’Europe centrale et les Alpes ; une trentaine dans la région méditerranéenne, principalement dans la zone désertique du nord de l’Afrique et de l’Asie occidentale; 3 habitent l’Afrique occidentale ; 2 (iné- dites), l'Afrique australe; 1, l’île Sainte-Hélène (C. lugubris Cambr.); 5, l'Arabie méridionale; 3, l'Æthiopie ; 1, la Birmanie (C. passerina E. Sim.); 1, l'Inde (C. harpax Cambr.); 1, la Chine (C. flavitarsis E. Sim.) ; 2, les îles Canaries (C. Verneaui, musiva E. Sim.); 1, les îles du Cap-Vert (C. nigromacu- lata Blackw.); enfin, 3, l'Amérique du Nord. Quelques-unes de ces espèces sont largement distribuées : C. cinereo-plu- mosa E. Sim. habite l'Algérie et le Sénégal; C. plumalis Cambr. et Schæffert Aud. s'étendent dans toute la zone désertique de l'Egypte et de l'Arabie jus- qu’à l’Yemen et l'Asie centrale ; C. exornata CG. Koch, si commun dans le sud de l’Europe, se retrouve dans l’Asie centrale, et, d’après eBeveL, notre C. nocturna L. habite aussi le Canada. Le genre Asemesthes est propre à l’Afrique australe ; l’espèce type a été dé- couverte dans le désert du Kalahari; j’en ai trouvé deux autres au Cap et au Transvaal, elles ont la taille, le uns et presque la coloration du CNE exornata C. Koch. FAMILLE DES DRASSIDÆ 383 GENERA 1. Oculorum series postica serie antica multo latior et valde recurva, oculi medii a lateralibus quam inter se multo remotiores. Gnaphosa. — Oculorum series postica antica haud vel vix latior interdum angus- HOMO CULRIE TE SE qUIISTAILLES PANIER AA RER LSRMEL RUE 2 2. Oculi inter se parum inæquales, series postica antica paulo latior vel saltem haud'angustior et area tota oculorum latior quam F7 longior. Mamillæ inferiores fusulis magnis 5-7 munitæ. (Callilepis. — Oculi inter se valde inæquales, laterales, præsertim antici, me- diis multo majores, series postica antica angustior et area tota oculorum haud latior quam longior. Mamillæ inferiores fusulis MAD MaNTUENNbINIS UNI RCE Eee DR terete Asemesthes. Gnaphosa Latr., Nouv. Dict. H. N., XXIV, 1804, p. 134 (les Celluliformes de Walckenaer). — Drassus Walck., Tabl. Aran., 1805, p. 45 (typus D. lucifugus). — Pythonissa GC. Koch, Ueb. Ar. Syst., I, 1837, p. 16 (typus P. nigra). — Drassus Blackw. (ad part.). — Pythonissa L. Koch, Ar. Fam. Drass.,1866, p. 2 (ad part.). — Gnaphosa Thorell, Eur. Spid., etc., 1870, p. 149 (ad part.). — Gnaphosa E. Sim., Ar. Fr., IV, 1878. Cephalothorax parum convexus, ovatus, acute vel obtuse marginatus, fronte lata et obtusa, stria thoracica longa. Oculi antici inter se parum disjuncti, æqui seu medii minores, in lineam leviter procurvam. Oculi postici in lineam valde recurvam, a linea antica remotam et multo latiorem, medii inter se sub- contigui sed a lateralibus late distantes. Clypeus oculis anticis paulo latior. Pars labialis magna, multo longior quam latior, attenuata et obtusa, angulum interiorem laminarum attingens. Pedes robusti, parum longi (1v, 1, 11, ut), antici submutici vel aculeis robustis paucis muniti, postici sat numerose aculeati. Scopulæ crassæ. Mamillæ inferiores sat longæ, truncatura subro- tunda, fusulis magnis divaricatis 10-11 ornata, superiores paulo breviores et graciliores, mediæ multo breviores. Typus : G. lucifuga Latr. AR. GEOGR. : Europa bor., media et mediterr.; Asia sept., centr. et orient. ; Africa austr.; America septentr. Callilepis Westr., Gôüteb. Handl. (n. s.), XIV, 1874. — Drassus Walck., 1805 (ad part. D. nocturnus). — Melanophora Westr., 1861 (ad part.). — Gnaphosa Thorell, 1870 (ad part.). — Pythonissa E. Sim., 1878. Cephalothorax fere planus, rarius sat convexus (nigromaculata B1.), antice valde attenuatus. Oculi antici inter se appropinquati et subæquales, in lineam procurvam. Oculi postici in lineam rectam vel leviter recurvam, a linea antica late remotam et vix latiorem, inter se æquidistantes vel medii a lateralibus quam inter se paulo remotiores. Clypeus oculis anticis latior. Partes oris, che- læque Gnaphosæ. Pedes (1v, 1, 11, 1) plus minus longi et robusti, sed meta- 384 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES tarsis tarsisque semper gracilibus, præsertim postici, valde et numerosissime aculeati. Mamillæ inferiores longissimæ, apice fusulis retractilibus longis (5 vel 7) ornatæ. Typus : C. nocturna L. AR. GEOGR. : Europa med. et mérid.; Regio mediterr., imprimis in partibus arenaceis et desertis; Arabia merid.; Æthiopia; Africa occid. et austr.; Asia centr., orient. et merid.; insulæ atlanticæ ; America sept. Asemesthes E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1887, p. 372. Cephalothorax sat convexus, antice attenuatus et truncatus, stria thoracica brevi. Oculi antici inter se subcontigui et validissime inæquales, medii parvi, laterales mediis plus quintuplo majores, valde convexi et prominuli, in lineam valde procurvam. Oculi postici in lineam valde recurvam, a linea antica lon- gissime remotam et paulo angustiorem (area oculorum tota haud latior quam longior), medii parvi et subcontigui, laterales mediis multo majores, sed minores quam laterales antici. Mamillæ inferiores fusulis longis tantum binis armatæ. Typus : À. subnubilus E. Sim. AR. GEOGR. : Africa austr. f à NA 3e Sous-famille CITHÆRONINÆ Le genre Cithæron Cambr. a été placé par Cambridge entre les Enyo (Zoda- rion) et les Agelena (Proceed. Zool. Soc. Lond., 1872, p. 273), et je l’ai décrit depuis, sous le nom de Tephlea (Ar. Fr., IV, p. 207), comme un Drassides anormal. Ses caractères sont des plus ambigus et indiquent des rapports multiples; il fait le passage des Drassides aux Zodariides, comme les Lampona font le passage des Drassides aux Palpimanides, mais il s’éloigne davantage du type normal de la famille à laquelle je le rattache. Ses pièces buccales et ses griffes sont celles des Drassides, tandis que ses filières inférieures, rapprochées et unies à la base, ressemblent à celles des Zodariides; mais ses filières médianes, et surtout les supérieures, qui sont longues et biarticulées, ne ressemblent en rien à celles de ces derniers; il diffère aussi de tous les autres Drassides par son large bandeau. Le céphalothorax des Cihæron, ovale et atténué en avant, est marqué d’une strie thoracique fine et longue. Les yeux, séparés du bord antérieur par un large bandeau, plan et un peu incliné, sont en deux lignes transverses d’égale largeur et presque également procurvées ; ils sont peu inégaux et les médians postérieurs sont, comme ceux de beaucoup de Drassides, ovales ou triangulaires et obliques. Les pièces buccales ressemblent à celles des Calli- lepis, mais l’impression des lames est peu sensible. Le sternum est ovale large, visiblement impressionné sur les bords; il se FAMILLE DES DRASSIDÆ 38 termine assez brusquement en arrière, en pointe obtuse, entre les hanches postérieures qui sont disjointes. Les chélicères sont robustes et parallèles ; leur crochet est long, très forte- ment arqué en demi-cercle et comprimé, large à la base, mais grêle à l’extrémité ; les marges sont complètement mutiques, l’inférieure est indistincte, la supérieure, assez denguement oblique, est garnie de crins régulièrement sériés (fig. 342). Les pattes, longues et mutiques, sont remar- quables par la longueur et la gracilité de leurs tarses, qui sont flexibles ; la proportion des ar- ticles n’est pas la même que chez les Drassides ordinaires, car les hanches postérieures sont plus longues que les autres qui sont, entre elles, presque égales ; les patellas des quatre paires sont presque égales; les tarses, dépourvus de scopulas, sont garnis en dessous de crins rudes disposés en deux bandes longitudinales qui s’é- tendent aux métatarses antérieurs ; leurs griffes sont accompagnées de quelques (4-6) très longs poils spatulés-tronqués ; elles sont assez courtes et robustes et pourvues, dans leurs deux tiers basilaires, de quatre dents isolées et très inégales; les deux premières, sur- tout la seconde, étant beaucoup plus grosses que les autres (1) et taillées en biseau à l'extrémité (fig. 343). Fig. 341, Cithaeron praedonius Cambr. Femelle grossie. L'abdomen, ovale allongé, acuminé en arrière, porte six filières resserrées ; les inférieures, presque contiguës, sont assez courtes, légèrement courbes et 342 343 344 349 Fig. 342. Cithaeron praedonius Cambr. Chélicère. — Fig. 343. Id. Griffe de profil. — Fig. 344. . Id. Filières en dessous. — Fig. 345. C. limbatus E. Sim. Patte-mächoire du mâle. un peu déprimées sur leur face interne, elles sont portées sur une espèce de support membraneux divisé lui-même par un sillon longitudinal; leur tron- (1) Ces griffes sont au nombre de deux et non de trois, comme le dit Cambridge. 25 380 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES cature ovale m'a paru garnie de fusules assez petites; les filières médianes sont presque semblables aux inférieures, elles les dépassent un peu et leur troncature. est arrondie; les filières supérieures sont contigués et situées im-— médiatement au-dessus des précédentes ; elles sont beaucoup plus longues et très nettement biarticulées ; leur article basilaire, élevé sur un petit support membraneux et cylindrique, est légèrement élargi de la base à l'extrémité, tandis que leur article apical, conique et obtus, est un peu dirigé en dedans (fig. 344). La patte-mâchoire de la femelle est peu robuste et longue; son tibia est beaucoup plus long que la patella; son tarse, grêle, cylindrique et droit, est au moins aussi long que les deux articles précédents réunis, et il porte à son extrémité une petite griffe pourvue de deux ou trois dents. La patte-mâchoire du mâle est très particulière ; elle s'éloigne beaucoup de celles des Drassides ordinaires pour ressembler à celle des Hersilia et même des Agelenides ; celle de C. limbatus E. Sim. (Tephlea) est assez longue; son tibia, un peu plus long que la patella, est légèrement élargi de la base à l'extrémité où il porte une petite apophyse supéro-externe ; le tarse, beaucoup plus long que les deux articles précédents réunis, est assez large, ovale et convexe dans sa moitié basilaire, mais prolongé, dans la seconde, en pointe longue, grêle et cylindrique, se terminant par une petite pointe mutique cachée au milieu des poils; le bulbe, qui n’occupe que la moitié basilaire élargie du tarse, est plus complexe que celui des Drassides en général; il est presque circulaire et entouré d’un très épais bourrelet noir, à son centre, qui est plan et membraneux, il offre un stylus replié en boucle et une petite apophyse perpendiculaire transparente (fig. 345). Les Cythæron sont des Araïignées de taille moyenne, de teinte claire, mais relevée sur le céphalothorax et l'abdomen de larges bandes foncées longitu- dinales ; on ne sait rien de leurs mœurs; les espèces connues ont été ren- contrées courant au soleil avec une étonnante rapidité à la manière des Zodarion. On en a décrit trois espèces : C. prædonius Combr. (Tephlea agelenoïides E. Sim.), qui habite la Syrie; C. limbatus E. Sim., qui se trouve en Égypte et dans l’Inde méridionale, et C. semilimbatus E. Sim., qui est propre à l’Yemen, et j'en ai trouvé une quatrième au Transvaal (1). Cithæron Cambr., Proceed. Zool. Soc. Lond., 1872, p. 272. — Tephlea E. Sim., Ar. Fr., IV, 1878, p. 207 (note). Cephalothorax ovatus, sat convexus. Oculi antici inter se parum disjuncti, in lineam valde procurvam, medii lateralibus paulo majores. Oculi postici in lineam procurvam, linea antica haud vel vix latiorem, medii ovati et obliqui a lateralibus quam inter se remotiores. Clypeus proclivis, area oculorum vix (1) Je n’en ai malheureusement pris qu’un jeune individu dent les caractères spéci- fiques ne sont pas suffisamment développés pour être décrits. FAMILLE DES DRASSIDÆ 387 angustior. Chelarum margines mutici, ungue longo et valde curvato. Pars labialis longior quam latior, subparallela, apice obtuse truncata, dimidium laminarum superans. Laminæ sat arcuato-curvatæ, ad apicem paululum atte- nuatæ, atque obtusæ, in medio vix distincte impressæ. Pedes longi, tenues et mutici (IV, 1, 11, it), tarsis gracillimis et flexuosis, inferne rude setosis sub- spinosis, fasciculo unguiculari parvo, ex pilis membranaceis depressis 4-6 composito, munitis. Ungues mediocres, curvati, dentibus quatuor valde iniquis (1-2 crassis) armati. Sternum paulo longius quam latius, inter coxas posticas sat anguste productum. Mamillæ inferiores inter se subcontiguæ, superiores longiores, biarticulatæ, articulo apicali basali saltem triplo breviore. Typus : C. prædonius Cambr. AR. GEOGR. : Syria; Ægypius; Arabia merid.; India; Africa austr. 4° Sous-famille CYBÆODINÆ L À € 177 FA \ / À la suite du genre Cythæron, je place un petit groupe aux caractères am- bigus, dont les filières et surtout les organes sexuels sont construits à peu près de même. Le céphalothorax de ces Araignées est assez court, large dans la partie tho- racique, atténué dans la partie céphalique qui est néanmoins large, obtuse et convexe, pourvu où non d'une fine strie thoracique et de stries rayonnantes peu indiquées. Dans le genre Cybæodes, les quatre yeux antérieurs, petits, égaux et res- serrés, sont disposés en ligne droite; les yeux postérieurs, équidistants, sont en ligne beaucoup plus large que la première et visiblement récurvée, les médians sont extrêmement petits, punctiformes ; tandis que dans le genre An- dromma les yeux postérieurs font complètement défaut, et le groupe oculaire est réduit aux quatre antérieurs qui sont disposés en ligne droite : les deux médians sont assez gros, noirs, ronds, convexes et rapprochés, tandis que les deux latéraux sont blancs, ovales et extrêmement petits, surtout chez le mâle (fig. 347). 946 941 348 Fig. 346. Andromima aelhiopicum E. Sim. Pièces buccales. — Fig. 341. Id. Front et yeux. — Fig. 348. Id. Patte-mâchoire. du mâle de profil. Le bandeau, vertical et plan, a environ deux fois la largeur des yeux mé- dians antérieurs. Les pièces buccales des Cybæodes ressemblent à celles des Theuma et des Anagraphis ; la pièce labiale, plus courte que chez les autres Drassides, est un peu resserrée de chaque côté à la base, légèrement atténuée et tronquée à 388 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES l’extrémité où elle dépasse peu le milieu des lames ; celle des Andromma est encore plus courte, plus large que longue et semi-circulaire transverse; les lames sont, dans les deux genres, courtes, peu atténuées et obtuses, forte- ment inclinées, mais non cintrées, convexes, manquant de l'impression qui est l'un des caractères les plus constants de la famille des Drassides (fig. 346). Les chélicères ressemblent à celles des Theuma; leur crochet est également long et graduellement épaissi à la base; la marge inférieure est armée de deux petites dents peu séparées de la base du crochet, tandis que la supé- rieure porte trois dents plus fortes, presque égales et plus reculées (1). Le sternum, légèrement convexe, est un peu plus long que large chez les Cybæodes, au contraire plus large que long et cordiforme transverse chez les Andromma, où il est atténué en arrière, mais néanmoins largement et obtu- sément tronqué entre les hanches postérieures distantes. Les pattes sont dans les mêmes proportions que celles des Cythæron ; celles des Andromma sont également mutiques, tandis que celles des Cybæodes sont armées d'épines plus régulièrement sériées que celles des autres Dras- sides (2). Les tarses sont droits, nullement flexibles ; ceux des Cybæodes sont grêles et plus courts que les métatarses, tandis que chez les Andromma les anté- rieurs, presque aussi longs que les métatarses, sont assez épais et légèrement fusiformes ; leurs fascicules sont denses et formés de poils claviformes nom- breux ; les griffes grêles et assez longues sont, chez les Cybæodes, armées, dans la première moitié seulement, d’une série de 5 ou 6 dents longues, ser- rées et obtuses, diminuant légèrement et graduellement à la base, tandis que chez les Andromma la série dentée, également nombreuse, atteint presque l’apex de la griffe. Les filières inférieures, assez petites et cylindriques, nullement coriacées comme celles des autres Drassides, sont séparées à la base environ de leur diamètre ; les médianes sont de même forme, de même longueur ou plus longues (Andromma), leur troncature, au moins chez les Cybæodes, est légè- rement ovale longitudinale ; les filières supérieures sont un peu plus épaisses que les inférieures et un peu plus écartées transversalement, de sorte que l’aire occupée par les filières est trapézoïde, plus étroite dans le bas que dans le haut, contrairement à ce qui a lieu pour les Drassodinæ; ces filières supé- (1) Je n’ai pu étudier l’armature des marges dans le genre Andromma. La descrip- tion que j'ai donnée antérieurement de celle des Cybaeodes n’est pas exacte ; les deux rangs de dents sont rapprochés et, vus en dessus, ne paraissent en former qu’un seul, ce qui m'a fait dire à tort « bord inférieur présentant une série de denticulations nom- breuses », tandis qu’en réalité il n’en présente que deux. (2) Le Cybaeodes offre aux tibias de la {re paire deux séries inférieures de 4-4 épines longues; les tibias de la seconde paire deux séries : l’externe de quatre, l’interne d’une seule épine terminale; les métatarses des deux premières paires offrent, à la base, une paire de fortes épines et, ensuite, deux séries longitudinales de crins serrés. FAMILLE DES DRASSIDÆ 389 rieures sont formées de deux articles, dont, l’apical est conique et au moins _d’un tiers plus court que le basilaire (1). La patte-mâchoire de la femelle est assez longue ; son tibia est beaucoup plus long que la patella ; son tarse est un peu plus long que le tibia, celui du Éeoues est cylindrique et légèrement atténué, tandis que celui de l'Andromma est un peu plus épais et légèrement fusiforme. Le mâle du genre Cybæodes n'est pas connu ; celui de l’Andromma æthopi- cum E. Sim. a une patte-mâchoire qui ressemble beaucoup à celle du Cithæ- ron limbatus E. Sim.; son tibia, un peu plus court que la patella, est armé d’une petite apophyse supéro-externe aiguë et crochue, d'une apophyse infé- rieure plus épaisse, mais excavée et rebordée en avant, et de plus, d’une petite dent supéro-interne ; son tarse, plus long que les deux articles précé- dents réunis, est ovale, large et convexe, mais terminé en pointe dépassant de beaucoup un bulbe convexe, mais plus simple que celui des Cithæron (fig. 348). En résumé, ce groupe ne se rattache à la famille des Drassides que par de bien faibles liens ; il manque de ses principaux caractères, il n'offre ni les pièces buccales, ni les filières des Drassides ordinaires ; mais, d’un autre côté, ses affinités avec le genre Cithæron ne sont pas douteuses, elles se retrouvent jusque dans les détails des organes sexuels. J’ai déjà indiqué l’analogie qu’offrent les Drassides amoindris des deux derniers groupes, avec quelques genres de la famille des Agelenides, tels que les Cybæus et les Cicurina; cette ressemblance est surtout frappante pour le Cybæodes testaceus E. Sim., qui présente, à peu de chose près, le faciès, le céphalothorax, la coloration et même les filières de Cicurina cinerea Panz.; la patte-mâchoire des Andromma et surtout celle des Cifhæron ne manque pas d'analogie avec celle des Agelena. Le genre Cybæodes ne renferme qu’une seule espèce propre aux forêts hu- mides des Alpes-Maritimes (2) et de l’ile de Corse, où elle se trouve dans les mousses, elle a le faciès et la coloration uniformément testacée de Cicurina cinerea Panz.; l'unique espèce du genre Andromma a été trouvée dans la région des Agaos (Abyssinie), elle est beaucoup plus petite que le Cybæodes, son céphalothorax et ses pattes sont d’un fauve-rouge brillant, tandis que son abdomen est d’un gris soyeux, ponctué de blanchâtre. GENERA Oculi octo. Pars labialis longior quam latior. Sternum paulo longius quam latius. Pedes aculeati. Tarsi cuncti graciles...... Cybæodes. Oculi quatuor. Pars labialis semi-circularis, multo latior quam lon- gior. Sternum latius quam longius. Pedes mutici. Tarsi antici Étieusionnes tn RMI EE DOS EMI ASEER ..... Andromma. (1) Je n’ai pu étudier leurs fusules, qui sont rétractées. (2) Quand j'ai décrit le Cybaeodes testaceus, je ne le connaissais que de Corse ; je l'ai retrouvé depuis aux environs de Menton, 390 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Cybæodes E. Sim., Ar. Fr., IV, 1878, p. 205. Cephalothorax sat convexus, stria media tenui striisque radiantibus leviter expressis munitus. Oculi octo minuti, antici inter se appropinquati, in lineam subrectam, postici inter se late et fere æque distantes, in lineam leviter re- curvam, linea antica multo latiorem, medii minutissimi punctiformes. Clypeus oculis anticis parum latior. Pars labialis vix longior quam latior, dimidium laminarum non multo superans, versus apicem attenuata et truncata, prope basin utrinque leviter constricta. Chelarum margo inferior dentibus binis parvis ad unguem parum remotis, superior dentibus majoribus trinis, subæ- qualibus et remotioribus, unguis longus. Pedes (1v, 1, 11, 111) sat longi, acu- leati, haud scopulati sed fasciculis densis muniti. Ungues sat longi, in parte basali dentibus 5-6 armati. Mamillæ inferiores sat breves, inter se parum sepa- ratæ, superiores inferioribus paulo crassiores et longiores, transversim latius remotæ, mediæ reliquis breviores sed haud graciliores, truncatura ovata. Typus : C. testaceus E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : ins. Corsica et Gallia max. austr. Andromma, nov. gen. Cephalothorax breviter ovatus, sat convexus, stria carens. Oculi quatuor, lineam transversam rectam occupantes, medii mediocres, laterales parvi, in mare minutissimi. Clypeus oculis circiter duplo latior. Chelæ validæ, ungue robusto et longo. Pars labialis multo latior quam longior, transversim semi- circularis et dimidium laminarum haud attingens. Laminæ latæ et breves, non multo longiores quam latiores, obtusissimæ, inclinatæ, nec arcuatæ nec im- pressæ. Sternum convexum, latissime cordiforme, latius quam longius. Coxæ posticæ inter se late distantes. Pedes (IV, 1, 11, 11) sat breves, tarsis longis metatarsis vix brevioribus, anticis leviter fusiformibus, haud scopulatis sed fasciculis unguicularibus densis munitis. Ungues pellucentes et graciles, serie dentium 5-6 usque ad apicem ducta, muniti. Mamillæ inferiores transversim parum distantes, mediæ inferioribus longiores, superiores mediis longiores, articulo ultimo basali saltem 1/3 breviore. Typus : À. æthiopicum E. Sim. (sp. un.) (1). AR. GEOGR. : Africa orient. : Æthiopia. ‘(1) Cette espèce est inédite, en voici la diagnose : A. æthiopicum, sp. nov. — ©. Long. 3 mill. — Cephalothorax fulvo-rufescens, lævis et glaber. Oculi medii nigri, nigro-marginati. Abdomen breviter ovatum, supra cinereo-albidum, crebre testaceo-punctatum, subtus albidum, regione epigasteris fulva et leviter coriacea. Sternum, partes oris pedesque fulvo-ravida, parte labiali obscuriore., Pedes-maxillares luridi, apice infuscati; femore sat longo, compresso et subreclo ; patella circiter duplo longiore quam latiore ; tibia patella paulo breviore, teretiuscula, apice intus minute dentata, extus apophysi nigra parva acutissima et hamata, subtus apophysi subglobosa sed antice excavata et marginata instructa ; tarso 20. Famille PALPIMANIDAE Les Palpimanus ont été jusque dans ces derniers temps rapprochés des Attides et des Eresides; Walckenaer les considérait comme intermédiaires à ces deux groupes, qui n’ont cependant entre eux que bien peu de rapports (voy. Eresides, p. 248). C. Koch les placa le premier dans la famille des Ere- sides (Ueb. Ar. Syst., V) et Thorell a adopté cette classification (Eur. Spid., p. 199); j'ai montré depuis que ces Araignées n’avaient de commun avec les Eresides que la forme de leur céphalothorax, qui se retrouve au reste dans plusieurs autres familles (1) et que leurs affinités étaient, d’une part, avec les Drassides, d'autre part, avec les Zoduriides ; elles ont aussi des rapports avec les Araignees aplogynes, leurs organes sexuels, que j'étudierai plus loin, res- semblent beaucoup à ceux des Caponiides et même des Dysderides. Le genre Stenochilus, décrit par Cambridge en 1870, est le type d’un groupe de transition dont les caractères sont intermédiaires à ceux des Prodidomides et des Palpimanides ; je l’ai considéré un instant comme devant former une famille spéciale, mais le genre Hutlonia que j'ai étudié depuis, grâce à une obligeante communication du Rev. O. P. Cambridge, m'a paru le relier plus intimement aux Palpimanides, dont il n’est qu’une forme aberrante. Le céphalothorax est très variable selon les groupes, et on ne peut rien en dire de général. Les yeux, au nombre de huit, sont séparés du bord antérieur par un large bandeau plan, vertical, quelquefois incliné en arrière; ils sont disposés en deux lignes transverses, dont la courbure varie selon les genres, et très nette- ment hétérogènes ; les médians antérieurs étant seuls diurnes, ronds, noirs, et convexes. Les chélicères, plus ou moins robustes, verticales et parallèles, sont pour- vues d’une tache basale ; la marge inférieure de leur rainure est mutique et patella cum tibia longiore, ad basin ovato, ad apicem anguste et longe producto, bulbum multo superante (fig. 348). Q. Mari subsimilis sed abdomine supra obscuriore, Pedes-maxillares sat longi, tibia pateila mullo longiore, tarso tibia paulo longiore et crassiore. Plaga vulvæ sat magna, ovato-transversa, rufula et nilida, utrinque foveola magna sed superficiali subrotunda impressa. — Æthiopia : Agaos (Raffray). (1) Le céphalothorax des Palpimanus ne ressemble nullement à celui des Attides, comme on l’a dit souvent à tort, mais bien plutôt à celui des Storena (Zodartidae) et des Trachelas (Clubionidae). 392 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES indistincte, la supérieure est également mutique ou pourvue d'une seule petite dent reculée, située au delà de l’angle, mais elle est toujours garnie de nom- breux crins rudes ; le crochet est tantôt assez grêle et long, tantôt robuste et court. Les lames sont épaisses et assez longues, arquées sur la pièce labiale, atté- nuées et obtuses à la base, élargies au bord externe au niveau de l'insertion du trochanter, obliquement tronquées à l'extrémité, avec l’angle interne pro- longé, atténué et se rencontrant en avant de la pièce labiale ; celle-ci est tou- jours beaucoup plus longue que large et plus ou moins étroite ; ces pièces buccales ressemblent beaucoup à celles des Caponiides, des Prodidomides et des Zodariides. Vues par la face inférieure (les chélicères enlevées), les lames présentent une surface plane, lisse et glabre, limitée au côté interne par une carène mousse entière, et au côté externe par une serrula épaisse, longue, tout à fait marginale et finement ‘striolée (vue sous un assez fort grossisse- ment) ; l'angle apical des lames est membraneux et pourvu, à l'extrémité seu- lement, de poils en faisceau formant une très petite scopula. Le rostre est très particulier, long et légèrement atténué, dur et coriacé comme ne les téguments de la face dorsale, excepté à l’extrémité où il devient membraneux et se pro- longe en s’atténuant jusqu’au sommet des lames. Le sternum est ovale, plus ou moins large, un peu atténué et tronqué en avant, au niveau des hanches antérieures, également atténué et tronqué en arrière, entre les hanches postérieures disjointes ; latéralement il projette, entre les hanches, des lanières, formant des cavités cotyloïdes, comme chez les Dysdera. Il est immédiatement suivi d'une pièce enveloppant en dessous le pédicule et souvent soudée au bord postérieur du sternum qu'elle semble pro- longer ; mais cette disposition est très affaiblie dans le genre Huttonia. Les hanches sont, comme celles des Dysdera, très brièvement et brusque- ment pédiculées à la base et insérées dans des cavités cotyloïdes ; elles sont aussi bien séparées les unes des autres, surtout celles des trois paires posté- rieures qui sont ordinairement subglobuleuses, tandis que les antérieures sont beaucoup plus longues, épaisses et cylindriques. Les pattes, peu inégales pour la longueur, sont très dissemblables pour l’épaisseur et la proportion de leurs articles, et cette dissemblance existe même pour les griffes. Les pattes antérieures sont toujours beaucoup plus épaisses que les autres; leur fémur, très dilaté et claviforme, se rétrécit brusquement à la base en un court pédicule; leur patella est exceptionnellement longue, souvent égale au tibia; leurs tarse et métatarse sont beaucoup plus grêles et assez courts; les tibia, métatarse et tarse sont garnis de scopulas qui forment à leur côté interne une sorte de crête (fig. 359}. Les autres pattes sont normales et à peu près semblables entre elles ; leurs métatarses offrent en dessous, dans la seconde moitié, une brosse de crins noirs rudes et leurs tarses sont garnis en dessous de poils semblables, mais plus courts, plus denses à l’extrémité qu'à la base; ces tarses postérieurs ne sont pourvus d’un petit onychium que dans le genre anormal Huttonia. Les griffes, au nombre de deux ou de trois, sont pourvues d'un petit nombre FAMILLE DES PALPIMANIDÆ 393 de dents. Celles des tarses antérieurs sont plus petites que celles des tarses postérieurs, mais cette disproportion n'est très marquée que dans la sous- famille des Palpimaninæ où les tarses antérieurs ont aussi une disposition spéciale que j'étudierai plus loin. L’abdomen, ovale plus ou moins long, est presque toujours pourvu d’un scutum épigastrique très dur ; il est dépourvu de colulus, et ses filières, au nombre de deux seulement {excepté dans le genre Huttonia), sont courtes, épaisses, conniventes et biarticulées ; leur article basal est cylindrique, l’apical est beaucoup plus court et sa troncature est garnie, principalement sur les bords, de fusules nombreuses, assez grosses, mais courtes; le tubercule anal est peu saillant et transverse ; l'espace, assez large, qui le sépare des deux filières, est garni de fusules irrégulières, implantées directement dans le tégu- ment de l'abdomen (fig. 353). La patte-mâchoire de la femelle est du même type que celle des Nops et des Prodidomus; son tarse, un peu plus épais que le tibia, est atténué et obtus, dépourvu de griffe, mais garni en dessous et au côté externe de poils rudes, épais, formant brosse. Les Palpimanides se répartissent en trois sous-familles : 1. Pedum anticorum tarsi terminales normales, haud appendiculati, unguibus parvis muniti ....... A QT PAS RARES eue, A Le) — Pedum anticorum tarsi appendiculati, extus inflexi, unguibus mi- nutissimis vix perspicuis muniti......... de de Palpimaninæ. 2, Mamillæ duæ. Cephalothorax longe rhomboïidalis, antice postice- que valde attenuatus. Sternum postice, inter coxas, produc- UNDER A e. DL A A ne en Re eat à . Stenochilinæ. — Mamillæ sex. Cephalothorax Palpimani. Sternum postice haud DOUCE RARE LEA ADI EN NSES EUS Le e Aa RUE Huttoninæ. 1 Sous-famille STENOCHILINÆ Le céphalothorax des Séenochilus, au moins celui des espèces les mieux ca- ractérisées, est d'une forme très particulière, qui ne se retrouve dans aucune autre famille : il est épais, mais peu convexe, étroit et long, très longuement atténué et obtus en avant, presque également atténué en arrière où il se pro- longe au delà des hanches postérieures, au-dessus du pédicule, qui paraît ainsi très long, dur et cylindrique; sa partie thoracique est toujours marquée d'un profond sillon longitudinal et presque toujours de dépressions rayon- nantes extrèmement profondes, découpant ses bords latéraux ; le céphalo- thorax des Colopeu est cependant simplement ovale, sans impressions rayon- nantes, et assez semblable à celui des Prodidomus. Les yeux ressemblent beaucoup à ceux des Prodidomus ; ils sont disposés en groupe compact, occupant toute la largeur du front, qui est étroit et obtus : les quatre antérieurs, contigus, figurent une ligne droite; les quatre postérieurs figurent une ligne de même largeur, mais fortement arquée en 39% HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES arrière ; les médians antérieurs sont seuls diurnes, ronds, convexes et noirs, les autres sont plus ou moins ovales et allongés, surtout les médians posté- rieurs (fig. 350). - Le bandeau, plus large que les yeux antérieurs, est obliquement incliné en arrière, rarement vertical, Les chélicères sont assez étroites, verticales et at- ténuées; leur crochet ressemble un peu à celui des Prodidomides, il est également long, très arqué et grêle, mais il est comprimé au lieu d’être cylindrique et il s’élargit brusquement à la base près son point d'insertion (fig. 352). Les lames sont élargies au bord externe au ni- veau de l'insertion du trochanter, qui se fait au delà du milieu, souvent même presque au niveau de l’extrémité. La pièce labiale est remarquablement longue et étroite, presque parallèle ou légèrement atténuée à la base où elle dépasse un peu l’insertion des lames, car elle est comme enclavée dans une petite échancrure carrée du bord antérieur du ster- num, atténuée et subaiguë dans sa partie terminale qui atteint presque l’ex- trémité des lames (fig. 351). Fig. 349. Metronax crocatus E. Sim. Femelle grossie. Le sternum est ovale allongé, un peu atténué et tronqué en avant au niveau des hanches antérieures, plus fortement atténué en arrière, où il se prolonge en bande étroite, entre les hanches postérieures et se dilate un peu au delà sous le pédicule (1), complétant le tube formé en dessus par le prolongement du céphalothorax. 990 301 902 399 304 Fig. 350. Metronax crocatus E. Sim. Front et yeux en dessus. — Fig. 351. Id. Pièces buccales. — Fig. 352. Id. Crochet de la chélicère. — Fig. 353. Id. Filières de profil, — Fig. 354. M. raudus E. Sim. Patte-mâchoire du mâle de profil. Les pattes sont assez courtes, robustes et mutiques ; celles des deux pre- mières paires sont plus épaisses que les autres; leurs hanches et leurs (1) Cette partie est évidemment formée par la soudure de l’extrémilé du sternum et et de la plagula postica sternalrs. FAMILLE DES PALPIMANIDÆ 399 patellas sont beaucoup plus longues que celles des paires postérieures ; leurs fémurs sont comprimés, dilatés et claviformes; leurs tarses et métatarses et la moitié apicale de leurs tibias sont garnis de scopulas épaisses dis- posées comme celles des Palpimanus, c’est-à-dire limitées au côté interne où elles forment une sorte de crête; aux métatarses seulement on remarque en dessous une seconde bande de scopula plus étroite et n’occupant pas toute la longueur de l’article, mais contrairement à ce qui a lieu chez les Palpimanus, les tarses sont normaux, non appendiculés et dirigés, comme ceux des autres Araignées, dans l’axe du membre. Les griffes supérieures des tarses sont plus petites aux paires antérieures qu'aux postérieures; elles sont grêles et armées, près du milieu, de 3 ou 4 petites dents ; elles sont accompagnées d’une griffe inférieure très petite, souvent à peine distincte. L’abdomen est ovale allongé; celui des Mefronax présente en dessous, dans sa moitié antérieure un grand scutum épigastrique semblable à celui des Pal- pimanus, atténué et tronqué en avant où il forme un rebord circulaire autour du pédicule, un peu atténué et ovale en arrière et marqué, dans la seconde moitié, de deux grandes impressions lisses et glabres, allongées et conver- geant en avant. La patte-mâchoire de la femelle est normale; son fémur est comprimé et un peu claviforme ; son tarse, un peu plus long que le tibia, est aussi un peu plus épais. Celle du mâle est presque semblable à celle de la femelle par son fémur, sa patella et son tibia ; celui-ci est tantôt mutique, tantôt pourvu d’une très petite apophyse supéro-externe courbe et hamiforme ; le tarse, régu- lièrement ovale et obtus, dépasse peu le bulbe; celui-ci est peu saillant en dehors de l'alvéole qui est presque arrondie et bien séparée de la base (fig. 354). En dehors de la patte-mâchoire, il n'y a aucune différence sexuelle appré- ciable. Ces Araignées sont de taille moyenne ou petite; leur faciès tient à la fois de celui des Dysdera et des Palpimanus; les téguments de leur céphalothorax, de leur sternum et de leur scutum épigastrique sont épais, rugueux, unifor- mément d’un rouge sombre, et garnis de poils simples, longs et rudes ; leurs pattes sont également rouges, tandis que leur abdomen est d’un gris testacé rougeâtre ; le Colopea pusilla E. Sim. est cependant d’un fauve plus pâle et il ressemble davantage à un Prodidomus. On ne connaît rien de leurs mœurs ; la seule espèce que j'aie vue vivante dans son milieu, à Singapor et à Manille {C. pusillu), se trouve dans les détritus humides des forêts ; sa démarche m'a parue assez lente. Cette sous-famille se compose actuellement de quatre espèces que je rap- porte à trois genres; celles que j'ai décrites sous les noms de Séenochilus raudus et crocatus s'éloignent, par la proportion et la disposition de leurs yeux, du S. Hobsoni Cambr., tel qu’il a été figuré par Cambridge ; les yeux médians antérieurs de ce dernier sont beaucoup plus petits que les posté- 396 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES rieurs et l'intervalle de ses yeux latéraux est très grand, tandis que, chez les deux autres Stenochilus, les quatre yeux médians sont gros et égaux et les latéraux rapprochés; de plus, ces espèces sont pourvues d’un scutum épigas- trique qui parait manquer chez S. Hobsoni, S. crocatus sera le type du genre Metronax. Quant au $S. pusillus E. Sim., son céphalothorax simplement ovale, sans dépressions rayonnantes, et son faciès de Prodidomus suffiraient pour l'isoler et il sera le type du genre Colopea. Ces quatre espèces sont confinées dans l'Asie tropicale ; le genre Metronax en renferme deux, l’une de l’Indoustan méridional, l’autre de Birmanie; l’unique espèce du genre Séenochilus a été décrite de Bombay ; j'ai trouvé celle du genre Colopea à Singapor et aux îles Philippines. GENERA 1. Cephalothorax sulcis radiantibus profundissime impressus. Tarsi ANUICINMeLALATSIS DEMOLES TRE PNR CENTER ARR , 2, — Cephalothorax sulcis radiantibus carens. Tarsi antici metatarsis HAUTE MIX AIDTE VIORES TE ERA ATEN SENS ERRTERRERARR Colopea. 2. Oculi medii antici posticis multo minores. Oculi laterales antici et postici inter se late remoti (sec.ACambr.).""" Stenochilus. — Oculi quatuor medii magni et subæquales. Oculi laterales inter se ATEMSTEASCPATALI NE EME SANTE LAN ... Metronax. NMetronax, nov. gen. — Stenochilus E. Sim., Ann. Mus. civ. Gen., XX, 1884, p. 341-361 (S. crocatus et raudus). Cephalothorax longe rhomboidalis,antice longe attenuatus, subacuminatus, postice valde attenuatus et productus, sulco medio sulcisque radiantibus pro- fundissime impressus. Oculi subcontigui, antici in lineam subrectam, postici in lineam haud latiorem sed valde procurvam, oculi medii antici et postici magni et subæquales (antici rotundi, postici elongati et recti) inter se plus minus distantes sed a lateralibus haud separati. Laterales mediis multo mi- nores, utrinque inter se anguste separati. Abdomen scuto epigasteris durius- culo munitum. Partes oris pedesque normales. Tarsi antici metatarsis multo breviores. Tyrus : M. crocatus E. Sim. AR. GEOGR. : India orient. (Pondichery) et Birmania. Stenochilus Cambr., Proceed. Zool. Soc. Lond., 1870, p. 729. Gen. invisum a præcedenti differt, sec. Cambridge, oculis mediis anticis posticis multo minoribus, oculis lateralibus anticis et posticis utrinque inter se late remotis, tarsis anticis metatarsis brevioribus, abdomine scuto epigas- teris carente. Typus : S. Hobsoni Cambr. (sp. un.). AR. GEOGR. : India orient. (Bombay). FAMILLE DES PALPIMANIDÆ 8397 Colopea, nov. gen. — Sienochilus E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1893, p. 76 (S. pusillus). À præcedentibus differt cephalothorace ovato, antice modice attenuato et obtuso, postice leviter attenuato, haud producto, sulco medio parvo munito sed sulcis radiantibus carente, laminis-maxillaribus intus ad apicem longius productis et attenuatis, insertione trochanteris submedia, oculis lateralibus inter se contiguis, abdomine scuto epigasteris carente, tarsis anticis meta- tarsis vix brevioribus. Typus : C. pusilla E. Sim. (sp. un..). AR. GEOGR. : Penins. Malayana et ins. Philippinæ. 2 Sous-famille HUTTONIINÆ Le genre Hultonia Cambr., que le Rev. O. P. Cambridge rapportait à la famille des Zodurüides, me parait intermédiaire aux Stenochilus et aux Palpi- manus; il a, à peu de chose près, les chélicères et les pattes des premiers, les pièces buccales et le céphalothorax des seconds, mais il manque de l’un des caractères les plus importants de la famille des Palpimanides : ses filières sont, en effet, au nombre de six. Le céphalothorax des Huttonia est ovale, convexe et peu atténué en avant. Il ressemble beaucoup à celui des Chedima du groupe suivant. 90) 900 997 Fig. 355. Huttonia palpimanoides Cambr. Front et yeux. — Fig. 356. Id, Pièces buccales, — Fig. 351. Id. Filières. Les yeux, assez petits et resserrés, forment un groupe compact qui n’occupe pas toute la largeur du front : les quatre antérieurs sont en ligne presque droite avec les médians un peu plus gros que les latéraux, les quatre posté- rieurs, petits et égaux, sont en ligne de même largeur, mais assez fortement procurvée. L’aire occupée par les yeux médians est presque parallèle et plus longue que large (fig. 355); ces yeux sont séparés du bord antérieur par un bandeau vertical et plan, beaucoup plus étroit que le groupe oculaire. Les chélicères sont robustes comme celles des Palpimanus, maïs leur cro- chet, plus long et plus grêle, ressemble davantage à celui des Séenochilus; la marge supérieure de la rainure parait garnie d’une crête de crins noirs. Les lames diffèrent de celles des Séenochilus en ce que l'insertion du tro- chanter se fait beaucoup plus près de la base et que, toute la partie terminale est étroite, atténuée et subacuminée, comme celle des Prodidomus, à cette dif- 398 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES férence près que l'extrémité des lames vient se rencontrer en avant de la pièce labiale. Celle-ci, plus large que celle des Séenochilus, ressemble à celle des Palpimanus. elle est ovale, acuminée, un peu convexe et déprimée sur les bords, au moins à la base, mais moins nettement carénée (fig. 356). Le sternum, ovale allongé, se termine en arrière en petite pointe tronquée plus étroite que chez les autres Palpimanides, et latéralement ses prolonge- ments intercoxaux sont réduits à de simples sillons un peu indurés, de sorte que les cavités cotyloïdes ne sont pas définies ; les hanches sont plus longues et moins nettement pédiculées que celles des types voisins. Les pattes diffèrent à peine de celles des Stenochilus; la crête interne que forment les scopulas aux métatarses antérieurs est cependant plus nette et elle s'étend, d’une part, à l’extrémité du tibia, d’autre part, au tarse, comme chez les Palpimanus. Les griffes sont au nombre de trois, paucidentées ; celles des tarses posté- rieurs sont portées par un petit onychium qui manque dans les deux autres sous-familles. La patte-mâchoire de la femelle est normale, mais, contrairement à ce qui a lieu chez les Palpimanus et Stenochilus, son tarse est plus long que les deux articles précédents et légèrement courbe. L’abdomen est ovale court; sa région épigasirique est légèrement convexe et coriacée, mais dépourvue de scutum. Les filières inférieures, courtes, épaisses et connées, sont semblables à celles des autres Palpimanides, mais il s’y joint des filières médianes extrêmement petites et des filières supérieures à peu près semblables aux inférieures, situées au-dessus, mais plus séparées transversalement (fig. 357). Le genre Hutionia ne renferme qu’une seule espèce propre à la Nouvelle- Zélande ; elle a l'aspect et la coloration d'un petit Palpimanus ; son abdomen présente en dessus une série de fines lignes transverses arquées en accents. Le mâle n’a pas été décrit. uttonia Cambr., Proceed. Zool. Soc. Lond., 1879, p. 685. Cephalothorax breviter ovatus, convexus, antice parum attenuatus atque obtusus. Area oculorum fronte angustior. Oculi quatuor antici inter se appro- pinquati, lineam subrectam designantes, medii lateralibus paulo majores. Oculi postici parvi, inter se æqui, lineam procurvam formantes. Chelæ ro- bustæ, ungue gracili et longo. Laminæ apice subacuminatæ et intus conver- gentes. Pars labialis ovalis, apice acuminata. Pedes antici posticis robustiores, metatarso, tarso apiceque tibiæ intus cristato-scopulatis. Pedes postici tarsis onychio parvo munitis. Abdomen oblongum, haud scutatum, mamillis sex munitum. Typus : A. palpimanoides Cambr. (sp. un.). AR. GEOGR. : Nova-Zealandia. FAMILLE DES PALPIMANIDÆ 399 3° Sous-famille PALPIMANINÆ Le céphalothorax des Palpimanus est large et presque parallèle, à peine atténué en avant; sa partie céphalique, qui est relativement énorme, est très convexe, obtuse en avant, brusquement abaissée en arrière au-dessus de la partie thoracique, qui est très courte, déclive et plus ou moins cachée par la convexité de l'abdomen. Cette partie thoracique est marquée, au pied de la pente céphalique, d'une profonde fossette presque arrondie, son bord postérieur obtus est entaillé d’une petite échancrure semi-circulaire et rebordée pour l'insertion du pédicule ; quelquefois cependant le cé- phalothorax est plus ovale et plus longuement incliné en arrière, notamment celui des Chedima et des Dia- phorocellus qui ressemble complètement à celui des Hullonia. Les yeux, au nombre de huit, sont toujours séparés du bord antérieur par un large bandeau vertical et plan; ils sont en deux lignes transverses, largement séparées l’une de l’autre au moins au niveau des médians, dont la disposition varie selon les genres et peut servir à répartir les Palpimaninæ en deux groupes (voy. plus loin); la première ligne est presque toujours procurvée et ses yeux médians, presque tou- jours plus gros, sont noirs, ronds et convexes, tandis que les autres yeux sont petits et du type nocturne. Fig, 358. Sarascelis luteipes E. Sim. Mâle grossi. Les chélicères sont très épaisses et peu atténuées. Leur crochet est très robuste, assez courbé, fortement élargi de l’extrémité à la base, comprimé et tranchant en dessous. Les pièces buccales ressemblent à celles des Séenochilus ; les lames sont également assez longues, cintrées, longuement atténuées et obtuses à la base, obliquement tronquées à Pextrémité, avec l’angle interne prolongé, conver- gent et se rencontrant en avant, seulement l'insertion du trochanter qui, chez les Sfenochilus, est presque terminale, se fait chez les Palpimanus avant le milieu du bord externe. La pièce labiale est également longue, car elle atteint presque l’extrémité des lames, mais elle est plus large, longuement atténuée à l'extrémité et marquée, dans la seconde moitié, d'une carène mousse plus ou moins nette. Le sternum ést de forme normale; la plagula qui lui fait suite est en triangle a base coupée d'une profonde échancure aiguë, elle est soudée à l’extrémité du sternum chez les vrais Palpimanus, mais dans tous les autres genres elle en est séparée par une fine strie membraneuse. Les pattes sont toujours mutiques, mais à la première paire les patellas et les tibias offrent souvent, au côté interne, de grosses granulations dentiformes L00 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES irrégulières ; elles sont très caractéristiques, car elles sont encore plus dis- semblables que celles des groupes précédents ; à la première paire le fémur est claviforme, très dilaté et comprimé ; la patella égale au moins le tibia en lon- gueur et au côté interne son bord apical est pourvu d’un petit rebord saillant semi-circulaire; le métatarse est toujours beaucoup plus court que le tibia ; à son extrémité, il est un peu tordu en dehors, de sorte que le tarse qui s’y insère, au lieu d’être dirigé en avant dans l’axe du membre comme chez toutes les autres Araignées, est dirigé obliquement en dehors; ce tarse, beaucoup plus étroit que les articles précédents, mais aussi long que le métatarse, est graduellement atténué à la base et appendiculé. Les scopulas des tibia et métatarse, qui sont extrêmement épaisses et longues, sont limitées au côté interne des articles où elles forment une frange ou une crête; le tarse offre aussi au côté interne une scopula semblable, mais plus courte et n’atteignant pas les extrémités (fig. 359). Les griffes sont très dissemblables; celles des tarses antérieurs sont extré- mement petites, l'emploi du microscope est souvent nécessaire pour les recon- naître, aussi n’est-il pas étonnant qu’elles aient échappé aux anciens auteurs; tandis qu'aux six pattes postérieures les griffes sont normales, grêles et pour- vues d’un petit nombre de dents ne dépassant pas leur tiers apical (on en compte 6 chez les Palpimanus, 4 chez les Anisædus, 3 chez les Otiothops et une seule chez les Chedima), graduellement plus courtes à la base, quelquefois la première dent est beaucoup plus longue que les autres (Otiothops). Ces griffes sont presque toujours au nombre de deux, chezles Sarascelis et Anisædus, il s’y joint cependant, par exception, une petite griffe impaire mutique. L'abomen est ovale, souvent assez convexe; il est pourvu en dessous d’un scutum épigastrique très dur qui entoure en avant le pédicule d’un rebord circulaire, en arrière ce scutum est tantôt un peu atténué et arrondi (Palpi- manus, Chedima, Anisædus), tantôt tronqué et même légèrement échancré (Sarascelis, Otiothops, Diaphorocellus), il est toujours marqué de deux impres- sions allongées, obliques et glabres, convergeant en arrière. Les stigmates, 309 360—361 362 Fig. 359. Palpimanus gibbulus L. Duf. Patte de la première paire. — Fig. 860. Id. Patte-màä- choire du mâle. — Fig. 361. Anisaedus Gaujoni E. Sim. Id. — Fig. 362. Otiothops brevis E. Sim. Id. qui sont longs et obliques, s'ouvrent de chaque côté, le long des bords du scutum, ils sont, de plus, limités à l’extérieur par une étroite bande chiti- ut FAMILLE DES PALPIMANIDÆ A neuse qui, dans certains cas (Sarascelis, Oliothops), dépasse plus ou moins les angles du scutum. La patte-mâchoire de la femelle est robuste et normale; son tibia est plus long que la patella et ordinairement élargi de la base à l'extrémité; son tarse, à peine plus long que le tibia, est de même largeur à la base, mais un peu acuminé à l'extrémité et déprimé en dessus. Les Palpimanus s’éloignent des Stenochilus, dont ils sont si voisins sous tous les autres rapports, par la structure de la patte-mächoire du mâle qui rappelle davantage celle des Araignées aplogynes ; le tibia, plus long et plus épais que la patella, est souvent presque globuleux comme celui des Loxos- celes et des Ariadna (Palpimanus globulifer, Oliothops brevis E. Sim. etc.), et tou- jours mutique; le tarse des Palpimanus et des Otiothops n’est pas beaucoup plus long que le tibia, mais beaucoup plus étroit, et vu en dessus il ressemble à celui de la femelle; celui des Anisædus et des Sarascelis est, au contraire, beaucoup plus long, mais étroit, presque cylindrique et arqué; le bulbe des Palpimanus est petit, ovale allongé, à peine saillant en dehors d'un alvéole étroit et longitudinal, son lobe arrondi à la base est profondément échancré et le bord inférieur de cette échancrure se prolonge en avant en un conduc- teur étroit et crochu formant une sorte de pince avec une seconde pointe membraneuse située au-dessus et plus ou moins découpée (fig:360); celui des Otiothops est du même type, mais son lobe basal, assez petit, est plus con- vexe et sa pointe antérieure, repliée en avant, est beaucoup plus volumineuse, tantôt obliquement tronquée à l'extrémité avec l'angle inférieur filiforme (0. brevis) (fig. 362), tantôt obtuse et marquée d'une carène spirale tranchante à plusieurs tours (1); le bulbe de Surascelis luteipes E. Sim. a un lobe beaucoup plus gros, globuleux et lisse, prolongé en avant par un conducteur très épais recourbé en large crochet et pourvu lui-même, près la base, d'une ou de plu- sieurs pointes plus petites ; le bulbe de l’Anisædus Gaujoni E. Sim. est encore plus volumineux, mais plus simple, c’est un gros globule lisse un peu atténué en avant et prolongé jusqu’à l'extrémité tarsale par un fin conducteur tordu (fig. 361). Les Palpimaninæ sont de taille moyenne; leurs téguments, sauf ceux de l'abdomen, sont épais, coriacés et plus ou moins granuleux, rarement lisses et polis (Ofiothops, Diaphorocellus), d’une teinte uniforme qui varie du noir carminé au rouge assez vif et ordinairement garnis de poils blancs épais, lanugineux et couchés. Ces Araignées ont des allures assez lentes; pendant la marche, elles relèvent souvent leurs grosses pattes antérieures, ce qui à valu au genre type son nom de Palpimanus; elles se trouvent dans les détritus végétaux humides et sous les pierres où elles filent une petite toile très irrégulière dont les fils gros et laineux ont l'aspect de ceux des toiles des Araignées cribellatées. M. Erber a observé à l'ile de Syra une sorte de commensalisme entre le (1) Cette disposition est à comparer à celle de certains Harpactes (H. taeniifer Th. et de l'Orsolobus singularis Nic. (voy. fig. 283), 409 HISTOIRE NATURELLE DES ARAÏÎGNÉES Palpimanus gibbulus et l’'Eresus Walckenaerü, le premier vivant en parasite dans la toile du second, mais les espèces assez nombreuses que j'ai eu l’occasion de voir vivantes ne m'ont rien offert de semblable. Nora. Les Palpimaninae ont donné lieu à un certain nombre d'erreurs, c'est ainsi que les griffes, extrêmement petites, de leurs tarses antérieurs n'ont pas élé vues par les anciens auteurs qui croyaient ces tarses mutiques. Mac Leay décrit son Oliothops Walckenaeri comme ayant six filières et seulement six articles aux palites antérieures, le trochanter lui ayant échappé, tandis que cette Araignée ne diffère des Palpimanus ni par ses filières, ni par ses pattes, C'est aussi par erreur que je n’ai donné que six yeux au Chedima purpurea, les deux petits yeux latéraux, accolés l’un à l’autre, sont peu visibles au milieu des granulations du iégument. Les Palpimaninæ se rapportent à deux groupes : Oculi laterales antici et postici inter se contigui et prope medios an- DICO SISTER LMARÈUE PRIE ER LEONE E SAS MN Chedimeæ. Oculi laterales antici et postici inter se latissime distantes.…. ua Palpimaneæ. 1. CHEDIMEÆ Je place en tête de la série des Palpimaninæ, les Chedima et genres voisins, dont les yeux latéraux connés et le céphalothorax ordinairement moins con- vexe, plus atténué en avant et plus longuement incliné en arrière que celui des Palpimanus vrais, rappellent davantage ceux des Huttonia. Le céphalothorax a cette forme dans les genres Sarascelis, Oliothops, Steri- phopus et surtout Chedima et Diaphorocellus, mais celui des Anisædus est sem- blable à celui des Palpimanus et celui des Boagrius, très convexe au sommet de la partie céphalique, qui est reculé, s'incline légèrement en avant, plus fortement en arrière, et il ressemble à celui d'un petit Eresus. Les caractères génériques sont fournis par la disposition oculaire ; les yeux médians antérieurs sont beaucoup plus gros que les latéraux, excepté dans le genre Anisædus où ils sont presque semblables et placés sur la même ligne ; cette première ligne est également droite dans le genre Boagrius dont les yeux sont, au contraire, excessivement inégaux, les médians étant plus de cinq fois plus gros que les latéraux (fig. 368); dans les genres Séeriphopus et Chedima, cette première ligne est recurvée, c'est-à-dire arquée en ayant, les médians étant plus avancés que les latéraux, tandis que dans tous les autres genres ils sont un peu plus reculés et la ligne est procurvée. Dans les trois genres Chedima, Otiothops et Diaphorocellus, les yeux médians postérieurs sont très resserrés, presque contigus l’un à l’autre, mais tandis que ceux des premiers sont très petits et occupent avec les antérieurs un espace étroit et beaucoup plus long que large (fig. 364), ceux des autres sont assez gros et le groupe des médians est aussi large que long, trapézoïde chez les Otiothops dont les médians antérieurs sont beaucoup plus gros que les postérieurs (fig. 367), parallèle chez les Diaphorocellus dont les médians pos= rs LM, “ ose FAMILLE DES PALPIMANIDÆ 103 térieurs, au moins aussi gros que les antérieurs, sont allongés, obliques et étroitement contigus comme cela a lieu pour beaucoup de Drussides (fig. 366). Dans tous les autres genres, les yeux médians postérieurs sont largement séparés l’un de l’autre et ils forment avec les antérieurs un groupe parallèle carré (Séeriphopus) ou plus large que long. 363—361 3)0— 930) 9367—368 Fig. 363. Sarascelis. Front et yeux.— Fig. 364. Chedima. Id. — Fig. 365. Anisaedus. Id. — Fig. 366. Diaphorocellus. Id. — Fig. 367. Otiothops. Id. — Fig. 368. Boagrius. Id. Dans certains cas (Chedima et surtout Sleriphopus), les yeux médians pos- térieurs sont extrêmement petits et punctiformes. Le genre Sarascelis a deux représentants dans l’Afrique occidentale et un à Singapore ; l’unique espèce du genre Boagrius est également de Singapore, celle du genre Séeriphopus (Pachypus Cambr.) de Ceylan, celle du genre Che- dima du Maroc, où je l’ai trouvée en 1868 sur la route de Tanger à Fez, et celle du genre Diaphorocellus de l'Afrique australe. Les autres genres sont américains ; on ne connait qu'un seul Anisædus découvert récemment dans l Ecuador méridional, à Loja; le type du genre Ofiothops a été trouvé à Cuba, une autre espèce a été décrite de l’île Saint-Vincent, les autres, au nombre de cinq, sont répandues au Venezuela et au Brésil. GENEPA Padculimedinpostennter sendatedistantes Mic T ER, ART AMPANE 2; MrDcuiemedbDosticr inter sSevIx Separate. FAR 5. 2, Oculi quatuor antici inter se subæquales. Area mediorum antice quam postice angustior. Clypeus area mediorum paulo angus- tior. Unguis inferior tarsorum obtusus et tuberculiformis..... RE. ON cle eee ) A0ISæqUS: — Oculi medii antici lateralibus saltem duplo majores. Area medio- rum fere parallela. Clypeus area mediorum latior. Unguis inferior tarsorum parvus et acutus........ 9 Le re 000., 0e = e D. 3. Area oculorum mediorum subquadrata. Oculi medii postici minu- tissimi vix perspicui. Oculorum linea antica (antice visa) re- DO NME PU ML, Ant sut cu Lu Steriphopus. ANA HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES — Area oculorum mediorum multo latior quam longior. Oculorum linea antica (antice visa) haud recurva.......... ee 4. Oculorum-linea antica plane recta. Oculi medii postici minutis- Se debat dde due do 000 0 BD d be sta re... Le. MBOASTIUS 0 — Oculorum linea antica procurva. Oculi medii postici mediocres. ALT NT APP ENe NREE RCE PAS AE AD ET EL EL ce Sarascelis. 5, Oculi medii minutissimi, æqui, aream fere triplo longiorem quam latiorem occupantes..... à LANTERNE y SCA see .. Chedima. — Oculi medii magni, aream haud vel vix longiorem quam latiorem OCCUPADTES EE PETER E EEE ARE DR DID OE da JC 6. 6. Area oculorum mediorum antice quam postice latior. Oculi medii antici posticis multo majores, postici subrotundi a sese sepa- COUR LE LEE Moore -cbct Ce COOÉIOEROPSE — Area oculorum mediorum subparallela. Oculi medii subæquales, postici elongati, obliqui et inter se contigui...... Diaphorocellus. Chedima E. Sim., Aran. nouv., 2° mém., Liége, 1873, p. 152. Cephalothorax ovalis, modice convexus, postice longe declivis. Oculi postici minutissimi, in lineam latissimam et valde procurvam, medii inter se appro- pinquati sed à lateralibus latissime remoti. Oculi antici in lineam latam, re- curvam, medii lateralibus paulo majores, a lateralibus quam inter se multo remotiores. Laterales antici et postici utrinque contigui. Area mediorum angusta et fere triplo longior quam latior (fig. 364). Clypeus verticalis. planus, area oculorum mediorum multo angustior. Cætera Palpimani. Typus : C. purpurea E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : Marocco. Sarascelis E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1887, p. 274. Cephalothorax fere Chedimæ. Oculi medii postici mediocres et inter se remo- tiores. Oculi antici in lineam procurvam, medii lateralibus duplo vel triplo majores. Area mediorum parallela et latior quam longior (fig. 363). Clypeus area mediorum latior vel saltem haud angustior. Sceutum epigasteris postice truncatum et leviter emarginatum. Pedes Palpimani sed ungues tarsorum trini, superiores pedum anticorum minutissimi et bidentati, reliquorum pedum sat longi et prope medium tridentati, unguis inferior parvus, valde uncatus atque acutus. Tyeus : $S. Chaperi E. Sim. AR. GEOGR. : Africa tropica occid. ; pen. Malayana (Raffrayi E. Sim.). Steriphopus E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1987, p. 274. — Pachypus Cambr., Proceed. Zool. Soc. Lond., 1873, p. 116 (nom. præocc.). À Sarasceli differt oculorum linea antica (antice visa) ut in Chedima recurva, area oculorum mediorum quadrata, haud longiore quam latiore, et oculis : FAMILLE DES PALPIMANIDÆ 405 mediis posticis minutissimis vix perspicuis, scuto epigasteris feminæ bre- viusculo (1). Tyeus : Mac-Leayi Cambr. (sp. un.). AR. GEOGR. : ins. Taprobane. Boagrius, nov. gen. À Sarasceli differt cephalothorace breviore, in medio convexiore, antice le- viter postice valde declivi, oculis inter se valde iniquis, mediis anticis reliquis plus quintuplo majoribus, oculis quatuor anticis lineam plane rectam desi- gnantibus, mediis posticis minutissimis, inter se remotis, cum mediis anticis aream parallelam, multo latiorem quam longiorem, designantibus (fig. 368). Typus : B. pumilus E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : pen, Malayana. Otiothops Mac Leay, Ann. Mag. Nat. Hist., Il, 1839, p. 12. À Chedima imprimis differt area oculorum mediorum haud longiore quam latiore, a Sarasceli differt oculis mediis posticis inter se subcontiguis vel con- tiguis (0. brevis E. Sim.), area mediorum postice quam antice multo angus- tiore et unguibus tarsorum tantum binis ut in Palpimano (fig. 367). Typus : 0. Walckenaeri Mac Leay. AR. GEOGR. : America merid. et antillana : ins. Cuba et Sancti Vincentii ; Venezuela; Brasilia. Diaphorocellus E. Sim., nov. gen. À Chedima præsertim differt oculis mediis multo majoribus et aream vix longiorem quam latiorem occupantibus et oculis quatuor anticis inter se appropinquatis ; ab Ofiothopi, cui valde affinis est, differt cephalothorace minus _convexo, area oculorum mediorum subparallela, oculis mediis inter se subæ- qualibus, posticis elongatis obliquis et inter se contiguis (fig. 366), femoribus pedum anticorum Ofiothopis sed reliquis articulis gracilioribus. Typus : D. biplagiatus E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : Africa max. austr. Anisædus E. Sim., nov. gen. Cephalothorax Palpimani. Oculi postici fere Sarascelis. Oculi antici in lineam subrectam, subæquales, medii à lateralibus quam inter se remotiores. Area mediorum circiter æque longa ac lata et antice quam postice angustior (fig. 365). Clypeus area oculorum mediorum paulo angustior. Scutum epigas- (1) Je ne connais que la femelle ; son scutum épigastrique, beaucoup plus court que celui des autres Palpimanides, dépasse à peine le pédicule, tandis que celui du mâle, d’après les figures publiées par Cambridge, serait, au contraire, beaucoup plus long et presque semblable à celui d'un Gamasomorpha. 406 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES teris pedesque Palpimani, sed unguibus tarsorum trinis, superioribus pedum anticorum minutissimis bi vel tridentatis, reliquorum pedum sat longis den- tibus 4-5 obtusis et separatis, versus basin sensim minoribus, armatis, ungue inferiore parvo, obtuso et tuberculiformi. Tyeus : 4. Gaujoni E. Sim. isp. un.). AR. GEOGR. : Ecuador merid. 2. PALPIMANEÆ Ge groupe renferme les espèces dont les yeux latéraux sont de chaque côté très largement séparés l'un de l’autre, les quatre yeux antérieurs étant en ligne plus ou moins procurvée et les quatre postérieurs en ligne beaucoup plus large, reculée et récurvée. [e) (e) 309 9170 971 Fis, 369, Palpimanus gibbulus L. Duf. Front et yeux. — Fig. 310. P. capensis E. Sim. Id. — Fig. 371. P. transvaalicus E. Sim. Id. Les yeux antérieurs du Palpimanus gibbulus L. Duf. sont en ligne légère- ment procurvée, ses yeux postérieurs sont petits et assez largement séparés. les uns des autres, de sorte que l’aire occupée par les quatre médians est plus longue que large, plus étroite en avant qu’en arrière (fig. 369). Les Palps manus de l'Afrique australe s'éloignent de l’espèce type par leurs yeux anté- rieurs en ligne plus courbée et semi-circulaire ; les yeux postérieurs des: P. capensis et globulifer E. Sim. sont espacés comme ceux de P. gibbulus L. Duf., mais un peu moins reculés, de sorte que l’aire occupée par les mé- dians n’est pas beaucoup plus longue que large (fig. 370), ceux de P. trans- vaalicus E. Sim. sont, au contraire, très reculés et ses yeux médians sont beaucoup plus resserrés, de sorte que l'aire des médians est très longue et presque parallèle, au lieu d'être trapézoïde, plus large en arrière (fig. 371) ; le céphalothorax de ces espèces est aussi un peu plus atténué en avant que celui de P. gibbilus, mais ces caractères ne sont pas assez tranchés pour servir de base à des genres et ne peuvent être utilisés que per répartir les espèces du genre Palpimanus en groupes secondaires. L'espèce type, Palpimanus gibbulus L. Duf., est largement distribuée, elle est répandue dans l'extrême sud de l’Europe (Espagne, Malte, Grèce), le nord de l'Afrique, du Maroc à l Égypte, la région æthiopienne, le sud de l'Arabie et je lai même indiquée de l’Inde centrale; dans le sud de l'Afrique, elle est rem- placée par trois ou quatre autres espèces, répandues du Cap au Transvaal. FAMILLE DES PALPIMANIDÆ 107 Palpimanus L. Dufour, Ann. Sc. Phys., 1820, p. 12. — Platyscelum Aud. in Say., Eg. (2° éd.), XXII, 1825-27, p. 401. — Chersis Walck., Apt. I, p. 390 (ad part.). Cephalothorax breviter ovatus, valde convexus et postice fere abrupte de- clivis. Oculi postici parvi, lineam latissimam recurvam formantes, medii a lateralibus quam inter se multo remotiores et paulo minores. Oculi antici in lincam multo angustiorem, valde procurvam, medii lateralibus saltem duplo majores et a lateralibus quam inter se saltem duplo remotiores. Area medio- rum multo longior quam latior, plerumque antice quam postice angustior. Clypeus verticalis planus, area oculorum mediorum multo angustior. Scutum epigasteris postice rotundum. Chelæ, partes oris, sternum pedesque normalia. Typus : P. gibbulus L. Duf. AR. GEOGR. : Regio mediterranea calid.; Africa orient. et austr.; Arabia merid. ; India orient. Nora. Les espèces de ce genre se répartissent dans les trois groupes suivants : À. — Oculi antici in lineam modice procurvam. Oculi medii postici parvi et inter se late remoti. Area mediorum multo longior quam latior et antice quam postice angustior (fig. 369) (P. gibbulus L. Duf.). B. — Oculi antici in lineam validissime procurvam semi-circularem. Oculi postici præcedentis. Area mediorum trapeziformis, non multo longior quam latior (fig. 370) (P. capensis, globulifer E. Sim.). C. — Oculi antici præcedentis. Oculi medii postici inter se valde appropin- quati et subcontigui. Area mediorum angusta, longa et parallela (fig. 371) (P, tr'ansvaulicus E. Sim.). 21. Famille ZODARIIDAE La création de cette famille est assez récente; l'étroite affinité qui relie les trois genres Zodarion (Enyo), Laches [Lachesis) et Storena avait échappé aux anciens auteurs ; les espèces du genre Zodarion étaient placées par Walcke- naer, moitié parmi les Clotho (Uroctea), moitié parmi les Argus (Erigone), le genre Sforena était dans le voisinage des Lycosa et le genre Laches dans celui des Agelena. GC. Koch, qui ne connaissait que le premier de ces trois types, l'avait laissé à côté des Uroctea, dans la famille des Theridides. Les auteurs modernes sont d'accord pour rapprocher ces genres, soit dans une famille spéciale (T. Thorell), soit dans une tribu de la famille des Agele- nides (0. P. Cambridge) avec laquelle ils n'ont cependant que bien peu de rapports. J’ai autrefois compris à tort dans la famille des Zodariides le genre Miltia (Prodidomus), qui est devenu le type d’une famille spéciale (voy. p. 232) et le genre Celo, qui est voisin du genre Trachelas (Clubionidæ), mais je lui rattache aujourd'hui le genre Cryptothele qui ne me parait différer essentiellement des Cydrela que par la nature de ses téguments et par suite de son faciès, et le genre Homalonychus Marx, qui fait le passage des Zodarides aux Drassides, principalement aux Cithæron. Ainsi comprise, la famille des Zodariides est assez naturelle, mais elle ne diffère guère de celles des Palpimanides que par les pattes et les griffes homogènes, c'est-à-dire presque semblables aux quatre paires, la face interne des lames dépourvue de serrula, mais garnie d’une sco- pula apicale beaucoup plus développée, enfin par le rostre membraneux et pourvu en dessus d’une bande de poils. La structure des chélicères, des pièces buccales et des filières est très uni- forme, mais d’autres caractères, qui dans la plupart des familles sont consi- dérés comme de première importance, sont sujets à des exceptions, c'est ainsi que dans certains genres le nombre des griffes, qui est normalement de trois, est réduit à deux, ces griffes sont tantôt portées par un onychium, tantôt insérées directement sur l'extrémité du tarse, les filières supérieures peuvent exister ou manquer, etc. È Le céphalothorax des Zodariides est convexe et presque toujours peu atténué en avant, avec le front généralement obtus et large ; il est marqué d’une strie médiane thoracique, qui ne manque que dans les genres Trygetus et Mallinus, mais il est presque toujours dépourvu de stries rayonnantes et céphaliques ; son bandeau, non impressionné, vertical, plan ou légèrement convexe (Zodu- rion), est rarement plus étroit que le groupe oculaire. FAMILLE DES ZODARIIDÆ 409 Les yeux, disposés en deux lignes transverses (1) généralement procur- vées, ne sont nettement hétérogènes que dans les deux groupes des Zodarion et des Palæstina. Les chélicères sont très robustes, verticales, contiguës et même soudées à la base par leur bord interne, pourvues d’une tache basale, peu atténuées, et obtuses à l'extrémité où leur troncature est courte, presque transverse et quel- quefois même {Zodarion) un peu saillante à l'angle comme celle des Fülistata ; la marge supérieure, garnie de très forts crins, est mutique, excepté dans le groupe des Séorena où elle est armée d’une seule dent très reculée; la marge inférieure est toujours mutique et indistincte, mais en dessous les chélicères offrent presque toujours une bande ou une simple ligne longitudinale de crins faisant suite à l’insertion du crochet. Celui-ci est généralement court, peu courbé et fortement dilaté à la base ; dans la plupart des cas, il est convexe et, vu en dessus, il a la forme d’un triangle allongé, celui des Suffucia, Zodarion et Palæstina est comprimé et il ressemble, vu de profil, à une griffe de chat (fig. 405). La pièce labiale est libre, grande et plane, plus longue que large, triangu- laire, subaiguë ou plus souvent ovale, atténuée et obtuse à l'extrémité, qui dépasse de beaucoup le milieu des lames ; elle est marquée de chaque côté, à la base, d’une petite échancrure. Les lames sont convexes, non impressionnées, assez larges à la base au niveau de l'insertion du trochanter, ensuite graduellement atténuées, incli- nées et cintrées sur la pièce labiale, mais toujours disjointes à l’extrémité qui est obtuse (fig. 373); vues en dessous (les chélicères enlevées), leur surface est lisse et plane, dépourvue de serrula, mais garnie à l’extrémité d’une sco- pula très dense et longue terminée en pinceau. Le rostre est allongé, presque parallèle et membraneux ; il offre en dessus, au moins dans sa seconde moitié, une large bande pileuse. Le sternum est presque toujours large et plan, tantôt terminé en petite pointe obtuse avant les hanches postérieures contiguës, tantôt prolongé entre ces hanches qui sont plus ou moins disjointes (Homalonychus, Suffucia, Zoda- rion, Cryptothele) ; il n’est convexe et largement obtus en arrière, comme celui des Oonopides, que dans les genres Trygetus et Palæstina, qui forment un groupe spécial. Au delà du sternum se remarque encore une petite pièce chitineuse, qui a tantôt la forme d'un triangle allongé à sommet très aigu dirigé en avant et à base plus ou moins échancrée, tantôt celle d’un arceau transverse arqué en accent. Les pattes sont peu inégales, et presque semblables entre elles, rarement très longues, tantôt fines, tantôt robustes, mais avec les articles terminaux, . métatarses ei tarses, presque toujours grêles (excepté dans le groupe des Sio- renomorpha). (1) Ou en trois lignes, quand la première est tellement procurvée que ses yeux dessinent un trapèze, comme, par exemple, chez les Cydrela et les Cryplothele. L10 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Les trochanters sont courts, ceux des deux premières paires sont coupés droit à l'extrémité, tandis que les deux postérieurs sont, au bord apical, en dessous, très légèrement et obtusément échancrés ; les patellas sont assez courtes et presque semblables aux quatre paires; les tarses, toujours grêles, sont longs relativement aux métatarses; ces pattes sont rarement mutiques, elles sont presque toujours armées d’épines, non régulièrement sériées, dont les plus constantes sont les apicales métatarsales qui sont disposées en verti- cille ; les métatarses sont presque toujours garnis en dessous à l'extrémité de poils serrés, et les postérieurs offrent, au-dessus de l'insertion du tarse, un rebord déprimé plus ou moins développé (1). Les griffes ne sont accompagnées de scopulas ou de fascicules que dans les groupes des Homalonychus et des Siorenomorpha et dans le genre Hermippus ; elles sont tantôt insérées directement sur l'extrémité tarsale, tantôt portées par un petit article unguifère ou onychium ; elles sont presque toujours au nombre de trois et les supérieures sont armées d'une nombreuse série de dents qui ne manquent absolument que dans les genres Homalonychus et Cryptothele; ces dents, fines et serrées, ne sont pas insérées au bord inférieur de la griffe, mais à son côté interne, près son bord supérieur. Les filières inférieures ressemblent à celles des Palpimanus, elles sont éga- lement épaisses, cylindriques, accolées l’une à l’autre et leur article terminal, très court, arrondi et convexe, est garni de fusules grêles, irrégulières, mais ces filières sont, de plus, réunies à la base par une sorte de ligament ou de Support membraneux qui, dans certains cas, est aussi long que les filières elles-mêmes (Zodarion) (fig. 403 et 404) ; dans quelques genres (Lutica, Hermip- pus, Mallinus). les autres filières font défaut et la ressemblance avec les Palpi- manus est complète, mais dans la plupart des cas ces filières existent, elles sont situées au-dessus des inférieures, très petites (2), cylindriques et dispo- sées presque en ligne transverse, les supérieures plus écartées étant situées sur les côtés des médianes, tantôt ces dernières sont presque semblables aux supérieures, tantôt elles sont rudimentaires et probablement dépourvues de fusules (fig. 398 et 400) ; le tubercule anal est semi-circulaire, plus large que long, excepté celui des Cryptothele. La patte-mâchoire de la femelle est robuste; son tarse acuminé, quelque- fois déprimé en dessous {Cydrela, Cryptothele), est armé d’une griffe puissante généralement pectinée. La patte-mâchoire du mâle est toujours robuste; son tibia, assez court, est toujours armé d'une apophyse externe, souvent digitée, au reste, de forme très variable ; son tarse, gros et convexe, recouvre un bulbe volumineux plus complexe que celui des familles précédentes, (1) Cette disposition existe chez beaucoup d’Araignées, mais elle n’est nulle part aussi apparente que chez les Storena et les Laches. (2) Exceplé cependant dans le genre Homalonychus où les supérieures sont presque aussi longues que les inférieures (fig. 374), FAMILLE DES ZODARIDE HA Les Zodariides se répartissent en cinq sous-familles : SOUS-FAMILLES 1. Tarsi pedum crassi et fusiformes, supra convexi, subtus scopulati, 7 HOME METElSEMperDIn SF eee, 0 -..... Storenomorphinæ. — Tarsi pedum graciles, longi et leviter compressi, haud scopulati. Ungues plerumque trini................... Por Has ne nee 2. 2. Pedes-maxillares crassissimi, tarso subtus deplanato, apice acu- minato, ungue vel unguibus binis validis et curvatis, haud pectinatis, insigniter armato.Oculi quatuor antici lineas binas, oculi quatuor postici lineam subrectam multo latiorem, desig- RADEON Po 0 PE DT EnERIESe M OUT EEE PA Le (1e se (2e) — Pedes-maxillares normales, tarso cylindraceo acuminato, ungue mediocri, fere semper pectinato, munito. Oculi antici lineam procuvamveleubrectam onmantes ee Pre Tree ORNE = . 3. Mamillæ haud retractæ. Pedum articuli ne | Ungues supe- riores tarsorum numerose pectinati. Fo nn Gydreline; CL ; : — Mamillé omnino retractæ. Pedum articuli (tarsis metatarsisque exceptis) valde inflati et angulosi. Ungues tarsorum mutici... EN A RON ee PES RER Cr protein. 4. Mamillæ superiores inferioribus multo minores. Ungues tarso- rum et unguis pedum-maxillarium feminæ pectinati. Oculi postici lineam valde procurvam designantes........... Zodariinæ. — Mamillæ superiores inferioribus graciliores sed non multo bre- viores. Ungues bini, graciles et mutici, fasciculati. Oculi postici lincam valde recurvam designantes............. Homalonychinæ. 1e Sous-famill HOMALONYCHINÆ Le genre Homalonychus, décrit récemment par le D' Geo. Marx, est des plus anormaux, car ses caractères sont intermédiaires à ceux des Drassides et des Zodarides; il présente les pièces buccales, les chélicères et les filières infé- rieures connées des derniers, mais contrairement à ce qui a lieu pour les autres représentants de la famille, ses filières supérieures sont assez longues et EE griffes tarsales, au nombre de deux seulement, sont mutiques et accom- pagnées de fascicules de scopulas ; il a avec les Cithæron des rapports très certains qui se retrouvent même dans les détails des organes sexuels, mais il n’en a pas les pièces buccales qui sont, comme je l'ai dit, exactement con- struites comme celles des Zodurion. Le céphalothorax de l'Homalonychus selenopoides Marx, seule espèce connue, est à peine plus long que large et assez épais; sa partie thoracique, largement arrondie de chaque côté, est marquée d'une strie longitudinale longue et pro- fonde et de stries rayonnantes moins prononcées ; sa partie céphalique est atténuée avec le front assez étroit et obtus ; le bandeau, au moins aussi large que l'aire oculaire, est vertical et légèrement concave. NE 419 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Les yeux, presque homogènes mais inégaux, sont en deux lignes trans- verses; les antérieurs, assez petits, surtout les latéraux, sont en ligne assez étroite et procurvée, tandis que les postérieurs, beaucoup plus gros et égaux, sont en ligne très fortement récurvée, presque semi-circulaire (fig. 372). 972 376 371 979 974 315 Homalonychus selenopoides Marx. — Fig. 372. Front et yeux, en dessus. — Fig. 373. Pièces buccales. — Fig. 374. Filières de profil. — Fig. 315. Griffes de profil. — Fig. 376. L’un des poils barbelés, plus grossi. — Fig. 371. Patte-machoire du mâle. Les chélicères et les pièces buccales sont normales pour la famille; le crochet est assez long, très courbé et fortement élargi à la base; les marges, dont la supérieure est presque transverse, sont entièrement mutiques. Les lames sont encore plus convergentes et plus atténuées que celles des Siorena, elles ressemblent surtout à celles des Cryptothele (fig. 373). Le sternum est au moins aussi large que long, plan et presque arrondi, brièvement prolongé en petite pointe obtuse entre les hanches postérieures, qui sont disjointes. L'abdomen, convexe, est élargi dans la seconde moitié, brièvement atténué en arrière et très obtusément rhomboédrique; ses filières sont terminales :. les inférieures, épaisses et cylindriques, sont connées et réunies à la base par une bande membraneuse moins nette que chez les autres Zodariides ; les filières supérieures, qui occupent le même espace transversal que les infé- rieures, sont environ d’un tiers plus courtes, beaucoup plus grêles, cylin- driques et pourvues d'un petit article apical conique ; les filières médianes sont très réduites et obtuses (fig. 374). Les pattes sont robustes, sauf les métatarses et tarses ; celles de la 4° paire sont les plus longues, puis celles de la 1'e, celles de la 3° paire sont les plus courtes ; leurs tibias et métatarses sont un peu déprimés en dessus et très légèrement anguleux; ces pattes sont armées de fortes épines, plus régulière- ment sériées que celles des autres Zodariides, principalement aux tibias et métatarses antérieurs ; l’extrémité des tarses se rétrécit légèrement au-des- FAMILLE DES ZODARIIDÆ 13 sous des griffes en forme d'onychium rudimentaire. Les griffes, insérées sur un plan très déclive, sont grêles, longues et entièrement mutiques ; elles sont accompagnées, de chaque côté, d'un fascicule très dense de poils spatulés et, en dessous, de deux très gros crins épais, déprimés et sinueux, garnis d'une série de poils sur l'une de leur face seulement; ces crins paraissent analogues aux griffes auxiliaires des Scytodes et des Argiopides (fig. 375 et 376). La patte-mâchoire de la femelle est robuste et normale ; son tarse, environ de même longueur que la patella et le tibia réunis, est atténué, et sa griffe, assez longue, est courbée et mutique comme celles des pattes. La patte-mâchoire du mâle est également robuste et assez longue; son tibia, plus long que la patella, ce qui est rare parmi les Zodariides, est cylin- drique et armé d'une apophyse supéro-externe courte, épaisse et divisée en deux branches très inégales ; son tarse est ovale large, mais fortement atténué à la base et à l'extrémité qui dépasse un peu un bulbe volumineux et com- plexe (fig. 377). Indépendamment de sa patte-mâchoire, le mâle se distingue de la femelle par sa taille plus petite et ses pattes beaucoup plus longues et plus fines, avec les métatarses et tarses presque filiformes. L'unique espèce, Homalonychus selenopoides Marx, est une assez grosse Arai- gnée ayant un peu l'aspect d'un Sparassus ou d'un Sicarius; sa coloration est brunâtre et relevée sur le céphalothorax de petits dessins obscurs ; ses tégu- ments sont garnis de poils de divers types, ceux des chélicères et des pièces buccales sont très forts et spiniformes, ceux de la région frontale, obtus et même claviformes, ressemblent à ceux des Sicarius et des Cryptothele (fig. 372). Cette curieuse Araignée est propre au sud des États-Unis; les deux indi- vidus que j'en possède m'ont été donnés par le D’ Geo. Marx comme prove- nant de la Basse-Californie. Homalonychus G. Marx, Proceed. Ent. Soc. Wash., IT, n° 1, 1894, p. 2. Cephalothorax vix longior quam latior, parte thoracica utrinque ample rotunda, stria media longa striisque radiantibus impressa, parte cephalica attenuata, fronte obtusa sat angusta.Clypeus altus, verticalis, leviter depres- sus. Oculi antici in lincam brevem, procurvam, medii lateralibus circiter duplo majores. Oculi postici multo majores, inter se subæquales, lineam valde recurvam formantes. Laminæ apice valde attenuatæ et convergentes. Ster- num planum, subrotundum, inter coxas posticas breviter productum. Pedes longi, sat robusti sed tarsis gracilibus, valde aculeati. Tarsi scopulis carentes sed fasciculis subunguicularibus et unguibus spuriis duobus muniti. Ungues graciles mutici. Abdomen paulum rhomboidale. Mamillæ terminales, supe- riores inferioribus graciliores et cireiter 1/3 breviores. Typus : H. selenopoides Marx {sp. un.). AR. GEOGR. : Amer. sept. in reg. calid. LA HISTOIRE NATURELLE DES ARAÎGNÉES 9e Sous-famille STORENOMORPHINÆ Les Storenomorpha, que j'avais d’abord rapprochés des OEdignatha Th. (re- portés aujourd’hui à la famille des Clubionides), ne diffèrent des Storena que par leurs pattes qui sont assez courtes, épaisses aux extrémités, avec les tarses légèrement fusiformes, convexes en dessus, garnis en dessous de scopulas plus ou moins denses ou au moins de fascicules ungueaux ; ces pattes sont mutiques, sauf les métatarses qui portent toujours des épines apicales, et aux deux premières paires seulement deux séries de courtes épines qui manquent quelquefois (Pa- tiscus). Les griffes supérieures, plus courtes et plus courbées que celles des Sforena, sont pourvues d’une série de 5 à 7 dents robustes, diminuant beaucoup de l'extrémité à la base, linférieure est extrêmement petite, presque rudimentaire ; ces griffes ne sont pas portées sur un ony- chium, mais insérées dans une petite fossette oblongue de l’extrémité tarsale (fig. 379). Le céphalothorax, les pièces buccales, les chélicères, le sternum et les filières sont ceux des Storena. Store rpha Comottoi E. Sim. 5 Ë D ne ne Les yeux des Patiscus et des Chariobas sont disposés en deux lignes fortement et également courbées en arrière (procurvées), mais tandis que chez les premiers ils sont bien séparés et égaux, chez les seconds ils sont très resserrés, presque con- tigus, et les médians antérieurs sont plus petits que les autres ; les yeux des Siorenomorpha ressemblent davantage à ceux des Palpimanus, ils sont en deux lignes courbées en sens inverse, la postérieure, très large, est recurvée, tandis que l’antérieure, beaucoup plus étroite, est fortement procurvée. Femelle grossie. Fig. 379. Storenomorpha Corottoi E.S. Da Ne All La patte-mâchoire de la femelle est épaisse, prin- cipalement dans le genre Chariobas et son tarse acu- miné porte une griffe robuste, presque droite, pourvue à la base de deux ou trois dents. La patte-mächoire du mâle, qui n’est connue que pour une seule espèce {(S. Comottoi E. Sim.), est très robuste ; son fémur est légèrement courbe; sa patella, un peu plus longue que large, est convexe et un peu conique en avant; son tibia, très court, transverse et oblique, est échancré au bord anté- rieur avec l'angle interne conique et obtus, le bord externe prolongé en forte apophyse, dirigée en avant, tronquée et bifide ; son tarse, très gros et presque aussi long que les trois articles basilaires réunis, est très large à la base, atténué et un peu courbé en dehors à l'extrémité et son bord externe est FAMILLE DÉS ZODARIIDÆ K15 pourvu, un peu avant le milieu, d’une forte saillie obtuse ; son bulbe est volu- mineux, complexe et entouré d’un fort stylus détaché. Ces Araignées sont de taille assez forte ou moyenne; elles ont le faciès des Siorena, sauf cependant le Chariobas cylindraceus E. Sim. qui est beaucoup plus étroit et plus long, et ressemble à un Ariadnu ; leur céphalothorax et leur abdomen, glabres et lisses, sont généralement ornés de larges bandes longitudinales foncées sur fond jaune ou testacé; on ne sait rien de leurs mœurs. Le genre Siorenomorpha renferme deux espèces, l'une de Birmanie, l’autre de Madagascar ; l'unique espèce du genre Patiscus est propre à l'Afrique aus- trale et celle du genre Chariobas au Gabon. GENERA 1. Oculorum linea postica valde recurva et multo latior quam linea AUICE) D RAR SATA RSR ae AE AR EPA .... Storenomorpha. — Oculorum lineæ binæ fere æquilatæ et procurvæ.........,......, 22 PPROculhnternse bene disjuncti etisubæquales PE Patiscus. — Oculi inter se subcontigui, medii antici reliquis minores. Chariobas. Stiorenomorplhia E. Sim., Ann. Mus. civ. Gen., XX, 1884, p. 352. Cephalothorax longe ovatus. Oculi postici æqui, lineam latissimam et re- curvam formantes, medii inter se appropinquati sed a lateralibus latissime remoti. Oculi antici in lineam multo angustiorem et validissime procurvam, medii majores et a lateralibus quam inter se remotiores. Area mediorum sub- parallela, longior quam latior. Clypeus verticalis planus, area oculorum me- diorum saltem haud angustior. Pedes breves et robusti (1V, 1, 11, 11), meta- tarsis exceptis, mutici, tarsis, præsertim anticis, crassis et superne convexis, subtus scopulatis. Ungues trini, superiores valde curvati, dentibus crassis 6-7 versus basin sensim minoribus, instructi, unguis inferior minutissimus vix perspicuus. Typus : S. Comottoi E. Sim. AR. GEOGR. : Birmania et ins. Madagascar. Nora. Les deux espèces de ce genre se rapportent à deux groupes : A. — Tarsi cuncti metatarsique antici crasse scopulati (S. Comottoi E. Sim.). B. — Tarsi setosi, leviter scopulati sed fasciculis unguicularibus angustis muniti (S. angusta E. Sim.). Patiseus, nov. gen. Cephalothorax Storenomorphæ. Oculi postici æqui, in lineam procurvam, medii à lateralibus quam inter se multo remotiores. Oculi antici in lineam non multo angustiorem et validissime procurvam, inter se subæquales et fere AG HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES æquidistantes. Area mediorum subparallela, longior quam latior.Clypeus ver- ticalis planus, area oculorum mediorum angustior. Cætera fere Siorenomor- phæ sed pedibus in proportione 1, IV, 11, 111 et mamillis superioribus minutis- simis, vix perspicuis. Typus : P. Peringueyi E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : Africa max. austr. Chariobas, nov. gen. Cephalothorax angustus et longus. Oculi inter se valde appropinquati et subcontigui, in lineas binas æquilatas et valde procurvas ordinati, medii antiei reliquis minores. Area mediorum haud vel vix longior quam latior et antice quam postice paulo angustior. Clypeus valde retro obliquus, area oculorum latior. Cætera fere Storenomorphæ sed pedibus in proportione 1, IV, I, IX, pedibus - maxillaribus feminæ robustioribus, abdomine longo, angusto et cylindraceo. Typus : C. cylindraceus E. Sim. (sp. un.) (1). AR. GEOGR. : Africa occid. : Gabon. 3e Sous-famille GYDRELINÆ Les Cydrela aonnent leur nom à une sous-famille qui relie celle des Store- nomorpha à celle des Cryptothele; comme les premiers, ils ne diffèrent pas beaucoup des Sforena par leurs caractères généraux, mais ils s’en éloignent par leurs mœurs, ce qui entraine quelques modifications de structure remar- quables. Les Cydrela sont, en effet, des Araignées fouisseuses, qui vivent enfoncées dans le sable où elles semblent nager; leurs pattes-mâchoires, qui sont leur principal instrument de travail, sont extrêmement épaisses ; chez la femelle, leur tarse acuminé et légèrement déprimé en dessous est hérissé de très nom- breuses épines et armé à l'extrémité d’une ou de plusieurs griffes mutiques très puissantes et un peu arquées (fig. 383); chez le mâle, l’extrémité du tarse, qui est un peu avancée et tronquée, est armée de deux harpons semblables (fig. 382); dans le genre Cæsetius cependant, la patte-mâchoire de la femelle, moins modifiée, ne diffère pas beaucoup de celle des Siorena et son crochet, plus court, se distingue à peine des épines qui l’accompagnent. Les pattes, surtout les postérieures, sont encore plus épineuses que celles des Storena et des Laches ; leurs griffes ne sont pas portées par un onychium; aux paires antérieures, les supérieures sont très courbées, elles le sont moins aux postérieures, toutes sont pourvues d’une série de dents fines, serrées et nombreuses (10-12), occupant le côté interne de la griffe et dépassant peu son tiers apical. (1) Pour les descriptions de Patiscus Peringueyi et Chariobas cylindraceus (cf. Ann. Soc. ent. Fr., 1893, p. 315). #3 $ FAMILLE DES ZODARIDÆ A7 Le céphalothorax, les pièces buccales et le sternum diffèrent à peine de ceux des Sioreninæ; les chélicères sont semblables, sauf cependant dans le genre Cæselius où leur face interne est garnie de nombreuses petites épines irrégulières formant râpe (fig. 385); dans le même genre, le bandeau offre, au-dessous des yeux, un espace légèrement convexe et hérissé de crins très forts (fig. 386). Les filières ressemblent à celles des Laches, c’est-à-dire que les su- périeures sont petites et écartées transversalement ; les médianes, très petites ou nulles; en dessous, le support membraneux des filières in- férieures, qui est plus long que celui de la plupart des Storena, mais plus court que celui des Zodarion, pré- sente, au milieu, une petite plaque un peu indurée et pileuse, quel- quefois divisée longitudinalement en deux parties. Fig. 380. Cydrela rutilans E. Sim. Femelle grossie, Les yeux sont assez petits et presque semblables, disposés sur trois rangs, dont les deux premiers occupent la face ; le premier rang est formé de deux 381—383 90 1— 385 386—382 Fig. 381. Cydrela stigmatica E. Sim. Yeux en dessus. — Fig. 382. Id. Patte-mächoire du mâle. — Fig. 383. Capheris crassimana E. Sim. Patte-màchoire de la femelle. — Fig. 384. Id. Yeux en dessus. — Fig. 385. Caeselius murinus E. Sim. Chélicère. — Fig. 3S6. Yeux en dessus. yeux qui correspondent aux latéraux antérieurs, le second, de deux yeux cor- respondant aux médians antérieurs, le troisième rang est formé des quatre yeux postérieurs disposés en large ligne transverse ; les quatre yeux anté- rieurs figurent chez les Cydrela un trapèze plus large en avant qu’en arrière, 27 418 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES les antérieurs étant plus écartés transversalement que les postérieurs (fig, 381) ; chez les Capheris, un trapèze beaucoup plus long et plus étroit en avant qu’en arrière, les antérieurs étant contigus l’un à l’autre, tandis que les postérieurs sont lègèrement séparés (fig. 384); chez les Cæsetius, les yeux du premier rang, plus écartés que ceux des Cydrela, figurent avec ceux du second une ligne simplement procurvée (fig. 386). Les quatre yeux postérieurs figurent une ligne très large, très légèrement récurvée chez les Cydrela, Ca- pheris et Tristichops, au contraire, très fortement récurvée chez les Cæsetius, où elle ressemble à celle des Siorenomorpha et des Palpimanus (fig. 386); les yeux médians de cette ligne sont beaucoup plus rapprochés l’un de l’autre que des latéraux, excepté ceux du Trishichops cærulescens Tacz. qui seraient équidistants si la figure publiée par Taczanowski est exacte. La patte-mâchoire du mâle est encore plus épaisse que celle des Sioreninæ, dont elle diffère, comme je l'ai dit, par l’armature du tarse; son tibia, court et épais, est armé d’une apophyse supéro-externe plus ou moins longue, toujours aiguë, souvent recourbée en crochet à la pointe; le bulbe, volami- neux et complexe, est pourvu d'un long et fort stylus libre, prenant naissance vers le milieu de son bord externe, contournant sa base, tout son bord interne et son extrémité (fig. 382). TE Les Cydrelinæ sont de taille moyenne ou assez grande (C. rutilans E. Sim.); leurs téguments sont lisses ou finement chagrinés et plus pubescents que ceux des Sioreninæ; ils sont souvent d'une coloration foncée et uniforme, souvent aussi ornés sur l'abdomen de taches blanches ou jaunes, disposées comme celles des Storena, d’autres fois de dessins réticulés ressemblant à ceux des Callilepis. Le groupe des Cydrelinæ est, à part une exception, propre à l'Afrique aus- trale et à l'Afrique tropicale orientale ; le genre Cydrela compte actuellement cinq espèces ; le genre Capheris n’en renferme qu'une seule et le genre Cæse- tus trois ou quatre; le genre Tristichops représente le groupe dans l’Amérique du Sud, il ne renferme qu'une seule espèce, décrite de la Guyane française. GENERA 1. Oculi quatuor postici lineam leviter recurvam formantes. Clypeus simpliciter pilosus. Chelæ intus haud spinosæ .......... re 2. — Oculi quatuor postici lineam validissime recurvam formantes. Clypeus in medio valde crinitus. Chelæ intus aculeis parvis et inordinatis, radulam formantibus, munitæ.,............ Cæsetius. 2. Oculi quatuor antici aream trapeziformem haud longiorem quam latiorem et antice quam postice multo latiorem occupantes. Pedes-maxillanes feminæmobus Hi NP NERMET EEE ER 3 — Oculi quatuor antici aream trapeziformem angustam, multo lon- giorem quam latiorem et antice quam postice paulo angustio- rem occupantes. Pedes-maxillares feminæ robustissimi... Capheris. 3. Oculi quatuor postici inter se fere æquidistantes..,....., Tristichops. — Oculi medii postici a lateralibus quam inter se multo remotiores. Cydrela. FAMILLE DES ZODARIIDÆ L19 Cydrela Thorell, Rem. Syn. Eur. Spid., etc., 1873, p. 598. — Cydippe Cambr., P. Z.$. L., 1870, p. 731 (nom. præocc.). — Tristichops Karsch, Zeitschr. f. Ges. Naturw., LI, 1878, p. 779. Cephalothorax fere Siorenæ. Oculi inter se parum inæquales, interdum me- dii antici (oculi ser. 22) reliquis majores {rutilans E. Sim.), in series tres ordi- pati : quatuor antici aream trapeziformem haud vel non multo longiorem quan latiorem occupantes; quatuor postici in lineam latissimam subrectam dispositi, medii a lateralibus quam inter se multo remotiores. Clypeus aream oculorum saltem æquans. Partes oris chelæque Sforenæ. Pedes mamillæque fere Lachetis. Typus : C. unguiculata Cambr. AR. GEOGR. : Africa orient. et austr. F'ristichops Taczanowski, Hor, Soc. ent. Ross., X, 1874, p. 100. Gen. invisum a Cydrela differt, sec. Taczanowski, oculis seriei tertiæ inter se æquidistantibus (loc. cit., tab. 11, fig. 10b). Tyeus : T. cærulescens Taczan. (sp. un.). AR. GEOGR. : America merid. : Guyana. €Capheris, nov. gen, — Cydrela E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1887, p. 371 {ad part. C. crassiman«). À Cydrela differt oculis quatuor anticis aream trapeziformem multo longio- rem quam latiorem et antice quam postice paulo angustiorem occupantibus, duobus anticis inter se contiguis, duobus posticis inter se anguste distan- tibus, pedibus-maxillaribus feminæ crassioribus, robustissimis, tarso acumi- nato tibia breviore. Typus : C. crassimana E. Sim. (sp. un.). AR, GEOGR. : Africa austr. occid. €Cæsetius, noy. gen. À præcedentibus differt oculis quatuor anticis lineam parvam recurvam, oculis quatuor posticis lineam latissimam et valde recurvam, designantibus, clypeo in medio leviter convexo et valde crinito, chelis intus spinulis nume- rosis et inordinatis, radulam formantibus, instructis, pedibus-maxillaribus feminæ fere Siorenæ. Typus : C. murinus E. Sim. (1). AR. GEOGR. : Africa australis. (1) CT. Ann. Soc. ent, Fr., 1893, p. 8316. h20 [HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES 4e Sous-famille CRYPTOTHELINÆ Le genre’ Cryptothele L. Koch, pour lequel le Dr L. Koch avait proposé un sous-ordre spécial, sous le nom de Ruditelariæ, comprenant aussi le genre Celænia Thorell, me paraît inséparable des Cydrelu, dont il ne diffère essen- tiellement que par ses griffes mutiques, son sternum prolongé en petite pointe entre les hanches postérieures, et le faciès spécial que lui donnent ses tégu- ments rugueux et squameux. Le céphalothorax des Cryptothele, plus long que large, est longuement atténué en avant dans la partie céphalique et son front étroit, obtus et un peu proéminent, ressemble à celui des Séeno- chilus; en dessus il est élevé et caréné en # forme de toit, fortement incliné de chaque côté et abaissé verticalement au bord pos- térieur ; sa carène dorsale est assez large et plus ou moins canaliculée. Les yeux rappellent complètement ceux des Cydrela;les quatre antérieurs, assez gros à, et presque égaux, sont disposés en trapèze, presque aussi long que large et beaucoup plus étroit en arrière qu'en avant, occu- pant la face et le bord frontal (fig. 389), tandis que les quatre postérieurs, plus pe- tits et beaucoup plus reculés, figurent une large ligne transverse procurvée, occupant toute la largeur de la partie céphalique, les médians de cette ligne sont beaucoup plus rapprochés l’un de l'autre que des latéraux (fig. 388). Le bandeau est très large, vertical ou un peu incliné en arrière. é Fig. 387. Cryptothele Marchei E. Sim. Femelle grossie. Les chélicères et les pièces buccales sont normales; la pièce labiale est très grande, à peine plus longue que large, semi-circulaire et plane; les lames, fortement inclinées, sont encore plus atténuées à l’angle interne que celles des Storena. Le sternum, ovale large, est légèrement concave et prolongé en arrière, entre les hanches postérieures disjointes, en petite pointe conique obtuse, qui paraît séparée de la pièce principale par une suture ou au moins une strie transverse profonde. Les hanches sont presque égales (les deux intermédiaires un peu plus courtes que les autres), épaisses et presque carrées, c’est-à-dire planes en dessous et sur les côtés, à pans coupés nets ; les trochanters, presque égaux, sont annuliformes ; les fémurs, patellas et tibias, extraordinairement renflés, sont plus ou moins anguleux et tout couverts d’inégalités et de tubercules, tandis que les métatarses et tarses restent assez grêles et cylindriques. Les griffes, courtes, robustes, très courbées et cachées au milieu de poils rudes, sont au nombre de trois; elles diffèrent de celles des autres Zodariides FAMILLE DES ZODARIIDÆ 491 par l’absence presque complète de dents; le plus souvent, la griffe externe est mutique, tandis que l'interne ne présente qu'une seule petite dent. L’abdomen est ovale, court, arrondi en avant, plus ou moins dilaté et ar- rondi en arrière. Les filières, semblables à celles des Siorena, sont au nombre de six et non de deux, comme on l’a dit jusqu'ici, mais les quatre supérieures, très petites, ne sont visibles qu'au moment de l'extension ; ces filières sont insérées dans un petit espace membraneux, entouré, en dessous et sur les côtés, d'un épais rebord coriacé semi-circulaire, complété en dessus par le tubercule anal, qui est long, conique et prolongé par un faisceau de crins ; elles sont suscep- tibles de se rétracter entièrement dans cette cavité à la volonté de l'animal (fig: 392 et 1° part., p. 30, fig. 44 et 45). 2 388 389 390 391 392 Crypiothele Marchei E. Sim. — Fig. 388. Front et yeux vus en dessus. — Fig. 389. Id, vus en avant. — Fig. 390. Patte-mächoire du male. — Fig. 391. Patte-mächoire de la femelle, — Fio. 392. Filières de profil au moment de l’extension : T tubereule anal, L lobe latéral, FS filière supérieure, FI filière inférieure. La patte-mächoire de la femelle, extrèmement robuste, ressemble beaucoup à celle des Cydrela; le fémur est court et claviforme ; la patella convexe est courte ; le tibia, également court, est un peu triangulaire; le tarse, plus long que les deux articles précédents, est lancéolé, aigu et courbe; tous ces articles sont en dessus rugueux et mamelonnés, comme ceux des pattes, tandis qu’en dessous le tibia et le tarse, plans et même un peu concaves, sont entièrement lisses; au repos, ces deux articles repliés couvrent les chélicères et les pièces buccales comme d’une sorte de masque (fig. 391). La patte-mâchoire du mâle est courte et robuste; celle de C. Marche: E. Sim. a un fémur épais et courbe, atténué et comprimé à la base ; une pa- tella très convexe, nodiforme et surmontée de longs crins claviformes; un tibia un peu plus court et plus étroit que la patella, armé d’une apophyse supéro-externe, épaisse, longue, tronquée en biseau à l'extrémité et dirigée obliquement en avant, le long du bord tarsal qui est un peu creusé en gout- tière; un tarse assez gros, ovale, obtus et déprimé ; enfin un bulbe ovale muni d’un stylus contourné en spirale (fig. 390). 499 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Les sexes ne diffèrent que par leur patte-mâchoire et par la taille, le mâle étant environ d'un quart plus petit que la femelle. Les Cryptothele sont des Araignées de taille moyenne, d’une coloration en- tièrement brunâtre et terreuse, remarquables par la dureté et les inégalités de leurs téguments, tout couverts d'’aspérités et de tubercules et de plus garnis de poils très épais spiniformes, les uns recourbés et comme bouclés, les autres dilatés en massue à l'extrémité. Les mœurs de ces Araignées n’ont pas été observées, mais il est probable qu’elles vivent dans les endroits les plus humides et s’enfoncent même par- fois dans la boue à la manière des Trogulus, les particules terreuses qui re- couvrent toujours leurs téguments semblent l'indiquer; dans ce cas, leurs organes les plus délicats, tels que les pièces buccales et les filières, seraient protégés, les uns, par les pattes-mâchoires, d'une forme si particulière, les autres, par le rebord que j'ai décrit plus haut. Le genre Cryptothele se compose actuellement de sept espèces très voisines les unes des autres, distribuées dans les îles de l'Océan indien et de l'Océan pacifique ; l’une se trouve à Ceylan (C. ceylonica Cambr.) ; l’une a été décrite de Pinang et retrouvée à Singapore (C. sundaica Thorell); l'espèce type habite les iles Viti et Samoa {C. verrucosa L. Koch); une autre est propre à la Nou- velle-Guinée (C, doreyana E. Sim.); et une aux îles Mariannes (C. Marchei E. Sim.); enfin une espèce a été récemment découverte aux îles Séchelles (G. Alluaudi E. Sim.) (1). €ryptothele L. Koch, Ar. Austr., 1872, p. 239. Cephalothorax ovatus, antice valde attenuatus, fronte angusta obtusa et prominenti, sat crassus sed haud conyexus, supra deplanatus et obtuse canali- culatus, postice abrupte declivis et truncatus. Oculi fere Cydrelæ, quatuor an- tici (fasciales) aream parvam trapeziformem antice quam postice latiorem occu- pantes, quatuor postici (dorsales) lineam latam procurvam formantes, medii inter se subcontigui sed a lateralibus latissime distantes. Clypeus latissimus, leviter retro-obliquus. Chelæ fere Storenæ. Pars labialis magna, haud vel vix longior quam latior et fere semi-circularis. Laminæ angustæ, attenuatæ et obtusæ, valde inclinatæ. Sternum late ovatum, planum, postice minute trun- catum vel inter coxas posticas anguste productum. Pedes breves, coxis cunc- tis utrinque anguloso-deplanatis et contiguis, femoribus, patellis tibiisque valde inflatis et plus minus angulosis, metatarsis tarsisque gracilibus sed su- pra deplanatis. Ungues superiores parvi et mutici (exterior), vel, prope me- dium, minute unidentati, inferior muticus, crassus et curvatus. Mamillæ in excavatione omnino retractæ, inferiores cylindratæ et contiguæ, superiores multo minores inter se separatæ. Tegumenta valde coriacea, inæqualia, setis crassis uncatis, aculeisque clavatis, valde hirsuta. (1) La septième espèce, C. cristata E. Sim. est de provenance incertaine, je l’ai décrite comme venant du Mexique, mais j'ai aujourd’hui les plus grands doutes sur l’exactitude de cette indication. 3 à a = d FAMILLE DES ZODARIIDÆ 193 Typus : C. verrucosa L. Koch. AR. GEOGR. : Ins. Seychellæ (Alluaudi E. Sim.) ; ins. Taprobane; penins. Malayana ; Nova - Guinea ; ins. Latronum {Marchei K. Sim.); ins. Viti et Salnoa. © Sous-famille ZODARIIN Æ Cette sous-famille renferme les genres typiques d’après lesquels j’ai donné les caractères généraux de la famille ; tous ceux dont les tarses grêles et longs sont dépourvus de scopulas et, sauf une exception (Hermippus), pourvus de trois griffes tarsales, dont les supérieures sont pluridentées, dont les yeux sont disposés en deux lignes courbées dans le même sens en arrière, et dont la patte-mâchoire de la femelle est robuste, mais de forme normale, c'est-à-dire ayant un tarse cylindrique ou acuminé, pourvu d'une griffe généralement pectinée. Cette sous-famille est moins homogène que les précédentes, mais toutes les gradations existent entre ses formes extrêmes, c’est ainsi qu'elle renferme des genres dont les griffes sont insérées directement sur l'extrémité tarsale et d'autres où elles sont portées par un petit onychium (Zodarion, Trygetus, Suffucia), mais, dans certains cas (Leprolochus, quelques Suffucia), cet ony- chium est à peine distinct, des espèces dont le sternum se termine en petite pointe avant les hanches postérieures contiguës (Laches, Storena) et d’autres où cette pointe sternale se prolonge un peu entre les hanches disjointes {Zodarion, Suffucia, etc.); sous ce rapport, les Trygetus et genres voisins sont les plus anormaux, car leur sternum convexe est largement arrondi en arrière et leurs hanches globuleuses sont isolées et brièvement pédiculées comme celles des Oonopidæ loricatæ. D'après ces caractères, les Zodariinæ se répartissent en cinq groupes : GROUPES 1. Ungues tarsorum bini, fasciculis muniti................. Hermippeæ. — Ungues tarsorum trini, haud fasciculati..... note ob b eo 2 2, Sternum postice breviter acutum, inter coxas posticas contiguas, haud productum. Tarsi onychio carentes......,........ Storeneæ. — Sternum postice, inter coxas disjunctas, plus minus productum. HS ROC HOMpaNONUNIUEE REP MEL RE EL tale rene 3. 3. Sternum late cordiforme, parum convexum, postice anguste et breviter productum. Coxæ cunctæ sat longæ et parallelæ...... 4. — Sternum ovatum, valde convexum, postice late obtusum. Coxæ + subalohosæ, inter sedistantes..,....2.,..4.......... +{Trygetinæ.)/@ 4. Oculi inter se subæquales et subsimiles. Mamillarum pars basalis 4 Ie ranacedibnevis A Me. es... 1.11. Suüuffucieæ. — Oculi inter se valde inæquales et dissimiles, medii antici (diurni) reliquis multo majores. Mamillarum pars basalis membranacea magna parte libera longior vel saltem haud brevior...... Zodarieæ. 124 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES 1. HERMIPPEÆ Hermippus loricatus E. Sim., qui constitue à lui seul ce ‘groupe, est un Stvrena de l'Afrique centrale qui offre le caractère, exceptionnel dans la famille, de n’avoir que deux griffes tarsales, accompagnées de fascicules de scopulas ; ces griffes sont assez étroites, courbées et armées, presque jusqu’à l'extrémité, d’une série de dix dents serrées et régulières ; contrairement à ce qui a lieu chez les Storenomorpha, elles sont por- tées par un tarse construit comme celui des Sfo- rena, c'est-à-dire grêle, un peu comprimé, très légèrement élargi de la base à l’extrémité et armé, en dessous, de petites épines bisériées. | Le céphalothorax est encore plus large et plus convexe que celui des Sforena;: les yeux ont la même disposition, mais les latéraux sont, de chaque côté, beaucoup plus séparés des médians. Le sternum, les pattes, les pièces buccales et les chélicères sont ceux des Storena; le crochet, qui est très robuste, comprimé et peu arqué, est armé en dessus, à la base, d’une forte dent obtuse, mais ce caractère est probablement propre au mâle, seul sexe connu jusqu'ici (fig. 394). Fig. 393. Hermippus loricatus E. Sim. a Me s Re Mae on. La pièce postérieure du sternum, en triangle aigu comme celles des Siorena, est suivie de deux pe- tites pièces chitineuses obliques, qui représentent le lorum inférieur du pé- dicule (voy. 1"° partie, p. 5, fig. 16), puis d’un très grand scutum épigastrique s'étendant presque jusqu’au milieu de la face ventrale, légèrement atténué en arrière, arrondi et étroitement rebordé au milieu, comme celui des Palpimanus, mais il est probable que cette pièce n'offre pas le même développement chez la 7 femelle. à L'abdomen offre encore en dessous, près des filières, Fig. 394. un petit arceau chitineux transverse qui se retrouve, au reste, chez la plupart des Sforeninæ; les filières, assez petites, cylindriques et contiguës, sont au nom- bre de deux seulement, caractère qui existe aussi dans le genre Lutica, du groupe suivant. Hermipyus loricatus E. S. Croch?:t de la chélicère. La patte-mâchoire du mâle est volumineuse et complexe; sa patella, courte et convexe, porte en dessus une grosse apophyse verticale, dilatée et tronquée à l’extrémité en forme d'épais bourrelet oblique, avec l'angle externe proéminent et dirigé en arrière; son tibia, encore plus court et appendiculé, est armé d'une grande apophyse externe divisée en deux branches divergentes : l’antérieure, très grêle dès la base et courbée en fau- cille, est accolée au tarse, tandis que la postérieure est très longue, dirigée en arriere, grêle et cylindrique, mais terminée par une petite dilatation angu- duæ, breves, cylindratæ et inter se contiguæ. FAMILLE DES ZODARIIDÆ 4925 leuse qui vient presque rejoindre l’apophyse patellaire ; le tarse est énorme et presque globuleux; le bulbe, qui est très gros et convexe, est du même type que celui des Séorena et des Storenomorpha. Hermippus loricatus E. Sim. est de la taille des plus gros S{orena ; ses tégu- ments, glabres et chagrinés, sont entièrement d’un noir opaque. Je n’en connais qu'un seul individu capturé à Takora, sur le lac Tanganyka. Hermippus, nov. gen. Cephalothorax brevis, latus et valde convexus, antice vix attenuatus, fronte latissima et obtusa, stria thoracica brevi impressus. Oculi parvi sed medii antici reliquis majores, in lineas duas latas fere æqualiter et modice pro- curvas. Area mediorum subquadrata. Oculi laterales utrinque inter se appro- pinquati. Clypeus verticalis, planus, area oculorum mediorum multo latior. Pars labialis magna, multo longior quam latior, sensim attenuata et apice obtuse truncata, in medio leviter depressa. Laminæ subparallelæ, inclinatæ, apice membranaceæ. Chelæ fere Storenæ sed (saltem in mare) ungue supra ad basin dentato. Pedes mediocres, sat robusti (1v, 1, 11, 111), breviter et numerose aculeati, tarsis longis et compressis, fasciculis unguicularibus munitis. Ungues bini, angusti et curvati, fere usque ad apicem numerose et regulariter pecti- nati (decemdentati). Abdomen subtus {saltem in mare) scuto epigasteris magno scutoque infra-mamillari minore et transverso, munitum. Mamillæ tantum Typus : H. loricatus E. Sim. (1) (sp. un.). AR. GEOGR. : Africa centr. 2. STORENEÆ Ce groupe renferme les espèces dont le sternum, ovale, plus ou moins court, se termine en arrière en petite pointe très obtuse avant les hanches posté- rieures, qui sont contiguës ou, au moins, ne sont séparées que par une étroite bande membraneuse, dont les griffes, garnies d’une série de dents très fortes et nombreuses, sont insérées directement sur l’extrémité tarsale sans l’inter- médiaire d’un onychium ; enfin, dont les filières inférieures sont portées par une base membraneuse beaucoup plus courte que leur partie terminale libre. Le céphalothorax de ces Araignées, toujours pourvu d'un strie médiane thoracique, est convexe, ovale, peu atténué en avant, avec le front très obtus et le bandeau très large, toujours vertical ; dans le genre Lutica, ce bandeau offre, au-dessous des yeux, un large espace pileux presque arrondi. Les yeux sont peu inégaux et presque homogènes, tous arrondis, et disposés en deux lignes transverses toujours procurvées ; dans le genre Laches, elles le sont modérément et presque également, et le groupe formé par les quatre yeux médians est presque carré ; tandis que, dans le genre Storena, la courbure (Cf Ann. Soc. ent. Fr., 1893, p. 316. 426 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES des lignes oculaires est si forte que les médians de la première, reculés, sont au niveau des latéraux de la seconde; on pourrait dire, avec autant de raison, que les yeux de ces Araignées sont placés sur trois rangs : le 1% dé 2, le 2e de 3 et le 3° de 2 (1). Les chélicères offrent, comme je lai dit, à la marge supérieure, une petite dent, obtuse et très reculée, qui manque aux autres Zodariides. Les pattes sont robustes, sauf les tarses, et armées d'é- pines très nombreuses, dont j'ai décrit plus haut la disposition (p. 410). Le pé- dicule présente en dessous une plagula en forme de triangle allongé, dont la base est plus ou moins échancrée et dont le sommet, dirigé en avant, est effilé et plus ou moins prolongé entre les hanches postérieures, sans jamais atteindre le sternum; dans plusieurs Storena, la région épigastrique est plus ou moins indurée et coriacée, en forme de scutum analogue à celui des Palpi- Fig. 395. manides. Laches Blachwalli Camb. Mâle un peu grossi, Les filières inférieures sont plus où moins longues; leur base, membra- neuse, très courte et annuliforme, est précédée en dessous d’un pli transverse qui, chez quelques Storena, est garni d’une série de forts crins ou même de petites épines (fig. 401). dans les deux autres genres, elles sont situées au-dessus de la base des infé- rieures, dont elles occupent environ la largeur; elles sont disposées en ligne presque droite et les médianes, conniventes et placées dans l'intervalle des latérales, sont ordinairement très petites, surtout chez les Laches, où elles sont presque rudimentaires et probablement dépourvues de fusules (fig. 398). La patte-mächoire du mâle est très robuste et remarquable par le dévelop- pement, et, souvent, la complication de son apophyse tibiale, qui est ordinai- rement divisée en deux branches inégales, plus ou moins sinueuses ou coudées ; je donne la figure de l’une de ses dispositions les plus singulières (fig. 399); le tibia lui-même est court et épais ; le tarse, qui lui succède, est très gros, quelquefois presque arrondi, quelquefois un peu comprimé et réni- forme, il dépasse très peu le bulbe qui est volumineux et complexe, divisé par des plis sinueux et entouré d'un long stylus qui se détache quelquefois du bord tarsal. (1) Contrairement à ce qui a lieu pour les Cydrela et Cryptothele, où le troisième rang comprend quatre yeux et les deux autres deux seulement. D FAMILLE DES ZODARIIDÆ 497 Dans le genre Sforena, les mâles ne se distinguent guère des femelles que par leurs pattes-mâchoires, dans quelques espèces seulement, leur scutum épi- gastrique est plus développé, mais, dans le genre Laches, ils se font remarquer par des caractères sexuels remarquables ; le crochet de leurs chélicères se ter- mine en pointe recourbée en sens inverse, dirigée en avant quand le crochet est replié, et en dehors quand il est déployé (fig. 396); le mâle du Laches scutiventris E. Sim. offre de plus un grand scutum ventral chitineux et rou- geâtre, s'étendant du pédicule aux filières et dilaté de chaque côté ; ses pièces buccales sont aussi anormales, car ses lames, très acuminées, se terminent en petite pointe recourbée en dehors et surmontée d’un pinceau de poils (fig. 397). 396—401 397—399 398—400 Fig. 396. Laches scutiventris E. Sim. Chélicère du mâle. — Fig. 397. Id. Pièces buccales. — Fig. 398. Filières vues en dessus. — Fig. 399, L. Blachwalli Cb. Apophyse tibiale du mâle de profil. — Fig. 400. Sitorena. Filières vues en dessus. — Fig. 401. Id. Filières vues en dessous. Le genre Storena est l’un des plus polymorphes qui existe; le groupement des yeux y varie, dans d'assez larges limites, d'espèce à espèce, sans que ces différences soient corroborées par d’autres caractères; les quatre yeux du second rang (médians antérieurs et latéraux postérieurs) sont en ligne droite chez les S. formosa Th., spirafera, annulipes, Graeffei L. Koch, Polli E. Sim., en ligne plus ou moins courbée en avant (recurva) chez $S. braccata, picta, siriatlipes, scenica Li. Koch, islamita, senegalensis E. Sim.; elle est, au con- traire, arquée en arrière, chez S. maculata Cambridge ; le D' Thorell a proposé récemment, pour cette dernière espèce, un genre spécial sous le nom de Habro- nestes (L. Koch} {l) qui serait tout au plus une section du genre Storenu. Je lui réunis aussi les espèces de mon genre Selamia; ces Araignées ont le (1) Si ce genre était maintenu, le nom de Habronestes L. Koch ne pourrait lui être donné. Le genre Habronestes L. Koch (qui correspond entièrement à nos S{orena), ayant pour type À. braccatus L. Koch. L28 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES bandeau plus étroit et la première ligne des yeux moins fortement courbée que dans les formes typiques, mais j’ai décrit depuis des espèces intermé- diaires, notamment S. histrionica E. Sim., dont le bandeau est plus large que l’aire oculaire. Les tarses postérieurs de Selamia reticulata E. Sim. sont dépourvus des épines qui existent dans tous les autres S{orena et on pourrait y voir un carac- tère générique, mais les tarses des deux autres Selamia (S. histrionicu et seg- mentata E. Sim.) sont normaux. L’armature des pattes est, au reste, très variable, il y a des espèces chez lesquelles les pattes antérieures sont mutiques, tandis que les postérieures sont épineuses ; dans quelques petites espèces amoindries, toutes les épines peuvent même disparaître, Thorell a proposé pour ces espèces le genre Asceua dont les limites sont insaisissables. Les Laches sont de grosses Araignées de couleur claire, blanche ou jaune, uniforme ou relevée sur l’abdomen de petites taches noires sériales ; on en connaît trois espèces : une d'Égypte, les autres de Syrie, où elles se trouvent sous les pierres, dans les endroits les plus arides et les plus chauds. L’unique espèce du genre Lutica est de l'Amérique du Nord. Le genre Siorena est le plus nombreux et le plus largement distribué, car il a des représentants dans toutes les régions tropicales et subtropicales ; ce sont des Araignées de taille moyenne, aux téguments assez durs et glabres, tantôt lisses, tantôt chagrinés ou même finement granulés, de couleur foncée, mais ornés sur l'abdomen de taches blanches ou jaunes, soit en forme d’ac- cents, soit en forme de larges gouttes ; on en connait une cinquantaine d’es- pèces : 3 se trouvent dans l'Afrique septentrionale occidentale et l’une d’elles remonte en Espagne et même dans l’extrême sud de la France (S. reticulata); 1 dans l’Afrique tropicale occidentale (S. senegalensis E. Sim.) et 1 (inédite) dans l'Afrique orientale ; 3 habitent la Syrie et la Palestine ; 2 (inédites) Ceylan ; 4, la Birmanie ; 8, la Malaisie ; 2, les îles Philippines; 2, la Nouvelle- Guinée ; 15, l'Australie continentale; 1, la Nouvelle-Calédonie (S. rugosa E. Sim.) ; 1, l’île Cocoanut (S. ornata Bradl.); 1, l'Amérique du Nord (S. ameri- cina Marx.) ; 2, le Venezuela et les îles Sous-le-Vent (S. Hasselti et Poll E. Sim.); 1, l'Ecuador (S. analis E. Sim.) ; 2, le Chili (Drassus elegans et lyco- soides Nic.), enfin 1, la Patagonie (S. Lebruni E. Sim.). GENERA 1. Mamillæ tantum duæ. Clypeus area magna subrotunda et pilosa HOUSSE 2 Pereeecr-rCecctere CCE PES + HDUtIC — Manille Sex0lypens elaper CPC EP PE CEEECCPT EEE FRE DE 2. 2. Clypeus area oculorum angustior. Area oculorum mediorum sub- quadrata. Unguis chelarum maris extus recurvus......... Laches. — Clypeus area’ oculorum latior vel saltem haud angustior. Area oculorum mediorum longior quam latior. Unguis chelarum in utroque sexu similis et normals EL Re -tR EE CEE CCE OO nERcTE FAMILLE DES ZODARIIDÆ 499 Laches Thorell, Eur. Spid., 1870, p. 37. — Lachesis Aud. in Sav. Descr. Eg. (2e éd.), XXII, 1825-27, p. 309 (nom. præocc.). — Luches (Lachese, lapso). E. Sim., 1873-74. Cephalothorax ovatus, parte cephalica attenuata, convexa et obtusa. Oculi antici æqui vel medii paulo majores, in lineam valde procurvam, postici æqui, in lineam fere æqualiter procurvam. Oculi medii a lateralibus quam inter se remotiores, aream æque longam ac latam occupantes. Oculi laterales utrinque spatio oculo latiore a sese distantes. Clypeus area oculorum angus- tior. Pars labialis longior quam latior, parum attenuata et obtusa. Chelarum unguis feminæ normalis Sforenæ, maris singularis, in parte apicali extus re- curvus. Pedes (1v, 1, 1x, 1, Vel IV, 1x, 1, xt) robustissimi, sed metatarsis tar- sisque gracilibus, validissime et numerosissime aculeati, tarsis cunctis acu- leatis. Pedes postici anticis longiores. Mamillæ inferiores longissimæ, graciles, teretes et contiguæ ad basin breviter unitæ; superiores parvæ, transversim late remotæ ; mediæ minutissimæ, vix perspicuæ. Tyeus : L. perversa Aud. in Sav. AR. GEOGR. : Ægyptus et Syria. Storena Walck., Tabl. Aran., 1805, p. 83. — Selamia E. Sim., Aran. nouv., 1 mém., Liége, 1870, p. 70. — Habronestes L. Koch., Ar. Austr., 1872, p. 299. — Drassus Nicolet in Gay, Hist. de Chile, Zool., IIT, p. 452 (ad part. D. elegans, lycosoides). — Storena et Asceua Thorell, Ann. Mus. civ. Gen., 2 sér., vol. V, 1887. Cephalothorax convexus, stria media thoracica brevi sed profunda impres- sus, antice parum attenuatus, fronte lata et obtusa, interdum prominenti. Oculi antici in lineam valde procurvam, æqui (S. islamita, reticulata E. Sim., ete.), vel medii majores (S. formosa Th., etc.), vel minores (S. elegans Nic., etc.). Oculi postici in lineam validissime procurvam, medii a lateralibus quam inter se multo remotiores, laterales postici cum mediis anticis lineam rectam (S. annulipes L. Koch) vel recurvam {S. éslamita, reticulata E. Sim. etc.) rarissime procurvam (S. maculata Cb.) formantes. Area oculorum mediorum trapeziformis, longior quam latior. Oculi laterales utrinque spatio oculo an- gustiore vel æque lato, rarius latiore, a sese distantes. Clypeus verticalis, planus, area oculorum latior, rarius æquilatus (S. histrionica E. Sim.), rarissime paulo angustior (S. reticulata E. Sim.). Pars labialis magna, apicem laminarum fere attingens, apice attenuata et obtusa vel subacuta, rarius truncata. Chela- rum unguis normalis (® d‘). Pedes ({1v, 1, 11, Hi, Vel 1v, 1, It, ni, Vel IV, …, 1, 11) robusti, sed metatarsis tarsisque plerumque gracilibus, antici parce aculeati, rarius mutici, postici valde et numerose aculeati, tarsis, præsertim anticis, longis, posticis subtus fere semper aculeatis. Mamillæ inferiores mediocres, cylindratæ et contiguæ, ad basin breviter unitæ; superiores breviores et. _graciliores, transversim sat distantes ; mediæ reliquis minores et inter se contiguæ. Tyeus : S. cyanea Walck. 430 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES AR. GEOGR. : Regio mediterranea occid. et orient.; Africa trop.; Indo- China; Malaisia (1); N.-Guinea; N.-Hollandia ; N.-Caledonia et Polynesia ; Amer. septentr., æquator. et australis. Lutiea G. Marx, Proceed. Ent. Soc. Wash., IX, n° 1, 1891, p. 5, t. 1, f. 3. Gen. invisum a Sforena, cui valde affine et subsimile est, differt, sec. G. Marx, mamillis tantum duabus /inferioribus), clypeo area media lata pilosa notato, sterno latiore, laminis apice acutioribus. Typus : L. maculata G. Marx (sp. un.). AR. GEOGR. : America septentr. (Oregon). 3. SUFFUCIÆ Les deux genres Suffucia et Leprolochus forment un petit groupe intermé- diaire aux Storena et aux Zodarion; ils se rapprochent des premiers par leur céphalothorax très convexe, à peine atténué en avant et par leurs yeux presque égaux et presque semblables, des seconds par leur sternum large et prolongé en arrière en petite pointe entre les hanches postérieures dis- jointes, leurs pattes très fines aux extrémités, presque mutiques et pourvues d'un très petit onychium supportant des griffes semblables à celles des Zodarion. Dans le genre Suffucia, la première ligne des yeux est presque droite et la seconde est fortement procurvée, tandis que, dans le genre Leprolochus, les deux lignes sont également et fortement procur- Alt vées, au point que les latéraux postérieurs figurent, Lu avec les médians antérieurs, une ligne presque 0 O1 0) 0 droite, exactement comme chez les Siorena; le PE VARA UE CPS genre Leprolochus est encore remarquable par son À Mort ou: bandeau qui porte, au-dessous des yeux médians | 7 ; k , Un) de antérieurs, et entre les latéraux de la même ligne, ! . ._: . . une armature singulière, consistant en une ligne fic 9) C0 r P 7 Fig. 402. transverse de longues épines serrées, disposées Leprolochus spinifrons E. S. comme les dents d’un peigne et dirigées en avant Front et yeux vus en dessus. (fig. 402) (2). Le crochet des chélicères est de même forme que celui des Zodarion, mais sa pointe apicale est un peu plus longue. Les hanches des Leprolochus sont parallèles, comme celles des Zodarion ; (1) Thorell a décrit l’une des espèces de Singapore sous le nom de S. annulipes (Bollett. Soc. ent. Ital., XXIV, 1892), déjà employé par L. Koch pour une espèce d'Australie ; je propose de le remplacer par celui de $. cinctipes. (2) Cette disposition est analogue à celle qui s’observe dans le genre Cyrioclea E. Sim. de la famille des Agelenides. FAMILLE DES ZODARIIDÆ L31 celles des Suffucia (au moins dans les petites espèces) sont plus globuleuses à la base et ressemblent un peu à celles des Palæstina. Les filières tiennent le milieu entre celles des Storena et des Zodurion, le support membraneux des inférieures est plus développé que celui des Sforena, mais cependant plus court que leur partie terminale libre. Le mâle du Leprolochus spinifrons E. Sim. n’est pas connu; celui des Suffucia a une patte-mâchoire qui ressemble plus à celles des Zodarion qu’à celles des Siorena, mais son tarse et son bulbe sont ordinairement encore plus volumi- neux, souvent un peu réniformes, tandis que son tibia, court et assez étroit, est armé d’une ou de plusieurs apophyses externes, de forme très variable, selon les espèces. Les espèces de ce groupe sont toutes de petite taille ; leur faciès et leur colo- ration sont ceux des Zodarion; quelques Suffucia offrent cependant des dessins plus compliqués et des annelures sur les pattes, qui rappellent un peu ceux des Scytodes. Le genre Leprolochus ne renferme qu’une seule espèce propre au Venezuela ; le type du genre Suffucia habite l’île de Luzon, une autre espèce existe dans les montagnes du sud de l'Inde (S. éigrina E. Sim.,), j'en ai trouvé une autre à Saïgon (S. septemmaculata E. Sim.) et plusieurs (encore inédites) à Ceylan. GENERA Frons, sub oculis mediis anticis, lineam transyersam aculeorum pectinem formantium, gerens. Oculorum lineæ binæ fere æqua- liter et valde procurvæ. .. .. SAIT er RS UNE EU SEE EUE Leprolochus. Frons mutica. Oculorum linea antica subrecta, postica valde pro- CURE d'acier DA RARE DIRES AR AN ARR AN ERES CAP CE ER LI . Suffucia. Leprolochus E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1892, p. 460. Cephalothorax fere Sforenæ, antice haud attenuatus et rotundus, aculeis validis, seriem transversam, sub oculis mediis anticis sitam, formantibus, insi- gniter armatus. Oculi fere Sforenæ, in lineas binas valde procurvas, laterales postici cum mediis anticis lineam transversam subrectam occupantes. Clypeus area oculorum latior. Chelarum unguis minutissimus Zodarü. Pars labialis haud latior quam longior, magna, obtuse triquetra. Pedes (1v, 111, 11, 1) sat robusti, sed metatarsis tarsisque gracilibus, cuncti numerose aculeati, tarsis longissimis, anticis metatarsis haud brevioribus. Mamillæ inferiores graciles, teretes et sat longæ, contiguæ sed fere usque ad basin liberæ; superiores in- ferioribus plus duplo breviores, inter se contiguæ; mediæ nullæ vel obsoletæ. Typus : L. spinifrons E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : America merid. : Venezuela. Suffucia E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1893, p. 78. Cephalothorax fere Storenæ. Oculi inter se subæquales, antici inter se appro- pinquati et lineam leviter procurvam subrectam formantes. Oculi postici inter 439 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES se sat late et fere æque distantes, lineam valde procurvam designantes. Area mediorum trapeziformis multo longior quam latior. Laterales utrinque spatio oculo latiore a sese distantes. Pedes longi, fere Zodarü, sed onychio vix per- spicuo, omnino mutici (S. heliophila, septemmaculata E. Sim.) vel postici parce aculeati (S. tigrina E. Sim.), metatarsis tarsis multo longioribus, tarsis cunctis inter se subæqualibus et muticis. Cætera Sforenæ. Typus : S. heliophila E. Sim. AR. GEOGR. : Ins. Taprobane; India merid. ; Indo-China ; ins. Philippinæ. 4. ZODARIEÆ Le céphalothorax des Zodarion est un peu plus large dans la région thora- cique et plus atténué en avant que celui des Sforena; leur bandeau, légère- ment convexe, est un peu incliné en avant, tandis que celui des Diores, qui font le passage de ce groupe au précédent, est plan et vertical ; dans le genre Mallinus, le céphalothorax, très large dans la région frontale, se rétrécit lége- rement et graduellement en arrière (fig. 409). Les yeux sont plus nettement hétérogènes que ceux des autres Zodarüdes et ils ressemblent beaucoup à ceux des Prodidomus (voy. p. 333) : les deux mé- dians antérieurs, gros, convexes, arrondis et noirs, sont accompagnés de deux Ù & 403—404 405—4106 407—408 Fig. 403. Zodarion nitidum Aud. Filières vues en dessous. — Fig. 40%. Id. Id. de profil. — Fig. 405. Id. Chélicère. — Fig. 406. Id. Un poil des tarses très grossi, — Fig. 407. Id. Griffes de profil, — Fig. 408. Z. styliferum ÆE. Sim. Apophyse tibiale du mâle de profil. yeux latéraux petits, blancs, ovales et plats, avec lesquels ils forment une ligne transverse presque droite ou légèrement procurvée ; au-dessus de cha- cun des latéraux sont deux petits yeux postérieurs semblables, disposés en ligne oblique convergeant en arrière; dans les genres Diores et Mallinus ce- pendant, les médians postérieurs sont plus séparés des latéraux et situés au- dessus des médians antérieurs, de sorte que la disposition oculaire ressemble à celle des Suffucia; dans le genre Diores, la seconde ligne oculaire est peu courbée et le groupe formé par les quatre yeux médians est beaucoup plus FAMILLE DES ZODARIIDÆ L33 large que long, tandis que, dans le genre Mallinus, elle est excessivement courbée et le groupe médian est plus long que large, exactement comme celui des Suffucia. Les pièces buccales et le sternum sont semblables à ceux des Suffucia ; celui-ci est également cordiforme-large et terminé, entre les hanches postérieures disjointes, en petite pointe atténuée et obtuse. Les chélicères sont aussi de même forme, mais encore exagérée, car l’angle de leur marge supérieure, qui est très courte, est saillant et rappelle un peu celui des Pholcus ; leur crochet, comprimé, est très court et large, presque carré, et brusquement terminé en petite pointe grêle et aiguë à son angle supérieur, il ressemble à une griffe de chat ou à une mandibule supérieure de perroquet (fig. 405). L’abdomen est entièrement mou, sans scutum épigastrique et la pièce pos- térieure du sternum est réduite à une étroite lanière arquée en croissant; il est généralement ovale, convexe et acuminé en arrière, excepté dans le genre Mallinus où, vu en dessus, il est tout à fait globuleux et, vu de profil, beaucoup plus haut que long (fig. 410); ses filières inférieures se distinguent de celles des types précédents en ce que leur support basal est beaucoup plus déve- loppé, plus long que les filières elles-mêmes, un peu déprimé en dessous où il est, au moins dans les grandes espèces, un peu induré et pileux dans le milieu (fig. 403 et 404) ; ses filières supérieures et médianes sont très petites, rapprochées en ligne transverse, et situées au-dessus de la base du support des inférieures dont elles n’occupent pas toute la largeur; les latérales sont cepen- dant bien séparées transversalement ; les médianes, qui occupent leur inter- valle, sont extrêmement réduites et probablement dépourvues de fusules ; dans le genre Mallinus, les filières supérieures et médianes font défaut. Le pli transverse qui précède les filières inférieures est, au moins dans les plus grandes espèces, garni d’une série de crins spiniformes courts (fig. 403). Les pattes sont généralement longues, surtout les postérieures et très fines aux extrémités ; celles des Zodarion et Mallinus sont mutiques ou pour- vues, aux tibias et métatarses postérieurs seulement, de quelques petites épines isolées, tandis que celles des Diores offrent, aux quatre paires, des épines semblables ; leurs tarses, qui sont presque filiformes et plus courts que les métatarses, sont garnis en dessous de crins rudes, courts et égaux, souvent spiniformes, disposés en séries régulières ; ils se terminent par un onychium, plus net que celui des Suffucia, et portant trois griffes, dont les supérieures, fines et régulièrement courbées, sont armées de 6 à 10 longues dents isolées, insérées, comme toujours, sur le côté interne de la griffe et atteignant presque son apex, tandis que la griffe inférieure est courte et mutique (fig. 407). La patte-mâchoire de la femelle est robuste; son tibia est plus long que la patella; son tarse, plus long que le tibia, s’atténue légèrement à l'extrémité où il porte une griffe puissante, mutique chez les Diores, garnie chez les Zoda- rion d’une série de dents fines et droites, plus nombreuses que celles des griffes des pattes, car on en compte généralement plus de dix ; dans le genre Diores, le tibia et surtout le tarse de cette patte-mâchoire portent au côté interne de longs et robustes crins spiniformes (fig. 411). 28 43h HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES La patte-mâchoire du mâle est également robuste; sa patella est souvent assez longue et toujours convexe; son tibia, plus court et souvent aussi un peu plus étroit, est toujours armé d'une apophyse supéro-externe dirigée en avant, dont la forme, souvent singulière, varie selon les espèces ; tantôt très longue, fine et styliforme (fig. 408), tantôt coudée vers le milieu, tantôt ter- minée en crochet recourbé en dehors ou en palette rebordée; son tarse, large et convexe à la base, se termine en pointe dépassant plus ou moins le bulbe, subaiguë et pourvue d’une petite dent mutique qui représente la griffe. 409 411 410 Fig. 409. Mallinus nitidiventris E. Sim. Front et yeux en dessus. — Fig. 410. Id. Céphalothorax et abdomen de profil. — Fig. 411. Diores bivittatus E. Sim. Patte-mächoire de la femelle. Les téguments sont presque glabres, garnis de poils isolés simples ou complexes ; ceux-ci, qui s'observent sur les tarses, sont rigides, dilatés en massue et pourvus de plusieurs pointes inégales dirigées dans le même sens (fig. 406); les pattes des Suffucia portent des poils semblables. Les Zodarion sont des Araignées de taille à peine moyenne, souvent petite; leur céphalothorax est souvent unicolore, fauve, brun ou noir, souvent aussi sa partie céphalique est plus colorée que la thoracique ; leur abdomen est en dessus fauve-brun ou noir-violet, en dessous plus pâle ou blanc ; quelques espèces présentent en dessus une série de taches blanches dont la posté- rieure, située au-dessus des filières, est plus constante que les autres. Les Zodarion ont des allures extraordinairement vives; on les trouve le plus souvent courant au soleil dans les endroits découverts et sablonneux. Ils ne tendent aucune toile, mais construisent sous les pierres une petite coque sphérique formée de fils qui agglutinent les petites pierres et les corps étran- gers ; la femelle s’y enferme pour pondre ses œufs qui sont peu nombreux et enveloppés d’un petit sac de tissu blanc et serré. Quelques Zodurion, que j'ai observés dans le midi de l’Europe, vivent aux dépens des fourmis et s’éta- blissent dans leur voisinage ; ils ne construisent ni filet ni toile pour arrêter leur proie, mais aux heures de chasse ils (rôdent autour des fourmilières et se mêlent aux longues files des fourmis, allant de l’une à l’autre, et saisissant à l'improviste les individus faibles, blessés ou gênés par un trop lourd far- FAMILLE DES ZODARIIDÆ L35 deau; quand l’Araignée a saisi sa proie, elle l'entraîne à l’écart, près de sa demeure, qui est toujours entourée de débris qui ne laissent pas de doute sur son genre de nourriture; ces observations s'appliquent aux Z. elegans et nigriceps E. Sim. qui, dans le midi de la France et en Corse, vivent aux dépens des fourmis du genre Atéa. Les mœurs des Diores sont les mêmes que celles des Zodarion ; la coque du D. bivittatus E. Sim. est presque globuleuse et les petits cailloux qui la recouvrent sont régulièrement disposés comme une mosaique. On connaît actuellement environ 35 espèces du genre Zodarion; la plupart originaires de la région méditerranéenne, qui en fournit au moins 25 espèces, dont une seule (Z. gallicum E. Sim.) atteint la zone de Paris; deux ont été décrites de l’Asie centrale (Z. bactrianum Croneb. et Raddei E. Sim.); une de l’Yemen (Z. aerium E. Sim.), et une des îles Philippines (Z. luzonicum E. Sim.); j'en ai trouvé une autre à Ceylan et deux ou trois (inédites) dans l'Afrique australe. Les genres Diores et Mallinus sont propres à l’Afrique australe, toutes leurs espèces sont encore inédites. GENERA MAOCulimedinposticnponelateralestsiti Lee Zodarion. — Oculi medii postici pone medios anticos siti et a lateralibus late SEE ARE a MS AS ra A ER PE EE PO A A De 2. Oculorum mediorum area latior quam longior. Abdomen oblon- nn En NC DENTS RE RSS EE PA RE PIRE ER Diores. — Oculorum mediorum area longior quam latior. Abdomen globo- SR IS IQUAMNIONETUS APR RER SRE ARE . Mallinus. ÆZodarion Walck., Api.,t. IV, 1847, Suppl., p. 563. — Enyo Aud. in Sav., Descr. Eg. (éd. 2), XXII, 1825-27, p. 349 (nom. præocc.). — Clotho Walck., Apt., I, 1837, p. 635 (ad part. Zoduriones). — Argus Walck., loc. cit., IT, 1841, p. 344 (ad part. 1° fam., 2° race). — Lucia CG. Koch, Ueb. Ar. Syst., I, 1837, p. 19 (nom. præocc.). — Enyo E. Sim., Hist. Nat. Ar., 1864, p. 159. — Id. Ar. Fr.;l, 1874, p. 241. — Enyo et Zodarium Thorell, Eur. Spid., 1869-1870, p. 107. Oculi aream latiorem quam longiorem, semicircularem, vel trapeziformem (postice angustiorem) occupantes, quatuor antici inter se appropinquati, lineam plus minus procurvam designantes, quatuor postici in lineam valde procurvam, medii inter se quam a lateralibus multo remotiores. Oculi medii antici magni, convexi et nigri, reliqui minores, albi, ovati vel subangulosi. Clypeus plus minus porrectus, area oculorum haud vel non multo angustior. Chelæ robustæ, . ungue brevissimo, lato et subquadrato, intus ad apicem abrupte et breviter acuto. Pars labialis non multo longior quam latior, valde attenuata et obtusa, tertiam partem apicalem laminarum saltem attingens. Laminæ valde incli- natæ, angustæ, subparallelæ et apice rotundæ. Sternum postice, inter coxas, breviter attenuatum. Coxæ 4 paris reliquis longiores, cylindratæ, inter se L36 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES parum distantes. Pedes (1v, 1, 11, 11) graciles et longi, mutici, vel tibiis meta- tarsisque posticis subtus minutissime ct parce aculeatis. Typus : Z. longipes Aud. in. Sav. AR. GEOGR. : Europa; Reg. mediterranea; Asia occid. et centr.; Arabia merid. ; Africa austr.; ins. Taprobane; ins. Philippinæ. Diores, nov. gen. À Zodario differt oculis mediis posticis a lateralibus late separatis et pone medios anticos sitis, area quatuor mediorum parallela et multo latiore quam longiore, clypeo area oculorum latiore verticali, pedum-maxillarium feminæ tibia et præsertim tarso intus setis spiniformibus validis instructis, ungue longo et mutico, pedibus cunctis parce aculeatis. Typus : D. bivitiatus E. Sim. (1). AR. GEOGR. : Africa australis. Mallinus, nov. gen. Cephalothorax brevis et convexus, haud impressus, antice latissimus, postice leviter et sensim attenuatus. Oculi octo, quatuor antici inter se appropinquati et in lineam leviter procurvam, medii lateralibus paulo majores, oculi postici parvi, inter se æqui, in lineam validissime procurvam, medii a lateralibus quan inter se paulo remotiores. Clypeus area oculorum latior, verticalis, leviter convexus. Abdomen breve et altissimum, multo altius quam longius. Pedes breves, parum robusti, mutici. Mamillæ inferiores Zodarii, superiores et mediæ nullæ. Typus : M. nitidiventris E. Sim. (2). AR. GEOGR. : Africa australis. (1) Toutes les espèces de ce genre sont inédites, voici la diagnose de celle que je considère comme type : D. bivittatus, sp. nov. — @. Long. 4 mill. — Cephalothorax chelæque flavo-auran- tiaci, sublæves. Oculi nigro-cincti. Abdomen cinereo-testaceum, postice sensim albi- dius, supra vittis duabus nigris latis, extremitates haud attingentibus. ornatum. Ster- num, pedes-maxillares pedesque lurida. — Africa austr. (2) Cette espèce est inédite, en voici la diagnose : M. nitidiventris, sp. nov. — ® & (pullus). Long. 2 mill. — Cephalothorax chelæque brunneo-rufi, valde et dense coriacei. Abdomen altius quam longius, supra nigerri-— mum et nitidissimum, in lateribus late album, subtus nigricans, mamillæ testaceæ. Pedes parum longi, femoribus nigris, reliquis articulis lurido-testaceis, patellis ad apicem, tibiis ad basin, præsertim posticis, infuscatis. — Africa austr. FAMILLE DES ZODARIIDÆ 437 5. PALÆSTINEÆ Les genres Palæstina, Trygetus et Heradida se distinguent des autres Zoda- rides par leur sternum convexe, très large et rejetant les hanches très en dehors, très obtus en arrière entre les hanches postérieures, qui sont large- ment disjointes, et par leurs hanches presque globuleuses, isolées les unes des autres et brièvement pédiculées, comme celles des Oonopides. Le céphalothorax ressemble à celui des Zodarion, mais il manque de strie médiane ou n'en présente qu'une très petite et très reculée. Les yeux sont très nettement hétérogènes; ceux des Heradida ont la disposition de ceux des Zodarion (fig. 415); ceux des Palæstina sont également au nombre de huit, mais les quatre antérieurs, égaux et très resserrés, sont disposés en ligne fortement procurvée, tandis que les quatre postérieurs sont en ligne à peine plus large et presque droite, à peine procurvée; ils sont presque équidistants et plus petits, surtout les médians, qui sont presque punctiformes (fig. 412); ceux des Trygetus ont la même disposition, mais ils sont réduits à six, par suite de l’oblitération complète des médians postérieurs, les médians anté- rieurs sont beaucoup plus gros que les autres et très convexes (fig. 414). 412 415 414 416 413 Fig. 412. Palaestina expolita Cambr. Front et yeux. — Fig. 413. Id. Chélicère du mâle. — Fig. 414. Trygetus nitidissimus E. Sim. Front et yeux. — Fig. 415, Heradida loricata E. Sim. Front et yeux. — Fig. 416. Id. Abdomen de profil, L’abdomen, au moins chez le mâle, est recouvert en dessus et en dessous de grands scuta, lisses et durs, ressemblant à ceux des Gamasomorpha ; le scutum supérieur couvre entièrement la face dorsale, l’inférieur s’étend en arrière presque jusqu'aux filières et son bord postérieur est tronqué (fig. 416); dans certains cas cependant, notamment chez les femelles des Heradida, il est plus court et ne dépasse pas le pli épigastrique, mais il s'y joint un petit scutum infra-mamillaire. Les pièces buccales, les chélicères, les filières, les pattes-mâchoires et les pattes ressemblent complètement à celles des Zodarion ; celles-ci sont mu- tiques et très fines, sauf les fémurs, qui sont un peu dilatés et comprimés à la base. 138 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Les chélicères des Trygetus sont mutiques en avant ; celles des Palæstina sont pourvues sur la face antérieure, soit d’un groupe irrégulier de petites épines situé près de l’extrémité (P. dentifera Cambr.), soit de deux dents plus fortes, légèrement surélevées et situées vers le milieu (fig. 413); mais d’après Cambridge, cette disposition n’est bien visible que chez les mâles (1). Ces Araignées ont l'aspect de très petits Zodarion; leur céphalothorax, d’un brun-rouge obscur, est finement chagriné, tandis que leur abdomen, très lisse, est d’un noir brillant. Les deux espèces connues du genre Palæstina sont propres à la Syrie; le type du genre Trygetus a aussi été découvert en Syrie par le Rev. O. P. Cam- bridge et je l’ai retrouvé à Suez; une seconde espèce du même genre existe à Aden ; le genre Heradida représente le groupe dans l'Afrique australe. GENERA DMOCUNOCLONLANE ne D ARE AAA EUR Se RE EN AS RÉ nn à 2 — Oculi sex, quatuor antici inter se valde iniqui, medii reliquis multo majores...... D NE ee MOIS AE RACE ...... Trygetus. 2. Oculi quatuor antici in lineam valde procurvam, quatuor postici in lineam leviter procurvam, subrectam .......... .... Palæstina. — Oculi fere Zodarü, quatuor antici in lineam leviter procurvam, oculi postici utrinque bini contigui, lineam valde procurvam lormanmies tee Mn PRES AU NOUS DENON LE CE 28 .. Heradida. Hleradida, nov. gen. Cephalothorax sat angustus. Oculi fere Zodarii, sed area oculorum tota non multo latior quam longior ; oculi quatuor antici inter se subcontigui in lineam leviter procurvam, medii lateralibus majores; oculi postici albi et vitrei, utrinque bini, contigui, pone laterales anticos siti, et lineam intus con- vergentem designantes. Clypeus area oculorum paulo latior, convexus et leviter proclivis. Sternum, pedesque Palæstinæ. Pedes-maxillares feminæ ro- busti. Abdomen anguste oblongum, in utroque sexu valde scutatum. Typus : H. loricata E. Sim. (2). AR. GEOGR. : Africa australis. (1) Je ne connais de ce genre qu’un seul mâle de P. expolita, qui m'est obligeam- ment communiqué par le Rev. O. P. Cambridge. (2) Cette espèce est inédite, en voici la diagnose : H. loricata, sp. nov. — ®. Long. 2 mill. — Cephalothorax coriaceus, fusco-rufes- cens, ad marginem infuscatus et macula media obscuriore notatus. Sternum rufescens, sublæve. Abdomen longum, supra scuto nigerrimo et nitidissimo omnino obtectum, subtus albidum, scuto epigasteris abbreviato scutoque inframamillari fuscis ornatum. Pedes-maxillares robusti, nigro-olivacei. Pedes fulvo-rufescentes, femoribus, præsertim posticis, infuscatis. — Africa austr. FAMILLE DES ZODARIIDÆ 439 Palæstina O. P. Cambr., Proceed. Zool. Soc. Lond., 1872, p. 268 {ad part.). Cephalothorax fere Zodarü, stria media thoracica minutissima munitus. Oculi octo, quatuor antici inter se subæquales et subcontigui, lineam valde procurvam formantes. Oculi postici anticis minores (præsertim medii) in lineam minus procurvam, subrectam. Clypeus verticalis, area oculorum latior. Chelæ maris antice area spinulosa vel dentibus binis instructæ. Sternum magnum, convexum. Coxæ subglobosæ, inter se distantes, posticæ reliquis vix longiores. Pedes tenues et mutici, femoribus compressis et leviter dilatatis. Abdomen (saltem in mare) valde scutatum. Typeus : P. expolita Cambr. AR. GEOGR. : Syria. Trygetus E. Sim., Ann. Mus. civ. Gen., XVIII, 1882, p. 228. — Palæstina Cambr., P. Z. S. L., 1872, p. 270 (ad part. P. senoculuta). À Palæslina differt cephalothorace stria media carente, oculis sex, aream magnam transversam occupantibus (1), quatuor anticis in lineam procurvam inter se valde iniquis : mediis magnis, convexis et nigris, lateralibus minutis et obliquis, chelis muticis. — Abdomen feminæ Zodarü, maris scuto dorsali integro scutoque ventrali magno fere omnino tectum. Tyeus : T. senoculatus Cambr. AR. GEOGR. : Syria; Ægyptus ; Arabia merid. (1) Dans la description primitive, un lapsus m'a fait dire de l’aire oculaire « mullo longior quam latior » en place de multo latior quam longior. 29. Famille HERSILIIDAE < Les Hersilia n’offrent de rapports bien intimes avec aucun autre type de l'ordre des Araignées, aussi ont-ils été très diversement classés par les Fig. 417. Hersilia Savignyi Lucas. Femelle grossie. auteurs. Walckenaer les placait près des Cienus et des Oxryopes à cause d’une analogie, au reste, assez frappante (surtout avec les Ctenus) dans la position des yeux, mais 1l leur trouvait des ressemblances avec les Storena et les Scytodes pour les pièces buccales, avec les Agelenides pour les filières (Apt.1, D: 202) ADRKOCR: les a réunis à cette dernière famille (Üeb. Ar. Syst., V, p. 35). Les auteurs modernes adoptent tous la famille des Hersiliides, mais ils sont loin d’être d'accord sur la place qu'elle doit occuper; Tho- rell la rattache à son sous- ordre des Tubitelariæ, et la place entre les Urocteides et les Agelenides (Eur. Spid., p. 115), tandis que Fickert et L. Koch (1) la rappro- chent des Thomisides (Ar. Austr., 1876, p. 827). Les Hersiliides me pa- raissent se rapprocher sur- tout des Zodariides et des Urocteides, dont ils ont presque les chélicères, les pièces buccales et le large bandeau ; ils touchent encore aux premiers par la présence d’un onychium à (1) Sous le nom de Chalinuridae. Le genre Chalinura, proposé par Dalman (Vet. Akad. Handl., 1826), pour une Araignée (C. longipes) contenue dans un morceau FAMILLE DES HERSILIIDÆ LA leurs tarses et, jusqu'a un certain point, par la structure de leurs organes sexuels ; ils s’en éloignent, au contraire, totalement par celle de leurs filières, la présence du colulus et le développement du tubercule anal; par ces derniers caractères, ils se rapprochent davantage des Uroctea, malgré des différences assez importantes, que j'étudierai plus loin, à propos de cette dernière famille. Le céphalothorax des Hersilia est au moins aussi large que long ; sa partie thoracique est marquée d’un sillon longitudinal, plus ou moins dilaté vers le milieu, en forme de fossette, et de stries rayonnantes bien nettes; sa partie céphalique est petite, limitée en arrière par un profond sillon semi-circulaire ou anguleux, toujours élevée, avec la région oculaire plus ou moins saillante. Le bandeau, très large, est fortement proclive, c’est-à-dire incliné en avant, il est tantôt plan, tantôt déprimé au-dessous du groupe oculaire et dilaté en forme de bourrelet au-dessus de la base des chélicères. Les yeux sont homogènes et du type diurne, excepté cependant les laté- raux du premier rang qui sont beaucoup plus petits que les autres, ovales et incolores ; leur disposition a de l’analogie avec celle des Ctenus (Clubionidæ) et des Acanthoctenus (Zoropsidæ, voy. p. 227); les quatre postérieurs, qui occu- ANUS 418—419 420 421 422 Hersilia caudata Aud. in Sav. — Fig. 418. Front et yeux vus en avant. Fig. 419. Id., vus en dessus. Fig. 420. Chélicère. — Fig. 421. Pièces buccales. — Fig. 422. Patte. pent le bord antérieur de la saillie céphalique, sont (vus en dessus) en ligne très fortement arquée en avant, dessinant un demi-cercle (fig. 419), quelque- fois un trapèze plus large que long et plus étroit en avant qu’en arrière. Les antérieurs, situés sur le plan vertical de la face, sont, au contraire, en ligne fortement courbée en avant au point que les latéraux, beaucoup plus petits de gomme copal, est contemporain du genre Hersilia Aud., et il est bien difficile de décider lequel des deux noms a la priorité. Dans tous les cas, ces deux noms sont - entièrement synonymes et celui de Chalinura ne peut aujourd’hui être appliqué à un genre plus récent démembré de celui des Hersilia, comme l’a proposé Thorell (St. Rag. Mal., etc., IV, 1889-90, p. 319). 142 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES que les autres, se trouvent à égale distance des médians antérieurs et posté- rieurs ; ceux-ci figurent un groupe carré ou trapézoïde (fig. 418). Les chélicères sont assez faibles, verticales, presque cylindriques et dé- pourvues de tache basale ; elles sont en continuité à la base, mais non sou- dées comme on l'a dit par erreur; la marge inférieure du crochet est indis- tincte et mutique; la supérieure, très courte et presque transverse, est également mutique, excepté chez les vrais Hersilia où elle est armée de trois dents égales, presque contiguës (fig. 420); elle est dépourvue de scopulas, mais garnie de longs crins raides isolés; le crochet est assez long, grêle, arqué et très aigu, légèrement et graduellement épaissi à la base (1). La pièce labïale est libre, non soudée, entièrement plane et assez grande, au moins aussi large que longue, semi-circulaire ou triangulaire (fig. 421). Les lames sont courtes et largement transverses; l’insertion du trochanter occupe leur côté externe, elles la dépassent peu en avant et sont fortement inclinées sur la pièce labiale; leur angle supéro-interne, avancé et obtus, se rencontre en avant de cette pièce; vues en dessous (les chélicères enlevées), leur surface est un peu déprimée, leur bord externe est suivi d’une serrula assez longue, tout à fait marginale et leur extrémité est garnie de poils assez denses, formant une scopula. Le rostre, vu en dessus, est grand, presque parallèle, tronqué et pileux à l’extrémité, mais sa face supérieure est glabre et légèrement convexe. Le sternum est plan, ovale large ou cordiforme, largement tronqué en avant, atténué mais obtus en arrière entre les hanches postérieures qui sont toujours assez largement distantes. Les pattes sont longues, grêles, surtout aux extrémités, et, au moins dans les formes typiques, très dissemblables, celles des 1re, 2e et 4° paires étant presque égales, tandis que celles de la 3° paire restent beaucoup plus courtes; les hanches sont longues, cylindriques et presque égales, sauf celles de la 3° paire qui sont plus courtes que les autres ; les articles suivants, sauf les trochanters et les patellas, sont longs et presque cylindriques; les méta- tarses, sauf ceux de la 3° paire, sont souvent biarticulés, c'est-à-dire divisés, un peu au delà du milieu, par une fausse articulation (fig. 422); ce carac- tère, qui était considéré autrefois comme le plus important du groupe des Hersilia, fait défaut dans les genres Tama et Hersiliolu, dont les métatarses sont uniarticulés comme ceux des autres Araignées ; les tarses se rétré- cissent brusquement à l'extrémité en forme de petit onychium supportant les griffes (2). (1) Ces chélicères ressemblent beaucoup à celles des Theridion. (2) Thorell (Eur. Spid., p. 115) parle du tarse des Hersilia comme d’un article ungui- fère extrêmement développé et du second article de leur métatarse comme d’un véri- ritable tarse ; pour lui, le genre Hersiliola différerait du genre Hersilia par la petitesse de son article unguifère. Mais c’est là une erreur, le mode d’articulation l'indique et, de plus, les griffes des Hersilia sont portées par un petit onychium semblable à celui des Hersiliola. FAMILLE DES HERSILIIDÆ L43 Les griffes sont au nombre de trois; les supérieures, assez robustes et mé- diocrement courbées, sont armées d’une série de 6 (Hersiliu) ou de 8-9 (Hersi- liola) dents, souvent un peu arquées, diminuant beaucoup de longueur de l'extrémité à la base; la griffe inférieure est relativement longue, fortement courbée et armée à la base d’une dent assez robuste. L’abdomen est convexe, tronqué en avant, plus ou moins dilaté en arrière Où il est largement et obtusément tronqué avec le milieu légèrement saillant au niveau du tubercule anal; en dessus, cet abdomen offre deux rangées de 3 où 4 points enfoncés, arquées en dehors, les points de la 2° paire étant plus écartés transversalement que ceux de la 1" et de la 3°; en dessous, il offre, au moins chez les vrais Hersilia, des points de même nature, mais beaucoup plus nombreux et transverses, disposés en 2 ou 4 lignes, convergeant en arrière. Le tubercule anal est grand, presque aussi long que large, et formé de deux segments dont le second est conique et obtus. Les filières sont très caractéristiques ; les inférieures sont cylindriques, leur article terminal est très court, presque arrondi et garni de petites fusules, elles sont disjointes à la base et leur intervalle, qui n’excède jamais leur dia- mètre, est occupé par un colulus aussi développé que celui des Sicariides, 423 424 426 425 Fig. 423. Hersilia. Filières en dessous. — Fig. 424. Hersiliola. Filières en dessous. — Fig. 4%5. Hersilia albicomis E. Sim. Patte-mâchoire du mâle de profil. — Fig. 426. H. Savignyi Lucas. Patella et tibia de la patte-mäâchoire, en dessus. mais d’une autre forme, car il est déprimé-lancéolé et souvent fovéolé à la base (fig. 423); les filières supérieures sont situées au-dessus des inférieures, mais un peu en dehors, étant plus écartées transversalement, elles sont beau- coup plus développées et leur article basilaire seul est un peu plus long et plus épais que les filières inférieures, mais également cylindrique ; le second article est, chez les Hersiliola, de même longueur que le premier, de même . largeur à la base, mais fortement atténué et acuminé (fig. 424), dans les autres genres, il est deux ou trois fois plus long que le premier, régulièrement BA. L4l HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES atténué et flexueux dans sa portion terminale (fig. 423) (1) ; le premier article porte, au côté interne, près l’extrémité, un groupe de longues fusules ; le second article est garni, à son côté interne, dans toute sa longueur, de fusules semblables, disposées sur deux rangs, on en compte six ou sept chez les Her- siliola (fig. 424), plus de vingt chez les Hersiliu où elles sont moins réguliè- ment bisériées et entremêlées de fusules plus petites et inégales (fig. 423) ; les filières médianes conniventes sont presque aussi longues que les inférieures, mais beaucoup plus grêles et cylindriques. Les téguments sont entièrement revêtus de poils protecteurs plumeux, plus rarement squamiformes. La patte-mâchoire de la femelle est assez petite, surtout celle des vrais Her- silia ; son tibia est un peu plus long que la patella et cylindrique; son tarse, un peu plus long que le tibia, est acuminé et armé d’une griffe pectinée sem- blable à celles des pattes. La plaque génitale est simple, marquée, au bord postérieur, de deux stries ou de deux fossettes. La patte-mâchoire du mâle est assez robuste ; son fémur est toujours paral- lèle, jamais claviforme ; sa patella, convexe et un peu atténuée à la base, est assez petite, excepté celle de H. Savignyt Luc. qui est fortement dilatée et pourvue d’une robuste dent interne perpendiculaire (fig. 426) ; son tibia, tou- jours dépourvu d’apophyse, est de même longueur que la patella chez les Hersiliola où il est presque carré, plus long chez les Tama (2) et chez la plu- part des Hersilia où il est plus étroit que la patella, un peu déprimé en dessus à la base et relevé à l'extrémité, celui de H. Savigny est cependant plus court et beaucoup plus étroit que la patella sur laquelle il s’insère obliquement à l'extrémité externe (fig. 426); son tarse est relativement petit et plus court que la patella et le tibia réunis (excepté chez les Hersiliola), ovale, étroit, assez con- vexe, mais terminé en pointe subaiguë, dépassant plus ou moins le bulbe; cette pointe est armée à son extrémité de deux ou trois fortes épines géminées et un peu courbes, ressemblant à des griffes ; son bulbe est plan et presque cir- culaire, pourvu d’un très fort et long stylus spirale, dessinant trois cercles concentriques, et d’une petite pointe médiane perpendiculaire ou inclinée en arrière, généralement aiguë (fig. 425); ce bulbe a de l’analogie avec celui des Dinopis (voy. p. 209). Les sexes diffèrent à peine par la taille et la couleur ; le mâle est seulement plus grêle, il n’offre aucun caractère secondaire appréciable. Les Hersiliides sont des Araignées à démarche extrêmement vive; les uns (Hersilia) se tiennent sur les troncs d’arbres et les vieilles murailles où leur (1) Savigny a représenté l’article terminal des grandes filières comme divisé en deux (Descript. Egypte) et cette erreur a été reproduite par presque tous les auteurs qui l’ont suivi. (2) Au moins chez T. Edwardsi Lucas, seule espèce du genre dont je connaisse le mâle. FAMILLE DES HERSILIDÆ 4h45 coloration, grise ou blanchâtre, leur permet de se dissimuler; elles ne filent aucune toile ; les autres (Tama, Hersiliola) habitent sous les pierres ou dans les fissures de rochers ; elles se tiennent toujours sous la voûte formée par la pierre où elles tendent quelques fils très irréguliers, à la manière des Pholcus. Le cocon des Hersilia ressemble à celui des Aranea (Epeira) (1), il est fixé, plano-convexe et entièrement formé d’une bourre moelleuse, blanche ou gri- sâtre, recouvrant les œufs, qui ne sont pas agglutinés ; celui des Hersiliola est plus complexe, car la bourre intérieure y est enveloppée d’un petit sac de tissu plus serré et agglutinatif, toujours recouvert de petites pierres ou de débris divers ; celui de H. macululata L. Duf., du midi de l’Europe, est ovale et sus- pendu par un court pédicule, tandis que celui de H. australis E. Sim., de l'Afrique australe, est discoïde et fixé comme celui de beaucoup de Drassides ; les pontes paraissent nombreuses, car on rencontre souvent cinq ou six cocons placés en partie les uns sur les autres. Le genre Hersilia est représenté en Afrique par trois espèces dont une seule (A. caudata), répandue du Sénégal à l'Arabie, atteint en Egypte la région méditerranéenne, une autre est propre à l'Afrique occidentale (H. albicomis E. Sim.) et l’autre à l'Afrique orientale (H. Hildebrandti Karsch); on a décrit deux espèces (probablement synonymes) de Madagascar (H. Vinsoni Lucas et fossulata Karsch); les espèces asiatiques, au nombre de quatre, sont répan- dues dans l’Inde et à Ceylan, dans l’Indo-Chine et la Malaisie; l'unique espèce du genre Murricia est indienne; le genre Tama est le plus largement distribué et le seul qui représente la famille dans le nouveau monde, il compte une ou deux espèces en Algérie, une (inédite) en Syrie, une à Suma- tra (H. sumatrana Th.), deux dans la Nouvelle-Hollande, et deux dans l’Amé- rique du Sud : l’une de l’Orénoque (T. vittata E. Sim.), l’autre du Paraguay (T. americana E. Sim.); le genre Hersiliola renferme cinq espèces très voi- sines : l'une habite l'Afrique septentrionale et se rencontre même en Espagne, une habite la Syrie (H. Simoni Cambr.), une le Turkestan (H. pallida Croneb.), une les îles du Cap-Vert (H. versicolor Blackw.), une l'Afrique australe (H. australis E.. Sim.). \ GENERA PME reCuneuQUunianticUla ti 000 A NAN PNR AU ce ann AVE are exceDto) biarticula tie aan entr RUN een tt ae 2. Pedes cuncti subsimiles. Mamillæ superiores articulo apicali basali ail FELIX IGN EEARENNnnt es tannnnnrtnet RIUIRs Hersiliola. — Pedes valde inæquales, 3 reliquis multo breviores. Mamillæ supe- HOrESarniCulo 2010818810 4/6 RNCS MANS RNA Tama. 3. Area oculorum mediorum fere parallela. Frons, inter oculos me- dios et laterales, haud tuberculata. Clypeus altissimus, valde COHMEXUSLE ID EOMNNENS 00) NU SNA UNE Lu Un Hersilia. — (1) Au moins celui de A. Savignyi Lucas, que j'ai observé à Ceylan. LG HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES — Area oculorum mediorum antice quam postice multo latior. Frons, inter oculos medios et laterales posticos, convexa et tubercu- lata ClypeusaltusMplanus ep PEN EEE PR PRE PER Murricia. Hersilia Aud. in Sav., Descr. Eg. (2 'éd.), XXII, 1825-27, p. 317 (1). — Chalinura Dalman, Vei. Akad. Handl., 1826. — Hersilia E. Sim., Ann. Mus. civ. Gen., XVIII, 1882, p. 254 (emend.). Area oculorum mediorum subparallela. Frons, inter oculos medios et late- rales posticos, haud tuberculata. Clypeus altissimus, sub oculis depressus, dein valde convexus et prominens. Pedes valde inæquales (3: reliquis multo breviores) ; metatarsi (3° excepto) biarticulati, articulo 2° altero breviore. Ma- millarum superiorum articulus apicalis longissimus, valde attenuatus et pau- lulum arcuatus. Tyeus : H. caudata Aud. in Say. AR. GEOGR. : Egyptus ; Africa tropica occid., centr. et orient. ; Arabia; ins. Madagascar; India orient.; Indo-China ; Malaisia. Murricia E. Sim., Ann. Mus. civ. Gen., X VIII, 1882, p. 255. — Hersilia auct. (ad part.). Area oculorum mediorum multo latior antice quam postice. Frons, inter oculos medios et laterales posticos, convexa et obtuse tuberculata. Oculi medii postici lateralibus minores. Clypeus sat altus et leviter obliquus sed planus. Mamillæ pedesque Hersiliæ. Tyeus : M. indica Lucas (sp. un.). AR. GEOGR. : India orient. Wama E. Sim., Ann. Mus. civ. Gen., 1882, p. 255. — Hersilia Lucas, Expl. Alg., Ar., 1845-48 (ad part. H. Edwardsi).— Chalinura L. Koch, Ar. Austr., 1876, p. 827 (non Dalman). — Rhadine (nom. præocc.) et Tama E. Sim., l. c., 1882 (2). — Chalinura Thorell, St. Rag. Mal., etc., IV, 1890, p. 319 (non Dalman). Oculi medii inter se æqui vel antici vix majores, rarius vix minores, aream quadratam vel antice paulo latiorem, rarius vix angustiorem, occupantes. Frons haud tuberculata. Facies {area oculorum mediorum) subverticalis vel obliqua. Clypeus area oculorum mediorum haud vel non multo angustior, plus minus porrectus. Chelæ clypeo haud vel non multo longiores. Mamillæ pedesque Hersiliæ, sed metatarsis cunctis uniarticulatis. Typus : T. Edwardsi Lucas. AR. GEOGR. : Africa septentr.; Asia occid.; Malaisia; N.-Hollandia; Ame- rica merid. : Venezuela, Paraguay. (1) Nom employé postérieurement par Dejean (Coléop., 1834), par Philippi (Crust., 1839), par Robineau-Desvoisdy (Diptères, 1863). (2) J'avais proposé, sous ie nom de Rhadine, un genre pour les espèces australiennes FAMILLE DES HERSILIIDÆ 447 Hersiliola Thorell, Eur. Spid., etc., 1869-70, p. 115. — Aranea L. Dufour, Ann. Sc. Nat., XXII, 1831 (A. macululata). — Hersilia Lucas, Expl. Alg., Ar., 1845-48, p. 127 (ad part. H. oranensis). — Hersilidia E. Sim., Aran. nouv., 197 mém., Liége, 1870. Oculi medii aream haud longiorem quam latiorem et antice quam postice latiorem occupantes, antici posticis majores. Frons humilis, supra plana. Clypeus area mediorum latior, planus et leviter obliquus. Chelæ longitudinem clypei circiter æquantes. Pedes parum inæquales (IV, 1, …1, 111), metatarsis cunctis uniarticulatis. Mamillæ mediocres, articulo apicali superiorum haud vel non multo longiore quam articulo basali, attenuato et subacuminato. Tyeus : A. macululata L. Dufour. AR. GEOGR. : Hispania; Africa sept. et austr. (1); ins. Caput Viride; Asia occid. et centr. (T. Novae-Hollandiae L. Koch et Fickerti L. Koch), différant des Tama typiques par le bandeau plus étroit, et l’aire des yeux médians presque carrée, à peine plus large en avant qu’en arrière ; mais j'ai vu depuis un certain nombre de formes intermédiaires. (1) Le genre Hersiliola est représenté dans l'Afrique australe par une espèce que j'ai citée dans les pages précédentes, mais qui est inédite, en voici la diagnose : H. australis, sp. nov. — Q. Long. 9 mill. — Cephalothorax fulvo-rufescens, pilis plumosis albis rufulisque vestitus, parte cephalica nigricanti, postice minute fulvo— nolata, parte thoracica vitta media, antice transversim ampliala, linea marginali, vittaque submarginali latiore, valde sinuosa et sæpe interrupta, nigricantibus, ornata. Oculi medii antici posticis evidenter majores. Clypeus area oculorum mediorum duplo latior. Abdomen fulvo-lividum, pilis plumosis fulvo-nitidis tectum, setis nigris erectis parce hirsutum et utrinque fasciculis setarum albarum (4-5) ornatum, vita marginali profunde dentata vittaque media apicem haud altingente et valde tricoarctata, nigri- cantibus, notatum. Venter, sternum, coxæ mamillæque pallide testacea, articulo apicali mamillarum superiorum supra ad basin fusco-notato. Pedes-maxillares pedesque obscure fulvi vel pallide fusci et, præsertim postici, annulis albo-pilosis decorati. Plaga vulvæ nigra, subrotunda, ciliata, foveola media parva et rotunda impressa. — Africa austr. 23. Famille UROCTEIDAE Le genre Uroctea L. Duf. (Clotho Latr.) a été placé par Walckenaer entre les Drassus et les Latrodectus (Apt., t. I, p. 635), et par C. Koch parmi les Theri- diides, entre les Asagena et les Enyo (Zodarion) ; il est, à certains égards, aussi isolé que le genre Hersilia et il ne présente d’analogies bien frappantes qu'avec le genre OEcobius, qui appartient cepen- dant à une série différente, celle des Araigneées cribellatæ (voy. p. 244). Les auteurs modernes, qui n’ont pas tenu compte dans leurs classifications du cribellum et du calamistrum, particuliè- rement Thorell et Cambridge, ont réunis les OEcobius et les Uroctea dans une même famille, comme je l’avais fait dans mes Arachnides de France (t. II, p. 1). Parmi les Araignées ecribellatæ, ce sont des Hersilia et des Pholcus, que se rap- prochent le plus les Uroctea. Leur céphalothorax est plus large que long, semi-circulaire ou réniforme trans- verse, largement arrondi en avant et sur les côtés, tronqué et assez profondé- ment échancré au bord postérieur; sa partie thoracique, dépourvue de sillon longitudinal, est marquée d’une très grande impression, arquée en croissant, à convexité antérieure, plus rarement arrondie; sa partie céphalique, petite et non limitée par des sillons, comme celle des Hersiliu, ne forme aucune saillie. Le groupe oculaire, compact et transverse, occupe le milieu du bord frontal; ses huit yeux sont homogènes, presque ronds et convexes, les mé- dians antérieurs sont cependant plus colorés que les autres et toujours un peu plus gros; ces yeux sont disposés en deux lignes transverses de même largeur, légèrement et presque également arquées en arrière; les quatre médians figurent un trapèze, au moins aussi large que long et beaucoup plus étroit en avant qu'en arrière (fig. 429) ; le bandeau, très large, est vertical et plan. Fig. 427. Uroctea limbata C. Koch. Mâle grossi. Les chélicères, encore plus faibles que celles des Hersilia, sont soudées comme celles des Scytodes, mais sur un point beaucoup plus restreint de leur base ; elles sont atténuées et acuminées ; leur crochet, assez long et robuste, æ 450 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES arqué au bord apical, s’avance un peu au milieu en forme de petite pointe obtuse; vue en avant {les filières écartées), la troncature de ce second segment est ovale longitudinale et entourée d’une épaisse couronne de longs crins sus- ceptibles de se rapprocher en forme de pinceau et coupée longitudinalement , d’une carène mousse garnie de crins plus courts et moins serrés (fig. 498 f) (1). 428 429 430 431 Uroctea Durandi Latr. — Fig. 428. Filières vues en dessous (C colulus, FM filières médianes, FI filières inférieures, FS filières supérieures, T tubercule anal).— Fig. 428. Yeux vus en dessus. — Fig. 430. Patte-mâchoire du mâle. — Fig. 431. Chélicère. La patte-mâchoire de la femelle est plus longue que le céphalothorax et très robuste ; son fémur est presque claviforme ; sa patella et son tibia sont environ d’égale longueur; son tarse, un peu plus long que le tibia, est atté- nué, mais obtus, il est hérissé, en dessous et latéralement, de nombreuses épines irrégulières et il porte à l'extrémité une forte griffe pectinée. La plaque génitale est simple, marquée d’une fossette peu profonde, arrondie, ovale ou cordiforme, limitée par un rebord plus ou moins épaissi. La patte-mâchoire du mâle est très robuste; son fémur est épais, atténué à la base et claviforme; sa patella et son tibia sont presque égaux, rarement plus longs que larges et dépourvus d'apophyses ; son tarse est relativement assez étroit, ovale, obtus et courbe ; son bulbe volumineux atteint l’extrémité du tarse et le déborde latéralement ; il est presque arrondi et entièrement en- touré d’un large anneau chitineux, convexe et spirale, son milieu est pourvu d’une pointe de forme très variable, tantôt assez courte et terminée par un (1) L'usage de cette curieuse disposition du tubercule anal, qui, dans toute la série des Araignées, ne s’observe que dans les genres Uroctea et OEcobius, est encore inconnue. Il paraît inutile aujourd'hui de réfuter la singulière idée de L. Dufour qui, croyant les filières des Uroctea impropres à l'émission du liquide soyeux, supposait que les crins de leur tubercule anal cachaient d’autres filières. « Je présume, dit-il, que les véritables filières sont placées entre ces valves et que celles-ci servent de peigne ou de carde pour enchevêtrer les fils dont l’Araignée fabrique sa demeure » (Ann. Sc. phys., V. p. 200). FAMILLE DES UROCTEIDÆ 419 est fortement dilaté à la base, en dessous, en forme de tubercule ou de talon, occupant entièrement la troncature apicale de la tige (fig. 431). Les lames-maxillaires et la pièce labiale sont exactement semblables à ceux des Hersilia ; le sternum est également plan et cordiforme, au moins aussi large que long, mais, contrairement à ce qui a lieu dans la famille précédente, il se termine en arrière en pointe subaiguë avant les hanches postérieures qui sont contiguës. Les pattes sont assez courtes et robustes, toutes presque égales en longueur et en épaisseur; les hanches, les trochanters, qui ne sont pas échancrés, et les patellas sont semblables aux quatre paires ; les épines, fortes et nom- breuses, ont une disposition caractéristique, au moins aux métatarses et aux tarses, où elles forment, en dessous, deux séries parallèles; ces épines, assez courtes aux deux paires antérieures, sont, au contraire, très longues et plus nombreuses aux postérieures. L'article unguifère fait complètement défaut ; les griffes, insérées directement sur l'extrémité tarsale, ressemblent à celles des Hersilia, mais leurs dents sont plus nombreuses ; les supérieures, qui sont robustes, en portent de 8 à 15 selon les espèces, tandis que la griffe infé- rieure n’en présente qu’une seule basilaire. L'abdomen est volumineux, ovale et un peu déprimé, légèrement atténué et obtusément tronqué en avant où il s’avance plus ou moins sur la partie tho- racique, plus atténué et obtus en arrière, marqué, en dessus, de quatre gros points enfoncés, calleux, disposés en trapèze, souvent suivis de deux points plus petits. Les filières rappellent celles des Hersilia par leur disposition générale; les inférieures sont presque semblables, cylindriques, à troncature subarrondie et garnie de petites fusules, elles sont étroitement séparées à la base par un colulus allongé et chitineux (fig. 428 c); les filières supérieures sont, comme celles des Hersilia, situées au-dessus et en dehors des inférieures, elles sont également beaucoup plus développées, mais leur structure est différente : leur article basilaire est court, très épais et obliquement tronqué à l'extré- mité (1); le second article, qui est au moins trois fois plus long, assez épais, obtus, comprimé et un peu courbe, n'est pas dirigé dans l’axe de la filière comme chez les autres Araignées, mais relevé presque verticalement, et sa base forme, en dessous, au point d'insertion, une petite saillie obtuse; cet article est dépourvu des grosses fusules bisériées qui caractérisent celui des Her- siha, mais il est garni, au côté interne, de fusules courtes et serrées, extrême- ment nombreuses, formant une large bande s'étendant de la base à l'extré- mité (fig. 428 fs); les filières médianes sont également particulières, elles sont très basses et leur troncature étroite et longitudinale converge en arrière. Le tubercule anal est très développé et il n'a d’analogue que dans la famille des Œcobiidæ ; vu en dessus, il est formé de deux larges segments dont le second, (1) Ce premier article est surélevé et sa base membraneuse peut être prise pour un article supplémentaire. 29 FAMILLE DES UROCTEIDÆ 451 petit crochet aigu [U. Durandi (fig. 430)], tantôt très développée et terminée par une dilatation lancéolée creusée en cuillère [U. limbala (fig. 427)]. Les mâles n'offrent aucun caractère secondaire appréciable. Les Uroctea sont des Araignées d'assez grande taille, noires ou brun-rouge, quelquefois de coloration uniforme, le plus souvent ornées sur l’abdomen de dessins jaunes ou blancs, tantôt disposés en taches rondes (U. Durandi Latr.), tantôt en bordure découpée ou entière (U. limbata C. Koch), sujettes à s’ef- facer en tout ou en partie (1). Leurs téguments sont dépourvus de poils pro- tecteurs, ceux du céphalothorax et des pattes, généralement lisses, sont par- semés de forts crins noirs, tandis que ceux de l'abdomen sont garnis de crins plus fins et plus nombreux ne masquant pas la coloration du derme. Ils s'éloignent par leurs mœurs des Hersiliides dont ils se rapprochent par leur organisation; ils filent, en effet, une toile qui, par son tissu serré, rap- pelle celles des Agelenides, mais dont l'étendue et la forme sont constantes et définies. Cette toile est toujours arrondie, fixée sur les bords par de larges piliers soyeux, séparés par des échancrures (généralement cinq), et un peu relevée dans le milieu, ce qui lui donne la forme d’une tente surbaissée ; elle est formée de plusieurs enveloppes, au milieu desquelles se tient l’Araignée ; c’est également dans cette coque qu'elle dépose ses cocons. Cette famille ne renferme jusqu'ici qu'un seul genre peu nombreux, parti- culier à l’ancien monde : l’espèce type habite la région méditerranéenne aus- trale; une autre est répandue dans la région saharienne, du Sénégal à l'Arabie (U. limbata C. Koch); une autre habite la Chine et le Japon (U. compuctilis L. Koch}, et une autre a été décrite du Damara-Land (U. Schinzi E. Sim.). Uroctea L. Duf., Ann. Sc. Phys., V, 1820, p. 198. — Clotho Latr., Gen. Crust., etc., IV, 1809, p. 370 (2) (nom. præocc.). — Clotho Walck.; €. Koch. — Uroctea Thorell ; E. Sim., etc. Oculi aream transversam occupantes et lineas duas, plus minus procurvas, designantes, medii antici reliquis majores, medii postici inter se quam a late- ralibus multo remotiores. Pedum metatarsi tarsique subtus biseriatim aculeati. Typus : U. Durandi Latr. AR. GEOGR. : Regio mediterr.; regio deserta Africæ sept. et Asiæ occid.; China et Japonia ; Africa austr. occid. (1) J’ai indiqué une variété noire de l’U. lëmbata CG. Koch, qui habite l'Yemen. D’autres Uroctea noirs, tels que U. Goudoli Latr., de Tanger; U. anthracina C. Koch, de Fiume, pourraient bien n'être que des cas de méianisme de l'U. Durandi Latr. (2) Le genre Clotho a été décrit par Latreille et non par Walckenaer, comme on le dit ordinairement ; Walckenaer dit expressément, dans son Hist. Nat. des Apt., p. 658 : « Le nom d'Uroctea, donné à cette famille, est celui que M. Dufour avait imposé au genre Clotho, ne sachant pas que M. Latreille l’avait déjà décrit dans l’appendice de son Genera Crust. el Insect., d'après mes manuscrite, » 24. Famille AMMOXENIDAE À ra \ Le genre Ammoæenus, que j'ai découvert dans l’Afrique australe depuis la publication du premier fascicule de ce livre, vient naturellement se placer à la suite des Hersilia et des Uroctea, qui, malgré de profondes différences, paraissent être ses plus proches voisins. Il s’en rapproche, en effet, par la forme de son céphalothorax, de son ster- num et de ses lames-maxillaires, par son bandeau large et incliné, et par ses filières inférieures disjointes ; il ressemble aussi aux Uroctea par la position de ses yeux. Mais les caractères qui empêchent de le réunir aux deux familles précédentes, sont importants et nom- breux, et quelques-uns sont exceptionnels dans l’ordre entier des Araignées ; ils portent principalement sur les pièces buccales, les chélicères, les filières, la pro- portion des pattes et celle de leurs articles, le nombre des griffes tarsales et la situation du stigmate trachéen, qui ressemble à celui des Anyphæna. Le céphalothorax des Ammoxenus ressemble à celui des Hersilia ; il est cependant plus allongé et ses im- pressions sont moins profondes ; le bandeau est éga- Fig. A39 lement haut et proclive ; le front petit et légèrement élevé. Les yeux, en groupe très compact, ressemblent davantage à ceux des Uroctea : les quatre antérieurs, gros et égaux, sont presque connivents et en ligne fortement courbée en arrière (procurva), tandis que les postérieurs, plus petits, ovales et moins colorés, sont en ligne également serrée, mais plus légè- rement arquée en arrière et assez largement séparée de la première, de sorte que le groupe des yeux médians est plus long que large. Ammoxenus coccineus E. S. Femelle grossie. Les chélicères, petites et verticales, sont soudées à la base comme celles des Uroctea, mais elles sont plus épaisses et obtuses ; leur base se prolonge un peu, au-dessus de l’insertion, en forme de corne ressemblant, en beaucoup plus petit, à celles du Phulangium opilio; leur face antérieure est armée de tubercules irréguliers, dont les deux ou trois principaux sont situés au som- met de la corne supérieure (fig. 434); leur crochet est assez court, arqué et très aigu, mais fortement dilaté et avale à la base; les marges du crochet sont indistinctes et dépourvues de scopulas. Ces chélicères sont fortement portées en avant et, considérées en dessous, elles paraissent séparées des pièces buc- cales par une sorte de support membraneux rappelant un peu l'organisation des Archeides (fig. 433). FAMILLE DES AMMOXENIDÆ L33 Les pièces buccales sont très singulières ; elles offrent la particularité _unique d'être soudées entre elles et immobiles. Les lames, remarquablement courtes, sont triangulaires transverses, coupées droit en avant au niveau de l’insertion du trochanter, prolongées à l'angle interne qui se rencontre en avant de la pièce labiale, atténuées, mais très obtuses et convexes à la base. La pièce labiale, très déprimée, est triangulaire allongée, elle paraît soudée au sternum comme elle l’est aux lames par ses bords latéraux (fig. 433). Le sternum est plan et presque arrondi et les hanches postérieures sont largement distantes. Les hanches, qui sont très développées et parallèles, diminuent graduelle- ment de longueur de la 4° à la 1° paire, et celles de la 4° paire sont au moins d’un tiers plus longues que celles de la 1"°. Les pattes, médiocrement longues, sont dans les mêmes proportions (rv, 11, 11, 1); les trochanters sont courts et presque égaux, ceux des deux paires postérieures seulement offrent en dessous, au bord apical, une petite échancrure obtuse; les fémurs sont robustes et comprimés ; les patellas des deux premières paires sont assez robustes et 433— 134 435 — 436 137—438 Ammoxenus coccineus E. Sim. — Fig. 433. Pièces buccales et chélicères, en dessous. — Fig. 434. Chélicère de profil. — Fig. 435. Stigmate trachéen et filières, vus en dessous. — Fig. 43%. Filières de profil. — Fig. 437. Patte. — Fig. 438. Patte-mâchoire du mâle de profil. convexes, celles des deux paires postérieures sont plus longues, plus grêles et cylindriques ; les tibias sont cylindriques et relativement assez robustes ; Les métatarses, également cylindriques, sont beaucoup plus grêles et un peu plus longs que les tibias; les tarses sont remarquables par leur longueur, qui excède de beaucoup celle des métatarses et leur gracilité ; ils sont filiformes, flexueux et coupés, comme ceux des Pholeus, d'un grand nombre de petits L54 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES cercles membraneux ou fausses articulations : les épines sont fortes et nom- breuses, principalement aux patellas et aux tibias, où elles sont disposées, en dessus et latéralement, sur plusieurs rangs peu réguliers (fig. 437). Les griffes, au nombre de deux seulement et insérées à l'extrémité du tarse, sans l’intermédiaire d’un onychium, sont petites, courbées et pourvues d'une série de quatre dents courtes et presque égales ; elles sont accom- pagnées de six ou huit gros poils spatulés-tronqués, formant un petit fasci- cule ; deux de ces poils, situés au-dessous des griffes, sont plus longs que les autres et dépassent de beaucoup l’extrémité tarsale. L’abdomen est gros et convexe, légèrement atténué et obtus en arrière et en avant, où il s’avance sur la déclivité thoracique ; il offre, en dessus, deux séries de points enfoncés assez petits; en dessous, il est remarquable par la situation de son stigmate trachéen qui, au lieu d’être rapproché des filières, comme dans les familles voisines, est beaucoup plus avancé et situé vers le tiers postérieur du ventre, comme chez les Anyphæna et les Glenognaïtha; ce stigmate est accompagné d’un large pli transverse, arqué, très apparent (fig. 435). Le tubercule anal est assez petit et semi-circulaire. Les filières ont une disposition très spéciale; les inférieures, assez grêles, cylindriques et médiocrement longues, sont beaucoup plus écartées transver- salement que dans les familles précédentes, car leur intervalle a plus de quatre fois leur diamètre ; cet intervalle, coupé en ligne droite, est garni de très longs crins dirigés en avant, mais dépourvu de colulus. Les filières supé- rieures, beaucoup plus épaisses et situées au-dessus des précédentes, sont élevées sur une base membraneuse et presque contiguës l’une à l’autre, leur premier article est très épais, cylindrique et un peu courbe; vu en dessus, il est garni, dans la moitié basilaire, de très longs crins couchés en avant, dans la seconde, il est glabre, sauf au bord apical, et très légèrement déprimé; vu en dessous, il est assez convexe, garni de longs crins, et il offre, près de l'extrémité, une légère saillie garnie de crins plus courts et spinuleux; contrairement à ce qui a lieu dans les deux familles précédentes, le second article est très court et sa troncature, arrondie et convexe, est garnie, sur toute sa surface, de fusules coniques, irrégulières et divergentes; les filières médianes conniventes sont au moins aussi longues et un peu plus épaisses que les inférieures, elles sont élevées sur une base membraneuse et très mobiles, car, le plus souvent, elles sont dirigées perpendiculairement en bas, dans le large intervalle des filières inférieures (fig. 435 et 436). La patte-mâchoire de la femelle est assez courte et robuste ; sa patella et son tibia, presque de même longueur, sont un peu plus longs que larges et cylin- driques; son tarse, plus court que le tibia, est atténué, mais obtus, il est dépourvu de griffe, mais hérissé de longues et fortes épines disposées en ver- ticilles peu réguliers. La patte-mâchoire du mâle est également courte; son fémur est robuste, un peu courbe et fortement cilié en dessous ; sa patella, convexe et géniculée, est un peu plus longue que large; son tibia, beaucoup plus court et annuli- forme, est armé, au côté externe, d’une longue apophyse grêle et droite dirigée en avant, le long du bord tarsal ; son tarse est long, ovale, assez étroit FAMILLE DES AMMOXENIDÆ 455 et obtus, il est tout couvert de fortes épines dressées et divergentes; son bulbe est allongé et il atteint presque l'extrémité tarsale, il ressemble plus à celui des Drassides qu’à celui des Hersilia ; il est, en effet, coupé d’un fort pli longitudinal n’atteignant pas sa base et chacune des moitiés se termine, dans le haut, en pointe fine : l’une presque droite, l’autre recourbée en crochet (fig. 438). Indépendanmiment de sa patte-mâchoire, le mâle diffère de la femelle par sa taille d’un tiers plus petite, les tubercules de ses chélicères plus développés et par ses pattes postérieures, beaucoup plus longues, relativement aux anté- rieures. Les Ammoxenus sont de petites Araignées qui ressemblent à des Zodarion par leur taille, leur coloration et par leurs allures d’une extrême vivacité. Leurs téguments sont entièrement revêtus de poils simples ou squamiformes, couchés, diversement colorés; leur abdomen est, en dessus, noir ou d’un rouge vif avec une bande médiane blanche, en dessous, blanc pur, avec ou sans bordure noire. Ils se trouvent à terre, dans les endroits découverts, et ils courent au soleil avec une telle rapidité qu'il est difficile de s'en saisir. J’en ai trouvé deux ou trois espèces dans la colonie du Cap et le Transvaal. Ammoxenus, nov. gen. Cephalothorax longior quam latior, antice valde attenuatus. Clypeus latus et proclivis. Area oculorum valde compactilis. Oculi quatuor antici magni et conferti, lineam valde procurvam formantes. Oculi postici multo minores et lineam minus procurvam formantes, medii inter se quam a lateralibus multo remotiores. Chelæ prominentes sed verticales, supra ad basin cornutæ et den- tatæ. Sternum planum, subrotundum. Pedes mediocres (rv, 11, 11, 1), valde aculeati, sat robusti, sed tarsis longissimis flexuosis et subarticulatis. Ungues pectinati bini, fasciculis scopulorum muniti. Mamillæ inferiores transversim latissime remotæ, mediæ inferioribus subsimiles sed inter se contiguæ, supe- riores reliquis multo robustiores, articulo apicali brevi et subrotundo. Spira- culum ventrale multo ante mamillas situm. ii Le Typus : A. coccineus E. Sim. (1). AR. GEOGR. : Africa austr. (1) Toutes les espèces de ce genre sont inédites, voici la diagnose de celle que je considère comme type : A. coccineus, sp. nov. — ®. Long. 5,5 mill. — Cephalothorax fusco-rufescens, pilis pronis obscure rufo-coccineis, squamulis cineris paucis intermixtis, vestitus, vitta media lata albido-pilosa ornatus. Abdomen magnum et convexum, supra læte rufo-mi- niaceo-pubescens, vilta media angusta, postice sensim attenuala et postice, supra mamillas, macula ovata, niveo-pilosis, decoratum, subtus omnino album. Mamillæ pallido-testaceæ. Chelæ, sternum pedesque obscure fulvo-olivacea, squamulis paucis albidis conspersa. — Afr. austr. 25. Famille PHOLCIDAE Le genre Pholcus, de Walckenaer, l’un des plus tranchés de l'ordre des Araignées, a été, pour la première fois, élevé au rang de famille par C. Koch en 1850 (Ueb. Ar. Syst., V, p. 31); Blackwall et Westring l’ont ensuite rat- taché à la famille des Theridiides et j’ai proposé, dans la première édition de ce livre, de le rapprocher des Scytodes dans une même famille, qui a été adoptée par Thorell (Eur. Spid.); mais j'ai montré depuis (Ar. Fr. I) que, malgré les rapports incontestables que présentent les Pholcus avec les Scytodes, Fig. 439. Mecolaesthus longissimus E. Sim. Mâle au milieu de sa toile; grossi. ils appartenaient à une autre série à cause de la structure toute différente de leurs organes sexuels ; dans ses derniers travaux, Thorell à également séparé les Pholcus des Scytodes, et quelques auteurs modernes, notamment Dahl (1), ont même proposé pour eux un sous-ordre particulier, sous le nom de Plagi- telariæ, sous prétexte que leur système trachéen était plus rudimentaire que celui des autres Araignées. Parmi les Araignées entélegynes, les Pholcides relient les Hersilia et Uroctea à (1) Dahl, Analyt. Bearb. d. Spinn. Norddeutsch., 1883, p. 39. ds FAMILLE DES PHOLCIDÆ : 457 aux Theridiides et même aux Argiopides; ils se rapprochent surtout des Uroctea, dont ils ont presque le céphalothorax et les pièces buccales ; d’un autre côté, les derniers représentants de la famille ressemblent beaucoup à des Theridiides, et les genres Ariamnes et Spintharus, que je place en tête de ces derniers, font le passage, au point que le premier de ces genres était classé par L. Koch parmi les Pholcides (sous le nom de Rhomphæa). Le céphalothorax des Pholcus ressemble à celui des Uroctea ; il est court, large et presque arrondi, quelquefois réniforme transverse; sa partie cépha- lique, petite, est comme enclavée dans la partie thoracique, dont elle se dis- tingue par une profonde strie; elle est plus ou moins triangulaire et élevée ; la partie thoracique est coupée d’un profond sillon longitudinal, souvent élargi en fossette, en avant, près la pente céphalique; son bord postérieur est tronqué, légèrement échancré, et marqué de deux petites entailles dont l'intervalle est souvent saillant et obtus ; le céphalothorax ne s'écarte de la orme typique que dans le groupe des Leptopholcus, où il est déprimé et dé- pourvu de stries céphaliques, et dans le groupe anormal des Ninetis, où il est uniformément convexe, sans impressions. Le pédicule, qui le relie à l'abdomen, est toujours marqué en dessus de deux lanières chitineuses, tantôt parallèles, tantôt convergeant en arrière et réunies en forme de V ; elles correspondent aux deux petites échancrures du bord postérieur du céphalothorax; dans certains cas (Artema, Priscula, etc.), sa saillie médiane est elle-même indurée et prolongée en petite pointe entre les lanières. Le bandeau est très haut, deux ou trois fois plus large que l’aire oculaire, un peu creusé au-dessous des yeux, puis convexe et plus ou moins incliné en avant, il ressemble à celui des Hersilia; son bord antérieur est obtus, plus rarement acuminé, ce qui s’observe chez le Leptopholcus signifer E. Sim., où il est, au moins chez le mâle, armé d’une épine médiane (fig. 464) ; d’autres fois, sans être acuminé, il porte, chez le mâle, un peu au-dessus du bord antérieur, une longue pointe sétiforme dirigée en bas entre les chélicères, ce qui s'ob- serve chez Hedipsylus culicinus E. Sim. (fig. 486). F Les yeux, élevés sur la partie céphalique, dont ils occupent toute la largeur, sont très nettement hétérogènes; de chaque côté, les latéraux antérieurs et postérieurs forment, avec les médians postérieurs, un groupe compact ; tandis que les médians antérieurs, seuls diurnes, sont isolés; ils sont toujours beaucoup plus petits que les autres et ils manquent même complètement dans un certain nombre de genres (fig. 447 à 450). Le sternum, plan ou très légèrement convexe, est largement cordiforme, aussi large ou même plus large que long, excepté cependant dans le groupe des Leptopholcus ; il est coupé latéralement d’échancrures obtuses correspon- dant aux hanches et largement tronqué en arrière, au niveau des hanches postérieures ; il n’y a que deux exceptions à cette règle, le sternum des Lepto- pholcus et surtout des Micromerys est plus atténué et obtus en arrière, celui des Artema se termine brusquement en petite pointe obtuse. Les chélicères ont la plus grande analogie avec celles des Scytodes ; elles L58 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES sont également faibles, cylindriques, subparallèles et soudées l’une à l’autre dans une grande partie de leur longueur, mais elles ne sont en contact, par leurs parties solides, que sur un point assez restreint, aussi bien en dessus qu’en dessous ; dans toute leur partie basale, elles sont reliées par une suture membraneuse ; leur base est très obliquement tronquée, avec l’angle externe prolongé en pointe cachée par le rebord du bandeau ; elles manquent de tache basale ; Bertkau considère, comme représentant cette tache, une petite pointe conique que les chélicères des Pholcus vrais offrent à leur base externe, mais cette pointe est propre aux mâles et elle n’existe, au reste, que dans le genre Pholcus. 440 A41 4492—413 Fig. 440. Pholcus. Chélicère vue en dessous. — Fig. 441. Artema. Id. — Fig. 442. Priscula. Extrémité du tarse et griffes, de profil. — Fig. 443. Mecolaesthus. Id. La troncature est très courte et presque transverse ; elle est armée, un peu en dessous de l'angle, d’une pointe chitineuse, dure, généralement aiguë, et paraissant ärticulée à la base, car elle est un peu mobile (fig. 440); cette pointe s'oppose au crochet et elle ressemble beaucoup à celle des Sicariides, à cela près qu'elle n’est jamais accompagnée d’un lobe membraneux; dans le genre Artema seulement, la pointe mobile est suivie d’une seconde dent d’une autre forme (fig. 441); le crochet est court, épais à la base et peu courbé ; sa carène inférieure est finement serrulée. La pièce labiale est immobile, entièrement soudée au sternum sans strie suturale, large, plane ou légèrement convexe, tantôt tronquée, tantôt atténuée et obtuse, avec l'extrémité largement marginée et submembraneuse. Les lames sont quelquefois étroites dès la base et parallèles dans toute leur longueur (Artema), mais, le plus souvent, elles sont larges à la base, au niveau de l'insertion du trochanter, ensuite étroites, longues, fortement convergentes et contiguës à l'extrémité, qui est tronquée longitudinalement et souvent acu- minée ; leur face inférieure est dépourvue de scopula ou légèrement pénicillée à la pointe et pourvue au bord externe, dans la seconde moitié, d'une carène noire, forte, mais assez courte, très finement et régulièrement serrulée. Le rostre est long, vu en dessus, graduellement atténué, obtus ou tronqué à l’extrémité, qui atteint le sommet des lames; sa surface, légèrement con- vexe, est glabre ou pourvue de quelques cils isolés, ne formant pas de bande longitudinale ; vu en dessous, ce rostre est bordé d’une ligne de poils simples FAMILLE DES PHOLCIDÆ 459 remplacant les petites épines qui, d’après Kessler, existent au même point chez toutes les autres Araignées. Les pattes sont excessivement longues et grêles ; les hanches sont cylin- driques et contiguës parleurs bords latéraux, mais les postérieures sont tou- jours largement séparées; toutes les patellas sont petites et presque sem- blables ; les métatarses, très grêles et plus longs que les tibias; les tarses, qui sont encore plus fins, sont coupés d’un grand nombre de fausses articu- lations qui sont plus ou moins distinctes ; chez les Pholcus, elles sont beau- coup moins nettes que les auteurs ne les ont figurées (notamment Bertkau) ; chez les Artema, je n’en ai pas trouvé trace; tandis que, chez les Pholcides à tarses tout à fait filiformes et flexueux, tels que les Mecolæsthus (fig. 443) et les Litoporus, elles sont très accusées ; chacun des articles qu’elles forment est un peu resserré à la base et à l'extrémité, comme aux tarses des Fau- cheurs ; l’article terminal est plus long que les précédents, un peu comprimé et coupé obliquement à l’extrémité ; il est prolongé par un très court onychium membraneux portant les griffes ; celles-ci sont au nombre de trois : les supé- rieures, peu robustes et médiocrement courbées, sont armées, dans presque toute leur longueur, d’une série de dents (ordinairement 8 chez les Pholcus, 12 à 14 chez les Artema et Priscula), dont les apicales sont un peu plus longues que les autres et légèrement sinueuses; la griffe inférieure, très courbée et aiguë, porte, dans sa concavité, une ou deux petites dents. L'abdomen est de forme très variable et j’étudierai plus loin ses diverses modifications ; il est souvent remarquable par le grand développement de sa région épigastrique; son pli transverse et ses stigmates sont généralement plus reculés que ceux des autres Araignées ; cet abdomen manque de stigmate trachéen (1). Le tubercule anal est grand, semi-cireulaire ou obtusément triangulaire. Les filières inférieures sont un peu séparées et dans leur intervalle se voit un très petit colulus ; elles sont épaisses, cylindriques, coniques, très obtuses et portent sur leur sommet deux ou trois fusules épaisses et courtes (fig. 444); les filières supérieures, situées au-dessus des précédentes, sont un peu plus petites, coniques et fortement comprimées, elles sont garnies de longs crins villeux et elles portent au sommet quelques petites fusules et une beaucoup plus grosse située au-dessous (fig. 446); les filières médianes, très acuminées, n'ont qu'une seule fusule terminale, mais elles portent, vers le milieu de leur longueur, un crin pédiculé (fig. 445). La plaque épigastrique de la femelle affecte diverses formes que j'étudierai plus loin à propos des groupes ; elle est très simple et réduite à une bande (1) Les anatomistes n’ont trouvé ni trachées, ni stigmate trachéen chez le Pholcus phalangioides Fuess., mais la dissection des autres espèces de la famille n’a pas été faite, et il est bien possible que ce caractère ne soit pas général; dans plusieurs genres. notamment Smeringopus et Holocnemus, on remarque, en effet, vers le tiers postérieur du ventre, un pli transverse du tégument qui correspond à une interruption de la bande noire ventrale et qui pourrait bien être en rapport avec les organes res- piratoires. 460 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES transverse dans le genre Pholcus, au contraire extrêmement développée dans les genres Artema, Priscula, Psilochorus, etce., où son bord postérieur, abaïissé verticalement, est plus rapproché des filières que du pédicule ; dans certains cas, elle présente la complication de celle des Linyphia et inême des Argiopides {(Coryssocnemis uncata E. Sim.). 444 7) 446 Pholcus phalangioides Fuess. — Fig. 444. Filière inférieure. — Fig. 445. Filière médiane. — Fig. 446. Filière supérieure (d’après Apstein). La patte-mâchoire de la femelle est médiocre; son tarse est acuminé, dé- pourvu de griffe, mais terminé par une petite pointe conique subaiguë, qui peut être regardée comme une griffe rudimentaire ; cette pointe est elle-même garnie de crins raides, dont les deux apicaux, plus forts que les autres, sont ordinairement un peu courbes. La patte-mâchoire du mâle, dont j'ai donné une figure dans la première} partie (p. 36, fig. 62), est très caractéristique ; le trochanter est toujours petit, appendiculé et souvent pourvu en dessous d’une apophyse de forme variable ; le fémur est très gros, comprimé et claviforme, souvent presque globuleux, d’autres fois presque cubique ou arqué en croissant; la patella est très petite, tantôt tout à fait annulaire (Artema, Physocyclus), tantôt plus large en dessus | qu'en dessous ; le tibia, qui lui fait suite, est, au contraire, très gros et renflé, tantôt ovale (fig. 62 {b), tantôt globuleux, plus rarement déprimé en dessus ; le tarse, qui est inséré à son extrémité, est très singulier, il est profondément divisé en deux branches très dissemblables, dont l’externe (fig. 62 re) est presque vésiculeuse, tandis que l’interne (fig. 62 tr) est allongée en forme de longue apophyse, de forme très variable, selon les espèces, et souvent bizarre ; le bulbe, qui s’insère dans un petit alvéole, est globuleux ou ovale, il émet plusieurs apophyses dont la forme n’est pas moins variable que celle du tarse; j'étudierai plus loin, à propos de chacun des groupes, les principales modifi- cations de cette patte-mâchoire. Les mâles se distinguent très souvent des femelles par des caractères sexuels secondaires portant sur la forme du céphalothorax (Physocyclus), l'ar- mature du front (Pholcus bicornutus E. Sim., etc.), la longueur des pédicules oculaires (Pholcus podophthalmus E. Sim..), le bandeau (Leptopholcus, Hedypsilus), l’armature des pattes (Holocnemus, Coryssocnemis, Crossopriza) ou l’épaisseur relative de leurs fémurs (Blechroscelis, etc.) ; enfin, par leurs chèlicères, qui FAMILLE DES PHOLCIDÆ LGA sont toujours armées d’une dent antérieure ou marginale, dont la forme et la situation varient selon les genres et les espèces. Les mœurs des Pholcides sont très uniformes; ils sont sédentaires et se tiennent dans les creux d’arbres, sous les pierres, sous la voûte des rochers, plus rarement sur les buissons à découvert; un certain nombre d'espèces vivent exclusivement dans les grottes à l'abri de la lumière (Pholcus bicornutus E. Sim., Spermophora Estebani E. Sim., Micromerys vermiformis E. Sim., des Philippines ; Pholcus cordatus Bilim., du Mexique); d’autres se trouvent tou- jours dans la demeure de l’homme et sont largement distribuées ; de ce nombre sont les Artema, le Pholcus phalangioides E. Sim., le Smeringopus elongatus Vins., le Physocyclus globosus Tacz., etc. Les toiles des Pholcides sont de deux types; tantôt elles sont très irrégu- lières, comme celles des Theridion, formées de gros fils peu élastiques et pen- dants, croisés irrégulièrement en réseau lâche, telle est la toile du Pholcus phalangioides Fuess., tantôt elles ressemblent davantage à celles des Linyphia ; leur milieu offre, en effet, une grande nappe de tissu plus serré, bombée en forme de dôme et soutenue en dessus et en dessous par un réseau irrégulier ; les toiles des Holocnemus, Priscula, Mecolæsthus, etc., sont de ce type. Dans tous les cas, l’Araignée se tient au milieu de sa toile, en dessous, dans une position renversée; quelques espèces y prennent des attitudes singu- lières, c’est ainsi que le Mecolæsthus longissimus E. Sim., que j'ai observé au Venezuela, où il est très abondant sur les bambous, tient toujours son long abdomen relevé perpendiculairement à l’axe du céphalothorax (fig. 439), Quand on vient à toucher les fils d'un Pholcus, il se balance sur ses longues pattes, imprimant à son corps une trépidation très rapide. Les œufs sont agglutinés et forment une masse plus ou moins arrondie, tantôt sans aucune enveloppe soyeuse, tantôt protégée par une petite bourre légère; la femelle porte toujours cette masse dans ses chélicères, appliquée sur son sternum jusqu à la dispersion des jeunes. Le nombre des œufs n’est jamais considérable, il n'est quelquefois que de cinq ou six (Litoporus) ou même de deux ou trois; leur couleur est aussi très variable, les œufs des Pholcus sont en général d’un blanc jaunâtre, ceux des Smeringopus d'un brun-violet, ceux du Litoporus aerius E. Sim., espèce du Venezuela, sont d’un beau vert, semblable à celui de l'abdomen de la femelle. Les Pholcides se répartissent en deux sous-familles basées sur la forme du céphalothorax : 1e Sous-famille PHOLCINÆ Cette sous-famille renferme tous les Pholcides normaux; pour en faciliter l’étude, je répartis ses genres, assez nombreux, en sept groupes. Celui qui a pour type le genre Artema se distingue de ses congénères par son sternum, qui, au lieu d’être tronqué en arrière, est brusquement terminé en petite 462 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES pointe obtuse et par ses chélicères dont la marge inférieure présente, au dela de la pointe mobile, une autre dent obtuse {fig. 441). Le groupe des Lepto- pholcus est'caractérisé par son céphalothorax déprimé et dépourvu d’impres- sions. Les caractères des autres groupes sont tirés de la disposition oculaire ; la première ligne des yeux est courbée en avant dans le groupe des Smeringopus (fig. 448), c’est-à-dire que les yeux médians antérieurs sont un peu plus avancés sur le bandeau que les latéraux de la même ligne, tandis que dans tous les autres genres ils sont placés à leur niveau, pour se rendre compte de cette disposition, il faut examiner le céphalothorax en avant par la face; si, au contraire, on l’examine en dessus perpendiculairement, on trouvera que, dans le groupe des Prisculu, les quatre yeux postérieurs, qui sont en ligne tout à fait droite, sont très inégaux, les médians étant beaucoup plus petits que les latéraux, dont ils sont nettement séparés (fig. 449); dans le groupe des Blechroscelis, ces yeux sont égaux, connés et disposés en ligne OS LÉ! R'R D Fig. 441. Pholcus. Yeux vus en dessus. — Fig. 448. Smeringopus. Id. — Fig. 449. Priscula. Id. — Fig. 450. Blechroscelis. Id. arquée en arrière, les médians étant plus reculés que les latéraux (fig. 450), tandis que, dans le groupe des vrais Pholcus, ils figurent une ligne arquée en avant, les latéraux étant toujours un peu plus avancés que les médians (fig. 447); enfin, dans le groupe des Modisimus, qui sont des Pholcides amoin- dris, les groupes oculaires sont tellement rapprochés l’un de l’autre qu’ils semblent n'en former qu’un seul. Dans tous les cas, la présence ou l’absence des yeux médians antérieurs ne peut avoir une valeur plus que générique, et chacun des groupes {à l'exception de ceux des Artema et des Priscula) renferme des types octoculés et des types sénoculés. GROUPES 1. Oculi quatuor postici, superne visi, lineam procurvam formantes (medii pone laterales siti) (fig. 450)........... .... Blechrosceleæ. — Oculi quatuor postici, superne visi, lineam recurvam, rarius rec- tam-aormantes, (522 uen ester NrRR EEERe De 2. Oculi quatuor postici, superne visi, lineam plane rectam for- mantes, medi: lateralibus multo minores (fig. 449)...... Prisculeæ. — Oculi quatuor postici inter se subæquales, superne visi, lineam TÉCUTVATN TO LITALES 1e CNP AIR AP IE ARCS ER Re ERREUR 3. (1) Excepté dans le genre Hedypsilus, du groupe des Modisimeae. FAMILLE DES PHOLCIDÆ 163 3. Cephalothorax paulo longior quam latior, subplanus, vix im- pressus, utrinque oculi prope marginem cephalothoracis siti.. os RE PRE RE SU tn PR cptapnolcee: — Cephalothorax subrotundus valde impressus. Oculi ad marginem Je MÉDNOE L ARE RENE 0e EE AT OR EE AN REP AUS RETRO ETES a 4. 4. Oculi quatuor antici, antice visi, lineam recurvam formantes HONOR LE GE db By RSR AN RER NUE ee D. — Oculi quatuor antici lineam rectam seu procurvam designantes. Area oculorum mediorum multo latior quam longior (fig. 447) (1). 6. 5. Sternum postice late truncatum. Chelæ normales. Laminæ Pholci ad basin latæ dein angustæ et parallelæ......... Smeringopodeæ. — Sternum postice, inter coxas posticas, breviter attenuatum. Che- \ larum margo inferior dentibus binis, 1° acuto, altero obtuso, munitus. Laminæ usque ad basin angustæ et parallelæ, Artemeæ. 6. Oculi cuncti inter se appropinquati et aream unicam prominulam deSienantes Der TRE PE ass st Modisimeæ: — Oculi laterales areas duas, utrinque singulariter prominulas, for- DPANTESR oo NN ANNE PU RE ANNE APE ATARI CE VERRE: .... Pholceæ. l. ARTEMEÆ Le genre Arlema offre trois caractères exceptionnels dans la famille des Pholcides : son sternum, au lieu d’être largement tronqué en arrière, se ter- mine assez brusquement, entre les hanches postérieures, en petite pointe attenuée et obtuse ; ses chélicères portent à la marge inférieure, au delà de la pointe mobile, qui est aiguë et de forme ordinaire, mais plus rapprochée Arlema mauricia Walck. — Fig. 451. Patte-mâchoire du mâle. — Fig. 452. Chélicère du mâle vue en avant. — Fig. 453, Id. de profil. du crochet, une seconde pointe plus longue, cylindrique et tronquée, qui manque dans tous les autres représentants de la famille (fig. 441); enfin, ses lames-maxillaires sont étroites et presque parallèles jusqu'à la base, sans dila- tation bien sensible au niveau de l'insertion du trochanter. (1) Excepté dans le genre Physocyclus, du groupe des Pholceae. LG HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Le céphalothorax est celui des Pholcus, mais encore exagéré, car il est plus large que long, et sa strie médiane, très profonde, est dilatée en large fossette. Les yeux sont resserrés et peu inégaux, les médians antérieurs étant à peine plus petits que les latéraux ; les quatre ÿeux antérieurs sont étroitement et presque également espacés et en ligne légèrement récurvée, le sommet des médians étant environ au niveau du centre des latéraux ; les yeux postérieurs, vus en dessus, sont en ligne assez fortement recurvée, les médians sont, comme toujours, plus séparés l’un de l’autre que des latéraux, mais leur inter- valle n’est pas beaucoup plus large que leur diamètre. Le bandeau est plus développé que chez aucun autre Pholcides, sa longueur dépasse celle des chélicères et près de trois fois celle du groupe oculaire ; il est légèrement déprimé au-dessous des yeux, puis longuement incliné en avant et convexe. Le sternum est très large et presque plan ; sa partie labiale est grande, presque parallèle et plane, mais terminée par un large rebord submembra- neux arqué. L'abdomen est excessivement convexe, beaucoup plus haut que long, ver- tical en avant et en arrière, et son plan ventral est très court ; il est cuirassé, en dessous, de grandes plaques chitineuses rougeâtres, beaucoup plus déve- loppées chez la femelle que chez le mâle : on trouve d’abord, au-dessous du pédicule, deux plaques ovales géminées et divergeant en arrière, légèrement ru- gueuses et pileuses, puis une grande plaque transverse un peu trapézoïde, obtusément échancrée au bord pos- térieur, fortement colorée et lisse sur les côtés, un peu granuleuse et pileuse dans le milieu ; le bord postérieur de cette plaque correspond à l'orifice génital, elle est suivie d’une autre plaque, à peu près de même forme, Fig. 454. mais tronquée droit au bord postérieur, qui est suivi Artema mauricia Walck. d’un pli transverse membraneux, plus rapproché des Abdomen de la femelle filières que du pédicule (fig. 454). en dessous. La patte-mâchoire de la femelle est grêle; son tibia, cylindrique, est plus long que la patella ; son tarse est fin, très acuminé et beaucoup plus long que les deux articles précédents réunis. La patte-mâchoire du mâle est très volumineuse; son trochanter est petit, appendiculé et dépourvu d’apophyse, mais, en dessous, son bord apical, induré, s’avance en saillie obtuse sous la base du fémur, qui est coupée d’une grande échancrure submembraneuse; son fémur, qui est l’article principal, est très gros, très convexe en dessus, en forme de massue; tandis que sa patella, extrêmement courte, ressemble à un mince anneau séparant le fémur du tibia ; celui-ci, qui est au moins de moitié plus court que le fémur, est presque globuleux ; le tarse est court; son apophyse, dirigée en bas, est au moins deux fois plus longue que le corps de l’article; elle cest dilatée et tron- quée à l’extrémité où son bord est tranchant et sinueux, sauf à l’angle externe, qui est épaissi en grosse saillie obtuse, souvent mamelonnée ; le bulbe est médiocre et ses apophyses ont la disposition ordinaire (fig. 451). Ne FAMILLE DES PHOLCIDÆ 16 Les pattes n’offrent aucun caractère sexuel, mais les chélicères du mâle diffèrent beaucoup de celles de la femelle; elles sont plus larges, fortement déprimées et comme excavées en avant, et pourvues, au bord externe, d’une très épaisse carène denticulée qui n’atteint pas l’extrémité et se termine brus- quement en angle aigu (fig. 452 et 453). Les Artema sont les plus gros de tous les Pholcus ; ils vivent tous dans l’in- térieur des habitations où ils filent une toile composée d’une nappe de tissu lâche, bombée en forme de dôme, et d'un réseau irrégulier, qui se prolonge dans tous les sens. On en connaît un petit nombre d'espèces, très voisines les unes des autres, et toutes largement distribuées : A. mauricia Walck. est répandu dans presque toute l'Afrique, depuis la Tunisie et l'Égypte, jusqu’à Madagascar, dans l’Arabie et l'Asie tropicale; A. sisyphoides Dolesch., dans la Malaisie et la Polynésie ; A. atalanta Walck., dans l'Amérique du Sud et les Antilles ; A. Doriai Th., en Perse et dans l’Asie centrale (1). Artema Walck., Apt, I, 1837, p. 656. — Pholcus, auct. (ad part.). — Artema E. Sim., Bull. Soc. zool. Fr., 1885, p. 19. Cephalothorax latior quam longior, utrinque amplissime rotundus et crasse marginatus, parte thoracica stria integra, profundissima, ampliata et fovei- formi impressa, parte cephalica parva, haud prominenti, sulcis duobus, postice convergentibus, discreta. Oculi inter se conferti, magni et subsimiles (medii antici reliquis non multo minores), quatuor antici inter se anguste et æque separati in lineam levissime recurvam, quatyor postici in lineam magis recur- vam, medii inter se quam a lateralibus remotiores sed spatio interoculari oculo non multo latiore. Area mediorum trapeziformis saltem haud latior quam longior. Clypeus sub oculis paululum depressus, dein valde obliquus, area oculorum saltem triplo latior et chelis multo longior. Sternum latius quam longius, postice, inter coxas, valde attenuatum, sat angustum et obtu- sum. Pedes quatuor antici reliquis longiores et robustiores. Abdomen altissi- mum et globosum,altius quam latius, parte epigasteris coriacea valde producta et, saltem in femina, rima genitali pone medium ventris sita. Pedes-maxillares feminæ graciles, tibia tereti, tarso tibia cum patella multo longiore et valde acuminato. Pedes-maxillares maris femore maximo, alte claviformi, patella brevissima anguste annuliformi, tibia crassa et inflata sed femore triplo mi- nore, tarso parvo, apophysi exteriore magna, dentata, apice plerumque am- pliata et truncata. Chelæ maris antice valde depressæ et excavatæ sed extus alte carinatæ et tuberculatæ. A —— (1) Ces espèces sont extrêmement voisines les unes des autres [cf. à ce sujet Thorell, St. Rag. Mal., elc., III, p. 180 (note)] et leur synonymie est très obscure : à celle d'A. mauricia Walck., se rapportent Pholcus borbonicus Vinson et Pholcus convexus Blackw. (ad part.); à celle d'A. atalanta Walck., Pholcus conveæus Blackw. (ad part.) et pro- bablement Ph. rotundatus Karsch. L'espèce que j'ai décrite sous le nom d’Artema prislina appartient au genre Crossopriza. 30 Nr PRE AM ty CUT 4 466 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Typus : À. mauricia Walck. AR. GEOGR. : Africa tota ; Arabia ; Asia occid., centr. et merid. ; Malaisia et Polynesia; America antillana et merid. 2. PHOLCEÆ Ce groupe, qui a pour type le Pholcus phalangioides Fuess,, diffère surtout du précédent par le sternum largement tronqué en arrière, au niveau des hanches postérieures, caractère qui se retrouve, au reste, dans les groupes suivants. Les yeux sont tantôt au nombre de huit, tantôt au nombre de six; dans tous les cas, les postérieurs sont, de chaque côté, étroitement connés ou légèrement disjoints (Holocnemus) et en ligne arquée en avant, l’œil interne (médian) étant, vu en dessus, un peu plus avancé que l’externe (fig. 447). Dans les espèces octoculées, les yeux antérieurs sont en ligne droite par leur centre ; les médians, très petits, sont presque contigus l’un à l’autre, mais toujours largement séparés des latéraux; le groupe trapézoïde, formé par les quatre yeux médians, est beaucoup plus large que long, excepté cependant dans le genre Physocyclus, qui fait le passage des Artema aux Pholcus. Dans les genres sénoculés, ce sont, comme toujours, les médians antérieurs qui font défaut; de chaque côté, les yeux latéraux ressemblent à ceux des Pholcus, mais, tandis que ceux des Spermophora sont médiocres et en deux groupes largement séparés, ceux des Mefagonia sont gros et en deux groupes assez rapprochés, au point que leur intervalle est à peine plus large que l’œil interne. Le bandeau est large, mais plus étroit que celui des Artema, au reste de même forme. Les chélicères et les pièces buccales sont normales. 455 457 456 Fig. 455. Pholcus bicornutus E. Sim. d. Front et yeux vus en avant. — Fig. 456. Pholcus podophthalmus E. Sim. d. Id. — Fig. 457. Physocyclus globosus Tacz. Céphalothorax et abdomen de profil. L'abdomen est de forme assez variable ; dans le genre Physocyclus, il res- semble à celui des Artema et la plaque génitale de la femelle, très grande et cordiforme, est échancrée et abaissée verticalement en arrière, où elle est plus rapprochée des filières que du pédicule, atténuée triangulairement en avant où elle se termine par un petit crochet perpendiculaire (fig. 457). Dans le genre Spermophora, l'abdomen est presque globuleux, quelquefois même plus haut que long (S. elevata E. Sim.), très rarement très long et un peu fusiforme (S. longiventris E. Sim.) ; sa plaque génitale, très developpée, a presque la dis- 4 Hu 2 À : FAMILLE DES PHOLCIDÆ 167 position précédente, mais elle est ordinairement suivie d’une ou de deux pièces beaucoup plus petites, en forme de carènes transverses abrégées; quelques Pholcus ont l'abdomen globuleux (P. Fauroti E. Sim.), les autres ont l’abdomen ovale allongé, presque cylindrique, et la fente génitale, située à la base du ventre, est simple et accompagnée, à son bord supérieur, ‘d'un rebord chiti- neux rougeâtre, un peu dilaté triangulairement dans le milieu. L’abdomen des Holocnemus est tantôt semblable à celui des Physocyclus, mais sa plaque inférieur ne dépasse pas le milieu du ventre (H. Forskäli Thorell), tantôt ovale allongé, comme celui du Pholcus phalangioides Fuess. (H. rivulatus Forsk.), tantôt acuminé en arrière et prolongé en tubercule oblique (H. caudatus L. Duf.); dans ces espèces, la plaque génitale de la femelle n’occupe que le tiers antérieur du ventre; elle est tronquée en arrière et marquée en avant, près le pédicule, de deux saillies ovales et obliques ressemblant à celles des Artema ; chez les mâles, la plaque génitale est un peu plus prolongée en arrière, et son bord postérieur est convexe et un peu échancré; dans le genre Metagonia, l'abdomen est long, graduellement élargi en arrière et tron- qué, avec les deux angles un peu saillants, comme celui des Episinus et de certains Séephanopsis. La patte-mâchoire de la femelle des Physocyclus et de Holocnemus Forskali Th. est semblable à celle des Artema; celle des Pholcus et Spermophora est grêle, mais son tarse est relativement plus court, il égale rarement la patella et le tibia réunis et est quelquefois plus court que le tibia seul {Sperm. elevata E. Sim., etc.); celle de Holocnemus caudatus Duf. est de même forme, mais plus épaisse, tandis que celle de AH. rivulatus Forsk. est très singulière, car elle ressemble à celle d’un jeune mâle : son tibia est épais, son tarse, dilaté et ovale, est brusquement acuminé et un peu déprimé à l’extrémité. La patte-mâchoire du mâle des Physocyclus ressemble entièrement à celle des Artema; son trochanter est également mutique en dessous; son fémur, qui est l’article principal, est largement claviforme et sa patella est annulaire ; tandis que dans les genres Pholcus et Spermophora, le trochanter, petit et appendiculé, est toujours pourvu en dessous d'un tubercule de forme variable, petit et obtus chez Pholcus phalangioides Fuess. et Spermophora senoculata Dugès, au contraire, assez long, aigu et arqué dans d’autres espèces, tels que P. Fauroti E. Sim. et surtout P. ancoralis L. Koch, et noumeensis KE. Sim., où il atteint son maximum de longueur; le fémur, qui lui succède, est épais et court, presque plan en dessous, plus on moins gibbeux en dessus, quelque- fois cubique et même globuleux (Spermophora); la patella, large et convexe en dessus, s’amincit en dessous et sa coupe serait triangulaire ; le tibia est volumineux, ovale large et atténué à l’extrémité, souvent plus long que le fémur ; le tarse est petit et globuleux, et son apophyse, toujours très déve- loppée, varie grandement selon les espèces ; celle de P. phalangioides Fuess., que j'ai figurée (p. 36, fig. 62), est dirigée en bas et largement tronquée avec les bords laciniés, mais elle est souvent beaucoup plus longue et plus com- plexe : celle de P. Fauroti E. Sim., par exemple, est plus grêle, et elle émet, près de l’extrémité, une longue branche lancéolée, dirigée presque perpendi- culairement en avant ; celles des P. bicornutus E. Sim., ancoralis L. Koch et 468$ HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES gracillimus Thorell, encore plus développée et arquée en cerceau, est profondé- ment divisée en deux branches dissemblables et parallèles (fig. 458); la com- plication des apophyses du bulbe n'est pas moindre ; dans la patte-mâchoire des Holocnemus, le trochanter est mutique en dessous et semblable à celui des Artema, c’est-à-dire avancé en saillie obtuse sous la base du fémur dont l’échancrure est souvent limitée par une carène un peu granu- leuse; le fémur est épais, mais court et sans saillie inférieure; les autres articles diffèrent peu de ceux des Pholcus ; l'apophyse tarsale est toujours droite et dirigée en bas, atténuée, obtuse ou tronquée, et pourvue à l’extrémité d’une petite pointe détachée arquée. 110 Q , . x Fig. AË8. Les pattes n'offrent point de caractères sexuels Pholcus bicornutus E. Sim. ans les genres Physocyclus, Pholcus et Spermo- Patte-mâchoire du mâle. s r phora, mais dans le genre Holocnemus, les fémurs antérieurs et quelquefois les tibias (H. rivulatus) des mâles sont armés en en dessous d'une série très régulière de petites épines dressées. Les chélicères du mâle sont, dans le genre Physocyclus, construites comme celles des Artema, elles sont également déprimées et leur bord externe est suivi d'une grosse carène qui se termine brusquement en pointe avant d'avoir atteint l’extrémité ; celles des Pholcus sont armées, sur la face anté- rieure, dans la seconde moitié et près Le bord interne, d’une dent oblique assez épaisse et généralement tronquée et tout à fait à la base, à l'angle externe, d’une dent plus aiguë dirigée en haut ; elles offrent quelquefois une troisième dent plus petite, située près la base, vers le milieu de la face anté- rieure (P. Fauroti); les chélicères des Holocnemus manquent de la dent basale, mais la dent apicale existe toujours, elle est tantôt située comme celle des Pholcus (H. rivulutus), tantôt située au bord externe (H. Forskali, caudatus) ; les chélicères des Spermophora sont souvent construites comme celles des Pholcus (S. senoculata Dugès), quelquefois leur dent, située plus près de la base, est prolongée par un faisceau de crins (S. eJevata E. Sim.). Dans quelques espèces, le céphalothorax est dissemblable d’un sexe à l’autre ; celui du mâle de Pholcus bicornutus E. Sim., espèce qui habite les grottes à l’île de Luzon, présente, dans la région oculaire, deux tubercules géminés dressés et biarticulés (fig. 455) (l'article basilaire est cylindrique et vertical, l’apical est effilé et courbé en avant), tandis que le mâle du Pholcus noumeensis E. Sim., autre espèce du même groupe, n'offre, au même point, que deux petits tubercules disjoints ; le mâle du Pholcus podophthalmus E. Sim. est remarquable par la longueur extraordinaire de ses pédoncules oculaires (fig. 456). Dans le Physocyclus globosus Tacz., c’est, au contraire, le céphalo- thorax de la femelle qui s'éloigne de la forme normale ; sa partie thoracique est, en effet, convexe et acuminée en arrière de la fossette, qui est large et longitudinale (fig. 457); tandis que, dans une autre espèce du même genre (P. Dugesi E. Sim.), le céphalothorax est normal et semblable dans les deux sexes. La femelle de Holocnemus rivulatus Forsk., déjà remarquable par sa FAMILLE DES PHOLCIDÆ 169 patte-mâchoire, se distingue encore du mâle par son sternum qui est pourvu, en arrière, d’une forte saillie ou tubercule obtus. L'espèce type du genre Physocyclus (globosus Tacz. et gibbosus Keyserl.), qui vit dans l’intérieur des maisons, est répandue dans presque toutes les régions tropicales du monde, je la possède de la côte occidentale d'Afrique, de l’Indo-Chine, des Antilles et de plusieurs parties de l'Amérique du Sud; j'en ai décrit une seconde espèce du Mexique (P. Dugesi E. Sim.). Parmi les espèces, assez nombreuses, qui ont été décrites par les auteurs sous le nom générique de Pholcus, un très petit nombre appartient à ce genre sensu stricto ; celles qui vivent dans l’intérieur des maisons ont été transportées presque partout et leur habitat est aussi étendu que celui du Physocyclus glo- bosus Tacz.; de ce nombre est notre vulgaire Pholcus phalangioides Fuess., qui parait également répandu dans toute la zone tempérée de l’hémisphère nord, aussi bien dans l’ancien que dans le nouveau monde {P. atlanticus Hentz), il se retrouve, à latitude égale, dans l'hémisphère sud en Afrique et en Amé- rique (P. americanus Nic.), mais il parait manquer sous les tropiques, sauf cependant dans les hautes régions de l’Amérique du Sud, car je l'ai trouvé à Caracas, et je l’ai reçu de Quito; le P. Fauroti E. Sim. est, au contraire, propre aux zones subtropicale et tropicale de l'hémisphère nord; je l'ai trouvé en Égypte, en Arabie, à Saïgon et au Venezuela; le P. opilionoides Schrank, qui est cependant une espèce agreste, a été signalé en Europe et en Chine; le genre Pholcus est représenté dans l'Inde (P. ceylonicus Cambr., podophthalmus Polei E. Sim.), en Malaisie et en Australie (P. ancoralis L. Koch, gracillimus Thorell, bicornutus, noumeensis E. Sim.), par des espèces presque toutes re- marquables par la complication de leurs organes sexuels, et dans l’Afrique australe par de petites espèces lapidicoles qui ont l’aspect des Spermophora. Le genre Spermophora a des représentants dans la région méditerranéenne, dans l'Inde, à Ceylan, en Malaisie, aux iles Philippines, dans l’Afrique aus- trale, dans l'Amérique du Nord et dans l'Amérique du Sud, mais presque toutes ses espèces sont inédites (1). Le genre Metagonia renferme deux espèces propres au Brésil. Le genre Holocnemus ne compte que trois espèces, propres à la région médi- terranéenne, l’une d'elles s’étend cependant au sud de la mer Rouge (H. rivu- latus Forsk., d'après L. Koch). GENERA 1. Oculiocto...... ARR TN TR AA SE PASSE ee FORD Ve LE DL ARE DT DA OCuIL Sex... CAEN AP LA GR NRA AVE 4. (1) J'ai déjà dit (p. 272) que le Spermophora comoroensis G. A. Butler appartenait au genre Loæosceles (Sicariidae) ; l'espèce décrite par le même auteur, sous le nom de Pholcus vexillifer (Trans. ot Venus Exped., p. 6, pl. zu, fig. 6), n'appartient pas davan- vantage à la famille des Pholcides, mais à celle des Thomisides, et probablement au genre Tmarus. 470 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES 2, Oculi quatuor antici inter se subcontigui. Oculi quatuor medii aream trapeziformem haud vel non multo latiorem quam lon- DIOTEMIOCCUDANIES EEE EEE CEE CCC LEE CEE Physocyclus. — Oculi medii antici inter se subcontigui sed a lateralibus bene separati. Area mediorum multo latior quam longior.......... 3. 3. Oculi laterales utrinque distincte separati. &. Pedes antici, saltem femoribus, subtus aculeato-serrati. Q. Pedum-maxillarium tibia tarsusque plerumque plus minus inflati..... ....... Holocnemus. — Oculi laterales utrinque contigui. Pedes mutici. Pedes-maxillares léMMINÆATACIlES EE EEE E ER CCC CET EU CETE Na AP LIERE Pholcus. 4. Oculi sat parvi et parum prominuli, areas duas, inter se late re- motas, formantes. Abdomen globosum seu gibbosum. ..... AO MURAT EE RENE NR AUAENAAE LAS SD TMO DORE — Oculi sat magni et prominuli, areas duas, inter se parum remotas, formantes. Abdomen longum, postice sensim ampliatum, apice (runcatumaenobiuse DIU PPPEE EPP PETEEE EEE .. Metagonia. Physoeyelus, nov. gen. — Pholcus Keyserl., Verh. z. b. Ges. Wien, 1871, p. 208 (ad part. P. gibbosus). . Oculi antici in lineam plane rectam, inter se appropinquati. Oculi postici utrinque subcontigui. Oculi quatuor medii aream trapeziformem maximam haud vel vix latiorem quam longiorem occupantes. Pedes in utroque sexu mutici, postici anticis multo longiores, femoribus versus basin sensim in- crassatis. Clypeus, chelæ et pedes-maxillares in utroque sexu fere Artemæ. Typus : P. globosus Taczanowski (P. gibbosus Keyserl.). AR. GEOGR. : Africa occid.; Asia trop. orient.; America sept., centr., merid. et antillana. Les deux espèces connues de ce genre peuvent se rapporter à deux groupes caractérisés par la forme du céphalothorax, chez la femelle. A. — Cephalothoracis pars thoracica convexa, sulco lato et profundo, decli- vitatem posteriorem haud attingente et margine postico in femina alte acu- minato et dentato limitato, impressa (P. globosus Tacz.). B. — Cephalothoracis pars thoracica in utroque sexu sulco ordinario, nec marginato nec dentato impressa (P. Dugesi E. Sim.). Pholcus Walck., Tabl. Ar., 1805, p. 80. — Id. om. auct. Oculi quatuor antici in lineam plane rectam, medii lateralibus saltem triplo minores, inter se subcontigui sed a lateralibus spatio oculo latiore sejuncti. Oculi postici utrinque contigui. Oculi quatuor medii aream trapeziformem multo latiorem quam longiorem occupantes. Clypeus area oculorum plus triplo latior, sub oculis leviter depressus, dein oblique proclivis. Pedes in utroque sexu mutici. Chelæ maris extus ad basin dente retro directo atque FAMILLE DES PHOLCIDÆ 471 prope apicem dente altero munitæ. Pedes-maxillares feminæ graciles, tibia tereti, tarso acuminato tibia haud vel vix longiore. Typus : P. phalangioides Fuess. AR. GEOGR. : Orbis utriusque reg. calid. et temp. Holocnemus E. Sim., Aran. nouv., 2° mém., Liége, 1873. — Id. Ar. Fr., 1874, p. 256. — Pholcus auct. À Pholco tantum differt oculis posticis utrinque disjunctis et area oculorum mediorum paulo minore. Pedes antici maris femoribus et sæpe tibiis subtus uniseriatim serratis. Chelæ maris basi haud dentatæ sed antice dente valido sæpe marginali instructæ. Pedes-maxillares feminæ plerumque crassi, tibia convexa, tarso tibia longiore et ovato (H. rivulosus Forsk.) vel acuminato (H. caudatus Duf.), interdum pedes-maxillares graciles fere Artemæ (H. Fors- kali Thorell). Typus : H. rivulatus Forskàl. AR. GEOGR. : Regio mediterranea et æthiopica. Spermophora Hentz, Sillim. Journ., XLI, 1832, p. 116. — Rachus Walck., Apt., IV, 1847, p. 459. — Oophora Hentz, Bost. J. N. H., VI, 1850, p. 285. — Spermophora Thorell ; KE. Simon, etc. Cephalothorax fere Pholci. Clypeus latus et subverticalis (S. senoculata Dug.) seu valde proclivis (S. Estebani E. Sim.). Oculi areas duas, transversim remotas, occupantes, utrinque oculi trini parum prominuli, subæquales, inter se con- tigui vel subcontigui et triangulum, apice intus directo, designantes. Abdomen subglobosum vel tumidulum (S. elevata E. Sim.), rarissime longum et fusi- forme (S. longiventris E. Sim.). Pedes-maxillares feminæ graciles, tarso acu- minato tibia plerumque longiore. Tvpus : S. meridionalis Hentz. AR. GEOGR. : Regio mediterr.; Africa occid. et austr.; India orient. ; ins. Sumatra (longiventris E. Sim.) ; ins. Philippinæ (Esfebani E. Sim., etc.); Ame- rica septentr., antillana et merid. : Venezuela, Brasilia. Nora. Ce genre n’est pas très homogène ; dans les espèces typiques, qui sont toutes d’une coloration blanche et uniforme, les yeux, petits et égaux, sont, de chaque côté, contigus et les deux groupes qu'ils forment sont largement séparés, comme ceux des Pholcus. Tandis que, dans les autres espèces, les groupes oculaires sont moins séparés et l'œil interne, un peu plus petit que les autres, en est un peu séparé, comme chez les Holocnemus; dans ce groupe, dont S. elevata E. Sim. est le type, le céphalothorax et labdomen sont ornés de taches noires sériales punctiformes ou accenliformes, et les fémurs, surtout les antérieurs, sont bien distinctement dilatés à la base, comme ceux des Leptonetides. Les espèces du premier groupe vivent dans les maisons ou dans les grottes (S. Este- bani E. Sim.), celles du second se trouvent dans les détritus ou sous les pierres, sur les collines arides. 472 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Metagonia, nov. gen. — Spermophora Keyserl., Spinn. Amer., 1891, p. 178 (S. bicornis). À Spermophora differt oculis majoribus et valde prominulis, interiore reli- quis paulo minore, areas duas inter se parum remotas (spatio oculo interiore distantes) formantibus, abdomine longo, postice sensim ampliato, apice trun- cato et obtuse bifido. Typus : M. bifida E. Sim. AR. GEOGR. : Brasilia. 3. LEPTOPHOLCEÆ Je propose ce groupe pour quelques Pholcides, dont le céphalothorax s’éloigne sensiblement de la forme normale; il est généralement un peu plus long que large (1), très déprimé, à peine atténué en avant, ou il est très largement tronqué au bord frontal, avec la partie céphalique non ou à peine distincte, à stries effacées, au moins dans le milieu. Len ee 459 Et) A6 A62 463 Fig. 459. Leptopholcus signifer E. Sim. Q®. Front et yeux, en dessus. — Fig. 460. Id. Céphalo- thorax et abdomen de profil. — Fig. 461. Id. L’un des groupes oculaires de profil. — Fig. 462. Micromerys madagascariensis E. Sim. Patte-mâchoire du mâle. — Fig. 463. M. ver- miformis E. Sim. Fémur et trochanter de la patte-màchoire du mâle. Les yeux latéraux, gros et presque égaux, sont étroitement connés ; les deux groupes qu'ils forment sont très largement séparés l’un de l'autre et situés très près des bords latéraux du céphalothorax ; ils sont élevés chacun sur un court pédicule, plus marqué chez les mâles que chez les femelles (fig. 459 et 461). Dans le genre Leptopholcus, le bord frontal porte deux très petits yeux médians punctiformes, rapprochés et situés sur la même ligne que les latéraux (fig. 459); dans le genre Micromerys, ces yeux médians font complètement défaut et ce caractère est le seul qui sépare les deux genres. Dans la plupart des cas, le sternum, très grand et légèrement convexe, est plus long que celui des autres Pholcus, ovale, atténué et obtus en arrière, nul- lement tronqué. (4) IL est cependant un peu plus large que long dans les mâles du genre Lepto- pholcus. FAMILLE DES PHOLCIDÆ 473 L’abdomen est ordinairement cylindrique et très long, presque vermiforme et tronqué à l'extrémité, avec l'angle supérieur un peu saillant ; celui des Lepto- pholcus et du Micromerys (Calapnita) vermiformis E. Sim. est près de sept fois plus long que le céphalothorax (fig. 460); d’autres fois, cependant, il est plus court, convexe et conique en arrière, et il ressemble à celui des Argyrodes. Chez la femelle, la plaque génitale dépasse rarement beaucoup le pli épi- gastrique ; elle est simple et presque arrondie. La patte-mâchoire du mâle est du même type que celle des Pholcus; son trochanter, longuement appendiculé, est toujours pourvu, à l’extrémité, d'une petite apophyse dentiforme et d’une apophyse inférieure beaucoup plus longue, souvent droite, obtuse et resserrée à la base, quelquefois grêle et hamiforme (M. vermiformis E. Sim.) (fig. 463); son fémur est très convexe en dessous; sa patella est assez large et convexe; son tibia, toujours plus long que le fémur, est tantôt ovale et atténué, comme célui des Pholcus (Lep- topholcus), tantôt allongé et presque plan en dessus ; son apophyse tarsale, très développée, est, comme toujours, très variable selon les espèces, tantôt sinueuse et hérissée de crins (L. signifer E. Sim.), tantôt élargie à l’extrémité en forme de massue (M. madagascariensis E. Sim.) (fig. 462) ; celle de M. ver- miformis E. Sim. a la forme d’un sabre grêle et aigu, plus long que tous les autres articles réunis ; son bulbe n’est pas moins variable; dans bien des cas, il émet une longue pointe sétiforme transparente. Les chélicères des mâles sont quelquefois mutiques (L. signifer E. Sim.), mais, dans le genre Micromerys, elles offrent ordinai- rement une petite dent apicale et une dent basale, un peu soulcvée et dirigée en dedans. Les pattes n’offrent point de caractères sexuels, et Ni dans le genre Micromerys, le céphalothorax est presque semblable dans les deux sexes; mais, dans le genre Fig. 464. Leptopholcus, celui du mâle à un bandeau plus pro- Leptopholcus signifer E. S. Clive, plus acuminé et pourvu, au milieu, d’une petite Bandeau du mâle vu en pointe aiguë dirigée en avant (fig. 464). dessus. o : Le type du genre Leptopholcus est propre à l’Afrique tropicale occidentale, j'en ai trouvé une seconde espèce à Ceylan; celui du genre Micromerys est indiqué du cap York, j'en ai décrit une seconde espèce, sous le nom de Calupnita vermiformis, provenant des grottes de Calapnitan, dans le sud de l'ile de Luzon, mais ce genre est beaucoup plus répandu, car j'en possède d’autres espèces (inédites) de Madagascar, de la côte occiden- tale d'Afrique, de Ceylan et du Venezuela. GENERA Le Gi GRO RAR EEE nus CEE DE PA AE .. Leptopholcus. OT AS FRAME DAS EE ET EURE EL .... ..... Micromerys, 7 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Leptopholeus, nov. gen. À Pholco differt cephalothorace humiliore, plano et vix impresso, paulo lon- giore quam latiore, antice vix attenuato et obtuse truncato, clypeo angustiore, convexo et subverticali, oculis lateralibus majoribus et prominulis, areas duas inter se latissime remotas, sed prope marginem cephalothoracis sitas, forman- tibus, oculis mediis minutissimis, sterno ovato, longiore quam latiore, abdo- mine longissimo et tereti. Typus : L. signifer E. Sim. AR. GEOGR. : Africa occid.; ins. Taprobane. Miicromerys Bradley, Proceed. Linn. Soc. N. S. Wales, II, 1877, p. 118. — Calapnita E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1892, p. 42 (typus C. vermiformis). À Leptopholco, cui valde affinis et subsimilis est, tantum differt cephalotho- race oculis mediis anticis carente. — Abdomen longum, interdum postice obtuse productum et tuberculatum (M. conica E. Sim.), interdum longissimum et vermiforme (M. vermiformis E. Sim... Tyeus : M. gracilis Bradley. AR. GEOGR. : Africa occid.; ins. Madagascar {madagascariensis E. Sim.) : ins. Philippinæ (vermiformis E. Sim.); Nova-Hollandia septr. (gracilis Bradl.) : America trop. : Venezuela (conica E. Sim., etc.). 4. SMERINGOPODEÆ Ces Pholcides sont les seuls chez lesquels les yeux antérieurs (vus en avant) figurent une ligne recurvée, c’est-à-dire arquée en avant, le sommet des mé- dians étant au niveau de la base des latéraux ou même au-dessous ; le trapèze formé par les yeux médians est, comme celui des Arfema, au moins aussi long que large (Crossopriza) ou même un peu plus long {Smeringopus) ; les yeux postérieurs sont en ligne arquée en avant, ceux des Cr'ossopriza sont peu écartés transversalement et ressemblent à ceux des Artema, tandis que ceux des Smeringopus ressemblent davantage à ceux des Holocnemus (fig. 448); mais le caractère fourni par la situation des yeux médians antérieurs n’est pas applicable au genre Uthina, chez lequel ces yeux font défaut; à part cela, les Uihina ressemblent complètement aux Smeringopus, dont ils représentent la forme sénoculée. Le sternum, les chélicères et les pièces buccales n'ont rien de particulier. L’abdomen des Crossopriza ressemble à celui de Holocnemus caudatus L. Duf.; il est également ovale et tronqué en arrière, avec l'angle supérieur plus ou moins saillant et obtus, tandis que celui des Smeringopus et Uthina est cylin- drique allongé et arrondi aux deux extrémités. En dessous, l'abdomen de Smeringopus elongatus Vins. offre une grande plaque chitineuse occupant le tiers antérieur de la face ventrale, obtusément tronquée et rebordée au bord postérieur, convexe dans la première moitié, plane dans la seconde, avec les deux plans séparés par une strie transverse, SELS FAMILLE DES PHOLCIDÆ 475 profonde et un peu arquée; cette plaque est moins développée chez S. linei- ventris E. Sim.; dans les Crossopriza, la disposition, plus simple, rappelle celle des Pholcus, la partie antérieure du ventre n’est pas indurée, mais, vers le premier tiers, se remarque la fente génitale, très large et transverse, précédée d’un rebord noir, un peu granuleux et dilaté dans le milieu, et suivie d’un rebord presque semblable, mais membraneux (fig. 465). La patte-mâchoire de la femelle est grêle; son tibia, cy- lindrique, est plus long que la patella; son tarse, très acu- miné, est tantôt de même longueur que les deux articles précédents réunis (Crossopriza), tantôt plus court que le tibia seul (Smeringopus, Uthina). La patte-mâchoire du mâle est semblable à celle des Fig. 465. Holocnemus par la Diroipero et la forme de ses articles; ours lapophyse ele, coEse en Les, est également presque E. Sim. Abdomen droite et atténuée à l'extrémité, où elle est un peu échan- dela femelleen des- Crée et toujours pourvue, à l'angle externe, d’une petite QUES pointe aiguë contournée. Les pattes des Smeringopus sont semblables dans les deux sexes ; celles des Crossopriza offrent, chez le mâle, aux fémurs antérieurs, en dessous, une série d’épines dressées, analogues à celles des Holocnemus. Les-chélicères des Smeringopus mâles ne diffèrent de celles des femelles que par la présence d’une très petite dent située en dessus, à l'extrémité, et dirigée en bas; celles des Crossopriza sont déprimées en avant et ressemblent à celles des Artema, mais elles ne sont pas carénées au bord externe, elles sont armées en avant d'une dent plus longue que celle des Smeringopus et dirigée obliquement en dedans; celles du C. Lyoni BI. offrent de plus, au bord externe, une dent plus forte et divergente, qui manque dans les autres espèces du genre. Le type du genre Simeringopus, qui vit dans l'intérieur des maisons (1), est répandu dans toutes les régions tropicales, aussi bien dans l’ancien que dans le nouveau monde; jen ai décrit une seconde espèce de l’Yemen. Des trois espèces du genre Crossopriza, l’une se trouve en Égypte, une dans l'Arabie méridionale et la troisième dans l'Asie tropicale, de Ceylan à l’Indo-Chine. L’unique espèce du genre Uthina est propre aux iles Philippines. (1) S. (Pholcus) elongatus Vinson a de nombreux synonymes, notamment Ph. tipu- loides L. Koch, distinctus Cambr., margarita Workmann, elc., etc.; il a été autre- fois confondu avec le Pholcus phalangioïdes Fuess. par quelques auteurs, notamment par Doleschall. La meilleure figure qui en ait été publiée est due au Dr Geo, Marx, sous le nom de Pholcus tipuloides, d'après un exemplaire des Bermudes (Proceed. Acad. N. S. Philad., 1889, pl. 1v. fig. 5). LL 476 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES GENERA PAOEULNOCIOPANEEESES ARE RE ARE ecrire MR 2e —ROCUlIISEX EE PEN Aero re Sr PAS ... Uthina. 2. Oculi medii postici spatio interoculari vix minores. Area mediorum circiter æque longa ac lata. Abdomen breviter ovatum postice prominulum. Pedes-maxillares feminæ tarso tibia cum patella haud breviore. Pedes antici maris serrati... ..... ,.. (Crossopriza. — Oculi medii postici spatio interoculari duplo minores. Area me- diorum longior quam latior. Abdomen anguste cylindraceum. Pedes-maxillares feminæ tarso tibia breviore. Pedes mutici...…. Smeringopus. Smeringopus E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1890, p. 98. — Pholcus auct. {ad part.). Oculi quatuor antici lineam recurvam designantes , medii lateralibus saltem 1/3 minores, inter se subcontigui, sed a lateralibus spatio oculo haud vel vix angustiore sejuncti. Oculi postici in lineam minus recurvam, sat parvi et spatio inter medios oculo saltem duplo latiore. Area mediorum, superne visa, longior quam latior. Abdomen angustum, longum et teres. Pedes in utroque sexu mutici. Pedum-maxillarium feminæ tarsus parvus tibia multo brevior et gracilior. Chelæ maris haud depressæ, supra ad apicem, prope radicem unguis, dente simplici parvo instructæ. Typus : S. elongatus Vinson. AR. GEOGR. : Orbis totius reg. trop. Uthina, nov. gen. Oculi sex (medii antici nulli), utrinque laterales trini inter se subcontigui, anticus reliquis major, spatium interoculare oculo interiore haud duplo latius. Cætera Smeringopodis. Typus : U. luzonica E. Sim. (sp. un.) (1). AR. GEOGR. : ins. Luzonia. Crossopriza, nov. gen. — Pholcus Blackw., Cambr. {ad part.). — Artema E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1890, p. 97 (A. prislina). Oculi antici Smeringopodis. Oculi postici majores et minus disjuncti, spatio inter medios oculo haud vel vix latiore. Area mediorum circiter æque longa (1) Cette espèce est inédite, en voici la diagnose : U. luzonica, sp. nov. — Q®. Long. 3,5 mill. — Cephalothorax luridus, parte cepha- lica clypeoque infuscatis, parte thoracica vitta media lata utrinque dentala, notata. Chelæ, partes oris sternumque fusco-olivacea. Abdomen anguste ovatum, cinereum, supra punctis nigris, vittas duas, postice convergentes, designantibus, ornatum. Pedes obscure fulvi, femoribus tibiisque annulo subapicali nigricanti anuuloque apicali minore albido ornatis. Pedes-maxillares olivacei, tarso tibia vix longiore, acuminato. — Manila, FAMILLE DES PHOLCIDÆ 477 ac lata. Abdomen breviter ovatum, postice abrupte declive et plus minus pro- minulum. Pedum-maxillarium feminæ tarsus tibia et patella simul sumptis circiter æquilongus. Pedes antici maris femoribus subtus serratis. Chelæ maris antice depressæ et dente apicali obliquo et interdum dente exteriore marginali, instructæ. Typus : C. pristina E. Sim. AR. GEOGR. : Ægyptus (semicaudata Cambr..) ; Arabia felix (pristina E. Sim.) ; India orient. (Lyoni Blackw.). 5. PRISCULEÆ Les yeux des Priscula diffèrent de ceux des autres Pholcus en ce que les médians postérieurs sont beaucoup plus petits que les latéraux, avec lesquels ils figurent, par leurs centres, une ligne tout à fait droite (fig. 449) ; les yeux antérieurs sont peu séparés, très inégaux et disposés en ligne droite par leurs sommets; le groupe trapézoïde, formé par les quatre yeux médians, est presque aussi long que large. Le céphalothorax ressemble à celui des Artema ; son bandeau, extrêmement haut, est précédé d’une petite bande chitineuse que j’ai décrite dans la pre- mière partie (voy. p. 15, fig. 31). Les chélicères et les pièces buccales sont normales. L’abdomen est très élevé, comme celui des Artema, quelquefois même acu- miné en dessus, comme celui des Argyrodes (P. pæta E. Sim.) (fig. 468); ül A #1" . IN 1) DEA d / Au 466 467 468 Fig. 466. Priscula venezuelana E. Sim. Patte-mâchoire du mâle. — Fig. 467. Priscula paeta E. Sim. Bulbe vu de face. — Fig. 468, Id. Abdomen de profil. offre toujours en dessous, chez la femelle, une grande plaque épigastrique à peu près semblable à celle des Arfema, mais dépassant rarement le milieu de la face ventrale ; si on l’examine chez P. guluris E. Sim. et venezuelana, on trouve les deux pièces géminées antérieures et la pièce médiane en forme de selle, mais la pièce postérieure beaucoup plus courte et réduite à une bande chitineuse. | 478 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES L'abdomen offre de plus, en arrière, au-dessous des filières, deux très petites plaques transverses, arquées, formant un demi-cercle interrompu, et, de chaque côté, une plaque encore plus petite, punctiforme. La patte-mâchoire de la femelle est grêle et la proportion de ses articles est la même que chez les Artema ; celle du mäle est robuste ; le trochanter, petit et appendiculé, n'offre pas d’apophyse en dessous; le fémur est remarquable- ment épais et ressemble à un gros cylindre brusquement et brièvement pédi- culé à la base et pourvu, à ce point, en dessous, d’une petite saillie; la patella, assez large en dessus, s’amincit en dessous; le tibia, beaucoup plus court que le fémur, est d’une forme assez particulière, car il est large à la base, mais très atténué à l'extrémité et plus ou moins courbe; le tarse, très court, porte une longue apophyse externe dirigée en bas, en forme de lanière, avec l’extrémité plus ou moins découpée (fig. 466) ; le bulbe est très variable, celui des Priscula gularis et venezuelana E. Sim. est assez petit, mais prolongé par une très longue apophyse qui ressemble à celle du tarse (fig. 466), tandis que celui de P. pæla E. Sim. est beaucoup plus gros et l’insertion de son apo- physe, qui est longue et cylindrique, est latérale (fig. 467). Les pattes n'offrent point de caractères sexuels. Les chélicères du mâle ont, comme toujours, un dent qui manque à celles de la femelle ; cette dent, qui est assez petite et conique, est située verse milieu de la face antérieure chez P. quluris et venezuelana E. Sim. et au bord externe chez P. pæta E. Sim. Le genre Priscula, qui compose à lui seul ce groupe, est propre à la région andine de l'Amérique du Sud. Une seule de ses espèces est décrite de l'Écuador (P. gularis E. Sim.}, j'en possède deux autres, encore inédites, du Venezuela ; elles se trouvent particulièrement sur les bambous, où elles filent une toile nappiforme bombée, de tissu très lâche, accompagnée d’un grand réseau irré- gulier. Priseula, nov. gen. Cephalothorax clypeusque Artemæ. Oculi quatuor antici fere, in apicibus, lineam rectam formantes, medii minutissimi, lateralibus magnis plus decuplo minores, inter se subcontigui et a lateralibus non late remoti. Oculi quatuor postici, superne visi, in centris, lineam rectam formantes, medii lateralibus fere duplo minores. Area mediorum maxima, longior quam latior. Abdomen altissimum, supra obtusum fere Artemæ vel acuminatum (P. pæta E. Sim.), subtus plaga magna coriacea fere Artemæ munitum. Chelæ maris antice leviter depressæ, ad marginem exteriorem haud carinatæ, sed dente parvo instructæ. Typus : P. gularis E. Sim. ÂR. GEOGR. : Amer. merid. : Venezuela; Ecuador (1). (1) Probablement aussi Guyane et Brésil : P. tigrinus Tacz., et P. altiventer Kevyserl. ?. FAMILLE DES PHOLCIDÆ 479 6. BLECHROSCELEÆ Les espèces de ce groupe sont caractérisées par leurs yeux postérieurs qui, vus en dessus, figurent une ligne courbée en arrière (procurvée), contraire- ment à ce qui a lieu chez tous les autres Pholcides (fig. 450); ces yeux sont égaux ; les antérieurs sont, au contraire, excessivement inégaux, les médians étant souvent plus de dix fois plus petits que les latéraux, disposés en ligne droite par leurs sommets et peu séparés, excepté ceux des Liloporus. Le groupe trapézoïde, formé par les quatre yeux médians, est aussi long que large, excepté celui des Liloporus, qui est beaucoup plus large que long, comme celui des Pholcus. Dans le genre Systenita, les médians antérieurs font défaut, comme chez les Spermophora. Le céphalothorax des Psilochorus ressemble à celui des Priscula ; dans tous les autres genres, il rappelle davantage celui des Pholcus et des Holocnemus. Les chélicères et les pièces buccales n’ont rien de particulier ; le rebord membraneux, arqué, de la pièce labiale, est cependant très réduit, et cette partie parait transverse et tronquée droit au sommet. Les pattes, relativement assez courtes dans le genre Psilochorus, où elles ressemblent à celles des Spermophora, sont, au contraire, d’une excessive longueur dans les autres genres, particulièrement dans les genres Blechros- celis et Litoporus ; celles de quelques Litoporus atteignent jusqu’à 25 et même 30 millimètres de longueur, tandis que le corps en mesure à peine deux. Elles sont mutiques dans les deux sexes, sauf dans une espèce du genre Blechroscelis (B. serripes E. Sim., de Saint-Domingue), où celles de la femelle (et probablement du mâle, qui est inconnu) offrent, en dessus, aux fémurs et aux tibias, une série de petites épines, et celles des Coryssocnemis, dont les fémurs de la deuxième paire seulement sont garnis, en dessous, chez le mâle, d’une série d’épines semblables ; dans ce genre, les fémurs de la deuxième paire sont un peu plus épais que les autres, tandis que dans les mâles des Blechroscelis, dont les pattes sont mutiques, ce sont les fémurs de la troisième paire, qui sont un peu plus épais que leurs voisins, un peu fusi- formes et généralement d’une coloration différente. Les mâles des Psilochorus, qui ressemblent à des Leptonetides (surtout à des Telema), ont les fémurs épais et fusiformes, surtout ceux de la première et de la troisième paire. La forme de l’abdomen est très variable; dans le genre Psilochorus, il est ordinairement globuleux ou très élevé, comme celui des Priscula; dans tous les autres genres, il est ovale, plus ou moins long, rarement extrêmement long et cylindrique; celui du Mecolæsthus longissimus E. Sim., qui est dans ce cas, a cela de remarquable que son pli épigastrique, accompagné des stig- mates et de la plaque génitale, est extrêmement reculé, surtout chez le mâle, et situé au milieu de la face ventrale, à égale distance du pédicule et des filières (fig. 469). Dans beaucoup d’espèces, l’abdomen de la femelle offre, en dessous, une grande plaque épigastrique, qui ressemble à celle des Priscula; cette plaque atteint son maximum de développement chez Psilochorus pullulus Hentz (fig. 470 480 HISTOIRE NATURELLE DES ABAIGNÉES et 471), où elle est très convexe et abaïissée verticalement au bord postérieur, qui atteint presque les filières; celle de Blechroscelis Midas E. Sim. est atté- nuée et saillante au bord postérieur et, de plus, coupée d’un pli longitudinal profond, elle ressemble ainsi à celle de certains Linyphia ; dans une espèce, que je rapporte avec doute au genre Coryssocnemis (C. uncata E. Sim.), l'épigyne dont je donne la figure (fig. 472) ressemble complètement à celle d'un 4r- giopides, on y distingue un scape en forme de gros tubercule pres- que carré et un fin crochet di- rigé en arrière; dans beaucoup d’espèces des genres Blechros- celis et Litoporus (notamment L. coccineus E. Sim.), on remar- que, en avant des filières, une seconde plaque assez grande, parallèle ou trapézoïde, qui est surtout développée chez les mâles (fig. 473). 469 470—471 472—473 £ -mâ j a = Fig. 469. Mecolaesthus longissimus E. Sim. Abdomen en Le jai éco n. ie dessous. — Fig. 410. Psilochorus pullulus Hentz. melle est semblable à celle des Abdomen de profil. — Fig. 471. Id. Idem en dessous. Priscula ; celle du mâle est — Fig. #12. Coryssocnemis wncata E. Sim. Epigyne de courte et trapue ; le trochanter, profil. — Fig. 413. Liloporus coccineus E. Sim. Ab- petit et appendiculé , est dé- domen en dessous. 2 pourvu d’apophyse; le fémur est très épais ; celui des Blechroscelis et Litoporus est court et plus ou moins AT4 Cyb) 476 477—478 479 Fig. 474. Psilochorus pullulus Hentz. Patte-mâchoire du mâle. — Fig. 475. Id. Chélicère du mâle. — Fig. 416. Coryssocnemis callaica E. Sim. Patte-mâchoire du mâle. — Fig. 411. Blechros- celis. E. Sim. Patte-mächoire du mâle. — Fig. 478. Id. Chélicères du male vues en avant. — Fig. 419. Litoporus aerius E. Sim. Chélicères du mâle vues en avant. convexe ou gibbeux en dessous (fig. 477); tandis que celui des Psilochorus et Systenita est longuement pédiculé en forme de massue (fig. 474); celui des ù 4 2. FAMILLE DES PHOLCIDÆ 1841 Mecolæsthus et Coryssocnemis est convexe en dessus et concave en dessous, avec les deux extrémités, surtout la supérieure, fortement saillantes et aiguës ; dans ces deux genres, le bord antérieur des lames offre, près de la base, une saillie obtuse (fig. 476); la patella, plus ou moins large en dessus, s’amincit en° dessous ; le tibia est presque aussi long que le fémur, plus long même chez quelques Blechroscelis, ovale, souvent un peu déprimé en dessus ; le tarse, très court, porte une longue apophyse externe, très variable selon les espèces, mais toujours dirigée en bas, tantôt presque droite (Psilochorus, Coryssocnemis), tantôt plus ou moins courbe (Blechroscelis, Litoporus) ; le bulbe n'est pas moins variable et il affecte, dans un même genre, les formes les plus diverses. Les chélicères du mâle sont armées d’une dent dont la situation est variable, selon les genres et les espèces ; dans les genres Mecolæsthus et Coryssocnemis, elle est implantée sur la face antérieure dans la seconde moitié; dans les der- niers seulement, elle est accompagnée de dents plus petites et de granulations ; elle est, au contraire, implantée au bord externe dans le genre Psilochorus, où elle est généralement longue et hamiforme {fig. 475) (1); dans le genre Blechroscelis et quelques espèces du genre Litoporus (L. coccineus E. Sim.), elle est située tout à fait au bord interne et connée à celle du côté opposé; elle prend souvent naissance près la base de la chélicère, se prolonge presque jusqu'à son extrémité et se recourbe un peu en avant (fig. 478); dans d'autres Litoporus [L. aerius E. Sim. (fig. 479) ], la dent est très petite et située vers le milieu, mais elle est précédée d’une carène chitineuse élevée et transverse, dont le bord est un peu recourbé et serrulé; tandis que les chélicères du Systenita prasina E. Sim. sont dépourvues de dent, mais armées, à la base, au côté interne, d'une grosse carène oblique, surmontée de quelques petites épines obtuses. Le groupe des Blechrosceleæ est nombreux, mais quelques-unes de ses espèces seulement ont été décrites. Le genre Psilochorus est le seul qui ait à la fois des représentants dans l’ancien et le nouveau monde, le Pholcus sphæroides L. Koch, d'Australie, me paraît lui appartenir; j’en ai trouvé une autre espèce (inédite) à Ceylan; dans PAmérique du Nord, il est représenté par le P. pullulus qui, d'après Hentz, vit dans l'intérieur des maisons, et le P. cornutus Keyserl.; j'en ai trouvé plu- sieurs espèces au Venezuela (2) et j'en possède d'autres de l’Écuador, du Brésil et du Chili; tous les autres genres sont exclusivement américains ; les genres Mecolæsthus et Systenita ne renferment chacun qu’une seule espèce propre au Venezuela ; les genres Blechroscelis (3), Litoporus et Coryssocnemis sont représentés au Venezuela, en Colombie, au Brésil et dans les Antilles (B. serripes E. Sim.). (1) Dans une espèce inédite de ce genre, elle manque complètement. (2) Parmi lesquelles se trouve sans doute l’espèce de Curacoa, indiquée par van Hasselt sous le nom de Pholcus pullulus Hentz (Tijdschr. v. Entom., XXX, p. 233). (3) Le Pholcus annulipes Keyserl. appartient sûrement au genre Blechroscelis; je lui rapporte avec doute le Pholcus globosus Nicolet et le Pholcus pallidus Blackwall. 31 a 182 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES GENERA 1. Oculi transversim late separati et area mediorum, ut in Pholco, multo lationquamAlonciors re CRNECTE EPP Nr 202 — Oculi minus separati et area mediorum haud vel vix latior quam lonsiorisepe panloloneion PE PP PRE PRE CEE PR EerE Ar 3. DaOeul sex MO aAPeNRrE, Nr RS UT be. CR ARE Systenita. = ROCUlL OCTO FL AMCEERNLE EE ENREPNEE AE DE C'HRE HE CP RRRERE Litoporus. 3. Oculi quatuor antici inter se subcontigui et lineam procurvam formantes. Chelæ maris, ad marginem exteriorem, dente longo uncato et divaricato fere semper munitæ............. Psilochorus. — Oculi quatuor antici apicibus lineam rectam formantes, medii a lateralibusiplus minusiSéparati COMME PME CEE RER 4. 4. Oculi quatuor postici, superne visi, in lineam subrectam. Abdomen longissimum et teres, plagula genitalis spiraculaque medium ventris occupantia ..... IR EMENTR, HR ANNUAIRE Mecolæsthus. — Oculi quatuor postici, superne visi, in lineam procurvam........ 5. 5. Abdomen valde convexum Artemæ, plaga genitalis feminæ me- dium ventris attingens. Pedes 2i paris maris femoribus reliquis paulo robustioribus et subtus biseriatim serratis... Coryssocnemis. — Abdomen oblongum Pholci, plaga genitalis feminæ brevior basin ventris plerumque occupans. Pedes 3i paris maris femoribus RONoUNS DaNIO HOMENONINMEIME TRRMRE oo Blechroscelis. NMecolæsthus, nov. gen. À Priscula differt clypeo humiliore, oculis posticis inter se æquis et lineam leviter procurvam designantibus, area mediorum saltem æque lata postice ac longa, abdomine longissimo et tereti, subtus rima, plagula genitali minore, spiraculisque prope medium ventris sitis. Chelæ maris antice leviter depressæ et dente parvo submedio (haud marginali) instructæ. Tyeus : M. longissünmus E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : Venezuela. Psilochorus, nov. gen. — Theridion Hentz, Bost. Journ. Nat. Hist., VI, 1850, p. 35 (ad part. T. pullulum). — Pholcus L. Koch, Ar. Austr., 1872, p. 283 {ad part. P. sphæroides). Cephalothorax clypeusque Prisculæ. Oculi quatuor antici inter se subcon- tigui et lineam procurvam formantes, medii lateralibus multo minores. Oculi quatuor postici in lineam leviter procurvam, medii lateralibus paulo majores. Oculi quatuor medii aream magnam, paulo latiorem (postice) quam longiorem, occupantes. Abdomen globosum, plaga genitalis feminæ maxima et altissima.. Chelæ maris, ad marginem exteriorem, dente longo, acuto et uncato plerum- que instructæ. Typus : P. pullulus Hentz. AR. GEOGR. : America sept. et merid.; India orient. ; Oceania. FAMILLE DES PHOLCIDÆ 183 Coryssoenemis, nov. gen. Cephalothorax oculique fere Psilochori, sed oculis quatuor anticis in apicibus lineam rectam formantibus. Abdomen subglobosum, plagula genitali feminæ fere Prisculæ sed minore et dimidium ventris tantum occupante. Pedes maris valde singulares, femoribus 2 paris anticis paulo crassioribus, leviter angu- losis et subtus biseriatim serratis. Chelæ maris antice plurigranosæ et dente submedio, intus inflexo, instructæ. Typus : C. callaica E. Sim. AR. GEOGR. : Amer. merid. : Venezuela, Brasilia, Peruvia. Blechroscelis, nov. gen. — Pholcus Keyserl., Verh. z. b. Ges. Wien, 1877, p. 206 {ad part. P. annulipes). Cephalothorax oculique fere Psilochori sed oculis quatuor anticis apicibus lineam plerumque rectam designantibus et mediis anticis minutissimis, à lateralibus distinctius separatis. Area mediorum magna, haud vel vix longior quam latior. Abdomen longe ovatum, rarius subglobosum, plaga genitalis feminæ variabili, dimidium ventris rare superante. Pedes mutici, breviter pilosi, rarissime serrati (in B. serripedi E. Sim. @, femoribus supra biseriatim tibiis uniseriatim aculeatis), in mare femoribus tertii paris reliquis robustio- ribus, et versus apicem sensim incrassatis. Chelæ maris extus muticæ sed intus, ad marginem interiorem, calcare depresso, infra directo et contiguo, insigniter instructæ. Tyeus : B. annulipes Keyserl. AR. GEOGR. : America tropica et antillana. Litoporus, nov. gen. À Blechrosceli differt oculis minoribus et transversim latius remotis, mediis anticis inter se contiguis sed a lateralibus late distantibus, area mediorum trapeziformi, ut in Pholco, multo latiore postice quam longiore. Abdomen bre- viter ovatum, subglobosum. Pedes cuncti subsimiles et filiformes. Chelæ maris antice dente interiore ut in Blechrosceli instructæ (L. coccineus E. Sim.) vel prope basin carinula transversa munitæ. Typus : L. aerius E. Sim. AR. GEOGR. : America tropica. Systenita, nov. gen. À Litoporo, cui affinis est, differt oculis tantum sex, ut in Spermophora, utrinque tribus mediocribus et subæquis, semicirculum intus apertum forman- tibus, postico pone medium sito. — Abdomen longe oblongum. Tyrus : S. prasina E. Sim. (sp. un... AR. GEOGR. : America merid. : Venezuela. L8L HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES 7. MODISIMEÆ Les yeux des Modisimus ne sont pas séparés en deux groupes, comme ceux des autres Pholcides ; ils sont rapprochés et élevés sur une saillie fron- tale commune, souvent très haute, surtout chez les mâles, et cylindrique en forme de colonne tronquée (fig. 482) ; ces yeux, qui sont gros et très convexes, sont presque toujours au nombre de six; quelques espèces du genre Modisimus offrent cependant, dans l'intervalle des antérieurs, deux très petits yeux mé- dians punctiformes qui manquent dans les autres espèces. Dans le genre Mo- disimus, les yeux postérieurs, qui sont gros et égaux, figurent une ligne arquée ] É [| £ | 480 A81 482 483 A84 Fig. 480. Modisimus glaucus E. Sim. Patte-mâchoire du mâle. — Fig. 481. Id. Yeux vus en dessus. — Fig. 482, Id. Céphalothorax de profil. — Fig. 483. Hedypsilus culicinus E. Sim Yeux vus en dessus, — Fig. 484, Id. Patte-mâchoire du mâle. en avant, l’intervalle des médians est à peine égal à leur diamètre; les yeux antérieurs, un peu plus gros que les autres et resserrés, sont assez largement séparés des postérieurs, de sorte que l'aire oculaire est, dans son ensemble, tra- pézoïde, plus étroite en avant qu’en arrière, et d’un tiers seulement plus large que longue (fig. 481). Les yeux postérieurs des Hedypsilus sont, au contraire, en ligne arquée en arrière, comme ceux des Blechroscelis, et les médians, plus gros que les latéraux, ne sont séparés que par un espace beaucoup plus étroit que leur diamètre ; les antérieurs, qui touchent aux latéraux postérieurs, sont eux-mêmes très resserrés, de sorte que l’ensemble de l’aire oculaire a la forme d'un petit ovale transverse (fig. 483). Le bandeau, les chélicères et les pièces buccales diffèrent à peine de ceux des Blechroscelis, mais le sternum est plus largement tronqué en arrière que chez tous les autres Pholcides, et les hanches postérieures sont très largement disjointes. La patte-mâchoire de la femelle est petite et grêle; son tarse, acuminé, est au moins aussi long que la patella et le tibia réunis. L’abdomen, ovale, court et convexe, offre, en dessous, au milieu, à égale distance du pédicule et des filières, une grande plaque coriacée, trapézoïde et convexe. La patte-mâchoire du mâle est, comme toujours, très robuste ; le trochanter, pelit et appendiculé, est un peu saillant en dessous à l’extrémité, mais non prolongé en apophyse; le fémur des Modisimus est aussi large que long, très convexe en dessous, où il est pourvu d'une grosse dent subaiguë un peu FAMILLE DES PHOLCIDÆ 485 arquée en haut (fig. 480); tandis que celui des Hedypsilus est plus long, un peu concave en dessous, dans le milieu, mais pourvu, à la base, d'une petite saillie obtuse et à l’extrémité d’une saillie beaucoup plus grosse, également obtuse (fig. 484) ; la patella est petite et de même forme que celle des Pholcus; le tibia est long, épais, mais peu renflé, il est presque cylindrique et même un peu déprimé en dessus ; l’apophyse tarsale est très longue ; celle des Modisimus est assez grêle, aiguë, légèrement lancéolée et arquée dans la seconde moitié, tandis que celle des Hedypsilus est très épaisse et tronquée à l’extrémité (fig. 484). Les mâles se distinguent, en outre, des femelles par leur protubérance ocu- laire plus longue, et pourvue, au moins chez les Modisimus, de deux petites saillies arrondies, situées en arrière des yeux médians antérieurs (fig. 481). Les chélicères des Modisimus offrent, chez le mâle, en avant, vers le tiers basilaire, une petite carène oblique, garnie d'une série de crins spiniformes courbes dirigés en bas (fig. 485), tandis que celles des Hedypsilus n’offrent qu'une très petite dent simple, située vers le milieu et près le bord externe, mais le bandeau des Hedypsilus présente, de plus, une longue pointe sétiforme, prenant naissance un peu au-dessus de son bord antérieur, dirigée en bas, légèrement courbe et se terminant en pointe effilée Fig. 485. Modisimus glaucus E. Sim. L’une entre les chélicères (fig. 486). des chélicères du mâle vue en avant. — 485 486 Fig. 266. Hedypsilus culicinus E. Sim. Les Modisimeæ sont de teinte verdâtre, PR mêle vues en avant et tige Ju, céphalothorax est orné de bandes rayonnantes et leur abdomen de taches sériales obscures ; les Modisimus sont de taille moyenne, tandis que les Hedy- psilus, qui sont petits, ressemblent beaucoup à des Ochyrocera. Le genre Modisimus ne renferme qu'une seule espèce propre aux Antilles, je la possède de Saint-Domingue, de Saint-Thomas et de la Jamaïque; le genre Hedypsilus est propre au Venezuela, j'en ai décrit une espèce de l'Ore- noque et j en ai trouvé une seconde à Caracas. GENERA Oculorum linea postica, superne visa, recurva. Oculi antici a posticis Lis dejumenl sa ie RCE AENe RSR AR tee Ne nn us Modisimus. Oculorum linea postica procurva. Oculi cuncti inter se contigui. Hedypsilus. Modisimus, nov. gen. Area oculorum valde prominula. Oculi sex vel octo (medii antici minutis- simi vel nulli), duo antici maximi inter se parum separati, et quatuor postici ab anticis bene separati, inter se subæquales et lineam recurvam designantes, spatio interoculari oculo saltem haud latiore, Sternum paulo latius quam longius, postice latissime truncatum. Tyeus : M. glaucus E. Sim. (sp. un... ÂR. GEOGR. : Antillæ. 486 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Hedypsilus, nov. gen. Cephalothorax paulo latior quam longior, parte cephalica parva, valde pro- minula et verticali. Oculi sex, inter se contigui, aream ovato-transversam occupantes, quatuor interiores exterioribus majores. Clypeus verticalis area oculorum latior, sub oculis anticis leviter excisus, in mare spinam setiformem gerens. Cætera fere Modisimi. Typus : H. culicinus E. Sim. AR. GEOGR. : America merid. : Venezuela. 2e Sous-famille NINETIDINÆ Le genre Ninelis, pour lequel j’ai proposé cette sous-famille, renferme les Pholcides les plus amoindris. Le céphalothorax de ces très petites Araignées, qui ressemblent à des Oonopides, diffère complètement de celui des Pholcides ordinaires ; il est dé- pourvu de strie et d'impressions, ovale large, assez convexe, au moins chez le mâle, et atténué en avant, où il est obtus. Le groupe oculaire, qui occupe presque toute la largeur du front, se compose de huit yeux : de chaque côté, trois yeux assez gros et contigus, disposés en triangle, comme ceux des Pholcus, et deux yeux médians extrêmement petits, occupant le milieu du groupe et touchant aux latéraux (fig. 487). 489 487 Fig. 481. Ninetis sublilissima E. Sim. Yeux vus en dessus.— Fig. 488. Patte-mâchoire du mâle. Fig. 489. Chélicère de profil. Le bandeau, qui n’est pas beaucoup plus large que l’aire oculaire, est plan et légèrement incliné en avant. Le sternum est grand, convexe, visiblement plus long que large, atténué obtus en arrière entre les hanches postérieures, qui sont séparées environ de leur longueur. Les pattes sont plus courtes que celles des autres Pholcides et les posté- rieures sont un peu plus longues que les antérieures ; elles sont également fines aux extrémités, mais leurs fémurs sont relativement plus robustes et un peu comprimés, comme ceux des Oonopides, surtoui chez les mâles. Les chélicères, les pièces buccales ét les organes sexuels sont normaux pour la famille. | FAMILLE DES PHOLCIDÆ 487 L'abdomen est très convexe et les filières ramenées en dessous ne laissent qu'un plan ventral assez court qui est occupé, en grande partie, par une pièce chitineuse rougeâtre et semi-circulaire, analogue à celle des Psilochorus et suivie d’une bande transverse de même nature. La patte-mâchoire du mâle est courte et robuste ; son trochanter est petit et mutique; son fémur claviforme; sa patella courte; son tibia gros et presque globuleux ; son tarse petit, pourvu, au bord antérieur, de quelques soies et, à l'angle externe, d’une apophyse relativement assez courte, simplement conique aiguë; son bulbe, assez gros, émet deux pointes inégales, divergentes et arquées (fig. 488). Comme chez tous les Pholcides, les chélicères du mâle diffèrent de celles de la femelle ; elles sont très atténuées à l'extrémité, mais un peu saillantes à la base, où elles sont armées chacune, en avant, d’une longue dent aiguë un peu courbe (fig. 489). Le Nünetis subtilissima E. Sim. est, avec l'Orchestina Pavesii E. Sim., la plus petite Araignée connue; il ressemble, par son faciès et sa coloration, entiè- rement d’un fauve pâle, à un Oonopides, particulièrement à un Orchesbina ou un Salsula. Je l’ai trouvé à Aden, sous les pierres et dans les fissures de rochers. La femelle porte ses œufs dans ses chélicères à la manière des Pholcus, mais ses œufs sont relativement très gros et très peu nombreux ; on n’en compte ordinairement que deux ou trois, retenus en paquet par quelques fils. Ninetis E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1890, p. 95. Cephalothorax breviter ovatus, sat convexus, nec impressus nec striatus, antice leviter attenuatus atque obtusus. Area oculorum compactilis, utrinque oculi laterales tres contigui, figuram triquetram designantes, anticus reliquis paulo major et oculi medii minutissimi, medium aream occupantes, a latera- libus haud separati. Clypeus area oculorum non multo latior, planus et oblique proclivis. Sternum magnum, convexum, ovatum, longius quam latius, postice attenuatum atque obtusum; spatium inter coxas posticas articulo haud latius. Partes oris chelæque Pholci. Pedes gracillimi et sat longi sed femoribus leviter incrassatis et compressis. Chelæ maris antice ad basin longe unidentatæ. Typus : N. subltilissima E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : Arabia felix. 26. Famille THERIDIIDAE Avec les Theridion commence la longue série d’espèces que les anciens auteurs appelaient sédentaires, par opposition aux vagabondes et chasseresses, parce qu’au lieu de poursuivre leur proie, elles tendent des toiles pour la retenir et l’attendre à l’affût ; ces Araignées seront ici réparties dans les quatre familles des Theridiides, Mimetides, Archeides et Argiopides qui offrent un grand nombre de caractères communs. Comparées aux familles étudiées précédemment, les Araignées sédentaires, prises dans leur ensemble, diffèrent des Drassides, des Palpimanides, des Her- siliides, des Urocteides et des Zodariides par leurs filières d’égale longueur, pré- cédées d’un colulus et très resserrées en petit groupe circulaire, avec les inférieures plus épaisses que les autres, contiguës, à troncature ovale ou arrondie, coupée, au côté interne, d'une petite échancrure à rebord chitineux, avec les médianes très comprimées et situées entre les supérieures, qui sont légèrement disjointes, de même longueur et de même forme que les inférieures, mais tou- jours un peu moins épaisses, à troncature ovale et oblique (1); elles diffèrent encore des Drassides par leurs tarses pourvus de trois griffes pectinées, > Fig. 490. mais manquant de scopula et de fascicules, et Situation des filières d’une Arai- leurs chélicères, dont la marge supérieure est tou- gnée sédentaire. jours dépourvue de scopula ; des Zodarüides par la présence d’une serrula submarginale à la face inférieure des lames. Elles sont plus voisines des Pholcides, dont elles ont presque les filières (2), mais leurs pièces buccales sont différentes, car leurs lames ne se rencontrent jamais (1) Le nombre et la disposition des fusules varient un peu selon les groupes, mais la situation et la proportion des filières restent les mêmes dans toute la série, et je renvoie le lecteur à la description que j'en ai donnée dans la première partie (p. 33). La figure 490 représente schématiquement ces filières vues perpendiculairement : Fi sont les inférieures ; Fm, les médianes ; Fs, les supérieures ; C, le colulus ; T, le tuber- cule anal. D’après Apstein, les Araignées sédentaires possèdent, en plus des autres Araignées, un type spécial de glandes séricigènes qu'il appelle glandes agrégées, qui manquent cependant chez les Pachygnatha, et le groupe des Theridion (Theridion, Steatoda) possède en propre un autre type de glandes qu'il appelle glandes lobées. (2) Quant à leur disposition générale, car les filières des Pholcus sont beaucoup moins riches en fusules. N° 2 (p. 257 à 488), paru le 15 novembre 1893. i ; we 4 FAMILLE DES THERIDIIDÆ 489 complètement en avant de la pièce labiale qui est libre, sauf de très rares exceptions (Argyrodes, Ariumnes); le lorum supérieur de leur pédicule est formé d'une seule pièce (et non de deux lanières longitudinales) ; leur stig- mate trachéen antémamillaire est presque toujours apparent; leurs organes sexuels, au moins ceux du mâle, sont tout autres que ceux des Pholcus, l’in- sertion du bulbe notamment n'est jamais terminale comme chez ceux-ci. Mais toutes les Araignées sédentaires sont étroitement unies entre elles et les organes, qui, dans les familles précédentes, fournissent en grande partie les caractères primaires, tels que les griffes, les yeux, les filières, etc., y sont très uniformes, d'où vient la difficulté de leur répartition en familles uatu- relles. À défaut de caractères anatomiques, les anciens auteurs avaient été frappés des différences que présentent les toiles construites par ces Araignées et leur division en deux groupes, sous les noms de réfitèles et d'orbitèles, selon que leur réseau est irrégulier ou régulier, remonte très haut : les genres Theridion Walck. et Linyphia Latr. sont les plus connus de la série des rétilèles, tandis que le genre Epeira (Araneus) Walck. est le type de celle des orbitèles. Les Araignées dites rétitèles ont été pour la première fois isolées, comme famille spéciale, sous le nom de Theridiidæ, par Sundevall, en 1833 (Consp. Arachn.); il y comprenait les genres que les auteurs modernes y placent encore aujourd’hui, plus les Pachygnatha, Dictyna, Pholcus et Enyo (Zodarion). C. Koch admit cette famille, mais en y introduisant les éléments les plus disparates, tels que des Drassides, des Urocteides, des Clubionides, etc., et il divisa le tout en cinq groupes ou sous-familles qui ne reposent absolument sur rien (Ueb. Ar. Syst., V, 1850). Blackwall répartit les Theridiides en deux familles basées uniquement sur la forme de la toile ; l’une renfermant les Theridion et les Pholeus, qui construisent une toile à mailles larges et irrégulières, l'autre (Linyphiidæ) les Linyphia, Walckenuera et Neriene dont la toile se compose d’un réseau irrégulier et d'une nappe horizontale de tissu plus serré (Spid. of Gr. Brit., IT, p. 175-210). Menge adopta ces deux familles sans les caractériser davantage, mais en leur donnant une autre composition, car, pour lui, les Walckenaera et Neriene (Erigone), que Blackwall rapportait à ses Linyphiidæ, sont, au contraire, des Theridiidæ ; Menge rapportait de plus, à cette dernière famille, les Dictyna, Lethia (Dictynidæ) et même les Hahnia (Agelenidæ), mais il fut mieux inspiré en en séparant les Pachygnatha, sans cependant avoir saisi les étroites affinités que présentent ces derniers avec les Tetragnatha (Preuss. Spinn., I, p. 94, 100 et 146). Thorell ne propose aucune subdivision dans la famille des Theridiides, qui comprend pour lui tous les genres qu'y avait placé Sundevall, moins cepen- dant les Dictyna et les Pholcus (Eur. Spid., p. 73). Dans sa classification anatomique, Bertkau admet, à l'exemple de Menge, une famille des Pachygnathidæ (comprenant aussi les Tetragnatha) caractérisée par la situation de l’orifice génital et la structure des poches copulatrices, et aussi une famille spéciale pour les Micryphantes (Erigone et genres voisins), 31 0 490 HISTOIRE NATURELLE DES APAIGNÉES dont le système trachéen serait plus developpé que celui des Theridides ty- piques ; mais ce caractère, d'une constatation le plus souvent impossible, n'a été vérifié par l’auteur que pour un très petit nombre d'espèces, et il ne répond à rien de naturel (1). Enfin, W. Wagner, dans un essai de classification, malheureusement fort incomplet, reposant uniquement sur la structure de l’organe copulateur du mâle (2), sépare comme famille les Linyphia des Theridion, résultat auquel je suis arrivé pour des raisons différentes. Dans mes Arachnides de France, j'ai réparti les Araignées sédentaires en deux familles : les Epeirides et les Theridiides, dont la seconde correspond à celle de Thorell (moins les Pachygnatha). Mais l’étude des formes exotiques, très nombreuses, montre que la famille des Theridiides, ainsi constituée, est absolument hétérogène, impossible à caractériser et que beaucoup de ses genres (Linyphia, Erigone, etc.) sont au fond beaucoup plus voisins des Araneus (Epeira) et surtout des Meta, que des Theridion ; d'un autre côté, les genres Ero et Mimetus, ordinairement classés parmi les Theridion, paraissent mériter de former une famille spéciale, près de laquelle viendra se placer celle des Archeides, dont je äiscuterai plus loin les affinités. La famille des Theridiides, que j'étudierai en premier, parce qu’elle me paraît se relier à celle des Pholcides, correspond à mes anciennes sections des Argyrodinæ et des Theridiinæ, plus les deux genres Enoplognatha et Peda- nostelhus, que je rapportais alors au groupe des Erigone, et les genres exotiques Tetrablemma Cambr. et Paculla E. Sim. (Phædima Thorell), que les auteurs ont décrits comme appartenant à d’autres familles. Moins le genre Nesticus Thorell, et les genres exotiques Tecmessa et Oquinius Cambr., Amazula Keyserl., Nicodamus E. Sim. (Centropelma L. Koch, Ozaleus Thorell), dont je parlerai plus loin. Ces Araignées sont essentiellement caractérisées par la structure de leurs chélicères, de leurs pièces buccales et de leurs organes sexuels chez les mâles. Les chélicères, généralement étroites, cylindriques ou acuminées, sont dé- pourvues de tache basale ; leur troncature est très courte ; la marge supérieure est tout à fait transverse et souvent même saillante à l'angle où elle est mu- tique ou pourvue d'une dent rappelant celle des Pholcides, quelquefois même, mais plus rarement, une ou deux petites dents secondaires existent entre l'angulaire et la base du crochet; quant à la marge inférieure, elle est indis- tincte et mutique, elle ne présente que très rarement une petite dent granuli- forme ; la face inférieure de ces chélicères est garnie de quelques poils, géné- (1) J'ai fait la même remarque à propos des familles des Dictynides et des Amau- robiides proposées par Bertkau dans le même ouvrage (voy. p. 231). (2) Copulationsorg. d. Männch. als Criter. f. Syst. Spinn., in. Hor. Soc. Ent. Ross., XXII, 1889. FAMILLE DES THERIDIDÆ 491 ralement disposés en une seule ligne longitudinale, faisant suite à l'insertion du crochet (fig. 492). La pièce labiale, de forme très va- riable, est plane, non rebordée (sauf exceptionnellement et peu distincte- ment dans le groupe des Argyrodes). Le rostre est plan ou très peu convexe, jamais cariniforme, mar- qué vers le milieu d’une strie trans- verse, membraneux, mais souvent pourvu, dans le fond, de deux pe- tites plaques chitineuses, très visi- bles dans le groupe des Asagena; glabre en dessus, mais bordé de chaque côté, dans sa partie termi- nale, atténuée et acuminée, d'une longue frange de poils se terminant en pinceau à l’extrémité (fig. 491). Les lames sont toujours plus ou moins convergentes en avant de la pièce labiale, qu’elles dépassent plus ou moins, très obtuses à l’extrémité et arrondies au côté externe, qui ne forme jamais d'angle bien sensible ; leur face interne, plane, est pourvue d’une fine serrula externe submarginale assez longue, leur extrémité interne est garnie d’une scopula qui n’en occupe pas toute la lar- geur et qui figure presque toujours une bande étroite et oblique. 491 Latrodectus. — Fig. 491. Pièces buccales par la face interne. — Fig. 492. Chélicère en dessous. Les pattes des Theridiides, presque toujours fines, au moins aux extrémités, sont presque toujours dépourvues de véritables épines ; elles sont immédiate- ment reconnaissables à leurs tarses de la quatrième paire qui sont pourvus, au côté interne, un peu en dessous, d’une série de 6 à 10 crins très forts, divergents et courbes, régulièrement unisériés et diminuant gra- duellement de longueur de la base à l’extré- mité (fig. 493). Leurs griffes sont presque toujours portées sur un petit article unguifère ou onychium; elles sont presque toujours remarquables par la grande longueur de la griffe impaire qui atteint souvent et excède même parfois celle des griffes supérieures. Dans quelques genres (Pholcomma, etc.), les griffes sont mutiques. La patte-mâchoire du mâle diffère de celle des autres Araignées sédentaires ; sa patella et son tibia sont toujours mutiques; celui-ci, étroit à la base, se dilate plus ou moins à l’extrémité, surtout en dessous où il s'avance en palette ciliée sous la base du tarse et même du bulbe {fig. 494 T); son tarse est de- pourvu de lu branche externe accessoire qui manque rarement dans les familles suivantes, mais son bord externe présente presque toujours vers le milieu une dilatation obtuse, quelquefois même un denticule (Lithyphantes), qui la représente peut-être à l'état rudimentaire (fig. 494 S); l’alvéole n'atteint jamais son extrémité, et son bord apical est armé d'une dent rentrante qui Fig. 493. Spintharus. Tarse de la 4e paire. 492 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES n'existe chez aucune autre Araignée (fig. 494 D). Le bulbe lui-même, ordinai- rement peu saillant, est de forme variable; son stylus, qui débouche entre ‘ deux saillies terminales, est tantôt court, tantôt très long, avec une partie exserte roulée en spirale. Tous les autres caractères sont variables, n’ont rien d’exclusif et se retrouvent plus ou moins dans les fa- milles suivantes ; on peut dire seulement que le cépha- lothorax, presque toujours plus long que large, est ré- 5 tréci et souvent élevé dans la partie céphalique; que les yeux, peu inégaux, sont disposés en deux lignes transverses et très nettement hétérogènes, les médians antérieurs étant seuls du type diurne ; que le bandeau est aussi large ou plus large que le groupe oculaire, et presque toujours plan et vertical. L’organe stridulatoire, que j'ai décrit dans la première partie de cet ouvrage (p. 40), existe dans toutes les Fig. 494. espèces dont j'ai formé le groupe des Asageneæ, et à Theridion. Patte-mâchoire l’état rudimentaire dans le genre Pholcommu. du mâle, le bulbe en- levé (T tibia; D dent Les Theridiides sont, à part quelques exceptions, des apicale de l'alvéole; S A rajonées sédentaires, filant une toile pour arrêter leur saillie du bord externe). SAT k proie, s’accoupler et déposer leurs cocons. Leurs fils sont fins, simples et brillants; ils n’offrent jamais les gouttelettes de ceux des Argiopides ; la toile qu’ils forment n'est jamais orbiculaire, elle se compose ordinairement de larges mailles irrégulièrement entrecroisées, mais beaucoup d'espèces construisent au milieu même de leur toile une retraite plus ou moins complexe, rarement permanente, ne servant ordinairement qu’au moment de la ponte pour protéger les cocons. Les Theridiides se tiennent toujours au milieu de leur toile, la face ventrale en haut; pour échapper à leurs ennemis, ils se laissent tomber en rapprochant leurs pattes, sans se suspendre à un fil. Quelques-uns vivent en parasites sur les mailles d’autres Araignées et pro- fitent du travail de leur hôte. Les cocons sont nombreux, presque toujours arrondis et formés d’une bourre floconneuse, plus rarement enveloppés d’un tissu papyracé, plus rare- ment encore pédiculés. Aucun caractère constant ne permet de diviser la famille des Theridiides en sous-familles, mais, pour en faciliter l’étude, je répartis ses genres nom- breux en dix-huit groupes qui se fondent plus ou moins les uns dans les autres. TABLEAU DES GROUPES (1) 1. Ungues tarsorum pectinati. ...... Lie] — Ungues tarsorum mutici (vel fere mutici)....... RE T LEE 15. (1) Les caractères donnés dans ce tableau, uniquement destiné à faciliter les déter- ninations, sont essentiellement artrficiels, aussi le rapprochement des groupes n'y FAMILLE DES THERIDIIDÆ 193 2, Abdomen {saltem in mare) organo stridulante munitum.. OI EDS ARMÉE EE AMEL Ar I ARE ARR MA PS (15) Asageneæ. ee /bdomen orsano.stridulante carens..,-......:.............. Se 3. Abdomen longe pediculatum, cephalothorax postice valde atte- nuatus et Coxas posticas plus minus superans.... (3\ Hetschkieæ. — Abdomen breviter pediculatum (1). Cephalothorax normalis . ... 4. 4. Ungues superiores tarsorum fere usque ad apicem dentibus nu- HÉROS UIATITE PSeTId US TRUITE. LUS NACRE 5. — Ungues superiores tarsorum, in parte basali, dentibus paucis logis Et Cie MERE EE EEE PAC Are 6. 5. Oculi sex vel quatuor. Abdomen valde scutatum. Tarsi pedum MEDAL SI NALIDTEVIOTES ECO AR MONTRE (14) Paculleæ. — Oculi octo normales. Abdomen haud scutatum. Tarsi pedum me- HOALSISADTEVIOTES PSN AT CE RL ARRET. DO (13) Dipœneæ. 6. Tarsi pedum metatarsis haud breviores. Abdomen valde durius- culum. Mamillæ tubulatæ. ............ ..... (12) Phoroncidieæ. — Tarsi pedum metatarsis breviores. Abdomen molle............. Te 7. Cephalothorax prope medium sulco transverso latissimo sectus.. “RACE AE ELU SNS Re NS ve PNA (2) Argyrodeæ. — Cephalothorax haud transversim sulcatus,......... RE EEA SE 8. S. Pars labialis immobilis a sterno haud discreta. Area oculorum mediorum antice quam postice multo angustior ........... .. de — Pars labialis libera vel sublibera. Area oculorum mediorum ple- rumque antice quam postice latior vel parallela.............. 10. PAOcCuN posticihintdlineam procurvam. 1." .... (6) Spinthareæ. —_ Dculi posticihindlineam recUrvam. "M (1) Synotaxeæ. 10. Pedes postici anticis breviores. Coxæ posticæ anticis haud lon- giores sæpius breviores (Ther. sedentarii).......... (11) Theridieæ. — Pedes postici (fere semper) anticis longiores vel saltem haud bre- | viores. Coxæ posticæ longæ et divaricatæ {Ther. gradantes).... aile 11. Oculi medii a lateralibus quam inter se multo remotiores. Oculi cation on ere NON ES COMME RARES (8) Œteæ. — Oculi postici inter se fere æquidistantes vel medii remotiores. Oculi antici in lineam rectam seu procurvam (2)............ 12. 12. Oculi postici in lineam procurvam. Trochanteres l' paris insig- HITÉMonSNELUteretitsCul-s Le UP MER Le (4) Propostireæ. — Oculi postici in lineam recurvam. Trochanteres normales. ,..... 13. préjuge en rien de leurs affinités que je discuterai plus loin; dans bien des cas, les caractères donnés sont sujets à des exceptions. (1) Excepté dans le genre Audifia, du groupe des Euryopis. (2) Excepté dans le genre Phylarchus. 49% HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES 13. Pedes inter se vix inæquales, plus minus laterales......,...... 14. — Pedes inter se valde inæquales (3i reliquis multo breviores)..... EL Re RIRE BON LC UPAN SUN RL Vraie NS ALL (7) Episineæ. 1%. Oculi inter se conferti-Chelæ breyes..."""… .... (9) Euryopeæ. — Oculi parvi et inter se late distantes. Chelæ longissimæ et diva- TIC D RARE NU ENEIR LCA LEE AR EEE (10) Sedasteæ. 15. Oculi laterales a mediis late distantes. Abdomen longum. Tarsi PENSER PAP TERRA ETRERRTRRIERRE (5) Moneteæ. — Oculi inter se appropinquati. Abdomen subglobosum. Tarsi pe- dumiloneis. te EMI AU EEE MUEREP A NRA ERRES 16. 16 AbdomenmolerhapdiscutatumePEnNErPPRArEErE EPP EE (17) Theonoeæ. NP DUOMENNAlTe SCUTALUDIE PER EP EPP P PET EE EP RES : ie 17. Oculi medii inter se subæquales, vel antici posticis majores..... ARR LR RD NT AE En re ARR PAIE (16) Histogonieæ. — Oculi medii antici reliquis oculis multo minores.. (18) Pholcommateæ. 1. SYNOTAXEÆ Le genre pour lequel je propose ce groupe est, de tous les Theridiides, celui qui se rapproche le plus des Pholcides qui précèdent, et on peut le regarder comme formant le lien entre les deux familles. Le céphalothorax des Synotaxus est ovale, assez allongé et très bas, marqué de stries céphaliques assez profondes, d’une impression thoracique transverse et d’une faible strie submarginale, dessinant une sorte de bourrelet. Les yeux ressemblent à ceux des Pholcus; les médians des deux lignes, très largement séparés l’uri de l’autre, sont, de chaque côté, très rapprochés des latéraux, qui sont eux-mêmes connés ; les quatre yeux postérieurs figurent une ligne recurvée; les quatre médians, qui sont presque égaux, dessinent un trapèze beaucoup plus large que long et un peu plus étroit en avant qu’en arrière (fig. 495). Le bandeau est convexe, mais vertical, non ou à peine plus large que l’aire oculaire, c’est-à-dire beaucoup plus étroit que celui des Pholcides. Les chélicères sont faibles et verticales (1). La pièce labiale, courte et trans- verse, est soudée au sternum comme celle des Pholcus, caractère qui se retrouve dans les groupes suivants ; les lames assez longues, mais plus larges, sont également inclinées et elles se rencontrent presque par leur angle apical interne. Le sternum est tout à fait celui d’un Pholcus, légèrement convexe et cordi- forme, aussi large que long chez le mâle, à peine plus long chez la femelle, terminé en arrière, entre les hanches disjointes, en pointe cependant plus étroite et obtuse (un peu comme chez les Leptopholeus). (1) Je n’ai pu faire létude de leurs marges. FAMILLE DES THERIDIIDÆ 495 Les pattes sont très fines et très longues, avec les métatarses et tarses presque filiformes, mais non annelés ; elles sont très inégales, les antérieures étant beaucoup plus longues que les postérieures ; leurs griffes sont exacte- ment celles des Ariamnes. 495 496 497 Synotaxus uncatus E. Sim. — Fig. 495. Yeux. — Fig. 496. Céphalothorax et abdomen de profil. Fig. 497. Patte-maächoire du mâle. L’abdomen est ovale et court, ses filières étant peu éloignées du pédicule, mais il est prolongé en arrière par un tubercule caudiforme oblique, plus long que le corps entier, et ressemblant à celui des Ariamnes (fig. 496). La patte-mâchoire de la femelle est assez longue et cylindrique; son tibia est un peu plus long que la patella et son tarse, plus long que les deux articles précédents réunis, porte une griffe pectinée. * La patte-mâchoire du mâle ne ressemble pas à celle des Pholcides, mais elle est aussi exceptionnelle dans la famille des Theridiides, au moins par son armature (fig. 497); son fémur est assez robuste, droit et presque parallèle : dans l’une des espèces (S. uncatus E. Sim.), il porte en dessus, à l’extrémité, une forte épine courbe ; la patella est assez longue, convexe en dessus à l'ex- trémité où elle porte une forte apophyse dentiforme, droite et dirigée en avant, qui parait articulée à la base ; le tibia, qui s’insère obliquement en dessous de la patella, est cylindrique et annulaire, nullement dilaté sous la base du bulbe, comme cela a lieu chez les autres Theridides ; le tarse est assez gros, tronqué et très légèrement anguleux à la base, arrondi à l’extrémité; le bulbe, qui est analogue à celui des Argyrodes, dépasse un peu l'extrémité tarsale. La plaque génitale de la femelle est transverse et marquée, de chaque côté, d'une fossette assez grande, arrondie et rougeâtre. Les Synotazus sont de petites Araignées très grêles, presque transparentes et blanches, avec les articulations des pattes teintées de rougeâtre, et les organes sexuels plus ou moins colorés. ? J'en ai décrit deux espèces (Ann. Soc. ent. Fr., 1894) : l’une du Venezuela (S. turbinatus E. Sim.), l’autre des environs de Rio, au Brésil (S. uncatus E. Sim.). Synotaxus, nov. gen. Cephalothorax ovatus, humilis, striis cephalicis, fovea thoracica procurva, Striaque submarginali impressus. Oculi medii antici et postici inter se trans- 196 HISTOIRE NATURELLE DES ABRAIGNÉES versim late remoti sed a lateralibus haud vel vix separati, quatuor postici in lineam recurvam, quatuor medii inter se subæquales trapezium multo latius quam longius et antice quam postice paulo angustius occupantes. Clypeus area oculorum haud latior. Pars labialis transversa, a sterno haud discreta. Laminæ sat longæ, convergentes, apice subcontiguæ. Sternum haud vel vix longius quam latius, cordiforme, leviter convexum, postice attenuatum sed, inter coxas posticas, sat late obtusum. Pedes longi et gracillimi, valde inæ- quales (1, 1v, 1, 11). Abdomen cylindratum, postice, ultra mamillas, in tuber- culum longum et obliquum, productum. Typus : S. éurbinatus E. Sim. AR. GEOGR. : Amer. merid. : Venezuela, Brasilia. 2. ARGYRODEÆ Les genres Argyrodes et Ariamnes (Ariadne Dolesch.), et le genre Rhomphæa L. Koch, que les auteurs inodernes ont à tort confondu avec le précédent, rappellent encore à certains égards les Pholcides, notamment par la soudure et l’immobilité complète de leur pièce labiale, et, dans quelques espèces, par la grande longueur et le proclivisme de leur bandeau (fig. 501); d'un autre côté, ils sont exceptionnels parmi les Theridiides, par la structure de leurs chélicères et de leurs pièces buccales, qui, au moins dans les grosses espèces, ressemblent un peu à celles des Linyphia. 498—503 499—504 500—505 501—502 Fig. 498. Argyrodes. Chélicère. — Fig. 499. Rhomphaea. Griffes. — Fig. 500. Id. Patte-mâchoire de la femelle. — Fig. 501. Zhomphaea rostrata E. Sim. Front et bandeau de profil ®. — Fig. 502. R. nasica E. Sim. Front de profil d. — Fig. 503. Argyrodes sundaicus Dolesch. Front de profil 4. — Fig. 504. A. trigonium Hentz. Idem. — Fig. 505. A. obtusus Cambr. Idem. Walckenaer comprenait les deux Argyrodes qui lui étaient connus dans le genre Linyphia, mais dans un groupe spécial (les Epeirides) ; d’autres espèces 1 FAMILLE DES THERIDIIDÆ 497 ont été décrites sous le nom générique de Theridion (1), d'autres sous celui d’Epeira (2). Le céphalothorax de ces Araignées est bas et très allongé, presque égale- ment atténué en avant et en arrière, où il est tronqué et coupé d’une petite échancrure médiane, il est marqué, dans sa partie thoracique, d’une profonde impression ou incision transverse, ordinairement droite et occupant presque toute la largeur, quelquefois cependant plus courte et fortement procurvée (Arg. cancellatus Hentz); la partie thoracique est quelquefois convexe en arrière de cette impression (Rhomphæa). Les yeux antérieurs sont toujours en ligne légèrement procurvée, avec les médians plus gros que les latéraux, et le groupe des médians est carré ou tra- pézoïde, plus large en avant. Les yeux postérieurs des Ariamnes et des Rhom- phæa rappellent ceux des Pholcus; ils sont assez gros, en ligne plus ou moins procurvée, avec les médians assez largement distants, mais à peine séparés des latéraux, qui touchent eux-mêmes aux latéraux antérieurs ; ceux des Argyrodes, assez petits et égaux, sont, au contraire, en ligne droite ou très légèrement récurvée, avec les médians soit un peu plus resserrés, soit un peu plus séparés que les latéraux. Le bandeau des Rhomphæa est aussi large que celui des Pholcus et très for- tement proclive, souvent presque horizontal, celui des Ariamnes et des Argy- rodes est plus étroit, vertical et plus ou moins convexe. Les chélicères, assez longues et parallèles, diffèrent de celles des autres Theridiides par leur marge inférieure qui est pourvue d’une petite dent, située à l'angle de l’échancrure membraneuse du crochet, mais cette dent peut manquer dans les espèces les plus amoindries ; leur marge supérieure, tou- jours courte et transverse, est pourvue d'une petite dent angulaire chez les Ariamnes et Rhomphæa, de deux petites dents égales et isolées chez les Argyrodes (fig. 498). La pièce labiale, semi-circulaire, soudée au sternum et immobile, est mar- quée d’un épais rebord mousse, qui est beaucoup moins distinct chez les Ariamnes que chez les Argyrodes. Les lames sont droites, assez longues et obtusément tronquées à l’extrémité ; dans les grosses espèces du genre Argy- rodes (A. amboinensis Thorell, etc.), leur face interne, de même que celle du rostre, ressemble à celle des Linyphia, mais, dans les espèces amoindries, chez les Ariamnes et les Rhomphæa, les pièces buccales sont celles des The- ridion. . Le sternum est triangulaire allongé; celui des Argyrodes se termine en arrière en pointe subaiguë entre les hanches postérieures, qui se touchent presque ; celui des Ariamnes et des Rhomphæa se prolonge en pointe plus large, et les hanches postérieures sont beaucoup plus distantes. Les pattes, entièrement mutiques et fines, au moins aux extrémités, sont (1) Theridion trigonium, flictilium et cancellatum Hentz, miniaceum et sundañcum Dolesch., etc. (x) Epeira cognala Blackw.. etc. 32 L98 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES très inégales en longueur; celles de la 3° paire, et souvent même celles de la 2, étant beaucoup plus courtes que les autres ; dans les genres Argyrodes et Rhomphæw, les pattes de la 17° paire sont beaucoup plus longues que celles de la 4° paire et leur tibia, très grêle, est toujours plus long que le métatarse (fig. 507) ; tandis que, dans le genre Ariamnes, elles sont de même longueur ou même un peu plus courtes que celles de la 4° paire, et leur tibia est beau- coup plus court que le métatarse (fig. 506); cette proportion différente des articles aux pattes antérieures donne aux Ariamnes une physionomie spéciale. Les griffes sont grêles et petites ; les supérieures sont inégales en longueur, presque droites dans leur moitié basilaire où elles portent une série de trois à cinq dents très fines, dirigées en avant et diminuant beaucoup vers la base, très obliquement coudées en avant dans leur portion terminale et un peu crochues à la pointe; la griffe inférieure est remarquable par sa longueur qui égale ou excède même parfois celle des griffes supérieures ; elle est fortement coudée près la base, en forme d’agrafe, et terminée en pointe très fine, sou- vent un peu sinueuse; ces griffes sont toujours accompagnées de quelques griffes auxiliaires (fig. 499). Dans les espèces du genre Ariammnes, l'abdomen est des plus singuliers ; il se prolonge, au delà des filières, en un tubercule cylindrique, ayant souvent plus de sept fois la longueur du corps, ordinairement flexible, sinueux et terminé en pointe obtuse, ordinairement surmontée d’une petite épine (fig. 506), plus rarement très fin et droit comme une aiguille (A. attenuatus Cambr.); dans les espèces du genre Rhomphæa, le tubercule abdominal, sou- vent très long, est oblique ou relevé verticalement, son extrémité est tantôt simple et acuminée (fig. 507), tantôt tronquée et pourvue de plusieurs petits lobes (R. syriaca Cambr.). Fig. 506. Ariamnnes flagellum Dolesch. Femelle de profil (très grossie). Dans la plupart des Argyrodes, l'abdomen ressemble à celui des Rhomphæa ; il est également élevé en tubercule obtus ou acuminé, simple ou pourvu de petites saillies latérales ; il est plus rarement globuleux et pourvu au sommet de plusieurs tubercules dont le médian, plus long que les autres, est lui-même bifide ou plurilobé. ré. D FAMILLE DES THERIDIIDÆ 499 La patte-mâchoire de la femelle n’a rien de remarquable, sauf cependant chez les Rhomphæa, où son tibia, légèrement dilaté à l’extrémité, est pourvu en dessous d’une saillie angulaire, tandis que son fémur est quelquefois un peu renflé à l’extrémité et pileux en dessous (fig. 500). Celle du mâle est normale ; son fémur est cylindrique et un peu courbe; sa patella est longue, arquée et plus ou moins fusiforme; son tibia est ordinai- rement un peu plus court que la patella, rétréci à la base en forme de cou, dilaté à l’extrémité, sous la base du bulbe, en palette tronquée et souvent ciliée ; le tarse, plus ou moins gros, est ovale allongé et terminé en pointe subaiguë dépassant peu le bulbe. Indépendamment de sa patte-mâächoire, le mâle diffère presque toujours de la femelle par des caractères sexuels secondaires, portant sur la région fron- tale et rappelant ceux des Walckenaera et des Lophocarenum. Dans le genre Ariamnes, ces différences sont cependant très peu sensibles, le plus souvent nulles ; l’espace circonscrit par les yeux médians est, dans quelques espèces, un peu acuminé et garni de longs crins; dans le genre Rhomphæa, cette pointe frontale est ordinairement plus développée et quel- quefois même dilatée à l'extrémité en forme de massue (R. nasica E. Sim.) (fig. 502). Dans le genre Argyrodes, le front des mâles s’élève en forme de gros tuber- cule oblique obtus et généralement pileux, portant, à sa face supérieure, les quatre yeux médians, et le bandeau porte une seconde pointe à peu près sem- blable ; mais cette disposition varie selon les espèces; dans le plus grand nombre, les deux pointes sont à peu près d'égale longueur, mais l'antérieure est plus grêle; elles sont rapprochées et dirigées parallèlement en haut (A. zonalus, argyrodes Walck., rostratus Blackw., nephilæ Tacz., argenteus Cambr., etc., etc.) ; quelquefois les deux pointes sont si rapprochées l’une de l’autre qu'elles paraissent soudées (A. miniaceus Dol., etc.); quelquefois l’an- térieure est plus détachée, un peu plus longue et pourvue, sur sa face supé- rieure, avant l'extrémité, d’un petit tubercule piligère (A. sundaicus Dol., amboi- nensis Th.., etc.) (fig. 503); quelquefois les deux pointes sont largement séparées, semblables, grêles, acuminées et terminées chacune par un pinceau de crins ; dans ce cas, les yeux médians, au lieu d’être portés par la seconde, sont situés autour de sa base (A. frigonium Hentz, triangularis Tacz., bicornis Camb., obscurus Keyserl. etc.) (fig. 504) ; quelquefois la pointe frontale est presque nulle, tandis que celle du bandeau est longue, fine, légèrement claviforme et dirigée en avant (A. nasutus Cambr., xiphias Th., etc.); dans d’autres espèces, au contraire, la frontale est bien développée, tandis que celle du bandeau manque complète- ment (A. alliceps Keyserl.); dans un grand nombre d’espèces pourvues des deux saillies, celle du front, située en avant des yeux, est conique et dirigée en bas, tandis que celle du bandeau est extrêmement épaisse, en forme de gros bourrelet arrondi (A. amplifrons, minaz Cambr., ériluberculatus Becker, larvatus Keyserl., etc.) (fig. 505); enfin, dans les espèces amoindries du groupe d’A. cancellatus Hentz, le céphalothorax du mâle diffère à peine de celui de la femelle, il est seulement un peu plus élevé dans la région fron- 00 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES tale et son bandeau, plus haut, est marqué, au-dessous des yeux médians, entre les latéraux, d’un sillon transverse plus ou moins net. Comme on peut le voir, le genre Argyrodes est assez polymorphe, mais ses types extrêmes sont reliés par toutes les gradations possibles, ce qui empêche de le fractionner autrement qu’en simples groupes ; j'en propose trois, dont le dernier, qui s’éloigne le plus de la forme normale, a pour type le Theridium cancellatum Hentz ; Keyserling avait proposé pour cette espèce le genre Bellinda, auquel il paraît avoir re- noncé (1); Emerton l’a rapportée au genre Lasæola (Dipæna). Le genre Conopista Karsch est sans doute établi sur une espèce du genre Argyrodes. D'un autre côté, quelques espèces rap- portées à ce genre par les auteurs ne lui appartiennent pas (2). J'ai déjà dit que les auteurs avaient con- fondu, sous le nom d’Ariamnes, deux types très différents, aussi bien par leurs carac- tères que par leur faciès; dans un premier genre, qui à pour type le Rhomphæa cometes l'ig. 507. L. Koch, d'Australie, les tibias sont beau- Zhomphacu (sp. inéd. du Venezuela). coup plus longs que les métatarses, le ban- Femelle grossie; de profil, deau est fortement proclive, et le tubercule abdominul est obliquement relevé ou vertical (fig. 507); dans le second, qui a pour type l’Ariamnes flagellum Dolesch., les tibias (au moins les antérieurs) sont beaucoup plus courts que les métatarses, le bandeau est vertical, et le tubercule abdominal est dirigé en arrière, dans l’axe du corps (fig. 506). Le genre Rhomphæa diffère même plus des Ariamnes que des Argyrodes ; plu- sieurs de ses espèces ressemblent tellement à des Argyrodes qu’elles ont été décrites sous ce nom générique (A. syriacus Cambr., etc.); d’autre part, de vrais Argyrodes ont été décrits sous le nom générique d’Ariamnes (Ariamnes gracilis et malleiformis L. Koch). Les Argyrodes sont des Araignées parasites dont les mœurs singulières ont été observées pour la première fois à l’ile de la Réunion par le D' Vinson; ils vivent sur les toiles des Argyopides, particulièrement sur celles des Cyrtophora et des Neplulu, beaucoup plus rarement sur celles d’autres Araignées, tels que (1) Dans ses Spinnen Amerikas Theridiidae, Keyserling décrit deux fois cette espèce : d’abord sous le nom de Bellinda cancellata (t. 1, p. 216), ensuite sous le nom d’Ar- gyrodes cancellatus (L. IT, p. 243). (2) Notamment Argyrodes niger Cawbr., qui est un Theridion du groupe des Cluysso. FAMILLE DES THERIDIIDÆ o01 des Pholcus, des Psechrus et des Theridion (1) ; ils établissent leur petit réseau dans les intervalles des grandes mailles et se nourrissent de proies qui, par leur petitesse, échappent à leur hôte. Leur cocon est papyracé, tantôt ovale et atténué en forme de poire (A. mäiniaceus, etc.), tantôt presque globuleux et prolongé par une petite pointe tronquée (4. argyrodes), il est suspendu à l’un des fils de l'hôte par un long pédicule grêle qui, à son point d’attache, se divise en deux branches divergentes. Sans rien affirmer à cet égard, je ne serais pas surpris que les espèces du groupe de l'A. cancellatus Hentz aient des mœurs différentes de celles des autres Argyrodes. L’unique spécimen d'A. cancellatus, connu d'Emerton, avait été trouvé sous une pierre (New Engl. Therid., p. 26), ce qui est, sans doute, accidentel, car j'ai repris en grand nombre la même espèce, au Venezuela, sur les buissons, sans avoir pu observer sa toile. Les Rhomphæa et Ariamnes assez nombreux que j'ai eu l’occasion d'observer vivent sur les buissons à la manière des Theridion; leur démarche est lente, et ils se balancent sur leurs longues pattes comme des Pholcus. D'après le Rev. Cambridge, deux espèces de Syrie (4. longicaudatus et syriacus Cambr.) auraient des mœurs analogues à celles des Argyrodes et vivraient en parasites sur la toile du Cyrtophora citricola Forsk. Les trois genres Rhomphæa, Ariamnes et Argyrodes sont également répandus dans toutes les régions tropicales et subtropicales. < On connaît une vinglaine d’espèces, des deux premiers, dont 4 se trouvent dans la région méditerranéenne, 4 dans l'Asie tropicale et la Malaisie, 2 dans l'Australie et la Polynésie, L dans l'Amérique du Nord et ÿ dans l'Amérique du Sud, 1 est propre aux îles Acores (A. delicatulus E. Sim.) et 1 à Sainte- Hélène (4. Melissi Cambr.). J'en possède d’autres inédites de la côte occidentale d'Afrique, des Philip- pines, du Japon et de l'Amérique du Sud; A. nasicus E. Sim., du midi de l’Europe, s'étend sur la côte occidentale d'Afrique jusqu'au Congo. Le genre Argyrodes est plus nombreux, car on en connaît au moins 80 espèces, dont 1 seule se rencontre dans la région méditerranéenne (4. ar- gyrodes Walck.); 8 se trouvent dans l'Afrique tropicale, Madagascar, les îles Séchelles et Mascaraignes; 18 dans l’Asie tropicale et la Malaisie; 7 dans l'Australie et la Polynésie; 7 dans l'Amérique du Nord; une trentaine dans l'Amérique du Sud, et 1 seule au Japon (4. bonadeus Karsch). Quelques-unes de ces espèces ont des habitats fort étendus, notamment 4. argyrodes Walck., qui suit la distribution du Cyrtophora citricola, dont il est parasite. GENERA À 1. Oculi postici mediocres, in lineam rectam seu leviter recurvani, equidistantes vel medii inter se quam a lateralibus paulo minus Mrauloimagis TemOotie. Linea... Argyrodes. (1) Aux États-Unis, sur la loile du Theridion zelotypum Em., d'après Emerton (New. Engl. Fherid., p. 11). 902 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES — Oculi postici sat magni, in lineam procurvam, medii a lateralibus haud vel vix separati sed inter se late distantes.............. 22 2, Clypeus valde proclivis area oculorum multo latior. Tibiæ anticæ femoribus vix breviores et metatarsis multo longiores....... — Clypeus verticalis area oculorum haud latior. Tibiæ anticæ femo- ribus metatarsisque multo breviores. Ariamnes. Ariamnes Thorell, Eur. Spid., 1869-1870, p. 37. — Ariadne Dolesch., Nat. Tijds. Ned. Ind., XIII, 1857, p. 411 (nom. præocc.). — Ariamnes auct. (ad part.). Cephalothorax longus, subparallelus, humilis sed postice paululum con- vexus et prope medium sulco vel depressione transversa impressus, regione oculorum vix convexa. Clypeus verticalis sed convexus, area oculorum haud latior. Oculi medii inter se subæquales {antici posticis vix majores) aream subquadratam occupantes, laterales inter se contigui a mediis haud vel vix separati. Oculi quatuor postici, superne visi, lineam procurvam formantes. Pars labialis semi-circularis a sterno haud discreta. Laminæ longæ, angustæ et subrectæ. Sternum longum, postice constrictum et inter coxas productum. Pedes 1v, 1, 11, 111 Vel 1-1V, 11, ut, tibiis anticis sat robustis et femoribus multo brevioribus, metatarsis filiformibus tibiis fere duplo longioribus. Pars cepha- lica maris haud tuberculata, interdum breviter acuminata et pilosa. Pedes- maxillares feminæ plerumque normales, femore tibiaque teretiusculis. Abdo- men ultra mamillas longissime productum, teres et vermiforme. Typus : 4. flagellum Dolesch. AR. GEOGR. : Orbis reg. tropic. omn. HRhomphæa L. Koch, Ar. Austr., 1872, p. 289. — Theridion Hentz, Bost. J. N. H., VI, 1850, p. 283 {ad part. T. flictilium). — Argyrodes Cambr., 1872 (ad part. À. syriacus). — Id, Emerton, 1882 {ad part.). — Ariamnes auct. {ad part.). À præcedenti differt clypeo valde proclivi, area oculorum multo latiore, pedibus (1, 11, 1v, 111 vel 1, 1v, 11, 11) longissimis et valde inæqualibus, tibiis anticis gracillimis femoribus non multo brevioribus, metatarsis filiformibus tibiis multo brevioribus, abdomine brevi, postice vel supra in tuberculum ! erectum obliquum seu verticale producto, regione oculari maris tuberculo pilifero sæpissime instructa, pedibus-maxillaribus feminæ robustioribus, femore tibiaque fere semper incrassatis, tarso longo valde acuminato. Typus : R. cometes L. Koch. AR. GEOGR. : Orbis totius reg. trop. et subtrop. FAMILLE DES THERIDIIDÆ 503 Argyrodes E. Sim., Hist. nat. Ar. (1e éd.), 1864, p. 253. — Linyphia Walck., Apt., II, 1841, p. 281 (ad part. Epeirides). — Theridion Hentz, Bost. J. N. H., VI, 1850 (ad part. T. frigonium, cancellatum, etc.) — Theridion Dolesch., Nat. Tijdschr. N. Ind., etc., 1857 (T. miniaceum). — Argyrodes et Ariamnes L. Koch, Ar. Austr., 1872. — Epeira Blackw., Pr. R. Ir. Acad., 1876, p. 17 (E. cognata). — ? Conopistha Karsch, Berl. ent. Zeitschr., XXV, 1881, p. 39 (C. bonadea). — Argyrodes (ad part.) et Lasæola (ad part. L. cancellata) Emerton, Tr. Conn. Acad., 1882. — Argyrodes et Brl- linda Keyserl., Spinn. Am. Therid., I, 1884, p. 179-216. Cephalothorax elongatus, ovatus, antice posticeque attenuatus, parte cepha- lica feminæ sat humili, maris prominula et clypeo fere semper tuberculato, parte thoracica in medio incisura transversa profunda impressa, ad marginem posticum truncata atque in medio emarginata. Oculi postici æqui, in lineam rectam seu leviter recurvam, inter se sat late remoti, equidistantes vel medii inter se paulo latius rarius paulo minus separati. Oculi antici in lineam sub- rectam, leviter procurvam, medii lateralibus majores et prominuli. Area mediorum quadrata vel antice latior. Pars labialis semicireularis a basi haud libera. Laminæ rectæ latæ et truncatæ. Pedes graciles, longi, inter se valde inæquales (1, 1, 1V, tt, vel 1, 1V, u, 11). Abdomen gibbosum. Tyeus : A. argyrodes Walck. AR. GEOGR. : Orbis totius reg. trop. et subtrop. Nora. Je rapporte les espèces de ce genre à trois groupes : A. — Cephalothoracis pars thoracica fere parallela, incisura media subrecta seu leviter procurva latissima. Oculi postici, superne visi, fere æquidistantes vel rarius medii a lateralibus quam inter se paulo remoliores. Area mediorum circiter æque longa ac lata et antice quam postice paulo latior. Pedum antico- rum metatarsi tibiis longiores vel saltem haud breviores. Abdomen simpliciler productum, supra turbinatum. Frons maris valde acclivis. Clypeus processu magno pilifero instructus (4. argyrodes Walck.). B. — Cephalothorax longior, parte thoracica postice magis attenuata, inci- sura transversa lata sed magis procurva. Oculi medii inter se quam à latera- libus remotiores et area mediorum parallela evidenter latior quam longior. Frons maris parum prominula, sub oculis mediis anticis tuberculo parvo conico munita. Clypeus convexus haud productus. Pedes abdomenque præce- dentium (A. tripunctatus E. Sim.). CG. — Cephalothorax longus, humilis, antice parum attenuatus, incisura tho- racica minore et valde procurva semilunari. Oculi medii postici inter se quam a lateralibus multo remotiores. Area mediorum magna, parallela et latior quam longior. Frons maris parum prominula. Clypeus leviter convexus haud productus. Abdomen brevius, postice truncatum et plerumqueé bitubercula- tum, interdum productum et plurimucronatum. Metatarsi pedum anticorum tibiis breviores (A. cancellatus Hentz.) 504 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES 3. HETSCHKIEÆ Les espèces de ce groupe, qui touchent d'assez près aux Argyrodes par leurs pièces buccales, leurs chélicères et la proportion de leurs pattes, en différent essentiellement par l’absence de strie ou d'impression au céphalo- thorax (1) et par leurs hanches subglobuleuses et bien séparées les unes des autres, au moins les six postérieures. Le céphalothorax est toujours très allongé et très s bas ; celui des Helvibis et des Mecynidis, qui se rap- Vers x prochent le plus des Argyrodes, est graduellement atté- nué en arrière où il dépasse plus ou moins les hanches : en ce point, ses bords sont repliés en dessous en demi- A cercle (fig. 508 C) et le tube qu'ils forment est com- Fig. 508. plété en dessous, en avant, par une pointe sternale Helvibis Germaini E. Sim. assez étroite, obtuse ou tronquée (fig. 508 S), et en ar- Pédicule en dessous (H rière par une pièce chitineuse semi-annulaire ou tra- hanches postérieures; S Lézoïde qui est la plagulu postica sternalis, la figure xtrémité sternale; P pla- - De ed ci-contre (508) montre cette disposition. gula; C rebord du cépha- lothorax; À base de l'ab- Dans les autres genres, la partie thoracique est domen). brusquement rétrécie, au delà des hanches, en forme de pédoncule ; chez le mâle de Helschkia gracilis Keyserl., ce pédoncule est assez court, déprimé, et il offre en dessous une disposition analogue à celle des Helvibis, tandis que chez la femelle, de même que chez les Formicinoides (fig. 509) et Cerocida, il est tout à fait cylindrique et ses bords, repliés en dessous, sont en continuité et indiqués seulement par une strie suturale (For- inicinoides), qui disparait même souvent (Hetschkia, Cerocida) ; chez les Formici- noides et Hetschkia, les pièces propres du pédicule, très réduites, sont comme cnfoncées dans l'extrémité tronquée du tube, tandis que chez les Cerocida ce tube est suivi d'une pièce pédiculaire, fine et arquée, qui augmente encore sa longueur (fig. 510). 509 910 Fig. 509. Formicinoides brasiliana Keyserl. Céphalothorax et abdomen de profil. — Fig. 510. Cerocida strigosa E. Sim. Idem. De son côté, le sternum est en avant, légèrement convexe, large et cordi- forme, mais très atténué en arrière où il se prolonge, entre les hanches posté- rieures qu’il dépasse plus ou moins ; dans les genres Formicinoides, Cerocida (1) On trouve cependant les traces d’une petite impression thoracique dans les genres Heschhkia et Mecynidis. FAMILLE DES THERIDIIDÆ 505 et Hetschkia (©), il se confond en arrière avec le processus du céphalothorax, tandis que, dans les autres genres, il reste, comme je l’ai dit, distinct et va rejoindre la pièce pédiculaire. Les hanches, isolées les unes des autres et rejetées très en dehors, sont entourées à la base par des prolongements ster- naux ; les antérieures sont ovales, les postérieures sont plus ou moins glo- buleuses. La disposition des yeux varie selon les genres; les postérieurs sont mé- diocres et en ligne droite dans les genres Helvibis et Formicinoides, en ligne plus ou moins recurvée dans tous les autres genres; ceux des Cerocidu sont très gros et très resserrés ; ceux des Hetschkia et Mecynidis sont petits et plus espacés, mais tandis que, chez les premiers, les médians sont plus séparés l'un de l’autre que des latéraux, ils sont, au contraire, beaucoup plus res- serrés chez les seconds. Les veux antérieurs sont en ligne presque droite ; ils sont rarement égaux {Hetschkia) ; les médians sont tantôt plus gros (Formi- cinoides, Helvibis, Mecynidis), tantôt plus petits que les latéraux (Cerocidu) ; dans ce dernier genre, les yeux sont tous presque contigus; dans le genre Mecynidis, les médians sont beaucoup plus resserrés que les latéraux et ils forment, avec les médians postérieurs, un groupe trapézoïde plus étroit en avant ; dans tous les autres genres, ils sont, au contraire, plus écartés et le groupe médian, plus large que long, est plus large en avant qu'en arrière, rarement parallèle (Hetschkiu). L’abdomen est ovale, globuleux ou cylindrique, souvent convexe en arrière et prolongé en tubercule conique, comme celui des Argyrodes; il est pourvu en dessous, à la base, d’un scutum épigastrique coriacé qui forme en avant, en dessous, autour de la base du pédicule, un rebord semi-circulaire ; ce scutum manque cependant chez les femelles des Hetschkia et Cerocidu. Les pattes sont semblables à celles des Argyrodes, sauf cependant celles des Mecynidis qui sont peu inégales en longueur ; celles des Hetschkia sont remar- quables, chez le mâle seulement, par leurs métatarses antérieurs légèrement courbes, déprimés et plans en dessus; leur griffes (Helvibis, Hetschla; sont exactement celles des Ariamnes. Contrairement à ce qui à lieu dans le groupe précédent, le céphalothorax est semblable dans les deux sexes et les mâles ne se distinguent guère des femelles que par leurs pattes- mâchoires, sauf quelquefois par leur scutum épigastrique. La patte-mâchoire est nor- male dans les deux sexes ; celle du mâle à un tibia évasé, un tarse gros, ne couvrant ordi- nairement que la face interne d'un bulbe très volumineux, souvent pourvu d'un stylus exserte très fort et très long, roulé trois fois sur lui-même et res- 511 Mecynidis dentipalpis E. Sim. — Fig. 511. Céphalothorax de profil. — Fig. 512. Patte-mâchoire du male. 906 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES semblant beaucoup à celui des Latrodectus, disposition qui est surtout bien nette dans les genres Helvibis et Mecynidis; chez ce dernier, le fémur de la patte-mâchôire est armé en dessous d’une série de denticules (fig. 512). Ce groupe, peu nombreux, est, sauf une exception, confiné dans l’Amérique du Sud. Le genre Helvibis renferme quatre ou cinq espèces ayant le faciès et la coloration des Argyrodes : l’une se trouve au Venezuela, les autres au Brésil. Le genre Formicinoides renferme deux espèces : l’une du bassin de l'Amazone, l’autre du Chili (F. chilensis Keyserl.). Le type du genre Cerocidua, que j’ai découvert au Venezuela, dans la forêt de San-Esteban, ressemble à un très petit Formicinoides ; celui du genre Hetschkia a été découvert à Blume- nau (province de Santa-Catarina), au Brésil, et je l’ai recu depuis de la pro- vince de Minas, c’est une petite Araignée d'un blanc rosé, avec l’abdomen orné de trois ou quatre points noirs. Le groupe est représenté dans l'Afrique australe par le genre Mecynidis, qui ne renferme qu’une seule espèce, petite Araignée de couleur sombre, dont le céphalothorax, le sternum et même les chélicères sont rugueux et impresso-ponctués. GENERA 1. Cephalothorax postice sensim attenuatus et truncatus, haud abrupte AMEUSTIOTIS LE Li 2dete e) éatn 2E PEL RNTIRR ENIE EU SERA E SEE TRS 2. — Cephalothorax postice abrupte angustior et pone coxas posticas loneeDrodUCLUSE PAPERS SERA ET RER EU AE ER 3. 2, Area oculorum mediorum latior quam longior et antice quam pos- LICE ATION ARIANE CRE AE Ne UP TR RTE RAR, Helvibis. — Area oculorum mediorum haud latior quam longior et antice quam Postice anmeus tions MAMRRERMRENEnE NIET, RER Mecynidis. 3. Oculi postici magni, medii inter se contigui a lateralibus parum separati. Oculi medii antici reliquis oculis multo minores. Cerocida. — Oculi postici parvi, inter se sat late distantes. Oculi medii antier reliquis majores vel saltem haud minores........... NT NE 4. 4. Oculi postici in lineam rectam, medii a lateralibus quam inter se remotiores. Area mediorum antice quam postice latior. Coxæ posticæ inter se parum distantes. Metatarsi antici in utroque : SEXUICYIIATACEI| PME RAPERERSE ER Re . Formicinoides. — Oculi postici in lineam recurvam, medii inter se quam a latera- libus remotiores. Area mediorum parallela, latior quam lon- gior. Coxæ posticæ inter se late distantes. Metatarsi antici MATISIAE DIANA LESC MENT ONE NAME ARRETE ET Hetschkia. Helvibis Keyserl., Spinn. Amer. Therid., T, 1884, p. 173. Cephalothorax humilis, longus, haud impressus, antice breviter, postice longius attenuatus et coxas posticas: leviter superans, regione oculorum vix acclivi. Oculi postici sat magni, in lineam rectam, fere æquidistantes, raris- sime medii a lateralibus quam inter se remotiores (H. Germaini E. Sim.). Oculi FAMILLE DES THERIDIIDÆ 507 antici in lineam rectam, medii lateralibus paulo majores, inter se late remoti, sed a lateralibus vix separati. Area oculorum mediorum latior quam longior et antice quam postice latior. Clypeus verticalis, leviter convexus, area ocu- lorum æquilatus vel paulo angustior. Pars labialis late semicircularis, leviter marginata, immobilis, sed a basi stria superficiali discreta. Pedes graciles, antici posticis multo longiores. Tyeus : H. Thorelli Keyserl. (1). AR. GEOGR. : America merid. : Venezuela, Brasilia. Mecynidis, nov. gen. Cephalothorax longus, postice valde attenuatus, parte cephalica sat convexa. Oculi postici parvi, in lineam levissime recurvam, medii a lateralibus quam inter se multo remotiores. Oculi antici in lineam leviter recurvam, medii late- ralibus paulo majores, inter se subcontigui sed a lateralibus late distantes. Area oculorum mediorum haud latior quam longior et antice quam postice angustior. Clypeus verticalis area oculorum paulo angustior. Chelæ robustæ et longæ (4), margine superiore sulci sat longe obliquo, dente angulari valido et dentibus minoribus instructo. Pedes graciles, antici posticis haud vel non multo longiores. Partes oris sternumque fere præcedentiuin. Typus : M. dentipalpis E. Sim. {sp. un.) (2). AR. GEOGR. : Africa austr. : Transvaal.. Formieinoides Keyserl., Spinn. Amer. Therid., I, 188%, p. 213. Cephalothorax longus, humilis, haud impressus, antice posticeque fere æqualiter attenuatus, postice, pone coxas posticas, in pediculum cylindraceum longe productus. Oculi postici in lineam rectam, medii a lateralibus quam inter se remotiores. Oculi antici in lineam subrectam vix recurvam, medii majores et inter se quam a lateralibus multo remotiores. Area mediorum magna, latior quam longior et antice quam postice multo latior. Partes oris pedesque fere Argyrodis, sed parte labiali haud marginata. Sternum sat late cordiforme, inter coxas posticas, parum disjunctas, valde constrictum. Coxæ cunctæ inter se distantes, quatuor anticæ, ovatæ, quatuor posticæ globosæ. (1) D’après une note de Keyserling, Helvibis sulcata Keyserl. appartient au genre Chrysso Cambr., que je ne sépare pas du genre Theridion. (2) Cette espèce est inédite, en voici la diagnose : M. dentipalpis, sp. nov. — 4. Long. 2,5 mill. — Cephalothorax nigro-piceus, versus marginem et præsertim postice valde punctato-impressus (punctis lineas radiantes, parum regulares, designantibus). Abdomen teretiusculum, nigro-nitidum. Chelæ fusco-rufulæ, robustæ, extus minute granulatæ. Sternum nigrum, opacum, grosse et crebre punctato-impressum. Pedes graciles, fulvi, patellis tibiisque ad apicem angus- tissime fuscis. Pedes-maxillares fulvi, femore robusto, subtus dentibus quatuor uni- serlatis instructo, patella brevi, tibia apice ampliata, bulbo stylo maximo spirali munito. — Trausvaal. 508 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Abdomen breviter ovatum, supra postice valde gibbosum et obtusissimum, subtus plagula epigasteris coriacea, antice semicirculum formante, munitum. Typus : F. brasiliana Keyserl. AR. GEOGR. : America merid. : Brasilia, Chili. Cerocida, nov. gen. Cephalothorax Formicinoidis. Oculi postici magni, æqui, in lineam valde recurvam, medii inter se contigui a lateralibus anguste separati. Oculi antici in lineam subrectam, inter se subcontigui, medii lateralibus multo minores. Area mediorum trapeziformis, antice quam postice angustior. Sternum fere Formicinoidis sed, inter coxas posticas latissime disjunctas, vix coarctatum. Partes oris Formicinoidis. Pedes paulo breviores. Abdomen globosum, longe et tenuiter pediculatum. Typus : C. strigosa E. Sim. (sp. un.) (1). AR. GEOGR. : America merid. : Venezuela. Hetschkia Keyserl., Spinn. Amer. Therid., II, 1886, p. 246. Cephalothorax fere Formicinoidis sed latius ovalis, postice, saltem in mare, crassius et brevius productus, clypeo latiore. Oculi postici in lineam leviter recurvam, medii inter se quam a lateralibus paulo remotiores. Oculi antici in lineam subrectam, vix procurvam, inter se subæquales. Area mediorum sub- parallela (antice vix angustior) et multo latior quam longior. Coxæ sternumque fere Formicinoidis, hoc postice, inter coxas posticas late disjunetas, multo latius. Laminæ-maxillares pedesque breviores, metatarsis anticis maris leviter curvatis, depressis et supra planis. Abdomen subglobosum, subtus ad basin plagula epigasteris munitum. Typus : H. gracilis Keyserl. (sp, un.). AR. GEOGR. : Brasilia merid. 4. PROPOSTIREÆ L'espèce remarquable, pour laquelle je propose ce groupe, a un céphalo- thorax très bas et long, ressemblant beaucoup à celui d’un Helvibis, mais ne dépassant pas en arrière le niveau des hanches postérieures ; ce céphalo- thorax est presque dépourvu d’impressions, car il ne présente qu'une très petite fossette thoracique, superficielle, procurvée; il est très brièvement atténué en avant, dans la région frontale, qui est obtuse, plus longuement et (1) Cette espèce est inédite, en voici la diagnose : G. strigosa, sp. n. — Q®. Long. 2 mill. — Cephalothorax sternumque fulvo-auran- tiaca, subtiliter rugosa el parce albido-selosa, processu cephalothoracis transversim striolato. Oculi postici magni, albo-vitrei. Abdomen parvum, albidum, haud scuta- tum, parce et longe crinitum. Pedes lurido-olivacei, femoribus, præsertim anticis, aurantiaco-tinctis. Pedes-maxillares feminæ olivacei, femore dilutiore. Plaga vulvæ fusca, transversa, impressionibus binis subrotundis et geminatis notata. — Venezuela. FAMILLE DES THERIDIIDÆ 509 très légèrement atténué en arrière, jusqu’au bord postérieur qui est tronqué droit, nullement échancré, mais pourvu au milieu d'une petite saillie tron- quée, dirigée en arrière (fig. 513). Les yeux sont, comme toujours, en deux lignes transverses occupant toute la largeur du front; la pos- térieure est visiblement pro- curvée, tandis que l'anté- rieure est presque droite; les quatre médians, plus sé- A parés l’un de l’autre que des latéraux, figurent un carré presque régulier; les anté- rieurs sont plus gros que les autres et proéminents. = Le bandeau est plus large que le groupe oculaire, mais plus étroit que les chélicères, qui sont relativement assez 513 514 A15 longues, avec le crochet grêle, Propostira quadrangulata E. Sim. — Fig. 513. Céphalo- les marges assez courtes et thorax et abdomen en dessus ®. — Fig. 514. Hanche et transverses, avec la supé- trochanter de la 1re paire. — Fig. 515. Griffes. e P rieure pourvue d'une dent angulaire et d’une ou deux dents plus petites, plus rapprochées de la base du crochet. Les pièces buccales, les hanches et le sternum diffèrent très peu de ceux des Helvibis ; celui-ci, terminé, entre les hanches postérieures, en pointe plus obtuse, est également suivi d’une pièce chitineuse en forme de ceinture. L'abdomen, de l’unique espèce, est assez longuement pédiculé et bien détaché du céphalothorax; son bord antérieur, étroit, est un peu échancré, induré et cilié; en arrière, cet abdomen s’élargit et offre un plan dorsal presque carré, pourvu à chacun des angles d’un tubercule : les deux anté- rieurs subaigus, les deux autres obtus (fig. 513). Les pattes sont longues, mais très inégales, celles de la troisième paire étant beaucoup plus courtes que les autres; leurs fémurs et leurs tibias, qui sont très légèrement élargis à l’extrémité, sont assez robustes, tandis que leurs métatarses (plus longs que les tibias) et leurs tarses sont très fins, ceux-ci sont courts relativement aux tibias; les pattes de la première paire, qui sont les plus longues, sont remarquables par le grand développement de leurs trochanters, qui sont cylindriques, presque aussi longs que les hanches et au moins deux fois plus longs que les trochanters des pattes postérieures (fig. 514). Les griffes (1"€ paire) sont assez particulières; les supérieures sont pour- vues, dans leur moitié basale, de plusieurs dents extrêmement inégales, dont la dernière, beaucoup plus longue et plus forte que les autres, est dirigée en avant et figure une sorte de fourche, à branches inégales, avec l’apex de la 510 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES griffe; la griffe inférieure, aussi longue que les supérieures, est de même forme, mais mutique, dilatée à la base et précédée d'un talon ou tubercule conique (fig. 515). Le Propostira quadrangulata E. Sim., dont je ne connais que la femelle, est de taille moyenne, d’un jaune orangé vif, avec l'abdomen varié de noir; je l’ai trouvé à Ceylan, sur les plantes des marécages. Propostira, nov. gen. Cephalothorax humilis, longus, vix impressus, antice breviter attenuatus et obtusus, postice longius et sensim attenuatus, ad marginem posticum recte truncatus et in medio minutissime dentatus. Oculi postici in lineam procur- vam, antici in lineam subrectam, oculi medii antici reliquis majores. Area mediorum subquadrata. Chelæ clypeo longiores, margine superiore transverso et dentato. Sternum longum, triquetrum, postice, inter coxas, obtusum. Abdomen postice ampliatum, subquadratum et quadrimucronatum. Pedes longi et valde inæquales (1, 1v, x, xt), sat robusti, sed metatarsis tarsisque gracillimis, trochanteribus li paris insigniter longis. Typus : P. quadrangulata E. Sim. (1) (sp. un..). AR. GEOGR. : ins. Taprobane. 5. MONETEÆ Les Monela, pour lesquels je propose un groupe spécial, semblent faire le passage des Argyrodes aux Episinus; ils se rapprochent des premiers par la structure de leurs chélicères; sous tous les autres rapports, ils ressemblent davantage aux Episinus; ils s’en distinguent néanmoins, entre autres carac- tères, par leurs griffes tarsales mutiques et par l'extrême brièveté de l'article tarsal de leurs pattes, qui contraste avec la grande longueur des métatarses. Le céphalothorax de ces Araignées est déprimé, un peu plus long que large, largement arrondi de chaque côté, atténué en avant, où il est prolongé par un large bandeau obtus, fortement proclive, souvent presque horizontal ; il est marqué d'une faible impression thoracique mal définie. Les yeux, petits et égaux, occupent presque toute la largeur du bord frontal; les quatre médians figurent un petit groupe carré ou un peu plus large en avant, et, de chaque côté, les latéraux, très largement séparés des médians, sont contigus et légèrement soulevés. Les chélicères sont petites et parallèles; leur marge supérieure porte deux dents rapprochées, dont l’angulaire est plus forte, et l'inférieure présente, comme chez les Argyrodes, une très petite dent granuliforme, à peine percep- tible, située près la base du crochet; celui-ci est assez long et comprimé. La pièce labiale, qui est séparée du sternum par une profonde strie, est au moins aussi longue que large, légèrement atténuée à l’extrémité, où elle est (1) Ann. Soc. ent. Fr., 1894. FAMILLE DES THERIDIIDÆ 511 tronquée. Les lames, larges à la base, s’atténuent à l’extrémité, où elles sont fortement convergentes et se rencontrent presque par leur bord interne. Le sternum est plan et assez long, il s’atténue brièvement en avant, où il dépasse les hanches antérieures, plus longuement, mais très légèrement en arrière, et il est largement obtus entre les hanches postérieures disjointes. (le 516 917 918 Moneta triquetra E. Sim. — Fig. 516. Céphalothorax et abdomen de profil. — Fig. 517. Patte de la 1re paire, montrant la petitesse du tarse. — Fig. 518. Griffes. Les pattes ressemblent à celles des Episinus, quant à leur longueur et à leur épaisseur relatives, mais elles en diffèrent, comme je l'ai dit, par la peti- tesse de leur article tarsal (fig. 517); les pattes de la troisième paire sont, comme celles des Episinus, beaucoup plus courtes que les autres, mais, au moins dans quelques espèces, elles paraissent un peu plus épaisses et d’une coloration différente (M. triquetra E. Sim.). Les griffes tarsales sont très petites et entièrement mutiques, caractère qui suffirait pour distinguer les Moneta des groupes voisins, mais qui se retrouve dans d'autres Theridiides (Pholcommu, etc.), qui, sous tous les autres rapports, en sont très éloignés; les deux supérieures sont épaisses, peu cour- bées, égales; l’inférieure, au moins aussi longue que les supérieures, est forte- ment coudée à la base et terminée en pointe très effilée, légèrement sinueuse; ces griffes sont entourées de poils très forts, simples (fig. 518). L’abdomen est beaucoup plus long que large, tronqué et coupé d’une échancrure plus ou moins profonde en avant, graduellement élargi jusqu’au tiers postérieur, où il est brusquement rétréci en forme de tubercule obtus, portant les filières à son extrémité, le plus souvent pourvu, au point rétréci, d’un petit tubercule dorsal médian généralement aigu (fig. 516). La patte-mâchoire ressemble complètement à celle des Episinus (voy. plus loin). Les Moneta sont de petites Araignées de teinte grise plus ou moins réticulée et ponctuée de noirâtre; ils se trouvent sur les buissons, à la manière des Theridion. On n’en a décrit que deux espèces, l’une de Ceylan (M. spinigera Cambr.), l’autre de la Nouvelle-Calédonie (M. triquetra E. Sim.); j'en possède d’autres inédites de Ceylan, de l'Inde méridionale et de la côte occidentale d’Afrique. 512 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Moneta Cambr., Proceed. zool. Soc. Lond., 1870, p. 736. Cephalothorax humilis, vix impressus, vix longior quam latior, utrinque ample rotundus, postice truncatus, antice attenuatus. Clypeus latus et valde proclivis. Oculi parvi et inter se æquales, quatuor medii aream quadratam vel antice quam postice latiorem occupantes, utrinque oculi laterales inter se contigui et leviter prominuli, a mediis latissime remoti. Pars labialis saltem haud latior quam longior, apice leviter attenuata et truncata. Laminæ ad basin latæ, versus apicem attenuatæ et convergentes. Pedes longi, valde inæ- quales (pedes 3i paris reliquis multo breviores), sat robusti, sed metatarsis arsisque gracillimis, metatarsis longis, tarsis brevissimis, unguibus muticis. Abdomen longum, antice truncatum et emarginatum, pone medium amplia- tum et plerumque supra mucronatum, ad apicem sensim attenuatum, mamillis terminalibus. Typus : M. spinigera Cambr. AR. GEOGR. : India merid.; ins. Taprobane; Africa trop. occid.; N.-Cale- donia. 6. SPINTHAREÆ Les Spintharus diffèrent des Argyrodes par leur céphalothorax beaucoup plus court, au moins aussi large que long, avec la partie thoracique ample- ment arrondie de chaque côté et marquée d’une fossette médiane assez grande, mais peu profonde, ovale, longitudinale; la partie céphalique courte, gra- duellement élevée et limitée par de profonds sillons se réunissant en forme de V; leur bandeau est, comme celui des Ariamnes et des Pholcus, très haut, légèrement creusé au-dessous des yeux, puis convexe et proclive. Les yeux ressemblent à ceux des Ariamnes (voy. plus haut), à cette diffé- rence près que le groupe trapézoïde formé par les médians est plus étroit en avant qu'en arrière; les quatre postérieurs sont petits et figurent une ligne fortement procurvée, avec les médians beaucoup plus séparés l’un de l’autre que des latéraux. Les chélicères sont faibles, plus courtes que le bandeau et très acuminées, elles n’atteignent pas l’extrémité des lames. La pièce labiale est, comme celle des Argyrodes, soudée et immobile, mais elle se distingue du sternum par une strie transverse plus profonde ; elle est beaucoup plus courte et plus de deux fois plus large que longue, légèrement arquée au bord antérieur et non rebordée; les lames, de même forme que celles des Ariamnes, sont un peu plus convergentes. Le sternum est grand, légèrement convexe, néanmoins beaucoup plus long que large, longuement et graduellement atténué en arrière, où il se termine en pointe très obtuse entre les hanches postérieures. Les pattes sont longues et très inégales; celles de la quatrième et de la pre- mière paire peu inégales entre elles, étant beaucoup plus longues et plus épaisses que les intermédiaires; leurs tibias sont robustes, légèrement élargis de la base à l'extrémité, mais leurs métatarses, qui sont plus longs que les FAMILLE DES THERIDIIDÆ )13 tibias, sont très grèles ; leurs tarses, également fins, sont relativement courts, beaucoup moins cependant que ceux des Monetu. Les griffes tarsales sont grêles ; les supérieures, peu courbées, portent, dans leur moitié basilaire seulement, une série de 4 ou 5 dents très fines et dirigées en avant, diminuant de longueur vers la base; la griffe impaire est très fortement coudée et visible- ment plus courte que les supérieures. L’abdomen est large et souvent anguleux de chaque côté en avant, plan en dessus et très atténué en ar- rière, en forme de triangle plus long que large, avec les filières terminales, il est rarement presque cy- Hindrique (S. gracilis Keyserl.). La patte-mâchoire de la femelle est assez petite et cylindrique, avec le tarse plus long que la patella et le tibia réunis. Celle du mâle est de forme ordinaire; son tibia est très court et étalé sur la base du tarse, qui est gros et ovale. Les Spintharus sont de taille moyenne ou assez petite, de teinte claire variant du blanc au fauve, mais leur abdomen est presque toujours un peu plus obscur en dessus, réticulé de noir, orné d’une Fig. 519. large bordure et de grandes macules blanches ou Spintharus flavidus Hentr. jaunes. Femelle grossie. Ce genre est exclusivement américain, on en à décrit trois espèces, et j'en possède cinq ou six d'inédites ; elles sont répan- dues du sud des États-Unis (S. flavidus Hentz) aux provinces méridionales du Brésil. Spintharus Hentz, Bost. Jour. Nat. Hist., VI, 1550, p. 156. Cephalothorax latior quam longior vel saltem haud longior, parte thoracica utrinque ample rotunda, fovea ovato-longitudinali impressa, parte cephalica parva, prominula. Oculi mediocres, æqui, postici in lineam procurvam, medii inter se quam à lateralibus multo remotiores, antici inter se appropinquati in lineam subrectam. Area mediorum magna, antice quam postice multo angus- tior. Pars labialis haud marginata, plus duplo latior quam longior. Laminæ sat longæ, paulum convergentes. Sternum magnum, leviter convexum, pos- tice sensim attenuatum atque obtusum. Coxæ posticæ a sese sat distantes. Pedes (rv, 1, x, 11) longi et inter se valde inæquales (1v et 1 reliquis multo longiores et crassiores), tibiis apice sensim incrassatis, metatarsis tarsisque cunctis gracillimis, tibiis longioribus. Abdomen rhomboiïdale rarius cylin- draceum, mamillæ semper terminales. Typus : S. flavidus Hentz. AR. GEOGR. : Amer. sept. calid., centr. et merid, 33 5 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES 7. EPISINEÆ ‘Ge groupe ne diffère essentiellement du précédent, auquel il est relié par les deux genres Tomoxena et Thiwaitesia, que par les yeux postérieurs plus gros, plus resserrés ét en ligne plus ou moins récurvée. Lés Episinus sont, comme les Spintharïus, des Theridiides marcheurs que l’on rencontre le plus souvent en dehors de leur toile ; leurs pattes sont dans les mêmes ‘proportions, sauf cependant que celles de la première paire sont, le plus souvent, un peu plus longues que celles de la quatrième, et leurs articles sont construits de même, mais cés pattes sont ordinairement garnies de poils plus longs'et souvent de soies spiniformes, principalement en dessus, aux patellas et aux tibias (notamment chez les Thwaitesia); quelques espèces de Tomoxena-et Thwaitesia ont les tibias antérieurs pourvus à l'extrémité de poils plus‘lôngs et plus denses, formant des sortes de brosses analogues à celles des Nephila, et, dans le genre Meotipa, de poils très épais et lancéolés (fig. 522 BF D20—524 7. D292—596 D23—027 Fig. 520. Episinopsis rhomboidalis E. Sim. Abdomen en dessus. — Fig. 521. Æpisinus lugubris E. Sim. Idem. — Fig. 522. Mootipa vesiculosa E. Sim. Abdomen de profil. — Fig. 523. Tomoxena dives E: Sim. Abdomen en dessus. — Fig. 524. Janulus erythrophthalmus E. Sim. Front en dessus. — Fig. 525. Idem. Front de profil. — Fig. 526. Tuvaitesia margaritifera Cambr. Abdomen de profil. — Fig. 527. Meotipa vesiculosa E. Sim. Extrémité de l'un des tibias antérieurs. | Le céphalothorax de ces Araïignées, toujours un peu plus long que large, “est assez bas et marqué de stries céphaliques généralement profondes et entières, Souvent même de stries rayonnantes et d'une impression thoracique de forme variable, le plus souvent ovale-longitudinale, plus rarement sulci- forme, éntière et profonde {Thwaîtesia); sa partie céphalique, petite et légè- ‘rémént élevée, est assez étroite, et le groupe oculaire en occupe toute la largeur. Les yeux postérieurs sont, comme je l’ai dit, en ligne récurvée; les anté- rieurs sont en ligne presque droite ou légèrement procurvée, avec les médians plus ou moins proéminents; les médians antérieurs sont presque toujours FAMILLE DES THERIDIIDÆ 15 aussi gros ou plus gros que les postérieurs, et l’aire occupée par les quatre médians est parallèle ou un peu plus large en avant qu’en arrière, sauf cependant dans les genres Tomoæena et Plocamis, où elle est plus ctroite en avant, avec les médians antérieurs plus petits que les postérieurs; cette aire oculaire est peu inclinée, souvent presque horizontale, ct, dans les genres Janulus et Episinopsis, elle offre, en avant, au-dessus des yeux médians anté- rieurs, deux petits tubercules géminés, dressés (fig. 524-525}, mais quelques vrais Episinus (E. longipes Keyserl., etc.) présentent les traces de la même disposition. Le bandeau n'est très haut que dans les genres Tomoæxena, Thwaitesia et Meotipa, où il ressemble à celui des Spintharus ; ordinairement, il n'excède pas la largeur du groupe oculaire, il est légèrement creusé au-dessous des yeux, puis un peu proclive. Les chélicères, beaucoup plus longues que le bandeau (excepté celles des Tomoxena), sont faibles et très acuminées; leur crochet est assez long, très fin à l'extrémité, mais assez fortement élargi à la base, qui occupe presque entiè- rement le sommet de la tige, dont les marges sont indistinctes et mutiques ; la face inférieure de celle-ci offre, au moins chez les vrais Episinus, des crins disposés en une seule ligne un peu courbe. La pièce labiale, qui est libre ou au moins séparée du sternum par une pro- fonde strie (1), est beaucoup plus large que longue et arquée au bord anté- rieur, sauf cependant dans le genre Penictis, où elle est au moins aussi longue que large, légèrement atténuée et tronquée. Les lames, qui sont larges et presque parallèles, dépassent de beaucoup la pièce labiale et sont assez fortement convergentes. Le sternum, plus long que large, ne dépasse pas, en avant, les hanches antérieures, comme cela a lieu chez les Moneta, il se rétrécit graduellement en arrière et se termine en pointe obtuse entre les hanches postérieures, qui sont plus ou moins distantes. L'abdomen est ordinairement tronqué et même un peu échancré en avant, graduellement élargi jusqu’au tiers postérieur, où il est plus ou moins angu- leux latéralement, puis plus brièvement atténué en arrière, où il porte des filières tout à fait terminales: il est rarement acuminé en avant, simple- ment ovalaire, ou même globuleux (Janulus malachinus E. Sim.); celui des Tomoxena ressemble à celui des Spintharus, il est large en avant et longue- ment atténué en arrière (fig. 523), tandis que celui des Thwaitesia et des Meotipa est plus ou moins acuminé en dessus et conique (fig. 526); dans une espèce dont Keyserling avait formé le genre Hildboldu, il est cependant plan en dessus et dilaté en arrière, comme celui des Janulus. La patte-mâchoire n’a rien de remarquable dans les deux sexes; celle du mâle a toujours un fémur long et assez grêle; dans nos Episinus d'Europe, la (1) IL est bien difficile de décider si la pièce labiale des Tomoæxena, Thwaïitesia et Meotipa est mobile ou immobile, ce qui Ôte à ce caractère une grande partie de sa valeur. D16 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES patella est nodiforme, le tibia court et cupuliforme, le tarse et le bulbe réunis sont très gros et figurent une masse ovale allongée, mais, dans la plupart des Episinus exotiques et dans les genres voisins, la patella et le tibia sont beau- coup plus allongés et les articles terminaux plus petits. Le genre Episinus n’est pas absolument homogène; pour en faciliter l’étude, je répartis ses espèces en cinq groupes, basés sur de légères différences dans la position des yeux; les yeux s’écartent davantage du type normal dans l’espèce que j'ai décrite sous le nom d’E. theridioides, et dont je fais le type du genre Plocamis; contrairement à ce qui a eu lieu pour les autres Episinus, les médians antérieurs sont beaucoup plus petits que les autres et figurent, avec les postérieurs, un trapèze plus étroit en avant qu'en arrière; l’abdomen de cette espèce est simplement ovale, ce qui lui donne un faciès de Theridion; l’espèce qui m'a servi à établir le genre Chrosiothes ressemble à la précédente, mais elle diffère de ses congénères par ses yeux postérieurs très gros et très resserrés rappelant ceux des Teutana; le genre Penictis, proposé pour deux Episinus de la presqu'ile malaise, est caractérisé par une autre disposition oculaire et surtout par sa pièce labiale plus longue que large; les deux genres Janulus et Episinopsis sont remarquables par les deux petits tubercules de leur région frontale (fig. 524-525) et leur abdomen au moins aussi large que long, tantôt rhomboédrique (fig. 520), tantôt trapézoïde, avec les angles postérieurs plus ou moins saillants, très rarement presque globuleux (J. malachinus E. Sim.); ils diffèrent surtout l’un de l'autre par les yeux postérieurs, qui sont équidistants chez les Episinopsis, tandis que, chez les Janulus, les médians sont bien séparés l’un de l’autre, mais contigus ou presque contigus aux latéraux (fig. 524). Enfin, les deux genres Tomoxena et Thwailesiu rappellent beaucoup les Spintharus, et j'avais pensé un instant les rapporter au groupe précédent, mais la courbure antérieure de leur seconde ligne oculaire m'a décidé à les rapprocher des Episinus. Je sépare des Thwaïîtesia, sous le nom de Meotipa, quelques espèces qui diffèrent des formes typiques par leur partie thoracique, dont le sillon longitudinal est remplacé par une impression tränsverse ré- curvée, prolongée en arrière par trois branches abrégées, dont la médiane est droite et les latérales divergentes ; l'abdomen de ces Araignées est également pourvu d’un gros tubercule dorsal conique, mais il offre de plus deux rangées de tubercules plus petits et globuleux; leurs téguments sont garnis, par place, de poils très épais, déprimés-lancéolés, c’est-à-dire effilés à la base et à l’ex- trémité : dans l’une des espèces, ces poils sont localisés à l'extrémité des tibias antérieurs, dans l’autre, l’abdomen et les articulations des pattes en sont également garnis (fig. 522 et 527). Les Tomoxena et Thvuitesia sont des Araignées extrèmement élégantes, presque toujours de teinte claire passant du blanc au fauve pâle, avec l'abdo- men Je plus souvent orné de taches nombreuses ou de gouttelettes d’une belle couleur d’argent souvent relevée par des dessins jaunes ou rosés ; presque toutes ont l'extrémité des tibias et des fémurs annelée de rougeûtre. Les Episinus ont, sauf quelques exceptions, un faciès spécial, dû principa- lement à la forme de leur abdomen, qui les à fait comparer à de petits S£e- FAMILLE DES THERIDIIDÆ p17 phanopsis ; ils sont presque tous de teinte fauve ou brunâtre, avec la partie postérieure déclive de l'abdomen marquée d’une bande transverse plus pâle, leurs pattes robustes ont souvent les hanches et les fémurs éclaireis. Le genre Tomoxena est propre à l’Asie tropicale et à la Malaisie : l’une de ses espèces habite l’Inde méridionale, une autre Sumatra, et j'en ai trouvé deux (inédites) à Ceylan. Le genre Thvailesia est plus largement distribué, son espèce type habite Ceylan; une autre a été décrite de Sumatra {T. ar- gentea Th.) ; deux de Madagascar {Theridion aureosignatum et argenteosquama- tum Lenz), et j'en ai découvert une en Algérie (T. algerica E. Sim.) ; les autres, au nombre de sept ou huit, sont de l’Amérique du Sud ; il me paraît probable que le Theridion coniferum Blackwall, du Brésil, et le Linyphia inau- rata Vinson, de l'ile de la Réunion, appartiennent à ce genre ; le genre Weo- lipa ne renferme que deux espèces : l’une de l'Inde méridionale, l’autre des îles Philippines. Le genre Episinus est peu nombreux, mais largement distribué ; il est repré- senté en Europe et dans la région méditerranéenne par deux ou trois espèces, dont l’une (E. truncatus Latr.) se retrouve dans l’Asie centrale (1) ct l'Amé- rique du Nord ; une est décrite de la Nouvelle-Follande (E. australis Keyserl.); une de la Nouvelle-Zélande (E. antipodianus Cambr.) ; deux ou trois de l’Amé- rique du Sud où elles sont répandues du Venezuela au Chili (E. americanus Nic.); enfin, j'en possède d'autres inédites de l’Afrique australe, de Ceylan et de l'Amérique du Sud. Les deux espèces du genre Penictis sont propres à la péninsule malaise. L’unique espèce du genre Plocamis a été découverte en Corse et retrouvée dans les Pyrénées où elle se trouve dans les mousses des bois de pins. La seule espèce du genre Chrosiothes habite les forêts froides du Venezuela. Le genre Episinopsis compte deux espèces : l’une de Singapore, l’autre du Haut- . Amazone. Le genre Janulus a des représentants dans presque toutes les régions tropi- cales, sauf en Afrique, et, malgré la diversité de leurs habitats, ses espèces, au nombre d’une dizaine, sont voisines les unes des autres ; son espèce type a été décrite du Cap York (J. bicornis Th.}; j'en ai décrit une de Ceylan (J. taprobanicus E. Sim.) et une de Singapore (J. pictus E. Sim.); en Amé- rique, on en connait une espèce du Venezuela, qui se retrouve aux Antilles (JT. erythrophthalmus E. Sim.), et six du Brésil (J. bicorniger E. Sim. (2), solo- V brensis, bicruciatus, nebulosus, malachinus et Germaini E. Sim.). GENERA 1. Clypeus chelis haud vel vix brevior et area oculorum multo latior. DEnMAArerleSSutriINqUeCONtIAN PR EME PER Ne tÙ (1) Indiqué du Yarkand, par Cambridge, sous le nom d’Episinus algericus Lucas, qui est synonyme d’E. truncatus Latr. (2) Nom nouveau pour le Theridion bicorne Keyserl., faisant double emploi. 18 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES — Clypeus chelis multo brevior et area oculorum häud vel vix latior. Ocummlateralesutnque nes Ie ELA PP 4. 2. Area oculorum mediorum antice quam postice paulo angustior. Pars thoracica fovea longitudinali impressa. Abdomen antice latum, postice longe attenuatum, supra deplanatum.... Tomoxena. — Area oculorum mediorum subquadrata. Abdomen plerumque STATE MIE PAP DIN A TUNER EEE PEER RER 8. 3. Pars thoracica sulco profundo et integro longitudinaliter secta. Tegumenta pilis simplicibus vestita. ................. Thwaiïitesia. — Pars thoracica impressione transversim recurva, impressa. Tegu- Mmenta pilis crassis et lanceolatis munita..... Meotipa. 4. Area oculorum mediorum parallela vel antice quam postice paulo JA LOL RENAN LPS ARS PR QE OS RS 5. — Area oculorum mediorum antice quam postice angustior........ 5. Frons mutica. Abdomen longius quam latius................... 6. — Frons, pone oculos medios anticos, minute bituberculata. Abdo- men haud longius quam latius, trapezoidale................. De 6. Oculi postici mediocres, medii à lateralibus quam inter se remo- tiores et spatio inter medios oculo multo latiore. Abdomen utrinque plerumque angulosum vel tuberculatum........ Episinus. — Oculi postici magni, inter se anguste distantes (spatiis interocula- ribus oculis multo minoribus). Abdomen simpliciter ovatum.. SRE CUIR OUR ARAURT AUS DE ee EN AE ne ne EE AeUe Chrosiothes. 7. Oculi postici inter se æquidistantes. Pars thoracica fovea longi- tudinali, striisque duabus convergentibus et V designantibus, JADE S CAE PE UE EU DS EE PR A SRE Ne ANR AE Episinopsis. — Oculi medii postici à sese anguste separati, sed à lateralibus con- tigui. Pars thoracica incisura transversa parva; utrinque HUPeMANONETA MINES SA PE EEE PC ATEN SERRES Janulus. 8. Oculi medii inter se subæquales. Oculi laterales utrinque spätio oculo haud angustiore a sese distantes. Pars labialis paulo lon- gior quam latior, apice leviter attenuata ét truncata:.. Penictis. — Oculi medii antici reliquis oculis multo minores, 6euli lateralcs utrinque angustissime separati. Pars labialis Episii, mullo lation que MAIONEION RE EVER AE NNNEEER RREREEEIreE Plocamis. ‘H'omoxena, nov. gen. Cephalothorax, partes oris, sternum pedesque fere Spintharïi. Oculi majores. Area mediorum æque longa ac lata (T. dives E. Sim.) vel paulo latior quam longior (7. flavomaculata E. Sim.,, subparallela, antice quam postice vix angustior. Oculi laterales utrinque subcontigui, à médiis anguste separati. Oculi quatuor postici in lineam leviter recurvam. Clypeus âréa oculorum multo latior, leviter obliquus; FAMILLE DES THERIDIIDÆ 149 Tveus : T. dives E. Sim. AR. GEOGR. : India merid. (dives E. Sim.); ins. Taprobane; ins. Sumatra (flavomaculata E. Sim.) (1). ‘Fhwaïitesia Cambr., Proceed. zool. Soc. Lond., 1881, p. 766. — Thwaitesia et Hildbolda Keyserl., Spinn. Amer. Therid., 1, 1884, p. 164-167. À Tomoxena, cui valde affinis et subsimilis est, tantum differt parte thoracica profundius longitudinaliter sulcata, area oculorum mediorum quadrata, antice haud angustiore, tibiis setis spiniformibus paucis validis et longis supra armatis, abdomine plerumque supra acuminato postice longe attenuato et declivi, ferc semper lætissime argenteo. Tyeus : T. margaritifera Cambr. AR. GEOGR. : ins. Taprobane; ins. Sumatra; Africa sept. (algerica E. Sim.); ins. Madagascaria; America trop. NÉeotipa, nov. gen. A Thwaitesia, cui valde affinis et subsimilis est, imprimis differt parte thora- cica haud longitudinaliter sulcata sed impressione superficiali transyersim recurva munita, laminis-maxillaribus longioribus et angustioribus, tegu- mentis pilis crassis lanceolatis parce ornatis. Typus : M. picturata E. Sim. AR. GEOGR. : India merid. {picturata E. Sim.) et ins. Philippmæ (vesiculosa E. Sim.) {2). Episinus Latr., Gen. Crust., etc., IV, 1809, p. 371. Cephalothorax humilis, striis cephalicis profundis et impressione thoracica longitudinali foveiformi vel sulciformi impressus. Oculi postici inter se sub- æquales, in lineam recurvam, rarissime rectam (E. autipodiamus Cambx.), medii inter se quam à lateralibus remotiores. Oculi antici in linçam sub- rectam vel leviter recurvam, medii a lateralibus quam inter se remotiores, paulo minores (E. éruncatus, lugubris) vel paulo majores (E. lomgipes. Kexs.}), plus minus prominuli. Area mediorum paulo longior quam latior, parakkela vel antice paulo latior, spatio oculari sæpe, pone medios anticos, leviter con- vexo. Oculi laterales inter se anguste scparati. Clypeus area oculorum haud angustior, sub oculis impressus dein proclivis. Sternum ovatum, postice attenuatum et, inter coxas posticas disjunctas, obtusum, rarius subaçutum. Pars labialis latior quam longior, dimidium laminarum haud attingens. Laminæ latæ, parallelæ et obliquæ. Pedes longi et robusti (pedes 3i paris reliquis multo breviores et graciliores), setis validis spiniformibus, muniti Abdomen longum, postice incrassatum et truncatum vel rhomboidale, pone. medium ampliatum et bigibbosum, rarius simpliciter ovatum. Tyeus : E. truncatus Latr. = ————...…— — —""—"—" " —— _—— — —————————————————— (12) Ann: Soc. ent. Fr., 1894: 520 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES AR. GEOGR. : Europa et reg. medit.; Asia centr.; ins. Taprobane; Africa austr.; N.-Hollandia (australis Keyserl.); N.-Zealandia {antipodianus Cambr.) ; America sept. et merid. : Venezuela, Brasilia, Paraguay. Nora. Les espèces de ce genre peuvent se rapporter à quatre groupes : A. — Oculi antici inter se subæquales, vel sæpius medii lateralibus paulo minores. Area oculorum mediorum plana, haud vel vix longior quam latior, parallela vel antice vix latior. Abdomen postice truncatum cum angulis plus minus prominulis (E. truncatus Latr.). B. — À præcedentibus tantum differt oculis quatuor posticis inter se æqui- distantibus et lineam rectam designantibus (E. antipodianus Cambr.). C. — Oculi medii antici lateralibus paulo majores et prominuli. Area medio- rum haud vel vix longior quam latior et antice quam postice latior, supra antice convexa, interdum leviter sulcata. Abdomen pone medium ampliatum et convexum et plerumque tuberculis binis rotundis et nitidis munitum, interdum muticum, oblongum, antice acuminatum, postice ampliatum et rotundum (Æ. longipes Keyserl.). D. — Cephalothorax longior et angustior. Oculi cuncti parvi et inter se æquales, quatuor antici in lineam leviter recurvam, quatuor medii aream pla- nam, multo longiorem quam latiorem et antice quam postice paulo latiorem occupantes (E. bilineatus E. Sim.) (1). Penictis, nov. gen. Ab Episino differt cephalothorace fovea media parva transversa procurva impresso, oculis quatuor posticis inter se æquis sat parvis et æquidistantibus in lineam valde recurvam, oculis quatuor anticis in lineam leviter recurvam, fere æquidistantibus, mediis prominulis, area mediorum longiore quam latiore et antice quam postice paulo angustiore, utrinque oculis lateralibus sat late disjunctis (spatio interoculari oculo latiore) et singulariter prominulis, parte labiali longiore quam latiore versus apicem attenuata atque obtusa; abdomine longo, in parte secunda leviter ampliato et lobato, ad apicem attenuato, mamillis terminalibus. Typus : P. mucronata E. Sim. (2). AR. GEOGR. : pen. Malayana. (1) Cette espèce est inédite, en voici la diagnose : E. bilineatus, sp. nov. — (pullus). Long. 3,5 mill. — Albo-testaceus, pilis albidis conspersus, cephalothorace abdomineque supra lineolis binis exillimis et parallelis nigris et cephalothorace linea marginali simili ornatis, metatarsis tarsisque Ai et li parium apice minutissime nigris. Pedes setis rigidis vestiti. — Africa austr. : Transvaal. (2) Espèce inédite, dont voici la diagnose : P. mucronata, sp. nov. — © (pullus). Long. 6 mill. — Cephalothorax sternum— que fulvo-rufescentia, pilis albidis conspersa, abdomen longum, pone medium am- pliatum et utrinque tuberculis obtusis binis subgeminatis notatum, fulvum, supra FAMILLE DES THERIDIIDÆ 521 Plocamis, nov. gen. — Episinus E. Sim., Ar. Fr., t. V, p. 41 (ad part. E. theridioides). Ab Episino differt oculis majoribus et inter se minus distantibus, oculis anticis inter se appropinquatis et valde iniquis, mediis lateralibus plus quin- tuplo minoribus et area oculorum mediorum antice quam postice multo angustiore, abdomine simpliciter ovato nec anguloso nec tuberculato. Typus : P. theridioides E. Sim. (sp. un... AR. GEOGR. : ins. Corsica et Gallia max. austr. Chrosiothes, nov. gen. AD Episino differt oculis multo majoribus, inter se cunctis subæqualibus et minus distantibus, quatuor posticis in lineam subrectam, mediis inter se quam a lateralibus vix remotioribus (spatio interoculari oculo multo minore), oculis quatuor anticis in lineam subrectam, mediis inter se distantibus, a late- ralibus haud separatis, area mediorum quadrata, convexa, abdomine simpliciter ovato nec anguloso nec tuberculato. Typus : C. silvaticus E. Sim. (sp. un.) (1). AR. GEOGR. : Venezuela. Janulus Thorell, St. Rag. Mal., etc., IT, 1881, p. 163. — Theridium Keyserl., Spinn. Amer., Br. Sp., 1891, p. 193 (T. bicorne Keyserl.). Cephalothorax fere Episini sed paulo latior, striis cephalicis foveaque thora- cica parva transversa et utrinque leviter ampliata, impressus, fronte angusta. Oculi postici magni et subæquales, in lineam valde recurvam, medii inter se anguste distantes, a lateralibus haud vel vix separati. Oculi medii antici valde prominuli, lateralibus paulo majores. Oculi laterales utrinque contigui. Area oculorum mediorum subparallela, paulo longior quam latior, pone oculos anti- cos tuberculis binis geminatis insigniter munita. Cætera fere Episini. Abdo- men haud longius quam latius, trapezoidale, postice ampliatum, truncatum et plerumque utrinque angulosum, rarissime globosum (J. malachinus E. Sim.). Typus : J. bicornis Thorell. AR. GEOGR. : ins. Taprobane; pen. Malayana; N.-Hollandia sept.; America merid. : Antillæ, Venezuela, Brasilia. fusco-roseoque variatum, paulo ante medium maculis latis binis, inter tubercula ma- culis minoribus binis, albidis ornatum, subtus infuscatum et maculis albo-testaceis quatuor notatum. Pedes luridi, late fusco-rufulo annulati, metatarsis utrinque nigro- punctatis. — Singapore !. (1) Cette espèce est inédite, en voici la diagnose : C. silvaticus, sp. nov. — @. Long. 3,2 mill. — Cephalothorax fulvo-rufescens, area oculorum nigricanti. Abdomen oblongum, convexum, cinereo-testaceum, setis sat longis luteis conspersum. Sternum pedesque fusco-rufescentia, coxis femoribusque in parte basali (femoribus 11 et 11 parium fere usque ad apicem) dilutioribus et luteis. Area vulvæ parva, fusca, fovea rotunda impressa. — Venezuela : San-Esteban !. Cz © 1© HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Episinopsis, nov. gen. À Janulo, cui valde affinis est, differt parte thoracica fovea ovato-longitudi- nali, strias duas postice convergentes (V magnum formantes) gerente, im- presso, oculis posticis inter se æquidistantibus et utrinque oculis lateralibus anguste separatis. Typus : E. rhomboidalis E. Sim. AR. GEOGR. : penins. Malayana (E. rhomboidalis E. Sim.) et America merid. : Peruvia (E. albostriatus E. Sim.) (1). 8. ŒTEÆ Le genre OŒEta, que Cambridge a décrit avec doute comme appartenant à la famille des Epeirides (Argiopides), me paraît se rapprocher des Thwailesia et surtout des Meotipa; il rentre également dans la catégorie des Théridiides mar- cheurs; sous ce rapport, il est même mieux caractérisé, car ses pattes posté- rieures sont nettement plus longues que les antérieures. Ses pièces buccales et son sternum diffèrent très peu de ceux des Meotipa, mais, sous d’autres rapports, le genre ŒEtu est exceptionnel parmi les Theri- dides et mérite de former un groupe à part. 028 029 530 Œta spinosa Cambr. — Fig. 528. Front du mäàle, en dessus. — Fig. 529, Patte-mächoire du mâle. Fig. 530. Abdomen de profil. Le céphalothorax de l'Œta spinosa, seule espèce connue, est assez plat, allongé, peu atténué en avant, avec le front tronqué carrément ; il est marqué en dessus de dépressions céphaliques obliques et, au moins chez le mâle, d’un sillon thoracique longitudinal profond. Les yeux, qui occupent toute la largeur du front, sont répartis en trois groupes largement séparés les uns des autres; les médians figurent un trapeze presque aussi large que long et beaucoup plus étroit en arrière qu'en avant, les postérieurs étant contigus l’un à l’autre, tandis que les antérieurs, un peu plus gros, sont bien séparés; les yeux latéraux, largement séparés des médians, sont, de chaque côté, contigus l’un à l’autre et situés aux angles frontaux; les quatre yeux antérieurs figurent une ligne récurvée, caractère très rare dans la famille des Theridiides. (1) Ann: Soc, ent. fr, 4894: FAMILLE DES THERIDIIDÆ 23 Chez la femelle, les trois groupes oculaires sont peu saillants, tandis que, chez le mâle, ils sont élevés sur de forts tubercules qui découpent le front : le tubercule médian est carré, tandis que les latéraux sont grèles, cylindriques et divergents, en forme de cornes, ils portent les yeux latéraux connés très près de leur éxtrémité (fig. 528). Le bandeau, non ou à peine plus large que le groupe des yeux médians, est presque vertical et plan chez la femelle, mais très obliquement incliné en arrière chez le mâle, à cause de la forte saillie oculaire ; le milieu de son bord antérieur porte une petite pointe dirigée en bas, entre la base des chélicères, qui m'a parue plus développée que chez aucune autre Araignée. Les chélicères de la femelle sont assez étroites, longues et cylindriques, leur marge supérieure est pourvue, près de l’angle, d’une dent sétiforme (fig. 531); celles du mâle sont sensiblement dilatées à l'extrémité, et leurs marges sont plus longuement obliques que chez les autres Théridiides; la supérieure porte trois petites dents obtuses, dont la dernière est un peu plus forte que les autres, et, en dessus, une série de trois ou quatre longs crins spiniformes ; le crochet est très long, fortement arqué et grêle, sauf à la base (fig. 532). L'abdomen, peu convexe, est ovale, arrondi en avant, longuement atténué en arrière, avec les filières 531 522 terminales; il est armé en dessus de tubercules Œia spinosa Cambr.— Fig. 531. cylindriques dressés, disposés en séries et terminés Chélicère de la femelle. — chacun par un crin recourbé en arrière (fig. 530). Fig. 532. Chélicère du mâle. : re : à Les pattes sont, comme je l’ai dit, analogues à celles des Thwaiîtesiu, elles sont également hérissées de crins longs et nom- breux, presque spiniformes; celles de la quatrième paire sont nettement plus longues que celles de la première; les tarses, très fins, sont, surtout chez les femelles, un peu plus longs, relativement aux métatarses, que dans le groupe précédent. La patte-mâchoire du mâle est remarquable par le grand développement de son tibia, qui est dilaté en dessus en grosse apophyse verticale et très obtuse, armée de nombreuses épines irrégulières, tandis que le tarse, inséré sous cette saillie, est assez étroit et cylindrique (fig. 529). Indépendamment de sa patte- mâchoire, le mâle diffère, comme je l'ai dit, de la femelle par sa structure frontale. L OŒta spinosa Cambr. est un Theridion de moyenne taille, de couleur blan- châtre presque uniforme chez la femelle, relevée, chez le mâle, de grandes taches noires dans la région frontale et sur le dessus de l’abdomen, Je l'ai trouvé assez communément à Ceylan, aux environs de Kandy, sur les buissons, où il paraît vivre à la maniere des Theridion.: D2% HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES OŒta Cambr., Pr. zool. Soc. Lond., 1870, p. 739. Cephalothorax planus, antice parum attenuatus, fronte lata et recte trun- cata. Oculi medii aream trapeziformem, antice quam postice latiorem, occu- pantes, postici inter se contigui. Oculi laterales utrinque contigui, promi- nuli, à medis latissime remoti. Chelæ sat longæ, marginibus sat longe obliquis, superiore (3) dentibus parvis trinis setisque spiniformibus instructo. Partes oris sternumque Thwaïitesiæ. Pedes longi (1, 1, 11, 111) sat robusti, sed metatarsis tarsisque gracilibus, setis longis numerosis valde hirsuti. — Frons maris tuberculis ocularibus trinis longis valde dentata. Typus : 0E. spinosa Cambr. (sp. un.). AR. GEOGR. : ins. Taprobane. 9, EURYOPEÆ Au milieu de la série si uniforme des Theridion, les Euryopis constituent un groupe assez naturel; ils se reconnaissent non seulement à des caractères particuliers, mais aussi à un faciès qui est différent de celui des types voisins; il faut dire cependant que le genre Audifia, qui semble faire le passage des Euryopis aux Formicinoides, et le genre Sfictoxena, qui les relie aux Theridion vrais, Ôtent un peu à ce groupe de son homogénéité. Les Euryopis sont, comme les Episinus, des Théridiides marcheurs, dont les filières sont terminales et visibles en dessus, situées à l'extrémité d'un gros abdomen cordiforme, c’est-à-dire large et arrondi en avant, mais très atténué en arrière, et dont les pattes sont robustes, sauf les métatarses et tarses; mais les Euryopis diffèrent à première vue des Æpisinus par leurs pattes légèrement rejetées de côté, comme celles des OŒÆEcobius, et très peu inégales, sauf celles de la quatrième paire, qui sont toujours plus longues que les autres. Dans les genres normaux, le céphalothorax est généralement court (il n’est ovale assez allongé que dans les genres Coscinida et Audifia), largement arrondi de chaque côté, dans la région thoracique, qui est marquée d’une impression médiane longitudinale et sulciforme, très rarement transverse et procurvée, très atténué et, en même temps, élevé en avant dans la région céphalique, qui est étroite et plus ou moins saillante. Le groupe oculaire occupe toute la largeur du front; les yeux postérieurs sont, sans exception, en ligne recurvée, ils sont plus ou moins séparés les uns des autres et presque toujours égaux, sauf dans le genre Diaprocorus, où les médians sont beaucoup plus petits que les latéraux, et dans le genre Cosci- nidu, où ils sont, au contraire, plus gros. ; Les yeux antérieurs, resserrés, sont en ligne presque toujours procurvée, plus rarement droite; dans le genre Phylarchus seulement, en ligne légère- ment recurvée, et ce caractère est le seul qui sépare ce genre des vrais Euryopis. Le groupe formé par les quatre yeux médians est un peu plus large que long et un peu plus large en avant qu’en arrière, sauf dans le genre Coscinida, où il est un peu plus long que large et très oblique. FAMILLE DES THERIDIIDÆ 225 Le bandeau est toujours beaucoup plus large que le groupe oculaire et ordi- nairement plus long que les chélicères. Celles-ci sont courtes et acuminées; leurs marges sont indistinctes et mutiques (1), mais la supérieure est pourvue de longs crins isolés; le crochet est remarquablement long (il égale presque la tige), presque droit et très fin, au point de ressembler à celui des Prodido- mus, mais assez brusquement élargi à son point d'insertion, où il occupe presque entièrement le sommet de la tige (fig. 535). La pièce labiale est beaucoup plus large que longue et semi-circulaire transverse; les lames sont courtes, atténuées et obtuses, fortement inclinées convergentes et presque contiguës à l'extrémité, en avant de la pièce labiale. Dans les genres les mieux caractérisés, le sternum est largement cordi- forme, très atténué en arrière, où il se termine en pointe assez étroite entre les hanches postérieures, qui sont médiocrement séparées; dans le genre Stictoxena, il est cependant moins atténué et largement obtus en arrière, et, dans le genre Awdifia, dont je parlerai plus loin, il a aussi une forme spéciale. Les pattes sont très uniformes dans tous les genres; celles de la quatrième paire sont toujours les plus longues, mais l'inégalité n'est très grande que dans le genre Coscinida, et encore dans les espèces de l’ancien monde seule- ment (2); les hanches de la quatrième paire sont elles-mêmes plus longues que les autres et cylindriques; les tarses, qui sont grêles et acuminés, sont assez longs, cependant plus courts que les métatarses, sauf {aux deux pre- mières paires) chez quelques Euryopis africains qui ne diffèrent pas autre- ment des formes typiques. La patte-mâchoire du mâle est normale; son fémur est grèle; sa patella, petite et nodiforme; son tibia, très court et aplati sur la base du tarse; celui-ci, joint au bulbe, est très volumineux, ovale allongé et peu atténué, tronqué ou obtus à l'extrémité, où il est quelquefois pourvu d'une dent à l'angle interne (E. flavomaculata C. Koch); dans beaucoup d'espèces [Æ. acuminata Luc., etc.), le bulbe est armé d’une longue apophyse dentiforme terminale perpendicu- laire ; la patte-mâchoire du Sfictoxena sertata E. Sim. est cependant beaucoup plus grêle, sa patella et son tibia, presque d’égale longueur, sont plus allongés, et son tarse, beaucoup plus petit, est simplement obtus. En dehors de sa patte-mâchoire, le mâle diffère à peine de la femelle. Les trois genres Euryopis, Phylarcus et Diaprocorus ne diffèrent les uns des autres que par des caractères peu importants, tirés de la situation et de la proportion des yeux; le genre Coscinida fait le passage au groupe précédent, son céphalothorax et ses yeux rappellent ceux des Episinus; le genre Stic- loxena rappelle, au contraire, les Dipæna, mais ses filières et ses pattes sont bien celles des Euryopis; le genre Audifia, beaucoup plus anormal, mérite une mention spéciale, il semble, en effet, relier les Euryopis aux Argyrodes et sur- tout aux Helvibis. (1) La supérieure offre cependant parfois une très petite dent angulaire. (2] Les pattes de la {re paire sont, par exception, un peu plus longues que les pos- térieures chez Coscinida subtilis E. Sim., du Venezuela. 220 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Le céphalothorax longuement ovale des Audifia et leur sternum ressemblent, en effet, beaucoup à ceux des Helvibis; leur abdomen est longuement pédiculé comme celui des Formicinoides, mais d'une manière différente, tandis que, chez ceux-ci, la longueur du pédicule est due à un prolongement du céphalo- thorax et du sternum; chez les Awdifiu, elle tient exclusivement au développe- ment exagéré de la pièce pédiculaire; leur céphalothorax, très atténué en arrière, cst, en effet, tronqué au niveau des hanches postérieures, qu'il ne dépasse pas, leur sternum, triangulaire allongé, très longuement atténué en arrière, est prolongé entre les hanches postérieures, qu'il dépasse très peu, mais il est immédiatement suivi d’une pièce pédiculaire très longue, chiti- neuse, dure et indivise, cylindrique et marquée en dessous d'une carène mousse, limitée par deux stries longitudinales. N À 093 94 999 Audifia semigranosa E. Sim. — Fig. 533. Céphalothorax et abdomen, en dessus. — Fig. 534. Pédicule, en dessous. — Fig. 535. Chélicère. Dans l’une des espèces {4. lævithorax Keyserl.), le céphalothorax est uni et sans impressions; dans l'autre (A. semigranosa E. Sim.), sa partie céphalique, légèrement convexe et lisse, est séparée de la thoracique, qui est basse et gra- nuleuse, par une strie semi-circulaire procurvée (fig. 533). L'abdomen est globuleux; ses téguments, solides, lisses et brillants, sont homogènes, sans scuta définis; en dessous, sa région épigastrique, qui est convexe, est limitée, de chaque côté, par une profonde strie; chez A. lævitho- rax Keyserl., cette région est simple et, en avant, la base du pédicule est entourée d’un petit rebord circulaire, tandis que, chez À. semigranosa, toute la partie comprise entre la fossette génitale et le pédicule est occupée par une pièce élevée, fovéolée et carénée (fig. 534), mais ce caractère est probablement propre à la femelle, seul sexe connu. Enfin, les pattes sont remarquables par leurs hanches subglobuleuses et isolées les unes des autres, surtout les intermédiaires, mais tous les autres caractères sont ceux des Ewryopis. Les Euryopis sont de petites Araignées, sauf quelques espèces australiennes qui atteignent la taille moyenne (E. umbilicata L. Koch, Diap. nultipunctatus E. Sim.) ; leurs téguments, très lisses, sont parsemés de longs crius raides; les uns sont entièrement noirs (ÆE. acuminata Lucas, etc.), les autres ont FAMILLE DES THERIDIIDÆ 27 l'abdomen orné de taches blanches, argentées ou dorées (E. seæulbomaculata Lucas, Zimmermanni L. Koch., orsoviensis Kulez., etc.), ou d’une large bor- dure de même teinte (E. funebris Hentz, floricola Keyserl, etc.) ; d’autres ont une bande médiane olivâtre bordée de blanc (E. umbilicata L. Koch) : d’autres enfin sont fauves, avec l’abdomen plus où moins obscurei et taché en dessus (E. flavomaculata C. Koch, Diap. multipunctatus E. Sim., etc.); les Phylarchus ont entièrement la coloration de l'E. funebris H.; les Coscinida ont l'abdomen noir et orné de taches blanches, jaunes ou testacées, les pattes fauves avec certains articles rembrunis, tandis que le Sfcloxena sertata E. Sim. ressemble à un petit Theridion blanchätre, légèrement varié de noir; les Audifia ont les téguments solides, noirs et très brillants, garnis de longs poils isolés ; leurs pattes sont fauves et rayées de noir. Les Euryopis et Coscinida paraissent filer très peu; on les trouve sous les pierres, dans les mousses et les lichens, courant avec une grande vélocité ; leur cocon n'a pas été observé. Le Stictorenu, qui habite sur les buissons, porte, suspendu aux filières, ses œufs, qui sont gros, blancs et simplement retenus par quelques fils, ne for- mant pas de cocon bien défini. Le genre Euryopis renferme actuellement 27 espèces : 14 d'Europe, 1 de l'Inde, 1 du Japon, 1 d'Australie, 3 de l'Amérique du Nord, 7 de l'Amérique du Sud, principalement du Brésil; l'une de nos espèces européennes (E. fla- vomaculata C. Koch) se retrouve au Kamchatka. Le genre Phylarchus ne renferme que six espèces, très voisines les unes des autres, mais très disséminées : 1 de l'Asie centrale (P. sagittatus Gb.), 1 de Ceylan (P. brevis Gb.), 1 des îles Philippines (P. æneocinctus E. Sim.), 1 de la Nouvelle-Follande et de la Nouvelle-Calédonie (P. splendidus E. Sim.) (1). L’unique espèce du genre Diaprocorus est aussi d'Australie, et celle du genre Sticloæena, de Ceylan ; le genre Coscinida compte cinq ou six espèces : 1 du sud de l'Algérie, 2 de Ceylan, 2 ou 3 du Venezuela ; le genre Audifia ne ren- ferme que deux espèces propres au bassin de l'Amazone où elles paraissent rares, car on ne connait de chacune d'elles qu’un seul individu. GENERA 1. Abdomen longissime pediculatum. Coxæ subglobosæ inter se dis- ÉADILE SN LA A AO A RC CITE AE EL ts le PETAS Audifia. — Abdomen breviter pediculatum. Coxæ utrinque subcontiguæ. . . .. 2) 2, Sternum non multo longius quam latius, postice late obtusum et CoxeIDoSticæ terne titeistantes PANNEAU ER . Stictoxena. — Sternum cordiforme, postice valde attenuatum, subacuminatum et coxæ posticæ inter se non multo distantes. .... Se Ua de at D. 3. Cephalothorax sat longe ovatus. Oculi inter se conferti, quatuor medii aream paulo longiorem quam latiorem occupantes. Coscinida. (1) Dont Euryopis elegans Keyserl. est synonyme. 528 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES — Cephalothorax brevis. Area oculorum mediorum latior quam lon- SOA Ste RL ARR EN ERA BLRES ERA AE 4. 4. Oculi medii postici lateralibus minores. Ocui laterales postici an- HAS ToUTOMMENOROEEUe 80 oo ob bio co otagooatre Diaprocorus. — Oculi quatuor postici et utrinque oculi laterales bini inter se SU go Set Da he en tee be DO ele ent ee IE ÿ Oculi quatuor antici, lineam plus minus procurvam designantes. AN SE M Ce DRE D ra detente ee CE 2e ol CE re Se CINE ALU O)ERTSS — Oculi quatuor antici, lineam leviter recurvam designantes. Phylarchus. Audifia Keyserl., Spinn. Amer. Therid., I, 1884, p. 209. Cephalothorax longus et humilis, antice vix attenuatus, fronte lata et truncata, postice sensim attenuatus et truncatus. Oculi postici parvi et fere æquidistantes, in lineam leviter recurvam. Oculi antici in lineam subrectam, medii lateralibus multo majores et prominuli. Area mediorum magna, antice quam postice latior. Clypeus latus subverticalis. Sternum longum, postice attenuatum, inter coxas posticas truncatum. Pedes breves {1V, 1, 11, 11), coxis globosis inter se distantibus, tarsis cunctis metatarsis brevioribus. Pediculum abdominale longum et cylindraceum. Abdomen subglobosum, cute duriuscula et nitidissima omnino obtectum. Tvypus : À. lævithorax Keyserl. AR. GEOGR. : Brasilia : Amazonas. ÆEuryopis Menge, Preuss. Spinn., 1868, p. 174 (ad part.) — Micryphanltes CG. Koch, 1836 {ad part. M. flavomaculatus). — Theridium Westr., 1861 (ad part.). — Theridion Blackw., 1864 (ad part.) — Æuryopis Thorell, Eur. Spid., 1869-70 (ad part.). — Id. E. Sim., Ar. Fr., V, 1881, p. 121. Cephalothorax brevis et latus, parte cephalica brevi, elevata et valde atte- nuata, thoracica sulco longitudinali impressa. Oculi postici minuti (E. acumi- nata Luc.. ete.) vel sat magni (E. flavomaculata CG. K., mustelina E. Sim., etc.), in lineam plus minus recurvam, interdum fere æquidistantes, interdum medii a lateralibus quam inter se paulo remotiores (E. funebris Hentz, etc.), sæpius inter se paulo remotiores (E. umbilicata L. Koch), inter se æquales, interdum medii transversim ovati (E. sexalbomaculata Luc. etc.). Oculi antici in lineam plus minus procurvam, medii lateralibus fere semper majores, inter se remo- tiores et prominuli. Area mediorum fere semper latior quam longior, parallela vel sæpius antice quam postice paulo latior. Clypeus arca oculorum multo latior. Chelæ clypeo æque longæ vel breviores, rarius paulo longiores (Æ. wm- bilicata L. Koch), ungue longissimo tenui. Sternum triangulare, postice valde acuminatum et coxæ posticæ spatio, articulo multo angustiore, a sese dis- tantes. Abdomen latum, convexum, cordiforme, postice acuminatum. Pedes sat breves et robusti, sex antici inter se parum inæquales, postici reliquis longiores. Ungues superiores dentibus 6-7, unguis inferior dentibus binis parvis, instructi. Tegumenta setis rigidis et longis parce vestita. Typus : E, flavomaculata C. Koch. FAMILLE DES THERIDIIDÆ 529 AR. GEOGR. : Europa et reg. medit.; Asia centr., merid. et orient.; Nova- Hollandia et Polyn.; Amer. sept. et merid. HDiaprocorus, nov. gen. Ab Euryopi differt parte thoracica haud sulcata sed fovea parva transver- sim recurva impressa, oculis mediis posticis inter se quam a lateralibus multo remotioribus et multo minoribus, utrinque oculis lateralibus contiguis valde iniquis, antico postico multo minore. Typus : D. mullipunctatus E. Sim. (1) (sp. un.). AR. Ge0GR. : Nova-Hollandia merid. Phylarehus E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1888, p. 241 (note). — Phycus Cambr., Proceed. Zonl. Soc. Lond., 1870, p. 742 (nom. præocc.). — Eu- ryopis E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1877, p. 84 (E. æneocincta). Ab Euryopi, cui valde affinis et subsimilis est, tantum differt oculis anticis in lineam leviter recurvam, inter se late et fere æque distantibus, mediis late- ralibus paulo majoribus, fronte latiore, oculis posticis parvis inter se latius distantibus. Typus : P. brevis Cambr. AR. GEOGR. : Asia centr. ; ins. Taprobane; ins. Philippinæ ; N.-Hollandia ; N.-Caledonia. Coscinida, nov. gen. AD Euryopi differt cephalothorace longius ovato, parte thoracica sulco lon- gitudinali impressa, cephalica sensim acelivi, oculis posticis in lincam sub- rectam, inter se subcontiguis, mediis lateralibus majoribus, oculis anticis inter se appropinquatis et lineam procurvam formantibus, area mediorum valde obliqua, subparallela et paulo longiore quam latiore, pedibus longioribus plerumque magis inæqualibus, posticis fere semper reliquis multo longioribus. Typus : C. tibialis E. Sim. AR. GEOGR. : Algeria merid. (fibialis E. Sim.) ; ins. Taprobane {(novemnotatu, gentilis E. Sim.); Amer. merid. : Venezuela (subtilis E. Sim.) (2). Sticitoxena, nov. gen. Cephalothorax fere Euryopis. Oculi postici sat magni, inter se æqui, sal anguste et fere æque distantes, in lineam valde recurvam. Oculi antici in lineam rectam, medii majores prominuli inter se distantes sed a lateralibus haud separati. Area mediorum saltem haud latior quam longior et antice quam postice paulo latior. Sternum haud vel vix longius quam latius, con- vexum, cordiforme, postice late obtusum et coxæ posticæ inter se late dis- tantes. Lveus : S. sertata E. Sim. (3) (sp. un.). AR. GEOGR. : ins. Taprobane. (1=—2-3) Ann. Soc. ent. Fr., 1894. 34 30 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES 10. SEDASTEÆ Je rapproche, au moins provisoirement, des Euryopis, le Sedasta ferox E. Sim, Araignée de l'Afrique occidentale, dont je ne connais que le jeune et dont les affinités resteront douteuses, tant que la forme adulte n'aura pas été étudiée. Le Sedasta se rapproche des Euryopis par ses pièces buccales, ses pattes et ses griffes; il en diffère, comme de tous les autres Theridiides, par la forme de son céphalothorax, la position de ses yeux et le développement exagéré de ses chélicères, qui n’a pas d’analogue dans la famille des Théridiides. Le céphalothorax, plus long que large, est presque parallèle, à peine atténué aux deux extrémités, fortement convexe et presque également incliné en avant et en arrière. Le groupe oculaire occupe toute la lar- geur du front, qui est très large et obtus; les quatre yeux postérieurs figurent une ligne sensiblement récurvée ; les médians, un peu plus gros, sont au moins trois fois plus séparés l’un de l’autre que des laté- raux, leur intervalle ayant plus de six fois leur diamètre ; les yeux antérieurs sont petits, égaux, presque équidistants, en ligne presque droite; les quatre yeux médians figurent un grand trapèze, beaucoup plus large que long et près de deux fois plus étroit en avant qu’en arrière; les yeux latéraux sont, de chaque côté, petits, égaux et connés. Le bandeau, vertical et plan, est plus étroit que le groupe oculaire. Les chélicères sont très longues, robustes, fortement atténuées et très divergentes ; leur crochet, très long, robuste et courbe, ressemble à celui des Pachygnatha (fig. 536); la tige est presque cylindrique, sans rainure définie, mais elle présente une série de six petites dents granuliformes correspondant à la marge inférieure. Les pièces buccales sont, comme je l’ai dit, construites comme celles des Euryopis ; la pièce labiale, plus large que longue, est triangulaire transverse, à sommet subaigu, tandis que les lames, étroites et subparallèles, sont forte- ment inclinées et presque contiguës par leurs extrémités. Le sternum est plan, mais fortement impressionné sur les bords, triangu- laire allongé et terminé en pointe subaiguë entre les hanches postérieures rapprochées. Les pattes, courtes et peu inégales, ressemblent aussi à celles des Æwryopis ; elles sont également pourvues de fortes et longues soies rigides; leurs tarses, grêles et assez longs, sont cependant plus courts que les métatarses ; leurs griffes sont petites, les supérieures, courbées, sont pourvues de 4 ou 5 dents subégales, longues et un peu divergentes, tandis que la griffe inférieure est plus grêle, assez longue et pourvue de deux petites dents basales. L'abdomen est ovale, peu convexe, et ses filières sont terminales. Fig. 536. Sedasta ferox E. Sim. Front 2t chélicères, en dessus. 1 ï FAMILLE DES THERIDIIDÆ 531 Cette Araignée est originaire de Sierra-Leone, sur la côte occidentale d'Afrique ; les deux seuls individus connus, incomplètement adultes, sont de la taille des plus gros Euryopis, leur coloration d’un fauve pâle est relevée, au moins sur le céphalothorax, de linéoles brunes, rayonnantes ct ramifiées, rappelant un peu celles des Scytodes. Sedasta, nov. gen. Cephalothorax ovatus, convexus, antice vix attenuatus et obtusus. Oeuli quatuor postici in lineam recurvam, medii paulo majores et inter se quam a lateralibus multo remotiores. Oculi antici parvi, æqui, inter se fere æquidis- tantes. Oculi medii aream trapeziformem multo latiorem quam longiorem et antice quam postice multo angustiorem occupantes. Oculi laterales utrinque æqui, parvi et contigui. Clypeus verticalis, planus, area oculorum angustior. Chelæ longissimæ et divaricatæ. Pars labialis triquetra, latior quam longior. Laminæ angustæ, valde inclinatæ. Sternum planum, impressum, postice valde acuminatum et coxæ posticæ inter se parum distantes. Pedes sat breves et robusti (1V, 1, 11, 11). Abdomen ovatum. Mamillæ terminales Lyeus : S. feroxæ E. Sim. (sp. un.) (1). AR. GEOGR. : Africa trop. occid. 11. THERIDIEÆ Ce groupe, qui a pour type le genre Theridion, renferme les espèces les plus sédentaires, celles dont les pattes antérieures sont plus longues que les pos- térieures, souvent aussi plus robustes, mais avec les tibias toujours cylin- driques. Le céphalothorax de ces Araignées est ovale plus ou moins allongé, avec le front obtus, assez étroit et peu proéminent; la partie céphalique, limitée par des stries, quelquefois très profondes ; la partie thoracique marquée d’une fos- sette, rarement d’un sillon longitudinal. Les yeux sont disposés en deux lignes légèrement procurvées, rarement droites, plus rarement encore un peu procurvées (Philo); leur grosseur et leur écartement relatifs sont très variables, même dans les limites d’un genre. Le bandeau est environ de même largeur que le groupe oculaire, rarement (1) Espèce inédite, dont voici la diagnose : S. ferox, sp. nov. — ® {pullus). Long. 2,5 mill. — Cephalothorax lævis, glaber, pallide luridus, vitta nigra, oculos includente et figuram ovatam designante, ornatus. : Abdomen ovatum, albidum, testaceo-marginatum, apice maculis fuscis transversis notatum. Sternum, chelæ pedesque albo-testacea subpellucentia, setis nigris parce munita, ungue chelarum rufescenti. & (pullus). Long. 3 mill. — Cephalothorax luridus, parte cephalica in medio leviter fusco-variata et lineolis binis fuscis, inter se appropinquatis, ornata, parte thoracica crebre fusco-reticulata. Abdomen luridum, pone medium macula transversa fusca, dein lineis transversis 3-4 nigricantibus, in medio interruptis, notatum: Sternum chelæ pedesque lurida, — Africa occid: : Sierra-Leone. D32 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES plus large (Th. Blackwalli Cambr., nodiferum E. Sim., Plullo, Hypobures, etc.), et beaucoup plus étroit que les chélicères. Le sternum est presque plan, plus long que large, sauf dans quelques petites espèces amoindries du genre Theridion (groupe du Th. pallens BL.) ; au moins, dans les espèces bien caractérisées, il est triangulaire et terminé en pointe obtuse, généralement étroite, entre les hanches postérieures qui sont peu séparées ; mais, à cet égard, il y a d’assez nombreuses exceptions. Les chélicères, beaucoup plus longues que le bandeau, sont assez étroites et presque parallèles ; leur troncature, très courte, porte toujours à la marge supérieure une dent angulaire et souvent (au moins dans les grosses espèces) une ou deux dents plus petites entre celle-ci et la base du crochet (1). La pièce labiale, plus large que longue, est atténuée à l’extrémité où elle est tantôt obtusément tronquée (Th. lineatum C1., tepidariorum C. K., etc.), tantôt arquée; elle ne dépasse ordinairement pas le tiers basilaire des lames et atteint rarement leur milieu (Th. pulchellum Walck.). Les lames sont longues, inclinées à la base sur la pièce labiale, ensuite presque parallèles et rapprochées. Les pattes sont généralement longues et dans les proportions 1, 4, 2,3 ou 1, 2, 4, 3, elles sont garnies de poils fins souvent accompagnés, en dessus aux tibias, de crins dressés plus ou moins longs, prenant quelquefois la consistance de vraies épines (Th. spiniventre Cambr.). La patte-mâchoire de la femelle est assez allongée et son tarse, acuminé, porte une griffe semblable à celles des pattes, mais dont la série dentée s’avance souvent plus près de l’extrémité. La patte-mâchoire du mâle est assez variable, au moins quant à ses articles terminaux; le tibia, vu en dessus, est souvent tellement court que le tarse parait s’insérer sur la patella; d'autrefois, il est assez long et très atténué à la base en forme de triangle allongé; dans tous les cas, il se dilate en dessous et s’avance sous la base du bulbe; le tarse est presque toujours sim- plement ovale acuminé, mais, dans quelques espèces, il est comprimé et réni- forme (T. aulicum), ou cylindrique et terminé en pointe incurvée (1. bimacu- lalum) ; il s’écarte de la forme typique dans les genres Achæa et Latrodectus, et surtout chez Th. cidrelicola (voy. plus loin). Le mâle se distingue, en outre, de la femelle par sa région épigastrique légèrement coriacée, convexe et plus ou moins prolongée en forme de bour- relet obtus qui atteint souvent le milieu de la face ventrale; mais le dévelop- pement de cette pièce est très variable (2). Les griffes méritent une attention spéciale, car elles fournissent le caractère le plus constant permettant de séparer ce groupe de celui des Dipœnu ; les su- (1) Chez Th. lineatum CI. et quelques espèces du même groupe, on trouve même, chez la femelle, une petite dent granuliforme à la marge inférieure. (2) Elle atteint son maximum de développement chez Th. (Coleosoma) blandum Cambr. (voy. plus loin). FAMILLE DES THEPIDIIDÆ 533 périeures sont généralement plus robustes que dans les groupes précédents, assez fortement courbées et pourvues, dans leur moitié basilaire seulement, d’une série de 4 à 6 dents très inégales, les premières étant longues et diver- gentes, les autres petites et serrées ; dans les espèces qui portent leur cocon aux filières (Th. bimaculatum L., etc.), les griffes supérieures sont cependant moins courbées et leur série dentée dépasse leur milieu. Dans tous les cas, la griffe inférieure est très courbée, presque aussi longue que les supérieures, mutique, ou pourvue d'une seule dent obtuse basilaire, rarement de deux dents géminées. Le grand genre Theridion, qui compose presque à lui seul ce groupe, est des plus polymorphes, mais ses types extrêmes sont reliés par des intermé- diaires si nombreux et si gradués qu’il m’est impossible de maintenir les genres Neottiura Menge, Phyllonethis Thorell, Chrysso et Coleosoma Cambr., Faitidius Keyserl., Adelosimus et Mastostigmus E. Sim., etc., établis pour la plupart sur des espèces un peu anormales et ne correspondant même pas à des sections naturelles; au reste, la subdivision du genre Theridion me parait impossible au moins actuellement, et je me contenterai de passer rapidement en revue ses principales modifications. Les Theridion, qui se rapprochent le plus des Thwailesia et dont la pièce labiale parait également soudée au sternum, ont un front large et des yeux relativement très petits, égaux et largement séparés; les médians des deux D97— 542 D38—043 9939 541—540 Fig. 537. T. Baeri E. Sim. Abdomen, en dessus. — Fig. 538. T, formosum CI. Abdomen de profil. — Fig. 539 T. impressithorax E. Sim. Céphalothorax du mâle en dessus. — Fig. 540. T. (Coleosoma) blandum Ch. Bord antérieur de l’abdomen ; Z. lobes. — Fig. 541. 14. Abdomen du mâle de profil. — Fig. 542. T. nodiferum E. Sim. Abdomen en dessus. — Fig. 543. T. Macei E. Sim. Abdomen de profil. lignes sont un peu plus séparés l’un de l’autre que des latéraux, et le groupe formé par les médians est un peu plus large que long, et souvent un peu plus étroit en avant qu'en arrière ; leur abdomen est ordinairement plus large que long, élargi et très obtusément tronqué en arrière, comme celui de Thvai- D34 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES tesiu Simoni Keyserl., quelquefois cependant ovale ; leurs pattes, souvent très longues, sont très inégales, celles de la première paire étant beaucoup plus longues que les autres et un peu plus épaisses; dans une espèce inédite du Venezuela, les pattes sont excessivement longues, au point de ressembler à celles des Pholcus ; ces Theridion sont ordinairement entièrement blancs, leur abdomen est quelquefois orné de points noirs espacés (T. sexmaculatum Keyserl., antillanum E. Sim., impressithorax E. Sim.), d’autres fois il est gri- sâtre, avec de petites macules blanches sériales ; certains mâles (T. impressi- thorax E. Sim.) ont le céphalothorax marqué de profondes impressions, sa partie céphalique est limitée par deux stries réunies en forme de V, tandis que sa partie thoracique présente un large canal médian et un sillon submarginal, dessinant un bourrelet et deux saillies dorsales semi-circulaires (fig. 539). La patte-mâchoire des mâles est ordinairement assez grêle, et son tarse, étroit, se termine en pointe subaiguë; celle du T. impressithorax E. Sim. a cependant une autre disposition, qui rappelle beaucoup celle des Latrodectus, son tibia est extrêmement court, mais prolongé, sur le côté externe du bulbe, en longue pointe lamelleuse obtuse, tandis que le tarse est fortement évasé, de sorte que le bulbe, qui est très gros et terminé par une grande surface dis- coïde entourée d’un stylus circulaire, paraît terminal (fig. 546). Ces Theridion sont répandus dans toutes les régions tropicales ; j'en possède une dizaine d'espèces d’Afrique, de Ceylan, des Philippines, de la Nouvelle- Calédonie et de l'Amérique du Sud, mais beaucoup sont inédites; on peut cependant rapporter à ce groupe les T. brasilianum, sexmaculatum, paroulum Keyserl., antillanum KE. Sim., etc. Une espèce de la côte occidentale d'Afrique, le T. Macei E. Sim. (1), se rat- tache à ce type, mais diffère de ses congénères par le groupe de ses yeux médians un peu plus large en avant qu’en arrière, son sternum plus large entre les hanches postérieures et son abdomen acuminé subaigu, comme celui d'un Argyrodes (fig. 543); cette petite Araignée pholciforme a, chez le mâle, une patte-mâchoire assez grêle, avec le tibia presque aussi long que la patella et, contrairement à ce qui a lieu chez les autres Theridion, un peu plus épais dès la base et nullement dilaté à l’extrémité sous la base du tarse, qui est ovale et acuminé (fig. 544). Dans la série d'espèces qui correspond au genre Noottiura de Menge et à une grande partie du genre Achæa de Keyserling, les yeux postérieurs sont presque équidistants, quelquefois assez petits et largement disjoints (T. bima- culatum L.), ordinairement plus gros et plus resserrés; les antérieurs, en ligne légèrement procurvée, sont presque toujours un peu plus petits que les autres, les médians sont plus séparés l'un de l’autre que des latéraux, dont ils sont cependant bien séparés, et ils figurent, avec les médians postérieurs, un groupe ordinairement plus large que long, tantôt parallèle (7. uncinatuin Lucas, suaveolens E. Sim., etc.), tantôt un peu plus étroit en avant qu'en arrière (T. bimaculatum L., herbigrada E. Sim, etc.). (1) Ann, Soc: ent. Fr.; 1894, FAMILLE DES THERIDIIDÆ 539 L’abdomen de la femelle est quelquefois globuleux (T. bimaculatum L.), mais attaché par un pédicule assez long, de sorte que le céphalothorax est visible en dessus presque dans son entier, le plus souvent il est pourvu d’un tubercule apical, tantôt rudimentaire (T. suaveolens E. Sim.), tantôt bien déve- loppé et conique [T. uncinatum Lucas, maximum Keyserl. (1)] ; les pattes sont fines et longues; dans quelques espèces (T. plumipes v. Hasselt, saropus Th., etc.), les tibias antérieurs offrent à l’extrémité des poils noirs plus longs et plus serrés, disposés en brosse; ces Theridion sont de coloration élégante, rarement uniforme, blanche, rouge ou noire, leur abdomen est souvent orné de bandes obliques flabellées, blanches ou jaunes, sur fond grisâtre ou noir, ou de points noirs ocellés ; leurs pattes sont ornées, au moins aux articula- tions principales, d’anneaux foncés. Les mäles diffèrent beaucoup des femelles, car leur abdomen est beaucoup plus petit, ovale assez étroit et presque tou- jours unicolore; leur patte-mâchoire est très volumineuse, presque aussi longue que le corps entier, sa patella et son tibia, qui est très court en dessus, ont la disposition ordinaire, tandis que son tarse a la forme d'un gros cylindre, tantôt très obtus (T. uncinatum Luc., etc.), tantôt terminé en pointe, recourbée en bas et plus ou moins sinueuse ; le mâle du T. bimacu- latum L. se distingue, en outre, par deux caractères sexuels assez sin- guliers, ses fémurs de la quatrième paire sont armés en dessous, près la base, d'une forte dent aiguë (fig. 551), et son sternum offre, un peu avant le milieu, une petite saillie obtuse; le mâle du T. herbigrada E. Sim. est remarquable par les fémurs de ses quatre pattes postérieures et celui de sa patte-mâchoire armés en dessous de deux séries de spinules. C'est aussi au groupe du T. bimaculatum que se rattachent les espèces dont Cambridge avait formé le genre Chryss0, qui ne repose sur aucun caractère constant; les yeux du Chrysso albomaculata Cambr., du Brésil, et des espèces qui s’en rapprochent, sont à peu près ceux du T. bimaculatum, si ce n'est que les médians antérieurs sont un peu plus gros que les autres ; l'abdomen de ces Theridion est ovale et prolongé en arrière en tubercule plus ou moins long; il est souvent, mais pas toujours, dilaté vers le milieu, ce qui lui donne une forme légèrement rhomboédrique; la pointe postérieure de leur sternum est un peu plus large que dans les espèces précédentes, moins cependant que dans celles du groupe du T. pallens; la patte-mâchoire des mâles, qui ont un faciès de Microneta, a une patella et surtout un tibia courts, mais un tarse très gros, subglobuleux et un bulbe pourvu d’un stylus exserte formant boucle; les espèces typiques T. albomaculatum, quadratum Cambr. sont rouges, avec de grandes taches blanches ou jaunes disposées sur l'abdomen en séries longi- tudinales ; d’autres ont le corps et les pattes-mâchoires d’un noir brillant, avec les pattes blanches, souvent rayées de noir, tel est, par exemple, le T. nigrum Cambr., petite espèce de Ceylan, que Cambridge avait rapportée au. genre Argyrodes (P. Z. S. L., 1880, p. 341) et qui à des analogues en Amé- (1) Et presque toutes les espèces que Keyserling comprenait dans son genre Achaea, détourné de son sens primitif : À. signata, pulchra, dromedaria, undata, altiventer, guadalupensis, conspersa, ignota Keyserl., etc; D30 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES rique (Achæa acutiventer Keyserl.); un autre Théridion de Ceylan, qui se trouve aussi aux Philippines et, dit-on, dans l’Amérique du Nord, T. blandum Cambr., s'éloigne un peu plus du type normal par son céphalothorax plus allongé et marqué d'une fossette médiane procurvée analogue à celle des Argyrodes, et par le grand développement de la région épigastrique du mâle qui se prolonge en dessous, au delà de la face ventrale, et dépasse de beaucoup, en avant, le bord antérieur de l’abdomen en forme de tube, s’avançant à la rencontre du D44—548 D45—519 546 —550 D47—551 Fig. 544. T. Mucei E. Sim. Patte-mâchoire du mâle. — Fig. 545. T. tepidariorum C. Koch. Idem. Fig. 546. T. impressithorax E. Sim. Idem. — Fig. 541. T. cidrelicola E. Sim. Idem. — Fig. 548. T. rostriferum E. Sim. Idem.— Fig. 549. T. frondewm Hentz. Chélicère du mâle de profil. — Fig. 550, — T. lineatum CI. Chélicère du mâle. — Fig. 551. T. bimaculatum L. Fémur de la 4e paire. céphalothorax ; le bord antérieur de ce tube est tronqué droit en dessous et il présente en dessus d’abord une carène mousse transverse, garnie de quelques longues soies, puis deux lobes, obtusément tronqués, couvrant le bord posté- rieur du céphalothorax (fig. 540 et 541); Cambridge avait proposé, pour cette espèce anormale, le genre Coleosoma, mais la particularité sur laquelle il repose est propre au mâle et n’est, au reste, que l’exagération d'un caractère qui existe chez la plupart des Theridion. Près du T. herbigrada E. Sim. se placent, à mon avis, quelques espèces de V’Afrique occidentale, plus ou moins voisines du T. Derhami E. Sim., dont les caractères sont un peu anormaux, en ce qu'ils rappellent ceux des Crustulina et des Dipæna ; leur sternum se prolonge, en effet, entre les hanches posté- rieures disjointes, en pointe tronquée et recourbée, et leurs yeux médians an- térieurs, un peu proéminents, sont plus gros que les autres, mais les pièces buccales et les pattes sont celles du T. bimaculatum L.; l'abdomen globu- leux est très lisse, noir ou d'un rouge violacé, et toujours orné de taches blanches sériées ressemblant à celles du Crustulina quttata Wid. Viennent ensuite quelques espèces américaines dont les yeux postérieurs FAMILLE DES THERIDIIDÆ 537 sont, par exception, en ligne tout à fait droite, même très légèrement récurvée chez les mâles, avec les médians un peu plus resserrés que les latéraux et le groupe médian un peu plus large en avant qu’en arrière; le T. nigromacu- latum Keyserl., du Brésil, et quelques espèces voisines qui offrent ces carac- tères, ont l'abdomen ovale et légèrement renflé en arrière, les pattes annelées, très longues, mais très inégales, les antérieures dépassant de beaucoup les postérieures. Dans une autre série d'espèces, les yeux sont encore assez petits et les médians figurent un groupe aussi long que large, parallèle ou un peu plus étroit en avant; dans le T. lineatum CI., dont Thorell avait fait le type du genre Phyllonethis, les yeux médians des deux lignes sont plus rapprochés l’un de l’autre que des latéraux, mais, dans les autres espèces, les yeux sont équidistants ou les médians antérieurs sont même plus séparés l’un de l’autre que des latéraux (T. lepidum Walck., etc.), mais ils ne sont jamais gros; la patte-mâchoire du mâle est normale, son tibia est presque toujours bien visible en dessus, quelquefois même presque aussi long que la patella (T. lineatum CI. , sitriatum Keyserl., etc.); le tarse est presque toujours étroit et obtus, il se ter- mine très rarement en pointe incurvée analogue à celle du T. bimaculatum L.. {T. nigrovariegatum E. Sim.). Dans les espèces les mieux caractérisées de ce groupe (T, lineatum CI., lepi- dum W., sexpunctatum Emert.), les mâles se distinguent des femelles par leurs chélicères beaucoup plus longues, divergentes, très atténuées et pourvues au côté interne d’une forte apophyse dentiforme (fig. 550), quelquefois elles sont très longues sans être dentées (T. {odinum E. Sim., de la Nouvelle-Calé- donie), elles offrent parfois en avant, près de la base, une saillie angulaire (T. frondeum Hentz) (fig. 549). Les Théridions de ce groupe sont tous d’un blanc pur ou d’un jaune ambré, et souvent variés de dessins roses (T. lineatum CI.) ou noirs (T. rusticum E. Sim., frondeum Hentz), dont la disposition est extrêmement variable dans une même espèce. Le T. rusticum E. Sim., qui est voisin du T. varians Hahn, fait le passage du T. lineatum à ceux de la nombreuse série dont les T. fincitum et denticu- latum W. sont les représentants les plus connus; les yeux postérieurs de ces derniers, moins séparés, sont presque équidistants, les antérieurs sont en ligne presque droite avec les médians nettement plus gros et plus séparés ; le groupe des médians est presque toujours trapézoïde, un peu plus large en avant. Le T. tinctum Walck. et les espèces qui s'en rapprochent (T. nigropuncta- tum Luc., lyra Hentz, mirabile Keyserl., abruptum KE. Sim., etc.), ont l’abdomen globuleux ou un peu plus large que long, les pattes fines, très longues et très inégales, les antérieures étant beaucoup plus longues .que les autres. Chez les mâles, le tibia de la patte-mâchoire est assez long et le tarse petit; ces Theri- dion, qui ressemblent un peu à des Mimetus, sont de teinte fauve ou blan- châtre, ponctués de noir, avec les pattes fortement annelées; leurs téguments sont parsemés de longs crins; ces crins sont encore plus développés dans quelques espèces indiennes, notamment chez T. spiniventre Cambr., dont les 538 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES crins dressés des patellas et des tibias, extrêmement longs, ont la rigidité de vraies épines et dont l'abdomen, court et un peu transverse, est garni en arrière de crins semblables, quelquefois même de crins déprimés et lancéolés, semblables à ceux des WMeotipu (Th. Baeri E. Sim.) (fig. 537) ; ces espèces sont très élégantes, leur abdomen, d'un gris blanc, offre ordinairement des linéoles roses, interrompues et transverses, disposées comme celles des Bertranu: dans une espèce inédite de Ceylan, l’abdomen est conique en arrière. Les espèces nombreuses qui se groupent autour du T. denticulatum Walck. (T. Blackwalli, familiare Cambr., pinastri, umbraticum, petr um L. Koch, pictum Walck., ülecebrosum, Vossioni E. Sim., etc.), ont l’abdomen plus régulièrement globuleux, fauve ou grisâtre, plus rarement noir {T. diuleucon E. Sim.), avec une bande dorsale claire, anguleuse, et une ou deux taches ventrales blanches ; chez les mâles, le tibia de Ja patte-mâchoire est très court, le tarse, variable comme volume, est quelquefois très gros (T. Blackwalli Cambr.). F. umbra- ticum L. Koch fait le passage des espèces précédentes au T. formosum C1., tandis que 7. pictum Walck. les relie au T. sisyphium CI. Viennent ensuite les espèces plus ou moins voisines des T. /ormosum CI. e tepidariorum G. Koch, dont les yeux médians figurent un groupe parallèle souvent un peu plus long que large, et dont l'abdomen, très convexe et plus haut que long, est d'une teinte foncière variant du fauve au noir et ordinaire- ment orné, vers le milieu, de lignes blanches arquées, souvent doublées de rouge ou de noir et, sur la pente postérieure, d'une bande ou d’une ligne lon- gitudinale plus claire; cet abdomen est tantôt arrondi au sommet (fig. 538), tantôt pourvu d'un petit tubercule apical (T. pyramidule L. Koch, d'Australie, fornicatum E. Sim., du Soudan), déjà faiblement indiqué chez notre T. ripa- rium BI. Avec des yeux semblables à ceux du T. formosum, quelques espèces ont l’abdomen plus ovale et un peu renflé en arriére, tels sont, par exemple, T. mundulum L. Koch (amænum Th.), de Malaisie, T. tessellatum Keyserl., d'Amérique, et probablement l’espèce d'Australie décrite par Keyserling sous le nom de Tobesou theridioides, toutes remarquables par leur élégante colora- tion. Les mâles de toutes ces espèces sont relativement petits et généralement d’une coloration plus simple ; leurs fémurs antérieurs sont robustes; le tibia de leur patte-mâchoire est très court, son tarse volumineux et ovale, son bulbe se termine généralement en petite pointe contournée et carénée, dépas- sant plus ou moins l'extrémité tarsale (fig. 545); dans une espèce de l’Afrique occidentale, dont je ne connais que le mâle, T. rostriferum E. Sim., le tarse est cependant très comprimé en forme de lame et il ne recouvre que la base interne d’un bulbe énorme, également très comprimé, pourvu d'un lobe mé- dian réniforme se prolongeant en longue apophyse incurvée et pourvu, en outre, d’un stylus exserte arqué en cerceau et contigu à l’apophyse (fig. 548). T. r'ufipes Lucas ne diffère des précédents que par son abdomen globuleux et ses téguments assez densément et longuement pubescents; sa coloration d’un fauve-rouge, relevée sur l’abdomen de taches linéaires blanches, lui donne une certaine ressemblance avec les Teutana ; la patte-mâchoire du mâle FAMILLE DES THERIDIIDÆ 539 se fait remarquer par la convexité de sa patella, mais ses autres articles sont normaux. Un petit Théridion du Venezuela, T. cidrelicola E. Sim., qui, sous bien des rapports, ressemble à notre T. riparium BI., s'en distingue cependant par des caractères singuliers qui auraient certainement une valeur générique s’ils n'étaient exclusivement sexuels ; chez la femelle seulement, les hanches de la quatrième paire offrent, au côté interne, une apophyse dentiforme rentrante aiguë et un peu courbe (fig. 553); chez le mâle seulement, les pattes de la pre- mière paire, beaucoup plus robustes que les autres, au moins par leurs fémurs et leurs tibias, ont les tibias et métatarses pourvus, au côté interne, d'une série régulière de longues épines grêles et un peu courbes, et à l'extrémité d’une épine plus forte et soulevée, celle du tibia droite et un peu lancéolée, celle du métatarse courbe et hamiforme (fig. 552) ; sa patte-mâchoire est des plus remarquables : à un fémur grêle et une patella très petite succède un tibia énorme, large et cylindrique, brièvement pédiculé à la base, tronqué droit à l'extrémité, et portant sur cette large troncature un tarse extrêmement petit, réduit à une petite languette interne, et un bulbe terminal simple, déprimé, prolongé en dessous en bec court et droit (fig. 547). C’est encore dans le voisinage du T. formosum qu'il faut placer le T. decem- perlatum E. Sim., de Madagascar, dont j'avais fait le type du genre Mastostig- mus; les yeux postérieurs sont ici en ligne droite et les antérieurs en ligne procurvée, avec les médians un peu plus gros et plus proéminents que ceux des autres Théridions, caractères qui rappellent ceux des Euryopis et des Dipæna, mais qui se montrent aussi à divers degrés dans les espèces voisines du T. formosum; le sternum, les pièces buccales et les pattes sont ceux des Théridions ordinaires; l'abdomen du T. decemperlatum est globuleux, mais brièvement acuminé en arrière, et ses filières sont terminales et saillantes, il offre en dessus, de chaque côté, une série de cinq tubercules arrondis et mar- garitiformes, dont les premiers sont géminés; dans une espèce similaire de Ceylan, T. nodiferum E. Sim., les filières sont ramenées en dessous, et l’ab- domen, très élevé, mais presque plan en dessus, est bordé, de chaque côté, de quatre lobes arrondis, très gros, surtout les médians (fig. 542); dans ce dernier, les chélicères du mâle offrent en avant, au-dessus de l'insertion du crochet, une dent obtuse et déprimée dirigée obliquement en dedans; ces Théridions se font aussi remarquer par des mœurs spéciales (voy. plus loin). Viennent ensuite quelques espèces qui rappellent un peu le T. lineatum Ul., tel est, par exemple, T. sisyphium Cl, dont les yeux sont assez petits et presque égaux, avec les médians plus rapprochés l’un de l’autre que des laté- raux ; l'abdomen de ce Théridion et de ses alliés (T. impressum L. Koch, volu- bile Keyserl., etc.) est globuleux, de couleur claire et orné d’une bande dorsale blanche, projetant de chaque côté des ramifications obliques en forme de ner- vures ; le mâle se distingue par ses chélicères plus longues et plus atténuées et par sa patte-mâchoire, dont le fémur est courbe et dilaté à la base en forme de massue. Mais ces caractères s’atténuent chez T. simile G. Koch et autres espèces voi- sines, toutes d'assez petite taille, dont la bande blanche ou jaune dorsale de D40 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES l'abdomen est presque toujours dilatée en forme de grande macule; l’abdomen de ces espèces est ordinairement globuleux, quelquefois, cependant, il est large en avant et un peu atténué en arrière, en triangle très obtus (T. éransversum Nic., flavonotatum Becker, rubellum Keyserl., etc.). La patte-mâchoire du T. simile est assez petite et simple, celle du T. pan- dani E. Sim., autre espèce du même groupe que j'ai trouvée à Saïgon, sur les Pandanus, est, au contraire, très développée, avec le tarse et le bulbe presque aussi volumineux que le corps entier, celui-là comprimé, arqué et réniforme, celui-ci disciforme et pourvu d'un très long stylus exserte roulé en boucle, disposition assez fréquente dans le groupe suivant, mais le T. pan- dani, cependant inséparable du T. simile, est encore remarquable par ses yeux qui ressemblent un peu à ceux des Dipæna, ceux du second rang étant en ligne très légèrement recurvée. Une série, assez nettement caractérisée, a pour type les T. pulchellum Walck. et studiosum Hentz, leur céphalothorax est plus longuement ovale et moins atténué en avant, avec le front plus large et le bandeau relativement plus étroit ; leurs lames-maxillaires sont aussi un peu plus courtes et plus larges, et la pièce labiale atteint ordinairement leur milieu ; leurs yeux sont médiocres, et les médians postérieurs sont ordinairement un peu plus rap- prochés l’un de l’autre que des latéraux, les quatre médians figurent un groupe trapézoïde plus large en avant qu'en arrière; leur abdomen est ovale court, blanc ou jaune, avec une large bande médiane sinueuse foncée, sou- vent effacée en arrière; leurs pattes, ordinairement unicolores, sont plus robustes que celles des autres Theridion, surtout chez les mäles, dont les fémurs antérieurs sont plus ou moins dilatés et claviformes. La patte- mâchoire du mâle est ordinairement assez étroite; celle des T. aulicum CG. K., fruticum E. Sim., d'Arabie, spirale Emerl., ethicum Keyserl., d'Amérique, etc., se fait cependant remarquer par la grosseur de son tarse et la complication de son bulbe, qui est disciforme et entouré d’un très long stylus exserte; les mâles de T. vittatum CG. K. et pulchellum Walck. ont les métatarses antérieurs armés en dessous de deux séries de petites épines, et les femelles ont une épigyne plus complexe que celle des autres Theridion, pourvue d’un très fin crochet dirigé en arrière, caractères exceptionnels, qui ne se retrouvent pas dans les autres espèces du groupe; outre les espèces citées, il faut encore rapporter à ce groupe les 1. ludius E. Sim., de Nouvelle-Calédonie, T. suboit- tatum E. Sim., de l'Himalaya, T. nigrescens, gymnasticum, magnificum Keyserl., de l'Amérique du Sud, etc., etc. C’est à la suite de la série, dont le T. pulchellum W. est le type, que vient se placer le T. eximium Keys., que j’ai décrit depuis sous le nom d’Adelosimus socialis. Les chélicères de cette Araignée sont plus robustes que celles des autres Theridion, ce qui lui donne une certaine ressemblance avecles Enoplo- gnatha, ses lames-maxillaires sont aussi plus larges et plus courtes, et sa seconde ligne oculaire est tout à fait droite; mais comme ces caractères se retrouvent à divers degrés dans la série précédente, il n’y a pas lieu de main- tenir le genre Adelosimus; l'abdomen est ovale, comme celui de T. pulchelluin, et il offre également une large bande dorsale sinueuse foncée, mais ses tégu- FAMILLE DES THERIDIDÆ j4l ments sont plus pubescents; les pattes des quatre paires sont d’égale épaisseur, et les antérieures ne sont pas beaucoup plus longues que les posté- rieures. La ressemblance avec les Enoplognatha est encore plus frappante pour deux espèces de Ceylan qui, avec une patte-mâchoire très normale de Theridion, un céphalothorax et des yeux ressemblant beaucoup à ceux du T. pulchellum, ont des chélicères beaucoup plus robustes et plus longues, avec la marge supé- rieure presque transverse, pourvue de 2 ou 3 dents, dont l’angulaire est plus forte que les autres, et la marge inférieure pourvue d’une petite dent obtuse et lamelleuse, caractères exceptionnels rappelant ceux des Enoplognatha et même des Linyphia; lune de ces espèces (T. teliferum E. Sim.) a presque la colora- tion de l'Enoplognatha mandibularis Luc., l'autre (T. Gabardi E. Sim.) a plutôt la livrée d’un Singa. Le dernier groupe du genre Theridion mériterait peut-être de former un genre spécial s’il n’était relié aux précédents par tous les intermédiaires pos- sibles ; il renferme les plus petites espèces, celles dont le sternum, plus court, est largement obtus en arrière, comme celui des Dipæna, et dont les hanches postérieures sont subglobuleuses et séparées l’une de l’autre par un intervalle plus large que leur diamètre; le céphalothorax de ces Theridion est court, leurs yeux postérieurs sont tantôt assez gros et peu séparés, tantôt petits, également et largement espacés (T. pallens BI.), les médians antérieurs sont ordinairement plus gros que les latéraux; leurs pattes sont fines, mais assez courtes; dans bien des cas, leur article tarsal est relativement long, surtout aux paires antérieures ; leur patte-mâchoire est normale; chez les mâles, son tarse et son bulbe sont ordinairement très gros ; l’abdomen est volumineux et arrondi, il offre souvent une coloration analogue à celle du T. denticulatum (T. genislæ, pinicola E. Sim., etc.), il est quelquefois blanchâtre (T. pal- lens B1., etc.), d'autres fois d'un rouge vineux (7. musivum E. Sim., lascivum Keyserl. (1), etc.); dans quelques espèces, au lieu d’être régulièrement globu- leux, il est tronqué en avant, avec les angles huméraux un peu saillants, ce qui lui donne une certaine ressemblance avec celui de l’Araneus angulatus ; cette disposition est bien nette chez T. tuberculatum Croneb., espèce répandue dans le nord de l'Afrique, l'Arabie et l’Asie centrale, partout où existent des terrains salés (2), et chez T. crispulum KE. Sim., du Venezuela. Enfin, je ne puis séparer génériquement de ce dernier groupe toute une série d'espèces américaines dont les femelles sont normales et même très voi- sines du T. musivum E. Sim., d'Europe, mais dont les mâles se font remar- quer par des caractères sexuels rappelant ceux des Lophocarenum et des Walckenaera ; le mâle du T. caracasanum E. Sim. a le front fortement acuminé, les yeux resserrés, avec les médians des deux lignes plus séparés l’un de Jautre que des latéraux, et l’espace interoculaire médian un peu convexe, pileux en avant et légèrement gibbeux entre les médians postérieurs [fig. 557). (1) Rapporté à tort par Keyserling au genre Crustulina. (2) Theridion dromedarius E. Simon et T. palustre Pavesi en sont synonymes, 49 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Dans les deux espèces que j'ai appelées T. lobifrons et gibbithorux, les yeux médians postérieurs, contigus l’un à l’autre et largement séparés des latéraux, sont portés par un petit lobe céphalique atténué en avant, limité latéralement par des stries et même séparé du plan dorsal par une impression, c’est-à-dire ressemblant beaucoup à celui des Lophocarenum ; l'aire oculaire médiane, très grande et beaucoup plus large en avant qu'en arrière, est marquée, chez T. lobifrons, d'une petite carène semi-lunaire, au-dessous des yeux médians postérieurs (fig. 558); chez T. gibbithorax E. Sim., la partie thoracique est, de plus, fortement convexe, et le bandeau, largement proéminent, projette les yeux antérieurs très en avant (fig. 556). pepe pp opt 534557 555558 Fig. 552. Theridion cidrelicola E. Sim. Patte de la 1re paire du mâle. — Fig. 553. Id. Hanches postérieures de la femelle. — Fig. 554. T. stylifrons E. Sim. Front du mâle de profil. — Fig. 555. T. struthio E. Sim. Front du mâle de profil. — Fig. 556. T. gibbithorax E. Sim. Céphalothorax du mâle de profil, — Kig 557. T. caracasanuwm Æ. Sim. Front du mâle de profil. — Fig. 558. T. lobifrons E. Sim. Face vue en avant. Deux autres espèces, T. stylifrons et struthio E. Sim., sont encore plus sin- gulières en ce que leur front est surmonté d’une longue pointe grêle et droite, dirigée obliquement en avant; chez T. stylifrons, cette pointe, effilée à l’extré- mité, prend naissance entre les quatre yeux médians qui entourent sa base (fig. 554), tandis que chez T. struthio, elle porte les yeux médians antérieurs près de son extrémité, qui est brusquement terminée en petit tubercule pili- gère (fig. 555). Dans toutes ces espèces, l’abdomen du mâle présente, en dessous, une grande plaque épigastrique et une fine ligne chitineuse antémamillaire qui ne manquent pas d'analogie avec ceux des Pholcomma, mais les femelles n’offrent rien de semblable; les pattes sont peu longues et grêles, elles ressemblent à celles du T. pallens BI., mais les crins dressés de leurs tibias sont plus longs; dans une espèce seulement, T. lobifrons, les métatarses antérieurs du mâle sont fortement arqués et graduellement épaissis vers la base. Ces Araignées, toutes de petite taille, sont d’un fauve brillant, avec l’ab- FAMILLE DES THERIDIIDÆ D43 domen blanchâtre, quelquefois orné de macules noires; elles sont propres au Venezuela, sauf une espèce (T. stylifrons E. Sim.) qui existe aussi aux Antilles. Quelques espèces américaines, qui, sous bien des rapports, ressemblent aussi au 7. pallens BI., dont elles ont les pièces buccales, le sternum et les pattes, doivent cependant en être séparées génériquement à cause de la pro- portion différente de leurs yeux, et j'ai proposé pour elles le genre Sphyroti- nus; les quatre yeux postérieurs de ces Araignées, qui, vus en dessus, figurent une ligne très légèrement récurvée, sont très gros et très resserrés, de même que les latéraux antérieurs, tandis que les médians antérieurs sont beaucoup plus petits et forment, avec les postérieurs, un trapèze beaucoup plus étroit en avant qu'en arrière, disposition qui rappelle un peu celle des Pholcomma. Les Sphyrotinus sont de très petite taille ; le S. luculentus E. Sim., de l’ile Saint-Vincent, a l’aspect et la coloration d’un très petit Th. pulchellum W., son abdomen, globuleux chez la femelle, ovale chez le mâle, est également de couleur claire, avec une bande médiane foncée; le mâle est remarquable par la petitesse de sa patte-mâchoire et l’inégalité de ses pattes, celles de la pre- mière paire, dont les fémurs sont épais et claviformes, étant beaucoup plus longues que les autres; dans une seconde espèce du Venezuela, dont la femelle seule est connue, l'abdomen, très gros, ressemble un peu à celui des Janulus, il est plus large que long, fortement dilaté et tronqué en arrière, avec chacun des angles saillant, obtus et arqué. 009 DOÛ 561 062 — 563 Es. 559. Hypobares unisignatus E. Sim. Fémur de la 26 paire. — Fig. 560. Cephalobares globiceps Cambr. Céphalothorax et abdomen de profil. — Fig. 561. Theridula opulenta Walck. Patte- maächoire du mâle. — Fig. 562. Achaea lrapezoidalis Tacz. Patte-màchoire du mâle. — Fig. 563. Phillo sublilis E. Sim. Front et yeux en dessus. Les Achæa ne diffèrent des Theridion que par leurs yeux médians antérieurs plus gros et plus proéminents, ce qui leur donne une certaine ressemblance avec les Dipæna; ces yeux sont cependant en ligne droite, et les médians, bien LY771 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES séparés l’un de l’autre, touchent presque aux latéraux. Ce genre ne mériterait guère d’être maintenu si ses organes sexuels, au moins ceux du mâle de l’es- pèce type, n'étaient d'une structure toute spéciale : la patella et le tibia sont très courts, le tarse, ovale large et convexe à la base, se prolonge à l'extré- mité en apophyse longue et assez étroite, droite et tronquée au sommet, avec chacun des angles pourvu d’une petite pointe sétiforme, le bulbe est égale- ment prolongé en apophyse, formant, avec celle du tarse, une sorte de fourche, il est, de plus, pourvu d’un très long stylus exserte spirale (fig. 562); mais cette structure caractéristique s’atténue ou disparait même complète- ment dans d’autres espèces, dont le tarse et le bulbe forment une masse ovale. A. trapezoidalis Tacz. (A. insignis Cambr.) est une Araignée très répandue dans l'Amérique du Sud, dont l'abdomen, renflé en arrière, est rouge et orné de grandes macules noires; Keyserling a depuis dénaturé ce genre en lui rapportant beaucoup d'espèces, qui sont de vrais Theridion; par contre, l’espèce décrite par cet auteur sous le nom de Séeatoda rubra semble lui appartenir. Le genre Molione Thorell ne devrait peut-être pas être séparé du genre The- ridion, dont il présente le céphalothorax, les yeux, les pièces buccales et les pattes; il n’en diffère que par la structure de son abdomen, qui indique une tendance vers le groupe suivant; cet abdomen, très élevé et conique, est armé au sommet de trois fortes épines aiguës disposées en triangle (deux antérieures et une posté- rieure); en dessous, il est cui- rassé d’un scutum épigastrique très dur, atteignant le milieu 564 969 de la face ventrale, mais n’en Molione lriacantha Thorell. — Fig. 564. Abdomen de occupant pas toute la largeur profil. — Fie. 565. Abdomen en dessous. ? parallèle et émettant, de chaque côté, une fine lanière chitineuse recourbée, entourant l’espace stigmatique qui reste membraneux ; au delà de ce scutum se remarquent encore deux points indurés, et, plus en arrière, un large scutum mamillaire; enfin, le sternum, qui se termine en pointe obtuse entre les hanches postérieures, est suivi d’une plagula semi-circulaire plus développée que celle des autres espèces du même groupe (fig. 564 et 565). Le genre Cephalobares, qui, par ses pièces buccales, son sternum et ses pattes, ne diffère pas des Theridion les plus typiques, s'éloigne de tous les autres représentants de la famille par son céphalothorax (fig. 560), dont la partie céphalique, énorme et très convexe, comme celle d’un Eresus, se dilate graduellement en avant, où elle est obtuse et saillante, au-dessus d’un ban- deau rentrant, auquel succède des chélicères très faibles, plus courtes que les lames et rappelant celles des Dipæna; le groupe oculaire occupe toute la lar- geur de ce grand front ; ses yeux sont très petits, égaux et très largement FAMILLE DES THERIDIIDÆ 545 séparés les uns des autres (l'intervalle des médians postérieurs ayant plus de dix fois leur diamètre), et le groupe des médians, très grand, est trapézoïde, un peu plus long que large et un peu plus étroit en avant qu'en arrière. Le genre Cephalobares fait le passage au groupe des Dipæna; son unique espèce à une frappante ressemblance avec celles dont je parlerai plus loin sous les noms de Dipæna pyramidalis et cyclosoides, elle s’en rapproche par son faciès, son abdomen tronqué et mamelonné en arrière, mais ses lames-maxillaires plus longues, son sternum terminé en pointe subaiguë entre les hanches posté- rieures rapprochées et l’armature de ses griffes me semblent indiquer plus d’analogie avec les vrais Theridion. x Les quelques genres ambigus dont il me reste à parler se rapprochent encore davantage des Dipæna, sauf cependant par leurs pièces buccales et leurs griffes; leurs yeux postérieurs sont presque toujours en ligne franche- ment récurvée, leurs yeux antérieurs sont en ligne plus ou moins procurvée, avec les médians souvent plus gros et proéminents; enfin, leur bandeau, très haut, excède souvent la longueur des chélicères, comme dans les groupes sui- vants. Dans le genre Theridula, les yeux postérieurs, en ligne récurvée, sont presque équidistants, et les médians sont un peu plus gros que les latéraux, le bandeau est plus court que les chélicères ; l'abdomen est, au moins chez les femelles, plus large que long et acuminé de chaque côté, excepté cependant celui de T. perlata E. Sim. (espèce de Madagascar que je rapporte avec doute au genre), qui est ovale, court et pourvu en dessus de deux rangées trans- verses de longs crins élevés sur de pétits mamelons. La patte-mâchoire des Theridula est assez particulière (fig. 561); le tibia, court en dessus, est très long en dessous, tandis que le tarse qui lui fait suite est très petit et de même largeur; le bulbe est l’un des plus simples qui aient été observés parmi les Theridides. Le type de ce genre est une petite Araignée remarquable par la forme de son abdomen et la variabilité de sa coloration, qui consiste presque toujours en grandes macules blanches ou jaunes sur fond noir et luisant, elle est extrêèmement disséminée, car elle a été indiquée de la région méditerra- néenne, de l'Afrique occidentale, de Madagascar, des Antilles et de l’Amé- rique du Nord, d'où elle a été décrite pour la première fois par Walckenaer sous le nom de Theridion opulentum (1); je l'ai trouvée aussi à Ceylan et au Transvaal. Le Phillo subtilis E. Sim., petite Araignée pholciforme, originaire de Zanzi- bar, se fait remarquer par sa disposition oculaire, qui a de l’analogie avec celle des Modisimus (voy. p. 484); ses yeux médians, très largement disjoints, touchent, de chaque côté, aux latéraux, qui sont eux-mêmes contigus, de sorte que les yeux paraissent répartis en deux groupes, comme ceux des Phol- comma (voy. plus loin), mais ici les médians antérieurs sont plus gros que les (1) Theridion sphaerula Hentz, Th. gonygaster E. Sim., Chrysso niveopicta Butler, en sont synonymes. 546 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES autres (fig. 563); le bandeau est très haut, au moins double de l'aire oculaire; le sternum, au moins aussi large que long et convexe, est largement obtus entre les hanches postérieures et l’abdomen, globuleux, offre une plaque épi- gastrique convexe; enfin, les pattes sont fines et très longues. La patte- mâchoire du mâle a un fémur court et épais, une patella grosse, convexe et pourvue en dessus d’un long crin dressé, un tibia tellement court en dessus que le tarse paraît inséré sur la patella, mais dilaté et convexe sous la base du bulbe. Le genre:Hypobares, très voisin du précédent, dont il a le céphalothorax, le bandeau, les pièces buccales, le sternum et presque la patte-mâchoire chez le mâle, en diffère surtout par ses yeux beaucoup plus resserrés, le groupe des médians étant carré au lieu d'être transverse et les quatre postérieurs figu- rant une ligne très légèrement procurvée; ses pattes, aussi fines, mais un peu plus courtes et moins inégales, offrent, chez le mâle, un caractère sexuel assez singulier, les fémurs de la deuxième paire offrent, en effet, au côté externe, dans la seconde moitié, une ligne de 3 ou 4 longues épines sétiformes (fig. 559); l’unique espèce de ce genre (H. unisignatus E. Sim.) habite la forêt de San-Esteban, au Venezuela; elle a le faciès d’un petit Theridion des der- niers groupes, elle est de teinte blanchâtre, avec l'abdomen marqué d’une tache noire en arrière. Le genre Phætoticus, également voisin des deux précédents, s'en distingue surtout par son céphalothorax court, déprimé dans le milieu, relevé en avant dans la région frontale et en arrière dans la région thoracique; ses yeux médians figurant un trapèze plus étroit en avant et au moins aussi long que large, avec les antérieurs un peu plus petits que les postérieurs; enfin, pas ses pattes à fémurs très robustes et comprimés. Le P. modestus E. Sim. est une très petite Araignée de teinte obscure et presque uniforme qui habite les forêts de l’île de Ceylan. Parmi les genres de Theridiides qui me sont inconnus en nature, je rapporte à ce groupe le genre Cyllognatha L. Koch, que son auteur compare cependant aux Éro; ses yeux et ses griffes sont ceux des Theridion ; son céphalothorax, large en avant, est très longuement atténué en arrière; ses lames, plus longues et plus étroites que celles des Theridion, sont tout à fait parallèles; ses chélicères, longues et cylindriques, sont arquées en dehors et rapprochées à l’extrémité, comme celles des Dictyna; ses pattes antérieures, plus longues que les postérieures, ont les fémurs épais et armés d'une dent à l’extrémité interne, mais ces derniers caractères sont certainement sexuels et propres au mâle, qui est seul connu (1); la seule espèce de ce genre, le C. subtilis L. Koch, est propre à l’ile d’'Upolu. C’est à ce groupe qu'il faudra sans doute aussi rapporter les deux genres Atkinsonia et Phycosoma, proposés par Cambridge pour deux petites espèces de la Nouvelle-Zélande (A/k%. nana Cambr. et Ph. œcobioides Cambr.), mais je ne (4) Le Cyllognatha subtilis L. Koch devra aussi être comparé au genre Propostira p. 510), avec lequel il offre certaines analogies ; 1l n’est pas impossible que les carac- tères, qui semblent l’en éloigner, soient en partie sexuels. FAMILLE DES THERIDIIDÆ D17 puis saisir, d'aprés les descriptions, en quoi ces deux genres diffèrent l'un de l’autre et en quoi ils diffèrent des Theridion du groupe de T. pallens (Cf. Cambr., Pr. zool. Soc. Lond., 1879, p. 691). Les Théridions se trouvent presque tous sur les plantes, soit sur les hautes herbes des prairies, soit sur les buissons et les arbres; quelques-uns habitent sur les troncs d’arbres (T. formosum C1.), d’autres recherchent les creux de rochers et les murailles (T. denticulatum \ .), d’autres, enfin, s’abritent dans les hangars et les serres (T. rufipes Lucas, tepidariorum C. Koch); ces derniers sont largement distribués, car ils paraissent avoir été transportés presque partout, et leur habitat d’origine est inconnu. Leur toile, formée de fils résistants et brillants, croisés dans tous les sens, est très étendue et généralement de forme indéterminée ; celles que les T. den- ticulatum W. et petræum L. Koch tendent dans les fissures de rochers affectent souvent la forme d'un grand entonnoir tronqué; une espèce du groupe de T. aulicum, que j’ai observée au Venezuela, construit à l'extrémité des rameaux une toile plus complexe, dont la partie centrale est de tissu plus serré, analogue à celui des toiles de Linyphia. Le cocon n’est ni papyracé, ni pédiculé, il est globuleux, plus rarement allongé et fusiforme, très rarement pourvu de pointes divergentes et inégales et comme étoilé (T. pallens BI.) ; il est formé d’une bourre d'aspect laineux et opaque, de couleur variable, tantôt blanche, tantôt jaunâtre, gris-bleu ou même brun-rouge. Ces Araignées se font remarquer par le soin qu'elles prennent de leurs cocons; les espèces du groupe de T. bimaculatum L. et celles du genre Theri- dula le portent suspendu aux filières, à la manière des Lycosa, mais le plus grand nombre le déposent au milieu de leur toile; les unes le placent dans une feuille solidement roulée et maintenue par des fils (T. lineatum C1., pal- lens BL.), d’autres construisent, au milieu même de leur toile, un petit abri spécial pour le recevoir; tantôt cet abri est des plus simples et composé seule- ment de quelques débris de feuilles tombés accidentellement dans la toile et disposés par la femelle én forme de toit au-dessus du cocon; d’autres fois, il est beaucoup plus complexe : celui de T. sisyphium CI. est un petit dôme de toile blanche et compacte, très lisse en dessous, recouvert en dessus de feuilles et de débris d'insectes: celui de T. riparium BI. est un tube étroit, effilé par le haut en forme de cornet et recouvert de terre et de petites pierres, ressem- blant assez au fourreau d’une larve de Phrygane; le T. cidrelicola E. Sim., du Venezuela, construit, dans les fissures de l'écorce des Cidrela, un tube plus court, en forme de cellule, de tissu plus compact et paraissant complètement clos, l'orifice, qui est inférieur, étant uné simple fente dont les bords élas- tiques sont rapprochés. Les espèces qui portent leur cocon aux filières n’en ont qu’un seul, toutes les autres en construisent plusieurs, qu’elles placent à côté les uns des autres. Pour beaucoup d'espèces, l'éclosion a lieu en automne (7. formosum Cl., denticulatum W.), et, aux premiers froids, les jeunes construisent, dans les fissures des écorces, de petites coques hivernales, de tissu très blanc à l'inté- D48 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES rieur, très rugueux et recouvert de débris et de lichens à l'extérieur, et res- semblant beaucoup à des coques de Zodarion et de Chelifer. Les toiles des Theridion sont souvent rapprochées les unes des autres sur un même buisson, j'ai même observé un cas de sociabilité complète pour une espèce de l'Amérique du Sud, le T. erimium Keyserl. (Adelosimus socialis E. Sim.) ; plusieurs centaines, souvent plusieurs milliers d'individus de cette espèce se réunissent pour filer une toile légère et transparente, mais de tissu serré et analogue à celui des toiles d’Agélènes, de forme indéterminée, et atteignant parfois de grandes dimensions, car elle peut envelopper un Caféier tout entier. Au premier abord, cette immense toile rappelle plutôt le travail de chenilles sociables que celui d'une Araignée; quand on a déchiré l'enveloppe extérieure, on voit que l’intérieur est divisé, par des cloisons de même tissu, en loges très irrégulières. Les Araignées s’y promènent libre- ment, se rencontrent en se palpant, comme feraient des Fourmis avec leurs antennes, et se mettent quelquefois à plusieurs pour dévorer une proie un peu volumineuse. Les cocons sont arrondis, formés d’une bourre floconneuse gris de fer; ils ne sont pas pédiculés, mais fixés à la toile commune par quelques fils formant un réseau lâche; j'ai publié des figures de la toile et des cocons du T. eximium (Ann. Soc. entomol. de France, 1891, p. 7, pl. x). Les mœurs du T. nodiferum E. Sim., de Ceylan, ne sont pas moins singu- lières, car elles rappellent celles des Argyrodes; cette espèce vit en effet en parasite dans les grandes toiles des Psechrus (voy. p. 225) ; le cocon qu’elle suspend aux fils de son hôte par un long pédicule est subglobuleux, flocon- neux et d’un gris blanc. Le genre Theridion est l'un des plus nombreux de l’ordre entier des Arai- gnées, car on en a décrit près de 320 espèces (1) répandues sous toutes les lati- tudes, mais cependant plus abondantes dans les régions chaudes. Sans parler des deux espèces presque cosmopolites : T. rufipes Lucas et tepidariorum C. Koch (2), beaucoup d’autres ont de larges habitats : deux de nos Theridion européens se retrouvent dans l’Amérique du Nord (7. lineatum et formosum CI.. le second au Canada, d’après Blackwall, sous le nom de T. sisyphium), beau- coup d’autres en Sibérie, dans l’Asie centrale et orientale jusqu’au Japon (1) J'ai fait le relevé suivant dans les ouvrages descriptifs : Europe, 56 espèces : Afrique tropicale et australe, 10; Asie centrale et septentrionale, 16; Asie tropicale, 20 ; Yemen, 4; Japon, 2; îles de l'Atlantique, 3; Madagascar, 6; Malaisie, 21 ; Nou— velle-Hollande, Nouvelle-Zélande et Polynésie, 27; Amérique du Nord, 35; Antilles et Amérique du Sud, 110. — Il est probable que, dans le nombre, il y a des doubles emplois ; de plus, dans ces chiffres figurent beaucoup d'espèces décrites par Walcke- naer el Nicolet, qu'il sera toujours impossible d’idevtifier avec certitude ; par contre. beaucoup d'espèces inédites existent dans les collections. (2) T. rufipes Lucas a une synonvmie nombreuse à laquelle appartiennent T. borbo- nicum Vinson, luterpes Cambr., bajulans L. Koch, flavoaurantiacum E. Sim., lon- gipes v. Hasselt, albonolatum Taczan. et Keyserl., etc., tandis que T. sisyphoides Walck. et T, vulgare Hentz sont synonymes de T. tepidariorum C. Koch. FAMILLE DES THEREDIIDÆ 49 T. tinctum Walck., vittatum C. Koch, etc.), d’autres, enfin, sont répandus dans un grande partie de l'Afrique (T. aulicum CG. Koch, etc.). Indépendamment de son espèce type, presque cosmopolite, dont j’ai parlé plus haut, le genre Theridula renferme cinq ou six espèces répandues à Mada- gascar, dans le sud des Etats-Unis, au Brésil et au Pérou. L’unique espèce du genre Philto a été découverte à Zanzibar, celles des genres Cephalobares et Phætoticus sont jusqu'ici propres à Ceylan. Le genre Molione renferme deux espèces, l’une de Ceylan (M. trispinosa Cambr.), l’autre de Singapore (M. triacantha Th.) (1). Les genres Achæa, Sphyrotinus et Hypobares sont confinés dans l’Amérique du Sud; le premier compte cinq ou six espèces, répandues de l’Amérique cen- trale au sud du Brésil; le second n'en renferme que deux, l’une des Antilles (S. luculentus E. Sim.), l’autre du Venezuela ($S. bimucronatus E. Sim.), le troi- sième n'en renferme qu'une seule, également propre au Venezuela. GENERA 1. Cephalothorax parte cephalica maxima, valde convexa et antice sensim ampliata. Oculi minutissimi inter se latissime distantes. 2 0 0 84 LEE CNRC RS 'AEI RAIN A ERREURS LUCE PAR AQR RER SEXES AT OU Cephalobares. — Cenholodioee cine EE RE RUE RC AAC ER Le AOC antieModNeAN rectammwell subrectam. 24 En 2. — Centenaire EE TEE 6. 3. Oculi medii antici lateralibus multo minores............ Sphyrotinus. — Oculi antici inter se æquales vel medii majores.................. 4. 4. Oculi antici inter se valde inæquales, medii lateralibus multo MANORES Et MAIS ROMANE OPEL EEE ER NRA EE Achæa. — Oculi antici inter se æqui vel parum inæquales, medii haud vel DALUMÈDrOMINAUeLE MNT ARMES Be PRE Rae è 5. >. Abdomen muticum, subtus plerumque haud scutatum..... Theridion. — Abdomen supra valde triaculeatum, subtus scuto epigasteri scu- Loue male nn eee EC ee ee ACDC Molione. 6. Oculi postici in lineam recurvam. Oculi medii lateralibus majores. 1 — Oculi postici in lineam leviter procurvam. Oculi medii antici late- ibushandmaores veliminores teenner "00 Pr RENere 8. 1. Oculi quatuor postici inter se fere æquidistantes. Area mediorum haud latior quam longior quadrata vel antice quam postice JAHICRE SOMME Re ERA te PAT .. Theridula. — Oculi medii postici inter se late distantes sed a lateralibus conti- gui. Area mediorum multo latior quam longior et antice quam postice ANCUSLIOr.. (1.1.0. DEN E en AN Une Philto. (1) M. T. Workman, qui l’a découverte, a bien voulu m'en faire la communication. 590 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES 8. Cephalothorax normalis. Oculi medii antici inter se distantes sed arhieralibus contient MBedesMtenues EEE CPP PRE . Hypobares. — Cephalothorax in medio depressiusculus. Oculi quatuor antici inter se contigui. Pedes robusti, femoribus clavatis.... Phætoticus. Theridion Walck., Tabl. Ar., 1805, p. 72 (ad part.). — Theridion auct. (ad part.). — Theridium, Steatoda et Neottiura Menge, Preuss. Spinn., 1866. — Theridium et Phyllonethis Thorell, Eur. Spid., 1869-1870. — Theridion E. Sim., Ar. Fr., V, 1881 (ad max. part.). — Chrysso et Coleosoma Cambr.. Proceed. Zool. Soc. Lond., 1882, p. 427-429. — Theridion (ad part.), Achæa (ad max. part), Chrysso, Faitidius et Coleosoma Keyserl., Spinn. Amer., Therid., 1884. — Mastostigmus E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 188$, p. 230. — Tobesoa Keyserl., Ar. Austr., 1889.— Adelosimus E. Sim.., loc. cit., 1891, p. 7. Cephalothorax ovatus, fronte mediocri, obtusa, parum prominenti. Oculi postici inter se æqui, in lineam leviter procurvam, rarissime rectam, inter se plus minus distantes (spatio inter laterales et medios oculo haud angustiore, sæpius latiore). Oculi antici in lineam rectam vel subrectam, inter se bene separati, æqui vel medii majores. Area mediorum quadrata vel antice latior, rarius antice paulo angustior. Clypeus area oculorum æquilatus vel paulo latior, sed chelis semper multo angustior. Sternum fere semper longius quam latius, postice longe attenuatum et coxæ posticæ inter se parum distantes, interdum (T. pallens BI., etc.) latius, postice latius obtusum, et coxæ distan- tiores. Pars labialis paulo latior quam longior vel saltem haud longior, atte- nuata, et apice obtuse truncata, dimidium laminarum plerumque haud attin- gens. Laminæ longæ, in parte basali leviter convergentes, dein subrectæ. Pedes plerumque longi et graciles (1, IV, 11, tx, rarissime IV, 1, 1, 1), pilis tenuibus, setis intermixtis, vestiti. — Regio épigasteris maris convexa et pro- ducta. Typus : T. lineatum CI. AR. GEOGR. : Orbis totius reg. calid., temper. et frigid. Molione Thorell, Bull. Soc. ent. ital., XXIV, 1892, p. 215. — Phoroncidia Cambr., P. Z. S. L., 1873 (ad part. P. trispinosa). Cephalothorax, partes oris pedesque Theridii. Sternum postice obtusum et plagula sternali semicirculari distinctissima, munitum. Abdomen valde ele- vatum, supra, ad apicem, triaculeatum, subtus scuto epigasteri scutoque inframamillari duriusculis, armatum. Tvpus : M. triacantha Thorell. AR. GEOGR. : ins. Taprobane et pen. Malayana. Sphyrotinus E. Sim., Proceed. Zool. Soc. Lond., 1894. Cephalothorax ovatus, antice parum attenuatus, fronte lata et obtuse trun- cata. Oculi postici magni, superne visi, in lineam levissime recurvam, inter se anguste et fere æque distantes, medii lateralibus paulo majores et ovati. Oculi antici in lineam rectam, inter se valde inæquales, medii lateralibus plus duplo FAMILLE DES THERIDIIDÆ 551 minores. Area mediorum antice quam postice multo angustior. Clypeus area oculorum vix latior, chelis multo angustior. — Abdomen globosum vel breviter ovatum (S. luculentus E. Sim.), vel latius quam longius et postice late truncatum cum angulis prominulis (S. bimucronatus E. Sim.). — Pedes antici maris (S. luculentus) reliquis multo longiores, femoribus incrassatis et fusiformibus. TyPus : S. luculentus E. Sim. AR. GEOGR. : Antillæ et Venezuela. Achæa Cambr., Proceed. Zool. Soc. Lond., 1882, p. 428. — Thwaitesia Cambr. (ad part. T. diversa ®). À Theridio tantum differt oculis anticis inter se valde iniquis, mediis latera- libus multo majoribus et prominulis, inter se sat anguste distantibus sed a lateralibus haud separatis. Typus : À. trapezoidalis Tacz. (1). AR. GEOGR. : America merid. : Venezuela, Peruvia, Brasilia. Cephalobares Cambr., Proceed. Zool. Soc. Lond., 1870, p. 735. À Theridio differt cephalothoracis parte cephalica maxima, valde convexa, antice sensim ampliata, fronte obtusa et prominenti, oculis parvis, æquis, inter se latissime distantibus, quatuor mediis aream maximam trapeziformem paulo longiorem quam latiorem et antice quam postice angustiorem occupan- tibus, clypeo valde retro obliquo, chelis minutissimis fere Dipænæ, sterno postice subacuto, abdomine parallelo, postice truncato et obtuse mucronato. Typus : C. globiceps Cambr. (sp. un.). AR. GEOGR. : ins. Taprobane. Theridula Emerton, Trans. Conn. Acad., VI, 1882, p. 25. — Theridion Walck., Apt., II, 1841, p. 322 (ad part. T. opulentum). — Theridion E. Sim. Ar. Fr., V, 1881 (ad part. T. gonygaster). —- Chrysso Butler, P. Z. S. L., 1882 (C. niveopictus, cordiformis). Cephalothorax brevis, fronte acclivi sat angusta et prominula. Oculi proxime alter ab altero dispositi, postici in lineam leviter recurvam, medii lateralibus paulo majores, antici in lineam procurvam, medii lateralibus majores et prominuli, inter se distantes sed a lateralibus vix separati. Area mediorum subquadrata vel trapeziformis, antice latior. Clypeus area oculorum non multo latior, sed chelis multo brevior, sub oculis transversim impressus. Partes oris fere Theridii, laminæ paulo breviores sed subrectæ (vix conver- gentes). Sternum non multo longius quam latius, postice, inter coxas dis- junctas, sat late obtusum. Pedes 1, IV, 11, It, normales, tenues. Lyeus : T. opulenta Walck. (1) Theridion trapezoidale Taczanowski, dont Achaea insignis Cambr. est synonyme D)2 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES AR. GEOGR. : regio mediterr.; Africa trop. et austr.; ins. Madag.; Asia trop. et orient.; Japonia; ins. Philipp.; Amer. sept., centr., antillana et merid. Philto, nov. gen. Cephalothorax brevis, fronte acclivi et truncata sed parum prominenti. Oculi postici in lineam recurvam, medii inter se latissime distantes (spatio interoculari oculo plus quadruplo latiore), sed a lateralibus [minoribus) conti- gui. Oculi antici in lineam leviter procurvam, medii majores, inter se dis- juncti sed a lateralibus contigui. Area mediorum trapeziformis antice angus- tior et fere duplo latior quam longior. Clypeus subverticalis, altissimus, area oculorum saltem duplo latior et chelis brevibus multo latior. Pars labialis brevis et transversa. Laminæ inclinatæ, subacuminatæ, partem labialem multo superantes. Sternum convexum, haud longius quam latius, inter coxas posticas late obtusum. Abdomen subglobosum, plagula epigasteris convexa munitum. Pedes, præsertim antici, longissimi, metatarsis, tarsisque gracili- bus. Typus : P. subltilis E. Sim. (sp. un.) (1). AR. GEOGR. : Africa tropica orient. Hypobares, nov. gen. Cephalothorax fere præcedentis. Oculi postici in lineam leviter procurvam, medii inter se spatio oculo angustiore distantes sed a lateralibus contigui. Oculi antici in lineam sat procurvam, medii paulo minores inter se distantes sed a lateralibus contigui. Area oculorum mediorum haud latior quam lon- gior subquadrata. Clypeus altus subyerticalis. Sternum magnum, convexum, vix latius quam longius, postice, inter coxas, late truncatum., Pedes graciles modice longi. Tyeus : A. unisignatus E. Sim. (sp. un.) (2). AR. GEOGR. : Venezuela. Phætoticus, nov. gen. Cephalothorax brevis in medio depressus, regione frontali angusta et leviter prominula, parte thoracica convexa. Oculi conferti, postici in lineam procur- vam, medii inter se spatio oculo paulo latiore distantes sed a lateralibus con- tigui. Oculi quatuor antici inter se contigui, in lineam valde procurvam, medii lateralibus vix minores. Area mediorum vix longior quam latior et antice quam postice angustior. Clypeus altus et proclivis. Sternum longius quam latius, parum convexum, postice sensim attenuatum et truncatum. Pedes longi, sat robusti, femoribus latis et compressis. Typus : P. modestus E. Sim. (sp. un.) (3). AR. GEOGk. : ins. Taprobane. (1—2) Ann. Soc. ent. Fr., 1894. (3) Cette espèce est inédite, en voici la diagnose : P. modestus, sp. nov. — Q. Long. 1,4 mill. — Cephalothorax lævis, fusco-olivaceus, FAMILLE DES THERIDIIDÆ Da GENUS INVISUM Cyllognatha L. Koch, Ar. Austr., 1872, p. 248. Oculi Theridii. Cephalothorax antice latus, postice valde et longe attenuatus. Laminæ-maxillares longæ, angustæ et parallelæ. Chelæ maris cylindraceæ, longæ et extus arcuatæ. Pedes antici posticis longiores, femore intus ad apicem valde dentato. — Sp. unica : C. subtilis L. Koch, ex ins. Upolu. 12. PHORONCIDIEÆ Les espèces de ce groupe diffèrent de celles du précédent et de celles du suivant par leurs pattes, dont l’article tarsal est aussi long, souvent même plus long que le métatarse {1}, par leurs griffes ressemblant à celles des Argy- rodes et par leur abdomen, dont le tégument dorsal est solide et impresso- ponctué. Mais leur céphalothorax ressemble beaucoup à celui des Theridula et 966 068 567 Fig. 566. Phoroncidia lygeana Walck. Femelle grossie. — Fig. 567. P. T'hwaitesi Cambr. Idem. Fig. 568. P. aurata Cambr. Femelle grossie. des Dipænu, il est également très court, graduellement et fortement élevé dès le bord postérieur, qui est entaillé d’une petite échancrure médiane, jusqu’au bord frontal, qui proémine en tubercule surplombant un bandeau très haut. Les yeux postérieurs sont en ligne recurvée, les antérieurs en ligne droite (Phoroncidia, etc.) ou procurvée (Ulesanis, etc.); il n'y a, à cette règle, que deux exceptions : dans le genre Hyocrea, les yeux postérieurs sont en ligne procurvée; dans le genre Gnophomytis, les antérieurs sont en ligne légère- ment recurvée; dans tous les cas, les antérieurs sont beaucoup moins inégaux que ceux des Dipæna, ils sont même souvent tout à fait égaux. Chez les Phoroncidia, dont la saillie frontale est très variable, tantôt presque versus marginem sensim obscurius et tenuiter nigro-marginatus. Oculi nigro-limbati. Abdomen subglobosum, atro-testaceum, subtus paulo dilutius. Sternum fuscum, læve . Pedes fulvo-olivacei. Plaga vulvæ magna rufula. — Kandy !. (1) Caractère qui se retrouve dans le groupe des T'heonoe. 554 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES nulle (P. lygeana Walck., etc.), tantôt longue, étroite et coudée en avant en forme de, casque (P. Thwuitesi Camb.), et chez les Symopagia, Trigonobothrys, Hyocrea et Gnophomytis, dont le front est tout à fait celui des Dipæna, les yeux latéraux sont très rapprochés des médians, auxquels ils touchent presque dans certains cas, tandis que chez les Trithenu, dont le front est beaucoup plus obtus, ils sont largement séparés des médians et situés sur les pentes du cône céphalique; dans le genre Ulesanis, on observe les deux formes reliées par tous les intermédiaires. Chez les U. chelys L. Koch, nasuta Cambr., bifrons E. Sim., etc., etc., le tubercule frontal, long et très étroit, se dilate un peu à l’extrémité, en forme de petite massue, portant tous les yeux : les latéraux se touchent entre eux et touchent en même temps aux médians antérieurs et postérieurs, de manière à former une sorte de collier interrompu en dessus et en dessous; ce tubercule oculaire est souvent prolongé, au delà des yeux, par une pointe conique; dans une espèce des Philippines (U. bifrons E. Sim.), il porte même deux pointes superposées, entre lesquelles sont situés les yeux médians antérieurs. Dans la plupart des autres Ulesanis, la saillie céphalique est plus large à la base, et les yeux latéraux sont bien séparés des médians, comme ceux des Trithena; cette disposition, qui est celle de l’espèce européenne U. paradoxa Lucas, est encore exagérée chez U. capensis E. Sim., du Cap, U. Gayi Nic., du Chili, et U. rubromaculata Keyserl., du Brésil, dont Keyserling avait fait à tort le genre Heribertus; la séparation des groupes oculaires est encore poussée plus loin dans le genre Vibrada Keyserl., dont la structure frontale est très singulière; le front est pourvu d’un tubercule très grêle et très long chez le mâle (presque aussi long que le céphalothorax entier), plus court et plus épais chez la femelle, portant à son sommet les yeux médians disposés en carré, les yeux latéraux étant situés, de chaque côté, sur un petit tubercule isolé et séparé du médian par une dépression. Les chélicères sont petites, avec le crochet long, elles ressemblent complète- ment à celles des Euryopis et des Dipænu. La pièce labiale est très grande et semi-circulaire; les lames, étroites, sont fortement cintrées, presque contiguës à l'extrémité, et elles figurent une sorte de ceinture en avant de la pièce labiale. Le sternum, plan et plus long que large, est toujours atténué en arrière, prolongé entre les hanches postérieures, plus ou moins disjointes, et tronqué à l’extrémité; chez la plupart des Ulesanis, cette extrémité est marquée d’un sillon longitudinal abrégé. L'abdomen de ces Araignées est toujours remarquable par son développe- ment, son armature, ses téguments épais, coriacés, plus ou moins impresso- ponctués et de plus marqués de plaques dites ocelliformes, plus dures que les parties voisines et légèrement fovéolées, enfin par ses filières entourées d’un rebord chitineux très solide et circulaire, souvent allongé en forme de tube (Phoroncidia) (1). (1) La ressemblance, toute superficielle, que présente cet abdomen avec celui de certains Argiopides, a été cause de beaucoup d'erreurs : Walckenaer et Doleschall FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 29) L'abdomen des Phoroncidia est étroit et tronqué en avant, où il ne recouvre que le bord postérieur du céphalothorax, il est ensuite élargi et élevé, puis presque parallèle, mais graduellement élevé jusqu’au bord postérieur, qui est tronqué ou légèrement échancré; dans les espèces typiques, telles que : P. lygeana Walck. (fig. 566), aculeata Westw., heracantha Thorell, etc., il est armé de six longues épines grêles et aiguës : une de chaque côté en avant et deux plus rapprochées à l’angle postérieur, les plaques ocelliformes sont très développées, comme une marqueterie, mais très inégales; dans d’autres espèces (P. Thvaitesi Cambr.), l'abdomen a la même forme, mais ses plaques sont plus petites, ses épines, également grêles, sont plus nombreuses et en nombre impair, car on en compte quatre de chaque côté et une médiane pos- térieure (fig. 567); dans une espèce de Madagascar, P. aurata Cambr., l'ab- domen est, en dessus, presque carré, et ses épines, ex- trêmement épaisses à la base, où elles sont presque confluentes, mais terminées en pointes aiguës, sont au nombre de cinq : quatre angulaires et une postérieure (fig. 568); enfin, d’autres espèces, telles que : P. argoides Dolesch., sepltemaculeata Cambr., aciculata Cambr., etc., ont l'abdomen beaucoup plus élevé en‘arrière en forme de pyramide et les épines beaucoup plus petites, sou- vent inégales, et au nombre de sept : trois latérales de Fig. 569. chaque côté et une apicale. Ces épines abdominales sont Dritiena flavolimbaia à Leu près semblables dans les deux sexes, mais elles E. Sim. Femelle grossie. EU ; ns sont beaucoup plus petites chez le jeune que chez l'adulte, c’est ainsi que le Phoroncidia brevispinosa, décrit par Cambridge, est le jeune du P. Thwaitesi. Dans le genre Trithena, l'abdomen, très volumineux et aussi large que long, a la forme d’un triangle à base antérieure, avec chacun des angles prolongé par une forte épine aiguë divergente; sa face supérieure, très lisse, rarement fortement ponctuée (T. cribrata E. Sim.), est marquée de points ocelliformes assez petits : six médians en deux séries et, de chaque côté, quatre latéraux en ligne oblique, mais ses pentes latérales et postérieure, plus ou moins plis- _sées, sont marquées de points plus gros, disposés en séries concentriques (fig. 569). L’abdomen des Ulesanis n’est pas armé de pointes aiguës comme celui des Phoroncidia et des Trithena, mais il est encore plus volumineux, et il s’avance sur le céphalothorax jusqu'au bord frontal, qu’il dépasse même souvent; il est quelquefois tout à fait globuleux (U. pilula E. Sim.), quelquefois hémisphé- rique ou ovale court (U. testudo Cambr., etc.) ; d’autres fois, il est globuleux et. de plus, pourvu d’un gros tubercule médian conique (U. capensis E. Sim.) : avaient rapporté le Phoroncidia, qui leur était connu, au genre Plectana (synonyme de Gasteracantha) ; le premier, Ulesanis, a été décrit par Lucas sous le nom générique d’Epeira; les espèces du Chili ont élé décrites par Nicolet sous celui de Gastera- cantha, et c'est à ce dernier genre que Blackwall avait rapporté le Trithena tri- cuspidata. 530 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES dans plusieurs espèces, telles que : UÜ. paradoæa Luc. et americana Emert., il est plus haut que long, pourvu d’un très gros tubercule médian bifide, suivi de deux tubercules plus bas, puis, sur la déclivité postérieure, de gros plis transverses; dans beaucoup d’autres Ulesanis, tels que : U. chelys L. K., na- suta Cb., eburnea, bifrons E. Sim., il présente, en dessus, trois séries longitu- dinales de gros mamelons très bas, et ses extrémités sont souvent tronquées. Certaines espèces du Chili, décrites par Nicolet (U. scutata Nic.), rappellent un peu les Trithena, leur abdomen est tronqué en avant, avec les angles arrondis et saillants, atténué en arrière, où il est pourvu d'un gros tubercule relevé et très obtus; d’autres, encore plus étranges (U. Gayi, pennata Nic.) ont l'abdomen tout à fait transverse, plus de quatre fois plus large que long et terminé de chaque côté par un gros tubercule obtus, recourbé en arrière en forme de croissant. Les téguments de cet abdomen sont toujours criblés de points enfoncés piligères, tantôt très petits et peu visibles, tantôt très gros et très serrés, ses points ocelliformes sont généralement petits, les quatre médians sont dis- posés en trapèze, les latéraux (4 de chaque côté et 2 en avant) en couronne continue, souvent dédoublée. 6 Dans le genre Vibrada, dont l’abdomen est arrondi et bombé, les plaques ocelliformes atteignent leur maximum de développement; elles sont rectangu- laires, lisses, finement rebordées, contiguës les unes aux autres ou séparées par des lignes membraneuses (quand l'abdomen est distendu par les œufs), on compte six plaques médianes, un peu trapézoïdes, disposées sur deux rangs (les deux postérieures plus pe- iites que les autres), et dix pla- ques latérales plus grandes for- mant une couronne continue; la calotte dorsale formée par ces plaques est séparée de la face ventrale, qui est très épaisse, plissée et ponctuée, par un re- bord membraneux circulaire (fig. 570). Dans les genres Symopagiu, Hyocrea et Gnophomytis, Vabdo- Fig. 570. Vibrada longiceps Keyserl. Femelle en dessus, MEN, ovale court ou arrondi, grossie. — Fig. 571. Trigonobothrys excisus E. Sim. quelquefois obtusément tronqué Céphalothorax et abdomen de la femelle, en dessus. 6m avant, ne recouvre qu'incom- plètement le céphalothorax; dans le genre Hyocrea, les points ocelliformes ont la disposition de ceux des Ulesanis ; dans le genre Symopagia, ceux de la série marginale manquent complètement; dans le genre Gnophomytis, les deux points antérieurs sont remplacés par un point unique plus gros et ovale; dans le genre Trigonobothrys, l'abdomen est élevé, mais plan en dessus, rhomboédrique, c’est-à-dire atténué en avant et en arrière, avec le milieu du bord antérieur entaillé d’une profonde échancrure (fig. 571), dont les angles sont, chez le mâle, prolongés en tubercules. FAMILLE DES THERIDIIDÆ 557 Les pattes sont toujours robustes; celles des Phoroncidia sont assez longues, avec les métatarses et tarses grêles, celles des Trithena sont plus courtes, celles des Ulesanis, beaucoup plus courtes, dépassent souvent à peine les bords du volumineux abdomen, quand on regarde l’animal en dessus. Les griffes des Phoroncidia et Trithena ressemblent beaucoup à celles des Argyrodes : les supérieures sont presque droites dans leur tiers basal, où elles sont pourvues d'un petit nombre de dents très fines, mutiques dans toute leur partie terminale, qui est coudée en avant, mais peu courbée; la griffe inférieure est plus. longue que les supérieures, plus grêle, arquée en demi- cercle et terminée en pointe très fine un peu sinueuse; enfin, ces griffes sont accompagnées, en dessous, de griffes auxiliaires semblables à celles des Argyrodes; les griffes des Ulesanis sont plus petites, surtout l'inférieure, qui est un peu plus courte que les supérieures. La patte-mâchoire du mâle n’a rien de bien particulier; dans toutes les espèces connues, le tarse est très gros, ovale allongé, plus ou moins courbe et terminé en pointe dépassant un peu le bulbe; la patella et le tibia sont sou- vent courts et presque égaux, et le second est transverse cupuliforme { Vibrada, Trithena, Ulesanis paradoæa et americana, etc.) ; chez Phoroncidia Thoaitesi Ch. (seule espèce du genre dont je connaisse les deux sexes), le fémur est long et grêle, la patella, grêle, est au moins deux fois plus longue que large, et le tibia est plus long que la patella et un peu plus robuste dès la base; chez Ulesanis nasuta Cambr., la patella est remarquablement longue et grêle, et le tibia, qui lui succède, est plus court, mais beaucoup plus épais et presque cubique, tandis que, chez U. capensis E. Sim., un tibia semblable est précédé d'une très petite patella. En dehors de la patte-mâchoire, les différences sexuelles sont nulles dans le genre Phoroncidia (au moins chez P. Thwaitesi Cb.), tandis qu’elles sont très considérables dans le genre Trithena; le mâle d'une espèce inédite que j'ai trouvée au Venezuela est au moins six fois plus petit que la femelle, son abdomen, noirâtre, est beaucoup plus fortement impresso-ponctué, et ses épines angulaires sont très petites; dans tous les autres genres, les diffé- rences sexuelles sont faibles pour la taille; le mâle, un peu plus petit, est généralement de coloration plus obscure,.et son tubercule frontal est plus développé; le céphalothorax n’est très dissemblable d’un sexe à l’autre que dans le genre Trigonobothrys. Toutes ces Araignées se trouvent sur les buissons, et leur manière de vivre ne paraît pas différer de celle des Dipæna. Leur coloration est souvent très élégante : les Trithena et les Ulesanis ont ordinairement l’abdomen blanc ou jaune, poli comme de la porcelaine, avec la face ventrale et les épines noires; les Phoroncidia ont souvent l’abdomen d’un beau rouge orangé, souvent aussi d'une teinte dorée très brillante, avec les épines toujours d’un noir intense. Le genre Phoroncidia compte une douzaine d’espèces : 6 de la Malaisie et de la Papuasie, 2 de Ceylan, 1 de l'Inde continentale, 1 de Madagascar, et j’en possède une inédite de la côte occidentale d'Afrique. Les Trithena, qui remplacent les Phoroncidia dans le nouveau monde, ha- 558 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES bitent, au nombre de cinq espèces, le Venezuela, l’Ecuador, le Brésil et le Paraguay. | Le genre Ulesanis est plus nombreux et plus largement distribué : l’une de ses espèces se trouve dans la région méditerranéenne occidentale, particulie- rement en Algérie, en Corse et en Provence, elle a même été prise, une seule fois, aux environs de Paris, à Fontainebleau; 1 est décrite de l’Afrique orien- tale, 2 de Ceylan, 1 des Philippines, 6 d'Australie et de Polynésie, 1 de l’A- mérique du Nord, 1 du Brésil, 7 ou 8 du Chili. Les autres genres ne ren- ferment chacun qu'une seule espèce ; les genres Hyocrea et Gnophomytis sont du Venezuela; le type du genre Symopagia est de Ceylan; celui du genre Trigonobothrys, de Madagascar, et celui du genre Vibradu, de l'Amazone. GENERA 1. Oculi quatuor postici lineam rectam seu leviter procurvam for- MMANLOS EE et niet MARIE JAUCE PER METRE USER 2. — Oculi postici in lineam plus minus recurvam ................... 3. 2. Oculi postici in lineam plane rectam. Oculi antici in lineam leviter RECU TV EE PA ER EN ENT RS ee er A TR EE RE ENS Gnophomytis. — Oculorum lineæ binæ leviter procurvæ..................... Hyocrea. 3. Oculi quatuor medii longe tuberculati. Oculi laterales utrinque minute tuberculati a mediis late distantes. Abdomen plagulis TANT CONUIEUNTS SUD Dane ee Lee . Vibrada. — Oculi laterales a mediis plus minus separati, haud tuberculati. Abdomen plerumque impresso-punctatum et plagulis ocellifor- HMIDUS SOLDAT NAS ee URI EE ENORME CURE 4. Abdomen aculeis longis et acutis instructum................... D. — Abdomen muticum vel lobatum, haud aculeatum............... 6. 5. Oculi laterales a mediis vix separati. Oculi quatuor antici in lineam rectam. Abdomen pyramidale, aculeis 5, 6 vel 7 ple- ‘: DUT CMOS LEU C OUI EE RTE EE PE Phoroncidia. — Oculi laterales a mediis late separati. Oculi quatuor antici in lineam procurvam. Abdomen triquetrum triaculeatum... Trithena. 6. Pedes brevissimi abdomen parum superantes. Abdomen maxi- mum cephalothoracem fere omnino obtectum, supra valde con- vexum, rotundum vel lobatum, punctis ocelliformibus mediis et lateralibus coronam designantibus supra ornatum..... Ulesanis. — Pedes mediocres Dipænæ. Abdomen partem thoracicam tantum ODHECLUME LE PE ELA RE EE EN PRE EN ERPE ri 7. Oculi postici inter se anguste et fere æque distantes. Area medio- rum antice quam postice paulo latior. Abdomen rhomboïidale CHCERDIO NANTES PE NET EEE Trigonobothrys. — Oculi medii postici inter se quam a lateralibus multo remotiores. Area mediorum antice quam postice paulo angustior. Abdo- men simpliciter ovatum............., HU ANSE MSYyROopasrar FAMILLE DES THERIDIIDÆ 559 Trigonobothrys E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1888, p. 231. Cephalothorax in utroque sexu fere Dipænæ procacis, maris altissimus, regione frontali valde producta et tuberculiformi, dorso stria semicirculari profunda, strias abbreviatas radiantes emittente, impresso. Clypeus regione oculari chelisque minutissimis multo latior. Oculi postici sat magni, inter se anguste et fere æque distantes, in lineam valde recurvam. Oculi antici in lineam subrectam, medii lateralibus paulo majores et inter se remotiores. Area oculorum mediorum paulo latior quam longior et antice quam postice paulo latior, postice, juxta oculos medios, minute bituberculata. Sternum paulo longius quam latius, postice parum attenuatum et obtuse truncatum, coxæ posticæ transversim late distantes. Partes oris fere Dipænæ. Pedes mediocres, tarsis anticis metatarsis haud brevioribus. Abdomen supra durius- culum, impresso-punctatum, breviter rhomboïdale, antice posticeque valde attenuatum, ad marginem anticum profunde emarginatum. Typus : T. excisus E. Sim. (sp, un.). AR. GEOGR. : ins. Madagascar. Hyocrea noy. gen. Cephalothorax (feminæ) Dipænæ. Oculi postici magni, æqui, et inter se appropinquati, in lineam leviter procurvam. Oculi antici inter se subcontigui, in lineam procurvam, medii lateralibus majores. Area mediorum subquadrata. Clypeus mediocris, area oculorum haud latior. Chelæ minutissimæ, clypeo breviores. Sternum paulo longius quam latius, postice parum attenuatum et obtuse truncatum, coxæ posticæ transversim late distantes. Partes oris fere Dipænæ. Pedes breves et robusti, tarsis cunctis metatarsis multo longioribus. Abdomen breviter ovatum, antice obtuse truncatum, cephalothoracem haud obtectum. Tyrus : H. implexa E. Sim. (sp. un.) (1). AR. GEOGR. : Venezuela. Symopagia nov. gen. Gen. inter Dipœænam et Ulesanem, a Dipæna differt oculis mediis posticis inter se late distantibus (spatio interoculari oculo fere quadruplo latiore) sed a lateralibus vix separatis, area mediorum magna, latiore quam longiore et antice quam postice paulo angustiore, chelis clypeo longioribus, abdominis cute dorsali duriuscula crebre impresso-punctata, metatarsis tarsisque pedum circiter æquilongis. Ab Uresani differt abdomine simpliciter ovato, antice obtuse truncato, cephalothoracem haud obtecto, pedibus sat longis, metatarsis tarsisque sat gracilibus. Typus : S. oreophila E. Sim. (sp. un.) (2). AR. GEOGR. : ins. Taprobane. (1—2) Ann. Soc. ent. Fr., 1894. 560 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Ulesanis L. Koch, Ar. Austr., 1872, p. 242. — Gasteracantha Nicolet, in Gay, Hist. de Chile, Zool., III, 1847, p. 478 (ad max. part.). — Oroodes E. Sim... Aran. nouv., 2° mém., Liège, 1873, p. 127. — Epeira Lucas, Expl. Alg., Ar. (ad. part. E, paradoxa). — Stegosoma Cambr., Proceed. Zool. Soc. Lond.. 1873, p. 127. — Sclerogaster Cavanna, Boll. Soc. ent. Ital., VIII, 1876, p. 90. — Ulesanis Emerton, 1882. — Ulesanis et Heribertus Keyserl., Sp. Amer. Therid., 1884. — Wirada Keyserl., 1889 (non 1884). Cephalothorax brevissimus, antice valde acclivis, regione frontali plus minus prominula sæpe tuberculiformi. Oculi medii aream quadratam vel antice paulo angustiorem, rarius paulo latiorem, occupantes, inter se subæ- quales vel antici posticis paulo majores. Oculi laterales parvi et contigui, a mediis plus minus separati. Oculi quatuor postici, superne visi, lineam recurvam designantes. Clypeus area oculorum multo latior, sub oculis impressus. Pars labialis magna semicircularis vel obtuse triquetra. Laminæ valde inclinato-arcuatæ, apice subcontiguæ. Sternum magnum, non multo longius quam latius, postice late et obtuse truncatum et coxæ posticæ inter se late distantes. Pedes brevissimi et robusti (1v, 1, 11, 11), tarsis cunctis meta- tarsis longioribus. Abdomen maximum, cephalothoracem fere omnino obtec- tum, supra rotundum vel sæpius plurilobatum, duriusculum, impresso-punc- tatum atque ad marginem plicatum. Mamillæ breviter et late tubulatæ. Typus : U. chelys L. Koch. AR. GEOGR. : reg. medit. occid.; Africa trop. orient. et Afr. austr.; ins. Ta- probane; ins. Philippinæ; N.-Hollandia, N.-Zealandia et Polynesia; Amer. sept., trop. et austr. Gnophomytis, nov. gen. Ab Ulesani differt fronte lata et truncata, oculis posticis in lineam plane rectam, magnis, æquis, inter se anguste et fere æque separatis, oculis anticis in lineam evidenter procurvam, mediis reliquis majoribus, chelis minutissimis clypeo multo brevioribus, sterno postice latiore et convexo, abdomine subro- tundo, partem thoracicam tantum obtecto, tegumentis cephalothoracis et abdominis grossius et crebrius impresso-punctatis. Typus : G. variolosa E. Sim. (sp. un.) (1). AR. GEOGR. : Venezuela. Vibrada Keyserl., Sp. Amer. Therid., IT, 1886, p. 22 (Wäbrada). Ab Ulesani tantum differt frontis processu medio longissimo (præsertim in mare), oculos medios, quatuor æquales et aream subquadratam formantes, tantum gerente, oculis lateralibus inter se æquis et valde tuberculatis à processu mediorum longe remotis, sterno validissime impresso-clathrato, abdomine maximo, cephalothoracem obtecto, hemisphærico, scuto præduro (1) Ann. Soc. ent. Fr., 1894. FAMILLE DES THERIDIIDÆ 561 plagulis magnis angulosis clathrato, supra omnino obtecto, subtus crasse marginato. Typus : V. longiceps Keyserl. (sp. un.). AR. GEOGR. : Brasilia : Amazonas. Phoroncidia Westw., Zool. Journ., V, 1834, p. 452. — Plectana Dolesch., Naturk. Tijds., etc., 1857, p. 425 (ad part. P. argoides). Cephalothorax brevis, antice valde acclivis, regione frontali valde prominula tuberculiformi oculos gerente. Oculi postici in lineam recurvam, inter se anguste et fere æque distantes vel medii a lateralibus quam inter se remotiores (P. argoides Dol.), inter se æquales vel medii lateralibus minores (P. Thwai- tesi Gb.). Oculi antici in lineam rectam, medii lateralibus fere semper majores inter se sat late distantes sed a lateralibus vix separati. Area mediorum quadrata vel antice quam postice vix angustior rarius paulo latior (P. seplemaculeata Ch.). Clypeus altissimus, sub processu frontali valde depressus, dein proclivis. Ster- num longius quam latius fere planum, postice attenuatum, inter coxas pos- ticas productum recurvum et truncatum. Pars labialis magna semicircularis. Laminæ mediocres angustæ et obtusæ, valdeinclinatæ, arcuatæ et subcontiguæ, rarius apice distantes (P. aurata Cb.). Pedes sat longi (1, 1V, 11, 111 vel 1v, 1, It, Lt) robusti, tiblis versus apicem leviter incrassatis, tarsis metatarsis haud brevioribus interdum longioribus. Abdomen crassum, duriusculum, impresso- punctatum et ocellatum, trapezoïidale, aculeis plerumque longissimis instruc- tum. Mamillæ longissime tubulatæ. Tyeus : P. aculeata Westw. AR. GEOGR. : India et ins. Taprobane; Malaisia et Papuasia; ins. Mada- gascar ; Africa trop. occid. Trithena E. Sim., Rev. Zool., 1867, p. 8. — Plectina Blackw., Ann. Mag. Nat. Hist., 1863, p. 38 (ad part. P. tricuspidata). — Phoroncidia Keyserl., Sp. Amer. Therid., IT, 1886, p. 23. À Phoroncidia, cui affinis est, differt fronte latiore et obtusiore, area oculo- rum mediorum subquadrata vel antice quam postice paulo angustiore, oculis mediis inter se subæqualibus, oculis lateralibus inter se contiguis sed a mediis sat late remotis, clypeo paulo angustiore, pedibus (1v, 1, …1, 1), præsertim anticis, brevioribus et robustioribus. Abdomen duriusculum, ocellatum, tri- quetrum, ad angulos valde tricuspidatum. Mamillæ tubulatæ. Tyrus : T. tricuspidata Blackw. AR. GEOGR. : America tropica. 13, DIPŒNEÆ Les genres que je réunis dans ce groupe diffèrent surtout des vrais Théri- dions par leurs chélicères acuminées et à marges ordinairement mutiques, mais 36 562 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES saillantes à l’angle où elles sont rarement pourvues d'une petite dent angu- laire, et par leurs griffes tarsales, qui sont fortement courbées et armées d’une série de 6 à 10 dents serrées et peu inégales, atteignant presque l’apex, tandis que leur griffe inférieure, plus petite que les supérieures, est pourvue d’une ou plus rarement de deux (Latrodectus) petites dents basales. 972—574 975 Fig. 572. Dipoena convexa BI. Céphalothorax et abdomen de profil. — Fig. 513. D. cyclosoides E. Sim. Idem. — Fig. 514. D. striatipes E. Sim. Id. — Fig. 575. Thymoites (sp. ind.). Patte-mâchoire du mâle. — Fig. 576. Latrodectus 13-guttatus Rossi. Id. La patte-mâchoire de la femelle est pourvue d’une griffe tantôt du même type que celles des pattes, tantôt très différente; dans le genre Dipæna, elle est quelquefois très courbée et mutique (D. melanogaster), quelquefois élargie en palette obtuse, plane ou concave en dessous, avec le bord externe et l’extré- mité suivies d’une série d’une vingtaine de petites dents serrées (D. braccata C. K., croalica Chyzer, etc.) (1). Les yeux postérieurs de ces Araignées sont toujours en ligne plus ou moins récurvée ; leurs yeux antérieurs, en ligne procurvée, sont généralement très inégaux, les médians, étant beaucoup plus gros et proéminents, au-dessus d’un bandeau extrêmement développé, dont la hauteur excède presque toujours la longueur des chélicères ; leurs lames-maxillaires, beaucoup plus courtes et plus acuminées que celles des Theridion, sont généralement très inclinées sur la pièce labiale, qui est semi-circulaire transverse, beaucoup plus large que longue; leurs pattes, peu longues et assez épaisses, ont généralement des tarses beaucoup plus courts que les métatarses, contrairement à ce qui a lieu dans le groupe précédent. (1) Chyzer et Kulezynski, Aran: Hung., Il, p. 24, fig, 43. ai FAMILLE DES THERIDIIDÆ 563 Mais ces caractères, principalement ceux tirés des pièces buccales, s’atté- nuent ou sont même partiellement en défaut dans les deux genres Thymoiles et Latrodectus, qui font le passage des Dipæna aux Steatodu. Le genre Dipæna, auquel il faut réunir les genres Lasæola E. Sim. et Deliana Keyserl., est nombreux et peu homogène ; ses espèces peuvent se rap- porter à plusieurs groupes qui sont reliés par tous les intermédiaires. Dans celui qui a pour type le D. melanogaster C. Koch, le céphalothorax, à peu près semblable dans les deux sexes, est court, fortement élevé et atténué en avant, avec le front étroit, proéminent et découpé par la saillie des yeux médians ; la pente thoracique est marquée d’une fossette ovale qui, dans quelques mâles seulement, est remplacée par une strie transverse procurvée (D. Auberti E. Sim., etc.) ; la disposition oculaire est assez variable : les yeux médians postérieurs sont généralement beaucoup plus rapprochés l’un de l’autre que des latéraux (D. melunogaster, coracina C. K., tristis H.), quelquefois ces yeux sont équidistants, tantôt médiocres (D. sericata, nigrina, testaceomarginata E. Sim.), tantôt très gros et très resserrés (D. inornala Cambr.); les médians sont rarement un peu plus séparés que les latéraux (D. prona M., AubertiE. Sim.); les yeux antérieurs sont inégaux et en ligne plus ou moins procurvée, sauf dans une espèce anormale (D. bodjensis E. Sim.) où ils sont, par exception, en ligne tout à fait droite; l’aire occupée par les médians est trapézoïde, plus large en avant et au moins aussi large que longue (très rarement un peu plus longue chez D. umbratilis, nigroreticulata, bodjensis E. Sim.) ; l'abdomen est tantôt globuleux et légèrement échancré en avant (D. melanogaster, etc.), tantôt un peu plus long que large et arrondi à ses deux extrémités ; dans le premier cas, il est ordinairement d'un gris blanc ponctué de noir, bordé en avant d'une large bande noire et parsemé de longs crins (D. melunogaster C. K., foliata Keyserl.); il offre plus rarement la coloration de celui des Singa ; dans le second cas, il est ordinairement unicolore, noir ou brun-rouge (D. tristis H., coracina CG. K., etc., etc.), quelquefois cependant fauve, avec des dessins réti- culés, glabre ou brièvement pubescent ; dans les espèces plus ou moins voi- sines de D. melanogaster, les pattes fauves et annelées sont garnies de crins longs et rigides ; dans les autres espèces, elles sont souvent noires, avec les articles basilaires, surtout aux paires postérieures, éclaircis, et elles ne portent que des poils fins et assez courts. Dans un second groupe, le céphalothorax et les yeux de la femelle res- semblent à ceux du D. melanogaster, mais, chez le mâle, le front est encore plus proéminent et la pente thoracique est marquée d’une grande et profonde fossette semi-circulaire procurvée ; dans une espèce européenne, extrêmement rare, dont la femelle seule est connue (D. pyramidalis E. Sim.), l'abdomen, très élevé, est simplement acuminé en dessus et sa coloration rappelle celle du Theridion riparium BI.; dans les espèces indiennes et malaises (D. cyclo- soides E. Sim., etc.), l'abdomen de la femelle s’élève en forme de cône vertical, pourvu au sommet de quatre tubercules géminés (fig. 573), tandis que celui du mâle est assez bas, allongé et prolongé, au delà des filières, en tubercule obtus ; les pattes sont un peu plus longues que dans le groupe précédent et celles de la première paire sont nettement plus longues que les autres, elles 564 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES sont fauves et annelées ; ces Araignées ressemblent beaucoup aux Argyrodes du groupe de V’A. cancellatus Hentz. Dans quelques espèces, qui mériteraient peut-être de former un genre spécial si elles n’étaient reliées aux précédentes par des formes intermédiaires, le céphalothorax, très court et plus haut que long, s’abaisse fortement en arrière en pente rapide; il est convexe en dessus, mais légèrement incliné jusqu’au bord frontal, qui est plus large et plus obtus que celui des autres Dipœna (fig. 572); le trapèze, formé par les yeux médians, est aussi beaucoup plus large que long et le sternum, peu atténué en arrière, est plus large entre les hanches postérieures; l’abdomen est globuleux, noir, ainsi que le céphalo- thorax, tandis que es pattes, courtes et épaisses, sont entièrement rouges; le D. convexa Blackwall représente ce groupe dans la région méditerra- néenne, mais il compte aussi des espèces (inédites) dans l'Inde et l’Afrique tropicale. Dans un dernier groupe, qui ne renferme qu’une seule espèce européenne (D. procax E. Sim,), mais qui est abondamment répandu dans toutes les régions tropicales, le céphalothorax de la femelle ne diffère pas beaucoup de celui des Dipæna typiques, tandis que celui du mâle est extrêmement haut, presque cubique, vertical en avant et en arrière, avec une face dorsale presque plane, marquée, soit d’une large et profonde incision semi-circulaire procurvée, émettant des stries rayonnantes abrégées, soit de deux stries lon- gitudinales reliées en arrière par une strie transverse, tantôt droites, tantôt sinueuses, émettant en arrière trois et latéralement deux stries abrégées; ces stries limitent une dépression carrée ou lyriforme, quelquefois garnie de longs crins, d’autres fois cloisonnée de stries; dans une espèce, dont Keyser- ling a fait le type du genre Deliana (D. spinithorax K..), le bord postérieur de cette dépression est même relevé et pourvu de deux petits tubercules coniques analogues à ceux de certains Pholcidæ ; la saïllie frontale est géné- ralement assez faible, quelquefois, au contraire, très longue et détachée en forme de massue portant les yeux à son sommet (D. striatipes E. Sim.) (fig. 574). L’abdomen de ces Araignées est souvent globuleux, quelquefois un peu cordiforme, transverse, légèrement échancré en avant et brièvement acuminé en arrière; ces Dipæna sont, en général, de couleur claire, fauve ou blanchâtre, avec l’abdomen plus ou moins varié de noir; quelques-uns, cependant, sont noirs, avec les pattes testacées, annelées ou rayées de noir. Dans toutes ces espèces du grand genre Dipæna, la patte-mâchoire du mâle diffère très peu de celle des Theridion. Les Thymoîtes sont de grosses Dipæna de l'Amérique du Sud qui se rap- prochent beaucoup des Sfeatoda, dont ils ont presque les pièces buccales, et qui ressemblent aussi à certaines espèces du groupe des Episinus, surtout aux Episinopsis, dont ils ont les pattes robustes et les tibias graduellement épaissis à l'extrémité; chez ces Araignées, les impressions médianes et rayonnantes du céphalothorax sont très profondes, et le sternum, largement cordiforme, mais terminé en arrière en pointe étroite et courte, offre, sur les bords, des saillies marginales correspondant aux hanches, caractère rare dans la famille des Theridiides. FAMILLE DES THERIDIIDÆ 565 Les autres caractères des Thymoiles sont, à peu de chose près, ceux des Dipæna ; leur abdomen, très gros, est tantôt globuleux, tantôt obtusément tronqué aux extrémités et presque carré (T. bituberculatus Keyserl.); je ne connais le mâle que d’une seule espèce (inédite), il est beaucoup plus petit que la femelle, et sa patte-mâchoire est remarquable par la longueur extraor- dinaire du tarse, qui se prolonge en pointe grêle, cylindrique et droite, presque aussi longue que le bulbe, qui est ovale allongé et très simple (fig. 575); mais, d'après Keyserling, le T. crassipes a une patte-mâchoire diffé- rente, avec la patella et le tibia longs, le tarse petit et tronqué à l’extrémité (loc. cit., pl. var, f. 1002). Les Latrodectus, très voisins des Thymoites, en diffèrent cependant, comme de tous les autres Theridiüdes, par leurs yeux latéraux disjoints, aussi large- ment séparés l'un de l’autre que les médians antérieurs ne le sont des pos- térieurs. Leurs yeux postérieurs sont, comme toujours, en ligne légèrement récurvée, médiocres et égaux, avec les médians beaucoup plus resserrés que les latéraux, excepté dans une petite espèce (L. hystrix E. Sim.), pour laquelle je propose un groupe spécial, où ils sont beaucoup plus gros et presque équi- distants. Leurs yeux antérieurs sont en ligne plus étroite et légèrement pro- curvée, ordinairement presque égaux, avec les médians plus resserrés, quel- quefois équidistants, avec les médians plus gros (L. geometricus G. Koch) ou plus petits (L. hystrix E. Sim.). Le céphalothorax, dont les impressions céphaliques sont très profondes, est ordinairement finement rugueux, quelquefois hérissé de petites épines dressées (L. hystrix E. Sim.). L'abdomen, très gros et globuleux, offre toujours, sur la pente postérieure, au-dessus du tubercule anal, quelques plis transverses qui simulent une seg- mentation; son tégument est garni de petites soies égales et peu serrées, plus rarement de petites épines (L. hystrix E. Sim.). Les différences sexuelles sont considérables, au moins pour la taille; le mâle est beaucoup plus petit que la femelle, son abdomen est ovale étroit, et ses pattes sont beaucoup plus longues; la patte-mâchoire est très spéciale par la structure de son tarse et de son bulbe; le fémur est court et légèrement courbe; la patella, petite et nodiforme; le tibia est très court, transverse et appliqué sur la base du tarse; celui-ci ne recouvre qu'incomplètement le bulbe, il est plus large que long, lamelleux et tronqué en forme de grand tra- pèze, son angle inféro-interne est néanmoins prolongé en pointe assez étroite et courbe, contournant le bulbe, et en partie recouverte par la spirale du stylus, dépassant néanmoins un peu son extrémité; le bulbe, qui paraît terminal, est très volumineux et pourvu d’un énorme stylus exserte roulé en spirale quatre fois sur lui-même (fig. 576). Les Latrodectus, au moins les femelles, comptent parmi les plus gros Theri- diides ; ils sont presque tous d'un noir intense, relevé, sur l’abdomen, aussi bien en dessus qu’en dessous, de taches d’un rouge vif, quelquefois cerclées de blanc, sujettes à s’effacer en tout ou en partie; quelques-uns sont fauves, avec des dessins ocellés (L. geometricus CG. Koch), ou des gouttelettes blanches (L. hystrix E. Sim.). Il résulte de la variabilité de la coloration et du grand 566 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES habitat de la plupart des espèces que le nombre des Latrodectus décrits par les auteurs est beaucoup trop considérable. Les Dipæna se trouvent sur les buissons ou sur les branches basses des arbres, principalement des Conifères, où ils filent une toile irrégulière, sem- blable à celle des Theridion; quelques espèces se trouvent dans les mousses des bois, d’autres sous les pierres (D. convexa B1.). La toile des Latrodectus, généralement établie sur les plantes basses et dures, est formée de fils très forts, croisés irrégulièrement et capables d'ar- rêter les insectes les plus vigoureux, tels que les Percus, les Pimelia, etc. ; dans la partie où se tient l’Araignée et où elle dépose ses cocons, le tissu en est plus serré et forme une sorte de dôme ou de cloche; cette disposition est surtout bien marquée sur la toile du L. geometricus C. Koch, qui est répandu dans presque toutes les régions tropicales du globe ; dans les endroits où elle est très abondante, cette espèce établit sa toile non seulement sur les plantes, mais aussi sous les corniches des murailles et même dans l’intérieur des habi- tations. Les cocons, généralement nombreux et suspendus sous le dôme de la toile, sont très gros, quelquefois tout à fait globuleux (L. curacavensis Müller, hystrix E. Sim.), le plus souvent un peu atténués à la base et très brièvement pédiculés (L. 13-quitatus Rossi); leur enveloppe extérieure est très épaisse et papyracée, ordinairement lisse, quelquefois, cependant, parsemée de petits flocons laineux (L. geometricus C. K.). Les Latrodectus sont, dans beaucoup d’endroits, redoutés pour leur mor- sure : dans le inidi de l’Europe, particulièrement en Corse (L. 13-guitatus Rossi, sous le nom vulgaire de Malmignate) et dans la Russie méridionale, à Madagascar (L. Menavodi Vinson), au Chili {L. mactans F.), à la Nouvelle- Zélande (L. scelio Th., sous le nom vulgaire de Katipo); mais, dans d’autres pays, où ces mêmes espèces se trouvent en abondance, elles n’ont pas la réputation d'animaux dangereux. Leur venin paraît plus actif que celui des autres Araignées, sans cependant produire tous les effets qu’on lui attribue; beaucoup de travaux, généralement dépourvus de valeur scientifique, ont été publiés, sur ce sujet, dans divers pays. Une quarantaine d’espèces, décrites pour la plupart sous le nom générique de Theridion, peuvent être rapportées au genre Dipæna : 20 d'Europe, 3 de l'Amérique du Nord, 10 de l'Amérique du Sud et 4 de la Malaisie; j’en possède un grand nombre d'inédites. Les quatre espèces décrites du genre Thymoites sont du bassin de l’Ama- zone, j'en ai trouvé une cinquième (inédite) au Venezuela. Des Latrodectus ont été observés dans toutes les régions tropicales et sub- tropicales du monde; L. fredecim-quitatus Rossi est répandu dans la région méditerranéenne, presque toute l'Afrique et l’Asie centrale (1); L. mactans (4) Theridion lugubre L. Dufour, Lat. Argus et Erebus Aud in Sav., L. quinquegut- tatus Kryn., Meta hispida C. Koch, L. malmignatus, oculatus et Erebus Walckenaer, L. conglobatus C. Koch, L. lugubris Motsch., etc., en sont synonymes. res FAMILLE DES THERIDIIDÆ - 567 Fabr. se trouve, en Amérique, depuis le sud des États-Unis jusqu'au Chili (1); tandis que L. scelio Thorell est également répandu dans toute la région océa- nienne ; L. geometricus CG. Koch, encore plus disséminé, a été observé dans la zone tropicale de l’ancien et du nouveau monde; d’autres espèces cependant sont plus localisées, tels sont L. Menavodi Vins., de Madagascar, L. hystrix E. Sim., de l’Yemen. ; GENERA 1. Oculi laterales utrinque inter se late distantes. Oculi medii antici lteraibusmaudevelyixima)ores EMPIRE Latrodectus. — Oculi laterales utrinque contigui. Oculi medii antici lateralibus multomaoresetwvaldeprominUul EURE EE NEA 2, 2, Oculi postici inter se æquidistantes, vel sæpius medii a lateralibus quam inter se remotiores. Chelæ clypeo breviores vel saltem HANAONETO FES HAMMAM SIENNE AIN ARE Dipœna. — Oculi medii postici a lateralibus quam inter se remotiores. Chelæ CDEONONMELONE M ES CE ee CC ce Thymoites. Dipœna Thorell, Eur. Spid., etc., 1869-70, p. 91. — Atea C. Koch, Ar., XI, 1845, p. 143 (ad part. A. melanogaster). — Dipæna, Euryopis (ad part. E. inornata), Theridium {ad part. T. triste) Thorell, loc. cit. — Pachydactylus Menge, Preuss. Spinn., 1863, p. 176 (nom. præocc.). — Dipæna et Lasæola E. Sim., Ar. Fr., V, 1881, p. 114-136. — Dipæna et Delania Keyserl., Spinn. Amer. Therid., 1884, p. 40, et 1886, p. 35. — Lasæolu et Dipæna Kulez., Aran. Hung., IX, 1894. Cephalothorax brevis, latus et altus, fronte angusta et prominenti, Oculi postici magni, in lineam leviter recurvam, equidistantes vel sæpius medii a lateralibus quam inter se remotiores. Oculi antici in lineam procurvam, medii fere semper majores, prominuli inter se distantes sed à lateralibus vix separati. Area mediorum antice quam postice latior. Clypeus area oculorum multo latior. Abdomen molle haud scutatum. Sternum longius quam latius, postice attenuatum, spatium inter coxas posticas articulo paulo angustius, rarius latius (D. conveæa). Chelæ clypeo breviores, debiles, acuminatæ, marginibus _indistinctis, unco longo gracillimo. Pars labialis multo latior quam longior, transversim semicircularis vel triquetra. Laminæ valde inclinatæ, valde atte- nuatæ, apice subacuminatæ. Pedes breves et robusti (1, IV, 11, 111 vél 1v, 1, 1, rt), breviter setosi (D. tristis, etc.), vel setis rigidis longis hirsuti (D. mela- nogaster). Tyeus : D. melanogaster CG. Koch. AR. GEOGR. : Orbis utriusque reg. temp. et calid. (1; Keyserling a établi la synonymie de cette espèce dont font partie : Latr. formi- dabilis, perfidus, variolus, maclans Walckenaer, L. dotatus C. Koch, Theridion vere- cundum et lineatum Hentz ; mais Aranea curacavensis Müller, compris par Keyserling dans la synonymie du L. mactans F., est une autre espèce. 568 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Nora. Les espèces de ce genre peuvent se rapporter à quatre groupes : A. — Cephalothorax in utroque sexu subsimilis, brevis, antice sensim acclivis, regione thoracica fovea longitudinali, rarius in mare transversim pro- curva (D. Auberti E. Sim., etc.), impressa. Abdomen valde convexum, globo- sum vel breviter ovatum (D. melanogaster C. K., tristis Hahn., etc.). B. — Cephalothorax fere præcedentium sed clypeo paulo angustiore, maris fronte prominentiore et parte thoracica fovea lata transversim arcuata pro- funde impressa. Abdomen altissimum supra acuminatum, turbinatum, sæpe apice plurimucronatum. Pedes antici posticis evidentius longiores (D. pyrami- dalis, cyclosoides E. Sim., etc.). C. — Cephalothorax in utroque sexu subsimilis, brevissimus et altissimus, postice valde declivis, supra convexus sed antice leviter declivis, fronte latiore. Abdomen globosum (D. convexa BI.). D. — Cephalothorax feminæ fere D. melunoguasteris, maris altissimus, antice posticeque subverticalis sed supra deplanatus, stria profunda transversim arcuata vel striis duabus sinuosis, foveam lyriformem designantibus et strias divaricatas emittentibus insigniter impressa, fronte plus minus prominenti interdum tuberculiformi. Abdomen globosum, vel ovatum, vel transversim cordiforme (D. procax E. Sim., cordiformis, spinithorax Keyserl.). Thymoiïites Keyserl., Spinn. Amer. Therid., I, 1884, p. 161. — Theridium Keyserl., loc. cit. (ad part. : T. immundum, bituberculutum). Cephalothorax fere Dipænæ sed profundius impressus, antice elevatus et valde attenuatus, fronte parva. Oculi postici magni, in lineam rectam seu re- curvam, medii inter se quam à lateralibus multo remotiores. Oculi antici in lineam procurvam inter se subæquales, medii inter se bene separati sed a lateralibus subcontigui. Area mediorum subquadrata antice valde prominula, supra convexa, sed prope medium transversim depressa. Sternum cordiforme haud longius quam latius, planum sed ad marginem leviter inæquale, postice valde attenuatum et inter coxas, parum disjunctas, anguste et breviter pro- ductum. Chelæ clypeo longiores, margine superiore sulci dente angulari mi- nuto instructo, rarius minute bidentato (T. immundus). Pars labialis plus duplo latior quam longior, semicircularis, dimidium laminarum baud attin- gens. Laminæ fere Sfeatodæ. Abdomen subglobosum vel obtusissime quadra- tum. Pedes robusti (1, IV, 11, 11), tibiis, præsertim posticis, versus apicem sensim incrassatis, setis longis vestiti. Typus : T. crassipes Keyserl. AR. GEOGR. : America tropica. Latrodectus Walck., Tabl. Ar., 1805, p. 81. — Theridion Latr., 1806 (ad part.). — Metu C. Koch, 1836 (ad part. : M. hispida, Schuchi). — Lathro- dectus Thorell, 1870. — Latrodectus auct. Cephalothorax humilis, fovea transversa striisque divaricatis profunde im- pressus, fronte sat angusta et truncata. Oculi postici in lineam leviter recur- vam, antici in lineam angustiorem leviter procurvam. Oculi laterales utrinque FAMILLE DES THERIDIIDÆ D69 inter se late distantes (spatio inter laterales haud angustiore quam spatio inter medios anticos et posticos). Clypeus area oculorum latior vel saltem haud angustior. Abdomen convexum subglobosum. Sternum planum, trique- trum, longius quam latius, postice valde attenuatum et inter coxas posticas subcontiguas subacutum. Pars labialis magna, semicircularis, dimidium lami- narum haud attingens. Laminæ parallelæ, obtusæ, inclinatæ. Chelæ debiles attenuatæ, marginibus muticis, ungue brevi ad basin crasso. Pedes longi (1, IV, 11, 1) breviter pilosi. Ungues superiores robusti, valde curvati, den- tibus 6 (1° reliquis longiore) instructi, unguis inferior dentibus basilaribus minutis binis contiguis armatus. Tveus : L. tredecim-guitatus Rossi. AR. GEOGR. : Orbis totius reg. trop. et subtrop. Nora. Je rapporte les espèces de ce genre à trois groupes : À. — Oculi postici parvi æqui, medii a lateralibus quam inter se multo remo- tiores. Oculi antici inter se subæquales, medii a lateralibus quam inter se remotiores. Abdomen globosum vel breviter ovatum. Tegumenta glabra vel breviter et tenuiter pilosa (L. fredecim-guttatus Rossi) (1). B. — Oculi postici, abdomen, tegumenta præcedentium. Oculi antici inter se æquidistantes, medii lateralibus paulo majores (L. geometricus CG. Koch). C. — Oculi postici majores inter se fere æquidistantes. Oculi medii antici lateralibus evidenter minores. Abdomen postice ampliatum et paulo latius quam longius. Tegumenta cephalothoracis abdominisque aculeis parvis hirsuta (L. hystrix E. Sim.). 14. PACULLÆ C'est dans le voisinage des Dipæna et surtout des Ulesanis que doit, à mon sens, se placer le genre Paculla (Phædima Thorell), qui a été considéré par Thorell comme le type d’une famille spéciale (Phædimoidæ), voisine de celle des Dysderides, et que j'ai décrit depuis (sous le nom de Polyaspis) comme appartenant à celle des Oonopides. Le genre Tetrablemma a aussi été décrit par Cambridge comme formant à lui seul une famille, mais ses affinités avec les Paculla ne sont pas douteuses pour moi ; il s’en distingue cependant par quelques caractères très remarquables, mais il me paraît probable que certains de ces caractères sont sexuels et propres au mâle, seul sexe connu jusqu'ici (2). Le céphalothorax est court et peu atténué en avant; sa partie céphalique est relativement énorme, très élevée, abaissée verticalement en avant et en arrière, sur la partie thoracique qui est, au contraire, petite et plus ou moins (1) Comprenant toutes les espèces du genre, moins les deux suivantes. (2) Je n’ai pu faire une étude suffisante des stigmates, des filières et des griffes du Tetrablemma, n'ayant eu à ma disposition que l’unique exemplaire type qui m’a été obligeamment communiqué par le Rev. O. P. Cambridge. 570 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES cachée par la convexité de l'abdomen ; son plan dorsal est droit ou légèrement incliné en avant. Les yeux sont au nombre de six ou de quatre et tous du type nocturne; dans le genre Paculla, les six yeux, presque égaux, forment un groupe trans- verse occupant toute la largeur du front, composé de deux médians étroile- ment connés et, de chaque côté, de deux latéraux élevés sur une légère saillie commune et figurant une ligne divergeant en arrière ; les médians sont situés au niveau des latéraux antérieurs dont ils sont étroitement séparés (fig. 578). Dans le genre Tetrablemma, les yeux sont, par exception, au nombre de quatre, situés très en arrière, près le bord postérieur de la saillie’ céphalique et par conséquent au delà du milieu de la longueur totale du céphalothorax ; ils sont gros et disposés en groupe compact carré ; les antérieurs sont ovales, obliques et contigus l’un à l’autre, tandis que les postérieurs, un peu plus petits et presque arrondis, touchent aux premiers, mais sont assez largement séparés (fig. 583) ; en avant, l’angle, un peu saillant, que forme le plan dorsal et le bandeau, porte quatre petits tubercules disposés en demi-cercle qui, au premier abord, pourraient être pris pour des yeux. A GO) 580 D77—5719—578 581 Paculla bicornis E. Sim. — Fig. 511. Céphalothorax du mâle de profil. — Fig. 518. Front en dessus. — Fig. 579, Pièces buccales. — Fig. 580. Chélicère. — Fig. 581. Patte-mâchoire du mâle. î Les pièces buccales sont construites comme celles des Ulesanis ; la piece labiale des Paculla est transverse, en triangle obtus beaucoup plus large que long (fig. 579), tandis que celle des Tetrablemma est presque carrée. Les chélicères et le sternum ressemblent plus à ceux des Pholcomma qu'à ceux des Ulesanis, les premières sont assez fortes, mais très atténuées ; celles des Paculla offrent, à la marge supérieure, une saillie angulaire précédée de deux ou trois petites dents ; le crochet est toujours assez long, très arqué et grêle jusqu’à la base (fig. 580) ; le sternum est très grand, presque carré, peu atténué et largement tronqué entre les hanches postérieures. Toutes les hanches sont petites, globuleuses et rejetées très en dehors par le développement exagéré du sternum. Les pattes sont courtes et robustes, leur longueur relative et la proportion de leurs articles sont celles des Ulesanis, mais leurs griffes ressemblent beau- FAMILLE DES THERIDIIDÆ D71 coup plus à celles des Dipæna; leurs dents sont, en effet, plus fines, plus longues et plus nombreuses que chez la plupart des Theridiides, car chez les Paculla on en compte de 8 à 14, atteignant presque l’apex de la griffe. L'abdomen, ovale court ou presque arrondi, est convexe, mais beaucoup moins proéminent en avant que celui des Ulesanis ; il est cuirassé en dessus et en dessous de scuta très durs qui atteignent un développement et une com- plication qui ne se retrouvent dans aucune autre Araignée, sauf peut-être chez les Hadrotarsides (voy. p. 305). 582 D83—585 D84 Tetrablemma medioculatum Cambr. — Fig. 582. Céphalothorax du male de protil. — Fig. 583. Groupe oculaire. — Fig. 584. Abdomen en dessous. — Fig, 585. Patte-machoire. Le scutum dorsal est entier, homogène et il recouvre entièrement l'abdo- men, excepté cependant celui de Paculla armata Thorell (espèce anormale qui deviendra sans doute le type d'un genre), où il est réduit à une petite plaque médiane ; en dessous, on remarque un scutum épigastrique énorme, embras- sant en avant le pédicule, prolongé en arrière, où il est tronqué carrément, au delà du milieu de la face ventrale, il est suivi d’un scutum ventral beau- coup plus petit, en forme de lanière transverse, à bords parallèles, puis, im- médiatement après, d'un scutum infra-mamillaire, plus étroit, mais aussi long, enveloppant la base des filières et affectant la forme d'un trapèze; enfin, dans l'espace membraneux qui sépare, de chaque côté, le scutum dorsal des scuta inférieurs, se voient encore trois fines lanières chitineuses parallèles, inter- rompues de chaque côté en arrière, au niveau de la base des filières et pou- vant ainsi se diviser en lanières latérales et lanières supra-mamillaires (fig. 584, voy. aussi dans la 1" partie, p. 3, fig. 5) (1). Les téguments du céphalothorax et des scuta de l’abdornen sont épais et durs, tantôt lisses et brillants, tantôt rugueux et granuleux, souvent marqués de points enfoncés et variolés, prineipalement ceux de la face ventrale, glabres ou parsemés de poils fins. (1) Je ne suis pas absolument fixé sur la situation des stigmates : ils me paraissent placés au bord postérieur du grand sculum épigastrique que j'ai décrit et de chaque côté d'un pli transverse; ils seraient ainsi très différents de ceux des Pholcomma et des Histagonia qui s'ouvrent au milieu même de la plaque épigastrique qui offre de chaque côté, près sa base, une tache foncée semi-circulaire indiquant la présence des sacs pulmonaires, mais dont le scutum des Paculla et Tetrablenma ne présente pas trace. 572 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Dans une espèce de Sumatra, dont Thorell a fait le type du genre Perania, l'abdomen est cependant entièrement mou, dépourvu de scuta, et son pli épi- gastrique occupe la place ordinaire. La patte-mâchoire du mâle est presque semblable dans les deux espèces que j'ai pu étudier (Paculla bicornis E. Sim. et Tetrablemma medioculatum Cambr.), elle est exceptionnelle parmi les Theridiides, et elle rappelle, à cer- tains égards, celle des Oonopides (1); le fémur est court et un peu courbe; chez Paculla bicornis, la patella est assez longue et le tibia plus court (fig. 581), tandis que, chez Tetrablemma, c’est le contraire qui a lieu; le tarse est un peu dilaté en cupule pour embrasser la base du bulbe avec lequel il se confond presque; celui-ci est globuleux ou ovale et prolongé par une pointe assez simple et courte (fig. 585); la patte-mâchoire des espèces décrites par Thorell (P. granulata, picea, nigra Thorell) paraît différer un peu de la précé- dente en ce que son tibia, plus long que la patella, est dilatée, son tarse étroit et long et son bulbe prolongé par une très longue pointe dirigée en arrière. Les mâles offrent souvent certains caractères sexuels qui ont leurs analo- gues dans les groupes voisins; ceux des Paculla picea et nigra, décrits par Thorell, portent au milieu du bandeau une petite pointe conique, et leurs pattes antérieures sont armées, au moins aux tibias et métatarses, de séries granuleuses, tandis que le mâle de Paculla bicornis est armé, au-dessous des yeux médians, de deux petites cornes géminées (fig. 577 et 578); on doit aussi considérer comme un caractère sexuel, propre au mâle, la curieuse forme qu'affectent les chélicères du Tetrablemma, la tige est armée, en avant, à la base, d'une longue apophyse dirigée obliquement en haut, aiguë et recourbée à la pointe (fig. 582). Ces Araignées ne dépassent pas les dimensions des Pholcomma, dont elles ont le faciès. Le genre Tetrablemma ne renferme qu’une seule espèce, très petite Araignée (1 mill.) découverte à Ceylan, dans le jardin de Peradeniya, par le D' Thwaites; le genre Paculla en renferme 7 : 1 de Ceylan, 3 de Suma- tra, 1 des îles Philippines. 1 de la Nouvelle-Guinée et 1 de la Nouvelle-Calé- donie ; l’unique espèce du genre Perania est propre à Sumatra. GENERA 1. Oculi quatuor, aream compactilem quadratam a fronte late remo- CAMOCCUPANLES AMEN ERRE FUTAENAEEE ............ Tetrablemma, — Oculi sex, aream frontalem transversam occupantes. RTE etc o o D 2PAibdomenwalderseutatUIN A ATEN ERRRS .. Paculla. — Abdomen omnino molle: 110016 RER PRE Re Perania. (4) Elle offre cependant une frappante analogie avec celle du Theridion cidrelicola, que j'ai décrite plus haut (voy. p. 539). FAMILLE DES THERIDIIDÆ 973 Paculla E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1887, Bull., p. cxciv. — Phædima Tho- rell, Rag. Mal., etc., III, 1883, p. 233 (nom. præocc.). — Polyaspis E. Sim. Ann. Soc. ent. Fr., 1888, p. 244. Cephalothorax brevis, antice vix attenuatus, parte cephalica magna altis- sima, postice abrupte declivi, thoracica parva et humili. Area oculorum lati- tudinem frontalem totam occupans. Oculi sex nocturni inter se subæquales, quatuor antici in lineam subrectam, medii inter se contigui sed a lateralibus anguste separati, et duo postici a lateralibus anticis contigui. Clypeus altissi- mus verticalis. Abdomen magnum et supra et subtus valde scutatum. Pedes breves et mutici, metatarsis tarsisque anticis subæquis. — Chelæ in utroque sexu similes. Typus : P. granulosa Th. AR. GEOGR. : ins. Taprobane (scrobiculata KE. Sim.); ins. Sumatra (picea, nigra, armata Thorell); ins. Philippinæ (bicornis E. Sim.) ; Nova-Guinea (gra- nulosa Th.); Nova-Caledonia (acuminata E. Sim.). Tetrablemma Cambr., Proceed. Zool. Soc. Lond., 1870, p. 114. Cephalothorax maris altissimus, subconicus, haud longior quam latior, antice posticeque fere abrupte declivis. Oculi pone medium cephalothoracis siti, quatuor, sat magni, inter se contigui et aream subquadratam occupantes. Clypeus altissimus. Abdomen subrotundum valde scutatum. Pedes breves et mutici. — Chelæ maris antice ad basin apophysi uncata munitæ (femina ignota). Typus : T. medioculatum Cambr. (sp. un.). AR. GEOGR. : ins. T'aprobane. GENUS INVISUM Perania Thorell, St. Rag. Mal., etc., IV, 1893, p. 315. « Perania a Pacullu vix alia nota majoris momenti differt, quam quod cutis abdominis in ea mollis est, non ut in formis generis Pacullæ scutum dorsale duriusculum formans. » Tyeus : P. pallida Th. (sp. un.) ex Sumatra in monte Sangalang. 15. ASAGENEÆ (Theridiidæ stridulantes) Je réunis dans ce groupe les Theridiides chez lesquels l'organe stridulatoire que j'ai décrit dans la première partie de cet ouvrage (p. 40) est le plus déve- loppé, au moins chez le mâle, dont l’abdomen est dépourvu de scuta, sauf quelquefois dans la région épigastrique, dont les yeux médians antérieurs ne sont jamais beaucoup plus petits ni beaucoup plus gros que les autres, et dont les griffes tarsales sont toujours pourvues d’une série dentée analogue à celle des Theridion. 574 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Je rapporte à ce groupe les deux genres Enoplognatha et Pedanostethus, que je plaçais autrefois (Ar. Fr., t. V, p. 182) dans le voisinage des Erigone, dont ils se rapprochent à certains égards, au moins par leurs chélicères. Le céphalothorax de ces Araignées est tout à fait normal; ses impressions céphaliques sont toujours profondes et entières, son impression thoracique, plus ou moins nette, est fovéiforme, subarrondie ou transverse-récurvée, sauf cependant dans le genre Ancocælus, où elle est remplacée par un petit sillon longitudinal très court. Les yeux des Séeatoda, Craspedisia, Crustulina, Taphiassa et Ancocælus res- semblent à ceux des Dipæna; dans les deux premiers genres, les médians antérieurs sont beaucoup plus gros que les autres; dans les trois autres, les yeux antérieurs sont peu inégaux, les médians sont tantôt un peu plus gros, tantôt un peu plus petits (Ancocælus, Taphiassa cingulata Thorell). Dans tous les autres genres, les yeux sont peu inégaux, et les deux lignes qu'ils forment sont presque droites; leur grosseur et leur écartement relatifs varient grandement dans les limites d’un même genre; en règle géné- rale, ils sont plus gros et plus resserrés chez les Teutana, au contraire, plus petits et plus distants chez les Asagena et les Enoplognatha; dans les deux genres Asagena et Lithyphantes, les yeux latéraux sont, de chaque côté, étroi- tement disjoints, mais ce caractère souffre de trop nombreuses exceptions, au moins dans le genre Lithyphantes. La largeur du bandeau excède rarement celle du groupe oculaire. 586 D87 588 Fig. 586. Asagena americana Emert. Sternum et fémurs en dessous (d’après Emerton). — Fig. 581. Craspedisia cornuta Keyserl. Céphalothorax du mâle de profil. — Fig. 588. Enoplognatha nigromarginata Lucas. Chélicère du mâle, en dessous. Les chélicères, plus robustes que celles des Theridion et toujours beaucoup plus longues que le bandeau, sont presque toujours aussi épaisses que les fémurs antérieurs; leur marge supérieure est pourvue d’une forte dent angu- laire; dans les deux genres Enoplognatha et Pedanostethus, qui font le passage de la famille des Theridiides au groupe des Erigone, l'armature des marges est, par exception, plus complexe, la marge inférieure est pourvue de deux ou, plus rarement, de trois petites dents géminées ou espacées, et, à la marge supérieure, la dent angulaire est précédée d’une ou de plusieurs petites dents; FAMILLE DES THERIDIIDÆ 575 dans le genre Enoplognatha, les chélicères des mâles, très longues et pro- clives, sont, en outre, armées d’apophyses dentiformes dont je parlerai plus loin (fig. 588). La pièce labiale est grande, plus large que longue, tantôt atténuée et arrondie au sommet en triangle obtus, tantôt tronquée et trapézoïde, les deux formes s’observent dans le même genre (Teutana triangulosa Walck. et T. grossa C. Koch). Les lames, plus courtes et plus larges que celles des Théridions, sont large- ment tronquées à l’extrémité, mais arrondies au côté externe et assez forte- ment convergentes, souvent marquées, vers le milieu, d'une légère impression oblique. L’abdomen de la femelle est gros et convexe, arrondi ou ovale court ; celui du mâle est beaucoup plus petit, plus étroit, et il laisse voir en dessus le céphalothorax dans son entier; sa région épigastrique, indurée et coriacée, forme, en avant, autour du pédicule, le rebord stridulatoire dont j'ai parlé; sa face dorsale ne présente jamais de scutum défini, mais, dans les genres Crus- tulina et Craspedisia, elle est plus ou moins épaissie et remarquable, au moins chez le mâle, par le grand développement de ses points ocelliformes, qui sont souvent presque confluents. Dans les genres Crustulina et Craspedisia, le sternum est très rétréci en arrière, mais prolongé, entre les hanches postérieures disjointes, en pointe assez large, recourbée en bas et tronquée à l'extrémité, avec les angles quel- quefois un peu saillants; dans le genre Taphiassa, le sternum est moins pro- longé, mais sa troncature postérieure est encore plus large; dans tous les cas, l'extrémité sternale est suivie d’une petite pièce (lorum) transverse et souvent trapézoïde (1). Dans tous les autres genres, le sternum se termine, en arrière, en pointe subaiguë, et les hanches postérieures sont contiguës ou au moins très rapprochées. Les pattes des Teutana différent à peine de celles des Theridion; dans les autres genres, elles sont plus épaisses, plus courtes, au moins chez les femelles, et celles de la quatrième paire sont ordinairement un peu plus longues que celles de la première. Dans les genres dont le sternum est proiongé, les hanches, surtout les intermédiaires, sont presque globuleuses et légèrement séparées les unes des autres, tandis que, dans les autres genres, elles sont cylindriques et nor- males. Les griffes sont généralement plus robustes que celles des Theridion ; leur . série dentée, qui commence toujours avant le milieu, se compose de 5 à 7 dents, dont la première est plus forte et plus longue que les autres; dans-le genre Crustulina, dont les griffes sont relativement fines, elles sont dissem- blables, l’externe est presque mutique, tandis que l’interne est normale; les (1) Cette pièce a été décrite par Thorell chez son Stethopoma cingulatum, qui me paraît rentrer dans le genre Taphiassa. 976 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES griffes des Asagena sont d’un autre type, et elles ressemblent davantage à celles des Dipæna et des Paculla, leur série dentée se compose, en effet, de 8 à 10 longues dents presque égales, atteignant presque l’apex. La patte-mächoire du mâle a un fémur légèrement courbe, quelquefois un peu dilaté à l'extrémité en forme de massue (Crustulina scabripes E. Sim.) ; dans les genres Steatoda et Crustulina, le tibia est assez court, très atténué à la base et comme appendiculé, au contraire, très long chez les Teutana, la plu- part des Lilhyphantes, des Pedanostethus (excepté P. arundineti Cambr.) et surtout chez les Enoplognatha, où il est généralement plus long que le tarse, qui est relativement très petit; le tarse, dont le volume est très variable, est ovale et terminé en petite pointe subaiguë dépassant un bulbe gros, souvent pourvu d'un épais et long stylus et quelquefois (Sfeatoda) d’une pièce termi- nale (conducteur) très grande et courbée en croissant; le tarse des Crustulina présente, au côté interne, dans la seconde moitié, un tubercule divergent, plus ou moins développé, formant, avec la pointe apicale, une sorte de fourche. Les mâles sont, comme je l'ai dit, plus petits et plus grêles que les femelles, ils s'en distinguent souvent, en outre, par des caractères spéciaux, leur région frontale est souvent plus acuminée: le mâle du Craspedisin cor- nuta Keyserl. porte, au-dessous des yeux, au milieu du bandeau, une apophyse recourbée en bas en forme de crochet qui ne manque pas d'analogie avec la corne des Paculla (fig. 587); leurs téguments sont ordinairement plus épais et plus rugueux que ceux des femelles; dans le genre Asagena, leur céphalo- torax est denté ou inégal à la marge; dans beaucoup d’autres espèces des genres Crustulina et Teutana, les fémurs des mâles sont pourvus en dessous de granulations sériées; le mâle de l’Enoplognatha maritima E. Sim. offre, en dessous, aux métatarses des deux premières paires, une série d’épines, et celui d’E. thoracica Hahn offre, aux métatarses et tibias de la première paire seulement, une double série de petits spinules, tandis que rien de sem- blable n’existe dans les autres espèces du genre ; dans le genre Asagenu, les fémurs et les tibias, très robustes, sont également armés en dessous de deux séries de petits denticules, et les fémurs de la deuxième paire (et quelquefois de la troisième paire) portent deux dents apicales plus fortes (fig. 586), mais il y a quelques exceptions à cette règle, c'est ainsi que, chez A. alliceps Keyserl., les pattes ne diffèrent pas de celles des Lithyphantes. Dans quelques Lithyphantes, notamment L. corollatus L., les chélicères du mâle présentent, en avant, dans la seconde moitié, une saillie conique; celles des Asagena phalerata Panz., americana Emert., spinipes Luc., etc., sont forte- ment rugueuses, tuberculées dans la seconde moitié et au bord interne; celles des Enoplognatha, encore plus remarquables, ont été comparées à celles des Pachygnatha, elles sont, en effet, très développées, proclives et armées en dessous, au bord interne, de deux fortes apophyses dentiformes, assez variables selon les espèces; dans quelques-unes (E. nigromarginata Lucas, maritima E. Sim.), les chélicères offrent de plus une ou deux grosses dents en avant sur leur face supérieure et une en dessous au bord externe (fig. 588). FAMILLE DES THERIDIIDÆ 977 Les Séeatoda et Teutana filent de grandes toiles comme les Theridion ; ils sont nocturnes et vivent presque tous dans l’intérieur des maisons, quelque- fois dans les creux d'arbres; le T. triangulosa, qui habite, en Europe, l’inté- rieur des maisons, devient lapidicole en Algérie; le cocon de ces Araignées est formé d’une bourre blanche semi-transparente, il est tantôt globuleux {Stea- toda), tantôt un peu piriforme et brièvement pédiculé {Teutana). Toutes les autres espèces vivent sur le sol : les unes sous les pierres et les mousses, les autres dans des cavités naturelles, qu'elles garnissent d’une forte toile; les mâles, beaucoup moins sédentaires que les femelles, se rencontrent souvent errants, et ils font tous entendre une assez forte stridulation; le cocon est formé d'une bourre blanche, jaune ou rosée plus ou moins serrée. Presque toutes ces Araignées sont d’un noir intense ou d’un rouge vineux, avec des dessins blancs ou jaunes disposés sur l’abdomen en taches sériées (Grustulina, etc.), en bordure ou en croix à branches disjointes (Asagena); les Pedanostethus et quelques Enoplognatha, uniformément d’un brun-rouge clair, ressemblent à des Erigone, mais la plupart des Enoplognatha sont de teinte plus pâle, et leur abdomen offre en dessus une grande tache, rembrunie sur les bords, ressemblant beaucoup au folium des Argiopides, particulièrement à celui des Züllu (1). Le genre Lithyphantes renferme une vingtaine d'espèces : 6 d'Europe et de la région méditerranéenne, 3 des iles de l’Atlantique, 2 de l'Amérique du Nord, 5 de l’Amérique du Sud, principalement de la région andine, 1 de la Nouvelle-Zélande et 1 de la Nouvelle-Calédonie; L. corollatus L., d'Europe, habite toute l'Asie tempérée, jusqu’en Chine, et l'Amérique du Nord, tandis que L. paykullianus W. se trouve dans l’Asie centrale et l’Afrique orientale, jusqu'en Éthiopie; la plupart de ces espèces sont de grande taille et res- semblent à des Latrodectus (L. paykullianus), d’autres descendent au-dessous de la moyenne et ressemblent parfois tellement à des Crustulina qu’il est nécessaire d'examiner leur sternum pour les en distinguer (L. signatus Cambr.). Le type du genre Asagena, A. phalerata Panz., est répandu dans toute l’Eu- rope et s'étend à l'Asie centrale; une seconde espèce existe en Italie et en Hongrie (A. meridionalis Kulez.), et une troisième en Algérie (Latrodectus spi- nipes Lucas) ; elles sont remplacées dans l’Amérique du Nord par une espèce très voisine (A. americana Emert.); un autre Asagena, qui s'éloigne davan- tage du type normal, existe dans les Andes du Venezuela et de la Colombie (A. alticeps Keyserl.). Le genre Crustulina compte sept espèces dans la région méditerranéenne, dont deux sont répandues dans toute l’Europe, et se retrouvent même (1) Cette ressemblance a été cause de plusieurs erreurs, c’est ainsi que Enoplognatha mandibularis Lucas a été rapporté au genre Epeira par Blackwall (Epeira diversa Blackw.) et au genre Zilla par Thorell (Zilla Rossi Th.); Meta dentipalpis Croneb., Zilla crucifera Thorell, Zilla mordax Thorell, Meta Schaufussi L. Koch, sont des Enoplognatha. 37 D78 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES dans l'Amérique du Nord (C. gutlata Wid. et s{ricta Cambr.) (L), et une espèce anormale, ressemblant à un petit Lithyphantes, à Madagascar (C. ambigua E. Sim.) (2). Le genre Craspedisia, si voisin du précédent, ne renferme qu’une seule espèce, rapportée à tort par Keyserling à son genre Umfila et répandue dans l’Amérique du Sud, du Venezuela au sud du Brésil. Le genre Tupliassa, qui représente le genre Crustulina sous les tropiques, ne renferme que trois espèces, l’une de Ceylan (T. punctigera E. Sim.), l’une de Sumatra (Stethopoma cingulatum Thorell) et l’une de Nouvelle-Calédonie (T. impressa E. Sim.). Le genre Sfeatoda est surtout de la zone septentrionale ; son espèce type, S. bipunctata L., répandue dans toute l’Europe, s’avance, au nord, jusqu’en Islande (3), elle est remplacée, dans l’Amérique du Nord, par une espèce similaire, $S. boreulis Hentz, mais toutes les espèces tropicales qui ont été rap- portées à ce genre, sauf peut-être S. brasiliana Keyserl., ne lui appartiennent sûrement pas. Le genre Teutana est également peu nombreux, et ses espèces sont, en général, largement distribuées : T. triangulosa Walck., qui est si répandu dans l'Europe méridionale, se trouve en Afrique jusqu’au Sénégal et même à Sainte-Hélène (Cambr.), dans l’Asie centrale et l'Amérique du Nord (Th. ser- -pentinum Hentz); T. grossa CG. Koch est répandu dans la région méditerra- néenne et les îles de l’Atlantique, tandis que T. castanea CI. habite l’Europe septentrionale et orientale; l’Amérique centrale et australe paraissent avoir quelques espèces qui leur sont propres, et j'en ai trouvé une au cap de Bonne-Espérance. L'unique espèce du genre Ancocælus est propre à la Tasmanie. Le type du genre Enoplognatha (E. mandibularis Lucas) est répandu dans la région méditerranéenne, les îles de l’Atlantique et l’Asie tempérée, jusqu'en Chine; ce genre renferme, en outre, une quinzaine d’espèces en Europe et dans la région méditerranéenne, se trouvant surtout dans la zone maritime, une espèce en Sibérie (Therid. serratosignatum L. K.), une au Turkestan (Meta dentipalpis Cramb.), et une au Kamchatka (E. camtschadalica Kulczynski), deux dans l'Amérique du Nord (Th. marmoratum Hentz, Lithyph. tectus Keyserl.), une au Pérou (Lüyph. juninensis Keyserl.), une douteuse à l'ile Sainte-Hélène (Linyphia trifidens Cambr.), j'en ai trouvé deux (inédites) dans l'Afrique australe. . (1) Mais une seconde espèce américaine, décrite par Keyserling sous ie nom de C. lascivula et dont je possède le type, est un Dipæna. (2) Plusieurs espèces, décrites par les auteurs sous le nom générique de Steatoda, pourraient appartenir au genre Crustulina, notamment S. alboviltata et rugosa Th., S. lineiventris et molesta (du Choa) Pavesi, etc. (3) Cette espèce, qui habite l’intérieur des habitations, a pu être transportée acci- dentellement dans bien des endroits, ce qui explique que Keysefling a pu l'indiquer de Cayenne et du Venezuela; il s'agit peut-être même ici de captures faites à bord des navires, FAMILLE DES THERIDIDÆ 79 Le genre Pedanostethus compte une dizaine d’espèces, qui habitent les régions froides et montagneuses de l’Europe et de l'Amérique du Nord; son espèce type, P. lividus Blackw., très répandue en Europe, s'étend en Sibérie et aux Etats-Unis d'Amérique. GENERA 1. Sternum postice, inter coxas posticas plus minus disjunctas, sat late productum et truncatum — Sternum postice, inter coxas posticas subcontiguas, anguste et subacute productum 2, Sternum postice latissime truncatum et spatium intercoxale arti- culo multo latius. Oculi medii postici inter se subcontigui sed a lateralibus late distantes — Sternum postice angustius productum et spatium intercoxale arti- culo angustius. Oculi postici inter se fere æquidistantes 3. Oculi antici inter se subæquales et area oculorum mediorum antice quam postice paulo latior — Oculi medii antici reliquis oculis multo majores, area oculorum 4. VAE PAM I AN ON CHERE Taphiassa. A LOR RENPAUIE RCD PT ete Crustulina, mediorum antice quam postice paulo angustior...... . Craspedisia. 4. Oculi antici in lineam valde procurvam, medii lateralibus fere semper multo majores. Oculi postici in lineam leviter recurvam rarissime rectam — Oculi antici in lineam rectam seu subrectam, inter se æqui vel medii lateralibus vix majores. Oculi postici in lineam rectam seu leviter procurvam 5. Oculi medit antici lateralibus minores. Fovea thoracica longitudi- nalis, sulciformis, brevis — Oculi medii antici lateralibus multo majores. Fovea thoracica © 6, MMA LAN NV A AS Ancocælus. HN AE SION EN RER PR A RE Steatoda. 6. Oculi postici magni et inter se parum separati, oculi laterales DOCS GONE TUE ETC ERES PARENT RER Nr UNE EURE RES . Teutana. — Oculi postici minores et inter se remotiores Collet eee etes Ale} ar aies 7. Oculi laterales utrinque disjuncti. Area mediorum parallela sub- quadrata vel longior quam latior. Chelarum margo inferior muticus . — Oculi laterales utrinque contigui. Area mediorum trapeziformis antice quam postice angustior. Chelarum margo inferior den- [#2] Oculi postici mediocres. Oculi medii aream quadratam occupantes. 7. Clypeus area oculorum haud latior vel angustior..., Lithyphantes. — Oculi postici minuti. Oculi medii aream paulo longiorem quam latiorem occupantes. Clypeus area oculorum mediorum multo IE HO AE TERRES SRE AUS DIMM ANA TRACE .. Asagena. 580 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES 9. Pars labialis dimidium laminarum vix attingens. Sternum postice, inter coxas, anguste et sat longe productum....... Enoplognatha. — Pars lahialis dimidium laminarum superans. Sternum postice breviter attenuatum, inter coxas haud productum. Pedanostethus. Crustulina Menge, Preuss. Spinn., Il, 1868, p. 168. — Theridion auct. (ad part.). — Sieatoda Thorell, 1859-1870 (ad part.). — Crustulina E. Sim., Ar. Fr., V, 1881, p. 155. Cephalothorax brevis, regione frontali leviter acclivi. Oculi postici in lineam levissime recurvam, sat magni, inter se æqui et æquidistantes vel medii lateralibus paulo majores et a lateralibus quam inter se paulo remotiores (C. scabripes E. Sim. et præsertim C. ambigua E. Sim.), rarius inter se paulo remotiores (C. setigera E. Sim.). Oculi antici in lineam procurvam, inter se subæquales, vel medii paulo majores (C. sticta Cambr.) vel paulo minores (C. scabripes E. Sim.). Area oculorum mediorum paulo latior quam longior et antice quam postice paulo latior. Clypeus area oculorum latior. Sternum magnum, sed longius quam latius, postice attenuatum et inter coxas posticas productum. Pedes breves et robusti (1, IV, 11, 111; 1 et 1v inter se subæquales). Abdomen subglobosum, supra punctis impressis ocelliformibus maximis (præ- sertim in mare) notatum. Tegumenta cephalothoracis et sterni valde coriacea. Tyeus : C. quitata Wider. AR. GEOGR. : Europa et reg. mediterr.; ins. Madagascar: America sept. Taphiassa E. Sim., Ann. Soc. ent. Belg., 1880. — (?) Siethopoma Thorell, St. Rag. Mal., etc., IV, 1890, p. 288. A Crustulina differt fronte paulo latiore haud acclivi, oculis mediis posticis lateralibus majoribus, inter se anguste a lateralibus late distantibus, oculis anticis inter se subcontiguis et in lineam procurvam (T. impressa E. Sim.) vel distinctius separatis et in lineam subrectam (T. punctigera KE. Sim.). Area mediorum subparallela (T. impressa E. Sim.) vel antice quam postice latiore {T. punctigera E. Sim.), sterno haud vel non multo longiore quam latiore et postice latius truncato, spatio intercoxali articulo latiore, pedibus (saltem maris) longioribus, magis iniquis (1, 1V, 11, 1x), sat longe hirsutis, organo stri- dulanti parum distincto. Typus : T. impressa E. Sim. AR. GEOGR. : ins. Taprobane (T. punctigera E. Sim.); ins. Sumatra; ins. N.-Caledonia. Craspedisia, nov. gen. — Umflu Keyserl., Spinn. Amer. Bras., 1891, p. 222 (ad part. U. cornuta). À Crustulina differt oculis posticis majoribus, in lineam plane rectam, mediis inter se quam a lateralibus paulo remotioribus, oculis anticis in lineam leviter procurvam, mediis lateralibus multo majoribus, prominulis et inter se subcontiguis, area mediorum antice quam postice angustiore, pedibus robustis FAMILLE DES THERIDIIDÆ 581 et brevibus (1v, 1, 11, 1), tegumentis cephalothoracis sternique feminæ sub- lævibus, maris valde coriacis, valde et longe setosis, abdomine supra punctis ocelliformibus maximis notato, clypeo iñaris cornuto (fig. 587). Typus : C. cornuta Keyserl. (sp. un.). AR. GEOGR. : Venezuela et Brasilia. Steatoda Sund., Consp. Arachn., 1833 (ad part.). — Theridion Walck., 1805 {ad part. rotundata). — Eucharia C. Koch, 1836 (ad part.). — Sfeatoda Thorell, 1856-1870 (ad part.) — Id. E. Sim., Ar. Fr., 1881. Cephalothorax brevis, fovea transversa striisque profundis impressus, fronte angusta leviter prominenti. Oculi postici magni et inter se non late distantes in lineam levissime recurvam. Oculi antici in lineam valde procurvam, inter se appropinquati, medii lateralibus multo majores. Area mediorum quadrata vel trapeziformis (antice latior). Laterales utrinque contigui. Clypeus area oculo- rum paulo latior. Sternum triangulare longius quam latius, inter coxas pos- ticas anguste productum et subacutum. Pars labialis magna, latior quam longior, attenuata et obtuse triquetra, dimidium laminarum vix attingens. Pedes robusti sat longi (1, 1V, 11, 11), setis tenuibus longis vestiti. — Abdo- men maris plaga epigasteris magna et convexa munitum. Pedes-maxillares magni et robusti. Typus : S. bipunctata Linné. AR. GEOGR. : Europa et America sept. Ancocælus, nov. gen. A Steatoda, cui valde affinis est, tantum differt parte thoracica sulco medio longitudinali brevissimo impressa, oculis mediis anticis prominulis sed latera- libus minoribus, parte labiali breviore et transversim semicirculari. Typus : À. livens E. Sim. (sp. un.) (1). AR. GEOGR. : Tasmania. F'eutana E. Sim., Ar. Fr., V, 1881, p. 61. — Theridion auct. (ad. part.). — Eucharia C. Koch, 1836 (ad part. E. hera). — Steatoda Thorell, 1870 (ad part.). À Steatoda differt oculis posticis magnis et inter se appropinquatis, in lineam rectam seu levissime procurvam, oculis anticis in lineam subrectam inter se æquis vel mediis minoribus, area mediorum subquadrata, parte labiali magna, obtuse triquetra et dimidium laminarum multo superante (T. triangulosa Walck.) vel obtuse truncata et dimidium laminarum vix attin- gente (T. grossa CG. Koch), pedibus longioribus et breviter setosis (1, IV, 11, int), pedibus-maxillaribus maris multo gracilioribus. Typus : T. triangulosa Walck. AR. GEOGR. : Orbis totius reg. temp. et calid. (1) Ann. Soc. ent. Fr., 1894. 282 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Lithyphantes Thorell, Eur. Spid., 1869-70, p. 94. — Theridion Walck., 1805 {ad part. rotundata). — Stealoda Sund., 1833 (ad part.). — Eucharia C. Koch, 1837 (ad part.). — Phrurolithus C. Koch, 1838 (ad max. part.). — Theridion Westr., 1861 [ad part.). — Theridion E. Sim. 1864 (ad part. : sub-gen. Phrurolithus). — Phrurolithus Ohl., 1867. — Euchuria Menge, 1869 (ad part.). — Lithyphantes E. Sim., Keyserl., etc. Cephalothorax sat humilis, fovea subrotunda seu transversa striisque radiantibus impressus, fronte mediocri. Oculi postici in lineam rectam, sat magni, medii a lateralibus quam inter se plerumque remotiores. Oculi antici in lineam subrectam, subæquales vel medii vix minores. Area mediorum sub- quadrata. Oculi laterales prominuli, inter se plerumque anguste distantes. Clypeus area oculorum haud vel vix latior. Sternum planum, triquetrum, pos- tice subacutum. Coxæ posticæ contiguæ. Pars labialis magna, dimidium lami- narum attingens vel superans. Laminæ sat breves et latæ. Pedes feminæ robusti sat breves (1, ï, I, 111, rarius 1, IV, 11, 11), maris longiores et graci- liores. Typus : L. corollatus Linné. AR. GEOGR. : Orbis utriusque reg. temp. et calid. Asagena Sundev., Consp. Arachn., 1833, p. 19. — Theridion Walck., 1805 (ad part. abscondita). — Drassus Sundev., 1832 (ad. part.). — Latrodectus Lucas, Expl. Alg., Arachn., 1812-1848 (ad part. : L. spinipes). — Sieatoda Thorell, 1856 (ad part.). — Theridion Westr., 1861 (ad part.). — Asagena Thorell, E. Sim., Keyserl., Emert. À Lithyphanti, cui valde affinis est, tantum differt oculis paulo minoribus, area mediorum evidentius longiore quam latiore, parallela vel antice quam postice paulo angustiore, clypeo multo latiore, pedibus (1v, 1, 11, 1x) breviori- bus et crassioribus. — Tegumenta cephalothoracis et sterni maris valde coriacea. Cephalothorax plerumque ad marginem dentatus. Pedum femora tibiæque maris crassa plerumque subtus biseriatim granulata vel dentata. Typus : À. phalerala Panz. AR. GEOGR. : Europa et regio mediterr.; Asia centr.; Amer. sept. et merid. andina. Enoplognatha Pavesi, Ann. Mus. Civ. Gen., 1880, p. 326. — Theridion Hahn, 1831 (T. fhoracicum). — Epeira Blackw. (E. diversa). — Drepanodus Menge, Preuss. Spinn., 1868 (nom. præocc.). — Zilla Thorell, 1870-75 (ad part. : Z. Rossi, crucifera, etc.). — Enoplognatha E. Sim., Arach. Fr., V, 1881, p. 182. — Lithyphantes Keyserl., Spinn. Amer. Therid., 1884 (ad part.). Cephalothorax brevis, parte cephalica lata et convexa. Oculi postici in lineam leviter procurvam, antici in lineam subrectam, medii antici et postici a lateralibus quam inter se fere semper remotiores, aream quadratam vel antice paulo angustiorem designantes, oculi medii antici reliquis oculis paulo FAMILLE DES THERIDIIDÆ 583 minores. Clypeus area oculorum æquilatus.vel paulo angustior. Sternum latum, inter coxas posticas anguste productum. Chelæ longæ et robustissimæ, margine superiore pluridentato, inferiore ($) dentibus minutis {1 vel 2) instructo. Pars labialis dimidium laminarum vix attingens. Pedes breves et robusti (IV, ï, I, It rarius, 1, IV, 11, 111), longe setosi. — Chelæ maris longæ et divaricatæ, dentibus magnis instructæ. Tvyeus : E. mandibularis Lucas. AR. GEOGR. : Europa, reg. mediterr. et ins. Atlant.; Asia centr., sept. et orient.; Kamchatka; ins. St#-Helena (? trifidens Cambr.); Africa orient. et austr.; Amer. sept. et merid. andina. Pedanostethus E. Sim., Ar. Fr., V, 1884, p. 195. — Neriene Blackw., 1864 {ad part. N. lividu). — Cienium Menge, Preuss. Spinn., 1869 (nom. præocc.). — Erigone auct. Ab Enoplognatha, cui valde affinis est, differt area oculorum mediorum antice quam postice multo angustiore, sterno postice breviter attenuato et inter coxas posticas haud producto, parte labiali dimidium laminarum supe- rante sed multo latiore quam longiore, apice attenuata et truncata, chelis in utroque sexu subsimilibus. Tvpus : P. lividus Blackw. AR. GEOGR. : Europa et reg. mediterr.; Asia sept. et centr.; Amer. sept. 16. HISTAGONIEÆ Les Histagonia et Virada se rapprochent des Paculla par leurs pièces buc- cales et leurs scuta abdominaux, mais ils s'en éloignent par leurs yeux, au nombre de huit, disposés normalement en deux lignes, et leurs griffes tarsales fines et entièrement mutiques, caractères qui indiquent des rapports avec les Pholcommu. Leur céphalothorax, ovale court, est peu convexe, à peine élevé en avant, mais assez fortement atténué, avec un front obtus, dont le groupe oculaire occupe toute la largeur. Leurs yeux postérieurs, égaux et médiocres, sont = 2Eù en ligne légèrement récurvée; chez les Histagonia, ACC =() les médians sont un peu plus rapprochés l’un de A 2 : IAE l’autre que des latéraux, tandis que, chez les Virada, ils sont beaucoup plus séparés; les anté- f rieurs, resserrés et équidistants, sont en ligne Fig. 580. légèrement procurvée, ils sont toujours inégaux, mais tandis que, chez les Histagonia, les médians sont un peu plus petits, chez les Virada, ils sont plus gros et proéminents, comme ceux des Dipæn«. Histagonia deserticola E. Sim. Patte-mâchoire du mâle. Dans le genre Histagonia seulement, les médians sont précédés, dans les deux sexes ou chez le mäle seulement (H. nasuia Emert.), d’une saillie 58 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES dirigée en avant, tantôt très petite, conique et obtuse (1. deserticola E. Sim.), tantôt assez longue, acuminée et surmontée d’un faisceau de crins. Leurs chélicères et leurs pièces buccales sont celles des Paculla. Le sternum des Virada est aussi large que long, convexe, cordiforme et lar- gement tronqué entre les hanches postérieures, mais celui des Histagonia res- semble davantage à celui des Crustulina, il est presque plan, un peu plus long que large et prolongé, entre les hanches postérieures, en pointe assez étroite, infléchie et tronquée. L'abdomen des Virada est presque arrondi, et il recouvre en avant la partie thoracique; ses scuta, analogues à ceux des Paculla, sont cependant un peu moins complexes : le dorsal est entier, lisse et brillant; en dessous, le scutum épigastrique est très grand, car il dépasse le milieu de la face ventrale, il est suivi d’un scutum infra-mamillaire assez large et semi-circulaire; les filières sont, en outre, accompagnées, de chaque côté, d'une petite pièce triangulaire et, en dessus, d’une pièce fine et transverse qui représente les lanières si développées dans le groupe des Paculla. L’abdomen des Hisiagonia est ovale plus allongé, médiocrement convexe, et il ne recouvre en ‘avant que le bord postérieur du céphalothorax ; son scu- tum dorsal entier est lisse, mais parsemé de points enfoncés piligères; le tégument de sa face ventrale est mou, sauf dans la région épigastrique, qui est garnie d’un scutum coriacé, et, chez le mâle seulement, dans la région antémamillaire, qui présente un scutum assez développé; ses filières sont ter- minales, comme celles des Euryopis. Les pattes sont courtes, et les postérieures sont plus longues que les anté- rieures, mais celles-ci sont plus robustes; leurs fémurs sont comprimés et un peu claviformes ; leurs métatarses et tarses sont presque d’égale longueur. La patte-mâchoire du mâle est courte et normale; son tibia est court, dilaté et cupuliforme sur la base du tarse; celui de H. nasuta présente, au côté interne, d’après Emerton, deux forts crins spiniformes, géminés et droits, tandis que celui de 11. deserticola offre, au même point, un seul crin recourbé et hamiforme (fig. 589); celui des Virada m’a paru mutique; le tarse de A. nasuta, de même que celui des Virada, est simplement obtus à l’extrémité, et le bulbe est pourvu d’un stylus formant une boucle terminale, tandis que le tarse de H. deserticola est très gros, brusquement acuminé et terminé par une dent arquée. C’est probablement à ce groupe qu'il faudra rapporter le genre Umñla Keyserl. (Sp. Amer. Therid., II, 1886, p. 257), qui m'est inconnu en nature, et dont l’auteur ne décrit pas les griffes, ce qui laisse des doutes sur ses vraies affinités. Ce genre paraît cependant avoir de grands rapports avec les Histagonia, dont il se distingue cependant par le céphalothorax plus élevé en avant, le bandeau beaucoup plus large que le groupe oculaire et même que les chélicères, qui sont très petites, comme celles des Dipæna, le front dépourvu de tubercule dans les deux sexes. Ces Araignées sont toutes de très petite taille; les Virada ont le faciès des FAMILLE DES THERIDIIDAÆ 589 Pholcommu, leurs téguments, de couleur foncée, sont très lisses et brillants, sauf ceux de la région thoracique et du sternum, qui sont parsemés de grosses granulations; on en connait trois espèces, l’une du Pérou (V. punciaia Keyserl.), les autres du Venezuela (V. rugithorax et tovarensis E. Sim.), celles-ci se trouvent dans les détritus humides des forêts (1). Le type du genre Histagonia est une très petite Araignée de PAfrique australe ayant plus le faciès d'un Gamasomorpha ou d’un Micariosoma que celui d’un Theridüdes, je l'ai trouvé sous les pierres, à Vryburg, dans le Bechuanaland; je rapporte avec doute au même genre une espèce de l'Amérique du Nord décrite par Emerton sous le nom de Pholcomma nasutum. La seule espèce connue du genre Umfila (U. granulata Keyserl.) est du Brésil (2). GENERA Oculi medii antici lateralibus majores. Oculi medii postici inter se quam a lateralibus multo remotiores. Abdomen rotundum.... Virada. Oculi medii antici lateralibus minores. Oculi medii postici a laterali- bus quam inter se paulo remotiores. Abdomen ovatum .. Histagonia. VWirada Keyserl., Sp. Amer. Therid., II, 1886, p. 25 (Wirada). Cephalothorax breviter ovatus modice convexus, fronte obtusa. Oculi postici æqui, in lineam recurvam, medii inter se quam a lateralibus multo remo- tiores. Oculi antici in lineam leviter procurvam, inter se subcontigui, medii lateralibus majores et prominuli. Sternum circiter æque longum ac latum, cordiforme, convexum, postice, inter coxas, late truncatum. Abdomen subro- tundum, valde scutatum. Pedes breves (rv, 1, 11, 11), antici posticis paulo robustiores, metatarsis tarsis paulo longioribus. Ungues tarsorum graciles et mutici. Typus : V. punctata Keyserl. AR. GEOGR. : Peruvia et Venezuela. Histagonia, nov. gen. — ? Pholcomma Emerton, Trans. Conn. Acad., VI, 1882, p. 30 (ad part. P. nasutum). Cephalothorax breviter ovatus, modice convexus, antice haud acclivis sed attenuatus, fronte sat angusta, sub oculis mediis anticis tuberculo parvo obtuso (H. deserticola) vel longiore acuminato et setifero (H. nasuta) munita. Oculi postici æqui, in lineam levissime recurvam, medii a lateralibus quam inter se remotiores. Oculi antici in lineam leviter procurvam, medii lateralibus paulo minores. Sternum latum, planum, inter coxas posticas sat anguste productum. Abdomen ovatum, parum convexum, scuto dorsali omnino obtectum. Mamillæ terminales. Pedes breves {1v, 1, 11, rt), antici posticis robustiores, femoribus {1} V. rotunda Keyserl. (in L. Koch, Ar. Austr., 1890, p. 236), d'Australie, est un Ulesanis. (2) Une seconde espèce, rapportée à ce genre par Keyserling, U. cornuta Keyserl., en diffère complètement, et j'en ai parlé plus haut sous le nom de Craspedisia cornuta e 586 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES leviter clavatis, metatarsis tarsisque circiter æquilongis, Ungues tarsorum gracillimi et mutici. Tyeus : H. deserticola E. Sim. AR. GEOGR. : Africa austr. et fortasse America sept. 17. THEONOEÆ Les quelques espèces pour lesquelles je propose ce groupe ont de commun avec les précédentes d'avoir les griffes tarsales entièrement mutiques et les tarses aussi longs que les métatarses; elles en diffèrent surtout par leurs yeux médians antérieurs généralement plus petits et plus resserrés que les laté- raux, leur sternum convexe et au moins aussi large que long et leur abdomen dépourvu de scuta, sauf quelquefois dans la région épigastrique. Dans le nouveau genre Mysmena, que je propose pour le Dipæna leucopla- giata E. Sim. (Ar. Fr., V, p. 117) et quelques espèces voisines, les pièces buccales, le sternum, les chélicères et le large bandeau ressemblent à ceux des Dipænu, mais le céphalothorax et les yeux rappellent davantage ceux des Theridion du groupe de T. pallens BI., au moins chez la femelle, car le cépha- lothorax du mâle, extrèmement haut et conique, ressemble à celui du Dipæna convexa BI. (fig. 590) ; les yeux postérieurs sont en ligne droite chez la femelle, en ligne légèrement récurvée chez le mâle ; les médians, un peu plus gros que les latéraux, sont aussi un peu plus resserrés, tandis que les yeux antérieurs sont égaux et en ligne légèrement procurvée, avec les médians étroitement disjoints, mais touchant aux latéraux. 590—591 092 093 Fig. 590. Mysmena leucoplagiata E. Sim. Céphalothorax et patte-mâchoire de profil. — Fig. 591. T'heonoe filiola E. Sim. Bord antérieur de l'abdomen. — Fig. 592. Cepheia longiseta E. Sim. Patte-mâächoire du mâle. — Fig. 595. T'heonoe filiola E. Sim. Idem. Une petite Araignée de la Haute-Égypte, que jai décrite sous le nom de Grammonota Letourneuxi (Ar. Fr., V, p. 599, note), sera le type du genre Synaphris, qui diffère surtout du précédent par ses yeux médians égaux, dis- posés en trapèze plus large que long et plus étroit en avant qu'en arrière, et ses yeux médians antérieurs presque contigus l’un à l’autre, mais assez large- ment séparés des latéraux. Le céphalothorax du mâle, seul sexe connu, est court, comme celui des Theonoe, et il ne doit pas différer de celui de la femelle. FAMILLE DES THERIDIIDÆ 587 Dans le genre Theonoe, le céphalothorax, presque semblable dans les deux sexes, est court, large et élevé, avec le front large et obtus; les yeux sont res- serrés, les supérieurs sont égaux et en ligne droite, avec les médians plus séparés l’un de l’autre que des latéraux, tandis que les antérieurs sont en ligne droite, presque contigus l’un à l’autre et très inégaux, les médians étant beaucoup plus petits que les latéraux; le bandeau est plus large que l’aire oculaire et convexe, mais plus étroit que les chélicères; les pièces buccales sont celles des Dipæna, mais le sternum est plus grand, cordiforme, très obtus, plus large que long et convexe; l'abdomen est globuleux, celui du mâle est légèrement coriacé, mais dépourvu d'organe stridulatoire; dans une seule espèce, T. filiolu E. Sim., on trouve cependant les rudiments de cet organe, qui consistent en une petite carène transverse, située au bord antérieur de l'abdomen, au-dessus du pédicule, et se terminant, de chaque côté, par une pointe dentiforme (fig. 591). Je sépare génériquement des Theonoe, sous le nom de Cepheia, le T. longiseta E. Sim., qui diffère de ses congénères par ses yeux antérieurs en ligne pro- curvée, son bandeau beaucoup plus large que les chélicères et la structure de ses organes sexuels que je décrirai plus loin. Les chélicères de toutes ces Araignées ressemblent à celles des Theridion ; celles des Theonoe offrent ordinairement une très petite dent angulaire, celles du mâle de Theonoe filiola E. Sim. ont la marge supérieure plus longuement oblique et pourvue d'une dent angulaire bien développée, précédée de 2 ou 3 dents plus petites. Leur abdomen est très gros, globuleux, rarement conique en dessus (Mys- mena conica E. Sim.), il recouvre en avant la région thoracique ; dans le genre Mysmena, les filières, fortement ramenées en dessous, ne laissent qu’un plan ventral très court, tandis que, dans les autres genres, les filières sont presque terminales. Presque toutes ces Araignées se font remarquer par le volume et la compli- cation de leurs organes sexuels; la patte-mächoire des Mysmena rappelle celle des Latrodectus; sa patella est petite et presque carrée; son tibia est presque aussi court, mais plus large et épais; son tarse est très long et très étroit, en forme de lanière courbe, contournant le bulbe au côté interne et dépassant un peu son extrémité en petite pointe aiguë; son bulbe, qui est énorme, presque aussi volumineux que le céphalothorax entier et entièrement à décou- vert, est largement tronqué à l’extrémité et pourvu d'un très long stylus for- mant plusieurs tours lâches (fig. 590); celle de Cepheia longiseta n'est pas moins remarquable : son tibia est oblique, dirigé en dehors et terminé en pointe aiguë prolongée par une épine, tandis que son tarse, étroit, lacinié et subaigu, est dirigé en avant, sur un bulbe très volumineux, qui le déborde de chaque côté; ce bulbe est très comprimé, en grande lame réniforme, membraneuse et semi-transparente, suivie d’un très long stylus (fig. 592). La patte-mâchoire du Synaphris est du même type : son tarse, très long, lacinié et courbe, ne recouvre que la partie supérieure d’un bulbe énorme, aussi volumineux que le céphalothorax entier, fortement comprimé et réni- forme, entouré d'une lame tranchante et d’un long stylus noir détaché, s'éten- D88 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES dant en arrière sur les côtés du front. Le volume de ces articles est très variable dans le genre Theonoe, ils sont, en effet, assez petits chez T. filiolu E. Sim., dont la patella est longue et cylindrique, le tibia à peine plus court et prolongé, à l’angle supéro-externe, en pointe longue et oblique, le tarse, assez étroit et obtus, est arqué en dedans, le bulbe, petit et ter- miné par une lame spirale, est comme enchâssé entre le tarse et l'apophyse tibiale (fig. 593); chez T. cornix E. Sim., le tarse et le bulbe sont, au con- traire, très gros et presque globuleux, le tarse est marqué, en dessus, à la base, d'une impression oblique, le bulbe est plus simple que celui des espèces précédentes. Ces Araignées sont toutes de très petite taille, beaucoup ne dépassent pas le millimètre; elles se trouvent ordinairement sous les pierres, dans les endroits secs, plus rarement sur les buissons. Les Mysmena ont presque toujours les pattes courtes et annelées, l’abdomen d’un fauve grisâtre, avec des taches blanches dorsales disposées par paires et une très large bande blanche sur la pente postérieure; on en connait quatre espèces : deux de la région méditerranéenne (M. leucoplagiata et conica E. Sim.), une de l’ile de Ceylan (M. saltuensis E. Sim.) et une des îles Philip- pines (M. illectrix E. Sim.). Les Theonoe et Cepheia sont de coloration uni- forme, variant du brun-fauve au noir, ils sont remarquables par les longs crins isolés dont leurs téguments sont revêtus; on en connaît trois espèces, qui n’ont encore été observées que dans le midi de la France (T. filiola, T. cornix, C. longiseta E. Sim.). Le type du genre Synaphris, qui est entière- ment d'un fauve-rouge, a été découverte à Assouan, dans la Haute-Égypte ; j'en ai trouvé une autre espèce (inédite) aux Philippines. GENERA 1. Oculi medii postici a lateralibus quam inter se remotiores. Oculi anticl intense qui SterQUMMVIXICONVEXUM PP ECC CERTES 2: — Oculi medii postici inter se quam a lateralibus remotiores. Oculi medidanticinateralbbsmulto mANOrESNPEERErERPEE TRS 3. 9, Oculi medii aream subquadratam occupantes. Oculi medii antici inter se anguste distantes sed a lateralibus haud separati.... MAUAABNE AARUX fe AEURE L UNE GAL eee AUS A SEE TR RE RARE TE ARS A ee Mysmena. — Oculi medii aream trapeziformem antice quam postice angustiorem et latiorem quam longiorem occupantes. Oculi medii antici inter se contigui sed a lateralibus remoti. ............. Synaphris. 3. Oculi antici in lineam rectam. Clypeus chelis multo brevior.. Theonoe. — Oculi antici in lineam procurvam. Clypeus chelis latior....... Cepheia. Mysmena, nov. gen. — Dipæna E. Sim., Ar. Fr., V, 1881, p. 117 (ad part. D. leucoplagiata). Cephalothorax brevis, feminæ modice convexus, maris altissimus, fronte (rt FAMILLE DES THERIDIIDÆ D89 lata. Oculi postici feminæ in lineam rectam, maris in lineam leviter recurvam, medii lateralibus paulo majores et a lateralibus quam inter se paulo remo- tiores. Oculi antici inter se subæquales, in lineam leviter procurvam, medii inter se anguste separati sed a lateralibus contigui. Area mediorum subqua- drata. Pedes breves, tarsis metatarsisque circiter æquilongis. Typus : M. leucoplagiata E. Sim. AR. GEOGR. : Gallia merid.; Africa sept.; ins. Taprobane; ins. Philippinæ. Synaphris, nov. gen. — Grammonota E. Sim., Ar. Fr., V, 1884, p. 599 (ad part. G. Letourneuxi E. Sim.) (non Grammonota Emert.). Cephalothorax brevis, fronte lata et obtuse truncata. Oculi postici in lineam levissime recurvam, medii lateralibus paulo majores et a lateralibus quam inter se paulo remotiores. Oculi antici in lineam subrectam (vix procurvam) inter se æquales, medii inter se contigui sed a lateralibus sat late distantes. Oculi quatuor medii aream trapeziformem multo latiorem quam longiorem et antice quam postice multo angustiorem occupantes {medii antici a posticis vix separati). Pedes breves, tarsis metatarsisque circiter æquilongis. Typus : $S. Lelourneuxi E. Sim. AR. GEOGR. : Ægyptus ; ins. Philippinæ. Theonoe E. Sim., Ar. Fr., V, 1881, p. 130 (ad part.). Cephalothorax brevis, fronte obtusa. Oculi postici æqui, in lineam rectam, medii inter se quam a lateralibus remotiores. Oculi antici in lineam rectam inter se fere contigui, medii lateralibus multo minores. Clypeus convexus, area oculorum latior sed chelis angustior. Sternum magnum valde convexum, latius quam longius. Pedes sat longi (1, 1v, 1x, 1), setis rigidis longissimis muniti. Tyeus : T. filiola E. Sim. AR. GEOGR. : Gallia. Cepheiïa, nov. gen. — Theonoe E. Sim., Ar. Fr., V, 1881, p. 132 (ad part. T. longiseta). À præcedenti differt oculis anticis in lineam leviter procurvam, clypeo chelis latiore. Typus : C. longiseta E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : Gallia merid. 18. PHOLCOMMATEÆ Le Pholconmma gibbum Westr., très petite Araignée d'Europe, qui a été rap- portée successivement aux genres Érigone (Westring) et Theridion (Cambridge), est le type de ce groupe qui touche de très près au précédent, dont il présente les griffes tarsales entièrement mutiques, le sternum large et convexe, et 90 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES presque la disposition oculaire, mais la proportion différente des pattes et de leurs articles, la présence des scuta abdominaux et de l’organe stridulatoire, chez le mâle, l’en distinguent suffisamment. Le céphalothorax du Pholcomma est très court, large et élevé; sa partie tho- racique est fortement déclive, avec le bord postérieur largement tronqué; le front est obtus et le groupe oculaire, dont la disposition rappelle celle des Theonoe, en occupe toute la largeur. Les yeux, resserrés et disposés en deux lignes presque droites, sont gros, sauf les médians antérieurs, qui sont beau- coup plus petits que les autres et punctiformes ; les médians postérieurs sont bien séparés l’un de l’autre, mais ils touchent presque aux latéraux, qui sont eux-mêmes contigus aux latéraux et aux médians de la première ligne (fig. 598) ; dans une autre espèce du Venezuela, pour laquelle je propose le genre Styposis, la disposition oculaire est presque la même, si ce n'est que. les yeux médians postérieurs, encore plus gros, sont un peu plus rapprochés l’un de l’autre que des latéraux {fig. 599). 594 595—596 597 D99— 598 Fig. 594, Pholcomma gibbum Westr. Abdomen en dessous. — Fig. 595. Idem. Idem de profil. — Fig. 596. Idem. Bord postérieur du céphalothorax. — Fig. 597. Idem. Chélicère en dessous. — Fig. 598. Idem. Yeux. — Fig. 59. Siyposis flavescens E. Sim. Yeux. Le bandeau est très haut, vertical et convexe. Les chélicères, à peine plus longues que ce bandeau, sont plus robustes que celles des Dipæna, et leur marge supérieure, presque transverse, est pourvue d'une petite dent aiguë située près de la base du crochet, de deux dents angulaires géminées, et de quelques très petites dents granuliformes situées entre les précédentes (fig. 597). Les pièces buccales diffèrent à peine de celles des Dipæna. Le sternum, au moins aussi large que long, est cordiforme et convexe, comme celui des Theonoe, et largement obtus en arrière, entre les hanches postérieures qui sont petites et subglobuleuses. Les pattes sont robustes et médiocrement longues; celles de la première paire sont nettement plus longues que celles de la quatrième, et leurs tarses sont plus courts que les métatarses ; les griffes sont, comme je l'ai dit, tou- jours mutiques ; les supérieures sont assez longues, fines et peu courbées, l’inférieure est fortement coudée et très effilée à la pointe. FAMILLE DES THERIDIIDÆ 591 La patte-mâchoire de la femelle est courte et robuste ; son tarse, aussi long que la patella et le tibia réunis, est acuminé et pourvu d’une griffe très fine armée de deux petites dents (1). La patte-mâchoire du mâle est normale et ressemble à celle des Dipæna ; celle du Pholcomma gibbum a un tarse ovale et un bulbe pourvu d'un stylus exserte replié en boucle. L’abdomen, très gros et globuleux, recouvre, en dessus, la partie thora- cique; celui de la femelle est soit entièrement mou (Styposis), soit induré dans la région épigastrique ; celui du mâle est cuirassé de scuta, analogues à ceux des Paculla, mais un peu moins complexes, il est entièrement recouvert, en dessus, d’un scutum dorsal et pourvu, en dessous, d’un grand scutum épi- gastrique dépassant, en arrière, le milieu de la face ventrale et enveloppant le pédicule en avant ; les plaques stigmatiques, d’un brun plus foncé, se voient de chaque côté, vers le milieu de la longueur de ce scutum ; les filières sont, de plus, entourées d’un petit cercle chitineux peu visible en dessus (fig. 594 et 595). L’organe stridulatoire a la disposition ordinaire : le céphalothorax offre, sur sa pente postérieure, une grande dépression semi-circulaire et au milieu du bord, au point occupé par l'échancrure chez la femelle, un lobe ou processus assez court et tronqué, recouvert partiellement en dessus par un rebord de l’abdo- men (fig. 596); si on détache celui-ci, on voit que son scutum épigastrique présente en avant, pour l'insertion du pédicule, un orifice, un peu plus large que long, arqué au bord supérieur, presque droit à l’inférieur et entouré d’un rebord un peu inégal, plus développé en dessus qu’en dessous (fig. 594). Des scuta abdominaux, semblables et probablement aussi un organe stridula- toire existent dans une espèce de l'Amérique du Nord, qui m'est inconnue en nature, et qu'Emerton décrit sous le nom de Pholcomma hirsutum, mais cette espèce n'est probablement pas un vrai Pholcomma, car elle manque de l’un des principaux caractères du genre; ses yeux antérieurs sont, en effet, presque égaux ; en attendant une étude plus complete de cette espèce, je pro- pose, pour elle, le genre Ancylorrhanis (2). L'unique espèce du genre Pholcomma, qui est répandue dans une grande partie de l'Europe et de la région méditerranéenne (depuis la Suède jusqu’à l'Algérie), est de très petite taille et entièrement d'un fauve-rouge brillant, presque glabre; elle se trouve dans les mousses des bois et sous les pierres ; sa démarche est lente. Les genres Ancylorrhanis et Styposis, qui représentent le groupe dans le nouveau monde, ne renferment chacun qu'une seule espèce : l’une des Etats- Unis, l’autre du Venezuela. GÉNERA 1. Oculi medii antici reliquis oculis multo minores...,..,... ROUE D ”— Oculi antici inter se subæquales.......,...,,...:.... Ancylorrhanis. (1) Cette patte-mâchoire a élé décrite à tort comme étant dépourvue de griffe. (2) Une seconde espèce, décrite par Emerton sous le nom de Pholcomma nasutum, rentre très probablement dans le genre Histagonia (voy. plus haut). 599 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES 2. Oculi medii postici inter se quam a lateralibus remotiores. Abdo- men feminæ in regione epigasteris coriaceum........ Pholcomma. — Oculi medii postici a lateralibus quam inter se paulo remotiores. Abdomen feminæ omnino molle............. MAIS Styposis. Pholcomma Thorell, Eur. Spid., 1869-70, p. 98. — Krigone Westr., Ar. Suec., 1861 (E. gibba). — Theridion Cambr., 1862 (ad part. T. projectum). — Pholcomma E. Sim., Ar. Fr., V, 1881, p. 134 (non Pholcomma Emerton). Cephalothorax brevissimus, latus et altus, postice fere abrupte declivis, fronte lata et obtusa. Oculi conferti, postici magni, in lineam rectam, medii a lateralibus vix separati a sese spatio oculo angustiore vel saltem haud latiore distantes. Oculi antici inter se contigui, in lineam rectam, medii lateralibus multo minores. Sternum leviter convexum, saltem haud longius quam latius, cordiforme, postice late obtusum. Coxæ posticæ globosæ, spatio articulo multo latiore transversim distantes. Chelæ clypeo circiter æquilongæ. Pedes robusti et longi (1, 1v, 1, 1). Ungues mutici. Abdomen magnum, globosum, feminæ supra molle, maris valde scutatum. Typus : P. gibbum Westr. (sp. un.). AR. GROGR. : Europa et reg. mediterranea. Styposis, nov. gen. À Pholcommati differt oculis quatuor posticis maximis, lineam magis recur- vam designantibus, mediis inter se subcontiguis sed a lateralibus distinctius separatis (fig. 599), abdomine feminæ omnino molli, pedibus longius setosis. Typus : S. flavescens E. Sim. (sp. un.) (1). AR. GEOGR. : Venezuela. Ancylorrhanis, nov. gen. — Pholcomma Emert., Trans. Conn. Acad., VI, 1889, p. 29. Gen. invisum a Pholcommati differt (sec. Emerton) oculis anticis inter se. subæqualibus, sterno valde convexo et tegumentis longe hirsutis. Typus : A. hirsutum Emerton (sp. un.). ÂR. GEOGR. : America sept. (1) Cette espèce est inédite, en voici la diagnose : S. flavescens, sp. nov. — Q. Long. 1,8 mill. — Cephalothorax breviter ovatus con- vexus, fulvo-aurantiacus, valde coriaceus. Oculi postici in lineam sat recurvam, magni, æqui, medii inter se subcontigui sed a lateralibus bene sejuncti. Oculi antici in lineam rectam, medii minutissimi a lateralibus anticis et mediis posticis vix separati. Clypeus area oculorum vix latior, Sternum latum, convexum, fulvo-aurantiacum, valde co- riaceo-rugosum. Abdomen globosum nitidum, albidum. Pedes obscure fulvo-rufes- centes sat longe pilosi. — Venezuela : San-Esteban. 27. Famille ARGIOPIDAE Cette grande famille, à laquelle je donne beaucoup plus d’extension qu'on ne l’a fait jusqu'ici, correspond à la section des Erigonini (Ar. de Fr., V, p. 181) et à la famille entière des Epeirides. S'il est, en effet, possible de trouver un certain nombre de caractères con- stants pour séparer les Theridion des Linyphia, il n'en est pas de même quand il s’agit de séparer ceux-ci des Araneus (Epeira) ; le seul caractère invoqué par les auteurs, le plus ou moins de largeur du bandeau, est de faible valeur et, de plus, souvent en défaut. Il existe, au reste, entre les Linyphia et les Araneus, tous les passages possibles ; le groupe des Tetragnathinæ, que j'étudierai plus loin, est particulièrement intéressant sous ce rapport. Les Argiopides offrent, au plus haut degré, les caractères des Araignees sédentaires, que j'ai exposés plus haut (p. 488); ils diffèrent des Theridiides par la structure de leurs chélicères, de leurs pièces buccales et de leurs organes sexuels. Les chélicères, beaucoup plus puissantes que celles des Theridiides, pourvues ou non d'une tache basale, sont obliquement et longuement tronquées à l’ex- trémité interne, et leurs marges sont pourvues chacune d’une série de dents limitant une véritable gouttière (1), dans laquelle se replie le crochet; leur face inférieure est garnie, vers le bord interne, de poils irréguliers. La pièce labiale, de forme variable, jamais très longue, est presque toujours épaissie à l'extrémité, et cet épaississement est très souvent limité en arrière par une strie courbe dessinant un rebord. Les lames, plus ou moins longues, ne sont convergentes que dans le groupe des Erigone, dans tous les autres groupes, elles sont droites et paral- lèles en avant de la pièce labiale, quelquefois même un peu divergentes ; leur extrémité tronquée forme toujours un angle plus ou moins sensible, quelque- fois même un peu saillant, avec le côté externe; vues par la face interne, leur bord apical est suivi dune serrula très nette et longue, et tout leur côté interne est garni d’une épaisse scopula, à bord nettement arrêté, s’évasant plus ou moins dans le haut. Contrairement à ce qui a lieu dans la famille précédente, le rostre est con- vexe, élevé dans le milieu en une grosse carène mousse, glabre ou pileuse, rarement indurée, mais toujours abaïissée à l'extrémité, qui est atténuée et uniformément garnie de poils rudes. (1) Il y a quelques rares exemples de marge inférieure pourvue d’une seule petite dent ou même entièrement mutique. 38 94 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Les pattes, très variables quant à l’épaisseur et à la longueur, sont souvent armées d’épines ; leurs tarses sont uniformément poilus en dessous, ils dif- fèrent ainsi de ceux des Theridiides, mais, à cet égard, il y a quelques excep- tions (Bertrana, etc.) ; l’article unguifère peut exister ou manquer; la structure des griffes, qui varie selon les groupes, ne s’éloigne jamais beaucoup de celle ue j'ai décrite chez les Theridiides. La patte-mâchoire du mâle est caractéristique en ce que le tarse y est divisé en deux branches {voy. p. 37), l’une interrte, principale, correspondant au corps de l’article et recouvrant plus ou moins le bulbe, l’autre externe (ramu- lus exterior) ou accessoire. La disposition de cette dernière varie grandement selon les groupes, et je décrirai plus loin ses diverses modifications; elle manque exceptionnellement dans quelques genres anormaux (Nephila, Poltys, etc.). Je répartirai les Argiopides en neuf sous-familles : les Linyphiinæ, Tetragnu- thinæ, Nephilinæ, Argiopinæ, Theridiosomatinæ, Arciinæ, Eurycorminæ, Amazu- linæ et Poltyinæ. 1e Sous-famille LINY PHIINÆ. Les Linyphia et les Erigone, compris jusque dans ces derniers temps parmi les Theridiides, sont les types de cette sous-famille qui correspond à la section des Erigonini de mes Arachnides de France, moins, comme je l’ai dit, le groupe des Enoplognatha et le genre Tuberta (1). Le céphalothorax de ces Araignées est ovale, plus long que large, presque toujours marqué de dépressions céphaliques obliques et d’une strie ou dépres- sion médiane thoracique longitudinale, souvent remplacée par une très petite entaille, manquant même parfois. Leurs yeux, disposés en deux lignes transverses presque parallèles, sont au nombre de huit, sauf dans quelques espèces exclusivement lucifuges, où ils sont oblitérés en tout (Anthrobia) ou en partie (Cryptocleptes) ; ils sont toujours très nettement hétérogènes, les médians antérieurs étant seuls du type diurne ; les quatre médians figurent un groupe parallèle ou, plus souvent, plus étroit en avant qu'en arrière, et les médians antérieurs sont presque toujours plus petits que les médians postérieurs et que les latéraux ; ceux-ci sont tou- jours, de chaque côté, connés l’un à l’autre. Le bandeau, vertical ou creusé au-dessous des yeux, est élevé, au moins aussi large que le groupe oculaire, sauf de rares exceptions (Donacochara, Tapinopa). . Les chélicères, robustes, verticales et parallèles, rarement un peu diver- gentes, sont dépourvues de tache basale; leurs marges sont longuement obliques et pourvues chacune d’une série de dents aiguës et isolées; les dents - (1) Le genre Tuberta doit être reporté à la famille des Agelenides ; il a des analogues dans l'Amérique du Sud, notamment l'espèce décrite par Keyserling sous le nom d’Erigone latithoraæ {voy. plus loin). FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 595 de leur marge supérieure, bien séparées de la base du crochet, sont au nombre de trois, de quatre ou de cinq (rarement plus), mais, chez les mâles seule- ment, elles sont parfois réduites à une ou deux (fig. 605-606); celles de la marge inférieure sont presque toujours plus petites, souvent même granuli- formes, mais souvent plus nombreuses, et leur série commence plus près de la base du crochet; dans le genre Ceratinella, dont j'avais formé un groupe -spécial, les chélicères ont une autre disposition que je décrirai plus loin. La pièce labiale est toujours fortement rebordée à l'extrémité. 690 6ol 602 Fig. 600. Linyphia emphana Walck. Femelle grossie. — Fig. 601. Panamomops tauricornis E. Sim. Mâle très grossi. — Fig. 602. Gonatium ensipotens E. Sim. Male très grossi. Les lames sont droites et parallèles en avant de la pièce labiale; leur côté externe, presque droit dans sa partie terminale, s’élargit plus ou moins à la base, au niveau de l’insertion du trochanter, mais ne se dilate jamais à l’ex- itrémité, où il figure un angle avec le bord apical, qui est droit, oblique ou arqué; contrairement à ce qui a lieu dans les sous-familles suivantes, ces lames ont leur plus grande largeur près la base, mais cette largeur est très variable; chez les vrais Linyphia, les lames sont presque d'un tiers plus longues que larges (fig. 604), tandis que chez les Erigone (sensu striclo), surtout chez les mâles, elles sont plus larges que longues, et leur bord externe est si fortement dilaté que l'insertion du trochanter se trouve presque au niveau de l’apex, qui est très peu prolongé (fig. 603); mais, entre ces deux formes extrêmes, on peut suivre Lous les passages. La largeur du sternum est également très variable; en arrière, il se pro- longe toujours, entre les hanches postérieures, qui sont plus ou moins dis- jointes; chez les Linyphia, le processus sternal est assez étroit, son extrémité est échancrée et prolongée, de chaque côté, en une sorte de lanière divergente et recourbée, entourant la hanche, mais dans le groupe des Erigone, particu- lièrement dans le genre Lophocarenum, le processus sternal, beaucoup plus large, tronqué et obtus, est immédiatement suivi d'une pièce pédiculaire très 296 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES courte, mais large, figurant, entre les hanches, une petite carène transverse: dans queiques genres seulement (Sphecozone, etc.), la pièce pédiculaire est plus allongée et en forme de collier. La longueur et l'épaisseur des pattes sont très variables; leurs tarses, dépourvus de griffes auxiliaires, portent les trois griffes normales, toujours fines et courbées; les supérieures sont armées d'une série de dents dépassant rarement leur milieu, ordinairement au nombre de 6, atteignant parfois celui de 12 à 20 dans le groupe des Linyphia vrais, mais souvent aussi réduites à 3 dans le groupe des Erigone, manquant même parfois complètement dans quelques genres (Minicia, Anthrobia, etc.); la griffe inférieure, relativement longue, présente, près sa base, une dent assez longue dans le groupe des Eri- gone, ordinairement 2 ou 3 dents connées (rarement plus) dans celui des Linyphia. 603—604 605 : 606—607 608 Fig. 603. £rigone. Lame-maxillaire. — Fig. 604. Linyphia. Idem. — Fig 605. Linyphia phrygiana C. Koch. Chélicère de la femelle. — Fig. 606. Idem. Chélicère du mâle. — Fig. 607. Bathy- phantes. Epigyne de profil; CS crochet du bord supérieur ; C I crochet du bord inférieur ; S scape. — Fig. 608. Tmeticus. Patte-machoire du mâle de profil; RE ramulus exterior du tarse. Dans ce dernier groupe, la patte-mâchoire de la femelle porte une griffe pectinée ou mutique, tandis qu’elle en est dépourvue dans celui des Erigone. La patte-mâchoire du mâle est très caractéristique; elle diffère de celle des autres représentants de la famille des Argiopides par la structure de la branche externe du tarse. Cette pièce, qui porte, dans les descriptions spécifiques, le nom de lame externe et que Menge appelait le paracymbium, prend naissance à la base du corps de l'article, près de son bord externe, et reste appliquée sur la base du bulbe, dont elle semble faire partie, elle ne devient divergente qu’au moment de la turgescence de l’hæmatodocha ; son tégument, très solide et lisse, diffère de celui du tarse, mais son bord est très souvent garni de spinules ou de erins, quelquefois très longs, ordinairement unisériés, tandis que les pièces propres du bulbe en sont toujours dépourvues ; sa forme est tantôt celle d’une lanière arquée en croissant, tantôt celle d'un fer à cheval ouvert en avant (fig. 608 RE). 12 pe 1e 4 FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 597 L'épigyne de la femelle offre tous les degrés de complications; dans le groupe des Erigone, elle est presque toujours très simple, en forme de fossette masquée par une petite pièce de forme variable, tandis que, dans le groupe des Linyphia, la fossette génitale, très souvent limitée par un scape, est pourvue, au bord supérieur, d'un processus dirigé en arrière, de taille et de forme très diverses, tantôt très grêle et presque filiforme (Bathyphantes con- color Wid., etc.), tantôt dilaté et linguiforme | Tmeticus abnormis BI.) ou creusé en coquille à bords relevés et sinueux (Lephthyphantes midas E. Sim., etc.), la fossette elle-même émet à son bord postérieur un second appendice, plus petit, dirigé dans le même sens, caché en dessus par le premier et visible seulement en regardant l’organe de profil (fig. 607). Les toiles des Linyphiinæ ne sont jamais orbiculaires; elles se composent d'une trame ou nappe horizontale plane ou bombée en forme de dôme, tantôt de tissu très serré et analogue à celui des toiles d’Agelena, tantôt assez largement quadrillé, soutenue en dessus et en dessous par un vaste réseau irrégulier (Linyphia) ou reposant directement sur les herbes, tel est le cas pour les Tapinopa, Formicina et pour la grande majorité des Erigone; la toile de ces derniers est très petite, tendue au ras du sol, à la base des herbes et dans les mousses; enfin, un certain nombre d’espèces {Drapelisca, etc.) ne filent aucune toile et poursuivent leur proie à la course. Le cocon est tou- jours fixé et formé d’une bourre floconneuse généralement blanche. Je répartis les Linyphiinæ en trois groupes : les Erigoneæ, Formicineæ et Linyphieæ. 1. ERIGONEÆ La nombreuse série d'espèces que je réunis ici dans le groupe des Erigonex, et que javais réparties, dans mes Arachnides de France, dans les quatre groupes des Gonatia, Lophocarena, Walckenaeræ et Cinetæ, dont les limites deviennent insaisissables aussitôt que l'on sort de la faune européenne, ont été, jusque dans ces derniers temps, confondues en un seul genre, englobant de plus un grand nombre d'espèces que je rapporte au groupe sui- vant, sous les noms d’Erigone (Sav.), de Micryphantes (CG. Koch) ou d'Argus (Walck.). L'étude de ces Araignées présente deux difficultés qui ont paru longtemps insurmontables et qui, encore aujourd’hui, sont loin d’être parfaitement réso- lues; la première est la distinction des Erigone, prises dans leur ensemble, des Linyphia, auxquels ils sont reliés par toutes les gradations ; la seconde est le fractionnement de l’ancien genre Érigone, qui s'impose à cause du nombre toujours croissant de ses espèces et de la diversité de leurs formes. Les limites que les auteurs ont données aux genres Erigone et Linyphia sont absolument arbitraires ; Blackwall, qui rapportait les Erigone aux deux genres artificiels Walckenaera et Neriene, ne donne, pour distinguer le second du genre Linyphia, que la longueur relative des pattes, celles de la première * 598 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES paire étant nettement plus longues que celles de la quatrième paire dans les Linyphia,. et environ de même longueur dans les Neriene, et la forme des lames, qui sont plus longues et plus droites chez les Linyphia; mais il recon- naît que ces caractères sont souvent en défaut et même quelquefois sujets à varier d’un sexe à l’autre dans la même espèce; cet auteur comprend, au reste, dans le genre Neriene des espèces qui sont de vrais Linyphia, tels que L. lineata L. (N. trilineata), L. clathrata Sund. (N. marginata). Westring a pris pour base de la distinction des deux genres la présence ou l'absence de véritables épines aux pattes, et Ohlert la présence ou l'absence d’une griffe pectinée à la patte-mâchoire de la femelle. Ce dernier caractère, qui a l'inconvénient de ne s'appliquer qu’à l’un des sexes, est cependant le meilleur de ceux qui avaient été proposés jusque-là; la griffe tarsale manque, en effet, constamment dans le groupe des Erigone (1), tandis qu’elle existe presque toujours dans celui des Linyphia (2). Dans mes Arachnides de France, j'ai indiqué un caractère applicable aux deux sexes, la présence chez les Linyphia de deux épines ou crins dressés dorsaux aux tibias de la quatrième paire et d’un seul chez les Érigone, mais ce caractère, d’un usage assez général, est sujet à des exceptions, et, dans bien des cas, il est très difficile à constater. Une distinction d’une plus grande valeur, et qui me servira de base aujour- d’hui, peut être tirée de la structure des organes sexuels; dans le groupe des Erigone, le tibia de la patte-mâchoire est toujours pourvu à l’extrémité, soit en dessus, soit à l'angle externe, d'une apophyse, au reste de forme très variable, relevée ou couchée sur la base du tarse; celui-ci est presque toujours obtus et pourvu d'une branche accessoire lunuliforme généralement petite, très souvent en partie cachée par le bulbe, tandis que, chez la femelle, l’orifice génital est très simple, sans crochet apparent, sauf de rares exceptions (Tri- choncus). L'ensemble hétérogène que formait l’ancien genre Erigone avait frappé plu- sieurs auteurs, mais les essais de subdivision proposés ont été assez malheu- reux; Blackwall avait divisé ce genre en deux grands groupes, d'après la forme des lames-maxillaires : les Neriene, chez lesquels ces lames sont peu élargies à la base, et les Walckenaera, chez lesquels ces lames sont fortement élargies; la limite de ces deux genres était tellement arbitraire que le Rev. O. P. Cambridge, qui s'est toujours efforcé de suivre la classification de Blackwall, a dû renoncer à la maintenir, il suffit de faire remarquer que le petit groupe des Erigone (sensu stricto), chez lequel la largeur des lames atteint son maximum, fait précisément partie du genre Neriene. Cette largeur excessive des lames avait engagé Thorell (Eur. Spid.) à main- tenir, pour ce petit groupe, le genre Erigone, tandis que toutes les autres (1) L’exception indiquée par Menge, pour son Ceralina globosa, n'existe pas, car cette espèce rentre probablement dans le genre Dipœna de la famille des Theridiides. (2) Sauf cependant d'assez nombreuses exceptions que j'indiquerai plus loin. ST ES FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 599 espèces étaient réunies sous le nom de Walckenaera; mais, dans un travail postérieur, l’auteur a dû fondre ces deux divisions. Menge a tenté une répartition générique plus complète des Érigones, en prenant pour base, soit la structure des organes génitaux, soit les modifica- tions du céphalothorax chez les mâles; le résultat est assez bon quand les genres de Menge correspondent à de petits groupes limités naturellement, tel que celui des Erigone (sensu striclo); mais, dans la plupart des cas, il est on ne peut plus défectueux, les espèces Jes plus éloignées sous tous les autres rapports pouvant présenter fortuitement une certaine ressemblance dans le profil de leur céphalothorax, telles, par exemple : E. acuminata (Walckenaera), furcillata (Tigellinus), apicata (Neriene), fr'ontata (Diplocephalus), qui forment, pour Menge, le genre Phalops; d'autres fois, une espèce, dont l'élévation fron- tale est sujette à varier, est classée par cet auteur dans deux genres, comme E. punctata (Lophomma), qui figure à la fois dans le genre Lophomma et dans le genre Microneta. Je me suis efforcé, dans mes Arachnides de France, de con- server, autant que possible, les noms créés par Menge, quand il y avait con- cordance de types, bien que, le plus souvent, les divisions génériques de cet auteur ne correspondent pas aux miennes. Heureusement, Menge a eu le soin d'indiquer les types de ses genres; à la suite de presque toutes ses diagnoses génériques, il renvoie, en effet, à celle des figures qui en représente le mieux les caractères, c’est ainsi que le type du genre Lophomma est le L. stictocepha- lum (punctatum), celui du genre Tineticus, le T. leptocaulis, etc., etc. Plusieurs des auteurs qui se sont depuis occupés de la classification des Eri- gone n'ont pas suivi ces indications, ce qui à beaucoup contribué à embrouiller les synonymies. C’est ainsi qu'Emerton, dans son ouvrage sur les Theridiides de l'Amérique du Nord {1}, adopte une partie des genres de Menge en leur donnant une composition différente. Le même défaut se retrouve dans deux essais de répartition générique des Érigones publiés, l’un par Bertkau, en 1883 (2), l'autre par Dahl, en 1886 (3) les genres proposés par ces auteurs reposent en grande partie sur les défor- mations frontales des mâles, et ils font, pour la plupart, double emploi avec ceux de Menge; on en retrouvera plus loin l'indication dans les synonymies. Dans un travail plus important et très consciencieux paru tout récemment (Araneæ Hungariæ, t. Il, 1894), MM. Chyzer et Kulczynski se sont efforcés de (1) New England Spiders of the family Theridiidæ, in Trans. Connect. Acad., {. VI, 1882. (2) Bertkau, Beitr. 5. Kennt. Spinn. Fauna d. Rheinp., 1883; mémoire paru pendant l'impression du tome V de mes Arachnides de France; à la page 874 de ce dernier ouvrage, j'ai déjà indiqué que le nom de Diplocephalus Bertk. devait être substitué à celui de Prosoponcus E. Sim. comme lui étaut antérieur de quelques mois. (3) Dahl, Monographie der Erigone-Arten in Thorell'schen Sinne, nebst anderen Bei- trägen zur Spinnenfauna Schleswiy-Holsteins. in Sch. Nat. Ver. Schleswig, 1886. — L'auteur ne paraît tenir compte ni du travail de Bertkau ni du mien, et presque tous les noms qu’il propose tombent en synonymie. 600 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES maintenir la plupart de nos genres, ceux de Dahl, et d’en proposer quelques nouveaux, dont je discuterai plus loin la valeur; mais les caractères employés par ces auteurs sont encore presque tous sexuels, sauf quelques-uns qui me paraissent ne pouvoir entrer dans la pratique, comme, par exemple, la pré- sence ou l'absence d'un poil soi-disant acoustique aux métatarses de la qua- trième paire; ce poil, si difficile à voir quand il existe réellement, est caduque et manque accidentellement dans la plupart des cas (1); il me parait donc impossible de se baser sur un pareil caractère pour séparer génériquement des espèces aussi voisines que Gonatium bituberculatum (genre Hypomma) et G. cornutum (genre Dicyphus). Dahl et, à son exemple, Chyzer et Kulczynski se sont aussi servis, dans cer- tains cas, de la structure des denticulations des griffes, caractère dont il serait certainement utile de tenir compte, mais qu'il faudrait d’abord vérifier dans toutes les espèces de la nombreuse série des Erigone, travail immense auquel j'ai dû renoncer. Je suivrai, dans les pages suivantes, le système que j’ai proposé, à titre d'essai, dans mes Arachnides de France, en tenant compte, autant que possible, des travaux plus récents de Dahl, de Chyzer et Kulczynski, et en le complé- tant par l’adjonction des formes exotiques très nombreuses que j'ai pu recueillir. Mais je suis loin de me dissimuler que ce travail, trés incomplet et imparfait, n’a rien de définitif. Je ferai tout de suite remarquer que les groupes des Gonatia, Lophocarena, Walckenaeræ et Cinetæ, assez bien limités quand il s’agit d’une faune res- treinte, ne peuvent être maintenus dans un travail général, car ils arrivent à se fondre entièrement les uns dans les autres. Parmi les caractères que j’ai employés pour séparer les Gonatia des Lopho- carena, il en est un, la courbure de la seconde ligne oculaire, auquel j’ai dù renoncer, et il en résulte que quelques-uns des genres proposés pour des espèces européennes seront supprimés; c’est ainsi que le genre Plæsiocrærus sera réuni au genre Diplocephalus, le genre Styloctetor au genre Entelecara, le genre Erigonoplus au genre Caracladus, etc., etc. Le plus ou moins de longueur du crin tibial de la quatrième paire, que j'ai peut-être eu le tort de qualifier d’épine, est aussi un caractère bien fugace, dont je restreindrai l’usage à quelques cas particuliers. Des caractères plus importants sont fournis par la largeur de la pointe pos- térieure du sternum, entre les hanches de la quatrième paire et la forme du LL (1) C’est à Dahl que l’on doit la découverte des poils acoustiques (Ueber die Hôrhaare bei den Arachniden, in Zoologischer Anzeiger, VI, 1883, p. 267). Ces poils, situés à la face dorsale des métatarses, sont extrêmement fins et longs; quand ils manquent par accident, ce qui arrive trop souvent, leur existence peut encore se déceler, sous le microscope, par la petite cupule qui leur donne insertion. Sans nier l'intérêt que pré- sente celte découverte, je pense qu'il est de toute impossibilité d’en tirer des carac- tères propres à distinguer des genres ; les essais que j'ai faits pour constater l’existence de leur cupule d’insertion m'ont toujours laissés des doutes. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 601 trapèze occupé par les yeux médians, qui est tantôt beaucoup plus long que large, tantôt aussi large ou presque aussi large que long; enfin, les organes sexuels peuvent fournir de bonnes indications, quand elles sont corroborées par d’autres caractères, même très minimes, mais applicables aux deux sexes. Dans les genres naturels et compacts, tels que ceux des Lophocarenum, des Diplocephalus, des Erigone, etc., la structure de la patte-mâchoire, surtout celle du tibia et de ses apophyses, est très uniforme dans toutes les espèces, tandis qu’elle est très variable dans les groüpes mal limités, tels que ceux des Gongy- lidium, des Porrhomma, des Micronetu, qui réclament une revision complète. Le nombre des Erigone actuellement décrits est très considérable, car il atteint certainement un millier; mais, dans les pages suivantes, je ne m'oc- cuperai guère que des espèces qui me sont connues en nature, et je citerai rarement celles dont les femelles sont seules décrites. Je vais passer rapidement en revue les divers genres qu'il me paraît utile de maintenir, en cherchant à les grouper pour en faciliter l'étude. I. — Le Comaroma Simoni, petite Araignée de l’Europe orientale, décrite récemment par Bertkau, est le type d'un groupe de transition reliant les Phol- comma aux Lophocarenum. Il ressemble beaucoup aux premiers par son faciès, ses scuta abdominaux et même la disposition de ses yeux, très différente de celle de tous les autres Erigone, mais l’armature de ses chélicères et la structure de ses organes sexuels indiquent qu'il appartient cependant à ce dernier groupe, et que ses plus fortes affinités sont surtout avec les Ceratinella et les Ceraticelus. Le céphalothorax est court, avec la partie céphalique convexe, le front large et obtus, dont le groupe oculaire, très petit, n’occupe pas toute la largeur. Les yeux postérieurs sont en ligne presque droite, avec les médians plus séparés l’un de l’autre que des latéraux; les yeux antérieurs, également en ligne droite, sont presque contigus l’un à l'autre, et les médians sont beau- coup plus petits que les latéraux, presque punctiformes (1); le groupe trapé- zoïde, occupé par les quatre médians, est beaucoup plus large en arrière qu’en avant et plus large que long, contrairement à ce qui a lieu chez tous les autres Érigones. Les lames-maxillaires, presque transverses, sont encore plus inclinées et plus acuminées que dans les genres suivants. Le sternum, au moins aussi large que long, cordiforme et convexe, est très obtus en arrière, et l’espace intercoxal est beaucoup plus large que les hanches postérieures, qui sont presque globuleuses. Les pattes sont très courtes et robustes, et leurs tarses antérieurs sont au moins aussi longs que les métatarses. (1) Le développement de ces yeux est probablement variable, car ils sont bien visibles sur mes exemplaires provenant de Carniole, tandis que Kulczynski en parle comme étant tout à fait oblitérés « oculi distincti 6, antici medii exlincti » (Aran. Hung., IT, p. 50). 602 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Les téguments du Comaroma Simoni Bertk. sont épais, lisses et ponctués; son abdomen est cuirassé de scuta ressemblant beaucoup à ceux des Phol- comma : le scutum dorsal, qui recouvre entièrement l’abdomen, est densé- ment ponctué et marqué de points calleux plus gros, disposés, de chaque côté, en série longitudinale; le scutum épigastrique, très grand, atteint au moins le milieu de la face ventrale, il est tronqué et légèrement bisinueux au bord postérieur; le scutum mamillaire forme un petit cercle complet autour des filières ; les régions ventrale et latérales sont, de plus, ponctuées et marquées de points indurés, disposés, de chaque côté, en lignes concentriques plus ou moins incomplètes. Le céphalothorax et les scuta abdominaux sont semblables dans les deux sexes; le mâle se distingue de la femelle par ses pattes antérieures, dont les métatarses sont épais ct un peu courbes, tandis que les tarses sont grêles et cylindriques ; sa patte-mâchoire ressemble à celle des Ceratinellu; sa patella est très petite et nodiforme, son tibia, très court, s’avance sur la base du tarse en apophyse oblique et tronquée, son tarse est très gros et recouvre un bulbe volumineux. Ce genre ne renferme qu'une seule espèce, le Comaroma Simoni Bertik., qui habite la Bohême, la Carniole et l’Istrie; elle est de la taille du Pholcomma gibbum et entièrement d’un brun-rouge vif. Viennent ensuite deux genres qui ne diffèrent guère du précédent que par leur abdomen entièrement dépourvu de scuta et leurs yeux plus gros, occu- pant presque entièrement la largeur du front; dans le genre Tapinasta, les yeux ont la disposition de ceux des Comaroma, mais les médians antérieurs sont relativement plus gros; les pattes sont un peu plus longues, et les méta- tarses antérieurs du mâle, qui ne sont pas épaissis, sont un peu plus longs que les tarses; la patte-mâ- choire, courte et robuste, a une patella et un tibia presque globuleux et moniliformes, mutiques, un tarse et un bulbe formant une masse ovale volumi- neuse, et celui-ci pourvu en dessus, près la base, Fig. 604. d’une faible saillie angulaire (fig. 609). Tapinasta bishkrensis E. Sim. Patte-machoire du mâle. Dans le genre Coressa, dont on ne connait que la femelle, les yeux médians postérieurs sont beaucoup plus séparés l’un de l’autre que des latéraux, et le trapèze des yeux médians est beaucoup plus large en arrière que long. L’unique espèce du genre Tapinasta, T. biskrensis E. Sim., qui est de la taille du Comuroma, habite l’oasis de Biskra, celle du genre Coressa, G. minu- tissima Cambr., qui est l’une des plus petites Araignées connues, à été décou- verte en Angleterre et retrouvée récemment en France, depuis la publication de mes Arachnides de France. II. — Les deux genres Cineta ct Lygarinu rappellent encore, d'une manière frappante, les Theridiides du groupe des Theonoe. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 603 Ils diffèrent des Comaroma par leur patte-mâchoire plus complexe ct le tra- pèze de leurs yeux médians aussi long que large. Leur céphalothorax est très court, plus ou moins convexe, avec le front large et obtus ou obtusément tronqué; les yeux postérieurs, gros (Lygarina) ou médiocres (Cineta), sont en ligne droite, avec les médians plus séparés l'un de l’autre que des latéraux ; les yeux antérieurs sont resserrés et en ligne légè- rement procurvée, tantôt peu inégaux (Gin. gradata E. Sim.), tantôt excessi- vement inégaux comme ceux des Coressa (Lyg. caracasana E. Sim.). 610—611 612 613 C14—615 Fig. 610. Cineta gradata E. Sim. Céphalothorax du mâle de profil, — Fig. 611. Idem. Patte- mâchoire de profil. — Fig. 612. Idem. Idem en dessus. — Fig. 613. Cinela genistae E. Sim Face. — Fig. 614. Idem. Céphalothorax du mäle de profil. — Fig. 615. Zdem. Front en dessus. Dans le genre Lygarina, le bandeau est vertical et à peine plus large que le groupe oculaire, tandis que, dans le genre Cinela, il est proclive et beaucoup plus large, il est même souvent plus large que les chélicères, qui sont relati- vement assez courtes, mais construites et armées comme celles des Lophocare- num. Le sternum, convexe, largement cordiforme et obtusément tronqué entre les hanches postérieures disjointes, ressemble à celui des Lophocarenum. L’ab- domen, arrondi et légèrement déprimé, est induré en dessus, sans présenter de scutum défini; ses impressions sont larges et bien accusées. Les pattes sont épaisses ct courtes, et leurs tarses antérieurs sont aussi longs que les métatarses, souvent même plus longs (C. genistæ, L. Steini, L. monticola K. Sim.). Dans le genre Lygarina, le céphalothorax est semblable dans les deux sexes; dans le genre Cineta, il est dissemblable, mais sa forme varie selon les espèces, dans l'espèce type, dont je ne connais malheureusement qu’un jeune mâle, le front est élevé en un lobe aussi long que la moitié de la longueur totale du céphalothorax, tout à fait vertical, assez étroit ct parallèle, arrondi au sommet, vu en dessus, beaucoup plus large que long, tronqué droit en avant, arrondi en arrière, avec les angles un peu saillants, en petits lobes obliques, portant les yeux latéraux (fig. 613, 614 et 615); dans les espèces que j'ai découvertes depuis au Venezuela (C. alfissima E. Sim., etc.), le processus céphalique, encore plus haut, est plus acuminé; en arrière, sa pente se pro- longe presque jusqu’au bord postérieur du céphalothorax; en avant, le ban- 60% HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES deau, extrêmement haut, est d’abord creusé, puis fortement proclive au-dessus de la base des chélicères (fig. 616). Les caractères sexuels sont tout à fait différents dans une espèce euro- péenne que je rapportais autrefois, à tort, au genre Grammonota, le C. gradata E. Sim.; ici, la partie céphalique, convexe dans la région oculaire, est mar- quée, en arrière des yeux, d'une profonde coupure transverse arquée, rappelant celle du Notioscopus sarci- natus Cb. (fig. 610). La patte-mâächoire, courte et robuste, ressemble à celle des Ceratinella; son tibia, aussi long que la patella, est pourvu, au bord antérieur, d'une apophyse supère, tantôt simple et arquée, obtuse (L. monticola E. Sim.) ou subaiguë, tantôt denticulée (C. gradata E. Sim.) Fig. 616. (fig. 611 et 612) ; il offre parfois (L. nitida E. Sim.) trois Cineta altissima E. Sim. apophyses, dont l'interne est plus longue que les autres sie DE du mâle et presque sétiforme; chez L. caracasana E. Sim., il Ps est transverse, avec chacun des angles prolongé par une très longue apophyse grêle, l'externe droite, l'interne arquée; le tarse est court, convexe et obtus; le bulbe, volumineux, est ordinairement pourvu, vers le milieu, d’un stylus exserte formant le cercle, et à l'extrémité, d’une épaisse lame tordue, pourvue elle-même de quelques petits denticules {fig. 611). Ces Araignées, de très petite taille, offrent une grande ressemblance de faciès avec les Theridiides du groupe des Theonoe (1); elles sont, en général, d'un noir brillant, avec les pattes fauves, concolores ou annelées. Le C. genistæ E. Sim. n’a été pris qu'une seule fois, en Corse, sur des genêts; le C. gradata E. Sim. se trouve, en France et en Allemagne, dans les forêts de pins et de sapins, où il se tient sur les branches basses et touffues; j'ai trouvé quelques espèces du même genre dans les forêts froides des mon- tagnes du Venezuela. Le genre Lygarina renferme quatre espèces : deux du Venezuela, une autre de la province de Minas-Geraës, au Brésil {L. nitida E. Sim.), enfin une, un peu anormale (2), des forêts de l’intérieur de Ceylan (L. monticola E. Sim.). III. — Les Ceratinella diffèrent des autres représentants de ce groupe par leurs chélicères, dont la tige, très atténuée et un peu divergente, est mutique ou presque mutique aux marges et un peu dilatée à l'extrémité, autour de la base du crochet, et dont le crochet est sinueux, c’est-à-dire à concavité supé- rieure dans la moitié basilaire et inférieure dans la terminale (fig. 617); j'avais basé sur ce caractère un groupe spécial (Ar. Fr., t. V), comprenant les Cera- tinella et les Cineta, mais je dois reconnaître que, dans un certain nombre (1) L'espèce que j'ai décrite sous le nom de Grammonota Letourneuxi E. Sim. appartient réellement au groupe des Theonoe (voy. p. 589, genre Synaphris). (2) Un peu anormale en ce que le groupe des yeux médians y est un peu plus long que large, ce qui lui donne une certaine ressemblance avec les Minyriolus. FAMILLE DES ARGIOPIDX 605 d'espèces (C. scabrosa Cb.), il s'atténue considérablement, et que, sous tous les autres rapports, les Ceratinella ressemblent complètement aux Lophocarenum et surtout aux Cnephalocotes. Leur céphalothorax, semblable dans les deux sexes, est large et court, assez fortement convexe, mais peu élevé en avant, avec le front large et obtusément tronqué. Leurs yeux postérieurs, toujours bien séparés et presque équidistants, égaux ou presque égaux, sont en ligne plus ou moins procurvée; les antérieurs sont en 617 GL8 ligne presque droite (C. brevis Wid., sca- Fig. 617. Ceratinella brevis Wid. Chélicère. brosa Cambr.) ou procurvée, avec les mé- — Fig. 618. C. scabrosa Cambr. Patte- dians plus petits et plus resserrés que les MAGRORE du He latéraux; leurs yeux médians figurent un trapèze plus long que large (excepté chez C. brevipes Westr.) et beaucoup plus étroit en avant qu’en arrière; leur bandeau, aussi large ou plus large que l'aire oculaire, est vertical et plan, plus rarement concave (C. Wideri Th.). Leurs pattes, courtes et robustes, ne portent que des crins très courts; leurs tarses, aussi longs que les métatarses aux deux paires intermédiaires, sont à peine plus courts à la première et à la quatrième. Leur abdomen, gros et glo- buleux, est recouvert en dessus, dans les deux sexes, d'un scutum coriacé ponctué. La patte-mächoire du mâle est courte et robuste, sa patella et son tibia sont presque égaux, et celui-ci est généralement pourvu à l'extrémité, en dessus ou à l’angle externe d’une saillie obtuse souvent un peu bifide; le tarse et le bulbe sont gros, ovales ou presque globuleux (fig. 618). Le genre Ceratinella renferme sept ou huit espèces européennes, toutes de petite taille, entièrement d’un noir ou d’un brun-rouge brillant, avec les pattes quelquefois plus claires ou rouges (C. Wideri); leur démarche est lente, elles vivent dans les mousses des bois, quelques-unes habitent, sous les pierres, dans les hautes régions des Alpes; le genre est représenté par une espèce (GC. Pluncyi E. Sim.), aux environs de Pékin, mais les espèces américaines qui lui ont été rapportées ne lui appartiennent pas (1). IV. — Les Lophocarenum et les quelques genres qui s'en rapprochent dif- férent des Comarïoma et des Cineta par le trapèze de leurs yeux médians beau- coup plus long que large, des Ceralinella par leurs chélicères normales à (1) Le nom de Ceratinella a élé proposé par Emerton (Trans. Conn. Acad., t. VI) pour remplacer celui de Ceratina Menge, qui faisait double emploi (Latreille, Hymé- noplères, 1804), mais les espèces américaines décrites par cet auteur n’ont aucun rapport avec celles de Menge, elles rentrent dans la série des Lophocarenum, et j'ai proposé, pour les recevoir, le genre Ceraticelus {voy. plus loin, p. 608). — ÆZrigone minulissima Cambr., qui m'élait inconnu en nature au momeut de la publication de mes Arachnides de France, est devenu le type du genre Coressa. 606 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES marges régulièrement dentées, enfin, des genres suivants par leurs yeux antérieurs en ligne droite ou plus souvent un peu procurvée et par leur abdomen recouvert en dessus d’une plaque dure ou scutum, lisse ou plus ordinairement impresso-ponctuée; ce scutum existe généralement dans les deux sexes; quelquefois, cependant, il manque chez les femelles, et, dans le genre Abacopræces, il est peu développé, même chez le mâle. Dans les espèces les mieux caractérisées, il s'y joint en dessous un grand scutum épigastrique embrassant les plaques stigmatiques et l’espace génital, marqué de deux stries longitudinales, quelquefois membraneuses, correspondant au bord interne des plaques, et, plus en arrière, un scutum infra-mamillaire plus ou moins large, disposition rappelant complètement celle que j’ai décrite pour les Comaroma ; dans cette série, la direction des lignes oculaires varie selon les genres, de même que la longueur relative des tarses et des métatarses et la largeur de la pointe sternale entre les hanches postérieures, qui reste néanmoins toujours assez large. \] N ] "4 ô d 70 Fig. 619 à 628. a. Lophocarenum insanum E. Sim. Céphalothorax et abdomen du mâle de profil. — D. L. inedilum Cambr. Patella et tibia de la patte-machoire du mâle. — c. Abacoproeces saltuum L. K. Céphalothorax du mâle de profil. — d. Id. Patte-màchoire. — e. Exechophysis bucephalus Cambr. Céphalothorax du mâle de profil. — f. Id. Paite-machoire. — g. Dactylopisthes digi- ticeps E. Sim. Céphalothorax du mâle de profil. — h. Cnephalocotes obscurus BI. Patte-mà- choire. — i. C. crassirostris E. Sim. Céphalothorax du mâle de profil, — j. Zd. Front en dessus. Le genre Lophocarenum résume, au plus haut degré, les caractères de ce groupe; le scutum abdominal y est très développé; les pattes, courtes, ne portent que des crins très courts, et leurs tarses antérieurs, à peine plus courts que les métatarses, sont aussi épais et légèrement fusiformes, au moins chez les mâles; l’extrémité sternale est tronquée et au moins aussi large que les hanches postérieures, qui sont subglobuleuses; les yeux posté- rieurs sont en ligne si fortement procurvée que le bord antérieur des médians se trouve en arrière du bord postérieur des latéraux, et les yeux antérieurs FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 607 sont en ligne également procurvée. Le céphalothorax est tantôt lisse, tantôt marqué de gros points enfoncés, disposés en lignes rayonnantes (L. elongatum Wid., etc., etc.). Le front du mâle n'est pas beaucoup plus élevé que celui de la femelle, il est quelquefois saillant, et les yeux médians antérieurs, placés à son extré- mité, sont largement séparés des latéraux (L. nemorale BI., ineditum Cb.); dans tous les cas, il est surmonté d’un gros lobe céphalique portant les yeux médians de la seconde ligne et limité latéralement par une profonde strie, élargie en avant en forme d'impression ovale, marquée elle-même, dans le fond, d’un point enfoncé; ce lobe est ovale ou globuleux; dans un petit nombre d’espèces (L. thoracatum Cb., etc.\, il est divisé par un sillon longitu- dinal; il est ordinairement vertical, quelquefois un peu incliné en arrière, très rarement très incliné sur la partie thoracique (L. insanum E. Sim.) (fig. 619 a). La patte-mächoire du mâle est assez courte; son tibia, plus court que la patella, est élargi et tronqué à l'extrémité, avec l'angle externe pro- longé en apophyse généralement grêle, aiguë et détachée, de forme, au reste, très variable, et l'angle interne est souvent aussi un peu prolongé, mais tou- jours plus obtus [fig. 620 b). Emerton a réuni, sous le nom de Lophocurenum, toutes les espèces offrant, chez le mâle, deux impressions latérales au céphalothorax, mais aucune de celles qu’il décrit ne rentre dans ce genre, tel que je le restreins ici. Les espèces européennes, cependant si étroitement unies, ont été rapportées par Dah] à ses deux genres Brachycentrum et Paractenonyx et par Chyzer et Kulczynski aux deux genres Brachycentrum et Trichoplternu (type L. Black- walli}, le second différant du premier par un poil acoustique que je n’ai pas réussi à voir. Ce genre, le plus nombreux du groupe, renferme une quarantaine d'espèces, dont 30 se trouvent en Europe et une dizaine dans le nord de l’Afrique et l'Asie occidentale. Il est aussi représenté dans l'Afrique australe par quelques espèces inédites. Le genre Cnephalocotes est si voisin du précédent qu’il ne mériterait guère d’en être séparé si la structure des organes sexuels des mâles n'y était très différente. | Les yeux postérieurs sont en ligne un peu moins procurvée, et les médians sont toujours plus rapprochés l’un de l’autre que des latéraux; les yeux anté- rieurs sont en ligne droite, rarement procurvée (C. obscurus B1.); quelques espèces (C. obscurus BI., elegans Gb.) offrent un lobe céphalique très bas; chez d’autres, il n’y a point de lobe, mais le bandeau est avancé en large bour- relet (C. pusillus M., crassirostris E. Sim.) (fig. 627 et 6287). La patte-màâ- choire du mâle a un tibia très court et transverse pourvu, en dessus ou au bord antérieur, d'une ou de plusieurs petites pointes de forme variable; son tarse, très gros, est quelquefois comprimé, élargi et obliquement tronqué à l'extrémité et pourvu d'une carène interne garnie de petites dents unisériées (C. obscurus BI.) (fig. 626 h), il est d’autres fois marqué à la base d’une grande dépression arrondie, pourvue d’une petite saillie médiane umboniforme 608 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES (C. curtus E. Sim.); son bulbe, très complexe, est toujours muni d’un tres long stylus exserte et enroulé. Chyzer et Kulezynski ont réduit ce genre au C. pusillus (E. sila Cb.), repor- tant de C. obscurus BI. au genre Nematogmus, comme l'avait fait Dahl (sous le nom de Eustichotrix) à cause d'une ressemblance dans la forme du tarse de la patte-mâchoire qui n’est corroborée par aucun autre caractère et qui se retrouve, au reste, chez le Pocadicnemis pumila BI. Ce genre renferme sept ou huit espèces européennes ayant le faciès et les mœurs des Lophocarenum ; l'une d'elles (C. curtus E. Sim.) a été retrouvée en Égypte; je lui rapporte avec doute une espèce du Brésil, dont je ne connais que la femelle. Le genre Dactylopisthes diffère des deux précédents par ses yeux postérieurs en ligne droite ou presque droite, assez gros et peu séparés. Le céphalothorax du mâle est variable; dans l’une des espèces (D. pauper E. Sim.), il ne diffère de celui de la femeile que par le front plus avancé et terminé par une surface piligère, un peu comme chez les Araeoncus, tandis que chez l’autre (D. digi- liceps E. Sim.), il est pourvu d'une longue pointe reculée et coudée en avant, portant, vers son milieu, les yeux médians postérieurs (fig. 625 g). Le tibia de la patte-mâchoire se termine en avant, sur le tarse, en pointe simple sou- vent très longue, droite ou courbée. Ce genre ne renferme que deux espèces : l’une propre au midi de la France (D. digiticeps E. Sim.), l'autre répandue dans le midi de la France, l'Italie et la Tunisie (D. pauper E. Sim.). Le genre Dactylopisthes est remplacé dans l'Amérique du Nord et les An- tilles par le genre Ceraticelus E. Sim. (Ceratinella Emert.) (1), qui en diffère par le front plus large, les yeux plus largement espacés, les médians posté- rieurs souvent plus resserrés que les latéraux (C. lætabilis Emert.), le trapèze des yeux médians à peine plus long que large, les scuta abdominaux encore plus développés et existant dans les deux sexes. Le scutum supérieur, ovale, ne couvre qu’une partie de la face dorsale ; les scuta épigastrique et ante- mamillaire sont disposés comme ceux des Comaroma. Le front du mâle est quelquefois semblable à celui de la femelle (C. læta- bilis Emert.), mais il offre le plus souvent un gros lobe céphalique rappelant celui des Diplocephalus, et sans impressions latérales. La patie-mâchoire a gé- néralement une patella longue, un tibia court pourvu d’une apophyse supère relevée, mais recourbée en avant à la pointe qui est aiguë. Ces Araignées sont de petite taille, presque toutes d’un fauve orangé vif, avec la région frontale rembrunie; on en connaît une douzaine d’espèces propres à l’Amé- rique du Nord, et j'en possède quelques-unes (inédites) des Antilles. Le genre Thyreobæus, qui représente à Madagascar les types précédents, n'en diffère que par ses yeux antérieurs en ligne visiblement récurvée, caractère qui semble le rapprocher des Araeoncus, et le trapèze de ses yeux médians (1) Voy. note p. GO. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 609 beaucoup plus long que large; on n’en connaît qu'une seule espèce, T. scu- tiger E. Sim., dont la femelle seule est décrite. Dans les deux genres suivants, l’extrémité sternale est plus étroite que dans les précédents, toujours visiblement moins large que les hanches de la quatrième paire, qui sont aussi plus allongées et plus cylindriques; les pattes sont plus longues et les tarses antérieurs, qui sont plus grêles et cylindriques, sont visiblement plus courts que les métatarses. Le genre Exechophysis est très voisin du genre Lophocarenum, il s'en rap- proche par ses téguments coriacés, les points enfoncés de son céphalothorax, le scutum ponctué de son abdomen; la structure frontale du mâle est aussi très analogue, la partie céphalique est en effet surmontée d’un gros lobe limité par des impressions latérales, mais le front est presque toujours plus avancé en large pointe portant les yeux médians antérieurs, qui se trouvent ainsi largement séparés des latéraux (fig. 623 e); la patte-mâchoire du mâle a un fémur robuste, une patella très longue et cylindrique, un tibia très court pourvu d’une apophyse supère généralement grêle, aiguë et relevée (fig. 621 f). Les Exechophysis sont plus gros que les Lophocarenum; leur céphalothorax et leurs pattes sont ordinairement d’un rouge vif. Ils vivent sur les buissons. L'espèce type (E. bucephalus Ch.) est commune dans le midi de la France, en Corse, en Italie, en Espagne et en Algérie; j’en ai décrit une autre d’Italie (E. proclivis E. Sim.) et deux d'Algérie (E. leonina, suilla E. Sim.), où il y en a d’autres inédites. Dans le genre Abacoproeces, qui ne renferme que deux espèces européennes, la seconde ligne oculaire est aussi fortement procurvée que celle des Lopho- carenum, mais ses yeux médians sont beaucoup plus séparés l’un de l’autre que des latéraux ; leS yeux antérieurs sont en ligne procurvée; le front du mâle est pubescent et pourvu d’un gros lobe peu convexe et tronqué en avant (fig. 621 c); sa patte-mâchoire a une patella longue, un tibia beaucoup plus court et pourvu d’une courte apophyse supéro-externe tronquée, avec les angles saillants (fig. 622 d). A. saltuum L. Koch, qui a été découvert en Allemagne, n’a été trouvé qu’une seule fois en France ; A. ascitus Kulcz., rapporté au genre avec doute {1}, est propre à la Hongrie. V. — Dans tous les Érigones qui me restent à étudier, l'abdomen est dé- pourvu de scuta, entièrement mou et semblable dans les deux sexes ; dans quelques espèces seulement (Araeoncus Krugeri, Thapsagus pulcher E. Sim.), sa face dorsale est légèrement coriacée et ponctuée. Les quelques genres que j’étudierai d’abord (Araeoncus, Tiso, etc.), se dis- tinguent des suivants par leur première ligne oculaire qui, au lieu d’être droite ou procurvée, est légèrement récurvée, c’est-à-dire courbée en avant; leur seconde ligne oculaire est tantôt procurvée, tantôt droite; le trapèze formé par leurs yeux médians est toujours beaucoup plus long que large. Dans le genre Araeoncus, les téguments {au moins ceux du céphalothorax (1) Cette espèce est, en effet, décrite comme ayant l'abdomen dépourvu de scuta. 39 610 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES et du sternum) ne sont pas coriacés ; les yeux postérieurs, petits et largement séparés (équidistants ou les médians plus séparés), sont en ligne procurvée dont la courbure est souvent exagérée (A. vaporariorum Cb., longiusculus Cb. 4); la pointe sternale est à peine plus étroite que les hanches postérieures ; les pattes sont assez longues et les tarses antérieurs sont environ d’un quart plus courts que les métatarses; chez le mâle, la partie céphalique est très élevée et projetée en avant, au-dessus du bandeau, avec le sommet occupé par un grand espace plan ou oblique, généralement pileux et limité par le trapèze des yeux médians; cette avance frontale est tantôt très large (A. hu- milis B1., crassiceps Westr.), tantôt allongée et rétrécie à la base en forme de cou (4. anguineus L. K., altissimus E. Sim.) (fig. 629 a); dans aucun cas, il n’y L/, LL, 00 E) SÙ IN DEA Fig. 629 à 637. a. Araeoncus anguineus L. K. Céphalothorax du mâle de profil. — b. Troxochrus hyemalis Cambr. Idem. — c. Idem. Front en dessus. — d. Stajus truncatifrons Cambr. Céphalothorax du male de profil. — e. Idem. Face. — f. Idem. Front en dessus. — g. Troxochrus ignobilis Cambr. Céphalothorax du mâle de profil. — h, Idem. Front en dessus. — 2. Tiso vagans Blackw. Céphalothorax du mâle de profil. a d’impressions latérales ni d’impressions post-oculaires ; la patte-mâchoire du mâle, très variable pour la longueur, est, au contraire, très uniforme quant à la structure des articles terminaux qui est caractéristique : à une patella longue, succède un tibia plus court, évasé à l'extrémité et surmonté d’une grande apophyse divisée en deux branches dont la principale, médiane, est très longue, relevée et souvent laciniée (fig. 642e et 643 f). Le type de ce genre (A. humilis BI.) est très répandu dans toute l'Europe et en Algérie; il renferme en outre une dizaine d’espèces, presque toutes propres aux hauts sommets des Alpes et des Pyrénées : une est propre à l'ile de Corse (A. longiusculus Cb.), une ou deux à l'Algérie (4. Hanno E. Sim., etc.), une à la Sibérie septentrionale (A. eæselsus L. Koch). Je lui rapporte une espèce de l'Afrique australe (A. Krugeri E. Sim.) qui se distingue de ses congénères par son abdomen coriacé et ponctué en dessus. Le genre Sfajus, que j'avais autrefois classé dans une autre division, à cause de sa seconde ligne oculaire presque droite, me parait aujourd'hui insé- parable du genre Araeoncus ; il s’en rapproche par la forme du front chez le mâle, les longs crins dont il est surmonté et par la structure de l’apophyse tibiale (641 d). Il s'en distingue cependant par ses yeux encore plus petits, avec les médians des deux lignes beaucoup plus rapprochés l’un de l’autre que des latéraux, le trapèze de ses yeux médians, au moins trois fois plus long FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 611 que large, très étroit et à peine plus large en arrière qu’en avant, enfin, par ses yeux médians antérieurs un peu plus gros que les postérieurs (fig. 632 d, 633 e, 634 f); l'unique espèce, S. truncatifrons Cambr., que j'ai découverte en Corse et retrouvée depuis en grand nombre dans le Tell algérien, se fait re- marquer par son céphalothorax et ses pattes d’un beau rouge orangé, et son abdomen d’un noir brillant. Le genre Troxochrus diffère du genre Araeoncus par ses yeux médians pos- térieurs beaucoup plus rapprochés l’un de l’autre que des latéraux et ses yeux médians figurant un trapèze beaucoup plus étroit en avant qu'en arrière, ses tarses antérieurs presque aussi longs que les métatarses et, au moins chez les mâles, aussi épais et légèrement fusiformes, enfin par ses tésuments fortement coriacés, au moins ceux du céphalothorax et du sternum. Le front du mâle est généralement pourvu d'un lobe analogue à celui des Lophocarenum, mais beaucoup plus bas et limité, de chaque côté, par une profonde strie (fig. 630 b, 631 c); dans une espèce cependant (7. ignobilis Ch.), le lobe fait défaut et le Fig. 638 à 643. a. Tiso vagans BI. Patte-mâchoire en dessus. — db. Idem. Tibia de profil. — c, Troxochrus hye- malis Cambr. Tibia de la patte-màachoire en dessus. — 4. Stajus truncatifrons Cambr. Idem. — e. Araeoncus altissimus E. Sim. Idem. — f. Zdem. Tibia et tarse de profil. milieu du bandeau est avancé en pointe obtuse (fig. 635 g, 636 h) ; dans tous les cas, le front et le bord antérieur du lobe sont plus ou moins pileux ; pour l’espèce la plus commune (7. scabriculus Westr.), j'ai indiqué un cas de di- morphisme (Ar. Fr., V, p. 646). Le tibia de la patte-mâchoire est quelquefois très simple, assez long, avancé en pointe courte et obtuse au bord antérieur (T. scabriculus Westr.); mais, le plus souvent, il est court et pourvu, en avant, d'une grande apophyse tronquée à l’extrémité avec l’angle interne prolongé par une tige fine et recourbée en dessus, disposition rappelant beaucoup celle des Diplocephalus (fig. 640 c). Ce genre ne renferme que quatre ou cinq espèces répandues dans l’Europe tempérée et froide ; je lui rapporte une espèce de Syrie (Erig. pastoralis Cambr.) et j'en possède une inédite de la Floride. L’espèce, pour laquelle j'ai proposé le genre Baryphyma, ne diffère des précédentes que par ses téguments lisses non coriacés, sa pointe sternale plus étroite, ses pattes plus longues, avec les tarses grèles et beaucoup plus courts que les métatarses ; les caractères du 612 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES =“ groupe y sont peu prononcés; la première ligne oculaire est, en effet, presque droite et, à certains égards, cette Araignée rappelle les Gonutlium et les Gon- gylidium (voy. plus loin). Le mâle est pourvu d’un lobe frontal très bas, peu convexe, incliné et dessiné de chaque côté par une strie un peu élargie en avant; le tibia de sa patte-mâchoire, plus court et plus épais que la patella, est tronqué et un peu arqué en avant, avec le milieu du bord antérieur pourvu, un peu en dessous, d’une tige grêle, dirigée en dehors et terminée par une petite dilatation tronquée en biseau; son bulbe est pourvu d’un très fort stylus formant boucle. B. Schlicki E. Sim., découvert en Dane- mark, a été trouvé une seule fois en France, dans les marais de La Ferté- Milon. Le genre Tiso diffère des précédents par ses yeux postérieurs en ligne tout à fait droite, petits, presque équidistants et largement séparés, ses pattes courtes et robustes, avec les tarses antérieurs grêles et presque aussi longs que les métatarses, enfin, par le céphalothorax ovale assez allongé, semblable dans les deux sexes, sans lobe ni saillie frontale chez le mâle (fig. 637 à). La patte-mâchoire est remarquable par son excessive longueur, tenant sur- tout au grand développement du fémur et de la patella; le tibia projette sur le tarse une longue apophyse lamelleuse un peu dolabriforme ou recourbée à la pointe (fig. 638 a et 639 b). Ce genre se compose de quatre ou cinq espèces européennes, l’une com- mune partout (T. vagans B1.), les autres propres à la faune alpine. À côté des Tiso se place le genre Thapsagus, qui en diffère surtout par ses yeux postérieurs plus gros et plus resserrés ; il ne renferme qu'une seule espèce, de Madagascar, ayant un peu la coloration d’un Mimcia; son abdomen, d'un blanc jaunâtre, brillant et légèrement ponctué, est orné d’une bordure sinueuse et d’une bande médiane noirâtres. Cette Araignée, dont la femelle seule est décrite, ne manque pas d’analogie avec le Thyreobæus scutiger, qui est originaire du même pays. VI. — Dans la longue série d’espèces, dont les Diplocephalus peuvent être regardés comme types, la première ligne des yeux est droite ou procurvée, jamais récurvée, sauf, cependant, chez quelques mâles dont les déformations frontales sont exagérées. Les Peponocranium se distinguent des Lophocarenum par leur abdomen dépourvu de scutum, leur première ligne oculaire droite et leurs pattes pour- vues, aux tibias, d'un crin dressé très long; ces caractères donnent aux Pepo- nocranium une physionomie spéciale, surtout si l'on ajoute que leurs tégu- ments sont d’un fauve testacé clair. La pointe postérieure du sternum est, chez le mâle, presque aussi large que les hanches et tronquée, tandis que, chez la femelle, elle est beaucoup plus petite. Les caractères propres du mâle consistent en un gros lobe céphalique globuleux analogue à celui du Lophocarenum nemorale B1.; dans l'espèce type, le tibia de la patte-mâchoire est très court, et son apophyse, presque supère, est courte, épaisse et conique (fig. 677 d), tandis que, chez P. orbiculatum Camibr., l'apophyse tibiale est longue, presque verticale et crochue à la pointe. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 6413 Ce genre ne renferme que deux espèces : le P. ludicrum Cb., commun en Angleterre et dans le Nord de la France, sur les ajoncs de la région maritime, et le P. orbiculatum Cb., jusqu'ici propre à l'Allemagne. L'espèce que j'ai décrite sous le nom de P. biovatum doit être reportée au genre Thyreosthenius (voy. plus loin). 2 Fig. 644 à 656. a. Panamomops tauricornis E. Sim. Front en dessus. — b. Idem. Face. — c. P. diceros Cambr. Front de profil. — d. Idem. Front en dessus. — e. Tapinocyba praecox Cambr. Céphalo- thorax de profil. — f. Idem. Front en dessus. — g. T. cyclops E. Sim. Céphalothorax du mâle de profil. — h. Idem. Front en dessus. — à. Diplocephalus luciscus E. Sim. Face. — j. D. bicephalus E. Sim. Céphalothorax du mâle de profil. — X. Idem. Tibia de la patte- mâchoire. — 2. D. frontatus BI. Céphalothorax du mäle de profil. — 1». Idem. Pointe fron- tale plus grossie. Les Minyriolus ne diffèrent des Peponocranium que par leurs yeux antérieurs presque contigus et leurs tarses antérieurs à peine plus courts que les méta- tarses: ils ressemblent aux Lophocarenum par les caractères sexuels secon- daires des mâles, dont le front est tantôt surmonté d’un lobe accompagné d'impressions latérales (M. pusillus Wid.), tantôt dépourvu de lobe et simple- ment marqué d'impressions; dans ce cas (M. servulus E. Sim., scopulifer Emert.), le bandeau est avancé en large saillie obtuse. La patte-mâchoire du mâle à un tibia court ct transverse, projetant sur la base du tarse une robuste apophyse courbée et très convexe en dessus, tantôt terminée en pointe subaiguë arquée (M. pusillus Wid.), tantôt très obtuse et pourvue, au bord externe, d’un groupe de forts crins spiniformes recourbés en dehors (M. servulus E. Sim., scopulifer Emert.) (fig. 678 et 679 e f); le tarse est obliquement et largement tronqué à l’extrémité, et le bulbe est pourvu d'un fort stylus roulé en cercle. Les deux espèces européennes qui me sont con- nues sont de très petite taille, elles se trouvent dans les mousses des bois humides; le Lophocarenum scopuliferum Emert., de l'Amérique du Nord, est très voisin du M. servulus E. Sim, s’il ne lui est pas identique; un certain nombre d'espèces européennes et sibériennes, qui me sont inconnues en nature, 614 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES rentrent peut-être dans ce genre (Æ. columbina L. Koch, phaulobia Th., vulne- rata, læsæ L. Koch, de Sibérie). Les Panamomops sont voisins des Minyriolus, le M. servulus établit même une sorte de passage entre les deux genres; ils en diffèrent par leurs yeux plus petits et largement séparés, avec les médians des deux lignes beaucoup plus resserrés que les latéraux et le trapèze de leurs yeux médians encore plus long, au moins deux fois plus long que large (excepté chez P. sulcifrons Menge). Les caractères sexuels sont très différents de ceux des genres voi- sins; en effet, rien chez les mâles ne rappelle Le lobe céphalique des Lophoca- renum; le front, bas comme celui de la femelle, arrondi ou tronqué carré- ment avec les angles saillants, est toujours pourvu d’une paire de cornicules placés tantôt au milieu du trapèze des yeux médians (P. diceros Cb.) (fig. 646 c et 647 dj), tantôt aux angles frontaux (P. bicuspis Cb., tauricornis E. Sim.) (fig. 644 a et 645 b), quelquefois remplacés par quatre fascicules de crins (P. quadricristatus Emert.). Le tibia de la patte-mâchoire est court, et son apophyse, simple ou double, est assez variable. ig. 657 à 665. a. Caracladus aviculus L. Koch. Céphalothorax du mâle de profil. — à. C. turriger E. Sim. Idem. — c. Melopobactrus verticalis E. Sim. Idem.— d. M. Rayi E. Sim. Idem. — e. Caracladus castillanus Cambr. Idem. — f. Idem. Face. — g. Metopobactrus falcifrons E. Sim. Cépha- lothorax de profil. — h. Caracladus globipes L. Koch. Patte de la 1re paire. — 2. Dicymbium tibiale Blackw. Idem. Ce genre ne renferme que de très petites espèces, vivant dans les mousses humides et les détritus de marais; on en connait quatre d'Europe, une de la région du Baïkal (Erig. Dybowskii Cambr.) et une de l’Amérique du Nord (Lophoc. quadricristatum Emert.). Les deux genres Minyriolus et Panamomops diffèrent encore de tous les genres précédents et des genres suivants par leurs griffes tarsales pourvues de dents beaucoup plus petites. Le genre Diplocephalus Bertk., qui correspond aux deux genres Prosoponcus et Plæsiocrærus E. Sim., qu'il faut réunir (1), diffère du genre Lophocarenum, (1) Chyzer et Kulczynski réunissent même à ce genre, mais à tort, je crois, les Araeoncus, dont j'ai parlé plus haut. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 615 indépendamment de l'absence de scutum, par les yeux postérieurs en ligne moins courbée (excepté chez D. Becki Gb.), souvent même tout à fait droite, assez gros, presque équidistants et resserrés, leurs intervalles étant rarement plus larges que leurs diamètres (excepté chez D. protuberans Gb. et luciscus E. Sim.), les yeux antérieurs également en. ligne droite, avec les médians plus resserrés que les latéraux. Le bandeau est plan; les tarses, grèêles, sont plus courts que les métatarses, et les crins tibiaux sont environ de la longueur du diamètre des articles. Dans beaucoup d’espèces, le front du mâle est fortement élevé en cône comprimé, portant à son sommet les yeux médians; le plus souvent, ce cône est lui-même divisé en deux lobes, tantôt très bas (D. cristatus BI., etc.), tantôt très longs et cylindriques (D. foraminifer Cambr., bicephalus E. Sim., etc.), portant chacun une paire d'yeux (fig. 653 j); dans une espèce seulement (D. frontatus B1.), la pointe frontale est unique.et très haute (1) (fig. 655 L et 656m) ; dans une autre série d’espèces, correspondant à l'ancien genre Plæsio- crærus, le front du mâle est surmonté d’un lobe analogue à celui des Lophoca- renum, également marqué d’impressions latérales, mais toujours plus bas; dans la plupart des cas, ce lobe s'incline graduellement en arrière et se con- fond avec le plan dorsal, quelquefois même (D. insectus L. K., corsicus, cir- tensis E. Sim.) il est tout à fait effacé et indiqué seulement par ses impres- sions latérales. La patte-mâchoire est presque semblable dans toutes les espèces les mieux caractérisées ; sa patella est généralement longue; son tibia, court, est pro- longé, sur le tarse, en une grande apophyse lamelleuse, tronquée à l’extré- mité, avec l’angle interne saillant et pourvu d’une (D. cristatus BI., latifrons Cb., etc., etc.) (fig. 654 #) ou de deux (D. Helleri L. K., permix- tus Cb., etc., etc.) pointes grêles dirigées en dessus; mais, dans les espèces les plus amoindries, cette disposition se simplifie, et l’apophyse tibiale supère est tronquée (P. fuscipes B1.), conique (P. Kochi Leb.) ou bifurquée (P. insec- tus L. K., etc.). Je rattache à ce genre l’E. lucisca E. Sim., espèce qui habite les grottes pyrénéennes, et dont les yeux sont très réduits et très espacés, comme ceux des Acartauchenius (fig. 652 1). Ce genre est l’un des plus nombreux, il compte, en Europe, une quaran- taine d'espèces, pour la plupart spéciales aux régions froides et montagneuses, plusieurs en Algérie, une dans la région du Baïkal (D. subrostratus Cb.); je lui rapporte sept des espèces décrites par Emerton sous le nom générique de Lophocarenum (2) et, avec plus de doute, une espèce des Andes du Pérou (1) Dans cette espèce, la position des yeux est très anormale et l’interprétation que j'en ai donnée (Ar. Fr., V, p. 576) n'est pas exacte en ce que les deux gros yeux, situés au sommet de la pointe frontale, ne sont pas les antérieurs, mais les postérieurs ; les antérieurs, très petits, étant situés en arrière de la base de cette pointe et par conséquent plus reculés que les antérieurs ; le trapèze des yeux médians sc trouve ainsi renversé. (2) Ces espèces, qui me sont toutes inconnues en nature, sont : Lophocarenum crenatum, castaneum, depressum, erigonoïides, latum, montanum et simplexæ Emert. 616 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES décrite par Keyserling (Erigone peruana Keyserl.). Le type du genre, D. crista- tus BL., est presque cosmopolite, très répandu dans toute l'Europe, il existe aussi au Kamchatka (Kulez.), dans l’Amérique du Nord et la Nouvelle- Zélande (Cambr.). Les Tapinocyba sont des Diplocephalus amoindris, ils n’en différent que par leurs yeux plus gros et plus resserrés, les quatre antérieurs presque contigus, les médians postérieurs généralement, mais non toujours, un peu plus séparés l’un de l’autre que des latéraux, le bandeau plus étroit, les tarses antérieurs aussi longs que les métatarses et légèrement fusiformes chez les mâles, encore les Diplocephalus Becki, insectus, corsicus, bisissus et surtout antepenulli- mus Cambr. font-ils le passage entre les deux genres, au point que Chyzer et Kulczynski rapportent les deux premiers au genre Tapinocyba. Le front du mâle, dépourvu de lobe, offre en dessus deux impressions linéaires convergeant en arrière (fig. 648 e, 649 f); une seule espèce fait excep- tion à cette règle, le T. cyclops E. Sim., offre, en effet, un lobe céphalique rappelant celui de Dipl. fuscipes EIL., mais plus acuminé en avant (fig. 650 g et 651 h); le tibia de la patte-mächoire est court et pourvu, en dessus, au bord antérieur, d’une apophyse simple, aiguë, tantôt très petite (T. præcoæ Gb.) (fig. 676 c), tantôt longue et relevée (T. cyclops E. Sim.) (fig. 674 a et 675 b), plus rarement de deux petites apophyses (T. pallens Cambr.). Les Tapinocyba sont de très petite taille, de couleur fauve, ils vivent dans les mousses humides et les détritus; on en connaît une douzaine d’espèces européennes, une ou deux de la région méditerranéenne chaude (T. græca, alexandrina Cambr.) et une de la Sibérie septentrionale (Erig. aquilonaris L. Koch). Les Metopobactrus ont les yeux gros et resserrés des Tapinocyba, dont ils diffèrent principalement par leur bandeau plus large et leurs tarses anté- rieurs un peu plus courts relativement aux métatarses. Leurs pattes et sou- vent même leur corps sont ordinairement garnis de longs crins isolés. Le front des mâles est fortement acuminé, mais sans lobe défini; il est quelque- fois simplement conique et un peu comprimé (M. prominulus Cambr.) ; d'autres fois, le cône est lui-même surmonté d'un appendice piligère portant les veux médians supérieurs (M. verticalis E. Sim.) (fig. 659 c) ou deux ou trois corni- cules recourbés (M. Rayi E. Sim.) (fig. 660 d), enfin, dans les espèces où il atteint son maximum de développement, il est prolongé par une longue pointe coudée en avant, portant, près de sa base et en arrière, les yeux médians postérieurs (#. falcifrons E. Sim.) (fig. 663 g). La patte-mâchoire du mâle est du même type que celle des Lophocarenum (fig. 680 g). Ce genre renferme quatre espèces : l'une répandue dans presque toute l'Eu- rope (M. prominulus Cb.), l’une découverte en France et retrouvée depuis en Hongrie (M. Ruyi E. Sim.), l'une spéciale aux Pyrénées (M. falcifrons E. Sim.) et l’une à la Corse (M. verticalis Ch.). Le genre Pocadicnemis est intimement lié au précédent ; il s’en rapproche par la longueur des crins qui garnissent les pattes et souvent même l’abdo- men ; il en diffère par les yeux postérieurs plus petits, équidistants et figurant > FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 617 une ligne presque aussi fortement procurvée que celle des Lophocarenum, tandis que les antérieurs sont en ligne droite ou très légèrement procurvée. Le front du mâle est tantôt simplement élevé et acuminé (P. prominens _ E. Sim), tantôt surmonté d'un lobe céphalique assez bas, de même forme que celui des Lophocarenum. Fig. 666 à 673. a. Hybocoptus decollatus E. Sim. Céphalothorax du mâle de profil. — b. Idem. Front en dessus. — c. Delorrhipis monoceros Keyserl. Céphalothorax du mâle de profil. — d. D. fronticornis E. Sim. Idem. — e. Idem. Front en dessus. — f. Entelecara acuminata Wid. Céphalo- thorax du male de profil. — g. Scotynotylus antennatus Cambr. Front en dessus. — h. Di- cymbium nigrum BI. Céphalothorax de profil. Le bulbe du mâle, très complexe, est pourvu d’un long stylus exserte et enroulé; le tarse est tantôt ovale, simple, très acuminé (P. prominens E. Sim.), tantôt comprimé en large carène, dilatée, tronquée et échancrée à l'extrémité (P. pumila BI.) (fig. 686 m, 687 n). Les Pocadicnemis se trouvent dans les bois; par les temps orageux, les mâles montent souvent au sommet des herbes. On en connaît deux espèces euro- péennes. Le Lophocarenum longitubus Emerton, de l'Amérique du Nord, pour- rait être un Pocadicnemis. Le genre Caracladus E. Sim., auquel il faut réunir le genre Erigonoplus, est encore assez voisin des Lophocarenum, dont il se distingue par la peti- tesse des yeux, la faible courbure de la seconde ligne oculaire, qui est parfois tout à fait droite, et dont les yeux médians sont toujours un peu plus séparés l'un de l’autre que des latéraux, par les tarses antérieurs grêles et cylindriques, nullement fusiformes, aussi longs ou presque aussi longs que les métatarses. Beaucoup d'espèces de ce genre, mais non toutes, ont les fémurs antérieurs pourvus, en dessous, surtout à l’extrémité, de longs crins presque spiniformes, disposés sur une ou sur deux lignes. Les caractères sexuels des mâles sont des plus divers; dans certains cas, le front du mâle, bas et normal, ne diffère pas de celui de la femelle (C. nigerri- mus, inclarus E. Sim.); dans une espèce, il est conique, acuminé, comme cclui d’Entelecara acuminata (C. justus Gb.); d’autres fois, il est surmonté d’un 618 HISTOIRE NATURELLE DES APAIGNÉES lobe céphalique dont la structure ne s’éloigne pas beaucoup de -celle des Lophocarenum (C. globipes L. Koch, nigrocæruleus, Krüperi E. Sim.); chez C. turriger E. Sim., le lobe, plus petit, est élevé sur une sorte de cou vertical (fig. 658 b), disposition encore exagérée chez C. aviculus L. Koch, dont le front est prolongé en une pointe très longue, dirigée obliquement en avant, droite, très grêle et cylindrique dans la première moitié, présentant, vers le milieu, un élargissement circulaire ou collier, portant les quatre yeux latéraux et en avant les médians antérieurs, disposés en cercle, au delà de ce collier, la pointe s’élargit en un lobe ovale comprimé, incliné en avant et piligère, por- tant en dessus les deux yeux médians de la seconde ligne (fig. 657 a); dans une autre espèce, non moins singulière (C. castillanus Cb.), le front, tronqué, est surmonté d'un énorme lobe vésiculeux ne portant pas d’yeux et ressem- blant à celui du Maso marginella Wid. (fig. 661 e et 662 f). Le mâle du €. globipes L. Koch offre de plus le caractère singulier d’avoir les métatarses de la première paire très élargis et fusiformes (fig. 664 h). La patte-mâchoire du mâle est du même type que celle des Lophocarenum ; son apophyse tibiale est cependant parfois beaucoup plus simple (C. aviculus L. Koch). Ce genre renferme une dizaine d’espèces : deux se trouvent en Allemagne et dans la France centrale (C. globipes L. K., justus Cb.), une est propre au massif des Alpes (C. aviculus L. Koch), une autre à celui des Pyrénées (C. tur- riger E. Sim.), trois à l'ile de Corse (C. inclarus, nigerrimus, nigrocæruleus E. Sim.) ; une à l'Espagne (C. castillanus Gb.) et une à la Grèce (C. Krüperi E. Sim.). Les Hybocoptus ne diffèrent guère des Caracladus que par leurs yeux posté- rieurs, également petits et séparés, mais équidistants ou plus ordinairement avec les médians un peu plus resserrés que les latéraux, leurs tarses anté- rieurs au moins d’un quart plus courts que les métatarses, grêles et cylin- driques chez les femelles, légèrement fusiformes chez les mâles. Leurs yeux antérieurs sont constamment en ligne droite, et les latéraux sont visiblement séparés des médians; leur partie thoracique offre, au moins chez le mâle, un groupe de longs crins dressés, qui manquent dans les genres voisins. Le front du mâle est surmonté d’un lobe ovale ou globuleux, isolé en avant du plan frontal, par une profonde échancrure, et comme appendiculé (fig. 666a et 667b); l’apophyse tibiale de la patte-mâchoire est large, sinueuse et pourvue à l'extrémité d’une tige infléchie (fig. 681 h). Ce genre ne renferme que trois espèces propres au midi de la France (H. decollatus, ericicola E. Sim.) et à la Corse (H. corrugis Cambr.), où elles se trouvent sur les buissons, principalement sur les bruyères et les ajoncs. Je lui rapporte avec doute une espèce de Madagascar dont je ne connais que la femelle. Le genre Entelecara, auquel je réunis le genre Séyloctetor et le genre Mæbe- lia, qui en a été séparé par Dahl et admis par Chyzer et Kulczynski (1), diffère 1) C'est encore à cause de l'absence du poil acoustique au. métatarse de la qua- P q q FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 619 de ceux que j’ai étudiés jusqu'ici par les pattes plus fines et plus longues, très grêles aux extrémités, ce qui donne à ces Araignées la physionomie des Microneta; leurs yeux postérieurs sont petits, en ligne médiocrement courbée, avec les médians généralement un peu plus resserrés que les latéraux, rare- ment aussi écartés, plus rarement encore un peu plus écartés (E. broc- cha L. K.); les yeux antérieurs, en ligne légèrement procurvée, très rarement droite, avec les latéraux peu séparés des médians, qui sont plus petits que les médians postérieurs, sauf dans une seule espèce (E. flavipes BI.), où ils sont un peu plus gros, caractère exceptionnel dans le groupe entier des Erigone. Dans toute la série des espèces que je comprenais autrefois dans le genre Styloctetor, le céphalothorax est presque semblable dans les deux sexes; dans les autres espèces, celui du mâle est pourvu d’un lobe frontal, tantôt bas et allongé (E. nuncia E. Sim.), tantôt élevé en cône offrant, de chaque côté, une faible et large impression (E. acuminata Wid.) (fig. 671 f); d'autres fois, tron- qué et détaché en avant (Æ. Thorelli Westr.). L'apophyse tibiale, rarement relevée, est presque toujours divisée en plusieurs branches {fig. 684 k), elle se termine quelquefois par un pinceau de poils (E. penicillata Westr.) (fig. 682 ? et 683 7). Les Entelecara vivent sur les buissons et les hautes herbes; ils sont d’un noir brillant, avec les pattes jaunes ou rouges; on en connait une vingtaine d'espèces, toutes européennes, l’une d'elles (E. trifrons Cambr.) a été indiquée du Kamchatka (par Kulczynski). Les Dicymbium, que je plaçais autrefois dans la section des Gonatia, dif- fèrent surtout des genres précédents par leurs yeux latéraux antérieurs lar- gement séparés des médians, qui sont connés; leur seconde ligne oculaire est légèrement procurvée, et ses yeux sont petits, largement et presque également séparés ; leurs téguments, au moins ceux du céphalothorax, sont fortement coriacés; leurs tarses, fins et longs, sont néanmoins plus courts que les métatarses. Le céphalothorax du mâle, dépourvu de lobe et d’impressions, diffère à peine de celui de la femelle (fig. 673 h); ses tibias antérieurs sont com- primés, et, dans l'une des espèces (D. tibiale Black.), ils sont visiblement plus épais que ceux de la seconde paire, comme dans le genre Gonatium (fig. 665 à). La patte-mâchoire est remarquable par sa grande longueur, et elle rappelle un peu celle des Tiso; le fémur et la patella sont grêles et très longs, tandis que le tibia, beaucoup plus court, projette sur le tarse une longue apophyse atténuée, terminée elle-même par une pointe styloïde (fig. 688 0). Ce genre ne renferme que deux espèces européennes, qui se trouvent au bord de l'eau, à la base des plantes. Le genre Delorrhipis, que je rapprochais des Exechophysis, me paraît aujour- trième paire que MM. Chyzer et Kulezynski maintiennent le genre Styloctetor en le réduisant aux S. inuncans E. Sim. et romanus Cambr.; ce poil existe dans le genre Entelecara (acuminata Wid., congener Cambr., erythropus Westr.) et dans le genre Moebelia (M. penicillata Westr.). 620 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES d'hui plus voisin du genre Dicymbium, dont il ne diffère essentiellement que par ses ÿeux médians postérieurs beaucoup plus rapprochés l’un de l’autre que des latéraux, la pointe postérieure de son sternum plus étroite, ressem- blant parfois à celles des Walckenaera (D. monoceros Keyserl.), enfin ses tégu- ments lisses, non coriacés. Lie MN, £ D É Fie. 674 à 689. a. Tapinocyba cyclops E. Sim. Tibia de la patte-mächoire en dessus. — d. Zdem. Idem de profil. — c. T. praecox Cambr. Idem en dessus. — d. Peponocraniuim ludicrum Cambr. Idem. — e. Minyriolus servulus E. Sim. Tibia de la patte-mâchoire de profil. — f. Zdem. Idem de profil. — g. Metopobactrus falcifrons E. Sim. Tibia de la patte-mâchoire en dessus. — k. Hybo- coptus decollatus E. Sim. Idem. — i. Æntelecara penicillata West. Idem. — j. Idem. Tibia, tarse et bulbe de profil. — k. Æntelecara acuminata Wid. Tibia en dessus. — 7. Lophomma herbigrada BI. Tibia et tarse en dessus. — 3m». Pocadicnemis puinila BI. Idem. — n. Zdem. Idem de profil. — o. Dicymbium tibiale BI. Idem en dessus. — p. Scotynotylus alpigena L. Koch. Tibia de profil. Le front du mâle n'offre point de lobe, et toutes les déformations portent sur le bandeau, qui est prolongé en avant par une grande pointe bacilli- forme; dans l'espèce européenne (D. fronticornis E. Sim.), cette pointe porte à son sommet les yeux médians du premier rang (fig. 669 d, 670 e); dans l’espèce américaine (D. monoceros Keyserl.), les yeux gardent leur position normale, et la pointe, partant du bord antérieur du bandeau, est obliquement dirigée en haut (fig. 668 c). Chez D. fronticornis, la patte-mâchoire du mâle a exactement la structure de celle des Dicymbium, elle est seulement encore plus longue; chez D. mono- ceros Keyserl., le fémur est également long, mais robuste, la patella, très longue, est étroite à la base, mais renflée et subglobuleuse à l'extrémité, le tibia, très petit, est pourvu d’une apophyse grêle interne, ressemblant à celle des Exechophysis, et d'une épine médiane. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 621 Ce genre ne renferme que deux espèces : l'une se trouve dans les Pyrénées- Orientales, en Espagne et dans le Tell algérien; l’autre, dans l’Amérique du Nord, au Colorado. Les Lophomma ne diffèrent essentiellement des Dicymbium que par leurs yeux postérieurs en ligne tout à fait droite et leurs yeux médians antérieurs moins séparés des latéraux. Leurs téguments sont également coriacés, quel- quefois même fortement impresso-ponctués. Le front du mâle est dépourvu de lobe et semblable à celui de la femelle, mais, dans la plupart des cas, il offre deux profondes impressions postoculaires. Dans les espèces les mieux caracté- risées (L. punctatum B1., herbigrada Cb.), les chélicères, plus robustes que dans les genres voisins, ressemblent un peu à celles des Erigone, elles sont très convexes au côté externe et fortement atténuées, celles des mâles sont, de plus, divergentes, avec le bord supérieur de la rainure pourvu de trois ou quatre dents très espacées et d'une dent plus forte, très reculée sur l'angle. La patte-mâchoire, beaucoup plus courte que celle des Dicymbium, a un tibia rarement mutique (L. laudatum Cb.), ordinairement pourvu d’une petite apophyse supère grêle (fig. 685 [) ou très obtuse (L. stativum E. Sim.), à laquelle s'ajoute parfois une apophyse interne (L. punctatum B1.). Ce genre renferme cinq ou six espèces européennes (1), je lui rapporte une espèce de Syrie (Erig. incauta Cb.), une espèce de l’Amérique du Nord {Lophoc. longitarsus Emert.) et, avec doute, une espèce inédite de la Nouvelle-Calé- donie, dont je ne connais que la femelle. Le genre Scotynotylus E. Sim. ne mériterait guère d’être séparé du précé- dent si les caractères des mâles n’y étaient très différents. Il ne s’en distingue que par ses yeux plus petits et plus séparés, avec les médians quelquefois, mais non toujours, beaucoup plus resserrés que les latéraux, ses crins tibiaux plus longs et ses téguments non coriacés. Le front du mâle est plus élevé que celui de la femelle, mais dépourvu de lobe, il est simplement marqué de deux fines stries courbes faisant suite aux yeux latéraux; dans quelques espèces, il est pourvu, dans l'intervalle des yeux médians, de deux cornicules sétiformes, aigus (S. anltennatus Gambr.) (fig. 672 g) ou tronqués (S. aries Kulcz.) (2). La patte-mâchoire du mâle à une patella très longue et cylindrique, un tibia beaucoup plus court, très atténué à la base, pourvu en dessus d’une tige sétiforme et à l'extrémité d'une apophyse relevée, divisée en deux branches inégales (fig. 689 p). On en connait trois ou quatre espèces propres aux Alpes, où elles habitent les régions les plus élevées, près des neiges. VIL. — Dans les deux genres Acartauchenius et Thyreosthenius, les yeux sont remarquablement petits et très largement séparés les uns des autres; les pos- (1) Une seule de ces espèces était classée par Menge dans son genre Lophomma, le L. punctatum BI. (L. stictocephalum M.) désigné comme type. (2) Espèce que je croyais à tort synonyme de la précédente. L 622 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES térieurs sont en ligne procurvée, et leurs intervalles ont au moins cinq fois leur diamètre; les antérieurs sont en ligne droite ou légèrement récurvée, avec les médians très petits et connés, mais très largement séparés des latéraux; le trapèze figuré par les yeux médians est beaucoup plus long que large; les tarses des pattes, plus courts que les métatarses, sont grêles et cylindriques; les tibias sont pourvus, en dessus, d’un crin dressé plus long que le diamètre de l’article. Les autres caractères sont ceux des Érigones ordinaires. tr D 0 690 691 692 695 693—694 Fig. 690. Acarlauchenius scurrilis Cambr. Céphalothorax du mâle de profil. — Fig. 691. Zdem. Face. — Fig. 692. Idem. Tibia de la patte-machoire en dessus. — Fig. 693. Thyreosthenius biovatus Cambr. Front du mäle, vu de face. — Fig. 694. Idem. Idem, vu en dessus. — Fig. 695. Idem. Tibia de la patte-mâchoire en dessus. Dans le genre Acartauchenius, la seconde ligne oculaire est médiocrement courbée, et ses yeux médians sont plus séparés l’un de l’autre que des laté- raux, tandis que, dans le genre Thyreosthenius, elle est très fortement courbée, et ses yeux médians sont plus resserrés que les latéraux. Les mâles des Acartauchenius ont le front élevé en cône garni de longs crins, tantôt vertical (A. scurrilis Cb.), tantôt plus ou moins incliné en arrière (A. depressifrons E. Sim.), portant sur ses côtés, un peu en arrière, les yeux médians postérieurs (fig. 690-691), tandis que le mâle du Thyreosthenius biova- tus Cb. est pourvu d’un très gros lobe céphalique cordiforme, divisé par une profonde strie longitudinale, au fond de laquelle sont situés les yeux médians postérieurs, très petits et resserrés (fig. 693-694). La patte-mâchoire des mâles a toujours une patella longue; un tibia plus ou moins long et prolongé en avant, sur la base du tarse, en apophyse peu atté- nuée, tronquée à l’extrémité, avec les deux angles un peu saillants (4. scur- rilis, T. biovatus) (fig. 692 et 695) ou avec l’angle interne seul prolongé et conique (A. depressifrons E. Sim.). L'A. scurrilis Cb, les T. pecuarius et biovatus ont la teinte fauve et testacée des espèces qui vivent habituellement à l’abri de la lumière; elles sont myr- mécophiles et ont toujours été rencontrées sous les pierres recouvrant les fourmilières; l’une d'elles, T. biovatus, a même été observée, à plusieurs reprises, en France, en Allemagne et en Hollande, au plus profond des four- milières de Formica rufu. L’A. depressifrons E. Sim., moins bien caractérisé, ressemble beaucoup aux Trachelocampus, dont je parlerai plus loin, et c’est à ce dernier genre que je FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 623 rapporte aujourd’hui l’espèce d’Algérie, que j'ai décrite sous le nom d’Acar- tauchenius Bedeli E. Sim. J'ai aussi rapporté au genre Acartauchenius une espèce de Hongrie qui m’est inconnue en nature, l'E. longa Kulez., dont Kulczynski a depuis formé un genre Mecynargus, ne différant du genre Acarlauchenius que par la présence du poil acoustique au métatarse de la quatrième paire, caractère purement théorique. Le genre Acartauchenius renferme actuellement quatre espèces : une ré- pandue dans toute l'Europe occidentale (A. scurrilis Cb.), une propre aux Pyrénées (4. depressifrons E. Sim.), une à la Galicie (Erigone longa Kulez.) et une à la Sibérie septentrionale (Erig. pihfrons L. Koch); le genre Thyreosthe- nius ne renferme que deux espèces européennes (T. pecuarius E. Sim. et biovatus Cambr.). VIII. — Les espèces dont j'avais formé le groupe des Walckenaeræ, pour rompre la série trop nombreuse des genres démembrés des anciens Erigone, ne diffèrent des précédentes que par leur sternum visiblement plus long que large, rétréci en avant à partir des hanches de la seconde paire, terminé en arrière, entre les hanches postérieures, en pointe atténuée, obtuse, peu inflé- chie, tantôt étroite et obtuse, tantôt tronquée, par leur céphalothorax plus longuement ovale, enfin par la patte-mâchoire de la femelle, dont le tibia est beaucoup plus long que la patella et plus ou moins dilaté de la base à l’extré- mité, et le tarse fortement acuminé (fig. 707 l). Mais ces caractères s’affaiblissent dans les genres Tigellinus et Cornicularia, dont le sternum diffère à peine de celui des espèces de la série suivante. La patte-mâchoire du mâle est, dans ce groupe, assez uniforme; à une patella longue et cylindrique succède un tibia court et évasé, très rarement allongé (Walck. nudipalpis Westr.), tronqué et plus ou moins échancré en dessus, au bord antérieur, avec l’angle interne prolongé en longue apophyse courbe, atteignant parfois l'extrémité du tarse (Tig. saxicola BI.) (fig. 717 j); cette apophyse est tantôt simple (Tigellinus, Wid. antica BI., etc.), tantôt pourvue au côté externe de denticules ou de lobes (Walck. acuminata BI., mitrata M., Prosop. monoceros Wid., etc.) (fig. 705 j), rarement divisée en deux longues branches presque jusqu'à la base (Corn. unicornis Cb.); l'angle externe du tibia est souvent aussi saillant et obtus, très rarement pourvu d’une apophyse grêle et perpendiculaire (Walck. obtusa BI., nudipalpis Westr.) (fig. 701 f); le milieu de son bord offre aussi quelquefois, près la base de l’apo- physe interne, une petite dent aiguë (Prosopotheca) (&g. 710 c); le tarse est toujours obtus, et le bulbe, complexe, est pourvu d’un stylus figurant un cercle à son extrémité. Les pattes sont presque toujours robustes, avec les métatarses et tarses cependant grèles, et garnies de poils courts et égaux, sauf cependant dans le genre Tigellinus, où les crins dressés des tibias sont bien distincts. Le genre Wideria se distingue des autres types du même groupe par la seconde ligne oculaire fortement procurvée, avec les yeux presque équi- 62% HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES distants, tandis que la première ligne est droite, très légèrement récurvée (W. antica BI.) ou plus rarement un peu procurvée (W. cucullata GC. Koch). Chez les mâles, les caractères sexuels rappellent ceux des Lophocarenum avec exagération; la partie céphalique est surmontée d’un gros lobe, toujours resserré à la base par de profondes impressions; en avant de ce lobe, le front est quelquefois large, arrondi et convexe (W. melanocephalus Ch., polita E. Sim.), mais, le plus souvent, l'angle frontal est acuminé et conique ( W. cucullaia C. Koch) (fig. 696 a), et, dans plusieurs espèces, cette pointe antérieure est elle-même pourvue de deux petits appendices membraneux et falciformes appelés cornicules (W. antica BI., stylifrons Cb., suspecta Kulz., jubata L. Koch) (fig. 697 b, 698 c, 699 d); enfin, dans les espèces dont les caractères s’affaiblissent, comme chez W. fugax B1., le front du mâle est normal, et le lobe céphalique n’est représenté que par ses deux impressions latérales. E RÉ FA Fig. 696 à 707. Widuria cucullata C. K. Céphalothorax du mâle de profil. — 6. W. stylifrons Cb. Idem. — c. Idem. Lobe céphalique en dessus. — d. Idem. Cornicules plus grossis. — e. Walchenaera oblusa BI. Céphalothorax de profil. — f. W. nudipalpis Westr. Patella et tibia de la patte- mâchoire en dessus. — g. W. capito Westr. Céphalothorax du mâle de profil. — A. W. ju- cundissima Cb. Idem. — à W. acuminata B1. Céphalothorax du mâle de profil. — j. Idem. Tibia de la patte-mâchoire en dessus. — 4. Idem. Céphalothorax de la femelle de profil. — 4. Idem. Patte-mâchoire de la femelle. Ce genre renferme une dizaine d’espèces, toutes européennes; le W. sollers Cambr., de la région Baïkal, qui paraît se rapprocher de W. fugax BI., lui appartient sans doute. Les quelques espèces auxquelles j’ai réservé le nom de Walckenaera, appli- qué primitivement par Blackwall à une grande division renfermant presque tous les Erigone, se font remarquer par leur taille relativement grande, leurs FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 625 formes allongées et, le plus souvent, par l'étrange structure de la partie fron- tale chez le mâle; sous ce rapport, cependant, il y a des différences considé- rables d’une espèce à l'autre, tandis que, chez W. acuminata BI., tous les yeux sont portés sur une longue tige frontale exagérant ce que j'ai déjà indi- qué chez Caracladus aviculus (fig. 704), chez W. capilo Westr. et mitrata Menge (fig. 702 g); les médians supérieurs sont seuls portés par un lobe glo- buleux, très fortement détaché à la base ct comme appendiculé, tantôt gros et ovale {W. capito Westr., etc.), tantôt petit et globuleux ( W. jucundissima Cambr.) ; dans quelques espèces cependant (W. obtusa BI., nudipalpis Westr.), le front, bas et obtus, ne diffère pas de celui de la femelle (fig. 700 e). Sauf dans le cas de déformation frontale exagérée, les yeux, resserrés, n’occupent qu’une partie de la largeur du front; les postérieurs sont en ligne droite; les anté- rieurs, presque contigus, sont en ligne droite ou un peu procurvée, et le tra- pèze des médians est à peine plus long que large; dans une espèce seulement, W. acuminata B1., le céphalothorax de la femelle participe un peu de la défor- mation frontale du mâle, et les yeux sont élevés sur un cône beaucoup plus court (fig. 706 k). Les espèces que je rapproche ici ont été fortement séparées par les auteurs qui ont pris pour base de leur classement les déformations frontales des mâles, c’est ainsi que Menge plaçait le W. nudipalpis W. dans son genre Tme- ticus, tandis que W. acuminatu B. était pour lui le type du genre Phalops, auquel il rattachait aussi les P. furcillatus (Tigellinus) et P. globiceps (Neriene apicata BI.). E MM. Chyzer et Kulezynski ont, au contraire, réunis en un seul les divers genres du groupe des Walckenaera (sauf le Tigellinus saxicola), qui, à la vérité, sont faiblement caractérisés et se fondent plus ou moins les uns dans les autres. Le genre Walckenaera, tel que je le limite ici, est propre à l’Europe et ren- ferme une dizaine d’espèces. Les Prosopotheca touchent de près aux deux genres précédents ; ils s’en dis- tinguent par leurs yeux postérieurs plus gros, en ligne droite ou presque droite, au moins chez la femelle. Le céphalothorax du mâle (excepté P. incisa Gb.) diffère peu de celui de la femelle, dans son ensemble, mais le front o ‘e, au milieu, dans l'intervalle des yeux médians, un petit tubercule suimonté d'un ou de deux faisceaux de crins courbes (fig. 708 a, 709 b); ce tubercule est tantôt simple, tantôt formé de deux pointes superposées et contiguës, dont la supérieure est seule piligère, ce qui s’observe surtout chez les espèces améri- caines (P. direcla, indirecta Cb., communis Emert., etc.); dans les espèces où cette pointe est le plus développée, comme chez P. corniculans Cb., le trapèze des yeux médians est toujours modifié dans sa forme, les postérieurs étant rejetés en arrière de la pointe, la seconde ligne oculaire paraît, en dessus, for- tement courbée en arrière; cette courbure est surtout exagérée chez P. incisa Cambr., qui s'éloigne beaucoup de toutes ses congénères, son front dépourvu de tubercule, est, en cffct, avancé en large saillie oblique rappelant celle des Araeoncus. Ce genre renferme trois espèces, répandues dans l’Europe moyenne, deux | A0 626 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES dans la région méditerranéenne occidentale, pa rement en Corse et en Algérie (P. crocata, erythrina E. Sim.), et hui < 1f dans l'Amérique du Nord; ces dernières rapportées par Emerton au | Cornicularin (1). Les Cornicularia diffèrent des Wideria par leurs yeux postérieurs en ligne droite ou presque droite, des Walckenaera par leur, , oit, dont le groupe oculaire occupe toute la largeur, enfin des Prosopotheca par leurs yeux posté- rieurs plus petits et plus largement séparés ; ils s'éloignent aussi des genres précédents par leur sternum, qui ressemble davantage à celui des Lophocare- num ; son extrémité, prolongée entre les hanches, étant plus large et tronquée. Fig. 708 à 717. a. Prosopotheca corniculans Cb. Céphalothorax du mâle de profil. — D. Idem. Pointe frontale plus grossie. — c. Idem. Patella et tibia de la patte-mâchoire. — 4. Cornicularia unicor- nis Cb. Front du mâle en dessus. — e. Tigellinus furcillatus Menge. Céphalothorax du mâle de profil. — f. Idem. Face. — g. Idem. Front en dessus. — M. Idem. Tibia de la patte-ma- choire en dessus. — À. 1. saxicola Cambr. Céphalothorax du mâle de profil. — ÿj. Idem. Tibia de la patte-mâchoire. Le céphalothorax du mâle ne diffère souvent pas de celui de la femelle (C. vigilax B1.); quelquefois, cependant, il offre, en avant, dans l'intervalle des yeux médians, un tubercule analogue à celui des Prosopotheca, mais dépourvu de fascicules de crins, tantôt simple et conique (P. cuspidata BI.), tantôt bifide {P. unicornis Cb., Kochi, Karpenskii Cambr.) (fig. 711 d). Ce genre renferme actuellement huit espèces : quatre d'Europe, une de la région du Baïkal (P. Karpenskii Cb.), une du Kamchatka (C. lepida Kulez.) et deux de l'Amérique du Nord (C. auranticeps et clavicornis Emert.); d’après Kulcezynski, l’une de nos espèces se retrouve au Kamchatka (C. cuspidata B1.), (1) Parmi les espèces décrites par Emerton sous le nom de Cornicularia, les suivantes me paraissent appartenir au genre Prosopotheca, mais une seule m'est connue en nature (indirecta) : P. directa Cambr., tibialis, communis Emert., indirecta Cambr., brevicornis, pallida, minuta Emert., ce dernier cependant pourrait être un vrai Cor- nicularia. — Parmi les autres Cornicularia décrits par Emerton, l’un, C. tricornis Em., me paraît appartenir au genre Tigellinus ; deux, C. auranticeps et clavicornis Emert., au genre Cornicularia. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 627 et une autre paraît exist ‘bäans l’Amérique du Nord {C. vigilax Black., dont Spüropalpus spiralis Eme sans doute synonyme). Les Tigellinus, qui t … de très près aux Prosopotheca, en diffèrent, comme les Cornicularia, par leurs yeux postérieurs plus petits et plus séparés et leur pointe sternalelf aée, ils s'éloignent de tous les genres voisins par leurs yeux antérieurs en ligne franchement récurvée et leurs tibias pourvus de crins dressés longs et robustes; ils ont aussi des analogies avec plusieurs genres de la série suivante, particulièrement avec les Trichoncus et les Neriene, mais leur céphalothorax et leur sternum plus allongés et la structure de leur patte-mâchoire, au moins chez la femelle, indiquent que leur vraie place est dans le voisinage des Walckenaera. Le céphalothorax du mâle est parfois semblable à celui de la femelle : (T. saxicola Cb.) (fig. 716 i); d’autres fois, il est pourvu, vers le milieu, d'une longue pointe couchée en avant, terminée, au bord frontal, par une sorte de fourche et portant, vers le milieu, les yeux médians de la seconde ligne, qui se trouvent ainsi très écartés de leur position normale (fig. 7116, 713 f, 714 g). Menge comprenait l’espèce type dans son genre Phalops en même temps que Walckenaera acuminata BI. et Noriene apicata BI.; depuis, Bertkau a placé le T. furcillatus dans son genre Diplocephalus, dont le type est D. cristatus BI. (voy. plus haut). Chyzer et Kulezynski ont rapporté au genre Trichoncus le T. saxicola. On en connait trois espèces : deux répandues dans l’Europe tempérée et une dans l'Amérique du Nord (Cornicularia tricornis Emert.). Toutes ces Araignées sont d’un noir brillant, plus rarement d'un fauve orangé vif (Prosopotheca, etc.), avec les pattes jaunes ou rouges. Elles se trouvent dans les mousses des bois et des marécages ; quelques-unes recherchent les hautes prairies alpestres. IX. — Dans une longue série de genres, qui correspond, au moins en grande partie, à mon ancien groupe des Gonatiu, le sternum est plus large que celui des Walckenaera, non ou très brièvement atténué en avant, mais il se termine en arrière, entre les hanches postéricures, en pointe plus étroite que celle des Lophocarenum, infléchie, obtuse ou tronquée. Les yeux posté- rieurs sont en ligne droite ou légèrement procurvée, rarement un peu récurvée (Trematocephalus), plus rarement encore fortement procurvée (Pieso- calus) ; les antérieurs sont en ligne droite ou légèrement procurvée, elle n’est récurvée que dans le genre Nofioscopus, que je rapprochais autrefois, pour cette raison, des Araeoncus, mais l'ensemble des caractères de ce genre et notamment la structure de ses organes sexuels sont bien plutôt ceux des Neriene; le groupe trapézoïde figuré par les yeux médians est presque aussi large que long, mais, à cet égard, il y a deux exceptions {Piesocalus, Notio- SCOpus). Le céphalothorax offre très souvent des protubérances ct des déformations, mais, contrairement à ce qui à lieu dans les genres précédents, elles sont 628 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES situées ext arrière des yeux, dont elles affectent rarement la position normale. Le genre Trachelocamptus, qui commence cette série, est encore très voisin du genre Acartauchenius, qui termine celle des Lophocarenum; une espèce que je rapportais autrefois à ce dernier genre, A. Bedeli E. Sim., semble même faire le passage, et sa structure frontale est presque semblable à celle de l'A. depressifrons E. Sim., dont j'ai parlé plus haut. Les yeux de ces Araignées sont également petits et espacés, mais les quatre postérieurs sont disposés en ligne droite ou même. très légèrement récurvée, sauf chez certains mâles (T. Bedeli E. Sim.), ou, par suite de déformation frontale, ils se trouvent placés un peu en arrière des latéraux; les quatre médians figurent un trapèze non ou à peine plus long que large et beaucoup plus étroit en avant qu'en arrière; les yeux postérieurs sont équidistants, ou plus ordinairement les médians sont plus séparés l'un de l’autre que des latéraux. Fie. 718 à 729. a. Neriene fusca BI. Céphalothorax du mâle de profil. — 6. N. apicata BI. Idem. — c. N. gibbosa BI. Idem. — «4. Notioscopus sarcinatus Cambr. Idem. — e. Idem. Céphalothorax en dessus. — f. Typhochraestus digitatus Cambr. Céphalothorax du mâle de profil. — g. Gonatium bi- tuberculatum Wid. Face. — h. Idem. Front du mâle en dessus. — i. Dismodicus elevatus C. Koch. Idem. — ÿ. Trematocephalus cristatus Wid. Front du mâle de profil. — X. Tra- chelocamplus indicator E. Sim. Céphalothorax du mâle de profil. — 7. T. nasutus Cambr. Idem. Dans les espèces typiques (1. nasutus Cb., etc.), les pattes sont assez courtes, et les tarses antérieurs sont presque aussi longs que les métatarses; dans d’autres [T. indicator KE. Sim.), les pattes sont plus longues, au point de ressembler à celles des Entelecara; j'avais proposé, pour ces dernières, le genre Thaumatoncus (Ar. Fr., V, p. 580), qu’il m'est impossible de maintenir, car il existe, en Algérie, beaucoup de formes intermédiaires. Le céphalothorax du mâle est très singulier, il est élevé en avant en forme de cône, souvent comprimé, tantôt prolongé par une longue pointe grêle, arquée en avant (T. indicator E. Sim.) (fig. 728 k), tantôt pourvu, soit sur sa face antérieure, près des yeux médians, soit à son sommet (7. nasutus Gb.) d’un petit appendice piligère recourbé en avant fig. 729 !); dans l'une des FAMILLE DES ARGIOPIDÆE 629 espèces les plus singulières (T. insigniceps E. Sim.) (1), cet appendice, situé au sommet du lobe, un peu en arrière, est lui-même terminé par une dilata- tion ovale et luisante; quelques espèces sont pourvues d'impressions postocu- laires rappelant celles des Lophocarenum. Dans la plupart des cas, la patte-mâchoire du mâle a une patella très longue et cylindrique, un tibia plus court, cependant assez long et grêle, pourvu en avant d'une apophyse supère relevée et souvent coudée, de forme variable; d’autres fois, le tibia est presque aussi long que la patella, et son apophyse, dirigée en avant, sur le tarse, est simple, épaisse et conique. Le type de ce genre, T. nasutus, a été découvert en Portugal, retrouvé depuis dans les Pyrénées-Orientales et les Alpes-Maritimes ; l'Algérie possède une dizaine d'espèces, dont quatre seulement ont été décrites : T. indicator, Bedeli, mystacinus, lancearius E. Sim., la première existe aussi dans l’extrème midi de la France. Le Lophocarenum rostratum Emert., de l’Amérique du Nord, pourrait appartenir à ce genre, ce qui est cependant douteux, ses yeux étant repré- sentés beaucoup plus gros et plus resserrés que ceux des espèces européennes. L'Erigone monodon Cambr., du Tyrol, que je rapporte avec doute à ce genre, restera de classification très incertaine tant que la femelle n'aura pas été décrite. Les Typhochræstus ne diffèrent des Trachelocamptus que par leurs yeux médians postérieurs beaucoup plus rapprochés l’un de l’autre que des laté- raux (2); dans les espèces les mieux caractérisées, les tarses, au moins les antérieurs, sont aussi longs que les métatarses, mais, dans quelques espèces du nord de l’Afrique (T. parvicornis, convexæus E. Sim.), ils sont plus courts. Chez les mâles, la structure frontale est très différente de celle du genre précédent; la convexité, très forte, commence en arrière des yeux, dont la position n’est pas modifiée; dans la plupart des cas, elle est marquée, de chaque côté, d'une large impression (fig. 723 f); quelques espèces (T. parvi- cornis E. Sim., etc.) offrent, au milieu du groupe oculaire médian, une petite saillie piligère analogue à celle des Corniculuriu. Le tibia de la patte-mâchoire, assez long, s’avance sur la base du tarse en apophyse épaisse, simple, tron- quée ou un peu bifide. Ce genre renferme trois espèces européennes, dont lune se retrouve en Algérie (T. digitatus Gb.) ; trois espèces dans le nord de l'Afrique (T. bifurcatus, parvicornis, conveæus E. Sim.); je lui rapporte, avec doute, deux espèces de Sibérie, décrite par L. Koch (Erig. oxœycephala et barbata L. Koch), et une de l'Amérique du Nord, décrite par Emerton (Lophoc. pallidum Emert.). Les Gonatium se reconnaissent à leurs yeux antérieurs en ligne légèrement (1) Espèce inédite d'Algérie. (2) Dans une espèce anormale, T. paetulus Cambr., les yeux postérieurs sont cepen- dant plus gros et équidistants, comme ceux des Neriene e, mais tous les autres carac— tères sont ceux des Typhochraestus. 630 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES procurvée, leurs yeux postérieurs en ligne droile, assez gros, médiocrement ct également séparés, à leur bandeau tres haut, plan ou légèrement convexe, enfin à leurs pattes garnies de poils courts, au moins en dessus, avec les crins dressés des tibias à peine distincts; leurs lames-maxillaires sont plus longues que celles de la plupart des Érigones ct dépassent davantage la pièce labiale, au point de ressembler à celle des Linyphieæ inférieurs. Les caractères sexuels sont très divers; dans la plupart des cas, le front du mâle ne diffère pas de celui de la femelle, si ce n’est par un peu plus de hau- teur (G. rubens, rubellum BI., etc.); il offre quelquefois les traces d’impres- sions postoculaires (G. corallipes Gb., hilare Th. [nemorivaga Cambr.], G. biim- pressum E. Sim.); d’autres fois, il est surmonté de deux gros lobes lisses, ovales, parallèles et géminés, n'’affectant pas sensiblement le groupe oculäire (G. biluberculatum Wid., cornutum BL, Marxi Keyserl., etc.) (fig. 724 g et 725 h); les tibias antérieurs des mâles sont presque toujours comprimés, élargis à l’extrémité et pileux en dessous (fig. 735 f), et les métatarses anté- rieurs présentent en dessous deux séries de forts crins qui prennent quelquefois la consistance de véritables épines (G. dayense E. Sim.) ; les fémurs antérieurs sont parfois garnis en dessous de crins semblables (G. japonicum E. Sim.). La patte-mâchoire du mâle est assez variable; son fémur est toujours robuste; dans quelques espèces {G. r'ubens BI., ensipotens E. Sim.), il est même dilaté à l’extrémité en grosse massue, surmontée elle-même d’une dent et de granulations (fig. 733 d); la patella est cylindrique ou convexe; dans une espècé seulement, elle est dilatée et vésiculeuse (G. rubellum BI.) (fig. 734 e); le tibia est long et pourvu de plusieurs apophyses, dont la principale, très longue, arquée et entourant presque tout un côté du tarse, se retrouve dans toutes les espèces. Les Gonatium habitent sur les herbes et les buissons ; les uns sont enlière- ment d'un fauve-rouge, les autres sont noirs, avec les paltes rouges où jaunes; on en connaît une dizaine d'espèces européennes, dont l’une se retrouve dans l’Amérique du Nord (G. rubens BL.), une espèce ou deux en Algérie (G. dayense E. Sim., etc.), une au Kamchatka (G. convexum Kulez.), une au Japon (G. japonicum E. Sim.) et une ou deux aux États-Unis d'Amc- rique (Erigone Marxi Keyserl.). Le rapprochement des Ærigone r'ubens BI., bituberculuta Wid. et cornuta BI. n’est pas admis par les auteurs modernes; les deux derniers élaient placés par Menge dans un genre Dicyphus, qui a été encore divisé par Dahl en deux genres, admis par Chyzer et Kulcezynski, l'un Dicyphus, ayant pour type le G. cornulum; l'autre Hypomma, le G. biluberculatum; Dahl comprenait de plus däns ce dernier les espèces du genre Dismodicus. Le genre Dismodicus est voisin du précédent; les caractères qui l’en dis- tinguent sont la convexité du bandeau, qui, même chez la femelle, est tou- jours bien visible, quand on regarde le front en dessus, la seconde ligne ocu- laire légèrement récurvée, avec les yeux médians plus resserrés qüe les latéraux, le trapèze des yeux médians un peu plus long que large, enfin les crins dressés des tibias plus développés. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 631 Le céphalothorax du mâle rappelle celui des Gonatium biluberculatum et cor- nuluin, mais les deux gros lobes qui surmontent le front sont plus intime- ment soudés et un peu divergents en arrière (fig. 726 à); leur patte-mâchoire est, au contraire, très différente; sa patella est très longue et peu atténuée; son tibia, beaucoup plus court et plus large, est pourvu, en dessus, au milieu, d’une petite apophyse de forme variable. Ce genre renferme deux espèces européennes qui se trouvent, au printemps et en été, sur les hautes herbes et les buissons; l’une se retrouve au Kam- chatka (D. elevatus G. K., sec. Kulez.) (1). Les Trichoncus diffèrent des Gonalium par leurs yeux plus largement séparés, les médians des deux lignes étant plus rapprochés l’un de l’autre que des latéraux, leurs yeux antérieurs en ligne droite, leurs yeux latéraux élevés sur de fortes saillies et principalement par les crins dressés de Jeurs pattes, très longs, très forts et presque spiniformes. Le céphalothorax, peu convexe, à front large et obtusément tr'onqué, est semblable dans les deux sexes. Le tibia de la patte-mächoire du mâle offre un système complexe d’apo- physes, rappelant beaucoup celui des Gonatium ; son angle supéro-externe est prolongé en large pointe obliquement tronquée et inégalement bifidé, tandis que l’interne porte une longue tige grêle recourbée sur le tarse; celui-ci est très gros, lacinié, cariniforme au moins à la base, et ne recouvre qu’incoin- plètement un bulbe complexe pourvu d’un très long stylus exserte. Ces Araignées, reconnaissables aux longs crins dont leurs téguments sont revêtus, sont tantôt d’un noir uniforme, avec les pattes rouges (T. aurantiipes E. Sim.), tantôt d’un brun de poix, avec l'abdomen un peu éclairci et marqué de bändes transverses obscures. On en connait quatre espèces : deux décou- vertes dans le midi de la France et retrouvées en Hongrie (T. scrofu, sordidus E. Sim.), une de Hongrie (T. afjinis Kulez.) et une d’Algérie (T. aurantiipes E. Sim.). Kulczynski rapporte encore à ce genre l'Érigone saxicola Cambr., que je crois être un Tigellinus (voy. p. 627). Les Trichoncus sont remplacés, en Amérique, par les Grammonota, qui en sont très voisins, car ils n’en diffèrent essentiellement que par leur seconde ligne oculaire très légèrement procurvée, leur bandeau généralement plus large, leurs métatarses antérieurs plus courts relativement aux tibias et leurs tarses antérieurs à peine plus courts que les métatarses. Le céphalothorax du mâle est, le plus souvent, semblable à celui de la femelle; celui de G. pictilis Cambr. offre cependant, en arrière du groupe oculaire, une grosse saillie obtuse et piligère analogue à celle de certains Neriene. Leur patte-mâchoire est robuste, avec le tibia couft, saillant en avant en une apophyse généralement petite, simple (G. pictilis Cambr.) ou bifide (1) Le Lophocarenum decemoculatum Emerton, que je lui attribuais, apparlient plulôt au genre Neriene. 632 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES (G. ornata: Cambr.) ; il est quelquefois pourvu d’une apophyse beaucoup plus grosse, presque supère, verticale et arquée en avant (G. rufa E. Sim.); son tarse est très gros, et son bulbe, volumineux, est pourvu de lames contour- nées et d'un épais stylus exserte. Les trois espèces décrites de l'Amérique du Nord ont l’abdomen d’un fauve obscur et orné d'une bande longitudinale noirâtre, dilatée et denticulée en arrière, ressemblant à celle des Dictyna; une espèce du Venezuela (G. rufa E. Sim.) est entièrement d'un rouge vineux et ressemble à un Gonatium, mais d’autres espèces venezueliennes (inédites) ont la coloration des Neriene, l'une d'elles a l’abdomen noirâtre avec une bande transverse, testacée, sinueuse, au-dessus des filières. Les deux espèces européennes que j'avais rapportées au genre Grammonotla ne lui appartiennent pas (voy. plus haut, p. 604). Le genre Gongylidium, auquel j'avais donné une très grande extension dans mes Arachnides de France, doit, selon mes nouvelles études, être réduit à son espèce type, le G. rufipes Sund. (G. nigricans M.); cette Araignée se rapproche des Trichoncus et des Grammonota par ses yeux médians postérieurs un peu plus resserrés que les latéraux; elle diffère surtout des premiers par son front arrondi et ses yeux plus gros et plus resserrés, des seconds par ses pattes qui ressemblent, par la proportion de leurs articles, à celles des Trichoncus et des Gonatium; ses grosses chélicères, très convexes à la base, parsemées, chez le mâle, de quelques granulations et pourvues, en dessus, près le bord interne, d’une dent courte et obtuse, ne manquent pas d’analogie avec celles des Eri- gone (sensu stricto). Le céphalothorax est semblable dans les deux sexes. La patte-mâchoire du mâle est remarquable par l’épaisseur de sa patella, qui est fortement convexe et géniculée en dessus; son tibia, plus court, beau- coup plus étroit à la base, mais brusquement élargi à l'extrémité, surtout en hauteur, est pourvu d’une apophyse supère obliquement tronquée et d’une épaisse apophyse infère. Le G. rufipes Sund. est de taille relativement assez grande, d’un noir bril- lant, avec les pattes rouges; il est répandu dans presque toute l’Europe et commun dans les mousses des bois humides et sur les plantes basses. Parmi les espèces que je comprenais dans le genre Gongylidium, le G. gra- minicola Sund. doit être reporté au genre Erigone; les G. fænarium et distinc- tum E. Sim., au genre Hilaira; le G. cristatum Wid. est le type du nouveau genre Trematocephalus Dahl, qui comprend aussi beaucoup d’espèces exotiques ; toutes les autres espèces forment un ensemble assez homogène, auquel je laisserai, à l'exemple de Dahl, le nom de Neriene, donné, à l’origine, par Blackwall à une grande division mal définie comprenant tous les Erigone, n'ayant pu trouver place dans son genre Walckenaera. La plupart des espèces que je lui rapporte étaient classées par Menge dans son genre Tmeticus, une (N. apicata BI.) dans son genre Phalops et une dans son genre Microneta (M. tessellata). Il paraît correspondre au genre Tmeticus d'Emerton {moins T. éridenta- tus Em. et quelques autres), mais, presque toutes les espèces américaines décrites par cet auteur m’étant inconnues en nature, je ne suis pas absolu- ‘ment certain qu'elles rentrent bien dans le genre Neriene; d'autre part, plu- FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 339 sieurs de celles qu’il rapporte au genre Lophocarenum, à cause de leurs impressions postoculaires, lui appartiennent (L. montiferum, decemoculatum, spiniferum Emert.). Tel que je le concois, le genre-Neriene comprend toutes les espèces dont les yeux postérieurs, disposés en ligne droite ou légèrement procurvée (1), sont assez gros et resserrés, leurs intervalles n'étant jamais beaucoup plus larges que leur diamètre et souvent même un peu plus étroits, équidistants, ou les médians un peu plus séparés, dont les yeux antérieurs, disposés en ligne droite ou légèrement procurvée, sont resserrés, les médians, plus petits et presque contigus, étant cependant distinctement séparés des latéraux, dont le bandeau est aussi large ou presque aussi large que l’aire oculaire, dont les tarses sont plus courts que les métatarses, et les crins dressés des tibias plus longs que le diamètre des articles. Le céphalothorax du mâle est, dans certains cas, semblable à celui de la femelle (N. agrestis BI., etc.), il est quelquefois plus convexe dans la région céphalique, avec (N. fusca BI.) (fig. 718 a) ou sans (N. retusa Westr.) impres- sions postoculaires; dans une espèce du Venezuela (N. coronata E. Sim.) (2), il est pourvu d’une grosse bosse, située immédiatement en arrière des yeux, et garnie, sur sa face postérieure, de forts crins rigides et recourbés à la (1) Deux espèces anormales : l’une d'Algérie, N. insolens E. Sim., l’autre de Cochin- chine, N. annamita E. Sim., ont la seconde ligne oculaire plus fortement procurvée el le trapèze des yeux médians visiblement plus long que large, caractères qui de- vraient les faire placer dans les séries précédentes, mais, sous tous les autres rapports, ils sont si voisins des N. agrestis BI. et retusa Westr., qu'il me paraît impossible de les en séparer génériquement ; ces deux espèces sont inédites, voici la diagnose de la première : N. insolens, sp. nov. — &. Long. 1,7 mill. — Cephalothorax parum convexus, uor- malis, lævis, obscure fulvo-rufescens, area oculorum infuscata et macula media obscu- riore, notatus. Oculi postici in lineam procurvam, medii inter se quam a lateralibus remotiores. Area mediorum longior quam latior. Abdomeu atrum, parce setosum. Sternum fusco-olivaceum, læve. Pedes pallide luridi, tarso li paris metatarso non multo breviore, paulo crassiore et leviter fusiformi. Pedes-maxillares luridi, longi et graciles ; patella cylindrata, plus duplo longiore quam latiore ; tibia breviore, apice leviter incrassata et supra ad apicem apophysi minulissima, curvata, setaque spini- formi, munita; tarso obtuso bulboque sat parvis tibia cum patella multo brevioribus. — Algeria. (2) Espèce inédite, dont voici la diagnose : N. coronata, sp. nov. — &. Long. 1,8 mill. — Cephalothorax lævis, luridus, versus marginem leviter infuscatus et tenuiter nigro-marginatus, antice, pone oculos, obtu- sissime et late tuberculatus (tuberculo postice setis validis numerosis et uncatis sat regulariter pluriseriatis munito). Oculi postici in lineam plane rectam, sat magni, medii inter se quam a lateralibus saltem duplo remotiores. Abdomen oblongum, albi- dum, maculis magnis nigris biseriatis supra ornatum, subtus nigro-marginatum et plagiatum. Sternum fuscum, in medio sensim dilutius. Pedes pallide luridi. Pedes- maxillares luridi, apice infuscati; patella angusta, non multe longiore quam latiore; tibia patella haud breviore, multo latiore, apice valde ampliata et supra obtuse bifida ; tarso magno sat late ovato ; bulbo valde complicato. — Venezuela : San-Esteban !. 634 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES pointe; d’autres fois, là convexité, plus reculée, est située dans la région tho- racique, elle est tantôt simple (N. fuberosa BI.), tantôt précédée d'une grande fossette piligère (N. gibbosa BI.) (fig. 720 c); dans une série d'espèces améri- caines, comprises par Emerton dans le genre Lophocarenum (N. decemoculata, spinifera, montifera Emert.), le front du mâle porte une sorte de lobe ressem- blant à celui des Diplocephalus, à cela près qu’il n’affecte en rien le groupe oculaire, mais également limité de chaque côté par une profonde strie se ter- minant en avant, près des yeux, par une petite fossette ressemblant à un œil supplémentaire, ce qui à valu à l’une de ces espèces le nom de N. decemocu- lata Emert.; dans une autre espèce, N. montifera Emert., les impressions coïncident avec une forte gibbosité thoracique; dans d’autres espèces, le céphalothorax, médiocrement convexe et sans impressions, présente, en arrière du groupe oculaire, une petite pointe verticale obtuse (N. apicata El.) (fig. 719 b); dans une espèce de Sibérie (N. Wagæ Cambr.), cette pointe est plus reculée, plus longue et recourbée en avant. Les auteurs qui ont attaché une importance exclusive aux déformations thoraciques des mâles, ont proposé des genres pour celles de ces espèces qui s'écartent plus que les autres de la forme normale, c'est ainsi que Bertkau a proposé le genre ŒEdothorax pour le N. gibbosa Blackw. et le genre Stylotho- raæ pour le N. apicata Blackw.; Kulezynski à aussi proposé un genre Trachy- gnatha pour le N. dentuta Wider (1), dont les chélicères sont granuleuses au bord externe et pourvues, chez le mâle, d'un denticule interne, et dont le bandeau est, chez le mâle seulement, incliné en arrière, caractères indiquant une tendance vers les Erigone, mais beaucoup d'espèces (notamment N. tube- rosa BI., inconnue à Kulczynski) font exactement le passage du N. dentata Wid. aux Neriene ordinaires. La dent antérieure des chélicères existe, à l’état plus ou moins rudimentaire, dans un grand nombre d'espèces. Là patte-mâchoire du mâle est assez uniforme; sa patella est ordinairement assez longue ct cylindrique, rarement très longue (N. dentata Wid.); son tibia est allongé et généralement plus étroit que la patella, au moins à la base, où il est fortement atténué, il est presque toujours pourvu, à l'extrémité, en des- sus, d’une ou, le plus souvent, de deux petites apophyses, la supérieure obli- quement relevée, l'inférieure presque sétiforme et infléchie sur la base du tarse (fig. 726 g), mais il présente quelquefois une apophyse plus longue et arquée, ressemblant à celle des Gonatium (N. dentata Wid.). Les Neriene sont presque tous de couleur brune ou noire uniforme, avec les pattes fauves ou rouges; quelques espèces ont cependant sur l’'abdotien une bande médiane pennée fauve sur fond brun ou noir; le N. dentata Wid., qui est unicolore eti Europe, offre cette coloration dans le nord de l’Afrique (2); plusieurs espèces de l’Amérique du Sud ont des dessins noirs sur fond fauve (1) Genre qui devrait aussi comprendre le N. Taczanowskii Cambr., de la région du Baïkal. (2) C'est très probablement celte variélé qui à été décrite par le D° Karsch sous le nom de Ghathonarium Rohlfsianum (Archiv. {, Naturg., XLVII, 1881, p. 47). FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 635 ou blanchâtre, quelques autres ont l’abdomen rouge, avec l’extrémité noire (N. Matei Keyserl., analis E. Sim., etc.). Ce genre renferme au moins 80 espèces : une trentaine d'Europe; 3 d’Al- gérie, où se retrouvent, en outre, quelques-unes de nos espèces européennes; 7 de Sibérie, d’où est aussi indiqué le N. retusa Westr., d'Europe (1); 2 du Kamchatka (N. vilis ct supposita Kulcz.); plusietrs des régions arctiques (N. venatrix Cambr., ctc.); une trentaine de l'Amérique du Nord. Fig. 730 à 731. a. Erigone vagans Aud. Patte-mâchoire du mâle. — d. Æ. graminicola Sund. Idem. — c. Æ. va- gans Aud. Chélicère. — d. Gonatium ensipotens E. Sim. Patte-mâchoire du mäle. — e. G. ru- bellum BI. Idem. — f. G. hilare Th. Tibia de la 1re paire. — g. Neriene fusca BI. Tibia de là patte-mâchoire de profil. — A. Notioscopus sarcinatus Cb. Tibia en dessus. Plusieurs des Erigone de l'Amérique du Sud, décrits par Keyserling, pour- raient appartenir à ce genre (E. ectrapelu, Matei Keyserl., etc.); j’en ai trouvé plusieurs au Venezuela et dans l’Afrique australe; j'en possède aussi d’Aus- tralie et de Nouvelle-Zélande. Les deux genres Notioscopus et Piesocalus, qui ont exactement le sternum, les pièces buccales et les caractères sexuels des genres précédents, sont exceptionnels dans cette série par le trapèze de leurs yeux médians beaucoup plus long que large. Dans le genre Piesoculus, qui ne renferme qu’une seule espèce, de Java, les yeux antérieurs, resserrés et très inégaux, sont en ligne très légèrement pro- curvée, tandis que les yeux postérieurs sont en ligne très fortement pro- curvée, semi-circulaire, avec les médians un peu plus gros et un peu plus resserrés que les latéraux. Le P. juvanus E. Sim., dont je ne confais que la femelle, est de la taille d’un gros Neriene, son abdomen, d'un fauve obscur, est orné en dessus de deux larges bandes noires. Dans le genre Notioscopus, les yeux postérieurs sont, au contraire, en ligne presque droite, tandis que les antérieurs sont en ligne récurvée, avec les imédians subconnivents, mais largement séparés des latéraux, au moins chez les femelles, caractère qui semble rapprocher ce genre des Arueoncus. Les caractères propres des mâles sont assez particuliers; le front n’est ni avancé, ni lobé; dans l'espèce type, N. surcinatus Cambr., le céphalothorax, (1) Qui se lrouve jusque dans la Nouvelle-Zamble. 636 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES convexe dans le milieu, présente, au sommet, une grande coupure semi-cir- culaire limitant une saillie conique atténuée en avant et appliquée sur la partie céphalique (Êg. 721 d et 722 e); dans une seconde espèce, N. australis E. Sim., cette coupure n’existe pas, la région oculaire est un peu plus convexe, et les yeux diffèrent de ceux de la femelle en ce que les médians postérieurs sont plus resserrés que les latéraux et les quatre antérieurs en ligne presque droite. La patte-mâchoire a une patella cylindrique très longue (N. sarcinatus) ou médiocre (N. australis); un tibia généralement plus court, pourvu au bord antérieur soit d’une apophyse courbée, longue, obtusément et inécalement bifide (N. australis), soit de deux apophyses courtes : l’interne épaisse et tron- quée, la médiane très petite et aiguë (N. sarcinatus) (fig. 737 h). Le genre Notioscopus ne renferme que deux espèces, le N. sarcinatus Cambr., entièrement de couleur fauve, a été découvert en Bavière et retrouvé depuis en France, où il vit dans les marécages; le N. australis, commun au Cap de Bonne-Espérance, au bord des ruisseaux, est de teinte pâle, avec l'abdomen orné en dessus de deux lignes noires sinueuses. Je sépare génériquement des Neriene, sous le nom d'Afypena, quelques espèces de la région indienne et malaise, dont les femelles ne s’en distinguent cependant que par un faible caractère : leurs quatre yeux antérieurs subcon- tigus, en ligne droite ou très légèrement récurvée, mais dont le faciès et les caractères sexuels sont très différents; ces Araignées, de couleur claire, ont l'abdomen orné en dessus de deux bandes noires sinueuses ou de taches sériées. Le front du mâle est surmonté d’un très gros lobe vertical, accompa- gné d’impressions latérales, pileux en avant, plus on moins échancré, canali- culé au milieu et saillant aux angles, qui portent les yeux médians posté- rieurs, très largement séparés l’un de l’autre et des médians antérieurs, avec lesquels ils figurent un grand trapèze plus long que large, disposition rappe- lant beaucoup plus celle des Lophocarenum que celle des Neriene, et prouvant une fois de plus le peu d'importance qu’il faut attacher aux déformations frontales des mâles. La patte-mâchoire du mâle a un tibia plus court et un peu plus large que la patella, armé d’une ou de deux petites apophyses; dans l'espèce type, A. superciliosa E. Sim., l’apophyse externe est droite et un peu claviforme, tandis que la supérieure est aiguë et recourbée. J'ai trouvé deux espèces de ce genre, l’une à l'ile de Luzon (4. superciliosa E. Sim.), l’autre à Ceylan (A. Ellioti E. Sim.). Le Theridion cristatum Wid. (Erigone perforata Thorell), que je classais dans mon ancien genre Gongylidium, est devenu le type du genre Trematocephalus Dahl, qu'il me paraît utile de maintenir et auquel se rattachent plusieurs espèces tropicales. Les yeux postérieurs de ces Araignées, plus gros et plus resserrés que ceux des Neriene, dessinent une ligne légèrement récurvée; les médians sont un peu séparés Pun de l’autre, mais presque contigus aux latéraux ; les yeux antérieurs, presque connés, sont très inégaux, les médians étant beaucoup plus petits que les latéraux. Dans plusieurs espèces (T. simplex E. Sim., cte.), le céphalothorax est sem- FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 637 blable dans les deux sexes; dans l'espèce type, cependant celui du mâle est très singulier, le front est, en effet, acuminé en petite pointe verticale portant tous les yeux, et le milieu de la partie thoracique est pourvu d’une large saillie basse qui émet une pointe cylindrique, cou- chée en avant et venant rejoindre la saillie frontale 41 © (g. 727j); dans une autre espèce (T. tripunctatus. E. Sim.), il offre des caractères non moins singu- liers ; les yeux, qui sont normaux chez la femelle, | \ sont, chez le mâle, réduits à six par suite de l'obli- tération des médians de la seconde ligne ; en arrière des yeux, le front porte deux lobes bas, ovales et 738. parallèles, ressemblant à ceux des Dismodicus, Trematocephalus tripunctatus mais tronqués en avant où ils portent chacun un 2 Front du mâle en fujsceau de crins couvrant l’espace interoculaire (fig. 738). Le tibia de la patte-mâchoire, aussi long que la patella, s’évase un peu à l'extrémité et se prolonge, sur la base du tarse, en pointe simple aiguë ou obtuse. Le T. cristatus Wid. se trouve en Allemagne et en France, où il est rare, et se rencontre sur les buissons de chênes et d'aunes, dans les clairières des bois; il est d’un noir brillant, avec le céphalothorax et les pattes en partie rouges ; ce genre renferme, en outre, quatre ou cinq espèces, toutes confinées dans l'ile de Ceylan; elles sont de la taille des plus petits Neriene, de teinte pâle, avec l'abdomen orné de points ou de macules noirs ou bruns. J’ai proposé le genre Gongylidiellum pour quelques espèces qui se distinguent des Neriene par leur front plus large, dont le groupe oculaire n’occupe pas toute la largeur, dont les yeux sont encore plus resserrés, les quatre antérieurs étant subcontigus (sauf de rares exceptions, G. blandum E. Sim.), dont les pattes, plus courtes, ont les tarses antérieurs presque aussi longs que les mé- tatarses et légèrement fusiformes, au moins chez les mâles. Ces Araignées, qui sont de petite taille et presque toutes d’un fauve olivâtre, ressemblent beaucoup aux Tapinocyba, elles ont aussi des rapports avec les Pedanostethus ; leur céphalothorax, sans saillies ni impressions, est semblable dans les deux sexes. Les chélicères du mâle offrent souvent en avant, au-dessus de la marge supérieure, un denticule analogue à celui de beaucoup de Neriene ; dans une espèce de Ceylan (G. Radleyi E. Sim.), elle présente de plus, au bord externe, quelques petites dents sériées ressemblant à celles des Erigone. Le tibia de la patte-mâchoire, généralement court, est pourvu d’une apophyse, souvent petite, simple et subaiguë (G. placidum E. Sim.), ou très obtuse et tronquée (G. blandum E. Sim.), quelquefois bifide (G. mediocre E. Sim.); d’autres fois longue, grêle et détachée (G. latebricola Cb., calcariferum E. Sim.), rarement volumineuse, épaisse et recourbée à la pointe (G. paganum E. Sim.). Ce genre renferme une dizaine d'espèces européennes : une propre à l’Al- géric (G. arctatum E. Sim.), une (G. Trimeni E. Sim.) au Cap de Bonne-Espé- rance, et une (G. Radleyi E. Sim.) à l’île de Ceylan. Le genre auquel les auteurs modernes ont réservé le nom d'Erigane est 638 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES bien caractérisé par ses grosses chélicères, fortement convexes en dessous et au côté externe, mais très atténuées, par son céphalothorax entouré d’une large marge dessinée par une strie, par ses yeux antérieurs égaux ou presque égaux, enfin par ses lames encore plus larges à la base. Les Erigone paraissent au premier abord assez isolés, ils sont cependant reliés aux Neriene par quelques espèces aux caractères ambigus, telle que E. graminicola Sund. que je comprenais jusqu'ici dans ce dernier genre. Les Erigone sont remarquables par les épines ou denticules qui arment le bord externe de leurs chélicères (fig. 732 c), la marge de leur céphalothorax et quelquefois (E. vagans Aud.) la face inférieure de leurs fémurs antérieurs; mais ces épines manquent chez les femelles, sauf celles des chélicères qui sont cependant beaucoup moins prononcées que celles des mâles. Le front du mâle ne diffère de celui de la femelle que par un peu plus de convexité; sa patte- mâchoire est caractéristique ; le fémur est long, grêle, courbe et ordinaire- ment armé en dessous de denticules unisériés; la patella, très longue, est armée, à l'extrémité en dessous, d'une forte apophyse perpendiculaire, tantôt droite (E. dentipalpis Sund., etc.), tantôt arquéc (E. vagans Aud., psychrophila Th., etc.); le tibia est étroit à la base, mais fortement élargi à l'extrémité, de manière à embrasser la base du tarse en forme de cupule, dont le bord supé- rieur est découpé en apophyses variant de forme selon les espèces; le tarse est petit et acuminé ou obliquement tronqué à l'extrémité (fig. 730 «@ et 731 b). Les caractères de ce genre, très constants et tranchés pour les espèces des régions froides ou tempérées de l’hémisphère nord, s'affaiblissent graduelle- ment dans les espèces assez nombreuses qui habitent les Andes de l’Amé- rique du Sud ; j’ai trouvé au Venezuela plusieurs Erigone dont le fémur et la patella de la patte-mâchoire sont mutiques ou pourvus seulement de quelques petites granulations ; la plupart de ces espèces ont l'abdomen d’un gris fauve, avec des bandes transverses noirâtres, et elles ressemblent beaucoup à des Grammonota; chez les mâles, la série externe dentée des chélicères est toujours bien développée et la marge supérieure offre trois ou quatre petites dents et une dent beaucoup plus forte située un peu en dehors de la marge; Keyserling a décrit une espèce de ce type, Erig. dentimandibulata Keyserl.; j'en ai trouvé plus de dix inédites au Venezuela ; l’espèce de l'Amérique du Nord, décrite par Emerton sous le nom de Tmeticus dentatus Emert. et l'E. graminicola Sund., d'Europe, sont aussi des formes amoindries du genre Erigone; dans la seconde, les denticules externes des chélicères sont remplacées par des granu- lations irrégulières. À part les E. dentipalpis Sund. et vagans Aud., qui sont répandus dans la région méditerranéenne, les Erigone d'Europe, dont on connait une quinzaine d'espèces, habitent les régions froides, quelques-uns sont spéciaux aux parties les plus élevées des montagnes (E. remota L. Koch, jugorum E. Sim., etc., etc.), d’autres aux marais salants du bord de la mer (E. longipalpis Sund.), d’autres sont localisés dans l’extrême nord. Les régions polaires, telles que le Spitzberg (E. arctica White, Iolmgreni, psychrophila Th.) et le Groenland (E. Whymperi Cb., modesta, penessa Th.), ont en propre beaucoup d'espèces ; de plus, quelques-uns de nos Erigone d'Eu- | FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 639 rope étendent leur habitat à la Sibérie septentrionale (Æ. graminicola Sund., atra B1., remota, tyrolensis L. Koch); une espèce est décrite du Kamchatka (E. camtschadalica Kulez.), huit ou neuf de l'Amérique du Nord où se retrouve aussi l'E. dentipalpis d'Europe, un petit nombre des Andes de la Colombie (E. edax, dentimandibula Keyserl.) et une du cap Horn (E. antarctica E. Sim.). Quelques-unes de ces espèces ont des habitats très étendus, j’en ai cité plus haut plusieurs exemples, mais le plus remarquable est celui de l'E. va- gans Aud., qui est très répandu dans toute la région méditerranéenne et les îles de l'Atlantique, et a été trouvé aussi à Singapore et au Cap de Bonne- Espérance, où il est commun. X. — J'ai proposé dans mes Arachnides de France (t. V, p. 860) un groupe spécial pour les deux genres Minicia Th. et Maso E. Sim. démembrés, comme beaucoup d’autres, des anciens Erigone, mais différant de leurs congénères par quelques caractères un peu plus précis et plus constants, notamment par l’'armature de leurs pattes antérieures, la brièveté de leurs tarses relativement aux métatarses, la réduction et quelquefois même l’absence complète des dents de leurs griffes; le genre Tuberta, que je rapportais avec doute à ce groupe, a été reporté depuis avec raison à la famille des Agelenides. Fig. 739 à 746. a. Minicia marginella Wid. Céphalothorax et abdomen du mâle de profil. — b. Idem. Front en dessus. — c. Idem. Face. — d. Idem. Patte-mâchoire. — e. Idem. Patte de la lre paire. — f. Maso gallica E. Sim. Patte-mâchoire du mâle de profil. — g. Idem. Idem en dessus. — h. Idem. Patte de la 1re paire. Le céphalothorax de ces Araignées est large et court; celui des Maso, sem- blable dans les deux sexes, est peu atténué en avant, son front est large et tronqué presque carrément, le groupe oculaire en occupe toute la largeur; les deux lignes sont presque droites et leurs yeux médians sont plus rapprochés l’un de l’autre que des latéraux, surtout les antérieurs, qui sont presque con- nivents et un peu plus petits que les autres, de chaque côté, les yeux latéraux, placés aux angles frontaux, sont élevés sur de très fortes saillies. Dans le genre Minicia, le céphalothorax est, au contraire, dissemblable d’un 640 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES sexe à l’autre ; celui de la femelle est plus atténué et plus obtus en avant que celui des Maso et ses yeux sont beaucoup plus resserrés, les postérieurs sont assez gros et en ligne presque droite; dans l’espèce type, les médians sont beaucoup plus séparés l’un de l’autre que des latéraux, auxquels ils touchent presque (1); tandis que dans une seconde espèce, découverte récemment en Algérie (2), ils sont équidistanis. Les yeux antérieurs sont resserrés et en ligne procurvée, avec les médians plus petits. Le céphalothorax du mâle est fortement acuminé dans la région frontale et surmonté d’un énorme lobe globuleux, ressemblant à celui de beau- coup de Lophocarenum, mais ne portant pas les yeux qui restent groupés autour de sa base ; le groupe oculaire est déformé par la présence de ce lobe, le trapèze des médians, au milieu duquel il est implanté, est beaucoup plus grand que chez la femelle et ses yeux antérieurs, portés en avant, se trouvent très largement séparés des latéraux (fig. 739 a, 740 b et 741 c). Les chélicères, les pièces buccales et le sternum, terminé en arrière en pointe assez large, infléchie et tronquée, ne diffèrent pas de ceux des Lophoca- renum ; il n’en est pas de même des pattes dont les tarses sont relativement petits, beaucoup plus courts et, en même temps, plus grêles que les métatarses aux quatre paires et dont les principaux articles sont armés, aux deux premières paires seulement, d’épines fines, presque sétiformes, très longues et diver- gentes ; aux fémurs, ces épines sont disposées sur un seul rang n’occupant généralement que le sommet de l’article et son bord interne; aux tibias, elles sont disposées sur deux rangs de 3 ou 4 épines chacun; les épines métatar- sales, beaucoup plus courtes que les tibiales, n'existent que dans le genre Maso (fig. 743 e et 746 h). Les griffes sont fines, celles des Minicia sont entie- rement mutiques, celles des Maso sont pourvues, vers le milieu, de quelques très fines dents dirigées en avant. L’abdomen est globuleux et toujours dépourvu de scuta. Dans le genre Maso, la patte-mâchoire du mâle est petite; le tibia, plus long que la patella, est élargi à l'extrémité sur la base du tarse, où il est échancré (M. gallica E. Sim.) (fig. 745 g) ou brièvement acuminé (M. Sundevalhi Westr.); le tarse est ovale et petit, celui du M. gallica E. Sim. présente, en dessus, une petite saillie conique surmontée d’un groupe de crins claviformes (fig. 744f); dans le genre Minicia, le tibia est, au contraire, plus court que la patella et pourvu, en dessus, d’une petite apophyse lamelleuse tronquée; le tarse est (1) Les yeux du M. marginella Wid. ont la disposition de ceux des Trematoce- phalus de la série précédente, (2) Espèce inédite, dont voici la diagnose : M. elegans, sp. nov. — Q. Long. 1,5 mill., — Oculi postici inter se fere æquidistantes. Cephalothorax pallide luridus, villa media lata confusa paulo obscuriore lineaque marginali nigra ornatus. Abdomen albidum, in parte basali vilta media dentata et utrinque linea marginali interrupta, pone medium lineis transversis binis areualis nigricantibus supra decoratum. Sternum luridum, ad marginem leviter infuscatum. Pedes pallide luridi ut in M. marginella aculeati. — Alger !. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 641 médiocre, ovale et obtus, avec la base prolongée par une très longue apophyse flagelliforme, d’abord dirigée transversalement en dehors, puis recourbée en avant, assez épaisse et presque cylindrique dans sa moitié basilaire, ensuite comprimée et lamelleuse, brusquement rétrécie en filet sinueux dans le tiers terminal (fig. 742 d). Le genre Maso renferme trois espèces européennes voisines les unes des autres, entièrement noirâtres avec les pattes jaunes, et je lui rapporte, avec doute, une espèce de l'extrême nord de l’Amérique, décrite par Keyserling sous le nom de Satilatlas Marxi Keyserl. (1). Elles se trouvent, en hiver, dans les mousses et détritus, au printemps et en été, sur les buissons où elles sont souvent réunies en grand nombre; le M. Sundevalli Westr. (M. Westringi E. Sim.) est répandu dans toute l’Europe septentrionale et moyenne, tandis que le M. gallica E. Sim. (M. Sundevalli E. Sim.) est particulier à l’Europe occidentale et méridionale (2) et le M. afjinis Chyz. à la Hongrie. Le genre Minicia ne renferme aussi que deux espèces, différant des Maso par leur coloration très pâle, relevée, au moins sur l'abdomen, d'une large bor- dure sinueuse ou de dessins accentiformes noirâtres ; le M. marginella Wid. a été trouvé en Allemagne, en France et dans le nord de l'Italie ; le M. elegans E. Sim., dont on ne connaît que la femelle, habite les environs d'Alger. XI. — Dans une série de genres dont les Nemalogmus et les Ceratinopsis sont les plus connus, les pattes sont plus longues et plus fines aux extrémités que celles des autres Érigones et la proportion de leurs articles est différente, les métatarses étant plus longs relativement aux tibias, ce qui donne à ces Araignées le faciès des Linyphieæ, particulièrement celui des Micronelu et des Bathyphantes ; leurs lames-maxillaires sont aussi un peu plus longues que celles des autres Érigones; les pièces propres de leur bulbe sont plus complexes et leur abdomen, plus acuminé en arrière, est ordinairement de coloration plus variée. Leur sternum est cependant aussi large que celui des Lophocarenum, légè- rement convexe, et terminé, entre les hanches postérieures disjointes, en large pointe infléchie tronquée; leurs tibias postérieurs ne portent qu’un seul crin dressé et le tibia de leur patte-mâchoire est, chez le mâle, armé d’apo- physes, caractères qui les rattachent au groupe des Érigones. Le nouvau genre Hypselistes, dont le type est l’Erigone florens Cambr., rap- pelle encore les espèces du groupe précédent par ses tibias antérieurs pourvus, (1) Gelte espèce, originaire des îles Aléoutiennes, ne me paraît différer du A1. Sun- devalli Westr., que par ses épines libiales plus nombreuses, son front plus oblus et ses yeux postérieurs équidistants. (2) D'après Chyzer et Kulczynski, la synonymie des deux espèces du genre HMaso, que j'ai décrites dans les Arachnides de France, serait à rectifier : le A. Westringi E. Sim. serait le vrai Erigone Sundevalli Westr., tandis que le 41. Sundevalli (Westr.) E. Sim. serait une espèce particulière à l’Europe occidentale; je propose ici pour celle dernière le nom de À. gallica. LA 642 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES en dessous, de quelques très longs crins spiniformes disposés sur deux rangs, mais tous ses autres caractères le rapprochent beaucoup plus du genre Nema- togmus, dans lequel j'avais proposé de placer l'E. florens. Le céphalothorax de cette Araignée est dissemblable d’un sexe à l’autre, celui de la femelle a le front large et obtus, avec les yeux postérieurs petits, largement et presque également espacés et en ligne procurvée, les yeux antérieurs en ligne tout à fait droite, avec les médians plus petits, subconnivents, mais largement sé- parés des latéraux ; d'après Cambridge et Emerton, le front du mâle (qui m’est inconnu en nature) offre un très gros lobe céphalique portant ies yeux mé- dians postérieurs et déprimé longitudinalement, un peu comme celui du Thyreosthenius biovatus Cambr.; sa patte-mâchoire à une très grande analogie avec celle du Nematogmus sanguinolentus W., au moins par la structure de son tarse, car sa patella est plus longue et cylindrique; son tibia, court, est armé, en dessus, d’une apophyse relevée, terminée en pointe subaiguë recourbée en avant ; son tarse, très gros et obtus, est pourvu en dessus, près la base, d’une saillie cariniforme garnie d’une série de petits tubercules piligères (fig. 747). 747 748 790 749 Fig. 141. Hypselistes florens Cambr. Patte-mâchoire du mâle. — Fig. 748. Typhistes personatus E. Sim. Idem. — Fig. 749. Idem. Front du mâle de profil. — Fig. 151. T. antilope E. Sim. Front du mâle vu de face. H. florens Cambr., rapporté au genre Lophocarenum par Emerton et par moi-même au genre Nematogmus, est de taille moyenne, d’un noir brillant, avec le céphalothorax. les hanches et les fémurs d’un rouge-orangé; d’après les auteurs américains, il est commun aux États-Unis sur les buissons. J’en ai recu une seconde espèce de Saint-Domingue, celle-ci, dont je ne connais également que la femelle, a la coloration d’un Gonatium. Dans le nouveau genre Typhistes, le céphalothorax, assez bas, est plus lon- guement ovale; les yeux postérieurs sont également petits et en ligne légère- ment procurvée, mais les médians sont beaucoup plus séparés l’un de l’autre que des latéraux ; les yeux antérieurs, presque égaux, sont tantôt en ligne droite et presque équidistants (T. antilope E. Sim.), tantôt en ligne très légè- rement récurvée, avec les médians plus resserrés (T. comatus E. Sim.); les médians figurent un grand trapèze à peine plus long que large; les pattes, longues et fines comme celles des Linyphia, n'ont pas d'épines sériées comme celles des Hypselistes, mais leurs patellas ct tibias offrent en dessus de très FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 643 longs crins raides dressés (deux crins tibiaux aux trois premières paires, un seul à la quatrième). Le céphalothorax du mâle est quelquefois semblable à celui de la femelle (T. niger E. Sim.), mais, le plus souvent, il en diffère beaucoup pour ressem- bler à celui des Corniculariu et des Prosopotheca; dans l'espèce américaine, T. personatus E. Sim.., le front du mâle est acuminé et prolongé, entre les yeux, en tubercule vertical un peu arqué en arrière et hérissé de longs crins (fig. 749), tandis que, dans les espèces asiatiques, il est pourvu en dessus, en arrière des yeux, de crins rudes, très longs, disposés en carènes et plus en avant de cornicules, tantôt sécuriformes (T7. comatus E. Sim.}), tantôt recourbés en crochets (T. antilope E. Sim.) (fig. 750), au nombre de deux ou de quatre, les deux plus constants, situés entre les yeux médians postérieurs, les deux autres situés au-dessous des latéraux. La patte-mâchoire a une patella cylindrique, ordinairement assez longue, un tibia plus court et plus épais, au moins à l’extrémité, où il est armé d'une apophyse supère, tantôt grosse, relevée et arquée, tantôt plus grêle, droite et lamelleuse, et souvent d’une seconde apophyse plus petite, enfin un tarse ovale et convexe, mutique ou pourvu en dessus, près la base, d’une longue dent verticale s'opposant à l’apophyse tibiale (T. personatus E. Sim.) (fig. 748). Les espèces de ce genre habitent les forêts tropicales : l’une a été trouvée à Caraça, dans la province de Minas-Geraës, au Brésil (T. personatus E. Sim.) ; les autres, au nombre d'une dizaine, sont propres à l'ile de Ceylan. Ce sont de petites Araignées ressemblant surtout à des Bolyphantes, tantôt de teinte blanchâtre avec des bandes foncées sinueuses et découpées, tantôt rouges avec le front et l'extrémité de l’abdomen noirs, tantôt enfin noires avec l’abdomen marqué de lignes claires, transverses, anguleuses, et les pattes annelées, plus rarement entièrement noires (1). Dans le genre Nematogmus, les yeux rappellent ceux des Lophocarenum, les quatre postérieurs, assez petits, sont en ligne fortement procurvée, avec les médians beaucoup plus resserrés que les latéraux ; les yeux antérieurs sont en ligne légèrement procurvée, avec les médians plus petils, presque connés, mais largement séparés des latéraux, enfin le trapèze, figuré par les quatre yeux médians, est plus long que large. Le front du mâle, un peu plus élevé que celui de la femelle, est marqué de deux fines impressions post-oculaires. La patte-mâchoire a un tibia court et mutique, un tarse très gros, profondément bifide à l’extrémité et garni, en dessus, d’une ligne serrée de petits tubercules piligères s'étendant à toute sa longueur. Ce genre ne renferme qu’une seule espèce, le N. sunguinolentus Walck. (Erig. Simoni Cb.), très commun dans l’Europe occidentale, l'Algérie et le Japon, sur les buissons ; il est entièrement d’un beau rouge orangé, sauf la patte-mâchoire du mâle, dont les derniers articles sont noirs. (1) T. niger E. Sim., espèce anormale qui fait le passage aux Neriene par ses pattes plus courtes et ses veux postérieurs plus gros et presque équidistants. CL HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Les Nematogmus sont remplacés, en Amérique, par les Ceratinopsis, qui en diffèrent par leurs yeux postérieurs en ligne droite, quelquefois très légère- ment procurvée, plus rarement un peu recurvée, presque toujours petits et largement espacés, tantôt équidistants, tantôt avec les médians plus resserrés: leurs yeux antérieurs en ligne également droite, avec les médians plus res- serrés et le trapèze formé par les quatre médians non ou à peine plus long que large, au moins chez les femelles. Ce genre n’est pas très homogène, dans les espèces typiques (C. interpres Cambr.), les yeux médians antérieurs sont plus petits que les latéraux et que les médians postérieurs ; dans beaucoup d’autres, ils sont aussi gros (C. purpurea Keyserl., etc.). Les pattes sont fines et longues, comme celles des Bathyphantes, et ne portent, le plus souvent, que des poils fins et égaux; dans plusieurs espèces cependant, les patellas et tibias présentent, en dessus, de très longues soies dressées. Dans beaucoup d'espèces, le céphalothorax est semblable dans les deux sexes ; dans d’autres, la région frontale du mâle, dépourvue de lobe et d'im- pressions, est large, proéminente et pileuse, comme celle des Araeoncus et des Stajus ; dans ce cas, les yeux postérieurs sont très largement disjoints et les médians figurent un groupe beaucoup plus long que large, caractères qui ne se retrouvent pas chez les femelles ; dans une espèce anormale du Brésil, que je ne puis cependant séparer génériquement des Ceratinopsis, le front du mâle, acuminé, ressemble beaucoup à celui des Cornicularia, il porte, au- dessus des yeux médians antérieurs, une petite pointe verticale prolongée elle-même par une tige sétiforme ; enfin, dans un groupe d'espèces, propre à l'Amérique australe extra-tropicale, auquel appartiennent le €. modesta Nic., du Chili, les C. antarctica et araeonciformis E. Sim., de la Terre-de-Feu, le céphalothorax est plus court, son front plus large et ses yeux médians posté- rieurs évidemment plus rapprochés l’un de l’autre que des latéraux, la tronca- ture postérieure du sternum est encore plus large que dans les autres espèces, les pattes, plus courtes, ne diffèrent pas beaucoup de celles des Neriene, et leurs crins patellaires et tibiaux sont très longs ; ces diverses espèces devien- dront peut-être, dans l'avenir, les types de genres particuliers, quand la faune américaine sera mieux étudiée; elles me paraissent cependant reliées entre elles par de nombreuses formes intermédiaires. La patte-mâchoire du mâle a une patella courte, un tibia également court, élargi à l'extrémité où il est pourvu d’une apophyse supère, épaisse, souvent relevée, de forme, au reste, très variable, souvent complexe, qui manque rare- ment; dans ce cas, la patte-mâchoire ressemble beaucoup à celle d’un Micro- neta. Je possède une espèce (inédite) du sud du Brésil dont les chélicères du mâle offrent, au bord externe, une série de denticules analogues à ceux des Erigone et dont les lames-maxillaires sont armées au milieu d’un denticule semblable. Ce genre est nombreux; on peut lui rapporter une quinzaine d'espèces dé- crites (1) ct il en existe beaucoup d'inédites, répandues depuis les États-Unis (1) Emertlon indique de l'Amérique du Nord : C. interpres Cambr., laticeps, nigri- ceps, nigripalpis Eimert. Parmi les espèces décrites par Keyserling sous le nom géné- FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 645 jusqu’à l'extrême sud de l'Amérique; ils sont, en général, d'un rouge vineux ou orangé avec les pattes obscures, leur partie céphalique et l'extrémité de leur abdomen sont souvent rembrunis ; d'autres sont blanchâtres avec des dessins noirs, notamment une bande longitudinale sur l’abdomen. À une organisation presque semblable à celle des Ceratinopsis, quelques espèces (Erig. fashibilis Keyserl., etc.), joignent une disposition oculaire diffé- rente; leurs yeux médians postérieurs sont, en effet, beaucoup plus séparés l'un de l’autre que des latéraux, et leurs yeux antérieurs sont presque équi- distants, resserrés et proéminents, de sorte que le bandeau paraît un peu creusé au-dessous des yeux, caractère très fréquent dans le groupe des Linyphia. Je propose pour ces espèces le nouveau genre Clitolyna. J'en connais plusieurs espèces dont une seule, je crois, est décrite, C. fastibilis Keyserl.; toutes sont propres aux provinces de Rio et de Minas-Geraës, au Brésil. La seule (inédite) dont je connaisse le mâle a une aphophyse tibiale volumineuse, d’abord verticale, puis fortement recourbée en bas. Je propose le genre Brattia pour quelques espèces à forme de Bathyphantes, qui différent des Ceratinopsis par leurs yeux postérieurs beaucoup plus gros et plus resserrés, les espaces interoculaires étant tout au plus aussi larges que le diamètre des yeux. J'en connais trois espèces : l’une du Venezuela (B. spa- dicaria E. Sim.), dont le céphalothorax est semblable dans les deux sexes et dont la patte-mâchoire est pourvue d’une grosse apophyse tibiale obtuse et infléchie en dehors; une autre, originaire de la côte occidentale d’Afrique (B. afra E. Sim.), voisine de la précédente, mais avec l’apophyse tibiale du mâle relevée, droite, peu atténuée et tronquée à l’extrémité où elle est garnie de petites granulations piligères ; enfin, une troisième (B. sculila E. Sim.), des îles Philippines, dont le céphalothorax du mâle, un peu plus convexe en avant, est marqué, en arrière des yeux, de deux très fines impressions ana- logues à celles du Nemat. sanguinolentus, et dont l’apophyse tibiale, très petite et aiguë, s'oppose à une petite dent basale du tarse. Ces Araignées, de formes très grêles, sont tantôt d’un fauve orangé avec les pattes obscures et l’extré- mité de l'abdomen noirâtre, tantôt d’un brun-rouge obscur. Les Sphecozone ne diffèrent en rien des Ceratinopsis par leur céphalothorax, leurs yeux et leurs pattes, mais ils s’en distinguent, comme de tous les autres genres du mème groupe, par la plus grande longueur de leur pédicule ; cet allongement ne tient pas, comme chez les Hetschkia et les Formicina, à une déformation du céphalothorax et du sternum, mais au développement de la pièce pédiculaire elle-même; vue en dessous, cette pièce, qui s’appuie au bord postérieur tronqué du sternum, est, en avant, assez convexe en forme de bourrelet, ensuite plus ou moins rétrécie et presque cylindrique, elle présente ordinairement, de chaque côté, une carène mousse. rique d'Erigone, on peut lui rapporter : E. purpurascens Keyserl., de l'Amérique du Nord ; E. purpurea Keyserl., du Mexique ; E. rubicunda Keyserl., du Pérou ; E. Jelskü, nigriana, æanthippe Keyserl., du Brésil; le Theridium modestum Nic. (Th. Weyen- berghi Holmbr.), du Chili, retrouvé depuis dans la République Argentine et le sud du Brésil; Æ. tumidosa Keyserl., de Buenos-Ayres. J'ai décrit de la Terre-de-Feu : C. antarctica et araeonciformis. 646 HISTOIRE: NATURELLE DES ARAIGNÉES Dans les‘espèces américaines qui me sont connues, le front du mâle est un peu plus élevé que celui de la femelle, au reste de même forme ; la patte-mä- choire a une patella petite, un tibia très gros, tantôt déjeté en dedans et armé d’une énorme apophyse externe arquée, ce qui lui donne la forme d'un crois- sant, tantôt droit, assez court et pourvu d'une grosse apophyse supère relevée, arquée et excavée en avant, mais, dans d’autres (S. nigra Cb.), cette apophyse tibiale est beaucoup plus réduite; le tarse, largement rétréci à la base en forme de cou, est large et très obtus à l’extrémité; dans une espèce de l’Indo- Chine, que j'ai décrite sous le nom de Nematogmus dentimanus, et que j’ai retrouvée depuis à Ceylan, le front du mâle est surmonté d’un lobe ressem- blant beaucoup à celui des Entelecara, limité latéralement par des impressions et portant à son sommet, sur sa face antérieure tronquée, les yeux médians du second rang ; l’'apophyse tibiale de la patte-mâächoire est plus petite que dans les espèces américaines, mais le tarse est beaucoup plus volumineux, tronqué à l'extrémité, avec l’angle externe prolongé en grosse apophyse den- tiforme divergente. Les Sphecozone ont la taille, le faciès et la coloration des Ceratinopsis; ils sont presque tous de teinte rougeñtre avec une tache frontale et une tache anale noires, leur abdomen est parfois entièrement noir, quelquefois noir avec une large ceinture blanche (S. cincta E. Sim.); une espèce du Venezuela est cependant entièrement noire avec les fémurs postérieurs éclaircis. Ce genre est largement distribué dans les régions tropicales de l’ancien et surtout du nouveau monde, on en connaît deux espèces du Brésil, décrites par Cambridge (S. rubescens, S. nigra Cambr.), quelques autres du Venezuela et de l’Ecuador, une de l’Indo-Chine (S. dentimanus E. Sim.) et quelques-unes de Ceylan (S. cincta E. Sim., etc.). GENERA _ I — Area oculorum mediorum latior, postice, quam longior. Sternum postice, inter coxas, late truncatum vel obtusum. Pedum anticorum metatarsi tarsis haud vel vix breviores. Chelæ normales. Cephalothorax in utroque sexu similis. 1. Oculi medii postici inter se quam a lateralibus vix remotiores. Area mediorum vix latior quam longior..,..... CNET DOS HAS D Dei 2. — Oculi medii postici inter se quam a lateralibus multo remotiores et area mediorum multo latior quam longior............ . Coressa. Abdomen valde scutatum. Oculi medii antici lateralibus multo minores, sæpe vix distincti. ........ RAA CUT SRLICET RS Comaroma. — Abdomen molle haud scutatum. Oculi ei antici lateralibus vix TRE DORE Lo dt ee EMEA et LU A la D té Gr à or Tapinasta. €Comaroma Bertkau, Corresp. Naturhist. ver. preuss. Rheinl., 1889, p. 14. Id. Chyz. et Kulcz., Aran. Hung., IT, 1894, p. 50. Jephalothorax brevis, fronte lata et obtusa. Oculi parvi, aream fronte multo angustiorem occupantes, postici in lineam rectam, medii inter se quama FAMILLE DES ARGIOPIDE 647 lateralibus paulo remotiores. Oculi antici in lineam rectam, inter se subcon- tigui, medii lateralibus multo minores, punctiformes. Area mediorum paulo latior postice quam longior. Sternum late cordiforme, postice, inter coxas, latum. Abdomen subrotundum, validissime scutatum. Pedes breves et robusti, metatarsis tarsisque anticis circiter æquilongis, metatarsis anticis maris incrassatis et fusiformibus. Typus : C. Simoni Bertk. (sp. un.). AR. GEOGR. : Austria. Fapinasta, nov. gen. À Comaromu præsertim differt abdomine molli baud scutato, pedibus paulo longioribus, metatarsis anticis maris haud incrassatis tarsis paulo longioribus. — Oculi fere Comaromæ sed paulo majores et aream majorem occupantes. medii antici posticis non multo minores. Typus : T. biskrensis E. Sim. (sp. un.) (1). AR. GEOGR. : Algeria merid. Coressa, nov. gen. — Walckenaera Cambr., Ann. Mag. N. H., 1879, p. 203 (ad part. W. minultissima). A Comaroma differt oculis mediis posticis inter se quam a lateralibus multo remotioribus, area oculorum mediorum multo latiore postice quam longiore, abdomine globoso omnino molli, haud seutato. Typus : C. minutissima Cambr. (sp. un.). AR. GEOGR. : Europa occid. IT, — Sternum pedesque præcedentium. Area oculorum mediorum cireiter æque longa ac lata. Cephalothorax in utroque sexu plerumque dissimilis. Oculi postici magni (spatio inter medios posticos oculo haud latiore). Cibrpeus medion, Mets EEE ee Lygarina. Oculi postici parvi {spatio inter medios posticos oculo saltem duplo more) CypeusTalisSIiMUS eLDrOCIVIS MANN EE EE Cineta. Cineta E. Sim., Ar. Fr, V, 1884, p. 859, — Grammonola E. Sim., loc. cit, p. 596 (ad part. G. gradata) (non Grammonota Emert.). Cephalothorax brevis, parte cephalica lata, obtusa et convexa. Oculi postici in lineam rectam, parvi et inter se late remoti, medii inter se quam a latera- libus paulo remotiores (spatio interoculari oculo saltem duplo latiore). Oculi (1) Cette espèce est inédite, en voici la diagnose : T. biskrensis, sp. nov. — 4. Long. 1,2 mill. — Cephalothorax fulvo-rufescens, sub- lævis, tenuiter nigro-marginatus. Abdomen oblongum, fusco-testaceum. Sternum brun- neum, læve. Pedes luridi. Pedes-maxillares breves et robusti, patella tibiaque muticis, subglobosis et moniliformibus, tarso bulboque magnis, late oblongis, larso supra ad basin leviter anguloso. — Alg. merid. : Biskra. ; 648 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES antici inter se appropinquati, subæquales, in lineam leviter procurvam. Oculi medii subæquales, aream æque latam (postice) quam longam occupantes. Clypeus proclivis, latissimus, area oculorum latior, chelis haud vel vix brevior. Pedes breves et robusti, tarsis anticis metatarsis haud vel vix brevioribus interdum longioribus. Cephalothorax in utroque sexu dissimilis. Typus : C. genistæ E. Sim. AR. G£0GR. : Europa media et occid. (gradata E. Sim.), ins. Corsica (genistæ E. Sim.); Amer. merid. : Venezuela (altissima E. Sim.) (1). Lygarina, nov. gen. Cephalothorax brevis, latus, modice convexus. Oculi postici æqui, magni, in lineam plane rectam, medii inter se quam a lateralibus paulo remotiores (sed spatio interoculari oculo angustiore). Oculi antici inter se appropinquati, in lineam leviter procurvam, medii multo minores. Area mediorum trapeziformis, haud vel vix longior quam postice latior. Clypeus verticalis, area oculorum haud latior. Pedes breves et robusti, tarsis anticis feminæ metatarsis brevio- ribus maris haud brevioribus. Typus : L. nilida E. Sim. AR. GEOGR. : ins. Taprobane; Amer. merid. : Venezuela, Brasilia (2). (1) Espèce inédite, dont voici la diagnose : G. altissima, sp. nov. — &. Long. 1 mill. — Cephalothorax nigro-nitidus, altior quam longior, processu cephalico maximo, verticali, apice attenuato et parce crinito, postice, fere usque ad marginem, declivi, antice, sub oculis, depresso, dein valde pro- clivi et convexo. Oculi inter se appropinquati, apicem processus, occupantes. Abdomen subglobosum, nigro-nitidum. Sternum nigrum, læve, parcissime rugosum. Pedes breves, fulvo-rufescentes. Pedes-maxillares fulvo-rufuli; tibia patella circiter æqui- longa, versus apicem leviter ampliata et truncata, ad angulum exteriorem apophysi gracili et leviter curvata, instructa; tarso bulboque breviter ovalis. — Venezuela : Colonia Tovar !. (2) Toutes les espèces de ce genre sont inédites, voici les diagnoses des deux prin- cipales : L. nitida, sp. nov. — 4 Q. Long. 1,3 mill. — Cephalothorax sternumque nigro-ru- fescentia, coriaceo-rugosa. Abdomen breviter ovatum vel subglobosum, nigerrimum, nitidum. Pedes fusco-rufescentes, coxis trochanteribus, femoribus ad basin, patellis- que dilutioribus. Pedes-maxillares maris breves et robusti; femore brevi et curvato; patella paulo longiore quam latiore ; tibia breviore sed crassiore, ad marginem supe- riorem tridentata, dente interiore reliquis longiore et setiformi ; tarso bulboque ovatis. — Prov. Minas : Caraca (Gounelle). EL. monticola, sp. nov. — 4 ®. Long. 1 mill. — Cephalothorax fusco-olivaceus, vitta media obscuriore, antice trifida, ornatus. Abdomen subglobosum, nigro-nitidum. Sternum nigrum, læve. Pedes obscure fulvo-olivacei, metatarsis anticis maris tarsis paulo brevioribus. Pedes-maxillares maris breves et robusti; femore brevi; patella brevissima nodiformi; tibia patella circiter æquilonga, paulo crassiore, extus ad apicem apophysi robusta, ohtusa et antice, secundum tarsum, directa, instructa ; tarso magno, late ovalo, ad basin attenuato. — Tns. Taprobane : Nuwara-Eliya, FETES FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 649 III. — Oculi, abdomen pedesque Lophocareni. Chelarum margines plerumque muticæ, unguis bisinuosus. Cephalothorax in utroque sexu similis. Ceratinella Emert., Trans. Conn. Acad., VI, 1882, p. 32 (ad part. C. brevis). — Ceratina Menge, Preuss. Spinn., 1867 (nom. præocc.). — Ceratinella E. Sim., Ar. Fr., V, 1884, p. 850. — Erigone auct. — Ceratina Dahl, 1886. — Ceratinella Chyz. et Kulez., 1894. Cephalothorax latus, brevis et convexus, fronte lata, obtuse truncata. Oculi postici inter se late et fere æque distantes, in lineam procurvam. Oculi antici in lineam subrectam vel procurvam, medii minores et a lateralibus quam inter se remotiores. Area mediorum trapeziformis, fere semper multo longior quam latior. Clypeus area oculorum æquilatus vel latior. Pedes breves et robusti, tarsis anticis et posticis metatarsis vix brevioribus, reliquis metatarsis tarsis æquilongis. Abdomen globosum, scuto duriusculo coriaceo vel punctato supra obtectum. — Frons maris normalis nec elevata nec lobata. Typus : C. brevis Westr. AR. GEOGR. : Europa frigida et media; Asia orientalis. IV. — Area oculorum mediorum multo longior quam latior. Abdomen scuto dorsali duriusculo plerumque punctato et plerumque scuto epigasteri scutoque minore mamillari (saltem in mare) munitum. Chelæ normales. 1. Apex sterni coxis posticis haud angustior. Tarsi antici metatarsis haud vel non multo breviores haud angustiores et leviter fusi- — Apex sterni coxis posticis multo angustior. Tarsi antici graciles et LEO ANS ISNOTENIOrE She MANIERE DIE NUE DD PA Au er et O. PMDCuanticiun linear TeCULVANL AMEN EEE Thyreobæus. — Oculi antici in lineam rectam vel sæpius procurvam. ............ d AROCUIbo tic iTeamMIprOCULVATN PANNE UNE TE An 4. a dbuNibos tic imeanmerectane ANUS RS NP RE Re N 5. . Oculi postici in lineam validissime procurvam, inter se fere æqui- distantes. Oculi antici in lineam procurvam...... Lophocarenum. — Oculi postici in lineam modice procurvam, medii a lateralibus quam inter se remotiores. Oculi antici in lineam fere semper RECENIN LANCE MEN ENeREN Een AN Le ee AR Cnephalocotes. 5. Oculi postici sat magni et inter se anguste distantes.. Dactylopisthes. — Oculi postici parvi et inter se latius distantes. ........... Ceraticelus,. 6. Oculi postici in lineam valde procurvam, medii inter se quam à lateralibus multo remotiores. Scutum abdominale obsoletum.. 2 cinn à de SUNSET ReELe ee Abacoprœæces. — Oculi postici in lineam modice procurvam, inter se fere æqui- distantes. Scuta abdominalia distinctissima. ....... Exechophysis. 650 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Lophocarenum Menge, Preuss. Spinn., 1866 (ad part.). — Erigone auct. — Walckenaera Blackw., Cambr. (ad part.). — Melicertus E. Sim., Hist. Nat. Ar., 1864 (nom. præocc.).— Lophocarenum E. Sim., Ar. Fr., V, 1884, p. 655. — Paractenonyæ (L. parallelum) et Brachycentrum (L. elongutum) Dahl, Monog. Erig., etc., 1886, p. 81-85. — Brachycentrum et Trichopterna (L, Blackwalli) Chyz. et Kulcz., Ar. Hung., 1894, p. 114 et 117. Oculi postici mediocres, inter se fere æquidistantes, in lineam valde pro- curvam. Oculi antici in lineam procurvam, medii lateralibus minores et a lateralibus quam inter se remotiores. Area mediorum trapeziformis, multo longior quam latior. Sternum postice late truncatum et coxis posticis subglo- bosis saltem haud angustius. Pedes breves, tarsis anticis metatarsis vix bre- vioribus et, præsertim in mare, leviter fusiformibus, setis tibialibus brevis- simis indistinctis. Tegumenta duriuscula, parte thoracica interdum punctis impressis, lineas radiantes designantibus, ornata, abdomine scuto dorsali integro obtecto. Maris gibbus cephalicus plerumque magnus, utrinque impres- sionibus discretus et oculos medios posticos gerens, integer vel longitudina- liter sulcatus. Tyeus : L. parallelum Wider. AR. GEOGR. : Europa; Regio mediterr.; Africa austr. Cnephalocotes E. Sim., Ar. Fr., V, 1834, p. 699. — Ærigone auct. — Walc- kenaera Blackw. (ad part. W. obscura). — Micronela Menge, 1866 (ad part. M. pusilla). — Eusticothrix Dahl, Monog. Erig., 1886, p. 79 (ad part. E. obscura). — Cnephalocotes (C. sila) et Nematogmus {ad part. N. obscurus) Chyz. et Kulez., 1894. À Lophocareno tantum differt oculis posticis lineam minus procurvam desig- nantibus, mediis a lateralibus quam inter se semper remotioribus, oculis anticis in lineam rectam rarissime procurvam (C. obscurus B1.). — Frons maris gibbo humili impressionibusque munita (C. obscurus BI.) vel gibbo carens sed clypeo late prominulo et conico (C. pusillus M.). Typus : C: obscurus BI. AR. GEOGR. : Europa et Reg. mediterr. et fortasse America merid. Daetylopisthes E. Sim., loc. cit., 1884, p. 592. À præcedentibus differt oculis posticis sat magnis et inter se parum distan- tibus, lineam rectam designantibus. — Frons maris fere normalis sed promi- nula (D. pauper E. Sim.) vel processu longo, antice inflexo et oculos medios posticos gerente ornata (D. digiticeps E. Sim.). Typus : D. digiticeps E. Sim. AR. GEOGR. : Reg. mediterr. occid. Ceraticelus E. Sim., Ar. Fr., V, 1884, p. 595. — Ceratinella Emert., Trans. Conn. Acad., VI, 1882 (non Ceratina M.). À Dactylopisthi, cui affinis est, differt fronte latiore, oculis posticis inter se FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 651 distantioribus, mediis a lateralibus quam inter se sæpe remotioribus (C. læta- bilis), lateralibus anticis a mediis bene sejunctis, lateralibus sat elevatis, area oculorum mediorum non multo longiore quam latiore, clypeo multo latiore, abdomine scutis coriaceis obtecto. — Frons maris fere normalis (C. lætabilis) vel gibbo magno munito, sed impressionibus carens. Typus : C. fissiceps Cambr. AR. GEOGR, : Amer. sept. et antillana. Thyreobæus E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1888, p. 22S. A Ceraticelo tantum differt oculorum linea postica leviter procurva, linea antica leviter recurva et area mediorum trapeziformi multo longiore quam latiore (mas ignotus). Typus : T. scutiger E. Sim. AR. GEOGR. : ins. Madagascar. ÆExechophysis E. Sim., Ar. Fr., V, 188%, p. 690. — Erigone Cambr. {ad part. E. bucephala). À Lophocaïeno tantum differt sterni apice, inter coxas, multo angustiore, oculorum linea postica paulo minus procurva, oculorum linea antica recta, pedibus multo longioribus, tarsis gracilibus metatarsis brevioribus. — Tegu- menta coriacea. Abdomen scuto duriusculo punctato obtectum. Frons maris plerumque prominens et gibbo magno, oculos posticos gerente, munita. Typus : E. bucephalus Cambr. AR. GEOGR. : Reg. mediterr. occid. Abacoprœæeces E. Sim., loc. cil., 1884, p. 653. — Erigone Cambr. {ad part. saltuensis). — Abacoprœæces Chyz. et Kulez., 1894. A Lophocureno differt oculis mediis posticis inter se quam a lateralibus multo remotioribus, pedibus multo longioribus, tarsis anticis leviter fusifor- mibus metatarsis multo brevioribus, apice sterni multo angustiore, tegumentis coriaceis sed scuto abdominali parum distincto. — Frons maris gibbo humili, antice truncato, munita. Typus : A. saltuum L. Koch. AR. GEOGR. : Europa centr. et orient. V.— Abdomen haud scutatum, molle vel rarius supra leviter coriaceum. Oculorum linea antica recurva. Cætera Lophocareni. 1. Oculi medii postici a lateralibus quam inter se multo remotiores. . Le — Oculi postici inter se æquidistantes vel medii remotiores......... 4. 2. Oculorum mediorum area longissima vix latior postice quam antice. Oculi medii antici reliquis oculis paulo majores..... Stajus. — Oculorum mediorum area multo latior postice quam antice. Oculi MEédnianticireliqis oculis minores. 1... 3. 652 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES 3. Pedes sat breves, tarsis anticis metatarsis vix brevioribus. Apex Stern latuS MecumMmentalCONACEA PP PE EN EEP RE Troxochrus. — Pedes sat longi, tarsis anticis metatarsis brevioribus. Tegumenta OR VIA AA MERE L'AIR USE er BARON AR AR SES CEE Baryphyma. 2NOculorumalinenMposticArec tar ere RE SR PT 5. — Oculorum linea postica plus minus procurva............. Araeoncus SAlOculiiposticiparvi bnterse latetremoti ss LE NS Tiso. — Oculi postici magni et inter se anguste distantes......... Thapsagus. Araconeus E. Sim., Ar. Fr., V, 1874, p. 631. — Erigone auct. — Walcke- naera BI. (ad part.). — Lophocarenum Menge (ad part. L. globiceps). — Diplocephalus Chyz. et Kulez., 1894 (ad part.). Oculi postici mediocres, in lineam valde procurvam, inter se late et æque distantes vel medii inter se quam a lateralibus remotiores. Oculi antici in lineam recurvam, medii inter se subcontigui sed a lateralibus late distantes. Area mediorum trapeziformis multo longior quam latior. Pedes sat longi, tarsis anticis teretibus metatarsis brevioribus, setis tibialibus diametro arti- culo saltem æquilongis. Tegumenta haud coriacea. — Frons maris gibbo impressionibusque carens sed plus minus prominens et antice porrecta, apice area plana obliqua et pilosa notata. Typus : À. humilis BI. AR. GEOGR. : Europa ; Sibiria ; Africa sept. occid. et Africa austr. (1). Stajus E. Sim., Ar. Fr., V, 1884, p. 510. Oculi postici minuti, in lineam subrectam (©) vel leviter procurvam (&'), medii inter se appropinquati sed a lateralibus latissime remoti. Oculi antiei in lineam recurvam, medii inter se contigui sed a lateralibus late remoti. Area mediorum multo longior quam latior, angusta, fere parallela, oculi medii antici posticis paulo majores. Pedes longi, graciles, tarsis gracilibus meta- tarsis multo brevioribus. Tegumenta haud coriacea. — Frons maris lata, recte truncata, pilosa. Typus : S. truncatifrons Cambr. (sp. un.). AR. GEOGR. : ins. Corsica et Algeria. (1) L'espèce de l’Afrique australe est inédite, en voici la diagnose : A. Krugeri, sp. nov. — Long. 1,5 mill. — Cephalothorax lævis, fusco-olivaceus, antice sensim obscurior, et linea marginali nigra exili cinctus, regione frontali pro minenti et oblusa fere Araeonci humilis sed glabra. Oculi postici parvi, in lineam leviter procurvam, inter se (præsertim medii) late remoti. Abdomen oblongum, fus- cum, supra duriusculum, crebre et grosse impresso-punctatum. Sternum læve, nigro- nitidum. Pedes sat longi, obscure fulvo-olivacei, femoribus tibiisque ad apicem angustissime fusco-cinctis. Pedes-maxillares olivacei ; patella brevi, convexa; tibia vix breviore, supra ad apicem apophysi brevi et bifida (ramulis binis subæqualibus et divaricatis) instructa; tarso magno ovato ; bulbo stylo crasso spirali instrueto. — — Transvaal : Makapan. ; FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 653 Troxochrus E. Sim., Ar. Fr., V, 1884, p. 645. — Erigone auct. — Walcke- naera Cambr., Blackw. (ad part.). — Lophocarenum Menge (ad part. L. sca- briculum, parvulum). Ab Araeonco imprimis differt oculis mediis posticis a lateralibus quam inter se semper remotioribus, area oculorum mediorum magna, antice quam postice non multo angustiore, tegumentis valde coriaceis. — Frons maris impressionibus gibboque humili parum distincto, munita. Typus : T. scabriculus Westr. AR. GEOGR. : Europa ; Reg. meditexr. (pastoralis Cambr.) et Amer. sept. Baryphyma E. Sim., Ar. Fr., V, 1884, p. 694. À Troxochro differt oculis anticis in lineam vix recurvam, tegumentis haud coriaceis, apice sterni, inter coxas, angustiore, pedibus longioribus, tarsis tere- tiusculis, metatarsis multo brevioribus. — Frons maris impressionibus præ- dita sed gibbo carens. Tyeus : B. Schlicki E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : Europa sept. iso E. Sim., Ar. Fr., V, 1884, p. 506. — Erigone auct. — Tmeticus Menge {ad part. T. hamipalpus). — Microctenonyx Dah]l, Monog. Erig., etc., 1886, p. 81 (ad part. M. longimanus). Cephalothorax ovatus, antice declivis et obtusus. Oculi postici in lineam rectam, parvi, inter se late et fere æque distantes. Oculi antici in lineam leviter recurvam, medii minores, inter se subcontigui sed a lateralibus late distantes. Clypeus planus, areæ oculorum latitudinem saltem æquans. Pedes breves, sat robusti, breviter pilosi, tarsis teretibus metatarsis haud vel vix brevioribus. — Cephalothorax in utroque sexu similis. Typus : T. vagans Blackw. AR. GEOGR. : Europa. Thapsagus nov. gen. Ab Araeonco, cui affinis est, differt oculis posticis in lineam plane rectam, majoribus, inter se æquis, fere æque et sat anguste distantibus (spatiis inter- ocularibus oculis non latioribus), pedes brevioribus et tarsis anticis metatarsis non multo brevioribus (mas ignotus). Tyeus : T. pulcher E. Sim. (sp. nov.) (1). ÂR. GEOGR. : ins. Madagascar. (1) Espèce inédite, dont voici la diagnose : T. pulcher, sp. nov. — ®. Long. 1,3 mill. — Cephaiothorax sat longe ovalis, fulvo- rufescens, linea marginali nigra et macula media fusca, acute triquetra et antice tri- lida, ornatus. Oculi postici in lineam subrectam, inter se fere æque et non late (cr HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES VI. —'Abdomen molle haud scutatum. Cætera Lophocareni. 1 Oculposticsinlineamaplanetrec APP EREEN RE e 2 — Oculi postici in lineam plus minus procurvam................. ù 2, Oculi postici sat magni (spatiis interocularibus oculis haud vel vix latioribus). Tarsi cuncti metatarsis multo breviores....... PER LR ARE OR A nee A EE AR Diplocephalus (pars). — Oculi postici mediocres vel parvi (spatiis interocularibus oculis HQUILO MALTOIDUS) ETES EER RSR RUE ET 3. 3. Oculi medii postici inter se quam a lateralibus paulo remotiores. Tarsi antici metatarsis circiter æquilongi....... Caracladus (pars). — Oculi postici inter se æquidistantes vel sæpius medii a lateralibus quam inter se paulo remotiores. Tarsi antici metatarsis paulo DTEVIONES A ARE EN RUEAANE Ne ENS Nr à jar PAL APR NET 0 USERS 4. 4, Oculi postici mediocres. Tegumenta coriacea............ Lophomma. — Oculi postici parvi. Tegumenta Iævia................. Scotynotylus. 5. Oculi postici lineam valde procurvam designantes (1)........... 6. — Oculi postici lineam leviter procurvam designantes (2).......... #): 6, Oculi postici parvi inter se late separati, medii a lateralibus quam inter se multo remotiores. Oculi medii antici inter se contigui sed a lateralibus latissime distantes. Clypeus area oculorum mediorum fere duplo angustior........... Panamomops. — Oculi postici mediocres vel sat magni, inter se æquidistantes vel medii inter se quam a lateralibus paulo remotiores. Oculi antici inter se appropinquati. Clypeus area oculorum mediorum non HOULTO ANUS ORNE PRET ENTREE ER Et SEAT TUE 1e 7. Oculi quatuor antici inter se subcontigui. Tarsi antici metatarsis VIX DIÉVIOTES: ou EUR Mer (pe FE MEME RTE Minyriolus. — Oculi medii antici inter se contigui sed a lateralibus anguste separati. Tarsi antici metatarsis circiter 1/3 breviores......... 8. 8. Pedes breves et robusti. Tegumenta fulva, breviter pilosa (setis IDIANDUS CS) RE ARE AE IR Re EC Peponocranium. — Pedes sat longi. Tegumenta nigra, valde setosa...... Pocadicnemis. distantes, medii lateralibus paulo majores. Oculi antici in lineam evidenter recurvam, medii inter se conligui, à lateralibus late remoti. Abdomen magnum, convexum, breviter ovatum, pallide luteum, supra linea media angusta et integra et utrinque vitta marginali latissima nigris, ornatum. Sternum castaneum, læve et nitidum. Pedes sat breves, omnino luridi. — Madagascar. (1) La ligne oculaire est fortement procurvée quand le bord antérieur des yeux médians, vus en dessus, se {trouve au niveau du bord postérieur des latéraux ou en arrière. (2) Dans quelques espèces du genre Diplocephalus (D. Becki Cb.), la seconde ligne oculaire est, par exception, fortement procurvée. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 659 9, Oculi medii postici inter se quam a lateralibus remotiores (1).... 10. — Oculi postici inter se æquidistantes vel medii a lateralibus quam HER EMOMIOUIORES AMAR RL UMR Cr NA AE 12}. 10. Oculi postici parvi, inter se late distantes. Oculi medii antici inter se contigui sed a lateralibus latissime distantes (2)...... Ne MR R e ed dou Caracladus (pars). — Oculi postici magni, spatiis interocularibus oculis rarissime latio- rbus. Oculi quatuomantiei interse subcontigui.. ............. sie 11. Clypeus area oculorum multo angustior. Tarsi metatarsique MINCE eMeTUIIOoNeIME PNEU Le Tapinocyba. — Clypeus area oculorum haud angustior. Tarsi antici metatarsis CCI ADTETIONES. A PIE EE ET NRA Metopobactrus. PMOculimetantuciadlaterauibus late distantes 118) — Oculi medii antici a lateralibus sat anguste distantes (spatio interet oculomon multoNaAtIOre) AREA ER RE EEE 14. 13. Oculi postici inter se fere æquidistantes. Tegumenta coriacea. ... AIO D NE DORA EE SERA RE RRRTEN ASE MILLER EN ARE AIR Dicymbium. — Oculi medii postici a lateralibus quam inter se multo remotiores. estate STE OCTO EUR PR SUR E RN ECO Delorrhipis. 14. Oculi postici parvi (spatiis interocularibus oculis semper latiori- DS) APR CELA Vo es Ru LR Le AU Lee GA nn. L5 — Oculi postici mediocres vel sat magni (spatiis interocularibus Oculis haud velvix latioribus).. 4... 0.00. Diplocephalus (pars). 15. Oculi antici in lineam plane rectam. Pedes sat breves... Hybocoptus. — Oculi antici in lineam leviter procurvain (3). Pedes sat longi. Entelecara. Peponocranium E. Sim., Ar. Fr., V, 1884, p. 686 (ad part. P. ludicrum). — Walckenaera Blackw., Cambr. Oculi postici mediocres, in lineam validissime procurvam, medii a laterali- bus quam inter se paulo remotiores. Oculi antici in lineam plane rectam, laterales a mediis distincte separati. Clypeus area oculorum angustior. Pedes breves, tarsis anticis metatarsis brevioribus, setis tibialibus longis. Tegu- menta fulva, haud coriacea. — Gibbus cephalicus maris maximus et globosus. Typus : P. ludicrum Cambr. AR. GEOGR. : Europa. (1) Quelques espèces du genre Tapinocyba ont cependant les yeux postérieurs équi- distants et quelques-unes du genre Entelecara ont les médians plus écartés, notam-— ment Æ. broccha L. Koch. (2) Exceplé chez quelques mâles, par suite de déformations frontales exagérées. (3) Cette ligne oculaire est cependant droite chez les femelles des espèces que je comprenais autrefois dans le geure Styloctelor. 656 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Minvyriolus E. Sim., Ar. Fr., 1884, p. 787. — Theridion Wid. (ad part. T. pusillum). — Micryphantes C. Koch (ad part. M. ochropus). — Lophoca- renum Menge, 1866 {ad part.). — Id. Emerton, 1882 {ad part. L. scopuli- ferum). — Minyriolus Chyz. et Kulcz., 1894. À Peponocranio, cui valde affinis est, tantum differt oculis anticis inter se æque et angustissime separatis, tarsis anticis metatarsis haud vel vix brevio- ribus. — Frons maris gibbo impressionibusque munita (M. pusillus Wid.) vel gibbo carens sed clypeo valde prominenti (M. servulus E. Sim.). Typus : M. pusillus Wider. AR. GEOGR. : Europa et America sept. Panamomops E. Sim., Ar. Fr., V, 1884, p. 792. — Neriene Cambr. (ad part. N. bicuspis). — Walckenaera Cambr. (ad part. W. diceros). — Platyopis Menge, 1868 (nom. præocc.). — Lophocarenum Emert., 1882 (ad part. L. quadricristatum). — Micrargus Dahl. Monog. Erig. etc., 1886, p. 80 (ad part. M. diceros). — Panamomops Chyz. et Kulez., 1894. À Minyriolo differt oculis mediis posticis et anticis a lateralibus quam inter se multo remotioribus et clypeo multo angustiore, area oculorum fere duplo angustiore et sæpe in mare convexo-marginato. — Frons maris gibbo carens, rarissime impressa (P. diceros Cb.), plerumque latissime truncata cum angulis prominulis, corniculis binis, in medio (P. diceros) vel utrinque ad angulum (P. bicuspis Gb.), semper instructa. Typus : P. bicuspis Cambr. AR. GEOGR. : Europa; Sibiria (Dybowskii Cambr.) et America sept. (quadri- cristatus Emert.). Dipriocephalus Bertk., Beitr. z. Kennt. Sp. Reinp., 1883. — Erigone auct. — Walckenaera Blackw., Cambr. (ad part.). — Lophocarenum (ad part. L. biha- matum), Lophomma {ad part. L. bicorne) Menge, 1866. — Lophocarenum Emerton, 1882 {ad part.). — Prosoponcus et Plæsiocrærus E. Sim., Ar. Fr., V, 1884, p. 569 et 745. — Diplocephalus E. Sim. loc. cit., p. 874. — Lopho- carenum (ad max. part.), Dicyphus [ad part. D. Becki), Microctenonyx (ad part. M. ovatus) Dahl, Monog. Erig., ete., 1886. — Diplocephalus et Tapino- cyba (ad part. T. Bccki et insecta) Chyz. et Kulez., Ar. Hung., 1894. Oculi postici sat magni vel mediocres, in lineam rectam vel plus minus procurvam, inter se æquidistantes vel rarius medii a lateralibus quam inter se paulo remotiores {spatiis interocularibus oculis rarissime latioribus). Oculi antici in lineam rectam seu subrectam, medii inter se subcontigui sed a late- ralibus bene sejuncti. Arca mediorum trapeziformis, longior quam latior. Cly- peus area oculorum fere æquilatus. Pedes plus minus longi, tarsis teretiusculis metatarsis brevioribus, tibiis sctis erectis longis munitis. Abdomen haud scu- tatum. — Cephalothorax maris interdum antice valde acclivis, in conum com- pressum, oculos medios ad apicem gerentem, et sæpe bifidum, productus, interdum parum elevatus sed impressionibus ornatus et gibbo, oculos posticos gerente, plerumque munitus. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 657 Typus : D. cristatus Black. AR. GEOGR. : Europa; Reg. mediterr. occid.; Sibiria; Amer. sept.; Amer. merid. andina; N.-Zealandia. Tapinecyba E. Sim., Ar. Fr., V, 1884, p. 778. — Erigone auct. — Walcke- naera Cambr. (ad part. W. præcox). — Microctenonyx Dahl, Monog. Erig., etc., 1886 (ad part. M. subitaneu). — Tapinocyba Chyz. et Kulez., 1894 (ad part. T. pallens). A Diplocephalo, cui valde affinis est, differt oculis majoribus et inter se minus disjunctis, posticis in lineam parum procurvam interdum subrectam, anticis inter se subcontiguis in lineam rectam, pedibus brevioribus. — Frons maris impressionibus linearibus munita sed gibbo fere semper carens (T. cyclope except.). Tyeus : 17. præcox Cambr. AR. GEOGR. : Europa; Reg. mediterr.; Sibiria (aquilonaris L. Koch). Metopobactrus E. Sim., loc. cit., 1884, p. 718. — Erigone Cambr. {ad part. E. prominula). — Metopobactrus Chyz. et Kulcz., 1894. À Tapinocyba differt clypeo multo latiore area oculorum haud breviore et tarsis anticis metatarsis circiter 1/3 brevioribus. Pedes abdomenque setis longis prædita. — Frons maris haud lobata sed acuminata et sæpe in pro- cessum bacilliformem supra oculos producta. Typus : M. falcifrons E. Sim. AR. GEOGR. : Europa præsert. merid. Pocadienemis E. Sim., loc. cit., 1884, p. 713. — Walckenaera Blackw. (ad part. W. pumila). — Microneta Menge (ad part. M. bifida). — ? Lopho- carenum Emert., 1882 {ad part. L. longitubus). — Pocadicnemis Chyz. et Kulcz., 1894. À Metopobactro, cui valde affinis est, differt oculis posticis paulo minoribus, inter se æquidistantibus et lineam valde procurvam (fere ut in Lophocareno) formantibus, pedibus longioribus, tarsis anticis metatarsis 1/3 brevioribus, tegumentis corporis et artuum longe et valde setosis. — Frons maris gibbo humili impressionibusque munita (P. pumila) vel simpliciter acuminata haud lobata (P. prominens). Typus : P. pumila Blackw. ; AR. GEOGR. : Europa et Amer. sept. Caracladus E. Sim., loc. cit., 1884, p. 589. — Erigonoplus E. Sim., loc. cit., p. 124. — Erigone auct. (ad part.). À præcedentibus differt oculis posticis parvis, inter se late sejunctis, in lineam parum procurvam vel rectam, mediis inter se quam a lateralibus re- motioribus, oculis anticis in lineam rectam seu procurvam, pedibus sat longis, tarsis anticis gracilibus, terctiusculis, metatarsis haud vel vix brevioribus, (1) Go8 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES femoris anticis sæpissime setis spiniformibus subtus instructis, setis tibialibus diametro articulo paulo longioribus. — Frons maris valde variabilis, interdum humilis et normalis (C. inclarus E. Sim., etc.), interdum gibbo impressionibus discreto et oculos medios gerente munita (C. nigrocæruleus E. Sim.), interdum acuminato-turbinata (C. justus Cb.}, interdum processu frontali longo, gracili sed apice ampliato et oculos cunctos gerente instructa (C. aviculus L. K..), interdum lobo vesiculoso maximo, oculos haud gerente, insigniter ornata (C. castillanus Ch.). Typus : C. aviculus L. Koch. AR. GEOGR. : Europa et Reg. mediterr. Hybocoptus E. Sim., loc. cit., 1884, p. 768. — Erigone Cambr. (ad part. E. corrugis). À præcedenti differt oculis mediis posticis a lateralibus quam inter se paulo remotioribus, oculis anticis in lineam plane rectam, lateralibus a mediis dis- tinctius separatis, parte thoracica supra (saltem in mare) setis longis erectis munita. — Gibbus cephalicus maris magnus, ovatus vel globosus, anlice a superficie frontali incisura profunda discretus. Typus : H. decollatus E. Sim. AR. GEOGR. : Europa merid. et fortasse ins. Madagascar. Enteleeara E. Sim., loc. cit., 1834. — Theridion Wider (ad part. T. acu- minatum). — Erigone auct. — Walckenaera Blackw., Cambr. (ad part.), Neriene Cambr. (ad part. N. corticea). — Entelecara et Styloctetor E. Sim., loc. cil., 1884, p. 617 et 733. — Hypselomma (H. altifrons) et Moebilia (M. pe- nicillata) Dabl, Monog. Erig., etc., 1886, p. 91. — Siyloctetor (S. romanus), Moebiliu (M. penicillata) et Entelecara Chyz. et Kulez., 1894. Oculi postici mediocres, in lineam parum procurvam, medii a lateralibus quam inter se fere semper paulo remotiores. Oculi antici in lineam procurvam, laterales a mediis anguste separati. Pedes longi, tarsis metatarsis saltem 1/3 brevioribus, gracilibus et teretibus, setis tibialibus tenuibus diametro articulo haud brevioribus. — Cephalothorax in utroque sexu subsimilis vel in mare gibbo frontali et utrinque impressione profunda munitus. Typus : E. acuminata Wider. AR. GEOGR. : Europa; Reg. mediterr.; Sibiria orient. Dicymbium Menge, Preuss. Spinn., 1867, p. 193. — Id., E. Sim., Ar. Fr., V, 1884, p. 541. — Neriene BI. (ad part.). — Dicymbium Chyz. et Kulez., 1894. Oculi postici in lineam leviter procurvam, parvi, inter se late et fere æque distantes. Oculi antici in lineam subrectam, medii minuti inter se contigui sed a Jateralibus late remoti. Clypeus planus, area oculorum multo latior. Chelæ maris clypeo breviores, feminæ paulo longiores. Pedes sat longi, tarsis graci- libus longis sed metatarsis brevioribus, setis tibialibus brevibus et debilibus. Tegumenta sterni et sæpe cephalothoracis valde coriacea, — Frons maris nec FAMILLE DES ARGIOPIDE : 659 lobata nec impressa. Tibiæ anticæ sæpe compressæ ct dilatatæ (D. tibiale BI.). Tyrus : D. nigrum Elackw. AR. GEOGR. : Europa. Delorrhipis E. Sim., Ar. Fr., V, 1831, p. 690. À Dicymbio differt oculis mediis posticis a lateralibus quam inter se remo- tioribus, pedum metatarsis tarsisque gracilioribus et longioribus, tegumentis Iævibus haud coriaceis. Typus : D. fronticornis E. Sim. AR. GEOGR. : Reg. mediterr. occ.; Amer. sept. (monoceros Keyserl.) (1). Lophomma Menge, Pieuss. Spinn., 1367 {ad part. L. stictocephalum). — Microneta Menge (ad part. M. scrobiculata). — Lophocarenum Emert., 1882 {ad part. L. longitarsus). — Lophomma E. Sim., Ar. Fr., V, 1855, p. 533. 2QC Micrargus Dahl, Monog. Erig., etc., 1836, p. 80 (ad part. A. herbigrada). — Lophomma Chyz. et Kulez., 1891. Oculi postici mediocres vel parvi, in lineam plane rectam, medii a latera- libus quam inter se fere semper remotiores. Oculi antici in lineam subrectam, medii subcontigui, a lateralibus remoti. Clypeus area oculorum lalior. Chelæ robustæ, sæpe (præserlim in mare) convexæ, apice attenuatæ ct leviter diva- ricatæ. Pedes plus minus longi, tarsis anticis metatarsis vix brevioribus et leviter fusiformibus. Frons maris humilis, impressionibus postocularibus fere semper munita. Tveus : L. punctatum Blackw. AR. GEOGR. : Europa; Reg. mediterr.; Amer. sept. (longitarsus Emert.) et fortasse ins. Nov.-Caledonia. Scotynotylus E. Sim., Ar. Fr., V, 1833, p. 501. — ÆKrigone L. Koch; Cambr. (ad part.). — Scotynotylus Chyz. et Kulez., 189%. À præcedenti, cui subsimilis est, tantum differt oculis minoribus et inter se distantioribus, mediis posticis a lateralibus quam inter se sæpe remotio- ribus, pedibus longioribus, metatarsis tarsisque gracilioribus et tegumentis Iævioribus haud coriaceis. — Frons maris haud lobata sed elevata et impres- sionibus postocularibus linearibus munita, sæpe corniculis binis ornata. Typus : $S. antennatus Cambr. AR. GEOGR. : Europa mont. VII. — Abdomen molle, haud scutatum. Oculi minutissimi [spatiis inter- ocularibus (lin. sec.) oculis saltem quadruplo majoribus], postici in lineam procurvam, antici in lineam rectam seu recurvam. Area mediorum multo longior quam latior. Sternum pedesque Lophocarent. (1) Décrit depuis par N. Banks sous le nom de Tmelicus unicornis (Pr. N. S. Phil., 1892). 660 HISTOIRE NATURELLE DES APRAIGNÉES £ Oculorum linea postica modice procurva, oculi medii inter se quam a lateralibus remotiores. ...,.... ON RER CEE . Acartauchenius. Oculorum linea postica valde procurva, oculi medii a lateralibus CN Ton SO TOMONDES. 2-3 000a0nac0cacnac Thyreosthenius. Acartauchenius E. Sim., Ar. Fr., 1884, p. 740. — Erigone Cambr. (ad part. scurrilis). — Acartauchenius et (?} Mecynargus Chyz. et Kulez., 1894. Oculi postici in lineam parum procurvam, minutissimi et inter se latissime distantes, medii (præsertim in mare) inter se quam a lateralibus remotiores. Oculi antici in lineam subrectam vel leviter recurvam, medii inter se contigui sed a lateralibus late distantes. Pedes longiusculi, tarsis anticis metatarsis paulo brevioribus, gracilibus et teretibus, setis tibialibus longis. — Frons maris haud impressa in conum pilosum elevata. Typus : À. scurrilis Cambr. AR. GEOGR. : Europa; Africa sept.; Sibiria. Thyrecsthenius E. Sim., loc. cit., 1884, p. 744. — Erigone Cambr. (ad part. E. biovata). — Peponocranium E. Sim., loc. cit. (ad part.). Ab Acartauchenio, cui valde affinis est, tantum differt oculorum linea postica valde procurva et oculis mediis a lateralibus quam inter se remotioribus. — Frons maris gibbo maximo, longitudinaliter profunde sulcato, munita, oculi medii postici inter se appropinquati in sulco gibbi siti. Typus : T. biovatus Cambr. AR. GEOGR. : Europa occid. VIII. — À præcedentibus differt sterno ovali, multo longiore quam latiore, postice, inter coxas, angusto et obtuso rarius truncato, cephalothorace longius ovali, pedum-maxillarium feminæ tibia patella multo longiore ad apicem plus minus incrassata, tarso valde acuminato. 1. Oculorum linea postica valde procurva. Frons maris gibbo maximo utrinque impresso munita......... M ne de Sen Wideria. — Oculorum linea postica subrecta vel leviter recurva (1). Frons maris haud impressa. ....... SAN mn M TNA à à De 2. Frons lata, area oculorum latior, oculi parvi. Pars thoracica inci- sura minutissima, sæpe punctiformi, impressa...... Walckenaera. — Frons angusta vel mediocris, area oculorum haud latior. ........ d. 3. Oculi postici magni, inter se appropinquati (spatiis interocu- laribus oculis minoribus). Pars thoracica stria tenui im- DIESSa 2) Pere DE Ut eee A ANNEE PRE . Prosopotheca. (1) Chez les mâles des Prosopotheca, la seconde ligne est cependant arquée en arrière par suite d’une déformation frontale qui n’existe pas chez les femelles. (2) Chez Prosopotheca incisa Cambr., la strie est indistincte chez le mâle, tandis que chez la femelle elle est courte et profonde, comme chez les Walckenaera. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 661 — Oculi postici minuti vel mediocres [spatiis interocufaribus oculis latioribus vel saltem haud angustioribus (1)]................. 4. 4. Oculi antici in lineam rectam. Pedes breves breviter pilosi, tarsis anticis metatarsis vix brevioribus et sat robustis. Pars thora- CICR TIAICALENS 2 MA ie A ER HAE à .. Cornicularia. — Oculi antici in lineam leviter recurvam. Pedes longiores, tarsis anticis gracilibus metatarsis multo brevioribus, tibiis seta dor- sali longa munitis. Pars thoracica stria longitudinali brevi et ÉCRAN DIRE SOA IE AA NON RES CR RUR CETTE QUE GAL PUS Tigellinus. WWalckenaera Blackw., 1833 (ad part.). — Phalops (ad part. P. cornutus), Tmeticus (ad part. T. spinipalpus), Lophomma (ad part. L. mitratum) Menge, Preuss. Spinn., 1866-1867. — Walckenaera E. Sim., Ar. Fr.,V, 1884. — Phalops (ad part. P. acuminata), Trachynotus (ad part. T. obtusus), Lophomma (ad part. L. mitrata) Dabl, Monog. Erig., ete., 1886. — Walcke- naera Chyz. et Kulcz., Ar. Hung., 1894 (ad part.). Cephalothorax longus, fronte lata et obtusa, stria marginali carens, stria media thoracica brevissima sed profunda munitus. Oculi parvi, inter se parum distantes, latitudinem frontalem haud occupantes, postici in lineam sub- rectam, äntici, inter se appropinquati, in lineam rectam seu leviter pro- curvam, medii lateralibus minores. Area mediorum trapeziformis, vix longior quam latior. Clypeus area oculorum latior vel saltem haud angustior. Pedes robusti, femoribus compressis et versus basin supra dilatatis, tibiis leviter com- pressis, paulum attenuatis, tarsis gracilibus et teretibus, metatarsis brevio- ribus, articulis cunctis breviter et fere æqualiter pilosis. — Cephalothorax maris valde variabilis, interdum normalis et feminæ subsimilis {(W. obtusa BI., etc.), sæpius gibbo globoso, ad basin plus minus constricto et oculos medios gerente munitus (W. capito Westr., etc.), interdum processu verticali, filiformi, lon- gissimo, oculos cunctos gerente insigniter ornatus (W. acuminata Blackw.). Typeus : W. acuminata Blackw. AR. GEOGR. : Europa temp. et frigida. WVideria E. Sim., Hist. Nat. Ar., 1° éd., 1864 (ad part.) — Lophomma Menge, Preuss. Spinn., 1867, p. 215 (ad part. L. anticum, cucullatum). — Lihyomma Bertk., Beitr. z. Kennt. Spinn. Reinp., 1883, p. 228. — Wideria E. Sim., Ar. Fr., V, 1884, p. 799. — Lophomma Dahl, 1886 (ad part. L. cucullutum, anticum). — Walckenaera Chyz. et Kulez., 1894 (ad part.). Cephalothorax longus, fronte angusta, stria marginali carens (W. angusti- fronte except.). Oculi magni, inter se parum distantes, postici inter se æqui- distantes, in lineam valde procurvam, antici inter se subcontigui, in lineam rectam vel subrectam, medii lateralibus multo minores. Area mediorum trape- ziformis multo longior quam latior. Clypeus area oculorum æquilatus vel (1) Chez Cornicularia cuspidata Blackw., les intervalles sont par exceplion un peu plus étroits que le diamètre des yeux. 662 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES paulo latior. — Pars cephalica maris gibbo magno, ad basin sæpe constricto et impressionibus discreto munita, sæpe frons prominens et interdum (W. an- tica BI.) corniculis binis cuneiformibus instructa, rarissime frons simplex, haud lobata sed semper impressa (W. fugax B1.). Typus : W. untica Blackw. AR. GEOGR. : Europa et Sibiria (sollers Cb.). Prosopotheca E. Sim., Ar. Fr., V, 1834, p. 829. — Theridion Wider, Zool. Miscl., Ar., 1834, p. 230 (ad part. T. monoceros). — Lophomma Menge, Preuss. Spinn., 1867, p. 211 (ad part. L. cristatum). — Cornicularia Emerton, 1882 {ad max. part.). Cephalothorax longus, fronte sat angusta et obtusa, stria marginali carens, stria media thoracica tenui munitus. Oculi magni et inter se parum disjuncti, postici in lineam subrectam, antici, inter se subcontigui, in lineam sub- rectam, medii latceralibus minores. Area mediorum trapeziformis, longior quam latior. Clypeus area oculorum æquilatus vel paulo angustior. — Frons maris parum alta, haud lobata, in medio processu parvo pilifero, simplici vel duplici, munita, interdum processu carens sed magis prominula (P. éncisa Cb.). Typus : P. monoceros Wider. AR. GEOGR. : Europa; Regio mediterr. occid.; America sept. Cornicularia Menge, Preuss. Spinn., 1863 {ad part. €. monoceros). — Spiro- palpus (S. spiralis) et Cornicularia (ad part.) Emert., Tr. Conn. Acad., 1882, p. 39-42. — Cornicularia E. Sim., Ar. Fr., V, 1884, p. 843. — Tr'achynotus {ad part. T. unicornis, cuspidatus), Lophomma (ad part. L. vigilax) Dahl], Monog. Erig., etc., 1836. — Walckenaera (ad part.) Chyz. et Kulez., 1894. Cephalothorax oblongus, fronte sat angusta et obtusa, stria marginali striaque media carens. Oculi mediocres, postici in lineam subrectam, inter se fere æquidistantes (spatiis oculis latioribus a sese dislantes), antici in lineam rectam, medii minores, a sese contigui sed a lateralibus bene separati. Oculi medii aream longiorem quam latiorem occupantes. Clypeus areæ oculorum latitudinem vix æquans. Sternum apice sat latum, obtusum vel truncatum. — Frons maris interdum humilis et normalis (C. vigilax EI.), sæpius processu medio parvo simplici (C. cuspidata BI.) seu bifido {C. unicornis Cb.) haud setoso munita. Tyeus : C. unicornis Cambr. (C. monoceros Menge). AR. GEOGR. : Europa; Sibiria; America sept. (1). (1) L'espèce de la Nouvelle-Zélande, décrite par Urquhart sous le nom de Corni- cularia crinifrons, n'appartient certainement pas à ce genre et peut-être même pas à la sous-famille des Linyphiinue ; sa patle-mâchoire a de l’analogie avec celle des Synotaxus (cf. Trans. New-Zealand Inst., 1890, p. 155). FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 663 Tigellinus E. Sim., Ar. Fr., V, 1884, p. 838. — Phalops Menge, Preuss. Spinn., 1867 (ad part. P. furcillatus). — Cornicularia Emerton, Loc. cit., 1882 (ad part. C. tricornis). — Diplocephalus Bertk. (ad part. D. furcillatus). — Trichoncus Chyz. et Kulcz., 1891 (ad part. T. saæicola). Cephalothorax longus, fronte sat lata, stria media thoracica tenui et brevi munitus. Oculi parvi vel mediocres, postici in lineam rectam, inter se æqui- distantes (spatiis oculis latioribus a sese distantes), antici in lineam leviter recurvam, medii lateralibus minores, a sese subcontigui sed a lateralibus late distantes. Area mediorum magna, multo longior quam latior. Clypeus area oculorum æquilatus vel paulo angustior. Pedes longi, metatarsis tarsisque. gracilibus, tibiis seta dorsali longa munitis. Cephalothorax maris normalis (T. saxicola BI.) vel processu longo, gracili, remoto, antice prono, secundum dorsum, usque ad angulum frontalem, ducto, antice furcato et, prope medium, oculos medios posticos gerente, insigniter armatus. Typus : T. furcillatus Mengc. AR. GEOGR. : Europa et Amer sept. IX. — Sternum late cordiforme sed postice valde attenuatum et, inter coxas posticas, sat anguste productum et inflexum. Area oculorum mediorum fere semper haud vel vix longior quam latior. Pedes fere Lophocareni. 1. Oculi minuti et inter se late separati (spatiis interocularibus oculis multo latioribus) Le) — Oculi mediocres vel sat magni (spatiis interocularibus oculis haud MÉRROMUItONAtIONOUS) ARENA EROTEN OR EE ARE D. 2. Oculi postici inter se fere æquidistantes......... Trachelocamptus. — Oculi medii postici a lateralibus quam inter se multo remotiores. pee A EU DEN RO Pan PE ONU EE En hOChræscus 3. Chelæ et extus et subtus valde convexæ, extus seriatim dentatæ vel saltem granulatæ. Cephalothorax distincte marginatus. Erigone. — Chelæ normales. Cephalothorax haud vel vix distincte marginatus. Â. 4, Oculi medii postici a lateralibus quam inter se remotiores...... b, — Oculi postici inter se æquidistantes vel medii inter se quam a lateralibus remotiores........... AA Do ME ORDER ER dl _ 5, Oculi postici in lineam leviter recurvam. Oculi antici in lineam leviter procurvam. Clypeus convexus et prominulus... Dismodicus. — Oculi postici in lineam rectam seu leviter procurvam. Oculi antici in lineam rectam seu recurvam. Clypeus verticalis, planus.... 6. 6. Oculi postici in lineam valde procurvam et area mediorum multo longior quam latior........ RS Ten berne Piesocalus, — Oculi postici in lineam rectam seu leviter procurvam et area mediorum haud vel vix longior quam latior.................. 7 7. Frons obtuse truncata. Oculi postici in lineam plane rectam.... CN EE D Ne SM RQ AT TN ne Trichoncus. 66% HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES — Frons rotunda. Oculi postici in lineam leviter procurvam....... 8 8. Metatarsi antici tibiis evidenter breviores, tarsi metatarsis vix breviores, setæ tibiales mediocres. Chelæ maris antice muticæ. rip Ce SR er ete et LI Re BE TEE 2 PAC TAMTMOnGEAS — Metatarsi antici tibiis vix breviores, tarsi metatarsis multo bre- viores, setæ tibiales longæ. Chelæ maris antice dentatæ...... : RES LI C AR A0 PP A CA NES MERS EE AIX AAC DM NE Gongylidium. 9. Frons lata, area oculorum latitudinem frontalem haud occupans. Oculi quatuor antici inter se subcontigui. Tarsi antici meta- lArSIS Re dbTEIOLeS PER EE PA EE RER UE Gongylidiellum. -- Frons mediocris, area oculorum latitudinem frontalem occupans. Arte tATAILSISADTEMOLES APP EPP PAR PRET EEE BE 10. 10. Oculi antici in lineam leviter procurvam. Setæ tibiales brevissimæ etparumidistinciæ "0 DÉLAI LE si iso eceoe se CONDUITE — Oculi antici in lineam rectam seu recurvam. Setæ tibiales longæ. LE 11. Oculi postici in lineam leviter recurvam, medii inter se anguste separati sed à lateralibus subcontigui....... Trematocephalus. — Oculi postici in lineam leviter procurvam.. .... CRU SERRES IEEE 123 12. Oculi antici in lineam recurvam et area mediorum longior quam TO S 0 doc booee Re Ro AN LT ES ............. Notioscopus. — Oculi antici in lineam rectam et area mediorum haud vel vix lon- gior quam lation..." SOON D Re SR ANR AE D CESR 13. 13. Oculi medii antici inter se subcontigui sed a lateralibus distinc- tissime Separati........ A AGDE SEA Sr E .. Neriene. — Oculi quatuor antici inter se subcontigui......... Jet 0e NRATYDERTE ‘Frachelocamptus E. Sim., 1884. — Erigone Cambr., 1879 (ad part. E. nasuta Gb.) — ? Lophocarenum Emert., 1882 (ad part. L. rostratum). — Trachelocamptus et Thaumatoncus E. Sim., Ar. Fr., V, 1884, p. 577 et 550. Oculi postici in lineam rectam, parvi et inter se late remoti (spatiis interocu- laribus oculis multo latioribus), æquidistantes vel medii inter se remotiores. Oculi antici in lineam rectam, medii inter se contigui sed a lateralibus latis- sime distantes. Area oculorum mediorum haud vel vix longior quam latior et antice quam postice multo angustior. Pedes plus minus longi. — Frons märis altissima, conica, processu pilifero sæpe munita. Typus : T. nasutus Cambr. AR. GEOGR. : Gallia merid.; Hisp.; Algeria et fortasse America sept. E'yphochræstus E. Sim., loc. cit., 1884, p. 583. — Erigone Cambr. (ad part.). — ? Lophocarenum Emert., 1882 {ad part. L. pallidum). À Trachelocampto differt oculis mediis posticis a lateralibus quam inter se multo remotioribus, tarsis pedum metatarsis plerumque haud brevioribus, — FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 665 Cephalothorax maris in regione oculari normalis, pone oculos convexus et plerumque utrinque impressus. Typus : T. digitatus Cambr. AR. GEOGR. : Europa, Africa sept., Sibiria et fortasse America sept. Gonatium Menge, 1866. — Erigone auct. (ad part.). — Gonatium (G. cheli- ferum) et Dicyphus (D. biluberculatus) Menge, Preuss. Spinn., 1866. — Gonatium E. Sim., Ar. Fr., V,. 1884. — Gonatium, Hypomma (ad part. H. bituberculatum) et Dicyphus (D. cornutus) Dahl, Monog. Erig., 18S6. — Gonatium, Hypomma et Dicyphus Chyz. et Kulcz., 1894. Cephalothorax brevis, antice attenuatus, fronte alta sat angusta. Oculi postici in lineam rectam vel leviter recurvam, inter se modice (spatiis inter- ocularibus oculis angustioribus vel saltem haud latioribus) et fere æque distantes. Oculi antici in lineam leviter procurvam, inter se æqui vel medii paulo minores, medii inter se subcontigui sed a lateralibus bene separati. Area mediorum trapeziformis, haud vel vix longior quam latior. Oculi late- rales utrinque leviter prominuli. Clypeus area oculorum latior vel saltem haud angustior, planus seu leviter convexus. Pedes mediocres, breviter pilosi, tarsis gracilibus metatarsis brevioribus.— Frons maris normalis (G. rubens BI., ete.) vel impressionibus postocularibus tenuibus munita (G. biimpressum E. $S., etc.) vel gibbis binis magnis et geminatis, oculos haud gerentibus, ornata (G. bilu- berculatum Wid., etc.). Typus : G. rubens Blackw. AR. GEOGR. : Europa; Reg. mediterr.; Asia orient.; Japonia; Amer. sept. HBismodiecus E. Sim., Ar. Fr., V, 1884, p. 563. — Walckenaera Blackw. (ad part.). — Dicyphus Menge, 1866 (ad part. D. bicuspidatus). — Hypomma Dah]l, Monog. Erig., etc., 1886, p. 87 (ad part. H. bifrons). — Dismodicus Chyz. et Kulez., 1894. À Gonatio differt linea oculorum postica leviter recurva, oculis mediis posticis a lateralibus quam inter se remotioribus, area oculorum mediorum paulo longiore quam latiore, clypeo convexiore et prominenti, setis tibialibus longioribus. — KFrons maris gibbis maximis binis connatis, oculos haud gerentibus, munita. Tyeus : D. bifrons Blackw. ÂR. GEOGR. : Europa; Asia orient. et Amer. sept. Trichoneus E. Sim., loc. cit., 1884, p. 465. — Trichoncus (ad part.) Chyz. et Kulcz., 1894. Cephalothoracis frons lata et obtuse truncata. Oculi postici in lineam rectam, mediocres, æqui, medii a lateralibus quam inter se remotiores. Oculi antici in lineam rectam, medii lateralibus minores, inter se subcontigui sed a latcralibus late remoti. Area mediorum paulo longior quam latisr. Oculi late- rales in tuberibus validis elevati. Pedes longi (antici et postici inter se subæ- 666 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES quales), metatarsis tibiis vix brevioribus, tarsis gracilibus metatarsis brevio- ribus, setis erectis validis et longissimis muniti. Tegumenta plerumque longe et parce hirsuta. Typus : T. scrofu E, Sim. AR. GEOGR. : Europa merid. ct Algeria. Grammonota Emerton, Tr. Conn. Acad., VI, 1882, p. 38 (non Grammonota E° Sim., Ar. Er., N\. À Trichonco, cui valde affinis et subsimilis est, tantum differt oculis posticis in lineam levissime procurvam, clypeo paulo latiore, pedum anticorum meta- tarsis tibiis evidenter brevioribus, tarsis metatarsis non multo brevioribus, tegumentis brevius pilosis. Typus : G. pictilis Cambr. ÂR. GEOGR. : America sept. et merid. : Venezuela. Gongylidium Menge, Preuss. Spinn., 1867 (G. nigricans). — Linyphia Sund., 1833 (ad part. L. rufipes). — Erigone et Neriene auct. (ad part.). — Gongy- lidium E. Sim., Ar. Fr., V, 1884 (ad part. G. rufipes). — Id. Chyz. et Kulcz., 1894. À Trichonco differt fronte rotunda, oculis posticis in lineam leviter pro- curvam, majoribus, mediis a lateralibus quam inter se non multo remotio- ribus, tegumentis subglabris, breviter et parce pilosis sed setis tibialibus erectis longis. Typus : G. rufipes Sund. (sp. un.). AR. GEOGR. : Europa sept. et media. Neriene Blackw., 1833 (ad part.). — Erigone auct. (ad part.). — Phalops (ad part. P. apicatus), Micronela (ad part. M. tessellata) Menge, Preuss. Spinn., 1867. — Tmeticus (ad part.), Lophocarenum (ad part. L. montiferum, etc.) Emerton, 1882. — OEdothorax (typus OE. gibbosus), Stylothorax (typus S. apicatus) Bertkau, Beitr. z. Kennt. Spinn. f. Reinp., 1883. — Gongyli- dium (ad max. part.) E. Sim., Ar. Fr., V, 1884 — ? Gnathonarium Karsch, Archiv. f. Nuturg., XLVII. — Neriene Dahl, 1886. — Neriene et Trachygnatha (T. dentata) Chyz. et Kulez., 1894. Oculi postici æqui, magni et inter se parum distantes (spatiis interocula- ribus oculis nunquam multo latioribus). Oculi antici in lineam rectam seu leviter procurvam, medii minores, inter se subcontigui sed a lateralibus distincte separati. Area mediorum trapeziformis haud vel non multo longior quam latior. Clypeus area oculorum haud vel non multo angustior. Pedes sat robusti, tarsis gracilibus metatarsis brevioribus, setis tibiarum tenuibus arti- culo longioribus. — Cephalothorax maris normalis vel insigniter convexus, interdum foveolatus vel processu variabili munitus. Chelæ maris sæpe antice unidentatæ. Typus : N. fusca Blackw. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 667 AR. GEOGR. : Europa et Reg. mediterr.; Asia sept. centr. et orient.; Amer. sept. et merid.; N.-Hollandia {1) et N.-Zealandia. Notioscopus E. Sim., Ar. Fr., V, 1884, p. 643. — Erigone Cambr. (ad part. E. sarcinata). À Neriene differt oculis quatuor anticis in lineam evidenter recurvam, mediis inter se subcontiguis sed a lateralibus late remotis (9) et area ocu- lorum mediorum ut in Araeonco multo longiore quam latiore. — Cephalothorax maris convexus, sæpe in medio cxcisus. Typus : N. sarcinatus Cambr. AR. GEOGR. : Europa et Africa australis {australis E. Sim.) (2). Piesocalus, nov. gen. À Neriene differt oculis quatuor posticis in lineam validissime procurvam semicircularem, mediis lateralibus paulo majoribus et a lateralibus quam inter se paulo remotioribus, oculis quatuor anticis in lineam levissime procurvam, (1) L'espèce de la Nouvelle-Hollande est inédite, en voici la diagnose : N. analis, sp. nov. — ®. Long. 2 mill. — Cephalothorax breviter ovatus, parum convexus, subtilissime coriaceus, nilidus, obscure fulvo-ravidus, tenuiter nigricanti— marginatus, fronte lata et obtusa. Oculi postici magni, æqui et non late separali, medii a lateralibus quam inter se paulo remotiores. Oculi antici in lineam rectam, medii lateralibus minores et a lateralibus quam inter se paulo remotiores. Area me- diorum paulo longior quam latior. Abdomen ovatum, postice acuminatum, rufulum, ad apicem, prope mamillas, nigrum, tenuiler et sat longe pilosum. Chelæ obscure fulvæ, nitidæ, robustæ, margine sulci superiore dentibus validis quinque, medianis reliquis longioribus, instructo. Sternum nigrum, sublilissime coriaceum. Pedes fulvo- teslacei, sat longi, metatarsis Libiis vix brevioribus, tarsis gracilibus metatarsis brevioribus. Vulva parum prominula, poslice fovea lale-ovala impressa, — Victoria inter. (2) L'espèce de l'Afrique australe est inédite, en voici la diagnose : N. australis, sp. nov. — ®. Long. 2 mill. — Cephalothorax luridus, anguste fusco- marginalus, in medio late et confuse infuscatus. Oculi postici sat magni, æqui, in lineam leviter procurvam, medii inter se quam a lateralibus paulo remotiores sed spatio interoculari oculo non multo latiore. Oculi antici in lineam valde recurvam. Abdomen ovatum, albidum, supra vittis duabus nigris, in parte basali rectis, in parte altera valde sinuosis et angulatis, subtus vitta marginali fusca interrupta, nota- tum. Slernum fusco-olivaceum. Pedes pallide luridi, setis erectis tibiarum longis muniti, Plaga vulvæ transversa, rufula, utrinque impressione fulva, valde recurva, nolala. — 4. Cephalothoracis pars cephalica paulo convexior. Oculi medii postici a lateralibus quam inter se remotiores (spatio interoculari oculo angustiore). Oculi antici in lincam subrectam, inter se appropinquati. Abdomen feminæ sed subtus obscurius. Pedes-maxillares luridi apice fusci ; patella tereti longiore quam latiore: tibia patella vix breviore apophysi apicali superiore obtuse et inæqualiter bifida (ramulo inleriore exleriore majore) instructa ; tarso bulboque magnis, hoc stylo, cir- culum formante, munito. — Prom. Bona-Spei. 6068 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES mediis minoribus, inter se contiguis, a lateralibus anguste separatis (@) et area oculorum mediorum multo longiore quam latiore (mas ignotus). Typus : P. javanus E. Sim. (sp. un.) (1). AR. GEOGR. : ins. Java. Atypena, nov. gen. À Neriene tantum differt oculis feminæ quatuor anticis inter se subconti- guis, lineam rectam seu levissime recurvam designantibus, fronte maris gibbo maximo, plus minus emarginato, oculos medios posticos gerente, utrinque impresso, et area oculorum mediorum maris maxima et multo longiore quam latiore. Typus : À. superciliosa E. Sim. AR. GEOGR. : ins. Taprobane; ins. Java; ins. Philippinæ (2). T'rematocephalus Dahl, Monog. Erig., etc., 18S6, p. 92. — Gongyhdium E. Sim., loc. cit., 1834 (ad part. G. cristatum). — Trematocephalus Chyz. et Kulez., 1894. A Neriene differt oculis posticis majoribus, in lineam levissime recurvam, mediis inter se anguste separatis sed a lateralibus subcontiguis, oculis anticis inter se subcontiguis et valde iniquis, mediis lateralibus multo minoribus. Typus : T. cristatus Wider. AR. GEOGR. : Europa med. et merid.; ins. Taprobane (3). (1) Espèce inédite, dont voici la diagnose : P. javanus, sp. nov. — ®. Long. 2,3 mill. — Cephalothorax lævis, fulvo-rufescens, tenuissime fusco-marginatus. Abdomen ovatum, pubescens, obscure cinereo-testa- ceum, supra vittis duabus latis nigris, intus rectis, extus sinuosis, ornatum. Sternum fascum, læve. Pedes-maxillares, chelæ pedesque fulvo-rufescentes. — Java : sinu Palabouan. (2) Toutes les espèces de ce genre sont inédites, voici la diagnose de celle que je considère comme type : A. superciliosa, sp. nov. — g. Long. 2 mill. — Cephalothorax obscure fulvus, antice et in medio late infuscatus et linea marginali exili uigra cinctus, regione fron- tali magna, abrupte elevata, apice truncata, longitudiualiter obtuse canaliculata, utrinque obtusissime et valde prominenti et oculos medios posticos, inter se late remotos, gerente, antice in declivitate rugosa et pilis crassis divaricatis munita. Abdomen oblongum, supra fuscum, transversim nigro-segmentatum et linea media fulva abbreviata ornatum, subtus albidum. Sternum olivaceum, læve. Pedes olivacei, coxis femoribusque ad basin dilutioribus. Pedes-maxillares fulvi; patella cylindrata, longiore quam latiore ; tibia breviore et paulo crassiore, apice apophysibus parvis armata, altera exteriore subrecta et leviter claviformi, altera superiore acuta et uncata ; tarso sat parvo. — Manila !. (3) Toutes les espèces de Ceylan sont inédites, voici les diagnoses des deux plus remarquables : T. simplex, sp. nov. — &. Long. 1,6 mill. — Cephalothorax pallide fulvo-olivaceus FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 669 Gongylidiellum E. Sim., Ar. Fr., V, 1884, p. 600. — Neriene Cambr. (ad part.). — Micrarqus Dahl, Monog. Erig., etc., 1886, p. 80 (ad part. M. late- bricola). — Gongylidiellum Chyz. et Kulez., 1894. À Neriene differt fronte latiore, area oculorum latitudinem frontalem totam haud occupante, oculis posticis majoribus et minus disjunctis, oculis anticis cunctis inter se subcontiguis, clypeo area oculorum fere semper angustiore, pedibus brevioribus, tarsis quatuor anticis metatarsis haud vel vix brevioribus. — Frons maris normalis nec convexa nec impressa. Tveus : G. latebricola Cambr. AR. GEOGR. : Europa; Africa sept. et austr.; ins. Taprobane. Erigone Aud. in Sav., Eqg., Ar., 1825-27. — Neriene Blackw., 1833-1864 (ad part.). — Erigone et Tmeticus (ad part.) Emerton, Tr. Conn. Acad., VI, 1882. — Erigone et Gongylidium (ad part. G. graminicola) E. Sim., Ar. Fr., V, 1884. Cephalothorax margine obtuso, sæpe dentato, cinctus, parte cephalica con- vexa, fronte lata. Oculi postici mediocres, inter se æqui et fere æquidistantes. Oculi antici in lincam rectam vel vix procurvam, medü a lateralibus quam inter se remotiores. Area mediorum haud vel vix longior quam latior. Clypeus planus, area oculorum latior. Chelæ robustissimæ et subtus et extus valde convexæ, extus seriatim dentatæ. Laminæ breves et (præsertim in marc) latissimæ. Pedes mediocres, setis tibialibus sat validis muniti. — Frons maris normalis. Margo cephalothoracis, chelarum margo exterior et interdum femora antica subtus plerumque seriatim dentata. Typus : E. vagans Aud. AR. GEOGR. : Orbis reg. frigidæ temp. et rarius calidæ (mont.). X. — Pedum tibiæ anticæ subtus aculeis longis gracilibus paucis biseriatis armatæ, tarsi metatarsis multo breviores, ungues mutici vel fere mutici. Oculi medii postici a lateralibus quam inter se multo remotiores. Oculi laterales utrinque valde prominuli. Ungues tarsorum pauci dentati. Cephalothorax in utroque sexu similis. ............... Maso. regione oculari nigra. Abdomen ovatum, albido-testaceum, apice infuscatum, supra maculis magnis fuscis quatuor subquadratis notatum. Sternum fusco-olivaceum in medio sensim dilutius. Pedes et pedes-maxillares luridi. Tibia pedum-maxillarium patella circiter æquilonga, antice, secundum tarsum, in apophysem latam attenuatam et obtusam, apice minute dentatam, producta, tarsus bulbusque sat parvi et ovati. — Ins. Taprobane : Kandy. T. tripunctatus, sp. nov. — &Q. Long. 1,5 mill. — Pallide flavescens, lævis, oculis nigro-cinctis, abdomine albido, supra punctis nigris trinis (duobus submediis altero apicali) ornato. Sternum convexum, postice, inter coxas, late obtusum. Pedes longe setosi. — 4. Frons, pone oculos, gibbis duobus humilibus, parallelis, antice truncatis et singulariter penicillatis, munita. Oculi sex, medii postici nulli vel obso— leti. Pedes-maxillares robusti; patella parva; tibia paulo longiore et crassiore, apo- physi exteriorc, antice directa, et apice acutissima, armata ; tarso ovato; bulbo apice stylo, circulum formante, munito. — Kandy. 670 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Oculi postici inter se æquidistantes vel medii inter se quam a lalce- ralibus remotiores. Oculi laterales vix prominuli. Ungucs tarso- rum mutici. Cephalothorax maris fronte valde gibbosa...... Minicia. Minicia Thorell, Tijds. v. Ent., XVIII, 1875, p. 13 (note). — Theridion Wider, 1831 (ad part. T. marginellum). — Erigone Cambr., 1875 (ad part. E. nigrolimbata). — Lophomma Bertk., 1879 (ad part. L. vittatum). — Minicia E. Sim., Ar. Fr., V, 188%, p. 865. — Phyllocca Dahl, Analyt. Bearb. Spinn. Norddeutschl., 1883, p. 49. — Minicia Chyz. et Kulez., 1891. Cephalothorax breviter ovatus, fronte oblusa. Oculi postici magni, in lineam rectam, inter se æquidistantes (Y. elegans E. Sim.) vel medii inter se distantes sed à lateralibus vix separati. Oculi antici in lineam procurvam, inter se appropinquati, medii lateralibus minores. Area oculorum mediorum longior quam latior. Pedes breves et robusti, tibiis et sæpe femoribus (feminæ) qua- tuor anticis aculeis divaricatis longissimis et tenuibus subtus instructis. Ungues tarsorum tenues et mulici. — Frons maris acuminata, gibbo maximo, globoso, oculos haud gerente, ornata. Tyeus : M. marginella Wider. AR. GEOGR. : Europa centr. et occid. et Africa sept. Maso E. Sim., Ar. Fr., V, 1881, p. 861. — Erigone auct. (ad part.). — Micro- neta Menge, 1868 (ad part. M. Sundevalli). — ? Satilatlas Keyserl., Spinn. Amer. Therid., 11, 1886, p. 128. -— Phylloeca Dahl, Monog. Erig., etc., 1886, p. 101 (ad part. P. Sundevalli). — Maso Chyzer et Kulez., 1894. Cephalothorax latus et brevis, fronte lata fere recte truncata. Oculi postici æqui, parvi, in lineam rectam, medii a lateralibus quam inter se remotiores. Oculi antici in lineam rectam, medii minores, inter se subcontigui sed a Jatc- ralibus late distantes. Oculi laterales utrinque valde prominuli. Pedes breves et robusti, tibiis metatarsisque L' paris et sæpe 2! paris (feminæ) aculeis longis tenuibus divaricatis et biseriatis instructis. Ungues tarsorum tenues, supe- riores, prope medium, dentibus paucis muniti. Cephalothorax in utroque sexu similis. Tyeus : M. Sundevalli Westr. AR. GEOGR. : Europa et fortasse Amer. arct. XI. — À præcedentibus differt pedibus longioribus, versus extremitates gracilioribus, metatarsis tibiis haud vel vix brevioribus, interdum paulo lon- gioribus, sterno lato, inter coxas posticas late distantes, truncato et inflexo. 1. Oculi postici in lineam procurvam........... SNGAT EME: 0 CR CPR [) — Oculi postici in lineam rectam 2. Oculi postici in lineam valde procurvam, medii a lateralibus quam inter se remotiores. Pedes breviter et æqualiter pilosis Nematogmus. — Oculi postici in lineam modice procurvam. Pedes longe setosi.... 3. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 671 8. Oculi postici inter se fere æquidistantes. Oculi medii antici latera- libus minores. Tibiæ anticæ subtus setis spiniformibus longis CLIS DISAIS TRUC LES AE ANA MMEEMRAURR NE LE Er PER Hypselistes. — Oculi medii postici inter se quam a lateralibus remotiores. Oculi antici inter se subæquales. Patellæ tibiæque supra setis crectis ON ANNE DAMAERERE PERS ere re ERP ee Typhistes. RECicolumabreve normale a An. Rhone us 5. — Pediculum longissimum cylindraceum.................. Sphecozone. HMROculiposticiintenserere æquidistantes 1" + An. 6. — Oculi medii postici inter se quam a lateralibus plus duplo remo- MORE REVAIT ie PT TEE NON Clitolyna. 6. Oculi postici parvi et inter se late distantes............ Ceratinopsis. — Oculi postici majores et inter se sat anguste separati......... Brattia. Hypselistes, nov. gen. — Erigone Cambr., P. Z. S. L., 1875 (ad part. E. flo- rens). — Lophocarenum Emerton, 1882 {ad part. L. florens). — Nematognus E. Sim., Ar. Fr., V, 1884 (ad part. N. florens). Cephalothorax brevis, fronte lata et obtusa. Oculi postici æqui, parvi, inter se late et fere æque distantes, in lineam parum procurvam. Oculi antici in lineam plane rectam, medii minores, inter se subcontigui sed a lateralibus late distantes. Oculi laterales utrinque leviter prominuli. Pedes sat longi, tibiis anticis subtus setis longis biseriatis instructis. — Frons maris gibbo maximo, oculos medios posticos gerente, munita. Tyeus : A. florens Cambr. AR. GEOGR. : America sept. et antillana. Typhistes, nov. gen. Cephalothorax sat longe ovatus. Oculi postici æqui, parvi, in lineam leviter procurvam, medii inter se quam a lateralibus multo remotiores. Oculi antici in lineam rectam seu levissime recurvam, inter se subæquales, interdum fere æquidistantes, interdum medii a sese subcontigui sed à lateralibus late distantes. Area oculorum mediorum magna, trapeziformis, haud vel non multo longior quam postice latior. Oculi laterales utrinque vix prominuli. Cly- peus verticalis planus. Pedes longi, setis erectis tibiarum et patellarum validis et longis muniti. — Frons maris normalis vel sæpius prominula, crinita et corniculata. Typus : T. comatus E. Sim. AR. GEOGR. : ins Taprobane; Amer. merid. : Brasilia. Nora. Toutes les espèces de ce genre sont inédiles, voici les diagnoses des trois principales : T. comatus, sp. nov. — 4. Long. 2 mill. — Cephalothorax pallide luteus, linea marginali nigra, vittaque media thoracica lata obscura, antice bifida, et lineolis ra- diantibus nigricantibus abbreviatis divisa, ornatus ; fronte elevata, sat angusta, supra, LO « 67 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES pone oculos, setis rigidis biseriatis, cristas designantibus, inter oculos medios posticos corniculis binis geminatis, securiformibus et utrinque, sub oculis lateralibus, corni- culo minore, insigniter instrucla. Abdomen oblongum, albidum, supra vitlis duabus pigricantibus valde sinuosis, postice ampliatis et confluentibus ornatum, subtus fusco- olivaceum. Sternum convexum, læve, fusco-olivaceum. Pedes longi luridi, setis erectis longis munili, tibiis li paris leviter fusiformibus et curvatis densius pilosis. Pedes- maxillares luridi, apice infuscati; patella longa cylindrata; tibia breviore sed cras- siore, supra apophysi crassa, erecla, antice leviter curvata et apice truncala, armata; tarso mediocri, ovato. — ®. Mari subsimilis. Oculi medii antici inter se subcontigui sed a lateralibus late distantes. Clypeus area oculorum paulo angustior. — Ins. Ta- probane : Nuwara-Eliya. T. antilope, sp. nov. — 4. Long. 2,4 mill. — Cephalothorax fusco-piceus, subtilissime coriaceus, fronte elevata, apice acuminata et corniculis binis, ad basin subgeminatis, divaricatis et extus arcuatis, instructa, supra setis longis, lineas vel cristas binas designantibus, munita. Area oculorum mediorum maxima. Abdomen oblongum, longe setosum, nigrum, subtus paulo dilutius, supra lineolis transversis sinuosis, sæpe inter- ruptis, obscure testaceis, ornatum. Sternum nigrum, sublæve. Pedes longi, selis erectis longis muniti, obscure fulvi, femoribus ad apicem, tibiis ad basin atque ad apicem late nigro-annulalis, metatarsis ad apicem anguste nigris. Pedes-maxillares luridi; patella longa, cylindrata; tibia breviore sed, ad apicem, paulo crassiore, apophysi superiore longa, valida, obtusa, erecta et antice leviter obliqua, apophysique uxteriore multo minore instructa ; tarso mediocri ; bulbo ovato. — Q. Mari subsimilis, abdomine majore, supra testaceo, vittis transversis latis 4 vel 5 valde arcuatis et an- gulosis nigris ornatum, subtus obscure olivaceum. Oculi quatuor antici inter se fere æquidistantes. Clypeus area oculorum latior. — Ins. Taprobane : Nuwara-Eliya. T. personatus, sp. nov. — 4. Long. 2 mill. — Cephalothorax fulvo-aurantiacus, pro- cessu frontali intense nigro ; fronte elevala, inter oculos in tuberculum sat longum, obtusum, leviter retro arcuatum et longe crinitum insigniter producta. Abdomen oblongum, nitidum, pallide flavidum, apice minute nigrum. Sternum aurantiacum, nitidum. Pedes graciles, modice iongi, fusco-olivacei, femoribus dilutioribus, auran- tiacis. Pedes-maxillares luridi, apice infuscati; patella brevi; tibia patella circiter æquilonga, supra ad apicem seta rigida apophysibusque biuis, valde inæqualibus, munita, altera minuta et uncata, altera longa, erecla, leviter lamellosa, gracili sed oblusa et subtus angulosa ; tarso ovato, supra ad basin dente erecto longo et acuto armato. — Brasilia merid. : Caraca. Nematogmus E. Sim., Ar. Fr., V, 1884, p. 614. — Theridion Walck. (ad part. T. sanguinolentum). — Erigone Cambr. (ad part. E. Simoni). — Eusti- cothryx Dabl, Monog. Erig., etc., 1886, p. 79 (ad part. E. sanguinolentus). — Nematogmus Chyz. et Kulez., 1894 [ad part.). Oculi postici mediocres, in lineam valde procurvam, medii a lateralibus quam inter se remotiores. Oculi antici in lineam leviter procurvam, medii minores, inter se subcontigui sed a lateralibus late sejuncti. Area mediorum trapeziformis, longior quam latior. Pedes sat breviter pilosi. — Frons maris haud lobata sed impressionibus postocularibus linearibus munita. Pedum- maxillarium tibia mutica, tarsus maximus apice profunde bifidus supra seriatim setosus. Tyeus : N. sanguinolentus Walck. (sp. un..). AR. GEOGR. : Europa et Regio mediterr. occid.; Japonia. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 673 Ceratinopsis Emert., Tr. Conn. Acad., VT, 1882, p. 37. — Erigone Cambr. (ad part. E. interpres, etc.). — Id. Keyserl. (E. purpurascens, etc). Cephalothorax oblongus, fronte lata et obtuse truncata. Oculi postici in lineam rectam (rarius levissime procurvam), parvi vel mediocres, inter se late et fere æque separati (spatiis interocularibus oculis duplo latioribus), interdum medii a lateralibus quam inter se paulo remotiores. Oculi antici in lineam rectam seu subrectam, medii a lateralibus quam inter se remotiores, latera- libus haud vel non multo minores. Area oculorum mediorum haud vel non multo longior quam latior (saltem in femina). Oculi laterales utrinque promi- nuli et angustissime disjuncti. Clypeus altus. Pedes longissimi fere Linyphiæ, breviter pilosi. Cephalothorax in utroque sexu similis, vel in mare fronte late prominenti et pilosa fere Araeonci. Typus : C. interpres Cambr. AR. GEOGR. : America sept., centr., merid. et antillana. Sphecozone Cambr., Proceed. Zool. Soc. Lond., 1870, p. 733. — Nematogmus E. Sim., Act. Soc. Linn. Bord., 1886 (ad part. N. dentimanus). À Ceratinopsi, cui valde affinis et subsimilis est, tantum differt pediculo abdominali insigniter longo, coriaceo et teretiusculo. — Cephalothorax inter- dum in utroque sexu similis, interdum in mare fronte gibbo truncato, oculos medios posticos gerente et utrinque impresso, munita. Typus : S. rubescens Cambr. AR. GEOGR. : ins. Taprobane; Indo-China; Amer. merid. : Venezuela, Ecuador, Brasilia. Clitolyna nov. gen. — Ærigone Keyserl., Spinn. Amer. Therid., II, 1886 (ad part. E. fastibilis). Oculi postici in lineam rectam seu levissime recurvam, mediocres, medii lateralibus paulo minores ovati, inter se quam a lateralibus plus duplo remo- tiores. Oculi antici prominuli, in lineam leviter procurvam, inter se sub- æquales, sat anguste et æque separati. Area mediorum magna, circiter æque longa ac lata et postice quam antice multo latior. Oculi laterales utrinque prominuli. Clypeus feminæ latus, maris latissimus, verticalis, sub oculis anticis depressus. Pedes longi et graciles. — Frons maris nec lobata nec impressa sed plus minus prominula et truncata. Tyeus : C. fastibihs Keyserl. AR. GEOGR. : Brasilia merid. Brattia, nov. gen. Oculi postici in lineam subrectam, magni, inter se fere æque et non late distantes (spatiis interocularibus oculis non latioribus). Oculi antici in lineam rectam seu levissime procurvam, inter se subæquales {[medii vix minores) medii inter se contigui a lateralibus non late distantes. Area oculorum 43 674 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES mediorum æque longa ac lata vel vix longior quam latior. Clvpeus mediocris. Pedes longissimi, setis erectis tibialibus longis muniti. Typus : B. spadicuria E. Sim. AR. GEOGR. : Africa trop. occid. (africana E. Sim.); ins. Philippinæ (scutila E. Sim.); Amer. merid. : Venezuela (spadicariu E. Sim.). Nora. Toutes les espèces de ce genre sont inédites, voici les diagnoses des trois principales : B. scutila, sp. nov. — ©. Long. 2,6 mill. — Cephalothorax lævis, læte aurantiacus, revione oculari infuscata, oculis singulariter nigro-cinctis. Oculi postici in lineam subrectam, inter se æque et anguste separali (spaliis interocularibus oculis angustio- ribus). Oculi antici in lineam levissime procurvam, medii lateralibus vix minores et a laleralibus quam inter se vix remotiores. Area mediorum circiter æque longa ac lala. Sternum et parties oris rufo-castanea, lævia et nilida. Abdomen albidum rarius nigricans, breviler albo-pilosum, mamillis fuscis. Pedes longi et graciles fulvo-oli- vacei, coxis, femoribusque aurantiacis, sat breviter pilosi. Plagula epigasteris durius- cula, lævis, antice truncata, fusco-nitida, impressionibus fuscis binis, elongatis et postice convergentibus, V designantibus, notala. — 4. Cephalothorax antice paulo convexior et impressionibus postocularibus tenuissimis et reclis ornatus. Oculi medii postici a lateralibus quam inter se remotiores et area oculorum mediorum evidenter longior quam latior. Pedes-maxillares parvi, lutei; patella paulo longiore quam latiore ; tibia patella circiter æquilonga, leviter ovala, apice fere abrupte angustiore et apophysi parva nigra et acuta supra instructa; tarso mediocri, obtusissimo, ad basin supra dente parvo retro-directo armalo. — Ins. Philippinæ : Manila. B. spadicaria, sp. nov. — Q. Long. 2,6 mill. — Cephalothorax lævis, læte auran- tiacus, oculis singulariter nigro-cinctis. Oculi postici in lineam levissime recurvam inter se æque separati (spatiis interocularibus oculis non latioribus). Oculi antici in lineam rectam, inter se æquales, medii inter se contigui a lateralibus bene separati. Sternum et partes oris obscure fulvo-rufescentia. Abdomen tenuiter longe et parce setosum, albido-roseum, regione mamillari nigricanti. Pedes longi et graciles, obscure fulvo-rulfescentes, sat longe hirsuti, setis erectis tibiarum longissimis. Regio epigasteris rufula, duriuscula et coriacea, antice leviter prominula, plagula magna, fulva, læ- viore, ovato longitudinali et marginata, notata. — 4. Feminæ similis. Pedes-maxil- lares fulvi, apice valde infuscati; patella parva nodosa; tibia patella circiter æqui- longa, ad basin angustiore, ad apicem valde ampliata et supra apophysi crassa, oblusissima et extus leviter arcuata instructa ; tarso maximo subgloboso ; bulbo valde complicato, apice stylo, circulum formante, munilo. — Venezuela : Caracas. B. africana, sp. nov. — 4. Long. 2,5 mill. — Cephalothorax fusco-piceus sublævis. Oculi postici in lineam rectam, magni, æqui, inter se æquidistantes. Oculi antici in lineam subrectam, medii lateralibus minores. Abdomen ovatum, nigrinum, nitidum. Pedes -longi et graciles, obscure fulvo-olivacei, setis erectis tibiarum mediocribus. Pedes-maxillares obscure olivacei; tibia patella haud longiore sed crassiore, supra apophysem erectam magnam, depressam, apice oblique truncatam et granulis seti- eris munitam, gerente ; tarso mediocri ; bulbo complicato, apice stylo libero areuato munilo, — ?. Mari subsimilis sed abdomine ovato apice acuminato, pubescenle, supra fulvo-olivaceo et in medio late et confuse infuscato, subtus nigro, regione epigas- ieris valde convexa, utrinque nigra, in medio lestacea et longiludinaliter depressa. — Africa occid. : Sierra-Leone, Gabon. FAMILLE DES ARGIOPIDE 675 2. FORMICINEÆ Les Formicina, qui tiennent à la fois des Erigone (surtout des Sphecozone) et des Linyphiu, représentent, dans la famille actuelle, les Hetschkia de la famille précédente. Leur céphalothorax, longuement atténué en arrière ct dépourvu d'impres- sion thoracique, est également prolongé, au delà des hanches, en pointe tubi- forme, à laquelle fait suite une petite pièce pédiculaire indivise, canaliculée en dessous et obliquement atténuée du côté de son insertion abdominale, dis- position qui rappelle le pédicule de certaines Four- mis ; la partie céphalique est brusquement élevée et conique, surtout chez le mâle, ct son large bandeau est plus où moins incliné en avant; la partie thora- cique est régulièrement ovale chez les vrais Formi- cina, tandis que, dans le genre voisin, Solenysa, ses bords sont sinueux et découpés en petits lobes ar- rondis correspondant aux hanches. Les yeux médians figurent un groupe plus étroit en avant; les antérieurs sont plus petits que les pos- térieurs, surlout ceux des Solenysa; les latéraux, presque contigus et élevés sur une saillie basse, sont assez largement séparés des médians chez les For- micina, landis qu'ils en sont très rapprochés chez les Solenysu. Les chélicères sont robustes, paralleles, verticales et longues, surtout chez les mâles ; leur marge supé- ricure est armée de trois longues dents presque Hire égales ct un peu divergentes, tandis que l'inférieure Formicima mutinensis Can. présente une série de quatre ou cinq petites dents Mâle grossi. égales et presque contiguës. La pièce labiale, environ aussi large que longue et triangulaire, dépasse un peu le milieu des lames ; cellcs-ci sont assez longues, presque paralléles ct inclinées, arrondies au côlé externe. Le sternum, légèrement convexe, et non impressionné, est large, tantôt cordiforme (Formicina), tantôt presque carré (Solenysa); il se prolonge tou- jours, entre les hanches postérieures disjointes, et se confond ensuite avec le processus du céphalothorax, mais, tandis que celui des vrais Formicina est très rétréci entres les hanches, celui des Solenysa reste très large en ce point et c’est au delà seulement qu’il se rétrécit brusquement ; latéralement, il est ‘découpé et saillant en pointe, entre chacune des hanches, qui sont subglobu- ieuses (surtout les postérieures) ct isolées. L’abdomen est petit et presque globuleux, non coriacé dans la région épi- gastrique et ses filières sont terminales. Les pattes sont mutiques, modérément longucs ct très fines aux extrémités ; 676 HISTOIRE NATURELLE DES APRAIGNÉES les antérieures sont les plus longues ; leurs griffes supérieures sont fines, peu courbées, dépourvues de dents ou n’en présentant qu’une ou deux très petites siluées vers le milieu; la griffe inférieure, fortement coudée près la base et ensuite presque droite, est presque aussi longue que les supérieures. La patte-mâchoire de la femelle est, au contraire, robuste; son tibia, beau- coup plus long que la patella, est graduellement dilaté de la base à l’extré- mité ; son tarse, légèrement fusiforme et acuminé, est pourvu d’une griffe fine, presque droite et mutique. La patte-mâchoire du mâle de Formicina mutinensis Can. est du type de celle des Linyphia; son fémur est grèle et un peu courbe; sa patella est longue, étroite et atténuée à la base: son tibia, au moins d’un tiers plus court, est élargi à l’extrémité; son tarse est assez long, étroit, atténué et obtus; il recouvre en partie un bulbe complexe, terminé par une lame semi-membra- neuse repliée en cornet et finement dentée au bord, la branche accessoire du tarse est, comme celle des Linyphia, en forme de croissant. La patte-mâchoire de Solenysa Mellottei KE. Sim. est presque semblable, à cela près que sa patella est très petite et que son tarse offre, en dessus, une petite saillie obtuse. L'épigyne de la femelle de Formicina mutinensis présente une plaque lisse, convexe, presque carrée, divisée par une strie et échancrée au bord postérieur, et un très long crochet grêle, transparent et droit, dirigé en arrière et dépas- sant le milieu de la longueur de l’abdomen. L’unique espèce du genre Formicina a été découverte en Italie, retrouvée depuis en Corse, dans le midi de la France et en Grèce: elle est de la taille des Linyphia et offre un peu l’apparence d’une Fourmi ; son céphalothorax et son sternum, d'un brun-rouge, sont fortement chagrinés, tandis que son abdomen est lisse, noir et orné de petites taches blanches assez variables {1); elle se trouve dans les prairies humides où elle file, sur les herbes, une grande toile horizontale de tissu serré, mais léger, qui n’est pas maintenue par un réseau irrégulier. Le genre Solenysa ne renferme aussi qu’une seule espèce, découverte à Yokohama ; elle est beaucoup plus petite que Formicina muti- nensis, dont elle a le faciès. GENERA Cephalothorax haud lobatus. Sternum, inter coxas posticas, valde constrictum. Oculi laterales a mediis late distantes. ...... Formicina. Cephalothorax utrinque sinuoso-lobatus. Sternum, inter coxas pos- ticas, latissimum. Oculi laterales a mediis parum distantes. Solenysa. Formicina Cancstr., Ann. Soc. Nat. Mod., 1868. — Formicina E. Sim., Ar. Fr, N, 1881, p. 23. Cephalothorax longus, parte cephalica elevata et conica, parte thoracica (1) Formicina pallida Canestrini est l’une de ces variélés. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 677 haud impressa, postice, pone coxas posteriores, producta et petiolum cylin- dratum longum, formante. Oculi medii aream, antice quam postice angustio- rem, occupantes, antici posticis paulo minores, laterales à mediis sat remoti, inter se subcontigui et elevati. Clypeus area oculorum multo latior. Sternum postice attenuatissimum et inter coxas posticas anguste productum. Abdomen subglobosum. Chelæ robustæ et longæ, marginibus sulci longe obliquis, supe- riore dentibus longis tribus leviter divaricatis, inferiore dentibus parvis æquis 4 vel 5 subcontiguis, armatis. Pars labialis triquetra, æque longa ac lata. Laminæ fere parallelæ et inclinatæ, extus rotundæ. Coxæ disjunctæ, posticæ anticis minores et subglobosæ. Pedes {r, 11, IV, 111) tenues et mutici. Typus : F. mutinensis Canestr. (sp. un.). AR. GEOGR. : Regio mediterranea. Solenysa, nov. gen. À Formicina differt cephalothorace utrinque sinuoso-lobato, oculis mediis anticis posticis multo minoribus, oculis lateralibus a mediis parum distan- tibus, sterno subquadrato convexo, inter coxas posticas latissimo, dein abrupte angustiore. Typus : $S. Mellottei E. Sim. (sp. un.) (1). AR. GEOGR. : Japonia. 3. LINYPHIEÆ J'ai indiqué plus haut (p. 598) les caractères permettant de distinguer les Linyphia des Erigone, et j'ai insisté sur leur peu de valeur et de stabilité. Aucun de ces caractères n’est, en effet, absolument constant et certains n’ont pas même toujours une importance générique : c'est ainsi que, dans les genres Microneta, Hilaira et Tmeticus, la seconde épine tibiale de la quatrième paire et même la griffe de la patte-mâchoire, peuvent exister ou manquer dans des espèces voisines sous tous les autres rapports. Les pattes des Linyphieæ sont presque toujours armées d'épines fémorales, tibiales et métatarsales qui manquent dans le groupe des Erigone, mais ces épines manquent également dans les premiers genres du groupe actuel ; leur nombre et leur disposition sont, au reste, très variables, et c'est, je pense, à tort que Chyzer et Kulezyinski ont voulu en tirer des caractères pour frac- tionner les genres Tmeticus et Porrhommu. (1) Cette espèce est inédite, en voici la diagnose : S. Mellottei, sp. nov. — &. Long. 1,8 mill. — Cephalothorax fusco-rufescens, subti- liter coriaceus, spinulis parvis nigris ereclis conspersus. Abdomen parvum, subglo- bosum, fulvo-testaceum, in lateribus et subtus nigricans. Sternum brunneum, valde coriaceum. Pedes luridi, femoribus paulo obscurioribus, anticis subtus parce et minu- tissime granosis. Pedes-maxillares fusci, femore gracili, patella parva, tibia longiore apice ampliata, tarso sat longo ad basin leviler prominulo, bulbo magno complicato, — Japonia. 678 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Dans les genres les mieux caractérisés, les métatarses sont aussi longs ou ou même plus longs que les tibias, ce qui n'a pas licu dans les premiers genres qui, sous ce rapport, ne différent pas des Erigone. La structure de la palte-mâchoire du mâle que j'ai décrite (p. 596) fournit un critérium plus sûr pour séparer les deux groupes : dans celle des Liny- phieæ, la pièce accessoire du tarse est beaucoup plus développée, falciforme ou lunuliforme et ses bords carénés sont très souvent pourvus de séries de crins ou de granulations; le tibia, dilaté à l'extrémité, est dépourvu de véri- table apophyse, sauf dans quelques genres ambigus (Donacochara, Hiluira, etc.), que je rapporte à ce groupe avec hésitation cet dans quelques espèces des genres Lephthyphantes et Bathyphantes, mais, chez ceux-ci, cette apophyse est d'une nature différente. La patella porte un crin dressé très fort, quelquefois élevé sur un petit tubercule, ordinairement simple et cffilé, mais quelquefois lancéolé ou même bacilliforme; le tibia offre souvent aussi, en dessus, un crin de même nature, mais toujours simple. Le céphalothorax est presque toujours semblable dans les deux sexes ; celui du mâle n'offre jamais le lobe céphalique et les impressions qui sont si fré- quentes dans le groupe des Erigone; mais, dans certains cas (Bolyphantes, Floronia, etc.), il est plus ou moins saillant dans la région oculaire, qui est surmontée de crins. Je rapporte à ce groupe quelques espèces que je comprenais autrefois dans celui des Erigone, notamment Donacochara speciosa Thorell, Hylyphantes nigrilus E. Sim., que je réunis au genre Porrhomma, Gongylidium fœnarium et dislinctum, qui me paraissent mieux placés dans le genre Hilaira. I. — Les quelques genres dont je m'occuperai en premier licu offrent un mélange si intime des caractères des Erigone ct des Linyphia, qu’on pourrait les rapporter, avec autant de raison, à l’un ou à l’autre groupe. Leur céphalothorax, large et peu atténué en avant, ressemble à celui des Enoplognaiha ; leur bandeau est plus étroit que celui des autres Linyphieæ ; leur patte-mâchoire m'a paru manquer de griffe pectinée chez la femelle, tandis que, chez le mâle, elle est pourvue d'une apophyse tibiale de forme variable ; leurs pattes, courtes, robustes et mutiques, offrent cependant, aux tibias postérieurs, les deux crins dressés caractéristiques des Linyphieæ. Les yeux postérieurs des Donacochara sont presque équidistants et en ligne légèrement procurvéc; ceux des Haplinis et Emenista sont en ligne droite, avec les médians plus resserrés, mais, tandis que ceux des premiers sont petits et largement séparés, ceux des seconds sont gros et plus resserrés. Les yeux antérieurs sont en ligne droite ou légèrement récurvée (Donacochara) ; les médians sont plus resserrés que les latéraux, de même grosseur chez les Dona- cochara, plus petits dans les deux autres genres. Le groupe des médians est à peine plus long que large, sauf dans le genre Haplinis. Les chélicères sont très robustes, convexes, atténuées et divergentes, avec un crochet puissant et long ; la marge supérieure de leur rainure est pourvue de quatre fortes dents isolées ; dans le genre Donacochara, la marge inférieure FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 679 offre quatre dents à peu près semblables à celles de la supérieure, tandis que, dans les deux autres genres, elle ne présente que des dents beaucoup plus petites et plus resserrées. Chez Emenista bisinuosa E. Sim., les chélicères sont semblables dans les deux sexes, mais, chez Donacochara leur bord inférieur est pourvu, chez le mâle, de quatre dents encore plus longues que celles de la femelle, tandis que le supérieur ne présente que deux très petites dents isolées, et une troisième un peu plus forte, très re- culée (fig. 753). Les pièces buccales sont, à peu de chose près, celles des Tmelicus. Les pattes 5 CES F Te is : atte-mA ir île . « x Fig. 152. Emenista bisinuosa E. Sim. Patte MPACRUITE du mäle. sont robustes, jamais très — Fig. 153. Donacochara speciosa Th. Chélicère du mâle en ; 702 753 longues ; leurs métatarses antérieurs sont un peu plus courts que les tibias ; leurs crins dressés sont faibles et peu apparents. dessous. L'épigyne est en plaque transverse, homogène ou marqüée de deux stries convergeant en arrière; elle n'offre un crochet court, obtus et rebordé que dans le genre Haplinis. La patte-mâchoire du mâle est longue; celle du Donacochara est remar- quable par la grande longueur de son fémur, de sa patella et surtout de son tibia, qui est presque de moitié plus long que la patella et pourvu à l'extrémité d’une petite apophyse supère, tandis que le tarse et le bulbe sont très petits, de même largeur que le tibia et beaucoup plus courts (fig. 762 5). La patte- mâchoire de l’Emenista bisinuosa E. Sim. a un fémur courbe et atténué à la base ; une patella assez petite et convexe; un tibia plus long, plus étroit à la base, mais dilaté à l'extrémité où il est pourvu d’une apophyse supéro-externe au moins aussi longue que l’article, dirigée en avant, le long du bord tarsal, un peu arquée en haut et pourvue elle-même d’une petite dent en dessus; un tarse ovale court, assez large et convexe, recouvrant un bulbe pau d'un épais stylus terminal en forme de lanière (fig. 752). Le passage des Neriene aux Tmeticus et aux Porrhomma se fait par le genre Hilaira, auquel je donne plus d'extension qu’autrefois, car, indépendamment de ses deux espèces types, 1. uncatu et excisa Cambr., je lui adjoins deux espèces que je rapportais au genre Gongylidium, les G. fœnarium et distinctum E. Sim., et une autre, découverte récemment, le N. reproba Camb. Ces Araignées, aux formes courtes et trapues, ressemblent à des Pedanos- tethus ; leur partie céphalique, peu atténuée, se termine par un front un peu incliné et obtus, plus large que le groupe oculaire ; leurs yeux sont plus petits que ceux des Neriene, mais plus gros que ceux des Porrhomma ; les postérieurs sont en ligne droite ou très légerement procurvée, avec les médians souvent un peu plus resserrés, caractère exagéré chez certains mâles (H. excisa); les yeux latéraux sont, de chaque côté, assez fortement soulevés et le trapèze des médians est un peu plus long que feniee. 680 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Les pattes, courtes et robustes, ressemblent plus à celles des Erigone qu’à celles des Linyphia; dans les espèces les mieux caractérisées, telles que H. uncata, eæcisa, reproba, les tibias de la quatrième paire portent deux crins dressés bien nets, tandis que, dans les espèces amoindries, H. fœnaria, dis- tincia E. Sim., le second crin tibial fait défaut. Le céphalothorax est souvent pareil dans les deux sexes ; celui de H. uncala Cambr. est cependant convexe et pubescent dans le milieu chez le mâle, tandis que celui de 1. excisa Cambr. offre une petite saillie post-oculaire (fig. 759 f). Les chélicères du mâle offrent une dent antérieure, qui manque cependant dans les H. uncalu et excisa; sa patte-mâchoire, qui ressemble à celle des Porrhomma par la structure de son bulbe, rappelle encore celle des Erigone par celle de son tibia, plus épais que la patella, embrassant la base du tarse et pourvu, au bord antérieur, d'une apophyse supère, quelquefois grosse, relevée et recourbée (H. uncata Ch.) (fig. 760g), le plus souvent grèle et couchée en avant, tantôt assez longue (H. excisa Cb.), tantôt petite, fine et recourbée en dehors (H. fœnaria, distincta E. Sim.). Ces Araignées sont de taille petite ou moyenne ; leurs téguments sont lisses; ceux des Hilairu sont unicolores, jaunes ou bruns; dans les autres genres, l’abdomen, de teinte pâle, est orné de lignes longitudinales sinueuses ou de chevrons transverses obscurs. Le genre Donacochara ne renferme qu'une seule espèce, le D. speciosa Th., découverte en Hollande, retrouvée depuis en Bohême et en France, où elle habite dans les grands marécages ; l’unique espèce du genre Emenista habite les monts Kodeïkanel, dans l'Inde méridionale, et celle du genre Haplinis, la Nouvelle-Zélande: tel que je l'ai défini, le genre Hilaira renferme cinq espèces, habitant les parties froides ou montagneuses de l’Europe occidentale; l’une des espèces découvertes en France, H. distincta E. Sim., a été retrouvée récemment en Angleterre, et le Rev. Fr. O. P. Cambridge en a fait le type d’un genre sous le nom de Coryphæus glabriceps ; une autre espèce, découverte en Angleterre, H. reproba Cambr., a été retrouvée, cette année même, aux îles Chausey (Manche). II. — Dans les genres suivants, les pattes sont plus fines et plus longues ; leurs métatarses, très fins, sont cependant plus courts que les tibias ou très rarement de même longueur; leurs épines, quand elles existent, sont très fines et peu nombreuses, elles manquent presque toujours aux métatarses. Les lames-maxillaires, assez courtes, sont aussi larges à la base que longues. La patte-mâchoire du mâle est celle des Linyphieæ les plus normaux; son tibia, sauf une exceplion, est dépourvu d’apophyse; chez la femelle, la griffe pec- tinée de la patte-mâchoire peut exister ou manquer. Les Porrhomma se distinguent des genres suivants par leur front large, obtus et incliné, et par la petitesse et l’écartement de leurs yeux (fig. 754 a), mais ce dernier caractère est assez variable. Ce genre est peu homogène et nécessiterait une revision ; beaucoup de ses espèces ressemblent aux Hiluira, principalement P. montigena L. Koch (Er. paci- FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 681 fica Th.) et nigrum F. O. P. Cambr.; d'autres (P. adipatum L. Koch) se dis- tinguent à peine des Tmeticus, tandis que d'autres, plus exclusivement lucifuges, remarquables par la réduction de leurs yeux et la plus grande lon- sueur de leurs pattes (P. Egeria E. Sim., etc.), rappellent les Troglohyphantes dont je parlerai plus loin, mais, entre ces diverses formes, on trouve toutes les gradations. ROIS Fig. 754 à 763. a. Porrhomma Egeria E. Sim, Fronb et yeux en dessus. — b. P. pygmaeuwm BI. Céphalothorax de profil. — c. P. scopiferum E. Sim. Fémur de la 1re paire en dessous. — d. P. Egeria E. Sim. Patte-màachoire du mâle. — e. Cryptocleptes paradoæus E. Sim. Front et yeux en dessus, — f. Hilaira excisa Cambr. Céphalothorax du male de profil. — g. H. uncala Cambr. Patte- mächoire du mâle, — . Opistoxys acuta E. Sim. Sternum. — i. Donacochara speciosa Thorell. Patte-mâchoire du mâle. — j. Syedra ophthalmica E. Sim. Front en dessus. Chyzer et Kulczynski ont réduit ce genre aux P. pygmaæuin, errans BI. et Rosenhaueri L. K., rapportant le P. glaciale XL. Koch au genre Microneta, le P. adiputum L. Koch au genre Macrargus Dahl et proposant le nouveau genre Oreoneta pour les P. montigena L. K. et nigrum Cb., en se basant sur l’armature des pattes, qui, pour moi, ne peut fournir que des caractères spécifiques. Les mâles diffèrent peu des femelles; leur bandeau, un peu plus haut, est souvent garni de longs crins dirigés en avant (fig. 755 b); dans quelques espèces (P. scopiferum E. Sim., etc.), leurs fémurs antérieurs présentent, en dessous, une bande de forts crins noirs couchés (fig. 756 c); leur patte- iuâchoire est normale et construite comme celle des Tmeticus (fig. 757 d); dans deux espèces (P. montigena L. Koch et nigrum Cambr.), son tibia, acuminé en dessus, ressemble à celui des Hilaira; dans une autre espèce, dont j'avais fait le type d'un genre Hylyphantes (P. nigritum E. Sim.), le tibia, presque aussi long que la patella, se rétrécit à la base en forme de cou, tandis que le tarse, assez long et acuminé, recouvre complètement le bulbe en dessus (1). (1) Cetle forme spéciale de la patte-mâchoire m'avait trompé sur les affinilés de celle espèce qui est, au fond, voisine du P. pygmaeum BI. 682 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES On connait une vingtaine de Porrhomma européens ; quelques-uns recherchent les endroits les plus humides des marécages ou les mousses des bois (P. pygmæum, errans Blackw., decens Cb., nigritum E. Sim., etc.), quel- ques-uns habitent les prairies alpestres (P. adipatum, montigena, glaciale L. Koch); les autres vivent dans les cavités souterraines : les uns sont exclu- sivement cavernicoles (P. Rosenhaueri 1. Koch, Calypso Bertk., Proserpina, scopiferum E. Sim., etc.), les autres habitent sous les grosses pierres très enfoncées ou même sous les mousses épaisses (P. Egeria E. Sim.); le genre est, en outre, représenté dans les régions arctiques : il faut lui rapporter les P. provocans et venalor Cambr., du Groënland:; boreum L. Koch, de Sibérie, etc.; il doit aussi exister dans l’Amérique du Nord, car Erig. calca- rala Keyserl. paraît lui appartenir; enfin, une de nos espèces européennes, P. pygmæum Blackw., se retrouve jusqu’au Kamchatka (sec. Kulez.). J'ai proposé le genre Opistoxys pour une petite espèce française (0. acuta E. Sim.), qui ne diffère des Porrhomma que par son sternum terminé en longue pointe grêle ct droite dépassant les hanches (fig. 761 k); une seconde espèce a été découverte depuis en Angleterre (0. subacuta Cambr.). L’atrophie des organes de la vue, qui se fait déjà sentir chez plusieurs Por- rhomma, est poussée plus loin chez Cryptocleptes paradorus E. Sim., dont les yeux sont réduits à six par suite de l'oblitération complète de l'un des yeux latéraux (1); l’œil latéral figure, avec les médians postérieurs, une ligne for- tement arquée en arrière, avec les médians antérieurs, qui sont très petits et contigus, une ligne presque droite (fig. 758 e). Cette irès petite Araignée, entièrement d’un jaune pâle semi-transparent, a été découverte dans une grotte de l'Ardèche, près de Vallon. Le Linyphia subterranea Emert., des grottes du Kentucky, dont Keyserling a fait le type du genre Phanelta, paraît très voisin du Cryptocleptes, mais ses yeux, qui occupent la même situation, sont au nombre de huit; les quatre postérieurs sont également en ligne procurvée, tandis que les antérieurs, très resserrés, sont en ligne presque droite, avec les médians beaucoup plus petits que les autres et tout à fait punctiformes. Dans les mêmes grottes, on trouve une autre espèce, l'Anthrobia mammou- thia Tellkampf, qui paraît voisine des précédentes, mais dont les yeux font complètement défaut, et dont les griffes sont mutiques; cette Araignée est aussi remarquable par la structure de sa patte-mâchoire qui, d’après les auteurs américains, a un bulbe très simple et un tibia acuminé en dessus en apophyse dressée subaiguë. Le genre Tmeticus, tel que je l’ai limité, est loin de correspondre à celui de Menge, qui était formé d'éléments très disparates ; je lui ai laissé le nom de Tmelicus, dont le type, T. leplocaulis Menge (ajjinis B1.), espèce de l'Europe septentrionale, est voisin du T. Hutlvaiti Cambr.; mais il comprend aussi, (1) Cette espèce est des plus remarquables en ce que l'œil atrophié appartient au groupe des latéraux et non à celui des médians, comme cela a lieu chez presque toutes les autres Araignées cavernicoles. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 683 pour moi, beaucoup d’espéces classées jusqu'ici sur la limite des Linyphia et des Erigone et réparties par Menge dans un assez grand nombre de ses coupes peu naturelles (Pedina, Leplothrix, Bathyphantes, cte.). Emerton a donné un autre sens au genre TJmelicus, qui correspond, pour lui, au moins en grande partie, au genre Neriene, mais il répond presque entièrement au genre Centro- merus de Dahl; cet auteur en a cependant séparé le T. rufus Wider, sous le nom de Macrarqus, genre qui a été adopté par Chyzer et Kulezynski, qui ont, de plus, proposé le genre Leplorhoptrum pour le T. Huthwaiti Cambr. (1); ces diverses coupes reposent sur l’armature des pattes. Les Tmeticus se distinguent des Porrhomma par leurs yeux plus gros et plus resserrés et leur céphalothorax élevé dans la région frontale ; ils diffèrent des Linyphia, Lephthyphantes, etc., par leurs lames presque carrécs, leurs yeux latéraux non ou à peine proéminents et leurs métatarses antérieurs au moins aussi courts que les tibias. Leur sternum, largement cordiforme, se termine en pointe étroite entre les hanches postérieures; leurs tibias n’offrent, le plus souvent, que les deux crins dorsaux (2) et leurs mctatarses sont inermes; les quelques espèces qui font exception à cette règle s'éloignent, sous d'autres rapports, du type nor- mal des Tmelicus : le T. scopiger Grube touche de près aux Linyphia propre- ment dits, tandis que les T. bicolor BI. et concinnus Th. rappellent les Lephthy- phantes. Les mâles diffèrent généralement très peu des femelles; le T. Hardi B1., espèce anormale rappelant les Walckenaera, offre seul des caractères sexuels bien visibles, les fémurs et tibias antérieurs du mâle sont très épais, et sa région frontale offre un tubercule interoculaire assez bas (fig. 769 f); Menge avait fait de cette espèce le type du genre Leptothrix (L. clavipes M.); dans quelques espèces qui se rapprochent des Neriene (T. rufus Wider, dentichelis E. Sim., etc.), les chélicères du mâle sont armées, près le bord interne, d’une dent oblique (fig. 768 e). La patte-mächoire tient à la fois de celles des Neriene et des Lephthyphantes ; dans beaucoup d'espèces, le tibia est très long ct le tarse relativement petit (T. affinis BL, Huihwaiti Cb., rufus Wid., longimanus Keyserl., etc.), mais, dans la plupart des cas, le tibia est court et le tarse très gros; celui-ci offre souvent, en dessus, une saillie très obtuse; dans une seule espèce, il est pro- longé en arrière par une apophyse terminée par un faisceau de crins recourbé en avant (1. scopiger Grube); la patella et souvent le tibia offrent, en dessus, un crin dressé toujours simple et effilé, mais quelquefois remplacé, au tibia, par un faisceau de crins (T. bicolor BI.) (fig. 767 d). La coloration des Tmeticus est toujours uniforme, variant du fauve au brun- (1) S'il était admis, ce dernier genre devrait reprendre le nom de Tmeticus, le T. Huthwailé Cambr. étant voisin du T. leptocaulis (affinis B1.) que Menge a désigné comme {ype. (2) Dans les espèces amoindries (T. arcanus Cb., elc.), les tibias postérieurs n’offrent même qu'un seul crin dorsal. 68/4 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES foncé. Leur toile, en forme de nappe légère, est tendue dans les mousses, sous les pierres et à la base des herbes. Ce genre renferme une quarantaine d'espèces européennes, surtout répan- dues dans les régions froides et humides ; celles qui se trouvent dans la zone méditerranéenne habitent, en général, dans les montagnes; on peut aussi lui rapporter deux espèces du Groënland (T. frigidus et vaginatus Thorell), une espèce du Spitzberg (T. glacialis Th.) et une espèce de la Sibérie septentrio- nale (T. granulosus L. K.); il est aussi représenté par quelques espèces dans l'Amérique du Nord et dans l’Amérique du Sud extratropicale (T. longimanus Keyserl.). Menge avait donné le nom de Micronetu à un genre comprenant les espèces les plus hétérogènes, mais j'ai réservé ce nom à un groupe dont les M. viaria Blackw. et rurestris C. Koch sont les types. Dahl et, à son exemple, Chyzer et Kulczynski ont rapporté ces espèces à deux genres : Micronela, comprenant les A. viaria BL, conigera Gb. et glacialis T. K. (Porrhomma), et Micryphantes (C. Koch), comprenant les A. rurestris C. Koch, retroversa Cambr., cornigera BI. (Sintulu) et formes voisines, les seconds manquant d'un poil acoustique aux métatarses postérieurs, qui existe chez les premiers. Fig. 764 à 710. a. Microneta retroversa Cambr. Patte-machoire du mâle. — b. M. viaria BI. Idem. — c. NM. arie- tans Cb. Idem. — d. Tmneticus bicolor BI. Idem. — e. T. dentichelis E. Sim. Chélicère du mâle. — f. T. Hardi BI. Céphalothorax du mâle de profil. — y. Taranucnus furcifer E. Sim. Patte-mächoire du mâle. Le genre Micronetu, faiblement caractérisé, comme beaucoup d’autres, se distingue par ses yeux postérieurs resserrés, en ligne très légèrement pro- curvée, ses yeux latéraux élevés sur d’assez fortes saillies obliques, son ban- deau concave au-dessous des yeux, puis un peu proclive, et ses chélicères dissemblables d’un sexe à l’autre, au moins dans les espèces les mieux carac- térisées, mais manquant, chez le mâle, de la dent antérieure, qui existe sou- vent chez les Tmelicus ; tandis que les chélicères des femelles sont peu atté- nuées, légèrement divergentes, avec le bord supérieur de la rainure pourvu, avant l'angle, de trois dents assez longues, surtout la médiane, et le bord inférieur pourvu de quatre ou cinq petites dents égales et serrées, celles du FAMILLE DES ARGIOPIDE 685 mâle sont très fortement alténuées et divergentes, avec les bords de la rainure carénés et pourvus, très loin du crochet, de quelques petites dents; mais ce caractère, très net pour les espèces européennes, s’efface, en général, dans les espèces exotiques; dans la plupart de celles que j’ai trouvées au Venezuela et à Ceylan, les chélicères sont semblables dans les deux sexes, et, dans quel- ques-unes, celles du mâle offrent une petite dent antérieure; au reste, tel que je l’admets ici, le genre Microneta est encore fort hétérogène, et une revision complète de toutes ses espèces amènerait peut-être à le fractionner. Les organes sexuels ont la structure de ceux des genres voisins; le fémur de la patte-mâchoire est rarement un peu claviforme (M. viaria Bl1.) (fig. 765 b); la patella, petite et nodiforme, est, dans quelques espèces, gib- beuse en dessus (M. arietans Cambr.) (fig. 766 c); le tibia est plus étroit à la base, mais dilaté à l'extrémité, surtout en dessus; le tarse est pourvu, en dessus, d’une saillie ordinairement verticale et très obtuse, mais quelquefois recourbée en arrière, au-dessus du tibia, et aussi longue que le tarse lui-même (M. retroversa Cb., penicilligera E. Sim., cornupalpis Emert., etc.) (fig. 764 à). L'épigyne est ordinairement pourvue d'un crochet court et droit, émergeant d’une plaque plus ou moins échancrée en arrière. Les Microneta sont de petites Araignées aux formes grêles, presque toujours unicolores, noires ou brun-rouge, avec les pattes fauves; dans un groupe, qui paraît nombreux dans l’Amérique du Sud, l’abdomen offre cependant, vers le milieu, une large ceinture ou deux grandes macules blanchâtres (Er. bimacu- lata Keyserl.). Les auteurs ont décrit environ 35 espèces européennes pouvant se rap- porter au genre Microneta, mais, pour plusieurs, avec beaucoup de doute (1); Emerton lui rapporte une dizaine d’espèces de l'Amérique du Nord, parmi lesquelles figure notre M. viaria BI., d'Europe; quelques espèces sont propres à la région méditerranéenne australe (M. inexpedibilis Cb., de Syrie, penicilli- gera E. Sim., d’Algérie); quant aux espèces tropicales, il est impossible de se rendre compte de leur nombre, la plupart sont inédites, et les quelques-unes qui ont été décrites n’ont pas été rapportées à leur genre. Les Sintula sont des Tmeticus amoindris dont le céphalothorax, convexe et fortement abaissé en arrière, est presque droit jusqu’au bord frontal, qui est . obtus, ni saillant, ni relevé, dont les yeux sont gros et resserrés, les posté- rieurs égaux ou peu inégaux {S. pusio E. Sim.), figurant une ligne légèrement procurvée, rarement droite (S. aerius Cambr.), plus rarement encore forte- ment procurvée (S. succinus E. Sim.). La patte-mâchoire et l’épigyne res- semblent à celles des Tmeticus; dans une espèce cependant (S. corniger Blackw.), le tarse est pourvu en dessus d’une très longue apophyse recourbée en forme de corne et ressemblant à celle de certains Micronela (2); dans une autre (S. dilutus Cambr.), l'épigyne porte un long et fin crochet droit dépas- sant le milieu de la face ventrale. (1) Le Linyphia Keyserlingi Auss., que je rapporlais au genre Microncla, a élé reporté, je pense avec raison, par Kulczynski au genre Lephthyphantes. (2) Chyzer et Kulczynski rapportent celte espèce au genre Microneta. 686 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Les Sintulu se trouvent à la base des herbes et sous les mousses; ils sont üe très petite taille et généralement de teinte fauve uniforme; on en connait sept ou huit espèces de l’Europe froide et tempérée, et on peut rapporter à ce genre le Linyphia flavescens Cambr., de la région du Baïkal. Le genre Syedra, très voisin du précédent, auquel il est relié par le Sintulu pusio E. Sim., s'en distingue par la région oculaire proéminente, les yeux subconnivents et très inégaux, les médians postérieurs étant beaucoup plus gros que les autres et très convexes (fig. 763 7). Les Syedra ont la taille des Sintulu, quelques-uns ont les pattes variées de jaune et de noir (S. nigrotibiulis Cambr.); les cinq ou six espèces connues sont également européennes; une est décrite de la région du Baïkal (Erig. prolata Cambr.), et j'en possède une autre (inédite) du Japon. C'est encore à côté des Sintulu que jé place le genre Smermisia, qui s’en distingue par son céphalothorax moins convexe, ses yeux postérieurs encore plus gros et figurant une ligne récurvee, enfin par les chélicères du mâle pourvues, en avant, dans la seconde moitié et près le bord interne, d'une forte dent aiguë, convergeant en dedans; cette petite Araignée, originaire du Venezuela, est entièrement d'un jaune pâle, elle ressemble beaucoup à un Neriene, mais sa patte-mâchoire a la structure de celle des Sintula, elle a aussi une frappante analogie avec l’Anthrobiu. Entre les Microneta et les Bathyphantes se place le genre Sfhelotu, qui se rapproche des premiers par ses pièces buccales, son sternum, sa patte- mâchoire dépourvue de griffe, mais qui en diffère par ses yeux médians égaux, figurant un trapeze à peine plus étroit en avant qu'en arrière, par son bandeau plus large que l'aire oculaire et presque vertical, enfin par ses pattes, dont les tibias et métatarses (au moins les antérieurs) sont pourvus, en dessus, de deux longues épines. Le type de ce genre est le Linyphia albonotatu Keyserl., de l'isthme de Panama, petite Araignée allongée, noire, avec une grande tache blanche postérieure sur l'abdomen. III. — Avec les Bathyphantes (1) commence la série des Linyphieæ à pattes longues, pourvues, au moins aux tibias, d'épines supères et latérales et dont les métatarses, très fins, sont aussi longs ou même plus longs que les tibias ‘ et patellas réunis. Dans ce premier genre, le sternum est largement cordi- forme, aussi large que long; les lames, plus longues que celles des Tmelicus, sont cependant plus courtes que celles des Linyphiu; les mélatarses sont dépourvus d'épine ou très rarement pourvus d'une seule petite épine supère. Le céphalothorax à un front large et obtusément tronqué, nullement conique; les yeux postérieurs, en ligne droite ou légèrement procurvée, sont gros et égaux, équidistants ou avec les médians un peu plus gros et un (1) Ce genre, tel que je l'ai limité, correspond aux deux genres Bathyphantes et Stylophora de Menge ; Emerlon, ayant employé le nom de Bathyphantes dans un aulre seus (Lephthyphantes), donne à celui-ci le nouveau nom de Diplostyla, qui tombe eu synonymie. Chyzer et Kulezyn+ki ont adopté le genre Bathyphantes, dans le sens que je lui ai donné, mais en en séparant le B. variegatus BI., pour en faire le type d’un genre Pæœciloneta, dont je ne saisis pas bien les caractères. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 657 peu plus resserrés ; les yeux antérieurs sont en ligne droite par leurs som- mets ou un peu procurvée, avec les médians plus petits et plus resserrés, sans que l'intervalle des latéraux excède leur diamètre ; les yeux médians figurent un trapèze beaucoup plus étroit en avant et généralement un peu plus long que large; enfin, les yeux latéraux sont élevés sur d'assez fortes saillies ; le bandeau, plus étroit que l’aire oculaire, est concave au-dessous des yeux. Dans la plupart des mäles, les chélicères sont atténuées et divergentes dans leur partie apicale, avec la rainure finement carénée et presque mutique. Le bulbe et le tarse de la patte-mâchoire, dont le volume est très variable, forment une masse allongée; le tarse offre presque toujours, en dessus, une saillie basale très faible et obtuse, quelquefois cariniforme, quelquefois un peu plus allongée et légèrement bifide (B. varieqatus BI.); dans une espèce un peu anormale {B. mastodon E. Sim,), elle est remplacte par deux forts tuber- cules subaigus (fig. 777 g); le bulbe, très complexe, est pourvu de fortes lanières, soit longitudinales (fig. 776 f), soit formant boucle à son extrémité. L’épigyne n'est pas moins variable, tantôt simple, en plaque .semi-circulaire marquée en arrière d’une très petite fossette (B. gracilis BL.), tantôt pourvue d’un ou de deux crochets dirigés en arrière, tantôt courts (B. nigrinus Westr.), tantôt très longs (B. concolor Wid., pullatus B1.). Les Bathyphantes sont de petite taille; 1ls se trouvent sous les pierres ou à la base des plantes, dans les prairies et les marécages, où ils filent une toile nappiforme très légère. Leur coloration est quelquefois uniforme (B. concolor Wid.), mais, le plus souvent, leur abdomen est orné de larges fascies trans- verses blanchâtres sur fond brun ou noir (B. nigrinus Westr.) ou obscures sur fond testacé (B. gracilis BI.). On connait une vingtaine d'espèces européennes, une vingtaine de la Sibérie et du Kamchatka (1), trois ou quatre de l'Amérique du Nord, quel- ques-unes, douteuses, de l’Amérique du Sud (B. monticolu Keyserl., etc.) et de la Nouvelle-Zélande (Lin. peramaena Cambr.); j'en possède d’inédites de l’Inde, de Ceylan, des Philippines et de Nouvelle-Calédonie; deux de nos espèces européennes se retrouvent aux États-Unis d'Amérique (B. nigrinus et concolor) et une est indiquée de Sibérie (B. approximutus Cambr.). Je rapproche des Bathyphantes le genre Pocobletus, qui n’en diffère que par son bandeau plus large et ses pattes plus robustes, mais qui s’en éloigne beaucoup par son faciès rappelant celui des Theridion, ce qui tient surtout à ce que son abdomen est presque globuleux et même un peu renflé en arrière. Le mâle a les tibias de la première paire armés d’une très longue épine interne un peu soulevée; sa patte-mâchoire est assez longue, avec le tarse petit; celle de la femelle est robuste, et son tarse, acuminé, m'a paru dépourvu de griffe; son tubercule génital, très gros, occupant toute la largeur de l’épi- gastre, est marqué en arrière d’une fossette semi-circulaire renfermant une pièce cordiforme. (1) Kulezynski indique quatre espèces du Kamchatka : B. major, anceps, pogonias, furcatus Kulez. 688 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Le Pocobletus coroniger E. Sim., commun au Venezuela, sur les buissons, se fait remarquer par ses pattes fortement annelées, son abdomen globuleux, noir en dessus, orné, dans le milieu, de quatre taches blanches disposées en trapèze et, sur la déclivité postérieure, d’un grand cercle formé de points blancs. Les Lephthyphantes ne diffèrent des Bathyphantes que par leurs yeux posté- rieurs un peu plus gros, égaux ou avec les médians un peu plus gros que les latéraux, en ligne droite ou très légèrement récurvée, leurs yeux antérieurs en ligne droite ou légèrement récurvée, enfin par les épines de leurs pattes beau- coup plus longues et plus nombreuses; leurs métatarses offrent cependant rarement plus d'une épine, leurs fémurs antérieurs en présentent une ou deux, tandis que les postérieurs en sont dépourvus. La patte-mâchoire du mâle diffère de celle des Bathyphantes par son tarse et son bulbe formant une masse plus globuleuse; sa patella, toujours convexe, est quelquefois acuminée en dessus (L. angulipalpis Westr.); son crin dressé, très fort, est ordinairement simple et effilé, il est quelquefois anguleux et lan- Fig. 771 à 778. a. Lephthyphantes minutus BI. Patte-mâchoire du mâle. — b. L. collinus L. Koch. Idem. — c. L. prodigialis E. Sim. Abdomen de la femelle en dessous. — d. Idem. Idem de profil... — e. L. striatus E. Sim. Chélicère du mâle de profil. — f. Bathyphantes concolor Wid. Patte- mâchoire du mâle. — g. B. mastodon E. Sim. Idem. — x. Linyphia furtiva Cambr. Idem. céolé (L. crucifer M., unicornis Cb.), plus rarement un peu épaissi à la pointe et villeux sur sa face antérieure (L. minutus BI.) (fig. 771 a), il est parfois remplacé par un faisceau de crins plus fins (L. fragilis Th.); le tibia est rare- ment plus long que la patella (L. alacris B1.); dans beaucoup d’espèces, il est épaissi, en dessus, à l’extrémité et plus ou moins acuminé (L. euchirus, culi- FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 689 cinus E. Sim., mansuetus Th.), mais il est très rarement pourvu d’une apo- physe supère verticale et obtuse (L. collinus L. Koch) (fig. 772 b). L'épigyne est en forme de tubercule pourvu d’un crochet court, lingui- forme, dirigé en arrière, atteignant parfois de grandes dimensions et cou- vrant presque toute la face ventrale (L. pallidus Cb., Midas, prodigialis E. Sim.) (fig. 773 c et 774 d). Les chélicères, semblables dans les deux sexes, par la disposition de leurs dents, sont remarquables, surtout chez les mâles, par les fines stries trans- verses que présente leur face externe, disposition qui est surtout bien visible sur une espèce des Alpes (L. striatus E. Sim.) (fig. 775 e); T. M. Campbell a cru y voir un organe stridulatoire (voy. 1'° partie, p. 41). Les autres diffé- rences sexuelles sont faibles; dans une espèce du Baïkal, figurée par Cam- bridge, L. unicornis Cb., le front du mâle offre cependant, en arrière du groupe oculaire, un petit cornicule recourbé. Ce genre, le plus nombreux du groupe, ne renferme que de petites espèces, dont quelques-unes seulement (L. nebulosus Sund., collinus L. K.) atteignent à peine la taille moyenne. Leur abdomen, de teinte claire, est orné soit d’une bande longitudinale, soit d’une double série de points obscurs reliés par des connectifs arqués; ces dessins s’effacent quelquefois, surtout chez les mâles des plus petites espèces, qui deviennent unicolores. Les Lephthyphantes, très répandus dans la nature, se trouvent à la base des plantes, dans les creux d’arbres et de rochers, etc., quelques-uns recherchent les caves et les grottes (L. pallidus Cb., leprosus Oh1.), d'autres sont exclusive- ment cavernicoles (L. séygius, Sancti-Vincenti E. Sim. etc.). Ce genre est propre aux zones froides et tempérées de l'hémisphère nord (1); on en connait environ 65 espèces européennes, 4 ou 5 des régions arctiques (L. sobrinus Th., relativus Cambr., etc.), une quinzaine de l'Asie centrale et septentrionale, 7 ou 8 de l’Amérique du Nord. Deux de nos espèces euro- péennes, L. leprosus Ohl. et nebulosus Sund., ont des habitats très étendus, la première se trouve depuis l’ile Sainte-Hélène (Cambr.) jusqu’au Kamchatka (Kulcz.), la seconde se trouve également dans l’Asie centrale et le Kamchatka et, de plus, dans l’Amérique du Nord, où se rencontre aussi le L. minutus BI. Les Taranucnus semblent faire le passage des Lephthyphantes aux Linyphia; ils ont le large sternum des premiers, les pattes armées d’épines plus nom- breuses des seconds, mais ils se distinguent des uns et des autres par leur seconde ligne oculaire fortement récurvée et la hauteur de leur bandeau, qui excède la largeur du groupe oculaire. Chez les mâles, le front est élevé et garni de crins dressés; la patte-mâchoire se fait remarquer par le volume et la complication de son tarse et de son bulbe; dans certaines espèces (T. Orphæus, pluragmitis, furcifer E. Sim., furciger Canestr., etc.), le tarse est pourvu à la base d’une large apophyse dirigée en arrière et terminée par une fourche (1) Sauf cependant le L. leprosus Ohl., indiqué de l’île Sainte-Hélène, où il a pro- bablement été introduit. Al 690 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES (fig. 770 g); dans d’autres (T. Cerberus E. Sim.), il est armé en dessus de deux fortes saillies transverses cariniformes. Les Taranucnus sont de taille moyenne; leurs couleurs sont le plus souvent testacées, relevées sur l'abdomen d’un dessin brun ou olivâtre assez simple. Ce genre renferme une douzaine d'espèces européennes : les unes (T. setosus Cambr., phragmitis, lucifuga E. Sim., etc.) vivent dans les marécages, à la base des plantes, presque dans l’eau, les autres habitent les grottes naturelles, principalement celles de la région pyrénéenne, où elles filent leur toile dans les fissures des stalactites, etc., toujours dans les parties les plus humides (1). Dans quelques espèces, en tout voisines des précédentes, le séjour exclusif des grottes et la privation constante de lumière ont modifié plus profondé- ment les organes de la vision; on trouve dans les grottes de la Carniole et dans celles des États-Unis d'Amérique des Turanucnus dont les yeux sont excessivement petits, surtout les médians, et très largement séparés les uns des autres, sauf les deux médians antérieurs qui sont contigus et plus ou moins proéminents. Dans l’espèce européenne que j’ai sous les yeux (T. mi- crophihalmus Joseph), les yeux latéraux, un peu plus gros que les médians et contigus l’un à l’autre, sont égaux, tandis que dans l’espèce américaine, figurée par Keyserling (T. cavernicola), les antérieurs sont beaucoup plus petits que les postérieurs. Le front du mâle de T. microphthalmus est élevé, conique et surmonté de crins, sa patte-mâchoire est du type de celle des Taranucnus. Le D" Joseph a proposé, pour les espèces de Carniole, les deux genres Tro- glohyphantes (type T. polyophthalmus 3.) et Nicihyphantes (type T. microphthal- mus J.), mais le premier repose sur une déformation accidentelle (2) ; l'espèce américaine, découverte dans les grottes du Kentucky par le D' G. Marx, a servi à Keyserling pour caractériser son genre Wüllibaldia, qui est synonyme du précédent ; le L. incerta Emerton (Amer. Nat., 1875, p. 280) doit aussi lui être rapporté. Le genre Drapetisca, dont le type est le Linyphia socialis Sund., est caracté- risé par ses chélicères armées, sur leur face antérieure, de trois ou quatre longs crins spiniformes disposés en ligne oblique (fig. 780); des crins, encore plus forts et divergents, arment aussi le tibia et le tarse de la patte-mâchoire de la femelle. Le mâle a une patte-mâchoire robuste, dont le tarse, gros et obtus, est pourvu, à la base, de deux apophyses dont la premiere, plus forte, est obtuse et recourbée. L’épigyne est pourvue d’un très grand crochet simple, d’abord vertical, puis coudé en arrière. On n’en connaît qu’une seule espèce, également commune en Europe et (1) T. herculanus Kulcz., douteux pour le genre, semble faire le passage des Lephthyphantes aux Taranucnus. (2) Le Dr Joseph a décrit son T. polyophthalmus comme ayant les yeux dédoublés, c’est-à-dire au nombre de seize !, ce qui tient vraisemblablement à ce que, l'individu étudié ayant été pris au moment de la mue, les yeux du nouveau tégument étaient déjà visibles à travers la cuticule de l’ancien, légèrement soulevée. — J'ai souvent observé des faits analogues pour des Araignées de diverses familles. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 691 dans l’Amérique du Nord, différant beaucoup des Linyphia par ses mœurs, car elle ne file aucune toile et se tient sur les troncs d’arbres où elle poursuit sa proie; son céphalothorax et ses pattes sont fauves, variés et annelés de noirâtre, tandis que son abdomen est grisâtre, avec une bordure sinueuse et une grande tache médiane segmentée noires, coloration qui lui permet de se dissimuler sur les écorces et les lichens. Le genre Linyphia, auquel j'ai réuni les genres Séemonyphantes (type Ar. li- meata L.) et Helophora (type L. insignis BI.) de Menge, ne renferme que des espèces de taille au moins moyenne, reconnaissables à leur sternum triangu- laire étroit, beaucoup plus long que large et terminé, entre les hanches, en pointe assez étroite, obtuse ou tronquée (1), à leurs yeux postérieurs large- ment séparés, en ligne droite ou légèrement recurvée, tantôt égaux, avec les médians plus resserrés (L. marginata CG. K., emphana W., etc.), tantôt avec les médians au moins aussi écartés que les latéraux, plus gros et légèrement proé- minents (L. pusilla, clathrata Sund., etc.), à leurs yeux antérieurs en ligne droite ou légerement récurvée, avec les médians resserrés, mais largement séparés des latéraux et généralement un peu plus petits, enfin à leur groupe oculaire médian beaucoup plus étroit en avant qu’en arriere, où il est aussi large que long ou très rarement un peu plus long que large (L. phrygiana CG. Koch). L'abdomen est ovale, atténué et acuminé en arrière, avec les filières termi- nales ; dans un groupe d’espèces, très répandues en Amérique, et rapportées à tort par Keyserling au genre Floronia (L. coccinea Hentz, calcarifera Keyserl., etc., etc.), il est cependant moins atténué en arrière où il est pro- longé en court tubercule très obtus. Les pattes sont généralement pourvues d’épines fémorales, tibiales, laté- rales et dorsales, et de plusieurs épines métatarsales, mais le nombre et la dis- position de ces épines sont très variables, au point que je ne puis séparer du genre Linyphia quelques espèces de Ceylan, dont les fémurs et métatarses sont entièrement mutiques, dont les tibias ne présentent que des épines dorsales, deux aux paires antérieures, une seule aux postérieures, comme chez les Erigone (2). (1) Ce caractère, comme beaucoup d’autres, s’atténue chez certaines espèces, telles que L. montana Cl., etc., dont le sternum, plus large, ressemble à celui des Labulla. (2) Les espèces dont je parle ici sont toutes inédites, voici la diagnose de l’une des plus remarquables : L. tersa, sp. nov. — Q. Long. 5 mill. — Cephalothorax pallide luridus, regione oculorum nigra, parte thoracica utrinque vitta submarginaïi recta nigra, ornata. Oculi postici in lineam rectam, inter se æqui, medii haud prominuli. Oculi antici in lineam leviter recurvam. Clypeus area oculorum paulo angustior. Abdomen angustie ovatum, albidum, supra antice lineolis longitudinalibus abbreviatis binis, dein maculis binis magnis subrotundis, in parte secunda vittis (ransversis tribus arcuatis, in medio coarclalis atque ad apicem macula majore, nigris, decoratum, subtus olivaceum, régione epigasteris nigra. Sternum nigrum. Pedes longi, fulvo-olivacei, femoribus metatarsisque cunctis muticis, tibiis anticis aculeis dorsalibus binis, posticis aculeo dorsali unico instructis. — Ins. Taprobaue in montibus. 692 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES . Les différences sexuelles, assez faibles pour la taille, sont bien prononcées pour la forme : les mâles, dont la coloration est plus simple et plus obscure, ont le front plus convexe, souvent garni de crins dressés ; leur abdomen est beaucoup plus étroit et cylindrique, quelquefois même un peu étranglé vers le milieu ; leurs chélicères, plus étroites et plus acuminées, sont parfois beaucoup plus longues; dans ce cas, elles deviennent divergentes au point de ressembler à celles des Tetragnatha (L. triangularis CI., etc.), elles sont souvent granu- leuses (L. hortensis Sund.), quelquefois pourvues d'une faible dent vers le milieu de leur bord externe (L. emphana Walck.); d’autres fois, à la base interne, d'un tubercule convergeant (L. clathrata Sund.); les dents de leur marge supérieur ont aussi une disposition différente, tandis que, chez les femelles, cette marge offre presque toujours trois dents, dont la médiane plus longue, rapprochées les unes des autres, mais éloignées de la base du crochet, chez le mâle, elle n’offre ordinairement que deux dents beaucoup plus petites et largement séparées l’une de l’autre (fig. 605 et 606, p. 596). Les pattes offrent rarement des caractères sexuels ; chez le L. lineata L. cependant, les métatarses de la première paire du mâle sont robustes, dépri- més et garnis, en dessous, de crins fins et serrés, formant brosse. La patte-mächoire du mâle à un bulbe gros et complexe, souvent pourvu d’un long stylus exserte, formant le cercle; la patella et le tibia, généralement assez courts, sont presque toujours mutiques, quelquefois cependant la patella est pourvue d'une longue apophyse cylindrique et tronquée, dirigée en avant (L. phrygiana C. K.), ou d’une très petite apophyse supère dentiforme (L. com- munis Hentz, L. calcarifera Keyserl.) ; le tibia est plus rarement encore pourvu d’une petite apophyse externe piligère (L. insignis B1.). L’épigyne est rarement pourvue d’un très long crochet détaché dirigé en arrière. Les Linyphia sont presque toujours ornés de dessins noirs, bruns ou vio- lacés, très nets, sur fond blanc ou jaune; quelques espèces exotiques ont même sur l’abdomen des reflets argentés ou dorés. La plupart sont très répandus dans la nature, et ils couvrent de leurs toiles les herbes, les buissons et les arbres. Cette toile se compose d’une trame horizontale, concave ou convexe en dessus, de tissu, tantôt très serré (L. frutetorum C. K., etc.), tantôt assez lâche (L. marginata C. K.), soutenue, en dessus et en dessous, par un grand nombre de fils irréguliers et divergents. D’autres espèces, telles que L. hortensis, pusilla, clathrata Sund., habitent sur les herbes basses, et leur toile, tendue près de terre, est simple; celles des L. clathrata Sund. et lineata L. manquent même du réseau irrégulier, d'autres espèces établissent leur toile dans les creux d’arbres et quelquefois sur les vieilles murailles (L. montana CI.), d’autres s'attachent exclusivement aux Conifères (L. phry- giana C. K..). Un très grand nombre d’espèces ont été décrites sous le nom de Linyphia, mais une cinquantaine seulement appartiennent réellement à ce genre sensu stricto ; on en connaît 22 d'Europe et de la région méditerranéenne, 5 ou 6 d'Asie centrale et de Sibérie, une dizaine de l'Amérique du Nord, une quin- FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 693 zaine des Andes de l'Amérique du Sud, 4 ou 5 de Birmanie et de Malaisie (L. birmanica, Beccarü, phyllophora Thorell}, 3, douteuses pour le genre, du Choa. J’en possède, en outre, d'inédites du Japon, de Ceylan, de l’Inde méri- dionale, de Singapore, du Venezuela, des Antilles et de l’Afrique australe. Plusieurs de nos espèces européennes s'étendent dans l’Asie centrale, la Sibérie et la Chine (L. montana, triangularis CI1., hortensis Sund.), d'autres se trouvent à la fois en Europe, en Sibérie et dans l’Amérique du Nord (L. lineata L., clathrata, pusilla Sund., marginata, phrygiana C. Koch, insig- nis B1.). Les Labulla diffèrent des genres voisins par leurs yeux antérieurs gros, égaux et disposés en ligne légèrement récurvée, leurs yeux médians figurant un quadrilatère presque parallèle, un peu plus long que large, égaux ou avec les antérieurs un peu plus gros que les postérieurs; leur sternum et leurs lames sont un peu plus larges que ceux des Linyphia. La patte-mâchoire du mâle se fait remarquer par le volume et la complica- tion de son bulbe, pourvu d’un long stylus exserte roulé en cercle et de lames contournées, qu un tarse lacinié ne recouvre qu'en partie. Les Labulla sont au moins de la taille des Linyphia; leurs pattes anté- rieures très longues et leur abdomen subglobuleux leur donnent une certaine ressemblance avec les Theridion; leur système de coloration les rapproche surtout des Lephthyphantes. Ils sont nocturnes et habitent dans les bois, le dessous des grosses pierres, des souches, l'intervalle des racines, etc.; leur toile, établie près de terre, est très grande, en forme de nappe, sans réseau irrégulier, et elle ressemble beau- coup à celle des Tegenariu. On en connaît trois espèces, l’une répandue dans toute l’Europe (L. thora- cica Wid.), l’autre propre aux Alpes méridionales (L. rupicola E. Sim.), la troisième à l’Amérique du Nord occidentale (L. altioculata Keyserl.); j’en pos- sède deux autres inédites, l’une du Sikkim, l'autre des monts Kodeikanel (Indes mérid.). Le genre Bolyphantes, tel que je l’ai restreint (1), est intermédiaire aux Linyphia et aux Floronia; il se distingue des premiers par ses yeux médians disposés en trapèze beaucoup plus long que large et ses yeux postérieurs en ligne un peu récurvée, des seconds par ses yeux antérieurs en ligne presque droite et ses yeux médians postérieurs plus rapprochés l’un de l’autre que des latéraux ; mais ces caractères s'’effacent en grande partie chez quelques (1) Le genre Bolyphantes a été créé par C. Koch en 1837, dans le premier fascicule des Uebersicht des Arachn.-Syst., pour un ensemble très hétérogène. Ce n’est qu’en 1839, par la créalion du genre Chiracanthium, que l’auteur lui donna des limites plus naturelles en le réduisant aux B. trilineatus (Linyphia lineata L.), aipestris et stra- mineus (L. alticeps Sund.). Menge adjoignit aux Bolyphantes le L. bucculenta CI., pour lequel j'ai proposé le genre Floronia (voy. plus loin) et en retira le B. trilineatus pour en faire le type d’un genre Stemonyphantes, que je n'ai pas séparé du genre Linyplia (sensu stricto), mais qui est maintenu par Chyzer et Kulezynski. 694 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES petites espèces qui se relient plus on moins aux Lephthyphantes, particulière- ment chez B. index Thorell et B. nigropictus E. Sim.; dans ces deux espèces, les métatarses (au moins les antérieurs) n'offrent qu’une seule épine, et, dans la seconde, les yeux postérieurs sont très resserrés. Le front du mâle est très élevé, au moins dans les espèces les mieux carac- térisées, où il est acuminé et hérissé de crins. Sa patte-mâchoire est remar- quable par son fémur épais et fusiforme, c'est-à-dire atténué à la base et à l'extrémité, et par sa patella pourvue en dessus d’un crin très épais et bacilli- forme, souvent même un peu dilaté, lancéolé et cilié à l’extrémité et porté à la base par un petit tubercule cylindrique, mais ces caractères, comme beau- coup d’autres, s’affaiblissent chez B. index Th. Les Bolyphantes sont de taille moyenne, de forme étroite et allongée; leur coloration est claire, souvent uniforme, rarement relevée d’un dessin noir sur l'abdomen; il vivent ‘sur les herbes et les buissons, surtout dans les pays de montagne et dans les forêts de Conifères; leur toile, légère et horizontale, n'est pas accompagnée d’un réseau irrégulier. On en connaît quatre espèces européennes, dont deux (B. alticeps Sund. et index Th.) sont aussi indiquées de Sibérie (1). 7179 780 781 782 Fig. 119. I oronia bucculenta CI. Chélicère du mâle. — Fig. 780. Drapetisca socialis Sund. Chéli- cère vue en avant. — Fig. 781. Floronia bucculenta CI. Patella et tibia de la patte-mâchoire du mâle. — Fig. 782. Tapinopa longidens Sund. Tarse et bulbe de la patte-mâchoire du mâle. Les deux genres Floronia et Tapinopa diffèrent des Linyphia par leurs yeux médians postérieurs beaucoup plus séparés l’un de l’autre que des latéraux et par leurs yeux antérieurs en ligne très fortement récurvée, d’où il résulte que le groupe des yeux médians, très grand, est beaucoup plus long que large, caractère déjà indiqué dans le genre Bolyphantes. Le céphalothorax est assez bas, avec la partie céphalique quelquefois con- vexe et inclinée (Tapinopa) et le front large et obtus; le front du mâle est plus (1) L'espèce décrite par Emerton sous le nom de Bolyphantes drassoides (Trans. Connect. Acad., VI, 1882, p. 72) n'appartient très probablement pas à ce genre et me paraît plutôt se rapprocher des Nematogmus et des Sphecozone; le front du mâle offre, en arrière des yeux, un ltubercule piligère et sa paite-mâchoire est pourvue d’une longue apophyse libiale dirigée obliquement en dehors le long du bord tarsal, qui est fortement atténué à la base. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 695 élevé et conique, surtout chez les Floronia, où il est surmonté de crins dressés (fig. 783). Les chélicères des Tapinopa sont très robustes et convexes, mais atténuées et divergentes à l'extrémité; leur marge supérieure est armée de cinq dents fines, isolées et équidistantes, dont les médianes sont très longues, tandis que la marge inférieure offre de = cinq à six dents beaucoup plus petites et égales; les chélicères des Floronia sont beaucoup plus longues et plus étroites; chez la femelle, l’armature de leur marge est celle des Tapinopa, tandis que, chez le mâle, les marges sont longuement échancrées, l’inférieure pré- Fig. 783. sente, près l'insertion du crochet, une série de trois Floronia bucculenta cl. Petites dents contiguës et, beaucoup plus loin, près Céphalothorax du mâle de de l’angle, deux autres dents inégales et géminées profil. (fig. 779). Les pattes des Tapinopa sont courtes et mutiques, celles des Floronia sont très longues et armées d’épines. La patte-mâchoire des Tapinopa se fait remarquer par son tarse plus long que le fémur et pourvu, en dessus, à la base, d’une très longue apophyse coudée en arrière, cylindrique et terminée par une petite fourche (fig. 782); celle des Floronia est beaucoup plus longue; son fémur est claviforme comme celui des Bolyphantes; sa patella est pourvue, en dessus, d'une courte apo- physe dirigée en avant et supportant un crin très fort et lancéolé; son tibia est armé, en dessus, de deux petites pointes noires coniques, au côté externe, d’un long crin soulevé et, au côté interne, de trois petits denticules disposés en ligne oblique; son tarse, assez long, offre, en dessus, une saillie basale garnie, au sommet, sur sa face postérieure, d’un groupe de petits denticules irréguliers (fig. 781). L'épigyne des Tupinopa est en grosse saillie rougeâtre, marquée, sur sa face postérieure, d’une fossette testacée, divisée par une carène parallèle ou dilatée en forme de disque; celle des Floronia est en très grande fossette, entourée d’un rebord très élevé, surtout en avant, et divisée par un crochet long, étroit et pubescent, partant du bord supérieur, et le bord inférieur est également pourvu d’un crochet vertical obtus. Le genre Floronia ne renferme qu’une seule espèce (1) répandue dans l’Eu- rope froide et tempérée, où elle se trouve dans les bois marécageux ; son abdomen très convexe, ses pattes longues et ses mouvements relativement assez lents lui donnent l'aspect d’un Theridion. (1) Je rappelle ici que le Floronia bucculenta n’est pas l’espèce à laquelle les auteurs modernes, notamment Thorell, rapportent ordinairement l’Araneus bucculentus Clerck, j'en ai donné les raisons ailleurs (cf. Ar. Fr., t. V, p. 209), F. bucculenta figure dans beaucoup d'ouvrages sous le nom de Linyphia frenata Wid. — Le genre Frontina (Floronia) de Keyserling, Spinn. Amer. Therid., 1884, n'a aucun rapport avec celui-ci et 1l correspond à une partie du genre Linyphia (L. clathrata Sund., ele.). 696 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Le genre Tapinopa, également européen, renferme trois ou quatre espèces de taille moyenne, dont une seule est commune; elles se trouvent dans les bois humides, à la base des herbes, dans les mousses et sous les pierres. Leur toile est en forme de nappe légère, non accompagnée de réseau irrégulier. Je terminerai l’étude de ce groupe par celle de l'Obrima Tennenti, petite Araignée de Ceylan, qui diffère de ses congénères par un ensemble de carac- tères qui en font un type ambigu, offrant quelques analogies avec les Nesticus de la sous-famille suivante. Le céphalothorax de l'Obrima est bas, dépourvu d'impression, presque parallèle et terminé en avant par un large front obtus, dont le groupe ccu- laire occupe toute la largeur. Les yeux postérieurs sont très gros, égaux, peu séparés, l'intervalle des médians étant un peu plus large que celui des latéraux, et ils figurent une ligne très légèrement récurvée. Les yeux antérieurs sont en ligne droite, les médians, à peine plus petits, sont presque contigus l’un à l’autre et à peine séparés des latéraux. L’aire occupée par les médians est aussi large que longue et plus étroite en avant qu'en arrière. Le bandeau vertical est au moins deux fois plus étroit que l’aire oculaire. La pièce labiale est largement triangulaire, à peine rebordée. Les lames sont plus acuminées et plus convergentes que celles des Linyphia. Le ster- num, largement ovale, se termine en pointe assez étroite et non infléchie, entre les hanches postérieures. Les chélicères ne m'ont pas paru différer beaucoup de celles des Linyphia; leur marge supérieure oblique est également pourvue de quelques petites dents isolées. Les pattes sont grêles, fines et mutiques ; leurs tibias sont seulement pourvus, en dessus, de deux soies rigides; les pattes des deux premières paires, presque égales entre elles, sont beaucoup plus longues que les posté- rieures, leurs tarses, relativement très longs, égalent presque les métatarses. La patte-mâchoire du mâle est très singulière en ce que son tibia, beaucoup plus long que la patella, porte, en dessus, à la base, une très longue apophyse grêle, relevée, mais recourbée en avant, sinueuse et oblique- ment tronquée à la pointe, tandis que son tarse, petit et ovale, recouvre un bulbe simple peu convexe, mais pourvu à la base d’une pe- tite pièce tarsale arquée en croissant (fig. 784). Fig. 784. L'Obrima Tennenti E. Sim., qui se trouve sur les buissons aux environs de Kandy, ressemble à un très petit Episinus; son abdomen est, en effet, allongé, renflé vers le milieu et acuminé en arrière; sa coloration, d’un fauve blanchâtre, est variée de noir, et ses pattes sont annelées, avec les patellas, tibias et métatarses des deux premières paires d’un noir intense. Obrima Tennenti E. Sim. Patte-mà- choire du mâle. Nora. J’ai déjà dit que, pour le Genera des Linyphiinae, je n’avais pu tenir compte, sauf quelques exceptions, que des espèces qui m'étaient connues en nature. Parmi celles qui me sont inconnues, la plupart ont été décrites sous les noms génériques FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 697 d’Erigone et de Linyphia, et les descriptions ne faisant pas mention des caractères que je considère comme génériques, j'ai dû renoncer à leur assigner une place. Parmi ces espèces, il en est cependant qui ne rentrent cerlainement dans aucun des genres admis, tels sont, par exemple, Elaphopus flagellifer Menge, Erigone consimilis Cambr.., mirabilis L. Koch, barbigera L. Koch., oriles Thorell, etc. | Les auteurs anglais ont proposé les genres Auletta (type À. excavata) O. P. Cambr.. Robertus (type R. astutus) O. P. Cambr. et Hillhousia (type H. desolans) F. 0. P. Cambr.. pour de petites espèces obscures, la première de Bavière, les autres d'Angleterre, qui paraissent différer à peine des Porrhomma, des Microneta et des Tmeticus, genres qui, eux-mêmes, se fondent les uns dans les autres. J'ai dû aussi renoncer à me faire une opinion sur les genres Troæochrola (type T. scabra) ct Lasiargus (type Micryphantes hirsutus Menge), proposés tout récemment par M. Kulczynski, dans ses Araneae Hungariae. GENERA 1. Laminæ-maxillares haud longiores quam ad basin latiores, ad marginem exteriorem obliquæ, ad basin dilatatæ. Metatarsi antici tibiis breviores vel saltem haud longiores. Pedes mutici vel parcissime aculeati, tibiis aculeis lateralibus semper caren- MOUSE TA Ed En A ee there oele GOT Lane 2. — Laminæ-maxillares longiores quam ad basin latiores, ad apicem recte vel oblique truncatæ et angulum plus minus acutum extus formantes. Metatarsi antici tibiis longiores vel saltem haud breviores: Pedes aculeati, tibiis aculeis dorsalibus latera- libusque fere semper munitis........ HR ARCEAR SAR ME RE 117. 2 MOculinuAUmEUes tarsorumemuticr. PACE Re Anthrobia. — Oculi perfecte explicati. Ungues tarsorum pectinati... ........ £ 3. .3. Oculi postici in lineam validissime procurvam semicircularem... 4. — Oculi postici in lineam rectam vel subrectam......... . .... . 19 4. Oculi sex (utrinque oculo laterali unico)........ ..... Cryptocleptes. — Oculi octo (utrinque oculis lateralibus binis)......... ..... Phanetta. 9. Clypeus area oculorum multo angustior. Pedes quatuor antici posticis multo longiores. Abdomen elongatum rhomboiïdale. Laminæ apice convergentes................. PETER . Obrima. — Clypeus area oculorum haud vel non multo angustior. Pedes in prop. 1, 1V, 11, it. Abdomen oblongum, postice plus minus acuminatum. Laminæ intus subrectæ...:.........:. .i:.:1r 6. 6. Pedes robusti, metatarsis anticis tibiis brevioribus. Pedes-maxil- lares maris fere Erigones, tibia apophysi superiore instructa.. 1% — Pedes graciles, metatarsis anticis tibiis circiter æquilongis. Pedes-maxillares maris Linyphiæ, tibia apophysi fere semper GEMINI ST SENS EI ES RE PART RE RE ET Mare (D) 698 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES 7. Oculi medii antici posticis haud minores. Clypeus area oculorum mediorum multo angustior. Chelarum margines binæ (9) den- tibus validis quatuor, subæquis, armati............ Donacochara. — Oculi medii antici posticis minores. Clypeus area oculorum cir- citer æquilatus. Chelarum margo inferior dentibus parvis OA A ROC Dons d'AMD c EU CCC Daaoda de 8. 8. Oculi postici sat magni et inter se parum distantes........ ÆEmenista. — Oculi postici parvi vel mediocres, inter se late separati.......... 2): 9. Oculi medii aream multo longiorem quam latiorem occupantes. Oculi laterales utrinque valde prominuli...... ONE Haplinis. — Oculi medii aream vix longiorem quam latiorem occupantes. Oculi laterales utrinquevix prominuli."#"....… Hilaira. 10. Sternum postice, inter coxas, anguste et subacute productum... A AAA E en rte ee CET AR PE M ODIS ex YESE — Sternum postice, inter coxas, sat late productum et obtusüm.... de ROculimmnntinntensetlatenmemots PPT RPC 12% — Oculi sat magni vel mediocres, inter se plus minus appropinquati. 19 12. Oculi postici in lineam rectam seu leviter procurvam. Oculi medii antici reliquis oculis multo minores, inter se subcontigui, sed a lateralibus late remoti. Area mediorum antice quam postice MUILO ANUS TONER RE ETAER A NNE eP EP RERPARe Porrhomma. — Oculi postici in lineam leviter recurvam. Oculi antici inter se subæquales et fere æquidistantes. Area mediorum antice quam POSÉICe MENÉS TIORA EE NET ATENENNNNREERRE RER Sthelota. 13. Clypeus verticalis planus. Oculi postici inter se sat late separati. Oculi laterales haud vel vix prominuli........... ..... Tmeticus. — Clypeus sub oculis plus minus depressus................. HU 14. 14. Oculi postici lineam levissime procurvam formantes. Oculi late- rales utrinque sat prominuli. Chelæ maris plerumque valde attenuatæ et divaricatæ.......... MR A Rte EI IPo Microneta. — Oculi postici inter se valde appropinquati, in lineam procurvam vel rarius recurvam ordinati. Oculi laterales utrinque parum prominuli. Chelæ fere parallelæ in utroque sexu subsimiles vel M MOTERRS CNT CANNES 2 6 a os eo 0x obounceco 15. 15. Oculi postici in lineam recurvam. Chelæ maris antice dentatæ... SC AR CRU ete us dau core AO ES DURE EE Le Smermisia. — Oculi postici in lineam procurvam. Chelæ maris muticæ........ 16. 16. Area ocularis haud prominens. Oculi postici inter se subæquales. DES 5 0 d baie ane DE CEE A RE Ie Be D nie TOUS OU) 0e Sintula. — Area ocularis prominens. Oculi medii postici reliquis oculis multo AIN) ba D 2 6 DO PESUS SRMETNE RA Pe Do SE R .. Syedra. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 699 17. Oculi medii postici inter se quam a lateralibus multo remotiores. Oculi antici in lineam valde recurvam et area mediorum EURE,» 5 LÉO OR E RER EN ERSRRE à D NE PSE 18. — Oculi postici inter se fere æquidistantes. Oculi antici in lineam SUREGUENR à 6) Lie AURONT AE TARA AR A D A EU DE GE 18. Clypeus angustus. Oculi medii antici lateralibus haud minores. PES lEMCS CHINA EEE IP OUA CEE ER SAUCE Tapinopa. — Clypeus latus. Oculi medii antici lateralibus minores. Pedes longi ÉRIC ICQ IPN ARCS RASE TIRE DEEE ee Floronia. ACheletanticeaculeis 2velt3/instructæ....-0.......... "1 Drapetisca. — Chelæ antice muticæ ........ TRS ONE NA A D or EN D D 20. 20. Oculi postici inter se appropinquati. Sternum cordiforme, haud loneus quanmAlatiUs ss AVS RME RMI ni Nr 21 — Oculi postici inter se remoti. Sternum longius quam latius (1)... 25. 21. Oculi medii aream magnam, longiorem quam latiorem et antice quam postice vix angustiorem, designantes. Oculi cuncti inter SCRSHDEÆEQUAlES PE. HR oem CORP cles PEL Labulla. — Oculi medii aream haud longiorem quam latiorem et antice quam postice multo angustiorem designantes. Oculi medii antici Ras COULÉ TOR OENEE EEE RENE Re RARE 22: 22. Oculi postici in lineam valde recurvam. Clypeus area oculorum latior. Femora cuncta aculeata (2). Metatarsi spinis paucis GÉSTU SORA AE CR ER TE RE SR ET CERN Taranucnus. — Oculi postici in lineam rectam vel subrectam. Clypeus area ocu- lorum haud latior. Femora postica mutica. Metatarsi mutici vel ACUICONUMICOMNSLEUCLIN(S) AE ERA NEREE CE PAC Rr PPT CE des D 23. 23. Metatarsi aculeo unico instructi. Oculi antici in lineam rectam Leu JET GUN OUEN SR OR eee Lephthyphantes. — Metatarsi mutici. Oculi antici in lineam rectam seu leviter pro- GUAM EE AN LEO TEnS en DA es ce de eee Pac ele 24. 24. Clypeus area oculorum angustior. Pedes gracillimi in utroque sexu similes. Abdomen ovatum postice acuminatum. Bathyphantes. — Clypeus area oculorum haud angustior. Pedes robustiores, tibiis anticis maris aculeo interiore longissimo instructis. Abdomen subglobosum, postice ampliatum. .................... Pocobletus. 25. Oculi medii aream magnam longiorem quam latiorem formantes. 26. Oculi medii aream haud vel vix longiorem quam latiorem for- DIENNESS CSSS PPS D UD 0 à D RO EE MAI ES Linyphia. (1) Excepté dans le genre Troglohyphantes, dont le sternum est semblable à celui des Taranucnus. (2) Excepté chez T. phragmitis. (3) Excepté chez plusieurs Lephthyphantes, tels que L. nebulosus Sund., alacris BI., etc. 700 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES 26. Oculi normales ...... see eee eh MES Bolyphantes. — Oculi minutissimi et inter se latissime distantes.. Troglohyphantes. Donacochara E. Sim., Ar. Fr., V, 1834, p. 461. — Erigone Thorell, 1875 (ad part. E. speciosa). — Neriene Cambr., 1879 (ad part. N. Keyserlingi). Cephalothorax ovatus, fronte lata et obtusa. Oculi postici in lineam leviter procurvam, inter se fere æquidistantes. Oculi antici in lineam levissime recurvam, inter se æqui, moedii a lateralibus quam inter se paulo remotiores. Oculi medii aream æque longam ac latam occupantes. Clypeus area oculorum multo angustior. Sternum longius quam latius, postice breviter attenuatum atque obtusum. Chelæ robustæ et paululum divaricatæ, marginibus sulci feminæ valde quadridentatis, maris margine inferiore valde quadridentato superiore minutissime et remote tridentato. Pedes robusti et sat longi (1, Iv, il, Il), metatarsis anticis tibiis brevioribus. . Typus : D. speciosa Thorell (sp. un.). AR. GEOGR. : Europa media et occid. Emenista, nov. gen. À Donacochara differt oculis posticis in lineam plane rectam, sat magnis, inter se æquis, mediis à lateralibus quam inter se remotioribus (sed spatio inter- ôculari oculo non multo latiore), oculis anticis in lineam rectam, medis late- ralibus paulo minoribus a lateralibus quam inter se remotioribus, clypeo latiore area oculorum circiter æquilato, chelis in utroque sexu margine supe- riore dentibus quatuor validis, margine inferiore dentibus multo minoribus instructis. Typus : E. bisinuosa E. Sim. (sp. un.) (1). AR. GEOGR. : India merid. mont. Haplinis nov. gen. Ab Emenista imprimis differt oculis posticis multo minoribus, mediis a late- ralibus qua inter se remotioribus (spatio interoculari oculo plus duplo latiore), oculis anticis apicibus lineam rectam formantibus, mediis multo (1) Espèce inédite, dont voici la diagnose : . E. bisinuosa, sp. nov. — ®. Long. 4 mill. — Cephalothorax lævis, fusco-rufescens, parte cephalica paulo dilutiore. Abdomen albidum, supra lineis nigris binis, marginem anticum haud attingentibus, postice valde sinuoso-angulatis et transversim segmen- tatis, subtus vitta media lata fusca et utrinque lineolis abbreviatis et obliquis nigris ornatum. Sternum nigrum, læve. Chelæ castaneæ. Pedes luridi. — 4. Long. 3,6 mill. — Pedes longiores. Abdomen supra albidum, lineolis transversis fuscis arcuatis 5-6 ornatum. Pedes-maxillares fulvi ; femore lougo arcuato; patella parva et convexa; tibia patella malto longiore, ad basin angustiore, extus ad apicem apophysi magna, antice directa et arcuata, apice subacuta et supra dentata, armata ; Larso brevi, convexo et subrotundo. — India merid. : mt Kodeïkanel. cs FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 701 minoribus, inter se subcontiguis sed a lateralibus bene separatis, area mediorum evidenter longiore quam latiore, oculis lateralibus utrinque valde prominulis. Typus : H. subclathrata E. Sim. (sp. un.) (1). AR. GEOGR. : Nova-Zealandia. Hilaiïira E. Sim., Ar. Fr., V, 1884, p. 374. — Neriene Cambr. (ad part.). — Gongylidium E. Sim., loc. cit., 1884 (ad part. G. fænarium et distinctum,. — Coryphæus F. O. P. Cambr., Ann. Mag. Nat. Hist., 1894, p. 87. Cephalothorax ovatus, fronte lata et obtusa, interdum (3) truncata. Oculi postici mediocres, inter se late distantes, in lineam rectam vel levissime pro- curvam, inter se æquidistantes vel sæpius medii a lateralibus quam inter se paulo remotiores. Oculi antici in lineam rectam, medii minores, inter se sub- contigui sed a lateralibus late distantes. Area mediorum paulo longior quam latior. Partes oris, chelæ, sternum pedesque Nerienes. — Cephalothorax in utroque sexu similis vel maris fronte truncata vel pone oculos convexa. Chelæ maris antice sæpe dentatæ. Typus : P. excisa Cambr. AR. GEOGR. : Europa occid. frigida vel mont. Porrhomma E. Sim., 1884. — Neriene Blackw. (ad part. : N. pygmæa, errans, etc.). — Linyphia auct. (ad part.). — Porrhommu et Hylyphantes E. Sim., Ar. Fr., V, 1881, p. 353 et 463. — Porrhomma, Oreoneta, Macrargus (ad part. M. adipatus), bicroneta (ad part. M. glacialis) Chyz. et Kulez., Ar. Hung., 1894. Cephalothorax ovatus, fronte rotunda et leviter declivi. Oculi postici in lineam rectam seu leviter procurvam, parvi, æqui et inter se latissime distantes. Oculi antici in lineam rectam, seu leviter recurvam, medii minores, inter se contigui sed a lateralibus bene separati. Area mediorum longior quam latior. Clypeus area oculorum saltem haud angustior, sæpissime longe barba- tus. Sternum longius quam latius, postice, inter coxas, sat anguste produc- tum, obtusum et inflexum. Chelæ et partes oris Tmetici. Pedes (1, IV, 11, it} sat longi, aculeis tenuibus plerumque longis muniti, supra in patellis aculeo unico in tibiis aculeis binis. Tyeus : P. Proserpina E. Sim. AR. GEOGR. : Europa temp. et frigida; Reg. arcticæ; et fortasse America sept. (1) Espèce inédite, dont voici la diagnose : H. subclathrata, sp. nov. — ®. Long. 4 mill. — Cephalothorax lævis, fusco-piceus. Abdomen ovatum supra obscure fulvo-olivaceum, parce albido-punctatum et vittis duabus nigris latis, sinuosis et apice convergentibus ornatum, subtus omnino nigrum, Sternum nigrum subtiliter coriaceum. Pédes robusti, obscure fulvi, femoribus infus- catis. Vulva fovea transversa, margine superiore unco brevi obtuso et marginato muuita, impressa. — N.-Zealandia. 702 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Opistoxys E. Sim., Ar. Fr., V, 1884, p. 373. A Porrhommati, cui valde affinis est, tantum differt sterno postice, inter coxas, acute producto et non inflexo. Typus : 0. acuta E. Sim. AR. GEOGR. : Europa occid. Cryptocleptes E. Sim., Ar. Fr., V, 1884, p. 358. À Porrhommati, cui valde affinis est, differt oculis tantum sex, utrinque oculo laterali unico, cum mediis anticis minutissimis lineam rectam, cum mediis posticis lineam valde procurvam, designante. Typus : C. paradoxzus E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : Pyrenæi mont. (in speluncis). Anthrobia Tellkampf, Arch. Naturg., 1 SR ANT Te Emert., Amer. Nat., 1875, p. 288, t. I. — Id. Keyserl., Verh. z. b. G. Wien, XII, 1862. À præcedenti, cui valde affinis est, tantum differt oculis nullis et unguibus tarsorum muticis. Typus : A. mammouthia Tellk. (sp. un.). AR. GEOGR. : Amer. sept. (in speluncis). Phanetta Keyserl., Spinn. Amer. Therid., II, 1886, p. 125. — Linyphia Emert., Amer. Nat., 1875, p. 279 (ad part. L. subterranea). Gen. ig. a Cryptoclepti, cui affine est, differt oculis octo, quatuor posticis inter se æquis et fere æquidistantibus in lineam valde procurvam, quatuor anticis inter se appropinquatis in lineam subrectam mediis minutissimis, oculis lateralibus utrinque inter se distantibus. Typus : P. subterranea Emert. (sp. un.). AR. GEOGR. : Amer. sept. (in speluncis). Tmetieus Menge, Preuss. Spinn., 1866 (ad part. T. leptocaulis). — Linyphia auct. (ad part.). — Neriene Blackw. (ad part.). — Tmeticus (ad part.), Pedina, Leptothrix, Bathyphantes (ad part.) Menge, loc. cit., 1866. — Bathyphantes Emerton, 1882 (ad part.). — Tmeticus E. Sim., Ar. Fr., V, 1884 (emend.). — Centromerus et Macrarqgus Dahl, Monog. Erig., 1886. — Centromerus, Macrargus et Leptorhoptrum Chyz. et Kulez., Ar. Hung., 1894. Cephalothorax ovatus, fronte haud declivi, sæpissime leviter acclivi. Oculi postici sat magni, inter se non late disjuncii (spatiis interocularibus oculis haud vel non multo majoribus) lineam leviter procurvam vel subrectam for- mantes. Oculi antici in lineam rectam vel subrectam, medii minores, inter se contigui sed a lateralibus bene separati. Sternum haud vel vix longius quam latius, inter coxas posticas anguste productum. Chelæ robustæ, margine superiore dentibus longis 2, 3 vel 4, inferiore dentibus 5 minutissimis FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 703 armatis. Pedes sat robusti, femoribus muticis vel anticis aculeis parvis 1 vel 2. tantum armatis, tibiis setis rigidis binis (rarissime seta unica) dorsalibus rarius aculeis lateralibus, armatis. Tyeus : T. affinis Blackw. (leptocaulis Menge). AR. GEOGR. : Eur. et Ainer. sept., reg. frig. temp. vel mont. Microneta Menge, 1865. — Erigone auct. (ad part.). — Micryphantes (ad part.) et Micronetu {ad part.) Menge, Preuss. Spinn., 1868. — Microneta E. Sim., Ar. Fr., V, 1854 (emend.). — Id. Emerton, 1882 (saltem ad part.). — Microneta et Micryphantes Dahl, 1886. — Jd. Chyz. et Kulez., 1894. Cephalothorax longus. Oculi postici in lineam levissime procurvam, inter se æqui vel medii paulo majores, a sese fere æque et anguste separati. Oculi antici inter se appropinquati, in lineam rectam seu levissime procurvam. Area mediorum paulo longior quam latior. Clypeus depressus, area oculorum fere semper paulo angustior. Chelæ feminæ normales, maris sæpe valde acumi- natæ et divaricatæ, marginibus carinulatis. Pedes longi et graciles, tibiis setis erectis binis plerumque munilis, metatarsis anticis tibiis haud longioribus sæpe paulo brevioribus, tarsis longis sed metatarsis brevioribus. Typus : M. viaria Blackw. AR. GEOGR. : Orb. reg. omn. frig. temp. et calidæ. Sintula E. Sim., Ar. Fr., V, 1884, p. 412. — Linyphia et Erigone (ad part.) Cambr. — Sintula et Micryphantes (ad part. M. corniger) Chyz. et Kulez.. Aran. Hung., 1894. À Micronetu differt cephalothorace postice convexo et valde declivi, supra, usque ad frontem, subrecto, regione oculari haud prominula, oculis subcon- fertis, posticis æquis vel mediis paulo majoribus (S. pusio E. Sim.), in lineam leviter procurvam, rarius rectam (S. aerius Cambr.), rarissime valde procur- vam (S. succinus E. Sim.), oculis anticis in lineam leviter procurvam, mediis minutissimis, chelis in utroque sexu subsimilibus, margine inferiore sulci dentibus tenuibus 2-3 armato. Typus : S. corniger Blackw. AR. GEOGR. : Europa frigida et temp.; Sibiria. Smermisia, nov. gen. A Sintula differt cephalothorace humiliore, oculis posticis maximis in lineam leviter recurvam, mediis ovatis lateralibus paulo majoribus, inter se anguste separatis à lateralibus subcontiguis, oculis mediis anticis reliquis oculis multo minoribus, chelis maris antice dente valido convergenti instructis, pedibus brevioribus. Typus : S. caracasana E. Sim. (1) (sp. un.). AR. GEOGR. : Venezuela. (1) Cette espèce est inédite, en voici la diagnose : 704 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Syedra E. Sim., Ar. Fr., V, 1884, p. 453. — Microneta Menge (ad part. M. gracilis). — Syedra Chyz. et Kulez., 1894. À Sintula differt regione oculari prominula, oculis inter se subcontiguis, posticis in lineam procurvam, mediis lateralibus multo majoribus et valde convexis. Typus : S. ophthalmica E. Sim. AR. GEOGR. : Europa; Sibiria; Japonia. Sthelota nov. gen. — Linyphia Keyserl., Spinn. Amer. Therid., II, 1886 (ad part.). Cephalothorax Micronetæ. Oculi postici in lineam levissime recurvam, parvi, æqui et inter se late separati, medii a sese quam a lateralibus paulo remo- tiores (spatio interoculari oculo plus triplo latiore). Oculi antici in lineam subrectam, inter se subæquales, medii a lateralibus quam inter se vix remo- tiores. Oculi medii inter se æquales, aream circiter æque latam ac longam et antice quam postice non multo angustiorem, occupantes. Clypeus area oculo- rum latior, verticalis, levissime depressus. Partes oris sternumque Micronetæ. Pedes tenues, metatarsis tibiis vix longioribus, tibiis metatarsisque (saltem anticis) supra pluriaculeatis. Pedes-maxillares feminæ aculeati sed ungue pectinato carentes (2): Typeus : S. albonotata Keyserl. AR. GEOGR. : Amer. centr. et merid. Bathyphantes Menge, Preuss. Spinn., I, 1866 (ad part.) — Séylophora Menge, loc. cit. — Diplosiyla Emerton, Tr. Conn. Acad., 1882. — Bathy- phantes E. Sim., Ar. Fr., V, 1881. — Linyphia Keyserl., Sp. Amer. Therid., 1884 (ad part.) — Bathyphantes et Pœciloneta Chyz. et Kulez., Ar. Hung., 1894. Cephalothorax breviter ovatus, antice vix elevatus, fronte lata et obtuse truncata. Oculi postici in lineam rectam seu leviter procurvam, inter se æquales vel medii paulo majores, æquidistantes vel medii a lateralibus quam inter se paulo remotiores. Oculi antici in lineam rectam, seu leviter procur- vam, medii lateralibus minores et a lateralibus quam inter se remotiores (sed spatio interoculari oculo non majore). Area mediorum antice quam postice multo angustior et plerumque paulo longior quam latior. Clypeus depressus, area oculorum paulo angustior. Sternum cordiforme, haud vel vix longius quam latius. Pedes longi, aculeis tenuibus sat brevibus armati, metatarsis fere S, Caracasana, sp. rov. — 4. Long. 1 mill. — Cephalothorax sternumque lævia, flavido-rufescentia, oculis nigro-cinctis. Abdomen anguste ovatum, albido-testaceum, supra confuse infuscalum, antice setosum. Pedes modice longi, pallide lutei. Chelæ luteæ, validæ, antice, prope marginem interiorem, dente acuto et convergenti armatæ- Pedes-maxillares graciles, tibia patella circiter æquilonga, apice leviter ampliata, obtusa et mulica, tarso mediocri ovalo. — Caracas. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 705 semper muticis. — Chelæ maris plerumque valde attenuatæ, divaricatæ, mar- ginibus sulci carinatis. Tyeus : B. nigrinus Westr. (B. terricola Menge). AR. GEOGR. : Europa; Reg. mediterr.; Asia sept., centr., orient. et merid.; N.-Hollandia et N.-Zealandia; America sept. et merid. andina. Pocobletus, nov. gen. Cephalothorax ovatus, parte cephalica sat convexa. Oculi postici magni, æqui, inter se fere æquidistantes (spatiis interocularibus oculis haud latiori- bus) in lineam vix recurvam. Oculi antici in lineam subrectam, medii paulo minores, inter se contigui et leviter prominuli a lateralibus bene separati. Clypeus leviter convexus, area oculorum haud angustior. Sternum late cordi- forme, inter coxas posticas disjunctas late truncatum. Pedes sat robusti, modice longi, mutici sed setis erectis patellarum et tibiarum longis muniti. Typus : P. coroniger E. Sim. (1). AR. GEOGR. : America merid. : Venezuela. Lephthyphantes Menge, Preuss. Spinn., I, 1866. — Linyphiu auct. (ad part.). — Lephthyphantes et Bathyphantes (ad part.) Menge, loc. cit. — Bathyphantes (saltem ad part.) Emerton, 1882. — Lephthyphantes E. Sin., Ar. Fr., V, 1884, et Microneta E. Sim., loc. cit. (ad part. M. Keyserlingi). — Lephthyphantes Chyz. et Kulez., 1894. À Bathyphanti differt oculis posticis paulo majoribus, in lineam rectam seu leviter recurvam, æquis vel mediis paulo majoribus, oculis anticis in lineam rectam vel levissime recurvam, aculeis pedum longioribus et numerosioribus, metatarsis plerumque uniaculeatis sed femoribus posticis muticis. Typus : L. nebulosus Sund. AR. GEOGR. : Orbis utriusque hemisph. bor. reg. frigid. et temp. (1) Toutes les espèces de ce: genre sont inédites, voici la diagnose de celle que je considère comme type : P. coroniger, sp. nov. — ®. Long. 2 mill. — Cephalothorax niger, nitidus, postice teslaceo marginatus et reliculatus. Abdomen poslice leviter inflatum et abrupte declive, supra nigrum maculis albis quatuor, tetragonum designantibus, poslice, in declivitate, punctis albis, circulum magnum formantibus, ornatum, utrinque et subtus testaceum, vitta ventrali lata fusca, punctis duobus testaceis ornata, munitum. Ster- num nigricans. Pedes luridi, olivaceo-annulati. lTuberculum vulvæ magnum, con-— vexum, latiludinem epigasteris Lotam occupans, semicirculare, postice plagulam cor— diformem includens. — &. À femina differt clypeo latiore et leviter proclivi, chelis longioribus, apice leviter divaricatis, pedibus valde annulatis, longioribus, tibiis 1 paris intus, prope medium, aculeo longissimo et leviter elevato instruclis. Pedes- maxillares longi, femore subrecto, patella convexa, tibia patella vix breviore apice ampliata et truncala, tarso anguste ovato. — Venezuela. [5] 706 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Drapetisea Menge, Preuss. Spinn., I, 1866, p. 140. — Linyphia auct. (ad part.). — Drapetisca E. Sim., Ar. Fr., V, 1884. Cephalothorax humilis, fronte lata. Oculi postici in lineam leviter procur- vam, inter se fere æquidistantes. Oculi antici in lincam subrectam (vix recur- vam) inter se subæquales, medii a lateralibus quam inter se multo remotiores. Area mediorum paulo longior quam latior et antice quam postice multo angustior. Clypeus area oculorum fere æquilatus. Sternum haud vel vix lon- gius quam latius. Chelæ longæ, attenuatæ et divaricatæ, antice setis spinifor- mibus 3 vel 4, lineam obliquam formantibus, instructæ, margine superiore sulci dentibus 5-6 sat longis acutis et remotis, margine inferiore dentibus paulo minoribus 4-5 munitis. Pedes longi, aculeis, diametro articulo longiori- bus, armati, metatarsis uniaculeatis. — Pedum-maxillarium feminæ tibia tarsusque aculeis longissimis, divaricatis et leviter elevatis, armati. Typus : D. socialis Sund. (sp. un.). AR. GEOGR. : Europa et Amer. sept. Taranuenus E. Sim., A7. Fr., V, 1884, p. 248. — Linyphia auct. (ad part.). Cephalothorax breviter ovatus, fronte maris lata sat elevata leviter conica et ‘comata. Oculi postici in lineam valde recurvam, medii lateralibus majores et inter se remotiores. Oculi antici in lineam rectam vel leviter procurvam, medii lateralibus multo minores et a lateralibus quam inter se remotiores. Area mediorum magna, saltem haud longior quam latior. Clypeus area oculorum latior. Sternum late triquetrum, haud longius quam latius et, præsertim postice, convexum. Chelæ margine superiore tridentato, rarius unidentato (1). Pedes longissimi et aculeati. Typus : T. setosus Cambr. AR. GEOGR. : Europa. Trogloliyphantes Joseph, Bert. entom. Zeïtschr., XXV, 1881, p. 72. — Tro- glohyphantes et Nithyphantes Joseph, loc. cit., 1881.— Willibaldia Keyserl., Spinn. Amer. Therid., II, 1886, p. 123. À Taranucno differt fronte latiore, oculis multo minoribus, quatuor posticis in lineam subrectam, inter se fere æque et latissime distantibus (spatiis interocularibus oculis plus quadruplo latioribus), quatuor anticis in lineam leviter recurvam, mediis minutissimis punctiformibus plus minus prominulis, inter se contignis sed a lateralibus latissime remotis, oculis lateralibus utrinque contiguis mediis paulo majoribus, inter se æquis (T. microphthalmus Joseph) vel antico postico minore (T. cavernicola Keyserl.), area mediorum multo longiore quam latiore et clypeo area oculorum latiore. — Frons maris valde prominula et comata. Typus : T. polyophthalmus Joseph. AR. GEOGR. : Carnicæ Alpes et Amer. sept. [in spel.). (1) Ce caractère, que je croyais général (Ar, Fr., V, p 249), est, au contraire, excep- tionnel, à FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 707 Labulla E. Sim., Ar. Fr., V, 1881, p. 261. — Linyphia auct. (ad part.). — Labulla Keyserl.; Chyzer et Kulez. Cephalothorax breviter ovatus, fronte maris elevata, lata et parum atte- nuata. Oculi postici magni, æqui, in lineain rectam, inter se fere æqui- distantes (spatiis interocularibus oculis haud vel vix majoribus). Oculi antici magni, æqui, in lineam leviter recurvam, medii prominuli a lateralibus quam inter se remotiores. Oculi medii subæquales {vel antici posticis paulo majores) aream parallelam, longiorem quam latiorem occupantes. Clypeus feminæ area oculorum vix latior, maris multo latior. Sternum vix longius quam latius. Partes oris chelæque fere Linyphiæ. Pedes longi, antici reliquis multo lon- giores, aculeati. Typus : L. thoracica Wider. Ar. GEOGR. : Europa; Asia centr. et merid. {mont.l; Amer. sept. pacif. Linyphia Latr., Nouv. Dict. Hist. nat, XXIV, 1804, p. 134. — Linyphia auct. (ad part.). — Neriene Blackw., 1864 (ad part. N. marginata). — Linyphia, Helophora et Stemonyphantes Menge, Preuss. Spinn., I, 1866. — Linyphia E. Sim., Ar. Fr., V, 1884. — Linyphia et Frontina Keyserl., Spinn. Amer. Therid., 1SS4 (non Frontina E. Sim.). Cephalothorax ovalis, fronte obtusa. Oculi postici in lineam rectam seu leviter recurvam, inter se late disjuncti, medii sæpe lateralibus paulo majores et eviter prominuli. Oculi antici in lineam rectam seu leviter recurvam, æqui vel medii minores, medii inter se appropinquati sed a lateralibus late remoti. Area mediorum fere æque longa ac lata. Sternum triquetrum, longius quam latius, postice, inter coxas, anguste productum. Chelarum feminæ margo superior dentibus 2 vel 4 {1° et ultimo reliquis minoribus), margo inferior dentibus 3 (L. marginata) vel 5 (L. clathrata) multo minoribus, instructi. La- minæ rectæ, parallelæ, longiores quam latiores. Pedes longi et aculeati. Typus : L. triangularis Clerck. AR. GEOGR. : Orbis reg. om. frigidæ, temp. et rarius calidæ. Bolyphantes C. Koch, Ueb. Ar. Syst., T, 1837 {ad part.). — Linyphia auct {ad part.). — Bolyphantes E. Sim.; Kulez., etc. A Linyphia differt area oculorum mediorum mullo longiore quam postice latiore, tarsis pedum anticorum longioribus, metatarsis vix 1/3 brevioribus, fronte maris valde acuminata, subconica et comata, sterno triquetro, maris . cireiter æque longo ac lato, feminæ non multo longiore quam latiore. Typus : B. alliceps Sund. AR. GEOGR. : Europa frigida et mont.; Sibiria. 708 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNHES Floronia E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1887, Bull., 28 sept. — Linyphia auct. (ad part.). — Bolyphantes Menge, Preuss. Spinn., 1866 {ad part.). — Fron- tina E. Sim., Ar. Fr., V, 1884, p. 206 (nom. præocc.) (non Frontina Keyserl.). Cephalothorax ovalis. Oculi medii inter se æquales, aream maximam, lon- giorem quam latiorem et antice quam postice multo angustiorem, occupantes. Clypeus feminæ area oculorum angustior, maris saltem haud angustior. Chelæ longissimæ, sat angustæ, marginibus sulei feminæ Tapinopæ. Pedes longis- simi (1, IV, 11, 11), femoribus, tibiis metatarsisque aculeis, diametro articulo multo longioribus, instructis. Typus : F. bucculenta Clerck (sp. un.). AR. GEOGR. : Europa frig. et temp. Tapinopa Westr., Fürteckn.. etc., 1851, p. 38, et Ar. Suec., 1861. — Liny- phia auct. (ad part.). — Tapinopa Menge; Thorell; E. Sim. Cephalothorax breviter ovatus. Oculi medii aream quadratam vel antice quam postice angustiorem, occupantes, medii lateralibus majores. Clypeus feminæ oculis anticis vix latior, maris evidenter latior. Chelæ robustæ, atte- nuatæ et divaricatæ, margine superiore dentibus 4 vel 5 longissimis (præ- sertim mediis) et tenuibus, margine inferiore dentibus 4-6 parvis atque æquis instructis. Pedes breves {r, 1V, 11, 111) et mutici, setis paucis longis spinifor- mibus tantum muniti. Tyrus : T. longidens Wider. AR. GEOGR. : Europa. Obrima, nov. gen. Cephalothorax humilis, elongatus, haud impressus, antice parum attenuatus, fronte lala et obtusa. Oculi postici magni, æqui, in lineam levissime recur- vam, inter se appropinquati, sed medii inter se quam a lateralibus remotiores. Oculi antici in lineam rectam, medii lateralibus vix minores, inter se contigui, a lateralibus vix separati. Area mediorum æque longa ac lata et antice quam postice angustior. Clypeus area oculorum saltem duplo angustior. Chelæ fere Linyphiæ. Laminæ convergentes. Pedes graciles, mutici sed tibiis supra setis erectis binis longis munitis, tarsis anticis longis metatarsis non multo bre- vioribus. Abdomen longum et angustum, antice truncatum, prope medium leviter ampliatum, ad apicem valde attenuatum, mamillis terminalibus. Txeus : O0. Tennenti E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : ins. Taprobane (1). (1) Celle espèce est inédite, en voici la diagnose : 0. Tennenti, sp. nov. — &. Long. 1,8 mill. — Cephalothorax luteus, vittis fuscis duabus submarginalibus notatus. Area oculorum infuscata. Chelæ, parles oris, ster— num abdomenque lutea. Abdomen in parte basali vittis duabus latis punclatis, prope FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 709 ñ l Il 2e Sous-famille TETRAGNATHINÆ Les quelques genres que je rapproche ici se distinguent des autres repré- sentants de la famille des Argiopides par la structure de leurs organes géni- taux qui, dans les deux sexes, sont d’une grande simplicité, au point de rap- peler parfois ceux des Araignées haplogynes ; sous ce rapport, les Tetragnathinæ sont très intéressants, car ils semblent représenter, dans la nature actuelle, un type fort ancien dont seraient issus les Linyphia et les Argiope ?. Dans les deux sexes, l’orifice génital, des plus simples, consiste en une fente transverse, souvent très petite, à lèvres droites et rapprochées, dépour- vues des pièces accessoires appelées scape et crochet; dans les genres typiques, tels que Pachygnatha et Tetragnatha, le pli épigastrique est fortement arqué en arrière, et l’orifice génital se trouve situé très en arrière des stig- mates, disposition qui coïncide avec une structure interne spéciale de l’ovi- ducte, décrite par Bertkau, et qui paraît être aussi en rapport avec l’extraor- dinaire développement des chélicères, qui servent, au mâle, à maintenir la femelle pendant l’accouplement. Mais, dans les genres moins bien caractérisés, tels que Meta, Nesticus, etc., qui font le passage aux Nephila et aux Argiope, le pli épigastrique est droit, et l’orifice génital est parfois plus apparent. Chez le mâle, les cles axillaires de la patte-mâ- choire sont cylindriques et dépourvus d’apophyses ; le tarse est, comme toujours, divisé en deux branches, dont l’accessoire, qui prend naissance à la base de l’article, est généralement plus développée que dans les autres représentants de la famille, au reste, de forme très variable; dans aucun cas, elle ne se confond avec le bulbe, comme cela a lieu chez les Linyplia; le bulbe lui-même est très simple, il consiste en un lobe globuleux, prolongé en avant par une double pointe plus ou moins contournée, qui est le style accompa- gné de son conducteur; mais, dans le groupe des Fig. 785. Pachygnatha Listeri Sand. Yfgfa, le bulbe devient graduellement un peu plus Mâle grossi. © dre complexe (voy. plus loin). Le céphalothorax de ces Araignées est construit comme celui des Linyphia; il diffère très peu d'un sexe à l’autre, sauf cependant dans quelques espèces medium, utrinque, lineolis transversis plurimis, ad apicem, supra mamillas, macula majore, fuscis, ornatum; mamillis superioribus fuscis, inferioribus luteis. Pedes gra- ciles, lutei, quatuor antici femoribus in parte apicali, patellis, tibiis metatarsisque, basi excepto, intense nigris, tarsis annulo subapicali fusco notatis, reliqui pedes anguste fusco-cincti. Pedes-maxillares lulei ; patella parva nodosa ; tibia longa, supra ad basin apophysi longissima erecta sed antice arcuata et leviter sinuosa insig- niter munita; tarso sat parvo, subgloboso, extus ad basin subacute mucronato, — Ceylan : Kandy. 740 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES du genre Argyroepeiru et surtout dans le genre Landana, mais la déformation qu'il subit, chez le mâle, n'a aucun rapport avec celles que j’ai indiquées chez les Érigone, elle consiste, en effet, en un allongement de la partie céphalique, entrainant avec elle les chélicères, qui restent rapprochées des yeux, mais lar- gement séparées des pièces buccales (voy. plus loin). Les chélicères sont aussi celles des Linyphia, elles sont dépourvues de tache basale ou n’en présentent que très rarement les traces; leurs marges, très longues, portent chacune une série de dents aiguës, plus espacées et ordi- nairement plus nombreuses que celles des Argiope, caractère exagéré dans les deux groupes des Pachygnatha et des Tetragnathu. La pièce labiale est très distinctement rebordée. La présence ou l'absence des griffes auxiliaires est toujours en rapport avec la forme de la toile; elles existent dans les espèces filant une toile orbiculaire (Tetragnatha, Meta, Azilia), elles manquent dans les autres. Tous les autres caractères des Tetragnathinæ sont intermédiaires à ceux des Linyphia et des Argiope, et j'en parlerai plus loin à propos des groupes, TABLEAU DES GROUPES 1, Rima genitalis, inter spiracula, valde procurva (1) 2 WE) — Rima genitalis subrecta.. 2, Laminæ multo longiores quam latiores plus minus convergentes, extus haud prominentes. Oculi laterales utrinque inter se con- tigui. Tarsi unguibus spuriis carentes......... (2) Pachygnatheæ. — Laminæ multo longiores quam latiores, rectæ, extus fere semper prominentes. Oculi laterales utrinque plerumque distantes. HAS UDEMDUS SDS SAUNILIE MERE EN (3) Tetragnatheæ. JPROcH MAÉ raleSMNIeRSeMALEIIS TAN TES RERRESERER RE 4. a Ocultlaterlesutrinque conte ARRETE RS ERREURS Et 4. Pedes antici intus seriatim setosi. Tarsi unguibus spuriis carentes. NE FAX DER EEE TON REC AA RENE A CREVER FRERE MES VE SAIS (7) Diphyeæ. — Pedes antici haud seriatim setosi. Tarsi unguibus spuriis muniti. DR LS EMA TER ET AAA NS AQU YÉTS SAR ET AR RON Re RUES (6) Azilieæ. Sternum postice late truncatum et coxæ posticæ subglobosæ inter se late distantes. Ungues tarsorum mutici....... (1) Cyatholipeæ. (214 — Slernum poslice acuminatum et coxæ posticæ cylindratæ, inter se appropinquatæ. Ungues valde pectinati 6. Oculi inter se subæquales, antici in lineam plus minus recurvam. Clypeus angustus. Tarsi unguibus spuriis muniti...... (4) Meteæ. — Oculi medii antici reliquis oculis multo minores. Clypeus latus. Tarsi unguibus spuriis carentes .................... (5) Nesticeæ. (1) Exceplé cependant dans le genre Cyrtognatha. (l PASSES n2 > AA/C£ 2 W. = lg MFUA FAMILLE DES ARGIOPIDÆ re 711 1. CYATHOLIPEÆ Avant de commencer l’étude des types les mieux caractérisés de cette sous- famille, je dois dire quelques mots d’un genre ambigu qui relie les Linyphia aux Pachygnatha et qui présente de frappantes analogies avec certains genres de la sous-famille précédente, notamment avec les Trichoncus et les Formicina. Le céphalothorax des Cyatholipus est ovale et convexe, peu atténué et tron- qué en avant et marqué d’une petite fossette thoracique presque arrondie. Les yeux postérieurs sont gros et en ligne droite, avec les médians beau- coup plus rapprochés l’un de l’autre que des latéraux. Les yeux antérieurs sont en ligne légèrement récurvée; les médians, aussi gros ou même un peu plus gros que les latéraux, sont saillants, contigus l'un à l'autre, mais bien séparés des latéraux; ceux-ci sont, de chaque côté, contigus et élevés sur de fortes saillies communes obliques; le bandeau est large et vertical. Les pièces buccales et les chélicères diffèrent très peu de celles des Erigone. Le sternum est presque carré ct très largement tronqué entre les hanches postérieures, subglobuleuses et fortement disjointes. 786 787 788 789 Fig. 786. Cyathotipus hirsutissimus E. Sim. Céphalothorax et abdomen de profil. — Fig. 781. C. quadrimaculatus E. Sim. Patte-mâchoire du mâle. — Fig. 788. C. dentipes E. Sim. Méta- tarse de la l'e paire du mâle. — Fig. 789. Idem. Patte-mâchoire. L'abdomen, gros et globuleux, est pourvu d’un scutum épigastrique et, en arrière, d’un large scutum annulaire autour des filières, qui paraissent tubu- lées; son técument dorsal, très lisse, offre, de loin en loin, des points indurés, et il est, de plus, parsemé de très longues soies raides et dressées (fig. 786). Les pattes sont assez longues et grêles ; les antérieures dépassent les pos- térieures ; elles sont dépourvues de véritables épines, mais hérissées de très forts crins spiniformes; leurs tarses, pourvus d’un article unguifère très déve- loppé, sont dépourvus de griffes auxiliaires; leurs trois griffes normales res- semblent à celles des Formicina, elles sont, en effet, mutiques, petites et très fines; les supérieures sont à peine courbées, tandis que l’inférieure, à peine plus courte, est coudée presque à angle droit, La patte-mâchoire du mâle ressemble plus, au premier abord, à celle d’un 712 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Theridion qu’à celle d'un Pachygnatha; son fémur est assez robuste et presque droit; sa patella et son tibia courts et mutiques; son tarse, largement ovale et recouvrant complètement le bulbe, est entaillé, au bord externe, près la base, d’une échancrure obtuse plus ou moins profonde, dont l'angle inférieur est prolongé par une petite pointe obtuse (C. quadrimaculatus) ou aiguë (C. dentipes) s'avancant à la rencontre d’une saillie plus petite, fermant en avant l’échancrure; cette pointe représente la branche accessoire du tarse, qui est très réduite (fig. 787 et 789); le bulbe est simple, discoïde et entouré d’un fort stylus. Cette structure du tarse est, pour moi, l'indice des affinités des Cyatholipus, qui paraissent d’abord assez obscures, car elle ne manque pas d’analogie avec celle qui existe chez les Meta (sensu stricto); mais, tandis que, dans les groupes suivants, la pointe du bulbe est dirigée en avant dans l’axe du tarse, ici elle se replie pour former, autour du lobe discoïde, une sorte de ceinture, mais, dans d'autres groupes (Nesticus, Diphya), j'indi- querai des divergences au moins aussi grandes. L'’épigyne offre une fossette transverse arquée, simple, cependant pourvue, dans l’une des espèces {C. quadrimaculatus), d’un crochet fin et droit à son bord supérieur. Dans l’une des espèces seulement (C. dentipes E. Sim.), le mâle se distingue de la femelle par ses métatarses antérieurs pourvus, de chaque côté, vers le milieu, d'un petit denticule (fig. 788). Le genre Cyatholipus renferme trois espèces : l’une de la Jamaïque (C. den- tipes E. Sim.), les deux autres du Cap de Bonne-Espérance, où elles se trouvent sous les pierres et les détritus. Le C. hirsutissimus E. Sim. est d'un noir de poix, avec l’abdomen éclairci en dessus et orné de deux séries de taches obscures; le C. quadrimaculatus E. Sim. est d'un rouge orangé, avec l'abdomen plus pâle et orné de quatre grandes taches noires; le C. dentipes a un peu la livrée d’un Pachygnatha, son abdemen, de teinte pâle, est orné d’une bordure et de taches sériées noires. Cyatholipus, nov. gen. Cephalothorax ovatus, sat convexus, fovea thoracica parva subrotunda impressus, fronte lata et truncata. Oculi postici magni, in lineam rectam, medii a lateralibus quam inter se multo remotiores. Oculi antici in lineam levissime recurvam, medii lateralibus paulo majores vel saltem haud minores, prominuli et inter se contigui sed a lateralibus remoti. Area mediorum haud vel non multo longior quam latior. Oculi laterales in tuberibus validis elevati. Pedes sat longi, antici posticis longiores. Sternum latum, inter coxas posticas late truncatum. Abdomen globosum, subtus scuto epigasteris et sæpe scuto mamillari annuliformi coriaceis, munitum. Tegumenta longissime hirsuta. Typus : C. hirsutissimus E. Sim. AR. GEOGR. : Africa austr.; Antillæ. Nora. Toutes les espèces de ce genre sont inédites, en voici les diagnoses : C. hirsutissimus, sp. nov. — %®. Long. 2 mill. — Cephalothorax nigro-piceus, versus marginem coriaceus, antice selis paucis longissimis munitus. Oculi medii antici reliquis oculis paulo majores. Abdomen nigrum, supra late et confuse dilutius FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 7413 et maculis obscurioribus biseriatis ornatum, nitidum et setis erectis longissimis parce vestitum. Sternum nigro-piceum, valde rugosum et inæquale. Pedes obscure ferru- ginei, longissime hirsuti. Vulva foveola transversim semilunari munila. — Afr. max. austr. : Matjesfontein. C. quadrimaculatus, sp. nov. — 4. Long. 2 mill. — Cephalothorax aurantiacus, regione oculari nigra, subtiliter coriaceo-rugosus. Oculi medii antici lateralibus haud majores. Abdomen globosum, pallide roseum, maculis nigris quatuor ornalum, niti- dum, parce et longe setosum. Slernum aurantiacum, valde rugosum. Pedes hirsuti, olivacei, femoribus coxisque dilutioribus. Pedum-maxillarium femur sat robustum, patella tibiaque parvæ et muticæ, tarsus latus et ovatus, extus ad basin emarginatus, bulbus discoidalis, stylo valido cireumeinctus. — ®. Mari similis. Fovea vulvæ semi- lunaris, ad marginem superiorem unco gracili et recto munita. — Prom. Bona-Spei. C. dentipes, sp. nov. — 4. Long. 3,2 mill. — Cephalothorax sublævis, fusco-ru- fescens, tenuiter nigro-marginatus. Abdomen globosum, parce et longe hirsutum, pallide testaceum, nigro-marginatum et supra maculis sex nigris biseriatis ornatum, sublus obscure testaceum, regione epigasteris leviter coriacea. Sternum rufo-brun- neum, validissime granosum. Pedes luridi, longe setosi, antici confuse, poslici dis- tinctius, fusco-annulati. Pedes antici posticis multo longiores, femoribus robustis et leviter curvatis, metatarsis, prope medium, utrinque minute dentatis atque ad apicem dente parvo interiore armatis. Pedes-maxillares luridi, apice rufescentes; patella tibiaque brevibus; tarso magno, convexo et obtusissimo, extus incisura profunda, angulis acute dentatis, munito; bulbo magno, stylo validissimo circumdato. — Jamaica. 2. PACHYGNATHEÆ Les Pachygnatha, qui ont été, jusque dans ces derniers temps, rapportés à la famille des Theridiides, sont inséparables des Tetragnatha. Leur céphalothorax est ovale assez large; sa partie céphalique est convexe et limitée par des dépressions obliques, tandis que la thoracique est marquée d’une large fossette et de stries rayonnantes. Leurs yeux médians figurent un groupe aussi large ou presque aussi large que long, plus étroit en avant, sauf dans le genre Dyschiriognatha, où il est parallèle ou même un peu plus large en avant; les médians postérieurs sont généralement plus gros et plus con- vexes que les antérieurs; les latéraux sont, de chaque côté, connés l’un à l’autre, mais plus ou moins séparés des médians. Le bandeau est à peine plus étroit que l’espace oculaire, vertical ou un peu incliné en avant. Les chélicères sont très robustes, convexes, longues et divergentes, surtout celles des mâles; chez les femelles, la marge supérieure porte trois fortes dents aiguës et isolées, l’inférieure est armée de dents plus petites, inégales et isolées, dont le nombre varie un peu selon les espèces; chez les mâles, la face interne des chélicères est excavée et limitée par deux fines carènes, dont l’in- férieure est plus constante; celle-ci ne présente ordinairement que deux dents largement séparées l’une de l'autre, ordinairement petites (Pachygnatha), quelquefois, cependant, très grosses et en forme d’apophyses (Glenognatha) (fig. 790); l’armature de la marge supérieure est assez variable; dans certains cas, la face antérieure des chélicères offre de plus une petite dent interne et, au-dessus de l'insertion du crochet, une autre dent recourbée ressemblant 714 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES beaucoup à celle des Tetragnatha (P. Clercki Sund., frishriata C. Koch) (fig. 793); le crochet est, dans les deux sexes, très long, souvent un peu sinueux, surtout chez les mâles, où il est parfois un peu anguleux et même denté (fig. 793). | \\ = 790 791 7192 793 Fig. 190. Glenognatha Emertoni E. Sim. Chélicère du mâle en dessous. — Fig. 191. Jdem. Patte- mâchoire en dessous. — Fig. 192. Pachygnatha. Pièces buccales. — Fig. 193. Pachygnathu Clerchi Sund. Chélicère du mâle en dessus. La pièce labiale, large à la base, mais atténuée à l'extrémité, où elle est tronquée, quelquefois même un peu échancrée et peu distinctement rebordée, sauf dans le genre Glenognathu, est ordinairement, mais non toujours, un peu plus longue que large à la base. Dans les genres Pachygnatha et Dyschirio- gnatha, les lames sont convergentes en avant de la pièce labiale, qui dépasse leur milieu, elles sont atténuées et obtuses, et leur côté externe, très obtus, ne forme pas d'angle sensible, elles sont largement déprimées et finement rebor- dées au côté interne (fig. 792), tandis que les-lames des Glenognatha, plus longues, droites et plus fortement rebordées au côté interne, ressemblent davantage à celle des Tetragnatha, mais leur extrémité est très obliquement tronquée, avec l'angle externe arrondi, nullement saillant. Le sternum est assez largement triangulaire, néanmoins beaucoup plus long que large, non impressionné, prolongé en arrière, entre les hanches, en pointe assez étroite et tronquée, à laquelle fait suite une petite pièce étroite et transverse en forme de ceinture; latéralement, ce sternum est très fortement découpé au niveau des hanches, entre lesquelles il envoie de très fins prolon- gements laciniés rejoignant le céphalothorax (au moins entre les hanches de la deuxième et de la troisième paires); dans les mâles de la plupart des Dys- chiriognatha (1), le sternum est plus longuement atténué en arrière, à partir des hanches de la troisième paire, ses prolongements intercoxaux sont plus développés, et les hanches des deux dernières paires sont globuleuses et iso- lées comme celles des Cyatholipus. (1) Ce caractère s'observe dans les espèces de l’ancièn monde, telles que D. Bedon E. Sim... lenera Karsch, argyrostilba Cambr.; mais, dans les espèces américaines, le sternum est, au contraire, plus large que celui des Pachygnatha. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 715 L'abdomen est ovale court ct convexe ; son pli épigastrique est fortement _arqué en arrière, surtout chez les femelles, et l'orifice génital, qui consiste en une petite fente transverse très peu apparente, est beaucoup plus reculé que les stigmates, souvent jusqu’au milieu de la face ventrale; chez les Dyschirio- gnatha (S), il correspond à une forte saillie transverse. Dans le genre Pachy- gnatha, le stigmate trachéen postérieur occupe la situation normale près des filières, mais, dans les genres Glenognatha et Dyschiriognatha, il est beaucoup plus avancé que celui des autres Araignées, surtout chez les femelles, et situé presque à égale distance du pli génital et des filières (1); il se présente comme une fente transverse droite, très simple chez les Dyschiriognatha, entourée, chez les Glenognatha, d'un bourrelet chitineux en forme de lèvres; j'ai donné une figure de cette disposition dans la première partie de ce livre , Ip. 7, fig. 20). Les pattes sont mutiques et peu robustes; dans les genres Pachygnatha (sauf P. longipes E. Sim.) et Dyschiriognathu, elles sont courtes et peu inégales, mais, dans le genre Glenognatha et chez Pachygnatha longipes E. Sim., espèce anormale de Madagascar, elles sont beaucoup plus lengues, et celles des deux premières paires dépassent de beaucoup les postérieures. Les tarses sont tou- !_ jours dépourvus de griffes accessoires; les griffes supérieures des Pachygnatha sont robustes, arquées, pourvues d’une série de 6 à 8 dents, dont les termi- nales sont plus longues et un peu couchées en avant; celles des Glenognatha et Dyschiriognatha sont beaucoup plus grêles et plus longues, et leurs dents, plus fines, plus droites et moins inégales, sont souvent aussi plus nombreuses (10 à 12 chez Glenognatha); la griffe inféricure est médiocre et pourvue d’une seule petite dent. La patte-mâchoire de la femelle est grêle et plus longue que le céphalotho- rax; sa griffe est petite et pourvue d'une série d’environ 6 dents serrées. La patte-màchoire du mâle est très caractéristique par la structure de son tarse et de son bulbe; le tarse est étroit et prolongé, au delà du bulbe, en pointe plus ou moins longue, droite ou arquée; à la base, il est inséré sur le tibia par un cou cylindrique, et il émet une longue apophyse indépendante, c'est-à-dire paraissant articulée à la base; cette apophyse, qui a été, à tort, attribuée au tibia par beaucoup d’auteurs, n’est autre que la branche externe (ramulus exterior) du tarse beaucoup plus développée que chez aucune autre Araignée; sa forme varie selon les espèces, mais elle est toujours appliquée sur le bulbe, qui paraît enchâssé dans une sorte de pince; ce bulbe se com- pose d'un lobe très simple, incomplètement recouvert par le tarse, globuleux ou un peu déprimé et prolongé en avant, jusqu'à l'extrémité tarsale, par une double pointe plus ou moins contournée, qui est le stylus accompagné de son conducteur (fig, 791; voy. aussi l'° partie, p. 36, fig. 61). Les Pachygnatha et les Dyschiriognatha se trouvent à la base des herbes et des plantes basses les plus rapprochées de l’eau, dans les prairies maréca- (1) Dans le genre Dyschiriognatha, la situation du stigmate trachéen varie un peu selon les espèces, il est parfois beaucoup plus rapproché des filières que du pli génital. 716 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES geuses ; ils ne construisent aucune toile et ne font usage de leurs fils que pour la fabrication de leur cocon, qui est blanc et formé d'un tissu serré et feutré, enveloppant immédiatement les œufs, puis d'une bourre moins dense. Les mœurs des Glenognatha, qui n’ont jamais été observées, se rapprochent sans doute davantage de celles des Tetragnatha. Ces Araignées sont de taille moyenne, quelquefois petite (Dyschiriognatha) ; leur céphalothorax est rarement noir (P. Degeeri Sund.), il est ordinairement fauve, avec une bande médiane et une bordure obscures; leur abdomen est orné, en dessus, d’un folium réticulé, celui des Dyschiriognatha est souvent orné latéralement de points nacrés. Le genre Pachygnatha est peu nombreux, nos trois espèces européennes, très communes, se retrouvent en Sibérie et dans l'Asie centrale, mais une seule atteint le nord de l’Afrique (P. Degeeri Sund.); elles sont remplacées, dans l’Amérique du Nord, par trois ou quatre espèces similaires, et j’en décris une, très anormale, de Madagascar (P. longipes E. Sim.). Le genre Dyschirio- gnatha, beaucoup plus répandu, représente le groupe sous les tropiques, on en connaît une espèce d'Égypte (D. argyrostilba Cambr.), une du Japon (D. tenera Karsch), une de Borneo (D. Bedoti E. Sim.); j'en possède d’autres inédites de Ceylan, du Venezuela et du Brésil. Le genre Glenognatha est amé- ricain : son espèce type habite la région du Pacifique, dans l’Amérique du Nord, une seconde, les Andes de l’Ecuador (1). GENERA 9 1. Abdomen subtus rima submedia evidentissime munitum........ — Abdomen subtus rima haud perspicua ................ Pachygnatha. 2. Area oculorum mediorum antice quam postice latior rarius paral- ER TES TANIA, 80 ee soocoecooes Dyschiriognatha. — Area oculorum mediorum antice quam postice multo angustior. Pedes quatuor antici posticis multo longiores....... Glenognatha. Pachygnatha Sund., Gen. Ar. Suec., 1823, p. 16. — Manduculus Blackw., Lond. Edimb., phil. Mag., 1834, p. 110. — Linyphin Walck. (ad part.). Cephalothorax ovatus, parte cephalica lata et convexa. Oculi medii aream antice quam postice paulo angustiorem occupantes, postici anticis plerumque paulo majores et convexiores. Clypeus area mediorum non multo angustior. Sternum sat late triquetrum. Abdomen ovatum, rima ventrali carens. Chelæ longæ, divaricatæ, ad basin crassæ et convexæ. Pars labials non multo longior quam ad basin latior, attenuata, apice obtuse truncata, dimidium laminarum superans. Laminæ subparallelæ, leviter inclinatæ. Pedes breves et mutici inter se parum inæquales (1, I, IV, It). Tveus : P. Clercki Sund. (1) 11 faudra peut-être lui rapporter le P. australis Keyserl., du Pérou. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 747 AR. GEOGR. : Europa; Reg. mediterr.; Asia centr.; Amer. sept.; ins. Mada- gascar (1). Dyschiriognatha E. Sim., Rev. suisse de Zool., etc., 1893, p. 324. — Pachy- gnatha Cambr., Pr. Zool. Soc. Lond., 1876, p. 572 (ad part. P. argyrostilba). — Id. Karsch, Vehr. d. Nat. Ver., XXXVI, p. 64 (ad part. P. fenera). À Pachygnatha differt abdomine rima spiraculorum, inter rimam genitalem et mamillas sita et medium ventris occupante, munito, area oculorum medio- rum quadrata (D. argyrostilba Cambr.\ vel antice quam postice latiore (D. Bedoti E. Sim.). Tyeus : D. Bedoti E. Sim. AR. GEOGR. : Ægyptus (argyrostilba Cambr.); ins. Taprobane; Japonia (tenera Karsch); Borneo (Bedoti E. Sim.); Amer. merid. Glenognatha E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1887, Bull., p. exc. À Pachygnatha differt abdomine rima spiraculorum, inter rimam genitalem et mamillas sita et crasse coriaceo-marginata, munito, parte labiali paulo longiore, crasse marginata et dimidium laminarum vix superante, laminis longioribus rectis haud convergentibus, pedibus quatuor anticis reliquis multo longioribus. Typus : G. Emerloni E. Sim. AR. GEOGR. : Amer. sept. calid. et merid. andina (G. Gaujonr E. Sim.). 3. TETRAGNATHEÆ Les Tetragnatha, que j'ai donnés pour type à cette sous-famille parce qu'ils en présentent, au plus haut degré, les caractères, sont très voisins des Pachy- gnatha, mais ils en différent par leur facies résultant de l'allongement de tous leurs organes, par leurs tarses pourvus de griffes auxiliaires, et par leurs mœurs, qui sont celles des Meta et des Araneus. Les auteurs, jusqu'à Thorell (Eur. Spid.), avaient, pour ces raisons, éloigné les Tetragnatha des Pachygnatha en les plaçant dans deux familles différentes, mais l’étroite parenté de ces (1) Espèce inédite, dont voici la diagnose : P. longipes, sp. nov. — 4. Long. 3 milll — Cephalothorax, sternum pedesque fulva, lævia. Oculi ordinarii. Abdomen pallide testaceum, supra utrinque parce argenteo-punctatum et vitla sinuosa paulo obscuriore confuse notalum. Chelæ sat anguslæ, cylindraceæ et divaricatæ fere Tetragnathae, supra ad apicem, dente exte— riore parvo acuto et divaricato centeque interiore longiore et obtuso instructæ, mar- gine superiore sulci dentibus binis æquis, inferiore dentibus binis minoribus, inter se latissime remotis, munitis. Pedes tenues, quatuor antici posticis multo longiores fere Tetragnathae. Pedes-maxillares fulvi ordivarii; ramulo exteriore tarsi ad apicem ampliato et lobato, bulbum haud superante; bulbo maximo, globoso-depressiusculo ; processu apicali longo et subrecto. — Madagascar : Tamatave. ke 718 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES deux genres, reconnue, pour la première fois, par Bertkau (L), n'est plus con- testée aujourd’hui. Le céphalothorax de ces Araignées est peu convexe, étroit et long; sa partie céphalique, limitée par des stries entières, est assez brusquement rétrécie en avant, au niveau des hanches antérieures; sa partie thoracique, très légère- ment atténuce en arrière et tronquée au bord postérieur, est creusée d’une profonde fossette médiane, marquée elle-même, dans le fond, de deux courtes entailles incurvées; dans les deux genres /schalea L. Koch et Mitoscelis Tho- rell, qui me sont inconnus en nature, cette fossette scrait remplacée par un sillon longitudinai. Les yeux, peu inégaux, sont disposés en deux lignes transverses, générale- ment récurvées; dans les Tetragnatha et Eucta, les yeux latéraux sont, de chaque côté, plus ou moins disjoints, ils le sont souvent même plus que les médians, mais, dans les deux genres Cyrtognatha et Prionolæma, ils sont connés. Le bandeau est plus étroit que le groupe oculaire, mais plus large que les yeux médians antérieurs. N 2 \| N / £ N \ \\ | / / N €) Ÿ 71 NC 7 NS | | Sont Q TONNES | fers es À / 7 T 794 796 797 Fig. 194. Tetragnatha rubriventris Dolesch. Front et chélicères du mâle. — Fig. 795. Idem. Pièces # buccales. — Fig. 796. Idem. Patte-mâchoire en dessus. — Fig. 797. T!. clavigera E. Sim. Crochet de la chélicère. Les chélicères sont très remarquables, au moins dans les espèces typiques, par leur grande longueur, qui égale souvent celle du céphalothorax entier; elles sont projetées horizontalement en avant, atténuées et cylindriques vers la base, plus ou moins renflées à l'extrémité, où elles sont parfois clavi- formes; les deux bords de leur rainure sont pourvus chacun d’une série de dents nombreuses (de 7 à 12), inégales et isolées, mais de plus en plus petites (1) Vers. einer nalürl. Anordnung. d. Spinn., ele. — Cf. aussi E. Sim., Arachnides de France, VW, pi: FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 719 et régulières, à mesure qu’elles approchent de la base; indépendamment des dents marginales, elles offrent presque toujours, au-dessus de l’insertion du crochet, une dent plus forte dirigée en avant et, chez les mâles seulement, une dent supérieure subterminale un peu courbe et souvent bifide (fig. 794). Le crochet, qui est presque aussi long que la tige et cylindrique, est coudé près la base et souvent même anguleux en ce point, ensuite, le plus souvent sinueux ; dans plusieurs espèces, il est courbé en arc de cercle dans la moitié basilaire et presque droit dans la terminale; dans d’autres, il offre plusieurs coudes à angle presque droit, et il est même quelquefois pourvu aux angles d’un ou de plusieurs denticules (fig. 797). Dans la plupart des cas, les chéli- cères des femelles diffèrent peu de celles des mâles; dans les espèces amoin- dries, cependant, elles sont beaucoup plus courtes, et, dans les genres démembrés des Tetragnatha |(Eucta, Cyrlognatha, etc.), elles sont presque ver- ticales et ressemblent à celles des Meta. La pièce labiale n'atteint pas le milieu des lames {sauf dans le genre Ischaleu, d’après L. Koch), elle est cependant plus longue que large (sauf dans le genre Prionolæma), atténuée à l'extrémité, où elle est obtuse et entourée d’un gros rebord lisse limité par une profonde strie semi-circulaire. Le rostre, très long, dépasse de beaucoup la pièce labiale sous forme de pointe bordée d’une frange de poils. Les lames sont extrêmement longues, droites et paral- lèles, étroites, mais dilatées et tronquées à l'extrémité, avec l'angle supéro- externe plus ou moins saillant; elles sont marquées, près le bord interne, d’une carène longitudinale très nette près la base, mais s’effaçant graduelle- ment à l'extrémité (fig. 795); dans bien des cas, cette forme si caractéristique des pièces buccales s’atténue et la carène des lames disparait quelquefois. Le sternum, allongé, est fortement découpé latéralement au niveau des hanches, entre lesquelles il envoie d'étroits prolongements laciniés, qui vont parfois rejoindre le céphalothorax; en arrière, il se termine en pointe très fine et aiguë entre les hanches postérieures; chez quelques Tetragnatha, dont j'ai formé le troisième groupe, et chez les Cyrtognatha, le sternum est plus large, mais de même forme. L’abdomen est toujours très étroit et très long, cylindrique, rarement un peu renflé en avant; son orifice génital, qui est très simple, est beaucoup plus reculé que les stigmates, surtout chez les femelles, où il occupe parfois le milieu de la face ventrale; mais ce caractère fait défaut dans le genre Cyrto- gnatha, qui, sous ce rapport, ressemble plus aux Metu qu'aux Tetragnatha. La forme de l'abdomen varie avec l'âge; chez les jeunes, il est plus court que chez les adultes et souvent convexe en avant; cette particularité a donné lieu à un certain nombre d'erreurs, c'est ainsi quil est admis aujourd'hui que les T. gibba CG. Koch., epeirides Walck., obtusa Westr. ne sont que des jeunes du T. extensa L. Les pattes sont beaucoup plus fines et plus longues que celles des Pachy- gnatha; celles de la première paire sont les plus longues, puis viennent celles de la seconde, qui, dans certaines espèces, sont cependant un peu plus courtes que celles de la quatrième paire; leurs métatarses, très grêles et très fins, sont ordinairement un peu plus longs que les tibias. Ces pattes sont très 720 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES rarement mutiques, elles sont presque toujours armées d’épines assez courtes et nombreuses, sauf cependant dans les Tetragnatha, dont j'ai formé le cin- quième groupe, et dans le genre Ischalea, où ces épines sont très longues et très fines ; dans tous les cas, les métatarses sont toujours mutiques dans leur por- tion terminale; les crins des pattes antérieures ont une disposition spéciale que je décrirai plus loin, dans le genre Prionolæma. Les griffes ressemblent à celles des Araneus, les supérieures sont cependant plus longues, et leurs dents sont plus nombreuses, on en compte quelquefois 14 ou 15 chez les grandes espèces, tandis que la griffe inférieure en porte 3 ou 4 près sa base; elles sont accompagnées de deux griffes auxiliaires, longues chez les Tetragnatha et Eucla, petites chez les Cyrtognatha. La patte-mâchoire du mâle est construite comme celle des Pachygnatha, que j'ai décrite plus haut, elle est ordinairement plus fine et plus longue, surtout par son fémur et son tibia (fig. 796). Les espèces du genre Tetragnatha, si uniformes par le faciès, diffèrent, au contraire, les unes des autres par la disposition de leurs yeux et l’armature de leurs pattes, ce qui permet de les répartir en un certain nombre de groupes qui n’ont pas de valeur générique, car les modifications sur lesquelles ils reposent sont de celles qui disparaissent insensiblement d’une espèce à l’autre; le genre Eugnatha (Sav.), que j'ai admis, et le genre Limoxera Thorell (T. trichodes Th., etc.) seront considérés ici comme de simples groupes. Dans la nombreuse série d'espèces qui a pour type le T. extensa L., d'Eu- rope, les yeux postérieurs sont en ligne légèrement récurvée, équidistants ou avec les médians un peu plus resserrés; les yeux antérieurs sont en ligne droite, non plus large que la seconde; les médians sont beaucoup plus res- serrés que les latéraux et ordinairement un peu plus gros; l’aire des médians est un peu plus longue que large et plus étroite en avant qu’en arrière; les latéraux sont, de chaque côté, peu proéminents, et leur intervalle est beaucoup plus étroit que celui qui sépare les médians antérieurs des postérieurs. Dans les espèces dont Thorell a formé le genre Limoæera (T. gracillima, tri- chodes, lineata, marginata Th., etc.), les yeux ont la disposition précédente; les pattes, qui sont dans une proportion un peu différente, celles de la quatrième paire étant un peu plus longues que celles de la seconde, sont mutiques ou au moins ne présentent que des épines très espacées; l'abdomen, encore plus étroit et plus long que celui des autres Tetragnatha, ressemble à celui des Eucta, à cela près que ses filières son terminales. Quelques espèces, telles que T. gracilis Stol., gemmata, laqueata L. Koch, etc., se font, au contraire, remarquer par le nombre et la grande longueur de leurs épines tibiales et métatarsales, qui sont disposées par paires, leur sternum, plus large et ressemblant à celui des Cyrtognatha, leur abdomen, souvent plus court et entièrement d’une belle couleur d'or; leurs yeux postérieurs sont en ligne fortement récurvée, de même largeur que l’antérieure, qui est presque droite; l'aire occupée par les médians est presque carrée; l’intervalle longitudinal des latéraux est environ égal à celui des médians, quelquefois, cependant, plus étroit; enfin, les mâles sont remarquables par l'excessive longueur de la pointe tarsale de leur patte-mâchoire. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 79 … Le T. clavigera E. Sim., de la côte occidentale d’Afrique, est exceptionnel en ce que ses yeux médians figurent un trapèze plus large en avant qu’en arrière, ses yeux antérieurs sont en ligne plus fortement récurvée que les postérieurs, et l’intervalle de ses yeux latéraux est un peu plus étroit que celui des médians. Un autre groupe, plus nombreux, surtout répandu en Malaisie, dont font partie les T. cylindrica Walck., rubriventris Dolesch., gulosa L. Koch, etc., est caractérisé par ses yeux postérieurs en ligne fortement récurvée, plus étroite que la ligne antérieure, qui est très légèrement récurvée, son groupe médian plus étroit en avant qu’en arrière et aussi large que long, enfin par l’inter- valle longitudinal de ses yeux latéraux un peu plus large que celui des médians. Ce dernier caractère est encore plus prononcé dans les espèces que quelques auteurs avaient proposé de séparer génériquement sous le nom d’Eugnatha Aud. (1), telles que T. flava Sav., striata L. K., straminea Emert., cylindracea Keyserl., etc., mais, ici, les yeux antérieurs sont en ligne sen- siblement procurvée au lieu d’être récurvée et les yeux latéraux sont situés aux angles du bandeau, tandis que, dans toutes les espèces précédentes, ils sont situés en dedans. Si le genre Eugnatha doit être réuni au genre Tetragnatha, le genre Eucta E. Sim. mérite d’ètre maintenu, car il s’en distingue par deux caractères constants qui donnent à ses espèces une physionomie spéciale : ses pattes antérieures, beaucoup plus longues et plus épaisses que les autres, et son abdomen cylindrique très long, prolongé, au delà des filières, en tubercule caudiforme, subaigu, analogue à celui des Ariamnes. Les caractères de la sous- famille y sont un peu moins prononcés que dans le genre type; les lames, peu saillantes à l'angle, sont moins distinctement carénées ; les yeux sont, à peu de chose près, ceux des Tetragnatha du 5° groupe (Eugnatha), que j'ai décrits plus haut, mais ce dernier caractère n'est pas constant, car je connais une espèce de la côte occidentale d'Afrique (E. filum E. Sim.), dont les yeux res- semblent à ceux des Tetragnatha du 1% groupe. Les deux genres Cyrtognatha Keyserl. et Prionolæma E. Sim. diffèrert des Tetragnatha, pour se rapprocher des Pachygnatha et surtout des Meta, par leurs yeux latéraux connés ; dans les premiers, les deux lignes oculaires sont for- tement récurvées et leurs yeux médians sont beaucoup plus resserrés que les latéraux; dans le second, les yeux sont presque équidistants, les postérieurs figurent une ligne presque droite, tandis que les antérieurs figurent une ligne récurvée. Les Cyrtognatha ont les chélicères, les lames, les pattes et les organes sexuels des Tetragnatha, mais leur pièce labiale est plus courte, leur sternum plus large et leur pli épigastrique presque droit, caractères qui les rapprochent des Meta. Dans le genre Prionolæma, la pièce labiale est égale- (1) Pour Savigny et Audouin, le nom Eugnatha était synonyme de Tetragnalha ; Thorell a, le premier, proposé de le réserver au groupe de l'E. flava Aud. Walkenaer avail rapporté, par erreur, celte espèce au genre Uloborus. 46 722 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES ment courte, mais les lames ne sont pas carénées ; les pattes, très inégales, ressemblent à celles des Eucta par leur proportion, mais leur armature est très particulière ; leurs tibias antérieurs offrent, en effet, au côté interne, leurs métatarses de chaque côté, des soies rigides, très nombreuses, disposées en une seule ligne très régulière. L’abdomen de ces Araignées ressemble à celui des Eucta; il est également prolongé, au delà des filières, en un tubercule cau- diforme plus ou moins développé. Les Tetragnatha sont de taille moyenne, presque toujours de couleur fauve, avec l’abdomen plus ou moins nacré, ordinairement marqué d’un folium dorsal découpé et d’une bande ventrale obscure. Ils se plaisent dans les endroits humides et filent leur toile sur les plantes aquatiques, auprès ou même au-dessus de l’eau ; cette toile est régulière, plus ou moins oblique et jamais accompagnée d’une retraite, son petit espace central reste vide. L’Araignée se tient, soit au centre de sa toile, soit à côté, sur une tige, les pattes antérieures et postérieures étendues longitudinalement, ce qui a valu à l'espèce type le nom d’exiensa. Le genre Tetragnatha est représenté dans le monde entier et sous toutes les latitudes, depuis l'extrême nord (T. borealis L. K., groenlundica Th.) jusque sous les tropiques ; une centaine d’espèces ont été décrites par les auteurs : une dizaine d'Europe et de la région méditerranéenne, trois de la Sibérie sep- tentrionale et du Groenland, deux du Japon, sept ou huit d'Afrique, environ vingt-cinq d’Asie tropicale et de Malaisie, environ le même nombre de Nou- velle-Hollande, Nouvelle-Zélande et Polynésie, une douzaine de l'Amérique du Nord, neuf de l'Amérique centrale et une douzaine de l'Amérique du Sud. Beaucoup de ces espèces ont de vastes habitats, c’est ainsi que notre T. extensa L., d'Europe, se retrouve dans l'Asie centrale et orientale aussi bien que dans l'Amérique du Nord; le T7. nitens Aud., très commun dans la région méditerranéenne, se trouve aussi à l'ile Sainte-Hélène (Cambr.), à l’île Maurice et en Australie (T. feroæ L. Koch); le T. protensa Walck. existe également en Afrique et en Australie, etc. Le genre Eucla, beaucoup moins nombreux, est presque aussi largement distribué, car il compte une espèce européenne qui n’a encore été observée qu’en France (E. gullica E. Sim.), une découverte en Égypte et retrouvée depuis dans l'Inde {E. fsidis E. Sim.), une dans l'Afrique occidentale (E. filum E. Sim.), deux en Malaisie (E. anguilla et javana Th.), une en Australie (E. cau- difera Keyserl.), une au Japon (Æ. caudicula Karsch), enfin une dans l’Amé- rique du Nord (E. vermiformis Emert.). Le genre Cyrtognaiha, propre à l'Amérique du Sud, ne renferme que deux ou trois espèces. L’unique espèce du genre Prionolæma est du Venezuela ; celle du genre Mütoscelis, de Java, et celle du genre Ischalea, de Nouvelle-Zélande. GENERA 1AOculilaterales interseContigUuI. PETER de ; 2e — Oculi laterales inter se distantes........ Re ER RRE : 8. 2. Pars labialis paulo longior quam latior. Pedes parce aculeati et ÉCHOS RON OUT EN ALT PEN PART ALLIE PNIPRU .... Cyrtognatha. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 723 — Pars labialis paulo latior quam longior. Pedum anticorum tibiæ intus, metatarsi et intus et extus, setis spiniformibus numc- rosissimis et regulariter uniseriatis muniti. ......... Prionolæma. 3. Pars thoracica sulco longitudinali impressa.................. 4. — Pars thoracica fovea media subrotunda vel transversa impressa. D. MAParslabialis Tefragnathæ (Sec.\Thorell}... 4". 4"... Mitoscelis. — Pars labialis dimidium laminarum multo superans (sec. L. Koch) D le Leg uni en Ischalea. 5. Mamillæ terminales. Laminæ semper carinatæ ad angulum extertioremivaldeineulosO-prOdUCIæ.. 1 EN ARE 6. — Abdomen pone mamillas in tuberculum caudiforme productum. Laminæ rarius carinatæ, ad angulum exteriorem haud vel vix DROITE qe ARE Rs EE AS ... Eucta. © 6. Spatium inter oculos laterales anticos et posticos latius quam Spatium inter .medios anticos et POStICOS. A. mme 1 — Spatium inter oculos laterales anticos et posticos angustius (vel saltem haud latius) quam spatium inter medios anticos et pos- LC O SANS A AE A UN PER pu ea GC qe OU qe 8. 7. Oculi antici in lineam leviter recurvam. Laterales antici ad an- GUIOS ENTER ASE MR CN TER UE Tetragnatha sect. e. — Oculi antici in lineam procurvam. Laterales antici ad angulos Ù CRD ENS EE ne RCE ar RE LU ER Tetragnatha sect. f. 8. Oculorum linea antica linea postica haud latior. ............... da — Oculorum linea antica linea postica paulo latior. Area mediorum anticelquampostice lation LM MIAENT CINE Tetragnatha sect. (. 9. Area oculorum mediorum subquadrata. Spatium inter oculos laterales haud vel vix angustius quam spatium inter medios. Pedum anticorum tibiæ metatarsique subtus longissime acu- MERNESLe MD LR CORRE OR EEE PES PS Tetragnatha sect. c. — Area oculorum mediorum antice quam postice angustior. Spa- tium inter oculos laterales minus quam spatium inter medios. Pedes parce et breviter aculeati, rarius mutici. ............... 10. ANPedesiparce aculeatil(n HV, Li. Et Tetragnatha sect. a. — Pedes mutici vel fere mutici (1, IV, II, It)... .... Tetragnatha sect. b. Tetragnatha Latr., Nouv. Dict. Hist. Nat., XXIV, 1804, p. 135. — Eugnatha Aud. in Sav., Egypt., Ar., 1825-27. — Deinognatha White, in Dieffenbach, Trav. in N. Zeal., II, 1843, p. 271. — Tetragnatha et Eugnatha E. Sim., Ar. Fr., V, 1881, p. 1. — Tetragnatha et Limoxera Thorell, St. Rag. Mal., etc., IV, 1889, p. 223. — Tetragnatha et Eugnatha Cambr., Biol. Cent. Amer., Ar., 1889. Cephalothorax angustus et humilis, fronte obtusa, fovea thoracica magna rotunda vel transversa impressus. Oculi inter se subæquales. Laterales antici 724 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES a posticis plus minus distantes. Chelæ longissimæ (præsertim in mare) por- rectæ et divaricatæ, versus basin attenuatæ, marginibus sulci dentibus nume- rosis sæpe inæqualibus, instructis. Pars labialis paulo longior quam latior, tertiam partem inferiorem laminarum vix attingens, apice rotunda et crasse marginata. Laminæ longissimæ, rectæ, angustæ, intus (saltem in parte basilari) carinatæ, versus apicem sensim ampliatæ et truncatæ cum angulo exteriore prominenti. Sternum multo longius quam latius, postice attenuatis- simum. Pedes graciles et longissimi, aculeati. Abdomen longum et cylindra- tum, mamillæ terminales. Typus : T° extensa L. AR. GEOGR. : Orbis totius reg. calid., temp. et frigidæ. Les espèces de ce genre se répartissent en six groupes : À. — Oculi antici in lineam rectam linea postica haud latiorem, medii a lateralibus quam inter se multo remotiores et sæpissime majores. Oculi postici in lineam leviter recurvam, inter se æquidistantes vel medii a lateralibus quam inter se remotiores. Area mediorum paulo longior quam latior et antice quam. postice angustior. Spatium inter oculos laterales angustius quam spatium inter medios anticos et posticos (T. extensa L., etc.). B. — (Limoxera Thorell.) Oculi fere præcedentium. Pedes aculeis carentes vel modo uno alterove aculeo gracillimo tantum muniti, pedes 4i paris pedibus 2; paris paulo longiores (T. trichodes Thorell, etc.). CG. — Oculi antici in lineam levissime recurvam subrectam, postici in lineam valde recurvam linea antica haud angustiorem. Area mediorum sub- quadrata (interdum antice quam postice paulo latior), medii lateralibus evi- denter majores. Spatium inter oculos laterales sæpissime haud angustius quam spatium inter medios. Sternum sat latum fere Cyrtognathæ. Pedum anticorum tibiæ metatarsique subtus aculeis longis et numerosis muniti (T. gracilis Stol., etc.). D. — Oculi antici in lineam sat recurvam, medii lateralibus majores et inter se quam a lateralibus remotiores. Oculi postici in lineam minus recurvam, antica paulo angustiorem, medii a lateralibus quam inter se multo remotiores. Area mediorum paulo longior quam latior et antice quam postce latior. Spa- tium inter oculos laterales minus quam spatium inter medios (7. clavigera E, Sim.). E. — Oculi antici in lineam levissime recurvam, minuti, medi a lateralibus quam inter se multo remotiores, laterales angulos clypei haud attingentes. Oculi postici in lineam valde recurvam, angustiorem quam lineam anticam, inter se æquidistantes vel medii a lateralibus quam inter se remotiores. Area mediorum æque longa ac lata et antice quam postice angustior. Spatium inter oculos laterales paulo latius quam spatium inter medios (T. cylindrica Walck., etc.). F. — (Eugnatha E. Sim.) Oculi antici in lineam latam, leviter procurvam, laterales ad angulos clypei siti. Oculi postici in lineam valde recurvam, FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 725 angustiorem quam lineam anticam, inter se fere æquidistantes. Area medio - rum non multo longior quam latior et antice quam postice angustior. Spa- tium inter oculos laterales latius quam spatium inter oculos medios (T. flava Aud., etc.). Eueta E. Sim., Ar. Fr., V, 1881, p. 5. — Tetragnalha auct. (ad part.). À Tetragnatha differt pedibus anticis posticis multo longioribus et crassiori- bus, abdomine angustissimo, tereti, postice, ultra mamillas, in tuberculum caudiforme subacutum producto, laminis apice vix angulosis, minus distincte carinatis. Typus : E. gallica E. Sim. AR. GEOGR. : Europa; Reg. mediterr.; Afr. occid. {filum E. Sim.); India; Japonia (caudicula Karsch); Malaisia (anguillu, javana Thorell); Nova-Hol- landia (caudifera Keyserl.); Amer. sept. (vermiformis Emert.). Les espèces de ce genre peuvent se répartir en deux groupes : À. — Oculi fere Tetragnatharum sect. V, sed postici in lineam magis recur- vam et vix angustiorem quam lineam anticam, area mediorum parallela et paulo longior quam latior (E. gallica E. Sim.). B. — Oculi fere Tetragnatharum sect. T, postici in lineam leviter recurvam, antici in lineam magis recurvam. Area mediorum haud longior quam latior et antice quam postice angustior. Oculi laterales utrinque inter se minus quam medii antici a posticis distantes (E. filum E. Sim.). " Prionolæma, nov. gen. À Tetragnatha differt oculis lateralibus utrinque contiguis, oculis anticis et posticis inter se fere æquidistantibus, posticis in lineam subrectam, anticis in lineam recurvam, area mediorum paulo longiore quam latiore et subparallela, laminis haud carinatis, parte labiali paulo latiore quam longiore et dimidium laminarum vix attingente, parallela, apice truncata et crasse marginata, pedi- bus gracillimis et longissimis, quatuor anticis reliquis multo longioribus et insigniter setosis, tibiis intus, metatarsis et extus et intus setis rigidis nume- rosissimis et regulariter uniseriatis munitis, reliquis articulis aculeis gracilli- mis paucis conspersis, abdomine longissimo, tereti, in caudam producto. Tveus : P. ætherea E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : Amer. merid. : Venezuela. Cyrtognatha Keyserl., Verh. z. b. G. Wien, 1881, p. 276. À Tetragnatha differt oculis lateralibus utrinque contiguis et leviter promi- nulis, oculorum lineis binis recurvis, oculis mediis a lateralibus quam inter se multo remotioribus, aream longiorem quam latiorem et antice quam postice vix latiorem occupantibus, parte labiali vix longiore quam latiore, sterno latius cordiformi, abdomine longe cylindrato, pone mamillas breviter producto et turbinato, rima epigasteris multo minus procurva, interdum recta. Typus : C. nigrovittala Keyserl. AR. GEOGR. : Amer. merid. : Brasilia, Peruvia. 726 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES GENERA INVISA Ischalea L. Koch, Ar. Austr., 1872, p. 196. « Ischalea generi Tetragnathæ valde propinqua, differt autem maxillis (lami- nis) nec carinatis nec in latere exteriore extremitatis in angulum productis et ungue tarsorum inferiore dentibus longis incurvis pectinato. » Ce genre paraît, en outre, différer des Tetragnatha par sa pièce labiale beau- coup plus longue, dépassant le milieu des lames, et son céphalothorax marqué d'une strie thoracique longitudinale. Les yeux ont la disposition de ceux des Tetragnatha du sixième groupe (Eugnatha). — Une seule espèce de la Nouvelle- Zélande : I. spinipes L. Koch. Mitoscelis Thorell, Si. Rag. Mal., etc., IV, 1889-90, p. 232. « Hoc genus Tetragnathæ valde affine est, parte thoracica sulco medio lon- gitudinali (non fovea rotundata vel transversa) prædito, chelis brevioribus et directis et laminis in apice lateris exterioris parum dilatatis præsertim dig- noscendum. » — Une seule espèce de Java : M. aculeata Thorell. 4. METEÆ Entre les Tetragnatha et les Nephila se place le groupe des Meta, qui leur est intermédiaire, bien que beaucoup plus voisin des premiers, auxquels il est relié par le genre Cyrtognatha, dont j'ai parlé plus haut. Les Meta diffèrent des Tetragnatha par leur pli épigastrique droit entre les stigmates et leurs yeux latéraux connés. Les pièces buccales, qui sont les mêmes que celles des Tetragnatha, dans beaucoup de genres (Argyroepeira, etc), ressemblent davantage à celles des Nephila dans d’autres (Meta, etc.), avec des formes intermédiaires (Chrysometa). Les organes sexuels, que je décrirai plus loin, tiennent aussi le milieu entre ceux des Teéragnatha et des Argiope. Walckenaer et Blackwall avaient laissé les espèces européennes de ce groupe dans le genre Epeira (Araneus) et les quelques espèces exotiques qui leur étaient connues dans le genre Tefragnathu; C. Koch avait cependant proposé, en 1834, un genre Meta pour le M. fusca (M. Menardi Latr.) en le plaçant dans la famille des Theridiides, mais il ne tarda pas à y introduire des éléments dis- parates (4). Les espèces brillantes, que la plupart des anciens auteurs classaient dans le genre Tetragnatha et qui avaient été depuis réunies aux Meta (L. Koch, Tho- rell, etc.), en ont été séparées par Emerton, dans un genre Argyroepeira (Trans. Conn. Acad., 1884, p. 328), reposant uniquement sur la brillante (1) Entre autres, Meta cellulana CI. (type du genre Nesticus), Meta tigrina (syno- nyme de Drapetisca socialis Sund.); d'autre part, de vrais Meta étaient placés par C. Koch dans son genre Zilla, notamment M. segmentata CI. (Zilla reticulata C. Koch), d’autres, dans son genre Linyphia, notamment L. aurulenta de Saint-Thomas, qui est certainement un Argyroepeira, voisin, sinon synonyme, d'A. argyra Walck. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 727 coloration de ses espèces et le plus grand écartement de leurs yeux ; caracté- ristique insuffisante et souvent en défaut, à laquelle Thorell a ajouté depuis un nouveau signe plus sérieux, tiré de la vestiture des fémurs postérieurs, qui, chez les Argyroepeira, présentent, sur leur face externe, une série de très longs crins manquant à ceux des Meta (St. Rag. Mal., etc., IV, 1889, p. 192). Thorell a, dans le même ouvrage, séparé des Argyroepeira, sous le nom de Callinethis, un groupe d'espèces (4. grata Guérin, etc.), dont les yeux sont plus petits et encore plus disjoints, et dont les différences sexuelles sont plus exagérées; mais, entre ces espèces et les Argyroepeira typiques, les passages sont si nombreux et si gradués qu’il parait impossible de maintenir ce genre Callinethis; Thorell cite lui-même plusieurs espèces malaises intermédiaires aux Argyroepeira et aux Callinethis (A. Hasselti, quadrifasciata Th., etc.), et il y a, dans l’Amérique du Sud, un grand nombre de formes qu’on pourrait, avec autant de raison, rapporter à l’un ou à l'autre genre (4. splendida Keyserl., etc.). Par contre, je maintiens le genre Orsinome Thorell (type Pachygnatha Whiti Hasselt), qui relie les Meta aux Pachygnatha, et je propose quelques genres dont je donnerai plus loin les caractères (1). Je rapporte aussi à ce groupe le genre Landana, qui n'a été connu pendant longtemps que par un seul mâle, dont les caractères sexuels étranges, portant sur le céphalothorax et les chélicères et rappelant ceux des Archæa, avaient empêché de saisir les affinités; mais ces caractères sexuels ne sont, au fond, que l’exagération de ceux des Cullinethis. Le céphalothorax de ces Araignées est ovale assez allongé; sa partie cépha- lique, large, rarement très convexe, est limitée par des dépressions obliques, la thoracique est marquée d’une profonde impression triangulaire formée par trois stries convergeant en avant et réunies à angle aigu. Les yeux sont médiocres et peu inégaux {2}; les médians figurent un groupe parallèle ou un peu plus étroit en avant, jamais beaucoup plus long que large; les latéraux sont, de chaque côté, connés l’un à l’autre et élevés sur une saillie commune, rarement très forte (Atelidea); la grosseur et l'écar- tement relatif des yeux varient beaucoup dans les limites d’un même genre : en général, les latéraux sont plus éloignés des médians dans le genre Argy- roepeiru que dans les autres genres, mais il y a de nombreuses exceptions à cette règle. Les quatre yeux postérieurs figurent généralement une ligne récurvée, plus rarement une ligne légèrement procurvée (Landana, Mecyno- (1) Quelques auteurs, se basant uniquement sur la coloration, comme l'avait fait Emerton, ont rapporté aux genres Mela et Argyroepeira bien des espèces hétérogènes. C'est ainsi que le Meta adspersata Karsch, de Ceylan, est un Cyrtophora ; Arg. trian- qularis Keyserl., du Brésil, est un Mimetus ; quelques espèces, décrites sous le nom générique de Meta, appartiennent au genre Enoplognatha (voy. plus haut, p. 582) ; d’après Thorell, Meta ornata L. Koch, d'Australie, n’est autre qu’un très jeune Nephila maculata F., etc (2) Les médians antérieurs sont cependant plus gros que les autres dans les genres Atelidea, Mecynometa et surtout Landana. 728 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES meta) ; les quatre antérieurs figurent une ligne plus fortement récurvée, et le bandeau est, au milieu, aussi étroit ou à peine plus large que les yeux médians antérieurs, excepté cependant dans le genre Tylorida, dont les yeux antérieurs sont en ligne presque droite et le bandeau beaucoup plus large. Les chélicères sont robustes et convexes; elles manquent normalement de tache basale, mais, chez quelques grosses espèces, elles en offrent les traces; leur marge supérieure est armée de trois fortes dents aiguës peu inégales, rapprochées ou isolées, surtout la dernière, très rarement suivies d’une qua- trième dent beaucoup plus petite (A. nigrotrivittata Dol.) (fig. 801); dans la plupart des cas, la marge inférieure présente quatre dents un peu plus petites, égales ou avec la dernière un peu plus forte, presque contiguës et rapprochées du crochet (fig. 800 et 801); cette disposition varie quelquefois dans les limites d'un même genre, c'est ainsi que, chez M. segmentata CI., on ne compte, à la marge inférieure, que trois dents, dont la médiane beaucoup plus petite que les autres; dans le genre Chrysometa, les quatre dents de la marge inférieure sont tantôt petites et contiguës, avec la première (basilaire) un peu plus forte (C. tenuipes Keyserl.), tantôt cette dent basilaire est suivie de deux très petites dents, qui lui sont accolées, et d’une troisième, plus forte, qui en est large- ment séparée. La | ( \ N 799 800—801 802 803 804 Fig. 198. Orsinome Whiti V. Hasselt. Chélicère du mâle vue en dessus. — Fig. 199. Zdem. Idem en dessous. — Fig. 800. Idem. Chélicère de la femelle, en dessous. — Fig. 801. Argyroepeira nigrotrivittata Dolesch. Chélicère de la femelle, en dessous. — Fig. 802. A. wngulata Karsch. Chélicère du mâle, vue en avant. — Fig. S03. Idem. Crochet. — Fig. 804 Argyroepeira (sp. ind. du Para). Chélicère du mâle, vue en avant. 798 Dans le genre Landanu, au moins chez la femelle, la marge inférieure pré- sente quatre dents contiguës : la première assez forte, les autres très petites, égales et souvent suivies d’une cinquième dent beaucoup plus reculée (fig. 815). Dans tous les cas, la tige offre, de plus, en avant, parallèlement à la série dentée, de forts crins unisériés, rarement irréguliers (Landana), et, en dessous, une large bande de poils. Les chélicères des mâles diffèrent généra- lement de celles des femelles (voy. plus loin). Dans les genres Argyroepeira, Orsinome, Tylorida et Atelidea, les pièces buc- cales ressemblent à celles des Tetragnatha; les lames, deux fois plus longues que larges, sont tronquées droit à l'extrémité, avec l’angle supéro-externe saillant, très fortement atténuées à la base, avec le côté externe plus ou moins échancré; dans les genres Meta, Chrysometa et Mecynometa, cette forme est FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 729 moins exagérée, les lames, plus courtes, presque droites au côté externe et peu saillantes à l’angle, rappellent davantage celles des Nephila; dans le genre Landana, les lames, un peu plus longues que larges, sont obtusément tron- quées à l'extrémité, et leur côté externe, presque droit, ne forme aucune saillie à l'extrémité. La pièce labiale est toujours fortement rebordée à l'extrémité, qui est arrondie, obtusément tronquée ou rarement un peu échancrée; dans les pre- miers genres, elle est plus longue que large; dans les autres, elle est aussi large; elle n’est plus large que longue et semi-circulaire que dans le genre Landana. Le sternum est triangulaire, plus ou moins inégal et impressionné sur les bords et terminé en arrière en pointe subaiguë; il n’est largement cordiforme que dans le genre Mecynometa, dont les hanches postérieures sont disjointes. Rien n’est plus variable que la forme de l’abdomen; dans les genres Meta, Orsinome et Atelidea, il est ovale court, généralement, mais non toujours, un peu élargi en avant, où il présente parfois de très faibles saillies humérales; dans le genre Tylorida, il est encore assez court, mais fortement élevé, en dessus, en cône simple ou légèrement bimucroné; celui des Mecynometa et Landana est globuleux, simple ou pourvu, en dessus, de tubercules bas; dans le genre Argyroepeira, il est presque toujours beaucoup plus long, cylin- drique, arrondi en arrière ou, le plus souvent, prolongé au delà des filières, à l'angle supérieur, en court tubercule caudiforme; il présente souvent, en dessus, de grosses saillies arrondies disposées par paires (A. granulata Walck., etc.); enfin, dans quelques espèces, son bord antérieur, saillant, arrondi ou un peu échancré, proémine au-dessus de la partie thoracique (A. grata Guér., etc.) (fig. 817). Les pattes, un peu plus courtes que celles des Tetragnatha, n’en diffèrent pas par leur longueur relative et la proportion de leurs articles; elles sont armées d'épines quelquefois extrêmement faibles et espacées, au point de paraître mutiques (Mecynometa), quelquefois, au contraire, très longues et très nombreuses (Tylorida et surtout Atelidea). Dans plusieurs Argyro- epeira, les tibias de la quatrième paire (4. grata Guérin, fastigiata E. Sim., Hasselti Th., etc.) et, plus rarement, ceux de la première paire (A. fastuosa Thorell) (1) sont garnis, chez les femelles, de longs poils noirs serrés, dis- posés en brosses, ressemblant à celles des Nephila (fig. 817). Les fémurs de la quatrième paire sont normaux dans les genres Meta, Chrysometa, Orsinome et Landana; dans tous les autres genres, ils présentent, sur leur face externe et dans leur moitié basilaire, une ou deux séries très régulières de très longs crins fins et courbes figurant une frange; dans le genre Tyloridu, cette frange est peu distincte et réduite à quelques poils, elle atteint son maximum de développement dans le genre Mecynometa. Les griffes tarsales sont sem- blables à celles des Tetragnatha ; les supérieures sont longues, et leur série dentée se compose de 6 à 14 dents, diminuant graduellement vers la base, (1) Espèce décrite de Célèbes par Thorell; je la possède aussi des îles Jolo et Sangir. 730 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES tandis que la griffe inférieure porte, dans sa concavité, de 2 à 4 dents, dont la dernière est plus forte que les autres; les deux griffes auxiliaires sont toujours très apparentes (1). La patte-mâchoire du mâle ressemble généralement à celle des Tetragnatha par la gracilité et la longueur de ses articles axillaires, bien qu'à cet égard, il y ait de grandes différences d’espèce à espèce ; le trochanter, le fémur, plus ou moins courbe, le tibia, atténué à la base, sont généralement longs, tandis que la patella reste petite et nodiforme; la longueur du trochanter est en rapport avec la largeur des chélicères, c’est, en effet, cet article qui permet le dévelop- pement de l’appendice, inséré très en dessous, à cause de l’étroitesse des Fig. 805 à 841. a. Orsinome pilatrix Thorell. Patte-mâchoire du mâle. — db. Argyroepeira argyra Walck. Idem. — c. À. celebesiana Walck. Idem. — d. A. (sp. ind. de Ceylan). Idem. — e. Tylorida striata Thorell. Idem. — f. Meta Menardi Latr. Idem. — g. Meta Merianae Scop. Apophyse tarsale. lames à leur base ; Le tarse diffère de celui des Tetragnatha en ce que la branche principale du tarse, au lieu d’être étroite et cylindrique, est élargie en palette obtuse recouvrant le bulbe qu’elle ne dépasse pas (fig. 805); la branche acces- soire, jamais articulée à la base, est assez petite, cylindrique, droite, courbe, subaiguë ou terminée en massue; le tarse lui-même présente souvent en dessus, dans sa portion élargie, une saillie dentiforme, plus ou moins développée, médiane (Orsinome, Arg. argyra Walck., etc.) (fig. 805 a) ou basilaire (Arg. de- corata Cambr.) ; dans nos Meta européens, la branche accessoire est profon- dément bifide : sa pointe antérieure est toujours grêle et droite, tandis que la postérieure est beaucoup plus épaisse, tantôt droite et très obtuse (M. Menardi Latr.) (fig. 809 f), tantôt subaiguë et recourbée en avant (M. Merianæ Scop.) (fig. 810 g). (1) Les griffes des Landana diffèrent un peu de celles des Meta en ce que les deux supérieures sont dissemblables : tandis que l’interne offre une série d'au moins douze dents serrées et assez petites, l’externe n’en offre que six à huit plus grosses; les griffes auxiliaires, plus fines, sont simplement villeuses au lieu d’être dentées. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 731 Dans le genre Landana, la patte-mâchoire est petite; son fémur est robuste et court ; sa patella convexe ; son tibia, environ de même longueur, est cylin- drique ; son tarse étroit, ovale et acuminé, mais pourvu à la base, en dessus, d’une apophyse verticale, représentant la branche accessoire, ordinairement lamelleuse et subtransparente, tantôt large et triangulaire subaiguë (L. Petiti E. Sim.) (fig. 816), tantôt tronquée et presque carrée (L. cygnea E. Sim.). Le bulbe lui-même est, dans les genres les mieux caractérisés, un lobe simple, de volume très variable, prolongé à l’extrémité par une pointe plus ou moins développée (fig. 807 a et 806b), tantôt presque droite, tantôt recourbée en crochet, tantôt tordue en vis; dans les genres Meta et surtout Chrysometa, cette partie est très longue et roulée en volute à plusieurs tours, ce qui donne au bulbe une certaine ressemblance avec celui des Latrodectus (fig. 810 f). Dans les genres Meta, Tylorida et Chrysometa, les différences sexuelles, en dehors de la patte-mâchoire, sont très faibles ; les chélicères des mâles sont seulement plus longues et plus étroites, et les dents de leur marge supérieure sont beaucoup plus petites et plus espacées ; dans quelques Meta américains, les chélicères du mâle sont finement carénées au côté externe. Dans le genre Orsinome, les mâles se distinguent par leurs chélicères extrêmement robustes, convexes et géniculées à la base, ensuite divergentes, avec les marges plus ou moins excavées : l’inférieure étant pourvue d’une ou de deux dents assez petites, rapprochées du crochet, la supérieure, tantôt d’une forte dent aiguë reculée (0. Whiti V. Hasselt) (fig. 798-799), tantôt de deux dents : la première, assez petite et tronquée ; la seconde, très grosse, obtuse et branchue (0. pila- trix Th.) (1). Dans le genre Argyroepeira, les différences sexuelles sont généralement faibles et de même nature que dans le genre Meta; Thorell cite cependant une espèce malaise (4. scalaris Th.) dont les chélicères du mâle offrent, en avant, une petite dent recourbée; dans un groupe d'espèces africaines (A. undulata Vins., splendida Butl., Antinorii Pav.) (fig. 802), qui a aussi un représentant à Ceylan (A. decorata Cb.), les chélicères des mâles sont très larges ; leur bord externe présente, vers le milieu, une grosse saillie obtuse ; leur face antérieure est armée, près l’extrémité, d'une forte dent, obtuse, aiguë ou bifide, dirigée en bas, et leur crochet, qui est un peu sinueux, est armé en avant, vers le tiers basilaire, d’un denticule (fig. 803); dans quelques-unes de ces espèces (4. Antinorii Pav.), les tibias et métatarses antérieurs sont armés, en dessous, de petites spinules sériées, caractère qui se retrouve dans le genre Afelidea; dans une autre série d'espèces, propres à l'Amérique du Sud, les chélicères des mâles sont hérissées, sur leur face antérieure, de très forts crins irréguliers et soulevés (fig. 804). Les différences sexuelles sont encore plus prononcées chez les Argyro- epeira de Malaisie, dont Thorell avait formé le genre Callinethis; le mâle, beaucoup plus petit que la femelle, a des yeux relativement beaucoup plus resserrés et plus gros, surtout les médians antérieurs; son céphalothorax, (1) Il y a des espèces qui, par la structure de leurs chélicères, sont intermédiaires aux Argyroepeira et aux Orsinome, notamment Arg. culla Cambr., de Ceylan. 732 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES plus court et plus atténué, s'élève très fortement en avant sans être convexe, et ses chélicères insérées, au-dessous du bandeau, sur un plan presque vertical, se trouvent séparées des pièces buccales par un large espace lisse ;.ces chéli- cères sont étroites, très longues et presque parallèles, un peu saillantes au- dessus de leur insertion comme celles des Ammoxenus, et légèrement concaves sur leur face antérieure, qui est hérissée, dans toute sa longueur, de très forts crins spiniformes irréguliers et inégaux; leur troncature est courte et presque transverse, et leur crochet, presque droit et même un peu concave dans sa moitié basilaire, est un peu coudé et légèrement courbe dans la seconde; les dents, plus espacées que celles de la femelle, sont disposées le long du bord interne de la chélicère et presque équidistantes (fig. 818); les pattes sont entièrement mutiques et dépourvues de fascicules (1). Dans le genre Landana, la partie céphalique du mâle, beaucoup plus longue que celle de la femelle, s’élève obliquement, en avant, en forme de long cou a" | = \ 812—816 814—815 813 817—818 Fig. 812. Landana Petiti E. Sim. Céphalothorax et chélicères du mâle, de profil. — Fig. 813. Idem. Front et chélicères, vus en avant. — Fig. 814. L. cygnea E. Sim. Extrémité de la chélicère du mâle, vue en dessous.— Fig. 815. Idem. Chélicère de la femelle, en dessous. — Fig. 816. L. Petiti E. Sim. Patte-mâchoire du mâle. — Fig. 817. Argyroepeira fasligiata E. Sim. Femelle de profil. — Fig. 818. À. (sp. ind. de Ceylan). Front et chélicères du mâle, de profil. cylindrique, portant à son extrémité, obtuse et non dilatée, les yeux, plus resserrés que ceux de la femelle, et les chélicères, qui se trouvent ainsi séparés des pièces buccales par un très large espace, exactement comme chez les Eriauchenius (famille des Archæides) (fig. 812). Ces chélicères, insérées, comme je l’ai dit, au-dessous des yeux, dans une échancrure arrondie du bandeau, limitée de chaque côté par une petite dilatation lamelleuse et anguleuse, sont beaucoup plus longues que le céphalothorax entier, et elles dépassent de beaucoup, en dessous, le niveau du sternum; elles sont cylindriques, grèles (1) Le mâle que je décris ici est celui d’une espèce probablement inédite de Ceylan; d’après Thorell, le mâle d’A. aurocincta Th., d’Amboine et de Célèbes, offre les mêmes caractères. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 733 et verticales (fig. 813), tronquées droit à l’extrémité, avec la marge supérieure dilatée en lamelle arrondie ou anguleuse, surmontée de trois ou quatre dents aiguës un peu divergentes ; leur crochet est assez long et fortement sinueux (fig. 814); les lames-maxillaires du mâle sont aussi beaucoup plus longues que celles de la femelle et très légèrement convergentes à l'extrémité. Chez les femelles, le pli épigastrique, qui est droit entre les stigmates, con- trairement à ce qui à lieu dans les groupes précédents, est souvent aussi simple que celui des Tetragnatha, mais, dans beaucoup d’espèces, il acquiert un plus haut degré de complication, il est marqué d’une fossette à bords indurés (Orsinome, etc.), et présente même quelquefois un gros tubercule conique vertical (Arg. argyra Walck.). Les toiles des Meteæ sont presque toujours orbiculaires et très régulières, comme celles des Tetragnatha ; l'espace qui sépare la spirale centrale des fils a globules y est relativement large; cette toile n'est jamais garnie de stabi- limenta et n’est accompagnée d’une retraite que dans le genre Landana ; celle de la plupart des Argyroepeira est tendue presque horizontalement et accompagnée, en dessous, d’un grand réseau irrégulier; ce réseau manque dans les toiles des Meta, des Chrysomela et de quelques Argyroepeira (espèce de Singapore, voisine de À. grata Guér.), qui sont tendues obliquement ou presque verticalement. Un Meta, que j'ai observé à Caracas, laisse dans sa toile un secteur vide, exactement comme le ferait un Zälla. La toile de l’Ate- lidea spinosa E. Sim., qui vit à Ceylan, dans les forêts sombres, n’est pas orbiculaire, mais en forme de nappe et semblable à celle d’un Linyphia. Je n’ai aucun renseignement sur les mœurs des Orsinome, des Tylorida et des Mecynometa. La plupart des Metæ filent leur toile sur les buissons, dans les jardins et dans les clairières des bois, souvent aussi sur les plantes élevées des maré- cages ; quelques-uns, cependant, recherchent les endroits sombres et humides, comme la voûte des rochers et des fontaines (M. Merianæ Scop.); une espèce se rencontre même exclusivement dans les caves et les grottes (M. Menardi Latr.). Le cocon est généralement floconneux, jaune et fixé à une branche voisine de la toile; celui de M. Menardi, formé d’une bourre blanche moins serrée, est ovoïde et pédiculé. Le Landana cygnea E. Sim., que j'ai observé dans la forêt de San-Esteban, au Venezuela, file une toile semblable à celle d’un Meta, parfaitement normale, mais assez petite et accompagnée d’un tube suspendu à ses côtés et commu- niquant avec son centre par un fil conducteur. Ce tube, qui sert de retraite et recoit les cocons au moment de la ponte, est recouvert de petites bûchettes, peu régulières, se dissociant au moindre contact, il rappelle celui du Theridion riparium BI. ou plus exactement le fourreau de quelques larves de Phryganes. Les Meta sont, en général de teinte fauve ou brunâtre, avec l’abdomen marqué, en dessus, d’un dessin foliiforme réticulé et les pattes annelées; dans quelques petites espèces malaises (M. Hubreichi E. Sim.) et américaines, l’ab- domen est, de plus, ponctué d’or ou d'argent, il est plus rarement entièrement argenté ou doré; les trois espèces européennes ont des habitats fort étendus : 734 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES l’une (M. Merianæ Scop.) se retrouve aux îles Açores, une autre (M. segmen- tata CI.) dans toute la région méditerranéenne et l’Asie centrale, une autre enfin (M. Menardi Latr.), qui vit dans les caves et les grottes, existe aussi à Madagascar et dans l’Amérique du Nord; le genre est, en outre, représenté, au Japon, par des espèces affines; dans les montagnes de l’Inde, de la Malaisie et de l'Amérique centrale et méridionale, par de petites espèces un peu anor- males, dont plusieurs ont été décrites par Keyserling sous le nom générique d’Argyroepeira. Le genre Argyroepeira est beaucoup plus nombreux, et ses espèces sont généralement plus brillantes ; leur abdomen, de forme si diverse, est presque toujours, en dessus, d’une belle teinte d'argent, rarement unicolore, le plus souvent relevée de lignes noires rameuses, plus rarement de taches ou de bandes dorées ou d’un rouge éclatant, tandis que leur face ventrale, souvent plus obscure, présente, soit des lignes longitudinales, soit une grande tache médiane en carré long, soit une lunule transverse, argentées, dorées, rouges ou vertes, toujours très brillantes. On en connait plus de cent espèces, répandues dans toutes les régions tropicales de l’ancien et du nouveau monde et dans les régions subtropicales du nouveau (1). Les Chrysometa, dont l'abdomen est entièrement parsemé de gouttelettes d'argent ou d’or, sont propres à l'Amérique centrale et méridionale; on en a décrit quatre ou cinq espèces, et j’en possède beaucoup d'autres inédites. Les Tylorida, au nombre de trois ou quatre espèces, sont répandus de Ceylan aux Philippines ; ils sont de la taille des Linyphia, leur coloration, d’un fauve pâle, est relevée, sur le céphalothorax, de fines lignes longitudi- nales (T. striata Th.), qui manquent quelquefois (7. stellimicans E. Sim.), tandis que leur abdomen est parsemé de points dorés ou argentés disposés en lignes obliques convergeant au sommet. Les Orsinome ont la taille et les formes des Argyroepeira, mais leur coloration est plus sombre; on en connait quatre ou cinq espèces également malaises, mais j’en possède une (inédite) de Nouvelle-Calédonie et une autre de Mada- gascar. Les Atelidea, qui sont beaucoup plus petits que les Orsinome, ont la même coloration, ils sont peu nombreux et propres à Ceylan. Les Mecynometu sont relativement très petits, leur abdomen, globuleux, est orné de points et de larges macules argentés; on en connaît trois espèces, répandues du Guate- mala à l’Amazone. Les Landana sont de petite taille, de coloration fauve, légèrement variée de brun; ils ont le faciès des Ero et surtout des Dolichognatha. On en connaît deux espèces : l'une de la côte occidentale d'Afrique, l’autre du Venezuela. GENERA 1. Oculi quatuor postici in lineam procurvam ..... 2. — Oculi quatuor postici in lineam leviter recurvam................ 3. (1) Sauf cependant dans l'Afrique australe où elles atteignent la zone du Cap. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 735 2, Femora postica seriatim ciliata. Sternum late cordiforme et coxæ DostieÆrintense distantes. Dit. EUR Mecynometa. — Femora postica haud ciliata. Sternum triquetrum, postice subacu- tum et coxæ posticæ inter se subcontigu®æ .............. Landana. 3. Femora postica haud ciliata > — Femora postica extus ad basin serie longitudinali singula vel duplici setarum longarum ciliata 4, Laminæ circiter dimidio longiores quam latiores, extus subrectæ, apice haud prominulæ © — Laminæ dimidio duplo longiores quam latiores, extus excavatæ, ad apicem prominulæ. Chelæ, præsertim in mare, robustissimæ et CHIVONICAUEE RAR ANNRR AAA R) MANS AAA SAR MAUIRARE LOIS Orsinome. 5. Area oculorum mediorum paulo longior quam latior. Abdomen breviter ovatum, sæpe antice subangulosum — Area oculorum mediorum quadrata. Abdomen longius oblongum, cylindratum, splendide argenteum vel auratum,. ..... Chrysometa. 6. Oculorum linea antica subrecta. Clypeus oculis anticis multo latior. Aculei pedum longissimi. Setæ seriales femorum posti- COMM DAUCEÆ EL DATE ISIN EE PSE ER PE Tylorida. — Oculorum linea antica recurva. Clypeus oculis anticis fere semper haud duplo latior. Setæ seriales femorum distinctissimæ de 1, Oculi inter se appropinquati, medii postici lateralibus majores et a lateralibus quam inter se vix remotiores (spatio interoculari oculo haud latiore). Oculi laterales utrinque valde prominuli. Pedes valde aculeati. Metatarsi antici subtus seriatim spinu- TO A ue PAUSE qe SEA IE A na A A à Atelidea. — Oculi inter se late remoti, medii postici lateralibus non majores et fere semper a lateralibus quam inter se multo remotiores. Oculi laterales parum prominuli. Pedes modice aculeati....... Argyroepeira. Meta C. Koch, in H. Schæff., Deutschl. Ins., 1836. — Epeira auct. (ad part.). — Melia auct. (ad part.). — Argyroepeira Keyserl., Sp. Amer. Ep., 1891 (ad part.). Cephalothorax oblongus, fovea thoracica profunda, triquetra, postice trifida, impressus. Oculi sat magni et subæquales, postici in lineam leviter recurvam vel subrectam, antici in lineam magis recurvam, medii a lateralibus quam inter se fere semper remotiores sed spatium inter medios et laterales oculis mediis simul sumptis angustius vel saltem haud latius. Area mediorum paulo longior quam latior. Clypeus oculis mediis anticis haud vel non multo latior. Pars labialis circiter æque longa ac lata, haud vel vix attenuata, apice arcuata vel truncata et crasse marginata. Laminæ longiores quam latiores, rectæ, haud attenuatæ, apice obtuse truncatæ, angulo exteriore recto. Pedes sat longi et robusti, aculeis longis instructi, metatarsis tibiis et patellis simul sumptis 730 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES haud longioribus, femoribus haud seriatim setosis. Abdomen breve, oblon- gum, antice sat latum et sæpe subangulosum, postice attenuatum et declive, fulvum vel fusco-opacum, rarius argenteum, macula foliiformi supra deco- ratum. Typus : M. Menardi Latr. AR. GEOGR. : Orbis totius reg. temp. et calidæ. Chrysometa, nov. gen. — Tetragnatha Keyserl., Süz. Isis. Dr., 1863 (ad part. T. tenuipes). — Argyroepeira Keyserl., 1891 (ad part.). A Meta differt area oculorum mediorum quadrata haud longiore quam latiore, laminis longioribus, extus evidentius excavatis fere Argyroepeiræ, chelarum margine inferiore dentibus quatuor subcontiguis, primo (basali) mediocri, reliquis minutis inter se æquis, abdomine longius oblongo sæpe antice paululum acuminato. Typus : C. tenuipes Keyserl. AR. GEOGR. : Amer. merid. : Colombia, Brasilia. Orsinome Thorell, Sé. Rag. Mal., etc., IV, 1890, p. 192. — Meta Thorell, Loc. cit., II, 1878 (ad. part M. pilatrix, cavernicola). — Pachygnatha v. Hasselt, Midd. Sum. cet. Arachn., 1882 (P. Vethü). À Meta differt oculis posticis in lineam rectam, sat magnis, lateralibus a mediis non late remotis, area mediorum parallela et oculis mediis anticis posticis paulo majoribus, laminis longioribus versus basin valde angustioribus ad apicem valde ampliatis atque extus subangulosis, chelis in utroque sexu dissimilibus, feminæ normalibus, maris valde divaricatis antice dentatis, mar- gine inferiore sulci excavato. Typus : O0. Vethi v. Hasselt. AR. GEOGR. : Malaisia; Polynesia et ins. Madagascar. Argyroepeira Emerton, Tr. Conn. Acad., VI, 1884, p. 328. — Tetragnatha et Meta auct. (ad part.). — Argyroepeira et Callinethis Thorell, S£. Rag. Mal., etc., IV, 1890, p. 194. — Argyroepeira Keyserl., 1891 {ad part.). À Meta differt oculis plerumque multo minoribus et lateralibus a mediis latius remotis (spatio inter medios et laterales oculis mediis simul sumptis -haud angustiore sæpe latiore), clypeo oculis mediis anticis paulo latiore, laminis extus excavatis atque ad apicem prominulis, pedibus gracilioribus et femoribus posticis extus ad basin serie simplici vel duplici setarum longorum munitis. — Abdomen simpliciter cylindratum (A. celebesiana W., nigrotrivit- tata Dol.), vel postice paululum productum et caudiforme (A. undulata Vins.) vel supra tuberculis per paria ordinatis munitum (4. granulata W.) vel supra antice in conum productum (A. grata Gruer.), plerumque argenteo vel aureo tinctum. Typus : À. hortorum Hentz. AR. GEOGR, : Orbis totius reg. tropicæ rarius subtropicæ. 1 FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 73 Tylorida, nov. gen. — Meta Thorell, St. Rag. Mal., etc., I, 1877 (ad part. M. striata). — Id. E. Sim., Bull. Soc. zool. Fr., 1885 (ad part. M. stelli- micans). Oculi fere Metæ sed quatuor antici in lineam subrectam. Clypeus verticalis planus, oculis anticis multo latior. Chelæ et partes oris Argyroepeiræ. Pedes longi, valde inæquales, antici reliquis multo longiores, aculeis longissimis armati, femoribus posticis (saltem in femina) setis seriatis paucissimis in- structis. Abdomen supra acuminatum et unituberculatum. Typus : 1. striata Thorell. AR. GEOGR. : Asia merid. et Malaisia. Atelidea, nov. gen. Ab Argyroepeira differt oculis inter se appropinquatis, mediis posticis late- ralibus majoribus, a lateralibus quam inter se vix remotioribus et spatio interoculari oculo haud latiore, mediis anticis lateralibus majoribus et valde prominulis, utrinque oculis lateralibus valde elevatis, pedibus, præsertim femoribus anticis, valde et numerose aculeatis, metatarsis anticis subtus, in parte basali (saltem in mare), seriatim spinulosis. Typus : À. spinosa E. Sim. (1). AR. GEOGR. : ins. Taprobane. Mecynometa, nov. gen. — Meta Cambr., Biol. centr. Amer., Arach., 1859 (ad part. M. globosu). — Argyroepeira Keyserl., 1891 {ad part.). Ab Argyroepeira differt fronte angustiore, oculis posticis in lineam procur- vam, mediis inter se quam à lateralibus paulo remotioribus, oculis anticis in lineam leviter recurvam, inter se anguste et fere æque distantibus, mediis lateralibus majoribus, clypeo angustissimo, laminis fere Melæ, sterno latius cordiformi, postice valde attenuato et subacuto sed coxis posticis inter se evidentissime disjunctis, pedibus longissimis fere muticis, femoribus 4i paris serie setarum longissimarum extus munitis. Typus : M. globosa Cambr. AR. GEOGR. : Amer. centr. et merid. : Guatemala (globosa), Venezuela (gemmata), Amazonas (scintillans). Landana E. Sim., Ann. Mus. civ. Gen., XX, 1883, p. 184. Cephalothorax oblongus. Oculi postici in lineam leviter procurvam, medii a lateralibus quam inter se multo remotiores sed spalio interoculari oculo haud angustiore. Oculi antici in lineam leviter recurvam, medii lateralibus saltem duplo majores, inter se subcontigui. Area mediorum longior quam latior antice prominula. Clypeus oculis mediis anticis haud latior. Chelæ feminæ sat longæ et robustæ, margine inferiore sulci dentibus quinque, quatuor inter se subcontiguis, 1° sat valido, reliquis minutissimis, dente ultimo ab alteris (1) Ann. Soc. ent. Fr., 1894. 7 738 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES remoto. Pars labialis latior quam longior. Laminæ paulo longiores quam latiores, apice trunucatæ. Sternum triquetrum. Pedes sat robusti aculeati. Cephalothorax maris parte cephalica longissima, tereti et antice oblique acclivi. Chelæ cephalothorace longiores, ad apicem partis cephalicis et prope oculos insertæ, verticales, graciles et subteretes, ungue sinuoso. Typus : L. Petiti E. Sim. AR. GEOGR. : Africa occid. (Petiti E. Sim.); Amer. merid. : Venezuela (cycnea E. Sim.) (1). 5. NESTICEÆ L'Araneus cellulanus Clerck, placé successivement dans les genres Theri- dion (Walckenaer), Meta (C. Koch) et Linyphia (Blackwall), est le type du genre Nesticus Th., que les auteurs modernes comprennent tous dans la famille des Theridiides. Cette Araignée ressemble, en effet, beaucoup à un Théridion, mais ses pièces buccales, ses chélicères et surtout ses organes sexuels indiquent qu’elle se rapproche bien davantage des Meta. Le céphalothorax des Nesticus est ovale, court et peu élevé, avec la partie thoracique marquée d’une profonde dépression longitudinale. Leurs yeux postérieurs, gros, égaux et presque équidistants, sont disposés en ligne pro- curvée, comme ceux des Landana, tandis que les antérieurs sont en ligne droite ou très légèrement procurvée. Les yeux médians, qui figurent un tra- pèze au moins aussi long que large et beaucoup plus étroit en avant, sont très inégaux, les antérieurs étant beaucoup plus petits que les postérieurs, quel- quefois punctiformes ou même complètement oblitérés dans les espèces tout à fait lucifuges (N. speluncarum Pay.). Le bandeau, vertical et un peu creusé, est à peine plus étroit que le groupe oculaire. Les chélicères, assez longues, mais étroites, ont la marge supérieure pour- vue de trois dents, rapprochées, semblables à celles des Meta chez la femelle, beaucoup plus petites et plus espacées chez le mâle, tandis que leur marge inférieure est mutique ou rarement pourvue d'une ou de deux très petites dents granuliformes (2). Les lames-maxillaires, la pièce labiale (fig. 820) et le sternum sont construits comme ceux des Landana, que j'ai décrits plus haut. L'abdomen, globuleux, et les pattes longues et peu robustes, dépourvues d'épines, mais garnies de crins longs et isolés, ressemblent au premier abord à ceux des Theridion, mais les griffes ont la structure de celles des Meta, dont elles ne diffèrent que par l'absence des griffes auxiliaires ; les supérieures, (1) Dans ma première description du genre Landana (Ann. Mus. civ. Gen., XX, p. 184), les mots « pars labialis multo longior quam latior » sont pour « multo latior quam longior ». (2) Contrairement à ce qui a élé dit, la marge supérieure des chélicères des Nesticus offre trois dents, aussi bien chez le mâle que chez la femelle. * FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 739 longues et peu courbées, sont, en effet, pourvues d’une série de onze à treize dents serrées et assez courtes, augmentant graduellement de longueur de la base à l’extrémité, tandis que la griffe inférieure est pourvue de deux dents obtuses et géminces, dont la seconde est beaucoup plus épaisse que la pre- mière. La patte-mächoire de la fe- melle porte une griffe longue, pourvue d'une série de treize dents disposées comme celles des griffes des pattes. Mr \ MEN xl La patte-mâchoire du mâle est du type de celle des Meta ; la branche secondaire du tarse rappelle surtout celle de Meta Merianæ, mais elle est indivise, d'abord verti- cale, puis recourbée en avant en demi-cercle, plus ou moins canaliculée en dessous avec les bords découpés, sinueux ou dentés; dans une espèce améri- caine (N. unicolor E. Sim.), cette apophyse, au lieu d'ètre supère, est dirigée en bas et recourbée en avant; le bulbe est presque toujours pourvu, au côté externe, d'une forte dent dure et arquée; au côté interne, d’une pointe per- pendiculaire plus fine et plus longue, et de diverses petites apophyses termi- nales (fig. 819). Les Nesticus sont des Araignées lucifuges, filant leur toile, qui est très irré- gulière et à mailles larges, comme celle des Pholcus, dans les angles et sous les voûtes; leur cocon est formé d’un tissu peu serré et transparent, forte- ment appliqué sur les œufs, qui font saillie à sa surface. 519 820 Fig. 819. Mesticus cellulanus CI. Patte-mâchoire du mâle. Fig. 820. Idem. Pièces buccales. Ils ont le faciès des Théridions ; leurs téguments, d’un testacé blanchôâtre, sont souvent marqués de dessins noirs vagues et hérissés de longs crins isolés. L'espèce type est répandue dans toute l’Europe où elle se trouve dans les caves, dans les galeries de mines les plus profondes et dans les grottes natu- relles ; six autres espèces ont été trouvées dans les grottes du midi de l'Eu- rope : une en Îtalie (N. speluncarum Pav.), une en Provence et en Grèce (N. eremita E. Sim.), les autres en Hongrie (N. affinis, fodinarum, puteorum Kulez., hungaricus Chyz.); trois vivent dans les mêmes conditions aux États- Unis [N. Carteri et pallidus Emert., augustinus Keyserl. (1)]; enfin, j'en ai trouvé au Venezuela dans les creux d’arbres des forêts (N. unicolor E. Sim.). (1) Keyserling a même proposé, pour ce dernier, le genre Gaucelmus, différant du genre Nesticus par le bandeau plus large, la première ligne des yeux droite et le groupe des yeux médians plus large que long, mais ces trois caractères se retrouvent dans d’autres Nesticus très normaux, uotamment chez N. eremita E. Sim. 740 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Nestieus Thorell, Eur. Spid., etc., 1869-70, p. 88. — Theridion Walck., Tabl. Ar., 1805 (ad part.). — Linyphia id., Apt, Il, 1841 (ad part.). — Meta C. Koch, Ar., VIII, 1841 (ad part.). — Theridium Westr. (ad part.). — Linyphia Blackw. (ad part.). — Gaucelmus Keyserl., Spinn. Amer. Therid., I, 1884, p. 99. Cephalothorax humilis, parte thoracica longitudinaliter impressa. Oculi postici sat magni, æqui, in lineam procurvam, inter se æquidistantes vel sæpius medii a sese remotiores. Oculi antici in lineam rectam seu levissime procurvam. Area mediorum antice quam postice multo angustior. Oculi medii antici reliquis oculis multo minores. Oculi laterales utrinque contigui. Clypeus area oculorum haud angustior. Chelæ sat longæ, margine superiore sat longe obliquo, tridentato. Pars labialis latior quam longior, parallela et truncata, dimidium laminarum haud superans, ad basin transversim depressa, ad apicem crasse marginata. Laminæ subrectæ, parallelæ. Pedes longi, setis longis hirsuti. Abdomen globosum. Tyeus : N. cellulanus Clerck. AR. GEOGR. : Europa ; America sept. et merid. 6. AZILIEÆ Aux caractères essentiels des Meta, les Azilia et genres voisins joignent une disposition oculaire différente ; leurs yeux postérieurs, portés sur un front plus convexe, souvent même un peu anguleux, sont en ligne généralement plus fortement récurvée et leurs yeux latéraux sont, de chaque côté, largement disjoints et élevés isolément sur de faibles tubercules. 821—822 823 824 825 826 Fig. 821. Azilia histrio E. Sim. Front et yeux, vus en dessus. — Fig. 822. Dolichognatha Nietneri Cambr. Idem. — Fig. 823. Diphya pumila E. Sim. Patte de la lre paire. — Fig. S24. Idem. Front et yeux, vus en dessus. — Fig. S2%5. Dolichognatha tigrina E. Sim. Patte-mâchoire du mâle. — Fig. S26. Alimiosa quinquemucronata E. Sim. Front et yeux, vus en dessus. Leurs yeux postérieurs sont assez étroitement et presque également séparés ; dans le genre Azilia, les médians sont un peu plus gros que les latéraux (fig. 821), tandis que dans le genre Afimiosa, ils sont beaucoup plus petits (fig. 826). Leurs yeux antérieurs, situés sur le plan vertical de la face, FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 741 sont égaux ou presque égaux et resserrés, le plus souvent en ligne légèrement récurvée, comme ceux des Meta (A. Rojasi, vagepicta E. Sim., etc.), quelquefois en ligne droite (4. Boudeti E. Sim.), très rarement en ligne légèrement pro- curvée (A. histrio E. Sim.) ; mais, dans tous les cas, très largement séparée de la ligne postérieure. Le groupe figuré par les yeux médians est plus long que large et plus étroit en avant qu’en arrière, excepté dans le genre Afimiosa, où il est, au con- traire, beaucoup plus large en avant qu’en arrière. Les veux latéraux sont, de chaque côté, très largement séparés l’un de l’autre. Tous les autres caractères, notamment ceux tirés des pièces buccales, des pattes et de leurs griffes, sont exactement ceux des Meta vrais; les chélicères sont cependant pourvues d'une tache basale plus nette et ressemblent, par cela, davantage à celle des Argiope. L’abdomen des Aziliu est arrondi en avant, atténué et déclive en arrière ; celui de l’Afimiosa offre, de plus, en dessus, quatre tubercules obtus disposés en trapèze et un tubercule apical semblable. Les mâles me sont inconnus en nature; d'après Cambridge, celui de l’Azilia gquatemalensis Gb. ne diffère de la femelle que par ses pattes plus longues; sa patte-mâchoire, assez courte et robuste, a un fémur légèrement élargi à l'ex- trémité, où il est pourvu d’une très petite dent apicale, une patella et un tibia très courts, un tarse en grande palette ovale, dont la branche accessoire, grêle et droite, n'est pas précédée d’un tubercule comme celle des Meta, et un bulbe volumineux, mais simple, très convexe en dessus et entouré d'un stylus en forme de ceinture (cf. Biol. centr. Amer., Arach., pl. 1, fig. 3). Ces Araignées sont de taille moyenne; leurs téguments, lisses, fauve obscur ou grisâtres, sont ornés de dessins réticulés rappelant ceux du Meta Merianæ, mais ordinairement plus complexes et plus obscurs. Les quelques espèces du genre Azilia, que j'ai observées au Venezuela, vivent dans les parties les plus sombres des forêts, sous la voûte des rochers humides; elles y filent une toile orbiculaire régulière, offrant un large espace vide entre la spirale centrale et les fils visqueux. On connaît six espèces du genre Azilia : une du sud des États-Unis (A. vagepicta E. Sim.), une du Guatemala (A. quatemalensis Cambr.), une du Venezuela (4. Rojasi E. Sim.), une du Para (4. histrio E. Sim.), une du Pérou (A. formosa Keyserl.) et une du sud du Brésil (A. Boudeti E. Sim.) ; le genre Atimiosa ne renferme qu'une seule espèce propre à Ceylan. GENERA Oculi cuncti magni, medii postici lateralibus paulo majores........ Azilia. Oculi medii postici reliquis oculis multo minores punctiformes, Atimiosa. Azilia Keyserl., Verh. 3. b. G. Wien, 1881, p. 270. Cephalothorax oblongus, parte cephalica leviter acclivi, antice truncata, postice sulco profundo semicireulari vel subanguloso discreta. Oculi postici 742 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES inter se parum et fere æque distantes, in lineam valde recurvam, medii majores, laterales leviter prominuli. Oculi antici in lineam leviter recurvam (A. Rojasi, vagepicta E. Sim.), rarius rectam (A. Boudeti E. Sim.) seu leviter procurvam (A. histrio E. Sim.) a linea postica late remotam, subæquales vel medii paulo majores, rarius minores (A. Boudeti) et inter se quam a laterali- bus paulo remotiores. Area mediorum magna, longior quam latior et antice quam postice angustior. Oculi laterales utrinque inter se late distantes. Cly- peus oculis anticis plerumque latior. Chelæ macula basali distinctissima munitæ. Partes oris pedesque Melæ. Typus : À. formosa Keyserl. AR. GEOGR. : America sept., centr. et merid. Atimiosa, nov. gen. Ab Azilia differt oculis mediis posticis minutissimis punctiformibus, reli- quis oculis magnis plus decuplo minoribus et area oculorum mediorum antice quam postice multo latiore, abdomine supra mucronato. Typus : À. quinquemucronata E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : ins. Taprobane. 7. DIPHYEÆ Je terminerai l'étude de cette sous-famille par celle des deux genres Diphya et Dolichognatha, qui me paraissent inséparables des Landana et des Azilia, mais qui diffèrent de tous leurs congénères par l’armature de leurs pattes et la structure de leurs griffes tarsales, qui rappellent un peu celles des Mimetides. Le céphalothorax et les yeux ont la disposition de ceux des Azilia; dans le genre Dolichognatha, les yeux postérieurs sont en ligne très légèrement récurvée, presque droite, avec les médians connés l’un à l'autre, mais assez largement séparés des latéraux, tandis que les yeux antérieurs sont en ligne légèrement procurvée, avec les médians un peu plus gros et plus séparés que les latéraux, de sorte que le trapèze des yeux médians est plus large en avant qu'en arrière (fig. 822); dans le genre Diphya, les yeux postérieurs, presque équidistants, sont en ligne très fortement récurvée, les yeux antérieurs sont presque contigus et en ligne presque droite, avec les médians beaucoup plus petits, presque puncliformes et figurant, avec les médians postérieurs, un trapèze plus étroit en avant qu’en arrière (fig. 824). Le bandeau est étroit. Les chélicères sont moins robustes et plus longues que celles des Azilia, et elles manquent de tache basale, mais l'armature de leurs marges est la même. La pièce labiale beaucoup plus large que longue, et les lames-maxillaires presque carrées, ressemblent plus à celles des Araneus qu'à celles des Meta. Les pattes antérieures, plus longues que les postérieures, ont une armature spéciale, analogue à celle des Mimetides (1) : leurs métatarses ct souvent aussi (1) Ressemblant aussi à celle des Prionolaema, que j'ai décrite plus haut. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 743 leurs tibias offrent, en effet, au côté interne, une série très régulière et serrée de crins spiniformes dirigés en dedans (fig. 823). Leurs tarses, dépourvus de griffes auxiliaires, portent des griffes différant beaucoup de celles des autres représentants de la famille (1) : les supérieures, très fines et très courbées, presque en demi-cercle, sont, en effet, pourvues d’une série de petites dents nombreuses, atteignant presque l'apex dans le genre Diphya, ne dépassant pas le tiers apical dans le genre Dolichognath«. L’abdomen des Diphya, court, large et arrondi en avant, ressemble un peu à celui de l’Araneus (Epeira) triguttatus Fabr.; celui des Dolichognatha, court et presque globuleux, est pourvu, en dessus, de gros tubercules obtus, écartés et disposés par paires, ressemblant à ceux des Er. Dans le genre Dolichognatha, le mâle se distingue de la femelle par ses ché- licères beaucoup plus longues, étroites, parallèles, mais légèrement diver- gentes près de l'extrémité; sa patte-mâchoire, remarquablement petite, res- semble beaucoup à celle des Landana : son fémur est également robuste, et son tarse est pourvu, à la base, en dessus, d’une apophyse verticale, lamelleuse, aiguë et recourbée en avant (fig. 825); les mâles des Diphya ne sont pas connus. Ces Araignées sont de petite taille; les Diphya sont de coloration pâle assez uniforme; les Dolichognatha sont, au contraire, ornés de dessins réticulés rap- pelant ceux des Meta et des Ero. La toile des Dolichognatha n’est pas orbiculaire, mais en forme de nappe horizontale, très légère, sous laquelle se tient l’Araignée, à la manière des Linyphia; le D. Nietneri Cambr., que j'ai observé à Ceylan, suspend, à proxi- mité de sa toile, par deux fils divergents, un fourreau cylindrique et tronqué, de tissu épais et adhérent, dans lequel il dépose ses cocons ovigères. Les mœurs des Diphya n'ont pas été observées. Le genre Dolichognatha renferme trois espèces, voisines les unes des autres : une de Ceylan, une de l'Afrique occidentale et une du Venezuela. Le genre Diphya a une distribution analogue à celle des Sicarius : il a été découvert au Chili, d'où Nicolet en a décrit quatre espèces (2); j'en ai décrit depuis une de Mada- gascar (D. pumila), et j'en ai trouvé une autre au Cap de Bonne-Espérance. GENERA Oculi medii antici lateralibus multo minores. Oculi quatuor postici in nee VOITENRESLUNNENTTARMMENNER DURS SERRE ENTRE Diphya. Oculi medii antici lateralibus paulo majores. Oculi quatuor postici in lineanesbrECtAM | ARR LEUR RENE AA Dolichognatha. Dolichognatha Cambr., Linn. Soc. Journ. Zool., X, 1869, p. 388. Cephalothorax brevis, parte cephalica attenuata et convexa. Oculi postici in lineam subrectam, vix recurvam, medii inter se contigui sed a lateralibus late (1) Ces griffes ont cependant une certaine analogie avec celles des Dyschiriognatha. (2) Une seule de ces espèces m'est connue en nature, le D. macrophihalma Nic., les autres (D. brevipes, crassipes, longipes Nic.) n’en sont probablement que des variélés. 744 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES distantes. Oculi antici in lineam leviter recurvam, medii lateralibus paulo majores et prominuli. Area mediorum antice quam postice latior. Oculi late- rales utrinque singulariter prominuli et disjuncti (spatio interoculari oculo paulo latiore). Clypeus oculis anticis haud vel non multo latior. Chelæ longæ, angustæ et parallelæ, margine superiore sulci dentibus trinis subæquis, infe- riore dentibus binis minoribus instructis. Laminæ subquadratæ. Pars labialis multo latior quam longior. Pedes aculeati, antici posticis longiores, metatarsis intus setis rigidis uniseriatis instructis. Abdomen altum, supra mucronatum. Typus : D. Nielneri Cambr. AR. GEOGR. : ins. Taprobane {[Nielneri Cambr.); Africa occid.; Amer. merid. : Venezuela (figrina E. Sim.). Diphya Nicolet in Gay, Hist. de Chile, Zool., IIT, 1847, p. 407. — Id. E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1888, p. 217. À Dolichognatha differt oculis posticis magnis inter se subæquis et fere æquidistantibus, lineam valde recurvam designantibus, oculis anticis inter se subcontiguis et valde iniquis, mediis lateralibus multo minoribus, pedum anticorum metatarsis et sæpe tibiis intus setis rigidis numerosis et regulariter uniseriatis, munitis, abdomine breviter oblongo haud mucronato. Typus : D. macrophthalma Nic. AR. GEOGR, : Africa max. austr. (capensis E. Sim.) ; ins. Madagascar (pumila E. Sim.) ; Amer. austr. : Chili. Nora. C’est peut-être à la sous-famille des Tetragnathinae qu’appartient le genre Erycina, proposé par Urquart pour une espèce de la Nouvelle-Zélande, qui paraît présenter une certaine analogie avec les Dolichognatha ; mais la description est insuffi- sante pour s’en faire une idée exacte (cf. Tr. N. Zeal. Inst., XXIII, 1891, p. 151). C’est sans doute près des Landana qu’il faudra placer le genre Paraebius Thorell (P. man- dibularis Th., de Sumatra), dont la descriplion a été publiée pendant l'impression de ces pages (cf. B. t. K. Sv. Vet.-Akad. Handl., t. XX, 1v, n° 4, 1894). 3° Sous-famille NEPHILINÆ C'est encore sur la structure des organes génitaux externes qu’est basée la caractéristique de cette sous-famille, qui est reliée à la précédente par le groupe des Phonognatha et à la suivante par celui des Herennia. Dans les espèces les mieux caractérisées, l’orifice génital est, comme celui des Meta, une petite fossette semi-circulaire, renfermant une pièce plane, plus ou moins cachée dans un pli transverse, droit entre les stigmates et limité, au moins en avant, par un épais rebord; mais, dans les espèces qui passent aux Argiope, particulièrement chez Nephila malabarensis Walck. et surtout dans le genre Herennia, la plaque génitale, plus complexe, est creusée d'une fossette. La patte-mâchoire du mâle est plus uniforme; ses articles axillaires, fémur, patella et tibia, dépourvus d’apophyses, sont courts, et les deux derniers sont, presque moniliformes; le tarse, qui ne recouvre que la partie supérieure du bulbe, est un disque convexe, presque circulaire, marqué, seulement au bord FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 745 externe et près la base, d’une faible sinuosité ou d’une petite échancrure limitée par une courte dent (fig. 827 c); le bulbe, qui est presque entièrement à découvert, est un globule simple, arrondi, ovale court ou un peu réniforme; sa surface est homogène, sauf à la base, où elle présente un pli arqué dessi- nant une pièce basale semi-circulaire ou cupuliforme (fig. 827 b); son extré- mité tronquée donne naissance à une pointe flagelliforme plus ou moins longue, droite, arquée ou coudée, au reste assez variable selon les espèces (fig. 827 a). Il parait difficile de décider si la branche accessoire est repré- sentée par la sinuosité du tarse ou par la pièce basale du bulbe; dans le pre- mier cas, elle présenterait une grande analogie avec celle des Cyatholipus ; dans le second, elle ressemblerait davantage à celle des Linyphia. 827 825 Fig. S21. Nephila malabarensis Walck. Patte-mâchoire du mâle : À, pointe flagelliforme; B, pièce basale du bulbe; C, sinuosité du tarse. — Fig. S28. Herennia ornatissima Dolesch., Idem. Par l’ensemble de leur organisation, les Nephilinæ se rapprochent plus des Argiope que des Meta, c’est ainsi que leurs chélicères sont toujours pourvues d'une tache basale; leurs marges, plus courtes, sont armées de dents plus ser- rées, souvent presque contiguës, sauf cependant dans le groupe des Phono- gnatha (au moins chez les mâles), qui, sous ce rapport, ressemblent aux Meta. Leurs griffes tarsales, accompagnées de griffes auxiliaires, sont tout à fait celles des Argiope. Enfin, on voit apparaître, chez ces Araignées, un caractère étranger aux sous-familles précédentes, mais général dans la suivante, je veux parler de la striation transverse des plaques qui, de chaque côté de l’épigastre, précèdent les stigmates et recouvrent les sacs respiratoires; ce caractère, très développé dans les genres Nephila et Herennia, est plus faible- ment indiqué dans les autres groupes, il fait même défaut dans les genres Deliochus et Clitætra. Ils diffèrent cependant des Argiope par leurs pièces buccales plus allongées ; leur pièce labiale plus longue que large, dépassant le milieu des lames et offrant souvent à l'extrémité les traces du rebord qui est si développé dans la sous-famille précédente ; leurs lames plus longues que larges, étroites au niveau de l'insertion du trochanter qui est presque basale, ensuite graduelle- ment élargies, avec le côté interne obliquement tronqué et l’externe largement arrondi; mais ces caractères s’affaiblissent dans le groupe des Herennia, dont les pièces buccales ressemblent à celles des Argiope. 746 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Les Nephilinæ sont essentiellement orbitèles, c’est-à-dire que les toiles qu'ils filent pour arrêter leur proie sont formées de rayons et de cercles con- centriques. Je rapporte les espèces de cette sous-famille à quatre groupes : GROUPES 1. Cephalothorax convexus. Area oculorum latitudinem frontalem fere totam occupans. Laminæ saltem 1/3 longiores quam JAtOrES ES RUPS APCE SGA Re. MICURE CN ARR SRE EE 22 — Cephalothorax depressus. Area oculorum fronte angustior. La- nine SUDqUadra le ere ANUNEL ER PARENTS Herennieæ. 2. Oculi laterales utrinque subcontigui................. Phonognathez. — Oculilaterales utrinque disjuncti, 4 CU : 3. 3. Oculi inter se late remoti, lineas binas subrectas formantes. Pla- cu saomm EesroE nn Nephileæ. — Oculi inter se appropinquati, lineas binas recurvas formantes. Places Dirac lo nnnnNlEeMe EPP Clitætreæ. 1. PHONOGNATHEÆ Les quelques espèces pour lesquelles je propose ce groupe sont des plus ambiguës; à ne considérer que les femelles, elles semblent devoir se classer dans la sous-famille des Argiopinæ vrais; leurs caractères et surtout leur faciès sont ceux des Singa et surtout des Milonia, au point qu'il est souvent difficile de les en distinguer (1). Les caractères sexuels des mâles indiquent cependant des affinités différentes; leurs organes sexuels tiennent à la fois de ceux des Nephila et des Pachygnatha, et leurs chélicères ressemblent surtout à celles de ces derniers; un détail de la patte-mâchoire, l'absence de branche accessoire au tarse, me fait cependant penser qu'elles sont encore plus voi- sines des Nephilu, avec lesquels elles ont, au reste, beaucoup d’analogie dans la forme de leur céphalothorax et la disposition de leurs yeux. Le céphalothorax est-allongé, avec la partie céphalique convexe, non ou à peine atténuée en avant, limitée par des dépressions obliques, effacées en dessus et n’atteignant pas la partie thoracique; celle-ci, à peine plus large que la précédente, est marquée d’une grande fossette peu profonde et mal définie, de forme variable. Les yeux médians dessinent un trapèze aussi large que long et plus large en avant, avec les antérieurs plus gros que les postérieurs ; les yeux latéraux, (1) Cette ressemblance est parfois si complète qu'il est, pour linstant, impossible de classer avec certitude un certain nombre d’espèces dont les femelles ont été seules décrites; de ce nombre, sont : Epeira alveata Walck., Ep. Martensi Bradley, Ep. sin- giformis V. Hasselt, que Thorell comprend dans sou genre Milonia. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 747 largement séparés des médians, sont, de chaque côté, presque égaux et presque contigus; vus en avant, les yeux antérieurs figurent une ligne récurvée et, au milieu, le bandeau est plus étroit que les médians. Les pièces buccales et le sternum, qui est assez étroit et terminé en arrière en pointe subaiguë, sont presque ceux des Nephila. Les chélicères sont très robustes, convexes et presque géniculées; celles des femelles sont verticales, et leur marge inférieure présente tantôt trois dents, dont la médiane plus petite (Phonognatha, Deliochus) (fig. 830), tantôt deux dents presque semblables (Singotypa) ; la marge supérieure, assez longue, porte trois dents plus espa- cées, dont la dernière est plus petite que les deux autres (fig. 830); les chéli- cères des mâles, au moins celles de P. Graeffei Keyserl., seule espèce dont je connaisse les deux sexes, sont plus atténuées, un peu proclives et diver- genies; leurs marges sont longues : l'inférieure porte deux dents égales, très largement séparées l’une de l’autre; la supérieure, trois dents espacées, dont la premiere, située près la base du crochet, est la plus longue; le crochet est très robuste, très long et un peu sinueux (fig. 829). DES = 829 830 89 Fig. 829. Phonognatha Graeffi Keyserl. Chélicère du male, vue en dessous. — Fig. S30. Idem. Chélicère de la femelle, en dessous. — Fig. 831. Idem. Patte-mâchoire du mâle. L'abdomen est cylindrique et oblus en arrière comme celui des Singa; en dessous, les filières sont tantôt situées près de son extrémité, tantôt fortement ramenées en avant et situées vers le milieu du ventre, souvent même plus près du pli génital que de l’apex (Singotypa). Les pattes sont robustes, jamais très longues, mais très inégales, les anté- rieures étant beaucoup plus longues que les postérieures; leurs métatarses, plus longs que les tibias, sont plus grêles et arqués ; ces pattes sont quelque- fois mutiques, au moins les antérieures, mais, le plus souvent, elles sont armées d’épines peu nombreuses et presque sétiformes. La plaque génitale de la femelle est transverse, légèrement rugueuse ou plissée et biponctuée. Les plaques stigmatiques m'ont paru lisses dans le genre Deliochorus, dans les deux autres genres, elles sont marquées, à leur côté interne, d’une série de 5 ou 6 stries transverses, régulièrement espacées et n'occupant guère que le tiers de leur largeur. Contrairement à ce qui a lieu dans le groupe des Nephilu, le mâle du Phono- gnatha Graeffei Keyserl. est presque de même taille que la femelle, dont il se distingue, à première vue, par ses chélicères divergentes; sa patte-mâchoire 748 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES est grêle et longue; son fémur, légèrement arqué, son tibia, beaucoup plus long que la patella, sont étroits et cylindriques; son tarse, dépourvu de saillie, est ovoïde dans sa partie basale, qui recouvre complètement le bulbe, mais atténué en pointe un peu arquée et obtuse, comme celle des Tehragnatha; son bulbe est très simple, plan, discoïde, rebordé-caréné, il émet une pointe antérieure longue et presque droite, dirigée en avant sous le processus tarsal, dont elle atteint presque l’extrémité (fig. 831). Les Araignées de ce groupe sont de taille moyenne ; leur faciès est, comme je l’ai dit, analogue à celui des Singa, et leur coloration est souvent la même : leur abdomen est orné de larges bandes longitudinales obscures sur fond fauve ou blanc, souvent interrompues dans le milieu, d’autres fois croisées par des bandes transverses arquées; dans le genre Singotypa, l'abdomen, de couleur claire, devient noir à l'extrémité. On en connaïit un petit nombre d’espèces toutes propres à la Nouvelle- Hollande et à la Tasmanie; quelques autres espèces malaises, décrites sous les noms génériques d'Epeira et de Milonia, devront peut-être être rapportées à ce groupe quand les caractères des mâles seront connus. GENERA 1. Chelarum margo inferior dentibus trinis, medio minore, instruc- tusMamillEelsubremineles EEE ETES das Se DER 2. — Chelarum margo inferior dentibus binis æquis instructus. Ma- millæ medium ventris occupantes......... A NE Singotypa. 2. Fovea thoracica ovato-transversa utrinque puncto impressa. Pedes aculeis paucis gracilibus instructi. ....... 4... Phonosnatha: — Fovea thoracica ovato-longitudinali, haud punctata. Pedes, saltem ADLCMMULICI PE TEE AA AE OR AA En . Deliochus. Phonognatha, nov. gen. — Epeira Keyserl., Verh. z. b. G. Wien, 1865, p. 811 (ad part. E. Graeffei). — Id. L. Koch, Ar. Austr., 1871, p. 78 (E. Graefjei). — Meta Keyserl. in L. Koch, loc. cit., 1887, p. 205 (ad part.) Cephalothorax longus, parte cephalica vix attenuata, lata et convexa, utrinque impressionibus, postice evanescentibus, discreta, parte thoracica fovea magna transversa, utrinque puncto impresso superficiali notata, impressa. Oculi medii aream haud longiorem quam latiorem et antice quam postice latiorem occupantes, antici posticis majores. Oculi laterales utrinque sub- æquales et subcontigui, a mediis late remoti. Oculi antici in lineam recurvam. Clypeus oculis angustior. Abdomen oblongum, mamillis fere terminalibus. Chelæ robustissimæ, feminæ verticales, margine inferiore sulci dentibus tribus subcontiguis, medio minore, margine superiore longo, dentibus tribus, inter se remotis, ultimo minore, maris longiores, divaricatæ et leviter por- rectæ, margine inferiore sulci dentibus binis æquis, inter se latissime remotis, superiore dentibus tribus, primo, prope radicem unguis sito, majore, in- structis, ungue valido, longo et leviter sinuoso. Pedes robusti et sat longi, FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 749 antici posticis multo longiores, metatarsis, præsertim anticis, tibiis longio- ribus et leviter arcuatis, aculeis paucis gracilibus instructi. Tyrus : P. Graeffei Keyserl. Ar. GEOGR. : N.-Hollandia et Tasmania. Singotypa, nov. gen. — Epeira L. Koch, Ar. Austr., 1871 (ad part. E. Me- lania, melanopygia). — Meta Keyserl. in L. Koch, loc. cit., 1887, p. 207 (ad part.). Cephalothorax oculique Phonognathæ sed fovea thoracica utrinque haud punctata. Sternum angustius. Chelarum feminæ margo inferior dentibus binis æquis tantum armatus. Abdomen longum, cylindratum et obtusissimum, mamillis inferioribus, medium ventris occupantibus. Pedes fere Phonognathæ sed magis inæquales, postici anticis multo breviores. Typus : S. Melania L. Koch. AR. GEOGR. : N.-Hollandia. Deliochus, nov. gen. — Mela Keyserl. in L. Koch, Ar. Austr., Il, 1887, p. 210 (ad part. M. zelivira). À Phonognatha differt cephalothorace paulo breviore, fovea thoracica ovata et longitudinali haud punctata, abdomine brevius ovato, pedibus paulo graci- lioribus et, saltem.anticis, muticis, setis rigidis paucis tantum munitis. Typus : D. zelivira Keyserl. (sp. un.). Ar. GEOGR. : Nova-Hollandia et Tasmania. 2. NEPHILEÆ Le céphalothorax des Nephilu, au moins celui des femelles, est plus long que large ; sa partie céphalique, non atténuée en avant et tronquée carrément au bord frontal, est plus ou moins convexe et limitée, de chaque côté, par de larges dépressions obliques mal définies ; elle présente souvent en arrière, près la fossette thoracique, deux petits tubercules obtus, ce caractère, sur lequel Walckenaer avait établi sa section des Épeiræ elongatæ luberculatæ, est très peu important, car on le voit exister ou manquer dans des espèces très voisines sous tous les autres rapports (1); sa partie thoracique, à peine plus large que la céphalique, est marquée d’une large fossette transverse et souvent d’un rebord mousse, limité intérieurement par une strie; dans quelques grandes espèces, ce rebord est granuleux ou spinuleux. Les yeux, assez petits et presque égaux (2), sont répartis en trois groupes (1) Ces tubercules manquent notamment chez N. clavipes L., tandis qu’ils sont très prononcés chez N. cornuta Pallas, qui en est très voisin. (2) Les médians antérieurs sont parfois plus gros que les postérieurs, notamment chez N. pilipes Lucas, dont le groupe médian paraît, pour cette raison, un peu plus large en avant. 790 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES occupant toute la largeur du front ; les quatre médians sont disposés en carré ou en trapèze à peine plus étroit en avant; les latéraux sont, de chaque côté, élevés sur une saillie an- gulaire et disjoints, mais, tandis que dans les espèces typiques, leur intervalle excède rarement leur diamètre, dans quelques espèces amoindries (N. malaba- rensis Walck., etc.), il est beau- coup plus large et presque égal à celui des médians; L. Koch avait fondé sur ce caractère le genre Nephilengys, qu’il est im- possible de maintenir, car il se relie aux Nephila ordinaires par toutes les gradations (1). Ces yeux sont séparés du bord an- térieur par un bandeau vertical ou un peu rentrant, aussi large ou plus étroit (N. malabaren- sis W., clavata EL. K)'que le groupe des médians. Les chélicères des femelles sont très robustes et convexes ; les marges de leur rainure sont pourvues chacune d’une série de fortes dents obtuses com- mençant très près de la base du crochet, qui est bordée, en dessus et en dessous, par une sorte de lobe arrondi; la marge supérieure offre toujours trois dents rapprochées dont la mé- diane est plus forte que les autres, tandis que linférieure À Ë offre quatre ou plus rarement ë trois dents presque contiguës, 1 égales ou avec la troisième un , peu plus longue (2) ; au-dessus 832—533 de la marge supérieure se voit Nephila maculala Fabr. (variété). — Fig. 832. Mâle. — une série de crins, s'étendant Fig. 833. Idem. Femelle (grandeur naturelle). jusqu'à la base du crochet sur le lobe dont j'ai parlé; sur ce lobe, ces crins sont très serrés et régulière- —- (1) Notamment par la série d'espèces dont le N. crucntata Fabr. est le type. (2) La quatrième dent est quelquefois très petite, presque rudimentaire et accolée à la troisième, par exemple chez N. clavata L. Koch. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 71 ment unisériés, ils sont ensuite plus irréguliers et dessinent une bande étroite légèrement procurvée. La pièce labiale, plus longue que large, dépasse le milieu des lames; elle est largement atténuée dans la seconde moitié et arrondie à l’extrémité, avec le bord apical plus lisse, glabre et épaissi en forme de bourrelet mal défini. Les lames, plus longues que larges, sont assez étroites à la base, mais gra- duellement élargies à l’extrémité, avec le côté interne obliquement et assez longuement tronqué et l'externe arrondi. Le sternum est plus long que large et fortement atténué en arrière où il se termine, au niveau des hanches postérieures, en petite pointe arrondie un peu convexe (N. femoralis Luc.) ou obtusément tronquée et pourvue de deux petits tubercules (N. maculata F.); sa surface est fortement impressionnée et pourvue, de chaque côté, de trois saillies basses correspondant aux hanches ; son bord antérieur offre souvent aussi, au milieu, immédiatement au-dessous de la pièce labiale, une large saillie conique, qui manque cependant dans un grand nombre d'espèces. Dans les gros Nephila africains (N. inaurata Walck., fomoralis Lucas, madagascariensis Vinson), les tubercules sternaux, qui cor- respondent aux hanches de la troisième paire, sont beaucoup plus forts que les autres et arrondis ; chez le N. femoralis Lucas, les hanches des deux paires postérieures offrent aussi chacune un tubercule semblable. L’abdomen est allongé et presque cylindrique, tronqué en avant, légèrement atténué et arrondi en arrière ; son extrémité est presque toujours obliquement tronquée, et, vue de profil, elle dépasse plus ou moins les filières ; sa face dorsale est marquée de six points enfoncés bien nets [les derniers plus petits que les autres), disposés en deux lignes parallèles ; sa face ventrale est plus ou moins indurée dans la région épigastrique et ses plaques stigmatiques sont marquées de nombreuses et profondes stries concentriques souvent inter- rompues et ponctuées, n'atteignant pas tout à fait le bord externe. Les pattes sont longues; leurs principaux articles sont cylindriques, avec les fémurs et tibias légèrement renflés près leur extrémité supérieure, les métatarses plus grêles, au contraire, un peu dilatés à la base, vers leur articu- lation tibiale ; les métatarses, légérement courbes, sont presque toujours beau- - coup plus longs que la patella et le tibia réunis, rarement presque de même longueur (N. malabarensis Walck.). Ges pattes sont armées d’épines courtes et presque égales, très nombreuses et disposées sur plusieurs rangs longitudi- naux. Dans beaucoup d'espèces, les tibias, sauf ceux de la troisième paire, sont garnis de poils fins, longs et serrés, disposés en brosse, s’étendant par- fois à toute la longueur de l’article, mais en s’atténuant vers la base (N. pilipes Lucas, cornuta Pallas, etc.), quelquefois limités à son extrémité où ils forment un anneau très net (N. clavipes L., senegalensis Walck., etc.)}, au moins aux deux premières paires (1). (1) MN hymenaca Gerstk. (= N. transvaalica Pocock et probablement annulala Thorell) est, à ma connaissance, la seule espèce dont les anneaux piligères des deux premières paires, très nettement limités, sont situés à une certaine distance de l’extré- mité de l'article. 792 HISTOIRE NATURELLE DES ABAIGNÉES La patte-mächoire de la femelle est assez courte; son tibia est toujours beaucoup plus long que la patella et cylindrique; son tarse, plus long que la patella et le tibia réunis, est légèrement courbe et ordinairement garni de poils plus longs et plus denses, surtout au côté interne. Le pli épigastrique est précédé, chez les femelles, d’un épais bourrelet con- vexe et coriacé, vertical en arrière où il présente au milieu une fossette trans- verse, généralement arquée, renfermant une petite pièce lisse ou ridée en travers, tantôt semi-circulaire, tantôt obtusément trapézoïde, marquée, de chaque côté, d’un point enfoncé. Ces points enfoncés, qui sont les orifices vulvaires, donnent très souvent naissance (l’un des deux ou souvent les deux) à un petit tubercule de forme irrégulière, qui a été quelquefois décrit comme faisant partie de l’épigyne, mais qui n'est autre que la base de la pointe flagelliforme du bulbe mâle brisée pendant l’accouplement et restée en place; cette particularité est tellement fréquente qu'elle paraît être la règle générale, les femelles qui en sont dépourvues étant probablement celles qui n’ont pas encore été fécondées {1}. Dans quelques espèces, qui s’écartent de la forme typique, telle que N. malabarensis Walck., la plaque génitale est plus déve- loppée, ovale transverse, plus ou moins resserrée au milieu et creusée d’une fossette de même forme, divisée par une carène triangulaire partant de son bord postérieur; dans tous les cas, la face ventrale est légèrement convexe, immédiatement au-dessous du pli épigastrique, en forme de bourrelet mal défini, beaucoup moins élevé que celui du bord supérieur ; la région épigas- trique, comprise entre le pédicule et le bourrelet supérieur, est creusée d’une fossette semi-circulaire, tantôt superficielle, tantôt profonde et oblique, qui sert probablement de point d'appui au très petit mâle pendant l’accouplement. Tout ce qui a été dit précédemment s'applique presque exclusivement aux femelles, car, dans le genre Nephila, les dissemblances sexuelles sont poussées à l'extrême aussi bien pour la taille que pour la forme ; les mâles sont beau- coup plus petits que les femelles ; celui du N. inaurata Walck:, observé à l’île de la Réunion par le D' Vinson, et celui du N. maculata F. (ou espèce voisine), dont le D' van Hasselt a donné récemment les mesures (2), sont au moins 15 fois plus petits que les femelles en longueur, pèsent plus de 1,300 fois moins et sont d’un volume au moins 1,500 fois moindre; ces différences sont encore exagérées chez N. femoralis Lucas, dont le mâle m'a paru au moins 24 fois plus petit en longueur, mais, sous ce rapport, il y a de très grands écarts d’une espèce à l’autre, et il est à noter que les dissemblances sexuelles (1) Cf. à ce sujet Bertkau, Sitz. d. Naturw. Sek., V. 12 février 1894; cet auleur pense que le bulbe se détache entièrement à son articulation tibiale et que la femelle, en se débarrassant du lobe, brise elle-même la pointe flagelliforme, qui est seule engagée dans l’oviducte ; sur 23 individus de N. pilipes Lucas, 11 offraient cette par- ticularité. (2) V. Hasselt, Sur la différence sexuelle de la taille chez les Articulés, elc., in Archives néerlandaises, t. VIII. Cf. aussi à ce sujet O. P. Cambridge, Proceed. Zool. Soc. Lond., 1871, pl. xzix, et Karsch, Zeitschrift f. ges. Naturwschft , t. LII, 1879, pl. xt. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 793 sont presque toujours en rapport avec la taille des femelles, très considérables quand celles-ci sont très grosses, elles deviennent moindres dans les espèces de moyenne grosseur, telle que N. malabarensis Walck., dont le mâle n’est guère plus de 5 fois plus petit que la femelle. Les mâles diffèrent en outre des femelles par leur céphalothorax beaucoup moins convexe et plus atténué en avant, manquant toujours de tubercules céphaliques ; par leurs yeux plus resserrés, les latéraux connés ou rarement séparés de leur diamètre (N. malubarensis W.), les quatre antérieurs dessinant une ligne récurvée, avec les médians plus gros et à peine plus séparés des latéraux qu'ils ne le sont entre eux; par leurs chélicères beaucoup plus étroites ; par leur abdomen recouvert, en dessus, d’une plaque ou scutum induré, lisse et généralement unicolore, enfin par leurs pattes, très fines aux extrémités, avec les fémurs et les tibias armés de longues épines. La patte-mâchoire, dont j'ai donné plus haut la description, diffère d’une espèce à l’autre par la longueur et la forme de la pointe flagelliforme du bulbe; cette pointe est tantôt épaisse et tordue en vis (N. femoralis Luc.), le plus souvent grêle, sétiforme et très longue, tantôt droite (N. maculata F.), tantôt arquée à la pointe (N. cornuta Pall.), tantôt coudée deux fois et saillante ou carénée aux angles (N. malabarensis W.) (fig. 827). Les Nephila (au moins les femelles) sont remarquables par leur grande taille, beaucoup rivalisent sous ce rapport avec les Mygule, leur corps mesu- rant souvent 5 à 6 centimètres de longueur, et les plus petites espèces descen- dant à peine à la taille moyenne. Leur livrée est des plus élégantes : leur céphalothorax, presque toujours noir, est entièrement garni d’une pubescence courte et couchée d'un blanc nacré, tandis que leur long abdomen est orné de bandes longitudinales blanches ou jaunes, finement pubescentes et souvent décomposées en taches sériées ; d’autres espèces sont ponctuées de blanc argenté; d’autres enfin sont ornées de bandes transverses obscures sur fond blanc ou jaune; leur face ventrale, marquée de taches sériées, de lignes transverses ou de grandes macules disposées en carré, et leur sternum, souvent d’un jaune ou d’un rouge brillant, sont, dans certains cas, plus vivement colorés que leur face dorsale (N. cruentata K.). Lis sont très abondants dans toutes les régions tropicales et leurs immenses toiles, tendues entre les arbres, sont souvent si rapprochées les unes des autres qu’elles ont pu faire croire à une sorte de sociabilité. Ces toiles, qui mesurent parfois plus d'un mètre de diamètre, diffèrent de celles des autres Araignées orbitèles par leur forme générale, la disposition de leurs cercles visqueux et la coloration de leurs fils. Le point d’où partent les rayons et où se tient l’Araignée qui, dans les autres toiles, est situé plus ou moins près du centre, est ici placé à son bord supérieur, qui est tronqué et même échancré. Le fil spiral, dit fil de fondation, que les autres Argiopides détruisent au fur et à mesure de la fabrication de leurs fils visqueux, est respecté par les Nephila qui disposent leurs fils visqueux par groupes de cinq à huit, très serrés, au milieu des intervalles des tours de spire du fil de fondation, de sorte que la toile paraît formée de rubans soyeux concentriques. Les fils LS 4 794 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES de cette toile ne sont pas toujours uniformément blancs comme ceux des autres Argiopides ; d’après Wilder, les rayons et le fil spiral de la toile du N. clavipes L. sont blancs, tandis que les fils visqueux des rubans sont d’un beau jaune; dans d'autres toiles que j’ai eu l’occasion d’observer, notamment celle du N. maculata F., si commun aux Philippines, tous les fils de la toile sont uniformément d’un jaune d’or; les N. cornuta Pallas, du Venezuela, et N. hymenæa Gerstk., du Transvaal, filent des toiles tantôt blanches, tantôt jaunes, sans que j’aie pu saisir la cause de cette différence ; enfin, le N. mala- barensis Walck. ne produit que des fils d'un blanc grisâtre. La partie où se tient l’Araignée est occupée par un petit disque formé de fils irrégulièrement entrecroisés et serrés ; la toile est, en outre, surmontée d’un grand réseau irré- gulier plus ou moins étendu; dans celle du N. malabarensis Waïlck., toujours établie le long des vieilles murailles et sous les corniches, cette partie irré- gulière est au moins aussi importante que la trame régulière avec laquelle elle communique par un tube ou couloir, de tissu plus serré et s’évasant aux deux extrémités, en continuité, d’une part, avec les rayons de la toile orbiculaire, d'autre part, avec les fils divergents du grand réseau irrégulier. Sur les toiles de quelques jeunes Nephila (maculata, hymenæa), j'ai observé un séabilimentum ou fil rubané, disposé verticalement et ressemblant à celui des Argiope, mais rien de semblable n’existe sur la toile des adultes. Les cocons sont ovales et formés d’une bourre floconneuse très épaisse, sans enveloppe extérieure; ceux du N. malabarensis W., qui sont d'un gris blanchâtre et plus ou moins recouverts de débris étrangers, sont suspendus par la femelle au milieu du réseau irrégulier dont j'ai parlé; ceux des autres espèces, déposés à proximité de la toile, sont généralement d'un beau jaune. Plusieurs essais ont été faits pour utiliser leur soie industriellement, notam- ment dans la Louisiane [N. clavipes L. (1)], au Yun-Nan (N. clavata L. Koch) et à Madagascar (N. madagascariensis Vinson). É Le genre Nephila est répandu dans la zone tropicale du monde entier, il a aussi quelques représentants dans les régions subtropicales chaudes, particu- lièrement dans l’Afrique australe, en Australie et au Japon. On en connait une soixantaine d’espèces : une quinzaine d'Afrique, de Madagascar et des îles voisines, une du Yemen (N. Schweinfurihi E. Sim.), une de la Chine et du Japon (N. clavata L. K.), une dizaine de la Nouvelle-Hollande, de la Nou- velle-Zélande et de la Polynésie, une du sud des États-Unis et du Mexique, cinq ou six de l'Amérique du Sud. Plusieurs de ces espèces ont des habitats très étendus, c’est ainsi que le N. maculata F. est répandu dans toute l’Asie tropicale, la Malaisie et la région océanienne (2); les N. pilipes Lucas et sene- galensis Walck. habitent toute l’Afrique tropicale du Gabon au Mozambique, (1) C’est de cette espèce dont les auteurs américains parlent à tort sous le nom de Nephila plumipes et que C. Koch a figurée sous ce nom. L’Aranea plumipes de La- treille est certainement une espèce toute différente que l’auteur dit originaire des îles de la mer du Sud. (2) Mais cette espèce ne se trouve pas en Afrique, comme on l’a dit à tort, elle ÿ est remplacée par une forme voisine que j'ai nommée N. Lucasi. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 799 mais les deux espèces les plus remarquables sous ce rapport sont les N. cruen- tata Fabr. et malabarensis Walck. (1), qui sont disséminés dans toutes les régions tropicales, aussi bien dans l’ancien que dans le nouveau monde. Nephila Leach, Zoo!. Miscell., II, 1815. — Epeira auct. (ad part.). — Nephila et Nephilengys L. Koch, Ar. Austr., 1872, p. 143. Cephalothorax longior quam latior, parte cephalica (feminæ) antice haud attenuata et recte truncata, convexa et sæpe tuberculis parvis binis postice munita, parte thoracica depressa, transversim foveolata et marginata. Oculi subæquales. Area mediorum quadrata vel antice quam postice vix angustior. Oculi laterales a mediis plus minus remoti, elevati et plus minus disjuncti. Clypeus verticalis, area oculorum mediorum haud vel non multo angustior. Pars labialis longior quam latior, apice obtusa. Laminæ longiores quam latiores, versus basin attenuatæ, apice obtuse truncatæ. Pedes longissimi, breviter et numerose aculeati, metatarsis cunctis tibiis cum patellis fere semper multo longioribus. — Mas femina multo minor, fronte obtusiore, oculis inter se appropinquatis, lateralibus inter se fere semper contiguis, abdomine supra scutato, pedibus longe aculeatis. Typus : N. maculata Fabr. AR. GEOGR. : Orbis totius reg. tropicæ et rarius subtropicæ. 3. CLITÆTREÆ Le genre Chitætra, pour lequel je propose ce groupe, est de ceux qu'il est difficile de classer sûrement, la connaissance du mâle serait même néces- saire pour avoir une certitude à cet égard ; le C. episinoides semble tenir des Meta, des A zilia et des Nephila, mais il se rapproche davantage de ces derniers par la structure de ses pièces buccales et de son épigastre ; la ressemblance avec les Meta disparait dans une seconde espèce, le C. Perroti E. Sim., qui a le faciès d’un petit Argiope et semble faire le passage des Nephila aux Herennia ; les Clitætra se rapprochent de ces derniers par la dépression de leur céphalo- thorax et la courbure antérieure de leurs lignes oculaires, mais ils en diffèrent sous bien des rapports. Leur céphalothorax, ovale assez allongé, est peu convexe et fortement atténué en avant, avec le front obtus; il est marqué de dépressions cépha- liques, effacées en arrière ou réunies à angle aigu et d’un large sillon thora- cique longitudinal. Les yeux postérieurs, équidistants, figurent une ligne fortement récurvée, les latéraux sont un peu plus gros que les médians et légèrement proémi- _nents ; les yeux antérieurs, égaux et très resserrés, figurent une ligne égale- ment récurvée ; le groupe des médians est presque parallèle et plus long que large ; de chaque côté, les yeux latéraux sont largement séparés l’un de l'autre (1) Parmi les synonymies nombreuses du N. cruentata qui ont été données par les auteurs, il faut retrancher N. borbonica Vinson, qui est une espèce distincte. 756 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES (leur intervalle ayant au moins deux fois leur diamètre) et disposés en ligne convergeant en avant. Le bandeau est vertical et à peine plus large que les yeux médians antérieurs. Les chélicères, moins robustes que celles des Nephila, ont également une tache basale bien visible; leurs marges sont plus longuement obliques, mais leur armature est la même : la supérieure présente, en effet, trois dents dont la médiane est un peu plus forte que les autres, tandis que l’inférieure présente trois dents un peu plus petites et presque égales, mais ces dents sont un peu plus isolées les unes des Fig. 834. autres que celles des Nephilu. Clitaetra episinoides E. Sim. Yeux vus en dessus. Les pattes, longues, assez robustes, sauf les mé- tatarses et tarses qui sont très grêles et longs, sont armées de nombreuses épines beaucoup plus longues que celles des Nephila. L’épigyne de la femelle, seul sexe connu jusqu'ici, est très simple; le pli épigastrique, légèrement arqué en arrière, est marqué au milieu d’une faible saillie arrondie ou obtusément tronquée ; l’'épigastre présente, entre le pédicule et le pli, une faible dépression qui se retrouve à un plus haut degré chez les Nephila. Les plaques stigmatiques du C. episinoides sont lisses, comme celles des Meta, celles du C. Perroti offrent quelques légers plis irréguliers. Ce groupe ne renferme que deux espèces, de taille relativement petite (7 mill.) : l’une, Clütætra episinoides E. Sim., propre à l’ile Mayotte, a le faciès et presque la coloration d’un Episinus, son abdomen, très allongé, est, en effet, un peu échancré en avant, graduellement épaissi et tronqué en arrière; l’autre, C. Perroti E. Sim., découverte depuis à Tamatave, ressemble davantage à un petit Argiope, son abdomen déprimé, ovale court et un peu élargi en arrière, est fauve, avec une bande dorsale noirâtre élargie et diffuse en arrière. Clytætra E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1888, p. 226. Cephalothorax sat longe ovatus, humilis, fronte obtusa. Oculi postici in lineam valde recurvam, inter se æquidistantes, medii lateralibus paulo mi- nores. Oculi antici in lineam fere æqualiter recurvam, inter se æqui et appro- pinquati. Area oculorum mediorum longior quam latior et subparallela. Oculi laterales utrinque inter se late distantes. Partes oris chelæque fere Nephilæ sed marginibus sulci longius obliquis. Pedes longi, sat robusti sed metatarsis tarsisque gracilibus, aculeis longis et numerosis instructi. Typus : C. episinoides E. Sim. AR. GEOGR. : ins. Mayotte et ins. Madagascar (1). (1) L'espèce de Madagascar est inédite, en voici la diagnose : CG. Perroti, Sp. nov. — Q®. Long. 7 mill. — A C. episinoidi E. Sim. differt cephalo- thorace paulo latiore, fusco-testaceo, regione oculorum obscuriore, pilis sericeis bre- vibus vestito, abdomine latius ovato, depressiusculo, antice obtuse truncato, postice sensim ampliato atque obtuso, supra fulvo, vitta media nigricanti sinuosa, antice sat Men FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 757 4. HERENNIEÆ Ce groupe ne renferme que le genre Herennia, proposé par Thorell pour l'Epeira ornatissima Dolesch. et quelques espèces voisines qui font le passage des Nephila aux Argiope; mais qui se rapprochent certainement plus des pre- miers, surtout par la structure de leurs organes sexuels. Le céphalothorax de ces Araignées ressemble cependant plus à celui des Argiope qu'à celui des Nephila, il est également très plat, à peine plus long que large, avec la partie frontale assez brusquement rétrécie, courte et obtu- sément tronquée; ses téguments dorsaux sont durs, granuleux et pubescents, au moins chez les femelles. Les yeux, très différents de ceux des Nephila, ressemblent surtout à ceux des Cyrtophora de la sous-famille suivante, mais le groupe qu'ils forment est beaucoup plus petit et n’occupe pas toute la largeur du front, caractère exceptionnel dans la famille entière. Les quatre yeux postérieurs sont dis- posés en ligne droite, avec les médians un peu plus resserrés que les latéraux, tandis que les an- térieurs sont en ligne fortement récurvée, avec les médians plus gros que les latéraux, mais à peine plus resserrés ; les quatre médians figurent un quadrilatère à peine plus long que large et un peu plus large en avant; de chaque côté, les yeux latéraux, petits, égaux et élevés sur une saillie commune oblique, sont séparés par un espace environ égal à leur diamètre. Le bandeau n’est pas beaucoup plus large que les yeux mé- dians antérieurs. Les chélicères sont normales. Les pièces buc- cales tiennent le milieu entre celles des Nephila et celles des Argiope, plus courtes que celles des Fig. 835. premiers, elles sont plus longues que celles des AS <éconds, surtout law pieceblabiale qui estiau Femelle un peu grossie. à à : moins aussi longue que large, arrondie, nulle- ment acuminée à l'extrémité. Le sternum est plus large que celui des Argiope, plus largement tronqué entre les hanches postérieures disjointes, avec chacun des angles de la tron- cature pourvu d’un petit tubercule. L'abdomen, très plat, est ovale large, tronqué en avant, et obtusément lobé de chaque côté ; son tégument dorsal est épais et marqué, comme celui des Gasteracantha, de points enfoncés coriacés, mais beaucoup plus petits et angusta, postice valde ampliata et confusa, notalo, subtus nigricanti, vitta media latissima albida, extremitates haud attingente, ornato, sterno fusco, in medio confuse dilutiore, pedibus brevioribus, brevius aculeatis, fuscis, versus extremitates sensim dilutioribus, tibiis, metatarsis tarsisque apice nigro-annulatis. — Madagascar : Tama- tave (Perrot). 758 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES moins réguliers, sauf les quatre médians qui dessinent un grand trapèze. Les plaques stigmatiques sont très fortement striées dans leur moitié interne. Les pattes sont assez grêles, médiocrement longues et armées d’épines courtes assez nombreuses ; leurs griffes ont la disposition ordinaire. L’épigyne, beaucoup plus développée que celle des Nephilu, consiste, comme celle des Argiope, en un gros tubercule transverse, fortement rebordé en arrière et marqué de deux fossettes, séparées par une carène tranchante. Le mâle de H. ornatissima est, comme dans le groupe précédent, relative- ment très petit, car il ne mesure guère que 3 mill., tandis que la femelle dépasse souvent 12 mill. Il en diffère beaucoup par la forme et la coloration ; son céphalothorax est lisse et plus atténué en avant; son groupe oculaire occupe toute la largeur du front, qui est plus étroit; ses yeux postérieurs sont en ligne récurvée, avec les médians plus séparés l’un de l’autre que des latéraux ; ses pattes sont plus longues; leurs fémurs et tibias sont armés d’épines beaucoup plus longues, tandis que leurs métatarses, qui sont très fins, restent mutiques. La patte-mâchoire est exactement celle d’un Nephila ; son bulbe, très gros, est obtusément échancré à l'extrémité, avec le lobe supé- rieur largement tronqué et pourvu, en dessous, d’une saillie conique, la pointe flagelliforme, qui émerge de cette troncature, est coudée deux fois presque à angle droit, pourvue, à chacun des coudes, d’une petite dent, et terminée en pointe effilée arquée (fig. 828). Les Herennia, beaucoup plus petits que les Nephila, sont environ de la taille des Argiope (de 8 à 12 mill.); leur céphalothorax, d’un brun-rouge, est ordi- nairement bordé et veiné de jaune; leurs pattes sont jaunes et annelées de brun, tandis que leur abdomen, d’un blanc ou d'un jaune pâle, est marqué en dessus de petits points fauves et en dessous d’une tache médiane noirâtre, souvent bordée de jaune orangé. L’espèce type, que j'ai observée à Ceylan, où elle est très commune, se tient sur les troncs d’arbres à écorce grisâtre et lisse ou sur les murailles, où elle file une toile orbiculaire assez régulière, mais petite, tendue parallèlement au plan de position, sur lequel elle est presque appliquée ct auquel elle adhère : par son centre, qui est un peu déprimé, en forme de coupe, et occupé par un petit disque de tissu serré; c’est au centre de sa toile que se tient constam- ment l’Araignée, qui est très lente, car elle cherche à peine à fuir quand on s'en saisit. Les cocons {3 ou 4), ovales, déprimés et formés de bourre blan- châtre, sont fixés solidement près de la toile. H. ornatissima Dol. (1) est très répandu dans l'Asie méridionale, depuis V’Inde (Ep. mamilluris Sioliska) jusqu'à la Birmanie; il se trouve aussi à Su- matra, à Java, à Bornéo et à Célèbes; trois autres espèces voisines ont été décrites : une de Birmanie (H. mollis Thorell), une de Bornéo (H. sampitana Karsch), une de Nouvelle-Guinée (H. papuana Thorell). (1) Thorell a établi que les Epeira ornalissima et mullipuncta Doleschall n'étaient que deux variétés d’une même espèce, mais il a eu tort de préférer le second nom, attendu que l’autre (E. ornatissima), figurant le premier dans l’ouvrage de Doleschall, doit être considéré comme ayant la priorité. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 759 Herennia Thorell, Si. Rag. Mal., etc., I, 1877, p. 30. — Epeira (Argyopes) Dolesch., 1857 (ad part.). — Epeira Stoliska (ad part. E. mamillaris). Cephalothorax vix longior quam latior, planus, duriusculus. Area oculorum latitudinem frontalem haud occupans. Oculi quatuor postici in lineam sub- rectam, quatuor antici in lineam valde recurvam, medii a lateralibus quam inter se haud vel non multo remotiores. Area mediorum vix longior quam latior et antice quam postice non multo latior. Oculi laterales utrinque æqui, elevati et spatio oculo haud latiore inter se distantes. Sternum latum, postice truncatum et coxæ posticæ inter se distantes. Pedes mediocres [1, I, Iv, tt), metatarsis gracilibus tibiis longioribus, breviter aculeati. Abdomen supra coriaceum et impressum, planiusculum, antice truncatum, utrinque sinuoso- lobatum. — Mas femina multo minor, cephalothorace lævi, fronte angusta, area oculorum latitudinem frontalem occupante, oculis quatuor posticis in lineam recurvam, mediis inter se quam à lateralibus remotioribus, pedum femoribus tibiisque longe aculeatis, metatarsis muticis. Typus : {. ornatissima Dolesch. AR. GEOGR. : Asia tropica ; Malaisia et Papuasia. 4e Sous-famille ARGIOPINÆ Presque toutes les Araignées de cette sous-famille formaient autrefois le très grand genre Epeira, auquel Walckenaer rapportait, en outre, toutes les espèces de la sous-famille précédente et une grande partie de celle des Tetragnathinæ ; celles de ces espèces dont l’abdomen est cuirassé d’un scutum dorsal, en avaient cependant été séparées depuis fort longtemps et Latreille en avait formé un genre sous le nom de Gasteracantha, changé par Walcke- naer en celui de Plectana et par Perty en celui d’Acrosoma. Le premier essai de subdivision du genre Epeiru, réduit à ses espèces molles, est dû à G. Koch, qui proposa, en 1834, les genres Zygia et Zilla, et, en 1836 et 1837, les genres Meta, Miranda et Atea, mal définis et vaguement caractérisés, mais qui ont cependant été adoptés, pour la plupart, par les auteurs modernes, qui en ont successivement augmenté le nombre. Le céphalothorax de ces Araignées est presque toujours ovale cordiforme, avec la partie céphalique limitée par des dépressions obliques, peu atténuée en avant et tronquée au bord frontal; la partie thoracique, plus ou moins dilatée, largement tronquée et obtusément échancrée au bord postérieur, ordi- nairement marquée d’une large impression transverse, superficielle, lisse et glabre, surtout quand elle est recouverte par le bord antérieur de l'abdomen, tantôt, mais beaucoup plus rarement, d’un sillon longitudinal, quand elle reste à découvert ; ce céphalothorax est généralement bas, et ses parties cépha- lique et thoracique sont planes et presque de niveau, mais, dans certains cas, la céphalique est beaucoup plus élevée et abaissée plus ou moins verticale- ment en arrière. 760 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Les yeux, toujours au nombre de huit, sont homogènes et semblables, égaux ou peu inégaux, sauf de rares exceptions, et nettement répartis en trois groupes : les quatre médians, formant un carré ou un trapèze, et, de chaque côté, les deux latéraux, placés aux angles frontaux, connés l’un à l’autre ou au moins très rapprochés. Les yeux du premier rang sont séparés du bord antérieur par un bandeau vertical non impressionné et presque toujours beaucoup plus étroit que le groupe oculaire; ce dernier caractère, sur lequel repose, pour la plupart des auteurs, la distinction des deux familles des The- ridiides et des Epeirides, souffre un certain nombre d’exceptions, et ilnya pas lieu d’y attacher une grande importance. 836 837 Argiope Lordi Cambr. — Fig. 836. Pièces buccales. — Fig. 8317. Plaque épigastrique recouvrant les organes respiratoires. Les chélicères sont robustes, verticales et parallèles, jamais divergentes, pourvues d’une forte tache basale:; leurs marges, obliques et assez courtes, sont pourvues chacune d’une série de dents presque contiguës et commençant très près de la base du crochet, aux angles de son échancrure ; la supérieure est formée de trois, de quatre ou rarement de cinq dents, l’inférieure de trois ou de deux, très rarement d’une seule dent. La pièce labiale, plus large que longue, est arrondie ou atténuée triangulai- rement à l’extrémité où elle est fortement épaissie, sans présenter de rebord bien défini. Les lames, épaisses et convexes, sont droites, même un peu diver- gentes au bord interne, dans leur partie apicale dépassant la pièce labiale, largement et obtusément tronquées à l'extrémité, avec une serrula marginale ne dépassant pas, en dehors, l’angle externe, qui est arrondi; ces lames dif- fèrent de celles des Linyphiinæ en ce que leur plus grande largeur se trouve à l'extrémité et non à la base; elles diffèrent de celles des Tetragnathinæ et des Nephilinæ en ce qu'elles ne sont jamais plus longues que larges, bien souvent, au contraire, un peu plus larges que longues (fig. 836); elles sont pubes- centes, avec une large zone marginale glabre et très lisse. Le sternum est cordiforme ou triangulaire, largement tronqué en avant, terminé en arrière en petite pointe subaiguë ou tronquée au niveau des hanches postérieures, qui sont contiguës (sauf dans le groupe des Xyletrus) ; de chaque côté, il présente des échancrures et sa surface, inégale, offre presque toujours trois faibles saillies correspondant aux hanches. N° æ (p. 489 à 760), paru le 10 octobre 1894. « = FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 761: L'abdomen est tantôt mou, tantôt recouvert d’un scutum marqué d’im- pressions appelées plaques ocelliformes ou sigilla (Cambr.); sa forme est, au reste, très variable; dans la plupart des cas, les filières sont normales et, vues en dessous, elles occupent le bord postérieur, mais, en dessus, elles sont presque toujours cachées par la convexité dorsale ; dans les espèces dont les téguments sont indurés, elles sont ramenées au milieu de la face ventrale, saillantes et entourées d’un rebord annuliforme très dur, entier ou lobé, elles sont alors dites {ubulées. Les plaques qui précèdent les stigmates sont marquées de plis transverses profonds, n'occupant que leur côté interne : les uns simples, les autres bifurqués ; d’autres, situés au sommet, sinueux-vermiculés, dessinant à l’exté- rieur les feuillets de l’organe interne (fig. 837); ce caractère, très développé dans les grosses*espèces, s’atténue dans d’autres où les plis sont souvent remplacés par quelques points enfoncés. Les pattes sont généralement robustes, sauf aux extrémités ; leur longueur relative varie selon les groupes ; elles sont, sauf de rares exceptions, armées d’épines disposées sur plusieurs rangs; dans quelques groupes, faisant le passage des Argiope aux Mimetus, tels que les Ursa, Gnolus, Tecmessa, etc., les tibias et métatarses antérieurs présentent, au côté interne, une seule ligne de crins spiniformes; dans d’autres (Pollys), ces mêmes articles, fortement arqués, sont armés, au côté interne et en dessus, de très nombreuses épines irrégulières ; leurs tarses, presque toujours dépourvus d'article unguifère, sont armés de trois griffes et d'une ou de deux paires de griffes auxiliaires, qui ne manquent que dans les groupes les plus amoindris, tels que les Theridiosoma et les Amazula ; dans les types les mieux caractérisés, les griffes supérieures, toujours très puissantes, se présentent sous deux aspects : elles sont tantôt régulièrement courbées et pourvues d’une série de dents atteignant générale- ment leur tiers apical, tantôt elles sont fibuliformes, c'est-à-dire fortement coudées vers le tiers basilaire où elles sont pourvues d’un petit nombre de dents très inégales, mais droites et mutiques dans toute leur position termi- nale; les griffes de cette nature sont quelquefois inégales, caractère bien marqué dans le groupe des Pollys et exagéré dans celui de Celænia. Dans les groupes les plus amoindris, les griffes sont plus fines, tantôt longues et pourvues d’une série de dents plus nombreuses, tantôt fortement arquées et paucidentées ; il y a même quelques rares exemples de griffes mutiques. La griffe inférieure, fortement coudée, offre, près sa base, dans sa concavité, deux dents géminées, rarement une seule. La patte-mâchoire de la femelle offre presque toujours une griffe pectinée ressemblant à celles des pattes. Celle du mâle est caractéristique ; sa patella et son tib'a sont courts; la première est souvent un peu conique en dessus et surmontée de deux très longs crins dressés {fig. 838 P) ; le second est annu- liforme ou presque cubique (1), et très souvent pourvu, au côté externe, d’une (1) Il y a quelques exceptions à cet égard, notamment pour certains Araneus, rap- portés autrefois au genre Zilla (Z. atrica GC. Koch, etc.), dont le tibia, très allongé, rappelle celui des Phonognatha, et dans les groupes des Arcys, des Gnolus et des Amazula. L8 b FINS CET REC SES 702 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES dilatation longitudinale tronquée, avec l’angle antérieur plus ou moins saillant (fig. 838 T); le tarse, qui ne recouvre que le côté interne du bulbe, est en forme de palette ovale ou discoïde, peu convexe en dessus, creusée en dessous Larinia lineala Lucas. Portion de la patte-mâchoire du mâle, de profil : P, patella ; T, tibia; AP, apophyse basilaire ou branche externe du tarse. d’un grand alvéole occupant presque toute sa sur- face (fig. 839 AL); sa base offre, près l'insertion tibiale, une pointe ou apophyse recourbée en avant, terminée en massue ou au moins très obtuse, qui est la branche accessoire (fig. 838 et 839 AP); dans le groupe des Cærostris et dans celui des Poltys, cette apophyse manque exceptionnellement et le tarse rappelle celui des Nephilu. Le bulbe est presque toujours plus complexe que dans les groupes précédents ; son lobe est garni de plaques, de forme variable, très souvent armées de pointes qui, dans les descriptions spécifiques, por- tent le nom d'upophyses medianes ; le style débouche au delà de ces plaques, mais il n’est jamais (ou très rarement) terminal; au delà de son point d’émer- gence, se remarque encore une apophyse, généralement bifide ou digitée, droite ou recourbée en crochet, qui est l'apophyse terminale des déceptions ; à Fig. 839. Araneus marmoratus Clerck. Tarse et bulbe de la ticulièrement dans les Argiope, Cyr- patte-mâchoire du mâle au moment de la tur- gescence : AP, apophyse basilaire du tarse; AL, alvéole; Æ, hæmatodocha; A, apophyse l’état de repos, ces diverses parties rapprochées paraissent plus ou moins confondues, mais elles deviennent très nettes au moment de la turges- cence de l'hæmatodocha, comme le représente la figure 839, emprunté à l’'Araneus marmoratus C1.; AM re- présente les apophyses médianes, AT l’apophyse terminale en forme de grand crochet aigu, ST l’extré- mité du style. L'épigyne, également plus com- plexe, est presque toujours pourvu des parties que j'ai décrites sous les noms de scape et de crochet (17° partie, p. 40, fig. 63). La dissemblance sexuelle est très prononcée pour la taille et pour la forme dans les premiers genres, par- tophora, Cærostris, Gasteracanihu, Micraihena, Xylethrus, etc., qui, sous médiane du bulbe; ST, style; AT, apophyse Ce rapport, ressemblent aux Nephila ; terminale du bulbe. elle est beaucoup plus faible dans les Araneus, Cyclosa, Mangora, etc., et elle devient presque nulle dans les groupes inférieurs. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 763 Le mâle se distingue très souvent de la femelle par des caractères secon- daires, portant sur le céphalothorax, l’abdomen et les pattes de la 2° paire, qui ont souvent une armature spéciale. Les Argiopinæ étaient désignés par les anciens auteurs sous le nom d'Arai- gnees orbiteles, tiré de la forme de leur toile qui est régulière et à peu près constante dans sa forme pour chaque espèce. A part de rares exceptions, cette toile se compose de rayons partant d'un centre, coupés de cercles con- centriques, formés au milieu d’un fil spirale de même nature que les rayons, c’est-à-dire sec et cylindrique, et, plus en dehors, de fils interrompus à chaque maille et agglutinatifs, c’est-à-dire parsemés de petits globules qui restent visqueux. Cette toile est suspendue entre deux ou trois fils très forts, prenant souvent attache à grande distance et appelés fs suspenseurs ; elle offre aussi très souvent un ou deux fils conducteurs faisant communiquer son centre avec la retraite de l’Araignée. Presque toutes les espèces, qui se tiennent ordinairement à côté de leur toile, construisent une retraite qui, dans les cas les plus simples, n’est formée que de feuilles rapprochées et maintenues par des fils, mais qui est quelque- fois une véritable coque de tissu, tantôt léger et blanc, tantôt papyracé et recouvert de débris étrangers, tantôt bombée en forme de dôme à concavité inférieure, tantôt allongée en forme de tube, tantôt enfin, mais beaucoup plus rarement, en forme de coupe à concavité supérieure. D'autres Argiopinæ {Argiope, Cyclosa) se tiennent constamment au centre de leur toile, qui est dépourvue de fils conducteurs, mais renforcée de faisceaux de fils, disposés en zigzag de diverses manières, que je désignerai sous le nom de s{abilimenta. Je répartirai les genres nombreux de cette sous-famille en 28 groupes : Argiopeæ, Cyrtophoreæ, Arachnureæ, Cycloseæ, Mangoreæ, Bertranezæ, Araneæ, Caærostreæ, Gasteracantheæ, Micratheneæ, Xylethreæ, Glyptogoneæ, Anepsieæ, Hypognatheæ, Physioleæ, Cyrtarachneæ, Glyptocranieæ, Exechocentreæ, Poltyeæ, Celænieæ, Arcyeæ, Dolophoneæ, Testudinarieæ, Urseæ, Gnoleæ, Theridiosomateæ, Chorizopeæ, Anapeæ. L. ARGIOPEÆ Les Argiope, qui ont donné leur nom à la grande famille connue autrefois sous celui d’Epeirides, doivent, à mon sens, être placés en'tête de cette sous- famille, car ils offrent de grands rapports avec les Herennia que j'ai rattachés avec doute à la précédente. Leur céphalothorax, très plat, est rarement beaucoup plus long que large (4. protensa L. Koch); sa partie thoracique, largement arrondie de chaque côté, est marquée d’une fossette transverse; la céphalique, assez brusque- ment rétrécie au niveau des hanches antérieures, relativement assez étroite et courte, est limitée par de larges sillons obliques, effacés en arrière. Leurs yeux postérieurs sont disposés en ligne si fortement procurvée que les latéraux, beaucoup plus avancés que les médians, se trouvent presque au niveau des médians antérieurs (fig. 841 et 844); les yeux antérieurs, vus en 764 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES avant, sont en ligne droite ou très légèrement procurvée; chez les vrais Argiope, les médians sont beaucoup plus rapprochés l’un de l'autre que des latéraux, tandis que chez les Geu, qui ne sont que des Argiope amoindris, ils sont équidistants (1); dans tous les cas, les yeux latéraux sont, de chaque côté, élevés sur un tubercule an- À gulaire, presque connés et très | inégaux , l’antérieur étant au ! | J } moins deux fois plus petit que le | J postérieur et placé très en dedans (fig. 812). Le groupe des médians est plus long que large, parallèle ou un peu plus étroit en avant. Le bandeau, plus large que les yeux antérieurs chez les Argiope, est environ de même largeur chez les Geu. Les chélicères, les pièces buc- cales et le sternum sont ceux des Argiopinæ les plus normaux; ce- lui-ci est très fortement impres- sionné et pourvu de faibles tuber- / cules marginaux, correspondant \ / aux hanches. | | Les pattes sont longues et assez robustes ; leurs métatarses grêles sont, à part quelques exceptions, aussi longs que les patellas et tibias réunis ; elles sont armées de nombreuses et courtes épines ; dans l’A. lobata Pallas et les espèces de son groupe, les fémurs postérieurs offrent, en dessous, une bande de spinules irrégulières qui s'étend parfois à la face interne des trochanters et des hanches. Les griffes des Argiope femelles sont très robustes, mais assez courtes, for- tement courbées en demi-cercle et pourvues, dans leur moitié basilaire seule- ment, de 5 à 6 dents, dont les deux premières, presque égales entre elles, sont beaucoup plus longues que les autres. Les griffes des mâles d’Argiope et celles des Gea (dans les deux sexes) sont beaucoup moins robustes, moins courbées et pourvues d’une série de dents, assez fines et courtes, dépassant leur milieu. Fig. 840. Argiope argentata Fabr. Femelle un peu grossie. L'épigyne est en fossette arrondie ou transverse, divisée par une cloison longitudinale très élevée, mince, mais dilatée en dessus en forme de carène, plane ou canaliculée, arquée, abaissée en avant et en arrière, parallèle ou plus souvent dilatée à son extrémité postérieure qui est obtuse ou tronquée. (1) Thorell décrit deux espèces anormales, G. guttata et niclicolor Th. qui pa- raissent faire le passage des Gea aux Araneus, leur seconde ligne oculaire étant presque droite. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 765 Dans quelques espèces anormales (A. protensa L. Koch), l’épigyne plus simple est en saillie parallèle et tronquée, dirigée en arrière. La patte-mâchoire du mâle est normale; son fémur est court et grêle; sa patella petite et convexe ; son tibia très court et dilaté transversalement ; son tarse, très gros, lacinié et entourant le côté interne du bulbe, est pourvu à la base externe d’une petite pointe obtuse recourbée; son bulbe est très volumi- neux et déjeté en dehors ; vu en dessus, il présente une grande plaque clypéi- forme lisse ou striée concentriquement, que dépassent deux apophyses dirigées en dehors et inégales ; la supérieure, plus grosse, est obtuse, souvent courbe, tordue et carénée, tandis que l'inférieure, assez large à la base, où elle est ordinairement pourvue de petites dents unisériées, se termine en pointe fine souvent sinueuse (fig. 843). Les mâles différent beaucoup des femelles ; ils sont au moins cinq fois plus petits ; leur céphalothorax est plus large dans sa région thoracique qui, au lieu d'une impression transverse, offre un sillon longitudinal souvent peu distinct ; leurs yeux sont plus resserrés et les quatre antérieurs sont presque équidistants, comme ceux des Gea ; les épines de leurs pattes sont beaucoup plus longues ; enfin, leur abdomen, d'une coloration plus simple, est ovale étroit, toujours dépourvu de lobes, mais quelquefois un peu acuminé en arrière au delà des filières. 81—S8 4 842 843 Fig. S4l. Argiope Reinwardti Doleschall. Front et yeux en dessus. — Fig. 842. Id, Front de profil. — Fig. 843. Argiope aurantia Lucas. Patte-mâchoire du mâle. — Fig. 844. Gea praecincta L. Koch. Front et yeux en dessus. Dans le genre Gea, les sexes sont, au contraire, presque de même taille; les males diffèrent, en outre, des femelles {au moins celui de Gea heptagon Hentz) par leurs quatre tibias antérieurs pourvus, au côté interne, d'épines très fortes, très longues et très nombreuses, peu régulièrement plurisériées, et par leurs tibias de la 1" paire plus épais que ceux de la 2° paire et un peu courbés. Les Argiope, au moins les femelles, sont, à part quelques exceptions (4. pu- mila Thorell, etc.), des Araignées de grande taille {de 10 à 20 mill.), remar- quables par la richesse et l'élégance de leur livrée ; leurs téguments, au moins 766 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES ceux du céphalothorax, sont revêtus de poils courts, serrés et couchés, d’un blanc argenté très brillant. Presque toutes les espèces connues ont en commun d’avoir le sternum noir, marqué d’une très large bande longitudinale blanche, jaune ou orangée, projetant des ramifications correspondant aux hanches. Toutes les espèces sont étroitement unies; la forme de leur abdomen et, jusqu’à un certain point, sa coloration, permettent seuls de les grouper en séries dont les limites sont souvent incertaines. Dans une série d'espèces, surtout répandues en Afrique, mais qui a aussi un représentant dans la région méditerranéenne (A. lobata Pallas), quelques- uns dans l’Inde (4. arcuata E. Sim.) et en Australie (A. carinata L. Koch), l'abdomen est large, déprimé, pourvu, de chaque côté, de deux ou trois lobes obtus et, en arrière, d'un petit tubercule médian plus aigu ; il est, en dessus, d’un jaune pâle revêtu de pubescence ‘argentée et sesmenté de larges bandes transverses, obscures ; en dessous, il est marbré de taches fauves dont les six plus grosses figurent deux séries; ces Argiope se distinguent, en outre, par la bande spinuleuse de leurs fémurs postérieurs ; les A. Lordi Cambr., À. sector Forsk. [Clark BI. (1)], Coquereli Vinson, etc., sont de ce type. L'abdomen de l'A. argentata Fabr., espèce très répandue dans toute l’Amé- rique du Sud et les Antilles, est un peu plus long, assez étroit et tronqué en avant, avec les angles plus ou moins saillants, dilaté et obtusément lobé en arrière, et, de plus, pourvu d'un petit tubercule dorsal; il est en dessus, dans la première moitié, d’une belle teinte d'argent; dans la seconde, d’un brun rouge, avec des linéoles ou des taches sériées argentées; en dessous, il est obscur, avec une large barre transverse blanche (fig. 840). L’A. flavipalpis Lucas, de l'Afrique tropicale, se distingue des précédents par ses lobes abdominaux plus longs et subaigus, son abdomen fauve, réticulé de brunâtre et largement bordé de noir en avant. Une autre série d’espèces, très répandues dans l’Asie tropicale, la Malaisie et l'Australie, est caractérisée par un abdomen presque pentagonal, tronqué en avant, avec les angles un peu saillants, dilaté et obtusément tronqué en arrière et souvent un peu acuminé au milieu ; cet abdomen est orné de lignes, de séries de taches ou de larges bandes transverses dorées ou argentées sur fond brun ou noir; il est plus rarement fauve, avec des dessins vermiculés (A. crenulata Dolesch.); en dessous, il présente deux bandes sinueuses, dentées en dehors et, plus au milieu, deux séries de points; beaucoup de ces espèces (1) Forskal décrit son Aranea sector, du Djebel Milhan (Yemen), c'est-à-dire de la localité précise où le Dr Schweinfurth a retrouvé l’4. Clarki BI. (cf. Ann. Soc. ent. Fr.. 1890, p. 101); la figure qu’il en donne, dans ses Jcones, est reconnaissable, bien qu’elle représente un jeune individu, à peine au tiers de sa taille (cf. Icones rerum naturalium quas in ilinere orientali depingi curavit Petrus Forskal, Hauniæ mpcczxxvi, tab. xxv, c). — Dans le même atlas, nous avons pu voir que l’espèce figurée pl. xxiv, fig. G, sous le nom d’Aranea insidialrix, est un Filistala et non un Ariadna, comme on l’a cru jusqu'ici; le type du genre Filistata (p. 258) devra, en conséquence, reprendre le nom de Filéstata insidiatrix Forskal, dont Filistata testacea Latr. est synonyme. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 767 ont les tibias et souvent l'extrémité des fémurs garnis de poils plus longs formant brosse; cette série renferme plus de 30 espèces, dont les plus connues sont les 4. crenulula Dolesch. (chrysorrhoea L. Koch, opulenta Th.), ætherea Walck. (regalis L. Koch), versicolor, Reinwardti Dolesch., amoena L. Koch, etc. Dans la série suivante, qui se fond avec la précédente par les À. æmula Walck. (sériata Dol.), picta L. Koch, catenulata Dol. (Ep. stellata Stol.) avara Thorell, etc., l’abdomen est régulièrement ovalaire, non lobé, mais obtusé- ment tronqué en avant et souvent un peu acuminé en arrière; il est fauve, avec des lignes transverses jaunes, argentées et noires, tantôt assez fines et régulières (4. érifasciata Forsk., Bruennichi Scopl.), tantôt ramifiées et anasto- mosées (A. aurantia Lucas); sa coloration ventrale est analogue à celle des espèces précédentes. Viennent enfin quelques espèces d'Australie et de Nouvelle-Zélande, telles que A. protensa et syrmatica L. Koch, dont l’abdomen, de teinte fauve clair, est très allongé et prolongé, au delà des filières, en tubercule caudiforme aigu ; il est à remarquer que les très jeunes Argiope de la première série (A. lobata), qui diffèrent beaucoup des adultes, ont un abdomen analogue à celui de l'A. protensa L. Koch. Les Gea sont beaucoup plus petits que les Argiope ; leur abdomen, plus long que large, dilaté et arrondi en arrière, est quelquefois arrondi en avant (G. præcincta L. K.), mais plus souvent tronqué, avec deux petits tubercules huméraux (G. subarmata Th., heptagon Hentz, africana E. Sim.) ; il est tantôt fauve, avec des linéoles transverses brunes et une grande tache postérieure noire, trapézoïde, tantôt noir avec des taches blanches sériées (G. deco- rata Th.). La toile des Argiope est normale quant à la disposition des cercles et des rayons, mais elle est toujours accompagnée, en avant et en arrière, d'un réseau irrégulier sur lequel se tiennent les mâles; elle est dépourvue de fil conducteur, l’Araignée en occupe constamment le centre, aussi est-elle ren- forcée de sfubilimenta consistant en bandes ou rubans soyeux disposés en zigzag dans l'intervalle de deux rayons, interrompus à chaque angle et s’éten- dant de la spirale centrale aux premiers fils à globules. Dans la plupart des cas (A. Bruennichi Scopl., trifasciatu Forsk., catenulata Dol., lobata Pall., etc.), le ruban occupe un secteur de la partie supérieure et un de la partie inférieure coupant la toile d’une ligne brisée verticale, inter- rompue au centre ; d’autres fois, il y a un double ruban coupant obliquement la toile en sens inverse et figurant une sorte d’X, tel est le cas de la toile des A. argentuta Fabr. et ætherea Walk. [1). + Les jeunes Argiope, dont le poids est moins considérable relativement à l'étendue de la toile, se contentent d’en recouvrir le centre d’un tissu serré (1) La position que l’A. argentata Fabr. prend sur sa loile montre bien que le but des stabilimenta est de donner plus de force à l'endroit occupé par l’Araignée ; celle-ci réunit en effet ses pattes, deux par deux, en quatre faisceaux divergents, prenant chacun attache sur l’une des quatre extrémités des rubans soyeux. + FA h. 768 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES formé d’une bande étroitement roulée en spirale et figurant une tache blanche au milieu des rayons. La toile du Gea decorata Thorell, d'après le dessin qui en a été publié par Workman (Mal. Spid., III, 1892), est dépourvue de séabilimenta, et ses cercles sont très serrés et nombreux. Les cocons, que la femelle dépose dans une toile irrégulière, qu’elle file pour cet usage, sont les plus complexes qui aient été observés dans la sous- famille des Argiopinæ ; ils sont, en effet, formés de deux enveloppes, séparées par une couche de bourre, dont l’extérieure a la consistance du carton. Le cocon de l'A. Bruennichi Scopl., d’un fauve olivâtre veiné de brun, ressemble à un ballon rétréci et ouvert par le haut, avec les bords de l’orifice déchiquetés; dans son milieu est suspendu, au-dessous de l'orifice, un second cocon cylin- drique contenant les œufs, et le vide laissé entre les deux enveloppes est garni de bourre jaunâtre ; le cocon interne est lui-même rempli, au-dessus des œufs, de bourre semblable, serrée, formant presque opercule; la disposition intérieure est presque la même dans les cocons des autres espèces, mais la forme et la couleur varient beaucoup ; le cocon de l'A. argentata Fabr., d’un jaune verdâtre, est très comprimé et ses bords projettent des pointes irrégu- lières sur lesquelles prennent attache les fils du réseau irrégulier ; ceux des A. lobata Pall. et Lordi Gb. sont très épais et blancs, coniques en dessous et plans en dessus; leur face plane, légèrement rebordée et dentée, se détache comme un couvercle, tandis que leur partie conique renferme la masse d’œufs suspendue dans un cocon intérieur de tissu semi-transparent, gris verdâtre et enveloppé d’une mince couche de bourre brunâtre. Les Argiope sont répandus dans toutes les régions tropicales et subtropi- cales, un très petit nombre s'étendent à la zone tempérée, un seul (4. Bruen- nichi Scopl.) atteint en Europe la zone parisienne et un seul (A. érifasciata Forsk.), en Amérique, celle du Canada. On en connaît une cinquantaine d'espèces, surtout abondantes dans l’Asie tropicale, la Malaisie et l'Océanie qui en fournissent 35 ; 3 se trouvent dans la région méditerranéenne sans lui être spéciales ; 3 au Japon; 2 dans le Yemen; une dizaine dans l’Afrique tropicale et australe et à Madagascar; 4 ou 5 seu- lement en Amérique (1). Beaucoup sont largement distribués : l'A. argentata Fabr. est répandu du sud des États-Unis à la République Argentine; notre A. Bruennichi Scopl. s’étend d’un côté aux îles de l’Atlantique, de l’autre à l’Asie centrale et au Japon ; l'A. lobata Pallas, dans une grande partie de l’Afrique (2), dans l’Asie (1) Quelques espèces ont été rapportées par erreur au genre Argiope, par exemple À. epeiroides Cambr. qui est un Larinia, A. trivittata Cambr. qui est un Cyrto- phora, etc., etc. (2) Il est remplacé dans la région du Cap et au Transvaal par une espèce très voisine, A. clathrata C. Koch (Ep. australis Walck., Arg. laeta Thorell), qui n’en est sans doute qu’une variété, car elle n’en diffère que par la carène de son épigyne, qui est tronquée en arrière au lieu d’être obtuse. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 769 centrale et dans l’Inde; l’A. avara Thorell, en Californie et aux iles Hawaï; mais le plus disséminé est l'A. trifasciata Forsk., qui s’étend à une grande partie de l’Afrique, aux iles Canaries (Ep. Webbi Lucas), à Sainte-Hélène (Cambr.), à Madagascar (Ep. Latreillei et mauricia Walck.), à la Malaisie et à la Polynésie (A. plana L. Koch), et qui se trouve, en outre, en Amérique, depuis les États-Unis (Ep. fasciala Hentz) jusqu'au Chili (Ep. flavipes Nic.). Le genre Gea, représenté dans toutes les régions chaudes, se compose d'une douzaine d’espèces : 1 (inédite) se trouve à Ceylan, 6 dans l’Indo-Chine et la Malaisie, 1 dans la Nouvelle-Guinée (G. bituberculata Th.), 2 dans l'Australie et la Polynésie, 2 dans l'Afrique tropicale occidentale (G. africana E. Sim.) et 1 dans le sud des Etats-Unis et aux Antilles (G. heptagon Hentz.). GENERA Oculi medii antici (®) a lateralibus quam inter se multo remotiores. Argiope. Weulrquatuor anticiinter se fere æquidistantes "4... Gea. Argiope Aud., in Sav., Eg., Ar. (2° éd.), XXII, 1825-1827, p. 328. — Epeira Walck. (ad part.). — Nephila C. Koch, Ar., V, 1839 {ad part.). — Argiope auct. — Pronous v. Hasselt, 1882 (1) (non Keyserling). Cephalothorax latus, planus, fronte sat angusta, parte thoracica late trans- versim impressa (©). Oculi postici in lineam valde procurvam. Oculi antici in lineam subrectam, medii a lateralibus quam inter se multo remotiores. Oculi quatuor medii aream multo longiorem quam latiorem, parallelam vel sæpius antice quam postice paulo angustiorem, occupantes. Oculi laterales utrinque prominuli et contigui, anticus postico multo minor. Clypeus oculis anticis latior. Pedes longi breviter aculeati. Abdomen ovatum et antice truncatum, vel postice ampliatum et obtuse truncatum, vel latum et utrinque lobatum, rarius angustum et postice productum. Typus : 4. lobata Pallas. AR. GEOGR. : Orbis utriusque reg. trop. et subtrop. rarius temper. Gea C. Koch, Ar., X, 1843, p. 101. — Epeira Hentz, Bost. Journ. Nat. Hist., VI, 1850 {ad part. Ep. heptagon). — Ebuea L. Koch, Ar. Austr., 1872, p. 130. — Geu Thorell, St. Rag. Mal., IV, 1890, p. 101. — Jd., Mac Cook, Amer. Spid., III, 1894, p. 208. Ab Argiope differt cephalothorace longiore, parte cephalica angustiore, oculis anticis inter se fere æquidistantibus, clypeo oculis anticis haud vel vix latiore. — Abdomen longius quam latius, antice obtusum vel truncatum, postice sensim ampliatum et obtusum. Tyeus : G. spinipes C. Koch. AR. GEOGR. : Africa trop. occid. (africana E. Sim.) ; Asia trop. (spinipes (1) Pronous chelifer v. Hasselt est le mâle de l’Argiope catenulata Dolesch. 9 770 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES OC. Koch); Malaisia; Papuasia ; Nova-Hollandia et Polynesia; Amer. sept. calid. et Antillæ (heptagon Hentz). 2. CYRTOPHOREÆ Les Cyrtophora diffèrent surtout des Argiope, dont ils ont le céphalothorax et les griffes (1), par leur seconde ligne oculaire récurvée, très rarement droite, jamais procurvée, et par leurs yeux latéraux égaux et disjoints, séparés au moins de leur diamètre (à part quelques exceptions), caractère qui les distingue aussi des Araneus. Leurs yeux antérieurs sont en ligne récurvée, très rarement droite ; leurs yeux médians postérieurs, beaucoup plus resserrés que les latéraux, sont cependant distinctement séparés l’un de l’autre et ils figurent, avec les anté- rieurs, un groupe plus large en avant qu’en arrière. Leurs pattes sont généralement robustes : leurs métatarses ne sont jamais beaucoup plus longs que les tibias ; leurs épines, nombreuses et assez courtes, ont la disposition ordinaire; leurs fémurs présentent toujours, en dessous, deux séries de longs crins qui, dans les grosses espèces, sont remplacés par des épines. L'épigyne est dépourvu de crochet ou n’en présente qu’un très court; il est généralement en fossette transverse, à rebord élevé et sinueux, et renfer- mant, en arrière, une pièce verticale, cordiforme ou bilobée. La patte-mâchoire du mâle est robuste; son tibia et sa patella sont courts et presque égaux; son bulbe, volumineux et déjeté en dehors, est toujours pourvu, près la base, d’une apophyse grêle, plus ou moins longue et dirigée 849 846 Fig. 845. Cyrtophora citricola Forsk. Patte-mâchoire du mâle. — Fig. 846. C. moluccensis Dol. Idem. en bas (fig. 845 et 846); dans le groupe du C. citricolu Forsk., la branche externe du tarse est fine et peu courbée, et le bulbe est ovale, un peu réni- forme (fig. 845), tandis que, dans le groupe du C. moluccensis Dol., la branche tarsale se termine par une petite dilatation sécuriforme et le bord inférieur du (1) La différence très grande des griffes d’un sexe à l’autre est la même que dans le genre Argiope. Pour les femelles, les dents sont plus nombreuses dans les petites espèces (C. cicatrosa Slol.) que dans les grosses. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 771 bulbe est suivi d’une très épaisse carène indurée, courbée en lunule, plus ou moins prolongée et dilatée à son angle antérieur (fig. 846). Le genre Cyrtophora, auquel il faut réunir les genres Evetria Thorell (1) et Hentziu Mac Cook (2), n’est pas très homogène, mais ses formes extrêmes sont reliées par des intermédiaires nombreux et gradués, au point qu'il me parait difficile de les répartir en groupes secondaires bien définis. Le C. citricola Forsk. (Ep. opuntiæ auct.) est le type d'une première série caractérisée par les yeux postérieurs figurant une ligne très fortement récurvée, presque semi-circulaire, avec les médians beaucoup plus rapprochés l’un de l’autre que des latéraux ; les yeux antérieurs en ligne presque égale- ment récurvée, avec les médians plus gros ; les yeux latéraux, presque égaux (l’antérieur à peine plus petit) et séparés environ de leur diamètre ; les yeux médians, situés sur un plan très oblique et figurant un trapèze non ou à peine plus long que large, et beaucoup plus large en avant qu’en arrière; le bandeau oblique en arrière et à peine plus large que les yeux antérieurs; les fémurs pourvus, en dessous, de deux séries de très longs crins; enfin, l’ab- domen ovale pourvu, de chaque côté, de deux ou trois tubercules obtus et terminé, au delà des filières, en tubercule court et bilobé ; les téguments de ces Araignées sont pubescents et leur coloration est très variable. Un certain nombre d’espèces malaises et australiennes, telles que C. (Epeira) exanthematica, unicolor Dolesch., parnasia L. Koch, eczematica Thorell, etc., diffèrent des précédentes par leurs yeux postérieurs en ligne beaucoup moins récurvée, les médians étant toujours beaucoup plus rapprochés l’un de l’autre que des latéraux; leurs yeux antérieurs en ligne presque droite, tantôt égaux et petits (C. parnasia L. Koch), tantôt avec les médians plus gros (C. unicolor Dolesch.); leurs yeux médians sur un plan moins oblique, formant un groupe plus long que large et plus large en avant qu’en arrière; leurs yeux latéraux petits, égaux, séparés par un espace plus large que leur diamètre et avec les antérieurs proéminents; enfin, par leur bandeau au moins deux fois plus large que les yeux antérieurs ; leur abdomen est épais, tronqué en avant, avec les angles huméraux légèrement accusés, graduellement atténué en arrière avec l'extrémité saillante simple ou bifide ; ces espèces sont remarquables par leur grande taille, leurs formes courtes et trapues, leurs téguments garnis de petits tubercules piligères et généralement unicolores, variant du brun-rouge au fauve orangé; c'est à cette série qu'il faut rapporter, comme espèce amoindrie, le C. (Epeira) Beccari Thorell, (? = Ep. Bradleyi Keyserl.), de (1) Thorell avait autrefois (On Eur. Spid.) rapproché, sous le nom de Cyrtophora, le C. citricola Forsk. et l’Ar. conica Pallas, dont Menge avait fait antérieurement le Lype du genre Cyclosa, dont je parlerai plus loin. (2) Type Hentsia basilica Mac Cook, dont Argiope trévitlata Cambr. me parait synonyme, Keyserling et Mac Cook ont, par contre, rapporté au genre Cyrtophora une Araisnée qui en diffère totalement, leur C. tuberculata (Keyserl., Sp. Amer. Ep., 1893, p. 265, pl. xiv, fig. 197, et Mac Cook, Amer. Spid., III, 189%, p. 236, pl. xvur, iig. 1), qui est un Dolichognalha, très voisin, sinon synonyme, du D. tigrina E. Sim., du Venezuela (voy. p. 743). 772 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Malaisie, qui manque cependant de l’un des principaux caractères du genre, ses yeux latéraux étant, de chaque côté, presque connés, mais qui, sous tous les autres rapports, est inséparable des espèces précédentes ; son abdomen, de teinte blanchâtre, est régulièrement ovale. Le C. larinioides E. Sim., de la côte occidentale d'Afrique, diffère surtout des précédents par ses yeux antérieurs presque équidistants et en ligne plus fortement récurvée; ses yeux médians, sur un plan horizontal, en trapèze plus large en avant, avec les antérieurs plus gros que les postérieurs, son bandeau à peine plus large que les yeux médians antérieurs et fortement oblique en arrière ; son céphalothorax et son abdomen beaucoup plus allongés, celui-ci étant presque cylindrique et presque également proéminent et obtus en avant et en arrière ; enfin, par ses pattes moins robustes et plus longues, avec les fémurs pourvus, en dessous, de deux séries de vraies épines. Les deux séries précédentes sont remplacées, dans l'Amérique du Sud et les Antilles, par quelques espèces également de grande taille, qui n’en diffèrent guère que par leurs yeux antérieurs en ligne plus récurvée; l’intervalle de leurs yeux latéraux beaucoup plus large que le diamètre de l'œil; leurs yeux médians disposés sur un plan presque horizontal et formant un groupe plus long que large, parallèle (C. sexnotata E. Sim.) ou plus large en avant, avec les antérieurs plus gros que les postérieurs ; leur bandeau à peine plus large que les yeux médians antérieurs, et leurs pattes courtes et robustes, avec les fémurs mutiques en dessous. Leur abdomen, cylindrique-allongé, proéminent en avant où il est arrondi ou légèrement excavé, est tantôt d’un brun carminé avec de petits points blancs bisériés (C. sexnotata E. Sim.), tantôt jaune avec une grosse tache noire antérieure en forme de selle (C. sellata E. Sim.). Dans une autre série d’espèces propres à l’Asie tropicale, à la Malaisie, à l'Australie et à la Polynésie, dont les C. moluccensis Dol., cylindroides Walck., cicatrosa Stol. sont les plus connues, les yeux postérieurs sont en ligne droite ou presque droite, avec les médians généralement beaucoup plus resserrés que les latéraux; les yeux antérieurs en ligne droite ou légèrement récurvée ; les yeux médians, situés sur un plan presque horizontal, figurent un groupe plus long que large, parallèle ou à peine plus large en avant, avec les antérieurs généralement un peu plus gros que les postérieurs; de chaque côté, l’inter- valle des latéraux est un peu plus étroit que le diamètre de l’œil, et le bandeau est deux fois plus large que les yeux antérieurs ; leurs pattes, longues et très robustes, ont les fémurs pourvus, en dessous, d’épines sériées nombreuses ; leur abdomen, allongé et subcylindrique, est un peu saillant et très souvent pourvu, en avant, de deux petits tubercules dressés ; leur céphalothorax et leurs pattes sont généralement de teinte foncée, mais revêtus de pubescence couchée, blanche à reflets satinés, tandis que leur abdomen, d’un brun-rouge plus ou moins obscur, est orné, en dessus, soit de taches noires, soit de lignes vermiculées blanches garnies de poils argentés. Les caractères de ce groupe s’affaiblissent un peu chez C. cicatrosa Stol., espèce plus petite très répandue dans l’Asie tropicale et la Malaisie, qui diffère des précédentes par ses yeux latéraux moins séparés des médians ; ses yeux antérieurs presque équidistants et en ligne plus récurvée, de sorte que le ta FAMILLE DES ARGIOPIDÆ ITS bandeau est, au milieu, à peine plus large que les médians; enfin, par son abdomen pourvu, en avant, de quatre tubercules dressés, disposés en carré. Un certain nombre d’espèces américaines de petite taille, telles que C. (Epeira) porracea CG. Koch, basilica Mac Cook, C. grammica E. Sim., diffèrent très peu du C. cicatrosa par leur céphalothorax et leurs yeux, mais leurs pattes sont plus fines aux extrémités; leur abdomen, cylindrique et mutique, est orné de lignes blanches sinueuses, sur fond fauve ou brun réticulé. Le C. (Epeira) acalyphoides E. Sim. est l’espèce la plus réduite du genre; elle manque, en effet, de son principal caractère, ses yeux latéraux étant, de chaque côté, connés l’un à l’autre; son céphalothorax est long et étroit ; ses yeux postérieurs en ligne assez fortement récurvée, avec les médians plus resserrés, leur intervalle étant beaucoup plus étroit que leur diamètre, tandis que ses yeux antérieurs, très inégaux, peu séparés et équidistants, sont en ligne fortement recurvée ; son abdomen est ovale et mutique; cette Araignée, de petite taille, rappelle beaucoup, par son faciès et sa coloration, notre Mangora (Epeira) acalypha d'Europe. Les mâles de toutes ces Araignées diffèrent beaucoup des femelles par la taille et la forme ; dans le groupe des C. moluccensis et cylindroides, ils atteignent à peine 4 mill., tandis que les femelles dépassent souvent 20 et même 30 mill. de longueur, et dans le groupe du C. citricola Forsk. la disproportion est presque aussi grande ; ces petits mâles ont les yeux beaucoup plus resserrés ; le groupe des médians, toujours beaucoup plus large en avant qu'en arrière, avec les antérieurs plus gros que les postérieurs et proéminents; leurs yeux latéraux sont, de chaque côté, presque connés, et leur bandeau est haut et concave, comme celui des Theridion; leur coloration est plus simple, souvent même uniforme et plus obscure; leurs pattes, fines aux extrémités, sont mutiques ou ne présentent que quelques petites épines isolées. Dans les groupes des C. porracea C. Koch et surtout C. acalyphoides, les différences sexuelles sont beaucoup moindres pour la taille. Si les Cyriophora ne se distinguent des Araneus et des Argiope par aucun caractère bien important et surtout bien constant, ils s’en éloignent beaucoup par la disposition et la forme de leurs toiles qui rappellent celles des Linyphia. Cette toile se compose d’une ou de plusieurs trames horizontales de tissu finement et régulièrement quadrillé, maintenues en position par un vaste réseau irrégulier s'étendant en dessus et en dessous ; elle n’est pas circulaire comme celle des autres Argiopides, mais elle résulte cependant de la transfor- mation d'une toile primitivement orbiculaire, comme l’a démontré Mac Cook, à propos du C. basilica. Le C. citricola Forsk. ne construit qu’une seule trame horizontale formée de fils rapprochés, rayonnant du centre, croisés de fils transverses et dessi- nant une multitude de petits carrés, on y reconnaît les linéaments d’une toile orbiculaire ; elle est légèrement concave et présente, de loin en loin, de petits enfoncements en entonnoirs provenant de la traction des fils d’attache; la toile du C. wnicolor Dolesch. est du même type, d'après Workman. Le C. cylindroides Walck. (viridipes Dol.), très commun dans les jardins 774 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES de Manille, construit deux trames ou deux planchers de tissu quadrillé super- posés, l'inférieur plan, le supérieur, sous lequel se tient l’Araignée, bombé en , forme de dôme; d’après Mac Cook, la toile du C. basilica Mac Cook, du Colo- rado, a la même disposition, mais sa trame supérieure bombée en dôme est seule quadrillée (Amer. Spid., I, p. 164, fig. 154). Le C. acalyphoides E. Sim., qui se trouve en abondance à Aden, sur les buissons de Salvadora, construit trois ou quatre trames semblables formant des étages successifs au milieu d'un grand réseau irrégulier; il se tient tou- jours sous la trame supérieure. La toile du C. Beccarii Thorell, figurée récemment par T. Workman (Mal. Spid., I, 1892, pl. 5 a), diffère de celles de ses congénères en ce que sa trame horizontale est plus nettement orbiculaire et prolongée en dessus, au milieu, par une sorte de tube vertical effilé-par le haut et maintenu par le réseau irrégulier supérieur ; ce tube n’est pas indépendant comme celui des Nemoscolus, mais il paraît formé par le prolongement des rayons de la toile formant ainsi une sorte de nasse. Ces diverses espèces diffèrent un peu les unes des autres par la manière dont elles disposent leurs cocons ovigères. Le C. citricola F., qui fabrique un grand nombre de cocons, en forme une sorte de chapelet qu’il suspend verticalement au milieu du réseau supérieur et au-dessus de la trame horizontale; celle-ci offre alors, au centre, une sorte d’élévation conique ouverte à l’extrémité ; c'est au-dessus de cette ouverture qu’aboutit le cocon inférieur sur lequel se tient l’Araignée, qui peut ainsi, tout en même temps, surveiller sa toile et sa progéniture. Les cocons du C. cylindroides W. sont également disposés en chapelet, sus- pendus verticalement au-dessus de la trame supérieure, mais ils n'atteignent pas cette trame dont la forme n’est pas modifiée par leur présence ; il en est de même pour le C. basilica Mac Cook {loc. cit., fig. 159). Les cocons du C. acalyphoides, petits, verdâtres et un peu étoilés, sont nom- breux, car il n’est pas rare d'en voir 7 ou 8 sur une même toile, mais ils ne renferment chacun qu'un petit nombre d'œufs ; ils sont attachés aux fils du réseau supérieur, mais dispersés, non disposés en chapelet comme ceux des autres espèces, et la toile horizontale ne subit, au moment de la ponte, aucune modification. Les très gros cocons du C. dorsuosa Blackw. (ou espèce analogue), que j'ai reçus de l’Afrique centrale, ressemblent beaucoup à ceux d'un Argiope, mais. ils sont, comme toujours, réunis par 7 ou 8 par une bourre commune ; ils sont formés chacun de deux moitiés très inégales, l’une bombée en large cône surbaissé, l’autre plane ; la première est garnie de bourre dans sa concavité et présente, en dessus, un diaphragme concave de tissu blanc offrant, dans le milieu, une fossette ovale destinée à recevoir les œufs; la seconde moitié, recouvrant la première comme un couvercle rebordé, est assez épaisse et formée de plusieurs enveloppes dont la plus interne est creusée dans le milieu, de manière à recouvrir la masse des œufs déposée dans la fossette de Ja coupe inférieure. Ces cocons, d’un tissu blanc très serré, sont recouverts d’une bourre FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 77 légère d’un vert sombre, tandis que la bourre plus épaisse qui retient la masse des cocons est d’un fauve rougeâtre. Le genre Cyrtophora, tel que je l’ai limité, renferme une trentaine d’espèces : le C. citricola Forsk., qui en est le type, est répandu dans toutes les régions chaudes de l’ancien monde, il a été observé dans la région méditerranéenne, dans l'Afrique tropicale, occidentale et orientale, dans l'Afrique australe, à Madagascar et dans les îles voisines, dans le Yemen, dans l’Inde, à Ceylan, à Singapore et en Australie (1); une seconde espèce du même groupe (C. dor- suosa BI.) habite l'Afrique centrale ; plus de 15 espèces sont répandues dans l’Asie méridionale, la Malaisie, l'Australie et la Polynésie, quelques-unes sont très communes et leur synonymie est des plus embrouillées (2). Une espèce est propre au sud de l'Arabie (C. acalyphoides E. Sim.), une au sud des États- Unis et à l’Amérique centrale (GC. basilica), 5 ou 6 aux Antilles et à l’Amé- rique du Sud. €Cyrtophora E. Sim., Hist. nat. Ar., 1864, p. 261 (Epeira sect. Cyrtophora).— Epeira auct. (ad part.). — Cyrtophora Thorell, Eur. Spid., 1869-70 (ad part.). — Epeira (ad part.) et Cyrtophora L. Koch, Ar. Austr., 1872, — Euetria Thorell, St. Rag. Mal., etc., IV, 1890, p. 109. — Argiope Cambr., Biol. centr. Am., Ar., 1889 (A. frivittata). — Hentzia Mac Cook, Amer. Spid., III, 1894, p. 344 (typus H. basilica) (non Cyrtophora Mac Cook). Oculi postici mediocres, inter se subæquales, in lineam plus minus recur- vam, medii a lateralibus quam inter se fere semper multo remotiores, sed spatium interoculare oculo saltem haud angustius. Oculi antici in lineam plus minus recurvam. Area oculorum mediorum longior quam latior, parallela vel sæpius antice quam postice latior. Oculi laterales inter se æqui et fere semper distinctissime separati. Clypeus oculis anticis plerumque latior. Sternum, partes oris pedesque fere Aranei. Tyrus : C. citricola Forskal. AR. GEOGR. : Orbis utriusque reg. tropicæ et subtropicæ. 3. ARACHNUREÆ Le genre Arachnura Vinson (Hapalochrota Keyserl.) est assez isolé, il se rapproche cependant des Cyrltophora par ses yeux latéraux disjoints et ses (1) A la synonymie du C. citricola, il faut rapporter : Ep. emarginata Lucas, ango- lensis Br. Cap., chinchoxensis Karsch, Cyrt. sculptilis L. Koch, etc. — Mais l'espèce n'existe pas en Amérique, celle qui a été décrite par C. Koch sous le nom d’Ep. opuntiae (Ar., XI, 1845, p. 102, fig. 909) est un Araneus, que Taczanowski a proposé d'appeler Epeira Kochi. (2) A la synonymie du C. moluccensis Dol., il faut rapporter : Ep. margaritacea Dol., maritima Keyserl., hieroglyphica L. Koch, cupidinea Thorell, — A celle du C. cylin- droides Walck. : Ep. viridipes Dol., nephilina L. Koch, etc. — A celle du C. cicatrosa Stoliska : Ep. salebrosa Thorell, Meta adspersata Karsch, etc. — A celle du C. unicolor Dol. : Ep. stigmatisata Karsch, serrala Thorell, etc. 776 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES yeux postérieurs en ligne fortement récurvée, mais il s’en éloigne par ses im- pressions thoraciques et surtout par ses griffes qui rappellent davantage celles des Cyclosa, étant plus longues, légèrement arquées, non coudées et pour- vues d’une série de dents beaucoup plus nombreuses (8 à l’externe, 10 à 12 à linterne) s’avançant presque jusqu'à l’apex et diminuant graduellement de longueur de l'extrémité à la base; il diffère surtout des Cyclosa par ses impressions cépha- liques convergentes en arrière, mais non confluentes et par ses yeux latéraux lar- gement disjoints. Le céphalothorax de ces Araignées est très plat; ses impressions céphaliques, profondes et entières, se joignent en ar- rière à une impression transverse, droite ou sinueuse; sa partie thoracique, légère- ment convexe, est en outre marquée d’un profond sillon longitudinal. Les yeux sont très petits et presque égaux ; le groupe médian, situé sur un plan horizontal, est étroit (chacune des paires oculaires étant très resserrée), beaucoup plus long que large et presque parallèle, les antérieurs proéminent au milieu du bord frontal; de chaque côté, les yeux 847 S48 latéraux sont largement séparés l’un de Fig. S41. Arachnura melanura E. Sim. l’autre, leur intervalle étant beaucoup plus Femelle grossie. — Fig. 848. A. Hig- large que leur diamètre ; vus en dessus, ginsi IL Hoei. Brmnene du tubercule les yeux postérieurs forment une ligne abdominal, très grossie. ’ A re assez fortement récurvée; les antérieurs, vus en avant, une ligne droite ou légèrement procurvée; le bandeau est très oblique en arrière et au moins deux fois plus large que les médians antérieurs. 4 7 \ \ es “AUUUE St es Les pattes sont courtes et robustes, dépourvues de vraies épines, mais garnies de crins rigides qui en tiennent lieu ; leurs fémurs antérieurs sont très épais et convexes; les pattes des 17°, 2€ et 4° paires sont peu inégales, mais leur longueur relative varie un peu selon les espèces. L’abdomen, très allongé, est profondément échancré et bifide en avant: en arrière, il est prolongé, au delà des filières, en un tubercule caudiforme très long, cylindrique. irrégulièrement plissé en travers et ordinairement terminé par un léger renflement pourvu de quelques petits appendices charnus, diver- gents et inégaux (fig. 848). D'après le D' Vinson (Aran. Réun., p. 291), ce tubercule serait mobile, susceptible d'abaissement et d’élévation, et pourrait se recourber également vers le dos et vers le ventre, mais rien de semblable n'existe pour les Arachnura, que j’ai eu l'occasion d'observer et parmi lesquels figure cependant une espèce de Ceylan, que je crois être identique à l’A. scor- pionides Vinson, de l’ile de la Réunion, FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 777 L’épigyne est simple, dépourvu de crochet, en fossette transverse limitée, en arrière, par un rebord plus ou moins élevé. Les dissemblances sexuelles sont encore plus grandes que dans le genre Cyrtophora ; le mâle d’un Arachnura (probablement de l'A. scorpionides Vins.), que j'ai trouvé à Ceylan, n'a guère plus d’un millimètre de longueur, tandis que la femelle en mesure 15; son céphalothorax est chagriné, légèrement convexe dans le milieu, dépourvu d’impressions céphaliques, mais marqué d’un sillon thoracique longitudinal, limité en avant par un sillon transverse sinueux ; ses yeux sont plus gros et plus resserrés, et les médians anté- rieurs forment une large avance carrée occupant toute la largeur du front ; son sternum se termine, en arrière, en pointe obtuse, séparant assez large- ment les hanches; ses pattes sont très courtes et mutiques, leurs tarses sont presque aussi longs que les métatarses ; son abdomen, plan en dessus, est tronqué et échancré en avant, prolongé en arrière en tubercule caudal beaucoup plus court et plus épais que celui de la femelle, fortement plissé en travers et pourvu à l'extrémité de cinq petits mamelons rapprochés ressemblant à des filières : deux inférieurs connés, deux supérieurs un peu plus séparés et un médian un peu plus gros et trilobé en forme de trèfle; sa patte-mâchoire, très courte, ressemble surtout à celle des Argiope; son bulbe est également très volumineux, discoïde, déjeté en dehors et prolongé par plusieurs apophyses dissemblables (1). Les Arachnura se rapprochent plus des Cyclosa que des Cyrtophora par leurs mœurs, car leur toile, que j'ai observée à Manille, est orbiculaire et nor- male (2). Ce genre est peu nombreux; son espèce type À. scorpionides Vinson (Hap.caudata Keyserl.), a été découverte aux îles Mascareignes, retrouvée depuis sur la côte orientale d’Afrique et, par moi-même, à Ceylan ; l'A. melanura E. Sim. (A. digitata Thorell) est répandu en Malaisie ; sept autres espèces sont décrites de Nouvelle-Hollande et de Nouvelle-Zélande (4. [Epeira] Higginsi et Feredayi L. Koch, caudata Bradl., longicauda, nigrita, obtusa et trilobata Urquart), et j'en possède une inédite des Philippines. Arachnura Vinson, Aran. Reun., etc., 1863, p. 287. — Hapalochrota Keyserl., Sitz. Isis z. Dresden, 1863, p. 82 (20). — Epeira L. Koch, Ar. Austr., 1872, p. 120 (ad part. Ep. Higginsi, Feredayi). Cephalothorax sat longus, planus, parte cephalica utrinque striis obliquis integris et postice stria transversa discreta, parte thoracica leviter convexa, sulco longitudinali secta. Oculi parvi, postici in lineam recurvam, antici in (1) Je suis persuadé que le petit mâle décrit par Thorell sous le nom de Poltys pygmaeus (Aracnidi di Nias e di Sumatra, p. 29) est celui d’un Arachnura ; les carac- tères sexuels des Poltys sont tout à fait différents (voy. plus loin). (2) Le Dr Vinson dit cependant à propos de l'A. scorpionides « Araignée filant une toile horizontale et se tenant au-dessous, suspendue le dos tourné en bas », mais il ajoute que celte toile avait été filée dans un bocal dans lequel l’Araignée était con— servée depuis longtemps ; or, il est connu qu’en captivité les Argiopides modifient la forme de leur toile. 778 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES lineam levissime procurvam. Area mediorum plana, antice prominens, an- gusta, multo longior quam latior et subparallela. Oculi laterales utrinque inter se late disjuncti. Pedes breves et robusti, aculeis carentes sed setis rigidis muniti, femoribus anticis crassis et intus convexis, metatarsis tibiis brevio- ribus vel saltem haud longioribus. Abdomen antice bifidum, postice in tuber- culum caudiforme longissimum, plicatum, sæpe ad apicem paululum incras- satum et mucronatum, productum. Typus : À. scorpionides Vinson. AR. GEOGR. : Africa trop., orient, contin. et insul.; India; Malaisia ; N.-Hollandia et N.-Zealandia. 4. CYCLOSEÆ Je réunis dans ce groupe toutes les espèces dont la partie céphalique, assez étroite, est limitée, en arrière, au moins chez les femelles, par un profond sillon entier et semi-circulaire, la partie thoracique convexe, quelquefois gib- beuse, marquée d'une fossette arrondie, arquée, cordiforme ou plus rarement longitudinale, toujours bien séparée du sillon céphalique (fig. 849). Les Cyclosa rappellent à certains égards les Cyrtophora auxquels Thorell les avait réunis; leurs deux lignes oculaires sont fortement récurvées comme celles du C. citricola Forsk.; leurs yeux médians figurent un trapèze beaucoup plus large en avant qu’en arrière, les postérieurs, généralement plus petits, étant contigus l’un à l’autre ou au moins très rapprochés ; mais leurs yeux latéraux sont, de chaque côté, connés l’un à l’autre, médiocrement séparés des médians et élevés sur une forte saillie commune. Les pattes, courtes et robustes, sont quelquefois entièrement mutiques, souvent les postérieures sont seules dans ce cas; les antérieures offrent ordi- nairement une épine fémorale interne, plusieurs épines tibiales, une ou deux épines métatarsales basilaires ; dans quelques espèces (C. octotuberculaia Karsch, spinipes E. Sim.), les épines sont plus nombreuses et disposées comme celles des Araneus typiques ; les tarses postérieurs sont garnis, en dessous, de crins disposés en séries longitudinales, ceux de la série médiane étant généralement plus forts que les autres et quelquefois presque spiniformes. L’abdomen, de forme très variable, est toujours prolongé en arrière, au delà des filières, qui sont plus ou moins ramenées en dessous. Le mâle n’est jamais beaucoup plus petit que la femelle ; son céphalothorax, plus déprimé, est plus large dans la région thoracique, qui est marquée d’une impression longitudinale ordinairement croisée d’une impression transverse, et beaucoup plus acuminé en avant dans la région céphalique, qui est dépour- vue du sillon semi-circulaire si caractéristique chez la femelle ; son abdomen est plus petit et surtout moins prolongé en arrière; ses tibias de la 2° paire, un peu plus épais que ceux de la 1°, sont armés au côté interne d'épines plus fortes que les autres et disposées sur deux rangs, tandis que ses métatarses sont mutiques ou presque mutiques, sauf cependant chez C. conica Pallas et quelques espèces voisines (C. sierræ, algerica E. Sim.) où ceux de la 2e paire FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 779 offrent, dans leur partie basilaire, des épines sériées analogues à celles des tibias; chez ces mêmes espèces, les hanches de la 4° paire sont armées de deux robustes épines ; sa patte-mâchoire est normale, son bulbe ressemble à celui des Argiope. Les espèces nombreuses du genre Cyclosa, très uniformes par la structure de leur céphalothorax et la position de leurs yeux, diffèrent grandement les unes des autres par la forme de leur abdomen. Dans une première série, qui comprend toutes les formes typiques, l'abdomen est ovale et prolongé en arrière, au delà des filières, par un tubercule oblique, tantôt atténué et obtus, tantôt tronqué et même échancré, court (C. conica Pall., etc.) ou très long (GC. bifida Dol.) (fig. 852) ; en avant, cet abdomen est quelquefois saillant, acuminé ; d'autrefois, il offre en dessus, vers le milieu, deux petits tubercules dressés (C. turbinata Walck., C. strangulata L. K., etc.), souvent son tuber- cule postérieur est accompagné de deux tubercules latéraux qui lui sont accolés 819 850 851 852 853 Fig. 849. Acusilas africanus E. Sim. Céphalothorax. — Fig. 850. Cyclosa octotuberculata Karsch. Abdomen en dessus. — Fig. 851. C. triquetra E. Sim. Idem. — Fig. 852. C. bifida Dolesch. Abdomen de profil. — Fig. 853. Salassina crassicauda Keyserl. Abdomen en dessus. et le font paraître trifide (C. insulana Costa, bifurcata Walck., etc.) ; le cépha- lothorax est généralement noir; l'abdomen, tantôt fauve ou blanchâtre, tantôt d'une belle couleur d'argent, est marqué d’un folium découpé et de dessins plus ou moins complexes, noirs ou rougeâtres; les pattes sont fauves et annelées. Dans une grosse espèce du Japon, qui se rattache à ce groupe, C. octotuber- culata Karsch, la partie céphalique est fortement pubescente, les pattes, sur- tout les antérieures, ont des épines plus nombreuses, l'abdomen est pourvu de deux tubercules submédians et en arrière, sur son prolongement caudi- forme de six tubercules presque égaux, rapprochés et disposés sur deux rangs (fig. 850), caractères qui rappellent beaucoup ceux des Araneus américains du groupe de l’A. bicornutus Tacz., mais les yeux et le céphalothorax sont bien ceux des Cyclosa. Le C. triquetra E. Sim., du Venezuela, est le type d'une seconde série carac- térisée par un abdomen épais, au moins aussi large que long et légèrement rhomboédrique, pourvu à chacun de ses angles latéraux d'un très gros tuber- cule subglobuleux brusquement terminé par une épine aiguë et, à son extré- 780 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES mité postérieure, d’un tubercule dressé, simple et obtus, ce qui lui donne une certaine ressemblance avec celui des Molione et des Trithena (fig. 851). Le type de la 3° série est un Cyclosa de l'Amérique centrale, décrit par Cambridge sous le nom de Turckheïmia nodosa, dont l’abdomen, presque cubique, est pourvu de quatre gros tubercules angulaires dilatés en massue et d’un tubercule postérieur conique. Dans les espèces de la 4° série, qui sont très répandues dans l’Asie tropi- picale, la Malaisie, la Polynésie, et dont l’Epeira mulmeinensis Thorell peut être considéré comme type (1), l'abdomen court, large, très convexe, fortement abaissé en arrière et pourvu, en avant, de deux tubercules huméraux obtus, ressemble à celui de notre Araneus dromadarius Walck.; dans quelques petites espèces, les tubercules manquent et l’abdomen est simplement ovale (Ep. mi- cula Thorell); dans d’autres, qui font le passage aux séries précédentes, il est, au contraire, pourvu de tubercules huméraux et d’un ou deux tubercules postérieurs dressés (Ep. camelodes, hybophoru Th., etc..). Le C. Lauræ E. Sim., que j'avais autrefois rapporté au genre Singa et, depuis, au genre Cyclosa (Ar. Fr., I), sera le type du nouveau genre Nemos- colus, qui diffère du précédent par ses yeux médians postérieurs disjoints et ses tarses postérieurs garnis, en dessous, de crins rudes nombreux et irré- guliers, non sériés. Le céphalothorax est le même que celui des Cyclosa ; les dépressions céphaliques du N. Lauræ sont cependant presque effacées dans le milieu, mais elles convergent en dessus, en avant de la fossette, tandis que dans les autres espèces, qui sont toutes de Madagascar et de l'Afrique australe (N. tubicola E. Sim., etc.), la dépression est entière, semi-circulaire et sulci- forme ; leur abdomen, cylindrique, allongé et arrondi à ses deux extrémités, ressemble à celui des Singa, mais ses filières, fortement ramenées en dessous et occupant souvent le milieu de la face ventrale, indiquent que toute sa partie postérieure est un prolongement analogue à celui des Cyclosa ; la marge infé- rieure de leurs chélicères n’offre ordinairement que deux dents suivies ou non d'une granulation. Contrairement à ce qui a lieu dans le genre précédent, le mâle du N. Lauræ diffère de la femelle par ses tibias de la 1° paire (et non de la 2°) un peu plus épais que les autres et pourvus, au côté interne, de longues épines bisériées. L’abdomen de ces Araignées est tantôt noir ou brun rougeâtre, avec des taches blanches disposées en quatre séries, tantôt blanchâtre, uniforme ou avec de petites taches noires bisériées. Je sépare génériquement des précédentes, sous le nom d’Acusilas, quelques espèces malaises et africaines dont le céphalothorax est construit comme celui des Cyclosa, mais dont les deux lignes oculaires sont encore plus récurvées, semi-circulaires, dont les yeux médians, gros et égaux, sont disposés en carré presque régulier, dont les yeux latéraux, plus petits que les médians, sont (4) Les Epeira Bulleri Thorell, de Nouvelle-Guinée ; Ep. rhombocephala Th. du cap York; Ep. vallata Keyserl., du Queensland, appartiennent sans doute à ce groupe. Qher CH ñ+ AL FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 781 inégaux, l’antérieur étant plus petit, caractère exagéré dans l'espèce africaine, enfin dont les métatarses et tarses postérieurs offrent, en dessous, une série médiane d’épines robustes et courtes ; ces Araignées sont de taille plus forte que les Nemoscolus et de coloration rouge orangé; l’abdomen de l’A. coccineus E. Sim., de Malaisie, est ovale, court, dépassant un peu les filières en arrière (1); celui d’A. africanus E. Sim. est plus allongé, tronqué en avant et parsemé de longs crins. Le genre Salassina (2) que je rapporte encore à ce groupe est assez ambigu ; le céphalothorax présente bien l'impression céphalique transverse caracté- ristique, mais la partie céphalique très large, les groupes oculaires, très éloignés les uns des autres, ressemblent plus à ceux des Araneus qu'à ceux des Cyclosa. Contrairement à ce qui a lieu dans les genres précédents, les yeux médians, petits et égaux, figurent un quadrilatère un peu plus étroit en avant qu’en arrière ou rarement carré (S. atomaria E. Sim.); les deux lignes oculaires sont légèrement récurvées ; le sternum est rarement plan (S. ato- maria E. Sim.}, il offre ordinairement de fortes saillies marginales, et souvent une saillie antérieure rappelant celle des Nephila (S. crassicauda Keyserl.) ; les pattes sont mutiques ou pourvues, dans certains cas, de crins rigides tenant lieu d’épines ; les tibias, surtout les postérieurs, sont toujours un peu épaissis à l'extrémité et les antérieurs sont un peu arqués ; les métatarses sont à peine aussi longs que les tibias; l’abdomen, brièvement ovalaire, est pourvu, en arrière, d’un fort tubercule, obliquement relevé, un peu épaissi à l'extrémité où il est tronqué ou un peu bifide (fig. 853) ; dans une petite espèce anormale du Brésil, $S. atomaria E. Sim. (3), il présente deux tubercules postérieurs géminés, le premier très obtus, le second un peu plus long et subaigu, et deux tubercules antérieurs dressés. Le S. crassicauda Keyserl. est beaucoup plus gros que les Cyclosa, sa coloration, très variable, est généralement noire, avec une grosse tache claire, dorsale abdominale, élargie et trifide en avant; le S. atomaria, beaucoup plus petit, est fauve, varié de blanc et de noir. Dans tous les genres de ce groupe, les griffes sont construites comme celles des Arachnura (voy. p. 776). La toile des Cyclosa, tendue presque verticalement, est très régulière, à cercles nombreux et serrés ; elle est dépourvue de retraite, mais garnie d’un (1) Il n’est pas impossible que l’Epeira albida L. Koch, d'Australie (sp. ig.), rentre dans ce genre. (2) Le nom de Sulassia, que je comptais donner à ce genre et qui, bien qu’inédit, a été cité, d’après moi, par M. Getaz (Fn. Aracn. de Costa-Rica, 1893, p. 9), étant præoccupé (de Follin, 1885), je le remplace ici par celui de Salassina. (3) Espèce inédite, dont voici la diagnose : S. atomaria, sp. nov. — Q. Long. 5 mill. — Cephalothorax luridus, parte cephalica macula postica nigra V magnum formante, antice ampliata et laciniosa notata. Abdo- men obscure fulvum, albido nigroque variegatum, tuberculis auticis parvis rufulis, tuberculo postico magno et bipartito albido inunitum. Sternum pedesque lurida, femoribus subtus confuse infuscatis, patellis tibiisque subtus minute nigro-notatis et subannulatis : Tijuca prope Rio. 782 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES stabilimentum dont la disposition varie selon les espèces. Notre C. conica Pallas dispose, au milieu de sa toile, une bande, interrompue au centre, et formée de débris d’insectes reposant sur un petit ruban soyeux (comme on peut s’en convaincre en examinant le stabilimentum au moment de sa construction) ; La toile du C. insulana Costa et formes voisines est semblable ; mais, dans celles du C. bifida Dol., de l'Inde, et du C. sericaria E. Sim., du Venezuela, le stabi- limentum est en forme d’étroit et long ruban soyeux, placé au milieu même de la toile et décrivant un ou deux cercles concentriques très sinueux et peu réguliers. Les Cyclosa déposent leurs œufs, comme les Cyrtophora, dans une série de cocons qui concourent parfois à constituer le stabilimentum, tel est le cas pour les C. Sancti-Benedicti Vinson, de Madagascar, C. cyclosternum E. Sim., du Venezuela, C. mulmeinensis Thorell, du Yemen, de l'Inde et de Malaisie, dont la toile est traversée, dans toute sa longueur, par un tube de tissu jau- nâtre, épais et laineux, interrompu au centre, fixé aux deux extrémités aux fils du cadre et renfermant, au moins dans sa partie supérieure, une série de cocons, dessinant à sa surface une suite de petits renflements ; les cocons du C. mulmeinensis sont même plus isolés les uns des autres comme les grains d’un chapelet. La toile du C. friquetra, qui est tendue entre deux fils, conver- geant à l’une des extrémités, se compose de deux parties accolées, mais non su- perposées, l’une est la toile proprement dite très régulière, à cercles et rayons serrés, mais semi-circulaire, l’un de ses côtés s’appuyant sur un fil qui coupe obliquement le secteur figuré par les deux fils primitifs ; l’autre partie est un réseau à mailles très larges et très régulières formé de fils extrêmement forts, prenant attache soit sur les fils primitifs, soit sur le fil oblique dont j'ai parlé; les cocons, qui sont nombreux (6-8 sur une même toile), sont plus ou moins triangulaires et placés sur ce réseau aux angles des mailles principales, dispo- sition permettant à l’Araignée de refaire sa toile régulière sans toucher au réseau supportant les cocons. Sur les toiles des Nemoscolus, le stabilimentum est remplacé par un tube de tissu très épais, papyracé, lisse en dedans, recouvert extérieurement de débris et de petites pierres, et servant à la fois de retraite et de dépôt pour les cocons ; ce tube est suspendu au milieu même de la toile et son orifice, dirigé en bas et plus ou moins évasé, correspond à son centre; celui du N. Lauræ E. Sim., espèce commune sur les collines sèches et pierreuses du midi de la France, est droit et effilé par le haut, tandis que celui des espèces de l'Afrique australe (N. tubicola E. Sim., etc.) et de Madagascar est roulé en forme de corne ou de spirale (1). Le genre Cyclosa compte une cinquantaine d’espèces : 5 se trouvent en Europe et dans la région méditerranéenne, mais 2 seulement atteignent la zone parisienne (C. conica Pall. et oculata Walck.) ; 2 dans l’Asie centrale ; 2 au Japon ; 4 dans l’Inde ; une quinzaine dans la Birmanie, l’Indo-Chine et la Malaisie ; 4 dans la Nouvelle-Follande et la Polynésie; 4 dans l’Afrique tropi- cale et à Madagascar ; 4 dans l'Amérique du Nord et une dizaine dans l’Amé- (1) Cf. Ann. Soc. ent. Fr., 1887, pl, vi, fig. 5. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 783 rique du Sud. Le C. conica Pallas est commun à l’Europe et à l'Amérique du Nord; j'ai trouvé le C. oculata Walck. au Venezuela et je l’ai reçu des Antilles (1); le C. insulana Costa est répandu dans la région méditerranéenne, les îles Canaries, le Yemen, l’Inde et la Malaisie (2). Le genre Salassina ne renferme que trois espèces répandues aux Antilles et dans l'Amérique centrale et méridionale. Le type du genre Nemoscolus (N. Lauræ E. Sim.) est propre à la région mé- diterranéenne occidentale, découvert en Provence, il a été retrouvé depuis en Espagne et en Algérie; ses autres représentants, assez nombreux, mais presque tous inédits, sont de l’Afrique australe et de Madagascar. Le genre Acusilas a une espèce en Malaisie et une dans l'Afrique tropicale occidentale. GENERA 1. Area oculorum mediorum antice quam postice latior. Tarsi postici SUD ÉTISRSE LOS ee ee UD NES ECS Me late Plate set nn da ut Dh — Area oculorum quadrata vel antice angustior..........,.... Men 3. 2. Oculi medii postici inter se contigui. Tarsi postici subtus seriatim STONE ie Jolies à SR Le AE 6 SE RTE r TE ... Cyclosa. — Oculi medii postici inter se disjuncti. Tarsi postici subtus crebre CRNONMIMALEISELOS Rec en Lt EE PA . Nemoscolus. 3. Oculorum lineæ binæ validissime recurvæ. Area mediorum qua- drata. Tibiæ teretiusculæ. Tarsi metatarsique 4 paris subtus HaldesenatimRaculeati EAN NE ERA LEE UER TEE Acusilas. — Oculorum lineæ binæ leviter recurvæ. Area mediorum antice quam postice plerumque paulo angustior. Tibiæ, saltem posticæ, apice plus minus incrassatæ. Tarsi postici subtus inordinatim SCO STE NT ne ER D A AU JP PES rt Salassina. Cyclosa Menge, Preuss. Spinn., I, 1866. — Epeira auct. (ad part.). Singa C. Koch, 1837 (ad part.). — Cyrtophora Thorell, 1870 {ad part.). — Cyrto- phora Ausserer, Verh. z. b. G. Wien, 1871, p. 820. — Cyclosa E. Sim., Ar. Fr., 1, 1874 (ad max. part.). — Cyclosa (ad part.) et Turckheimia (ad part. T. nodosa) Cambr., Biol. Centr. Amer., Ar., 1889. — Cyclosa Mac Cook, Amer. Spid., III (ad part.). Cephalothoracis feminæ pars cephalica angusta, convexa, sulco semicirculari profundo a thoracica discreta, pars thoracica convexa fovea media impressa. Oculorum lineæ binæ valde recurvæ. Oculi medii aream antice quam postice multo latiorem occupantes, postici anticis plerumque minores inter se conti- (1) Cette espèce est même probablement d’origine américaine et introduite en Europe où elle est toujours rare et localisée. (2) Aussi a-t-il une très nombreuse synonymie dont font partie les Epeira trituber- culata Lucas, Cyclosa propinqua E. Sim. et, d’après Thorell, Epeira anseripes Walck. 784 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES gui. Oculi laterales utrinque æqui contigui et promimuli. Pedes breves, mutici vel sæpius parce aculeati, tarsis posticis subtus regulariter seriatim setosis. Abdomen postice, pone mamillas, semper productum. Typus : C. conica Pallas. AR. GEOGR. : Orbis totius reg. temp. et celidæ. Les espèces de ce genre peuvent se rapporter à quatre groupes : À. — Abdomen ovatum, postice in tuberculum turbinatum, simplex vel trifidum productum, supra muticum vel minute bituberculatum (C. conica Pallas). B. — Abdomen crassum, haud vel vix longius quam latius, obtuse rhom- boidale, utrinque tuberculo magno globoso sed apice abrupte acuto, tuber- culoque postico conico instructum (C. triquetra E. Sim.). C. — (Turckheimia Cambr. ad part.) Abdomen crassum, subquadratum, tuberculis quatuor angularibus crassis et apice clavatis, tuberculoque postico breviore et subacuto insigniter instructum (C. nodosa Cambr.). D. — Abdomen brevissime ovatum vel subglobosum, sæpe antice angulis humeralibus plus minus prominulis, fere ut in Araneo dromadario Walck., munitum (C. mulmeinensis Th.). Salassina E. Sim. — Epeira Keyserl., 1865 (ad part. E. crassicauda).— Salas- sia Getaz, Fn. Aracn. de Costa-Rica, 1893, p. 9 (S. tr'icuspis). À Cyclosa differt cephalothoracis parte cephalica multo latiore et pilosa, oculis mediis inter se æquis, aream antice quam postice paulo angustiorem, rarius quadratam, occupantibus, oculis lateralibus a mediis multo distantio- ribus, pedibus longioribus, muticis vel submuticis, tibiis, præsertim posticis, apice sensim incrassatis. — Abdomen antice truncatum et tuberculis angu- laribus binis erectis armatum, postice tuberculo obliquo apice mucronato mu- nitum. Typus : S. crassicauda Keyserl. AR. GEOGR. : Amer. trop. contin. et insulana. Nemoscolus, nov. gen. — Singa E. Sim., 1867 (ad part S. Lauræ).— Cyclosa E. Sim., Ar. Fr., I, 1874 (ad part. C. Lauræ). Cephalothorax oculique fere Cyclosæ sed oculis mediis posticis inter se spatio oculo haud angustiore sejunctis. Abdomen longe cylindraceum, antice posticeque obtusum, mamillis inferioribus medium ventris fere occupan- tibus. Pedes breves, parce aculeati, tarsis posticis subtus crebre et inordinate setosis. Tyeus : N. Lauræ E. Sim. AR. GEOGR. : Reg. mediterr. occid.; Africa austr.; ins. Madagascar. Acusilas, nov. gen. Cephalothorax Cyclosæ. Oculorum lineæ binæ validissime recurvæ. Oculi qua- tuor medii magni, inter se æqui, aream quadratam occupantes. Oculi laterales - FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 785 a mediis non late remoti, utrinque contigui, anticus postico minor. Pedes robusti, fere mutici sed valde criniti, metatarsis tarsisque 41 paris subtus serie media aculeorum insigniter instructis. Typus : A. coccineus E. Sim. AR. GEOGR. : Africa trop. occid. et Malaisia (1). 5. MANGOREÆ Les Argiopides pour lesquels je propose ce groupe diffèrent de leurs congé- nères par leur céphalothorax dont la partie thoracique assez large, souvent convexe et même gibbeuse, est toujours coupée d'un sillon longitudinal long et profond, dont la partie céphalique, fortement atténuée et souvent inclinée en avant jusqu'au bord frontal, est limitée par des impressions obliques, con- vergeant en arrière à angle aigu et se joignant généralement au sillon thora- cique, et par leurs griffes tarsales, peu robustes et dissemblables, l'interne étant fortement coudée, terminée par une longue pointe droite un peu res- serrée à sa base, et pourvue, dans sa portion basilaire, d'un petit nombre de dents connées, dont les deux premières sont beaucoup plus longues que les autres, tandis que la griffe externe, arquée mais à peine coudée, est armée de dents plus nombreuses, commençant bien au delà de son milieu et dimi- nuant graduellement de longueur vers sa base. Dans le genre Mangora, proposé par Cambridge pour une espèce de l’Amé- rique centrale, M. picta Cambr., et auquel je rattache L’E. acalypha Walck., d'Europe, et ses proches voisines les ÆE. placida et gibberosa Hentz de l’Amé- rique du Nord (dont Mac Cook a formé depuis le genre Abbotia), les yeux sont peu séparés; les postérieurs sont en ligne droite ou procurvée, les anté- rieurs en ligne récurvée et le bandeau est au milieu plus étroit que les médians antérieurs, sauf dans quelques très petites espèces (M. umbrata E. Sim., etc.) ; les yeux latéraux sont, de chaque côté, petits, égaux et connés; les quatre médians, plus gros, figurent un groupe un peu plus long que large, mais de forme très variable (voy. plus loin); le sternum, largement cordiforme et plan, se termine en arrière en petite pointe obtuse, généralement un peu plus large que dans les autres Argiopinæ, de sorte que les hanches posté- (1) Les deux espèces de ce genre sont inédites, en voici les diagnoses : A. coccineus, sp. nov. — Q®. Long. 7—8 mill. — Cephalothorax, sternum pedesque rufo-aurantiaca, hi robusti et breves, mutici sed valde et longe hirsuti. Abdomen breviter ovatum, et supra et subtus flavido-aurantiacum, sat dense rufulo-pilosum, Supra punctis impressis sex biseriatis notatum. Vulva simplex. — Ins. Moluccæ ; ins. Java. A. africanus, sp. nov. — Q. Long. 10 mill. — Cephalothorax fulvo-rufescens, lævis, parce pilosus. Abdomen longum, antice truncatum, flavido-opacum, in declivitate fusco-marginatum, longe hirsutum, sublus obscure rufescens. Sternum fuscum. Pedes Sat longi, fulvo-ravidi, postici fusco-annulati, mutici sed longe et valde hirsuti. Oculi latérales antici posticis mullo minores. — Africa occid. : Sierra-Leone. 90 786 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES rieures sont souvent disjointes, caractère exagéré dans les espèces amoïindries telles que M. umbrata et semiatra E. Sim. Les pattes sont courtes, les antérieures et postérieures sont peu inégales, leurs fémurs sont robustes, surtout les antérieurs, tandis que les autres articles sont grêles et cylindriques; leurs épines sont très longues et très nombreuses ; les fémurs en offrent en dessus trois séries ; les patellas ont en dessus une épine apicale très longue et une épine interne plus courte qui manque souvent aux paires antérieures ; les tibias et métatarses ont des épines latérales, inférieures et souvent dorsales disposées presque en verti- cilles, mais aux métatarses, au moins aux antérieurs, ces épines n'occupent que la moitié basilaire de l’article. L’abdomen est ovale, court et convexe, et ses filières sont presque termi- nales ; son épigyne a presque toujours un scape assez développé, en forme de plaque souvent anguleuse de chaque côté, et un crochet court et droit dépassant peu son bord postérieur. Les mâles sont environ d'un quart plus petits que les femelles, dont ils dif- fèerent peu ; leur abdomen est seulement plus réduit; leurs fémurs antérieurs, encore plus épais et claviformes, tandis que leurs tibias des deux premières paires, sont grêles et semblables; leurs épines, disposées de même, sont encore plus longues ; dans quelques espèces, telles que M. acalypha W. et M. placida Hentz, les fémurs postérieurs sont mutiques en dessous, dans le M. gibberosa Hentz, ils offrent en dessous une série d’épines fines et couchées sauf la pre- mière (basilaire) qui est dressée ; dans toutes les espèces sud-américaines que j'ai étudiées, cette dernière existe seule, mais elle est plus développée et située très près de la base du fémur, à son articulation sur le trochanter. Dans tous les cas, la patte-mâchoire est normale et son bulbe volumineux est du type de celui des Cyclosa. Les espèces du genre Mangora, étroitement unies par l'ensemble de leurs caractères et même par leur faciès et leur taille, diffèrent cependant les unes des autres par le plus ou moins de convexité de leur région thoracique, la courbure de leurs lignes oculaires et la proportion de leurs yeux; ces carac- ières, qui n'ont pas ici de valeur générique, permettent de les répartir en groupes secondaires. Dans une première série, qui a pour type notre M. acalypha Walck., la partie thoracique est peu convexe; les yeux postérieurs sont en ligne très légèrement récurvée ou droite (M. gibberosa); les antérieurs sont en ligne plus fortement récurvée, avec les médians généralement plus rapprochés l’un de l’autre que des latéraux; les yeux latéraux sont, de chaque côté, bien séparés des médians, ceux-ci sont égaux et figurent un trapèze un peu plus long ue large et plus large en avant qu'en arrière; les M. gibberosa Hentz, macu- lata Keyserl., placida Hentz (Ep. prætrepida Keyserl.) et semiargentea E. Sim, rentrent dans cette série. Dans une seconde série, très nombreuse dans l'Amérique centrale et méri- dionale et dont l’Ep. fornicata Keyserl. peut être regardé comme type, la partie thoracique est très convexe gibbeuse, et abaissée presque verticalement en arriere (fig. 854); les yeux postérieurs sont en ligne tout à fait droite avec FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 787 les médians généralement, mais non toujours, beaucoup plus rapprochés l’un de l’autre que des latéraux; les veux antérieurs, les yeux médians et le ban- deau sont ceux du groupe précédent, sauf cependant que les médians anté- rieurs sont presque toujours un peu plus gros que les postérieurs. Une espèce de l’Amazone, M. Mathani E. Sim., diffère des précédentes par ses yeux postérieurs en ligne fortement procurvee, avec les médians presque contigus, mais assez largement séparés des latéraux; ses yeux antérieurs en ligne récurvée avec les médians plus séparés l’un de l’autre que des latéraux et beaucoup plus gros; le groupe de ses yeux médians beaucoup plus large en avant qu'en arrière et ses hanches postérieures plus nettement disjointes. Dans une autre série, beaucoup plus nombreuse, surtout dans le bassin de l'Amazone, le céphalothorax est également convexe et la seconde ligne ocu- laire plus ou moins procurvée, mais les yeux postérieurs sont presque équi- distants et les médians sont beaucoup plus gros que les latéraux; les anté- rieurs, en ligne fortement récurvée, sont presque équidistants ; le groupe des médians, un peu plus long que large, est parallèle ou un peu plus étroit en avant qu'en arrière et les postérieurs sont généralement plus gros que les antérieurs; je possède une douzaine d'espèces de ce type toutes propres au Venezuela et au nord du Brésil, mais dont une seule est décrite, le M. argen- teostriata E. Sim. Une espèce de la mème région, le M. paraensis E. Sim., diffère des précé- dentes par ses yeux postérieurs en ligne tout à fait droite, les médians plus séparés l’un de l’autre que des latéraux et beaucoup plus gros; les antérieurs en ligne fortement récurvée, presque équidistants ; le groupe des médians très grand et beaucoup plus étroit en avant qu’en arrière, enfin le bandeau aussi large que les yeux médians antérieurs. Les espèces les plus amoindries du genre, telles que M. semiatra et umbrata E. Sim., offrent certains caractères qui rappellent un peu ceux des Linyphia, leur bandeau est plus large que les yeux antérieurs et leur sternum se ter- mine en arrière en pointe obtusément tronquée, séparant assez largement les hanches postérieures ; leur céphalothorax est très convexe ; leurs yeux sont resserrés, les postérieurs en ligne presque droite, les antérieurs en ligne récurvée, équidistants ou avec les médians plus séparés que les latéraux. Les Mangora sont des Argiopides de petite taille, mesurant de 2 à 5 mill., dont les téguments, lisses et presque glabres, sont de teinte claire; leur cépha- lothorax et leurs pattes sont tantôt entièrement d’un fauve pâle, tantôt mar- qués de lignes et d’anneaux noirs; leur abdomen, jaune ou blanchâtre, offre en arrière un folium noir étroit, formé de trois linéoles plus ou moins confon- dues, et souvent, sur les flancs, des lignes noires obliques; d’autres fois, il est d’un fauve plus ou moins obscur avec des taches sériées ou des bandes blan- ches ou nacrées. Les Mangora sont remplacés dans l’Afrique orientale et à Madagascar par les Prasonica qui leur ressemblent par leur forme générale, leurs yeux laté- raux peu séparés des médians qui sont disposés en carré, et par leur seconde ligne oculaire légèrement procurvée, mais qui en diffèrent par leur première ligne oculaire tout à fait droite et leurs pattes beaucoup plus longues ayant les 788 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES métatarses plus longs que les tibias. Les caractères sexuels du mâle de P. albo- limbata E. Sim. rappellent un peu ceux des Meta; le tarse de sa patte-mä- choire offre en effet, à la base, une première pointe dirigée en dehors, lamel- leuse, arquée et tronquée, puis, un peu en dessus, une seconde pointe relevée et aiguë, le corps de l’article, ovale allongé, est plus large que celui des autres Argiopinæ et son bulbe est simple. Je sépare des Mangora, sous le nom de Spilasma, quelques espèces améri- caines qui en diffèrent par leurs yeux postérieurs en ligne fortement récurvée, par le groupe de leurs yeux médians plus étroit en avant qu'en arrière, les antérieurs étant plus gros et presque contigus (fig. 857), caractère qui suffi- rait pour les distinguer de tous les autres Argiopinæ, enfin par leurs pattes plus épaisses et pourvues d’épines moins nombreuses, leurs patellas notam- ment n'offrant qu'une seule épine interne. Les patellas et métatarses des mâles sont mutiques ou presque mutiques, et leur abdomen présente une plaque épigastrique coriacée (fig. 856). Les Spilasma sont de taille plus forte que les Mangora; leur céphalothorax et leurs pattes pubescents sont d’un brun-rouge, tandis que leur abdomen est brunâtre avec des taches blanches plurisériées. Les Lobetina, que je rapporte avec doute à ce groupe (1), différent des Man- gora par leurs yeux postérieurs en ligne un peu récurvée, leurs yeux médians disposés en carré avec les antérieurs un peu plus petits que les postérieurs, leurs yeux latéraux plus séparés des médians, enfin leurs pattes beaucoup plus grêles ct plus longues ayant les métatarses très longs comme ceux des Prasonica. Is sont de coloration blanchâtre, fauve ou brunâtre; leur céphalo- thorax offre toujours une grande tache mediane d’un blanc opaque en forme de V; leur abdomen est tantôt unicolore, tantôt orné de grandes taches blan- ches transverses. Un certain nombre d’espèces (Epeira foliata Hentz, vegeta Keyserl., etc.), pour lesquelles je propose le genre Acacesia, remplacent les Lobetina dans le Nouveau Monde; elles s’en distinguent par leurs yeux postérieurs en ligne fortement récurvée, les médians étant proéminents; les antérieurs en ligne droite ; leurs yeux médians, presque égaux et disposés en trapèze plus largeen avant, situés sur un plan vertical avec l’espace interoculaire convexe en forme de carène mousse garnie de longs crins bisériés (2) ; leurs yeux latéraux dis- joints au moins de leur demi-diamètre. Leurs pattes sont longues et très inégales, les antérieures étant beaucoup plus longues et leurs épines sont très réduites, elles manquent généralement aux métatarses ; leur abdomen est rhomboé- drique allongé, le crochet de son épigyne, court et obtus, est dirigé en arrière. Chez les mâles, les tibias de la deuxième paire, plus courts et plus épais que ceux de la première, sont un peu dilatés vers le milieu et armés de fortes épines très inégales, généralement au côté interne d’une petite épine apicale, (1) Ils offrent, en effet, de grands rapports avec les Meta et avec les Deliochus (voy. p. 749). (2) Dans le genre Araneus, celte disposition oculaire se retrouve presque exacte- ment dans le groupe de l'A. porculus E. Sim. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 789 vers le milieu de trois épines rapprochées en ligne oblique, au côté externe d’une ou deux épines semblables et d’une beaucoup plus longue que les autres et sinueuse, enfin, près la base, d’un verticille de très longues épines grêles (fig. 859); la patella offre aussi une épine semblable à son angle supéro-interne, cette disposition varie légèrement selon les espèces; les hanches de la pre- mière paire offrent, comme celle des Eustala et des Araneus, une petite apo- physe supéro-interne incurvée qui manque dans les genres précédents ; les hanches de la quatrième paire sont armées, vers le milieu, d’une forte épine dentiforme élevée sur un tubercule et les trochanters d’une épine beaucoup plus petite (fig. 858). Les Acacesia ont l'abdomen blanchâtre et orné d'une très large bande dor- sale rhnomboédrique grise, renfermant une bande plus étroite lancéolée, toutes deux bordées d’une fine ligne noire ondulée. Le nouveau genre Eustala, également américain et dont font partie les Ep. anastera Walck. (= eustala Walck., parvula et bombycinuria Hentz), éri- dentata et gonygaster (Argiope) C. Koch, guyanensis et smaragdinea Tacz., clavi- spina et latebricola Cambr., etc., ne se distingue du précédent que par de faibles caractères, mais ses organes sexuels sont très différents. Les yeux mé- dians, disposés en trapèze un peu plus large en avant ou en carré, sont sur un plan plus oblique et leur espace interoculaire n’est ni convexe ni crêté; les pattes sont armées d'épines robustes, beaucoup plus nombreuses et dis- posées comme celles des Araneus. Dans les espèces typiques (Ep. anastera W., etc.), l'abdomen est court et très élevé en avant où il est soit arrondi, soit tronqué avec des angles huméraux 854—855 856—858 897—860 859 Fig. 854. Mangora fornicata Keyserl. Céphalothorax de profil. — Fig. 855. Larinia lineata Lucas. Front et yeux vus en dessus. — Fig. 856. Spilasma l3-guttata E. Sim. Abdomen du mâle vu en dessous. — Fig. 857. Id. Front et yeux de la femelle vus en avant. — Fig. 858. Acacesia vegeta Keyserl. Hanche et trochanter de la 4e paire du mâle. — Fig. 859. Zd. Tibia de la 2e paire du mâle, vu en dessous. — Fig. 860. Eustala anastera« Walck. Crochet de l’épigyne. saillants, très atténué en arrière où il est souvent pourvu d’un ou de plu- sieurs petits tubercules apicaux. Dans d’autres Eustalu faisant le passage aux Larinia, tels que Ep. fuscovittatu Keyserl., Thorelli (Cyclosa) Mac Cook, etc.; 790 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES le céphalothorax est plus long; les yeux médians, situés sur un plan plus oblique, sont disposés en trapèze beaucoup plus large en avant (mais l’inter- valle des postérieurs reste aussi large que leur diamètre); les yeux latéraux sont, de chaque côté, presque contigus; l'abdomen étroit, allongé et presque cylindrique et plus ou moins acuminé, au delà des filières, est fauve et orné de bandes et de lignes longitudinales ; les pattes, garnies de nombreuses épines, sont moins inégales. Dans toutes ces espèces, le crochet de l’épigyne, large et plissé à la base, mais très atténué et aigu, a cela de particulier qu'il est toujours dirigé en avant, dans le sens du pédicule (fig. 860); chez les mâles, les tibias de la deuxième paire, beaucoup plus courts que ceux de la première, sont un peu plus épais et armés, au côté interne, de très fortes épines disposées sur deux ou trois rangs ; leurs hanches de la première paire sont pourvues d’une dent incurvée, tandis que les autres sont mutiques. Ces Araignées sont de taille généralement grande ; leurs téguments sont pubescents ; leur céphalothorax, fauve ou brunâtre, est généralement marqué, dans la région thoracique, de chaque côté de la strie, de deux petits points obscurs un peu déprimés; leur abdomen, fauve ou grisâtre, offre en arrière le folium ordinaire noir ou brun, sa face ventrale obscure est toujours marquée d’une bande blanche longitudi- nale abrégée partant du pli épigastrique. Le genre Larinia diffère surtout des précédents par ses deux lignes ocu- laires légèrement récurvées; ses yeux médians situés sur un plan presque horizontal et disposés en trapèze au moins deux fois plus large en avant qu’en arrière, les postérieurs étant contigus ou presque contigus, tandis que les antérieurs sont largement disjoints, presque toujours aussi séparés l’un de l’autre qu'ils ne le sont des latéraux ; dans les espèces les mieux caractérisées, telles que L. lineata Lucas, Chloreis Aud., directa Hentz, tabida L. Koch, fusi- formis Thorell, longissima E. Sim., tetragnathoides, illicita Cambr., etc., la forme générale du corps est très allongée au point de ressembler parfois à celle des Tetragnatha, l'abdomen est acuminé aux deux extrémités et dépasse souvent un peu en arrière le niveau des filières; dans une espèce américaine rapportée à tort par Cambridge au genre Cyclosu (L. fissicauda Cambr.)}, cette pointe postérieure est même bifide; dans d’autres espèces, telles que L.Dufouri, pubiventris E. Sim., etc., l'abdomen est plus court et ovale. Dans les espèces les plus étroites, le sternum et même les lames-maxillaires participent un peu de l'allongement général des organes, Mac Cook s’est appuyé sur ce caractère pour proposer un genre Drexelia (type Ep. directa Hentz) dont les limites seraient insaisissables. Le crochet de l’épigyne est très court, dirigé en arrière, dépassant à peine le bord d’un scape large et fovéiforme ; chez le mâle, les pattes des deux premières paires sont sem- blables, également grêles et pourvues d’épines isolées et les hanches sont mutiques. Les Larinia Sont tous de teinte fauve ou blanchâtre avec l’abdo- men souvent orné de bandes ou de fines linéoles longitudinales et parsemé de longs crins. Les Mangora se trouvent dans les prairies et les clairières des bois, où ils filent sur les buissons une toile relativement grande, oblique et très régulière, FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 791 non accompagnée d’une retraite; les Lariniu filent une toile semblable au bord de l’eau sur les plantes aquatiques élevées. Le Spilasma artifex E. Sim., qui habite les forêts humides de l'Amérique du Sud et que j'ai observé dans celle de San-Esteban, au Venezuela, file une toile orticulaire tout à fait horizontale et parallèle au sol, accompagnée d'une retraite tubiforme verticale, qui en occupe le centre; celle-ci, dont le tissu est épais et recouvert de débris, est en forme de cornet, effilé par le fond, qui est suspendu, par un fil très fort, à une branche surplombant la toile; son orifice inférieur est rond et prolongé, sur l’un des côtés, en appendice graduellement effilé, pendant librement en dessous de la toile; celle-ci présentant à ce point un secteur vide comme celle de l’A. æ-notalus ; les œufs ne sont pas déposés dans le fond du tube comme ceux des Nemoscolus, mais fixés sur l’appendice inférieur où ils forment des renflements correspondant à chaque ponte; les jeunes, aussitôt l'éclosion, viennent se réfugier au fond du tube au-dessus de l’Araignée; celle-ci habite constamment son tube et au moindre danger elle en ferme l’orifice, en ramenant à elle l’appendice au moyen de ses pattes anté- rieures et en le retenant fortement avec ses crochets; la masse ovigère sert ainsi d'obturateur à la demeure de l’Araignée. Le Mangora acalypha Walck., répandu dans toute l’Europe, la région médi- terranéenne, les iles Açores et l’Asie centrale, est la seule espèce du genre qui existe dans la zone tempérée de l’ancien monde; il y en a quelques-unes dans l’Inde et à Ceylan {1} et j'en possède deux, inédites d'Afrique, l’une du Sierra-Leone, l’autre du Zanguebar, mais c’est en Amérique que le genre prend un grand développement, on en connait trois ou quatre espèces des États-Unis (M. gibberosa, placida Hentz, maculata Keyserl.), un beaucoup plus grand nombre de l'Amérique centrale et méridionale, principalement du bassin de l’'Amazone, j'en possède plus de trente espèces pour la plupart iné- dites (2). Le genre Spilasma est américain, on en connaît deux espèces : l’une du Venezuela (S. artifex E. Sim.), l’autre. de l'Amazone (S. 13-quttata E. Sim.). (1) Les Epeira hemicraera Thorell, de Pinang, et leucogaster Thorell, de Birmanie, sont probablement des Mangora. Voici la diagnose de l’une des espèces que j'ai trouvées à Ceylan : M. semiargentea, sp. nov. — ®. Long. 3,2 mill. — Cephalothorax niger, parte thoracica in medio late dilutiore et testacea. Abdomen oblongum, supra nigrum, in parte basali macula maxima semicirculari, lætissime argentea, prope medium linea transversa, dein punctis minutis testaceis, ornatum, subtus nigrum utrinque testaceum. Sternum olivaceum, utrinque nigrum. Pedum coxæ femoraque pallide lutea, reliqui articuli fulvi nigro-annulati. — Ins. Taprobane. (2) Outre les quelques espèces que j’ai décrites, on peut rapporter à ce genre, mais avec doute pour plusieurs, les espèces suivantes publiées par Cambridge et Keyserling : Epeira bimaculata, *? intercissa, ? mobilis, passiva, trilineata, Mangora picta Cambr., Epeira fornicata, gracilis, lintearia, ? reptilis, ? rostrata Keyserl., el peut-être Zilla yuyanensis et melanocephala (Tacz.) du même auteur, 792 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Le genre Lobetina représente le groupe dans les régions austro-malaise et australienne, on en connaît deux espèces de la Nouvelle-Guinée (L. opaciceps E. Sim., etc.), et une de la Nouvelle-Zélande (L. plagiata E. Sim... On connaît une vingtaine de Larinia, répandus dans toutes les régions chaudes : 5 de la région méditerranéenne, 2 ou 3 de l’Afrique tropicale, quelques-unes (inédites) de l’Afrique australe, 1 du Yemen, 2 de l’Asie cen- trale, 5 ou 6 de l’Asie tropicale orientale, de la Malaisie et de l’Australie, une dizaine d'Amérique, principalement des États-Unis, du Mexique et des Antilles. Les deux espèces du genre Prasonica sont africaines. Les genres Acacesiu et Eustala sont exclusivement américains et répandus des États-Unis à la République Argentine; ils renferment un très grand nombre d'espèces dont une vingtaine seulement ont été décrites. GENERA 1. Oculi medii antici inter se subcontigui et reliquis oculis majores. Spilasma. — Oculi medii antici inter se distantes ............................ D Oculorum linea postica recta seu procurva. Oculi laterales a mediis DarTumIreMmOt eee re AN PORT A PRE PR PRIOR Et CAR QE RNA OT — Oculorum linea postica plus minus recurva.............. RNA 4. 3. Pedes breves, metatarsis tibiis haud vix vel longioribus. Oculorum linea antica plus minus recurva............. SN ete ae Mangora. — Pedes longi, metatarsis tibiis longioribus. Oculorum linea antica TCLA CPE RL ER ane Led r rLeR EE 2 SHRTCNERER Prasonica. 4. Area oculorum mediorum quadrata. Oculi medii antici posticis pauloBmMINO es PEAARRERR PEER RME ne Lobetina. — Area oculorum mediorum antice quam postice latior. Oculi Ts inter se æqui vel sæpius antici posticis paulo majores......... 5. Area oculorum mediorum antice quam postice duplo latior, medii postici inter se subconnati. Oculi quatuor antici inter se fere æquidistantes. Tibiæ quatuor anticæ maris subsimiles, coxæ INAPIS MRUTICEE:E DAMAP SPA PE AE ET e RNEee Larinia. — Area oculorum mediorum antice quam postice non multo latior, medii postici inter se spatio oculo haud angustiore distantes. Oculi medii antici a lateralibus quam inter se remotiores. Ti- biæ 2i paris maris leviter incrassatæ et valde aculeatæ, covæ anficemnaris dentelapiCcaliMNSITiCLE PER ESEERS CE 6. Area oculorum mediorum subverticalis convexa et crinita. Pedes parcissime aculeati. Uncus vulvæ parvus postice directus. Acacesia. — Area oculorum mediorum obliqua nec convexa nec crinita. Pedes numerose aculeati. Uncus vulvæ antice directus.......... Eustala. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 793 Mangora Cambr., Biol. Centr. Amer., Arachn., 1889. — Epeira Walck. (ad part. E. acalypha). — Zilla CG. Koch, 1837 {ad part. Z. genistæ, decora). Epeira Hentz, 1850 (ad part. E. gibberosa, placida). — Miranda Menge, 1867 (ad part. M. acalypha). — Epeira Cambr., loc. cit., 1889 (ad part. E. passiva Cb., etc.). — Epeira (ad part.) et Abbotia Mac Cook, Amer: Spid., III, 1894, p. 240. Cephalothorax ovatus, parte thoracica convexa, interdum valde gibbosa, sulco longitudinali profundo secta, parte cephalica antice valde attenuata et declivi, fronte angusta. Oculi postici in lineam rectam seu procurvam (raris- sime leviter recurvam), antici in lineam semper recurvam. Oculi laterales utrinque parvi, æqui et contigui, a mediis modice distantes. Chelæ et partes oris normales. Sternum breviter cordiforme, interdum, inter coxas posticas disjunctas, obtuse productum. Pedes modice longi (antici et postici inter se parum inæquales), femoribus robustis sæpe subclavatis, reliquis articulis gra- cilibus et cylindraceis, aculeis longissimis et nuimerosis instructi, sed meta- tarsis anticis aculeis apicalibus carentibus (patellis aculeo apicali longissimo et plerumque aculeo laterali minore instructis). Abdomen breviter oblongum, convexum, mamillis subterminalibus. — Maris coxæ muticæ, tibiæ quatuor anticæ inter se subsimiles. Typus : M. picta Cambr. AR. GEOGR. : Europa, Asia centr. et ins. Atlanticæ (acalypha Walck.); Ind. or. et ins. Taprobane; Amer. sept., centr. et merid. Nora. Les espèces de ce genre peuvent se répartir en six groupes : À. — Cephalothoracis pars thoracica parum convexa. Oculorum linea postica levissime recurva (M. acalypha Walck.) vel recta (M. gibberosa Hentz), linea antica magis recurva. Oculi medii æqui, aream paulo longiorem quam latiorem et antice quam postice paulo latiorem, occupantes. Oculi laterales a mediis sat remoti. Clypeus oculis mediis anticis angustior (M. acalypha W.). B.— Cephalothoracis pars thoracica validissime gibbosa, postice fere abrupte declivis. Oculi postici in lineam plane rectam, medii a lateralibus quam inter se fere semper multo remotiores. Oculi antici, oculi medii clypeusque fere præ- cedentium sed oculi medii antici posticis fere semper majores (M. fornicata Keyserl.). C. — Cephalothorax postice valde convexus. Oculi postici in lineam valde procurvam, medii inter se subcontigui sed a lateralibus distantes. Oculi antici in lineam recurvam, medii inter se quam a lateralibus paulo remotiores et multo majores. Area mediorum paulo longior quam latior et antice quam postice multo latior. Clypeus area oculorum angustior. Sternum postice sat late obtusum et coxæ inter se distantes (M. Mathani E. Sim.). D. — Cephalothorax postice valde convexus. Oculi postici in lineam plus Mminus procurvam, inter se fere æquidistantes, medii lateralibus multo majores. 79% HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Oculi antici in lineam valde recurvam, inter se æquidistantes. Area mediorum paulo longior quam latior, subparallela vel antice quam postice paulo angus- tior. Oculi medii postici anticis plerumque majores. Clypeus oculis anticis angustior (M. argenteostriata E. Sim.). E. — Cephalothoracis pars thoracica modice convexa. Oculi postici in lineam plane rectam, medii majores et inter se quam a lateralibus remotiores. Oculi antici in lineam valde recurvam, inter se fere æquidistantes. Area mediorum vix longior quam latior et multo latior postice quam antice. Clypeus oculis anticis circiter æquilatus (M. paraensis E. Sim... F. — Cephalothorax postice validissime gibbosus. Oculi postici in lineam subrectam vix recurvam, medii majores, a lateralibus quam inter se paulo remotiores. Oculi antici in lineam recurvam, inter se æquidistantes (M. semi- atra E. Sim.), vel medii inter se quaim a lateralibus remotiores (M. umbrata E. Sim.). Area mediorum vix latior antice quam postice, oculi medii antici posticis paulo majores. Clypeus oculis anticis latior vel saltem æquilatus. Sternum postice sat late obtusum et coxæ posticæ inter se distantes (M. wm- brata E. Sim.). Spilasima, nov. gen. À Mangora differt oculorum lineis binis valde recurvis fere Cyclosæ, ocu- lis quatuor mediis aream longiorem quam latiorem et antice quam postice angustiorem occupantibus, anticis posticis majoribus et inter se contiguis, pedibus robustioribus et brevioribus, patellis aculeo laterali munitis sed aculeo apicali carentibus. Typus : S. artifex E. Sim. AR. GEOGR. : Amer. merid. : Venezuela, Brasilia. Prasonica, nov. gen. Cephalothorax Mangoræ.Oculorum linea postica leviter procurva, oculi medii a lateralibus quam inter se vix remotiores. Linea antica plane recta, oculi inter se fere æquidistantes. Area mediorum quadrata, subplana et directa. Oculi laterales parvi, inter se contigui, a mediis parum distantes. Pedes longi, graciles, tenuiter aculeati, metatarsis tibiis cum patellis multo longioribus. Typus : P. albolimbata E. Sim. AR. GEOGR. : Africa occid. et ins. Madagascar (1). (1) Espèces inédites, dont voici les diagnoses : P. albolimbata, sp. nov. — ©. Long. 4 mill. — Pallide lurida, larsis apice fuscis, abdomine ovato, convexo, fulvo-cervino, vitta marginali, postice ampliata et albo- punctata, omnino cincto. — Madagascar sept. : Diego-Suarez (Alluaud). P. seriata, sp. nov. — Q. Long. 4 mill. — À præcedenti præsertim differt abdomine supra punctis minutissimis sex biseriatis et postice punctis duobus majoribus nigris ornato. — Africa occid. : Sierra-Leone. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 795 Lobetina, nov. gen. À Mangora differt oculorum linea postica leviter recurva, area oculorum mediorum quadrata, oculis mediis anticis posticis paulo minoribus, oculis lateralibus à mediis distantioribus, pedibus gracilibus multo longioribus, me- tatarsis tibiis cum patellis multo longioribus. Typus : L. opaciceps E. Sim. AR. GEOGR. : N. Guinea et N. Zealandia. Larinia E. Sim., Ar. Fr., I, 1874, p. 115. — Epeira auct. (ad part.). — Id. L. Koch, Ar. Austr., 1871 (E. tabida, phthisica). — Meta Thorell, St. Rag. Mal., etc., I, 1877 (ad part. M. fusiformis, soror). — Lipocrea Thorell, loc. cit., Il, 1878 (nota p. 6). — Epeira (ad part. E. illicita letragnathoides) et Cyclosa (ad part. C. fissicauda) Cambr., Biol. Centr. Amer., Ar., 1889, — Larinia et Drexelia Mac Cook, Amer. Sp., LIT, 1894, p. 247-248. Cephalothorax sat longus, postice haud convexus. Oculi medii inter se subæquales, parvi, aream planam, subdirectam et antice quam postice duplo latiorem occupantes, postici inter se subcontigui, antici late distantes. Oculi antici inter se fere æquidistantes. Oculi laterales utrinque æqui et subconnati. Pedes longi, numerose aculeati. Abdomen plus minus longum, antice postice- que acuminatum. Uncus vulvæ brevissimus postice directus. Tibiæ quatuor anticæ maris inter se similes et parce aculeatæ, coxæ muticæ. Typus : L. lineata Lucas. AR. GEOGR. : Orbis totius reg. calidæ subtrop., rarius tropicæ. Aeacesia, nov. gen. — Epeira auct. (ad part. foliata Hentz, vegeta Keyserl.). Cephalothoracis pars thoracica vix convexa, sulco longitudinali profundo secta. Oculi postici in lineam valde recurvam, antici in lineam rectam. Area oculorum mediorum subverticalis, antice quam postice latior, spatio interocu- lari convexo et crinito. Abdomen rhomboïidale. Pedes longi, inter se valde inæquales, antici posticis multo longiores, parcissime et breviter aculeati, metatarsis plerumque muticis. Uncus vulvæ parvus, postice directus. Tibiæ 2i paris maris leviter incrassatæ et valde aculeatæ, coxæ li et 4i parium den- tatæ. Typus : A. foliata Hentz. AR. GEOGR. : Amer. sept. calid., centr. et merid. | Eustala, nov. gen. — Epeira auct. (ad part. Ep. anastera Walck.). — Argiope GC. Koch (ad part. A. tridentata). — Epeira (ad part.) et Cyclosa (ad part. C. Thorelli) Mac Cook, Amer. Spid., III, 1894. Cephalothorax oculique fere Acacesiæ sed area mediorum magis obliqua, nec carinata nec cristata. Pedes valde inæquales, numerose aculeati. Abdomen interdum breve, antice altum truncatum vel obtusum postice valde attenua- tum et sæpe mucronatum, interdum angustum, longum et postice breviter 796 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES acuminatum fere Lariniæ (E. fuscovittatu Keyserl., etc.). Uncus vulvæ brevis et acutus antice directus. Tibiæ 2i paris maris intus valde aculeatæ, coxæ anticæ dentatæ. Tyrus : E. anastera Walck. (1). AR. GEOGR. : Amer. sept. calid., centr., merid. et antillana. 6. BERTRANEÆ Le genre Bertrana est de classification assez incertaine; je le considère ici comme type d’un petit groupe de transition tenant à la fois des Mangora, dont il a presque les pattes et les griffes, et des Araneus, dont il a le céphalothorax, mais différant des uns et des autres par certains caractères rappelant un peu ceux des Linyphia et même des Theridion (2). Le céphalothorax des Bertrana, court et assez convexe, est légèrement incliné en avant jusqu’au bord frontal comme celui des Mangora, mais sa partie tho- racique, fortement déclive et recouverte par l’abdomen, n'offre point de sillon longitudinal, elle est simplement marquée d’une impression transverse, angu- leuse dans le milieu, en forme de triangle à sommet dirigé en arrière. Les yeux, en deux lignes transverses, sont très nettement hétérogènes comme ceux des Theridiides et les médians antérieurs, seuls du type diurne, sont beau- coup plus gros que les autres; les quatre médians figurent un trapèze plus large en avant qu'en arrière; les latéraux, plus ou moins séparés des médians, sont assez petits, égaux et de chaque côté étroitement connés; la première ligne oculaire est quelquefois droite et le bandeau est plus large que les yeux médians antérieurs, d’autres fois elle est récurvée et le bandeau est plus étroit. Les pièces buccales sont celles des Mangora, mais les chélicères ont une armature un peu différente (3) : la marge supérieure, longuement oblique, porte trois fortes dents isolées, dont la première est inclinée en avant; la marge inférieure porte une première dent forte et oblique, située très près de la base du crochet, suivie d’une série de deux à cinq très petites dents con- tiguës ; le crochet est long et arqué. Le sternum des Bertrana, large et triangulaire, se termine en pointe assez large, obtuse ou tronquée, de sorte que les hanches postérieures sont nette- ment séparées, caractère qui se retrouve au reste dans certains Mangora (voy. plus haut); tandis que celui des Spintharidius est plus long, avec les hanches postérieures presque contigués. (1) Espèce qui a pour synonymes Ep. eustala Walck., Ep. parvula et bombycinaria Hentz. — Sur la synonymie des Argiopides de l'Amérique du Nord, cf. Mac Cook, Necessity for Revising the nomenclature of American Spiders, in Pr. Acad. Nal. Sc. Philad., 1888, et American Spiders, t. II1, 1894. (2) On peut aussi lui trouver des analogies avec les Theridiosoma et les Gnolus. (3) Leur tache basale, si elle existe, est au moins très réduite. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 797 Les pattes sont fines, assez longues et très inégales, les antérieures étant beaucoup plus longues que les postérieures ; celles-ci fournissent le caractère le plus spécial et le plus constant du groupe des Bertrana, leurs tarses et métatarses postérieurs (au moins pour ceux-ci dans la moitié apicale) présen- tent en dessous une ligne longitudinale très régulière de petites épines ou de crins spiniformes, et ces mêmes articles offrent, au côté interne, des crins plus longs que les autres et unisériés, mais ce dernier caractère, qui rappelle la famille des Theridiides (voy. p. 491, fig. 493), n’est bien visible que dans les espèces typiques, telles que Bertrana striolata Keyserl.; dans le genre Berlrana, tous les autres articles sont mutiques, dans le genre Spintharidius, les tibias des deux premières paires sont armés en dessous d’épines très fines et très longues, disposées par paires et la base des métatarses offre ordinairement deux épines semblables. Les griffes ressemblent à celles des Mangora ; elles sont fortement coudées vers le tiers basilaire, presque droites et mutiques dans toute leur partie ter- minale, pourvue dans la basilaire de dents peu nombreuses et inégales, les deux premières étant beaucoup plus longues que les autres (1); la griffe inférieure est presque aussi longue que les supérieures ; les tarses m'ont paru manquer de griffes auxiliaires, au moins ceux des Bertrana typiques. L’abdomen des Bertrana est gros et globuleux; celui des Spintharidius est rhomboédrique, c’est-à-dire fortement et presque également atténué en avant et en arrière, comme celui des Spintharus de la famille des Theridiides (voy. p. 516; fig. 519), ressemblance qui leur a valu leur nom. L'épigyne est en forme de tubercule épais, d’abord presque vertical, puis un peu arqué en arrière et très obtus. Les mâles des Bertrana ne sont pas connus; ceux des Spintharidius diffèrent des femelles par leur front plus avancé et leur bandeau très oblique en arrière; leurs épines tibiales, beaucoup plus fortes, au moins à la première paire, et disposées en verticilles composés de deux épines inférieures, et de chaque côté, de une ou deux latérales plus courtes; leur patte-mâchoire ressemble à celle des Arauneus; sa patella est petite, convexe et nodiforme, son tibia est transverse et proéminent à l’angle externe, son tarse lacinié porte une petite pointe basale obtuse et recourhbée et il se termine en pointe subaiguë au niveau de l’extrémité du bulbe; celui-ci est très complexe et terminé par une tige ensiforme aiguë. Ces Araignées sont de taille assez petite; leur coloration est élégante; les Bertrana sont ordinairement d’un blanc rosé relevé de fines lignes noires ou violettes, disposées sur l'abomen en cercles concentriques et entremêé- lées de points; d’autres Bertrana (B. flavosellata E. Sim.) et les Spintharidius sont fauves ou brun-rouge avec de grandes taches abdominales d’un jaune soufre. Le groupe est confiné dans l'Amérique équatoriale; les trois espèces con- (1) Cette disposition des griffes éloigne les Bertrana des Theridiosoma et des Gnolus. 798 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES nues du genre Spintharidius sont du Brésil méridional et du Paraguay; tandis que les trois ou quatre espèces décrites du genre Bertrana sont propres au bassin de l’Amazone, mais je possède d’autres Bertrana inédits du Venezuela et de diverses provinces du Brésil. GENERA — Pedes omnino mutici. Sternum postice sat late obtusum vel trun- catum et coxæ posticæ inter se distantes. Abdomen globosum. SRE ME RAIN ER Re BeUR COLE ARRET SARL MINS NE PETER MESURES Bertrana. — Pedes antici aculeis longissimis paucis instructi. Sternum pos- tice subacutum et coxæ posticæ inter se subcontiguæ. Abdo- men rhomboidale...... ST et eh a RE EN MR Spintharidius. Bertrana Keyserl., Verh. z. b. Ges. Wien, 1884, p. 654. ? Cephalothorax brevis, modice convexus, parte thoracica declivi impressione parum expressa transversa recta seu procurva notata. Oculi quatuor postici in lineam recurvam, medii a lateralibus quam inter se multo remotiores. Oculi quatuor antici in lineam rectam (B. striolata Keyserl.) seu recurvam (B. flavo- sellata E. Sim). Area mediorum antice quam postice multo latior, æque longa ac antice lata vel sæpius latior quam longior. Sternum latum, postice sat breviter attenuatum, truncatum vel obtusum et coxæ posticæ inter se distan- tes. Pedes graciles longi, valde inæquales (antici posticis longiores), omnino mutici, tarsis metatarsisque 4i paris subtus serie regulari spinarum parvarum et intus serie setarum longarum munitis. Abdomen globosum. Typus : B. siriolata Keyserl. AR. GEOGR. : Amer. trop. : Brasilia et Venezuela. Spintharidius E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1893, p. 326. À Bertrana differt cephalothoracis parte thoracica impressione recurva notata, parte cephalica utrinque impressione obliqua profundius discreta, oculis quatuor anticis in lineam leviter recurvam, clypeo oculis mediis anti- cis multo angustiore, sterno longiore, postice breviter subacuto et coxis pos- ticis inter se subcontiguis, tibiis metatarsisque quatuor anticis inferne aculeis gracillimis et longissimis paucis instructis, reliquis articulis muticis, abdo- mine longiore quam latiore, antice posticeque fere æqualiter attenuato et rhom- boidali. Typus : S. rhomboidalis E. Sim. AR. GEOGR. : Brasilia merid. et Paraguay (S. cerinus E. Sim.). 1. ARANEÆ Le genre Epeira Walck., auquel je restitue le nom d’Araneus, abandonné FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 799 depuis longtemps sans raisons suffisantes (1), est le type d’un groupe qui se distinguc de celui des Cyclosa par l’absence d’impression transverse arquée et entière à la partie céphalique, de celui des Mangora par la structure de la partie thoracique, qui est toujours re- couverte par l’abdomen et dont le sillon longitudinal est remplacé par un sillon transverse droit ou récurvé, prolongé, à chacun de ses angles, par une strie divergeant en arrière et limitant un espace trapézoïde glabre, souvent un peu déprimé et ordinairement marqué d’une courte impression longitudinale (fig. 861); dans quelques espèces (A. adianta W., æ-notatus Cl), ce carac- tère est cependant très affaibli (voy. plus loin). Les Araneus diffèrent surtout des 861 862 863 groupes suivants par leur abdomen dont Fig. 861. Araneus angulalus Claude. Cépha- Jes técuments sont homogènes, ni in- lothorax de la femelle. — Fig. 862. Ja. Tibia de la 2e paire du mâle, vu en dedans. durés, ni coriacés, et marqués, sur la face — Fig. 863. Id. Hanches du mâle vues en dorsale, des quatre petites impressions dessous; H1, hanche de la 1re paire; H2, ordinaires, disposées en trapèze plus hanche de la 2e paire. étroit en avant (2). Les mâles, qui sont beaucoup moins petits, relativement aux femelles (3), que ceux des Argiope et des Cyrtophora, ont, sauf quelques exceptions, les (1) Je rétablis l’ancienne dénomination conformément aux règles de nomenclature votées par les congrès internationaux de Zoologie en 1889 (Paris) et 1892 (Moscou). ART. 34. — Quand un genre est subdivisé, le nom ancien doit être maintenu à l’une de ses subdivisions et à celle qui renferme le type originaire du genre. ART. 35. — Quand le type originaire n’est pas clairement indiqué, l’auteur qui, le premier, subdivise le genre, peut appliquer le nom ancien à telle division qu'il juge convenable et cette attribution ne pourra être modifiée ultérieure- ment. Ant. 56. — Un nom générique ou spécifique, une fois publié, ne pourra être rejeté pour cause d’impropriété, même par son auteur. Dans son premier essai de répartition générique, Latreille (Nouv. Dict. Hist. Nat., XXIV, 1804, p. 135) avait réservé le nom d’Aranea à un groupe, devenu peu après le genre Epeira Walck. et comprenant les 4. diadema, clavipes et spinosa; ce n’est que plus tard que cet auteur a reporté le nom d’Aranea au groupe de l’A. domestica (genre Tegenaréa). Ce nom doit être rétabli dans sa forme maculine Araneus, employé par Clerck dès 1757, et le genre qu’il désigne doit avoir pour type l'Araneus angu- latus Clerck. (2) Quelques espèces font cependant le passage des Araneus aux Gasteracantha par la structure de leur abdomen, notamment les À. acutus Keyserl., tabula E. Sim. etc. (voy. plus loin). (3) À part cependant quelques exceptions : 4. Haani Dolesch. (voy. plus loin), 800 HISTOIRE NATURELLE DES APAIGNÉES hanches de la première paire armées en dessous, au bord apical, d’une petite apophyse droite ou incurvée (fig. 863 h') et les tibias de la deuxième paire, plus épais que ceux de la première, et armés, au côté interne, d'épines plus nombreuses et plus robustes, souvent dentiformes, surtout les apicales (fig. 862); dans certains cas, les hanches de la deuxième paire (fig. 863 A?) et quelquefois celles de la quatrième paire ont aussi une armature spéciale. Le genre Araneus est très nombreux, mais peu homogène quant à la taille, au faciès et même aux caractères secondaires, tels que la forme du groupe oculaire médian, l’armature des pattes et la proportion de leurs articles, légères modifications sur lesquelles les auteurs de Faunes restreintes ont fondé des genres qu'il est impossible de maintenir quand on a sous les yeux l’ensemble des espèces; c'est ainsi que les genres Zygia, Zilla, Atea, Miranda, Singa, Cer- cidia, proposés pour des formes européennes, les genres Milonia et Perilla pour des formes australiennes et malaises, les genres Mahadiva, Alpaida, Amamra, Marxia, Verrucosa, Wagneria, Vixia, pour des formes américaines, ne peuvent, à mon sens, être conservés, car les caractères très faibles sur lesquels ils reposent sont de ceux qui passent insensiblement d’une espèce à l’autre, sans permettre de fixer de lignes de démarcation; enfin je rapporte au genre Araneus un certain nombre d'espèces classées à tort dans les genres Acrosoma, Cyclosa, Cyrtarachne, dont elles ont le faciès, mais non les carac- tères essentiels. Pour faciliter l’étude des espèces très nombreuses auxquelles je laisse le nom d'Araneus, je les répartirai en un certain nombre de séries basées principa- lement sur la forme de l'aire occupée par les yeux médians et la courbure des lignes oculaires, séries qui se fondent souvent les unes dans les autres. 1re série. — Espèces dont les yeux latéraux sont places de chaque côté sous un tubercule conique, dont les yeux antérieurs sont en ligne droite ou légèrement récurvée, et dont les yeux médians figurent un trapèze plus large en avant avec les antérieurs plus gros que les postérieurs. Les À. Haani (Ep. de Haanii), caput-lupi Dolesch., thyridota Th., productus capitalis L. Koch, etc., etc., qui représentent cette série dans l’Asie tropicale, l'Australie et sur la côte occidentale d’Afrique, sont tous de grande taille; leur partie céphalique, large, peu atténuée, tronquée, et même saillante aux angles, est légèrement convexe, plus ou moins granuleuse et pubescente, tandis que la thoracique est basse et glabre ; leur bandeau est beaucoup plus large que les yeux médians antérieurs qui sont plus gros que les postérieurs; les laté- raux, largement séparés des médians et étroitement disjoints, sont placés, de chaque côté, sous une saillie sourcilière proéminant en pointe conique en avant de l’œil antérieur, qui est un peu plus gros que le postérieur. Les pattes sont peu longues, celles de la première paire dépassent à peine celles de la quatrième; leurs patellas et tibias, au moins aux deux premières paires, sont un peu déprimés et bisillonnés en dessus; leurs épines sont courtes et très nombreuses, principalement en dessous aux tibias et métatarses antérieurs; leur abdomen volumineux et pubescent est tantôt rhomboédrique, tantôt en triangle allongé à base antérieure et non incliné au sommet; il est rarement FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 801 mutique (4. capütalis L. K., flavicoma E. Sim.), il offre presque toujours en avant deux tubercules angulaires subaigus, et en arrière un ou deux tuber- cules apicaux superposés; ses côtés obliques sont dans certains cas légère- ment sinueux, plus rarement pourvus de deux petites saillies. L'épigyne offre un scape assez petit et un crochet étroit et aigu, tantôt court (A. caput- lupi Dol., etc.), tantôt très long, droit, presque filiforme, atteignant ou dépas- sant même le milieu de la face ventrale (A. productus L. Koch). Cette série est représentée dans l’Amérique tropicale par des espèces un peu plus petites dont l'A. audax BI. (1) est l’une des mieux caractérisées; différant surtout des précédentes, dont elles ont les yeux et les pattes, par leur partie céphalique inégale, déprimée en arrière des yeux, offrant ensuite deux sortes de bosses ou de côtes obliques très obtuses, convergeant en avant; leur abdo- men est court et élevé, mais plan en dessus et tronqué en arrière, ses bords sont quelquefois sinueux, souvent même pourvus de petits tubercules aigus et en arrière de tubercules plus gros mammiformes et plurisériés (2) ; dans une espèce inédite du Paraguay, l’abdomen est cependant du type de celui de l’A. angulatus CI. Les caractères du groupe s’atténuent chez A. socialis Holmb. (3), espèce très répandue dans la République argentine et le Brésil et remarquable par ses mœurs sociables; sa partie céphalique est moins inégale, le rebord sourcilier de ses yeux latéraux est saillant mais arrondi; son abdomen, court et atténué en arrière, est de teinte obscure avec un folium finement bordé et souvent segmenté de blanc et orné de chaque côté d’une série de taches rou- geâtres légèrement saillantes et tuberculiformes; le crochet de l’épigyne est assez court et plissé. L’A. stellatus Walck., répandu du sud des États-Unis à l'Amérique centrale, et quelques espèces voisines (A. nobilis Walck., moestus Keyserl., etc.), pour lesquelles Mac Cook a proposé le genre Marxia, sont exceptionnels en ce que leurs yeux antérieurs sont en ligne légèrement recurvee, de sorte que les mé- dians sont plus éloignés du bord antérieur que les latéraux, à leur niveau le bandeau étant en effet aussi large que le groupe oculaire médian qui est pres- que carré. Leur abdomen, ovale court, est pourvu d’un tubercule antérieur subaigu, de chaque côté de quatre tubercules obtus dont le premier est bilobé, en arrière d'un tubercule dorsal et sur la pente postérieure de trois tuber- cules plus petits; le crochet de leur épigyne est très large à la base, mais atté- nué en forme de triangle subaigu (4). Le mâle de l’A. Haani Dol., décrit par Thorell (sous le nom d’Ep. cwstata), (1) Qui a pour synonyme Ep. meridionalis Keyserl. (2) Les espèces suivantes appartiennent probablement à cette série : Ep. Kochi Tacz. (Ep. opuntiae C. K.), de Guyane; Ep. hoxaea, guatemalensis. destricla, ? armata, hypocrita, rigida, septemmammala Cambr., de l'Amérique centrale; coronigera, velu- tina Taczan., du Pérou. (3) Ep. duodecim-tuberculata Bertkau. (4) Ces Araignées sont encore remarquables par leurs chélicères qui offrent quatre dents à la marge inférieure au lieu de trois, comme dans la grande majorité des Araneus. o1 802 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES est beaucoup plus petit que la femelle (3 mill.); ses hanches sont mutiques et ses quatre tibias antérieurs sont également grêles et sans armature spéciale; celui de V’A. stellatus Walck., relativement moins petit, s’en rapproche par la struc- ture de ses tibias antérieurs qui sont semblables et armés de longues épines isolées, mais ses hanches de la première paire sont armées de la dent incur- vée et ses fémurs, très robustes, présentent en dessous, surtout aux deux pre- mières paires, de fortes épines unisériées. Mais dans d’autres espèces, les tibias antérieurs sont dissemblables, tandis que ceux de la première paire sont longs, grêles et armés, dans leur moitié apicale, d’épines très fortes, serrées et plurisériées, ceux de la deuxième paire sont beaucoup plus courts, plus épais et armés, dès la base, au côté interne, d'épines encore plus robustes et inégales, les unes très longues, droites et aiguës, les autres dentiformes et un peu crochues. 2 SERIE — Espèces dont les yeux latéraux ne sont pas accompagnes d’un tubercule, mais d’un léger rebord sourcilier arrondi; dont les yeux antée- rieurs sont en ligne droite et dont les yeux médians figurent un trapèze plus large en avant, avec les antérieurs généralement plus gros que les postérieurs. L’A. Clymene Nic. (1) du Chili et ses congénères sont remarquables par leur partie céphalique fortement atténuée, pubescente et marquée de deux impressions glabres obliques et par leurs yeux postérieurs en ligne fortement récurvée, les médians étant placés sur la face antérieure verticale d’un fort tubercule qui proémine au-dessus d'un bandeau large et rentrant; ces Arai- gnées ne diffèrent de l’A. angulatus CI1., ni par leurs pattes ni par leur abdo- men ; celui-ci, pourvu de tubercules huméraux, est pubescent et orné de loin en loin de fascicules de poils plus longs. Les espèces typiques de cette série sont très nombreuses, répandues dans le monde entier, mais surtout dans la zone tempérée de l'hémisphère nord et représentées en Europe par l'A. angulatus CI. et formes voisines. Leurs yeux médians antérieurs sont plus gros que les postérieurs ; leurs pattes sont sem- blables à celles des espèces de la première série par la disposition de leurs épines, également courtes, très nombreuses et sériées sur tous les articles, même aux tarses (en dessous), et par leurs patellas et tibias légèrement déprimés, mais leurs pattes antérieures sont plus longues relativement aux postérieures et leurs métatarses sont plus longs que les tibias; leur abdomen, très gros, non ou à peine plus long que large, est très élevé en avant, où il est pourvu de saillies humérales, mais très abaissé et arrondi en arrière, il est brièvement pubescent et de teinte fauve ou brunâtre, marqué, en arrière, d’un grand folium festonné, sur les côtés de zones obliques obscures et, en avant, entre les saillies humérales, de taches blanches anguleuses diverse- ment disposées. L’épigyne est pourvu d’un scape et d’un crochet grêle recourbé en arrière. (1) Dont les Ep. thalia, inflala, erudila, hispida et nigrata Nicolet sont probable- ment synonymes. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 803 Les mâles sont reconnaissables à la puissante armature de leurs pattes; leurs hanches de la première paire sont armées de la dent apicale droite ou incurvée, celles de la deuxième paire sont armées, vers le milieu, d'une dent droite et aiguë dirigée obliquement en arrière (fig. 863); leurs fémurs pré- sentent en dessous une série de longues épines; leurs tibias de la deuxième paire, plus courts et plus épais que ceux de la première paire, sont un peu arqués et convexes au côté interne où ils sont armés de très fortes épines plu- risériées, les unes longues, les autres courtes, épaisses et dentiformes, surtout les apicales, qui sont parfois surélevées et saillantes ; les métatarses de la deuxième paire sont quelquefois arqués et sinueux (A. Circe Aud.). Cette série n'est pas très homogène; certaines espèces s'écartent plus ou moins des précédentes et pourraient devenir les types de sous-séries. Dans quelques grosses espèces de l'Amérique centrale et méridionale (A. fuligineus, hispidus C. Koch, Messalina v. Hasselt, etc., etc.), les yeux médians antérieurs sont relativement plus gros; l'abdomen, large et arrondi en avant, est dépourvu de bosses humérales, ses téguments, de couleur foncée uniforme ou marqués d'une simple ligne claire longitudinale, sont tout hérissés de longs crins lanugineux; le crochet de leur épigyne, fin et droit, est très long, car dans certains cas il atteint presque les filières. Les mâles, dont le bulbe est d’un volume et d'une complication extraordinaires, diffèrent de celui de l’A. angulatus par leurs hanches de la deuxième paire mutiques, leurs métatarses de la deuxième paire, courbés, sinueux et souvent pourvus à la base de quelques fortes épines, leurs trochanters de la quatrième paire souvent armés de deux denticules. On trouve aussi, dans l’Amérique du Sud, de nombreuses espèces, un peu plus petites que les précédentes, dont les yeux médians sont peu inégaux et dont l'abdomen, au lieu d’être abaissé et obtus en arrière, est un peu acuminé et pourvu d’un petit tubercule apical; elles sont généralement de teinte fauve uniforme avec une grande tache noire ventrale bordée de blanc (4. edax BI.); dans d’autres (se rapprochant beaucoup de l’A. marmoratus C1.), l'abdomen présente même en arrière deux petits lobes géminés et la tache noire ventrale est souvent coupée de quatre lignes jaunes longitudinales, c'est surtout dans l’Amérique australe extratropicale que l’on rencontre des Araneus de ce type (A. flaviventris Nic., phæthontis E. Sim.). Dans une espèce un peu anormale de l'Amérique du Nord, À. cavaticus Keyserl. (Ep. cinerea Emert.), qui a les mœurs de notre Meta Menardi Latr., les yeux médians sont égaux, les téguments, presque unicolores, sont hérissés de longs crins, le bandeau est plus étroit et l’espace membraneux qui le sépare de la base des chélicères est armé de trois petites épines, enfin les pattes sont beaucoup plus longues, surtout celles du mâle, dont les quatre tibias antérieurs sont grêles et semblables, mais dont les fémurs de la première paire sont garnis en dessous de très longues et nombreuses épines irrégu- lières. L’4A. dalmaticus Dol. d'Europe et les espèces plus grosses qui le remplacent sous les tropiques, telles que A. lugubris Walck., decens Thorell, etc., etc., 804 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES diffèrent très peu de l’espèce précédente par leurs téguments et leurs yeux (1), mais chez les mâles, les fémurs antérieurs sont très épais, ceux de la pre- mière paire sont presque mutiques en dessous, tandis que ceux de la seconde sont armés d'une série de longues épines; les tibias de la première paire sont armés de longues épines irrégulières, tandis que ceux de la seconde sont armés soit de grosses épines assez longues (A4. lugubris Walck., suedicola E. Sim.), soit, plus souvent, de spinules très nombreuses et irrégulières for- mant râpe; les métatarses des deux premières paires, ou seulement ceux de la première, sont souvent aussi finement spinuleux en dessous. Il y a, en Australie et en Polynésie, de petites espèces (A. nigropunctatus L. K., Savesi E. Sim.), qui se rapprochent de l’A. dalmaticus Dol., mais dont les yeux médians, égaux, figurent un trapèze un peu plus long que large et dont l’abdomen, obtusément triangulaire, est presque unicolore; le crochet de leur épigyne est court, linguiforme et relevé, le scape, sur lequel il s’appuie, est pourvu de chaque côté d’un petit tubercule divergent; chez les mâles (4. Savesi E. Sim.), toutes les épines tibiales sont longues, celles des tibias de la deuxième paire sont plus nombreuses, mais celles des tibias de la pre- mière paire sont plus longues, surtout les deux basilaires. D’autres espèces, également australiennes, dont les plus connues sont les À. fuliginatus et brisbanæ L. Koch, pourraient former une sous-série ayant des rapports avec celle de l’A. gibbosus Walck. (voy. plus loin); leur partie céphalique est convexe et pubescente; leurs yeux médians, égaux et disposés sur un plan presque vertical, sont en trapèze à peine plus large en avant (2), l'intervalle des postérieurs étant presque double de leur diamètre ; leur abdomen, largement ovale, est brièvement atténué en avant et en arrière, où il n’est pas incliné, mais ordinairement pourvu d’un petit tubercule apical, rarement assez long et subaigu (A. lancearius Keyserl.), il est d’un fauve obscur, orné soit d’un folium sinueux, soit de barres transverses obscures, plus rarement de deux grosses taches latérales noires; les pattes, assez longues et peu robustes, sont armées d’épines ayant la disposition ordinaire; le crochet de leur épigyne est petit. On trouve dans les montagnes de l'Inde des espèces analogues [4. mütratus, minutalis E. Sim., etc. (3)], dont les yeux médians égaux figurent cependant (1) Dans les espèces exotiques, le trapèze des yeux médians est beaucoup plus large en avant et ses yeux antérieurs sont généralement un peu plus gros, tandis que, chez A. dalmaticus Dol., il est à peine plus large en avant, ce qui indique une tendance vers l’4. gibbosus Walck. (2) Dans certaines de ces espèces (4. brisbanae L. K.) les yeux médians sont même disposés en carré, avec les antérieurs un peu plus petits que ies postérieurs, ce qui devrait les faire rentrer dans le groupe de l'A. gibbosus Walck., si tout le reste de leur organisation n’était celui de l'A. fuliginatus L. Koch. (3) L’Ep. prospiciens Thorell en est probablement voisin, tandis que les Ep. mucro- nata et pelax, du même auteur, semblent se rapprocher davantage de l’4. fuliginatus L. Koch. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 805 un trapèze plus large en avant, dont le bandeau est plus étroit et dont l’abdo- men allongé est un peu acuminé en arrière et pourvu en avant de tubercules huméraux. Le crochet de leur épigyne est assez long et très fin. Dans quelques- unes de ces espèces, mais non dans toutes, les mâles offrent deux épines aux hanches de la quatrième paire. L’A. diadematus C1., si commun dans nos jardins au mois de septembre, les À. marmoratus, quadratus C1., alsine Walck., conspicillatus Walck. (insularis Hentz.), trifolium Hentz et les nombreuses espèces similaires qui les rem- placent dans toutes les régions tempérées et montagneuses de l’hémisphère nord, ne diffèrent guère de l'A. angulatus que par leurs patellas et tibias cylindriques, leurs yeux médians égaux ou peu inégaux, leurs yeux latéraux presque égaux et presque contigus; leurs caractères sexuels sont les mêmes, mais ils sont parfois affaiblis ; chez les mâles des A. diadematus et marmoratus, la dent des hanches de la seconde paire existe, tandis que chez ceux de l'A. quadratus CI. et formes voisines, elle fait défaut, mais les autres articles, notamment les tibias, sont construits comme ceux de l’A. angulatus Cl.; dans VA. soror E. Sim., si voisin du diadematus, les tibias des deux premières paires sont cependant grêles et semblables. L’abdomen offre parfois les traces de tubercules huméraux, notamment celui de l’A. diadematus , mais il en est ordinairement dépourvu, tantôt ovale court (A. marmoratus), tantôt presque globuleux (A. quadratus) ; sa coloration dorsale est plus vive et plus variée que celle des espèces précédentes ; le folium, très net sur fond blanc, jaune ou orangé, est ordinairement accompagné de taches blanches formant parfois des dessins complexes. Le crochet de l’épi- gyne, assez grêle et recourbé à la pointe, n’atteint jamais le milieu de la face ventrale. À un céphalothorax, des veux {les latéraux cependant plus disjoints) et des pattes semblables à ceux des espèces précédentes, les À. cornutus C1., seri- catus Cl. (sclopetarius) (1), wmbraticus CI., frondosus Walck. (striæ Hentz.), etc., également très répandus, joignent un abdomen ovale plus allongé, tantôt convexe, tantôt déprimé (A. wmbraticus CI.) et un crochet génital droit et beaucoup plus court, dépassant à peine le scape dans certains cas. Les mâles dont les hanches de la seconde paire offrent une très petite dent apicale, ont les tibias de la seconde paire aussi grêles que ceux de la première paire, mais généralement armés de fortes épines internes. (1) Quand un auteur a désigné dans un même ouvrage une même espèce sous plu- sieurs noms, le premier de ces noms doit être considéré comme ayant la priorité et prévaloir selon les règles de nomenclature générale. Il en résulte que les noms d’4. ocellatus Clerck (sp., 7, p. 36) et d’A. sericatus CI. (sp., 10, p. 40) doivent être rétablis en place des noms d’4. palagiatus CI. (sp., 8, p. 38) et d’A. sclopetarius CI. (sp., 11, p. 43) qui ont cependant été préférés par les auteurs modernes. Deux espèces de Theridion sont dans le même cas : les Th. formosum Clerck (sp., 5, p. 56) et Th. lineatum CI. (sp., 8, p. 60), dont j'ai parlé plus haut (p. 537 et 538), qui doivent reprendre les noms : le premier de Th. lunatum CI. (Sp., 3, p. 52), le second de Th. ovatum (sp., 6, p. 58). 806 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES 3e série. — Espèces dont les yeux latéraux sont presque sessiles, dont les yeux médians figurent un trapèze plus large en avant et dont les yeux antérieurs sont en ligne récurvée (le bandeau étant plus étroit au niveau des médians qu'au niveau des latéraux). Dans une première sous-série, dont toutes les espèces sont américaines, les yeux médians antérieurs sont plus gros que les postérieurs et le céphalo- thorax est construit comme celui de l’A. diadematus CI., c'est-à-dire marqué d’une large impression thoracique superficielle. Quelques-unes de ces espèces font le passage de cette série à celle de l’A. cornutus CI., c’est ainsi que l'A. solitudinis Holmb. et formes voisines ont les yeux presque égaux et disposés en trois groupes largement séparés, l'abdomen ovale et orné de dessins dor- saux analogues à ceux des À. marmoratus et cornutus C1.; d’autres ont l'ab- domen plus allongé et marqué soit de bandes longitudinales, soit de deux séries de grosses taches rouges obliques sur fond noir (4. latro Fabr.), soit de traits sinueux (4. adiantoides Tacz.), etc.; mais dans les espèces les mieux caractérisées, les yeux sont plus resserrés, les médians antérieurs sont plus gros, l'abdomen est suglobuleux, tantôt de coloration simple et presque uniforme, blanche, jaune ou verte, avec une bordure obscure [A. lathyrinus Holmb. (1), Bandelieri E. Sim.], tantôt de teinte plus foncée avec une ou deux lignes claires ventrales et un dessin dorsal tantôt penné et ressemblant à celui de notre A. Redii Scopl. (A. bogotensis Keyserl., labyrintheus Hentz), tantôt rappelant celui de notre A. triguitatus Fabr. [A. pegnia Walck. (2)|. Enfin on arrive à de plus petites espèces, telles que l’A. thaddeus Hentz, de l'Amérique du Nord, dont les épines des pattes sont très réduites, dont les yeux médians postérieurs sont presque connés, dont l’abdomen globuleux est unicolore ou marqué d'une bande longitudinale très élargie et anguleuse dans le milieu et d'une bordure noire antérieure; il y a même dans l’Amé- rique tropicale des espèces très petites, ayant le front plus étroit, les yeux médians plus gros, surtout les antérieurs, qui touchent presque aux latéraux, ce qui les fait ressembler à ceux des Theridion; leur abdomen est globuleux ; dans l’une d’elles, il présente un scutum dorsal (3); leurs pattes courtes sont presque mutiques. Les espèces précédentes sont remplacées dans l'Afrique tropicale et australe, à Madagascar et en Malaisie, par des Araneus dont la partie thoracique et les yeux sont semblables, mais dont la partie céphalique est plus convexe, au (1) = Epeira montevidensis Keyserl. et caerulea Bertkau. (2) — Epeira globosa Keyserl. et triaranea Mac Cook. (3) Espèce inédite, dont voici la diagnose : À. castaneoscutatus, sp. nov. — Q. Long. 2 mill. — Cephalothorax fulvus, parte cephalica antice sensim infuscata. Abdomen subrotundum, fulvum, pubescens, antice, in declivitate, vilta nigra semicirculari marginatum, supra plagula maxima rufo- brunnea, subtiliter coriacea munitum, subtus nigricans, utrinque testaceum. Sternum pedesque lurida. Vulvæ scapus ovalo-transversus, uncus brevis el gracilis — Amazonas, FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 807 point de ressembler parfois à celle des Eresus, et ordinairement très pubes- cente et dont les pattes sont plus robustes et souvent plus courtes ; leur volu- mineux abdomen est presque arrondi, jaune ou fauve mat, avec une bordure noire antérieure, tantôt presque unicolore (4. hirtus CG. Koch), tantôt orné de linéoles transverses obscures (A. semiannulatus Karsch, etc.) et souvent par- semé de longs crins rudes. Thorell a proposé pour des espèces malaises du même type les genres Milonia et Perilla ; elles ne diffèrent cependant des précédentes, dont elles ont le céphalothorax et les pattes, que par leurs yeux antérieurs en ligne presque droite et leurs téguments plus glabres; elles ont généralement la coloration de l'A. hamatus CI. et des Phonognatha (voy. p. 748); leur abdomen cylin- drique, obtus aux deux extrémités, dépasse un peu les filières; leurs pattes postérieures sont souvent presque mutiques, tandis que les antérieures ont des épines courtes assez nombreuses; les espèces types : À. (Milonia) brevipes, trifasciatus Thorell, sont de Malaisie, mais des formes analogues existent au Japon, dans l’Afrique tropicale (4. sérupifer E. Sim.), et dans l'Amérique centrale et méridionale (Ep. laticeps, cylindrica Cambr.) ; les plus petites de ces dernières ont les pattes mutiques (1). C'est ici que doivent prendre place les espèces comprises jusqu'ici dans le genre Singa CG. Koch (réduit à son premier groupe dont le type est S. hamata C1.), qui ne repose sur aucun caractère constant; ce sont des Araignées de forme allongée, dont l’abdomen cylindrique et dépassant plus ou moins les filières rappelle celui des Phonognatha et des Nemoscolus; leurs yeux médians sont disposés en trapèze beaucoup plus large en avant, les postérieurs étant presque connés et plus petits que les antérieurs; tous les autres caractères sont ceux des Araneus du groupe de l’A. lathyrinus que j'ai indiqués plus haut; les espèces européennes : A. (Singa) hamatus C]., semiater L. Koch, etc., ont le céphalothorax noir ou rougeâtre et rembruni en avant, l'abdomen blanc avec deux larges bandes dorsales, souvent interrompues dans le milieu ; il y a des espèces analogues dans l’Amérique du Nord (Ep. maura, rubella Hentz), à Madagascar (A. [Cercidia] versicolor Keyserl.) et dans l’Afrique aus- trale ; en Australie, le groupe est représenté par quelques espèces, E. usualis Keyserl., ayant beaucoup plus la coloration de l'A. (Zillau) æ-notatus CI. et dont l’abdomen est marqué de fortes impressions calleuses, il y a des formes similaires aux Philippines et dans l’Amérique du Sud au Paraguay. Parmi les espèces européennes, l'A. (Singa) Heri Hahn. fait le passage de ce groupe à celui de l'A, pygmaeus Sund., dont je parlerai plus loin (2); ses yeux mé- dians postérieurs sont plus séparés que ceux de l'A. hamatus CI. et, chez le mâle, les quatre tibias antérieurs sont grêles et sans armature spéciale. (1) Il y a aussi, dans l'Amérique du Sud, des espèces qui, avec un céphalothorax et des pattes semblables, sont exceptionnelles en ce que leurs yeux médians sont disposés en carré; leur abdomen, plus court, est noir, avec un dessin blanc dorsal en forme de croix. (2) Principalement à l'A. praticola E. Sim. (pratensis Emert., præocc.), qui ressemble beaucoup à VA. Heri Hahn. — L'espèce que j'ai décrite autrefois sous le nom de Cercidia pachyderma doit être ajoutée à la synonymie de l'A. Heri. 808 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Dans les Araneus de la troisième série, dont j'ai parlé jusqu'ici, les carac- tères sexuels se rapprochent de ceux de l’A. angulatus CI.; le scape de l’épi- gyne est cependant peu apparent et son crochet est court, ordinairement assez épais, obtus et rebordé en dessus, d’autre fois grêle, rarement replié sur lui-même à la base; chez les mâles, les tibias de la deuxième paire sont un peu épaissis et épineux au côté interne; dans les espèces voisines des A. semiannulatus Karsch et hamatus CI., les hanches antérieures portent la dent apicale (souvent très petite), mais les autres sont mutiques; tandis que dans celles qui se rapprochent de l'A. lathyrinus Holmb., les hanches de la troisième et de la quatrième paire sont souvent armées chacune d'une épine médiane, elles sont au contraire toutes mutiques dans l'A. bogotensis K. et ses congénères ; les fémurs offrent en dessous une série d’épines ou au moins de soies robustes, qui manquent presque toujours à ceux de la première paire; dans le groupe de A. hamatus CI., tous les fémurs sont cependant mutiques en dessous. L’A. cucurbitinus C1. d'Europe et les espèces qui s'en rapprochent (A. displi- catus Hentz, Westringi Th., alpicus L. Koch, inconspicuus, Cossoni, himalayanus E. Sim., etc.) forment une sous-série caractérisée par les yeux médians anté- rieurs un peu plus petits que les postérieurs (rarement égaux, A. displicatus), avec lesquels ils figurent un trapèze plus large en avant et par les yeux latéraux, largement séparés des médians, petits, égaux et connés ; leurs pattes, courtes, peu inégales et garnies d'épines nombreuses et longues, sont, comme le céphalothorax, qui est lisse et glabre, d’un jaune pâle uniforme, tandis que leur abdomen, brièvement ovalaire, est en dessus d’un beau jaune souvent relevé d’une tache rouge apicale, et de deux séries de points noirs, conver- geant en arrière. Dans les A. ériguttatus Fabr., Séurmi Hahn d'Europe, miniatus Walck. (Ep. punctillata Keyserl.), etc., etc., qui touchent de près aux précédentes, les yeux médians (égaux ou les antérieurs un peu plus petits) sont disposés en trapèze à peine plus large en avant, quelquefois même en carré (A. agulenoides E. Sim.) (1). Ces Araignées, d’assez petite taille, ont l'abdomen légèrement rhomboédrique ou triangulaire obtus, plus large que long, d'un fauve-rouge avec de grandes taches blanches; dans une espèce de la Louisiane (probable- ment Ep. partita Walck.), l'abdomen, encore plus transverse, ressemble à celui de l’A. mexicanus; d’autres espèces (inédites), propres à Madagascar, ont au contraire l'abdomen ovale ; leur céphalothorax est généralement marqué d’une tache médiane, d’un blanc mat, en forme de V. Les mâles ont les hanches antérieures pourvues d’une très petite dent apicale (qui manque quelquefois), les autres mutiques; les épines des pattes très longues et celles des quatre tibias antérieurs semblables, ou quelquefois plus fortes et plus longues à ceux de la première paire (A. {riquitatus F.). Le crochet de l’épigyne est très (1) Deux espèces inédites, de Ceylan et de Java, ont le groupe oculaire médian un peu plus long que large et un peu plus étroit en avant qu’en arrière, caractères rappelant ceux du groupe de l'A. Grayi. Ces Araignées de petite taille ont l'abdomen ovale entièrement blanc. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 809 fin, mou, plissé, souvent replié en boucle sur l’un des côtés et ordinairement terminé par une petite dilatation. Quelques espèces brésiliennes (4. candidus E. Sim., etc.) méritent de former une sous-série, ayant certains rapports avec le genre Caira (du groupe des Poltys\; leurs yeux médians, petits et égaux, sont disposés en trapèze un peu plus long que large et beaucoup plus large en avant, ressemblant à celui des Larinia; leurs tibias et métatarses des deux premières paires sont armés au côté interne d’épines très nombreuses assez régulièrement plurisériées; leurs chélicères offrent à la marge inférieure trois dents assez petites et isolées. Chez les mâles, les hanches antérieures ont la dent apicale; les tibias et métatarses des deux premières paires sont armés de très nombreuses et longues épines, ceux de la deuxième paire, un peu épaissis, ont de plus, dans leur partie apicale, des épines internes plus robustes et dentiformes dont les princi- pales sont un peu soulevées et recourbées. Ce sont des Araignées de taille moyenne, d’un fauve pâle dont l’abdomen, brièvement ovalaire, est entière- ment blanc (1). Les A. mexicanus Lucas (M. undecimvoariolata Gb.), arenatus Walck. (Ep. verrucosa Hentz), depressus Walck. et beaucoup d’autres espèces américaines forment une sous-série très naturelle dans laquelle le céphalothorax et les yeux sont cependant semblables à ceux de l’A. bogotensis (2), mais dont les pattes sont plus longues et plus inégales, les quatre antérieures étant beau- coup plus longues et toutes beaucoup moins épineuses; dans les espèces les mieux caractérisées, dont Cambridge avait fait le genre Mahadiva et Mac Cook le genre Verrucosa, les pattes des deux paires postérieures sont mutiques, les métatarses antérieurs le sont également (ou présentent rarement deux petites épines basales), tandis que les fémurs et les tibias offrent en dessous des épines sériées ; l'abdomen triangulaire à base antérieure, avec les angles plus ou moins saillants, est pourvu, en arrière et sur les côtés, de petits tubercules obtus ; il est ordinairement noir avec une grande tache dorsale triangulaire et deux taches ventrales blanches, jaunes ou rosées; le crochet de l’épigyne est fin, droit et très long, dépassant le milieu de la face ventrale; dans une espèce brésilienne, A. zebra Keyserl. (fig. 864-865), les tibias antérieurs offrent chacun deux petites épines basales, tandis que tous les autres articles sont mutiques, et l'abdomen, non mucroné, est blanc et finement striolé de violet; enfin dans d’autres espèces, A. bahiensis Keyserl., etc., dont Key- serling avait fait le type d’un genre Epeiroides (3), les pattes sont mutiques ; (1) J’en possède trois espèces inédites : A. candidus, sp. nov. — Long. 8 mill. — Pallide luridus, lævis, parce et tenuiter albo-pilosus. Abdomen breviter ovatum, vix longius quam lalius, albo-opacum. Tibiæ melatarsique antici intus numerose pluriseriatim aculeati. Uncus vulvæ gracillimus, curvatus. — Brasilia merid. (2) Dans quelques espèces, notamment À. transversus KE. Sim., les yeux médians figurent cependant un carré au lieu d’un trapèze, ce qui prouve que ce caractère n’a pas une très grande importance. (3) Epeiroides fasciolata Cambr. (Biol. centr. Amer., Ar., 1889, p. 15), de Panama, n'appartient pas au même groupe et semble se rapprocher des Bertrana. 810 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES l'abdomen, non mucroné, triangulaire ou fusiforme transverse, est presque entièrement de teinte pâle et le crochet de l’épigyne est beaucoup plus court. Les mâles de ces Araignées ont les pattes encore plus longues et plus grêles, surtout les métatarses et tibias antérieurs, et armées d’épines nombreuses et S64 865 Araneus zebra Keyserl. — Mäle et femelle grossis. plus longues; leurs tibias de la deuxième paire, relativement courts, sont épais et renflés au côté interne où ils offrent, vers le milieu, une forte saillie, surmontée d'une ou de plusieurs épines (fig. 864); les diverses espèces de cette série sont étroitement unies et je crois avoir démontré que l’armature et la proportion des pattes ne pouvaient fournir de caractères génériques. D’autres Araneus américains, assez voisins des précédents, A. rimosus Keyserl., etc., en différent par leur céphalothorax plus allongé, avec la partie céphalique pubescente, la thoracique marquée d'une fossette très profonde, beaucoup plus petite et coupée d’une strie longitudinale qui entame un peu la partie céphalique; le trapèze de leurs yeux médians est beaucoup plus large en avant et ses yeux antérieurs sont beaucoup plus gros que les postérieurs ; les pattes sont longues, un peu moins inégales que celles de l'A. mexicanus Luc. et leurs épines, beaucoup plus nombreuses, ont la disposition de celles de l’A. angulatus ; les patellas et tibias, surtout les antérieurs, sont un peu déprimés en dessus; le crochet de l’épigyne est fin, droit et assez long. L'abdomen de l’A. rimosus Keyserl. et formes voisines est long, arrondi en avant, légèrement atténué, mais non incliné en arrière où il est obtus, pourvu en avant de tubercules huméraux coniques, subaigus et en arrière de tubercules courts et obtus rapprochés. et disposés sur plusieurs rangs (géné- ralement 1-3-1). Les mâles ont les tibias de la seconde paire épaissis et pourvus de trois rangées de fortes épines internes dont les médianes sont dentiformes, les métatarses de la deuxième paire pourvus d’une rangée interne de 3 à 5 épines semblables, mais plus petites; leurs fémurs ont en dessous FAMILLE DES ARGIOPIDÆ ol1 une rangée d’épines, et les épines inférieures (généralement 3) de leurs tibias de la quatrième paire sont beaucoup plus longues que celles des autres articles. Dans d’autres espèces, également propres à l'Amérique du Sud et ressem- blant à des Eustala, la strie thoracique est encore plus longue et généralement accompagnée, de chaque côté, de deux petites impressions punctiformes, tandis que l’impression transverse est très réduite; l’abdomen, de même forme, n’a généralement en arrière que trois petits lobes égaux; le crochet de l’épi- gyne, beaucoup plus large à la base, est brusquement rétréci et terminé en pointe fine et courte; presque toutes ces espèces ont en commun d'avoir le ventre noir avec une tache blanche médiane, formée de deux points géminés. Avec un céphalothorax semblable à celui de A. rimosus, d'autres espèces américaines (À. nephiloides Cambr., musivus v. Hasselt, etc.), ont les yeux mé- dians presque égaux et disposés en quadrilatère plus long que large et à peine plus large en avant; leurs pattes, armées d’épines semblables, sont encore plus inégales (les deux premières paires très longues, la troisième très courte); leur abdomen, obtusément triangulaire, allongé et hérissé de longs poils isolés, est d’un jaune pâle et orné en dessous d’une grande tache noire carrée bordée de blanc, tandis que leur céphalothorax et leurs pattes sont d’un fauve-rouge et celles-ci largement annelées de noir. L’A. truncatus Keyserl. (1), très répandu dans l'Amérique du Sud, est le type d'une autre sous-série caractérisée par des yeux médians disposés en trapèze à peine plus large en avant, avec les antérieurs plus gros et figurant avec les latéraux une ligne presque droite; dans l’espèce type, la partie cépha- lique est pubescente, l’abdomen, subcylindrique et tronqué en arrière avec les angles un peu saillants, est hérissé de longs poils isolés, les pattes sont longues et armées de nombreuses épines; l’épigyne est un gros cylindre transverse pourvu au milieu d’un crochet court et fin. Dans d’autres espèces voisines (A. Taczanowskii E. Sim., etc.}, les yeux antérieurs sont en ligne plus courbée, le groupe des médians est relative- ment plus large en avant; le céphalothorax, glabre, offre au milieu un groupe de crins dressés; l'abdomen, également tronqué, un peu lobé en arrière et de plus un peu acuminé en avant, est fauve avec de grandes macules blanches et quelques points noirs. Les caractères sexuels des mâles sont exagérés ; leurs tibias de la deuxième paire sont très renflés, celui de l'A. truncatus offre, au côté interne, un petit nombre d’épines dentiformes dont la principale est élevée sur un fort tubercule; chez A. Taczanowskii E. Sim., les épines sont plus nombreuses et les deux apicales sont recourbées en crochet. La patte-mâchoire de l'A. fruncatus est normale quant à son tibia et à son tarse, mais son bulbe, très complexe, porte une très longue apophyse basi- (1) Dont les Ep. cylindrata et eleganiissima Tacz. sont synomymes. Ep. carminea lacz. appartient au même groupe. 812 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES laire divergente et coudée, tandis que celle de VA. Taczanowskii est anormale par la grande longueur de son fémur et de son tibia, rappelant ceux de l'A. (Zilla) atrica C. Koch. Dans quelques espèces, que l’on peut considérer comme un type réduit des précédentes, la partie céphalique est plus convexe, les yeux antérieurs sont en ligne beaucoup plus récurvée, au point que les médians viennent presque toucher le bord du bandeau ; les yeux médians, égaux, sont ordinairement en trapèze aussi long ou un peu plus long que large, plus rarement en carré; l'abdomen, ovale court et un peu acuminé en arrière, est tantôt entièrement jaune en dessus (A. cifrinus E. Sim.), tantôt orné de bandes blanches et de lignes noires très festonnées (A. foliifer E. Sim.) ou d’une tache noire posté- rieure (A. nigroanulis E. Sim.), tantôt brunâtre avec un folium analogue à à celui de l’A. pegnia et dans ce cas pourvu d’angles huméraux ; les pattes sont courtes et ne portent qu'un très petit nombre d’épines; les deux paires postérieures et tous les métatarses en sont généralement dépourvus, tandis que les fémurs de la première paire offrent, sur leur face interne, 3 ou 4 fortes épines arquées en avant; c'est sans doute une espèce voisine des précédentes dont Cambridge a fait le type du genre Alpaida (Al. conica Cb.). Vient ensuite une très nombreuse suite d'espèces, qui ne diffèrent des pré- cédentes ni par leurs yeux, ni par leurs organes sexuels, mais dont la région thoracique rappelle un peu celle des Mangora et des Larinia, en ce que sa large impression transverse y est mal définie et marquée au milieu d’une fos- sette ovale longitudinale, coupée elle-même d’une strie, souvent un peu dilatée dans le milieu; ce caractère ne peut avoir une valeur générique, car, entre un céphalothorax ainsi construit et celui des espèces étudiées précédem- ment, on trouve tous les passages, de plus, il amènerait à rapprocher des espèces qui sous d’autres rapports diffèrent grandement les unes des autres. Dans un premier groupe d’espèces dont les yeux médians sont disposés en trapèze plus large en avant, mais avec l'intervalle des postérieurs au moins égal à leur diamètre, l’abdomen est très variable, il est rarement ovale, un peu acuminé en avant et presque unicolore en dessus (1); il est souvent ovale, un peu atténué en arrière, en dessus fauve avec une très large bande longi- tudinale blanche, finement bordée de noir, très atténuée en arrière, largement (1) Il présente cette forme dans deux espèces qui seraient peut-être mieux placées dans le voisinage des Eustala ei des Larinia, l’une d'Australie, À. humilis L. Koch, l’autre, du Japon, À. Mellotteei E. Sim.; dans la première, les yeux médians, égaux, sont disposés en trapèze à peine plus large en avant; dans la seconde, les yeux sont en trapèze beaucoup plus large en avant, avec les antérieurs plus gros ; le cépha- lothorax ressemble à celui des Acacesia. La seconde de ces espèces est inédite : A. Mellotteei, sp. nov. — Long. 5 mill. — Cephalothorax luridus, albo-pilosus. Abdomen oblongum, antice leviter acuminatum, supra læte flavum, antice, in decli- vitate, oblique nigro-marginatum, subtus fusco-cervinum. Sternum olivaceum. Pedes luridi, longi et graciles, sed femoribus anticis crassis, numerose aculeati. Uncus vulvæ longus, depressus et sat angustus sed utrinque, prope medium, minute tuber- culatus. — Japonia : Yokohama. TL sb FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 819 lobée ou pennée en avant, noir en dessous, où il est marqué de deux bandes ou de quatre taches blanches (A. adianta, Theisi Walck,, arabescus Walck., pralensis Hentz, etc.); d’autres fois, il est beaucoup plus court et de teinte plus obscure, mais offrant toujours la bande dorsale pennée et les deux taches ventrales (A. nauticus L. K.), il présente même parfois les traces d’angles huméraux (4. crucifer Lucas, des Canaries); d’autres fois, il est arrondi de chaque côté et un peu plus large que long (A. Redii Scopl.). L’A. dioidia Walck., qui serait le type du genre Zülla (désigné par C. Koch sous le nom de Z. albimacula, in Uebers. d. Arach.-Syst., I), est l'espèce la plus amoindrie de ce groupe; ses yeux latéraux sont en effet peu éloignés des médians et ses pattes sont très inégales, les quatre antérieures étant beaucoup plus longues que les autres; son abdomen, court, élevé et subanguleux en avant, est très déclive et obtus en arrière ; chez le mâle, les épines des pattes sont très longues, mais celles des tibias des deux premières paires sont sem- blables et isolées ; à part cette exception, les caractères sexuels de toutes ces Araignées sont normaux; chez les mâles, les tibias de la deuxième paire sont un peu épaissis et épineux au côté interne et les hanches de la première paire ont une petite dent apicale. L’A. diodia est remplacé dans l'Himalaya et à Ceylan par de petites espèces encore plus anormales (A. minutalis, Radleyi E. Sim.), en ce que leur ster- num est prolongé, entre les hanches postérieures un peu disjointes ; leurs pattes, moins inégales, sont mutiques chez les femelles, tandis que chez les mâles, les tibias de la première paire, un peu plus épais que ceux de la seconde, portent quelques très longues épines; leur abdomen est pourvu de deux gros tubercules huméraux. Viennent ensuite quelques petites espèces de l’Asie méridionale et de la Ma- laisie qui se distinguent surtout des précédentes par le trapèze de leurs yeux médians beaucoup plus large en avant, les postérieurs étant presque connés ; leur abdomen est tantôt ovale avec un folium dorsal sinueux (A. 2nustus L. Koch) (1), tantôt presque arrondi, blanc ou verdâtre, avec ou sans tache antérieure noire lunuliforme et deux ou quatre taches postérieures, presque contiguës, dont les deux médianes sont légèrement saillantes (A. [Atea] incertus C. Koch) (2). Dans les espèces que les auteurs modernes comprennent dans le genre Zilla (A. æ-notatus C1., atrica, montanus G. Koch, etc., etc.), le céphalothorax est construit comme dans les précédentes, les yeux ne diffèrent que par le groupe des médians qui est ordinairement presque carré, mais quelque- fois aussi nettement plus large en avant et par la plus forte courbure de leur première ligne (3). L’épigyne est tantôt simple, transverse et rebordé (1) Dont Ep. Weyersi E. Sim. est synonyme. — Les Ep. calyptrata Workm., papula, melanocrania Thorell, en sont sans doute voisins. (2) Les Ep. pracsignis L. Koch, postilena Thorell, mitifica E. Sim., très voisins les uns des autres, sont de ce type. (3) L’armature des chélicères est aussi un peu différente de celle des espèces pré- 814 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES (A. atricu G. Koch), tantôt pourvu d’un crochet, court large et plissé (A. Koch Th.) ou linguiforme étranglé à la base (A. linguatus E. Sim.); chez les mâles, les hanches et les 'tibias n’ont pas d'armature spéciale ; la patte-mâchoire est souvent remarquable par la longueur de son tibia, qui est cylindrique, notamment celui de l'A. xæ-notatus CI. et surtout de l'A. atrica C. Koch, qui est plus long que la patella (fig. 866); dans d’autres espèces, cependant voi- sines des précédentes, telles que A. montanus C. Koch, Kochi Th., il est court et normal; dans tous les cas, la branche externe du tarse n’est ni diver- gente ni incurvée, mais dirigée en avant et appliquée sur le bulbe, tantôt cultriforme-sinueuse (A. x-notatus C1., etc.), tantôt semi-circulaire échancrée en avant (A. Kochi Th.). Ces Araignées sont de taille moyenne; leur céphalo- thorax et leurs pattes sont d’un fauve olivâtre, avec la partie céphalique souvent rembrunie, tandis que leur abdomen, ovale, court, un peu déprimé, est blanchâtre, fauve ou un peu nacré, avec un grand folium sinueux, rem- bruni sur les bords; ce système de coloration se retrouve dans beaucoup d'autres Araignées de familles différentes qui ont été rapportées à tort à l'ancien genre Züilla (2). Les yeux médians ont la même dis- position dans quelques espèces américaines, telles que A. melano- cephalus Tacz., Witifeldæ Mac Cook, etc., qui ont le faciès et la coloration de notre À. x-notatus, avec des formes plus courtes et plus trapues, la partie céphalique plus large et les yeux latéraux, un peu disjoints, plus largement séparés des médians ; leur épigyne est pourvu d'une grosse pièce mé- diane lisse, polygonale, tronquée Fig. 866. et échanerée en arrière, atténuée Araneus (Zilla) atrica C. Koch. Patte-màchoire en avant où elle est armée d’une du mâle. : ARE , pointe dirigée dans le sens du pé- dicule; chez les mâles, les pattes sont celles de la sous-série précédente, mais le crochet des chélicères est armé en dessus, vers le milieu, d’une dilatation cariniforme tronquée. cédentes, mais elle ne peut fournir de caractère constant ; chez la femelle, les dents de la marge inférieure, plus petites que celles de la supérieure, sont plus isolées; la troisième, plus pelite que les autres, est ordinairement suivie d’une quatrième dent encore plus petite; chez les mâles, les chélicères, plus longues et plus étroites, sont atténuées et leurs dents, au moins celles de la marge supérieure (réduites à deux et géminées), sont reculées et situées sur l'angle. (2) Principalement dans le genre Enoplognatha, cf. p.577, note. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 815 4e SÉRIE. — Espèces dont les yeux latéraux sont presque sessiles, dont les yeur meédians, égaux ou presque égaux, sont disposes en carré et dont les yeux antérieurs sont en ligne droite ou presque droite. Dans une première sous-série ne comprenant que des espèces de l’Amé- rique du Sud : A. fuliginosus Walck., acutus, alliceps Keyserl., tabula E. Sim., etc., la partie céphalique est large et convexe, les yeux médians disposés en carré sur un plan presque vertical, et le bandeau assez large; les pattes, peu longues et peu inégales, sont armées d’épines nombreuses, sauf aux métatarses qui sont parfois mutiques; l'abdomen est tantôt largement arrondi en avant et acuminé en arrière (A. acutus K.), tantôt presque parallèle, légèrement acuminé aux extrémités et pourvu de faibles saillies humérales (A. tabula E. Sim.), quelquefois enfin plus allongé, plus convexe, un peu acuminé en avant et très légè- rement sinueux sur les côtés (A. alticeps Keyserl.); dans tous les cas, sa face dorsale, glabre, très lisse et légèrement indurée, est marquée de points calleux, disposés sur quatre rangs (les latéraux souvent très petits et peu visibles). L'épigyne est pourvu d'un large scape transverse, sinueux au bord postérieur, où il est prolongé par un petit crochet. Les caractères des mâles sont normaux ; leurs hanches de la première paire ont une très petite dent apicale, et leurs tibias de la deuxième paire, légerement épaissis et courbés, sont armés de fortes épines internes bi ou trisériées. Deux espèces du Brésil, A. fabula (1) et multipunctatus E.S., se distinguent par leur sternum très convexe en avant, où il est divisé en deux lobes arrondis par une pro- fonde entaille triangulaire, faisant suite à la pièce labiale; caractère qui pour- rait avoir une valeur générique si l’ensemble de l’organisation n’était exacte- ment celui de l'A. acutus Keyserl. Fig. 867. Araneus labula E. Sim. Femelle grossie. Presque toutes ces Araignées sont reconnaissables à leur coloration; leur sternum et la base de leurs pattes sont d’un beau rouge; leur céphalothorax est rouge avec la partie céphalique souvent noire; leur abdomen est en dessus d’un noir intense et luisant (A. fuliginosus Walck., acutus Keyserl., rhodomelas Tacz.), ou d'un jaune pâle avec des taches noires plurisériées cor- (1) Espèce inédite, dont voici la diagnose : A. tabula, sp. nov. — Q. Long. 10 mill. — Cephalothorax rufus, parte cephalica autice nigra. Abdomen subparallelum, ad marginem anticum paulum acuminatum, albido-flavescens, antice oblique nigro-marginatum, supra maculis nigris quadrise- riatis (6-6-6-6) ornatum, subtus nigrum, macula media albida et postice, pone mamillas, * arcu rufulo ornatum. Chelæ, sternum (antice valde convexum) coxæque læte rufa ; femoribus 1i et 4i parium ad basin rufis ad apicem nigris, patellis tibiisque nigris, (patellis 3is exceptis) late rufo-annulatis, metatarsis ad basin albidis ad apicem nigris, tarsis nigris. — Amazonas. 816 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES respondant aux points calleux (A. {ibula E. Sim., etc.), en dessous il est noir avec une tache blanche, les pattes sont annelées de noir, de rouge ou de jaune. De plus petites espèces, dont les pattes sont presque mutiques, sont d’un jaune orangé, avec la région frontale noire ou au moins traversée d’une ligne noire (A. Sandrei, nigrofrenatus E. Sim.) (1). Enfin, je place ici l’A. alticeps Keyserl. (2), espèce plus grosse qui semble faire le passage au groupe de l’A. Armida Aud., dont les téguments sont pubescents et autrement colorés, le céphalothorax et les pattes étant plus foncés tandis que l'abdomen est fauve et orné de petites taches sériées. Viennent ensuite les A. Armida Aud., ceropegia Walck., carbonurius L. K. et formes voisines, qui ont un céphalothorax assez allongé, dont la partie céphalique est peu convexe et pubescente, la thoracique marquée d'une impression assez petite, presque triangulaire et suivie d’un sillon longi- tudinal; leurs yeux antérieurs sont en ligne droite ou presque droite; leurs yeux médians, sur un plan oblique, figurant un groupe carré ou très rarement un peu plus étroit en arrière (A. ceropegia W.) (3), sont égaux ou les anté- rieurs sont un peu plus gros; leur abdomen est allongé, atténué en avant et en arrière, marqué en dessus d’une large bande festonnée ou pennée et en dessous d’une seule ligne blanche; les pattes, assez longues, sont garnies de très nombreuses épines. Les mâles ont les hanches de la première paire pourvues de la dent apicale, les tibias de la deuxième paire renflés dans la moitié apicale, où ils sont armés de très fortes épines internes. Il y a en Australie et en Tasmanie des Araneus (A. eburneus Keyserl., etc.), qui ont un céphalothorax et des yeux médians semblables à ceux de l'A. Armida Aud., mais dont les yeux antérieurs sont en ligne récurvée, et dont l'abdomen allongé et acuminé en arrière est pourvu en avant de deux petits tubercules huméraux; cet abdomen, blanc en dessus, est noir en dessous avec deux bandes blanches latérales. C’est ici que doivent se placer quelques espèces plus petites (A. origena Thorell, etc.), qui habitent les hautes mon- tagnes de l’intérieur de Java; leurs yeux médians, disposés en carré, sont inégaux, les antérieurs étant plus petits, leurs yeux antérieurs sont en ligne (1) Ces deux espèces sont inédites, en voici les diagnoses : À. Sandrei, sp. nov. — ©. Long. 4 mill. — Cephalothorax fulvo-aurantiacus, regione oculorum intense nigra. Abdomen oblongum, antice subacute produclum, læte auran- tiacum, nitidum. Pedes submutici, flavidi. — Br. (prov. Minas) : Caraca (Goun.). A. nigrofrenatus, sp. nov. — Long. 4 mill. — Præcedenti affinis, aurantiacus, fronte lineam transversam arcuatam, in medio (inter oculos) anguste interruptam, nigram, gerente, abdomine confuse flavo-plagiato, pedum metatarsis, tarsis basique tibiarum intense nigris. — Br. : Caraça (Goun.). (2) Ep. undulata Bertk. et Ep. Goldii Karsch en sont synonymes. (3) Une belle espèce de Nossi-Bé, très voisine de VA. ceropegia, dont elle a le cépha- lothorax et l'abdomen, en diffère cependant par ses yeux médians disposés en trapèze plus large en avant et ses yeux antérieurs en ligne récurvée. - FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 817 si fortement récurvée que les médians semblent toucher au bord du bandeau; leur abdomen allongé est pourvu de saillies humérales. Dans la sous-série des A. gibbosus, dromadarius Walck., omæda Thorell, etc., . la partie céphalique, peu convexe, est pubescente, la thoracique est glabre et marquée d’une large dépression transverse; les yeux antérieurs sont en ligne droite; les médians, placés sur un plan presque vertical, sont disposés en carré, égaux, ou les postérieurs un peu plus gros, et ils proéminent au milieu du bord frontal; les yeux latéraux sont, de chaque côté, un peu séparés l’un de l’autre; les pattes sont cylindriques et armées d’épines nombreuses, disposées comme celles de l’A. angulatus, mais plus fines et plus longues; l’abdomen, court, large et élevé, est pourvu de bosses humérales; il est fauve ou blanchâtre avec la partie antérieure déclive d’une teinte plus obscure limitée par une ligne blanche s'étendant entre les tubercules; enfin son folium postérieur est bien net. I y a dans l’Amérique du Sud extratropicale quelques espèces dont les épines des pattes sont très réduites (A. Hyadesi E. Sim.) ; d’autres dont la pre- mière ligne oculaire est très légèrement récurvée et dont les patellas et tibias antérieurs sont un peu déprimés en dessus. Les mâles ont les hanches de la première paire pourvues d'une dent apicale, les tibias de la deuxième paire épaissis et épineux au côté interne et les fémurs armés en dessous d’une ligne d'épines robustes, assez courtes et un peu soulevées, qui manquent parfois à ceux de la première paire. Quelques espèces australiennes : A. verrucosus, pustulosus Walck., etc., ont un céphalothorax, des yeux et des pattes semblables à ceux de l’A. gib- bosus Walck., mais un abdomen ressemblant à celui de l'A. mexicanus Luc., c’est-à-dire presque plan en dessus, large en avant avec les angles humé- raux peu prononcés, très atténué en arrière où il est obtus et plurimu- croné. On peut aussi rattacher à ce groupe des espèces de l'Amérique du Sud, A. albopunctatus Tacz. (Tricantha) et beaucoup d’autres inédites, qui diffèrent de leurs congénères par leur partie céphalique un peu convexe et déclive; leurs pattes à fémurs très robustes, à tibias et patellas antérieurs légèrement déprimés, garnis d’épines courtes beaucoup moins nombreuses, leurs patellas n’en présentant qu'une seule de chaque côté. Leur abdomen, triangulaire, aussi large que long, avec les angles huméraux saillants, est en dessus d’un beau jaune avec la partie antérieure déclive brune ou noire. Les caractères des mâles sont ceux des espèces typiques ; dans l’A. palearis E. Sim. cepen- dant, les hanches de la quatrième paire sont armées d'une épine et les lames- maxillaires d’une denticule externe. Ces espèces sont remplacées en Malaisie par les À. goniaea, virgunculus Thorell, etc., qui s’éloignent encore davantage des formes typiques et rappel- lent un peu l'A. mexicanus; leur céphalothorax est en effet presque glabre, leur bandeau plus étroit, leurs pattes presque mutiques et leur abdomen, de coloration uniforme blanche ou verdâtre en dessus, noire en dessous, est d2 818 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES triangulaire plus large que long, avec les angles huméraux prolongés et acuminés (1). Dans une suite d'espèces américaines, répandues du sud des États-Unis à la Patagonie et correspondant aux genres EÉdricus Cambr. et Wagneria Mac Cook, telles que A. (Acrosomu) transitorius C. Koch, bicornutus Tacz., undecim- tuberculutus Keyserl., tauricornis Cambr., etc., etc., le céphalothorax a une partie céphalique large, presque parallèle et convexe, quelquefois marquée, en arrière des yeux, d'une dépression superficielle récurvée, fortement pubes- cente et armée, tout à fait en arrière, de deux ou quatre épines dressées, sou- vent remplacées par des crins ou manquant même quelquefois, une partie thoracique glabre et lisse; les yeux antérieurs en ligne un peu récurvée, les quatre médians presque égaux, figurant un carré régulier, ou rarement un peu plus large en avant, les latéraux, très largement séparés des médians, de chaque côté, petits, égaux, étroitement disjoints et légèrement proéminents; les pattes, courtes, pourvues d'épines nombreuses et assez courtes, ayant la disposition ordinaire; les fémurs de la première paire, robustes et convexes en dedans, où ils sont armés d'épines inégales et peu régulières, tandis que ceux de la deuxième paire présentent en dessous une ligne oblique d'épines plus courtes. L'’abdomen rappelle celui des Cyclosu, il est élevé, plus long que large et presque plan en dessus, où il est généralement pourvu en avant de deux tubercules angulaires, larges à la base, mais très aigus et spiniformes à l’extrémité, de chaque côté de plusieurs tubercules, et en arrière de tuber- cules plus obtus, généralement disposés sur plusieurs rangs et dépassant les filières ; dans quelques espèces, cet abdomen est prolongé en forme de queue cylindrique, mucronée ou même dilatée en massue à l’extrémité, quelquefois plus longue que le corps entier (fig. 868), Cambridge avait proposé, pour l’une de ces espèces à longue queue, le genre Edricus, qui a été adopté par Keyser- ling, ce qui,n’a pas empêché ces deux auteurs de décrire beaucoup d’autres espèces voisines sous les noms génériques d'Epeira et de Cyclosa (2); l’'épigyne offre un crochet large, triangulaire ou linguiforme. Chez les mâles, les pattes de la première paire sont plus longues, surtout par leurs tibias qui sont grêles et pourvus de quelques fortes épines apicales; les tibias de la deuxième paire sont beaucoup plus courts, mais un peu plus épais, légèrement courbés et armés, au côté interne, d’épines dentiformes nombreuses généralement plurisériées. C'est dans le voisinage des précédentes que doit se placer l'A. (Plectana) pen- tacantha Walck. (3), rapporté à tort par Keyserling au genre Cyrtarachne; il (1) Je possède une espèce inédite de Java qui, aux caractères et au faciès de l'A. goniaea Th., joint un groupe oculaire médian beaucoup plus large en avant qu’en arrière, ce qui devrait la faire classer dans la série de l'A. angulatus CI. (2) C'est à ce groupe qu'il faudra rapporter les Acrosoma transitorium GC. Koch (= Ep. Jelskii et spinosa Tacz.), Ep. flavifrons Nicolet, Acrosoma agriliforme et tumidum, Ep. bicornuta Taczan., Ep. undecimtuberculata Keyserl., Ep. spinigera, spicata, tauricornis, ? Cyclosa lacerta, Turkeimia Walckenaeri Cambr., etc., etc. (3) Acrosoma stelligerum Thorell en est sans doute voisin, sinon synonyme. nn | FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 819 n'en diffère que par ses yeux médians en trapèze un peu plus large en avant, sa partie céphalique mutique, ses pattes moins épineuses, leurs fémurs anté- rieurs n'offrant que deux ou trois épines en dessus, mais point d’épines infé- rieures et leurs métatarses des deux premières paires étant mutiques. L'abdomen de cette Araignée, presque carré, est pourvu, à chacun des angles, d'une longue épine divergente, large à la base, mais très aiguë à l'extrémité, et d’une épine médio-postérieure semblable (1); sa face dorsale offre six points indurés dont les quatre premiers sont très gros et disposés en trapèze (fig. 869); les caractères sexuels, sont, dans les deux sexes, les mêmes que le 868 369 870 Fig. 868. Araneus (sp. ind. du Brésil). Abdomen en dessus.— Fig. 869. Araneus pentacantha Walck. Céphalothorax et abdomen en dessus. — Fig. 870. Araneus, (Vixia) bacillifer E. Sim. Cépha- lothorax et abdomen de profil. ceux de l’A. transitorius C. K. Les espèces précédentes ont leurs analogues en Afrique, notamment l'A. Volgeri E. Sim., du Zanguebar, dont le céphalothorax, l'abdomen et les yeux sont presque ceux de l’A. fransitorius dont il diffère cependant par le groupe des médians, un peu plus étroit en avant, le ban- deau plus étroit, les pattes encore plus courtes, un peu déprimées en dessus et beaucoup moins épineuses, les six postérieures et tous les métatarses étant mutiques et les fémurs manquant des épines sériées inférieures ; l'abdomen, très volumineux, est élevé en pyramide tronquée, saïllant et très obtus en arrière et armé de tubercules très bas, surmontés chacun d’une petite épine. Dans une sous-série voisine de la précédente et très répandue dans l'Asie tropicale, la Malaisie et Madagascar et dont font partie les A. Laglaizei E. Sim. (éhomisoides Dol., thelura Th.), hirsutulus Stol., porculus E. Sim., myurus Thorell, cinereus Lenz, etc., etc., les yeux médians, situés sur un plan (1) Cet abdomen ressemble à celui du Phoroncidia aurata Cambr. (voy. p. 553, fig. 568). Ph 820 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES presque vertical, sont disposés en carré ou même en trapèze un peu plus étroit en avant, avec l’espace interoculaire souvent bombé en crête crini- gère, mais le céphalothorax, très pubescent, est plus déprimé, les yeux anté- rieurs figurent une ligne légèrement récurvée, les pattes sont beaucoup plus inégales, les quatreantérieures étant beaucoup plus longues, avec les méta- tarses courts relativement aux tibias ; l'abdomen est large, assez déprimé, arrondi en avant, très atténué, mais non incliné en arrière où il est prolongé en tubercule caudiforme souvent incurvé et presque roulé en spirale (fig. 871); il est en dessus d’une teinte grisâtre uniforme ou segmen- tée et garni de poils rudes souvent disposés en fascicules, noir en dessous avec deux ou quatre taches blan- ches ; le crochet de son épigyne est court et droit; chez les mâles, l’espace interoculaire médian est garni de très longs crins (deux principaux géminés) et le bandeau offre, au-dessous des yeux, une pointe cylindrique obtuseet semi- transparente dirigée en avant, il est ensuite très oblique en ar- 871 F2 : QE rière et long de sorte que l’in- Ar Laglaizei E. Sim. — Fig. 871. : ; He ne poneue Monnet RS PE OT On des cheliceree tee ten femelle en dessus. — Fig. 872. Front du mâle ra de profil. en arrière des yeux (fig. 872) (1); les hanches sont mutiques, même les antérieures qui sont simplement épaissies à leur bord apical ; les épines des autres articles sont longues; l’armature des tibias de la deuxième paire est la même que dans les séries précédentes. Dans quelques espèces plus petites, inséparables des précédentes, telles que A. (Glyplogona) excelsus E: Sim., de l'Himalaya, A. nigricauda E. Sim., de l’Indo-Chine, et probablement À. gibber Cambr., acropyga, oxyura, papulatus, raphanus Thorell, etc., etc., le céphalothorax est plus court et sa partie cépha- lique est plus convexe en arrière, les yeux médians sont ceux de l’A. Lagluizer E. Sim., mais les yeux antérieurs sont en ligne droite, le bandeau est plus large, enfin le tubercule abdominal est presque vertical et généralement arqué (2); enfin, des espèces encore plus petites, ressemblant à des Cyclosa, ont les pattes plus courtes et presque mutiques. L'A. nox E. Sin. (Ep. pilula Thorell) et quelques espèces voisines de Malaisie et d'Australie (Ep. acuminata L. K.), qui touchent de près aux précédentes, s’en distinguent par leur groupe oculaire médian plus étroit en avant, avec les antérieurs un peu plus petits, leurs pattes plus courtes, avec les fémurs (1) Epeira monoceros Thorell, de Birmanie, est sans doute le mâle de l’4. Laglaizei E. Sim. ou forme voisine. 2) C’est très probablement un jeune individu d’une espèce voisine de celles-ci qui a P J P q été décrit par Keyserling sous le nom de Heurodes turrita Keyserl. — L'Epeira acro- cephala Thorell, de Birmanie, en est sans doute voisin. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 821 très robustes, leur abdomen presque globuleux, finement ponctué et pubes- cent en dessus, généralement noir, avec de grandes taches latérales vagues. Chez les mâles, cet abdomen est un peu acuminé en arrière, le front est élevé et proéminent, les tibias antérieurs ont de très longues épines internes (sur- tout l’apicale) et ceux de la 2° paire ont, de plus, des épines internes robustes, plus courtes et bisériées. Les espèces précédentes sont remplacées, en Amérique, par les A. ectypus Walck. (Ep. infumata et scutulata Hentz), abdominalis, bituberosus Cambr. et leurs congénères, pour lesquels Cambridge avait proposé le genre Vixia ; ils ne different de l’A. Laglaizei que par leur céphalothorax plus épais, leur bandeau plus large, et leur espace oculaire médian plan. Leurs yeux antérieurs sont en ligne droite ou plus ou moins procurvée (1), leurs yeux médians sont disposés en carré ou plus souvent en trapèze, un peu plus large que long et un peu plus étroit en avant, avec les postérieurs un peu plus gros que les antérieurs et saillant au milieu du bord frontal. Leur abdomen est très élevé en avant où il offre ordinairement deux grosses bosses humérales divergentes ou confluentes, ou quelquefois un seul tubercule médian épais, souvent plus long que le corps entier, tronqué, bifide ou tritide et rappelant beaucoup celui de certains Poltys (fig. 870). Une espèce inédite du Paraguay (A. bacillifer E. S.) se rapproche encore des Poltys par ses tibias et métatarses antérieurs légère- ment courbes et armés, au côté interne, de très nombreuses épines peu régulièrement plurisériées. Dans tous les cas, le crochet de l’épigyne est long et droit. L’espèce décrite par Cambridge sous le nom de Amamra bituberosa Cambr. appartient sans doute au même groupe. D’après Mac Cook, le mâle de l’A. ectypus Walck. a les fémurs, les trochan- ters et les hanches de la 2° et de la 4° paire de pattes armés, en dessous, d’épines dentiformes. 5e SÉRIE. — Espèces dont les yeux latéraux sont presque sessiles, dont les yeux medians sont disposées en trapèze plus étroit en avant et dont les yeux ante- rieurs sont en ligne droite ou presque droite. Les espèces les mieux caractérisées de cette série, telles que A. Grayi B1., Championt, spiniger Cambr., frispinosus, varaabilis et albolineatus Keyserl., etc., toutes américaines, ont un céphalothorax presque glabre et lisse, dont la partie céphalique est large et convexe et le bandeau plus large que celui des autres Araneus ; leurs pattes postérieures sont aussi longues (ou à peine plus courtes), quelquefois même un peu plus longues, que les antérieures ; leur abdomen, allongé, est souvent ovale, un peu acuminé en avant et en arrière (A. varia- (1) Dans l'A. abdominalis Cambr., type du genre Vixia, les yeux antérieurs sont cependant en ligne assez fortement procurvée et le bandeau est beaucoup plus large au niveau des médians qu'au niveau des latéraux, mais, entre cette espèce et celles dont la première ligne est tout à fait droite, on peut observer les passages les mieux gradués. que ae Ep re 822 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES bihs Keyserl., etc.), avec le bord antérieur souvent pourvu de forts crins rudes recourbés en dessus où même d’épines formant une sorte de râpe ; d’autres fois, son bord antérieur acuminé est pourvu, un peu en arrière, de deux tuber- cules huméraux aigus (4. frispinosus Keyserl.), quelquefois même il présente, plus en arrière, deux autres pointes plus petites (A. quinqueuncatus E. Sim.) ; il est souvent orné de bandes blanches et noires très nettes ou de bandes blanches ou rouges sur fond jaune, il offre d’autres fois des dessins réticulés. Les caractères sexuels sont les mêmes que dans les séries précédentes. Comme :il arrive souvent, les caractères de ce groupe s’altèrent plus ou moins dans les espèces plus petites; dans quelques-unes, la première ligne oculaire est légèrement procurvée, ce qui fait paraître le bandeau encore plus large ; le trapèze des yeux médians est un peu plus long que large ; le cépha- lothorax présente, en arrière de la partie céphalique, quelques épines dressées; l'abdomen, ovale court, un peu acuminé en avant où il présente quelques épines semblables, esi recouvert, au moins dans sa partie antérieure, d'un scutum coriacé tronqué en arrière, tels sont les caractères de l’A. prominens Westr., d'Europe, dont Menge avait fait le type du genre Cerceis, adopté par tous les auteurs modernes (sous le nom de Cercidia Thorell) ; les caractères de l'A. prominens Westr. s’affaiblissent, au reste, dans une autre espèce de l’Hima- laya, À. cribratus E. Sim. (1), dont le bandeau est plus étroit, les yeux médians disposés presque en carré, et dont l’abdomen, coriacé-ponctué, est légère- ment trifide en arrière. D’autres petites espèces de l’Amérique du Sud, 4. cereo- lus, manicatus E. Sim., exagèrent pour ainsi dire les caractères de l’A. Grayi en ce que leurs yeux médians, très inégaux [les postérieurs étant beaucoup plus gros), sont disposés en trapèze beaucoup plus étroit en avant et un peu plus large que long ; leur céphalothorax, glabre, offre l'impression thoracique normale et de plus, de chaque côté, une série de petites impressions dessinant une sorte de large rebord (2); leur abdomen, ovale allongé, est pourvu, en avant, de trois tubercules égaux ; ces Araignées sont d’un jaune luisant, avec les pattes en partie noires. Ce groupe est représenté dans l’ancien monde par deux espèces : l'une des montagnes du sud de l’Inde (A. Calciope E. Sim.), l’autre de Java (4. Hampei E. Sim.) (3), qui ont à peu près la même disposition oculaire, mais qui méri- (1) Cercidia puncligera E. Sim., nom. præocc. (2) Ces caractères rappellent ceux des Pronous, dont je parlerai plus loin. (3) Ces deux espèces sont inédites, en voici les diagnoses : A. Hampei, sp. nov. — ©. Long. 4 mill. — Cephalothorax niger, subtiliter coriaceus, crasse albo-pilosus. Abdomen longum, antice breviter acuminatum et minute bimu- cronatum, postice productum, crassum et obtusissime quadrilobatum, nigrum, supra yitta media vittaque marginali testaceis, valde sinuosis, notatum. Sternum, chelæ et partes oris nigra. Pedes breves et graciles, antici mutici, postici parcissime et vix distincte aculeati, fulvo-olivacei, fusco-sublineati. Vulva simplex, depressa, postice margine rufula procurva munita. — Java : Palabouan. A. Calciope, sp. nov. — ©. Long. 4 mill. — A præcedenti differt parte cephalica humiliore, abdomine antice paululum attenuato et obtuso, postice producto et turbmato FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 823 teraient peut-être de former un genre à cause de leur céphalothorax tout à fait parallèle, aussi large dans la région frontale que dans la thoracique, avec la partie céphalique très convexe, inclinée en avant et en arrière, et saillante en avant où elle porte des chélicères très grosses et convexes, de sorte que les pattes, qui sont grêles, presque mutiques et peu inégales, paraissent insérées irès en arrière ; leur abdomen est allongé, atténué ou même acuminé en avant, plus ou moins prolongé et mucroné en arrière, il rappelle celui des Cyclosa, tandis que le céphalothorax ressemble à celui des Chorizopes. Le mâle de VA. Calciope E. Sim. se distingue de la femelle par ses pattes plus longues, armées d'épines, fines et longues, principalement aux fémurs et aux tibias antérieurs ; ses tibias de la 2 paire, beaucoup plus courts que ceux de la 1", plus épais, un peu fusiformes et pourvus à l’extrémité, en dessous, d’une forte épine dentiforme, tandis que les métatarses sont grêles, arqués et sinueux; sa patte-mâchoire est remarquable par le grand développement de l’apophyse basale du tarse, qui est relevée et arquée en avant, comme celle d’un Meta. 6° SÉRIE. — Espèces dont les yeux latéraux sont sessiles, les yeux medians égaux, en carré ou en trapèze un peu plus large en avant, dont les yeux antérieurs sont en ligne droîte ou presque droite, dont le bandeau est presque aussi large que le groupe oculaire, dont les pattes sont courtes et presque mutiques et dont les hanches postérieures sont séparées par la pointe sternale. Les espèces les plus réduites du grand genre Araneus font encore partie du genre Séinga (2 groupe, sous-genre Hypsosinga Auss.), si peu naturel, pour les auteurs qui s'occupent exclusivement de la faune européenne; ces petites Araignées, dont le faciès rappelle celui des Théridions, ont une partie cépha- lique assez large, souvent convexe; leurs yeux médians, égaux ou presque égaux, sont disposés en carré; les latéraux sont peu éloignés des médians et les quatre yeux antérieurs, presque équidistants, sont en ligne presque droite: dans les espèces les mieux caractérisées, telles que À. pygmæus Sund., varia- bilis Emert., rufulus, grammicus E. Sim., le bandeau est presque aussi large que le groupe oculaire entier (1), caractère assez important rappelant celui des Théridions, mais qui s’atténue beaucoup dans d’autres espèces telles que A. albovittatus Westr., praticola E. Sim. (pratensis Emert.), affinis Cambr., scabristernis Kulcz., atticus E. Sim. etc., dont le bandeau est presque normal. Ces Araignées sont toutes de petite taille; leur céphalothorax est noir ou brun- rouge, quelquefois rouge avec la partie céphalique noire, souvent celle-ci est marquée, en arrière, d'une tache d’un blanc mat (A. albovitiatus Westr., etc.); leur abdomen, globuleux ou ovale court, très rarement presque cubique (Singa sed utrinque anguloso, pedibus paulo longioribus, luteis, fusco-annulatis. — 4, Ce- phalothorax longior. Pedes multo longiores, antici longe aculeati, tibia 2i paris antica breviore et crassiore subtus ad apicem aculec dentiformi instructa, metatarso 2 paris sinuoso-arcuato. Pedum-maxillarium tarsus apophysi basilari magna erecta et curvata munitus, — India merid. : montes Kodeikanel. (1) Ce caractère est même exagéré chez À. decorus E. Sim., d'Algérie, que j'avais rapporté au genre Cercidia. 824 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES abbreviata Keyserl.), est ordinairement noir, avec trois bandes dorsales blanches ou jaunes, souvent abrégées, ou des séries de taches ressemblant à celles des Lithyphantes (A. decorus E. Sim.), ou plus clair, avec un grand folium sinueux tronqué en arrière (A. albovittatus Westr.), plus rarement unicolore, jaune ou rouge (A. rufulus E. Sim.) ; les pattes, qui sont courtes et pourvues d'un très petit nombre d'épines (les métatarses antérieurs sont même toujours mutiques), sont jaunes, unicolores ou avec les fémurs rembrunis, plus rarement noires et jaunes à la base (A. nigrives Keyserl.); chez les mâles, les hanches sont mutiques, les tibias de la 2° paire sont grêles et normaux, tandis que ceux de la 1", plus longs, légèrement courbes et un peu épaissis, sont armés de très longues épines internes. Les espèces précédentes sont toutes de la zo'e tempérée ou même froide (A. groenlandicus E. Sim.), mais elles sont reriplacées sous les tropiques par des espèces dont la disposition oculaire est un peu différente ; on trouve dans lJ’Inde des Araneus ressemblant beaucoup à l’A. pygmaæus Sund., mais dont la première ligne oculaire est légèrement récurvée et dont le groupe médian est un peu plus large en avant, telles sont les A. myrrheus et cruciatus E. Sim. : dans une autre espèce de la côte orientale d'Afrique, le trapèze des yeux médians est même beaucoup plus large en avant et le bandeau est étroit (1). Cette disposition oculaire se retrouve dans quelques espèces du Brésil, qui ont les pattes et le sternum de l’A. pygmæus, mais dont les yeux latéraux sont plus séparés des médians et dont l’abdomen est un peu acuminé en arrière ; ces espèces, les plus petites du genre Araneus, sont tantôt jaunes, tantôt de couleur foncée, avec l'abdomen noir et orné d’une grosse tache dorsale d'un jaune vif (2). On doit séparer génériquement des Araneus un certain nombre d'espèces dont la partie céphalique prend un grand développement, s’élève en arrière (1) Espèces inédites : A. myrrheus, sp. nov. — Q. Long. 3 mill. — Cephalothorax luridus, nitidus, utrin- que late nigricanti-marginatus. Abdomen nitidum, rufulum, supra villa marginali vittaque media valde variabili (latissima seu angusta, inlegra seu interrupla) læle flavis, sublus linea media longitudinali decoratum. Slernum, parles o1ïis, chelæ pedesque flava. — India : Trichinopoly. A. Thevenoti, sp. nov. — ®. Long. 3 mill. — Cephalothorax obscure fulvus, macula media albo-opaca notaltus. Oculi medii aream antice quam postice multo latiorem occupantes (antici posticis paulo majores). Abdomen flavidum, antice macula lata diffusa albida notatum, subtus paulo obscurius. Sternum fulvo-brunneum. Pedes breves, graciles, flavidi, patellis tibiisque supra confuse infuscatis et sublinealis. — Africa orient. : Zanzibar. (2) Espèce inédite : A. flavosellatus, sp. nov. — Q@. Long. 3 mill. — Cephalothorax nigro-ferrugineus, subtiliter coriaceus. Abdomen obfongum, postice leviter productum et obtusum, supra nigerrimum (apice sæpe rufescens) macula maxima, postice truncala, læte flava, deco— ratum. Pedes obscure fulvo-rufescentes, femoribus anticis nigris. Vulvæ scapum sub- rotundum et foveolatum, uncus gracilis, reclus et albidus. — Br. : Amazonas. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 825 pour s’abaisser verticalement sur une partie thoracique très déclive dont l'im- pression est, au reste, la même que celle des Araneus. Taczanowski avait proposé, sous le nom de Hypophthalma (changé depuis en Scoloderus), un genre pour des espèces américaines, confondues depuis avec les Carepalxis, par Cam- bridge et Keyserling, dont le céphalothorax est aussi haut que long, avec le sommet légèrement atténué et très obtusément tronqué (fig. 873). Leurs yeux antérieurs figurent une ligne très for- tement procurvée et, au niveau des médians, le ban- deau, vertical et plan, est aussi large que le groupe oculaire. Les yeux médians, assez gros et égaux, / RE | x , . \ sont en trapèze plus étroit en avant et un peu plus Fig. 873. large que long. SEGA Gites MERE Les chélicères, très robustes, sont pourvues, à Mono Dora Ge pronl la marge inférieure, près du crochet, de trois dents subcontiguës : les deux premières très petites, la troisième plus forte. L’abdomen, très convexe, est tronqué en avant, avec les angles huméraux accusés, fortement déclive et obtus en arrière. Les pattes sont courtes, presque cylindriques et peu inégales ; les anté- rieures offrent quelques épines fémorales et tibiales; leurs métatarses sont aussi longs que les tibias et légèrement courbes. Les mâles ont une patte-mâchoire normale; leurs fémurs antérieurs, plus épais que ceux des femelles, sont presque claviformes ; leurs tibias de la 1'e paire restent grêles et cylindriques, tandis que ceux de la 2° sont légèrement renflés et pourvus, au côté interne, près la base, d’un groupe de grosses épines ; leurs hanches de la 1"° paire offrent une petite dent apicale incurvée; enfin, leurs chélicères ont souvent près la base, surtout au côté externe, quelques granulations irrégulières. Les Scoloderus sont d’assez petite taille; leurs téguments sont pubescents et rappellent, par leur coloration, ceux de nos Araneus angulatus et droma- darius. Les Curepalxis ont un céphalothorax analogue, mais son sommet, non atténué, est bilobé ; leurs yeux médians, plus petits, dessinent un trapèze plus large que long et leur première ligne est moins procurvée; ils différent encore des Scoloderus par leurs chélicères pourvues à la marge inférieure de trois dents égales et géminées, et surtout par leurs pattes plus longues, garnies d’épines plus nombreuses et dont les patellas, tibias et métatarses sont forte- ment déprimés et plans en dessus, comme ceux des Cærostris. Dans les espèces australiennes, les pattes des quatre paires sont également déprimées, mais dans les espêces américaines, moins bien caractérisées, les quatre antérieures sont seules dans ce cas. L'abdomen est gros, ovale, court, souvent inégal et plissé, et toujours pourvu de deux bosses humérales ; ses 826 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES téguments sont, comme ceux du céphalothorax, d'un fauve brunâtre et garnis de pubescence courte ; le crochet de l’épigyne est long, grêle et droit (1). Dans le genre Acroaspis, le céphalothorax est inégal ; sa partie céphalique. sans être gibbeuse comme celle des Carepalxis, est plus élevée que la thora- cique, légèrement déprimée en arrière des yeux, ensuite plus ou moins dilatée de chaque côté, légèrement granuleuse et subcrêtée. Les yeux médians, situés sur un plan vertical, sont presque égaux, disposés en quadrilatère à peine plus large que long; les quatre antérieurs, vus en avant, figurent une ligne légè- rement procurvée et le bandeau, obliquement rentrant, est presque aussi large que le groupe médian; les chélicères sont robustes, leur marge inférieure est armée de 2 à 3 dents, beaucoup plus petites que celles de la marge supérieure : les pattes sont courtes, presque mutiques et cylindriques ; leurs griffes, assez robustes et arquées, sont pourvues de dents nombreuses et serrées (13) dépas- sant leur tiers apical, elles ressemblent à celles des Gnolus. Leur abdomen, court et très élevé, est tronqué au sommet, avec les angles légèrement saillants et armés de quelques épines courtes: ses téguments sont mous comme ceux des Araneus (2). La toile des Araneus est nettement orbiculaire et de forme typique, mais son étendue et sa régularité varient selon les espèces. Elle est quelquefois accompagnée d’un réseau irrégulier et peut être qua- lifiée de toile mixte ; tel est, par exemple, le cas pour celles des A. labyrintheus Hentz, nauticus LT. Koch, pegnia Walck., etc. Elle est quelquefois incomplète, c’est ainsi que celle des espèces de l’ancien genre Zilla (A. æ-notatus C1., etc.) offre toujours un secteur vide, c'est-à-dire dépourvu de cercles à globules, mais coupé par le fil conducteur. Cette toile n'offre jamais de sfabilimenta, mais elle est presque toujours accompagnée d’une retraite, communiquant avec son centre par un ou plu- sieurs fils conducteurs ; cette retraite consiste très souvent, comme pour nos A. diadematus et angulatus, en quelques feuilles rapprochées et maintenues par des fils, d’autres fois en une sorte de petite coupe à concavité supérieure sur laquelle se pose l’Araignée à découvert comme pour les 4. Redñ Scopl. et ceropegia Walck., d’autres fois en une coque largement ouverte en dessous en forme de dôme comme pour l'A. quadratus C1., d’autres fois enfin, en un tube de tissus serré, à deux issues, analogue à celui des Agélénides, comme pour les (1) Aucun mâle du genre Carepalæis n'est connu, mais il ne me paraît pas impos- sible que la petite Araignée décrite par Thorell sous le nom de Bunocrania biloba (St. Rag. Mal., etc., IT, p. 25) appartienne à ce genre, principalement à cause de la forme de sa partie céphalique (pars cephalica sulco medio longitudinali forti persecta), dans ce cas, la dissemblance sexuelle serait très considérable pour la taille contraire- ment à ce qui a lieu dans le genre Scoloderus. (2) L’Acroaspis olorina Karsch, espèce type, m'est inconnu en nature et je donne les caractères du genre d’après un jeune spécimen de l’A. fuberculifera Thorell, qui ma été donné par le Musée d’Historre naturelle de Gênes. FAN FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 827 anciens Zilla; mais cette retraite est un affût que la femelle quitte au moment de la ponte pour aller déposer son cocon au loin. Il n’en est pas de même pour l'A. cornutus CI. et pour les espèces de l’ancien genre Singa. dont la coque ovale, allongée ou cylindrique, ouverte par le bas, est destinée par la femelle à recevoir le mâle et ensuite les œufs qui y sont déposés en plusieurs masses séparées par des diaphragmes soyeux. D'autres espèces filent une coque en forme de tube conique ressemblant à celui des Nemoscolus et dont le tissu.est fort et papyracé, blanc et lisse à la face interne, rugueux et mêlé de débris à l’externe; j’ai observé plusieurs cons- tructions de ce genre au Venezuela; dans certains cas (A. labyrintheus Hentz). le tube est suspendu à une branche assez éloignée de la toile avec laquelle il communique par le fil conducteur, d’autres fois (A. valencianus E. Sim..), il en occupe le centre et l’analogie avec les Nemoscolus est plus complète. Plusieurs Aruneus de l'Amérique du Sud ont des mœurs sociables ; la pre- mière observation faite à ce sujet par Azara, au Paraguay (1}, a été révoquée en doute par Walckenaer, mais pleinement confirmée par MM. Berg et Holm- berg qui ont décrit, depuis, les mœurs analogues d'une espèce qu’ils ont appelée Epeira socialis (2), et par les observations que j'ai faites moi-même au Venezuela sur l’A. Bandelieri, dont j'ai décrit récemment la grande coque incubatrice commune à plusieurs femelles (3). Le cocon ovigère, tantôt, comme je l'ai dit, dépose en dehors de la toile, tantôt dans la retraite même de la femelle, est toujours dépourvu d’enveloppe externe papyracée, 1l est entièrement formé d’une bourre épaisse ordinaire- ment jaune, plus rarement blanche, verdâtre ou brunûâtre et fortement adhé- rente à l’objet sur lequel le cocon est placé. Le genre Araneus, tel que je l’ai défini, est sans doute le plus riche de l’ordre entier des Araignées, car le nombre des espèces décrites atteint presque 800 (nombre dont il faudra retrancher les doubles emplois et les espèces rap- portées par erreur au genre Eperu); elles sont répandues depuis l’extrême nord, où les A. diadematus, ocellatus C1. (Islande), groenlandicus E. Sim. filent leur toile dans des régions presque constammment glacées (4), jusque sous les tropiques où elles abondent, principalement en Amérique et en Malaisie. Beaucoup de ces espèces ont des habitats fort étendus, huit des plus communes en Europe se trouvent aussi dans l’Amérique du Nord : A. diude- malus, marmoratus, ocellatus (hilaris Cb.), sericatus (vulgaris Hentz), angulatus Clerck, carbonarius L. Koch, x-notalus C1., atrica G. Koch; d’autres, telles que A. cornutus, cucurbitinus Cl., montanus C. Koch, y sont remplacées par des (1) Azara, Voyages dans l'Amérique méridionale, etc., chap. 7. (2) E. Holmberg, Anales de Agricoltura, IT, 1874, p. 156, et Berg, Bol. Acad. Cor- dova, I, p. 279-283, (3) E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1891, p. 7, pl. r. (4) D’autres, telle que À. carbonarsus L, Koch, habitent sur les hautes montagnes le voisinage des glaciers. 828 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES formes si voisines (4. frondosus W., displicatus Hentz) que certains auteurs les regardent comme des variétés; ces mêmes espèces se rencontrent dans l’Asie centrale et orientale et plusieurs autres au Japon (A. adiante, ceropegia W., Redii Scopl.); en Amérique, l'A. labyrintheus est répandu du Canada à la Pata- gonie ; dans la zone tropicale, quelques Araneus offrent aussi des exemples d’une grande dissémination : les A. Jugubris Walck. (1) et decens Th. (2) sont répandus dans toute l’Asie tropicale, la Malaisie, l’Australie et les îles du Pacifique, le premier s'étend même sur la côte orientale d'Afrique et à Mada- gascar ; les A. Theisi Walck. et nauticus L. Koch (3) habitent toutes les régions précédentes et de plus l’Afrique occidentale et l'Amérique. Le type du genre Scoloderus, décrit par Taczanowski, sous le nom de Hypophthalma cordata, est répandu en Guyane et au Brésil; deux autres espèces de l'Amérique centrale ont été décrites par Cambridge, sous les noms de Carepalæis americana et tuberculifera:; j'en possède plusieurs autres inédites des Antilles, du Venezuela et du Brésil. Le genre Carepalæis renferme une dizaine d'espèces répandues en Australie et dans l’Amérique tropicale. On en connaît 5 de la Nouvelle-Hollande (entre autres Ep. Beelzebub v. Hasselt), 1 de la Nouvelle-Guinée (C. suberosa Thorell) et 2 du Brésil et du Paraguay (C. camelus, salobrensis E. Sim.) (4). Les deux espèces connues du genre Acroaspis sont de la Nouvelle-Hollande (A. olorina Karsch, tuberculifera Thorell). GENERA |. Cephalothorax normalis, parte cephalica haud insigniter elevata.…. ANT Le A VA M NE AE ED CINE RE ARR EIRE ER RIRE PA ares Araneus. — Cephalothoracis pars cephalica thoracica multo altior .......... 2. 2. Oculorum linea antica valde procurva. Pedum articuli teretiusculi. Se AN LRO a EE à A A qe À Scoloderus. ne DCUOrNMANEA AN EICASUDEEC (A EEE NES 3 9 3. Pedum, saltem anticorum, patellæ, tibiæ metatarsique superne deplanati. Cephalothoracis pars cephalica postice altissima bi- lobataretha br Up elec PEER Carepalxis. — Pedes teretiusculi. Cephalothoracis pars cephalica modice elevaia, pone oculos leviter depressa, dein utrinque dilatata et suberis- DO eee A ne PUS MES MR E EAU EUR ER RS Se) Acroaspis. (1) = Epeira punctigera et Manipa Dolesch., triangula Keyserl., indagatrix L. K., vatia, ephippiata Thorell, Paviei E. Sim., etc. (2) = Epeira hispida Dolesch., Rumpfi Thorell, rufofemorata E. Sim.; les deux premiers sont præoccupés (C. Koch, Pavesi). Le nom de decens a aussi été employé antérieurement par Blackwall, mais pour une espèce qui rentre dans le genre Larinia. (3) = Epeira pullata Thorell. C'est très probablement de cette espèce dont parle Mac Cook sous le nom d'£perra punctigera Dolesch. Je l'ai trouvée au Venezuela et je l'ai recue en grand nombre des Antilles. (4) Les autres espèces décrites par Cambridge et Keyserling sont des Scoloderus. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 829 Araneus Clerck, Svenska Spindlar (Aranei Suecici), 1757 (typus : A. angu- lutus). — Aranea Latr., Nouv. Dict. Hist. Nat., 1804, XXIV, p. 195 (ad part.). — Epeira Walck., Tabl. Aran., 1805, p. 53 (ad part.) — Zygia, Zilla C. Koch, in H. Schæff., Deutschl. Ins., 1834, 193, 17-19. — Singa C. Koch, Ar., II, 1836, p. 42. — Epeira, Ateu, Miranda, Zilla (ad part.), Singa (ad part.) C. Koch, Uebers. Arachn. Syst., I, 1837. — Epeira (ad part.), Plectana (ad part. : P. stellata, pentacantha) Walck.,. Apt., IT, 1837. — Acrosoma (ad part. A. {ransitorium) C. Koch, Ar., VI, 1839, p. 119. — Eucharia (ad part. E. atrica) GC. Koch, Ar., XII, 1845, p. 103. — Epeira (ad part.) et Heterognatha Nicolet, in Gay, 1849. — Epeira (ad part.), Singa, Zilla Westr., Aran. Suec., 1861. — Epeira, Miranda (ad part.), Zilla, Zygia, Cerceis, Singa Menge, Preuss. Spinn., 1866. — Epeira (ad part.), Singa, Cercidia, Zilla Thorell, On Eur. Spid., 1869-70. — Id., E. Sim., Ar. Fr., 1, 1874. — Acrosoma (ad part. À. agriliforme, tumidum) et Tricantha (ad part. T. albopunctata) Taczanowski, Hor. Soc. ent. Ross., 1872-79. — Vixia Cambr., Pr. Zool. Soc. Lond., 1882, p. 437. — Epeiroides Keyserl., Verh. z. b. G. Wien, 1885 (non Cambr., 1889). — ? Heurodes Keyserl., in L. Koch, Ar. Austr., II, 1886, p. 116. — Epeira (ad part.), Cyclosa (ad part. C. lacerta), Turkeimia (ad part. T. Walckenaeri), Mahadiva, Alpaida, Amamra Cambr., Biol. Centr. Amer., Ar., 1889. — Milonia Thorell, S£. Rag. Mal., IV, 1890, p. 179. — Epeira, Mahadiva, Cyrtarachne (ad part. C. pen- tacantha) Keyserl., Sp. Amer. Ep., 1891. — Epeira (ad part.), Maræia, Verrucosa, Wagneria, Vixia, Cercidia, Singa, Zilla Mac Cook, Amer. Spid., III, 1894. — Perilla Thorell, Desc. Cat. Spid. of Burma, etc., 1895, p. 196 (typus P. teres). TCephalothoracis pars cephalica haud insigniter elevata, plerumque paululum convexa et pilosa, thoracica declivis, impressione transversa, recta seu recurva, plerumque notata. Oculi medii inter se parum inæquales, aream haud vel non multo longiorem quam latiorem occupantes. Oculi laterales inter se sub- æquales, contigui vel subcontigui, a mediis plerumque late remoti. Oculorum linea postica leviter recurva, antica recta seu leviter recurva, rarius paululum procurva. Clypeus area oculorum fere semper angustior. Chelæ, partes oris, sternum pedesque normalia, hi fere semper valde aculeati. Typus : 4. angulatus CI. AR. GEOGR. : Orbis totius regiones omnes. Scoloderus E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., Bull., nov. 1887. — Hypophthalma Taczan., Hor. Soc. ent. Ross., XV, 1879, p. 129 (ad part. H. cordata). — Carepalæis Cambr., Biol. Centr. Amer., Ar., 1889 (ad part.). — Id. Keyserl., Spinn. Amer. Ep., 1891 (ad part.}. — 14. Mac Cook, Amer. Spid., III, 1894. Cephalothoracis pars cephalica maxima et valde gibbosa, postice leviter attenuata et obtuse truncata, usque ad marginem posticum cephalothoracis abrupte declivis, antice lævius declivis, nec impressa nec tuberculata. Oculi medii inter se subæquales, aream paulo latiorem postice quam longiorem et antice quam postice angustiorem occupantes. Oculi laterales a mediis late 830 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES remoti et prope angulos clypei siti, utrinque parvi, æquiet contigui. Oculorum linea antica validissime procurva et clypeo in medio, verticali plano, area oculorum saltem æquilato. Chelæ robustissimæ, margine inferiore sulci den- tibus trinis (3° reliquis majore) subcontiguis, superiore dentibus quatuor, 3° reliquis majore. Pedes breves, antici parce aculeati, femoribus robustis compressis, reliquis articulis gracilibus et teretiusculis, metatarsis tibiis haud | brevioribus, anticis leviter arcuatis. Abdomen magnum, altissimum, muticum. — Maris femora pedum anticorum robusta et clavata, tibiæ 21 paris intus, in parte basali, leviter dilatatæ et crasse aculeatæ. Typus : $S. cordatus Tacz. AR. GEOGR. : Amer. centr. et merid. tropica. Carepalxis L. Koch, Ar. Austr., 1872, p. 123. — Id. Cambr., Biol. Centr. Amer., Ar., 1889 (ad part.). A Scolodero differt parte cephalica apice plus minus bilobata, oculis mediis minoribus, aream latiorem quam longiorem et antice quam postice apgus- tiorem occupantibus, oculorum linea antica minus procurva, chelarum mar- gine inferiore dentibus trinis, æquis et subcontiguis, armato, pedibus lon- gioribus, numerose aculeatis, patellis, tibiis metatarsisque, saltem anticis, supra planis. — Abdomen breviter ovatum, antice altum et tuberculatum, postice declive et attenuatum. Typus : C. montifera L. Koch. AR. GEOGR. : N.-Guinea ; N.-Hollandia ; Amer. centr. et merid. Acroaspis Karsch, Zeitschr. f. d. G. Naturw., LI, 1878, p. 80. — Id. Thorell. Cephalothoracis pars cephalica thoracica altior sed postice non abrupte declivis, antice, pone oculos, leviter depressa, dein utrinque paululum dilatata et granulosa. Oculi medii inter se subæquales, aream subquadratam occu- pantes. Oculi quatuor antici in lineam leviter procurvam. Clypeus leviter retro obliquus, area mediorum vix angustior. Chelarum margo inferior dentibus in vel tir minutissimis armatus. Pedes breves, cylindracei, submutici. Abdomen molle, antice altissimum, apice truncatum, utrinque leviter prominulum et plurimucronatum. Tyeus : À. olorina Karsch. AR. GEOGR. : Nova-Hollandia. GENUS INVISUM ET INCERTÆ SEDIS €nodalia Thorell, St. Rag. Mal., etc., IV, 1890, p. 115. À gen. Araneus, cui verisimiliter affinis est, difiert sec. Thorell pedibus submuticis et quatuor anticis in apice tarsi articulo unguifero auctis. Typus : C. harpax Thorell (sp. un.). ÂR. GEOGR. : Ins. Sumatra. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 831 8. CÆROSTREÆ Les Cærostris, que Walckenaer comprenait dans son genre Epeira, mais dans un groupe spécial, celui des Couronnees (Tabl. Aran., p. 67) (1), tiennent des Araneus et des Gasteracantha; ils se rapprochent surtout de l’A. Hahni Dolesch. et de ses congénères (voy. p. 800); l'espèce que je décrirai plus loin, sous le nom de Trichocharis hirsuta, semble même faire le passage entre les deux groupes; ils ressemblent aux Gasteracantha par la structure de leur céphalothorax et la disposition des plaques indurées de leur abdomen:; mais ils s’éloignent de tous les groupes voisins par l'absence de la branche externe du tarse à la patte-mâchoire du mâle, caractère exceptionnel, dont le genre Poltys offre cependant un autre exemple, et rappelant la sous-famille des Nephilinæ, avec laquelle les Cærostris et les Poltys n’ont cependant pas d’autre analogie, même dans les autres particularités de leurs organes sexuels. Le céphalothorax des Cærostris est presque carré; sa partie thoracique, recouverte par l'abdomen, est basse, lisse, glabre, marquée en avant d’un 8374—875 876—880 811—818—819 Fig. 814. Caerostris Pelersi Karsch. Céphalothorax et abdomen de la femelle de profil. — Fig. 875. C. paradox& Dolesch. Angle frontal. — Fig. 876. C. sexcuspidata Fabr. Front vu en avant.— Fig. 871-818 et 879. Idem. Abdomen de profil. — Fig. 880, C. avernalis Butl. Abdomen vu en avant. large sillon récurvé, et, au pied de la pente céphalique, d’une fossette carrée ou atténuée en arrière ; sa partie céphalique, beaucoup plus haute, est verti- cale en arrière et fortement inclinée en avant, crêtée au sommet et pourvue, au-dessus des yeux médians, de deux tubercules dressés, et, de chaque côté de tubercules , répartis en deux groupes surélevés; dans l’espèce asiatique (CG. paradoxa Dol.), le groupe latéral supérieur est formé de trois tubercules (1) Latreille avait déjà exprimé l’idée que ces Araignées pourraient former un genre (Cours d'Entomologie, 1831, p. 530). 832 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES inégaux (fig. 875), tandis que dans toutes les espèces africaines ou madécasses qui me sont connues, il n'en comprend qu’un seul (1) (fig. 876); le groupe latéral antérieur est formé de deux tubercules géminés, souvent réunis, dont l'inférieur porte, près de son sommet, à la face externe, les deux petits yeux latéraux rapprochés ; dans l’espèce pour laquelle je propose le genre Tricho- charis, les deux tubercules médians sont semblables, mais les latéraux font défaut et la partie céphalique est arrondie de chaque côté. Les yeux médians, presque égaux, assez petits et élevés sur des tubercules bas et lisses, figurent un trapèze beaucoup plus large que long et beaucoup plus étroit en avant, séparé du bord antérieur par un bandeau vertical, aussi large que le groupe lui-même, au moins dans les grosses espèces. Les chélicères sont très larges et convexes; leur marge inférieure porte trois fortes dents contiguës; la supérieure en porte cinq un peu plus isolées; à la marge inférieure la dernière dent, à la supérieure la 4°, sont un peu plus grosses que les autres. Les pièces buccales et le sternum diffèrent à peine de ceux des Araneus; celui-ci, assez petit, est presque parallèle jusqu’au niveau des hanches de la 3° paire où il offre, de chaque côté, une saillie basse ; au delà, il est fortement déprimé, très atténué et terminé, entre les hanches, en pointe étroite, pourvue de deux petits tubercules apicaux géminés. Les pattes, courtes et très robustes, sont très déprimées ; leurs patellas, tibias et métatarses sont plans en dessus avec les deux premiers marqués de deux sillons, tandis que les tarses, petits, restent presque cylindriques; ces pattes sont presque glabres et lisses en dessous, très pubescentes en dessus, avec les articles aplanis, frangés de poils plus longs; les pattes des Trichocharis sont un peu plus longues, mais leur structure est la même. La patella, le tibia et le tarse de la patte-mâchoire de la femelle sont égale- ment déprimés, tout à fait plans en dessous et le tarse est acuminé. Les griffes sont celles des Araneus. L’abdomen est très volumineux et il cache la partie thoracique; ses filières, non tubulées, sont presque terminales ; il n'est pas recouvert d'un scutum défini comme celui des Gasteracantha, mais les téguments de sa face dorsale sont épais, plus ou moins plissés et marqués de points enfoncés, plus petits que ceux des Gasteracantha et non ocellés, mais ayant la même disposition, c’est-à-dire quatre médians allongés figurant un trapèze et d’autres, plus petits, dessinant, au moins en avant, une couronne marginale; cet abdomen est très élevé, il porte le plus souvent deux gros tubercules divergents terminés chacun par plusieurs pointes obtuses, quelquefois un seul tubercule columniforme (C. Petersi Karsch) (fig. 875); son bord antérieur est générale- ment garni de tubercules plus petits disposés en couronne: mais le dévelop- pement de ces tubercules est très variable dans une même espèce, les figures (877, 878 et 879) que je donne ici du profil de l’abdomen de divers (4) C’est donc à tort que quelques auteurs ont pensé rapporter le C. métralis Vinson au C. paradoxa Doleschall. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 833 individus du C. sexcuspidata Fabr., espèce très commune au Cap, peuvent donner idée de cette variabilité; il en résulte que le nombre des espèces caractérisées par les auteurs, d’après le plus ou moins de développement des tubercules abdominaux, est beaucoup trop considérable (1) ; dans tous les cas, ses téguments sont densément pubescents, les poils qui les recouvrent sont tantôt courts, couchés et courbes (Cærostris), tantôt sétiformes et dressés. L'épigyne est en plaque ovale transverse, pourvue, de chaque côté, d’une grande fossette réniforme renfermant une saillie basse de même forme, et au milieu d’une carène dilatée triangulairement en avant, où elle est marquée d’une fossette d’où émergent deux petits crochets divergents (fig. 882). La patte-mâchoire du mâle est assez courte ; son tibia, aussi long que la patella, est évasé et tronqué à l’extrémité ; son tarse, étroit, lacinié, très long et courbé en arc de cercle, contourne le côté interne du bulbe dont il atteint 881 882 Caerostris sexcuspidata Fabr. — Fig. 881. Patte-mâchoire du mâle. Fig. 882. Epigyne. l'extrémité ; on ne lui trouve aucune trace de branche externe, même lorsqu'on a enlevé le bulbe pour examiner sa face intérieure ; son bulbe est très volumi- neux, mais simple, il offre un très gros lobe homogène, ovale ou presque carré et, à l'extrémité, plusieurs petits lobes très courts dont le principal est granulé (fig. 881). Les différences sexuelles sont très prononcées ; le mâle du C. Rutenbergi, qui à été décrit par le D' Karsch, et celui du C. sexcuspidata Fabr., que j'ai observé au Cap, mesurent à peine 4 mill. de longueur, tandis que les femelles atteignent de 20 à 25 mill.; leur partie céphalique, dépourvue de tubercules, est très grosse, très convexe en arrière où elle est légèrement bilobée, comme celle des Carepalæis ; le trapèze de leurs yeux médians est encore plus grand et ses yeux antérieurs sont plus gros; leurs pattes sont plus longues et moins robustes ; leurs articles, moins déprimés, sont mutiques ; enfin, le crochet de leurs chélicères, plus long, est épais et conique à la base, ensuite très forte- ment comprimé en forme de lame de sabre et semi-transparent. À leur sortie de l'œuf, les Araignées de ce groupe diffèrent beaucoup des (1) Ceci s'applique surtout aux espèces décrites par M. A. Butler in Ann. Mag. Nat. Hist., 1882. 834 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES adultes ; leur front s'élève en gros mamelon supportant le trapèze des yeux médians, qui parait relativement beaucoup plus grand (1). Le Cærostris sexcuspidata Fabr., que j'ai observé au Cap, où il est tres commun, construit entre les arbres, dans les endroits un peu humides, une toile verticale très grande, normale et assez régulière; quelques-uns des rayons inférieurs de cette toile sont parsemés de petits amas soyeux très irréguliers qui représentent le séabilimentum. Les Cærostris sont de grosses Araignées, au moins les femelles, remar- quables par leurs formes courtes et trapues, et les tubercules obtus et mame- lonnés, dont leur volumineux abdomen est surmonté; en dessus, elles sont revêtues de poils fauves ou blanchâtres couchés, ce qui leur permet de se dis- simuler sur les troncs d’arbres, tandis que, en dessous, elles sont d’un noir profond, relevé sous l’abdomen de taches blanches ou orangées et, sous les pattes, de larges annelures. On en a décrit une vingtaine d'espèces dont une seule {C. paradoæa Dol.) est répandue dans l'Asie méridionale, la Malaisie et la Polynésie, depuis Ceylan jusqu'à la Nouvelle-Calédonie, mais jusqu'ici étrangère à l'Australie; toutes les autres sont de Madagascar et de l’Afrique tropicale et australe où elles sont répandues du Choa à l’est, de Sierra-Leone à l’ouest, jusqu’au Cap de Bonne-Espérance. L’unique espèce du genre Trichocharis a le faciès de de l’Araneus Haani Dolesch. ; elle habite Madagascar d’où elle m'a été envoyée en nombre des environs de Tamatave. GENERA Pars cephalica utrinque angulosa et valde tuberculata. ........ Cærostris. Pars cephalica utrinque rotunda haud tuberculata. ........ Trichocharis. Cærostris Thorell, K. Sv. Freg. Eug. Resa, etc., Zool., Arachn., 1868, p. 3. — Epeira auct. — Gasteracantha G. Koch, 1838 (ad part. E. sexcuspidata). — Eurysoma GC. Koch, Ueb. Ar. Syst., V, 1850 (ad part.). — Id. Blackw. (ad part. E. vicina). Cephalothorax subquadratus, parte cephalica altissima et postice abrupte declivi, supra cristata, in medio tuberculis binis, utrinque tuberculis similibus plurimis, sæpe geminatis, instructa. Oculi medii subæquales, aream multo latiorem quam longiorem et antice quam postice multo angustiorem occu- pantes. Oculi laterales parvi, æqui, inter se anguste separati, tuberculüm angu- lare occupantes. Clypeus area oculorum mediorum plerumque latior. Pedes robusti et breves, patellis, tibiis metatarsisque valde depressis, his supra bisul- catis. Pedes-maxillares feminæ, femore excepto, similiter depressi. Abdomen (1) L’Araignée que j'ai décrite sous le nom d'Oroodes musivus (Ann. Soc. ent. Belg., C. R. nov., 1880) me paraît être aujourd’hui un très jeune individu du genre Caerostris. + nl FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 839 maximum, altissimum, antice partem thoracicam obtectum, supra duriuscu- lum, plicatum et tuberculatum, punctis remotis, impressum. Typus : C. mitralis Vinson. AR. GEOGR. : Asia merid. et Malaisia; ins. Madagascar; Africa tropica orient. et occid., et Africa austr. Wrichocharis, nov. gen. À præcedenti differt parte cephalica utrinque rotunda haud angulosa et tuberculis angularibus carente, sed tuberculis mediis binis parvis munila, pedibus paulo longioribus et tegumentis pilis simplicibus longis et crectis vestitis. Tyeus : T. hirsuta E. Sim. (sp. un.) (1). AR. GEOGR. : Ins. Madagascar. 9. GASTERACANTHEÆ Les genres Gasteracantha, Micrathena et Xyletrus se distinguent surtout des autres Argiopinæ par la structure de leurs filières, que je décrirai plus loin, mais ils diffèrent beaucoup les uns des autres par la forme du céphalothorax, et j'en ferai pour cette raison les types de trois groupes spéciaux. Le céphalothorax des Gasteracantha est au moins aussi large que long et presque carré ; sa partie thoracique, recouverte par l’abdomen, est basse, tron- quée et très obtusément échancrée au bord postérieur, sa surface est divisée en trois aires : les latérales, un peu convexes, à téguments épais, plus ou moins chagrinés et pubescents, la médiane plus grande, triangulaire, à sommet antérieur, lisse, plane et souvent submembraneuse, offrant, au pied de la pente céphalique, une fossette assez petite, profonde et procurvée, rem- placée, dans quelques espèces amoindries (G. penizoides E. Sim., etc.), par un petit sillon abrégé. La partie céphalique, au moins aussi large que la thora- cique, est beaucoup plus élevée et transverse, verticale en arrière, inclinée en avant jusqu'au bord frontal, qui devient vertical (fig. 883); ses côtés sont légè- rement déprimés en arrière des yeux latéraux proéminents ; son sommet, con- vexe dans le milieu, est presque toujours divisé en deux lobes par un sillon obtus ; dans la plupart des espèces dont on a fait le genre Sfanneoclavis, ces deux lobes sont remplacés par un tubercule unique; dans d’autres, que je (1) Celle espèce est inédite, en voici la diagnose : T. hirsuta, sp. nov. — ®. Long. 26 mill. — Cephalothorax niger, parte cephalica pilis cervinis longis et ereclis dense vestita. Abdomen paulo longius quam latius, ad marginem anticum late arcuatum, luberculis mediis acutis tribus contiguis et ulrinque processu humerali humili, inæqualiter tridentato, armatum, postice longe altenuatum et apice, leviler prominenli, minute bimucronatum, supra deplanalum, rufo-brunneum et vitta media integra læte flava decoratum, Chelæ, sternum, venter pedesque atra, cervino-hirsuta. — Ins. Madagascar. 836 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES comprenais autrefois dans le sous-genre Isoxia, le sommet céphalique est droit, sans trace de lobes ni de tubercule. Les yeux sont petits et presque égaux; les trois groupes qu'ils forment sont très largement séparés les uns des autres; le médian est au moins aussi large que long et plus étroit en avant, ses yeux antérieurs ne sont générale- ment séparés du bord, qui est un peu sinueux, que par un étroit bandeau à peine égal à leur diamètre ; de chaque côté, les yeux latéraux, élevés sur un 883—886 884—885 887 Gasteracantha geminata Fabr. — Fig. 883. Céphalothorax de la femelle de profil. — Fig. 884. Abdomen en dessus. — Fig. 885. Face ventrale de profil : P, échancrure indurée du pédicule . O, orifice génital; T, tubercule; F, filières tubulées. — Fig. 886, Céphalothorax du mâle de profil. — Fig. 887. Abdomen du mâle en dessus. tubercule angulaire très obtus, sont un peu séparés, leur intervalle étant toujours plus étroit que leur diamètre; dans les espèces du 8° groupe (G. bre- vispina Dol.) et surtout dans celles du 18° {G. mucronata Walck.), le bandeau est cependant plus large, quelquefois presque égal au groupe oculaire médian. Les chélicères sont très robustes, fortement convexes, mais très atténuées, et leurs marges, relativement longues, sont pourvues de séries dentées très complètes, mais un peu variables ; la supérieure se compose généralement de 4 ou 5 dents dont la pénultième ou l’antépénultième (angulaire) est plus forte que les autres; la marge inférieure présente 4 ou 5 dents dont la dernière, ou souvent les deux dernières, sont les plus fortes. Les pièces buccales n’ont rien de particulier. Le sternum est petit, presque parallèle jusqu'au niveau des hanches de la 3° paire, ensuite très fortement atténué et terminé, au niveau des hanches de la 4° paire, en pointe obtuse ou subaiguë, droite, nullement infléchie ; il offre, de chaque côté, deux saillies marginales. Les pattes sont courtes ; celles de la 4° paire dépassent un peu en longueur celles de la 1'e paire ; elles sont mutiques et garnies de crins simples, souvent robustes, principalement, en dessous, aux métatarses et tarses ; leurs fémurs, surtout les antérieurs, sont souvent épais et convexes en dessus ; leurs tibias de la 4° paire sont légèrement dilatés à l'extrémité, mais tous leurs autres FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 837 articles sont presque cylindriques. Leurs griffes sont petites ; les supérieures, arquées, sont pourvues d'une série de 5 à 7 dents robustes. La griffe inférieure, coudée près de la base, ensuite droite, est au moins aussi longue que les supé- rieures. L'abdomen est très volumineux; son bord antérieur s’avance au-dessus de la partie thoracique et vient s’appuyer sur la saillie céphalique (fig. 883); il est recouvert en dessus d’un scutum plan, solide, d'aspect vernissé, tantôt lisse, tantôt ponctué, glabre ou garni de poils isolés, marqué d’impressions d’une nature spéciale, dites plaques ocelliformes ou sigilla, consistant en fossettes peu profondes, renfermant chacune un tubercule très déprimé, marqué lui-même, au centre, d’une petite fossette entourée d’un double rebord souvent finement crénelé; on distingue les plaques médianes et les plaques latérales; les médianes, au nombre de quatre, sont disposées en trapèze plus étroit en avant et les deux postérieures sont plus grosses que les antérieures; les laté- rales sont disposées en séries arquées le long du bord antérieur et du bord postérieur ; celles du bord antérieur sont au nombre de 10, diminuant beau- coup et graduellement de grosseur du dehors en dedans; celles du bord posté- rieur sont au nombre de 9, mais on peut voir, dans beaucoup d’espèces, que la médiane, plus petite et plus avancée que les autres, résulte de la fusion de deux petites plaques; dans d’autres espèces, notamment dans celles du groupe Actinacantha, cette plaque impaire fait défaut; les deux séries marginales sont surtout bien nettes dans les espèces dont le scutum est fusiforme, dans celles dont le scutum est presque arrondi, les séries sont fortement courbées au point de se rejoindre et de former une couronne presque continue, ce qui a lieu chez les G. galeuta et penizoides E. Sim. (fig. 891 et 892). Cet abdomen est en outre armé de fortes pointes ou épines normalement au nombre de six : deux latérales de chaque côté (aculei laterales antici et postici) occupant les extrémités latérales du scutum, et deux postérieures (aculei posteriores) ; ces dernières n’appartiennent pas au scutum, dont le bord postérieur est très visible, en avant de leur base, sous la forme d’un gros pli transverse; le nombre des épines est quelquefois réduit à quatre, tantôt par suite de l’absence des postérieures (4° groupe), tantôt par suite de l'absence de l’une des laté- rales ou mieux de leur soudure en une seule (6° groupe), enfin, dans quelques espèces amoindries (9° et 19 groupes), toutes les épines peuvent manquer. Les téguments de la face ventrale sont épais, presque toujours granuleux, marqués de plaques ocelliformes semblables et de gros plis, sinueux sur les côtés, plus réguliers et transverses sur la pente postérieure; l'espace compris entre le pli épigastrique, qui est peu visible (fig. 885 0), et les filières est convexe et pourvu, dans un grand nombre d'espèces, d’un gros tubercule lisse conique (fig. 885 t). Les filières, élevées sur une très forte saillie, occupent un espace circulaire limité par un épais rebord en forme de bague ou de tube (fig. 885 f) généra- lement entier et pourvu, seulement en avant, d’une petite saillie ou plagule rentrante (1), quelquefois, cependant (Actinacantha), largement échancré à son bord antérieur avec les deux angles saillants et obtus. (1) Cette plagule, de tissu moins résistant, doit correspondre à l’orifice trachéen. 838 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES L'épigyne présente presque toujours un petit crochet submembraneux, conique ou triangulaire, dirigé en arrière et recouvrant, au moins en partie, une fossette divisée par une carène longitudinale. Le mâle diffère considérablement de la femelle par la taille (il mesure rare- ment plus de 2 mill.) et par la forme; dans les espèces les mieux caractérisées, telles que G. ellipsoides Walck., geminata Fabr., cancriformis L., madagasca- riensis Vinson, etc., son céphalothorax, chagriné et rugueux, est plus long que large, très fortement convexe dans le milieu et presque également abaissé en arrière et en avant où il se termine par un front assez étroit, très proémi- nent, portant, au milieu, la saillie oculaire médiane tronquée; le bandeau est très obliquement rentrant et les yeux médians, situés sur un plan presque horizontal, sont disposés en carré (fig: 886); le sternum est rugueux et sou- vent un peu déprimé dans le milieu ; les pattes, très courtes, avec les fémurs et patellas antérieurs épais, sont garnies d’épines courtes et robustes, man- quant aux métatarces et tarses, qui sont quelquefois presque de même longueur; dans les espèces que j'ai citées plus haut, l'abdomen, un peu plus large que long, est arqué-arrondi au bord antérieur et obtusément tronqué en arrière avec deux petits tubercules latéraux et deux tubercules médians sem- blables représentant les épines latéro-postérieures et postérieures de la femelle; le mâle du G. geminata K. de Ceylan (fig. 887) a cependant un abdomen beau- coup plus allongé, ovale, légèrement atténué en arrière où il est tronqué avec les angles un peu saillants. Dans le groupe du G. brevispina Dolesch. (Stanneoclavis), les différences sexuelles sont un peu moins prononcées et le mâle reproduit, en petit, les formes de la femelle; il est cependant remarquable par son sternum qui est convexe transversalement au bord antérieur. Dans tous les cas, la patte- mâchoire est courte; son tibia, transverse, émet une saillie conique au côté externe; son tarse, plus développé que celui de la plupart des Argiopinæ, couvre la base et le côté interne du bulbe, son apophyse basilaire, petite et courbe, est souvent aiguë; son bulbe est volumineux, mais assez simple. J’ai proposé, en 1864, de répartir les Gusteracantha en plusieurs sous-genres, basés sur la forme de l'abdomen, le nombre et la proportion de ses épines, sous les noms de Tetracantha, Collacantha, Atelacantha, Isacantha, Actinacantha, Macrocantha,auxquels Butler et Karsch ont ajouté les sous-genres Anchacantha, Tatacantha, Stanneoclavis, Dicantha (Butler), Ætrocantha (Karsch) ; et j'ai pro- posé depuis (1885) d'élever au rang de genres trois d’entre eux (Acéinacantka, Isacantha [Isoæia] et Stanneoclavis), mais j'ai dù y renoncer, leurs caractères ne présentant pas la constance suffisante (1). Ces divers genres et sous-genres ne formeront ici que des sections du genre Gasteracantha. Dans un premier groupe, renfermant les espèces qu’on peut considérer (1) Le tubercule ventral des vrais Gasteracantha est souvent très réduit et remplacé, dans certains cas, par une pelile plaque lisse qui se confond plus ou moins avec les téguments voisins (G&, galeata E. Sim.); dans quelques espèces voisines du G. brevi- spina, telles que G. Kuhli C. Koch (cuspidata C. K.), la saillie frontale est sillonnée- bilobée comme celle des vrais Gasteracantha. : FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 839 comme les plus typiques, le tubercule ventral est très développé, le scutum est fusiforme transverse, c'est-à-dire un peu atténué à ses deux extrémités ou presque carré, il est pourvu de deux épines latérales rapprochées, dont la seconde est presque toujours plus grosse et plus longue que la première, droite ou arquée et de deux épines postérieures presque semblables aux latéro- antérieures. Dans ce groupe, très nombreux et représenté dans toutes les régions tropicales du monde, la forme du scutum, la proportion et la cour- bure de ses épines sont assez variables et pourraient fournir des caractères pour répartir ses espèces en groupes secondaires; le G. fornicata Fabr. est le type d’une première série, très répandue dans l’Indo-Chine et k Malaisie et 888 889 890 Fig. 888. Gasteracantha pseudoflava E. Sim. — Fig. 889. G. scoparia E. Sim. Fig. 890. G. recurva E. Sim. possédant aussi des représentants sur la côte orientale d'Afrique et à Mada- gascar, dont le scutum dorsal est très atténué de chaque côté où il est pourvu de deux épines rapprochées et inégales, la 1° petite, la 2° beaucoup plus longue, droite ou légèrement arquée et dont les épines postérieures sont plus longues que les latéro-antérieures {fig. 888); dans une seconde série, le scutum est moins atténué de chaque côté, l'intervalle de ses épines latérales . est plus large et coupé droit, toutes les épines sont droites, plus grêles et aiguës, le G. variegata Walck. est le type de cette sous-série qui renferme beaucoup d'espèces de l’Indo-Chine, de la Malaisie, de l’Australie et de la Polynésie et quelques-uns de l’Afrique orientale (G. lepida Cambr.) ; le scutum du G. decallina Butler, espèce du Siam, est de même forme, mais ses épines postérieures égalent les latéro-postérieures; dans une 4° série, propre à la Nouvelle-Hollande et à la Polynésie, et dont les G. Westringi Keyserl., mollusca L. Koch., hebridisia Butler sont les représentants les plus connus, le scutum très court est très large, en bande transverse, tronquée aux deux extrémités avec les épines courtes et coniques; certaines espèces, telles que G. ternatensis Thorell, font le passage de cette série à la première; les espèces américaines, répandues des États-Unis (G. ellipsoides) (1) au sud du Brésil, for- (1) Aranea cancriformis L., originaire de la Jamaïque, comme le prouvent les cita- tions de Brown et de Sloane, est très voisin, mais certainement distinct de l'espèce de l'Amérique du Nord, qui doit s'appeler G. ellipsoides Walck.; les Epeira cancer Hentz ot G. rufospinosa Marx sont synonymes de cette dernière. — Le nom de G. cancrifor- mis à été donné par C. Koch à une espèce toute différente du Brésil, 840 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES ment une 5° série caractérisée par un scutum presque carré, peu atténué et tronqué de chaque côté avec les six épines égales ou presque égales, les posté- rieures souvent un peu plus longues que les latéro-postérieures ; les épines latérales, tantôt largement séparées, égales et très petites (G. Servillei Guérin), tantôt plus rapprochées et un peu divergentes avec les postérieures plus fortes (G. cancriformis L., ellipsoides Walck.) ; c'est à cette série qu’appartient l'espèce des îles Gallapagos (G. insulana Thorell); une 6° série, dont Butler avait formé le sous-genre Anchacantha, ne renferme que des espèces africaines et madé- casses dont G. curvispina Guérin est la plus connue, leur scutum est de même forme que dans la 2° série, mais ses épines latéro-postérieures sont beaucoup plus longues et arquées en croissant, tantôt grêles (G. falciformis Butl. [resu- pinata Gerstaeck.], ensifera Thorell, etc.), tantôt très épaisses (G. Thorelli Keys.). Le 2° groupe ne renferme qu'une seule espèce de l'Himalaya, G. unguifera E. Sim., dont le scutum est construit comme dans le groupe précédent, mais dont les épines latéro-postérieures, très épaisses à la base, se terminent brusquement en petite pointe aciculée et un peu crochue. Le 3° groupe est caractérisé par un scutum très atténué, subacuminé de chaque côté où il est pourvu de deux épines assez courtes, semblables et géminées (l); ces caractères sont ceux du G. geminata Fabr., espèce très commune à Ceylan et dans l'Indoustan méridional (fig. 884). Dans le 4° groupe, dont j'avais formé autrefois le sous-genre Afelacantha, le scutum, ovale transverse ou presque parallèle, est dépourvu d’épines posté- rieures ; dans le G. Mengei Keyserl., les deux épines latérales sont assez large- ment séparées, grêles, droites et presque égales; dans le G. falcifera CG. Koch, elles sont rapprochées et la seconde est beaucoup plus forte que la première et un peu plus arquée; dans le G. recurva E. Sim., la première est très petite, tandis que la seconde est longue et sinueuse (fig. 890); les espèces de ce groupe sont répandues dans la presqu’ile malaise (G. Mengei Keyserl.), aux Philippines (G. falcifera CG. Koch), en Nouvelle-Guinée (G. papuana Thorell), en Australie (G. quadrispinosa Cambr.) et dans l'Afrique tropicale (G. heterodoxa Karsch); quelques espèces semblent faire le passage du 1* au 4° groupe, notamment G. Audouini Guérin (Bleekeri Dol.), dont les épines postérieures, toujours très petites, disparaissent parfois. Le G. glyphica Guérin (2) sera le type d’un 5° groupe, dans lequel le scutum, de moitié seulement plus large que long, est légèrement sinueux-échancré au bord antérieur, fortement rétréci en arrière en triangle, se terminant par une petite fourche; ce scutum porte sur chacun de ses angles latéraux une seule forte et courte épine aiguë, obliquement dirigée en arrière; les plaques ocelli- formes de sa face dorsale sont entourées de fines lignes indurées polygonales, (1) Dans les adultes, les épines sont géminées dans toute leur longueur, tandis que, dans les jeunes, elles ne le sont qu’à la base et divergent un peu à l'extrémité; G. rimata Cambr. est le jeune du G. geminata Fabr. (2) Espèce de Madagascar très bien décrite par Guérin, in Revue de Zoologie, 1839, p. 110, et redécrite depuis par Cambridge, comme type d'un genre spécial, sous le nom d’Augusla papilionacea, in Ann. Mag. Nat. Hist., 1877, p. 37, pl. vx, fig. G. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ S41 lui donnant un aspect cloisonné, rappelant celui des Hypognatha et des Testu- dinaria. Dans le 6° groupe, qui répond au sous-genre Tetracantha, le scutum, acuminé de chaque côté, ne présente que quatre épines, mais, contrairement à ce qui a lieu dans le groupe 4°, les postérieures existent et ce sont les latérales qui, de chaque côté, sont réduites à une seule; les espèces de ce groupe, toutes de petite taille, sont répandues aux Antilles, (G. fetracantha L., lata W.), en Californie (G. pallida G. Koch), et à Madagascar (G. rufithorax, nigripes, sepul- chralis E. Sim.). Les quelques espèces dont je forme le 7° groupe diffèrent de leurs congénères par leur scutum moins transverse, trapézoïde, assez étroit et tronqué en avant, très fortement élargi et tronqué en arrière; les épines postérieures manquent, les latérales, rapprochées l’une de l’autre et situées aux angles postérieurs, sont un peu divergentes et inégales, la seconde étant plus forte; ce groupe est africain, on en connait trois espèces : une de l'Afrique austro-orientale (G. inversa Walck.), une de l’Afrique occidentale (G. Chaperi E. Sim.) et une de Madagascar (G. acrosomoides Cambr.). Les espèces du 8° groupe (Sfunneoclavis Butler et Thelacantha v. Hasselt) s’éloignent davantage du type normal; leur partie céphalique, convexe dans le milieu, est en effet conique, nullement bilobée, caractère auquel j'avais un instant pensé donner une valeur générique, mais qui est sujet à plusieurs exceptions (G. Kuhli C. Koch, etc.). Le scutum est presque carré, arqué au bord antérieur, un peu échancré de chaque côté, entre les épines, qui sont courtes, subégales, très épaisses à la base, mais généralement terminées en petite pointe subaiguë (1), le tubercule ventral est très développé; les espèces de ce type sont très répandues, sauf en Amérique; on en connaît de l’île de la Réunion (G. borbonica Vins.), de Madagascar (G. Cowani Butl.), de l'Asie méridionale, de la Malaisie et de la Polynésie (G. brevispina Dol. (2), sylvestris, latronum E. Sim., etc.). Le G. (Isoxæyia) galeata E. Sim., de l'Afrique occidentale, type du 9 groupe, est très anormal ; son scutum, dépourvu d’épines, est presque arrondi en avant et sur les côtés, tronqué en arrière, très convexe, pourvu d’un gros tubercule médian conique, et, en arrière, de deux tubercules beaucoup plus petits et peu distincts, en dessous son tubercule ventral est réduit à une petite plaque lisse ; sa partie céphalique est à peine sillonnée (fig. 891). Avec le 10° groupe commence la série des espèces dépourvues de tubercule ventral, pour lesquelles j'avais proposé le genre Actinacantha (3); dans celles dont je m’occuperai en premier, le scutum est obtusément hexagonal, assez (1) Cette forme se modifie un peu avec l’âge ; le G. mastoidea L. Koch (Ar. Austr., pl. xvuir, fig. 2) est un jeune de ce groupe. (2) Cette espèce est peut-être synonyme des Plectana pentagona Walck. et Gaster. mammosa C. Koch (indiqué par erreur du Brésil); ces deux noms auraient la priorité. (3) Dans ses derniers travaux, le Dr Thorell a adopté ce genre en lui donnant le nom de Plectana (Walck.). 842 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES étroit et tronqué en avant, mais fortement élargi et tronqué en arrière et pourvu de six épines : deux latéro-antérieures petites, deux latéro-postérieures grêles, cylindriques et arquées en dedans, deux ou trois fois plus longues que le corps entier (1) et deux postérieures presque semblables aux latéro-antérieures; le type de ce groupe, G. arcuatu Fabr., est très répandu dans toute la Malaisie. Les espèces du 11° groupe, qui forment le sous-genre Tatacantha de Butler, ne diffèrent des précédentes que par leurs épines latéro-postérieures, environ de la longueur du corps ou à peine plus longues, divergentes, droites ou légè- rement courbes, grêles, mais plus ou moins dilatées et piligères à l'extrémité; elles se trouvent à Ceylan (G. remifera Butl.), en Malaisie et aux Philippines (G. nigrisparsa Butl., scoparia E. Sim.) (fig. 889). Les Actinacantha typiques, qui forment le 12° groupe, ont un scutum sem- blable aux précédents, mais leurs épines latéro-postérieures, deux ou trois fois plus longues que les latéro-antérieures, sont beaucoup plus courtes que le corps, épaisses à la base, mais très atténuées et aiguës; leurs épines posté- rieures sont généralement plus longues que les latéro-antérieures: ce groupe, très nombreux, est propre à l’Asie méridionale, à la Malaisie, à la Nouvelle- Guinée et à l'Australie; ses représentants les plus connus sont G. Hasselti C. Koch (G. prætextata Dol., hepatica L. Koch, parvula Thorell [4]), Lepelletieri et Theisi Guérin, Blackwalli Keyserl. (2), etc. Les espèces du 13° groupe ne diffèrent des précédentes que par la structure de leurs épines latéro-postérieures qui sont souvent sinueuses et terminées par un renfiement pourvu lui-même d’un éperon apical grêle et aigu qui, au lieu d’être dirigé dans l’axe de l’épine, forme toujours avec lui un angle plus ou moins aigu; cette épine est au reste assez variable, elle est tantôt grêle et longue et son renflement presque globuleux porte un très petit éperon (G. clavatrix Walck.), tantôt très courte, au point que son renflement, gros et globuleux, semble toucher le scutum, avec un éperon très long et relevé (G. glo- bulata Walck.), tantôt, enfin, l’épine est légèrement sinueuse, son renflement est peu sensible, son extrémité est obliquement tronquée et l'éperon, très court et arqué, paraît être le prolongement de son angle supérieur (G. crucigera Bradley, etc.); comme les précédentes, les espèces de ce groupe sont origi- naires de la Malaisie et de la Nouvelle-Guinée. Le 14° groupe comprend quelques espèces australiennes, G. minax Thorell, etc., qui sont intermédiaires aux sous-genres Actinacantha et Isacantha; leur scutum est presque carré, leurs six épines, courtes et presque égales, sont épaisses à la base, mais très acuminées et divergentes. Dans le 15° groupe, le scutum est tantôt largement arqué au bord antérieur, tantôt plus étroit et tronqué, toujours graduellement et fortement dilaté en (4) Mais non six fois plus longues, comme le dit Fabricius dans sa diagnose de l’Aranea arcuala. (2) Cette dernière espèce a été décrite de Madagascar, mais probablement par erreur, Car elle a été indiquée depuis par Thorell de Sumatra et de Bornéo. TE ETES FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 843 arrière où il est tronqué presque en ligne droite; ses épines latérales, situées aux angles postérieurs, sont très rapprochées l’une de l’autre et inégales, la seconde étant beaucoup plus forte que la première, droite et aiguë; trois espèces sont de ce type, le G. Linnæi Walck., de l’Afrique austro-orientale, le G. connata Butler, du Congo, et le G. Simoni Cambr., de la Nouvelle- Hollande. Le 16° groupe ne comprend qu’une seule espèce, le G. Pavesii Cambr., originaire du Laos, dont le scutum ressemble à celui de certains Micrathena ; il est plus transverse que dans les groupes précédents ; ses épines latéro- antérieures, rapprochées l’une de l’autre, sont placées au milieu du bord antérieur et dirigées parallèlement en avant; ses épines latéro-postérieures, très éloignées des précédentes et situées aux angles postérieurs du scutum, sont beaucoup plus épaisses et obtuses, tandis que ses épines postérieures sont petites, largement séparées l’une de l’autre, et situées près des latéro-pos- térieures. . L Le 17° groupe, qui correspond au sous-genre 1soæya, ne renferme que des espèces africaines et madécasses (G. cicatricosa GC. Koch, tabulata Thorell, Reuteri Lenz, etc.,etc.), dont le scutum presque carré, tronqué droit de chaque côté, porte six épines égales, petites et aiguës dont les latérales, occupant les angles du carré, sont de chaque côté largement séparées l’une de l’autre. 891 892 893 Fig. 891. Gasteracantha galeata E. Sim. — Fig. 892. G. penisoides E. Sim. Fig. 893. G. semiflava E. Sim. dr Les espèces du 18° groupe, pour lesquelles le D' Karsch a proposé le genre Ætrocantha, s’éloignent davantage du type normal; leur scutum, plus large que long, est un peu arqué au bord antérieur et légèrement proéminent dans le milieu, tronqué et légèrement échancré de chaque côté, avec les angles dilatés et très obtus; ses épines, petites et égales, sont situées un peu en dessus et dressées ; la partie céphalique n’est pas sillonnée et le bandeau, plus large que celui des autres Gasteracantha, égale presque le groupe oculaire; les espèces de ce groupe sont toutes africaines : deux de l'Afrique tropicale orientale (G. mucronata Walck., et tuberosa Thorell), une de la côte occidentale (G. Fal- kensteini Karsch, semiflava E. Sim.), une du Soudan égyptien (G. purpurea E. Sim.) (fig. 893). Je propose le 19° groupe pour une espèce de l'Afrique occidentale, G. peni- Zoides E. Sim., qui n’offre qu'à un degré affaibli les caractères du genre; son 844 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES scutum, dépourvu d’épines, est plus large que long, largement tronqué en avant et arrondi en arrière; ses plaques ocelliformes, très grandes, dessinent une couronne continue; ses filières sont à peine tubulées; sa partie cépha- lique n’est pas sillonnée et son bandeau est au moins deux fois plus large que les yeux médians antérieurs (fig. 892). Je sépare génériquement des Gasteracantha, sous le nom d’Encyosaccus, une belle espèce de l’Amazone, qui diffère des formes ty- piques par ses yeux médians en trapèze plus large en avant, ses yeux antérieurs en ligne procurvée, de sorte que le bandeau est au milieu aussi large que le groupe oculaire, enfin, par son sternum au moins aussi large que long et triangulaire-cordiforme. Son abdomen, arrondi et clypéiforme, est mutique et garni de forts points ocelliformes : quatre médians et douze latéraux, figurant une couronne continue. Cette Araignée a le Fig. 894. céphalothorax et les pattes rouges, avec une large tache Encyosaccus sexmaculatus noire céphalique, l’abdomen d’un beau jaune orangé E. Sim. Femelle grossie. avec six grandes taches noires (fig. 894). La toile des Gasteracantha, tendue verticalement entre les arbres, très souvent dans le voisinage des habitations, est grande, très régulière et entière; l'animal, qui ne construit point de retraite, s'y tient constamment au centre. Elle est dépourvue de stabilimentum ou n'en présente qu’un très rudimen- taire, variable dans une même espèce, consistant en de petits amas floconneux placés sur un rayon inférieur et un rayon supérieur, coupant ainsi la toile verticalement, plus rarement sur les fils de son cadre, comme je l’ai plusieurs fois observé pour le G. geminata F., de Ceylan. Les toiles des espèces du sous-genre Séanneoclavis diffèrent de celles de leurs congénères, en ce que leur trame orbiculaire y est entourée d’un très vaste réseau irrégulier à mailles larges; les fils de ce réseau sont garnis de petits amas floconneux, régulièrement espacés, tandis que ceux de la trame orbiculaire en sont dépourvus. Le genre Gasteracantha renferme environ 200 espèces, inégalement répar- ties dans les régions tropicales du monde entier et dont la distribution a une grande analogie avec celle des Nephila; on en connaît 11 de l'Afrique tropicale occidentale, 22 de l’Afrique orientale, 13 de Madagascar, 1 du Yémen (G. Schweinfurthi E. Sim.), 19 de l'Asie tropicale, de Ceylan et de Chine, 48 de Malaisie et d'Austro-Malaisie, 16 de Nouvelle-Hollande et de Polynésie, 3 ou 4 de l'Amérique du Nord, 6 des Antilles, 1 des îles Gallapagos et 12 de l’Amé- rique du Sud. L’unique espèce du genre Encyosaccus est propre au bassin de l'Amazone. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 845 Gasteracantha Sundev., Consp. Arachn., 1833, p. 14 (1). — Plectana Walck. (ad part.) — Acrosoma Perty, Delect. Anim., etc., 1833 (ad part.). — Gastracantha Westw., Tr. Ent. Soc. Lond., I, 1835. — Gasteracantha (subgen. : Tetracantha, Collacantha, Gasteracantha, Atelacantha, Isacantha, Actinacantha, Macrocantha) E. Simon, Hist. Nat. Ar., 1" édit, 1864, p. 284. — Gasteracantha Thorell, 1864-1878. — Gasteracantha (subgen. Anchacantha, Tatacantha, Stanneoclavis Butler, Tr. Ent. Soc. Lond., 1873. Gasteracantha (subgen. : Thelacantha) v. Hasselt. — Augusta Cambr., Ann. Mag. Nat. Hist., 1877, p. 36. — Ætrocantha Karsch, Zeitschr. f. d. Ges. Naturwiss., LIT, 1879. — Gasteracantha, Actinacantha, Isoxzya et Stanneo- clavis E. Sim., Bull. Soc. Zool. Fr., 1885. Cephalothorax feminæ subquadratus, parte thoracica humili abdomine occulta, in medio lævi, glabra et antice fovea procurva impressa, parte cepha- lica altiore, transversa, postice subverticali, antice declivi, in medio convexa et plerumque sulcata. Oculi medii inter se æquales vel antici posticis majores, aream antice quam postice angustiorem occupantes. Oculi laterales a mediis latissime distantes, utrinque in tuberculum obtusum elevati, inter se æqui et anguste separati. Clypeus oculis mediis anticis angustior, rarius latior. Scutum abdominale duriusculum, punctis ocelliformibus impressum (quatuor mediis aream trapeziformem occupantibus, marginalibus, antice decem postice novem, in series transversas ordinatis) et fere semper aculeis sex ad marginem instructum, utrinque duo, postice duo, his a superficie dorsali rima transversa discretis. Abdomen subtus elevatum, plicatum et ocellatum, tuber- culo medio conico sæpe munitum. Mamillæ valde tubulatæ. Sternum longius quam latius, postice, inter coxas, subacuminatum haud inflexum. Pedes breves et mutici. Tyeus : G. cancriformis L. AR. GEOGR. : Orbis totius regiones tropicæ. SECT. I. — Venter in medio tuberculo turbinato munitus : À. — Scutum abdominale transversum fusiforme vel subquadratum, utrin- que aculeis binis inter se plerumque parum remotis (2° fere semper 1° majore recto vel sæpius arcuato), aculeis Dostenonpue binis lateralibus anterioribus subsimilibus (G. cancriformis L., etc.). B. — Scutum fere præcedentium sed utrinque aculeo laterali 2° ad basin crassissimo ad apicem abrupte angustiore acuto et leviter uncato (G. unguifera E. Sim.). CG. — (Collacantha E. Sim.). Scutum utrinque attenuatum subacuminatum, aculeis lateralibus utrinque contiguis (G. geminata Fabr.). D. — (Atelacantha E. Sim.). Scutum transversum, utrinque biaculeatum, postice muticum ; aculeis lateralibus utrinque appropinquatis, secundo primo — (1) Latreille avait proposé ce genre, en 1831, dans son Cours d’Entomologie, p. 530, sous le nom français de Gasteracanthe. 846 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES majore et paululum arcuato (G. falcifera C. K.), vel fere æqualibus et inter se sat late sejunctis (G. Mengei Keys.) vel antico obsoleto et postico sinuoso (G. recurva E. Sim.). E. — (Augusta Cambr.). Scutum antice latum et utrinque aculeo unico sat brevi et retro-directo munitum, postice sensim attenuatum et apice minute bifidum (G. glyphica Guérin). F. — (Tetracantha E. Sim.). Scutum fusiforme, utrinque attenuatum et uniaculeatum, aculeis posterioribus binis brevioribus munitum (G. tetra- cantha L.). G. — Scutum minus transversum, subtriquetrum, antice sat angustum et truncatum, postice validissime ampliatum et late truncatum, utrinque, ad angulos posticos, aculeis binis leviter divaricatis, 2° 1° majore, instructum, aculeis posticis carens (G. inversa Walck.). H. — Scutum subquadratum, ad marginem anticum arcuatum, utrinque, inter aculeos, leviter emarginatum, aculeis sex brevibus subæqualibus, ad basin crassissimis ad apicem abrupte et brevissime acutis, munitum. Cepha- lothoracis pars cephalica tuberculo medio, sæpissime integro, munita (G. bre- vispina Dolesch.). I. — Scutum alte convexum, antice et utrinque subrotundum, postice trun- catum, aculeis lateralibus carens sed tuberculo medio valido et tuberculis posticis binis vix ullis munitum, subtus tuberculo ventrali parum expresso. Cephalothoracis pars cephalica nec sulcata nec tuberculata (G. galeata E. Sim.). SECT. II. — Venter planus haud tuberculatus. J. — (Macrocantha E. Sim.). Scutum obtuse hexagonale, antice sat angus- tum et truncatum, dein sensim ampliatum sed breviter angustius et trun- catum, aculeis sex armatum : aculeis lateralibus 1 minutis, aculeis lateralibus 2is corpore toto duplo vel triplo longioribus, simplicibus, gracilibus, teretibus et arcuatis, aculeis posticis minutis lateralibus anticis haud vel non multo longioribus (G. arcuata Fabr.). K. — (Tatacantha Butl.). Scutum præcedentium sed aculeis lateralibus 2: corpore haud brevioribus vel paulo longioribus, divaricatis, rectis seu leviter arcuatis, gracilibus sed apice plus minus clavatis et pilosis (G. remifera Butler). L. — (Actinacantha E. Sim.). Scutum præcedentium, aculeis lateralibus 1is minutis, aculeis 2i° li duplo vel triplo longioribus sed corpore multo brevio- ribus, rectis, ad basin sat crassis sed valde attenuatis atque acutis, aculeis posticis plerumque longioribus quam lateralibus anticis (G. Lepelletieri Guer.). M. — Scutum præcedentium sed sæpe postice latius, aculeis lateralibus 25, sæpe sinuosis, apice, semper inflatis, truncatis et spinam, abrupte angustiorem atque acutam, munitis (G. clavatrixæ Walck.). N. — Scutum latius, subquadratum, aculeis brevibus leviter divaricatis, ad FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 847 basin latis sed ad apicem acutis, posterioribus lateralibus 2° longioribus vel saltem haud brevioribus (G. minax Thorell). O. — Scutum antice ample arcuato-rotundum vel sat anguste truncatum, postice sensim et valde ampliatum et subrecte truncatum, aculeis lateralibus inter se appropinquatis atque ad angulum posticum sitis, postico antico majore recto et acuto, aculeis posticis parvis (G. connata Butler). P. — Scutum fere præcedentium sed magis transversum, aculeis lateralibus anticis mediocribus, inter se appropinquatis et prope medium marginis antici sitis et antice recte directis, lateralibus 25 multo crassioribus et obtusis, angulis scuti occupantibus, et ab anticis latissime remotis, aculeis posticis parvis» prope laterales posticos, sitis (G. Pavesii Cambr.). Q. — (Isoæyia E. Sim.). Scutum subquadratum, utrinque recte sectum, aculeis sex brevibus æquis, inter se late distantibus angulos occupantibus et divaricatis instructum. Cephalothoracis pars cephalica haud vel parum distincte sulcata. Oculi medii antici posticis paulo majores. Clypeus in medio oculis anticis latior (G. cicatricosa C. Koch). R. — (Ætrocantha Karsch). Scutum latius quam longius, ad angulos dila- tatum et obtusissimum, antice paululum arcuatum et in medio leviter promi- nens, utrinque, inter aculeos, leviter emarginatum, aculeis parvis erectis pone angulos sitis. Pars cephalica vix distincte sulcata. Clypeus in medio area oculorum non multo angustior (G. mucronata Walck.). S. — Scutum omnino muticum, latius quam longius, antice late truncatum, postice late rotundum, plagulis coriaceis magnis, coronam marginalem inte- gram formantibus, ornatum. Pars cephalica nec tuberculata nec sulcata. Clypeus oculis mediis anticis saltem duplo latior (G. penizoides E. Sim.). Enceyosaceus, nov. gen. À Gasteracantha differt oculis mediis aream antice quam postice latiorem occupantibus, anticis posticis majoribus, oculis quatuor anticis in lineam leviter procurvam et clypeo in medio area oculorum haud angustiore, chelis robustioribus, sterno latius cordiformi haud longiore quam antice latiore, abdomine rotundo, clypeiformi, plagulis ocelliformibus magnis medianis et marginalibus (12) coronam integram designantibus, impresso. Typus : E. sexmaculatus E. Sim. (1). AR. GEOGR. : Brasilia : Amazonas. (1) Espèce inédite, dont voici la diagnose : E. sexmaculatus, sp. nov. — ®. Long. 12 mill. — Cephalothorax rufus, parte cepha- lica antice nigra, subtiliter et parce rugosa. Abdomen rotundum, depressiusculum, læte flavo-aurantiacum, supra maculis maximis nigerrimis sex decoratum. Chelæ, sternum pedesque rufo-coccinea, tarsis metatarsisque nigris. — Amazonas. 848 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES 10. MICRATHENEÆ Les Micrathena, plus connus sous le nom d’Acrosoma (1), ressemblent aux Gasteracantha par la Structure de leur abdomen, celle de leurs filières qui sont tubulées et celle de leurs pattes; mais ils en diffèrent par leur céphalothorax qui est plus long que large et bas, avec les parties céphalique et thoracique de niveau ; celui des vrais Micrathena est légèrement atténué en avant et en arrière et tronqué aux deux extrémités ; sa partie céphalique est séparée de la thoracique par une profonde impression rappelant celle des Cyclosa, tandis que la thoracique est convexe et marquée d’une petite fossette médiane ronde et profonde et souvent, de chaque côté, de deux ou trois fossettes plus petites ; dans certaines espèces amoindries (M. horrida Tacz.), la fossette médiane est remplacée par une impression trans- verse un peu procurvée. Ce céphalothorax est tou- jours entouré d’un large rebord ou bourrelet, souvent membraneux, très caractéristique; dans les quelques espèces dont j'ai formé le genre Chætacis, la partie céphalique, un peu plus élevée, est armée, de chaque côté, soit d’une crête serrulée (C. affinis C. Koch), soit d'une dent divergente (C. cornuta Tacz.), (fig. 920 {); dans le genre Idibaha, le céphalothorax est dépourvu d’impressions et très longuement atténué en arrière, ce qui fait paraître l'abdomen pédiculé (fig. 899 et 900); mais dans le genre Micrathena, il y a de petites espèces qui font presque le passage des formes typiques aux Chætacis et même aux l{dibaha (M. imbellis, æanthopyga E. Sim., etc). Fig. 805. Micrathena Schreibersi Perty. Femelle un peu grossie. Les yeux sont en trois groupes largement séparés les uns des autres; le (1) Le genre Micrathena a été proposé par Sundevall, en 1833, dans le Conspectus Arachnidum, p. 14, pour deux espèces : l’Epeira clypeata (alors inédit) et l’Aranea spinosa Fabr. Le genre Acrosoma a été proposé par Perty, dans l'ouvrage de Spix et Martius, Delectus Animalium articul. in Itin. Bras., qui porte la date de 1830-1833 et pourrait, par conséquent, passer pour antérieur à celui de Sundevall; mais le genre de Perty correspond aux genres Gasteracantha et Plectana, dans le sens le plus large « hoc ad genus præter species hic descriptas sequentes referendæ sunt : Aranea militaris, aculeata, spinosa, cancriformis, fornicata, taurus, arcuata, tribulus, hexa- cantha, tetracantha, geminata Fabr., armata Oliv., gracilis, stellata Bosc, trans- versalis, lata, clypeata, scutiformis Walck., curvicauda Vauth., furcata, sexspinosa Hahn ». — Si l'on adopte le principe de considérer comme type d'un genre (dont le type n’est pas désigné) celle des espèces citées qui était le plus anciennement connue, l’Aranea cancriformis L., sera le type du genre Acrosoma Perly, qui devient ainsi synonyme du genre Gasleracantha Sund. (Latr.). FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 849 médian, au moins aussi long que large, est trapézoïde, un peu plus étroit en avant, ses yeux antérieurs étant un peu plus resserrés et ordinairement un peu plus petits que les postérieurs. Les pièces buccales et le sternum sont ceux des Gasteracantha. Les pattes, un peu plus longues, sont dans les mêmes proportions; leurs fémurs, surtout les antérieurs, sont rugueux où même subdentés en dessous; les autres articles sont presque toujours mutiques chez les femelles ; dans le genre Chætacis et dans quelques Micrathena qui s'en rapprochent (M. miles, prudens E. Sim., etc.), les tibias et métatarses antérieurs sont pourvus en dessous de quelques épines sériées. Les griffes sont arquées, non coudées, et leur série dentée, dépassant leur milieu, se compose, à la griffe interne, de 6 à 8 dents, diminuant graduellement de l’extrémité à la base, tandis qu'à la griffe externe, les deux premières dents N sont beaucoup plus longues que les autres, | | | mais égales entre elles; la griffe impaire 1, est presque aussi longue que les supé- mi / rieures. < L’abdomen est très dur, très lisse et à d'aspect vernissé comme celui des Gaster- Ÿ acantha, mais ses points ocelliformes sont À beaucoup moins réguliers; les quatre mé- | dians, qui figurent un trapèze plus large en NN arrière, occupent seuls une position cons- \ tante; ces points sont généralement très \ petits et légèrement excavés, sauf dans les espèces du groupe du M. clypeata C. K. (1), où ils sont beaucoup plus développés et \ méritent le nom de plaques ocelliformes ; | | la face ventrale s'élève en cône très large, NN nr K l Ü dont les filières, fortement ramenées en ï | dessous, occupent le sommet. Cet abdomen à est de plus armé, chez les femelles seule- ment, de très fortes épines aiguës, généra- lement plus nombreuses que celles des Gasteracantha et affectant des dispositions plus variées, dont je chercherai à donner idée en passant rapidement en revue les divers groupes du genre Micrathena. Fig. 896. Micrathena cyanceospina Lucas. Femelle un peu grossie. Je désignerai les épines abdominales, d’après leur position (2), en épines (1) M. clypeata C. Koch, Ar., t. IV, p. 38, 1838 ; cité bien antérieurement, mais non décrit par Walckenaer et Sundevall. (2) Cette“distinction des épines est arbitraire et uniquement destinée à faciliter les descriptions, il est même quelquefois difficile de distinguer les épines antérieures des épines dorsales quand les premières sont plus ou moins séparées du bord antérieur ; D 890 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES antérieures (aculei anteriores), au nombre de deux et situées aux angles de la troncature; en épines dorsales (aculei dorsales), au nombre d’une, deux ou trois paires, placées latéralement; en épines angulaires (aculei angulares), correspon- dant aux épines latéro-postérieures des Gasteracantha, au nombre de deux, généralement beaucoup plus fortes que les autres et placées aux angles pos- térieurs ; enfin en eépines postérieures (aculei posteriores), au nombre d’une ou de deux paires, placées sur la face postérieure, au-dessous des angulaires. Dans les espèces que je rapporte aux sections 4° et 5°, les épines sont plus nom- breuses et affectent une disposition moins régulière. La grosseur relative et le nombre des épines varient, au reste, beaucoup d'espèce à espèce, il est impossible d'accorder à ces différences une valeur générique, mais elles peuvent au moins servir à répartir les espèces en sections et en groupes. L'épigyne est tres simple et dépourvu de crochet, il se présente sous forme d’un petit tubercule transverse marqué d’une fossette médiane rebordée. La paite-mâchoire du mâle est normale; dans quelques espèces seulement (M. calcarata Cambr.), la branche accessoire du tarse est longuc, grêle et divergente. ? 597 398 899 900 Fig. 897. Micraihena clypeata C. Koch. Femelle. — Fig. 898. JM. horrida,Tacz. Femelle. — Fig. 899. Tidibaha mutilloides E. Sim. Mâle très grossi. — Fig. 900. Idem. Femelle grossie. Les Micrathena peuvent se répartir en quatre sections comprenant chacune plusieurs groupes : Dans la 1° section, le scutum abdominal de la femelle est triangulaire ou trapézoïde à sommet antérieur tronqué, il est pourvu des diverses catégories d'épines dont j'ai parlé plus haut. Les plus complets sous ce rapport forment le 1% groupe, ayant pour type le 37. Vigorsi Perty ; leur scutum, plus long que large, est légèrement resserré vers le milieu; il est armé de chaque côté d'une épine antérieure, largement dans ces cas douleux, j’ai pris pour règle de les appeler épines antérieures quand elles sont dirigées en avant presque horizontalement et épines dorsales quand elles sont dirigées verticalement. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 81 séparée de celle du côté opposé et dirigée en avant, d'une seule dorsale, d’une angulaire plus longue, obliquement dressée, et de deux postérieures dont la supérieure est un peu plus longue que l’inférieure; le céphalothorax est long, fortement rebordé et sa partie thoracique est peu convexe (fig. 901 a). Dans le 2 groupe, comprenant les M. matronalis GC. Koch, gracilis, alata Walck., etc., l'abdomen est beaucoup plus haut, vertical en avant, fortement élevé et pyramidal en arrière où il est un peu excavé dans le milieu; ses épines, assez courtes et peu inégales, sont en même nombre que dans le groupe précé- dent, mais l'antérieure est largement séparée du bord par un plan vertical, l’'angulaire et les deux postérieures sont rapprochées, presque contiguës à la base où elles sont très épaisses mais divergentes en forme de palme {fig. 902 b). Le 3° groupe, ayant pour type M. fissispina C. Koch, comprenant aussi M. bifida Tacz., Gaujoni E. Sim., etc., ne diffère des précédents que par l’absence d’épine antérieure; l’angulaire est tantôt cylindrique avec la postéro- supérieure bien séparée de sa base (M. Gaujoni E. S.), tantôt convexe sur sa face postérieure avec l'épine postéro-supérieure, plus rapprochée de son extré- mité, formant avec elle une sorte de fourche (M. fissispina C. K.) (fig. 905 c); dans une autre espèce (M. tucumana E. Sim.), il y a de chaque côté deux dorsales, mais la première est rudimentaire ; le céphalothorax est plus court, avec la partie thoracique plus convexe. M. Schreibersi Perty (fig. 895) est le type d’un 4° groupe qui diffère du pre- mier (M. Vigorsi Perty) par la présence de deux épines dorsales, entre l’anté- rieure et l’angulaire, mais d’une seule postérieure {au lieu de deux), les deux dorsales sont tantôt égales et longues (M. Schreibersi), tantôl inégales, la 2 étant très petite (M. armigera C. K., Kirbyi Perty); l'angulaire, toujours très puissante, est au moins aussi longue que le scutum (fig. 905 d). Le M. prudens E. $S., type d’un 5° groupe, se fait remarquer par un scutum étroit, parallèle et très long, pourvu, de chaque côté, d’une forte épine anté- rieure, d'une petite dorsale, d’une angulaire, beaucoup plus courte que le scutum, très épaisse à la base, mais très acuminée, enfin d’une seule posté- rieure semblable à l’angulaire; le céphalothorax, très allongé et rugueux, est marqué, vers le milieu, de deux fossettes, mais ses impressions sont très faibles et sa partie thoracique n'est pas convexe. Les yeux médians, forte- ment proéminents et très inégaux, les postérieurs étant beaucoup plus gros, rappellent ceux des Pr'onous; les tibias antérieurs sont pourvus de quelques épines. Le 6° groupe est proposé pour le M. cyaneospina Lucas (fig. 896) qui diffère des précédents par son scutum au moins aussi large que long, pourvu, de chaque côté, d’une épine antérieure (bien séparée du bord et ressemblant à une dorsale), d’une seule dorsale petite, d’une seule postérieure encore plus petite, mais d’une épine angulaire d’une longueur extraordinaire, grêle, cylin- drique et un peu courbe, rappelant celles du Gasteracantha arcuata Fabr. Dans le 7° groupe, ayant pour type M. perlata E. Sim., et comprenant pro- bablement aussi M. Petersi Tacz., le scutum, triangulaire allongé, manque d’épine antérieure et d'épines postérieures, mais il offre, de chaque côté, trois longues dorsales subégales et une angulaire plus épaisse, mais à peine plus 852 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES longue (fig. 905 f). Le céphalothorax est allongé et dépourvu d'impression céphalique, sa fossette médiane thoracique est petite. Les M. crassispina, gladiola CG. Koch, oblonga Tacz., hamifera, Mathani E. $. forment un 8 groupe dont le scutum, aussi large que long et peu atténué en avant, est pourvu, de chaque côté, d'une épine antérieure, d'une seule dorsale, d’une forte angulaire divergente, droite, ordinairement assez épaisse et cylin- Fig. 901 à 912. A, Micrathena Vigorsi Perty. Abdomen de profil — B, M. smatronalis C. Koch. Idem. — C, 21. fissispina C. Koch. Idem. — D, M. Kirbyi Perty. Idem. — F, M. perlata E. Sim. Idem. — G, M. crassispina C. Koch. Idem. — H, 2. miles E. Sim. Idem. — I, M. sexspi- nosa Fabr. Idem. — J, M. flavomaculata Keyserl. Idem. — K, M. armata Oliv. Idem. — M, M. bifurcata C. Koch. Idem. — N°, M. spathulifera E. Sim. Épine latére-postérieure. drique, mais brusquement terminée en petite pointe aciculée, enfin, d’une petite épine postérieure (fig. 906 g). Le céphalothorax est court et ses impres- sions sont peu distinctes. Les pattes des deux premières paires sont visible- ment plus épaisses que les postérieures. Dans le groupe suivant, le scutum, ordinairement, mais pas toujours, plus long que large, manque d'épine antérieure, il est pourvu, de chaque côté, d'une forte dorsale submédiane, quelquefois suivie d’une seconde dorsale très petite (M. crassa Keyserl., tovarensis E. $.), d’une angulaire longue (M. miles E. Sim., rubicunda Keyserl.) ou assez courte, enfin, d'une postérieure plus petite, tantôt dirigée en bas (fig. 907 A), tantôt située très près de l’extrémité de l’angulaire qui parait fourchue. Le céphalothorax est court et sa partie thoracique est, au delà de la fossette, fortement convexe, presque gibbeuse. Les pattes différent aussi de celles des espèces précédentes en ce que leurs fémurs, tibias et quelquefois même leurs métatarses antérieurs sont pourvus d’épines internes sériécs. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 853 Le scutum est, au contraire, plus long que large dans les espèces du 40° groupe, ayant pour type le M. seæspinosa Fabr.; il manque d’épines anté- rieures et postérieures, mais il est armé de chaque côté de deux dorsales égales (M. sexspinosa) ou inégales, la 2° étant beaucoup plus petite (M. sagittata Walck.), et d'une angulaire aussi longue que le scutum, tantôt très épaisse et cylindrique (M. sexspinosa) (fig. 908 5), tantôt acuminée aiguë (M. sagittata Walck.). Dans le M. flavomaculata Keyserl., type du 11° groupe, le scutum, allongé, est encore plus parallèle, il manque également d’épine postérieure, mais 1l est pourvu, de chaque côté, d'une très petite antérieure, d'une seule dorsale et d’une grosse angulaire épaisse, cylindrique et pubescente (fig. 909 7). Le scutum du M. armata Oliv., type du 12° groupe, est aussi large ou même plus large que long et triangulaire, il manque d’épines dorsales et d’épines postérieures, mais il est pourvu, de chaque côté, d’une petite épine antérieure dirigée en avant et d'une très longue angulaire, aiguë et divergente (fig. 910 &). Le 13° groupe, auquel appartiennent les M. acuta Walck., acutloides, rufa Tacz., bicolor Keyserl., etc., est caractérisé par un scutum triangulaire aussi large que long, pourvu de deux épines antérieures rapprochées et dirigées en ayant sur la partie thoracique, de chaque côté de deux très petites dorsales, manquant parfois (M. bicolor), enfin, d’une angulaire simple, aiguë et diver- gente, mais manquant d’épines postérieures. Le céphalothorax, assez court, est très convexe en arrière. Les espèces assez nombreuses du 14° groupe : M. bifurcata C. Koch, M. acu- tospina, Lucasi Keyserl., occidentalis Tacz., ne diffèrent des précédentes que par leurs épines angulaires bifides à l'extrémité (fig. 911 m); la branche infé- rieure de cette fourche peut être considérée comme une épine postérieure analogue à celle des M. crassa et tovarensis, du 9° groupe. Le scutum est triangulaire et aussi large que long dans le 15° groupe, dont font partie les M. pungens Walck., trianguluris, plana G. Koch, maronica, gib- bosa, pilosa, sordidata Tacz., 12-spinosa Cambr., bifissa Keyserl., etc.; il est pourvu de deux épines antérieures dirigées en avant mais largement séparées ; de chaque côté, d’épines dorsales petites et sériées (2, 3 ou 4), égales ou iné- gales, grossissant d'avant en arrière au point de se confondre quelquefois avec l’angulaire; celle-ci est tantôt longue et aiguë (M. pungens), tantôt plus courte, quelquefois obtuse, déprimée et pourvue de petits denticules géminés dont l’inférieur est souvent recourbé en bas (fig. 913 ), d’autres fois déprimée, fendue dans presque toute sa longueur, avec les deux branches inégalement lobées (M. spathulifera E. S.) (fig. 912 nn); l’épine postérieure est rudimentaire ou manque même complètement. Le céphalothorax est le même que dans les groupes précédents. Le M. reduviana Walck. (Ep. mitrata Hentz) est le type du 16° groupe, carac- térisé par un scutum plus long que large, peu atténué en avant, dépourvu d’épines dorsales et antérieures ou n’en présentant que deux très petites (M. peruana Tacz.), mais pourvu, de chaque côté, d'une angulaire courte et 854 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES d’une postérieure plus petite (fig. 914 o). Le céphalothorax est court avec la partie thoracique très convexe. Ce groupe renferme, en outre, les M. saccata, patruelis G. Koch, Guerini Keyserl., peruana Tacz., elongata Keyserl., ce der- _nier remarquable par son abdomen étroit et long. Le M. xanthopyga E. Sim., petite espèce du Venezuela, est le type d'un 17e groupe qui ne diffère du précédent que par son scutum armé, de chaque côté, de deux épines dorsales petites aiguës et recourbées en arrière et de deux angulaires subcontiguës, épaisses à la base, mais brusquement rétrécies Fig. 913 à 921. N, D. triangularis C. K. Abdomen de profil. — O, M. reduviana Walck. Idem. — P, M. xan- thopyga E. Sim. Idem. — Q, M. imbellis E. Sim. Idem. — R, M. pubescens E. Sim. Idem. — R’, idem. Extrémité du tubercule abdominal, en dessus. — $S, M. horrida Tacz. Abdomen de profil. — T, Chaetacis cornuta Tacz. Front en dessus. — T’, idem. Abdomen de profil. et recourbées à l’extrémité (fig. 915 p). Cette espèce semble faire le passage au genre Chætucis dont elle a le faciès; son céphalothorax et ses pattes sont cependant ceux du M. reduviana. Enfin, une autre espèce du Venezuela, le M. imbellis E. Sim.., dont le scutum est entièrement mutique et tronqué à ses deux extrémités (fig. 917 g), sera le type du 18° et dernier groupe de la 1"° section. La 2 section, qui a pour type le M. clypeata G. Koch, est caractérisée par le scutum abdominal très grand, plat et marqué de plaques ocelliformes plus grandes; il est un peu plus long que large, tronqué en avant où il est pourvu de deux petites épines antérieures aiguës, largement arrondi de chaque côté où il est armé soit d’une seule {M. clypeata), soit de trois petites épines latérales (M. brevispina Keyserl.), échancré au bord postérieur où il est divisé en deux larges lobes arrondis pourvus chacun de trois petites épines. Le céphalothorax est assez court; sa partie céphalique est peu distincte; la thoracique est FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 855 convexe, marquée d'une fossette médiane et, de chaque côté, de trois points enfoncés (fig. 897). Dans une 3 section, l'abdomen rappelle un peu celui des Cyclosa, il est plus long que large et prolongé en arrière en pointe caudiforme, bifide à l’extré- mité; le céphalothorax est ovale et assez plat, sa partie céphalique est à peine distincte, la thoracique est marquée d’une fossette ; les pattes sont courtes et mutiques. Les espèces, cependant peu nombreuses, de cette section sont rap- portables à deux groupes : dans le premier, qui ne comprend que le M. pupa E. Sim., les téguments sont glabres et lisses, l'abdomen est pourvu, de chaque côté, de deux petites dorsales et, à l’extrémité, de trois épines semblables, les fémurs antérieurs sont, en dessous, inégaux et granuleux comme ceux des autres Micrathena; dans le second groupe, plus anormal, comprenant les M. furcula Cambr. et pubescens E. Sim., les téguments sont garnis de poils longs très fins et mous; l'abdomen, déprimé et mutique, est prolongé en forme de queue bifide et les pattes sont lisses en dessous (fig. 917 r et 918 r'). La 4 section renferme deux espèces anormales, mais imparfaitement connues, qu'il faudra peut-être, dans la suite, séparer génériquement des Micrathena; leur abdomen est presque carré, celui du M. quadrituberculala E. Sim., décrit d’après un individu en très mauvais état que je n’ai plus sous les yeux, offre en arrière quatre gros tubercules ou lobes arrondis; celui du M. (Epeira) anomala Tacz., qui m'est inconnu en nature, est trilobé de chaque côté. La 5° section, qui a pour type le M. horrida Tacz., est caractérisée par un abdomen assez large, atténué et très élevé en arrière où il est prolongé en une sorte de queue fortement et presque irrégulièrement mucronée et, de plus, pourvu, de chaque côté, de 8 ou 10 tubercules bisériés (fig. 919 s). Le céphalo- thorax est long et parsemé de petites granulations piligères; sa partie cépha- lique, légèrement élevée en avant, est limitée par de profondes impressions obliques, effacées en dessus; la thoracique, très fortement rebordée, est marquée d’une impression transverse, légèrement procurvée. Les pattes anté- rieures sont très courtes et leurs fémurs épais et granuleux sont pourvus, en dessous, de deux séries de tubercules obtus (fig. 898). L'abdomen des Chætacis est presque carré; ses épines sont grêles, aiguës et assez courtes, il offre, de chaque côté, une petite antérieure, 2 ou 3 dorsales inégales et deux postérieures (fig. 921 ?). L'abdomen des J{dibaha est atténué en avant à la rencontre du céphalo- thorax qui est lui-même très rétréci en arrière, fortement étranglé vers le milieu, ovale dans la première moitié où il est armé de 2 ou de 4 épines, renflé globuleux dans la seconde où il présente 4 épines semblables; il est surtout carastéristique chez les I. myrmicæformis Tacz , mutilloides E. Sim., dont les noms rappellent une ressemblance souvent très frappante avec cer- tains Hyménoptères (fig. 899 et 900); dans d’autres espèces, 1. albomaculata Keyserl., qui est cependant le type du genre, l’abdomen est simplement ovale. Dans les pages précédentes, j'ai omis, à dessein, de parler du genre Pronous (Paphlagon Gb.) que je rattache à ce groupe avec doute, car il manque de 856 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES son principal caractère, ses filières n'étant pas tubulées et les téguments de son abdomen restant mous au moins en dessus. Les Pronous ont d'assez grandes analogies avec les Araneus dont j’ai parlé plus haut, sous les noms de A. cereolus et manicatus E. $. (p. 822), au moins par la disposition de leurs yeux, car leur céphalothorax ressemble beaucoup plus à celui des Micrathena et surtout des Chætacis ; sa partie thoracique, dont le bord postérieur est seul recouvert par l'abdomen, est en effet dépourvue d'impression ou ne présente que les traces d'une très petite fossette longitudinale, tandis que sa partie céphalique, peu atténuée et légèrement élevée jusqu'au bord frontal, est limitée, de chaque côté, par une large impression oblique promptement effacée en dessus, mais ce céphalothorax n’est pas rebordé. Les yeux médians, situés sur un plan presque vertical, sont très inégaux, les postérieurs étant beaucoup plus gros que les antérieurs, proéminents et disposés en trapèze 923 922 925 924 Fig. 922. Pronous tuberculifer Keyserl. Front et yeux vus en avant. — Fig. 923. Idem. Patte- mâchoire du mâle. — Fig. 924. Idem. Abdomen du mâle, en dessous. — Fig. 925. P. taproba- nicus E. Sim. Patte-mâchoire du mâle. plus étroit en avant qu'en arrière; dans les espèces typiques (P. éuberculifer Keys., beatus Cb.), le trapèze oculaire est beaucoup plus large que long et ses yeux postérieurs, occupant une saillie transverse, presque aussi large que le front entier, sont beaucoup plus séparés l’un de l’autre que des latéraux (fig. 922), mais dans les espèces moins bien caractérisées, qui représentent le genre dans l’Ancien Monde, P. faprobanicus, tetralobus E. Sim., le groupe médian est aussi long que large et ses yeux postérieurs sont, vus en dessus, un peu plus rapprochés l’un de l’autre que des latéraux. Le sternum, plus large que celui des Micralhena, un peu convexe et à peine impressionné, se termine en pointe obtuse séparant légèrement les hanches. Les pattes, peu inégales, les postérieures étant un peu plus longues que les antérieures, sont grêles avec les métatarses au moins aussi longs que les tibias, mutiques ou ne présentant aux tibias antérieurs que quelques petites épines sétiformes, mais leurs fémurs sont souvent granuleux en dessous; leurs tarses, très grêles, sont garnis de crins régulièrement sériés. L'abdomen est presque parallèle et tronqué en arrière ; dans l’espèce type, P. tuberculifer Keyserl., il ressemble à celui de certains Micrathena, étant FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 857 pourvu, aux angles antérieurs, de saillies arrondies et, de chaque côté, de deux tubercules subaigus, l'un vers le milieu, l'autre à l'angle postérieur ; dans l’espèce de Ceylan, P. éaprobanicus E. Sim., l'abdomen, de même forme, est mutique, tandis que dans l'espèce de Madagascar, P. tetralobus E. Sim., il est pourvu, à chacun des angles, d’un gros lobe arrondi; en dessous, il est coriacé dans la région épigastrique qui, dans certains cas, s'avance presque jusqu'au milieu de la face ventrale (fig. 924). Dans les genres typiques, les différences sexuelles sont aussi considérables pour la taille que dans le genre Gasteracantha et elles sont encore plus grandes pour la forme et la coloration, au point qu'il est presque impossible d’appa- reiller les sexes quand ils n’ont pas été capturés ensemble (1). Dans le genre Micrathena, le céphalothorax du mâle, presque toujours dépourvu d’impressions, est plus allongé, ovale-fusiforme, fortement rétréci en avant et surtout en arrière; l’abdomen, presque toujours mutique, est tantôt étroit, parallèle et tronqué aux deux extrémités (M. brevipes Cambr.), tantôt plus atténué en arrière et obtus (M. clypeata C. K.), tantôt, enfin, légè- rement élargi et tronqué en arrière en triangle allongé à bords sinueux (M. sagittata Walck.); dans certaines espèces, cependant, les dissemblances sexuelles sont beaucoup moins fortes, c’est ainsi que le mâle du M. prudens E. Sim. diffère à peine de la femelle par la taille et l’armature de l’abdomen. Les mâles des Idibaha ont l'abdomen mutique, très lisse, fortement étranglé vers le milieu et globuleux en arrière, ressemblant à celui d’une fourmi (fig. 899). Les pattes antérieures de tous ces mâles sont plus robustes que les posté- rieures et leurs tibias et métatarses sont pourvus en dessous d'épines bisé- riées fines et assez longues. Dans le genre Pronous, les différences sexuelles sont presque nulles ; le mâle ne se distingue que par ses tibias des deux premières paires légèrement épaissis et garnis d’épines internes plus nombreuses; la patte-mâchoire du P. tuberculifer Keyserl. est semblable à celle d’un Micrathena (fig. 923); celle du P. {aprobanicus a un tibia cylindrique, beaucoup plus long que la patella sur laquelle il est inséré obliquement et pourvu à l’extrémité, en dessus, de petits tubercules aigus disposés en dents de peigne (fig. 925). Les toiles des Micrathena sont très régulières ; leurs rayons sont nombreux et très symétriques; elles se distinguent de celles des Araneus en ce que le petit espace médian y reste toujours vide, sans fils irréguliers croisés, eten ce que la zone libre des toiles ordinaires y est occupée par un fil spirale, res- tant du fil primitif que l’Araignée ne détruit pas. Les grosses espèces, telles que M. sexspinosa Fabr., que j'ai observée au Venezuela, M. gracilis (rugosa) et agiltata (spinea Hentz, bovinum Thorell)}, que Mac Cook a observées aux États- Unis, accompagnent leur toile d'un sétabilimentum, consistant en une bande Soyeuse occupant l’intervalle de deux rayons, Mac Cook en a donné la repré- (1) Le genre Keyserlingia a été proposé par Cambridge pour un mâle de Micra- [hena, qui me paraît tout à fait normal. 858 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES sentation {Amer. Spid., I, fig. 54, et 111), mais j'ai aussi observé au Venezuela que cette particularité n'existait pas dans les toiles des petites espèces des groupes des M. triangularis et acuta. Le genre Micrathena est exclusivement américain; on en connaît plus de cent espèces (1), répandues des États-Unis au sud du Brésil, mais dont trois seulement dépassent dans l’Amérique du Nord la zone tropicale (M. gracihs, reduviana et sagittata Walck.) ; elles sont de taille grande ou moyenne, très rare- ment petite; leur céphalothorax est souvent d’un noir brillant, tandis que leur abdomen est tantôt d’un blanc d'ivoire, tantôt d’un jaune ou d’un rouge vif avec les épines rouges à la base, noires à l'extrémité, plus rarement de teinte métallique; quelques espèces sont entièrement d’un brun-rouge d’acajou, d’autres ont l’abdomen noir brillant bordé de jaune, enfin quelques-unes sont variées de larges taches blanches sur fond fauve et rougeûtre. Les Chætacis sont de la taille des plus petits Micrathena dont ils ont le faciès; on en connait deux espèces. Les J{dibaha sont ordinairement d’un noir brillant souvent relevé de taches blanches; on en a décrit quatre ou cinq espèces, toutes de l’Amérique du Sud. Comme je l’ai dit, les mâles de ces Araignées, très différents des femelles, sont de coloration plus sombre et plus uniforme variant du noir ou brun-fauve. Le genre Pronous, qui ne renferme que de petites espèces, est le plus largement distribué du groupe et le seul qui ait des représentants dans l’Ancien Monde; on en connaît deux de l’Amérique centrale et méridionale, deux de Ceylan et un de Madagascar (2). GENERA - 1. Abdomen molle haud scutatum. Mamillæ haud tubulatæ. Cephalo- norauto AUUS EAP EPS ARRET Pronous. — Abdomen scutatum. Mamillæ tubulatæ. Cephalothorax crasse MA DEN AUS USE COM UN LEUR LE LS A LS en OR SE CIO EANSE . D 2. Pars cephalica utrinque crista serrata vel dente arcuato instructa. SPRL S PAUE LEE ASUS ICI ARR ER CSC OS SD oi Chætacis. bots CéphaliC a mUtiCA LME NRA RATER SERRE Et AR EEE 3 3. Cephalothorax nec striatus nec impressus, parte cephalica haud AISCrEIA en. 2000 0 AMPLES RES MA PAIANNIeRS CR PPRCUS SONT Ildibaha. — Cephalothorax fovea media thoracica et plerumque impressione cephalica transversa valde impressus................ Micrathena (1) Un certain nombre d'espèces ont été rapportées à tort au genre Acrosoma (Micrathena), notamment Acrosoma transitorium C. Koch, tumidum et agriliforme Taczanowski, dont j'ai parlé plus haut au genre Araneus (voy. p. 818). (2) Pronous chelifer v. Hasselt, de Sumatra, est le mâle de l’Argiope catenulata Dolesch. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 859 Micrathena Sundev., Cons. Arachn., 1833, p. 14. — Acrosoma Perty, Delect. Anim., etc., 1830-1833, p. 14 (ad part.). — Plectana Walck. (ad part.). — Micrathena et Acrosoma G. Koch (ad part.). — Acrosoma auct. — Keyser- lingia Cambr., Biol. cent. Amer., Arach., 1889 [G. Cephalothorax longior quam latior, postice leviter attenuatus et truncatus, utrinque crasse marginatus, parte cephalica a thoracica impressione plerumque discreta, thoracica convexa et fovea media subrotunda, rarissime transversa impressa. Area oculorum mediorum paulo longior quam latior et antice quam postice angustior. Clypeus oculis mediis anticis latior. Abdomen feminæ scuto duriusculo, plagulis ocelliformibus aculeisque munito, obtectum. Venter altis- sinus, plicatus. Mamillæ longe tubulatæ. Sternum angustum, valde impres- sum. Pedes sat longi, fere semper mutici, rarius antici subtus seriatim aculeati sed femoribus subtus rugosis et subdentatis. Cephalothorax maris ovatus, convexus, vix distincte impressus, abdomen plerumque muticum, elongatum, pedes quatuor anteriores reliquis crassiores, femoribus sæpe aculeatis, tibiis anticis subtus biseriatim aculeatis. Typus : M. clypeata C. Koch. AR. GEOGR. : America calida. Les nombreuses espèces de ce genre se répartissent en 5 sections dont la première ne renferme pas moins de 17 groupes. SECT. [. — Scutum feminæ triquetrum vel trapezoidale, aculeis anterioribus, dorsalibus, angularibus et posterioribus fere semper instructum. A. — Scutum longius quam latius, prope medium leviter constrictum, utrinque aculeo anteriore antice directo et transversim remoto, aculeo dorsali unico, aculeo angulari longiore et erecto atque aculeis posterioribus binis (1° altero paulo longiore) instructum. Cephalothorax longus, crasse margi- natus, parte thoracica vix convexa (M. Vigorsi Perty). B.— Scutum paulo brevius, altissimum, postice dilatatum et in medio leviter excavatum, utrinque aculeo anteriore antice directo et transversim remoto {ad marginem anticum remoto), aculeo dorsali unico, aculeo angulari, aculeis- que posticis binis crassis, inter se subcontiguis sed divaricatis, instructum (M. matronalis C. Koch) (1). CG. — Scutum aculeis anterioribus carens, reliquis aculeis ut in sect. 4, rarisssime dorsalibus binis, primo altero multo minore et parum distincto (M. tucumana KE. Sim.), aculeo angulari tereti a posticis remoto (M. Gaujoni E. $.) vel postice convexo et ab aculeo postico superiore parum remoto furcam fere formante. Cephalothorax brevior, parte thoracica valde convexa (A. fissi- spina C. Koch). D. — Scutum trapezoidale, longius quam latius, utrinque aculeo anteriore parvo antice directo ab altero remoto, dorsalibus binis erectis, longis, inter se 1) Comprenant aussi M. gracilis et alata Walck. 860 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES æquis (M. Schreibersi Perty) vel 2° altero multo minore et subobsoleto (M. Kir- byi Perty, armigera G. Koch), angulari validissimo recto et acutissimo scuto longiore, aculeoque posteriore minore instructum. Cephalothorax præceden- tium (M. Schreibersi Perty) (1). E. — Scutum longissimum, parallelum, utrinque aculeo anteriore valido, dorsali parvo, angulari seuto multo breviore, ad basin crasso sed ad apicem acutissimo, aculeoque postico angulari simili, instructum. Cephalothorax lon- gus, rugosus vix impressus, prope medium minute bifoveolatus. Oculi mediü valde prominuli, antici posticis multo minores (M. prudens E. Sim.) (2). F. — Scutum haud longius quam latius, utrinque aculeo anteriore mediocri, dorsali minutissimo, angulari longissimo, corpore toto multo longiore, gracili ei arcuato, aculeoque posteriore minutissimo, instructum. Cephalothorax M. Schreibersi (M. cyaneospinu Lucas). G. — Scutum multo longius quam latius elongato-triquetrum, aculeo ante- riore aculeoque posteriore carens sed utrinque aculeis dorsalibus trinis longis et subæquis aculeoque angulari valido sed dorsalibus non multo longiore, instructum. Cephalothorax longus, parte cephalica haud discreta, thoracica haud convexa, postice valde attenuata, fovea parva impressa (M. perlata E. Sim.) (3). H. — Scutum haud longius quam latius, obtuse pyramidale, antice parum attenuatum, utrinque aculeo anteriore antice directo ab altero remoto, dorsali unico, angulari modice longo, crasso sed apice abrupte acuto, aculeoque pos- teriore parvo instructum. Cephalothorax sat latus, haud impressus, parte tho- racica haud convexa, fovea media parva munita. Pedes breves, quatuor antici reliquis robustiores (M. crassispina C. Koch) (4). I. — Scutum haud vel non multo longius quam latius, aculeo anteriore carens, utrinque dorsali submedio valido, rarius dorsalibus binis 2° minutis- simo, angulari longo vel brevi, aculeoque postico infra directo remoto vel sæpius prope apicem angulari sito, instructum. Cephalothorax parum longus, parte thoracica, pone foveam, valde convexa. Pedum anticorum femora, tibiæ et interdum metatarsi intus seriatim aculeata (M. miles E. Sim.) (5). (1) Comprenant aussi M. armigera C. Koch, Kérbyi Perty, tenuis Taez. (pullus). (2) Espèce inédite : M. prudens (Holmb. ind.), sp. nov. — ©. Long. 12 mill. — Cephalothorax rufo- castaneus sat dense rugosus. Abdomen longissimum, parallelum, rufo-lividum, in medio et in lateribus flavido-variatum et subvittalum, aculeis nigris, angularibus ad basin late rufis, subtus nigrum, utrinque flavido-punctatam, regione epigasteris rufula. Sternum rufulum, valde coriaceo-granulosum. Pedes rufescentes, coxis tro- chanteribusque nigris, femoribus subtus rugosis, tibiis anticis parce aculeatis. — Paraguay. (3) Comprenant aussi M. Petersi Tacz. (4) Comprenant aussi M. gladiola C. Koch, oblonga Tacz., hamifera et Mathani E. Sim. (5) Comprenant aussi M. rubicunda, crassa Keyserl., tovarensis E. Sim., etc. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 861 J. — Scutum longius quam latius, aculeis anterioribus et posterioribus carens, utrinque dorsalibus binis æquis (M. sexspinosa Fabr.), vel iniquis (20 19 multo minore [sagittata Walck.]), angulari scuto haud breviore crasso et tereti (M. seæspinosa) vel acuto (M. sagittata) (M. seæspinosu Fabr.) (1). K.— Scutum longius quam latius subparallelum, aculeo postico carens, utrinque aculeo anteriore minutissimo, dorsali unico angularique crasso, cylindrato et piloso munitum (M. flavomaculata Keyserl.). L. — Scutum triquetrum, haud longius quam latius vel latius, aculeis dor- salibus et posterioribus carens, utrinque aculeo anteriore parvo, antice directo, angularique longo acutissimo et valde divaricato instructum (MM. armata Oliv.) (2). M. — Scutum triangulare, haud longius quam latius, aculeis anterioribus binis inter se appropinquatis et antice directis, utrinque dorsalibus binis minutissimis, sæpe obsoletis vel nullis, angularique brevi sed acuto et valde divaricato instructum sed aculeo posteriore carens (interdum aculeo poste- riore minutissimo munitum). Cephalothorax brevis, parte thoracica convexa (M. acuta Walck.) (3). N. — À præcedenti tantum differt aculeo angulari utrinque apice bifido (M. bifurcata G. Koch) (4). O. — Scutum triquetrum, saltem haud longius quam latius, aculeis anterio- ribus antice directis et transversim remotis, utrinque dorsalibus parvis seriatis 2, 3 vel 4, angularique divaricato, simplici sat longo et acuto (M. pun- gens Walck.) vel breviore, sæpe obtuso depresso et spinulis 1-2 (inferiore sæpe uncato) subgeminatis munito, interdum valde depresso et fisso (M. spathulifera E. Sim.). Cephalothorax præcedentium (M. triangularis G. Koch.) (5). P. — Scutum longius quam latius (interdum longissimum, #. elongata Keyserl.), antice parum attenuatum, aculeis anterioribus dorsalibusque carens vel anterioribus minutissimis munitum (M. peruana Tacz.), sed utrinque angulari, breviter turbinato aculeoque posteriore paulo breviore, instruetum. Cephalothorax brevis, parte thoracica convexa {[M. r'eduviana Walck. [Ep. mi- trata Hentz]) (6). Q. — Scutum fere præcedentium sed utrinque aculeis dorsalibus binis parvis acutis et postice uncatis (20 altero minore), angularibus binis brevibus, ad apicem acutis et uncatis munitum. Oculi medii antici posticis multo minores (1) Comprenant aussi M. sublilis Tacz. (pullus). (2) Dont les Aranea taurus Fabr., Plectana furcata Walck., el peut-êlre Acrosoma forcipatum Thorell, sont synonymes. (3) Comprenant aussi : M. acutoides, rufa Tacz., bicolor Keyserl., elc. (4) Comprenant aussi : M. Lucasi, acutospina Keyserl., occidentalis Tacz., elec. (5) Comprenant aussi M. plana C. Koch, maronica, gibbosa, pilosa, sordidata T'acz., 12-spinosa Cambr., bifissa Keyserl. (6) Comprenant aussi M. saccala, patruelis C. Koch, Gucrini, elongata Keyserl., peruana Tacz. 862 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES (Chætaci fere similis, differt cephalothorace Iævi, fronte mutica et pedibus submuticis) (M. æanthopyga E. Sim.) (1). R. — Præcedentibus fere similis sed scuto omnino mutico, antice posticeque recte secto (M. émbellis E. Sim... SECT. II. — Scutum maximum, planum, plagulis ocelliformibus magnis impressum, antice truncatum et aculeis anterioribus acutis et antice directis armatum, utrinque ample arcuatum et aculeo laterali minutissimo (M. clypeata C. Koch) vel aculeis lateralibus tribus (M. brevispina Keyserl.) munitum, postice emarginatum et utrinque lobo lato, breviter triaculeato, præditum. Cephalo= thorax brevis, parte cephalica vix discreta, thoracica convexa, fovea media et utrinque foveolis parvis trinis impressa (M. clypeata C. K.). SEcT. III. — Abdomen depressiusculum, multo longius quam latius, postice productum apice plus minus bifidum. Cephalothorax ovatus, humilis, parte cephalica vix discreta, fovea thoracica parva. Pedes breves et mutici. A.— Tegumenta glabra et nitida. Abdomen utrinque aculeis dorsalibus binis parvis atque, ad apicem, utrinque aculeis similibus trinis armatum. Femora pedum inferne inæqualia et obtuse granosa (M. pupa E. Sim.) B. — Tegumenta corporis crebre et longe pilosa. Abdomen depressiusculum, muticum, postice productum caudiforme apice bifidum. Pedes breves, femori- bus inferne lævibus (M. furcula Cambr.) (2). Secr. IV. — Abdomen subquadratum, postice quadrilobatum vel utrinque trilobatum (M. anomala Tacz. et M. quadrituberculata E. Sim.). SEcT. V. — Cephalothorax longus, parte cephalica antice leviter acclivi, thoracica utrinque et postice crasse marginata, in medio impressione trans- versa, leviter procurva, munita. Abdomen antice latum, postice altissimum, productum, valde et fere inordinate mucronatum, utrinque tuberculis obtusis 8 vel 10 biseriatis instructum. Pedes antici brevissimi, femoribus subtus bise- riatim granosis (M. horrida Tacz.). Hidibaha Keyserl., Spinn. Amer. Ep., I, 1892, p. 31. — Acrosoma Tacz., Hor. Soc. ent. Ross., 1879 (ad part. À. myrmicæforme). A Micrathena differt cephalothorace longiore et postice longe attenuato, nec impresso nec striato, parte cephalica haud discreta. — Scutum abdominale feminæ longius quam latius, ovatum (1. albomaculata K.) vel in medio coarc- tatum, in parte prima ovatum et aculeis 2 vel 4 instructum, in parte altera globosum et quadrispinosum. — Abdomen maris muticum, antice ovatum, in medio coarctatum et teres, postice globosum. Pedes Micrathenæ, feminæ mutici, maris quatuor antici reliquis multo robustiores, femoribus tibiisque aculeatis. Typus : 1. albomaculula Keyserl. (3). AR. GEOGR. : Amer. trop. (4) M. fericula Cambr. rentre peut-être dans ce groupe. (2) Comprenant aussi M. pubescens E. Sim. 3) Comprenant aussi 1. (Acrosoma) myrmicaeformis Tacz., I. mutilloides E. 5m, FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 863 Chaætacis, nov. gen. — Acrosoma C. Koch (A. affine). — Id. Tacz., (ad part. À. cornulum). À Micrathena differt parte cephalica altiore, postice impressione profunda discreta, utrinque crista serrata {C. affinis) vel, pone oculos laterales, aculeo gracili (C. cornuta) instructa, parte thoracica mutica {C. cornuta) vel dentata (C. affinis), pedibus sat brevibus, femoribus quatuor anticis aculeis dorsalibus, tibiis aculeis inferioribus biseriatis instructis. — Scutum abdominale subqua- dratum, rarius longius quam latius, aculeo anteriore minuto, dorsalibus 3 vel 4 (intermediis reliquis multo minoribus) et posterioribus binis utrinque armatum. — Abdomen maris muticum, parallelum, antice rotundum, postice truncatum, femora aculeata, tibiæ anticæ intus valde arcuatæ et aculeatæ. Typus : C. affinis C. Koch. AR. GEOGR. : Amer. calida. Pronous Keyserl., Verh. z. b. G. Wien, XXX, 1880, p. 547. — Paphlagon [I Cambr., Biol. centr. Amer., Arachn., 1893, p. 117. Cephalothorax sat longus, haud marginatus, humilis, parte thoracica haud vel vix impressa, cephalica antice parum prominula sed leviter acclivi. Area oculorum mediorum verticalis, antice quam postice angustior, medii postici anlicis majores et prominuli. Oculi laterales utrinque parvi, æqui et contigui. Pedes modice longi, graciles, parce aculeati seu mutici. Sternum sat late cordi- forme paulum convexum. Abdomen molle, haud scutatum, sæpe tuberculatum, mamillæ haud tubulatæ. Typus : P. tuberculifer Keyserl. AR. GEOGR. : Ins. Madagascar; ins. Taprobane (1), Amer. centr. et merid. (1) Toutes les espèces de l'Ancien Monde sont inédites, voici les diagnoses des deux principales : P. taprobanicus, sp. nov. — Q. Long. 3 mill. — Cephalothorax obscure fulvus pos- tice dilutior, regione oculorum nigra. Oculi medii a lateralibus quam inter se remo- tiores, aream antice quam postice saltem 1/3 angustiorem occupantes. Abdomen ovatum, postice leviter ampliatum et obtuse truncatum, fulvum, supra macula magna cinerea subquadrata ad angulos subnigra, lineas binas albas cruciatas gerente, nota- tum. Slernum nigrum. Pedes graciles, coxis femoribusque luteis, his apice infuscatis et sublineatis, reliquis articulis fusco-olivaceis, Libiis, metatarsis tarsisque 4i paris nigris. — Ins. Taprobane. P. tetralobus, sp. nov. — Q. Long. 3,5 mill. — Cephalothorax niger, parte cepha- lica dilutiore et postice macula magua subtriquetra alba ornata. Oculi fere præce- dentis. Abdomen subparallelum, sed antice paululum acuminatum et postice trun— calum,. tuberculis obtusissimis qualuor, posticis majoribus, munilum, fulvum et bigricauti-variatum. Sternum nigrum, in medio leviter dilutius. Pedes fusco-olivacei, femoribus dilutioribus, tibiis melatarsisque ad basin lurido-annulatis. — Ins. Mada- gascar. 864 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES 11. WYLETHREÆ Les Xylethrus, qui ont l'abdomen ocellé et les filières tubulées des genres précédents, s’en distinguent surtout par leur sternum tronqué en arrière et séparant largement les hanches postérieures. Le céphalothorax du X. scrupeus E. Sim. ressemble à celui des Carepalxis ; sa partie thoracique est basse et recouverte par l'abdomen, tandis que la cépha- lique est très élevée et presque verticale, avec le sommet largement échancré et chacun des angles saillant en tubercule très obtus ; dans les autres espèces, X. superbus, trifidus et perlatus E. Sim., il rappelle celui des Acroaspis ; sa partie céphalique, verticale dans la région oculaire, est ensuite déprimée, puis relevée en deux lobes ovales. Les yeux médians, situés sur un plan vertical, sont presque égaux, tantôt disposés en carré, tantôt en trapèze plus large que long et plus étroit en avant (X. scrupeus E. Sim.), toujours séparé du bord par un bandeau vertical presque aussi large que lui. Les yeux latéraux, très largement séparés des médians et situés plus bas, près des angles du bandeau, sont, de chaque côté, égaux, connés (X. scrupeus E. Sim.) ou un peu séparés et toujours élevés sur une forte saillie. Les pièces buccales différent peu de celles des types précédents ; la pièce labiale est cependant encore plus large. Les chélicères, très robustes, pré- sentent, à leur marge inférieure, tantôt deux dents assez petites (X. scrupeus E. Sim.), tantôt trois dents, dont la dernière plus forte (X. superbus E. Sim.), et à la marge supérieure trois ou quatre dents. Le sternum est au moins aussi large que long, un peu déprimé et très obtu- sément rebordé, très largement tronqué en avant et même un peu échancré pour recevoir la pièce labiale, avec les angles un peu saillants, anguleux laté- ralement, rétréci en arrière en forme de triangle à sommet tronqué, séparant les hanches postérieures et pourvu, à chacun des angles, d’un petit tubercule. L'abdomen est très gros ; ses téguments indurés sont couverts de grosses granulations basses, souvent inégales et, de plus, marqués de grandes plaques ocelliformes médianes et latérales, rugueuses et fovéolées au centre ; il est ordi- nairement presque arrondi, plus ou moins excavé dans le milieu, avec les bords relevés en crêtes et pourvus de tubercules arrondis, irréguliers, tantôt petits (X. scrupeus E. Sim.), tantôt très gros et margaritiformes (X. perlatus E. Sim.); il est quelquefois en forme de carré long transverse avec le bord postérieur pourvu de trois longs tubercules dont les latéraux occupent les angles (X. érifidus, superbus E. Sim.) ; en dessous, son épigastre est plan, très dur et pourvu chez la femelle du tubercule génital court et conique; sa région ventrale est convexe et granuleuse; ses filières sont tubulées, c’est-à-dire entourées d’un épais rebord lisse très dur et sinueux. Les pattes sont courtes et mutiques; celles de la 4° paire sont un peu plus longues que celles de la 1'° paire, rarement un peu plus courtes; leurs articles sont presque cylindriques, sauf les patellas qui sont un peu noueuses à FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 869 l'extrémité et les tibias (surtout ceux de la 4° paire) qui sont souvent rétrécis à la base et un peu courbes. Leurs griffes diffèrent de celles des Gasteracantha en ce qu’elles sont en forme d’agrafe, coudées vers le tiers basilaire et presque droites dans toute leur partie terminale qui est mutique, pourvues dans leur partie basale d’un petit nombre de dents, dont la première, ou les deux pre- mières, sont beaucoup plus longues que les autres. La dissemblance sexuelle, assez faible pour la taille dans le X. scrupeus, est, au contraire, exagérée dans le X. su- perbus (fig. 927) dont le mâle atteint à peine ? mill., tandis que la femelle dépasse 15 mill. ; son céphalothorax est d’une forme toute différente, sa partie cépha- lique, nullement élevée, est lon- gueet ses yeux médians, moins séparés des latéraux, proéminent au milieu du bord frontal; son 927 : : abdomen, beaucoup plus petit, ig. 926. Xylethrus superb E. Sim. elle à pei , age Fig. 926. AUERUs superbus E eee peine est presque carré: ses patles sont grossie. — Fig. 927. Idem. Mâle très grossi. armces d’épines fémorales et ti- biales assez nombreuses. Dans tous les cas, la patte-mâchoire est normale et ressemble surtout à celle des Gasteracantha; son tibia, plus court et plus large que la patella, est pourvu d'un fort tubercule externe obtus; l’apophyse externe de son tarse est grêle et bien détachée; son bulbe est simple, globu- leux ou réniforme. Les Xylethrus, au moins les femelles, sont de grosses Araignées de teinte brune et terreuse avec les tubercules abdominaux d'un noir brillant; dans une seule espèce (X. superbus E. Sim.), le céphalothorax, les pattes et les plaques de l’abdomen sont d'un beau rouge orangé. Jen connais quatre espèces toutes propres au Brésil et au Paraguay (1). Xylethrus, nov. gen. Cephalothoracis pars thoracica humilis, cephalica utrinque convexa et pro- minula, antice fere abrupte declivis. Oculi medii inter se subæquales, aream quadratam vel latiorem quam longiorem et antice quam postice angustiorem, occupantes. Oculi laterales a mediis latissime remoti, inter se æqui et anguste separati, rarius contigui (X. scrupeus E. S$.). Clypeus in medio area oculorum non multo angustior. Chelæ et partes oris normales. Sternum latius quam longius, antice latissime truncatum, utrinque angulosum, postice valde atte- nuatum sed inter coxas disjunctas truncatum et bituberculatum. Abdomen maximum, duriusculum, granosum et tuberculatum, plagulis ocelliformibus _impressum. Mamillæ crasse tubulatæ. Pedes breves et mutici. Typus : X. superbus E. Sim. Ar. GEOGR. : Amer. merid. : Brasilia, Paraguay. HACÉ Ann. Socent. Ir, 1895, p. 157. . ©z ©: 866 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES 12. GLYPTOGONEÆ Le genre Glyptogona a de très grands rapports avec les dernières espèces du genre Micrathena, particulièrement avec celles du groupe de M. horrida Tacz. (voy. p. 855) dont il a presque l'abdomen et les pattes, mais il en diffère par son céphalothorax non rebordé et ses filières non tubulées; il offre aussi beaucoup d’analogies avec les Araneus du groupe des A. transitorius et Volgeri (voy. p. 819) dont il a presque le céphalothorax et les yeux, mais il s'en distingue par ses chélicères dont la marge inférieure ne présente que deux ou rarement trois très petites dents (dans le genre Araneus les dents de la marge inférieure, au nombre de 3, ou rarement de 4, sont presque aussi fortes que celles de la marge supérieure), par ses griffes dissemblables, rappe- lant celles des Xylethrus et des Cyrtarachne, enfin par son abdomen, marqué, sur la pente postérieure, de gros plis transverses; les caractères qui le dis- tinguent du genre Cyrtarachne sont la largeur de son bandeau qui égale presque celle du groupe oculaire et l’absence de plaques ocelliformes bien définies à l’abdomen. Les yeux médians sont situés sur un plan presque vertical et les antérieurs sont plus gros que les postérieurs ; ceux du G. (Epeira) sextuberculata Keyserl. sont en trapèze un peu plus large en avant, mais, dans les autres espèces, ils figurent un groupe parallèle au moins aussi long que large. Les pattes sont courtes ; leurs fémurs, robustes et comprimés, offrent, en dessous, de courtes épines bisériées souvent élevées sur des tubercules obtus; les patellas sont déprimées; les tibias, presque cylindriques, sont C souvent courbes et dilatés à l’ex- trémité (fig. 929). L’abdomen est volumineux; celui du G. sextuber- culata est arrondi en avant, élevé en arrière où il est tronqué et pourvu, de chaque côté, de deux tubercules obtus; celui des es- pèces américaines (G. sexlobatu, mullilobata, leprosa KE. Sim., etc.), encore plus transverse, est dé- coupé-lobé et, de plus, granuleux 929 (fig. 928); dans tous les cas, sa Fig. 928. Glyplogona sexlobata E. Sim. Céphalothorax pente postérieure est marquée de et abdomen en dessus. — Fig. 929. Zdem. Patte de quelques gros plis transverses, souvent mucronés, dont le plus inférieur entoure les filières qui sont ainsi presque tubulées (1); son épigyne offre un scape très large, fortement rebordé, et un crochet assez court et lin- guiforme. Le mâle du G. sexluberculata se distingue par ses fémurs antérieurs plus la 1re paire. (4) Ces filières ne sont cependant pas {ubulées comme celles des Gasteracantha, car elles ne sont pas entourées d’un anneau chitineux dur et lisse. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 867 robustes, ses métatarses et tarses plus grêles et plus longs, ses tibias de la {re paire légèrement courbés-sinueux, présentant, au côté externe, un groupe médian irrégulier de fortes épines, tandis que ceux de la 2° paire, un peu plus épais, n’ont pas d’armature spéciale ; les hanches sont mutiques, tandis que les fémurs de la 4° paire sont armés en dessous d'assez fortes épines unisé- riées ; la patte-mâchoire a un tarse très long, étroit et lacinié, un bulbe très volumineux et très complexe. Je rapporte à ce genre une petite espèce de Ceylan, le G. duriuscula E. Sim., qui devrait peut-être en être séparée, car sa partie céphalique, plus convexe en arrière, très obtusément sillonnée et marquée, de chaque côté, sur la décli- vité, d’une large impression fovéiforme, rappelle celle des Acroaspis ; son abdomen, de même forme que celui des espèces américaines, est aussi solide que celui des Xylethrus. Le type du genre Glyptogona est propre à la région méditerranéenne orien- tale, découvert en Dalmatie, il a été retrouvé depuis en Grèce et en Asie Mineure (1) ; j'en possède d’autres espèces {inédites) de l’Afrique tropicale, une de Ceylan (G. duriuscula E. Sim.) et plusieurs de l'Amérique du Sud, princi- palement du Venezuela (G. leprosa E. Sim.) et du bassin de l’Amazone (G. sex- lobata et multilobata E. Sim.) (2), et il faudra sans doute lui rapporter un certain nombre d’espèces chiliennes, décrites par Nicolet sous le nom géné- rique de Gasteracantha, et que j'avais précédemment comprises dans le genre Ulesanis (voy. p. 554), d’après les descriptions souvent fort insuffisantes (3). Glyptogona E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1884, p. 326. — Epeira Keyserl., Verh. z. b. G. Wien, XIII, 1863, p. 381 (ad part. E. sextuberculata). — Gasteracantha Nicolet in Gay, Hist. de Chile, Zool., IIT, 1847 (ad part.). Cephalothorax fere Aranei. Oculi medii aream subverticalem, haud latiorem quam longiorem, parallelam seu antice paulo latiorem, occupantes, antici posticis majores. Oculorum linea antica subrecta. Clypeus verticalis, leviter depressus, area oculorum mediorum haud angustior, Chelarum margo inferior dentibus parvis 2 vel 3 instructus. Pedes sat breves, femoribus robustis et compressis, subtus biseriatim aculeatis vel dentatis, tibiis teretiusculis, cur- vatis, sæpe apice incrassatis. Abdomen magnum, postice altissimum et utrinque valde lobatum, in declivitate transversim plicatum et mamillæ sub- tubulatæ. Typus : G. sextuberculata Keyserl. AR. GEOGR. : Reg. mediterr. orient.; Afr. trop.; ins. Taprobane ; Amer. trop: et austr. (4) Comme je l'ai dit plus haut, le Glyptogona excelsa E. Sim., de l'Himalaya, n’ap- partient pas à ce genre (voy. p. 820). (2) Pour les G. duriuscula et sexlobata, cf. Ann. Soc. ent. Fr., 1895, p. 459, (3) Particulièrement Gas:eracantha fumosa, Gayi, pallida, spissa. pennata, umbrosa variabilis Nicolet. 868 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES 13. ANEPSIEÆ Le genre Anepsia L. Koch, auquel il faut rapporter quelques espèces com- prises par les auteurs modernes dans le genre Paraplectana Br. Cap. et le genre Aspidolasius (Inca Taczanowski) rappellent les Gasteracantha par leur céphalothorax et leurs yeux, mais ils en différent par leurs filières non tubulées, leur abdomen beaucoup moins coriacé, à plaques généralement beaucoup moins développées, souvent même obsolètes, par leurs pattes anté- rieures généralement armées d’épines et par la structure de leurs griffes tarsales. Leur céphalothorax est court et large; sa partie céphalique, transverse et brusquement élevée sur une partie thoracique très basse et recouverte par l'abdomen, est tantôt convexe et arrondie (Anepsia) (fig. 930), tantôt un peu déprimée dans le milieu et saillante aux angles postérieurs (Aspidolasius). Les yeux, situés sur la pente antérieure de cette grosse saillie, sont disposés en trois groupes très largement séparés les uns des autres ; les médians, égaux ou presque égaux (les antérieurs sont quel- quefois un peu plus petits), sont disposés en carré; les latéraux, relégués aux angles du bandeau, sont égaux et petits, connés dans le genre Anepsia, sé- parés environ de leur diamètre dans le genre Aspi- dolasius. La seconde ligne oculaire paraît, vue en dessus, procurvée; l'anté- rieure est assez fortement procurvée dans le genre Aspidolasius, dont le ban- deau est, au milieu, aussi large que le groupe médian, tandis que, dans le genre Anepsiu, elle est droite et le bandeau est étroit, quelquefois presque nul. Les chélicères, les pièces buccales et le sternum sont ceux des Gaster- acantha. Les pattes, courtes et cylindriques, sont mutiques dans le genre Aspido- tasius, tandis que, dans le genre Anepsia, elles offrent, au moins aux pre- mières paires, quelques épines fémorales et tibiales. Leurs griffes supérieures sont très dissemblables : l'interne, légèrement courbée, est pourvue d’une série de 6 à 10 dents dépassant son tiers apical, presque égales, sauf les deux premières qui sont un peu plus longues que les autres, tandis que la griffe externe, en forme d'agrafe terminée en très longue pointe, présente, dans sa portion basale seulement, 4 ou 5 dents, dont la première est beaucoup plus longue que les autres; la griffe inférieure, terminée en pointe très fine, est au moins aussi longue que les supérieures. Dans le genre Aspidolasius, l'abdomen est très épais, arrondi en avant, tronqué en arrière, avec chacun des angles prolongé et mammiforme; ses léguments, nullement indurés, mais densément pubescents, sont marqués de plaques oceiliformes très petites et nombreuses : quatre médianes, en trapèze plus large en arrière (les postérieures linéaires transverses), et des latérales Fig. 930. Anepsia depressa Thorell. Céphalothorax de profil. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 869 très nombreuses (17-19), formant, en avant et sur les côtés, une ligne arquée, la médiane antérieure (impaire) étant un peu plus grosse que les autres. Dans les autres genres, l'abdomen est ovale ou arrondi, plus rarement un peu rhomboédrique (4. rhomboides L. Koch), tantôt convexe et subglobuleux (A. mariluta Cambr.), tantôt déprimé et clypéiforme; son tégument, épaissi, glabre ou parsemé de poils dres- sés, est marqué, en dessus, de plaques ocelliformes mé- dianes et latérales, en dessous, d’une série marginale de plaques semblables ; ces plaques sont tantôt très grandes et pourvues chacune d’une petite saillie umbonéale fovéo- lée (A. depressa Thorell) (fig. 930), tantôt petites ou même peu distinctes (A. villosa Thorell, semialba E. Sim., etc.) ; dans tous les cas, le milieu de la face ventrale est mou et Fig. 931. les filières, situées près le bord postérieur, un peu en des- Aspidolasius (sp. ind.). sous, ne sont pas tubulées. Femelle à peine gros- sie. Le mâle de l’'Anepsia marilata Cambr., seule espèce dont je connaisse les deux sexes, diffère à peine de la femelle par la taille, la forme et la coloration; sa patte-mâchoire est normale, avec un tibia court, pourvu d’une avance externe tronquée et un peu saillante aux angles, un tarse et un bulbe volumineux, ressemblant à ceux des Guster- acantha ; le mâle de l'A. rhomboides, figuré par L. Koch, offre les mêmes carac- tères, ses métatarses antérieurs sont, de plus, courbés et un peu sinueux. C'est probablement à ce groupe qu'ii faudra rapporter le genre Paraplecta- noides Keyserl., qui m'est inconnu en nature; il me paraît voisin du genre Anepsia, dont il différerait par son bandeau beaucoup plus large, ses yeux médians en trapèze beaucoup plus étroit en avant et ses yeux latéraux légère- ment disjoints. Keyserling n’en décrit qu’une seule espèce, le P. crassipes Keyserl., mais il faudra sans doute lui rapporter aussi le Paraplectana Kochi Cambr. Le genre Anepsiu compte six ou sept espèces; son espèce type (A. rham- boides L. Koch) est propre à l'ile d'Upolu; l'A. maritata Cambr. (P. picta Th., nigroanalis v. Hasselt) est très répandu dans toute la région indo-malaise, de Ceylan aux Moluques ; d’autres espèces sont propres à Java et à Célèbes (A. depressa, villosa Thorell), à Amboince (A. peltoides Thorell), à la Nouvelle- Calédonie (A. semialba E. Sim.) (1). Les deux espèces du genre Puraplectanoides sont d'Australie. Le genre Aspidolasius, qui représente le groupe dans le Nouveau Monde, ne renferme que deux espèces (l'une inédite) propres au Pérou et à la haute région de l’Amazone; ce sont des Araignées d’assez grande taille, dont les téguments, de teinte obscure, sont revêtus de pubescence blanche, épaisse et couchée ressemblant à celle des Crostr'is. (1) L'espèce décrite par Rainbow, sous le nom d’Anepsia crinila (Pr. Linn. Soc. N.S. Wales, VIII, 1893), n'appartient pas à ce genre, mais paraît être un Araneus normal. 870 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES GENERA 1. Pedes mutici. Pars cephalica postice emarginata et valde bilobata. AE SR Re nn En AE Ne EU TA ER CD OA EEE — Pedes, saltem antici, aculeati. Pars cephalica haud lobata, integra Seudlevissinme SUlCata CR ARC CC TOP EE CT AE ERNE 2 2. Clypeus angustissimus. Oculi laterales utrinque contigui..... Anepsia. — Clypeus latus. Oculi laterales utrinque anguste distantes (sec. KÉVS OLIS) MCE RÉPE Mart AE el EU LA A pot TARA pete Paraplectanoides. Aspidolasius E. Sim., Ann. Soc, ent. Fr., 1887, Bull., p. CLxxxvII. — Inca Taczan., Hor. Soc. ent. Ross., XV, 1879, p. 104 (nom. præocc.).: Cephalothorax subquadratus, parte cephalica maxima, saltem duplo latiore quam longiore, sed postice leviter attenuata, in medio paulum depressa et utrinque prominula, parte thoracica humillima plana et glabra. Oculi medii aream æque longam ac latam et antice quam postice paulo angustiorem occu- pantes, antici posticis paulo majores. Oculi laterales a mediis latissime dis- tantes, utrinque angulum clypei occupantes, prominuli, inter se æqui et disjuncti. Oculorum linea antica sat procurva. Clypeus sub oculis mediis pau- lum depressus et area oculorum haud vel vix angustior. Chelæ robustissimæ, margine superiore sulci quinquedentato (dentibus 1° et 4° reliquis majoribus), margine inferiore dentibus tribus æquis et subcontiguis, armato. Pedes breves, inter se parum inæquales, mutici, femoribus quatuor anticis robustis, patellis tibiisque cylindraceis sed supra (saltem anticis) obtuse bisulcatis, metatarsis tibiis circiter æquilongis. Abdomen antice rotundum, postice truncatum et bituberculatum, supra crebre pubescens, punctis impressis quatuor mediis et marginalibus minutis et numerosis, notatum. Typus : A. Branickii Tacz. AR. GEOGR. : Amer. merid. : Peruvia. Anepsia L. Koch, Ar. Austr., I, 1871, p. 45. — Paraplectana Cambr., 1877.— Idem Thorell, 1878-1880 (non Br. Cap.). À præcedenti differt parte cephalica convexa nec sulcata nec utrinque pro- minula, area oculorum mediorum haud longiore quam latiore, quadrata vel sæpius antice quam postice paulo angustiore, oculis lateralibus utrinque parvis et contiguis, oculorum linea antica recta seu subrecta, clypeo angustis- simo rarius oculis anticis latiore (A. depressa Th.), chelarum margine infe- riore serie dentium parvarum 4 vel 6 munito, pedum anticorum femoribus tibiisque aculeis paucis instructis, abdomine rotundo vel ovato rarius rhom- boidali, supra duriusculo, punctis ocelliformibus medianis marginalibusque (coronam integram rare formantibus) impresso. Typus : À. rhomboides L. Koch. AR. GEOGR. : Asia merid.; Malaisia et Polynesia. ben FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 871 GENUS INVISUM Paraplectanoïdes Keyserl., in L. Koch, Ar. Austr., II, 1886, p. 112. — ? Paraplectuna Cambr., Ann. Mag. Nat. Hist., 1877, p. 35 (ad part. P. Kochi). Ab Anepsia præsertim differt, sec. Keyserling, clypeo multo latiore, area oculorum mediorum antice quam postice multo angustiore et oculis lateralibus utrinque haud contiguis. Typus : P. crassipes Keyserl. Ar. GEOGR. : Nova IHollandia. 11. HAYPOGNATHEÆ L'Acrosoma scutatum Perty, pour lequel ©. Koch avait proposé le genre Eurysoma (1) et Guérin le genre Hypognatha (2), est le type d’un groupe qui remplace les Anepsia dans le Nouveau Monde, mais qui s éloigne beaucoup plus qu'eux des représentants normaux de la sous-famille des Argiopinæ pour se rapprocher des Arcys et des Theridiosoma. Ce genre se distingue de ceux que j'ai étudiés jusqu'ici par un certain nombre de caractères, principalement tirés du sternum et de l’armature des chélicères, qui seraient peut-être suffisants pour en faire le type d’une sous- famille spéciale. Le céphalothorax est aussi large que long ou un peu plus large, et sa plus grande largeur est au niveau du bord frontal; sa partie céphaïique, très large, arrondie latéralement, voûtée en dessus et presque également inclinée en avant et en arrière, n’est pas brusquement abaissée comme celle des Gaster- acantha, Sa courbe se confond avec celle de la région thoracique; celle-ci est dépourvue d'impression et largement tronquée au bord postérieur, qui est entaillé d’une échancrure triangulaire ; de chaque côté, ce céphalothorax est assez profondément déprimé et même obtusément échancré en arrière de la partie céphalique (fig. 932). Les yeux médians, égaux et assez petits, figurent un groupe un peu plus étroit en avant, tantôt un peu plus large que long (H. scutata Perty), tantôt un peu plus long que large (H. furcifera Cambr.), situé au sommet du front et séparé de son bord antérieur par un tres large bandeau vertical et plan. Les yeux latéraux, très largement séparés des médians, sont encore plus petits, égaux, connés et situés, de chaque côté, beaucoup plus bas, aux angles du bandeau. Les chélicères, qui occupent toute la largeur du front, sont très larges et (1) Nom employé antérieurement et changé en Eurycorma par Thorell, en 1868. — Le genre Calydna Cambr., 1874 (changé en Mutina en 1881), en est synonyme. (2) Le Gasteracantha (Hypognatha) Festhameli Guérin (Rev. Zool., 1839, p. 110) es synonyme de l’Acrosoma scutatum Perty. 872 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES convexes à la base, mais fortement atténuées et coniques; leur marge infé- rieure présente une série de quatre à six petites dents subégales ; la supérieure une série de six dents dont les deux angulaires sont un peu plus fortes que les autres, mais ces séries, au lieu de rester parallèles comme dans les types précédents, convergent à l’angle de manière à circonscrire un petit espace triangulaire très allongé au-dessous du crochet ; celui-ci est court, épais et convexe à la base (fig. 934). 933—936 934—935 932. Hypognatha scutata Perty. Femelle tres grossie. — Fig. 933. ZIdem. Pièces buccales et sternum. — Fig. 934. Idem. Chélicère. — Fig. 935. Idem. Patte-mâchoire du mâle. — Fig. 936. H. furcifera Cambr. (vel sp. aff.). Front du mâle vu en avant. — Fig. 937. Idem. Front de profil. Fig. Les pièces buccales sont du type de celles des Araneus; les lames sont seulement plus courtes et leur angle externe, à peine sensible, est presque arrondi et fortement déclive en dehors. Le sternum est plus large que long, très largement tronqué en avant, atté- nué en arrière, néanmoins largement tronqué entre les hanches postérieures disjointes, avec le milieu de la troncature entaillé d'une profonde échancrure triangulaire membraneuse et finement rebordée (fig. 933). Les pattes sont courtes, peu inégales et mutiques; leurs métatarses sont un peu plus grêles que les tibias aux quatre paires ; leurs griffes sont celles des Anepsia. L'abdomen, très volumineux et recouvrant une grande partie du céphalo- thorax, est tantôt presque arrondi, tantôt ovale transverse, tantôt triangulaire très obtus, à base antérieure légèrement sinueuse, très rarement un peu plus long que large (H. prospiciens Cb.); sa face dorsale, convexe ou plane, est indurée et couverte de plaques polygonales juxtaposées comme celles d'un car- relage ; ces plaques sont quelquefois très lisses, peu visibles et dessinées seu- lement par de fines lignes suturales (H. scutatu Perty), d’autres fois très neltes, granulées ct séparées par des lignes membraneuses finement striolées FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 873 en travers ; dans tous les cas, chacune d’elles porte à son centre une impres- sion légèrement fovéolée, mais non ocellée; on compte généralement dix-sept plaques marginales, dont la première (médiane antérieure) impaire est grande et triangulaire à sommet postérieur; de chaque côté, la premiere latérale est allongée ; les autres, plus petites, presque égales, carrées ou trapézoïdes ; au milieu, on trouve d’abord deux très grandes plaques hexagonales, puis une série transverse ou ceinture de quatre plus petites allongées dont les mé- dianes sont beaucoup plus grandes que les latérales; enfin, une ou deux autres paires de plaques transverses (fig. 932); dans le groupe de l'A. furci- fera Cambr., il y a dix-huit plaques marginales, car, entre les deux posté- rieures, vient s'intercaller une petite plaque impaire en triangle allongé; en dessous, cet abdomen est plan, marqué, de chaque côté et en arrière des filières, qui sont presque terminales, de plis concentriques formés de séries de points. L’épigyne est peu apparent ; il est précédé, dans quelques espèces (1. furci- fera Cambr.), de deux petites plaques indurées subgéminées qui font proba- blement partie du pédicule. Le mâle, qui ne diffère pas beaucoup de la femelle par la taille et le faciès, s'en distingue par la structure très remarquable de son bandeau : dans les formes les plus simples (H. testudinaria Tacz.), ce bandeau est pourvu, à chacun de ses angles, d’un tubercule obliquement divergent, long et cylin- drique, portant à son extrémité acuminée les yeux latéraux connés (l’anté- rieur tout à fait terminal, l’autre sur la face externe); dans d’autres espèces (H. furcifera Cb.), les pédoncules oculaires sont encore plus longs et plus grêles, pourvus, en dessus, d’une fine carène se terminant en petite pointe aiguë entre les yeux latéraux, et le bandeau porte, au-dessous des yeux mé- dians, une pointe fine et longue, dirigée un peu en bas et terminée par une petite fourche (fig. 936 et 937); dans les formes typiques, telles que H. scutata Perty, prospiciens Cb., etc., le bandeau offre une sorte de bourrelet limité en dessus par une profonde dépression; ce bourrelet émet, vers le milieu deux apophyses divergentes lamelleuses, planes ou excavées et rebor- dées en dessus, souvent lobées en arrière, mais atténuées à l'extrémité où elles portent les yeux latéraux; dans quelques espèces, l'intervalle des deux apo- physes est pourvu d’une petite saillie dirigée en bas, tantôt ovale, tantôt carrée, tantôt enfin plus longue et très grêle. Les fémurs et les tibias de la seconde paire, arqués et un peu plus épais que ceux de la première, présentent quelquefois, en dessous, des spinules unisériées (H. furcifera Cambr.). La patte-mâchoire a de l’analogie avec celle des Araneus, dont elle diffère par l’insertion de la branche accessoire du tarse qui n’est pas basilaire; le tarse, large, est dilaté et subanguleux au côté externe où il porte, sur l’angle, une petite pointe obtuse et incurvée qui représente cette branche externe; le bulbe est très volumineux et débordant, prolongé sous le tibia et la patella (fig. 935). Les Hypognatha sont d'assez petite taille (de 2 à 4 mill.), de forme presque 874 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES globuleuse, tantôt de teinte rougeâtre, tantôt de teinte plus foncée, avec de grandes macules blanches ou jaunes leur donnant une vague ressemblance avec des Coccinelles ; leur toile, que j'ai observée au Venezuela, est relative- ment très grande et très régulière, tendue entre les arbres. On en connaît une dizaine d’espèces, toutes propres à l'Amérique du Sud. Hypognatha Guérin, Rev. Zool., 1839, p. 110. — Acrosoma Perty, Del. Anim., etc., 1833, p. 194 (ad part.). — Eurysoma C. Koch, Ar., VI, 1839, p. 117 (nom. præocc.). — Micrathena E. Sim., Hist. Nat. Ar., 1864, p. 293 (M. squamosa).— Eurycorma Thorell, K. Sv. Freg. Eug. Resa, etc., Zool., Ar., 1868. p. 4 (nota). — Eurysoma Keyserl., 1873. — Calydna Cambr., Ann. Mag. Nat. Hist., 1874, p. 175. — Paraplectana Cambr., loc. cit., 1877 (ad part. P. decora). — Mutina Cambr., Pr. Zool. Soc. Lond., 1881, p. 771. — Hypophthalma Taczan., Horæ Soc. ent. Ross., XV, 1879, p. 125 (ad part.) (1). Cephalothorax æque longus ac latus vel paulo latior, antice ampliatus, parte cephalica latissima utrinque obtusa, convexa et antice abrupte declivi. Oculi medii æqui, aream, antice quam postice paulo angustiorem occupantes; late- rales parvi, æqui et contigui, a mediis latissime distantes. Clypeus verticalis, planus, in medio area oculorum haud angustior vel latior. Chelæ robustissimæ, margine inferiore sulci dentibus parvis quatuor, superiore dentibus sex, angu- laribus binis reliquis paulo majoribus, ungue ad basin incrassato et convexo. Pars labialis latior quam longior, triquetra. Sternum latius quam longius, antice latissime truncatum, postice, inter coxas late distantes, truncatum et acute excisum. Pedes breves, mutici. Abdomen magnum, rotundum vel trans- versim ovale, vel antice late truncatum, supra duriusculum et cancellatum, subtus planiusculum et plicatum. Typus : H. scutata Perty. AR. GEOGR. : Amer. centr., merid. et antillana. 15. PHYSIOLEÆ La petite Araignée du Venezuela pour laquelle j’ai proposé le genre Phy siola, doit constituer à elle seule un groupe voisin de celui des Hypognatha, mais ayant aussi des rapports avec les Anapis (Amazula), dont je parlerai plus loin. Son céphalothorax est plus long que large, convexe, peu attenué en avant et tronqué droit au bord frontal, incliné en arrière sans démarcation entre les parties céphalique et thoracique. Ses yeux postérieurs sont en ligne presque droite, les antérieurs en ligne légèrement récurvée; les médians, presque égaux et légèrement proéminents, figurent un trapèze plus long que large et un peu plus étroit en avant ; les latéraux, assez largement séparés des mé- (1) Les Hypophthalma cordata et eresimorpha Taczanowski n’appartiennent pas à ce groupe. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 87 dians, sont, de chaque côté, petits, égaux, subcontigus et proéminents; con- trairement à ce qui a lieu dans le groupe précédent, le bandeau est très étroit au niveau des yeux médians (1). Les chélicères robustes, les pièces buccales et le sternum ressemblent à ceux des Hypognatha, mais celui-ci, largement tron- qué en arrière, entre les hanches postérieures subglobuleuses, n’est pas échancré. Les pattes sont mutiques, assez longues et grèêles, et les antérieures sont plus longues que les postérieures, avec une pro- portion d’articles rappelant celle des Anapis, leurs métatarses étant, en effet, beaucoup plus courts que les tibias et à peine plus longs que les tarses. L’abdomen, presque arrondi, très légèrement cordiforme, est recouvert en dessus d’un scutum dur, glabre et très lisse, nullement cloisonné. La patte-mâchoire du mâle ressemble à celle d'un Gasteracantha; sa patella et son tibia sont courts et nodiformes; son tarse, très gros, est assez large à la base où il est pourvu, à l’angle externe, d'une petite apophyse incurvée, tronquée 928939 et un peu malléiforme, ensuite assez étroit, un FRS inere Sul peu courbe et contournant le côté interne d’un Fig. 938. Céphalothorax et abdo- bulbe volumineux, mais assez simple, réniforme, men du mâle de profil. Fig.%9. éprimé et terminé en pointe courte recourbée Patte-mâchoire. (fig. 930). Le Physiola nigrans E. Sim., que j'ai découvert dans la forêt de San-Esteban, est une petite Araignée de 2 mill. de longueur, noire, avec les pattes rouges ; son céphalothorax est parsemé de granulations, tandis que son abdomen est très lisse et brillant. Physiola, nov. gen. Cephalothorax paulo longior quam latior, antice parum attenuatus, fronte lata et truncata, valde convexus, antice posticeque declivis. Oculi postici in lineam subrectam, antici in lineam paululum recurvam. Oculi medii leviter prominuli, aream vix longiorem quam latiorem et antice quam postice paulo angustiorem, occupantes. Oculi laterales a mediis sat remoti, utrinque parvi, æqui, subcontigui et prominuli. Clypeus, sub oculis mediis, angustissimus. Chelæ robustæ, margine inferiore sulci dentibus minutissimis 2 vel 3, supe- riore dentibus majoribus binis æquis, armatis. Partes oris sternumque fere Hypognathæ sed sternum inter coxas posticas subglobosas recte sectum haud emarginatum. Pedes mutici, sat longi et graciles, antici posticis longiores, metatarsis tibiis multo brevioribus tarsis non multo longioribus. Abdomen (1) On remarquera que le céphalothorax des Physiola ressemble beaucoup à celui des mâles de Gasteracantha ; leur patte-mâchoire, que je décrirai plus loin, présente aussi une certaine analogie avec celle de ces derniers. 876 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES subrotundum vel leviter cordiforme, scuto integro duriusculo et nitido omnino obtectum. Typus : P. nigrans E. Sim. (1). AR. GEOGR. : Venezuela. $ _ 16. CYRTARACHNEÆ Dans le groupe qui a pour type le genre Cyrtarachne Thorell, le céphalotho- rax rappelle celui des Ardneus, mais les griffes tarsales sont en forme d’agrafe comme dans les trois groupes précédents, et l'abdomen ressemble à celui des Gasteracantha, au moins par ses téguments dorsaux et leurs impressions, car ses filières ne sont pas tubulées. Le céphalothorax est court, aussi large que long, convexe vers le tiers pos- térieur, incliné en arrière en une partie thoracique courte, cachée par l’abdo- men et marquée d’une impression transverse, longuement et très légèrement incliné en avant jusqu'au bord frontal, qui est large et tronqué. 940 949 941 Fig. 940. Paraplectana Thorntoni Blackw. Femelle un peu grossie.— Fig. 941. P. Walleri Blackw. Idem. — Fig. 942. Poecilopachys bispinosa Keyserl. Idem. Les yeux, petits et égaux, sont en trois groupes, très largement séparés les uns des autres ; les médians sont disposés en quadrilatère parallèle carré ou un peu plus large que long ; les latéraux, élevés, de chaque côté, sur de très faibles saillies, sont égaux et connés, sauf dans le genre Aranæthra, où ils sont séparés environ de leur diamètre. Le bandeau, légèrement incliné en arriere, est ordinairement beaucoup plus large que les yeux médians antérieurs ; il n’est aussi étroit que dans le genre Pœcilopachys. Les chélicères et les pièces buccales sont normales. (1) Espèce inédite, dont voici la diagnose : P. nigrans, sp. nov. — 4 Q@. — Long. 2 mill. — Cephalothorax nigro-rufescens, nitidus sed granulis setigeris conspersus. Abdomen scuto dorsali obtusissime cordi- formi, nigro et nitidissimo, parce et tenuissime cinereo-pubescente, supra omnino obtectum. Sternum nigro-rufescens, ® sublæve, 4 valde coriaceum et subvariolosum. Pedes fulvo-rufescentes, patellis tibiisque anticis infuscatis, femoribus subtus subli- lissime rugosis. Pedes-maxillares maris lutei. — Venezuela : San-Esteban !, L FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 877 Le sternum est semblable à celui des Gasteracantha; dans certaines espèces cependant, notamment celles du genre Pasilobus, sa pointe postérieure est tronquée et les hanches de la 4° paire sont plus séparées, mais ce caractère est toujours beaucoup moins prononcé que dans le genre Xylethrus. L’abdomen, très volumineux, recouvre en partie le céphalothorax; sa face dorsale est indurée ; la ventrale est plus molle, rarement plissée; ses filières, qui ne sont jamais tubulées, sont situées près son bord postérieur, sans être terminales ni proéminentes. Dans les genres Cyrlarachne et Pœcilopachys, il est plus large que long et très obtusément triangulaire, tantôt mutique et lisse (C. tricolor, perspicillata Dol., ixoides E. Sim., etc.), tantôt pourvu, de chaque côté, de deux ou de trois tubercules très obtus disposés en ligne oblique {C. Grubei Keyserl., tubercu- hifera E. Sim.), tantôt enfin de deux tubercules plus gros et très larges à la base. (Pœcilopachys) (fig. 942); il présente en dessus, en avant, une ligne transverse de trois ou cinq plaques ocelliformes, généralement petites et, au milieu, quatre ou six plaques bisériées; chez les Cyrtarachne, les quatre pre- mières figurent un grand trapèze plus large en arrière, tandis que, chez les Pœcilopachys, elles figurent un carré-long transverse. L’abdomen des Paraplectana est presque arrondi, clypéiforme, souvent un peu tronqué et même un peu sinueux échancré en avant; ses plaques ocelli- formes, plus grandes, sont légèrement et isolément excavées, ce qui donne à la face dorsale l’aspect d’une étoffe capitonnée; elles sont aussi plus nom- breuses : les marginales, au nombre de 20 à 25, figurent une couronne con- tinue (fig. 940 et 941). L’abdomen de l’Aranœæthra Cambridgei Butler est beaucoup plus transversal et plus plat, ocellé de la même manière, mais, de plus, armé sur son pourtour de vingt-deux dents coniques, presque égales et rayon- nantes (fig. 943). Entin, dans le genre Pasilobus, l’abdomen, près de trois fois plus large que long, est tronqué, angu- leux et souvent même recourbé en avant, à ses extrémités laté- rales ; il est en dessus tout couvert de gibbosités inégales, peu élevées Fig. 945. et très obtuses, au milieu des- Aranoethra Cambridgei Butler. Céphalothorax quelles on distingue, souvent avec et abdomen en dessus. ; à : peine, les plaques ocelliformes très grandes et anguleuses, disposées en séries marginales (fig. 944 et 945). Les pattes sont généralement courtes et robustes ; les antérieures sont à peine plus longues que les postérieures, quelquefois même plus courtes, sauf dans le genre Pœcilopachys où elles sont nettement plus longues; dans ce dernier genre, leurs articles sont presque cylindriques; dans tous les autres, 878 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES les patellas et tibias sont plans en dessus; les métatarses antérieurs le sont quelquefois aussi, toujours un peu courbes, atténués à l’extrémité et plus courts que les tibias ; aux paires antérieures, les tibias et métatarses offrent, au côté interne, une série régulière et serrée de crins plus forts que les autres, qui, chez quelques petites espèces du genre Cyrtarachne, et surtout chez les mâles, prennent presque la consistance d'épines. Je ne connais le mâle que de deux espèces appartenant au genre Cyréa- rachne, lune du midi de l'Europe (C. tuberculifera E. Sim.), l’autre (iné- dite) de Ceylan, et Thorell a décrit celui d’une espèce de Birmanie (C. dimidiata Thorell) ; il est au moins trois fois plus petit; son céphalothorax est chagriné et ses groupes oculaires sont moins distants ; son abdomen est plus petit et ses téguments dorsaux, rugueux entre 944— 945 Fig. 944. Pasilobus bufoninus E. Sim. Cépha- Jes tubercules, sont parsemés de longs lothorax et abdomen en dessus. — Fig. 945. crins raides ; ses pattes sont garnies de P. lunatus E. Sim. Idem. crins plus longs, surtout aux tibias et métatarses antérieurs; les tibias portent de plus, au côté interne, un crin spiniforme beaucoup plus long que les autres. La patte-mâchoire, dont le tarse et le bulbe sont très volumineux et un peu réniformes, est celle des Argiopinæ normaux ; le bulbe du C. dimidiata Thorell est pourvu d’une forte dent interne. La toile, des quelques espèces qui ont été observées, est grande et très régu- lière. Le cocon du C. perspicillata Dol. (1), que j'ai reçu de l’Indo-Chine, est globuleux et très longuement pédiculé; un cocon analogue a été figuré par van Hasselt (Tjds. v. Entom., XX, 1877, pl. 4, fig. B). Les Cyrtarachne sont de taille moyenne, quelques-uns même descendent au-dessous, notamment les deux espèces européennes ; ils sont d’un jaune orangé souvent uniforme, quelques-uns cependant sont mi-partie rouges et noirs (C. tricolor Dolesch.) ; d’autres, de teinte plus pâle, ont l'abdomen orné, de chaque côté, d’une grosse tache ronde vermiculée (C. perspicillata Dol.) ; on en connaît une vingtaine d’espèces : 2 de la région méditerranéenne occiden- tale (Provence, Corse, Italie, Algérie), 1 de l’Asie centrale (C. pallida Cb.), une dizaine de Malaisie et de l’Indo-Chine, 3 de la Nouvelle-Hollande et 1 de Ma- dagascar (C. Grubei Keyserl.); j'en possède d’autres, inédites, de Ceylan, des Philippines, de l’Indo-Chine et du Japon, mais toutes les espèces américaines (1) Espèce répandue en Malaisie, dans l’Indo-Chine et, d’après Karsch, à Ceylan. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 879 qui ont été rapportées à-ce genre n’appartiennent même pas au groupe des Cyrtarachne, et plusieurs des espèces australiennes décrites doivent en être séparées génériquement, telles sont les C. bispinosa Keyserl., speciosa, verru- cosa L. Koch, dont j'ai formé le genre Pæcilopachys, ils sont de la taille des Cyrtarachne ordinaires ; le C. bispinosa a l’abdomen d’un brun-fauve, orné en dessus d’une large bande antérieure et de deux grosses taches rondes entou- rant les tubercules d’un blanc mat (fig. 942) ; les autres espèces, dont l’abdo- men est granuleux, sont rougeàtres. Le genre Paraplectana Br. Cap. est synonyme du genre Peniza Thorell, mais les auteurs modernes lui ont, à tort, donné un autre sens (voy. Anepsia) ; il se compose de quatre ou cinq espèces de l'Afrique équatoriale, d'assez grande taille, dont l'abdomen clypéiforme hémisphérique est tantôt noir et orné de grosses taches jaunes {P. Thorntoni BI.) (fig. 940), tantôt jaune avec des dessins noirs, guttiformes (P. Walleri BI.) (fig. 941) ou linéaires ; je rapporte, de plus, à ce genre deux espèces malaises, beaucoup plus petites, mais ayant le même système de coloration (P. coccinella Thorell et duodecimimaculatla E. S.). Le type du genre Aranœæthra est une grosse espèce de l’Afrique occidentale, remarquable par l’armature de son abdomen (voy. plus haut) qui est, en dessus, d’un jaune vif, avec les épines et Les points ocellés noirs ; le D' Karsch en a décrit une seconde espèce (A. Ungari), qui en est peut-être synonyme. Les trois espèces du genre Pasilobus, si reconnaissables à la forme et à la sculpture de leur abdomen, sont noirâtres ou d’un brun-rouge; l’une (P. bu- foninus E. Sim.) est propre à l'ile Halmahera, aux Moluques ; les deux autres se trouvent à Java (P. cono-humeralis v. Hasselt, lunatus E. Sim. [ind.]) (1). GENERA 1. Abdomen plagulis ocelliformibus marginalibus coronam integram designantibus et medianis sex biseriatis supra impressum .... — Abdomen plagulis ocelliformibus anticis 3 vel 5 transversim uni- serialis et medianis 4 vel 6 biseriatis impressum.......... pARUVe 4. 2, Abdomen muticum nec dentatum nec tuberculatum. Cephalo- thorax haud inæqualis. Area oculorum haud prominula....... [A] 5 à 4 810 ES ce MOD RENE AT RE 1 PA A SET DEEE Paraplectana. Er bdomen déntatum velltuberculatuma "+ orne de 3. Abdomen planiusculum, ad marginem dentis acutis coronatum. Oculi laterales utrinque disjuneti. ................... Aranœthra. — Abdomen crassum, valde transversum et utrinque truncatum, crebre et fere inordinate tuberculatum. Oculi laterales utrinque GONE, JAPAN ETES ARS PS PRE ADR Pasilobus. (1) Cyrtarachne nigro-humeralis v. Hasselt, de Sumatra, est peut-être un jeune Pasilobus ; c'est peut-être aussi à ce genre qu'il faudra rapporter quelques-unes des espèces de Birmanie, décrites par Thorell sous le nom générique de Cyrtarachne, notamment C. céngulala et ignava Thorell. 880 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES 4. Pedes antici posticis haud vel vix longiores, patellis tibiis et sæpe metatarsis superne planiusculis, metatarsis tibiis multo bre- MIORDUS DEP PER ERnt CEA PICARD HE) AS Cyrtarachne. — Pedes antici posticis evidentissime longiores, articulis cunctis tere- tiusculis, metatarsis tibiis haud vel vix brevioribus. Pœcilopachys. Cyrtarachne Thorell, X. So. Freg. Eug. Resa, Zool., Ar., 1868, p. 10. — Cyrto- gaster Keyserl., Sitz. Isis z. Dresden, 1863, p. 80 (nom. præocc.). — Pelto- soma E. Sim., Aran. nouv., etc., 2% m., Liège, 1873. — Dema Karsch, Zeitschr. [. G. Naturw., LI, 1878, p. 801. Cephalothorax modice convexus, fronte lata. Oculi medii haud prominuli, parvi, aream subquadratam vel sæpius paulo latiorem quam longiorem occu- pantes. Oculi laterales a mediis late remoti, inter se æqui et contigui. Clypeus retro-obliquus, oculis anticis saltem duplo latior. Abdomen latius quam longius, obtuse triquetrum, muticum (C. éricolor, perspicillata Dol., etc.) vel utrinque tuberculis obtusis 2 vel 3 ornatum (C. Grubei Keyserl., tuberculifera E. Sim., etc.), plagulis ocelliformibus anticis transversim uniseriatis quinque (rarissime tribus) et mediis sex (quatuor anticis figuram trapeziformem postice latiorem designantibus), sed plagulis marginalibus carens. Pedcs robusti, breves, antici posticis haud vel vix longiores, patellis tibiis et sæpe metatarsis superne deplanatis, metatarsis curvatis tibiis evidentissime brevioribus. Typus : C. Grubei Keyserl. AR. GEOGR. : Reg. mediterr. occident.; Africa tropica occid., orient., austr. et ins.; Asia centr., merid. et orient.; Japonia ; Malaisia ; Nova Hollandia. Pœæcilopachys, n. gen. — Cyrtogaster Keyserl., Verh. z. b. G. Wien, 1865, p. 802 (ad part. C. bispinosa). — Idem L. Koch, Ar. Austr., 1872 (C. spe- ciosa, Verrucosu). À Cyrtarachne differt clypeo oculis mediis anticis haud latiore, abdomine lævi (C. bispinosa) vel parce granoso (C. speciosa, verrucosa), tuberculis magnis binis instructo, punctis impressis minutis et rotundis, anticis tribus in lineam recte transversam et mediis quatuor, aream parallelam multo latiorem quam longiorem designantibus, munito, pedibus gracilioribus teretiusculis, anticis posticis longioribus, metatarsis curvatis, tibiis haud vel vix brevioribus. Typus : P. bispinosa Keyserl. AR. GEOGR. : Nova Hollandia et Polynesia. Paraplectana Br. Cap., Mem. Ace. Lisb., IV, 1866. — Gasteracantha G. Koch, Ar., XI, 1845, p. 49 (G. hemisphærica). — Eurysoma Blackw., Ann. Mag. Nat. Hist., 1865, p. 348 (E. Thorntoni, Walleri). — Peniza Thorell, K. Sv. Freg. Eug. Resa, Zool., Ar., 1868, p. 10. Cephalothorax oculique ferc Cyrlarachnes, clypeus paulo latior, area oculo- rum mediorum non multo angustior. Abdomen maximum, clypeiforme, cephalothoracem fere omnino obtectum, subrotundum vel antice truncatum seu leviter sinuoso-emarginatum, plagulis ocelliformibus magnis granosis et FAMILLE DES ARGIOPIDÆ Sal excavatis valde impressum (ad marginem anticum plagulis lineam procurvam formantibus, utrinque et postice plagulis paulo minoribus x1r vel x1v, coro- nam integram designantibus, et in medio plagulis sex biseriatis, mediis binis reliquis majoribus et transversim remotioribus). Pedes breves, antici posticis breviores vel saltem haud longiores, patellis tibiisque supra planiusculis, metatarsis cylindraceis sed versus apicem attenuatis, curvatis, tarsis crassis, tibiis 4i paris in medio sat angustis, ad basin atque ad apicem incrassatis. Tyeus : P. Thorntoni BI. (testudo Th., Cabindæ Br. Cap.). AR. GEOGR. : Africa trop. orient. et occid.; Malaisia. Arancœæthra Butler, Tr. Ent. Soc. Lond., 1879, p. 53. À Paraplectuna differt oculis lateralibus utrinque disjunctis (spatio inter- oculari oculo haud angustiore), abdomine magis transverso, planiusculo, ad marginem dentibus validis subæqualibus et numerosis instructo. Typus : A. Cambridgei Butler. AR. GEOGR. : Africa tropica occid. Pasilobus, nov. gen. — Micrathena E. Sim., Rev. Zool., 1867 (M. bufonina). — Cyrtarachne v. Hasselt, Tijdschr. 0. Entom., XXX VIT, 1894, p. 185. À præcedenti differt cephalothorace inæquali, pone oculos leviter depresso, pilis crassis lanceolatis parce vestito, area oculorum mediorum subquadrata leviter prominenti, abdomine multo magis transverso, plus duplo latiore quam longiore, utrinque truncato et sæpe anguloso, tuberculis grossis humilibus fere inordinatis supra munito et plagulis ocelliformibus magnis medianis et marginalibus impresso, pedibus sat gracilibus, anticis posticis longioribus, patellis, tibiis metatarsisque deplanatis et leviter inæqualibus, metatarsis tibiis brevioribus. Typus : P. bufoninus E. Sim. AR. GEOGR. : Malaisia : Java (cono-humeralis v. Hasselt, lunalus E. S.) et Moluccæ (bufoninus E. $.). 17. GLYPTOCRANIEÆ Entre les Cyrlarachne et les Pollys se placent quelques genres qui different, surtout des précédents par leur céphalothorax gibbeux, surmonté de lobes et d'épines diversement disposés et par leurs pattes mutiques et très inégales, les antérieures étant beaucoup plus longues que les postérieures, avec les tibias atténués à la base, plus ou moins claviformes à l'extrémité, les métatarses arqués, aussi longs ou plus longs que les tibias, et les tarses très courts. Leurs yeux médians, élevés sur un tubercule quelquefois columniforme, figurent un trapèze plus large que long et presque toujours plus étroit en avant; leurs chélicères ressemblent à celles des Cyrtarachne en ce que leurs dents marginales sont très réduites, la marge inférieure n’en présentant que deux très petites et souvent même qu’une seule; leurs griffes sont en forme 26 882 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES d’agrafe comme dans le groupe précédent, les supérieures sont égales ou peu inégales (Cladomelea) ; leur abdomen, très volumineux, est dépourvu de scutum et ses filières ne sont pas tubulées, mais ses téguments dorsaux, plus ou moins épaissis, sont marqués de points indurés médians et marginaux petits, non ocellés mais fovéolés, et sa pente postérieure offre de gros plis trans- verses ponctués. Dans le genre Glyplocranium, dont le type est l’Epeira cornigera Hentz, le céphalothorax, au moins aussi large que long, est très élevé en arrière, où il 946 927 Fig. 946. Glyplocraniim gasleracanthoides Nic. Céphalothorax et abdomen de profil. Fig. 941. À galostichus leucacantha E. Sim. Idem. s'abaisse verticalement, et longuement incliné en avant jusqu’au bord frontal; avec la partie antérieure déclive couverte de tubercules bas et obtus et le sommet élevé en crête pourvue elle-même de deux saillies plus grosses sou- vent branchues, sur lesquelles vient s’appuyer le bord antérieur de l'abdomen ; celui-ci est cordiforme, saillant aux angles antérieurs où il est souvent pourvu de deux tubercules tantôt bas et plissés, tantôt longs et coniques (G. gaster- acanthoides Nic.) (fig. 916). Dans une espèce, originaire de la province de Bahia, pour laquelle je pro- pose le genre Agatostichus, le sommet du céphalothorax porte une énorme saillie, presque carrée à la base, mais divisée en trois pointes aiguës, les deux postérieures, elles-mêmes inégalement bifides, dirigées en arrière, l’antérieure plus longue, grêle et verticale; sa partie céphalique porte une pointe un peu plus courte et conique s’élevant du groupe oculaire médian ; l'abdomen, court et convexe, est pourvu de deux courtes saillies coniques et ses téguments mous sont pubescents (fig. 947). Dans le genre Ordgarius, dont on ne peut séparer le genre Notocentria Thorell {1}, le faciès est à peu près celui des Glyptocranium, mais le cépha- lothorax, beaucoup moins élevé, n'est pas vertical en arrière; sa partie thora- cique est convexe et elle porte des tubercules dentiformes inégaux, sériés et (1) D’après Thorell, ce genre différerait des Ordgarius par les léguments de son abdomen mous et par les yeux médians disposés en carré presque régulier ; caractères qui sont cependant communs à plusieurs espèces du genre Ordgarius. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 883 souvent accompagnés de‘tubercules latéraux plus petits dont la disposition varie selon les espèces ; dans l’une d'elles {espèce inédite de Java), faisant le Fig. 948. Dicrostichus caliginosus profil. — Fig. 949. CZadomelea longipes Cambr. Idem. passage des Cyriarachn aux Glypiocranium, le céphalothorax est inégal mais non tuberculé. L’abdomen, cordifor- me transverse, un peu échancré en avant, est ordinairement pourvu de saillies coniques ou mar- garitiformes. J’ai séparé des Ordgu- rius, sous le nom de Dicrostichus, deux re- Rainbow. Céphalothorax de marquables espèces d'Australie {D. furcatus Cambr. et caliginosus Rainbow) (1), rapportées par leurs auteurs au genre Cyrtarachne, dont les yeux médians Fig. 950. Cladomelea longipes Cambr. Femelle grossie. sont élevés sur un tubercule grêle, vertical et columniforme, séparé du bord par un large bandeau horizontal, et dont le céphalothorax porte un tubercule médian gros, obtus et bilobé, et plusieurs tubercules latéraux simples et obtus (fig. 948). Le Cyrtarachne longipes Cambr., pour lequel je propose le genre Cladomelea, est encore plus anormal, bien que son tubercule oculaire, plus épais, ressemble davantage à celui des Ordga- rius ; son céphalothorax convexe, presque éga- lement incliné en avant et en arrière, est armé de trois longues et fines épines dressées, uni- : sériées ; ses pattes antérieures sont très longues et frangées de longs poils fins ; leurs tibias, un peu courbes, sont claviformes au sommet et leurs métatarses, au moins aussi longs que les tibias, sont courbés, sinueux ; leurs griffes su- périeures sont un peu inégales et rappellent celles des Poltys. Je ne connais aucun mâle de ce groupe ; celui du Glyptocranium (Ordgarius) bisaccatum Emert., qui a été figuré par Mac Cook (Amer. Spid., IET, pl. xx, fig. 3), est beaucoup plus petit que la femelle (3 mill., tandis que la femelle en me- sure 10); son céphalothorax est très élevé et bituberculé en arrière et ses f ()"Pr. Linn. Soc. N. S. Wales, 2: ser., IX, 1894, p. 455, pl. x, fig. 2. 88/ HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES pattes sont mutiques, mais on ne peut rien dire de ses organes sexuels, qui n'ont pas été décrits. Le cocon des Glyptocrunium est globuleux et suspendu par un pédicule cylindrique; celui du G. cornigerum Hentz a été figuré par L. Becker (1) et celui du G. bisaccatum Emert. par Emerton (2). J'ai recu d'Australie celui du Dicrostichus furcatus Cambr., qui est très gros, pyriforme et pédiculé, de tissu épais et laineux ressemblant à celui des Cærostris et également susceptible d’être utilisé pour la soie. Le genre Glyptocranium renferme trois espèces : deux de l’Amérique du Nord (G. cornigerum Hentz et bisaccatum Emert.), l'autre du Chili (G. gaster- acanthoides Nic.) et j'en possède deux autres inédites, l’une de la Jamaïque, l’autre de la province de Minas au Brésil. L'unique espèce du genre Agatostichus est également du Brésil. Les autres genres sont étrangers à l'Amérique; on connaît 3 ou 4 espèces du genre Ordgarius, l'une répandue à Ceylan et dans l’Inde (0. Hobsoni Cambr.), l’une de la Birmanie (0. sexspinosus Th.), une propre à Java (inédite), une à l’île d’Amboine (0. clypeatus E. Sim.), une à la Nouvellc-Hollande (0. mons- trosus Keyserl.). Le genre Dicrostichus est propre à l'Australie et renferme deux espèces voisines l’une de l’autre. Le genre Cladomelea représente le groupe en Afrique; son unique espèce a été décrite de la côte occidentale ct le Muséum de Paris l’a recue, depuis, de la côte orientale. GENERA 1. Clypeus porrectus, directus. Tuberculum oculorum mediorum ErACIlE LE AION OUTRE PEER PE Dicrostichus. — Clypeus subverticalis. Tuberculum oculorum mediorum crassum. ? : . 2. Tuberculum oculorum mediorum aculeum erectum et subacutum D'OTETIS a PRE LIEU ne PRE ee ASE SAR Agatostichus. — Tuberculum oculorum mediorum haud aculeatum............... D. 3. Cephalothorax postice altissimus et abrupte declivis. Oculi medii VX DT OMINULEER RTE EEE AP ERRERIA ETES Glyptocranium. — Cephalothorax plus minus convexus sed postice sensim declivis. OculimedivaldéipromNnURE"TEPRIERN EPS PRE 4. 4. Pedes li paris longissimi pilis longis dense fimbriati, unguibus SUDEHOMDASANLET Se LAURE EEE EE ACTE FETE Cladomelea. — Pedes li paris modice longi, unguibus inter se subæquis ... Ordgarius. (1) Sous le nom de Cyrtarachne bicurvala, in Ann. Soc. ent. Belg., &. XXITT, pl. 1. fig. 18. (2) Sous le nom de Cyrlarachne bisaccata, in Trans. Connect. Acad., vol. VI, 1884, pl. xxxvux, fig. 12. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 889 Glyptocranium, nov. gen. — Epeira Nicolet, 1849 (ad part. E. gaster- acanthoides). — Id. Hentz, 1850 (ad part. E. cornigera). — Cyrtarachne Keyserl., 1879 {ad part C. cornigera). — Id. Emerton, 1882 (C. bisaccata). — Ordgarius Keyserl., Spinn. Amer. Ep., 1891 (non Keyserl., 1889). — Id. Mac Cook, Amer. Spid., III, 1894, p. 197. Cephalothorax paulo latior quam longior, parte cephalica maxima et altis- sima, postice recte secta et, usque ad marginem posticum, abrupte declivi, antice longius declivi, attenuata et valde granosa, ad apicem alte mucronata et, pone aream oculorum, leviter depressa. Oculi medii aream prominulam subparallelam et latiorem quam longiorem occupantes, antici posticis paulo majores. Oculi laterales a mediis latissime remoti, prominuli, parvi, æqui, inter se subcontigui. Clypeus area oculorum haud angustior et leviter por- rectus. Chelarum margo inferior dente unico vel duplici minutissimo, superior dentibus parvis binis vel dentibus trinis (medio reliquis longiore), armatis. Pedes sat longi et valde inæquales, mutici, patellis tibiisque anticis teretius- culis, tibiis versus basin leviter attenuatis et paululum arcuatis, metatarsis anticis tiblis longioribus, gracilibus et arcuatis, metatarsis posticis subrectis anticis robustioribus. Abdomen maximum, partem thoracicam obtegens, latius quam longius, utrinque et postice late rotundum, supra duriusculum, ple- rumque tuberculatum et plicatum. Typus : G. cornigerum Hentz. AR. GEOGR. : Amer. sept. calida; Antillæ : Jamaica ; Amer. austr. : Brasilia merid. et Chili. Agatostichus, nov. gen. À Glyptocranio differt cephalothorace ad apicem tuberculo maximo longe et acute trifido, antice, pone oculos, tuberculo erecto et gracili atque, inter oculos medios, tuberculo turbinato, insigniter armato. Tvpus : À. leucacantha E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : Brasilia. Ordgarius Keyserl., in L. Koch, Ar. Austr., 1886, p. 114 (typus : O0. mons- trosus). — Cyrtarachne Gambr., Pr. Zool. Soc. Lond., 1877 (C. Hobsoni Cambr.). — (non Ordgarius Keyserl., Sp. Amer. Ep., 1891). — Notocentria Thorell, B. Sv. Vet-Akad. Handl., XX, IV, n° 4, 1894, p. 48. À Glyptocranio differt cephalothorace humiliore, postice haud abrupte declivi, parte thoracica plus minus convexa, supra tuberculis dentiformibus acutis et seriatis insigniter armata, fronte leviter acclivi, tuberculo oculo- rum mediorum valde prominulo, oculis lateralibus utrinque elevatis; clypeo verticali in medio area oculorun mediorum latiore vel saltem haud angus- tiore. Typus : O0. monstrosus Keyserl. AR. GEOGR. : India et ins. Taprobane (Hobsoni Gb); Birmania (sexspinosus Th.); ins. Amboina (celypeatus E. Sim.) ; Nova Hollandia (monstrosus Keyserl.). 880 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Dicrostichus, nov. gen. — Cyrtarachne Cambr., Pr. Zool. Soc. Lond., 1877 (C. furcata Cambr.). — Id. Rainbow, Pr. Linn. Soc. N. S.-W. (2 ser.), IX, p. 154 (GC. caliginosa R.). Ab Ordgario differt tuberculo oculorum mediorum longissimo, gracili et erecto, clypeo latiore valde proclivi et subplano. Typus : D. furcatus Cambr. Ar. GEOGR. : Nova Hollandia. €ladomelea, nov. gen. — Cyrtarachne Cambr., Pr. Zool. Soc. Lond., 1877, (C. longipes Gambr.). Ab Ordgario differt pedibus primi paris longissimis, pilis tenuibus longis dense fimbriatis, unguibus superioribus inter se iniquis. — Cephalothorax convexus, superne aculeis longis trinis uniseriatis munitus. Typus : C. longipes Camb. (sp. un... AR. GEOGR. : Africa trop. occid. et orient. 18. EXECHOCENTREÆ Les deux genres Exechocentrus et Cœlossia me paraissent avoir de grands rapports avec les Glyptocranium, les Poltys et les Celænia, mais ils ont en propre l’armature de leurs pattes et la petitesse de leurs griffes, construites, au reste, comme celles des Poltys, mais portées sur un onychium ou article unguifère bien défini; on ne sait rien de leurs caractères sexuels, les mâles n'étant pas connus. Le céphalothorax est assez large et convexe en arrière, avec une partie tho- racique courte, cachée par l'abdomen, très inclinée et dépourvue d'impression ; celui des Exechocentrus, qui est armé, au sommet, de trois longues épines grèles (une antérieure et deux postérieures), est très fortement atténué et incliné en avant jusqu’au bord frontal où son tubercule oculaire médian est prolongé par une longue pointe grêle ensiforme dirigée en avant (fig. 951 et 952); celui des Cœælossia, qui est pourvu d’un tubercule médian plus épais et conique, est moins atténué, nullement incliné, même un peu relevé dans la région oculaire, dont le tubercule médian, gros, saïillant et très obtus, res- semble à celui des Cladomelea. Les yeux médians sont disposés en carré (Cælossia) ou en trapèze plus large que long et plus large en avant, avec les antérieurs un peu plus gros ue les postérieurs; les yeux latéraux, largement séparés des médians, sont, de chaque côté, petits, égaux et presque connés. Le bandeau est assez large et incliné en arrière. Les chélicères sont assez longues et parallèles; celle du Cælossiu aciculata E. Sim. portent, à la marge supérieure, trois petites dents égales et isolées; à l'inférieure, une seule dent, encore plus petite et éloignée de la base du crochet, qui est long et grêle, sauf à la base. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 807 La pièce labiale est en triangle aigu, au moins aussi long que large à la base, et dépassant de beaucoup le milieu des lames qui sont de forme ordi- naire. Le sternum est cordiforme-large, atlénué et terminé, entre les hanches postérieures, un peu séparées, en pointe obtuse ou subaiguë. Les pattes sont très inégales et un peu latérales comme celles des Celænia, mais la forme Ppn R LL, 2 VASE ER) TRIO = 951 952 953 Exechocentrus lancearius E. Sim. — Fig. 951. Céphalothorax en dessus. — Fig. 952, Idem de profil. — Fig. 953. Une patte de la 1re paire par la face interne. et la proportion de leurs articles rappellent davantage celles des Cladomeleu ; leurs fémurs sont presque cylindriques, à peine comprimés et sinuoso-courbés vers le milieu ; leurs tibias, également cylindriques, sont un peu sinueux ; leurs métatarses, très fins, sont aussi longs ou presque aussi longs que les tibias; ces deux derniers articles ont une armature spéciale qui consiste en une série interne, très régulière, d'épines sétiformes, égales, très nombreuses et élevées chacune sur un petit tubercule [fig. 953). L'abdomen du Cœlossia aciculata KE. S. est convexe, triangulaire aussi large que long et pourvu de tubercules huméraux subaigus (1). On ne connaît de ce groupe que deux espèces d'assez petite taille : l’Exe- chocentrus lancearius E. Sim., de Madagascar et le Cœlossia aciculata E. Sim. de Sierra Leone, sur la côte occidentale d’Afrique. GENERA Area oculorum mediorum latior quam longior et antice quam postice latior. Tuberculum oculorum longe productum et spiniforme..... L 64 co 0 00e AMP RNAPENE E TRUE PRET ON" OUtExechocentrus. Area oculorum mediorum magna et subquadrata. Tuberculum oculo- GA SE UMEeMODIUSUEN:. 40 RPC uv. . Cœlossia. (1) L'unique individu connu du genre Exechocentrus est en très mauvais état el manque d’abdomen. 888 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Exechocentrus E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1888, p. 227. Cephalothorax postice latus et convexus, antice valde attenuatus et declivis, supra aculeis trinis longissimis erectis insigniter armatus, fronte angusta, tuberculo oculorum mediorum in spinam longissimam et acutam producto. Oculi medii aream latiorem quam longiorem et antice quam postice latiorem, occupantes. Oculi laterales utrinque contigui, a mediis late remoti. Clypeus valde obliquus, area oculorum paulo angustior. Pars labialis acute triquetra. Pedes antici posticis multo longiores, femoribus cylindraceis, tibiis sinuatis, metatarsis gracillimis et arcuatis tibiis haud vel vix brevioribus, tibiis meta- tarsisque intus aculeis parvis numerosissimis et regulariter uniseriatis munitis , reliquis articulis muticis. Typus : E. lancearius E. Sim. (sp. un.). Ar. GEOGR. : Ins. Madagascar. Cœlossia, nov. gen. Ab Exechocentro differt cephalothorace tuberculo medio erecto munito, antice parum attenuato haud declivi, tuberculo oculorum mediorum valde prominulo, magno sed mutico et obtuso, area oculorum magna, subquadrata, clypeo latiore et subverticali, pedibus brevioribus et crassioribus. Typus : C. aciculata E. Sim. (sp. un.) (1). AR. GEOGR. : Africa occid. 19. POLTYEÆ Les Poltys (Pleuromma Dolesch.) font le passage des Argwopinæ typiques aux Celænia; parmi les premiers, ils se rapprochent surtout des Cyrtarachne et des Glyptocranium et particulièrement du genre Cladomelea (p. 886) dont ils exagèrent pour ainsi dire les caractères. Les caractères sexuels des mâles sont très exceptionnels pour la sous- famille des Argiopinæ, mais ils ne sont connus que pour un seul genre (2). Le céphalothorax des Poltys est plus long que large; sa partie thoracique, largement arrondie de chaque côté et tronquée en arrière, est convexe et marquée d’un profond sillon longitudinal, moins marqué et même souvent effacé dans les espèces africaines, aboutissant à une fossette ovale transverse (1) Espèce inédite : C. aciculata, sp. nov. — Q. Long. 4 mill. — Cephalothorax rufo-castaneus, coria- ceus, tuberculo medio erecto armatus. Abdomen crassum, triquetrum, tuberculis humeralibus subacutis munitum, fulvo-rufescens, utrinque fusco-variatum et antice, in declivitate, nigrum sed transversim albo-lineatum. Pedes luridi, femoribus late usco-annulatis, reliquis arliculis rufescenti-annulatis, tibiis anticis intus aculeis seriatis 16, melatarsis aculeis 11, instructis. — Africa occ. : Sierra-Leone. (2) Sur le Poltys pygmaeus Thorell, cf. note, p. 777. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 889 ou triangulaire; sa partie céphalique, beaucoup plus étroite, est limitée par un profond et large sillon semi-circulaire qui reste toujours glabre; elle est fortement convexe, atténuée et un peu inclinée en avant, mais relevée dans la région frontale en un petit lobe vertical ou oblique, tantôt conique, tantôt tronqué au sommet et presque carré. Ce lobe porte, sur sa face antérieure, les yeux médians, petits et presque égaux {les antérieurs à peine plus gros), disposés en carré ou en trapèze un peu plus large en avant; les yeux latéraux sont, de chaque côté, très largement disjoints, le postérieur est très reculé, tandis que l’antérieur est situé près des médians de la première ligne, au pied de la protubérance frontale ou même sur ses pentes, quand elle est très élevée, comme dans les espèces dont Bradley avait fait le genre Gerrosoma. Dans les genres Cyphalonotus et Homalopoltys, le céphalothorax est à peu près celui des Poltys, mais les yeux latéraux sont, de chaque côté, rapprochés, A 954—955 958 956 957 Fig. 954. Cyphalonotus larvatus E. Sim. Céphalothorax et abdomen de profil. — Fig. 955. Poltys. Patte-mâchoire du mâle. — Fig. 956. Poliys Ideae Auss. Métatarse et tarse de la 1re paire par la face interne. — Fig. 957. Idem. Céphalothorax et abdomen de profil. — Fig. 958. Pyc- nacantha tribulus Fabr. Céphalothorax et abdomen vus en dessus. quelquefois même connés; dans le premier, la protubérance frontale et les yeux médians ont la disposition de ceux des Poltys; dans le second, le front est beaucoup plus obtus, les saillies oculaires sont peu prononcées et les yeux médians antérieurs sont beaucoup plus gros que les postérieurs, avec lesquels ils figurent un trapèze beaucoup plus long que large et plus large en avant. Le céphalothorax et les yeux des Pycnacantha et des Cara ressemblent plus à ceux des Araneus; la partie thoracique, dépourvue de sillon, est marquée d’une grande dépression semi-circulaire ou triangulaire; la céphalique, moins convexe, est plus largement tronquée au bord frontal qui porte les trois groupes oculaires, largement séparés les uns des autres; dans le genre Caira, ces groupes sont à peine saillants ; dans le genre Pyenacantha, ils sont élevés 890 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES chacun sur un fort tubercule : le médian large et presque carré, les latéraux longs, cylindriques et acuminés. Les chélicères sont plus étroites et plus acuminées que celles de la plupart des Argiopinæ, leur tache basale est peu distincte et leur face inférieure est fortement villeuse; leurs marges sont très obliques ; la supérieure est armée de trois dents dont la 3°, plus petite, est située, au delà de l’angle, sur le bord interne presque droit; dans le genre Poltys, l’inférieure offre trois dents plus petites, serrées et disposées en ligne oblique très rapprochée du crochet; dans le genre Caira, elle n’en ,présente ordinairement que deux et dans le genre Homalopoltys une seule ; le crochet est long et robuste à la base. La pièce labiale est ordinairement un peu plus large que longue et fortement attenuée en triangle subaigu. Les lames, très épaisses, surtout au bord interne, sont un peu plus longues que larges, peu atténuées et très obtusé- ment tronquées, avec le côté externe arrondi; au côté interne, elles sont, à la base, inclinées sur la pièce labiale, puis droites et parallèles ou même légèrement divergentes. Le sternum est, dans la plupart des cas, plan, impres- sionné sur les bords et acuminé en arrière. Les pattes des deux premières paires sont beaucoup plus robustes et plus longues que les postérieures; leurs fémurs sont cylindriques et un peu courbes, rarement (Pycnacantha) convexes en dessus et un peu aplanis en dessous où ils sont pourvus de deux séries d’épines; leurs tibias, très longs, sont arqués et souvent déprimés ; leurs métatarses, beaucoup plus courts, sont arqués. Dans les genres Homalopoltys et Cyphalonotus, ces pattes sont mutiques ou pourvues seulement de petites épines isolées, mais dans tous les autres genres, les tibias et surtout les métatarses sont armés. au côté interne et en dessus, de fortes et nombreuses épines irrégulières ou vague- ment sériées (fig. 956); une disposition analogue existe souvent aux pattes de la 3° paire ; dans le genre Caira, l’armature des pattes de la 2°et de la 3° paire est même plus développée que celle de la 1'° paire et les tarses offrent une seule ligne interne de petites épines. Les griffes supérieures sont inégales et dissemblables, très fortement cou- dées à la base où elles sont pourvues d’une série de 4 à 5 dents, quelquefois de 2 seulement (Cyphalonotus), ensuite mutiques et très aiguës, mais, tandis que l'interne est droite, l’externe, un peu plus longue, est légèrement sinueuse ; la griffe inférieure est presque semblable aux supérieures; les griffes auxiliaires sont très développées. L'abdomen est de forme presque toujours singulière, très variable selon les espèces, sans que ces variations puissent servir à caractériser des genres, car elles sont reliées par toutes les gradations. Dans les espèces typiques du genre Poltys (P. illepidus GC. Koch, Kochi Keyserl., etc.), il est très gros, aussi haut que large et que long, à contour arrondi ou elliptique, plus ou moins acuminé en avant, plan en dessus où il est bordé, surtout en avant, de tubercules bas, obtus et inégaux, dont les huméraux et le médian antérieur sont plus développés que les autres; dans certains cas, ces tubercules s’allongent en épines grêles et divergentes; d'autres fois, quelques-uns d’entre eux prennent un grand développement et un FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 891 aspect vésiculeux (P. vesicularis E. Sim.); dans d'autres espèces, le dessus de l'abdomen s’élève en forme de colonne verticale, tantôt droite, non atténuée et même un peu dilatée et mucronée au sommet (P. papuensis Bradl., etc.), tantôt très atténuée à l'extrémité, droite comme une lance ou recourbée en avant ou en arrière, sinueuse ou même spiralée (P. Ideæ Auss.), avec l’extré- mité tantôt simple, tantôt fourchue (P. furcifer E. Sim.) (fig. 957). Dans les genres Cyphalonotus et Homalopoltys, l'abdomen s’élève aussi en colonne verticale, tantôt acuminée, tantôt tronquée et mamelonnée au sommet (fig. 954). Dans le genre Pycnacantha, l'abdomen est tout hérissé de pointes aiguës et inégales, ce qui l’a fait comparer à un fruit de Datura, deux de ces pointes, plus longues que les autres, sont même branchues (fig. 958). L’abdomen des Cairu est très élevé, mais large au sommet avec des bosses humérales quelquefois très allongées en forme de cornes divergentes (C. capra E. Sim.), ordinairement très obtuses, mamelonnées ou garnies de tubercules irréguliers, tantôt courts (C. alba Hentz, albiventer Cambr.), tantôt longs et grêles (C. echinus E. Sim.). Le mâle d’un Poltys (inédit), que j'ai observé à Ceylan, et celui d’une autre espèce que j’ai reçue de Sierra-Leone, diffèrent beaucoup des femelles par la taille, car ils ne mesurent que 2 ou 3 mill., tandis que celles-ci sont de grosses Araignées de 10 à 12 mill. ; leur tubercule oculaire occupe presque toute la largeur du front; leurs pattes sont fines et mutiques, enfin leur patte- mâchoire a de l’analogie avec celle des Theridiides; son fémur est court et robuste ; sa patella très petite; son tibia, plus long, est étroit à la base, mais dilaté à l’extrémité; son tarse, beaucoup plus long que les deux articles pré- cédents réunis, est ovale allongé, sans aucune saillie basale et terminé en pointe très aiguë dépassant un peu un bulbe discoïde, ovale allongé, d'une grande simplicité et homogène, sans aucune saillie, sauf, à l’extrémité, la pointe très courte d’un stylus filiforme (fig. 955). Les caractères sexuels des femelles sont moins anormaux; dans la plupart des cas, l’épigyne se compose d’un scape et d’un crochet unciforme, ressem- blant beaucoup à ceux de l’Araneus angulatus CI. Les Araignées de ce groupe sont en général de grande taille, au moins les femelles, sauf les Homalopoltys, qui ressemblent à de petits Théridions blan- châtres; les téguments de leur face dorsale sont ordinairement de teinte foncée, garnis de pubescence fauve serrée et couchée, avec l'abdomen souvent orné en dessus de grandes taches noires foliiformes ou rhomboédriques, tandis «çue leur face ventrale est plus obscure, souvent noire; dans les grosses espèces du genre Poltys. les fémurs sont, en dessous, d’un noir intense à reflets bleus irisés. Le genre Poliys renferme environ 25 espèces : 1 de la côte occidentale d'Afrique (P. monstrosus E. Sim.) et 1 de la côte orientale (P. furcifer E. Sim.) ; 5 de Madagascar et îles voisines; 6 de Malaisie; 4 de l’Indo-Chine; 2 de la Nouvelle-Guinée et 5 de la Nouvelle-Hollande et de la Polynésie; j’en possède d’autres inédites de Ceylan et des Philippines. Le genre Cyphalonotus ne renferme qu'une seule espèce de la côte orientale 892 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES d'Afrique et le genre Pycnacantha une seule, très anciennement connue (1), de l’Afrique centrale et austro-tropicale. Le genre Homalopoltys ne renferme que deux espèces propres à l’ile de Ceylan. Le groupe est représenté en Amérique par le genre Caira, qui compte sept espèces : 1 du sud des États-Unis (Epeira alba Hentz), 2 de l'Amérique cen- trale (C. altiventer et gibberosa Cambr.), 1 de l'Amazone (C. spinosa E. Sim.) et 3 du sud du Brésil et du Paraguay (C, obtusa Keyserl., capra et echinus E. S.). GENERA 1PnPedes muticnyelNparcissimeReuleATPECPP PP EP ERP ERP REC TRE D — Pedes, saltem antici, tibiis metatarsisque intus validissime acu- TOR LISE A 07E AREA AR AC ATEN RSA pit A EST RS D. 2. Oculi medii æqui, aream haud longiorem quam latiorem occu- pantes. Tibiæ metatarsique antici depressi......... Cyphalonotus. — Oculi medii aream multo longiorem quam latiorem occupantes, antici posticis majores. Pedes cylindracei.......... Homalopoltys. 3. Oculi laterales postici ab anticis longissime remoti............ Poltys. — Oculi laterales utrinque contigui vel subcontigui................ 4, 1#MOcuhlateraleste nedHVIRIDrOMINUNPAPRTEE TPE NE EE RER Caira. — Oculi laterales in tuberibus longis et divaricatis elevati. Pycnacantha. Poltys C. Koch, Ar., X, 1843, p. 97. — Pleuromma Dol., Tweede Bijdr., etc, 1859, p. 44. — Cyphagogus Günther, Ann. Mag. N. H., 1862 (C. Mouhoti Günt.). — Mastigosoma Auss., Verh. 3. b. G. Wien, 1871, p. 817 (M. Ideæ Auss.). — Rhyncharachne et Gerrosoma Bradley, Proceed. Linn. Soc. N. S. Wales, 1876, p. 222 et 240. Cephalothorax longior quam latior, parte cephalica longa, valde attenuata et convexa, postice sulco semicirculari profunde discreta, antice declivi sed in regione oculari abrupte elevata, tuberculum subquadratum vel conicum for- mante, parte thoracica sat convexa, sulco longitudinali foveaque transversa impressa. Oculi medii æqui, vel plerumque antici posticis paulo majores, aream quadratam vel antice quam postice paulo latiorem occupantes. Oculi laterales parvi, utrinque inter se late distantes, anticus prope medios anticos situs, posticus longissime remotus et prope marginem situs. Clypeus area oculorum latior, valde retro-obliquus. Sternum longius quam latius, coxæ posticæ inter se angustæ separatæ. Pars labialis apice arcuato-rotunda vel leviter acuminata. Chelæ longæ, valde attenuatæ, margine sulci inferiore dentibus 3 vel 4 æquis (vel 3° reliquis majore), superiore dentibus trinis, ultimo reliquis multo minore, instructis. Pedes robusti, valde inæquales, qua- tuor antici reliquis multo longiores, patellis, tibiis metatarsisque supra planis, (1) Aranea tribulus Fabr., dont le Pycnacantha Meadi Blackw. et le Daturina hystrixæ Thorell sont synonymes, FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 893 tibiis metatarsisque anticis curvatis et præsertim ad marginem interiorer numerose et inordinate aculeatis. Abdomen magnum, interdum subrotundum sed supra deplanatum atque ad marginem inordinate mucronatum |P. élle- pidus C. Koch (1), etc.], interdum multo altius quam longius et in tubercu- lum apice ampliatum, truncatum et mucronatum [P. papuensis Bradl. (2)] vel apice teres arcuatum, contortum, simplex [P. Ideæ Auss. (3)] vel furcatum P. furcifer E. Sim.), insigniter productum. Typus : P. illepidus C. Koch. AR. GEOGR. : Reg. tropicæ cunctæ Africæ, Asiæ et Oceaniæ. Cyphalonotus, nov. gen. — Poliys E. Sim., Bull. Soc. zool., Fr., 1881, p. 5 (ad part. P. larvatus). À Pollye differt oculis lateralibus a mediis non multo remotis et inter se spatio diametro oculo vix latiore sejunctis, clypeo area oculorum mediorum trapeziformi angustiore, pedibus longissimis et tenuibus, patellis tibiis meta- tarsisque depressis, leviter curvatis, breviter et parce aculeatis, metatarsis, præsertim anticis, tibiis multo brevioribus. Typus : C. larvatus E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : Africa tropica orient. Homalopoltys, nov. gen. Cephalothorax fere Pollyos sed lævis et glaber. Oculi medii haud prominuli, aream multo longiorem quam latiorem et antice quam postice latiorem occu- pantes, oculi medii antici reliquis oculis multo majores. Oculi laterales à mediis parum separati, utrinque contigui (H. incanescens E. Sim.) vel anguste separati (H. albidus E. Sim.), clypeus oculis mediis anticis latior. Chelarum margo inferior minute unidentatus. Partes oris sternumque fere Poltyos sed laminis paulo latioribus quam longioribus, sterno postice obtusiore et coxis posticis distinctius separatis. Pedes antici posticis multo longiores, fere Poltyos sed mutici, setis erectis tibiarum tantum muniti. Abdomen breve et altissimum. Typus : A. incanescens E. Sim. Ar. GEOGR. : Ins. Taprobane (4). (1) Aussi P. Kochi Kevserl., dromadarius Bradl., laciniosus, coronatus, Keyserlingr L. Koch, monstrosus, vesicularis E. Sim. (2) Aussi P. mammeatus, bimaculatus L. Koch, turriger E. Sim., elevalus, colum- naris, pogonias Thorell. (3) Aussi P. Mouhoti Günther. (4) Les deux espèces de ce genre sont inédites H. incanescens, sp. nov. — Q. Long. 3 mill. — Cephalothorax pallide luteus. Oculi medii postici inter se vix separati. Oculi laterales utrinque contigui. Abdomen plus triplo altius quam longius, breve sed supra valde elevatum, apice obtusissime bigib- bosum, albo-opacum, ad apicem atque postice, supra mamillas, nigro-maculatum et, 894 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Pyenacantha Blackw., Ann. Mag. Nat. Hist., 1865, p. 17.— Daturina Thorell, Ann. Mus. Gen., IX, 1877, p. 302. Cephalothorax haud vel vix longior quam latior, parte thoracica utrinque ample rotunda, haud sulcata sed impressione latissima, transversim semicir- culari notata, parte cephalica breviter attenuata, truncata et tuberculis oculi- feris tribus divaricatis munita, medio obtuso, oculos medios, aream trapezi- formem antice latiorem occupantes, gerente, lateralibus longioribus, teretibus apice acuminatis, versus medium oculos laterales binos parvos gerentibus. Clypeus area oculorum saltem haud angustior, valde retro-obliquus. Chelæ, partes oris, sternum pedesque Poliyos, sed pedes antici breviores, femoribus subtus leviter deplanatis et biseriatim aculeatis, tibiis minus depressis tere- tiusculis. Abdomen magnum, valde convexum, partem thoracicam obtegens, subglobosum, tuberculis acutis et iniquis supra echinatum. Typus : P. tribulus Fabr. (sp. un.). AR. GEOGR. : Africa centr. et austr. Caïra Cambr., Biol. Centr. Amer., Ar., 1589 (Kaira). — Epeiru Hentz, Bost. Journ. Nat. Hist., VI, 1850 (ad part. Æ. alba). — Kaira Mac Cook, Amer. Sp., III, 1894, p. 202. Cephalothorax fere Pycnacanthæ sed tuberculis oculiferis multo humilioribus. Oculi medii aream paulo latiorem quam longiorem et antice quam postice paulo latiorem occupantes. Oculi laterales inter se anguste separati, a mediis late remoti. Clypeus area oculorum angustior, valde retro-obliquus. Sternum, chelæ, partes oris pedesque fere Poltyos. Tibiæ teretes ad apicem leviter incras- satæ, intus (tibiis 4! paris exceptis) valde aculeatæ. Metatarsi sex anteriores (præsertim I et rt) robusti, valde curvati et supra et intus inordinate et numerose aculeati. Tarsi antici sat parvi, intus aculeis minutis uhiseriatis instructi. Abdomen altum et crassum, apice latum, plus minus lobatum et plurimucronatum. Typus : C. gibberosa Cambr. AR. GEOGR. : America sept. calida (alba Hentz), centr. et merid. prope medium, utrinque fusco-reliculatum, subtus nigricans. Chelæ et partes oris olivaceæ. Sternum pedesque lutea, hi valde fusco-subannulati, annulo basali femorum anticorum lalissimo et extus luteo-maculato. — Ins. Taprobane : Kandy !. H. albidus, sp. nov. — @. Long. 2,8 mill. — Cephalothorax, chelæ, partes oris, ster— num pedesque omnino pallide lutea, subpellucentia, cephalothorace in medio confuse olivaceo. Oculi medii postici spatio oculo haud angustiore inter se distantes et oculi laterales utrinque distinctissime separati. Abdomen breve et altissimum, supra acumi- nalum, albo-opacum, subtus tuberculo genitali magno transverso, fulvo et postice higro-plagiato, munitum. — Ins. Taprobane !. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 399 20. CELÆNIEÆ Les Celænia sont des Argiopinæ fort anormaux, qui ont été rapportés succes- sivement à la famille des Argiopides par Thorell, à celle des Thomisides (sous le nom de Thlaosoma\ par Cambridge, enfin à un sous-ordre spécial (1), celui des Ruditelariæ par L. Koch, mais dont les caractères, très étranges au pre- mier abord, ne sont au fond que l’exagération de ceux des Eæechocentrus et des Pollys. Le céphalothorax des Celænia est plus large que long, largement arrondi de chaque côté et tronqué en arrière, presque semi-circulaire, mais légèrement rétréci et proéminent dans la région frontale; il est élevé, abaissé presque verticalement en arrière, plus longuement incliné en avant où sa surface, iné- 960—959—961 964—962 963—965 . 959. Celaenia excavala L. Koch. Femelle grossie. — 960. Idem. Front de profil. — Fig. 961. Idem. Chélicère en dessous. — Fig. 962. Zdein. Pièces buccales. — Fis. 963. Idem. Griftes tarsales de la 1re paire. — Fig. 964. Tacsanowshia mirabilis E. Sim. Céphalothorax et abdo- men en dessus. — Fig. 965. Zdem. Chélicère en dessous. gale et granuleuse, est marquée de deux impressions longitudinales, parallèles ou divergentes; sa région frontale, étroite et plus ou moins relevée, porte, au milieu, les yeux médians, presque égaux, petits et disposés soit en carré, soit en trapèze plus large en avant; ceux des Celænia sont élevés sur un tubercule acuminé; ceux des Taczanowskia sont peu saillants. Les yeux latéraux, plus ou moins séparés des médians, sont petits, égaux, contigus l’un à l’autre et élevés, de chaque côté, sur une faible saillie. Le (1) Comprenant aussi le genre Cryptothele, dont les affinilés me paraissent totale ment différentes (voy. p. 420, famille des Zodariidae). 896 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES bandeau des Celænia est assez large et très incliné en arrière; celui des Taczu- nowskia est vertical et aussi étroit que les yeux médians antérieurs. Les chélicères ressemblent à celles des Poltys; elles manquent de tache basale ou n'en présentent que des traces; dans le genre Celænia, leurs marges courtes sont mutiques (fig. 961); dans le genre Taczanowskia, l'inférieure est mutique, tandis que la supérieure, longuement oblique, porte trois dents : la première située près la base du crochet, les deux autres bien séparées de la première, mais rapprochées entre elles (fig. 965). Les pièces buccales sont à peu de chose près celles des Poltys (fig. 962). Le sternum est assez petit et légèrement atténué en avant; celui des Celænia est acuminé en arrière, celui des Taczanowskin est atténué et tronqué entre les hanches postérieures qui sont séparées. L’abdomen est très volumineux et son tégument dorsal induré est souvent plissé et inégal, d'autrefois pubescent; il est beaucoup plus large que long, tronqué et souvent échancré en avant, arrondi sur les côtés et en arrière: celui des Celænia s'élève dans le milieu où il est ordinairement pourvu de deux grosses bosses mamelonnées, quelquefois prolongées par des tubercules diver- gents (fig. 959); celui des Tuczanowskia est tantôt ovale transverse et pourvu, de chaque côté, d’un petit tubercule (T. mirabilis E. Sim.) (fig. 964), tantôt fortement anguleux latéralement et en arrière et ressemblant à celui d’un Stephanopsis (T. trilobata E. Sim.). Les pattes des deux premières paires sont très longues et tout à fait laté- rales, leurs fémurs étant, au moins au repos, repliés en arrière; ces fémurs sont très épais, presque parallèles, comprimés, souvent un peu anguleux en dessous où ils sont ordinairement pourvus de tubercules ou de petites dents sériées, ceux des Tuczanowskia sont simples à l’extrémité, ceux des Celænia se dilatent en forme de petite corbeille lobée en dessus de l'articulation patel- laire ; les articles suivants sont d’une gracilité qui contraste avec l'épaisseur des fémurs ; les patellas sont très longues, atténuées et coudées à la base; les tibias sont également longs et plus ou moins courbés sinueux; dans le genre Taczanowskia, ces deux articles sont presque cylindriques : dans le genre Celænia, les patellas sont marquées, en dessus, d’une large impression fovéi- forme rebordée, et les tibias sont un peu resserrés au milieu et légèrement dilatés aux deux extrémités ; les métatarses sont beaucoup plus courts que les tibias, arqués et mutiques; les pattes postérieures sont beaucoup plus courtes, mutiques et presque égales en longueur, mais celles de la 2° paire sont un peu plus épaisses que celles de la 4° paire; leurs métatarses sont plus courts que les tibias, mais aussi épais. La dissemblance qui existe entre les articles des pattes antérieures et pos- térieures, se retrouve dans leurs griffes ; aux deux premières paires, les supé- rieures, très fortement fibuliformes, sont mutiques ou pourvues d'une petite dent basale, et beaucoup plus inégales que celles des Poltys, l’externe est très longue, très aiguë et droite dans toute sa portion terminale, tandis que l'in- terne, accolée à la précédente, est au moins trois fois plus petite (fig. 963); la griffe inférieure est petite, presque semblable à la supéro-interne et pourvue d’une petite dent basale; aux pattes postérieures, les griffes supérieures sont FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 897 égales, beaucoup plus petites, plus courbées, mutiques ou pourvues d’une ou de deux petites dents; elles sont toujours accompagnées de trois paires de griffes auxiliaires. On ne connait rien des caractères sexuels de ces Araignées, aucun mâle n'ayant été décrit. D'après une observation de H. B. Bradley, rapportée par Cambridge, le Celænia (Thlaosoma) dubia Cambr. ne file aucune toile, mais se trouve au milieu de feuilles pliées et rapprochées. Le cocon du Celæmia excavata L. Koch, que j'ai reçu de Tasmanie, a de Panalogie avec celui des Latrodectus ; il est globuleux ; son tissu extérieur est lisse, papyracé et même cassant, de teinte olivâtre et veiné de noir, tandis que son tissu intérieur est floconneux et jaunâtre. Les pontes paraissent nom- breuses, car j'ai recu plusieurs de ces cocons réunis en paquet par des fils lâches. Les Celænia sont des Araignées de taille grande (C. eæcavata L. Koch) ou moyenne, dont les téguments, épais, plissés ou mamelonnés, sont jaunes et plus ou moins variés de brun-rouge ou de noir; on en connait une dizaine d’espèces propres à la région océanienne australe, cinq sont décrites de la Nouvelle-Zélande et cinq de la Nouvelle-Hollande, l’une de celles-ci se retrouve en Tasmanie. Les Taczanowskia ont le faciès des Celænia, mais leurs téguments sont moins épais et pubescents, et la forme de leur abdomen se rapproche souvent de celle des Stephanopsis ; ils représentent le groupe dans l’Amérique du Sud ; l'espèce type est du Pérou; on en connait quatre autres : deux de l’Amazones (T. mirabilis et trilobata E. Sim.), une du sud du Brésil (T. sexluberculata Keyserl.) et une du Mato-Grosso (T. penicillata E. Sim.). GENERA Tuberculum oculorum mediorum elevatum et turbinatum. Clypeus latus retro obliquus. Femora antica supra ad apicem alte mar- ginata. Patellæ anticæ supra impressæ. ........... 4. à | Celænia. Tuberculum oculorum mediorum humile. Clypeus angustus et verti- calis. Femora antica apice haud marginata. Patellæ anticæ haud NAPTESS ER 2 AC Do PDO e Ro ANNEES Ge NEO Taczanowskia. Celænia Thorell, Freg. Eug. Res., etc., Arachn., I, 1868. — Cyrtogaster L. K. Verh. z. b. G. Wien, 1867 (C. excavatus). — Thlaosoma Cambr., Linn. Soc. J. Zool., X, 1869, p. 271. — Id., Urquhart, Tr. N. Zeal. Inst., XIX, 1887, p. 85. — Celænia L. Koch, Ar. Austr., 1872. Cephalothorax latior quam longior, utrinque ample rotundus, postice con- vexus et abrupte declivis, antice longe declivis, plus minus impressus et tuber- culatus, regione frontali abrupte angustiore. Oculi parvi, inter se subæquales, medii in tuberculum acuminatum impositi, aream quadratam seu antice latio- 7 898 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES rem occupantes. Oculi laterales inter se contigui, a mediis non multo remoti. Clypeus area oculorum saltem haud angustior, valde retro obliquus. Chelæ angustæ, marginibus sulci muticis. Pedes quatuor antici reliquis multo lon- giores, femoribus latis, valde compressis, inferne subangulosis et seriatim tuberculatis, ad apicem, supra radicem patellarum, alte marginatis, reliquis articulis gracilioribus, patellis longis supra late impressis, tibiis longis versus medium leviter angustioribus, metatarsis tibiis fere duplo brevioribus, leviter attenuatis et curvatis. Pedes postici breves et mutici. Abdomen maximum, transversum, plicatum, postice altissimum et plerumque bilobatum. Typus : C. Kimbergi Thorell. AR. GEOGR. : N. Hollandia ; Tasmania ; N. Zealandia. Taczanowskia Keyserl., Verh. z. b. Ges. Wien, 1879, p. 298. À Celænia, cui affinis est, differt regione frontali minus abrupte angustiore, tuberculo oculorum mediorum humili haud acuminato, oculis lateralibus a mediis remotioribus, clypeo fere verticali oculis mediis anticis haud latiore, chelarum margine inferiore mutico, superiore longe obliquo et tridentato, sterno postice haud acuminato sed truncato et coxis posticis inter se distan- tioribus, femoribus anticis ad apicem recte sectis haud marginatis, patellis tibiisque teretiusculis haud impressis. Typus : T. siriala Keyserl. AR. GEOGR. : America merid. : Peruvia et Brasilia. 21. ARCYEÆ Les Arcys, qui ont été considérés comme types d'une famille ou au moins d’une sous-famille spéciale, et que j'avais un instant pensé rapporter à celle des Mimetides, me paraissent, aujourd’hui, se rattacher à celle des Argiopides et présenter de grands rapports avec les Hypognatha et les Dolophones. 966 967 Fig. 966. Arcys perlatus E. Sim. Femelle grossie. — Fig. 967. Archemorus Simsoni E. Sim. Femelle grossie. Leur céphalothorax est plus long que large, non atténué en avant où il est tronqué ; sa partie céphalique, plus élevée que la thoracique, dont elle est séparée par une large et profonde dépression arquée, est aussi un peu plus FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 899 large, elle est, vue en dessus, en forme de carré-long transverse, tronqué de chaque côté, avec l’angle postérieur un peu saillant, quelquefois même pro- longé et conique ; sa partie thoracique, légèrement resserrée en arrière de la saillie céphalique, est ensuite presque parallèle, obtusément échancrée au bord postérieur, son milieu est un peu déprimé, en arrière de la pente céphalique, sans présenter de fossette bien définie; le céphalothorax de l'Archemorus Simsoni E. Sim. est presque carré, il diffère du précédent par sa partie céphalique non anguleuse et presque de niveau avec la thoracique, dont elle est cependant séparée par des dépressions obliques ne se rejoignant pas au milieu (fig. 967). Les yeux médians, situés sur plan très oblique, quelquefois vertical, figurent un trapèze beaucoup plus long que large et beaucoup plus étroit en avant, les antérieurs, plus petits que les postérieurs, étant beaucoup plus resserrés ; ces yeux sont sessiles dans le genre Arcys, tandis que, dans le genre Arche- morus, les médians postérieurs sont élevés isolément sur de forts tubercules coniques. Les yeux latéraux, très largement séparés des médians et situés aux angles antérieurs proéminents du carré céphalique, sont rapprochés l’un de l’autre, sans être contigus, et inégaux, l’antérieur étant au moins deux fois plus gros que le postérieur. Dans le genre Arcys, les yeux médians antérieurs figurent une ligne presque droite avec les latéraux postérieurs et ils sont séparés du bord par un bandeau au moins deux fois plus étroit que le groupe médian, plan et légèrement oblique en arrière, tandis que ceux des Arche- morus figurent, avec les latéraux, une ligne fortement procurvée, et le ban- deau, plan et vertical, est plus large. Les chélicères, qui occupent toute la largeur du front, sont assez courtes, très épaisses, à peine plus longues que larges, elles ressemblent à celles des Hypognatha ; leurs marges sont assez longues, transverses et un peu saillantes à l'angle ; la supérieure est armée de quatre ou cinq dents presque contiguës, petites et obtuses, sauf l’antépénultième, l’inférieure offre une série serrée de quatre dents, encore plus petites, convergeant un peu à l’angle; le crochet est assez long, peu courbé, large à la base, celui des Arcys est convexe en dessus vers le milieu. Les lames sont un peu plus longues que larges et presque parallèles, droites ou un peu convergentes au côté interne; celles des Arcys sont arquées- arrondies au côté externe, tandis que celles des Archemorus y forment un angle très obtus. La pièce labiale, non ou à peine plus longue que large, est très atténuée et obtusément triangulaire. Le sternum, ovale allongé et presque plan, est brièvement atténué et obtus avant les hanches postérieures contiguës. L'abdomen est plus long que large, tronqué et échancré au bord antérieur avec les angles plus ou moins saillants mais obtus, très longuement atténué en arrière où il se termine en pointe tantôt simple et acuminée (Arcys), tantôt largement tronquée (Archemorus), dépassant les filières qui sont infères ; en dessus, il est légèrement induré et marqué de points enfoncés allongés et 900 HISTOIRE NATURELLE DES APRAIGNÉES un peu ocellés, formant, en avant ct sur les côtés, une série marginale serrée et, au milieu, deux lignes parallèles. [’abdomen des Arcys est mutique et presque plan en dessus, celui des Archemorus est pourvu d’un gros tubercule médian, très obtus et de plusieurs tubercules apicaux. Les pattes sont fort inégales et dissemblables; celles des deux premières paires, presque égales entre elles, sont beaucoup plus robustes et plus longues que les postérieures et rejetées de côté ; leurs tibias et métatarses sont un peu déprimées, au moins en dessous, et ceux-ci sont fortement arqués; ces deux articles offrent, de chaque côté, une série marginale de très longues épines divergentes, souvent inégales surtout aux métatarses où elles sont ordinaire- ment accompagnées (au côté interne seulement) d’une seconde série d'épines plus petites et plus nombreuses; disposition rappelant celle des pattes des Mimetides ; leurs tarses sont longs, néanmoins plus courts que les métatarses, assez grêles, arqués et cylindriques, ils offrent au côté interne une série de crins quelquefois spiniformes (Archemorus) faisant suite aux épines des méta- tarses. Les griffes sont petites mais larges à la base, très fortement arquées, presque coudées et mutiques dans toute leur partie terminale: les supé- rieures offrent à la base, dans la concavité, une série de cinq dents dont les médianes sont plus longues que les terminales, tandis que l’inférieure n'offre que deux très petites dents basilaires. La patte-mâchoire de la femelle est petite et cylindrique ; son tibia est beau- coup plus long que la patella; son tarse, au moins aussi long que la patella et le tibia réunis, est à peine atténué et garni d’épines nombreuses. L'épigyne ressemble à celui d’un Araneus, il se compose d’un scape à deux lobes presque arrondis et contigus et d’un crochet antérieur assez court, conique ou cylindrique et un peu courbé, dirigé en avant dans le sens du pédicule. Le mâle adulte m’est inconnu en nature; d’après les figures qui en ont été publiées par Keyserling, dans l’ouvrage de L. Koch (Ar. Austr., IT, pl. xx et xx1v), il ne diffère pas beaucoup de la femelle par sa forme générale, mais sa patte-mâchoire, très spéciale, rappelle un peu celle des Mimetides ; son fémur et son tibia, plus ou moins longs, sont courbés-sinueux, dilatés en massue à l'extrémité où le tibia offre toujours un verticille de très longs crins; son tarse, relativement assez petit, recouvre le bulbe et il offre en dessus, près la base, une saillie conique dressée; son bulbe, discoïde lobé, émet une apo- physe médiane grêle, tantôt simple et sinueuse (A. cornutus L. Koch), tantôt longuement bifide (A. alatus Keyserl.). Les Arcys sont de taille moyenne; leurs téguments sont glabres et leur coloration, d’un jaune plus ou moins vif, est quelquefois variée de noir, au moins sur la partie céphalique et les pattes antérieures ; les points enfoncés de leur abdomen sont souvent cerclés de blanc mat ou de noir. L’Archemorus est de teinte plus obscure et ses téguments sont garnis de poils brillants, courts et couchés. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 901 On connaît sept ou huit espèces d’Arcys, presque toutes propres à la Nou- velle-Hollande (1), une seule a été décrite des iles Fidji (A. brevipalpus Karsch) et une de la Nouvelle-Calédonie (A. perlatus E. Sim.); le genre Archemorus ne renferme qu'une seule espèce originaire de la Tasmanie. GENERA Oculi medii postici sessiles. ........... ee RE RE MREE RSA ATOYSE Beuhimedimposticmsmeulariterielevati "enr... Archemorus. Areys Walck., Apt., I., 1837, p. 497 (Arkys). Cephalothorax longior quam latior, parte cephalica elevata, transversa, utrinque truncata cum angulo posteriore plus minus producto, parte thoracica humiliore, paulo angustiore et longiore. Oculi medii aream longiorem quam latiorem et antice quam postice multo angustiorem occupantes, medii antici posticis minores. Oculi laterales a mediis latissime distantes, ad angulum frontalem siti et prominuli, inter se appropinquati, anticus postico major. Chelæ crassæ, marginibus sulci duobus dentatis. Pars labialis obtuse tri- quetra. Laminæ paulo longiores quam latiores, subrectæ, extus rotundæ. Pedes inter se valde inæquales, quatuor antici reliquis multo longiores et crassiores; metatarsis tarsisque arcuatis, tibiis metatarsisque subtus leviter depressis et aculeis longissimis, leviter elevatis et biseriatis, armatis. Abdomen antice truncatum et emarginatum, postice longe attenuatum et mamillas superans, supra planum et punctis ocelliformibus impressum. Tegumenta glabra. Tvypus : À. lancearius Walck. AR. GEOGR. : N. Hollandia et Tasmania ; ins. Fidji (brevipalpus Karsch) ; ins. N. Caledonia (perlatus E. Sim.). Archemorus E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1893, p. 328. A præcedenti differt cephalothoracis parte cephalica thoracica haud latiore vix altiore, haud angulosa, oculis mediis aream duplo longiorem quam latiorem et antice quam postice multo angustiorem occupantibus, posticis anticis majoribus in tuberibus turbinatis singulariter elevatis, pedibus brevio- ribus et crassioribus similiter aculeatis, tibiis metatarsisque anticis depressius- culis, abdomine antice truncato, postice attenuato sed prope apicem leviter ampliato et truncato, supra et postice valde mucronato, punctis ocelliformibus impresso, tegumentis pubescentibus. Typus : À. Simsoni E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : Tasmania. (4) C’est par erreur que Walckenaer a décrit l'espèce type, À. lancearius, comme venant du Brésil. 902 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES 22, DOLOPHONEÆ Le genre Tholia L. Koch, auquel il faut restituer le nom de Dolophones, donné bien antérieurement, par Walckenaer, à l’une de ses espèces (1), est le type d’un groupe isolé n’ayant d’affinités bien frappantes avec aucun autre genre de la sous-famille des Argiopinæ, mais qui me paraît cependant devoir se placer entre les Arcys, les Testudinaria et les Gnolus, dont il a presque les griffes tarsales. Le céphalothorax est bas, presque plan et à peine plus long que large; sa partie céphalique est légèrement inégale et limitée par de profondes dépres- sions obliques, tantôt réunies à angle aigu (principalement chez les mâles) et prolongées, sur la partie thoracique, par un sillon abrégé, tantôt disjointes en arrière et bien séparées de l’impression thoracique, qui est transverse, presque droite et prolongée en arrière par trois stries. Le front, large et tronqué, 968 969 970 Dolophones testudinea L. Koch. — Fig. 968. Céphalothorax et abdomen en dessus. — Fig. 969. Patella de la patte-mâchoire du male de profil. — Fig. 970. Crochet de l’épigyne. porte les trois groupes oculaires, largement séparés les uns des autres ; le groupe des médians, situé sur la face antérieure presque verticale d'un tuber- cule plus ou moins saillant en dessus, est tantôt aussi long que large et presque parallèle (Pitharatus), tantôt plus large que long et plus étroit en avant qu’en arrière ; les antérieurs sont plus petits que les postérieurs. Les yeux latéraux sont égaux et subcontigus; ceux des Dolophones sont légèrement surélevés; ceux des Pithuratus sont placés sur la face externe d’un tubercule angulaire assez long et subaigu. Les yeux médians antérieurs, vus en avant, figurent, avec les latéraux, une ligne légèrement procurvée et le bandeau est au milieu plus large que les yeux. (4) La diagnose de Walckenaer est très inexacle, car elle est faite d'après un dessin de l'Atlas de Quoy et Gaymard (Voyage de l’Uranieet de la Physicienne, Zool., pl. 82, fig. 6) qui est entaché d’une erreur capitale ; l’Araignée y est en effet représentée la tête en bas; le processus anal a été pris pour une sorle de rostre et les impressions abdominales pour des yeux. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 903 Les chélicères et les lames sont normales. La pièce labiale est plus longue et plus acuminée que celle des autres Argiopinæ. Le sternum, ovale assez allongé, se termine en pointe tronquée et infléchie, pourvue, sur chacun des angles, d’un petit tubercule. L’abdomen, ovale transverse ou cordiforme, est très plat, le plus souvent mutique, rarement pourvu d’un gros tubercule vertical en colonne tronquée (D. turriger L. K., nasalis Butl.); sa face dorsale est marquée de plaques ocelliformes, très développées dans le genre Dolophones où elles se touchent presque, au moins les antérieures, comme une marqueterie, beaucoup plus petites et plus espacées dans le genre Püäharatus où elles sont légèrement excavées ; dans tous les cas, le bord postérieur arqué de cet abdomen est pro- longé, au milieu, en petite pointe obtuse, subsegmentée, recouvrant les filières qui sont tout à fait terminales et en partie visibles en dessus, caractère excep- tionnel dans la sous-famille des Argiopinæ (fig. 968). Les pattes, peu longues mais très robustes, ressemblent à celles des Cæros- tris ; leurs patellas, tibias et métatarses sont très déprimés en dessus et les deux premiers sont bisillonnés ; elles sont armées d’épines robustes et nom- breuses, assez courtes et disposées sur plusieurs rangs; les métatarses, à peine courbés, sont aussi longs ou presque aussi longs que les tibias. Les griffes sont robustes, assez longues, régulièrement arquées, leurs dents (dépassant de beaucoup le milieu) sont plus nombreuses que dans les groupes voisins, surtout à la griffe interne ; elles sont serrées et les médianes sont un peu plus longues que les basilaires et terminales. Les principaux articles de la patte-mâchoire de la femelle sont également déprimés. La patte-mâchoire du mâle, qui est normale par son fémur, son tarse et son bulbe, qui est très volumineux, déjeté en dehors et assez semblable à celui des Argiope, est exceptionnelle par sa patella qui est longue et prolongée obli- quement, en dessus en avant, par une pointe obtuse, hérissée de très fortes épines inégales et irrégulières (fig. 969). Le mâle se distingue en outre de la femelle par sa taille un peu moindre et ses pattes plus fortément épineuses. L'épigyne est pourvu d’un long crochet assez grêle et presque droit, dirigé en arrière et ressemblant à celui des Araneus; son scape est peu apparent (fig. 970). Les Dolophones, d'assez grande taille, sont d’un rouge sombre uniforme ; on en connaît une douzaine d'espèces propres à l’Australie et iles voisines, sauf une (D. clypeatus L. Koch), qui est indiquée de Ceram, aux Moluques (1). L'unique espèce du genre Pitharatus, qui a été très bien décrite et figurée par Doleschall, sous le nom d'Epeira Junghuhni, mais qui n’a été revue par (1) Aux neuf espèces décrites et figurées par L. Koch et Keyserling dans les 4rach- niden Australiens, il faut ajouter : D. notacantha Walck., de Sydney, D. Mac-Leayi Bradley (Pr. Linn. Soc. N. S. Wales, I) de l’île Paem, D. nasalis Butler (Cist. Ent., 1876, p. 349, pl. x, fig. 4, 5), du Queensland. L'une des espèces australiennes de L. Koch, D. testudinea L. K., se trouve aussi en Nouvelle-Calédonie. 904 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES aucun des auteurs qui se sont occupés depuis de la faune malaise, se trouve à Java et dans la presqu’ile malaise, elle est de grande taille et diffère des Dolo- phones par ses téguments finement pubescents, comme ceux des Cærostris. GENERA Area oculorum mediorum haud latior quam longior et antice quam postice vix angustior. Oculi laterales utrinque subacute elevati. Abdomen haud cancellatum, punctis impressis parvis subrotundis munitum (punctis anticis in series duas ordinatis)........ Pitharatus. Area oculorum mediorum latior quam longior et antice quam postice multo angustior. Oculi laterales utrinque vix elevati. Abdomen valde cancellatum, punctis impressis longis (anticis uniseriatis) JODQU LA AD DO EE Se PNR DE RE MP SP EP MT A en Dolophones. Dolophones Walck., Apt., I, 1837, p. 282. — Tholia L. Koch, Ar. Austr., 1871, p. 19. Cephalothorax paulo longior quam latior, parte cephalica humili, attenuata, striis profundis discreta, thoracica sulco abbreviato vel sæpius impressione transversa subrecta, munita. Oculi medii aream longiorem quam latiorem et antice quam postice multo angustiorem occupantes, antici posticis minores. Oculi laterales minuti, æqui et subcontigui, apicem tuberculi parvi et rotundi occupantes. Clypeus in medio area oculorum haud vel non multo angustior. Pedes robusti, numerose aculeati, patellis, tibiis, metatarsisque valde deplanatis, supra planis. Abdomen transversim ovatum, postice, supra mamillas, breviter caudatum et plicatum, supra duriusculum, cancellatum, punctis-impressis anticis sex, valde elongatis seriem unicam formantibus et punctis mediis quatuor, trapezium designantibus, ornatum. Typus : D. notacantha Walck. AR. GEOGR. : Ins. Ceram; ins. Paem; N. Hollandia; N. Caledonia. Pitharatus, nov. gen. — Epeira Dolesch., Tweede Bijdr., etc., 1859 (ad part. E. Junghuhni). À Dolophoni differt area oculorum mediorum haud latiore quam longiore et antice quam postice vix angustiore, oculis lateralibus utrinque ad marginem exteriorem tuberculi subacuti sitis, clypeo area oculorum fere duplo angus- tiore, abdomine haud cancellato, punctis impressis parvis subrotundis, anticis in seriebus duabus ordinatis (6-6), notato. Typus : P. Junghuhni Dolesch. (sp. un.). AR. GEOGR. : Ins. Java et pen. Malayana. 23. TESTUDINARIEÆ C’est probablement dans le voisinage des Dolophones et surtout des Gnolus que doivent se placer les deux genres Testudinaria et Melychiopharis, dont les ‘FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 905 caractères ambigus rappellent aussi ceux des Hypognatha et même ceux de certains Theridiides, mais dont les mâles ne sont pas connus (1), de sorte que des doutes peuvent encore exister sur leurs vraies affinités. Le céphalothorax de ces Araignées est plus long que large, sans démarca- tion entre les parties céphalique et thoracique, peu atténué en avant où il se termine par un front large et arqué ; celui des Testudinaria est assez convexe et fortement abaissé en arrière dans la région thoracique, qui est recouverte par l'abdomen ; celui des Melychiopharis, beaucoup plus long, est à peine convexe, sa région thoracique, non recouverte, est longuement atténuée et tronquée, et marquée d’une faible impression médiane transverse (fig. 972). 971 972 973 Fig. 971. Testudinaria geometrica Tacz. Céphalothorax et abdomen en dessus. — Fig. 972. Melychiopharis cynips E. Sim. Idem. — Fig. 973. Idem. Sbernum et hanches. Les yeux sont petits et égaux; les postérieurs figurent une ligne fortement récurvée, les antérieurs une ligne presque droite; le groupe des médians est plus large que long, tantôt parallèle (Melychiopharis), tantôt un peu plus étroit en avant; les yeux latéraux sont largement séparés des médians et situés aux angles frontaux; ceux des Testudinaria sont séparés au moins de leur dia- mètre, ceux des Welychiopharis sont connés. Le bandeau, aussi large ou presque aussi large que le groupe oculaire, est tantôt vertical et plan (Testudinaria), tantôt fortement oblique en arrière. Les pièces buccales et les chélicères sont construites comme dans les groupes précédents, mais celles-ci sont moins robustes (2). Le sternum des Testudinaria est plus long que large, assez fortement atténué en arrière où il est tronqué entre les hanches distantes ; celui des Melychiopharis est long, presque parallèle et prolongé entre les hanches posté- rieures, qu'il dépasse un peu; les hanches elles-mêmes, rejetées en dehors, sont presque globuleuses (au moins les postérieures) et isolées les unes des autres, caractères rappelant ceux de certains Theridiides, tels que les Hetschkieæ (1) Le Testudinaria quadripunctata Tacz., dont Taczanowski décrit le mâle en quelques mots, appartient bien plutôt au genre Gnolus. (2) Leur tache basale est peu visible ou nulle ? 906 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES (voy. p. 504), dont le Melychiopharis cynips E. Sim. a, au reste, le faciès (fig. 972 et 973). L’abdomen des Testudinaria est ovale large, atténué et obtus en arrière, obtusément tronqué au bord antérieur, peu convexe et garni, comme celui des Dolophones, de grandes plaques coriacées polygonales presque juxtaposées, finement rebordées et marquées chacune d’une petite saillie umbonéale; on compte généralement au bord antérieur trois petites plaques en ligne trans- verse; de chaque côté, quatre plaques marginales plus grandes, surtout la postérieure; en dessus, quatre plaques médianes très grandes et contiguës par paires (les premières dessinant un carré, les autres un triangle à sommet pos- térieur), enfin une petite plaque apicale; en dessous, cet abdomen est partiel- lement induré, il offre en avant une grande plaque épigastrique inégale et rugueuse, au milieu des plaques plus petites et inégales, disposées en deux séries transverses et formant par leur ensemble un scutum ventral, enfin, autour des filières, qui sont terminales et un peu saillantes, un cercle chiti- neux, interrompu de chaque côté (fig. 971). L'abdomen du Melychiopharis, bien détaché du céphalothorax, est presque arrondi, à peine acuminé en arrière, recouvert en dessus d’un scutum homo- gène, lisse et peu convexe (fig. 972); en dessous, son scutum ventral est indivis et son scutum épigastrique, très développé, atteint le milieu de la face ventrale et forme en avant, autour du pédicule, un petit rebord circulaire. Dans tous les cas, l’orifice génital, simple, fovéiforme et rebordé, est situé au bord postérieur de ce scutum et, par conséquent, largement séparé de la base de l’abdomen. Les pattes sont courtes, assez grêles et mutiques, peu inégales, sauf celles de la 3° paire qui sont plus courtes; leurs métatarses sont environ de même longueur que les tibias; leurs tarses, plus courts que les métatarses, portent des griffes fines ressemblant à celles des Gnolus ; les supérieures, longues et peu courbées, sont pourvues d’une série de dents nombreuses dépassant de beaucoup leur tiers apical et dont les dernières (apicales) sont plus longues que les autres. Les Testudinaria, au nombre de deux espèces (T. geometrica et T. elegans Tacz.), habitent le Pérou et le haut Amazone; ce sont des Araignées de 3 mill. de longueur et de teinte orangée. Le Melychiopharis cynips E. Sim., très petite espèce formiciforme, est également du bassin de l’Amazone. GENERA Abdomen supra plagulis coriaceis cancellatum, antice regionem tho- racicam obtegens. Sternum triquetrum, postice, inter coxas, trun- catumthaudiprodetum MR RUN RARE Testudinaria. Abdomen supra sculo integro lævi obtectum, antice sat longe petio- latum et cephalothoracem haud obtesens. Sternum angustum, subparallelum, postice coxas superans.............. Melychiopharis. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 907 Testudinaria Tacz., Horæ Soc. ent. Ross., XV, 1879, p. 131 (ad max. part.). Cephalothorax longior quam latior, sat convexus, parte cephalica a thora- cica haud discreta, antice parum attenuata et obtuse truncata. Oculi medii æqui, aream latiorem quam longiorem et antice quam postice paulo angus- tiorem occupantes. Oculi laterales utrinque a mediis sat remoti et inter se disjuncti {spatio interoculari oculo haud angustiore). Oculi quatuor postici in lineam valde recurvam, quatuor antici in lineam subrectam. Clypeus verticalis, planus, area oculorum haud angustior. Sternum longius quam latius, trique- trum, postice attenuatum sed, inter coxas disjunctas, recte truncatum. Abdomen longius quam latius, antice obtuse truncatum et partem thoracicam obtegens, postice sat longe attenuatum, supra cancellatum. Mamillæ subter- minales, prominulæ. Pedes mediocres, omnino mutici. Typus : T. geometrica Tacz. AR. GEOGR. : Peruvia. Melyehiopharis, nov. gen. Cephalothorax humilis, multo longior quam latior, antice vix attenuatus, postice magis attenuatus et truncatus, parte cephalica lævi, hau@ discreta, thoracica rugosa, impressione media parva transversa, notata. Oculi fere Tes- tudinariæ sed area mediorum antice quam postice haud angustior, oculi laterales utrinque subcontigui et clypeus retro obliquus. Sternum multo longius quam latius, subparallelum et coxas posticas superans. Abdomen sat longe petiolatum (thoracem haud obtegens), subrotundum, depressiusculum, supra scuto dorsali integro, subtus scuto epigasteris magno scutoque ventrali transverso munitum. Mamillæ terminales, prominulæ. Pedes breves et mutici, coxis parvis subglobosis inter se distantibus. Tyeus : M. cynips E. Sim. (sp. un.) (1). AR. GEOGR. : Brasilia : Amazonas. 24. URSEÆ Le nouveau genre Ürsa, que je considère comme type d’un groupe spécial, se rapproche des Testudinaria et des Gnolus par ses griffes tarsales fines, peu courbées et garnies d'une série de dents nombreuses dépassant leur tiers apical, mais il diffère surtout des premiers par l’armature de ses pattes anté- rieures, des seconds par la forme de son céphalothorax et par ses pièces buc- cales construites comme celles des Araneus. (1) Espèce inédite, dont voici la diagnose : M. cynips, sp. nov. — ®. Long. 2,5 mill. — Cephalothorax fulvo-rufescens, parte cephalica lævi, thoracica parce et grosse granulosa. Abdomen supra læve, aurantia- cum, macula anteriore, macula media et utrinque maculis marginalibus binis nigris ornatum. Sternum plagulæque ventrales rufa et coriacea. Pedes obscure rufescentes.— Amazonas. Eu « \ Ve 908 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Les yeux sont en deux lignes transverses presque droites (l’antérieure à peine procurvée, la postérieure à peine récurvée); les médians figurent un grand trapèze aussi large que long ou un peu plus long et beaucoup plus large en avant, avec les antérieurs ordinairement un peu plus gros que les posté- rieurs ; les latéraux, assez largement séparés des médians, et situés, de chaque côté, aux angles frontaux, sont égaux, presque connés et un peu proéminents. Le bandeau est vertical et à peine plus large que les yeux antérieurs. La marge inférieure des chélicères porte deux petites dents rapprochées du crochet (égales ou la seconde plus 974 975 forte), la supérieure, longuement obli- Ursa vitigera E. Sim. — Fig. 974. Patte Que, porte trois dents isolées dont la mâchoire du mâle. — Fig. 975. Chélicère médiane est beaucoup plus grosse que He En lesEonse les autres; le crochet est relativement long (fig. 975). Le sternum, cordiforme assez large, se termine en pointe obtuse entre les hanches postérieures rapprochées. Les pattes sont peu longues, peu robustes et peu inégales; leurs métatarses antérieurs, plus ou moins arqués, sont pourvus, au côté interne seulement (U. pulchra E. $S.) ou de chaque côté, d’une série très régulière de forts crins spiniformes (10 à 12) ordinairement presque égaux, quelquefois alternative- ment plus longs et plus courts comme ceux des Mimetides (U. vittigera E. S.) ; la série interne s'étend souvent aux tibias, au moins à leur extrémité, et à la base des tarses qui sont relativement longs et grêles. L'épigyne est simple, en fossette assez petite, limitée en arrière par un épais rebord lisse arqué. Le mâle de l’une des espèces que j'ai trouvées à Ceylan, se distingue de la femelle par sa taille environ d’un tiers plus petite, sa coloration plus obscure, ses téguments plus épais, ceux du céphalothorax étant fortement chagrinés, ceux de l’abdomen impresso-ponctués, son sternum, plus large, plus obtus en arrière, entre les hanches postérieures petites et plus distantes, enfin par ses pattes antérieures plus longues et plus grêles, surtout par leurs tibias, métatarses et tarses, dont les deux derniers, très fortement arqués, sont pourvus, au côté interne, d’une série de crins spiniformes encore plus longs et un peu courbes, rappelant ceux des Tecmessa; sa patte-mâchoire est nor- male; ses articles axillaires sont courts : la patella presque aussi large que longue ; le tibia annuliforme plus large que long; le tarse, très gros, ovale et arqué, pourvu à la base externe d’une petite branche perpendiculaire obtuse et semi-transparente ; le bulbe très volumineux, réniforme, mais assez simple (fig. 974). Les Ursa sont à peine de taille moyenne; leur faciès et leur coloration rap- pellent ceux des Araneus anciennement classés dans les genres Singa et Cercidia, mais leur abdomen est souvent acuminé en arrière comme celui des Cyclosa. Ce genre, peu nombreux, est très largement distribué, car j'en connais une FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 909 espèce du Transvaal (U. turbinata E. S.), trois de Ceylan (U. vitligera E. $., etc.) et une du bassin de l’Amazone {U, pulchra E. $.). Ursa, nov. gen. Cephalothorax fere Aranei. Oculorum lineæ binæ subrectæ (antica vix pro- curva, postica vix recurva). Oculi medii aream circiter æque longam ac latam et antice quam postice multo latiorem occupantes, antici posticis plerumque paulo majores. Oculi laterales à mediis sat remoti, utrinque subcontigui et prominuli. Chelarum margo inferior dentibus binis parvis, superior dentibus trinis, medio majore, instructi. Partes oris sternumque fere Aranei. Pedes modice longi, inter se parum inæquales, mutici, metatarsis et sæpe tibiis quatuor anticis, intus et interdum extus, setis rigidis regulariter uniseriatis, instructis. Typus : U. pulchra E. Sim. AR. GEOGR. : Africa austr. : Transvaal; ins. Taprobane et Amer. merid. : Amazonas (1). 25. GNOLEÆ Les Gnolus font le passage des Arcys aux Mimetides, auxquels j'avais un instant pensé les rapporter; leurs pattes ont en effet en partie l’armature de celles des Mimetides; leurs chélicères sont (au moins dans le genre type Gnolus) aussi très analogues, au moins par la courbure exagérée de leur cro- chet et l’effacement de leur marge inférieure, mais ce dernier caractère n’existe pas dans le genre Pæcilarcys dont les chélicères rappellent celles des Bertrana. D'un autre côté, les pièces buccales de ces Araignées et leurs organes sexuels ressemblent beaucoup plus à ceux des Araneus qu'à ceux des Mimetus. (1) Toutes les espèces de ce genre sont inédites; voici les diagnoses des trois prin- cipales : U. pulchra, sp. nov. — ®. Long. 4 mill. — Cephalothorax flavo-aurantiacus, versus marginem sensim dilutior. Oculi singulariter nigro-cincti. Abdomen ovatum, antice posticeque atlenuatum et obtusum, supra pallide flaveolum, vitta media lata, in medio ampliata et punctos flavidos binos includente, rufo-coccinea, decoratum, subtus fulvum, utrinque rufo-coccineum. Sternum auñantiacum. Pedes luridi, meta- tarsis quatuor anticis leviter curvatis et intus seriatim setosis. — Amazonas. U. turbinata, sp. nov. — Q. Long. 5 mill. — Cephalothorax subtiliter coriaceus, luridus, parte cephalica postice infuscata sed macula media albo-opaca notata. Abdo- men ovatum, antice breviter postice longe acuminatum et tuberculatum, pallide luridum, supra vitta foliiformi lata valde sinuosa et reticulata cinerea, subtus vitta media nigricanti, notatum. Sternum nigrum, antice testaceo-notatum, coriaceum. Chelæ, partes oris pedesque omnino lurida. — Af. austr. : Transvaal. U. vittigera, sp. nov. — Q. Long. 5 mill. — Cephalothorax fulvo-rufescens, subti- liter coriaceus, parce et crasse albo-pilosus. Abdomen oblongum, antice posticeque paululum attenuatum sed obtusum, supra pallide flavum, vitta media sat angusta et parallela obscuriore notatum, subtus fulvum. Sternum, chelæ, partes oris pedesque omnino fulva, — Ins. Taprobane. 910 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Leur céphalothorax est assez plat; sa partie céphalique, de niveau avec la thoracique, en est séparée par de profondes dépressions obliques, elle est à peine plus étroite, non atténuée en avant, avec le front très large et tronqué, quelquefois même saillant aux angles (G. angulifrons E. Sim.); la thoracique, marquée d’un large canal longitudinal, faisant suite aux impressions céphaliques, est tronquée et abaissée verticalement au bord postérieur. Les yeux, petits, égaux ou presque égaux, sont répartis en trois groupes largement séparés les uns des autres; le groupe des médians est rarement paral- lèle, tantôt un peu plus large (Gnolus), tantôt un peu plus étroit (Pæcilarcys) en avant qu’en arrière. Les yeux latéraux, connés et proéminents, occupent, de chaque côté, l’angle frontal. Fig. 976. AE NAS RE Les chélicères con cylindriques ; celles des Pœci- omelle trés see larcys ressemblent à celles des Bertrana, leur marge supérieure, oblique, est pourvue, près du crochet, d'une petite dent inclinée en avant et, beaucoup plus loin sur l’angle, de deux dents rapprochées dont la première est plus forte, tandis que la marge infé- rieure porte deux dents plus petites et égales, leur crochet est plus courbé et large à la base; dans le genre Gnolus, la marge inférieure est tantôt indis- tincte et mutique, tantôt pourvue d'une, de deux ou de trois petites dents granuliformes, tandis que la supérieure, assez courte et un peu dilatée, est armée sur l’angle de deux ou trois petites dents géminées, accompagnées de crins rigides; leur crochet, beaucoup plus courbé, presque semi-circulaire, ressemble à celui des Mimetides (fig. 977). Les pièces buccales, qui varient un peu d’une espèce à l’autre, et le sternum ont la structure de ceux des groupes précédents. L'abdomen a souvent la forme d’un triangle obtus à base antérieure plus ou moins échancrée (fig. 980); il est plus rarement fusiforme transverse, avec les extrémités latérales acuminées (G. spiculator Nic.) (fig. 978); celui des Pæcilarcys et des grosses espèces du genre Gnolus est entièrement mou, mais celui de quelques Gnolus plus petits, pour lesquels j'avais proposé le genre Arcidius, présente en dessus des plaques coriacées plus petites que celles des Testudinaria : les latérales, formant presque une couronne continue, les médianes un trapèze plus large en arrière. Les filières, non tubulées, sont ter- minales, quelquefois même saillantes et portées sur un tubercule segmenté rappelant celui des Dolophones. Les pattes des deux premières paires, beaucoup plus longues et plus robustes que les autres, ont les tibias et métatarses légèrement aplanis en dessous et armés, de chaque côté, de très longues épines divergentes et droites, généralement plus nombreuses au côté interne, et les métatarses, assez forte- ment arqués, présentent deux paires d’épines souvent encore plus longues et un peu courbes; dans les espèces les mieux caractérisées du genre Gnolus (G. cordiformis, spiculator Nic., etc.), on remarque de plus, entre les épines principales des tibias et métatarses, une série d’épines beaucoup plus petites FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 911 (généralement 2 entre chacune des épines tibiales, 4 ou 5 entre les métatar- sales); dans les plus petites espèces du genre Gnolus (G. unipunctatus E. S.) et dans le genre Pæœcilarcys, les petites épines manquent; elles n’existent parfois qu'aux métatarses (G. angulifrons E. Sim.) (fig. 979); mais, dans certains cas 977 978 979—980 981—982 Fig. 971. Gnolus unipunctatus E. S. Chélicère en dessous. — Fig. 978. G. spiculator Nic. Céphalo- thorax et abdomen. — Fig. 979. Poecilarcys ditissimus E. Sim. Tibia et métatarse de la 1re paire. — Fig. 980. Idem. Abdomen. — Fig. 981. Idem. Patte-mâchoire du mâle. — Fig. 982. Idem. Branche externe du tarse plus grossie. (G. lemniseatus E. S.), toutes les épines tibiales et métatarsales sont plus courtes et très nombreuses. Les griffes ont la structure de celles des Testudinariu. Les mâles {au moins ceux des P. ditissima E. $S. et Gnolus cordiformis Nic.) ne sont pas beaucoup plus petits que les femelles, mais ils sont plus grêles ; leurs métatarses sont plus longs, presque droits et ils manquent des petites épines sériées; leurs épines tibiales sont plus nombreuses; chez le Gnolus seulement, les tibias de la première paire sont un peu arqués en dedans et pourvus, vers le milieu, d’un groupe irrégulier de très fortes épines. Leur patte-mâchoire est longue, surtout celle du Gnolus ; son tibia est beau- coup plus long que la patella et presque cylindrique, tandis que son tarse, recouvrant le côté interne du bulbe, est presque discoïde et pourvu d’une pointe basale grêle, assez longue et détachée, simple, déprimée, sinueuse et obtuse chez le Gnolus, fortement arquée chez le Pæcilarcys où elle est divisée en deux branches dissemblables, l’une, interne, très grêle, droite et aiguë, l’autre, principale, courbée et terminée par une petite dilatation comprimée à bord serrulé (fig. 981 et 982); le bulbe a de l’analogie avec celui des Mimetides. Le genre Pæcilarcys ne renferme qu’une seule espèce, découverte récemment dans les montagnes du littoral algérien, le P. ditissima E. Sim., reconnais- sable à son abdomen triangulaire entièrement d’une belle couleur d’argent. Le genre Gnolus est américain ; quatre espèces chiliennes ont été décrites par Nicolet sous le nom générique d’Arkys (A. cordiformis, limbatus, nigriventris 949 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES et spiculutor Nic.) (1) et j'en ai fait connaître une quatrième le G. anguli- frons E. Sim. (2), qui diffère assez de ses congénères pour former un groupe spécial ; il est enfin représenté au Brésil par deux ou trois espèces plus petites (G. lemniscatus, unipunctatus E. Sim.), pour lesquelles j'avais proposé le genre Arcidius, qui ne mérite pas d’être maintenu. GENERA Area oculorum mediorum antice quam postice latior. Chelæ fere Ber- GATE 08 RE DT NC INR RE ER APE SR AE Eee Pœæcilarcys. Area oculorum mediorum parallela vel antice quam postice paulo angustior. Chelarum margo inferior fere semper muticus, unguis Valde areas ee EM A A RUE MON RER Gnolus. Gnolus E. Sim., Ann. Soc. ent. Belg., C. R., av., 1879. — Arkys Nicolet (ad part.). — Testudinaria Tacz. (ad part. T. quadripunctata). — Arcidius E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1893, p. 327. Cephalothorax humilis, parte cephalica thoracica vix angustiore, antice haud attenuata, fronte late truncata, parte thoracica postice abrupte declivi, fovea ovato-longitudinali impressa. Oculi medii parvi, aream paulo latiorem quam longiorem, parallelam seu antice angustiorem, occupantes. Oculi laterales parvi, æqui, plerumque contigui, a mediis late remoti et angulos frontales occupantes. Clypeus ‘area oculorum haud vel non multo angustior. Tibiæ metatarsique antici subtus leviter deplanati et utrinque aculeis divaricatis longis instructi, et sæpe, inter aculeos principales, aculeis seriatis minoribus muniti. Abdomen molle vel supra cancellatum, transversum cum angulis lateralibus productis (G. spiculator Nic.) vel longius triquetrum, antice rotun- dum vel emarginatum. Typus : G. cordiformis Nic. AR. GEOGR. : Brasilia, Peruvia et Chili. Les espèces de ce genre peuvent se rapporter à quatre groupes : A. — Cephalothoracis frons truncata, utrinque haud prominula. Oculi medii parvi, æqui, aream paulo latiorem quam longiorem et antice quam pos- tice paulo angustiorem, occupantes. Oculi laterales utrinque contigui et vix prominuli. Abdomen molle. Tibiæ metatarsique antici subtus utrinque aculeis divaricatis longissimis aculeisque intermediis minoribus instructi (G. spicu- lator, cordiformis Nic.). B. — Cephalothorax præcedentium. Oculi medii parvi, inter se subæquales, aream subparallelam, multo latiorem quam longiorem, occupantes. Abdomen cordiforme, duriusculum, punctis ocelliformibus impressum. Tibiæ metatarsi- (4) Arkys variabilis, du même auteur, est synonyme de G. cordéformis, tandis que son À. parvulus est synonyme du G. spiculator. (2) Cf. Actes Soc. Sc. du Chili, 1895. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 913 que antici subtus utrinque aculeis divaricatis longissimis paucis armati sed aculeis intermediis carentes (G. wnipunclatus E. S$.). C. — Cephalothorax, oculi abdomenque præcedentium. Tibiæ metatarsique antici intus aculeis brevioribus inter se æquis numerosissimis et uniseriatis, instructi (G. lemniscatus E. S.). D. — Cephalothorax sat convexus, antice leviter ampliatus, truncatus, et utrinque, ad angulum, turbinato-productus. Oculi medii aream vix latiorem quam longiorem et antice angustiorem occupantes, postici anticis majores. Oculi laterales utrinque inter se anguste separati. Abdomen molle. Tibiæ metatarsique antici subtus utrinque aculeis longis muniti sed tibiæ aculeis intermediis carentes (G. angulifrons E. Sim.). Pœæcilareys, nov. gen. — Epeira E. Sim., Expl. Sc. Tun.. Ar., 1885, p. 22 (ad part. E. ditissima). À Gnolo differt oculis mediis parvis, aream paulo latiorem quam longiorem et antice quam postice paulo latiorem occupantibus, tibiis metatarsisque anti- cis aculeis inferioribus longissimis et divaricatis (in tibiis 4-3, in metatarsis 2-9) armatis et metatarsis, leviter curvatis, intus serie numerosa aculeorum minorum munitis, abdomine molli longiore quam latiore, antice truncato et obtusissime emarginato, postice longe attenuato. Tyeus : P. ditissimus E. Sim. AR. GEOGR. : Africa septentrionalis. 26. THERIDIOSOMATEÆ Les Theridiosoma, qui ont été rapportés à l'origine à la famille des Theri- dides, forment, avec les Ogulnius et les Vendilgarda, un petit groupe naturel dans lequel les caractères de la sous-famille des Argiopinæ sont très affaiblis, dont les griffes tarsales, notamment, sont d’un type très différent et plus simple; parmi les Argiopinæ ce sont des Hypognatha, que ces Araignées se rapprochent le plus, mais on ne peut nier qu'elles n'aient aussi de très srandes analogies avec les Theonoe, analogies qui se retrouvent même dans la structure des organes sexuels; les Theonoe et les Mysmena, que j'ai compris dans la famille des Theridiides (voy. p. 586), pourraient même à la rigueur être considérés comme des formes très réduites de Theridiosoma, ayant les lames convergentes, la rainure des chélicères et les griffes tarsales mutiques ; ces deux derniers caractères se retrouvent dans le genre Phricotelus dont les affinités ne me paraissent pas douteuses et dans la plupart des genres du groupe des Anapis, tandis que la forme des lames y reste presque toujours beaucoup plus semblable à celle des Araneus qu'à celle des Theridion. Le céphalothorax des Theridiosoma est court, large et arrondi latéralement dans la partie thoracique qui est déclive, cachée par l'abdomen et marquée d’une impression transverse mal définie, graduellement atténué et élevé dans la partie céphalique qui est convexe, rarement longue (Andustu) ni très courte et gibbeuse (Ogulnius), mais toujours limitée par de profondes dépressions d8 94% HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES obliques souvent réunies en forme de large sillon semi-circulaire, analogue à celui des Cyclosa et des Poltys. Les yeux sont nettement hétérogènes; les postérieurs sont en ligne presque toujours procurvée, rarement droite; les médians, plus gros que les latéraux (sauf dans le genre Vendilgurda), sont presque toujours plus resserrés, sou- vent même presque contigus l’un à l’autre, sauf cependant dans les genres Ogulnius et Phricotelus, où ils sont, au contraire, plus écartés. Les yeux anté- rieurs, très resserrés, sauf dans quelques espèces du genre Vendilgarda, sont en ligne droite ou légèrement procurvée; les médians, seuls du type diurne, sont généralement plus gros que les latéraux; l'aire circonserite par les médians est plus longue que large et: presque parallèle, sauf dans le genre Ogulnius, où elle est beaucoup plus étroite en avant. Le bandeau vertical, mais un peu creusé au-dessous des yeux, est presque aussi large que l'aire oculaire, sauf dans les genres Andasta et Phricotelus, où il est beaucoup plus étroit (1). Les chélicères sont robustes, assez longues et parallèles ; leurs marges, assez longuement obliques, sont toujours armées de dents dont la disposition varie un peu selon les espèces; dans le Theridiosoma concolor Keyserl. et formes AIRNESS À U CIS 983984 085 Y86—987 Fig. 983. Theridiosoma gemmosum L. Koch. Céphalothorax et abdomen de profil. — Fig. 984. Ogulnius obtectus Cambr. Sternum. — Fig. 985. Phricotelus stelliger E. Sim. Céphalothorax et abdomen de profil. — Fig. 986. Vendilgarda theridionina E, Sim. Chélicère en dessous. — Fig. 9817. Theridiosoma fauna E. Sim. Patte-mâchoire du mâle. voisines, chacune des marges porte deux dents isolées dont la première, située très près de la base du crochet, est plus grosse et un peu arquée en avant; dans le Vendilgarda theridionina KE. Sim., du Venezuela, la marge supérieure porte trois dents isolées, les deux premières égales, la troisième beaucoup plus (1) Et surtout dans le genre ÆEpeirotypus Cambr., qui m'est inconnu en nature et douteux pour le groupe. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ JS petite, tandis que la marge inférieure présente une série de 4 ou 5 dents beau- coup plus petites, égales et serrées, commençant très près du crochet; celui-ci est assez long, arqué et robuste à la base (fig. 986). Les pièces buccales sont construites comme celles des Araneus; la pièce labiale, plus large que longue, est fortement atténuée, arrondie ou très obtu- sément tronquée à l'extrémité ; les lames, convexes et au moins aussi larges que longues, sont presque carrées, nullement inclinées, mais leur angle supéro-interne est quelquefois un peu saillant en avant de la pièce labiale. Le sternum est généralement un peu plus long que large, légèrement atténué en arrière où il est très obtus ou tronqué, entre les hanches posté- rieures distantes, mais non échancré ; sa troncature postérieure, très large dans le genre Ogulnius (fig. 984), devient plus étroite dans le genre Vendilgarda et dans les grosses espèces américaines du genre Theridiosoma. Les pattes sont robustes et courtes, sauf dans le genre Vendilgarda, où elles rappellent celles des Theridion; les antérieures sont un peu plus longues que les postérieures, sauf dans le genre Ogulnius, où elles sont remarquablement courtes et trapues; leurs articles sont cylindriques, dépourvus de véritables épines, mais hérissés de très longs crins rigides inégaux; leurs métatarses sont rarement plus longs que les tibias, atténués à l’extrémité ; leurs tarses, très acuminés, portent des griffes supérieures assez fines dès la base et pour- vues, vers le milieu seulement, de deux, trois ou quatre dents fines et couchées en avant dont la première est la plus longue et une griffe inférieure très longue, coudée à angle droit, dépourvue de dents et terminée en pointe très effilée; dans les plus petites espèces (Phricotelus stelliger E. Sim.), les griffes supérieures sont même mutiques; dans tous les cas, les griffes auxi- liaires m'ont paru manquer. Ces Araignées sont toutes remarquables par le volume de leurs organes sexuels; chez les femelles, l’épigyne est une grosse saillie transverse, occupant presque toute la largeur de l'épigastre, semi-circulaire ou triangulaire, creusée, sur sa face postérieure, d'une fossette en partie obturée par une lame verticale de forme variable; chez les mâles, la patte-mâchoire à un fémur grêle, une patella et un tibia petits et courts, un tarse extrêmement long, tantôt étroit et parallèle, tantôt élargi et convexe vers le milieu, arqué et contournant le bord interne du bulbe, pourvu, à la base externe, d’une très petite branche accessoire, tantôt fine, presque séliforme et arquée (T. gemmosum L. K.), tantôt épaisse et tuberculiforme (1. faunu E. S.); le bulbe, presque complètement à découvert, est un gros globule rouge et lisse, presque aussi volumineux que le céphalothorax, homogène, sauf à l'extrémité, où il offre une lame fortement contournée et généralement noire au moins à la pointe [fig. 987). La patte-mâchoire de la femelle est assez grêle; son tibia est plus long que la patella ; son tarse, généralement plus long que le tibia, est très acuminé. garni de longs crins spiniformes irréguliers, dépourvu de griffe ou n’en pré- sentant qu’une très petite, fine, presque droite et mutique. L’abdomen est dépourvu de scuta; ses téguments sont mous, sauf quelque- fois dans la région épigastrique, et souvent pourvus de très longs crins dressés ; 916 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES il est toujours volumineux et les filières, fortement ramenées en dessous, ne laissent qu'un plan ventral assez court et souvent convexe; dans la plupart des Theridiosoma, Vendilgarda et Oqulnius, il est tout à fait globuleux, couvrant une grande partie du céphalothorax (fig. 983); celui de plusieurs Theridiosoma est ovale plus allongé, quelquefois atténué en arrière et dépassant de beaucoup les filières (T. splendidum Tacz.), mais le plus remarquable est celui du Phri- cotelus stelliger E. Sim., qui s'élève en cône extrêmement haut, terminé par un renflement plissé portant plusieurs petits appendices charnus, inégaux et divergents (fig. 985). La toile orbiculaire des Theridiosoma diffère, sous bien des rapports, de celle des Araneus. Celle de l'espèce type, T. gemmosum L. Koch, a été observée et décrite par Mac Cook aux États-Unis (sous le nom d'Epeira radiosa) (1); les rayons, au lieu de converger tous régulièrement, y sont réunis par groupes de trois ou quatre, et ceux, peu nombreux, qui se croisent au centre, n’y sont pas accompagnés du fil spirale, qui ne manque jamais dans les toiles ordi- naires ; de plus, le fil conducteur qui, dans celle-ci, prend toujours une direc- tion oblique, est ici tout à fait perpendiculaire au plan de la trame, sur laquelle il exerce une traction suffisante pour donner à l’ensemble des rayons une forme conique. J’ai aussi observé, au Venezuela, les toiles des Theridiosoma fauna et Ven- dilgarda theridionina E. Sim.; la première ne diffère de celle du T. gemmosum ni par son fil conducteur, ni par sa forme conique, mais ses rayons, au nombre d’une quinzaine, régulièrement et largement espacés, convergent tous au centre et ses cercles visqueux, au nombre de huit à dix, sont également réguliers, laissant, au centre, un large espace vide où ne se voit aucun fl spirale, qui paraît cependant remplacé par deux très petits cercles soyeux au milieu desquels prend attache le fil conducteur perpendiculaire; l’Araignée se tient constamment sur son fil conducteur, près de son point d’attache, et la tête tournée en dehors, l'extrémité de l'abdomen s'appuyant sur les deux petits cercles du centre; la toile du Vendilgarda, tendue sous la voûte des rochers humides, qui surplombent les torrents et les mares, est un petit réseau très élémentaire, composé de quelques fils rayonnants peu réguliers, n'offrant que très vaguement les linéaments d’une toile orbiculaire. Le cocon ovigère, de tissu papyracé, est très longuement pédiculé ; celui des Theridiosoma est globuleux ; son pédicule, très long et fin, est formé d’un seul gros fil cylindrique d’une teinte différente de celle du cocon sur lequel il prend attache par une dilatation en forme de cône tronqué ; au moment de l'éclosion, ce petit cône se soulève comme un couvercle n’adhérant plus que sur un point de sa circonférence et découvrant une ouverture ronde qui donne passage aux jeunes ; le cône du T. gemmosum L. Koch est lisse et très blanc, tandis que le cocon globuleux est jaunâtre; une autre espèce du Venezuela, construit un cocon noirâtre dont le cône, de teinte jaunâtre, est orné, à son point d’attache, d’une petite collerette circulaire et souvent même de plusieurs rainures; le (4) Cf. Mac Cook, Proceed. Acad. Nat. Sc. Philad., 1881, p. 163 et Amer. Spid., etc., Lohsaue 3 j FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 917 cocon, que Vendilgarda theridionina E. Sim. suspend sous la voûte des rochers humides, est ovale, très aitténué en pointe aux deux extrémités et orné de cinq grosses côtes très régulières ; le pédicule, qui est plus long que le cocon et en continuité avec lui, est très fin et cylindrique ; tous les cocons que j'ai trouvés offraient dans le haut, près la base du pédicule, une déchirure latérale pro- bablement pratiquée par les jeunes au moment de leur sortie. Le type du genre Theridiosoma (T. gemmosum L. Koch) se trouve à la fois en Europe et aux États-Unis d'Amérique, mais la forme américaine a souvent été considérée comme une espèce propre (Ep. radiosa Mac Cook) ; on en con- naît une espèce voisine de Sumatra (T. Picteti E. Sim.) et quatre ou cinq de l'Amérique du Sud ; j’en possède d’autres, inédites, du Venezuela, du Brésil et de Ceylan; il faudra aussi lui rapporter plusieurs des espèces décrites par Keyserling sous le nom générique de Wendilgarda (notamment W. obscura et nigra Keyserl.); ce sont de petites Araignées rarement unicolores, ordinaire- ment fauves et ornées de taches noires mêlées de points ou de bandes argen- tées. Les Vendilgarda, dont on connait deux ou trois espèces, propres à l'Amérique centrale et méridionale, ont le faciès des Theéridions, elles sont de teinte rougeâtre, avec les pattes rembrunies aux extrémités. Les Ogulnius, encore plus petits que les Theridiosoma et granuliformes, sont unicolores et fauves ; on en connaît trois espèces américaines, et j’en ai trouvé quelques-unes à Ceylan. Les deux genres Andastu et Phricotelus, qui ne ren- ferment chacun qu’une seule espèce, sont propres à Ceylan, et le genre Helvidia Thorell, à Sumatra. GENERA 1. Oculi medii postici a lateralibus quam inter se remotiores. ...... 2 — Oculi medii postici inter se quam a lateralibus remotiores ...,... 4. 2. Pars cephalica angusta et longa. Area oculorum mediorum angusta, parallela et saltem duplo longior quam latior.......... ... Andasta. — Pars cephalica brevis et lata. Area oculorum mediorum non multo loneionquam lation EEE NT US RE TR RATE 3. 3. Oculi postici inter se parum separati, medii lateralibus majores. BÉTÉSMIUTENE MC NOUS IAE PEN ERR Theridiosoma. — Oculi postici parvi, æqui, inter se distantiores. Pedes longi fere INOSOCOPERERENS CEE ÉNEN PR EN TEE SEE ET Vendilgarda. 4. Oculi postici in lineam valde procurvam. Clypeus altus. Abdomen EIdbOS UNE... DO Oo b mat 8 Ie CRAN Ogulnius. — Oculi postici in lineam subrectam. Clypeus angustus. Abdomen altissime turbinatum. ...... CHORALE, d'A CIEL TAN CIE .. Phricotelus. 918 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Theridiosoma Cambr., Ann. Mag. Nat. Hist., 1879, p. 193. — Theridion L. Koch, 1878 (ad part). — Theridion Taczanowski, 1879 (ad part. T. splendidum). — Microepeira Emerton, Tr. Connect. Acad., VI, 1884, p. 320. — Wendilgarda Keyserl., Sp. Amer. Therid., II, 1886, p. 131 (ad part. W. obscura, nigra, etc.). — Theridiosoma Mac Cook, Amer. Spid., etc., III, 189%, p.257. Ac, 424. Yo Ï P: 145" Oculi postici magni, in lineam plus minus procurvam rarius subrectam, medü lateralibus majores, a lateralibus quam inter se remotiores, sæpe subcontigui. Oculi antici inter se appropimquati, in lineam rectam seu leviter procurvam, medii (diurni) lateralibus plerumque majores. Area mediorum subparallela et longior quam latior. Clypeus area oculorum mediorum bhaud vel non multo angustior, sub oculis depressus. Sternum late cordiforme, postice obtusum. Pedes robusti et breves, setis spiniformibus longis parce hirsuti, metatarsis teretiusculis, tarsis acuminatis metatarsis brevioribus. Abdomen globosum, vel breviter oblongum (T. concolor Keyserl.) vel oblongum et postice produc- tum (T. splendidum Tacz.). Typus : T. gemmosum L. Koch. AR. GEOGR. : Eur. et reg. mediterr.; Asia trop. et Malaisia; Amer. sept. et merid. Andasta, nov. gen. À Theridiosomati differt cephalothoracis parte cephalica multo longiore et angustiore, oculis posticis in lineam subrectam, mediis majoribus, subangu- losis, inter se subcontiguis sed a lateralibus sat late remotis, oculis quatuor anticis in lineam rectam, posticis minoribus, inter se æquis et subcontiguis, area oculorum mediorum angusta, parallela et saltem duplo longiore quam latiore, clypeo angustiore. Typus : À. semiargentea E. Sim. (sp. un.) (1). AR. GEOGR. : Ins. Taprobane. Vendilgarda Keyserl., Sp. Amer. Therid., IT, 1886, p. 131 (Wendilgarda) (ad part. W. mexicana, etc.). A Theridiosomati præsertim differt oculis posticis minoribus, æquis, in lineam valde procurvam, inter se remotioribus (mediis a lateralibus quam inter se multo remotioribus sed a sese spatio oculo non multo minore distan- tibus), oculis anticis in lineam rectam, pedibus multo longioribus fere Theridü. (1) Espèce inédite, dont voici la diagnose : A. semiargentea, sp. nov.— ©. Long. 2 mill. — Cephalothorax lævis, glaber, niger, parte thoracica lurido-marginata et in medio late lurida. Abdomen globosum, supra læte argenteum, parce et inordinate nigro-punctatum et antice, in declivitate, late nigro-marginatum. Sternum fusco-rufescens, nigricanti-marginatum. Pedes obscure fulvi, fusco sublineati et subannulati, — Ins. Taprohane : Kandy !. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 919 Tyeus : V.-mericana Keyserl. AR. GEOGR. : Mexicum et Venezuela (1). Ogulnius Cambr., Proceed. Zool. Soc. Lond., 1882, p. 432. Oculi postici in lineam valde procurvam, medii lateralibus majores et inter se quam a lateralibus multo remotiores. Oculi antici in lineam subrectam seu leviter recurvam, medii lateralibus majores et a lateralibus quam inter se paulo remotiores. Area mediorum magna, antice quam postice multo angustior. Sternum subquadratum, postice latissime truncatum, spatium intercoxale articulo saltem duplo latius. Pedes brevissimi et robustissimi. Abdomen maximum, sphæricum, antice projectum et cephalothoracem fere omnino obtegens. Typus : O. obtectus Cambr. AR. GEOGR. : Ins. Taprobane; Amer. merid. Phricotelus, nov. sen. Cephalothorax brevissimus, antice acclivis, fronte lata. Oculi postici me- diocres in lineam subrectam (levissime procurvam), medii inter se quam a lateralibus remotiores et paulo majores. Oculi antici subæquales, in lineam procurvam. Oculi laterales utrinque contigui et inæquales, anticus postico multo major. Clypeus area oculorum multo angustior. Partes oris, sternum pedesque fere Theridiosomatis sed unguibus tarsorum minutissimis et saltem anticis muticis. Abdomen molle, altissime turbinatum. Tyeus : P. stelliger, sp. nov. (2). AR. GEOGR. : Ins. Taprobane. GENERA INVISA ET INCERTÆ SEDIS Helvidia Thorell, Sé. Rag. Mal., etc., IV (Vol. I), 1890, p. 279. « À Theridio præsertim forma maxillarum differt, hac in re cum Theridio- (1) L'espèce du Venezuela, dont j'ai observé les mœurs (p. 916), est inédite : V. theridionina, sp. nov. — 4 Q. Long. 2 mill. — Cephalothorax lurido-rufescens, glaber et nitidus. Oculi quatuor antici inter se subcontigui, medii lateralibus majores. Abdomen magnum, globosum, fulvum, parce breviter et tenuissime pubescens, Sternum, chelæ, partes oris pedesque fulvo-aurantiaca, metatarsis tarsisque infuscatis. -— Venezuela : San-Esteban !, (2) Cette espèce est inédite, en voici la diagnose : P. stelliger, sp. nov. — Q. Long. 0,8 mill. — Cephalothorax lævis, obscure olivaceus, regione frontali nigra, macula thoracica nigricanti maxima et leviter dentata, notatus. Abdomen atrum, crebre sed confuse lestaceo-atomarium, parce et sat longe fulvo— pilosum, cephalothoracem fere omnino obtegens, fere triplo altius quam longius, sensim attenuatum sed apice leviter ampliatum et appendicibus quatuor divaricatié gracilibus sed obtusis insigniter munitum. Sternum nigrum. Pedes brevissimi el robusti, luridi, valde nigro-annulati. Vulva unco parvo, albido, retro-direclo instructa. — Ins. Ta- probane !. 920 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES somate Cambr. conveniens, ab hoc genere serie oculorum postica recurva, oculis mediis posticis longius inter se quam a lateralibus remotis, area oculorum mediorum rectangula cet. abunde differens. » Typus : H. scabricula Thorell (sp. un.). AR. GEOGR. : Ins. Sumatra. Epeirotypus Cambr., Biol. Centr. Amer., Arach., 1894, p. 136. Genre de classification fort incertaine, l’auteur le donne comme voisin des Theridiosoma et Ogulnius, dont il différerait cependant par son bandeau étroit égalant à peine les yeux médians antérieurs. — Une seule espèce, E. brevipes Cambr., du Mexique. 27. CHORIZOPEÆ Le genre Chorizopes Cambr. est l’un de ceux qu'il est difficile de classer avec certitude, il s’éloigne encore beaucoup plus du type normal de la sous- famille des Argiopinæ que les Hypognatha et les Theridiosoma, avec lesquels 1l a cependant certains rapports, mais c’est avec les genres du groupe des Anapis, dont je parlerai plus loin, qu’il me paraît avoir le plus d’analogie, principale- ment par ses chélicères et ses pièces buccales, qui dif- fèrent beaucoup de celles des genres précédents ; d’un autre côté cependant, ses griffes tarsales et ses organes sexuels, moins mo- difiés, ressemblent davan- tage à ceux des Argiopinæ normaux. Le céphalothorax est plus long que large; sa partie céphalique est très large, très convexe, gibbeuse et brusquement abaissée en arrière sur une partie tho- racique très courte, atténuée et recouverte par l'abdomen (fig. 988). 988—989 990 Chorizopes frontalis Cambr. — Fig. 988. Céphalothorax et abdomen de profil. — Fig. 989. Pièces buccales. — Fig. 990. Chélicère en dessous. Les yeux médians figurent un trapèze aussi large que long et un peu plus étroit en avant ; les antérieurs, un peu plus gros et plus resserrés que les pos- térieurs, ne sont séparés du bord que par un bandeau assez étroit (à peine plus large que le diamètre de l’œil), vertical et plan. Les yeux latéraux, connés, sont très largement séparés des médians et situés, de chaque côté, près du bord, au*#tlelà de l’angle frontal qui est très obtus; l'antérieur est beaucoup plus petit que le postérieur. Les chélicères, qui occupent toute la largeur du front, sont très puissantes, convexes à la base, mais très atténuées et coniques; tantôt verticales et paral- FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 924 lèles (C. frontalis Gb.), tantôt fortement divergentes (C. mucronatus E. Sim.) ; leur marge inférieure est indistincte et mutique ; dans le C. frontuhs, la supé- rieure est pourvue d’une légère dilatation cariniforme armée d’une série de quatre ou cinq dents presque égales, fines et subcontiguës (fig. 990); dans le C. mucronatus, elle n'offre aucune dilatation et est armée de trois dents espa- cées ; son crochet, régulièrement arqué, un peu déprimé à la base, ensuite cylindrique, est beaucoup plus long que celui des autres Argiopinæ et res- semble à celui des Prodidomides (p. 333) et de certains Theridiides, tels que les Sedasta (p. 530). Les pièces buccales ont aussi de l’analogie avec celles de quelques The- ridiides ; les lames sont près de deux fois plus larges que longues, leur angle interne est un peu atténué, obtus et convergeant sans cependant se rencontrer tout à fait en avant de la pièce labiale ; celle-ci est triangulaire, beaucoup plus large que longue (fig. 989). Le sternum est triangulaire, aussi large que long et plan, terminé en petite pointe subaiguë et infléchie, entre les hanches postérieures très rapprochées. L’abdomen est plus long que large et presque parallèle, tronqué en arrière, avec les angles et le milieu légèrement saillants, quelquefois aussi pourvu, de chaque côté, de trois petits tubercules (C. mucronatus E. Sim.); sa face dor- sale, presque plane, est légèrement coriacée et pubescente ; en dessous, son épigastre est un peu épaissi et strié en travers; l’orifice génital, situé au bord postérieur de cette plaque épigastrique, est une fossette semi-circulaire, ren- fermant une petite plaque lisse de même forme. Les pattes sont courtes, grêles, peu inégales et mutiques ; leurs métatarses sont un peu plus courts que les tibias: leurs griffes supérieures sont assez grêles, légèrement coudées vers le milieu, droites et mutiques dans leur partie apicale, armées, dans la basilaire, d’un petit nombre de dents, dont la pre- mière est beaucoup plus longue que les autres; leur griffe impaire est au moins aussi longue que les supérieures, fortement coudée près la base où elle est pourvue d’une seule petite dent ; ces griffes sont accompagnées de quelques poils villeux, qui représentent sans doute les griffes auxiliaires. La patte-mâchoire de la femelle est petite et grêle ; son tibia est plus long que la patella et son tarse plus long que le tibia. Celle du mâle, également courte, est beaucoup plus robuste et construite comme celle des Araneds; sa patella est cylindrique et convexe; son tibia, plus court, fortement élargi transversalement à l’extrémité et cupuliforme ; son tarse, long, assez étroit et courbe, ne couvrant que le côté interne du bulbe, est pourvu, à la base externe, de deux apophyses . la première, repré- sentant la branche externe, est courbée en dehors et tronquée avec les angles saillants ; la seconde est beaucoup plus petite et dirigée en arrière ; son bulbe, très volumineux et déjeté en dehors, ressemble surtout à celui des Argiope et des Cyclos«. En dehors de sa patte-mâchoire, le mâle est semblable à la femelle. Le genre Chorizopes ne renferme que deux espèces : le C. frontalis Cambr., 922 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES découvert à Ceylan et indiqué depuis de Birmanie (Thorell), et le C. mucro- natus E. Sim. (1), propre à Ceylan. Je les ai trouvées en assez grand nombre sur les buissons sans avoir pu observer leur toile ; ce sont de petites Araignées (2 mill.) ayant un peu le faciès et la coloration des Cyclosa et de certains ATraneus. Chorizopes Cambr., Pr. Zool. Soc. Lond., 1870, p. 737. Cephalothorax longior quam latior, antice latus et obtusus, postice leviter attenuatus, parte cephalica maxima et valde convexa, thoracica parva et declivi. Oculi medii aream æque longam ac latam et antice quam postice an- gustiorem occupantes, medi antici posticis paulo majores. Oculi laterales utrinque æqui et contigui, a mediis latissime distantes. Clypeus angustus. Chelæ robustissimæ sed acuminatæ, margine superiore sulci dentato, infe- riore indistincto et mutico, ungue longo et gracili. Pars labialis transversim triquetra. Laminæ breves, latæ, intus convergentes. Sternum triquetrum. postice acuminatum et coxæ posticæ inter se subcontiguæ. Pedes breves, gra- ciles et mutici, inter se parum inæquales. Tvpus : C. frontalis Cambr. AR. GEOGR. : Ins. Taprobane et Birmania. GENUS INVISUM C'est dans le voisinage des Chorizopes qu’il faut placer, d’après Thorell, le genre Artonis (Anania), dont les caractères paraissent fort ambigus. Artonis Thorell (2) — Anania Thorell, Deser. Catal. Spid. of Burma., 1895, p. 148 (nom. præocc.). « (Genus satis incertæ sedis Aréonis est, ad formam cephalothoracis cum nonnullis Zodariidis similitudinem haud levem præ se ferens, forma maxilla- rum et labii ut et clypeo non transversim impresso plane cum Argiopidis conveniens, clypeo solito altiore (fere ut in Theridiüdis), a plerisque Argiopidis discrepans. Gen. Chorizopi Cambr., affine tamen videtur hoc genus. » Tvypus : A. bituberculata Thorell. AR. GEOGR. : Birmania et fortasse Africa orient. (A. gallana Pavesi). (1) Espèce inédite, dont voici la diagnose : C. mucronatus, sp. nov. — Q. Long. 1,8 mill. — Cephalothorax nigro-rufescens, coriaceus, parte cephalica longe albo-crinita. Abdomen breve, utrinque iuberculis parvis trinis et postice tuberculo simili instructum, obscure cinereum, supra linea media cruciata albida, notatum. Sternum nigrum. Chelæ pedesque lurido-olivacei, hi fusco-annulati. — Ins. Taprobane |. (2) Nom. in litteris. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 923 28. ANAPEÆ Les genres Anapis [Amazula (1)] et Tecmessu, rapportés jusqu'ici à la famille des Theridiides dont ils ont le faciès, ne présentent qu’à un degré très affaibli les caractères de la sous-famille des Argiopinæ; ils sont cependant reliés au groupe des Theridiosoma par le genre Ogulnius et à celui des Hypognathau par les genres Physiolu (p. 875) et Chorizopes (p. 922); leurs chélicères et, dans certains cas (Tecmessa), leurs pièces buccales ont une grande analogie avec celles de ces derniers; mais leurs organes sexuels, qui rappellent ceux des Tetragnathinæ (2), et leurs griffes tarsales, très fines et mutiques, diffèrent beaucoup de ceux de tous les genres étudiés précédemment. Le céphalothorax est plus long que large; sa partie céphalique est fortement convexe, quelquefois gibbeuse, peu atténuée en avant et tronquée droit au bord frontal ; elle s’abaisse en arrière sur la partie thoracique dont elle est séparée Oh A par un sillon semi-circulaire, souvent TRE LATIN 2 . x | "A1 doublé d’une petite carène, rappelant ce- A lui de certains Theridiides (Virada); elle est toujours très lisse, tandis que la tho- racique est fortement chagrinée et opa- que; son bandeau est très large, vertical OO et plan (fig. 991 A). P gs ] 2 Les yeux sont très nettement hétéro- gènes ; les médians antérieurs étant seuls < diurnes, mais ces yeux diurnes manquent O0 parfois, car, dans ce groupe, il y à E NC des genres octuculés et des genres séno- culés. Dans le genre Tecmessa qui figure Fig. 991 à 995. parmi les premiers, les huit yeux sont A. Anapis (sp. ind.). Face et chélicères vues fort resserrés; les médians antérieurs en avant. — A’. Tree Front en ÉESRe diurnes sont un peu plus gros et plus C. Chasmocephalon bimaculatum ÆE. Sim. 2 50 Face vue en avant. — D. Æpecthina circi- COVER QUE les autres; les médians fi- nata E. Sim. Front vu en dessus.—E. Tec SUrent un groupe presque parallèle ou à messa quinquemucronala E. Sim. Front vu peine plus large en avant et plus long Fe CERRse que large, avec l’espace interoculaire plus ou moins convexe; les yeux latéraux sont, de chaque côté, égaux, connés et à peine séparés des médians; le bandeau, presque aussi large que l'aire ocu- laire, est creusé au-dessous des yeux, puis un peu convexe (fig. 995 E). Dans le genre Anapis, les yeux sont réduits à six ; les médians postérieurs (1) Amazula Keyserling, 1886, nom employé antérieurement par Kraatz pour un genre de Coléoptère. | (2) Les Anapis ont, notamment, une très grande analogie avec les Cyatholipus (voy. p. 712), mais, chez ceux-ci, les chélicères et les pièces buccales rappellent surtout celles des Erigone, et la proportion des articles des pattes n’est pas la même. 024 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES sont assez gros et connés l’un à l’autre mais largement séparés des latéraux avec lesquels ils figurent, vus en dessus, une ligne presque droite (fig. 992 A°), vus en avant, une ligne très fortement procurvée en demi-ellipse (fig. 994 A). Dans le genre Chasmocephalon, la disposition oculaire serait la même s’il ne s’y ajoutait deux très petits yeux médians antérieurs, proéminents et placés en avant des postérieurs, avec lesquels ils figurent un trapèze plus étroit en avant (fig. 993 C). Le genre Epecthina offre une cu- rieuse modification ; ses yeux médians postérieurs sont également connés, mais plus reculés et les deux paires d’yeux laté- rales, au lieu d’être situées sur les côtés de la partie céphalique, sont beaucoup plus avancées,rapprochées l’une de l’autre et elles fi- gurent sur le bord frontal une ligne transverse ré- Fig. 996 à 1000. curvée, à peine interrom- A”, Anapis (sp. ind.). Céphalothorax et abdomen de profil. — pue dans le milieu; les A”. Idem. Patte-mâchoire du mâle. — B. Anapis algerica YEUX médians antérieurs E. Sim. Patte-mâchoire du mâle.— D’. Epecthina circinata sont oblitérés comme ceux E. Sim. Face vue en avant. — D”. Céphalothorax et abdo- men de profil. des Anapis; les latéraux internes, qui se touchent presque, sont plus gros que les autres et l’espace qui les sépare des médians postérieurs est légèrement déprimé en cuvette, puis un peu relevé en bour- relet en arrière des yeux antérieurs (latéraux) (fig. 994 D et 999 D”) (1). Les chélicères, dépourvues de tache basale, sont longues et presque cylin- driques, cependant un peu convexes en dehors vers le milieu et légèrement divergentes dans leur partie terminale, avec la marge supérieure pourvue de 2 ou 3 dents fortes et isolées dont la dernière est située au delà de l'angle, sur la face interne droite; leur marge inférieure, mutique, est garnie de très longs crins et leur crochet est fin et long. Les lames-maxillaires sont droites, parallèles au côté interne, tronquées carrément à l’extrémité avec l'angle externe souvent un peu saillant, puis rétrécies à la base, elles diffèrent ainsi de celles des Araneus pour se rapprocher un peu de celles de certains Tefragnathinæ, mais cette forme caractéristique, très accusée dans les Anupis américains et les Epecthina, s’atténue dans les plus petites espèces du genre Anapis et dans le genre Chasmocephalon dont les (1) Cette disposition oculaire a une certaine analogie avec celle des Hadrotarsides (p. 305, fig. 266). FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 995 lames, au moins aussi larges que longues et arrondies au côté externe, res- semblent surtout à celles des Theridiosoma. Les pièces buccales des Tecmessa sont difficiles à observer à cause de la convexité exagérée du sternum; la pièce labiale paraît courte et semi-circulaire transverse, les lames sont égale- ment courtes et larges et leur extrémité interne paraît converger un peu de chaque côté en avant de la pièce labiale. Le sternum est largement cordiforme ou presque carré, plus ou moins atténué en arrière où il est obtus ou tronqué entre les hanches postérieures petites, subglobuleuses et distantes ; celui des Anapis et genres voisins est légèrement convexe; celui des Tecmessa est très épaissi, encore plus convexe et presque hémisphérique (fig. 1002). L'abdomen des Anapis est ordinairement globuleux, plus ou moins avancé sur le céphalothorax dont il recouvre la partie thoracique, garni en dessus d’un scutum clypéiforme, dur, très lisse, glabre ou parsemé de longs crins; en dessous, il offre un scutum épigastrique présentant en avant, pour l’inser- tion du pédicule, un orifice rond ou elliptique finement rebordé et souvent un scutum plus petit antémamillaire; dans les espèces américaines du genre Anapis le scutum dorsal est moins bien défini. L’abdomen de l’Epecthina circinata E. Sim., qui est ovale et conique en arrière, est dépourvu de scuta, ses téguments, épais et légèrement plissés sur les côtés, sont finement gra- nuleux et brièvement pubescents (fig. 1000 D”). Celui des Tecmessa est très élevé, mais plan en dessus, presque carré ou un peu plus large que long, mais toujours tronqué de chaque côté, où chacun de ses angles porte ordi- nairement un tubercule conique divergent (T. pectorosa Cambr., tuberosa Keyserl.); j'ai décrit une espèce qui offre, de plus, un tubercule médian pos- térieur plus fort que les autres (T. quinquemucronata E. Sim.) (fig. 1001) ; dans une autre espèce, les tubercules sont remplacés, de chaque côté, par une grosse bosse verticale, bifide au sommet (T. peruana Keyserl.) ; enfin, j'en ai trouvé d’autres au Venezuela dont l'abdomen est mutique ; ses tégu- ments sont solides et criblés de gros points enfoncés, égaux et réguliers ; ceux de la face ventrale présentent quelques gros plis concentriques autour des filières qui occupent le milieu et sont tubulées, comme celles des Gaster- acantha, c'est-à-dire qu’elles sont, ainsi que le tubercule anal, entourées d'un fort anneau chitineux très dur, légèrement lobé de chaque côté (fig. 1002). Les pattes antérieures sont presque toujours plus longues que les posté- rieures ; leurs fémurs sont assez épais et comprimés; leurs patellas, assez longues et plus ou moins pédonculées à la base; leurs tibias, relativement très longs, sont légèrement arqués, sinueux et souvent un peu rétrécis vers leur articulation patellaire; leurs métatarses sont remarquablement courts, plus courts que les tibias et même que les tarses qui sont, au contraire, longs, grêles, cylindriques et acuminés; ces pattes sont dépourvues de véritables épines, sauf celles des Anapis américains, dont les métatarses antérieurs portent, en dessous, deux ou trois spinules dentiformes, mais elles sont tou- jours garnies de longs crins; dans quelques Anapis, mais surtout dans les genres Epecthina et Tecmessa, les tibias offrent, au côté interne, une série nom- 9926 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES breuse et très régulière de forts crins divergents (de 12 à 15), tandis que les métatarses offrent, de chaque côté, une série de crins encore plus longs (de 4 à 6); les tarses ont aussi souvent, à la base, un ou deux crins semblables (fig. 1003); les tarses sont très acuminés et pourvus d’un petit onychium 1001 1003 1002 Tecmessa quinquemucronala E. Sim. — Fig. 1001. Abdomen en dessus. — Fig. 1002. Céphalothorax et abdomen de profil. — Fig. 1003. Patte de la Ire paire par la face interne. portant des griffes très petites, fines et mutiques, au moins dans les quelques espèces où j'ai pu les examiner, et accompagnées de quelques gros poils simples qui les dépassent. Les sexes sont presque de même taille et ne diffèrent guère que par leur patte-mâchoire ; celle de la femelle est toujours petite, très grêle dans le genre Anapis, un peu plus robuste dans le genre Tecmessa; son tibia est plus long que la patella et son tarse, beaucoup plus long que les deux articles précé- dents réunis, est très acuminé. Dans le genre Anapis, celle du mâle est assez longue; sa patella et son tibia, également longs, sont très rétrécis à la base comme pédiculés et pourvus chacun en dessus à l'extrémité d’une apophyse dressée : celle de la patella effilée et recourbée en arrière, celle du tibia plus courte, plus épaisse et dirigée en avant; le tarse, discoïde et assez large, est pourvu d'une apophyse basilaire {branche externe) tuberculiforme, relevée, bilobée, un peu excavée et rebordée sur sa face antérieure; le bulbe, volumi- neux, est pourvu d'un stylus libre, épais et replié en boucle (fig. 997 A°?); dans une espèce plus petite, que j'ai découverte en Algérie (A. algerica), la patte-mâchoire est plus simple, sa patella et son tibia sont cylindriques et environ de même longueur et celle-là est pourvue en dessus à la base d’une petite pointe sétiforme, tandis que le tibia est mutique (fig. 998 B); la patte- mâchoire des Chasmocephalon est beaucoup plus courte, sa patella et son tibia sont mutiques et nodiformes et son bulbe est pourvu, à l'extrémité, d’un stylus libre et replié en boucle; celle des Tecmessa ressemble davantage à celle des Ursa; son fémur est court et presque droit ; sa patella, très petite et nodiforme ; son tibia très court et transverse, embrassant la base du tarse, qui est très gros, pourvu d’une petite branche basilaire externe dirigée en avani le long de son bord, ovale large, néanmoins terminé en pointe subaiguë, dépassant un peu un bulbe volumineux mais plus simple que celui des Ursa. Les Anapeæ sont tous de petite taille (au plus 2 mill.), quelques-uns qui n’atteignent pas le millimètre comptent parmi les plus petites Araignées FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 997 connues ; ils vivent dans les mousses et les détritus à la manière des Erigone, plus rarement sur les buissons comme des Theridion, mais leurs allures sont toujours très lentes; leur toile, si elle existe, n’a pas été observée. Les Anapis et Chasmocephalon sont presque tous d'un noir brillant avec les pattes fauves ou rougeûtres, quelques-uns sont rouges avec des taches noires sur l’abdomen (C. bimaculatum E. Sim.), d’autres ont l’abdomen brunâtre avec de grandes macules claires mal définies. Le type du genre Anapis (A. Hetschki Keyserl.) a été décrit du sud du Brésil, j'en ai trouvé deux autres espèces au Venezuela, une en Algérie, dans les mousses de la forêt de l’Edough, près de Bone et j’en ai reçu une autre de la Nouvelle-Calédonie. Le Chasmocephalon neglectum Cambr. est originaire de l'Australie occidentale, j'ai trouvé deux autres espèces de ce genre au cap de Bonne-Espérance ; le genre Epecthina est propre au Venezuela et ne renferme qu’une seule espèce. Les Tecmessa sont de teinte brunâtre, relevée, au moins sur l'abdomen, de larges marbrures irrégulières d'un jaune doré. Quatre espèces ont été décrites : trois du Brésil (7. pectorosa Cambr., tuberosa Keyserl., quinquemucronata E. Sim.) et une du Pérou (T. peruana Keyserl.): j'en ai trouvé deux autres (inédites) au Venezuela. GENERA AOculisex/imedianticinulli}) MAS TELSALEMOENPIONL Sn CCE 2. ODCU OC LO ARE ME NE NUL enr SOA EPA A EEE VENTE A Du 2, Oculi laterales utrinque contigui, a mediis late remoti. Abdomen Eubelobosumisupra SCULALUN RER PEER CENTER . Anapis. — Oculi laterales cuncti inter se subcontigui, ante medios siti et lineam frontalem recurvam formantes. Abdomen haud scu- tatum postice turbinatum...... AT SD ELA à Epecthina. 3. Sternum fere planum. Pedes antici mutici......... Chasmocephalon. — Sternum validissime convexum hemisphæricum. Pedum anticorum tibiæ metatarsique seriatim aculeati................... Tecmessa. Anapis E. Sim. — Amuzula Keyserl., Sp. Amer. Therid., LI, 1886, p. 255 (nom. præocc.). Cephalothoracis pars cephalica antice valde acclivis, fronte lata et recte truncata, pars thoracica humilis, a cephalica stria semicirculari discreta. Oculi tantum sex (medii antici nulli), quatuor postici, superne visi in lineam subrectam, medii inter se contigui, laterales a mediis late distantes, utrinque contigui, leviter prominuli et angulos frontales occupantes. Clypeus altis- simus, planus et verticalis. Pedes mutici, vel metatarsis anticis spinulis paucis subtus instructis, metatarsis, tibiis tarsisque multo brevioribus. Abdomen glo- bosum, supra scuto integro obtectum. Tyeus : À. Hetschki Keyserl. 998 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES AR. GEOGR. : Africa sept. occid. (1); ins. N. Caledonia; Amer. merid. : Venezuela, Brasilia. Chasmocephalon Cambr., Pr. Zool. Soc. Lond., 1889, p. 45. Ab Anape tantum differt oculis octo, mediis anticis parvis prominulis cum posticis aream antice quam postice angustiorem formantibus, oculis quatuor anticis in lineam valde recurvam. Typus : C. neglectum Cambr. AR. GEOGR. : Africa max. austr. (2); N. Hollandia occid. Epecthina, nov. gen. Cephalothorax fere Anapis sed paulo humilior. Oculi medii postici magni, inter se contigui, a margine antico remoti. Oculi quatuor laterales inter se sub- contigui et lineam transversam recurvam, ad marginem frontalem, formantes, interiores exterioribus majores. Oculi medii antici nulli. Clypeus mediocris, verticalis, planus. Chelæ, partes oris, sternum pedesque fere Anapis. Abdomen magnum, duriusculum, haud scutatum, postice turbinatum. Typeus : E. circinata E. Sim. (sp. un.) (3). AR. GEOGR. : Venezuela. Teemessa Cambr., Pr. Zool. Soc. Lond., 1882, p. 433. — Id. Keyserl.. Spinn. Amer. Therid., II, 1886, p. 20. Cephalothorax brevis, fronte prominenti et truncata. Oculi inter se dissi- miles (medii antici diurni, reliqui nocturni), quatuor medii aream longiorem (1) Espèce inédite, dont voici la diagnose : À. algerica, sp. nov. — g Q. Long. 0,7 mill. — Cephalothorax rufo-castaneus, parte cephalica convexa, lævi, postice sulco semicirculari discreta, thoracica coriacea. Abdo- men maximum, subrotundum, cephalothoracem fere omnino obtegens, supra scuto castaneo, nitido sed parce punctato et in medio quadriimpresso, obtectum. Sternum nigrum, valde coriaceum. Pedes fulvo-rufescentes. — Algeria mont. !. (2) Toutes les espèces africaines sont inédites, voici la diagnose de l’une d’elles : C. bimaculatum, sp. nov. — & Q. Long. 1 mill. — Cephalothorax fusco-castaneus, brevis, parte cephalica convexa, lævi et nitida, postice sulco profundo carinato et pro- curvo discreta, thoracica coriacea. Abdomen rotundum, supra duriusculum, læve et nitidum, minutissime et parce punctatum, rufulum, postice maculis magnis rotundis nigris votatum, subtus coriaceum et crebre punctatum. Sternum nigrum valde rugo- sum. Pedes fulvi, confuse olivaceo-annulati. — Prom. Cap. Bonæ Spei!. (3) Espèce inédite, dont voici la diagnose : E. circinata, sp. nov. — ®. Long. 1 mill. — Cephalothorax nigro-rufescens, parte cephalica lævi, thoracica coriacea ad marginem crasse pluriseriatim rugoso-punctata. Abdomen subglobosum sed postice breviter et obtuse turbinatum, fusco-testaceum, supra confuse lurido-maculatum, brevissime nitido-pubescens. Sternum nigrum, coriaceum. Pedes sat breves, fulvo-rufescentes, coxis femoribusque quatuor anticis infuscatis. — Venezuela : San-Esteban !. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 92 quam latiorem et subparallelam occupantes. Oculi laterales utrinque contigui et a mediis vix separati. Clypeus oculis mediis anticis latior, sub oculis depressus dein convexus. Chelæ sat longæ et parallelæ. Pars labialis breviter semicircularis. Laminæ breves, intus convergentes. Sternum haud longius quam latius, valde convexum, postice parum attenuatum et truncatum. Coxæ posticæ subglobosæ inter se latissime distantes. Abdomen magnum, subqua- dratum, duriusculum et impresso-punctatum, supra plerumque mucronatum, subtus plicatum. Mamillæ medium ventris occupantes, valde tubulatæ. Pedes valde inæquales, quatuor antici reliquis multo longiores, tibiis, metatarsis tarsisque cylindraceis et curvatis, aculeis tenuibus et numerosis regulariter seriatis instructis; metatarsis multo brevioribus quam tibiis et tarsis. Typus : T. pectorosa Cambr. AR. GEOGR. : America merid. : Venezuela, Peruvia et Brasilia. Supplément à la famille des ARGIOPIDÆ 4. METEÆ (p. 726). Pendant l'impression des pages précédentes, j’ai pu me procurer deux espèces remarquables appartenant au groupe des Meta, mais ne rentrant dans aucun des genres que j'ai admis. La première, originaire de la côte occidentale d'Afrique, sera le type du genre Parameta, qui touche de très près au genre Landana, dont il a, au moins chez la femelle, le céphalothorax, les veux et les pattes, mais qui en diffère par les lames-maxillaires presque aussi larges que longues, par les chélicères dont la marge inférieure est pourvue de trois dents égales, isolées et équidistantes et la marge supérieure de quatre dents très inégales, la 3°, angulaire, étant beaucoup plus forte que les autres, enfin par les caractères sexuels du mâle dont le céphalothorax est normal, c’est-à-dire presque semblable à celui de la femelle, seulement un peu plus atténué et plus proéminent dans la région oculaire, dont les chélicères sont plus étroites mais accolées aux pièces buc- cales, enfin dont les tibias de la première paire sont légèrement courbes et épaissis dans leur seconde moitié où ils sont armés d’un groupe irrégulier de très fortes épines. Les organes sexuels du Paramela sont plus complexes que ceux des autres types du groupe des Meta : l'épigyne est un tubercule vertical, ovale transverse, pubescent sur sa face antérieure, creusé, sur sa face postérieure, d’une fossette ovale, rebordée, renfermant deux lobes latéraux ovales et un petit lobe médian triangulaire; chez le mâle, le tarse de la patte-mâchoire est pourvu d’une 29 930 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES apophyse basale divergente, arquée en avant et terminée par une petite dila- tation tronquée, ressemblant à celle des Araneus; le bulbe, gros et ovale, émet une longue pointe cylindrique dirigée en avant, un peu arquée en bas et ter- minée par une fourche à branches grêles, presque égales et parallèles. La seconde espèce, que j’ai reçue en nombre de Saint-Domingue et de la Jamaïque, offre le faciès du Salassina crassicauda Keyserl., mais ses caractères essentiels sont ceux des Meteæ ; elle sera le type du genre Alcimosphenus qui doit se placer à côté du genre Tylorida, dont il diffère cependant par le front beaucoup plus large, les yeux plus petits et égaux, l'aire occupée par les médians un peu plus étroite en avant qu'en arrière, les yeux latéraux, de chaque côté, très largement séparés des: médians, les lames-maxillaires plus courtes, ressemblant à celles des Meta, le sternum convexe et sillonné en avant, enfin, les pattes moins inégales et mutiques. L’Alcimosphenus licinus E. Sim. est une Araignée de taille moyenne, d’un beau rouge orangé avec les pattes noires et l'abdomen prolongé en tubercule bifide, orné de taches latérales, souvent confluentes, et quelquefois de taches dorsales d’un noir intense. Parameta, nov. gen. À Landana, cui valde affinis est, imprimis differt laminis-maxillaribus haud vel vix longioribus quam latioribus, chelarum margine inferiore dentibus 3 æquis, margine superiore dentibus 4 iniquis, 3° (angulari) reliquis multo majore, cephalothorace chelisque maris normalibus, tibia 1i paris maris leviter curvata, incrassata, superne validissime et inordinate aculeata. Typus : P. jugularis E. Sim. AR. GEOGR. : Africa trop. occid. Nora. Cette espèce est inédite, en voici la diagnose : P. jugularis, sp. nov. — Q. Long. 8 mill. — Cephalothorax sat longus, obscure fulvus, albido-sericeo pubescens, parte cephalica postice dilutiore et albida. Abdomen cylindraceum, antice posticeque prominulum, supra fusco-cervinum, vilta media lata et integra flexuosa, tenuiter testaceo-marginata, antice lineas binas incurvas et prope medium lineam cruciatam testaceas includente, ornatum, subtus nigricans, vitta media lata et utrinque lineola, testaceis, notatum. Sternum fusco-olivaceum, in medio dilutius. Pedes luridi, nigro-punctati, tibiis metatarsisque posticis apice fusco-annu- latis, longe et numerose aculeati. Tuberculum vulvæ nigrum, fovea ovato-transversa, eminentias trinas includente, impressum. — Sierra-Leone. Alcimosphenus, nov. gen. À Tylorida differt fronte multo latiore, oculis parvis, æquis, quatuor mediis aream antice quam postice paulo angustiorem occupantibus, oculis lateralibus utrinque a mediis longissime remotis, laminis brevioribus fere Metæ, sterno magis inæquali, antice convexo et sulcato, pedibus brevioribus, minus inæqualibus, muticis, metatarsis tibiis paulo longioribus, abdomine oblongo, postice tuberculo magno obliquo apice truncato et leviter bifido, instructo. Typus : À. licinus E. Sim. AR. GEOGR. : Antillæ. FAMILLE DES ARGIOPIDÆ 931 Nora. Espèce inédite, dont voici la diagnose : A. licinus, . Chelarum margo inferior dentibus quatuor, 1° sat valido, reliquis minutissimis, instructus. Cephalothorax chelæque in utroque SEUL VOICE CESSE TER RERO Landana. — Chelarum margo inferior dentibus trinis æquis armatus. Cepha- lothorax chelæque in utroque sexu subsimiles......... Parameta. > 5 4. Femora postica haud ciliata — Femora postica extus ad basin serie longitudinali singula vel duphesetaromilonsarnurn)cilata NE P CREER EN SP EETRRE 6. QE A AN ND Ge A LA gs VENUE Orsinome, Meta, Chrysometa. 6. Oculorum linea antica subrecta. Clypeus oculis anticis multo JE) E PERS SEE PRE ORNE AN RE SA EU GER RER 6. — Oculorum linea antica recurva. Clypeus oculis anticis fere semper hauduplo AO ARE EAN EME NT .. Atelidea, Argyroepeira. Ga. Pedes inter se valde inæquales, antici posticis multo longiores, cuncti longissime aculeati. Sternum fere planum. ...... Tylorida. — Pedes inter se parum inæquales, omnino mutici. Sternum antice CONMEXUM)et SUICAIUMN,e e . Alcimosphenus. 6. AZILIEÆ (p. 740). est à ce groupe qu'appartient le genre Prolochus, proposé par Thorell en 895 pour une espèce du Tenasserim, le P. longiceps Th.; il ne diffère abso- lument du genre Atimiosa que par l’absence complète des yeux médians pos- térieurs, déjà très réduits chez les Afimiosa; le groupe oculaire se trouvant ainsi réduit à six gros yeux exactement semblables à ceux des Azilia et des Atimiosa. Tous les autres caractères, comme par exemple la plus grande proéminence 932 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES du front, la plus grande longueur des chélicères et des pattes antérieures, sont certainement sexuels, le genre Afimiosa n'étant connu que par des femelles et le genre Prolochus que par des mâles. La patte-mâchoire du P. longiceps Th. est du type de celle des Dolichognatha (p. 740, fig. 825), mais elle est beaucoup plus longue ; son fémur est grêle et courbe; son tibia cylindrique est beaucoup plus long que la patella; son tarse offre, à la base, une saillie verticale, lamelleuse et tronquée, avec l’angle postérieur prolongé par une petite pointe verticale aiguë, l’antérieur également prolongé mais plus obtus et dirigé en avant: son bulbe, ovale et très simple, ressemble surtout à celui des Tylorida. Fig. 1004. Prolochus longiceps Thorell. Patte- mâchoire du mâle. Le genera des Azilieæ devra être modifié ainsi : 1. Oculi octo cuncti magni, medii postici lateralibus paulo majores. SR EMA SPEED CROIRE SAT AUAN RP RER Azilia, OculimediposticominutissimivelnulT EPP EEE Er CEE 2, 2AOCUITOCtO, MelTIPOSICIMINUUISS NIET RCE ERRE Atimiosa. A LOCUISEX MEMIDOSTICINUIIE EE PNR EEE SPP P ER RRER Prolochus. Prolochus Thorell, Descr. Cat. Spid. of Burma, 1895, p. 122. Typus P. longiceps Thorell (sp. un.). AR. GEOGR, : Tenasserim. 28. Famille ARCHAEFIDAE Le genre Archæa, proposé par C. Koch pour quelques Araignées fossiles du succin tertiaire de la Baltique, est le type d’une petite famille qui possède encore, dans la nature actuelle, quelques rares représentants disséminés dans l'hémisphère austral. Ces Araignées ont des rapports avec plusieurs types de la famille des Argio- pides, j'ai déjà signalé ceux qu’elles présentent avec les Linyphiinæ, particu- lièrement avec les genres Tapinopa et Bolyphantes, elles en offrent d'au moins aussi frappants avec les Tetragnathinæ, surtout avec les Meteæ et les Diphyieæ ; c’est même au premier de ces deux groupes que je rapporte aujourd’hui le genre Landana (p. 737), depuis que j'ai pu en étudier les deux sexes; et je parlerai plus loin des affinités qu’elles ont avec les Mimetides. Les Archæides se distinguent cependant de ces divers types par un ensemble de caractères qui en font l’une des familles les plus spécialisées de l’ordre des Araignées. L'un des traits les plus remarquables de leur organisation est la séparation nette des chélicères et des organes buccaux, particularité qui s'observe cepen- dant dans le genre Landana et dans quelques espèces du genre Argyroepeira où elle est propre aux mâles, tandis qu'ici elle existe dans les deux sexes. La partie céphalique se détache de la thoracique, s'élève, soit verticalement, soit obliquement, et cet allongement ne se produit pas aux dépens de la région oculaire comme pour beaucoup d’espèces du groupe des Erigoneæ (Walcke- naera acuminata, p. 624, fig. i), mais aux dépens de la région, ordinairement très réduite, qui sépare les chélicères des lames-maxillaires ; il en résulte que celles-ci gardent leur position normale au niveau des hanches de la première paire de pattes, tandis que les chélicères, entrainées par l'allongement de la partie antérieure du céphalothorax, sont projetées en avant à une grande dis- tance. La partie thoracique ne présente aucune impression. Les yeux, qui occupent le bord frontal, sont peu inégaux mais nettement hétérogènes ; les médians antérieurs, seuls diurnes, sont un peu plus gros que les autres dans le groupe des Archæa, mais ils font défaut dans le genre Mecysmauchenius qui est sénoculé; les latéraux sont, de chaque côté, petits et connés. Les chélicères, dont j'ai décrit l'insertion anormale, sont très longues et dépourvues de tache basale; la marge supérieure de leur rainure est toujours armée d’une série de longues épines très grêles, élevées chacune sur un petit mamelon, qui sont remplacées, plus au fond, par des dents plus robustes, généralement petites, uni ou bisériées; leur crochet, courbe et plus ou moins 934 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES long, tantôt grêle, tantôt robuste, est fortement comprimé et son bord est finement serrulé. La pièce labiale est plane, non rebordée. Les lames-maxillaires, plus ou moins longues, sont toujours assez étroites, de largeur égale, fortement cin- trées sur la pièce labiale et se rencontrant presque par leur bord apical tronqué; elles sont pourvues à l’extrémité d’une fine serrula; leur face interne, qui reste à découvert, est plane, homogène et presque glabre. Le rostre est très long, car il atteint presque l'extrémité des lames, il est plan, presque parallèle, induré, mais terminé par une dilatation membraneuse de forme variable, quelquefois tuberculée. Le sternum, plan ou légèrement im- pressionné, se termine en pointe et les hanches de la 4° paire sont contiguës ou au moins très rapprochées. Les filières sont très caractéristiques; les inférieures, précédées ou non d’un petit colulus, épaisses, cylindro-coniques, uniarticulées et contiguës, res- semblent à celles des Araneus, tandis que les médianes et les supérieures, qui sont situées sur le côté des médianes, en une ligne transverse un peu recurvée et un peu plus étroite que l'espace occupé par les deux inférieures, sont très petites, quelquefois même complètement atrophiées (Mecysmauche- nius); quand elles existent, les latéro-supérieures sont grèles, très brièvement biarticulées et un peu incurvées; elles sont toujours suivies d’un tubercule anal bien développé, semi-circulaire ou triangulaire très obtus et régulièrement cilié. Les pattes sont mutiques, généralement fines, sauf les fémurs antérieurs qui sont presque toujours plus ou moins épaissis vers la base; leurs tibias et métatarses sont cylindriques et longs, et les seconds sont plus courts que les premiers, surtout dans le genre Archæa; les métatarses des deux paires posté- rieures, un peu plus épais que les autres, sont garnis en dessous, surtout à l'extrémité, de poils plus denses; les tarses, plus courts que les métatarses et très fins, sont acuminés et pourvus ou non d’un petit onychium; leurs griffes sont petites, les supérieures, égales et très fortement courbées en demi- cercle, sont armées d’un petit nombre (3-4) de dents très longues, isolées, presque semblables à la pointe terminale, mais plus obtuses ; la griffe inférieure, aussi longue que les supérieures (Archæa) ou plus courte (Mecysmauchenius), est fortement coudée et terminée en pointe très effilée, elle est pourvue d’une longue dent subbasilaire ; ces griffes ne sont pas accompagnées, comme celles des Argiopinæ, de griffes auxiliaires, mais les tarses, surtout à l'extrémité, sont sarnis de poils isolés, villeux sur l’un de leur côté; des poils semblables se montrent aussi isolément sur les métatarses. La patte-mâchoire de la femelle est très petite, insérée au côté externe des lames, près leur base et un peu en dessus, au sommet d’une sorte de petit mamelon conique (fig. 1008); son fémur est assez long et cylindrique; sa patella très petite; son tibia est long, presque égal au fémur et très grêle; son tarse petit, acuminé et pourvu ou non d’une très petite griffe mutique. La patte-mâchoire du mâle adulte n’est bien connue que pour une seule espèce, le Mecysmauchenius segmentatus ; son tibia est assez long, ni dilaté ni cupuliforme ; son tarse, largement ovalaire, ne présente point de saillie en FAMILLE DES ARCHÆIDÆ 935 dessus, comme celui des Mimetides, mais il offre, au bord externe, un tuber- cule spinigère qui représente sans doute la branche accessoire des Argiopides ; son bulbe est volumineux, convexe, mais simple (fig. 1011). La patte-mâchoire des Archæa, autant qu’on en peut juger par la figure très imparfaite de celle qui a été donnée par C. Koch, de son A. lævigata (loc. cit., pl. 11, fig. 8), est du même type que celle du Mecysmauchenius (1). Cette famille ne renferme que deux genres qui diffèrent assez l’un de l’autre pour devenir les types de deux groupes : Oculi octo. Mamillæ sex. Pars labialis longior quam latior apice mi- nute excisa. Tarsi pedum articulo unguifero parvo muniti... Archæeæ. Oculi sex. Mamillæ duæ. Pars labialis latior quam longior, haud excisa. Tarsi pedum articulo unguifero carentes.. Mecysmauchenieæ. l. ARCHÆEÆ Je commencerai l’étude du genre Archæa non par les espèces fossiles qui en représentent le type, mais dont je ne connais qu’un seul spécimen assez défectueux, mais par l’Archæa Workmani Cambr., espèce actuellement vivante à Madagascar, et dont Cambridge avait fait le type d’un genre Eriau- chenus. Le céphalothorax de cette Araignée, dont j'ai donné une figure dans la première partie (p. 18, fig. 32), est presque aussi large que long, assez forte- ment atténué et obtusément tronqué en arrière; sa partie céphalique s'élève en colonne verticale, aussi longue que le céphalothorax entier, assez grêle, cylindrique, marquée, sur sa face an- térieure, d’une fine strie longitudinale, 4 et renflée à l’extrémité en gros lobe, convexe en arrière où il est armé de quatre petits tubercules disposés en trapèze plus étroit en arrière, incliné tronqué et légèrement rebordé en avant où il est pourvu, de chaque côté, d’une 1005 1006 saillie angulaire conique surmontant Archaea (Eriauchenus) WORD Cambr. les yeux. — Fig. 1005. Chélicère. — Fig. 1006. Dee bircalLes Ceux-ci, largement séparés trans- versalement, sont, de chaque côté, dis- posés en deux paires; ceux de la paire supérieure (médians), situés au-dessous de la saillie angulaire, sont disjoints et inégaux, l’antérieur étant beaucoup plus gros que le postérieur ; les autres, situés beaucoup plus bas, sur les côtés du lobe, sont très petits, égaux et connés. OR (1) De l’Archaea Workmani Cambr., on ne connaît que de jeunes individus des deux sexes. 936 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Les chélicères, extraordinairement longues, sont obliquement dirigées en bas, grêles, presque cylindriques et contiguës l'une à l'autre, sauf près de l'extrémité où elles sont un peu atténuées et divergentes, leur bord interne formant en cet endroit un angle très ouvert; elles sont brusquement rétrécies près leur point d'attache et pourvues en dessus, à peu de distance de la base, d'un petit tubercule surmonté d’une épine ; leur bord interne est armé, dans la partie terminale oblique, d’une série de sept ou huit épines fines et longues, presque égales, élevées chacune sur un petit mamelon et, plus loin, d’épines beaucoup plus fortes et bacilliformes, inégales et moins régulières, dont les principales sont situées sur l’angle dont j'ai parlé; le crochet est assez long, très robuste, fortement comprimé et serrulé en dessous (fig. 1005). La pièce labiale est un peu plus longue que large, ovalaire, légèrement convexe, mais un peu déprimée à l’extrémité où son bord apical est entaillé d'une petite échancrure. Les lames sont longues, étroites et fortement cintrées (fig. 1006). La patte-màächoire de la femelle, relativement très petite, est pourvue, à l’extrémité de son tarse acuminé, d’une très petite griffe mutique. Le sternum est très long et très étroit, fortement découpé au niveau des hanches et terminé en pointe aiguë en avant de celles de la 4° paire, qui sont contiguës. 1007 1008 Archaea Pougneli E. Sim. — Fig. 1007. Chélicères, céphalothorax et abdomen en dessus. — Fig. 1008. Céphalothorax et chélicères de profil. L'abdomen, dont les téguments sont mous et pubescents, est court, plus haut que long, élevé en tubercule conique très obtus, un peu moins haut que Ja protubérance céphalique ; ses filières sont au nombre de six et très inégales, j'ai décrit plus haut leur disposition. Les pattes sont très fines et très inégales, celles des deux premières paires étant beaucoup plus longues que les postérieures ; leurs fémurs sont cylin- FAMILLE DES ARCHÆIDÆ 957 driques, légèrement épaissis à la base; leurs patellas, assez longues et un peu courbes ; leurs tibias extrêmement longs et fins ; leurs métatarses, encore plus fins, mais plus courts; ces deux derniers articles sont presque droits, très légèrement arqués ; aux deux paires postérieures, mais surtout à la troisième, les métatarses, beaucoup plus courts que les tibias, sont plus épais et garnis, en dessous, de poils plus forts et plus denses; les tarses sont acuminés et pourvus d’un petit onychium portant les griffes (voy. plus haut). Les Archæa, qui habitaient, à l'époque tertiaire, le nord de l’Europe, ne dif- féraient essentiellement de l’espèce précédente que par leur protubérance céphalique plus courte et plus épaisse, mais, au reste, de même forme, avec le gros lobe ordinairement globuleux et mutique ou quelquefois bifide en arrière (A. conica GC. Koch); leurs chélicères, construites de même, étaient plus inclinées en avant, presque horizontales, au moins celles de l'A. Pougneti E. Sim., position qui tient peut-être au milieu dans lequel ces Araignées ont été incluses; les pattes étaient généralement moins longues et surtout moins inégales ; leur abdomen était souvent ovale court, quelquefois conique en arrière (A. conica C. Koch), tantôt lisse [A. lævigata GC. Koch, Pougneii E. Sim.), tantôt marqué de gros plis concentriques probablement indurés (A. paradoxa, conica G. Koch) (fig. 1007 et 1008). Ch. Koch a décrit dans l’ouvrage de Berendt, en 1854, trois espèces d’Archæa fossiles (A. paradoæa, conica et lævigata), et j’en ai depuis décrit une quatrième (A. Pougneti E. Sim.) ; comme je l’ai dit, l’A. (Eriauchenus) Workmani Cambr., propre à Madagascar, est la seule espèce actuellement vivante de ce genre remarquable. Archæa C. Koch in Berendt, Organ. Reste in Bernst., 1, 1854. — Eriauchenus Cambr., Pr. Zool. Soc. Lond., 1881, p. 767. Cephalothorax brevis, parte cephalica abrupte elevata, collum cylindra- ceum ad apicem valde dilatatum, postice convexum et antice truncatum, for- mante. Oculi octo parvi, utrinque quatuor (duo medii inter se distantes, anticus postico major, et duo laterales parvi et contigui). Chelæ cephalotho- race multo longiores, ad apicem partis cephalicæ insertæ, cylindratæ et con- tiguæ sed prope apicem plus minus divaricatæ et attenuatæ, intus serlatim crinitæ. Sternum longum et angustum, postice acutum. Pars labialis paulo longior quam latior, apice minute excisa. Laminæ longæ, subparallelæ, intus validissime curvatæ. Pedes longi, graciles et mutici, metatarsis tibiis brevioribus, quatucr posticis (præsertim 3) paululum incrassatis et subtus crasse setosis. Typus : À. paradoæa C. Koch. AR. GEOGR. : Ins. Madagascar. 2. MECYSMAUCHENIEÆ Les Mecysmauchenius, qui représentent la famille des Archæides dans l'ex- trème sud de l'Amérique, diffèrent des espèces de l'Ancien Monde par des 938 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES caractères assez importants, notamment par la réduction du nombre de leurs yeux et de leurs filières, par la proportion de leurs pattes dont les tarses sont dépourvus d'onychium, etc. Le céphalothorax est beaucoup plus long que celui des Archæu ; sa partie céphalique, assez convexe en arrière, où elle s’abaisse brusquement sur la thoracique, n’est pas verticale, mais très obliquement dirigée en avant, légée- rement et graduellement atténuée jusqu'au bord antérieur, qui est tronqué et un peu saillant au milieu (fig. 1009). 1009 1010 1011 Mecysmauchenius segmentatus E. Sim. — Fig. 1009. Céphalothorax de profil. — Fig. 1010. Front en dessus. — Fig. 1011. Patte-mâchoire du mâle. Les yeux, au nombre de six, sont égaux et du type nocturne; de chaque côté, deux latéraux connés, situés sur la pente et, au milieu, deux médians, aussi largement séparés l’un de l’autre que des latéraux, avec lesquels ils figurent une ligne légèrement arquée en avant (fig. 1010). Les chélicères, qui tombent verticalement du bord frontal, sont très longues et beaucoup plus robustes que celles des Archæa, un peu aplanies en dessus, mais fortement convexes en dessous dans leur moitié basale; vu en avant, leur bord interne, contigu près de la base, devient ensuite graduellement divergent et il est pourvu d’une nombreuse série de longues épines grêles élevées sur de petits tubercules et entremêlés d’épines plus petites ; vues en dessous, elles offrent, de plus, un groupe très reculé, de petites dents bisé- riées : deux pour la marge inférieure, quatre pour la supérieure ; le crochet est très long, grêle et très arqué. La pièce labiale est plus large que longue, semi-circulaire ou très obtusé- ment triangulaire et non échancrée; les lames, plus courtes que celles des Archæa, assez étroites et parallèles, sont très fortement cintrées et contiguës par leur bord apical. Le sternum est ovale allongé, plus large que dans le groupe précédent et il se termine brièvement en arrière en pointe moins aiguë, de sorte que les hanches postérieures sont étroitement séparées. L’abdomen est assez allongé, épais, arrondi à ses deux extrémités et presque cylindrique ; le colulus manque et les filières sont réduites à deux, comme dans le genre Palpimanus ; ce sont les deux inférieures qui ressemblent, au reste, à celles des Archæa ; elles sont bien séparées du tubercule anal, qui est semi-circulaire et cilié ; la face ventrale, légèrement indurée dans la première moitié, offre, dans la seconde, un peu avant les filières, un léger pli transverse ‘4 FAMILLE DES ARCHÆIDÆ 939 marqué au milieu d’un petit point chitineux qui doit correspondre à un stigmate. Les pattes sont beaucoup plus courtes et moins inégales que dans le groupe précédent ; leurs fémurs sont plus robustes et comprimés; leurs métatarses sont presque aussi longs que les tibias, les postérieurs sont garnis en dessous, à l'extrémité, de poils rudes presque spiniformes ; leurs tarses sont dépourvus d’onychium, mais leurs griffes sont semblables à celles des Archæa, l'infé- rieure est seulement plus courte, relativement aux supérieures. Le tarse de la patte-mâchoire m’a paru manquer de griffe. L'orifice génital de la femelle est une simple fossette membraneuse, limitée en avant par un épais rebord chitineux rougeâtre, arqué en demi-cercle. La patte-mâchoire du mâle est courte ; son fémur est grêle et un peu com- primé ; sa patella, petite et convexe; son tibia, plus long et plus grêle, est pourvu d'une petite apophyse externe subbasilaire perpendiculaire et tron- quée ; son tarse est très gros, largement ovalaire, pourvu au bord externe, près la base, d’un tubercule conique prolongé par une épine ; son bulbe est tres volumineux, mais simple, subglobuleux, lisse, pourvu à l’extrémité d’un court stylus noir recourbé (fig. 1011). Le M. segmentatus E. Sim., seule espèce connue, est de taille à peine moyenne (4 mill.), son céphalothorax et ses pattes sont d’un rouge orangé vif, tandis que son abdomen, d’un gris testacé, est orné de bandes obscures transverses, accentiformes. Il se trouve à la Terre-de-Feu et dans les îles voisines où il a été découvert, en 1853, par les membres de la Mission scientifique française du Cap Horn et retrouvé depuis par M. C. Backhausen (cf. E. Sim., Miss. sc. du Cap Horn. t. VI, 1887, Zool., Arachn., p. 12, et An. Mus. n. Buenos Aires, t. IV, 1895, p. 167). Mecysmauchenius E. Sim., Ann. Mus. civ. Gen., XX, 1884, p. 377. Cephalothorax longus, parte cephalica abrupte elevata, antice oblique acclivi, versus apicem leviter attenuata. Oculi minuti æqui, inter se late remoti, medii duo et utrinque laterales duo inter se contigui. Chelæ longissimæ, ad apicem partis cephalicæ insertæ, antice subplanæ, postice convexæ, margine superiore dentibus setiformibus longis instructo, ungue longo. Pars labialis latior quam longior, semicircularis vel obtuse triquetra. Laminæ angustæ, subparallelæ, in parte labiali valde curvatæ et apice subcontiguæ. Siernum sal longe oblongum. Pedes breves et mutici, sed metatarsis posticis subtus valde setosis, tarsis articulo unguifero carentibus. Abdomen oblongum. Mamillæ duæ breves et contiguæ. Typus : M. segmentatus E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : America max. austr. 29, Famille MIMETIDAE Les genres Éro CG. Koch et Mimetus Hentz, jusqu'ici rapportés à la famille des Theridiides (1), le genre Galena C. Koch (2), classé parmi les Argiopides, et le genre Oarces E. Sim., démembré des Arkys de Nicolet, ne présentent exac- tement les caractères d'aucun des groupes précédents et doivent, à mon sens, constituer une famille spéciale ayant quelques rapports avec celle des Ar- chæides ; les chélicères, dont l’armature est si caractéristique, ayant, à peu de chose près, la même structure dans les deux familles ; d’un autre côté cepen- dant, le céphalothorax, les filières et surtout les pattes des Mimetides sont dif- férents de ceux des Archæides, et les rapports de leurs chélicères et de leurs pièces buccales restent toujours à peu près normaux. Les Mimetlides ont aussi des analogies avec certains Theridiides, tels que les Episinus et les OŒEta, avec les Tetragnathinæ, particulièrement avec les Nesticus et les Diphya, et avec certains Argiopinæ inférieurs, tels que les Exechocentrus, les Tecmessa et surtout les Gnolus (voy. p. 912), que je considérais autrefois comme des Mimetides. Le céphalothorax de ces Araignées est marqué, sur la pente thoracique, d’une fossette profonde, petite et presque arrondie; celui des Ero est court, fortement convexe vers le milieu, presque également incliné en avant et en arrière ; celui des Gelanor est convexe en arrière, presque gibbeux dans cer- taines espèces (G. altithorax Keyserl.), mais plus longuement incliné en avant, avec le front large et obtus ; celui des Ources, de même forme, est cepen- dant plus court; dans les autres genres, il est beaucoup plus bas, avec la partie céphalique longue et atténuée; mais, entre ces diverses formes, il y a des intermédiaires, c'est ainsi que certains Ero (E. capensis E. Sim., humäli- thorax Keyserl., etc.) ont un céphalothorax ressemblant à celui des Mimetus. Les yeux sont très nettement hétérogènes, les médians antérieurs étant seuls diurnes et presque toujours plus gros que les autres ; les latéraux sont, de chaque côté, égaux, connés et élevés sur une petite saillie commune ; ils ne sont largement séparés des médians que dans les genres Gelanor et Oarces ; les médians figurent un trapèze plus large en avant, quelquefois un carré (1) Exceplé cependant par Blackwall, qui avait reconnu les affinités des Mimetus (sous le nom de Ctenophora) et des Galena, et avait proposé pour eux une famille parti- culière « two spiders belonging to the genera Cienophora and Galena at present cons- titue the family Ctenophoridae » (Ann. Mag. Nat. Hist., juin 1870), mais les affinités des Ero et des Mimelus n’ont élé signalées que, plus tard, par Cambridge (Sp. of Palest., etc., p. 287) et par nous-mêmes (Ar. Fr., V, p. 27). 2) Nom employé antérieurement et changé en celui de Gelanor par Fhorell. FAMILLE DES MIMETIDÆ 941 (quelques Ero), très rarement un trapèze plus étroit en avant (Oarces) ; les médians antérieurs sont très souvent proéminents, élevés sur une saillie frontale carrée qui est quelquefois pourvue elle-même, en dessus, de deux petits tubercules ressemblant à ceux des Janulus (Mimetus triangu- laris Keyserl., Ero coronigera E. S., Arocha, Phobetinus), mais ici ce caractère n'a pas de valeur géné- rique. Ces yeux sont séparés du bord antérieur par un bandeau vertical, légèrement concave, aussi large que l'aire oculaire (Ero) ou ordinairement plus étroit. Les chélicères, dépourvues de tache basale, sont étroites, cylin- driques et parallèles, un peu atté- nuées à la base, surtout au côté interne, où elles sont séparées par une étroite fissure membraneuse triangulaire très allongée; elles sont longues, surtout celles des mâles de Mimetus, qui égalent presque le céphalothorax entier; leur troncature apicale est courte, mais oblique, sa marge inférieure est indistincte, mutique ou pour- vue d’une très petite dent granuli- forme (Gelanor), tandis que la su- périeure est armée de 4 à 8 dents longues, presque spiniformes et subcontiguës, paraissant articulées à la base, et généralement d'une dent plus forte et plus courte sur l’angle; le crochet, qui dépasse à peine l’angle de la marge supé- rieure, est très fortement arqué en demi-cercle, épais, subcylindrique Fig. 1012—1043. et un peu concave en dessus près la Gelanor zonatus C. Koch. Mäle et femelle erossis. base, ensuite comprimé (fig. 1014); ces chélicères rappellent, comme je l’ai dit, celles des Archæides, il faut même ajouter que, chez certains Mimetus, elles sont plus séparées à la base du plan buccal que chez la plupart des Araignées ordinaires (fig. 1015). Les pièces buccales sont aussi analogues à celles des Archæides, bien que les lames ne soient jamais cintrées au même degré sur la pièce labiale ni contiguës par leur bord apical. Dans les genres Mimetus et Gelanor, la pièce labiale est grande, beaucoup plus longue que large, atténuée et très obtuse à l’extrémité 942 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES qui dépasse de beaucoup le milieu des lames; celle des Ero, non ou à peine plus longue que large, est atténuée et subtriangulaire, tandis que celle des Phobetinus est presque carrée, atteignant à peine le milieu des lames ; dans tous les cas, cette pièce est presque plane, au moins dans ses deux tiers apicaux, mais ordinairement plus convexe dans le tiers basilaire où elle est marquée d’une strie ou impression transverse; dans le genre Arocha seule- ment, elle offre, plus près de l’extrémité, une seconde strie un peu arquée dessinant une sorte de rebord. Le rostre est long, presque parallèle, non cariniforme comme celui des Argiopides et marqué vers le milieu d’un profond sillon transverse, glabre, sauf à la pointe où il est un peu déprimé et garni de poils irréguliers, plus serrés sur les bords. Les lames-maxillaires sont très longues, étroites dès la base (sans dilata- tion au niveau de l'insertion du trochanter, qui est presque basilaire), atté- nuées, subacuminées , convergeant plus ou moins à l'extrémité sans être cintrées ; elles sont pourvues en dessous d'une serrula submarginale assez courte et d’une scopula formée de poils irréguliers n'occupant que l’apex (fig. 1016). | Le sternum, ovale ou triangulaire, plus long que large, est presque plan et terminé en pointe obtuse ou subaiguë entre les hanches postérieures qui sont distinctement séparées ; dans le genre Phobetinus, il est plus largement obtus en arrière et les hanches postérieures sont encore plus disjointes. L'abdomen, volumineux et convexe, est de forme très variable; quelquefois beaucoup plus large que long, arrondi ou plus rarement acuminé de chaque côté et fusiforme transverse, rappelant celui des Gnolus (Gelanor); celui des Mimetus est souvent large et anguleux en avant ou même pourvu de bosses humérales, tandis que celui des Ero offre ordinairement soit deux tubercules apicaux, soit, sur la pente postérieure, quatre grosses bosses disposées en carré ou en trapèze; celui des Ources est ovale court, avec un gros tubercule apical relevé ressemblant à celui des Cyclosa et des Tmarus. Les filières, qui ont la disposition de celles de toutes les Araignées sédentaires que j’ai décrite plus haut (p. 488), sont terminales, souvent même proéminentes et portées par un court prolongement cylindrique de l'abdomen. Les téguments de cet abdomen sont presque toujours parsemés de crins très forts et isolés, ceux du Phobetinus sagittifer E. Sim. offrent, en outre, quelques crins spinilormes appendiculés, pourvus dans leur moitié basale, et sur l’un de leur côté seule- ment, d’une dilatation lamelleuse, ensuite brusquement effilés à la pointe (fig. 1019). Les pattes sont longues et fines aux extrémités, avec les métatarses plus longs que les tibias et fortement arqués aux paires antérieures; dans le genre Ero, les pattes antérieures et postérieures sont peu inégales; dans tous les autres genres, les antérieures (surtout celles de la 1"° paire) sont beaucoup plus longues que les autres ; dans les genres Gelanor et Oarces, les pattes des deux paires postérieures sont mutiques ; dans les autres Mimetides, elles sont toutes armées d’épines assez fines et très longues. Les tibias et métatarses des deux premières paires ont une armature spéciale ; ils offrent, au côté interne, une FAMILLE DES MIMETIDÆ 943 | série de très longues épines régulièrement espacées, reliées entre elles par des séries d'épines beaucoup plus petites, serrées et courbes, augmentant graduel- | lement de longueur de la grande épine inférieure à la supérieure; dans cha- \ 1014—1015 1016—1019 1017—1018 Fig. 1014. Mimetus interfector Hentz. Chélicère. — Fig. 1015. Idem. Front et chélicère de profil. — Fig. 1016. Zdem. Pièces buccales. — Fig. 1017. Jdem. Patte-machoire du mâle, — Fig. 1018. Gelanor sonatus C. Koch. Portion d’un métatarse antérieur. — Fig. 1019. PAhobe- tinus sagittifer E. Sim. Poils de l'abdomen très grossis. cune de ces séries, on compte de 2, 3 à 6 petites épines courbes (fig. 1018); cette double série d'épines ne manque jamais aux métatarses, mais, dans certains cas, elle n’occupe que la moitié apicale des tibias (Æro humilithorax Keyserl., etc.) ; la face externe de ces mêmes articles est mutique ou pourvue seulement de quelques épines isolées, sauf cependant dans le genre Arocha où elle offre une série de longues épines correspondant à celles du bord interne ; dans d’autres Araignées, étudiées précédemment, telles que les Diphya (p- 742), les Prionolæma (p. 725), les Exechocentrus (p. 888), les Tecmessa (p. 928), les tibias et métatarses antérieurs offrent aussi une série interne d’épines régulières, mais ces épines sont presque toujours homogènes, l'alternance d’épines de deux ordres est propre à la famille des Mimetides et à quelques Argiopides des groupes Arcys et Gnolus (1). Les griffes supérieures sont assez longues, coudées vers leur premier tiers, ensuite presque droites, pourvues, dans leur tiers basilaire, de 2 à 4 dents, longues, grêles et un peu divergentes chez les Mimetus, plus petites chez les Ero ; la griffe inférieure des Mimetus est petite et mutique, celle des Ero est presque aussi longue que les supérieures et pouvue d’une petite dent basäle. La patte-mâchoire de la femelle est grêle et assez longue; son tibia est beaucoup plus long que la patella; son tarse, au moins aussi long que le (1) Il est à noter que, dans les Argiopides, qui offrent cette particularité, les articles - sont plans en dessous et pourvus, de chaque côté, d’une série d'épines, tandis que, chez les Mimetides, ils sont cylindriques et n'offrent d’épines qu’au bord interne. O4 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES tibia, est grêle, acuminé à l'extrémité où il porte une griffe de même forme que celles des pattes, pourvue, vers le milieu, de 3 ou 4 dents dirigées en avant. La patte-mâchoire du mâle a une certaine analogie avec celle des Meta et des Nesticus; dans les formes typiques (Ero, Mimetus), elle est assez longue ; son fémur est grêle ; sa patella convexe ; son tibia, presque toujours plus long que la patella, est plus grêle, au moins à la base, et légèrement fusiforme ; son tarse, assez gros, est atténué, sinueux et oblique à la base où il est toujours pourvu d’une forte saillie interne dirigée en arrière, de forme variable selon les espèces, et très souvent précédée d’une petite dent perpendiculaire; son bord externe est, de plus, ordinairement suivi d’un bourrelet piligère, quelque- fois dilaté ou anguleux à l’extrémité, avec Le bord pourvu de quelques spinules ou même serrulé (fig. 1017). La patte-mâchoire des Gelanor est l’une des plus remarquables qui existent parmi les Araignées, au moins par sa longueur et sa gracilité (fig. 1012); son fémur, très grêle et cylindrique à la base, mais légèrement élargi en massue à l’extrémité, est presque aussi long que le corps entier ; la patella est très longue et cylindrique; le tibia, encore plus long, est un peu courbe, très grêle et presque filiforme à la base, mais légèrement et graduellement épaissi à l'extrémité où il est pourvu de quelques longs crins spiniformes divergents ; le tarse et le bulbe sont, au contraire, très petits et au moins aussi larges que longs. Dans tous les cas, le bulbe est assez com- plexe, membraneux dans le milieu, entouré d’un épais stylus en forme de lanière et prolongé à l’extrémité par plusieurs apophyses inégales. En dehors de leur patte-mâchoire, les mâles diffèrent des femelles par leur taille un peu moindre et par l’armature de leurs pattes moins régulière ; leurs tibias antérieurs n’offrent quelquefois que des épines isolées, les épines sériées caractéristiques n’existant qu'aux métatarses ; par contre, leurs fémurs anté- rieurs sont quelquefois (Gelanor) pourvus en dessus, surtout à la base, d'épines grèles nombreuses et peu régulièrement bisériées, qui manquent chez les femelles. Les Mimetides font peu usage de leurs fils, et ils ne construisent aucune toile définie; ils se trouvent sur les plantes basses et les buissons, et leurs allures sont relativement lentes, analogues à celles des Theridion et des Scytodes. Les Ero recherchent les endroits humides et sont très communs dans les détritus des marécages, tandis que les Mintetus préfèrent les stations sèches et chaudes. D’après Hentz, les Mimetus se nourrissent presque exclusivement d'autres Araignées; le M. interfector fait sa proie, aux États-Unis, du Theridion tepi- dariorum GC. Koch, dont il dévore aussi les œufs, tandis que le M. syllepsicus s'attaque à l’Araneus (Epeira) labyrintheus H. D’après le même auteur, le cocon des Mimetus est oblong et conique à ses deux extrémités. Le cocon des Er, qui a été si bien décrit par de Geer (Mém., t. VII, p. 226), ressemble à celui des Theridiosoma (voy. p. 916), il est, en forme de petit ballon, suspendu par un long et grèle pedicule, formé d’un FAMILLE DES MIMETIDÆ 945 faisceau de gros fils, qui divergent un peu à leur point d'attache sur le cocon ; celui-ci est tantôt de tissu papyracé simple et lisse (E. furcata Villers), tantôt formé de deux enveloppes dont l’externe, formée de très gros fils, a l’aspect d'un filet à larges mailles. On ne sait rien des mœurs des Gelanor ; ceux que j’ai capturés au Venezuela se tenaient sur les buissons, je n'ai pu observer ni leur toile, ni leur cocon. Le genre Ero renferme une douzaine d’espèces, dont quatre se trouvent en Europe, une au Japon (E. foliata L. Koch) et quatre ou cinq dans l'Amérique du Sud (1); l’une de nos espèces européennes (E. furcata Villers) se retrouve dans l'Amérique du Nord (Theridion leoninum Hentz), et une autre (E. fuber- culata de Geer) dans l’Asie centrale (d’après Croneberg). J’en ai trouvé une espèce (inédite) à Ceylan et deux au Cap (2). Ce sont des Araignées d’assez petite taille, de coloration fauve ou rougeâtre, avec des dessins très découpés et des annelures rappelant ceux des Seytodes. Les Mimetus, qui ont le faciès et la coloration des Ero, sous de plus fortes proportions, sont également au nombre d’une douzaine ; les trois plus ancien- nement connus se trouvent aux États-Unis d'Amérique et l’un d'eux (M. inter- fector Hentz) existe aussi dans la région méditerranéenne où il est assez commun ; on en connait un du Mexique (M. bigibbosus Cambr.), quatre ou cinq de l'Amérique du Sud et deux de la Nouvelle-Zélande (M. mendicans Cambr., atrocinctus Urq.) ; le genre est représenté dans l'Inde, à Ceylan, dans l'Afrique tropicale et australe par bon nombre d’espèces inédites. Les Gelanor, exclusivement américains, sont de taille assez grande; leur céphalothorax et leurs pattes sont fauves, plus ou moins rayés de noir ou de rouge; leur volumineux abdomen est d’un gris blanchâtre, avec deux grandes macules antérieures d’un blanc mat et de fines linéoles transverses, roses, violettes ou noirâtres; l'espèce type (G. zonatus C. Koch) est très répandue dans toute l'Amérique tropicale, depuis le Mexique jusqu’au sud du Brésil, et elle se trouve aussi aux Antilles ; on en a décrit deux autres espèces : l’une du Chili (G. latus Keyserl.), l'autre du Brésil (G. altithorax Keyserl.). L'unique espèce du genre Arocha est propre à la région de l’Amazone, et celle du genre Ources (0. reliculatus Nic.), qui a de nombreux synonymes, au Chili; le Phobetinus sagittifer E. Sim., qui est la plus petite espèce de la famille, est originaire de l'ile de Ceylan. (1) Plusieurs de ces espèces, décrites par Keyserling, appartiennent peut-être au genre Mimetus, tels sont ses Ero Goldi, gracilis, lala; Argyroepeira triangquiaris, du même auteur (Spinn. Amer. Ep., 1891), est aussi un Mimetus. — C'est sans doute au genre Ero qu'il faudra rapporter les Theridion laevipes, spinipes et attritum Nicolet, du Chili. (2) Ces deux espèces sont inédites, voici la diagnose de l’une d'elles : Ero capensis, sp. nov. — Q. Long. 3,5 mill. — Cephalothorax lævis, fulvo-olivaceus, fusco-marginatus, parte cephalica infuscata et maculam triquetram formante. Abdo- men oblongui, parce crinitum, obscure testaceum, nigro-punctatum et variegatum. Chelæ et partes oris castancæ, Sternum pedesque fulva, hi olivaceo-annulati.— Prom. Bona Spei. 60 946 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES GENERA 1. Oculi laterales a mediis late distantes. Pedes quatuor postici mu- Hé, À 2. UNS DUR St nt AUOT TRE NRRS 2 — Oculi laterales a mediis parum remoti. Pedes cuncti valde aculeati. A 2. Area oculorum mediorum multo longior quam latior et antice quam postice multo latior. Chelæ longæ et angusiæ....... Gelanor. — Area oculorum mediorum haud longior quam latior et antice quam postice angustior. Chelæ breviores et crassiores............ Oarces. 3. Tibiæ metatarsique antici et extus et intus longissime seriatim CU EI AMIE ANNE A A EEE Re de ae .. Arocha. — Tibiæ metatarsique antici tantum intus longissime seriatim acu- LÉ SO ARE ARR ee ERA DHEA UE SE 50 00 REP de one - 4. > . Pars labialis subquadrata, dimidium laminarum haud superans. Sternum latum, postice, inter coxas late distantes, obtusum... NII UNE LM oi ELU ERE SRE SEE ANARNUR AIRE RER Phobetinus. — Pars labialis longior, apice attenuata et obtusa, dimidium lami- narum multo superans. Sternum longius, postice subacumi- NU APE RS TAN PENSE CIN AE D ee One HRo io SMS at D. >. Clypeus arca oculorum haud angustior. Pedes postici anticis non TUTO NONIONE PAPE PRE ET CETTE CE Ho bD oo 0 :. CUETO> — Clypeus area oculorum multo angustior. Pedes postici anticis MUNEONDPEMONE SRE MERE CON CT RER PR À Mimetus. Ero C. Koch, Ueb. Ar. Syst., I, 1837, p. 8 (ad part.). — Theridion Walck. {ad part. : 5° fam. tuberculatæ). — Ero auct. Cephalothorax brevis, plerumque valde convexus, antice posticeque fere æqualiter declivis. Oculi sat magni, inter se parum inæquales, medii aream haud longiorem quam latiorem et antice quam postice latiorem (rarius qua- dratam) occupantes. Laterales a mediis plus minus remoti. Clypeus area ocu- lorum haud angustior vel latior. Pars labialis non multo longior quam latior, triangulariter attenuata. Laminæ intus leviter convergentes. Pedes longi, inter se parum inæquales, cuncti aculeati. Abdomen altissimum, plerumque tuber- culatum. Typeus : E. tuberculata de Geer. AR. GEOGR. : Europa; Reg. mediterr.; Asia centr., orient. et merid.; Japonia ; Africa austr.; Amer. sept. et merid. Arocha E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1893, p. 325. Ab Erone differt cephalothorace humiliore ct longiore, antice sat longe atte- nuato, fronte angusta, oculis mediis eminentiam subquadratam supra bigib- bosam, occupantibus, oculis mediis anticis reliquis oculis multo majoribus, chelis laminisque longioribus, his subrectis, pedibus anticis posticis multo FAMILLE DES MIMETIDÆ 947 longioribus, tibiis metatarsisque aculeis longissimis seriatis et intus et extus armatis, atque intus serie ordinaria aculeorum uncatorum minorum munitis. Tyeus : À. erythrophthalma E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : Brasilia et Peruvia in Reg. Amazonica. NMiimetus Hentz, Silim. Journ., XLI, 1832, p. 99. — Cienophora Blackw., Ann. Mag. Nat. Hist., 1870. — Ero Keyserl., Verh. 3. b. Ges. Wien, XIII, 1863 (ad part. E. lævigata). Cephalothorax longus, modice convexus, antice longe et valde attenuatus. Oculi medii aream magnam, haud longiorem quam latiorem et antice quam postice multo latiorem occupantes, antici posticis paulo majores et leviter prominuli. Laterales a mediis parum remoti. Clypeus area oculorum multo angustior sed oculis mediis anticis latior. Chelæ longissimæ. Pars labialis multo longior quam latior, apice attenuata et obtusa. Laminæ angustæ et longæ, convergentes. Pedes longi, inter se valde inæquales {quatuor antici reliquis multo longiores), cuncti aculeati, tibiis metatarsisque anticis Eromis. Abdomen convexum, antice latum et plerumque ad angulos prominulum. Typus : M. interfector Hentz. AR. GEOGR. : Regio mediterr. ; Africa trop. et austr.; India ; Nova Zealandia ; Amer. sept., trop. et austr. Phobetinus, nov. gen. À Mimeto differt oculis mediis anticis posticis multo majoribus, a lateralibus vix separatis, prominulis et supra tuberculatis, clypeo area oculorum haud vel non multo angustiore, parte labiali breviore, subquadrata, paulo latiore quam longiore, laminis angustis, longis et rectis, partem labialem multo supe- rantibus, sterno latius cordiformi, postice latius obtuso et coxis posticis inter se multo distantioribus, abdomine antice lato, postice valde acuminato, ma- millis apicalibus. Typus : P. sagittifer E. Sim. (sp. un.) (1). AR. GEOGR. : Ins. Taprobane. &Gelanor Thorell, On Eur. Spid., etc., 1869-70, p. 37 (note). — Galena C. Koch, Ar., XII, 1845, p. 105 (nom. præocc.). — Eurymachus Keyserl., Verh. z. b. Ges. Wien, 1880, p. 568. — Gelanor Keyserl., Spinn. Amer. Ep., 1891. Cephalothorax postice convexus, antice sensim declivis et attenuatus, fronte lata et obtusa. Oculi medii aream longiorem quam latiorem et antice quam (1) Espèce inédite, dont voici la diagnose : P. sagittifer, sp. nov, — @. Long. 2,5 mill. — Cephalothorax luteus, lineolis plu- rimis marginalibus el medianis flexuosis nigris ornatus, processu oculorum mediorum castaneo, aculeis uncalis binis instructo. Abdomen late pyriforme, postice acuminatum, fulvo albo nigroque variegalum, supra setis nigris paucis lanceolato-lamellosis, seriatim ordinatis, munitum, Sternum pedesque albida, femoribus tarsisque ad basir nigro- punctatis et variegatis, palellis rufulis. — Îns. Taprobane !. 948 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES postice multo latiorem occupantes, postici inter se subcontigui, antici posticis majores et prominuli. Oculi laterales a mediis late remoti. Clypeus oculis mediis anticis vix latior. Chelæ, partes oris pedesque antici fere Mimeti, pedes postici anticis multo breviores et mutici. Pedes-maxillares maris longissimi et gracillimi sed tarso parvo. Typus : G. zonatus C. Koch. AR. GEOGR. : America centr., merid. et antillana. Oarces E. Sim., Ann. Soc. ent. Belg., c. r. av. 1879. — Arkys Nicolet, in Gay, Hist. de Chile, Zool., III. À Gelanore differt cephalothorace breviore, fronte lata, oculis mediis aream haud longiorem quam latiorem et antice quam postice angustiorem occupan- tibus, anticis posticis minoribus, oculis lateralibus utrinque valde prominulis et disjunctis, chelis brevioribus et crassioribus, pedibus brevioribus sed valde inæqualibus, anlicis posticis multo crassioribus, partibus oris brevioribus, sterno multo angustiore et longiore, abdomine ovato, postice turbinato. Tyeus : 0. reticulatus Nic. (1) (sp. un.). AR. GEOGR. : Chili. (2) D’après les types conservés au Muséum, les Arkys pyriformis, Gayi, flavescens, liliputanus et inflatus Nicolet ne sont que des variétés de l'O. reticulatus. 30. Famille THOMISIDAE (! La famille des Thomisides correspond, au moins en grande partie, à la sec- tion .que Latreille (in Cuvier, Règ. Anim., III, p. 91) appelait Araignées late- rigrades, à cause du mode de locomotion du plus grand nombre de ses espèces qui a été comparé à celui des Crabes, d’où le nom d’Araignees-Crabes, qui leur a aussi été donné quelquefois. Cette famille répond plus exactement aux deux grands genres Thomisus et Philodromus de Walckenaer, car les genres Spa- rassus, Micrommata, Selenops, etc., qu'on en rapprochait autrefois, sont consi- dérés, par les auteurs modernes, comme formant une famille particulière, que je réunis à celle des Clubionides (voy. plus loin). Le céphalothorax est court, ordinairement aussi large ou presque aussi large que long, parallèle ou plus ou moins atténué en avant, arrondi sur les côtés, avec le front tronqué, plus rarement obtus; il est pourvu, au moins sur les côtés, de dépressions céphaliques obliques, promptement effacées en dessus, mais il manque presque toujours d’impression thoracique, sauf dans les sous-familles des Sfiphropinæ et des Philodrominæ et dans le groupe des Dieta. Son bandeau, vertical ou proclive, très rarement rentrant et un peu déprimé au-dessous des yeux (Physoplatys, Erissus), est souvent large, ordinairement coupé droit au bord antérieur, quelquefois cependant échancré en demi- cercle et, dans ce cas, plus ou moins rebordé {Bucranium, Strigoplus), plus rarement arrondi au bord antérieur et dépassant un peu la base des chélicères (Bomis) ; son bord antérieur est presque toujours pourvu d’une rangée trans- verse caractéristique de crins ou plus rarement d'épines, souvent élevées sur de petits tubercules. Les yeux sont disposés en deux lignes transverses presque toujours récur- vées dont la postérieure, presque toujours plus large que l’antérieure, est située au delà de l’angle frontal sur la face dorsale, tandis que l’antérieure est située sur la face antérieure verticale ou oblique. Ces yeux sont homogènes, tous du type diurne, mais presque toujours inégaux; en règle générale, les médians sont plus petits que les latéraux (surtout les antérieurs), sauf de rares excep- tions dont le genre Philodromus offre quelques exemples ; les médians posté- rieurs sont ordinairement plus petits que les antérieurs, quelquefois très réduits et difficiles à voir (Talaus, Amyciæa, etc.) ; les yeux latéraux sont, de chaque côté, largement séparés l'un de l’autre, rarement sessiles, ordinairement élevés sur des saillies mammiformes, tantôt isolées, tantôt confondues, quel- quefois prolongées en forme de tubercule angulaire conique. (1) La famille des Bradystichidae qui, d’après le tableau de la page 61, devrait se placer avant celle des Thomisidae; sera reportée plus loin. 950 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Les chélicères, pourvues d'une tache basale, sont larges à la base, plus ou moins atténuées ét coniques, mais très obtuses, plus ou moins aplanies sur leur face antérieure, juxtaposées par leur côté interne, verticales ou un peu proclives quand le bandeau est incliné. Leur face inférieure est tantôt glabre, tantôt garnie de poils épais formant, près le bord interne, une large bande 1020 1021—1023 1022 Fig. 1020. Misumena. Chélicère en dessous. — Fig. 1021. Zdem. Pièces buccales. — Fig. 1022. Rostre et lames-maxillaires vus en dessous.— Fig. 1023, Idem. Une patte de la 1re paire vue par la face interne. longitudinale (Thomisus, Stephanopsis) (fig. 1020) ; leur troncature apicale est courte et presque transverse; en avant du crochet, son bord est très obtus, souvänt saillant, lamelleux et garni de crins sériés, épais, villeux et recourbés en dedans; dans certains cas (Cymbacha saucia L. Koch, Apyre, etc.), ces crins sont transformés en épines sériées, ressemblant beaucoup à celles des Archæides ; en dessous, au niveau de la base du crochet, se voit un petit rebord tranchant, ordinairement garni de crins sériés, rarement réunis en un petit fascicule (Strophiinæ). Les bords de la rainure sont indistincts et mutiques. sauf dans la sous-famille des Sfephanopsinæ, où ils sont dentés (voy. plus loin) ; le crochet est court, large à la base, ordinairement très courbé et son bord inférieur tranchant cst finement serrulé. Le sternum est plan, non impressionné, ordinairement large en avant et fortement atténué en arrière, cordiforme ou obtusément triangulaire, terminé en arrière en pointe subaiguë, en avant des hanches postérieures subcon- tiguës, plus rarement assez largement obtus ou tronqué en arrière entre les Eanches distantes (Coriarachne, Gephyra), plus rarement abrégé et se termi- nanc entre les hanches de la 3° paire (Aphantochilus). La pièce labiale est plane, presque toujours plus longue que large, presque parallèle ou atténuée à l’extrémité qui est obtuse ou tronquée, plus rarement aiguë, d’autres fois atténuée à l’extrémité et à la base et fusiforme (fig. 1021). Les lames sont longues, larges à la base au niveau de l’insertion du tro- FAMILLE DES THOMISIDÆ 951 chanter, au delà rétrécies et plus ou moins échancrées au bord externe, ensuite légèrement dilatées ; leur extrémité, obliquement tronquée au côté interne, arrondie à l'externe, est parfois acuminée. Dans les groupes des Aphantochilus et des Strophius, les caractères propres des pièces buccales des Thomisides sont exagérés (voy. plus loin), ils sont, au contraire, atténués dans la sous- famille des Philodrominæ, et surtout dans celle des Sfephanopsinæ. Les lames, vues par la face inférieure, sont planes, glabres, sauf à leur extrémité interne où elles sont garnies de poils denses et couchés, dont les marginaux sont plus longs que les autres ; leur angle supéro-externe est suivi d’une fine serrula submarginale oblique et assez courte. Le rostre est membraneux, homogène et presque plan, long, alténué ct obtus, pourvu en dessus, au moins dans la moitié apicale, d'une étroite bande médiane de poils fins, courts et couchés, et de quelques poils marginaux plus forts et plus longs (fig. 1022). Les pattes, qui donnent aux Thomisides leur physionomie caractéristique, sont en général fort inégales, celles des deux premières paires sont presque toujours beaucoup plus longues et plus robustes que les deux postérieures, et celles de la seconde paire dépassent un peu celles de la première, caractère exagéré chez quelques Philodrominæ (Ebo); dans certains cas cependant, les pattes de la 4° paire sont aussi longues que les antérieures et dans le groupe entier des Slephanopsis, celles de la 1° paire sont plus longues que celles de la 2%. Les pattes antérieures sont dirigées en dehors et la locomotion est ordi- nairement latérale ; leurs trochanters sont courts, annuliformes, non échancrés au bord apical; leurs fémurs, très mobiles à leur articulation basale, sont robustes, atténués à la base et à l'extrémité, légèrement claviformes et com- primés, convexes en dessus, droits ou très légèrement concaves en dessous ; leurs patellas sont longues, fortement atténuées à la base où elles sont aplanies ; leurs articles suivants, dont la proportion varie selon les genres, sont presque cylindriques; leur tarse est relativement long; dans certains cas, il égale ou dépasse même le métatarse ; il est tantôt cylindrique et en continuité avec le métatarse, beaucoup plus souvent comprimé et atténué à la base, comme pédiculé ; la disposition des épines est caractéristique, au moins aux tibias et aux métatarses; ces deux articles offrent presque toujours en dessous deux séries régulières de très fortes épines couchées en avant et souvent quelques épines latérales, plus petites, internes et externes (fig. 1023); mais, les épines sériées inférieures paraissent internes, les latérales internes supérieures, et les externes inférieures, à cause de la position des articles qui, au lieu d'être dirigés en avant dans l’axe du corps, comme ceux des autres Araignées, sont repliés en dedans sur le fémur qui est dirigé en arrière. Les pattes posté- rieures, très souvent mutiques, gardent leur direction normale. L’extrémité des tarses est coupée obliquement et lésèrement saillante à l'angle inférieur; elle est garnie, sous les griffes, de poils déprimés, villeux, tantôt isolés, tantôt assez denses pour former des fascicules ; ces poils sont tantôt grêles et effilés, tantôt dilatés à l'extrémité, obtus ou tronqués (Philodrominæ). Les griffes, insérées obliquement sur la troncature tarsale, sont au nombre de deux ; elles sont tantôt fortement coudées, fibuliformes et pourvues, dans 952 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES leur partie basale seulement, de quelques dents fines et contiguës, tantôt beaucoup plus longues, courbées seulement près de l’extrémité, et pourvues d’une série de dents beaucoup plus nombreuses, atteignant ou dépassant leur tiers apical ; très souvent, les griffes sont dissemblables, les dents étant beau- coup plus nombreuses sur l’interne que sur l’externe (principalement dans la sous-famille des Philodrominæ) ; souvent aussi les griffes sont dissemblables d’un sexe à l'autre. La forme de l’abdomen est des plus variables ; mais il présente toujours, en dessus, cinq points indurés souvent très développés : un antérieur impair et quatre médians en trapèze. Les filières ont la disposition de celles des Araignées sédentaires (voy. p. 488); les inférieures, contiguëés l’une à l’autre, sont précédées d’un colulus conique aigu ; leur troncature, arrondie et peu saillante, est garnie de fusules irrégulières, nombreuses et presque semblables ; aux médianes et aux infé- rieures, on en trouve cependant deux un peu plus grosses que les autres (1). La patte-mâchoire de la femelle est épaisse; son tarse, obtus ou acuminé, porte une griffe courte, mais robuste, presque droite et armée d’un petit nombre de dents. Celle du mâle est courte, sauf dans certaines espèces du groupe des Philo- dromus; son fémur et sa patella sont toujours mutiques, mais le premier est quelquefois claviforme (Aphantochilinæ) ; son tibia est, au contraire, normalement pourvu de deux apophyses : une inférieure (fig. 1024 A1) et une externe (fig. 1024 AE), qui a une tendance à se diviser en deux branches; dans certains cas, il ne présente que l’apophyse externe, mais il est | . très rarement mutique (fig. 1025) Fig. MEE Dre Te Sim. Free (Stephanopoides Tibellus, etc.); le choire du male vue en dessous. — Fig. 1025. ? ? 2 Stephanopoides Simoni Keyserl. Idem. — A7, tarse est large, discoïde ou réni- apophyse tibiale inférieure ; AE, apophyse tibiale forme, plus rarement étroit ovale externe ; T, saillie externe du tarse; S, stylus. et terminé en pointe subaiguë ; en _ dessous, il est creusé d'un grand alvéole circulaire ou oblong ; dans les sous- familles des Sfephanopsinæ et Philodrominæ, il est entièrement mutique et res- semble à celui des Clubionides, tandis que, dans celle des Misumeninæ, il pré- 1024 1025 (1) Thorell avait rapporté à la famille des Thomisides (On Eur. Spid., p. 186) le genre Aneles Menge (Verzeichn. Danz. Spinn., 1850, p. 71), qui présenterait le carac- tère exceptionnel de manquer de filières et de griffes tarsales; mais Thorell a été informé depuis, par Menge lui-même, que ce genre était à supprimer, l'Aneles coele— trum M. n'étant autre qu’un jeune Epeira (Araneus) mutilé accidentellement. Cf. à ce sujet Thorell, Sv. Ak. Handl. (n. f.). XIII, 1875, note p. 284, et v. Hasselt, Versl, Ak Amst., XV, 1880, p. 196-198: FAMILLE DES THOMISIDÆ 953 sente au bord externe, vers le milieu ou près la base, une petite pointe conique - déprimée qui représente la branche externe (fig. 1024 T); le bulbe lui-même est simple, plat (1), pourvu d’un long stylus prenant naissance vers son milieu, recourbé en dehors, entourant complètement sa marge comme d’une ceinture et se terminant tantôt au côté externe, en pointe effilée, atteignant souvent la dent du bord alvéolaire et se recourbant un peu en dehors (fig. 1024 S), tantôt [Philodrominæ) au bord supérieur en pointe plus courte et plus robuste. L’épigyne est simple, non saillant, en forme de fossette rebordée, rarement divisée par une carène longitudinale. Les Thomisides sont des Araignées errantes, n’employant jamais leurs fils pour fabriquer une toile ou arrêter leur proie; les unes poursuivent cette proie à la course (Philodrominæ); les autres, plus lentes dans leurs allures, l’attendent à l'affût, où leur coloration, en rapport avec celle du milieu, leur permet de se dissimuler; les unes, de couleur claire et vive, se tiennent sur les fleurs et les feuilles ; les autres, de teinte plus sombre, mais souvent variée, se dissimulent sur les écorces et au milieu des détritus ; la ressemblance mimé- tique de ces Araignées soit avec des fleurs (2), soit avec des débris d’écorces, soit même avec des excréments d'oiseaux (3) a, depuis longtemps, été signalée. Les œufs sont nombreux et jamais agglutinés ; ils forment une masse lenti- culaire très aplatie ; le cocon qui les enveloppe a la même forme, il est le plus souvent formé de deux valves égales, réunies sur le bord, qui présente une petite frange circulaire; son tissu est tantôt simple et serré, tantôt d’une nature floconneuse et adhérente au toucher. Dans la sous-famille des Misu- meninæ, le cocon est tantôt libre, tantôt suspendu comme un hamac dans une sorte de retraite formée de feuilles roulées et rapprochées (Xysticus); dans la sous-famille des Philodrominæ, il est fixé par l’une de ses faces ; dans tous les cas, après la ponte, la femelle quitte ses habitudes errantes pour veiller assi- dûment sur sa progéniture. Je propose de diviser la famille des Thomisides en six sous-familles. SOUS-FAMILLES 1. Laminæ-maxillares apice acuminatæ. Pars labialis apice acutis- sima 2e, me — Laminæ haud acuminatæ. Pars labialis apice oblusa vel truncata,. ' (20) 2. Pars labialis angustissima laminiformis. Sternum postice valde abbreviatum et coxas 3i paris haud superans..... Aphantochilinæ. — Pars labialis angusta. Sternum normale............. .... Strophiinæ. (1) Dans le genre Xysticus seulement, il présente deux apophyses médianes rap- prochées. (2) CF. R. Trimen, Pr. ent. Soc. Lond., 1864, p. 29. (3) CF, Forbes, Pr. zool, Soc. Lond., 1883, p. 586. 954 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES 3. Tarsi quatuor antici apice incrassati, unguibus minutissimis mu- DL LU NES RU PER MERN MARAS INR Eee ce TO ÉIDATOPOUIEEEE — Tarsi cuncti et ungues normales 4. Chelarum margines sulci dentibus paucis instructi. Laminæ- maxillares subrectæ. Pedes 1! paris longiores quam pedes DDATISRER A PERS M AE EN EE AN :....:.... Stephanopsinæ. — Chelarum margines sulci (saltem margo inferior) mutici. Laminæ plus minus inclinatæ. Pedes 2i paris longiores quam pedes LE DATIS SSL A UC RES AT re AS TR A OC 5. Frons truncata. Tegumenta parce setosa. Tarsi pedum haud fas- ciculati vel fasciculis pilorum acutorum tantum muniti (1)... NE NT ni DRE PAT EE ane rse SORA RARES CU Misumeninæ. — Frons obtusa. Tegumenta pilis pronis plumosis vel squamosis crebre vestita. Tarsi pedum fasciculis unguicularibus piiorum Spathu on IUT ENUNItEMPE EEE EEE EEE EE RER Philodrominæ. Jre Sous-famill APHANTOCHILINÆ Les deux genres Aphuntochilus et Bucranium, pour lesquels on a proposé une famille spéciale (2), se distinguent des autres Thomisides, et même de la plupart des Araignées connues, par quelques caractères exceptionnels, comme, par exemple, la petitesse de leur pièce labiale, réduite à une simple lame, et la brièveté de leur sternum, qui se termine entre les hanches de la Je paire. Le céphalothorax de ces Araignées est beau- coup plus long que large; sa région frontale, très large et tronquée carrément, est pourvue, à chacun des angles, d’un long tubercule aigu et divergent; sa partie thoracique, brusquement plus étroite, est atténuée et inclinée en arrière; celle des Bucranium, étroitement tronquée et un peu échancrée au bord postérieur, au niveau des hanches de la 4° paire, est convexe et pourvue de tubercules spinigères, dont les deux principaux, médians, sont géminés ; celle des Aphantochilus, beaucoup plus longue, plus fortement atténuée et brusquement rétrécie en arrière, en une sorte de pédicule cylindrique et tronqué, dépassant les hanches, est sinueuse sur les côtés, marquée en dessus : Aa Fig. 1026. Bucranium taurifrons Cambr. Femelle grossie. (1) Ces deux derniers caractères souffrent quelques exceptions : Alcimochtes, Amy- ciaea, elc. (2) Ou une sous-famille comprenant aussi les genres Strophius et Cerarachne, cf. E. Sim., in Bull, Soc. zool. Fr., 1885, p. 445 (note). FAMILLE DES THOMISIDÆ 955 de deux dépressions transverses simulant une segmentation (la 2° plus forte) et armée, au milieu, d’un long tubercule dressé et aigu. Le bandeau est large et fortement incliné en avant; celui des Bucranium, qui est environ de même largeur que le groupe oculaire, est épaissi au bord antérieur, en gros bourrelet arqué en croissant et armé d’une série de petits tubercules sétigères (fig. 1027); celui des Aphantochilus, beaucoup plus large, est plan, limité, de chaque côté, par une carène arquée, à convexité externe, ct son bord antérieur, légèrement échancré, est pourvu d’une rangée de crins (fig. 1028). Les yeux sont en deux lignes transverses, légèrement et presque également récurvées, l'antérieure étant un peu plus étroite que la postérieure, et leurs yeux médians, surtout les antérieurs, sont plus petits que les latéraux. Dans le genre Bucranium, les yeux des deux lignes sont presque équidistants (fig. 1027); dans le genre Aphantochilus, les médians sont au moins trois fois plus séparés Pun de l’autre qu'ils ne le sont des latéraux (fig. 1028). 1027—1028 1029 1030 Fig. 1027. Bucranium taurifrons Cambr. Face vue en avant. — Fig. 1028. Aphantochilus Rogersi Cambr. Idem. — Fig. 1029. Idem. Pièces buccales et sternum.— Fig. 1030. Idem. Extrémité d'un fémur. Les chélicères sont courles, larges et planes en avant; celles des Bucra- num sont garnies, presque dès la base, de crins spiniformes irréguliers ; celles des Aphantochilus n'en présentent que près de l'extrémité, étant glabres ‘et striolées transversalement dans leur moitié basale; dans tous les cas, le bord supérieur de leur rainure est pourvu d’une petite saillie membraneuse, semi- circulaire ou conique, pileuse ou un peu serrulée à l’extrémité ; le crochet est large à la base, mais brusquement aciculé et droit; celui des Bucranium est très court, celui des Aphantochilus un peu plus long. Les lames-maxillaires sont planes ; leur portion basilaire, très large et for- tement dilatée au niveau de Pinsertion du trochanter qui est oblique, et leur 956 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES portion apicale, au contraire très étroite, légèrement lancéolée, acuminée et droite, sont environ de même longueur; ces lames sont droites par leur bord interne ; celles des Aphantochilus sont contiguës l’une à l’autre dans leur partie basale et près de leur extrémité, tandis que, dans leur milieu, elles sont séparées par une étroite bande, effilée aux deux extrémités, qui est la pièce labiale (fig. 1029); dans le genre Bucranium. cette pièce est également étroite et fusiforme, mais plus longue, de sorte que les lames ne se touchent que par leurs deux extrémités. Le sternum, étroit et atténué aux deux extrémités dans le genre Aphanto- chilus, plus largement ovalaire dans le genre Bucranium, a cela de très parti- culier qu’il se termine, en arrière, en pointe subaiguë (Aphantochilus) ou coupée d'une petite échancrure rebordée (Bucranium) en avant des hanches postérieures ou même au niveau de celles de la 3 paire; celles de la 4° paire étant presque contiguës l’une à l’autre et insérées dans un espace membra- neux ; celles des Aphantochilus sont même un peu isolées des autres et situées sous le processus céphalothoracique (fig. 1029). L’abdomen est presque globuleux et marqué en arrière, au-dessus des filières, de cinq plis transverses plus ou moins profonds ; celui des Aphanto- chilus est recouvert d’un scutum homogène, lisse, parsemé de points enfoncés donnant chacun insertion à un petit poil tronqué, et pourvu, au bord anté- rieur, de quelques crins spiniformes plus longs disposés en ligne transverse ; celui des Bucranium est armé, dans sa moitié basilaire, de gros tubercules aigus, disposés en deux rangs arqués (4-4); ses téguments, épais et coriacés, sont garnis, dans la moitié antérieure, de poils courts, épais et couchés ; dans la moitié postérieure, de poils plus longs, obtus et dressés, disposés en séries transverses correspondant aux plis (fig. 1026). En dessous, l'épigastre est recouvert d'une plaque coriacée, au milieu de laquelle s’ouvre l'orifice génital, tantôt en petite fossette arrondie divisée par une carène (Bucranium), tantôt en fossette transverse arquée, limitée en arrière par un épais rebord échancré au milieu (Aphantochilus). Cet abdomen est bien détaché du céphalothorax ; celui des Aphantachilus y est même fixé par un très long pédicule visible en dessus et coriacé, dont le lorum supérieur, assez étroit, parallèle ou un peu resserré au milieu, est bordé, de chaque côté, d’une bande membraneuse plissée, tandis que le lorum inférieur, entaillé en arrière d'une échancrure triangulaire, présente une fine carène médiane (fig. 1029). Les pattes sont peu longues et peu inégales ; dans le genre Bucraniuwm, elles sont dans les proportions ordinaires aux Thomisides ; leurs fémurs sont com- primés et armés, en dessus, d'épines sériées, dressées ; les autres articles sont mutiques, les patellas sont épaisses et convexes, tous les autres articles sont beaucoup plus grêles et presque cylindriques; les tarses sont légère- ment pédiculés à la base. Dans le genre Aphantochilus, les pattes de la 4e paire sont, par exception, plus longues que les autres: les fémurs sont dépourvus d'épines dorsales, mais armés, au-dessus de l'articulation patellaire, d'une forte dent conique (fig. 1030) ; les patellas, non épaissies ; les tibias et les métatarses sont très légèrement anguleux ; les tarses, presque aussi longs que les métatarses aux paires antérieures, sont aussi un peu plus épais et légère- FAMILLE DES THOMISIDÆ 957 ment fusiformes ; ces pattes sont mutiques, mais leurs principaux articles sont garnis, en dessous, de crins spiniformes courts et nombreux. La patte-mâchoire est, dans les deux sexes, courte et très robuste; son fémur est dilaté, convexe ct souvent ca- réné en dessous, claviforme, presque aussi large que long ; sa patella est assez longue et très épaisse; son tibia, de même longueur ou plus court; chez la femelle, le tarse est petit, conique ou très acuminé et garni d'épines irrégulières (fig. 1032); chez le mâle, le tibia porte à l'angle supéro-exlerne une apophyse dirigée en avant, le long du bord tarsal, 1031 1022 tantôt simple, tantôt dentée ; le tarse est Fig. 1031. Bucraniuwm taurifrons Cambr. ASSez étroit, acuminé, garni, au côté in- Patte-mâchoire du mâle. — Fig. 103. terne, de nombreuses épines irrégulières Aphantochilus Rogersi Cambr. Patte-màa- et, au côté externe, d’une petite dent choire de la femelle. PT À { ; aiguë et divergente sur laquelle s'appuie l'extrémité de l'apophyse tibiale ; le bulbe discoïde, entouré de son stylus, est tout à fait celui des Misumena (fig. 1031). Les Aphantochilus, de taille assez grande, sont d'un noir profond et luisant, avec l'abdomen souvent marqué de deux taches claires, et les métatarses rayés de blanc en dessus; ils offrent une ressemblance mimétique très frappante avec les Fourmis du genre Cryplocerus, au point que, pendant la vie, la con- fusion est possible, même pour un œil exercé. Les Bucranium, un peu plus petits et de teinte brun-rouge vif, ont un faciès de Thomisides mieux accusé. Ces Araignées sont propres à l'Amérique du Sud intertropicale; on n’en con- nait qu'un très petit nombre d’espèces, répandues du Guatemala au sud du Brésil. GENERA Oculi antici et postici inter se fere æquidistantes. Cephalothorax pos- tice haud productus. Pedum femora tuberculis apicalibus carentia. Bucranium, nn em mn ns tnt Oculi medii inter se quam à lateralibus multo remotiores. Cephalo- thorax postice productus. Pedum femora tuberculis apicalibus HOTTE) RSR TR PRMRERE nes Ie A TA . Aphantochilus. Bucranium Cambr., Pr. Zool. Soc. Lond., 1881, p. 772. Cephalothorax longus, altus, fronte latissima, recte truncata, utrinque, ad angulum, tuberculo longo et divaricato instructa, parte thoracica convexa, tuberculis spinigeris (duobus medianis subgeminatis, reliquis majoribus) ins- tructa, postice declivi, attenuata et anguste truncata, haud producta. Clypeus proclivis (area oculorum circiter æquilatus), ad marginem valde incrassatus et arcuato-emarginatus. Oculorum lineæ binæ recurvæ, oculi medii, præser- 958 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES tim antici, laterahibus minores, antici inter se quam a lateralibus paulo remo- tiores, oculi quatuor postici inter se fere æquidistantes. Laminæ planæ, ad basin latæ, ad apicem angusiæ et acuminatæ. Pars labialis angustissima, cari- niformis, ad basin atque ad apicem attenuatissima atque acuta. Sternum sat late ovatum, postice attenuatum sed truncatum et minute emarginatum. Pedes inter se parum inæquales, subteretes, femoribus supra aculeatis, arti- culis reliquis cunctis muticis, patellis tibiis crassioribus et convexis. Abdo- dem breve, subglobosum, scuto, antice tuberculis magnis ct acutis instructo, obtectum. Tegumenta duriuscula, coriacea, tuberculata vel spinosa. Typus : B. taurifrons Cambr. AR. GEOGR. : Amer. centr. (spénigerum Cambr.) et merid. Aphantoechilus Cambr., Pr. Zool. Soc. Lond., 1870, p. 744. Cephalothorax longus, fronte lata, recte truncata et utrinque, ad angulum, tuberculo longo, tercti, acuto et divaricato instructa, parte thoracica valde attenuata, leviter bicoarctata, et postice fere cylindraceo-producta, supra tuberculo magno erecto munita. Clypeus latissimus, planus, proclivis. Oculi parvi, inter se subæquales, lineas leviter recurvas binas formantes, medii antici et postici inter se quam a lateralibus fere triplo remotiores. Laminæ Bucranii. Pars labialis angustissima, cariniformis. Sternum angustum, subpa- rallelum, postice inter coxas 3! paris subacutum. Coxæ subglobosæ, posticæ contiguæ, Pedes modice longi, femoribus supra muticis sed ad apicem tuberculo munitis. Abdomen globosum, longe petiolatum, supra scutatum. Typus : À. Rogersi Cambr. AR. GEOGR. : Amer. mer. : Venezuela et Brasilia. 2% Sous-famille STIPHROPODINÆ Les Stiphropus diffèrent de tous les autres Thomisides par la structure et la proportion des articles de leurs pattes, qui sont fort singulières, et par la dis- semblance de leurs griffes antérieures et postérieures qui n’a d’analogue que dans la famille des Palpimanides. À part cela, ils touchent d’assez près aux Aphantochilus par la forme de leurs lames-maxillaires et celle de leur sternum, qui est cependant moins exagérée pour celui-ci, qui se termine en pointeen avant des hanches de la 4° paire, mais leur pièce labiale, également longue, étroite et fusiforme, est tronquée, nullement acuminée à l’extrémité; leur céphalothorax et leurs yeux sont moins anormaux, rappelant davantage ceux des Misumenu. Le céphalothorax, un peu plus long que large, est tantôt un peu atténué en avant, tantôt tout à fait parallèle, tronqué droit au bord frontal, épais, plus ou moins convexe dans le milieu, incliné en avant et surtout en arrière où il est marqué, près le bord postérieur, d’une étroite fossette longitudinale ; son bandeau est très étroit et vertical, ordinairement mutique; dans une espèce du Gabon, le S. dentifrons E. Sim. il offre cependant à chacun de ses angles, FAMILLE DES THOMISIDÆ 959 une dent conique dirigée en bas qui ne manque pas d'analogie avec celle des Bucranium (fig. 1033). Le groupe oculaire n'occupe pas entièrement la largeur du front; les yeux postérieurs sont en ligne fortement récurvée, avec les médians plus rapprochés l’un de l’autre que des latéraux, tandis que les antérieurs sont en ligne plus étroite et presque droite; les médians, beaucoup plus petits que les latéraux, surtout les postérieurs (qui sont presque punctiformes), figurent un groupe \ 7 1033 1034 1035 Fig. 1033. Stipluropus dentifrons E. Sim. Face et chélicères vues en avant.— Fig. 1034. S. sigillatus Cambr. Patte de la 1re paire. — Fig. 1055. S. duriusculus E. Sim. Patte-mâchoire du mâle. aussi long que large ou un peu plus large que long, parallèle ou un peu plus étroit en avant qu’en arrière; les latéraux sont élevés, de chaque côté, sur des saillies très basses et isolées dont l’antérieure est un peu plus forte que la pos- térieure. Les chélicères sont larges et planes en avant; leur marge supérieure, légè- rement saillante et carénée, est pourvue d’une rangée de 5 à 8 très petites épines bacilliformes obtuses ; leur face inférieure est glabre et marquée de stries transverses peu régulières. La pièce labiale est étroite et longue, atténuée à la base et à l’extrémité où elle est tronquée, mais elle dépasse peu le milieu des lames, qui ressemblent à celles des Aphantochilus, étant longues, étroites et contiguës dans leur partie terminale, déprimées, très fortement resserrées et profondément échancrées au bord externe, au-dessus de l'insertion du trochanter. Le sternum est plan, ovale assez allongé, atténué en avant et surtout en arrière, où il se termine en petite pointe subaiguë, en avant des hanches pos- térieures contiguës. L’abdomen est ovale court; ses points calleux dorsaux sont très développés, surtout les postérieurs qui sont arrondis, légèrement excavés, souvent presque confluents. Les pattes des femelles sont extrêmement épaisses ; aux paires antérieures, les fémurs sont presque claviformes, convexes en dessous, mais brusquement déprimés près de l'extrémité en une sorte d’échancrure dans laquelle peut se replier la patella ; celle-ci est épaisse; le tibia, qui lui fait suite, est un peu 960 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES plus étroit à la base, mais très fortement dilaté à l’extrémité en forme de massue ; le métatarse est très court, atténué à la base et comme pédiculé, tandis que le tarse, nullement rétréci à l’articulation et ne formant qu’une masse avec le métatarse, est remarquablement développé, car il est plus long que la patella et le tibia réunis; cet article est toujours dilaté et fusiforme, mais son épaisseur varie selon les espèces ; elle est exagérée dans le S. (Cas- turopoda) sigillatus Cambr., de Ceylan, dont les tarses antérieurs ont été com- parés par Cambridge à une queue de Castor (fig. 1034). Les pattes postérieures sont plus grêles ; leurs tibias, métatarses et tarses sont presque cylindriques, mais la proportion de ces deux derniers articles est la même qu'aux pattes antérieures. Les mâles, qui ont été rapportés à d’autres genres que les femelles (Cyr- sillus, Apsectromerus), ont les pattes beaucoup moins robustes et plus longues; leurs tibias sont très peu dilatés à l’extrémité; tandis que leurs métatarses et tarses, d'égale épaisseur, comprimés et un peu courbes, sont tantôt presque égaux (S. duriusculus E. Sim.), tantôt fortement inégaux, le métatarse étant beaucoup plus court que le tarse. Les griffes sont très dissemblables d'une paire de pattes à l’autre; celles des pattes antérieures sont très petites, courbes et pourvues, dans leur moitié basilaire, de 4 ou 5 dents; tandis que celles des tarses postérieurs sont longues, peu courbées, mutiques ou pourvues, près de la base, de 2 ou 3 petites dents. La patte-mâchoire est, dans les deux sexes, de forme normale; celle du mâle à un tibia armé d’une grosse apophyse externe mucronée, dirigée obli- quement en avant, et un tarse brièvement ovale, pourvu d’une petite saillie externe déprimée et tronquée (fig. 1035). Les Stiphropus sont des Thomisides de taille moyenne, dont les tésuments, noirs ou brunâtres, sont épais; ceux du céphalothorax, presque glabres et brillants, sont souvent finement chagrinés ou impresso-ponctués ; ceux de l’abdomen sont garnis de crins isolés, sauf sur les grandes plaques coriacées qui occupent souvent presque toute la face dorsale; ceux des membres sont revêtus de poils squameux ou plumeux couchés, laissant de fines lignes glabres longitudinales aux patellas et aux tibias. Cette sous-famille ne renferme que le seul genre Sfiphropus, dont on a décrit six espèces voisines les unes des autres, mais qui ont été cependant rapportées à plusieurs genres à cause des dissemblances sexuelles : deux de la côte occidentale d'Afrique (S. niger et dentifrons E. Sim.), deux de la côte orientale (S. lugubris Gerst. et drassoides Cambr.), une de l’Indoustan (S. du- riusculus E. Sim.), une de Ceylan ($. sigillatus Cambr.), enfin une de Birmanie (S. ocellatus Thorell). J’ai trouvé à Ceylan le S. sigillatus Cambr. sous une écorce d’arbre qu'il avait tapissée d’une petite toile adhérente de tissu blanc et serré. (] FAMILLE DES THOMISIDÆ 961 Stiphropus Gerstæker, Decken's Reis. in Ost. Afr., etc., Ins., 1873, p. 478. — Cyrsillus (S) et Casturopoda (©) Cambr., Pr. Zool. Soc. Lond., 1873, p. 358-361. — Apsectromerus (3) E. Sim., Bull. Soc. zool. Fr., 1885, p. 16. Cephalothorax paulo longior quam latior, subparallelus, convexus, fronte lata et truncata, clypeo angusto, verticali, mutico vel utrinque ad angulum dentato. Oculi postici in lineam valde recurvam, medii minutissimi, a latera- libus quam inter se remotiores, antici in lineam angustiorem subrectam, laterales mediis saltem duplo majores. Area mediorum subquadrata vel sæpius antice paulo angustior. Chelæ latæ, antice planæ, margine sulei superiore aculeis parvis uniseriatis munito. Laminæ angustæ, longæ, apice contiguæ, prope medium valde constrictæ et depressæ. Pars labialis angusta, longa et fusiformis, sed apice truncata. Sternum ovatum. Abdomen depressum, plagulis coriaceis maximis supra munitum. Pedes feminæ breves et præsertim antici robustissimi, femoribus crassis et compressis, tibiis brevibus apice incrassatis, tarsis cunctis metatarsis multo longioribus et ad articulationem bhaud con- strictis, anticis incrassatis et fusiformibus. Pedes maris multo longiores et graciliores, metatarsis tarsisque compressis haud incrassatis. Tyeus : S. lugubris Gerst. ÂR. GEOGR. : Afr. trop. occid. et orient.; India ; ins. Taprobane ; Birmania et Malaisia. 3e sous-famille STROPHIINÆ Entre les Aphantochilus et les Misumena se placent les genres Sfrophius et Cerarachne qui leur sont intermédiaires, mais qui se distinguent des uns et des autres par certains caractères qui leur sont propres, notamment par la structure de leurs chélicères qui présentent en dessous, près l'insertion du crochet, un faisceau de longs crins épais, dirigé en avant, mais souvent recourbé en dedans en forme de panache et élevé sur un petit tubercule (fig. 1040). La pièce labiale est beaucoup plus étroite que celle des Misumena et plus de quatre fois plus longue que large, atténuée à l’extrémité où elle se termine généralement en pointe très effilée atteignant presque l’extrémité des lames ; celles-ci sont très étroites, plus brusquement rétrécies au delà de leur dilata- tion basale, acuminée à l'extrémité où elles se rencontrent en avant de la pièce labiale (fig. 1039); mais ces caractères sont affaiblis dans le genre Strigoplus qui, sous ce rapport, fait le passage des Sfrophius aux Misumena, au contraire exagérés dans le genre Cerarachne (fig. 1036-1037). Les autres caractères, dont je parlerai plus loin, se retrouvent plus ou moins dans les sous-familles suivantes ; le céphalothorax et les pattes rappellent tantôt ceux des Misumena (Strophius), tantôt ceux des Stephanopsis (Cera- rachne) ; les pattes, souvent mutiques ou presque mutiques, sont ordinaire- ment anguleuses; leurs griffes, fortement courbées, sont pourvues d’une série de dents nombreuses dépassant leur tiers apical, elle sont accompagnées 61 962 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES de fascicules de scopulas plus ou moins développés, formés de poils villeux, effilés ou obtus. La patte-mâchoire est, dans les deux sexes, courte et très épaisse; chez la femelle, le tibia, de même longueur que la patella, est aplani en dessus, sou- vent même déprimé à la base; le tarse, à peine plus long que le tibia, est atténué, un peu déprimé et garni à l'extrémité d’épines courtes ; chez le mâle, le tibia porte une forte apophyse externe, obliquement dirigée en avant et souvent divisée en plusieurs branches ; le tarse, assez large, est disciforme, mais brièvement acuminé, mutique au bord externe ou pourvu, près la base, d’une petite sinuosité représentant la dent des Misuwmena. Les genres de cette sous-famille se répartissent en deux groupes : Laminæ-maxillares depressæ, apice longe acuminatæ et productæ. Tarsi pedum cylindracei, a basi haud constricti, unguibus parvis MONDE 0 dote SRE Eee DE NPA RAA PA .......... Gerarachneæ. Laminæ planæ, apice haud productæ. Pedes Misumenæ....... Strophieæ. 1. CERARACHNEÆ Le céphalothorax des Cerarachne est un peu plus long que large, dilaté arrondi de chaque côté, assez épais, mais presque plan en dessus, vertical et tronqué au bord postérieur, avec les angles un peu saillants; ses téguments sont épais, coriacés, pourvus de petits tubercules spinigères sériés et souvent de strioles qui, dans le genre Ülocymus, dessinent une large carène médiane mousse et, de chaque côté, des lignes rayonnantes. Dans les genres Cerarachne et Simorcus, la région frontale, assez étroite, est légèrement élevée en avant comme celle des Sfephanopsis, tronquée, avec chacun des angles pourvu d’un tubercule conique obliquement relevé ; dans l’une des espèces du genre Simorcus.($S. capensis), ces tubercules font cependant défaut et les yeux latéraux sont élevés, de chaque côté, sur de fortes saillies obtuses surmontées d'épines claviformes, comme dans le genre Uocymus, dont le front est plus large et plus obtus. Le bandeau est large, tantôt proclive (Ulocymus, Simorcus), tantôt vertical ou même un peu concave, toujours tronqué droit au bord antérieur où il est pourvu d’une série de crins ou de fortes épines tronquées, Les deux lignes oculaires sont légèrement récurvées et l’antérieure (qui est quelquefois presque droite), est un peu plus étroite que la postérieure ; leurs yeux sont presque équidistants et les médians, plus petits que les laté- raux, figurent un trapèze plus étroit en avant et plus long que large. Les chélicères des Cerarachne sont assez longues, étroites et acuminées, leur face antérieure est légèrement déprimée et concave dans le milieu ; celles des Simorcus, également étroites, sont presque planes en avant, sauf près de l'extrémité où elles sont déprimées et armées, vers le milieu, d'un groupe de À ou 5 fortes épines ; celles des Ulocymus, beaucoup plus larges et plus courtes, FAMILLE DES THOMISIDÆ 963 sont planes en avant et hérissées, sauf à l’extrémité et au bord externe, de fortes épines irrégulières. Les lames-maxillaires sont très caractéristiques; au delà de leur dilatation basale, qui occupe à peine le tiers de leur longueur, elles sont étroites, très longues {plus que dans aucune autre Araignée), effilées à l’extré- mité, arquées en dessous et un peu divergentes, leur partie ter- minale, garnie de quelques spi- nules, dépassant un peu l'extré- mité des chélicères dont elle suit la courbe (fig. 1036 et 1037); mais ce caractère est moins prononcé 1036 1037 dans les genres Ulocymus et Si- Fig. 1036. Cerarachne Germaini E. Sim. Pièces buc- MOTCUS. cales. — Fig. 1037. Idem. Chélicère et lame- Le sternum est ovale, large et plan, très légèrement atténué en avant, un peu plus longuement en arrière où il se termine entre les hanches qui sont assez largement disjointes, au moins celles des vrais Cerarachne. L'abdomen est plus long que large, assez étroit et tronqué au bord anté- rieur qui s'appuie au céphalothorax, graduellement élargi et épaissi en arrière où il est obtusément tronqué, souvent un peu prolongé au milieu et marqué de plis transverses sur sa pente postérieure ; les téguments de sa face dorsale, épais, coriacés et inégaux, portent, de loin en loin, des crins courts, épais, tronqués ou claviformes, souvent aussi des tubercules arrondis ou coniques. Les pattes sont inégales, celles des deux premières paires étant beaucoup plus longues que les autres; dans les genres Cerarachne et Ulocymus, les - antérieures sont presque égales entre elles, tandis que, dans le genre Simorcus, celles de la première paire sont nettement plus longues que celles de la seconde; dans tous les cas, elles sont dépourvues de véritables épines, légèe- rement anguleuses et côtelées, avec les côtes garnies de poils squamiformes couchés et leurs intervalles glabres ; leurs tarses ne sont pas atténués à la base, mais en continuité avec les métatarses; ceux des Cerarachne et des Simorcus sont longs, grêles et un peu acuminés ; ceux des Ulocymus sont plus courts, beaucoup plus épais, surtout aux paires antérieures, et fusiformes ; ceux des Cerarachne et des Simorcus présentent, au-dessous des griffes, quelques poils isolés, tandis que ceux des Ulocymus offrent, au moins aux paires antérieures, d'épais fascicules cachant presque les griffes ; celles-ci sont petites dans les genres Cerarachne et Ulocymus, de grandeur normaie dans le genre Simorcus. Ces Araignées sont, en général, de taille à peine moyenne; leurs tégu- ments, épais et chagrinés, sont de teinte obscure uniforme ou légèrement variée de brun et de fauve; elles se trouvent dans les détritus végétaux et leurs allures sont très lentes. maxillaire de profil. Les genres Cerarachne et Ulocymus sont propres à l'Amérique &u Sud; le premier ne comple que deux espèces décrites : Gerarachne varia Keyserl., de 96% HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Colombie, et C. Germaini E. Sim., du Brésil; le second une seule, Ulocymus Gounellei E. Sim., du Brésil, mais j'en possède quelques autres inédites. Le genre Simorcus représente le groupe dans l’Afrique australe; j’en ai trouvé deux espèces : l’une au Cap, S. capensis E. Sim., l’autre au Bechuana- land et au Transvaal, S. cornutus E. Sim. GENERA 1. Frons angusta. Tarsi pedum anticorum acuminati............... DE — Frons latior utrinque obtusa. Tarsi pedum anticorum incrassati et fUSHOLMES ARE ELLE CCC TELE “bte nets semsurece es MUlIOCYUSE 2, Clypeus verticalis levissime depressus. Pedes quatuor anteriores inter se subæquales. Ungues tarsorum parvi.......... (Cerarachne. — Clypeus valde porrectus. Pedes 1 paris pedibus 2i paris longiores. Ungues tarsorum normales. ...... PAT OR PRE ....s Dimorcus. Cerarachne Keyserl., Sp. Amer. Laterig., 1880, p. 192. Cephalothorax longior quam latior, supra fere planus, fronte leviter acelivi, sat angusta, truncata et subacute bicornuta. Clypeus altus, verticalis, levissime depressus. Oculorum lineæ binæ fere æqualiter recurvæ, oculi antici inter se fere æquidistantes, oculi medii postici a lateralibus quam inter se paulo remo- tiores, oculi medii, præsertim antici, lateralibus multo minores. Laminæ lon- gissimæ et angustissimæ depresso-arcuatæ, ad apicem leviter divaricatæ et apicem chelarum paululum superantes. Pars labialis angusta, apice longe attenuata et acuta. Sternum planum, late ovatum, postice parum attenuatum. Pedes mediocres (1-11, 1V, 111), modice inæquales, subangulosi, tantum in femoribus aculeati, patellis sat convexis, metatarsis tibiis brevioribus, tarsis gracilibus compressis et acuminatis, unguibus parvis, fasciculis raripilis parum distinctis. Abdomen longum, antice truncatum, postice plus minus amplia- tum. Tegumenta coriacea, granulosa et spinosa. Typus : C. varia Keyserl. AR. GEOGR. : Amer. merid. trop. Simoreus, nov. gen. À Cerarachne differt fronte utrinque obtusa sed prominula (S. capensis E. Sim.) rarius cornuta (S. cornutus E. Sim.), clypeo altissimo, valde proclivi, in medio atque ad marginem valde aculeato, oculis mediis anticis a lateralibus quam inter se paulo remotioribus sed oculis posticis inter se fere æquidistan- tibus, laminis paulo brevioribus apicem chelarum haud attingentibus, pedibus 15 paris pedibus 2i paris longioribus, unguibus majoribus. Typus : S. capensis E. Sim. (1). AR. GEOGR. : Africa max. austr. (1) Espèce inédite, dont voici la diagnose : S. capensis, sp. n0v. — ®. Long. 5 mill. — Cephalothorax obscure fulvus, fusco- reticulatus, coriaceus, supra tuberculis parvis spinigeris biseriatis 3-3 et postice tuber- ba FAMILLE DES THOMISIDÆ 965 Ulocymus E. Sim., Act. Soc. Linn. Bord., 18S6. À Cerarachne differt fronte latiore haud cornuta, utrinque obtuse promi- nenti, oculis mediis anticis a lateralibus quam inter se remotioribus, clypeo magis porrecto, chelis crassioribus et brevioribus, antice planis et valde acu- leatis, laminis paulo brevioribus, apicem partis labialis non multo superan- tibus, pedibus validissime inæqualibus, anticis posticis multo longioribus, cunctis angulosis et costatis, tarsis anticis latis, convexis et fusiformibus. Typus : U. Gounellei E. Sim. AR. GEOGR. : Brasilia. 2. STROPHIEÆ Dans ce second groupe, le céphalothorax ressemble à celui des Misumeninx, particulièrement à celui des Tmarus; il est au moins aussi large que long, arrondi de chaque côté, tronqué en avant et en arrière, convexe, surtout en arrière où il s’abaisse verticalement, et longuement incliné en avant, plus ou moins chagriné et parsemé de très forts crins dressés élevés sur de petits tubercules, dont les principaux figurent une ligne arquée sur la crête de la déclivité postérieure. Le bandeau, un peu plus étroit que l'aire oculaire, est fortement proclive, presque horizontal ; celui des Sfrophius est tronqué presque droit au bord antérieur où il est pourvu d'une série de crins simples ; celui des Sirigoplus est échancré, comme celui des Bucranium, et pourvu d'une série d’une douzaine d’épines dentiformes, plus petites au milieu, et rem- placées, de chaque côté, aux angles, qui sont un peu saillants et arrondis, par quelques crins ; dans le même genre, une ligne transverse d'épines semblables existe au milieu de l'aire oculaire médiane (fig. 1038). Les yeux postérieurs des Strophius sont en ligne légèrement recurvée, avec les médians beaucoup plus séparés l’un de l’autre que des latéraux ; ceux des Strigoplus sont presque équidistants et en ligne fortement récurvée; les yeux antérieurs sont en ligne droite ou légèrement récurvée, un peu plus étroite que la postérieure, et ses yeux médians sont toujours beaucoup plus séparés l’un de l’autre que des latéraux ; le groupe des yeux médians, plus large que long, est tantôt un peu plus étroit (Sérophius), tantôt un peu plus large en avant qu'en arrière; les yeux latéraux, plus gros que les médians, sont élevés, de chaque côté, sur des saillies arrondies isolées. Les chélicères, assez longues et atténuées chez les Sérophius, plus courtes culis similibus, lineam transversim recurvam designantibus, munitus, fronte angusta, utrinque eminentiis ocularibus obtusis, aculeis clavatis paucis ornatis, maunita, clypeo altissimo et valde proclivi, in medio aculeis validis et truncatis 3 atque ad marginem aculeis similibus 4 armato. Chelæ albidæ, ad apicem nigræ et depressæ, prope medium quadriaculeatæ. Abdomen longum, antice obtuse truncatum, postice valde ampliatum et elevatum, fusco-terreum, crebre et minute granosum, tuberculis nigro- nitidis parvis conspersum, et postice tuberculis majoribus conicis, fere inordinatis, munitum. Pedes obscure fulvi, fusco-marmorati, tibiis angulosis. — Prom. Bon. Sp. 966 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES et plus larges chez les Strigoplus, sont glabres, légèrement déprimées et fine- ment carénées au côté externe dans la moitié basilaire, un peu convexes, inégales et garnies d'épines ou de crins spiniformes irréguliers dans la moitié apicale. Les lames-maxillaires sont planes, ni déprimées, ni arquées et elles dé- passent peu la pièce labiale, qui est tantôt très aiguë, effilée (Sfrophius), tantôt obtuse (Strigoplus) ; elles sont garnies sur toute leur surface, ou seule- ment à l'extrémité et au bord externe, d’épines irrégulières (fig. 1039). NS re. DA. 1040 Fig. 1038. Strigoplus albostriatus E. Sim. Face et chélicères vues en avant. — Fig. 1039. Strophius nigricans Keyserl. Pièces buccales. — Fig. 1040. Zdem. Chélicere vue en dessous. Le sternum, cordiforme plus long que large, est très atténué en arrière ou il se termine en pointe subaiguë entre les hanches postérieures légèrement distantes. L'abdomen ressemble à celui de beaucoup de Misumeninæ ; il est convexe, presque aussi large que long, obtusément tronqué au bord antérieur, dilaté et arrondi de chaque côté; ses téguments, marqués des impressions ordinaires et de queiques plis transverses au-dessus des filières, sont en dessus parsemés de longs crins. | Les pattes, médiocrement longues, sont inégales, comme celles des Misu- mena ; leurs articles sont presque cylindriques, sauf dans le genre Sérophius, dont les tibias antérieurs sont légèrement anguleux; les métatarses sont un peu plus courts que les tibias ; les tarses antérieurs sont relativement longs, grêles et cylindriques. Les pattes des Strophius sont dépourvues d’épines, sauf, en dessous, au bord apical des tibias et des métatarses, mais les tibias, méta- tarses et tarses sont garnis de crins courts très régulièrement sériés ; dans le genre Sérigoplus, les tibias et métatarses antérieurs sont armés de deux rangées de fortes épines inférieures et les tarses sont légèrement atténués à la base. Les griffes sont fortement courbées, pourvues d’une série de 6 ou 7 longues dents ; elles sont accompagnées de poils déprimés, obtus, peu nombreux chez les Sirophius, très denses et cachant les griffes chez les Sérigoplus. Ces Araignées sont de taille moyenne (2 à 4 mill.); leur faciès est celui des Thomisides normaux ; leur teinte générale varie du brun-rouge au noir, mais leur région frontale est quelquefois variée de fauve et leur abdomen est sou- FAMILLE DES THOMISIDÆ 967 vent orné d’une large bordure et d’une bande transverse blanchâtres ponctuées. On a décrit trois espèces du genre Strophius : l'une du Pérou (S. nigricans Keyserl.), les autres de l’Amérique centrale (S. hirsutus, signatus Cambr.); j'en possède quelques autres du Venezuela et de diverses parties du Brésil ; le type du genre Sfrigoplus, qui représente le groupe dans l'Ancien Monde, a été découvert à Singapore et retrouvé depuis à Java; j'en ai trouvé une seconde espèce à Ceylan (S. minor E. Sim.). GENERA Oculi medii postici inter se quam a lateralibus multo remotiores, Area mediorum antice quam postice vix angustior. Marco clypei sub- rectus et setosus. Pedes fere mutici, tibiis anticis subangulosis.…. 3.8 00 bi 0e TE DE CE D TAN LU CIE EAU D ONU . Strophius. Oculi postici inter se fere æquidistantes. Area mediorum antice quam postice latior. Margo clypei arcuatus et aculeatus. Pedes cylindracei, tibiis metatarsisque subtus biseriatim aculeatis.. Strigoplus. Strophius Keyserl., Sp. Amer. Laterig., 1880, p. 73. Cephalothorax convexus, brevis, haud longior quam latior, fronte lata et obtusa. Clypeus mediocris, valde proclivis, planus, ad marginem subrectus et seriatim setosus. Oculi antici in lineam rectam, postici in lineam paulo latiorem, leviter recurvam, oculi medii antici et postici lateralibus minores et inter se quam a lateralibus multo remotiores, aream latiorem quam longiorem et antice quam postice vix angustiorem occupantes. Laminæ longæ, apice acuminatæ, aculeatæ. Pars labialis longissima, apice acutissima. Chelæ sat longæ, antice planæ et aculeatæ. Sternum ovatum, postice, inter coxas posticas subcontiguas, subacutum. Pedes valde laterales et inæquales, teretiusculi, tibiis leviter angulosis, tibiis metatarsisque, aculeis apicalibus exceptis, mu- ticis. Tegumenta coriacea, parce et longe crinita. Typus : S. nigricans Keyserl. AR. GEOGR. : Amer. centr. et merid. Strigoplus E. Sim., Bull. Soc. zool. Fr., 1885, p. 444.— Peltorrhynchus Thorell, K. Sv. V. Akad. Handl., 21, 2, 1891, p. 88. Cephalothorax fcre Strophii sed clypeo late emarginato, margine clypei areaque oculorum mediorum transversim spinulosis. Oculi postici inter se fere æquidistantes, in lineam valde recurvam, oculi antici in lineam paulo angustiorem leviter recurvam, medii inter se quam a lateralibus multo remo- tiores. Area mediorum latior quam longior et antice quam postice latior. Chelæ latæ, antice valde aculeatæ sed ad basin muticæ foveolatæ et marginatæ. Pars labialis obtusa. Laminæ crebre aculeatæ. Pedes cylindracei, tibiis meta- tarsisque anticis subtus valde biseriatim aculeatis. Typus : S. albostriatus E. Sim. (P. rostratus Thorell). AR. GEOGR. : Ins. Taprobane ; pen. Malayana ; ins. Java. 968 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES 4e Sous-famille MISUMENI NÆ Cette sous-famille, de beaucoup la plus nombreuse et renfermant tous les genres les plus répandus, tels que Thomisus, Misumena, Xysticus, etc., se dis- tingue des précédentes par sa pièce labiale un peu plus courte, néanmoins beaucoup plus longue que large, légèrement atténuée, obtuse ou tron- quée, rarement subacuminée, atteignant, ou dépassant même souvent, le tiers apical des lames qui sont de forme ordinaire. Le céphalothorax est tronqué au bord frontal et les yeux latéraux, presque toujours plus gros que les médians, au moins les antérieurs, sont élevés, de chaque côté, sur des tubercules isolés ou confondus ; le bandeau offre, au bord antérieur, une série régulière de crins parfois transformés en épines. Les chélicères n'offrent jamais, à la marge inférieure, le tubercule piligère de celles des Sirophius, ni les dents de celles des Séephanopsis; leur marge supérieure, arrondie, rarement dilatée et proéminente, est garnie de forts crins sériés, recourbés en dedans, qui, dans certains cas, sont remplacés par de fines épines (Apyre, Cymbacha saucia L. Koch.). Les pattes des deux premières paires sont presque toujours beaucoup plus longues et plus robustes que les postérieures (1), et celles de la seconde paire sont un peu plus longues que celles de la première ; elles sont rarement mu- tiques ; en règle générale, les fémurs antérieurs offrent, en avant, une série oblique d’épines, les tibias et métatarses deux séries inférieures, de très robustes épines couchées et souvent des épines latérales plus petites. La patte-mâchoire du mâle est normale ; son tibia est pourvu des deux apo- physes caractéristiques, et son tarse offre presque toujours la petite dent externe qui représente la branche accessoire. Les téguments sont garnis de crins isolés, quelquefois spiniformes, tantôt effilés, tantôt obtus ou même claviformes, mais ils manquent de poils dits protecteurs, sauf dans les groupes des Alcimochthes et des Mystaria. Je répartis les Misumeninæ en dix-huit groupes, basés principalement sur là structure des chélicères, des tubercules oculaires latéraux et des tarses. Les chélicères, vues par leur face inférieure, sont tantôt glabres ou pourvues seulement de quelques poils isolés, tantôt garnies d’une large bande pileuse, s’avancant jusqu’au crochet et lui limitant inférieurement une sorte de rai- nure (2). Les tubercules des yeux latéraux sont quelquefois très faibles au point que les yeux paraissent sessiles, mais ils sont ordinairement bien prononcés, tantôt confondus en une carène mousse, tranchante ou même tuberculée, (1) Les genres Amyciaea et Pagida font exception à cette règle. (2) Pour étudier ce caractère, il faut examiner l’animal en dessous et séparer, avec une pince fine ou une aiguille, les chélicères des pièces buccales auxquelles elles sont accolées à l’état de repos. FAMILLE DES THOMISIDÆ 969 tantôt isolés ; dans ce cas, les postérieurs sont quelquefois beaucoup plus gros que les antérieurs (Tmarus), d’autres fois de même grosseur ou plus petits. Les tarses des pattes antérieures sont quelquefois cylindriques et en conti- nuité avec les métatarses (Pagida, Cymbacha, etc.), d'autres fois comprimés, atténués à la base et comme pédiculés; ces articles sont tantôt garnis, en dessous et sur les côtés, de poils irréguliers, tantôt de poils plus forts réguliè- rement sériés ; leur extrémité offre, presque toujours, sous les griffes, des poils effilés villeux qui, dans certains cas cependant (Tagulis, Amyciæa, Dieta, etc.), sont remplacés par des poils déprimés, obtus ou tronqués, formant des fasci- cules comparables à ceux des Philodromus; enfin, les griffes peuvent fournir d’utiles caractères, car elles sont tantôt coudées et pourvues, seulement dans leur partie basilaire, de dents (plus nombreuses à la griffe interne qu’a l’ex- terne), tantôt plus régulièrement arquées et pourvues de dents plus nom- breuses atteignant presque leur extrémité. GROUPES 1. Tarsi fasciculis pilorum spathuliformium muniti............... 2, — Tarsi haud fasciculati vel fasciculis parvis pilorum simplicium UN DT Te ere t ele ee ee te A Pa ele te Île 2. Cephalothorax postice longe declivis. Area oculorum lateralium subquadrata, vix latior quam longior. Pedes tenues et longis- SIP DOS TIC ANTICISVIXADTEVIOTES MR PR Amyciæeæ. — Cephalothorax postice truncatus et abrupte declivis. Area oculo- rum lateralium multo latior quam longior. Pedes quatuor antici multo longiores et plerumque robustiores quam quatuor DCS CALE PAPE AP PRE E ER FEI RD E RE DS RUES BE Eau TE ORSS PAYS PES AEAAUS où 3. Oculorum lineæ binæ circiter æquilatæ. Oculi laterales utrinque SUD SES SULE SARA LED EU MATE Er DERNIER PA ENEE Mystarieæ. — Oculorum linea postica multo latior quam antica. Oculi laterales Sinevulariternervalde elevatiMe le PR ERP ER RE Re" 4. 4. Chelæ subtus vitta pilosa munitæ. Oculi laterales antici posticis prominentiores. .......... SA OC CURE TR A . Dieteæ. — Chelæ subtus glabræ. Oculi laterales postici anticis prominen- MONNIER SE BEL UE GES RNBUES PONT EAES el : ù. 5. Chelæ intus valde dilatatæ et carina subpellucida, apice promi- nula et angulosa, munitæ........ CHE CRE Ter Vo. Tasuleær a bielenninshaudidilatate "PRET aie ur 6. 6. Oculi medii antici et postici inter se quam a lateralibus multo remotiores et aream multo latiorem quam longiorem occu- DAMES ANR NN A VE A BAua 0 EEE D'EITEE PAES née Ste Apyreæ. — Oculi antici et postici inter se æquidistantes vel medii a latera- 970 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES libus quam inter se remotiores et aream longiorem quam latio- rem vel saltem haud latiorem occupantes.......... Alcimochtheæ. HaeChelæe:subtus Sbre Se NE On EN R Re ee RE 8. —Chelæe subtus mittapilos muni tee RPC EM EN OERRTRE 15e 8. Tubercula oculorum lateralium distinctissima (1)... ........... ae — Tubercula oculorum lateralium nulla vel vix expressa (2). ...... 12 9. Tarsi pedum tenues versus basin sensim attenuati............. - 10. — Tarsi pedum cylindracei ad basin haud attenuati.........,,.,.. 11e 10. Tubercula oculorum lateralium posticorum multo majora quam tubercula oculorum lateralium anticorum. Oculorum linea postica multo latior quam antica. Clypeus latus.......... Tmareæ. — Tubercula oculorum lateralium posticorum et anticorum inter se subæqualia. Oculorum linea postica plerumque vix latior quam enbee CUS GRnSuS, 1021 dooboscoccocoudao Coriarachnez. 11. Cephalothorax planiusculus. Oculi medii a lateralibus quam inter SCMUILOMEMOHORES AAC ET PETITE PRE MOINE SE 0 Cymbhacheæ. — Cephalothorax crassus et convexus. Oculi medii inter se quam a lateral nSDIeMOQUEMEMOTOLCS ARR PPERR EEE RE E Bomezæ. 12. Tarsi pedum cylindracei ad basin haud angustiores. ........... 13. —Tarsipedum ad basin SENSIM ANSUSLIOTES M 1%. 13. Oculi medii parvi sed æquales, inter se quam a lateralibus plus dÉCUPIORrEMOTIOLES EME ET Sr de ete Porrhopideæ. — Oculi medii a lateralibus quam inter se remotiores, postici minu- tissimi fere obsoleti...... De ne Ve ES M NS CIE os Ce Pagideæ. 14. Oculi medii inter se quam a lateralibus multo remotiores et aream multo latiorem quam longiorem occupantes.........., Camariceæ. — Oculi medii a lateralibus quam inter se multo remotiores et aream haud latiorem quam longiorem occupantes. ........ Talaeæ. 15. Oculi laterales sessiles haud tuberculati............ Piatythomiseæ. — Oculi laterales utrinque valde tuberculati ..... CEE PRE AA 16. 16. Tubercula oculorum lateralium utrinque separata, anticum pos- ICO IMANUS EE vec LS AE NN ER CE PE ELLE Dieeæ. — Tubercula oculorum lateralium utrinque connata carinam sæpe AROUlATAMMOLMANTIA PRE CU LE PERRET EE EEE TE CE UEEE 17. 17. Tarsi pedum metatarsis multo breviores, subtus biseriatim setosi. Misumeneæ. — Tarsi pedum metatarsis circiter æquilongi, subtus inordinatim SETOS EN ORNE AU Le ee NME PRE ReR ee RE Es Platyarachneæ. (1) Ils sont cependant très faibles dans le genre Tharpyna. (2) Le genre Lysiteles, du groupe des Talaus, fait exception à cette règle. FAMILLE DES THOMISIDÆ 971 1. TAGULEÆ Avant d’étudier les types les mieux caractérisés de cette sous-famille, je dois passer en revue quelques genres, tels que Tagulis, Alcimochthes, Amicyæu. etc., qui, à certains égards, se rapprochent encore des Strophius et qui se dis- tinguent surtout des Tmarus et des Misumena par leurs fascicules tarsaux formés de poils déprimés, obtus ou même légèrement spatulés, comme ceux des Philodromus. Dans les genres Taqulis et Pseudoporrhopis, types de ce premier groupe, les chélicères, vues en dessous, sont très fortement dilatées au bord interne, en forme de lame semi-transparente, coupée en ligne droite, mais saillante et obtuse à l’angle supérieur qui dépasse un peu le crochet (fig. 1041); celui-ci, court et large à la base, est tout à fait droit dans le genre Pseudoporrhopis, un peu arqué dans le genre Tagulis ; vues en avant, ces chélicères sont très larges, dilatées et arrondies au côté externe; celles des Pseudoporrhopis sont presque 1041 1042 1045 Fig. 1041. Tagulis granulosus E. Sim. Chélicère vue en dessous. — Fig, 1042. T. mystacinus E, Sim. Angle frontal. — Fig. 1043. Pseudoporrhopis granuwm E. Sim. Patte-mâchoire du mâle, planes, tandis que celles des Tagulis ressemblent à celles des Sfrigoplus, étant légèrement déprimées à la base, ensuite un peu convexes et armées d’un groupe irrégulier de forts crins spiniformes et, de plus, pourvues d’une carène externe qui atteint presque leur extrémité ; dans tous les cas, elles ne pré- sentent, en dessous, que quelques poils fins irréguliers ne formant pas de bande définie. Le céphalothorax des Tagulis, presque aussi large que long, est épais et presque cubique, vertical en arrière avec le bord supérieur, tronqué et même un peu échancré, armé d’une ligne de crins surélevés, très légèrement incliné en avant jusqu'au bord frontal qui est très obtusément tronqué; sa face pos- térieure, verticale et très lisse, est marquée d’une large dépression ou canal longitudinal; dans l’une des espèces, T. mystacinus E. Sim., de Ceylan, la région oculaire offre, de chaque côté, trois très longs crins divergents, dépri- més-lancéolés : l'un, situé au-dessus de l'œil latéro-postérieur; les deux autres, géminés, au-dessous (fig. 1042). Le céphalothorax des Pseudoporrhopis est encore plus large, dilaté transver- salement dans la région frontale, qui est arrondie de chaque côté et très légè- rement déprimée dans le milieu ; sa partie postérieure déclive, un peu atténuée, tronquée et échancrée au bord postérieur, présente un espace médian lisse en 972 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES triangle allongé, limité, de chaque côté, par une ligne de petits tubercules arrondis confluents. Le bandeau vertical est pourvu, au bord antérieur, d’une rangée de crins simples. Les yeux sont en deux lignes, dont la seconde est plus large et un peu plus fortement récurvée que la première; les latéraux, plus gros que les mé- dians, sont élevés isolément sur des saillies basses et arrondies, dont les pos- térieures sont ordinairement un peu plus fortes que les antérieures. Dans le genre Tagulis, les yeux médians postérieurs sont beaucoup plus rapprochés l’un de l’autre que des latéraux et ils figurent, avec les antérieurs, un groupe presque carré (T. granulosus E. Sim.) ou plus large en avant (T. mystacinus E. Sim.) ; dans le genre Pseudoporrhopis, les médians des deux lignes, beau- coup plus séparés l’un de l’autre que des latéraux (surtout les antérieurs), figurent un groupe beaucoup plus large que long et plus large en avant. La pièce labiale, beaucoup plus longue que large et dépassant le tiers apical des lames, est fortement atténuée et subacuminée, ressemblant à celle des Sirigoplus. Le sternum, relativement petit, se termine en pointe en avant des hanches postérieures qui sont contiguës. L'abdomen, ovale, court ou transverse et tronqué en avant, est convexe et ses points calleux sont très développés. Les pattes sont dans les proportions ordinaires ; elles sont mutiques, sauf parfois deux très petites épines apicales aux métatarses antérieurs; leurs articles sont cylindriques, avec les tarses à peine plus courts que les méta- tarses et un peu plus grêles, garnis de crins irréguliers non sériés et pourvus de fascicules très denses, plus longs que les griffes et formés de poils dis- semblables, les uns effilés, les autres spatulés ; les griffes, presque cachées au milieu de ces poils, sont presque droites dans leurs deux tiers basilaires, for- tement courbées, presque coudées dans le terminal et pourvues d’une série de dents, presque semblables à la pointe tarsale; on en compte de 5 à 8 à l’ex- terne presque égales, sauf la basilaire qui est plus petite; à l’interne, on compte 6 ou 7 dents semblables, puis (près la base) une série nombreuse de dents plus fines, plus courtes et beaucoup plus serrées. La patte-mâchoire des Tagulis est normale ; son tibia est pourvu d’une apo- physe externe divisée en deux branches dirigées obliquement en avant; son tarse est large et pourvu d'une petite dent conique externe; son bulbe, plat et simple, est entouré d’un long stylus. Celle du Pseudoporrhopis granum est assez anormale ; son tibia, très court et annuliforme, est mutique; son tarse, très gros, se prolonge en pointe au delà du bulbe et son bord alvéolaire externe est pourvu, vers le milieu, d’une petite pointe subaiguë dirigée en avant ; son bulbe est très volumineux et beaucoup plus convexe que celui des autres Thomisides, globuleux, lisse et très simple (fig. 1043). Ce groupe ne renferme que trois espèces : l’une propre à la côte occidentale d'Afrique (Tagulis granulosus E. Sim.), l’autre à Ceylan (T. mystacinus E. Sim.), la troisième à Madagascar (Pseudoporrhopis granum E. Sim.) où elle parait commune, Leurs téguments, de teinte brunâtre, variée et ponctuée de fauve, FAMILLE DES THOMISIDÆ 973 sont épais et fortement coriacés ; ceux du céphalothorax sont, de plus, pourvus de tubercules sétigères et de granulations pustuliformes, et quelquefois de longues soies lancéolées. GENERA Oculi medii a lateralibus quam inter se multo remotiores. Oculi qua- tuor medii aream subquadratam occupantes................. Tagulis. Oculi medii antici et postici inter se quam a lateralibus multo remo- tiores. Oculi quatuor medii aream multo latiorem quam longiorem et antice quam postice latiorem occupantes........ Pseudoporrhopis. Pseudoporrhopis E. Sim., Act. Soc. Linn. Bord., 1886. Cephalothorax multo latior quam longior, altissimus, utrinque rotundus, postice abrupte declivis (postice in declivitate area media lævi, triquetra, lineis granulosis discreta, munitus). Oculorum lineæ binæ recurvæ. Oculi medii (præsertim antici) inter se quam a lateralibus multo remotiores et aream multo latiorem quam longiorem occupantes. Oculi laterales mediis majores, utrinque singulariter et obtuse elevati. Chelæ breves, latæ, nec aculeatæ, nec carinatæ. Pedes breves et robusti, omnino mutici. Typus : P. granum E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : Madagascar. Fagulis, nov. gen. Cephalothorax subquadratus, crassus, postice truncatus et verticalis, antice, in regione oculorum, leviter declivis, postice, in declivitate lævis et obtuse canaliculatus. Clypeus angustus et verticalis. Oculi postici in lineam valde recurvam, medii minores et a lateralibus quam inter se multo remotiores. Oculi antici in lineam multo minus recurvam, medii multo minores et inter se quam à lateralibus remotiores. Area mediorum subquadrata vel antice quam postice latior. Oculi laterales utrinque singulariter et obtusissime elevati. Chelæ latæ, antice aculeatæ, extus dilatato-rotundæ et carinatæ, subtus margine interiore lamina submembranacea recta munitæ. Partes oris pedesque fere Tmari, sed pedes (aculeis apicalibus metatarsorum exceptis) mutici, cylindracei, tarsis sat gracilibus, inordinate setosis, fasciculis densis, unguibus longioribus, munitis. Typus : T. granulosus E. Sim. (1). AR. GEOGR. : Africa trop. occid. (granulosus E. Sim.) et ins. Taprobane (mys- tacinus E. Sim.) (1) Espèce inédite, dont voici la diagnose : T. granulosus, sp. nov. — Q. Long. 4,5 mill. — Cephalothorax niger, antice leviter rufescens, coriaceo-granulosus et tuberculis setiferis (supra paucis, ad marginem pos- ticum seriatis) munitus. Area oculorum mediorum subquadrala. Abdomen atro-testa- ceum, parce fulvo-pilosum, postice vitta transversa lata diluliore parum expressa et 974 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES 2. APYREÆ Les genres Apyre et Zametopias différent des précédents par leurs chélicères peu ou point dilatées au bord interne et par leurs yeux médians très petits, surtout les postérieurs, et figurant un groupe beaucoup plus large que long, étant beaucoup plus séparés l’un de l’autre (au moins les antérieurs) que des latéraux. Dans le genre Zametopias, le céphalothorax, presque carré, épais et convexe, est construit comme celui des Tagulis, mais dans le genre Apyre, il est plus large que long, un peu dilaté jusqu’au niveau des yeux latéraux postérieurs, puis fortement incliné, oblique et atténué, en forme de museau dans la région des yeux et du bandeau ; en arrière, il est tronqué, légèrement échancré et abaissé perpendiculairement ; sa face postérieure, verticale, est même concaye, avec le bord supérieur sail- lant, cariniforme et pourvu d'une série de tubercules spinigères ; il offre de plus, de chaque côté, sur le plan /| vertical, une ligne de quatre très longs crins élevés sur des tubercules (fig. 1044). 1044 1045 2e Les yeux médians des Apyre pentagona E. Sim. — Fig. 1044. Céphalothorax vu en Apur re pyre sont beaucoup plus dessus. — Fig. 1045. Chélicère en dessous. Dy PRE séparés l'un de l’autre que des latéraux, dont ils sont rapprochés, de chaque côté, comme dans le genre Porrhopis: dans le genre Zametopias, les antérieurs sont seuls dans ce cas; dans le Z. speculalor Th., les quatre yeux poslérieurs sont presque équidis- tants, dans le Z. Trimeni E. $., les médians sont un peu plus séparés; dans tous les cas, ils figurent un groupe deux ou trois fois plus large que long, parallèle (Apyre) ou un peu plus large en avant (Zametopias) (1); les médians postérieurs sont très petits tandis que les latéraux des deux lignes sont très gros et portés sur de forts tubercules débordants, surtout les postérieurs. Dans le genre Zametopias, la seconde ligne oculaire est fortement récurvée, la première l’est beaucoup moins, tandis que dans le genre Apyre, les lignes oculaires, situées sur le plan très oblique du céphalothorax, sont fortement et presque également récurvées (fig. 1044). Les chélicères des Zametopias ne diffèrent pas de celles des Tmarus, leur face inférieure est glabre et leur marge supérieure est garnie de crins sériés subtus punelis parvis albidis votatum, regione epigasteris rufescenti. Sternum flavum: Chelæ,- partes-oris pedesque quatuor antici nigro-castanei, tibiis metatarsisque ad basin anguste et oblique albo-subannulatis, coxis femoribusque 2i paris ad basin luridis. Pedes postici luridi, rufulo-vafiati et subannulati. — Sierra-Leone. (1) Ou un peu plus étroit en avant, si le genre Nyctimus Thorell appartient réelle- ment à ce groupe. FAMILLE DES THOMISIDÆ 975 incurvés, tandis que dans le genre Apyre le lobe de leur marge supérieure est armé de 7 à 8 petites épines subcontiguës et semi-transparentes (fig. 1045). La pièce labiale est à peine atténuée et obtusément tronquée; celle des Zametopias dépasse le tiers apical des lames, celle des Apyre atteint presque leur extrémité. Le sternum est cordiforme étroit. Les pattes, peu longues ou courtes, sont dans les proportions ordinaires, assez grêles, sauf les fémurs antérieurs qui sont presque claviformes; elles sont mutiques, mais leurs fémurs, patellas et tibias sont armés en dessus de quelques très longs crins spiniformes dressés; dans le genre Zametopias, les tibias et métatarses antérieurs offrent, de plus, en dessous, quelques crins semblables disposés par paires ct remplaçant les épines; les tarses offrent, au-dessous des griffes, quelques poils spatulés inégaux; les griffes sont courtes, courbées en demi-cercle et pourvues de 7 à 10 longues dents. Les mâles ne sont pas connus. L'Apyre pentagona E. Sim., découvert à Nossi-Bé, a un peu le faciès d'un Porrhopis; son céphalothorax, d’un brun-rouge foncé, est rugoso-ponctué, subcloisonné, armé en arrière et sur les flancs de très longs crins élevés sur des tubercules, tandis que son abdomen, globuleux et lisse, est noir, criblé en avant de points blanchâtres et marqué en arrière d'une très grande tache ronde de même teinte. Les Zametopias sont moins anormaux comme faciès; leur céphalothorax, d’un brun-rouge, est finement chagriné et garni de petites rugosités disposées en zones courbes et dessinant un réseau, 1l est, ainsi que l’abdomen, parsemé de longs crins. On connait deux espèces de ce genre : le Z. speculator Thorell, de Sumatra (1) et le Z. Trimeni E. Sim., des environs du Cap. C’est probablement dans le voisinage des Zametopias qu'il faudra placer le genre Nyctimus Thorell qui m'est inconnu en nature; il ne renferme qu'une seule espèce, le N. bistrialus Thorell, de Malaisie. GENERA 1. Cephalothorax subquadratus, Chelarum margo superior setosus.. 2e — Cephalothorax multo latior quam longior. Chelarum margo supe- rior serlatim aculeatus ,...... D ne IS he Apyre. 2, Area oculorum mediorum multo latior quam longior et antice quam postice paulo latior............... LORS ..:... Zametopias. — Area oculorum mediorum plus duplo latior quam longior et parum latior postice quam antice (sec. Thorell).......... ..... Nyctimus, Apyre, nov. gen. Cephalothorax multo latior quam longior, postice altissimus, truncatus, leviter emarginatus et abrupte declivis (parte postica verticali excavata), (1) Dont le type m'est obligeamment communiqué par le Rev. 0. P. Cambridge. 976 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES antice, in regione frontis et clypei maxima, valde obliquus et attenuatus. Oculorum lineæ binæ valde et fere æqualiter recurvæ, antica postica paulo angustior. Oculi medii, præsertim postici minutissimi, inter se quam a latera- libus multo remotiores et aream parallelam, multo latiorem quam longiorem occupantes. Oculi laterales utrinque maximi et valde prominuli. Chelarum margo superior spinulis seriatis parvis munitus. Pars labialis subparallela apicem laminarum fere attingens. Pedes breves, subtus mutici, supra setis spiniformibus paucis muniti, metatarsis tarsisque gracilibus. Typus : À. pentagona E. Sim. (sp. un.) (1). AR. GEOGR. : Nossi-8e. ÆZametopias Thorell, Sé. Rag. Mal., etc., IV, 11, 1892, p. 122. Cephalothorax subquadratus, crassus, postice truncatus et abrupte declivis. Oculi quatuor postici inter se æquidistantes (Z. speculator) vel medii remo- tiores (Z. Trimeni), lineam valde recurvam formantes. Oculi antici in lineam multo minus recurvam, medii inter se quam a lateralibus multo remotiores. Oculi medii, præsertim postici, minutissimi, inter se quam a lateralibus remo- tiores et aream multo latiorem quam longiorem et antice quam postice paulo latiorem, occupantes. Oculi laterales utrinque maximi et-valde prominuli. Chelarum margo superior setis incurvis seriatis munitus. Pars labialis subpa- rallela, tertiam partem apicalem laminarum superans. Pedes modice longi, et supra et subtus setis spiniformibus paucis muniti, metatarsis tarsisque graci- libus. Typus : Z. speculator Thorell. AR. GEOGR. : Ins. Sumatra et Africa australis (Trimeni E. Sim). GENUS INVISUM Nyetimus Thorcll, St. Rag. Mal., etc., I, 1877, p. 498. À præcedentibus, cui verisimiliter affinis est, differt sec. Thorell area ocu- lorum mediorum multo latiore quam longiore et antice quam postice paulo angustiore, clypeo proclivi et altitudine longitudinem areæ oculorum medio- rum superante. Typus : N. bistriutus Thorell (sp. un.). AR. GEOGR. : Malaisia. (1) Espèce inédite, dont voici la diagnose : À. pentagona, sp. nov. — Q. Long. 3 mill. — Cephalothorax nigro-castaneus, valde rugoso-punctatus, subclathratus, ad marginem posticum tuberculis spinigeris unise- rialis et utrinque tuberculis quatuor longissime setiferis munitum. Abdomen globo- sum, nitidum, supra nigrum, antice crebre et inordinate albido-maculatum, postice macula maxima subrotunda ejusdem coloris ornatum, subtus albidum utrinque late fusco-marginatum. Chelæ, partes oris sternumque fusco-castanea. Pedes rufo-auran- tiaci, tibiis metatarsisque subtus leviter infuscatis. — Nossi-Be. FAMILLE DES THOMISIDÆ 977 3. ALCIMOCATHEÆ Dans ce troisième groupe, qui a pour type le genre Alcimochthes, le cépha- lothorax et surtout les saillies oculaires ressemblent à ceux des Tmarus et des Pherecydes. Ce céphalothorax est toujours court, très haut {fig. 1046), abaissé verticalement en talus, presque carré, sauf dans le genre Peritræus où il s’atténue graduellement en arrière. Les yeux postérieurs sont en ligne fortement récurvée, tantôt presque équi- distants (Alcimochthes, Tarrocanus), tantôt avec les médians beaucoup plus res- serrés. Les yeux antérieurs sont en ligne plus étroite, légèrement récurvée ou droite, presque équidistants, sauf dans le genre Tarrocanus où les médians sont beaucoup plus rapprochés l’un de l’autre que des latéraux. Le groupe des médians est plus étroit en avant qu'en arrière. Dans les genres Alcimochthes et Domatha, les yeux latéraux sont élevés, de chaque côté, isolément, sur de grosses saillies arrondies, dont les postérieures sont plus grosses que lies anté- rieures et débordantes ; dans le genre Peritræus, les saillies sont très faibles, tandis que, dans le genre Tarrocanus, elles sont, de chaque côté, prolongées par un tubercule subaigu et divergent ressemblant à celui des Thomisus et des Smodicinus (fig. 1047). 1046 1047 1048 Fig. 1046. Alcimochthes limbatus E. Sim. Céphalothorax et abdomen de profil. — Fig. 1047. Tarrocanus capra E. Sim. Face vue en avant. — Fig. 1048. Domatha vivida E. Sim. Patte-mâchoire du male. Le bandeau est vertical ou proclive, très large dans le genre Alcimochthes, médiocre dans les autres genres. Les pièce buccales ressemblent à celles des Tmurus ; la pièce labiale, beau- coup plus longue que large et dépassant le tiers apical des lames, est forte- ment atténuée et subacuminée, Les chélicères sont étroites, longues, parallèles, planes en avant, presque glabres en dessous ; leur marge supérieure est garnie, dans le haut, près du crochet, de quelques crins incurvés, ensuite, au bord interne, de crins spini- formes, plus courts et irréguliers. Le sternum est étroit et allongé. Les pattes sont médiocres; celles des deux premières paires sont plus longues et un peu plus robustes que les postérieures, mais la disproportion 62 978 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES est moins grande que dans les Misumeninæ ordinaires ; dans le genre Peritræus, elles sont mutiques, mais leurs patellas et tibias offrent, en dessus, quelques très longs crins dressés, et leurs métatarses, environ égaux aux tarses, sont beaucoup plus courts que les tibias ; dans tous les autres genres, les pattes antérieures des mâles sont pourvues d’épines nombreuses, inférieures, latérales et dorsales, subverticillées, tandis que les pattes des femelles sont pourvues d’épines beaucoup moins nombreuses et plus courtes, leurs tibias antérieurs n'en présentant souvent, en dessous, que deux, unisériées, situées au bord interne, et leurs métatarses, plus longs que les tarses, égalent presque les tibias ; dans tous les cas, les tarses sont pourvus de fascicules assez denses de poils spatulés, et les griffes sont longues et pourvues d’une série de dents nom- breuses (10-14). Les téguments, finement coriacés, sont quelquefois hérissés de forts crins spiniformes (Peritræus), d’autres fois garnis de poils couchés simples, très rarement plumeux, caractère exceptionnel dans la sous-famille des Misumeninæ et rappelant celle des Philodrominæ. La patte-mâchoire du mâle diffère de celle des Misumena pour se rapprocher un peu de celle des Philodromus par son tarse dépourvu de saillie externe, étroit et terminé en pointe obtuse dépassant un bulbe très simple, ovale ou réni- forme, dont le stylus se termine au bord apical sans se replier au côté externe ; son tibia est court et pourvu d’une apophyse externe cariniforme et d’une apophyse infère, généralement recourbée en crochet (fig. 1048). Ces Araignées ont, à peu de chose près, la taille, le faciès et la coloration des Tmarus ; elles vivent sur les plantes et leurs allures sont très rapides. On n’en connaît qu'un petit nombre d’espèces propres à l'Asie tropicale et à la Malaisie et se rapportant à quatre genres ; l'unique espèce du genre Alci- mochthes a été découverte dans la péninsule malaise; les genres Tarrocanus et Peritræus sont propres à Ceylan et ne renferment chacun qu'une seule espèce; tandis que le genre Domatha est représenté à Ceylan et aux Philippines où il est très abondant. GENERA 12 1. Area oculorum mediorum haud longior quam postice latior. ..... — Area oculorum mediorum multo longior quam latior. ........... D 2. Tubercula oculorum lateralium utrinque rotunda. Oculi medii antici inter se quam a lateralibus paulo remotiores et area me- diorum antice quam postice vix angustior. .... ..... Alcimochthes. — Tubercula oculorum lateralium utrinque producta et dentiformia. Oculi medii antici a lateralibus quam inter se multo remotiores et area mediorum antice quam postice multo angustior. Tarrocanus. 3. Tubercula oculorum lateralium utrinque valida et rotunda. Tibiæ metatarsique antici seriatim aculeati. Metatarsi tibüis vix bre- VIOreS ee Cre 20 ANSE NOIR SDL SUIS ob ou G ASIN Domatha. — Tubercula oculorum lateralium humillima vix distincta. Pedes mu- tici. Metatarsi antici tarsis circiter æquilongi et tibus multo Dréviores APPARUE ne CRT eRE RTE CARS ... Peritræus. FAMILLE DES THOMISIDÆ 979 Alcimochthes E. Sim., Bull. Soc. zool. Fr., 1885, p. 447. Cephalothorax brevis et altissimus, saltem æque longus ac altus, postice abrupte antice leviter declivis. Oculi postici inter se subæquales et fere æqui- distantes, in lineam valde recurvam. Oculi antici in lineam leviter recurvam (@) seu rectam (4), medii lateralibus minores et inter se quam a lateralibus paulo remotiores. Area mediorum paulo latior quam longior et antice quam postice paulo angustior. Clypeus area oculorum latior, leviter proclivis. Chelæ longæ, angustæ, parallelæ et leviter proclives, antice planæ. Pars labialis longissima, apice valde attenuata et subacuta. Sternum angustum. Abdomen antice acuminatum. Pedes mediocres, quatuor antici posticis longiores, in mare valde, in femina parce aculeati. Typus : A. limbatus E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : Pen. malayana. Farroeanus, nov. gen. AD Alcimochthe differt oculis mediis anticis a lateralibus quam inter se multo remotioribus, area mediorum circiter æque lata (postice) quam longa et antice quam postice multo angustiore, tuberibus oculorum lateralium utrinque in dentem subacutum et divaricatum productis, ÉL0ES verticali area oculorum mediorum multo angustiore. Tyeus : T. capra E. Sim. (sp. un.) (1). AR. GEOGR. : Ins. Taprobane. Homatha, nov. gen. Ab Alcimochthe differt oculis mediis posticis lateralibus minoribus et a late- ralibus quam inter se multo remotioribus, oculis anticis inter se æquidistan- tibus et lineam leviter recurvam designantibus, area mediorum multo longiore quam latiore et antice quam postice vix angustiore et clypeo area mediorum angustiore. Typus : D. vivida E. Sim. AR. GEOGR. : Ins. Philippinæ (2). (1) Espèce inédite, dont voici la diagnose : T. capra, sp. nov. — Q. Long. 3 mill. — Cephalothorax fulvo-rufescens, fusco- variatus, pilis albidis brevibus et pronis vestitus, utrinque et postice, in declivitate, niger et subglaber. Abdomen breve, antice sat angustum et rotundum, prope medium amplialtum et utrinque leviter angulosum, supra fulvum, transversim leviter fusco- striatum et antice tuberculis parvis setiferis rufulis munilum, in declivitate et subtus alrum, subtus utrinque late albo-marginatum. Slernum pedesque lulea, femoribus, Libiis metatarsisque subtus rufulis et subvittatis, femoribus posticis prope apicem et tibiis ad basin anguste rufulo-cinclis. — Ins. Taprobane !. (2) Toutes les espèces sont inédites, voici la diagnose de celle que je considère comme type : D. vivida, sp. nov.— 4 @. Long. 3 mill.— Cephalothorax obscure rufescens, in mare valde, in femina parce nigricanli-variegatus, antice, in regione oculorum et clypei, 980 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Peritræus, nov. gen. A Domatha differt cephalothorace paulo longiore, postice leviter et sensim attenuato, oculis posticis majoribus et mediis a lateralibus quam inter se non multo remotioribus, tuberibus oculorum lateralium humillimis, pedibus mu- ticis sed supra setis longissimis paucis munitis, metatarsis anticis tarsis circiter æquilongis sed tibiis multo brevioribus, pedibus posticis anticis non multo brevioribus, tegumentis coriaceis et setis spiniformibus longis et erectis hirsutis. I VEUSEUR hystrér E. Sim. (sp. un.) (1). AR. GEOGR. : Ins. Taprobane. 4. DIETEÆ Les Dieta et genres voisins ont en commun, avec le groupe précédent, d’avoir les tarses pourvus, sous les griffes, de fascicules de poils spatulés analogues à ceux des Philodromus ; mais, tandis que les Alcimochthes rappellent surtout les Tmarus, les Dieta semblent se rapprocher bien plus des Dixæa et des Misumena ; leurs chélicères offrent, en effet, en dessous, comme celles des Misumena, une large bande pileuse ; leur groupe oculaire est presque toujours plus étroit que le front (sauf dans les genres Lycopus et Scopticus) et les saillies de leurs yeux latéraux antérieurs sont un peu plus grosses que celles des postérieurs. | Le céphalothorax, non ou à peine plus long que large et toujours rétréci dans la région frontale, est très variable comme épaisseur ; il est très déprimé dans le genre Phænopoma (Nesis Cambr.) et son bandeau vertical est à peine plus large que les yeux médians antérieurs, marqué en dessus de fines stries rayonnantes et d’une impression thoracique longitudinale superficielle ; celui des Dieta, Dietopsis, Pasias, etc., est encore assez plat en dessus et marqué d’impressions semblables, mais son bandeau, qui égale souvent la largeur du albidior, postice, in declivitate, macula magna nigra triquetra nolatus. Abdomen antice rotundum, prominens et subcarinatum, postice leviter ampliatum, luridum, prope medium linea transversa valde recurva et interrupta, prope apicem lineis transversis tenuioribus fuscis notatum, subtus late infuscatum. Sternum olivaceum. Pedes luridi, feminæ concolores, maris femoribus cunctis minute et parce rufulo-maculatis, meta— tarsis tarsisque quatuor anticis infuscalis. — [ns. Philippinæ !. (i) Espèce inédite, dont voici la diagnose : P. hystrix, sp. nov. — Q. Long. 3 mull. — Cephalothorax coriaceus et setis validis rigidis conspersus, niger, antice et utrinque ferrugineo-variegatus atque in medio viltis ferrugineis convergentibus, V magnum designantibus, ornatus. Abdomen breve, planum, antice rotundum, postice leviter ampliatum, aculeis erectis, ad basin minute tuberculalis, echinatum, supra obscure fulvum, late nigro-plagiatum et postice utrin- que macula dilutiore notatum, subtus nigrum, albido-marginatum. Sternum nigrum. Pedes lutei, tibiis quatuor anticis, apice exceplo, nigris, metatarsis cunclis libiisque quatuor posticis apice anguste nigris. — Ins. Taprobane : Kandy!. FAMILLE DES THOMISIDÆ 981 groupe oculaire, est beaucoup plus développé, vertical ou proclive (fig. 1050) ; dans tous les autres genres, le céphalothorax, très élevé en forme de talus, ressemble à celui des Alcimochthes, et son bandeau est presque toujours pro- clive et plus large que l'aire oculaire (fig. 1051) ; ce bandeau est presque tou- jours glabre ou pourvu de quelques poils caduques très fins, sauf dans les deux genres Lycopus et Scopticus, où il est pourvu, au bord antérieur, d’une série de 7 ou 9 forts crins spiniformes. 1049 1050—1051 1052 Fig. 1049. Diela argenteo-oculata E. Sim. Front et yeux en dessus. — Fig. 1050. Zdem. Céphalo- thorax de profil. — Fig. 1051. Loxobates ornatus Thorell. Idem. — Fig. 1052. Pasias luzonus E. Sim. Front et yeux. Dans les genres Phænopoma, Lycopus et Scopticus, le groupe oculaire occupe toute la largeur du front ; dans tous les autres genres, il est plus étroit. La seconde ligne oculaire est fortement récurvée et ses yeux médians sont beaucoup plus rapprochés l’un de l’autre que des latéraux ; la première est beaucoup plus étroite et moins récurvée (fig. 1049), sauf dans le genre Oxryfate, où elle est presque également récurvée, et dans le genre Pasias, où elle l’est encore plus, au point de figurer deux lignes ; les quatre yeux médians, beau- coup plus petits que les latéraux, figurent un groupe presque carré dans les genres Loxobates et Phænopoma, plus long que large dans tous les autres genres, caractere exagéré dans le genre Pasias (fig. 1052), parallèle ou plus large en avant (Pasias, Oxytale), rarement un peu plus étroit en avant (Ostanes) ; les yeux latéraux sont élevés, de chaque côté, sur des saillies isolées et arrondies, dont les antérieures sont plus grosses que les postérieures. Les pièces buccales et les chélicères ressemblent à celles des Misumena. Le sternum est plan et relativement large, assez largement obtus ou tronqué en arrière et séparant les hanches postérieures, caractère exagéré dans le genre Phænopoma. L’abdomen est allongé, longuement atténué en arrière avec les filières ter- minales, plus ou moins proéminent en avant, au-dessus de la région thora- cique, où il est acuminé ou obtus; dans une seule espèce, Osfanes pristis E. Sim., son bord antérieur est armé d'une série de petites dents aiguës relevées. Les pattes sont fortement inégales, les quatre antérieures étant beaucoup plus longues que les postérieures ; leurs tibias et métatarses sont pourvus, en dessous, d’épines bisériées nombreuses, tantôt très longues (Dieta), tantôt 982 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES médiocres (Loæobates) et d'épines latérales beaucoup plus petites; les griffes tarsales, presque cachées par les fascicules, sont assez longues et étroites, presque droites jusqu’au tiers apical, puis fortement arquées en demi-cercle, pourvues, dans leur partie droite, d’une série de dents nombreuses (de 8 à 15) presque égales, ou diminuant graduellement vers la base. La patte-mâchoire du mâle est assez étroite; son tibia, allongé, porte en dessous, au bord apical, une petite apophyse médiane et une apophyse externe beaucoup plus longue, dirigée en avant, le long du bord tarsal et généralement terminée en crochet; le tarse est dépourvu de saillie externe, largement ovale, mais ter- miné en pointe subaiguë dépassant le bulbe (fig. 1053). Les Thomisides de ce groupe, qui ont les allures rapides des Philodromus, sont de teinte pâle, jaune ou verte, avec les tubercules oculaires d’un blanc nacré et l'abdomen souvent orné de stries ou de points roses ou bruns ; leurs Fig. 1053. téguments sont lisses et presque glabres. Dieta (Orus) virens Th. Patte -mâchoire du mâle. Le genre Phænopoma, décrit par Cambridge sous le nom præoccupé de Nesis, est africain et renferme deux espèces, le P. nigropunclata Cambr., de Cafrerie, et le P. plana E. Sim., de la côte de Guinée. On connaît plusieurs espèces du genre Dietu, de Chine, du Japon, de l'Inde, de Ceylan et de la péninsule malaise, une de l'Afrique tropicale et australe (D. argenteo-oculata E. Sim.) ; le genre Orus Thorell est synonyme du genre Dieta, son espèce type, 0. virens Thorell, que j'ai sous les yeux, est à peine spécifiquement distincte du Dieta parallela E. Sim... il en est probablement de même du genre Rhytidura Thorell (type R. attenuata Thorell), de Birmanie, dont la description convient entièrement au genre Dreta. Les deux espèces du genre Dietopsis (D. castaneifrons et parnussia E. Sim.) sont des montagnes du sud de l’Inde et celle du genre Pasias des iles Philippines. Le genre Loxobates est propre à l’Inde méridionale et à la Malaisie, on en connaît trois ou quatre espèces et j'en possède autant d’inédites. Le genre Lycopus a la même distribution, on en connait une espèce de Birmanie (L. edax Thorell), une de la péninsule malaise (L. rubro-pictus Workman) (1) et quelques-unes de l’Inde (L. trabeatus E. Sim.). Le type du genre Oxytate est du Japon ; une seconde espèce, de Sumatra, a été décrite par Thorell sous le nom de Musæus politus Thorell. L’unique espèce au genre Ostanes est de la côte occidentale d'Afrique et celle du genre Scopticus des hauts sommets de Java. GENERA 1. Clypeus latus. Area oculorum mediorum longior quam latior et linea oculorum antica recurva 2. (1) Espèce dont le type m'est obligeamment communiqué par M. T. Workman. FAMILLE DES THOMISIDÆ 983 — Clypeus humillimus, oculis anticis vix latior. Linea oculorum antica subrecta et area mediorum subquadrata....... Phænopoma. 2, Oculorum linea antica magis recurva quam postica. Area oculo- rum mediorum longissima (saltem quadruplo longior quam lationetanticelquarmipostice lation 0 2 MON Pasias. — Oculorum linea antica minus recurva quam postica.............. 3. 3. Area oculorum latitudinem frontalem fere totam occupans.Clypeus ad marginem setis validis seriatis munitus................... 4 — Area oculorum latitudinem frontalem angustior. Clypeus, ad marginem, glaber vel setis debilibus paucis munitus.......... 5. 4. Cephalothorax crassus. Area oculorum mediorum non multo lon- DNquamlationetiparalels EE CET ER ERP EEE Lycopus. — Cephalothorax humilior. Area oculorum mediorum antice quam Dosticerereiduipio AtIONEENSEUN EME ENS RUN ENS Scopticus. 5. Cephalothorax valde convexus. Clypeus area oculorum mediorum ltornvelsalteminaudaneustor PE EPA CPE RER CT 6. — Cephalothorax humilior. Clypeus area oculorum non latior vel ATOS EIO EE AR ENS SAIS A SAR PAR TA A ER 8. 6. Area oculorum mediorum multo longior quam latior............. 1 — Area oculorum mediorum vix longior quam latior vel subqua- CHA OAAEAEARNE TRE cr RER eq eee A A ES PRG Loxobates. 7. Area oculorum mediorum antice quam postice paulo latior ... Oxytate. — Area oculorum mediorum antice quam postice paulo angustior. Ostanes. (&2] . Oculorum linea postica multo magis recurva quam antica et area medion Slonsionquamilation "he PP FER 0e Dieta — Oculorum lineæ binæ fere æqualiter recurvæ et area mediorum plusidnplonononquamiiation PAPER PRINCE APN Dietopsis. Ph:ænopoma E. Sim. — Nesis Cambr., Pr. Zool. Soc. Lond., 1883, p. 361 (nom. præocc.). Cephalothorax planissimus (fere Coriarachnes), vix longior quam latior, utrinque ample rotundus, sed in regione frontali abrupte angustior, supra striis cephalicis sulcoque thoracico impressus. Clypeus humillimus, oculis anticis haud latior. Oculorum linea postica valde recurva, antica multo an- gustiore subrecta. Oculi medii lateralibus minores, aream haud longiorem quam latiorem, quadratam (P. plana E. Sim.) vel antice paulo angustiorem (P. nigropunctata Cambr.) occupantes. Oculi laterales utrinque inter se paulo latius quam medii antici a mediis posticis distantes. Sternum ovatum, postice sat late truncatum et coxæ posticæ inter se distantes. Partes oris pedesque fere Dietæ, sed parte labiali paulo breviore. Typus : P. nigropunctata Cambr. AR. GEOGR. : Africa trop. occid. (plana E. Sim.) et austro-orientalis (nigro- punclata Cambr.). 984 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Dieta E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1880, p. 108. — Orus Thorell, K. Sv. Vet. Akad. Handl., XXIV, 2, 1891, p. 91. — ? Rhytidura Thorell, Descr. Cat. Spid. Burma, 1895, p. 280. Cephalothorax humilis, longior quam latior, striis radiantibus vix expressis foveaque thoracica longitudinali impressus. Area oculorum fronte angustior. Oculi quatuor postici in lineam valde recurvam, medii minores et a lateralibus quam inter se multo remotiores. Oculi antici in lineam multo angustiorem, minus recurvam, interdum subrectam, inter se fere æquidistantes, medii late- ralibus multo minores. Oculi medii aream parallelam, circiter 1/3 longiorem quam latiorem occupantes. Oculi laterales in tuberibus rotundis singulariter elevati. Clypeus latus, leviter proclivis, ad marginem muticus. Pars labialis longa, in parte basali parallela, in parte apicali attenuata. Pedes quatuor antici posticis multo longiores, tibiis metatarsisque aculeis seriatis inferioribus lon- gissimis et lateralibus minoribus instructis, metatarsis tibiis brevioribus, tarsis gracilibus, ad basin attenuatis, seriatim setosis et fasciculis scopularum munitis. Typus : D. parnassia E. Sim. AR. GEOGR. : Africa trop. et austr.; Asia merid. orient. et Japonia. Dietopsis, nov. gen. Gen. inter Dietam et Pasiam, a Dieta differt oculorum lineis binis fere æqua- liter recurvis, area mediorum plus duplo longiore quam latiore et clypeo ver- ticali area mediorum multo angustiore, a Pasia differt linea oculorum antica non magis recurva quam postica et area oculorum mediorum parallela. Typus : D. parnassia E. Sim. (1). AR. GEOGR. : India merid. mont. Pasias, nov. gen. À Dieta differt cephalothorace paulo crassiore, area oculorum mediorum plus quadruplo longiore quam latiore et antice quam postice latiore (oculis mediis posticis inter se valde appropinquatis), oculorum linea antica validissime recurva lineas binas fere designante, oculis mediis anticis et posticis latera- libus multo minoribus, clypeo leviter porrecto area oculorum tota plus duplo angustiore, ad marginem setis tenuibus seriatis munito. Typus : P. luzonus E. Sim. (2) (sp. un..). AR. GEOGR. : Ins. Philippinæ. (1) Espèce inédite, dont voici la diagnose : D. parnassia, sp. nov. — © (pullus). Long. 6 mill. — Pallide lutescens vel virescens, cephalothorace lævi, tuberculis ocularibus albo-opacis, abdomine longissimo postice acuminato, utrinque obtuse carinato, albido. — India : Montes Kodeikanel. (2) Espèce inédite, dont voici la diagnose : P. luzonus, sp. nov. — 9. Long. 6 mill. — Pallide virescens, tibiis anticis intus Si à FAMILLE DES THOMISIDÆ 985 Oxytate L.. Koch, Verh. z. b. Ges. Wien, 1877, p. 764. — Musæus Thorell, Sf. Times NEREMINNES crie À Pasia differt cephalothorace altiore et brevi fere Loæobatis, oculorum linea antica paulo minus recurva quam postica, area oculorum mediorum duplo longiore quam latiore et antice quam postice paulo latiore, clypeo subverti- cali area oculorum tota haud angustiore vel latiore. Typus : 0. striatipes L. Koch. AR. GEOGR. : Japonia et ins. Sumatra (1). Loxobates Thorell, S£. Rag. Mal., etc., I, 1877, p. 154. À Dieta differt cephalothorace multo breviore et multo altiore, haud im- presso, clypeo multo altiore et oblique porrecto, oculis lateralibus minus pro- minentibus, tibiis metatarsisque anticis aculeis inferioribus seriatis numerosis sed brevioribus instructis, ab Orytate præsertim differt clypeo magis porrecto, oculorum linea antica minus recurva et area oculorum mediorum subquadrata vel rarius paulo longiore quam latiore (L. ornatus Thorell) et subparallela. Tvpus : L. ephippiatus Thorell. AR. GEOGR. : Asia trop. cont. et insul. ; Malaisia. @Ostanes, nov. gen. Ab Ozxytate differt area oculorum mediorum saltem 1/3 longiore quam latiore sed antice quam postice paulo angustiore, tibiis anticis aculeis infe- rioribus gracilibus munitis sed aculeis lateralibus (saltem superioribus) carentibus, pedibus quatuor posticis muticis, abdomine antice prominulo et rotundo, haud acuminato, ad marginem serrulato. Typus : 0. pristis E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : Africa trop. occid. (2). Lycopus Thorell, Desc. Cat. Spid. of Burma, 1895, p. 285. A præcedentibus imprimis differt area oculorum latitudinem frontalem totam occupante et clypeo, ad marginem, setis (septem) uniseriatis instructo. linea nigro-purpurea interrupta notatis, metatarsis ad basin atque ad apicem minute rufulo-annulatis, abdomine albido-lurido, brevissime et parce crinito, mamillis supe- rioribus rufulis. — Ins. Luzona : Antipolo !. (1) L'espèce type de ce genre m'est inconnue en nature, j'en donne les caractères * d’après l'O. (Musaeus) polita Thorell, qui m'est communiqué par le Rev. O. P. Cam- bridge. (2) Espèce inédite, dont voici la diagnose : 0. pristis, sp. nov. — ®. Long. 4,5 mill. — Cephalothorax altissimus, lævis, fulvo- virescens, tuberculis ocularibus albidis. Abdomen longum, postice subacuminatum, antice prominens sed rotundum, ad marginem dentibus acutis parvis erectis seriatim ordinatis, instructum, in lateribus plicatum, et in parte apicali striis transversis 5 vel 6 impressum. Pedes parum longi, fulvo-luridi. — Sierra-Leone, 986 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES — Cephalothorax brevis et convexus fere Loxobatis. Area oculorum mediorum parallela, vel antice quam postice vix angustior. Clypeus area oculorum me- diorum haud vel non multo latior. Typus : L. edax Thorell. AR. GEOGR. : India in mont. (érabeatus E. Sim.) ; pen. Malayana ; Birmania, Scoptieus, nov. gen. À præcedenii differt cephulothorace paulo longiore et humiliore, area ocu- lorum mediorum antice quam postice fere duplo latiore et vix 1/4 longiore quam antice latiore, spatio inter oculos medios posticos diametro oculo non latiore, clypeo proclivi, area oculorum mediorum angustiore, abdomine pedi- busque longioribus. Typus : S. herbeus E. Sim. AR. GEOGR. : Ins. Java mont. (1). 5. AMYCIÆEÆ Les Amyciæu, assez voisins des Alcimochthes, ont cependant un faciès très différent, dû principalement à la grande longueur et à la finesse de leurs pattes peu inégales et au rapport de leur céphalothorax et de leur abdomen qui n’est pas le même que pour les autres Thomisides. Le céphalothorax, plus long que large et ovalaire, est fortement convexe, longuement atténué et graduellement incliné en arrière jusqu'au bord posté- rieur, qui est étroit et presque arrondi, beaucoup plus brièvement et plus légè- rement en avant ; son bandeau est très large et un peu convexe (fig. 1054). Les yeux sont très inégaux ; les latéraux des deux lignes, très gros, presque égaux, élevés isolément sur des saillies arrondies, figurent un grand quadri- latère parallèle, à peine plus large que long, tandis que les yeux médians, très petits, surtout les postérieurs, figurent un trapèze plus étroit en avant; ceux de l'A. forticeps Cambr. figurent un trapèze beaucoup plus étroit en avant et à peine plus long que large; ceux de l’A. hesperia E. Sim. un trapèze beaucoup plus long que large et à peine plus étroit en avant ; vue en dessus, la seconde ligne oculaire est très fortement récurvée en demi-cercle, tandis que l'antérieure est droite (fig. 1055 et 1056). Les chélicères et les pièces buccales sont construites comme celles des Alcimochthes, quoique plus courtes. L’abdomen, au contraire très différent de celui des autres Thomisides, est (1) Espèce inédite, dont voici la diagnose : S. herbeus, sp. nov. — Long. 5 mill. — Cephalothorax lævis, testaceo-virescens, tuberculis ocularibus albido-cinereis. Abdomen longum, antice obtusum et leviter prominulum, postice longe attenuatum, albido-virescens, maculis parvis rubris bise- riatis supra ornatum, tuberculo anali rubro-binotato. Sternum chelæ pedesque testa- ceo-virescentia. — Java : montes Teugger. FAMILLE DES THOMISIDÆ 987 cylindrique allongé, légèrement renflé en arrière et un peu resserré au milieu; son bord antérieur, qui laisse le céphalothorax entièrement à découvert, est tronqué, un peu arqué et pourvu de longs crins unisériés dirigés en avant. Le sternum est assez largement cordiforme et acuminé en arrière. 1055 1054 Amyciaea forticeps Cambr. — Fig. 1054. Céphalothorax et abdomen de profil. — Fig. 1055. nl Face vue en avant. — Fig. 1056. Front vu en dessus. Les pattes sont fines, très longues et peu latérales, toutes d’égale épaisseur ; celles de la 4° paire sont à peine plus courtes que les antérieures; elles sont garnies de poils courts, égaux et couchés, mutiques, sauf quelques petites épines fémorales dorsales ; leurs tarses, fins et longs, sont cependant plus courts que les métatarses, les antérieurs sont garnis en dessous de poils courts, irréguliers, les postérieurs de poils beaucoup plus épais et plus denses; les fasci- cules ungueaux, très petits, sont réduits à quelques poils spatulés. La patte-mâchoire du mâle diffère de celle des Alci- mochthes par son tarse large, mais terminé en pointe subaiguë dépassant le bulbe et pourvu, comme celui des Misumena, d’une saillie alvéolaire externe ; chez À. for- ticeps Cambr., cette dent, située près la base externe, est aiguë et dirigée en arrière ; chez A. hesperia E. Sim., elle est située vers le milieu, plus petite et sétigère ; dans tous les cas, le bulbe est plat, arrondi et entièrement entouré d'un stylus très fin, dessinant deux cercles entiers ; le tibia est pourvu de deux apophyses de forme variable : une inférieure et une externe presque supère (fig. 1057). Fig. 1057. Amyciaea forticeps Ch. Patte-mâchoire du mâle. L’'Amyciæa forticeps Cambr. est une Araignée de taille moyenne, d’un jaune orangé, avec deux taches noires postérieures sur l’abdomen ; elle offre, sur- tout pendant la vie, une frappante ressemblance mimétique avec le Salticus 988 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES plataloides Cambr. (1), qui se trouve dans les mêmes localités. Elle vit sur les buissons et ses allures, extraordinairement vives, rappellent celles des Oxyopes. Elle est très commune à Ceylan, je l'ai aussi trouvée à Singapore, je l’ai reçue de Java et Thorell l’a indiquée de Birmanie ; Cambridge a décrit une seconde espèce du nord de l’Australie, l’A. albomaculata Cambr., qui n’est peut-être qu’une variété de l’A. forticeps Cambr., et j’en ai décrit une troisième de la côte occidentale d’Afrique (A. hesperia E. Sim.). Amyciæa E. Sim., Bull. Soc. zool. Fr., 1885, p. 447 (note). — Amycle Cambr., Pr. Zool. Soc. Lond., 1873, p. 122 (nom. præocc.). Cephalothorax crassus, valde convexus, postice quam antice longius declivis, attenuatus atque, ad marginem, subrotundus. Oculi laterales magni, singula- riter prominuli, inter se late remoti et aream magnam non multo latiorem quam longiorem, occupantes. Oculi medii, præsertim postici, minutissimi, aream minorem, antice quam postice multo angustiorem, occupantes. Oculo- rum lineæ binæ, superne visæ, æquilatæ, postica validissime recurva, semi- circularis, antica recta. Clypeus latus, leviter proclivis. Chelæ clypeo breviores. Sternum sat late cordiforme, postice breviter acutum. Pedes longissimi et gra- ciles, postici anticis vix breviores, mutici et breviter pilosi, tarsis cunctis gra- cillimis, quatuor posticis subtus valde setosis. Typus : À. forticeps Cambr. AR. GEOGR. : Ins. Taprobane; Birmania ; Malaisia; N. Hollandia sept.; Africa trop. occid. 6. MYSTARIEÆ Les Mystaria ressemblent aux Apyre par leurs chélicères, dont le lobe supé- rieur est également armé d’une série de petites épines, qui manquent cepen- dant dans le genre voisin Sylligma. Leur céphalothorax, très épais et presque carré, ressemble à celui des Por- rhopis et des Talaus ; il est tantôt très légèrement atténué en avant (Mystaria rufolimbata, Sylligma hirsuta E. Sim.), tantôt très large au bord frontal et un peu atténué en arrière (W. unicolor E. Sim.); dans le genre Mystaria, il est tronqué en avant où sa face et son bandeau, assez étroits, sont verticaux, tandis que, dans le genre Sylligma, sa région oculaire et clypéenne est forte- ment inclinée et proclive, comme celle des Apyre. Les deux lignes oculaires sont, vues en dessus, presque de même largeur, et elles occupent presque toute l'étendue du front; la postérieure est fortement récurvée, ses yeux sont presque équidistants ou les médians sont un peu plus resserrés ; dans le genre Mystaria, la première est beaucoup moins récurvée, tandis que, dans le genre Sylligma, elle l'est au moins autant que la posté- (1) L’Amyciaea forticeps et le Salticus plataloides sont tout deux mimétiques d’une Fourmi, OEcophylla smaragdina Fabr., très commune à Ceylan, sur les buissons. TER FAMILLE DES THOMISIDÆ 989 rieure ; dans tous les cas, ses yeux médians sont plus rapprochés l’un de l’autre que des latéraux. Les yeux médians, plus petits que les latéraux, surtout les postérieurs, figurent un trapèze plus étroit en avant, presque aussi long que large (M. rufolimbata E. Sim.) ou ordinairement plus large. Les yeux latéraux sont, de chaque côté, médiocres, presque sessiles et relativement peu séparés l’un de l’autre; dans le genre Sylligma, leur intervalle n’est pas double de leur diamètre. Les chélicères varient un peu selon les espèces ; celles du Mystaria unicolor E. Sim. ont le lobe de la marge supérieure saillant arrondi, semi-transparent et armé d’une série assez nombreuse de tres petites épines aiguës; celles du M. rufolimbata E. Sim. ont le lobe moins saillant et armé de trois épines courtes, mais épaisses et dentiformes, tandis que celles du S. hérsuta E. Sim. ont le lobe peu saillant, mutique et garni de fort crins sériés incurvés. La pièce labiale est un peu plus courte que celle des Apyre; le sternum est un peu plus large, mais les pattes sont presque semblables ; leurs métatarses et tarses antérieurs sont seulement plus fins et plus longs; elles sont dépour- vues de vraies épines, mais garnies de crins rigides, souvent sériés ; celles de la 3° paire sont un peu plus épaisses que celles de la 4, au moins par leurs fémurs et quelquefois d’une coloration différente (M. rufolimbata E. Sim.), caractère dont le groupe des Phulodromus offre aussi quelques exemples ; leurs griffes sont fines, longues et peu courbées, pourvues d’une série de dénts très nombreuses atteignant presque l’apex ; elles sont accompagnées de fascicules assez petits, mais denses et longs, dépassant leur extrémité. Les mâles ne sont pas connus. Ces Araignées sont d'assez petite taille; leurs téguments, noirs ou brun- rouge, épais, finement coriacés ou impresso-ponctués (S. hirsutu E. Sim.), sont tantôt garnis de poils courts, couchés, fins ou un peu squamiformes, tantôt de longues soies dressées et isolées ; leur abdomen est tantôt unicolore, tantôt orné d’une large bordure d’un beau rouge (M. rufolimbata E. Sim.). Ce groupe est propre à l’Afrique tropicale; on en connait trois espèces. Mystaria, nov. gen. (1). Cephalothorax subquadratus. Oculorum lineæ binæ circiter æquilatæ, postica validissime recurva, antica minus recurva. Oculi quatuor postici inter se fere æquidistantes. Oculi medii antici à lateralibus quam inter se remotiores. Oculi medii parvi (præsertim postici), aream antice quam postice angustiorem, latiorem quam longiorem (M. unicolor E. Sim.) vel fere æque longam ac latam, occupantes. Oculi laterales mediocres, utrinque subsessiles. Chelarum margo superior dilatato-rotundus et spinulis parvis seriatis instructus. Pars labialis (1) Toutes les espèces de ce genre sont inédites : M. rufolimbata, sp. nov. — Long. 3 mill. — Cephalothorax antice leviter atte- nuatus, niger, subtililer coriaceus, parce et crasse albo-pilosus. Area oculorum me- diorum circiter æque longa ac lata. Abdomen subrotundum, coriaceum, minute punc- talum et utrinque plicatum, nigerrimum, supra late coccineo-limbatum. Chelæ, partes 990 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES apice attenuata, tertiam partem apicalem laminarum attingens. Pedes me- diocres, inter se non multo inæquales, mutici sed supra setis spiniformibus paucis muniti, metatarsis tarsisque anticis longis et gracilibus. Tyeüs : M. rufolimbata E. Sim. AR. GEOGR. : Africa tropica occid. Sylligma, nov. gen. À Mystaria differt cephalothoracis regione frontis et clypei valde obliqua et proclivi, oculorum lineis binis fere æqualiter et valde recurvis, chelarum mar- gine superiore haud spinuloso sed setis incurvis seriatis munito. Typus : S. hirsuta E. Sim. (1). AR. GEOGR. : Africa tropica occid. 7. TMAREÆ Avec les Tmarus commence la longue série des Misumeninæ typiques, diffé- rant des précédents par leurs fascicules ungueaux, souvent très réduits et toujours formés de poils villeux, déprimés, mais effilés, ni tronqués, ni spatu- liformes. J’étudierai d’abord les groupes dont les chélicères sont glabres en dessous, sans bande pileuse près le bord interne. Dans celui qui a pour type le genre Tmarus, le céphalothorax, les yeux et les pattes ressemblent à ceux des Tagulis et des Alcimochthes. La seconde ligne est plus large et plus fortement récurvée que la première, qui est sou- vent droite ; les yeux latéraux, plus gros que les médians, sont élevés isolé- ment sur des saillies arrondies, dont les postérieures sont toujours plus grosses que les antérieures. Les chélicères, de forme normale, sont glabres en dessous dans toute leur partie interne; elles offrent, seulement près le bord externe, qui est arrondi ou très rarement caréné dans la moitié basale (Philodamia et Smodicinus), une oris, sternum pedesque nigra, albo-pilosa, patella tibia metatarso tarsoque 3i paris fulvo-rufulis. — Afr. occid. : Sierra-Leone. M. unicolor, sp. nov. — Q. Long. 3 mill. — Cephalothorax antice latissimus postice leviter attenuatus, niger, subtiliter coriaceus. Area oculorum mediorum latior quam longior. Abdomen breve, postice ampliatum et rotundum, supra duriusculum et crebre punctatum, omnino fuscum. Chelæ, partes oris sternumque fusco-picea. Pedes quatuor antici nigri, coxis tarsisque leviter dilutioribus. Pedes postici fulvo-rufuli, femoribus ad basin luteis ad apicem nigris. — Afr. occid. : Sierra-Leone. (1) Espèce inédite, dont voici la diagnose : | S. hirsuta, sp. nov. — Q®. Long. 4 mill. — Cephalothorax rufo-piceus, lævis sed crebre punctato-impressus, selis longis erectis cinereis conspersus. Abdomen breve, nigrum, brevius et densius pilosum. Chelæ, sternum coxæque pallide fusco-rufes- centia. Pedes obscure fulvo-olivacei, longe et parce crimiti. — Sierra-Leone. FAMILLE DES THOMISIDÆ 991 bande de poils très courts et peu serrés; leur marge supérieure, légèrement saillante et arrondie, est garnie de crins simples, sériés et incurvés. La pièce labiale, qui atteint ou dépasse même souvent le tiers apical des lames, est longue et fusiforme, c'est-à-dire atténuée à la base et à l’extrémité qui est obtuse, mais généralement plus longuement à la base, son point le plus large étant situé au delà du milieu. Les pattes, très inégales en longueur, le sont peu en épaisseur, et leurs articles sont presque cylindriques ; leurs tarses, grêles et légèrement atténués à la base, sont garnis de crins assez nettement sériés, au moins en dessous, et ils présentent de petits fascicules ungueaux formés de poils peu nombreux, sauf dans les genres Pherecydes et Philodamia ; leurs griffes, assez étroites et longues, sont pourvues d'une rangée de dents fines et nombreuses {de 7 à 14), dépassant leur tiers apical, atteignant presque parfois leur extrémité (Philo- damia) ; dans les genres les mieux caractérisés, ces pattes sont armées d’épines fines, tantôt assez courtes, tantôt très longues |Titidius) ; les tibias et méta- tarses antérieurs offrent des épines inférieures bisériées, des épines latérales et souvent, aux tibias, des épines dorsales formant des verticilles peu régu- liers, les latérales étant situées un peu en avant des inférieures; dans le genre Philodamia, les tibias et métatarses n'offrent que des épines inférieures grêles et peu nombreuses; dans les genres Acentroscelus et Smodicinus, ils sont même entièrement mutiques. Dans le genre Tmarus, qui est le plus important de ce groupe, le céphalo- thorax est épais et presque plan en dessus, à peine atténué et non incliné en avant où il est tronqué. Les yeux postérieurs sont en ligne fortement récurvée, les antérieurs en ligne droite; les médians, beaucoup plus petits que les latéraux, surtout les antérieurs, figurent un trapèze plus étroit en avant et plus long que large, sauf dans quelques grosses espèces américaines (T. viridis Keyserl., etc.), qui font le passage aux Monæses, mais les yeux médians postérieurs sont toujours plus rapprochés l’un de l’autre que des latéraux ; les yeux latéraux sont élevés, de chaque côté, sur de larges saillies, dont les postérieures sont plus grosses que les antérieures. Le bandeau est large et plus ou moins proclive, mais il y a sous ce rapport de grandes différences d’espèce à espèce; certains Tmarus, dont le front est très large, semblent faire le passage aux Pherecydes (T. lati- frons Thorell). L'abdomen, assez étroit et obtus en avant, s'élargit et s'élève jusqu’au tiers postérieur, où il offre un angle saillant ou même un tubercule dirigé en arrière (T. Piochardi E. Sim.), il est ensuite fortement abaissé et atténué, et ses filières sont terminales. Les Monæses (Monastes Lucas) sont des Tmarus étroits et longs, dont le céphalothorax, presque parallèle, le sternum et surtout l’abdomen, terminé par un tubercule caudiforme, aigu et plissé, sont beaucoup plus longs que larges ; ils diffèrent, en outre, des Tmarus par leurs yeux postérieurs équidistants et leur bandeau presque horizontal. Dans les genres Tilidius et Acentroscelus, le céphalothorax diffère de celui 992 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES des Tmarus par son bandeau vertical ; dans le premier, les yeux postérieurs sont en ligne encore plus récurvée et l’intervalle longitudinal des yeux latéraux est un peu plus large que celui des médians, les téguments sont lisses, les pattes, très longues, sont armées d’épines fines et longues ; tandis que, dans le genre Acentroscelus, le irapèze des yeux médians est aussi large que long, les téguments sont ceux des Tmarus, mais les pattes, plus courtes, sont mu- tiques. Dans le genre Pherecydes, le céphalothorax est court, large et moins haut; les yeux médians des deux lignes, beaucoup plus séparés l’un de l’autre que des latéraux, figurent un groupe beaucoup plus large que long ; les saillies des yeux latéraux sont très développées et débordantes; dans les espèces de l'Afrique australe, les deux saillies sont, de chaque côté, confondues en un gros tubercule à coupe ovale longitudinale et légèrement pédiculé à la base, tandis que, dans le P. livens E. Sim., de Tunisie, moins bien caractérisé, les deux saillies sont séparées et l’antérieure est un peu plus petite que la pos- térieure (fig. 1058); les pattes sont plus courtes que celles des Tmarus et pour- vues de fascicules plus denses, mais leurs épines ont la même disposition, au moins dans les espèces de l’Afrique australe, car, dans le P. livens E. Sim., elles sont plus réduites, les latérales manquant. 1058 1059 1060 Fig. 1058. Pherecydes livens E. Sim. Face vue en avant. — Fig. 1059. Smodicinus coro- giner E. Sim. Idem. — Fig. 1060. Idem. Céphalothorax de profil. Dans le genre Smodicinus, le trapèze des veux médians est à peine plus large que long ; les tubercules des yeux latéraux antérieurs sont très faibles, tandis que ceux des postérieurs sont très longs, divergents et armés chacun, en avant de l’œil, d’un petit tubercule dentiforme ; en arrière du groupe ocu- laire, le céphalothorax s’élève en forme de crête divisée en quatre pointes divergentes et dirigées en arrière, dont les deux médianes, plus longues, se terminent chacune par une petite fourche (fig. 1059 et 1060); les pattes sont courtes et mutiques et leurs fascicules sont très réduits ; les fémurs antérieurs, plus épais que ceux des Tmurus, sont légèrement noueux. Dans le genre Philodumia, les caractères du groupe sont fort affaiblis (1); le céphalothorax, court et lisse, ressemble à celui des Synæma; les saillies (1) Les chélicères du P. hilaris Thorell offrent même en dessous, dans le haut, quelques poils fins. FAMILLE DES THOMISIDÆ 993 des yeux latéraux sont médiocres et presque égales ; les yeux médians, très petits, figurent un quadrilatère plus large que long, et beaucoup plus large en avant qu’en arrière, les postérieurs étant plus resserrés que les latéraux, les antérieurs, au contraire, beaucoup plus séparés. Les espèces de ce groupe, toutes de taille moyenne ou assez petite, sont en général de coloration claire, fauve, blanchâtre ou d’un blanc opaque, mais plus ou moins relevée de points et de linéoles noirs ou rougeûtres; leur abdomen offre très souvent, en dessous, une bande noirâtre ; leurs téguments sont chagrinés (sauf dans les genres Titidius et Philodamia, où ils sont très lisses) et pourvus, de loin en loin, de forts crins élevés sur de petits tubercules. Leurs allures sont beaucoup plus vives que celles des Misumena ; presque tous les Tmarus vivent sur les plantes et courent avec grande rapidité le long des branches où leur coloration, plus ou moins mimétique, leur permet de se dissimuler ; au repos, ils tiennent leurs pattes antérieures étendues en avant. Le genre Tmarus renferme actuellement une cinquantaine d'espèces : 4 de la région méditerranéenne, dont une seule (T. piger Walck.) s'étend à l'Europe tempérée ; 1 de l’Asie centrale (T. dejectus Cambr.) ; 5 ou 6 de l’Indo-Chine et de la Malaisie (T. Loriæ, pulchripes, eques, latifrons Thorell, etc.) ; 8 de la Nou- velle-Hollande, décrites par L. Koch (1); 4 de l'Amérique du Nord (2); 8 de l’Amérique centrale, décrites par Cambridge; une vingtaine de l'Amérique du Sud tropicale et quelques-unes de l'Amérique australe extra-tropicale (3). Le genre Monæses Thorell ne renferme que 6 espèces : 2 de la région médi- terranéenne, 1 de l’Afrique orientale (M. pustulosus Pavesi), 1 de Birmanie (M. cinerascens Thorell) et 2 de la Nouvelle-Hollande. Les genres Titidius et Acentroscelus sont de l'Amérique du Sud et renferment chacun 3 ou 4 espèces (4). Le genre Philodumia renferme trois espèces, deux de Singapore (P. hilaris et variata Thorell) et une de Birmanie (P. armäillata Thorell) (5). Les genres Smodicinus et Pherecydes représentent le groupe en Afrique; le premier ne renferme qu'une seule espèce de Sierra-Leone, S. coroniger E. Sim. (6); le type du second a été décrit du Natal, j'en ai trouvé deux autres espèces au Cap et au Transvaal, et j'en ai décrit une de Tunisie (P. livens E. Sim.) (7). (1) L'une des espèces décrites par L. Koch, le T. angulatus, doit changer de nom pour cause de double emploi, et je propose de l'appeler T. angulifer. (2) Entre autres Thomisus angulatus Walck., dont Th. caudatus Hentz est syno- nyme, (3) Entre autres Philodromus punctatus Nicolet., du Chili. (4) C’est probablement au genre Acentroscelus qu’il faudra rapporter les deux espèces décrites sous les noms de Acanthonotus guianensis Taczanowski et peruvianus Keyserl. (5) Je suis redevable de la communication du Philodamia hilaris à M. T. Workman. (6—7) Ann. Soc. ent. Belg., t. XXXIX, 1895. 63 994 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES GENERA 1. Oculi laterales antici fere sessiles, postici valde prominuli. Cepha- lothorax, pone aream oculorum, altissime cristatus et quadri- TUPETCUIALU SAP PR RE ER PURE Smodicinus. — Oculilaterales antici et postici valde elevati. Cephalothorax muticus. 2e 2. Area oculorum mediorum multo latior quam longior........... 2e 3. — Area oculorum mediorum longior quam latior vel saltem haud ADO PR TE Re ne EMA PRE EE &. 3. Area oculorum mediorum antice quam postice paulo angustior. Oculi medii antici et postici inter se quam a lateralibus remo- tiores. Tubercula oculorum lateralium maxima. ...... Pherecydes. — Area oculorum mediorum antice quam postice latior. Oculi medii antici inter se quam a lateralibus multo remotiores sed postici a lateralibus quam inter se remotiores. Tubercula oculorum tél menton 80e 20 dlocouooeo Philodamia. 4 Clypeus oblique-porrectus vel subdirectus- 0." "Net ». xGlLypeus venticalis MIE TETE A PIN IE Pr AR CEE PER 6. 5. Cephalothorax longior quam latior, subparallelus. Oculi postici inter se æquidistantes vel sæpius medii inter se quam a latera- Mb DSIDAUlLOMEMOTIOLES PNEU PER E RE ES Monæses. — Cephalothorax æque longus ac latus. Oculi medii postici a latera- lbusiquamrinienseremotiores PA UE PP EEE CEE Tmarus. CRMBEdES DRE VOS EPAAUEICI EEE ERIC PRET Rte Acentroscelus. APE TONEINeDIACUIEAL APP TPE PP EP EREPR PP Re Titidius Hmarus E. Sim., Ar. Fr., Il, 1875, p. 259. — Xysticus C. Koch, Ar., IV, 1838, p. 79 (ad part. X. cuneolus). — Monastes Lucas, Expl. Alg., Ar., 1842-48, p. 192 (ad part. M. lapidarius). — Monæses Thorell, Eur. Spid., 1869-70, p. 182 {ad part.). — Tmarus Keyserl., Sp. Amer. Later., 1880, p. 137 (ad part.). Cephalothorax brevis. Oculi postici in lineam valde recurvam, medii a late- ralibus quam inter se remotiores (rarissime æquidistantes). Oculi antici in lineam rectam, inter se æquidistantes vel sæpius medii a lateralibus quam inter se paulo remotiores, medii antici et posticei lateralibus multo minores et aream antice quam postice multo angustiorem, plerumque longiorem quam latiorem, interdum (in T. viride et in nonnullis speciebus Americæ merid.) æque longam ac latam, occupantes. Oculi laterales in tuberibus obtusis singulariter positi (tuberibus posticis anticis multo majoribus). Clypeus area oculorum baud vel non multo argustior, antice oblique porrectus. Sternum sat longe oblongum. Pars labialis longa, ad basin atque ad apicem attenuata atque obtusa. Pedes aculeati, antici posticis longiores sed non multo robustiores. Abdomen longius quam latius, apice incrassatum, supra angulosum vel uni- tuberculatum. Typus : T. piger Walck. AR. GEOGR. : Orbis totius reg. calidæ rarius temp. FAMILLE DES THOMISIDÆ 995 Monæses Thorell, Eur. Spid., etc., 1869-1870, p. 182 (ad part.). — Monastes Lucas, Expl. Alg., Ar., 1842-1848, p. 192 (ad part.) (nom. præocc.). — Rhynchognatha Thorell, Ann. Mus. civ. Gen., 1887, p. 284. À Tmaro differt cephalothorace multo longiore et subparallelo, oculis pos- ticis inter se æquidistantibus vel mediis inter se quam a lateralibus paulo remotioribus, clypeo subdirecto, sterno parteque labiali angustioribus et lon- gioribus, abdomine longo et angusto, postice in tuberculum caudiforme plus minus producto. Typus : M. paradoæus Lucas. AR. GEOGR. : Reg. mediterr.; Asia centr. et orient.; Japonia; Birmania (cinerascens Thorell); Nova Hollandia (æyphoides L. Koch, etc.) ; Africa austr. Mitidius, nov. gen. — Tmarus Keyserl., Sp. Amer. Later., 1880, p. 137 (ad part. T. rubrosignatus, galbanatus). À Tmaro differt clypeo verticali, plano, area oculorum angustiore, oculis posticis in lineam validissime recurvam, mediis lateralibus multo minoribus, utrinque spatio inter oculos laterales binos latiore vel saltem haud angustiore quam spatio inter medios anticos et posticos, pedibus gracilioribus, tegumentis Iævibus nec coriaceis nec spinulosis. Typus : T. rubrosignatus Keyserl. AR. GEOGR. : Brasilia. Acentroscelus E. Sim., Act. Soc. Linn. Bord., 1886. — *? Acanthonotus Tacz., Hor. Soc. ent. Ross., IX, 1872, p. 85 (nom. præocc.). — Idem Keyserl., Sp. Amer. Later., 1880, p. 132. À Tmaro differt cephalothorace postice abruptius declivi, clypeo verticali, oculis lateralibus posticis mediis saltem duplo majoribus, area mediorum æque longa ac postice lata, pedibus brevioribus omnino muticis sed tarsis subtus crassius setosis. Typus : A. albipes E. Sim. . AR. GEOGR. : Brasilia. Pherecydes Cambr., Pr. Zool. Soc. Lond., 1883, p. 363. A Tmaro differt cephalothorace breviore et latiore, oculorum linea postica minus recurva, linea antica leviter recurva, oculis mediis inter se quam a late- ralibus multo remotioribus et aream multo latiorem quam longiorem et antice quam postice non multo angustiorem occupantibus, tuberibus oculorum late- ralium multo majoribus et‘prominentioribus inter se coalitis et processum magnum ad basin leviter constrictum formantibus seu discretis (P. livens E. Sim.), pedibus paulo brevioribus, aculeatis, fasciculis unguicularibus den- sioribus munitis. Tyeus : P. tuberculatus Cambr. AR. GEOGR. : Africa sept. et austr. extratropica. 996 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Smodicinus, nov. gen. Cephalothorax brevis et altissimus, in medio cristatus et valde quadrituber- culatus. Oculi postici in lineam valde recurvam, medii inter se quam a late- ralibus paulo remotiores. Oculi antici in lineam minus recurvam, inter se fere æquidistantes. Oculi medii aream paulo latiorem quam longiorem et antice quam postice multo angustiorem occupantes. Oculi laterales mediis multo majores, antici subsessiles, postici ad apicem tuberum longorum siti. Chelæ antice depressæ, extus leviter carinatæ et setis validis tuberculatis paucis uniseriatis munitæ. Sternum et partes oris Tmari. Pedes sat breves, mutici, sed femoribus sat robustis supra minute tuberculatis. Tyrus : S. coroniger E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : Africa trop. occid. Philodamia Thorell, Bull. Soc. entom. Ital., XXVI, 1894, p. 26. Cephalothorax brevis, crassus, subquadratus. Oculi postici in lineam valde recurvam, medii a lateralibus quam inter se remotiores. Oculi antici in lineam subrectam, medii inter se quam a lateralibus multo remotiores. Oculi medii parvi, lateralibus magnis plus quadruplo minores, aream multo latiorem quam longiorem et antice quam postice multo latiorem, occupantes. Oculi laterales mediis multo majores, utrinque singulariter et fere æqualiter elevati. Clypeus subverticalis, area oculorum multo angustior. Chelæ antice valde crinitæ, extus, in parte basali, tenuiter carinatæ. Sternum et partes oris fere Tmari. Tibiæ metatarsique antici subtus aculeis tenuibus paucis muniti sed aculeis lateralibus et dorsalibus carentes. Tarsi apice fasciculati. Ungues fere usque ad apicem numerose pectinatl. Typus : P. hilaris Thorell. AR. GEOGR. : Pen. Malayana et Birmania. 8. TALAEÆ Les Talaus ressemblent aux Tmarus par leurs chélicères, leurs pièces buc- cales et leurs pattes, mais ils en diffèrent par leur céphalothorax et leurs yeux. Le céphalothorax est court, aussi large que long, parallèle et très convexe, surtout en arrière ; contrairement à ce qui a lieu dans le groupe précédent, les yeux latéraux sont presque sessiles (Talaus) ou élevés, de chaque côté, sur d'assez fortes saillies arrondies, isolées, dont l’antérieure est plus grosse que la postérieure (Lysiteles) ; la première ligne oculaire est très légèrement récurvée, la seconde l’est beaucoup plus et, vue en dessus, elle paraît aussi large (Lysiteles) ou un peu plus étroite que la première | Talaus), ses yeux laté- raux étant situés un peu en dedans de ceux de la première ligne. Les yeux médians, très petits, surtout les postérieurs, qui sont punctiformes et parfois FAMILLE DES THOMISIDÆ 997 difficiles à voir (1), sont beaucoup plus rapprochés l’un de l’autre que des latéraux et figurent un trapèze au moins aussi long que large et plus étroit en avant. Les chélicères sont assez étroites, planes en avant, non carénées au côté externe; leur face inférieure, presque glabre, ne présente que quelques poils fins au bord supérieur, près la base du crochet; leur marge supérieure, courte et à peine saillante, porte de longs crins incurvés. La pièce labiale, atténuée et tronquée, atteint ou dépasse même souvent le tiers apical des lames. Le sternum, ovale un peu convexe, se termine en pointe entre les hanches postérieures légèrement distantes. Les pattes sont courtes; les quatre fémurs antérieurs sont assez robustes et comprimés, mais assez brusquement déprimés en dessous, près l’extrémité; les autres articles sont grêles et cylindriques; les tibias et métatarses anté- rieurs sont pouvus d’épines fines, inférieures, latérales et dorsales subverti- cillées comme celles des Tmarus; les tarses, plus courts que les métatarses, sont fins et légèrement atténués à la base, les antérieurs sont garnis, en des- sous, de crins fins isolés et sériés, tandis que les postérieurs sont revêtus de poils raides dressés, plus longs et plus denses; les griffes, accompagnées de quelques poils villeux simples, sont fines et armées de dents fines longues et nombreuses (7 à 14). L’abdomen est court, arrondi en avant et en arrière, convexe, mais presque plan en dessus où il est marqué de quatre impressions fovéiformes disposées en carré. La patte-mâchoire du Talaus opportunus Cambr. est du type de celle des Alcimochthes ; son tarse ovale, assez étroit et acuminé, est dépourvu de saillie externe; son bulbe, ovale simple, est pourvu d'un stylus plus court que celui des autres Misumeninæ, se terminant au côté interne (prolongé sous la pointe tar- sale, mais non replié sur le côté externe du bulbe); son tibia est armé en dessous d’une très petite apo- physe médiane et d'une apophyse externe plus longue, recourbée à la pointe (fig. 1061). Les Talaus vivent sur les plantes ; leur faciès et leurs allures rappellent un peu ceux des Attides ; ils courent Fig: 1061. avec rapidité et exécutent des sauts pour échapper a Talaus opportunus Cambr. leurs ennemis. Ils sont de petite taille; leurs téguments Patte-mâchoire du mâle. sont lisses, brillants, glabres ou parsemés de longs crins isolés; ceux du céphalothorax sont noirs, ceux de l’abdomen blanchâtres, avec de grandes macules noires variant selon les espèces, quelquefois selon les individus (pour le T. opportunus Cambr.). Les Lysiteles ont le faciès et la coloration de petits Xysticus. (1) Caractère peu prononcé chez le Talaus limbatus E. Sim., du Transvaal, dont les yeux médians sont presque égaux. 998 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES On connaît cinq espèces de Talaus : 1 de Ceylan (T. opportunus Cambr.) où elle est très commune, 2 de Sumatra (T. elegans Th. et triangulifer E. Sim.), 1 de Java et de Birmanie (T. nanus Th.), la dernière du Transvaal (T. limbatus E. Sim.) (1). Le Lysiteles catulus E. Sim. est propre aux montagnes de l’In- doustan, une seconde espèce du genre existe au Sikkim (2). GENERA Oculi laterales subsessiles. Oculorum linea postica, superne visa, an- tiCADAULO ANEUSUOTE ME AE LC Le 0 CPL CE LEE Talaus. Oculi laterales valde elevati. Oculorum lineæ binæ, superne visæ, QUilAtee AR RUAES USE MNT Vent Se Sr D ARE Lysiteles. Talaus E. Sim., Act. Soc. Linn. Bord., 1886. — Thomisus Cambr., 1873 (ad part. T. opportunus). — Microcyllus Thorell, St. Rag. Mal., etc., IV, 2, 1892, p. 118. — Talaus Thorell, 1895. Cephalothorax subquadratus, convexus. Oculi laterales magni subsessiles, medii minutissimi (medii postici fere obsoleti) a lateralibus quam inter se multo remotiores, aream paulo longiorem quam latiorem et antice quam pos- tice multo angustiorem occupantes. Oculorum linea postica, superne visa, antica paulo angustior, valde recurva, antica subrecta. Clypeus verticalis, area oculorum paulo angustior. Sternum ovatum, postice, inter coxas, leviter dis- junctas, anguste productum et subacutum. Pedes parum longi et graciles, quatuor antici posticis longiores sed {femoribus exceptis) haud robustiores, aculeis gracilibus subsimilibus, inferioribus, lateralibus et dorsalibus subver- ticillatis, instructi, tarsis cunctis gracillimis, anticis subtus parce seriatim setosis, posticis subtus inordinate crinitis, subspinosis. Typus : T. triangulifer E. Sim. AR. GEOGR. : Ins. Taprobane; Birmania; Sumatra et Java; Africa austr. : Transvaal (limbatus E. Sim.). Lysiteles, nov. gen. À Taluo differt oculorum lineis binis, superne visis, æquilatis, oculis latera- libus, præsertim anticis, utrinque valde prominulis, oculis mediis posticis anticis minoribus sed distinctissimis. Typus : L. catulus E. Sim. AR. GEOGR. : India or. mont. 9. PAGIDEÆ Les deux genres Pagida (Palæphatus Cambr.) et Pactactes, dont se compose ce groupe, ont des caractères ambigus ; d'un côté, ils ressemblent aux Talaus (4—2) Ann. Soc. ent. Belg., t. XXXIX, 1895. FAMILLE DES THOMISIDÆ 999 et aux Porrhopis par leur céphalothorax et leurs yeux; d’un autre côté, ils rappellent les Séiphropus (p. 958) par leurs pattes et un peu aussi par leurs pièces buccales. Le céphalothorax court, au moins aussi large que long, est épais et très convexe, en forme de talus, tantôt fortement et presque également incliné en avant et en arrière, tantôt vertical en arrière et plus légèrement oblique en avant; il est toujours un peu atténué en arrière et beaucoup plus étroit au bord postérieur, arrondi ou à peine tronqué, qu'en avant, dans la région frontale qui est extrêmement large; son bandeau vertical et plan est assez étroit. Les yeux ont la disposition de ceux des Talaus (voy. plus haut), à ces diffé- rences près que la seconde ligne oculaire, vue en dessus, est un peu plus large que la première et que les yeux latéraux sont, de chaque côté, moins séparés 1062 1063 1064 Fig. 1062. Pactactes obesus E. Sim. Face et yeux. — Fig. 1063. Zdem. Patte de la 1re paire. Fig. 1064. Pagida salticiformis Cambr. Idem. l’un de l’autre. Les yeux médians, beaucoup plus petits et plus resserrés que les latéraux, figurent, au milieu du front, un trapèze plus étroit en avant; les postérieurs sont très petits, à peine visibles, au point que certaines espèces paraissent sénoculées (fig. 1062). Les chélicères sont planes en avant, non carénées au bord externe. La pièce labiale est plus courte que celle des Talaus, car elle atteint à peine le tiers apical des lames qui sont presque droites, elle est presque parallèle et tronquée. Le sternum, assez étroit, se termine en pointe en avant des hanches posté- rieures qui sont contiguës. Les pattes sont beaucoup plus épaisses que celles des Taluus, mutiques, mais garnies de poils épais, généralement villeux, principalement aux tarses et métatarses; leurs tibias, légèrement atténués à la base et renflés à l’extré- mité, rappellent un peu ceux des Sfiphropus ; leurs métatarses et tarses, épais et cylindriques, sont en continuité, ceux-ci n'étant pas rétrécis à la base; dans le genre Pactactes, ces deux articles sont presque de même longueur et également cylindriques (fig. 1063); dans le genre Pagidu, les métatarses, beaucoup plus courts que les tarses, sont atténués à la base et comme pédi- culés (fig. 1064); dans ce dernier genre, les pattes antérieures et postérieures sont peu inégales en longueur, les postérieures paraissent même quelquefois un peu plus longues, tandis que, dans le genre Pactactes, les deux paires anté- 1000 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES rieures, presque égales entre elles, sont plus longues que les postérieures, comme dans la grande majorité des Thomisides. Les tarses antérieurs sont garnis de crins non sériés, épais et villeux. Les griffes, relativement fines, sont armées de dents longues presque égales et nombreuses (10-14), attei- gnant presque leur extrémité. L’abdomen est court et convexe, mais plan en dessus et souvent marqué, surtout chez les mâles, de larges plaques calleuses. La patte-mâchoire du Pagida salticiformis Cambr. est assez étroite; son tarse, allongé convexe et presque cylindrique, est pourvu, au bord externe, près la base, d’une branche bien développée, lamelleuse, large à la base, mais très atténuée en triangle subaigu et relevée; son tibia est mutique (fig. 1065). Celle du Pactactes trimacu- latus E. Sim. est plus robuste; son tarse, plus large, est pourvu d’une petite pointe basilaire externe divergente, grêle et tronquée, tandis que son tibia, dilaté transversalement, est pourvu d'une très forte saillie externe obtuse, légèrement excavée et granuleuse en dessous, et d’une apophyse inférieure cariniforme et re- courbée (fig. 1066). 1065—1066 Ces Araignées, de taille médiocre ou petite, Fig. 1065. Pagida salticiformis Cb. Ont le céphalothorax très lisse, noir, souvent Patte-- mâchoire de profil — éclairci et rougeâtre dans la région frontale, Fig. 1066. Pactactes trimaculatus E. Sim. Tibia de la patte-mâchoire en dessous. l’abdomen noir, ordinairement orné d’une bor- dure blanche ou jaune très découpée, rappelant un peu celle des Synæma. Le type du genre Pagidu est propre à Ceylan où il est commun, une seconde espèce a été décrite de Sumatra (P. pseudorchestes Thorell) ; le genre Pactactes est africain et représenté sur la côte orientale (P. érimaculatus E. Sim.) et la côte occidentale (P. obesus E. Sim.) (1). GENERA Pedes antici posticis haud longiores, metatarsis tarsis multo bre- Vioribus adibasinattenuatis PETER EE AR re DU Pagida. Pedes antici posticis longiores, metatarsis tarsisque cylindraceis cir- CHEPÉEMUIONCIS 9 ALL LUI TAPER NRA et Pactactes. Pagida E. Sim. — Palæphatus Cambr., Pr. Zool. Soc. Lond., 1884, p. 362 (nom. præcc.) (2). Cephalothorax paulo latior quam longior vel saltem haud longior, antice latissime et obtuse truncatus, postice levissime attenuatus et subrotundus, (1) Ann. Soc. ent. Belg., t. XXXIX, 1895. (2) Butler, Ins., 1883. FAMILLE DES THOMISIDÆ 41001 valde convexus, subglobosus et postice fere abrupte declivis. Oculi laterales utrinque subsessiles et subæquales. Oculi medii lateralibus multo minores et a lateralibus quam inter se multo remotiores, aream trapeziformem antice angustiorem, occupantes ; oculi medii postici anticis multo minores, fere obso- leti. Clypeus verticalis sat angustus. Chelæ extus haud carinatæ. Pars labialis tertiam partem apicalem laminarum haud attingens, apice vix attenuata et truncata. Pedes mutici, crassi et breves, inter se subæquales (postici anticis haud breviores), metatarsis brevibus ad basin attenuatis, tarsis crassis, cylin- draceis ad basin haud constrictis metatarsis multo longioribus. Typus : P. salliciformis Cambr. AR. GEOGR. : Ins. Taprobane (salticiformis Cambr.); ins. Sumatra (pseu- dorchestes Thorell). Pactactes, nov. gen. À Pagida præsertim differt pedibus quatuor anticis posticis evidentissime longioribus inter se subsimilibus, metatarsis tarsisque circiter æquilongis, crassis, cylindraceis, ad basin haud constrictis. Tyeus : P. {rimaculatus E. Sim. AR. GEOGR. : Africa trop. occid. (obesus E. S.) et orient. (érimaculatus E. $.). 10. PORRHOPEÆ Le genre australien Porrhopis est inséparable du genre Pactactes, dont j'ai parlé plus haut ; il en a le céphalothorax, les pièces buccales et presque les pattes, mais il en diffère par ses chélicères carénées et par la disposition de ses yeux qui sont, en outre, séparés du bord antérieur par un bandeau vertical beaucoup plus large. Contrairement à ce qui a lieu dans les groupes précédents, les yeux médians, plus petits que les latéraux, mais presque égaux entre eux, sont très large- ment séparés transversalement et, de chaque ANRT côté, très rapprochés des latéraux avec lesquels ils figurent un petit groupe angulaire (fig. 1067). Les deux lignes oculaires, si largement inter- rompues au milieu, sont presque également ré- curvées et la seconde, vue en dessus, est un peu plus large que la première. \ Les chélicères, courtes, larges et planes en avant, sont pourvues, au bord externe, d’une Fig. 1067. fine carène, qui manque dans les groupes pré- Porrhopis nitidula Thorell. Face cédents. vue en avant. Les pattes ressemblent à celles des Pactactes par leur longueur relative, la proportion de leurs articles, la forme de leurs fémurs et de leurs tibias antérieurs, mais elles en diffèrent par leurs tarses un peu plus grêles que les métatarses et très légèrement pédiculés, et par les épines assez nombreuses dont elles sont armées. 1002 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Je ne connais aucun mâle de ce genre; Thorell a décrit celui du LP. fristi- cula Thorell; le tibia de sa patte-mâchoire, court et transverse, offre, en dessous, une courte saillie médiane et une apophyse externe longue, grêle, recourbée à la pointe, dirigée en avant et dépassant le milieu du bord externe du tarse (cf. St. Rag. Mal., IIT, p. 364). Les Porrhopis, qui ont le faciès et la coloration des Pagida et des Pactactes, sont propres aux régions austro-malaise et australienne, on en connait trois de Nouvelle-Guinée (P. callipoda, nitidula, tristicula Thorell) et un du Queens- land (P. flavifrons L. Koch). Porrhopis L. Koch, Ar. Austr., 1876, p. 807. Cephalothorax haud longior quam latior, valde convexus et subglobosus, antice posticeque valde declivis, antice leviter ampliatus, fronte latissima. Oculorum lineæ binæ fere æqualiter recurvæ; oculi medii lateralibus paulo minores et inter se quam a lateralibus plus decuplo remotiores (vel oculi tur- mas parvas duas, transversim latissime remotas et utrinque angulos frontales occupantes, designantes). Clypeus verticalis, planus, area oculorum latior. Chelæ sat breves sed latissimæ, antice planæ, extus carinatæ. Pedes breves et robusti, quatuor antici inter se subæquales; femoribus latis subclavatis ; tibiis femoribus circiter æquilongis, versus apicem sensim ampliatis; meta- tarsis tibiis brevioribus; tarsis metatarsis vix brevioribus sed paulo angustio- ribus, inordinate et crebre setosis ; femoribus cunctis supra aculeis longis munitis ; tibiis metatarsisque anticis subtus biseriatim aculeatis, posticis parce aculeatis. Typus : P. flavifrons L. Koch. AR. GEOGR. : N. Guinea et N. Hollandia. 11. BOMEÆ Le Bomis larvata L. Koch est le type d’une série d'espèces remarquables par la brièveté de leurs pattes mutiques et la forme globuleuse de leur corps, leur céphalothorax et leur abdomen, tronqués et juxtaposés, ne formant qu’une masse (fig. 1068). Le céphalothorax, un peu plus large que long et presque cubique, est très élevé, vertical et tronqué en arrière, avec les angles souvent un peu saillants, quelquefois dentés ou serrulés (Thomisops), en dessus, il est presque parallèle ou un peu atténué en avant, avec le front très large et obtus; dans les genres Bomis et Felsina, le bandeau est très haut, aussi ou plus long que le plan dorsal, fortement proclive, et son bord antérieur, tronqué (Bomis) ou arrondi (Felsina), dépasse en avant la base des chélicères en forme de rebord assez mince et presque transparent (fig. 1068 et 1070); dans tous les autres genres, le bandeau est un peu plus étroit que l’aire oculaire, légèrement proclive, plus rarement vertical (Holopelus, Avelis) et son bord antérieur tronqué est très lécèrement acuminé dans le milieu. w ES FAMILLE DES THOMISIDÆ 1003 Les yeux, petits et égaux (les latéraux antérieurs sont quelquefois un peu plus gros que les autres), sont en deux lignes récurvées, l’antérieure, plus étroite, est généralement un peu plus récurvée que la postérieure (sauf dans ies genres Corynethrix et Avwelis); les yeux latéraux sont, de chaque côté, 1068—1069 1070—1071 Fig. 1068. Bomis larvata L. Koch. Céphalothorax et abdomen de profil. — Fig. 1069. Idem. Sternum. — Fig. 1070. Felsina granulwm E. Sim. Céphalothorax de profil. — Fig. 1071. Thomisops pusio Karsch. Chélicère. élevés sur des saillies très basses et isolées; dans les genres Felsina, Holopelus et Avelis, les yeux médians figurent un groupe beaucoup plus large que long, mais, tandis que dans les deux premiers ils sont beaucoup plus écartés l’un de l’autre que des latéraux, dans le troisième ils sont presque équidistants ; dans tous les autres genres, le groupe des yeux médians est au moins aussi long que large et plus étroit en avant qu’en arrière. Les chélicères, construites en dessous, comme dans les groupes précédents, sont courtes, très larges à la base et planes en avant; celles des Thomisops et des Holopelus offrent à l’extrémité, près l’angle interne, une aire densément spinuleuse, presque arrondie et quelquefois un peu convexe (fig. 1071). La pièce labiale, généralement un peu plus large à la base que celle des autres Misumeninæ, est très atténuée et elle atteint le tiers apical des lames. Le sternum, ovale assez étroit, est normal, sauf dans les deux genres Bomis et Felsina, où il se prolonge en arrière en pointe obtuse entre les hanches pos- térieures disjointes (fig. 1069). Les pattes sont mutiques, courtes, épaisses et peu inégales ; leurs articles sont cylindriques, rarement un peu anguleux ; leurs métatarses et tarses sont quelquefois de même longueur (Thomisops, Boliscus, Corynethrix, Avelis et dans les espèces indiennes du genre Holopelus), maïs, ordinairement, les métatarses sont plus courts que les tarses ; ceux-ci, épais, cylindriques ou un peu com- primés, sont entièrement garnis en dessous de crins irréguliers, plus denses à l'extrémité. Les griffes sont fines et pourvues de dents longues et nom- breuses (12-15 à l’interne, 10 à l’externe), dépassant leur tiers apical, presque égales ou avec les médianes plus longues que les terminales. 100% HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES L’abdomen est très épais, au moins aussi large que long, tronqué en avant, arrondi en arrière, plus rarement tronqué et tuberculé (Boliscus segnis Thorell et tuberculatus KE. Sim.). La patte-mâchoire du mâle est courte et simple ; son tarse, largement ovale et déprimé, est dépourvu de saillie externe, il recouvre un bulbe plan, tout à fait arrondi, entièrement entouré d’un stylus et marqué au centre d’une strie circulaire ; son tibia, transverse, est quelquefois mutique (Holopelus albibarbis E. Sim., Bomis larvata L. Koch), d’autres fois pourvu, à l'angle externe, d’une pointe sétigère (Thomisops), plus rarement d’une longue apophyse droite, obliquement divergente (Avelis); d’après L. Koch, le bulbe du Bomis larvata, très convexe, ressemble à celui du Pseudoporrhopis (fig. 1043). Les téguments de ces Araignées sont épais, coriacés, souvent granuleux, garnis de poils courts et couchés, tantôt simples, tantôt squamiformes ou claviformes; sur l’abdomen, les granulations dessinent ordinairement, en dessus, des lignes circulaires limitant de petits espaces aréolés et sur la pente postérieure des côtes transverses. Les Bomis et Felsina, qui sont les plus petits Thomisides connus (1 ou 2 mill.), sont fauves, avec des dessins brunâtres vagues, on ne connaît qu’une seule espèce de chacun de ces genres : Bomis larvatu L. Koch, du Queensland, et Felsina granulum E. Sim. de la côte occidentale d'Afrique. Le genre Boliscus renferme trois espèces : 1 de la péninsule malaise (B. segnis Thorell), 1 du Siam (B. tuberculatus E. Sim.) (1) et 1 de la Nouvelle-Calédonie (B. duricorius E. Sim.). Le genre Thomisops est africain, son espèce type est très répandue dans toute l’Afrique tropicale (je l'ai reçue du Congo, de Zanzibar et du lac Tanganika), il est plus gros que ses congénères, les sexes, très dissemblables, ont été décrits comme espèces distinctes (2), la femelle est de teinte jaune avec quelques dessins aréolés sur l'abdomen, tandis que le mâle est d’un rouge sombre avec de larges bandes noires sinueuses sur l’abdomen et les fémurs antérieurs; j'en ai trouvé deux autres espèces au Transvaal, l’une, T. bullatus E. Sim., presque entièrement blanche, l'autre, T. sulcatus E. Sim., de teinte plus obscure, avec le céphalothorax granuleux et marqué en avant d’un sillon longitudinal (3). Le genre Holopelus est le plus largement distribué : son espèce type (H. bufo- ninus E. Sim.) est de Sumatra, plusieurs existent dans l’Inde (H. Malati E. Sim., etc.), et j’en ai trouvé une au Cap de Bonne-Espérance (H. albibarbis E. Sim.) (4); le Cap est aussi la patrie de l’unique espèce du genre Awelis, qui y est très commune, tandis que celle du genre Corynethrix, qui m'est inconnue en nature, est décrite du Queensland en Australie. (1) J'avais à tort rapporté cette espèce au genre Corynethrix L. Koch. (2) Thomisops pupa Karsch est la femelle du T. pusio Karsch. (3—4) Ann. Soc. ent. Belg., t, XXXIX, 1895. … FAMILLE DES THOMISIDÆ 1005 GENERA 1. Chelæ antice planæ et muticæ 2 — Chelæ antice, intus ad apicem, area crebre spinulosa munitæ.... 6. 2. Olypeus latissimus et valde porrectus, ad marginem anticum basin chelarum superans. Sternum postice, inter coxas disjunctas, DOUCE d'A ERE ANS LES ENCRES ASS SES CASRA ESENEA 3. — (lypeus angustior minus porrectus, basin chelarum haud supe- rans. Sternum postice subacutum et coxæ posticæ inter se SUD CONTE ES ANR TRUE pe A ne ne tn 4. +3. Oculi quatuor antici inter se fere æquidistantes. Area mediorum antice quam postice angustior et circiter æque longa ac pos- tice lata. Clypeus ad marginem anticum subrecte truncatus., Bomis. — Oculi medii antici et postici inter se quam a lateralibus multo re- motiores. Area mediorum subparailela et fere duplo latior quam longior. Clypeus ad marginem anticum arcuato-rotun- CUS SP EME eee BE 2e LARMES RS AN BETETE TERRES ONE Felsina. 4. Area oculorum mediorum multo latior quam longior. Oculorum linea antica multo minus recurva quam postica ........ AVES — Area oculorum mediorum longior quam latior vel saltem haud EN ARR RABAT AU Se LR EUR LR RE RE RER à a HN D. ROcuNposticiniensSemeLe equidistantes ne ete ER Boliscus. — Oculi medii postici a lateralibus multo longius quam inter se LCMOUS (ECC ALAMROCN)PAE EPP AELNEN EN MR Een Corynethrix (!). 6. Area oculorum mediorum vix latior quam longior et antice quam postice angustior, oculi antici inter se fere æquidistantes. Thomisops. — Area oculorum mediorum subparaillela et saltem 1/3 latior quam longior. Oculi medii antici inter se quam a lateralibus multo DOOLIONE SA ANNE PROS CERN SU D CN MARCEL Holopelus. Bomis L. Koch, Ar. Austr., 1873, p. 528. Cephalothorax altissimus paulo latior quam longior, postice subverticalis, fronte latissima et obtusa. Oculi cuncti minuti et inter se æquales, postici in lineam parum recurvam, medii inter se quam a lateralibus multo remotiores, antici in lineam multo magis recurvam, inter se fere æquidistantes. Area me- diorum magna, antice quam postice angustior et fere æque longa ac postice (1) Je rapporte à ce groupe le genre Corynethrix, qui m'est inconnu en nature et qui me paraît voisin des genres Boliscus et Avelis, mais quelques doutes’ peuvent encore exister sur ses vraies affinités. L. Koch dit, en effet, dans sa diagnose générique : labium in medio latius, apicem versus valde angustatum, margine antico rotundato, et plus loin : ungues tarsorum valde curvati, dentibus paucis, longis instructi; caractères qui ne conviennent pas entièrement au groupe des Bomeae. 1006 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES lata. Clypeus altissimus (area oculorum saltem haud angustior) planus, antice oblique porrectus, ad marginem anticum subrecte truncatus et basin chelarum superans. Chelæ clypeo breviores, antice subplanæ et muticæ. Pars labialis ad basin lata, ad apicem valde attenuata et subacuta, dimidium laminarum non multo superans. Sternum sat angustum, postice, inter coxas disjunctas, productum et obtusum. Abdomen latum et convexum, antice recte truncatum, postice valde incrassatum, rotundum et in declivitate transversim plicatum. Pedes brevissimi, robusti et mutici, metatarsis tarsis brevioribus. Typus : B. lurvata L. Koch (sp. un.). AR. GEOGR. : N. Hollandia. Felsina, nov. gen. À Bome differt oculorum lineis binis fere æqualiter recurvis, oculis mediis anticis et posticis inter se quam a lateralibus multo remotioribus et area ocu- lorum mediorum subparallela et fere duplo latiore quam longiore, clypeo latis- simo valde porrecto ad marginem anticum arcuato-rotundo et basin chelarum multo superante. Tyrus : F. granulum E. Sim. (sp. un.) {1}. AR. GEOGR. : Africa occid. Boliseus Thorell, X. So. Vei. Akad. Handl., 24, IT, 1891, p. 98. — Bomis E. Sim., Ann. Soc. ent. Bel., c. r., nov. 1880 (B. duricoria). — Coryne- thrix E. Sim., Act. Soc. Linn. Bord., 1886 (C. tuberculata) (non L. Koch). À Bome differt oculis mediis posticis inter se quam a lateralibus non multo remotioribus, mediis anticis lateralibus minoribus et a lateralibus quam inter se plerumque paulo remotioribus, clypeo angustiore, minus porrecto, ad mar- ginem anticum chelas haud superante, sterno anguste ovato, postice breviter acuminato, haud producto et coxis posticis inter se subcontiguis, tarsis anticis metatarsis saltem haud longioribus. Typus : B. segnis Thorell. AR. GEOGR. : Pen. Malayana (segnis Thorell); Indo-China (éuberculatus E. Sim.) ; Nova Caledonia (duricorius E. Sim.). Avelïis, nov. gen. À Bolisco differt oculis posticis inter se fere æquidistantibus, oculis anticis in lineam multo minus recurvam et oculis mediis aream multo latiorem quam (1) Espèce inédite, dont voici la diagnose : F. granulum, sp. nov. — Q. Long. 1 mill.— Cephalothorax subtiliter coriaceus, setis crassis albis paueis, seriatim ordinatis, munitus, fulvus, vitta marginali nigricanti vittisque dorsalibus quatuor fuscis (lateralibus rectis, medianis arcuatis) notatus. Abdomen fulvo-albidum, setis crassis, ovatis, pronis, albis ad basin minute nigris, conspersum. Pedes brevissimi, inter se subæquales, luridi, femoribus tibiisque fusco-olivaceis. — Africa occid. : Senegal ; Sierra-Leone. FAMILLE DES THOMISIDÆ 1007 longiorem et antice quam postice paulo angustiorem occupantibus, clypeo subverticali angustiore. Tyeus : À. hystriculus E. Sim. (1). Ar. GEOGR. : Africa max. austr. Thomisops Karsch, Zeütschr. Ges. Naturw., LIT, 1879, p. 374. — Id. E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1885, p. 3063. À Bome differt oculis posticis inter se æque distantibus, clypeo subverticali area oculorum mediorum non latiore, chelis clypeo longioribus, intus, ad apicem, area crebre spinulosa munitis, sterno ovato vel cordiformi, postice breviter acuminato, haud producto et coxis posticis inter se subcontiguis, pedum metatarsis tarsisque gracilioribus, his (saltem anticis) tarsis paulo lon- gioribus. Typus : T. pupa Karsch. AR. GEOGR. : Africa tropica et austr. Holopelus E. Sim., Act. Soc. Linn. Bord., 1886. À Bome differt oculorum lineis binis fere æqualiter recurvis, oculis mediis anticis et posticis inter se quam a lateralibus multo remotioribus, area me- diorum subparallela vel antice angustiore et saltem 1/3 latiore quam longiore, clypeo angustiore et verticali, sterno chelisque Thomisopis, metatarsis tarsis æquilongis, tarsis rarius paulo brevioribus. Tvyeus : H. bufoninus E. Sim. AR. GEOGR. : Africa max. austr. (albibarbis E. Sim.) ; ins. Sumatra (bufoninus E. Sim.); India merid. (Malati E. Sim.). GENUS IGNOTUS €Corynethrix L. Koch., Ar. Austr., 1876, p. 804. À Bolisco, cui verisimiliter affinis est, differt, sec. L. Koch, oculis mediis posticis a lateralibus quam inter se remotioribus, ab Avwele differt area oculorum mediorum longiore quam latiore. Tyeus : C. obscura L. Koch (sp. un.). AR. GEOGR. : N. Hollandia orient. (1) Espèce inédite : A. hystriculus, sp. nov. — ©. Long. 2 mill. — Cephalothorax fusco-rufescens, parte thoracica utrinque nigra, subtiliter coriaceus et pilis albis crassis, depressis et pronis, conspersus. Abdomen breve, antice truncatum, postice ampliatum et rotundum, depressiusculum, et supra foveolis coriaceis (1, 2-2-2) impressum, obscure fulvum, vel fuscum et transversim testaceo-plagiatum, pilis crassis et depressis conspersum. Ster- num nigrum. Pedes fusci, coxis cunctis luteis, femoribus 1i paris nigris, reliquis luteis ad apicem nigris. — Prom. Bonæ Spei !. 1008 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES 12. CYMBACHEÆ Dans le genre australien Cymbacha, qui a des rapports avec les Bomis et avec les Camaricus qui suivent, le céphalothorax est court et presque carré, tantôt assez déprimé, tantôt plus convexe et fortement incliné-oblique dans la région oculaire et clypéenne (C. saucia L. Koch); le bandeau est plus étroit que l’aire oculaire et plus ou moins proclive. Les yeux sont en deux lignes très larges, presque également récurvées ; vue en dessus, la seconde est généralement un peu plus large que la première, quelquefois les deux lignes paraissent d’égale largeur, chez le C. saucia L. K:, la seconde paraît même un peu plus étroite que la première, son œil latéral étant, de chaque côté, situé un peu en dedans de l’antérieur. Les yeux médians, beaucoup plus rapprochés l’un de l’autre que des latéraux, et beau- coup plus petits, surtout les postérieurs, figurent un trapèze environ aussi long que large et beaucoup plus étroit en avant qu'en arrière; les yeux laté- raux sont, de chaque côté, assez petits, égaux et élevés sur des saillies très basses, plus ou moins confondues, leur intervalle est égal à celui des médians ou plus étroit. Les chélicères ont la structure de celles des groupes précédents, elles offrent en dessous quelques poils isolés ne formant pas de bande définie; celles de la femelle, vues en avant, sont aussi larges à la base que longues, planes, ou 1072 1074 1073 1075 Fig. 1072. Cymbacha festiva L. Koch. Chélicères du mâle. — Fig. 1073. Idem. Chélicère de la femelle. — 1074. Idem. Tibia, métatarse et tarse de la lre paire. — Fig. 1075. C. saucia L. Koch. Sternum de la femelle. légèrement déprimées (fig. 1073); dans la plupart des espèces, leur marge supérieure est pourvue, comme celle des Tmarus, de crins sériés recourbés en dedans, mais chez le C. saucia L. Koch, ces crins sont remplacés par de petites épines aiguës (7-8), subcontiguës et unisériées comme des dents de peigne ; les chélicères des mâles sont plus longues et surtout plus étroites, arquées en dehors mais contiguës par leur angle supéro-interne, de sorte qu'elles paraissent séparées au milieu par une sorte d’hiatus longitudinal, ce qui leur donne une vague ressemblance avec celles des Dictyna (fig. 1072). La pièce labiale rappelle celle des Tmarus, elle est également lancéolée, | FAMILLE DES THOMISIDÆ 1009 atténuée à la base et à l’extrémité qui atteint le tiers apical des lames, qui sont longues et presque droites. Le sternum, largement cordiforme et plan, offre des caractères spéciaux, propres aux femelles, dans deux espèces : celui du C. saucia L. Koch est marqué en arrière, au niveau des hanches de la 3° paire, d’une fossette ovale longitudinale, coupée, dans le fond, d’une petite carène et entièrement garnie de poils prenant insertion sur ses bords et convergeant régulièrement au centre (fig. 1075); celui du C. setosa L. Koch (qui m'est inconnu en nature) offre au même point, d'après L. Koch, un petit tubercule aigu recourbé en avant. , Les pattes, courtes et robustes, ressemblent à celles des Bomis en ce que leurs tarses et métatarses sont cylindriques, épais et en continuité; aux premières paires, ces deux articles sont presque de même longueur, tandis qu'aux postérieures, le métatarse est beaucoup plus court que le tarse; les fémurs des deux premières paires sont très épais, comprimés et claviformes ; mais une espèce un peu anormale de Ceylan, le C. simplex E. Sim., ditfère de ses congénères par ses fémurs plus grêles et presque cylindriques, et par ses métatarses et tarses presque d’égale longueur aux quatre paires et beaucoup plus longs; les tibias et métatarses antérieurs offrent en dessous deux séries de très petites spinules souvent peu t'stinctes, et les tarses, qui sont garnis de poils courts irréguliers, offrent ordinairement en dessous quelques spinules semblables (fig. 1074) (1); les hanches de la 4° paire sont distinctement sépa- rées par l’extrémité sternale. La patte-mâchoire du mâle est courte; son tarse, ovale assez étroit et dépourvu de saillie externe, recouvre un bulbe étroit, très simple et plan, en- touré d’un stylus; son tibia, dépourvu d’apophyse inférieure, est armé d’une apophyse externe assez longue, dirigée en avant le long du bord tarsal, tantôt simple et aiguë, tantôt dentée. Ces Araignées sont de taille médiocre; leurs téguments, finement chagrinés et garnis de poils très courts déprimés-obtus, très rarement de crins plus longs et isolés (C. simplexæ), sont ordinairement d’un fauve obscur, rougeâtre ou grisâtre, avec des dessins testacés; leur abdomen offre de grandes taches médianes arrondies ou anguleuses et tout autour des lignes concentriques, L. Koch a cependant décrit une espèce unicolore d'un jaune pâle (C. cereu L. Koch) et le C. simplex est entièrement brunâtre. Les mâles, qui sont à peine plus petits que les femelles, sont de teinte plus obscure, leurs pattes anté- rieures et leurs chélicères sont relativement plus longues. On en connaît 7 ou 8 espèces propres à la Nouvelle-Hollande et à la Tasmanie, sauf une que j'ai découverte à Ceylan. Cymbacha L. Koch, Ar. Austr., 1874, p. 538. 7 Cephalothorax fere æque longus ac latus vel paulo latior, antice vix atte- (1) Les spinules manquent aux mélatarses dans les C. striatipes el similis L. Koch, et même aux tibias dans le C. simplex E. Sim. 6% 1010 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES nuatus, fronte latissima, sat depressus vel convexus ct anLice in regione frontis et clypei valde obliquus. Oculorum lineæ binæ fere æqualiter recurvæ. Oculi medii lateralibus minores (præsertim postici), a lateralibus quam inter se multo remotiores, et aream circiter æque longam ac latam et antice quam postice multo angustiorem occupantes. Clypeus plus minus porrectus. Partes oris fere Tmari. Sternum late cordiforme, postice breviler subaculum. Abdomen depressum, antice late truncatum, postice rotundum, supra punctis coriaceis latis impressum. Pedes breves et robusti, tibiis, metatarsis tarsisque anticis subtus fere semper aculeis minulissimis munilis; metatarsis anlicis tarsis cir- citer æquilongis ; tarsis cylindralis, melatarsis haud vel vix gracilioribus, erebre et inordinate pilosis. Typus : C. fesliva TL. Koch. AR. GEOGR. : Nova Hollandia et Tasmania. Les espèces de ce genre peuvent se rapporler à trois groupes : À, — Cephalothorax depressus. Oculorum linea postica, superne visa, an- tica paulo latior. Chelarum margo superior setosus. Sternum in utroque sexu simplex et planum. Pedes robustissimi, femoribus anticis compressis et cla- vatis, metatarsis posticis tarsis multo brevioribus. Tegumenta coriacea, bre- vissime pilosa (C. festiva, ocellata L. Koch, etc.). B.— Cephalothorax convexus. Oculorum linea postica, superne visa, antica paulo angustior. Chelarum margo superior spinis parvis uniseriatis instructus. Sternum feminæ fovea piligera vel tuberculo parvo et uncato munitum. Tegu- menta pedesque præcedentium (C. saucia L. Koch, etc.). CG. — Cephalothorax convexus. Oculorum linea postica, superne visa, antica paulo latior. Ghelarum margo superior setosus. Sternum planum, simplex. Pedum femora graciliora teretiuscula, melatarsi tarsique longiores, postici cir- citer æquilongi. Tegumenta sublævia, parce et sat longe crinita (C. simplex E. Sim.) (1). 15. CAMARICEÆ Les Camaricus font le passage des Tulaus aux Platythomisus, ils se rap- prochent des premiers par leurs chéliceres glabres en dessous et leurs pattes armées d’épines sériées, des seconds par leur céphalothorax et leurs yeux. Le céphalothorax des Camaricus est presque carré, non ou à peine atténué en avant, fortement convexe et tres lisse; celui des Cynutheu est, au contraire, tres plat et rétréci dans la région oculaire, rappelant celui des Coriarachne. (2) Espèce inédite : GC. simplex, sp. nov. — ®. Long. 3 mill. — Cephalothorax convexus, pallide fusco- rufescens, versus marginem sensim obscurior. Abdomen breve, antice truncatum, depressiusculum, late foveolatum, omnino fusco-terreum. Pedes pallide fusco-olivacei, mulici, parce et sat longe selosi, — Ius. Taprobane : Kandy!. FAMILLE DES THOMISIDÆ LOL La seconde ligne oculaire, vue en dessus, est moins récurvée que celles des Taluus, plus large que la première dans le genre Camaricus, presque de même largeur dans le genre Cynathea ; contrairement à ce qui a lieu dans le groupe précédent, les yeux médians, très petits, sont beaucoup plus séparés l’un de l’autre que des latéraux et ils figurent un groupe transverse beaucoup plus large que long et plus étroit en avant qu’en arrière; les yeux latéraux, plus gros que les médians, sont, de chaque côté, presque sessiles et le bandeau est étroit, sauf cependant dans le genre Gelotopœus. Les chélicères sont larges et très robustes, planes en avant, non carénées au côté externe ; leur face inférieure, marquée de quelques stries transverses, est presque glabre; leur marge supérieure, peu saillante, présente d’abord quelques longs crins recourbés en dedans, puis une série de petites épines sériées et contiguës. La pièce labiale, atténuée et tronquée, dépasse un peu le milieu des lames sans atteindre leur tiers apical. Le sternum est ovale, cordiforme, assez étroit et plan, terminé en pointe avant les hanches postérieures contigués. Les pattes, assez longues, sont dans les proportions ordinaires ; leurs fémurs antérieurs sont épais et un peu comprimés; leurs tibias et métatarses sont cylindriques et pourvus, en dessous, de deux séries d’épines robustes, mais assez courtes, et aux métatarses seulement de quelques épines latérales ; leurs tarses, plus courts que les métatarses, sont un peu comprimés et atténués à la base, les antérieurs sont garnis, en dessous, de poils fins irréguliers, les postérieurs de poils plus robustes et plus denses. Les griffes ont la structure de celles des Talaus, mais leurs fascicules sont plus développés. L'abdomen, ovale, plus ou moins déprimé, est marqué d’impressions indurées (une antérieure et quatre médianes), dont les deux postérieures, plus grosses que les autres, sont arrondies ou obtusément triquètres, sauf dans le genre Cynathea où elles sont étroites, presque sulciformes et longitudinales. La patte-mâchoire du Camaricus Muugei Walck. est du même type que celle des Talaus, mais son tarse offre, en dessous à la base, près le bord externe du bulbe, une très petite carène, anguleuse en arrière, qui représente la saillie externe; son tibia est dépourvu d’apophyse inférieure, mais armé d’une apophyse externe profondément divisée en deux branches très dissem- blables. Les Cumaricus sont d'assez gros Thomisides, propres à l'Afrique et à l’Asie tropicale; leur céphalothorax est d’un rouge plus ou moins vif, souvent taché de noir dans la région oculaire; leurs pattes, au moins celles de la femelle, sont testacées et rayées de noir; l’abdomen du C. Maugei Walck. (1), espèce très répandue de Calcutta à Java, est noir et orné d’une sorte de croix et d’une (1) Thomisus Maugei Walck., qui a pour synonymes Plalythomisus strialipes v. Has- selt, Camaricus formosus Thorell et probablement Thomisus stellifer Dolesch. — Epeira hastifera Percheron (in Guérin, Mag. Zool., cl. VII, pl. 1v), que Walckenaer avait rapporté à sou genre Delena est sans doute un Camaricus. 1042 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES bordure fauves, tandis que celui du GC. nigrotessellatus E. Sim. (1), espèce de l'Afrique orientale, est orné, en dessus, de six larges bandes transverses très noires sur fond jaune clair; deux autres espèces de l’Afrique orientale, le Pla- tythomisus cimex Karsch, de Bogamoyo, et le P. mimus Pavesi, du pays des Galla (Boran Galla), sont sans doute des Camaricus. Le mâle du C. Maugei Walck. se distingue de la femelle par ses pattes plus longues et en grande partie noires. Le genre Cynathea est propre à l’Afrique tropicale occidentale et renferme deux espèces : C. obliterata et bicolor E. Sim. (2); elles ont en commun, avec les Camaricus, d'avoir les pattes d’un jaune très pâle, avec les tibias et sou- vent les métatarses marqués, en dessous, d’une ligne noire, les patellas mar- quées, de chaque côté, d’une ligne plus large, les métatarses et souvent les tarses d’une ligne dorsale très fine. C’est probablement à ce groupe qu’il faudra rapporter le genre Gelotopœus Karsch, qui m’est inconnu en nature; d’après la description, il ne différerait du genre Camaricus que par son bandeau proclive aussi large que le groupe oculaire ; ce genre a été proposé pour un assez gros Thomisides de l'Afrique orientale, le G. scytodimorphus Karsch, dont la coloration variée a été com- parée à celle des Scytodes. GENERA 1. Cephalothorax valde convexus, antice vix attenuatus. Oculorum linea postica, superne visa, latior quam antica............... 2. — Cephalothorax planus in regione frontali constrictus. Oculorum lineæ binæ, superne visæ, circiter æquilatæ. .......... . Cynathea. 2, Clypeus verticalis area oculorum mediorum multo angustior... A D Ne Cheers eee eee CU MN AMAR CUS — Clypeus proclivis altitudine areæ oculorum mediorum (sec. KATSCN) PRE NE DEN A AREA Gelotopœus. Camarieus Thorell, Ann. Mus. civ. Gen., 1887, p. 261. — Thomisus Walck., (ad part. T. Maugei Walck.). Gephalothorax convexus, subquadratus, antice haud attenuatus. Oculorum linea postica, superne visa, antica evidenter latior. Oculi medii antici et postici inter se quam à lateralibus multo remotiores et aream multo latiorem quam longiorem occupantes. Clypeus verticalis area oculorum mediorum angustior. Chelæ latæ et supra et subtus transversim rugatæ, margine superiore setis spinisque munito. Tibiæ metatarsique antici subtus aculeis validis biseriatis aculeisque lateralibus paucis instructi, tarsi antici subtus inordinatim setosi. Typus : C. Maugei Walck. AR. GEOGR. : Africa tropica; India et Malaisia. (1) Ann. Soc. ent. Belg., t. XXXIX, 1895. (2) Loc. cit., 1895. FAMILLE DES THOMISIDÆ 1013 Cynathea, nov. gen. A Camarico differt cephalothorace multo humiliore subplano, lato, sed regione frontali abrupte angustiore, area oculorum, superne visa, latitudimem frontalem totam occupante et utrinque subparallela {linea postica antica vix latiore), clypeo oculis anticis vix latiore, abdominis impressionibus posticis longis et fere sulciformibus, chelis pedibusque Camarici, his longioribus. Typus : C. obliterata E. Sim. AR. GEOGR. : Africa tropica occidentalis. GENUS INVISUM Gelotopœus Karsch, Berl. Entom. Zeütschr., XXX, 1886, p. 95. À Camarico, cui verisimiliter affinis est, tantum differt, sec. Karsch, clypeo proclivi, altitudine areæ oculorum mediorum. Typus : G. scytodimorphus Karsch (sp. un.). AR. GEOGR. : Africa tropica orientalis. 11. CORIARACHNEÆ Le groupe qui a pour type le genre Coriarachne, est relié à celui des Cama- ricus par le genre Cynathea, il rappelle aussi celui des Cymbhacha, mais il a de plus fortes analogies encore avec le groupe des Diæa, particulièrement avec les genres Physoplatys et Phirezu. Le céphalothorax est très plat comme celui des Cynathea, marqué en dessus de deux impressions convergentes effacées en arrière et ordinairement, dans la région thoracique, d'un sillon longitudinal superficiel; celui des Tharpyna est assez allongé, un peu atténué et obtusément tronqué en avant; celui des Coriarachne est large et arrondi latéralement dans la région thoracique, mais fortement rétréci dans la région frontale qui est coupée carrément. Le bandeau, vertical et pourvu, au bord antérieur, d’une rangée de forts crins spi- niformes, est à peine plus large que les yeux antérieurs, sauf dans le genre Tharpyna, où il est cependant plus étroit que le groupe des yeux médians. Le groupe oculaire occupe toute la largeur du front; la première ligne est droite ou presque droite, ses yeux sont équidistants ou les médians sont rare- ment plus resserrés que les latéraux (Tharpyna); la seconde ligne est forte- _ ment récurvée, à peine plus large que la première, et, contrairement à ce qui à lieu dans le groupe précédent, ses yeux médians sont beaucoup plus rapprochés l'un de l’autre que des latéraux; les yeux médians sont beaucoup plus petits que les latéraux, et les antérieurs sont un peu plus gros que les postérieurs, le groupe qu’ils forment est presque toujours plus large que long ; les yeux latéraux sont élevés sur des saillies arrondies, isolées et presque égales et leur intervalle longitudinal est toujours plus large que celui des médians antérieurs aux postérieurs, caractère qui, à défaut d'autres, suffirait pour distinguer une espèce de ce groupe de celles du groupe des Diæu. 101% HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Les chélicères et les pièces buccales sont celles des groupes précédents. Le sternum est plus largement ovale et surtout plus obtus en arrière où il sépare assez Jargement les hanches de la 4° paire, caractère peu prononcé dans le genre Tharpyna, mais exagéré chez certains Coriarachne (C. nigrostriata E. Sim.) (1). Les pattes sont dans les proportions ordinaires; les tibias et métatarses des deux premières paires, presque d’égale longueur, sont cylindriques et armés en dessous de deux séries de fortes épines, et, souvent, aux métatarses, de quelques épines latérales ; les tarses sont plus étroits que les métatarses, gra- duellement atténués à la base et garnis en dessous de crins peu régulièrement sériés, ordinairement simples et effilés, quelquefois plus épais, courts et ser- rulés (Tharpyna), leur extrémité offre quelques poils plus courts que les griffes. Celles-ci sont ordinairement semblables à celles des Xysticus (voy. plus loin), sauf dans le genre Tharpyna où elles sont plus longues et pourvues de dents plus nombreuses et serrées, dépassant leur tiers apical. L’abdomen est très déprimé, tronqué en avant, arrondi ou rarement un peu acuminé en arrière; sa face dorsale est épaisse, souvent plissée et marquée de très larges impressions indurées dont les deux principales (résultant de la soudure des deux impressions ordinaires) sont souvent allongées, sinueuses et recourbées en dehors; les téguments sont rarement lisses, ils sont le plus souvent coriacés, garnis de crins isolés tantôt simples, tantôt un peu clavi- formes, surtout dans la région frontale. Les organes sexuels sont du type de ceux des Misumena et des Diæa. Les Tharpyna, qui sont australiens, sont d'assez grande taille, noirs, avec les côtés du céphalothorax et de l’abdomen et les pattes plus ou moins variés et ponctués de fauve; 5 espèces de la Nouvelle-Hollande ont été décrites par L. Koch., on en a indiqué une de la Nouvelle-Zélande (T. mumda L. Koch) et une de Java (T. variea Thorell) (2). Les Coriarachne sont fauves ou d’un brun pâle, avec l’abdomen marqué de strioles concentriques plus foncées et un peu enfoncées, rappelant celles des Cymbacha; quelques espèces, cependant, sont entièrement noires; ce genre compte une espèce en Europe, une ou deux dans l’Indo-Chine et autant dans l'Amérique du Nord (3). GENERA Area oculorum mediorum haud latior quam longior et antice quam postice angustior. Oculi medii antici a lateralibus quam inter se (1) Caractère qui se retrouve dans les genres Phireza et Physoplatys du groupe des Diaea et dans le genre Phaenopoma du groupe des Dieta. (2) Mais toutes les espèces décrites n’appartiennent peut-être pas au geure ; d’après Thorell, le T. varica fait presque le passage des Tharpyna aux Hedana. (3) Plusieurs des espèces qui ont été rapportées à ce genre ne lui appartiennent pas, notamment les C. wersicolor Keyserl., japonica Karsch, melancholica, Baudueri E. Sim., etc., dont il sera question plus loin au genre Xysticus. FAMILLE DES THOMISIDÆ 1015 multo remotiores. Clypeus area oculorum non multo angustior. EU MON D RUE .. Tharpyna. Area oculorum mediorum latior quam longior. Oculi quatuor antici inter se æquidistantes. Clypeus oculis anticis non multo latior. nee CS Ales ce une) DE Coriarachne. Coriarachne Thorell, Eur. Spid., etc., 1869-70. — Thomisus et Xysticus auct. {ad part.) (non Coriarachne Keyserl.). Cephalothorax valde depressus, planus. Oculi postici in lineam valde recur- vam, medii minores et a lateralibus quam inter se remotiores. Oculi antici in lineam rectam vel subrectam, æquidistantes vel medii inter se paulo remo- tiores (C. nigrostriata E. Sim.), medii lateralibus multo minores. Area medio- rum latior quam longior subparallela. Spatium inter oculos laterales binos latius quam spatium inter medios anticos et posticos. Clypeus angustus, oculis lateralibus anticis vix latior. Abdomen depressum, antice truncatum, postice dilatatum et truncatum, punctis impressis magnis supra notatum. Sternum ovatum, postice obtusum et coxæ posticæ inter se distantes. Pedes unguesque fere Xystici. Tegumenta coriacea duriuscula. Tyeus : C. depressa C. Koch. AR. GEOGR. : Europa; Asia merid. et orient. ; Amer. sept. Tharpyna L. Koch, Ar. Auslr., 1874, p. 548. — Diæa L. Koch, loc. ct. (ad part. D. venusta). À Coriarachne differt cephalothorace paulo longiore, oculis anticis in lineam leviter recurvam, mediis lateralibus multo minoribus et a lateralibus quam inter se remotioribus, area mediorum haud latiore quam longiore et antice quam postice angustiore, clypeo area oculorum non multo angustiore, abdo- mine longius ovato, unguibus tarsorum longioribus et dentibus numerosio- ribus pectinatis. Tyeus : T. diademata L. Koch. AR. GEOGR. : Ins. Java; N. Hollandia et N. Zealandia. 15. PLATYTHOMISEÆ Les Platythomisus commencent la série des Misumeninæ, dont les chélicères offrent, en dessous, une large bande pileuse occupant leur côté interne et s’avançant jusqu’au crochet; à part cela, ils ont de grands rapports avec les groupes précédents, particulièrement avec celui des Camaricus. Leur céphalothorax est également large, convexe et fortement abaissé en arrière, longuement incliné en avant, très lisse, sans impressions, mais il se rétrécit un peu dans la région oculaire qui, bien que tres large, est un peu plus étroite que la thoracique. Les yeux ont la disposition de ceux des Cumaricus ; les médians sont plus séparés l’un de l’autre que des latéraux (sauf dans le genre Pæcilothomisus où 1016 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES ils sont équidistants), au moins ceux de la 2° ligne, plus petits, surtout les postérieurs, et ils figurent un groupe beaucoup plus large que long et plus étroit en avant ; les yeux latéraux, plus gros que les médians, surtout les pos-" térieurs, et également espacés, sont, de chaque côté, presque sessiles ; vue en dessus, la seconde ligne oculaire est plus large que la première. 1076 1077 Fig. 1076. Platythomisus octomaculatus C. Koch. Femelle un peu grossie. — Fig. 1077. P. heraldicus E. Sim. Idem. Le bandeau, étroit et plus ou moins rebordé, est coupé en ligne droite, mais un peu saillant et rabattu à chacun de ses angles. Les chélicères sont lisses, non carénées au côté externe, pourvues en des- sous de la bande pileuse dont j'ai parlé ; leur marge supérieure, peu saillante et arrondie, porte une série de longs crins incurvés. La pièce labiale, atténuée, obtuse ou tronquée, dépasse le milieu des lames sans atteindre leur tiers apical. Le sternum est celui des Camaricus. Les pattes, qui sont dans les proportions ordinaires, sont cylindriques, mutiques ou rarement pourvues, aux paires antérieures, de très petites épines fémorales et métatarsales (P. heraldicus Karsch); leurs tarses antérieurs, beaucoup plus courts que les métatarses, sont grêles, atténués à la base et revêtus en dessous de poils fins irréguliers non sériés ; les postérieurs sont garnis de poils irréguliers, beaucoup plus robustes, dressés et subspiniformes; dans le genre Platythomisus, les fascicules ungueaux sont très développés, très denses et prolongés sous l’extrémité de l’article, en forme de petites scopulas rappelant celles des Philodromus ; mais, dans le genre Pœcilothomisus, les fas- cicules sont petits et grêles. Les griffes sont longues, assez étroites, courbées seulement à la pointe et garnies d’une série de dents nombreuses (11 à 14) et presque égales. L'abdomen est ovale ou obtusément tronqué en avant. Je ne connais aucun mâle de ce groupe. Le P. octomaculatus C. Koch (P. phryniformis Dol.) est une Araignée com- FAMILLE DES THOMISIDÆ 1047 mune à Java, ayant au moins 2 centimètres de longueur; son céphalothorax, d’un jaune orangé, est orné de quatre taches noires rondes, tandis que son abdomen, d’un jaune pâle, offre en dessus sept taches plus grosses, la pre- mière impaire et transverse, les autres bisériées, et, en dessous, une grande tache médiane triangulaire et une tache postérieure ronde enveloppant les filières ; ses pattes sont mi-partie jaunes et noires (fig. 1076) ; le P. heraldicus Karsch, de l’Afrique orientale (Zanzibar) et centrale (Tanganika), qui rivalise de taille avec le précédent, a le céphalothorax orangé, avec une bande fron- tale noire, l'abdomen noir avec de grandes taches dorsales jaunes bisériées et deux bandes ventrales (fig. 1077); Thorell en a décrit deux autres espèces : le P. jucundus Thorell, de Java, qui m'est inconnu en nature, et le P. speciosus Thorell, du nord de l'Australie, dont j'ai fait le type du genre Pæcilothomisus ; ce dernier est plus petit que les vrais Platythomisus, mais son système de colo- ration est analogue (1). GENERA Oculi medii inter se quam a lateralibus multo remotiores et aream saltem duplo latiorem quam longiorem occupantes. Fasciculi un- UC HATeMdenEISS INT PEN PATENT NCEUTAIR Platythomisus. Oculi antici et postici inter se fere æquidistantes et area mediorum vix 1/3 latior quam longior. Fasciculi unguiculares parvi........ Pœcilothomisus. Platythomisus Dolesch., Tiweede Bijdr., etc., 1859, p. 59. — Thomisus C. Koch, Ar., XII, 1845 (ad part. T. 8-maculatus). Cephalothorax paulo longior quam latior, postice convexus, antice longe declivis et sensim atlenuatus. Oculi parvi et inter se late distantes, postici in lineam leviter recurvam, medii inter se quam a lateralibus multo remotiores, oculi antici in lineam vix recurvam seu rectam (P. heraldicus Karsch), medii minores et inter se quam à lateralibus remotiores. Area mediorum magna, multo latior quam longior et postice quam antice latior, medii postici minu- tissimi. Clypeus sat angustus, leviter porrectus, ad angulum paululum pro- minens. Pedes parum robusti, cylindracei, quatuor antici longi, tibiis muticis, metatarsis tibiis haud vel vix brevioribus gracilioribus, subtus aculeis parvis paucis armatis, tarsis ad basin valde attenuatis, inordinate setosis, ad apicem fasciculis densis munitis. Typus : P. octomaculatus C. Koch. AR. GEOGR. : Africa tropica et Malaisia. (1) Les Platythomisus cimex Karsch et mimus Pavesi appartiennent sans doute au genre Camaricus (voy. plus haut); le P. Mechowi Karsch (Berl. Ent. Zeilschr., 1881, p- 288), de Quango, appartient peut-être au genre Cynathea, comme semble l'indiquer cette phrase « cephalothorax humilis » ; le P. Homeyeri Karsch (Mitth. Münch. Ent. Ver., 1880, p. 145), du Rio-Pungo, paraît aussi étranger au genre Platythomisus ; rentre peut-être dans le groupe des Porrhopis, l’auteur dit en effet « clypeus altis- SIMUS ». an : 0 à PRE 1018 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Pœeilothomisus, nov. gen. — Platythomisus Thorell, S£. Rag. Mal. etc., IIT, 1881, p. 327 (ad part. P. speciosus). A Platythomiso differt oculis anticis et posticis inter se fere æquidistan- tibus, oculis quatuor posticis in lineam magis recurvam, quatuor mediis aream vix 1/3 latiorem quam longiorem occupantibus, tarsis pedum fasciculis parvis rarepilis, subtus haud productis, munitis. Typus : P. speciosus Thorell (sp. un.). AR. GEOGR. : Nov. Holl. sept. 15. MISUMENEÆ Dans le groupe qui a pour types les genres Misumena et Thomisus, le cépha- lothorax est plus étroit au bord frontal que dans la région thoracique; les yeux sont petits, presque égaux et disposés en deux lignes dont la seconde est beaucoup plus large mais moins fortement récurvée que la première; les yeux latéraux sont, de chaque côté, élevés sur une saillie commune conver- geant en avant, tantôt en forme de gros bourrelet très obtus (Wiswumena), tantôt en forme de carène plus ou moins tranchante (Runcinia), tantôt, enfin, sail- lante, en forme de tubercule (Thomisus); les chélicères, non carénées au bord externe, sont garnies en dessous, près le bord interne, d'une large bande pileuse s’avançant presque jusqu’au crochet; les pattes sont fort inégales en longueur et en épaisseur; les antérieures ont les tibias et métatarses pourvus en dessous de deux séries d'épines robustes, généralement courtes, mais ils manquent presque toujours d'épines latérales; leurs tarses sont beaucoup plus courts que les métatarses, comprimés et atténués à la base, les quatre antérieurs, presque glabres sur les côtés, offrent en dessous deux lignes très régulières et rapprochées, mais divergeant un peu dans la région des griffes, de crins courts et spiniformes (fig. 1080), tandis que les tarses postérieurs sont revêtus en dessous de poils plus longs et irréguliers ; les fascicules, non ou à peine distincts, sont réduits à quelques poils villeux; les griffes, cou- dées, sont pourvues, dans leur tiers basal, d'un petit nombre de dents conti- guës, plus nombreuses à la griffe interne qu’à l’externe (1). Les auteurs modernes ont réservé le nom de Thomisus à un groupe d’espèces qui se distinguent de leurs congénères par le front tronqué, pourvu, de chaque côté, à l'angle, d’une pointe conique divergente, portant, sur sa face antérieure, l’œil latéral de la première ligne, et, sur la postérieure, celui de la seconde; dont les yeux postérieurs, petits et égaux, sont en ligne peu récurvée, avec les médians plus séparés l’un de l’autre que des latéraux; dont les yeux antérieurs sont en ligne fortement récurvée, avec les médians plus resserrés (fig. 1079); dont les pattes postérieures sont mutiques, tandis que les anté- rieures sont pourvues d’épines tibiales et métatarsales inférieures courtes et (1) La griffe interne offre en général 10 ou 11 dents, tandis que l’externe n’en pré- sente que 5, 4 ou 5. FAMILLE DES THOMISIDÆ 1019 bisériées, enfin, dont l’abdomen est arrondi ou tronqué en avant (souvent même finement caréné), dilaté et tronqué en arrière avec les angles saillants ; dans les espèces typiques, telles que T. albus Gmelin {onustus W.), spenifer Cambr., etc., etc., les yeux antérieurs sont égaux, le trapèze des médians est presque aussi long que large, et le bandeau, très haut, est proclive; dans d’autres espèces, telles que T. spectabilis Dol. (pustulosus L. Koch), pugil Stol., tripunctatus Lucas (yolophus Doumerc), Laglaizei E. Sim., annulipes Thorell, etc., les yeux médians antérieurs sont un peu plus petits que les latéraux, le tra- pèze des médians est beaucoup plus large que long, et le bandeau, plus étroit, est vertical (fig. 1079). On a proposé pour ces dernières un genre Daradius (1), mais elles sont reliées aux précédentes par les intermédiaires les mieux gradués 1078—1079 1080 (T. daradioides E. Sim., Bæsenbergi Leuz, Fig. 1078. Runciniopsis flavida E. Sim. Face etc.); il y a, au contraire, des Thomisus vue en avant. — Fig. 1079. Thomisus dont les yeux médians figurent presque iripunctatus Lucas. Idem. — Fig. 1080. Ln carré et dont les tubercules frontaux Misumena vatia Clerck. Tarse de la sont très obtus (T. Grubei E. Sim.). Les Thomisus sont d'assez forte taille, de teinte claire, variant du blanc au jaune vif, quelquefois relevée de taches rosées ou brunes, souvent individuelles ; un petit nombre d'espèces sont entiè- rement brunâtres (T. detricus E. Sim., du Yemen, scrupeus E. S., du Sénégal) ; leur région oculaire est presque toujours d’un blanc mat; dans les espèces de l’ancien genre Daradius, elle est bordée d’une fine ligne noire dessinant un triangle; leurs téguments sont parfois lisses, parfois rugueux et parsemés de petits tubercules et de poils courbés claviformes (T. tetricus E. Sim.), plus rarement de longues soies dressées (T. albohirtus E. Sim., du Soudan et du Yemen). Les mâles sont beaucoup plus petits, de teinte plus foncée; leurs pattes, plus longues, sont souvent mutiques; leurs téguments, plus épais et plus rugueux ; leur abdomen souvent recouvert d’un scutum bien défini. Les deux genres Runciniopsis et Plancinus ne diffèrent des Thomisus que par leurs yeux médians postérieurs plus rapprochés l’un de l’autre que des laté- raux (rarement æquidistants) ; leur front légèrement caréné, et leur bandeau vertical beaucoup plus étroit que l’aire oculaire médiane {fig. 1078). Les Plancinus, qui remplacent les Thomisus dans l'Amérique australe extra- tropicale, ont le même céphalothorax, le même abdomen et les mêmes pattes, mais ils sont, en général, de teinte plus obscure ; quelques-uns cependant, un peu plus allongés, ont le faciès des Runcinia (P. runcinioides E. Sim.). 1re paire de patte en dessous. (1) Le genre Daradius avait été proposé à l’origine par Thorell pour le T. yolophus Doumere (synonyme de T. tripunctalus Lucas), que Doumerc avait décrit par erreur comme n'ayant que six yeux, ct c’est nous qui lui avons donné, plus tard, le sens indiqué ici. 1020 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Les Runciniopsis se font remarquer par l'allongement de leur céphalothorax et surtout de leur abdomen qui est déprimé, étroit, presque parallèle, tronqué en avant et en arrière, où il dépasse un peu les filières, par leurs métatarses antérieurs beaucoup plus courts que les tibias, et les épines de leurs tibias et métatarses antérieurs beaucoup plus longues. Les Runcinia ne diffèrent des Plancinus, dont ils ont la carène frontale, que par leurs saillies angulaires moins prolongées, obliquement tronquées, rare- ment un peu coniques en dehors; leurs yeux médians figurant un trapèze beaucoup plus large que long et beaucoup plus étroit en avant, les antérieurs étant plus resserrés que les latéraux; leur abdomen ovale; enfin, par leur corps plus allongé et plus déprimé; le R. plana E. Sim., du Paraguay, res- semble complètement, sous ce rapport, à un Coriarachne ; ils sont aussi de coloration plus claire rappelant celle des Thomisus. Le genre Misumena, que je réduis à ses formes typiques plus ou moins voi- sines du M. vatia CI. (1) et aux espèces américaines comprises à tort par Key- serling et Cambridge dans le genre Runcinia (Th. aleatorius Hentz [R. Brendeh Keyserl.], vigilans, libialis Cambr., etc., etc.), est caractérisé par les saillies des yeux latéraux très obtuses, ni carénées, ni tuberculées; le groupe des yeux médians, aussi large que long et un peu plus étroit en avant qu’en arrière ; dans certaines espèces américaines (M. aleatoria KHentz, similis Keyserl., etc.), le bandeau est plus étroit que celui du M. vatia, et la région frontale est traversée d’une ligne blanche, qui a été prise par Keyserling pour une carène ; leur région oculaire est, de plus, encadrée de lignes blanches, souvent prolongées en arrière sur les côtés de la partie céphalique; d’autres espèces, faisant le passage aux Dia, telles que M. tricuspidata Fabr., ont, par exception, les yeux latéraux antérieurs plus gros que les médians, et les tibias et métatarses antérieurs pourvus de petites épines latérales (fig. 1023). Les Misumena ont le faciès et la coloration des Thomisus. Les mâles, beau- coup plus petits que les femelles, ont une livrée différente, toujours plus foncée. - Près des Misumena se place le genre Massuria Thorell, qui en diffère par sa seconde ligne oculaire un peu plus récurvée que la première, avec les yeux médians plus resserrés que les latéraux; le faciès des Massuria est celui de notre Pistius truncatus Pall.; leur céphalothorax est très atténué en avant, (1) Thorell s’est servi, pour distinguer les genres Misumena et Diuea, de la cour— bure des lignes oculaires, la seconde étant moins récurvée que la première dans les Misumena et, au contraire, plus dans les Diaea ; dans mes Arachnides de France, je me suis servi de la forme de l’aire oculaire médiane, aussi large que longue chez les Misumena, plus longue que large chez les Diaea, mais aucun de ces caractères n'offre de constance suffisante et Thorell lui-même cite beaucoup d'espèces qui pourraient, avec autant de raison, être rapportées à l’un ou à l’autre genre (M. nilida, bitaeniata Thorell, etc). Je pense aujourd’hui que la caractéristique du genre Misumena doit reposer sur la forme des saillies oculaires latérales, l’armature des pattes et la vestiture des tarses. Le genre Misumena se trouvera ainsi fort réduit, mais un certain nombre d'espèces restent encore intermédiaires aux Misumena ct aux Diaea, par exemple le M. tricuspidata Fabr. FAMILLE DES THOMISIDÆ 1021 avec le front assez étroit ; leur abdomen est au moins aussi large que long, _tronqué en avant et en arrière, avec les angles postérieurs un peu saillants ; leur coloration est d’un vert olivâtre plus ou moins obscur. Dans les genres Pistius et Cyriogonus, très voisins des Misumena, le groupe oculaire médian est cependant plus long que large ; dans le premier, il est un peu plus étroit en avant; dans le second, il est, au contraire, un peu plus large en avant ; les saillies oculaires latérales sont légèrement saillantes, cari- niformes, comme celles des Runcinia, mais, tandis que le céphalothorax des Cyriogonus est fortement convexe en arrière et longuement incliné en avant, celui des Pistius est assez épais, mais presque plan en dessus. Ces Araignées ont le faciès et l'abdomen des Thomisus ; les Pistius sont de teinte obscure presque uniforme ; les Cyriogonus sont jaunes ou blanchâtres et souvent ornés, sur l’abdomen, de points et de linéoles un peu enfoncés, et, dans la région frontale, d’une ligne noire circonscrivant l’aire oculaire. Presque toutes les espèces de ce groupe vivent sur les plantes, beaucoup se tiennent sur les fleurs en ombelles où leurs teintes claires, blanches, jaunes ou rosées, leurs permettent de se dissimuler pour surprendre leur proie. Le genre Thomisus (y compris le genre Daradius) compte une quarantaine d'espèces : les trois qui se rencontrent dans la région méditerranéenne (T. albus Gmelin, spinifer Cambr., hilarulus E. Sim.) ont des habitats fort étendus, car elles sont répandues dans toute l’Asie centrale et orientale, et une grande partie de l'Afrique continentale et insulaire; quatre sont jusqu'ici propres au Yemen; une vingtaine habitent l'Inde, la Malaisie et la Papuasie; sept ou huit l’Afrique tropicale et australe et Madagascar, mais le genre paraît étranger au Nouveau Monde, les espèces américaines qui lui ont été rapportées ne lui appartiennent réellement pas (1); il y est remplacé par le genre Plancinus, dont les trois espèces connues sont propres à la République Argentine et au Paraguay (P. brevipes, cornutus et runcinioides E. Sim.). Le Runciniopsis flavida E. Sim. a été découvert à Zanzibar, et retrouvé depuis au Transvaal ; j'en ai trouvé une seconde espèce très voisine (R. bifrons E. Sim.) dans les montagnes de Ceylan, elle m'a aussi été envoyée du Sikkim. Le genre Runcinia a presque la distribution du genre Thomisus, mais il est, de plus, représenté dans l'Amérique australe; son espèce type, très répandue dans la région méditerranéenne, se trouve aussi dans l'Afrique orientale; d’autres habitent l’Inde et Ceylan (Th. elongatus Stol.), 5 ou 6 la Malaisie (R. Kinbergi, distincta Thorell, etc.) et l’Indo-Chine, 1 le nord de l’Australie (M. elongata L. Koch [R. acuminata Thorell]), 1 le Paraguay (R. plana E. Sim.), mais toutes les autres espèces américaines qui lui ont été rapportées sont des Misumena. | Le genre Misumena, tel que je l’ai limité, est peu nombreux; son espèce type, M. vatia CI, est commune à l’Europe, à l'Asie tempérée et à l’Amé- (1) Notamment Thomisus bigibbosus et quadahyrensis Keyserl.; le premier rentre probablement dans la sous-famille des Stephanopsinae. 1022 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES rique du Nord (Th. furtus Hentz) ; deux autres espèces sont connues d'Europe M. tricuspidata Fabr. et bicolor E. Sim., cette dernière très rare; presque toutes les espèces asiatiques et australiennes qui lui ont été rapportées sont des Diæa, mais, en Amérique, il compte au moins une vingtaine d’espèces décrites, pour la plupart, sous le nom générique de Runcinia. Le type du genre Pistius est répandu en Europe et dans la région méditer- ranéenne, on en connaît une espèce de l’Europe centro-orientale (P. Wagæ E. Sim.), une de la région transcaspienne (P. insignitus L. Koch) et une dou- teuse du Japon (P. undulutus Karsch); les espèces malaises qui lui ont été rapportées sont des Thomisus. Le genre Cyriogonus ne renferme qu’un très petit nombre d'espèces propres à Madagascar et aux iles voisines (C. lactifer, triquetrus E. Sim., Simoni Lenz). Le genre Massuria renferme deux espèces, l’une de Birmanie (M. angulata Thorell), Pautre des montagne de l'intérieur de Java (M. javana E. Sim.). GENERA 1. Area oculorum mediorum latior quam longior vel saltem haud lon Or DEEE IE NAT Te AR SAN COR EN NEA 2. — Area oculorum mediorum longior quam latior. ................. de 2, Erons\utrinque anculato-productatturbinata EEE EEnE 3. — Frons utrinque obtusa vel angulosa haud producta 3. Oculi medii postici inter se quam a lateralibus remotiores. Clypeus HAUSSE SAN EEE APR NE ARTE RE PEER SE Thomisus. — Oculi medii postici a lateralibus quam inter se remotiores. Clypeus ANEUSTIO LENS AUDI NUE MA see DA PAR AN ER ES SEA sa AR 4 . Æ Cephalothorax abdomenque Thomisi. Metatarsi antici tibiüis haud breviores. Aculei tibiarum et metatarsorum sat breves, basin arbenlibaUdAttiNe ENTER PEPNNREREER PRET Plancinus. — Cephalothorax abdomenque longa et parallela. Metatarsi antici tibiis multo breviores. Aculei tibiarum et metatarsorum longi et numerosi, basin tibiarum attingentes............ Runciniopsis. 5. Frons transversim carinata. Oculi medii antici a lateralibus quam interSeremOoones EMMA PAPER ERP PMEURRESS RENE RR Runcinia. — Frons haud carinata. Oculi quatuor antici inter se fere æquidis- OR OUNEE SAR ERA I OE SEA REG AUS LS RQ SG EL LE RUES ESA FAC SENTE RE 6. 6. Oculorum linea postica minus quam antica recurva. Oculi quatuor postici inter se fere æquidistantes........... qe Misumena. — Oculorum linea postica paulo magis quam antica recurva. Oculi medii postici a lateralibus quam inter se remotiores...... Massuria. 7. Area oculorum mediorum antice quam postice paulo angustior. Pistius. — Area oculorum mediorum antice quam postice paulo latior. Cyriogonus. Lg FAMILLE DES THOMISIDÆ 1023 TFhomisus Walck., Tabl. Aran., 1805, p. 28 (ad part.). — Thomisus auct. {ad part.). — Thomisus (subgen. Phlæoides) E. Sim., 1864 (ad part.). — Tho- misus et Daradius Thorell, Eur. Spid., etc., 1869-70 (note p. 170).— Misu- mena L. Koch, Ar. Austr. (ad part. M. pustulosa). — Pistius Thorell, St. Rag. Mal., etc., I et II (non E. Sim.}). — Duradius E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1885, p. 361. — Id. Thorell, Ann. Mus. civ. Gen., 1887. Cephalothoracis frons lata, truncata, utrinque, ad angulum, in conum pro- ducta. Oculi postici minut, æqui, in lineam parum recurvam, medii inter se quam à lateralibus remotiores. Oculi antici æqui vel medii lateralibus paulo minores, in lineam valde recurvam, medii à lateralibus quam inter se remo- tiores. Area mediorum latior quam longior et antice quam postice angustior. Clypeus area oculorum mediorum haud vel non multo angustior, proclivis seu verticalis. Pedes robusti, quatuor postici mutici, antici tibiis metatarsisque subtus aculeis robustis brevibus biseriatis instructis, tarsis longis compressis, subtus biseriatim crinitis. Abdomen antice rotundum vel truncatum, postice valde ampliatum et truncatum, angulis plus minus prominulis. Tvyeus : 1. albus Gmelin. AR. GEOGR. : Orbis veterum reg. temp. et præsertim calidæ. Plancinus E. Sim., Act. Soc. Linn. Bord., 1886. Cephalothorax fere Thomisi, fronte mediocri recte truncata, carina in medio plus minus evanescenti, utrinque sinuosa atque ad angulum, inter oculos laterales, plus minus prominenti, munita. Oculi postici parvi, æqui, in lineam sat recurvam, inter se æquidistantes vel sæpius medii a lateralibus quam inter se remotiores. Oculi antici in lineam magis recurvam, medii a late- ralibus quam inter se remotiores, rarius æquidistantes. Medii aream æque longam ac latam et antice quam postice angustiorem occupantes. Cætera fere Thomisi. Typus : P. runcinioides E. Sim. AR. GEOGR. : Aimer. austr. extratropica. Runciniopsis E. Sim., Bull. Soc. zool. Fr., 1881, p. 1. Cephalothorax humilis, planus, multo longior quam latior, subparallelus, antice sat abrupte angustior, fronte recte truncata, carina transversa integra acuta et tuberculis angularibus acutis, antice oblique directis, munita. Oculi postici minuti, æqui, in lineam paulum recurvam, medii a lateralibus quam inter se paulo remotiores. Antici in lineam vix magis recurvam, inter se fere æquidistantes, medii paulo minores. Area mediorum antice quam postice multo angustior et fere æque longa ac lata. Clypeus humilis, verticalis, area oculorum fere duplo angustior. Sternum ovale, anguste elongatum. Abdomen longissimum, parallelum, antice posticeque truncatum, supra planum et lon- gitudinaliter profunde sulcatum. Pedes antici robusti, tibiis metatarsisque 1024 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES subtus aculeis longis et numerosis biseriatis instructis, metatarsis tibiis bre- vioribus. Tegumenta coriacea. Tyeus : R flavida E. Sim. AR. GEOGR. : Africa trop. orient. et austr. ; ins. Taprobane et India mont. (bifrons E. Sim.). Réuncinia E. Sim., Ar. Fr., Il, 1875, p. 254. — Misumena L. Koch, 1873 (ad part. M. elongata). — Pistius Thorell, 1878 {ad part. P. acuminatus). Cephalothorax paulo longior quam latior, sat humilis, fronte recte truncata, carinula transversa integra munita. Oculi postici minuti, æqui, in lineam parum recurvam, medii inter se quam a lateralibus remotiores. Oculi antici in lineam paulo magis recurvam, medii paulo minores et a lateralibus quam inter se paulo remotiores. Area mediorum latior quam longior et antice quam pos- tice angustior. Anguli frontales, inter oculos laterales, leviter prominentes sed truncati. Clypeus verticalis, area oculorum multo angustior. Pedes longi, fere Misumenæ, tibiis anticis plerumque aculeis paucis et parvis tantum armatis, sed metatarsis aculeis validioribus et numerosis biseriatis (7-7 vel 10-10) instructis. Tegumenta haud coriacea, sæpe spinulis parvis conspersa. Tvypus : R. lateralis C. Koch. AR. GEOGR. : Eur. merid.; Africa; Asia centr. et merid.; Oceania ; Amer. austr. Pistius E. Sim., Ar. Fr., II, 1875, p. 257. — Thomisus auct. (ad part.). — Misumena Thorell, Eur. Spid., etc., 1869-70 (ad part. M. truncata) (non Pistius Thorell, Si. Rag. Mal.). — Misumena Menge (ad part.). Cephalothorax antice attenuatus, fronte mediocri, truncata, haud carinata, sed utrinque, inter oculos, breviter et obtusissime prominenti. Oculi postiei æqui, inter se fere æquidistantes, in lineam parum recurvam, antici in lineam valde recurvam, inter se fere æquidistantes, laterales mediis paulo majores. Area mediorum longior quam latior et antice quam postice paulo angustior. Clypeus verticalis, area oculorum non multo angustior. Abdomen fere Thomisi. Pedes inter se valde inæquales, quatuor antici longi, robusti et compressi, metatarsis tibiis brevioribus, aculeis setisque Thomisi. Typus : P. truncatus Pallas. AR. GEOGR. : Europa; Asia centr. et Japonia. Cyriogonus E. Sim., Act. Soc. Linn. Bord., 18S6. Cephalothorax postice convexus, antice longe declivis et sat attenuatus, fronte mediocri, obtuse truncata haud carinata sed utrinque, inter oculos late- rales, obtusissime prominenti. Oculi postici minuti, æqui, in lineam leviter recurvam, medii à lateralibus quam inter se paulo remotiores. Oculi antici in lineam validissime recurvam, med à lateralibus quam inter se plerumque paulo remotiores, medii lateralibus minores. Area mediorum longior quam latior et antice quam postice paulo latior. Ulypeus verticalis, area oculorum FAMILLE DES THOMISIDÆ 1025 mediorum saltem 1/3 angustior. Abdomen pedesque fere Thomisi. Tegumenta coriacea, setis brevissimis conspersa. Typus : C. lactifer E. Sim. (1). AR. GEOGR. : Ins. Madagascar. Misumena Latr., Nouv. Dict. H. N., XXIV, 1804, p. 135. — Thomisus auct. (ad part.). — Misumena Thorell, Eur. Spid., ete., 1869-70, p. 184. — Id. E. Sim., Ar. Fr., Il, 1875, p. 241. — Misumena (ad part.) et Runcinia Keyserl., Sp. Amer. Later., 1880. — Misumena et Runcinia Cambr., Biol. c. Amer., Arach., 1890. Cephalothorax fronte obtuse truncata haud carinata. Oculi postici in lineam leviter recurvam inter se æquidistantes. Oculi antici in lineam angustiorem magis recurvam, inter se fere æquidistantes, medii lateralibus haud vel vix minores. Oculi medii aream æque longam ac latam et antice quam postice paulo angustiorem occupantes. Oculi laterales in tuberibus confluentibus obtu- sissimis nec carinatis nec angulosis impositi. Clypeus verticalis, plerumque latus. Abdomen ovale, sæpe postice incrassatum, rarius paululum angulosum. Pedes Thomisi. Typus : M. vatia Clerck. (Thomisus citreus auct.). AR. GEOGR. : Orbis totius reg. temp. et calidæ, NMassuria Thorell, Ann. Mus. civ. Gen., XXV, 1887, p. 278. À Misumena differt cephalothorace antice magis attenuato, fronte angustiore, oculorum linea postica quam antica paulo fortius recurva, oculis mediis pos- ticis a lateralibus quam inter se multo remotioribus, oculis mediis aream quadratam seu antice quam postice vix latiorem occupantibus, oculis mediis anticis et posticis lateralibus minoribus, abdomine antice recte secto postice sensim ampliato et truncato cum angulis leviter prominulis. Typus : M. angulata Thorell. : AR. GEOGR. : Birmania et ins. Java (javana E. Sim.). * GENUS INVISUM Uraarachne Keyserl., Spin. Amer. Later., 1880, p. 130. Keyserling a décrit sous ce nom un genre qui ne me parait différer des Runciniu que par son abdomen étroit et acuminé en arrière, au delà des filières, et par ses pattes des deux paires postérieures entièrement mutiques. Tyeus : U. longa Keyserl. AR. GEOGR. : Brasilia. (1) Misumena Vinsoni Thorell (Pr. Zool, Soc. Lond., 1875, p. 146) et Runcinia Ru- tenbergi Karsch appartiennent sans doute au genre Cyriogonus. 6 1026 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES 16. PLATYARACHNEÆ Les genres américains Deltoclita (Charis Keyserl.), Platyarachne et Plulogæus touchent d'assez près aux Runcinia par la structure de leur région frontale et la disposition de leurs yeux, dont les deux lignes sont légèrement et presque également récurvées, sauf dans le genre’ Philogæus où la première ligne l’est un peu plus que la seconde, mais ils en diffèrent par leurs tarses presque aussi longs que les métatarses, grèles, un peu atténués à la base, cylindriques (non ou à peine comprimés) et garnis de crins longs à peine distinctement sériés et par leurs griffes plus longues, mais plus étroites et pourvues d’une série de dents nombreuses et presque égales, atteignant presque leur extré- mité. Les yeux sont petits et égaux ; l'aire, occupée par les médians, est beaucoup plus large que longue et beaucoup plus étroite en avant; les yeux latéraux sont élevés sur d’assez faibles saillies confondues et cariniformes, leur inter- valle (longitudinal) est égal à celui des médians ou un peu plus étroit (Delto- clila) ; le bandeau est large et presque vertical. _ Dans le genre Delloclita, le céphalothorax est très épais; les deux lignes oculaires sont également et légèrement récurvées, et les yeux médians de la seconde sont beaucoup plus séparés l’un de l’autre que des latéraux ; le cépha- lothorax est le même dans le genre Philogæus, mais la première ligne oculaire est plus récurvée que la seconde et les médians de celle-ci sont relativement moins sé- .parés ; dans le genre Platy- arachne, le céphalothorax est plus déprimé et plan, et les yeux médians postérieurs sont un peu plus rapprochés l’un de l’autre que des laté- Taux. 1081—1082 Fig. 1081. Phiogaeus campestratus E. Sim. Tibia, métatarse et tarse d’une patte de la 1re paire. — Fig. 1082. Platy- arachne scopulifera E. Sim. Idem. Les pattes antérieures des Platyarachne et des Delloclita sont courtes ; leurs tibias sont très épais, souvent dilatés ; leurs métatarses sont plus courts que les tibias, mais beaucoup plus grèles, et ces deux articles sont pourvus d’épines bisériées, peu nombreuses et robustes ; dans le genre Platyarachne, celles des tibias sont souvent très réduites ou remplacées par une brosse de crins rudes, qui existe aussi aux fémurs (fig. 1082); dans le genre Philogæus, les pattes antérieures sont plus longues et mutiques, leurs tibias, moins épais, sont légèrement courbés et atténués à la base, leurs métatarses, grêles, sont plus longs que les tibias (fig. 1081). Dans tous les cas, les tarses sont presque aussi longs que les méta- tarses et légèrement atténués à la base. Ces Araignées, d'assez petite taille, sont blanches ou d'un jaune pâle, avec à è FAMILLE DES THOMISIDÆ 1027 les pattes antérieures en partie noires ou au moins annelées et variées de noir ; les Deltoclita et Philogæus ressemblent à de petits Thomisus, tandis que les Platyurachne rappellent davantage les Coriarachne. Le céphalothorax des mâles est souvent orné d'une bordure découpée ou de bandes rayonnantes abrégées très noires (P. histrio E. Sim.). Ce groupe est propre au Brésil; les genres Deltoclita et Philogæus ne ren- ferment chacun qu'une seule espèce; le genre Platyarachne en compte quatre ou cinq. GENERA 1. Cephalothorax crassus. Oculi medii postici inter se quam a latera- lbnSremotiores Men." MORE 12 — Cephalothorax humilis. Oculi medii postici a lateralibus quam INTERSeNTEMOLIOTES rene A ER M ..... Platyarachne. 2. Oculorum lineæ binæ leviter et fere æqualiter recurvæ. Tibiæ me- tatarsique antici subtus biseriatim aculeati. Metatarsi tibiis DALIODrEMIOTES MARRANT RAR er eat Deltocita® — Oculorum linea antica postica paulo magis recurva. Pedes antici omnino mutici, metatarsis tibiis longioribus .......... Philogæus. Beltoclita E. Sim., Bull. Soc. ent. Fr., nov. 1877. — Charis Keyserl., Sp. Amer. Laterig., 1880, p. 49 (nom. præocc.). Cephalothorax brevis et crassus, fronte latissima et truncata. Oculi cuncti minuti et subæquales, lineas binas, leviter et fere æqualiter recurvas, desig- nantes, medii postici inter se quam a lateralibus plus triplo remotiores, medii antici inter se quam a lateralibus paulo remotiores. Area mediorum plus duplo latior quam longior et antice quam postice multo angustior. Clypeus subver- ticalis, area oculorum latior. Pedes breves et robusti, tibiis anticis inflatis, metatarsis tibiis mulio gracilioribus et paulo brevioribus, tibiis metatarsisque aculeis biseriatis robustis paucis subtus armatis ; tarsis metatarsis non multo brevioribus, teretiusculis, setis longis parum regulariter seriatis munitis ; un- guibus longis multidentatis. Abdomen breve, antice rotundum, postice valde ampliatum et obtuse truncatum. Typus : D. rubripes Keyserl. AR. GEOGR. : Brasilia et Peruvia. Plaiyarachne Keyscrl., Spinn. Amer. Laterig., 1880, p. 46. — Thomisus Taczan., Hor. Soc. ent. Ross., IX, 1872, p. 39 (ad part. T. episcopalis). A Delloclita differt cephalothorace multo humiliore, supra subplano, oculis mediis posticis a lateralibus quam inter se paulo remotioribus, oculis anticis inter se fere æquidistantibus, pedibus paulo longioribus et gracilioribus, tibiis anticis plerumque muticis sed subtus crasse pilosis, metatarsis tibiis circiter 1028 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES æquilongis, multo gracilioribus, subtus aculeis robustis biseriatis 3-3 armaus, tarsis metatarsis haud brevioribus, abdomine depresso, antice truncato, versus medium.ampliato, postice leviter acuminato, supra late impresso. Typus : P. episcopalis Taczanowski. AR. GEOGR. : Guyana (episcopalis Tacz.) ; Peruvia orient. (scopulifera E. S$.); Brasilia merid. (histrio E. Sim.) (1). Philogæus, nov. gen. A Deltoclita differt oculorum linea antica postica paulo magis recurva, oculis mediis posticis inter se quam a lateralibus tantum 1/3 remotioribus, pedibus omnino muticis, tibiis quatuor anticis sat robustis haud inflatis, versus basin leviter attenuatis, metatarsis gracilibus tibiis longioribus, tarsis metatarsis paulo brevioribus, abdomine fere Platyarachnes. Typus : P. campestratus E. Sim. (sp. un.) (2). AR. GEOGR. : Brasilia. 17. DIÆEÆ Les genres nombreux dont se compose ce groupe se distinguent surtout des précédents, dont ils ont les chélicères, par leurs yeux latéraux élevés isolément sur des saillies arrondies, dont les antérieures sont plus fortes que les postérieures, contrairement à ce qui a lieu dans le groupe des Tmarus. Le céphalothorax est un peu plus large dans la région thoracique qu’au bord frontal, qui est tronqué, ni anguleux, ni caréné. Les deux lignes oculaires sont récurvées, mais, contrairement à ce qui a lieu dans le groupe des Misumena, la seconde l’est presque toujours plus forte- ment que la première (sauf dans le genre Heriæus) ; l'intervalle des yeux laté- raux est, de chaque côté, égal à celui des médians ou rarement plus étroit (Pyresthesis). | Les pattes sont presque celles des Misumena, mais leurs tibias et métatarses antérieurs offrent très souvent, indépendamment des épines inférieures, des épines latérales moins nombreuses; aux tarses antérieurs, les séries de crins sont moins nettes, leur intervalle est garni de crins plus courts et les côtés de l'article offrent des crins sériés ou irréguliers ; dans le genre Pyresthesis, les tarses sont même garnis de poils irréguliers et pourvus de fascicules plus denses ; les griffes arquées, non coudées, sont pourvues de dents plus nom- (1) Pour ces deux derniers, cf. Ann. Soc. ent. Belg., t. XXXIX, 1895. (2) Espèce inédite, dont voici la diagnose : P. campestratus, sp. nov. — Q. Long. 3 mill. — Pallide luridus, cephalothorace subliliter coriaceo-vermiculato, area oculorum albo-opaca, abdomine testaceo-albido, antice truncato, utrinque plicato, pedum quatuor anticorum tibiis (basi excepto), me- talarsis larsisque nigris. — Prov. Pernambuco : Serra Communaty (E. Goun.). FAMILLE DES THOMISIDÆ 1029 breuses, atteignant ou dépassant leur milieu, mais, sous ce rapport, il y a de grandes différences d’un genre à l’autre (1). Dans le genre Heriæus, le seul du groupe dont la seconde ligne oculaire soit moins récurvée que la première, le céphalothorax est fortement atténué en avant ; l'abdomen est ovale ou un peu dilaté en arrière ; les téguments, d'un vert pâle, sont tout hérissés de longs crins blancs dressés et inégaux ; les épines des tibias et métatarses ont la disposi- tion ordinaire, mais les tarses offrent souvent aussi des épines sériées plus petites (H. hirsutus Walck., setiger Cambr.), qui manquent cependant dans certains cas (H. Buffoni Aud.). Fig. 1083. Le genre Diæa, auquel je réunis une grande Xysticus cor Canestr. partie des espèces décrites sous le nom générique MIE [ess de Misumena (toutes celles dont les yeux latéraux sont élevés sur des saillies isolées), est caractérisé par ses yeux antérieurs et postérieurs presque équidistants; ses yeux médians en trapèze plus étroit en avant (rarement en groupe parallèle) et presque toujours plus long que large, enfin par ses tibias et métatarses antérieurs pourvus d'épines inférieures et latérales. Les Diæa sont presque tous de teinte claire, blanche, jaune ou verte, avec des dessins dorsaux violacés ou rouges; leurs téguments sont lisses, garnis de crins simples, isolés ; quelques espèces américaines sont cependant hérissées de crins spiniformes rappelant ceux des Heriæus. Dans le genre Oxyptila, le front est plus obtus; les yeux médians anté- rieurs, un peu plus séparés l’un de l’autre que des latéraux, figurent avec les postérieurs un groupe plus long que large, parallèle ou un peu plus large en avant ; les pattes sont courtes et armées d’épines peu nombreuses [les laté- rales manquant presque toujours aux tibias et métatarses), généralement courtes et couchées, sauf dans quelques espèces africaines où elles sont fines, longues et divergentes ; les téguments, épais et coriacés, sont garnis de crins spiniformes de divers types, les uns aigus, les autres claviformes ou spatuli- formes. La courbure des lignes oculaires varie un peu selon les espèces ; dans le plus grand nombre, la seconde est plus fortement récurvée que la première ; dans d’autres, elles le sont à peu près également (0. scabricula Westr., rauda, blitea E. Sim., nevadensis Keyserl., etc.); dans quelques-unes, la première l’est un peu plus fortement que la seconde (0. fucata Walck. [albimanus E. S.], hirta Aud., lugubris Croneb., pseudoblitea, parvimanus E. Sim., etc.), mais, entre ces diverses formes, on trouve tous les passages. L’0. lugubris Croneb., de l’Asie centrale, cependant voisin d'O. hirta Aud., diffère de ses congénères par sa partie céphalique convexe en arrière, brusquement abaïissée sur la tho- racique et par ses métatarses antérieurs plus grêles et plus longs. Les griffes sont en général celles des Xysticus, sauf cependant celles des grosses espèces (1) Dans certains cas, les griffes sont semblables à celles des Misumena ; c'est ainsi que, chez le Draea dorsata Fabr., l’externe porte 6 dents et l’interne 12; chez les Xysticus, chacune des griffes porte 5 ou 6 dents plus ou moins inégales (voy. plus loin). 1030 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES déserticoles telles que 0. hirta, lugubris, ete., dont les dents, peu nombreuses, n'occupent que la base. Dans les types qui viennent ensuite, le groupe oculaire médian est au moins aussi large que long. Dans le genre Xysticus, les yeux postérieurs sont presque équidistants, avec les médians un peu plus petits que les latéraux ; les yeux médians antérieurs sont un peu plus écartés l'un de l'autre que des latéraux et beaucoup plus petits ; le groupe des médians est tantôt aussi large que long, tantôt plus large, tantôt parallèle, tantôt un peu plus large en avant; les pattes anté- rieures sont pourvues, aux tibias et métatarses, d’épines inférieures et d’épines latérales ; dans la plupart des espèces (X. cristatus C1., lanio C. K., etc.), les tarses sont garnis, en dessous et sur les côtés, de crins sériés, mais dans d’autres (X. robustus Hahn, etc.), ces crins sont plus d:nses et moins régu- liers, et ils laissent, en dessous, une bande médiane glabre; dans tous les cas, chacune des griffes offre 5 ou 6 fortes dents isolées, celles de l’interne subégales, celles de l’externe inégales, les trois premières étant beaucoup plus grosses que les autres. Les mâles des Xysticus offrent, dans leurs organes sexuels, une particularité qui leur est propre dans la famille des Thomisides, leur bulbe est armé, vers le milieu du disque et sur les bords d’une légère dépression, de deux apophyses rapprochées, dures, de forme très variable selon les espèces et repré- sentant les apophyses médianes du bulbe des Araneus (fig. 1084 À À); mais ces apophyses n’exis- tent pas dans toutes les espèces, elles manquent _A notamment chez les X. sabulosus Hahn, lineatus Westr., acerbus, peroguster Thorell, etc. Menge avait proposé, pour ces Xysiicus à bulbe mutique, les genres Psammitis et Spiracme, qui n'ont aucune raison d'être. L’épigyne est en fossette, tantôt Fig. 1084. simple et rebordée (X. sabulosus Hahn, etc.), tantôt Xysticus Kochi Thorell. Patte- divisée par une carène de forme variable; il est à mâchoire du mâle : A A, apo- remarquer que la carène coïncide avec la présence physes médianes du bulbe. es apophyses médianes du mâle. Ces Araignées sont de teinte fauve ou brunâtre; leur céphalothorax offre une large bande claire renfermant, en avant, une tache obscure triangulaire et leur abdomen est orné d’une très large bande fortement denticulée-pennée ; il y a cependant des espèces unicolores ; leurs téguments, presque lisses ou chagrinés, sont garnis de forts crins isolés, simples et aigus, rarement obtus, jamais claviformes. Les mâles sont beaucoup plus vivement colorés que les femelles. Il y a, en Afrique, des Xysticus faisant le passage aux Synæma (X. fluvi- larsis, egenus E. Sim.), dont les yeux antérieurs sont équidistants et dont le groupe médian est un peu plus étroit en avant; d’autres, faisant le passage aux Oxyptila (X. Lalandei Aud., Tristrami Cambr., cribratus E. Sim.), dont le céphalothorax est plus déprimé et dont les yeux médians postérieurs sont — FAMILLE DES YHOMISIDÆ 1031 plus resserrés que les latéraux; dans l’une de ces espèces, X. helophilus E. Sim., du Yemen (qui pourrait aussi bien être rapporté au genre Oxyptila), le groupe des médians est même un peu plus long que large, mais les yeux antérieurs, fort resserrés, sont en ligne presque droite; enfin, quelques espèces rapportées jusqu'ici aux genres Coriarachne et Oxyptila (C. versicolor Keyserl., japonica, melancholica, Baudueri E. Sim., etc.), exagèrent encore les caractères du X. Lalandei Aud., leur céphalothorax étant très déprimé, comme celui des Coriurachne, dont ils n'ont cependant pas la disposition oculaire (l'intervalle de leurs yeux latéraux étant égal à celui des médians) ni les chélicères. Les Synæma ne diffèrent guère des Xysticus que par leurs yeux médians disposés en trapèze un peu plus étroit en avant; leurs yeux antérieurs équi- distants ou même avec les médians plus resserrés que les latéraux ; par leurs griffes tarsales pourvues de dents plus nombreuses, dépassant leur milieu ; enfin, par leurs téguments lisses et parsemés de longs crins. Les espèces types sont noires, avec l'abdomen bordé d'une bande jaune ou rouge très découpée ou orné de taches blanches, d'autres sont d’un jaune ou d'un vert pâle, avec des taches blanches ou des dessins linéaires noirs, transverses (S. Diana Aud.), d’autres enfin ont l’abdomen marqué, en arrière, d'une large bande noire transverse ou de lignes rapprochées et anastomosées. Dans les espèces les mieux caractérisées (S. globosum KFabr., Diana Aud.), les yeux antérieurs sont en ligne très peu récurvée, les tibias, dépourvus d’épines latérales, ne présentent que trois paires d'épines inférieures et les tarses, grêles, sont garnis de crins, irréguliers sur les côtés, peu distinctement sériés en dessous; beaucoup d’espèces américaines, plus ou moins voisines du S. (Thomisus) parvulum Hentz, ont la premiere ligne oculaire presque droite, les pattes pourvues d'épines plus longues et généralement plus nombreuses, et les crins des tarses disposés en séries plus régulières; mais, dans les grosses espèces malaises (S. insigne Th., opulentum KE. Sim. etc.), la première ligne oculaire est plus récurvée et les crins des tarses, très denses, sont presque irréguliers, même en dessous, différant ainsi très peu de ceux des Pyresthesis. Le genre Pyresthesis Butler, dont l'espèce type (P. Cambridgei Butl.) avait été décrite antérieurement par Keyserling sous le nom de Phrynarachne lævis, est assez ambigu ; ses tarses antérieurs sont garnis de poils denses irréguliers et de forts fascicules dépassant les griffes ; les saillies de ses yeux latéraux, a peine prononcées, indiquent des rapports avec le groupe des Platytho- misus ; il me parait cependant inséparable du genre Synæma, dont il se dis- tingue, en outre, par son céphalothorax beaucoup plus convexe, abaïissé ver- ticalement en arrière, par ses yeux médians en trapèze aussi long que large, avec les antérieurs beaucoup plus rapprochés l'un de lautre que des latéraux et surtout par l'intervalle (longitudinal) de ses yeux latéraux plus étroit que celui des médians. Le P. lævis Keyserl. à la coloration du Synæma globosum Fabr., mais il est de taille plus forte; ses pattes sont très robustes et forte- ment épineuses. Les Firmicus se distinguent des Synæma par leurs deux lignes oculaires, 1032 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES vues en dessus, de même largeur ou à peu près, et par leurs yeux médians antérieurs plus rapprochés l’un de l’autre que des latéraux (1); le groupe de leurs yeux médians est beaucoup plus large que long et beaucoup plus étroit en avant qu’en arrière; leur bandeau est très étroit; leurs fémurs et tibias antérieurs sont souvent, mais non toujours, épais et claviformes; cer- taines espèces ont les fornes courtes des Synæma (F. bimaculatus E. Sim.), d’autres sont beaucoup plus allongées et plus parallèles (F. bivittatus, multi- punctatus E. Sim.), les unes ont la coloration des Synæma, d'autres sont d’un blanc pur avec deux ou quatre taches noires sur l’abdomen (F. bragantinus Br. Cap., quadrinotatus E. Sim.), d’autres sont noires avec l’abdomen blanc rayé de noir et les pattes en partie jaunes (F. bivittatus E. Sim). Dans les deux genres Phireza et Physoplatys, le céphalothorax est encore plus déprimé, le sternum est largement tronqué et les hanches de la 4 paire sont séparées au moins de leur diamètre (2), le bandeau est très étroit et les yeux médians figurent, comme ceux des Firmicus, un trapèze plus étroit en avant, mais la seconde ligne oculaire est moins courbée et beaucoup plus large que la première; les épines des tibias et métatarses sont longues; les tarses sont longs et fortement pédiculés, leurs griffes sont multidentées. Dans le genre Phireza, le groupe des yeux médians, un peu plus large que long, est beaucoup plus étroit en avant, et le bandeau, très étroit, est plan et vertical, tandis que dans le genre Physoplatys, le groupe des yeux médians est presque carré, la première ligne oculaire est très légèrement pro- curvée et le bandeau, étroit et obliquement rentrant, offre, au-dessous des médians, une légère saillie conique. Dans les deux genres, l’abdomen est court, obtusément pentagonal et ses impressions sont très grandes, ovales et ocellées. Ce sont de petites Araignées jaunes ou blanchâtres, finement ponc- tuées de rouge (Physoplatys) ou ornées, sur l’abdomen, de grandes taches noires disposées en bordure. Le genre Heriæus ne renferme que cinq ou six espèces de la région médi- terranéenne, dont deux se trouvent jusqu'aux environs de Paris, les autres sont presque exclusivement sahariennes ; on en connait en outre une espèce de Chine et du Japon, H. Mellotteei E. Sim., et une autre de l’Afrique australe, H. transvaalicus E. Sim., du Transvaal. Le genre Oxyptilu compte une cinquantaine d'espèces presque toutes propres à la zone tempérée de l'hémisphère nord; on en connaît 34 d'Europe et de la région méditerranéenne, 8 de l'Amérique du Nord (cf. N. Banks, Psyche 1895), 3 ou 4 de l’Asie centrale et orientale et du Japon; il a aussi quelques repré- sentants sous les tropiques; on en a décrit quelques-uns de l'Inde (0. Theo- (1) Dans certaines espèces dont le céphalothorax est long, l'intervalle des yeux latéraux est, de chaque côté, un peu plus large que celui des médians, caractère rap- pelant le genre Coriarachne. (2) Caractères rappelant beaucoup ceux des Coriarachne, mais ici les chélicères offrent en dessous une bande pileuse, à la vérité étroite et peu dense, et l'intervalle longitudinal des yeux latéraux n’est pas plus large que celui des médians. FAMILLE DES THOMISIDÆ 1033 baldi E. Sim., etc.), de l’Afrique occidentale (0. parvimanus E. Sim.) et de l’Afrique orientale (0. aspeæ Pav.); j'en ai d'autres (inédits) de l'Afrique aus- trale, de Ceylan et de Nouvelle-Calédonie. Le genre Xysticus, qui est le plus nombreux de la famille entière des Thomi- sides, au moins dans la zone tempérée, car il renferme plus de 130 espèces, a une distribution analogue; on en connait au moins 60 espèces d'Europe et de la région méditerranéenne, une dizaine de l’Asie centrale, septentrionale et orientale (X. ephippiatus E. Sim., etc.), cù se retrouvent, en outre, la plupart de nos espèces d'Europe, une quarantaine de l'Amérique du Nord, une dizaine de l'Australie, 6 ou 7 des îles de l’Atlantique; ses représentants tropicaux, très peu nombreux, sont, en général, propres aux hautes montagnes ; quelques- unes cependant à la zone désertique (X. egenus E. Sim.). Le genre Diæa est l’un des plus répandus, mais il est difficile de se rendre compte du nombre de ses espèces, beaucoup ayant été rapportées à d’autres genres ; il paraît en renfermer près d'une centaine, surtout abondantes dans l’Asie et l'Amérique chaudes et l’Australie, car l’Europe ne compte que deux ou trois espèces, dont une seule atteint la zone tempérée. Le genre Synæma renferme au moins une cinquantaine d’espèces dont a distribution est la même que pour le genre précédent, sauf cependant qu’elles paraissent plus nombreuses dans l’Afrique orientale et à Madagascar ; la seule espèce de l’Europe tempérée, S. globosum Fabr., s'étend en Asie jus- qu'en Chine; le S. plorator Cambr. s'étend du sud de la Tunisie jusque dans l’Asie centrale; le S. Diana Aud. est commun à l'Égypte, à l'Arabie et à Madagascar; les plus belles et les plus grosses espèces sont de Malaisie; les espèces américaines [plus de 25 (1)] sont au contraire petites. Le genre Firmicus est africain sauf une espèce, F. mullipunclatus E. Sim., découverte récemment à Aden (2), il faut lui rapporter le T. bragantinus Br. Cap., de la côte occidentale, les Synæma quudrinotatum E. Sim., de Khartoum et bimaculatum E. Sim., de Madagascar ; il est représenté dans la région médi- terranéenne par le F. bivittatus E. Sim., de la montagne de l’Édough, près de Bone (3). L'unique espèce du genre Pyresthesis est de Madagascar. Les genres Physo- platys et Phireza sont propres à l'Amérique du Sud et ne renferment chacun qu’une seule espèce (4). GENERA 1. Area oculorum mediorum longior quam latior (5)}............... 2 — Area oculorum mediorum haud longior quam latior, sæpe latior.…. 2. Oculorum linea postica minus recurva quam linea antica. ... Heriæus. (1) Le Rev. O. P. Cambridge en décrit une douzaine de l'Amérique centrale. (2—3—4) Ann. Soc. ent. Belg., t. XXXIX, 1895. (5) Caractère qui souffre d’assez nombreuses exceptions dans le genre Diaea. 1034 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES — Oculorum linea postica magis recurva quam antica (1)........... 5. 3. Area oculorum mediorum antice quam postice angustior. Tegu- menta lævia, parce et simpliciter pilosa...... 4 SONORE . Diæa. — Area oculorum mediorum parallela vel antice quam postice paulo latior. Tegumenta coriacea, setis clavatis instructa. ...... Oxyptila. 4. Cephalothorax valde depressus, planus. Sternum postice sat late ObuSUMEMCOLEMOSICÆINMtENSEMIS ANS ER PEER REC 5. — Cephalothorax plus minus crassus. Sternum normale............ 6. 5. Arca oculorum mediorum subquadrata. Clypeus retro-obliquus sedisuboculismediSbromiIQuIUS EPP PEER REC E Physoplatys. — Area oculorum mediorum antice quam postice angustior. Clypeus MÉLPICALSDIANUSEC EEE CEE Re CDN CIC ES PA ENS D de .. Phireza. G. Oculi laterales utrinque inter se salée minus quam medii antici a mediis posticis distantes. Cephalothorax valde gibbosus.. SERRES AA rt ten are ee Dis Men RE A A ET RE SE R CSTSR — Oculi laterales inter se spatio non minore distantes quam quo distant medii antici a mediis posticis. Cephalothorax plus MIDUS CON VO RUSRE A. Re DE ORDRE EEE RE AE AE -1 7. Area oculorum mediorum parallela seu antice quam postice paulo latior. Oculi medii antici inter se quam ad laterales fere semper D'AUTOMNE ONOTE SN MAMMA PAIENEEEEIENSS TA PE Xysticus. — Area oculorum mediorum antice quam postice paulo angustior. Oculi antici inter se æquidistantes vel sæpius medii a latera- lbustquammntenmSebanloemonorcs ERP rer PRE RE RE TEE : 8. Area oculorum mediorum non multo latior quam longior. Oculi antici inter se fere æquidistantes. Clypeus sat latus...... Synæma. — Area oculorum mediorum saltem 1/3 latior quam longior. Oculi _ medii antici a lateralibus quam inter se multo remotiores. CMIDEUS A MELSUUS MER AMP PERS RER RER .. Firmicus. Herisæus E. Sim., Ar. Fr., Il, 1875, p. 203. — Thomisus auct. (ad part.). — Thomisus (sub-gen. Pachyptila) E. Sim., 1864. —: Misumena Thorell, Eur. Spid., etc., 1869-70 (ad part. M. villosa). Cephalothorax longior quam latior, fronte sat angusta. Oculi postici æqui, in lineam plus minus recurvam, inter se æquidistantes (H. Buffoni Aud.) vel sæpius medii a lateralibus quam inter se remotiores. Oculi antici in lineam valde recurvam, inter se fere æquidistantes, laterales mediis paulo majores. Area mediorum multo longior quam latior et antice quam postice paulo latior, laterales in tuberibus obtusis singulariter impositi. Clypeus area oculorum non multo angustior, verticalis. Abdomen ovale vel postice incrassatum. Pedes longi, aculeis plerumque longis, numerosis et divaricatis in tiblis, metatarsis et (1) Dans le genre Oxyplila, il y a bon nombre d'espèces dont les deux lignes ocu- laires sont également récurvées. = à TT de. FAMILLE DES THOMISIDÆ 1035 sæpe femoribus instructi, metatarsis tibiis saltem haud brevioribus, tarsis gracilibus muticis vel breviter aculeatis. Tegumenta subcoriacea, setis validis longissimis, sæpe spiniformibus et erectis vestita. Tyeus : H. hirsutus Walck. AR. GEOGR. : Europa; Afr. sept. ; Asia occident. et centr. desert.; Japonia ; Africa austr. Diæa Thorell, Eur. Spid., etc., 1869-70, p. 181 (ad part.).— Thomisus auct. (ad part.). — Thomisus {sub-gen. Diana) E. Sim., 1864. — Dixa E. Sim., Ar. Er., IL, 1875. — Diæa et Xysticus (ad part. X. Daemeli) L. Koch, Ar. Austr. Oculi postici in lineam sat recurvam, inter se fere æquidistantes. Oculi antici in lineam angustiorem plerumque minus recurvam, inter se fere æquidis- tantes, laterales mediis majores. Area mediorum antice quam postice paulo angustior et plerumque paulo longior quam latior. Oculi laterales in tuberibus subrotundis singulariter impositi. Clypeus verticalis, area oculorum paulo angustior. Abdomen ovale. Pedes longi, cuncti aculeati, tibiis metatarsisque anticis aculeis seriatis inferioribus et lateralibus instructis. Tegumenta lævia, setis simplicibus conspersa. Typus : D. dorsata Fabr. AR. GEOGR. : Orbis totius res. temp. et calidæ. Oxyptila E. Sim., Hist. Nat. Ar., 1° éd., 1864, p. 439. — Thomisus auct. (ad part.). — Xysticus Thorell, L. Koch (ad part.). — Coriurachne Menge, 1868 (ad part. C. atomaria, clavata). Cephalothorax sat humilis, fronte mediocri. Oculorum linea postica altera magis recurva, rarius lineæ binæ æqualiter recurvæ, postica antica evidenter latior. Oculi medii antici inter se quam a lateralibus paulo remotiores et late- ralibus minores, oculi medii postici a lateralibus quam inter se plerumque paulo remoliores. Area mediorum multo longior quam latior, parallela vel sæpius antice quam postice paulo latior. Pedes breves et robusti, postici mutici, tibiis anticis uculeis seriatis inferioribus munitis sed aculeis latera- libus carentibus. Tegumenta duriuscula, coriacea, sæpe rugosa, aculeis elavi- formibus vel spathuliformibus fere semper munita. Typus : 0. brevipes Hahn. AR. GEOGR. : Orbis totius reg. frig., temp., rarissime calidæ. Xystieus C. Koch in H. Schaeff., Deutschl. Ins., 1835 (ad part.). — Thomisus auct. (ad part.). — Xysticus (X. bifasciatus, etc.), Psammitis (P. sabulosus), Spiracme (S. perogaster) et Coriarachne (C. fusca) Menge, Preuss. Spinn., 1868.—Xysticus et Coriarachne Keyserl., Sp. Amer. Later.— Idem Emerton, N.-Engl. Spid. Thom. Cephalothorax sat crassus, fronte lata et truncata. Oculi postici in lineam recurvam, inter se æquidistantes, vel medii à lateralibus quam inter se paulo remotiores (X. Lalandei Aud., versicolor Keyserl.), laterales mediis paulo ma- 1036 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES jores. Oculi antici in lineam minus recurvam, medii lateralibus minores et inter se quam a lateralibus fere semper paulo remotiores. Area mediorum æque lata ac longa vel paulo latior, quadrata vel antice quam postice paulo latior (rarissime antice paulo angustior). Oculi laterales utrinque in tuberibus humi- libus subconfluentibus siti. Abdomen breve, antice rotundum, vel obtuse trun- catum, postice incrassatum et obtusum. Pedes fere Misumenæ. Tegumenta plus minus Coriacea, setis simplicibus vestita. Tyeus : X. cristatus Clerck (audax CG. Koch). AR. GEOGR. : Orbis totius reg. frig., temp., rarius calidæ. Synæma E. Sim., Hist. nat. Ar., 17° édit., 1864 (Thomisus subgen. : Synæmu). — Diæa Thorell, Eur. Spid., etc., 1869-70 (ad part.). — Synæma E. Sim., 1875. — Id. Thorell, 1887. À Xystico differt cephalothorace plerumque convexiore, oculis anticis inter se æquidistantibus vel mediis a lateralibus quam inter se paulo remotioribus (S. Diana Aud.) in ineam leviter recurvam rarius rectam (S, parvulum Hentz), area oculorum mediorum paulo latiore quam longiore et antice quam postice paulo angustiore, pedum tarsis utrinque inordinate setosis subtus seriatim vel subinordinate setosis, unguibus dentibus numerosioribus munitis, tegumentis lævibus, parce et longe setosis. Typus : S. globosum Fabr. AR. GEOGR. : Orbis totius reg. temp. et præsertim calidæ. Pyresthesis Butler, Pr. Zool. Soc. Lond., 1879, p. 733. — Phrynarachne Keyserl., Abh. z. b. Ges. Wien, 1877, p. 92 (ad part. PL. lævis). À Synæmati differt cephalothorace multo convexiore et postice abrupte de- clivi, area oculorum mediorum antice quam postice multo angustiore, oculis mediis anticis a lateralibus quam inter se remotioribus, spatio inter oculos laterales anticos et posticos minore quam spatio inter medios anticos et pos- ticos, pedibus anticis crassioribus, tarsis crebre et inordinate setosis, fasciculis densioribus munitis. Typus : P. lævis Keyserl. (Cambridgei Butler). AR. GEOGR. : Ins. Madagascar. Firmieus, nov. gen. — Synæma E. Sim., Bull. Soc. zool. Fr., 1884 (ad part. S. quadrinotutum). — Idem., Act. Soc. Linn. Bord., 1886 (ad part. S. bima- culalum). A Synæmati differt cephalothorace humiliore sæpe longiore (F. multipunc- tatus E. Sim.) antice vix attenuato, clypeo multo angustiore, oculorum lineis binis, supra visis, circiter æquilatis, area mediorum saltem 1/3 latiore quam longiore et antice quam postice multo angustiore, oculis mediis anticis a late- ralibus quam inter se remotioribus, pedum anticorum femoribus tibiisque crassioribus et compressis. Tyeus : F. quadrinotatus E. Sim. AR. GEOGR. : Africa sept. (bivitiatus E. Sim.), trop., cont. et insul.; Arabia felix (mullipunctatus E. Sim.). FAMILLE DES THOMISIDÆ 1037 Phireza E. Sim., Act. Soc. Linn. Bord., 1886. À Synæmati differt cephalothorace valde depresso plano, clypeo humillimo verticali, sterno latiore, postice late obtuso, et coxis posticis inter se distantio- ribus. — Oculorum linea postica recurva, linea antica plane recta. Oculi medii a lateralibus quam inter se remotiores sed aream latiorem quam longiorem et antice quam postice angustiorem occupantes. Pedes antici aculeis longis et tenuibus armati, tarsis setis vix seriatis vestitis, unguibus numerose dentatis. Typus : P. sexmaculata E. Sim. (sp. un.}. AR. GEOGR. : Brasilia. Physoplatys, nov. gen. À Phireza differt area oculorum mediorum subquadrala, clypeo angusto, retro-obliquo sed, sub oculis mediis, leviter prominenti et turbinato.— Tegu- menta omnino lævia et nitida. Typus : P. nitidus E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : Paraguay. 5e Sous-famille STEPHANOPSINÆ Dans la sous-famille qui a pour type le genre Sfephanopsis, les caractères des Thomisides s'affaiblissent graduellement; les chélicères, qui, dans tous les genres précédents, sont entièrement mutiques, y sont armées de dents margi- Fig. 1085. Epicadus heterogaster Guérin. Femelle un peu grossie. nales tantôt très petites et cachées au milieu des poils, tantôt assez fortes pour ressembler à celles des Clubionides ; ces chélicères, géné- ralement plus acuminées que celles des Misu- mena, sont très fortement poilues sur leur face inférieure et à leur marge supérieure. Dans la plupart des cas, les lames-maxil- laires sont moins convergentes que celles des Misumena, presque droites, presque parallèles et moins nettement échancrées au côté ex- terne au-dessus de l’insertion du trochanter; la pièce labiale, plus courte, dépasse peu leur milieu et quelquefois même ne l’atteint pas. Les pattes sont normales par la struc- ture de leurs articles ; leurs tibias et méta- tarses antérieurs sont armés en dessous de deux séries de fortes épines couchées; leurs tarses, plus grêles que les méta- tarses, un peu comprimés et atténués à la base, sont pourvus, à l'extrémité, de poils effilés, villeux, formant des fascicules, plus ou moins denses, sous des griffes tantôt longues et multidentées, tantôt courtes, robustes, très courbées 1038 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES et pourvues seulement de quelques dents basales; mais ces pattes différent de celles des types précédents, pour se rapprocher de celles des Clubionides, par leurs proportions, celles de la 1° paire étant plus longues que celles de la seconde; dans certains cas (Regillus), elles sont à peine latérales; mais ces derniers caractères sont propres au groupe des vrais Sfephanopsis ; les genres Hedana, Stephanopoides et Phrynarachne ne se rattachent presque à cette sous-famille que par la structure de leurs chélicères. Je rapporte les genres de cette sous-famille aux quatre groupes suivants : GROUPES 1. Laminæ-maxillares fere Misumenæ, leviter convergentes et extus, pone insertionem trochanteris, leviter emarginatæ. Pedes qua- tuor antici inter se subæquales {pedes 2i paris plerumque paulo longiores quam pedes 1i paris)........... PORTA hrs 19 — Laminæ subrectæ, extus vix emarginatæ. Pedes 1 paris pedibus ADS IONEIOTES re Per Re OST Int ee Stephanopseæ. 2. Area oculorum latitudinem frontalem fere totam occupans.. Hedaneæ. C2 — Area oculorum fronte plus minus angustior. ................ 7 2 3. Metatarsi antici subtus aculeis seriatis aculeoque medio apicali instructi. Tegumenta lævia et nitida............ Stephanopoideæ. — Metatarsi antici subtus aculeis seriatis instructi sed aculeo apicali carentes. Tegumenta valde inæqualia et tuberculata. ......... RRQ Re PER TIRER ATEN AU ENEPhrynarachnEÆs 1. HEDANEÆ Un certain nombre de genres, tels que Heduna, Tharrhalea, Erissus, etc., font le passage des Misumena aux Stephanopsis, ils se rapprochent des pre- miers par leurs pièces buccales et leurs pattes, des seconds par leurs chéli- cères. Le céphalothorax de ces Araignées ressemble surtout à celui des Pistius ct des Oxryptila, 1 est atténué en avant; son front, tronqué, est assez étroit et le groupe oculaire en occupe presque toute la largeur; les yeux latéraux sont élevés, de chaque côté, sur des saiïllies très basses, isolées et arrondies, sauf dans une espèce remarquable des Philippines, Tharrhalea binornis E. Sim., dont les saillies antérieures sont surmontées, de chaque côté, d'un tubercule conique; dans tous les cas, les yeux latéraux antérieurs sont beaucoup plus gros que les médians. La disposition des yeux varie selon les genres : Dans le genre Tharrhalea (Cerinius Thorell), les deux lignes oculaires, vues en dessus, sont presque de même largeur, et la ‘seconde est plus fortement récurvée que la première, l’aire des médians, beaucoup plus longue que large, est parallèle et ses yeux antérieurs sont un peu plus gros que les postérieurs ; le nouveau genre Pycnüxis, proposé pour une petite espèce de Manille, ne diffère des Tharrhalea que par ses yeux antérieurs en ligne droite et ses yeux médians disposés en carré. FAMILLE DES THOMISIDÆ 1039 Dans les genres Hedana et Esissus, la seconde ligne est, vue en dessus, plus large que la première et l'aire des médians, beaucoup plus longue que large, est plus étroite en avant, avec les antérieurs un peu plus petits que les posté- rieurs, mais tandis que chez les Erissus la première ligne est un peu plus fortement courbée que la seconde et séparée du bord par un large bandeau légèrement déprimé et oblique en arrière, chez les Hedana la seconde ligne est très fortement récurvée et la première, presque droite, est séparée du bord par un bandeau vertical assez étroit. Les chélicères sont plus acuminées que celles des Misumena et la bande pileuse de leur face inférieure est très développée; leur marge supérieure, for- tement pileuse, est armée, sur l'angle, d’une petite dent conique quelquefois précédée d'une dent encore plus petite; l'espace glabre intermarginal offre de plus, au-dessous du crochet, 1 ou 2 très petites dents unisériées. Les pièces buccales diffèrent à peine de celles des Misumena; la pièce labiale, beaucoup plus longue que large, atténuée, obtuse ou tronquée, atteint le tiers apical des lames, qui sont étroiles et un peu convergentes. Dans les genres Hedana et Erissus, les pattes des deux paires antérieures sont environ d’égale longueur, tandis que dans le genre Tharrhalea, celles de la première paire dépassent un peu celles de la seconde, caractère rappelant les Siephanopsis ; dans tous les cas, ces pattes sont longues et robustes, pour- vues, aux tibias et métatarses, de longues et fortes épines inférieures ct laté- rales ; dans le genre Tharrhalea, les métatarses égalent presque les tibias, dans les autres genres ils sont plus courts; les tarses, plus grêles que les métatarses, sont garnis, en dessous, de crins rudes irréguliers ou à peine sériés et portent des fascicules plus ou moins développés, formés de poils villeux effilés, placés sous des griffes longues et multidentées. La patte-mächoire du mâle est assez longue; son tibia, plus long que large, est pourvu, à l’extrémité, d’une apophyse inférieure et d’une apophyse externe accolée au tarse, variant de forme selon les espèces; le tarse est ovale, terminé en pointe dépassant un peu un bulbe discoïde, échancré dans le haut et entouré d’un stylus, Les téguments, rarement lisses, sont ordinairement coriacés, garnis de crins, tantôt simples et effilés, tantôt obtus et claviformes. Les Erissus sont de taille au moins moyenne; plusieurs espèces, dont l'abdomen est court et renflé en arrière, ressemblent aux Misumena, dont elles ont la coloration ; d’autres, de teinte plus obscure, rappellent les Pistius, dont elles ont l'abdomen tronqué et un peu anguleux ; ce genre est propre à l'Amérique du Sud et renferme cinq ou six espèces, du Venezuela, de la Guyane, du Brésil et du Pérou (E. validus, truncatifrons, angulosus ‘H, Sim, etc.) (1). Les Tharrhalea et Hedana sont plus peuits; leur faciès et leur coloration rap- pellent tantôt ceux des Xysticus, tantôt ceux des Misumena et des Diæa. Leur abdomen est tantôt ovale, tantôt dilaté et tronqué en arrière. "7 (1) Ann. Soc. ent. Bele., t. XXXIX, 1805. 1040 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Le genre Tharrhalea est de l'Ancien Monde, son espèce type (T. albipes L. K.) a été décrite du nord de l’Australie, on en connaît une autre espèce de Célèbes (T. fusca Thorell), deux des Philippines (T. luzomica Karsch et bicornis E. Sim.) et trois de Madagascar (T. superpicta, cerussata et semiargentea E. Sim.) ; jen ai d’autres inédites de Java et de Nouvelle-Guinée. Le genre Hedana est un peu plus nombreux; son espèce type, H. gracilis L. Kock, est également d'Australie, on en connaît de la presqu’ile malaise (H. Morgani E. Sim., etc.), de Sumatra, de Java et de Birmanie (H. ocellata, perspicax Thorell) ; L. Koch en a décrit deux de l'ile Tonga (H. subtilis et pallida L. Koch), et une de la Nouvelle-Zélande (H. valida L. Koch); j'en ai trouvé une (inédite) aux Philippines et une, un peu anormale, au Venezuela (H. octoperlata E. Sim.). L’unique espèce du genre Pycnaxis est des iles Philippines (1). GENERA 1. Oculorum lineæ binæ, superne visæ, circiter æquilatæ. Area ocu- lorum mediorum parallela. Oculi medii antici posticis paulo MAT OP SAN MR Ep A UN = RENNES eb PPS TIERE 2. — Oculorum linea postica, superne visa, multo latior quam antica. Area oculorum mediorum antice quam postice angustior. Oculi medii antici posticis paulo minores.......... TS Be Op dau Q2 2. Area oculorum mediorum multo longior quam latior. Oculorum linea antica recurva [minus quam postica). Clypeus sat latus. D doc ER CR SRE NE ER A APE MD AE NEAR — Area oculorum mediorum subquadrata. Oculorum linea antica Ron CINOUS AMAUTÉGNT 006 05000 a0do40000600e0000 00 Pycnaxis. 3. Oculorum linea postica valde recurva, antica subrecta. Clypeus mMedOCTIS VELLICAlIS ÉDIATIUS EP AE EEE EE SR Hedana. — Oculorum linea antica paulo fortius recurva quam postica. Clypeus latus leviter depressus et retro obliquus. ...... ... Erissus. Tharrhalea L. Koch, Ar. Austr., 1875, p. 603. — Cerinius Thorell, St. Rag. IDE OCNLMIÈTTS D d'lee Cephalothorax vix longior quam latior, fronte mediocri, truncata. Oculorum linea postica, superne visa, antica haud vel vix latior, validissime recurva, oculi medii a lateralibus quam inter se multo remotiores. Oculi antici in lineam minus recurvam, inter se fere æquidistantes vel medii a lateralibus quam inter se paulo remotiores. Oculi medii antici et postici lateralibus minores (pos- tici anticis minores) aream longiorem quam latiorem et subparallelam occu- pantes. Clypeus verticalis, planus, area oculorum mediorum angustior, rarius æquilatus. Pedes quatuor antici posticis multo longiores et paulo crassiores (pedes 1i paris pedibus 2! paris paulo longiores), tibiis metatarsisque aculeis (1) Ann. Soc. ent. Bele., t. XXXIX, 1895. FAMILLE DES THOMISIDÆ 1041 inferioribus numerosis aculeisque lateralibus instructis, metatarsis tibiis haud vel vix brevioribus. Typus : T. albipes L. Koch. AR. GEOGR. : Ins. Madagascar (superpicta, cerussata, semiargenteu E. Sim.) ; ins. Java; ins. Celebes (fusca Thorell); ins. Philippinæ (luzonica Karsch, bicornis E. Sim., etc.); N. Guinea; N. Holl. (albipes L. Koch, &rorata Th.). Pyenaxis, nov. gen. À Tharrhulea difiert cephalothorace humiliore, oculorum linea antica plane recta, oculis mediis lateralibus multo minoribus, inter se subæquis, aream parallelam subquadratam vel paulo latiorem quam longiorem occupantibus, clypeo angusto. Tyeus : P. guttata E. Sim. (sp. un... AR. GEOGR. : Ins. Philippinæ. Hedana L. Koch, Ar. Austr., 1874, p. 534. — Cetuma E. Sim., Bull. Soc. zool. Fr., 1885, p. 443. À Tharrhalea differt oculis posticis in lineam minus recurvam, superne visam, latiorem quam lineam anticam, mediis a lateralibus quam inter se paulo remotioribus, oculis anticis in lineam rectam seu leviter recurvam, inter se fere æquidistantibus et valde iniquis, mediis lateralibus saltem quadruplo mino- ribus, area mediorum multo longiore quam latiore et antice quam postice angustiore, mediis anticis posticis minoribus, metatarsis anticis tibiis brevio- ribus, pedibus quatuor anticis inter se subæqualibus. Typus : H. gracilis L. Koch. AR. GEOGR. : Ins. Taprobane; pen. Malayana (Morgani E. Sim.); Indo- China et Malaisia (ocellata, perspicax Thorell, etc.); ins. Philippinæ; N. Holl. et N. Zeal. (gracilis, valida L. Koch); ins. Tonga (subtilis, pallida L. Koch); Amer mer. : Venezuela (octoperlata £- Sim.). Erissus, nov. gen.. Ab Hedana differt. oculis posticis inter se æquis et æquidistantibus vel rarius mediis inter se paulo remotioribus, oculis anticis in lineam angustiorem magis recurvam, clypeo area oculorum vix angustiore vel paulo latiore (E. validus E. Sim.), levissime depresso et retro obliquo. Typus : E. validus E. Sim. AR. GEOGR. : Amer. trop. merid. 2. STEPHANOPOIDEÆ Le genre Sfephanopoides, proposé par Keyserling pour quelques belles espèces du Brésil, diffère surtout des précédents par son céphalothorax court, forte- ment convexe et très lisse, ressemblant surtout à celui des Synæma, et par son groupe oculaire beaucoup plus étroit que la région frontale. 66 1049 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Les deux lignes oculaires sont presque également récurvées ; la seconde est beaucoup plus large que la première et ses yeux médians sont beaucoup plus resserrés que les latéraux; l'aire des médians est plus longue que large et presque parallèle; les latéraux antérieurs sont au moins deux fois plus gros que les médians, qui ne sont séparés du bord que par un bandeau assez étroit. Les chélicères, plus robustes que celles des Hedana, ont la même armature ; leur marge supérieure offre, sur l’angle, une assez forte dent conique, précédée et suivie d’une dent beaucoup plus petite, et l’infé- rieure offre, au-dessous du crochet, au milieu de l’espace glabre, deux très petites dents semblables (fig. 1086). Les pièces buccales sont celles du groupe pré- cédent. Les pattes antérieures, beaucoup plus longues et plus robustes que les postérieures, ont les tibias et métatarses armés, en dessous, de deux rangées de fortes épines, et, sur les côtés, d’épines latérales plus petites; les métatarses, qui sont beaucoup plus courts que les tibias, offrent, de plus, en dessous, une épine apicale mé- diane, qui manque à tous les autres Thomisides ; les tarses (au moins ceux des femelles) sont revêtus, en dessous, de poils fins, mous et très denses; ils portent, de plus, des fascicules assez denses de poils villeux effilés, sous les griffes, qui sont longues et multidentées. Fig. 1086. Stephanopoides Simoni Keyserl. Chélicère en dessous. Les Stephanopoides ont le faciès de gros Synæmu ; leurs téguments sont très lisses ; ceux du céphalothorax sont d’un brun foncé brillant; ceux de l’abdo- men sont noirs avec une bordure et des taches transverses jaunes ou rouges, tandis que les pattes sont rouges et fortement annelées de noir; celles des mâles ont les tibias et métatarses antérieurs garnis de poils noirs longs et très denses. Les mâles sont en outre remarquables par la petitesse de leur patte-mâchoire dont le tibia est cylindrique et mutique, dont le tarse allongé se termine en pointe dépassant un bulbe ovale très simple, entouré d'un long stylus grêle (fig. 1025, p. 952). On connait trois espèces de ce genre : deux du Brésil (S. brasiliana et Simoni Keyserl.) et une de l’Amérique centrale (S. cognata Cambr.). Stephanopoides Keyserl., Spinn. Amer. Laterig., 1880, p. 166. Cephalothorax brevis, latus, convexus, fronte lata. Oculorum lineæ binæ leviter et fere æqualiter recurvæ. Oculi postici in lineam latam, medii paulo minores et a lateralibus quam inter se multo remotiores. Oculi antici in lineam multo angustiorem, inter se fere æquidistantes, laterales mediis saltem duplo majores. Area mediorum multo longior quam latior, subparallela, antice quam postice vix angustior. Clypeus area oculorum plus duplo angustior. Pedes antici robusti et longi, metatarsis tibiis multo brevioribus, metatarsis tibiisque aculeis seriatis inferioribus et lateralibus validis et numerosis armatis et me- k FAMILLE DES THOMISIDÆ 1043 tatarsis aculeo inferiore apicali armatis, unguibus serie dentium numerosorum et subæqualium munitis. Tegumenta lævia et nitida. Typus : S. brasiliana Keyserl. AR. GEOGR. : America centr. et merid. 3. PHRYNARACHNEÆ Parmi les genres qui font le passage des Thomisus aux Sfephanopsis, on peut encore citer les Phrynarachne, qui se rapprochent des premiers par leur groupe oculaire large et transverse {cependant plus étroit que le front, sauf dans le genre Trichopagis), par la longueur relative et par la proportion de leurs pattes, mais qui se rattachent aux Sfephanopsis par leurs chélicères dont la face inférieure, depuis la base du crochet, est garnie de poils épais, très denses et longs, dont la marge inférieure est pourvue d’une ou de deux petites dents, cachées au milieu des poils, et dont la marge supérieure, également poilue, est armée de deux ou trois petites dents reculées. Leurs pièces buccales sont plus courtes que celles des Misumena ; les lames sont moins convergentes; la pièce labiale, presque parallèle et tronquée à l’extrémité, n’atteint généralement pas le tiers apical des lames. Le céphalothorax des Phrynarachne est épais, tantôt large, ressemblant à celui des Misumena, avec le front large et obtusément tronqué (P. rugosa Latr.), tantôt un peu plus allongé, avec le front plus étroit et plus nettement tronqué (P. ceylonica Cb., etc.), mais, entre les deux formes, on observe tous les pas- sages ; dans le genre Trichopagis, le front est encore plus étroit et légèrement élevé, comme celui des Séephanopsis. Les deux lignes oculaires sont assez fortement et presque également récur- vées, sauf dans le genre Trichopagis, où la seconde l’est plus fortement que 1087—1088 1089 Fig. 1087. Phrynarachne ceylonica Cambr. Front en dessus. — Fig. 1088. Trichopagis manicala E. Sim. Idem. — Fig. 1089, Tdem. Patte-mâchoire de la femelle. la première. Les yeux médians, plus petits que les latéraux, figurent un groupe au moins aussi long que large, carré ou ordinairement un peu plus étroit en avant ; les yeux latéraux sont élevés de chaque côté sur des saillies obtuses, tantôt très basses et confondues (P. rugosa Latr.), tantôt plus fortes et isolées {(Trichopagis) ; le bandeau est vertical et plus étroit que l'aire oculaire, il est 1044 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES souvent orné de tubercules latéraux dressés (fig. 1087) ou d'un tubercule médian, surmontés de crins épais, tantôt simples, tantôt déprimés-lancéolés (fig. 1088). Les pattes du Phrynarachne rugosa Latr. et de quelques espèces voisines sont épaisses et courtes, plus ou moins tuberculées, mamelonnées et angu- leuses, avec les tibias et métatarses antérieurs presque d’égale longueur, plus ou moins aplanis en dessous où ils sont armés d'épines inférieures et laté- rales assez courtes, robustes et nombreuses, et les tarses garnis latéralement et en dessous, de crins couchés et irréguliers; beaucoup d’autres Phrynarachne (P. pealiana Stol., ceylonica Cb., dissimilis Dol., etc.) et les Trichopagis ont les pattes antérieures beaucoup plus longues et moins robustes, avec les tibias cylindriques, très longs, plus ou moins courbes à concavité supérieure, les métatarses, beaucoup plus courts, légèrement arqués, et ces deux articles tout : hérissés d’épines inférieures et latérales très longues, les unes droites, les autres arquées ou même sinueuses (à l’extrémité des métatarses), élevées sur des tubercules, qui font paraitre les articles noueux, tandis que les tarses, grêles et cylindriques, sont garnis de forts et longs crins isolés, assez régu- lièrement sériés. Les griffes, accompagnées de fascicules longs et assez denses, sont quelque- fois (P. rugosa Latr.) robustes, courbées et pourvues d’une série de 6 à 10 dents ne dépassant pas leur milieu, mais elles sont ordinairement plus fines et plus longues, presque droites, mais terminées en longue pointe recourhbée et pour- vues d’une série de dents fines presque égales et nombreuses (12-14) dépassant leur milieu; dans le genre Trichopagis, les dents sont moins nombreuses et très inégales (les basilaires étant beaucoup plus petites) et elles ne dépassent pas le milieu. La patte-mâchoire de la femelle est normale dans le genre Phrynarachne, tandis que dans le genre Trichopagis, elle est remarquable par son tarse très dilaté et comprimé en forme de grande palette ovale, glabre et plane sur sa face externe, convexe, villeuse et armée de quelques épines sur ji'interne (fig. 1089). Le mâle d’un Phrynarachne, que j'ai trouvé à Ceylan, est beaucoup plus petit que la femelle, car il ne mesure que quelques millimètres; ses pattes anté- rieures sont plus grêles et armées d'épines fines très longues; sa patte- mâchoire est petite, avec le tibia pourvu de deux petites apophyses aiguës : l’une inférieure, l’autre externe; le tarse, ovale, recouvre un bulbe discoïde, plat et très simple; chez le mâle du P. nigra Cb., figuré par Cambridge, l’apo- physe externe est plus longue. Les Phrynarachne sont tous de grande taille (au moins les femelles) et remarquables par la dureté de leurs téguments; leur céphalothorax est très inégal, bossué de grosses côtes sinueuses mamelonnées; leur abdomen est couvert de tubercules larges, lisses, margaritiformes ou coniques, plus rare- ment longs et aigus (P. jobiensis Thorell) ; leurs pattes sont souvent aussi très inégales, surtout les tibias antérieurs, qui sont, en dessus, côtelés et excavés ; certaines espèces sont entièrement d’un brun-rouge terreux, d’autres sont d'un blanc grisâtre avec l’extrémité des pattes antérieures noire (P. decipiens FAMILLE DES THOMISIDÆ 1045 Forbes, ceylonica Cb.). D'après les observations de M. Forbes (Pr. Zool. Soc. Lond., 1883, p. 586), ces Araignées se tiennent à la surface des feuilles, sur un disque de toile blanche, déchiqueté sur les bords et offrant une frappante res- semblance mimétique avec un excrément d’oiseau. On connaît une douzaine d'espèces de Phrynarachne, dont une seule, LP. ru- gosa Latr. (Thomisus Foka Vinson), habite Madagascar et les îles Mascaraignes ; j'en possède de la côte occidentale et de la côte orientale d'Afrique, et Pavesi en a décrit une du pays des Galla, P. gracilipes Pav. (1); les autres sont répandues dans l'Inde et à Ceylan (P. tuberosa B1., pealiana Stol., nigra, ceylo- nica Cambr., etc.), dans la Malaisie (P. dissimilis Dol., decipiens Forbes, cucullata E. Sim. (2), Kannegieteri v. Hasselt); la plus belle et la plus grosse espèce, décrite sous le nom de Cladonotus jobiensis Thorell, est propre à l’île Jobi, sur la côte nord-ouest de la Nouvelle-Guinée. L’unique espèce du genre Trichopagis a été découverte à Madagascar æt je l'ai reçue, depuis, du Gabon; ses téguments sont plus lisses et d’un jaune pâle, avec le céphalothorax orné de deux larges bandes brun-rouge et l’abdo- men de quelques dessins, l'extrémité de ses métatarses antérieurs est très noire ; son céphalothorax est pourvu, aux angles frontaux, d’un très fort crin noir déprimé-lancéolé, et, au milieu de l’espace interoculaire médian, d'un petit tubercule supportant deux crins semblables mais plus petits (fig. 1088) ; son abdomen, allongé et presque parallèle, est échancré en avant et pourvu, de chaque côté, vers le tiers apical, d'une saillie obtuse. GENERA Area oculorum fronte angustior. Oculorum lineæ binæ fere æqualiter recurvæ. Area oculorum mediorum antice quam postice angustior. Pedes-maxillares feminæ normales. ................. Phrynarachne. Area oculorum latitudinem frontalem totam occupans. Linea oculo- rum postica magis recurva quam antica. Area mediorum quadrata. Pedum-maxillarium feminæ tarsus valde dilatatus et compressus . Trichopagis. Phrynarachne Thorell, Eur. Spid., etc., 1869-70, p. 37 (note). — Thomisus (subgen. Phrynoides) E. Sim., Hist. nat. Ar., 1864. — Cladonotus Thorell, Ann. Mus. civ. Gen., IX, 1877, p. 306. — Ornithoscathoides Cambr., Pr. Zool. Soc. Lond., 1884, p. 198. Cephalothorax æque longus ac latus vel longior, crassus et inæqualis. Area oculorum fronte angustior. Lineæ binæ oculorum fere æqualiter recurvæ, antica postica angustior. Oculi postici inter se æquidistantes vel medii latera- (1) Pavesi compare son espèce au Thomisus tuberosulus Karsch, de la côte occiden— tale, qui est peut-être aussi un Phrynarachne. (2) Le P. cucullata E. Sim. répond complètement à la figure donnée par Doleschail de son Bolhryogaster caerulescens, sauf en ce qui concerne la disposition oculaire qui serait, d’après Doleschall, très différente de celle de tous les autres Thomisides. 1046 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES libus duplo minores. Area mediorum antice quam postice paulo angustior, æque longa ac lata vel sæpius paulo longior, oculi laterales utrinque in eleva- tione communi et obliqua siti. Pedes robusti, plus minus Jongi, tuberculati vel subangulosi, tibiis metatarsisque anticis aculeis inferioribus et lateralibus validis et longis instructis, metatarsis tibiis æquilongis vel sæpius brevioribus. Tegumenta corporis et artum solidissima, inæqualia et tuberculata. Typus : P. rugosa Latr. AR. GEOGR. : Africa trop., occid., orient. et insulana ; India, Malaisia et Papuasia. Frichopagis E. Sim., Aci. Soc. Linn. Bord., 1886. À Phrynaruchne differt area oculorum latitudinem frontalem totam occu- pante, oculorum linea postica magis recurva quam antica, oculis mediis pos- ticis a lateralibus quam inter se remotioribus, area mediorum subquadrata, oculis lateralibus, præsertim posticis, prominentioribus, tegumentis sublæ- vibus, abdomine angusto et longo, antice emarginato, postice utrinque obtuse tuberculato, pedum-maxillarium feminæ tarso valde dilatato compresso et ovato, extus plano et glabro, intus convexo villoso et aculeato. Typus : T. manicata E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : Africa trop. et ins. Madagascar. 4. STEPHANOPSEÆ Les Stephanopsis, dont on a proposé récemment de faire une famille spé- ciale, ne diffèrent des genres précédents que par des caractères peu importants et souvent même peu constants, tirés de la forme des lames-maxillaires, de la proportion des pattes et de la structure de leurs griffes, caractères indiquant cependant que les S{ephanopsis font le passage des Thomisides normaux aux premiers genres de la famille des Clubionides. C’est au même groupe qu'il faut rapporter le genre Regillus [Borboropactus E. Sim.), que j'avais aussi placé dans une autre famille, ayant pour type le genre Bradystichus (1), mais qui est, au fond, inséparable des Séephanopsis, comme Thorell l’a démontré depuis (2). Les lames-maxillaires de ces Araignées sont moins convergentes que celles des groupes précédents, presque droites en avant de la pièce labiale, et leur côté externe est à peine échancré au-dessus de l’insertion du trochanter; à (1) Les Bradystichus, dont le faciès est très analogue à celui des Regällus, ont cepen- dant des affinités différentes, et ils resteront les types d’une famille des Bradyslichidae, dont il sera question plus loin. (2) St. Rag. Mal. et Papuasi, IV, part. 2, p. 6. — Par leurs pattes non latérales et l’armature plus complète des marges de leurs chélicères (voy. plus loin), les Regillus et Synalus sont, de tous les Stephanopsinae, ceux qui se rapprochent le plus des Clu- bionides. 5 FAMILLE DES THOMISIDÆ 1047 l'extrémité, leur côté externe est arrondi, l'interne est obliquement tronqué et débordé par une forte scopula (fig. 1096). La pièce labiale dépasse le milieu des lames; celle des Regillus est beaucoup plus longue que large, un peu atténuée et tronquée ; dans les autres genres, elle est plus courte, plus atténuée, obtuse ou tronquée. Les chélicères sont construites comme celles des Phrynarachne; dans la plu- part des cas, l’armature de leurs marges est la même et les deux dents infé- rieures sont très petites et presque cacnées par les poils; mais dans le genre Regillus, elle est plus développée : la marge supérieure porte 3 ou 4 dents inégales (la 1'°, près du crochet, et la 3e plus fortes que les autres), l’inférieure porte également 3 dents isolées, dont la médiane est beaucoup plus petite que les autres (fig. 1095). 1090 1091 1092 Fig. 1090. Coenypha Ediwardsi Nic. Femelle grossie. — Fig. 1091. Stephanopsis allifrons Cambr. Mamelon frontal de profil. — Fig. 1092. Tobias triluberculatus Tacz. Céphalothorax cet abdomen de profil. Contrairement à ce qui a lieu dans les groupes précédents, les pattes de la 17e paire sont plus longues que celles de la 2° paire, et leurs griffes, fortement courbées, sont mutiques dans toute leur partie terminale, ne présentant que quelques dents basilaires, mais, à cet égard, il y a quelques exceptions (voy. plus loin). Tous les autres caractères varient selon les genres. Le céphalothorax, ver- tical au bord postérieur, atténué et souvent déclive en avant, est assez allongé dans les genres Regillus, Synalus, Sidyma et chez la plupart des Siephanopsis ; il est plus large en arrière et plus épais dans les genres Tobias et Epicadus; il n'est déprimé et aussi large que long que dans les genres Onocolus et Cœnypha, dans ce dernier, il est même parfois plus large que long, amplement arrondi de chaque côté et carinulé sur les bords (fig. 1090); dans tous les cas, sa région frontale est étroite, tantôt simplement obtuse ou tronquée (Tobius, Ono- colus, Regillus), tantôt relevée en forme de tubercule tronqué ou cornu (Stepha- nopsis, Epicadus, Epicadinus, etc.) (fig. 1091). Les yeux, plus resserrés que ceux des Misumena, sont en deux lignes trans- verses, dont la première, située sur le plan vertical de la face, est droite dans 1048 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES les genres Regillus et Isalu, récurvée dans tous les autres genres, caractère exagéré dans le genre Epicadus; la seconde, située sur la face dorsale et un peu plus large que la première, est droite dans le genre Onocolus et dans la plupart des Stephanopsis australiens, récurvée dans les genres Synalus, Sidyma, Regillus, au contraire procurvée dans les genres Tobias, Epicadus et Epicadinus ; les yeux latéraux antérieurs sont plus gros que les autres, mais la dispropor- tion n'est très forte que dans les genres Isala et Synalus, dans ce dernier, les yeux latéraux de la seconde ligne sont aussi plus gros que les médians. Le bandeau est large, sauf dans le genre Jsalu, et vertical, rarement un peu proclive. Le sternum est plan, ovale ou presque parallèle; celui des Regillus est rétréci en avant et les hanches antérieures sont plus resserrées que les intermédiaires, mais beaucoup plus légèrement atténué dans tous les autres genres; en arrière, il est toujours atténué, mais très obtus en avant des hanches postérieures, qui sont contiguës, sauf cependant dans le Regillus asper Gb., où il se prolonge entre les hanches disjointes. Les pattes ont les fémurs antérieurs presque toujours armés en dessous de petites épines dentiformes unisériées (Tobias, Onocolus, etc.) ou bisériées (Synalus, etc.), plus nombreuses chez les femelles que chez les mâles; leurs autres articles ressemblent à ceux des Wisumena : les tibias et métatarses anté- rieurs, aplanis en dessous, sont armés de deux séries de très fortes épines couchées, ordinairement un peu surélevées et quelquefois crochues, tandis que les tarses, plus grêles, comprimés ou un peu fusiformes, sont garnis, en des- sous, de crins irréguliers ou sériés, laissant, presque toujours, une bande médiane glabre. Dans quelques genres, tels que Tobias, Epicadus, etc., les pattes des deux premières paires, beaucoup plus longues et plus épaisses que les postérieures, sont presque semblables entre elles, tandis que dans les autres genres, les pattes de la 2° paire sont beaucoup plus courtes et moins robustes que celles de la première, caractère exagéré dans les genres Regillus, Synalus et surtout Cœnypha (fig. 1090); dans les deux premiers, la direction des pattes n’est pas latérale, les fémurs n’offrent point la courbure particulière à ceux des Araignées dites Laterigrades, et ils sont fortement convexes au côté interne (fig. 1093); dans tous les cas, les pattes des deux paires postérieures sont mutiques ou presque mutiques et leurs tarses sont garnis en dessous de crins rudes et très denses. Les griffes tarsales sont robustes, fortement courbées et très dissemblables, l’externe offre, vers le milieu ou près de la base, une ou deux dents robustes, tandis que l’interne offre soit deux ou trois dents contiguës, soit une ou deux fortes dents, suivies, jusqu’à la base, d’une série de dents beaucoup plus petites et contiguës ; une autre disposition s’observe cependant dans le genre Epica- dinus, dont les griffes offrent une série de dents plus nombreuses, plus fines et presque égales ; au-dessous des griffes, la pointe oblique et avancée du tarse est pourvue de crins effilés répartis en deux fascicules. L’abdomen est très variable; il est rarement long et mutique (Synalus) ; quelquefois déprimé et polygonal (Onocolus, Cænypha) (fig. 1090) ; d’autres fois étroit, tronqué ou échancré en avant, dilaté et bilobé en arrière (Stephanopsis, FAMILLE DES THOMISIDÆ 1049 Sidyma) ou élevé en un gros tubercule simple ou lobé (Tobias) (fig. 1092), quelquefois aussi pourvu de tubercules digitiformes dressés et divergents (Epi- cadus, etc.) (fig. 1085, p. 1037). Les téguments, quelquefois presque lisses et glabres (Epicadus, Sidyma), sont ordinairement rugueux, tuberculés, garnis de poils couchés, tantôt squa- miformes, tantôt recourbés et frisés, et armés d’épines de divers types, les unes effilées, les autres courbées et terminées par un petit renflement, les autres Æ LS SSSSS TS 1093 1094—1095 1096 Fig. 1093. Regillus bituberculatus E. Sim. Femelle très grossie. — Fig. 1094. À. asper Cambr. Une patte de la première paire. — Fig. 1095. Idem. Chélicère en dessous. — Fig. 1096. Idem. Pièces buccales. plus petites, très déprimées, obtuses ou claviformes; les pattes du Regillus asper Cambr., dont je donne une figure, portent ces divers types d'épines (fig. 1094). Dans les genres Siephanopsis et Regillus, la dissemblance sexuelle est peu prononcée pour la taille, elle est, au contraire, très forte dans les genres Epicadus, Onocolus et Tobias ; les mâles de ces Araignées n'ont que 2 ou 3 mill. de longueur, tandis que les femelles en mesurent de 10 à 15 ; leurs téguments sont plus épais, plus granulés et de teinte plus obscure, et les tubercules de leur abdomen ont souvent une autre disposition; celui de l’Epicadus hetero- gaster Guérin (figuré par Cambridge sous le nom d’Eripus quinquegibbosus) offre deux longs tubercules médians et trois postérieurs plus petits, en ligne transverse, tandis que celui de la femelle en porte sept; cet abdomen est, de plus, garni de granulations lisses, et le tégument induré de sa face ventrale figure, autour des filières saillantes, un anneau analogue au tube des 1050 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Gasteracantha ; dans les autres genres, les mâles offrent rarement des carac- tères sexucls secondaires ; celui du Stephanopsis barbipes Keyserl., du cap York, a cependant les tibias antérieurs garnis de longs poils disposés en brosse. La patte-mâchoire est assez uniforme ; son tibia porte une apophyse externe, presque toujours divisée en deux branches inégales et dissemblables ; son tarse, ovale et dépourvu de saillie externe, se termine en pointe dépassant un peu un bulbe plat, très simple, entièrement entouré d’un stylus. Les genres que je rapporte à cette sous-famille sont, en général, peu nom- breux en espèces et ils offrent chacun un faciès propre, sauf cependant le genre Stephanopsis, qui est beaucoup moins homogène que les autres et dont les espèces plus nombreuses diffèrent les unes des autres par certains carac- tères permettant de les répartir en groupes secondaires, mais ne paraissant pas avoir de valeur générique, car ils se modifient insensiblement. Les espèces typiques, toutes propres à l’Australie, telles que S. altifrons Cambr., scabra L. Koch, Cambridgei Thorell, aspera Rainbow, ont le cépha- lothorax allongé et presque plan en dessus, pourvu d’un tubercule oculaire petit, brusquement élevé, arrondi ou obtusément bilobé au sommet, souvent un peu resserré à la base (fig. 1091); un abdomen ovale et obtus en arrière; des pattes peu inégales et peu dissemblables. D’autres Séephanopsis, presque tous américains : S. ditissima Nic., etc. (sauf quelques-uns qui sont austra- liens : S. corticalis L. Koch, etc.), ont un céphalothorax plus court, beaucoup plus dilaté et plus élevé en arrière, où il s’abaisse en talus, et très souvent caréné en dessus, pourvu d'un tubercule oculaire obtus; un abdomen très élargi en arrière, où il est tronqué et pourvu de tubercules ou de lobes angu- laires, enfin, des pattes plus dissemblables, les quatre antérieures étant très épaisses, noueuses, tuberculées et dentées. Quelques espèces australiennes (S. bicornis L. Koch, yulensis Thorell, etc.) diffèrent des précédentes par leur tubercule oculaire pourvu de deux dents coniques; leur abdomen plus long, plus atténué en arrière, mais dilaté et lobé de chaque côté vers le milieu. Enfin, dans un groupe, comprenant des espèces d'Australie (S. rubrosignata L. Koch) et les deux espèces de Madagascar (S. rhomboidulis ‘et octolobata E. Sim..), le tubercule oculaire est tronqué, l'abdomen est presque également atténué et abaissé en avant et en arrière, tantôt pourvu au milieu de deux tubercules obtus, tantôt bordé, de chaque côté, de quatre tubercules, et échancré au bord antérieur (S. octolobata E. Sim..). Les mœurs de ces Araignées sont les mêmes que celles des Misumeninæ ; les espèces de couleur sombre et dont les téguments sont rugueux (Regillus, la plupart des Sfephanopsis) se trouvent sous les pierres et dans les détritus végétaux, montant quelquefois, le soir, sur les buissons bas; tandis que les espèces de couleur claire (Onocolus, Epicadus) se tiennent ordinairement sur les fleurs. Le genre Stephanopsis renferme une cinquantaine d’espèces, dont 26 sont décrites de la Nouvelle-Guinée, de la Nouvelle-Hollande et de la Nouvelle- FAMILLE DES THOMISIDÆ 1051 Zélande [1), 2 de Madagascar (2), 5 ou 6 de l’Amérique tropicale, une dizaine de l'Amérique du Sud extratropicale, surtout du Chili, l’une de ces espèces (S. ditissima Nic.) s'étend même jusqu’au cap Horn. Le genre Sidyma est représenté en Australie par cinq espèces, décrites par L. Koch sous le nom générique de Séephanopsis, et en Amérique par quelques espèces, dont une seule paraît décrite (Sfeph. lucida Keyserl.). Le genre Cœnypha est propre au Chili et ne compte que trois espèces, décrites par Nicolet (C. Edwardsi, Lucasi et fuliginosa Nic.). Le genre Regillus renferme sept ou huit espèces : 1 de l’Afrique tropicale orientale (R. squulidus E. Sim.), 1 (inédite) de l’Afrique occidentale, 1 de Ceylan (R. asper Cambr.), les autres de la Malaisie et de la Papuasie. Les genres Isala et Synalus sont australiens, le premier ne renferme qu’une seule espèce, le second en compte deux, l’une de Nouvelle-Hollande, l'autre de Tasmanie (S. terrosus E. Sim.). Tous les autres genres sont américains ; le type du genre Onocolus est le Thomisus echinatus Taczanowski, celui du genre Epicadinus, le Thomisus tri- spinosus du même auteur, on doit aussi rapporter à ce dernier l’Eripus trifidus Cambr. de l'Amérique centrale, on connait de l’un et de l’autre quelques autres espèces, toutes du Brésil (Onoc. pentagona, compactilis E. Sim., etc.). On doit rapporter au genre Tobias les Thomisus cornutus, rugosus, quinqueluberculatus Tacz., le Stephanopsis camelina Cambr. et plusieurs autres. Le type du genre Epicadus, plus connu sous le nom d’Eripus helerogaster Guérin, est une belle et singulière Araignée répandue de l'Amérique centrale au sud du Brésil. GENERA 1. Oculorum linea antica recta seu leviter procurva................ 2. DenMonnmMalnedantiCAVAaldeTECURVAr ee NAN CLEO 3. 2. Oculi antici inter se parum inæquales. Clypeus latus........ Regillus. — Oculi laterales antici mediis multo majores. Clypeus angustus (sec. IL: REDON) Sn SO RS RER TO RER TER et Isala. nROculorimilinenpostica recurva, TATUSTEC AM LL MN NL ACT, 4, — Oculorum linea postica plus minus procurva.................... 8. 4. Frons acclivis in tuberculum oculiferum abrupte elevata. Oculi posticininter se parum distantes. . M. 2. 0.00 Stephanopsis. (1) La synonymie de ces espèces n’est pas toujours très bien établie, particulière- ment celle des huit décrites par Bradley in Trans. Ent. Soc. N. S. Wales, II, 1871, p. 233. — Les Thomisus malacostraceus et secatus W., décrits en quelques mots par Walckenaer (Apt., [, p. 513), sont certainement des Stephanopsis d'Australie qu’il sera sans doute toujours impossible d'identifier ; le T. stelloides, du même auteur (loc. cit., p.514), dont la patrie est incertaine, n'appartient peut-être pas à la famille des Thomisides. (2) Thorell cite aussi une espèce de Caffrerie, sans en donner de description (Aran. nonn. Nov. Holl., etc., 1870, p. 380). 1052 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES — Frons haud acclivis. Oculi postici inter se plerumque distantiores. HSE 5. Cephalothorax multo longior quam latior. .................... 6. — Cephalothorax haud longior quam latior, interdum latior....... ï 6. Oculi laterales postici mediis multo majores. Area oculorum me- diorum antice quam postice multo angustior............. Synalus. — Oculi quatuor postici inter se æqui. Area oculorum mediorum DATA IAE ErEeRe ARE MÉRRREe Me CIR RRERE .. Sidyma. 7. Oculi postici in lineam recurvam. Pedes paris li multo longiores etrobuStioresIqUuAMIpeTESIDArIS EPP PEER PEER EC CERTES Cœnypha. — Oculi postici in lineam rectam. Pedes quatuor antici inter se sub- BIMAES ALES A ENS RCE ARE AE BL NE NN EN AN SN ES RE nn Onocolus. JMEronstelevate etDICONMULAR EE PEER EP TEE RSS SNA SRE 10. — Frons obtusa, nec elevata nec cornuta. Cephalothorax postice elevatus et abrupte declivis sed haud tuberculatus. Ungues DICO en RO ne Re PR TT NES EN AR . Tobias. 10. Cephalothorax in medio valde elevatus et unituberculatus, cly- peus altissimus. Ungues tarsorum dentibus parvis paucissimis DAS NAANTUMIEALMALPPAPEPE CC MERTEE ST ANE SERRE Epicadus. — Cephalothorax fere planus, haud tuberculatus, sed antice acumi- natus, clypeus angustior. Ungues tarsorum anticorum serie , dentium-longorum et numerosorum pectinati......... Epicadinus. Epicadus E. Sim. — Eripus Walck., Ann. Soc. ent. Fr., 1833, p. 438 (nom. præocc.) (1). Cephalothorax longior quam latior, in medio valde convexus et unitubercu- latus, antice valde attenuatus et declivis, regione oculari parva, elevata, subacute bicornuta et antice verticali. Oculi parvi, quatuor antici aream latio- rem quam longiorem et antice quam postice angustiorem, occupantes, postici in lineam valde procurvam, medii inter se quam a lateralibus multo remo- tiores. Clypeus altissimus, verticalis, planus. Pedes quatuor antici robustissimi, inter se subæquales, tibiis metatarsisque subtus aculeis brevibus, biseriatis, munitis. Pedes postici mutici. Abdomen breve, tuberculis magnis digitifor- mibus et divaricätis insigniter armatum. Typus : E. heterogaster Guérin. AR. GEOGR. : Amer. trop. centr. et merid. Epicadinus, nov. gen. — Thomisus Tacz., Hor. Soc. ent. Ross., IX, 1872, p. 89 (ad part.). — Sfephanopsis Keyserl., Sp. Amer. Later., 1880, p. 184 {ad part.). — Eripus Cambr., Biol. centr. Amer., Arachn., 1894, p. 121 (ad part. E. trifidus). Cephalothorax paulo longior quam latior, utrinque ample rotundus, antice valde attenuatus, acclivis et subacuminatus, fronte angusta, tuberculis duobus (1) Dejean, Coléopt., 1829. FAMILLE DES THOMISIDÆ 1053 dentatis et setigeris munita. Oculi fere Epicadi, sed clypeo multo angustiore. Sternum latius cordiforme. Pedes quatuor anuici longi et robusti, quatuor pos- tici breves. Ungues tarsorum anticorum serie dentium gracilium et numero- sorum muniti. Abdomen postice incrassatum et tuberculis longis erectis trinis armatum. Tegumenta corporis et artum aculeis longis setisque spiniformibus valde echinata. Typus : E. trispinosus Tacz. AR. GEOGR. : Amer. trop. Onocolus, nov. gen. — Thomisus Tacz., loc. cit., IX, 1872, p. 89 {ad part.). Stephanopsis Keyserl., loc. cit., 1880, p. 189 (ad part.). Cephalothorax æque longus ac latus vel vix longior, tuberculo oculifero carens, impressus, humilis, planus, rarius postice paulo altior et abrupte declivis, antice longe et sensim declivis, fronte sat lata et obtusa. Oculi antici in lineam modice recurvam, medii lateralibus minores. Oculi postici minuti, æqui, in lineam rectam vel subrectam, medii inter se quam a lateralibus ple- rumque paulo remotiores. Area mediorum multo longior quam latior et antice quam postice multo angustior. Clypeus sat angustus et verticalis. Sternum angustum subparallelum. Pedes breves, quatuor antici robustissimi, compressi, inter se parum inæquales, femoribus haud aculeatis, subtus plus minus serratis, tibiis metatarsisque subtus biseriatim aculeatis, tibiis supra, prope medium, impressis, metatarsis tibiis brevioribus. Pedes quatuor postici breves et mutici. Abdomen breve, supra planiusculum, plus minus pentagonale, antice truncatum, in medio transversim ampliatum et utrinque angulosum, postice unituberculatum. Tyeus : 0. echinatus Tacz. AR. GEOGR. : Amer. trop. Tobias, nov. gen. — Siephanopsis Cambr., Ann. Mag. Nat. Hist., 1869, p. 13 (ad part. S. camelina). — Thomisus Tacz., loc. cit., 1872, p. 89 (ad part. : T. cornutus, quinquetuberculatus, rugosus, etc.). — Stephanopsis Keyserl., loc. cit., 1880, p. 177 (ad part.). Ab Onocolo differt cephalothorace paulo longiore, postice multo altiore et abrupte declivi, antice longe declivi, oculis posticis in lineam sat procurvam, mediis inter se quam a lateralibus remotioribus et paulo majoribus, oculis anticis in lineam magis recurvam et clypeo altiore, abdomine multo crassiore antice plerumque emarginato, utrinque angulato et plus minus tuberculato, postice crasse turbinato. Tyeus : T. camelinus Cambr. AR. GEOGR. : Amer. trop. centr. merid. et antillana. Cœnypha, nov. gen. — Thomisus Nicolet, in Gay, Hist. de Chile, Zool., III, 1549 (ad part.). — Siephanopsis Keyserl., loc. cit., 1880, p. 187 (ad part.). Cephalothorax planus, latior quam longior, utrinque amplissime dilatato- rotundus et carinato-marginatus, antice valde sed breviter attenuatus, fronte 1054 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES sat angusta et obtusa, nec elevata nec tuberculata. Oculi antici in lineam recurvam, medii lateralibus multo minores. Oculi postici inter se æqui, in lineam leviter recurvam, medii antici et postici inter se quam a lateralibus paulo remotiores. Pedes inter se valde inæquales et dissimiles, pedes paris 1: pedibus paris 2i saltem 1/3 longiores et robustiores, femoribus, patellis tibiis- que dilatatis, valde compressis, plerumque angulosis et tuberculatis, tibiis metatarsisque subtus aculeis seriatis sat brevibus instructis, pedes postici brevissimi paucissime aculeati. Abdomen multo latius quam longius, plerum- que planum, antice truncatum, postice valde ampliatum et truncatum cum angulis productis. Typus : C. Edwardsi Nic. AR. GEOGR. : Chili. Stephanopsis Cambr., Ann. Mag. Nat. Hist., 1869, p. 9 (ad part.).— Thomisus Walck., Apt., I, 1837, p. 513 (ad part. T. malacostraceus). — Id. Nicolet in Gay, Hist. de Chile, Zool., IIT, 1849 (ad max. part.). — Siephanopsis L. K., Ar. Austr. (ad part.). — Id. Keyserl., Sp. Amer. Later., 1880 [ad part). Cephalothorax longior quam latior, supra fere planus vel postice convexus et abrupte declivis, antice longe attenuatus, regione oculari angusta, elevata et tuberculiformi. Oculi antici in lineam validissime recurvam (aream trapezi- formem designantes), inter se parum et fere æque distantes, medii lateralibus multo minores. Oculi postici æqui vel medii minores (S. scabra L. Koch) in lineam leviter recurvam, rarius plane rectam (S. alfifrons Cb., scabra L. K.). Clypeus latus, verticalis, impressus. Pedes robusti (1, 11, IV, 111; 11 et 1v inter se parum inæquales), antici robustissimi, sæpissime carinati et tuberculati. Tegumenta duriuscula, rugosa et tuberculata. Typus : S. altifrons Cambr. AR. GEOGR. : Ins. Madagascar; Malaisia ; Papuasia; N. Hollandia et Poly- nesia; Amer. trop. et austr. extratrop. Les espèces de ce genre peuvent se rapporter à quatre groupes : A.—Cephalothorax fere planus, tuberculo oculifero parvo, abrupte elevato, sæpe ad basin paululum constricto, apice rotundo, seu obtusissime bilobato. Abdomen ovatum, postice rotundum. Pedes antici reliquis non multo cras- siores [S. altifrons Cambr. (1)]. B. — Cephalothorax postice latior, altior atque abrupte declivis, supra ple- rumque obtuse carinatus, tuberculo oculifero obtuso. Abdomen postice valde ampliatum et utrinque tuberculatum. Pedes quatuor antici robustissimi, ple- rumque dentati et tuberculati [S. ditissima Nic. (2)]. C. — Cephalothorax præcedentium sed tuberculo oculifero valde bicornuto. Abdomen longius, utrinque dilatatum et lobatum, postice attenuatum atque (1) Comprenant aussi S. Cambridgei Thorell, scabra L. Koch, etc. (2) Comprenant aussi S. exiqua, verrucosa, nodosa, spissa Nic., corticalis, ornala L. Koch, etc. FAMILLE DES THOMISIDÆ 1055 obtusum, interdum postice longe bituberculatum. Pedes præcedentium |S. bi- cornis L. Koch (1)]. D.— Cephalothoracis frons truncata nec cornuta nec emarginata. Abdomen multo longius quam latius, antice posticeque fere æqualiter attenuatum et declive, in medio bituberculatum [S. rubrosignata L. Koch (2)]. Regillus Cambr., Pr. Zool. Soc. Lond., 1884, p. 203. — Thomisus Dolesch., 1852 (ad part. : T. cinerascens, vulcanicus, etc.). — Borboropactus E. Sim., Ann. Soc. ent. Belg., c. r. (oct.) 1884. Cephalothorax longus, in medio levissime depressus, postice paulo altior et abrupte declivis, fronte mediocri, truncata, haud vel parum acclivi. Oculi cuncti inter se subæquales vel medii antici reliquis minores, antici in lineam subrectam, postici in lineam recurvam, medii antici et præsertim postici à lateralibus quam inter se remotiores. Area mediorum multo longior quam latior et antice quam postice paulo angustior. Clypeus verticalis, area oculo- rum mediorum non multo angustior. Sternum ovatum, antice quam postice magis attenuatum et inter coxas anticas sat angustum. Pars labialis multo longior quam latior et dimidium laminarum superans, apice recte truncata. Laminæ rectæ. Pedes haud laterales, antici posticis longiores et multo robus- tiores, femoribus crassis et intus valde inflatis, tibiis metatarsisque crassis, supra angulosis, subtus deplanatis et aculeis robustissimis pronis, leviter elevatis et biseriatis armatis ; tarsis parvis et gracilibus. Pedes quatuor postici submutici et inter se subæquales. Tegumenta coriacea, inæqualia, squamosa, aculeis clavatis armata. Typus : R. asper Cambr. AR. GEOGR. : Africa trop. occid. et orient. (squalidus E. Sim.) ; Ins. Tapro- bane (asper Cambr.); Malaisia et Papuasia. Les espèces de ce genre sont rapportables à deux groupes : À. — (Regillus) Cephalothoracis frons leviter acclivis. Oculi quatuor antici inter se appropinquati et fere æquidistantes. Sternum inter coxas posticas disjunctas productum (R. asper Cambr.). B. — (Borboropactus) Cephalothoracis frons haud acclivis. Oculi medii antici a lateralibus quam inter se remotiores. Sternum postice subacuminatum et coxæ posticæ inter se subcontiguæ (R. cinerascens Dol.). Synalus, nov. gen. — Siephanopsis L. Koch, Ar. Austr., 1876, p. 794 (ad part. S. angusta). À Regillo differt cephalothorace humiliore, postice haud elevato, oculis anti- cis in lineam recurvam, mediis lateralibus multo minoribus, oculis mediis posticis lateralibus minoribus, area mediorum multo longiore quam latiore et (1) Comprenant aussi S. armata L. Koch, yulensis Thorell, etc., et quelques espèces sud-américaines inédites. (2) Comprenant aussi S. rhomboidalis et octolobata E. Sim. 1056 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES antice quam postice multo angustiore, sterno antice minus attenuato, parte labiali paulo breviore, pedibus magis inæqualibus, haud angulosis, abdomine longissimo, parallelo, antice posticeque truncato. Typus : S. angustus L. Koch. AR. GEOGR. : N. Holl. et Tasmania (terrosus E. Sim.). Sidyma, nov. gen. — Siephanopsis L. Koch, Ar. Austr., 1874, p. 495 (ad part. sect. 22). — Idem Keyserl., Spinn. Amer. Later., 1880 (ad part. : S. lu- cida, etc.). À Synalo differt oculis posticis inter se æquis et fere æque distantibus (inter- dum mediis a lateralibus quam inter se remotioribus) in lineam latiorem minus recurvam, oculis anticis (lateralibus mediis multo majoribus) in lineam vali- dissime recurvam, aream trapeziformem occupantibus, area mediorum multo longiore quam latiore sed antice quam postice haud angustiore, clypeo leviter proclivi, sterno latiore antice vix attenuato, abdomine angusto et longo, antice exciso, postice sensim incrassato, obtuse truncato et bilobato, tegumentis mollibus nec coriaceis nec tuberculatis, plerumque setis validis conspersis. Typus : S. lucida Keyserl. AR. GEOGR. : Nova Hollandia (longipes L. Koch, etc.) et Amer. trop. (lucida Keyserl.). Esala L. Koch, Ar. Austr., 1876, p. 796. Gen. invisum. À Regillo differt, sec. L. Koch, oculis anticis in lineam rectam inter se valde iniquis, mediis lateralibus multo minoribus, clypeo multo an- gustiore (diametro oculi lateralis seriei anticæ non altiore), parte labiali bre- viore et tegumentis sublævibus breviter pilosis. Typus : I. punctata L. Koch (sp. un.). AR. GEOGR. : Nova Hollandia. 6° Sous-famille PHILODROMIN Æ Les Philodromus, qui ont été, jusque dans ces derniers temps, rapprochés des Selenops et des Sparassus, qui ont cependant une organisation buccale toute différente, sont les types d'une sous-famille qui ne diffère des précé- dentes que par d’assez faibles caractères, notamment par le front arrondi, par les téguments garnis de poils dits protecteurs (voy. p. 42), généralement plumeux, rarement squamiformes (Petricus) (1), par les pattes des 1", 3° et 4° paires peu inégales en longueur, enfin, par les tarses pourvus de fascicules de poils spatulés et souvent de scopulas. Le céphalothorax de ces Araignées est plus ou moins épais et plan en des- sus, rarement très déprimé comme celui des Hemiclæa et des Selenops (Gephyra, (1) Ces poils protecteurs existent exceptionnellement dans les groupes des Mystaria et des Alcimochthes de la sous-famille des Misumeninae. FAMILLE DES THOMISIDÆ 1057 Gephyrina); sa partie céphalique, assez petite, est limitée par des impressions obliques convergentes, largement effacées en dessus, tandis que la thoracique offre souvent les traces de stries rayonnantes, et, au milieu, une strie longi- tudinale abrégée; ce céphalothorax est aussi large ou plus large que long et amplement arrondi de chaque côté dans les genres Philodromus, Ebo et Gephyra, ovale plus allongé dans les genres Thanatus et Tibellus; son front, beaucoup plus étroit que la région thoracique, est obtus et arrondi, ni tronqué ni anguleux; son bandeau est large {sauf dans le genre Gephyra) et tronqué en avant, vertical ou un peu proclive; les crins de son bord antérieur sont moins nets que ceux des Misumeninæ, souvent même tout à fait irréguliers. Les yeux sont en deux lignes récurvées, occupant presque la largeur du front, dont la seconde est beaucoup plus large que la première; ils sont petits et presque égaux ; dans un grand nombre d’espèces, les latéraux antérieurs sont un peu plus gros que les médians (beaucoup plus gros dans le genre Petricus); dans quelques autres (Ph. fallax Sund., Ebo Keyserl.), les médians sont, au contraire, un peu plus gros, ce qui ne s’observe jamais dans les sous-familles précédentes ; les latéraux sont, de chaque côté, sessiles ou presque sessiles (sauf dans les genres Peiricus et Gephyra) ; le groupe figuré par les médians est plus étroit en avant qu’en arrière. Le plus ou moins de courbure des lignes oculaires et le plus ou moins de largeur du groupe médian fournissent en grande partie les caractères génériques (1). * Les chélicères, de même forme que celles des Misumena, s'en distinguent par leur crochet large et comprimé à la base, ensuite assez grêle, aigu et très courbé presque en demi-cercle, et surtout par leur marge supérieure courte, peu saillante, et pourvue, indépendamment des crins sériés et incur- vés, d'une épine dentiforme qui est surtout développée dans les grosses espèces (2) (Ph. margaritatus C1., etc.) (fig. 1097); leur face inférieure est glabre comme celle des Tmarus. Fig. 1097. Plhilodromus margaritatus Clerck. Chélicère en des- La pièce labiale, atténuée et tronquée, rarement QUES subacuminée (Gephyra), dépasse le milieu des lames, sauf cependant dans le genre Ebo, où elle est presque aussi large que longue. Les lames sont peu atténuées, obtuses et convergentes, souvent un peu déprimées vers le milieu, au delà de l'insertion du trochanter, d’autres fois (Gephyra) obliquement tronquées à l’extrémité interne. Le sternum est plan, non impressionné et cordiforme; celui des Philodromus (1) Il me paraît impossible de séparer des Philodromus, le genre Artamus C. Koch, adopté par Thorell sous le nom d’Artanes (Eur. Spid., p. 180), et le genre Opitis, proposé par L. Koch pour des espèces australiennes ; le premier ne diffère des formes typiques que par une légère déviation, difficile à apprécier, dans la courbure des lignes oculaires, le second par la plus grande largeur du bandeau, caractère des plus variables. (2) Cette épine manque parfois, notamment dans le genre Gephyra. 67 1058 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES est presque aussi large que long, fortement mais brièvement atténué en arrière, où il se termine en pointe obtuse entre les hanches un peu disjointes; il est plus large que long et largement tronqué en arrière dans le genre Gephyra, au contraire ovale plus allongé dans le genre Tibellus. L'abdomen, peu convexe, quelquefois très plat (Gephyra), est souvent un peu échancré au bord antérieur, ovale, rarement très allongé, souvent élargi vers le tiers postérieur, où il est quelquefois un peu anguleux ou plus rarement bituberculé (P. bigibba Cambr.); ses filières sont terminales. Les pattes des 1", 3 et 4° paires sont presque semblables en longueur et en épaisseur; celles de la 2° paire sont un peu plus longues que les autres, elles le sont quelquefois beaucoup plus, notamment dans le genre Ebo, où leur longueur excessive porte sur tous les articles, même sur les hanches (fig. 1098), mais, parmi les Philodromus, il y a des espèces qui, sous ce rapport, ressemblent aux Ebo (P. venustus Cambr., etc.) Dans le genre Philodromus, les pattes de la 1'° paire sont un peu plus longues que celles des deux paires postérieures, celles-ci sont presque égales entre elles ; dans certaines espèces, celles de la 3° paire sont un peu plus longues que celles de la 4°; dans les genres Thanatus et Tibellus, les pattes de la 4° paire sont au contraire plus longues que celles de la 1° paire; dans quelques espèces, elles égalent ou dépassent même un peu celles de la 2° paire, on en cite quelques-unes (T. adjacens Cambr.) dont les pattes de la 4° paire, puis celles de la 3° paire, dépassent celles des deux premières paires ; la longueur et la finesse des pattes sont, au reste, très variables, elles sont très grandes dans certaines espèces déserticoles des genres Philodromus et Thanatus, mais tandis que, chez les premières, cet allon- gement porte surtout sur les pattes de la 2 paire (P. ve- nustus Cambr., etc.), chez les secondes il porte surtout sur celles de la 4° [T. adjacens Cambr. (1), etc.]; ces pattes sont armées d’épines peu ro- bustes ; les tibias et métatarses antérieurs offrent des épines inférieures, latérales et dor- sales figurant des verticilles peu réguliers; dans une es- pèce du Japon, P. spinilarsis E. Sim. (2), les tarses antérieurs présentent aussi, de chaque côté, une petite épine ; dans les genres Gephyra et Gephyrina, qui, sous bien des rapports, font Fig. 1098. Ebo latithorax Keyserl. Femelle très grossie. (1) Rapporté à tort au genre Philodromus. (2) Philodromus fuliginosus Karsch, nom præoccupé. FAMILLE DES THOMISIDÆ 1059 le passage des Misumena aux Philodromus, l’armature des pattes antérieures rappelle davantage celle des Dietu, leurs tibias et métatarses offrent, en effet, deux séries inférieures de longues épines et seulement quelques épines laté- rales beaucoup plus petites et plus faibles ; les pattes de l’Ebo latithorax Keyserl. sont mutiques, caractère qui n'a pas ici une importance générique, car celles de l’Ebo oblonga E. Sim., espèce voisine, sont armées d’épines courtes. Les tarses sont pourvus de fascicules ungueaux plus denses que ceux des Misumeninæ, cachant les griffes et formés de poils déprimés, dilatés à l'extrémité et spatuliformes (1); contrairement à ce qui a lieu dans les sous- familles précédentes, les métatarses et tarses, au moins à l’extrémité, sont garnis en dessous de poils semblables, mais plus courts, formant des scopulas laissant une bande médiane glabre; mais ces scopulas font défaut dans les genres Suemus et Gephyra et dans beaucoup de petites espèces du genre Phi- lodromus. La patte-mâchoire de la femelle est assez grêle et normale; celle du mâle est ordinairement plus étroite et plus iongue que celle des Misumeninæ; sa patella et son tibia sont cylindriques ; celui-ci est rarement mutique; dans le genre Philodromus, il offre une petite apophyse externe aiguë ou tronquée, droite ou recourbée et une apophyse infère plus obtuse, souvent lamelleuse ou cariniforme; dans les genres Thanatus et Tibellus, cette dernière fait défaut, tandis que l’apophyse externe est généralement plus robuste et dentiforme ; le tarse, dépourvu de saillie externe, est ordinairement assez étroit et terminé en pointe subaiguë dépassant un peu un bulbe simple, pourvu d’un stylus, plus court et plus épais que celui des Misumena et se terminant en pointe den- tiforme non repliée sur le côté externe. Le mâle n’est pas beaucoup plus petit que la femelle, mais ses pattes sont plus longues et plus fines ; sa coloration est plus foncée, quelquefois tout à fait différente (P. dispar Walck.). Les téguments des Philodrominæ, lisses ou presque lisses, sont revêtus de poils couchés dits protecteurs, ceux de la face dorsale sont finement et assez longuement barbelés-plumeux et ordinairement entremêlés de soies rigides plus longues, tandis que ceux de la face ventrale sont souvent simples, au moins en partie; dans le genre Petricus, ces poils sont squamiformes lancéolés. Les Philodrominæ sont des Araignées très vives, qui poursuivent leur proie avec une grande vélocité; au repos, ils se tiennent le corps appliqué sur le plan de position et les pattes étalées, séparées ou rapprochées par paires, quelquefois étendues longitudinalement le long des branches (Tibellus) ; les Philodromus vivent presque tous sur les plantes, tandis que les Thanatus chassent sur le sol dans les endroits arides ou sablonneux. Le cocon est plus complexe que celui des Misumeninæ ; les œufs sont déposés sur un petit disque fixe de tissu serré et recouverts d’un disque semblable, ordinairement indé- pendant du premier et recouvert lui-même d’une bourre soyeuse à reflets (1) Des poils de cette nature s’observent cependant dans quelques groupes de la sous-famille des Misumeninae, notamment dans ceux des Tagulis, Amyciaea, Dieta, Alcimochthes, etc: 1060 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES argentés et un peu adhérente au toucher; dans le genre Thanatus, le cocon est généralement déposé sous une pierre, dans une petite cavité, fermée d’un disque tendu de tissu épais et très blanc. Les Philodromus, qui vivent sur les feuilles et les fleurs, sont de teinte claire et vive, fauve-rougeâtre uniforme (P. rufus Walck.) ou avec des dessins rayonnants ou accentiformes blancs ou noirs (P. aureolus CI1., histrio Latr.) et leur pubescence a souvent des reflets irisés (P. auronitens Auss., etc.) ; ceux qui vivent sur les écorces prennent également la couleur du milieu, les uns sont brunâtres (P. emarginatus Schrank, vulgaris Hentz), les autres d'un gris blanchâtre (P. margaritatus C1., laricum E. Sim.), toujours plus ou moins variés, ponctués ou striés de noir ou de blanc; enfin, ceux qui vivent sur le sable des dunes et du désert sont d’un blanc plus ou moins pur. On en con- naît une centaine d'espèces surtout abondantes dans la zone tempérée de l'hémisphère nord; une vingtaine d'Europe, environ 25 de la région méditer- ranéenne australe, principalement de la zone saharienne, dont deux s’étendent jusqu’au Yémen (P. bigibba Cambr., lepidus Blackw.); 6 de l’Asie centrale et de la Sibérie; 3 du Japon; 1 de la région éthiopienne (P. hiulcus Pav.); 1 de l'ile Sainte-Hélène (P. signatus Cambr.); 1 douteuse de l’île Santo-Thome, sur la côte occidentale d'Afrique (P. morsus Karsch); 7 ou 8 de la Nouvelle-Hol- lande (Opitis L. Koch) et de la Nouvelle-Zélande, ces dernières décrites par Urquart ; 24 de l'Amérique du Nord (1); 1 ou 2 de l’Amérique centrale; 3 ou 4 de l'Amérique australe extratropicale, dont quelques-unes s’étendent jusqu’à la Terre-de-Feu (P. niveus E. Sim.). D’autres espèces (inédites) existent dans les montagnes de l’Inde et dans l'Afrique australe. Les Gephyra sont de taille à peine moyenne; leurs téguments, très lisses et de teinte pâle, sont revêtus de pubescence couchée et plumeuse d’un blanc pur; ils sont peu nombreux : l’espèce type est décrite de la Nouvelle-Hollande, j'en ai trouvé une en Cochinchine (G. candida E. Sim.) (2) et une ou deux autres (inédites) à Ceylan; ils sont remplacés en Amérique par le genre Gephyrina, dont on ne connait qu’une seule espèce du Venezuela, G. alba E. Sim. (3). Le genre Thanatus renferme une cinquantaine d’espèces très uniformes quant au faciès et à la coloration ; elles sont toutes d’un fauve ou d'un gris rougeâtre, avec l’abdomen marqué d'une bande noire en forme de fer de lance; leur distribution est presque la même que celle des Philodromus; quelques- unes cependant se trouvent dans l'extrême nord (T. arcticus Thorell), d'autres au sommet des Alpes (T. cervini E. Sim.); une dizaine habitent l’Europe; 17 le nord de l’Afrique et l’Asie occidentale; 2 le Yémen (T. plumosus, simpli- cipalpis E. Sim.) ; 2 ou 3 l’Afrique orientale (T. rubicundus L. Koch, etc.) où se rencontrent en outre quelques espèces méditerranéennes telles que T. Fabricii Aud. et T. adjacens Cambr., répandues de l'Égypte à Zanzibar; (1) Plusieurs espèces de l'Amérique du Nord ont dû changer de nom pour cause de double emploi ; le Dr Geo. Marx a proposé les noms de Ph. Thorelli et Keyserlingi pour les Ph. inquisitor et obscurus Keyserl. præoccupés. (2—3) Ann. Soc. ent. Belg., t. XXXIX, 1895. FAMILLE DES THOMISIDÆ 1061 9 l'Asie centrale; 1 l'Inde (T°. indicus E. Sim.) ; 1 la Chine (T. miniaceus E. Sim.); 1 le Kamtschatka (T. nigromaculatus Kulez.); 1 le Groenland (T. arcticus Th.) ; 2 l'Amérique du Nord; 1 l'Amérique centrale (T. punctiger Cambr.); quatre espèces, décrites par Keyserling de l'Amérique du Sud, rentrent probablement dans le genre Cleocnemis. Les Tibellus ont à peu près la coloration des Thanulus, dont ils se distin- guent par leur forme très allongée et linéaire; on en connaît de 8 à 10 espèces, voisines les unes des autres, d'Europe et de la région méditerranéenne; 1 de l'Asie centrale; 2 de l'Afrique tropicale (T. robustus et Vossioni E. Sim.); 1 d'Australie (T. tenellus L. Koch); 1 de l'Amérique centrale (T. punctipes Cambr.) et 2 de l’Amérique du Sud. Deux de nos espèces européennes, T. oblongus (T. Duttoni Hentz) et propinquus E. Sim., s'étendent dans l'Asie centrale, la Chine, le Kamtschatka et l'Amérique du Nord, où se trouvent aussi nos Philodromus aureolus CI. et rufus W. Les Ebo, qui ont la coloration des Philodromus, habitent, au nombre de deux [E. latithorax Keyserl. et oblonga E. Sim. (1)], l'Amérique du Nord. Les Petricus sont propres à l’Amérique australe extratropicale; on en con- nait deux espèces du Chili (P. funebris et luteus Nic.) et deux de Patagonie. Ils sont remplacés dans l'Afrique australe par le genre Hirrius, qui ne ren- ferme qu’une seule espèce (2). Les Cleocnemis représentent les Thanatus dans l’Amérique tropicale et le genre Suemus, dont on ne connaît qu’une seule espèce (3) dans l’Afrique occi- dentale. Les genres Philodromus, Thanatus et Tibellus ont en outre des représentants inédits dans l’Afrique australe. GENERA 1. Corpus planissimum. Clypeus area oculorum mediorum multo angustior. Sternum postice, inter coxas, late truncatum. Tibiæ metatarsique antici aculeis inferioribus biseriatis longis aculeis- que lateralibus paucis multo minoribus instructi. Tarsi fascicu- IR OS COULEUR RAR Re ES tie int À — Corpus plus minus crassum. Clypeus latus. Sternum postice an- guste truncatum vel obtusum. Tibiæ metatarsique antici aculeis inferioribus lateralibus et sæpe dorsalibus subsimilibus ins- tructi. Tarsi fasciculati et fere semper scopulati. ..... ROSES 3 2, Oculi medii parvi inter se æquales, aream haud latiorem quam longiorem occupantes. Clypeus oculis mediis anticis saltem tri- DIOMA TO LEP ARTS En Mn a UE Un Gephyrina. — Oculi medii aream latiorem quam longiorem occupantes, antici posticis majores. Clypeus oculis mediis anticis non multo DAROP, HE UERRE ACR OL Se EE RAA ER SE ee ee ee Gephyra. (1—2—3) Ann. Soc. ent. Belz.,t, XXXIX, 1895. 1062 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES 3. Oculi postici in lineam leviter recurvam, inter se æquidistantes vel sæpius medii inter se quam a lateralibus remotiores.,...,,.,,., 4. — Oculi postici in lineam valde recurvam, medii a lateralibus quam HER Se IreMOLIOrE SAN MER MEL EENES EEE PEER Te ARR RARES ile 4. Oculorum linea antica valde recurva. Area oculorum mediorum multo longior quam latior et spatium inter oculos laterales bi- nos minus quam spatium inter oculos medios anticos et medios DOS ICO SN AENIANEENEENEn Une Fe due — Oculorum linea antica parum recurva. Area mediorum circiter æque longa ac lata et spatium inter oculos laterales binos non angustius quam spatium inter medios anticos et posticos. ,,... 6, 5. Oculi medii antici lateralibus multo minores. Area mediorum sal- tem duplo longior quam latior. Pedes breves. ,......,..,. Petricus. — Oculi quatuor antici inter se subæquales. Area mediorum 1/3 tan- tumMonciorquemdatiorn#PedeS once PEER EP EEE . Hirrius, 6. Pars labialis haud longior quan latior. Oculi medii antici laterali- bus majores. Pedes 2: paris reliquis multo longiores..........,. Ebo. — Pars labialis multo longior quam latior. Oculi antici inter se sub- æquales. Pedes inter se parum inæquales............ Philodromus. —1 Area oculorum mediorum multo longior quam latior et oculi late- rales antici a mediis poslicis quam a mediis anticis multo remo- tiores. Pars labialis multo longior quam latior. ............... 8. — Area oculorum mediorum multo longior quam latior. Oculi late- rales antici a mediis anticis et posticis æque remoti, Pars labialis haud longior quam ad basin latior de) 8. Cephalothorax haud vel vix longior quam latior. Oculi medii pos- tici a lateralibus quam inter se non multo remotiores..,. Thanatus. — Cephalothorax multo longior quam latior, Oculi medii postici a lateralibus quam inter se mullo remotiores. .... PRÉ AU RRE Tibellus. 9. Pedes antici Thanati, metatarsis tibiis haud brevioribus, tarsis sub- HUSICLELTE SCOPUIAUIS SERRE OPEN RENE .... Cleocnemis. — Pedes quatuor antici metatarsis tibiis multo brevioribus, tarsis setosis haud scopulatis, fasciculis unguicularibus minutissimis TOUT S MEN MAMENEEIE Ne AIAeNEONEAORES A EE SRI ANR .... puemus. Gephyra L. Koch, Ar. Austr., 1875, p. 614. Corpus planissimum. Cephalothorax latior quam longior. Clypeus oculis mediis anticis non multo latior, Oculi quatuor antici inter se subæquales (medii lateralibus vix majores), medii inter se quam à lateralibus multo remo- tiores. Area mediorum latior quam longior et antice quam postice angustior, medii antici posticis majores. Pars labialis magna, triquetra, valde attenuata et subacuta, tertiam partem apicalem laminarum superans. Laminæ sat bre- ves, convergentes, intus, ad apicem, oblique truncatæ. Pedes 1, 3 et 4 parium FAMILLE DES THOMISIDÆ 1063 inter se subæquales, pedes 2! paris reliquis multo longiores, tibiis metatar- sisque aculeis inferioribus biseriatis sat longis aculeisque lateralibus paucis minutissimis instructis. Tyeus : G. limbata L. Koch. AR. GEOGR. : Ins. Taprobane; Indo-China (G.candida KE, Sim.); Nova Hol- landia. Gephyrina, nov. gen. À Gephyra, cui valde affinis est, differt cephalothorace paulo longiore quam latiore, oculis mediis parvis, æquis, aream haud latiorem quam longiorem et antice quam postice paulo angustiorem occupantibus, clypeo oculis mediis anticis saltem triplo latiore, sterno paulo longiore quam latiore. Tyeus : G. alba E. Sim. AR. GEOGR. : Amer. merid. : Venezuela. Philodromus Walck., Fn. Fr., Ar., 1895, p. 86 (ad part.). — Philodromus et Artamus C. Koch, Ueb. Ar. Syst., I, 1837. — Philodromus et Artanes Thorell, Eur. Spid., etc., 1869-1870, p. 180. — Opilis L. Koch, Ar. Austr., 187 NO Cephalothorax humilis, æque longus ac latus, vel latior. Oculorum lineæ binæ leviter et fere æqualiter recurvæ. Oculi postici inter se æquidistantes vel sæpius medii a sese quam a lateralibus remotiores. Oculi antici æqui vel medii paulo minores, rarius paulo majores (P. fullax Sund.), medii inter se quam a lateralibus plerumque paulo remotiores. Area mediorum antice quam postice angustior, æque longa ac lata vel sæpius latior. Clypeus leviter obli- quus, area oculorum paulo angustior, rarius æquilatus (Opitis). Sternum late cordiforme, postice breviler attenuatum sed obtusum vel truncatum et coxæ posticæ disjunctæ. Pars labialis dimidium laminarum multo superans, prope basin subparallela, ad apicem longe attenuata atque obtusa. Pedes aculeati, longi, inter se parum inæquales, interdum (P. venustus Cambr.) pedes 2: paris reliquis multo superantes, pedes 1 paris paulo longiores quam pedes 3i et 4i parium, tarsis metatarsisque plerumque leviter scopulatis. Tvyeus : P. aureolus Clerck. AR, GEOGR. : Orbis totius reg. frigidæ, temp., calidæ, sed rarius tropicæ. Ebo Keyserl., Verh. 3. b. G. Wien, 1884, p. 678. À Philodromo differt oculis posticis in lineam subrectam, oculis mediis an- ticis lateralibus majoribus, parte labiali haud longiore quam ad basin latiore, pedibus 2i paris reliquis multo longioribus {coxis 2! paris reliquis coxis lon- gioribus) muticis (E. latithorax Keyserl.) seu aculeatis (£. oblonga E. Sim.). Typus : E. lalithorax Keyserl. AR. GEOGR. : Amer, sept, 106% HISTOIRE NATURELLE DES APAIGNÉES Petricus E. Sim., Bull. Soc. Zool. Fr., 1886, p. 564. — Philodromus Nicolet, in Gay, Hist. de Chile, Zool., III, 1849 (ad part.). À Philodromo differt cephalothorace crassiore, oculis lateralibus prominen- tioribus, singulariter elevatis et mediis majoribus, oculorum linea antica magis recurva quam postica, area mediorum saltem duplo longiore quam latiore et spatio inter oculos laterales binos minore quam spatio inter medios anticos et posticos, clypeo verticali, sterno longiore, pedibus robustis et brevibus, gra- ciliter et numerose aculeatis, tarsis robustioribus metatarsis non multo bre- vioribus. Tyeus : P. marmoratus E. Sim. AR. GEOGR. : America australis. Hirrius, nov. gen. À Petrico, cui affinis est, differt oculis quatuor anticis inter se subæqualibus, area oculorum mediorum tantum 1/3 longiore quam latiore, pedibus longio- ribus et gracilioribus fere Philodromi. Typus : H. varieqatus E. Sim. (sp. un.) AR. GEOGR. : Africa australis. Whanatus C. Koch, Ueb. Ar. Syst., I, 1837. — Philodromus auct. (ad part.). Thanatus Thorell (ad part.). — 14. E. Sim. À Philodromo differt cephalothorace plerumque longiore quam latiore, oculis posticis in lineam magis recurvam, area mediorum multo longiore quam latiore et antice quam postice angustiore, pedibus 4 paris et interdum 3 paris longioribus quam pedibus 1i paris, tarsis metatarsisque saltem anticis crebre scopulatis. Typus : T. formicinus Clerck. AR. GEOGR. : Orbis totius reg. frigidæ, temp. et calidæ. €Cleocnemis E. Sim., Act. Soc. Linn. Bord., 1880. À Thanato differt oculis posticis in lineam multo magis recurvam, mediis minoribus et a lateralibus quam inter se multo remotioribus, area mediorum haud vel vix longiore quam latiore et antice quam postice vix angustiore (oculis lateralibus anticis a mediis posticis et mediis anticis æque distantibus), parte labiali haud longiore quam ad basin latiore, attenuata, dimidium lami- narum vix attingente, pedibus robustis et parum longis, validissime aculeatis, posticis anticis (saltem in femina) evidenter brevioribus, tarsis haud vel indis- tincte scopulatis. Tyeus : C. heleropoda E. Sim. AR. GEOGR. : Amer. merid. FAMILLE DES THOMISIDÆ 1065 Suemus, nov. gen. À Cleocnemi differt cephalothorace planiusculo, tibiis metatarsisque quatuor anticis robustioribus, subtus aculeis crassis numerosioribus biseriatis instructis, metatarsis tibiis evidentissime brevioribus, tarsis haud scopulatis, simpliciter setosis, fasciculis unguicularibus minutissimis munitis. Typus : S. atomarius E. Sim. AR. GEOGR. : Africa trop. occid. Fibellus E. Sim., Ar. Fr., II, 1875, p. 307. — Philodromus et Thanatus auct. Metastenus Bertkau, Arch. f. Naturg., 1878, p. 377. À Thanato differt cephalothorace multo longiore quam latiore, oculis posticis in lineam multo magis recurvam, semicircularem, mediis minoribus et a late- ralibus quam inter se multo remotioribus, sterno longius cordiformi, abdomine longissimo subcylindrato, clypeo leviter porrecto, pedibus longioribus. Typus : T. oblongus Walck. AR. GEOGR. : Orbis totius reg. temp., rarius calidæ. GENERA THOMISIDUM INVISA ET INCERTÆ SEDIS Il m'est actuellement impossible de classer avec certitude les genres sui- vants, qui me sont inconnus en nature, l’auteur n’ayant décrit ni la vestiture des chélicères ni l'armature de leurs marges : Ehæbobates Thorell, Si. Rag. Mal., IIT, 1881, p. 352. « Hoc genus a Xystico, Diæu, Misumena, Tharrhalea (cui præsertim affine est), cet., eo sine negotio distinguitur, quod seriem oculorum anticam evidenter longiorem quam seriem posticam habet. » Typus : R. lituratus Thorell. AR. GEOGR. : N. Guinea. Nareæus Thorell, Sé. Rag. Mal., IV, 2 p., 1890, p. 99. « Hoc genus Oryplilæ affine est, serie oculorum postica fortissime recurva, arca oculorum mediorum transversa, rectangula vel paulo latiore antice quam postice distinguendum. » Typus : N. picinus Thorell. AR. GEOGR. : Java. Oeyllus Thorell, Ann. Mus. civ. Genova, 1887, p. 267. « Hoc genus Xystico ct Coriarachne valde affine est, ab utroque oculis late- ralibus anticis longius à mediis anticis quam his inter se remotis differens, a Xystico præterea spatio inter oculos binos laterales majore quam est spatium inter oculos medios anticos et posticos distinctum. » Typus : O0. binotatus Thorell. AR. GEOGR. : Birmania. 1066 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Demogenes Thorell (in lili.) — Demonar Thorell, Sf. Rag. Mal., IT, 1881, p. 349 (nom. præocc.), « À gen. Xyslico et Diæa, quibus Demonax valde affinis est, oculis mediis in trapezium antice latius quam postice dispositis et oculis mediis posticis multo minoribus quam mediis anticis, præsertim differt hoc genus, » Typus : D. lugens Thorell. AR. GEOGR. : N. Guinea. PR. 07 ADDITIONS ET CORRECTIONS Page 7, ligne 10, effacez : les Argyr'onela. — 7 — 20, ujoutez : ou en arrière du pli épigastrique (Argyroneta). — 8 — et 12, effacez : Argyronela. — 24 — 29, spurii, lisez : spuriæ. = M DE en USE 9 en ER — 69 — 15, dessus, lisez : dessous. — 82. M.R.I. Pocock a décrit tout récemment (Ann. Mag. Nat. Hist., 1895, p. 187) trois nouveaux genres de la sous-famille des Miginæ, que je n’ai pas eu le loisir d'étudier : Paramigas (type P. subrufus Pock.) Micromesomma (type M. Cowani Pock.) et Thyropæus (type T. mirandus Pock.), tous de Madagascar, — 84, ligne 11, effacez : occidentalis. — 91 — 23, armata, lisez : armati. — 92. Au groupe des Cienizeæ, M. R. TI. Pocock (loc. cit., 1895) a ajouté le nouveau genre Neocteniza, type N. Sclateri Pock., de Demerara. — 95, ligne 35, Silica, lisez : Sicilia. — 99 — 29, minores, lisez : majores. — 107 — 34, Republica, lisez : Respublica. — 110. Au groupe des Nemesieæ, M. R. I. Pocock (loc, cit., 1895) a ajouté le nouveau genre Anemesia, type À, tubifex Pocock (décrit anté- rieurement sous le nom générique de Nemesia). — 118, Au groupe des Barycheleæ, M. R. I. Pocock a ajouté (loc. cit., 1895, p. 139) le nouveau genre Cyrtogrammomma, type C. monticolu Pocock, de la Guyane anglaise (Roraima). — 139, lignes 4, 9 et 24, olivacea, lisez : olivaceum. Page 145 ADDITIONS ET CORRECTIONS 1067 — 18, nubilus, lisez : nüilelinus. — 147. M. R. I. Pocock a proposé (loc. cit., 1895, p. 166) une nouvelle ré- partition générique du groupe des Selenocosmieæ, auquel il réunit celui des Phlogieæ et en partie celui des Pæcilotheriæ ; ce groupe comprenant pour lui les genres : Haploclastus E. Sim., Pœcilo- theria E. Sim., Chilobrachys Karsch, Musagetes nov. (type Ander- soni Pock.), Lyrognathus nov. (type crotalus Pock.), Coremiocnemis E. Sim., Selenotypus nov. (type plumipes Pock.), Selenocosmia Auss., Phlogius E. Sim., et Psalmopœus nov. (type Cambridgei Pock.). — Le même auteur propose, à la suite, le nouveau groupe des Ornithoctoneæ pour les genres Ornithoctonus nov. (type O. Andersoni Pock.), Omothymus Thorell, Phormingochilus nov. (type P. Evereiti Pock.), Citharognathus nov. (type C. Hosei Pock.), Melopœus nov. (type Selen. albostriata E. Sim.). Ces deux divisions (familles, d’après Pocock !) reposent uni- quement sur la structure d'organes stridulatoires sur la face externe des chélicères, caractère dont l’importance parait fort exagérée. Page 149, ligne 1, tarsi, lisez : tibiæ. — 162 — 38; p. 171, lig, 23, et p. 172, lig. 33, callida, lisez : calida. — Set ligne 21, ventrum, lisez : ventris, —2|; interne, lisez “externe. — 230, Après le genre Amaurobius, ajoutez : Phyxelida E. Sim., Ann. Soc, ent. Fr., Congrès 1894, p, Gi. Ab Amauwrobio differt oculis multo minoribus, quatuor posticis in lineam plane rectam, inter se latissime et fere æque distan- tibus, mediis lateralibus minoribus fere punctiformibus, quatuor anticis in lineam subrectam, mediis inter se subcontiguis sed a lateralibus late distantibus, lateralibus paulo minoribus sed mediis posticis paulo majoribus, area mediorum circiter æque lata ac longa et antice quam postice multo angustiore, oculis late- ralibus utrinque subcontiguis, clypeo oculis anticis saltem qua- druplo latiore, sterno latius cordiformi, postice, inter coxas, subacuto, chelarum marginibus sulci longius obliquis, superiore mutico sed crassissime piloso, inferiore dentibus parvis subcon- tiguis 7-8 armato, pedibus aculeatis multo longioribus et graci- lioribus. — Cribellum transversum integrum. Calamistrum cari- natum, partem apicalem articuli tantum occupans. Typus : P. makapanensis E. Sim. (sp. un.). AR. GEOGR. : Africa austr. : Transvaal (in spel.\. Page 252, ligne 43, longiores, lisez : breviores. — 258 — 2, 25 et 38, Filistata testacea Latr., lisez : Fülistala insidiatrix Forskül (cf. à ce sujet p. 766, note). 1068 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Page 268. Après le genre Periogops, ajoutez : Diguetia E. Sim., Bull. du Muséum, 1895, n° 3. — Segestria Mac Cook {ad part. S. canities). À Periegopi imprimis differt fronte angustiore, oculis majoribus et inter se minus distantibus, unguibus tarsorum numerose sed uniseriatim pectinatis, chelarum margine superiore lamina magna apice truncata et angulosa sed non dentata munito, mar- gine inferiore, prope radicem unguis, minute et obtusissime tri- dentato vel lobato. À Plectreuri differt oculis sex (non octo) et tarsis articulo unguifero distincto munitis. Typus : D. (Segestria) canities Mac Cook. AR. GEOGR. : Amer. sept. pacifica. Page 261, ligne 2 et p. 391, lig. 11, aplogynes, lisez : haplogynes. — 285. À la synonymie du genre @chyrocera, ajoutez : Pandeus Keyserl. et Marx, Brasil. Spinn., 1891, p. 167. — 296, ligne 21, Gonopidæ loricatæ, lisez : Gonopidæ lorieati. — 322, le nota, ligne 33, est entièrement à supprimer. — 405. À la synonymie du genre @fiothops, ajoutez : Iheringia Keyserl. et Marx, Brasil. Spinn., 1891, p. 25. — 495, ligne 30, et p. 509, 510, 519, 522, 529, 534, 552, 559 et 560, dans les notes, 1894, lisez : 1895, p. 131 et suiv. — 519. À la synonymie du genre Meotipa, ajoutez : Physcou Thorell, Descr. Cat. Spid. Burma, 1895, p. 82. — 536, ligne 6, au delà de la face ventrale, lisez : au delà du milieu de la face ventrale. — 537, ligne 14, jamais gros, lisez : jamais plus gros. — 555. Au titre courant, Argiopidæ, lisez : T'heridiidæ. — 578, ligne 21, après, les îles de l'Atlantique, ajoutez : et le Chili (Lataste). — 754, ligne 34, après (N. cluvata L. Koch), ajoutez : une quinzaine de l'Asie tropicale et de la Malaisie. — 976, ligne 36, munitum, lisez : munitus. TABLE DU PREMIER VOLUME 1'e PARTIE. — Anatomie extérieure des Araïignées.. . ..... Page 1 Pages Pages ADTOMENARMRR MR CN UT TU EUNT DAIRÉEMAUTOCNA EE PRE EEE NRO AITÉGIES TRS EE DH ames-maxilaires: AMAPEIERS 18 L'ANTENTI, 2 VRAIES 1 | Labiale (pièce). .... EN PAR PRES 8 ÉUONne : EHESS RE 9 | Lyriformes (organcs)..... ..... 27 BUIDS, SLT RER ARR SE Er SEULE SR AE a LU ROM EAN 20 CMS ITUMANS 5.0 DV NIAN 39 | Pattes-mâchoires............ NES DÉHNALOMOTAN ELLE Ar RECENSE MALO REINE gr le (CONGE ESRR LUE, BIS RS Me TRE e HA (COINS SMART Entre k | Points calleux ou ocelliformes... 2 DOB ES RATER D RAIN O SUR. LT ANANTOATSS 10 Eee ANR Ent ss AO STELUNDEN EU NAN DANSE : 8 Épimériennes (pièces) . ........ ASIE STHPINA LESC rer enr 6 Épines. LE APT ET PART ER A EEE 43 | Stridulatoires (organes). .. .... A0 TERESA PRE ANR en 20 EHDErRCUIe TA EE ER ET : 4 FUSION AMAR SSeSe AS NTOCADUl AIT PEU ALT SPACE 96 (CAES NARNIA Les TNA CON 2 D ENT C LI TA CE AU EN 11 2° PARTIE. — Classification et Histoire des familles........... GI (commencement) Sous-ordres, sections, sous-sections, familles, sous- familles, genres et leurs synonymes, compris dans ce volume {l). Pages Pages MAC DIE CESSER ES GA PACA ty ma Le Ka OU ER 96 ADbotia MACON EN NL PROD AIACCOIARE SEEN CAIN MEN ER TES 190 ÉAGESIANE SCENE | 1001 ENCRES CES AS PME NT AUS 995 Acanthocteninæ (S.-Fam.).:. 229 | Achæa Cambr. ................ Do1 Ncanthoctenus Keyserl-00%.0 1999 | "Acontius Karsch: :.:..:........ 101 ÉROLONOLUSTACA ANNE A DJS EACROASDIS RATS UE MARS 830 Acanthodon Guérin. ........... OS ACROSS DM D OTEN- 0 UP NEINER 829 Acanthogonatus Karsch.. ....., OM PAC TN ACANINAENS M EE NUE 846 Acanthopalpus Auss............ 157 | Actinopodinæ (S.-Fam.)...... 78 Acanthoscurria AUSS. .......... 1 PACHNOPUS NP ETES ARRE 80 Acartauchenius E. S........... COUR RA CIO AE Sie NE) ner MERE 109 (1) Les noms des genres adoptés sont en caractères ordinaires, ceux de leurs synonymes en caracières italiques. Pour les genres, la paginalion renvoie à la diagnose latine ; le lecteur devra se reporter à la sous-famille ou au groupe où les caractères génériques sont analysés. 1070 Pages Acusilas Be S/2 53003 h18 0m 784 AUEIOSTMUSRE MSN PEER EEE D90 AONEA ETS ERA ER 253 AGrANDCHENAIE SRE PEU EE 140 ADN L BR Ee mo oc à Late voofeie 221 Æbutininæ (S.-Fani.!. ....... 291 Æpycephalus Auss............. 95 Æthrocantha Karsch .....,..... 845 Aganippe Cambr UNE, 106 Agathostichus E. S.......,..... 889 Aygathostola ES... 0... 163 Alcimochtheæ (Gr.). ........ 977 AICiImoenthes ENST 979 Alcimosphenus E. S. .......... 930 ANDULITACAMDLAE EE EEE 829 AUTCNANB SEE TA AE ANAMIAAICAMDEN PE EEE PRE EE 829 AMAUTOBIUS IC. RENTE 237 AMUZUITIRENSOLI EE ERP EEE CE 110027 Amblyocarenum E. S..:....... 106 Ammoxenidæ (Fam.). ...... 452 AMMOXCNUS SE CNT 493 AMPIUSSUCAMNDE PAPE RONCENS 242 AMVNCIBAAE SE ARE URSS 988 Amyciæeæ (Gr.}.:::44, .4..0 986 AMUCIACAMDTME EPP ECEE RE EEE LR ae) Anagraphideæ (Gr.)..... ... 351 Anagraphis Bi 87.41.4518. 604 32 ATAME LTÉE" See MEN RRREUE 180 Anama Thorell "CAN re Et: 922 Anapeæ (Gr)... 000u0uR 923 ADADIS IE. SAS M OEM EE 927 Anchacantha Butler. ........... 849 ANCOCOIUS ENS. PET AE d81 Ancylorrhanis E. S:..2,,.,:,:.. d92 ANCULOITYPA ES Pr AT tee 100 Andasta ENS nt ARR Ae 918 Andromma ES re, dite ne 390 Anemesia POCOCR PE mue 1066 ATEDSIA ERP PRE SORA LENS 870 AnepsieÆ GT) PEN ATP RE 868 Aneles MONDE ee ee Ce 952 UNSS DIS PP CE ee 78 ASUS ES UE IR CEE 405 ATHNrODIa Tell ere nee ee HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Pages Anthrodiætus Auss.....:....... 81 ADRAN AUX ES EP EU VER ES 373 Aphantochilinæ (S.-Fam.) ... 954 Aphantochilus Cambr. ......... 958 Aporoptycheæ (Gr.)......... 97 ADOTOPIVCRUS IE NE EURE PE NOR ADTUSIATE. LS: RUUTUL RNPENERES 295 APSECITOMETUS ENS NON 961 ADLOSTICRUSAES PE PEN PEER 108 ADYTO IE: SUR NEE PACE SES 976 Apyrecæ br) "2220 ER 974 Arachnura Vinson ..... APTE 771 Arachnureæ (Gr)... 719 Aracus horel EEE PE ERRES 375 ATAEONCUS ES ACT REESS 652 Araneæ (Gr.)...... A RO 798 Araneus Clerck............:324 829 Aranœthra Butler. ...........:: 881 Arbaniis LKR. 1478000000 115 Archæ&aC. K2,42 0824070 Archæeæ (Gr) CR Nr 935 Archæidæ Fam. "#7" 933 ATCHEMOLUS EL AS 0 CPE 904 ARCUNUSIES ES EMI ERP 912 Arcyeæ (GE) MASTERS 898 ATCVSOWaAlCK. >, LOS ANNEE 901 Argennia Thorell #3, 000 7. 2h2 ATOIODE AUTRE TON PEER 769 Argiopeæ (Gr.). .......... HE 70 Argiopidæ (Fam.).....,..... 593 Argiopinæ (S.-Fanm.):....:.:: 759 APQUS NN AICkK PE AE ES 435 Arsyrodeæ Gr.) 4224004 : 496 Argyrodes E. S..:,,,,, ces ruse 0 D08 Argyroepeira Emerton.....,,.., 736 Ariadna AU. Lure 822 Ariadne DO REPARER b02 Ariamnes Thorell. , 442,200 502 Arkys Walck. (voy. Arcis). ATOCRA F4 SN PR 946 ArTANUS AC ARENA TETE 1063 ATLUNES EANOTElEEREEREU EEE 1063 ATEMA Wa lc REP ER CE 4G5 Artenreæ (Gr). RTE CE 163 ArTiomMSÉPhorel r t ter 922 TABLE DU PREMIER VOLUME 1071 Pages Pages SAP ENASUNO 0.2... . MN 1) FHülyphantes (CURE MA re 707 Asageneæ (Gr.\......:...... 573 | "Bôümeæ (Gr-}t Ne TA OUOUe PPT MNNOT el MN. 0 490 'Bomis L:K.,:41.427 AU US IASBMESINes ES. 404.0, ue 384 | Borboropactus E. S... ..,:,.,., 4055 ASpidolasius E. S......::,:.. O0 MB OTTIOC OIUMNENS NN MNNE RL (5 APR CN 0007, 829 1 "Büthriogaster Dol. #04 1045 AÉIRGARTRONE SUN 845 | Brachybothriinæ (S.-Fau.) ; 193 ENBDBAME Se un oo da ‘ 731 | Brachybothrium E. S:..:,, 240 19% PRÉIOIA NS NE AS RE 00 0 945 A Brachycentrum Dahl. 44640004 650 ADNOSAME AS ND ae 4 li 1420 Brachypelma ES... #00 s 168 Mimetochilus ES: .:.......: MAO ABrEChy Ie AUSSI « 180 A PC (CENT DRE PEUR 180 1MBTaAtIAlE ES ER ne PE AE 673 ANNDÉTENDARIENRNRERREP re +. 608 | Bucranium Cambr. 44000 957 Atypidæ (Fam.)..........,, + 491 | Bunocranium Thorell.,,...::,:: 826 Atypinæ (S.-Fam.)....,... .. 196 AEypoides Cambr. .:/,:44:544.0 195 | Cærostreæ (Gr.) .,,.:4,.s444 831 ÉMDUS AIR... 2 Louve: aan 498 | Gærosiris Thorell..: : 4.44 044 834 Atidina Keyserle::,, 4004404, er CELUI SN OS PT ENMREE TP ENE CT 419 Busta Camhr EC L O845 ) GaratCambr. 2m nrULE alba ire 894 UE HA CAM 2. Lee CO COUDE ES ER AT 47% SSerena Home LU SON TANT e AREAS RER UT ANNE 239 OU SNE NS 0 EU TOR 209 NCalilepis Westr.. 40r 383 ATOS SERRE Ps 1006 | Cullinethis Thorell.. ....,..,,., 736 LOC TI RENE 210 | Callyntropus Auss, :,.:,, :,.:, 144 HA MOUIÉTRÈN PEUT ERA 170 | Calommata Lucas. .:.,., ::.,:: 199 Avicularieæ (Gr.)........... 170 | Calydna Cambr....... MANU IST Aviculariidæ (Fam.)......... 65 | Camariceæ (Gr.)......,,.... 1010 Aviculariinæ (S.=Fam.). ..... 431 | Camaricus Thorell ............. 1012 AA RENSeER A MEL SEUL HR MO bheRS ES NP M AN Me atten 419 Arilieæ| (Gr)... 740, 991 | Caponia E. S..... Pr PANTIN s. 929 Caponiidæ (Fam.)........... « 9323 Hédumnatlhorell LEUR An 358 | Gäponina E. S.....,.,4.k, Ste è 328 Barycheleæ (Gr.)............ LSMNGarACladUS En SL... 2h 67 Barychelinæ (S.-Fam.). ..... 116 | Carepalxis L. K. ......:,......, 830 Bapychelus E: Si Wréshosctrie 190 | Carepalxis Cambr.... cui 829 HAeyDhyma E: S2:00 eee 653 | Casturopoda Cambr......,:,... 961 Bathyphantes Menge .,......... 104, CelæniaThorell. 4124.44: « 897 Bellinda Keyserl. .... sos, 503 | Gelænieæ (Gr.). ........:,:,: 895 befirana Keyserl: .....:., PB NN eIdolopus ES NEC Een 100 Bertraneæ (Gr.)....... PONS 796 | Centromerus Dahl.........,,.:. 702 Blechrosceleæ (Gr.),..:... . 479 | Cephalobares Cambr. ..,.:,, ., O1 Blechroscelis E. S......... PSS MCEDhelduE. St ae bia 40008) BOABTIUS EE. S. .....446 01 405 | Cerarachne Keyserl. 4:40, 141 964 Holscus Thorell. :; 246.40 1006 | Cerarachneæ (Gr.)........:, 962 Bolosiromus Auss. 444704. 40400 ! Ceraticelus E. S. ..:.464:44% 1. 650 CeratinMenge te Et CeratinétéEmerion.. "7 0. Ceratinopsis Emerton. .......... ChrceiSEMENTEE EME EEE EX Cercrathorel Rene eee CerniusE None EME 1. CerOCITMENS PP PERRIER CESOMAM AS ET ER TN HEURE Cethecus Dhorell PAPER Cetuma E. S. .. GITETEAM AS ee An Mere CHATS MSA LEUR ChétopelmarAuss PAPE y Chætopelmateæ (Gr.) Chætorrhombus Auss. ......... Chalinura Dalman. ...... san CHATIOPAS ENS RE APR Charis Keyserl Chasmocephalon Cambr......... ChedIMAE MSNM RAUE Chedimeæ (Gr) ""# hr CersiSNAICk RME re RUE 2 Chilobrachys Karsch. .......... Chorizoopes Ch. (voy. Chorizopes). Chorizopeæ (Gr.)............ Chonzopes Dam ME EMRErE ; Chorizops Auss.......... RES Chrosothes BIS SEM meer Chrysometa E. S. ....... De TE CRAUSSOLAMNAP PEER PETER Cine SE EUR Per CANCLOMONRDRAIE IS EE CE CEE Ciniflo Blackw. ....... PS Githeron Came PS PR ER RRRE Cithæroninæ (S.-Fam.). ..... CHORC'ONO NC IC OND EE IC ONO MCD Citharognathus Pocock. ........ ChdomelenE SRE RE CIEOCTEMIS IE SL MAMAN PART Clotho NACRE CE PPT RCE CHTETAM ES EE ONPRE AAA MAUEE Clitætreæ (Gr) PRIE CHOIMATENS EC RAT CRE CRE Closterochilus Auss...... D PAADHENE D CDN AN AICR PAPE EE PE Cnephalocotes E. S............. Pages 649 649 673 829 829 1040 D08 919 186 1041 242 863 140 158 LA LG HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES CnodalaMhorell"22272Pe an ue CŒlossia ES A MORE 888 CGænvpha EF SEL RRRE 1053 ColeosomaCambr CRPEEEEPEEEES D90 CoUICANTNA EC NS EPP EC RERERE 84) ColopeaE LS Sr RER 397 Colophon CambreePePRReRee 329 Comaroma Bertkau. 646 Comptotarsus Thorell .......... 19 Conopisth1 Karsch. ........ DT ie Conothele ÉDNorE NP Pr PEER 88 Coremiocnemis ES" "06e 146 Coressa ES Ce ER EeEr 647 CoriarachneSlhorell = "APre6ERrEe 1015 Coriarachneæ (Gr.)......... 1043 CorniculariaMenge "EPP Peer 662 Corynethrix Ie DRE EC PRE REEEE 1007 Cotyph£us Er ACambrEee 0e 701 CorySsocnemiIs ES VECr 183 CoSCINAAIBe SP EEE D29 Cosmopelma E. S..... te PPS CTASDEMISIA ENS RER ERARCPEEE D80 Cratorrhagus ES" AURRRSS 137 Cribellatæ (Aran.) (Sect.).... 200 CTOSSOPrI ZA IS PERTE OP EEREE 476 CrustulinaMence etre Pre D80 Crypsidromeæ (Gr.)......... 142 Crypsdromus Auss PE PEER 143 Crvpioclepies PS PME 702 Crypiothele DAKAR 429 Cryptothelinæ (S.-Fam.)..... 420 ClenumMence RPC rRePErRP PRE D83 GtenizañLatr "AE LT TROUS Ctenizeæ Gr) PRES 92 Ctenizinæ (S.-Fam.).......... 8 Gtenophora Black We. "et 947 Cyatholipeæ (Gr.)........... et Cyatholipus E. S...... RP. 712 Cybæodes E. SLT RP eREEERR 390 Cybæodinæ (S.-Fam.)........ 387 CYCLOCOSMIA PAUSE ER ESP PEER EEE 88 CyclosaMenve eme 783 Cycloseæ (Gr.).............. 778 CVClOStERNUMAATSS EPP 141 CYAN RP EEE EEE 419 TABLE DU PREMIER VOLUME CudrelaQhorell "2:21... 419 Cydrelinæ (S.-Fam.). ........ L16 Cvlosnatha te, K°.1:.:..2... MODS Cyllopodia Hentz. ...... EM EE 2 10) Cmibachal. Ki... 1009 Cymbacheæ (Gr)...........:- 1008 DMANEAMES 0 ..........%, 1043 Cyphagogus Gunther. .......... 892 Cyphalonotus E. S.......... NOUS CRphonisiA NS... ...... 121 Cyriogonus E. S....... SO ER 1024 Cyriopagopus E. S...... Ho 102 DS IUsGAMbE".. L..... 961 Cwriarachne Dhorells2225. 880 Cyrtarachneæ (Gr.)......... 876 Cyrtauchenieæ (Gr.).... ... : 101 Cyrtauchenius Thorell.......... 104 Crriocarenum AUSS..0 00-0106 Cyrtocephalus Lucas. 96, 104 et 105 Cuntogastern Keyserl: 700.0 880 Cyriognatha Kéyserl...1.0..1 1 729 Cyrtogrammomma Pocock ...... 1066 Gyrtopholis E: S:...:.7 AR AURAS 143 CNRODRORM ES SE Cu: Lie 775 Cyrtophoreæ (Gr.). ......... 710 Conlostennum AUSS. Le... 143 Dacivlopisthes ES! PAC OA GaU BemarchusLhorelite rer mio 107 Daradius Anorel eee 1023 Disumia borelle 7.2: 318 Daturina Fhorell 4122.00 89% Dayus Cambr.:.....1.12 Far 169 Deinognatha White. ....… MARNE 723 Délena Nalck. 20h un. 349 Méletrie Blackw he UAuE, 294 DéhanaKeyserl, 2020082042 967 MÉOMUS ES. Rest 749 DOCS E. S.-1.,200U ii 659 Mloelita ES... 27). 1027 Dema:Karsch.. :...... ALU tre ll Demogenes Thorell. ....... 1066 DAnobethorell.. 1444400, 1066 Denaticanitambr. . ...:.,..1. 92 DEVAMEEL SE. ....,. Riu. 240 Pages Diba Thorells, +7: SRene ro 1035 Diæeæ (Gr): 080000 1028 Digphorace lus ES TENTE" K05 DÉADrOCONUENR AS ENTRER 529 DIéTOSICAUS ES 72 ERIeE 8806 DICUISARE RER an Vire Me ER 276 DietnaiSund." 114415 Are 241 Dictynidæ Fam.) 0/00 231 Dicymbium Menge..... LE REROSS Dicyphus Mense re" 0e nue 665 DCR SPP ci ue At 98/4 Dreteæ (Gn)uiCient RE 980 DiBlODSIS ENS Le ee 984 Dicuetia ts S, 000. di a RU 1068 Dinopinæ (S.-Fam.).......... 208 DMODISMP Lea... 40.0 Ut 210 DONS ACZAMA LAS NQNLLE J'TE ES 328 DORE ES A PNR, stat 136 Diotima NS Steria 240 DibphyarNicnlet LLC 744 Diphyeæ: (Gr). mou, 742 Diplocephalus Bertkau. .. 656 Diplostylt Eimerton.. 000.00 76% Diplothele Cambr er EC CCR 122 Diblura CRE ML rue 178 Diplureæ (Gr.)..... ......... 176 Diplurinæ {S.-Fam.). ........ 174 DipenatEhorell 1226000 3067 Dipœneæ (Gr.)..... MR RES d61 DiSMOdieus BASE VER D UAUE 665 Dohchoscaplus Fe S. 2... 0.07 104 Dolichognatha Cambr........... 743 Dolophoneæ (Gr.)......... . 902 Dolophones/Walck- "40721120 904 Domathal Serre ninn AuIn 979 Donacochara AS" Len 700 IDÉES ADEME RME AREA RE 254 Drapetiscas Menge...,1..21410L 706 Drassidæ (Fam.)............. 339 Drassodeæ (Gr.) ......... ... 394 Drassodinæ (S.-Fam.)........ 348 Drassodes /Westr 241" Le LUEeCE 309 DRasSUSIN al, 00 20e 371 et 383 Drepanodus Menge............. D82 DresSerus 9. HUE RER 253 1074 Drexelia M. Cook... DUR 795 D ANUS A ES PR NE IEEE 214 Drymusinæ (S.-Fam.).. 276 DEN DIODE MANS ERP EN EE 137 DyCHONNN ETC PARA 309 Dyschiriognatha E. S........... 717 DST AAA EEE Are 317 Dysdereæ (Gr) re NCrE 914 Dysderidæ (Fam.). .......... 308 Dysderina E.S....... PARA 303 Dysderineæ (S.-Fam). ....... 311 DEA DC CEE EE nt 769 DONNE SET RP ERP PRE ER 1063 EchemeæGr) "EPPECE CCR 304 ÉCNEMUSIE NS RENE NC EARRE 370 Ecribellatæ (Aran.) (Sect.).. 260 GATOS ICONS ERP ARE 20% Elaphopus Menge 697 ÉETCISAB SAR EE ERA 337 RMENISIANE SE COMITE 700 ÉRCYOCTALES TES AE EAN ET ER 194 ENCYOCU DONS EMA EEE 121 ÉMEMNOSACCUS ETS EE PO METRE 847 Enoplognatha Pavesi........... D82 Éintelecarat Se RUE RE 658 Entelegynæ (Aran.) (S.-Sect.) 330 Entomothele E. S.......... TL à let EN YO AUTEUR MAR AN . 35 Epecthina E: S. .... RAA à 928 ÉIPECILIS IP MS EN RP EC RME ARE 300 TARN Te RE re Et 829 Epeiroides Keyserl. . . .......... 329 Epeirotypus Cambr............ 920 HOeHODUS AISNE PR TEEN Er 155 ÉDICATIQUS ESC PPÉPEEC ETES 1052 ÉDICAlUS ES CCE EL CRTC EE 1052 HPIDETeSIS ES EC CFE PE CEE 128 Episimeæ (Gr) LE CCEm ere . ol4 EIPISINOPSISIE SE CPAÉMEERNCECE 022 Episinus dl Air one EEE d19 Eresidæ (Pam ere ere 218 Bresus INAalCKe EE EPP EE CUT E 294 Brgutis Blacwi te CREPECE EC 241 Eriauchenus Cambr............ 937 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES ÉVISONEPAUTE ES CPP CRETE ER 669 Ernsonesæ (Gr) ES PEEES 997 ENCJONODIUS TE AS PEN EREERE 657 Eriodon Lin A ete 81 EripusIWNalCkR PCR PERS 1052 BTISSUSTE/S 4 OMENNINRRERSe 1041 ÉTOC KA RARES 0006 ERYIRTOPRONTACERC PAPERS 254 ÉUCRARIACARCE ERP TERRIER »81, 829 BUÉLBMS EEE LE EL ARREReRe 725 BUCIEIAZALANSS ESP CARRE . MO ÉUPIUTANE ES EEE EEE ÉCRAN, EUCTTEPNOTELIE EEE 779 BUUNATRUNANAARRS EEE RCE CRERE 723 Eurycorma Thorell "CMS Eurymachus Keyserl........... 947 Euryopecæ (Gr) Aer D24 BUEVOpIS MeENnLe EM EP TReES D28 ÉUEVPElMAIC ARE CEE ET CUEREE 166 Eurypelmateæ (Gr.)......... 16% Eurysoma GC. K...... HSE RE 834, 874 USA ES PRE CPP PECNCEE 795 Eusticothryx Dahl.......... 650, 672 EUTRVCAIUS ES IE CEE RERRE 128 Eutychides ES CNE RER EE en EVACTUS AUSSE EAN R EEE 185 EVA LNIUS PASSE PANMREERENRERS 169 Exechocentreæ (Gr.)...... 1 88û EXCCROCENILUSET IS ERP TERRE 888 ÉXECRODINSISIE SERRES 651 HOTUIU SIREN SEL EREEREERERRE DD0 Fecenia BAS AC RES PE OURREEE 226 HeISINaANE SERRES E EEE 1006 Eilista la APR 298 Filistatidæ (Fam) "eee 259 RIRMICUSIER SP AE PRET ERP CRTERE 1036 FIOTON IAE MS PEINE PEREECRES 708 EormicinalCanestre "Re PRCEEEE 676 Formicineæ! (Gr). """"""" 675 Formicinoides Keyserl. .... 507 NONLINUIE ES PRET 708 Frontina KeySerl. "Ms, 707 Gülena CARRIERE AN LE Al 947 "TABLE DU PREMIER VOLUME Pages Gamasomorpha Karsch......... 301 Gasteracaniha Sund. ..... ..... 845 Gasteracantheæ (Gr.)....... 899 Gaucelmus Keyserl............ cr) (DEA Ce CL NOTES 769 Gelanor Thorell...... NUS FUN ER 947 Gelotopœus Karsch............. 1013 CENSURE 115 (CEDNNENTENT ENS 1062 (ÉCDNNIANENDASENEERNERREERRS 1063 Gerrosoma Bradley. ..... ...... 892 CHBDOONaAthAME St... 717 Glyptocranieæ (Gr.)......... 58! GIMDIOCranIumE: SO 882 Glyptogoneæ (Gr.).... ...... 866 GNDIDTONA ES HU 867 Gmogala Keyserl............... 907 CAO Pare Ann 383 Gnaphoseæ (Gr.)............ 379 Gnathonarium Karsch...... ... 666 Gnolee (Gr). 200: Lomnt 909 CHOISIS ERA TE 942 GHOPROMyUS ENS. Ne D60 Gonathium Menge............ .. 66 Gongylidiellum E.S............ 6069 Gongylidium Menge............ 666 Grammonota Emerton. ......... 666 Grammonotu E. S. ...:.:... D89, 647 CATNOS TO IANBANS AIT EE 12 163 ONONES LES ARE PL ATP TUE 429 HAOTONYENe LR IE ENT 186 Hadrotarsidæ (Fam.). ....... 309 Hadrotarsus Thorell: 4 "462000 306 Hapalochrota Keyserl........... 777 Hopalopus AUSS. LA MTANUE, 141 Hébalothele Eenz. RE 180 RMS Er STE CAEN CTP 700 HÉHIOClastus EE. SP RAA UE 152 Haplogynæ (Aran.){(S.-Sect.). 260 Eémlopelma E: S... … , 0 151 Harpactes Templeton. ........ 318 MAGDACDTAPAUSS . 1.0: 150 LOS AMEN... 0 314 HOMBOBIOMISLAUSS.. .. NI 144 1075 Pages HARDAXICUS SERA RAP 14 HAT pDAX ONE TIAPPESS EP RENENERMRE 154 Hedan a Le Re RAR 1041 Hedaneæ (GE EN RATS EX OR 1038 HEUNIDSIUSREMS EE RARES 485 HeeMOMeETUSSENS PRE 90 Helon RON AMEN See ARE 707 ÉÉIMIDISINENSET EPP ER TRS 906 Éélvidiathorelir pes En 919 Hemiclæa Thorell Mr 49 HEMICIEMARENS PP AMENER 346 Hemiclœineæ (S.-Fam.)...... 341 AN COUPE RUEEN 829 HÉTA TAB SERA RTE EEE L38 ÉérennanNoTEl Re 759 Herennieæ (Gr.). ........... 757 ÉTÉ ASE SP EN ENERRNIERr 105% HOTTES ONE EN EEERENS 260 FRMACHANEN SPACE EPMINEE RAT Au HÉRMEASR ASC 116 Hermippeæ:|(Gr:) CERN 42% He DUS ESA SARA 425 CRDMUS THON MEET PR 379 HerSHar AUS En OEM Ne 446 Hersilidia E. S... Re L47 Hersiliidæ (Kam.)........... 138 Hersiiolauthorell era 2e 447 Heterognatha Nicolet ........... 829 FAO Ole I ETRENAORR ANIME 181 HetschliakReyserl- PSN 208 Hetschkieæ (Gr.)......... $ d0% HEUTOTES KENSeL ARS EAN 829 HExATNe le AUSS TEEN PR 188 Hexatheleæ (Gr.)............ 158 HELLO RAS RCE ere? 271 Hexophthalma Karsch. ......... 271 HEURES REED RENAN 2e 196 Hexurinæ (S.-Fam.).......... 195 ÉAITAN ENS CAC etat NE OI Hildiboldu Keyserl. "0 ""6 ou GS) ÉnousIa OP Cambr "AE CM007 PUS RS 2 EE : . 1064 HIS TASOMARE 15.20 LE En 89 Histagonieæ (Gr.). .. ...... D09 HOlOGNEUS LE SE CMEP TETE TEE L7A 1076 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Pages HOIOPE USA MSN RARE AIME 1007 Homalopoltys E. S....... HP NRO0S Homalonychinæ (S.-Fam.)... Al Homalonychus Marx. ......... 113 Homœæomma Auss............. 162 Homæœommateæ (Gr.)....... 161 HoOMBOPDIACIS AS EEE PM EE 120 FOMOSIOIAME SPAM REE 108 ÉLONIAN CAMERA ERPNONER 398 Huttoniinæ (S.-Fam.)........ 397 HVDOCODIUS MES PEAR 658 HUIT DIANTESRIMSAERP EPA 7041 EIMOCLEAE MS PAR AA A ANT 999 EINDODARESIEES MES ATEN 992 Hypochilidæ (Fam.)......... 201 EMDOCTS MAT En 20% Hypognatha Guérin ............ 874 Hypognatheæ (Gr.)......... 871 HypommraNDaN Eee PE PEER ARPEE 665 Hypophthalma Tacz. ....... 829, 874 EIVDSC NS TESRENS RENNES 671 EypselommabDaANIER EEE . 658 Étores Walk. ee ne noue 219 EIVSIEROCTALES MES NAME 153 AMVAANIS SES SU MR EN Nr 302 TH bC HSE NRANNNUNES EURE 195 HO MN LAPS AE ARREUS 121 Idiopeæ (Gr) 20e 89 Idiophthalma Cambr.......... 12 HOPSAPETEV ES 2 MARI 92 THL0SOMUMANSS PPS 91 TRETINIIAKENSERIPPENEPEEERRER 1068 HAbANAREYSCT AMEN RURE 862 PQ FRACZ EME NARNIA At 870 ÉTAPES EMA DERR ARE 815 ISA TAN ARE An enr 1056 ISChalea DK EMEA ur 726 TSCRNOSDISE RS RETENIR 298 Ischnocoleæ (Gr) Re 133 ISCHNOCOIUS AUSS PER EAR USD Ischnothele PASS PP PAPETERIE 187 ISCHDOTANTEUSIEAMS EEE EEE 298 ISOLUG EN SEEN ENNARERERERETE 845 Lihyomma Bertkau............. 661 TTAUUS TR MER RE LCAMUAULSIEIS ENTER Kaira Cambr. (voy. Caira). Keyserlingia Cambr. .......... DAbuNANP AS RE tee TEE Laches Thorell: 4 MCE REeS LUCRESIS AU ENEAERRREREE PamponaïThorell "F0 Lamponeæ (Gr.)............. Fampropelma ES EC PAC ErEREee DancariaKarSChEPE PRE PEER Landana PS UE ORNE Latina ES 55 SR PANONMAIE EST EME EEE Pr faronieæ (Gr): C'EPTPRREEE DAS LOI SM PRRERCEEPAEES e DaSareus Rule ENRAPEEEE DASIOCREMUSPAUSS EEE RE L'AS1000ra NC KE ANR EEE ASI0 pe IMAN AIS TEE PRES Lathrodectus Thorell. . ...... Lath vs IS Eee cet Laon E ARS CERN FATONISOENASE NS ARRET ETES Parole c SAN AICRÉE PEER Lephthyphantes Menge......... Meprolo RUSSES ee RE Lepiodrassus ENS TE EMEA Lepioneta ES TER ARE Leptonetidæ (Fam.)... ... LepiopelmarAUSS ee P TEE TE Leptopelmateæ (Gr.) ....... Leptopholceæ (Gr.). ....... BepLopholC USE AS EEE ER EEER Leptorhoptrum Ch. Kulz. ....... DEDIOtN RIT AMENCEEREREEEEE PES Binothele KarsCh "0." MINNDNAMAULPEAREREE EEE ne inyphieæ (bre) A EC ErRSE TABLE DU PREMIER VOLUME Linyphiinæ (S.-Fam.).... Biphisthidæ | (Fam.):..":.... . Liphistius Sch..... à SC ROIOT EP Lipocrea Thorell. . ..... Lithyphantes Thorell. .......... PNORSNE NS... 000. MODE HNANE AS 0... nt he BophommanMence.. 0.0... 0" HoxobatesMhorell:..."....:...." BuxomMmphalia seS............:2. Ebxosceles Lower Ne Loxoscelinæ (S.-Fam.)....... RAC IRENRAT LR LS PAR here IMACAMARE PERS En en Lycopus Thorell BACOSOIAESUCASS EEE TER Eygarina E. S..... Ur MÉTOMMANE MS. AU Lygrommateæ (Gr.)........ Lyrognathus Pocock LSNONES IS SNA TP EE MacrarausaDahl EL 702, Macrocantha E. S....... MAcrothele ASS... :...:.:...., Macrotheleæ (Gr.). . ...... Madognatha Auss.............. HAGQUIEUIENSS ARRET TIERNEE Me LTD OTANTNCE INDE ARS NORRIS MAQUIS PERS EE ES en Mansora Cambre.-.-:...,.. JDE Mansoreæ) (Gr:)..21.:.1.. MarriaM Cook un x DÉS OSS REA nsc li MaStériasL. KR: 7.7.0: Mesterieæ (Green Mustigosoma Auss.............. Mastostigmus. E. Si 24.2; Mecicobothrium Holmb......... DÉCO SIUs ES... 10e Mécynargus Ch. Kulz. 2... MÉPMUIISNES,S.... va NUM. MeEVNOMeNE. S.., ...#unn" 707 845 18/7 182 198 157 929 436 793 Pages Mecysmauchenieæ (Gr.).... 937 Mecysmauchenius E. S. ........ 939 Megamyrmæcion Reuss......... 369 MelinoOphor a ERP RENE E 373 METCER USÉES ANR 650 Melo ES PO COUR Eee 1067 Melychiopharis E. S............ 907 MENTMEUSIE TS ARENA SES 210 MÉMNENDEASMECRM. D19 IG IAR CREER MAR SE TRE 735 Metastenus Bertkau. ........... 1065 MEAC OMAN AS SPAIN 472 Meteæ (Gr): 14200 726, 929 Me ODODACILUS ES EE MANN 697 Metriopelma L. Becker. ......... 143 Metronax E. S....... AMAR 396 Mecentanorell ee ne 226 Miagrammopes Cambr.......... 220 Miagrammopinæ (S.-Fam.).. 216 Mic an nt Aa 373 Micrargus Dahl........ 636. 659, 669 Micra SUR API 899 Micratheneæ (Gr.).......... 848 Microctenonyx Dahl.... 653, 656, 657 iérocuuS Rhone le ETS ne 998 Microepeira Emerton . .......... 918 Micromerys Bradley. ........ HT Micromesomma Pocock......... 1066 MICLONe AMEN ve PEN 703 Micruphantes CAKN EEE 528, 656 MCRUDirteS EAN IMPR EE ES 703 Noa SRE EE a nl es 84 Miginæ,(S--Fam:) 00, 82 Mono EE Rene 829 L'OONDESE ARE EARREES TOO Mimetidæ (Fam.)............ 940 Mme USE IENEzAEAURENE EIRE 947 NÉDIGAWDNOT el ESPN APR 670 NMMAOIUSE SAME TELE EERS 656 MPranda CRT MEN ONE 829 MisoolasIKarsChe OM EURE LEA MoStlenaNaA ICE ELEC me 81 NSumMENAU LA LAN CEE RE 1025 Misumeneæ (Gr.)........... 1018 Misumeninæ (S.-Fam.)...... 968 Pnol, ca -30 myandra - 30 1078 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Pages Pages Mithras Ce KR PERRET 219 | Nidivalvata Atkinson. ....... 49% MitoscelisMhorell ee eE re 41726 | Ninetinæ (S.=Fam:)"#CPOOURAIER Mitothele E. S. : ... RUE PEER 139. |: Ninetis HS: 222000 PP 487 MIUTA TE SPP EURE 435 |: NOps M./Leay 0 VERRE PERRERRES 328 Modisimeæ (Gr.).......... 483 |"Notioscopus E. SANT MOdISIMUSIE SEP PPPECE PATES 185 JNotocentria Thorell 20000 885 CA INIDANAS ES RARE 6p8 | _NUrSCIANTAS CET Pr .. 298 Mogoridgea Cambr............. Sa INNyCiImMus lNore lle EE EE EC EEE 976 MolioneMhorell re 70706 290) Monæses Thorell. ........ AN O9 ALOATCES ES MEL CE CRPEREERSS 948 MONUSIES CAS EE PAR PRE PE 2005: |Obrimah:5: MERE PRE 708 Moneta Cambr.." "7 AC O IPS) OCRYTOCÉTA Pr ST EEE LINE MERDE Moneteæ (Gr) "re "rc PR re JADE |NOCYIIISMhorell PTE 4065 Mulicymnis E. S...... ... LT 0r ŒEcobiidæ" (Fam); UP RE 244 MULTICIA NE ESS EME RARPELRERIEEMNE 446 | OEcobius Lucas... ..... LEE + OUT MUSÉES MENOLE IEP RP EME EPA 985 | Œcophlæus Pocock. ...... 150 Musagetes Pocock....... 1067 | OŒEdothoraz Bertkau............ 666 Mutina Cambr.......... HER pi POBAICAMbr ee rene LCR Mygalarachne Auss............. 1692 Œteæ (Gr) RES 522 MYIDIENNAICKECRE PER REE EEE 65 | Ogulnius Cambr....... 2 FALSE 919 Mygalodonia ES... 95, 412 | Oletera Walck. .. .. SHMAARES 198 Myrmeciophila Atkinson........ 107) Omanus Mhorell FRERE PERS 247 Myriale ES nee ART EST)" OMoSttes NNEICRe FC NE 272 Miyrtalesæ (Gr) ER Eee 84 | Omothymus Thorell....... .... 155 Mysmena ES..." TÉMTEUD88 A ONOCOIUS ES SEC ET MERE 1053 MINSIATIA UE IS OP SEMEMERTAIUSE 989 | Oonopidæ (Fam.)...:.. "1986 Mystarieæ (Gr) "0" 088 11NO0n0pinus ES. PSE 295 OonopstFempleton "tre rRPe 10207 NArCæuSThore ll Eee 10652 00phorA MB Ir MERE RE 471 NemMalos muse SE PR ne 6722 | Opera Bac kW ee "PP 241 NemesasAUT. 21 PARU 112 T)HODISLOXYS ENS RE HE LES 702 Nemesieæ (Gr.)...... AO TODELS AK PRE EC CUT RRRERE 1063 NEMOSCOIUS AE AS ON RE 184% |TOPDOPEAME IS CE ARRETE 299 NEOCIERIZAMPOCOC ME PERTE 1066 \NOrchestina PAS AE EEE 293 INEDDR NES MAX CEE PEUR 2184 NOrdgarius Keyserl 20 ER Neottiura Menge....... FANS 50 ROrcone UN MRuIz EE PRE ER 701 Nephiladieach "eur 7554 Onthyn Bla KWEL ee EP CPRPERE 21% Nephileæ (Gr) "22e "er eerr 749 | Ornithoctonus Pocock.......... 1067 NEDRAENQUS ANR EE EEE EE 755 | Ornithoscatoides Cambr......... 1045 Nephilinæ (S-Fam:) #0." MOTOS ENS PEER EP PEER EERE 960 Nerient BAG WE PEER PRET EN 606 | *OrphneCuS ESP EPERP PE RPPREEE 147 INESIS CAMP RE EC MERE LR 983% hOrsinomMe NOTE EE EESEEETERrE 736 Nesticeæ:(Gr) 2m 788 NOrS0IoDIS ENS RRRRErE PRE" JMS Nesticus Ehorell eme 740 | Orthotrichus Karsch. 7... .." 165 Nicthyphantes Joseph... .... F06MMOrzSADbore lee BARS ET HEDAEES 984 TABLE DU PREMIER VOLUME Pages DÉRMESAEMSME SN MIEL. 985 GHDINOpS M EEAy. 2.2... 405 OMYDUIANEE SELLE |... AA 1035 (VIEN Le ORNE er RE E 985 (CAT ACTES OINRENREPENRENRENE 14 Pachydactylus Menge. ......... 967 Pachygnatheæ (Gr.) .... ... 713 PaChanAtNaiSUund 1.2. LT 716 Pachylomereæ (Gr.)......... 09 RACRVIOMeNUs AUSS. 2.1..." 87 Pachyloscelis Lucas . ..... 80, 87, 199 TA OT OU Dent HARAS on IET PACUbUSAMENeNEE rene 20% RÉRIAGIC SEA SAINT ANA 1001 RONA ES Eee. bre et D73 Paculleæ" (Gr). AU SarR ce 569 DATE AREAS 1000 pasidoæ (Gr) EM 998 Palæphatus Cambr...L.:..,..10. 1000 BaeStina Cam... 0.0 139 Palæstineæ (Gr.)............ 137 Palpimanecæ (Gr). 214%. 406 Palpimanidæ (Fam.).. ...... 391 Palpimaninæ (S.-Fam.) ..... 399 Palpimanus L. Duiour..... 407 PARAOMOPS ES OR EE. à 656 BTP ISEREN SET. ASE 2e 1068 Panhiagon Cambr nm 1711809 Paractenonyx Dahl. ....... 650 RME LAN nn cr 930 Baranmisas POCoCk. Me 1 1066 BÉAUnVS AE SL 0e Lu 166 Paraplectana B. Cap............ 880 Paraplectanoides Keyserl..... CRROU Paratropidinæ (S.-Fam.)..... 76 AIO SE A An 78 RE Se ue LM 984 BASNaUUS ES NES. ue 881 LES STE IRR PPANPPRRERRRE GAP 7e 415 Benanosiethus E.. S.:.: Nr D83 PAMMENTe. 2... NN: 702 Pelecinus E. S...... Len A En 303 Eekconon Dol.r...….:,..." Va 1409 PelimobiusKarsch. ...:20...1 34 153 1079 Pages Pelthorrhynchus Thorell...... . 967 ÉeIOSOMONE NS PRRRPRE 880 BÉNICUS EE SERRE RARE )20 BETONOCrANIUMER IS ME MANS 69) ReraMaNDno El ARE ER D 10 Periegopinæ (S.-Fam.)....... 9266 BÉHESODAENSEL ENCRES 0 Be NOrElP EIRE 101829 ROPIITE SAS NE E TRE 980 PELDICUSAERMS AN NON RES 1064 PEZLONUTNNES VER 0 RARE 179 Phæedima Œhorell.:.:.:,.110% NOT PRÆnOPOMANEMSr TETE 983 Phænothele ES. 51.0 . AOL BLPOCEUESNERES TE AMI AU TRS 370 BHÉOCHEAMERS Le AT PAR 100 BHÉRIONCUSIE RS MN RPC RUE DD2 Phalops Menge........ 661, 663, 666 Phuinetta Keysen ete Le 702 PherecvdesCaAMEr en Ne 995 BENIÉSIUS IEEE SERRE REA LE 00908 RO EN A EN PE 214 Piilodamiatthorelle 1400220 "25% 996 Philodrominæ (S.-Fam.)..... 1056 Philodromus Walck = "12 . 1063 BACS BUS ENS EPL EEE 1027 Philoponus Thorell::-%... AU PO ES A NE ne DD2 PRIT ZAR ASE Men te, Les 1057 Phlosieæ] (Gr) ere 144 PINCE NS EME AIP RER 146 Phobetinus ES nn. Je ST Pole uni AR EN Eee tnt 115 Pholceæl Gr) 0 Nine 466 Pholcidæ (Fam): ":14.1.. 456 Pholcinæ (S.-Fam.)..... NEA OA Ole AN EME ETS 292 Pholcommateæ (Gr.)......., D89 BHO USNVAlCR Men ass 470 BhoneyusaKarsch Eee eee : RC ANAIES BhoncenathalE Sr NUE 748 Phonognatheæ (Gr.)......... 746 Phormingochilus Pocock........ 1067 Phoroncidia Westw............ 561 Phoroncidieæ (Gr.)......... DD 1080 ‘ Pages Diese Dosisc ss dnarene 919 PATICUU SAR ERP EEE 146 PINS SCIAN SRE CEE 100 PArüro NUS CROP AN EEE D82 Phrynarachne Thorell. . 1045 Phrynarachneæ (Gr.). 1043 IPATRUNOLESIERSANEPEREERCOIR 1045 Phryxotrichus E. S. 163 PRUCUSICAMPEMAENEEPNNEPEE 529 PIMIATENRUS IE MSP EC EEE > WEP) Phyllæca Dahl..... US VE 670 Pyscou NNOreIEEEEPPPEEEE CEE 1068 DO BAD boues co ot 875 Physioleæ (Gr.)....... ..... 674 PHNSOCNCIUSIEIS EE EN EEE EREEEE 470 PRYSODIANISIE SAR EEE EN EE EEECE 1037 PE ITANE SAP EE CE PEER EEEE 1067 PINXIOS CHE MANEARS EE EERREEERE 185 BIESOCAIUS ES CC PNR ERE EE 667 DISC OR EIS RE ENT AEETER 122 PS Be Soie D ciel otbien noie Qué 102% PARAISSENT EE RRE 904 PISCINE ISERE RENCREEE 656 Plagiobothrus Karsch. ......... 195 PlAnadectal ss PR UGS PIANCINUSNIE AS CEE APE 1023 Platyarachne Keyserl.....-..... 1027 Platyarachneæ (Gr.)........ 1026 PIAINOITES ANNEE EEE EEE 347 PlatyopisMenge PERTE EC EEE 656 Platyscelum Aude 407 Platythomiseæ (Gr.)........ 1015 Platythomisus Dol. ......... DA Plectana Walck........ 829, 845, 859 Plectreurinæ (S.-Fam.)...... 26% Plectreurys E. S...... MA 266 Pleuromma Dol........ SAR AL 892 POCAUICRENMIS PIS EE EPS 657 PDCODICLLIS INSEE NE REP Pe 705 PECHOCHTOANNIESITE EPP REP RRES 371 PEGIALGEN SNS PAPAS -. 943 Pœctilonett GhARUIZ- PRE PONT 70% PŒCHODACENS ENS MERE PEUR 880 Pœæcilotheria E. S...... MAT AE 173 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Pages Pœcilothomisus E. S.... . .. 1018 ROUJUSDISE NS EESTI - Me Poltyeæ (Gr.)....... 14 AIN OO POILYS CNRS LE RES 892 POEhOMMANT ESP ERP 704 Porrhopeæ (Gr.). ........... 1001 POTTRODIS FL RER EME 1002 Porrhothele ENS EEE 185 PTASONICANE SCENE 794% PMONOlE MAN SRE PART 726 PrSCUA EAN SR EU SILETOUE 478 Prisculeæ (Gr) "70620008 477 Prodalia Marx 0 REP Prodidomidæ (Fam.)......... 3392 Prodidomus He EURE 337 ProlothusSRhorelEEees He 932 PTONOUSIKEVSELI EPP PAPER 863 PTOPOSUTAN ISERE RER EEE 910 Propostireæ (Gr.) ........... 508 Prosoponcus E. S........ LR MIGAU BTOSOPOLNECA EE SAP EN E PE 662 Protad at SAT REP RER 239 PTOSURES MUNIE RP PRE PRE 373 PSASTOPS FA SE CR MN OAI 127 Psalmopæus Pocock......... 4007 Psammitis MeEnge PARC EEE PE 1035 Psechridæ (Fam) Cr neS Psechrus Phorell "MP 0006 PéelieMUS ES EE METRE 110 PSEUIdIODSNE NS EN RAERENRRE 92 Pseudoporrhopis E. S. ......... 973 PSDCNOLUSIEL ES CORRE 482 PSHOUETCES ETS ER PÉTER TERRE 284 Pycnacantha Blackw. .......... 89% PYCHARIS IE ISERE LE) LEA 1041 PYlATUSAHENZ PET ERERENERRE 322 PNreSthesS Butler FERA 1036 PYTNUS ES: EME REP RRTRe 347 Pythonissa C. K...... SÉRIE 389 RaChias SEL AMENER 114 Rachus WNalck eee PME 471 RACIUS ESS SEM LEE DE 230 RéDIluS AS PEMRRP PERS UC FOR 346 RenIUS CAMP EEE PME ER CARRE 1055 Rhechosticha E. S. ..... lon (CANTINE Rhode E. S. .... Rhodeæ (Gr.). ....... TABLE DU PREMIER VOLUME HO MpNBearEs C0. 0... Rhyncharachne Bradley. . Rhynchognatha Thorell. . Rhytidicolus E. S....... Rhytidura Thorell . ..…. Rianus Thorell...... .. Salassia Getaz.. ....... SAlAS SIA AS EE EURE SOS ANR SU nr SATASCE LISTES 0. LL Sarpedon Cambr.... ei scie 0 HO 000 9 CE S'ASONA RMS EL EUR Sasoneæ (Gr.)..... .. SUIRIUSKEYSErI 0 MON, SHSICUSE NS EN: 20: Scalidognathus Karsch.….. SCaphiella ES... 00. Schismatothele Karsch... ÉMIS Sclerogaster Cavanna. . . Scodra L. Becker...... : Schænobaies (BL.) SColoderus E:5S....:.... SCOpticus E.S:........ Scotinæcus E. S........ SCotolathys E.1S2... ... SCotophæus E: S........ Scotynotylus E. S. ..... S'IIRIA D ER CPR Seyiodes Latr,.. 72, Scytodinæ (S.-Fam.).. SÉDASIAE S::,..1400ux Sedasteæ (Gr.).:..... SESESIMANLAÎr. . .. .: 2. __..... ss... .... Segestriinæ (S.-Fam.). .... Segestrioides Keyserl.... sos Pages 446 1065 162 241 313 312 502 892 995 101 SCIE. LS CARRE 499 SelENOCOSMIA AUSSI 150 Selenocosmieæ (Gr.)........ 147 SÉIETIOIYDUS POCUC ORNE 1067 SETOIOIUSAR LS. MIRE INR 374 SÉLICODEIMAAAUSS PRE ERREER 159 SÉLADIIS ES 2.7. 2: à 374 Sicariidæ (Fam.).......... SNA Sicariinæ (S.-Fam.).......... 268 DÉCUTIUS IMAC Re LE SAR 271 SONDE SENS TRNR C0 1056 SIMOLCUS ESA SL CRI. 96% SATA CR ee SA ORNE 829 SINCOMDAL EN SAN ARR TAN 749 SOA SIN EE ne 703 SIPAOIAISMAENS RENE 193 Smeringopodeæ (Gr.)....... A74 SMETINODDUS IE IS RTE 476 SMÉRISA BE SU LAN MEN UEM 703 Smodicinus E. S. .. 10006 SOIENO Del BES ER RICE COUR SOICINSARÉ AS TE CCR Ar 677 Spermophora Hentz...... ..... 474 Sphærobothria Karseh.......... 168 SDHECOZONE MAMIE AM PET 673 Sphodros Walck......... 81, 87, 198 SDAYIONNUSPESS EE EEL EE LT 990 SDUASMAME MS EE CERN TEAM 794 Spinthareæ (Gr.). .......... >12 Spintharus Hentz. ........... 913 SDINNATUSENSNE NN Ver 798 Spiracme Menge... ... AR CHUIIS Spiroctenus E. S. .. . 115 Spiropalpus Emerton. ...... .. 662 SLOUS RSS HERO 652 SIA SEMIOUtE EEE EP RE 319 Stanneoclavis Butler............ 845 SLASIMODUSNBAS LCI AE TEA 81 SICHOTE SNA EEE AN EU Bol SUBI) M TSNTC EEE RUE D90 Stegodyphus E. S. ... AO Stegosomu Cambr. , ..... .. 960 Stemonyphantes Menge.. ...... 707 Stenochilinæ (S.-Fam.)...... 393 Sienochilus Cambr. "PSS S506 69 1082 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Pages SÉTODNDUEMITDENS Ciomocccobaes- 296 Stenoterommata Holmb.. ... .. 107 DID OLOCECUS TRS CE CETTE 185 Stephanopoideæ (Gr.).... .. 1041 Stephanopoides Keyserl......... 1042 Stephancpseæ (Gr.)......... 1046 Stephanopsinæ (S.-Fam.).... 1037 Stephanopsis Cambr. .......... 1054 SIETIDHOpUS ES PET CENT 40% SIÉTRNOCHTOMS ES PAPA NOEE 97 Stethopoma Thorell.......,..... - 980 SURlD TAN PIS EE RIRE PE RRRE 704 SHGNOPDIASUUS ESS OCR PRES AA SCIE Speo oo eo D29 Stiphropodinæ (S.-Fam.)..... 958 SHDATOPDUS ETS EPP PP CEE 961 SIOLEMANN ACER RER EEE 429 Storeninæ {S.-Fam.)......... 425 Storenomorpha E. S. ..:....... 415 Storenomorphinæ (S.-Fam.). 415 SOINS BE Sonate ne sa Pa ne 128 SÜRICODIUS ARS PME E EPA 967 Stromatopelma Karsch.......... 174 SURDNEUS ATEN EE ob co0 de 125 Strophieæ (Gr.)............. 965 Strophiinæ (S.-Fam.)........ 961 SITODUS IR ENSETIER ECC ERP PEEEE 967 DPONOPAIDIP IS IS 018 0 à 2H Bo 5 Ca © ve 658 Stylophora Menge.............. 70% Stylothorax Bertkau. .......... 666 SIVIDOSIS EAST RCE TE ENT 992 SUE NUS ADS PR PE ER . 1065 SUTUCIAMR SA RE T AUENr L31 SUHUCIEÆNIGT) NPPNECREERE 130 Sybota E. S....... NE ARE 216 SNÉUTAIEAS APR AR MEET 70% SVIDSMANE IS PMP EEE 990 SUIUITANICOIR IEEE CPE ER CEE 216 SYINMODANIANEENS EE CE ARE TE CE D99 SYÆMTANE AS NE IEEE 1036 SYNALUS PAS MEET PNNES EEE . 1055 | SYNADNIS ESC PAPA 89 Symotaxebei Gr) EEE MAP 49% SNTOAXUS IIS AMP TRAITE Vrenn0S SVS LEA AS A PRE PET 483 Taczanowskia Keyserl.... ..... Taguleæ (Gr). 2e TASUISIE SEE CANCER à Talaeæ (Gr) Ne HAANILES IE MS PRO RPEEEEERARE Æ DAAUSIE SERRE LE 6 RO Taphiassa SLR CPR Lapinasia ES HR PES Tapinauchenits ASS PETER DADINOCVDANE SEP CRE P PEUR HADINO PANNES RES LS TATANUCOUS IE STE PURE TATCOCANUSEE ESP PRET sr LatacanthAButle eee nereere T'aomessat Came 2000600. s TelématEe Se. MT OCR TEPRICUIES SRE MERE DertLoleS ICE RC PRE EPP RIEE ER MESIUUINANE NACRE TEE PACE Testudinarieæ (Gr.).... .... Tetrablemma Cambr..........…. TARTANAIN BE D eee Lea DÉTACDAMANEALT EEE RES Tetragnatheæ (Gr.)......... Tetragnathinæ (S.-Fam.)...…. Tettana ES INTENSE 2 LAON TAEN TRE ER EEE E Thalerommala AuSs............ Thalerothele Bertkau.. ......... Thallumetus E. S....... : NhANALUS CREER idee MhAPSAQUS IE ESP EREEEN REPREE TRAD YA TL ARE PACE EEE RATE NAN ARE PERTE Theonoeæ (Gr) Mree mere MhÉOIMATENSSEPRREEE TAN EE EEE Pages 898 971 973 996 363 998 LG D80 647 172 657 708 706 979 845 928 318 295 284 386 258 907 90% byE) 845 723 717 709 D81 247 181 178 241 106% 653 1015 1040 66% 845 187 285 989 d86 289 TABLE DU PREMIER VOLUME Pages Mheraphosanhoreli.. ...1,, 158 Theraphosæ (S.-Ordre) ...... 62 Theraphoseæ (Gr.).......... 156 Theridieæ (Gr.)..... 531 Theridiidæ (Fam.)........... 487 NemdionaWalcke"..1. 1. D90 Theridiosoma Cambr ...... 918 Theridiosomateæ (Gr.)...... 913 HÉMOUIAPEMEN ON... ....1... dJ91 HHÉUINAMAS 02:00 en) Mheumeæ (Gr). ............. 349 Hilaosoma Cambr.....: 1... AOÛ THAT ORSRNNEREESS 90% Thomisidæ (Fam.)........... 949 DADMISOIAES NICOLE 271 HNOMISODS RATSCN. 000 0 1007 Thomisus Walck. ..... .. 1023 TES TNOTIEMTNENRE d'OS NE 968 DNMEODEUSN ES AN EME PAL 651 DNTEOSNENIUS ES AAC 660 Thyropœus Pocock. .... 1066 Dhwaiesia Camhr::.. 14.000 D19 Hbc lus ES... SABRE ee 1065 HAUSSE SAT ANR. Lure 663 OEM IS RULES... 12/1 ISO 1e SPACE EE RE 653 Ton IUNOREINR SRE EEEEE 237 HIS UE SAME LR, re 995 mare æi(bie) eee 2. 990 MALUS AIS ER CU 99% HmesSiphamestEMS MAN 138 Tmeticus Menge...... SR RO AL LODPSOUIKEN SET A. ©. .. DoÙ HObias PAS R ELT 9 DM CHAN 1053 HOMOXEDABNS AE PARA AU. d18 Trachelocamptus E. S ......... 662 HACYCOSMUSEMS ANNE... 347 Trachygnatha Ch. Kulz......... 666 Trachynotus Dahl. ...... .. 661, 662 Hrethona C. K.... nee... 179 Trematocephalus Dabl..... 668 ILOBSIS NERO SAR 302 DRAC Zee, 829 PAPLOCNAMSAE.LS 7... Eu. 839 MRBONEUME Sue... 665 DTICHODACIS IE SAT EEE (EG RAChOpe Ina ASP RENPANENT 129 Trichopterna Ch. Kulz.. ....... 650 LTricongieæ)|(Gr.) PAPE 399 PTICONSIUS ES RE MU MRCONODOINENSIE SA ERP PRRE D99 HRISUCNO DSPACE ER ERP Aou IS) DUINENANEMS RPC ET STAND DAME ARENA RTRR 124 IMMO TAIMIONE LEONA LME 348 Troglohyphantes Joseph. ....... 706 TOXOCHTOANRUICZ EEE CAE MERE 697 HEONOCHEUS ES PP EME RE RAR 653 DEVCCUS TEASER e 439 Turckeimia Cambr. ...... . 783, 829 y IOR AMENER EEE 737 VD INSIE MES RP ENORSRRNS 671 DUDROR ERA OMR PRET AUS DNDNOCHEES USM SN EME 664 UE SAS AR PR Eee An 960 Uloboridæ (Fam.)........... 205 Uloborinæ (S.-Fam.)......... 210 Ulo bonus are AE EE REC EAU 214 Ho MMUSME SRE RAR er 965 UnilanKeVSer EEE Ce NNOO0 CnmidiaNnorelAeN ere 87 Uptiotes Walck. (voy. Hyptiotes). UrAAdnne IKsyserI., 24006708 1025 Uroci eh EMDUOUREERe ER Cru 45 UrocteidælRane) "Aer 148 CSA ES RS PREMIER A te 907 Ursemr(Gr ee em ERRNnE Cr 909 UCRUSSES SPEARS Le 179 SONATA EEE ENS ee 284 Utah ne er en on k76 LAC NIET OMS RAM 214 Venere NsSer EN En 918 Meræ (Ar) (S=Ordre)-. 0. 200 VEMAUCOS MCD LEE EC 829 NHDrAdAPRENSEr ARE TUNER 960 Mie KE TReAlS ER MEnMaTEE D89 LRO (CET RESTE Se TUMSAE Maine Cote see 829 108% Pages Walckenaera Blackw........... 661 Wendilgarda Kevserl. (voy. Ven- dilgarda). Wibrada Keyserl. (voy. Vibrada). NVTeTIaN ES Re EU 661 Wüllibaldia Keyserl. ........... 706 Wirada Keyserl. (voy. Virada). NENPSINSNE SA PE EAP Aer 160 NOSTASDIS ES ne MONTE ‘AMra02 Xylethreæ (Gr.)......... ... 864 XVLCINEUS IE LS MR MM RAT 86 XNDMINUSAE AS PERTE ERP ANR 303 NUSTICUSA ORALE PEER AUTE 1035 HISTOIRE NATURELLE DES ARAIGNÉES Pametopias Phorell PEER PRe PATATE CREER ENTER te ; PANNES AE PANIERS HSE Zodarieæ (Gr) PRES Zodariidæ (Fam.)....... ... Zodariinæ (S.-Fam.). ........ ZLodarion Walck- "72e 00e Eee ZOrOCrALeS ENST PP PRREERECREE Zoropsidæ (Fam.). ..... .... Zoropsinæ (S.-Fam.). DOTOPDSIS MSC EEE NENE RE POS EMISSIONS Zugia GARE IA PRADERE FIN DE LA TABLE DU PREMIER VOLUME Pages 4 à 256 parues le 10 octobre 1892. Pages 257 à 488 parues le 15 novembre 1893. Pages 489 à 760 parues le 10 octobre 1894. Pages 761 à 1084 parues le 20 novembre 1895. Pages 976 829 337 432 408 423 435 230 227 229 230 21% 829 NCIEN PRÉSIDE NA DES SOuTÈ Tue di MA ET 200LOGIOÙ à 1223) TRANEU . Hi SCIE FLE ; ARS dans do toute bp ADN T DES SNÉTÉLÉS HNTU ET ADDLORIOBE NE PAS 4 Le | À ! F | re | À 7 Ÿ croisade Lien Ph ETS EL # “ ê % dé D" EUGÈNE SIMON p | si ENT DES SOCIÉTÉS E+ LOMOLOC! QUE | ET Z00LOGIQUE DR FRANCE PAR 3 1 | ie d eu HS s VAE