*M _i ^^r C+ZtZr :"W vUtZ^ *£*—- cic — l^y; il3 iJ-LumJ \ ISTOIRE NATURE^ DE L'ISLA^ DU GROENLA^^, VU DETROIT DE DAVIS Et d'autres Pays finies- fous îe Nord, TRADUITE- DE L* ALLEMAND Be M. Anperson, de l'Académie1 Impériale 9 Bourg -mettre en Chef de la Ville de Hambourg, Par M* * , de ly Académie Impériale ^ &■ de la Société Royale de Londres* . TOME SECOND.. à p à k i s; Cher Sebastien Jorry , Imprimeur- Libraire , Quai des Auguftins, près le Pont S. Michel, aux Cigognes. M. D C C. L. Jkvec Approbation & Erivilége du Rail INTRODUCTION. Out le monde fçaie avec combien de lélc Frédéric IV 3 Roi de Danemarc, a travail- lé de fon vivant à h Propagation du Chriftianifme dans Se Nord r & que pour cet effet il envoya deox Colonies pour prêcher l'E- vangile aux Groenlandois Sau- vages , qui habitent les Côtes du Décroit de Davis. Je ne fus pas fi-tôt inftruit de ce louable def- fein j que je mis tout en œuvre pour être informé du fort de ces* Tome II* a \l Colonies , & principalement de là nature du Pays , & de la Conf- titution des Habitant; , dont juf- qu a préfent nous n'avions eu que des connoiflances incertai- nes , fabuleufès ou faufles. Tour, y mieux réiuîir , je me faifoi* amener fuccefïîvemenc prefque tous les Capitaines de Vaiiïeaux • qui avoient fait ce voyage , foie pour la Compagnie de Bergen ea Norwége , ou pour le Roi d'au- jourd'hui , & donc quelques- uns avoient paffé plus d'un an parnû ces Sauvages. J'ai eu par ce moyen des Relations très- curieu- fes & fort intereflantes à piu- fieurs égards > ce qui m'a déter- miné à leur donner quelqu'or- H) cîrc , pour être en état de lcs communiquer au Public Jai cru parce moyen me rendre utile à ceux qui font leur Etude de la Nature , avec d'autant plus de vrai-fernblance , que perfonne ne nous a donné jufqu à préfenc aucune Relation fuivie de ces Pays , à l'exception d'un petlc Ouvrage ,xjui a paru à C openha- gue il y a environ vingt ans *« Ceft aux Colonies Danoifes , comme je l'ai dît , que nousavons l'obligation de tout ce que nous fçavons jufqu a préfent de cePays * Dont le titre Danois eftDet Garnie Gron* Und Nye Verluflrsttion , c'eft a dire , Noté* Welle Ferluftration de tout le Groenland , un» piimée à Copenhague 3ea 172,9. in ûftava. HISTOIRE NATURELLE D U GROENLAND, E T DU DÉTROIT DE DAVIS. E Sieur Hans Egede 9 Première Miniftre Luthérien à Colo!lie et* Groenland* Drontheim en Norwé- Sc > ^aat formé le de£ —■ ! fein de convertir les Groenlandois fauvages 5 quitta en 1 7 1 8 fa Cure , & fe rendit à Bergen, &deià en 17 19 à Copenhague. Le motif de fon voyage étoit de folli- citer l'Etâbliffement dune Million Tome II, A, •% Hifîoire Naturelle conforme à fon Plan , & d appuyer par fa préfence plufieurs Projets & Mémoires qu'il avoit envoyés pour cet effet, mais qui jufqualors na- voient pas fait beaucoup d'impref. jfion fur le Miniftére. Sa préfence n'opéra pas davantage. Les obfta- cles qu'il rencontrait de tous côtés, oc les obje&ions très - fblides } par lefquclles on combattoit fes Plans , .penferent le faire defefpérer de ieur réuffite. Il fe tourna du côté des Né- gociant de Bergen.* dont il gagna 'quelques-uns.., foit par des motifs de Religion., en leur faifant envifà- ger la.-conyerfion de tout un Peuple d'Idolâtres , foit par l'appas de ia Eécke des Baleines , qui 5 ayant de- j> iïîs quelques années prefque aban- donné les Côtes de Spitzberg , fré- quentoient alors en grande quantité celles du Détroit de Davis. On réfo- lut de former une Compagnie -pour envoyer fous YOdcroi du Roi une Colonie , qui s'établiroit fur ces Côtes dans quelqu'Ifle convenable* On foliicita les Négocians de Co* fçnln^m de fè joindre àçmz Q®^ du Groenland &cï y pagnie 5 mais ils refuferent dy en- trer , & la guerre qui occupoit alors le Nord fut un obftacie invincible à h réiiflite parfaite de cette entrepri- ie. La Compagnie de Bergen nV voit cependant pas laifle de faire de temps en temps par elle - même quelques tentatives , qui furent d'un affez bon augure. Enfin en ï^ui le fieur Egede fe vit au comble de fes vœux. Le Roi lui fit expédier & à la Compagnie de Bergen des Let- tres Patentes , & , pour rendre cet- te entreprife plus folide , on établit en fa faveur une Loterie tant en ar- gent comptant qu'en A étions pour h nouvelle Pêche des Baleines dans le Détroit de Davis. La mauvaife ad- miniftration des Direfteurs de ce nouvel Etabliffemcnt ayant fait é- choucr les intentions falutaircs du Roi , il fit lever une Capitation o-é- iiérale de tous les Etats temporels & Eccléfiaftiques dans toute l'éten- due des Royaumes de Danemarc & de. Norvège. Les fouîmes qui en provinrent furent plus que fufllfan- tes pour commencer .. Une bonne A ij 4 fJijhire Naturelle partie en fat employée à mettre là Colonie en état de partir & de fîib- fifter pendant quelque temps. Les premiers vaiffeaux mirent à la voile dans la même année , & leurs inf- truâions portoient de chercher un endroit convenable pour un établiffe- ment fur les Côtes du Groenland , de l'aller occuper > de faire connoiP- ftnee avec les fauvages , ■& d'ouvrir un commerce avec eux auffitôt qu'il feroit poffible. Le Sieur Egede s'em- barqua aufli avec la famille , pour travailler à la converfion des Paycns. Sa route Les Vaiffeaux fôrtirent du Port de êc aborde- gerp:en , & ayant doublé llilande , mQm* ils firent route vers la Côte Orien- tale de l'ancien Groenland , pour atteindre le Cap appelle Staten-Hœek ( qui veut dire Coin des Etats ) fîtué a 6o° de latitude. Ils y rencontrèrent des glaces de 7 à 8 lieues de large j ce qui les détermina à pouffer en- core 30 à 40 lieues à l'Gueft & delà toujours vers le Nord jufquà 64 degrés , ou ils cherchèrent terre. La Colonie débarqua le 3 Juillet 1721 4 une ïfll, é l'ayant trouvé afféas _ du Groenland &c» f commode pour fes deifeins , elle s'y établit le mieux qu'il étoit poffible* Cette Iflc eft fituée dans l'embou- chure de h Rivière de Baal > & eft appellée en Groenlandois Kangre- mijné. Les Danois lui donnèrent le nom de Gothaab ou Gudhoep , c'eft- à-dire , Bonne-Efperance. Elle n'a qu environ une grande lieuë du Nord de tour , & n'eft qu'à deux iieuës du Continent. La Colonie choifit cette Me , par- g ^^ ceque le froid y eft affez fupporta- ylff°^~ ble en hyver , & quelle eft prefque toujours fréquentée tant en été qu'en hyver par des fauvages , qui s'appellent Kalutes dans leur Langue avec lefquels il y avoit apparence d'entamer avec avantage les deux objets de leur Mifïïon , la Prédica- tio i de l'Evangile & le Commerce. Cependant fur les nouvelles qu'on Antre érai avoit reçues en Danemarc que les jjlïflemenc _ , . 5 . , . r , j de la leçon* Baleines n etoient pas fi abondantes de Coionic^ fur ces Côtes qu'on s'étok imaginé & qu'il falloir les chercher plus haut vers le Nord , on embarqua une fé- conde Colonie avec un autre MiniC A iij 9 Hiflôire Naturelle trè nommé Albert Top , qui fut or- donné en 1723 à Copenhague Prê- tre & Millionnaire au Groenland.Elle s établit à 45 lieues plus haut dans le Détroit de Davis fur une Ifle ap- pelle par les Groenlandois & les Da- nois Nepiffine oc fituée à environ 67e dans la Widen-Fioerd. Elle eft à envi- ron 50 lieues de lagrande Me de DiP co? & par confequent fort proche dé X Endroit de la Pêche marquée fur \% nouvelle Carte de Laurent Feykes Haan y & des Mes de Baleines. Ceft ici où la vraye efpece de Baleines fe trouve en très-grande abondance dans les mois de Février & Mars y & les Groenlandois en prennent beaucoup pendant ces deux mois. Après ce temps elles fe perdent peu à peu fur ces côtes & prennent la route de l'Oueft vers celles de TA* mérique. fe Miémll Nonobftant la fituation favora- «ks ICColo- b*e ^e cette Colonk 5 elle n'a pas nks. eu plus de fuccès que la première. Il eft vrai , que quant à l'œuvre de la Converfion des Groenlandois, on n'y a trouvé d'autres obftacles que du Groenland &ct f la langue du Pays 5 qui fans compter la difficulté , n'a pas un feul mot pour exprimer les chofes fpirituel- les, ce Peuple n'ayant aucune idée de Dieu , & ignorant entièrement tout ce qui concerne la Religion» Au refte ces pauvres gens font affeaS dociles , & comme d\m côté ils n'ont aucune connoiffance du Créa^ teur du Monde , & ne font attachés à aucun Culte extérieur > ils n'ont aucun préjugé à combattre 5 point de Prêtres qui les y foûtiennent 5 ni d'erreur qui les affujettiffe ; par confequent ils fe livrent volontiers à la curiofité naturelle à tous les hommes , & écoutent avec plaifir tout ce qu'on leur propofè de bon & deraifonnable. Quant auxVertus mo- rales , ils étoient en état d'en donner des leçons plutôt que d'en rece- voir , de le Miniftre ne devoir p en- fer qu'à leur en découvrir la four- ce 5 retendue & le but félon la te- neur de l'Ecriture Sainte. La Colo- nie ne trouva pas la même facilité pour le Commerce , & elle déchut beaucoup des idées fiatteufes qu'elle A iiij § _ Hifiolre Naturelle avoit conçues à cet égard. DéfâUts Le commerce n'a là que deux »er«0,DM rbra"chcs qui Puiffent être avanta- Met. |euf?s Pour ce«x qui veulent y tra- fiquer.L 'une eft la Pêche des Baleines, cert-à-dire, le Thran ou l'huile, & les Barbes , qu'on peut en tirer & l'autre eft un Trafic avec les Grocnlan- dois muionnaux ou Sauvages. Or la Pêche des Baleines, qui eff d'ailleurs fort importante ici , n'appartient pas a cette Compagnie feule , & fes Vaiffeaux font même les moindres dans ces endroits. I! y a p!us #un iiecle & demi, que les Hollandois*, C'eft à cette Nation que nous avons l'obligation des Cartes de ces Contrées & des corre&ions qui s'y font faites de temps en temps , quoi- qu'elles foient encore fort éloignées de l'entière précifion. La meilleure de ces Cartes eft celle de Laurent Fey- kes Haan publiée par Gérard van. Ceulen dans la Defcription du Détroit de Davis depuis la Baye Méridionale jufqu'a Pljh de Difco , imprimée eu du Groenland &c* f les Hambourgeois & d'autres Na- tions ont fréquenté & prefqu'épuifé le Détroit de Davis ,furtout depuis que les Baleines ont été chaffées de Spitzberg, où toutes les Nations de l'Europe alloient, pour ainfi dire, les affiéger. Il eft vrai , qu'il y avoit lieu de le flatter que les Colonies Danoifes étant fi proches de l'en- droit de la Pêche , & ces Poiflbns paroiflant déjà en Janvier & Février dans la Baye de Difco & aux envi- rons de rifle de Nepiffene , elles pourraient prévenir pour la Pêche tous les Etrangers qui ny vont que vers la fin de Mars. Mais on voit par .l'expérience > que ceux-ci arrivent à l'endroit de la Pêche auflitôt que les Coloniftes Danois , qui fè trouvent renfermés pendant l'hyver dans des glaces continuelles, étant obligés d'attendre un vent favorable qui les Hollandoisà Àmfhrdam en 171^ La direction du Paffage , les milles , les fonds à Ancre Sec. y font marqués dans le ftile des Marins. î ô Hifiolre Naturelle chaffe de la Côte , pour les mettre en état de fè férvir de leurs bateaux 8c de joindre les Baleines. Quand même il arrive , que le vent déba- rafle les côtes de ces glaces plutôt qu'à l'ordinaire , la gelée y continue toujours d'être fi violente , que les rames des chaloupes & les gouver- nails des bateaux font , malgré toute la graiiïe qu'on pourroit y mettre , un bruit fi terrible,que les baleines , qui ont l'oreille extrêmement fine y en font , pour ainfi dire , averties & chaffées en avant: outre cela , les Marins m'ont affuré , que les uften- files de la pêche fe roidiffent telle- ment .par la gelée exceifive , qu'il eft impoflible de les manier , & que le froid même eft fi violent, que les Coloniftes Danois ne fçauroient y réfifter dans des bateaux ouverts, & qu'ils font obligés de regagner la terre vers la nuit. Quant à la pêche même , il eft aifé de comprendre que la Compagnie de Bergen , qui n'en tire pas beaucoup de profit , n'a pas affez de fonds pour équiper le nombre fuffifant de bâtimens pour **** du Groenland &c. ï f fournir ce qu'il en faut à cette pê- che ; car c'eft principalement de leur nombre que le fuccès dépend, Le vent change fônvent fur ces mers , & fouffle tantôt de l'Eft , tan- tôt de TOueft ; ce qui embarafTe beaucoup un bâtiment qui eft feuî à la pêche , & qui fe trouvant au- deffous d'un de ces vents & des gla- ces qu'il chaffe devant lui , manque ordinairement fon poiffon | qui fuit partout l'eau qui eft ouverte. Quand au contraire plufieurs bâtimens font Ma/copie > c'eft-à-dire , pèchent pour partager également, ils fe diftri- buent de côté U d autre , de , quel que piiiflc être le vent , il y en a toujours quelques-uns qui ont la mer ouverte pour agir & pour pê- cher avec fuccès. Les HoUandois s qui ne manquent pas devaifleaux,fça- vent tirer tous les avantages de ces circonftances , & font par ce moyen. tous les ans des pêches abondantes. Il y a des Négocians dans les Pro- vinces-Unies , qui avi&uaillent leurs vaiffeaux pour neuf mois , & qui font poursuivre les baleines jufques Ht par Terres 1 2 Hifloîre Naturelle fous la côte de l'Amérique > & con- tinuent la pêche julqua la fin du mois d'Août. Les Colonies Danoifès trouvoient de même beaucoup de difficulté dans le Trafic parterre avec les Sauvages. Les Hoîlandois , qui ne négligent aucune branche du commerce , ont de tout temps trafiqué avec les Groenîandois , & le font encore au- jourd'hui. Il eft vrai que la Compa- gnie de Bergen , après avoir établi Tes Colonies fur les dites Mes , avoit employé les moyens pour s'empa- rer du Commerce avec les Natio- naux à l'exclufion de tous les Etran- gers. Eiîe avoit même réfblu de conftruire un petit Fort fur la Côte Méridionale de l'IOe de Difco ; mais on comprit bientôt , que par ce moyen on ne pourroit dominer fur tonte l'étendue de la Mer. On pro- jetta enfuite de bâtir deux Forts , l'un iïir une des îfles des Chiens & l'au- tre fur une des Ifles des Baleines | mais on fentit de même , qu'elles étoknt trop éloignées les unes des autres , pour que le canon pût dé- du Groenland &c. ï % fendre le paflage. aux Etrangers , & Ion fut obligé de quitter le Plan du Monopole forcé. De plus les Sauva- ges aiment beaucoup mieux com- mercer avec les Hollandois qu'avec les Danois , pareeque les premiers leur apportent de meilleures mar- chandises & les donnent à meilleur marché que ceux-ci. Par conféquent le peu de commerce , que les Coio- niftes pourroient faire fur ces Côtes , n eftpas affez important pour encou- rager les Négocians Norwégeois de Danois à fe mettre en frais pour le foûtenir : ou , pour mieux dire , les Coloniftes ne pouvoient s'entretenir par leur pêche .& le commerce avec les Grocnlandois , & leurs Princi- paux étoient obligés de leur en- voyer continuellement xîe Norwé^ g-ç de quoi fiibfiftcr. Le mauvais fuccès de cette entre- La CoSt: prife détermina à la fin le Roi de pagnie de Danemarc à abolir la Compagnie de ^e[ge^ ^ Bergen. Les deux Colonies ; après avoir cloué des planches fur les fe- nêtres de leurs maîlons .& mis les clefs aux portes 3 fe rembarquèrent 14 Hlftoire Naturelle, en Automne 173 1 , à l'exception du bon Miniftre Egede , qui n'ayant ja- mais voulu abandonner fès nou- veaux Profelytes , dont il avoit fait pius de 500 , relia avec environ 18 Danois dans rifle de Bonne Efpe- ranec , avec la ferme réfolution de m jamais la quitter. Il y demeura jtifqu'cn 1736 , qu'étant accablé de maladie de corps ôc d'efprit , il fut forcé d'abandonner fbn pofte & de s'en revenir à Copenhague. Rempîa. Cependant le Roi envoyé tous Xux vâif-les an.s PQur fon comptc une couple féaux par de vaifTeaux au Détroit de Davis , m. dont le principal but eft vraifem- blablement de trouver un partage pour arriver à la partie Orientale de l'ancien Groenland qu'on croit au- jourd'hui perdu. On n'a même épar- gné ni peine ni dépenfe 5 pendant que les Colonies fubfïftoient pour cette découverte. Tentait- J ajouterai ici en peu de mots ce ves.poûra-que j'ai pu tirer à cet égard d'un ^]aJ très-habile Capitaine de vaiffeau , perdu, f*** a ^ principalement employé g la recherche de l'ancien Groea- ^ du Groenland &c. i y land. Il étoit d'abord perfiiadé , que la côte 5 devant laquelle les deux Colonies s'étoient établies , étoit la côte Occidentale de ce Pays perdu , parce qu'on a trouvé en-deça de la rivière de Baal fur la terre plufieurs ruines de vieux murs0 On a auffî découvert à 6o° , 3 o proche le Staa- îen-Boeck des ruines d'une Eglife avec des reftes très reconnoiffables du Chœur & des Autels 5 & même un gros morceau d'une Cloche de métal qu'on a apporté à Copenha- gue. On s'apperçoit outr^ cela de certains mots JSlorvrégeois .dans la langue des Sauvages 5 qui ont même parmi, eux une tradition ,y que leurs Ancêtres y .ibryt ,y.enu$ d'un autre Pays , /§£ qu'ils ^>nt tué les hom- mes .qui y 'demeuroient avant eux., jïls ; montrent en mémoire de cet événement un endroit où s'eft don- né un grande bataille 9 3c qui porte ïCticore aujourd'hui le nom de P/- fikflarbick , qui veut dire , Place où l'on tire avec des arcs. Mais on en veut principa^ment Et à h à h Partie Orientale de l'ancien côce °"sû- tale* ï 6 Hlfioire Naturelle Groenland , qui pâlie pour avoir été le fiége capital des Chrétiens 5 félon les Annales de ces Pays * , & il y a apparence > fi Ton pouvoit y péné- trer , qu'on y trouveroit encore leurs Defcendans , ou du moins quantité de leurs Hâtimens > de Chartes & autres preuves utiles pour l'Hiftoire en général , avec un Pays habitable. Quoiqu'il en foit , il paroït ju£ qu'à préfent abfblumcnt impoffible d'aborder à cette Côte. Le Capitai- ne 5 dont je tiens cette Relation , a été un jour aflez heureux de l'appro- cher jufqu'à deux lieues ; mais tous les efforts qu'il fit pour aller en avant , furent inutiles à caufc des glaces fermées qui entouroient la côte , & il eut toutes les peines du monde à fe debarafîer des glaces flottantes & à regagner la pleine mer, Toute la côte cft bordée d'une quantité prodigieufe de petits ro- * On prétend que dans cette Partie Orientale il y a eu un Evêché , 30 Couvents, 1 z Paroiffes & 190 Villa- ges habités» chers du Groenïand&c^ 1J îrfiers caches fous l'eau , qu'on ap- pelle dans le Nord Schacrm ou Ci- feaux, dont le vuide eft tout-à-fait rempii & bouche de glace v fans parler des morceaux énormes qui l'envi ronnènt en flottant de tous côtés jufquà plufienrs lieues dans la mer. Ces glaces , qu'on y rencon- tre pendant toute Tannée , defeen- dent fans interruption du Pôle du Nord 5 de Spitzberg &c. Elles font pouffées continuellement vers cette côte par le vent & par le courant de l'eau , qui en emporte 5 quoique rarement , quelques morceaux au- delà du Staten - Hoeck. Ce même Capitaine 5 après avoir employé imri ement tous les moyens imagi- nables pour atteindre la côte y fit tout fon poffibe pour découvrir du moins les reftes du pays noyé de Bus marque fur la Carte. 11 employa exprès deux mois à croifet de tous côtes jufqu à 50 lieues à la ronde- Mais il ne découvrit aucun veftige dé terre , 5c il y avoir partait une profondeur étonnante. îi trouva un. îcul cairote de peu d'étendue- r ®k Tome II* B rî § ^ Hiflotre Natunlh malgré une profondeur de 100 brâP lès , la mer étroit agitée au point % que les eaux fè tenoient toujours plus élevées que partout ailleurs. Elles étoient verdâtres & remplies d une quantité prodigieufè de toute forte d'Algues marines. Ne pour- rait-on pas conclure delà avec beaucoup de vraifemblance qu'au fond de la mer il doit y avoir des foutees d'eau chaudes , qui caufent cette élévation & agitation furpre- nante ? fol*tZ C^Hieiloereftedoncplusd'ef^ veràlaCô-Perance d approcher la Côte à tm* teOcciden-vers les glaces , on a fait plufieurs ûfe tentatives pour y pénétrer par terre en venant de l'Oueft. Mais toute la Côte Occidentale eil bordée un peu avant dans le Pays d'une chaî- ne immenfè de rochers couverts de glaces & de neiges qui ne Te fondent jamais. Les Vallées en font remplies de même , & les chutes d'eau qui entraînent des morceaux de rocs Se de glaces jointes aux gouffres af- freux couverts de glaces minces de trompeufès en rendait le pàflage du Groenland &cl 19 abfolument impoffible. Le Capitai- ne dont j'ai parle a efiayé tous les moyens imaginables pour y péné- trer , & s'efl: même fervi de fouliers à neige comme les portent les Lap- pons &■ les Efquimaux * ; mais il n à jamais pu avancer dans le Pays.il eut même le chagrin de perdre dans fom dernier effai un de fes gens , qui fut englouti dans les glaces à la vue de tout temonde.On l'entendit lamenter pendant affez longtemps , & Ton fut obligé de retourner , fans pouvoir le * Ce font de petites planches min- ces de 5 ou 6 pieds de long fur 18 pouces de large qu'ils attachent fous la plante des pieds & avec lefqueîîes ils marchent fur la neige pour ne pas enfoncer. Elles font appellées en Suédois Skidker , en Norwégeois Skier , en ancien Iflandois Skydt on Oendrur. Voyez en la Defcription d'Olaus Magnus in Eddam Ijland. 9 dans Steph* in not. ad Saxon Gram- mat, pag. \i6. V.'aùffi la Lapponk de Sckeffèr^ài, 1®, B ij 20 Hlfioire Naturelle. iecourtr & fans cfperance de pénétrer jamais plus loin. On a eflaW plu- geursfoisde rafcr la Côre Occi- dentale avec une grande chaloupe, wnt en montant vers le Pore , qu en défendant jufqu a 60 degrés pour tâcher de découvrir quelque Fleuve ou Détroit & pour remon- ter par-!a dans le Pays j mais juf- qu? prefent. on n'a trouvé aucun paflàge. I eft bon de remarquer en panant pour la correction de la Géographie » qu'on a découvert à cette occafion que le prétendu Dé- troit de Frobishcr n'eft rien moins, juun pafTage, ou s'il i'a été autre- lois » qu'il eft aujourd'hui tellement bouche de glace & de neiges , qu'il neft plus reconuoiffable. En effet dans les Defcriptions que nous avons du Groenland , & où les Bayes & Golfes font affez bien in- diques , je ne trouve aucune men- tion de Détroits ou Sonds qui di- vifent le Pays. Les Habicans mêmes de ces Cotes , qu'on a eu grand fiwn de queftionner fur ces préten- dus paffages , ont déclaré unanime- du Groenland &c. 2ff ment qu'ils n'en connoiflbient au- cun. Le Sond des Ours n'avance pas non plus à beaucoup près fi avant dans le Pays , que les Cartes je marquent ordinairement , bien loin de le traverfer, comme quel- ques-uns le prétendent. Outre cela il a très-peu de profondeur , & efl prefque tout rempli d'Algue mari- ne , dans laquelle fe tient une quan- tité prodigieufe de Poiflbns. Au relie on a appris par les Habi- Ce Pays tans du Pays , que plus haut. vers le eft hablt^ Nord il y a des Peuples beaucoup plus fauvages queux, qu'ils man- gent des hommes,. 8e que leurs ca- banes font étayées & liées par des cornes de licornes en guife de per- ches de bois. Ces pauvres habitans des Côtes Occidentales du Groen- land font fouvent forcés par la faim de le jetter dans leurs grands canots ae femmes & de chercher leur nour- mure, eu cottoy int toujours la terre jufqu a ioo lieues du Nord* c eft-à- dirc,p!us de 150 lieues dàUcmagne plus haut vers le Pôle , que les. Da- mois m peuvent aller avec leurs ■JHti Blflolrt Naturelle vaiffeaux. Ils afiuroient même que plufieurs d'entr'eux av oient remonté beaucoup plus loin que n'auroient pu faire ces grands Canots , & qu'ils avoient vu les Côtes oppofées de l'A- mérique de fi proche , qu'ils auraient pu parler aux hommes s'il en avoit paru fiir le bord de la Mer 3 mais qu'ils n'ont pu y pafler à caufe du courant extrêmement rapide qui par roiffoit en cet endroit tomber d'une hauteur & qui faifoit tant de -bruit qu'on l'çntendoit de plufieurs liëuës. Je paffe à la Defcription des Côtes du Détroit de Davis, Elles font tou~ . tes bordées d'une infinité de Schae- Détroit de ren > c'elï-à-dire , petits rochers ca- Bàns' ches fous l'eau & de quantité de pe- tites Se grandes Mes , qui ne font que des amas de rochers dont elles font toutes hériffées.Le Continent efl en- trecoupé de grands & profonds Gol- fes , qu'on appelle Fioerden , & dont les uns font des embouchures de Fleuves & d'autres de bonnes Rades. Tout le Continent eft rempli de ro- chers , dont les plus hauts font tou- jours couverts de glace & de neige Defcrip- tion de la Cote du du Groenland &cï *Tj? fife même que la plus grande partie 4es vallées qui réparent les rochers. Le Climat, autant que les Colonies Le ClinuU Danoifes y ont pénétré , eft affezfup- portable j mais le Temps eft fort in- confiant. Le Soleil eft fort brillant & chaud en été, & il fait beau & ciair au continent, où il n'y a point de brouillard. Les Mes au contraire n ont du beau temps que dans le mois d'Août, & pendant tout le refte de l'année elles font enveloppées d'un brouillard humide & froid , qui empêche de voir le foleil. Dans ces Mes & fur la Mer on obferve d'un moment à Tautre des changemens confidérables dans la température de l'air. Il ne pleut ni fôuvent ni beaucoup. Il tonne rarement , & le fon du tonnerre eft extrêmement fourd : l'écho qu'il caufe dans les montagnes n'eft pas même à beau- coup près fi fbnore que dans d'autres Pays , ce qu'on doit vraifemblable- ment attribuer à l'épaiffeur de 1 air T à la légèreté de la neige & à la fragi- lité des glaces qui couvrent les ro- chers. Les grandes tempêtes font ^4 Hlftoire Naturelle fort rares , & quand elles arrivent J elles ne durent guéres. Il y en â fou- vent fur Mer , fans qu'on s'en apper- çoive beaucoup fur terre. Les plus fortes tempêtes viennent du Sud. Les Danois & les Norwégeois trou- vent rhyver de ces Contrées aflez fupportabîe , d'autant plus qu'il y gclc prefque continuellement par un temps fort fercin. La plus forte ge- lée arrive avec les vents de Nord- Eft, qui viennent en partie du Con- tinent, qui eft rempli de rochers couverts de neiges & en partie des glaçons immenfes, qui s'étendent le long de la Côte Orientale, lis caufent un froid terrible & pénétrant par les particules glaciales , dont ils fc char- gent en fi grande quantité qu'elles reffemb'ent à une pluye fine ou à un brouillard épais. * *Ceci parou fi incroyable aux Ha- titans des Pays ehaiHs, que les Sça^ vam même en doutent. C'eit pour- quoi il ne fera pas hors de propos que /ajoute ici les remarques à cet Le duGroentand&c: ïy Le temps calme eft cauiè que les Bmh eaux font bientôt prifes , & la g!aCe couP ' 0 glaces. $£dJe Crhritkn Spidbcrg Miniftre à ^hnltianiand en Norwége. ( V. le // Supplément des Acla. Wratijlàv. Art.'' 4- Pag- 7i •) » Perfonne ne révoouerâ »en douce , dîc-îl , que l'air ducêté » du Nord ne fait rempU d'une infi. » nue de particules de neige & de gla- " " » fld fo«t fouventfi greffes & fi » fenfibles, qu'étant poufTées par le » vent elles font fur le vifage le mê- »me effet que des coups de verges. » Non feulement on les fent .; mais » on les voit même quand il fait bien » froid, & par un beau clair de foleil » on peut les obfervgr dans l'air corn- » me des millions de petites étoiles » brillantes. Ceft là la feule raifon «qui rend les vents du Nord plus » froids & plus pénétrants que les au- "très: jls paffent avant de venir à » nous pardeffus les plus hautes mon- "tagnes du Nord, où ils feehargenc » de ces particules de neige & de gla- »ce , qui étant apportées dans nos l orne II, q %6 Hifloire Naturelle renfermée derrière le Schacrcn ou rochers de la Côte & dans Les Bayes dure ordinairement jufqu'à la fin de Mai , parce que les flots de la » Climats doivent naturellement y eau- *> fer un grand froid ». Zorgdrager 9 dans fa Pêche de Groenland , P. IL ckK z. dit , en parlant de Spitzberg : » La gelée blanche y tombe dans la *> mer en forme de petites particules « pointues de neiga, dont elle elt fbu- » vent couverte comme d'une pouf- « fiere. Ces pointes fe joignent en fe » croifant 5 & à mefure qu'elles avan- « cent par l'air froid , elles augmen- « tent & s'accumulent tellement dans « l'air , qu'elles tombent à la fin en 55 quantité , & qu'elles couvrent la n mer , pour ainfi dire , d'un lit de *> glace. On voit briller ces particules tj glaciales par un beau Soleil & quand *> il gelé bien fort ; dans d'autres temps «> elles font invifibles & tombent com- '•? me une efpece de rofée ». On peut encore coafulter les belles"Remaj ques que fait à ce fin et /. Perry 9 dans fon Etatprèfmt de la Grande RuJJïe* pag* du Groenland &c. 27 Mer m peuvent pas la brifer : elle refte entière jufquà ce qu'étant amollie par la force du Soleil elle fe. fonde & fe caffe d'elle-même. Le Soleil paroït continuellement Unbeau au-deflus de l'horifon depuis le mois foleil ; tant d'Août- Il eft vrai , que vers minuit en Eté * il eft enveloppé dans les vapeurs de rAtmofphérej& que par coniëquent il paroït un peu rougeâtre à-peu près comme quand il fe couche che \ nous; mais malgré ceî# fa lumière eft fort brillante, & par un temps ferein il fait aulfi clair qii^en plein midi. Quelque agréable que ce fpeâracle Qa*e« piaffe être en Eté , les pauvres Ha- H>vera bitans de ces Pays le payeroienk trop cher, s'ils étoijot obligés de refter pendant trois mois de THy- ver dans les ténèbres affreufes de la nuit ;Mais il faut admirer ici la bonté infinie du Créateur qui n'a négligé aucune partie de la Terre , quelque petite & éloignée qu'elle puifle être , fans y manifdler des preuves inconteftables de fa bien- veillance pour le genre humain. Je tiens de plufieurs perionnes u&$ Cij :1f8 Bifîoire 'Naturelle croyables, que non feulement on y voit le fbleil .pendant trois quarts d'heures au deflfus de l'Horifon le. 21 Décembre même , qui eft le jour le plus court de l'année , mais qu'il y a ordinairement une cfpece de jour qui dure pendant quelques heures par le mayen de la réfrac- tion des rayons du So]eiLqui fc fait pendant long-temps dans les vapeurs petrêmement épaiffes de ^'Atmos- phère en caufantvUrvCrépufcule fort Wng le matin le & foir. On s'imagi- neroit en effet,, en iliivant les .■prin?* dipes ordinaires de PAfbonomie & de la Cofmpgraphie , qu'à cette é~ levation du Pôle îe Soleil ne pouç^ toit.p^is fe lever a]ors au dcfiiis de l-Horifon ; mais un Capitaine de vaif* feau fort habile Se très digne de fpi m'a affure , .qu'étant monté à 06? 5, 3 o de latitude fur une. très pe- tite hauteur dont il &voit meluré çxaftçment l'élévation m deffus de la fftirface.de la Mer, il avoit pris k hauteur du Soleil félon les ré-r gles de l'Art , Se* qu'en ayant oté la yaîeur de îba élévation fy ck Ifm^ du Groenland &C . %$ ftaftion de l'Horifon , il avoït trou* vé le Soleil réellement élevé au deflus de lafurface delà Mer. Les Nuits, outre quelles font é* clair de clairecs par la- Luné 5 conime par- Lune & tout ailleurs , reçoivent une efoece Aurores de lumière du brillant d'une forte Boréales* réflexion des neiges ù des glaces \ qui font continuellement durcies * «5 pour ainfi dire , blanchies par linê gelée feche- & pure. Dans la nou- velle Lune & dans Tes quartiers \ ceft X Aurore Boréale qui prend fâ ^ce , & fâ lumière eft ibuventr plus brillante que celle de la plei- ne Lune. J'en ai parlé plus ample- ment dahs mzRdatimdzVIjlandeV Les Habitans de ces Pays v n'ayant t «- f cfque rîen à toc au dete^dc^T6 dant tout- l'Hyver , fè tiennent or- q»« des dmairement cachés pendant tout ce Hâbiuns- temps dans leurs fombres habita- tions. Il* eft vrai , qu'ils n'ont ni prf ni bois pour faire des chan- «elles ou des torches ; mais en ré- compenfe Jes Baleines & autres PojP ions leur foiirniflent de la gtaiffè , dont ils tirent des quantités prodi. Ciij Pif %& Sîfloire Naturelle gieuies de Thran , ou huile pour leurs lampes. Il leur en refte irê» me affez pour le chauffage , & pour le feu ordinaire de leurs cuifmes. Farrlié- Les Parrhilies > qui font fi rares lies, dans d'autres Pays 3 paroiflent ici ordinairement plufieurs fois dans Tannée. Ce Phénomène eft ordinai- rement ftmefte pour ceux qui fe trouvent fur Mer , puifque , félon la voix unanime de tous le Marins , il eft toujours fuivi d une rude tem- pête. Le Flux & Reflux de la Mer eit affez fenfible fur ces Côtes & les Marées fe règlent fur les Phafes de la Lune ; mais elles ne font pas fi régulières que. dans d'autres en- droits. Le Flux va de l'Eft àl'Queft & par une tempête il s'élève fou- vent à 7. ou 8. brades. Le Terrain des Vallées eft une .efpece de Tourbe qui étant fort graiTe par la fiente des oifeaux dont elle eft prefque couverte , produit I de l'herbe fort longue & plufieurs j bonnes Plantes. On a eiTayé dyfai* | re venir des légumes y fruits de | Marées. Terrain & fes pro- duits. % du Groenland &c, $ 1 terre &c. Les choux & les raves y croisent affez bien 5 mais les raci- nes mei.reir aufli-tôt qu'elles poufe fent hors de la terre. Le Thym n'y profite point du tout : il relie petit , & a la moindre gelée de nuit il perd le goût & l'odorat. Il eft im- poîlible d'y cultiver du» bled à eau- fe du petit Eté & du froid conti- nuel du Climat, On ne voit gue- res d'arbres qu'un peu avant dans le Continent , ou il y a quelques Bouleaux ? Aunes & Saules fur les bords des Golfes , mais qui ne fiif- firoient pas pour le chauffage des Coloniftes Danoifes. L'Auteur de la Perlujïration du Groenland rapporte , qu'à 60 lieues au Sud de la Co- lonie de Bonne - Efperance il y a- voit un petit bois fur le bord d'un Golfe , & que les arbres étoient de la hauteur d'environ deux bra£ îbs & de la gro fleur du bras. Oiî y voit au!lî par-ci par-ià de petits buiffons compoles de Genévriers ? Grofciliicrs &c. Les Meures de ron- ce > dont l'elpece eft excellente , ne peuvent pas meurir à caufe du brouillard^ C iiij Mines ^Amian- B % Hiftoire Naturelle On ne fçait pas encore ce que les Montagnes & Rochers de 'ce Pays renferment dans leurs entrail- les. On trouve quantité de Mines d'Amianthe , dont les veines font aflez larges , & le lin fort long \ mol & d'une blancheur parfaite. Il paroît extraordinaire que ce miné- ral fe trouve en plus grande quantité & dans fa plus parfaite bonté dans les Pays les plus reculés du Nord *. * J'ajouterai ici quelques remarques interefîàntes couchant les Mines pour en faire de la toile > on le caffe par petits morceaux en frapant toujours -con- tre le fil de la pierre : on continue de les concaiTer avec des marteaux & de les frotter avec les mains , jufqu'à ce qu'il s'en forme une efpece de laine qu'on ferance enfuite j Se qu'on file pour la donner aux Tifferands. Com- me la façon ufitée dans ce Pays de trader l'Asbefte eft différente de celle qu'on connoît ailleurs 3 j'ai cru de- voir l'expliquer en peu de mots. On laifTe amollir la pierre pendant quelque temps dans de l'eau chaude f & on la travaille * enfuite avec les mains en l'épluchant continuellement du Groenland &c. ? 5 5 pierreufe & infipide , qui s'amollit dans l'huile & devient fi flexible , pour en ôter une efpece de terre molle qui reffemble à de la chaux & qui teint l'eau d'une couleur blanche comme du lait. C'en; par le moyen de cette terre que les filamens de a pierre tiennent enfemble. On jette la première eau 8c l'on continue d'en ver- Fer de nouvelle , jufqu'à ce quelle ne blanchilïe plus , pour s'affiner qu'il ne tefte aucune particule terteftre mê- lées avec les filamens de la pierre. On ôte enfin la ma(Te du vafe , qu'on doit avoir foin de nettoyer chaque fois , parce que les particules terreC- tres s'attachent volontiers au fond. On étend les. fi'amens lavés fur des pa- niers ou dans des tanvs pour les fe- cher promptement. On prend après cela deux peignes larges avec des dents "fort ferrées & femblables a ceux des Chapeliers .&.des Drapiers. On fépaïe fubtilement av»c ces pet* gnes les petits filamens qu'on tient en refpeét par les dents des deux pei- 1$ Mïftoire Naturelle quon peut la filer, Le S.Egedente Forte d après fa propre expérience, gnes jointes, enfdrte qu'il „'y a qtre Jes pentes qui pafen. On attache ces peignes fur un banc ou une tai We & Pon fefert pour filer d'un pe- tit fufeau mince , qui tourne "légère: ment & qui eft muni par enhaut d'un crochet ou l'on attache un fil bien ton dp Un ordinaire. C'eft avec ce fit quon unir les filamens de l'Afbefté en tournant le fufeau , & l'on a foin d avoir a coté un va fe avec de l'huilé pour humeder les doigts , comme on rltt avec dè reaaa, filant du- "n. L huile fert à conferver les doigts que le fil d'Aibefte blefféroit autre- ment, & elle contribue même à reit- Je le^fil plus fouPle& plus' doux: Ceft de cette façon qu'on peut filer ee Minerai avec affez- de viteffe 8c Loivdonne le fil ;a„r Tifferwids qui en *ont de la toile à la manière accouru- »ee II eft vrai que le fil de lin du crochet Tefte mêlé avec celui d'Af- bette } mais on n'a qu'à jetter le toat du Groenland &ç* $*j dans fa Miffîon au Gronefland 9 pagQ 97 > que ce lin pierreux brûle com- me une chandelle, tant qu'il a de la nourriture , fans diminution de fa propre fubftance*. Quantité d'au- dans le feu , qui confume le premier fins toucher à celpHri, On trouve dans les 'ïïranfattions Philofophiques. N. 33.3. Arc. 6. la Des- cription d'une Mine d'Amianthe, dé* couverte dans les Montagnes d'Ecôffe & je remarque dans cette Relation Comme une chofe finguliere ce que nous y lifons delà différente couleur de la matrice de ce Minéral ; que , par exemple, le roc èleuâtre produit un Amianthe beaueouppîus gros , au lieu que celui qui vfem dans un roc blanc ou rouge eft plus fin. Voyez M. le Comte de Marjîgli au fujet d'une mi- ne d'Amianthe en Hongrie , dans fon Danubius Pannanico-Myjicus* Tom. III. pag. tf y. * J'ai été fort étonné de voir qu£ les Payfans des Pyrénées avoient r& trouvé le fecreE de filer ce lin miné- ■ • ; 5 S Hîjloire Naturelle Monta- très montagnes renferment danè gnes ordi- leurs entrailles une efpece de pier- mkçs, _______* rai plutôt que tanf de Sçavans qui y ont perdu leurs peines. Leur manière de le traiter eft en effet un peu grof* fiere-, mais ils en font des bourfes, des jarretières &c. J'ai expliqué dans la Nou précédente la manière des Tartaresdelefiler, & il eft certain ; que leur fil & par confequent leur toi- le furpaffe beaucoup par fa fiiiefle les Ouvrages des Pyrénées. M. de Bruyn , célèbre par fes beaux Voya- ges , m'a fait préfent d'un petit mor- ceau de cette toile , dont l'ouvrage eft infiniment au deffus de celui d'une petite bourfe d'Amianthe qui m'eft venue des Pyrénées. La meilleure inf- tru&ion pour filer ce lin & la plus moderne eft fans contredit celle de M. Mahudel dans (on Mémoire du Lin Incombuflible , qu'on trouve dans les Mémoires de V 'Académie des Infcrip- lions & des- Belles-Lettres , Tom. IV. pag. 634. Le fenl morceau de toile in- combuftible qui nous ait refté des An- du Groenland &c. 59 re molle , qu'on appelle Feeckjleen 9 qui , félon M. Egede , neft autre ciens eft , je crois , celui cîont parle le Ji P. Montfaucon dans fon Diarium Italicum f pag„ 450. In vinea qua- dam , dit-il , détecta ejl ( 1701. ) urna. grandior marmorea 9 in qua tela ex Amiantho confe&a. Efl Uni genus 9 quod Afbefton Gr&ci vocitant : tela veto palmis Romanis g longitudine , y latitudine pari ratione atque ho** dierna tela nojlra contexitur , jilis can- nabina teU more 9 denjioribus , fed ufu detrita ejlque ipfa traffabilior tacluque hnior ipfo panno ferico &c* Ceft-a-dire : » On a déterré en 1702. # dans une vigne une grande Urne de P Marbre , dans laquelle on a trouvé « un morceau de toile faite d'Amian- » the. C'eft une efpece de lin que les *> Grecs appellent Asbzfle. Le mor- b» ceau avoit 9 palmes Romaines de^ *î long fur fept de large. La toile étoic *> fâhc de la même manière que nous » la faifons aujourd'hui : le fil étoit un. & peu gros comme dans nos toiles de - 40 Hîfioîre Naturelle choie qu'un Marbre imparfait. II y en a de toutes fortes de couleur * comme du rouge , du verd & mê- me du blanc tacheté de noir. Cet^ te dernière efpece eft plus enfon-: cée dans les montagnes , &^ conv- me elle eft aiféç à travailler , les Sauvages en font leurs lampes , chau* drons &x. Cette même pierre (è trouve aufli en grande abondance dans la Norwége , & les morceaux qu'on m'en a envoyé font gris &c luiians. Ils tiennent même de la nature du Talc , & reffembîent beau- coup à cette Pierre 3 que les Mi- neurs Norwégeois appellent Grau- glimmer , & les nôtres Greifgejlein ; mais ils ne font pas fi durs & ils « chanvre, êc le morceau étoît bien « ufé. Cette toile eft plus fouple Se & plus douce à toucher qu'une étoffe *> de fbye. » Tout *le monde fçait que ce même Minéral fert auffi à faire du papier qui eft plus ou moins fin fé- lon les différens endroits où il eft pré- paré. du Groenland &c* aï approchent plus du Talc -par' la quantité de petites écailles. La reffemblancc que cette pierre Vra»fcm- a avec celle des Mines de Norwége , blâbl^ment & la fingularite d une autre que je n'ai ZTnls^ ^ pas vu 5 mais dont on m'a dit qu'é- tant frappée elle fonnoit com- me une cloche , me fait préfumer qu'il doit y avoir de bons Métaux & probabement du Cuivre de de Y Argent , dautant plus que je fçais de bonne part , que ces pierres pa^ renflent en certains endroits tein- tes de verd & de bleu, le S< Egedê dans la Relation de fa Mifjîon \% pag« %39 » dit avoir trouvé un morceau de pierre , qui reffemfroit à la Mine de Plomb, Tout le Groenland eft parfèmé de Mine de Fer ; mais quel eft le Pays où il ne s'en trouve pas * Ainfi il n'eft pas étonnant , que ^ fe on le rapport du S* Egede , pag* 84 > on amaffe fur le Golfs Jun« nuiliarbik une clpece de Couleur on Pierre rouge , dans d'autres endroits ( Pag 8j. ) une Couleur jaune par- Ihïiée de veines rouges qui reffem- blent au vermillon ? & dans d au- Tome II. j> I ^2 Hîpaire Naturelle fres encore (pag. 203* ) «ne belle Couleur rouge foncée. On m'a mê- me afluré , que le Roi envoyoit de temps en temps dans ce Pays des gens entendus en fait de Mines » qui vraifemblablement y feront uîv jour quelque découverte. Cepen- dant quels que puiffent être les Mé- taux qui fe trouvent ici , le défaut du bois fera toujours un obftacle invincible au profit qu'on en pour- roit tirer. M. Egede. fait encore men- tion pag* 16 5. d'un échantillon de Charbon de Terre , que ceux 5 qui a- voient été envoyés pour reconnoî- tre les environs de la Baye de Difco , reportèrent à Copenhague. Si cette; Découverte étoit réelle , & qu on pût la faire valoir , elle devien- droit certainement fort avarttagcu- fc aux Colonies Danoifes , & ré- psreroit en quelque façon te défaut abfolu de 'tout autre chauffage. ■ Les Eaux douus de ce Pays pa£ Be Wrr- fent généralement pour bonnes U ms eaul- falutaires. Elles viennent en partie des neiges fondues des montagnes, «Fautres fartent au creux des :tm du Groenland &c. ^ chers , & fouvent , larfqu'elles de- viennent trop abondantes , elles caufent des inondations terribles i *. qui ravagent tout le Pays. Dans l'endroit à peu près où l'on place ordinairement le Détroit de Fro- bisher , il le trouve une fburce àEau Minérale , qui , félon le rapport des Groenlandois y eft fi chaude en Hyver, que de gros mor- ceaux de glace , qu'on y jette 5 Ce fondent far le champ.. Le terrain T qui environne cette fource , eft toute couverte d'herbe qui eft: verte ert Hyver auffi bien qu'en Eté. L'eau ai le goût & l'odorat extrêmement fort- ( Voyez M, Egede > à l'endroit cité 9 - Le Continent eft rempli de Lii~ vres qui font fort petits. Ils font gris fauvapsT en été 6c tout-à-fait blancs eu hy- ver. Il y a auffi des Cerfs % qui font de même trës-perits ^apparemment: parce que le froid terrible & con- tinuel de ce Pays empêche ces Ani^ maux de parvenir à leur grandeur ordinaire. Les Norwégeois les ap~ fcïknt Bxeasdyr 2, quoiqu'ils ne tc& A ni m ami- 44 Hiftoîn Naturelle femblent en aucune façon aux Re& nés ou Rentiers des Lappons , mais pmtot a nos-Cerfs & principalement par k$ pinces. C'eit *a même efpece quon voit en Spitzberg, & fa cou- leur eft grifatre à l'exception d'un petit nombre , qui tirent vers le jaune. Le bois de ces Cerfs eft tou- jours revêtu d'une peau épaiffe & rude. II a de chaque côté deux ou trois pointes, qui font un peu plat- tes , & qui rcffemblentau cornes des Rentiers plutôt qu'au bois de nos «~erfs. Ces animaux font générale- ment plus matériels que les nôtres, & ,, "v«u-"iw M*llemu. ,7 ' ?. de m emparer d une Malkmu- th. c*e vivante qu'un Vaiffeau de retour du Détroit de Davis avoit apportée a Himboarg. Je joindrai ici une description un peu détaillée de cet Oiflau fingulier comptant faire plai- nt a ceux qui fc plaifent à contem- pler les Ouvrages delà Nature. Je le laiffai promener pendant quelque temps dans ma cour pour étudier ion naturel & fa façon de vivre, & je le fis à la fin tuer pour en faire la- natomie. Cet oifeau m'a paru d'une confti- tution fort robufte & telle qu'elle convient au Climat froid & rude de ion Pays natal. Les variations du temps & des faifons lui convenoient également, & l'on letrouvoit tou- jours prêt à avaler. On l'avoir pris fort jeune , piiifqu'il avoit confidé- .rablemcnt grandi chez moi. Il au- roit fans douté vécu fort longtemps, fi l'envie que j'avois de l'anatomi- fer en pleine fanté n'eût abbrégé tes, jours. du Groenland &£ jjjl Il étoit extrêmement gourmand & aimoit toute forte de poiffons & furtout la viande crue. Tout ce qu'on lui jettoit étoit avalé fur le champ , les poiffons en entier & la viande en très-gros morceaux. Il faifoit fa digeftion promptement & rendoit lbuvent (es excrémens qui étoient liquides & fcmblablcs à ceux des autres Oifeaux de proye. Son appé- tit fë renouvefoit à chaque inftant3 & il avaioit tout ce qu'il trcuvoie dans fon chemin. Il attaquoit avec beaucoup de courage tous les petits animaux , comme des rats &c. & fe défendoit avec fermeté contre les gros en donnant de furieux coups de bec , & fe plaifant furtout à mordre la queue aux chats & aux chiens qui n'ofbient plus l'approcher dès qu'ils avoient éprouvé fa force. Il craignoic les hommes fans être fauvage , & s'apprivoifoit aifément avec ceux qui lui donnoient à manger. Je Ta- vois mis pour quelques jours chez un Peintre pour le faire tirer au na- turel ? & lorfqu'il revint dans la maifon il courut au devant à '*$ mom 5 § Bifloin Naturelle Cocher qui en avoit foin ordinaire- ment , & lui fit beaucoup de carêmes &: de démonstrations de joye de fè retrouver en Pays de connoiffance. Il avoit été trifte & n'avoit prefque point mangé pendant tout le temps qu'il avoit refté chez le Peintre. Au refte il étoit craintif aux menaces , furtout quand on lui montroit un mouchoir blanc , & il crioit dïin ton pénétrant & aigu. Sa longueur entre la pointe du bec & l'extrémité de la queue étoit d un pied j 7 pouces, mefu: e de Paris. Le bec feul avoit i | pouces , le bec & la tête 4 J pouces , le col qu'il por- toit toujours raccourcirais qu'il al- longeoit de temps en temps, avoit 6 pouces , & la queue 7 \ pouces. Sa hauteur , quand il fe dreffoit , étoit de 8 pouces , & la longueur de fes jambes avec les cuiflTes 8 \ pouces : fans fe drefler il n'avoit que 6 i pou- ces de haut & le bas de la jambe cm avoit 2 1. Son bec étoit droit & proportionné , découvert dans fa plus grande partie & d'un- verd noi- râtre j le refte étoit revêtu d'une du Groenland &c. Jf îpellicule pleine de duvet , & fa lon- gueur fbitoit de trois pouces. La partie du bec qui étoit nuë avoit plus d'épaiffeur que !e relie & étoit garnie dune elpece de coque , il faifoit Je crochet, à !a pointe , & !a partie inférieure qui étoit droite s'emboetoit exadlement dans la- partie (upérieure. Le bas fe termi- noit parmi bouton triangulaire ; ce qu'on obferve aufli dans d autres Oi- feaux de la même efpece , & que Willougby appel; e Tuberculum feu promin&ntia angularis > qui fert félon lui à fortifier cette macheoire, » afin »que TOifeau puiffe mieux ferrer *> fa proye ». * En effet le bec de cet Animal m'a toujours paru ex- trêmement fort , & les mufcles qui le font agir le font de même. Le haut du bec a quelque chofe de fin- gulier que jufqu'à préfent je n'ai en- * Ad mandibulam rob&randam, quo fortius &firmius pi/ces retineat.V. Ion Ornithologie Liv. IIL Seét. 3, Membr* **Tit. 4. ch. 1. #o nifloîn Naturelle corc ôbfervé dans aucun Oifeau : iî m percé de 4 narines , dont il yen a 2 allongées & étroites dans la partie découverte , & 2 autres ron- n &„Pius g^ndes dans celle qui eft revêtue de duvet. 14 tête étoit plate & un peu allon- gée. Les yeux étoient aflez grands & clairs , & la prunelle d'un beau noir & entourée d'un cerc'e un peu plus cair. Les oreilies étoient larges & ouvertes. Ces oifêaux font très-forts en plumes , qui /ont blanches & gri- fatrcs du côte de la tête & derrière le col. Elles font tout-à-fùt blanches lur 1 eftomac & mêlées fur le dos de blanc , de grifïtre , de noir & jaune ■iale , formant enfemble un habille- ment agréable à la vue & varié. El- les tiennent fort avant dans la peau , & font d'autant plus affurées que le tuyau furtout des plus fottes eft tout couvert de Duvet & un peu tordu. L'endroit des groffes plumes eft de- plus revêtu d'un duvet fort épais , femblable à celui du Cigne & pre£ qu'auffi abondant que celui du Ca- jpard à Duvet j ce qui contribue à§a- du Groenland &c. 64 tantïr Poifeau contre l'eau & le froid: Les ailes étoient un peu étroites y mais fort longues, fortes & très-gar- nies de plumes*. Quand mon Oifeau les étendoit , il y avoit entre les deux extrémités 3 pieds 8^ pouces de di£ tance , pendant que les infertions des aiffelles fur le dos n'étoient qu'à 1 pouces lune de l'autre. La queue étoit garnie de plumes* : elle étoit aplatie & s'élargifibit comme un éventail que l'oifeau fajfbit jouer avec beaucoup de grâces. Les jambes & les pieds étoient d'un gris clair un peu rouffâtre , & avoient trois grands doigts fur le devant > & un très-petit fur le derrière. Les trois de devant étoient tout-à-fait joints par une membrane double qu'on ne pouvoit féparer qu'avec un couteau * les ongles étoient petits & noirs, ar- rondis fur le devant & prefque fem- blables à ceux de l'homme: celui de derrière reffembloitàceuxdes autres oifeaux. Après l'avoir plumé , nous y dé-4 couvrîmes une membrane qui en- ydoppoit la peau ordinaire $c tellq 6 î Hijtoire Naturelle que les Naturaliftes la donnent au Pélican,* &c. Elle fert à former avec la peau un magazin d'air que l'Oi- feau y attire en plus ou moins gran- de quantité , pour faciliter ou mo- dérer (on vol en montant & en des- cendant. La chair de mon Oifeau ctoit couverte par-ci par4à de grai£- fèj ce qui eft affez ordinaire dans ceux du Groenland , dont la graifle fe place fur la chair qui eft beaucoup plus remplie de fang qu'ailleurs 5 ce qui augmente la chaleur interne , dont en eftet ils ont grand befoin pour réfifter à la rigueur de leur Climat. Les mufcles pedtoraux étoient forts , épais & tout-à-fait proportionnés aux grandes ailes & a la longueur du vol que ces oiféaux font dans le cas de faire , tant pour chercher leur nourriture furies cam- pagnes immenfes de glace que pour traverfer la mer à l'approche de l'hy- ver lorfqu'iis quittent le Pays pour *.V\ les Mémoires des Mathémati- ques & de Phyjique de -l'ann. 1693,; . au Groenland &c. g% chercher des Climats plus tempérés. la Langue avoit 1 1 pouces de long. Elle étoitunie,étroite& garnie près ■de fa racine de quelques vilSofités pointues & un peu roides 5 qu'on voyoit de même derrière l'ouver- ture du Larynx , & qui fervent à couvrir & garantir celle-ci au dé- faut de Fépiglotte. Les anneaux de la Trachée étoient entiers & fermés m rond , parce que leur cri ? qui forme toujours le même ton , n'e- xige pas de modulation comme dans les oifèaux qui chantent, Le bas de la langue étoit fourchu , & renforcé de deux anneaux forts & cartilagineux „ dont les bras pat- fcient latéralement dans le poumon. Celui-ci n'étoit pas compofë de deux lobes , mais plutôt de* deux mor- ceaux détachés qui n'avoient point & que cependant le défaut d'Ovaire prou voit clairement que c'étoit un ftiâle. Jobfervai encore en ôtant l'œil de la tête un Mufcle fort large qui couvroit prefque le quart de fa convexité , mais dont je ne fçau- rois deviner Tufage. La Sclérotique étoit extrêmement dure & ferme > & le Chryfta'lin étoit fphérique de groffffoit les objets comme une lentille de verre. Les Académiciens de Paris ont obfervé la même chofe àl'Oifeau Aquatique appelle Cormo- ran , qui pourfuit fa proye (bus l'eau de même que la Mallemucke. Le Chryftallin des Poiflbns eft ordinal rement figuré de même , & leur fèrt, aufli bien qu'à ces Oifeaux à voir fomt II* F ; €6 Hiftoire Naturelle plus clair fous l'eau. En ramaffant tout ce que je viens de rapporter de mon Oifeau , je crois ne pouvoir nie difpenfer de le déclarer véritable Mouette : atten- du que j'y ai trouvé précisément toutes les marques cara&ériftiques par lefquelles les Auteurs qui trai- tent des Oifeaux diftinguent ¥ efpe- ce de ceux-ci , telles que font , par exemple , le bec allongé , fort , pointu & courbe fur le devant , les narines allongées ,*les ailes lon- gues & fortes , les pattes foibles de délicates ? le corps léger & extrê- mement garni de plumes , joints à la voracité de l'Animal , à fbn cri , à fa familiarité avec l'hom- me &c. Âinfî , s'il m'eft permis de jôuïr^ du droit qu'on accorde commune-^ snent aux Naturaliftes qui décrivent les premiers un animal , je donne- rai au mien le nom claffique de Larus marinus maximus > ex albo 9 nigra & fufco varias , Groenlandi- cus , & pour le mieux fpecifier , je rappellerai Moue tu de Groenland de du Groenland &c. 6j la grande efpece , variée de plumes blanches , noires & jaunâtres , ayant h bec droit & un peu courbe a la macheoire d'enhaut , & les ailes croi- fèes au dos. Le nom de Mallemucke , Malle- Mocke , a été donné à cet Oifeau pat les Pécheurs de cette Nation. Il fignifie -Cotte bête , du mot Hol- landois Mail , qui veut dire fot , (ftupidus) & de l'ancien mot al- lemand ' Mode ( Scropha ) c eit-a- dire,anima!,bête.On l'a nom^m- fi pour fa ftupidité qui , lorfqu ileit • acharné fur une charogne de Ba- leine ou d'autre poiffon, le porte a fe laiiler tuer à coups de bâtons plutôt que de quitter fa proye. y Cependant il faut qu'il y ait plus Uj«£ d'une efpece de Malltmuckes , puii- e(peces> que celle , dont Martens fait men- tion dans fon Voyage de Spitzberg » différé à pluficurs égards de la mien- ne ',. & je fuis d'autant plus porte à- le croire , que l'origine de ce nom 1 * Parc. IV. chap.'î.n. n. Fi) ë$ ttijloire Naturelle ne vient que des Matelots qui font peu en état de diftinguer les M peces , & qu'après tout il n'cft em- prunte que d'une qualité que ce- lui-ci peut avoir commune avec Antres i? """" °ifeaux ^naciers. o£TA.cJlJ0â ou9tr e «& Pleurs efpe- guatigues. tS ■"?% & de Canards fauvases , pami. lefquds fe diftingue furfout le CW/tf a Duvet, dont j'ai parlé dans ma Relation de l'I/lande. Tous ces Animaux arrivent en Groenland vers 1 Eté , & en repartent vers - IHyver pour l'Amérique ou d'au- très Contrées , oh ils jouilTent de p us beaux jours dans un Climat plus doux, Les Hollandois qui ont paffe 1 Hyver à Spitsberg ont remar- que, que le départ de ces Oifeaux le tait au commencement d'Oéto, bre. * fc'SSî » LeJ.R^s & te Ruiffeaux font rempli de Truites, d'McnvJfes & fur- tout de Saumons.. Dans une Rivière,, sies». * V. La Pêche de Groenland d-e Zom* iragcr.K III. cil. iQi. *' du Groenland &c\, ^0\ %uî fe décharge dans le Golfe ap- pelle Bahlsfioerde, on en prit un jour a la fois de quoi remplir dix-huit tonneaux* Les Truites Saumonées a- bondent auflï partout. Les gens du; Pays les appellent Rothfifche , c'eft- à-dire , Poiiïbns rouges , & elles portent eu Nonx'ége le nom àrAuen. La Mer qui arrofe ces Côtes eiï Poiffoi^l extrêmement poiffonneufe. Il n'y a de iVlelv point A' Huîtres ;, mais les Moules & les Poupars * font admirables & d une groffeur extraordinaire. Les Sauvages dp. Pays prennent tous les ans des quantités prodigieuses d u- * Les Femelles ouc la queue plus large que les Mâles , pour mieux cou- vrir les parties génitales. Celles-ci font doubles, & il y en a une de chaque côté, qu'on voit très-diftinétement, de même que les vagins en dedans. Les Mâles e-n ont auflï deux; & lorfqu'ils s'accouplent, ifs fe joignent en éten- dant les queues 5>& tiennent fi bien en*. femble, qu'en prenant i*un on emporte ça même temps, l'autre» '>J® Hlfioïre Naturelle ne petite efpece de Harangs \ que les Nouwégeois appellent Lodder ,. & qui reflemblc beaucoup à nos E~ perlans. 11 les font fecher fur les Rochers pour leur provifion cTHy- Ver. On y pêche auiïi quantité de de Cabeliaux 9 de Rayes , de Soles ou Plies '& de Flaitans. Ces der- 1 niers font appelles en Norwégeois Quêter \ & ils font ici dune telle grandeur , qu un feul fuffit pour rem- plir un tonneau* î^s Ba- Qaand aux Sros Poiflons ^e leines Mer , que les Naturalises rappor- tent à la Claffe des Baleines ( Gtnus Cetaceum ) il y en a des quantités prodigieufes ici & dans les. autres Mers plus élevées vers le Pôle. Je. fuis même perfuadé qu'il n'y en a point d'efpece fur notre Globe qui ne fe trouve ici en abondance. Ceft dans ces Mers , où la Provi- dence a apprêté la nourriture con- venable à* ces énormes Animaux , qui d'ailleurs ne pourraient pas vi- vre dans des Climats plus chauds , où leur dos qui neft qu'une maffe contigue de graifle fe- fondroit iné- râu Groenland &f. yt \ïtablement aux rayons du Soleil. je faifirai ici l'occafion de traiter un peu plus amplement de ces Mon- ftres Marins > & de tacher de met- tre, leur Hiftoire Naturelle dans un plus grand jour qu'on n'a fait jus- qu'à préfent , pour marquer autant qu'il me fera poififale les traces , fur le/quelles on pourra parvenir à quelque certitude à cet égard. Cette Clafle de Poiflbn fe dif- I^u* àtt* tingue d'une manière très-marquée férenced^s de toutes les autres. Elle n'en porte ^r$es L ° " en effet que la figure quant au de- hors 5 mais par fa ftrudure inté- rieure elle reflennble généralement en tout aux Animaux terreftres. Le fang des Baleines eft chaud 5 elles relpirent par le moyennes Poû- * mons ;■•& c'eft pour cette raifort qu'elles ne peuvent pas relier long- temps fous l'eau. Elles s'accouplent comme les Animaux terreftres : el- les font vivipares, ont du lait Se leurs •petits tenant. Les nageoires des au- tres* Poiffons font composes d'a- rêtes jointes les unes aux autres par des pellicules fort minces. Les ' g» fîïjtoin Naturelle Baleines ont à leur place des 0* articulés , figurés comme ceux de •la main & des doigts de l'hom- me * ? revêtus de mufcies ôc de beaucoup de chair tendineufe , &c enfin couverts dune peau épaifle & femblable à celle qui enveloppe le refte du corps : aulïi la dénomi- nation des Marins Hoîîandois & & des nôtres diftinguent les na- geoires des Baleines de celles des autres 'Pôiffons* Ils appellent les premiers Finnen ** & celles - ci * On trouve la figure de ces Os de Nageoires d'un Marfouin dans les A4if> cellanea Curiofct Medico-Phyjica de Major. Lîv. IV. Pag. i.y 3 Se d'un au- tre Poiilon de cette même efpece , dan«s Ja Monocerologie. de Sachs* pag. 29*. Ces Os paffeiu communémentdans les Cabinets de Curioiicés Naturelles poux des Os de Mains d Hommes Marins. * * De l'ancien mot Allemand Fin- m * en Angle? Saxon Finna y en An- em glois Fin , en Danois Find&r Suédois Feen % en Latin Pinna* Fioffca ... du Groenland &u y f jFlûJJen ou Flosfidern. Ceft en ceci que le Créateur a marqué furtout un foin particulier pour ces énor- mes Animaux. Les Nageoires ordi- naires auroient été de beaucoup trop foibles pour faire tourner ces maffës épaiffes & roides 5 pour ré- fifter au poids du corps en plon- geant & pour éviter la chute. Tou- te la Gaffe de ces PoiflTons a ou- tre cela une queue large & épai£ le qui eft couchée horizontale- ment fur l'eau , & qui (ans doute leur a été donnée pour fécon- der l'a&ion de la nageoire , & pour empêcher que ces poifibns en fe plongeant ne foient entraînés êc jettes contre les Rochers par le fïirplus du poids de la tête , en ua mot , pour modérer leur d. Rente & pour diriger leur courfe. Les Baleines fe diftinguent enco- Aatredifi; re de tous les autres Poiiîons eh[él'Qaç& ce que leur chair , qui reffe/nbie à celle des animaux terreftres , eft partout couverte à une haut ur a£ fez confidérable d'une . graiffb po- ceufe & tendineufê ? que les Pê« Tonu 11^ \ G -y^.' Hifloire Naturelle cheurs Anglois appellent Bluhber, Les remarques,, que j'ai faites çt- deffus touchant la graiffe des Cerfs., fuffiront dour comprendre l'inten- tion que le Créateur à eu d'enve- lopper auffi ces Poiffons de ce tiffu énorme de graiffe. Le fçavant M. Ray * en indique différeras autres ufages. Ce font i,J pour tenir l'eau froide éloignée à une diftance con- venable duiang , qui fans cela pour- rait fe refroidir, z ) pour arrêter la transpiration * & pour confèrverla chaleur naturelle du poiffon. 3 ) pour alléger la maffe lourde du corps , qui autrement :feroit trop pefante pour ïk mouvoir & nager dans l'eau * ou peut - être aufli pour lui fervir de contrepoids en Ce corn?- primant ou js'élargiffant tantôt d'ua côté tantôt de l'autre. J'ajouterai ici vtne particularité , que j'ai ap- prife de nos Pêcheurs de Groen- land , jk qui , à ce que je crois , n'a encore été remarquée par per- , V, l'Abbrégé des Tranf actions Phi- lofophiques de Louigthorp. Vol, JL JPag» du Groenland &cl j$ fonne. La Baleine à un gros IntcC tin fort large , que nos Pêcheurs appellent boyau principal, qui fïii- vant leur rapport defeend du fond d% la gueule bien avant dans le corps , mais dont ils ne fçavent déterminer ni la longueur ni Ja vraye fituation : attendu qu'ils ou- vrent i fort rarement ces poiffoss & qu'ils ne fe foucient point du tout de leurs entrailles. Cet inteP tin a des parois fort épais , & eft fi large , qu'un homme y pafleroit fins difficulté. En ayant tiré un morceau hors du Poiffon , on ny a trouvé aucun vertige ni de nour- riture ni d'excrémens , comme on en voit dans les boyaux ordinai- res , & rien autre chofe qu un peu de glaires, telles qu'on en voit dans leftomac. Un peu de temps après que le poiffon eft mort , il s eie- ve beaucoup dans l'eau , & les Pê- cheurs , pour le rabaifler à une hauteur plus convenable à leurs travaux , enfoncent une lance du côté de la nageoire , en tâchant de percer le gros inteftin dont je Gij y S Hifioire Naturelle viens de parler. Il en fort auflî- tôt une grande quantité d'air , 5c le Poiflbn fe baille beaucoup dans l'eau. Je ne feaurois m'empêcher de regarder cet inteftin comroc un grand magazin d'air que ce PoiC* ion porte avec lui , & par le ..^mo- yen duquel il fè rend plus léger on plus pefant,& defeend ou mon- te dans l'eau , félon qu'il l'ouvre - ou le comprime , & qui par consé- quent lui fert au même ufage que la bouteille d'air dans les autres Poiffons. Je fuis d'autant plus con- firmé dans cette idée que j'ai dé- couvert dans nos Poiffons appelles Dorfch un pareil inteftin à air , attaché au dos & continuant de- puis le fond de la gueule ju-fqii'au delà de l'Anus , qui fert fans con- tredit au même effet. Je vais maintenant entrer dans un détail des différentes efpeces de Baleines , fans oublier de rapporter à chacune ce que j'ai pu apprendre de parti- culier à fbn égard • Divifion u y a pliifieurs efpeces de Baleines* ^eS B3yv ^n pourroit d'abord les divifer en Baleines 4 Tuyaux §c en Baleines à m$k mi Groenland &c< 77 Narines. De celles qui refpirent parefpecesdifi. des tuyaux quelquesunes en ont deux, fifrenies* comme la véritable Baleine de Groen- land > le Finnfifch &c, d autres n'en ont qu'un > comme le Cachalot. Les Baleines à Narines font fort rares", & nos Pêcheurs n'en ont jamais ren- contré ni dans le Groenland , ni dans le Détroit de Davis. Jaurois été mê- me porté à les croire fïippofees'& imaginaires , fi je ne me (entais obli- gé de déférer au témoignage de Fa~ btr * & particulièrement du célèbre D. Rohhrt Sibbald , fi exaâ dans î'Hifëoire Naturelle. Il fait mention de deux efpeces différentes de Ba- leines à Narines qui setoient laifle échouer fur les Côtes d'Ecoffe ** . La ^ * Qui dit avoir vu une Baleine à na- rines avec deux nageoires. V. WiL leugkb. Hift. Pïfcium. Liv. II. Ch. 4. * Dans fa Balaenologia nova , où il appelle la première , BaUna tripen- nis 9 nares habens cum roflro acuto & pllcis in ventre , & l'autre,, BaUna. tripennis , maxillam inferiorem rotun- dam &fuperiore multb latwrem habens* G iij 7 § Hîftoire Nature/k divifîon la plus naturelle Se la plûê rrcconnoiffable de ces PoiiTons eft en Baleines à Dos uni Se en Baleines à Dos raboteux. La véritable Baleine de Groenland , le Nordcaper Sec. font de la première Claffe. Celles de l'autre font ou à Nageoires, com- me le Finn-Fifch , le Poïflbn Jupiter, ou à une ou plusieurs Bojfes 9 com- me FFpée de nos Groenlandois , le Pflockfifch d'Amérique Sec. Les Ba- leines fe diftinguent encore par des Barbes 9 comme celle de Groen- land , le Nordcaper , le Finnfîich ? ou par des Dents. Ces dernières ont du une Feule dent , comme la Li- corne , ou plufieurs qui font placées uniquement ou du moins pour la pîus grande partie dans la Ma- ehcoire d'enbas , comme dans le Cachalot , & dans le Wittfifch , ou également dans les deux , comme dans le Butzkopf , le Dauphin , le Maribuin Sec. La principale des Baleines à Bar- bes Se à Dos uni, & pour laquelle le Gxocnun . ^^ pr0prcrnent toutes les expédi- tions de la Pêche , eft la véritable Baleine ds Groenland P Balaena yuU I.LaBa- :ine de J.aqramle Pèche Jes B aleuies Juj ure'e au naturel et telL' yae les HollanJois les Hanileurej \>t autres JYaliaas la fûiU huis les ans dans le J\:lroil Je Davis, sur les Cèles Je (hoenlanJ . «M: du Groenland &c. fp ,gark edentula , dorfo non pinnato de « Ray. Balaena major laminas corneas in fuper'wre maxilla habens , fifiula donata , bipennis, de Sibbald> en Iflan- dois Shttbukr , en Danois Slichte^ back , c eft-à-dire , dos uni , ou S and* huai. Ce poiflfon eft gros & lourd , .& la tête feule fait- un tiers de fà rnafle. Il parvient jufqu à 60 ou 70 pieds de long. Les nageoires des cô- tésont 5 à 8 pieds de long. La queue* qui eft couchée horiibntakment , mais un peu recourbée vers le haut aux deux extrémités , en faifant à peu près la figure de 2 demi - lunes a 3 ou^brafles de- large, & Tes coups font terribles-, lorfque le poiffon eft couché de côté. La peau eft unie & .li'oire 5- & en certains endroits mar- brée de blanc & de jaune, furtout fur les nageoires & fur la queue. Le ventre eft blanc. Le Poiflfon s'avance par le moyen de la queue, qui lui fert dune efpece de grande rame , & il eft étonnant de voir avec com- bien de vïteflfe cette mafle énorme & pefante fend les flots de-laMer.il ne fe fert des nageoires que pouc G iiij $0 Hi/ioire NatureMe tourner dans l'eau , mais la fe- melle en fait aufîi ufage , lorfqu elle cft en fuite, pour entraîner avec elle fes petits en les entrelaffant entre les ailes faillantes de leur queues. La première peau ou épidémie 5 qui n'eft pas plus épaiffe que du gros papier ou du parchemin , étant êtée , on découvre la véritable peau du Poiffon , qui eft de l'épaiffeuï d'un doigt , & qui couvre immé- diatement la graiffe. Celle-ci a 8 à 1 2 pouces d'épaiieur 3 & eft d'un beau jaune , quand le Poiffon fe por- te bien. La chair qui fïiccéde à la graiffe eft maigre &fort rouge. La macheoire d'enhaut eft garnie des deux côtés des barbes , qui s'ajuï- tent obliquement dans- celle d'en- fcîS £ommc dans un fourreau , & qui embraffent > pour ainfi dire r la lan- gue des deux côtés. Ces Barbes font garnies du côté de leur tranchant de plufieurs Appendices, qui fervent en partie à garantir tes lèvres & lat langue contre le coupant des Bar- !bes , & en partie à prendre & à. contenir comme dans un filet les, înfeâes 'i que le Poiffon attire pour iu Groenland &c* $ï fa nourriture & qu'il écrafe entre les feuilles de Tes barbes jufqu'à ce qu'il puiffe les avaler. Les Barbes font rangées dans la macheoire comme des tuyaux d'orgue 3 les plus petites devant & derrière , & les plus grandes au milieu. Ces der- nières ont 6 à 8 pieds & davanta- ge de. long* La langue c(ï prefque entièrement attachée , & n eft pro- prement qu'un gros morceau de graiie , dont on peut remplir plu- sieurs tonneaux. Les yeux ne font pas plus grands que ceux d'un Bœuf* & leur Chry'ftallin feche n'excède pas: la grofleur d'un gros pois. Ils font placés (ur le derrière de la tête , à l'endroit où elle eft la plus large,, & d'où eîle commence à fe ré- trécir auffi bien que le corps.. C'é- toit eu effet la place la plus con- venable aux yeux de ces Poi£ fbns > pour les mettre en état de voir également £n avant & en ar- rière , & ils font principalement portés énforte , afin qu'ils puiffent voir perpendiculairement au deffus d'eux ; ce qui femble convenir le glus 4 leurs Moins journaliers* Us -/ $% Hijioire Naturelle ont un inftinft naturel & convena- ble à leur fureté , qui eft de fe tenir volontiers cachés fous les Glaces^ & comme d un autre côté ils ne fçau- roient vivre longtemps fans refpirer, ils cherchent au-defTus d'eux des en- droits où la lumière traverfe la glace êc où pair confequenc celle-ci eft la plus mince. Ils font en ces endroits des efforts , & quoiqu'elle y ait fou- vent 2 ou s pieds depaiffeur, ils la rompent avec la tête pour refpirer du nouvel air. Sans cette adreffe ils feroient dans la néceffité de fbrtir chaque fois des glaces & de s'ex- pofer aux pourfuites de leurs enne- mis. Les yeux de la Baleine font contre l'CEconomie Animale de tous les autres Poiffons garnis de paupiè- res ôc de fbureils , comme ceux des Animaux Terreftres. Elle a TOuic extrêmement fine & s'apperçoit de fort loin du danger qui la menace. Il femble que la nature lui ait don- né exprès cet avantage fur les autres Poiffons , vu quelle fe multiplie fî peu , pour l'avertir à temps des piè- ges continuels que lui tendent les hommes & certains Meurtres de Met, du Groenland &c. f$ Il eft vrai qu'on n'apperçoit en de- hors aucun vertige d'oreille ni de lobes , qui d'ailleurs l'auroient em- baraffé en nageant & rendu (ujet- te à plufieurs accidens ; mais au£ I tôt qu'on ôte l'épiderme de la tête , on découvre derrière l'œil 8c un peu plus bas une tâche noire , Se danj ce même endroit un certain conduit par lequel le fon pénétre (ans doute jufquau Tympan. Ceft par ce conduit que les Marins intro- duifènt leurs crochets jufqu'à envi- ron 4 pieds de profondeur , où ils rencontrent la Coquille { Cochlea 9 Cavitas cochkata buccinata 9 Antrum buccinofum en terme d'Anatomie ) , qui eft un os fèrvant à Touie , & qu'ils appellent Oreille de Baleine *. Ils ar- * Ces os font communément appel- lés dans les Apothicaireries , Lapides Tiburonis , on Lapides Manati , & on les vend fous ce nom, furtout dans les Villes de Province. V. le Mufaum de Wormius, Pag, 58. On devroic faire attention à la grande différence qu'il y a entre ces Animaux. Le Tiburo eft ut% ^mmm Sif Hiftoire Naturelle tachent ces os fans peine,quoiqù or- dinairement un peu endommagés auxPoiïïbns morts & moitié pour- ris, Se les vendent aux Apothicaires ou Droguiftes. Quand le poiffon efl frais tué , ces os tiennent trop bien . & il eii impoffible de les emporter Il m'a été impoflîble jufqu à préfent de m'inftruire davantage fur les au- tres parties & principalement fur la ftruârure intérieure delà tète de ces vr îi poiïïbn • autrement nommé Loup marin , ou le G ami Hayfifch. Le Ma- nati ou Lamantin eft un Amphibie Quadrupède, ou une grande efpece de Chiens de mer, dont on voie la def-i cription dans le Voyage aux I/Ies de\ V Amérique de Labatt P IL Pag. à l'cxception^le ce que ai rapporté ci-defTus du gros Con- uit à air. Les Marins en rencon-? rant un poiflbn mort , dont la putré- i£tion a fait crever le corps , voyent uekjuefois l'endroit des inteftins* \s dilent même , que les boyaux de e Poiflbn font compofés de neuf uniques différentes , qu'on peut •ter les unes après les autres , & u'elies font toutes féparées par un >çu de graifle ; mais on ne fçauroit É fier à gens fi peu en état de fai- e des observations exaéèes. Il y en qui recherchent les excrémens le la Baleine , qui reffemblent aflezs u Vermillon un peu hume£èé. Ils font rien de répugnant pour l'o- leur. Ils teignent d'un joli rouge 8c ette couleur eft affez durable fur la oile. Quant aux Parties Génitales » e Mâle a une verge de -fix pieds de png 5 & cette longueur parort aiïeg ;%6 Hijloire Naturelle proportionnée à la groffeur du ven: tre. Elle a enbas 7 ou 8 pouces de diamètre , & fe termine en pointe d'environ un pouce d'épaifleur. Le Poiflbn la porte ordinairement ai dedans du corps > où elle eft cachée comme dans un fourreau , dont l'o- rifice eft garni & fermé par des mut des qui forment une efpece de SphinËer^ouv garantir la verge con- tre tout accident de dehors.* La Partie de la Femelle eft faite corn me aux Quadrupèdes , & elle efi ordinairement fermée. Il y a de chaque côté une mammelle , qu ferre naturellement contre le ven- tre , mais que la mère ayant des petits peut pouffer en dehors jui qu'à 6 ou 8 pouces en long & ic ou 1 2 en diamètre , pour ies faire! tetter * . L'accouplement , félon k rapport unanime de nos Pêcheurs| de Groenland , fê fait enforte que les deux Poiffons fe laiffent tomber! * V. Les Tranfaclions Vhilafophiaiu$< H. Si?- Art. i. du Groenland &c. ty •bcr perpendiculairement fur leurs qneuës. Ils s'approchent en fe te- nant fufpendus droits dans i'eau , & fe ferrent l'un contre l'autre avec leurs Nageoires. M. DudUy , $, l'endroit cité des TranfaUïons Philo^ fophiques ,, parle du&e gutte façon de s accoupler , qu à l'endroit cité des Tranfaclions. Les petits tettent pendant un an, & les Anglois les ap-i pellent alors Shortheads , c'eft à dire , Courtes-têtes. Ils font extrêmement gras , & donnent cinquante ton- neaux de g-raide. Les mères font alors fort maigres. Lorfqu'ils ont deux ans, ©aies appelle Stunts^ qui veut dire s'accouple m Groenland &ct> tfa s'accouple en particulier entrelîe , & ne fe mêle jamais avec les autres. Au refte elles fc tiennent toujours enfemble, quoique de différentes for- tes , Se voyagent par grandes trou- pes. Oneft furpris avec raifbn qu'un certain Infecte * , qui avec quelques* Bêtes , parcequ'ils font comme hébétés après avoir quitté la niammelle. Ikne donnent alors que 24 a 28 tonneaux de: graifle. Après ce temps on les appelle* Sculfipi r & l'on ne fçait plus leur âge que par la longueur de leurs barbes. * V. Le Voyage de Spitsberg: dt 'Martens y Ch. 12. N. 2.. & la Peclu.de Groenland de Zorgdrager. P. II Ch. 1 £>. Rajouterai à ces témoignages un* autre- tiré du Journal de Gkr.Bullenàa Voya- ge de Groenland fait en 1 66 J9 impri- mé en Allemand à frréme , en V66S* »> La nourriture de la Baleine r dit-il 3, 'Wfoïit de petits vers qui flotteur pa^- » pelottons dans la mer. Ils font noirs, ^& delà groffeut d'un gros pok ©m s7 d'une petite fève. Ils font conformés; m en Km# comme les limaçons, $sjjfxnt£ JomtPUL ' " '": 0] " fo Hifioire Naturelle Poiffons afïez petits pour entrer darrs la gueule de cette énorme Bête , eft fa feule nourriture , fuffife non feu- lement pour la raffàfier , mais en- core rengraiflb.au delà de ce qu'on voit dans les autres Animaux. J'ai employé tous les moyens imagina- bles pour me faire apporter quel- ques-uns de ces Inftiftes dans de l'Efprit-de vin 5 afin de les examiner & d'en donner la dclcription ; mais la négligence impardonnable de nos Pêcheurs a toujours trompé mon attente. •» de petites ailes d'une ftru&ure adroi- arable, Se fi fubtiles qu'on ne fçau- 99 roit les prendre entre les doigts. Ils 39 s'en fervent pour nager. On les ap- » pelle Walfifch-Aas 9 c'eft-à-dire , 99 Amorce ou nourriture de Baleines.Ils as ont le même goût que les Moules » crues. Leur odeur re/Temble à celle 99 du lucre brut, & elle refte longcemps 99 aux doigts. La Baleine fucce ces vers oj en grande quantité avec fa grande » gueule , ou les moud entre (es barbes v qui en font toujours garnies, du Groenland &c. 9 l Le Nordcaper à qui les Pêcheurs 1 1. Le Hoïlandois & les nôtres ont don- N" à l'exception de la tête qu'il a plus petite & le corps plus mince. Il ne donne que 10 , 20 ou 30 ton- neaux ( Quarteles ) de graiflfe & fes barbes font fort petites, félon Mar- uns dans fon Voyage de Spitsberg. Il eft auffi beaucoup plus agile & par conséquent beaucoup plus dan- gereux. La peau n'eft pas d'un fi beau noir que celle de la Baleine ordinaire , 8c elle tire un peu fur le blanchâtre, La macheoire eft moins allongée que dans l'autre , & plus arrondie Je voudrais l'ap- peler BaUna minor edentula , dorfo non pinnato. Ceft fur cette efpece & fur la fuivante , que fe trouvent 1 es Balani , dont je parle- il ij im Ee ®i&bar,. rai mceflàmmèht. -j mais on "n'a f Grof nian,d- To«t ce que j'ai Pl apprendre de particulier toichan cette efpece a été rapporté dans m FoiiTon fréquente tou ours les Gol- fes de cette Ifle. Je ferai fuivre ici Jcs Efpeces de Baleines, qui «it des ^«L& le nos raboteux, La première eft le Gib- gr ou /ï^A ainfi Ué d do^ faqueue)enanglo.s-„ f mtablh- Cette Baleine eft auffi J?nguç Scmêm e plu s que celle de €roenlandfmais elle eft beaucoup plus^mmcé & plus allongée. * ^ le eft ocauconp plus, agile & quoi- que pourfuivie pendant fort long. fe XI* c!efcJr,*Pti°Q;P'^ ^drceoftanefée- i.Jf^re d n>S le 5**» * «%T P£-««waasi.I»arci.iy,.ch..i,. du Groenland &cï $% ttmps on * peine à la lafler : elle: eft beaucoup plus furieufe & dan- gereufe par fes coups de queue & de nageoire que 1 autre.. Sa peau: eft a peu près de la couleur de cel- le des Tenches, & fôn Ventre eft: blanc. La Nageoire du dos qui eft droite & pointue & 3 jufqua 4 pieds de haut ; celles de côté ont 6 a 7 pieds de long '% Elle a beau- coup moins de graiflè que la vé- ritable Baleine à dos uni. Ses Bar- bes font auffi plus courtes r rem- plies de nœuds , ,& font moins efti- , niées. Elle a la gueule beaucoup plus grande que l'autre v& elle vit de harangs , de maquereaux &d'aur- très poiflons.. De cette même efpece eft le Poif- r v. te Jbn Jupiter, dont le nom vient fans Poifïon Ji^ doute par corruption de Gubarus Piter* ©u Gihbartaz y ** qui dérive à foa * V". Les TranfaHions PMlbfbghiquesï H. 3*7. Art. i.pag. i^8. ** M&mpf us rdans fa Befcrïpûondt: n0nhim^ pag, 120, garl-e eii.gaf&nt '94 Hifioin Naturelle tour de Gibbar , nom ufité autr# fois parmi les Bifcayens * . H cft .d'une Baleine du Groenland fans dents i que les Matelots appellent Gib- bar tas ; mais il n'en donne point ia defcription. Les Tranfactions Philofo- phiques, N. I pag, \% , font mention de certaines Çubs > ou jeunes Baleines, prifes auprès des Ifles Bermudes , dont le dos s'élevait en pointe comme le toit d'une maifon5 & qui avoient la tête très- grolTe , & toute entourée des deux côtés de boffes fort élevées ; ayant le dos noir & le ventre blanc On y parle beaucoup de leur agilité & force éron- nantes, & des cris affreux quelles pouffent après avoir été bleflées $ en ajourant qu'on en prit une de plus de 100 pieds de long , qui approchoit beaucoup de Pefpece qu'on appelle Jubarus , quelle n'avoit point de dents , qu'elle écott plus longue que la Baleine de Groenland , mais non pas fi grotte , qu'elle n'avoit que peu de graif- fe qui étoit demauvaile qualité, ref- femblant à de la gelée. I II eft certain que le Jubarus eft T du Groenland &é. çf yrai que je ne fçaurois déterminer au jufte l'efpece de PoiiTon , que les Marins entendent (bus le nom de Jubartes. J'ajouterai ici en peu de mots ce que j'ai pu apprendre du une efpece de Finfifch , pour le moins auffi iong que la Baleine de Groenland . mais plus mince. Rondelet , de Pifci- hus, Liv. XVI. chap. il, en parlant du Finfifch fous le nom c!e Balœna ve- to., dit; Eam Santones belktarum pif- catores vocant Gibbar y agibbero dorfo > id ejl , in tumorem elato > in quo ejl pinna, H&ç BaUnis vulgd diclis mï+ nor non ejl , fed minus fpijfd 9 minuf queobefa , longiore & acutiore ro/lro , &c.» Les Pêcheurs Xamtongeois I*ap— « pellent Gibbar \ de la boffe élevée «fur (on dos, qui porte la nageoire. » Cette Baleine n'eft pas plus petite *> que les ordinaires > mais elle eft v moins épàifle & moins grade, & a « le bec plus long & plus pointu &cf. "C'eft , fans contredit , du mot Gibbar 7 que les Pêcheurs étrangers ont fabri- qué celui de Jubartes. çg Bijloïn Naturelle Poiffoîi Jupiter , pour eflayer > fi m ïe comparant avec ce que d'autres ©nt rapporté du Jubartes nous ne pourrions pas parvenir à connoî-r tre diftin&ement cette Efpece. Je tiens ma Relation de la bouche d'un Capitaine de Vaiffeau qui m avoitpris un en 1723 , & elle ma été ' confirmée par le témoignage de plufieurs autres Pêcheurs, Ce Poiffon n'a pas la tête fi groffe que la Baleine ordinaire , mais beau- coup plus allongée & plus poin- nie. Son bec eft de même plus pointu. Le Corps eft aufîi plus mince & plus tranchant par der- rière. Il a deux trous par kfqueîs il fouffie l'air , & avec lefquels il fiffl'e comme un homme avec Ta: bouche , mais beaucoup plus fort ; ce que la Baleine ordinaire ne fait point.Sa longueur égale & furpaïfe ifouvent celle de l'autre ^mais celle: que; le Capitaine prit n'avoit tout: au plus que 60 pieds de long- Sa< peau ne tient > pour ainfi dire y pas au corps ,.j& eft pliffée tout autour dm fmion 1 elle eft d'En bleu noirâtre. — - du Groenland &ci $y II porte fur le dos une Nageoire élevée de deux pieds , qui n'eft pas beaucoup courbée., ni pointue &: qui le fait placer dans la Claffe des Finfifch. Au deflbus de la Na- geoire il a une autre bofle beau- coup plus baffe & tirant en long. Celui qui fut pris en 1723 fe (en- tant bleffé pouffa des cris horri- bles qui reffembloient à ceux d'un cochon qu'on égorge. Il n'avoit point de dents , mais des barbes , qui n a voient tout au plus que z pieds de long , fort larges par en- bas & par confequent prefque trian- gulaires , au refte blanches & fore fragiles. Il ne donna que 14 ton- neaux (Quaneles ) de graiffe clai- re & aqueufè , & qui mife fur le feu s'en alla en fumée fans donner de l'huile, On peut l'appelier Ba- laena major corpore JiriSfiore edentu- la , dorfo pinnato. Au refte cette Baleine étoit furieufe , & au lieu que les autres s'enfuyent auffitôt qii'on les attaque , elle alla droit à la chaloupe > et d'un feul coup de queue elle en emporta trois Tomt IL I 0, Hiftoîre Naturelle hommes , qui meurtris du coup fu- rent bientôt noyés * * Il eft vrai que ce Poiffon , lorfqu'on l'attaqua, étoit accompagné d'un autre , & c'étoient vraifemblablement le Ma- ie & la Femelle : ce qu'il y a de certain c'eft qu'ils n'ont jamais voulu fè quitter , & quand l'un fut tué 5 l'autre s'étendit fur lui , & pouffa des cris terribles. Il faut re- marquer en dernier lieu , que ce Poiflbn avoit le col , le dos & mê- me la Nageoire fort chargés d'une quantité prodigieufe de Glands de Mer ÇBalani**) qui entroient bien * Cette Defcriptîon s'accorde fi bien avec celle que je viens de rapporter des Tranfaclions Philofophiqucs 9 que Tune &c l'autre femble indiquer 5 finon le même Poiflon , du moins la même efpece. ** Balanus , Glans marlna^çn Hol-' landois Ekelen 9 Puiflen dans Rump- fins, communément Fotygn >Ptdîcu^ lus Cetl ? (félon Boccon dans fes Re* cherches ^ pag. 2S7 & zpj). Balanus du Groenland &cl y y avant dans la peau & même dans la -graiffe. Ils ctoknt habités par BaUnœ, cuidam Oceani Scpuntrionalis œdh difent- #jfef# inf^nfibles _, dp manière que de du Groenland etc. tôt flous voyons que les Conques A- natiferes ne fe trouvent ordinaire- ment qu au vieux bois qui a rcfte long-temps dans l'eau , & généra- îtmciit les Infe&es n'attaquent erï certaine quantité que des arbres fort vieux & à demi morts. De PJlockfifch. , en Anglois Tke vv y Bunck-or Hump-Back-Wkale des CÔ-" Pfiockfifçhl tes de la Nouvelle Angleterre 4 qu'on peut àppeller Balaena majo? cientula , pro pinnà paxïllum in dor-> Jb gerens \ porte à la place de la Na^' geoire du do$ ufiè boffe ( Bunch ) en forme d'un paly qui panche en arrière , & qui a un pied de haut &: répaifleur de la tête d un homme* Les Nageoires des côtés ont 18 pieds de long 5 elles font fort blan- ches & tiennent prefqu'au milieu » petits poifïbns enfermés clans leurs m Coquilles trouvant de quoi fe nour- ri rir aux queues des Baleines , ils s'y « attachent aifémenc . » V. le P. Feuil^ hé dans fon Jouïnal des Ôbferv allons Phyf.Vol. I. pag. 397. Iiij rioï Hlfioïre Naturelle du corps. La graifie de ce Poiffon reffemble beaucoup à celle du Fin- fïfch ,;& Tes barbes ne font pas bien eftimées, quoique meilleures que celles dont nous venons de parler. * _j Le Knoten-fifch ou Knobhd-fifch * Tn*ten ou appelle Srag'fVhale fur les Côtes de ÏMêèèdr la Nouvelle Angleterre ** j a fur fou dos élevé une demi douzaine de gros boutons ou efpeces de noeuds à la place de la nageoire. Je ferois porté à le nommer BaUna major tdtntulay dorfo ver/us caudam nodofo. Ce Poi£ fon approche le plus de Ja véritable Baleine de Groenland , tant par fa figure , que par la quantité de graiffe» Ses Barbes font blanches % mais elles ne fe fendent pas bien. Vîl. La Je pafle maintenant aux Efpeces d& licorne de Baleines qui ont des Dents. Je corn- ***» mence par celle qui n'en a qu'une feule. Ceft le Narhwal , RfôftfT, * V. les Tranfacl. Philof. N. 387. Art. 2. pag. 258. * V. Les Tranfacl. Philof. à l'endroit: cité» du Groenland &c* 'îé$ Communément appelle Monoctroé ou Licorne de Mer * , que les Groen- îandois nommcntTowack.Cc Poiffon eft fans contredit de Fefpece des Ba- leines. Il a lesnageokes & la queue * Il a été prouvé par d'autres avant moi, que la Dent qui avance de ce Poiffon n eft point une Corne , mais une véritable Dent. Pour s'en convain- cre davantage , on n'a qu'à faire atten- tion à la teffemblance qu'il y a entre ces Dents & celles des Cachalots Se des Vaches Marines aux dents des Elé- phans & principalement de l'Animai appelle BaBi Ronfa , dont les deux dents fortent de la macheoke d'enhauc & fe recourbent en arrière, en imi- tant parfaitement des cornes, V- I& defeription de cet Animal dans le Mu- f&um àzGrew. P. I pag. 17. Cet Ani- mal fe fufpend la nuit par fes dents à une branche fort élevée d'un arbre r pour dormir en fureté & à l'abri des Tigres & autres Animaux fauvages. V. la Defeription des Animaux . pag. 2.68. I iiij •i ©4 Hifioire Na turelle comme l'autre: il a derrière le col des tuyaux ou trous pour refpàrer ï il a tout le corps enveloppé d'unecouche de graifle , & il eft vivipare comme les autres Baleines &c.On n'avoit pas bien déterminé jufqu'à préfent la véritable figure de ce Monftre de Mer , qui paroit fi rarement au rap- port de nos Marins, qui d'ailleurs ne font guéres en état de faire des Obfervations exaftes. Le Petit qu'on avoit coupé du ventre de là Mère, qui étoit un Poifîbn à deux cornes , & qu'on apporta à Hambourg il y a quelques années , étoit trop jeune-, & on l'avoit fait fécher fi négligem- ment, qu'on n'en reconnoiffoit plus la vraye conformation. Un Capitai- ne de Vaiffeau , qui avoit fait nom- bre de voyages dans le Détroit de Davis , m'a afluré , que la Licorne avoit le corps mince, & que fa figure reffembloit beaucoup à celle de l'Efturgeon , finon que fa tête etoit moins pointue. La Peau eft unie & noirâtre & dans d'autres grifatre , félon le rapport de Mar- du Groenland && fjb'fi uns *, Le ventre eft blanc. Ce Poifc lbn n'a que deux Nageoires , & fort dos eft uni. Il n'a pas beaucoup de graiffe,& l'huile qui en vient eft plus délayée & ne fent pas fi mau- vais que celle de la Baleine ordi- naire. Un de ces Poiflbns de 4© pieds de long , ayant une dent de 7 pieds , n'avoit donné qu'un ton- neau & demi de graiffe. La grande dent qui eft comme entortillée fort du côté gauche duMufèau, & l'on m'a affuré que dans la Mer elle eft enveloppée dans toute forte d'im- mondicités comme dans un four- reau j & qu'elle paroît fbuvent toute verte. Le bec eft raccourci , écrafé & fermé du côté droit**. Si l'Evêque d'Iflande , qui a envoyé une Des- cription de ces Poiffons au D.Wor- 4 Dans fon Voyage de Spitjberg , Part. IV. chap. 6. n. 6. * * V. une Defcription Anatomîque du haut de la tête dans la Monocerolo* çia cfe Sachs, impr. à Racebourg e& x6i6. in 8r rïO<5 Hiftoire Naturelle mius*, a bien mefuré , un Poifïbtf de 6o pieds de long porte une dent d'environ 14 pieds. Ceux qui ont été affez {impies de prendre cette Dent pour une Corne , fe font ima- ginés fur le modèle des Chevreuils, que la Femelle de ce Poiflbn n'avoit point de Corne ou Dent , & la plu- part de nos Capitaines de Groen- land font encore dans cette idée. Cette erreur les a conduit dans une autre. Ils ont pris le Marfouin ( Fho* caena ou Delphinus Septentrionalis ) pour la femelle de la Licorne * * , mais il eiï certain que ce Pbiffon efl: une cfpece particulière qui a fes Mâles & Femelles comme les au- tres. La 'Licorne Femelle a la même dent que le Maie , comme la Fe- melle ic la Vache Marine & de TEle- phaiù Celte- qui fut prife en 1684 par un Capitaine Hamboiirgcois , * V. fon Mufmm. Jeconferve dans mon Cabinet deux Dents de Licornes qui font bien entières V. Sachs y dans fa Monocerologia* - du Groenland &c. 1 07 n avoit même deux *. Je ne fçau- ois m'empêcher en parlant dune emellc à deux .dents d'ajouter ici es doutes que je crois devoir con- ërver toujours contre ie fentiment le plufieurs Naturaliftes , qui pré- * Le Capitaine Dirk Peter/en , com- nandant le Vaiffeau nommé le Lyorr l'or , eut le bonheur de prendre cette emelle ,'& il apporta l'Os de la tête ivec les deux dents à Hambourg, où :ette rareté fe co-nferve encore dans le Habînet dirn Particulier. Les deux lents ferrent en droire ligne du devant le la tête. Elles font à deux pouces de fiftance à PeivWt de llttferfîtKS 5 & ront en divergent , enforté que les Doinres font éloignées l'une de l'autre Je 13 pouces, La dent gauche a 7 pîëdfs j pouces de long , & 9 pouces ne cir- conférence proche la tête» La boite 1 7 pieds de long , fur S pouces d'épaif- Feur. Elles entrent toutes deux d'un piedÂ: d'un pouce dans la tête, dont l'os a 2 pieds de long fur 18 pouces 4o large» 2 o8 Hiftoin Naturelle tendent , que le Narhwal a naturel lément deux dents > & que ceu qu'on trouve n'en avoir qu'une doivent avoir perdu l'autre pa quelqu accident. Je cite d abord ci rnâ faveur la rareté de ces Poifïbn à deux dents * D'ailleurs on 1 ■* Outre l'exemple, que je cîte ici nous ne connoiflbns qu'un feul Cran* avec deux dents, qui a été vu à Am fierdam. V. Zvrgdrager dans fa Pêck de Groenland, pag. ? , & un certain autre qui a donné occafion k-Tlchox LaJ/en Tichonius , Profefïeur à-Co- penhaguer.d'écrire en 1706 fe&Éxi* citationes Hiftorico-Critic*, ; Monocc- ros Pifcis haud Monoceros. Ce demie* exemple ne parok pas de la dernière évidence: car, en fuppofant même que le petit os qu'on avoit trouvé étoit une véritable dent, l'Auteur auroiti dû nous prouver la probabilité que cette prétendue dent eût jamais pu for- tir de la tête. Son Ouvrage, dont les Exer citationes n'écoient qu'une efpece d'Annonce ou de Projbeclus Jz été ïmà Tarn. n.Paa. toS. N.i.Lc Jùtseau avec U artmje <_>-, K.3.Le Cane avec la ,neme . yj.J.a Petite .Lut eae/iêe J.unr le , X±La Queue ,/u Poùxon . N.5.La Naneoirc droite. N.è.Ln j\rtn)ecire aauclic ■ X- La Te Aie. Pelielle pour cesPartùs Ju Groenland ,&c. t e $ couvre pas le moindre veftige me dent caffée aux têtes de ces filions qu'on apporte ibuvent dan$ s contrées , ôc Ton obfërve au mtraire que l'autre côté du Mu- jiu eft abfolument fermé. Ces PoiP ns font très - bons Nageurs. La leuë leur fért dp rame & les fait fcneer avec une viteffe étonnante, es Nageoires , quoiqu en appa- ;nce trop petites pour cet effet, >nt la fondion de Gouvernail , our fè retourner & pour diriger rur courte. On auroit dç la peine les tirer , s'ils ne marchoient pa$ ^ronipu par fa mort ? & n'a jamais aru. Comme ce petit Ouvrage eft ex- rêmement rare s j'ai or u devoir ajouter :i les figures gui fervent à i'expliça- ion des Parties de ce Ppiflonà deux ferries, d'autant plus, que la deferip- :on êc les figures , que M. LauTen^n n donne d'après le Cabinet du Roy, m font ces os , font fort imparfaite!?, R le Mufzum Rcsium Danicum, Se&« LH.n.*. s î o Hifioirt Naturelle par troupes. Outre cela , auffitot qu'on les attaque , ils fe ferrent ck fi près en mettant les dents fur les dos les uns des autres , qu'ils s'env baraflent & s'empêchent par-là çux« mêmes de fe plonger & d évader ce qui fait qu'on en prend ordinai- rement quelques-uns des derniers. Je fus à la fin affez heureux de m'emparer dune licorne entière qu'on amena à Hambourg dans un batteau en Février 1736. Ce Poif- fon étoit entré dans l'Elbe par une! Marée , & s'étoit laiffé échouer au reflux fur la Côte , où s'étant furieu-l fement débattu, il étoit mort dans^ le fable. Il étoit plutôt gros qu allongé &; avoit la tête tronquée à peu près comme le côté d'une malle de voya- ge. La Corne ou Dent fortoit du côté gauche. Il avoit deux petites Nageoires & une queue fort large & couchée horifbntalement . fur î'eau. La Peau étoit blanche comme la neige , & marquetée d'une infinité de taches noires , même dans ion du Groenland &c. lit Ipaiffeur qui étoit c'onfidérable jj comme je l'ai vu en y mettant le couteau. Le Ventre étoit tout blanc & luifant partout. Il étoit doux à l'attouchement comme du velours. Toute fa longueur depuis le bord du Mufeau jufqu'à l'extrémité de la queue étoit de 10 pieds & demi de Paris , qui font 1 1 pieds 8 pouces de Hambourg. La Corne ou plutôt la -Dent Por- tant de la tête avoit cinq pieds 4 pouces de Paris de long. Chaque Nageoire n avoit que $ pouces de long & environ deu£ mains de large. La largeur de la queue horifontale étoit de 3 pieds , % pouces & demi. La Dentj qui étoit entortillée,' fortoit à gauche de la mâcheoire 4'enhaufe au deffus de la lèvre. Le côte droit du Mufeau étoit fermé g£ "tout-à-fait couvert de la peau qui y étoit entière , & fous laquelle on ne ïentoit pas la moindre cavité dans TOs de la tête. * Le Mufeau étoit foit bas , & la lèvre de deffous mxnce & courte,. La ï ï % Hîfloîre NatiiteMe Gueule même étoit très-petite , 8t fon ouverture n'excédoit pas la lar- geur d'une main. Il ri y avoit aucun veftige de dents. Les bords du îMa- feau étoient un peu durs & rabo- teux 5 la .langue étoit de ia largeur de la Gueule. Au haut de la tête iï y avpit un trou ou tuyau doublé*, pour ainfi dire , de chair & garni d'une fbûpape qui s'ouvre & ie re- ferme félon le befbin , & par-où le PoiiTon rejette i'eau en exjnrartt l'air. Les yeux étoient auflî au bas de la tête & me s'élevoient pas au deflus du Mufeau. Leur ouverture étoit très - petite , & ils étoient garnis d'une efpcce de paupières. Ge PoifTon étoit un Mâlej mais la verge ne fortuit pas du corps» Voilà tout ce que j'ai pu obferver touchant la figure extérieure de cet Animal 9 qui a toujours refté em- barqué dans un petit batteau > où il étoit difficile de le bien confidérer , & plus encore de le dcflïnçr d'après aature „, comme je îe repiéfente ici. Je r.aurais volontiers ç^ert,, pour examiner dit Groeniand &cl î 1 3 examiner fa ftruiturc intérieure , 8c j'avois déjà fait les difpofitions né- ceffeircs pour en faire l'anatomie > mais les conteftations , qui s'élève-? rent fur la propriété du Poiffon entre le Eaillif & le Seigneur du terrain & entre celui-ci & les Pê- cheurs , furent caufe qu on le ra- mena tout d urt coup à l'endroit où il avoit été trouvé. Il paroît qu'il y a plus d une cf- Il y t n a peee de Licornes dans la Mer. On P*us dSunc a apporté un jour à Hambourg des e ? ece* Cornes ou Dents unies , fans être tordues comme les autres * , qui fé- lon moi doivent avoir été d une efpece différente. Il y en a qui ft font imaginés , que c'étoient des Cornes ou Dents des Embryons ou Licornes non nées ; mais je ne con- nois aucun Animal dans la Nature * qui vienne au Monde avec des Cor- nes .Un Capitaine très-curieux & fort croyable m'a même aflfuré d'avoir * V, la Monourologh de Sachs, Tome IL K ÎT4* Ml foire Naturelle vu ouvrir une Licorne pleine , & îe petit dans ion ventre fans corne ou dent. D'ailleurs la chofe paroît im~ poflîble par cMe-même, & je ne vois- point qu'un corps- auflî long & 'poin- tu puiffe relier dans la matrice oit en ibrtir fans la bleffer. On ne trou- va non plus aucun vefïige de dent dans la jeune Licorne qui fut tirée du ventre de la Mère à Hambourg, en 16845 & j'ai une Dent tordue d'une Licorne , qui n'eft pas fort longue , & qui prouve que ces Dents fiâiffent d'abord tordues dans laprc-* miere jeuneffe de ces Animaux. *' * Je me crois difpenfé de citer fer cette Licorne extraordinarre,dont parle Rockefort y dans fou Hijloire Naturelle & Morale des tjles Antilles. Si cette Relation n'eft pas inventée , comme il j a prefque lieu de le ptéfumer , if faut dire que cet Animal n'étoît pas une vé^ ritable Licorne , mais une efpece toute différente de Poifïbn , avec des nageoi- res, écailles , &c. dont on ne voifc f>as & que par confequent elles foi- vent toujours les même?' bancs. Il eft vrai que le mufeau de la Licorne eft fort différent de celui de la Ba- leine 3 mais il eft néanmoins con- firait enfortc que faute de dents il ne peut prendre ni poiflbn , ni mâ- cher rien de dur , & que par confe- quent ce Poiffon eft borné comme l^ Baleine à fe nourrir en fiicçant les pe- tits Tnfe&es de Mer > dont j'ai parlé ti-derîus- Il n'a pas befoin des Barbes & des Appendices , qui. font nécef1 faires à la Baleine pour contenir fe proye dans fa gueule immenfe. La tienne, qui eft fi petite , ne peut gâus f VIII. Le Cachalot. il 6 Hifloire Naturelle perdre ce qui y eft une fois entré. Je ferai fuivre ici les efpeces dé Baleines qui ont la Mdcheoire d'enbas toute garnie de dents , mais qui n'ont point ou que très-peufde Dents Mdchelieres dans celle d'enhaut. Tel cft le Cachalot, * en Hollandois Ca- {ilôt, ou Potfifch; Potwalfifch , que quelques uns appellent Nordcaper** , * Ce nom vient originairement des Bifcayens y qui ont été les premiers & les meilleurs Pêcheurs de Baleines. Nous lifonsdans les Ephemerides Nau Curiof Cent. I. Ann. i. Obferv. 13^ pag. 303. qui in Baionna , Bijaris 9 & in Infula S. Johannis de Luca Ca- cbalut. * * Parcequ'ils fe trouvent en fi graiv; de quantité auprès du Cap du Nord, qu'on les y voit païïer par centaines. C'eft auffi en cet endroit où Ton a pris les premiers. V. Y Ef ai fur le Le- yiathan &le Livre de Job cîe Théodore de ffaa^e 9 augmenté par Wernerus Kôh- ne y qui rapporte, pag. Z40 > qu'un pareil poiflon mort ayoit été jette pas du Groenland &c. ïif rCete dentatus félon Clùjîus. Il y en a qui ont de groffes'dents un peu ar- rondies & plates par en haut, d'au- tres les ont minces & recourbées en forme de faucilles. De ceux qui ont de greffes dents il y en a qui les ont baffes > & d'autres où elles font hautes. Cette efpece de Balei- nes eft d autant plus remarquable , qu'elle porte les deux précieux mé- dicamens , dont l'un eft X Ambre Gris ( Ambra ) & l'autre le Blanc de Ba- lenie ( Sptrma Ceti , en Allemand Wallrath , en Hollandois Walfchot 9 OU Witte Ambre $ OU Zte-Sohuym 9 ©u Vifch-mijl. ) On ne voit dans le Détroit de Davis & aux environs de Spitfberg que Tefpece à petites dents groffes & applaties. Elle a la tête fort groffe > deux Nageoires ks flots de la Mer dans le Port cfe l'Eclufe , qu'on lui avoit donné le nom ie Nord-Kaper , Se qu'un certain Mé- decin avoit tiré de fa tête deux fortes ^e Sperme ou Blanc de Baleine, l'un fort fin y & l'autre un peu moindre. 1 î i § Hijïoire MatureÏÏc longues à côté > une efpece de peti- te qui s'élève au* dos ,& une queue large de 1 2 à 1 5 pieds, SibbalS l'appelle BaUna macrocephala tri" permis , qnœ in Mandibule inferiorc dentés habet minus inflexos & in pla~ num dejînentes. Cette efpece voyage par troupes* Un ancien Capitaine de Vaiffeau m'aaflTuré T quil avoit vu arriver un jour du côté du' Groenland une grande troupe de pareils Poiffons , a la tête dé la- quelle il y en avoit un de plus de 100 pieds de "long qui patoilîoit être le Roi , & qui à l'afpeâ: dit Vaiffeau avoit fait un bruit fi terri- ble en fouffiant l'eau , que ce brait avoit été comme celui des Cloches y & fi pénétrant que le Vai fléau en a- voit tremblé pendant quelque temps qu'à ce fignal toute la troupe s'étoit fauvée avec précipitation. Ces Poif- fons fe trouvent encore plus abon- damment au Cap du Nord & fur les Côtes de Finmarchie ; mais on n'en- prend pas fouvent , pareequ'ils. font fort fauvages & difficiles à tirer I n'ayant qu'un on deux, endroits -aiv du Grotntani &c. 1 1 f deffus de la Nageoire où l'harpon puifle pénétrer : d'ailleurs leur graif fe étant fort tendineufe m donne pas beaucoup d'huile. Cette efpece de Baleines n'cft ni fi greffe ni fi pe- fante que celle de Groenland $ de par confequ-ent elle eft plus agile. Elle peut auffi refter plus longtemps fous l'eau : au refte elle efï plus roi- de & pins forte en os*, ce qui fait qu'elle ne frape pas fi fôuvent ni fi: fort avec la queue que l'autre. M y en a de deux efpeces qui, félon le rap- port de nos Marins , fe reffemblent parfaitement par la figure du corps & par les dents ; mais qui différent en ce que les unes font verdâtres &. ont un Crâne ou couvercle dur & ©ffeux par-deffus le cerveau : les au- tres font grifes lux le dos & blanches fur le ventre ; leur cerveau n'efi cou- vert qpe d'une forte membrane épaiffe d'un doigt. Un de nos Capi- taines Hambourgeois , qui prit «en 1727 un Cachalot de cette dernière efpece , rapporte , qu'il navoit qu'un trou ou tuyau au-devant de la tête > far- où- il faufilait l'eau ï qu'il avait tTO ^ Bifloln Naturelle par-deflus le mufeaci pkis de deux pieds de graifle , pendant qu'au haut de la tête il n'en avoit que l'épaif- feur de trois doigts qui couvroit im- médiatement la grofle membrane du Cerveau 5 que celui-ci étoit diftribué par 28 Cellules ou Concamerations, qui s ouvroient & fe vuidoient fuc- ceffivement les unes après les autresj que le Blanc de Baleine qu'il conte* noit étoit blanc & tranfparent com- me l'eau de vie,, mais qu'il fe coa- guloit comme des pelotons de neige auffitôt qu'on i'avoit tiré 5 que toute la graiffe du Poiffon étoit grainuë dé ee même Blanc, & qu'en plufieurs endroits il y avoit des cavités qui en «toient remplies 3 que le Poiflba avoit au bas du dos vers la queue trois boffes 3 la première élevée de ï 8 pouces , la deuxième de 6 & la troifieme de 3 3 que pour fe plonger il le couchoit toujours fur le coté droit & fe lai ffoit couler à fond dans cette attitude. J avois d'abord penfé que ce n'étoieot que les jeunes Poi£ fbns qui avoient une membrane fur h cerveau 3 & que celle ci fe durcif- foit du Groenland Uc. lit Toit avec les années & devcnoit à la fin un Crâne offeux5 mais le Capi- taine, qui avoit pris ce dernier Poif- ion, m'a affuré, qu'il avoit toute fa croiffance , étant de <5o pieds de long, pendant qu'un autre de l'ef- pece vcrdatre avec un Crâne offeux, pris en même temps par un Vaiffeau «ouandois auprès de lui n'en avoit que 40. Ilatiréauffi de fon Poiffon au moins 36 tonneaux de graiffe Il remarque encore, que fon Cacha- lot ayant la gueule fermée avoit une langue fort épaiffe 5 mais qu'en l'ou- vrant la langue fe retiroit tellement , qu il n'en avoit plus du tout. Ce Ca- pitaine m'apporta une dent de de- vant & une autre de derrière de fon Poiffon. Un Capitaine Hollan- 001s eut le bonheur il n'y a pas fort longtemps de prendre un Poiffon de cette même efpece proche du Cap au Nord, & j'ajouterai ici quelques remarques tirées de fa Relation F,°^°iînpletter autâ,lt ^'îl eft Poffi- We 1 Hiftoire des Cachalots. La tête , dit-il, fait la moitié du Poiffon , & fa figure eft finguliere reffembiane Tome II, £» ' tît Hiftoire Naturelle prefque à la Crofle d un Fufil. Il n'a qu'un trou ou tuyau au haut du nez pour rejetter l'eau , de fur le dos une boffe qui rcfiemble à une nageoire * ; / ce Capitaine n'a peut-être pas fait attention aux deux autres plus baffes & allongées qui tirent vers la queue. ) Dans la Mâcheoirc d'enhaut il y a de chaque coté trois ou quatre dents mâchelieres , le refte eft ^arni de creux ou efpeces de fourreaux , dans lefquels s'ajuftent les dents de la mâcheoire d'enbas. Celle-ci en eft toute garnie : les plus gran- des font devant , les plus petites der- rière ,& la dent arrachée a la figure d'un gros concombre **, Comme le dedans de la tête eft la partie prin- cipale de ce poiffon , & que jufqu à préfent il n'y a perfonne qui l'ait fi *Qi\ trouve une Defcrîption plus circonftaneice & la figure de ce Poiffon dans l'Ouvrage de M. Kœhne cité dans h Note précédente. é V. Kœhne, à l'endroit cité, § io du Groenland &c. fi?: bien examiné que ce même Capitai- ne hfollandois , qui a communiqué les remarques à M. Kahne, cité ici- bas dans les Notes; j'ai cru devoir en ajouter I Extrait fuivant. Ayant ôté la peau du haut de la tête , on trou- ve la graiffe de l'épaifleur d'une main , & au-deflbus de ceile-ci une membrane épaiffe & fort nerveufe qui fert de Crâne. Celle-ci eft foivig dune féconde leparation d'une tex- ture pareille de gros nerfs & épahTe denviron quatre doigts , qui s'é- tend depuis le Mufeau par toute h tête jufqua !a nuque , & quj ia £_■ pare par le haut en deux parties. La première Chambre , qui eft en- tre ces deux Membranes, & que les Hollandois appellent Klapmut, , qu| veut dire Bonnet , renferme le Cer- veau le plus précieux que je crois pouvoir appeller CerebMum , & donc on prépare le meilleur Blanc de Ba- leine. Les Parois des Cellules dans cette Chambre font formés d'une matière qui reffemble à un gros crê- pe , & le Capitaine a tiré fept petits tonneaux de cette précieufe huile •X->4 Hifioire Naturelle de cerveau. Elle étoit fort claire Se blanche ; & étant verfée fur l'eau elle fç coaguloit comme du fromage j mais quand on l'en ôtoit elle rede- venoit aufli fluide qu'auparavant. Au-deflbùs de cette Chambre on dé- couvre l'autre qui repofe furie pa- lais de la gueule, & qui , félon la groffeur du Poiffon , a quatre M- qu'à fept pieds & demi de haut. Elle eft de même^ remplie de Cerveau fpermatique , que j'appelle en cet en- droit Ceubrum. Il eft diftribue corn- me le miel dans une ruche par pe- tites cellules , dont les parois refr. femblent à la pellicule intérieure é'un œuf. A mefure qu'on ôte le cer- veau de cçtte chambre , elle fe rem- plit de nouveau de fperme qui y eit conduit de tout le corps par une groffe veine, &l'on en tire iouvent de cette façon jufqu'à 1 1 petits ton- neaux. Toutes les cellules des deux chambres font revêtues & fermeespar de petites pellicules fubtiles ; mais leurs Pores tranfmettent-eontinuelle- lement les influences du cerveau fur y$ yeux , ks oreillçs Sx. autres par- du Groenland &cl 1 if i ties. Il y a outre cela ce gros Va* feau , dont je viens de parler , qui a proche la tête la groffeur de la cuiffe d'un homme , & qui s'étend delà le long.de l'épine du dos jufquà la queue , où fa groffeur n'eft plus que d'un doigt. On doit prendre garde à ce Vaiffeau lôrfqu'on coupe lagraiffe de cepoiffon,parceque le fpermes'en iroit i fi l'on y faifoit la moindre ou- verture. Cette veine fpermatique eft le principe de la force étonnante de cette efpece de poiffons , il en fort plufieurs centaines de petits Vaif- féaux , qui conduifènt le fuc du cer- veau partout le corps , & qui ren- dent fâ chair & fa graiffe fpermati- ques * , jufqu'à l'huile même qu'on en prépare. La langue eft petite à * Un Capitaine de Vaiffeau fort cu- rieux & très croyable , m'a affuré qu'il avoit vu Se touché lui-même dans un de ces poiffons ouverts plufieurs petits facs membraneux remplis de ce fperme & répandus par-ci par-là dans la maflfc de la chair, L iij 5'iB ■ 'Riftoin Naturelle proportion du Poiflbn ; mais fa gueiî* le eft terrible & un bœuf y pafferoit à l'aife. On a même trouvé dans l'eftomac d'un de ces monfires des Arrêtes & Carcaffes moitié digérées de poiflbns de 7 pieds & davantage de long. Nos Pêcheurs ont tiré d un Cachalot jufqu à 40 tonneaux de graiffe. Sa chair , qui eft fort dure , eft formée de gros filamens , & en- trelafféede quantité de nerfs & ten- dons fort gros & roides. Il n'y a mê- me que fort peu d'endroits > où l'har- pon puiffe entrer dans la chair. Je dois remarquer ici contre le fenti- ment de certains Naturaliftes , que ks Femelles de ce Poiflbn ont le Cer- veau fpermatique auffi bien que les Mâles * 5 comme il convient en ef- fet félon le cours ordinaire de la Na- ture : le cerveau eft néceffaire à l'un & l'autre féxe, & nous ne voyons dans aucune créature que leur différence fè cara&érifè par le cer- ceau. ? y.Kœk/ze $ à l'endroit cité, §. 17» Jh Groenland &c. lïj Le Cachalot , qu'on prend Tuf les Côtes de la Nouvelle Angleterre, efl dune efpcce "différente , & a des dents plus greffes & plus larges. Les Anglois rappellent Sperma - Ceti- Whale * , '& dans les Bermudes il porte le nom de Trumpo. Ses Dents , comme il eft dit dans ce dernier endroit, font comme celles de la roue d'un Moulin & de l'épaiC feur du bras près de la main **. Du- dley *** rapporte , que, ces Baleines font grifes , qu'elles ont une boffe au dos & un rang de dents d'yvoire de 5 ou 6 pouces dans la Mâcheoire d'enbas. Il parle d une de 49 pieds * V. les Tranfaclions Philofoph. R, 387. pag. 259. ** Si hahent diverfos dentés 9 qui ejus crajjitiei funt cnjus carpus manus humant. . V ia Lettre écrite des Ifles Bermudes , dans les Ephemerides Nat> Curiof. à rendrait cité, pag. 506. *** V. les Tranfacl. Philofoph. N* 587 pag. 259. Liuj tt * S Wifloire Naturelle de long qui avoit donné 1 2 tonneau* de blanc de Baleine. Il ajoute que l'huile qu'on fait de leur graifle eft plus claire & plus douce que celle des autres efpeces. Elles font beau- coup plus agiles que les autres , & quand elles font bleffées elles fe jet- tent fur le dos & fe défendent avec , la gueule. Ces Poiffons donnent l'Ambre comme le Blanc de Balei- ne 5 ce qu'on doit regarder comme une découverte auffi belle qu'elle eft moderne , & qui renverfe toutes les anciennes fables , do^t les Matu- raliftes fe font amufés pendant quel- que temps fur l'origine de cette pré- cieufe matière. J'ajouterai ici un Extrait fur cette Découverte tiré des Tranfaciions Philofophiques 9 n. 587. pag. 267. L'Ambre gris ne fe trou- ve que dans les Cachalots. ( Sperma- €ulWahs ) , & ce font des Boules ou corps globuleux de 3 à 1 2 pou- ces de Diamètre ; ils pefent depuis une livre êc demie jufqu'à vingt 5 de font enfermés, quoique détachés , dans une bourfe ou veffie ovale de S à 4 pieds de long fur 2 ou 3 de *+L rdu Groenland & cl ii$ large , qui reflcmble à peu près à une Veflie de bœuf y finon que fes extrémités font plus pointues. Cette bourfe fe termine en deux tuyaux * dont l'un va en fe rétreciffant juP qu'à la verge & la traverfe 3 l'autre vient des reins & fe termine par fbn orifice à l'autre extrémité de la bourfe. Celle-ci eft fufpenduë direc- tement au-deffus des tefticules , qui ont plus d'un pied de long , & qui font fitués en longueur , en touchant la racine de la Verge à 4 ou 5 pieds au deifous du nombril & à 5 ou 4 au deflus de l'Anus. Elle eft prefque toute remplie d'une liqueur de cou- leur d'orange foncé , qui n'eft pas tout-à-fait fi épaifle que l'huile , & qui a la même odeur Se encore plus forte que les boules d'Ambre > qui y nagent librement. Le côté inté- rieur de la bourfe eft teint & chargé de la couleur de la liqueur de même que l'intérieur du Canal de la Ver- ge. Les Boules paroiffent fort dures tant que le Poiffon eft en vie , & l'on a fouvent trouvé à l'ouverture de la ^ourfe des fragmens fphériques de la r*3® Hlftoire Naturelle même matière & dureté , qui s'e- toicnt peiés des boules. Celles-ci font compofecs de plufieurs cou- ches qui s'enveloppent les unes les autres ? comme les peaux d'un oi- gnon. On n'a jamais trouvé au-delà de quatre boules dans une bourfe g & celle qui pefbit 20 livres , & qui eft la plus grande qu'on ait jamais vue , étoit feulé dans la fienne. On prétend , que ces boules d'Ambre gris ne fè trouvent que dans des Poiflbns vieux & bien formés , & , comme Ton croit communément , dans les feuls mâles. Il eft donc cer- tain y que l'Ambre vient originaire- ment dans cette efpece de Baleine j mais on ne fçaurolt décider encore quelle eft fà matière & d'où elle fe forme. Un Sçavant du premier or- dre croit , que la bourfe eft la veflie de lurine,& que lç§ boules d'Ambre ne font autre chofe qu'une concré- tion des particules huileufes & puan- tes du fluide qu'elle renferme , at- tendu que dans l'inftant qu'on les ôte elles font humides &d une "odeur extrêmement forte & répugnante* du Groenland &c* î J î Je ne dois pas oublier ici une pe- tite circonftance , qui a autrefois caufe de grandes conteftations par- mi les Naturaliftes. Ce font les pe- tits morceaux noirs pointus ,- qui reflemblent à du verre ou à des fragmens de coquillages brifes y qu'on voit Souvent dans les mor- ceaux d'Ambre , & que plufieurs Sçavans ont pris pour des becs de petits oifeaux , ce qui les a conduit à des hypothéfes extravagantes for l'Origine de l'Ambre. Le même M. Dudley ( à l'endroit cité ) a commu- niqué à la Société Royale de Lon- dres , que ce font les becs de cer- tains petits Poiflbns appelles Squid9 dont ceS Baleines font leur princi- pal nourriture. Kampfer * fait auffi mention de deux efpeces de Balei- nes dans les entrailles defquelles oa trouve l'Ambre , & qu'on prend fur les Côtes du Japon. Il donne à l'un Je nom de Fianfiro^ & à l'autre ce- * Dans fon Hijl. du Japon* Liv. IL Ch. 8.-& le V. Supplément* ïft Hîjîolre Naturelle lui de Mokas. Mais il n'en donfrë pas la defcription , & tout ce qu'il en dit au refte me paraît fort fù£ peft. ^ Il arriva en 1720 k dernier jour de l'année * qu'une groffe Marée ac- compagnée dune furieufè tempête entraîna un Cachalot de cette elpece dans l'Elbe y où le reflux ayant rame*. né les eaux le fit bientôt échouer fur le bord du fleuve. Le Poiffon mou- rut après avoir combattu longtemps contre les flots , &: les Payfans l'en- traînèrent dans l'eau jufqu'à Wifch- haven , Village fitué à une lieuë au-deffous de Stade , où ils fe mi- rent en devoir de le dépouiller de fa graiffe. Comme aucun Na- turalise ne s'eft employé pour faire des obfervations fiir ce Poiffon ou pour en faire l'anatomie , l'Hif- toire Naturelle a manqué cette fois l'avantage qu elle auroit pu tirer d'un fi rare accident. Cependant, pour ne pas perdre tout-à-fait le peu de circonftances , que j'ai pu tirer de ceux qui avoient vu ce Poiffon , j qvl que j'ai obfervées moi-même fù|i de Groenland &c. 13? auelques morceaux qu'on en a ap- portés à Hambourg , je les ajoute- rai ici pour la iatisfadion des Cu- rieux. Cet Animai avoir 60 a 70 pieds de long fur jo ou 40 de haut, & fa figure étoit à peu près comme le reprlfente Jonfion, ^nshfona Pifciurn , Liv. V. Tab. XLU. La tête étoit énorme à proportion du Poiffon,& la partie fupérieure nepa- roiffoit pas proportionnée avec la partie inférieure. Mais elle etoit cer- tainement bien félon l'intention du Créateur, qui lui a donne exprès cette tête immenfe pour pouvoir contenir dans Ta vafte capacité la quantité fuffifante de ce précieux cerveau , non feulement pour les befoins de l'Animal même , mais encore pour fervir de magazin d un médicament utile au genre humam & furtout néceffaire dans un Cli- mat auffi rude que celui du Nord , où les maux de poitrine font h nre- quens. Les Payfans peu inftnuts de ?es myftéres donnèrent imprudem- ment des coups de hache dans la tête, dont le cerveau fpexmatique T?4 Hiftoin Naturelle fortit auffitôt en grande quantité ; & le peu qu'ils eurent l'efprit de fauver a bien fervi à quelques-uns de nos Apothicaires qui en ont pré- pare le plus excellent Blanc de Ba- leine félon les régies de l'Art. La Macheoire d'enbas avoit des deux cotes 25 dents , qui étoient à envi- ron un empan l'une de l'autre , & qui panchoient un peu en avant. Un morceau qu'on avoit fcié de la ma- cheoire , & que j'ai acheté, avoit un bon pied en quarré. Les genci- ves & le palais étoient blancs com- me la neige & d'une texture fort dure & coriace comme le fabot de cheval , & revêtus en dehors dune «corce ridée & prelqu'auffi dure que du roc , dont je conferve encore quelques morceaux dans de l'efprit de vin. Je fis bouillir le morceau de macheoire dans de l'eau", pour en oter plus aifément les dents, & il y refta à bouillir continuellement pendant douze heures , avant qu'on put y faire entrer le couteau pour dégager les dents de la chair d'alen- tour. Ayant continué à la faire bouik du Groenland &c. 13 f lir elle devint à la fin comme le pa- lais du Bœuf, fans avoir aucun mau- vais goût,& l'on auroit pu la manger fans répugnance avec un peu defel. J'en ai tiré deux dents , dont lune a fix pouces & demi de long & 8 pou- ces de circonférence ,& l'autre près de 7 pouces de long & la même é- paifleur , mais moins de hauteur» Elles ont par enhaut une largeur af- fez confidérable , mais trop irrégu- liere pour être mefurée. On m'ap- porta deux ans après une autre dent de Cachalot , qui avoit plus de y pouces de long & huit pouces & de- mi de tour. Elle étoit plus apptatie que les autres , & venoit , à ce que je préfume , d'un Poiflbn beaucoup plus grand que celui dont je parle. Quant à celui-ci , on n'a pas fait attention fi la Mâcheoire cTenhaut étoit garnie de quelques dents. Les Pêcheurs fbûtenoient que non 5 mais il eft évident par ce qui a été dit ci- deffus , quildevoity en avoir quel- ques-unes , et il n'eft pas étonnant qu étant mâchelieres elles ne fuffent pas remarquées par ces gens» X3& Hijloire Naturelle Aurefteonvitdiftinaemcnt quiî y avoit partout dans la Màcheoirc denhaut autant de creux qu'ily avoit - de dents dans celle d'enbas , Ôc que quand la gueule fe fermait celles-ci y entroient comme dans autant de fourreaux. Les yeux étoient fort pe- tits , & le Cryftallin Séché n étoit pas plus gros que celui de la Baleine de Groenland ou que la balle d un fufilde chaffe. CePoiffon étoit enve- loppé entre la chair & la peau dune couche de graiffc de 6 pouces d'é- paiffeur : auiïi les Payfans , qui ne connoiflbient que cela de bon dans cet animal , en tirèrent un bon parti parce que l'huile de Baleine étoit chère alors. On n'ouvrit point le Poiffon : pef forme n'eut la curiofité d'obferver Ton eftomac & Tes autres Inteftins 5 & l'on abandonna les os & la chair au hazard des flots. J'eus cependant l'avantage de voir la queue entière qu'on avoit coupée près du dos & qu'on apporta à Ham- bourg pour la faire voir pour de l'ar- gent. Je faifis cette occafion pour |aire quelques remarques fur cttto partie r du Groenland &c. 1$J partie de l'Animal. Elle était en quelque façon triangulaire , & fbn extrémité qui rentroit un peu au milieu , formoit une efpece de de- mi-lune un peu concave. La plus grande largeur de l'extrémité de la queue étoit de huit pieds. Elle avoit 5 pieds S pouces de long ,. & à l'enr- droit où on l'avoit coupée du ven- tre, i6 pieds 4 pouces de circon- férence. Sa figure formoit un rond applati. La première peau étoit d'un gris noirâtre & la féconde n'étoit pas* à beaucoup près fi épaiffe que cel- le de la Baleine de Groenland. La première étoït douce à l'attouche- ment comme le velours , mais l'au- tre étoit rude & fort tendineufe du. côté de la graiflfe. La chair étoit fraiche & d'un beau rouge : elk avoit; de gros filamens & étoit entrelaffée, de quantité de nerfs , qui la ren-- doient extrêmement ferme ; ce qui me paroiffoit d'autant plus néceC faire dans cet Animal , qu'il n'y avoit pas un (èul os dans la queue , finon l'extrémité de l'épine du dos , qui y entroit jufqu'à la profondeur d'en- Tome m M Hljloire Naturelle viron 3 pieds formant de petites vertèbres prefque quarrées , qui al- lant toujours en diminuant n'étoient guéres fuffifantes pour donner tous les mouvemens néceflaires à cette énorme queue. La fermeté extraor- dinaire de la chair de ce Cachalot paroît vifiblement, comme je crois, en ce que nonobftant le temps doux & humide qu'il faifoit elle le fou* tint fans putréfaction pendant plu- fieurs femaïnes , & qu'elle navoit aucune mauvaife odeur ni dans fbn état naturel , ni après avoir été bouillie avec la graiffe pour en tirer tout ce qu'on pouvoit d'huile. Cel- le-ci brùloit dans la lampe fans la moindre odeur , & formoit une flamme claire & pure comme de la bougie. Je voulus m'affurer , fi le cerveau huileux de ce Poiffon fè diP tribuoit en effet par tout le corps jufqu au point de le rendre tout en- tier fpermatique. Je choifis pour cet effet quelques morceaux de chair de l'extrémité de la queue , que je fis traiter félon fart , & Ton en tira du bon Blanc de Baleine quoique en du Groenland &c* 13 f très-petite quantité. Le relie de la maffe que les Marins appellent Grh- fin * 9 donna de la colle excellen- te^ . La deuxième efpece de Cachalot , ix. Deu- qui eft beaucoup plus rare que la xîeme ef- précédente , eft celle qui a des Dents P£c^ de Ca- plus minces , droites & pointues.*0 aiOU BaUna Macrocepkala in inferiore tan~ tum maxilla dentata , dentibus acutïs9 * Cefl à. dire ? les Fèces glutineufes, qui teftent après avoir fait bouillir là graiffe. Je trouve dans un ancien Poè- me MS. de la S. Vierge. Mon cher , m esféché comme les Griefes , Se dans le GloJ/aire de Florence 9 il y a Griebo % Cremium % Se dans un autre endroit , « Grieb 5c Swart. Cremium Rufilcanus vTerminor. Cremium r ejl quod rema^ » net in patdla aridum de carnibus ? »pojl pinguedinem liquefaclam. » V. Joh. de Januar dans fon Catholicon^ ** On peut conférer avec ceci la Re- lation que donne Zorgdrager de ces mêmes Pbiffbns , qu'il appelle Potfifc h çfôns fa Pêche de Groenland r'r paga 284/ M iy. T Ï40 Hijlolre Naturelle humants non prorfus abjimilïbus , pin* nam in dorfo habens. Les Pêcheurs de Brème prirent un jour un de ces Cachalots à la hauteur de 77 degrés & demi , & M. Ha/kus * en donna alors une Defcription fort exa£fce , dont je joindrai ici les principaux articles. Ce PoifTon avoit 70 pieds de long, & Ton en trouve de 80 à ii.oo ; ce qui fait voir que cette ef- pece eft plus grande que celle desr Baleines ordinaires. Sa couleur étoit noirâtre au dos , & blanchâtre au ventre. La tête étoit énorme & d'un afpe£t terrible. Elle avoit à peu près îà forme d'un croffe de fufil , & fai- ïbit ptefque la moitié du corps* Il n avoit au haut & fur le devant de la tête qu'une feule ouverture pour rejetter l'eau. Sa gueule n'étoit pas * Miniftre Procédant à Brème , très?- célèbre par fa vafte érudition 3 & par fes connoiiTances dans THiftoire Na- tu relie , dans fa jbifquijitlo de Levia-* zhan Jobi & Ceto Jona^ impr. à Brè- me 3 en 1723. in 80 au Groenland &cl l^t fï grande que celle de la Baleine , mais fbn gofîer Tétoit beaucoup plus, & étant bleffé il revomit un Hayfifch entier de 12 pieds. La par- tie inférieure de la gueule , quoique très-petite en comparaifbn de la fïi- périeure, étoit afîez confidérable y puifque Fos feul de la mâcheoire d'en-bas , qui s'élargit par derrière en formant une pointe fur le de- vant , avoit 16 pieds & demi de long. Il avoit 52 groifes dents poin- tues par en-haut & au refte affez reflembiantes à celles de l'homme- Elles étoient rangées à difëances égales, comme les dents d'une fçic,„ & pefbient chacune environ deux livres. La Mâcheoire d en-haut avoit autant de cavités , dans lefquelles elles s'ajuftoient chacune* comme dans une boëte ou dans un fourreau, & toute la Mâcheoire d'en-bas tnr- troit G. bien dans, celle d'en-ha t , qu'elle y étoit toute emboîtée. i es yeux étoient luilants & jaunâtr s , mais petits comme ceux des aut es Baleines. La langue étoit pointu ë , & de couleur de feu 5 mais petite X. Troi- fieine efpe- Ce de Ca- chalot- Ï4Î t HiJIoire Naturelle à proportion du Poiffon. Il avoir à coté de la tête deux Nageoires , dont chacune avoit un pied &c demi de long , & chaque doigt de Na- geoire avoit fept articulations ; les autres Baleines n'en ont que cinq, ïl avoir au haut du dos une bofle .fort élevée ,. & proche la queue une autre qui reffembloit à une Na- geoire. La peau avoir à peine un demi doigt d'épaiffeur , mais étant tendue fur une chair extrêmemenr ferme elle étoit impénétrable r & il n'y avoit que peu. d'endroits , où le harpon pouvoit entrer. On tira 10 tonneaux d'huile de fè Tête T dont on fit d'excellent Blanc de Ba- leine. La troifieme Éft>ece & la plus ra- re de Cachalot cft celle , dont la Mâeheoire d'enbas eft garnie de Dents minces Se courbes en forme de ] faucilles. BaUna Macrocephala y m inferiore tantum maxilla dentata 9 dendbus arcuaûs falciformibus , pin- nam in dorfo habens *, Il arriva ea * Sibbald fait mention d'âne efgece du Groenland &c.» 14 f £723 le 2 Décembre qu'une terrible tempête jetta par une marée extra- ordinaire 1 7 de ces Poiflbns fur les Bancs de fable devant Ritzebuttei V petite ville de la Jurifdiâion de Hambourg. Je joindrai ici un Ex- trait du rapport d un de nos Séna- teurs , d'autant plus que perfcnne ,, que je fçache 3 ri en a donné la Des- cription. Les Pêcheurs de Cuxhaven , s'é- tant approchés de l'Embouchure de l'Elbe virent, à l'endroit y appelle Sa- ble d'Hyver, quatorze gros Poiflbns & trois un peu plus loin , qui ref- fembloient cxâ&ement à la figure rapportée dans la Pêche de Groenland de Zorgdrager. La moitié de ces qui reflfemble beaucoup à la nôtre \ fi- non qu'elle n'eft pas fî grande , & que fa nageoire du dos eft plus longue de autrement formée. ïl la définit par BaUna major, in ïnferîore tantum maxilla dentata 9 dentibus arcuatk 9 falciformibus , fpinam pro pinna lon~ gam in dorfo fiabens, I ni ^44 Bzfloîre Naturelle Poiflbns étoient des Mâ'es & Ici autres des Femelles , & il y avoit lieu de prefitmer qu'ils avoient cher- ché les 'Bas-fonds pour s'accoupler, mais qu'étant' furpris par le reflux & \e vent d'Eft j ils avoient échoué fur le fable. Les Pêcheurs en y arri* vant les prirent d'abord pour de pe- tits Bâtimens Hollandois , auprès defquels les leurs ne leur paroif- foierit plus que des Chaloupes. Les Poiffons avoient 40 y 50, 6g à 70 pieds de long. Ils les trouvèrent tous couchés de côté , & huit hom- mes tenoient de front for leur lar- geur. La tête au-deffus des yeux, reffembioit au plus grand four de Boulanger. Les Nageoires * la queue & la Mâcheoïre d'en-haut reiïem- bloient eirtout à la figure repréfen* tée dans Zorgdrager. La Macheoi- re d'en -bas étoit un peu plus courte que celle d'en-haut. La lar- geur de l'une & de l'antre £e termi- nant en pointe étoit d'environ un pied , & celle d'en-bas avoit 42. dents de l'épaifleur de deux doigts , qui s'en éle voient de la hauteur dun doigt 4 du Groenland &c. tAf 3oigt, fe recourbant en pointe com- nie une dent de loup , & s'ajuftant parfaitement^ dans des creux pro- portionnés de la Mâcheoire d'en- haut. Chaque Poiffon étoit couché de côté dans fon lit de fable. Ils avoient tous la tête tournée vers le Nord. Les Maies & Femelles étoient rangés alternativement , & les Pê- cheurs les trouvèrent encore chauds, enforte qu'ils ne pouvoient être morts que de la nuit. Ils étoient* bruns de couleur , & leur peau avoit un demi doigt d'épaiffeur. La grai£ fe avoit g à 12 pieds de haut, & étant fraîche elle étoit fi blanche , qu'on ne lauroit pas diftinguée du. fain-doux. Quelques-uns de nos Pê- cheurs ont jugé , qu'un pareil Poif- fon auroit dû donner 40 à 50 ton- neaux de graiffe , fi l'on avoit pu la couper de tous côtés. On a tiré de quelques têtes 4 ou 5 ton- neaux de Blanc de Baleine cru ^ tnais on n'a pu profiter de tout l'a- vantage qu'on pouvoit elperer , par- ce qu'il étoit impoflîble de les re- tourner dans l'endroit où ils étoienî* Tome II. ÎSJ t$ê Bifloïre Naturelle U il fallut les abandonner aux flots' qui les, difperfërent en peu de temps. Les Dents recourbées en forme de faucilles, qu'on m'apporta,avoient près de 8 pouces de long & 7 pou- ces de tour proche la Gencive. ■. Per- sonne , je crois , n'a remarqué juf1 qu'à préfent 9 que ces Poiffcns ont outre les Dents pointues &■ canines un certain nombre de Dents Molai- res de S pouces de long. Celles- ci i qui font placées dans le fond de la gueule 3 font un peu recour» bées ; mais elles ont au milieu 5 & en haut $ pouces de tour , Se leur extrémité , au lieu de fe termi- ner- en une feule pointe , en a plu- sieurs , qui fervent à mieux con-. caffer la nourriture. On n'a Içu me dire , fi ces Poiflbns avoient auflî des Dents Molaires dans la Macheoire d'en haut 5 mais je n'en doute nullement 9 puiîque les autres Cachalots en ont 5 & que la néceffi- té femble l'exiger. Les Dents Mo- laires d'en-bas font beaucoup plus courte- que les canines, & ne toti- chc,x ^>as la Macheoire d'en- haut 5 du Groenland &c* '$47* oh il faut par conséquent fîippofër de pareilles Dents , qui viennent au-devant des autres pour fuffire à la force néceffaire pour la maftication. Le hazard voulut qu'un Cacha- lot fe laiffa échouer en 1738 pro- che S. Pierre dans le Diftriâ: d'Ei- derftand. Sa Mâcheoire d'en -bas étoit garnie d'une dent à la pointe du Mufeau & de 25 de chaque co- té , c'eft-à-dire , en tout de 5 1. Ces Dents étoient aufïi recourbées en forme de faucilles. L'Animal avoit 48 pieds de long fur 12 de haut, & fa plus grande épaiffeur avoit 36 pieds de tour, îl avoit au bas du dos vers la queue une boffe de 4 pieds de long for un pied & demi de haut. La Nageoire avoit 4 pieds de long fur un pied & demi de lar- ge. La largeur de la queue étoit de 12 pouces. Le tuyau, par-où il re- jettoit l'eau , avoit un pied & demi de long , de fa Verge avoit un pied & demi de tour proche le corps. On a defliné le PoiïTon fur le lieu f Se j'en ajoute ici la figure telle qu oî^ me la envoyée, Nij ï4§ Miftoire Naturelle Le La dôniienc Efpece de Baleine ; -mttfrch* qni n'a des D>/ï« que par fjMgf * * ■ eft le r&#* ou r«^*> Mbus Pifcis Cetaceusie Rajus, qu'on pour- roit auffi appeller BaUna Minor Alba injnferiore maxilla tantum dtn- tatafintpinnaindorfo*. On prend ce Poiflbn dans le Détroit de Da- vis, & principalement dans la Baye Méridionale appellée Sud-Buchu li reffcmblc âffez à la véritable Balei- ne , finon qu'il a la tête beaucoup plus pointue. Il porte fa bofïe fur la tête comme la Baleine : il na point de Nageoire au dos ; mais il en a une de chaque côté , qui eit paffablement longue. Sa queue a auffi beaucoup de reffemblance avec * Sibbald àonne auffi la defeription d'une Baleine de cette efpece-, mais elle eft toute différente de la nôtre. La fienne a la tête ronde 6c des narines , aulieu que la nôtre Ta pointue , avec une feule ouverture pour rejetter fon eau. Pour marquer la diftinftion , j>i ajouté le mot Alba% du Groenland Wd r§§ celîc de-îa Baleine. On prétend qu'iî n'a qu'une feule ouverture pour re* jetter l'eau \ iî eft vrai y que je trou- ve manifeftement deux troux dans le crâne d'un de ces Poiffons que je poflede 5 mais il fe peut qu'ils fe réunifient en un feul tuyau charnu , & que par confequent ils ne forment qu'un feul jet d'eau. Ce Poiflbn eft d'un blanc jaunâtre 5 ce qui a fait que les Groenlandois lui ont donné le nom de Wmfifch. il a 2 à 5 fois la longueur d'un homme, mais il ne donne guéres qu'un ou deux ton- neaux de graille , qui eft outre cela fi molle , que le harpon n'y tient prefque point , & quitte âifément ; ce qui cil caufe qu'on ne prend guéres ia peine de lui donner la chaflfe * 5 mais on eft bien aife toutes les fois qu'on -en rencontre , parce qu'on regarde fon arrivée comme un bon prognoftic d'une Pêche abon- dante de baleines. L'os de la tête % * V. le Voyage de Spitsbtrg de Mar* tens > Part. IV. chap. 6. N. 5. N iij . w rlfû Hîfioïre Natunlh que Je confèrve dans mon Cabinet ; fait voir , que la mâcheoire d'enbas de ce Poiffon eft garnie de chaque côté de huit petites dents un peu re- courbées 3 applaties & arrondies par enhaut , qui font comme couchées fur le dos dans la gencive. J'ai eu grand foin d'examiner fi je trouve- rois quelque veftige de Dents mâ- che! iercs ou autres dans la rnâcheoi- re d'enhaut ; mais je n'ai pu décou- vrir rien de femblabîe ; ce qui s'ac- corde avec l'aveu unanime de nos Pêcheurs de Groenland , qui ne fe fbuviennent pas d'en avoir jamais remarqué. XII. Le II me refte encore à dire un mot Mutzkoçf £cs Efpeces de Baleines qui ont des Dents également au haut & au bas de la Gueule. On y compte le But^ kopf\ en Anglois Grampus 5 Floun- derskead de Rai us, en Ecoifois North^ caper félon Sibhald » Orca de BeU lonius & de Rondelet 5 Porcus mari* nus major de Gefner P félon moi Ba~ létna minor utraque maxilla dentata * finnam in dorfo gerens. Ce Poiffon a la peau noirâtre & fort unie au dos du fîroentand '&£* î f f & blanche au ■'ventre. Sa îongumuf va jufqu'à 20 pieds , & il. donne 15 tonneaux & davantage de graifle* La tête eft écrafée fur le devant & re#emble à une chaloupe renverfée s ceft pourquoi les Hollandois & les Bas-Saxons lui ont .donné le nom de But7CRopfy qui veut dire tête plate* Cependant fon- Mufeau s'avance un peu & eft d une cpaiffeur égale de* yant & derrière \ ce qui le diftfnguc du Marfbimi , dont le Mufeau étant gros par derrière s'avance en poin^ te. Le Corps de ce Poiffon eft fort court. On m'a afïïiré , qu'il a quatre dents de chaque coté dans la Mâ- çheoire de deffous , & quelques dents» mâche lieres , & que celles d'enhaut Ibnt fort petites. îl y a une ouver- ture dans la nuque , par-où il re- jette l'eau , une grande Nageoire au dos , comme le Marfbuin , èc deux autres fur le devant 5 qui reffem- blent à celles de la Baleine , anili bien que fa queue. Le Maffouin , Souffleur ou Tunïn xilL Le - — — — *-Marfouùi* * V. Martcnsyk l'endroit cité N.4, N iiij Éfï 'Hiftotn Naturelle félon Martensy en Iilandois $uln~ huai ou TFitwgr^n Danois Bruuskop? àcaufe de fa tête écrafée , & Spring- hwal ou Sauteur , en Anglois P or- pus ou Porpefe 9 en Ecoffois Seapork 9 Phocaena de Rondelet & de Gefner y Phocaena ou 7Vr/&> de Bellonïus & de Scaliger.Delphinus Sep tenir ion alis de Schoeneveld , félon moi Balaenami* nor , utraque maxilla dentata^ pin- nam falcatam in dorjohahens* La peau de ce Poifibn èft noire au dos & blan- che an ventre ,& il a y â 8 pieds de long. îi a lur la tête une Ouverture , par-où il rejette Peau , fclon Willoug- by* \\ refïemble par-là au But^kopf de même que par le mufeau , qui ce- pendant approche plus que l'autre de celui du cochon. La gueule eft garnie par enhaut & par en bas de petites Dents poituës. La Nageoire , qui se- levé du milieu du dos , eft concave & forme une demi-lune vers laqueuë* 11 reffemble par celle du ventre à la Baleine de même que par laqueuë , finon qu'elle eft taillée en fîtùcïl $.Martenss a l'endroit cicé % 'du Groenland &€. I fj D'autres cir confiances remarquables decepoiffon ont été rapportées dans îïia Relation d'Ifiande , pag. 2 11. Le Dauphin , que nos Marins ap- p^1^16 pellent Tummeler > en Hollaudois aup m* Tuymelaar*, c'eft- à-dire , Sauteur , parce qu'il faute fbuvent 3 fïirtout à | lapproche d une Tempête , Delphi- nus Antiquorum , en Norwégeois Njjfa -, félon moi Salaria miner , utraque maxilla dentata ? Dorfo pin*- nato , Delphinus vulgo difta , reffem- ble beaucoup au Marfouin , finon 6. N, j 5 Se Willougby dans fota Hifl. Pifcium, Liv. IL chap. 3. Je trouve dans les Mémoires du* Chevalier d'Ar- vieux, Tom. III. Pag. 400, que les Petits ne pefant que 6 ou 7 livres font bons à manger; mais qu'étant parve- nus à leur crue, c'eft-à-dire, à 8 ou ig livres pefant /ils font coriaces ôc de mauvais goût, * Tuy mêler fie dicla amirabili agi- litate feu mohilitate 9 quafe in maris fuperficiem frequentijjiml vibrât. Kiliaa Echymologia Teuton. £ir.54 Hijloire Naturelle que ion Miifeau avance davantage & cft plus plus pointu. Son corps .eft gros par devant & fc termine eu pointe pat derrière. Il a deux ouver- tures dans latête pour rejetter l'eau j mais il n'en pareît qu'une en forme de demi-lune qui domine fur le front &où les deux jets d'eau s'unifient n'en?, formant, qu un feuî qui eft fort élevé.: ïl a au dos une Nageoire fort hau- te à proportion de la groffeur. Sf queue eft horizontale comme celle de la Baleine *. Les habitans de l'ex- trémité de la Norwége préparent de fes œufs une efpece de Cafiar ( gelée qu'on mange fur le pain. ) On pré- tend que le Dauphin de l'Océan At- lantique eft généralement plus min* ce & qu'il reffembSe beaucoup à l'E£- turgeon 3 finon qu'il n'a pas 1& 9^ * V. Willbughby dans fon Hift. Pif- cïum. On trouve auffi îa figure Se une Description Anatomique de ce Pbifibii dans le SuppL des Acîes de Brejlaw. An. ÏL Elle eft du D, Kulmus xMk+ ©écin à Damzick. riu Groenland &c. ï 5 f: |ucue pointue comme celui - ci. Perfonne que je fçache n'a encore xv. l'I- îonné la Description du Poiffon que péc deMe*. ios Pêcheurs de Groenland appel- lent Epée de Mer. Je croîs pouvoir \c nommer Balœna minor utraqu& maxilla dentata , pinnarn gladio cur- vo flmilem in'dorfo kabens. Ce Poi£ (on a la tête tronquée à peu près comme le Buttfppf * & & Gueule, eft garnie de petites dents poin- tues. Il jette l'eau & a la Queue ho- rifontale comme la Baleine. Il porte fur le bas du dos Fépée ou le fabre , dont il porte le nom * » Ce labre % g ou 4 pieds de haut & un £ied ou: 18 pouces de large proche le corps,. Il devient beaucoup plus mince en montant , & il eft recourbé vers la- quelle : au refte il rcffemble par fa. figure à un pal recourbé & un peu pointu plutôt qu'à un fabre j il eft de plus revêtu de la même peau que le Poiffon & par confequent tout-à- » V. ma Relation de Vlftande , pag, S05. rï5 & Hlfioire Naturelle fait hors d'état de couper ou bîcffef une Baleine ou autre Poiflbn. Ceft plutôt par la gueule que ces Ani- maux font dangereux? & comme iis marchent ordinairement par petites troupes , ils attaquent la Baleine tous à la fois , & emportent de gros motceaux de fon corps jufqu à ce que1 s'étant échauffée à" un cer- tain point elle ouvre la gueule & entait fbrtir la langue. Ils fe jettent âufîkôt fur celle-ci qui eft prefque la feule partie qu ils en mangent , & s'étant à la fin introduits dans la gueule ils l'arrachent toute entière : c eft ce qui fait que nos Marins trou- vent quelquefois des Baleines mor- tes qui ont perdu la langue. Nos Pécheurs de Groenland rencontrent fbuvent ces Epées de Mer auprès de Spitfberg & dans le Détroit de Da- vis y ou ils parviennent à la lon- gueur de i o à i 2 pieds. On en a même vu de petits auprès de Hil- geîand fur l'embouchure de l'Elbe,. Ces Poiflbns font d'une agilité fi é- tonnante , qu'il eft impoflible de les prendre > à moins qu'on n'en nié ■■ du Groenland &c. 157 juclquun d'un coup de fufil. Un labile Marinier , que je confaltai un, our fur l'ufage que pouvoit avoir e Pal du dos de ce Poiflbn , me dit, ju'il ftrvoit apparemment à l'arrê- :er dans S. Courfe , & à en modérer quelquefois la trop grande rapidité. Je ne doute nullement , que les Poiffons appelles KilUrs * fur les Côtes de la Nouvelle-Angleterre ne [oient les mêmes que ceux dont je parle , quoiqu'ils y deviennent plus grands, ayant ordinairement 20 à jo pieds de long : car, à ce qu'on rapporte , ils ont les deux Macheoi- res garnies de dents , qui s'emboi- cent les unes dans les autres , & ils portent vers le milieu du dos une Nageoire qui a 4 ou 5 pieds de haut. Ce font les Pêcheurs de Baleines » qui leur ont donné le nom de KilUrs , qui veut dire Aflaflîns , parce qu'ils affaffinent leur Poifïbn: Ils nagent toujours par douzaines , * V. les Tranfaclions Philofopki* fues.U. $87. pag' 265, Amphibies Quadru- pèdes. 15 g Hîfëoire Naturelle & fe jettent tous enfemble fur un jeune Baleine comme les Dogue attaquent un Taureau. Les uns I tiennent par la queue pour Tempe cher de s'en fervir pour défenfe pendant que les autres la frapent S la mordent du côté de la tête. L, Baleine échauffée ouvre bientôt 1; gueule & tire la langue fur la quelle ils fe jettent auffitôt5& la man gent avec fureur de même que le lèvres. Lorfqu elle eft enfin morte ils mangent la tête , mais ils la bandorment auflitôt qu'elle corn mence à fe pourrir. Ces Amman; font d une force incroyable , enfor te qu'un feul arrête une Baleine morte que quelques chaloupes en- traînent & la tire avec lui au ionc de la mer. il arrive quelquefois qu'on en tue dans le cours de h Pêche. Ils font afiez gras, & l'huile qu'on en tire eft fort bonne. Je finirai ma Relation des Poi{ ions de Mer par la Defcription de deux Amphibies (Quadrupèdes 9 qu: font la Fâche Marine & le Chien ot V^au de, Mtr* du Groenland &c, r^g la Vache Marine. ( Rofmarus * ) re£ ta Va&é femble affez au Chien de Mer par Marine, * Qui veut dire Cheval Marin. Les Angle - Saxons J'appeltoiÊnt Hors- Hwal, qui vient de Hors ; Cheval, en Saxon Hors ou Ors Se Hwal^ €ete9Bâ- l-eine. Les Ruffiens l'appellent Morss f les Anglois Seakow. Les François des côces de l' Amérique difent Vache Ma- rine, ou Bête k la grande Dent. V, la Defcription des Côtes de V Amérique Septentrionale de Denys , Vol. U.pagJ 2 5<£. Les Hollandois ? qui vont en Groenland, difent auflï Walros\ ou Walrus. Quelques-uns qui ont fait le Voyage des Grandes Indes , les appel- lent auffi Lions de Mer ; mais ils font dans l'erreur. Ceux ci ont des Dents canines beaucoup plus petites que les Vaches de Mer, Se font plutôt une greffe efpere de Chiens de Mer, qui reffemhlent en effet au^ Lions terres- tres par la tète & par la couleur jaune du corps. V. la Defcription du Cap de Bonne-Efpèrance de Valeniin J |>ag 1 2 j. j de raênie que celle de KoU iSo Hifloire Naturelle fa figure , iînon qu'elle eft plus groP le & plus pefante *. Elle a quatre he y pag. 20$. , & V Anonyme cité par Hafeus y dans fa Differt. Philolog* VII. § il. Le Manati y que jes Amé- ricains François appellent Lamantin 9 a beaucoup de reflemblance avec la Vache Marine, & eft de la même es- pèce. * Marttns , dans fou Voyage de Spitsberg , Part. 4. Chap, 411.5. don- la meilleure description 5c la figure de cet Amphibie, Les anciens Norwégeois ôc Iflandois faifoient des manches de couteau & des poignets d'épée des dents de cet Animal , & de fa peau , qui eft épai(îe& trè^forte , des fangles pour leurs bateaux. V. Otherus dans fonPeri- plus publié par Bajfœus. § ç, Se celui-ci dans la Note. Ce même Otherus rap- porte § 6, que le tribut que les Fin- landais cîonnoient de (on temps à leur Roi5 coiififtoîr en Peaux d'Animaux, Plumes d'Oifeaux , Barbes de Baleines, &c Sangles ou cordes de bateaux fabri- quées de Peaux de Citais > c'eft-à-dire , pattes l du Groenland &c. \6t jattes , ou , en terme de nos Marins Flaaren * , qui ne fervent pas tant à marcher qu'à nager j & dont les doigts font joints parla peau quoi- que garnis d ongles aux extrémités. Celle du corps a près d'un pouce depaifleur , & fon poil qui eft d'un brun jaunâtre eft court & roide. La tête eft grofle & écrafée fur le de- vant 3 il a dans le front deux ou- vertures pour rejetter l'eau, Le Mu- féau eft entouré de gros poil roide qui forme une efjpece de barbe. L'A- nimal a trois dents en-bas & quatre en-haut^ outre lefquelles il lui fort de la Mâcheoire fûpérieure deux bel- les dents fort longues & recourbées, qui fùrpaffent en dureté & en blan- cheur celles de FElcphan. Elles ne fopt pas tout-à-fait rondes ni biem unies y mais plutôt applaties & le- Vaches Marines & Je Chiens Marins, * En Angle -Saxon Flaeran , qui veut dire Ailes i & dont le diminutif Vleêrken eft encore en ufage parmi les Hollandois } pour dire Ailes d'Oifeam, Tome I£9 O - ftdfo Hlfioire Naturdh gerement cannelées. La droite eïï or- dinairement un peu plus longue Se plus forte que lagaucheXesAnimau^ ne peuvent pas toujours vivre dans la mer. Leurs befoins les appellent- fouvent à terre ? & ils fe trouvent- alors dans la néceffité de paffer des rochers efearpés & des monceaux îmmenfes de glaces. Or T comme leurs petites pattes latérales font in- fuffifantes pour monter des hau- teurs & pour traîner après elles im corps auffî lourd & aufli peu agile que celui de ces animaux , la fageffe du Créateur les a pourvus de ces; dents longues & recourbées y dont: elles fe fervent pour s accrocher ■dafts la glace & dans la terre & M traîner enfuite. D'ailleurs ils fe nour- liffent ordinairement d'une efpece- de: coquillage enfoncé d'un pied m davantage dans le limon du fond j delà mer t ils font alors ufàge. dej leurs grandes dents qui comme des| pioches leur fervent à fouiller le! limon pour en tirer les coquil-l les, Ces dents font encore fcur dé-J knit * & ils en donnent des coug© du Groenland &c. rSj cribles quand on les attaque.. Leur imgucur & leur groflTeur cÙ pro^ ortionnée à celles du corps. J'en i trouvé deux dans le Cabinet de non Père ? dont chacune avoit 2 ieds & 1 pouce de Paris de long : 8 pouces de circonférence par le as. Je n'en ai vu nulle-part de i grandes : j'en ai gardé une , & j'ai nvoyé l'autre dans le Cabinet de Empereur «,. dont je l'ai jugé digne caufe de la rareté , la plupart les yant plus courtes. On m'envoyai I y a plufieurs années une tête en- iere d'un pied 10 pouces & demi , lefiyre de Paris de long avec les eux dents bien conditionnées. Elle toit confervée dans une faumure* t avoit encore- fa chair & fa peau 5 lais , comme il auroit été difficile; e la garder dans cet état * je la fis élbffer &: je la conferve dans moni Cabinet.. Martens fait un dénom- renient des parties de cet Animal 1$, ui peuvent fe manger. J'ai enten- u dire à un Capitaine T qu'ayant: vec fora équipage mangé des ro- uans, de cet Animal ? ils s'étoiene 1 ll6f Hijloire Naturelle fentis généralement frapés cTé- tourdiffemens confidérables , qui ne fe diffiperent que par le temps j & forent fuivis de maux de tête ter riblesi le Chien Le Chien ou Veau de Mer , Phoca \ Me Mer, appelle dans l'Amérique Septentrio- nale Loup Marine 9 en Danois S&L- hund y en Norwégeois Kaaèe 9 Qt. Groenlandois Pufa, en Anglois Sea, ou Sealhund 9 eft fort bien décrit dans Martcns * ? & d'ailleurs affe2 généralement connu. On m'envoya la peau rembourrée d'un petit de ces Animaux > qui avoit été pri< dans le Détroit de Davis» Sa tëtc ctoit petite & reffembloit parfaite- ment à celle d'un Chien à qui Ton coupe les oreilles près de la tête. I] avoit une mouftache ? dont le poi: était long 5 roide & frifé d'une fa- çon finguliere. La lèvre fupérieure avançoit un peu fur l'inférieure. Les dents étoient comme celles duc * Dans fon Voyage % à Fendreit dm du Groenland &c l&A, *éikn , mais plus pointues , & plus courtes enhaut qu'enbas. I e col étoit mince & allongé , le corps court & gros fa le devant avec un eftomac fort large , mais fè retré- .ciflant bientôt & le terminant en pointe. Les quatre pattes étoient .fort courtes & reffembloient pref- que à celles dun Oye: elles n'ont point d'os? ce n'eft qu'un morceau de chair couvert d une peau velue* Celles de devant étoient garnies de S ongles longs & noirs , qui avan- cent un peu par les pointes fïir les bords de la peau. Us n'ont point de jambes , & les pattes font fi courtes* que l'Animal étant couché la ron- deur du ventre les empêche de toucher à terre. Il s en fert cepen- dant pour s accrocher & fè traîner plus vite qu'on ne croiroit. Ces pat» tes ne font faites que pour lui fervir de rames 'quand il nage. Celles dfe derrière étoient reculées , & h largeur de leurs extrémités étoit perpendiculaire comme aux queues de Poiffon. Son poil étoit court Se raide. Il avoit furie dos des rayes I *t66 rïKf:oïrz Watwrttk êc taches noires. Il étoit d'un blane laie , & jaunâtre fous k ventre. Im queue n étoit pas plus longue que cel- d'un Chevreuil. J'ai mefuré exaâe- ment les proportions de cet Animât que j'ajouterai ici , afin de pouvoir les comparer avec ceux des autres Mers. Toute fa longueur comprile entre la pointe du Muiea-u & l'ex- trémité de 1a patte de derrière étoit de 2 pieds ,. 4 pouces de Paris. La- tête feule avoit 3 f pouces de long r 4& enhaut 2 | pouces de large. Le col étoit de 2 pouces & demi» Sa groffeur ou hauteur prife du côté de la patte de devant etoit de 8 | pouces & la largeur du dos de 9 pouces. A. l'endroit d'où fortent les pattes de derrière le corps avoit 3 ~ pouces de diamètre:, la queue avoit 3 | pouces. La patte de devant avoit 3 -| pouces de long , & i« 7 derrière. Sa largeur étoit enhaut de 1 77 pou- pouces & enbas de 2 j° Celle de derrière avoir 4.7 pouces de long 5 elle étoit large d'un peu plus d un gott.ee jttB enhaut: & de 6 | pouces £u Groenland &cl 't&j par enbas 4\ Ces Animaux parvien- nent dans le Détroit de Davis à la. longueur de près de deux hommes ils ont entre la peau & la chair en- viron quatre doigts d'épais de graiP fe ? qui donne de fort bonne huile,. La Pêche des Baleines n'étant plus à Comme o# Beaucoup près fi âvantageufe qu'elle ie p«n«k- 3'étoit autrefois x ou tâche de. fe dé- dommager dan s ces voyages le mieux qu'on peut *T & comme la Peau de Chien de M^r eft fort recherchée, l'on équipe tous les ans quelques petits Bâtimens pour leur faire la* chaffe. Ces efpeces de Ghafleurs Marins por- tent le nom de RobBen-Schlagers ^ qui veut 'dire Batteurs de Chiens de Mer 5 parce qu'ils les fiirprennant fer la glace quand ils dorment. Ils les. tuent avec des gros bâtons enr * On trouve une belle Defcriptioti Anatomique de cet Animal dans 1er Mémoires de FAcad. de. Paris 5 pour firvir à tHijloire des Animaux, pagv 93. W: auffi le I Supplim. àz§,A,azs *& (hm. Art*. 1 m*. I ï6S Hlftolre Naturelle frapant far le nez , où ces animaux font fort fenfibles , ou les percent à coups de- lance. lîeër Utilité. Les Chiens de Mer lont d'une uti- lité incroyable aux Habitans Sauva- ges du Détroit de Davis. La chair leur fert de nourriture * , le fâng de médecine, la peau d'habillement & de cordages pour les bateaux , les * Quant aux Chiens pu Veaux de Mer cle i'Arnériqoe 8c à la manière de les prendre, on peut confulter \zDef*: cription des Côtes de P Amérique Sep* tentrionah de Denys. Tom. I. pag. 64, où il obferve que les jeunes font beau- coup plus gras qtie les vieux & que l'huile des premiers eft auffi bonne à manger & à brûler dans les lampes que Fhuile d'olives ,„ n'ayant aucu- ne mauvaife odeur. Ce même Auteug dans fon Tom. IhCh.ij > fait men- tion d'une petite efpece de ce même PoiiTon 9 dont la chair fait les délices des Sauvages , de même que l'huile avec laquelle ils s'embaument auffi les Cheveux. tendons £a Kntabk Fu7u/t Ju Cachalot échoué U 24 Janvier ijSS p/Y.e ,/<■ j'Avvv ,/,,„,,■ U- />i.r//t./ ,1 ' Fv.L-ivttui . TLjnfûtl ^3 piedt Je L'un n ,/• //.//// ,'■/ ,h> J.- Lntr du Groenland &c. il5$ tendons & les inteftins de vitrage, de voiles ,- de fil à coudre & de fi- celle à lier , les os de toute forte d'uftenfiles de ménage & de chaiTe , Sec. Tels font les avantages que l'homme peut tirer d une feule Créa- ture , tant que Ton goût neft pas dépravé par l'abus de l'abondance qui nous rend délicats & pareffeux, & lorfque la faim & le défaut du fiipcr- flu le rendent induftricux à employer le peu qu'il trouve à toutes fortes d'ufages ?! Avant de quitter les Chiens de On e* Mer je dois rapporter ici un fait qui trouve dans me paroît des plus finguliers. Un Ja &randc Auteur illuftre & très-croyable nous Tarcane« afliire , qu'on trouve une quantité prodigieufè de ces Animaux dans le beau Lac de Baikal de la Gran- * Horace dit Sua vit tus & quanta , boni , fit vivsre farva^ Difcite ! * Dans fes Révolutions de la RuJJh* pag. 8©. Tome IL g '<$y© Hifloire Naturelle de Tartarie. Les Ruflîens lui don- nent mal-à- propos le nom de More ou Mer 9 puifqu il eft prouvé au- jourd'hui , que ce n'efl qu'un grand amas d'eau douce provenant de plu- sieurs Rivières. Cette Relation »' que je n'avois trouvée nuîlepart, me paroiffant fort extraordinai- re , je pris le parti 5 pour m'af- fiirer de la vérité du fait , de m'a- dreffer à M. Heidenreick 9 qui avoit été envoyé par le Grand - Confeil des Mines de Pcterfbourg par tou- te la Sibérie & îa Tartarie jufqu aux . Frontières de la Chine, pour re- connoître les nouvelles Mines & pour rétablir les anciennes de tout le Pays. Ce Sçavant me confirma la vérité de la narration , en ajou- tant , qu'il avoit vu ces Animaux {ùr le lieu même 3 qu'ils reflem- bloient en tout à ceux de la Mer Baltique , finon qu'ils étoient un peu plus petits 5 que le Lac étant gelé ils fçavoîent adroitement con- ferver par-ci par-là des Ouvertures dans la glace , pour en fortir & pour y rentrer félon leurs befoins ? ne du Groenland &c. ï y % pouvant pas toujours vivre fous l'eau 5 que les Tartares voilîns 8c les Rufîiens les tiroient avec des harpons à trois crochets 5 & qu'ils ne fe fervoient dans leurs lampes que de l'huile tirée de cette graille. J'ai louvent réfléchi , comment il a été pofîible , que ces Animaux Se les gros Efturgeons qu'on y trouve auflï foient entrés dans ce Lac , & je crois ne pas trop m'éloigner de la vérité en fuppofant , que les Ancê- tres des uns & des autres venant de la Mer Glaciale ont pu remonter le Fleuve Denifei „ & que s'étant éga- rés dans la Rivière de Tunguske qui fe décharge dans ce Fleuve , ils le font à la fin perdus dans ce Lac, fans Içavoir par-où s'en retourner. Mais ce qui me paroît le plus fiir- prenant , c'eft que leur Poftérité ait pu provigner & même s'engraifler dans l'eau douce. Tant il cft vrai , que la force de l'habitude eft éton- nante dans les Animaux de toute cfpece ! & je fuis perluadé qu'en faifant Couvent des Expériences ea ce genre on verroit des effets extra-» Pi| 1 7 % Hifloire Naturelle ordinaires & peut-être profitables au Genre humain. Il Con- Il eft temps maintenant de pal1 llitution fer aux Créatures raifonnables , je un HàbW vetlx ^irC aUX Habltans Nationnaux du Détroit de Davis , qu'on appelle communément les Sauvages. lis font généralement petits & ramaiîés de corps , tant hpmmes que femmes , au refte fort bien proportionnés & d'un bon embonpoint) leurvifage eft un peu applati 5 ce que j'ai ob- fervé de même aux Groenlandois , qu'on amena ici il y a quelques an- nées. Ils ont ordinairement lçs cheveux îioirs & droits > le vifage brun & rougeâtre , qui cependant n'eft pas leur couleur naturelle , mais pro- vient de la malpropreté & de la fumée , dans laquelle ils vi- vent continuellement 9 n'ayant au- cun foin de laver leurs mains, quoi- qu'ils manient tous les jours la graif- fe & l'huile , dont ils fe barbouillent à tout inftant le vifagç & le refte du corps : de même que les Mendians Bohémiens fe donnent des vifages du Groenland &c: 'I7J bruns & rougeâtres en fe frottant avec toute forte de graifle. Les Sau- vages du Détroit de Davis font fore blancs en venant au monde , Se ion voit fïirtout parmi leurs Femmes des vifages d'un teint éclatant & d'une beauté aflez régulière pour tenter les Coloniftes Danois jufques au point d'en faire leurs femmes. Ces Peuples font généralement bien faits & d'une fort bonne complé- xion j ne connoiflant ni petite vé- role ni autre maladie contagieufe *. Nous apprenons cependant par une Relation de la Miffion des Danois, publiée il n'y a pas fort long-temps, qu'un Groenlandois baptifé , qui avoit gagné la petite vérole en Da- nemarc, la communiqua à fbn re- tour en 1733 aux Gens de Ion Pays, Le froid du Climat empêcha l'érup- tion des boutons , & comme d'ail- leurs on n'avoit ni médicamens ni connoiffance pour foigner cette ma- * V. Y Auteur de la PerluJIration de Groenland. fî74 Hîfloire Naturelle ladie, elle emporta rapidement pla- ceurs centaines des Habitans , & les autres ne furent fauves que par le parti qu'ils prirent d'abandonner le Pays & les Malades. leur ma- Le Scorbut cft la maladie du Pays» mère • ^ r , ° r j ie jette fur la peau comme des ta- ches ou boutons blancs en forme de fleurs* Ils la guériflent avec la Cuillerée ( Cocklearia ) & la der- nière avec m\Q certaine fleur 5 dont les feuilles font fort épaiffes & le goût très - piquant. Les Danois mê- mes la regardent comme un re- mède admirable. Ils ne connoiP fent ni Médecins , ni Chirur- giens. Si quelqu'un reçoit une ble(- fure , on le peilfe Amplement avec une (angle de peau , (bus laquelle la playe fc guérit ordinairement auffi- bien que fi Ton y avoit appliqué des emplâtres. Ils ont cependant une efpece de Charlatans ou Sor- ciers , qu'ils appellent Angekokes 9 qui abufeîit de la (implicite de ce pauvre Peuple , en lui faifant accroi- du Groenland &c, IJJ, re tout ce qu'ils veulent. Quand quelqu'un eft malade , ce qu'ils ap- pellent domïck j ces Charlatans font autour de lui toute forte de poftu- res extravagantes , & des tours d'adreffe,qui reffemblent affez à ceux de nos Joueurs de Gobelets. Us ont un nerf ou quelqu'autre partie d'un Animal qu'ils font femblant de tirer de la partie douloureufe & qu'ils montrent enfuite d'un air triom- phant en affurant le Malade que la fburce de fon mal eft ôtée *. Le Malade revient ordinairement , foit par la force de l'imagination ou par la bonté de fon tempérament , & l'Impofteur , qui fbûtient par4à fon crédit 3 gagne toujours fa vie. Ces mêmes Charlatans débitent des es- pèces de Chapelets faits de petits os * M. Egede 9 dans fa Relation de la Mijfion de Groenland, pag. 64 ôc 1 70 , en cite plufieurs Exemples , dont il a été témoin oculaire , & dont il a mçme découvert rimpoûure. P iiij P«F ! Tï7? TUfioirt Naturelle ou autres matières * , qu'ils pen- dent au col des enfans & même des grandes perfonnes , en leur perfua- dant qu'ils ont la vertu de procurer la ianté & de porter bonheur dans les entreprifes. On voit parmi ce Peuple des Gens fort âgés , & l'on en verroit davantage , fi leur façon de vivre ne les expofoit pas à des dangers prefque continuels, teurlan- h&jLangue de ces Sauvages efl fi bi- gage. zarre que je n'en connois aucune avec laquelle elle ait la moindre confor- mité. Leur Prononciation eft de mê- me. Us font des contorfions fingu- lieres avec la bouche , & en ferrant la langue contre le palais , les dents, &c. ils forment des fons inimita- bles , qui font très-difficiles à com- prendre & plus encore à exprimer par des Lettres. Un Seigneur Da- nois de la première coafidération m'a communiqué la copie d'un pe- * On les appelle Angvoak. V. la Relation citée de M. Egede , pag. 62. &pag. iij. du Groenland &c. 1 77 tît Dictionnaire ou Vocabulaire Da- nois & Groenlandois , compofé par le Miniftre Egedé , que j'ajouterai ici à la fin de ma Relation *; Ja- voue qu'il y a quelques mots, qu'on peut dériver d'autres Langues , com- me Kinneka * un Enfant 5 Kona 9 une Femme 5 Noria 9 manger , &c. L'Auteur de la Pcrluflration de Groenland a de même découvert quelques mots des autres Langues du Nord , comme Quan , Ra- cine d'Angélique , en Norwé- geois Quanne ; le Poiflbn Nife , en Nonrégeois Ni/a ; Kolleck > une Lampe , en Norwégeois Kolle , &c. Mais ces mots font en très -petit nombre , & les Groenlandois les * M. Anderfon y a voie ajouté fa tra- duction Allemande. Je me fuis con- tenté de joindre la signification Fran- çoife immédiatement au Groenlandois, ôc j'ai cru pouvoir fupprimer l'Alle- mand & le Danois , dont il n'efl: pas queftion ici , & qui auroient inutile- ment eroffi le volume. mm Ï7S Hijloire Naturelle ont peut-être acquis par la conver- sation avec des Etrangers & adopté par l'ufage. Ce qu'il y a de certain c'eft que leur Langue n'a pas la moin- dre reffemblance ni avec le Norvé- geois 5 l'ancien Gothique 3 l'Iflan- dois , le Finlandois , ni avec le Lap- ponnois ) & quoiqu'ils fbient affez voifins de l'Amérique Septentriona- le , je n'y trouve aucune conformi- té avec ce que le Baron de la Hon- tan Bc d'autres ont remarqué des différentes Langues des Sauvages de ces Diftrifts. Le Baron de Strah- lenberg 3 dans fa Defcription des Par- ties Septentrionales & Orientales de V Europe & de V Afîe 9 donne une Table Polyglotte de trente -"deux Langues différentes des Tartares ; mais le Groenlandois en eft tout-à- fait éloigné tant pour la Dérivation que pour la Diale&e* Une Perfon- ne , qui a appris cette Langue par une longue application , m'a affuré qu'elle a beaucoup de grâces pour les fbns des mots y & qu'elle eft très- ingénieufe & exprefîive pour les tournures. Elle ne paroît pas même du Groenland &c. ijfy û rude qu'on la préfumeroit parmi un Peuple fauvage & fi (impie que les Groenlandois , & elle fembie plutôt avoir été cultivée avant eux par une Nation plus éclairée & plus policée , fùrtout fi 1 on fait atten- tion au génie particulier de cette Langue , aux inflexions des Verbes r au jeu des Pronoms , au Dualis * , * Les Amateurs des Langues décou- vriront d'autres beautés de celle - ci dans l'Extrait des Mémoires de M. JEgede, que j'ajoute à la -fin de cette Relation. Ces Mémoires contiennent i.) un petit Dî6Honnaire3que les Cu- rieux pourront conférer a^ec le Voca~ bulaire , que Thomas Borrichius a fait mettre , il y a long-temps 3 dans les Acla Mediça de Copenhague. Vol. IL pag. 1 1. 2. ) une Formule de Conju- gai'fon } avec une inftru&ion ahhrégée fur les Noms & les Pronoms, j, ) les Elémens de la Religion Chrétienne , dont je ne rapporte ici que les Dix Commandemens , le Pater û une au- tre Prière 4. ) Quelques Exhortations r ~ fî 8 o Hifîoîre Naturelle &c. L'Auteur de la Perlujiration de Groenland, ch. t. remarque qu'on parle à peu près le même langage ■ au Peuple , dont je ne donne que le IX & X Article , qui m'ont paru les plus remarquables. 5. ) Les premiers onze Chapitres de la Genefe , traduits en Groenlancîois , dont je donne ici le premier. 6. ) Quelques Evangiles tra- duites de même , dont je rapporte pour exemple celle de l'Annonciation de la Vierge. Je dois encore remar- quer , que les Prépoficions & les Con- jonctions de cette Langue ne font que des Affixa ou Suffixa ; par exemple : Sumit d'où ? Sumat par-ou ? Jefumit de Jefus • Jefumut à Jefus ; KiUac Nu- nalo Ciel & Terre , Guditog & Dieu. Comme la Langue Groenlandoife n'a point de mors pour exprimer les fujets de Religion & autres chofes fpirituel- les , M. Egede fut obligé d'en adop- ter pour cet effet de la Langue Mère du Nord. Tels font Gud Dieu, En- gdija Ange , Synd Péché , Hdligfor* fuack Saint, Velfigninch bénir, &c. du Groenland &c. xSï partout le Pays , à l'exception de la prononciation qui eft différente en certains endroits. Les Femmes ont aufli une Dialefte particulière , &c leurs mots fe terminent ordinaire- ment par une n. V Habillement des Groenlandois LeurH^ eft fait de Peaux de Daims & debillemen^ Chiens de Mer , qu'ils fçavent en quelque façon corroyer avec de l'u- rine , de l'huile &c , en les battant beaucoup avec des pierres. Ils fe fervent aufli pour cet effet des Peaux de certains Oifeaux. Leurs habits font coufus avec du fil , qu'ils ont ladrefle de couper des boyaux de Chiens de Mer Se d'autres Poiffons après les avoir foufflés de fechés à l'air. Ils portent tous fur la poitrine une Peau de Canard à Duvet avec les plumes en dedans. Les Hommes ont un Juft-au~Corps DesHom* étroit de Peau de Daim ou de Chien mes. de Mer avec des manches & un Ca- puchon comme ceux des Moines. Il defeend jufqu'aux genoux & eft tail- lé en pointe devant & derrière. Dans l'Eté ils portent le poil en dehors , Hijloire Naturelle & dans l'Hyver en dedans. Ils ont des Culottes étroites de la mê- me peau , comme aufîi des BaS ou Bottes avec le poil en dedans , mais on voit fbuvent les Genoux nuds quand ils marchent. Un petit Nom- bre d'entr'eux porte des Bas foulés d'Iflande que les Danois y appor- tent. Us n'ont ni chemiles ni au- tre linge , parce qu'ils ne fçauroient cultiver chez eux ni lin ni chanvre, & que leur pauvreté ne permet pas d'acheter de la toile des Danois. Si l'on fait préfent à quelqu'un d'une chemife > il la met par-deffus Ton habit 8c fe croit un grand Sei- gneur. Quand ils vont en Mer , & principalemenr pour la Pêche des Baleines , ils paflent fur leur habit une efpece de jaquette , où l'habit , la culotte , lcS bas & les fouliers ne font qu'une pièce- Elle eft faite de Peau de Chien de Mer unie & fans poil , Se fi bien coufiië & laflée au corps , que L'eau ne peut y pénétrer nullepart 5 pour empêcher qu'elle ne rende leur corps plus pefant & ne les faffe couler à fond. Ils tiennent * du Groenland &c. i S$ d'un autre côté devant la Poitrine une petite Ouverture bien abouchée avec une cheville ? dans laquelle ils foufflent autant d'air qu'ils ju- gent à propos pour fe foûtenir iàns aller au fond. Ils fçavent par ce moyen fe tenir droits dans 1 eau jufqu'à mi-jambe , & à mefiire qu'ils diminuent ou augmentent l'air du dedans de leur jaquette , ils def- cendent & remontent comme bon leur femble. Un Capitaine très- digne de foy m'a affuré , qu'il les avoit vu plonger plufieurs fois jufqu'au fond de la Mer , d ou ils lui avoient rapporté ce qu'il y avoit jette exprès , & qu'il avoit eu lui- même un Matelot , qui après s'être exercé pendant quelque temps avec une parrille jaquette étoit parvenu au point de le tenir droit & de mar- cher prefque à ftc fur les flots de la Mer. ^ L'Habillement des Femmes ne dif» Des Fem- fére pas beaucoup de celui des Hom- mes. mes ? fmdn que leur Juft-au-Corps cft un peu plus ample 3 & qu'il mon- te plus du côté des épaules , à eau- ^m^^ rî§4 Hiflolre Naturelle fe des Enfans qu elles portent fur le dos partout où elles vont. Leurs culottes font fort courtes en Eté , & les jambes font nues jufques par- deffus les Genoux ; mais elles des- cendent plus bas & paffent les Ge- noux en Hyver *. Les Femmes nouent leurs cheveux en queue : elles y paffent d'abord une (angle , & après les avoir retrouffés elles les re- nouent une féconde fois & les font tenir droits & ferrés contre la tête. Elles entrelaffent pour ornement dans leurs cheveux toute forte de cprails de verre , ils en mettent aufli dans les oreilles , au col ? aux bras , & même fur les fouliers. Quelques- unes des Femmes , qui ont envie de plaire , s'entrelaffent les yeux , les joues , le menton 5 les oreilles , &c. de toute forte de petits traits avec * Les meilleures figures de l'Habil- lement des Hommes & des FemmesTe trouvent dans le Mufeum Regium Da- nia^ publié par Jacobaus, & par Lau- wA Part. IL Seft. 2. n. 81. Planche 1. du du Groenland Sec. i S 5 du fil teint de noir de lampe. Elles paffent ce fil entre la chair & la peau où il laiffe à perpétuité les marques noires qui reflemblent affez à celles que les Voyageurs , qui vont en Terre Sainte , le foret appliquer au bras *• On m'a affuré que ces Orne- mens vont affez bien à certaines Femmes du Pays,& que celles qui ne font pas laides d'ailleurs, fçavent les * Yjbrants Ides 9 Envoyé en Rufliff, dans Ton Voyage de la Chine # pag. 37, dit, en parlant des Tartares , appelles Nifovwr Tunguji 9 qu'il rencontra dans (on Chemin. » Ils font aufïï Ama- *>teurs de la Beauté , & pour l'aug- » menter ils s'ornent le Vifage, le » Front , les Joues & le Menton de » la manière fuivante. Ils brodent ton- » te forte de Figures dans la peau avec *> un fil enduit d'une graiffe laoire , &c » après y avoir laide le fit pendant «quelques jours ils l'en retirent. La » broderie marquée refte dans la peauf a & l'on en voit peu qui n'en ayent 9> au vifâge «. Tome Ht» Q Ù ïS^ Hipire Nature tU faire valoir avec de lare & des grâ- ces. Tant il eft vrai que l'envie de plaire eft inséparable de la Femme l & les Climats les plus glacés ne font pas exempts de coqueterie* Cepen* dant , quelqu'attention que les Fem- mes ayent ici à fe parer 3 elles ne font pas moins fales que les Hom- mes. Les uns & les autres vivent dans une malpropreté étonnante Ils fe lavent fort rarement , & fi ja- mais ils le font 5 ce n'eft qu'avec leur propre urine. leurs Ha* Us ont deuxefpeces d'Habitations,. pirations. ]es unes p0ur l'Hyver , les autres pour l'Eté. Les maifons d'Hyver font les plus grandes , & ils les élèvent à l'approche de cette faifon 5 ou lorf qu'ils croyent refter longtemps dans un endroit. Les Femmes en font les Architedes 5 & les Hommes ne fc mêlent jamais de bâtir. Ces mai- fons font confinâtes de cailloux ou de morceaux de roc fi bien liés de terre & de moufle qu'il eft ïmpofli- ble que le vent y pénétre. Elles ne font guéres élevées de terre au-delà de quatre pieds > & le refte eft eft* du Groenland &c„ i S 7 Foncé en terre pour plus grande fb- lidité & pour mieux réfifter au vent & au froid. Quelques lattes pofées fiir les parois & couvertes de gazons formentletoiâ.Cesmaifônsont par- ci par-là quelques fenêtres , qui font fermées de membranes de boyaux de Chien de Mer ou d autre PoiP- fon bien coufuës & jointes en lon- gueur avec les nerfs qui leur fervent de fil. Ces Fenêtres ne laiffent pas de donner pafTage à la lumière & d'é7 clairer les maifbns plus qu'on ne le Timagineroit. L'entrée cffc creufee fous terre comme le creux dune taupe , & ,, au lieu d'aller en ligne droite , elle fait plufieurs détours & eil allongée exprès , pour empê- cher le froid & le vent d'entrer droit dans la maifbn. L'ouverture de de- hors eft toujours tournée vers la mer, afin qu'en fortant de ieur mai- fan ils la voyent immédiatement: comme la- fource principale: rb tout ce qu'ils poffédent , & qu'ils puiP fcnt s'appercevoir fur le chainp de .1$ moindre ouverture dans les glaces y. gom recommencer leurs travaux, Qij I§8 Hiftôîn Naturelle Une Peau tendue devant l'ouverture fèrt de porte, On ne fçauroit pafîec le creux foûterrain qu^en fe cour- bant beaucoup eu en fe traînant fur les genoux , & fa fortie conduit pré- cisément au milieu de la maifbn » qui n'a guéres que 20 pieds en quar- ré. Elle eft fouvent habitée par 7 ou 8 familles , c'eft-à-dire , par toute la Parenté. Tout le monde s'accor- de aiTcz bien enfemble. Ils n'ont ni donieftique.s , qui brouillent fou vent les Maîtres , ni meubles qui tien^ nent beaucoup de place inutile. Ils font contens d'en avoir autant qu'il faut pour fe retourner , & toute ta communauté mange en paix le pro- duit commun de la Pêche & de la Chaffe. Un des quatre côtés de la maifbn eft deftiné pour les lits qui ne font autre chofe que des planches éle- vées fur des pierres d'environ un pied de terre , & couvertes de peaux garnis de poil au lieu de matelas. Chaque Famille couche enfemble , & eft feparée d'une autre par une peau tendue à la hauteur d'environ 4 pieds. Tous ceux qui font de la du Groenland &cï i8y même famille couchent à côté les uns des autres , le Père & la Mère font au milieu , les garçons à côté du Père & les filles à côté de la Mère. Chaque Famille a devant font lit fa cuifine, qui neft autre chofe qu'une longue lampe taillée de la Pierre molle , dont j'ai parlé c,-deP fus , & dans laquelle il y a un creux long & profond , on Ton entretient continuellement une petite flamme claire ôc aflez pure moyennant une mèche bien imbibée de graiffe ou d'huile. Une des lattes du t0i£è foû- tient un chaudron , qui fuffit pour la cuifine de toute la famille , & la lampe fert à faire bouillir leur poif- fon & viande , & en même temps à éclairer & à échauffer la maifon. Il y en a, fi je ne me trompe , qui ont leurs murs garnis de peliffes , le poil tourné en dedans. Ceft de-là qu'il fait fi chaud dans ces Maifons, & que l'on y fent fi peu la rigueur del'hyver,que les Gens du Pays, tant hommes que femmes , s y tien- nent toujours le corps nud. Mais ceft par cette même raifon quelles î 9° Hiftoire Naturelle ont une incommodité infïippoïtâ^ bie pour les Etrangers , qui eft une puanteur affreufe & capable de faire évanouir quelqu'un qui n'y eft pas accoutumé. Elle eft caufée par l'hui- le & par la viande & les Poiffons moitié pourris joints à la malpro- preté & aux exhalaifons continuel- les dune quantité de monde dansu^ air chaud & renfermé : fans oublier la vermine dont tout eft rempli. S'il leur arrive quelqu'Etranger en vifite,- comme iî en vient quelquefois de ï o lieues , ils ne le couchent pas avec eux , quand même il feroif de leur Nation ; mais on lui affigne un en- droit particulier fur une planche dé- tachée de leur lit. Ils font auprès de leur maifon de petits creux dans h terre qu'ils garnirent de pierres # où ils gardent les viandes & PoiP fons féchés en Eté pour leurs pro- vifions d'Hy ver. Tout ce qu'ils pren- nent en Automne & en Hyver , ils le couchent" Amplement par terre fous la neige & le confervent ainfi contre la putréfaction. Lorfquils m peuvent plus le mettre m mer : du Groenland & cl i$T ïîs traînent leurs canots de femmes jufques contre les mailbns * où ils les renverfënt fur quatre pieux & y confcrvent deflbus leurs pelleteries & autres marchandifës de prix. Ils commencent en O&obre à occuper leurs Maifons dyHyver ? & les quit- tent au commencement de Mai , foit pour quelque temps y s'ils reftent dans le voifinage , ou tout à fait > s'ils changent de lieu pour chercher un autre endroit plus avantageux pour la pêche & la chaffe. Ces mai» fbns abandonnées tombent enfuite en partage à d'autres qui y arrivent par hajzarcL Leurs Habitations d'Eté ibnt des Tentes légères de peaux unies de Chiens Marins 5 dont il y en a deux lune fur l'autre- Elles font toutes rondes & n'ont pas plus de circonférence en-haut qu'un cha- peau ordinaire, On les drefle fur des perches de bois , & chaque Famille & la fienne en particulier. Ceux qui *n ont le moyen garniflent leurs Tentes en dedans de peaux de Daim ou d'autres animaux. On ma affuré que ces Tentes font faîtes avec beau* mam rt$2 'Hlfioîre Naturelle coup de goût , & qu'on les tïenC beaucoup plus proprement que lss maifons , enfortc qu'un Etranger pourrait y demeurer. Chaque Père de Famille a dans fa Tente une lam- pe avec un chaudron fùfpendu par^ deffus. Quand ils vont en mer dans leurs grands Canots de Femmes , ils emportent leurs Tentes avec eux. Leurs Comme les Groenlandois vivent fiançailles. en tout $xmc manière très-fimple & félon ie pur inftind de la Nature > il eft aifé de concevoir , que leur Fian. cailles & Mariages doivent fe faire fans embarras & cérémonie. L'hom- me ne regarde autre chofe j finon qu'une fille foit entendue pour le mé- nage feon la coutume du Pays , & principalement pour la couture en habits * & celle-ci demande feule- ment , fi fôn amoureux eft adroit \ affîdu & heureux pour la Pêche & la Chafla La Mariée n'apporte point de dot y & le Marié n'a point d'héritage à laiffer-, ainfi il n'y a pas beaucoup de difficulté à furmonter de part & d'autre ni de contraâ à pafier , pout conclure l'affaire. Cependant il s'ob; ferv* du Groenland &c. ia« ferve ici , comme partout ailleurs J une décence naturellement due au féxe. L'Auteur de la Perlujlradon de Groenland donne dans fon XII Cka- pitreun détail fort ample & plus pré- cis qu'on ne le trouve ailleurs de tout ce qui regarde les mariages de cette Nation , dont voici l'abbrégé. Lorfqu un jeune homme a deffein de fe marier, il le communique à lès Paresis , en leur nommant la perfon- ne dont il a fait choix, quoiqu'il ne lui ait jamais parlé, Si les Parens y confentent , ils lui promettent de faire chercher la Fille en queftion. On fe, fert ordinairement ponr ces commiffions de 2 ou ? vieilles Fem- mes , qui vont auffi-tôt trouver les Parens de la Fille. En arrivant elles parlent pendant quelque-temps de -chofes indifférentes , & la conven- tion tombe infënfibiement fur le jeune homme , dont elles vantent .beaucoup l'adreffe & lfe bonheur pour la Pêche. Elles s'ouvrent à la fin 2c déclarent aux Parens le motif de leur Miffion , en leur demandant la Fille ;fans adrefler une parole à celle-ci. Tome II. ^ rï 9 4 Hljloire Naturelle Quand la Fille eft préfente , elle fort furie champ, comme fi pareil dif- cours bleflbit fa pudeur. Si la pro- position convient aux Païens , ils y confentent d'abord , & ils rappel- lent la Fille pour lui communiquer l'affaire. Celle-ci défait la queue de Ces cheveux ï la jette fur fon vifage, & fe met à pleurer , fans cependant dire ni oui ni non , mais en mar- quant toujours un air de répugnan- ce. Les Femmes, fans foire fem- blant de s'appercevoir de fon afflic- tion, la prennent fous les bras & l'en- traînent avec e1r est Quand elle eft arrivée dans la Maifon paternelle de fon Amoureux , elle refte pendant quelque-temps affifc en pleurant con- tinuellement fans que celui-ci lui dife un mot. Ce font les Parens qui la confolent les premiers , en l'affu- rant qu'elle fera contente auiïï - tôt quelle connoîtra le >eune homme qui lui eft deftiné. Celui-ci M* fant à la fin femblant de s'impa- tienter lui parle à fon tour , & la prie de venir fe coucher à (on côté. Elle lui accorde fa demande après au Groenland &c. rt0'f plufîeurs inftances , & le Mariage le cônfomme bientôt après. Il y en a cependant qui ne veulent abfblu- ment pas fe laiffer perfuader de re£ ter dans la nouvelle Famille , & qui s enfuyent chez leurs Parens. Ceux- ci ne la renvoyent pas , mais ils at- tendent quelqu'un de la part de l'A- moureux qui vienne la chercher. Il arrive fouvent que la Mariée défer- re deux ou trois fois de fou nouvel Epoux; mais alors celui-ci , pour finir la cérémonie , fait faire un fac, dans lequel les Vieilles vont la re- chercher. Elles vont la prendre de force chez fes Parens , qui ne fçau- roient plus s y oppofèr , & l'ayant mife dans le lac ils le nouent par enhaut , n en biffant fortir que les cheveux, & la traînent ainfi jusqu'aux pieds de fou Epoux , avec lequel elle eft obligée alors de reftcr mal- gré elle. Il eft étonnant, que ces Peuples , Leurs Ma- lans avoir de Loix pofitives à cet riages. égard , s'abftiennent pour le ma- riage julques du troifiéme & qua- trième degré , fbit par une pudeur Rij fj y§ Hijloire Naturelle naturelle ou par un ancien ufageï dont cependant ils ne connoiffent ni l'Origine ni le Principe. Chaque Groenlandois n'a ordinairement qu'une feule Femme ; ce qui paroît d'autant plus extraordinaire, vu l'in- dépendance abfoluë de cette Na- tion , fcn ignorance de ce qu'on ap- pelle Loi 5 la corruption de la Na- ture humaine qui nous porte aux vo- luptés charnelles & par copfequent à la Polygamie , qui a toujours été & qui eft encore en ufage chez les Payens. Il le trouve cependant quel- ques Groenlandois qui ont deux fem- mes ; mais ce n'eft pas par lubricité, & quand on leur demande raifon de Jour fécond Mariage, ils répondent tout uniment , qu'ils ont trouvé la dernière plus capable qufc l'autre , & qu'ils Font époufée auffi , parce qu'ils étoient en état d'en nourrir deux. Les devoirs de Mariage font facrés parmi eux , & Ion n'a jamais entendu dire qu'un homme ait ha- bité avec une autre femme que la iîenne. Cependant ces mariages ne : font pas fi indiffQiubles ? qu'un hom* du Groenland &cl % 97 me ne fe fépare quelquefois de fa femme pour en prendre une autre * Surtout quand la première ne fe trouve pas à fa fantaifie 5 ce qui doit arriver fort fouvent dans leur façon légère de s'époufer. Quand un hom- me a eu des enfans de fa femme , il lui paffe bien des défauts , & ils ne fe quittent plus qu'à la mort. On ne s'imagineroit pas avec combien de hauteur ces hommes d'ailleurs fi fim- ples fçavent fe prévaloir des préro- gatives de leur fëxe. Le Mari je met feul à manger & fe fait fervir par fa femme , qui n oferoit toucher à rien avant qu'il fe foit levé y & lorfqu'el- le manque à fon devoir , il la cor- rige par des coups de bâton , fans xjue-k femme en garde de rancune. : Il eft aifé de concevoir par la ma- Education nierc de vivre de ces femmes quel- de leurs les doivent être fort robuftes , tant Enfans- avant l'accouchement qu'après , & on ne les entend jamais fe plaindre des douleurs qui accompagnent or- dinairement cet état. Elles ont une tendreffe fans bornes pour leurs en- fans. Elles les aiment au-delà de Riij [î^S Hîjloïre Naturelle tout & en ont un foin extrême. Tant qu'ils font petits 3 elles les portent partout ou elles vont fiir le dos qui leur fert de berceau 5 & les laiflent tetter jufqu'à lage de 3 à 4 ans ou davantage. On ne peut pas s'atten- dre à beaucoup £ Education dans ces Enfans. On leur laifle leur volonté libre , fans même vouloir les gêner, & l'on ne voit guéres d'exemple qu'un Groenlandoîs ait corrigé fon enfant *. Cependant lorfqu'ils de- viennent plus grands , on ne remar- que en eux aucun penchant pour le libertinage , & fans affeéter extérieu- rement pour leurs Parens cet air rcipeftueux , que perfonne ne leur a appris , ils leur obéiffent d'une manière toute unie, & font fans ré- pugnance & murmure tout ce qu'ils leur ordonnent. Les Garçons & les Filles reftent toujours auprès de leur Père Se Mère jufqu'à leur maria- ge : ils font à eux-mêmes auflï* * V. la PerluJIration du Groenland* Pg- 47- du Groenland &ci ïçç tôt qu'ils font établis ; mais ils ne quittent pas pour cela la Maifbn pa- ternelle. Les Groenlandois s'accommodent Leur façon; de tout. Ils fupportent la faim avec <*e mangea une fermeté incroyable > quand la néceflîté l'exige ; mais auffi ils dé- vorent quand ils ont de quoi (e régaler. Ils n ont point de temps fixe pour leurs repas , & ils man- gent quand la Nature le demande. Leur principal repas fe fait le fbir. Il y en a qui fè lèvent la nuit pour manger , lorfqu'ils {entent de l'ap- pétit. Ils n'entrent jamais dans une autre maifon, foit pour affaire ou autrement,fans dévorer fur le champ tout ce qu'ils voyent autour d'eux. Cependant leurs mets & leur façon de les préparer n'ont pas beaucoup d'appas. Ils n'ont que de la viande & du Poiflbn , puifque leur terrain ne produit rien du tout- Leur prin- cipale nourriture font les Daims * les Lièvres , les Chiens de Mer. toutes fortes d'Oifeaux terreftres Se aquatiques , quantité de Poiffons de Rivière & de Mer , même les Balei*" Riiij $ I âOO rBiJloirr Naturelle nés , mais principalement les petits Loddes 9 qui reflemblent à nos Eper- îans. Ils mangent leur viande tantôt cuite , tantôt crue 3 après lavoir laiffée pourrira demi ou fécher au foleil fur les Rochers *. Il n'y a rien de trop dur & coriace pour les Groen- landois , & lorfque le befoin les preP fe , ils coupent des morceaux de la peau de leurs habits ou des vieux Ibuliers & les ayant fait bouillir dans l'eau > ils les mâchent & les avalent \ ce qui fait auffi qu'ils ont tous leurs dents ébrechées & émouG fées y comme les vieux Chiens de Payfàns. Ils font toujours cuire leur Poiffon frais : ils en fécherit auffi beaucoup au fbleii pour leurs pro- vifions d'Hyver , comme entr'autres les Saumons 3 & principalement les Loddes 9 qu'on prend en quantité dans les mois de May 3c Juin. Ils mangent les Poiflbns fecs en guife de pain fans les faire bouillir. lis * V. la Relation de Vljtande > dans la Note de pag. 85. du Groenland &c. soi Font tout cuire à l'eau pure & fans fel , puifqu'ils n'en ont point , en y mettant un peu de graifïe ou d'huile de poiffon. Ils fe fervent pour cet effet de Chaudrons taillés de la pier- re molle mentionnée ci-deffus3 ou de cuivre , s'il ont le moyen d'en ache- ter des Danois. Le Chaudron eft fu{pendu au-deffus de la grande lam- pe , dont je viens de parler. Ils font du feu moyennant deux morceaux de bois 5 dont l'un entre dans le creux de l'autre ? auquel le feu prend à la fin par le mouvement rapide qu'ils donnent au premier. Quand leur Viande ou Poiffon eft à demi-cuit y ils en verfent d'abord le bouillon y qu'ils boivent entr'eux , ■& ils met- tent le refte dans des plats qui n'ont jamais été lavés , ou 3 comme quel- quefois ils n'en n'ont point , fimple- ment à terre entre leurs jambes & le mangent. Ils trouvent leurs plus grandes délices dans le fang des.. Chiens de Mer , qui en ont plus que tout autre Animal.Lorfqu'ils en pren* nent , ils ont grand foin de l'arrêter fur le champ en bouchant la playe noi Hïfioire Naturelle & le confcrvent enfuite précietifè- jnent. Ils n'en donnent rien aux femmes & le gardent uniquement pour leur bouche , ils le boivent pur ^ quand ils en ont beaucoup, ou s'il n'y en a guéres,ils en font mettre un peu dans le chaudron, pour don- ner un haut goût à leur Viande ou Poiffon. leurboif- Ils n'ont pour toute Bolffon que ion> de l'Eau pure. Les Danois ont été longtemps à les perfïiader de ta- ter de leur cuifine 5 mais la longue habitude les y a à la fin accoutumés. 11 y en a eu même à qui l'on a ap- pris à boire de l'Eau-de-Vie , & ils en fupportent beaucoup avant de s'enyvrer > ce qui vient apparem- ment de la grande quantité de GraiP fe , dont leur Eftomac eft enduit & qui en enveloppant les particules fpiritueufes de l'Eau-de-Vie les em- pêche de monter à la tête *. Il a été * Ceft le fentimenc de l'Auteur de la Perlujlraùon du Groenland y pag» 39- du Groenland &c. io| impofTîble de les accoutumer à fu- mer du Tabac , qui leur a toujours paru trop piquant fur la langue. Je paffe maintenant aux Occupa- Leurs Oé* tions ordinaires de ce Peuple, qui««P»io» lui fourniffent le néceffaire pour la vie & l'entretien. La Pêche & la Chafe font ici les feuls Métiers des Hommes , & les Femmes les y ai- dent autant qu'elles en font capa- bles. Ils pèchent quelquefois , quoi- que rarement , dans les rivières & les ruiffeaux. La principale Pêche le fait en mer , tant fur les Baleines que fur d'autres Poiflbns , qui abon- dent fur leurs Côtes. La Cha ffefe fait fur mer pour les Chiens Marins & les Oifeaux aquatiques , & fur terre pour lesDaims, Liévres,Chiens Sauvages , Perdrix &c. Ils font infa- tigables , alertes & fort adroits pour ces deux fortes d'exercices , & le be- foin joint au défaut des Matériaux: convenables leur a fait imaginer des Inftrumens fi. ingénieux, & des arti- fices fi bien raifonnés , qu'on ne fçauroit àflez les admirer. Je commence par leurs Upnfiks teurs Renfiles to Pêche. 104 Hifioire Naturelle de Pêche. Les Hameçons de leurs li- gnes autrefois étoient d'os. Ils font aujourd'hui de fer que les Danois St les Hoîlandois leur apportent. Les fi- lets , dont ils fe fervent dans les Ri- vières ? font faits avec de petites la- mes minces & longues de la barbe des Baleines. Ils fçavent les manier avec une dextérité étonnante, & prennent autant de poiffon qu'ils veulent. Les Danois mêmes avouent, que ces filets font plus propres pour la Pêche que ceux de Chanvre. Ils ont auffi des Eperviers à petites mail- les qui font faits avec des nerfs de Daims tricottés , & ils s'en fervent pour pêcher les Loddes *, Le Har- pon **, avec lequel ils tirent fur * V vr * Auteur cité , pag. 33. ** Ou Harping-Iron y félon les A 11- glois. Ç'eft une efpece de greffe Fié- che qu'ils dardent fur la Baleine. Le mot vient vraifemhlablement du Grec ctp7rn , qui fîgnifie une arme/rrochuë ± dont les Anciens fe fervoient dans la Pêche de Jours prétendues Baleines. V. du Groenland &c. 2oy: ïes Chiens de Mer & les Baleines , a une pointe d'os crochue 5 ceux dont les facultés le permettent en ajoutent une de fer. Comme #es pauvres Gens n'ont "d'autre bois que ce qui leur arrive par hazard des Côtes de l'Amérique , ou que les Danois & les Hollandois leur ap- portent , & que le fer eft encore plus rare chez eux ; ils ont l'efprit & la précaution d'attacher au milieu de chaque Harpon , qu'ils jettent , une Veffie de Chien de Mer foufflée, qu'ils appellent Avata ^ afin que , iî le Harpon manque le Poifîon , ou qu'il s'en détache , i! ne fè perde pas v mais que flottant fïir l'eau ils puiffent le retrouver pour s'en fer- vir une autre fois, Leurs pointes mêmes font faites enlbrte, que fe- Oppien dans fon Halieuticon 9 Liv V. v. 152. Si Ton vouîoit remonter plus haut , on ponrroit dériver ce mot de l'Hébreu 2117 Hafta y lance ; fur quoi Ton peut confulter 1J 'Hkroypicon de Bochart 3 P, IL Liv. V. ch, 15, t I %q6 Hlflolre Naturelle Ion le befoin on peut les ajufter I toute forte de perches , auxquelles ils les attachent avec des fangles de cufr & des barbes de Baleines, & par- la les multiplient , pour ainfi dire , à l'infini & les employent à différens ufages* Les Harpons 5 qu'ils jettent fur la Baleine , font fort gros , & leurs perches font pefantes , pour mieux pénétrer dans le Poiffon. Celles-ci lont garnies au milieu d'un chevil- le d'os , pour y appuyer le pouce & pour darder le Harpon avec plus de force. Ils ont outre cela des per- ches encore plus longues -& plus pe- fantes garnies de pointes très-for- tes , dont ils fe fervent en guife de lances pour tuer le Poiffon, Ils ont de greffes flèches de plus d'une fa- çon \ quils jettent de même fur les Chiens de Mer & fur les Baleines : La queue eft garnie de deux feuilles des dents de Vache Marine au lieu de plumes , pour pouvoir tirer avec d'autant plus de juftefTe & de force. Ils ont aufïï une petite efpecc dé flèches pour tirer les Oifeaux aqua- tiques , qui font fort mfes & difficï* du Groenland &c. 207 tes à fiirprendre. Ces flèches font armées d'un morceau d'os fort poin- tu & outre cela au milieu de quatre crochets pointus & hachés , qui font placés autour de la flèche en quarré, afin que fi l'Oifèau, foit en fe plon- geant , fbit en s'élevant ou en fe jettant de côté, évite la pointe de la flèche , il (bit frapé infailliblement dune des quatre pointes latérales y qui l'arrête également. En effet ils ne manquent guéres leur coup , & l'exercice continuel , auquel ils s'ap- pliquent dès leur tendre jeunefle , les rend habiles à tirer l'arc. Pour mieux ajufter le coup , & pour frap- per plus fort , ils ont imaginé un certain Infiniment large par enbas & pointu par enhant, & par confe- quent prefque triangulaire. Il a un petit creux en long, dans lequel s'a- jufte l'extrémité de la flèche •' il eft garni par enhaut*dune petite che- ville d'os , qui en la ferrant lui don- ne plus de force dans l'inflant que la main tire le manche de l'Infini- ment. Ils ont deux fortes de Canots pour îo8 Bïfloire Naturelle leurs aller à la Pêche & pour faire deS Canots, voyages. Les uns font petits & ne fervent qu'aux hommes 5 les autres , qui font beaucoup plus grands, por- tent également les hommes & les femmes. Les petits font longs 8c fort étroits , & ne peuvent porter qu'une feule perfonne. Leur fond eft fabriqué de quelques perches lon- gues de bois liées par de pareilles tra- verfes.attachées avec des lames min- ces de barbes de Baleine.Ils font gar- nis de peaux de Chiens de Mer bien coufuës avec des nerfs au lieu de fil*: * C'eft une des plus anciennes fa- çons & des plus fîmples de Bâtimens 1 qu'on rencontre chez toutes les Na- tions des trois anciennes parties con- nues du Monde. On peut confulrer à cet égard les endroits cités dans S chef- fer de Milida Navali Fêter um , ch. j» pag. 26. & y joindre les Auteurs aile- gués par M. Hafrns dans fa Dijfert. de Leviathan Jobi 9 ch. 4. §. 1 2 y qui le découvre aufli dans l'Original Hé- breu de l'Ecriture Sainte. V. aufli le Ces du Groenland &c. 209 Ces Canots fbpt fi légers , qu un homme le porte fans difficulté par- tout où il veut. Les grands Canots font appelles Canots de Femmes , pour les diftin- guer des petits qui ne fervent ja- mais qu'aux hommes , fi par hazard il s'y faifbit un trou. Ces Canots ne font proprement que des Pontons ouverts & pointus par devant & par derrière , fans profon- deur 3 & Amplement bordés autour» Mufeum:Regm Danïcum* P. IL Seéfc;' IL nœm. Sx* Terne IL S 2 ï a Hijïoïre Naturelle Les perches de bois qui ieur fervent de bafo > font p'us fortes que clans les autres Canots, mais elles font de mê- me liées avec des lames de barbes de Baleine & revêtues de peau. Ils font* pour ainfi dire , radoubés de vieille graiffe de Chiens Marins ou plutôt des féecs qui relient après en avoir tiré l'huile , avec lefquelles ils ont foin de graifler continuellement les coutures des peaux , qui deviennent par-là comme confolidées* Ces Ca- nots ont un petit mât , qui avance beaucoup fur le devant , & qui por- te une voile faite de boyaux de Ba- leine fendus de féchés , qui font ran^ gés les uns à côté des autres & cou- fus de fil fait de nerfs ou boyaux de Daim .Cette voile eft longue mais elle n'a que 6 à 8 pieds de profondeur > & n'eft pas propre pour aller droit fous le vent , puifqu on rifqueroit de faire ver fer le bateau à caufe de fa légèreté. Les Groenlandois ont l'adi effe d'avancer fort vite avec ces Canots, qui portent 20 personnes & davantage avec leurs Tentes & Uftenfiles , & outre cela , quand k du Groenland &cl 1 r * Pêche a été avantageufe , une bon- ne provifion de Graiffe & de Barbes de Baleines. Il n y a rien de fi léger que ces Canots à proportion de leur volume , & 3 ou 4 hommes les por- tent en traverfant les glaces ou une langue de terre fans trop fe fatiguer. Lorfqu ils vont à la Pêche ,. ils ap- prêtent leurs Uftenfiks à terre & met- tent leurs habits défîmes exprès à cet ufage. Quand au contraire ils fbrtent pour chaffer au Chien Ma- rin & à rOifeau , ils appliquent leurs petits harpons aux perches qui con- viennent , & attachent à chacune une peau de Chien Marin enflée avec une corde ou fangle fort lon- gue. Cette peau ,• dont ils ont cou- pé la tête 5 les pieds & la queue > eft rafée de tout fou poil & unie.- Elle eft recoufue de tous côtés & r pour ainfi dire , cimentée de graiffe fur les coutures , enfbrte que iair ne: peut en fortir. Un os percé d'un petit trou eft coufu dans la peau & fe bouche exa&emcnt avec une che- vile: c'eft par -là qu'on fouffle la peau & qu'on en faut reffortir Taie Sij 12 1 i Hiftoire Naturelle quand elle a fervi. Cette peau en- flée & attachée à un harpon fert à empêcher un Chien Marin, qui en eft blcffé , de fe plonger au fond de la Mer , & à donner le temps au Chaffeur de s'approcher davantage de l'Animal 5 pendant qu il fe déme- né $ pour achever de le tuer *. * Cette invention n'eft cependant pas neuve. Les Pêcheurs de l'Océan Atlantique fe 'fervoiem déjà ancienne- ment crime efpece de facs ou gros bal- lons attachés aux cordes y où tenoient les crochets ou hameçons avec lef- ■ quels ils prenoient leur prétendue Ba- leine. Ces Sacs étoient foufflés avec la bouche , & on les lâchoit après le Poiffbn quand il vouloit fe plonger* Oppim , dans ion Halieutican > Liv* lV. v. 177. chante ainfî: O* xh% 0/ epfAi* œçéctt 'agi!* Tintas ci^i'^^inçfw^KY.^ihtiçiuhs î% &** c'eft-à-dire. » Ils lâchent d'abord après 9 le Poiflbn qui h plonge les gros iaes du Groenland &c. 11% Le petit Canot porte précifément devant le fiége da Pêcheur un petit » foufflés par les hommes avec leur « haleine & attachés à une corde. Le Poète décrit fort joliment dans les Vers fui vans les débats du PoilTon bledé avec ces facs qui le forcent à monter fur Pean. S. Bafik , qui a aflîfté lui-même à une pareille Pêche ^ en donne une Defctiption encore plus circonftanciée , dans fon HoméL X» fur YHcxa'émeron. Je ne fçauroîs ce* pendant pas m 'empêcher de remarquer ici, que le Cete , dont ces d'eux Au- teurs font mention , n'eft pas une vé- ritable Baleine , mais plutôt le grand Hayfifchow Chien Marin connu fous le nom de Canis Carcharias. Ceci eft évi» dent 1 .) par le petit PoiiTon qtiOppïen, v. 6"/ , lui donne pour Compagnon 01a Condu&eur fous le nom âSjjbi-rmê* 'X^*y & dont le P. Tachard fait aufE mention dans fon Voyage de Siam * Liv. I. pag, 51. en rapportant en mê. me^ lemps la caefe 3 pour laquelle il fe tkm auprès an gros Poiffon* z.} par ! % 1 4 Hl foire Naturelle éehaflfaud de bois T comme dans 1% Figure ^ fur lequel la corde de l'har- pon eft entortillée , & qui foûtient en même-temps derrière le Pêcheur la peau de Chien Marin enflée & at- tachée à l'autre bout de la corde, te Pêcheur paffc par-dcfîus les ha- bits ordinaires une Vefte avec des Manches & un capuchon, & fou vent même des culottes de peau de Chien Marin , qu'il ferre bien autour du^ corps pour faire découler l'eau 5 qui tombe fur lui. Son front eft garni d'un demi cercle de bois dont Ici- extrémités font proprement garnies dos. Il paffe jufqu au-delà des oreil- les , & garantit les yeux contre les îayons trop éblouiffans du foieil ** l'hameçon avec l'amorce, v. x j 5. à la- quelle la Baleine ne mord jamais , 6% 3.) par les trois rangs de dents [rpt- fnt^ii) v. 325». qui défigne aflez-- TeS- pece du Foi (Ion. * Les anciens Goths fe festoient Traifemblablement auffî d'un pareil cercle a» ftont , qu'on appelle daa$ du Groenland &£. zif îl fe met avec cet équipage dans fora petit Canot , où il s'afïkd fur le der- rière en étendant les jambes droites devant lui ? & bouche auffi exacte- ment qu'il eft poflîbie l'ouverture de lbn fiége autour de lui, foit avec fes habits ou avec d'autres peaux de Chien marin. Il attache aux deux côtés de lui fes harpons ? & ne prend dans fes mains qu'une feule rame de fapin qui a de chaque côté une feuille haute & large ? & garnie pour plus de fôlidité d'un bord d'os aux quatre coins. Ceft avec cette feule rame qu'il a ï'adreffe de faire aller fbn bateau , d'en conferver l'é- quilibre y & même de le relever > fï malheureufement , il venoit à ver- fer. Il paroît incroyable à ceux qui n'ont jamais vu aller ces Canots ^ avec combien de rapidité ils fen- dent les flots de la Mer. J'ai eu à. moi un homme qui fçavoit gouver- VHiJioria Gothricï & Rolfi \ eh. 2& p. 1 61 . Ennifaaung % en Suédois Am~ ®cfpan&> Frontale* r2 î 6 Hiftoire Naturelle ner un pareil canot r èc je me fuis donné le plaifir de courir après lui avec une chaloupe fort légère, dans laquelle quatre hommes ramoient de toutes leurs forces 5 fans avoir jamais pu le joindre. Les Groenlan- dois font ïo à 12 lieues du Nord dans un jour: ils font en Mer par les plus grandes tempêtes quand nos chaloupes n'ofent pas fbrtir ; ils montent & defeendent avec les flots & ne s'épouvantent pas fi une va- gue leur paffe par-deflus la tète y parce que l'eau ne pouvant pénétrer nullepart ne peut leur faire aucun mal. Si par hazard ils (ont verfés,. ils n'en craignent pas de mauvaifes j fuites i parce que la plupart d'en- tr'eux ont ladrefle de fçavoir fe re- lever par le moyen de leur rame 'f ce qui cependant demande plus de force & d'exercice qu'on ne s'ima- gineroit. J'ai vu quantité de nos jeunes Marins d'ailleurs fort adroits s'exercer- dans ces Canots Groen- landois , mais je n'en ai trouvé qu'un* fèul qui pût fe tenir droit dans fou Canot y & en confèrver l'équilibre IL du Groenland &c. 2ïj en avançant : je n'en ai pas vu en- core qui étant verfé ait pu fe rele- ver par lui-même , & en effet dès- que 1 équilibre eft perdu, le Canot le renverfe & la tête du Pêcheur pend perpendiculairement dans i êau. Cependant il jfy a rien de û commun que ces accidens par- mi les Groenlandois , qui les comp- tent pour rien , parce qu'ils fçavent s en relever auflltôt qu'ils arrivent. Il y a même parmi eux de jeunes gens fî alertes & fi déterminés, qu'ils couchent leur rame horifontalement fur les deux épaules , & s'étantver- fes exprès , en la tenant avec les deux mains , ils fe relèvent de l'autre cote fans lâcher les mains ni chan- ger la pofition de la rame; ce qui dans le Pays même paffe pour une adreffe peu commune & pour un coup de Maître. La Pêche des Baleines demande Lear Pr beaucoup datt,rail. Ils mettent pour che££ cet effet eur grande jacquette qui kiaes, A ' conferve 1 air, & dont j'ai parlé ci- deffus, & attachent à leur côté ua grand couteau pour couper la eraiffe Tome II, T % 1 S Hijhln Naturelle a une pierre à aigmfer.Ils prennent les plus grands harpons , & d'autres flèches, lances, & les plus groflfes peaux de Chiens Marins enflées. Ils le mettent dans leurs grands Canots & amènent leurs femmes. Aufljtôt qu'ils voyent une Baleine , ils l'en- tourent de tous côtés avec les petits canots , ils l'attaquent & fouvent l'approchent avec une hardieffe éton- nante , pour tâcher de lui accrocher quelques peaux enflées par le moyen des harpons qu'ils lui lancent dans k corps : car , quelqu'énorme que foit cet Animal , il fuffit de lui ap- pliquer deux ou trois de ces peaux , qui par leur légèreté & la réfiftance qu'elles font à l'eau , l'empêchent de fe plonger. Quand ils font par- venus à arrêter , pour ainfi dire , la Baleine , ils l'approchent avec leurs lances , & la percent de coups juC- qu'à ce qu'elle meure en perdant fon fang. Ils fe jettent alors dans k mer avec leurs jaquettes remplies d'air, & nagent au Ppiffon, où ils reftent couchés à plat, & flottant . fur l'eau en le dépouillant avec leurs- du Groenïand'&cl '21^ eoutcaux de tous côtés de fa graiffe qu'ils jettent dans leurs grands Ca- nots à mefure qu'ils la coupent. Ils ont auffi ladrcflc , nonobftaat leurs mauvais outils , de tirer de même de la gîfeuïe la plus grande ou du moins la meilleure partie de les Barbes , .& font honte à nos Ma- rins & Pêcheurs , à qui il faut tant de gros & de précieux inftru- mens pour en venir à bout. , Quant à leur Chaffc par terre , ils Leimmf- le lervent pour cet effet d'un Arc & tmmens de de Flèches * , félon la coutume des chaffe- — * Je dois parler ici d'un morceau rare, que je pofTéde dans mon Cabi- net. C'eft la pointe d'une Flèche, qu'au de nos Pêcheurs Groenlandois trouva dans la graiffe d'une Baleine qu'il prie en i696. Cette pointe éft d'une pierre fort dure, qui paroît être une Pierre néphritique , ou du mpins un Jafpe verdâtre. La pointe reffemble par fa forme aux pointes de fer que les Sau- vages du Détroit de Davis appliquent aux flèches qu'ils jettent avec la mainJ * '■%%-& Hiftoin NaturdU plus anciens Peuples du monde. Les Arcs font longs & faits de fapin d'A- mérique de même que tes Flèches dont il y en a avec des pointes faites d'os pour les Daims , les Cerfs & lçs Lièvres , U d'autres qui n'en ont point & qui font pour les Perdrix Qc. Les deux ailes de la Flèche font de plumes deCorbeaux Jls courent la campagne avec ces armes , jufqu à ce qu'ils rencontrent du gibier. Au£ fitôt qu'ils trouvent unç pièce , ils Je n'ai pas pu fça voir s'ils fe font fervis autrefois de ces fortes de pointes de pierre, avant d'avoir eu celles de fer, ou s'ils fe font contentés de n'en avoir que d'os. Ce qu'il y a de certain c'efl: que la pointe que je pofféde doit ve- nir d'autres Sauvages plus éloignés "&ç inconnus, ou peut-être Américains, qui n'ont encore eu aucun commerce avec les Hollandois ou autres Natipn$ pour en tirer des pointes de fer. Elle s'eft apparemment caffée dans le corps du Foiffon , & le bâton a£ l'harpoa g'cft perdu avec le reûe. aLii Je Grvadand Je 4$ pieJ- Je Zona : /a pointe et Li ou. Arc ,/«- Groenland Je 3f:pudrde /.'no Rame k Jeuo- teui/les pour le petit Canot Je 4.% piedt Je /on,/ F/-.L- Je , $ fucJ; Jeton Klvi.i Groenlandaft^ <>// ./m//,/ Canot de Femmes deê>o nu\L- de fana , deHdc tatye et de t&ï.dekaut , De,m Cere/e Je bour pour ^"-mr le Iront Grandeur naturelle J une peinte Je pierre trouvée dont une Bottine J ,; du Groenland &ci %%$ l'entourent tous avec femmes & en- fans i qui les fîiivent par troupes à la chaffe , & la ferrent fi bien de tous côtés qu'elle ne peut le fauver que dans leau ou êkn§ quclqu endroit avantageux , où ils l'atteacient avec leurs flèches. On m'a affuré ,. qu'ils font aufli bons Tireurs à l'Arc qu'à l'Harpon* La Pêche & la Chaffe font la feule Point Ve occupation de ces Sauvages , qui ne Mener. connoifFent aucun Métier. Chacun fait pour fdn ufage tous fes Inftrii- mens de Chaffe & de Pêche , & c'eftoù fe bornent leurs travaux. Le refte regarde les Femmes. La cou- ture , tstnt pour les outils de la Pê- che , que pour les habits , eftde leur diftrio;. Elles bâtiffent les maifons , ont foin du ménage 3c de la: cuifine &c. Les uns & les autres montrent dans leurs travaux tant de bon fens & d'adreffe , pour la propreté & la précifion , qu'il faut convenir , qu'ils fùrpaffent fbuvent les plus habiles ouvriers des autres Nations* Il fuffit de connoître l'éducation Ni Arts & la façon de vivre des Groenlan- ni Sci^«ces^ T iij - ■ \ $M0 Hlftoire Naturelle dois , pour concevoir leur ignoran- ce dans les Arts & les Sciences, Us ne fçavent compter que jufqu à 2 1 . Ils ignorent abfblument ce qui s'eft paffë avant, eux , & ne fçavent pas feulement .l'âge qu'ils ont, parce qu ils ne cônnoiffent d'autre manière de fupputer que par les Lunes. Ce- pendant ils ont au ffi à cet égard les connoiffances néceffaires pour leur métier. Ils fçavent calculer par le cours de cet Aftre le temps où ]& Baleine & le Cachalot reviennent fur leurs Côtes* Ce font eux qui ont ïnftruit les Danois fur le temps pré- cis & la durée de chaque Pêche * fans s'être jamais trompés dans Içur calcul Ils fe règlent outre cela fur un petit nombre d'Etoiles fort re- marquables , par lefquclles ils diri- gent leurs courfes & fe retrouvent h nuit fur mer ?. M. Egede dit dans f Ce font ces mêmes Etoiles ., fur îefquelies les Anciens régloient leurs courfes avant l'invention de la Bouf- fole. Homère die de fon Ulyfle, Odyf E. .il- du Groenland &c. * j f il' Mljfwn de Groenland, pag, 57 3 qu'ils appellent la grande Ourfe Tug* *îhv 7&P fi [Art ctveays Kdhv^é^ Jsi * «Jest&y + ■ Cefbà-dire : » Ulyffe, prenant le gou- » vernail , fe met à conduire fa nacel- » le fans jamais laitier fermer fes pau- « pieres au fommeil ; regardant tou- » jours attentivement les Pléiades & » le Bouvier qui fe couche fi tard , Se » la grande Ourfe qu'on appelle auiïï «le Chariot, qui tourne toujours fur » fon Pôle , obfervant fans cefle PO- » rion, & qui eft la feule Conftellation » qui ne fe baigne jamais dans les eaux *> de l'Océan. La Déeffe avoit obligé «Ulyffe de faire route en laiflant à » gauche cette Coni>eHation «. T iiij m^ ïïijïoife Naturelle ta, qui veut dire Renne, la pé tite-Oûrfè ou l'Etoile du Nord Rau- morfok 9 qui fignifie quelqu'un , eft forti pour prendre des Chiens de Et Virgih,àzm fes Géorgiques. Liv. u jerf. 137. Navita tum flellh numéros & nomina fecii FleiœdœStHyœdaSjclaramque Licaonis Arc~ ton, Ceft-à-dire : » Les Pilotes coromen- » cerenc à compter les Étoiles , & à *> les défigner par des noms divers. Ils » diftinguerent les Pléiades " les Hya.- * des & l'Ourfe fille de Lycaon ». Et dans fon Enéide. Liv. III. v. 5 16, €n parlant de Palinure. Sidéra cuncla notât tacha Ubentîa cœla; Arfturum , pluvt a/que Hyadàs , gerninof- que Triones , Armcttttmque auro circumfthh Orion*. Ceft-à-dire. » Il obferve le cours des « Aftres , l'Ourfe, les pluvieufes Hya- » des , les deux Trions , & la brillants p armure d'Orion «. a***^ du Groenland &c. 225 Mer & qui revient , parce que cette Etoile paroît fortir & fe lever de là Mer. Les Pléiades portent le nom de Killukturfct , parce qu'elles font fi proches les unes des autres , qu'el- les femblent être liées enfemble. Ce même Auteur ajoute à V endroit citè^ que les Groenlandois voyant les Eclairs & l'Aurore Boréale , qdi oc- cupe chez eux tout le Ciel , s'ima- ginent que ce font les Ames des Défunts qui jouent à la paume. Il eft aifé de concevoir par la con- Ni Corn- ftitution du Pays que ces pauvres merce en- Habitans ne peuvent faire aucun tr'eux* Commerce, entr'eux. Chaque Famille, ou celles qui demeurent enfemble , fe pourvoyent , autant qu'elles peu- vent y du néceffaire , & fe regardent trop heureufès de trouver fiiffifam- ment ce qui leur faut. Ceci fait que chacun a la même chofe & autant que fon voifin : perfonne n'a rien de fuperflu ni d'extraordinaire pour le donner à f autre. Tout ce qui re- garde l'aifance & le befoin particu- lier , fe tire des Etrangers que le ha** fard fait aborder à ces Côtes, liHw îl6 Hîfioin Naturelle Ni beau- Le Commerce que ces Sauvages jcoup avec peuvent faire avec l'Etranger cft auf- ranger, |j jc très-peu d'importance. Toutes leurs Marchandises ne confiftent qu'en Graiflfe & Barbes de Baleines , en Cornes de Licornes , en Peaux de Daims , de Renards & de Chiens Marins ; mais leurs circonftances ne leur permettent point d'en avoir de grandes provifions. Ils tirent de TE' tranger de groffes EtofFes de laine y de lagrofîe toile 5 des Bas & Gants fouîés dlllande , des Chaudrons de laiton 8c de fer blanc , des Cou- teaux, des Scies , des Aiguilles, des Tables , Coffres , Tablettes de cuifi- ne , Auges , Planches a Poutres , un peu de Fer &c *«, Cependant, comme toutes ces Marchandifes font de peu de valeur , & que d'ailleurs les be- foins de ces pauvres Habitans font bientôt remplis 5 il efï aifé de con- cevoir qu*on ne Içauroit établir au* * V. l'Auteur de la P erlufiratîon de Groenland* Ch, 10. pag. 35?» 'du Groenland &c. 1 1 7 feuft eommerce de confequence fur ces Côtes i d'autant pius que jufqu'à préfent il n'a été poffible à aucune Nation étrangère d'en maintenir le Monopole contre les Flibuftiers Hol- landois & autres. C'eft par ces raifons que non-feu- Or & Al- ternent ils ne pofledent, mais même g«t fan« ils ne connoiffent point d'argent mo- pu * noyé. L'Or & ÏArgmty font cftimés par leur valeur naturelle, c'eft -è* dire ., qu'évalués à leur utilité in- trinféqiïë il| n'en ont aucune. Le Fer au contraire , qui a ici P*« « pour lui l'utilité & la rareté 5*er; conferve une valeur réelle. Il eft fouvent arrivé qu'un Groenlandois , à qui Ton préfentoit d'une main une Monnoye d or de plufieurs Ducats , & de l'autre une couple d'Aiguilles * ou un petit Tympanon d'enfant , a préféré ces derniers à la pièce d'or» Ce choix ne doit pas paraître extra- ordinaire : car ils connoiffent Futili- té des Aiguilles > & quant au Tym- panon , il les affedte beaucoup * parce qu'ils font grands Amateurs leurCon- verfation ,. Mufique & Danfr. 2 2§ . ., Hifloire Naturelle de la Mufique & du Chant *: Toutes les fois que les Groenq *■ Il eft remarquable, que tous les Peuples de l'Univers , même les plus iîmpleS & les plus fan vages , ont in- venté une efpece de Mufique Vocale & Instrumentale, tin goût fi ancien 8c fi univerfel paroît être fondé dans la Nature même de l'homme , & , pour peu qu'on y réfléchiiïe , on en découvre ai ferment l'Origine. L'Hom- me ayant perdu par la chute des pre- miers Pères la vraye fource de la tran- quillité de l'Ame, & étant tombé dans une efpece d'indolence & de trifteffe, avoir befoin de quelques moyens ex- térieurs pour fe diffiper & fe relever de fon aflToupîffement. Il eft même vraifemblable , que les premiers hom- mes , qui fentoient le mieux la diffé- rence de leur Etat préfent à celui dont ils étoient déchus ■ & lestriftes foires de leur décadence , ont d'abord penfé aux moyens d'adoucir leur mifére en cherchant à fe diftraire par tout ce qui rCy du Groenland &c* 2 2 9 landois s affeniblent , ils chantent & danfent au Ton du Tambour. Leurs les environnoit. Le chant mélodieux des Oifeaux doit naturellement les avoir touchés & même foulages beau- coup dans leurs noires réflexions : il doit leur avoir appris par leur propre expérience , que les modulations des tans font effet fur l'Ame , & les avoir portés par-là à faire ufage de leur voix & à inventer toute forte d'Inftrurnens fonores pour l'accompagner. Tel écoit fans doute le feul & le bon ufage de la Mufique parmi les premiers Def- cendans d'Adam ; mais , comme il ar- rive ordinairement , la Nature humai- ne de plus en plus relâchée & excitée par les doux fons des Inftrumens abu- fa bientôt de ce don précieux de Dieu , & au lieu de s'en fervir pour fe récréer honnêtement &c s'animer au travail , I on les facrifia entièrement au luxe & à toute forte d-e paillons déréglées. On m fit même bientôt un métier parti- culier. Jubal ou Thubalcain , fils de l'impie Xamech qui defeendoit de la 23 o Hiftoire Naturelle Affemblées ouvrent par le repas ï ou ils fe rempîiffent tant qu'ils peu- maifon de Caïn , en fie fa feule occu- pation ( Genef. IV. 21. ) Il fabriqua des Inftrumens de toute efpece & eu joua avec les fiens, tant pour s'amufer lui-même que pour divertir les autres. On peut le regarder à jufte titre com- me le premier Patron & Fondateur des Muficiens publics. Les progrès, que la Mufique avoir faits , furent confervés par la Famille de Noë dans l'Arche : ils fe répandirent de-là fur toute la Terre, où ils ont été poufles fucceffivement au point de perfe&ion qu'ils femblent avoir atteint de nos jours. Nous découvrons même par- tout les traces de la Mufique , & prin- cipalement dans l'Orient j mais l'ufii- ge qu'on en faifoit anciennement n'é- toît que pour diffiper le chagrin & pour s'exciter au travail. Nous lifons dans Jeremie XXXI, 5 : On plantera en ffflant 3 & au contraire XLVIII , 55. Le Vigneron ne chantera plus fa J ckanfon &c9 Chardin 3 dans fes Voya- du Groenland &c. 23 t vent , & ils le lèvent enfuite pour jouer. Leur Tambour n'eft autre cho- ges y Tom. I. pag. 127 die: » Ceft » une habitude prefque univerfelle s> dans tout l'Orient de s'animer au » travail par le chant. Et ce qui mar- # que que cela naît de pareiïe d'efpric 99 auffi-bien que de mollefle du corps J 99 c'eft qu'on obferve que cette habn « tude eft la plus force du côte du Mi- « di. Aux Indes , par exemple , les » Mariniers ne fçauroient remuer une 99 corde qu*en chantant , ni la prendre « même qu'au milieu du chant. Les « Chamaux & les Bœufs font accoû- 3> tumés d'être menés au chanf , & fe- « Ion que leur charge eft plus pefante, » il faut chanter plus fort & plus con- *> ftammenc « . Ceft apparemment pour cette même raifon qu'on a intro- duit & confervé Pufage de la Mufique dans les Exercices Spirituels & le Cul- te de la Divinité 5 où les hommes font ordinairement plus relâchés que dans les chofes temporelles. Il fut ordonné d'une manière diftinguée aux Juifs | % 3 2 Hijloire Naturelle fe qu'un cercle un peu large corn- pofé dos d'Animaux , fur lequel ils étend*ent une peau bien ferrée tout autour du cercle , & comme il n'y a de la peau que d'un côté , ils font entrer un bâton par bas, avec lequel ils font le plus de bruit qu'ils peu- vent. Celui de la troupe , qui ou- vre le jeu , prend le Tambour & fe met au milieu du Cercle que les au- tres forment autour de lui. Il fait fonner fbn Tambour qu'il accompa- gne de Chanfons , qui roulent fïir leur Pêche, Chafle, Voyage &c. & dont les airs font affez bien mélo- dies. Il faute en chantant & fait tou- te* forte de mines & de poftures ri- dicules. Les autres , tant hommes que femmes , chantent avec lui , & fe jettent de temps en temps tantôt dont l'imagination avoic befoin d'être frapée par un dehors pompeux., & les Payens , qui les imitèrent dans plus d'un endroit , n'oublièrent pas de l'in- troduire dans leurs Cérémonies Relir gieufes &c. fat du Groenland &c. 133 îtir une jambe , tantôt fur l'autre; Quand celui du milieu eft las , il eft remplacé par un autre , qui prend le Tambour Se continue le même jeu jufqu'à ce qu'étant tous rendus ils y renoncent- de concert. Quand les Groenlandois ont quelque con- férence à avoir , ou qu'il s'agit de décider ou de vendre quelque cho*- fe i ils le font toujours au fbn du Tambour èc en chantant. Ils déli- bèrent de cette même façon fur une Courfe , une Pêche ou Chaffe ? & prennent leurs arrangemens en chan* tant & en danfant. S'ils ont quelque chofe a troquer , c'eft par le moyen du Tambour qu'ils Coffrent à l'Af- femblée & difent ce qu'ils veulent en échange. Celui, qui accepte le troc; fort du Cercle & donne un coup fur le derrière de l'homme qui tient le Tambour , & l'affaire1 eft confommée fur le champ *. Si quel- * V. l'Auteur de la , Perluflration de Groenland , pag. p, & la Relation de la Mifflon de Groenland y de Mf £gede x pag. 72. y 90 & 14J. Tome II* V '&Z& Hifîoîre Naturelle qu'unie trouve oftcnfé par.un autre» il remet fa vengeance jufqu'à la pre- mière Affembiée. Il ne manque pas d'entrer alors dans le' Cercle , où il le plaint en fbnnant du Tambour ?, $c en chantant & fautant * du tort que l'autre lui a fait y de l'injuftice de fbn procédé envers lui , de fa méchanceté &c* Celui-ci fe défend à fon tour de la même manière * & répond à les inventives en chantant» Le Peuple en rit & la difpute effi finie 5 les Parties font contentes & s'en retournent en bonne amitiés C*eft en effet une façon très louable de vuider les querelles , lorfquil n'y a ni Loix ni Juges pour les décider % & nous voyons par-là, que dans l'E- tat Naturel il n'eft pas toujours que£ $ion de l'epée pour difeuter fon droit,, m&is que/elon le caraftére des hom* mes , il y a d'autres moyens plusr ïaifomiables & quelquefois rifibles pour fe rendre juftice. Il eft fouvent arrivé aux Danois 9 depuis qu'ils ont appris la Langue du Pays ? d'enten- dre chanter leurs vérités par celui ciui battait le Tambour > comment "H* lu Groenland &c. 2^f\ Ils étoient venus en Groenland pour tromper les pauvres Habitans', pour attraper à bon compte leurs belles Marchandifes , pour débaucher leurs femmes &c. Au refte iltfont un cas particulier de leur Tambour5& quand un Danois le prend pour en jouer un peu en s'accompagnant de la voix* ils en font fi charmés qu'ils ne fça~ vent quelles careffes lui faire pour en marquer la reconnoiffance. Les Fem- mes ont aufll une Danfe en cercle, où fe tenant toutes par la main, elles chantent & fautent tantôt en avant, tantôt en arrière , & tantôt en fai- sant le tour.Quand elles voyent arri- ver des Etrangers qui leur font agréa- bles , toutes les Femmes fe mettent à chanter fur les Côtes pour leur marquer qu'ils font très-bien venus. Les jeunes Gens ont auiïï plufieurs fortes de Jeux & d'Exercices y com- me le Jeu de la Paume en Hyver att clair de la Lune y èc d'autres qu'on n'a pas fçu bien m'expliques Ils y donnent des preuves étonnantes de leur agilité 5 adrefie & fermeté 5 Se I?cfl4à le principal but de leurs Jeux?» f g r2 3 6 Htfiolre Naturelle qui deviennent par-là auffi louables qu'utiles dans la façon de vivre de cette Nation. Ils vivent * Avant de finir ma Relation» je dois dans l'écatcjire un m^. fes Mœurs des Groen- ^ature » landois , de leur Etat Politique & Religion 9 d'autant plus qupn obfer- ye parmi ces Sauvages tant d'Ex- reptions des Régies , félon lefquel- les les Actions humaines fe melÏL- rent ordinairement , qu'ils paroif- fentun Peuple tout-à-fait fingulier, fbrti y pour ainfî dire , de fon pro- pre cru , & tel qu'on n'en trouve pas Je pareil dans toutes les Parties dé- couvertes du Monde. Ils vivent dès la naiffance dans !a liberté la plus •effrénée. Ils ne font lujets dans leur enfance à aucune Difcipline ni Cor- reftion de leurs Parens , & étant devenus grands ils ne connoiflent ni le lien des Loix y ni la contrainte (tes Supérieurs. Chacun vit comme il . veut & travaille à fa confervation 3 comme il l'entend. L'égalité eft fi parfaite entr'eux , que l'un ne s'avi- fe jamais de contredire ou de per- fïiader l'autre 3 loin de vouloir k rdu Groenland &cl "%?% èômmander , & j'ofe-dire , qu'on trouve dans ee Peuple le véritable Etat Naturel, ou d'entière liberté }■ mais qui diffère beaucoup de rima- ge affreufe que nous en préfentent ordinairement les $yftêmes*que nos f Cicerom dit , de Invent. Iiv. I. en. 2 ; Fuit quondam tempus f auum in agris homines pajjîm befliarum mo- do* vagabantur > &Jibi viclu ferino vi~ tam propagabant % nec ratione animl fuicquam 9 Je d pie raque viribus corpo- ris adminijlrabant. Nondum Divine Religionis , non humani Offlciï ratio colebatur ; nemo légitimas vider at nup- îias y non certos quifquam infpexerat liberos > non jus , œquabile quid uti~ litatis haberet ^ acceperat. Ita propter errorem atque infeitiam cétca atque te-> meraria dominatrlx animi cùpiditas ad fe explendam yiribus corporis abuteba- turScc. c'eft-à-dire:»!! y aeu un temps » que les hommes enrôlent dans les » champs & s'y nourfifîoient comme *> les bêces. Leurs aâions étoîent moins ^dirigées par la raifon que par la foc» ■£ 5 S fîïftolre Naturelle Jurifconfùltes ont bâti du droit dé Nature. v ce du corps. On n'avoit encore au- »cun égard ni pour la Religion ni » pour les devoirs humains. Perfonne » n'avoir encore vu des mariages lé- » gitimes , nî des enfans certains. Ora »ne connoiffoit aucune loi ni l'utilité « du Droit. Ceft ainfi Chap. X. §. i. raifonne à peu près dans le même goût : Extra Civitatem , dit-il ,. fruclus ab indufiria nemini certus : ïn Civitate omnibus. Denique extra Civitatem imperium af- feciuum > btllum , metus , paupertas y faditas 9 folitudo* 9 barbaries y ignoran- ûa > fcritas : in Civitate imperium ta* tionls. y pax £ fecuritas êcc* £*e£-à~ ■Hft du GrSentand &e» 2.3 § Les Groenlandois font fîmples terni ïans être itupides. Ils ne font point Mœurs* dire : » Hors de la Société perfonne » n'eft afîuré du fruit de fes travaux -T & mais tout le monde l'eft dans la So~ » cieté. Hors de la Société enfin on ne » connoîc que l'Empire des Paffions^ *> la Guerre , la Crainte , la Rauvreté y 0 le Dégoût, la Solitude y la Barbarie, * l'Ignorance y la Férocité. Dans la » Société au contraire c'eft l'Empire P de la Raifon , de la Paix> de la Su- * recé Sec ». L'excellent M. de Pufi fendorff%£& un peu égaré 9 lorfqu'il ç'eft approprié ces paroles dans fou Ouvrage de Officio Hominis & Civis. Liv. II. ch. s. |; 9 ,- & il a été très -fo- ndement refuté par le fameux M. Xi* ïius dans les Obfervatianes 3 11. 461 ^ dont le raifonnement s'accorde tout-* à- fait avec la façon de vivre de nos Sauvages Groenlandois. En effet y il n'eft pas néceflaite de fe faire des ima- ges fi horribles de l'Etat naturel ^pui£ que nous ne manquons pas d'autres argumeos pour faire voir les avanta*- %Ij9 'Hipïn Naturelle du tout inftruits 5 mais ils ne s'aban- donnent pas pour cela à la brutalité des Pallions. Us ne font liés par au- cun lien de Société ; & ils font néan- moins fociables 3 paifibles & fort fecourables dans le befoin *. Ils ne ges de la vie Civile , Politique & Chrétienne. M feroh à fouhaiter feir- lement , que ceux qui font" mieux inf- truits que ces Sauvages , menaffent unâ vie plus conforme aux lumières de là bonne Philofophie, de la vraye Poli- tique 8c de la Révélation Divine. * Ils font ce que Lucien dit des vrais honnêtes gens r?rw*ms" ïi^fén fw> tcv kiyov , uvvv amonts ftnftind de la raifon , ce que d'au- » très font malgré eux par la contraint 3>tc*â?$ Loix ». Seneqm dit fort joli- ment de ces derniers. Non erant illi fapientes viri y etiamji faciebant facien* da fapientibus ; c'eiVà-dïre r * Us né- 35 toient pas pour cela plus fages 5 quoi- *> qu'ils ne Ment que des aéïions dès 3* fages. »>• connoiflent du Groenland <5»e; 4 v^ connoiflent pas beaucoup les régies de la Bïenféançe , & moins encore celles de la Politeffe. Perfonno ne marque du relpeêt pour un autre , & ils font fort étonnés de voir par- mi les Danois que l'un eftime l'au- tre plus que foi - même , que l'un commande, que l'autre obéît &c. Quand quelqu'un va faire une vifitc a un autre , il ne le faiuë pas en en- trant chez lui , & celui-ci ne lui fait d'autre réception que de lui mon- trer du doigt l'endroit pour s'aneoir. Ils fe féparent de même fans perdre " une parole pour fe congédier. Tou- tes leurs entrevues fe paffent de la même manière , fans en excepter leurs Fêtes & Affemblées publiques , & nous apprenons par leur exemple, que la vraye Amitié peut fûbfifter fans complimens Se révérences. Ils font fort malpropres. Leurs habits , les mains & le vifage font continuel- lement barbouillés de graiffe , d'hui- le de PoifTons & d'autres faletés. Ils ne fe lavent que fort rarement & hç nettoyent jamais ni plats ni vaif- felle , quand même les chiens y au- Teme II, X ' Crimes inconnus. $41 Hi flaire Naturelle roient mangé après eux. Ils ne fè font pas de fcrupule de faire leur befcin en préfence des autres. Au refte ils font affables & enjoués dans la conversion , & font charmés quand on badine avec eux *. Cepen- dant ils font naturellement mélan- coliques , & quand ils font feuls ils baiffent la tête & foupirent fouvent, fans pouvoir en rendre raifon : ils fentent apparemment dans ces mo- mens la dureté de leur vie j qui n'eft tîï effet qu'un tiflu de miféres , -de travaux de de dangers continuels , fans y voir la moindre efperànce de changement , & fans connoître au- cun motif de Philofophie ou de Re- ligion pour fe confoler. ^ ^ * Les Groenlandois vivent dans FU- nion & l'Amitié la plus parfaite. L'Envie, la Haine , l'Inimitié, la Trahifon , les Calomnies , les Que- relles &c. font des chofes inconnues parmi eux. On n'y voit ni batteries, * V. l'Auteur de la Perlufiration di -Groenland, pag. 53. du Groenland 8ce; f ^ J1 nïvoyesdefait, point daffaffinatsj ni de guerres avec les Voiiïns. Leurs Armes mêmes ne font pas faites pour fervir contre les hommes , & m font bonnes que pour la ChafTe *é On n'entend jamais parler de débau- ches entre les deux féxes. La Jeu-: neffe non mariée eft dune fageffe exemplaire , & jamais garçon n'a féduit une fille , ni celle-ci un Gar- çon. Les Danois ont louvent mis tout en œuvre pour débaucher quel- que fille du Pays , mais ils y ont toujours perdu leurs peines. Leur peu de tempérament fe manifefte affez en ce qu'ils prennent fi rare- ment deux femmes , pendant qu'il n'y a rien qui les en empêche. Les * Seneque dit, dans fon E pitre 9©; Arma cejjant 9 inçruent&que humano fanguine manus ; odium omne in feras vcriitur; c'eft-à dire , » les armes font «inutiles, Ton ne trempe point les » mains dans le fang de l'homme. On « ne fait la guerre qu'aux Bêtes fan- a.vagcs. » Xij ^44 Hijloire Naturelle Gens mariés vivent fi bien enfèm* ble , qu'on ne voit jamais d'adulté- ré. Us connoiflent la Propriété des Biens, &: chacun laiffe à l'autre ce qu'il a ou prend pour lui. On n'en- tend parler ni de vol ni de pillage; Tout eft ouvert par tout le Pays : on ne connoît ni porte , ni ferru- res , ni armoires , ni coffres , & perfonne ne touche à ce qui appar- tient à un autre. On ne voit pas même qu'ils fe trompent ou fc fur- prennent dans le peu de commerce qu'ils peuvent avoir. Point de Cependant ce Peuple n'a point de Loix , ni Loy qui régie Tes A&ions , moins Jtfagiûrats. encore qui l'oblige à fon devoir. Chacun eft fon Légiflateur ; ils n'ont par conféquent pas befoin de Ma- giftrats , ordonnés pour maintenir les Loix , pour protéger les bons & pour punir les méchans ** * Bardai die fort bien à ce fnjec ; dans fon Argenis 9 Liv. I. ch. 15 : Si cçntineri fua fponte intra fines jujliti<& pojfet genus humanum > tune in par^ du Groenland &c. î^f Une pareille Conftitution de tout Raifons un Peuple mérite , félon moi , une Phyflc|ues & pohti- — ■■■-... . ques de leur Etat» omnium put au non fupervacaned mo- do y fed injujla ejfent impzria , qu& ci- ves jamfpontc aquijfimos ad inutilem fervitutem adigerent ; c'eft-à- dire i » Si « Ton pouvoic contenir le genre hu- « main par lui-même dans les bornes « de la juftice, tk que tous les hom- » mes fuffent également bons y il fe- 53 roit non feulement fuperflu 3 mais « même injufte d'établir des gouverne- « mens , qui ne ferviroient qu'à affû- ts jettir un peuple bien jufte par lui- » même à un efclavaçe inutile, ce Je crois y qne fi Boeder avoit connu les Groenlandois, il n'auroit pas écrit en termes fi généraux & fi décififs ce qui fuit : Or do imper andi & parendi omni nature rationali ita dejlinatum ejl , ut focietas & mûltiplicatio fine e& cogitari nequeat ; c'efhà dire : La Lot » de gouvernement & d'obéiffance elt & Ci naturelle 3 qu'on ne fçauroit con-- » cevoir fans elle ni focieté ni multi- *> plication du genre humain. « Di~ X iij &q&' Hîjloïre Naturelle attention des plus particulières. Ces Gens ne connoiffent ni Education * ni Ecole 5 ni Livres de Morale ^ ni Prédicateurs : leur raifon eft toute nue y & rien ne la cultive* Une efpece dlnftin£t , qui a beau- coup de commun avec celui des fans â\m autre côté , que sll eft vrai que des hommes corrompus peuvent parvenir par leur naturel &c autres cir- conftances à fe pafler de Magiftrats * les Doéteurs modernes du Droit de la Nature &c des Gens ne font pas blâ- mables de fuppofer que les*Hommes parfaits tels qu'ils croient avant la chute n'auraient pas eu befoin de Magiftrats , ni de Gouvernement Ci- vil. Quoiqu'il en foit , il n'y a que les Groenlandois feuls , qui vivent dans cette heureufe (implicite qui les fait fubfifter fans Supérieurs -, tous les au- nes Habitans du monde connu en font bien éloignés , & Ton ne fçauroit afïez remercier la Divinité d'avoir inftitué l'ordre des Magiftrats revêtus d'auto- mé & du droit de punir les coupables du Groenland &c. 10 bêtes , ou plutôt un penchant na-^ turel, qui fe manilefte déjà en eux; avant i'ufage de la raifon , & qui par la fuite en eft fort peu étaye y les porte a faire certaines aftions com- me bonnes & utiles , & à s'abftenir des autres comme mauvaifes & nui- fibles. On croiroit en effet reconnoi- tre au premier abord dans ces Créa- tures fi (impies un ancien refte de limage de Dieu & de l'innocence primitive de nos Pères j-mais > en examinant de près les A&ions de ces Sauvages, on découvre aifément qu elles n'en ont qu'une faufie lueur* & que cette Image eft pour le moins autant obfcurcie en eux que dans tout le refte du Genre humain. Leurs Vertus fie font pas marquées au coin de la vraye pureté : ce ne font plu- tôt que les traits les plus greffiers de ces devoirs , fans lesquels la tran- quillité publique & leur efpece de focieté ne pourraient pas fiibfifter. D'ailleurs les circonftances, dans lef- quelles ils vivent, font de cette na- ture , qu'elles les portent , pour m\r fi dire , malgré eux, Jl pratiquer c€§ Xiiij Mi .*SiïÇS r&ï/ïcïre Natunlh prétendues vertus , ou plutôt à s'ab- ftenir des vices qui leur font oppo- sés. Le peu de connoiffance qu'ils ont du mal ? le défaut d'appas & de mauvais exemples 9 font qu'ils ref- tent dans la fimplicité naturelle. La dureté du Climat > le défaut de l'a- bondance 5 la difficulté d'avoir le néceffaire les contiennent dans l'é- galité & l'indifférence. Comme per- sonne n'a ni ne içait plus que l'au- tre , il n'a pas de motif pour s'élever au-deffus de lui > & celui-ci n'a point de raifon de céder le pas à l'autre- Un homme feul ne peut pas fuffire aux travaux qui doivent le faire vi- vre[y par confequent il eft obligé de conierver l'amitié des autres; il faut qu'il les aide , afin qu'ils l'aident à leur tour ; il faut partager également ce qu'ils prennent- à la Chaffe ou à la Pêche > parce que l'un vaut autant & y a autant contribué que l'autre. L'un doit laifler à l'autre ce qu'il a, fans quoi celui-ci prendroit le lien. Ils doivent fiirtout éviter toutes inimitiés , querelles 9 bat- teries j fans quoi ils s'extermine- du Groenland &c. 2431 toïent bientôt, Le Pays eft fi mau- vais , le Peuple fi peu nombreux f & la conftitution de l'un & de l'au- tre fi éloignée de tout ce qui a rapr port à la Guerre , qu'il eft impoffi- ble aux Groenlandois de faire des Conquêtes fur leurs Voifins , & leur Pays a fi peu d'appas 5 que perfonne ne voudroit fe donner la peine de le conquérir. La vie dure & péni- ble qu'ils mènent chaffe d'eux tou- te idée de volupté. Ils ne con- noiflfent aucune boiffon forte, qui y plonge fi fouvent les autres Nations. Ainfi , à tout bien confidérer , les apparences vertueufes , qui font fi frapantes dans les Groenlandois , ïemblent ne pas tant provenir de la pureté de leurs fentimens , que des circonftances dans lefquelles i!s fè trouvent. On découvre en effet par-ci par- Leur mê-, là dans ces Gens, fi irréprochables cha*c"fP a ♦ /-» j contre î -&^ entr eux, cette même iemence de vi- tranger> ces qui pullule dans le cœur de tous les Mortels. lis eftiment les Danois moins qu'eux *, & s'imaginent que m* — — ^ ' ' ' ? J'ajouterai iciunuaic remarqua» J M© Hiftoire Naturelle Içs autres Nations viennent origi* ïiairement de leur Pays. S'il leur b!e d'une jeune Groenlandoife \ qui CQnftace la façon finguUerer de penfer de cette Nation. Les Danois avoîent amené un jeune homme de ce Pays à Copenhague 3 où on lui fit pen- dant quelque temps beaucoup de po- liceffè, afin qu'à (on retour dans le Pays il donnât à Ces Compatriotes une bonne idée de la Nation Danoife, L'ayant à la fin ramené à la nouvelle Colonie , on lui concilia d epoufer une femme fauvage 5 pour fe ren- dre plus agréable parmi cette Nation. Le jeune homme en choifit une qui étoit auffi belle qu'elle paroiltoit rai- fonnable \ mais Tayaut demandée à fe$ Parens,il fut refuféJl s'àdreiïaà la fille même , qui ne lui difïimula point que fa perfonne & les beaux préféns qu'il avoir apportés, de Danemarc ? lut plaifoient beaucoup, mais qu'elles ne les accepteroic point , Se qu'il ne pour,- roit jamais être fon époux. On fut longtemps fans pouvoir deviner la 'du Groenland &c. 1 5 r bnt bonne mine / ce n'eft que par :rainte , parce qu'ils les regardent caufe d'un refus fi confiant & fi peu attendu. On lui perfuada à la fin d'al- ler avec fon frère à la Colonie Da- noise , où Ton fe donna mille peines pour la déterminer ? en tâchant tou- jours de la gagner par douceur , ou du moins de fçàvoir d'elle les raifons de fon refus. Elle s'expliqua à la fin à un Danois qui entendoit fa langue > en difant , qu'elle ne pouvoir pas fe réfoudre à accepter ce parti , penfant , que fi ce jeune homme venoit à mou- rir avant elle > elle fe trouveroit dans le cas de périr de faim & de oiifére , parceque les Danois ne l'cftimeroieat plus ,& que les Groenlandois la rece- vroient encore moins.par rapport à l'a- verfion & au mépris qu'ils avoient pour les Danois. Elle perfifta toujours dans fon refus ,& il fallut gagner fon frère par bien des "promettes 'pour qu'il la déterminât à ce mariage, Il s'y prêta ; & l'afTura qu'au cas qu'elle de- vînt veuve il auroit foin d'elle & d^ 2$z Hljloirc Naturelle plus fortes & plus braves qu eux* même. Ceux , qui ont eu affaire aux^ Groenlandois , fe plaignent furtout de leur entêtement & opiniâtreté; qui paiTe toute imagination , & prin- cipalement dans les femmes. On prétend aufli 5 qu'ils ne fe font pas fcrupule de voler les Danois , quand ils croyent ne pas être découverts. Si ceux-ci leur font du bien , ils ne leur en marquent pas la moindre re- connoiffance. Oa ma raconté qu'en- viron deux ans avant l'EtabliiTement de la Colonie 3 un Vaiffeau y ayant abordé , pour fonder le terrain , M un des Matelots Danois s'étant trop avancé dans le Pays.quelques Groen- landois s'étoient jettes fur lui , & après lavoir terraffé lui avoient fait plufîeurs ouvertures dans le corps , dont ils avoient fuccé le fang avec beaucoup d'avidité. Cependant on n'a pas entendu parler depuis de pa- ia famille. Elle y consentit fous ces conditions , & le mariage fe fie fur le champ. du Groenland &c. 25 §. relis accidens. En faifant attention , après tout ce que je viens de rap- porter ici , à l'état de l'homme aban- donné à lui-même , & au peu de progrès qu'il peut faire en cet état dans le chemin de la .Vertu , nous fentons d'autant plus vivement le bonheur infigne des Peuples policés & les bienfaits infinis , dont le Créa- teur nou$ comble tous les jours , en entretenante renouvellant parmi nous les précieux reftes de fon Ima-* ge , par le moyen de tant d'Ecoles & de Dodeurs , & lîirtout par les Dogmes falutaires de fon Eglifè , qui par leur Morale l'emportent fur les Loix naturelles Je dis plus : com- me l'homme n'eft pas feulement fait pour cette vie 5 mais qu'il afpire à un état plus heureux ? il trouve dans la Mort du Rédempteur des moyens efficaces de s'en aflurer ? & en atten- dant des motifs très-puiffans pour fe confbler en ce monde de toutes les adverfités 9 qui peuvent troubler fon repos. Ces Connoiffances fi confolantes Point & pour nous font d'autant plus terri- Religion. J g ^54 Hijloire Naturelle ai connoif-bles étant appliquées à ces pauvres Dieu. penfent mal des Dieux ; mais c'eft 99 l'effet de leurs fentimens vicieux , m & ils s'accordent tous à leur ateri- p buer une Nature Ôc Vertu divine », du Groenland &ci %$% Découvertes fïicceffives de tant de Pays inconnus , qu'on a faites dans les temps modernes, prouvent d'une manière évidente, qu'il n'y a pas de Peuple (i éloigné , fi fimple ou fau- vage , qui n'ait quelque connoiflance de Dieu ou d'une Divinité, quel- qu'obfcure , fauffe ou fïiperftitieufe qu elle puiffe être , & il n'y a rien de fi étonnant , félon moi , que de voir les Groenlandois nen avoir pas feulement la moindre idée. J'ai été long-temps incrédule fur cet ar- ticle j mais je n!ai pu à la fin me refufer aux témoignages unani- mes de ceux .qui les avoient fréquen- tés , & fûrtout à l'autorité du Miffio- naire Egede & de l'Auteur de la Per- îujlration de Groenland , qui afllire nt pofitivement la même chofe. Il eft cependant certain, &: il y a même des veftiges qui prouvent que leurs Ancêtres ont eu quelque connoiffan- ce de Dieu & d'un Culte religieux ; & l'on ne peut comprendre com- ment leurs Defcendans en ont perdu jufqu'à la moindre Notion 3 pendant que nous voyons que les Parens èc rr 156* Hiftoîre Naturelle furtout les Mères n'ont rien tant $ coeur que de tranfmettre leurs len- îimens en fait de Religion à leurs Defcendans. Peut-on imaginer, qu'à l'exemple d'autres Peuples beaucoup plus fauvages qu eux * , ils n ayent |f Cefar dit, de Bello GalL Liv. VL en- 1 1 9 Deorum numéro eosfolos du- cunt (Germani) quos cernunt & quo* rum operibus aperce juvantur , Solem, Vulcanum & Lunam ; , c'eft-à-dirs : « Les Allemands ne regardent comme & Dieux que ceux qu'ils voyent , Se » dont les fecours influent vifible- « ment fur eux , comme le Soleil , Vul- » cain Se h Lune 33. On peut dire la même chofe" des lilandois Payens. On rapporte d'un des premiers Poiïeffeurs de cette Me , appelle Thorkel 9 que ces fujets Payens lui donnèrent le fur- Bom de Mana 9 qui veut dire Lune , comme une efpece de fobriquet , quoi à Lunœ AJlrorumque opificio admira- bili aliquïd de invijîbili Opifice colli- gendum fiatuijjet , qui quoquejam mo- titurus Jïiîi locum Sçliadverfum effer- pas du Groenland &c* t^f pas levé les yeux au Ciel , & que re~ connoiffant les bienfaits fenfiblçs> qu'ils reçoivent journellement du: Soleil , ils n ayent pas fbngé à lui rendre quelque culte ? mais leur in- différence à cet égard pafle l'imagi- nation ; & ils n'ont" abfolument au- cune idée ni de Divinité, ni d'Idole, ni de Sacrifice , ni de la moindre chofe qui approche de la Religion. Tous les jours de- l'année font éga- lement profanes pour eux , & foit qu'ils fe lèvent ou qu'ils fë couchent, rifccit9 commendando fe inmanus ïl~ Mus Dri , qui S ohm creavtrat. ; c'eft- à-dire : » parce qu'il croyoît que w les Ouvrages admirables de la Lu- ç ne & des Affres- pouvoient cpn- » duire à quelque connoiffance* de *> ■ l'Ouvrier invifible. Etant moriboncf ,*>il fe fie porter dans un endroit op^ 59 pofé au Soleil & fe recommanda en- *> tre les mains du Dieu qui ravoir syfait. >> V. Landrama. p. i. cliap. p.„ : «Tatts le Spécimen Iflandiu d'Arngn Jonas. Se£h I. chf x. Tome X4 î • '3 5' 8 Hifïoïre Namreite qu'ils fe mettent m repas ou qu ifs en fartent , on n'apperçok pas qu'ils faffent aucun afte Religieux. Il ert cffc de même aux Naïflances T aux Mariages & aux Morts ? où l'on ne voit pas une feule a£iion qui annon- ce ridée d'un Culte. Les Groenlandois s'imaginent .-„ que tout ce qui cxifte a été de tout temps & s'eft formé de lui- même. Quand on infîfte pour les ♦convaincre du contraire » en leur faifant concevoir qu'il eft impoffibie que le Soleil & les autres Corps na- turels puiflent être produits autre- ment que par la maiiT d'un Créa- teur % de même que le moindre de leurs Canots ne pourroit provenir de lui-même y ils fe rendent alors à ^évidence t ils conviennent volon- tiers qu'il faut qu'il y ait eu un Créa- teur y mais ils difent toujours ^qu'ils ne le connoiflent pas ? & qu'ils ne fçavent jii. où ni qui il étoit. Quelques-uns d'entr'eux ont affez de f réibmption pour ajouter qu'il fal- lait que le Créateur da Ciel & ic: h Terre eût étiun Kullak % c efint- 'du Groenland &c. * S 9' Hîre , un de leur Nation. Il eft vrai, qu'on obfèrve parmi Ufige»fi* les Groenlandois certains ufages qui ■ perftuicu», ont l'apparence de quelque fùper- ftition , & qui dépendent vraifem- blablememt de leurs premiers Ancê- tres.. Tels font, par exemple, les panfemens ridicules des Play es, dont j'ai parlé ci-deffus y certains colliers ou des morceaux de vieux bois r des; Ongles d'Oifeaux ? des becs de Cor-^ beaux &c. qu'ils pendent au col et* guife d'Amulettes pour fe préferver contre les maladies, ou être heu-r reux dans leurs entreprifes- *:= Mais ©n ne voit pas ,, qu'eu le feifent ils; ayent la moindre foy ou confiance en quelque vertu furnaturelk? foit Divine ou Démoniaque 3 & ils ne te font Amplement que parce qu'ils l'ont vu faire à d'autres , & qu'ils ont entendu dire que: ces remèdes font approuvés. Cependant H faut qu'ils ayent foy mx Sorciers #:S©£> * V. L'Auteur de hF&rtufi: â& Grpem- ^ 6o Hijîoire Naturelle tiléges. Un Groeniandois ayant "pets du dans la Maladie contagieufe de '1734 la fille & fon fils aîné > qu'il aimoit tendrement y s'en prit dans fa fureur à une femme qu'il croyoit Sorcière &c l'écrafa fous fts pieds J parce qu'un des enfans lui avoit dit avant de mourir que la figure de cette femme étoit toujours" devant lui pour fenfbrceler. M..Egeù il y a des Chaïïes abondantes de Daims 3 de Chiens de Mer &e-r mais ils ne fçavent où ils vont, ni quand*. m pour combien de temps , Se ils mont aucune idée de la" Réfurredicm * Le Miïïïonnafre Egede avoft conv ofé en 1724 un Catéciiifms pooi ifo Groenland &c. î&t cïu Corps. Il feroit à fbubaiter pour Te bien de ce pauvre Peuple , qu'on f inftruisît a fond dans les Principes delà yraye Religion , d'autant plus qu'il écoute volontiers & avec beau- coup de docilité tour ce qu'on lui dit de Dieu , de fa Rénédiâion & de Tes Bienfaits , de la Vie éternelle &c; ïieft vrai, qu'on avoit fart de bons etabliflemens pour cet effet , & j'en ai rendu compte au commencement de cette Relation ; mais la plupart d'es Colonies fe font retirées de mê- me que leurs Miniftres , & les Noi> veaux .- Convertis fe difperfent hc~ ceflivement parmi le refte de la Na- tion j en forte qu'il y a lieu de crain- dre , que le peu de connoiffance de Dieu , du Meffie & de la Religion qu'on avoit femée dans ce Pays , ne fe diflîpe en peu d'années , & que ce Peuple malheureux ne refte en- core longtemps ou à jamais dans &. fenefte ignorance * . > ï6 1 Hifloïre Naturelle leurs F % me rc^C * ^re~ un mÇ>t ^CS ^ ^milles*. ^raiLUs des Grocnlandois. Quand quelqu'un vient à mourir, (es plus proches parens s'emparent d'abord du corps y. & l'enterrent avec beau- coup de lamentations. Ils étendent le cadavre avec tous fes habits fur le fond d'une foie faite de gazons & de pierres 5 & le couvrent d une couple de peaux & enfuite d une quantité de pierres & de gazons. Ils mettent à côté de lui tous fes uftenfiles de Pêche & de Chafle , comme fbn Ca^ #ot? fbn Arc , fes Fiéches9 Harpons &c. après les avoir coupés &: brifés par morceaux : car les vivans ne s'approprient en aucum façon ce qv\i a appartenu à un mort , qu'ils, croyent même fi impur ,-. que per- fbnne n'oféroit le toucher à l'exeep- îes Groenlandoîs dans la langue 49 Pays avec la Verfion Danoife à côté. Le Manuftrir original fe trouva dans- la Bibliothèque de Danefcliiold ",. d'oui ï\ eft paffé dans celle du- Roi à Cogenr hague* riu Gromtanâ &c t~6$ tïon de fon plus proche parent h qui le porte feul fur fon dos quand on l'enterre. Ils plaignent beaucoup x leurs Morts. Les Parens & leurs Al- liés s'aflemblent au commencement trois fois par jour , & enfuite, quoi- que moins fouvent , pendant toute une année.. Ils s'afféyent à terre^Sc pleurent le mort en mettant la tête dans les mains & ayant tes coudes appuyés aux genoux- Si quelqu'un .meurt fans laiffer de Parens , tout le monde l'abandonne., & le cada- vre refte dans l'endroit oii il eft mort * . La caufe de cette étrange ■ coutume" eft la prétendue impureté que le Mort communique félon ei|x à tous ceux qui ofèroient le tou- cher y à l'exception de fon plus pro- che parent. Je finirai ma Relation par quel- origine ques conje&ures hazardées fiir YOri- fk ce iJc*« ginc de ce Peuple ifingulier. Je crois Ple» avoir lieu de préfumer que leurs An- * Y. iâfatenr de la Ptrfapatwn U Groailand, pag. -§84 r? *i?4 Tiïfîoire Naturelle cêtres fortent de TAfie Septentrïô* nale , & particulièrement des Tarfa- res de Samogitie ou de Sibérie , ô£ que félon l'ufage des Peuples nom- breux du Nord ils ont été expulfés de leur Païs pour établir une Colo'- nie ailleurs. Il eft vraifemblable :•* qu'ils ont pris leur chemin par laNou- velle Zemble * ? & pénétré de là juf- ques dans le Groenland Oriental * d'autant plus que les Vallées de l'un & l'autre Pays & les bras cfe Mer , qu'il leur a fallu paffer 5 n'étoïent pas encore fi chargés de neiges & de glaces qu'ils le font aujourd'hui. Ils y ont fans doute exterminé les Chré- * Ceci paroît d'autant plus vraifenv blable r qu'il eft certain* par des dé* couvertes nouvellement faites v que la- Nouvelle Zemble tient par on Ifth-* me au Côté Oriental de ia Sibérie pro- che l'Embouchure du Fleuve Oby. VP. îa Description de la Partie Septentrio- nale & Orientale de l'Europe de Mv Stralîknberg 3 àà[\% Ylnirodu&ion. pag;. tkn$> . du Groenland &e. 16 f tiens qui y demeuroient, & fefbnt établis à leur place. Une partie de ces Tartares a paffé dans le Groen- land Occidental , où ils ont de mê- me détruit leshabitans. Les Hifto- riens donnent à ces nouveaux Peu- ples le nom de Skrellinger fâuvages, & ils ajoutent qu'ils ont tué les Chré- tiens de ce Pays , fans dire lamoin- drechofè de leur origine. Une Tra- dition des Sauvages du Détroit de Davis porte, que leurs Ancêtres a- voient maflacré à leur arrivée les anciens Habitans du Pays ; mais ils ne difent pas d'où ils venoient non plus que les autres Groenlandois , dont ils ont été peu à peu répa- rés par les Montagnes de glace & les Mers Glaciales , jufqua avoir même oublié leur religion 5c leurs anciens ufâges. Au relîd mes con- jeftures font fondées fur quantité de r'effemblances que je trouve- entre les Groenlandois fâuvages & les Tar- tares mentionnés,fbit pour laftamre ou la'maniere de vivre & de s'habil- ler * . Les Tungufî Nifbviens ont auflides rames avec une feuille à cha- * V. les Voyages de Mofcoyie i§ n ' 266 Hljî. Nat. du Groenland &àl que bout >*§l ils fe coufènt des figu-* res dans le vifage comme les Groen-; landois * . Le Baron de Palmberg j qui eft mort Gouverneur de Fin- lande, m'a conté que les Rufliens -en tombant en Livonie au corn* mencement de la dernière guer- re contre les Suédois avoient avec eux quelques détachemens de ces Tartares , qui en pillant un de les Villages en faifircnt le Miniftre , qui étoit un jeune homme d'un bon em- bonpoint, Ils le jetterent à terre, & après lui avoir fait plufieurs ouver- tures dans le corps , ils en fuccerent le fang comme des Tigres. J'ai rap- porté ci-defliis une pareille cruauté arrivée à un Matelot Danois de la part des Sauvages Groeniandois , & je fuis certain qu'en examinant de près ces deux Peuples , on y décou- vrirait peut-être encore d'autres traits d'une reffemblance plus par- faite que ceux que je viens d'alléguer*1 de Bruyn. ch. 1 ï". de le Voyage de Yf- brand Ides, ch. 19. pag, 116. * .V. ce dernier Voyage, pag. 37, F I N. TABLE #^f TABLE DES MATIERES Contenues dans V Histoire NA- TURELLE DU GROENLAND ET du Détroit de Davis. A A. Igles fréquens en Groenland, yo. Air > changement fréquent de h tem- pérature. 2^ renfermé dans la Baleine & foà u%e. 7J; renfermé dans les habits des Groen- landois , & fon ufage. 182.219. r Ambre gris -, vient du Cachalot. 1 28- fa deferipnon & ficuation dans le Poiffon. 12^. ■ne vient que dans les vieux mâles" Zij xiéi nr ^6% TABLE ce que c'eft.. là-mêmèl pointes noires qu'on y trouve , ce que c'eft. Mi* "Amérique voifine de l'extrémité du Groenland. 22* pourquoi on ne peut pas y paffer. là-même* Amianthe , quantité de Mines en Groenland. 32* pourquoi le meilleur fe trouve dans le Nord- là-même. il brûle fans fe confommer. 37. d'Ecofe. tf, la note. de Hongrie. là-même. de Sibérie , & la façon de le filer. 3 2, la note. des Pyrénées , dont les Ouvrages font inférieurs à ceux desTartares de Sibérie. 3§>^ nou* des Anciens. S 9 , la note* Amphibies Quadrupèdes & leur Def- cription, r5°* Amuléte , &fuperftition des Groen- lanclois. *7J- 25?« Animaux du Nord , pourquoi leur graiffe couvre la chair au lieu d'y être entremêlée. 45 * *%* pourquoi ils ont plus de fang qus DES MATIERES: % ceux des Pays chauds ? 46. 61» 'Arbres., il ri y en a guéres en Groen- land. 3i* "Argent méprifé & de nulle valeur; 227. Jjbefl. Voyez Amianthe. Aurore Boréale 9 plus brillante que la pleine Lune. 29. ce que les Groenlandois en penfenr. 225. B B. Abi Ronfa , Animal > fa façon fingulierede dormir. 103 , la note. Balani. Voyez Glands de Mer. Baleines , il y en a de toute efpeee en Groenland. 70. pourquoi elles ne peuvent pas vivre dans les Climats chauds. 70. châtiées du Détroit de Davis. 9. elles ont l'oreille fine. 10. 82, pourquoi elles portent leur graiffe par-defïus la chair > 45. 73. leur Anatomie peu connue. 85. leurs excrémens , & Pufage qu'on en fait. là-même. attachement à leurs petits. 88* leur Hiftoire Naturelle. 7 1 &ca Z iij j&70 .TABLE elles reffemblent en tout aux ani- maux terreltres. là-même. elles font vivipares. là-même* - leurs petits tettenr.. là-mime* elles portent un magazin d'air avec elles. _ ?> leur dï'vîfïon en 15: efpeces. 76. autres divifionsclaffiqties.. là-même* elles voyagent enfemble. 8&. les efpeces ne fe mêlent jamais. 89. /i Grande de Groenland , fa def- cription. y g., fa force étonnante pour rompre les glaces. 82. fes accouplemens. 8^ ïa ..pourriture. &9 ,S>c la note, du Japon , portent l'Ambre gris, i$k Barbes des Baleines , leur Defcription, ufages qu'elles en font. 9©, U note^ 115. acîreffe des Groenlandois pour les couper. Zl^ Becs noirs de petits Poiffons dans l'Ambre gris. iji# Blanc de Baleine. 1 1 jo diftribué par 28 Concaméïations ©ES MATIERES. *ft dans le cerveau. 120* ion utilité finguliere dans le Nord. 133. Voyez auffi Cerveau & Sper- me* Sied 9 il xim peut pas venir en Groen- land. 31* BUJJures ^comment on les guérit. I74. Boiffon des Groenlandois. 202, jB noyé. 1 7. But^kopfy efpece de Baleine , & fa defeription. 150» c C Achalot y efpece de Baleine, fk defeription. 116. 121 origine du nom. là-même* il y en a de différentes efpeces. 1T9, 127. 139. 142* il porte le Blanc de Baleine & l'Am- bre. 117. 133. il voyage par troupes. 118 il fait un bruit terrible. la~même. difficile à tirer &: pourquoi ? 117, k Crâne offeux & à Crâne membra- neux, iifj Ziiij zi% TABLE £à tête prodigieufe. ïjjj fon cerveau diftribué par 28 conca- meracions. 120; fa gueule énorme. ! 126V fermeté de fa chair, la même ^ 1 3 §• échoué dans l'Elbe , & fa defcrip- tion. • 132. fes gencives très-fermes.. . 1 34. defcription de fes dents, 1 3 y . delcriptïon de fa queue. l$6* dix-fept autres échoués dans l'Elbe * & leur defcription. 143. un autre échoué de même , & fa defcription. 147. 'Caffiar , gelée d'Œufs de Poiflons. 1 54. Canots des Groenlandois, leur defcripn EÎOtl. adreiïe de s'en fervir. CataraBe de la Mer. Cer/i fort petits, leur bois extraordinaire, ils font plus matériels & plus cou verts que les nôtres. la-même* Cerfs , ils quittent le Pays, là-même: ils engraifTent & maigriflent fubice- ment. 45, ils repofent peu , & broutent tou- jours, 46J 208: 215. 22; 43. 44. ï> Ë S MATIERES.!^ Cerveau du Cachalot diftribué par 28; concamérations. 110. - il a deux étages. 123° il ie retnplit de nouveau à mefure qu'on le vuide. 124» il s'écoule par un gros vaiiïeau fper- niatique. 125, 133. Cete des Anciens , fi c'eft la Baleine ? 2 1 6 , la note» Charbons de terre. 42. Charlatans > leurs fourberies. 174. Chajfe , la principale oacupation des Groenlandois. 203. adrefle avec laquelle ils la font. 207. Chats 5 les Groenlandois en ont peur. 48. Cheval marin. Voyez Chien de Mer* Chiens de Mer , leur defcription. 163. comment on les prend. 1^7. leur utilité éronnante. 168. leur fang fait les délices des Groen- landois. 20 1. ufage de leur veffle &peau. 205 , 211. leur huile excellente en Amérique. 1 6 8 5 la note* tn Tar tarie dans un Lac d'eau douce% i&i):% 174 v m TABLE d où ils viennent. jj0a- le Grand 3 ou Canis Carcharias eft le Cete des Anciens. 2 i 5 , /a note. petit Poiffon qui Facconapagne. là- même* Chiens Sauvages. *j9 les Groeniandois les mangent. 48. IJles des , leur defcription. îk-même. Chirurgiens 9 inconnus en Groenland. *74- Cochons , en horreur chez les Groen- iandois. 4g# Colonies Danoifes en Groenland. la première. fes motifs. ià route & fon abordeinent. pourquoi mal réiîffi. la féconde. pourquoi mal rétiffi; fon retour en Danemarc. 'Commerce des Groeniandois Se fes dé ffuts. g. I2. 2I7e intérieur peu confïdérable. 2i6> extérieur en quoi il confifte. là mê- me. Compagnie de Bergen , pourquoi elle n'a pas pu maintenir le Monopole pour la Pêche des Baleines. 1 u elle eft abolie. ^ 1. 2* 4- S» 7- 15. DES MATIERES. «*$ r€orne de la Licorne eft une dent, ioj, la note* Çrane du Cachalot, offeux dans les uns & membraneux dansles autres. 'il 9. 12$. Crepûfcule fort long. 2 8, Crimes , inconnus en Groenland. 242, Cryfiallin des Poiflbns & de certains Oifeaux, pourquoi (phérique ? 65. Çuifine des Groenlandois. 2 89. 199» D JL^ Anfes au fon du Tambour, 252, des femmes, 235^ Dauphin , efpece de Baleine , fa def- cription. lf$* JDents des Baleines > marque cara&é- rifUque de Pefpsce. 78.102. 122. 148.1500 des Cachalots % leur defcription, 122. 13$. 141. 146» des Groenlandois ébrechées, & la caufe. 200. des Licornes de Mer , leur defcrip- tion. 106. ce ne font pas des Cornes. 10 ? % la note*- Mf TABLE des Taches Marines ? leur defcrîp* tion&ufage. i£r« Détroit de Davis , épuifé de fes Ba- leines. ^. defcrîption de fa Côte. 22; fa meilleure Carte. 8 , la note. fon Climat. 23; fon Terrain , &ce qu'il produit. 30. de Frobisher > n'eft pas un paffage. 20. il n'y en a point fur la Côre de Groenland. là-même. Dos des Baleines , marque cara&é- nftiquede Pefpece. 78. Aux chaudes & Minérales. 45; Eclairs > ce que les Groenlandois en penfent. ^z|é Enfans 9 leur éducation. 197. Epéedemer, efpece de Baleine, fa description. nj; ce que c'eftque le Sabre quelle porte. là mime. 157. fureur avec laquelle elle attaque la Baleine. Etat Naturel , fa vraïe idée. 1(6 158. 237 la no \H m DES MATIERES. 177 les Groenlandois y vivent. 236. %toihs connues des Groenlandois. 221. . elles dirigent leurs Courfes & Pe* ches. la-même, elles régloient la Navigation des Anciens. 222. la note. gxcrémens de la Baleine teignent en rouge, %• Jucons fréquens en Groenland. 50, Femmes , leur malpropreté. 1 Sc- ieur coqueterie à fe broder le vi- fage. 1^4« leur pudeur naturelle, 192. leur fujettion aux maris. 19^ 197. elles font les Architectes des Mai- fons. 2*2*. leur manière de recevoir les Etran- gers. 2.35* Fer précieux en Groenland, 227» Feu 9 manière d'en faire. zo\. Fjançaiiles des Groeniandois, ^ 191, JFi/mfmguliers des Groeniandois. 204; Jinjifch, efpece de Baleine, fa def- cription» £**■ *7'8 T A B L E fa nourriture. Wjj Fmne \ Nageoire, étymologîe du mot. r. - 72 % la note. ±ioerde , fignîficatïon du mot. 22.1 fflaitan d'une grofleur prodigieufe. 70: Flèches des Groenlandois, leur defcrip- îîoï** in/' <>■,* r r 206. 2 2 0* eipece fingulïere venant d'autres Sauvages. ii&tàïètei Flux^ & Reflux de la Mer. 30, Funérailles des Groenlandois. 262* G. %JTIbbar 9 efpece de Baleine , fa defcription. 9i. 54. &/^ /wr*. fa nourriture, q»( , fes cris -affreux. 9+ , la note] Glace 9 fes particules vifibles & ame- nées par le vent, 14 te la note; elles caufent m froid terrible, là- même. Elles couvrent la mer. 2£ Glands de Mer fur les Baleines. 9t. leur defcription. $9, la note. - fignes de la vieillefTe de la Baleine. ï co 5 la note. 'Gourmandife des Groenlandois. 1 9g. é DES MATIERES. tfâ CraiJ/e pourquoi placée en dehors dans les Animaux du Nord. 46. 62. 75* & huile rendent le. ceint brun. 172. elle empêche de s'enyvrer. ioz. Griefin 9 fèces , érhymologïe du mot. 1 ? 9 , la notci Groenland 9 la Côte eft fans Détroits ou Sonds. 20» elle a beaucoup de Golfes & Bayes.1 elle eftbordée deRochers fous l'eau. t . *?* ion terrain & ce qu'il produit 3 Q. ils aiment mieux commercer avec les Hollandois qu'avec les Danois & pourquoi ? jU^ *8o T A B L E Groenlandois x les anciens Chrétiens exterminés par les Sauvages, i 5. leur mifére. 21, leurs lampes y lumière & feu, 29. 189. ils font cachés dans leurs maifons pendant Phyver. 29. leur conftitution. 172, leurs maladies & guérifon fuperfli- tieufe. 174.. 259. leur langue. 175. leur habillement. 181.. ils marchent fur les flots de la Mer. 183. leur coquetene* 184. leur malpropreté. 18^. 190. 209. leurs habitations & façons de bâtir. ïéL leurs lits. 188. leurs fiançailles, 192. leurs mariages. 195. leurs hauteurs avec les femmes. 195, 197. éducation de leurs enfans. 198. leur goutmandife & façon de man- ger 199. ils avalent §£ digèrent tout. 200. kur boifïbn, xo%. Groenlandois DES MATIERES. 281 ^romlandois difficiles à enyvrer & la caefe. 2©i. leurs occupations. 205. leur adrefle pour la Chafle & la Pê. che. là-même , £05.' leur Canots & adreffe de s'en fervir. 208'. 217. leur Pêche des Baleines. 217. leurs Chafles. 219. ils font habiles Tireurs. 22L ils n'ont pas befoin de Métiers. là»même» ils font fans Arts & Sciences. là-même* leur ignorance. 222/ ils fe connoiffent auxAftres./^eW. ils aiment la Mufique. 227. leur foible pour le Tambour. 225. leur façon de fe venger des injures. 234. leurs Danfes. 232. 235. leurs Jeux. 23^ leur adreffe au Jeu de Paume. là- même* ils vivent dans l'Etat naturel. 236. Ils n'ont niLoîx ni Magiftrats. là- même. 244. leurs Mœurs & Vertus. 2Jjm Tome IL À a ' m% TABLE leurs Ufages. %^il leur innocence apparence. 24%. II elle eit bien réelle. ^45. leur méchanceté contre l'Etranger* 24?. ils font fans aucune Religion leur fentiment fur la Mortl îeurs Funérailles, leur Origine. 255. 2.6'oJ 262. JtjLA A. Abllhmtnt des GroenîandotSo \Éxl Habitations d'Hyver desGroenlandois, i%6% leur puanteur affreufe, I90J d'Eté. ifu [Habitude 9 fes effets étonnans dan$ les Animaux. ijil Marpon y9 éthymologie du mot. 204 I la note» lMuitre$ % il n'y en a point en Groen- land. &y. J. / Eux des Groenla&dois & leur mé^ rite» 2j|| DES MATIERES. 285 injures y façon des Groenlandois de s'en venger, 134, Innocence apparence des Groenlan- dois. 242. fur quoi elle eft fondée. 245; Jnfecie , nourriture de la Grande Ba- leine s. fa defeription. 89 & la note* Jjles enveloppées dans le brouillard,: Jubartes > efpece de Baleine, fa def- eription. ^4& la note. 96, fes cris affreux. 97» fa fureur. là-même* couvert de Glands de Mer. cjg, Jupiter y efpece de Baleine , fa def- eription, 03. j6* K Notenfifch y efpece de Baleine ^ fa defeription^ Moi- JLdAmamïn y ce que c'efL &$ y la note. \€o , $z zzo/e^ &e fart de cuifine, de poêle & de lumière, 189* JLangagc des GroenlancEois». ij^r %%4 T A B L E ne jfeflemble à aucun langage connli; 178. n'a point de mot pour les chofes fpi» rituelles. 180 , la note. 'Langue du Cachalot fînguliere. 1 2 1. Lapis Manati n'eft pas POreilfe de Baleine. 83. la note: Légumes , comment elles viennent en Groenland. 30. Licorne de Mer, efpece de Baleine* fa description, ioj. à deux Cornes ou Dents. 104, 107, la note* elles n'ont pas toutes deux dents. 108; elle eft l'Avant-Coureur de la Balei- ne, & pourquoi, 1 t jj il y en a de différentes efpeces. 113. elles s'embaraffent en nageant. 1 10; échouée dans l'Elbe , & fa defcrip- tion. la-même* Lièvres fort petits. 43, %ion de Mer, fa différence de la Vache Marine. 1 59. la note littdesGroenlandois. 188 j Lodde y petite efpece de Harangs , & principale nourriture des Groen- I landois. 70^200^ DES MATIERES, if;] loup Marin. Voyez Chien de Mer* ' Lumière domeftique des Groenlandois» \ 19, Lumme 3 Oifeau , fa «précaution pour aflTurerfon nid. r?ïm comment il conduit fes petits à l'eau. J2p il fe laifle tuer avec fes petits. là- même» Lune , elle régie la Pêche & les affai- res des Groenlandois. 22.2. M. M À vJL Allemucke , Oifeau aquatique, fa defcription & Anatomie. 56. échymolcgie du nom. 67. c'eft une Mouette* 66. fà définition. 6j9 fa gourmandife. là-même, Manati. Voyez Lapis & Lamantin. Marée. Voyez Flux & Reflux. Mariage des Groenlandois. 195 il eft facré parmi eux. j^c Marfouin , efpece de Baleine & fa def- cription. 151 Ma/copie, ce que c'eft. n Matière Médicale P incertitude qui y régne, 84J fi %tg ' T À F L E Médecins inconnus en Groenland. 174* Mines cTAmïanthe. Voyez Amianthe* d'autres Minéraux & Métaux. 41; fMœurs des Groenlandois. 239. Montagnes de pierre molle. 39. vraifemblabiement remplies de Mines. 4Io Mouettes ,. leurs marques caraétérifti- q^es. 65, Moules excellentes en Groenland. 69* Mujîque 3 les Groenlandois l'aiment 227- enufage parmi tous les Peuples. 228> la note* fon origine &c vrai ufage, là-mê~ M N. #Zê* Ageoires des Baleines différentes de celles des autres Poiflbns. yr. marques cara&érifiiques de chaque efpece. 78. Ieurufage. 73. 80, 87. 109. NarhwaLVoytz Licorne de Mer. Narines des Baleines , marques carac- tériftiques des efpeces. j6. Neige 3 forte réflexion de la lumière, *3~ 1 DES MATIERES. iBf ffiordcaper, efpece de Baleine, fadefc cription. 9*» couvert de Glands de Mer. 92. autre efpece , appel lée auffi Cacha- lot 1 1 6. Voyez C&chalou o, O. Ccupations des Groenlandoîs; Oifeaux fréquens en Groenland. 50. aquatiques & de Rivage,8c leur pré- caution pour affurer leurs nids &c. 50. 5 î- ils montrent à nager à leurs petit5~ 52- ils paffent en Amérique. 5 j , 689 ils reconnoiflent leur ils abondent en Groenland. ^9. . féchés en guife de pain. 200 9 Polygamie desMatieres. i%9 Polygamie rare en Groenland. 1 96 ';■ Poupars excellens. 69. leur accouplement > là-même 9 U note. cl. 1^^ Ueue de la Baleine différente de celles des autres Poiffons. 73 1 fon ufage. lâ-mémem fes coups terribles. 7 2 .97.; # R; ^ de terre & autres rares. 49: Religion 9 les Groenlandois n'en ont aucune. 25 3# Renards de manière de les prendre* pièges qu'ils tendent aux oi féaux. *** Robben-fchlagers , bâtimens qui vonc à la chaffe du Chien de Mer. 1 €j9 Rochers immenfes couverts de glaces. la Côte en eft bordée, 173 Rotje 9 petit oifeau 9 comment il fait fon nid, £0 Tome JL B b %$® T A B L $i i3 Ang plus abondant dans les Ani- maux du Nofd* 46*. 61; des Chiens de Mer, délices des Groenlandois. 201. Saumon , il abonde en Groenland. 68, Sauvages demeurant bien haut vers le Pôle. ai, ils mangent des hommes. là-même. eonftruétion de leurs cabanes, la» même. voifins de la Côte de l'Amérique. 22. Schaeren , lignification du mot, 17. Scorbut deux efpeces, *74* fa guérifon. là-même: Soleil y (a lumière eft fort brillante. élevé au-defTus de l'horifon en hy- ver. 28. Sonddes Ours avance moins dans le Pays que fur les Cartes. 21; Souliers à neige 9 leur defcriptîon. 19, la note. Souris , il n'y en a point en Groen- land. 48, ■ DES MATIERES. i9x 'Sperme du Cachalot répandu par tout fon corps. ï 20. 1 ï't , 1 38* dans les femelles auffi bien que dans les mâles. 126: SuperJUtion des Groenîandois. 174, iïl*: T. Abac trop fort pour, les Gfoen- landois. 1Q?m Tambour , les Groenlandois l'aiment à la fureur. 220^ il accompagne toutes leurs aftionsj l\ 2.! Tartans , ils fe brodent le vifage,. 1 8j# Tempêtes rares & peu durables. 24. d'où elles viennent. là-même. Tiburo y ce que c'eft. 8 3 , la note» Tonnerre rare. 23; fes coups fburds y 8c pourquoi? là* même» Tourbe , ce qu'elle produit, 3©; Troc au fon du Tambour. 25 j; Truites faumonnées très-fréquentes. 69. Tuyaux des Baleines, marques carac- tériftiques de Pefpece. 77*1 ^Tuy mêler ^ éthymologîe du m@y B b ï\ || %$% TABLE 153, la note, Voye? Dauphin! Tympanon s les Groenlandois Tai- ment, iij. T. V- Ache Marine 5 fa defcription, 159- fa différence du Lion de Mer./^-zw^- me > la note, ufage qu'on fait de fa peau. ,1 60 g /# /70/£? fa peau donnée en tribut au -Roi? l#-même. fes pattes & leur ufage, 1 6r , fes dents. là- même f leur ufage. 162» parties mangeables de foa corps; Vaiffeau à Air dans la Baleine , fa dek cripdon. yy; fon ufage. 76.' fpermatique du Cachalot. 1 2?»* précaution qu'il faut pour ne pas le percer, 12,5. 133, Veau de Mer. Voyez Chien de Mer. Veekfieen 9 pierre molle ou marbre imparfait. 34, pfage <^ue les habîtans en font. 40* DES MATIERES. aj# Vmt de Nord , pourquoi plus péné- trant que les autres ? z$,la note. amené la gelée , & comment ? 24. chargé de particules glaciales, là* même. Vérole, la petite, inconnue en Groen- land. 173. ravage qu'elle fait quand on l'y porte. 174. Vertus des Groenlandois. 2 40. Vtffit ou Peau de Chien de Mer arrête la Baleine. .204. fon ufage ancien. 2 1 5 , /tf note, lïfages des Groenlandois. .241» m W. Ittfifch , efpece de Baleine , fa defcription. 148. prognoftic d'une Pêche abondante. Y. X Eux de la Baleine petits. îia pourquoi placés au haut de la jtête ? là-même <* ils ont des paupières & des fourcils. %z9 B b iij f^ $94 TABLE Z. 1 Emble ( Nouvelle ) elle tient à. la Sibérie. ztqjanott, Fin de la Table des Matières. SUPPL& m SUPPLEMENT CONTENANT Un petit Dictionnaire & quelques Principes de la Grammaire Gr oenl an- bois E. ;; P b iiïf m ' 297 SUPPLEMENT CONTENANT ïln petit Dictionnaire & quelques Principes de la Grammaire Groenlan- doi se. N. B. On a omis les Accens fur Us Conformes 9 qui ne fe trouvent pas dans nos Imprimeries* NOMS SUBSTANTIFS. CHAPITRE L De D lEifzéc L) Ieu , (jf Ud. Dieu le Père , Gud Auguttd. Dieu le Fils , ou Gudib Nidnga9 Fils de Dieu . r^ ' » 298 Rédempteur , Samickfach. Dieu le S. Efprit ± Gudih Anarsdh* ou proprement Souffle de D!etîy n'y ayant d'au- tre mot pour fignifieruiiEtre • fpimuel~ Créateur , Senarjôe* Création % Senach. Seigneur ^ Nallegdrfnach* Prêtre*' Pellefie. Ange % Engdip* Diable, Tongarfnc* CHAPITRE IL Du Monde. Kj lel , XV Màck. Terre , Nund. Soleil , Sackanack. Lumière du Soleil 9 Sachanacpoê. Le Soleil fe cou- Sackenactarripotfa che, Le Soieil fe levé , Nuioch 9 Lune 3 Kaumeh* 1 Etoile 9 Ulloiam* Lumière ou Jour , Kavock. Jour 5 £///#£ > ou Ulluïtl Obfcur , jfr«&£. Jvfuit , Unnuach. CHAPITRE III. Du Feu» X* Eu, 1 GnacL Etincelle , Ignitfet. Pierre à fufil , Jgnectant* Lampe, Kollech. Fumée , Igga ou Iffick* Braife , Autna. Cendres y Ackfa. CHAPITRE IV- De l' A I R* JnL îr , ^ Ma* Nues, Naja. Air ferein , Allackuadu iVent a Annat* n fem CHAPITRE V. De l'E a u. JLL Au, X Mack. Ruiiïèau , Kovdtjiah, Pdviere , Kock, Mer, tmack tarajoth. Courant, Sarbach. Onde , Malich y Ingulichm Marée s Flux, Uglipock. Reflux, Dinipoch. Me, Kickcrtach, Décroît , Tunnua. Rochers fous l'eai i3 Jekarloch. CHAPITRE VI. Des Nues. X^l Ues , TH&jœ. Brouillard , Pyoch. Pluye , Skie lluc h. Il pleut , Skiellupoch. H Grêle, Neige , Forte Gelée , Gouttes , Tonnerre , |ot îsfetakornet. Aput , ou Kanich\ Irfe. Gute. KMlach* CHAPITRE VIL Delà Terre. JL Erre, Montagnes ,' Collines y Pays uni . Pré, Sable , Moufle , Métal, Pierres , Plomb ou Etain , Fer, Cuivre ou Laiton, Pierre à aiguifer % Talc ^ 0 9 Coquille, Coîi- i Pfouch. Kackarfnach. Kaçkat. Nachfdtjîfichl Iquit. Sickait. Oryt. Ignaeh* Ujackkct. Ackerloch* Sauvich. Kangifech* Sfiliçh. Ukajifach* Uilloch. ' ?oa' CHAPITRE VIII. Des Arbres & Fruits^ B *Ois ou Forêt , Racine , Feuille , Feuillage, Bois abbattu , Rétine , Genièvre ,, Meures , Grofeilles noires, Autre efpece de Grofeilles , Meures de ronce , Hacine d'Angéli- que, o Vick. Socleit. PiLLoch. Kefuk, Kuifoik* Avallakajarfètm Kiularnget* Pognech. Kingurnlt* Okforneh* Quaun* CHAPITRE IX, Des Animaux, ÂNîroal, ^Erfuti Renne , ou Ktn-Tucktu. thier , 1 Ours , Nennoch. Renard 9 Kakaka , jLiévre , Ukaliich, Ecureil , Tuach, Chien , Kimmech. 3c S1 CHAPITRE X. Des 0 is e aux Jn sectes &c. O Ifeau, Aile , Oeuf, Jeune Oifeau, Poule de neige, Corbeau f Çoi> neille f Aigle, Faucon % Oye, Canard , Mouette, Lumbe, Canard à duvet , yets % % Ingmiach,Pia+ remjkaçh. Sulluit. Ménnich* Piarach* Akeirjit. Tulluach. Nechtoarlich. Kickjoiarfuach; Nerlech. Kachletong, Naviatp Apa. Mévelech, Koj?erlock9 ?o4 Puce, Pou, ÇouCiti , Pilhctack* Komach.' Jpperget. CHAPITRE XL D E S P OIS S O N S, JL OiiTon , IN Echpia , Au* lifauket. Baleine , ArbacL Barbes de Baleine, Sokach^Çaçhdotu^ Kiotelic. Dorfch ou Cabe- Ovach y Saoliçh, liau , Ktiorrhan , JKanaîfoch. Sole , Okoetach. Flaican , j Netaenach. Chien de Mer, Pttfa. Jsloms de Poiflbns % Sullupauket. inconnus tixsz^NepiJet. mxx$9 j Kiutilich* mm J°J CHAPITRE XII. De l'Homme et de ses Parties. H Omme , Petit Enfant , Jeune Perfonne , Vieillard , Petite Fille , Pacelle , Femme , Vieille Femme , Tête, Pieds , Col, Epaule 3 Gorge , Gozîer , Nuque , Poitrine , Dos, Mammelle l Bout de Mam- melle, Tome IL i Nnut. Mecklitungut 9 ou Nalluvianguack* Innurfutveijîach* Utockach. Niviachfach. Niviachfeijia. Agna , ou Kona. Agna Koechfeijîa* Niackoà* Niuch. Kongejid. Tuvich. Iggerà. Tunnufoà* Eckfarroà* Kulleg. Joienga* MUIqa. Ce Il | 30£ Ventre , Nombril 9 Bras , Coude , Côré , Main , Main droite, Main gauche, Hanche , Derrière , Gs, Cuiffe, Genou , Cheville cîu Pied, Talon , Pied, Plante du Pied, Doigts du Pied , Pouce du Pied, Bas du Talon , Cheveux de la Tête, Oreille:, Vifage , Front , Oeil, Prunelle , Paupières^ Naifaci. Kallit^ia* T 'allie h. Jckujîà. Tullimaot* Akfeit. Fallicpid» Saumia. Sibbia. Nulloch. Kanah. Oppeticfa Sœckoœ. Tinumufoa* Kimmia. îjîckaka» Attugnç* Ingoeu Puttoà. MagneL Nuckietcka* Siuta* Kinag. Kavotëo Irfich. Kimmera. Ifanamid* Sourcils i Nez, Bouche y Joues , Menton ,. Lèvres 9 Langue, Dent , Poing ; Paume de la main , Creux de la main, Doigt, Articulations, Ongles , Corps, Peau , Chair , O démens , Inteftins, Cervelle , Cœur, Ventre , Eftomac ^ Foye , tVeffîe à urine , Excrémens % 507 Kuhtuœ. Kingà ou Kingera* Kamrà. Z/lluœ. Tobliiœ. Karloch* Ockâ. KiuticK EreckpeL Itumà* Kapfuru Akfeit, ou Tîcïiarœi Naukiifikà* Kuckich* Timà. Amiag* Nekà. Saungà* Inneloa. Karachsa* Umattœ. Naifaci» Nal Tinnoà* AvactaB. Aunach !?o8 Sang , Epine du Dos, Ame, Kuipickakk* Tagneit. CHAPITRE XIII. De Differens Ustensi- les , Habillemens'J&c. USrenfiles de Pêche, Hameçon , Filet > Tout ce qui fert à ia Navigation & à la Pêche, Canot , Arc, Flèche, Bourfe, Fèces de graille , Chaudron de fer blanc , Bierre , Plat de bois , Tonneau, iChaife ou Banc , A Ulïfaut* Karlifa. Kachfutich» Pufenut. Umîach. Pefikfe. Kackfuth* Auhmich* Vfut. Kiblifoch* Karjutîch* Pojetack. Ncppathit. IJîatach. Pot, Emungefock» Verre , Kaumerfoit. Cifeaux , Kùjutich. Aiguille , Meckul. Epingle , Kuckelich* Anneau à couvre , Teckeriack* Juft-au-cotps, Annoach. Habit de Peau, Kappiteich* Culotte y Karlich. Boutons , Nautich. Bas, Alekenich* Gants , Ackatich. Coëffe y Nefach. Fil, Acktucnarach. Souliers, IJiamacho Bottes, Kamich* *& CHAPITRE XIV. Des Parties de la Mai- SON* E I venable pour X Nhà* bâtir , Maifon , Igloé. Tente , TappecL ri fj$ Porte, Mattua: Clef, Mattuachfaui* Pavé , Nettach, Fenêtre , Iggelack» Grenier, Kallîak. Chevrons du toid , Pupdich* Hache , Aglimaut. Tarriere , Ville- Keiblorach, ou Kg* brequin 3 tula. Scie, Plecktut. Planches , Seitiliach* Fourneau y Kirfarbiak. CHAPITRE XV. De la Ferraille» .M Aréchal, Soufflet , Marteau , Cheville de fer5 Lime s, Fer, x^Abbiock^ Sabbichfàh* Kautach* KikiacL Ajomïch* Samïchc 3it CHAPITRE XVI. Du Voyage par Terre et par Mer* V^Hemin^ Voyage, Bâton , Canne , Canot , Chalou- pe, Petit Canot , Grand Canot de Femmes , Bateau 3 Voile y Mâts, Rames, Gouvernait, Antenne , Flamme , Aile m kautduMât^ jt\.Cku/irzak, Kammooclu Ajaupia. Umiach* Kajah. Kunikaij 'ah. Ummiachfuach* Dingerlaut* Napparaut. Pautich y Eputà, Akkota. Senneruta* Arbolifd* %lï CHAPITRE XVIL De l'Ecriture. LX7 Ructoeroch 9 oti îvre.» Ecrit, JtL Plume , Langue , Machperfeck ± AghckuX Su lu eh. Okafè. CHAPITRE XVIIL De la Parente\ A Arenté, X Lloe. Père , Attdta , Angutta» Mère, Agnah9ou Okooch, Fils, Nianga 9 Erwrk* Fille, fannia. Beau-pere, Seckîa» Oncle 9 Akà. Frère aîné, Augejuoà* Frère cadec , Nuka* Sœur 5 N&yà. Enfanfc Enfant de fœur, Enfant , Ayeux 5 Petks-Enfans , Maître, Valet . 3*i Kàllangei. Kittongci. Angejokail. N aLliivianguachi Nallegack* Kihgà , CHAPITRE XIX, Marchandées , Ufic njiies. JVxArchandife,N Miroir , Perl-s , Caille, Coffre, Lame d'épée , Couteau , Ecueiie, Racloir , Joujou d'Enfui^ PÏnfemiek Images d'hommes, JnnueraçL Tableau,Peinture, Aftiliach* ''V rach: Eokuic Taracloch. S apparie. Itlabich. Pennarnich. Ingdïch , SanUhi Poyetach, Uwkmich. Tome IL hâ U*4 NOMS ADJECTIFS. J\ ffamé j Aigu ? Piquant , Altéré de foif , Artificiel , Ingé- nieux, Avare 9 Aveugle, Autre , Beau , Blanc, Boiteux, Chacun , Clair , Colérique , Combien? Combien grand ? Courbe, courbé, Court , Demi, Doux, Dur, Eloigné, K Alikaù. Sppicpoch. Immerekeau. Angekoch. Erligtougoach* Tackpeifock, Aipà. Tiugakaû. Kakocîut. Scbbutjach, Ipfalioch. Kaamcrjbch, îktotoch. Kapfevic ? Kannoch Angiti- foch ? Nivingarfoch. Neakau, lia. Tirugafnuka k au . Magnars. Ungefekau* Ernouffé , Ennemi, Etroit " Fâché , Mauvais , Fin, fubcil def- pric \ Fort , Gliffant, Gras 9 Haut, Hébété , Jeune, Impudent, Inégal, Joyeux , Laid , Léger, Lent , Long , Maigre 5 Malicieux , Menteur , Mince, Etroit , Miférable , Moyen , Médio- cre , Neuf. Ipkèkan. Kigagnakau. Tettopa. Ningdttôch. Sillakactock* Nckoakau. KoaJJekaù. Podlekaù* Teckekau. Sillakangilach* Innufutock. Iktougilach. Manneekaà* Tappacioch. Vinmitforfuadu Okichpoc. Tuevekaà, Teckekau. Sellokaà. Akpalingnach 9 n^ najfuach, Seiglotorfuach* Saakauà. Fiard* Kajlilekau* Nutdjiaçho D d î| i %i6 Pareiîeux, Tigach. Pefant, difficile, Okimoakau. Petit , Mickcrfunguacfif Peu, Ikkehau. Pieux , Kablumiach. Plein , Ullikartoeh. Plufieurs , Imanenich. Pointu , Aigu , Ippechkau. Proche , Sanniane, Prudent , Sillakauochp Quelques-uns , Illei. Querelleur , KaJJekau* Riche, PiJJœckichfor* fuach. Ronge, Aupallâtuch. Salé, Tarcoch. Sec , Pennakau. Si grand, Taima a?îgitifochi Sourd , Tujfîliaactoh. Spirituel, Silliackactoh* Stupide, Okaifoch. Superflu, Amarkkin, Supérieur , ea- Povanè* haur„~ Tel, Emaitoch. Tendre , Samivochf Timide, Nartujbch9 Tous & chacun, Tomarmiçt ' Trifte f Vieux , Vite , , Uni ? (impie y Vuide , Alliufatoch. Innekoakau. Tueviokau. Mcnnipàh , nipoch. Nangatoch. JÏ7 Mm* VERBES. N. B. Le Groenlandois eft en troijîéme perfonne du Temps prêfent. A Bbatcre' ,- je-t- ter tus , Accufer y Acheter r Aider , Aiguifer ,. Aimer , Aimer récipro- quement , Aller , m'en Aller 3 m'en Aller en ca- chette y N Eckactîpà* Pafjud. NivcrnactopocK Killoà. Epickfapà> Neglipoch. Ackingacpa* Pijfapoch. Aulapoch, Taripoch». D d ii) , I ne pas vouloir Al- ler avec 3 Allumer, 'AmafTer, Annoncer 5 Appaifer, Appartenir , Appeller, nom- mer, Appeller de loin ] Appeller pour en- .'■frer , Apprendre une nouvelle. Approcher , Approcher cîu foir , Arracher, Afpirer à quelque chofe , m'Afïeoir , Affomme.r , Attendre après, Avoir , Obtenir , Avoir du bien en propre 5 Arparamangîlac* Eklchpà > Ekic- kakpà. Ekittapoch. Okariaclcpoeh. Tiglipoch % Iman- gechpoch* Pk. Aitfdpoch. Tanchfachpa\ Toch» lecpâ* Ijjlrkûà. Tauchfachpk* Innungilâ* Unnulecpoch*. Perpk j Perloàu Neniopoch. Inipoà. T'okappà. Utaekya* Pyà. Pekerpoch* ■J Avoir envie de EcPJînakaurù, quelque ch afc, Avoir faim , Kalekaupoch* Avoir à man< *er, Manatopoch. Avoir des foi as, Alliufapoch. Bâfrer, Kungajupoch, Baifer , Kunichpoch , qui veut dire- pro- prement/^tfrsr^ parce que les Groenlandois pour fe baifer , ne font autre chofe que met- tre leurs nez l'un contre l'autre. Battre , Fraper, Tiglupà. Bégayer , Iptorechpoch. Boucler, Ekichfapoch. Bouillir , Kallakàluchpoch* Briller, Kibiaripoch. Brûler , Opa. Cacher , IJfarcioph, Cacheter , Tichjîapock. Chanter , Imnachpoch, Charger , Anniph. Chauffer , Keierfapoch. Chercher , Ap- Ujarepoch , AvlK porter, Dd iiij m:.. 31Q Choifir , Coller, Commander, Comparer < Conjcéhirer, Connoître, .Conferver, Gar- des* Conter, me Coucher ; Coudre, Couler , Couper , Courir , Courir en cercle, Couvrir, .Cracher, Crier, Crier fur quel- Croire, Préfumer, qu un , Creufer, Croître, Cuire, Danfer,- Péchirer , Imangechpoch, JWaijuapoch* Ineppœ. Kapiropà* Ekoppam, Iglfferà^ t Manopk. Kijjîpoch. Irmachpech. Mechfopoch* Pucîavoch. Kippuk. Akpapocb* Kavipoch* Martuach. KtJJachpoch, Nibbliafochi. Toc/ecpà» Averfopoch, Nallccpoch , Op~ pecpoch. Agliock > Aglakau* Kolacpaluichpoch s Igavoch. Ketichpoch. Ajferocpoch Dégoutter , Cou- ler, Demander , Déplaire , Defîrer , Defirer une chofe, Defirer une chofe avec emprefle- ment, Défifter ; Céder , Defferrer , Devenir chaud , Devenir jour , Devenir jufte , exad, s'ajufter, Devenir trouble , Dire, DiflbudtrCy Donner , Donner le nom , Donner en pré- fent, Dormir , Dreffer , Echauder , m'Echauffer 3 Ecrire „ Gujffilapocb. \M jlpperchfopoch. Narroah , Pckîjïh mooch. Piomooch. Nerriapoch* Irchfupà* Sorapoch» Macuachpœ. Kirjalecpoch» Kaulapoch. Kaitjapoch. Tuffilectfungopoch* Okalupoch* KilUrutapk* Tyma>\ Aitfapoch* Tynia. Sinipapoch*. Narriacpoch. Nappuà, Kijfalapoch. Anghchpoch* r*J *f 322 Ecouter, m'EfFrayer , Emporter, Oter Emporter en cou palic 3 Emporter en ra- clant , Endommager , Enfermer, m'Enfuir "9 EngralfTer , Enfeignef , Entendre, Ecou- ter, Entrer, Envelopper Errer , Effayer , Tenter, Eteindre , m'Etendre, Eteroner, Etreabfent, Etre en arrière , Etre attendu Etre battu , Etre bien portant, Nallacpoch. Eifikanga , Tapec- farpk, Auiapoch, Uhcîi- • pà. - Kippud, KiUlactopoch9 Petlcca. IJfertipà. Kimavoch. Fuellopoch. Ajakorfopk. Tujjachph. Ifarpock Imupoch. Tamapoch* Aciopoch. Kamichpocb* Tèitfzcpk. Tarripoch. Maningilk* Unicpoch, Maviapoçh* Papoch. Toko7ig'ilachpo.chi Etre blanc, Etre bon pour ce- la, Etre chaud , Etre couché, Etre dehors , Etre effrayé , Etre épuifé, Etre fier , Etre gros , Etre jeune, Etre inquiet , Etre joyeux , Etre malade , Etre mouillé , Etre ouvert ^ Etre préfent 5 Etre réjoui y Etre fage f Etre fale s Etre fauve , Etre ftupide , Etre tranfparent j Eveiller , Fâcher quelqu\ui, me Fâcher, me Fâcher de quel- que chofe^ . Kakocpoch. Aktungila. 3% Qnakau. Innaponga. Sil/amapoch. Tuppakau , Aurîf- lapoch. Nukakangilach. Makitavoch. Ipfokau. Innurfutoch. Eljika. Tappacpoch. Nepachjimaroch. Kaufecpoch. Magerfimavoch* Manepoch. Sacmapoch. Sillakapoch* Apperchpoê. Tuppacpoch. Nungnpoch* Kiblaripoch. Tupachpà*. Nugacjfapoh* Ningapoch. KingagnakaM, Faire , Faire attention à quelque chofe, faire fes befoins, Fendre , Fermer , Finir , Fléchir , Cour- ber , Flotter s Etre em- porté par les flots É Fraper à !a porte , Frotter f Garder , Serrer , Garder rancune. Gâter , Goûter , Gouverner un ba- teau ,. Grandir, Grater , Guérir, Jafer , Jetter -, Ignorer une cho- je, LaiiTer voir 9 Senoa. Nacliapochs Annolapocht Koppuk. Matua. Navopoch* Niuktipoch, Ajaciapoch, Kaupach* Aggîapoch, Tbkoppà. Anakfatopocha AJJerolecpa* Oktopoch. Ackopoch» Aglilecpoch* Killiacîopoc, Kaitfapoch. Qkaluppoch. Egigppk _ NMolarrûtjîoch, Attagog* 5*1 Laver , Eruciopoch* Lever , Aider à Nekucpoch. relever , Lier , Killarchfopochl Limer, Ajoupoeh. Louer , Ofougà. Manger , • Manetopoch. Manquer foti Tamapochy Pekàn% coup 9 gila. Marmotter 9 Katamaapoch. Mettre au mon- Ernyoçh. de, accoucher > Montrer, Ajekarfopa. Mordre, ronger } Tauforpà , MangU poch. Neiger , Kanichpoch* Nuire, Pctlcka. Obéir , Inertipoch, Obfcurcir , Taapoch. Obtenir , Pyà. OfFenfer quel- Iglùpigk, qu'un, .Offrir , Kœeckà. Orner , Pinnerchfapà. Ofer", S ' appiunailanga* ne pas Ofer/ Sappertoch, Oter , Appà. Oublier , Puipoch* 4Ïf Ouvrir s Mataacpa ou Ma~ îuerpoc^Eiterch* poc. Parler , Okallopoch. Paroîcre ou fenv - Mittapoch. bler d'être , Paffer devant , Kangipoch. Payer , AckilUrpoch. fans Payer , Ackikangifoch. Pêcher , Aulifarpoch , A~ moupoch. Peigner s ILlajupoch. Peller , Auvicapoch. Penfer fur quel- Ekarfapoch. que chofe, Perdre, Tamapoch. Piquer , Kappuâ. Pleurer , Kiavoch. Plier , Kimacpa. me Plonger, Kivià-, Porter, (oûlever, Tynracpoch . Porter bonheur, Mellupoch. Porter coup , Erckapa , Tockopà» Porter dehors, Annicpa. Pouffer en avant , Egichpoch, on Au- lerioch. Pouvoir , Ajungllach* ne pas Pouvoir , Ajapoch. Preffer , Préfumer , Prêter , Promettre , Prononcer à hau- te voix , Protéger . Quereller , Racler, Racconter , Rajeunir, Ramer dans une barque , Regarder , Con- templer, Réjouir, Relever , Reluire , Remplir, * Renforcer , ref- ferrer , Reprendre , Réfoodre , Refpirer , Refter en place , Retenir , Retourner fur fes pas, Imacpoch. Ifumavoch. Attopa. Kîvîckpà. Syanapoch, Sarnia. Nallacpoch, Kil/iacïopà. Okalupoe. Umafarpaeh0 Epupoch. Irfigk Imangecpoch. Kanaclapoc. KMaripoch* Uglikarpoct Ivertippà. U ter dp à. Ki/lamkfapoch, Anafatochimacpâ* Unigioch. Sorapoc'h 3 Pahla- poch. Utechpoç, n$ Réveiller , me Réveiller , Revenir , Rêver , Revivre/ Rire , Rompre, Gaffer, Rougir de honte , Saigner , Sauter , Sauter en fair , Sauter en bas , Saucer par deflus , Sécher , Sentir des re- mords de con- fcience, Séparer, me Servir , Em- ployer, Siffler, Sorrir , Sortir an jour , S@n,ffl?r , Suivre, accompa- gner , Suivre , Imiter, Eterfaph» Eteckpoch. Tickipoch. Sinitopoch. Umapoch. Iglapoch y Sickon* gapoch* Nappuà. Iktépoch. Meitrapoch. Naingilapocb* Mejiksà. PI g lac h. Akimochpa. Pennerckfapà, Angechpoch* Ackfapà, ' Artopa* Kar'upoch. Annioch. Nucoch. Salluapoeh, Aiparà. Aiallcpà. Surmonter, Sdrmonter ; Sufpendre , fe Taire , Teindre, Colo- rer, Tenir, Tomber , Tomber à terre , Tonner , ToufTer , m'y Tranfporter, Travailler^ Trembler ,. Trieotter , Tromper quel- qu'un , Trouer, Tuer, a (raffiner, Vaincre quel- qu'un, me Vanter, Veiller, Venir , Ver fer davanta- ge Vieillir, Tofm II* 325 ^Angileka. Inniooh. Nepangîpock Agkpoch* Sibbipochm Orlooch. Neckapoch* Kallecpoch. Kueflopoch. Ufiachpà. Senoà. Sejucpot. Kellerfopàc Aliufapà* Aperchfopa. Tockppày TokoUeh- poc. A3ungilk.< Ofouropoch. Erkommavoeko* Agacpoch. &oyà. Uttokarfimrtgo^ poch. . ' ■îjo; Vifiter , Tickerapock Voir , Teckoà. Voler , TiglipocR. Unir, polir, lifler, Manicfarpà. Vomir , NorriachpocK .Vouloir à la fin Piomoodu- l'avoir 5 ne pas Vouloir \ Piamangilà. Uriner,, lioyoch. Uferles foulters, Kamillapoch. ADVERBES. Ui ,. J\p , ftâftj Non 5 Nagge 9 Oui certes , Songong. PR ONOM S. M Toi, Lui % Oi IL Nous , Vous^ 1 Anga, IbbVu Una , Ubb.a % Tau* na* Ï7agat\ Illipfc* 3 3i. lis: OcJco rtauKo. Le, Macko. Quelqu'un , Ilkc. NOMBRES. U N, j\ Ttaufe $ Deux, Marluc. Trois , Pingafut* Quatre 5, ■ Slffimat. Cinq, Tdlhnat„ Six , Arbonec 7 Sept „ Arluh 3 ou Arêo* me Marluc. Huit, Arboncc pingafu£>: Neuf y Kollinilloet* Dix, Kolluh. Onze 3, Arkanget, Douze , Arkangtt Marluc. Treize , Arkanget pingafut^ Quatorze, Arkangtt fîfjimat. Quinze y Arkangtt tellimat* Seize, ' Arbafanget. . Dix feprr Arbafanget marluc** Dix.- huit 3, Arbafang&t pinga^ fut. ■ E- e n H\ Dix-neuf. Vingt, .Vingt- un , Arbafangetjîffîmat* Arbafanget tdli- mat* Ugna\ Expressions Familières, A Tiens un peu , Vorkh* Où cft.il? Nau? Donne- moi cela , Kaifut. Tiens le voilà 3 Aich. Je ne J'ai pas eu -, Pingilanga* Eft-il permis , Oferois je ? Narch. Ceftcaffé, Aliktonîch. .Qu'efece que c*"eft ? &**. fJe ne fçais pas ce que c'eft , SumMê&L Viens ici , Kackelt. Va-t-en , Aulareit. rÀffis-toi, Inïtit. Leve-toi, Neknetit. A qui appartient cela? Kiapmi Comment ce!a.s'appelle-t-il? Kina 0 bli>- Comment s'appeîle-t-il i KtyaJ*. Je ne fçais pas fon nom , Kiname. Combien en veux-tu ? Sumik Kichfa? jCiu'eft-ce que cela te coûte ? Sioma* ckia? 3 f$ Queiice qui Ta fait > KUJenoa} Montre-le-moi avant, Kamelor/oa. Donne- ie-moi 9 Tyniecl ou Tynidâx Pais- je lavoir? Piglaeitf .Viens ici , Kaijoma. Ote-toi de là , Sackiomït. Va le chercher , Agïuch. Contenons quelque chofe, Okalac^ tuarrit. Voici , Areit. Laiffe cela , Tamaile. C'eft l'ufage 5 Taima Pi/Jeragut. Ote-toi de la lumière, Tarutateit. N'as-tu pas peur de lui l Eicbjirigf^ liuch ?" A quoi fert cela ? SucUfaci ? Aujourd'hui , Voitfach. {Je m'en vais , Epeifach. Cela n'en; pas à moi , Piingi£& N'eft-il pas vrai ? Illà à Demande-lui, Attiuh. Qu'il vienne ici, Okaile: Dépêchez-vous, Allons :, Ajjiorufi: Voyons 5 qu'y avoit-il ? Kannoih tl Ou vas-tu } Sufuith ? Qu'eitce qu'il a? Sullckai' Chez qui ? Kimit ? Pépêche-toi x Aekoniu ! Ce matin ? Akkago: Je ne t'avois pas vu encore , Teckor?- gokagiL Au Caîrne , quand le vent fera appaU (é ,. Amnoe Niptapet. Tu Pavois dit , UJzma. Je te connais 3 Iliferaie. - Quand je l'aurai achevé 5 Innorocko^ T'a-t'on donné à manger \ Aîamtë- topût ? Je n'ai rien eu à manger , Marna tun* gilangà, ^ Ne m'avois-tii pas vu auparavant f Teckongïochpiuga ? Tu as manqué ron coup , Tamma kau* tir. Emporte cela avec toi s Nachfalucî^ Goure-le , Attagb. Un autre jour 5 Kaupk. Dis-ie3 Okàrçit. Prie* le de cela , Inner/ucfa* Quand il fera beau j Kaffapk. Vois la mine qu'il fait , Tagijhug&. Cela eft-il vrai i Acit ? Il n'y a pas longtemps, Ipfacho Ils étoîent partis 5 Aulametâ, Ecoute , Ailtà. Encrer ai- je 1 îfarloem^ A la place , Irma. Ceft la même chofe , Sorlo* S'il augmente , Angikanget. Une partie , Illeo. Je le trouve joli , PingefagiK J'ai fini l'affaire 3 Nauackà. L/as-tu fait l Sonoiuch iU N'entens-tu pas l Tus JiLikek ? Fais-le, Senau. Retournons-nous-en chez- nous, Am* gerlatà. Qu'eft-ce qu'il a dît ? Suaog ? En quel endroit > Sua ? Je te Pavois bien dit , Ima pioloppoit* Tais- toi \ Nepaugarit. D'où l Kickud ? Par-où ? Suckud ? Mais il étoit endormi, Sinipœrameo, Si ru en manges, cela te fera mal-,, Norriocko Igmenio Pckennoatk^ Je te battrai , TigUfsugôit. C etoît de cette grandeur , T aimez attichfoch. Je fuis devant toi , Seiglokitpogiu La première fois , Singurlamic* La féconde fois , Kingurlamic H l'en a prié ^Tuchjîachpatit v Puis-je m'affeoir ? Irzgerlaai M Voyez-vous le méchant? Inerchtijfà Uni foc h Tauto Kœumœ} Il ne s'embar'aCe pas de toi, Imrclijpin* gnilatit. Ce n'eft pa*s une grande merveille y Ajonnaingiloch . Ne t'embaralîe pas de cela,ce n'eft pas ton affaire. Pinnich kafdppoit* Sors d'ici , AnneiL Promet-il quelque chofe > Kannoch îlleluo ? Veux-tir l'aller chercher ? Agiucheit ? Veux-tu venir avec moi? A iparlingeitï Sortons -, Sillamul Pifà. Je le crois chez Lui , Kamenekokan^ Il l'honore , Nallacpatit. Car ils font las , Kdjfokangamoc. Inintelligible , NMonekœu. Laiiîe-moi achever cela auparavant^ Senetorlogo. Il eft déjà arrivé, Mave pyock. Fayez-le-moi \ Ackillikit. Ne le laiffe pas tomber , Nekatfoimu*'. go. Un Voleur, Tiglikajuciunguach. Si tu ne peux pas, reprens-le , Ajoro^ ■ ko kakiuch, ïl dit y N&ngminucti* H'n'cft: 1Î? Il n'eft pas habillé, Tamma kangilach; Je le croyois tel , UJiùbba. C'étoit précifément comme cela ; Su* na ubba. Nous venons trop tard ; Kiugochpo- gui. Qu'as- tu achetée Sunicpiffïvit? Qui eft avec nous > Kihméfr* ? Sur le champ , Tarfanè. Il veut que tu y fois , Terfaehoàtfa Je te crois , Opperrakàgit. Je veux encore l'avoir \ Piomalloap* " POÛgA. Je le comprens-bien 9 Nellonginnapê- cka. Voyons , tu vas trop vite , AttMt* tuoviorlotit. Il s'en va , Smminut fajapoch. Tu en es le Maître , Ockonut naltci gàotîtf, Il n'y a pas à rire , Tipfineingilaee. Cela ne me plaît pas , PiomîmingU l lack. Un lieu habité par beaucoup de mo®r de , Innuïhoçhfuit. Tome IJ9 Ff iï$ C ON J U G A I S O N DU VERBS ^EQLJGPUNGA OU Ne G LIS S An RAUNGJ. 9 J'aime. MODE INDICATIF* TlMPS PRE SENT* T'Aime, Megfigpunga ou NegliJJaraunga., Tu aimes , NèglipotU ou Neglifaraviu Il aime , Negligpàch ou NegUJfarau, Plur.'Nous ( plufieurs ) aimons^; Megligpogiït ou Neglijfaragut. JDuaiis Nous ( deux ) aimons*, Negligpoguk ou Neglijfàrauk. .Vous ( plafieurs ) aimez , Negtigpoufe ou Neglijfarai/fe. Vous ( deux ) aimez. Negtipoutïch ou NegliJJarautik» Ils ( plufieurs ) aiment. fèfegligput ou NegliJfafaMt* H 5 31? Ils (deux) aiment. Xeglipuk ou NeglifaruL Ainfi de même le Verbe Négatif Ne. glingildnga , je n'aime pas„ Ne- glïngilanga 9 NegKngilaiit, Neglin- gilak , Neglingilgut 3 Neglingiauk* Neglingilafe,Neglingilatik, Neglin* gilet , Negiingilek. Les Pronoms & les Particules liées avec le Verbe (ParticuU fuffixa) oc* ■cafionnenc encore de nouveaux chan- gemens dans les Terminaifcns , con&* me , par exemple : Negligpdgit , Je t'aime, N'agligparma , Tu m'aimes. ^ Cependant il faut remarquer, qu'în- cîépendamment des Inflexions & Ter- tninaifons différences des Verbes on fe fert fouvent des Particules & Pronoms fuivans pour exprimer certaines per- sonnes tant en fingulïer qu'en pluriel comme I/anga , Je. Mit, Tu. Ômo] Uno y Tauno , Il , E!îe j Le. Uagut, Nous. Uaguk, Nous deux. Illipfi È Vous. IUihtik, Vous deux Okko $ Tauko , Ils & Elles. Par exemple s Ntgligpaufe 9 Je vous aime. Uagut Negligpaufé» Nous vous aimb'ûs/jVÛ Ffij 8 *Q gligpanga y , Il m'aime. (Mo Néglige pdnga. Ils m'aiment. Mais ordinaire- aient ces Pronoms font fous-entendus dans le fdifcours , par ce .qui précède J'exprçffibri, par exemple, GW iVer gligpddgut, Dieu qui nous aime, /*»«/> Ncgllgpatigut ? Des hommes .qui nous aiment. Inflexions oiiTçrminaifqns différentes. Je t'aime , Neglïgpagit ou Negligpaukit ou Nf- glijjdragit. Je l'aime , Negligpœra ou Neglifaragat Te vous aime , Negligpaufe ou Neglifaraufe, Je vous aime vous deu^ ^ Mglipawk ou Neglijferajitik. Je les aime , ffygligfmfkd ou Ncglijfaracka. Je les aime les deux , iïfègligpatcka .ou JiïtgliJfertïkGf Tu rn'aimes £ jtfegligpar.ma ou Neglijfaragma* Tu l'aimes, M§gl.igpU on Ntglijfyrçt, !*■ M Tu iléus alrne^, Negtîpaurigut ou Negliffarautlgirié Tu nous aimes nous deux, Neglipautiguk ou Neglijfarautigùkj Tu les aimes, Ncglipatit ou Negliffarautit (taukof Tu les aimes les de ut, Negligpatik ou Neglijfdratik -{êaukof II m'aime , Nigligpdngd ou Neglijfardngéiv Il t'aime ; Negligpdtit ou Neglijfardùto' Il l'aime, tâegligpd ou Negliffard* Il nous aime , Negligpatigut ou NcglijfaratigiiÛ Il nous aime nous deux , Negligpatiguk ou Neglijjaratiguki Il vous aime , ? Neglîgpafe ou Neglijjarafi. Il vous aime vous deux r Negligpatik ou Neglijpiratik* Il les aimei Negligpéi ©u NcgUffaréi. :i Il les aime les deu% Negligpek ou NegliJJarek* ffiij * 34* Nous t'aimons , Ncglïgpaûtïgit ou Neglijjaraùtigit* Nous l'aimons , Ncgligparàput ou Ntgliffaraput* Nous vous aimons r Neglipaufe ou Neglifflaraufe. Nous vous aimons vous deuxt Ncgllgpautik ou NegliJJarautik. Nous les aimons, !Trf#&0 Negligparput ou Ncglijjaraput* Nous les aimons les deux -, ÏW&o Negligparpuk ouNeglijfarapuk* Vous m'aimez , 'Ncgligpaùjînga ou Neg/ijfaraujînga». Tous l'aimez , NegHgpauJînna ou Nigliffaraujînna*- Vous nous aimez, Negligpauslgutou Neglijfarauslgut^ Vous nous aimez nous deux, Neglïgpaujzguk ou Neglijfaraujtguk>. Vous les aimez r Negligpauji ocko ou Neglijfaraujîocko* Ils m'aiment , Tauko ou 0c£ Negligpatik ou Neglijjaratik. - Ils les aiment , Neglihpeit ou Neglijfareit. Ils les aiment les deux,, Negligpeick ou N&glijfareick. Ainfi de même le VerBe négatif: Weglingilagit , Neglingilara , Neglin~- gilaufe , Ncglingilatik , Neglingihi^ ùk&, NtglingiUcka &c- PRETERIT. J'ai aimé, ou faimoisy Neglitunga. Tu as aimé 3 Negligtotit. Il a aimé, Negllgiuacpoc * ou Negeligtok^ 1 £ iii>> 944 Nous avons aimé*, Neglitogut. Nous avons aimé nous deux ^ Neglitoguk. Vous avez aimé, Negligeofe. Vous avez aimé vous deux9 Negligtotik. Ils ont aimé , Ntgligtuacput , ou Neglïgtut. Ils ont aimé eux deux, N&gligtuacpuk , ou Negligtuk. Les Particules liées avec le Verbe font ici les mêmes qu'au temps pré- sent , & leurs inflexions font comme il s'enfuit : Je t'ai aimé, Negligtuacpagii , ou Negtigkiukît* Je l'ai aimé 9 Negligtuacpara , ou Negligkiga. Je vous ai aimé , Neglictmacpaufc , ou Negligkiufe* Je yous ai aimé vous deux, Negligtuacpautick 9 ou NegligkiutiL Je les ai aimé, NegHgtuacpacka s ou Ncgligkiukà. m 'Je les ai aimé les deux , Negâgtudcpicka , ou Negligkicka. Tu m'as aimé, Negligtuarepagma , ou Negligkagma* Tu Tas aimé , Ncgligtuartpet > ou Negllgkk. Tu nous as aimé, Negligtuarcpautigut , ou Negligkiutlguts Tu nous as aïrîié nous deux , \Negligtuarepautiguk , ou Negligkiuti^ gaL Tu les as aimé, Neglïgtuacpatit , ou Negligkitit. Tu les as aimé les deux, Negligtuacpatick , ou Negligkikit* ou Negligkatick* II les a aimé , Negligtuarephi y ou NegligkhL II les a aimé les deux, Mgligeuarepik 9 ou NegligklL Nous t'avons aimé , Megllgtuacpaûtigh ■ , ou Negligtiutigït. Nous l'avons aimé, Mgligtdcpaput 9 ou Negligkiput* Nous vous avons aimé,.. Negligtuacpaûfe y ou Negliggkiufe. Nous vous avons aimé vous deux £, Negligtuacpautik ,..ou Ncgligkiutik. Nous les avons aimé, TaukoNcgiigtuacpaput ouNegligkiput.. Nous les avons aimé les deux , Ta/^o Negligtuacpapuk yo\iNegligki- puk. Vous m'avez aimé , Negligtuacpaufinga > ou Ncgligkiujim* g** Vous l'avez aimé, ^g^gtuacpaufiuna.p\\NcgligkiuJiuna^ Vous nous avez aimé , ^gligtuacpaujïgut, ou Negligkiufigut»- Vous nous avez aimé nous deux , ^gligtuacpaufiguk^xxmgligkiufiguk.. H7 Vous les avez aimé , Wegiïgtuacpauji ocko , ou Negligkiuji ocko' . / ï j Vous les avez aime îes deux, Negligtuacpaujî ocko > Ils m'ont aimé , Tauko Negligtuaçpanga.ou Negligkam ga. Ils t'ont aimé, Tauko NegUgtttacpatit> ou Negligkatit* Ils l'ont aimé , Tauko Negllgtuacpah ; , ou \ Ncgligkact. Ils nous ont aimé , Tauko Ncglituacpatigut y on Negligka* ^tigut. Ils nous ont aimé nous deux ,, Tauko Negligtuacpatiguk y ou Néglige katiguk. Ils vous ont aimé, Tauko Ncgligtuacpafe , ou Neglïgkafel Ils vous ont aimé vous deux , Tauko Negligtuacpatikou Negligkatikl Ils les ont aimé , Tauko N&gliguacpdt * ou Negllgkdt. 345 N. B. J'ai remarqué certaines Anamâ lies dans les différens temps mà'Js dont jufqu'à préfent je ne fearirois rendre raifon faute d'une connoiflan- ceindme de cette fmguliere Langue. Les inflexions duVcrbe Négatif font les mêmes comme ci-deflus , comme N^rtgufunga,mslingufolit>NeSliZ gitfoch &c. ô Ainfi de même avec les Particufes fiées au Verbe, comme Neglingituac' pagu ou Neglingikiukit , Neglingituac* para oh Neglingickigà. &c. FUTUR. J'aimerai , NegUjfounga. Je veux aimer , Negligomapotihgœ; Tu aimeras -, Negliffoétit. Tu veux aimer , NegligomapoM. U aimera, Neglitfoock. Il veur aimer , NegligomàpocL Nous aimerons, Neglifogue. Nous voulons aimer , Nigligomafôgût. Nous aimerons nous deux,Neglifoguk. Nous voulons aimer nous deuxJVWiï. goma-poguk. M? ¥ ous aimerez , Neglijjufe. Vous voulez aimer , Negligomapofe. Vous aimerez vous deux , NegliJJutik. Vous voulez aimer vous deux , Negli* gomapotik* Ils aimeront , Neglijjapùc, Ils veulerçt aimer , Negligomapue. lis aimeront eux deux , Neglîffapukf Ils veulent aimer eux deux , Negligoma. puk. Le Verbe Négatif fe conjugue de même* Je n'aimerai pas, Negïiffingilanga. Je ne veux pas aimer , Negligomangi- làaga fat* tes Particules liées avec le Verbe font ici les mêmes qu'auTemps prêtent? Je t'aimerai , Negliffoaga* Je .veuic l'aimer , Ncglijfara &c, MODE IMPERATIF, Aime , Ncglîgniarcit 3 ou Ntgligit* Qu'il aime , Neglile* Aîmçz , ^ligiaritç 3 ou Ncgliguf§? ;B5# Aimez vous deux 3, NegligitiL Aimons, Neglittà* Qu'ils aiment, fflegligit. Qu'ils aiment eux deu& ^ Neglilih Les Particules étant liées avec le Verbe» NEGATIF, Aime-moi , Meglinga* Neglingnarzga Aime-le, Negliguk, Neglignagol Aime-nous, mgligtigut. ^ Negligrzata. Aime» nous deux \ Negligtiguk. Neglignaguk: Aime.les, Ngllgkit. Neglignagit. Aime-les deux , NegligkiL Neglignagik. Aimez-moi , Neglijfinga. Neglingnanga, 3*1 Aimez-le , Weglijfiguk. Neglingnajiuk; Aimez-nous , Mèglîpgm. Ntglingnmîgwti Aimez nous deux , NcgliJJiguk. N^glingnatiguk Aimez-les , Negliffigkh, Nèglingnajîgiti Aimez-les deux , NegliJJikik. Neglingnajigiki Qu'il m'aime , fflegliglinga. Neglingnangal Qu'il t'aime, ÈJegligliJït. Neglingnatit* Qu'il nous aime , $?egliglijîgut . Ncgllngnatiguti Qu'il nous aime nous deux , Meglig/ig^k . Neglingnatigukl Qu'il vous aime , Meglîglife. Neglingnafe* Qu'il vous aime vous deux , * Ncgliglllkit. Neglingnagitî, Qu'il les aime , Nzgtiglijigik* Jtfeglmgnatlgikl Qu* Is m'aiment d 'Ocko Negligninga. Neglingnanga, 5f* Qu'ils t'aiment , Ocko Ncglijit. Neglingnatitl Qu'ils nous aiment , Ocko Negligtijigut. Ncglingnatigut. Qu'ils nous aiment nous deux , Ocko Ncgliglifiguk. Neglingnatiguk* Qu'ils vous aiment , 0.cko Negliglife, ' l Nzglîngnafe* Qu'ils vous aiment vous deux , Ocko Mgliglitîk. Ntgl'iTîgnatikl Qu'ils les aiment, Ocko Negliglifigie. Neglingnatîgit. Qu'ils les aiment les deux , Ocko Negliglijîgiks Neglingnatigika MODE INTERRQGATIF. Aîme-Je , Aimes-tu , Aime-t-il, Ai^ions-noug, Aimons-nous deux s Aimez-vous , Aimez-vous deux , Aiment-ils , * Aiment-ils deux, Neglipunga* Negligpit. Negligpa. Nzhligpogut. Ncgligpoguk. NegligPlfi- Negligpitik* Negligpait. Negligpaik, Le Le Négatif eft de nié me. NEGATIF. M'aimes-tu* egugpinga . Nzglingillngd* M'aime-t-il, Negligpanga. Neglingllanga; M'aimez-vous 9 Negligpijïnga. Negïmgilafîngd* M'aimez-vous deux , Negligpitinga. Neglingilatinga* M'aiment-ils , Ocko Ncgllganga. Ocko Neglingilanga* M'aiment-ils eux deux, Negllgpaingdé Neglingilainga* T'afme* je , Negligpâgit. T'aime-t-il , Negligpatit* T'aimons. nous , Negligpantigit, T'aimons-nous nous deux, Negligpati- tikit. T'aiment-ils , Ocko Negligpatit* T'aiment-ils eux deux, NcgligpatîK L'aîme-je, L'airnes-ttfj L'aime-t-il , I/aimons-neu-S^ Tome IL Negligparaj Ncgligpigukm Negligpau* NêgligpurpuS* 0# L'aimons-nous deux / Negligparpuk^ L'ai mez- vous , Neglivpijîuk* L'aimez-vous deux , Negligpicko*- L'aiment-ils , NegïigparfuL L'aiment-ils eux deux 3 Negligpecka* Ainfi. de même le~Négatif > Nous aimes-tu, Ncgligpeutigut^ Nous aime-t-il , Ncgligpatigut. Nous aimez-vous, Negligpïflgut. Nous aiment- ils , Ocko Ncgli%patU JLe Prétérit & le Futur font les mêmes- que l'Indicatif, MODE SUBJONCTIF, Ce Mode, qui fe régit par la Parti- cule Fui/que 9 Si $ &c, forme encore de nouvelles inflexions , par exempler De même le Négatif. Si j'aime , ffleg/ïgkaitgama. Negliginmama*. Si tu aimes , Negligkanguit. Nzgliginnavit, S'il, aime, Ntgîhgkam^ame, Negliginnamz* &c+ Si nous aimions , Si vous aimiez, S'ils aiment, NegligKangwta. Negligkangeufe. Negligkangamu oti meta. Etant Hé avec les Pronoms g Si je t'aime ,. 'ffiegligkangatuka , ou Negligkankit^ Si je l'aime , Negligkangoike*- Si je vous aime 5 . Negligkangoike^ Si je les aime , Negligkangeufe. ; Si je les aime les deux, Negïigkangekîi;* Si tu m'âimesy Nhgligkagma. Si tu l'aimes ,., Negligkauko,- Si tu nous aimes , Negligkangeûtïgut, ou Negligkaùtigm* Si tu nous aimes nous deux, Tsfegligkangeutiguk r. ou Negligkaud^ guk. Si tu les aimes , Negllgkaukiti- Si tu les aime les clèur, Negligkauh^ S'il m'aime , WeglïgKdminga. S'il t'aime y WtglïgkangztïtyOïL Ntgligmatik» • %1$ 35* b S'il l'aime % Negligkamiuk. S'il nous aime , Negligkangijîgut > ou NcgligkangatU S'il nous aime nous deux, Negligkamijiguk , ou Negligmatiguk. S'il vous aime, JSTcgligkamifc. S'il vous aime vous deux ? Negligkamitik. S'il les aime , Negligkamigit , ou Negligkangamigi^ S'il les aime les deux, Negligkamigik. Si nous t'aimions , Ncgtigkauùgkk , ou Negligkangeu* ligkit. Si nous l'aimions , Negligkangeutico , ou Negligkaurigo; Si nous vous aimions , Negligkangeufc , ou Ncgligkaufe. Si nous vous aimions vous deux, Negligkangeutik. Si nous les aimions , Negligkauùgit , ou Negligkangeutigit. 1M Si nous les aimions les deux 9 Negligkautigik* Si vous m'aimiez , iJcgBgkangeuJinga ou Negligkaurift* %a- , . . Si vous Taim-îez , Negligkanguejînga ou Negligkaujîuk* Si vous nous aimiez, Negligkangcujïgut ou Negligkaujîguf* Si vous nous aimiez nous deux , JStegligkangeuJiguk ou Ncgligkaufi- Si vous les aimiez , Negligkangeujigit ou Negligkaujigit* Si vous les aimiez les deux , Negligkangeujîgik ou Negligkaujigik,* S'ils m'aiment , Tauko N egligkamminga* S'ils t'aiment , Itf «£o Negligkangatit , ou Negligrfia* tit. S'ils l'aiment , 7V*#£a Ncgligkamiuk , ow Negligkan** gamiuk. S'ils nous aiment , Negligkamiguk. S'ils nous aiment Ncgligkamigfigute jîous deux , ' ■i. f§§P Qu'ils vous aiment, Negligfcamîfe: Qu'ils les aiment , Negligkamigu ou Negligkangamigu^ Qu'ils les aiment Ntgligkamigik^ les deux , Pour que j'aime , Pour que tu aimes, Pour qu'il aime 9.. Pour que nous ai- mions-,. Pour que nous ai- Negligkoutik^ mions nous deux; Pour que vous ai- miez , Pour que vous ai- miez vous deux, Pour qu'ils aiment, Negligkoma; NegligkoU. Negligkone. Negligkoutui Negligkofe». Negligkq/iL, Negligkomiû. iom qu'ils aiment Negligkomik* eux deux ,. le Négatif eft de même* Si j'aimois 3 Si tu aimois 5 S'il aimoic , Si nous aimions , Neglifflarangoma* Negliffarangoit* Neglifjarangonc* Wegiij/ara&geutœ* Si tous afmîez y S'ils aimoient ^ ffieglîjjarangeufe^ Neglijfarangeta*. Je, Tu, H, Nous , Vous, Us, Ntgllama^ Negligvit» Negligamei Negligauta*. Negltgaufe. Negligmèta*.. Les Particules liées avec le VerBe r forment à peu près lès mêmes termi- mifons que ci-deffus ; cependant elles varient en Bien des endroits , & ce Mode eft en général fi bizarre qu'il ma été impoilible de le comprendre^ FUTU| DU SUBJONCTIF. Que j'aurai aimé, Negligkullunga* Que tu auras aimé, Negligkullutie*. C^u'il aura aimé, NegligkullugG» Que nous aurons Ncgligkulluta9.. aimé , Que vous aurez Neglïgkullufe:. aimé, Qu'ils auront ai- Ne.gligku3ugln. \00 MODE DTJfilTAT IF. Ce Mode s'exprime dans la Terrnf- ftaifon du Verbe par la Particule Kâ~ kau > comme ï! fe peot qu'il ai- JSfegliJfa-kokau. me, ïl s'y trouve fans Kamanz-Kàkciu* doute , MODE OPTATIF. Àh ! que je puiffe Sillan ! mgligumi- aimer, nach. Ah î que je Peuf- Sillan ! una pin- te , minach. La Langue Groenlandoil? n'a point «PIwfinitif , excepté dans les cas où deux Verbes font joints 5 comme Je puis aimer, Negligneck ajun- gilanga. Je puis faire , Senaneng ajungi- langa. PARTICIPE. PARTICIPE. Aimant , ou quelqu'un qui aimea Negligtok ou Neglinglfok. Je n'ai pas pu m'apperçevoir que les Groenîanclois ayant des Passifs* Quand je rencontre un fens qui a une lignification paffive dans notre Lan- gue , le Verbe eft toujours a£tlf & ac- compagné d'un autre mot qui marque le paffif. Il eft: vrai , que le mot Aitfcr- pa ( il Pappeila ) femble devenir paffif en Aitjlfovock ( il doit être appelle ) ; mais ce dernier paroit fignifier plutôt : il doit s'appeller ou fe nommer. On dit auffi Tockolecpock ( il meurt ) , eij paffif Tekovok ( il eft mort ). D U NOM. LE Nom Subftantifne varie qu'aïs cas génitif, qui fë tenir ne en B, D, ou M , par exemple : Gudib Nian* ga , Fils de Dieu • Killab Sernafoc > Créateur du Ciel ÇKottm Aka , nom Tome II, Hh &4% delà Rivière, Le nominatif de Kocm eft Koec, Le Subftantif a aufîi trois nombres 9 comme le verbe. Ce font: lefingulier^ le dualis ,& le pluriel = comme Jnnug9 mi Homme, Innuk , rfeuxHommes, Innuit ,, plufieurs Hommes, Igloçk ^ une Maifon , Jgluk , deux Maifons , Jgluii , plusieurs Maifons. Itkrbik 9 m} Coffre , Itlprbuk ? Itlerheit &c. J$om$ iiés avec des Proriorçs. Ma Mai Ton , Itogfa. , Ta Maifon , Iglut* Sa Maifon , Iglca. Notre Maifon, îvlogut. Votre Maifon y Iglarf?. tredr Maifon . Ig/oaèL Ma Terre \ iSfunagà à féurta. Ta Terre \ Nmtft. r Sa Terre \ Nunà» Notre Terre , Nunauguf. ¥otre Tcrrg , Nurtarfi. Leur Terce , Munaet. Lorfqupn y ajouta un£ Prépofiriora , ;#n dit; Bans fa Terre -, Uunane. Dans votre Terre, Nimaujînc. Dans cette Terre , Nunagrit* Dans notre Terre, Nunaugrine. Dans leur Terre , Hunane. NOMS ADJECTIFS. Ceux-ci fe terminent ordinairement en kau Se làk , ou en ak 9 par exem- ple : Augekau , grand ; Pigakau , ca- pable -, Ajungilak , beau , admirable , Ertintongilak , bienfaifant , libéral. Il y a des Adje&ifs, qui fe terminent en fok & tok ; mais ce font alors des Participes. Des Degrés de Comparaison. Augekau y grand ; An^ekitja , un peu plus grand ; ou Angecka , grand > Angekalk ou Angeforfuack , le plus grand. De même Mickckau , petit * Mickck'uja , un peu plus petit ; Mi- ëhekaîk ou Mickckinguak , le pks petit. L'inflexion fe fait comme d'un Ver- be perfonel , par exemple : H h ij -* 3^4 Angekaunga , je fuis grand; An^ Angckaugut ,, nous lommes grands ; Angekaufe 9 vous êtes grands ; jingekaut 9 ils iont grands; & ainft .du rcfte. Les dix C'ommandemens de \ D i e u. Gudih innufutei kollinit* ï. GW Ai^F^ attaufe illijpira yjfoep neglijfoet osourry sfoettog. 2. Gudib acka 9 ou Okalucià tais aran* get9 mittanaunec ^ Gud nigeckennooch pékennoatk, % Ullu arhone marlungôpeta fcnofaurï me 9 Guiimut ofôuriaurniareie. Angoiokaet 9 nalkkit neglikittog % Save uttokare juangyjjootit nuname. Innuch .tockutfaunago > ningitlay naunago. . ï $** 6. Nullia kifiet attaufe piffoet mglif focttog. 7- Atlc punie teglifaunogo. 8. Atltmut feiglofaunec. 9 Atle pienic isliganic piomtfournogo, 10. Athb Nullia -KibgHoxdo at ternie fo piomtsourgnogo pijfaunago. Tuppichfà Gud ; tamejja. Vanga kiffima Gud > Nallegarfuef Gud nalUgarfnactùg exignakau in- nuchmut tomartn'w Uarhnut intrUïcfa unifia Kingagnaràicka , tongarfumut- lo egijjbacka: Innuit intrus fonachut neglïpacka killac tnutlo pijfoacka* Traduction Littérale. LES DIX CoMMANDEMENS DE DlEïï. I. Tu ne connoîtras , n'aimeras i -ni ne croiras qu'un feul Dieu. H h iij $66 Quand on. prononce le nom deDJeu i ou fa Parole , tu ne blafphemeras point : autrement Dieu entrera tn co- lete & te punira. 3- Tu ne travailleras pas le feptiéme jour, & tu ne feras que louer Dieu. . 4* ^ Honore & aime tes Parens , & m vieilliras fur la Terre. Ne tue aucun homme, ni ne te îaclie pas contre lui. 6. Tu n'auras & n'aimeras qu'une feule femme. Tu ne voleras point. 8. Ne calomnie perfonne. 9. Ne convoite pas ce qui appartient à un autre , & dont il ne veut pas fe défaire. ic. i Tu ne convoiteras pas la Femme ; ni le Domeftique , ni le bétail d'un autre , ni ne leur feras aucun tort. %6f fjîeu parle enfuité : je fuis le feul Dieu ton Maître i un Dieu terrible Se grand. Je hais tous ceux qui me défobeiffent &c kst abandonne au Diable, mais j'aime ceux qui m'obéiffent & je lies recevrai dans le Ciel. L'Oraison Dominicale.- &udib Nianga Okatuctàh. Attatona killao mêtoch ackét ofoûfe roglé innuihmit , Gudic punie mave- pillit yokaluiïah illignic ajokarfatigut, killac me pekufarangovlt , nutametog tameikille 9 ullamt mamanic tynifi fut 9 Nigackinec ajoruta ïllignui intrclisfaiiguta y uuptinut ningaefatut nlngis ingilacka , Tongarfumitfarnuc- ûgut , ajoriïor fomich pijfauneta. Kil- lac atlemicto tomarmic pifit angtfor fuotlt ofournak autitlo ipfaliamc. Arrnn. Traduction Lïttmrale. Oraison du Fas de Dieu. Notre Père , qui es au Ciel , ton H-hiiij j6§ nom fuit élevé pas les Hommes I ce qui. t'appartient nous avienne ( ou enfe-gne nous ta Parole) ; quand tu veux quelque chofe dans le Ciel fais-le auffi arriver fur la Terre; don* ne- nous aujourd'hui notre nourriture, N encre pas en courroux de ce que nous avons été fautifs & défobéilTans a toi ; nous ne nous fâchons pas con- tre ceux qUi fe fâchent contr{. no(]s . Defens nous du Diable ,-& ne permets pas que nous foyons touches de ce qui ne vaut rien. Le Ciel & tomes chofes t'appartiennent. Tu es grand & glorifie toujours. Amen. PRIERE, Par laquelle lié Groenlandois confef- fent à Dieu leur ignorance & autres défauts. Taima Gudimut Okalyjfufe. Gudna angekautit , ki/lac Nunalo. «jungiforfuamic finolt. Uagut kalale ( autrement kablimu )mane nunamée- tut,faaogfilléropout> Gudkillab Nu- nalo Seaarfoc illifcraingi filut. Nekich- Jamc tynifiiut, kimit nelloarcput. Gu- 3^ llntut kyangafa ingilagut. Nerfutit fûlaikangi tamacpout 9Gudimut eckar- £aringimuta , togokùta fumât nelloau- put aitheit Pellefiemit tujfarepout, ajo- routa Guditog illlferaingineuta , ne- glifaringautago Gudïb Nianga Je/us Chtijl naptinut okofoc Tongarfumut egijjoatigut. Gudna angekautït > napti- nut umàfat merigut Tongarfum utlo pekufa tangi meligut y Pellcjïu tamave ■ ineppei kalahmut killac Senarfomk okalukulluit. Pia raguk , umac j'arti- gutfilleropaut tfiltac carligfiut. Ton- garfuc pie moàtigut. Utile Tongarfu- mitfarniutigut. Pellefiib okaluclàh nal- leclà. Gudna ! neglilagit angekangoit , exiellagittog exignakaugoit > okarogit- tog illignut exiagifut negliagtfutla Tongarfuc ignamut egijfoet néfa tocko- guta 9 umatitiguty killac mutlo tockof* kaungifome illignut pillât aeit* Traduction Littérale* Tu prieras Dieu ainfi. O Dieu ! tu es grand , tu as fait le p'el & la Terre très-magnifiquement*. Nous autres Kalales , ou Rabluneu (c'eft-à-dire, Groenlandois) qui de- meurons dans le Pays , pourquoi forcw mes nous fi peu înftruits ? Nous ne connoiffbns point le Dieu du Ciel & Créateur de la Terre. Tu nous donnes la nourriture , mais nous ne fçavons pas de qui elle vient. Nous ne ren- dons pas grâces à Dieu. Ainfi nous reffemblonsaux bêtes brutes \ car nous ne penfons pas à Dieu. Quand nous mourons , nous ne fçavons pas ou nous allons. Ce n'eft que dçs à préfent que nous coiinoilïbns les Prêtres. Com- me nous fommes fautifs , ne connoi£ fant point Dieu ; & que nous n'aimons pas Jefus Chrift fon Fils qui eft mort pour nous , il nous abandonnera aux Diables. O Dieu ! tu es grand , car ru règnes fur nous, & tu ne veux pas que nous allions au Diable. Ainfi m as ordonné à tes Prêtres de venir ici & de nous racconter du Créateur du Ciel. Nous fommes miférables , aye pitié de nous ; nous fommes impru- dens, rends nous fages. Les Diables veulent nous prendre, mais délivre nous d'eux. Fais que nous ayons atten. tîon aux Sermons des Piètres. O Dieu ! tu es grand. Fais que nous t'aimions, parce que tu es fi grand , que nous te Craignions , parce que tu es terrible, & que tu as dît cjue tu jetteras dans l'enfer aux Diables ceux qui ne te craignent ni ne t'aiment point. Erfira quand nous mourroivs , refltifdte- rious , & fais-nous entrer dans le Ciel éternel. EXTRAIT De quelques Entretiens conçus par fe Sr Egede , pour convaincre les Groenlandois de leur malheureux état & de la certitude d'une vif future. §. IX. Uagut Kablunet fîurlamlc forlo il- lipfe. Gudkillaofenarloc nélloacpùt > Gudib Pelefiit uaptinut pimmetà 9 kil- lac fenarfomie uaptinut okarmerà > tave , tamauta Gudimut oppeepout Pdlefiib ôkalucta nellacpaput Sulle* tog Gud neglipout , ntglijfoacput ip- faliome. Tcckufarafc uagut ullakut unukullo Gudimut ofougarigut mam* 572 ma torrugta tamauaraguttog, nekicïi- fanic tynijfarangatigut. Ullu arbone marluugopeta fmijfaringilacput. Gud kiflia fiullac tomait ofouraragut. Gu- dimutlo. inerBooragut. Tàmeinikuta killacmut ajyfoalloacpôut , killacmut tocko fockangifome • piomoufi , opper- nankiffima nomangllach , Gudimut Killac Senarfoc ofouroifufi , ullakut unnuk ullo forlouagut. Ipfalioc Gudi- mut Rianaifufi , nekickfamc tynnim- mafe. Nekictifanic ptkangifa nangeufo Gudimut tuchfmjfufe , tomafi pianga- git. Angtkum feiglotorfuit allakit , okalucià opperriaunece ajormaa fei- glomttog, Ullu arbone marlangopeta feifaurzece , Gud foramat killac Nu- nalo innermagii , forlo uagut ulloc tameit Gudimut ofourroifufi. Kia- nachfiuch Sillalimic fenemmafe kc- hchfanic tynnimmafi. Akfut Gudi- mut KyannaifufcNianga innungumtt illipfinutlo tockomh Tongarfucmut peckongikullufe, Gudib Nianga tavc akfut mglifiuch. Gudimut imma exi- gnakauexigifoarfe ningipHaunogo y taimapijjaranginmfi, Killacmut ajyfi fufi Tongarfumutlc pijjufi. Ki£îe* . ■■ • . . .... . w t&udimut exitut neglîgtutlu <3udih Niang Jef. Chr. Killiacmut pifjaput* Traduction Littérale. S. Il < Nous autres Groenlandoîs nous étions autrefois comme infenfés, puif- qtie nous ne fçavions absolument rien de Dieu, Mais Dieu nous envoya fes Prêtres qui nous inftruifirent du Dieu Créateur du Cfel. Nous croyons de- puis tous.enDieu. Nous fîmes beau- coup d'attention aux Inftru&ions des Prêtres, & maintenant nous aimons Dieu Se nous t'aimerons toujours. Vous vqyez que nous louons Dieu le matin & le foir , & auffi quand nous voulons manger 6c après avoir mangé ; nous louons alors Dieu &* lui rendons grâces de notre nourriture. Nous re- gardons chaque Septième jour comme laint. Nous ne travaillons pas alors, mais nous louons Dieu pendant toute la journée. Nous adorons ainfi Dieu, & fî nous -pé le faifions pas , nous ne pourrions pas entrer dans leGiefc 174 Par confequent fi vous voulez auflî entrer dans le Ciel , où vous ne mour- rez jamais , vous ne devez pas vous contenter de croire en tout ceci. Vous devez auflî louer le matin & le foir comme nous le Dieu & Créateur du Ciel. Vous devez toujours rendre grâ- ces à Dieu de la nourriture qu'il vous donne , & toutes les fois que vous la prenez , vous devez rendre grâces à Dieu , à qui tout appartient. Mais abandonnez vos Anggkut > & ne croyez pas ce qu'ils difent : car ils ne valent rien , & ne font que des men- teurs. Quand le feptiéme jour arrive t vous ne ferez aucun ouvrage , parce que ce jour eft réfervé par Dieu qui a créé le Ciel & la Terre. Vouj louerez Dieu comme nous pendant toute la |ournée. Vous le remercierez de ce qu'il vous a rendu raisonnables \ 8c principalement de ce que fon Fils eft devenu homme, & qu'il eft mort pour ^ous , afin que vous ne foyez aban- donnés au Diable. Ainfi aimez réci~ proquement le Fils de Dieu. Vous de- vez craindre le Dieu terrible , Se ne g as vous attirer fon courroux : mais comme vous ne le faites pas , vous ne pourrez pas encrer dans le Ciel , & !c Diable vous prendra : car il n'y a que ceux qui craignent §c aiment Pieu qui puiffent encrer au Ciel. Killâc fonarfamU Nelloeufo , tave g.tknit ajorUut pijfaraufœ. Anchoack» mut cpperrarafe 9 Ifumaarafc ajungU lao tzmeitunU pekartut kaitjijjaput nekichfanifi pékait faput. Sillackarru* fe, îîellyjjîngi kœllo&cpifo cingoach aju- torfovoch 9 kesàch uttokarchfuack ilngmijjît Ifegei 3 Kuçkù 9 tamaituniç. athmigto fmhset aj orme ta kaitfoneç ajoaraut* Taitnak pijfaraufe 9 Killac ? Jenarfôc tidlo cufiuo 9 Tauna ajungi** lac , Kaiifoarangeufe nckich fakaran- geufe, Gudimitkijjîet pijptraut>Angekuf- Jofeigto torfuit opperrarafe ndlongikal loacpifc ajuput fajtogme Kavorne tuo- gijfaringiUt tave téckon ajungilacpùt jïiglometa taafaranget tongïffarautita* ve okaluaraut) Tongarfumut okaluppa* put r killacmut pyout , ndlongilaç* put fùglo torfuit* 4Upa 1 Gud nalUgàf* .Juach" pouna cxignatorfuach mânnct * tongackungilafe ningackennoafc. Au- gekutmutlo oppeckungilafe fciglokan- geta <> ajorBommcta 9 nekichfanic pe- kangifaraugeufe 9 nepachjîmarangeufe Gudimut Kiffîet tuchjieifufe. îTauna M/ungilac nekichfanic tynnyfjbafe ne- pachfima , àngeufe katjlfloafc operrufe. negkdtigo, Tamainikufe nekichfanic tynniffîngilafe 9 tockoife Tongarfumut egifbafe. Attautt ! Jillackamiareitfe ajerctut egkkit 9 'Gudimut kiffiane dp» perreutfe. T o ngi amie for angikufe kèfct tockys foarfe. Nunamit nungiffodfe. Gud inmmmctigut Angekut Tongar- futlo tockokulluit. Suchfacka innuit tamaitut fillackangifut 9 Gud fenarfo* mie oppingifut 9 Tongarfumuth kiflîant oppcrrararaùt y tauta îgnameoyjfoafe. Traduction Littérale, §. 10. Et comme vous n'avez abrolument aucune connoiffance de Dieu le Créa- teur 5 vous choifilTez le parti oppofé qui ne vaut rien du tout. Vous mettez votre Votre confiance dans ce que vous ap- Î>ellez Angoaehfach , ( efpece cTA mu- ette ) & vous croyez que c'en: quel- que chofe de bien précieux, & que celui qui le porte recouvrera fa faiï- té, qu'il ne manquera pas de nourri- ture, ôc qu'il obtiendra ce qu'il vou- dra, pendant que vous fçavez bien que ces chofes ne valent rien : car à quoi fervent de petits morceaux de vieux bois, des os ■ des ongles d'oifeaux de pareilles bagatelles * Vous voyez bien vous-mêmes , qu'elles ne font d'aucun tifage & incapables de guérir. Cepen- dant vous les employez , parce que vous n'avez aucune connoiffance de Dieu. C'eft lui feul qui puifle vous guérir quand vous ères malades , de c'eft de lui que vient toute votre nour- riture. Vous croyez auffi en vos An* gekut de Menteurs , quoique vous- foyez convaincus qu'ils ne valent rien». Pourquoi ne font-ils pas leurs fortilé- ges en plein jour & à la lumière, -afin? que nous puiffions les voir ? Mais comme ils font menteurs, ils ne tra** vaillent que dans l'obfcuntê, en df- hm : Nous avons été dans- h Ciel'âfc 37§ nous avons parlé à Tongarfuch. Mais ils mentent împudemmeBt , & nous fçavons fort bien fur quoi ils fe fient; Le Grand Dieu du Ciel ne veut pas que vous faffiez des fortiléges > autre- ment il fe mettra en courroux contre /vous. Il veut encore moins que vous ayez foi aux Angckut & Menteurs. Ainfi , quand vous voudrez avoir de la nourriture pour votre corps , ou que vous foyez infirmes , vous prie- fez Dieu feul : car il peut & veut vous donner de la nourriture & de la famé. Confiez-vous donc à lui , aimez- le &C implorez-le. Si vous ne le faites point, il ne vous donnera pas la nourriture pour votre corps , & quand vous mourrez il vous abandonnera aux Diables de l'Enfer. Montrez-vous à la fin fages; jettez loin de vous tout ce fatras inutile, Se confiez-vous unique- ment à Dieu : car lî vous ne cédez pas vos fortiléges , nous vous tuerons à la fin , & nous vous exterminerons de la Terre , parce que Dieu nous a ordon- né de tuer tous les Angckut & Men- teurs. A quoi fervent ces hommes iti- fenfés ^ qui ne mettent pas leur coa- . 37$ fiance en Dieu leur Créateur, mais plutôt dans les Diables , qui les tour- menteront en Enfer > PREMIER CHAPITRE D E L A GENESE. V. I. ^Iwlamic Gudfmoà Killac Nunalo. v. t, Nunatog erevarçht pinneltfoarfuach taatorfovQch imap Kollam : Tavc Gudib Anarfah tingovoc irnac kolç» m. v. 5- Guditog okarpcc : kamareit tavê Kaumapoc. v. 4. Gui ukoà kavoch ajungï forfuvock* Guditog kavoch taamit auvixapà. tiij ' 3 8a Gudïtog kdvoch altferpà ulloch \ taachlo aitferpà Urmuach tave unnu* poc kaulupoclo ulloch Siuurlech, v, 6. Gud okarpoc amma : Immane teffz* îarle :(c.àd, étendre. ) ermit auvi- killuo. v. J, Tave Gudfenoa teffiliach immane L auvigapoclo imàc , teffiliach attawcy immamit teffiliach > kolanè 7 tave ta* meipoc. v. S. Guditog aitferpà teffiliach , Kiltac % tave unnupoc kau lapoclo ., ulloch mpa. v. $* Gud okarpoc amma. Ermit killacr ûttane attaufimut ekittarlit (c. à. d, Fais aflembler en un ras ) pennantoc nuiackultuo tave tameiffoc. Guditog pennaçtoch aitferpà Nuna f. 1 Xaufocfoch aitfefpa îmac. Guditog té« çkoa ajimgiforfuavoch. v. -■i-.rv Gud okarpoc amma :. Tguît opiitto 'Ntmamit aglirlit , lave tameipoe* ( It n'y a pas^e mots pour dire : ce qui peur donner fémence félon fou efpe- ce. J v. iz. Nuna mlttog iguit opïitlo uvigich nglïactoput x Gudltop t&ckoÀ ajungi- forfuvoch y. r y. Unnupa Kaulapoclo ulLoch pinga~ fuya\ Gud okarpoc amma ; Killac mi Ki* hlarlit y ulloch unnuamit aurochla çkiochmit auvixilluit, ( c. à d , La lu- mière parut au Ciel pour diftinguer le jour & la nuit en été & en hy ver, \ , v. 15. Kiblakulluhkïlkic me , Nuna mut* m g kaumakulluït 5 tave tamt'ipoc* v, 16. GudfenoaKiblurfuk marine , Ki~ hlarfoch angeforfuach KiblakulluoulLu- me, Kiblarfoc mickekà. Kiblakulluo unmiachme ullucrefîtlo* v. x7. Guditog Killiacme ereciepei Nuna- mut kaumakulluit. v. 18, Kiblakalluit ullukut unukatlo ,auvU xilluit togkavoch taamit. Guditog tec~ ko a ajungiforfuvoch. v. 19, Tave unnuch poch Kaulapoclo uU ioc Jiffemà. v. 20. Gudokarpocamma ; Immane umar* fut amtrhfQrfuangurlit , Tingmiffillo Nunah Kollam , Kittac attane. v. 11. Gud fenoa arbacfuit umarfutlo a- marlekaut immane , tingmirfulo > Gui teckaà ajungiforfuvoch. ^ 3** V. Zî. Guditog velfigniei , okarpigeitog , amarleforfuangaritfe immane tingmir- fulo amarUforfuangaryrfc Nuname. v. i3- Tavêunnupoch Kaulapoklo, ulloch tellimak. v. 24. Gud,okarpoc amma: Nerfutit amar- hkaut Nunameèlit umarfut atlemich fare tameipoc. v. z5- Guditog fenoa nerfutit nuname Umarfut lo uvigich nuname , ( e. a. d , toute forte d'Animaux vivans fur Ter- re. ) Guditog teckoa ajungiforfuvoch. y. 16. Gudokarpoc amma : Seniagtatà in- nuhmic Vagut arfgnic, nattigak ulluo aulifaukeimut immane , Tingmirfit- multo nerfutitmutlo umarfutmutlo te~. marmic nuname. , Guditog fenoà innuch \ G0aJgn4 garnie > Augut attaufe agnah attaufe fenei, 4v. 18. Guditog vel/igniei okalybbïeitog 9 amarlefarfuangaritfo Nuname aulifau- ketmut , immane Tingmirjitmulto» Killac attane, nejfutit mutlo tomarmic nuname nalligaritjiich. v. 29. Gud okarpoc amma r Ait ta iguit mpïida namactut tyniarfe , mamac farfe ( c. à. dy Toutes les herbes & ra- cines qu'on peut manger.) Il n'y a pas de mots pour exprimer le refte. ' v. 30. Nejfutit tomarmic nuname tïngmîr- fitlo Killac atlane atlemiclo umarjut nuname iguit mamangifut, ( c. à. d de I herbe que l'homme ne fçaur oit man- ger. ) tyniacka tavé tameipoc. Guditog tomarmic fenïffeï tcckoeL *i*i* , tomafe ajungîforfuaput , tavi unnupoc Kaulapoclo ulloch arborée. sH E VA NGILE Pour l'Annonciation de l& Vierge. -Luc, L v. %£> Sec. JT Autmt arboneitgamet , Gud En- j\_ gelip Gabriel ornickoà , GaliUa Na^aretnut niviachfeijîamut Jofcph David illoanit uviachfàrrolià. Niviach- feijiab acka Maria. Engelip Mariamut ifarpoe okarbiatôg. Aitta Gud nalle- garfuach paumna illigneêpoc Agnanit ajungijjyjjootit, Teckoamiuch tuppa- kau okaufia exigà immenut ifuntavoch : Okalucta tauna konnoepà. Tave Enge- lip okarbia immenna : tuppakinech Gud akfut neglikangatit. Aitta ., nar- tongyffoolhnhangàtnic ernijjootit , ait- Jîffoaet Jefas , tauna angitliffooch Gu- dib niangatog aitjijjovoch. Gudnalle* garfuangijfokoà Jacob * Rittongùnut ipfaliome. Tauna nalUgarfuamic ifua kaifiugulacLTave Maria Engelip okar- bia : Kannoc pijfonuga uvia kangin- Tom II* $*f m* nama Ackyà okarbiatog Gudih Anâr- fahtarreijfoatit. Tave tauma eruetajun- gifoch. Gudibniangaaitfijjhoch. Aitta, Elifabettog illoet àgnakoechfeifîa, nar- tuvochlog Angumic , tackama kaumec arbonengopoé nartuvoch nartungifoch unaraet. Gud tomarmic ajorjingimet. Tave Maria okarpoc : Gudkibgaragma okagoit tamaikille. Engelip tave, kimacpà. Fautes à corriger* JNfc *s %*• il chaudes ///«chaude. M 3 gard /(/«égard. 3® 1 1 le lifez les. 78 15 incipale /#/« La Princi- pale. $6 ai nos Ufez nos. 87 1 3 la lifez. le. 2& 2.0 mince lifez mince. 93 déi». Amboine'/i/Msl'Ambofne. 101 S De Pnockfifch lifez. le Pfloc7.fifch. I6o 11 don -lifez donne. Itft 17 elles lifez ils. 266 3 cel- ///"« -elle. - U* 17 Auteur ///* Auteur*. *>oé 11 d'un /#/« d'une. ' J'Ai lu par ordre de Monfeï- gneur le Chancelier un Ma- nufcrit intitulé : Relation ou Hif- toire Naturelle de l'Iflande , du Groenland & duD étroit de Davis. Il m'a- paru qu'on pouvoit en permettre l'impreffion , à Paris ce 26 Février 1750, VATKY. LO U I S par la Grâce de Dieu , Roi de France & de Navarre , à nos amés & féaux Con(eillers les Gens te- nans nos Cours de Parlement, Maîtres des Requêtes ordinaires de notre Ho- tel Grand Confeil, Prévôt de Par» J Baiîlifs, Sénéchaux, leurs Lieutcnans Civils & autres nos Jufticiers qu'il ap- partiendra, Salut : Notre bien ame Je SWir ***, N°us a fait expoler quil déVireroit tare imprimer & donner au Public des Ouvrages qui ont pour ti- tre ; Dictionnaire des Monogrammes &c. des plus célèbres Graveurs &c. Çbij 3*8 ^uiuucie V Allemand; Relation 'dk 1 lJl*n traduit de V 'Aile- mand; s'il nous plaifoit lui accordée nos Lettres de Privilège pour ce nécef- îaires. A ces C a tr s e s, voulant favora- blement traiter l'Expofant, Nous lu* avons permis & permettons par ces Prefentes de faire imprimer lefdits Ou- vrages en un ou plufieurs Volumes & autant de fois que bon lui femblera & de les faire vendre & débiter par tout notre Royaume pendant, le temps d- neuf années confécutives , à compter du jour de la date defdites Préfentes • raifons defenfés à tous Libraires ïml primeurs & autres perfonnes de quel* que qualité & condition qu'elles foient den introduire d'impreffion étrangère dans aucun lieu de notre obéi/Tance, comme au -ffi d'imprimer on faire im- primer, vendre, faire vendre/débiter m contrefaire lefdits Ouvrages' ni d'en faire aucuns Extraits fous quelque pré texte que ce foit d'augmentation , cor- rection, changement ou autres , fans la permrffion exprelfo & par écrit dudït tspohm, ou de ceux qui auront drok ' 3 ^ 1 te lui 3 à peine de confîfcation de& Exemplaires contrefaits ;; de trois niiiîe livres d'amende contre chacun des. Contrevenans \ dont un tiers à Nous; un tiers à l'Hôtel- Dieu de Paris , ÔC l'autre tiers audit Expofant ou a celui qui aura droit de lui , 6c de tous dé-»' pens , dommages & intérêts ; à la chan- ge que ces Préfentes feront enregiftréer tout au long fur le RegMïre de la Com- munauté des Libraires Se Imprimeurs de Paris % dans trois mois de la date d'i- ■ celles. ,,, que i'impreflîôn defdits Ou- vrages fera faite dans notre Royaume: & non ailleurs en Bon papier Se beaux caractères conformément à la feuille im- primée attachée pour modèle fous le contrefeel des Préfentes ; que l'Impé» trant le conformera en tout aux Ré- glëmens de la Librairie , .&'■ notam- ment à celui dix io. Avril 1725-5 qu'a- vant de les expofer en vente, les Ma- nuferit Se imprimé qui auront fervi de copie à l'impreffion defdits Ouvrages feront remis dans le même état ou l'Approbation y aura été donnée , es mains de notre, très- cher & féal Cbeva**5 1er le' Sieur Dagueffeau Chancelle! ' $9° de France , Commandeur de nos Or- dres 9 Ôc qu il en fera enfuite remis deux Exemplaires de chacun dans notre Bibliothèque publique , un dans celle de notre Château du Louvre y & un dans celle de notredit tres-cher & féal Chevalier le Sieur Dagueffeau 3 Chan- celier de France; le tout à peine de nullité des Préfentes , du contenu def- quelles vous mandons ôc enjoignons de faire jouir TExpofant & fes ayant caufe pleinement & paifîblement , fans fouffrir qu'il leur foit fait aucun trou- ble ou empêchement* Voulons que la copie des Préfentes , qui fera impri- mée tout au long au commencement ou à la fin dudit Ouvrage , foit tenue pour duement fîgnifiée , & qu'aux Co- pies collationnées par l'un de nos amés y féaux Confeillers & secrétaires % foi foit ajoutée comme à l'Original. Corn- jnandons au premier notre Huiffier ou Sergent fur ce requis de faire pour V exécution dlcelles rous A&es requis & nécefïaires , fans demander autre permiflîon 3 & nonobftant Clameur de Haro , Charte Normande Se Lettres à ce contraires ; car tel eft notre plaifir. 59r Donné à Paris le quatrième Jour du mois de Juillet , l'an de grâce mil fept cent quarante-neuf , & de notre Ré- gne le trente-quatrième. Par le Roi en fon Confeil. SAINSOR y Regljlrifur h Regifire XII. de U Chambre Royale & Syndicale des Li- braires & Imprimeurs de Paris , N° \ 2-3*4' fol* 2*3. conformément au Rè- glement de iyz3* qui fait difenfe Art* IV. à toutes perfonnes de quelque qua- lité qu elles f oient > autres que les Li~ braires & Imprimeurs 9 de vendre 9 dé-» biter & faire afficher aucuns Livres pour les vendre en leurs noms , foit qu'ils sien difent Us Auteurs , ou autrement. A la charge, de fournir à la fufdite Chambre huit Exemplaires de chacun preferits par V Article ÇVIII. du mime, Règlement. A Paris le zà Septembre 1749* G. CAVELIER , Syndic. De rinuprii-nerie de Sebastien Jorry. ' . : k r ' - t