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HISTOIRE NATURELLE DES CRUSTACÉS, contenant leur Description et leurs Moœurs ; AVEC FIGURES DESSINÉES D'APRÈS NATURE. run eS Gt BOSC, Membre des Sociétés d'Histoire Naturelle de Paris , Bordeaux et Bruxelles ; de la Société Philomatique de Paris ; de la Société Linnéenne de Londres, et de l’Académie de Turin. TOME SECOND. DE L’IMPRIMERIE DE GUILLEMINE!. & A Pr Ar RE Si Chez Derervize, rue du Battoir, n° 16. AN xX. \8STLI © APCE MAUR ATE ES à M Lt RE a À œ h#% OLIS A OLA SRE NES (Ci ss ? À 2 4 SES ST AT AS SE SP M AT 1522 HISTOIRE NATURELLE DES CRUSTACÉS. ALBUNÉE, ALBUNEA, Fabricius. Quatre antennes inégales, ciliées ; les inté- rieures très-longues , sétacées , simples. Corps oblong ; queue presque nue. Dix pattes , dont les deux antérieures sont terminées en pinces. Lss albunées forment le passage entre les crustacés à courte queue, et Les crus- tacés à longue queue. Ce sont des ani- maux d'une forme remarquable, sur les mœurs desquels on n'a que peu de renseignemens. Chez eux , les pinces ne sont point terminées par deux doigts alongés , mais par un élargissement tronqué , sur lequel s'appuie, dans l’ac- tion prenante, un grand ongle mobile, et très-crochu. Ces pinces sont courtes Crustacés. II. LA 2 HISTOIRE NATURELLE. et peu épaisses. Des quatre autres pai- res de paites, trois sont terminées par des ongles en crochets, et la dernière est sans ongles. La queue varie dans sa forme, selon les espèces, mas elle est toujours composée de sept articu- lations inégales, accompagnées sur les côtés de l'anus , des parties saillantes difficiles à décrire. Cette queue ne s'applique pas sous le ventre, elle se tient seulement un peu courbée vers lui, et sa partie inférieure est parse- mée de branchies filiformes. Les antennes intérieures sont velues, presque aussi longues que le corps. Elles ressemblent à celles des crus- tacés à longue queue. Les veux sont petits, portés sur un pédicule applati, enfermés dans une fossette de la base des antennes. Les albunées se rapprochent beau- coup des hippes avec lesquelles Fa- bricius les avoit d’abord confonaues ; elles en différent, parce que leurs an- DS D , FF DES ALBÜNÉES. 3 tennes intérieures ne sont pas bifides, et que les pattes sont entièrement dé- pourvues de pinces. Parmi les albunées de Fabricius, 1l enestune , ladentée, que ce Naturaliste ne rapportoit qu'avec doute à ce genre. Latreille , en l’examinant , a en effet trouvé qu'elle étoit pourvue de carac- tères sufhisans pour exiger la formation d'un genre particulier. Il en a donc éta- bli un nouveau seus le nom de coryste, et lui a donné, pour différence spéci- fique, corcelet ovale, en pomte en de- vant ; antennes extérieures rapprochées au-dessous des yeux, et de la longueur du corps; les intermédiaires reçues en en partie dans une fossette ; aucune des pattes en nageoires; pinces termi- nées par une main à deux doigts; pattes postérieures rejetées en arrière ; pinces extérieures fermant la bouche, à tiges alongées ; le second article de l’interne fort long, et en pointe au sommet, 4 HISTOIRE NATURELLE Albunée symniste, Æ/bunea symnista. Le corcelet antérieurement tronqué, cilié, denté ; les pattes en pinces. Se trouve dans la mer des Indes. Albunée écusson, Æ/bunea scutellata. Le corcelet presque entier, cilié ; les pattes en pinces. On ignore son pays natal. Albunée dorsipe , Æ/bunea dorsipes. Le corcelet uni, antérieurement tronqué, à sept dents ; les pattes comprimées; le dernier article ex Faux. Petir. Amb. tab. 6. fig. 2. Se trouve dans la mer des Indes. Albunée hérissée , Æ/bunea scabra. Le corcelet ovale, antérieurement tronqué , à plu- sieurs dents ; les pinces comprimées dentées des deux côtés. Se trouve dans la mer du Sud. Albunée dentée , Æ/bunea dentata. a Le corcelet uni, avec cinq dents de chaque côté ; les tarses épineux. Pennant. Brist. Zool. 4. ee 7. fig. 13. Herbst. €Canc. tab. 12. fig. 71. Voyez pl. 9. fig. 1, où elle est représentée de moitié ge sa grandeur naturelle, Se irouve dans les mers d'Europe et de l'Inde. DES POSYDON. 5 POSYDON , Posypon, Fabricius. Quatre antennes à pédoncule simple ; celle du milieu plus courte et bifide. Anten- nules extérieures foliacées. Pédicule des yeux en forme d’écaille. Les mains des quatre pattes antérieures sans pinces mo- _ biles. . Fagricrus, qui a établi ce genre, lui a donné un caractère très -vague, et s'est extrèmement peu étendu sur la description des deux espèces qu'il con- üent. IL est d'autant plus difficile de s'en former une idée, que ce Natura- liste ne cite pas de Fe qui puisse suppléer à ce qu on desire de savoir de plus qu'il n'en a dit. Latreille pense que le crustacé figuré dans le Muséum de Rumphius, tab. 10, fig. 3, et qui a été donné pour syno- nyme à l'albunée dorsipe , est de ce genre. Cette opinion paroît probable , d'après des considérations qu'il est inu- Crustacés. II, 3% 6 HISTOIRE NATURELLE tile de développer ici; mais on ne peut cependant la donner que comme fon- dée sur des con ectures. Posydon applati, Posydon depressus. La queue à sept écailles ; l'intermédiaire transverse et tronquée. Se trouve dans la mer des Indes. Posydon cylindrique, Posydon cylindrus. La queue à cinq écailles ; l'intermédiaire triangu- haire. È Se trouve dans la mer des Indes, DES HIPPES. 7 HIPPE Hrrr4 Fabrice: Quatre antennes inégales, ciliées ; les inté- rieures plus courtes et bifides. Corps oblong ; queue munie d’appendices en na- geoires à son origine. Dix pattes toutes dépourvues de pinces. S1 les luippes sont voisines des al- bunées par les caractères génériques , comme 1l a été dit à l'arucle de ces dermères, elles sont encore plus par leurs rapports généraux. C'est princi- palement par le défaut de pinces aux pattes extérieures, et par leurs antennes bifides qu'ils en diffèrent. Ce genre étoit plus nombreux dans les anciennes éditions du Systême Entomologique de Fabricius ; mais ce célèbre Na- turaliste , ayant formé à ses dépens , dans son dernier supplément, les gen- res symethris et albunée , genres qui ont été adoptés par Lamarck , 1l s'est trouvé réduit à trois espèces. Latreille, 8 HISTOIRE NATURELLE a depuis , encore pris sa première es- pèce pour faire son genre émérite, qui diffère en effet des autres par des an- tennes plumeuses et des bras termi- nés par une pièce ovale sans doigts, n1 ongles. Les antennes extérieures des hippes sont grosses, de la longueur de la moitié du corps, composées de cinq articles, dont le dernier est subdivisé en un grand nombre d’autres qui diminuent graduellement. Elles sont carénées et très-velues à l'extérieur. Leur base est cachée par une longue et large pièce, terminée par deux épines, dont l'infé- rieure est la plus longue. Les antennes intérieures sont placées en dessus des yeux, du quart plus courtes que les autres, fliformes, et bifides. Les yeux sont portés sur de longs pédicules mo- biles. Les deux pièces extérieures qui recouvrent la bouche ou les mâchoires, sont démesurément longues et larges, relativement à la grosseur de l'animal ; DÉS HIPPES. 9 elles cachent deux autres paires de mächoires , trois paires d’antennules , des mandibules et une lèvre. Le corcelet est presque cylindrique ou ovale alongé , sinué en avant , et terminé par trois pointes , dont les dès latérales sont plus saillantes. Il forme postérieurement en dessous une grande cavité. Sa surface extérieure est sil- lonnée en travers par des stries irrégu- Lières , dentées, de même nature que celles qu'on remarque sur la galathée, mais non velues. Elle a , de plus, deux véritables fentes sinueuses à la partie antérieure du dos, dont la partie pos- térieure est en recouvrement sur l’an- térieure. Ces fentes ne peuvent point être regardées comme une articulation, servir à la courbure du corps , puis- qu'elles ne s'étendent point jusque sur les côtés. On n’en devine pas l'usage. Les réflexions qui ont été émises à l'occa- sion de la conformation de la galathée , peuvent être également appliquées 1er. 10 HISTOIRE NATURELLE La queue est composée de cinq ar= üiculations ; la première , aussi large que le corcelet, et fort courte; la se- conde et la troisième de méme lar- geur, mais se prolongeant en saillie en leur milieu. La quatrième , presque carrée ; et enfin la cinquième demi- cylindrique , deux fois plus longue que toutes les autres ensemble, et du tiers de leur largeur, ayant à ses angles an- térieurs , de chaque côté , une nageoire, de deux articles ciliés en ses bords in- térieurs. Toutes ces articulations sont longuement velues en leurs bords ex- térieurs. Les pattes sont au nombre de huit. Les deux antérieures ont les cuisses applaties, presque rondes, et très-lar- ges ; les jambes alongées et composées de deux articles , dont le second est terminé en pointe à son angle intérieur. La main est une pièce ovale, pointue, très-mince , cihée en ses bords ; c’est une véritable rame. Ces paites sont DES HIPPES. IT très-courles, et sont cachées sous l’ani- mal, lorsqu'il est en repos. Les deux paires de pattes suivantes sont encore plus courtes |, et composées de trois articles , dont le dernier est un ongle très-large et mince; enfin , les deux dernières sont semblables aux précé- dentes à leur base , mais terminées par une nageoire de deux pièces, un peu plus petites que celle de la première pare. Toutes ces pattes sont fortement ciliées, et composées d’écailles. en re- couvrement. On voit par cette description, que lhippe est un crustacé éminemment na- geur , à qui la nature a donné d'énor- mes mächoires pour lui tenir lieu des pinces dont il est privé, et qu'elle a peut-être pourvu, comme la galathée, de la faculté de croître sans changer de peau, par la dislocation annuelle des nombreuses pièces dont la surface de toutes ses parties est composée. Il est à desirer que quelques phy- 12 HISTOIRE NATURELLE siologiste instruit soit mis à portée d'étudier les espèces de ce genre dans leur pays natal, afin de nous fure connoître leurs mœurs. Hippe sans mains, Hippa adactyla. La queue droite ; la dernière articulation alongée, pointue ; le corcelet alongé. ‘HerbSt.Wtab 22: fig. 3. Voyez pl. 19. fig. 1, où elle est représentée très- peu réduite. Se trouve dans la mer du Sud. Hippe émérite, Hippa emerita. Le queue droite ; la dernière articulation ovale. Gronov. Zooph. tab. 17. fig. 8, 9. Petir. Ptéri. tab. 20. fig. 9. Se trouve dans la mer des Indes. Hippe testudinaire, Æippa testudinarta. La queue droite; la dernière articulation alongée , pointue ; corcelet ovale. Herbst. Canc. tab. 22. fig. 4. Se trouve dans la mer des Indes. DES RANINES. 15 RANINE, RaNINA, Lamarck. Quatre antennes courtes ; les deux inté- AI rieures à dernier article bifide. Corps oblong , cunéiforme, tronqué antérieure- ment ; queue petite, ciliée sur les bords. Dix pattes; les deux antérieures terminées en pinces ; les quatre postérieures termi- nées en nageoires. LE seul crustacé qui compose ce genre est connu depuis long-temps par la figure qu'en a donnée Rumphius dans son Muséum, pl. 7, fig. T, V , et par la description qu’en a publiée Linnæus. . Son corceletestovale-oblong, convexe en dessus , et garni d'épines obtuses, penchées en avant. Sa partie antérieure est obtuse , et on y remarque sept parties saillantes , celle du milieu est solitaire , et les latérales sont divisées en trois. Les yeux sont peu écartés , et portés sur des pédicules assez longs. Les antennes sont épaisses et bifides, 14 HISTOIRE NATURELLE Les pinces sont comprimées, rudes au toucher , dentées intérieurement et ex- térieurement. Les doigts placés perpen- diculairement à la main, et dentées en dedans. Les deux premières paires de pattes sont sans poils, et onguiculées , et les deux dermières très-velues sur leurs côtés, très-applaties et plus larges à leur extrémité. La queue est courte, droite, composée de six articles velus sur les côtés. Ce crustacé est fort remarquable par sa forme générale, par celle de ses pin- ces, s1 différentes de celles des autres genres et par les articulations de ses pat- tes. Il doit avoir un genre de vie tout par- ticuher ; mais on ne possède aucun ren- seignement sur son compte. Dickson , qui l’a figuré dans son voyage, pl. 15 et 16 de l'édition française, se contente de dire qu'il est brun, qu'il a quatre na- geoires garmies de membranes, qui ne sont pas placées sur la même ligne que les pieds, mais plus haut sur la racine DES RANINES. 15 de la queue, et qu'il l'a trouvé aux îles Sandwich. On peut cependant assu- rer, d'après son organisation , que c’est un nageur, et un bon nageur. Il a été oublié par Fabricius dans son supplé- ment, quoiqu'on le trouve dans les éditions antérieures de son Entomolo- gie, sous le nom de Linnæus , c'est-à- dire de cancer raninus. Herbst. Canc. tab. 22. fig. 1, a copié la figure de Dick- son. Lamarck l’a appelé ranine den- telée. Ranina serrata. La figure 9. planche 2, le représente réduit des deux tiers. 16 HISTOIRE NATURELLE SCYLLARE, SCYLLARUS, Fabricius. Deux antennes filiformes , articulées, bi- fides au sommet. Deux feuillets en crêtes, dentés , ciliés, articulés inférieurement , tenant lieu d'antennes extérieures. Cor- celet grand, large; queue garnie d’écailles natatoires. Dix pattes, dont les anté- rieures n’ont pas de pinces. Les scyllares forment un genre fort naturel qui se distingue de tous les au- tres crustacés par l’applatissement sin- gulier de ses antennes extérieures, mais cependant 1l se rapproche un peu des squilles avec lesquelles il a été con- fondu par les anciens Naturalistes , à limitation de Rondelet, qui l'appelle squille large. Les scyllares aquièrent quelquefois un assez gros volume, et sont par-tout estimés comme un bon manger , mais leurs mœurs ne nous sont pas, pour cela, plus connues. On en trouve très- DES SCYLLARES. 117 peu sur les côtes françaises de la Mé- diterranée, mais au rapport d'Olivier, ils sont extrémement communs sur celles d'Egypte, et de Barbarie. Scali- ger a Cru que l'espèce la plus commune de ce genre étoit le crangon d'Aristote ; mais Rondelet ne paroïît pas avoir eu cette opinion. Le corcelet des scyllares est presque cylindrique , souvent inégal, rugueux et velu, 1l est tronqué en avant, mais a toujours une saillie en son milieu. Les yeux sont presque latéraux, portés sur un pédicule très-court. Leurs an- tennes intérieures n'atteignent pas la moitié de la longueur du corcelet; elles sont composées de quatre articulations dont les trois premières sont robustes, longues et presque égales, et la der- nière mince , très-courte, et divisée en deux parties Aube et légère- ment velues d'un côté. Leurs antennes extérieures, qu'on a citées comme sisin- gulières et avec raison , sont un peu plus Crustacés. II, 3 18 HISTOIRE NATURYLLE courtes que les précédentes, et égale- ment composées de quatre articulations. La première peu large, inégale, irré- gulière , tuberculeuse ,| mais cependant approchant de la forme triangulaire. La seconde très-applatie, plus longue et plus large à son bord extérieur, épi- neuse dans son pourtour, très - courte et très-étroite à son bord intérieur, présentant un reu la forme trapézoide. La troisième très-petite et très-courte, cachée, en partie par la seconde. La quatrième presque aussi large et plus applatie que la seconde, dilatée du côté extérieur , arrondie dans son pour- tour, et moins épimeuse que les au- tres. Pattes courtes, robustes, onguicu- lées, excepté la dernière paire qui est pourvue d’une pièce à peine sensible. Les antérieures plus courtes et plus grosses. Queue longue et se recourbant sur elle- même , composée de six arti- DES SCYLLARES. 19 culations ordinairement très-saillantes sur les côtés, Lesscyllares, comme on l’a déjà dit, n'ont point encore trouvé un historien de leurs mœurs ; ainsiiln'y a rien à en dire sous ce rapport. On les mange sur les bords de la Méditerranée , sous le nom de squilles ou de cigales de mer, et leur chair y passe pour être plus dé- licate que celle de la plupart des autres crustacés. Scyllare arctique, ScyZlarus arctus. Le corcelet antérieurement avec cinq rangs d’épines; les écailles des antennes ciliées par des épines. SuZz. Hist. Ins. tab. 32. fig. 3. Barre. Icon. tab. 1288. fig. e. Jonst. Exsang. tab. 4. fig. 4, 8, 12 -MHérEs/.NCanc. (tab. 130.19. (Tr. Se trouve dans les mers d'Europe. Scyllare équinoxiale, Scy/1. æquinoxialis. Tuberculeux ; le corcelet et les écailles des antennes crénelées. Brown. Jam. tab. 41. fig. 1. Se trouve dans îles d'Amérique. Scyilare antartique , Scy//arus antarticus. Velu ; le corcelet et les écailles des antennes den- telés et velus. 20 HISTOIRE NATURELLE. Séba , Mus. 3. tab. 20. fig. 1. Rumph. Mus. tab. 2. fig. 6. Jonst. Exsang. tab. 0. fig. 14. Herbst. tab. 30. fig. 2. Se trouve dans les Indes orientales. Scyllare orientale , Scy/Zarus orientalis. Tuberculeux ; le corcelet portant les yeux et denté dans sa partie antérieure. Rumph. Mus. tab. 2. fig. D. Voyez pl. 10. fig. 2, où il est représenté réduit au quart de sa grandeur naturelle. Se trouve dans les Indes orientales et sur les | côtes africaines de la Méditerranée. Scyllare australe, ScyZ/arus australis. Les écailies des antennes arrondies, unies. Se trouve dans la mer du Sud. Scyllare petit ours, ScyZlarus ursus minor. Le corcelet épineux et écailleux ; la queue avee des dessins bruns, Sulzer, Gesch. Der. Ins. tab. 32. fig. 3. Herbst. Canc. tab. 30. fig. 3, Se trouve dans la Méditerranée, } DES ÉCREVISSES, 21 ÉCREVISSE, AsTacus , Fabricius. Quatre, antennes. inégales ; les intérieures plus courtes, multiarticulées , divisées en deux presque jusqu’à la base. Corps oblong , subcylindrique , terminé anté- rieurement par une pointe courte , sail- lante entre les yeux. Queue grande, gar- nie d’écailles natatoires. Dix pattes, dont les antérieures sont terminées en pinces. Les écrevisses sont les plus connus des crustacés , à raison de l'espèce flu- viatile commune dans toute l'Europe, et que l'on mange habituellement pres- que par-tout; aussi, depuis Aristote jusqu’à nous, trouve-t-on peu d'ouvrages sur l'Histoire Naturelle des poissons et des insectes, où il n’en soit parlé, et elles ont donné lieu à des observations aussi intéressantes pour le Physicien que pour le Naturaliste. On a déjà vu, dans les préliminaires, les expériences qui ont été faites sur 22 HISTOIRE NATURELLE elles pour apprendre à connoitre les moyens que la nature emploie dans la reproduction des pattes, dans Je renou- veilement du test des crustacés, etona cité leur anatomie comme type de celle de tous les animaux de la classe , etc. ; on n'a donc plus à s'occuper 1c1 que de ce qui leur est particulier Le tronc ou le corcelet des écrevisses est à-peu-près cylindrique , plus long que large, et divisé en tête, en cor- celet et en queue. La tête est confondue avec le corcelet, mais on observe, ce- pendant, une séparalion marquée par une profonde suture, ou rainure trans- versale, tracée en demi - cercle , dont la concavité est en devant. Cette écaille s'étend sur les côtés et en dessous, jusque vers l'emplacement des pat- tes , de sorte qu'elle fait presque le tour de tout le corps. Le devant de la tête est prolongé en bec, ou en longue pointe applatie et horizontale, qui, de chaque côté, près de son origme , est DES ÉCREVISSES, 23 garnie ordinairement d'une petite épine, et tout le long du dessus d’un rang d’é- pmes semblables, dirigées en avant, et formant comme une espèce de crête. Immédiatementau-dessous de la grande pointe, on voit, de chaque côté, comme des filets déhiés et sétacés, ce sont les an- tennules composées d'un grand nom- bre d'articles entièrement semblables à ceux des antennes. Chaque paire de ces antennules , qui sont mobiles , est atta- chée à une tige commune , beaucoup plus grosse, divisée en trois articles à- peu-près cylindriques , et garnis de longs poils qui y forment de grosses touffes. Les deux antennes supérieures , qui sont à filets coniques, et se termi- nent en pointe fort déliée, égalent or- dinarement le corps et la queue en longueur, et sont divisées en un très- grand nombre d'articles, qui les ren- dent très-flexibles. Chaque antenne est posée sur une base mobile , composée de trois parties grosses et cylindriques ,. 24 HISTOIRE NATURELLE garnies de longs poils, et de quelques petites éminences. Au-dessus , et un peu à côté de cette base , 1l y a une grande pièce écailleuse , triangulaire et mobile, qui est applatie et terminée en pointe, garnie au bord intérieur d’une frange de longs poils. A la base de cette pièce mobile , on trouve encore une partie écailleuse, convexe ; et plus bas, une autre plaque avec de courtes épines, et des éminences. Les yeux de l'écrevisse sont placés aux côtés de la longue pointe avancée de la tête, dans un enfoncement très-profond qui se trouve immédiatement au-dessus de la pièce triangulaire mobile , dont il vient d'être fait mention. Ils sont mobiles, et constitués de manière que l'écrevisse peut les retirer au fond de la cavité, et les faire sortir à son gré. Elle les retire toujours quand on les touche. L'œ1l est en forme d’un demi- globe noir, couvert d'une peau ou d’une pelli- eule membraneuse et flexible, dont la DES ÉCREVISSES. 25 surface est luisante , et paroit travaillée en rézeau, exactement comme dans les yeux des insectes ; de sorte que , sui- vant les apparences, chaque maille ou chaque face, est un petit œil distinct. Ce demi-globe est placé, et comme enchâssé dans une espèce de fourreau ou dé capsule cylindrique , d'une subs- tance très-dure , ayant , au milieu de son étendue , un enfoncement ou un rétrécissement , et à sa base un bour- relet relevé. A cette base, quiest con- cave en dessous , est attaché un muscle, qui tient de l’autre bout dans l'enfon- cement de la tête. C'est au moyen de ce muscle, qui paroît fort et nerveux, et qu'il n’est pas facile d’arracher de la tête sans le briser ou le défigurer , que animal en pouvant l’alonger et le ra- courcir, est en état de mouvoir l'œil , et de le tourner de tous côtés. L'oœ1l et la capsule ont, en dedans, une cavité commune, remplie d'une matière noire et un peu visqueuse. Après avoir Ôté 26 HISTOIRE NATURELLE cette matière, on voit que les parois de la capsule sont minces ; mais dures et écailleuses , et que l'œil n’est formé, au contraire , que d'une membrane irès-mince et transparente, qui, vue au microscope, est merveilleusement com- posée, et représente une gaze extréme- ment fine. La délicatesse de cette mem- brane de l'œil exigeoit que l'écrevisse pût la retirer dans la tête, afin de la mettre à l'abri de tous les accidens. Les écrevisses paroissent avoir la vue très - bonne ; dès qu'on leur présente la main, sans même toucher à l’eau, elles élèvent la tête, ouvrent les pinces, et se mettent en défense. L'espace qui se trouve au-dessous de la tête , entre la racine des antennes et les pattes, est garni de plusieurs parties qu'il s’agit actuellement de con- sidérer. On voit, d'abord, deux grosses dents placées vis-àvis de l'ouverture de l'estomac, c'est-à-dire de la bouche, Ces dents émaillées et dures comme DES ÉCREVISSES. 27 ane pierre, se meuvent latéralement, et sont composées à-peu-près, comme les dents moilaires des quadrupèdes, d'une couronne et d'une racine. La couronne, convexe à l'extérieur et con- cave à l'intérieur , est garnie tout au- tour de ses bords, d’un double rang de dentelures semblables à celles d’une scie, et la racine qui est également os- seuse et émaillée, a une grande ca- vité dans son intérieur , d'où part un long tendon blanc, terminé par un muscle en forme de brosse ; ce tendon avec son muscle sert à donner le mou- vement à la dent. Ces dents tiennent si fort à la tête, qu'il faut user de force pour les arracher , et leur usage n’est ‘pas équivoque ; elles servent à mächer, à broyer les alimens. Chaque dent est accompagnée , au côté extérieur, d'une partie un peu applatie, divisée en trois articles mobiies , dont celui de l'extrémité est bordé de longs poils, cette partie est fortement attachée et 28 HISTOIRE NATURELLE articulée à la base de la couronne. Les autres parties qui se trouvent autour des dents, et qui tiennent à la tête, à qui Fabricius a donné le nom d'ins- trumens du manger , instrumenta ct- baria , sont une lèvre supérieure, des mächoires, une lèvre inférieure et qua- tre paires d’antennules , sans compter les bras. La lèvre supérieure est osseuse, pe- tte, triangulaire, placée sous le che peron, un peu au-dessous des dents, appelées mandibules dans le langage scientifique. Les mächoires qui se trouvent au - dessous des mandibules sont petites , applaties, minces, os- seuses , composées chacune de trois pièces inégales : l'extérieure est petite, et ciliée à son bord interne; la pièce intermédiaire est beaucoup plus grande et ciiée à son bord supérieur. La troi- sième est figurée en croissant, et ciliée à son bord supérieur. La lèvre inférieure est formée de DES ÉCREVISSES. 29 plusieurs pièces osseuses, larges , pla- tes, Inégales et ciliées. Les premières antennules sont sim- ples, petites, cylindriques | minces, composées de trois articles, et insérées à la partie latérale supérieure des mandibules. Les secondes sont sim- ples , longues, minces, sétacées ; elles sont insérées à la partie latérale ex- terne de la lèvre inférieure. Les troi- sièmes sont bifides ; la division interne est courte, grosse, composée de qua- tre ou cinq articles ; l’externe est lon- gue , mince, sétacée, composée de deux articles. Les quatrièmes, que quel- ques Naturalistes désignent sous le nom de bras, sont bifides ; leur division interne, la plus grande, est composée de plusieurs articles dont le second est fortement denté dans la plupart des es- pèces ; la division externe est sétacée et composée de deux articles. Toutes ces difiérentes parties. cor- courent à l'action du manger , mais 1l Crustacés. II. 4 30 HISTOIRE NATURELL®Æ est difficile de déterminer, à quoi, dans cette opération, sert telle ou telle pièce. Il paroit cependant que les antennules servent pour tâter les alimens, les bras pour les porter à la bouche, et les mâ- choires pour les y assujetti. Voyez pl. 1, où ces parties sont figurées isolément. La queue de l’écrevisse fait la moitié de l'étendue de l'animal entier. Cette queue, que Gronovius appelle le tronc du corps, est plus convexe en dessus qu’en dessous, et est composée de six pièces articulées , ensemble, par le moyen de membranes flexibles. Les pièces ou plaques peuvent glisser les unes sur les autres, et sont terminées, vers les côtés , en pointe ou en lame triangulaire et applatie ; mais en des- sous, chaque anneau n'a , au milieu, qu'une arète transversale , écailleuse , ou cartilagineuse et voûtée, le reste de leur étendue étant couvert d’une peau membraneuse et flexible. Les bordssont DES ÉCREVISSES. 31 garnis d'une frange de longs poils, qui ont des barbes très-fines des deux côtés ; et, qui, vusau microscope , ressemblent aux barbes des plumes d'oiseaux. Ces anneaux ont , en dessous , des parties remarquables , attachées près de leur bord extérieur , à l’arète écailleuse qui traverse chaque anneau : on les nomme les filets de la queue. Baster et Grono- vius , les ont regardés comme des pattes en nageoires ; mais on ne leur trouve aucune conformité avec les pattes, Ces filets varient en nombre et en figures dans les deux sexes. Ils sont mobiles à leur base, ou mieux articulés aux arètes de la queue, par une petite pièce sur laquelle 1ls se meuvent. L'écrevisse les fait flotter dans l’eau , en avant et en arrière, comme de petites nageoires. La femelle en a quatre paires, placées sur le second , le troisième, le qua- trième et le cinquième anneau, et les deux filets de chaque paire sont dirigés l'un vers l’autre , et en avant, de sorte 32 HISTOIRE NATURELLE que leur extrémité se trouve tout Île Tong de la ligne du milieu de la queue. Lis se ressemblent tous , et sont com- posés, chacun, d’une tige applatie, car- tilagineuse , qui jette deux branches de la même substance, dont la postérieure est divisée en deux portions par ure arüculation mobile ; les deux bran- ches sont également mobiles sur la tige à laquelle elles sont unies , de sorte que ces filets sont très-flexibles. Les branches sont garnies de longs poils , qui ont des barbes le long des côtés, comme ceux qui bordent la queue. C'est à ces filets que l'écre visse attache ses œufs, à mesure qu'ils sont pondus, et elle continue à les porter ainsi sous la queue, jusqu'à la naissance des petits. Sur le troisième , le quatrième et le cinquième anneau de la queue, le mâle a des filets entièrement semblables à ceux de la femelle. On voit aussi deux filets sur le second anneau, mais qui différent des autres, en ce que la bran- DES ÉCREVISSES. 33 che postérieure ou intérieure, qui est plus large que l'autre, est garnie. en dessous d’une pièce alongée , cartila- aimeuse, lisse, luisante et blanchätre, dont le bout est un peu courbé, ou comme voûüté longitudinalement. Les branches de ces filets, garnis aussi au bout de poils barbus , sont placés de manière quelles forment un angle tres- ouvert avec la tige d'où elles partent. Le male des écrevisses a encore, en dessous du premier anneau de la queue, deux autres parlies attachées à l'arète écailleuse de cet anneau, qu'on ne voit pas sur la femelle , et qui se distinguent très-bien au premier coup- d'œil. Ces deux parties sont mobiles à leur base , où elles ont une jointure ; elles sont placées selon la longueur du corps , et sont appliquées, labs l'inac- tion, sur la plaque triangulaire qui se voit Lee les pattes de L troisième et quatrième paire. Elles sont en forme de tiges, un peu applaties, droites, d'un 94 HISTOIRE NATURELLE blanc un peu bleuâtre, et de substance cartilagineuse , comme la pièce qui se trouve en dessous de l’une des branches des filets du second anneau. Leur moi- tié antérieure est courbée , et roulée sur elle-même longitudmalement , à- peu-près comme une oublie, de sorte qu'elle forme une espèce de tuyau. Enfin, les deux filets de l'anneau sui- vant reposent sur une partie de ces tiges, dont l'usage est encore entière- ment inconnu , quoique quelques au- teurs les aient prises pour deux parties sexuelles dont le mâle seroit pourvu ; mais comme on n’a pas encore vu COM- ment se fait l’accouplement des écre- visses, on ne sauroit rien décider sur leur usage ; 1l y a même plus d'appa- rence que ces parties ne sont pas des- tinées à la génération, puisque les vais- seaux spermatiques n’ont avec elles au- cune communication, comme on l'a vu dans le développement anatomique des préliminaires de la- classe. DES ÉCREVISSES. 35 La queue est terminée par cinq piè- ces plattes , minces et ovales, en forme de feuille , un peu convexes en dessus, et concaves en dessous , de substance écailleuse, et articulées au dernier an- neau par des jointures mobiles. Ce sont de véritables nageoires dont l'écrevisse se sert pour pousser et battre l'eau , en courbantet en remuant en méme-temps la queue, avec laquelle elle donne des coups réitérés dans l'eau; et c'est ainsi qu'elle nage, non pas en avant, mais toujours en arrière ou à reculons , parce que les coups de la queue sont dirigés vers la tête. Elle écarte et rapproche les nageoires l’une de l’autre à son gré, et dans le premier cas elle les ouvre comme un petit éventail , les nageoires glissant alors les unes sur les autres ; elle les tient ordinairement ouvertes. La nageoire du milieu, qui est la plus large, est aussi la plus élevée ; les deux latérales intermédiaires glissent sous elle, et les deux extérieures sont cou- 06 HISTOIRE NATURELLE vertes par les intermédiaires , quand l'écrevisse les tient fermées ou rappro- chées ensemble. Ces cinq nageoires ne sont pas toutes de la méme figure ; celle qui occupe le milieu est comme brisée à une certaine distance de son extré- mité , ou bien elle est divisée transver- salement , par une articulation ou use jointure , en deux parties , qui se meu- vent comme sur une charnière , formée par cette jointure. La Re de ces pièces , qui est la plus grande, est gar- nie , à chaque angle extérieur , toit près de l'articulation , de deux épines très- dures et très- pointues. Les deux na- geoires extérieures latérales sont pa- scidleraeht divisées en deux portions inégales , par une Joimture en forme de charnière, au moyen de laquelle la se- conde portion , qui est la plus petite, peut se plier en dessous ; la prenuère portion est garnie seulement , à l'angle extérieur , d'une épine pointue, sem- biable à celle de la nageoïre du milieu ; DES ÉCREVISSES. 37 mais cette portion a, en outre, le long de son bord postérieur, une suite d’é- pines plus petites. Enfin, les deux na- geoires latérales, intermédiaires, sont toutes d’une pièce, ou , sans être divi- sées par une articulation, comme les trois autres, elles ont seulement, en dessus, une arète longitudinale qui les divise en deux plans, un peu inclinés lun à l'autre. Toutes ces nageoires sont bordées, par derrière , d'une belle frange de poils barbus, ou semblables aux barbes des plumes, tels qu’on les a vus sur le bord des anneaux, et sur les filets de la queue. Sur la nageoire du milieu , on voit, en dessous, environ - dans son milieu , un ouverture ovale, qui a un petit rebord tout autour, et qui est l'anus de l'animal ; le long in- testin qui traverse la chair intérieure de la queue aboutit à cet anus. L'écre- visse porte sa queue indifféremment , tantôt étendue , et tantôt recourbée ou pliée en dessous; elle peut l'amener au 58 HISTOIRE NATURELLE point de faire toucher les nageoires à la base des pattes de la seconde paire, et C'est au moyen d’une ielle courbure qu'elle rapproche les filets du dessous de la queue, tout près des deux ouver- tures des pattes de la troisième paire, qui donnent sortie aux œufs qu'elle est alors en état de fixer sur ces mêmes filets. Les écrevisses respirent l'eau et l’air par des oures assez semblables à celles des poissons , ainsi qu'on l'a vu dans les généralités de la classe. L'ouverture, qui leur sert à cet usage, est placée en des- sous de la tête , entre les dents et le test du corcelet ; elle est grande et pro- fonde. On voit facile ment l’action ins- piratoire et expiratoire de ces ami- maux, soit qu'on les ôte de l'eau, soit qu'on les y remette. Dans ces deux cas, 1lse produit un petit bruit occa- sionné par l'entrée de l’eau ou la sortie des. bulles d'air qui viennent crever à leur ouverture. DES ÉCREVISSES. 39 Ce Les pattes des écrevisses ont leur attache le long du dessous du corps à une peau dure et écailleuse, et sont au nombre de dix, placées par paires. Les deux grandes pattes antérieures , ou les serres, terminées par une grosse pince, sont fort longues , et divisées en cinq parties articulées ensemble, et mobiles les unes sur les autres. La première, qui est attachée au corps, est grosse etcourte. La seconde , plus longue, est appla- tie des deux côtés, et garnie de pe- ttes pointes au bord antérieur; environ au milieu de la longueur, elle semble divisée en deux portions par un suture transversale ; mais cette division n’est qu'apparente , les deux portions ne fai- sant qu'un même corps, sans articula- tion. La troisième partie, encore. plus longue , est également applatie dans sa plus grande étendue , mais grosse et an- gulaire au bout, ayant ordinairement , le long du bord antérieur , deux rangs 40 HISTOIRE NATURELLE de pointes en épines. La quatrième partie est courte, grosse et angulaire, munie de plusieurs pointes de longueurs inépales; enfin la cinquième partie est la pince. Toutes ces parties sont jointes ensemble par de fortes membranes mus- euleuses, qui leur donnent le mouve- ment nécessaire , et chaque partie se meut Comme sur un pivot ou une Char- mère , mais chacune dans une direction différente , les unes ayant un mouve- ment horizontal , et les autres un mou- vement vertical ou oblique au plan de position ; c'est pour cela que toute la patte peut se plier en deux, de manière que le second ou le troisième article se trouve alors dans une position presque paralèlle à la serre, et elle a besoin de pouvoir se plier ainsi quand l'écrevisse veut rapprocher ses deux pinces l'une de l'autre. Les membranes par lesquelles le quatrième articleestuni au troisième et à la pince, sont très-am- DES ÉCREVISSES. 4x ples, parce que, dans ces deuxendroits, la patte doit pouvoir se plier le plus. La serre ou la pince est une grande pièce ovale , plus large que grosse, con- vexe en dessus et en dessous, et ordi- nairement couverte de petits tuber- cules , et de petites pointes dures qui la rendent comme chagrinée, sur-tout le long du bord intérieur. En devant, elle est garnie de deux tiges coniques, mais un peu applaties, qu’on a nommées des doigts, et qui sont également rabo- teuses. Ces doigts se terminent en un petit crochet courbé, et très- pointu ; l'extérieur est immobile , et ne fait qu'un même corps avec la grosse pince ; mais l’intérieur est mobile, et articulé à la même pince par une mem- brane musculeuse , au moyen de la- quelle il se meut comme sur une char- nière. Le dedans de cette pince est rempli d'une masse de chair, qui a au milieu un carülage plat. C'est avec Crustacés. IT, o 42 HISTOIRE NATURELLE les pinces que l'écrevisse prend sa proie , la serrant avec beaucoup de force ; elles lui servent encore de dé- fenses, car lorsqu'elle est irritée, et qu'on lui présente le doigt, elle s’en saisit, et fait d'autant plus de mal , que tous Ée moyens qu'on emploie pour s'en débarrasser ne servent qu'à la déterminer à augmenter d'action; il faut, dans ce cas, ou casser la pat- te , ou mettre l’animal dans la po- sition de croire qu'il n'a plus rien à craindre. Les huit autres pattes sont longues et efhlées,. divisées chacune en six articles un peu applats, en y compre- nant celui par lequel la patte est immé- diatement insérée au corps, et ces ar- ticles sont unis ensemble par des mem- branes qui leur donnent le mouve- ment de la même manière que dans les grandes serres. Les premières et les secondes, de ces huit pattes, sont termi- (DES ÉCREVISSES. 45 nées par une petite pince , formée de deux doigts assez semblables à ceux des grosses pinces antérieures , avec cette différence que c’est leur doigt ex- térieur qui est mobile , et non l'inté- rieur; ces doigts, dont l'animal se sert aussi pour pincer, sont ordinairement garnis de petites touffes de poils, en forme de pinceaux, placés dans de petits trous ; quand 1} marche , 1l avance or- dinairement les deux pattes de la se- conde paire au-dessous des deux pre- mières, ou de celles à grosses pinces. Enfin , les deux dernières paires de pattes sont terminées uniquement par un ongle très - pointu et mobile, en forme de griffe d'oiseau. Les pattes des écrevisses , de l’un et l’autre sexe ont encore une parti- cularité des plus remarquables , c'est d'être le siége des parties de la généra- tion. | On peut d'abord distinguer le sexe des écrevisses en les regardant en des- 44 HISTOIRE NATURELLE sous. On remarque que la queue de la femelle est ordinairement plus large au milieu que vers les deux extrémités; ses bords décrivent une ligne courbe, au lieu que celle du male est presque par-tout de longueur égale et à bords tout droits. Outre que le mâle est or- dinarement plus grand , il a le plus souvent, aussi, les deux pattes antérieu- res à grosses serres, plus grandes que celles de la femelle. Le dessous de la queue a déjà présenté, comme on la vu, des particularités propres à faire distinguer le sexe de l’écrevisse. À la base du premier article des pattes postérieures du mâle, ou de l’ar- ticle qui est attaché au corps, on voit une cavilé arrondie , remplie d'une masse charnue où membraneuse , en forme de mamelon , qui est percée d’une ouverture ; c’est celle, ou mieux, car il y en a une de châque côté, ce sont celles par lesquelles réecie male jette sa semence. On a vu dans DES ÉCREVISSES. 45 les généralités de la classe, que Potius et Roesel avoient observé que les deux vaisseaux spermatiques aboutissent à ces ouvertures. L'écrevisse femelle présente , au même article des deux pattes de la troisième paire, tout près du corps, une grande ouverture ovale, bouchée en partie par des chairs, et qui est faite pour donner passage aux œufs. Les deux ovaires, placés dans le corps, ont leur issue à ces ouvertures. Entre les pattes de la troisième et qua- ‘trième paire, on voit, sur le dessous du corps , une plaque écailleuse , élevée, formée comme par deux pièces trian- gulaires, mises bout par bout. Dans la femelle, cette plaque se trouve cou- verte, au temps de la ponte, d'une matière calcaire jaunâtre, qui y tent fortement , et que Roesel soupçonne être la semence que le mäle y a versée, mais sans en donner des preuves déci- sives. Ainsi, dans ces animaux , les parties de la génération de l’un et l'autre * 46 HISTOIRE NATURELLE sexe sont doubles , et comme elles se trouvent en dessous du corps , 1l faut nécessairement que leur accouplement se fasse ventre contre ventre ; mais l'oc- casion de voir cet accouplement singu- her est aussi difficile à rencontrer qu’à saisir. Voici ce que Baster en rapporte sur la foi d'autrui : lorsque le mâle at- taque sa femelle, elle se renverse sur le dos, et alors ils s'embrassent l'un et et l’autre très-élroitement par les pattes et la queue ; après quoi, au bout d'en- viron deux mois, la femelle se trouve. chargée d'œufs. Les écrevisses sont toutes ovipares. Après avoir eu la compagnie du mâle, elles pondent un très - grand nombre d'œufs qu'elles ont l'art d'attacher aux filets mobiles qui se trouvent au-des- sous de leur queue, et qu'elles y por- tent constamment jusqu'à ce que les petits éclosent. El y a même apparence que les œufs croissent et augmentent en volume, tandis qu'ils sont ainsi at- DES ÉCREVISSES. 47 tachés à ces filets. Chaque filet est chargé, dans toute son étendue, tant sur sa tige que sur ses branches, de plus ou moins d'œufs, selon le ht ou moins de fécondité de l’écrevisse. On y en voit vingt, trente et même davantage, de sorte que chaque écrevisse peut être chargée de plus de deux cents œufs. Ces œufs, d'un brun rougeätre très- obscur, environ de la grosseur d’une graine de pavot blanc, dans l'espèce commune ; beaucoup plus considérable dans les éspèces marines , représen- tent par leur ensemble ‘une petite grappe de raisin, parce qu'ils sont attachés aux filets par des pédicules plus ou moins longs , espèces de tuyaux qui s'élargissent à la base où ils tiennent au filet. L'œuf méme se trouve renfermé dans une espèce de sac, qui est une continuation de pédicule membraneux , et qui l'en- ioure entièrement. Le dedans de l'œuf est rempli d'une matière en forme 48 HISTOIRE NATURELLE de bouillie rougeatre , et sa coque extérieure est membraneuse et fle- xible. Lorsque les petites écrevisses sont écloses , elles sont transparentes , ex- trémement molles , mais en tout sem- blables aux grosses. Comme leur déli- catesse les exposeroit , les premiers jours de leur naissance, à des dangers sans nombre qu'elles ont bien de la peine à éviter plus tard , la sage nature leur a donné , pour encore quelque temps , une retraite sous la queue de leur mère. Il n’est personne qui n'ait été quelquefois dans le cas de manger des écrevisses ainsi garnies de petits 3 quoique la pêche soit proscrite à l'é- poque où elles éclosent. Lorsque la mère est tranquille dans l’eau , on voit sortir ces petites écrevisses d'entre ses jambes , et se hasarder à ramper autour d'elle ; mais, au moindre danger , elles se retirent toutes ensemble dans leur asile. II semble que la mère les aver- DES ÉCREVISSES, 49 tisse de ce qu'elles doivent craindre, car ce n’est jamais sans motifs fondés qu'elles fuient ainsi. Les petites écre- visses abandonnent cependant leur mère peu-à-peu, à mesure qu'elles grandis- sent, et on n'en voit plus guère avec elle, à la fin de la prenuère quinzaine de leur naissance. La couleur des écrevisses est d'un brun verdâtre , dans celles de rivière; d'un brun rougeûtre, taché de bleu , de rouge, et d'autres nuances, dans celles de mer; mais, quelle que soit la couleur pendant la vie , le fond devient tou- jours d’un rouge foncé par la cuisson , ou l’action des acides. Les écrevisses, comme tous les au- tres crustacés , changent de peau tous les ans , au commencement de l'été. On a vu , dans les généralités de la classe , le détail des observations faites par Réaumur sur cetteimportante opé- ration : en conséquence on n'en parlera pas ici. On ne parlera pas non plus , 50 HISTOIRE NATURELLE par la même raison, des deux demi- globes que l'on trouve dans l'estomac des écrevisses, avant leur mue, et qu'on a appelés pierre d’écrevisse, ni de la reproduction des membres de ces ani- maux. Les écrevisses de mer et de rivière croissent avec beaucoup de lenteur , et par conséquent peuvent vivre un grand nombre d'années. Des écrevisses de rivière de huit à dix ans sont encore de médiocres écrevisses. On en cite qu'on suppose de l’âge de cinquante ans. Quelques-unes, des premières, arrivent à une grosseur démesurée , près d'un mètre de long , sur un à deux décimètres de diamètre. Les secondes acquièrent souvent près de deux décimètres, sur cinq à six cen- timètres. Elles se plaisent principale- ment dans les eaux courantes et pier- reuses des montagnes. On les trouve aussi dans les lacs et les étangs; mais Jeur chair , à moins que ces amas DES ÉCREVISSES. 5x d'eau ne soient alimentés par des sources voisines , n'est pas aussi bonne Elles se cachent , pendant le jour, dans des trous qu'elles se creusent , sous les pierres, sous les racines d’ar- bres , etc. JL est extrêmement difficile de peu- pler d'écrevisses un ruisseau , et encore plus un réservoir où 1l n'y en avoit point. Peu d'animaux aquatiques sont plus délicats sur la nature de l'eau où elles doivent vivre. On les a vues, à la suite de ces transplantations , sortir de l'eau, ( chose qu'elles ne font jamais , quoiqu’on l'ait dit, dans leur ruisseau patal ) et venir mourrir sur la terre. C'est sur-tout lorsqu'on les prend dans une eau vive , pour les mettre dans une eau stagnante , qu on remarque cet effet , quoique cette eau ne leur soit pas mortelle , puisque souvent 11 yen a déjà. Ce n'est jamais qu'à force de sa- crifier des individus , qu'on parvient à en accoutumer quelques- uns à leur = 52 HISTOIRE NATURELLE. youvelle habitation. Les seules eaux qui soient réellement mortelles aux écrevisses , sont celles qui sont en état réel de putréfaction. Elles s’accoutu- ment , avec le temps, aux fonds les plus vaseux. Les écrevisses, comme tous les au- tres crustacés, ne vivent que de subs- tances animales. Il est très- probable que c’est par inexactitude d'observation qu'on a dit les avoir vues manger des vésétaux. Tout ce qu'elles peuvent sai- sir leur est bon, soit qu'il soit en vie, soit qu'il soit corrompu. En cas de di- sette, sur-tout lorsqu'elles changent de peau, elles se mangent entre elles. Les petits poissons, les petits coquillages, les larves d'insectes , tout ce qui se noïe dans les eaux forme la base de leur subsistance pendant l'été. Elles restent l'hiver entier sans manger, ou sans pres- querien manger. Eliesont pour ennemis, lorsqu'elles sont jeunes, presque tous les animaux qui fréquentent les eaux, DES ÉCREVISSES. 53 eu qui y habitent constamment, tels que les loutres, les rats d’eau , les oiseaux aquatiques , les poissons voraces , les larves d'insectes, etc.; mais à mesure qu'elles acquièrent de la‘ force, elles en voient diminuer le nombre. Les quadrupèdes amphibies, les grands o1- seaux , tels que ceux du genre héron, et sur-tout l'homme, sont presque les seuls qu'elles aient à redouter lorsqu'el- les ont acquis huit à dix ans d'âge. Com- me elles multiplient beaucoup, il suflit de ne pas pêcher pendant quelques an- nées dans un ruisseau épuisé , pour qu'il y en ait autant qu'auparavant. Leur nombre se borne cependant d’a- près la masse de subsistance qu'elles peuvent consommer ; quand ces subsis- tances sont rares, elles se mangent en- tre elles. Les écrevisses de mer aiment les côtes pierreuses, où 1l y a des rochers, dans les fissures desquels elles puis- sent se cacher. Elles se trouvent dans Crustacés. II, ( 54! HISTOIRE NATURELLE toutes les mers; et, malgré la péche continuelle qu'on en fait , elles ne sont point rares sur les côtes d’Eu- rope. Les écrevisses de mer se prennent par hasard dans les filets, ou dans les parcs que l'on fait sur les bords de Ja mer , pour les arrêter à la marée descendante ; on les prend aussi aux basses marées , dans des trous où il reste de l’eau, daus les fentes de rochers, etc. Il est rare qu'on puisse employer, avec succès , à leur égard, les engins qui servent à prendre les crabes , et autres crustacés esculens. Quant aux écrevisses de rivière , ces mo yens sont extrémement avantageux, et fort amusans à employer. Leur pêche se fait principalement le soir, parce que ces animaux ne sortent de leur trou, et ne se mettent en mouvement, pour aller chercher leur nourriture, qu'au moment du coucher du soleil. À cette époque donc, on place, dans les lieux DES ÉCREVISSES. 55 : où l’on soupçonne qu’il ÿ en a le plus, plusieurs cercles de fer ou de bois , garnis d’un filet , et attachés par trois cordes à un bâton, plus ou moins long, après avoir eu soin de fixer solidement, au milieu de la partie supérieure du filet, un morceau de viande quelconque; la plus infecte est la meilleure , mais or- dinairement on préfère des tripailles de poulet, des grenouilles écorchées , etc. Quelques instans après que cet engin est au fond de l’eau, on apperçoit, si l’eau est pure, les écrevisses accourir de toutes parts , et se mettre à man- ger avec avidité. Lorsqu'on les voit, les soupçonne occupées de cette opération, on lève doucement l'engin, et quand 1l est arrivé à la surface de l'eau, on le tire brusquement à terre , et on ramasse sa proie, qui ne cher- che à se sauver que lorsqu'il n'est plus temps. Cette pêche produit sou- vent d'abondans résultats. Par elle on a le choix des plus belles écrevisses et 56 HISTOIRE NATURELLE on peut rejeter le fretin, ce qui con- serve la population. C'est principa- lement en été que cette manière de pêcher est facile; au printemps et en automne les écrevisses ne sortent guère de leur trou , et en hiver elles n’en sortent pas du tout. Alors, il n'y a d'autre moyen, pour les avoir, que de les chercher avec la main dans leurs retraites, moyen beaucoup plus fati- gant et plus incertain que la pêche au filet. C'est ce moyen qu'on em- ploie au printemps, lorsque les écre- visses femelles sont garnies de leurs œufs , et qu'elles sont en conséquence plus recherchées des gourmets ; mais on détruit alors , en une seule pêche, l'espoir de plusieurs générations. Les autres manières de pêcher les écrevisses , telles que les baguettes gar- nies d’un morceau de viande , les fagots d'épines, au centre desquels on en atta- che également , le desséchement des ruisseaux , l'usage des flambeaux pen- DES ÉCREVISSES. 97 dant la nuit, etc. , rentrent plus ou moins dans celles qui viennent d'être mentionnées. Les écrevisses, prises, peuvent être conservées plusieurs jours, lorsqu'il ne fait pas trop chaud , dans des paniers où on aura mis des herbes fraiches , on recommande sur-tout l'ortie, ou dans un baquet où 1l n'y auroit que quelques millimètres d'eau de hauteur. La grande consommation d’air que font cesanimaux ne leur permet pas de vivre long-termps dans une eau qui n'est pas renouvelée. Les écrevisses de mer ne se mangent guère que bouillie dans l'eau de mer, et ensuite assaisonnées avec de l'huile, du vinaigre, du poivre, etc. ; mais celles d’eau douce se transforment, sur la ta- ble des riches, en un grand nombre de mets. La plus simple mamère de les appréter est , comme cela arrive tou- jours, la plus avantageuse sous tous les rapports, et celle que l’on einploie le 58 HISTOIRE NATURELLE plus généralement ; elle consiste à les mettre ,en vie, dans un chaudron, avec de l’eau fortement assaisonnée de poi- vre, de sel, de laurier , de thym, de muscade , et de beaucoup de vinaigre. Quelques personnes les font cuire dans le vin blanc. On en fait aussi des couhs, c'est-à-dire qu'on les pile avec leurs écailles, et qu'on emploie comme as- saisonnement le résultat de cette opé- ration. La saveur des écrevisses pilées est extrémement agréable, et se com- munique, ou se marie volontiers aux autres mets. Aussi cette mamière d’em- ployer les écrevisses est elle très-vantée par les gourmets. On n'a pas de bonnes observations sur l'usage diététique des écrevisses , mais on dit que leur chair nourrit beau- coup, et forme un aliment assezsolide, mais qui se digère difficilement. On les regarde en médecine, comme propre à purifier le sang, à disposer les hu- meurs aux excrétions , à ranimer les DÉS ÉCREVISSES. 59 oscillations des vaisseaux, et le ton des sohdes, en un mot comme un remède incisif et tonique. On les donne à ce ütre dans les maladies de la peau , dont le caractère n’est pas inflammatoire, On les emploient encore dans les obstru c- tons, les cachexies, la leucophlegma- tie, la bouffisure, etc. Mais leur utilité médicmale est réduite à une bien pe- tite importance par la nouvelle doc- trine , et les jeunes médecins ne les ordonnent guère que pour amuser les malades imaginaires. Dans les grands fleuves de la Russie asiatique, te ls que le Don, le Volea, etc. il y a des écrevisses d’une prodigieuse grandeur ; qu'on ne pêche que pour avoir De pierres. Lorsqu'on en a une certaine quantité on les laisse pourrir, ou on les écrase, et, au moyen de l'eau, on débarrasse les pierres de toutes les parties plus légères qu’elles. Ces pierres se vendent et s'exportent hors du pays. Ces prétendus yeux d’écrevisses, qu 60 HISTOIRE NATURELLE ont joui pendant plusieurs siècles d’une si grande réputation, qui, encore ce moment , sont si fort recherchés dans le nord de l'Asie, soit comme remède, soit comme amulette , ne sont plus estimés que comme le plus petit mor- ceau de craie ; et, si on en trouve encore dans les boutiques d'apothicure, c'est par un reste de l’ancien usage. es diverses espèces d'écrevisses de mer portent des noms vulgaires diffé- rens souvent des noms scientifiques. Le homar, par exemple, n’est pas le can- cer homarus de Linnæus , mais son cancer marinus. Le cancer homarus est le crustacé qu'on appelle en français langouste , et il sera décrit sous le nom de palinure. Les écrevisses dont il est question dans les voyageurs français et étrangers , peuvent appartenir aux genres voisins comme à celui-ci, car ils n'en ont pas donné de descriptions assez exactes pour qu'on puisse se for- mer une idée des caractères des objets DES ÉCREVISSES. 6t dont ils ont parlé. On est donc forcé de passer sous silence les faits qu'ils rap- portent. Le genre écrevisse des premières éditions de l'Entomologie de Fabricius a été considérablement circonscrit dans son dernier supplément, attendu qu'il a fait quatre nouveaux genres à ses dé- pens. Ces genres sont palinure, palæ- mon , alphée et crangon. Ces genres , à un seul près, ont été adoptés par La- marck, et on les emploiera ici à son imitation. Il ne faut donc pas s'attendre à trouver les espèces d'écrevisses pro- prement dites, aussi nombreuses qu’on auroit lieu de le croire, lorsqu'on se rappelle la grande quantité de crustacés qu'on appelle de ce nom. Ecrevisses à six pinces. EÉcrevisse homar, Æstacus marinus. Le corcelet uni; le rostre denté latéralement ; la base supérieure avec une double dent. Baster. Sub. 2. tab. 1. Pennant. Brit. Zool, 4, tab. 10. fig, 21, $e trouve dans les mers d'Europe. 62 HISTOIRE NATURELLE Ecrevisse des rivières, Æstacus fluviatilis. Le corcelet uni; le rostre denté latéralement; la base avec une seule dent de chaque côte. Degeer. Ins. 7. tab. 20. fig. 1. Roes. Ins: 3. tab. 54, 55. Suz. Ins. tab. 23. fig. 151. Pernant. Zool. Brit. tab. 15. fig. 27. Ferbsi. Canc. tab. 23. fig o. Voyez pl. 11. fig. 2, où une femelle est repré- sentée en dessous, au tiers de sa grandeur naturelle. Se trouve dans les rivieres en Europe et en Asie. Ecrevisse de Barton , Æstacus Bartonir. Le corcelet uni, le rostre court, aigu; le poi- guet denté. Voyez pl. 11. fig. 1, où elle est représentée réduite. Se trouve dans les rivières d'Amérique septen- trionale, d’où elle a été rapportée par Bosc. Ecrevisses à quatre pinces. Ecrevisse Norwégienne, st. Norwegicus. Le corcelet épineux en devant ; les pinces prisma- tiques, leurs angles épineux. Degeer. Ins. 7. tab. 245% fig. x. Séba, Mus. 3. tab. 21. fig. 3. Pennant. Brit Zool. 4. tab. 12 fig. 24. Herbst. Canc. tab. 26. fig. 3. Se trouve dans les mers du Nord. Ecrevisse hérissée, Æstacus scaber. Le corcelet antérieurement hérissé ; le rostre court, en aiène; les pinces antérieurement oblongues et velues. Se trouve dans la mer des Indes. Ecrevisse fauve, Æstacus fulvus. Le corcelet uni; le rostre court, denté des deux DES ÉCREVISSES. 63 côtés; les pinces comprimées; dentelées des deux côtés. Se trouve dans l’Ocèan. Ecrevisse bleue , Æsfacus cœrulescens. Le corcelet uni; le rostre épais, en alène, bi- dente ; le corps bleu. Se trouve dans la haute mer. Ecrevisse phosphorescente , st. fulgens. Le rostre très-court, en elène, sans épines; le gorps blanc, presque transparent. Se trouve dans les mers d’ Amérique. EE A PAGURE,, PAGURUS , Fabricius. Quatre antennes inégales ; les intérieures courtes , bifides au sommet ; les exté- rieures longues et sétacées. Corps oblong ; queue molle ou non testacée , ayant des crochets à son extrémité. Dix pattes; les deux antérieures munies de pinces. LA nature a refusé aux crustacés de ce genre les moyens de sécurité qu'elle a prodigués à la plupart des autres ; mais elle les a pourvus, d'une in- dustrie qui les en dédommage. En effet, si les pagures ont la partie 64 HISTOIRE NATURELLE postérieure du corcelet , et toute la queue , à sou extrémité près, dépour- vues de test, et par conséquent expo- sées à tout l'effet des armes de leurs en- nemis , 1lssavent oarantir ces parties en les enfermant dans une coquille uni- valve. Ce fait a été connu des anciens, et l'est encore de tous les habitans du bord de la mer. [l a toujours excité la surprise de ceux qui l'ont remarqué : aussi le pagure, quoique trop petit pour servir à la nourriture de l'homme, a-t-il eu des noms chez les Grecs et chez les Romains, et en a-t-1l encore, sur nos côtes, où on l'appelle le ber- nard-l’hermite , ou le soldat, parce qu'il a éié comparé, lorsqu'il est dans sa coquille , à un hermite dans sa cel- lule, ou à un soldat dans sa guérite. On a beaucoup écrit, depuis Ron- delet, sur les pagures ; mais cependant on est fort peu instruit de qu les re- garde. Les auteurs se sont copiés, et DES $AGURES. 65 depuis que l'on est dans la route de la vraie mamère d'étudier | Histoire Na- turelle , aucun observateur ne les a étudiés. Ce sont toujours des coquilles uni- valves , dont les pagures s'emparent pour se loger; mais toutes ne leur sont pas également propres. Il faut que sa grosseur soit proportionnée à la leur, c'est-à-dire, que l'ouverture soit assez évasée pour qu'ils puissent y introduire leur corps sans gêne, mais pas assez pour qu'ils ne puissent pas le fixer. Du reste, 1l ne paroït pas qu'ils préfèrent une espèce plutôt qu'une autre , et si,sur une côte on les voit presque tous logés dans la même , c'est que cette espèce est la plus commune, et remplit le mieux les données conve- nables. Comme les pagures portent , ou mieux trainent leur coquille avec eux, 1l faut encore que son poids soit proportionné à leur force, et ils doi- vent en conséquence rejeter celles qui Crustacés. II. 7 66 HISTOIRE NAÂURELLE sont d’une contexture trop pesante, où trop couvertes d'aspérilés susceptibles de les arrêter. Il n’est point vrai, comme l'ont cru les anciens, que les pagures tuent les animaux des coquilles qu'ils veulent habiter. Ils changent toutes les années de coquilles , mais ce n'est jamais que des coquilles vides dont ils s’'em- parent. Voici ce que l'observation à appris à cet égard. Lorsqu' au commencement de l'été, après la ponte et la naissance des petits R les pagures sentent arriver le moment où ils vont changer de peau, car ils en changent comme tous les autres crustacés , 1ls s'occupent de chercher une coquille propre à les recevoir pour subir cette opération , et les contemr ensuite , C'est-à-dire, une plus grande que celle où ils se trouvent. A cette époque, on les voit aller vers toutes les coquilles vides qu'ils apperçoivent, en mesurer la capacité , et lorsqu'ils DES PAGURES. 67 ont trouvé ce qui leur convient, sortir de leur coquille, entrer dans la nou- velle avec grande précipitation , et l'essayer. Il n'est pas essentiellement de la nature des pagures de vivre dans des coquilles, on en connoît plusieurs qui habitent les trous des rochers, d’autres quis’en font dans le sable. Il en est un qui se loge dans Le tube d'une serpule. Mais 11 faut venir à la description de l’äânimal. La tête des pagures est séparée du corcelet par un sillon transverse , et est couverte d’une plaque écailleuse, à-peu- près circulaire, et légèrement convexe. Au-devant , on voit les yeux, sphériques, portés sur de longs pédicules cylindriques et mobiles , à la base desquels est une petite écaille élevée. Les antennes extérieures sont sétacées, plus longues que le corps, avec une épine à leur base. Leurs trois pre- miers articles sont cylindriques, plus 68 HISTOIRE NATURELLE gros que les autres. Les antennes inté- rieures sont fihformes, courtes, com- posées de trois articles , qui font des angles les uns avec les autres, et dont le dernier est terminé par deux parties coniques , composées d'un grand nom- bre d'articles très-courts; l’une de ces parties , plus élevée, et betuconp plus grosse que l'autre, ioujours garnie de poils du côté AA Le corcelet est couvert d’un test peu épais sur sa partie supérieure , et d'une simple membrane sur les côtés. La queue est à-peu-près aussi longue que la tête et le corcelet pris ensemble; elle est presque cylindrique, courbée en dessous, et contournée selon la coquille où elle est placée habituellement, cou- verte seulement d'une peau membra- neuse. Vers les côtés elle est garnie de irois paires de filets ou lames applaties, alongées, couvertes de longs poils mo- biles , articulées à leur base, et flottant librement dans l’eau comme de petites DES PAGURES. 6d nageoires. Le bout de cette queue est terminé par une partie écailleuse , composée de plusieurs pièces en forme de lames applaties, mais de figure diffé- rente, et dont les cinq postérieures 3 placées en quinconce, sont garnies de poils, et courbées en dessous, dans leur position naturelle , pour couvrir l'ou- verture de l'anus. La lame du milieu de cette partie est garnie, de chaque côté, d'une pièce alongée, irrégulière, et écailleuse, divisée en deux articula- tions mobiles, et qui a en dessous un petit appendice, également écailleux ; mais ce qui est bien remarquable, c'est que la pièce écailleuse d'un des côtés est beaucoup plus grande ét plus lon- gue que celle de l'autre côté. C'est tou- jours celle opposée à la plus grande pince , qui est la plus grande. Ces piè- ces servent à l'animal pour se fixer au fond de sa coquille , à laquelle il adhère si fort , tant par elles, que par la courbure de sa queue, qu'on ne peut 1 70 HISTOIRE NATURELLE que difficilement l'en arracher sans bri- ser le corps. La femelle porte, en dessous de fo- rigine de la queue , tout près du cor- celet, un très -grand nombre d'œufs , très - petits, ronds et rougeätres, ras- semblés en grande masse , et attachés à des filets à- peu - près semblables à ceux qui se voient sous la queue des écrevisses de rivière. Les pagures ont dix pattes , comme presque tous les autres crustacés. Les pinces , plus courtes, mais beaucoup plus grosses que les quatre suivantes , sont divisées en cinq parties articulées, dont les deux premières sont courtes et cylindriques, les deux suivantes gros- ses, triangulaires , et tuberculeuses ; et la dernière , qui est la main , plus ou moins ovale, ou alongée , suivant les espèces, et en général toujaurs tuberculeuse ou épineuse. hs Les mains sont souvent inégales : il y a même quelquefois une très- OM DES PAGURES. TX grande disproportion entre elles ; cette disproportion est occasionnée par la gêne que présente la coquille. Ce n’est pas toujours la même pince qui est la plus grosse. La gauche comme la droite, peuvent prendre de l'exten- sion, selon la direction des tours de la spire , mais comme les coquilles dextres sont plus communes que les gauches, on trouve plus fréquemment de grosses pinces droites que de gauches. Les deux paires de pattes suivantes sont un peu applaties , plus longues que les pinces, et divisées en six articles , dont celui de l'extrémité est long , co- nique , uu peu courbé en arc, et terminé par un ongle dur , en forme de corcelet. Tous ces articles sont ordinairement velus, et quelquefois épineux. Mais les pattes de la quatrième et cinquième paire sont d’une figure toute particulière, et très-différente de celle des autres. Elles sont courtes et appla- tes , divisées en cinq articles , à-peu- , 72 HISTOIRE NATURELLE près de grosseur ou de largeur égale et très-velues. Elles sont terminées par une espèce d’ongle en crochet coni- que, au-dessous duquel on voit une pièce relevée, composée de petits grains velus. Il y a apparence que ces quatre pattes concourent, encore avec la queue, à fixer l'animal dans sa coquille. Les pagures marchent et traînent leurs coquilles par le moyen de leurs deux premières paires de pattes qui se cramponnent dans le sable , et tirent après elles l'animal. Bosc les a vus faire souvent cette manœuvre. Dès qu'on leur fait craindre quelque dan- ger , ils se retirent autant que possible au fond de leur coquille, et ne laissent plus voir que l'extrémité de leurs pat- tes antérieures. Tous les moyens qu'on emploie pour les obliger à sortir , excepté la chaleur du feu, sont mutiles. La rupture d'une partie de Ja coquille ne les force pas même. C'est du fond de cette coquille , où DES PAGURES. 73 ils sont comme en embuscade , que les pagures saississent, avec leur grosse pince , la proie qui passe à leur portée, Ils ne vivent que de chair comme les autres crustacés. Pendant l'été ils sont fort communs sur les côtes, et sont sou- vent portés sur la grève par le flot, mais 1ls savent fort bien retourner à la mer. Pendant l'hiver, 1ls s'enfoncent dans les profondeurs de l'Océan, on n'en voit plus, ou presque plus. Il en est de même sur les côtes de la Caro- line, ainsi que Bosc s’en est assuré. On mange les pagures en Europe, mais, Comme ils sont petits, et qu'il est difficile de les faire sortir de leur co- quille , on ne les recherche que lors- qu'on n’a rien de mieux. Le nombre des espèces de ce genre paroît considérable, cependant un très- petit nombre , même européennes , sont connues des Naturalistes. Cela vient de ce que, cachées dans leurs co- quilles , on les a toujours confondues "74 HISTOIRE NATURELLE avec une des deux espèces d'écrites par les anciens , c'est-à-dire celle à pince droite et celle à pince gauche plus grosse , et qu'il est fort difficile de les conserver. Bosc en a observé à Dieppe , et sur les côtes d'Espagne, cinq à six espèces , qu il croit nou- velles, mais qui se sont détruites dans sa collection, au point de ne pou- voir plus être décrites. [l en a égale- ment trouvé plusieurs inédites sur les côtes d'Amérique, dont une sera men- tionnée ci-après. On rapporte qu'il y en a, dans les iles d’ Amérique, une très-grande espèce qui vit habituellement sur terre , et qui ne va à la mer que pour y dépo- ser ses œufs , et ensuite chercher une nouvelle coquille, avec laquelle elle revient sur les montagnes et dans les bois. Quand on la prend elle jette un petit cri , et tâche de mordre la main. Les habitans la mangent, et tirent de son corps, par sa décomposition au DES PAGURES. 75 soleil , une huile jaunâtre , regardée comme un remède souverain contre les rhumatismes. On trouve, dans la co- quille d’où l’on vient de tirer, par le moyen du feu, un de ces pagures, une demie-cuillerée d’eau claire, que l’on regarde aussi comme un remède sou- verain contre les pustules que fait naître sur la peau le suc du mance- milier. Il est très - digne de remarque que ce pagure conserve ou produise celte eau , qui, sans doute , sert à lubréfier sa queue |, à lui donner la souplesse nécessaire. Des observations sur sa nature seroient sans doute inté- ressantes. Pagure miliaire, Pagurus miliarius. Brun ; les pinces égales , entièrement couvertes de tubercules peu élevés , composés par de petits grains rapprochés et moins colorés. Il se trouve dans le buccin pomme , et est de la grosseur du poing. Il paroît composé d’écailles en re- couvrement comme la galathée striée , et ses pattes sont fortement velues. Pagure cuirassier , Pagurus elibanarius. Le corcelet rugueux; les pinces presque égales, 76 HISTOIRE NATURELLE bérissées d’épines ; les jambes avee des faisceaux de poils. Herbst. Can. tab. 23. fig. 1. Se trouve dans la mer des Indes. Pagure mousquet, Pagurus sclopetarius. Le corcelet uni; les pinces égales, granuleuses ; les cuisses de la seconde paire de pattes comprimées, Herbst. Canc. tab. 23. fig. 3. On ignore sa patrie Pagure tambour, Pagurus tympanistus. Le corcelet uni, très-entier ; les pieds striés; les ongles marbrés. Herbst. Canc. tab. 23. fig. 5. On ignore sa patrie. Pagure larron, Pagurus Jatro. La suture du corcelet à quatre divisions ; la queue simple, ventrue en dessous. Rumph. Mus. tab. 4. fig. H, 1. Séba, Mus. 3. tab! 205. eat, 2 °HerbstACanc tab 22° Se trouve dans les Indes orientales, dans les fentes des rochers. Pagure vieille , Pagurus anicula. Le corcelet ovale, latéralement cilié ; les pattes rugueuses et hérissées de poils. Se trouve dans la mer du Sud. Pagure bernard , Pagurus bernhardus. Les pinces épineuses ; la droite plus grosse. Degeer. Ins. 7. tab. 23. fig. 5, 6. Pennant. Zool. Brit. 4. tab. 17. fig. 38. Jonst. Exsang. tab. 7. fig. 6, 12. Swammerd. BI. Nat. tab. 11. fig. 1, 2. Baster. Sub. 1. tab. 10. fig. 3, 4. Herbst. Canc. tab. 22. fig. g. Se trouve dans les mers d'Europe. DES PAGURES, 77 Pagure hongrois, Pagurus hungarus. Les pinces hérissées, noires à leur pointe; la droite plus grande; le corps fascié de rouge. Herbst. Canc. tab. 23. fig. 7. Se trouve dans les Indes orientales. Pagure Diogène, Pagurus Diogenes. Les pinces épineuses, pubescentes; la gauche plus grande. Rumph. Mus. tab. 5. fig. K, 4. Cuatesby. Carol. tab. 22. fig. 3. Kaemph. Jap. tab. 13. fig. 7. Herbst. Canc. tab. 22. fig. 5. Se trouve dans les mers d'Asie et d'Amérique, à é Pagure strié , Pagurus strigosus. Les pinces et les pattes striées transversalement ; les stries irrégulières, garnies de poils courts et dentés, toujours dirigés en avant ; la pince gauche plus grande, à doigts très-courts , et obtusement dentés en dedans. Voyez pl. 11. fig. 3, où il est représenté, dans sa coquille, presque de grandeur naturelle. Se trouve dans la Méditerranée. Pagure soldat, Pagurus miles. La pince gauche plus grande , épineuse ; les ongles des pattes très-longs et dentés. Herbst. Canc. tab. 22. fig. 7. Se trouve dans la mer des Indes. Pagure géolier, Pagurus custos. La pince gauche plus grande, unie; les ongles des pattes très-longs et unis. Se trouve dans la mer des Indes. Pagure diaphane, Pagurus diaphanus. Applati; la pince gauche plus grande, unie; le dos du poignet très-large. Se trouve dans la mer des Indes, Crustacés. IL & 79 HISTOIRE NATURELLE Pagure chaperon , Pagurus clypeatus. Le corcelet uni, entier, comprimé ; la pince gauche plus grande , et les pieds ponctués. Herbst. Canc. tab. 23. fig. 2, A, B. Se trouve dans la mer des Indes. Pagure hermite, Paguray eremitus. Les pinces hérissées d’aspérités, presque égales ; les six pattes anlérieures armées de pinces. Se trouve dans la Méditerranée, dans les trous de rochers. Pagure tubulaire , Pagurus tubularis. Presque cylindrique , avec des points enfoncés sur toutes ses parties. Se trouve dans la Méditerranée, caché dans les ser- pulaires. Pagure flutteur, Pagurus tibicen. Le corcelet uni, très-entier; la pince droite plus grosse ; toutes deux, ainsi que les pattes, marbrées de rouge, avec l'extrémité blanche. Herbst, Canc. tab. 23, fig. 6. On ignore sa patrie. Pagure excavé, Pagurus excavatus. La pince droite plus grosse, avec deux excava- tions; le doigt mobile; et la pince gauche également exCcavée. L Herbst, Canc. tab. 23. fig. 8. On ignore sa patrie. Pagure vitté, Pagurus vittatus. Les pinces presque égales , hérissées de tubercules ; les deux premières paires de pattes, avec des lignes longitudinales blanches. DES. PAGURES. 7à Voyez pl. 12, fig. 1 , où il est représenté un peu réduit. Corcelet applati, légèrement dentelé sur le devant , parsemé de quelques longs poils. Queue aussi longue que le corps. Pinces presque égales, variées de brun et de blanc, parsemées de tubercules blancs et de poils gris; les doigts égaux , voütés, sans dents extérieures ; le bord noir ; les quatre pattes antérieures onguicu- lées, velues, brunes, avec des lignes longitudinales blanches. Cette espèce a été trouvée très-abondamment, par Bosc, sur les côtes de la Caroline. Elle se loge dans plusieurs espèces de buccins. Pagure occulé , Pagurus occulatus. Les pinces égales, hérissées d’épines ; les pédou- cules des yeux aussi longs que le corcelet. Ferbst. Canc. tab. 23. fig. 4 Se trouve dans l'Océan. Pagure ailé, Pagurus alatus. . Les pinces unies, à trois ailes; la droite plus gmnde. Se trouve dans la mer du Nord. Pagure ophthalmique, Pag. ophthalmicus. Les pinces égales, hérissées ; les pattes avec des fais- geaux de poils; les yeux en massue. Se trouve dans la mer des Indes. . Pagure araniforme , Pagurus araniformis. Les pinces hérissées de pointes; la queue calleuse et onguiculée à sa pointe. Se trouve dans les fentes de rochers, dans la mer du Nord, 60 HISTOIRE NATURELLE Pagurus mangeur , Pagurus arrosor. Le corcelet appilati $ les pinces presque égales, ornées, ainsi que les pattes, de sillons nombreux. Herbst. Canc. tab. 48. fig. 2. On ignore sa patrie. TE GALATHÉE, GALATHEA, Fab. Quatre antennes inégales ; les deux inté- rieures fort courtes, triarticulées , à der- nier article bifide ; les extérieures longues et sétacées. Corps oblong ; queue grande, garnie d’écailles natatoires. Dix pattes ; les antérieures terminées en pinces. Les galathées forment un de ces genres qu'on pourroit appeler artifi- ciels, parce qu'il semble ne reposer que sur un seul caractère , mais quand on l'étudie, quand on entre dans le dé- tail de l'orgamisation des espèces qui le composent, on est déterminé à re connoître qu'il est aussi naturel que celui des pagures qui le précèdent, et : des palinures qui le suivent. DÉS GALATHÉES. 81 \ Aussi les galathées font-elles partie des genres que Fabricius avoit établis aux dépens des cancer de Linnæus, dans ses premiers travaux sur les crus- tacés , et depuis lors ont-elles été ad- mises comme genres par tous les Na- turalistes. La description absolue de l'espèce commune fera sentir en quoi ce genre diffère de celui de l'écrevisse, qui, au premier coup - d'œil semble avoir beaucoup de rapports avec lui. Le corcelet est ovale, très-peu con- vexe , terminé en devant par une sail- he triangulaire et garni sur les côtés d'épines coniques dirigées en devant. Ce corcelet paroit formé d'un grand nombre d'écailles transversales en re- couvrement les unessur les autres , dont le bord est ondé, velu, et plus coloré que le reste, sur-tout à deux endroits. Cette configuration , qui n’est qu'appa- rente, se fait voir également sur la queue , sur les pattes, etc. ; elle est 82 HISTOIRE NATURELLE très - remarquable , et distingue cette espèce parmi la plupart des crustacés, Ta partie antérieure du corcelet, où Ja pointe, est accompagnée de trois épines de chaque côté, et de quatre transversales en dessus, qui forment par le redressement de leur base un pett canal dans cette partie. C’est sous ces épines que sont placés les yeux, qui sont ronds, noirs , et placés sur des pédicules peu saillans. Les deux antennes extérieures sont placées sous et derrière les yeux. Elles sont aussi longues que le corps, et formées par un très-grand nombre d'articles, dont les trois premiers seuls sont remarqua- bles par leur grosseur. Les deux an- tennes intérieures sont placées entre les yeux, presque à la pointe, com- posées d’une grosse base mobile, armée de trois longues épines dirigéesen avant, et de trois articulations dont la pre- mière fait un angle droit avec la base, et la dernière est divisée en deux por- DES GALATHÉES, 83 tions coniques ; l'extérieure beaucoup plus grosse, formée d'un grand nombre de petits articles, est velue intérieure- ment. Les instrumens de la mandu- cation sont placés plus bas que les an- tennes, et comme à l'ordinaire, com- posés d'un grand nombre de pièces fort singulières. La queue est à-peu-près de la longueur du corps, un peu moins large que le corcelet, divisée en cinq anneaux, con- vexes en dessus, concaves en dette sillonnés comme le corcelet par des stries enfoncées , garnies de poils très- courts, et ornées de deux lignes longi- tudinales obscures. L'extrémiié est ter- minée par cinq lames nunces, écail- leuses, très-plates , bordées d'une frange de poils ; les deux pièces latérales sont à-peu-près circulaires, mais celle du milieu, plus grande que les autres est échancrée. Leur surface est raboteuse, et paroît composée d'écailles en recou- vrement. Ü4 HISTOIRE NATURELLE Les pattes sont , comme à l'ordi- naire, au nombre de dix. Les deux antérieures ou les pinces sont épaisses , aussi, et, dans une espèce, beaucoup plus Abbses que le corps , garnies d'épmes et de poils. Elles sont divisées en cinq parties , dont les deux pre- mières sont presque cylindriques, an- gulaires et plus garnies d’épines ; la cinquième qui est la main, convexe en dessous , applatie en dessus , et garnie d'épines ; les doïgts presque égaux , presque aussi grands que le reste de la main, courbés à la pointe et armés intérieurement de tubercules. La surface de toutes ces parties, et sur- tout distincternent celle des premières, est couverte d’écailles arrondies, den- telées , placées les unes sur les autres en recouvrement, comme celles des poissons , velues en leurs bords, dirigées vers la pointe. Les trois paires de pattes, qui sui- vent, sont beaucoup plus courtes que DES GALATHÉES. Ô5 les pinces, applaties, épineuses, ve- lues , et couvertes d'écailles sembla- bles à celles des pinces, mais la der- nière est fort remarquable , et d'une figure toute différente de celle des précédentes. Elle est filiforme et déliée ,, toute unie ou sans épine , divisée en cinq parties articulées et inégales en longueur, dont la troi- sième , qui est la plus longue , est un peu courbée ; celle de l'extrémité est courte et arrondie au bout , sans onglet , mais toute couverte de longs poils. Ces pattes qui ne sont pas tout-à-fait aussi longues que leurs voisines , sont, malgré leur peu de largeur , destinées à aider la galathée dans ses mouvemens natatoires. On voit, par cette description, que les galathées ont beaucoup de rapports avec les écrevisses, mais on voit aussr que leur test a une FPE RE articulée ou écailleuse particulière, Bosc, qui a eu occasion de prendre plusieurs galathées 86 HISTOIRE NATURELLE de différens âges, et qui a étudié leur composition , pense avoir quelques mo- üifs pour croire que leur accroissement ne se fait pas comme celui des autres crustacés , par le renouvellement com- plet de leur enveloppe, mais par la dislocation générale , à l'époque fixée par la nature, de toutes les articu- lations du corcelet et de la queue, de toutes les écailles des pattes, et la pro- duction rapides de lames intermédiai- res qui se soudent aux anciennes. IF faudroit sans doute des expériences directes pour établir d’une manière positive, un fait physiologique de cette importance, fait dont on trouve l'ana- logue dans les anatifs et les balanes, qui, comme on sait, ont beaucoup de rap- ports avec les crustacés ; mais Bosc est le premier à desirer que quelque nouveau Réaumur se charge de les entreprendre sur nos côtes, sur - tout sur celles de la Méditerranée , où les galathées sont très-communes. DES GALATHÉES. 0Y On a déjà vu une porcelane et un pagure qui avoient une organisation analogue , et sur lesquels on ne pouroit également tenter des observations. Les galathées se mangent, mais elles ne sont pas extrêmement recherchées. Galathée striée, Galathea strigosa. Le corcelet antérieurement hérissé de tubercules et cilié d’épines; le rostre pointu et à sept dents. Degeer. Ins. 7. tab. 23. fig. 1. Séba, Mus. 2. tab. 29. fig. 19, 20. Pernant. Zool. Brit, 4. tab. 14. fig. 26. Herbst. tab. 26. fig. 2. Voyez pl. 12, fig. 2 , où elle est représentée un peu réduite. Se trouve dans les mers d'Europe, Galathée rugueuse , Galathea rugosa. Le corcelet rugueux , cilié par des épines, le rostre à trois dents ; les pinces filiformes. Pennant. Zool. Brit, 4. tab. 14. fig. 27. Herbsi. Canc. tab. 27. fig. 3. Se trouve dans la Méditerranée, Galathée sociale | Galathea gregaria. Le corcelet rugueux, cilié ; le rostre à trois dents; tes antenulles antérieures alongées. Se trouve dans les mers d'Amérique. Galathée amplecte, Galathea emplectens. , E Le corcelet uni; le rostre court, émarginé; les pattes intermédiaires très-longues. Se trouve dans les mers d'Amérique, 88 HISTOIRE NATURELLE PALINURE, PALINURUS, Fab. Quatre antennes inégales ; les intérieures plus eourtes, mutiques , bifides au som- met ; les extérieures très-longues, séta- cées, hispides. Corps et queue des écre- visses. Dix pattes, toutes onguiculées , dépourvues de pinces, et ayant des brosses ou faisceaux de poils à leur extrémité. Les palinures sont appelées langous- tes sur les côtes de la Méditerranée , où 1ls sont fort communs. Ils ont été connus des Grecs et des Romains sous les noms de kapabos et de locusta. Aristote , Athénée, Pline et autres, en parlent comme d'un manger fort recherché , et encore aujourd'hui ces crustacés sont des plus estimés sur les bords et dans toutes les iles de la Mé- diterranée. Ils ressemblent beaucoup aux écrevisses, mais1ils en diffèrent es- sentiellement en ce qu'ils manquent de pinces à leurs pattes antérieures. DES PALINURES. 6q — Le corcelet des palinures est cylin- drique, ordinairement hérissé d'épines dirigées en avant , et d'autant plus gros- ses , qu'elles approchent de la tête. Leurs yeux sont globuleux, très-cros, portés sur de courts pédicules , qui se dirigent en travers , et se confondent ou s'unissent. Les antennes extérieures sont démesurément longues. Elles sur- passent du double la longueur du cor- celet et de la queue, prises ensemble. Leurs trois premiers articles sont ex- trêément gros, anguleux , et couverts de grosses épines. Les autres sont cir- culaires , allant en diminuant progres- sivement de grosseur, et hérissées de courtes épines. Les antennes intérieures sont de deux tiers plus courtes que les précédentes , sans épines , et divisées en deux à leur sommet. La queue est composée de six seg- mens convexes en dessus ; les quatre intermédiaires avecunsillon transverse, interrompu dans leur milieu. Les côtés Crustacés, II, 9 90 HISTOIRE NATURELLE sont armés d'une grande épine plate, antérieure , et deux à trois petites pos- térieures. Cette queue est terminée par cinq feuilletsmembraneux, fortifiés, à Jeur base , par des lames testacées et épineuses, analogues à celle des écrevis- ses. L’anus se trouve en dessous, à la base du feuillet du milieu. A la base intérieure de chaque grande épine la- térale , se voit, dans la femelle seule- ment , une nageoire membraneuse, et dans l'intervalle, quatre filets destinés à porter les œufs. Toutes les pattes sont onguiculées , et leur ongleest garni, intérieurement, de brosses de poils, régulièrement ran- gées , qui peuvent, au premier coup- d'œil, être facilement prises pour des épines. La première paire de ces pattes, celle qui tient lieu des pinces que pos- sèdent les écrevisses, et la plupart des autres genres, est du double à sa base, et du triple à son sommet , plus grosse que les autres. DES PALINURES. OX Les palinures ou les langoustes vivent de préférence dans les lieux pierreux. Pendant l'hiver , ils cherchent l'em- bouchure des rivières. Ils parviennent à une grosseur très-considérable, telle que quatre décimètres de long , sur un de diamètre. Ils sont, comme on l’a dit, plus estimés sur les côtes de la Médi- terranée | qu'aucune autre espèce de crustacés. Les œufs de la langouste sont très- petits, et s'appellent le corail de la lan- gouste, Ils sont singulièrement estimés à raison de leur délicatesse , aussi les femelles , qui en sont pourvues, se ven- dent-elles quatre fois plus cher dans le marché de Marseille. Ces œufs com- mencent à paroiître sous la queue des Jangoustes en prairial, et y restent pen- dant deux mois, après quoi ils tombent ou éclosent. Pline raconte que les langoustes se livrent de sanglantes batailles avec leurs cornes , mais elles ne paroissent 92 HISTOIRE NATURELLE pas pourvues d'armes propres à se faire réciproquement beaucoup de mal. Elles vivent de poissons et d’autres animaux marins , et ont la sèche pour principal ennemi, au rapport de Ron- delet. Linnæus a donné à l'espèce com- mune , celle que nous appelons en fran- cais langouste , le nom de Aomarus , croyant que c'était notre homard , qui comme on l'a vu, est une espèce d'é- crevisse. Ce nom devroit sans doute être changé, puisqu'il met de la con- fusion dans la nomenclature; mais son äbrogation en mettroit encore une plus considérable, en conséquence on le con- serve en latin. Palinure polyphague , Pa/inur. polyphagus. Le corcelet légèrement épineux ; le corcelet mar- bré de bleu. 1 Herbst. Canc. tab. 32. Se trouve dans la mer des Indes. Palinure langouste | Palinurus homarus. Vert ponctué de blanc ; les segmens de l'abdomen gillonnés dans leur milieu. Rumph. Mas. tab. 1. fig. A. Petir. Amb. tab. 6. | DES PALINURES. 99 fig. 1. Séba, Mus. 3. tab. 21. fig. 5. Pennunt. Brit Zool. 4. tab. 11. fig. 22. Herbst. Canc. tab. 31. fig. 1. Voyez pl. 13, fig. 1, où il est représenté extré- mement réduit. Se trouve dans les mers d'Asie, et dans la Méditer- ranse. Palinure orné, Palinurus ornatus. Verd , latéralement tacheté de blanc; les segmens de l'abdomen unis. Se trouve dans la mer des Indes. Palinure fascié, Palinurus fasciatus. Verdätre ; une fascie postérieure blanche aux seg- mens de l'abdomen. Se trouve dans la:mer des Indes, Palinure à quatre cornes, Pa/. quadricornis. Les épines oculaires dentées en dessous; roux , avec des taches abdominales blanches. Herbst. Canc. pl. 29. fig. 1. Se trouve dans l'Amérique méridionale. Palinure polyphague , Palin. polyphagus. Le corcelet un peu épineux; les pattes marbrées de ‘bleu. Herbst. Canc. tab. 32. Se trouve dans la mer des Indes. Palinure géant , Palinurus gigas. Le corcelet tuberculéux , antérieurement épineux, taché de jaune. , Astacus penicellatus, Olivier. Dict. On ignore sa patris. 94 HISTOIRE NATURELLE CRANGON, CRANGON , Fabricius. Quatre antennes ; deux intérieures courtes et bifides ; deux extérieures fort longues , sétacées , munies chacune , à leur base, d’une écaille oblongue , ciliée. Corps et queue des écrevisses. Dix pattes onguicu- lées ; les antérieures terminées en pinces. LE crangon a beaucoup de-rapports avec la crevette, mais il en est fort bien | distingué par les pêcheurs qui l’appei- lent le cardon ou le bouquet , et qui le prennent , soit pour manger, soit pour servir d'appâts à la pêche , à la ligne, des poissons de mer. Les crangons ne diffèrent des palæ- mon, nom scientifique des crevettes , que parce que leur corcelet ne se pro- longe pas ‘en pointe aiguë, et dentée en scie. [ls ont la même contexture, c'est*à-dire, un test très-mince et demi- transparent, et les mêmes mœurs. Les pinces des crangous diffèrent un pd DÉS CRAGONS. 95 peu de celles des écrevises en ce que l'ongle est très-courbé, etse replie paral- Jèlement au sommet de la main. Leurs pattes antérieures sont généralement plus courtes que les postérieures , et 1ls ont sous la queue des nageoires presque filiformes , mais très - longues. Leur queue est te comme celle des écrevisses, mais les feuillets en sont plus alongés, et moins larges propor- tionnellement. Celui du milieu est ter- iminé plus en pointe. Les crangons marchent par secousse , ordinairement en avant , mais lorsqu'ils craignent quelque danger, ils se sau- vent à reculons. Ils vivent d'animaux marins que le flot tue contre les rochers ou le rivage; 1ls ne peuvent prendre vivans que les plus petits, car leurs moyens d'attaque sont très-foibles. Une grande quantité d'espèces de poissons, d'oiseaux aquatiques , les oursins, les astéries , etc., en font leur päture. Leur chair est moins estimée que celle 90 HISTOIRE NATURELLE des crevettes, avec lesquelles on les mêle cependant souvent. Crangon boréal , Crangon boreas. Le corcelet épineux; la seconde et la troisième paire de pattes filiformes. Phipps. It. Boréal. tab. 12. fig. 1. Herbst. Canc. tab. 209. fig. 2. Se trouve dans la mer du Nord. Crangon vulgaire, Crangon vulgaris. Le corcelet uni; le rostre court, entier. Baster. Subs. 2. tab. 3. fig. 1 — 4. Séba, Mus. 3.tabt 27e Hg6-Roes Ins/\3.tab 63 Here 2. Pennant. Brit. Zool. 4. tab. 15. fig. 30. Herbst. Can. tab. 20 fig. 3, 4. Se trouve dans la mer du Nord. Crangon marginé, Crangon marginatus. Le corcelet court, comprimé, en alène; le tour de la base de l'abdomen argenté. Se trouve à l'ile de France. Crangon monopode , Crangon monopodium. Lé corcelet uni ; une des maius trés-grosse, para- élogramique; l’autre filiforme ; les écailles de la base des antennes très-petites. Voyez pl. 13, fig. 2, où il est représenté de gran- deur naturelle, Se trouve dans la mer des Indes. DES PALÆMON. 97 PALÆMON , P4LÆMON , Fabricius. Quatre antennes ; les supérieures plus cour- tes et trifides ; les inférieures fort longues et sétacées. Corps subcylindrique , ter- miné antérieurement par une pointe très- saillante , dentée en scie. Queue des écre- visses. Pattes onguiculées ; les antérieures terminées en pinces. Les palæmon, appelés crevettes en français, n'ont été séparés des écre- visses par Fabricius, que par suite du travail de Daldorf, et dans le dernier supplément à l'Entomologie Systéma- tique de ce célèbre Naturaliste. Le caractère principal qui distingue ce genre est d'avoir le corcelet pro- longé antérieurement en un rostre en crête applatie , plus ou moins dentée de l’un ou de l’autre côté, ou des deux à-la-fois. Ila, de plus, un caractère commun avec les squilles, mais quin'en est pas moins bon à remarquer, parce 9 HISTOIRE NATURELLE qu'il sépare ces deux genres de tous les autres, C'est d’avoir les antennes supé- rieures trifides. Le corcelet des palæmon est cylin- drique , mais cependant un peu ap- plati sur les côtés dans les petites es- pèces. Environ au tiers de sa partie supérieure , 1} commence à se carener, et cette carène arrivée au bord anté- rieur, se change en un rostre plus ou moins long , plus ou moins large, d'a- bord droit , ensuite légèrement courbé en haut, lequel est applati et carené latéralement , et toujours denté, soit en dessus , soit en dessous, soit à l’un et à l’autre à-la-fois. Les bords antérieurs du corcelet, au-dessous du rostre , sont toujours armés d'une à deux épines courtes, mais très-aiguës. Immédiate- ment sous la base du rostre se trouvent les yeux , en forme de poire , foible- ment pédonculés , et par conséquent très-rapprochés. Sous les yeux sont les antennes supérieures , dont le premier DES PALÆMON. 99 article est applati, large, et porte une longue épine à son angle extérieur ; les deux suivans sont cylindriques , et en- suite les antennes se divisent en trois filets inégaux , composés d'un grand nombre d'articles très - courts. Immé- diatement après vient , de chaque côté , un feuillet applati , alongé , plus ou moins long , et plus où moins large, selon les espèces , articulé sur une pièce courte, sinuée en ses bords, et qui porte une épine à son angle extérieur. Ensuite se voient les antennes inférieu- res, qui sont sur le même plan que les supérieures , et deux ou trois fois plus longues qu’elles. Elles sont simples, et leurs trois premières articulations sont plus grandes que Îles autres. La queue est applatie, et composée de six articulations , dont Les premières sont les plus grandes. Les écailles na- tatoires de l'extrémité sont très-alon- gées, et garmies de poils ; celle du mulieu est la plus étroite, et elle est 100 HISTOIRE NATURELLE souvent terminée par des épines. En dessous, quatre des articulations de la queue}sont, de chaque côté, accompa- gnées d’une membrane concave , dont la partie creuse est tournée en ar- rière , et au sommet de laquelle est articulée une autre membrane dont les bords sont plus épais que le milieu, et ciiés. Ces bords sont articulés fine- ment comme les antennes, et suscep- tibles , par conséquent, de prendre toutes les directions possibles dans l’ac- tion natatoire à laquelle elles sont spé- cialement consacrées. Les pinces sont longues, épineuses dans quelques-unes des grandes es- pèces, filiformes et unies dans la plu- part des petites. Les doigts sont égaux dans les unes et dans les autres, et quelquefois dentés intérieurement. Les deux espèces de palæmon les plus connues , sont la squiile et la lo- euste appelées sur nos côtes, chevrettes, crevette, salicoque, caramot, etc., et DES PALÆMON. IOT dont on fait un grand usage, comme aliment, et pour la pêche des poissons de mer. On en prend beaucoup à l'em- bouchure de la Seine, de la Loire et de la Garonne, par le moyen d'un filet en forme de sac, à-peu-près sem- blable à une trouble , mas plus large et moins longuementemmanché, qu’un homme, qui marche dans l'eau, conduit devant lui en le dirigeant toujours vers les bords. Elles sont grises , tache- tées de brun, quand elles sont en vie, rouse päle , lorsqu'elles sont cuites. Leur assaisonnement consiste à les met- tre sur le feu avec du sel et du vinaigre. Elles ont la chair tendre et douce, et d'un goût très-agréable. On mange tout à raison du peu d'épaisseur de leur test. Elles se corrompent très-rapide- ment après leur mort, qui a lieu peu d'instans après leur sortie de l'eau de mer, et l'odeur qu’elles répandent alors est, comme celle de la plupart des crustacés, des plus exécrables. IL faut Crustacés. II, 19 102 HISTOIRE NATURELLE les faire cuire immédiatement si on veut les conserver quelques jours. Lors- qu'elles ont des œufs, c'est-à-dire au printemps , elles sont beaucoup plus estimées, et réellement beaucoup plus délicates. Les chevrettes sont un des meilleurs appâts que l'on puisse employer pour la pêche à la ligne des poissons de mer, et dans beaucoup d'endroits on ne les prend que pour cet objet. C'est presque le seul dont se servent les Américains des États-Unis , ainsi que Bosc l’a observé. Les crevettes, dans leur état naturel, nagent en devant et sur leurs pieds ; mais lorsqu'elles ont quelques dangers à éviter, qu’elles veulent se sauver rapi- dement, elles se mettent sur le côté, et nagent à reculons. Elles vivent, comme les autres crustacés , d'animaux marins que le flot fait périr , de petits polypes, ou autres vermisseaux moins forts qu'el- les. Elles sont la proie de presque tous DES PALÆMON. 103 les poissons, auxquels 1ls n'échappent que par la rapidité de leur natation. Rondelet rapporte , qu'en redressant l'épine de leur front contre le palais des poissons , qui les veulent manger , elles les tuent. IL est en effet probable qu'une telle arme leur a été donnée pour défense ; mais Bosc s'est assuré que ce moyen ne leur est pas très-utile, et qu'aucun poisson d'une certaine gros- seur n'étoit arrêté par la crainte qu'elle peut inspirer Les chevreltes sont excessivement abondantes dans certains parages. S: leur destruction est facile, leur repro- duction est rapide, comme cela arrive toujours. La haute mer même n'en est pas privée. Bosc en a trouvé plusieurs espèces, non connues , parmi les fucus qui nagent sur l'Atlantique , à Cinq à six cents lieues des continens. Il en a décrit deux, réservant les autres pour être étudiées au débarquement; mais elles se sont malheureusement altérées X 104 HISTOIRE NATURELLE dans l’eau-de-vie où il les avoit mises. Il en est de même de trois où quatre espèces des côtes d'Amérique qu'il croit également nouvelles, et qui sont arri- vées méconnoissables. Palæmon cancer, Palæmon carcinus. Tes pinces égales, épaisses, épineuses ; le rostre relevé, plus long que les écailles des antennes. Rumph. Mus tab. 1. fig. B. S/oan. Jam. 2. tab. 245. fig. 2. Séba, Mus. 3. tab. 21. fig. 4. Lerbst. Canc. tab. 28 fig. 1. Se trouve dans les rivières d'Amérique. Palæmon lar, Pa/æmon ar. Les pinces égales, épaisses, épiueuses ; le rostre droit , égal aux écailles des antennes. Se trouve dans l’Inde. - Palærmonlongue-main, Palæm. longimanus. Les pinces inégales , unies ; le rostre droit, égal aux écailtes des antennes. Se trouve aux Indes orientales. Palæmon courte-main , Palæm, brevimanus. Les pinces médiocres; les doigts plus courts que ia main ; le rostre relevé, plus long que les écailles des antennes. Se trouve dans les Indes orientales. Palæm.coromandelien, P. coromandelianus. Les pinces médiocres; tes doigts plus courts que Ja main ; le rostre égal aux écailles des antennes. Se trouve dans les Indes orientales. DES PALÆMON. 103 Palæmon tranquebarique, P. tranquelaricus, Les pinces alongées , filiformes; les mains ovales. Se trouve aux Indes orientales. Palæmon squille, Palæmon squilla. Le corcelet uni; le bord à cinq dents; le rostre dentelé en dessous. Séba, Mus. 3. tab. 21. fig. 9, 10. Se trouve dans les mers d'Europe; c’est la chevrette des Francais. Palæmon locuste , Pa/æmon locusta. Le corcelet uni; le rostre épais, déntelé en dessus , uni en dessous ; les doigts alongés, filiformes. Herbst. Canc. tab. 27. fig. 1. Se trouve dans l'Océan; c’est la salicoque des Francais. Palæmon dentelé, Palæmon serratus. Le corcelet uni, un peu carené; le rostre dentelé des deux côtés. Se trouve dans la mer du Nord. Palæmon des fucus, Palæmon fucorum. Le corcelet uni; le rostre relevé, avec cinq dents à sa pointe. Se trouve parmi les fucus nageans dans l'Océan. ‘Palæmon narval, Palæmon narval. Le corcelet uni; le rostre relevé, presque aussi long que le corps, dentelé des deux côtés. Ferbst. Canc. tab. 28. fig. 2. Se trouve dans la Méditerranée. Palæmon pélasgique, Pa/æmon pelasgicus. Le corcelet uni; le rostre court, uni, denté des 106 HISTOIRE NATURELLE deux côtes ; le premier article de la queue très-grand, et les deux derniers trés-étroits et transparens. Voyez pl. 14. fig. 2, qui le représente de grandeur naturelle. Se trouve dans la haute mer, sur les fucus nageans, où il a été observé décrit et dessiné par Bosc. Corcelet uni, terminé en avant par un rostre droit de méme longueur que lui, et avec une seule dent de chaque côté. Les antennes supérieures bifides , portées sur l’écaille oculaire. Les inférieures à peine plus longues et simples. Premier article de la queue plus grand que le cor- celet, et que tous les autres ensemble, servant à les renfermer. Les deux derniers très-alongés, applatis, transparens. Les cinq écailles caudales également transparentes. Pattes courtes, toutes avec des pinces très-petites. Cette espèce, très-remarquable par la grosseur de la première articulation de sa queue, jouit , au moyen des deux dernières , à un haut degré, de la faculté de sauter. Plus qu'aucune autres de ce genre , elle nage par bonds. Elle se repose sur les tiges des fucus qui flottent dans la grande mer; et alors toute sa queue est renfermée où cachée sous le premier anneau. Elle est fort abondante. Bosc a encore trouvé, parmi les mêmes fucus, plu- sieurs espèces qui se rapportent au même genre, et qui sont inconnues aux Naturalistes. Il en avoit décrit quelques-unes : mais il en a perdu les descriptions. DES ALPHÉES. 107 ALPHÉE, ALPHEUS, Fabricius. Quatre antennes pédonculées, inégales, sé- tacées ; les intérieures plus courtes, bi- fides ; les extérieures plus longues, sim- ples, avec une écaille à la base. Corps arqué, conrprimé , pointu en avant. Les quatre pattes antérieures à mains armées de pinces. Fagricius a établi ce genre sur des espèces , qui toutes lui ont été en- voyées par Daldorf, des Indes orien- tales, et dont aucune n’a été figurée. II paroïit qu'il a beaucoup de rapports avec les palæmon, et qu'il est remar- quable , en ce qu'il a toujours les pin- ces inégales et difformes. Celles de la seconde paire sont filiformes comme dans les écrevisses. On ne sait rien de plus sur ce genre, n1 sur les espèces qui le composent. Alphée avare , Æ/phœus acarus. Les pinces inégales, difformes ; le rostre court e» alène, Se trouve dans les Indes orientales. 108 HISTOIRE NATURELLE Alphée tamule ; Æ/phœus tamulus.. Les pinces inégales , difformes ; la main gauche plus petite, filiforme. Se trouve dans la mer des Indes. Alphée voleur , Æ/phœus rapaz. à Les pinces inégales, difformes; le corcelet carené en devant ; le bec en alène. Se trouve dans la mer des Indes. Alphée malabarique, Æ/phœus malabaricus. 2es pinces inégales, difformes ; une des mains courtes avec des doigts filiformes très-longs. Se trouve dans la mer des Indes. LA LA . . PENEE, PENÆUS, Fabricius. Quatre antennes ; les extérieures, placées au- dessous des intermédiaires , très-longues et à pédoncule accompagné d’une écaille bifide et épineuse. Antennes intermédiaires plus courtes, à deux filets. Les premières pattes terminées par des mains. Anten- nules extérieures longues et avancées. CE genre est extrêmement voisin de celui des palæmon. Il a, comme lui, un rostre denté. [l comprend , dans Fa- DES PÉNÉES. 109 bricius, trois espèces venant de la mer des Indes, où on les mange comme ici les palæmon ; mais aucune de ces es- pèces n'est fisurée. Bosc, dans sa traversée d'Europe en Amérique, a trouvé, sur les fucus na- geans , un crustacé qu'il croit de ce genre, et qui est très-remarquable, en ce qu'il n'a que quatre pattes. IL en . donne la figure de grandeur naturelle, pl. 14, fig. 3. Ce sera le pénée très- ponetué , Penœus punctatissimus. Le corcelet est très- alongé , cylin- drique , terminé antérieurement par un rostre plus court que lui , un peu re- levé , armé de cinq dents en dessus. Les yeux sont placés très en arrière, derrière les antennes, sous les côtés du corcelet; ils sont très-gros, et longue- ment pédonculés. Les antennes intérieu- res sont un peu plus courtes que Les ex- térieures, bifides , et portéessur un long pédoncule |, accompagné d'une écaille bifide à sa base. Les antennes exté- {110 HISTOIRE NATURELLE rieures sont plus longues que les précé- dentes, simples et écartées. La queue est composée de quatre articles, dont le premier est plus long que les autres, et de plus, renflé à sa partie postérieure , de sorte que l’ani- mal est toujours comme bossu dans cet endroit. Les écailles terminales sont au nombre de cinq; les deux supé- rieures fort grandes , l'intermédiaire courte et triangulaire. Les pinces sont filiformes, et presque aussi longues que le corps. Le second article est le plus long. La main est aussi longue que le second article, peu renflée, et les doigts en forment la moi- tié. Les pattes, au nombre de deux pai- res seulement, sont un peu plus courtes que les pinces, et terminées en pointe. L'animal est d'un gris jaunâtre, par- semé , dans toutes ses parties , d'une 1im- mense quantité de petits points rouges. IL se trouve très-abondamment sur les fucus cités plus haut. DES PÉNÉES. III Pénée monodon , Penœus monodon. Le rostre épais, relevé, dentelé en dessus, avec trois dents en dessous. Se trouve dans les mers de l'Inde. Pénée monoceros , Penœus monoceros. Le rostre épais, denté en dessus, cilié en dessous. Se trouve dans la mer des Indes. Pénée planicorne |, Penœus planicornis. Le rostre coutt, dentelé; les antennes applaties en dessus. Se trouve dans la mer des Indes. M SQUILLE, SQUILLA, Fabricius. Quatre antennes presque égales ; les inté- rieures un peu plus longues et trifides ; les extérieures plus courtes , accompa- gnées d’un feuillet oblong. Corcelet court ; queue fort longue , s’élargissant vers son extrémité , garnie d’écailles et de branchies découvertes. Quatorze pattes ; les anté- rieures terminées par une pièce en scie où en peigne d’un côté, Ox donne, sur les côtes de France, le nom de squilles à plusieurs crustacés 112 HISTOIRE NATURELLE différens , mais plus généralement à une des espèces de ce genre, celle qu'on appelle aussi mante de mer , d'après Rondelet , à cause de la forme de ses pattes , analogue à celles de l’insecte de ce nom. Ce genre est un de ceux ancienne- ment faits par Fabricius, aux dépens des cancer de Linnæus. Il n'a pas éprouvé de variation depuis les pre- muères éditions du Systéme Entomo- logique de cet auteur , car il est des plus caractérisés et des CIN naturels. Le corps de la squille est, comme dans les autres crustacés, divisé en tête, en corcelet et en queue ; mais cette dernière partie, est, ici, d’un vo- Jume proportionnel bien plus considé- rable que dans aucun de leurs genres. La tête est petite, confondue avec le corcelet, garnie en devant de deux yeux , placés sur des pédicules mo- biles. Chaque œil paroît double, ou comme composé de deux globes entiè- DES SQUILLES. 1135 rement unis ensemble. A côté de ces yeux, on voit deux pièces très-plates, minces et alongées , également mobiles et attachées, une de chaque côté de la tête , à un gros article , qui est aussr mobile. Ces pièces , qui sont bordées tout autour de longs poils, ont la forme d'ailerons très-alongés, et servent pro- bablement de nageoires ; elles portent, à leur base interne, les antennes exté- rieures , qui sont courtes , formées par deux articles alongés et cylindriques , terminées par un filet simple , com- posé d’une grande quantité d'articula- üons. Sous les yeux sont implantées Îles antennes intérieures de la longueur du corcelet, composées de trois articles cylindriques, alongés, dont le dernier €st terminé par trois longs filets déliés et sétacés, presque égaux , qui sont très- souples, et divisés en une infinité d'ar- ücles. Le corcelet est beaucoup plus long que large, et sa partie postérieure plus Crustacés, II, TL II14 HISTOIRE NATURELLE Jarge que l'antérieure. Il est sillonné, eta, en devant, troissaillies , dont celle du milieu est arrondie, et les deux la- térales ponctuées ou épineuses. En des- sous, 1l est concave , avec une carène au milieu , à l'extrémité de laquelle est la bouche , et les organes de la man- ducation. La queue est très-longue, comme 1l a déjà été dit, presque égale d’un bout à l’autre, ou mieux augmentant fort peu du devant au derrière. Elle est convexe en dessus, divisée en onze an- neaux, dont les dix premiers, excepté celui qui la joint au corcelet, sont gar- nis de six arètes élevées , longitudi- nales, qui rendent le corps angulaire, et qui, dans les trois ou quatre derniers de ces anneaux, se terminent en épine très - pointue. Le onzième et dernier anneau, qui est plus large et plus long que les autres, est en forme de pièce plate, mais relevée au milieu, tant en dessus qu'en dessous ; ses bords sont DES SQUILLES. 115 durs et écailleux, garnis de huit grandes épines dures et pointues. Entre les qua- tre épines posiérieures, ce même bord est crénelé, ou garni d’une suite de dentelures arrondies. En dessous , il y a cinq paires de branchies très-remarquables , en ce qu’elles sont applaties et membraneu- ses, placées à la jonction des cinquième, sixième , septième, huitième et neu- vième anneaux, et à-peu-près perpen- diculairement à ces mêmes anneaux , c'est-à-dire un peu inclinés en avant, ou vers le corcelet. Elles sont mobiles à leur base, et forment ensemble, sous le ventre, comme de grosses touffes. Chaque branchie est composée de deux pièces circulaires, très-mimces et plates, comme des feuilles transparentes, gar- mes , tout autour de leurs bords, de Jonss filets , en forme de poils , qui flottent librement dans l'eau , et qui sont attachées l’une à côté de l’autre, par un petit pédicule charnu , à une 116 HISTOIRE NATURELLE grande partie , plus dure , et comme coriace , qui se trouve unie au Corps. Les deux pièces plates en feuilles, qui sont en partie en recouvrement l'une sur l’autre , sont accompagnées , à leur surface antérieure , d’un gros paquet de filets charnus, en forme de fibres, qui flottent également dans l’eau , et qus sont unis à la grosse partie coriace dont il a été parlé. L'animal remue conti- nuellement ces ouies dans l’eau , avec une grande vivacité. Le dixième anneau de la queue est garm, de chaque côté, un peu en des- sous , d'une grande pièce écailleuse , applatie, mobile à sa base, et qui s'é- tend en dessous du dernier anneau qu'elle couvre; en sorte qu'elle ne pa- roit pas quand on regarde l'animal en dessus. On peut cependant écarter ces pièces , et les ramener de côté. Chacune est divisée longitudinalement en trois parties , de figure fort diffé- rente, qui, dans leur situation naturelle, DES SQUILLES. 117 sont appliquées les unes sur les autres , mais qui se laissent séparer ] jusqu à un certain degré. La partie extérieure, qui est la plus longue des trois, est en forme de lame alongée , garnie au bout d'une espèce de tête, et au bord exté- rieur de neufépines, avec une dixième à l'autre bord. La partie en forme de tête est bordée d’une frange de longs poils. La seconde partie est composée de deux longues pointes en épines re- courbées ; et la troisième a la figure d'une lame plus étroite, bordée par- tout de longs filets, en forme de poils. L'anus est placé sous la queue , tout près du dernier anneau; c'est uue pe- tite ouverture ovale. Lessquilles ont sept paires de pattes, ce qui les distingue de tous les autres crustacés. Elles sont de trois sortes. Les deux antérieures, ou les pinces, qui sont les plus grandes de toutes, sont attachées au-dessous du corcelet , tout près de sa base, Elles sont composées de 118 HISTOIRE NATURELLE quatre parties articulées ensemble , et faisant des angles et des coudes , les uns avec les autres. La première, qui tent immédiatement au corcelet, est longue etassez massive, avec quelques pointes angulaires, et une profonde rainure en dessous , dans laquelle la troisième par- tie est couchée tout du long, quand l'animal ferme la patte. La seconde parle est courte, et également angu- lare, ayant la forme d’un nœud, qui joint ensemble la dernière et la pre- mière partie. Cette dernière est longue, applatie , et un peu courbée, avec trois épines mobiles à son bord intérieur, tout près de son origine, et dont l'in termédiaire est plus courte que les deux autres. Enfin, la quatrième partie , un peu plus courte que la précédente, et qui forme la tenalle, est courbée, et composée du côté ténEuE de six pointes crochues, en forme de dents de peigne , les unes toujours plus courtes que les suivantes. Dans l'inaction , cette DES SQUILLES. 119 partie est repliée contre le bord anté- rieur de la précédente, étant alors cou- chée tout le long de cette dernière , et c'est avec elle que la squille se saisit de sa proie, la retenant à l’aide des six dents dont elle est pourvue, etdestrois épines qui se trouvent à la pièce pré- cédente. En dessous du corcelet, 1l y a encore six autres pattes, placées par paire en- tre les deux grandes, et tout près les unes des autres , qui sont également terminées par des ienailles simples, et divisées en six parties articulées , qui sont courbées et pliées de façon qu'elles font des coudes ensemble ; elles sont toutes dirigées vers la tête, mais leurs trois dermiers articles sont recourbés en arrière. Elles sont entièrement cachées par le corcelet, etenveloppées de poils. La première paire est plus longue que la seconde, et celle-c1 plus que la troi- sième. Le second article est long, délié et courbé; le troisième plus court, et 120 HISTOIRE NATURELLE renflé au milieu ; le quatrième presque globuleux ; et le cinquième est un cro- chet mobile, qui se replie sur les au- tres. Dans l’inaction, Îles six articles de ces pattes sont pliés les uns sur les au- tres, en sorte qu'elles ont alors la figure dunes. Enfin, la squille a encore six autres pattes longues , déliées et cylindriques, attachées aux bords latéraux du second, du troisième, et du quatrième anneau de ja queue , et divisées en trois arti- cles, dont celui de l'extrémité est garni, au bord antérieur, d'une suite de poils très-serrés, qui y forment comme une longue brosse ; mais cet article n'ayant pas de crochet au bout, ces pattes sem- blent être uniquement destinées à ser- vir comme d’avirons. Toutes les espèces de squilles ne sont pas exactement conformes à cette des- cription, qui est celle de la plus com- mune, de celle appelée, comme on l'a déjà dit , mante de mer ; mais elles DES SQUILLES. Ier n'en diffèrent pas assez pour que les généralités qu'elle contient ne leur con- viennent pas. Le test des squilles est demi-trans- parent, et beaucoup plus mince que celui des autres crustacés de leur gran- deur; ce qui indique qu'elles ont des moyens particuliers pour échapper à leurs ennemis > ui auroïent trop de prise sur elles ; mais leurs mœurs n’ont jamais été observées. On ne trouve dans les anciens au- cune trace qui puisse faire croire que la squille leur fût connue. Rondelet est le premier qui en ait parlé, et ce qu'il en dit se réduit à la description, et à une dissertation sur les noms qu'elle porte. La squille & la chair molle, mais d'un bon goût. On l'estime beaucoup sur les côtes de la Méditerranée , où elle est assez commune. 122 HISTOIRE NATURELLE Squille maculée, Squilla maculata. Le pouce de la pince en faux, à dix dents; le corps très-uni ; le queue avec quatre dents de chaque côté, £ Rumph. Mus. tab. 3. fig. 2. Se trouve dans les Indes orientales. Squille mante, Squi/la mantis. Le pouce de la pince en faux, à six dents; le corps ün-peu anguleux ; la queue dentée et épineuse. Degeer. Ins. 7. tab. 34. fig. 1. Marg. Bras. tab. 187. Séba, Mas. 3. tab. 20. fig. 2, 3. Herbst. Canc. tab. 33. fig. «. FVoyez pl. 12 fig. 3, où elle est représentée irès- réduite. Se trouve dans la Méditerranée et les mers de l'Inde. Squille raphidie, Squrlla raphidia. Le pouce de la pince en faux , à huit dents ; en de- dans , la pince dentelée et épineuse. Se trouve dans la mer des Indes. Squille phalange , Squi/la phalangium. Le pouce en faux, à cinq dents; la troisième et la cinquième plus Jongues ; le corps uni. Se trouve dans les Indes orientales. Squille ichneumon, Squilla ichneumon. Le pouce en faux, à quatre dents; le bord de la queue nouenx et épineux. Se trouve dans les Indes orientales. Squille scyllare , Squilla scyllarus. Les pinces droites, ventrues, anguleuses ; le pouce à trois dents. DES SQUILLES. 125 Séba , Mus. 3. tab. 20 fig. 6. Herbst. Canc. tab. 34, ñg. 1. Se trouve dans les mers d'Asie. Squille ciliée, Squi/la ciliata. Le pouce en faux, à trois dents; les deux derniers segmens de l'abdomen épineux et ciliés. Se trouve dans la mer des Indes. Squille goutteuse, Squilla chiragra. Le pouce en alène; la base avec une nodosité rousse. Rumph. Mus. tab. 3. fig. F. Ferbst. Canc. tab. 34, fig. 2. Se trouve dans la mer du Sud. Squille vitrée , Squi/la vitrea. Le corcelet uni, carené ; le pouce en faux , en alène, sans pointe. Se trouve dans la haute mer. Squille arénaire, Squilla arenaria. Le corps maculé de bleu ; le corcelet arrondi , uni; le pouce à huit dents. Rumph. Mus. tab. 3. fig. L. Herbst. Canc, tab, 33, fig. 2. Se trouve dans la mer des Indes, 124 HISTOIRE NATURELLE BRANCHIOPODE,BRANCHIOPODA, Lamarck. Quatre antennes simples, sétacées , inégales. Corps oblong, dépourvu de pattes, mais ayant de chaque côté une ou plusieurs rangées de branchies oblongues, ciliées, natatoires , qui en tiennent lieu. Queue nue , articulée, longue , fourchue à l’ex- trémité. LEs branchiopodes sont des ani- maux alongés, transparens, remarqua- bles par le grand nombre de branchies dont ils sont pourvus, et par la ma- nière dont la femelle porte ses ovaires. Leur couleur est jaune ou rougeûtre , quelquefois, principalement les femel- les, tirent sur le verd. Leur tête est membraneuse, voûtée et unie sur le milieu du front où il ya deux petits points noirs dont on ne peut deviner la nature. Elle est armée en avant de deux cornes démesurément grandes, relativement à la grosseur de DES BRANCHIOPODES. 12) l'animal , brunâtres , transparentes , courbées en dedans, fourchues à leur pointe, et portant un angle saillant sur leur dos. Ces deux cornes ressemblent beaucoup aux mandibules des lucanes ou cerfs volans, et sont creuses et mo- biles comme elles. Elles servent sans doute à l'animal pour prendre sa nour- riture. La femelle n'en a que deux petites, sumples, qui se voient égale- ment au mâle, dans l'intervalle des deux ‘ grandes. La bouche est placée au-dessous de ‘la tête, tout près des yeux. Elle est sullante, et accompagnée de quatre an- tennules ou mandibules, dont la forme n’est pas facile à déterminer , à raison de leur transparence. Les yeux sont latéraux, très-gros, noirs, et portés sur un long pédicule mobile. On voit très - distinctement qu'ils sont composés d'une innombra- ble quantité de petites facettes, comme ceux des insectes proprement dits, Crustacés, II, 12 120 HISTOIRE NATURELLE et recouverts d'une membrane dure, transparente, qui ne les touche pas dans leur partie supérieure. Lorsqu'on frotte ces yeux avec le doigt, la couleur noire disparoît; ce qui prouve qu'elle n’est que superficielle. Les antennes sont placées en dessus, peu loin de la base des yeux. Leurs points d'insertions sont très-rapprochés, et ceux des antérieures sont sur les cor- nes. Ces antennes sont transparentes, blanchätres ; les plus petites sont com- posées de deux parties articulées à leur base dans leur milieu , mais de ma- nière à n'avoir quun mouvement de genoux. Tous ces caractères les éloi- gnent singulièrement des antennes or- dimaires des crustacés ; et, si on leur donne ce nom, ce n'est qu'à cause de leur forme sétacée. Les antérieures sont beaucoup plus longues que les posté- rieures ; elles sont dirigées en avant, et immobiles, creuses dans leur inté- rieur , et manquent dans les femelles , DES BRANCHIOPODES. 127 ce qui les distingue encore plus des véritables antennes. Après la tête, est un cou ovale-cy- lindrique , qui est le premier article du corps. Le corps est cylindrique, composé de douze anneaux, un peu en carènes, dont le premier est plus large que les autres , et peut être - regardé comme faisant partie du cou, beaucoup plus étroit, 1l est vrai, mais se prolongeant en dessous, au-delà de lui. A chacun de ces douze anneaux , est attaché, en dessous, de chaque côté de la fossette ventrale , une branchie composée de trois lames ovales ; la pre- mière , pédiculée et articulée sur le ventre ; les deux autres sessiles , et articulées ; la seconde derrière et au mi- lieu de Ja première ; la troisième der- rière, et au milieu de la seconde. Tou- tes sont bordées de longues barbes, qui, vues à la loupe, se montrent pen- nées , et ont dans leur milieu un vais- 120 HISTOIRE NATURELLE seau aérien. La première paire de bran- chies seule n’a ne deux de ces lames ovales. Ces branchies forment donc un triple rang, où les dernières lames sont tou- jours recouvertes par les premières. L'a- nimal ne marche jamais dessus, etelles servent autant à l'action natatoire qu'à la respiration. Roesel prétend avoir observé que Jes animalcules aquatiques entrent avec l'eau dans les branchies, et sont con- duites à la bouche ; mais 1l est pro- bable qu'il a été induit à erreur par les bulles d'air, qui souvent ressemblent à des klopodes, à des paramecies, etc. La queue est composée de neuf ar- ticulations cylindriques, qui vont tou- jours en diminuant de diamètre. Elle est de la longueur du corps, et ter- minée par deux nageoires triangulaires, très-aiguës , un peu divergentes, gar= nies de longs poils pennés. Ces deux nageoires, dont l’une est souvent plus DES BRANCHIOPODES. 129 petite que l’autre, égalent en longueur la moitié de la queue. Au premier anneau de la queue , en dessous, on remarque beaucoup de vaisseaux qui vont en ligne droite, et à l'articulation suivante, deux corps cylindriques qu'on ne peut méconnoitre pour les organes males de la génération. Dans la fe- melle , ces corps sont remplacés par deux trous qui se touchent et se con- fondent en un seul. Les branchiopodes ont tout le long du dos un vaisseau rougeâtre qui se bifurque vers la tête, et qui est com- posé d’une suite d’utricules ovales. C'est le cœur qu'on reconnoît à son mou- vement de systole et de diastole. L'estomac et l'intestin se trouvent sous ce vaisseau, Le dernier a son issue à la base des nageoires de la queue. Les ouvertures de la génération de la femelle , dont il a été parlé plus haut, aboutissent en dedans du corps à une poche, qui est l'ovaire. Quand LA | 130 HISTOIRE NATURELLE on examine cette poche avant la fécon- dation, on la trouve remplie de beau- coup de petits corps, dont les uns sont obscurs, et les autres bleu de ciel, et dans un mouvement continuel ; tous ont une forme ovale, qui devient angu- laire à leur sortie de l'ovaire. Lorsque la fécondation est opérée, les œufs sortent du corps , et restent pendans à l'ouverture de l'ovaire , ren- fermés dans deux poches alongées, dont la transparence n'empêche pas de voir leur belle couleur bleue. Ils restent dans cette poche jusqu'à ce que les petits soient éclos. Les bFanchiopodes vivent dans les eat. entièrement stagnantes , princi- palement dans les fosses ou les mares qui se trouvent dans les bois, et qui sont garnies de plantes aquatiques. On les trouve dans les mares de la forét de Bondy, près Paris , quelquefois en immense quantité vers le mois de ger- minal et de prarial, On en voit moins DES BRANCHIOPODES. 131 dans les autres saisons. Ils présentent, sur-tout lorsqu'il y a beaucoup de fe- melles pourvues de leurs ovaires bleus, un spectacle fort agréable. Ils nagent sur le dos, toujours dans une position un peu courbée, et par saccades très- vives et très-fréquentes. Ce sont prin- cipalement les deux nageoires de la queue qui agissent dans cette opération, ainsi que Bosc l’a observé ; les bran- chies ne servent guère qu'à soutenir ce mouvement, et à guider la direction. Il est très-remarquable qu'il ne s’en trouve que dans certaines années. Les mares qui en étoient le plus abondam- ment pourvues n'en montrent souvent plus pendant plusieurs printemps de suite, ainsi que le même Naturaliste s'en est assuré. Lorsqu'on les tire de l'eau, ils se roulent sur eux-mêmes, et ne tardent pas à périr ; car leur dé- licatesse est extrême. Ils sont très- difficiles à conserver, même dans l'es- prit-de-vin, et ce par la même raison. 192 HISTOIRE NATURELLE Cet mtéressant animal a besoin d'être observé de nouveau , pour que son his- toire soit complète. Il ne peut l'être que par quelqu'un qui habite le voi- sinage des mares qu'il préfère ; car, ainsi que Bosc l'a expérimenté, il ëst presque impossible de le garder plu- sieurs jours vivans dans des vases de verre. Le branchiopode a été placé, par Fabricius, parmi les crevettes ; mais il est bien évident qu'il n'appartient pas à ce genre, et que Lamarck a eu raison d'en faire un particulier pour Jui. On observe que ce dernier Natu- raliste a été obligé de le placer parmi ses crustacés pédiocles, tandis que tous ses caractères le rapprochent des cy- clops qui sont parmi les sessiliocles. Il est une autre espèce de branchio- pode qui se trouve également aux en- virons de Paris, dans les mares de Fon- tainebleau , et qui a été décrit dans le manuel du Naturaliste de Duchesne DES BRANCHIOPODES. 1393 sous le nom de marteau d’eau. Elle diffère assez de la première pour mé- riter une description particulière. Sa tête est globuleuse , armée, en devant, de deux cornes courbées , dentelées , qui lui sont perpendiculaires , de sorte qu'elles sont comme deux grandes dents dirigées vers le ventre. Elles ont deux articulations à leur base. Dans la femelle, ces deux cornes, au lieu d’être dentelées, minceset courbes , sont cla- viformes et épaisses ; mais elles ont une petite épine à leur extrémité, qui remplace la pointe du mâle. Tous deux n'ont que les deux antennes antérieures qui ont été mentionnées dans la pre- mière espèce ; elles sont placées de même, et n’ont aucun mouvement. Les yeux sont également pédonculés. Le corps est plus court , plus bossu ; les branches sont plus longues , mais ne _ présentent pas des différences caracté- ristiques d'une grande importance. Les organes de la génération, dans le mâle, Y84 HISTOIRE NATURELLY sont beaucoup plus saillans et plus gros. Dans la femelle , l'ovaire saillant re- présente une lame de sabre assez lon- gue , et les œufs qu'il contient sont noirs , et dans un mouvement continuel. La queue est composée de six articu- lations presque égales dans leur gros- seur et leur longueur, terminées par deux filets garnis de longues soies peu nombreuses. Cet animal, encore plus que le pré- cédent, a les mouvemens vifs et brus- ques, et 1l ne nage qu'en donnant des coups de queue rapides ; ce qui lui a fait donner le nom qu'il porte en français. Branchiop.stagnal , Branchiopoda stagnalis. Les cornes horizontales, et les nageoires de la queue larges ; quatre antennes. Cancer stagnalis, Lin. «— Gammarus stagnalis, Fab. — Schaeffer. Monog. 1754. fig. 1, &, 12. Ferbst. Canc. tab. 35. fig. 9, o1. Voyez pl. 14. fig. 1, qui le représente grossi. de plus du double. Se trouve dans les eaux stagnantes. Branchiopode palludeux, Branch.palludosa. Les cornes perpendiculaires et les nageoires de la queue filiformes ; deux antennes. DES BRANCHIOPODES. 135 Muller, Zool. Dan. tab. 48. fig. 1, 8. Herbst. Canc. tab. 35. fig. 3, 4, 5. Act. Angl. King. Act. Angi. 2667, avec figures Se trouve dans les eaux stagnantes. A ZOÉ, ZOEA, Bosc. Quatre antennes presque égales, les exté- rieures bifides et coudées; un rostre de la longueur du corcelet. Deux yeux extré- mement gros ; pattes postérieures en na- geoires. Queue fourchue. Le genre de la zoé a été établi par Bosc , sur des crustacés qu'il a décou-. verts dans la grande mer , entre l'Eu- rope et l'Amérique. Il ne peut être confondu avec aucun autre, et sa place naturelle est même assez difficile à fixer. IL est de la division des sessilio- cles de Lamarck, et la disposition de ses pattes natatoires semble le rap- procher des polyphèmes de Muller : - mais 11 a deux veux , une queue arti- 136 HISTOIRE NATURELLE _culée , et, dans sa manière d'être , des caractères communs avec les bran- chiopodes de Lamarck. Dans l'impos- sibilité de le rapprocher d'aucun des genres de ce Naturaliste , on le met à la tête de la première section des ses- siliocles, avant la crevette; pour indi- quer qu'il fait le passage entre les pé- diocles et les sessiliocles. La zoé a un corcelet presque ovale, d'une seule pièce demi-transparente , portant sur sa partie antérieure et infé- rieure un rostre droit, inflexible , mince, uni, pointu, un peu plus long que le corcelet, et formant presque un angle droit avec lui. Aux deux CÔLÉS de ce rostre sont implantés deux yeux presque sessiles , extrêmement gros, saillans , d’un bleu très-brillant , et plus bas deux paires d’antennes plus courtes que lui; les inférieures simples ; les extérieures coudées et bifides. Les ins- trumens de la manducation n'ont pu être observés. Sur la partie supérieure * DES ZOÉS. 137 et antérieure du corcelet se. voit uue épine deux fois plus longue que lui très-large à sa base, courbée en arrière, unie, qui, l'animal vu de face, semble dans le même plan que le: rostre ; et sur ses parties Jatérales , deux autres épines, très-courtes, recourbées en des- sous. La queue est aussi longue que le corcelet sous lequel elle se couche ; elle est composée de quatre articulations ap- platies, presque égales, très-étroites, et d'une cinquième, la terminale, beau- coup plus grande, fourchue , ou mieux en croissant , avec quelques épines - courtes dans l'intérieur. Les pattes sont très - courtes, couchées sous l'abdo- . men, à peine visibles, à l'exception des deux dernières qui sont très- longues et en forme de nageoires. Telle est la description de ce très- remarquable crustacé , mais 1l faut voir sa figure pour s'en faire une idée com- plète. Il est nécessaire d'ajouter qu'il est transparent comme du verre ; que Crustacés. IT, 13 158 HISTOIRE NATURELLE les yeux ; et unê petite tache verte à la base‘ de l'épine supérieure ; le distin- guent seuls dé l'eau dans laquelle il vit La 206, lorsque sa queue est repliée , paroît un globule à pee d'un demi- millimètre, qui seroit percé d'oatre en outre par une épine. Elle se meut avec une grande vélocité, au moyen de ses pattes en nageoires , soit Circulaire- ment , soit de bas en haut, etdehauten bas, souvent elle tourne sur elle-même. Il est impossible de voir lorsqu'elle est en vie, à raison de sa petitesse et de sa transparence, non seulement les parties de la bouche, mais même les pattes , autrement que par leur mouvement, Bosc n’a vu qu'une seule fois cet ani- mal dans la haute mer , à cinq à six cents lieues des côtes d'Europe. Il en a entrevu un autre du même genre, dont la couleur étoit noire, et qui n’avoit point d'épine dorsale, mais 1l Jui est échappé avant d'avoir été décrit et dessiné. DES ZOËS. 1 4199 La pl. 15, fig. 5 et 4, représente la zoé pélasgique, zoea pelasgica, :très- grossie, vue de côté, et en devant. On dit qu'elle est déjà figurée dans un ou- vrage allemand, mais on n'en a pas ,ConnoIssance. ET TT CREVETTE,GA4MMARUS, Fabricius. Quatre antennes inégales , sétacées , articu- lées; les supérieures bifides, plus longues que Îles inférieures. Corps alongé, cou- vert de pièces crustacées , transverses. Des appendices bifides sur les côtés de la queue, et à son extrémité. Dix à quatorze pattes ; les quatre antérieures terminées par des mains à simple crochet. L£Es caractères qui distinguent les crevettes des autres crustacés sont très- prononcés, et principalement dans les appendices , propres à sauter, qu'on remarque à leur queue , aussi avoient- elles été séparées des cancer de Lin- 140 HISTOIRE NATURELLE næus dès les premières éditions du sys- tême entomologique de Fabricius. Eamarck avoit conservé à ce genre une latitude trop considérable , mais Latreille l’a restreint en établissant ce- lui qu'il a appelé talitre , et qui et diffère, principalement parce que les nolihee supérieures ne sont pas plus longues que le premier article des im- lérieures, tandis que dans les vérita- bles crevettes, ces mêmes antennes sont plus lonoues que lesinférieures, comme on vient de le voir. Le nouveau genre de Latreille sera mentionné ci-après. Le corps des crevettes est alongé, convexe ou arrondi en dessus, un peu attenué aux deux bouts, applati ou tes- tacé, comprimé sur les côtés, couvert de lames transverses plus ou moins nombreuses, selon les espèces. El est plus haut que large, cé qui fait que l'animal est obligé de se tent* couché sur un de ses côtés, lorsqu'il est en DÉS CREVETTES. 141 . repos au fond de l'eau ,' ou qu'il y veutmarcher ou nager, mais il re- prend la position naturelle à la plupart . autres crustacés lorsqu'il nage entre deux eaux. La tête est ici distincte, c’est- _à-dire qu'elle est séparée du corps par une légère incision. Elle porte sur les . côtés deux yeux, et sur le devant deux paires d'antennes sétacées. Les yeux, regardés à la loupe, montrent des plaques ovales, élevées, blanches | parsemées de points noirs. Les antennes sont longues, les pre- mières plus que les secondes, toujours un peu courbées. Elles sont divisées en quatre parties, dont la dernière, la plus mince et la plus longue , est sub- divisée en un grand nombre d’articu- lations , d'où partent de petits poils courts. Les supérieures sont un peu bifides, c'est-à-dire qu'il sort de leur troisième article , deux autres articles, . dont l'un est très - court comparative- ment à l'autre, 142 HISTOIRE NATURELLE, Les instrumens de la manducation sont moins compliqués que dans la plu- part des autres genres. Les plaques crustacées qui couvrent le corps, se prolongent de manière à former une grande cavité en dessous , qui sert à cacher une partie des pattes, et les branchies, qui, dans ce genre, sont saillantes, ou disposées en lames minces , transparentes , dirigées selon la longueur du corps. Les pattes varient en nombre, eom- me les anneaux, selon les espèces. Les unes en ont cinq paires, les autres en ont sept. Ces pattes sont attachées aux premiers anneaux. Les anneaux qui n'en portent point , ont une paire de longs filets mobiles, que l'animal tient dans un mouvement continuel, quoi- que tous ses autres organes soient en repos. Chacun de ces filets est divisé en deux parties , dont celle qui tient au corps est cylindrique , et l’autre divisée en deux branches coniques ou sétacées, DES CREVETTES. 149 garmies de Jongs poils, et subdivisées en un grand nombre d’articulations qui les rendent très - flexibles ; cependant elles ne sont mobiles que sur celle qui les unit à la pièce cylindrique. La queue est garme de quatre ou de six pièces alongées, bifides, très-remar- quables , et qui, comme on l’a déjà dit, constituent le caractère le plus essentiel de ce genre. Elles sont attachées, par paires, à chacun des derniers anneaux du corps. Ce sont des parties écailleuses, applaties et mobiles, divisées transver- salement, par une articulation, en deux portions , dont la seconde est composée de deux branches distinctes , également mobiles et articulées à la première portion, qui en est comme la tige. Les pièces , attachées au dermer an- neau , et quelquefois 1l n'y en a que là , sont les plus longues de toutes , sont garnies de pointes en forme d'épines , et leurs deux branches sont souventter- munées par trois épines semblables. 144 HISTOIRE NATURELLE Toutes ces parties, excepté la dernière paire, quoique garnies d'articulations, n'ont pas de mouvement propre, elles suivent celui que la crevette donne à sa queue ; on dit , excepté la dermère , parce que, dans presque toutes les es- pèces, cette dermière sert àun mouve- ment de ressort, qui fait sauter l'ani- mal quelquefois à une distance consi- dérable. Les pattes, sur lesquelles il faut re- venir, sont différentes les unes des au- tres, paire par paire. Les deux pre- mières paires sont plus larges que les autres , et ont, à leur extrémité, un grand ongle mobile, qui est la serre , et que la crevette peut appliquer sur l'articulation inférieure , dont le bord est garni de quelques épines. C'est avec ces serres, qui sont fort différentes de celles des écrevisses, que ces animaux saisissent leur proie, et la portent à la bouche. Les deux paires suivantes sont un peu plus longues , et moms larges DES CREVETTES. 149 que les premières ; elles sont également terminées par un ongle, mais 1l est droit ou peu courbé, et n'est pas sus- cepuble de se Scplièr: Enfin, les autres paires que la crevette tient Grhite ment relevées et appliquées contre les côtés de son corps, sont encore plus Jongues ; la cuisse sur-tout est beaucoup plus large. Elles ne sont pas ordinaire- ment velues, mais toujours épmeuses. Les crevettes savent nager avec beau- coup de vitesse, au moyen des instru- meps dont on vient de voir l’énuméra- tion , et qui tous y concourent. Elles sont extrémement communes, tant dans la mer que dans les eaux * douces, et servent de nourriture aux poissons Jittoraux , et à plusieurs es- pèces d'oiseaux. Souvent on les voit accouplées , le mâle emportant la fe- melle , bien plus petite que lui, entre ses jambes. On n’a pas suivi leur ma- nière d'agir dans la suite des actes de la génération , dans leur changement 140 HISTOIRE NATURELLE de peau, etc. ; mais 1l y a tout lieu de croire que cette manière est fort peu différente de celle des autres crustacés. Il est possible que dans les espèces dont on va donner l’énumération , 1l s'en trouve quelques-unes qui appar- tiennent au genre talitre; mais 1! sera facile à ceux qui auront occasion d'en rencontrer , de les reconnoitre. Crevette ampoule, Gammarus ampulla. Les pinces sans doigts; quatorze pattes ; les cuisses postérieures , larges et applaties. Phipps. It. Bor. tab. 12. fig. 3. Herbst. (Canc. tab. 35. fig. 1. Se trouve dans la mer du Nord. Crevette folâtre, Gammarus nugaz. Les pinces sans doigts ; quatorze pattes; les six cuisses postérieures larges et applaties. Phipps. It. Bor. tab. 12.fig. 2. Herbst. Canc.tab. 35 fig. 2. Se trouve dans la mer du Nord. Crevette carenée, Gammarus carinatus. Les pinces sans doigts; quatorze pattes; le dos ca- rené et épineux. On ignore son pays natal. Crevette treillis, Gammarus cancellus. Quatre pinces sans doigts; seize pattes. DES CREVETTES, 147 Pallas, Spicil. Zool. 9. tab. 3. fig. 18. Herbse, Canc. tab. 35 fig. 12. Se trouve dans les rivières de Sibérie. Crevette à longues cornes ,Gam. longicornis. Les pinces sans doigts; les antennes plus longues que le corps ; la queue obtuse. Gronw. Zooph. tab. 17. fig. 7. Pa/as, Spicil. Zool. 9. tab. 4. fig. 9. Pennant. Zool. Brit. 4, tab. 10. fig. 31. Herbst. Canc, tab. 35. fig. 11. Se trouve dans les mers d'Europe. Crevette des ruisseanx , Gammarus puler, Quatre pinces sans doigts ; dix patkes. Basier: Subs. 2. ‘tab. 3... fig 7 Geoïff..Ins, 2. tab. 2r. fig. 6. Degeer. Ius. 7. tab. 33. fig. 1,2. Herbst, Canc. tab. 36, fig. 4, 5. Voyez pl. 14 fig. 4, où elle est représentée grossie. Se trouve en Europe dans les eaux douces, ella est fort commune aux environs de Paris, Crevette porte corne, Gammarus corniger, Les pinces sans doigts; le rostre recourbé en alène ; une double corne de chaque côté du corcelet. Se trouve dans la mer du Nord. Crevette bossue, Gammarus gtbbosus. Oblongue, bossue; les antennes plissées , très-longues. Se trouve sur les. côtes de Portugal. Crevette amorce , Gammarus esca. Les pinces sans doigts ; la queue articulée eu alènez l'extrémité fendue. Se trouve dans la mer du Nord. 148 HISTOIRE NATURELLE. Crevette des méduses ,G'ammar. medusarum. Quatre pinces à un seul doigt ; la tête très-obtuse. Stroem. Sundm. tab. 1. fig. 12, 13. Se trouve sur les méduses dans la mer du Nord. Crevette des homars, Gamimarus homari. Les segmens du corps épineux en dessus ; la queue en faisceau ; les pointes dentelées. Stroem. Act. Afr. 10. tab. 2. Se trouve dans la mer du Noïd. ES A A TALITRE, T4LITRUS, Latrerlle. Quatre antennes simples ; les intermédiaires, supérieures, plus courtes que le pédoncule des inférieures. Corps alongé , couvert de pièces crustacées , transverses , presque égales, et appendiculées sur leurs Eôtés. Dix à quatorze pattes ; les antérieures terminées par des mains. Des appendices bifides à l’extrémité du corps. Les talitres ont été placés parmi les crevettes par Fabricius, et en effet 1ls ont de grands rapports de forme et rapporte que dès qu’on enlève les pierres où l'espèce de fumier sous lequel ils sont à l'abri du soleil, dans une humidité nécessaire à leur exis- tence, 1ls se sauvent toutes avec une telle vivacité de sauts, que de plusieurs centaines qu'il découvroit à-la-fois, à peine en pouvoit-1l saisir un ou deux individus. Les organes qu'ils emploient à ces mouvemens, ne sont autres que les ap- pendices de leur queue qu'ils replient sous leur corps, et qu'ils débandent ensuite, positivement comme les po- dures parmi les insectes. Ils donnent, si on peut employer cette expression, DES TALITRES. 151 de continuelles chiquenodes au sol sur Jequel ils se trouvent. Les talitres vivent d'animaux plus petits qu'eux, ou de corps morts re- jetés par les flots. Ils sont eux-mêmes mangés par une grande quantité de poissons et d'oiseaux. Ils forment, com- me les crevettes, un excellent appät pour prendre les petits poissons à la ligne. Ils jouissent des mêmes prérogatives que les autres crustacés, c'est-à-dire qu'ils portent leurs œufs sous la queue au printemps , et changent de peau en été. Degeer les a surpris une fois dans cette dernière opération, qui s’est terminée en un clein-d'œil. Comme les crevettes, 1ls portent leurs femelles, beaucoup plus petites, entre leurs pattes, et ce fardeau ne les em- pêche point de sauter, seulementils’op- pose à ce qu'ils sautent aussi loin. Tout ce qu’on pourroit dire de plus sur ce genre , apparent aux crevettes. 152 HISTOIRE NATURELLE Talitre sauterelle, Ta/itrus locusta. Quatre pinces à crochets; quatorze pattes. Pallas , Spicil. Zool. 9. tab. 4. fig. 7. Roesel. Xns. 3. tab. 62. Fyisch. Ins. 7. tab. 18. Herbst. Canc. tab. 36. fig. r. | Se trouve dans les mers d Europe. Talitre grillon, TaZitrus grillus. Deux pinces à crochet ; dix pattes. Voyez pl. 15. et fig. 2, oùilest représenté grossi. . Tète comprimée; antennes supérieures de la longuent du premier article des inférieures ; les postérieures de la Jongneur de la moitié du corps; toutes un peu epipeuses. Corps comprimé et composé de onze anneaux. Les sept premiers avec un prolongement latéral distinct. Queue composée de trois appendices bifides; l’in- férieur le plus long ; le supérieur à peine visible, Dix pattes épineuses, à cuisses larges et minces; les deux premières terminées par une main ovale, à crochet simple. : Cette espèce se trouve en grande quantité sur les côtes d'Amérique septentrionale où Bosc l’a observée: Elle ne se tient jamais dans l’eau ; mais elle babite les lieux humides, des bords de la mer, cachée sous les débris des végétaux, sous les pierres, etc. Elle saute par le moyen de sa queue, et glisse sur le sable, par le même moyen, avec une rapidité, dont on ne se fait pas une idée. Elle acquiert une longueur de dix à douze millimètres. Les oiseaux de basse-cour en sont extremement friands. DES CHEVROLLES. 152 CHEVROLLE, C4PRELLA, Lamarck. Quatre antennes inégales. Corps linéaire , avec des renflemens irréguliers, articulés, à segmens plus longs que larges. Queue nulle, ou très-courte , et dépourvue d’é- cailles ou d’appendices quelconques. Pattes articulées , disposées par paires irréguliè- ment distantes. LA forme des chevrolles se rap- proche davantage de celle de la larve des insectes appelés mantes que des crustacés ; cependant leur organisation les place à côté des crevettes. Leur corps est extrêmement alongé relativement à son épaisseur , non par le nombre de ses articulations, mais par leur longueur. Leurs deux anten- nes supérieures sont plus longues, et composées de quatre articles inégaux, dont le dernier est plus long, et subdi- visés en un grand nombre d'articles épineux ou velus à leur base. Les deux | 154 HISTOIRE NATURELLE inférieures sont plus courtes , et com- posées de trois articles seulement, mais organisés de même. Les yeux sont la- téraux et sessiles. Les six articles du corps sont inégaux en longueur , pres- que cylindriques, mais souvent renflés dans leur milieu. Au premier , qui porte la tête, ou mieux, qui est la pro- Jongation de la tête, est attachée une paire de pattes, dont l'avant dermer article est ovale, et le dernier en cro- chet, susceptible de se courber sur le précédent. Ces pattes sont ordinaire- * ment très-courtes. Du milieu du se- cond , part une paire de pattes parfai- tementsemblables aux premières, mais beaucoup plus longues. Les deux sui- vantes portent des pattes , ou des tubercules entre lesquels sont les or- ganes de la génération, et qui, dans les femelles se changent en un ovaire très-volumineux , lorsque la féconda- tion est opérée. La cinquième est or- dinairement libre. Dans quelques es- DES CHEVROLLES. 155 _pêces , il y en a encore deux autres dont le premier, qui est long, porte à . son extrémité deux pattes courtes, on- guiculées, à quatre articles, et le der- nier, qui est très-court, porte égale- ment à son extrémité, deux paires de pattes onguiculées ; la première, inté- rieure et plus courte, a cinq articles; la * seconde, supérieure, en a six. Ces deux dernières sont ordinairement relevées. Lorsqu'il n’y a que six articles à l'ab- domen , on ne trouve que ces quatre dernières pattes. Les chevrolles se trouvent princi- palement dans la mer du Nord. Leur manière de nager est singulière en ce que leur corps se relève postérieure- ment de manière à former quelque- fois un angle droit. Leurs mœurs n’ont point été étudiées. La première es- pèce, qui a été observée par Muller, présente un phénomène remarquable ; le male est fort différent , et a un plus grand nombre de paties que la 156 HISTOIRE NATURELLF femelle. On ne peut s'empêcher de soupçonner , malgré la coufiance que mérite cet homme célèbre, qu'il a été 1c1 induit à erreur , qu'il a con- fondu deux espèces , mais On n'en SUIVrA pas moins son Opinion , puisqu'on n'a pas de preuves qu'il se soit trompé. Chevrolle linéaire , Caprella linearis. Quatre mains à un seul ongle; dix pieds dans le mäle. Cancer linearis. Linn. — Gammarus linearis, Fab, Pallas, Spicil. Zool. 9. tab. 4. fig. 15. Pennant. Zool. Brit. 3. tab. 12. fig. 32. Martin. Spitz. tab. P. fig. 1. Herbst. Canc. tab. 36. fig. 9 et 10, À, B. Se trouve dans la mer du Nord. Chevrolle ventrue, CapreZ/a ventricosa. Deux mains avec'un seul ongle ; quatorze pieds. Muller, Zool. Dan. tab. 56. fig. 1 , 3. Acta. Helv.4. tab. 4. fig. 8, 9, 10. Se trouve dans la mer du Nord, DES ASELLES. 197 ASELLE, ASELLUS, Geoffroy. Quatre antennes sétacées, simples, inéga- les ; les plus petites supérieures. Corps oblong, couvert de plusieurs pièces crus- tacées , transverses , et terminé par une queue d’une seule pièce en dessus , et de deux pièces en dessous ; ces dernières s’ou- vrant sur la dernière articulation du corps. Des styles en pointes articulés et bifides à la partie postérieure. Quatorze pattes. Les aselles ont été long-temps con- fondues avec les cloportes, dont elles ont l'apparence extérieure , mais dont elles diffèrent cependant par deux ca- ractères essentiels, le nombre des an- tennes et la forme de la queue. Quoi- que quelques Naturalistes du siècle dernier les aient mentionnées sous le nom qu'elles portent ici, Geoffrot doit étre regardé comme le premier qui ait appris à les distinguer de ces insectes. Son exemple, quelque bien motivé qu'il fût, n'influa pas sur Linz 158 HISTOIRE NATURELLE næus, qui continua de mettre les aselles parmi les ontscus, mais Fabricius les réunit avec d'autres crustacés , qui leur sont étrangers sous le nom de cymothoa. Ce Naturaliste vient , dans son dermer supplément, de diviser ce genre en deux. L'un, auquel 1l a con- servé le nom de cymothoa, et l'autre auquel il a donné celui d’sdotea , et il a annoncé qu'il étoit obligé de suspen- dre le classement de plusieurs espè- ces, faute de connoiître assez complé- tement leurs caractères. Ces deux gen- res diffèrent par le nombre des anten- nules, les cymothoa en ayant quatre, et les zdotea seulement deux. Latreille , qui a jugé le caractère générique de Lamarck trop vague , qui a reconnu qu'il ne convenoit pas à toutes les espèces, a partagé son genre en quatre autres. L'un, auquel il a conservé le nom d'aselle, est formé de l’aselle des ruis- seaux de Geoffroy, ou l’ontscus aqua- DES ASELLES, 199 ticus de Linnæus, les caractères qu'il lui a donnés sont presque ceux de La- marck, c'est-à-dire quatre antennes distinctes, des styles en pointes, arti- culés et bifides , à la partie postérieure du corps. Il auroit pu ajouter, queue composée, en dessous, de deux lames qui s’articulent et se meuvent sur le dernier anneau du corps; ce qui est son caractère essentiellement distinctif. Le second , auquel 1l a donné Je nom d'idotée , zdotea, quoi qu'il ne com- prenne pas les espèces rassemblées par Fabricius sous ce nom, a pour carac- tère : Corps alongé; quatre antennes distinctes ; point de styles, ou de pointes articulées et bifides à la partie posté- rieure du corps qui a des lames fo- liacées et longitudinales en dessous. Il auroit dû ajouter articulées sur le bord latéral de la queue. Ce genre a pour type la même espèce que le genre aselle de Lamarck,, c’est - à - dire l'onrscus entomon de Linnæus. 160 HISTOIRE NATURELLE Le troisième, appelé spérome, res- semble plus aux cloportes, où mieux , | aux jules, en forme de cloporte, qu'au- cun des deux genres précédens. fl a | pour caractère : Corps ovale, se met- tant en boule ; quatre antennes dis- tinctes; point de styles à l'extrémité postérieure du corps. Une pièce ou deux, en lame , de chaque côté de la queue , mais point en dessous. Le quatrième, nommé avec Fabri- cius, cymothoa, a pour caractère : Qua- ire antennes sétacées très-courtes, corps crustacé, convexe, tronqué ou très-ob- tus postérieurement, des yeux distincts; pattes terminées par un ongle très-fort. = La division de Latreille ne peut être qu'approuvée ; elle sera donc suivie ici. On va en conséquence décrire les quatre geures mentionnés plus haut sous les noms imposés par ce Naturaliste. Le corps des aselles est applati, com- posé de huit anneaux, y compris la queue. VAN DES ASELLES. 161 La tête est plus large que longue, et son bord antérieur est un peu cor- cave. De chaque côté, on voit un mamelon ou tubercule, garni de poils courts; les deux yeux, qui sont placés environ au nulieu des deux côtés, sont petits, noirs , convexes, et entourés de poils. IL y a quatre antennes. Les deux plus longues sont inférieures, et composées de cinq articles, dont le cmquième est sétacé et subdivisé en un grand nombre d'articles. Les deux plus courtes sont divisées en quatre parties; l1 quatrième également subdivisée. Toutes sont gar- nies de quelques poils. Au-dessous des antennes se voit la bouche entourée de ses antennules, de ses mâchoires et de ses mandibules. Les sept lames crustacées qui cou- vrent le corps sont presque égales , et leurs bords latéraux sont presque éga- lement recourbés en dessous et en ar- rière ; leurs bords sont tranchans , mais ’ Crustacés. II. 19 102 HISTOIRE NATURELLE la huitième , qui forme la queue, est plus grande, arrondie, et terminée en pointe mousse en dessus. En dessous, la queue présente des parties qui ont besoin d'être décrites en détail. D'abord , on voit deux lames minces en forme d'ecaiiles , concaves en de- dans, articulées au corps par leur bord antérieur, mais libres dans le reste de leur étendue , ou seulement appliquée contre les bords de la partie supérieure de la queue. Leur bord extérieur est arrondi, et l'intérieur est en ligne droite, de sorte qu’elles se joignent exactement. Ces deux lames sont composées de deux membranes , dont l’extérieure seule est crustacée ; elles ont un vide entre elles qu'on peut quelquelois ap- percevoir. Sous ces lames, dans la cavité for- mée par la pièce supérieure , se trouve deux paquets de cinq branchies, dont chacun ressemble à une jee vessie , | DES ASELLES. 104 applatie et remplie d'air. Toutes ces branchies sont transparentes , parse- mées de points opaques, et garnies de quelques poils à leur base. Les trois premières sont d'une forme un peu dif- férente des deux dernières. Elles sont dans un mouvement continuel pendant la vie de l'animal. Le septième anneau du corps du male est garni en dessous de deux pièces remarquables; ce sont des lames min- ces, transparentes, crustacées, un peu concaves en dessous ou du côté du corps auquel elles sont articulées par leur base ; chaque pièce est divisée en deux parties par un étranglement profond ; la première de ces pattes est moins large que la seconde, et le bord postérieur de cette dernière, qui a une petite inci- sion du côté extérieur est circulaire, est garnie d'une frange de très-longs poils. En dessous de ces pièces il y en a deux autres également plates et fort irrégu- lières. Ces pièces sont sans doute les 164 HISTOIRE NATURELLE parties de la génération du mâle: mais on ignore comment elles agissent. La femelle a , dans le même endroit, c'est-à-dire au - dessous du septième anneau, deux petites parties ovales en forme de lames plates, bordées de longs poils, qui recouvrent une petite ouverture qui communique avec l'o- vaire. La queue est garnie à sa partie pos- térieure de chaque côté , d'un appen- dice fourchu, attaché à son bord pos- t‘rieur. Ces appendices sont composées d'une tige de deux articles , dont le sécond est Le plus grand , et va en gros- sissant. Les deux branches sont atta- chées sur cette tige, en opposition, mais l'une un peu plus basse que l'autre. Elles sont subulées, obtuses , divergentes, et terminées par quatre longues soies. Le tout est garni de quelques poils, et très - flexible; mais il ne paroît pas que l'animal puisse mouvoir volontai- rement ces parties. DES ASELLES. 165 L'usage de ces fourches n'est pas connu , et elles tiennent fort peu au corps ; aussi, les aselles les perdent- elles souvent; elles repoussent comme les pattes des écrevisses Les aselles ont sept paires de pattes assez longues, placées sur les côtés des premiers anneaux du corps. Les deux antérieures sont beaucoup plus courtes que les autres, et divisées en cinq parties différentes en figure. Celle qui termine la patte, forme un crochet garni de poils intérieurement, et elle s'ap- plique sur le bord intérieur de la qua- trième , qui est également velue et mé- me épineuse. Ces deux parties font donc l'office de pinces. Les douze autres pattes sont divisées en six parties iné- gales, et garnies de poils roides. Les huit pattes antérieures ont leur direction vers la tête ; les six autres sont courbées en arrière. Lorsque les aselles sont poursuivies, elles courent fort vite dans l'eau, mais 106 HISTOIRENATURELLE naturellement elles marchent lente- ment. Lorqu'elles sont en repos , leur corps ést toujours un peu recourbé en dedans. Quoique les aselles soient très-com- munes, leur histoire est encore fort im- parfaitement connue ; voici ce qu'on sait de leurs mœurs. Dès que les glaces des marais sont fondues , on voit les aselles occupées à l'œuvre de la génération, et elles con- tinuent à s'accoupler pendant tout le printemps et même tout l'été. Le mâle, qui est toujours plus grand que la fe- melle, se saisit d'elle, et la porte sous son Corps , la retenant avec les deux pattes de la quatrième paire, dans l'endroit où se trouve la troisième ou quatrième paire de celles-c1. C'est ainsi qu'il la porte par-tout où 1l va ; sans que celte femelle soit dans la pos- sibilité de lui échapper. Il la garde sept à huit jours. Quand il la quitte, elle se trouve toujours chargée sous le DES ASELDLES. 167 ventre d'une certaine quantité d'œufs enfermés dans un sac membraneux , ou une espèce de poche. Il est très-digne de remarque que ces _aselles propagent avant d'être parve- nues à leur dermer degré d’accroisse- ment. On en voit accouplées, qui ne sont pas encore à moitié de leur grandeur. Quant à l'acte même de l’accouple- ment , 11 n'a pas encore été observé, Si les parties de la génération des mâles sont les deux mamelons dont a parlé précédemment, l'acouplement doit être difficile. Il seroit possible de conjec- turer, en réfléchissant sur la Iongue jonction des deux sexes, que la fécon- dation des œufs se fait à leur sortie du corps de la femelle, comme dans les grenouilles , chez qui le male, comme on sat, sempare également de la femelle pendant plusieurs jours. Geoffroy avoit soupçonné, par ana- logie , que les aselles étoient vivipares. Il ne s'est trompé qu'en partie. Elles 108 HISTOIRE NATURELLF. font bien des œufs, comme on vient de le voir , mais les petits éclosent dans l'ovaire, de sorte qu'ils naissent tous vivans. Leur sortie du sac mem- braneux , ou de l'ovaire, présente un fait curieux , qu'il est bon de rap- porter. Lorsqu'on renverse sur une table une aselle femelle , dont les petits sont à terme , les mouvemens qu'elle fait pour se remettre sur pied, détermine son ovaire à s'ouvrir dans sa longueur, où 1l y a naturellement une fente, en- suite chaque moitié à se diviser en trois portions , de sorte que cet ovaire se trouve fendu en six parties, qui laissent entre ‘elles une ouverture très -spa- | cieuse > par laquelle les petites aselles Shen à l'instant, après quoi la mère ferme son ovaire, le remet dans son premier état, et se sauve. ; Les jeunes aselles sont en tout sem- blables à leur mère; mais leur couleur est plus transparente. On peut voir en DES ASELLES. 169 elles, à l'aide du microscope, la cir- culation du sang, jusques dans leurs plus petits organes. Elles changent plu- sieurs fois de peau ou de test, comme les autres crustacés. Demars dit avoir remarqué que les mâles ne quittoient les femelles que vingt-quatre heures après la ponte, qu'elle les aidoïent auparavant à se dé- faire de leur vieille peau, d'abord en leur décalotant la tête avec leurs pattes antérieures , et ensuite le corps avec leurs pattes postérieures. Ce fait est dans l’ordre des possibles ; mais il a besoin d'être confirmé par de nouvelles observations. Les aselles vivent sans doute de chair, mais on n'a pas d'observations qui le constate. Elles sont la proie des poissons et des oiseaux d'eau, et for- ment un bon appät pour la péche à la ligne. C'est dans les eaux des marais qui ge sont pas en état de putréfacuon , 170 HISTOIRE NATURELEE qu'il faut chercher les aselles. Au prin- temps elles sont quelqueïois si abon- dantes , qu'on peut les prendre à la poignée. En été et en automne elles deviennent plus rares. Il n’y a qu'une seule espèce d’aselle de connue. On l'appellera 101 aselle d'eau douce, asellus vulgaris. Elle a été décrite par Linnæus sous le nom d’oncs- cus aguaticus ; par Fabricius, de cy- mothoa, ensuite d’idotea aguatica. Elle a été figurée par Geoffroy, Ins. 2. pl. 22, fig. F ; par Sulz, Hist. Ins. fab. 30, fig. 12; par Frische , Ins. 10. ab. 30 ; par SchaefF. Elém. fab. 22; par Degeer, Ins. 7, tab. 51, fig. 7 ; et on la trou- vera également ici figurée et grossie pl 15, fig. 7 DES IDOTÉES. 17£ IDOTÉE, 1D0TE4, Fabricius. Quatre antennes distinctes. Corps oblong, couvert de plusieurs pièces crustacées , transverses. Point de styles ; ou pointes articulées à la partie postérieure du corps. Queue large, d’une seule pièce ; des lames foliacées et longitudinales en dessous, ar- ticulées sur ses bords latéraux. Lxs idotées de Latreille diffèrent un peu de celles de Fabrieius , mais pas assez cependant pour mériter d'en faire un genre particuher. Elles font partie du genre aselle de Lamarck, quoi- qu'elles n'aient qu'une partie de ses caractères, comme on l'a dit à l’article de ce dernier genre. Elles sont toutes marines, et plusieurs espèces sont con- nues depuis long-temps sous le nom de cloportes marins , d'entomon , eic. ; mais le nombre de celles qui sont dé- crites est bien petit , en Comparaison de celles qui se trouveut dans la nature. 172 HISTOIRE NATURELLE Bosc rapporte que les côtes d'Europe en fourmillent , que lon en trouve beaucoup en pleine mer, et que les ri- vages de l'Amérique en sont également très-peuplés. La difficulté de conserver ces espèces en bon état , l'incertitude où l’on a été jusqu'à présent sur les vrais caractères génériques etspécifiques qui leur conviennent, ont été les princ 1- pales causes du peu de progrès qu'on a fait dans leur étude ; ce sont elles, du moins, qui ontempêché Bosc de profiter de Ja position, où 1l s'est trouvé, pour en faire connoître beaucoup de nouvelles. Le corps des idotées est de figure ovale , plus ou moins alongée, convexe en dessus, applati en dessous, et divisé en anneaux, dont {es premiers, ordi- nairement , sont larges, et les autres très - étroits. Tous ces anneaux ont, de chaque côté , un appendice plat , triangulaire, finissant plus ou moins en pointe , et débordant le corps. La tête, placée dans la concavitétdu DÉS IDOTÉES. 175 premier anneau, est moins large que Jui ; mais d’ailleurs assez grande, con- vexe par derrière , et concave par de- vant , ouelle a, de chaque côté, une petite échancrure , qui forme deux pointes émoussées. Les yeux, qui sont placés aux côtés de la tête représentent deux petits points noirs, qui, vus à la loupe, ont une Re raboteuse et comme chagrinée, ou garnie d'un grand nombre de petits tubercules. Les antennes sont au nombre de qua- tre, deux grandes inférieures , et deux _ petites supérieures. Les premières di- visées en cinq parties, dont quatre plus grosses, et la dernière subdivisée en un grand nombre d’articulations. Les secondes , moitié plus courtes, divisées en quatre parties égales, excepté celle qui touche à la tête, qui est plus grosse et plus courte. Au-dessous des aniennes est la bou- che , accompagnée de ses antennulles et de ses mächoires. Crustacés. [I. 16 174 HISTOIRE NATURELLE Le corps est terminé par une queue remarquable par sa grandeur, dont la figure varie suivant les espèces, et quia un enfoncement de chaque côté. Elle est composée de trois pièces ou lames minces, convexes en dehors, concaves en dedans. La plus grande et la plus large de ces pièces, qui est immobile, est placée en dessus. Les deux autres espèces sont situées en dessous de la précédente, et chacune est attachée au bord extérieur de la pièce supérieure, dans une partie de son étendue, par une espèce de charnière et de liga- ment sur lequel elle est mobile, en sorte que l'idotée peut les ouvrir et les fermer à volonté. Cette queue, telle qu'on vient de Ja décrire, estle fourreau d'organes qu'on apperçoit lorsque les deux pièces inté- rieures sont ouvertes. Ces organes sont des lames membraneuses, transparen- tes, élastiques, qui ressemblent, par la forme et la consistance, à des ailes de DES IDOTÉES. 179 mouches en mouvement les unes sur les- autres. On en voit d'abord quatre, at- ‘tachées au-dessous du premier des trois petits anneaux du corps, dont les deux inférieures sont un peu plus longues et plus étroites que la supérieure. Lors- qu'on les soulève , on en apperçoit qua- tre autres parfaitement semblables , mais un peu plus longues. Entre ces dernières , se trouvent deux filets élas- tiques, moins longs que le fourreau, qui ont leur attache, par une articu- lation , à l'avant - dernier anneau du corps, et qui peuvent se mouvoir à la volonté de l'animal. Ils ne se trouvent pas dans les femelles, et on ne connoit pas leur usage. En dessous de toutes ces parties, la cavité de la queue renferme encore d’autres paires de lames plates , placées _Jes unes sur les autres, et qui ont leur attache au dernier anneau du corps , auquel elles sont articulées. Les pre- muères de ces lames ressemblent aux 176 HISTOIRE NATURELLF précédentes ; mais les autres sont plus longues du double , transparentes , et sans poils. Ces lames varient en nom bre selon les espèces. Les pattes sont au nombre de qua- torze , et attachées aux sept premiers anneaux du corps, proche du bord ex- iérieur. Eiles sont de deux espèces. Les trois premières paires sont beaucoup plus courtes, et moins grosses que les quatre postérieures. Elles sont divisées en six parties de longueur inégales , dont la cinquième est la plus large. La sixième est courbée en arc, et pointue. Les huit postérieures sont éga- lement divisées en six parties inégales ; mais elles vont toujours en diminuant de grosseur. ‘Toutes sont garnies de poils des deux côtés. Lorsque l’idotée nage, les lames de sa queue sont dans un mouvement con- tinuel; mais ce mouvement est cepen- dant lent, et permet de voir que ces lames sont composées de deux pelli- 8 DES IDOTÉES. 77 cules, qui laissent entre elles une ca- vité, souvent, mais pas toujours, rem plie d'air ; de sorte qu'on ne peut se refuser à les regarder comme les bran- chies de l'animal. L'anus se trouve placé au bout du ventre , sous les lames ; 1l est fermé par deux lèvres latérales et membra- _neuses. Le mâle diffère de la femelle par les pattes , qui sont plus grosses ; par les deux demi-tubes, dont 1l a été parlé; et par deux petites membranes ovales placées l’une à côté de l’autre , au- - dessous du premier des petits anneaux du ventre. Degeer pense que ce pour- roit bien être les véritables organes de la génération, d'autant plus qu'après la mort d'un de ces mâles , 1l sortit de ces parties une matière blanche, entortillée comme un fil, qui ressembloit à de la matière séminale. Les 1idotées , quelque communes quelles soient dans la mer, n’ont pas 170 HISTOIRE NATURELLE encore été étudiées sous le rapport de leurs mœurs. On sait seulement qu'elles nagent avec une grande vélocité qu'elles vivent de crustacés plus petits qu'elles , et qu’elles sont redoutées par les pêcheurs. On ne devine pas pour- quoi elles se trouvent dans ce der- nier Cas, à moins qu'elles n'aient été confondues avec d’autres genres , tels que le genre callige, dont les espèces, en effet , vivent aux dépens des pois- sons. ÎIl est même à croire que deux espèces, les idotées psore et physode appartiennent à ce genre. Il est possi- ble que, dans le nombre des autres 1] s'en trouve encore quelques - unes qui se rapportent à des genres diffé- rens ; mais les principes génériques sont posés, et 1l sera facile de recon- noitre les véritables idotées, lorsqu'on sera dans le cas d'en observer. Idotée entomon , Zdotea entomon. Dix anneaux sur le corps; la queue oblongue et sointue. : + DES IDOTÉES. 179 Oniscus entomon. Linn.— Cymothoa entomon. Fab. Pennant. Zool. Brit. 4. tab. 16. fig. 5. Baster. Subs. 2. tab. 13. fig. 2. Degeer. Ins. 7. tab. 32. fig. 1, 2. Pallas , Spicil. Zool. 9. tab 5. fig. 1. Se trouve dans les mers d'Europe. Idotée oestre, Zdotea oestrum. Six anneaux sur le corps; la queue courte et tronquée. Onèiscus oestrum. Linn. — Cymothoa oestrum Fab. Pennant. Zool. Brit. 4. tab. 18. fig. 1. Séba , Mus. 1. tab. 90. Stroem. Sundm. tab. 1. fig. 2, 3. Se trouve dans les mers d'Europe. Idot. de la Guadeloupe, ZZ, Guadeloupensis. Six anneaux sur le corps; la queue ovale. Cymothoa guadeloupensis. Fab. Se trouve dans les mers d Amérique. Idotée métallique, Zdotea metallica. Dix anneaux sur le corps ; queue alongée et tron- quée. Voyez pl. 15. fig. 6, qui la représente grossie du double. Se trouve dans la haute mer , où elle a été observée par Bosc. Tête rugueuse , tronquée ; yeux noirs; antennes am- térieures très -courtes , filiformes; postérieures très- longues et sétacées. Anneaux du corps, au nombre de dix, presque égaux , rugueux; les bords latéraux demi-trapsparens, Queue presque aussi large que les anneaux , de la longueur de Ja moitié du corps, très-bombée en dessus, tronquée net à son extrémité. Pattes ponctuées, légèrement épineuses, au nombre de quatorze ; toutes également onguiculées, Couleur d’ux bleu noir , doré , uniforme, % “100. HISTOIRE NATURELLE Idotée américaine , Zdotea americana. Douze anneaux sur le corps; les pattes postérieures alongées, rousses ; la queue arrondie. Tdotea Americana. Fab. Se trouve dans les mers d'Amérique. Idotée psore, Zdotea psora. Treize anneaux sur/le corps ; la queue demi-ovale ; aigue; le ventre nu. Stroeri. Act. Hafn. 0. tab. 10. Se trouve dans la mer du Nord. Elle passe pour spécifique contre la teigne et la gale. Idotée physode, Zdotea physodes. Treize anneaux Sur le corps; [a queue ovale; le ventre nu SuZz. Hist. Ins. tab. 30. fig. 11. Journal de Phys. Hov."1787. pl. 2. fig. xt. Se;trouve dans la grande mer sur les ouïes des poissons. Peut-être appartient-elle avec la précédente au genre Calige. Idotée vittée, Zdotea vittata. Dix anneaux sur le corps ; grise, ponctuée de brun, avec un large vitta jaune sur le dos; queue alongée et terminée en pointe. A été trouvée par Bosc dans la haute mer. Elle ressemble beaucoup à laselle entomon; mais elle est à peine longue d'un centimètre; les anneaux n'ont point d'appendices latérales, et sa queue est moins pointue. Le vitta disparoit quelquefois pas l’eflet de la dessication. Idotée aiguë, Zdotea acuminata. Oblongue, grise; les antennes et les pattes plus pâles; la queue pointue. $e trouve dans l'Océan, DES IDOTÉES. 181 Idotée émarginée , Zdotea emarginala. Oblongue, gris-bran; la queue émarginée. Se trouve dans l'Océan. Idotée albicorne , Idotea albicornis. _ Oblongue , brune; la queue päle, ponctuée de noir; les antennes blanchätres. Se trouve sur les côtes d'Espagne , où elle nuit aux poissons , au rapport de Wahl; ce qui fait soupçon- mer qu’elle appartient au genre callige. Idotée échancrée , Zdotea excisa. Dix anneaux sur le corps ; la queue large, échan- crée à son extrémité. Idotea marina. Fab. — Pallas, Spicil. 9. tab. 4. fig. 6. Degeer. Ins. 7. tab. 32. fig. 11. Pennant. Brit. Zool 4. tab. 18. fig. 3. Se trouve dans la mer du Nord. 182 HISTOIRE NATURELLE SPHÉROME, SPHÆROMA, Latreille, Quatre antennes distinctes , et très-courtes. Corps ovale , recouvert de plusieurs piè- ces crustacées , transverses , et terminé par une queue large, ayant , de chaque côté , deux lames superposées, mobiles. Quatorze pattes. LEs caractères qui distinguent les sphéromes des idotées et des aselles sont principalement tirés des petites lames latérales qui accompagnent la ueue, ou de l'absence des deux grandes lames , qui, dans les deux derniers genres en couvrent la partie infé- rieure. | On doit à Pallas une description fort exacte d'une espèce de ce genre, mais, quoiqu'il en eût mis les caractères en évidence, 1l a continué de la regarder comme congénère avec les cloportes de Linnæus, et Fabricius avec ses cy- mothoa. Latreille est le premier qui DES SPHÉROMES. 103 ait senti la nécessité d'en former un genre particulier. Les sphéromes, que Bosc a observées vivantes, se rapprochent beaucoup plus des cloportes qu'aucun des genres dont il est question 1c1. Elles en ont com- plétement la forme, et jouissent, aussi bien qu'eux , de la faculté de se mettre en boule lorsqu'elles ont lieu de crain- dre quelques dangers. Elles sont extré- mement communes sur les côtes de l'Océan et de la Méditerranée, ou peut- être que, par une recherche plus exacte, on en trouveroit un plus grand nombre d'espèces. La tête des sphéromes est parallélo- gramique ; elle est placée dans une ex- cision du premier anneau du corps, et porte de grands yeux réticulés et sail- ans sur ses angles postérieurs. Les an- tennes sont courtes ; les premières, ex- térieures , plus courtes, composées de . deux articles, dont le dernier est sub- divisé en un grand nombre d'autres, 104 HISTOIRE NATURELLE Les secondes, intérieures, plus grandes, ont trois articles, le dernier également subdivisé. Le corps est couvert de huit an- neaux presque tous égaux en largeur , recourbés etterminés en pointe émous- sée sur les bords. La queue est égale en largeur au corps, eten longueur à sa moitié. Elle est bombée en dessus, cave en dessous, et presque demi-circulaire. Son angle antérieur est excisé , pour donner at-. tache à deux lames mobiles,oblongues, presque entièrement en recouvrement l'une sur l'autre , un peu concaves en sens contraire, et de la longueur de la queue. L'inférieure est ordinairement dentée à son bord extérieur. Sous cette queue sont des branchies en lames ex- trêmement minces, transparentes, dont Bosc n'a pu compter le nombre, n1ap- précier la forme. Les pattes sont au nombre de sept de chaque côté , toutes onguiculées , DES SPHÉROMES. 185 toutes fort courtes ; mais les premières _ plus que les autres. On a vu à l'article des genres aselle etidotées , que les espèces qui les com- posent ont les branchies renfermées dans des boîtes à deux battans : ici, elles . sont toujours visibles ; cependant 1} pa- ‘roit que les lames latérales intérieu- res peuvent, par leur rapprochement, en couvrir momentanément une partie. Mais si les sphéromes sont moins fa- vorisées, sous ce rapport , que les genres précités, elles peuvent mieux qu'eux garantir leurs branchies, en se mettant en boule ; opération qu'elles exécutent , comme on l'a déjà dit, au moindre danger, et dont les suites sont telles, que l'épingle dont Bosc les per- _çoit, pour les conserver , n'étoit pas capable de les engager à se développer. On ne sait rien sur la manière d'être des sphéromes. C'est principalement sur les côtes rocailleuses qu'il faut les ehercher. On ne lève guère de pierres, Crustacés, II, 17 186 HISTOIRE NATURELLE pendant l'été, dans les enfoncemens où la basse nr. a laissé un peu d'eau, sans en rencontrer plusieurs. Bosc a tout lieu de croire que les deux espèces de ce genre , décrites dans - Fabricius sous le nom de cymothoa assimilis et serrata, ne sont que des variétés d'âge ; et en conséquence 1l les réunit sous le nom de sphérome cen- drée, sphaeroma cinerea , dont les sy non ymes sont, omiscus assimilis, Lin.s cymothoa assimilis et serrata, Fab.; omiscus conglobator , Pallas , Spicil. Zool. 9. tab. 4, fig. 18, et Miscell. Zool. tab. 14 Je: 16, 19. Bases Sub. 2, tab. 13, fig: 3 Voyez pl. 15, fig 8, où elle est représentée grossie. Se trouve dans les mers d'Europe, DES LIGIES. 107 LIGIE, LiGI4, Fabricius. Quatre antennes sétacées , ayant plus de dix articles. Corps ovale | submarginé, recouvert de pièces crustacées, transver- ses. Les appendices de la queue courtes et bifides. Les lies faisoient partie du genre des cloportes (oniscus) de Linnæus; et certes, ce Naturaliste étoit excusable, à l'époque où 1l écrivoit, de les avoir confondues avec ces derniers, car 1l est difficile de se ressembler davantage au premier coup-d'œil. La forme est ab- solument la même , et 1l faut une loupe pour voir qu'il y a quatre antennes, et que le dernier article est subdivisé en un grand nombre d'autres, tandis que, dans les cloportes , 1l n’y en a que deux, et que le dernier article est semblable aux autres. Outre ces différences carac- téristiques, il yenaencore, dans d’au- tres parties, que la description absolue 108 HISTOIRE NATURELLE d’une des espèces va faire connoître. La ligie a une tête ovale - conique, insérée dans une échancrure du premuer article du corps. Les organes qui ac- compagnent sa bouche sont difficiles à observer. On y voit des mächoires dou- bles crustacées, granuleuses, peu iné- gales , et arrondies sur leurs côtés ; une lèvre grosse, saillante, mais on est in- certain s'il y a des mandibules et an- tennules. Les deux antennes apparentes sont grosses de la longueur de la moitié du corps, insérées sur le front, et compo- sées de six articles, dont les deux pre- miers sont très - courts, et le dernier très-long, et subdivisé en onze autres qui vont toujours en diminuant de grosseur. Les deux autres antennes sont ac- collées à la base intérieure de celles-là, et s'élèvent à peine à la hauteur du premier article. Elles sont composées de deux articles, dont le dernier est | DES LIGIES. 109 subdivisé en un grand nombre d'autres. Il falloit la perspicacité de Latreille pour les découvrir. Les yeux sont très-gros, et placés à la partie latérale, postérieure de la tête. Le corps est couvert de sept bandes écailleuses. La queue est composée de six ar- üculations semblables à celles du corps, mas plus petites, dont la dernière est ovale, et a une échancrure de chaque côté de la partie inférieure , de laquelle part une lame courte, qui porte à son extrémité deux filets sétacés, égaux , mais dont l’intérieur est mucroné, et l'extérieur seulement pointu. Le des- sous fait voir cinq à six lames qui couvrent les branchies. Les pattes, au nombre de quatorze, sont insérées sur les bords de l’abdo- men , et ont chacune cinq articulations, sans y comprendre l’ongle, composé de deux crochets très-courts, dont les ex- térieures sont plus longues. 190 HISTOIRE NATURELLE II résulte de cette description que les ligies doivent être placées dans le voisinage des aselles , des idotées et des sphéromes, avec qui elles ont beaucoup de rapports. La ligie se trouve très-abondam- ment sur les bords de l'Océan et de l'embouchure des rivières qui s’y jet- tent. Elle se cache sous les pierres, les fucus et autres objets que la mer rejette, et se contourue sur elle-même positi- vement comme les cloportes. On n'a aucune observation détaillée sur ses mœurs. Ligie océanique, Ligia oceanica. Les antennes et les appendices de la queue plus œourtes que le corps; ces dernières inégales. Sitroem. Sundm. tab. 1. fig. 14, 15. Acta. Helv. tab. 5. fig. 663. Baster. Subs. tab. 13. fig. 4. Gronon. Zool. tab. 17. fig. 2. Pennant. Zool. Britan. 4. tab. 18. fig. 4. Cuvier, Journal d'Hist. Nat. tab. 26. fig. 1. Voyez pl. 15. fig. 9, où elle est représentée de grandeur naturelle. Se trouve sur les bords de l'Océan. Ligie des mousses, Ligia hypnorum. Les antennes et les appendices de la queue plus gourtes que le corps; ces dernières inégales, DES LIGIES. TE Cuvier , Journal d'Hist. Nat. tab. 26. fig. 3. Se trouve sur les bords de la mer sous les mousses. Ligie italique, Liga italica. Les antennes et les appendices de la queue plus longues que le corps. Se trouve sur le bord de la mer en Italie, CALIGE, C4z1GUS, MULLER. l Corps couvert de deux grands boucliers. Deux antennes très-sensibles, Bouche peu distincte. Huit à dix pattes ; les posté- rieures avec des appendices branchiales. Deux yeux marginaux ; deux filets ou tuyaux formant la queue. ‘CE genre, quoiqu'en apparence voi- sin de celui des limules , s’en écarte beaucoup par [a forme des organes, et par les mœurs des animaux qui le com- posent. Il a quelques affinités , sous ces deux rapports , avec les lernées. Guner, Strom et Baster, ont décrit et figuré des caliges, sous le nom de 192 HISTOIRE NATURELLE poux de poissons, et ils ont pris leur partie postérieure pour l'antérieure. Mais Muller a prouvé que ce qu'on appeloit les antennes étoit la queue , et que les véritables antennes se voyoient à la partie opposée , sous la forme de deux petits filets insérés sous les yeux. Le corps des caliges est composé de deux pièces écailleuses, dont la pre- mière , plus grande, représente un ses< ment de sphère, très-applati, formé par un test coriace , semblable à celui des l- mules. Cette partieaétéappelée clypeus, chaperon, par Linnæus ; mais 1l est évident que ce nom ne lui convient pas, puisqu'elle couvre le corps pro- prement dit. À sa partie antérieure on remarque une petite saillie, qui porte latéralement les yeux, et qui se pro- longe, de chaque côté, en un filet fort court , qui est l'antenne. La bouche est placée sous et au milieu de ce prolon- gement. C'est tantôt un simple tuber- cule, tantôt une longue trompe solide , DES CALIGES. 109 susceptible de se replier en arrière. I n'y a pas de tête. Les pattes varient en nombre suivant les espèces, depuis quatre jusqu'à dix. Elles sont toujours beaucoup plus cour- tes que le test n’est large, et assez gé- néralement la première paire est plus grande que les autres. Elles sont de deux espèces ; mais cependant toutes plus grosses à leur base, et de nature cornée. Elles sont aussi toutes implan- ‘tées dans un tubercule charnu, qui leur permet des mouvemens en tous sens. Les premières de ces pattes sont ter- minées par un ongle'très-alongé, très- aigu, qui se replie, ou mieux, qui est toujours replié en dedans , et les dernières par des filets charnus, ciliés, qui sont de véritables branchies. Le nombre de ces filets varie selon les espèces, et ils prennent même des for- mes qui semblent indiquer la faculté de servir à la natation comme à la respiration. Le canal alimentaire tra- 194 HISTOIRE NATURELLE verse toute la première partie entre les pattes. La seconde pièce, que Muller appelle l'abdomen, varie beaucoup dans sa for- me, mais est de même nature que la première ; dans l’une des espèces, elle représente un carré très-petit, attaché à la partie postérieure de la première pièce. Dans une autre, elle est ovale, presque aussi large, et beaucoup plus longue que la première pièce. Mais, quelle que soit la forme de cette pièce, elle a toujours l'appendice , de for- me variable, que Muller a appelée la queue, et de deux longs tuyaux cylin- driques, qui paroissent cartilagineux, et que Muller a appelés les ovaires. Ces tuyaux sont toujours plus longs que les deux pièces écailleuses du corps, et, dans l’une, elle l'est quatre à cinq fois plus. Ces tuyaux ont été appelés ovaires, non parce qu'on y a trouvé des œufs, mais parce qu'ils ne se montrent pas DES CALIGES. 1092 dans tous les individus, et qu’on soup- conne qu'il n’y a que les femelles qui en soient pourvues. Quoique plusieurs auteurs , comme on l’a déjà dit, se,soient occupés de l'étude des animaux qui composent ce genre, on nen connoît encore que très-imparfaitement l'histoire. Strom est celui qui les a le plus observés sur sur le vivant. Il rapporte qu'ils vivent, comme les lernées, cramponnés sous les écailles des poissons, à la faveur de leurs pattes onguiculées , et que là , ils suçent par le moyen de leur trompe le sang dont ils se nourrissent. Ordinairement ils restent très-long- temps, peut-être même toujours, fixés au même endroit; mais lorsque, par l'effet de leur volonté , ou d’une cause étrangère, 1ls quittent leur place , ils savent fort bien courir sur le corps du poisson pour en chercher une au- ire, et même nager pour retrouver un autre poisson , lorsqu'ils ont été for- 196 HISTOIRE NATURELLE cés d'abandonner le leur. Il y a lieu de croire cependant que, dans ce dernier cas , ils parviennent rarement à leur but; car ils nagent lentement , et le nombre d’ennemis qu'ils peuvent ren contrer est considérable. Ils périssent lorsqu'on les laisse pendant quelques heures dans une petite quantité d'eau. On seroit fondé , peut-être, à faire deux genres des deux espèces de Mul- ler, attendu qu'elles diffèrent en des parties essentielles ; mais comme la connoissance des caliges est encore très- peu avancée , il faut attendre que les circonstances aient permis à quelque observateur de fixer nos idées sur les véritables caractères du genre; car, on ne le dissimule pas , ceux qui ont été donnés 1c1 ne sont pas satisfaisans. Il y a tout lieu de croire que ce genre est fort nombreux en espèces, quoiqu'on n’en connoisse encore que trois. Il est du nombre de ceux qui exigent, pour être étudiés utilement, des connoissances DES CALIGES. 197 préliminaires étendues, et le hasard seul peut amener des espèces sous les yeux des Naturalistes, On voit, mentionnés dans les auteurs , plusieurs animaux qui se rapprochent de ce genre, mais qu'on n'ose y réunir, à raison de l’im- perfection des descriptions et des figures qu'ils en ont données. On peut même soupçonner que, parmi les espèces con- nues, 1l en est quelques-unes de mal- à-propos rapportées les unes aux au- tres. Celle figurée par Baster, Subs. 2. tab. 8, semble être fort différente, par exemple, du calige court de Muller. IL est très-possible que le binocle à queue en plume, et le binocle du gastéroste de Geoffroy, appartiennent aussi à ce genre ; mais, maloré l'exactitude des descriptions et des figures de ces Ento- mologistes , on n'ose les y réunir en conséquence on les décrira, comme un genre, à la suite de celui-ci. [en est de même des aselles psore et physode; du Crustacés. II, 18 - 199 HISTOIRE NATURELLE moins on a pour motif de le croire leur habitation dans les ouïes des poissons. Calige court , Caligus curtus. Le test antérieur arrondi; le postérieur carré et court. Monoculus piscènus. Linn.— Fab. Act, Hafn. 10. tab. ». fig. 1, 7. Buster. Subs. 2. tab. 8. fig. 9, ro. Bert, Schrist. 3. tab. 1. fig. 4, 5, 6. Strom. Sundm. tab. 1. fig. 4, 5, 6. Muller, Entomost. tab. 21. HET Poyez pl. 16. fig. 3, où il est représenté un peu grossi. Se trouve sur les poissons de mer , et en particulier sur les merlans et les saumons. Calige alongé, Caligus productus. Le test antérieur arrondi; le postérieur ovale et alongé. Monoculus Salmoneus. Fab. — Bert. Schriften 1. tab. 3. fig. 1, 7. Muller, Entomost. tab. 21. ADS 4 Se trouve sur les saumons et sur les squales. DES BINOCLES. 109 BINOCLE, BINocuzus, Geoffroy. Un seul bouclier dorsal ; corps hémisphé- rique ; deux antennes petites ; une espèce de bec ; six pattes; deux yeux latéraux ; queue articulée, terminée par des appen- dices barbues. C'EsT à Geoffroy qu'on doit l'éta- blissement du genre binocle, dont le caractère distinctif est d’avoir le corps crustacé, une queue fourchue et deux yeux; mais, 1C1, ce genre est réduit aux deux espèces de Geoffroy, qui s'atta- chent sur les poissons. L'autre espèce sera mentionnée ci-après sous Le nom générique d'apus. Quoique les binocles, dont il est 11 question , se rencontrent aux environs . de Paris , et que le nombre des obser- vateurs se voient beaucoup multipliés dans ces dernières années , ils n’ont pas été trouvés depuis Geoffroy; en con- 900 HISTOIRE NATURELLE séquence, on est réduit à copier ce que ce Naturaliste en a dit. Le binocle est couvert d'un bouclier ovale , échancré en avant et en arrière, et divisé longitudinalement par une su- ture saillante. Sa tête est plus large que longue, presque hexagone. Les veux sont placés à ses extrémités. Les an- tennes sont très-courtes, et difficiles à appercevoir, placées près des yeux, et composées de cinq articles. La bouche se termine en pointe, et se recourbe en dessous. L'échancrure postérieure de l’écaille est remplie par une queue formée de quatre anneaux très-courts, qui diminuent progressivement, et se terminent par deux appendices barbues, comme des plumes, que l'animal étale en courant dans l’eau. En dessous du corps, on remarque six pattes courtes, dont les bases sont fort écartées. Les binocles , dit Geoffroy , s'atta- chent à différentes espèces de poissons, auxquels ils adhèrent fortement , et DES BINOCLES. 20T qu'ils sucent par le moyen de leur bou- che en forme de trompe. Leur abdo- men est plat, pour pouvoir s'appliquer plus exactement sur le corps de ces poissons. Geoffroy indiquedeuxbinoclessuceurs de poissons, aux environs de Paris, l’un qu'on appellera de son nom, Hiduble de Geoffroy, binoculus Geoffroy, et qui est représenté grossi du quadruple, pl. 16 fig. 4et 5. L'autre, auquel ce Naturaliste a donné le nom de binocle du gastéroste , binoculus gasterostet , parce qu'il l'a trouvé sur l'épinoche, gasterosteus aculeatus de Tainnæus , poisson fort commun dans les ruisseaux du petit Gentilly. 4e 202 HISTOIRE NATURELLE — CYAME,, PYGNOGONUM, Fabricius. Quatre antennes inégales ; les deux anté- rieures plus iongues , sétacées. Un suçoir simple , rétractile , sortant d’une fente courte, située sous la tête. Deux anten- nules insérées à la base de la bouche. Deux yeux. Corps ovale, déprimé, à six segmens pédifères. Six paires de pattes; chaque patte terminée par un crochet. UxE des espèces, qui constituent ce genre, a été placée par Linnæus, parmi les cloportes; par Degeer, parmi les squilles ; et par Fabricius, successive- ment parmi les cloportes, les cymothoa, eten dernier lieu, dans son supplément, 1l en a fait un genre particulier sous le nom de pygnogonum. Elle est connue des pêcheurs français, sous le nom de pou de baleme , parce qu'on la trouve fixée sur les baleines aux dépens de la- quelle elle vit. Latreille, avant Fabricius, avoit éta- bli ce genre sous le nom de cyame . DES CYAMES. 203 nom que Lamarck a adopté, et qu'on conserve 1CI. Le pou de baleine est assez grand, son corps étant long detrois centimètres, et large d’un et demi. Il est très-applati et subdivisé en six anneaux, dont les séparations sont très - profondes , en sorte qu'ils ne tiennent ensemble que par leur milieu. Celui qui termine le corps est moins large que les autres, et à-peu-près triangulaire. La tête est alongée , un peu conique, mais tron- quée en devant, où sont placées les quatre antennes, deux grandes et deux petites. Les premières plus longues, divisées en quatre articles presque égaux en grosseur, mais non en longueur. Les secondes divisées en trois articles, à peine de la longueur de la tête. Au- dessus de la tête, on voit deux. petits points noirs, qui sont les yeux, et en dessous, la bouche, formée par une trompe conique , accompagnée de Er tre antennules. 204 HISTOIRE NATURELLT Les quatorze pattes sont les par- ües les plus remarquables de cet ani- mal. Les deux antérieures, cachées sous la tête et le corps, sont plus petites que les autres, et divisées en cinq parties, dont la quatrième est large et ovale, et la cinquième a un angle très-crochu, qui peut s'appliquer en se repliant sur la quatrième. Les pattes de la seconde, de la cinquième, de la sixième et de la septième paire, sont semblables en figure aux deux antérieures; quoique beaucoup plus grandes et plus grosses, mais les pattes de la troisième et de la quatrième paire sont d'une toute autre figure ; elles sont longues, déliées, fili- formes , très - flexibles , de grosseur par-tout égale, et à extrémité arron- die. Fout près de leur base, en des- sous , 1l y a une petite pièce écailleuse , et cylindrique , contournée en bouche, et terminée en pointe aux deux bouts. Son usage n'est pas connu; enfin, au- dessous du dermer anneau du corps, DES CYAMES. 20) on voit quatre petites parties coniques , très-courtes, placées par paires les unes sur les autres, et dont on ne connoit pas plus l'usage. Ces animaux, remarquables, se tien- nent si fortement cramponnés sur les baleines , au moyen des griffes dont on vient de donner la description, que, pour les enlever, en vie et entiers , 1l faut couper une portion de la peau de la baleine. [ls se placent, de préférence, aux lèvres, aux parties génitales, contre les nageoires, lieux où ils ne peuvent être inquiétés par la baleine qu'ils tour- mentent. Quelques baleines en ont beaucoup, sur-tout en été; d’autres en ont moins; et d'autres point du tout. On rapporte qu'ils rongent la peau de Ja baleine, et qu'ils y laissent des trous comme si on en avoit emporté des morceaux; mais C'est évidemment une erreur : le cyame ne peut que faire un trou avec sa trompe, et sucer le sang ou la graisse de la baleine. IL n'a pas 206 HISTOIRE NATURELLE d’autres instrumens propres à déchirer que ses pattes avec lesquelles 1l ne peut faire que des égratignures , et, comme 1l reste long-temps à la même place, 1l n’a pas même occasion d'en faire souvent. La fig. 16. pl. 2, représente le cyame des cétacés un peu réduit. La seconde espèce avoit été placée par Linnæus parmi les phalangium ; par Pallas parmi les acarus ; par Fa- bricius, d'abord parmi les poux, et en. dernier lieu, avec la première, parmi les pygnogonum , sous le nom spéci- fique de balenarum. Brunick la regarde comme formant un genre nouveau, et probablement il a raison; car cet ani- mal paroît bien différer par la descrip- tion du pou de baleine. Il a une longue trompe saillante pour bouche; quatre petits yeux sur le sommet de la tête; deux antennes courtes, moniliformes ; quatre articulations au corps ; celle du milieu plus élevée et plus large que DES CYAMES. 207 les autres. Huit pieds presque égaux , fort longs , composés de sept articles très-courts, et terminés par un ongle très-robuste. Quelques auteurs disent qu'il se trouve sur la baleine , d'autres sous les pierres. Sa trompe et ses ongles cro- chus annoncent qu'il vit de sang , et qu'il se cramponse sur les animaux pour les sucer ; ainsi ce n’est que par ha- sard qu'il a été trouvé sous des pierres. Comme on ne peut prendre parti entre plusieurs savans également dignes de faire autorité, sans avoir une con- noissance plus étendue de son organi- sation, sans l'avoir étudié sur la nature, on se contentera de citer le cyame des baleines, de renvoyer à Brunich, Ins. tab. 1 , fig. 4 ; à Stroem. Sundm. fab. 1, fig. 17; à Baster, Subs. 2. tab. 12, fig. 3; à Pallas , Misc. Zool. tab. 14, fig. 21 et 23, pour avoir une idée de sa forme, et de dire qu'on le trouve dans la mer du Nord. 208 HISTOIRE NATURELLE CYMOTHOA, CYMOTHO4A, Fab. Quatre antennes sétacées, égales, épaisses, et courtes , placées dessous les yeux. Un sucoir rétractile, sortant de dessous la tête , et accompagné de deux antennules très - courtes. Corps composé de pièces crustacées, peu nombreuses, dont la der- nière est très-large , tronquée, et accom- pagnée de deux petites pinces. Pattes en crochet. Fagricrus a établi ce genre pour renfermer divers crustacés marins meu- tionnés par Linnæus sous le nom de cloporte. Il lui avoit, dans ses précé- dentes éditions, donné un caractère fort vague; mas, dans sa dernière , 1l l'a circonscrit de manière à réduire à trois les espèces qu'il contenoit. Les autres ont été employées à former le genre idotée, ou ont été omises, faute d'avoir été étudiées sous les nouveaux rapports adoptés. Lamarck a compris, ou du moins on suppose quil a dû compren- DES CYMOTHOA. 209 _ dre toutes ces espèces dans son genre aselle. La description absolue d’une espèce, observée vivante par Bosc, assurera encore plus les véritables caractères de ce genre que Latreille a adoptés. La tête est plate, presque ronde, fort large, unie, avec deux grands yeux verdêtres sur sa partie supérieure et la térale. En dessous, elle a deux paires d'antennes postérieures placées avant les yeux, et une trompe rétractile , accom- pagnée de deux antennules au milieu. Les antennes sont, de chaque côté, placées l’une devant l’autre , et compo- sées d'environ cinq articles, dont le premier est très-gros, et les autres vont en diminuant jusqu'à la pointe ; ils sont d'une nature plutôt cartilagineuse que crusitacée. La trompe , ainsi que les antennules sont également cartilagi- neuses , et ne peuvent se bien voir que sur le vivant. Le corps est très-bombé, composé Crustacés. II, 19 210 HISTOIRE NATURELLE de sept anneaux , dont le premier est le plus long et le moins large, et les deux dermiers les plus étroits. Ils sont presque unis, et terminés obtusement sur leurs bords. En dessous, il y a quatorze pattes très-courtes , égales , et attachées de chaque côté, positive- ment sur le bord des anneaux. Chacun est composé d'une cuisse épaisse ei courbée enS, d’une jambe plus mince, mais qui lui est presque égale en lon- gueur , et qui a, à sa base, une ou deux articulations peu visibles ; enfin d'un ongle très-crochu, très-aigu , et presque aussi long que la jambe. La queue est composée de deux par- ties : la première, formée par cinq an- neaux plus étroits, et moins larges que ceux du corps, par lesquels ils sont en parue recouverts ; la dernière, formée par une écaille un peu convexe, paral- lélogramique, plus large que le corps, et aussi longue que la somme des an- neaux de la queue. Asa base extérieure z DES CYMOTHOA. 211 est une petite exCision , qui sert de sup- port à une petite pince, composée d'une articulation et de deux doigts égaux; le tout moins long que la pièce qui leur sert de support. En dessous de la queue il y a deux rangées de branchies arrondies , que leur peu d'épaisseur et leur transpa- rence, n'ont pas permis de compter. La cymothoa sur laquelle cette des- cription a été faite , étoit d’un blanc jaunâtre , de quinze millimètres de long sur cinq de large. Elle a été trouvée par Bosc, dans les mers d'Amérique, attachée aux lèvres d'un poisson, du genre des perches, à laquelle elle tenoit avec tant de force , qu'il a fallu em- ployer un couteau pour l'obtenir sans la briser. Cymothoa asile, Cymothoa asilus. Deux anneaux sur le corps ; la queue demi-ovale. Oniscus asilus. Linn. — Pal/as , Spicil. Zool. tab. 4. fg. 12. Petri», Gaz. tab. 155. fig. 1. Plancus , Conch. Min. Nat. tab. 5. fig. A, B. Se trouve dans les Mers d'Europe. 212 HISTOIRE. NATURELLE Cymothoa ichtiole, Cymothoa ichtio!a. Treize anneaux sur le corps; la queue quadrangu- aire. Erunich. Entom. tab. 1. fig. 5. Voyez pl. 16. fig. 1, où elle est représentée grossie. Se trouve sur Jes poissons en Amérique d’où elle a été rapportée par Bosc. Cymoihoa en faux, Cymothoe falcata. Douze anneaux sur le corps, dont les extrémités latérales sont courbées en faux et armées de deux épines ; la queue ovale, obtuse. Se trouve dans les mers de Ja Chine. Cymothoa imbriquée, Cymothoa imbricata. Vingt-sept anneaux sur le corps; les antennes comprimées; les cuisses postérieures carences, Se trouve sur les côtes de la nouvelle Hollande. Cymothoa paradoxe |, Cymothoa paradoxa. Quinze anneaux sur le corps, dent les extrémités latérales sont courbées en faux et armées d’épines ; la queue ovale, avec trois hignes élevées en dessus, et une lame courte de chaque côté. Se irouve dans la mer du détroit de Magellan. DES BOPYRES. 219 BOPYRE, Boryrus, Latrerlle. Corps applati, légèrement crustacé, arrondi en devant, pointu et oblique en arrière, Pattes très -courtes , insérées aux bords des anneaux. Les pêcheurs des bords de l'Océan sont dans la persuasion que les soles, pleuronectes sola, Linnæus , doivent eur naissance aux chevrettes ou sali- coques. Fougeroux de Bondaroy , voulant s'assurer des causes de ce préjugé , de- manda à des pêcheurs des chevrettes avec des jeunes soles prêtes à éclore, et ils lui en apportèrent en grande quantité. Ce physicien , en examinant ces che- vrettes , vit qu'elles avoient un renfle- ment très-apparent sur la partie laté- rale postérieure de leur corcelet , et lorqu'il l'eût levé, 1l trouva un petit anunal, applati, de forme à-peu-près 214 HISTOIRE NATURELLE semblable à la sole, mais si différent par son organisation , qu'il est peu aisé de comprendre comment il a pu être pris pour ce poisson. Cet animal par son aspect, et par le lieu de son habitation, se rappro- che du mollusque que Bosc a décrit sous le nom d'oscane ; mais 1l a les ca- ractères des crustacés parasites, et n'est pas comme l'oscane , adhérent à la che- vrette , 1l vit sous le test même de son corcelet, qu'il soulève avec son dos. Voici la description qu'en donne Fougeroux de Bondaroy : 1l est figuré en cœur, plat en dessous , et un peu concave en dessus, à-peu-près de sept millimètres de longueur, sur quatre à cinq de largeur. Une des extrémités de son corps est arrondie; l’autre pointue. La bouche est placée en dessous de sa partie antérieure; c'est une espèce de trompe en mamelon. Autour de cet animal, à la naissance des écailles qui bordent sa partie supé- DES BOPYRES. 215 rieure, On voit un rang de petits cro- chets, qui lui servent sans doute à se cramponner au corps de la chevrette. On en compte sept de chaque côté, Sur la partie postérieure du corps, qu'on peut appeler la queue , on voit deux rangs de lames, qui se recouvrent et laissent un petit intervalle dans le mi- lieu de cette partie. Ces parties ne peu- vent être méconnues pour des bran- chies ; mais ilestremarquable qu'elles soient placées sur le dos. Lorsqu'on lève ces branchies , on trouve un autre animal extrémement petit, plus alongé, à anneaux très-pro- noncés , garni de seize à dix - huit crochets. Cette description n'est point faite dans les principes modernes , et laisse par conséquent beaucoup à desirer ; maisil est probable que les Naturalistes ne tarderont pas à voir fixer leurs idées à cet égard , car A. Brogniard a rapporté beaucoup de ces animaux des bords de 416 HISTOIRE NATURELLE l'Océan, et prépare un travail propre à le faire connoîïître complétement. Fabricius a placé, dans son dernier supplément , le bopyre parmi les mo- nocles ; mais 1l est très-probable qu'il ne l’a pas suflisamment observé. Bopyre des crustacés , Bopyrus crangorum. hs Tougeroux de Bondaroy, Mém. de |’ Académ. 1772, pag. 29, pl. 1: SE A AT CYCLOPE, CycLroPrs, Muller. Corps alongé, diminuant insensiblement pour former une queue. Deux à quatre antennes ; six à dix pattes soyeuses ; un seul œil. Les cyclopes faisoient, comme les genres précédens, partie des monocles de Linnæus, de Degeer, de Geoffroy etautres. Ils ont été séparés de ce genre par Muller, qui a ajouté à la seule es- pèce connue des Naturalistes précités, DES CYCLOPES. 217 douze autres distinguables par des ca- ractères bien tranchans. Ce genre s'écarte des cypris, des daphnies , et autres des entomostracés de Muller, pour se rapprocher un peu des écrevisses et autres genres voisins. Leuvwrenhoeck est le premier qui ait fait connoîitre l'espèce de ce genre que Geoflroy a appelé le monocle à queue fourchue. Après lui, Baker , Roesel, et Degeer, ont multiplié les observa- tions, et par conséquent approfondi son histoire, qui présente des faits dignes des méditations des scrutateurs de la nature. Le corps des cyclopes est de figure ovale, très-alongé, couvert de pièces. crustacées, convexes , dont la première est ordinairement beaucoup plus grande que les autres; elles vont en décroissant rapidement jusqu'à la queue. El y à; selon les espèces, de cinq à huit dé ces écailles. Le dos est toujours con- vexe, et le ventre toujours concave, 218 HISTOIRE NATURELLE On voit , à travers les écailles, qui sont demi-transparentes, quoique ordi- nairement colorées , d'abord près le dos, un long vaisseau , presque droit, pourvu d’un mouvement de systole et de diastole , c'est le cœur; ensuite , plus bas , sur Les côtés, deux autres vaisseaux un peu courbés, irréguliers, qui sont les intestins. On voit bien en- core quelques autres parties , mais pas assez distinctement pour pouvoir les caractériser. La tête n’est point distincte du corps. Elle n’est indiquée que par un œil uni- que , très-gros , placé sur la partie su- périeure et antérieure. Cette tête est munie, en devant, de deux longues antennes, une de chaque côté, qui sont toujours très-mobiles et flexibles, parce qu’elles sont divisées en plusieurs. articulations de longueur iné- gale. Elles sontencore garnies d’un grand ROBE de poils également mobiles j qui partent, pour la plupart, des join- DES CYCLOPES, 219 tures de ces articulations. Ces antennes sont assez grosses à leur origine , et vont en diminuant jusqu'à leur extré- mité , qui n'est cependant pas pointue, mais émoussée , et terminée par des poils. L'animal peut donner différens mouyemens à ses antennes ; mais ordi- nairement 1l les porte étendues vers Les côtés de son corps. Lorsqu'il y en a quatre , et cela n'arrive qu'une seule fois , les deux antérieures sont plus lon- gues et plus grosses que les posté- rieures. Le corps est terminé par une longue queue droite et fourchue à son extré- muté, dont la direction est dans une même ligne avec le corps. Elle est flexible et mobile à sa base, ou dans l'endroit où elle est articulée au corps. À son origine elle est grosse et cylin- drique, diminuant ensuite peu-à-peu de volume , etse divisant plus ou moins promptement , selon les espèces , en deux branches , en forme de soie, pres- 220 HISTOIRE NATURELLE que toujours velues. Dans quelques espèces ce filet se bifurque encore ; mais toujours la branche du milieu est la plus grande. Les pattes, ou plutôt les nageoires des cyclopes varient en nombre, selon les espèces, entre six et dix. Elles sont placées par paires, ou deux à deux , en dessous du corps. Elles sont très-grosses à leur origine; mais vers le milieu de leur longueur elles se divisent en deux branches, latéralement garnies d'un grand nombre de parties en forme de poils ou de filets déliés, articulés à la base , en sorte qu'elles sont mobiles , et servent à pousser l'eau. La position de ces nageoires est telle, que, quand Fa- nimal les tient en repos, elles sont tou- tes dirigées vers la tête, et que lors- qu il nage, elles sont au contes diri- vées vers de queue, de sorte qu'elles parcourent un grand arc dans leurs imouvemens ; aussi les cyclopes nagent- ils avec une très-grande vitesse. Leur DES CYCLOPES. 221 marche est à-peu-près semblable à celle d'une chaloupe que des rameurs font mouvoir, C'est-à-dire qu’elle a lieu par saccades réitérées. Les antennes et Ja queue semblent aussi contribuer à l’ac- tion de nager, mais elles ne sont pas nécessaires à cette opération , comme dans le genre daphnie. Les cyclopes sont à-peu-près en équihbre avec l'eau, au milieu de la- qu'elle ils peuvent rester long-temps comme suspendus, mais peu-à-peu ils s'enfoncent néanmoins, quand ils per- sistent à ne se donner aucun mouve- ment. La propagation des animaux de ce genre est des plus singulière. Pendant toute l’année on trouve des femelles qui portent près de l'origme de la queue , sur un pédicule , une ou deux grandes masses ovales, qui ne repré- sentent pas mal des grappes de raisin , et qui pendent obliquement au milieu , ou aux deux <ôtés de la queue. Cha- Crustacés. II, 29 222 HISTOIRE NATURELLÉ cune de ces masses est un assemblage d'œufs parfaitement ronds, de couleur noirâtre ou verdätre , pondus par la femelle, et renfermés dans un sac mem- braneux attaché au corps par un filet délié, mais qui s'en détache facilement par un frottement un peu rude, On n’a pas encore appris à connoître combien de temps les daphnies por- tent, ainsi remplis, ces ovaires exté- rieurs ; 1l est probable que cela dé- pend de la chaleur de la saison, qu’en été 1l faut très-peu de jours, et en hi1- ver un plus grand nombre ; mais on est assuré que les petits sortent en crevant les ovaires qui les enveloppent, après, dit Geoffroy, qu'ils sont séparés de la mère. Les organes mâles des cyclopes sont placés dans les antennes, alors plus grosses dans une de leurs parties ; tantôt is ne se montrent que dans une an- tenne ; tantôt 1ls se montrent dans tou tes les deux. Les organes de la femelle DES CYCLOPES. 223 sont placés sous le ventre, à l’origine de la queue, dans les petits tubercules, qu'on a dit servir de soutien aux ovai- res. Ainsi donc ces animaux copu- lent positivement comme les araignées, et leurs organes de la génération sont analogues. Les cyclopes nouvellement nés sont d'une petitesse extrême , et d’une forme si différente de celle de leur mère, que plusieurs observateurs, et Muller lui- même , les ont pris pour des animaux différens. Ce dernier les a décrits sous les noms génériques de nauplies et d' amynomes , quoique Degeer, qui avoit étudié les mœurs d'un cyclope , se soit beaucoup apesanti sur ce fait. Voici ce qu'il en dit : « Leur corps est plat et ovale, plus pointu par derrière que par devant ; 1ls n’ont point de queue, ou n'ont que deux poils pour queue. Les nageoires sont aussi très-différentes , tant en nom: bre qu'en figure. Ils en ont six, deux 224 HISTOIRE NATURELLE en devant , et quatre sur les côtés. ( C'est le cyclope à quatre cornes dont il est ici question, et1l a huit nageoires.) Les deux antérieures répondent peut- être aux antennes de la mère , étant dirigées en avant, et n'ayant point leur extrémité fourchue comme les quatre latérales ; cependant ils les remuent également en nageant ; enfin elles sont à-peu-près, par-tout, de grosseur égale, et leur extrémité est arrondie , garme de quelques petits filets en forme de poils. Les quatre nageoires latérales sont divisées , au bout, en deux bran- ches courtes, garnies de quelques poils; elles se ressemblent toutes quatre ,ex- cepté que les deux postérieures sont un peu plus petites , et que leurs bran- ches sont plus courtes et plus déliées. Au reste , toutes ces nageoires , de même que les deux cornes antérieures, sont très-transparentes, et divisées en quatre articulations. Au mulieu du corps, entre les quatre nageoires , on DES CYCLOPES. 225 voit une grande tache obscure , et en avant une petite tache noire , quelque- fois rouge, qui sans doute est l'œil. « À moins que d’avoir vu naître ces petits animaux , on ne les prendroit jamais pour les enfans de leur mère, tant leur figure est différente , et pour m'en assurer davantage , j'ai répété la même expérience plusieurs fois de suite, et toujours avec le même ré- sultat. « J'ai ensuite placé trois de ces pe- ts, éclos chez moi, chacun séparé- ment dans des vases où 1l y avoit de l'eau , et je les observai chaque jour. Au bout d'un certain temps, je remar- quai que deux de ces petits insectes avoient changé de figure ; mais, autant que j'ai pu voir, sans se défaire d'aucune dépouille. Les deux antennes s’étoient abaissées vers les côtés ; les deux na- geoires s'étoient aussi un peu ciliées en bas, et les deux postérieures se trou- volent dirigées en arrière, etappliquées 226 HISTOIRE NATURELLE contre ces mêmes côtés. Peu de temps après 1l leur arriva un autre change- ment. La partie antérieure du corps s'alongea considérablement, et la partie postérieure devint plus aiguë ; les qua- tre nageoires latérales se trouvèrent placées alors au milieu du corps. L'a- nimal n'étoit plus alors si transparent. A mon grand regret , je n’ai pas pu pousser plus loin mes expériences, par la mort accidentelle des individus qui en faisoient l'objet. » Depuis , le savant Jurine, citoyen de Genève , s'est assuré par de nou- velles expériences , que les nauplies de Muller n’étoient que les larves des cy- clopes, de manière qu'il n'est plus per- mis de douter de ce fait. Les cyclopes se trouvent dans les eaux stagnantes qui ne sont point Cor- rompues, sur-tout dans celles où 1l y a des plantes en végétation. On en trouve aussi quelques espèces dans la mer. Il ne s'en voit pas, du moins aux en- DES CYCLOPES. 22"7 virons de Paris, en aussi grand nombre que les cypris et les daphnies, 1l y ena cependant quelquefois assez pour que l'on en puisse prendre plusieurs cen- taines en remplissant d'eau un gobelet. On les rencontre toute l'année | mais c’est principalement au printemps qu'ils sont les plus communs. Ils servent , comme les autres animaux de la classe des entomostracés, de nourriture à tous les insectes aquatiques , à tous les vers qui habitent avec eux , et de plus aux oiseaux d'eau. Les mêmes causes de destruction agissent sur eux. Cyclope menu, Cyclops minutus. Les antennes linéaires; la queue à deux soies. ÆErchhorn. Microsc. tab. 5. fig. K, L. Muller, Entomost. tab. 17. fig. 1, 7. Se trouve dans les eaux stagnantes. Il est fort com- “un aux environs de Paris au printemps, Cyclope bleu , Cyclops cœruleus. Bleu ; les antennes linéaires ; la queue droite, à deux fobes. : Muller ; Entomost. tab. 15. fig. 1, 9. Se trouve dans les marais. 228 HISTOIRE NATURELLE Cyclope rougeâtre, Cyclops rubens. Rougeätre; les antennes linéaires; la queue droite et bifurquée. Muzler, Entomost. tab. 16. fig. 1,3. Voyez pl. 18. fig. 3, où le mäle est figuré très- grossi. Se trouve dans les eaux stagnantes. Cyclope lacinulé , Cyclops lacinulatus. Les antennes linéaires ; la queue courte, bifurquée. Muller, Entomost. tab. 16. fig. 4 , 6. Se trouve dans les marais. Cyclope porte-massue, Cyrlops clavigere. Les antennes en massue, roides; la queue bifide. Muller, Entomost. tab. 16. fig. 7, 0. Se trouve dans les marais. Cyclope quadricorne, Cye/ops quadricornis. Les antennes linéaires, au nombre de quatre; la queue bifide. Lewenhoeck , Cont. Arc. Nat. fig. 1,2, 3. Backer, IMicrosc.(tab: 7. He T0 21 Jef tab 15.418. 1,0: Roesel, Tns. 3. tab. 98. fig. x , 2, 3. Degeer. Ins. 7. tab. 20. fig rt 125 .et tab. 30. fig: 1,,5,:92Geof: ns. 2. tab. 21.fig. 5. Muller, Entomost. tab. 18. HET 4e Voyez pl. 18. fig. 4, la femelle grossie. Se trouve dans les marais; est fort commun aux environs de Paris. Cyclope crassicorne , Cyclops crassicornis. Les antennes larges et courtes; la queue avec deux épines. Muller, Entomost. tab: 18. fig. 15, 17. Se trouve dans les marais. Il est très-pare. DES CYCLOPES. 229 Cyclope porte-pince, Cyclope chelifer. Les antennes courtes, recourbées; le corps sans articulations; la queue avec deux soies. Muller, Entomost. tab. 19. fig. 1, 3. Se trouve dans l’eau de mer. Il est rare. Cyclope longicorne , Cyclops longicornis. Les antennes linéaires très-longues ; la queue par- tagée en deux. Acta. Hawn. 10. fig. 20, 23. Muller, Entomost. tab. 19. fig. 7, 0. Se trouve dans l’eau de mer. Cyclope captif, Cyclops captivus. Les antennes linéaires ; la partie antérieure du aorps élargie ; la queue droite, fendue. Muller, Entomost. tab. 19. fig. 10, 13. Se trouve dans l’eau de mer. Cyclope minuticorne , Cyclops minuticornis, Les antennes linéaires courtes ; la queue fendue , à deux soies. Muller, Entomost. tab. 19. fig. 14, 15. Se trouve dans l’eau de mer. Cyclope brévicorne , Cyclops brevicornis. Les antenses du mâle onguiculées ; les soies de lg queue très-courtes. Act. Hawwn. 9. tab. 9. fig. 1,10. Se trouve dans l’eau de mer. 2350 HISTOIRE NATURELLE LIMULE , LimMULUS, Fabricius. Point d'antennes. Deux antennules biarti- culées et chélifères. Deux yeux écartés. Corps couvert par un large bouclier crus- tacé , divisé en deux pièces inégales par une suture transverse, et terminé par une queue subulée. Cinq paires de pattes. RumPxius, a, le premier, fait con- noître le singulier crustacé qui forme ce genre , et l'a appelé poliphème. Comme 1l a les plus grands rapports de forme avec les monocles, Linnæus l'avoit placé parmi eux sous le nom spécifique de Rumphius. Fabricius , éclairé par Muller , en a fait un genre particulier sous le nom de limule, Lamarck l’a imité, mais 1l a rappelé le nom imposé par Rumphius pour donner celui de limule au monocle de Geoffroy, ce qui jette une grande con- fusion dans la nomenclature la plus gé- néralement adoptée en Europe. DÉS LIMULES. 253$ La limule est connue en France, sous le nom de crabe des moluques, parce qu'il vient de la mer des Indes, mais il se trouve aussi dans les mers d'Amérique, au rapport de Bosc, qui en a pris, un jour, onze dans la rade de Charleston, dont 1l n'a été posses- seur que quelques instans, un homme chez qui 1l les avoit déposées, Les a yant fait jeter dans la mer en son absence. La limule a le corps composé de deux parties. La prenuère, sous la- quelle est le corps, est une pièce crus- tacée, légèrement bombée en dessus , très-excavée en dessous, peu épaisse en son milieu, mais renforcée sur ses bords, arrondie en devant et sur les côtés, très-excisée , et découpée en arrière, Le bord antérieur de cette pièce se pro- longe en dessous, et forme un angle interne. Les yeux sont placés sur les côtés de cette pièce, dans une rainure paral- rc? 292 HISTOIRE NATURELLE ièle, et à quelque distance de ses bords. Els sont ovoides et peu saillans. La seconde partie, sous laquelle sont les branchies , est presque aussi longue que la première, également bombée, et'comme elle, échancrée postérieu- rement avec deux pointes , mais elle est beaucoup moins large, et ses bords sont de chaque côté garnis de six épi- nes courbes et assez longues. En des- sus , 1l y a une lésère carène au mi- lieu, accompagnée de deux rangées de courtes épines. La queue est plus longue que le corps , triangulaire , pointue à son ex- irémité, et articulée à sa base, qui est implantée dans l’échancrure de la seconde pièce. Il y a une rangée d’épi- nes courtes sur la carène , ou partie su- périeure de cette queue. En dessous, on voit d’abord, sous la première pièce , au bas de l'angle saillant dont on a déjà parlé, la bou- DES LIMULES. 293 che qui est accompagnée de deux an- tennules extérieures , courtes, à deux articles, dont le dernier est en pince ; six intérieures, deux grandes mandibu- les, etc., mais point d'antennes, ce qui est très-remarquable dans cette classe. Plus bas, sont cinq paires de pattes, à peine aussi longues que la largeur du test , les trois premières, munies de pinces très-courtes, à doigts égaux; les deux dernières onguiculées. On voit ensuite, sous la seconde pièce, une suite de branchies placées sur deux rangs, formées par des lames doubles, et d'épaisseurs inégales, qui, dans les femelles, portent les œufs dans le temps du frai. Les limules de l'Inde ont plus d’un demi-mètre de diamètre , ceux que Bosc a eus en sa possession étoient beau- coup moins grands, mais 1l est possible que ce ne soit pas la même espèce; il regrette beaucoup de n’avoir pu les étudier, attendu qu'aucun Naturalists Crustacés, II, 24 234 HISTOIRE NATURELLE moderne ne les a encore observées en vie, et que l'examen de leurs branchies seulement pouvoit, à raison de leur grandeur, présenter des faits utiles à l'histoire des crustacés de cette division. Bosc a cependant remarqué que leur test est d’un brun verdâtre, beau- coup moins calcaire que celui de écre- visses > puisqu 1l fléchit sous le doigt pre la vie de l'animal , et se casse difficilement après sa mort. Lorsqu'il marche , on ne voit aucune de ses pattes, et dès qu'on le touche, il les retire entièrement contre son abdo- men, pose sur le sol les bords de son test, el relève sa queue, comme pour se défendre. Cette queue est très-redoutée en Caroline , comme dans l'Inde; on croit que sa piqure est venimeuse; 1l y a tout lieu de croire que c'est un préjugé, mais cela ne seroit-1l pas, il est très-facile à l'homme de l’éviter , les mouvemens de l'animal étant très- elrconscrits et très-lents. Bosc a pris DES LIMULES. 255 presque toutes celles qu'il a vues par cette partie, sans penser avoir quelque chose à craindre. Ge n'est qu'après son expédition faite , qu'il a été instruit des prétendus dangers qu'il y avoit courus. Les limules , en Caroline et dans l'Inde, dans les jours les plus chauds de l'été, viennent le soir sur les plages sablonneuses où marécageuses , tou- jours , ou presque toujours le mâle porté sur sa femelle , qui est plus grosse, mais sans y être en état d'accouple- ment , ni Cramponné violemment ; ils restent la nuit entière à moitié hors de l'eau , s'inquiettant peu de ce qui se passe autour d'eux , et ne cherchant à se sauver que lorsqu'ils se voient dans un danger déjà agissant. Tls n'ont qu'un très-petit morceau de chair bon à manger ; mais leurs œufs , qui sont nombreux, passent pour être délicats. Les Américains apellent les limules king - krab , et n’en font aucun usage L4 256 MISTOIRE NATURELLE comme aliment. Comme le test , dé- barrassé des parties internes, ressem- ble complétement à une casserole gar- nie de son manche, les esclaves nègres: des bords de la mer, s'en servent pour puiser de l’eau , et remplir quelques autres objets , analogues , d'utilité do- mestique. On trouve dans les lettres d'André sur la Suisse, pl. 4, la figure d’un limule pétrifié, très -bien caractérisé, trouvée dans ce pays. Limule polyphème , Limulus polyphemus. Test applati, un peu convexe; la partie postérieure latéralement dentée ; la queue très-longue , épineuse et pointue. Rumphius, Mus. tab. 12. fig. À , B. Séba , Mus. 3. tab. 17. fig. 1. Kempf. Japon. tab. 13. fig. 8. O/car. Mus. tab. 28. fig. 1, 2. Schæff. Monog. 1756. tab. 7. Voyez pl. 16. fig. 6, où il est représenté très- réduite. Se trouve dans la mer des Indes , et dans celle æ& Amérique. Limule cyclope, Limulus cyclops. Test applati, un peu convexe , avec trois séries d’é- pines ; la queue très-large , sans épine, et pointue. Se trouve dans la mer des Indes. DES LIMULES. 237 Limule blanc , Limulus albus. Test bombé avec tfois carènes postérieures épineuses ; Ja seconde pièce avec une seule carène, quatre grosses épines, et plusieurs petites sur les bords. Queue très- unie. Se trouve probablement dans la mer des Indes. Cette espèce n’est pas plus large que la main, et a proportionnellement le test bien plus bombe que la pré- cédente. Les trois carènes de la pièce antérieure ne commencent qu'aux deux tiers de sa longueur ; mais celle du milieu un peu avant les autres. Elles ont cha- cune trois ou quatre épines , d'autant plus longues qu'elles sont plus près du bord postérieur. La seconde pièce est , de chaque côté, bordée d’épines, dont les premières, celles de l’angle intérieure , et les dernières , sont les plus considérables. Les intermédiaires sont de beaucoup plus petites. La queue est de la longueur du corps, et absolument sans épines. Il y a des pinces à toutes les pattes. La couleur est par-tout d’un blanc grisâtre. 598 HISTOIRE NATURELLE À P USA Us, EE xsenR Peux antennes simples; deux yeux distincts. Corps couvert par un bouclier d’une seule p'èce ; des pattes nombreuses et foliacées; queue annellée, terminée par deux filets. Les crustacés dont il est ici question, ont été appelés apus par Frisch , mo- nocles par Linnæus et Fabricius, bi- nocles par Geoffroy , limules par Mul- ler et Lamarck. Dans la confusion de {ous ces noms, qui ont aussi été donnés à des crustacés d’autres genres, on pré- fère ic1 de revenir, à limitation de Fatreille, au nom primitif, qui servira, au moins, de point de ralliement à ceux qui seroient embarrassés de l’applica- üon des autres. Les apus donc sont des crustacés cou- verts d’un bouclier ou d'un test ovale, bombhé, très- mince , arrondi en de- vant, et fortement échancré sur le der- rière, qui ne tient au corps que dans DES APUS, 239 un seul point de Ja partie supérieure de Ja tête, L'échancrure postérieure forme, avec les bords, deux angles aigus , et ses côtés sont dentelés. Sa substance est plutôt cornée que calcaire, et en con- séquence sa flexibilité est extrême. Sur son dos postérieur se voit une fo1- ble carène, qui fait une fourche sur le devant , et indique la place de la tête. Les yeux sont situés au - dessus de la tête, très-rapprochés, obliques, saillans, ovales , et accompagnés d'un petit tubercule , intermédiaire sur le derrière. En dessous , ce bouclier est concave, et laisse voir deux plaques rouges , où se trouvent des vaisseaux qui partent de son point de jonction avec le corps, et servent à sa nourri- ture. En devant 1l se replie, forme une cavité des deux côtés de la tête, etune saillie au milieu, qui couvre en partie Ja bouche, c'est le c/ypeus ; ou le cha- peron de Fabricius. Sous le chaperon on voit deux grandes mandibules, ar- - 240 HISTOIRE NATURELLE quées, en voûte, minces, tronquées, et garmies de plusieurs dents à leur ex- trémité. Les mâchoires sont doubles, et peu apparentes , ainsi que la lèvre et les antennulles qui y sont insérées. Les antennes sont simples, très-courtes, Hliformes , et insérées sous le chaperon. Le corps de l'animal commence à l'endroit de la jonction du test avec la tête. Il est composé d’une trentaine d'anneaux qui forment une légère cour- bure, et vont toujours en diminuant de largeur. Les dix premiers sont con- caves ; ils ont sur le côté un tubercule d'autant plus petit qu'il s'éloigne de la tête ; dessous eux est un double rang de vésicules rougeûtres, et à côté une file de feuillets de même couleur, dr- minuant dans la même progression. On voit très-distinctement toules ces par- ties, lorsque après avoir levé le bou- chier, on regarde le dos de l'animal. Lorsqu'on considère l’apus en des- sous , on voit, immédiatement après la DES APUS. 24Y bouche , une suite de pattes, compo- sées de trois articulations , qui devien- nent de plus en plus courtes, et finis- sent par se réduire à un point tuber- culeux. La première paire de pattes, et par- conséquent la plus longue , est pour- vue , à sa partie supérieure, de trois Jongs filets inégaux, dont le plus petit est le plus extérieur , et est inséré sur sa patte, un peu plus bas que les autres. Ces filets sont articulés comme les an- tennes des écrevisses , et servent à la marche de l'animal. Toutes les autres pattes sont termi- nées par des lames ou des feuillets rou- geâtres. Il y en a un double rang. Ils di- minuent en longueur, comme on l'a déjà observé, et finissent par se perdre à la moitié de la queue. Les feuillets du rang intérieur sont pointus jusqu'au m1- lieu du corps; mais là , ils deviennent ronds, et conservent la même forme jusqu’à la fin. Les feuillets du rang ex- 242 HISTOIRE NATURELLE térieur grandissent de plus en plus en descendant, jusqu'au deux üers de la lonoueur , où 1ls diminuent tout d’un coup, et se terminent avec les autres en un point. Ces feuillets où lames sont les bran- chies qui servent à la respiration, com- me à la natation de l'animal. La queue commence en dessous , à T'endroit où fimssent les branchies, mais en dessus , elle peut être considérée comme commençant , Où se termine le bouclier. Elle n'est, au reste, que e continuation du corps, puisqu il n'y a aucune différence dans son organisa tion, aucune séparation positiv e. Cette queue est donc formée d’articulations presque cylindriques et garnies d’'épi- nes en dessus et en dessous. Elle est terminée par une troncature et par deux filets articulés, comme ceux des pattes, et presque aussi longs que le corps. L'anus est entre ces de filets. Il est formé par une pièce écarlleuse ou sou- DES APUS. 243 pape simple dans deux des espèces, et surmontée par une lame, épineuse en ses bords, dans la troisième. Les apus se trouvent dans les eaux stagnantes , boueuses, principalement dans celles qui sourdent dans la tourbe. On en trouve deux espèces aux environs de Paris, mais elles y sont rares. Bosc les a trouvées au printemps , dans les marais qui sont à la queue de l'étang de Montmorency. Une des espèces avoit les branchies garnies d’une immense quantité d'œufs. On n'a, au surplus, aucune observation sur leurs mœurs. On sait seulement qu'ils paroissent quel- quefois en quantité dans des mares où on n'en avoit point vu les années pré- cédentes , et qu'ils en disparoissent de même. Ils meurent très-peu de temps après en avoir été tirés. Les seconde et troisième espèces 1 in- diquées par Lamarck, comme faisant partie de son genre limule, qui, comme on l'a dit, correspond à celui-ci, ap- 244 HISTOIRE NATURELLE partiennent à deux autres genres , et seront mentionnées séparément. Apus cancriforme , {pus cancriformis. Brun chaperon ; presque carré , étroit; queue tronquée entre les deux filets qui la terminent. Monoculus apus. Fab. — Binocle, Geoffroy, Ins. 2. pl. 21. fig. 4. Schafl. Monog. 1756. tab. 1, 2. Ærisch. Ins. 10. tab. 1. Sw/2. Ins. tab, 24. fig. 1532. Natarf. 19. tab. 3. fig. 1 — 12. Se trouve daus les eaux stagnantes aux environs de Paris. Apus vert, Æpus viridis, Test vert; le chaperon très-large, en demi-cercle, profondément denté en ses bords; la queue tronquée entre les deux filets qui la terminent. ScAæff. Monog. 1756, tab. 5. Se trouve dans les eaux stagnantes. Apus prolongé, Æpus productus. Vert, à corps brun; chapperon arrondi ; queue avec une lame saillante, applatie entre les deux filets qu' la terminent. Scræff. Monog. 1756. tab. 6. Voyez pl. 16. fig.7, où il est représenté de presque de grandeur naturelle. Se trouve dans les eaux stagnantes aux eavirons de Paris. DES CYPRIS. 245 * CYPRIS, CyPRISs, Muller. Test bivalve ; tête cachée ; deux antennes en pinceau ; quatre pattes ; un seul œil ; une queue. : QUELQUES cypris avoient été dé- couvertes et décrites par Joblot et Bac ker , d’autres par Ledermuller et Geof- froy ; mais C'est Muller qui a établi ce genre dans ses entomostrates, et qui en a fait connoitre le plus grand nombre d'espèces. Ses caractères ont été prin- cipalement développés par Degeer , dans le septième volume de ses insec- tes, et ses mœurs par un auteur anon y- me, dont le mémoire est inséré dans les généralités des entomostrates de Muller. Pour donner une idée des animaux du genre cypris, 1l suflit de faire con- noître l'espèce la plus commune , le cypris pubère, qui est le monocle à coquille longue de Geoffroy. Crustacés. I. 22 246 HISTOIRE NATURELLE C'est, dit Linnæus, une petite co- quille, un peu plus grande qu'une graine de chou , ovale , alongée , égale des deux bouts, bossue en devant, et ar- rondie. Elle ressembie entièrement à une coquille à deux battans; mais, dans ces dernières, l'ouverture est du côté le plus mince, et la chair de l'ani- mal est du côté le plus gros. C'est tout le contraire 1c1. L’aninal qui est renfermé dans cetie coquille, ouvre et la ferme à volonté, il fait sortir par un de ses bouts plu- sieurs filets égaux et blanchâtres, en forme de poils. C'est en remuant ces filets, qu'il nage avec célérité, et 1l ne s'arrête pointavant d'avoir rencontré un objet sur lequel 1l puisse se reposer. Dès qu'il ne nage plus, le corps entier est caché dans la coquille. Ces animaux varient en grandeur , selon l’âge. Leurs couleurs ne sont point constantes. Les unes ont ja co- quille grise , les autres l'ont verte, DES CYPRIS 247 ou d'une seule couleur, ou tachetée de brun, ou de jaune, ou brune ou jaune. L'enveloppe extérieure de ce cypris est une véritable coquille bivalve, com- me le dit [innæus, qui s'ouvre et se ferme par le moyen d'un ligament, de même que la came des ruisséaux de Geoffroy , la cyclade cornée de Bru- guère , à qui on l’a comparée avec raison. Le peu d'épaisseur du test, sa transparence, et sa petitesse, ne per- mettent pas de voir s’il y a des dents à la charnière, mais le ligament est très visible à la loupe. Les valves, dont les bords sont garmis de poils très-courts, se ferment très-exactement par - tout. Lorsque l'animal est en mouve- ment, 1l fait mouvoir ses diflérens membres avec tant de vitesse, qu'il est très-difficile d'en saisir le carac- tère, et même le nombre; cepen- dant, à force d'observer, on s'est 248 HISTOIRE NATURELLE assuré qu'il en faisoit sortir de trois sortes, savoir des antennes, des pattes, et une queue. Les deux antennes, qui sortent du bout antérieur de la coquille, sont lon- gues, très-tlexibles, courbées en ar- rière , divisées en plusieurs articula- tions, qui leur donnent beaucoup de souplesse et de flexibilité. Ils prennent leur origine assez loin des bords de la coquille, et ils sont garnis, vers l'ex- trémité , de longs poils qui forment une aigrette au bout. Il y a, de plus, quelques autres poils aux différentes articulations. Le mouvement que l'in- secte donne à ces antennes est iou- jours dirigé en arrière, ou du côté du dos; il peut les courber considé- rablement dans cette direction, et elles concourent puissamment à sa na- tation. c Les pates, qui sortent du milieu de la coquille, sont plus difficiles à re- connoitre. Il y en a d'abord deux paires DES CYPRIS. 249 «ssez distinctes , placées l’une en de- vant, et l'autre en arrière du corps. Ces pattes sont divisées en articula- tions , et garmies de poils. Les deux antérieures, qui sont plus longues que les autres, et dirigées en arrière, ont plusieurs longues parties déliées , qui ressemblent à des poils, mais qui font l'office de crochets. Les deux pattes postérieures , qui sont courbées dans un sens contraire , ou du côté de la tête, sont terminées par un seul crochet pointu, courbé , et assez long. Mais outre ces quatre pattes, le cy- pris en a encore d'autres, plus petites, courbées, garnies de poils, et termi- nées par des pointes crochues , sem- blables à celles des deux grandes pattes antérieures. Ces petites pattes, qui sont également divisées en articulations , et placées entre les deux paires des gran- des, ne pressent que fort peu les bords. de Ja coquille , et ne le font uniquement que quand l'animal marche sur quel- 250 HISTOIRE NATURELLE que objet , comme 1l le fait souvent. IL est presque impossible de compter Jeur nombre, parce qu'au moindre at- touchement elles se confondent ensem- ble , et ne sont plus reconnoissables. Le mouvement que la cypris donne à ces pattes, n'est pas moins rapide que celui des autres , et peut-être ai- dent - elles aussi à nager, quoiqu’elle semble s'en servir Dfincitalestont pour marcher. Elle perd, dans cette der- nière action une partie de la vivacité qu'elle montre en nageant. Mais, soit qu'elle marche , ou qu'elle nage, la coquille se trouve toujours placée ver- ticalement sur le bord du côté des bat- tans , où elle est ouverte. La partie postérieure du corps est garnie d'une queue double , presque toujours entièrement cachée dans la coquille. On ne peut la voir à son aise qu'après avoir fait mourir l'animal, qui ne la fait paroitre que dans Cértaal occasions rares. Cette queue, qui est at- DES CYPRIS. 251 tachée à la partie postérieure du corps, est alongée , plus grosse à son origine qu'à son extrémité , qui est très-déliée, courbée et dirigée en avant dans Îa coquille, ou vers les pattes, etayant, près de son extrémité , une seconde courbure opposée à l'autre, en sorte qu'elle a une inflection qui lui donne la figure de la lettre S. Comme elle est mobile à sa base, l'animal peut la pousser en arrière , et la faire sortir en partie hors de la coquille ; mais il faut encore observer qu'elle est double, ou composée de deux branches déliées , terminées par deux petits filets déliés, en forme de poils ; et comme ces deux branches, quand la queue est dans l’1- naction, sont toujours exactement appli- quées l’une contre l'autre, elle paroît simple au premier examen. La tête des cypris est large au bas, ‘et diminue de volume vers le haut, où elle se termine en pointe alongée. C'est 252 HISTOIRE NATURELLE d'elle que sortent les antennes dont 1 a été parlé. A l'endroit où la tête s'umitau corps, vers les bords de la charnière de Ja co- quille, on apperçoit un petit pointnoir, qui est l’œ1l de l'animal. Quelques per- sonnes ont prétendu qu'il y avoit deux veux réunis; mais, dit Geoffroy, c'est en vain qu'on voudroit le faire croire, il suffit de regarder pour être persuadé qu'iln'y en a réellement qu'un. La poitrine s'avance beaucoup vers l'ouverture de la coquille, et fait la plus grande partie du corps de cypris. Au- Fa d'elle, auprès des pattes antérieures , est une tache noire, qui est la bouche. Elle est couverte d une pellicule transparente, qui s'ouvre au milieu , et laisse entrevoir deux ma- choires, qui sont marquées d'un point très - noir, à l'endroit où elles se Jo1- guent. Eu côté de ces mächoires se voient des antennules blanches ; qui DES CYPRIS. 253 remuent sans cesse, et qu'on ne peut compter. Il n'y a pas de doute que ces anten- nules ne servent à l'animal pour dé- terminer le courant d’eau qui doit lui apporter lanourriture nécessaire , fonc- tion qu'on ne peut pas ile aux antennes , comme l'a fait Baker , ou du moins qu'on ne peut leur attribuer que secondairement, à raison de leur distance de la bouche. Le ventre est presque aussi large que la poitrine ; mais il n'a que la moitié de sa longueur. I semble formé de deux lobes marqués au milieu d'un cercle noirätre. On voit, sur la partie supérieure du ventre , deux grands corps arrondis, qu'on a pris pour les ovaires, et ce , avec d'autant plus de fondement , qu'ils contiennent quelquefois des petitsgrains de couleur rouge , qui peuvent être re- gardés comme des œufs. La génération des cypris est, du 204 HISTOIRE NATURELLE reste , encore inconnue. On sait seule- ment qu'elles jettent leur frai dès'les premiers Jours du printemps , car on trouve des petits de très-bonne heure. Ces petits diffèrent assez de leur mère pour que Muller ai jugé à propos de les décrire à la suite de ses espèces ; mais on peut cependant les reconnoître facilement, pour peu qu’on ait l’habi- tude de l'observation et les rapporter avec certitude aux espèces dont ils sortent. Les excrémens sont des petites mas- ses noires , cylindriques, courbées. IL en sort de leur corps plus fréquem- ment qu'on ne le soupçonneroit, d’après Ja petitesse et la délicatesse de ces ani- maux. Les cypris changent de peau comme tous les autres entomostrates; mais ce qu'il y a de remarquable , c'est que:ce n'est pas seulement le corps de l'a- mimal qui mue ; la coquille même se défait d'une dépouille, comme font DES CYPRIS. 255. les écrevisses à l'égard de leur test. C'est à Degeer qu'on doit cette jolie observation, que le hasard lui fit faire. Il en avoit mis en expérience, et le lendemain , il trouva une dépouille flottant dans l’eau que le microscope lui fit reconnoitre pour ce qu’elle étoit. IL vit d'abord les deux pièces de la coquille ouvertes, avec un re- bord dans tout leur contour, mais la charnière encore existante. Au milieu de ces deux pièces, et vis-à-vis de la charnière, on observe les dépouilles du corps et de ses membres , principale- ment des deux antennes, et de quel- ques-unes des pattes ; mais le reste est si confondu , qu'on ne peut rien y recon- noître. Ce fait démontre que la co- quille fait partie de l'animal même, et qu'elle diffère par conséquent beau- coup des coquilles des mollusques tes- tacées qui ne sont unies au corps que par un point et qui croissent par juxta- position de molécules. 356 HISTOIRE NATURELLE C'est dans les mares, où 1l y a des plantes en végétation, principalement celles des bois , que l’on doit chercher les cypris. Elles sont quelquefois si abondantes que l'eau en paroïit cou- verte. On en voit moins en éé et en hiver qu'au printemps et en automne, ce qui feroit croire qu'il y a deux pon- tes par an. Elles sont rares dans les eaux où 1l y a des poissons, des insec- tes aquatiques, et dans celles où les o1- seaux aquatiques , tels que les canards, vont souvent. Elles ont pour ennemis non seulement les animaux qu'on vient de citer, mais encore la plupart de ceux de la classe des verset des polypes. Le desséchement des mares , et leur cor- ruption pendant les chaleurs de l'été, en font périr chaque année d'immenses quantités. I] paroït, par desobservations propres à Bosc, que dans ces deux der- niers Cas quels cypris s'enfoncent dans la da , ferment hermétiquement leurs coquilles, et attendent que les DES CYPRIS, 257 pluies viennent renouveler l'eau de leurs mares, et que c'est par ce moyen qu'elles se conservent dans certains heux.iLes mares, des environs de Paris, qui en sont le plus abondamment et le plus constamment garnies, sont cel- les de la forêt de Bondy; mais on en trouve aussi dans beaucoup d’au- tres lieux. Cypris découverte, Cypris detecta. Coquille réniforme, transparente. Ledermutler, Micros. tab. 73. Muller, Entomost: +2D::2 He. 9: Se trouve, principalement au printemps, dans les eaux stagnantes, où croit la conferve. Elle n’est pas rare aux environs de Paris. Cypris ornée, Cypris arnata. * Coquille ovale, avec une échancrure antérieure et des raies vertes. Muller, Entomos. tab. 3. fig. 4, 6. Voyez pl. 17. fig. 1 et 2, où elle est très-grossie. Se trouve au printemps dans les eaux dormantes. Cypris unie, Cypris lœvis. Coquille, presque globuleuse , unie. Geoff. Ins. 2. pag. 658 , n°..5 Vidensk Selskabs DYÉNCRNSE MTS BY TS 21 Si Crustacés. IL. 23 258 HISTOIRE NATURELLE Se trouve dans les eaux stagnantes. Elle n'est pas rare aux environs de Paris. Cypris fasciée , Cypris fasciata. Le test alongé avec une fascie verte. Muller, Entomost. tab. 4. fig. 1, 3. Se trouve dans les fossés d’eau dormante. Est rare, Cypris rayée, Cypris strigata. Le test réniforme, brun, avec trois fascies blanches, Muller, Entomos. tab. 4. fig. 7, 0. Se trouve dans les eaux stagnantes. N’est pas rars aux environs de Paris. Cypris pubère , Cypris pubera, Le test ovale, velu. Joblot. Microsc. tab. 13. fig. O. Backer, Microsc. tab. 15. fig. &. Geoff. Ins. 2. pag. 657. no 4. Degeer. Ins. 7. tab. 29. fig. 5 , 10. Muller, Entomos. tab. 5. B6. 4/15. Se trouve dans les eaux stagnantes. C’est la plus commune de toutes aux environs de Paris. Cypris velue, Cypris pilosa, . Le test ovale, brun, antérieurement et postérieure- ment cilié. Vindesk. Selsk. Skrist. 1. fig. 4,5. Muller, Entomost, tab. 6. fig. 5, 6. Se trouve dans les eaux où croissent les utriculaires. Cypris religieuse , Cypris monacha. Le test tronqué antérieurement, avec des bandes noires. Muller, Entomost. tab. 5. fig. 6, 8. Se trouve dans les eaux où il y a des plantes en végétation. DES CYPRIS. 259 Cypris épaisse , Cypris crassa. Le test un peu en massue ; la partie antérieure plus lrge ; une fascie oblique fauve. Muller , Entomost. tab. 6. fig. 1, 2. Se trouve dans les eaux stagnantes. Cypris blanche , Cypris candida. Le test, presque ovale, très-blanc. Muller, Entomost. tab. 6. fig. 7, 9. Se trouve dans les eaux stagnantes. EE CYTHÉRÉE , CYTHERE, Muller. Test bivalve ; tête cachée ; deux antennes simplement velues ; huit pattes. C'est à Muller qu'on doit l'établis- sement de ce genre , et la connoissance de toutes les espèces qu 1l contient, Il ne diffère des cypris que par les an- tennes, 1c1 plus courtes , et sans pinceau de soie à l'extrémité, et par les pattes, au nombre de huit, tandis qu'il n’y en a que quatre dans le genre précédent. Ces pattes , qui sortent rarement en- semble de la coquille , sont inégales ; 260 HISTOIRE NATURELLE les antérieures sont longues et écartées : les postérieures plus longues , et ar- mées d'un grand ongle. Toutes sont dépourvues de poils natatoires ; mais elles ont des épines latérales. I] n'y a pas de queue; les pattes pos- térieures en tiennent lieu. Les antennes , comme on vient dele dire, n'ont pas de soies à leur extré- mité comme dans les cypris; mais elles ont quelques poils à la base de leurs articulations. L'ocil des cythérées, car il n’y en a aussi qu'un comme dans les cypris, est placé à l'angle antérieur, ou mueux au point de réunion des valves. Du reste, presque tout ce qui a été dit à l’occasion des cypris leur convient. Leur test est de même nature, leur manière d'être ne diffère pas sensible- ment. Mais les cypris ne se trouvent que dans les eaux douces, et les cy- thérées, ne se trouvent que dans les eaux salées. C'est parmi les fucus , les DES CYTHÉRÉES. 261 conferves, autour des sertulaires , des flustres , et autres productions pol y- peuses , qu'il faut les chercher. Il pa- roit qu'elles ne sont pas très-communes. Cythérée verte, Cythere viridis. Le test en forme de rein et velu. Mudler, Entomost. tab. 7. fig. …, 2. Se trouve dans la mer, parmi les fucus. Cythérée jaune, Cythere lutea. Le test en forme de rein, uni. Muller, Entomost. tab. ». fig. 3,4. Se trouve dans la mer , parmi les fucus. Cythérée flavide, Cythere flavida Le test oblong, uni. Muller , Entomost. tab. 7. fig. 5, 6. Se trouve dans la mer, autour du flustre linnéate. Cythérée bossue , Cythere gibba. Le test ovale , hérissé de poils, avec une tache de chaque côté. Muller, Entomost. tab. fig. 7, 0, Poyezpl. 17. fig. 3, 4, où elle est représentée grossie, Se trouve dans la mer, autour de l’ulva linze. Cythérée élevée, Cythere gibbera. Test ovale, uni, avec deux taches de chaque côté. Muller, Kntomost. tab. 7. fig. 10, 12. Se trouve dans la mer , parmi les conferves. 202 HISTOIRE NATURELLE LYNCE, LYNcEUS, Muller. Test bivalve, échancré près du bout anté- rieur , qui ressemble à un bec; antennes en pinceau; huit pattes ; deux yeux. Ce genre, dont on doit encore l'é- tablissement à Muller , est intermé- aire entre les cypris et les daphmies, car il a la coquille des premières et la tête des secondes. Cette tête a Ja figure d’un bec, et est garnie de deux yeux, non pas à côté l'un de l’autre, mais l'uu devant l’autre , le dermer toujours plus grand. Il y a quatre an- tenues , insérées au-dessous de la tête, toutes inégales , et garnies de longs poils sur leur côté inférieur. Ces an- tennes servent encore plus directement à l’action natatoire dans les lyncés que dans les cypris. Les pattes sont au moins au nombre de huit, mais il est souvent difficile de les compter. Klles sont in- sérées sur la poitrine, et vont en dé- DES LYNCÉS. 263 croissant. Toutes servent à l'action na- tatoire , et sont fort bien conformées pour cela , attendu qu'elles ont du côté intérieur quatre appendices linéaires , garmies de longs poils, et du côté extérieur une large branchie compo- sée de trois à quatre pièces, toutes également garmies de longs poils. Entre les antenues et les pattes, on remarque un organe double et rapproché , dont un des côtés est armé d'un ongle épais et courbé , et l’autre est tronqué et ter- miné par des poils. On ne connoïit pas l'usage de cet organe que Muller croit qu'on peut regarder comme le cœur, parce qu'il est pourvu d’un mouve- ment alterne de systole et de diastole. Ou voit, au printemps, à la partie supérieure et postérieure du ventre des lyncés, un assemblage d'œufs ordinai- rement verdatres, quelquefois noïrä- tres, mais on n'a pas encore observé leur copulation ni leur accouchement. Les lyncés se trouvent, avec les au- 264 HISTOIRE NATURELLE tres animaux de cette classe, dans les eaux dormantes où croissent des plantes aquatiques. Ils ne sont point rares aux environs de Paris, mais cependant on ne les y rencontre pas en aussi grande abondance que les cypris et les daph- mes. C'est dans le marais qui est à l'extrémité du parc de Vincennes, du côté de Saint-Maur, qu'ils étoient les plus communs autrefois. Lyncé brachyure, EZynceus brachyurus. La queue courbée en dehors; le test globuleux. Muller , Ent. tab. 8. fig. 1, 12. Se trouve dans les eaux stagnantes. Il a plus d'un millimètre. Lyncé sphérique, Lynceus sph&æricus. La queue courbée en dedans ; le test globuleux. Muller, Entomost. tab. 9. fig, 7, 9. Voyez pl. 17. fig. 5, 6, où il est représenté grossi. Se trouve dans les eanx stagnautes. N'est pas rare aux environs de Paris. Lyncé quadrangulaire, L. quandrangularis. La queue courbée en dedans ; le test preque qua- drangulaire. Muiler, Entomost. tab. o. fig. 1, 3. Se trouve dans les eaux stagnanies. Lyncé lamellé, ZLynceus lamellatus. Le queue courbée en dedass; le test ventru. DES LYNCÉS. 265 Muller , Entomost. tab. 0. fig. 4, 6. Se trouve dans les lacs et les rivières. Lyncé trigonelle ; Lynceus trigonellus. La queue courbée en dedans; le test antérieurement bossu , sans pointe. - Muller, Entomost. tab. 10. fig. 5, 6. Echinom. tab. 3. fig. D. Se trouve dans les marais et les fossés des bois. Lyncé tronqué, Lynceus truncatus. La queue courbée en dedans, dentelé ; le test denté à sa base. Muller, Entomost, tab. 11. fig. 4, 8. Se trouve dans les eaux où croit la lentille d’eau. Lyncé longue-main , Lync. macrourus, La queue droite; le test alongé. Muller, Entomost. tab. 10. fig. 1, 4. Se trouve dans les lacs du nord de l’Europe. Lyncé lâche, Lynceus socors, La queue épaisse ; le test ovale. Muller , Entemost. tab. 11. fig. 1, 3, Se trouve dans les rivières. 266 HISTOIRE NATURELLE DAPANIE, D4PHN1A, Muller. Test bivalve ; tête apparente, avec deux antennes ; huit à dix pattes ; un seul œil ; une queue. L'EXTRÊME abondance de quelques espèces de ce genre, et la singularité de leur forme, ont dû les faire remar- quer de tout temps; aussi les trouve- t-on mentionnées dans les écrits des plus anciens observateurs, et ont-elles donné lieu à des travaux fort étendus. Leuvwenhoeck, Needham , Swammer- dam, et autres, les ont décrites sous Îles noms de poux aquatiques, de puce- rons branchus, etc. Linnæus, Degeer, Geoffroy, et les Naturalistes métho- distes qui sont venus après eux , les ont fait connoitre sous la dénomination générique de monocles. Mais Muller les a ôtées de ce genre pour en former un particulier, qui a été généralement adopté , et qui devoit l'être , comme DES DAPHNIES. 207 on peut sen assurer , en comparant ses caractères à ceux des autres genres de la méme classe. Peu des crustacés ont donc été étu- diés avec plus de détail que les dap- hnies. Outre les travaux de Swam- merdam et de Degeer , on possède encore ceux de Schaeffer , qui n'ou- blie rien de ce qui a rapport à leur figure , qui ne néglige aucune de leurs parties, et qui a force de tendre vers la perfection , devient minutieux, diffus au point de ne pouvoir se 5e lire. Ici, on ne présentera que des masses , on ne fera connoître que ce que es animaux ont de plus remarquable. La tête et tout le corps des daphmies sont couverts d'une enveloppe crusta- cée, ouverte en devant, Cette enveloppe est fermée , du côté du dos, dans toute sa longueur , non pas par une char- nière à la manière des cypris, mais par une simple suture en carène , ce qui, dans la réalité, en fait une co- 268 HISTOIRE NATURELLE quille univalve ; mais comme elle a la forme des bivalves , et que sa flexi- bilité en permet tous les mouvemens, on lui en a conservé le nom. La tête des daphnies , qui est comme bossue , n'est distinguée du corps, du côté du dos, que par un léger enfon- cement; mais en devant, 1ly a, entre ces parties , une longue et profonde incision , qui les sépare l’une de l'autre. Les deux antennes sont placées sur les côtés, au bas de la tête et perpen- diculairement au plan du corps. Cette position, différente de celle des anten- nes dans les insectes , et même les crus- tacés, justifie ceux qui leur ont donné le nom de bras , etce d'autant plus, que ces parties servent principalement à l'action de nager. Quoi qu'il en soit , ces antennes , car on leur conservera ce nom avec Muller , sont ramifiées et transparentes comme du verre. Cha- cune d'elles est composée d'une grosse tige cylindrique , attachée au corps par DES DAPHNIES. 2069 quelques articulations annulaires , au moyen desquelles elle se meut en tous sens , comme sur un pivot. Cette tige se divise bientôt en deux branches plus grêles, cylindriques , articulées ; les articulations au nombre de trois. La branche extérieure est garnie, sur un de ses côtés , de deux longs filets, très- déliés, en forme de poils, qui sortent de la base des deux dernières articu- lations ; mais l’autre n’a qu’un seul filet, qui sort de Ja base de la dernière arti- culation. L'une et l’autre de ces bran- ches est terminée, à son sommet, par trois filets entièrement semblables à ceux des côtés. Tous ces filets sont flexibles et mobiles à leur base, garnis de poils, plus ou moins longs , selon les espèces, et munis, vers leur mi- lieu , d’une articulation , même dit-on, d'une seconde vers leur pointe , qui servent à augmenter leur flexibilité. C'est par le mouvement de ces deux antennes que la daphnie nage. Elle Crustacés. II. 24 270 HISTOIRE NATURELLE en bat l’eauavec vitesse , ce qui la fait avancer, ordinairement comme par se- cousses, ou par élans ; mais elle se meut encore de plusieurs manières, en haut, en bas, sur les côtés, etc. Les pattes n'aident en rien à la nage ; mais la queue semble y contribuer, quelquefois, quand le monocle la pousse avec force en arrière. Dès qu'elle se tient en repos, elle descend peu-à-peu au fond de l'eau par son propre poids , parce que sa gravité spécifique surpasse un peu celle de cet élément. La tête des daphmies se termine, en dessous, en une espèce de bec pointu , mais immobile , et faisant corps avec le test, dont elle n'est que le prolon- gement. La bouche est placée dans la coquille, à l'orifice du grand intestin. Au sommet de la tête, on voit une tache circulaire noire , qui est l'œil de F'animal. Cet œil, qui n’est point com- posé de deux globes réunis, comme J'ont prétendu quelques auteurs, a une DES DAPHNIES. 271 surface raboteuse , ou toute couverte de petits grains. On peut les comparer aux yeux à rézeau des mouches. Cette masse est mobile, on lui voit presque toujours un mouvement de trémousse- ment. Les pattes, qui sont cachées dans la coquille, et attachées le long du des- sous du corps, sont en forme de na- geoires barbues. Leur nombre et leur figure sont difhciles à déméler au tra- vers de la coquille, parce qu’elles sont très- transparentes, et garnies de plu- sieurs longues parties, en forme de poils, qui les cachent. Cependant, on est par- venu , à force de patience , après avoir tué des daphnies dans l’esprit-de-vin , à dessiner quelques-unes de ces pattes. On entrouve une figure , pl. 2 de la Mo- nographie de Schaeffer, qui semble ne rien laisser à desirer ; mais on doit dire que ceux qui ont cherché à en vérifier l'exactitude , n'ont pas pu y parvenir complétement, ce qu’il faut sans doute 272 HISTOIRE NATURELLE attribuer à la difhculté de l’observa- tion. On voit dans cette figure, et dans celle de Degeer , pl. 27, fig. 7,1du tome VII deson Histoire des insectes, que ces pattes sont de formes diffé- rentes, les unes étant alongées, et di- visées par des articulations , les autres applaties en forme de lame, et toutes terminées par plusieurs filets mobiles, garnis de barbes très-fines. Les pièces plates ont, à leur bord inférieur , une suite de longs filets, un peu courbés, placés fort près les uns des autres, et représentant assez bien les dents d’un peigne. Ces rangées de filets se trouvent un peu en recouvrement les uns sur les autres. Degeer pense que l'on peut con- sidérer ces pattes comme des branchies analogues à celles des écrevisses, et très-probablement 1l pense juste. , À l'extrémité du corps des daphnies on voit une grande queue mobile, qui, dans l’état de repos, se trouve entière- ment enfermée dans la coquille , et DES DAPHNIES. 279 recourbée en dessous, vers la tête ; mais l'animal peut la déplier , l'éten- dre , et la faire sortir de la coquille à volonté. Cette queue est terminée par deux longues pointes roides, courbées et mobiles, qui ressemblent à des on- gles d'oiseaux. En dessous de ces on- gles, elle est garnie de deux rangs de pointes dirigées en arrière, entre les- quelles se trouve l'issue du grand in- testin , qui parcourt la queue , et dont l'ouverture donneissueaux excréments. A l'endroit où se fait ka courbure de la queue , en forme de coude, on voit deux filets coniques, dirigés en arrière, et divergeans. Ils ont, au milieu de leur longueur, une articulation qui aug- mente leur flexibilité. Enfin, ce bord postérieur ou supérieur de la queue, est garni de quelques pièces, en forme de lames plates et angulaires, qui le ren- dent comme découpé ; mais dont l'usage n'est pas connu. Ces pièces, ainsi que les filets, manquent à quelques espèces, + # 274 HISTOIRE NATURELLE La grande transparence de la peau où de la coquille des daphnies permet de voir assez distinctement , la structure des intestins et des autres parties de l'or- gamisation imtérieure. Ou peut voir ces objets, grossis et développés, dans la planche de Schæffer, citée plus haut. Vers le haut du dos on voit un corps ovale, très-iransparent , qui a un mou- vement continuel de contraction et de dilatation, cest le cœur, dont on ne distingue pas bien les communications avec les autres parties du corps. Au milieu du dedans du corps, 1l y a un gros vaisseau cylindrique , tor- tueux, de couleur verte , qui prend son origine près la base des antennes, et qui s'étend en serpentant jusque près de l'extrémité de la queue. Ce vaisseau, comme on la déjà dit, est le principal intestin qui reçoit et digère les alimens dont on le voit presque toujours rempli. IL fait une courbure vers la tête où se trouve son ouverture, la véritable DES DAPHNIES. 279 bouche de l'animal. II a un mouve- ment vermiculaire comme les vais- seaux des grands animaux, et on voit passer à travers les ahimens que l'in- secte avale. La manière dont les daphnies se nourrissent ou attirent les alimens qui leur sont nécessaires est tout-à-fait sin- gulière. Quand elles ne nagent pont, elles remuent les pattes avec rapidité, ce qui détermine un petit courant d’eau, qui, dirigé vers la tête, entraine dans l'entre - deux des coquilles toutes les matières menues et les animaux mi- croscopiques dont l'eau des marais est remplie en tout temps, et lorsqu'il y en à une assez grande quantité accu- mulée, elles ferment leurs battans, et choisissent ce qui leur convient. Il paroit, par quelques observations de Schæ fier et de Degeer, que les daph- nes ont, auprès de la bouche, de petites dents avec lesquelles elles tuent les les animaux avant de les avaler, mais 276 HISTOIRE NATURELLE cela n’est pas encore constaté d'une manière assez positive pour l’assurer ici. IL paroïît encore, par les observa- tions du dernier de ces auteurs, que les épines de la queue servent principale- ment aux daphnies pour se débarrasser des matières étrangères qui sont portées entre les lames de leurs pattes, et qui génent leurs mouvemens. Lorsqu'une daphnie a avalé quel- que chose , on voit ce quelque chose entrer et descendre plusieurs fois dans son intestin , et enfin disparoître tout-à- fait. Vers le haut du grand intestin, tout près de la tête, on voit deux autres vaisseaux courts cylindriques et arron- dis au bout, qui ressemblent à des’ intestins aveugles, et dans lesquels on remarque un mouvement semblable à celui du grand intestin , mais 1l n'y passe jamais d’alimens. On ne peut en indiquer l'usage. La transparence de la coquille per- DES DAPHNIES. 277 met encore d'observer des muscles qui partent dans les environs de l'intes- tin, se rendent vers le dos , et ser- vent sans doute à attacher et à unir le corps à la coquille. Les plus anciens observateurs ont remarqué que les animaux de ce genre muoientou changeoïent de peau comme les écrevisses. Il n’est personne qu? n'ait pu vérifier ce fait dans les marais où il y a beaucoup de daphnies, la sur- face de l’eau et les bords étant , à l'époque de ce changement , c'est-à- dire vers germinal , souvent couverts de leurs dépouilles. Ces dépouilles sont très - transparentes , et 1l ny manque aucune des parties extérieures de l’a- nimal, la coquille même y est entière, ce qui prouve, comme on J'a dit à l’ar- ticle des cypris, que cette coquille n'est pas de la nature de celles des moules et autres coquillages , mais de celle de la peau des écrevisses. Les daphnies ont presque dans tous 278 HISTOIRE NATURELLE les temps , au-dedans du corps, un grand nombre d'œufs amoncelés tout le fong du dos, ou placés exactement entre la coquille et le grand imtestin. Ils sont d'abord parfaitement ronds, ayant dans leur milieu un petit corps circu- laure, qui ireprésente le jaune de ceux des oiseaux, mais peu-à-peu 1ls s'alongent, eton ADbEROUL, avec le temps, le mou- vement produit par les petits qui com- mencent à se développer. Lorsqu'ils sont arrivés au terme fixé par la nature pour leur expulsion , l'animal baisse la queue, et dans le moment même, les petits sortent de son corps tout-à-la- fois , et comme à la hâte, par ure grande ouverture que laisse l’éloisne- ment de la queue entre les deux bat- tans de la coquille, vers sa partie post: - térieure , en dessous de celte même queue. Dès leur naissance les jeunes daphi- nes, qui ne sont pas plus grosses qué des atômes, nagent avec vitesse , et ne DES DAPHNIES. 279 diffèrent presque de leur mère qu'en ce qu'elles n’ont pas cette courbure du dos où est le réceptacle des œufs. D'après ces faits, on ne douteroit pas que les daphnies ne fussent vivipares, : et en effet elles le sont, mais seulement l'été. Pendant l'hiver, ou mieux, le printemps elles sont ovipares, c'est-à- dire qu’elles laissent sortir leurs œufs avant que les petits aient acquis toute leur grandeur. Les Naturalistes, qui, les premiers, ont observé les daphnies | ont beau- coup varié sur la nature de leur ac- couplement. Les uns les ont crus her- maphrodites, mais cependant avec l'o- bligation de s’accoupler ; d'autres ont prétendu qu'il y avoit parmi eux des mâles et des femelles. Muller a résolu la difficulté. I a reconnu des mâles et des femelles, et même décrit leur dif- ‘ férence. Le mâle, dans ce genre est généra- lement plus petit et plus alongé, ou 280 HISTOIRE NATURELLE mieux, moins arrondi que la femelle, et présente quelques différences exté- rieures qu’il est inutile de détailler ici. Les organes de la génération sont pla- cées derrière et plus bas que les an- tennes. Ils consistent en deux filets, un de chaque côté, articulés à leur base, tronqués à leur sommet , et qui varient dans leur forme , leur longueur et leurs accompagnemens , selon les espèces. Ces organes sont presque toujours Ca- pe sous les premières paires de pat- s, de sorte qu'il n'est pas étonnant quil aient été peu remarqués , ce- pendant Joblot les avoit découverts, mais sans en deviner l'usage. Les organes de la femelles qui à été , presque toujours, la JE figurée par les auteurs, sont placés sur la partie postérieure du dos, à la base supérieure de la queue, dans le lieu, enfin, par où on a dit que sortoient les petits. L'accouplement se fait donc de mâle à femelle , et d’une manière analogue DES DAPHNIES. 28: à celle des écrevisses et autres crusta- cés. On a figuré à la pl. 18, un mâle et une femelle pour faire sentir leurs dif- férences de forme, et le premier avec ses organes de la génération développés. On ignore si ces deux organes agissent à-la-fois ou séparément. Les daphnies sont extrêmement com- munes. Elles sont si abondantes dans certaines mares qu'elles en couvrent la surface dans une profondeur de plu- sieurs centimètres. Comme elles sont souvent colorées en rouge , elles ont fait croire quelquefois que l’eau avoit été changée en sang, et ont causé, par là, de grandes frayeurs aux habitans ign0- rans et superstitieux des campagnes. On en trouve toute l'année , mais prin- cipalement au printemps et en automne. Pendant les chaleurs de l'été , une grande quantité périt, soit par le dessè- chement des mares, soit par la cor- ruption de leur eau, soit par les ra- vages de leurs ennemis. Crustacés. II. 25 202 HISTOIRE NATURELLE Ces ennemis sont les oiseaux aqua- tiques, et tous les animaux, soit de la classe des insectes, soit de celle des vers, qui vivent dans l'eau. Le nombre par conséquent en est très-considérable. Les hydres, ou polypes, les moins dangereux sans doute de ces ennemis, en font cependant une si grande con- sommation, au rapport de Trembley, qu'on ne peut concevoir que l'espèce puisse s'en conserver dans les mares où ces deux genres d'animaux se trouvent ensemble. Mais la multiplication des daphnies est encore plus rapide que celles des hydres. Les daphnies paroïssent pouvoir , comme les cypris; mais peut-être moins, se conserver en vie dans la terre hu- mide, pendant un assez long temps. Du moins c'est par là qu'on peut ex- pliquer pourquoi il s’en trouve souvent beaucoup en automne dans les mares qui ont été desséchées pendant l'été. DES DAPHNIES. 263 Daphnie plumeuse , Daphnia pennata. La queue repliée en dedans ; le test avec une pointe postérieure. Redi, Opusc. 3. tab. 16. fig. 5. Schæffer , Monog. 1755. tab. 1 et 2: Elem.! tab. 29. fig. 3, 4. Ins. tab. 150. fig. 5, a , à. Ledermul/er, Mierosc. tab. 75. fig. 2. Trembley, Poly, tab. 6. fig. 11. Muller, Ent. tab: 12. fig. 4, 7. Voyez pl. 18. fig. 1 etz, où le mäle et la femelle sont représentés grossis. Se trouve dans les mares et les eaux stagnantes. Daphnie longue épine, Daph. Zongi spina. La queue repliée en dedans ; le test antérieurement dentelé; postérieurement pointu. Swammerdam, Bib. Nat. tab. 31. fig. 1, 2, 3. Backer, Microscop. tab. 12. fig. 14. Degeer , Ins. 7. tab. 27. fig. 1 , 8. Muller , Ent. tab. 12. fig. 8, ro. Se trouve dans les eaux stagnantes. N'est pas rare aux environs de Paris. Daphnie camuse, Daphnia sima. La queue repliée en dedans ; le test ovale, sans pointe. Degeer , Ins. 7. tab. 27. fig.9, 13. Lange, Nat. Vand. tab. 2. fig. 1. Joblot. Microsc. I , 2. tab. 13. fig. P,Q,R. Schæf. Monog. tab. 1. fig. 9. Muller, Entomost. tab. 12. fig. 11, 12. Se trouve dans les eaux stagnantes. Est trés-com- mune aux environs de Paris. Daphnie à bec droit, Daphnia rectirostris. La queue repliée en dedans; le test antérieure- ment cilié ; les instrumens de la génération du male droits. Muller, Entomost. tab. 12. fig. 1, 3. Se trouve dans les eaux bourbeuses. 284 HISTOIRE NATURELLE Daphnie à bec courbe, Daphn. curvirostris. La queue repliée en dedans; le test antérieure- ment velu ; les instrumens de la génération du mäle, sourbés et pendans. Muller, Entomost. tab. 13. fig. 1, 2. Se trouve dans les eaux des marais bourbeux. Daphnie pointue, Daphnia mucronata, La queue repliée en dedans ; le test anlérieure- ment et inferieurement terminé par une pointe. Degeer, Ins. 7. tab. 28. fig. 3, 8. Muller, Ent. tab. 13. fig. 6, 7. Se trouve dans les marais. Daphnie cristalline, Daphnia crystallina. La queue repliée en dehors; le test sans pointe, les instrumens de la génération du mâle, épais et courts. Degeer, Ins. 7. tab. 20. fig. 1, 4. Muller, Entomos. tab. 14. fig. 1, 4. Se trouve dans les eaux dormantes. Daphnie sétifère , Daphnia setifera. La queue droite ; l’angle antérieur du test avec um faisceau de poils. Muller, Entomost. tab. 14. fig. 5, 7. Se trouve dans les eaux dormantes. DES POLYPHÈMES. 285 POLYPHÈME, PoLzyPHEMUS, Mull. Un seul œil en forme de tête ; une espèce de corcelet ; deux rames , ou bras four- chus ; une queue insérée sous le ventre. CE genre a été établi par Muller, et n'est composé que d'une espèce, que quelques Naturalistes ont cru être une larve. Il est appelé par Lamarck cépha- locle, et ne doit pas être confondu avec le polyphème du même auteur, qui est le Zimulus polyphemus de Fabricius. La forme du polyphème peut en effet faire croire qu'il n’est qu'une larve; mais le témoignage de Degeer, qui lui a vu faire des œufs, suffit pour convain- cre du contraire, puisqu'il prouve qu'il est réellement , pour se servir du lan- gage des Entomologistes , dans l'état parfait. La tête du polyphème est ronde, avec un casque écailleux, qui recouvre une grande sphère noire , mobile en 286 MISTOIRE NATURELLE tout sens , qui est l'œil. Cet œil est extrêmement gros , relativement au volume de l'animal, et il en part de petits rayons , qui vont se perdre à la surface du casque dont il vient d’être parlé. Le corps est divisé en deux parties par une espèce d'étranglement. La pre- mière , à laquelle sont attachés les bras, les pattes, et la queue, peut être appelée le corcelet. La seconde, qui renferme les œufs et les petits, ne peut être méconnue pour le ventre. Les bras sont attachés aux deux cô- tés du corcelet , dans son milieu. Ils sont composés d’une longue tige cylin- drique, articulée au corcelet, qui se divise en deux branches presque aussi longues qu'elle. Les deux branches sont égales, et divisées en cinq articulations, dont les bases sont garnies chacune de quatre filets. La dernière de ces arti- culations a aussi trois de ces filets à son sommet. Ces six filets sont mobiles DES POLYPHÈMES. 207 comme les branches mêmes, etont, au milieu, une articulation qui les divise en deux parties , et qui augmente leur flexibilité. Le polyphème a huit pattes en forme de nageoires, placées par paires , et attachées en dessous du corcelet ou de la première partie du corps ; elles sont un peu inclhinées vers la tête, mais en même temps courbées en arrière , et entièrement à découvert , c’est-à-dire qu'elles ne sont point enfermées dans l'écaille qui couvre le corps, comme le sont celles des cypris et des daph- nies. Ces pattes sont garmies de plu- sieurs filets mobiles en forme de poils, dont 1l y a toute une suite le long du bord inférieur , et quatre beaucoup plus longs à l'extrémité de la patte; les deux antérieures sont beaucoup plus courtes que les autres. La longue queue qui est attachée en dessous du corps, tout près de la der- uère paire de pattes , n'est pas non 208 HISTOIRE NATURELLE plus renfermée dans le corps, ou dans une écaille, mais elle est située entiè- rement en dehors, dirigée en arrière, et appliquée le long du ventre qu'elle excède beaucoup. Elle est presque droite, ayant seulement une petite in- flexion dirigée en haut, et garme de petites pointes en forme de dentelures tout le long du bord inférieur, et ter- minée par deux longs filets qui for- ment [a fourche. La transparence de la peau crus- tacée, qui couvre le corps , permet d'y voir quelques-unes des parties internes. On observe d’abord au milieu du corps, dans la partie antérieure , un gros vais- seau noir, courbé en demi-cercle, qui prend son origine près de la tête, et qui aboutit près de la base de la queue, où 1l a sans doute son issue, car c'est le grand intestin. IL n’est visible que quand 1l est rempli d'alimens. Dans l'endroit du dos où le corcelet se trouve uni au ventre, On remarque une petite DES POLYPHÈMES. 289 tache triangulaire qu'à son battement continuel , on ne peut se refuser de regarder comme le cœur. Quand le ventre est plein d’em- bryons, 1lest presque rond ; quandilest vide, 1l est ovale alongé. On voit ces embryons à travers la peau. Degeer les a vus sortir du corps de leur mère tous à-la-fois | et aussitôt se mouvoir avec vitesse. Ordinairement le polyphème porte la tête un peu baissée, et rapprochée des pattes; mais quand 1l la hausse ou la redresse, elle paroît comme placée sur un Cou fort alongé. Il nage avec beaucoup de rapidité par le mouvement combiné des bras et des pattes en na- geoires , et toujours, dans ce cas, 1l se met sur le dos, position qui facilite sans doute sa marche. On ne connoït point encore le mäle du polyphème dont les mœurs ont en- core besoin d'être étudiées par quelque patient observateur. On le trouve dans 290 HISTOIRE NATURELLE. les eaux dormantes, mais pures. Bosc l'a trouvé plusieurs fois aux environs de Paris, mais jamais avec l'abondance des cyclopes et des daphnies, quoiqu'on assure qu'il multiplie autant et plus que les espèces de ce genre. C’est par erreur que Degeer lui donne pour sy- non yme Île monocle à queue retroussée de Geoffroy, ou la daphnie quadran- gulaire. Ce Naturaliste ne l’a point connu. Il n'a encore été figuré que par Degeer , Insectes, pl. 28, fig. 9 et 13; et par Muller, Entomost. tab. 20 , fig. 15. Les figures 5 et 6 de la pl. 18, le représentent grossi, vu en. dessus et de côté. FIN DU TOME SECOND. TABLE FRANCAISE PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE des Genres des Crustacés contenus dans les deux volumes. A. tom. pag.  LBUNÉE, Li 144 1 Alphée, II, 107 Apus, 11, 238 Aselle , EX; 257 B. Binocle , II, 199 Bopyre, EL, fers Branchiopode, T'ESENE2E €. Calappe, I, 179 Calige, ET, LLQE Chevrolle, 1 9 SM Crabe, LTD Crangon, 1 DR Creveite, TI; 239 Cyame, PIS 207 Cyclope, LES 2T6 €ymothoa , IT 0208 Cypris, ET 0225 Eÿthérée , II, 259 292 Daphnie, Doripe, Dromie , Ecrevisse, Galathée, Gtapse, Hippe, Idotés, Leucosie , Ligie, Limule, Lyncée, Matute, Maja, Ocypode, Orythie, Pagure, Palæmon, Palinure, Péné, D. M. TABLE FRANÇAISE. tom. LT Pa28- 266 204 226 21 108 TABLE FRANÇAISE. 209 tom. pag. Pipnothère , 2," "239 Podophtalme, Eh 722€ Polyphème, 11, 285 Porcellane, 1501235 Portune , I, 209 Posydos , II, 5 R. Ranine, MENT NIS S. Scyllare, ES 16 Sphérome , EL, 262 Squille, LIL, RAITE T. Talitre, J:L.,,.,148 Z. Zoë , Il ua38 FIX DE LA TABLE FRANÇAISE. em LA BLENL A 'TAME PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE des Genres des Crustacés contenus dans lee deux volumes. PS PS SP A. tom. page A PUS, LENS Albunea , ue 1 Alpheus, IT. Vr07 Asellus, MECNErS Âstacus, IT" 2x B. Binoculus, II, 109 Bopyrus, TT; 213 Branchiopoda , Li, 126 C. Calappa, l,' 179 Caligus, , RSS Cancer , D NTGE Caprella , IE, 258 Crangon, ET, : 04 Cyamus, TI, 202 Cyclops, HE t-216 Cymothoa , LE, l"20b Cypris, 2 ON F8 DT Cythere, TI, 250 TABLE LATINE. 299 D. tom. pag. Daphnia, I, 1266 Doripe , Re 202 Dromia , I, : 226 CG Galathea, IC IMReO Gammarus , EX) 0789 Grapsus , L,2°109 H. Hippa ; ER Er E: Idotea , MIS VEL7 Leucosia, 722% Ligia, IT, 1187 Limulus , LES 230 Lynceus , TE, 0262 M. Maja ; I À 245 Matuta, FAN 22% O. Ocypoda , I, 185 Orythia , I, 222 Fi Pagure, LR;:.163 Palæmon , TE; 1107 Palinurus, È II, 88 Penæus, II, 108 Pinnotheres , F, 239 Fedophtalmes, 2x 296 Polyphemus Porceilana , Portunus, Posydon, Ranima, Scyllarus, Sphæroma , Squilla , Talitrus, Zoé, TABLE LATINE. 2 FIN DE LA TABLE LATINE. 182 11L 135 mm PORN KR HS Qui se trouvent chez le méme Libraire, À vENTURES (les) DE DON QuicHOTIE DE LA MANCHE, traduites de l'Espagnol, par Florian, et imprimées par Drdot l'aîné, en 6 vol. 27-18 , sur carré fin d’Angou- lème, ornés de 24 jolies figures, brochés et étiquetés. 18 fr. —Les mêmes, 6 vol. zn-18, sur carré vélin satiné, avec les 24 figures , premières épreuves, brochés et étiquetés. 36 fr. —Les mêmes , 6 vol. grand #n-18, sur grand raisin vélin satiné , fig. avant la lettre, dont il y a peu d'exemplaires, cartonnés et étiquetés. 72 fr. —Les mêmes, 3 vol. 2n-8°, imprimés égale- ment par Didot aîné, sur beau papier et beaux caractères, avec 24 fig., brochés et étiquetés. 18 fr. —Les mêmes, 3 vol. in-8° , sur papier vé- lin, satiné , avec les 24 figures, brochés et étiquetés. 36 fr. Toutes ces éditions , imprimées avec soin, peuventcompléter les Œuvres de Florian des différens formats. —Les mêmes Aventures de don Quichotte, 6 vol. zn-18 , avec une figure à chaque volume seulement , imprimés aussi avec soin, sur papier commun , brochés. 6f. ŒUvREs DE FLORIAN , contenant Numa Pompilius, Estelle, Galatée, les six Nou- velles, les Nouvelles nouvelles, Théâtre, Mélanges , Fables et Gonzalve de Cor- doue , édition originale , imprimée par Didot aîné ; sous les yeux de l’auteur , ornée de 74 figures, dessinées et gravées par d’habiles artistes , 14 vol. 27-18, pap. fin d'Angoulême, broch. et étiquet. 42f. —Les mêmes , 14 vol. 27-18, avec 74 fig. papier vélin, brochés etétiquetés. 75 fr. —Les mêmes , complètes , auxquelles on a joint le don Quichotte, en tout 20 volum. in-16, avec 06 figures. 60 fr. —Les mêmes, complètes, auxquelles on a joint le don Quichotte , en tout 20 vol. in-18, 98 figures , papier vélin. rrofr. AVENTURES DE TÉLÉMAQUE, par Fénélon, imprimées par Crapelet, avec ses beaux caractères , et sur papier grand raisin vé- lin, en 2 vol. grand :7-8° , avec les notes allégoriques , une table des matières , et l'éloge de Fénélon, par Laharpe, avan- tages qui ne se trouvaient encore réunis à aucune édition, ornés de 25 jolies figures, dessinées par Marillier , et gravées par les meilleurs artistes, sous sa direction. Parts, 1796. Le papier grand raisin vélin, dont il n’y a eu que Î100 exemplaires , avec les figures avant la lettre. 6o fr. —Les mêmes, 2 vol. 2n-8°, sur carré vélin, premières figures avec la lettre. 48 fr. —Les mêmes, édition de Causse, de Dijon, 2 vol. 2n-8°, papier vélin, ornés de 25 fig. de Marillier. 36 fr. —Les mêmes, 2 vol. 27-12, édition de Paris, avec 25 figures. 5 fr. Œuvres DE DiDEROT, publiées sur les ma- nuscrits de l’auteur, par J. A. Naigeon, membre de l’Institut national, 15 gros vol. in-12 , ornés de 24 figures. 36 fr. Marson (la nouvelle) RUSTIQUE, ou Éco- nomie rurale, pratique et générale de tous les biens de campagne , nouvelle édition, entièrement refondue , considérablement augmentée , et mise en ordre d’après les expériences les plus sûres, les auteurs les plus estimés , les mémoires et les procédés de cultivateurs, amateurs et artistes , cha- cun dans les parties qui les concernent , par J.F. Bastien. Paris, 1798, 3 gros vol. in-4° , de 900 à 10co pages chacun, impri- més en caractères petit romain neuf, sur carré fin de Limoges, et ornés de Go pl. en taille-douce , dont 31 doubles gr. /n-fo7. ce qui équivaut à OI gr. in-4°, nouvelle ment dessinées d’après nature , gravées avec soin, et représentant plus de 1000 sujets d'agriculture , jardinage , économie rurale, etc. brochés. 36 f. — La même proprement et solidement re- liée. 42 fr. DICTIONNAIRE DU JARDINIER, contenant les méthodes les plus sûres pour cultiver toutes espèces de jardins, pépinières, etc. par Miller, 10 vol.in-4° , avec fig. 10of. DICTIONNAIRE ÉCONOMIQUE ; Contenant l’art de faire valoir les terres et de mettre à profit les endroits les plus stériles , l’é- tablissement , l’entretien et le produit des prés, tant naturels qu’artificiels, le jardi- nage, la culture des vignes, des arbres et arbustes ; le soin qu’exigent les bêtes à cornes et celles à laine, les chevaux , les chiens, etc.; la façon d’élever et gou- verner les abeilles, les vers -à-soie, les oiseaux, etc.; des instructions pour pré- venir les maladies, et pour les guérir ; la convaissance des plantes utiles à la méde- cine , etc., etc., par Noël Chomel, nou- velle édition, augmentée de près de moitié, 3 gr. vol. in-fol. avec figures. 48 fr. RAISON, FOLIE, CHACUN SON MOT, petit cours de morale mis à la portée des vieux enfans , par P.E. Lémontey, seconde édi- tion, aveccette épigraphe : « Il y a dans chacun de nous deux hommes , dont « l’un est sage et l’autre est fou. » Schuftesbury. zvol.zn-8°, sf. VOYAGE DU JEUNE ANACHARSIS en Grèce, par J.-J. Barthélemi , quatrième et der- nière édition ,. corrigée et augmentée par l’auteur , imprimée par Didot le jeune ;, avec tout le soin possible , 7 vol. in-12, d’envirou 600 pages chacun, et 1 vol. 2n-4° d’atlas. Le premier volume est orné du portrait de l’auteur, gravé en médaillon , d’après Duvivier, broch. et étiq. 27fr. —Les mêmes 7 vol. (sans atlas,)br. 21 fr. NouvEAU SPECTACLE DE LA NATURE , contenant les objets dont tout homme doit être instruit, par Chevignard., Paris, 1798, 2 vol. in-8°, imprimés par Drdof, et ornés de 9 figures, brochés et étiquetés. ofr. NouvEAU VOYAGE AUTOUR DU MONDE, en Asie, en Amérique, et en Afrique, en 1788, 1789 et 1790, précédé d’un voyage en Italie et en Sicile, etc., par Pagès. Paris, 1797, 3 gros vol. 22-8°, ornés de jolies fig. 12 fr. SYSTÈME SEXUEL DES VÉGÉTAUX , suivant les classes , ordres , genres et espèces , avec les caractères et les différences de Linné, par Jolyclere, naturaliste. Paris, 1798, 1 gros vol. zn-6°, broché. 9 fr. ATLAS PORTATIF GÉNÉRAL , pour servir à lintelligence des auteurs classiques, par Vabbé Grenet ; au nombre de 92 cartes coloriées , sur beau papier, et en un gros vol. in-40. 48 fr. —Le même Atlas, partie ancienne , ou Géo- graphie comparée, au nombre de 49 car- tes, en x vol. 2n-4°. MANS Er. —Le même Atlas, partie moderne de l’Eu- rope, au nombre de 59 cartes, en 1 vol. in-4. 24 fr. DEscrIPTIONS DES ARTSET MÉTIERS, faites ou approuvées par MM. de l’Académie des Sciences , en 00 cahiers environ, grand #n- Jolio , avec une tiès- grande quantité de planches en taille-douce. 500 f. Chaque article se vend séparément, et J'on en distribue la notice. VOYAGES DE PYTHAGORE en Éxypte , dans la Chaldée | dans l’inde ,; en Crète , à Sparte, en Sicile, à Rome, à Carthage, à Marseille, et dans les Gaules, suivis de ses lois politiques et morales, 6 vol. n-6° d'environ 3,000 pages, caractères cicéro neuf et pelit-texte, précédés d’une très- grande carte géographique de ses voyages, et ornés de six superbes figures en taiile- douce. Les 6 vol. sur beau papier, et bien imprimés, brochés et étiquetés. 36 fr. ATLAS TOPOGRAPHIQUE DES ENVIRONS DE Paris, en 16 feuilles, par dom Coutans, dédié et présenté au premier consul Bo- naparte , avec un volume 77-8°, donnant par ordre alphabétique tous les lieux con- tenus dans l’Atlas, au nombre d’environ 10,000 ; on y a joint les carrés des renvois, qui en rendent la recherche aussi prompte que facile. Cet Atlas, sur une très - grande échelle, renferme Paris et ses environs , à 20 lieues à la ronde. Il est très-exact , et d’une superbe execution. —Papier ordinaire, en feuilles. 36 fr. —Collé sur toile, avec boîtes. 72 fr. SUITE ou COLLECTION DE VINGT-CINQ ES- TAMPES , représentant les aventures de Télémaque. Chacune de ces estampes est le sujet d’un livre ; il y a ving - quatre planches pour les ving-quatre livres : la vingt-cinquième est le portrait de Fénélon, auteur immortel de Télémaque ; elle est dessinée par Marillier, et gravée sous sa. direction par les meilleurs artistes de Paris, Les 25 figures avant la lettre, papier vélin, format grand 22-8°. 36 fr. — Les mêmes , avec la lettre , premières épreuves, sur papier vélin. 24 f. Cette interessante coilection d’estampes peut orner toutes les éditions de Télémaque, et orner un cabimet, FABLES CHOISIES, mises en vers par J. La- fontaine, nouvelle édition, 2 parties, i-16, sur grand raisin, beau caractère. 1 f.8o c. TRAITÉ DE L'ORTHOGRAPHE FRANCOISE , en forme de Dictionnaire, par P. Restaut, nouvelle édition, revue , corrigée , aug- mentée et prosodiée d’après les principes de d’Olivet , et dans laquelle on a fait les additions suivantes : 1° On a fondu dans le corps du Diction- naire tous les termes du nouveau régime ; 2° On a inséré dans le Dictionnaire Géogra- phique le nom des départemens pour tou- tes les villes de France ; 3° On a donné un Supplément à part , con- tenant plusieurs plantes à phénomène , plusieurs articles d’arts et de sciences, etc.; 4° Ce Supplément est suivi d’une liste des termes ajoutés ou augmentés, et de tous ceux qui ne se trouvent dans aucun Dic- tionnaire de langue françoise ; 5° Ces augmentations sont précédées d’un Discours sur la prosodie ; par Claude-Félix Roger , ancien maitre de langue , 2 vol. in-8° de 1544 pages, caractère petit romain neuf, fondu exprès. SFr Œuvres COMPLÈTES DE ManNcCiINi-Niver- Nois, publiées par l’auteur, et ornées de son portrait, gravé par Saint-Aubin. Paris, Didot jeune ,8 vol, in-8°, brochés. 33%, ARE S Cu Five d api (Y7 à Re ARE \ À KE, SMITHSONIAN INSTITUTION LIBRARIES 3 9088 01348 6980