J^ HARVARD UNIVERSITY. LIBRARY OF THE MUSEUM OF COMPARATIVE ZOOLOGY LiBRARY OF SAMUEL GARMAN M/^V'-'^'^e^ A'^^^'^'^. 9 Vta^^e^-t^T^^M^ 3 2044 072 212 897 0CT5 1928 HISTOIRE NATURELLE DES POISSONS. STRASBOURG, IMPRIMERIE DE F. G. tEVBAULT, IMPRIMEUR DU ROI. HISTOIRE NATURELLE BES POISSOIVS, PAR M. LE B.^^ CUVIER, Grand-Officier de la Légion d'honneur, Conseiller d'État et au Conseil royal de l'Instruction publique , l'un des quarante de l'Académie française , Secrétaire perpétuel de celle des Sciences, membre des Sociétés et Académies royales de Londres, de Berlin, de Pétersbourg, de Stockholm, de Turin, de Gœttingue, de Munich, etc.; ET PAR M. VALENCIENNES, Aide -Naturaliste au Muséum d'Histoire naturelle. TOME SECOND. A PARIS, Chez F. G. LEVRAULT, rue de la Harpe, n.° 815 STRASBOURG, même maison, rue des Juifs, n." 33; BRUXELLES, Librairie parisienne, rue de la MagdeLeine, n.''438. 1828. TABLE DU DEUXIÈME YOLUME. LIVRE TROISIEME. Pages. Plauch, Des Poissons de la famille des Perches, ou DES PeRCOÏDES . l Tableau de cette famille 17 CHAPITRE PREMIER. Des Perches troprement dites = . . . 19 La Perche commune de rivière (^Perca Jluuia- tilis, L.) 20 Description détaillée de l'extérieur de la Perche. 3 1 Description des viscères de la Perche 38 Description du squelette de la Perche 42 Des Poissons étrangers les plus rapprochés de la Perche commune 46 La Perche sans bandes, d'Itahe {Perça italicd). Ihid. La Perche jaunâtre d'Amérique {Perça Jlaves- cens ) ^ 46 La Perche à opercules grenus {Perça serrato- granulata) 47 La Perche à tête grenue {Perça granulata) . . 48 9 La Perche à museau pointu {Perça acuta) . . . 49 10 La Perche grêle {Perça gracilis) 5o La Perche de Plumier {Perça Plumieri; Sciœna Plumkri, Bl.) 5 1 2. a" TJ TABLE. Pagfs. Plancti. La Perche ciliée (JPerca ciliata) S 2 La Perche à caudale bordée de noir {Perça inar- giiiaia) 53- La Perche à taches rouges {Perça irutta; Sciœna triitta, Forster) 5^ CHAPITRE IL Des Bars ( Ljbrax) 5 5 Du Bar commun d'Europe, autrement nommé Lovj) ou Louhine {Labrax hivus ; Perça la- brax, Lin.) 56 11 Des Poissons étrangers (jiii ont rapport au Bar. 7 7 Le Bar alongé, ou Carousse des matelots proven- çaux {Perça elongata, GeofT. ) Ibid. Le Bar rayé, ou Rock-Fish des Etals-Unis {La- brax lineatus; Perça saxatilis, Bl., Schn.). 79 Le Bar de Waij'iou {Labrax ff'aigiensis) . ... 83 Le Bar du Japon {Labrax japonicus) 85 he peut lûâv cVAmér'n:^ue {Labrax mucronatus) . 86 12 CHAPITRE IIL Des Varioles {LjtÈs) 88 La Variole du Nil, nommée Keschr ou Keschré par les Arabes {Latès niloticus ; Perça nilo- tica, L.) 89 La Variole des Indes, Pèche-naire des Fiançais de Piiodichéry, Kockup des Anglais du Bengale {Latès nobilis^ 96 i3 La Variole porte-éperon {Latès calcarifer; llo- locentrus calcarifer ,, Bl.) 100 TABLE. VIJ Pages. Plancli. CHAPITRE IV. Des Centropomes 102 Le Ceotropome brochet de mer (Centropomus luidecimalis ; Sciœna undecimalis, Bl.) Ibid. 14 CHAPITRE V. Des Sandres {Lvcioperca) 110 Le Sandre commun (^Lucioperca sandra; Perça lucioperca^ L. ) Ibid. 1 5 Le Sandre bâtard de Russie (^Lucioperca vol- gens is ; Perça volgensis , Gm.) 117 Le Sandre de mer (^Lucioperca marina) 120 Le Sandre d'Amérique {Lucioperca americand) . 111 16 CHAPITRE VL De quelques petits genres étrangers analo- gues AUX Perches propres, aux Bars et aux Varioles i23 Le HuRON ,... 124 17 L'Etelis 127 18 Le NiPHON i3i 19 L'Enoplose {^Enoplosus, Lacép.) i33 20 Le DiPLOPRioN 137 21 CHAPITRE VIL Des Apogons, des Chéilodiptères et des Poma- TOMES 142 Des Apogons Jhid, L'Apogou commun, vulgairement Roi des rou- Vlll TABLE. Pages. Planch gets {^Apogun rex miillorum; Midlus imher- his , L. ) 143 Des Apogons étrangers i5i L'Apogon à nageoires noires {jlpogon nigri- pennis ) i 5 2 L'apogon à quatre rubans (^Âpogon (juadrifas- ciatus ) 1 5 3 L'Apogon à neuf rubans {^^pogon nouemfas- ciatus ) 1^4 L'Apogon à nageoires variées {Àpogon pœcilop- terus) Jhid. L'Apogon orbiculaire (^Apogon orbicularis^ . . i55 L'Apogon à trois taches {yJpogon trimaculatus) . i 5 6 22 L'Apogon caréné {ylpogon carinatus) 167 L'Apogon cuivré {Apogon cupreus) i58 L'Apogon large (Apogon lalus) 169 L'Apogon rayé {Apogon inuldtœnialus) Ihid. L'Apogon à cinq rubans {yJpogon tœniatus) . . Ihid. L'Apogon à sept taches {Apogon heptastjgmd) . 160 L'Apogon bardé {Apogon lineolatiis) Jbid. L'Apogon à longues anales (Apogon macrop- terus) Ibid. L'Apogon méaco {Apogon meaco; Sparus ineaco, Lacép.) 161 Des Chéilodiptèhes 162 Le Chéilodiptère à huit raies {Chedodipterus octo- f^ittatiis; Chedodipterus striatus , Lac.) .... i63 Le Chéilodiptère arabique {Chedodipterus ara- bicus; Perça arabica, Gmel.) i65 23 TABLE. IX Poge5. Planch. Le Cliéilodiptère à cinq raies {Cheilodipterus qiiinejuelineatus ) 167 Des Pomatomes - 169 Le Poraatome télescope (Pomatomus telescopium, Riss.) 171 24 CHAPITRE VIIL Des Ambasses i?^ L'Ambasse de Comraerson (^Amhassis Commer- sonii; Centrovomus ambassis, Lac.) 176 2 5 L'Ambasse de Dussumier {^^iiibassis Ditssimiieri) \ 8 1 L'Ambasse nalua (^Àmhassis nalua) 1B2 L'Ambasse élevé {Amhassis alto) . i83 L'Ambasse ranga {Jmhassis ranga) Ibid. L'Ambasse lala (^yinibassis lala) , 184 L'Ambasse oblong {Jmbassis oblonga ) 1 8 5 L'Ambasse nama (^Ambassis tiama) /bid. L'Ambasse pbule {Âmbassis phida) . j 86 L'Ambasse bogoda {Ambassis bogoda) 187 L'Ambasse baculis {Àmbassis bacidis) Ibid, CHAPITRE IX. Des Aprons {Aspro^ 188 L'Apron proprement dit {Aspro mdgaris; Perça asper^ L.) J^^d, 26 Le Cingle {Aspro zingel; Perça zingel, Lin.). 194 CHAPITRE X. Des Grammistes 201 Le Grammiste oriental (Grammistes orientalis, TA.) 2 o 3 27 X TABLE. Pagfs. Planch.- Des Percoïdes a une seule dorsale. . . 208 CHAPITRE XI. Des Serrans 210 Des petites espèces de Serrans connues dans la 3Iéditerranée sous le nom de Perches de mer 212 Le Serran écriture (Serranus scriba ; Perça scrihay Lin. ) 214 28 Le Serran proprement dit (Serranus cabrilla; Perça cabrdla, Lin.) 223 29 Du petit serran à taches noires sur la dorsale, ou Sacchetto des Vénitiens (Serranus hepatus; Labrus hepatus, Lin.) 23i (Par M. le B.°° Cuvier.) Des Serrans étrangers voisins de ces petites espèces de la Méditerranée 238 Le Serran à bandelettes (Serranus vitta, Quoy etGaym.) 239 Le Serran galonné {^Serranus lemniscatus) . ... 240 Le Serran argentin (Serranus argentinus; Holo- centrus argentinus^ Bl. ) 241 Le Serran à deux rubans (Serranus bipittatus) . Ibid. Le Serran à préopercule rayonné (Serranus ra- dialis) 243 Le Serran rayonnant (Serranus irradians). . . 244 Le Serran à deux faisceaux ( Serranus fascicu- laris) 245 3o Le Serran de la Conception (Serranus Concep- tionis) ,, 246 TABLE. XJ Pagi»!. Planch. Le Serran à tache dans l'aisselle (^Serranus hu- mer alis ) 246 Le Serran nouleny (Serrnnus noidenj) 247 Le Serran à joues nues (Serranus gjmnopareius) 248 (Par M. Valenciennes.) Des Serrans h maxillaires fortement écailleux, ou des Barbiers 249 Le Barbier de la Méditerranée ÇSerranus anthias; Lahrus anthias^ L.) 260 3i (Par M. le B."" Cmier. ) Des serrans étrangers les plus voisins du Barbier 262 Le Barbier du Brésil (Serranus Tonsor) Ibid. Le Barbier de Bourbon {^Serranus Borbonius). 2 63 Le Barbier porte- fourche (^Serranus furcifer.). 264 Le Barbier appelé le Créole à la Martinique (^Serranus creolus^ 2 65 Le Barbier dit le Gros-Yeux à la Martinique (^Serranus oculatus^ 266 32 Des Serrans dont la nidchoire inférieure seule- ment est garnie de très-petites écailles y ou des Mérous 270 Le grand Serran brun , nommé plus particuhère- ment le Mérou (^Serranus gigas; Perça gi- gasy Brunn. et Gm.) Ibid. 33 Des Serrans étrangers (jui se rapprochent du Mérou 279 Le Mérou d'Alexandrie {Serranus Alexandrinus) 281 XIJ TABLE. Pages. Planch. Le Mérou bronzé, ou Dalouze de Damiette (Sei^- ranus œneus ^ Geoff. ) 283 Le Mérou nègre d'Amérique (^Serranus morio) 286 Le Mérou à museau aigu ÇSerranus acutiros- trîs) 286 Le Mérou écarlate (Serranus apua; Bodianus ajjua, Bl.) 287 Le Mérou à croupe noire, ou Cherna des Espa- gnols d'Amérique (Serranus striatus; Anihias strialus ^ Bl.) 288 Le Mérou de Menlzel (Serranus Mentzelii) . . . 291 Le Mérou à ailes bicolores (^Serranus dichrop- terus) 293 Le Mérou ondulé (Serranus undulosus) 296 Le Mérou à grosses épines (Serranus pachy- centron) Ibid. Le Mérou jaune et bleu (Serranus Jlai^o-cœru- leus; Holocenlrus Jlauo-cœruleus ^ Lac.).. . . 297 Le Mérou de Sonnerai (Serranus Sonnerati) . . 299 Le Mérou bordé (Serranus uuirginaUs ; Holo- centrus rosmarus, Lac.) 3oi Le Mérou océanique (Serranus oceanicus, IIo- locentrus oceanicus, Lac.) 3o2 Le Mérou petit zanana (Serranus zananella) , . 304 Le Mérou orangé (Serranus aurantius^ 3o5 Le Mérou urodèle (Serranus urodelus) 3o6 Le Mérou rose (Serranus roseus^ Ibid. Le Mérou à anale bordée (Serranus analis^. . 307 Le Mérou h dorsale hordée (Serranus lirnbatus^ Ibid. Le Mérou boelang (Serranus boelang) 3 08 Le Mérou paille en queue {Serranus phaeton) 309 34 TABLE, XllJ Pages. Planch . Le Mérou élégant (^Serranus formosus ; Sciœna formosa, Shaw) 3ii Le Mérou rayé {Serranus lineatus) 3i2 Le Mérou nébuleux (Sertamis nebulosus). . . . 3i3 Le Mérou tigré (Serranus tigrinus; Holocentrus iigrinus , BL ) 3 1 4 Le Mérou lancéolé (Serranus lanceolatus ; Holo- centrus lauceolatus , Bl. ) 3 1 6 Le Mérou oriental (^Serranus orientalis; jJîithias orientalis , Bl. ) 3 1 8 Le Mérou à deux épines (^Serranus diacanthus) 319 Le Mérou à queue rouge (Serranus erjthrurus) 3 2 o Le Mérou ox}rhinque (Serranus oxyrhjnchus) Ihid. Le Mérou hérissé (Serranus horridus) 32 1 Le Mérou géographique (Serranus geographicus) 32 2 Le Mérou réticulé (Serranus reticulatus) . ... 323 Le Mérou à hautes voiles (Serranus altwelis). 324 35 Le Mérou merra (^Serranus merra; Epinephelus merra, Bl. ) 32 5 Le Mérou de Parkinson (Serranus Parkinsonii) 329 Le Mérou ruche (Serranus yiif^eatus) Ibid. Le Mérou à taches hexagones (Serranus hexa- gonatus ) 33o Le Mérou à trois taches (Serranus triniaculatus) 33 1 Le Mérou ura (Serranus ura) 332 Le Mérou maculé (Serranus jnaculosus) Ibid. Le Mérou pantherin (Serranus paniherinus ; Holocentrus pantherinus , Lac.) 333 Le Mérou bontoo (Serranus bontoo) 3 34 Le Mérou cochon (Serrarms suillus) 335 Le Mérou du corail (Serranus corallicola), . . 336 XIV TABLE. Pâgfs. PUncIi. Le Mérou léopard (^Serranus leopardus ; Lahrus leopardus , Lac.) 336 Le Mérou à joues lachetées {Serranus spilo- pareiis) 338 Le Mérou à nageoires noires (^Serraniis nigri- pennis ) 339 Le Mérou zanana (Serranus zanana) Ihid. Le Mérou semi-ponctué i^Serranus semi-punc- tatus^ 341 Le Mérou salmonoide (Serranus sahnonoides ; Holocentriis salmonoides , Lacép. ) 343 Le Mérou summan (^Serranus summana; Perça summana^ Foisk, ) 344 Le Mérou à points blancs (^Serranus leucostigmd) 346 Le Mérou à grosses lèvres (^Serranus tumilabris) Ibid. Le Mérou à lignes blanches {Serranus leucogram- jniciis) '. 347 Le Mérou rogaa {Serranus rogaa; Perça rogaa, Forsk.) 349 Le Mérou aréole {Serj^anus areolatus ; Perça areolata, Forsk.) 35o Le Mérou mélanure {Serranus melanurus ; Bo- dianus melanurus ^ Geoff. ) 35i Le Mérou à taches olives {Serranus cklorostigma) 3 5 2 Le Mérou angulaire {Serranus angularis) . ... 353 Le Mérou variole {Serranus variolosus) 354 Le Mérou à gouttelettes {Serranus guttatus ; Bo- dianus guttatus y Bl.) Sôy Le Mérou à points bleus {Serranus cjanostigma) 3bg Le Mérou piqueté à six bandes {Serranus sex- fasciatus ) 36o TABLE. XA' pages. Plaiicli. Le Mérou argus (^Serranus argus; Cephalo- vholis argus, Bl.) 36o Le Mérou bœnack {^Serranus hœnack; Holocen- irus hœnack, Bl.) 362 Le Mérou louti (Serranus luti ; Perça luli , Forsk.?) 363 Le Mérou doré (Serranus auratus; Holocentrus auratus , Bl. ) 364 Le Mérou mille étoiles (Serranus myriaster) . . 36 5 Le Mérou à gouîtclettes blanches (Serranus al- bogultatus) 366 Le Mérou à gouttelettes bleues (^Serranus cœ- ruleovuncîatus ; Holocentrus cœruleopuncîa- tus, Bl.) Ibid. Le Mérou moucheté (Serranus punctulatus , La- brus punctulatus , Lac.) 367 Le JMérou à bande oculaire (Serranus tœniops). 370 Le Mérou couronné (Serranus coronatus; Perça guttata, Bl.) 371 Le Mérou chat (Serranus catus; Perça macu- lala, Bl.) 373 Le Mérou petit nègre (Serranus nigriculus) . . . 376 Le IMérou itaiara (Serranus itaiara, Lichtenst.). 376 Le Mérou araia (Serranus arara; Johnius gut- tatusj Bl.,Schn.) 377 Le Mérou cardinal (Serranus cardinalis , Johnius gutlatus, Bl., Schn.) 378 Le Mérou à croissant (Serranus lunulatus ; Lut- janus lunulatus, Bl., Schn.) 379 Le Mérou neigé (Serranus niveatus^ 3 80 Le Mérou ouatalibi (Serranus ouatalibi) 38 1 XVJ TABLE. Pajjes. Plaucli. Le Mérou guativère {Serranus guatwere ; Bo- dianus guatwere y Bl., Scha.) 383 Le Mérou pyra-pixanga (Serramis pixanga; Ho- locentriis punctatus , Schn.) Ibici. Le Mérou caraune {Serranus carauna, Gjmno- cephaliis ruber, Bl.) 384 ( Par M. Valenciennes. ) CHAPITRE XIL Des Plectuopomes 387 Le Plectropome mélanoleuque (Plectropoma me- lanoleuciim; Bodianus tnelanoleuciis,hacép.). 388 Le Plectropome léopard {Plectropoma leopar- dinum; Holocejilrus leopardus , Lac.) 392 36 Le Plectropome ponctué {^Plectropoma macu- latum) 393 Le Plectropome à grosses dents {Plectropoma dentex) 394 Le Plectropome pavillon d'Espagne {Plectro- poma hispanum ) 396 Le Plectropome du Brésil {Plectropoma Brasi- liaiium^ 397 Le Plectropome aux pectorales vertes {Plectro- poma chloropterum^ 3g8 Le Plectropome a scie {Plectropoma serrutum). 39g Le Plectropome rouge et noir ( Plectropoma nigro-rubriwi ) 402 Le Plectropome du Japon {Plectropoma siisuki). 404 Le Plectropome demoiselle ^^Plectropoma piiella). 406 07 Le Plectropome à caudale jaune {Plectropoma chloriiriwî) . , , 406 TABLE. XVIJ Pages. PUncb. Le Plectropome à selle noire {Plectropoma ephip- piurn; Holocentrus iinicolor, Bl., Schn.).. 408 CHAPITRE XIII. Des Diacopes 410 La Diacope de Seba i^Diacope Sebœ) 411 La Diacope à lignes flexueuses {Diacope rwulala) 414 38 La Diacope rnacolor {Diacope macolor) 4 1 5 La Diacope à huit raies {^Diacope octolineata; Holocentrus bengalensis , Bl. ) 418 La Diacope dondiavali {Diacope notata) 422 La Diacope hober {Diacope fuhiflamma; Scicena fidvijlamma^ Forsk.) 42 3 La Diacope à points bleus {Diacope cœrideo- pitnctata^ 424 La Diacope bordée {Diacope marginata) . ... 426 La Diacope à quatre gouttes {Diacope quadri- guttaia; Spams lepisurus , Lac.) 427 La Diacope calvet {Diacope cal^eti, Q. et G.) 429 La Diacope striée {Diacope striata, Q. et G.). 43o La Diacope sans taches {Diacope immacidata, Q. et G.) ïbid. La Diacope noire {Diacope nigra, Scicena nigra, Forsk.) ., 43i La Diacope tachetée d'argent {Diacope argenti- macidata; Scicena ai'gentimaculata , Forsk.). 432 La Diacope bohar {Diacope hohar ; Scicena bohar, Forsk.) 4^3 La Diacope carmin ( Diacope miniata ; Perça miniata, Forsk. ) • Ibid. La Diacope de Boutton {Diacope hottonensis). 434 XVIIJ TABLE. Pages. Plaacli. La Diacope fauve (^Diacopeful^a; Holocentrus fuhus^ Bl., Schn.) 435 La Diacope de Borabora {^Diacope Borensis\. 436 La Diacope sanguine {^Diacope sanguinea^ . . . 437 La Diacope écarlate (^Diacope coccinea) Ibid. La Diacope bossue ( Diacope gibba ; Scicena gibba, Forsk.) 438 CHAPITRE XIV. Des Mésoprions ^^39 Le Mésoprion dondiava (^Mesoprion unimacu- latiis, Q. et G.) 441 Le Mésoprion de John (^Mésoprion Johnii; An- thias Johnii, Bl.) 443 Le Mésoprion à cinq lignes {^Mésoprion cjuinque- lineatus) 446 Le Mésoprion à stigmate {^Mésoprion motio- stjgma) 446 Le Mésoprion acajou [Mésoprion mahogoniy. 447 Le Mésoprion de Richard [Mésoprion Ricardi^ 448 Le Mésoprion doré ( Mésoprion uninotalus ; Sparus synagris, Lin.?) 449 39 Le Mésoprion à anale rouge [Mesopi-ion analis) 462 Le Mésoprion sobre [Mésoprion sobra^ 453 Le Mésoprion vivaneau [Mésoprion vii^-nniis) . 464 Le Mésoprion oreille noire [Mésoprion bucca- nella) 455 Le Mésoprion rouge [Mésoprion aja; Bodicv- nus aya , Bl. ) 457 Le Mésoprion à queue d'or [Mésoprion chry- surus; Sparus chrysurus y Bl.) 469 40 TABLE. XIX Pages. Plancb. Le Mésoprion à dents de chien {Mesoprion cy- nodon; Anthias cah aller oie ^ Bl., Schn.). . . 466 Le Mésoprion jocu {^Mesoprion jocii; Anihias jocii, BI.) 466 Le Mésoprion à raie (Mesoprion litiira) . .... 467 Le Mésoprion à ligne {Mésoprion linea) .... 468 Le Mésoprion gris {Mésoprion griseus; Sparus tetracanthus , Bl.) 469 Le Mésoprion jaunâtre {M-esoprion Jlav>escens) 472 Le Mésoprion à nageoires bleues {3IesoprJon cjanopterus ) Ibid. Le Mesoprion pargo {Mésoprion pargus).. . . 473 Le Mésoprion sans tache {Mesoprion immacu- laliis^ 474 Le Mésoprion à nageoires jaunes {Mesoprion Jîafipinnis) 475 Le Mésoprion rougeâtre {Mesoprion rubellus) Ihid. Le Mésoprion sillao {Mesoprion sillaoo) ... 476 Le Mésoprion croissant {Mesoprion lunatus ; Perça lunulata, Mungo-Park) 477 Le Mésoprion olivâtre {Mesoprion olii^aceus^ . 478 Le Mésoprion érytroptère {Mesoprion erjthrop- terus ; Lutjaniis erjthropterus , Bl.) Ibid. Le Mésoprion lutjan {Mésoprion lutjanus; Lut- janus lutjanus , Bl. ) 479 Le Mésoprion du Malabar {Mesoprion Malaba- ricus ; Sparus malabaricus, Bl., Schn.). . . 480 Le Mésoprion rangoo {Mesoprion rangus). . . 481 Le Mésoprion yapilli {Mesoprion yapilli) . ... 483 Le Mésoprion porte-anneau {Mesoprion annu- laris\ 4 ^4 XX TABLE. Pages. Plaïub, Le Mésoprion à demi-ceinture ( Mésoprion semi- cinctus; Lutjanus semicinctus , Q. et G.). . . 485 Le Mésoprion gembra (^Mésoprion gemhra; Al- phesies gembra, Bl. , Schn.) IbiJ. Le Mésoprion treillissé (^Mésoprion decussatus^ 487 Le Mésoprion cliirtah {^Mésoprion chirlah^ . . 488 Le Mésoprion caroui {^Mésoprion caroui) . ... 489 Le Mésoprion blanc-or {Mésoprion albo-aiireus ; Lutjanus albo-aureus, Lac.) Ibid. (Par M. le B.°° Guvier.) ADDITIONS ET CORRECTIONS. XXJ ADDITIONS ET CORRECTIONS A CE VOLUME. Page 17, entre les lignes 19 et 20, intercalez: NiPHON. Trois fortes épines à ropercule, et une également très-forte à l'angle du préopercule , qui d'ailleurs est dentelé. Même page, entre les lignes 22 et 23, intercalez: HuRow. Opercule à deux pointes plates. Point de dentelures au préopercule. Il y aura probablement des intercalations semblables à faire page 1 8 ; mais elles seront données dans le troisième volume, où l'on décrira les genres indiqués sur la seconde partie du tableau des percoïdes. Page 2 5 5 : Aldrovande, Monstr. Paralip., p. 94, donne une bonne figure du barbier, sous le nom de percœ alia species. b AYIS AU RELIEUR POUR PLACER LES PLANCHES. 9. Perça gramilata .■ . vis-à-vis la page 48 0. Perça acuta 5o 1 . Labrax lupus .- 76 2. Labrax mucronatus. 86 3. Laies nobilis 98 4. Centropomus undeciinalis. . .., 106 5 . Lucioperca sandra 114 6. Lucioperca americana 122 7. ffuro nigricans 126 8. Elelis carbunculus i3o 9. Niphon spinosus i32 20. Enoplosus armatus i36 2 1 . Diploprion bifasciatum 140 22. Âpogon irimaculatus i56 2 3. Cheilodipterus arabicas 166 24. Pomatomus telescopium 174 2 5. Ambassis Commersonii 180 26. Àspro imlgaris 192 27. Grammistes orientalis 206 2 8. Serranus scriba 222 29. Serranus cabrilla 224 30. Serranus f as cicularis 246 3 1 . Serranus anthias 254 3 2. Serranus oculatus .„ ♦ 268 33. Serranus gigas 278 34. Serranus phaeton vis-à-vis la page 3 10 3 5 . Serranus altwelis 324. 36. Plectropoma léopardînum 3g2 37. Plectropoma puella 406 38. Diacope rwulata 4.14. 39. Mesoprion unînotatus 460 40. Mesoprion chrjsurus 460 HISTOIRE DES POISSONS, LIVRE TROISIÈME. DES POISSONS DE LA FAMILLE DES PERCHES, OU DES PERCOÏDES. i\|ous nous sommes déterminés à commen- cer l'histoire des acanthoptérygiens par celle de la perche ordinaire de nos rivières, parce que dans cette immense division de la classe des poissons, la perche est l'espèce la plus répandue, et celle qu'il est le plus facile de se procurer dans tous les lieux de TEurope. Cette espèce fait partie d'un petit groupe, et ce groupe lui-même se rapproche assez de plusieurs autres, pour que le peuple même les ait tous embrassés sous cette dénomina- tion de perches^ et que l'on en ait fait ainsi presque naturellement ce que l'on peut ap- 1. i 2 LIVRE TROISIÈME. peler un grand genre, susceptible détie di- visé en plusieurs sous-genres. En comparant entre eux ces divers poissons, en réunissant ceux dont l'organisation est semblable dans les points essentiels, en écartant ceux que des rapports superficiels en avaient d'abord fait rapprocher, on parvient à reconnaître et à fixer avec la précision nécessaire à une mé- thode scientifique, les caractères communs d'après lesquels on peut limiter ce grand genre, et le distinguer de tous les autres. Or, ces caractères sont assez nombreux et embrassent des parties fort diverses de l'or- ganisation : un corps oblong et plus ou moins comprimé, couvert d'écaillec généralement dures, et dont la surface extérieure est plus ou moins âpre et les bords dentelés ou ciliés j un opercule, un préopercule, diversement ar- més ou dentelés; la bouche assez grande; des ouïes bien fendues et dont la mem- brane est soutenue par un nombre de rayons qui n'est pas au-dessous de cinq, et passe rarement sept; des dents, non -seulement aux mâchoires , mais sur une ligne trans- verse en avant du vomer, et presque tou- jours sur une bande longitudinale à chaque palatin, ainsi qu'aux dentelures des ouïes et aux os pharyngiens; point de barbillons; les PERCOÏDES. 3 ventrales le plus souvent subbrachiennes , cest-à-dire suspendues aux os de Fëpaule par le moyen de ceux du bassin; les nageoires toujours au nombre de sept au moins, et souvent de huit; à Tintërieur un estomac en cul-de-sac; le pylore latéral; des appen- dices pyloriques, le plus souvent peu nom- breuses et peu volumineuses, mais ne man-^ quant jamais; un canal intestinal assez peu replié; un foie médiocre ou petit; une vessie natatoire; un cerveau dont les lobes creux ne couvrent que des tubercules petits et au plus divisés en quatre : tel est Tensemble de la conformation propre au grand genre dont la perche est le type, à celui dont Artedi avait déjà fort bien saisi l'idée sur le petit nombre d'espèces qui lui étaient connues. Dans la plu- part des perches ces caractères se joignent à la beauté des couleurs, au bon goût et à la salubrité de la chair; en tout pays ce qui se nomme perche est recherché comme ali- ment L'habile ichtyologiste que nous venons de citer, ne connut d'abord que sept poissons auxquels il crut pouvoir avec certitude attri- buer ce nom ; c étaient la perche commune^ le 1. Perça fiin;iatllis , Linn. 4 LIVRE TROISIÈME, sandre \ la greniille^^ le schrdtz^, ïaprorà^ le serran'^ et le hars^ ; mais la seule compa- raison de ces sept espèces aurait pu déjà lui amioncer des formes secondaires assez diver- ses pour lui faire penser qu'elles deviendraient les types dïuie partie des subdivisions ou des sous-genres que l'on serait obligé d'éta- blir, lorsque les poissous connus viendraient à se multiplier j lui-même ajouta par la suite à ces formes celles de Xholocentrum'^ et du grainmiste^j, qui ne présageaient pas moins que les précédentes, qu'elles pourraient aussi devenir des chefs de fdes pour un nombre plus ou moins considérable d'espèces. Il ne s'agissait donc que de subdiviser ce groupe sans l'altérer, et cela aurait été facile, si l'on en eût toujours consulté l'ensemble, et si l'on se fut bien pénétré de l'idée géné- rale a laquelle il répond. Mais Linnaeus com- mença à y mettre le désordre, en ne consi- dérant qu'un seul de ses caractères comme essentiel, et en le choisissant dans une cir- constance d'un ordre fort inférieur, la den- 1. Perça lucioperca. — 1. Perça cermia. — 3. Perça schrailzer. — 4. Perça asper. — 5. Perça scriba et Perça cabrilla. — 6. Perça lahrax. 7. Mus. de Seba, l. III. ].l. 27, %. 1. _ 8. Ibld., t. lU, pi. 27, fig.5,p. 75. PERGOÏDES. IS ielure du prëopercule \ Des élèves trop fidè- les, en se conformant à une indication si restreinte, durent amener péle-mélc dans ce genre de vraies sciènes, des crënilabres et des poissons de plusieurs autres familles. Lin- nœus fut à son tour entraîne par leur exem- ple, et son éditeur Gmelin augmenta la con- fusion en rassemblant, sans critique et sans aucune inspection des objets, tout ce que des observateurs qui avaient travaillé isolé- ment avaient cru, à tort ou à droit, devoir considérer comme des perches. Bloch et ses successeurs ont cherché à établir quelques subdivisions qui pussent éclaircir ce chaos j mais ils ont continué encore à les fonder sur des caractères trop secondaires ; à mettre en première ligne ces épines et ces dentelures de l'opercule, ou même les écailles des di- verses parties de la tête, auxquelles, dans une bonne méthode, on n'aurait dû avoir recours qu'après que toutes les grandes dif- férences des organes essentiels auraient été 1. Percœ geniis difficile distinguiiur a tribus prœcedeniibus{s^a.x'is, labris et sciœnls), quoniam differt solis openculis dentato-serratis. (Sjst. nat., dixième édition j t. I, p. 28g, et douzième édition, 1. 1, p. 484-) Notez que beaucoup de labres de Linnœus, ceux que j'ai nommés créniJahres ^ et presque toutes les sciènes. ont des préopercules dentés. (> LIVRE TROISIÈME. épuisées; et de ce renversement dans la subor- dination des caractères il est résulté des sé- parations et des rapprochemens aussi con- traires les uns que les autres à la nature. Ainsi, les serrans ont été placés très-loin des perches, les crénilabres ont été confondus avec les lut j ans ou méso prions, bien que dune tout autre famille; les poissons de la famille des sciènes et ceux de la famille des perches ont été incessamment mêlés dans les mêmes genres, au point que dans Bloch le bars est une sciène, et que dans M. de La- cépède Yonihrine est une pershque ; tandis que ce dernier auteur a fait passer dans le genre des labres, les johnius, qui ne diffè- rent en rien des sciènes les plus communes. Mais c'est surtout dans l'ouvrage de Shavs^, que le désordre est devenu tout-à-fait inex- tricable, parce qu'ayant rejeté la plupart des genres établis depuis Linnaeus, il a prétendu ramener à ceux de cet auteur les espèces que ses successeurs avaient décrites et distribuées dans les leurs. On peut dire que jamais ré- partition n'a été faite plus au hasard, et n'en porte mieux l'empreinte. Nous avons donc du recourir à la nature même , et distribuer nos poissons comme s'ils ne l'eussent jamais été, en prenant pour PERCOÏDES. 7 règle le plus ou moins de conformité de cha- cun d'eux avec certains types principaux, et en observant dans les comparaisons propres à constater le degré de celte conformité, de ne point contrevenir au principe de la subor- dination des caractères. Sans doute celte marche a fait que les poissons dont les au- teurs n'ont pas donné des descriptions suffi- samment complètes, et que nous n'avons pu depuis observer par nous-mêmes , lesquels, au reste, sont en fort petit nombre, n'ont pu être classés avec sûreté; mais cet incon- vénient est bien léger en comparaison de la sûreté de nos déterminations, et de tous les autres avantages que nous avons obtenus; et même sur le point en question, nous n'au- rions remédié à rien en suivant aveuglément les distributions de nos prédécesseurs; car il s'en faut de beaucoup qu'eux-mêmes aient été fidèles à leur propre méthode, et que les espèces qu'ils ont placées sous chacun de leurs genres, présentent en effet les caractères qu ils assignent à ces genres : nous en verrons une multitude d'exemples, surtout dans Blocli, qui, n'ayant pu parler de beaucoup de ses espèces que d'après d'anciennes figures peu détaillées, leur a trop souvent supposé des caractères qu'elles nont pas. 8 LIVRE TROISIÈME. Ainsi , après avoir bien déterminé les carac- tères généraux qui distinguent la famille entière des perches des familles voisines des sciènes, des spares, caractères que nous navons trou- vés que dans les dents palatines, après en avoir séparé les scorpenes , les cottes et les trigles , auxquels les pièces osseuses qui cui- rassent leurs joues, donnent un titre pour former une famille particulière; après avoir fixé les caractères de quelques groupes qui s'écartent un peu plus que les autres du genre principal, tels que les vives, à cause de la position de leurs ventrales; les holocentres, à cause du nombre des rayons de leurs ven- trales et de leurs ouïes; nous avons pro- cédé à nos subdivisions. La perche com- mune a été notre premier type, auquel sont venues se rattacher c|uelques perches d'Amé- rique, qui ne diffèrent de la nôtre que par de légers détails de forme et de couleur ; auprès d'elles les varioles, les énoploses et les centropomes , forment les types de trois autres petits groupes distingués : le premier, par une dentelure plus marquée au sous-orbi- taire; le second, par plus d'élévation verticale du corps et des nageoires; le troisième, par un museau plus déprimé, et par des oper- cules dépourvus d'épines. Parallèlement à leur PERCOÏDES. 9 série se placent le sandre, dont les oper- cules manquent avissi d'épines, du moins dans l'espèce commune, mais qui retrouve des ar- mes puissantes dans les grandes dents en cro- chets, mêlées parmi les dents en velours de ses mâchoires et de ses palatins, et qui, pour le reste de sa conformation comme pour ses habitudes , ressemble beaucoup à la perche 5 ïetelis, qui n'a de dents en crochets qu'au- tour des mâchoires et non aux palatins, et dont l'opercule a des épines et le préoper- cule des dentelures à peine sensibles, et \apron, qui, à tous les caractères de la perche commune, joint un museau bombé et des os caverneux comme ceux des sciènes. Tous ces sous-genres sont d'eau douce ou à peu près; le hars, que l'on peut placer à leur suite, est marin : ses formes sont celles de la perche, mais sa langue est âpre et gar- nie de dents en velours ras. Personne, je crois, n'a hésité ou n'hésitera à faire des perches de tous ces poissons; ils portent tous deux nageoires dorsales, ils se ressemblent même assez par tout leur exté- rieur, pour qu'une inspection attentive soit nécessaire à l'observateur qui veut apprendre à les distinguer. Quelques autres poissons, aussi munis de 1 0 LIVRE TROISIÈME. deux dorsales, se singularisent davantage par l'aspect et par quelques détails frappans dans l'armure de leur tête, au point quils ont été considérés par plusieurs naturalistes comme étrangers au grand genre des perches : ils doi- vent former à la suite des précédens des types nouveaux pour un certain nombre de petits groupes. Ainsi, Xapo^on a un double rebord à son préopercule j le chéilofliptèi^e diffère de l'apo- gon par de grandes dents pointues, qui rap- pellent celles du sandre; il se place à côté de Fapogon, comme le sandre à coté de la perche 5 i'apogon tient de près à Yanibasse; le grammiste enfin n'a que des épines sans dentelures, et à son préopercule et à son opercule, et le snvonnier et lui sont les seuls acanthoplérvgiens qui n'aient pas d'épines vi- sibles à l'anale. Ici se termine la série des perches à deux dorsales; mais à côté de cette série, et pa- rallèlement à elle , s'il est permis de s'exprimer ainsi, la nature nous en offre une autre, oii la dorsale est unique, mais oii se reprodui- sent presque toutes les autres circonstances caractéristiques qui ont aidé à subdiviser les perches à deux dorsales: ainsi les sei^rans ont, comme nos perches communes, le préoper- PERCOÏDES. 1 i Cille dentelé et l'opercule épineux, et ils leur ressemblent si fort, jusque dans la distribu- tion de leurs couleurs, que le peuple même les a nommés perches de mei', cependant ils ont quelques dents longues et aiguës comme les sandres, et c'est plutôt aux sandres qu'aux perches proprement dites qu'on aurait pu les comparer, si ces dents aiguës n'avaient pas été placées un peu autrement. Quelques pois- sons, auxquels nous avons donné le nom de centropristes , rappellent plutôt les perches communes, parce qu'ils joignent à leur oper- cule épineux et à leur préopercule dentelé des dents en velours et égales comme les leurs 5 aussi ont -ils été nommés perches de mer jusque dans les colonies anglaises d'Amé- rique. Ces dents, tantôt en simple velours, tantôt mêlées de crochets aigus , donnent lieu de subdiviser les perches à dorsale uni- que , comme celles qui ont deux dorsales , en deux séries parallèles : les unes, par leurs crochets, vont à la suite des serrans; les autres, par leurs dents égales, à la suite des ceiitropristes. Parmi les premières nous comptons les plectropomes , qui ont de grosses dentelures obliques au bas de leur préopercule 5 les iné- soprions, qui ont le préopercule dentelé, ^ 2 LIVRE TROISIÈME. mais l'opercule sans épine, comme les ceii- Iropomes; les diacopes ^ où l'interopercule s'articule par une tubérosité dans une échan- crure du prëopercule. Parmi les autres perches à dorsale unique , celles OLi les dents sont toutes en velours, nous plaçons à la suite des centropristes les tristes, qui ont le prëopercule sans dentelures et l'o- percule seul épineux; les poljprions , dont toutes les pièces osseuses à la tête et à l'ë- paule ont des crêtes dentelées; les pentacé- ros, dont les os du crâne et de l'épaule ont des tubercules qui représentent des espèces de cornes; les savonniers , qui ont, comme les grammistes de l'autre division, des épines au préopercule et à l'opercule, point de dente- lure , les écailles petites et douces , et dont l'anale n'a que des rayons mous; et enfin les greniilles ^ petit sous -genre de nos eaux douces, dont la tête est nue, caverneuse en quelques parties et armée , comme dans les grammistes et les savonniers , d'épines au préopercule et à l'opercule. Elles unissent les perches à dorsale unique avec des sciènes du même caractère, à peu près comme les aprons unissent les perches et les sciènes à deux dor- sales. Sous d'autres rapports, les gremilles lient les perches ordinaires aux acanthoptérygiens PERCOÏDES. 4 3 à joue cuirassée , et particulièrement aux scor- pènes et aux ténianotes; tant il est vrai que dans aucune branche, dans aucune tribu des règnes organiques il n'est possible de disposer les êtres sur des lignes simples et continues. Nous trouvons de nouvelles preuves de cette vérité, avant de sortir de cette famille. A côté de tous les petits groupes dont je viens de parler, et qui ont tous sept rayons à la membrane des ouïes et cinq rayons mous aux ventrales, il s'en trouve qui ont un rayon branchial de moins, et parmi lesquels se reproduisent une partie des caractères de dents et de pièces operculaires que nous ve- nons de dénombrer, et d'autres où il y a au contraire un rayon branchial de plus, et dont les ventrales, ce qui est encore bien plus remarquable, ont sept et jusqu'à neuf ou dix rayons mous. Dans la première de ces deux séries acces- soires il en est qui ont des dents en cro- chets, et dont les pectorales ont en outre un certain nombre de rayons simples qui en dépassent la membrane : ce sont les cirrhites. D'autres ont toutes les dents en velours, et d'après quelques détails de leurs pièces operculaires , nous y avons formé les groupes des priaccnithes y oii le préopercule a dans 14 LIVRE TROISIÈME. le bas une épine plate et dentelée; les porno- tiSf dont Topeicule se prolonge comme une sorte d'oreillette : les c eut rar chus , qui joignent à ce caractère celui d'avoir de nombreux ai- guillons à la nageoire anale. Les doiiles ter- minent cette subdivision; leurs préopercules, leurs opercules , sont comme dans les serrans et les centropristes : ils ont en particulier les den ts en velours de ces derniers ; on pourrait, en un mot, les appeler des centropristes à six rajons branchiaux. Par leur extérieur ces doules no\is condui- sent à un groupe bien iemaiqua])le, en ce que les rapports les plus étroits unissant les pois- sons qui le composent à l'égard de leur forme générale, de leurs viscères, et surtout de la forme singulière de leur vessie natatoire, et que même leurs couleurs se ressemblant beaucoup, ils difterent cependant non-seule- ment par les formes des dents des mâchoires, mais encore par la présence ou l'absence des dents à quelques parties de la bouche qui n'en manquent dans aucun des autres groupes de cette famille. Nous donnons à ce groupe le nom de thérapons , et nous y formons de petits groupes subordonnés sous les noms (Xliélotes et de pelâtes. Les acanthoptérygiens à rayons ventraux PERCOÏDES. i 5 plus multipliés, c'est-à-dire, au nombre de plus de six, tiennent de très-près, du moins parleur extérieur, à plusieurs poissons de la famille des perches, et même l'un de leurs genres, celui des holocentrum, a ëtë long-temps confondu avec les serrans. Celui des mjripristis n'a pas été décrit d'une manière aussi reconnaissable, en sorte qu'on ne sait pas bien ce que nos prédécesseurs en auraient fait; mais ces deux genres ne diffèrent à l'extérieur que par une forte épine, dont le préopercule du premier est armé dans le bas, et qui manque au se- cond : a l'intérieur ils offrent des différences plus grandes. Les vweSj, les uranoscopes et quelques gen- res voisins se rapprochent encore très-forte- ment des perches à deux dorsales j mais leurs nageoires ventrales attachées sous la gorge, leur forment un caractère extérieur assez frap- pant, et qui permet aussi d'en faire un groupe séparé. D'autres genres , voisins des perches à quel- ques égards, du moins par les dents, ont les ventrales situées plus en arrière que les pec- torales, et les os du bassin détachés des os de l'épaule; mais ils sont assez différens de tous ceux dont nous avons parlé jusqu'ici , pour que l'on puisse les considérer chacun 46 LIVRE TROISIÈME. comme devant former un jour le type d'une petite famille : ce sont les sphjrenes , qui ont les mâchoires mieux armées encore que les sandres, mais dont l'opercule ni le préoper- cule ne sont ordinairement dentelés, et les pofynemeSj qui ont les dents palatines et maxillaires des perches; des filets libres sous la pectorale , comme les trigles ; le museau bombé et des écailles sur les nageoires ver- ticales, comme beaucoup de sciènes, et qui, malgré ces rapports multipliés, ou plutôt à cause de leur multiplication, ne peuvent être complètement rapprochés d'aucune de ces familles. Le tableau ci-joint peut faciliter Fétude des genres et sous-genres de la famille des per- ches, et faire trouver plus aisément celui auquel on devra rapporter une espèce; mais nous prions de ne point oublier que c'est là son seul objet, et que les véritables idées que Ton doit se former de ces poissons et de leurs rapports, ne peuvent être puisées que dans leurs histoires détaillées. PERCOÏDES. 17 POISSONS OSSEUX. ACANTUOP TER YGIENS- PERCOlDES. Des dentelures ou des épines aux pièces operculaires; la joue non cuirassée; des dents au vomer ou aux palatins. A ventrales sous les pectorales. A cinq rayons mous aux ventrales. A sept rayons aux branchies. A deux dorsales, ou à dorsale échancrée jusqu'à sa base. Les dents toutes en velours- Perches. Préopercule dentelé; opercule épineux; sous-orbi- taire faiblement dentelé; langue lisse. Varioles, Sous-orbitaire et humérus fortement dentelés ; de grosses dents à l'angle et au bas du préopercule. Énoploses. Sous-orbitaire denlelé ; des dentelures et une forte épine au préopercule; 1 opercule et l'épaule sans épine; le corps et les nageoires verticales très-élevés. DiPLOPRiONS. L'opercule à trois épines; le préopercule à double crénelure ; le sous-orbitaire entier. Bars. Sous - orbitaire et humérus sans dentelures ; deux pointes à l'opercule ; un disque de dents en velours sur la langue. Centropomes Opercule sans pointe; les deux dorsales sépa- rées. Grammistes. Écailles petites ; des épines au préopercule et à l'opercule. APRONs. Museau bombé et saillant ; les deux dorsales très- séparées. Ambasses. Une pointe couchée en avant de la première dor- sale ; une double dentelure au bas du préopercule. Apogons. Une double dentelure au preopercule ; les deux dorsales très-séparées ; de grandes écailles caduques. Des dents canines mêlées aux autres. CHiiiLûDiPTtRES. Une double dentelure au preopercule ; les dorsales très-'^éparées ; de grandes écailles. Sandres. Dentelure simple au preopercule. Etei-is. Presque pas de dentelure sensible au préopercule ; une pointe à l'opercule; dorsales contiguës. A dorsale unique. Des dents canines mêlées aux autres. Serrans. Préopercule dentelé finement; opercule à deux ou trois épines ; pas d'ècailles sur les mâchoires ; opercule épineux. Merous. Préopercule dentelé; opercule épineux; des écailles fines sur la mâchoire iuféiieure. Barbiers. Preopercule dentelé; opercule épineux ; des écailles sur le maxillaire supérieur aussi fortes que sur le reste de la tête. Pi.ectropomes. Préopercule dentelé ; les dentelures du bas plus grosses et dirigées en avant ; opercule épineux. DiACOPES. Préopercule dentelé ; une forte échancrure au- dessus de l'angle , pour recevoir une tubérosilé de 1 inter- opercule. MÉSOPRIONS. Preopercule dentelé ; opercule finissant eu pointe plate , obtuse et sans épines. 2. 2 Î8 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. Toutes les dents en velours. Centrovrisies. Opercule épineux ; préopercale dentelé. Gristes. Opercule épineux ; préopercule entier. PoLiPRiON--. Des crêtes dentelées sur l'opercule, le sons- orbitaire, etc. Pentacéros. Des tubérosités sur le crâne. Gremilles. Tète caverneuse : des épines au préopercule. Savonniers. Tôte lisse ; écailles noyées dans l'épiderme; des épines au preopercule. A moins de sept rayons aux branchies. Des dents canines mêlées aux autres. ClRRHiTES. Les rayons inlérieurs des pectorales simples et en partie libres. Point de dents canines. POMOTls. L'opercule membraneux prolongé en manière d'o- reille ; trois ai™illons à l'anale. Centrarchus. L'opercule comme dans les pomotis ; neuf ai- guillons à l'anale. Trichodons. De fortes épines autour du préopercule. Priacanthes. De petites écailles rudes , même sur les mâchoi- res ; l'épine de l'angle du préopercule plate et dentelée. DOULES. L'opercule terminé en pointes plates; le préopercule dentelé. ThÉRAPONS. Opercule épineux ; préopercule dentelé ; dorsale très-échancree; dents durang extérieur plus fortes, pointues. PELATES. Opercule terminé en deux pointes ; préopercule dentelé; dorsale peu échancrée ; dents en -velours. HÉLCTES. Opercule épineux ; préopercule dentelé ; dorsale très-échancrée ; dénis du rang extérieur trilobées. Plus de cinq rayons mous aux ventrales. P/ns de sept rayons aux branchies. MïRiPRiSTES. Deux arêtes dentelées au préopercule; point d'épines à l'angle ; deu.v; dorsales ou une dorsale tiés- échancrée. HOLOCENTRUM. Une forte épine à l'angle du préopercule; une dorsale peu echaucrée. BeRïX. Point d'épines à l'angle du préopercule; une seule nageoire courte sur le dos , dont le bord extérieur ne con- tient que des aiguillons faibles. * A ventrales jugulaires , c'est-à-dire en avant des pectorales. Des dents toutes en velours. UranoscoPES. Tête cubique ; les yeux à la face supérieure. ■Vives. Téle comprimée ; nue forte épine à l'opercule. Percis. Tête déprimée; point de dents aux palatins. PiNGUiPES. Lèvres charnues; des dents aux palatins. Des dents canines mêlées aux autres. PERCOPHls.Blâchoire inférieure pointue; dorsale unique longue. A ventrales abdominales, c'est-à-dire en arrière des pectorales. Des dents canines. Sphyrènes. Mâchoire inférieure fonuant pointe en avant du museau ; les deux dorsales très-séparées. Des dents en velours. PoLvriÈMES. Museau bombé ; des filets libres sous les pecto- rales. Tons les poissons ci-dessus appartiendraient au ppiire Perça doLinn.i 19 CHAPITRE PREMIER. Des Perches proprement dites. Dans la grande famille dont nous venons de tracer le tableau, nous avons forme un premier groupe des espèces cjui tiennent le plus étroitement au poisson qui en a fourni le type, à la perche commune: leur sous-genre aura pour caractères sept rayons aux ouïes, cinq aux ventrales; des dents en velours aux mâchoires, au devant du vomer et aux pala- tins; deux dorsales peu éloignées, ou même contigués; un opercule osseux, finissant en pointe plate et aiguë; un préopercule den- telé; un premier sous-orbîtaire offrant quel- ques petites dentelures à sa partie postérieure; enfin, des écailles rudes à leur bord. Les for- mes, les couleurs même de ces poissons offrent encore des ressemblances marquées avec celles de notre perche ; et ils vivent comme elle dans Feau douce. On en prendra, au reste, une idée plus juste dans la comparaison que nous en donnerons avec la perche commune, aussi- tôt que nous aurons terminé l'histoire de cettf? première espèce. 20 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. La Perche commune de rivière. {Perça jiuviatilis ^ L.) La perclie commune, le plus connu de tous les acanllioptërygiens de nos climats, est en même temps l'un de nos meilleurs et de nos plus beaux poissons d'eau douce. L'ëclat doré de ses flancs, le vert-brun de son dos, les six ou sept bandes foncées qui se détachent sur l'une et l'autre couleur, la marque noire de sa première dorsale, enfin la belle teinte rouge de ses ventrales et de son anale, la font distinguer dans les eaux claires qu'elle habite de préférence, surtout lorsqu'un beau soleil fait briller et contraster davantage les teintes diverses dont elle est ornée. Les Grecs la connaissaient bien, et lui don- naient déjà le nom qu'elle porte aujourdhui; car c'est évidemment le ^ts^kj?, dont Aristote^ dit qu'il dépose ses œufs en longs cordons , comme la grenouille, parmi les joncs et les herbes des lacs et des étangs. Mais ce nom de tts^kj^, comme celui àeper- 1. Ces noms , tant le générique que le spécifique , ont été consen'és par la plupart des méthodistes, et ils étaient même employés avant Linn?eus par les ichtjologistes qui n'avaient pas encore songé à établir la nomenclature binaire. '2. Hisl. anivi., l.VI, c. i4. CHAP. I. PERCHES PROPREMENT DITES. 21 ca, se prenait aussi dans une acception moins restreinte, et d'après ce que Pline\ Oppien^, Athénée ^, et en quelques endroits Aristote lui-même, disent des poissons qui le por- taient, on ne peut douter qu'il n'y en ait eu de marins dans le nombre, ainsi que nous le montrerons plus en détail quand nous en serons à l'article des serrans. Ausone , cependant , a ramené ce nom à son acception primitive, lorsqu'il a dit que, parmi les poissons de rivière , la perche seule peut être comparée, pour le goût, aux pois- sons de mer, et même aux surmulets.'^ Depuis lors le sens n'en a plus varié, et même c'est ce nom plus ou moins altéré qui sert encore à désigner la perche dans plu- sieurs langues d'origine latine ^ et teutouique. ^ 1. Hist. nat., 1, IX, c. i6. — 2. Halieut. , 1. I, v. 124. — 3. Deipnos., l.VU, p. Sig. 4. Nec te delicias mensarum perça sileho , Amnigenos inter pisces dignande marinis y Solus puniceis facilis contendere mullis : Nam neque gustus iners; solidoque in corpore partes Segmentis coeuni , sed dissociantur arîstis. (Auson., Mosell. , v. ii5 et seq.) 5. Persega, en ilaïien' ; pesce persico^ dans quelques cantons^ peisxe persio, en portugais; perça, persico, en espagnol. 6. Barsch , bersig, en allemand; perch, en anglais; baars, en hollandais. Les noms provinciaux allemands varient beaucoup : 1. A Rome on la nomme cernai selon Bélon. 22 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. La perche est répandue dans toute l'Eu- rope tempérée , et dans une grande partie de l'Asie. On la trouve depuis l'Italie jusqu'en Suède. Il y en a beaucoup dans la Grande- Bretagne. Quelques îles de la mer du Nord paraissent seules en être dépourvues : elle n'est point mentionnée dans la Faune des Orcades ni dans celle du Groenland. On en pèche, suivant Pallas^ et Georgi^ dans toute la Russie d Europe et d'Asie, et les rivières qui se jettent dans la mer Gla- harsch et perschke en Prusse; bars, stochhaarsch , en Poméranie; herstling, perschling, warschieger, en Aulriche; biirstel, en Ba- vière. En Suisse on la nomme heuerling à l'âge d'un an ; egle oïl elden , à deux ans; stichllng, à trois, et heeling ou hersig, à quatre. En Lorraine, la perche s'appelle hirlin, ce qui est une corruption de heuerling. En suédois on l'appelle abhorre, et en danois abborn. J'ignore l'étjmologie de ces mots. En russe elle se nomme okun, et sur le Don tscekames; assaris , chez les Lettes ; ahren , en Estonie; ahrena , en Finlande; woshon et sitter, en Laponie ; wrentcnsa , en Hongrie. Pallas donne la liste de ses noms dans tous les dialectes de l'Asie septentrionale: olabuga chez les Tartares; mœchiganija, chez les Persans et les Buchares; alyssar , chez les Jakutes;yoA/jf^, chez les Permiens; jusch, chez les Votiakes; sumra et symir, chez les Vogules; chirlekos et ulangi, chez lesTschuwasches; chonshan- chull , chez les Osliakes de Bérésow; iœii, vers l'embouchure de rOb ; ton et fo chez les Samoïèdes ; schyrgy, chez les Calmouques; alagani, chez les Burètes ;y'<;A:o, chez les Tonguses. En japonais on l'appelle Soi; en arménien, kisil ganam. 1. Zoograph. rossic, t. III, p. 248. — 2. Description de l'em- pire russe, III. "^ partie, t. 7, p. 1924. CHAP. I. PERCHES PROPREMENT DITES. 25 ciale, dans la mer Baltique, dans la mer Noire et dans la mer Caspienne, en nourris- sent toutes également. La mer Caspienne elle- même en possède, dit-on, qui n'en sortent qu'au printemps pour remonter les fleuves. Pallas remarque cependant qu'il ne s'en trouve ni dans la Lena, ni dans les rivières plus orien- tales. Enfin, nous verrons dans la suite que, si elle n'existe pas dans l'Amérique septen- trionale, elle y est représentée par des pois- sons qui lui ressemblent tellement, que beau- coup de naturalistes pourraient les en croire de simples variétés. Les lacs, les ruisseaux d'eau vive et les ri- vières, lui servent indifféremment de demeu- res; mais elle remonte plutôt vers les sources c£u'elle ne descend vers les embouchures. Elle évite les approclies de l'eau salée ' ; elle ne se tient pas non plus volontiers à une grande profondeur, et c'est d'ordinaire à deux ou trois pieds sous l'eau qu'on est le plus sûr 1. Pallas remarque cependant, Zoogr. ross. , p. 248, qu'au temps du frai, en Février et Mars, la perche et le brochet se tiennent volontiers dans un golfe de la mer Caspienne, nommé le golfe amer , et ^ restent à trente yerstes de l'embouchure du Terek, et qu'ils évitent de remonter dans ce fleuve, quoiqu'il ne soit pas rapide et que l'on j voie des sandres et plusieurs cjprins. 24 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. de la prendre : les joncs, les roseaux, l'attirent volontiers, surtout quand elle est au moment de déposer son frai. En hiver cependant elle descend davantage. Ses habitudes ne sont pas très-sociables. Même lorsquil y en a en nombre dans un étang ou dans une rivière , chacune a son allure à part, et elles ne forment pas de gran- des troupes, comme font d'autres poissons. C'est en quelque sorte par bonds qu'elle nage : dans une eau tranquille, on la voit rester long-tenq)s presque immobile, puis se porter tout d un coup et avec une grande rapidité à quelque distance , pour y reprendre sa pre- mière immobilité. Elle s'élance rarement hors de l'eau, et ne vient guère à la surface que dans le temps chaud , lorsqu'elle peut saisir beaucoup de cousins ou de leurs larves. Elle se nourrit en général de vers, d'insectes qui nagent ou qui volent sur l'eau , de petits crus- tacés, de petits poissons, et comme sa vora- cité est extrême, elle ne met pas toujours dans le choix de sa proie les précautions néces- saires : ainsi, l'épinoche lui donne souvent la mort, parce que, redressant ses épines au moment où la perche veut l'avaler, elle les enfonce dans son palais ou dans son gosier: les salamandres , les petites couleuvres , les CHAP. I. PERCHES PROPREMENT DITES, 25 jeunes grenouilles, lui servent aussi d'alimens, et M. de Lacépède assure même qu'elle se jette avec avidité sur de jeunes rats d'eau. ^ La perche fraie dès l'âge de trois ans, et lorsqu'elle peut avoir six pouces de longueurj mais on ne sait pas combien d'années elle peut mettre à atteindre toute sa croissance. Dans nos environs elle ne passe guère quinze à dix-huit pouces, et atteint rarement deux pieds : son poids est alors de trois à quatre livres. Il en est de même dans le lac de Ge- nève, selon M. Jurine. Au dire de Pennant^, on en a pris une de neuf livres dans la ri- vière serpentine de Hyde-Parck, à Londres; mais c'est sur le rapport d'autrui que cet au- teur Favance. Quant à la tête haute de deux empans, que l'on aurait conservée dans l'église de Lula, en Laponie, selon Schejfer^ c'était sans doute celle de quelque autre espèce, probablement de notre sébaste du Nord, qui a été souvent désignée sous le nom de perche de nier. Dans la Seine, c'est toujours le mois d'Avril qui est l'époque de son frai. Bloch assure qu'en Brandebourg ce n'est que dans les eaux peu 1. T. IV, p. 4o6. 2. Brit. ZooL, t. III, p. 212. 3. Histoire de la Laponie, traduction française, p. 33o. 26 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. profondes qu'elle fraie si tôt, et que sa ponte est plus tardive , lorsqu'il y a plus de fond. La grosseur qu'acquiert en ce temps son ovaire, doit lui faire désirer vivement de se débarrasser de ce fardeau. Dans une perche de deux livres il pèse jusqu'à sept ou huit onces, et le nombre des œufs y va, selon Harmers\ à près de 281,006, et selon M. Pi- cot^, à près d'un milHon : cette différence peut tenir à l'âge. Les grandes et vieilles per- ches paraissent en contenir plus que les pe- tites, ce qui n'a rien d'étonnant, puisque les œufs des unes et des autres ont la même gran- deur: ils sont très-menus, et on les a com- parés à des grains de pavot. Lorsque le moment est venu de s'en dé- faire, la perche femelle se frotte contre des corps durs; on dit même qu'elle sait faire en- trer la pointe d'un jonc ou d'un roseau dans son oviducte, et attirer ainsi une partie du fluide glaireux qui enveloppe ses œuls. S'é- loignant alors par des mouvemens sinueux, elle file en quelque sorte ce fluide et l'a- longe en un long cordon semblable à ceux des œufs de grenouille, et qui a quelquefois 1. Cité par Bloch , d'après l'Encyclopédie allemande de Krûnitz^ t. Xm, p. 448. 2. Cité par M. de Lacépède, t. IV, p. 4o6. CHAP. I. PERCHES PROPREMENT DITES. 27 plus de six pieds, mais qui est replie sur lui- même en divers sens, de manière à former des réseaux ou des pelotons. Quand on l'ob- serve à la loupe, on trouve toujours quatre à cinq œufs réunis , par une pellicule , en une petite pelote sur laquelle s'appuie une autre pelote, de sorte que les œufs paraissent rap- proches dans des cellules carrées ou hexa- gonales. A Paris, les mâles sont beaucoup moins nombreux. C'est à peine, au dire des pécheurs, si l'on en prend un sur cinquante femelles, et peut-être arrive-t-il de là que beaucoup d'œufs ne sont pas fécondés, ce qui expli- querait pourquoi une espèce qui en produit tant n'est pas plus multipliée. Mais cette inéga- lité dans le nombre des individus de chaque sexe n'a pas lieu partout. 11 y a tant de mâ- les dans le lac de Harlem, qu'un certain vil- lage, nommé Lisse, est renommé par un mets que l'on y prépare avec des laitances de perches. Les pécheurs du Brandebourg prétendent que les troupes de perches ont toujours un conducteur, qui se reconnaît à ce que ses opercules sont dépouillés de leur épiderme et transparens, de sorte que Ton voit les ouïes au travers, et ils attribuent cette conforma- 28 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. tion à ce que cet individu est plus exposé que les autres à différens contacts. La perche est mieux armée que beaucoup d'autres poissons d'eau douce, contre les at- taques de ses ennemis. Pour peu qu'elle ait grandi, ses épines doivent effrayer les pois- sons voraces; aussi dit-on qu'alors le brochet même ne l'attaque plus, quoique les petites perches soient l'un des appâts qui l'attirent avec le plus de force. Les oiseaux d'eau, comme plongeons, har- les et canards, la redoutent moins, et lui font une chasse très-active. Elle craint aussi le ton- nerre et la gelëe , et elle a ses ennemis in- térieurs. M. Riidolphi * compte jusqu'à sept espèces de vers intestins qui vivent à ses dépens. Mais d'ailleurs sa vie est dure : Pen- nant nous dit que Ion peut la transporter dans de la paille sèche à soixante milles, et qu'elle survit à ce long voyage.^ On en apporte à Paris du fond du Bour- bonnais, c'est-à-dire de plus de soixante lieues, mais dans des bateaux à réservoirs pleins d'eau et par le canal de Briare. 1. Entozoorum synopsis, p. 777. Cucullanus elegans , ascaris truncatula, echinorhynchus angustatus , distoma tereticola , distoma nodulosum , distoma truncatum , ligula simplicissima. 2. Brit. ZooL, t. m, p. 212. CHAP. I. PERCHES PROPREMENT DITES. 29 Il arrive dans certaines circonstances que des perches prennent une sorte de bosse qui les rend monstrueuses. Linnaeus en cite de telles de Fahlun, en Suède, et Pennant, d'un lac du comté de Merioneth, dans le pays de Galles. Le propriétaire de ce lac, sir Wat- kin William Wynn, baronet, lord-lieutenant du comté , a bien voulu nous en envoyer quel- ques individus , que nous avons placés au Cabinet du Roi. A cette déformation près, qui est sans doute occasionée par la nature des eaux, ces perches bossues ne diffèrent point du reste de l'espèce. La chair de la perche est blanche, ferme, de bon goût et facile à digérer : les petites perches se mangent frites; plus grandes, on les fait cuire au court bouillon ou griller. Les Hollandais les aiment particulièrement cuites dans feau avec du persil; mets qu'ils appellent soupe au poisson. Les Lapons préparent avec la peau de la perche une colle de poisson, que l'on dit très-solide; à cet effet, ils la font macé- rer pour la dépouiller de ses écailles, et la cui- sent jusqu'à ce qu'elle ait pris la consistance d'une gelée, après quoi ils la laissent refroidir. On pourrait probablement en fabriquer de semblable avec la peau d'une infinité d'autres poissons. 50 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. On prend la perche au filet, à la tiuble, dans des nasses et surtout à Ihamecon : sa vo- racité et son peu de prudence font qu'elle se prend avec facilite, en amorçant la ligne avec un ver ou une patte d'écre visse : il faut avoir soin de ne pas donner plus de dix-huit pou- ces ou deux pieds de fond à la ligne, à cause de l'habitude qu'a ce poisson de s'enfoncer médiocrement. On dit que lorsqu'on prend la perche dans les filets, elle semble souvent morte, et demeure sans mouvement, ren- versée sur le dos ; mais elle reprend bientôt son premier état. Dans le lac de Genève % pendant l'hiver, saison où elle approche moins de la surface , il arrive quelquefois que si on pèche sur un fond de quarante à cinquante brasses, on en voit beaucoup flotter à la surface de l'eau avec l'estomac refoulé liors de la bouche, et elles périssent au bout de quelques jours, si Ton ne perce pas avec une épingle cette poche , qui est occasionée par la dilatation de l'air de la vessie natatoire j mais cet accident n'arrive point dans les lieux où les eaux ont moins de profondeur, et où fair de la vessie ne peut être autant comprimé. On dit qu'il suffit que la perche ait 1. Juriue, Histoire des poissons du lac Léman,, p. i54- CHAP. I. PERCHES PROPREMENT DITES. 31 été touchée par la corde avec laquelle on tire le filet, pour qu'elle éprouve ce renversement de l'estomac, et en effet il y a cause suffisante pour qu'il ait lieu, sitôt que la peur la déter- mine à monter trop rapidement vers la surface. Comme le fait remarquer M. Jurine, à cin- quante brasses, le poisson est sous le poids de plus de onze atmosphères; lorsque ce poids vient à cesser tout d'un coup, l'air se dilate plus vite qu'il ne peut être résorbé, et dans cette espèce, comme dans la plupart des acanthoptérygiens, il n'a point d'issue ouverte vers l'œsophage ou vers l'estomac. Description détaillée de l'extérieur de la Perche. Ce poisson a le corps un peu comprimé, verti- calement ovale, rétréci pour la tête, dont le museau est en pointe mousse, et pour la queue, qui est presque cylindrique. Sa plus grande hauteur au- dessus des ventrales est environ le tiers de sa lon- gueur , en y comprenant la caudale , et sa plus grande épaisseur le sixième. La longueur de sa tête, depuis le museau jusqu'à l'angle de l'opercule, fait les deux septièmes , et sa hauteur à l'endroit de rœil un septième. Le dos et le ventre sont obtus dans toute leur longueur. La nuque descend par une ligne d'abord un peu convexe , et qui devient un peu con- cave pour former le front , lequel est presque plan 32 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. et assez large; ensuite le museau reprend un peu de convexité. Les mâchoires sont à peu près éga- les , et l'ouverture de la gueule ne fait guère plus du quart de la longueur de la tête. L'œil est au-dessus de la commissure , presque à la hauteur du front , un peu plus voisin du museau que des ouïes, rond, et d'un diamètre qui est à peu près le sixième de la longueur de la tète; l'intervalle des yeux est double de leur diamètre. Le maxillaire, presque droit, grêle dans le haut, s'élargit vers le bas, et y est coupé carrément; les intermaxillaires sont minces, les lèvres simples, peu charnues, surtout celle d'en haut; la mâchoire su- périeure est peu protractile; l'inférieure a ses bran- ches à peu près horizontales, et creusées chacune de quatre fossettes peu profondes. Les dents forment sur les intermaxillaires et les mandibulaires une large bande de fm velours, qui se rétrécit en arrière. Der- rière les intermaxillaires est un large voile membra- neux, qui forme une valvule dirigée vers l'intérieur de la bouche, et derrière ce voile, l'extrémité du vomer fait une saillie au palais , dont la configura- tion est celle d'un rein, et qui est garnie d'une pe- tite plaque de dents en fin velours. De chaque côté le palatin porte une bande de dents pareilles, qui se dirige en arrière en se rétrécissant. Le milieu du palais est lisse, ainsi que la langue, qui est grande, saillante , charnue , et a sa pointe obtuse retenue par un frein vertical. Les pharyngiens supérieurs forment de chaque côté trois plaques ovales, et les inférieurs de chaque côté une oblongue pointue en arrière ; CHAP. I. PERCHES PROPREMENT DITES. 53 toutes couvertes de dents en velours. Chaque arc branchial est garni d'une double rangée de petits tubercules , hérissés aussi de dents en velours ; la rangée antérieure du premier arc s'alonge un peu en forme de dents de râteau. Le premier sous-orbitaire est à peu près lisse, et n'a que quelques dentelures à peine visibles à son bord inférieur, vers l'arrière- elles disparaissent même tout-à-fait dans quelques individus: il ne couvre que l'intervalle qui est- en avant entre l'œil et la mâchoire; au-dessus de son bord frontal sont les deux orifices de la narine , assez rapprochés l'un de l'autre, et sous son angle antérieur, à la base du maxillaire, on voit une petite fossette aveugle; en arrière il se continue avec quelques autres osselets qui cernent l'orbite. Sur le crâne, lorsque la peau commence à se dessécher, on voit deux centres d'irradiations saillantes et irrégulières qui envoient chacun un rayon plus large, et ces deux rayons descendent parallèlement dans l'intervalle des yeux. La joue n'est pas cuirassée, mais revêtue de petites écailles. Le préopercule est rectangulaire, et a son angle arrondi; son limbe est sans écailles; son bord montant est finement dentelé à très-petites dents, qui disparaissent presque dans le haut; au bord inférieur elles sont plus grosses, et dirigées en avant; l'on y en compte cinq ou six au plus, qui vont en grossissant jusqu'à l'antérieure, qui est la plus forte. L'opercule a des écailles dans sa moitié supé- rieure seulement; sa surface offre de légères stries en rayons à peine visibles, surtout lorsque l'animal 2. 3 54 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. est frais : il se termine en pointe aiguë, sous laquelle son bord a quelques dentelures, et au-dessus de cette pointe est un petit lobe obtus. La pointe du subopercule se porte plus en arrière que celle de l'opercule, et est obtuse et très - mince ; son bord est finement dentelé à son tiers inférieur, ainsi que presque tout celui de finteropercule ; mais dans l'animal frais ces petites dentelures, recouvertes par l'épiderme, se voient difficilement. Presque toute la surface du subopercule est écailleuse, mais l'inter- opercule manque d'écaillés, ainsi que les nageoires, le sous-orbitaire et tout le dessus de la tête. Les ouïes sont bien fendues, et jusque; sous le milieu de la mâchoire inférieure, la membrane de la gorge, qui est lisse et charnue, étant échancrée à cet effet. Les deux membranes des ouïes sont très à découvert; leurs extrémités antérieures se croisent un peu l'une sur l'autre; il y a dans chacune sept rayons arqués et forts. Sur l'angle supérieur des ouïes se voit le premier os de l'épaule , ou le surscapulaire , sous forme d'une écaille plus giande que les autres, et dentelée en scie; le second, ou le scapulaire, également dentelé, continue le bord postérieur de leur fente, et l'hu- méral le complète; il forme au-dessus de la pecto- rale un angle saillant en arrière, à pointe obtuse et un peu dentelée. On compte environ soixante-dix écailles sur une ligne, depuis les ouïes jusqu'à la caudale, et il y en a trente du dos au ventre, à l'endroit le plus large. Toutes sont lisses, et ont le bord visible arrondi CHAP. I. PERCHES PROPREMENT DITES. 35 et garni de cils courts, fins et un peu rudes. Leur contour est plus large que long, et quand on les arrache, on voit que leur partie cachée s'élargit et est marquée dans son milieu de six rayons diver- gens, qui forment un éventail, et interceptent au bord postérieur cinq dentelures obtuses. La ligne latérale est à peu près parallèle à la ligne du dos, dont elle n'est distante vers le milieu du corps que du quart de la hauteur totale; à la queue, elle est à peu près au milieu de la hauteur. Elle se marque sur chaque écaille par une petite élevure et une petite impression oblique. La première dorsale commence sur le dos, vis- à-vis de la pointe de l'opercule; sa partie épineuse occupe un espace qui est le tiers de la longueur totale , non compris la caudale. Ses rayons , au nombre de quinzjg, sont tous forts et pointus, et peu différens en hauteur, excepté les derniers, et surtout le quinzième, qu'on voit à peine, si on ne le cherche; le plus élevé, qui est le cinquième, l'est des deux cinquièmes de la hauteur du corps au- dessous de lui. La membrane en est médiocrement forte , sans lambeaux ni autres divisions; elle se ter- mine précisément où commence la seconde dorsale (un peu plus avant que vis-à-vis de l'anus). Il y a des individus qui n'ont que treize rayons, et dans ce cas les deux dorsales sont plus éloignées l'une de l'autre. La deuxième dorsale s'élève à peu près autant que la première, mais elle est d'un tiers moins longue. Son premier rayon est épineux, grêle, et de moitié moins haut que le premier de ceux qui 56 LIVRE TROISIÈME. PERCO'lDES. le suivent. Tous ceux-ci, au nombre de treize, sont mous , articulés et branclius. Le plus élevé , qui est le troisième, ne l'est pas tout-à-fait autant que le cinquième des épineux. Quelques individus ont deux rayons épineux à la deuxième dorsale, et alors les deux dorsales se louchent tout-cà-foit. En arrière de cette deuxième dorsale , il reste sur la queue un espace sans nageoire, égal au sixième de la longueur totale. Cette partie, qui forme la queue proprement dite, n'a guère que le cinquième de la hauteur du corps. La nageoire caudale a son bord postérieur légè- rement rentré en arc; on voit quelques petites écailles entre les bases de ses rayons supérieurs et inférieurs ; en ne prenant que ceux qui s'étendent jusqu'au bord, on lui en compte dix-sept, tous branclius, excepté le premier et le dernier; mais à la base de ces deux-là il s'en trouve encore quelques petits. La longueur de cette caudale est le septième de la longueur totale. L'anus est sous le commencement de la première dorsale; sa distance à la caudale est double de sa distance au museau. La nageoire anale répond au milieu de la deuxième dorsale; elle est aussi haute, mais plus courte; elle a en avant deux rayons épineux et forts; ses deux pre- miers rayons mous sonL les plus longs, et lui donnent une coupe anguleuse : il y en a en tout huit mous, Jous articulés et branclius. La pectorale est ovale , assez faible , longue du sixième du total; ses rayons sont au nombre de qua- torze, dont les deux extrêmes sont les plus courts et CHAP. I. PERCHES PROPREMENT DITES. 57 les plus fliibles ; le premier et le deuxième sont sim- ples, quoiqu'articulés : tous les autres sont articulés et branchus. La ventrale est à peu près aussi longue que la pectorale, mais plus large, plus pointue; à cinq rayons mous plus branchus et plus épais, et un épineux à son bord externe, assez fort, d'un tiers plus court que les mous. L'insertion des ventrales se fliit sous les pectorales, mais un peu plus en arrière que la leur. Il n'y a point entre ni au-dessus d'elles, d'écaillés de formes particulières. On peut donc exprimer les nombres des rayons de la perche par cette formule : B.l; D. 15 — 1/13; A. 2/8; C. 17; P. 14; V. 1/5. Le fond de la couleur de la perche est un jaune doré (à peu près celui du laiton), tirant un peu sur le verdàtre , devenant un peu plus doré aux flancs , et d'un blanc presque mat sous tout le des- sous du corps. Le dos est d'un vert un peu plus noirâtre, et donne des bandes noirâtres qui descen- dent sur les côtés, où elles se perdent. On en compte cinq principales: la première sur la nuque, la seconde en arrière de la pectorale , la troisième entre les deux dorsales, la quatrième sous la deuxième, la cin- quième sur la queue ; mais il y en a souvent six, et quelquefois sept, huit, et même davantage, selon quelques auteurs. Il arrive d'autres fois qu'au lieu de bandes verticales on voit du noirâtre répandu comme par nuages sur une partie du flanc. Le dessus de la tête est d'un noirâtre plus foncé que le dos. L'iris est d'un brun doré , et le cristallin paraît au travers de la pupille comme une topaze , à cause de 38 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. la couleur de la cornée transparente. La première dorsale est grise, ou tirant un peu sur le violet, et a une grande tache noire enlre ses douzième, treizième et quatorzième rayons; quelquefois elle a des nunges noirâtres en plusieurs endroits. La deuxième lire sur le jaune veidàtre, ou bien elle a quelquefois du noirâtre sur sa membrane et du jaunâtre sur ses rayons. La pectorale est jaune- rougeâtre et transparente. Les ventrales et l'anale sont du plus beau rouge de minium ou de vermil- lon, ainsi que le bord inférieur et postérieur de la caudale. Le reste de cette dernière est d'un rouge plus foncé, teint même de noirâtre vers sa base. Il y a du blanc à l'épine et au bord interne des ven- trales, et à la base de l'anale. Quelquefois le rouge des nageoires est pâle, ou même elles ne sont pas colorées; ce qui, selon M. Jurine, dépend du sol où la perche a vécu et des alimens qu'elle a pris. Description des viscères de la Perche. A l'ouverture de l'abdomen d'une femelle pleine, l'ovaire se présente presque seul; la dernière partie du canal intestinal marche à son côté gauche; en avant est le foie, placé obliquement de droite à gauche. Parallèlement à son bord on voit d'un côté un des cœcum et les deux premières parties de l'intes- tin. Plus profondément est un deuxième cœcum, et ensuite l'estomac, dont la pointe se montre à gauche derrière l'extrémité du foie. L'intestin tient à un long mésentère, et de sa face opposée pend une membrane CIIAP. I. PERCHES PROPREMENT DITES. 39 épiploïque et graisseuse. Une rate oblongue, longue de neuf à dix lignes, d'un rouge foncé, est suspendue entre les deux premières parties de l'intestin. L'œsophage est cylindrique, serré, et à parois très-épaisses et charnues; il conduit sans rétrécisse- ment dans un estomac également cylindrique , épais , terminé par un fond obtus, et renforcé de chaque côté par une bande longitudinale musculaire, sen- sible à l'extérieur. La veloutée forme en dedans six ou huit plis longitudinaux et saillans, qui régnent depuis le pharynx jusqu'au fond. Au milieu de la longueur commune de l'œso- phage et de l'estomac, sort la branche de ce dernier, qui va au pylore, et dans laquelle se voient aussi des plis intérieurs. Un pli transversal fait l'office de val- vule du pylore , et immédiatement derrière sont les orifices des trois cœcum. Ceux-ci sont longs chacun d'un peu plus d'un pouce. L'intestin ne fait qu'un repli vers le milieu de la longueur de l'abdomen , revient alors sur lui- même près du pylore, et retourne ensuite directe- ment vers l'anus. L'intérieur des cœcum est garni d'une villosité en forme de petits lambeaux, nombreux et serrés. La première partie de l'intestin a ses parois un peu plus épaisses , et garnies d'une villosité semblable ; ensuite il s'amincit, sa villosité devient moins apparente, et se réduit enfin à un simple restau de la lame in- terne, à petites mailles serrées. A deux pouces de l'anus est une valvule circulaire, large, mince, et dont les bords sont frangés et dirigés vers l'anus. 40 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. Le foie, placé immédiatement derrière le dia- phragme et au-dessous de l'estomac, a sa partie droite courte et arrondie; la gauche est oblongue, et se porte en arrière, jusque vers le tiers de l'ab- domen. Ses lobes ne sont point séparés par une échancrure; sa couleur est rougeâtre, et l'on voit de belles ramifications vasculaires à sa surface. La vési- cule du fiel est assez grande, et le canal cholédoque s'insère tout près de l'entrée du cœcum inférieur. Il n'y a qu'un ovaire très-grand, de forme ovale, dont les lames intérieures sont environ au nombre de vingt. La vessie natatoire est très-grande, et occupe toute la longueur et la largeur de l'abdomen, au- dessus des intestins ; et l'on ne comprend pas com- ment Bloch et Gmelin ont pu en contester l'exis- tence. Ses parois sont transparentes, minces et peu robustes; on voit à sa face inférieure, au travers de ses parois, des groupes de pinceaux rouges, au nombre de trois de chaque côté, à chacun desquels se rend un rameau d'une branche de l'artère céliaque. Le mésentère est formé d'un repli du péritoine qui couvre le devant de la vessie. Il n'y a aucune communication de la vessie avec le canal intestinal. Les reins occupent, dans toute la longueur de l'abdomen, des deux côtés de fépine, une bande lobée à son bord externe, qui se rétrécit en arrière, s'é- largit en avant, et donne derrière le diaphragme, de chaque côté, un lobe ovale de six lignes pendant en arrière, dont celui de gauche s'unit à celui de droite par une bande transversale. Ils sont très-rouges, très- CH.4P. I. PERCHES PROPREMENT DITES. 41 vasculeux. Les uretères sont droits, argentés, et sor- tent de leur pointe postérieure. Ils aboutissent au bas de la vessie urinaire, qui est en forme de sac, placée au-dessus de la fin de l'ovaire. Les laitances du maie sont doubles, et remplies d'une liqueur du plus beau blanc. Le coeur est en pyramide trièdre, la pointe dirigée en arrière; l'oreillette placée au-dessus de lui, et très- profondément divisée en- trois lobes principaux; le bulbe de l'aorte en avant, à parois très-épaisses. Il y a deux valvules à l'entrée de la veine cave, deux à celle du ventricule, deux à celle de l'aorte, toutes semi- lunaires. Les colonnes charnues de l'inté- rieur de l'aorte ne forment point de valvules à leur sommet. Dans le cerveau, les lobes antérieurs sont di- visés en deux parties par un sillon transverse ; l'an- térieure est la plus petite; la postérieure est moitié aussi grande que le lobe creux. Les cornes d'Am- mon se distinguent sur toute la longueur du lobe creux; les petits tubercules internes sont divisés en quatre par un sillon iransverse; les lobes infé- rieurs sont considérables , ovales , égalant à peu près la moitié des lobes creux. Le cervelet est en forme de bonnet phrygien , gros , médiocrement alongé, obtus; les tubercules derrière lui sont fort petits , à peine sensibles. Le nerf olfactif est divisé en deux; l'optique est très-gros, et croisé très-près de son origine. Dans loeil, la cornée transparente est teinte d'un beau jaune de topaze; le cercle formé autour d'elle 42 LIVBE TROISIÈME. PERCOÏDES. par la cornée opaque est d'un jaune doré teint de noir. L'iris est argenté, mais paraît doré à cause de la teinte de la cornée; le cristallin est parfaitement glo- buleux et transparent, retenu par une petite pro- duction ou repli de la clioroide, couverte de rétine qui s'avance dans l'épaisseur de la face antérieure du vitré, jusqu'à très-peu de distance du cristallin, et y tient sans doute par quelque lame transversale. La sclérotique est soutenue par deux lames demi- osseuses, plus dures que le reste de sa substance. Sa face interne est revêtue d'un tissu muqueux cou- leur d'argent ; la glande clioroidienne est en fer à cheval, grande, très-épaisse, d'un rouge irès-foncé; la clioroide est d'un noir très-profond , et partout la rétine la tapisse, et ne paraît pas faire de plis. Les grandes pierres de l'oreille sont en ellipse irré- gulière, de quatre lignes de long sur trois de large, concaves en dehors, convexes en dedans, avec un sillon profond à la face interne ; crénelées tout autour, avec une forte échancrure à l'extrémité antérieure. On trouve, dans les intestins, des échinorinques de cinq ou six lignes de long, tout blancs. Description du squelette de la Perche. Nous avons déjà vu à l'extérieur ce qui regarde l'ensemble de la forme , et les détails particuliers des dents, des pièces sous-orbilaires et operculaires, et des rayons des branchies et des nageoires. Le crâne est peu convexe, et couvert en dessus dans sa presque-totalité par les frontaux principaux. CHAP. I. PERCHES PROPREMENT DITES. 43 En avant est un petit etlimoide, qui a un corps com- primé et une lame supérieure obtuse ; à ses côtés sont les os nasaux , étroits, un peu échancrés en arrière; des deux côtés du frontal, en avant, sont les frontaux antérieurs, irrégulièrement triangulaires, percés cha- cun d'un trou pour le passage du nerf olfactif C'est dans la fosse entre le frontal antérieur, le nasal, l'ethmoide, le vomer et le premier sous- orbitaire, qu'est contenue la narine. Les pariétaux sont petits ; les crêtes du crâne n'a- vancent point sur la face supérieure, et sont de sim- ples apophyses de l'occiput. La crête mitoyenne, celle de l'occipital supérieur, est comprimée et triangulaire, sans s'élever au-dessus du niveau des frontaux ; elle s'unit par un fort ligament au premier interosseux. La latérale, donnée par l'occipital externe, est courte et plate; l'externe, celle du mastoïdien, est un peu plus pointue, sans être beaucoup plus longue. Le premier sous-orbitaire est grand, triangulaire, un peu curviligne; il en vient ensuite cinq autres, petits, qui complètent le cadre de l'orbite, le dernier se ratiachant au frontal postérieur. Il y a une seconde suite de trois ou quatre osselets sur la fourche que fait le premier os de l'épaule, pour se suspendre au. crâne. Tous ces petits os ont des parties élevées sous lesquelles pénètrent des pores ou de petits conduits. Les autres appareils de la tête n'ont rien de re- marquable que l'on ne puisse déjà juger par ce qui se montre à l'exlérieur. L'os impair et vertical de l'hyoïde est long, plus haut en arrière, et a son bord inférieur double en avant. Les trois os de 44 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. l'épaule sont dentelés dans leur partie au-dessus de la pectorale ; les os de lavant-bras ne forment qu'une seule table. Les coracoidiens descendent ver- ticalement; le supérieur est ovale, l'inférieur pointu. Les deux os du bassin forment ensemble un triangle isocèle un peu concave en dessous, dont les bords externes sont doubles, et le bord postérieur renflé, portant une pointe en avant et une autre en arrière, entre les deux nageoires. L'épine du dos a quarante-deux vertèbres, dont vingt-une sur la cavité abdominale, et les vingt- une autres à la queue; la dernière est dilatée ver- ticalement, pour porter les rayons de la caudale. Il y a vingt paires de côtes , qui commencent dès la première vertèbre. Les deux dernières vertèbres, sur l'abdomen, n'ont que des apophyses iransverses descendantes et dilatées. Les deux premières côtes sont simples; les douze suivantes sont fourchues, c'est-à-dire qu'elles ont chacune une petite côte ou une arête, adhérente vers le tiers ou le quart supé- rieur de leur face externe; les six ou sept premières côtes s'attachent au corps de la vertèbre. Petit à petit les apophyses transverses s'alongent, et les six ou huit dernières côtes ne tiennent qu'à leur extrémité. Les apophyses transverses de la dernière vertèbre de l'abdomen se soudent en une seule plaque, qui porte le premier interépineux de l'anale. Il y a sur toutes les vertèbres des apophyses épineuses, poin- tues, dirigées un peu obliquement en arrière. Les vertèbres de la queue en ont de semblables au- dessous. Le corps de chaque vertèbre a son milieu CHAP. I. PERCHES PROPREMENT DÎTES. 45 plus mince que ses extrémités, et le vide qui en résulte en dessous occupé par deux arêtes longitu- dinales; en avant de l'interépineux qui porte le pre- mier rayon de la première et même de la seconde dorsale, en est un qui n'en porte point. Des Poissons étrangers les plus iripprochés de la Perche commune, La Perche sans bandes, d'Italie. {Perça italica^ nob.) L'Italie produit en certains cantons une perche qui pourrait bien ne pas être une simple variété cle la nôtre. Elle n'a point de bandes noirâtres ; sa tête est un peu plus grande à proportion; les dentelures du bord inférieur de son préopercule sont plus fortes, plus aiguës et moins nombreuses, et sa deuxième dorsale est plus haute à proportion que dans la perche commune : sa hauteur égale sa longueur; dans la commune elle n'en fait que les deux tiers. D'ailleurs ce poisson ressemble entièrement, par l'ensemble et les détails , à la perche commune. Les individus que nous avons observés sont longs de neuf pouces. M. Savigny, à qui nous devons cette perche, assure que c'est la seule que l'on voie en cer- taines saisons sur les marchés de Bologne. 46 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. En attendant qu'il soit constaté si ses ca- ractères sont constaiis, et si elle diffère ou non par l'espèce de la perche à bandes, nous la nommerons perça italica. La Perche jaunâtre d'Amérique. {^Perca fiavescens , nob.)i C'est surtout i'Amëiique septentrionale qui est riche en perches fort voisines de celle de nos rivières. Il en a été envoyé une de New^-York, par M. Milbert, qu'il faut examiner de bien près pour ne pas la confondre avec la nôtre. M. Ri- chardson l'a aussi trouvée dans le lac Huron. Sa tête est un peu plus longue, son museau un peu plus pointu, son crâne un peu plus lisse, les dentelures inférieures de son préopercule un peu plus lines, et la tache noire de sa première dorsale plus étendue et moins nette: toutes différences, connue on voit, bien légères; mais ses bandes, le nombre de ses rayons, ses couleurs et tous ses autres détails sont les mêmes. D. 13—2/13; G. 17; A. 2/8; P. 15; V.1/5. Nos individus sont longs de sept pouces. Nous ne pouvons douter que ce ne soit 1. Bodianus flavescens , Mitch.^. Trans. de la soc. de New- York, CHAP. I. PERCHES PROPREMENT DITES. 47 la perche jaune ou hodianus fla^escens , de M. Mitchill. D'après une expérience faite par ce naturaliste, ce poisson serait aussi facile et aussi avantageux à transporter que notre perche d'Europe. La Perche a opercules grenus. {Perça serrato-granulata , nob.) Une autre espèce de New-York, envoyée également par M. Milbert, s'éloigne un peu davantage de la nôtre, bien qu'elle ait aussi ses formes et ses couleurs. Elle est plus épaisse; son crâne est plus large, et a des stries rayonnées et grenues; l'opercule est aussi granulé en rayons , et fortement den- telé à son bord inférieur; son lobe supérieur est comme effacé, mais sa pointe est fort aiguë. Dans quelques individus, le préopercule, sans dents sur les deux tiers de sa hauteur, n'en a que vers l'angle; dans d'autres il a des dentelures partout. Celles de son bord inférieur sont constamment plus fines et plus nombreuses qu'à l'espèce d'Europe. Le suboper- cule est dentelé sur les deux tiers de son bord. D. 14 — 2/13 et quelquefois 1/14; A. 2/7 ou 2/8; C. 17; P. 13 ; V. 15. Cette perche a les écailles à peu près lisses; ses couleurs sont encore peu différentes de celles de notre perche^ une teinte verdatre changeant en jau- 48 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. nâtre et en blanc sous le corps; sept larges bandes verticales noirâtres, qui se perdent vers le ventre; des ventrales rouges, une anale jaune, etc. : le noir de la première dorsale est nuageux et peu prononcé. Nos individus ont près d'un pied. La Perche a tète grenue. {Perça granulata, nob.) Il nous est venu du même pays , par MM. Milbert et Lesueur, une troisième es- pèce, dont les caractères sont plus marqués. A la vérité, par ses couleurs, par ses bandes, par le rouge de ses nageoires inférieures, elle ressemble encore extrêmement à la nôtre; mais ses dents du vomer sont plus fortes; les dentelures de son préoper- cule sont plus fines, surtout au bord inférieur; ses écailles ont les bords à peu près lisses, et son crâne est surtout rendu plus inégal par des grains saillans disposés en rayons sur ses pariétaux. Son opercule est faiblement strié et n'a que peu de dentelures. D. 15 — -2/13; A. 2/8; C. 17; P. 15; V. 1/5. Nos individus ont un pied et plus de longueur. Ces trois perches n'ont aussi qu'un ovaire unique. Elles seraient ceriaineinent confon- dues avec la nôtre, par un voyageur qui les observerait chacune isolement et sans pou- voir en faire, comme nous, un rapproche- ment et une comparaison immédiate. Cest CHAP. I. PERCHES PROPREMEMT DITES. 49 probablement d'après l'une d'elles que Forster avait cru pouvoir compter notre perche parmi les poissons américains. ^ On peut croire qu'habitant les eaux qui se jettent des montagnes bleues vers l'Atlan- tique, elles ne sont pas pour cela étrangères à celles qui se rendent dans les grands lacs, ni à ces lacs eux-mêmes, et même nous en avons la preuve pour la première ; mais il y a aussi dans ces lacs des perches différentes, dont nous avons dû deux espèces au zèle in- fatigable de MM. Milbert et Lesueur. La Perche a museau pointu. {Perça acuta, nob.) L'une de ces deux espèces vient du lac Ontaj'io. Elle est assez semblable à la perche jaunâtre j mais sa mâchoire inférieure est plus alongée à pro- portion, son museau plus pointu; elle a de fines dentelures au préopercule , et même à son bord in- férieur, et quelques-unes assez fortes à l'opercule, immédiatement au-dessous de sa pointe. On compte sur ses flancs sept bandes noiràires, qui descendent jusqu'au ventre, et dans leurs intervalles sept demi- bandes plus ou moins irrégulières, qui n'occupent 1. Schœpf, JSaturforsch. , t. XX, p. 17. 4 bO LIVRE TROISIÈME. PERCO'lDES. que la partie dorsale. La première dorsale n'a pas de tache noire; son dernier aiguillon et le premier de la seconde sont très-courts. D. 13 ou 14—2/14; A. 2/7; C. 17; P. 14; V. 1/5. Nos individus sont longs de huit pouces. La Perche grêle. {Perça gracilis ^ nob.) L'autre espèce vient du Slienkateles, petit lac de l'ëtat de Nevs^-Yoïk, dont les eaux tombent dans le lac Ontario, par la rivière Sënega. Elle ressemble aussi à la perche jaunâtre; mais la proportion de sa hauteur à sa longueur est moindre; la ligne de son profil est moins concave qu'aux pré- cédentes; ses bandes et ses demi-bandes sont moins inégales; elle n'a point de dentelures à l'opercule, et celles du préopercule sont très-fines. L'épine de sa seconde dorsale est extrêmement faible et courte. Le fond de sa couleur paraît avoir été d'un fauve doré; ses nageoires inférieures sont jaunes; la tache de sa première dorsale est petite. D. 12 _ 1/13; A. 2y8; C. 19; P. 12; V. 1/5. Les individus que nous en possédons ne sont longs que de quatre pouces. Nous la nommons perça giYicilis, à cause de son peu de li auteur. CHAP. I. PERCHES PROPREMENT DITES. 51 La PERciif: DE Plumier. {Perça Plumieri, nob.)^ Nous pensons qu'il faut encore joindre à ces perches des États-Unis un poisson des Antilles que nous n'avons pas vu, mais que tout nous annonce être du même groupe. C'est celui que, d'après un dessin de Plu- mier, Bloch a publie sous le nom de sciœna Plumieri, et que, d'après une copie peu exacte du même dessin, faite par Aabriet, M. de Lacépède a donné une seconde fois sous celui de cliéilodiptère cluysoptere. La figure originale montre une dentelure au prëopercule , une pointe à l'opercule et toutes les formes de la perche. Le fond de la couleur est blanchâtre, rayé lon- gitudinalement de quatre rubans jaunes, et traversé par huit bandes verticales noirâtres j les nageoires sont jaunes, excepté la première dorsale et la pec- torale, qui sont grises. L'anale a une épine longue et forte, de couleur noire j les deux rayons extrêmes de la caudale sont noirs aussi. 1. Chelo nîger ex auro et argenteo virgatus , Plumier, Aubriet: Sciœna Plumieri, Bl., pi. 5o6; Centropome Plumier, Lacép., t. W , p. 268, et Cliéilodiptère chrysoptère , id., t. III, p. 542, et pi. 23, 52 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. Nous ne pouvons pas en dire davantage, parce que nous savons par expérience que dans les dessins de Plumier les nombres des rayons sont marqués un peu au hasard, ce na- turaliste, d'ailleurs si attentif, ne s'étant pas douté que ces nombres deviendraient un jour des caractères importans. * La Perche ciliée. {Perça ciliataj K. et V. H.) Les Indes orientales produisent aussi des perches fort rapprochées de celle d'Europe. MM. Rulîl et Van-Hasselt en ont envoyé une au Musée des Pays-Bas, des eaux douces de Bantam, dans File de Java. Elle est assez semblable à la nôtre pour la forme ; son front est de même inégal par des rayons granu- leux qui partent de deux points centraux placés au-dessus des yeux. Sa couleur est verdàtre sur le dos, argentée sous le ventre; une teinte noirâtre règne au haut de sa deuxième dorsale et à chaque angle de sa caudale 3 mais elle n'a pas, comme la plupart des perches, une tache noire à sa première 1. Bloch a cru les voir comme il suit: D. 9—2/8; A. 2/7; C. 22; P. 13; V. 1/6. Je vois sur les dessins d'Aubriet: D. 9—2/7; A. 1/9. CHAP. I. PERCHES PROPREMENT DITES. 53 dorsale, et le nombre des rayons de cette nageoire est moindre que dans les autres espèces. Ses écailles, ciliées apparemment d'une manière plus sensible encore que dans les autres, l'ont fait nommer par les naturalistes qui l'ont découverte, perça ciliata. D. 9-1/11; A. 3/10; C. 17; P. 12; V. 1/5. L'individu est long de neuf pouces. La Perche a caudale bordée de noir. {Perça margmatay nob.) Feu Përon avait rapporté de son voyage une très -petite perche, remarquable parmi toutes les autres par le grand nombre des rayons de sa deuxième dorsale. Les individus n'ont que trois pouces et demi ; ils sont un peu plus alongés que la perche com- mune; leur sous-orbitaire est distinctement den- telé , ce qui les rapproche des varioles ; mais le préopercule n'a point de grosses dents , et est arrondi et finement dentelé tout autour. L'opercule osseux finit par une pointe et par un petit lobe au- dessus ; la caudale est fourchue et bordée de noir ; les autres nageoires sont grises. Tout le corps est argenté, un peu teint de verdâtre. D. 9 _ 1/n ; A. 3/10 ; C. n ; P. 17 ; V. 1/5. On ignore le lieu précis où ce poisson a été pris. ^ S4 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. La Perche a taches rouges. {Perça trutta, nob.) ^ C'est auprès de cette perche bordée que pa- raît devoir se placer le scicena trutta de Forster, que nous n'avons pas vu , mais dont nous avons le dessin copié de ceux de Banks, et dont Schneider a publié la description, p. 542. Sa forme est semblable , et ses nombres de rayons à peu près les mêmes que dans la perche bordée. D. 9/18 j A. 3/9 ; C. 20 (j compris sans doute les petits rajons) ; P. 16 5 V. 1/5. Son dos est bleuâtre, avec des bandes plus bleues, peu terminées, ondulées, descendant jusqu'à la ligne latérale; au-dessous de cette ligne sont semées sur un fond argenté des taches ovales d'un rouge doré^ la mâchoire inférieure est un peu plus longue que l'autre; les dents sont en velours : il y en a sur le de- vant du palais. Ce que l'auteur ajoute sur les opercules est obscur ; il les dit de cinq pièces et scabres à leurs bords; apparemment qu'il aura compté dans leur nom- bre le sous-orbitaire , ou peut-être le surscapulaire. On avait pris ce poisson près du détroit de Cook qui sépare les deux iles de la Nouvelle- Zélande, et on le trouva délicieux; les indi- gènes le nomment kaliavai. Sa taille n'est pas indiquée. 1. Sciœna trutta, Forst. ap. Bl. (Sclin.), p. 542. CHAP. II. BARS. Î>S CHAPITRE IL Des Bars {Lahrax). ' Nous n'ignorons point que Pallas a donné le nom de lahrax à un genre de poissons de la mer de Ramtsclîatka,reconnaissable à ce ca- ractère très-particulier d'avoir plusieurs lignes latérales 5 mais nous trouvons que c'est aussi par trop abuser de l'autorité que les modernes s'attribuent sur la nomenclature des anciens, que d'employer pour des poissons que les an- ciens ne peuvent avoir connus, le nom d'une des espèces qu'ils connaissaient le mieux et estimaient le plus, et dont ils parlent le plus souvent. Nous croyons donc juste de restituer le nom de lahrax au sous-genre qui comprend le véritable lahrax des Grecs, et qui se dis- tingue de celui des perches proprement dites par les écailles et les deux épines de son oper- cule, lapreté de sa langue, et d'autres traits, que nous expliquerons plus au long dans l'his- toire de sa première espèce. 1. Nous avons cru, pour plus de clarté, devoir donner un nom particulier à chaque sous-genre; mais ceux qui tiendraient à con- server la nomenclature des grands genres de Linnaeus, pourraient placer ce nom sous-générique entre deux parenthèses, comme Linnaeus l'a fait en quelques occasions, et dire, par exemple: Perça {labrax) lupus; Perça {labrax) Uneata , etc. S6 LIVRE TROISIÈME. PERCOlDES. Du Bar commun d'Europe, Autrement nommé Loup, ou Loubine. {Perça lahraoc , L. ; Labrax lupus, nob.)^ Si un naturaliste, accoutumé à juger des affinités des êtres d'après leur organisation et non d'après leurs couleurs, avait à désigner le poisson qui mérite le plus le nom de perche de mer^ ce serait au bar qu'il l'accorderait, bien plutôt qu'au serran^ auquel tant de modernes le donnent. L'ensemble et presque tous les détails de sa conformation rappellent la perche, et l'on en donnerait une idée assez juste en disant que c'est une grande perche alojigée et argentée. Néanmoins le bar a plusieurs caractères qui nous ont paru devoir en faire le type d'un groupe un peu différent de celui auquel préside la perche, tels que les écailles qui cou- vrent ses pièces operculaires; l'absence de den- telures à ses sous-orbitaires, à ses subopercules et à ses interopercules j la double pointe de ses opercules, et surtout les très-petites dents 1. Sciœna labrax, BI. , pi. 3ox, et Shaw, t. IV, 2/ part. , p. 534 ; Perça pimctata, Gmel.j Centropome loup, Lacép., t. IV j p. 267. CRAP. n. BARS. S7 serrées qui couvrent la plus grande partie de sa langue, et la font ressembler à une râpe. Sa grandeur , l'excellent goût de sa cliair , son abondance dans la Méditerranée, ont dû le rendre de tout temps un objet remarquable pour les peuples des côtes de cette mer; aussi s'accorde-t-on à penser que c'est le poisson qui déjà chez les Romains portait le nom de lupus, le même que les Grecs nommaient labrax. Que ces deux noms ne désignent qu'une seule espèce , c'est ce qui n'est pas douteux; car toutes les fois que Pline traduit un passage d'Aristote sur le lahraxj, c'est le mot de lupus qu'il em- ploie, et, quant à l'espèce que ces noms dési- gnent, on la conclut d'abord de ce que le bar a conservé sur beaucoup de côtes le nom de loupj ou des noms dérivés de celui-là; et ensuite de ce que le peu de traits descriptifs que les anciens rapportent de leur labrax ou de leur lupus, conviennent à notre loup d'au- jourd'hui, à notre bar, autant du moins qu'on peut l'exiger pour des descriptions faites à la manière des anciens. Selon Aristote, le labrax a des pectorales et des ventrales*, des écailles', des pierres dans 1. Hist. anim., 1. I, c. 5. — 2. IL , 1. VI, c. i3. 58 LIVRE TROISIÈME. PERCO'lDES. la téte^: lesquelles font qu'il craint le froid; il est ovipare^, et pond deux fois par an, mais sa deuxième ponte est plus faible^; il dépose ses œufs à l'embouchure des rivières"^; il vit de proie, et quelquefois d'algues^; sa chair est mauvaise quand il est plein ^j il a l'ouïe très-fine^, et toutefois on peut le per- cer d'un trident quand il est endormi ^5 en- fin , il appartient aux poissons qui vivent en troupes. A en croire Athënëe^, Aristote aurait encore dit que le lahrax a la langue osseuse, adhérente, et le cœur triangulaire; mais ce passage ne se trouve pas dans les ouvrages du grand philosophe qui nous sont restés. Le labrax était un des poissons les plus esti- més des Grecs. Hicesius, dans Athénée, le met au premier rang^°. Archestrate va jusqu'à appe- ler enfans des dieux les lahrax de Milet, ville où l'on en mangeait de fort grands, qui étaient attirés par le Gison, rivière ou petit lac dont l'eau douce s'écoulait dans la mer, et faisait un courant qu'ils aimaient à remonter.'^ 1. Hist. anim., I. VEI, c. 19. — 2. Ib., 1. VI, c. i3. — 3. Ib., 1. IVj c. 11, etl. VI, c. 19. — 4. Ib., 1. V, c. 10, et De part ib. anim. — 5. Ib., 1. VIII, c. 2. — 6. Ib.,\. VIU, c. 3o. — 7. Ib., 1. IV, c. 8. — 8. Ib., 1. IV, c. 10. — 9. L. VII, p. 3 10. 10. AUiénée, l.VII, p. 3io. — 11. Id.,ib., p. 3i 1 , etleSclio- liasle d'Aristophane, sur levers 56o des Chevaliers. CHAP. II. BARS. 59 Les Romains ne faisaient pas moins de cas de leur loup. Du temps d'Auguste, ce pois- son avait succédé pour la vogue à Tacipen- ser^; mais on n'y prisait pas également tous les loups : la mode en décidait. A certaines époques l'on préférait ceux des rivières^; à d'autres on en faisait peu de cas^, si ce n'est de ceux du Tibre, et particulièrement de ceux que Ion prenait dans Rome même entre les deux ponts 1 Ces loups d'entre les deux ponts étaient petits^ et tachetés^; par conséquent c'étaient, comme nous le verrons 1. Posiea prœcipuam auctoritatem fuisse lupo et asellis , Cor- nélius Nepos et Laberius poeta mimorum iradidere. (Pline, l.!X, c- 17-) 2. At in lupis, in amne capti prœferuntur. (Pline, 1. IX, c. 17.) 3. Erudiia palata docuit [Marcius P hilippus) fastidire fluvialem îupum , nisi quem Tiberis adçerso iorrente defatigasset. (Colum., 1. VIU, c. 16.) 4. Lupi pisces in Tiberi amne , inter duos pontes. (Pline, 1. IX, c. 54.) Et Titius , dans Macrobe, Saturn. , 1. III, c. 12 : Edimus honum piscem Iupum germanum qui inter duos pontes captus fuit. 5. Horace, Sat., 2, 1. II., v. 5i. Unde datum sentis lupus hic Tiberinus an alto Captus hiet ? Pontes ne inter jactatus an amnis Ostia sub thusci? Laudas insane trilïbrem Mullum., in singula quem minuas pulinenta necisse est. Ducit te species , video. Quo periinet ergo Proceros odisse lupos? quia scilicet illis Majorem, ruitura modum dédit; his brève pondus. Jejunus raro stomachus , vulgaria temnit. 6. Xenocrates, ap. Oribas. med. coll., I. II, c. 58. 00 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. dans la suite, les jeunes de l'espèce: mais les anciens ne paraissent pas avoir regardé ces taches comme seulement une marque de l'âge. Ils savaient déjà qu'au même âge il y a na- turellement des loups tachetés et d'autres qui ne le sont pas, et même Columelle veut qu'on préfère les derniers pour empoissonner les ri- vières. * On donnait aux meilleurs loups, à ceux dont la chair était blanche et tendre, l'épithète de laineux [laiiati)^, expression qui a embar- rassé quelques érudits, faute d'avoir fait atten- tion au passage oli Pline l'explique. "^ On attribuait au loup beaucoup de pru- dence et de soin de sa conservation : Aristo- phane l'appelait le plus fin de tous les pois- sons \ Selon Ovide , selon Pline , quand il est entouré de filets, il creuse le sable avec sa queue pour se frayer une issue; lorsqu'il est pris à rhameçon, il sait, en s'agitant, élar- 1. Tum etiam sine macula (nam sunt et varii) lupos inclu- demus. L. VIII, c. 16. 2. Luporum laudatissimi , qui vocantur lanati , a candore molli- iieque carnis. PJ., 1. IX, c. 54. 3. Vojez entre autjes les notes de Farnabius sur l'épigramme 89 du livre XIII de Martial. Laneus euganei lupus excipit ora Timavi JEquoreo dulces cum sale pastus aquas. 4. Jpud Athen.f 1. VU, p. 3ii. CH.4P. II. BARS. 61 gir sa plaie et se dégager ^ 5 cependant on disait qu'un ciustacé petit et faible, la cre- vette {cancer squilla, L.), lui donnait la mort en déchirant son palais avec la scie dont elle est armée, et même cette vengeance de la crevette contre le loup a fourni le sujet d'un bel épisode à Oppien ^ C'était une suite de la voracité de ce poisson, qualité qu'il portait, disait-on, au plus haut degré, et d'où lui ve- nait son nom de lahrax^, aussi bien que celui de loup. Nos modernes n'en savent pas tant que les anciens sur les habitudes du loup , ou plutôt ceux d'entre eux qui sont les plus ré- cens n'ont pas cru devoir faire entrer dans son histoire des détails qui ne reposent pro- bablement pas sur des observations bien sui- 1. Plin., 1. XXXII, c. 2 ; et Ovicl., Halieut., v. 25 — 26. Clausus rete lupus quamvis îmmanis et acer Dimoiis cauda submissus sidit arenis, Atque ubi jam transîre plagas persentit in auras Emicat atque dolos saltu diludit inultus, Et vers Sg — 42 : lupus acri concitus ira Discursu fertur vario fluctus que fer entes , Prosequitur quassatque caput , dum vulnere sœvus Laxato cadat hamus et or a patientia linquat. 2. Hal. , I. Il, V. 128 — i4o. La même histoire est racontée par Elien, 1. I, c. 5o. 3. KfiC^ct^ TTct^à TjiV AaC^c7«7=t5 Athén., 1. VU, p. 3 10. Oppien dit la même chose; Hal., II; v. i3o. 62 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. vies. Quant aux écrivains du seizième siècle, ils ont, suivant leur usage, copié servilement les anciens, et tellement mêlé ce qu'ils en ont emprunté avec ce qu'ils disent d'eux-mêmes, qu'on a peine à savoir s'ils ont donné quel- ques faits qui leur soient propres. C'est sur les bords de la Méditerranée que le loup a du être le mieux observé, puisqu'il y abonde partout et pendant toute l'année. Il y porte des noms généralement dérivés de celui de lupus \ Salvien a bien constaté que jeune il est le plus souvent ta- clieté de noir ou de brun, et qu'à un cer- tain âge il perd ces taches; ce que le té- moignage de Rondelet, de Willughby, et encore aujourd'hui celui de tous les pé- cheurs, confirme. Sa crainte du froid parait être véritable, et Rondelet assure que l'on en trouve souvent en hiver de morts dans les étangs; mais en physicien un peu j)lus éclairé que les anciens, au lieu de supposer, comme eux, que cette disposition tient aux pierres 1. En Espagne, lupo , mais aussi rohnlo; à Montpellier et à Marseille loup , et quand il est jeune, loupassou; à Nice, louvazzo; à Rome, lupasso , et plus communément spigola. Les Vénitiens l'appellent varolo , et brancin', et le jeune tacheté, baicoïo^; les Toscans, araneo ou ragno. 1. Martens, Voyage à Yeuise, t. II, p. 428. — ?.. Id., ih. CHAP. II. BARS. 65 qu'il a dans la tête ( les pierres de ses oreilles ) , il attribue cet effet à l'habitude du poisson de nager près de la surface. Le même auteur assure que le loup pond deux fois par an dans les étangs des environs de Montpellier; ce qui serait encore une confirmation d'une assertion d'Aristote. Les côtes méridionales de la mer Méditer- ranée possèdent aussi le loup : Sonnini assure que l'on en voit beaucoup sur la côte d'Egypte % et dit que les matelots marseillais qui fré- quentent ces parages, le nomment carousse. Mais il paraît en cela avoir confondu deux espèces, et sa figure est si mauvaise, que l'on ne sait pas bien si c'est le vrai bar qu'elle doit représenter. Ce qui est plus certain, c'est que M. Geoffroy a rapporté des mêmes pa- rages des bars tachetés, que les Arabes y nom- ment noct ou tache, à cause de leurs points noirs. Sur les côtes de l'Océan , le loup est moins répandu, et son histoire naturelle y est moins connue; cependant son nom l'y a suivi en quelques endroits : on l'appelle loup ou lou- bine dans plusieurs ports de la Guyenne et 1. Sonnini, Vojage dans la liaule et basse Ég_ypte, 1. 1^ p. 217, et pi. 3. 64 LIVRE TROISIÈME. PERCOIDES. de la Bretagne \ Il n'y est pas précisément un poisson de passage, et toutefois on en prend davantage à la fin de l'été et. au commence- ment de l'automne, quand il s'approche des côtes pour déposer ses œufs, choisissant pour cela les anses où il se jette quelque ruisseau d'eau douce. Ces poissons se ramassent dans les filets d'enceinte, quand la mer commence à baisser, et c'est ainsi que l'on en pèche en assez grand nombre sur nos côtes de Bre- tagne, mais principalement au midi de cette province. Plus au nord, et nommément sur les côtes de Normandie et à Paris, oii fou en vend assez souvent, il n'est guère connu que sous le nom de har ou de bars. M. le comte de Lacépède (t. IV, p. 27 1) dé- crit, d'après MM. Noël et Mézaise, de Rouen, sous le nom de centropoine mulet , un poisson commun à l'embouchure de la Seine depuis le solstice d'été jusqu'au commencement de l'au- tomne, qui, d'après tous les caractères que l'on en rapporte, est manifestement un bar^, dont les piquans des opercules n'auront pas 1. Vojez Duhamel, Pèches, IL* partie, sect. 6, p. i4»' On l'appelle aussi brigne et deligne. Le jeune tacheté s'appelle thiourre à Bajonne. 2. Notamment les neuf rajons de la première dorsale et les treize de la seconde. Voyez Lacép. , t. IV, p. 2 5i et 271. CHAP. II. BARS. 65 été remarques, parce qu'ils se voient mal sur le poisson frais. Ces deux observateurs, qui avaient peu de notions sur l'histoire naturelle scientifique , ont occasionë plusieurs erreurs semblables , et même dans cette occasion je crains quils n'aient joint l'histoire du vrai mulet, c'est-à-dire du muge, à la description du bar. Selon eux, ces centropomes mulets de la Seine ont des mouvemens vifs; leurs sauts les annoncent aux pécheurs : on en prend quelquefois jusqu'à cinq cents d'un coup de filet; toutes choses qui semblent bien se rap- porter à un muge plutôt qu'à un bar. Les Anglais nomment le bar hass, et les Gallois drœnog ou gannog^^ mais il paraît qu'ils en ont peu. Je ne le vois cité ni dans l'Histoire des poissons du Holstein de Schœ- nefeld, ni dans les Faunes de Danemarck, de Suède, des Orcades, ou de Groenland, ni dans l'Histoire naturelle de Livonie, de Fi- scher, ni dans celle de Russie, de Georgii. Ainsi il paraît qu'il s'avance très-peu dans la mer du Nord, qu'il ne pénètre point dans la Baltique, et que peut-être il ne dépasse la Manche que par accident ^. C'est appa- 1. Pennant, B>ii. zooL; in-8.°, t. III, p. 2i3 et 349' 2. Rarissime apudnos in mari septenirionali obvius, Gronov. Mus, , t. I, p. L\i , n," c)5. 2. 5 66 LIVRE TROISIÈME. PERCOIDES. remment ce qui a fait c[ue les éciivaias du Nord Font peu connu. Linnaeus l'avait nommé perça lahrax. On ne devinerait pas pourquoi Gmelin a changé ce nom en celui de punctata, si une compa- raison exacte des éditions ne faisait voir que, par une faute d'impression des plus grossières, il a joint au nom an perça punctata, qui était un poisson d'Amérique, l'article qui suivait dans Linnaeus, et qui appartenait au lahrax, en sorte que l'article de l'un et le nom de l'autre se sont trouvés supprimés. ^ Bloch ^ a transporté le labrax dans son genre des sciènes , parce qu'il assigne à ce genre pour caractère, d'avoir la tête écail- leuse; mais après en avoir donné, pi. 3oi, sous le nom de sciœna lahrax , une figure très- peu exacte, qui semblerait même avoir été faite d'après une espèce différente^, il le 1. Le Perça punclata, n." 4 de la la.*" édition , dont le nom a passé ainsi d'une façon ridicule au ^^/ca/a^rw^r, qui était le n." 5, est une sciène, la même qui reparaît dans M. de Lacépède sous le nom de diptérodon queue jaune ; ce qui n'empêche pas que M. de Lacépède n'ait laissé le nom de perça punctata parmi les sjno- njmes du labrax. 2. IX/ partie, p. 45, pi. 5oi. 3. Le préopercule j est représenté comme finement dentelé tout autour, et l'on n'j a pas marqué les épines de son bord inférieur, l'opercule yC^ a pas d'épine, etc. Il ne dit pas d'où il a tiré cette CHAP. II. BARS. 67 représente une seconde fois, pi. 3o2, plus cor- rectement , mais comme si c'était un autre poisson, et l'appelle alors sciœna diacantha; puis il donne le jeune, pi. 3o5, encore comme une espèce de plus, sous le nom de sciœna punctata^ sans faire la moindre remarque sur son identité avec le labrax, ni même nous dire s'il entend par .là représenter le perça punctata de Gmelin. L'ouvrage de Bloch fourmille de ces sortes d'erreurs, naturelles dans un homme qui tra- vaillait, loin de la mer, sur des échantillons mal conservés, et dont il ignorait le plus sou- vent forigine primitive ; et M. de Lacépède lui a accordé trop de confiance , lorsqu'il a inscrit ces trois espèces prétendues dans son Histoire des poissons.* Il y a une erreur encore plus forte dans la Zoographie de Pallas , où le nom de perça figure, et il ii'a pas été possible d'en retrouver rorlginal. A cause de l'égalité et de la petitesse des dentelures du préopercule , j'ai supposé un moment que c'était le carousse , dont nous parlerons plus bas; mais la forme de ses dorsales s'j oppose. Il vaut mieux croire que c'est un mauvais dessin. 1. Le sciœna labrax^ est devenu le centropome loup (t. IV, p. 267) , et les deux autres, la persèque diacanthe (t. IV, p. 4^8 ), et la persèque pointillée [ib.]. Mais il faut remarquer que le bar ayant toujours l'opercule terminé par deUx épines aiguës, ne peut être un centropome. 68 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. lahrax est donné à un poisson de la mer d'Azof que les Russes nomment sandre de mer. Non pas que je veuille nier que l'espèce du labrax n'existe dans ces parages ; mais il est certain que ce n'est pas elle que Pallas avait sous les yeux quand il a écrit cet ar- ticle; on le voit par la seule énumération des rayons dorsaux, treize épineux et douze mous, et par la continuité des deux dorsales.' Le bar devient grand; sa longueur la plus ordinaire est d'un pied et demi, mais il y en a souvent de deux pieds et l'on en voit quel- quefois de trois. On avait parlé à Duhamel de bars pesant trente livres, qui se prenaient à Noirmoutier; mais il soupçonne qu'on avait pris pour eux des maigres [sciœna iwibiYt), qui, en effet, leur ressemblent assez. M. de Martens nous assure qu'à Venise on prend quelquefois des bars du poids de vingt livres. Le corps du bar est un peu plus comprimé et plus alongé que celui de la perche. Son profil, depuis la dorsale jusqu'au bout du museau , est en ligne légèrement convexe ; il de- vient un peu concave sous la première dorsale, convexe sous la seconde, et reprend de nouveau une courbe un peu concave jusqu'à la queue. Le profil du ventre, depuis le bout du museau jusqu'à 1. Pall. Zoogr. rossic.f t. III, p. 243 , perça labrax. CHAP. II. BARS. G9 la fin de l'anale, est une ligne régulièrement et mo- dérément convexe. La nuque, le dos et le ventre sont assez arrondis transversalement ; mais la queue est plus comprimée. La plus grande hauteur du corps, un peu après les ventrales, est quatre fois et un cinquième de fois dans la longueur totale; la plus grande épaisseur y est neuf fois. La mâchoire inférieure dépasse un peu la supé- rieure, et l'ouverture de la bouche fait environ le tiers de la longueur de la tête, qui est à peu près aussi longue que le corps est haut. L'œil est au- dessus de la commissure. La distance du bout du museau au bord postérieur de l'orbite fait la moitié de la longueur de la léte. Son diamètre longitu- dinal fait à peu près le sixième de cette longueur, et est un peu supérieur au diamètre vertical. L'extrémité du maxillaire s'élargit, et est coupée carrément. Les lèvres sont simples, assez charnues. La mâchoire supérieure est peu protractile , et les branches de l'inférieure, moitié moins longues que la tête, sont creusées de deux petites fossettes lon- gitudinales. L'intermaxillaire ne dépasse pas par sa pointe les deux tiers du maxillaire. Il porte une bande de dents en cardes fortes et aiguës, qui va, en se rétrécis- sant, vers la commissure. Il y en a aussi une bande en chevron sur le bout du vomer, et une bande longitudinale sur chaque palatin. Les palatins sont courts. On observe un groupe de dents plus fines et en velours de chaque côté de la langue, et un 70 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. autre groupe en écusson ovale et longitudinal sur sa base. La pointe de la langue est rude au loucher. Le voile membraneux, qui est derrière les inter- maxillaires, est petit et étroit. Le premier sous-orbitaire est grand, assez lisse, triangulaire , et a ses bords entiers. Une suite d'au- tres petits os se joignent à lui pour entourer l'orbite. Au-dessus du bord frontal de ce sous-orbitaire sont les deux ouvertures delà narine, rondes, à peu près égales, situées sur une même ligne, et rapprochées l'une de l'autre. Sous l'angle de la base antérieure du maxillaire est une petite fossette aveugle. La joue est revêtue de petites écailles. Le préopercule est grand- son bord montant est mince, vertical et finement dentelé; mais vers son angle, qui est arrondi, il porte des dentelures un peu plus fortes, dirigées en rayonnant, et dont la dernière ou les deux dernières sont de vraies petites épines. Son bord inférieur est un peu oblique et a trois épines fortes, dirigées obliquement en avant, bien écartées l'une de l'autre, et dont une et quel- quefois deux sont tronquées ou fourchues au bout , surtout dans les vieux individus. L'opercule est tout couvert d'écaillés ; il est trian- gulaire, d'un tiers plus haut que long; son bord membraneux est très- petit et très -mince. A son angle postérieur il y a deux épines fortes et apla- ties en pointe mousse; l'inférieure est un peu plus grande. Le sous-opercule et l'interopercule sont écail- CHAP. II. BARS. 71 leux, de forme alongée; ils n'ont ni dentelures ni épines. L'ouverture des ouies est très-fendue ; la mem- brane qui les recouvre est soutenue par sept rayons arqués , dont le plus élevé est plus large que les autres. Le surscapulaire est petit, oblong, un peu arqué, arrondi en arrière; ses bords sont entiers. Le scapulaire est long, étroit et entier. Lhuméral est arrondi au-dessus des pectorales et à peine dentelé. La distance du bout du museau à la première dorsale est plus de trois fois dans la longueur totale. La longueur de cette dorsale fait les trois quarts de celle de la tête, et la hauteur en est un peu plus du tiers. Elle a neuf rayons épineux, de force mé- diocre, dont le quatrième et le cinquième sont les plus longs; le premier est le plus court. La seconde dorsale est contiguë à la première par sa base. Elle a treize rayons , dont le premier est épineux et de moitié plus court que le troisième, qui est le plus long. Tous les autres rayons sont branchus; ils diminuent graduellement jusqu'au der- nier, qui est un tant soit peu plus court que le rayon épineux. Cette seconde dorsale est d'un tiers moins longue que la première ; mais elle est plus haute d'un cinquième. La longueur de l'intervalle entre la lin de la deuxième dorsale et la caudale, est cinq fois et demi dans la longueur totale , et ce même intervalle , me- suré depuis la fin de l'anale , est six fois deux tiers dans la même longueur totale. 72 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. La distance du bout du museau à l'anus est égale à deux fois et deux tiers la hauteur du corps. L'anus est gros , un peu saillant. L'anale naît très- près de lui ; sa longueur et sa hauteur sont égales entre elles et du neuvième de la longueur totale. Elle a trois rayons épineux , dont le premier fait le tiers du troisième, qui est le plus long. Celui-ci n'est pas la moitié du premier des rayons branchus ; qui sont au nombre de onze. Le bord de cette na- geoire est légèrement arqué. La portion de queue derrière la dorsale et l'anale est comprimée ; son épaisseur fait la moitié de sa hauteur, et celle-ci à peu près la moitié de sa lon- gueur. Elle entame la caudale par une ligne arrondie. Celte nageoire est un peu fourchue. Son lobe supé- rieur le plus long fait le sixième de la longueur totale. Elle a dix-sept rayons, dont les deux extrêmes sont sans branches. Leur base est toute couverte d'écaillés, qui s'étendent ensuite par petites bandes longitudi- nales sur la membrane qui réunit les rayons. La pectorale est petite et n'égale que la moitié de la hauteur du corps. Sa base est couverte de petites écailles; mais il n'y en a point dans l'aisselle. Elle a seize rayons, dont le premier est plus court que les autres et non branchu. Les ventrales sont attachées un peu plus en arrière que les pectorales , mais plus en avant que la première dorsale; elles sont presque égales aux pectorales, et ont cinq rayons branchus et au bord externe une épine forte, mais plus courte de moitié que les autres rayons. Leur aisselle est nue , et il n'y a pas d'écaillés parliculières CH.4P. II. BARS. 73 entre leurs bases. Ainsi les nombres de rayons du bar peuvent s'exprimer comme il suit : B. 7;D. 9—1/12; A. 3/11; C. H; P. 16; V. 1/5. On compte environ soixante -dix écailles dans une ligne longitudinale depuis l'épaule jusqu'à la caudale, et environ vingt-trois dans la hauteur. Elles sont pentagones, et les deux plus petits côtés forment leur bord libre, qui est très-mince, comme membra- neux , et paraît à la loupe finement dentelé ; les deux côtés latéraux sont lisses, et le bord radical est den- telé. La surface de ces écailles est finement grenue sur la partie nue, striée en haut et en bas sur la partie cachée, au milieu de laquelle on voit des rayons qui vont en éventail du centre à tout le bord radical. La ligne latérale naît à l'angle de l'os mastoïdien, descend un peu jusqu'au milieu de la première dor- sale, se fléchit un peu en cet endroit, et se porte ensuite droit à la caudale, en traversant la queue dans son milieu : elle naît un peu au-dessous du quart supérieur de la hauteur, et se marque par une suite de points alongés, relevés et contigus sur chaque écaille. Le bar a le dos gris, à reflets d'un bleu d'acier argenté; les flancs ont leurs reflets bleus plus pâles et les argentés plus vifs , et le ventre est d'un beau blanc d'argent. Chaque écaille est marquée d'un gros point argenté, ce qui dessine, le long du corps, une vingtaine de chapelets longitudinaux plus éclatans que le fond. Sur le dos, des suites étroites de petits traits noirâtres forment quatre lignes au-dessous de la 74 LIVRE TROSIÈME. PERCOÏDES. première dorsale, trois au-dessous de la seconde , et deux sur la queue. La première dorsale est d'un gris pâle 5 la seconde, la caudale et l'anale, d'un gris plus foncé 5 les pectorales , comme la première dorsale et les ventrales, sont blanches; mais peut-être ces dernières ont -elles , dans le poisson entièrement frais , quelques teintes plus ou moins rougeàtres : le bout de la mâchoire inférieure est gris -noir. L'iris de Toeil est d'un beau blanc d'argent. Tels sont les grands bars, de deux pieds et au-delà; mais on en trouve de petits jusqu'à un pied de longueur, qui ont le dos couvert de taches brunes ou noirâtres, petites et peu régulières, mais assez serrées, et une grande tache noirâtre à l'opercule à l'endroit de léchan- crure : il y a aussi quelques petites taches sur les bords des dorsales. Les formes de ces petits bars et les nombres de leurs rayons sont en tout les mêmes que dans les grands, et l'opinion unanime des pécheurs est que cette différence tient à rage. Cependant il doit y en avoir encore une autre cause; nous avons des bars autant et plus petits qui n'ont aucune de ces taches, et dont le dos tout entier est argenté. On nous en a envoyé de la Rochelle, de Brest et de Granville, les uns longs de six pouces, d'autres de trois seulement; et nous en avons reçu des mêmes lieux de tachetés qui avaient dix pouces, CHAP. II. BARS. 75 un pied et davantage : et même , ce qui au reste est fort rare , M. Bâillon nous a envoyé d'Abbeville un individu long de trois pieds qui était encore tacheté. Autant qu'il nous est possible d'en juger d'après quelques observa- tions, ce sont surtout les femelles qui ont des taches, et les mâles qui n'en ont point. Le foie du bar est placé en travers , petit et n'oc- cupe pas même, au côté gauche, où il est plus con- sidérable , plus du quart ou du cinquième de la longueur de l'abdomen. La vésicule du fiel adhère à la face concave de sa partie droite , elle est grande. Le canal cholédoque part du haut de la vésicule , se porte vers la gauche , et après avoir reçu cinq ou six vaisseaux hépatiques différens, il s'insère dans l'intestin entre les appendices cécales. Le cul-de-sac de l'estomac descend jusqu'au milieu de la longueur de l'abdomen. Sa partie antérieure est très -large et a de nombreux replis; le fond se termine en pointe obtuse; la branche qui va au pylore est à droite près du cardia ; le pylore a un étranglement et une valvule dont le bord interne est dentelé; les appendices cécales sont au nombre de cinq, trois d'un côté, deux de l'autre, et assez lon- gues. L'intestin ne fait que deux replis : sa première portion est la plus large ; ensuite il diminue et con- serve jusqu'à l'anus un diamètre qui est à peu près la moitié du premier; tout son intérieur est garni de lames longitudinales et festonnées de la veloutée, qui, dans le commencement, sont extraordinaire- 7Q LIVRE TROISIÈME. PERCo'lDES. ment saillantes , et qui diminuent ensuite par degrés de manière à n'être plus que des plis ordinaires. Vers le tiers antérieur de la troisième portion est la valvule du rectum, dentelée, et, ce qui est ex- traordinaire, nous l'avons vue dirigée vers l'intestin et non vers l'anus. La rate est petite, de forme oblongue, attachée au mésentère non loin de la pointe de l'estomac^ elle est d'un rouge noirâtre. La vessie aérienne est simple, grande, s'étend depuis la face concave du foie jusqu'auprès de l'anus. Sa première membrane propre est d'un beau blanc mat, épaisse, mais facile à déchirer; la seconde est mince et nacrée. Vers sa partie supérieure et anté- rieure, on voit au dedans un corps glandulaire rou- geâtre qui occupe en longueur près du tiers de la vessie , et en largeur un peu plus de moitié de sa circonférence. Les ovaires forment deux sacs ovoïdes, alongés, qui occupent à peu près la moitié de la longueur de l'abdomen. Ouverts, ils présentent un sac garni d'une multitude de lamelles petites et serrées l'une auprès de l'autre, et qui portent dans leur épaisseur des œufs aussi petits que de la graine de pavot. Les reins sont rougeàtres, étroits et placés le long de l'épine dans toute la longueur de l'abdo- men, depuis le diaphragme jusqu'à la pointe de la vessie natatoire. La vessie est petite, ses parois assez fortes. Le squelette du bar diffère assez de celui de la perche. Son crâne est moins large, le limbe de son CHAP. II. BARS. 77 preopercule l'est davantage. On ne lui compte que vingt-six vertèbres : le premier interépineux de l'anale est suspendu à la quatorzième j les deux précédentes ont leurs apophyses transverses réunies en anneaux; mais elles portent encore des côtes, en sorte qu'il y a treize paires de côtes généralement larges et tran- chantes, et dont la troisième et les suivantes jusqu'à la septième sont fourchues. Il y a trois osselets interépineux sans rayons entre le crâne et la pre- mière dorsale, dont les deux premiers rayons ont un osselet commun, adhérant à la quatrième ver- tèbre. Je ne parle pas des différences qui peuvent se juger par l'extérieur , comme les aiguillons et les dentelures des os de la tête , etc. Des Poissons ét/^angers qui ont rapport au Bar, Le Bar alongé, ou Carousse des matelots provençaux. {Perça elongata, Geoffr.) Nous avons vu que les côtes de l'Egypte et les embouchures du Nil nourrissent des bars, et Sonnini en a déjà fait mention; mais il ne paraît pas avoir songe à en distinguer les espèces, et il leur donne indistinctement le nom de carousse. M. Geoffroy Saint-Hilaire a été plus attentif; il représente trois de ces 78 LIVRE TROISIÈME. PERCOIDES. poissons dans le grand ouvrage sur l'Egypte, et les nomme, le premier (Zool. , poissons, pi. 19, fig. 1), perche aloii^ée, perça elon- gataj le second (pi. 20, fig. 2), perche nocte, perça punctata; le troisième (pi. 20, fig. 3), perche sinueuse, perça sinuosa. D'après lexa- men soigneux que nous en avons fait sur na- ture, la sinueuse ne nous paraît point différer du bar commun, ni la nocte du bar tacheté. A la vérité, les figures rendent mal les dente- lures du préopercule, et pourraient induire en erreur; mais nous nous sommes assuré que ce n'est qu'un effet de la négligence du dessinateur. Il n'en est pas de même de l'espèce nom- mée alongée, nous l'avons vue parmi les pois- sons que M. Ehrenberg a rapportés du cabinet de Berlin, et c'est bien une espèce à part. Elle se distingue par sa dorsale plus basse et qui occupe un plus long espace sur le dos; par son opercule plus long, relativement à sa hauteur; par des dentelures plus fines et plus nombreuses au bord inférieur de son préopercule; enfin, par une épine de moins à l'anale. D. 9 — 2/12; A. 2/10. Les pécheurs de Damiette ne confondent point cette espèce avec leur noct, et c'est elle qu'ils nomment charuscli, d'où nos matelots marseillais ont dérivé le nom de carousse. CHAP. II. BARS. 79 Le Bar ra\é, ou Rock-fish des États-Unis. {Labrax lineatus j nob.) ^ Notre bar ne paraît pas exister sur les côtes de l'Amérique septentrionale, bien qu'aucun obstacle ne semble l'empêcher de s'y rendre, si ce n'est l'étendue de la haute mer qui les sépare de nous; mais il y est représenté par un pois- son qui lui ressemble pour la forme, qui l'égale au moins par le goût , et qui le surpasse en grandeur et en beauté. C'est le bar rayé ou stripecl-bass des An- glo-Américains qu'ils appellent aussi rock-jîsh ou poisson de roche. Son nom de bar rayé exprime les sept ou huit lignes noires ou noi- râtres qui régnent sur un fond d'argent tout du long de chacun de ses côtés depuis la tête jusqu'à la queue. C'est un des poissons les plus communs sur les côtes de l'État de New-York. On l'y voit à chaque marché en grand nombre, surtout pen- dant l'hiver, et il y en a de toutes les tailles, depuis une once jusqu'à soixante-et-dix livres. C'est aussi un des poissons les plus savoureux 1. Perça saxatilis , Bl., Sclin., p. 8g, et Perça septentrionalisf id. , p. 90 et pi. 20 ; Sciœna îineata, Bl. , pi. 5o4; Centropome rayé ^ Lacép., t. IV, p. 255. 80 LIVRE TROISIÈME. PERCOIDES. et les plus délicats que l'on mange dans le pays. Ordinairement il se tient dans l'eau salée, mais il remonte dans les rivières au printemps pour frayer , en hiver pour trouver de l'abri. Il prend aisément l'hameçon: les en fans même en pèchent de petits tout autour de la ville de New- York. Leur plus grande alïluence est vers l'automne, lorsqu'ils se réfugient dans les baies et les marais, où ils passent l'hiver, et les pécheurs y en font pendant cette saison d'énor- mes captures, dont ils apportent les produits gelés au marché. C'est alors aussi qu'on prend les plus gros; mais M. Mitchill dit en avoir vu, dès le commencement d'Octobre, plusieurs qui pesaient chacun jusqu'à cinquante livres. *S"cAce/?f n'avait pas manqué de décrire un poisson si remarquable. Il en parle assez au long dans son Mémoire sur les poissons de New-York^, et c'est d'après sa description que Schneider a établi son perça saxatilis dans le Système posthume de Bloch ^ ; mais il l'y représentait en même temps, pi. XX, sous le nom àe perça septentrionalis^ sans s'aper- cevoir que c'est le même poisson; il ne remar- quait pas non plus que le sciœna lineata de 1. Écrits delà société des naturalistes de Berlin, t. VIII, 5/ cah. p. i6o. — 2, ScïiQtiàQT, Sy st. pisc. Bloch. CHAP. II. BARS. 81 Bloclî, pi. 3o45 n'est encore que ce même bar rayé, mais que Bloch donne comme venant de la Méditerranée; erreur semblable à une multitude d'autres qu'il a commises en décri- vant des poissons achetés par lui à des ventes de cabinets. Schneider considérait, au con- traire, ce sciœna lineata comme une variété du bar commun. C'est de ce poisson que M. de Lacépède (IV, 25o el 267 ) a fait son centîoponie rajé, bien que ce ne soit pas plus un centropome que le bar ordinaire. Le docteur Mitchill, savant naturaliste de New- York , dans l'histoire des poissons de sa patrie % a donné au har rayé son propre nom, et l'a appelé perça Mitchilliy ne se dou- tant point apparemment qu'il avait déjà été publié et même multiplié, comme je viens de le dire, par les naturalistes de ce côté-ci de l'Atlantique. Nous en faisons la remarque, afin que le perça Mitchilli ne figure pas incessam- ment dans quelque catalogue de nomencla- ture comme une quatrième espèce. Le bar rayé aueint jusqu'à trois pieds et plus de longueur. Il a la tête un peu plus longue et le museau un peu plus aigu que notre bar d'Europe ; 1. Trans. de la soc. de New-York, t. I, p. 4i3, 2. 6 2 LIVRE TROISIÈME. PERCOlDES. ses dents aux mâchoires sont un peu plus fortes à proportion; les bandes que forment celles des os pa- latins sont plus longues et plus étroites ; sa langue n'a d'aspérités que sur les côtés. Son opercule a les mêaies deux pointes que le bar ; mais son préoper- cule n'a point, comme dans le bar, de grosses dents obliques à son bord inférieur; il est partout dentelé finement; vers l'angle les dentelures deviennent un peu plus grosses, et en dessous elles s'effacent pres- que tout-à-fait en se dirigeant en arrière. Il me semble que ses nageoires verticales sont aussi plus courtes et plus hautes ; l'intervalle entre ses deux dorsales est tout aussi sensible : du reste , il res- semble au bar en tout point , si ce n'est les huit ou neuf bandes noires de chaque côté, qui carac- térisent le bar rayé. La quatrième répond à la ligne latérale; la neuvième finit d'ordinaire vers le com- mencement de l'anale; mais il y a, à cet égard, des variétés. Il y en a aussi pour la teinte, qui varie, selon les saisons, du noir au brun roussâtre. Le fond de la couleur est brunâtre sur le dos, gris argenté sur les flancs, blanc argenté sous le ventre. Les nageoires verticales paraissent avoir été grises ou brunes; mais les ventrales pourraient avoir été jaunes. Je ne trouve pas de renseignemens à ce su- jet dans les auteurs, et je ne peux me hasarder à indiquer les couleurs d'après le sec. Je trouve aux nageoires les nombres suivans : première dorsale, neuf rayons épineux; seconde, un épineux , douze mous ; anale , trois épineux , onze mous; caudale, dix -sept mous; pectorales. CHAP. II. BARS. 85 quinze mous; ventrales, un épineux , cinq mous. Ce sont les mêmes qu'au bar. D. 9—1/1-2; A. 3/11; C. 11; P. 15; V. 1/5. J'ai aussi comparé le squelette et les intestins du bar ï-ayé à ceux du bar ordinaire , sans y trouver de différences importantes qui ne soient déjà annon- cées à l'extérieur. Les crêtes transverses de l'occiput y forment seulement sur le crâne un triangle plus prononcé. he Bar de Waigiou. {Lahrax TVaigiensis , nob.) MM. Lesson et Garnot ont rapporte de Wai- giou une nouvelle espèce de bar, plus courte que la notre, et qui égale au moins la perche en hauteur et en épaisseur proportionnelles. Son museau est pointu et un peu concave en des- sus; son œil grand; des écailles descendent jusques entre les yeux; mais il n'y en a point sur son mu- seau, ses mâchoires, ni ses lèvres; le sous-orbitaire n'a aucune dentelure ; mais il y en a de très-fines au bord montant du préopercule , dont l'angle est armé d'une épine assez forte. Son bord inférieur est élargi par une membrane et n'a ni dents ni dentelures. L'opercule osseux n'a qu'une seule pointe presque cachée dans sa membrane. Il y a cinq ou six petites dentelures à l'os surscapulaire et deux à l'angle de l'huméral. Des dents en velours ras garnissent les 84 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. deux mâchoires, le chevron du vomer, les palatins et un petit disque ovale à la base de la langue. Les deux dorsales se touchent, quoique séparées jusqu'au dos. La première est triangulaire, sa troi- sième épine est la plus haute; toutes sont fortes. La deuxième dorsale est arrondie en arrière, ainsi que l'anale, qui est de moitié moins longue, mais un peu plus haute. La caudale est aussi arrondie. Les écailles sont larges, lisses ; leur bord , à peine visiblement cilié, est mou et comme membraneux ; elles sont à peu près aussi larges que longues, et ont de huit à douze cré- nelures à leur base. On en compte quarante-cinq de- puis l'ouïe jusqu'aux petites de la caudale, et dix-huit sur une ligne verticale : il y en a beaucoup de ces petites sur les nageoires verticales molles. La ligne latérale est plus près du dos dans son commence- ment que dans le reste de sa course; elle est mar- quée par des tubes simples, et règne jusqu'au bout de la caudale. Les pectorales sont petites; les ven- trales sortent un peu plus en arrière et les dépas- sent d'un tiers. B. 7j D. 7 — 1/13; A. 3/9; C. H; P. 16; V. 1/5. Ce poisson est à peu près de la couleur d'une carpe; d'un gris doré; des lignes brunâtres suivent le milieu des écailles de chaque rangée longitudi- nale. Notre individu est long de neuf pouces et haut de deux et trois quarts. CHAP. II. BARS. 85 Le Bar du Japon. ( Labrax japonicus , nob. ) Les mers du Japon possèdent aussi un bai- bien caractérisé, qui en a été rapporté par M. de Langsdorf. Son préopercule a cinq petites épines recourbées en avant, dont trois à l'angle et deux seulement au bord inférieur. Les dentelures du bord montant sont excessivement fines. L'épine supérieure de l'opercule est très -obtuse : sa première dorsale a onze rayons, et elle s'élève beaucoup plus que dans le bar d'Eu- rope; car son quatrième et son cinquième rayon, qui sont les plus élevés , ont les trois quarts de la hauteur du corps : la deuxième a treize ou quatorze rayons mous. L'anale a aussi la deuxième et la troi- sième épine bien plus longues qu'à notre bar ; elles égalent presque celles de la première dorsale et les premiers rayons mous. Ceux-ci sont au nombre de huit. D. 11—1/13 ou 14; A. 3/8 ; C. H ; P. 16; V. 1/5. L'individu que nous décrivons, et qui appartient au Musée de l'université de Berlin , est long de onze pouces. Il paraît encore sur son dos quelques restes de taches ; mais ce qui le caractérise principalement sous le rapport de la couleur, c'est que la membrane de sa première dorsale a dans les intervalles des rayons des taches rondes et brunes. Il y en a aussi, mais de moins nettes , sur la deuxième. La mem- 86 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. brane de la caudale est brune; le reste du corps, autant qu'on en peut juger à l'état sec, paraît avoir été argenté. Le nom japonais de ce poisson est susuki. Le PETIT Bar d'Amérique, (Labrax mucronatus , nob.) L'Amérique possède aussi un bar sans lignes ni bandes noires. Ce poisson ressemble davantage, par son port, à la perche qu'au bar d'Europe; il est même un peu plus haut et plus épais que la perche; sa tête est plus petite ; ses dorsales sont plus hautes et se touchent par le bas; ses écailles sont assez grandes et plus lisses qu'aux autres bars; elles régnent sur toutes ses pièces operculaires et même sur ses os maxil- laires, sur son crâne et entre ses yeux; mais il n'y en a point sur le museau plus bas que les yeux, ni à la mâchoire inférieure. Sa nageoire anale a trois épines qui sont fortes, ainsi que celles du dos. L'é- pine de sa seconde dorsale est presque aussi longue que le premier rayon mou qui la suit. Le préoper- cule a tout autour une dentelure très-fine et à peu près égale; mais les autres pièces sont entières. L'o- percule a deux pointes. Les cotés de la langue sont âpres. Par tous ces détails il ressemble, comme on voit , au bar. Il lui ressemble aussi par les nombres des rayons : D. 9—1/12 ou 13; A. 3/9 ou 10, etc. CHAP. II. BARS. 87 Sa couleur paraît avoir été brunâtre en dessus et argentée sur les flancs et sous le ventre , sans bandes apparentes et sans tache noire à la dorsale. M. Lesueur vient de nous envoyer ce petit bar comme étant le perça mucronata décrit par M. Rafinesque dans le Monthfy-Ma- gazirij, tom. II, p. 2o5. Broussonnet en avait dans sa collection un individu venu de la Jamaïque. Il ressemblerait assez à la descrip- tion que donne Schœpf de son perça ame- ricana^y si ce n'est que, dans ce dernier, les écailles sont représentées comme ciliées, et que dans notre espèce il y a précisément moins d'apparence de dentelures que dans les autres. Ce poisson de Schœpf est celui qui porte simplement dans le pays le nom de perche sans addition. Il a le dessous de la tête, de la gorge et les ventrales rouges. Il vit dans les eaux saumâtres; on le prend surtout en hiver, époque où il y a peu d'autres poissons à la côte. 1. Dans le Naturforscher, t. XX, p. 17, et Écrits de la sociélé des naturalistes de Berlin, t. VIII, p. 169; le Perça americana, Schn. et Gmel. ; Persèque américaine, Lacép. . t. IV, p. 4 13. 88 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. CHAPITRE III. Des Varioles {Latès, nob.). C'est à peine si les poissons de ce sous-genre diffèrent des perches, et quoique M. de La- cëpède en ait rangé la principale espèce par- mi ses centropomes, ce qui dans sa méthode signifie qu'elle n'aurait point d'épine à l'oper- cule, elle a cette pièce aussi épineuse que la perche. Le sous-orbitaire des varioles est seu- lement dentelé d'une manière plus forte; leur préopercule a une épine à l'angle et de fortes dents au bord inférieur, et il y a des dente- lures très-marquées à leur humerai; leur pre- mière dorsale est plus haute et plus courte qu'aux perches et aux bars ; leur langue est lisse comme dans la perche. Ce sont, en général, de bons et grands pois- sons, qui habitent les rivières des pays chauds de l'ancien continent. Variole est le nom que les Francs donnent, en Egypte, à fespèce du Nil ; et Laths celui qu'elle paraît avoir porté du temps des anciens. CHAP. III. VARIOLES. S9 La Variole du Nil, nommée Keschr om Reschré par les Arabes. {Perça nilotica, L.j Latès niloticus, nob.) * Les Vénitiens nomment le bar dans leur dialecte varolo , probablement à cause des taches qu'il a dans sa jeunesse : et à 1 époque où leur commerce d'Egypte fleurissait et où ils avaient forme dans ce pays une espèce de co- lonie , ils ont transporté ce nom à un grand poisson du Nil nomme en araire kescJir, c'est-à- dire écaille, poisson qui ne se distingue en effet du har à l'extérieur que par des caractères peu apparens; savoir: des dentelures marquées au sous-orbitaire et quelques autres détails dans l'armure des opercules. C'est de ce nom de varolo que les Français établis en Egypte ont fait celui de variole. Prosper Alpin lui-même a supposé la variole identique avec le bar, et ne lui a consacré que quelques lignes, pour parler de la grosseur qu'elle acquiert, et que ce médecin dit égaler celle d'un veau. Cepen- dant il ne lui donne que soixante livres de 1. Perça nilotica, Gm., Bl. et Schn.; Centropome nilotique , Lacép. j t. lY; p. 278. 90 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. poids'. Paul Lucas est plus libéral, car il as- sure qu'il y eu a de trois cents livres'; mais au dire de Sonnini, s'il en existe encore d'aussi grosses, ce n'est que dans la haute Egypte : sur le bas Nil les varioles n'atteignent que la taille d'un thon ordinaire^. Un point sur lequel tous ces écrivains s'accordent, c'est que ce poisson est le meilleur de ceux du Nil, celui dont la chair est la plus savoureuse. Le holty [chromis mlotica^ nob.; labrus niloticus , L.) peut seul, à cet égard, lui être comparé. Hasselquist est le premier qui ait donné de ce keschr une description scientific|ue'^, et c'est d'après lui que ce poisson figure dans les auteurs systématiques sous le nom de perça nilotica. C'est, selon toute apparence, le latès ou le latos du Nil dont les anciens ont parlé; mais qu'ils paraissent avoir quelquefois con- fondu avec le maigre [sciœna uinbra, nob.). A la vérité, l'on n'a d'un peu explicite sur ce sujet qu'un passage d'Athénée, qui est assez difficile à entendre, et où après avoir dit, d'a- près Archestrate « que le fameux latos se pèche 1. Prosper Alpin, Rer. Mgypt., 1. IV, c. 2. — 2. Paul Lucas, Vojages faits en i 714, etc. , t. III, p. 197. — 3. Sonnini, Vojajjcs dans la haute et basse Egrple, t. II, p. 294- — 4. Hasselquist, Vojage, p. 359, \\° 83. CHAP. m. VARIOLES. 91 dans le détroit de Scylla, il ajoute: « les latos « qu'on trouve dans le Nil sont quelquefois « assez grands pour peser plus de deux cents « livres. Ce poisson est très-blanc et excel- « lent, de quelque manière qu'on l'accom- <, mode. " Jusqu'ici ces paroles pourraient s'entendre du maigre pour le latos de Scylia, et du keschr pour celui du Nil; et Rondelet ' qui ne connaissait pas le keschr, les rapporte uniquement au maigre : mais le passage finit d'une manière qui ne convient ni à l'un ni à l'autre. «Il ressemble, y est-il dit, au glanis « que l'on pèche dans le Danube. " Or ni le maigre ni le keschr ne ressemblent au glanisj et il faut que l'auteur dont Athènëe a em- prunté cet article, ait mêlé dans sa mémoire, avec le keschr, quelqu'un des grands silures , tels peut-être que rhétérobranche. Strabon, 1. XVII , nomme aussi un latès parmi les pois- sons du Nil, sans rien dire toutefois qui puisse en fixer l'espèce; mais ce qui suppléerait à tous les caractères, c'est que M. Geoffroy, qui a ob- servé souvent ce poisson et en a publié une excellente figure % nous assure qu'il porte en- 1. B.onde\Gt,y4guat.,l.Y, c. io,p. i35. 2. Grande Description de l'Egj^te, Hist. nal. des poissons du rsii, pi. IX, %. I. 92 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. core ce nom de latus ou latos dans la haute Egypte. Cette question ne serait pas entièrement indiffëiente, si, comme le ditStrabon, le latos a été lun des objets des superstitions des an- ciens Egyptiens, et si le nom de Latopolis^ donné par les Grecs à la ville de Sné ou Es- né, était, en effet, fonde sur un culte qu'elle aurait rendu à ce poisson. Malheureusement on n'a sur ce sujet que cette seule ligne de Strabon; et les beaux temples àEsné, si bien décrits dans le grand ouvrage sur l'Egypte, n'ont point offert de représentation qui pût confirmer le dire de ce géographe*. Il ne s'est pas non plus trouvé de keschr paimi les pois- sons momifiés que l'on a rapportés d'Egypte dans ces derniers temps. Tous les naturalistes ont admis, sans exa- men , sur le témoignage de Samuel-George Gmelin , l'existence du keschr dans la mer Cas- pienne , ce qui serait sans doute fort singu- lier : il aurait suffi de lire légèrement sa des- cription^, et de jeter un coup d'œil sur sa figure^, pour voir que Gmelin n'avait sous les 1. ChampoUion, l'Egypte sous les Pharaons, t. I.", p. 187. 2. Vojages de Samuel-George Gmelin, t. III, p. 244. — 3, Ib., pi. 25, fig. 3. CHAP. III. VARIOLES. 95 yeux qu'un gobie; mais beaucoup trop d'écri- vains aiment mieux copier les synonymes que de les vérifier. Le keschr tient en partie du bar , en partie de la perche : il a du bar, de moindres nombres de ver- tèbres à l'épine et de rayons aux dorsales , les écailles plus généralement étendues sur ses pièces opercu- laires, l'absence des dentelures au subopercule et à l'interopercule : mais il tient de la perche par sa langue lisse et sans âpreté, par l'épine unique de son opercule, et par les dentelures de son sous-orbi- taire. Celles-ci même sont beaucoup plus marquées qu'à la perche , et pourraient servir à en séparer le groupe auquel le keschr appartient. Sa forme est à peu près celle d'une perche; mais sa tête est plus longue et son museau plus pointu; sa mâchoire in- férieure avance un peu davantage ; il y a plus de renflement à sa nuque, et son chanfrein est plus uniformément concave. Son museau est nu jusqu'au- dessus des yeux; ses mâchoires le sont également; mais son crâne, ses joues et toutes ses pièces oper- culaires sont écailleuses. Le premier et le second sous - orbitaire sont dentelés en scie, ce qui forme une ligne longitudinale dentée qui, lorsque la bouche est fermée, couvre un peu le bord supérieur du maxil- laire. Le bord montant du préopercule est finement dentelé; à son angle est une grosse dent pointue di- rigée en arrière, et à son bord inférieur, qui est rec- tiligne, il y en a trois autres, également très-fortes et dirigées vers le bas, mais qui, dans le poisson 94 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. frais , sont en partie cachées dans la membrane. On en aperçoit quelquefois une quatrième en avant. L'opercule osseux se termine en une forte épine, sous laquelle passe, comme à l'ordinaire, son bord membraneux; elle est trop marquée pour qu'il soit possible de laisser ce poisson parmi les ceniro- pomes, où M. de Lacépède l'a placé. Il y a une très- fine dentelure au bord inférieur de l'opercule en avant; mais je n'en vois ni au sous -opercule ni à l'interopercule : au contraire , il y en a quatre ou cinq assez fortes à l'os surscapulaire , et cinq plus fortes encore à l'angle de l'huméral au-dessus de la pectorale. Il est cependant essentiel de remarquer que ces dentelures dans le kesclir , comme dans tous les autres poissons qui deviennent très-grands, s'effacent peu à peu avec l'âge , et qu'on aurait peine à en voir des restes dans les vieux indivi- dus; dans ceux de trois pieds, par exemple, elles ont déjà presque disparu. Les épines dorsales sont extrêmement fortes , surtout la troisième , qui est la plus longue. La seconde n'a pas le tiers de sa lon- gueur, et la première est très -courte; les cinq au- tres vont en diminuant graduellement, ce qui forme une nageoire triangulaire dont la membrane ne finit en arrière qu au pied de l'épine de la seconde dor- sale. Celles de l'anale sont aussi très-fortes, sans être très-longues. C'est la seconde qui est la plus grosse, et elle égale la troisième en longueur; mais les plus remarquables par leur grosseur, relativement aux autres épines, sont celles des ventrales, nageoires qui elles-mêmes sont d'une épaisseur notable. Toutes CHAP. m. VARIOLES. 9S ces épines sont comprimées, La nageoire caudale est arrondie ; elle a , ainsi que la seconde dorsale et l'anale , de petites écailles entre les bases de ses rayons. Les nombres des rayons sont : B. 7; D. 7 , et quelquefois 8—1/12 ; A. 3/8, et quelquefois 9^ C. 17; P. 15; V. 1/5. Les dents sont comme dans la perche j il n'y a point sur la langue l'àpreté qui distingue le bar, mais sa surface est lisse et molle, comme dans la perche. Les écailles sont légèrement rudes sur leurs bords. On en compte environ soixante sur une ligne lon- gitudinale, et vingt -deux sur une ligne verticale à l'endroit du corps le plus haut. La ligne latérale, à peu près parallèle au dos, dont elle est distante en avant du tiers de la hauteur, se marque par une tu- bulure longue et grêle sur chaque écaille. Tout le poisson est d'une couleur argentée un peu teinte de brun sur le dos. Son squelette, indépendamment des différences que l'on peut déjà apercevoir à l'extérieur , diffère de celui de la perche et de celui du bar , parce que cinq crêtes élevées et tranchantes régnent sur toute la longueur du crâne; parce que le crâne lui-même est plus comprimé, et parce que les interépineux, surtout les antérieurs, sont plus longs et plus forts, comme il convenait que cela fiit pour porter des épines dorsales plus robustes. Il n'y en a qu'un seul en avant qui ne porte point d'épine , et il est fort court. Le nombre des vertèbres est de vingt-cinq : le premier interépineux de l'anale est suspendu à la quatorzième. Je trouve onze paires de côtes. 96 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. Les intestins ressemblent à ceux du bar , plus qu'à ceux de la perche. Il y a cinq appendices cœ- cales assez longues, et une vessie natatoire grande, épaisse et argentée. La Variole des Indes, nommée Pèche-waire par les Français de Pondichérj^ et Cockup par les Anglais du Bengale. (Perça maximal Sonn. j Latès nohiliSj nob.) Les Indes orientales possèdent des poissons du sous-genre des varioles qui égalent le keschr par la grandeur et lui ressemblent beaucoup par les caractères. Il en est un que nos colons de Pondichëryp d'après les Portugais, appel- lent peclie-naire ^ ou poisson de prince. Feu Sonnerai, h qui nous en avons dû le premier individu, l'avait désigaé par le nom de perça maxima que nous lui aurions conserve , si notre distribution méthodique nous l'avait 1. Les Français de Pondichéry ont adopté plusieurs mots por- tugais, entre autres celui de pèc^e (peixe) , pour dire poisson; ainsi ils disent pèche-lait [scomberlaciarius) , pèche-bicoui {sillago acuta, ou sciœna malabarica de Schn.), pèche-madame [sillago domina, etc.). Pèche-naire veut dire que c'est un poisson digne d'être servi à une classe supérieure : à celle des naires ou guerriers ; ce qui paraît vrai de celte espèce, mais seulement lorsqu'elle n'a point passé une certaine taille. CH.4P. III. VARIOLES. 97 permis. Sa ressemblance avec le keschr est telle que, sans l'éloignement et le défaut de communication des fleuves qui les nourrissent, on serait tenté d'abord de les croire des va- riétés l'un de l'autre. Cependant à l'examen on trouve que le pèche-naire a la tête un peu plus courte et les écailles un peu plus giandes que le keschr; que le bord inférieur de son préopercule , au lieu de rester horizontal , monte obliquement en arrière , en sorte que son angle est obtus et non droit comme dans le keschr. Les dentelures de son humerai sont aussi un peu plus fines et leur nombre va jusqu'à six, et dans quelques individus jusqu'à dix et au-delà. Enfin, le troisième rayon de l'anale est de près du double plus long que le deuxième; mais les nombres de ses rayons et tous les autres détails de ses parties sont les mêmes. D. 7 ou 8 — 1/12 ; A. 3/8 ou 9, etc. M. Leschenault, qui nous a envoyé un fort bel individu de cette espèce, dit qu'elle est abondante aux embouchures des rivières , qu'elle atteint quatre pieds de longueur, que les indigènes de la côte de Coromandel la nomment kodouva. Il ajoute qu'on l'estime assez peu comme aliment. M. Russel, dans son Histoire des poissons de Visagapatam, donne, tome II, fig. i3i, un poisson qui me parait absolument le même 2. 7 98 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. quele pèche-naire , à quelques différences près dans les épines du préopercule, qui peuvent avoir été dessinées avec peu de soin. Il le dit argenté, ses pectorales d'un jaune pâle et les ventrales d'un jaune foncé. Les naturels de la côte dOrixa ï si])j)e[lent pandou-minou, et les Anglais de Calcutta cockup. C'est, ajoute- t-il, le meilleur poisson que l'on puisse servir dans cette ville. Il y parvient à trois pieds de longueur; mais ceux d'un pied et demi ou de deux sont d'un goût plus agréable. Il est plus rare à Visa^apatam , où on lui préfère d'au- tres poissons. Cette dernière remarque s'ac- corderait avec celle de M. Leschenault, sur le peu de cas que l'on en fait à la côte de Coromandel. M. Hamilton Buclianan, dans son Histoire des poissons du Gange, me paraît encore don- ner la même espèce sous le nom de coïus- vactiy qui, dit-il, est le cockup du commun des Anglais de Calcutta, et l'un des mets que l'on y estime le plus. Les différences que M. Buclianan a cru voir entre ce poisson et celui de Russel, ne viennent probablement que du dessinateur, qui, en effet, a négligé les épines du préopercule et les dentelures de l'huméral; mais peut-être seulement parce que l'épiderme les cachait dans lindividu CHAP. III. VARIOLES. 99 frais qui lui aura servi de sujet. Or ce vacti abonde à toutes les bouches du Gange ; il remonte aussi haut que le flux et entre avec lui dans les étangs et les marais. Les meilleurs sont ceux que l'on prend dans l'eau salée et qui ont à peu près deux pieds. On en pèche , souvent qui ont jusqu'à cinq pieds; mais alors ils sont de mauvais goût, et petits ils sont in- sipides. Ces détails, comme on voit, s'accor- dent avec ceux de M. Russel. Dans tous les cas, si ces deux poissons diffèrent l'un de l'autre et du pèche- naire, ce n'est que par une nou- velle comparaison faite directement que l'on pourra le constater. Nous avons au cabinet du Roi deux varioles venues de la mer des Indes et desséchées, qui ne nous paraissent point différer du pèche- naire. La plus petite, longue de six à sept pouces, n'a que six dentelures à son hume- rai; la plus grande, longue d'environ quinze pouces , en a jusqu'à dix , et parait avoir eu du brun sur le disque de chacune de ses écailles du dos et des flancs. M. de Lacépède (tome IV, p. 344 et 891) a réuni ces deux individus sous le nom diholocentre heptadac- tjle. C'est f épaisseur des ventrales, commune à toutes les varioles, qui lui a fait y compter dans ces deux poissons un rayon de plus qu'à 1 00 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. loi dinaire ; mais il n'y en a bien sûrement que cinq mous et un épineux. Le petit individu porte encore une éti- quette hollandaise kœl-kop {tête charnue), ce qui fait croire qu'il vient des Moluques. La Variole porte-éperon. (Latès calcarifer, nob.- Holocentrus calca- rifer, Bl., 244-) C'est bien sûrement aussi d'un poisson de ce sous-genre que Blocli, pi. 244? ^ ^^it son holocentrus calcarifer, et d'après les propor- tions de ses épines anales et le nombre des dentelures quil marque à Thuméral, ainsi que d'après les lignes brunes dont il le colore, nous aurions été disposé à croire que c'est le pèche-naire 5 mais , ayant examiné l'ori- ginal, nous avons trouvé qu'il a bien réelle- ment, comme le dit Bloch, dix rayons mous seulement à la deuxième dorsale , ce qui lui en fait deux de moins qu'au naire , et suffit, jusqu'à de plus amples renseignemens, pour le faire considérer comme une espèce à part. D. 1 — 1/10; A. 3/8. Bloch le croit originaire du Japon; mais CHAP. III. VARIOLES. '1 Oi peut-être ne venait- 1- il que de Java, comme plusieurs des poissons qu'il donne pour ja- ponais. ' 1. Nous aurons par la suite plusieurs occasions de prouver que Bloch , soit par ignorance, soit parce qu'il était trompé parles marchands hollandais dont il achetait des poissons, a presque tou« jours donné pour japonaises des espèces javanaises. 102 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. CHAPITRE IV. Des Centropomes. M. de Lacëpède a nomme centropomes, les perches à deux dorsales auxquelles il a donné pour caractère un opercule qui ne se termine pas en pointe. Nous en avons déta- ché les sandres, les aprons et les varioles, soit parce qu'ils ont réellement à cette partie de véritables aiguillons, soit pour d'autres motifs : il ne nous restera donc dans ce groupe que les espèces à dents, à préopercule et à dor- sales de perche, mais où l'opercule finit par une partie arrondie et mince, et même nous n'en connaissons qu'une seule. Le Centropome brochet de mer. (Centropomus undecimalis y nob.; Sciœna wide- cimalis , Bl., 3o5.) ^ C'est un poisson auquel Bloch, qui en avait reçu un individu de la Jamaïque, a donné, pi. 3o5 , le nom de sciœna undecimalis, à cause des onze rayons de sa seconde dorsale. 1. Centropome ondécimal, Lacép. ; Sphjrène orvert , ejusd. ; Per^ sèque loubine , ejusd.; Plaijcephalus undedmalis, Schn. ; Camuri , Pis. j Brochet de mer, PJumier. CHAP. IV. CENTROPOlvrES. 105 M. de Lacépède l'appelle centropome ondé- cimaly mais ce que ni Bloch ni M. de Lacé- pède n'ont dit, c'est que ce poisson est com- mun et de grande consommation dans toutes les parties chaudes de l'Amëiique. Il nous en est venu des colonies françaises, espagnoles et portugaises. Pison et Margrave en avaient déjà parlé, et M. de Lacépède lui-même, comme nous le verrons bientôt, l'a donné une seconde fois sous un autre nom. Les colons espagnols et français l'ont comparé tantôt au bar, tantôt au brochet. Son museau aplati horizontalement et la forme générale de son corps lui donnent, en effet, quel- que chose de la physionomie du brochet, auquel d'ailleurs il ne ressemble, en quoi que ce soit, par les détails ; car , pour tous ces détails , c'est du bar ou de la perche qu'il se rapproche. Sa plus grande hauteur, qui est vis-à-vis des ventrales, esta peu près cinq fois dans sa longueur totale : la longueur de sa tête y est un peu plus de trois fois , et l'épaisseur fait moitié de la hauteur; la queue diminue en hauteur et en épaisseur, et la caudale est presque aussi longue que la tête; mais les autres nageoires verticales sont courtes et hautes. Sa tête est étroite ; vue de côté , elle paraît proportionnellement pointue, surtout à cause de la proéminence de la mâchoire inférieure, qui saille en avant, presque comme dans la sphyrène : vu en dessus , le museau est déprimé et arrondi à son 04 LIVRE TROISIÈME. PERCOlDES. extrémitéj des lignes saillantes , au nombre de quatre, différemment infléchies, forment un dessin régulier, qui s'étend depuis le bout du museau jusqu'à la nuque. Deux parties triangulaires sur le crâne sont revêtues d'écaillés , mais leur intervalle , celui des yeux , le museau et les deux mâchoires , sont nus; des écailles garnissent la joue, l'opercule et le subopercule , mais il n'y en a ni au limbe du préopercule , ni à Tinter- opercule, ni au sous-orbitaire. Celui-ci n'est pas vraiment dentelé, mais a seulement quelques légères crénelures. Le préopercule, au contraire, a de fines dentelures à son bord montant, d'un peu plus fortes à son angle, qui est arrondi , et de plus courtes et plus écartées à son bord inférieur. Le rebord en avant de son limbe est assez saillant et a quelque dentelure peu sensible vers l'angle. La partie osseuse de l'opercule finit en s'arrondissant et sans aucune épine. Les dents sont comme à la perche , seulement les bandes palatines en sont plus étroites ; la langue, qui est fort libre et assez pointue, n'a ni dents ni aucune âpreté. Sous les branches de la mâchoire in- férieure se voient des lignes saillantes comme sur le crâne. Les ouies sont bien fendues , et leur mem- brane a sept rayons. Les deux dorsales sont trian- gulaires et séparées par un petit intervalle écailleuxj la première a huit rayons, dont le premier et même le second sont très -courts; le troisième est le plus long et le plus fort; les autres vont en diminuant. L'épineux de la seconde est faible et de moitié plus court que le premier mou ; mais le second épineux de l'anale est long et très - fort : le premier , au CHAP. IV. CENTROPOMES. i 05 contraire, est extrêmement court; le troisième est aussi long que le second, bien que beaucoup plus mince; l'épineux de la ventrale est aussi assez fort: cette nageoire sort sous le milieu de la pectorale, qui est faible; la caudale est fourchue. Voici les nombres de ses rayons : B. 7; D. 8—1/10; A. 3/6; C. 17; P. 15; V. 1/5. Les écailles sont presque rondes , un peu après sur les bords , peu crénelées à leur bord radical. On voit sur leur milieu, quand elles sont adhé- rentes, un trait qui se continue avec celui des écailles suivantes, et forme ainsi des lignes sur toute la lon- gueur du poisson. La ligne latérale ne suit pas tout- à-fait la courbe du dos ; elle prend dans son milieu une légère courbure contraire, et est marquée par un petit tuyau large et court , percé sous chaque écaille, et dont la continuité forme une ligne noi- râtre fort marquée, qui se prolonge jusqu'au bout de la caudale. Les autres écailles de cette nageoire sont petites et peu sensibles. La couleur de ce poisson est un argenté légèrement teint de brunâtre ou de verdâtre vers le dos, et relevé par la ligne brune assez large qu'y forme la ligne laté- rale. Ses nageoires sont jaunâtres, pointillées de noi- râtre vers leurs bords : la première dorsale est toute pointillée de noirâtre sur un fond gris. Cette des- cription est prise d'individus apportés de Saint-Do- mingue avec toutes leurs couleurs, par M. Piicord. L'estomac de ce ceniropome est en sac pointu, à parois assez épaisses, s'étendant jusqu'à moitié de la distance du pharynx à l'anus. La branche pylo- 106 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. rique sort près du cardia : il y a au pylore quatre appendices à peine plus longues que la branche de l'estomac qu'elles entourent. L'intestin est court, et n'a que deux replis de peu d'étendue; la rate est petite et étroite; le foie est médiocre; son lobe gauche est assez long et aigu ; les deux autres sont courts et arrondis : ce sont de légers festons plutôt que des lobes. La vessie natatoire est très-grande, et se porte au-delcà de l'anus jusqu'à la base de la première épine anale, où elle se termine en pointe. Sa tunique fibreuse est épaisse et argentée; l'intérieure a de beaux lacis vasculaires. Le squelette n'a en tout que vingt- quatre ver- tèbres, dont dix seulement appartiennent à l'abdo- men : les trois premières exceptées , elles sont toutes plus longues que hautes ; les deux premières ont leurs apophyses épineuses soudées en une crête com- primée , liée à celle de la tête , et derrière laquelle s'enfonce le premier interépineux. Les côtes sont courtes, et n'entourent pas, à beaucoup près, tout l'abdomen : les premières sont un peu élargies, sur- tout la troisième et la quatrième; les trois dernières sont portées sur des apophyses transverses descen- dantes, mais qui ne font pas l'anneau. Les interépi- neux des deux premières épines anales sont soudés en un seul os long et très- fort. La couleur rouge dont Bloch a enluminé son sciœna undecimalis ^ est tout-à-fait ima- ginaire; et l'on peut d'autant plus s'en éton- ner, qu'il y avait à Berlin une belle figure de CHAP. IV. CENTROPOMES. 107 ce poisson peinte à Thuile dans le Recueil de Mentzel; elle y est intitulée camuri^ et, en effet, notre centropome est le camuri de Margrave, p. 160, que les Portugais du Brésil nommaient de son temps robalo, nom du bar dans la péninsule; les Hollandais l'ap- pelaient sjiœk, c'est-à-dire brochet. Encore aujourd'hui les colons espagnols de Cuba et de Porto-Rico l'appellent robalo, et MM.Pley et Poey nous l'ont envoyé sous ce nom. Pison donne ce camuri, p. 74? niais avec une gravure où l'original de Mentzel, si c'est lui qui a servi , est tellement défiguré que , sans les noms, il aurait été impossible de le reconnaître. ^ Nos Français de Cayenne ont transporté à ce poisson le nom de loubine, emprunté de celui que le bar porte dans quelques endroits de nos côtes de l'Océan; et c'est un individu envoyé sous ce nom au cabinet du Roi, par 1. Pison, qui, lorsqu'il s'écarte de Margrave, est fort sujet à l'erreur , distingue des camuri de rivière et d'étang, appelés camu- ripi par les indigènes, qui ressemblent au brochet, et d'autres qui sont de mer, ne dépassent pas les embouchures des rivières, et ressemblent davantage aux bars; les indigènes les nomment camuri apeba , et lorsqu'ils sont grands, camuri guazu. C'est un de ces derniers qu'il prétend représenter, et sa figure est trop mau- vaise pour que l'on sache ce qu'il en est; mais sa description, em- pruntée de Margrave , est celle de notre centropome actuel. 408 LIVRE TROÎSTÈME. PERCOÏDES. Laborde, qui est devenu \a. persèfjue louhine de M. de Lacépède, tome IV, p. 897 et 421. En d'autres de nos colonies, à Saint-Do- mingue, à la Martinique, on le nomme bro- chet de mer • Plumier l'a désigné sous ce nom à la Martinique, et c'est sur une copie de son dessin par Aubriet, intitulée ainsi, et chargée de couleurs trop vives, comme c'était l'ordi- naire de cet artiste, que M. de Lacépède a établi sa sphyrène ori^ert ( t. IV, p. l\i^^ et t. V, pi. IV, fîg. 2); mais son graveur a exa- géré la saillie de la mâchoire inférieure beau- coup plus que ne le comportait le dessin original. Ainsi le camuriy le centropoine ondéci- maly la sphjrene or vert et la persèque lou- hine doivent être désormais réduits à une sevde espèce. Il paraît que cette espèce se trouve tout autour de l'Amérique méridionale; car nous l'avons reçue de Rio -Janeiro et même de Lima, à ce qu'il nous a été assuré. Elle se tient aux embouchures des rivières, et y remonte assez haut pour que plusieurs la considèrent comme un poisson d'eau douce. C'est sous ce titre que M. Poey nous l'a apportée de Cuba. Elle vit de proie et s'engraisse beaucoup ; sa ponte a lieu deux fois par an et très-abou- CHAP, IV. CENTROPOMES. i 09 damment. Partout ce poisson est fort estimé et devient très-grand; on en prend de vingt- cinq livres et plus : il se vend par tranches sur les marchés, à ce que nous a rapporté un té- moin oculaire. Pison le dit bien supérieur aux brochets et aux bars de l'Europe, et assure que sa chair convient aux malades non moins qu'à ceux qui se portent bien. Les meilleurs sont ceux qui approchent de deux pieds : on les sert sur les talDles les plus recherchées. Les œufs se salent pour en faire, comme de ceux des muges, cette espèce de caviar connu dans la Méditerranée sous le nom de botarge. ' 1. Pison, loc cit., p. 74* 110 LIVRE TROISIÈME. PERCOIDES. CHAPITRE Y. Des Sandres {Lucioperca, nob.). Ce sous-genre se distingue des autres par la réunion qu'il présente des nageoires et des préopercules de la perche, avec des dents pointues qui rappellent celles du brochet, et c'est ce qui a fait donner, par Conrad Gesner, à l'espèce d'Europe le nom composé de lucio- perca [^brochet-perche].^ Le Sandre commun. {Perça lucioperca^ y L.; Lucioperca sandra , nob.) Les fleuves et les lacs du nord et de l'est de l'Europe nourrissent ce poisson renommé pour son goût exquis. Cest le sander, sandel ou sandat des Allemands riverains de la Bal- tique, le schil des Autrichiens, le na^maul des Bavarois. Il est inconnu à l'Italie, à la France et à l'Angleterre ; et rien ne fait croire 1. Gesn. , Paralîp., p, 28 et 29, 2. Perça lucioperca, Bl. , pj. 5i, Schn. , Shaw, etc. ; Centropome sandat, Lacép. CHAP. V. SANDRES. 111 que les anciens en aient parlé, bien que d'autres poissons du Danube soient cités dans leurs écrits. Sa forme générale est plus alongée que celle de la perche. Sa hauteur est cinq fois et un tiers dans sa longueur, et son épaisseur une fois et demie dans sa hauteur. La longueur de sa tête jusqu'au bout de l'o- percule est d'un peu plus du quart de la longueur to- tale , et l'œil est placé au tiers antérieur de la longueur de sa tête. Son profil descend obliquement en ligne droite jusqu'au bout du museau, faisant avec la ligne de la gorge un angle d'environ cinquante degrés. La tête en dessus est arrondie transversalement, avec deux élevures longitudinales fort plates. Les mâchoi- res sont à peu près égales : la supérieure s'arrondit au bout; la gueule est médiocrement fendue; les trous de la narine petits et percés, l'un près de l'œil, l'autre près du bout du museau; les mâchoires sont garnies d'une bande très-étroite de dents en velours, parmi lesquelles il y en a un rang de coniques et pointues encore assez petites à la mâchoire supérieure , et déjà plus grandes à l'inférieure et aux palatins : deux de ces dents aiguës en avant à la mâchoire supérieure, quatre à l'inférieure, et deux en avant de chaque palatin, plus grandes encore que les autres, forment de véri- tables canines; mais à la ligne transversale du vomer il n'y en a que de petites en velours. La langue n'en a point, elle est libre et douce. Celles des pharyngiens sont en cardes. Le préopercule est arrondi, finement dentelé dans toute sa partie montante, et découpé en i i 2 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. dents plus grandes et moins régulières à son bord in- férieur. Les autres pièces operculaires sont entières, ainsi que les sous-orbitaires : du moins c'est à peine si l'on voit un vestige de dentelure à l'interopercule et au subopercule vers leur réunion; le bout de lo- percule osseux est obtus, mince, et son bord comme un peu déchiré. Les ouïes sont fendues comme à la perche, et ont de même sept rayons à leur mem- brane. Le surscapulaire et l'huméral près de la pec- torale sont très-fmement dentelés. Il n'y a point d'é- cailles sur le museau, ni entre les yeux, ni aux mâ- choires ; la joue paraît aussi couverte d'une peau nue; mais on en voit de petites sur le haut du crâne, en quatre compartimens, et sur le haut de l'oper- cule et du préopercule. Celles du corps sont plus petites à proportion qu'à la perche, mais de même rudes et dentelées au bord , finement striées en tra- vers dans leur partie cachée et festonnées vers leur racine de sept crénelures. La hgne latérale parallèle au dos est presque droite; elle se marque par une élevure triangulaire sur chaque écaille. Il y a entre l'occiput et la première dorsale un intervalle égal aux deux tiers de la longueur de la tête : cette dorsale est à peu près de la longueur de la tête, et de moitié moins haute que le corps. Elle a quatorze rayons assez forts, très-aigus : le premier est de moitié moins long que le second, ensuite ils diminuent peu jusqu'aux trois derniers. Elle est séparée de la seconde par un intervalle sensible , où il y a place pour six ou huit écailles. Celle-ci, un peu plus longue que l'autre, a vingt-trois rayons, dont le premier est épineux et fort CHAP. V. SANDRES. 113 petit. L'anus est sous le commencement de cette se- conde dorsale, et l'anale est de huit ou dix écailles plus en arrière : elle ne se porte pas aussi loin vers la queue : aussi n'a- 1- elle que treize rayons, dont les deux premiers épineux, mais faibles. La caudale est un peu fourchue et a dix-sept rayons. Il y en a quinze aux pectorales , et comme à l'ordi- naire un épineux et six mous aux ventrales. Celles-ci naissent un peu plus en arrière que les pectorales, et se portent un peu plus loin ; leur grandeur est à peu près la même. D. 14 — 1/22; A. 2/11; C. 11; P. 15; V. 1/5. Le sandre est loin d'égaler la perche pour la beauté des couleurs. Tout le dessus de son corps est d'un gris verdàtre, qui sur les flancs et en dessous prend par degrés luie teinte blanchâtre, argentée, uniforme, avec des reflets dorés. Sur la partie grise sont des taches nuageuses brunâtres, et dans les jeunes su- jets des bandes verticales brunes; du moins c'est ainsi que nous les avons vues dans quelques petits individus des environs de Berlin. On en compte huit ou neuf qui descendent jusqu'au milieu de la hauteur. Quelques marbrures brunes se remarquent sur les côtés de la tète. Les deux dorsales ont entre leurs rayons des taches noires sur un fond gris, qui sont plus grandes et moins nombreuses à la première , et qui forment sur toutes deux cinq bandes longitu- dinales. On en voit aussi quelquefois à la caudale. Les autres nageoires sont pâles et plus ou moins teintes de jaune. Les jeunes individus sont d'une teinte plus pâle que les adultes , et souvent de couleur cendrée. 2. S 114 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. Le squelette du sandre a quarante-huit vertèbres. L'interépineux du premier rayon dorsal s'insère entre les apophyses épineuses de la troisième et de la qua- trième. Ce sont la dix-neuvième et la vingtième qui répondent à l'intervalle des deux dorsales; et, ce qui prouve bien que les interépineux ne sont pas des ap- partenances des vertèbres, les vingt-trois rayons de la deuxième dorsale sont portés par dix-sept ver- tèbres seulement. Des quarante-huit vertèbres, vingt- six appartiennent à l'abdomen, et vingt -deux à la queue. Les côtes ne sont pas bien longues, et, au- tant que j'en puis juger par mon squelette, elles n'ont pas ces appendices qui les rendent fourchues. Ses viscères ressemblent fort à ceux de la perche. L'estomac est un long cul-de-sac à parois épaisses, dont le fond est obtus. La branche qui va au pylore , sort près du cardia. Il n'y a que quatre appendices cœcales au pylore, et non pas six, comme le dit Bloch : elles sont plus longues que dans la perche. Le foie et la rate offrent peu de différences. La vessie natatoire est bien plus épaisse, et a ses parois fibreuses , opaques et argentées, et non pas simplement mem- braneuses et transparentes, comme dans la perche. Il y a deux ovaires également grands et également remplis, dans le temps du frai, d'une innombrable quantité d'œufs plus fins que des grains de moutarbe; le cœur est plutôt arrondi que trièdre. Le sandre devient au moins aussi grand que le brochet, et croît aussi vite. On en voit de trois et de quatre pieds de long, et de vingt CHAP. V. SANDRES. 115 livres de poids. Sa chair est très - agréable au goût, grasse, et d'une blancheur remarquable lorsqu'elle est cuite. Grillée on la trouve moins bonne que bouillie. Elle prend le sel et devient alors plus ferme ^ on peut aussi la fumer, et l'on en exporte beaucoup de Silésie et de Prusse sous ces deux formes. Il y a même des per- sonnes qui mangent .cette chair crue, après l'avoir préparée avec de l'huile , du sel et du poivre. Il fraie aux mois d'Avril et de Mai , et dépose ses œufs sur les pierres ou les herbes aquatiques : ses œufs sont fort nombreux et vont à plus de trois cent mille par individu. C'est dans la profondeur qu'il se tient de préférence , ce qui le rend plus difficile à prendre que la perche^ il préfère les fonds de sable, et ne réussit que dans des eaux pures ^ la vase , les moindres dissolutions gypseuses , lui sont nuisibles. Il n'a pas la vie si dure que la perche j quand il est renfermé il ne mange point , et on a même de la peine à le con- server long -temps dans des vases, en sorte qu'il est difficile à transporter vivant. C'est probablement ce qui a empêché que l'on n'es- sayât de multiplier chez nous un poisson qui donnerait à nos tables une ressource nouvelle et des plus agréables. La tentative mériterait bien d'en être f§iitej noire climat n'aurait rien 116 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. qui s'y opposât, car il habite et plus au nord et plus au midi. Le premier sandre qui ait ëtë décrit avait été envoyé à Gesner de Bohème ', et venait pro- bablement de l'Elbe; mais il y en a aussi dans le Danube, dans l'Oder et dans tous les lacs qui communiquent avec ces fleuves. L'espèce est commune dans les grands lacs de Suède, où on la nomme giôrs, les Norw^égiens, qui la possèdent aussi, lui donnent le même nom; mais les Danois l'appellent sandai^t, comme les Allemands. Marsigli l'a vue en Hongrie, où on la nomme silo ^ Elle abonde dans tous les fleuves de la Prusse , ainsi que dans le Frisch- Haf et le Curisch-Haf. Bock assure que les mar- chés de Dantzig et de Rônigsberg sont quel- quefois encombrés de ce poisson au point que les plus pauvres gens peuvent s'en repaître.^ Fischer dit que le sandre est commun dans toutes les rivières de Livonie^ Les Russes le connaissent sous les noms de sudak et de su- lakj les habitans de la petite Russie sous celui de sida. On en prend dans tous les lacs et les fleuves de l'empire russe qui communiquent avec la mer Baltique, la mer Caspienne, la 1. Parnlip., p. 28. — 2. Marsigl., Danub. — 3. Hist. nat. de Prusse ; t. IV, p. 573. — 4. Hist. nat. de Livonie, p. 247. CHAP. V. SANDRES. M7 mer d'Azof et la mer Noire ; mais il ne paraît pas qu'il y en ait dans ceux qui se jettent dans la mer Glaciale. On en vend par mil- liers sur le bas Volga; et, selon Pallas, il est si commun dans la mer Caspienne et la mer d'Azof, que le bas peuple même l'y prend en dégoût \ L'huile de ce poisson est recliercbée à Astracan par les teinturiers en coton. ^ On ne manque pas de bonnes figures du sandre. Gesner^, Marsigli"^, Rlein^, Meidinger^, en ont donné de fort reconnaissables , mais Willugliby'^ n'en a qu'une mauvaise. Celle de Bloch s'ëcarte des autres par les bandes noirâ- tres plus distinctes, qu'elle place sur son dos; son individu avait apparemment conservé plus long- temps la livrée de la jeunesse. Le Sandre bâtard de Russie. (Lucioperca volgensis, nob.; Perça volgensis, Gm.) Il y a dans les fleuves de Russie un poisson que nous n'avons pas vu, mais qui, d'après ce 1. Pall., Zoogr. rossic, t. III, p. 246. — 2. Georgii , Des- cription de la Russie, t. III, p. 192^ et 1925. — 3. Gesner, Aq. parai, f p. 28, copié dans Aldroy. , p. 667, et Jonst. , pi. 3o, fig. i5. — 4. Marsigl., Danub. ,i.\Y . ,Tp\. 22, fig. 2. — 5, Klein, Miss., t. V, pi. 7, fig. 3. — 6. Meidinger, Fisc, ausir. , pi. i. — 7. Willughbj, pi. 5, fig. 14. 4 i 8 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. qu'on en rapporte, doit être fort voisin du sandre. Sur le Volga on l'appelle herschik, et sur le Don, podsulac et secreet. M. Pallas l'avait nommé d'abord, dans son Voyage de Russie, perça volgensis\ et le décrit comme intermédiaire entre la perche commune et le sandre, au point, dit-il, qu'on le pren- drait presque pour un hybride de ces deux espèces. Gmelin l'a adopté sous ce même nom de perça volgensisj, et M. de Lacépède l'a con- sidéré comme une variété du sandre. Dans sa Zoographie russe °, Pallas change d'opinion sur ce poisson et croit que c'est Xaprouy ou perça asper du midi de l'Europe 5 mais sa description suffit pour prouver le con- traire. En voici la traduction : Sa forme est celle du sandre, mais un peu plus épaisse; sa tête est pareille, seulement les yeux sont plus saillans. Leur forme est ovale, et ils ont l'iris ar- genté et plus large en arrière. L'angle de fopercule est arrondi, et cette pièce est garnie de petites écail- les, comme dans le sandre. Les dents sont beaucoup plus petites : il y en a aussi quelques-unes à la mâ- choire supérieure, et deux à l'inférieure, plus grandes que les autres. La membrane des ouïes a sept rayons; il y en a treize à la première dorsale, roides et épais comme dans la perche comnmne, avec des Hgnes 1. Vo^. trad. fr., t. VIÏI, p. 99. ■— 2. Zoogr. rossic, t. lU, p. 247. CHAP. V. SANDRES. 1 i 9 longitudinales noires; la seconde est contiguë à la première, et a vingt-trois rayons ', dont le premier est court et épineux. Elle est marquée de bandes lon- gitudinales noires, dont les supérieures confluent les unes dans les autres. Les pectorales sont transparentes et soutenues par quatorze rayons. L'anale a onze rayons, dont le premier court, épais, le second plus long, tous deux épineux; les autres beaucoup plus robustes que dans le sandre. La caudale est un peu fourchue, et a quinze rayons, et les ventrales sept. (Ce qui ne me paraît pas bien exact, l'analogie ne me permettant pas de douter que ces rayons ne soient en même nombre que dans toute la famille.) B. 7 ; D. 1 3— 1/22 ; A. 2/9 ; C.15 ( 17?) ; P. 14 ; V. 1/7 ( 1/5?). Ce poisson est plus bi*un sur le corps que le san- dre, plus semblable à cet égard à la perche com- mune, et a environ six bandes transversales noires alternativement interrompues. Ses écailles sont assez grandes et âpres. Sa taille est d'environ deux pieds. On prend abondamment ce berschik dans les fleuves qui se rendent dans la mer Caspienne, le Palus-Méotide et le Pont-Euxin; mais prin- cipalement dans le Volga et dans le Don. Il meurt, comme le sandre, en sortant de l'eau. 1. Ce trait seul suffirait pour distinguer le berscHik de l'apron ; dans ce dernier, la deuxième dorsale est fort écartée de la pre- mière, et n'a que douze ou treize rajons. 120 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. Le Sandre de mer. {Lucioperca marina , nob.) M. Pallas a décrit, dans sa Zoographie de l'eraj^ire de Russie % un autre poisson que les Russes des côtes de la mer Noire nomment niorshoi siulak, c'est-à-dire sandre de nier y et quils regardent mal à propos comme un sandre échappe de la mer d'Azof, dont les yeux, qui paraissent demi-opaques, auraient été rendus tels par les eaux plus salées de la mer Noire. Les caractères que lui donne ce savant na- turaliste prouvent, en effet, que ce n'est pas le sandre ordinaire ; mais ils prouvent aussi que ce n'est pas le bar, ainsi qu'il le soup- çonne^ et autant qu'on en peut juger parles dents, ce doit encore être une troisième espèce de sandre : mais comme nous ne l'avons pas vu, nous ne le plaçons ici qu'avec doute. Voici la traduction de l'article qui le con- cerne : Par la taille, par la forme et par la couleur, il ressemble au sandre; neuf taches brunes, oblongues sur les flancs, rondes sur la queue, lui traversent chaque côté du corps. Sa tête est un peu comprimée, 1. Zoogr. ross. t. lU, p. 245. CHAP. V. SANDRES. 121 son museau en cône déprimé; ses mâchoires sont égales , la supérieure obtuse et légèrement échancrée au bout; ses dents sur une seule rangée, écartées; les latérales fortes , coniques , pointues ; les pre- mières de chaque côté, à chaque mâchoire, forment de vraies canines; les antérieures sont menues. La lan- gue est libre, plane, très-lisse; les yeux sont grands, à iris d'un jaune argenté, marqué de brun en dessus, à pupille glauque; les opercules un peu aigus et lisses K La membrane branchiale a sept rayons; les nageoires ont moins de taches qu'au sandre; les pec- torales sont un peu aiguës et ont douze rayons; ceux des ventrales sont robustes, épais : le premier est épineux et plus court. Les dorsales sont conti- guès : dans la première on compte treize rayons et un petit en avant; dans la seconde il y en a douze branchus (si toutefois ce nombre douze n'est pas une faute d'impression au lieu de vingt-deux); l'anale en a un très-petit en avant, puis deux à peu près carti- lagineux et onze branchus. L'épine du dos et ses apophyses sont très-robustes; mais les côtes sont fort grêles , en sorte qu'il y a à peine des arêtes dans un si grand poisson. B. 7; D. 14—12? A, 3/11; P. 12; V. 1/5. Sa chair est ferme, blanche, lamelleuse et d'un goût délicieux, et bien supérieure à celle du sandre; on en prend beaucoup à la fin de l'automne. 1. Ici M. Pallas ne donne aucun détail sur les épines ou les dentelures des pièces operculaires. i 22 LIVRE TROISIÈME. PERCOlDES. Le Sandre d'Amérique. {Lucioperca americana^ nob.) Les eaux des États-Unis possèdent un san- dre qui réunit aussi plusieurs des caractères de la perche. Un peu plus alongé encore que le sandre ordi- naire, il est partout finement marbré ou réticulé de noirâtre sur un fond jaunâtre ou verdâtre : il a une pointe aiguë à l'opercule , ce qui le différencie beau- coup des sandres d'Europe, et montre en même temps que cette sorte d'armure ne peut fournir que des caractères très-secondaires. Sa première dorsale est marquée d'une tache noire comme à la perche. Du reste, par les dents et les autres caractères il ressemble au sandre, ayant seulement deux rayons de moins à la seconde dorsale. D. 14—1/20; A. 2/11; C. 17; P. 13; V. 1/5. Nous l'avons reçu de New -York par les soins de M. Milbert. CHAP. VI. PETITS GENRES ÉTRANGERS, CtC. 1 25 CHAPITRE VI. De quelques petits genres étrangers ana- logues aux Perches propres , aux Bars et aux Karioles. Nous venons de présenter dans Tordre qui nous a paru le plus simple, les groupes qui peuvent être considérés comme les modifi- cations les plus immédiates du type de la perche; mais la nature ne s'astreint ni à ce que nous regardons comme des types , ni , en général, à aucune de nos abstractions; et elle a produit dans des mers éloignées des pois- sons qui s'écartent diversement de ces pre- miers groupes , et dont chacun deviendra probablement à son tour le type d'un genre, lorsque l'on aura découvert des espèces qui s'en rapprochent et le multiplient. C'est ainsi que nous allons voir le huron ne différer de la perche que par l'absence de dentelures à son préopercule, l'etelis re- produire une partie des caractères de la perche, avec quelques-uns de ceux du san- dre , mais surtout avec plus d'élégance dans les formes et plus d'éclat dans les couleurs; 124 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. l'énoplose et le diplopiion , semblables , à beaucoup d'ëgards, aux varioles ou aux bars, offrir uu corps tellement haut et comprimé, que le premier a été regardé par d'habiles gens comme du genre des chétodons; enfin, le niphon paraître un bar ou une variole, mais armé d'une manière bien plus formi- dable, qui rappelle à certains égards, et sur- passe à d'autres, l'armure des holocentrum et des scorpènes. Notre méthode , qui cherche à suivre de près la nature , et à exprimer par nos subdi- visions mêmes les affinités des êtres, ne nous permet donc point de jeter ces espèces sin- gulières dans les groupes que nous venons de décrire, ce qui aurait été facile au moyen de quelque changement dans nos phrases ca- ractéristiques , mais ce qui aurait induit nos lecteurs en erreur, en leur faisant croire qu'ils s'attachent aux types de ces groupes plus étroitement qu'ils ne le font. Ainsi nous leur donnerons à chacun un nom générique par- ticulier. Le HURON. Nous croyons pouvoir donner ce nom à un poisson que M. Richardson a pris récem- ment dans le lac Huron, et qui aurait tous CHAP. VI. HURON. 125 les caractères de la perche, s'il ne manquait de dentelures aux os de la tête et de l'é- paule, et spécialement au préopercule, qui n'en manque presque dans aucune espèce de cette famille. Les Anglais des environs de ce lac l'appel- lent hlack-bass ou perche noire, parce qu'il ressemble en effet assez pour le port et pour les teintes à un autre poisson qui porte le même nom aux États-Unis , et que nous dé- crirons plus loin dans notre genre ceiitro- priste^ auquel il appartient. Ce hlach-hass du lac Huron a la chair ferme et blanche , et il passe pour le meilleur des poissons que l'on pèche en été dans ce vaste amas d'eau. Il a le corps un peu plus haut à proportion que la perche j le museau un peu plus court- le front moins concave; sa mâchoire inférieure se porte un peu plus en avant. Sur son front se voient des stries fines et nombreuses, mais toutes dirigées vers le bord de l'orbite. Il a des dents en velours aux mêmes endroits que la perclie; son maxillaire a le bord supérieur di- laté; son front, son museau, ses mâchoires, n'ont point d'écaillés; mais il y en a sur son crâne, sa tempe, toute sa joue et toutes ses pièces operculai- res, leurs bords exceptés. Le limbe de l'opercule en est dépourvu, et son bord parfaitement entier et sans dentelures s'arrondit dans le bas, après avoir fait un i 26 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. très-léger arc rentrant. L'opercule osseux se termine en deux pointes plates , séparées par une petite échan- crure aiguë et oblique. Aucune des pièces de l'épaule n'a de dentelure. La première dorsale, beaucoup plus petite qu'à la perche , n'a que six rayons , et demeure assez éloignée de la seconde, qui est plus élevée, et peut avoir avec ses deux épines douze ou treize rayons mous. (Elle est en partie mutilée dans notre individu. ) L'anale a trois épines et onze rayons mous ; elle est aussi un peu plus grande à proportion qu'à la perche. Quant aux pectorales et aux ventrales, elles sont à peu près pareilles à celles de la perche , et la caudale aussi. B.1; D. 6 — 2/12? A. 3/11; C. 17; P. 15; V. 1/5. On compte soixante et quelques écailles entre l'ouie et la caudale, et vingt-cinq ou vingt-six entre la première dorsale et le ventre. Elles paraissent toutes lisses et entières. La couleur de ce poisson, que nous n'avons vu que desséché, paraît avoir approché de celle de la carpe. Son dos est d'un brun verdâlre, qui s'affaiblit sur les côtés, et passe sous le ventre au blanc-jau- nâtre argenté 5 une ligne grisâtre suit le milieu de chaque rangée longitudinale d'écaillés. L'individu que nous avons eu sous les yeux, était long de seize pouces. Nous laisserons à l'espèce l'épithète qu'elle porte dans son pays natal , Huro nigricans. CHAP. VI. ETELIS. 427 X'ETELIS. Sous ce nom , qui est cité une fois dans Aristote , sans aucun détail qui puisse faire reconnaître à quel poisson il appartient, nous formons un petit genre , qui réunit aux ca- ractères des perches proprement dites , et même à leurs dents .en velours, une rangée extérieure de dents en crochets coniques et pointus. Sous ce rapport, les etelis ressemble- raient aux sandres, mais ils en diffèrent parce que leurs palatins n'ont que des dents en ve- lours sans aucuns crochets et parce que leurs opercules se terminent par deux épines, tan- dis que ceux des sandres sont entiers. Nous ne connaissons qu'une espèce d'etelis à laquelle nous donnons le nom spécifique d'etelis carhunculus. C'est un superbe pois- son d'une couleur étincelante de rubis, re- levé de lignes longitudinales dorées. Nous le devons à M. Dussumier , dont le zèle pour l'histoire naturelle a procuré tant d'autres ra- retés au cabinet du Roi. Il en a pris un in- dividu près des îles Mahées, qui tbnt partie de l'archipel des Seichelles , au nord de l'Isle- de-France et par les cinq degrés de latitude australe , et c'est sur cet individu aue nous avons rédigé la description suivante. 128 LIVRE TROISIÈME. PERCo'lDES. Ce poisson est un peu plus alongé et moins com- primé que la perche. Sa hauteur aux pectorales est quatre fois et un cinquième dans sa longueur totale, et la longueur de sa tête y est trois fois et demie j son épaisseur fait les trois cinquièmes de sa hauteur 3 la hauteur de sa tète est des deux tiers de sa longueur, et sa largeur entre les yeux de moitié de sa hau- teur. La ligne de son crâne se continue avec celle du dos en descendant légèrement jusque sur l'œil, d'où leniuseau descend un peu plus rapidement; l'œil est fort grand, et son diamètre longitudinal fait le tiers de la longueur de la tête. Il est placé au milieu de cette longueur, mais touchant presque à la ligne du front. Il occupe la moitié supérieure de la hauteur à cet endroit. Le dessus du crâne, un peu concave entre les yeux, a la surface relevée de chaque côté par des ramifications saillantes qui y représentent comme des arbres. Les orifices des narines sont trois fois plus près de l'œil que du bout du mu- seau, ronds, assez grands, près l'un de l'autre j le postérieur un peu plus élevé. La bouche est fen- due jusque sous le tiers antérieur de l'œil. La mâ- choire inférieure avance plus que la supérieure, qui est très-peu extensible. Chaque mâchoire a une bande de velours ras, et à l'extérieur une rangée de dents fortes, coniques, pointues, écartées les unes des autres. On en compte de chaque côté de la mâchoire supérieure, d'abord une petite, puis une plus grande, espèce de canine, puis une autre un peu moindre; et, vers le fond, huit ou dix plus rapprochée^ et plus petites; à l'infé- CHAP. YI. ETELIS. 429 Heure il y en a une petite, puis une grande, et, vers le fond, huit ou dix moindres. Des dents en velours garnissent le chevron antérieur du vomer , et une bande à chaque palatin. La langue est large, plate, obtuse, assez libre, et complètement lisse. Le sous-opercule, trois fois plus long que haut, sans dentelures , a sa surface marquée de stries branchues comme des veines, et de très-petits pores. L'angle du préopercule est arrondi; son limbe vers l'angle et à la partie inférieure est large et veiné comme le préopercule, et son bord très-finement dentelé. L'opercule a deux pointes plates, aiguës, qui ne dépassent pas sa membrane. Les ouïes sont fendues jusque sous le milieu de la mâchoire infé- rieure. Leur membrane a sept rayons. Il y a de lon- gues râtelures au premier arceau des branchies; les autres n'ont que des tubercules hérissés de dents en velours. Les pharyngiens ont les leurs en cardes. L'os surscapulaire est veiné et à peine sensible- ment dentelé. C'est aussi au plus si Ton aperçoit quelque vestige de dentelure au scapulaire. Le reste des os de l'épaule n'a point d'armure. La pectorale est pointue, et du quart de la lon- gueur du corps. Elle a seize rayons, dont le cin- quièuie est le plus long. La ventrale, attachée sous la pectorale , est plus courte d'un cinquième. Son épine, de force médiocre, occupe les deux tiers de sa lon- gueur. La première dorsale commence un peu plus en arrière que la base de la pectorale, et occupe en longueur un peu plus du cinquième de la longueur totale. Elle a neuf épines de force médiocre, dont la 2. 9 50 LIVRE TROISIÈME. PERCOIDES. première trois fois plus courte que les deux sui- vantes, qui sont les plus longues et n'ont que moitié de la hauteur du corps. Elle finit juste au pied de la seconde, qui est un peu moins longue et un peu moins haute, et qui a une épine et onze rayons mous, dont le premier seul n'est pas branchu, et dont le dernier s'alonge un peu en pointe. L'anale répond à celte seconde dorsale, et a trois épines, dont la première très-courte, et huit rayons mous. La portion de queue derrière les nageoires est du cin- quième de la longueur totale. La caudale est four- chue; chaque lobe est aussi à peu près du cinquième de la longueur totale. Elle a dix-sept rayons entiers. . B. 7 ; D. 9 — 1/11 ; A. 3/8 ; C. H ; P. 16 ; V. 1/5. Les écailles sont larges et belles; il y en a environ soixante sur une ligne longitudinale, en comptant les petites vers la base de la queue, et dix- sept ou dix-huit sur une ligne verticale à l'endroit des ven- trales. Elles sont plus larges que longues ; leur bord externe a un lobe un peu saillant dans son milieu, et tout son bord est finement strié. Leur éventail a sept ou huit rayons , et leur bord radical autant de crénelures; leur surface est lisse. La ligne latérale suit la même courbure légère que le dos, à peu près au quart supérieur de la hau- teur. Elle se marque par un petit disque ovale sail- lant sur le milieu de chacune de ses écailles. Tout ce poisson est d un beau rouge brillant avec des lignes dorées le long de chaque rangée d'écaillés. L'iris de l'œil forme un beau et large cercle de cou- Ipur d'or. CHAP. VI. NIPHON. i31 L'individu rapporté par M. Dussumier est long de onze pouces. Les viscères de ce poisson n'étaient pas bien con- servés j ainsi nous n'avons pu rien voir du foie. L'estomac est un grand sac obtus, à parois épaisses et très-charnues. La branche montante est grosse et courte. Il y a cinq appendices cœcales au pylore. La vessie aérienne est simple, très -grande; ses parois sont minces et argentées; les corps rouges sont doubles et sous la forme de deux cordons étroits et un peu alongés, placés vers le haut de la vessie. C'était une femelle. Le NIPHON. Il existe dans la mer du Japon un poisson qui possède quelques-uns des caractères des varioles, mais qui s'en éloigne beaucoup par les épines redoutables dont ses pièces oper- culaires sont armées. Nous l'appellerons le iiiphon épineux [niphon spinosus, nob.) Sa tête est alongée, et fait presque le tiers de la longueur totale. A la nuque sa hauteur est d'un tiers moindre que sa longueur. Son profil descend de là à peu près en ligne droite. Sa mâchoire inférieure est un peu plus longue que l'autre. Le sous-orbi- taire est finement dentelé en scie. Le préopercule, dentelé de même à son bord montant, et muni de quatre petites épines à son bord inférieur, a à son angle une grosse épine forte et aiguë, aussi longue 152 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. que tout le bord inférieur, et qui , se portant directe- ment en arrière, dépasse le bord de l'opercule. L'o- percule lui-même a trois épines pointues qui se con- tinuent en arêtes sur sa surface, et dont celle du milieu, qui est la plus forte, se porte jusqu'au droit du tiers antérieur de la pectorale. L'os sursca- pulaire a une ou deux dentelures. L'humerai a au- dessus de la pectorale une épine plate, large et poin- tue, mais qui ne va pas autant en arrière que celle de l'opercule. La première dorsale a douze épines, dont les troi- sième, quatrième et cinquième sont les plus hautes et égalent les deux tiers de la hauteur du corps sous elles. Sa membrane finit au pied de la seconde, qui a une épine grêle et onze rayons mous. L'espace oc- cupé par ces deux nageoires est.de deux cinquièmes de la longueur totale. L'anale répond à la deuxième; elle a trois fortes épines , dont la deuxième et la troi- sième, à peu près égales entre elles, sont doubles de la première, et sept rayons mous. Les pectorales et les ventrales ont à peu près le septième de la lon- gueur totale. L'épine des ventrales ne le cède que de peu en longueur à leur premier rayon mou. La cau- dale est coupée presque carrément. D. 12 — 1/11 j A. 3/7; C. 17; P. 16; V. 1/5. Les écailles sont petites, très-finement striées et ciliées. La ligne latérale occupe le quart de la hauteur en avant, et demeure parallèle au dos. Elle se marque par de petites élevures oblongues et contiguës. Ce poisson paraît avoir eu la moitié supérieure brune, l'inférieure argentée. Une bande pâle part du CHAP. VI. NIPHON. 133 haut de l'œil, et va en ligne droite jusqu'au milieu de la seconde dorsale. Il y a sur cette dernière na- geoire une tache noire, qui en occupe obliquement la partie antérieure , de manière cependant à y laisser un angle blanc. La caudale est noirâtre, et a ses deux angles et une bande longitudinale au milieu blan- châtres. La première dorsale a sur sa membrane une teinte grise, plus foncée et presque noirâtre en avant. Les autres nageoires paraissent blanchâtres ou jaunâ- tres; mais il faut se souvenir que cette description, faite sur le sec, peut bien donner une idée de la dis- tribution des couleurs, mais non pas de leurs teintes. Notre individu est long de huit pouces. Il a ëtë donné au Musée de Berlin par M. Langsdorf, Z'ÉNOPLOSE {Enoplosus, Lacép.). » Ce poisson montre dans quelles erreurs peut conduire la médiode de classer les êtres par leur apparence générale. D'après sa forme haute et comprimée, et ses nageoires élevées et pointues, John White, ou plutôt celui qui a rédigé les descriptions d'objets naturels dans sa relation de la Nouvelle -Hollande, jugea que ce devait être un chétodon, et l'appela chœtodon armatus ; en conséquence M. de 1 . Chœtodon armatus , J. White, Nouvelle-Galles du Sud, pi. Sg, fig. 1 ; Énoplose White, Lacép., t. ÏV, p. 5/ii. 'I 34 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. Lacépède lui a supposé les dents et les autres caractères essentiels des chétodons , et c'est sur cette supposition qu'il l'a placé dans le système, tout en le détachant de ce genre, ou plutôt en le mettant dans une des subdi- visions qu'il y introduit. Cependant l'énoplose n'est en réalité qu'une perche, mais une perche dont le corps, presque aussi haut que long, est fort aplati par les côtés, dont le chanfrein est concave, dont les deux dorsales s'élèvent de leur partie anté- rieure plus que le corps lui-même; enfin, dont les ventrales se prolongent en longues pointes. Il n'a point, comme les chétodons, d'enveloppe écailleuse à sa dorsale et à son anale, et ses dents ne sont point en cheveux, mais en velours ras. Il y en a une bande étroite aux mâchoires , une petite en travers au-de- vant du vomer, et une à chaque palatin. Sa langue est âpre à sa base, comme dans le bar. Le premier sous-orbitaire est court, et à son bord inférieur se voient cinq ou six dents aiguës. Le préopercule a ses bords à angles droits; celui qui monte est assez fine- ment crénelé ; l'autre est plus fortement denté en scie, à dents aiguës dirigées vers l'arrière. De l'angle par- tent deux dents plus fortes, surtout la supérieure, qui est une vraie épine. L'interopercule et le sub- opercule sont entiers, ainsi que l'os mastoïdien et celui de l'épaule. L'opercule finit par deux pointes plates et obtuses , qui ne méritent guère le nom de piquans. La nuque va en s'élevant rapidement au- dessus de l'occiput. La queue redevient peu élevée. CHAP. VI. ÉNOPLOSE. 155 - La joue et toutes les pièces operculalres sont écailleuses, mais non le museau ni les mâchoires. Les écailles sont petites, deux fois plus longues que larges. Leur partie visible est arrondie, et a des stries concentriques fines, qui se continuent sur les côtés de la partie cachée. L'éventail n'a que quatre ou cinq rayons, et les crénelures radicales sont peu marquées. La ligne latérale a, dans sa première moitié, une forie convexité vers le haut. L'espace avant la première dorsale est aussi long que la tèle. Les épines s'alongent peu jusqu'à la troi- sième; mais la quatrième est subitement aussi longue que l'espace entre elle et le museau. Elle est forte, com- primée et tranchante. La cinquième est de moitié plus courte, et les trois suivantes diminuent rapidement; mais l'épine de la seconde dorsale est aussi haute que le cinquième rayon de la première , et son pre- mier rayon mou est, ainsi que le second, aussi liatu que tout le corps. Les autres diminuent de nouveau jusqu'au quinzième, qui est le plus court. Ces deux dorsales sont à peu près coniigués; mais quelquefois la membrane de la première finit plus tôt, el alors sa dernière épine demeure libre entre les deux nageoires. L'anale a trois épines, dont la troisième égale celle de la deuxième dorsale. Son premier rayon mou est plus long du double. On y en compte quinze. La caudale est assez longue, et plutôt terminée en crois- sant qu'en fourche. Les pectorales et les ventrales sont pointues, ces dernières surtout, dont l'épine est longue et forte. Je ne trouve que douze rayons aux pectorales ; la queue en a dix-sept, et les ventrales i56 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. cinq mous et une épine, comme dans toute la fa- mille. Ainsi ses nombres de rayons sont : B. 7; D. 7 — 1/14 ou 1/15; A. 3/15; C. 17; P. 12; V. 1/15. Les couleurs de Ténoplose sont assez distinguées. Huit bandes verticales noires, de largeur inégale, re- lèvent un fond d'un blanc argenté assez brillant. La première descend de la nuque à l'œil, et se continue au-dessous; la seconde va de la première épine dor- sale à lopercule; la troisième est sous la première dorsale; la quatrième entre la première et la seconde j la cinquième et la sixième sous la seconde; la sep- tième sur la queue , et la huitième à la base de la caudale. Les ventrales sont noires, et les membranes des autres nageoires sont noirâtres. Ses intestins diffèrent assez de ceux du reste de la famille. Son foie est volumineux , peu divisé; sa vé- sicule du fiel oblongue. Son estomac, charnu, fort ridé intérieurement, n'a qu'un vestige arrondi de cul-de-sac , et se recourbe aussitôt vers le pylore. Sa portion la plus voisine du pylore a ses parois amin- cies. J'ai compté jusqu'à quinze appendices pylo- riques , grêles et assez longues. L'intestin fait deux grands replis avant d'aboutir à l'anus. La vessie na- tatoire est grande, obtuse aux deux bouts, et occupe le haut de l'abdomen d'une extrémité à fautre. La po- sition des sacs génitaux, à cause de la forme élevée du corps, est presque verticale au bord postérieur de l'abdomen. ^on squelette a vingt-cinq vertèbres, comme ceux CHAP. VI. ÉNOPLOSE. i 57 du bar et de la variole. Les apophyses et les osselets interépineux en sont élevés comme le corps lui-même. La crête occipitale l'est aussi beaucoup; c'est elle qui soutient le tranchant de la nuque, comme la lame hyoidale soutient celui de la gorge. Ce joli poisson demeure petit; sa longueur n'est guère que de huit à dix pouces au plus. Il ne doit pas être rare à la Nouvelle-Hol- lande; Pérou et les compagnons de M. Frey- cinet nous en ont apporté plusieurs individus. Nous nommerons l'espèce enoplosus arma- tus, ou , pour ceux qui voudraient conserver les genres de Linnœus , perça (enoplosus) armât a. Le DIPLOPRION. MM. Ruhl et Van Hasselt , deux jeunes na- turalistes pleins d'ardeur et de sagacité, en- voyés dans les Indes par le gouvernement des Pays-Bas , et qui y ont été victimes de leur zèle pour les progrès de la science , ont dé- couvert et caractérisé ce sous-genre. Ils l'ont nommé diplopinon ^ d'après la double den- telure du préopercule , et ils ont donné à l'espèce sur laquelle ils l'ont établi, l'épithète de hifasciatimi. Nous conservons religieuse- ment ces noms tant générique que spéci- fique; c'est de notre part un devoir envers 1 38 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. des hommes dont les premières études avaient été perfectionnées sous nos yeux, et dont les recherches seront si utiles à notre ouvrage , grâce à la libéralité avec laquelle le savant M. Temminck, directeur du musée royal des Pays-Bas, a bien voulu favoriser nos travaux. Le Diploprlon ressemble beaucoup à l'énoplose par son corps comprimé; mais sa tête est bien plus grande; son tronc s'abaisse davantage de l'arrière; ses nageoires dorsales et anales, bien qu'élevées, ne se prolongent pas en pointe, et l'armure de sa tête sur- tout est plus compliquée, et surpasse même celle de la perche commune, ayant trois fortes épines à l'opercule et des dentelures à toutes les autres pièces opère ulaires. Le corps et la tête sont comprimés au point que l'épaisseur n'est que le dixième environ de la lon- gueur totale. La tête est aussi haute que longue, et sa longueur n'est guère plus de trois fois dans la longueur totale. La nuque s'élève encore d'un quart en sus de la hauteur de la tête; ensuite la ligne du dos descend obliquement jusqu'à la partie de la queue qui est en arrière des dorsales et de l'anale, et qui égale le sixième du total en longueur. La hau- teur de cette partie est un peu moindre que sa lon- gueur. Le profil descend obliquement ; l'ouverture de la bouche va en montant. L'œil est près de la ligne du profil, dont la longueur égale trois fois son diamètre. Les dents sont en velours aux deux mâchoires. CHAP. VI. DIPLOPRION. 159 Il y en a deux petits groupes au-devant du vomer, et un de fort petites à chaque palatin. La langue est étroite , pointue et lisse. La mâchoire supérieure est assez protractile. L'os maxillaire est large , et a deux ou trois côtes saillantes irrégulières, et, vers le haut, deux tubercules mousses. Le sous-opercule est rude et veiné, mais non dentelé. L'angle du préopercule est obtus: son limbe a une ligne rude ou un peu den- telée; son bord est irrégulièrement dentelé. L'opercule osseux est assez rude, et se termine par deux fortes épines et deux petites. Le subopercule a quelques dentelures , et l'interopercule est dentelé tout autour. Le crâne est rude. Il y a entre les yeux deux petites arêtes longitudinales mousses. L'os surscapulaire est rude et sans dentelure; mais l'huméral est dentelé au-dessus de la pectorale, et dans l'aisselle. La première dorsale est arrondie, et a près de moitié de la hauteur du corps. Elle finit exactemeni au pied de la seconde, et a huit rayons, dont le pre- mier, le septième , et surtout le huitième , sont les plus courts; le troisième et le quatrième sont les plus longs. La seconde dorsale s'élève autant et plus que la première, mais ne tient pas tout-à-fait autant d'espace en longueur. Elle a quinze rayons tous mous. L'anale occupe à peu près le même espace, mais est un peu moins haute. On y compte deux épines très -courtes et douze rayons mous. La cau- dale est un peu arrondie au bout : elle a dix-sept rayons. Les pectorales sont médiocres, arrondies, de seize ou dix-sept rayons. Les ventrales sortent exac- tement sous la base des pectorales, et se prolongent 140 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. en pointes qui atteignent jusqu'au-delà de l'anus. Leur épine est de plus de moitié plus courte que leur premier rayon mou. B. 7; D. 8—15; A. 2/12; C. 17; P. 17; V. 1/5. Les écailles sont fort petites, c'est à peine si on sent leur ripreté; la joue en est revêtue, mais je n'en vois point sur les autres parties de la tête. Cependant une figure envoyée par MM. Kuhl et Van Hasselt en marque sur l'opercule de plus grandes que sur le corps. Il n'y en a point sur les nageoires verticales. La ligne latérale est en avant un peu plus convexe que celle du dos. Le fond de la couleur est d'un beau jaune, un peu teint de roussâtre. Une large hande noire descend de la nuque à l'œil, et se prolonge sur la joue. Une autre, quelquefois beaucoup plus large que la pre- mière, coupe le milieu du corps, depuis la moitié postérieure de la première dorsale jusqu'cà l'anus et au commencement de l'anale , et , dans certains indi- vidus, jusqu'à toute la base de cette dernière na- geoire. La première dorsale est brunâtre ou noirâ- tre, et a le bord plus foncé, surtout en arrière. Les autres nageoires sont jaunâtres; il y a une teinte de gris sur les ventrales. Les individus ont environ six pouces de longueur. Le diploprion a le foie petit, composé de deux lobes triangulaires et pointus. L'estomac est petit; ses appendices cœcales sont grêles, de longueur mé- diocre, et au nombre de trois : celle qui est à la droite de l'estomac est de moitié plus courte que les deux autres. L'intestin fait deux replis égaux entre CHAP. VI. DIPLOPRION. 141 eux, et chacun aussi long que l'abdomen; ce qui rend l'iniestin e'gal aux deux tiers de la longueur to- tale. La vessie natatoire est assez grande j ses parois sont très-minces. Le péritoine est d'une belle couleur d'argent mat très-éclatante. Dans le squelette, le crâne est lisse et bombé entre les yeux; il est rugueux sur les côtés. La crête mi- toyenne est petite , peu élevée, dirigée en arrière , et a de chaque côté une petite crête latérale. Sur le front et en avant de chaque orbite il y a une crête osseuse, peu élevée, épaisse, qui ne dé- passe pas l'angle antérieur de l'œil. Le sous-orbitaire est large, remonte jusqu'au-de- vant de l'œil sur le front, de manière à isoler du crâne les deux très-petits os du nez. L'ethmoide prolonge le museau au-delà des yeux par une lame tranchante qui s'étend en avant de la face. Le préopercule est peu concave. Le surscapulaire est très-petit, le scapulaire mé- diocre, de forme oblongue. L'huméral et le radial sont très-développés, et forment une large ceinture osseuse , creusée en gouttière peu profonde. Le coracoïdien est très-gros et très-solide. Il y a douze vertèbres abdominales et treize cau- dales. Les côtes sont très-petites et très-grêles. Les dents pharyngiennes sont en cardes fines. Ce poisson habite les côtes de File de Java. 1 42 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. CHAPITRE YII. Des Apogons, des Chéilodiptères et des Pomatomes. Nous réunissons dans ce chapitre trois genres fort voisins, et qui diffèrent tous les trois des genres prëcédens, par l'éloignement de leurs deux dorsales et le peu d'adhérence de leurs écailles. DES APOGONS. Cegenre, établi par M. de Lacépède, quoique nommé d'après une idée exagérée de ses rap- ports avec les muUes, doit être conservé; il comprend des poissons dont les écailles sont grandes et tombent facilement, comme celles des mulles, et qui ont aussi, comme les mul- les, les dorsales peu étendues en longueur, et très-séparées; mais qui, d'ailleurs, offrent plu- sieurs des caractères des perches : des dents en velours partout, un double rebord au préo- percule, le bord de cet os finement dentelé, et très-peu d'appendices au pylore. Nous n'en possédons qu'une espèce dans la IVIéditenanée , mais il y en a beaucoup dans l'océan Indien. CHAP. VII. APOGONS. 143 L'Apogon commun, vulgairement Roi des ROUGETS. {Apogon reoc mullorum , nob.) ^ L'apogou de nos mers est un petit poisson peu remarquable par lui-même, mais dont l'histoire mérite d être racontée en détail , ne fut-ce que pour faire voir a quel point le défaut d'attention et de critique , et la manie d'accumuler des espèces dans les catalogues, ont embrouillé les faits les plus simples de l'histoire de la nature. Les anciens donnaient le nom de r^tyKvj en grec, de muUus en latin, au poisson que les Italiens appellent encore trilliay qui est notre rouget de Provence {mullus barbatus, Lin.) et qui n'a que des rapports fort éloignés avec ceux que les naturalistes connaissent aujour- d'hui sous le nom de trigla. Toutes les espèces de ces mullus ont deux longs barbillons sous la mâchoire inférieure; cependant quelques anciens les ayant appelées mulles barbus, on a supposé qu'ils voulaient faire de cette épi- thète une distinction dans le genre et qu'ils avaient aussi connu des mulles imberbes, et 1. Mullus imberhis, L. ; Apogon rouge, Lacép., t. III, p. 4i2. 1 44 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. l'on s'est cru oblige de retrouver un poisson auquel ce nom pût être appliqué. Rondelet le donne à un trigle , dans le sens actuel du mot, le tripla lineata, Bl.; mais Willugliby, p. 286, l'a transféré à un autre poisson, qui ressemble beaucoup mieux, du moins au premier coup d'œil, aux muUes or- dinaires par sa forme un peu courte , la po- sition de ses deux dorsales, sa couleur rouge et ses grandes écailles. Ce poisson , connu à Malte sous le nom de roi des muUes, re dei tri^li, a été considéré par Artedi et par Lin- naeus comme une espèce de mulle, et nommé, d'après Willugbby, niullus imberhis. Gesner en avait déjà donné une figure passable pour son temps (p. 1273) sous le nom de con^ulusj mais ni Willugbby ni ses successeurs ne s'aper- çurent de l'identité de ce con^ulus avec le mulle imberbe. Bien plus, comme sa colloca- tion parmi les mulles supposait implicitement qu'il avait leurs caractères génériques, divers naturalistes plus récens, qui ont revu ce pois- son ou quelques-uns de ses congénères, et qui n'y trouvaient pas ces caractères, n'ayant pas re- connu leurs espèces pour analogues à celle de Willugbby, les ont décrites sous des noms nou- veaux, et elles se sont multipliées à un degré étonnant dans les ouvrages les plus savans. CHAP. VII. APOGONS. 445 Gronovius, par exemple, a fait de l'apogon son genre amia. Sa description {Zoophyl.^ p. 80) et sa figure (pi. IX, fig. 2) ne laissent aucune équivoque. On a peine à concevoir comment ni l'une ni l'autre n'a attiré l'atten- tion des ichtyologistes subsëquens. Il est sur- tout étonnant, le cahier du Tjoophjlaciuin , qui les contient, ayant paru en 1763, que Linnaeus ait donné ce nom dianiia à un genre tout différent, de l'ordre des abdominaux, et de la famille des harengs. M. de Lacépède, supposant comme Artedi et Linnœus que le mulle îmbeibe avait , aux bar- billons près, tous les caractères des mulles, a ca- ractérisé son genre apogon^ où il ne comprend que le poisson de Willughby? par cette absence des barbillons seulement (tome III, p. 4i 1 et 412); et, ayant trouvé dans les papiers de Commerson des dessins de poisson tout sem- blables, s'ils ne sont les mêmes, il ne s'est point douté qu'ils appartinssent au même genre. Ainsi un premier de ces dessins , bien re- connaissable pour quiconque a vu le poisson, mais où les dents ne sont pas exprimées, lui a fait croire qu'il s'agissait d'un poisson à mâ- choires nues , et est devenu Xostorinque Fleu- rieu (Lacép. , tome IV, p. 24; et tome III, pi. XXXII, fig. 2). Un autre, fait à la plume, 2. 10 146 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. OÙ les dents sont représentées par des points ^ a donné à penser que ces dents étaient fortes, comme celles des spares , et il a paru sous le nom de diptérodon hexacanthe (tome IV, p. 167; et tome III, pi. IV, fi g. 2); à quoi il faut ajouter que la description de Commerson', sur laquelle M. de Lacépède a établi son cen- tropome doré {tome IV, p. 278), se rapporte très -probablement au même poisson que le dessin sur lequel repose Xostorinque Fleurieu, Pour compléter cette suite de bizarreries de nomenclature , M. Maximil. Spinola, de Gènes, dans les Annales du Muséum d'histoire natur. (t. X, p. 370, et pi XXVIII, fig. 2), reproduit l'apogon de la Méditerranée comme un être nouveau, et lui impose le nom de centro- pomus rubens, qui, dans M. de Lacépède, ainsi que nous le verrons par la suite , est celui dun mjripristis. On n'a qu'à placer la figure que nous venons de citer à côté de celle de ïamia de Gronovius, pour juger à l'instant que c'est la même chose. M. de La Roche , rap- portant ce même apogon d'Iviça (Ann. du Mus., t. XIII, p. 3x8), a cru y retrouver le perça pusilla de Biùnnich [Ichtyol. Mass., p. 62) , ou 1. ylspro rubro-cupreiis , deauratus , dorso dipterjgio , pinnis ruhris , dorsali priori et basi caudœ nigris. CHAP. VIT. APOGONS. 147 persèque Brunnich de Lacépède, qui, ce que personne n'a encore remarqué , n'est autre chose que le capros de M. de Lacépède ou ztus aper, L. Enfin, M. Rafinesque [Carat- teri di alciin. nuoi^i §en., etc., p. 47? i^-*^ l'^^)'> décrit encore ce poisson comme nouveau, et l'appelle dipterodon ruber, tout en plaçant quelques lignes plus loin, dans son Indice, p. 26 et 27, Vapogojij qu'évidemment il ne cite que d'après les autres. M. Risso me paraît le seul des naturalistes postérieurs à Willugliby, qui ait reconnu le véritable niulle imberbe de cet auteur, ou Xa- pogOTi de M. de Lacépède, et qui l'ait donné pour ce qu'il est réellement. Espérons que cette discussion et les détails où nous allons entrer, empêcheront que tant de méprises ne se renouvellent.^ L'apogon de la Méditerranée est un petit pois- son qui passe rarement quatre et jamais six pouces de longueur. Son corps est court, médiocrement comprimé et notablement ventru dans sa partie moyenne, dont la hauteur est trois fois dans la lon- gueur totale. Sa tête est courte du tiers de la lon- gueur du poisson, un peu obtuse, et n'a rien des proportions de celle des mulles; car le caractère de 1. Le fond de cet article a déjà paru en 181 5, dans le tome L" des Mémoires du Muséum , p. 236. 148 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. celle-ci consiste dans le prolongement tantôt verti- cal, tantôt oblique, de l'espace entre la bouche et les yeux, prolongement qui tient à celui de l'ethmoide et des sous-orbitaires. Dans l'apogon, au contraire, cet intervalle est extrêmement court. La bouche est médiocrement fendue et peu protraclile. Les deux mâchoires sont armées d'une bande étroite de dents en velours, très-fines et très-serrées. Un chevron de pareilles dents occupe l'extrémité antérieure du vo- mer, et il y en a une petite bande à chaque palatin. Les pharyngiens en ont de plus fortes; mais on n'en voit aucune sur la langue, qui est libre, obtuse et molle au bout. La membrane branchiostège a sept rayons, comme dans les perches, et non pas trois seulement , comme dans les muUes. L'œil est grand. Le préopercule a son bord finement dentelé , comme dans beaucoup d'autres poissons de cette famille; mais un caractère particulier à l'apogon, dont nous n'avons vu qu'un commencement dans le centro- pome, c'est que ce préopercule a une crête saillante, qui forme un double rebord en avant du bord ordi- naire. L'opercule porte une petite épine à son bord postérieur, ou plutôt sa partie osseuse finit par un angle obtus, mais ferme. Du reste, la joue et toutes les pièces de l'opercule sont garnies, comme le corps , de larges écailles minces, un peu rudes à leur bord; mais il n'y a point de ces écailles sur le crâne, ni entre les yeux, ni sur le nmseau, ni aux mâchoires. Le dessus du crâne a quelques inégalités, et sous les branches de la mâchoire inférieure sont deux lignes longitudinales saillantes. La ligne latérale suit à peu CHAP. VII. APOGONS. 149 près la courbure du dos, dont elle est beaucoup plus rapprochée que du ventre. Les écailles qui la forment ont chacune trois petites élevures ou petits tubes saillans. Les deux dorsales sont séparées par un es- pace notable, quoique moins grand à proportion que dans les niuUes, et qui laisse place pour trois écailles. La première a six rayons épineux , dont le deuxième est le plus long. Le premier est trois fois plus court. Tous sont grêles, quoique roides. La deuxième en a un épineux et neuf rameux : l'épineux est de moitié plus court que celui qui le suit. On en compte dix mous aux pectorales, un épineux et cinq rameux aux ventrales ; deux épineux et huit rameux à l'anale; enfin, dix-neuf rameux à la caudale , qui est plutôt carrée que fourchue. D. 6—1/9; A. 2/8; C. 19; P. 10; V. 1/5. La teinte générale de ce poisson est un rouge ar- genté ou doré, tirant plus ou moins sur le jaune, selon les saisons. Il y a des momens où il est presque tout jaune; mais il conserve toujours une tache noi- râtre de chaque côté du bout de la queue, à la base de la caudale. Il en a aussi ordinairement une vers chaque angle de la caudale , une autre sur la pointe de la deuxième dorsale, et du brun entre l'œil et le museau. Tout son corps est semé de très-petits points noirs, qui se font plus remarquer sur la joue et sur l'opercule. Ses nageoires sont généralement d'un beau rouge. Il a l'iris argenté. Par ses intestins comme par son extérieur il res- semble à la perche beaucoup plus qu'au mulle. L'es- tomac est charnu, coiut et arrondi; le pylore n'est, 150 OVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. entouré que de quatre appendices cœcales; l'intes- tin, peu alongé, n'est replié que deux fois. Il a une grande vessie natatoire à parois minces et transpa- rentes. Je compte au squelette vingt-cinq vertèbres, dont neuf seulement appartiennent à l'abdomen , et parmi elles huit portent des côtes. L'apogoii n'est pas à beaucoup près con- finé dans les parages de Malte, comme sem- blent le croire ceux qui n'en parlent que d'après Wilkighby. Nous l'avons de Marseilfe , de Nice , de Gènes, d'Iviça, de Naples et de Palerme. Il y a grande apparence qu'il habite dans toute la Méditerranée 5 cependant M. Nardo ne le nomme pas dans son catalogue des poissons de l'Adriatique : je ne vois pas non plus qu'on l'ait observé sur nos côtes de l'Océan. On n'en prend que dans le temps du frai, en Juin, Juillet et Aoûtj le reste de l'année il se tient dans des profondeurs inaccessibles. Sa chair est excellente \ On le nomme à Nice sarpananzo^ ; à Gènes, où il paraît qu'il est rare, castagnena rossa ou castagnau rouge^y à Iviça, cagna-vieja-rosa'^ ; en Sicile, mima- cedda riissa.^ 1. Risso, p. 2i6. — 2. Id.,ib. — 3. Spinola, loc. cit. — 4. Laroche, ioc. cit. — 5. Rafiiiesque, Caratieri, p. 47? <"/ i^i- dice , p. 26, n.° i84- CHAP. VII. AP060NS. 451 Des Apogons étrangers. Ce sous-genre des apogons , qui n'a qu'un seul représentant dans la Mëditerranëe , en a un assez grand nombre dans la mer des Indes ; mais jusqu'ici nous n'en avons point reçu d'A- mérique, ni même des côtes occidentales de l'Europe et de l'Afrique; et ce qui est singu- lier, il s'en voit dans la mer des Indes de presque absolument semblables à ceux de la Mëditerranëe. Les naturalistes qui ont accompagne M. Frey- cinet, en ont rapporte des îles Waigiou et Rauwack , près la pointe nord - ouest de la Nouvelle-Guinëe , qui ne diffèrent des nôtres que par une taille un peu supérieure , et la tache des côtes de la queue mieux conservée. Ce sont probablement ceux-là qui ont été observés par Commerson, et qui ont donné lieu à l'établissement de Xostorinque Fleurieu^, du diptéroclon hexacanthe^ , et du centro- pome (loré^y la figure de Xostorinque Fleu- rieu"^ surtout leur ressemble parfaitement. Les mêmes naturalistes en ont trouvé un à la baie des Chiens-marins , à la Nouvelle- 1. Lacép., t. IV, p. 24. — 2. Id., t. m, p. 3o. — 3. Id.^ l. IV, p. 273. — 4. T. m, pi. 32 , fig. 2. 1 52 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. Hollande , où il nous a été impossible de voir de différence avec le commun; et un autre de l'île Guanij Tune des Mariannes, qui ne se distingue que par une teinte un peu plus brune , produite peut - être par la manière dont il a été conservé. C'est de quelqu'un de ces poissons que Houttuyn a fait son spams notatus, adopté par Gmelin sous le même nom, et que M. de Lacépède (tome IV, p. 167) a appelé dipté- rodon noté; mais en altérant, tous deux, les nombres des rayons, qui, d'après la descrip- tion originale, seraient: D. 7 — 1/7; A. 1/8; C. 14; p. 10; V. 6. Le reste de cette description s'accorde, d'ail- leurs, très-bien avec notre apogon commun. Les espèces suivantes ont des caractères plus saillans, et ne peuvent être confondues avec la nôtre. Z/'ApOGON a nageoires NOIRES. {yépogon nigripinnis y nob.) La première vient de Pondichéry, où on la nomme Sené-Kinté, selon M. Leschenault. MM. Ruhl et Van Hasselt l'ont aussi en- voyée de Java au Musée royal des Pays-Bas. Elle a les dents un peu plus fortes que l'espèce CHAP. Vil. APOGONS. 155 de la Méditerranée, et ses nageoires dorsales, ven- trales et anale sont noires. D. 7 — 1/9; A. 2/8, etc. Elle ne paraît pas passer deux pouces ou deux et demi. Z/'Apogon a quatre rubans. {^pogon quadrifasciatus , nob.) Une seconde, également envoyée de Pon- dichéry, où on l'appelle du même nom de Séné-Kintéy est d'un argenté rougeâtre avec deux bandes brunes de chaque côté le long du dos, dont la seconde, ve- nant du museau et de l'œil, règne jusque sur le mi- lieu de la caudale. Nous l'appelons apogon à quatre rubans {apogon quadrifasciatus). D. 7—1/9; A. 2/8, etc. Elle doit bien peu différer du poisson gravé dans le Voyage à la Noiwelle-Galles du sud de John White^ p. 268, fig. i.'^ sous le nom de mullus fasciatus. Cette figure, qu'aucime description détaillée n'ac- compagne, montre un dos bombé, des nombres de rayons, les mêmes, autant qu'on en peut juger, qu'à notre apogon d'' Europe. Une couleur argentée, jau- nâtre vers le dos j une bande noire parallèle à la ligne du dos, et une autre allant en droite ligne le long du milieu de la hauteur. Depuis l'ouïe jusqu'à la base de la caudale les nageoires sont jaunâtres. 1 54 livre troisième. percoïdes. Z/'Apogon a neuf rubans. {jipogon novemfasciatus y nob.) Notre troisième espèce a été apporte'e de Timor par Përon et de File Giiam par les compagnons de M. Freycinet. Elle est un peu moins haute, un peu moins grosse à proportion que celle de la Méditerranée, et a neuf rubans longitudinaux noirs, un sur le dos, trois de chaque côté, allant jusqu'à la nageoire de la queue, et deux sous le corps. D. 7 — 1/9; A. 2/8, etc. Ces trois espèces ont, comme on voit, les mêmes nombres de rayons que notre apogon de la Méditerranée , et toutes leurs parties offrent les mêmes détails de conformation. Zy'APOGON A NAGEOIRES VARIÉES. (apogon pœcilopterus , K. et V. H.) MM. Ruhl et Van Hasselt ont envoyé de Java au cabinet royal des Pays-Bas un apo- gon différent des précédens ; les taches de la deuxième dorsale lui ont fait donner le nom de pœcilopthre. Sa forme est celle de l'espèce d'Europe. Sa couleur est un rouge teint de brun sur le dos , plus clair sur CHAP. VII. APOGONS. 155 les flancs , blanchâtre sous le ventre. Il y a des taches brunes sur les flancs, une grande tache noire sur sa première dorsale, une bande brune à la base de la deuxième, qui d'ailleurs est marbrée de noir en forme de taches ocellées. La caudale est grise j les autres nageoires sont blanchâtres. D. 6— 1/9; A. 2/9, etc. L'individu est long de quatre pouces. Z/'Apogon orbiculaire. {Apogon orbicularis , K. et V. H.) On doit aux mêmes naturalistes un autre apogon très-haut du milieu, et fort court, qu'ils ont nommé par cette raison apogon or- hiculaire. Il est remarquable par une xarge ceinture brune qui entoure son corps depuis le commencement de la première dorsale jusqu'à l'anus. Derrière cette cein- ture sont éparses diverses taches brunes , dont quel- ques-unes sont réunies en une ligne longitudinale qui règne sur le milieu de chaque coté de la queue. Le fond de la couleur paraît avoir été rouge. La première dorsale, dont la seconde épine est haute et forte, a sa membrane semée de points bruns. Les autres na- geoires sont jaunâtres. L'épine de la deuxième dor- sale et la seconde de l'anale sont aussi à proportion longues et fortes. D. 6 — 1/9; A. 2/8, etc. 1 56 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. L'individu est long de trois pouces sur dix-huit lignes de hauteur. Ses écailles, de forme exactement demi-circulaire, ont à leur côté radical, qui fait leur diamètre, quinze crénelures et autant de rayons à leur éventail. Z'Apogon a trois taches. {^pogon trimaculatuSj nob.) Le plus grand des apogons que nous con- naissions vient d'être rapporté de Vile de Bourou , l'une des Moluques , par MM. Les- sonetGarnot, naturalistes de l'expédition Du Perrey. Il a près de sept pouces de longueur; mais ses formes et ses caractères sont absolument les mêmes qu'à celui d'Europe, à de légères différences près dans les nombres, et il paraît avoir aussi été d'un rouge plus ou moins doré. Son caractère ext,|érieur le plus apparent consiste en taches noires rapprochées pour former trois grandes marbrures, une sous la première dorsale, une sous la seconde, et une troi- sième sur la queue, entre la dorsale et la caudale. Il y en a aussi une petite sur l'opercule. La première dor- sale paraît avoir été marbrée de blanc opaque et de brunâtre. Ses épines sont fortes, surtout la seconde, qui est triple de la première; les quatre autres di- minuent ensuite ; en un mot , toutes les nageoires sont comme à notre espèce d'Europe, et il en est CHAP. VII. APOGONS. 157 de même de ses écailles, de ses dents, des arbus- cules de sa ligne latérale, etc. Il y a cinq petites épines sur la base de sa cau- dale et quatre dessous. B. 1; D. 6 — 1/19; A. 2/9; C. 17; P. 14; V. 1/5. Le foie de cet apogon à trois taches a la forme d'un grand croissant, et il occupe tout l'hypocondre gauche; sa pointe antérieure passe sous l'oesophage j mais elle n'entre pas même dans le côté droit de l'abdomen. La vésicule du fiel, suspendue à cette pointe, est très-longue et fort étroite. Elle se porte en arrière au-delà de la pointe de l'estomac. L'œsophage et l'estomac forment ensemble un grand sac assez long. Du milieu de la longueur, sans qu'il y ait débranche montante bien saillante, on voit sortir l'intestin, qui fait deux replis égaux, chacun à la dis- tance du pylore à l'anus. Le pylore est entouré de quatre appendices cœcales. L'estomac était rempli de crabes, La vessie natatoire est très-grande. Ses parois sont très-minces. Les reins sont fort petits et donnent dans la vessie urinaire par deux uretères assez longs. Zi'ApOGON CARÉNÉ. {Apogon carinatus , nob. ) Il y a un apogon presque aussi grand que le précédent, apporté du Japon au cabinet de Berlin par M. Langsdorf. Sa taille est de cinq pouces et demi. Ses formes sont les mêmes qu'à l'espèce d'Europe. Sa ligne laté- i 58 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. raie est marquée par une suite de petites carènes sur les écailles qui lui appartiennent. Il paraît avoir été rouge, et se distingue par une grande tache noire et ronde sur les quatre derniers rayons de la seconde dorsale. L'anale est aussi bordée d'un peu de noir. D. 1 — 1/9 ; A. 2/10 ; C. n ; P. 14 j V. 1/5. Son nom japonais est écrit par M. Langsdorf wcA/- motsch (^ichimolche). M. Ehrenberg a encore apporté de la mer Rouge six espèces d'apogons, différentes de toutes les précédentes. Le nom générique de ces poissons en arabe est tahali, qui se donne aussi à plusieurs clié- todons; car il est, sans doute, le même que celui de tahak, cité plusieurs fois par Fors- kal dans ce dernier genre. L'Apogon cuivré. {j4pogon cupreus , Ehr.) La plus grande de ces espèces est toute de couleur cuivrée ; elle diffère de celle de la Méditerranée par des formes un peu plus alongées. Sa queue est à demi fourchue. D. 7 — 1/8 j A. 2/8. chap. vii. apogons. 459 Z/'Apogon large. {Apogon latus, Ehr.) Une autre est plus courte et toute brunâtre, et a la queue un peu moins échancrée. Z/'Apogon rayé. {jipogon multitœniatus , Ehr.) Une troisième a le corps rose, rayé de beaucoup de lignes longi- tudinales brunes. Sa queue est aussi à demi fourchue. D. 7 — 1/9; A. 2/8; P. 14. Z/'Apogon a cinq rubans. {jipogon tœnlatuSt Ehr.) Une quatrième se reconnaît à son dos brun verdâtre, à son ventre rose et aux cinq lignes brunes longitudinales des flancs. Une tache noire arrondie est sur l'épaule ; une autre, ocellée, est sur la base de la queue. Les trois premiers rayons de la dorsale épineuse sont noirs; un trait noir longitudinal est sur la base de la seconde dorsale. Ses ventrales sont noires. D. 7 — 1/8; A. 2/9; G. 17; P. 19; V. 1/5. 1 60 livre troisième. percoïdes. L'Apogon a sept taches. {Apogon heptastjgma, Ehr.) Une cinquième espèce a le museau beaucoup plus pointu; le corps d'un brun rougeâtre; les nageoires rougeâtres. Il y a cinq points noirs à la base de la dorsale, et deux à la base de la caudale. C'est ce qui lui a fait donner par M. Ehrenberg le nom inscrit en tête de cet article. D. 6 — 1/8 j A. 2/8; C. n ; P. 12; V. 1/5. Z'Apogon bardé. {Apogon lineolatus , Ehr.) Enfin, une sixième a le corps rosé, avec treize lignes verticales rouges; une tache noire à la queue; l'iris de l'œil jaune; un trait bleu sur le bord supérieur de l'orbite, et un autre sur l'inférieur. Le nombre des rayons mous de son anale diffère beaucoup des autres : il est de treize ou quatorze. D. 6 — 1/9; A. 2/14. Sa taille est à peine de deux pouces. 1^'Apogon a longues anales. {Apogon macropterus , K. et V. H.) Nous retrouvons ce même nombre dans une espèce envoyée de Java par MM. Kuhl CHAP. VII. APOGONS. 161 et Van Hasselt, et que ces naturalistes ont nommée, à cause de cette circonstance, apo- ^on niacropterus. Les épines de sa première dorsale sont très-faibles : d'ailleurs ses formes sont à peu près celles de 1 apo- gon d'Europe, excepté qu'il est un peu plus com- primé. D. 6—1/9; A. 2/13, etc. Il paraît avoir été rouge doré , et montre sur chaque écaille une ligne verticale de très-petits points bruns. Ses nageoires paraissent grisâtres ou jau- nâtres. Il est long de trois pouces. L'Apogon MÉACO. {Jlpogon meaco , nob.) Le spare méaco de M. de Lacépède (tome IV, p. 54 et 160), établi sur une descrip- tion manuscrite envoyée par M. Thunberg, et intitulée mullus fasciatus , nous parait devoir se rapporter encore aux apogons. « Ce mulle (dit M. Thunberg) est imberbe. Son ce corps est ovale , comprimé , long d'un empan , « brun, avec six bandes blanches et une tache brune « à la queue. Ses écailles sont grandes, ovales, striées, « entières; sa tête comprimée, lisse; ses dents petites, « obtuses; les deux antérieures de chaque mâchoire « plus grandes. Ses nageoires sont tachetées de brun. 2. 11 ^(J2 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. ,( La caudale est ronde et a une grande tache brune, « ronde , dans son milieu. '' Il exprime les nombres des rayons comme il suit : D. 9/10; A. 3/8; C. 15; P. 9; V. 1/5. Ce qui ne dit pas que la partie épineuse et la partie dorsale soient séparées; mais le nom géné- rique de mullus semble le dire suffisamment. DES CHEILODIPTERES. Ce sous-genre , établi par M. de Lacépède d'après une espèce rapportée de la mer des Indes par Commerson, est à celui de l'apogon ce que le sandre est à la perche proprement dite ; il se compose de véritables apogons , dans les dents desquels se mêlent quelques longs crochets pointus^ du reste, il en a tous les caractères génériques : des dents en fin velours aux deux mâchoires, au-devant du vomer et au palatin; le préopercule à double rebord et très-finement dentelé; Topercule en- tier et sans aiguillons; de grandes écailles tom- bant facilement sur la tète et stir le corps ; deux dorsales bien séparées Tune de l'autre , et même plus séparées quà l'apogon. CHAP. \II. CHÉILODIPTÈRES. 165 Le Chéilodiptère a huit raies. {Cheilodipteriis octovittatus y nob.) ^ L'espèce de Commerson a même des nombres de rayons pareils : savoir, six épineux à la première dorsale ; un épineux et neuf rameux à la seconde ; deux épineux et huit rameux à l'anale; dix-neuf à la caudale; dix aux pectorales; et aux ventrales, comme toujours, un épineux et cinq rameux. D. 6_ 1/9; A. 2/8; C. 19; P. 10; V. 1/5. Il a même de chaque côté de la queue cette tache ou bande verticale noire qui se voit dans la plupart des apogons. Sa couleur parait avoir été blanchâtre, avec huit bandes longitudinales noirâtres qui se rendent depuis la région de l'œil jusqu'à la tache noire de la queue. Il est aussi un peu plus grand que les apogons connus, et son museau est un peu moins court. La mâchoire supérieure avance un peu quand la bouche est fermée : elle a trois grandes dents pointues de chaque côté , et il y en a quatre à chaque côté de l'in- férieure. Ses écailles sont assez lisses. La caudale est échancrée en croissant. Cette description est faite sur l'individu desséché par Commerson. Ce voyageur en a aussi laissé un dessin qui a été gravé dans l'ouvrage de M. de Lacépède , tome III , pi. XXXIV, tîg. 1.^^% et d'après lequel M. de 1. C/iéUvdiplère rayé ^ Lacép. ; Centropome macrodon, id. 'ÎG4 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. Lacépède, qui n'avait pas vu l'individu sec, a établi son espèce du chéilodiptere rayé, ïb.y p. 543. Dans le sens de l'auteur, ce nom de chéilodiptere indiquerait des labres à deux dorsales. Non-seulement il est mal composé, mais il présente une idée fausse. Ces poissons n'ont pas de lèvres épaisses, c'est la manière dont le dessin rend les lèvres, ou plutôt les mâchoires de notre poisson, qui a pu conduire à cette erreur. Au reste, la plupart des cbéilo- diptères répondent aussi peu que celui-ci à l'idée qu'on pourrait s'en faire d'après cette comparaison : \liept acanthe est un teninodouj le chrjsoptkre, une perche^ le cjanoptere est Xonibrine conunune y Xacoupa, un corh, et le nuLurice, le inacrolépidote et le tacheté, des eleotris, etc. Il ne restera donc guère que notre espèce actuelle, qui n'entre pas dans d'autres genres, et c'est ce qui nous a déterminé à lui laisser ce nom de chéilodiptere. Le centropome niacrodon , Lacép., t. IV, p. 273, n'est que le même poisson, pris de la description laissée par Commerson dans ses manuscrits; dont M. de Lacépède n'avait pas reconnu la correspondance avec le dessin. Le caractère même, donné par Commerson', an- 1. Aspro dorso dipterjgio denlihus raris at loiigis et exerlis . cor- pore tœniis fuscis obsoletis ocfo circiter utrinqut lincato. CHAP. VII. CHÉILODIPTÈRES. 465 nonce leur identité, et la lecture de sa descrip- tion plus détaillée ne permet pas d'en douter. On y voit exactement les mêmes nombres de rayons et de dents; et tous les autres détails. Cette description faite sur le frais nous apprend que l'iris était grand et argenté; la langue obtuse et lisse; que la première dorsale était presque toute noire et les autres nageoires rouges; que le péritoine est très- argenté. L'espèce a été observée par Commerson sur les côtes de l'Isle-de-France, au mois de Jan- vier; sa chair n'est pas mauvaise. Elle y est, dit-il, assez rare, et, en effet, aucun voya- geur ne nous l'a rapportée depuis. Le Chéilodiptère arabique. {Cheilodipterus arabicus, nob.) Une espèce qui doit ressembler beaucoup à la précédente, et qui cependant est différente, est le perça lineata de Forskal [perça ara- bica, Gmel. ; centroponie arabique, Lacép.). Déjà par ce qu'en dit le voyageur danois, on pouvait juger que ce poisson a les mêmes dents, les mêmes opercules, les mêmes écailles tombant facilement, les mêmes nombres de rayons, les mêmes couleurs à peu près, une tache semblable aux côtés de la queue, mais IG(> LIVRE TROISIÈME. PERCO'lDES. avec im éclat doré; les seules difFërences im- portantes qui résultaient de sa description, c'est que les lignes noires des flancs vont à seize ou dix-sept de chaque coté, et que la seconde ëpine anale se prolonge en fila- ment. Nous venons de vérifier ces ressem- blances et ces différences sur un échantillon que M. Ehrenberg a bien voulu nous commu- niquer, et sur un dessin que cet habile obser- vateur a fait sur les lieux et d'après le frais. Forskal a vu ce poisson dans la mer Rouge, près de Jidda; on l'y nomme en arabe dje- sauvi; M. Ehrenberg Ta aussi entendu appe- ler tahah par les Arabes de Lohaia. Le dos est teint de verdatre. Le nombre des lignes noirâtres de chaque côté va de quatorze à seize ou dix-sept. Le fond argenté est teint de rose dans plu- sieurs de leurs intervalles; elles s'arrêtent au milieu de l'espace qui est entre la dorsale et l'anale d'une part, et la caudale de l'autre. Sur la base de la caudale est une large bande verticale verte, changeant en jaune ou en doré, et au milieu de cette bande est une tache ronde et noire. Le bord antérieur de la première dor- sale est noir. L'iris de l'œil paraît jaunâtre. B. Tj D. 6 — 1/10 ou 1/9 ; P. 14 ; V. 1/6; A. 2/9, 1/8; C. 17. Les viscères du chéilodipt ère arabique ressemblent à ceux de la perche. L'estomac est ample et alongé. L'intestin ne fait que deux replis; il est de longueur médiocre. CHAP. VII. CHÉILODIPTÈRES. 1 67 Le pylore est garni de trois appendices cœcales; celle du côté droit est grêle et aiongée. L'individu que nous avons disséqué était une fe- melle. Ses ovaires étaient remplis d'oeufs très -pe- tits. A leur côté interne, et auprès de la réunion des deux sacs , il y avait une masse plus épaisse , d'une apparence plus homogène , semblable à celle qui existe dans les serrans de nos côtes, et que Cavolini a considérée comme une laitance. Le Chéilodiptère a cinq raies. {Cheilodipterus quinquelineatus y nob.) MM. Lesson et Garaot viennent de rap- porter de Bola-hola , l'une des îles de la So- ciété, un petit chéilodiptère, fort semblable à celui de Commerson , mais qui n'a que cinq raies noires de chaque côté : une impaire le long de la ligne du dos, en avant et en arrière des dorsales; une qui va du sourcil au bord supérieur de la caudale; une venant du bout du museau , interrompue par l'œil , et finissant au mi- lieu delà base de la caudale; une venant de dessous l'œil, passant par la base de la pectorale, et finis- sant au bord inférieur de la caudale; enfin, une qui vient de la mâchoire inférieure, et finit en arrière de l'anaie, Ses formes sont les mêmes qu'à l'espèce de Com- merson ; son œil aussi grand ; ses écailles autant et 168 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. plus larges, tombant de même facilement : seulement ses canines sont moins saillantes à proportion. Il en a deux de chaque côté en avant à la mâchoire supé- rieure, et quatre ou cinq latéralement à l'inférieure. Sa langue est lisse, libre, mince, renflée à sa base de manière à y ressembler à un larynx d'oiseau. Le rebord interne de son préopercule est peu saillant, et l'externe très-finement dentelé. Ses écailles, un peu plus larges que longues, ont dix ou douze fines cré- nelures à leur base. Son opercule osseux fmil par deux angles plats et mousses. La première épine de la deuxième dorsale et la deuxième de l'anale sont aussi longues que leurs rayons mous. La première de l'anale est très-petite; la caudale est un peu fourchue. B. 7 5 D. 6 — 1/9; A. 2/8; P. 11? V. 1/5. L'individu est long de quatre pouces. Ce chéilodiplère à cinq raies a le foie assez gros , situé presque en entier dans l'hypocondre gauche. La vésicule du fiel s'attache à la portion qui est sous l'œsophage : elle est petite et globuleuse. L'estomac est un petit sac alongé, terminé en pointe. Ses parois sont épaisses et chargées de rides à l'intérieur. Il y a quatre cœcmn au pylore. Le duodénum est d'un diamètre assez grand; mais l'intestin se ré- trécit très-promptement, et fait à la hauteur de l'es- tomac deux replis, dont l'intervalle est très-court; après quoi il se rend directement à l'anus. La rate est excessivement petite , située sur le duo- dénum auprès du pylore. CHAP. VIL POMATOMES. 169 La vessie aérienne est grande, simple, à parois minces et argentées. Les ovaires étaient remplis d'œufs excessivement petits. Ainsi gonflés, ils n'occupent pas la moitié inférieure de la longueur de Tabdomen. Le péritoine est du plus bel éclat d'argent que l'on puisse voir, comme dans l'ablette ou l'argentine, ^ DES POMATOMES. M. Risso d cru pouvoir rapporter au genre des pomatomes de M. de Lacëpède, qui n'est autre que notre temnodon-, un poisson de la Méditerranée, fort différent de celui auquel ce genre a été consacré par son auteur, quoique, par un hasard singulier, il réponde mieux à la définition qui en est donnée; car il a l'oper- cule couvert d'écaillés , et échancré dans le haut, bien qu'un peu autrement; deux dor- 1 . Nous ne crojons pas pouvoir placer, faute de renseignemens sufTîsans, le chéiîodiptère boops de Lacépède, qui est pris du labrus ioops d'IIouttujn, Mém. de Harlem, t. XX, p. 026, et dont on ne dit autre chose , sinon que sa mâchoire inférieure dépasse l'autre, que son œii est très-grand, et que ses nombres sont : D. 5—12; A. 11; C. 22; P. 14; V. 6. 2. Pomatome shib, Lacép. , t. IV, p. 435. C'est, comme nous le verrons dans le temps, le même poisson, ou peu s'en faut, que son Chéilûdîptère heptacanthe , que le Gasierosteus saltaf or (\çLm- n?pns, et que le Scmnber cnprnsis de Forster. i 70 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. sales et une anale épaisse , ou si l'on veut adipeuse ; mais la forme et la grandeur de sa tète, celle de son œil, ses dents en fin ve- lours et à peine sensibles, son préopercule d une forme toute particulière, le distinguent amplement de ce poraatome de Lacépède, qui a la tète oblongue et de grandeur mé- diocre, aussi bien que l'œil; des dents fortes, comprimées, tranchantes, pointues, sur une seule rangée, etc. Les dorsales de notre pois- son actuel sont, d'ailleurs, tout autrement faites, et surtout bien séparées, ce qui, joint à ses écailles grandes et peu adhérentes, pour- rait le faire rapprocher de l'apogon ; mais, d un autre coté, l'épaisseur de sa seconde dor- sale, ainsi que de l'anale, et les petites écailles qui les couvrent , semblent devoir feu éloi- gner, et nous laisseront dans un grand embar- ras sur ses véritables rapports, aussi long-temps que nous n'aurons pu en faire l'anatomie. En attendant nous allons en décrire l'exté- rieur aussi exactement qu'il nous sera possi- ble, et nous engageons les naturalistes à sup- pléer à ce qui manque a cet article, aussitôt qu'ils en trouveront l'occasion. CnAP. VII. POMATOMES. 174 Le POMATOME TÉLESCOPE. {Pomatomiis tèlescopium , Riss.) ^ C'est un assez grand poisson , à corps légèrement comprimé, assez haut et à grande tête. Sa hauteur (aux pectorales) fait un peu moins du quart de sa longueur, et son épaisseur un peu plus de moitié de sa hauteur. La hauteur et l'épaisseur de sa tête à la nuque égalent la hauteur du corps j la lon- gueur ( de l'ouïe au museau ) fait presque le tiers de la longueur totale. La ligne du dos est presque droite; celle du profil n'a qu'une très -légère inflexion en avant de l'œil. L'œil est énorme : son diamètre est le tiers de la lon- gueur de la tète et moitié de sa hauteur. Il est dans un plan vertical, et touche à la ligne du profil. Sa distance au bout du museau est un peu moindre que celle qui le sépare de l'ouie, c'est-à-dire du bout de l'opercule. Le crâne a entre les yeux un léger enfon- cement longitudinal, et au-devant un léger aplatis- sement transversal. Le premier orifice de la narine est à distance égale du bout du museau et de l'œil, et le second, qui est un peu plus grand, juste entre l'œil et le premier j tous deux près la ligne du profil. La bouche est fendue au bout du museau, et des- cend obliquement jusque sous le bord antérieur de 1. Riss., Poissons de Nice, i.'^ éd., p. 3oi. pi. 9, %. 3i; *■ éfl. . p. 087. \ 72 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. l'œil. Le premier sous-orbitaire, deux fois plus haut que long, a le bord antérieur presque parallèle à la bouche , sans épines ni dentelures , si ce n'est une légère proéminence obtuse vers le haut, et ne peut cacher le maxillaire, qui est dans le haut en prisme triangulaire, et s'aplatit et s'élargit dans le bas, où il dépasse d'un tiers la commissure des lèvres. La mâchoire inférieure monte en avant de l'au- tre; la supérieure a dans son milieu une échan- crure obtuse, et l'inférieure une très-légère proémi- nence qui y répond, sans ressembler toutefois à ce qui a lieu dans les muges. De très-petites dents en velours, ou plutôt une espèce d'âpreté, garnissent chaque mâchoire sur une bande étroite. Le bout du vomer est rhomboïdal , large , convexe et garni d'â- pretés semblables. Je n'en vois pas aux palatins, et je ne puis dire quelle est l'armure de la langue et des arcs branchiaux , attendu que ces parties sont enle- vées sur l'individu que j'ai sous les yeux. L'œil ne laisse pas beaucoup de largeur à la joue; le limbe du préopercule est très-large à sa partie in- férieure; mais il n'y en a presque point au-dessus de l'angle, parce que son bord montant rentre par une courbe concave; d'où il résulte que l'angle fait une grande saillie en arrière. Les bords n'en sont pas dentelés, à proprement parler, mais striés et comme un peu déchirés. L'opercule se termine en arc obtus. La membrane des ouies est fendue jusque sous l'œil, et a sept rayons très-osseux. Toutes les pièces operculaires , ainsi que la joue, le sous-orbitaire, le crâne et le CHAP. VU. POMATOMES. 175 dessus du museau, sont garnis d'écaillés j mais je n'en vois point aux mâchoires. Il n'ja point d'armure particulière aux os de l'épaule. La pectorale est médiocre, à peu près du huitième de la longueur totale, de forme ovale, et soutenue par dix-huit rayons. La ventrale est exactement sous la pectorale, à peu près de même grandeur, et a, comme d'ordinaire , une épine et cinq rayons mous. La première dorsale commence sur le milieu de la pectorale, à une distance de la nuque égale à la moitié de la longueur de la tête. Sa propre longueur est un peu moindre; sa hauteur, encore moindre, ne fait guère que le tiers de la hauteur du corps sous elle. Elle a sept rayons épineux médiocrement ro- bustes, dont le premier est de moitié plus court, mais très-aigu. La seconde dorsale est à peu près de même longueur que la première, et un peu plus haute. Sa distance de la première est des deux tiers de la lon- gueur de celle-ci. Elle a un rayon épineux très- pointu, de moitié plus court que les rayons mous, qui sont au nombre de dix. L'anale commence vis-à-vis du point où la deuxième dorsale finit. Elle est à peu près des mêmes dimen- sions, et a deux rayons épineux et neuf mous. Le premier épineux a" le tiers , et le second la moitié de la longueur des mous ; l'un et l'autre sont grêles ei pointus. La caudale est demi-fourchue, d'un peu plus du sixième de la longueur totale, et a dix-sept rayons. Les écailles sont grandes, rondes, lisses, à peine un peu dentelées, tronquées en arrière et finement striées et crénelées à leur partie cachée. Autant que 1 7^4 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. je puis les compter sur un individu mal conservé, il y en a une quarantaine sur une ligne entre l'ouïe et la caudale, et quelques autres qui s'avancent en pointe sur chaque côté de la caudale, et environ quinze ou seize sur une ligne verticale derrière les pectorales. La ligne latérale suit en ligne droite le quart supérieur de la hauteur, depuis l'ouie jusqu'.à la caudale. Les écailles qui lui appartiennent sont éclian- crées et relevées chacune d'un tube longitudinal. L'individu que je décris, et le seul que j'aie vu, est long de près de vingt pouces. J'ai lieu de croire que c'est le même que M. Risso a fait représenter (i .'"" éd. , pi. IX, fig. 3i). Mais cette ligure est trop mince, et le caractère du préopercule n'y est pas rendu. La couleur de ce poisson, selon M. Risso, est d'un brun violàtre avec des reflets bleus, rouges et gorge- de-pigeon, c'est-à-dire à peu près semblables à ceux de l'acier bruni. L'iris est argenté, nuancé de noir; les nageoires d'un brun noir à reflets rougeâtres. L'espèce est d'une rareté excessive j elle ne quitte , pour ainsi dire , pas le fond de la mer; et M. Risso, dans sa première édition, assurait qu'à iNice on n'en a pris, dans trente ans, que deux individus. Personne, en effet, n'en avait parié avant ce naturaliste. Il dit que la chair en est ferme , tendre et d'un goût délicieux ; dans sa deuxième édition il ajoute que la femelle est pleine d'c^eufs jaunes au printemps. CHAP. VIII. AMBASSES. 175 CHAPITRE VIII. Des Amhasses. Commerson a donné ce nom (qui dans le sens qu'il y attache , signifierait deux sous) à un petit poisson de lile de Bourbon, devenu pour nous le type d'un genre dont les caractères doivent se prendre dans la double arête den- telée du bord inférieur du préopercule, dans la dentelure du sous-orbitaire , dans la pro- tractilité de la bouche, dans la petite épine couchée en avant de la première dorsale-, peut- être même dans la longueur de l'épine de la deuxième dorsale, et dans quelques autres dé- tails de ses proportions. M. Hamilton Buchanan, dans son Histoire des poissons du Bengale , a décrit plusieurs poissons congénères de celui-là ; mais il les comprend dans son genre chanda, en tête du- quel il place deux equula (ses chanda setifer et luicojîius] : ce n'est qu'à commencer de sa troisième espèce, que son genre coïncide avec le nôtre. 476 livre troisième. percoïdes. jL'Ambasse de Commerson. {Ambassis Commersonii , nob.) ^ L'espèce que nous décrivons la première , celle de Commerson, est une des plus grandes. Elle est commune à l'île de Bourbon, el y passe pour donner un très-bon goût à la soupe, et de plus, on l'y confit dans une saumure , à peu près comme nous préparons les anchois sur les bords de la Mëditerranëe. C'est surtout dans un étang salé, appelé Dugol, le principal de l'ile, qu'on la pèche assez abondamment pour donner lieu à un emploi lucratif: mais elle n'est point particulière à l'ile de Bourbon. M. Les- chenault en a envoyé plusieurs de Pondichéry, où l'on en prend en grand nombre à l'embou- chure de la rivière (X A iH an- Coup an g, et où les naturels la nomment sélintan : on l'y estime beaucoup et on l'y donne volontiers aux ma- lades. Plus récemment il nous en a été envoyé un individu de Mahé, sur la cote de Malabar, par M. Belenger; son nom sur cette côte est moullée choudiim. Elle habite aussi les côtes de l'ile de Java. MM. Ruhl et Van Hasselt en 1. Centropomus ambassis , Lacép. , t. IV, p. 270; Lutjanus ^ymnocephalus , id. , t. IV , p. 2 1 6 , et t. III , pi. 23 , fig. 3 ; Chandn nalua, Buchan., Poiss. du Gange, p. 107, pi. 6, %• 3G. CHAP. VIII. AMBASSES. 177 ont envoyé de Batavia au Musée royal des Pays-Bas, des individus que nous ne pou- vons distinguer en rien de ceux de Bourbon et de l'Inde. M. de Lacépède, qui n'a connu ce poisson que par Commerson , en a fait son centropome amhasse^ ', mais ses deux nageoires étant réel- lement contigués, ou- même un peu réunies, bien que la membrane en soit profondément échancrée , il ne peut demeurer dans les cen- tropomes ni même dans les varioles, quoiqu'il ressemble d'ailleurs beaucoup, mais en très- petit, à la variole d'Egypte. On ne doit point douter que ce ne soit un dessin de cette espèce, laissé par Commerson sans note qui en rappelât la correspondance avec sa description, qui a donné lieu à M. de Lacépède d'établir son lut j an gjmnocéphale^ ; il semble seulement que le dessinateur y ait marqué deux rayons mous de plus à la dorsale. Nous avons tout lieu de croire que c'est aussi le sciœna saf^ha de Forskal, p. 53, n.° 67 : du moins la très-courte description qu'il en donne n'a rien qu'on ne retrouve dans notre poisson. 1. Lacép., t. IV, p. 273. — 2. Idem, t. lY , p. 216, et t. in, pi. 23, fig. 3. 2. 12 1 78 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. Cet ambasse a le corps comprimé. Sa hauteur fait plus du tiers de la longueur totale. Le chanfrein est légèrement concave ; le museau court , obtus ; l'œil grand, sans épines en avant; on n'en voit qu'une très- petite sur l'arrière du sourcil. La mâchoire inférieure est plus avancée, et la commissure descend quand la bouche est fermée; mais cette bouche est bien pro- tractile. Les dents sont en velours, mais sur des bandes fort étroites aux mâchoires, au-devant du vomer, aux palatins, et sur l'arrière d'une ligne osseuse et saillante qui règne sur le milieu de la langue. Le sous-orbitaire a des dentelures aiguës; et, ce qui est remarquable, l'arête et le bord du préopercule, dans sa partie au- dessous de l'angle , sont finement dentelés , ce qui y fait deux lignes de dentelures, tandis qu'il n'y en a pas au bord montant. L'opercule se termine en angle arrondi et plat. Il y a des écailles sur la joue et les pièces operculaires : celles-ci tombent facilement. Il en manque entre les yeux, au museau et aux mâchoires. La dorsale ne commence que sur le milieu des pectorales. Eu avant de sa base est une peilte pointe couchée, que l'on ne découvre qu'en la cherchant du doigt; puis vient son premier rayon, qui est très- court, et le second, qui est le plus élevé et le plus fort, d'un quart moins haut que le corps cependant. Les suivans diminuent de manière à rendre cette première partie triangulaire, et à ce que la membrane descende presque jusqu'au dos; puis le huitième, ou le premier de la seconde dorsale, redevient tout d'un coup aussi grand que le quatrième. Il est suivi de neuf rayons mous qui diminuent peu. CHAP. VIII. AMBASSES. i 79 L'anale a d'abord un premier rayon épineux très- petit, ensuite deux forts et à peu près égaux, puis neuf mous. Elle est un peu plus longue que la se- conde dorsale. Les pectorales sont assez longues et pointues. Les ventrales le sont un peu moins; leur épine est forte; elles sortent précisément sous la naissance des pectorales. La caudale est fourchue, et ses lobes pointus. D. 7 — 1/9; A. 3/9 ; C. 17; P. 12 ; V. 1/5. La ligne latérale suit à peu près la courbure du dos; ses tubes sont minces et simples. Les écailles en général sont grandes, minces et lisses. Ce poisson est brillant. Commerson dit qu'à l'état frais son dos paraît d'un vert brunâtre. La couleur argentée de son péritoine se montre au travers des tégumens. Les opercules jettent un vif éclat d'ar- gent; et une bande de la même couleur, mais moins éclatante, règne en ligne droite depuis les ouïes jus- qu'à la queue. La membrane derrière le second rayon dorsal est pointillée de noir, et le bord de cette partie est noir ou noirâtre, ce qui fait comme une petite tache vers la pointe de la dorsale. Certains in- dividus ont le dos légèrement pointillé de noir. Il y en a de près de sept pouces de longueur. L'estomac de l'ambasse est un sac assez grand , en forme de bourse plissée et rétrécie vers l'œsophage, qui occupe toute la longueur de l'abdomen. Du mi- lieu de la flice inférieure naît l'intestin, qui commence par être assez large, et qui remonte sur le foie jus- qu'auprès du diaphragme. Il se rétrécit beaucoup, descend jusqu'à la hauteur du pylore, se porte de 1 80 LIVRE TROISIÈME. PERCO'lDES. nouveau vers le diaphragme , se recourbe et se dinge obliquement jusqu'à l'arrière du pylore; il se renfle alors, puis subit un nouvel étranglement et se dilate un peu pour former le rectum, qui est très-court. Il n'y a aucune appendice cœcale. Le foie est très -petit, placé dans le côté gauche. Les œufs sont excessivement petits ; les ovaires rem- plissent la moitié postérieure de l'abdomen. Ces dif- férens viscères sont enveloppés par le péritoine , qui est épais, fibreux, et qui brille du plus vif éclat d'ar- gent poli. Au-dessus est la vessie natatoire, qui va depuis le diaphragme jusqu'à l'arrière de l'abdomen. Ses parois sont tellement minces, qu'elles sont lout- à-fait transparentes, et que la lumière traverse cette partie du corps du poisson presque sans aucun ob- stacle. L'estomac était rempli de petites salicoques. Le squelette de l'ambasse offre une particularité remarquable dans ses côtes, qui, à commencer de la troisième paire , ont leur moitié supérieure dilatée en une plaque ovale, mince, relevée à sa face externe d'une arête longitudinale, qui se coniinue ensuite avec la moitié grêle. Il y en a huit paires de celte forme, dont les deux dernières joignent leur extré- mité grêle à l'apophyse descendante de la première vertèbre caudale, et ceignent ainsi en arrière la con- cavité de l'abdomen. Les deux paires antérieures sont très-petites et fines comme des cheveux. Il y a ainsi dix vertèbres dorsales. Le nombre des caudales est de quatorze. Les çpines des nageoires, soit dorsales, soit anales, CHAP. vm. ambasses. 481 vues à la loupe, montrent des stries transversales, indices des articulations dont la soudure les compose. Dans la nuque il y a deux interépineux qui ne por- tent point de rayons. L'épine, couchée en avant, est une apophyse de l'interépineux qui porte le premier aiguillon de la première dorsale. On en retrouve beaucoup d'exemples, surtout dans la famille des scombres. Z'Ambasse de Dussumier. {Ambassis Dussumieri ^ nob.) M. Dussumier a rapporté de la côte de Ma- labar un ambasse très-semblable par les détails à celui de Commerson; et qui a les rnêmes nombres de rayons et les mêmes couleurs, mais dont la forme est plus alongée. Sa hauteur est trois fois et demie dans sa longueur. Outre le noir de derrière le deuxième rayon de la dorsale, quelques individus en ont aux pointes de la caudale. D. 7 —1/9 ou 10; A. 3/9, etc. L'ambasse de Dussumier a encore le tube intesti- nal plus simple que le commun, et n'a, comme lui, aucune appendice cœcale. L'œsophage se continue peu en arrière du diaphragme en un cul-de-sac ex- cessivement court. En dessous commence l'intestin, qui fait un premier pli au tiers de la longueur de l'abdomen : il remonte vers le diaphragme, passe par- dessus l'œsophage, descend jusqu'aux deux tiers de l'abdomen 3 se reporte alors vers la crosse du pre- l82 LIVRE TROISIÈME. PERCOlDES. mier pli; s'y replie de nouveau, et va se rendre à . l'anus, sans éprouver aucun étranglement. Le foie est très-petit, lenticulaire, entièrement du côté gauche. La vessie natatoire est mince et très-transparente. Le péritoine est argenté. Zi'AMBASSE NALUA. {Àmbassis nalua, nob.) Parmi les chanda de M. Buchanan, celui qui ressemble le plus à l'espèce de Commer- sou, est le chanda nalua^ qu'il décrit p. 107, et représente pi. VI, lîg. 36. Sa figure fait cependant le corps plus haut, la tête plus courte et plus haute de la partie des joues; le front y est plus concave, et le museau plus renflé. L'auteur compte onze rayons mous à la seconde dorsale , et dix à l'anale. D. 7 — 1/11; A. 3/10. Sa couleur est argentée, transparente, glacée de verdàtre vers le dos. Il y a des points noirs le long de la base de la dorsale et de l'anale, et sur une ligne longitudinale au-dessus des pectorales. M. Buchanan ne donne pas les dimensions auxquelles atteint cette espèce, mais sa figure est longue de trois pouces et demi. On trouve ce poisson dans les eaux douces des parties basses du Bengale. CHAP. YIII. AMBASSES. 185 Z^'Am BASSE ÉLEVÉ. {Ambassis alta, nob.) Nous avons reçu deux autres ambasses du Bengale avec les dernières collections de M. Duvaucel. Le premier a le corps beaucoup plus haut à pro- portion que le précédent. Sa hauteur n'est que deux fois et un tiers dans sa longueur. La ligne de son dos est très -convexe; celle de son front fort concave. Tout son corps est couvert de très-petites écailles. La double dentelure du bas de son préopercule et celle de ses sous-orbitaires sont très -marquées, ainsi que l'épine couchée en avant de sa dorsale; mais la seconde épine de cette nageoire n'est pas si haute à proportion que dans notre première espèce. Elle n'a pas tout-à-fait moitié de la hauteur du corps sous elle, La huitième est un peu moindre, et est suivie de quatorze ou quinze rayons mous. Les rayons mous de l'anale sont au nombre de qua- torze. D. 7 — 1/15; A. 3/14. Nos plus grands individus n'ont que deux pouices et demi. Ils paraissent avoir été argentés. Z'Am BASSE RANGA. {^Amhassis ranga, nob.) Le chanda ranga de M. Buchanan, p. 1 13, et pi. XVI , fig. 38 , nous parait se rapporter de ] 84 LIVRE TROISIÈME. PERCOlDES. très-près à cet ambasse élevé, mais cet au- teur ne lui donne que douze rayons mous à la deuxième dorsale, et quinze à Tanale; toutefois , comme dans ces petits poissons il n'est pas toujours facile de compter les rayons , nous ne nous arrêterions pas beau- coup à cette différence; mais il décrit sa pre- mière épine dorsale comme dentelée sur son tranchant, et c'est ce que nous ne trouvons pas dans nos individus. Ce petit poisson est argenté, glacé de vert bril- lant. Une ligne argentée règne le long du dos, et sa transparence laisse voir l'argenté de son péritoine. D, 7 — 1/125 A. 3/15, etc. jL 'Ambasse lala. i^Amhassis lala, nob.) Le chanda lala du même auteur, p. 11 4, pi. XXI, iig. 3g, diffère aussi fort peu de son ran^a et de notre alla. Il lui représente seulement la première dorsale plus haute à proportion ( elle a plus de moitié de la hau- teur). Le tranchant de sa première épine est lisse; la seconde a de douze à quatorze rayons mous , et l'a- nale en a quinze. C'est un petit poisson du plus bel éclat doré, avec quelques bandes verticales obscures. D. 7 — 1/14 5 A. 3/15? CHAP. VIII. AMBASSES. 185 Z^'Ambasse OBLONG. {jimhassis oblonga, nob.) - Nous donnons cette épithète au deuxième des ambasses recueillis par M. Duvaucel, parce qu'il est bien plus alongë que les précëdens. Sa hauteur est deux fois et deux tiers dans sa lon- gueur. Il a aussi un peu de concavité au profil, et son épine couchée est fort marquée j mais les dentelures du Las de son préopercule sont peu sensibles, si ce n'est près de l'angle, et son sous-orbitaire ne paraît pas même en avoir. De petites dents coniques écar- tées forment une rangée à chaque mâchoire. Sa se- conde épine dorsale n'a que moitié de la hauteur du corps. Il y a au dos quinze rayons mous , et à l'anale quatorze. Les écailles sont fort petites, et ne se voient guère que par le dessèchement. D. 7 — 1/15 5 A. 3/14. Le seul individu que nous ayons, est long de deux pouces et demi. Il parait avoir été argenté. Z'Am BASSE NAMA. {Amhassis nama.) Cest de cet ambasse oblong que l'on doit rapprocher le chanda nama de M. Buchanan, p. 109, et pi. XXXIX, fig. 3g. Tout ce que l'auteur anglais en dit est conforme à ce que 1 86 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. nous avons observé dans le précèdent , à l'ex- ception des rayons mous de la dorsale et de l'anale, dont il compte un de plus à chacune de ces nageoires, et des points noirs dont il les sème, ainsi que l'épaule, oii même leur rap- prochement forme, dit-il, une espèce de tache. Son corps est transparent, et ses écailles ne pa- raissent point. On voit au travers des chairs l'argenté du péritoine, et une ligne argentée règne le long du dos. D. 7 — 1/16; A. 3/15, etc. Cette espèce est commune dans les étangs du Bengale, et arrive à trois et quatre pouces de longueur. M. Buchanan décrit encore , p. i ii , un chanda phula et un chanda Bogoda, etp. 1 1 2, un chanda haculis, qui semblent devoir être autant d'ambasses voisins des deux précé- dens, quoique l'auteur ne leur accorde point d'écaillés. ]Ne les ayant pas vus, nous ne pou- vons que placer ici les caractères que ce na- turaliste leur assigne. Z/'Ambasse phule. {Amhassis phula, nob.) Le premier a quatorze rayons mous à la deuxième dorsale, treize à l'anale. Il ressemble d'ailleurs au nama par son corps long et transparent et par ses autres caractères, mais passe rarement deux pouces. CHAP. VIII. AMMSSES. 187 Z'Ambasse BOGODA. {Amhassis bogoda.) Le second a seize rayons mous à la deuxième dor- sale, dix-sept à l'anale, et le corps long et transpa- rent conmie le précédent, qu'il ne surpasse point en grandeur. Z/'Am BASSE BACULIS. {Ambassis baculis.) Le troisième a le corps court et haut comme le ranga et le laïa ; mais il est transparent et sans écailles sensibles, comme les précédensj il a treize rayons mous à la deuxième dorsale, et le même nombre à l'anale. Sa nuque a une tache jaune. Il ne passe guère dix-huit lignes. C'est dans le nord-ouest du Bengale qu'on le trouve. Tous ces petits poissons paraissent remplir aux Indes les étangs et les mares, comme le font en Europe nos épinoches et quelques- unes de nos petites espèces de cyprins. 488 LIVRE TROSIÈME. PERCOÏDES. CHAPITRE IX. Des Aprons. [Aspro, nob.) Nous réunissons sous ce genre deux pois- sons fort semblables entre eux, quoique dis- tingués par l'espèce, et qui ne diffèrent des perches proprement dites, d'une manière un peu essentielle, que par leur museau bombé en avant de la bouche et le grand écartement de leurs deux dorsales. Z/'Apron proprement dit. {Aspro vulgaris, nob.- Perça asper, L.) * Le Rhône produit Xapron, surtout entre Lyon et Vienne. Il remonte aussi dans les alïluens du Rhône. Nous nous sommes assuré que l'on en prend dans la Saône , dans le Doubs et dans 1 Alaine ; mais on ne le connaît pas dans nos rivières de l'ouest de la France. C'est un petit poisson que les Lyonnais , au rapport de Rondelet , nommaient ainsi autrefois à cause de la rudesse de ses écailles; mais aujourd'hui les pécheurs du Rhône ne 1. Perça asper, Bl., pi. 107, fig. 1 et 2 ; Dipiérodon apronf Lacép., t. IV, p. 170. CHAP. IX. APRONS. 1 89 le connaissent plus sous ce nom , et ils l'ap- pellent sorcier \ Par son museau bombé, plus saillant que sa bouche, et par les os caver- neux et renfles de sa tête, il semblerait appar- tenir à la famille des sciènes; mais ses dents palatines, l'armure de ses pièces operculaires, ses écailles rudes et ses deux dorsales, bien séparées l'une de l'autre , le ramènent néces- sairement dans celle des perches.^ Rondelet l'a décrit le premier^, et c'est d'a- près lui que les autres auteurs"^ en ont parlé jusqu'à Willughby : celui-ci parait l'avoir vu à Ratisbonne; mais il en dit peu de chose, et l'on n'est pas sûr qu'il ne l'ait pas confondu avec le zingle^ C'est Marsigli qui le premier a mis les deux poissons en regard , et les a 1. Rien ne prouve mieux l'insuffisance de ces noms populaires qui varient d'un village à l'autre, et souvent se perdent après quelques générations, quand l'objet n'en est pas très-commun ou très-important. C'est M. Bredin , directeur de l'école vétérinaire de Lyon, à qui nous nous étions adressé pour avoir Vapron, et qui a mis la plus grande complaisance à nous le procurer, qui nous a appris son nouveau nom, 2. Nous-même avions placé l'apron et le zingle parmi les sciènes, tant que nous ne les avions pas examinés directement. M. Lacépède met l'apron et le zingle dans ses diptérodons , genre qui ne doit avoir ni dentelures au préopercule, ni piquans à l'opercule ; mais ces deux poissons ont l'un et l'autre caractère. 3. De aspero pisciculo, Pisc. fluvial. , p. 207. — 4. Gesner, pi. 4o , %. 3; AIdrov., p. 6i5, et Jonst., t. XXVI, p. 18. — 5. Willughbj, p. 2g4- ] 90 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. bien caractérises *; enfin, la description minu- tieuse que Schaeffer a donnée^ de l'un et de l'autre n'a plus rien laissé à désirer. ^ L'apron, en effet, habite le Danube et ses affluens, comme le Rhône, et peut-être en plus grand nombre 5 on le nomme en Bavière et en Autriche streher ou strœber, nom que l'on dérive de strehen ( faire effort ) , mais dont on n'explique pas pourquoi on la spé- cialement appliqué à l'apron. Il paraît qu'il se trouve aussi dans le Rhin ; M. Hartmann assure qu'on le nomme Kutz à Baie, elpjifferlexi divers endroits d'Allemagne.'^ Georg^»^ avance, sans citer aucune autorité, que Xapron vit dans le Volga, le Jaïk, l'Irtisch et leurs affluens; mais peut-être s'en rappor- tait-il simplement à l'assertion de Pallas, qui a cru que son berschik ou perça volgensis ne différait point de l'apron, en quoi, cer- tainement, il a commis une erreur, ainsi que nous l'avons vu ci-dessus, p. 118. 1. Danub., t. IV, pi. 9, fig. 2 et 5, et p. 27 et 28. — 2. Pis- cîum bavarico-ratishonensium pentas , p. 58 et 69 , et pi. 3. 3. Il règne cependant encore quelque confusion dans leur syno- njmie. Klein, Miss., t. V, p. 28, confond le streher ou l'apron aA'ec lezingle; Gronovius, Zoophjl. , p. 92, n." 3o3, en fait seu- lement une variété. Bloch, en citant ces deux auteurs, ne fait pas remarquer cette circonstance. 4. Ichijol. hehet., p. 68. — 5. Hist. nat. de Russ. , 3." part. , p. 1925. CHAP. IX. APRONS. 191 Le corps de l'apron est alongé , à peu près rond dans son milieu; un peu déprimé en avant. Sa tête fait un peu plus du cinquième de sa longueur totale, et la hauteur de son corps dans le milieu en est à peu près le sixième. Son ventre est un peu renflé; sa queue à peu près aussi longue que le reste de son corps ( sans la tête ) , mais beaucoup plus mince. Sa tête est déprimée et large vers les ouies; elle se rétré- cit en avant pour former un museau mousse qui saille au-dessus de la bouche. Le crâne , l'intervalle des yeux, les opercules, sont écailleux, mais non le museau, ni la joue, ni les mâchoires. Les deux ou- vertures de ses narines, assez rapprochées l'une de l'autre, sont entre l'œil et le bout du museau; la bouche, peu fendue, située sous le museau et courbée paraboliquement, a des dents en velours aux mâ- choires, au chevron du vomer et aux palatins. La langue est lisse. Les yeux sont petits, et leur inter- valle plus grand que leur diamètre. Les sous-orbi- taires n'ont pas de cavités sensibles à l'extérieur dans le frais. Le préopercule est finement dentelé; mais sa dentelure ne paraît pas dans le frais, à cause de la peau qui l'enveloppe. L'opercule, convexe et ar- rondi, se termine par un piquant fort prononcé. Les ouïes et leurs membranes sont les mêmes que dans la perche. Toutes les écailles sont un peu âpres et cillées. Elles ne paraissent pas sous la poi- trine. Il y en a soixante-dix à quatre-vingts sur une ligne longitudinale, et environ vingt-cinq sur une ligne verticale. La ligne latérale est rapprochée du dos, et lui est même à peu près parallèle. Elle ne 192 LIVRE TROTSîf^MF. PPRCOÏDES. se marque que par une légère âpreté de plus à ses écailles. Les dorsales sont à peine plus longues que hautes et fort distinctes, séparées même par un espace qu'oc- cupent six ou sept écailles. La première a la coupe à peu près arrondie, et compte huit rayons, tous épi- neux: le deuxième et le troisième sont les plus longs, et le premier et le huitième les plus courts. Le pre- mier n'a pas moitié de la hauteur du second. La seconde dorsale a douze ou treize rayons, dont le premier est épineux, court et faible, et le second simple, quoiqu'articulé ; les autres, articulés et bran- chus. L'épineux est moitié moindre que celui qui le suit. L'anale commence sous le même point que la se- conde dorsale , et finit un peu plus tôt. Elle a douze ou treize rayons , dont le premier est épineux , mais très-faible. La caudale est coupée un peu en croissant, et compte dix -sept rayons. Il y en a quatorze aux pectorales, et, comme d'ordinaire, six aux ventrales, dont un épineux, mais faible. Ces ventrales sont plus longues que les pectorales, et d'une substance char- nue et épaisse. B. 7; D. 8— 1/12; A. 1/12; C. H; P. 14; V. 1/5. L'apron est en dessus d'un brun jaunâtre ou rou- geâtre, avec quatre ou cinq larges bandes obliques, nuageuses, noirâtres, dont une sur la nuque, une sous la première dorsale, une sous l'intervalle de la première à la seconde, et une ou deux sur la queue. Elles sont tantôt plus, tantôt moins avancées. Le dessous est blanchâtre; les nageoires d'un gris jau- nâtre. CHAP. IX. APRONS. 193 Les intestins de l'apron ressemblent à plusieurs égards à ceux de la perche. Il n'a que trois appen- dices fort petites au pylore. Son estomac est en cul- de-sac peu alongé , obtus. Son intestin ne se replie que deux fois , et ne fait ainsi qu'une anse courte. Le grand lobe de son foie, qui est le gauche, est fendu en deux par une scissure. Ses œufs sont gros à pro- portion, et ses deux ovaires bien distincts et égale- ment développés. Ses vertèbres sont au nombre de quarante-deux, dont vingt-cinq caudales. Ce poisson demeure petit: il ne passe guère six ou sept pouces, et ne pèse qu'une once; sa chair est blanche, légère et agréable au goût. Il fraie en Mars; ses œufs sont petits et blanchâtres. Il se laisse transporter aisément. Sa notirriture consiste en vers et autres menus animaux aqua- tiques; il préfère les eaux pures et vives. Ce n'est pas la peine de réfuter l'opinion des paysans des bords du Rhône , qui , du temps de Rondelet, prétendaient que Xapron vit des paillettes d'or qu'il ramasse dans le sable des rivières. Selon les pécheurs que M. Bredin a con- sultés, il y en a dans le Rhône trois variétés: la première, d'un gris noirâtre , devient la plus grande ; la seconde est d'un gris cendré ; la troisième est dun jaune tirant sur le bronze: c'est celle qui demeure la plus petite. Le goût de la chair ne change point avec les couleurs. 2. i3 194 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. Le Cingle. {Aspro zingelj nob.; Perça zingel, L.) Le cingle ou plutôt le zingel [perca zmgel, L.) est un grand apron qui vit dans le Danube et ses affluens. Ni Rondelet ni Salvien n'en ont parlé, et l'on doit croire qu'il est étran- ger aux eaux de l'Italie, comme à celles de la France. A la vérité, M. de Lacépède dit qu'on le nomme cingle en quelques contrées de la France, mais il n'y a que les naturalistes qn'i aient occasion de le nommer, car on n'en prend pas dans nos rivières. Klein ^ croit que c'est Vaspredo que Gains dit être commun dans la rivière d'Yar, près de Norwich; mais il est certain que cet as- predo (en anglais, riiffe) est notre gj^emille i^perca cemua., L.). Gesner avait reçu une mauvaise ligure du cingle^ souvent recopiée^; mais IVIarsigli *, Schseffer ^, Blocli ^ et Meidinger'', en ont donné de bonnes. Son nom allemand varie; on le prononce 1. Miss., l. V, p. 28. ~ 2. Paralip., p. 19. — 3. Aldrov. , p. 616; Jonst. , t. XXVI, p. 19, etc. — 4. Danub. , t. IV, pi. 9, f\^. 3. — 5. Pisc. bamr. pentas. pi. 3, fig. 1. — 6. Bl.. pi, io5. — 7. Pisc. Ausir. , pi. 4- CHAP. IX. APRONS. 195 aussi zindel et ziindel. En Hongrie il s'ap- pelle kolez y au dire des correspondans de Gesner; mais Marsigli, contre sa coutume, ne donne pas son nom dans les langues de ce pays. Je ne vois pas qu'il en soit question ni parmi les poissons de Pologne, ni parmi ceux de Russie. Le cingle se rapproche des perches par les mêmes caractères que l'apron. Il a des dents en velours ou même en cardes aux deux mâchoires, au devant du vomer et le long des palatins sur des bandes assez larges. Le rang antérieur de la nicàchoire supérieure est plus fort. Le bord postérieur de son préopercule est finement crénelé, et il y a des dents plus fortes à son angle. Son opercule se termine par une assez forte pointe, sous laquelle en est en même temps une petite. Ses deux dorsales sont séparées par un intervalle de plusieurs écailles, etc.; mais il a aussi, comme l'apron, des caractères de sciène. Son mu- seau obtus avance au-delà de sa bouche, soutenu par des sous-orbitaires caverneux. Le bord inférieur du préopercule, et toute la mâchoire inférieure, sont également caverneux, c'est-à-dire creusés de grandes fosses que la peau recouvre dans l'état frais, mais que l'on sent au toucher. Du reste, le cingle diffère beaucoup de l'apron, ne fut-ce que par les nombres plus considérables des rayons de ses dorsales. Son corps est peu élevé , et plutôt triangulaire que comprimé. Sa tête, un peu alongée, est aplatie en des- 96 LIVKE TROISIÈME. PERCOlDES. SUS. Sa queue, un peu grêle, est plus comprimée que son corps. Sa hauteur, à l'endroit des pectorales, ne surpasse guère sa largeur vers l'abdomen , et est contenue plus de sept fois dans sa longueur totale. La longueur de la tête fait le quart de cette longueur totale. La largeur de cette tète entre les préopercules fait plus de moilié de sa longueur, et sa hauteur au même endroit n'en fait que les deux cinquièmes. L'œil est vers le bord supérieur et au milieu de la longueur. Son diamètre longitudinal fait le cinquième de la longueur de la tête, et l'intervalle d'un œil à l'autre est un peu plus grand. Les deux ouvertures de la narine sont l'une devant l'autre , assez rappro- chées , un peu plus proches de l'œil que du bout du museau , et entourées chacune d'une membrane tubu- leuse. La bouche est sous le museau, coupée en fer à cheval, fendue jusque sous les narines. Ses lèvres sont médiocrement charnues. Le maxillaire se cache presque entièrement sous un long sous-orbitaire. La langue esi lisse, large, plate et peu saillante. Il y a des écailles sur le museau , sur le crâne , sur la tempe et sur lopercule; mais les mâchoires, les côtés du museau, le dessous de l'œil, le bas de la joue et le dessous de la gorge, en sont dépourvus. L'ouverture des ouïes est assez grande. La mem- brane est épaisse. On y compte sept rayons. L'os surscapulaire a son bord à peu près droit, oblique, mais fmement dentelé en scie. L'huméral est anguleux, et son angle a trois dentelures pointues. La pectorale, médiocre, de plus d'un tiers moins CHAP. IX. APRONS. 197 longue que la tête, obtuse, a quatorze rayons arti- culés, dont le premier seul n'est pas brancliu. Il n'y a point d'écaillés particulières, ni au-dessus ni au- dessous d'elle. Les ventrales n'en ont pas non plus : elles sont attachées un peu plus en arrière que les pectorales, plus grandes qu'elles et plus charnues, écartées l'une de l'autre par de larges os du bassin, et composées, comme à l'ordinaire, d'une épine et de cinq rayons branchus. La première dorsale commence à peu près vis-à- vis la base des pectorales. Elle a treize rayons, tous épineux. Le premier et le treizième sont les plus petits; le troisième et le quatrième les plus hauts. Sa longueur est à peu près le cinquième de la lon- gueur totale , et sa hauteur le neuvième. Elle est sé- parée de la seconde par un petit intervalle sans mem- brane. La seconde dorsale est un peu plus longue et un peu moins haute que la première. Elle a un rayon épineux très-petit et dix-neuf articulés, dont le pre- mier est simple et les autres branchus. Le dernier est profondément fourchu ; ainsi on pourrait en compter vingt-un. L'intervalle entre elle et la base de la caudale fait le septième de la longueur totale. L'anus est sous le milieu du corps , en y compre- nant la caudale. L'anale et la seconde dorsale commencent vis-à- vis l'une de l'autre ; mais l'anale est de deux cinquiè- mes moins longue que la dorsale. On y compte un très-petit rayon épineux et treize rayons mous, La caudale est du sixième de la longueur totale. Son échancrure n'entame qu'un tiers de sa longueur. Elle 1)8 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. a dix-sept rayons entiers, et trois ou quatre très- petits en dessus et en dessous. D. 13 — 1/19 ou 20; A. 1/13; C. 11; P. 14; V. 1/5. Les écailles sont assez petites; il y en au moins quatre-vingt-quinze sur une ligne, depuis l'ouie jus- qu'à la caudale , et au moins trente sur une ligne verticale, depuis le ventre jusqu'à la première dor- sale. Leur partie extérieure est semi- circulaire. Sa surface est âpre et son bord cilié. La partie cachée est coupée carrément, sillonnée de quelques rayons, finement striée en travers, et son bord implanté di- visé en quatre ou cinq crénelures rondes. La ligne latérale est parallèle au dos et sans in- flexion. Elle ne se marque que par une tache à cha- cune des écailles sur lesquelles elle passe. La couleur du dos et des flancs est d'un gris jau- nâtre j celle de toute la partie inférieure est blan- châtre. Quatre bandes nuageuses d'un brun noirâtre descendent obliquement en avant, et se mêlent à des taches et à des points également nuageux sur les flancs. La première de ces bandes est en avant de la première dorsale et sous la base antérieure. La se- conde, qui est plus petite, est sous sa moitié posté- rieure; les deux autres sous les deux extrémités de la seconde dorsale. Le museau et l'opercule sont bru- nâtres. Il y a sur la joue quelques bandes obliques d'un brun noirâtre. A Touverture de l'abdomen on voit dans les deux tiers de la longueur le rectum marchant droit entre les deux laitances ou les deux ovaires. Au tiers anté- rieur est l'estomac, fort charnu, assez petit, et dont la CHAP. IX. APRONS. 199 pointe est obtuse. Le pylore est près du cardia. Il n'a que trois appendices cœcales, comme dans la perche. L'intestin ne fait qu'un repli situé dans le côté droit de l'abdomen, et occupant à peu près moitié de sa longueur. Il revient ensuite près du pylore, pour se replier une seconde fois et se rendre directement à l'anus. Le foie est petit, et confiné près du diaphragme. La vessie aérienne, comme dans la perche, est simple et à parois très-minces! Le péritoine est vivement argenté; le mésentère et les épiploons deviennent très-gras. On trouve dans la femelle des œufs blanchâtres et fort petits. La tête osseuse du cingle est remarquable par les cavités des pièces qui la composent. Les sous-orbi- taires, la mâchoire inférieure, le bord inférieur du préopercule, au lieu d'une surface plane ou d'un bord simple, offrent deux lames saillantes, jointes en- semble par des lames ou des barres iransverses , qui interceptent des espèces de fosses ou de tambours, dont l'ouverture large est fermée à l'extérieur par la peau. Du reste (à la saillie du museau près) cette tête osseuse ressemble assez à celle de la perche. Le crâne est plat, et la crête verticale de l'occiput ne s'élève pas au-dessus du niveau du crâne. Il y a à l'épine quarante-huit vertèbres; l'abdomen finit à la vingt-unième. La première dorsale com- mence sur la quatrième, et finit sur la dix-septième. La seconde commence sur la vingtième , et finit sur la trente-sixième ou la trente-septième. Les côtes sont grêles et courtes. Les osselets inter- 200 LIVRE TROISIÈME. PERCOlDES. épineux n'ont rien de remarquable. Le corps de l'hyoïde a son bord inférieur aplati et élargi. Le bassin est aussi assez large. Le cingle devient bien plus grand que l'a- pron ; on en voit souvent de quinze pouces et plus, et qui pèsent deux à trois livres. Tous les auteurs s'accordent à représenter sa chair comme légère, blanche, frialile, ferme et dun très-bon goût. On le sert en Allemagne sur les tables les plus recherchées. Ce poisson fraie au mois de Mars et d'A- vril dans les eaux courantes, et dépose ses ceufs sur les pierres et le sable ; c'est alors qu'on en prend le plus, parce qu'il s'approche des bords. Le reste de l'année il se tient dans la profondeur et dans les endroits où le cou- rant est peu rapide. Il vit de petits poissons, et ne redoute pas beaucoup les gros, si ce nest le brochet. Peut-être ne serait-il pas bien dif- ficile d'en enrichir quelques-uns de nos lacs et de nos rivières. Nous ne connaissons pas de poisson e'tran- ger à l'Europe , qui puisse être rapporté au même genre que Fapron et le cingle. CHAP. X. GRAMMISTES. 20 î CHAPITRE X. Des Gr animistes. Bloch, dans son Système publie par Schnei- der, p. 182 , a établi uïi genre de poissons qu'il a nomme grammiste , et il Fa fait reposer sur le caractère le plus bizarre et le moins suscep- tible de produire des rapprocbemens heu- reux, dont jamais naturaliste ait imaginé de se servir, depuis que l'on fait des méthodes de nomenclature; je veux dire sur les hgnes lon- gitudinales dont le corps de ces poissons est coloré : aussi y voit-on accumulées des espèces non-seulement de genres naturels très-diffé- rens , mais de familles très-diverses , des spares \ des deritex\ des mésoprions", des labres"^, des pristipomes ^ des serrans ^, des diacopes ^y des térapons ^ des holocentrums 9, des diagram- 1, Gr. unîmaculatus , BI., pi. 3o8. — 2. Gr. japonîcus , Bl., pi. 275. — 3. Gr. chrysurus, Bl., pi. 262. — 4. Gr. bivittatusy Bl., pi. 284, %■ 1 ', Gr. variegatus. — 5. Gr.juha, Bl., pi. 3o8 ; Gr. Mauritii, Bl. , pi. 263; Gr. hepatus; Gr. furcatus. ■ — 6. Gr. cabrilîa. — 1. Gr- quinquevittatus , Bl. , pi. 239; Gr. kasmira. — 8. Gr. serms, Bl., pi. 238, fig. 1 ; Gr. annularis; Gr, quadri- vittatus, Bl., pi. 238, fig. 2. — 9. Gr. ganham. 202 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. mes ^y des eques % des hœmulons ^, des cir- hites^, elc. Ce n'est pas à beaucoup près de cette in- digeste réunion qu'il s'agit ici. Nous rédui- sons tout le genre des grammistes à l'espèce à laquelle Artedi avait déjà donné ce nom (dans le Musée de Seba, tome III, pi. 27, fig. 5, et p. 75) et aux espèces qui pour- raient lui ressembler, non par les couleurs, mais par la conformation. Cette conformation est remarquable , surtout par sa ressemblance avec celle des savonniers , dont nous parlerons plus loin. En effet, les grammistes ont, comme les savonniers, des dents en velours, des épines à l'opercule et au préopercule, sans dentelure; une anale sans rayons épineux apparens; des écailles petites et noyées dans répiderme,au point d'échapper au toucher; mais la dorsale des savonniers est tout d'une venue, et n'a qu'un très-petit nombre d'épines, et au con- traire, dans les grammistes, comme dans les varioles, les ambasses, etc., la partie épineuse 1. Gr. diagramma, Bl. , pi. 32o; Gr. pictus; Gr. vittatus; Gr. striatusy Seb. , t. III, pi. 27, fig. 17. — 2. Gr. acuminatus , Seb., pi. 26, fig. 35. — 3. Gr. triçittata (Sic). — 4. Gr. Forsteri. On verra reparaître, dans le cours de notre ouvrage, tous ces poissons à leur véritable place. CHAP. X. GRAMMISTES. 205 de la nageoire est séparée de sa partie molle par une échancrure profonde. La sixième et la septième épine sont très-courtes 5 sa mem- brane finit au pied de la huitième, qui est grêle et se ralonge pour former le premier rayon de la partie molle. Cette différence, très-apparente, a suffi pour que nous ne pussions laisser les grammistes avec les savonniers, auxquels ils ressemblent d'ailleurs pour tout le reste. Le Grammiste oriental. (^Grammistes orientalis , Bl. ^) L'espèce la plus connue, ou le ^ranimistes orientalis de Bloch , est décrite pour la pre- mière fois dans l'ouvrage de Seba; mais ce collecteur ne dit point d'où il l'avait tirée. M. Thunberg en décrit^ une très-voisine, si ce[ n'est la même, et nous apprend qu'elle vient de la mer des Indes; mais il ne fait pas remar- quer ses rapports avec celle de Seba. C'est bien sûrement aussi I'aspro niger_, lineis alhis lon^itudinaliter pictus de Coin- 1. Edition de Schneider, p. 189; Sciène rajée ,Lacép.; Per- sèque triacanthe , id. ; Persèque pentacanthe , id. ; Bodian à six raies , id. ; Ceniropome à six raies , id. 2. Perça bilineata , Thunb., Nov. act. Stockh. , t. XIII, p. \^2, pi. 5, 1792. 204 LIVRE TROISIÈME. PERGOÏDES. merson, dont M. de Lacépède a fait sa Sciene rayée {Scicena vittato^). Un léger repli de la peau forme sous le menton l'apparence d\m très -petit barbillon, que Commerson a pris pour un barbillon véritable : d'ailleurs, tout le reste de sa description s'accorde très- bien. Tout nous prouve aussi que c'est l'un des individus de cette même espèce encore exis- tans au cabinet, qui a été décrit par M. de Lacépède (tome IV, p. 898 et 4^4 )> sous le nom de persèque triacanthe; seulement il lui donne sur la langue des dents qui ne sont qu'au pharynx. Cet individu venait de l'ancienne collection du Stadhouder. Nous en avons d'autres qui ont été apportés par feu Pérou. Tous sont petits, à peine de cinq ou six pouces de longueur. L'ensemble de leurs proportions ne dif- fère pas beaucoup de la percbe commune. Tant que la peau n'est pas desséchée, on la croirait volon- tiers sans écailles , et l'on n'y voit en quelque sorte que des points disposés en quinconce et réguliers comme une espèce de tricot. Les dents sont en fin velours; la tête est assez haute; le maxillaire large; le sous-orbitaire petit; la gueule fendue jusque sous l'œil; la mâchoire inférieure avance plus que l'autre; L T. IV, p. 523. CHAP. X. GPvAMMlSTES. 20iS la langue est lisse et très-libre; les ouïes bien fen- dues et à sept rayons ; le préopercule et l'opercule ont chacun trois pointes. Il y a sept épines assez fortes à la première dorsale, dont la seconde et la troisième sont les plus hautes ; la sixième et la septième percent à peine la peau. Le premier rayon de la deuxième dorsale est simple, mais si flexible qu'à peine peut -on le croire épineux. Le reste de cette nageoire a treize rayons à peu près égaux. L'a- nale a huit rayons, tous mous, et s'il s'y trouve des épines, ce sont tout au plus de très-petits vestiges cachés sous la peau, et si frêles que le doigt même ne peut les sentir. Je croirais cependant qu'il y a réelle- ment trois de ces vestiges. La caudale est arrondie; les nageoires paires n'ont rien de remarquable. D. 7—1/13; A. 3/8; G. 11; P. 14; V. 1/5. Ce petit poisson est d'un brun noir, marqué de lignes longitudinales blanches, le plus souvent au nombre de sept de chaque côté, avec une impaire le long du dos et une autre le long de la gorge, qui, arrivée aux ventrales, se bifurque et demeure double jusqu'à l'anale. Les nageoires sont jaunâtres. La base de la pectorale et celle de chaque ventrale ont un peu du blanc des raies qui y aboutissent. Arrivées à la tète, quelques-unes de ces lignes se détournent de leur direction, et forment un réseau sur la joue. Mais il y a des individus où les nombres des lignes diffèrent assez pour que des natu- ralistes habiles en aient fait des espèces parti- culières. Ils n ont que six raies de chaque côté, 206 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. sans compter les impaires. Tel était celui qa'a décrit Tliunberg à lendroit cité. Nous en avons même vu un où Ton n'ob- serve de chaque côté que quatre raies, mais qui d'ailleurs ressemble en tout à l'espèce ordinaire. Ce grammiste à quatre raies est la persèque p ent acanthe , de M. de Lacépède (tome IV, p. 3g8 et 424)? 4^i 1^ Y ^ compté que cinq épi- nes à la première dorsale, trompé par l'extrême petitesse de la première et de la dernière. Le hodian à six raies de M. de Lacépède ( tome IV, p. 285 et 3o2 ) est encore une va- riété de ce grammiste où le nombre des lignes est réduit à trois de chaque côté. Le reste des caractères est conforme. L'auteur ne compte que neuf rayons à l'anale, faute d'avoir re- cherché sous la peau les trois petits vestiges qui lui ont paru n'en faire qu'un. A tous ces doubles emplois il faut ajouter enfin le centropome à six raies, de M. de La- cépède ( tome V, p. 689 et 690 ). En exami- nant ses papiers, nous avons retrouvé la note de feu Noël, sur laquelle il a étabh cette es- pèce, et qui est accompagnée d'une mauvaise représentation de la variété de notre gram- miste actuel, qui a six raies de chaque côté, sans compter les impaires. Un individu, pris à Neros-Banhos, et donné CHAP. X. GRAMMISTES. 207 au cabinet du Roi par M. Bosc, a sept raies d'un côté et huit de l'autre. Le foie du grammiste oriental est petit; le lobe gauche est mince , élargi et profondément échancré en arrière. Le droit est pointu, grêle, et recouvre la vésicule du fiel, qui est petite, globuleuse, suspen- due à un canal cholédoque assez long, et qui reçoit de nombreux vaisseaux hépatocystiques. L'œsophage est très-large, plissé longitudinalement par des rides très-grosses; il se termine en un estomac étroit, co- nique, pointu, qui atteint jusqu'à l'arrière de l'ab- domen. La branche montante naît au quart de la dis- lance du pharynx à la pointe de l'estomac : elle est très-courte. H y a quatre appendices cœcales assez grosses et de longueur médiocre. L'intestin est court, fait deux replis assez près l'un de l'autre; sur la der- nière portion, un peu au-delà du cardia, il y a un étranglement sensible qui correspond en dedans à une valvule assez épaisse. La rate est petite et placée à droite de l'intestin sous la pointe du foie. La vessie natatoire est assez large; mais elle n'oc- cupe en longueur que la moitié antérieure de la distance du diaphragme au fond de l'abdomen. Les reins sont gros, et forment deux cordons le long de l'épine. Ils débouchent presque directement dans une vessie urinaire assez grande, cylindrique, et qui se porte d'abord en arrière, puis se replie pour venir déboucher derrière le rectum. Le squelette du grammiste oriental ressemble à celui des serrans; mais je ne lui trouve que treize vertèbres à la queue. 208 LIVRE TROISIÈME. PERCOIDES. DES PERCOIDES A UNE SEULE DORSALE. La seconde division des poissons analogues à la perche , celle où la partie épineuse de la dorsale est assez unie à sa partie molle pour ne former ensemble qu'une nageoire, est infini- ment plus nombreuse que celle des percoïdes a deux dorsales distinctes, et l'on a été obligé, pour y mettre quelque ordre, de recourir à des caractères assez minutieux. Bloch a tiré les siens des dentelures du préo- percule et des épines de l'opercule; mais il les a souvent assez mal appliqués, et l'on voit, dans sa distribution, des poissons de la famille des labres et de celle des sciènes venir se placer au milieu des perches. Le même défaut se rencontre plus ou moins dans les ouvrages de ses successeurs, parce que, s'attachant trop à ces caractères extérieurs, ils n'ont pas établi leurs premières divisions sur des différences plus essentielles. La précaution que nous avons prise d'écar- ter d'abord tous les poissons qui n'ont pas des dents aux mêmes parties de la bouche que la perche commune, nous a fait éviter plusieurs de ces embarras. Néanmoins il nous reste encore un nombre PERCOÏDES A UNE SEULE DORSALE. 209 si considérable despèces, que nous sommes obligés de recourir à des caractères subordon- nés pour nos subdivisions. Nous tirons les premiers des dents, qui sont tantôt égales et en velours, comme celles de la perche commune et du bar, tantôt mé- langées plus ou moins de canines ou de dents plus longues et plus pointues que les autres. Ensuite nous considérons l'opercule, dont la partie osseuse est tantôt mousse ou arron- die, tantôt terminée en deux ou trois pointes plus ou moins aiguës. Nous arrivons alors au préopercule, qui peut avoir les bords lisses, ou dentelés, ou ar- més de diverses manières. Enfin les os des mâchoires, lisses ou écail- leux, nous fournissent encore des subdivisions ultérieures, auxquelles nous ajoutons, pour distinguer certains genres, des caractères frap- pans pris de quelques autres parties, comme des ventrales ou d'autres nageoires. 2. l4 240 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. CHAPITRE XL Des Serrans. Parmi ceux de ces poissons qui sont ar- més en partie de dents canines, notre premier genre sera celui des serrans^ que Bloch con- fondait parmi ses liolocentres. Nous lui attri- buons le nom de serran ^ parce qu'il est donné par nos pécheurs aux espèces de ce genre les plus communes dans nos mers, et parce qu'il vient probablement du latin serra et peut dé- signer la dentelure de leur préopercule, qui est à peu près égale, comme celle d'une scie. Cette dentelure, jointe aux deux ou trois épines plates de leur opercule et aux dents longues et aiguës qui se trouvent mêlées en plus ou moins grand nombre parmi les dents en velours de leurs mâchoires, forment leur caractère. Il faut remarquer toutefois que cette dente- lure du préopercule s'atténue par degrés, au point d'être absolument insensible , et que Ton passe ainsi, presque sans s'en apercevoir, de ces serrans à préopercule bien sensiblement den- telé à des poissons d'ailleurs entièrement sem- blables, où le bord du préopercule est entier. CHAP. XI. SERRANS. 211 Ces poissons cependant sont en fort petit nombre; et bien que Blocli ait fait de ce bord lisse le caractère de son genre bodian, la plu- part des espèces qu'il y a placées ont en effet un prëopercule finement dentelé. Les serrans ont d'ailleurs le crâne et les oper- cules écailleux, ainsi que la joue; mais ils va- rient par les tégumens du museau et des mâ- choires, qui tantôt semblent nues, tantôt offrent des écailles plus ou moins sensibles. Nos mers d'Europe, et surtout la Méditer- ranée, possèdent cinq ou six espèces, que nous chercherons à bien faire connaître, et dont les trois principales deviendront pour nous autant de chefs de file auxquels nous com- parerons les innombrables espèces des mers plus éloignées. Celles qui se rapportent à la première de ces espèces se ressemblent par leur petite taille, la délicatesse de leurs proportions et les agré- mens de leurs couleurs. Leurs mâchoires sont nues. On les connaît assez généralement sous le nom commun de perches de mer. Le mérou en diftere par une beaucoup plus grande taille et par de petites écailles à la mâ- choire inférieure. Le barbier a une taille analogue à celle des perches de mer, et à des couleui's encore plus 212 LIVRE TROISIÈME. PERCOlDES. vives il joint le caractère de porter sur toute sa tête et sur ses mâchoires des écailles sembla- bles à celles du corps. Des petites espèces de Serrans, connues dans la Méditerranée sous le nom de Perches de mer. Nous avons vu qu Aristote * a bien connu la perche d'eau douce ^ mais il parle aussi de perches auxquelles il attribue des caractères qui ne peuvent convenir à ce poisson. Telle est celle dont il dit qu'elle a de nombreuses ap- pendices au pylore, comme le mulet, le rou- get et le spare, et celle qu'il range parmi les poissons saxatiles avec ses tourds". Ce dernier passage a dû taire penser qu'il s'agissait d'un poisson de mer, et cette idée prend de la consistance par la comparaison de ce qu'en disent d'autres auteurs. PHne^, par exemple, nomme la perche parmi les saxatiles avec la murène et le congre; Oppien'' dit qu'elle se tient auprès des rochers de mer couverts d'al- gues. Les anciens avaient donc une perche 1. Hist. a.nim.,\.li, c. i3. — 2. Id. , 1. VIU, c. i5. — 3. Hist. nat., 1. IX, c. i6. — 4. Halieut., 1. I.", vers 124. CHAP. XI. SERRANS. 215 de mer en même temps qu'une perche d'eau douce. Des auteurs modernes ont cru retrou- ver la première dans quelques serrans qui se nomment encore aujourd'hui à Rome per- cia ^y à Venise sperga ' , et dans nos ports de Provence et de Languedoc, perche ou perco de mer^ , et qui ressemblent en effet assez à la perche commune par les dentelures et les épines de leiu' tête, par leurs écailles âpres, par leurs belles couleurs et par les ban- des transversales plus ou moins foncées de leur corps. Nos côtes de la Méditerranée en possè- dent deux et peut-être trois espèces à peine longues de huit ou dix pouces, que les pé- cheurs vendent pèle -mêle, et que les natura- listes n'ont pas trop bien distinguées."^ 1. Salviani, Rondelet. — '2. Maliens, Voj âge à Venise, t. Il, p. 425. — 3. Rondelet, Risso, etc. 4. A Rome, on en confond au moins deux espèces sous le nom de Percia , Salviani, p. 225 et 228. A Gènes, on les appelle Bolassos selon Bélon, et Bolaccio selon M. Viviani. A Nice et à Marseille, outre le nom de perche de mer, on leur donne, selon Brunnich , Risso et Rondelet, ceux de serran, de serraian et de serrango , qui paraissent d'origine espagnole, et qui viennent peut-être du latin serra (une scie), soit à cause des dentelures de leur préopercule, soit à cause des épines de leur dorsale. Ce sont aussi, à ce qu'il paraît, les chnnni on les channo des Turcs ou des Grecs modernes. 214 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. Le Serran écriture. (Serranus scriba, nob.j Perça scriba , Lin.) La première espèce ' se reconnaît à son mu- seau pointu, h son profil rectiligne et même un peu concave, et à des lignes ou des traits irrëguliers, qui forment sur son crâne, sur son museau et sur sa joue, comme une sorte de ca- ractères d'écriture inconnue. Comme elle nous servira de type pour un nombreux sous-genre, il convient que nous en décrivions les formes en détail. La longueur de sa tête fait plus du tiers de sa lon- gueur totale. La plus grande hauteur de son corps est à peu près au-dessus du milieu des pectorales, et 1. Elle n'est représentée d'une manière un peu caractérisée que par Sahiani, p. 227, fîg. 92, sous le nom de phycîs; mais peut-être est-ce aussi elle que le même auteur a représentée p. 226, fig. 89. Elle est confondue avec les autres sous le perça marina de Linnaeus; mais c'est elle aussi que Linnœus décrit plus parti- culièrement sous le nom de perça scriba. Brunnich l'avait évi- demment sous les yeux quand il a décrit son p. marina, et La Roche pour son holocentrus marinus. On ne peut pas douter non plus que ce ne soit d'elle que M. Spivola [Ann. Mus.), ait fait son hoî. argus. Nous ne doutons point que Vhol. fasciatus de Bloch, p. 240, n'en soit un dessin fait sur un individu dessé- ché et décoloré, et nous nous sommes assuré à Berlin que son hol. maroccanus est encore de la même espèce. Enfin, c'est bien sûre- ment aussi le lutjan écriture de Risso, 1."* édition, p. aG/i- Dans sa 1." édition il reproduit ces espèces que nous crojons factices, sous les noms de serranus argus , fasciatus , scriba, p. 573 — 575. CHAP. XI. SERRANS. 215 fait plus du quart de cette même longueur totale. Son épaisseur est les deux cinquièmes de sa hauteur. L'œil a son bord postérieur à peu près au milieu de la longueur de la tête, et la distance d'un œil à l'autre est égale à leur diamètre. La bouche est fendue obliquement jusque sous le bord antérieur de l'œil. Quand elle est fermée , la mâchoire inférieure est plus avancée que l'autre, et c'est elle qui forme la pointe du museau. Le dessous de ses branches est lisse. La mâchoire supérieure est peu protractile; mais la bouche est susceptible de beaucoup de dilatation. Les lèvres, peu char- nues, se dilatent néanmoins vers la commissure en membranes assez larges. Le maxillaire est large et tronqué carrément à son extrémité postérieure. Il n'a point d'écaillés, non plus que le museau, les mâchoires et le sous-orbiiaire. Celui-ci est rliom- boidal, sans dentelures, et ne recouvre pas le maxil- laire lors de la rétraction des mâchoires. Les na- rines sont plus près de l'œil que du bout du mu- seau. Leur ouverture antérieure est fort rapprochée de l'autre, très-petite, un peu tubuleuse, et garnie d'une très-petite membrane ou filament pointu. La joue, le derrière du crâne et les pièces operculaires sont écailleux. Le préopercule est arrondi, et son bord très-finement et presque également dentelé , si ce n'est dans les deux tiers antérieurs de sa partie in- férieure, où il est entier. Le bord membraneux de l'o- percule finit en pointe un peu mousse; mais sa par- tie osseuse se termine par trois épines plates et aiguës. Les ouïes sont extrêmement fendues; leur 216 LIVRE TFxOISIÈME. PERCOÏDES. membrane a sept rayons, dont le supérieur est plat et dilaté. Les dents sont en velours aux deux mâ- choires, sur une bande un peu plus large dans le milieu, et qui se rétrécit vers la commissure. A la mâchoire supérieure, le rang extérieur est plus fort et en crochet , surtout les deux ou trois antérieures de chaque côtéj et il y en a de plus, derrière elles, deux ou trois autres encore plus fortes. A la mâ- choire inférieure il y a aussi un rang de dents en crochets qui s'élèvent parmi les autres j mais ce sont les latérales qui y sont les plus fortes, au nombre de trois ou quatre. Au palais, des dents fines et en ve- lours sont disposées sur une petite plaque en forme de chevron sur le devant du vomer et sur une bande longitudinale étroite à chaque palatin. La langue est longue, étroite, pointue, très-libre, et sans aucunes dents; mais les ràtelures des branchies sont âpres, et les pharyngiens sont armés de dents en ve- lours. L'os surscapulaire est peu distinct et finement dentelé au bout; l'os humerai n'a point de dente- lures ni d'épines. Le coracoidien se montre derrière l'aisselle de la pectorale, comme une lame verticale en forme de faux. Les écailles sont de grandeur mé- diocre. On en compte environ soixante -dix sur la longueur, et vingt-cinq sur la hauteur. Leur partie extérieure est un arc de cercle; à la loupe, elle pa- raît pointillée et son bord très-finement cilié. La par- tie cachée est coupée carrément, striée en rayons, et son bord radical crénelé. La ligne latérale est pa- rallèle au dos, et trois fois plus près du dos que du ventre. Elle se marque par un petit trait oblique. CHAP. XI. SERRANS. 217 relevé sur chacune de ses écailles. La dorsale com- mence au-dessus de la base de la pectorale. Sa dis- tance au bout du museau est de plus du tiers de la longueur totale, et sa longueur est encore un peu plus considérable. Elle a dix aiguillons assez forts, très-pointus, dont les huit derniers ont en hauteur à peu près le tiers de celle du corps. Les deux pre- miers sont un peu plus courts, surtout le premier. La partie molle est un peu plus liante que la partie épineuse. Son angle postérieur est arrondi, et elle a quatorze rayons branchus. La membrane, dans la partie épineuse, est plus courte que les rayons, et donne derrière chacun d'eux un filament pointu qui le dépasse. Elle a dans les intervalles de tous ses rayons une bande étroite et pointue de petites écail- les, qui occupent à peu près moitié de sa hauteur. La distance de l'anus au bout du museau est supé- rieure d'un quart à sa distance au bout de la queue. L'anale naît à peu près vis-à-vis du troisième rayon mou de la dorsale, et finit vis-à-vis du onzième. Elle a trois rayons épineux fi^rls et pointus, et sept mous: le premier épineux est moitié plus court que les deux autres; la membrane entre ces épines est plus courte qu'elles, et donne des lanières comme à la dorsale. Entre les rayons mous il y a des bandes étroites de petites écailles. La distance de la dorsale à la caudale est d'un peu plus du dixième de la longueur totale. La longueur de la caudale est de près du sixième. Elle est coupée carrément, et a dix -sept rayons, dont les deux extrêmes simples, et deux ou trois petits à la racine de chaque bord. Il y a des 218 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. bandes étroites de petites écailles dans chaque inter- valle des rayons. Les pectorales approchent du quart de la longueur totale; elles sont un peu pointues et soutenues par treize rayons, dont le sixième et le sep- tième sont les plus longs. Les ventrales sont un peu moins longues que les pectorales , et coupées en poin- tes aiguës. Leur épine est forte, acérée et de moitié moins longue. Elles ont cinq rayons mous, dont le second forme la pointe. D. 10/14; A. 3/7; C. 17; P. 13; V. 1/5. Ce poisson a de très-belles couleurs; mais non- seulement elles ne se conservent pas long-temps après la mort, elles changent aussi avec l'âge et la saison d une manière prodigieuse. Ce qu'elles ont de plus constant, consiste dans les lignes irrégulières, étroi- tes, qui dessinent le dessus du crâne, l'intervalle des yeux, le museau et la joue; dans cinq bandes larges, obscures, qui descendent verticalement de la racine de la dorsale et se perdent vers le ventre; et dans les taches rondes et serrées qui font paraître la na- geoire du dos et celle de Tanus comme réticulées. Assez souvent quelques-unes des bandes verticales sont divisées en deux, de sorte qu'on peut en comp- ter six ou sept. Quant aux nuances qui colorent le dessin que nous venons de décrire, le fond en est d'ordinaire roussâtre; et, en y regardant de près, on voit qu'il se décompose en une teinte orangée dans le milieu de chaque écaille, et en un reflet Hlas à sa base et à son bord ; mais quelquefois aussi l'orangé devient jaune, et alors la couleur générale prend un ton olivâtre. CHAP. XI. SERRANS. 219 Quand le lilas domine , alors le poisson paraît bleuâ- tre. Les bandes verticales sont d'un brun foncé, plus ou moins tirant au roux. Les traits irréguliers de la tête, ou ce qu'on a nommé récriture, sont d'un bleu argenté plus ou moins vif, finement liséré de noirâtre, et les intervalles qui les séparent sont tantôt du plus beau rouge aurore ou cramoisi, tantôt d'un brun roussâtre ou olivâtre. Les nageoires verticales sont grises ou lilas, avec dés taclies d'un bel aurore ou d'un rouge vif, qui , sur la partie épineuse de la dor- sale, sont assez irrégulières, mais qui, sur la partie molle, ainsi que sur l'anale, sont rondes, tranchées, et disposées en bandes serrées , divisant obliquement le» rayons. U y a aussi de ces taches sur les ventrales et le long de chaque rayon de la caudale. Dans cer- tains momens , elles pâlissent et deviennent jaunes ou blanches. Les lanières derrière chaque épine dorsale sont d'un beau rouge. La pectorale a ses rayons d'un jaune jonquille, et sa membrane d'un blanc transpa- rent, avec une ou deux lignes aurore sur sa base. M. Péraudotnous en a donné un bel individu, péché sur les côtes de la Corse, long de neuf pouces , d'un rouge vineux, assez foncé, mais d'ailleurs avec les mêmes taches et nuances que nous venons de dé- crire. Nous possédons plusieurs individus, venus de dif- férens points de la Méditerranée, qui diffèrent assez notablement par les couleurs du reste de l'espèce, sans nous offrir cependant des caractères assez im- portans pour croire qu'ils soient autre chose qu'une variété. Les traits sur le crâne et sur les joues y sont 220 LIVRE TROISIÈME. PERCOIDES. à peine visibles, et même ils disparaissent entière- ment dans quelques-uns. Les joues, ainsi que le des- sous des branches de la mâchoire inférieure, sont tachetés de gros points rougeâtres assez foncés. Une bande obscure sur la fm de l'opercule, et une autre petite en avant de la base de la pectorale, augmentent le nombre des bandes transversales du corps. Il en est venu de tels de nos côtes de Pro- vence , de Malte , de Naples , et d'Alexandrie d'Egypte. Le foie du serran est peu volumineux, et il se com- pose de deux lobes d'inégale grosseur : le gauche est le plus fort; ils sont tous deux triangulaires; le bord supérieur est échancré. La vésicule du fiel est longue, grêle et étroite ; elle s'appuie sur l'estomac. Ce vis- cère est un très -grand sac, arrondi à son extrémité. La branche montante naît assez haut ; elle est courte. Il y a auprès du pylore sept appendices cœcales, lon- gues et assez grosses. La dernière à droite est cachée entre les plis de l'intestin; les autres sont libres sous l'estomac. L'intestin est de longueur médiocre; il fait deux replis et plusieurs ondulations. La vessie aé- rienne est grande , simple , à parois minces et ar- gentées. Mais ce que ces poissons ont surtout de remar- quable et même d'unique, c'est l'organisation de leurs parties génitales. Les anciens ont dit du channa que tous les individus de l'espèce sont femelles ^; mais, comme on n'est que trop porté à le faire dans ces 1. Arist. , 1. VI, c. 12, et Ovid. , Halieut., vers 107: « Ex se conciijiens chatwe gemuio fraudata parente. * CHAP. XI. SERRANS. 221 derniers temps, on n'avait donné aucune attention à une assertion contraire aux analogies. Il parait cepen- dant qu'ils sont tous réellement hermaphrodites. Ca- volini ' a disséqué et dessiné leur ovaire, et a montré dans sa partie inférieure une portion glanduleuse blanchâtre, toute pareille à une laitance, à un testi- cule de poisson. Il assure qu'en ayant ouvert un très- grand nombre, il n'en a trouvé aucun où il n'ait ob- servé cette réunion d'organes des deux sexes. Je puis confirmer l'assertion de Cavolini pour les individus que j'ai examinés aussi en assez grand nombre. Au bas de chaque ovaire j'ai toujours vu une bande blanche, faisant deux angles, adhérente à la face in- terne du sac du côté inférieur, qui, si je l'avais obser- vée seule et sans les œufs qui adhéraient un peu au- dessus, m'aurait certainement paru une véritable laitance. Quand l'ovaire était vide, et qu'il fallait le secours de la loupe pour voir les petits ovules atta- chés aux houppes de l'ovaire, la bande blanche était très-petite, presque réduite à un simple traitj quand, au contraire, l'ovaire était plein d'œufs prêts à être pondus, la bande blanche était grosse et avait l'appa- rence d'une forte glande. Son développement paraît donc suivre celui de l'ovaire, et être en rapport avec le temps du frai. Indépendamment de ce qu'on voit du squelette à l'extérieur, il offre les particularités suivantes : Le dessus de leur crâne est arrondi, lisse; ses crêtes 1. Dans son Traité de la génération des poissons, p. 85 de la traduction allemande. 222 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. ne commencent que sur le cinquième postérieur. Il y a deux sillons entre les yeux. Ses vertèbres sont au nombre de vingt-quatre, dont dix abdominales. Sur les deux premières sont deux interépineux qui ne por- tent point de rayons ; le troisième porte les deux pre- miers rayons, et s'enfonce au-devant de la ifoisième apophyse épineuse; le dernier répond à la dix-hui- tième vertèbre. Ceux des rayons épineux ont tous en arrière une grande crête. Le premier interépineux de l'anale qui porte les deux premiers rayons , est long et fort j les autres sont grêles. La lame en éventail qui porte la caudale, est formée de l'union des apophy- ses des trois dernières vertèbres. Les côtes sont grêles, et ont chacune un appendice latéral. Les quatre der- nières s'attachent à des apophyses transverses descen- dantes, dont la dernière paire s'unit en une lame échancrée, mais sans former d'anneau. Ce serran se tient sur les fonds de roches, et a la chair très-savoureuse; mais il dépasse rarement le poids d'une demi -livre'. On en prend toute l'année '% et il est très-abondant sur les marches, oii il se fait remarquer par ses belles couleurs.^ Cavolini dit qu'il vit de petits crabes, de cloportes et de petits poissons, et assure quil 1. Martens, Vojage à Venise, t. Il, p. 425. — -. Risso, 2." édit. , p. 574- 3. Nous l'avons vu partout. CHAP. XI. SERRANS. 223 fait surtout ses délices du poulpe [sepia octo- podia, L.); qu'il se tient en embuscade à l'en- trée du trou où ce mollusque se retire, et que, pour peu qu'il en voie sortir le bout d'un ten- tacule, il s'empresse de le saisir. ^ Le Serran proprement dit. {Serranus cabrilla,, nob. ; Perça cabrilla, Lin.)^ La seconde de nos espèces se reconnaît à l'absence des traits sur la tête, à trois ou quatre bandes qui lui traversent obliquement la joue et s'étendent sur son opercule, à neuf ou dix bandes qui occupent verticalement la moitié supérieure de son corps, et à quelques autres bandes qui s'étendent longitudinalement sur les côtés, depuis la tête jusqu'à sa queue. Elle a le museau sensiblement plus court, et le chanfrein un peu plus convexe que la précédente. Son 1. Cavolini, Traité de la génération des poissons , p. 85 de la traduction allemande. 2. A en juger par les lignes longitudinales, ce doit être celui-ci que Salviani a représenté sous le nom de ^ctVYi ou àihiatula. Il ne serait pas impossible que ce fût aussi le channa de Rondelet, p. i83. C'est très- certainement encore le perça cabrilla de Lin- N^us ; la variété B du perça marina de Brunnich , Vholocentrus vi- rescens de Bloch, pi. 233, et les holocentres jaune el serran de Risso , 1."^*^ édit., p. 2g3 et 2g4; serranus cabrilla et flavus de la seconde , p. SyB et 076. Sonnini en a donné une bonne figure dans son Voyage en Turquie et en Grèce, pi. 1. 224 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. oeil est plus grand ; son préopercule un peu moins arrondi, et ses dentelures vers la partie de l'angle un peu plus fortes. Sa mâchoire inférieure a la face in- férieure de ses branches chagrinée et vermiculée par de petits traits de la peau. Dans son état le plus brillant , le fond de la cou- leur est d'un gris jaunâtre avec des teintes bleuâtres; les bandes obliques de la tête et les bandes longitu- dinales du corps sont d'un beau rouge aurore ou vermillon; quelquefois même ce vermillon s'étend sur tout le corps. Les bandes verticales sont d'un brun-roux foncé. Leur partie inférieure s'élargit et devient plus foncée, ce qui forme comme une suite longitudinale de taches brunes, régnant depuis l'an- gle du pre'opercule jusqu'à la racine supérieure de la queue. Cet ensemble de couleurs augmente de beauté dans certains momens où les intervalles des bandes rouges de la tête et des flancs deviennent d'un bleu- es clair plus ou moins vif Le dessous de la mâchoire est d'un beau rosé, et le dessous du ventre d'un orangé clair; mais il y a des saisons et des individus où ces teintes si vives deviennent sombres et se chan- gent en brun ou en olivâtre. La dorsale a sa base assez écailleuse et de la couleur du dos; mais sa moitié su- périeure a dans sa partie épineuse des bandes alter- nativement aurore et lilas, et dans sa partie molle des taches rondes, lilas ou transparentes, semées sur un fond aurore. Il y a aussi trois bandes aurore et lilas sur l'anale. Le fond de la caudale est lilas, semé de taches aurore et de points transparens. Les pecto- rales ont leurs rayons aurore ou quelquefois jaunes. CHAP. XI. SERRANS. 225 Les ventrales sont un peu plus pâles : elles n'ont point de taches. D. 10/14; A. 3/8; C. 17; P. 14; V. 1/5. Ce serran habite tout le bassin de la Mé- ditermnëe , et on le prend sur toutes les côtes de cette mer en aussi grande abon- dance que le précédent ; mais il entre aussi dans l'Océan, et méine il s'avance assez loin vers le Nord. M. Bâillon en conserve un in- dividu dans son cabinet, à Abbeville , qui a été péché à l'embouchure de la Somme. M. Garnot nous en a envoyé de fort beaux, longs de neuf à dix pouces, péchés a Brest: on y nomme l'espèce fougère. Les natura- listes de lexpédition de M. d'Urville en ont pris dans la baie d'Algésiras ; et MM. Ruhl et Van Hasselt en ont envoyé de Madère, au Musée royal des Pays-Bas, qui avaient dix pouces de long. Le plus grand que nous ayons vu , est conservé dans le Musée de Berlin; il a près d'un pied. C'est à TénérifFe qu'il a été recueilli par M. Langsdorf. Nous avons des individus entièrement semblables à cette espèce, à l'exception d'un peu moins de force dans les dentelures du préopercule, et de la dispari- tion absolue des bandes longitudinales; mais nous ne croyons devoir les considérer que comme une va- riété d âge et de saison : c'est parce qu'ils pourraient 2. l5 220 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. donner lieu à l'établissement de quelque espèce de la part d'observateurs peu attentifs , et que même cette erreur semble déjà avoir lieu, que nous les mention- nons ici. ^ Les méprises des no m en dateurs touchant les deux poissons dont nous venons de par- ler, sont nombreuses et difficiles à débrouil- ler. Willughby^ décrit assez exactement notre première espèce ; et c'est daprès lui qu'Ar- tedi l'a insérée dans ses Gênera (p. 4o)> mais déjà celui-ci lui donne sans distinction, dans sa Sjnonjmia (p. 69), des synonymes appartenans aux deux espèces et à toutes leurs variétés. Linnasus, en l'introduisant dans son Système d'après Artedi , et avec ses syno- nymes, lui attribue une description et des caractères tirés d'un poisson de la mer du Nord tout différent, qui est le perça noi^^e- 1. C'est celle variété que paraît avoir particulièrement repré- sentée Rondelet sous le nom de perça marina, et c'est elle aussi, autant que l'on eu peut juger sur de mauvaises figures, que re- présente Aldrovande sous le même nom à ses pages 47 et 49- Quant au perça marina de Bclon, p. 2G9, il est difficile de dire si c'est la précédente ou celle-ci : mais nous ne pouvons presque pas douter que Vholocentrus virescens de Bloch ne soit une mau- vaise figure de celle variété, faite d'après un individu desscclié qu'on lui aura vendu à Amslerdaui comme un poisson des Indes, ainsi que les marchands naturalistes de cette ville ont coutume d'appeler toutes les productions d'oulre-mer. 2. De pisc.y p. 527. CHAP. XI. SERRANS. 227 gica de MùUer et d'Othon Fabricius ' [Xho- locentre norvégien, Lacép. ^), et que nous verrons par la suite appartenir à la famille des scorpènes. En même temps , et comme pour embrouiller à plaisir la matière, Lin- naeus reproduisait l'espèce de Willughby, ou la première des nôtres , comme nouvelle , sous le nom de perça scriha. Depuis lors il y a eu deux perça marina. C'est le poisson de la mer du Nord que Pennant a fait graver sous ce nom, et c'est la figure de Pennant que Bonnaterre ^ a fait copier dans V Encyclopé- die , malgré les efforts que Brunnich "^ avait faits pour montrer combien ce poisson diffère de la véritable perche de mer des premiers ichtyologistes. Bloch , de son côté, n'ayant jamais bien connu les poissons de la Méditer- ranée, et trouvant des individus desséchés de ceux-ci dans des ventes publiques sans en con- naître l'origine, les donnait comme nouveaux sous les noms dliolocentrus fasciatus^ et d'Ao- locentrus virescens^, et il se doutait si peu des rapports de ce dernier avec le perça cahrilla, que, dans l'édition de Schneider, il met le ca- 1. Faun. Gro'ènl., p. 167. — 2. T. IV, p. 390 et 594. — 3. Encyclopédie, Dictionnaire des poissons, pi. 54, fig. 210. — 4. Ichiyol. Massil, p. 63. — 5. Bl., tabl. 25o. — 6. Bl., tabl. 233. 228 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. brilla dans un tout autre genre , dans celui des grammistes. M. de Lacépède, toujours confiant dans l'autorité de ses prédécesseurs, s est vu dans le cas de placer trois fois dans son ouvrage notre première espèce : une première fois comme ho- locentrus mari7ms\ d'après Artedi, mais en prenant le nombre des rayons dans Linnœus, qui n'avait compté que ceux de la scorpène; une seconde, comme holocentrus fasciatus^, d'après Bloch; une troisième, comme liitja- nus scriptura^ , d'après Linnœus. L'autorité de Bloclî lui a fait aussi présenter la variété sans bandes de notre seconde espèce sous le nom diholocentrus virescens ^y comme un poisson des Indes occidentales^, tandis qu'il laissait la variété à bandes parmi les lutjans sous le nom de lut j an serran ^, d'après le perça cahrilla de Linnaeus. Cependant, comme aucune de ces descripdons ne s'accordait avec la nature, cha- que observateur qui revoyait nos espèces, les croyait encore nouvelles 5 et c'est ainsi que MM. Viviani et Spinola^ donnaient à la pre- 1. T. IV, p. 376. — 2. Ib., p. 58o. — 3. Ib., p. 229. — 4. B.,p. 357. 5. Il n'est pas inutile de remarquer que Bloch, dans son grand ouvrage , dit son hoîocentrus virescens des Indes occidentales , et que , dans son Système publié par Schneider il prétend qu'il est de Java. 6. T. IV, p. ?.o5. — 7. Ann. du Mus., l. X, p. 372. CHAP. XI. SERRANS. 229 mière un quatrième et un cinquième nom, ceux de labriis ar^iis et dholoceiitriis argus. M. de Laroche ' est le premier qui , mar- chant sur les traces de Brnnnich, a rendu au perça marina ses vrais caractères, et au perça nori'esica son existence séparée et sa vraie place parmi les scorpènes ; mais il n a pu rec- tifier complètement leur synonymie. Ce ne sont pas là en efl'et toutes les erreurs dont ces serrans ont été l'objet. Notre seconde espèce, dans son état le plus coloré, ou le perça cabrilla de Linnaeus, est aussi Xhiatula ou %av>7 de Salviani et le canna des Napolitains. Il y a la plus grande apparence que c'est le chani des Turcs, mentionné par Forskal ^ et en effet c'est elle que Sonnini re- présente sous ce nom ^ Par conséquent elle est encore le lahrus clianus de Gmelin, et Yholocentre chani de M. de Lacépède. "^ Ce nom dliiatula n'est qu'une traduction faite par Gaza du mot grec xa^wr} ou %(xvyi, em- ployé par Aristote, et que Gaza a supposé apparemment venir du verbe %cci^M (je bâille]. L'application que Bélon et Salviani en ont faite aux serrans, était principalement fondée 1. Ann. du Mus. , t. XIII, p. 35o. — 2. Faun. arab. , p. 36, n.'' 32. — 3. Voyage en Grèce et en Turquie, t. I.% p. 281 , et pl.lV, %. 3. — 4. T. IV, p. 347. 230 LIVRE TROISIÈME. PERCOIDES. sur l'emploi qui se fait aujourdhui du nom de canna à Naples , et de celui de chani ou clianno chez les Turcs et chez les Grecs mo- dernes à lun de ces poissons; mais lobserva- tion de Cavolini sur leurs organes sexuels, dont nous avons parle, en a fourni une preuve presque démonstrative. Linnœus avait détourne ce nom pour un poisson d'Amérique {Xhiatule ^ardénienne, Lacëp. '), dont il faisait un labre % et Bon- naterre Fa ramené à celui de Salviani, mais en le plaçant parmi les labres contre toute analogie ^ M. de Lacépède a reproduit ce la- bre hiatule de Bonnaterre parmi ses bodians» sous le nom de bodianus hiatula^ y en sorte que notre deuxième poisson revient quatre fois dans son ouvrage : comme holocentre ver- dâtJ^e, comme lutjan serran , comme holo- centre chani et comme hodian hiatule. 1. Lacép., t. n, p. 523. — 2. Labrus hiaiula, L. ; Labre de la Caroline, Bonnaterre, pi. de J'Encjcl. méth. explic. , p. ii3. — 3. Labrus hiaiula, Bonnat. , loc. cit., p. ii6, et pi. LII, fig. 198, copiée de Salviani. — 4. Lacép., t. IV, p. 297. CHAP. XI. SERRANS. 251 Du PETIT Serran a tache noire sur la dor- sale, ou Sacchetto des Vénitiens. (Serranus hepatus , nob.j lahrus hepatus , L.) On trouve dans les anciens auteurs grecs le nom dî77raro5-, que Gaza traduit parjecoT^inuSy pour désigner un poisson dont ils rapportent plusieurs caractères. Aristote * dit que ses ap- pendices cœcales sont peu nombreuses : selon Eubulus, dans Atliënée^, il n'a point de fiel, et selon Hëgésandre sa tête contient deux pierres rhomboïdales et brillantes comme des coquilles. Dans un autre endroit d'Athënée^ on lit que ce poisson se nomme autrement, KsCiccç\ que Dioclès le range parmi les saxatiles; que selon Speusippe il ressemble au pha^re; qu Aristote lui attribue des habitudes soli- taires, le régime Carnivore, des dents poin- tues et engrenant les unes dans les autres, une couleur noire, des yeux très-grands à propor- tion de son corps, et un cœur triangulaire et blanchâtre"^; enfin, qu'Arches tra te le dit grand. Sur ce dernier point, Archestrate s'ac- 1. Hist. anim, , liv. II, cliap. 17. — 2. Deipn., liv. 111, p. 108. — 3. Ibid., liv. VII, p. 5oi. 4. Le passage où Aristote disait tout cela , ne se retrouve pas dans ses œuvres. 232 LIVRE TROISIÈME. FERCOÏDES. corde avec Elien S qui parle de YJiepatus comme d'un poisson très-grand, mais ]>ares- seux, qui nage mal et qui s éloigne peu des cavités où il fait sa retraite, et d'où il lend des embûches aux poissons faibles. Oppien ^ en rapporte exactement la même chose, et doit avoir emprunte son passage ou d'Elien ou d'une source commune. Enfin, dans un autre endroit^, Elien fait entendre que cest un poisson court, dont les 3^eux sont rapprochés, et qui a une barbe. Le plus grand nombre de ces indications conduit, selon moi, à l'églefin {gadus eglefi- nus). Quelques-unes, sans doute, tel que le petit nombre des appendices , ne s'y accordent pas 5 ce qui a presque toujours lieu dans ces notions éparses recueillies dans les anciens; mais ce qui est bien sûr, c'est qu'aucune d'elles ne répond aux poissons où la légèreté des mo- dernes a voulu les retrouver, et moins qu'à tout autre à celui dont nous parlons dans cet article , et auquel le nom dhepatus est cepen- dant demeuré contre toute espèce de vraisem- blance. Rondelet"* l'avait donné à un sargue, et Bé- 1. Hist. anim. , liy.ïX, chap. 38. — 2. /ïertseri. On en trouve plusieurs figures dans les au- teurs qui ont publié des poissons de cette mer. Bontius est le premier qui en ait parlé {Ind., p. 77), et c'est par lui que l'on sait l'origine du nom de Jacob Evertsen : c'était celui d'un amiral qui commandait une des premières expéditions des Hollandais aux Indes orien- tales , et qui avait le teint brun et tout cou- vert de taches. Un poisson de cette tribu ayant été péché près de Tile Maurice , les matelots 556 LIVRE TROISIÈIVIE. PERCOÏDES. trouvèrent plaisant de lui donner le nom de leur chef, et ce nom est reste à Tespèce et aux espèces voisines. 11 paraît que dans la langue des indigènes d'Amboine ou de Java ces poissons se nom- ment okara. On en voit un dans les dessins de Vlaming, n." 5^, avec ce nom (ï okara, et in- titulé autrement Jacoh Ei^ertsen gris, qui est coloré en gris foncé et piqueté de bleu clair; et n.** 68 il y en a un rouge, aussi piqueté de bleu, appelé okara mer a, c'est-à-dire okara rouge, n.° 164 en est un petit gris-roussâtre , à nageoires jaunâtres , à piquetures noires , nommé goujon de V IsIe-de-France. l]okara rouge est copié dans Renard , pi. 28, fig. 1 53 , et s'y nomme luccesje niera. Le gris y est, pi. 20, fig. 3, sous le nom de Jacob Evertsen, sans autre épithète; et il y en a un brun, à nageoires roses, mais aussi piqueté de bleu, sous le simple nom de luccesje, pi. 3o, fig. 162; enfin, le n.° 164 de Vlaming y est, pi. 3, n.° 17, sous le nom de Jacob Evertsen bigarré y mais sa teinte brune y est changée en gris bleuâtre, Valentyn copie aussi deux de ces figures, n.° 37, sous le nom de Jacob Ei^ertsen bruUy et n.** 4^? sous celui d'ikan-okara. Il s'en trouve encore une figure dans la se- CHAP. XL SERRANS. 3S7 conde partie de Renard , pi. 8, fîg. 36 : celle-là est enluminée de gris-brun clair; ses nageoires sont vertes et ses points bleus. Il y est dit qu elle doit être gardée trois jours avant d'être cuite: autrement sa chair est coriace. Selon Valentyn , le Jacoh Evertsen gris est de la taille d'une gros.se perche, et sa chair est ferme et agréable. Bloch rapporte un peu légèrement presque toutes ces figures à son espèce du hodianus guttatus, et, selon sa coutume, il imagine que ces mots malais ikan-okara sont des mots ja- ponais. Le Mérou a gouttelettes. {Serranus guttatus y nob. • Bodianus guttatus , BL, 224.) Nous décrirons d'abord un de ces mérous piquetés qui se trouve à l'état sec dans le Ca- binet du Roi, et qui nous paraît le vrai bodia- nus guttatus de Bloch. Les trois épines de l'opercule sont très-fortes. Le bord du préopercule est finement dentelé. Le second rayon épineux de l'anale est très-fort et presque aussi long que les rayons mous. La pectorale et la caudale sont arrondies. D. 9/16; A. 3/8; P. 13; V. 1/5; C. 15. La couleur est d'un brun uniforme sur tout le ;58 LIVRE TROISIEME. PERCOÏDES. corps. Le bord de chaque écaille est plus foncé que le milieu, en sorte que le poisson a l'air d'être cou- vert d'un réseau à mailles très-serrées. Toute la tête est semée de points, qui ont dû être bleus pen- dant la vie. On voit aussi sur la caudale et sur l'a- nale des restes de points bleuâtres entourés d'un cercle brun, et la pectorale est tachetée de brun. Il n'y a plus sur le corps que quelques traces très-effa- cées de taches. J'en vois aussi sur les ventrales. Blocli avait reçu son individu par son ami John, qui lui dit qu'à Tranquebar on nomme 1 espèce ^animin. Elle atteint quatre pieds de long, et est plus commune à Manar. Elle devient très-grasse, et sa chair est estimée des Européens. Elle remonte dans les fleuves pour frayer et déposer ses œufs dans les en- droits pierreux. MM. Lesson et Garnot ont pris à Waigiou des individus que nous rapportons à cette es- pèce, et qui correspondent encore plus exac- tement à la figure de Bloch. Les taches sont bleues sur un fond blanchâtre j un cercle brunâtre les entoure. Sur les joues et les mâchoires ce sont des points bruns, et sur les na- geoires les cercles bruns ont disparu. Les nombres sont les mêmes. La longueur est de onze pouces. CHAP. XI. SERRANS. 359 Le Mérou a points bleus. {Serranus cjanostîgma, K. et V. H.) MM. Rulil et Van Hasselt avaient dessiné à Java un assez grand mérou, dont le corps et les nageoires sont d'un bel orangé, plus foncé sur le dos", plus pâle vers le ventre. Le poisson est tout couvert de points bleu de ciel. La partie épineuse de la dorsale est bordée d'orangé clair; les pectorales, la dorsale, l'anale et la caudale sont bordées de bleu. Le préopercule est arrondi et très-finement den- telé; les trois épines de l'opercule sont fortes. Les nageoires sont arrondies. Les nombres sont : D. 9/16 j A. 3/8, etc. C'est sans contredit le Jacob Evertsen rouge que nous trouvons dans le recueil de Vlaming peint d'un beau rouge et piqueté de bleu. Il y est nommé okara niera. Je crois cette figure copiée dans Renard, fol. 28, n." i53, sous le nom de leucesje niera. On y voit un point blanc dans le centre des taches bleues. La description de Valentyn (t. IIÏ, p. 392), se rapporte parfaitement au dessin original que nous venons de citer ^ mais il paraît que sa figure , n.*^ 146, a été gravée d après un autre dessin. 360 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. Le Mérou piqueté a six bandes. {Serranus sexfasciatus , K. et V. H.) MM. Ruhl et Van Hasselt ont envoyé de Java au Musée royal des Pays-Bas un mërou dont le corps, de couleur rouge-brique, est traversé par six bandes noirâtres, et tout couvert de points blanchâtres. La tête n'a pas de points; les épines de l'angle du préopercule sont très-fortes, disposées en étoile , et les deux inférieures ont la pointe dirigée vers le bas; les trois épines de l'opercule sont aussi très- aiguës. Les nageoires sont toutes arrondies ; la pec- torale est grise, sans aucunes taches; les ventrales sont noirâtres. Les nageoires impaires sont jaunâ- tres, couvertes de points noirs. Les nombres des rayons sont : D. 11/15; A. 3/8; C. 17; P. 17; Y. 1/5. Nous avons vu à Leyde des individus longs d'en- viron dix pouces. Le Mérou argus. {Serranus argus, nob.; Cephalopholis argus, Bl.) Nous croyons devoir rapprocher de cette espèce le cephalopholis argus ( Bl. , SysL posth., p. 3i 1, pi. 6i ). Le caractère d'un museau ëcail- leux, sur lequel Blocli a nommé ce genre ce- phalopholis, convient à tous les mérous que CHAP. XL SERRANS. 361 nous venons de décrire, et particulièrement au précédent; mais le préopercule lisse et non dentelé du cephalo- plîolis le distingue facilement. Il a, en outre, deux rayons de plus à la dorsale. Ses couleurs sont dispo- sées de même par bandes ; mais les taches de la caudale et de la dorsale sont blanchâtres, entourées de noir. C'est à l'une de ces deux espèces, et plu- tôt au cephalopholis, que nous rapporterons le canjounou de Renard, fol. 2, n."* 70. Dans les dessins originaux de Corneille de Vlaming, ce mérou est nommé cajounou of caban. La moitié antérieure du corps est brune, assez foncée ; l'autre est peinte de six bandes blan- ches alternant avec six brunes. Les lèvres et les nageoires paires sont bleues. La partie épi- neuse de la dorsale est brun-pâle, bordée de rouge. La partie molle de la dorsale et de l'a- nale est orangée, bordée d'une large bande bleue; la caudale est brune, aussi bordée de bleu. Tout le poisson est couvert de taches bleues, excepté sur la partie épineuse de la dorsale. Renard a changé toutes ces couleurs : le fond du poisson est devenu brun-clair; les bandes blanches sont roses, ainsi que les lè- vres; les nageoires sont verdâtres, bordées de brun : les taches ont leur centre blanc. Valentyn donne le même poisson, t. III , 362 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. p. 4^9, n.^ 1^9, et le nomme kajounou [ikan- kajoejioe). Il dit que sa taille est à peu près d'un empan , et que sa chair est agréable au goût : d'ailleurs sa description ressemble en tout au dessin de Vlaming. Le Mérou bœnack. (Serranus Bœnack , nob. ; Holocentrus Bœnack ^ BL, pi. 326.) Uholocentre bœnack de Bloch se rapproche assez de son cephalopholis pour que nous ayons cru devoir le placer ici, quoique les taches paraissent lui manquer. Il en diffère encore par les quatre bandes longitu- dinales brunes qui sont sur les joues. Bloch lui donne une couleur brune dorée, sur laquelle se détachent sept bandes brunes transverses. La troisième se divise en trois branches sur le ventre. Une huitième bande est à la base de la caudale, qui est verdâtre, terminée par du brun. Les bandes du corps se prolongent sur la dorsale, dont la partie épineuse est jaunâtre, et la partie molle vert-noirâtre. L'anale est de la même couleur, sans aucune tache. Le second rayon épineux est très-long. Les pectorales sont à moitié jaunâtres et à moitié vert très-foncé j les ventrales sont brunes. Les trois pointes de l'opercule sont très-fortes, et les dentelures du préopercule doivent être très-fines; car Bloch ne les fait nullement voir sur son dessin. CHAP. XT. SERRANS. 565 Il dit avoir reçu ce poisson des mers du Japon, sous le nom àHkan-hœnack, qui évi- demment est malais : aussi M. Valenciennes a-t-il vu l'espèce dans le Musée royal des Pays- Bas, où elle a ete apportée des Moluques par M. le professeur Reinwardt. Le Mérou louti. {Serranus luti, nob. ) * Une espèce que M. Ehrenberg a rapportée de la mer Rouge, et qu'il regarde comme le perça liiti de Forskal, est aussi très-voisine du cephalopholis argus. Tout le corps est vineux pâle, à moitié traversé par cinq à sept bandes jaunes , dont trois remontent sur la portion épineuse de la dorsale. Il est couvert, ainsi que les nageoires, de points blancs, entourés d'un petit cercle noir. La dorsale est bordée de rougej la partie molle, ainsi que l'anale, sont brunes, et le bord rose est liséré de blanc. La queue est brun très- foncé et bordée de blanc. Les pectorales sont bor- dées de jaune, et les ventrales, roses, sont bordées de bleu. M. Ehrenberg assure avoir observé que les na- geoires impaires de ce poisson, quand il est jeune, 1, Perça luti, Forsk. , p. 4o ; Bodian louti, Lacép. , t. IV, p. 286. 364 LIVRE TROISIEME. PERCOIDES. sont arrondies, mais qu'elles s'alongent avec l'âge, de manière que la dorsale et l'anale se terminent en une longue pointe, et que la caudale a la forme d'un croissant à cornes très-longues et très-aiguës. Forskal a fait la description de son perça luti sur des animaux morts. C'est pourquoi elle diffère de celle que nous a donnée M. Ehren- berg, faite sur l'animal encore vivant. Ce poisson devient grand : on en a à Berlin des individus de plus d'un pied. Forskal dit que les Arabes de Djidda nom- ment cette espèce louti^ ce qui veut dire tour- ner, courber. A Lohaja elle se nomme schan, et elle est plus noire qu'à Djidda. Elle vit à de grandes profondeurs, parmi les coraux. On la prend à l'hameçon ou au filet. Le Mérou doré. {Serranus auratus, nob. ; Holocentrus auratus^ Bl., pi. 256.) U holocentrus auratus de Bloch me paraît très-voisin du précédent. Ce naturaliste l'avait acheté à un marchand hollandais, qui le lui donna comme venant des Indes orientales. Les formes sont semblables : c'est assez arbitraire- ment que l'on a coloré le corps en rouge doré , les parties molles des nageoires impaires en rouge j la CHAP. XI. SERRANS. 5G5 tête, le corps et la partie épineuse de la dorsale ont été couverts de petits points que le peintre a faits d'un beau rouge foncé. Les ventrales sont brunes. D. 9yi5; A. 3/9;C. 2O5P. 16; V. 1/5. Le Mérou mille étoiles. (Serranus mjriaster, nob.) Une espèce encore très-voisine a été rap- portée des îles Sandwich par les naturalistes de l'expédition du capitaine Freycinet, et de Borabora, par ceux de l'expédition du capi- taine Duperrey. Elle a toutes les formes des précédentes : je lui trouve l'angle du préopercule un peu plus arrondi, et la seconde anale un peu plus courte et plus faible à proportion. Sa couleur est noirâtre, toute parse- mée de points bleus très - rapprochés. La caudale, la pectorale et la partie molle de la dorsale et de l'a- nale sont bordées d'un trait blanc très -fin. Les na- geoires sont d'ailleurs plus noires que le corps. Les nombres des rayons des nageoires sont : D. 9/16; A. 3/8; P. 16; V. 1/5; G. 15. C'est à cette espèce que les Jacob Ei^ertsen brun et gris nous paraissent appartenir. 366 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. Le Mérou a gouttelettes blanches. (Serranus alboguttatus, nob.) Cette espèce a été rapportée de la mer des Indes par Péron. Elle a le préopercule plus arrondi et à dentelures un peu plus fortes. Sa couleur, dans la liqueur, est uniformément brune, semée partout de nombreux points blancs , de grandeur inégale. Les bords de la dorsale et de l'anale sont un peu plus foncés que le reste du corps. La pectorale et la caudale sont bor- dées de blanc. Les nombres des rayons sont : D. 11/15 5 A. 3/7; G. 15; P. 16; V. 1/5. Le Mérou a gouttelettes bleues. {^Serranus cœruleopunctatus , nob.; Holocentrus cœrideopunctalus , Bl.) Cette espèce est représentée par Bloch, sur la planche 242 de son ouvrage , d'après un petit individu quil avait aclieté en Hollande sans en connaître la patrie. Le Cabinet du Roi en possède depuis long- temps un autre, long au plus de quatre pouces, et dont on ne con- naît pas non plus l'origine. Elle a le corps marbré et couvert de taclies bleues. La tête est brune, sans taclies j les nageoires sont CHAP. XI. SERRANS. 367 noirâtres, tachetées comme le tronc. Les nombres de leurs rayons sont exactement les mêmes que ceux de l'espèce précédente; mais, outre la différence des couleurs, nous trouvons que les dentelures du préo- percule sont beaucoup plus grosses. Le Mérou moucheté. {Serranus punctulatus / noh. ; Lahrus punctula- tus , Lacép.) ^ Enfin, pour terminer cette liste des serrans piquetés de la mer des Indes, nous parlerons du lahre moucheté de Lacépède, qui est un vrai mérou à trois épines, à préopercule pres- que sans dentelure. N'ayant connu lespèce que par un dessin de Commerson , M. de La- cépède a été trompé sur le genre, parce que le dessinateur avait oublié d'y marquer les épines de l'opercule. Le profil en est bombé. Les canines sont très- fortes; la caudale est en croissant, à pointes très- longues; la dorsale, l'anale et les ventrales se pro- longent de même en pointe; les pectorales sont petites. D. 9/14; A. 3/8; C. 17; P. 16; V. 1/5. A l'état sec on voit, sur un fond brun, de petites taches blanches un peu alongées, et clairsemées. La moitié externe, des pectorales , le bord du 1. Labre moucheté, Lacép, t. III, p. 377 , pi. 17, fig. 2. 568 LIVRE TROISIÈIME. PERCOÏDES. croissant de la caudale et le bord postérieur de la dorsale et de l'anale, sont blancs. Mais M. Dussumier nous apprend qu'à l'état frais ce poisson est rouge, avec des zigzags jaunes sur la tête et sur le corps. Le dessous est d'un rouge plus clair, sur lequel se trouvent des points écarlates. Toutes les nageoires sont rouges, à l'exception des pectorales, qui sont jaunes. Une ligne blanche borde l'intérieur des deux lobes de la caudale. Sur le dessin de Gommerson, les taches sont plus nombreuses et plus petites que sur nos échantillons secs; mais il y en a de toutes pa- reilles sur un individu que M. Reinwardt a rapporté de la mer des Moluques, et que ce savant a déposé dans le Musée royal des Pays- Bas. Les naturalistes de l'expédition du capi- taine Freycinet ont pris cette espèce auprès des îles Waigiou. M. Dussumier l'a trouvée à Ceylan en échantillons de quinze pouces de longueur. C'est probablement cette même espèce que représente Renard sous le nom de sousalath. Dans le dessin original de Vlaming ce poisson est peint des couleurs les plus brillantes. Le fond est du rouge le plus éclatant, semé d'un grand nombre de lâches irfégulières d'un jaune très-vif, et de beaucoup de gros points blancs. CHAP. XI. SERRANS. 3G9 Le croissant de la queue est jaune, ainsi que la moitié externe Je la pectorale. Renard a reproduit deux fois cette figure, mais en falj^fiant les couleurs, comme à son ordinaire. La première est à la pi. 4i, n-° 207, de la première partie. Le corps y est peint en rouge mat; les points sont bleus, et il n'y a aucune tache jaune. Dans la deuxième partie, fol. 21 , n.° 3oo, le corps est rouge, les lèvres sont jaunes; les points blancs sont entoures de bleu. Il appelle aussi ce poisson Jacob Evertsen, et dit qu'il porte encore d'autres noms, les uns V appellent liiccesjey d'antres sousalath. Valentyn donne, sous le n.° 2o5, une copie du dessin original de Vlaming. Sa description est p. 4i2, n.° 2o5. Il nomme le poisson ikan soelalatli. L'océan Atlantique nourrit aussi plusieurs espèces de serrans piquetés qui ne sont pas plus faciles à distinguer entre eux que ceux des mers de l'Inde. Ils ont en général la tête plus alongée, mais d'ailleurs ils ne diffèrent des autres serrans par aucun caractère essentiel. 24 570 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. Le Mérou a bande oculaire. (Serrmuis tœniops , nob.) * Le premier que nous décrirons a été très- bien figuré dans Seba, t. lïl, pi. 27, n.° 65 mais cette figure a été négligée par les 110- menclateurs. Nous en avons d'abord reçu un individu pris à lile de May du cap Vert, par M. Taunay, fils de notre célèbre peintre de paysages. H y a joint un dessin colorié d'après le vivant; ce qui nous a mis en état de donner une description complète de l'espèce. Depuis lors, M. Delalande en a envoyé d'au- tres individus pris à Santiago du cap Vert, et MM. Quoy et Gaymard en ont pris à Porto- Praya, lors de la relâche qu'y a faite le capi- taine Durville, au commencement de son ex- pédition actuelle. Ce serran a trois fortes pointes à l'opercule. Le préopercule est finement dentelé, arrondi à son an- gle, et un peu échancré au-dessus. D. 9/15; A. 3/9; C. H; P. 17; V. 1/5. Sa couleur est rouge-vermillon sur tout le corps- le dos et la caudale un peu bleu-noiràtre. Des points bleus , entourés d'un cercle noir, sont semés sur la tête , 1. Seb., i. m, pi. 27, %. 6. CHAP. XI. SERRANS. 7)7 i le corps et toutes les nageoires du poisson. Les na- geoires impaires sont bordées de bleu. Les pectorales et les ventrales sont rouges à leur base, tachetées de bleu et bordées d'une large bande bleu-noirâtre , qui se fond avec le rouge de la base. Au-dessus et au- dessous de l'œil il y a un trait bleu- noirâtre assez foncé. Dans l'alcool , ce poisson a perdu toutes ces belles couleurs : le fond est devenu jaunâtre et les points bleus sont d'un brun très-foncé. On ne voit plus de trace de la bordure bleue de la dorsale, de l'anale et de la caudale. Nous avons des individus de cette espèce qui ont seize pouces de long. Le Mérou couronné. {Serraniis coronatus, nob. ; Perça guttata, Bl.)^ M. Plée nous a envoyé de la Martinique, sous le nom de couronné, un serran un peu plus court que le précédent, mais couvert, comme lui, de taches petites et nombreuses. Elles sont grandes sur le corps, plus petites et plus nombreuses sur les nageoires impaires ; les pec- torales en sont toutes couvertes; les ventrales sont semées de gros points. M. Plée nous apprend que sur le frais ses taches sont roses et violettes; mais il ne nous parle pas du 1. Spare sanguinolent , Lacép. , t. IV;, p. ibj, pi. 4> %• »■ 572 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. fond de la couleur. Elle paraît, dans Talcool, être uniforniénieni brune, et ces taches sont devenues brunes plus foncées. Nous en avons un autre individu, mieux conservé par les soins de M. Acliard, médecin à la Marti- nique. Le fond de la couleur parait être jaune- oli- vâtre. Les taches du corps ont encore conservé une belle couleur rose très-vive. Les nageoires impaires sont olivâtres, presque sans taches, et leurs parties molles sont bordées de violet-noirâtre. M. Achard le nomme aussi le couronné. Les trois pointes de l'opercule sont médiocres , et son bord membraneux est assez large. C'est par l'élar- gissement de ce bord que la tète parait un peu plus longue que dans les espèces de la mer des Indes. Ce- pendant nous devons dire que sa longueur a été exa- gérée dans les figures que l'on a publiées de cette espèce. Les dentelures du préopercule sont si fines qu'on les sent avec le doigt plutôt qu'on ne les voit. Cette pièce est arrondie , ainsi que toutes les nageoires. Les nombres des rayons sont : D. 9/15; A. 3/8; C. 17; P. 16; V. 1/5. Pltimier avait rapporté des Antilles un des- sin de ce poisson, dont Bloch a donne copie à la planche 3i 2, sotis le nom de perça §iit- tata. A en juger par une copie dn même des- sin, ("ait par Aubriet, Bloch Taurait enluminé beaucoup trop rouge. Le dessin d'Aubriet est rouge pourpré 5 les taches rouges un peu plus CHAP. XI. SERRANS. 375 foncées. C'est cette copie que M, cle Lacépède a fait graver dans son Histoire des poissons, t. IV, pi. 4, fig- ij sous le nom de spare ensan- glanté, parce que le peintre avait oublié les épines de l'opercule. Plumier le caractérisait ainsi : 7\(rYÎus lotus pn7^pureuSj, niaciilis saturatio- ribus respersus y vuls^o poisson couroininé, à la Martinique. Voilà ce c{ue nous pouvons donner avec quelque certitude sur la synonymie de cette espèce. On trouve dans Catesby, tab. i4, une figure que Linné rapporte au perça ^iittata. Il y a lieu de croire que ce peut être notre serran couronné; mais les taches de la caudale au- raient été oubliées : d'ailleurs la teinte verte dont parle Catesby, peut aussi faire douter de l'exactitude de ce rapprochement. Le Mérou chat. {Serranus catus, nob. • Perça maculât a, Bl.)^ Le chat de la Martinique, que nous devons à M. Plée, a beaucoup de rapports avec le pré- cédent. 1. Spare atlantique, Lacép., t. IV, p. i58^ pi. 5, fig. i. 574 LIVRE TROISIÈME. PERCO'lDES. Ses dentelures sont les mêmes, ses écailles sont petites et après à leur bord. Il en diffère par ses taches, qui sont plus grosses et moins nombreuses. Dans l'alcool ce poisson paraît brun, couvert de taches faiblement pourprées. On voit des taches blanches sur la base des na- geoires verticales , dont le bord est noirâtre. Les pectorales sont jaunâtres à leur base et noirâtres à leur extrémité. On compte pour le nombre des rayons : D. 11/17; A. 3/9; C. 17; P. 16 j V. 1/5. M. Plëe nous apprend que, pendant la vie, ce poisson ressemble beaucoup au couronné, mais quil est plus sombre et que ses taches sont rosées. Nous pensons , d'après ces rensei- gnemens, que ce doit être le perça niaculata que Bloch a représenté à la planclie 21 3. Il a copié un dessin de Plumier, dont nous avons nous-mêmes une copie faite par Aubriet. La couleur est rougeâtre, avec de nombreux points rouges, noirs dans leur centre. Bloch a enlu- miné en jaune le fond de la couleur de sa copie. Cependant Plumier avait écrit cette note sur son dessin : Turdiis alius niger^ rna- culis purpureis oculatus. C'est de la copie d'Atd^riet que M. de La- cépcde a fait son spare atlantique. Il l'a fait graver t. IV, pi. 5, fig. 1. Plumier ayant oublié de représenter les piquans et les dentelures CHAP. XI. SERRANS. 375 des opercules, M. de Lacépède a dii, dans sa méthode, placer cette espèce parmi ses spares; mais nous sommes aujourdluii à portée de rec- tifier cette erreur. Le poisson qu'Osbeck a pris près de l'As- cension, et qu'il a nommé tiès-improprement tracliinus Ascensionis, est une es[)èce de mé- rou tacheté, dont les nombres de rayons se rapprochent de ceux de la précédente. D. ll/H; A. 3/8; C. 16; p. 18. On ne peut concevoir pourquoi Osbeck, élève de Linnaeus, n'a pas placé le poisson qu'il venait de trouver dans le genre perça. Bonnaterre a laissé cette espèce dans son genre Irachine, et l'a appelée trachine ponctuée} et il a été suivi en cela par M. de Lacépède. Le Mérou petit nègre. {Serranus nigriculus , nob.) M. Plée nous a encore envoyé de la Marti- nique, sous les noms àe petit nègre, de grande gueule et de vieille , cette nouvelle espèce, reconnaissable à ses yeux saillans, à la finesse des dentelures de son préopercule ariondi et à la faiblesse des épines de l'opercule. Sur un fond qui paraît avoir été violet 376 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. pendant la vie, on voit de nombreuses taches pâles, qui probablement étaient rouges, très- rondes, ser- rées, même sur les sourcils, sur les lèvres et sur les nageoires verticales. Sur la partie postérieure du corps, les taches deviennent plus nuageuses et sont marquées d'un point brun dans leur centre. Les pectorales et les ventrales sont couvertes de points bruns. L( s nageoires sont arrondies, et les nombres de leurs rayons sont les mêmes que dans le chat. L'espèce devient grande. Ce poisson, comme beaucoup d'autres des Antilles, est dangereux à manger dans cer- taines saisons. M. Ricord en a rapporté de Saint-Domingue de nombreux individus. Il est commun pendant toute Tannée dans la baie du Port-au-Prince; les colons l'y nom- ment grande gueule. La chair en est bonne et saine. Le Mérou itaiara. {Serrajuis itaiara, Liclitenst.) ^ Nous avons reçu du Brésil, par feu M. De- lalande , un serran dont le Qn^rps est couvert de taches plus grandes que la plu- part de ceux que nous venons de décrire. Elles sont semblables par leur disposition à celles que nous 1, ylct. Ber., 1820 — 1821^ [>. 278. CHAP. XI. SERIL4NS. '('>^1 avons vues sur le mérou- salmonoïde ; mais il a un rayon de moins à la dorsale et à l'anale. D. 11/15; A. 3/9; C. 16; P. 18; V. 1/5. Dans la liqueur le corps paraît brun-noirâtre, avec des taches noires assez foncées. Ce poisson se rapproche beaucoup de Yitaia- ra de Margrave, dont le corps est, suivant lui, dun beau rouge, couvert, ainsi que les na- geoires , de taches noires. Cette espèce vit parmi les rochers. Sa chair est bonne, et de- vient meilleure après avoir été salée. Margrave a vu le corps d'un de ces poissons, pendu à un clou pendant la nuit, devenir tout phosphorescent. Le Mérou arara. {Serranus arara, nob.) ^ M. Desmarest nous a communiqué un ser- ran très-voisin de celui que nous venons de décrire par les formes et par les dispositions des couleurs. Mais les taches du corps y sont moins nombreu- ses, et ses nageoires sont sans aucunes taches. La couleur paraît, dans l'eau-de-vie, brun-noirâtre, avec des taches d'un brun doré; les nageoires d'un noir 1. Bonaciarara, Parra , Lam., pi. i6, fig. 2 ; Johnius guitatiis, varietas , Sclin. , p. 77; Desm., Dicl. class. * 578 LIVRE TROISIÈME. PERCO'lDES. bleuâtre; le bord de la dorsale molle, de l'anale et de la caudale noir. Nous rapportons à cette espèce la courte description que Parra nous a laissée de son bonaci arara , dont il donne la figure à la planche 16 de son Histoire des poissons de la Havane. Il dit que la couleur de ce poisson est obscure, avec des taches plus claires sur le corps; que la pu- pille de l'œil est noire, et que le reste de l'œil est obscur. Il ajoute que ce poisson se mange, mais avec quelque danger, parce qu'il est du nombre de ceux qui donnent cette indisposition appelée la si^uatera. Le Mérou cardinal. {Serranus car dinalis ,noh.)'^ Parra a décrit sous le nom de bonaci car- dinal une espèce de serran encore très-voisine des précédentes. Il dit la couleur générale rouge, avec des taches noires sur le corps. Les côtés et le dessous de la tête sont jaunes, avec des taches rouges; le ventre 1. Bonaci cardinal. Pana . Lam. , pi. 16, fig. i ; Johnius gut- iatus , Sclin., p. 77. CHAP. XI. SERRANS. 579 est blanc, tacheté de rouge. La partie molle de la dorsale, l'anale et la caudale sont tachetées de rouge et .le noir; les ventrales sont à moitié rouges et à moitié jaunes, et les pectorales rouges, bordées de noirâtre. Blocb, dans son Système posllnime, p. 77, a range ces denx espèces de Parra à la suite de ses joliniiis, et comme des variétés d'une seule, malgré la différence de leurs couleurs. Nous ne pouvons comprendre comment il a été conduit à une pareille classification. A la seule inspection de la figure il aurait dû voir les affinités de ces poissons avec le cherna [ser- raniis sti^iatus)^ dont Parra donne la descrip- tion un peu plus loin, et que Bloch a rangé parmi ses an tJ lias. Le Mérou a croissant. {Senanus lunulatus ^ nob. ; lutjanus lunulatus, Bl, Schn., p. 529.) L'espèce que Pana représente pi. 36, fig. 1, sous le nom de cahrilla, ne diffère que très- peu de la précédente. Les formes sont semblables, et la couleur du corps est d'un blanc obscur, avec des taches lunulées rou- ges. Les nageoires sont noirâtres; les ventrales sont tachetées comme le corps. 380 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. Sur la figure chacune des taches est marquée d'un point noir, dont il n'est pas fliit mention dans le texte. On voit que la différence entre les deux es- pèces consiste dans la couleur des nageoires impaires et des pectorales. Bloch, dans son Système posthume, a fait de ce cahrilla de la Havane un Lut j an, mais on ne peut douter qu'il ne soit un véritable serran à dentelure très-fine au prëopercule. On le mange à la Havane. Le Mérou neigé. (Serranus nweatus ^ nob.) Cest dans les mers du Brésil que Ton pèche cette nouvelle espèce de serran j M. Dela- lande nous Ta rapportée , et nous n'en trouvons aucune description dans les auteurs que nous avons consultés. Ses formes sont semblables à celles des autres mé- rous que nous avons déjà décrits. Le corps est court; les dentelures du préopercule sont profondé- ment marquées, et Tépine inférieure de l'opercule est très-petite. Les nageoires impaires sont en grande partie écailleuses : elles sont arrondies. Sur un fond brun tout le poisson est couvert de taches d'un blanc pur clairsemées. C'est de ce caractère que nous avons pris le nom qui désignera dorénavant cette espèce. D. Ilyl4j A. 3/9; G. 17; P. 14 ;V. 1/5. CHAP. XI. SERMIVS. 381 Le Mérou ouatalibi. {Serranus ouatalibi j, nob.)i Nous trouvons dans l'Histoire naturelle des poissons de la Havane de Parra, la descrip- tion de deux serrans, auxquels il donne le nom Q^uativere, et que Bloch , dans son Système posthume, p. 366, a réunis et nommes hodia- nus ^uativere. Celui que Pana représente pi. 5, fîg. 2, et que M. T3esiuarest a aussi fait graver dans le Dic- tionnaire classique d'histoire naturelle, nous a été envoyé plusieurs lois par M. Plée : de la Martinique, sous le nom de ouatalibi; de Porto-Rico, sous ceux de pejerej [poisson royal) et de colli rubio; et de Saint-Thomas, sous celui de Butterfish [poisson de beun^e). M. Achard nous en a aussi envoyé un indi- vidu presque aussi frais que si l'on venait de le tirer de l'eau. Il le nomme ouatalibé. C'est un beau poisson d'un rouge vif, un peu rem- bruni sur le clos. Il est couvert d'un grand nombre de petits points violets, entourés d'un cercle noir. La dorsale est bordée , surtout sur la partie molle , d'une bande olivâtre ; l'anale est violette ; le haut de la cau- 1. Guatii'e/e, Parra, Lam.. pi. 5, fi^. 2: Desni., Dict. class. 382 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. dale est rouge, et le bas violet; la pectorale est oli- vâtre, bordée d'orangé vif! Il n'y a pas de points sous la gorge , sous la poitrine , ni sous l'abdomen. De petites taches d'un noir violet se trouvent sur le dos de la queue, au pied de la dorsale. Il y en a deux dans presque tous les individus envoyés par M. Plée. La couleur rouge se passe avec le temps dans nos indi- vidus secs ou conservés dans la liqueur; mais ces taches violettes conservent leur couleur, ce qui les fait paraître alors plus foncées. Les dentelures du préopercule sont aussi fines que dans le couronné^ et les nageoires sont arrondies. Les nombres des rayons sont : D. 9/15; A. 3/8; C. 17; P. 17; V. 1/5. Nos individus sont longs de dix à onze pouces. Selon JM. Plée, l'espèce ne passe jamais deux livres. Ce voyageur dit qu'on nomme ce poisson ouatalihi, à cause de ses taches; mais il ne donne pas l'ëtymologie de ce nom créole. Sa chair est molle et se putréfie très-rapide- ment, et néanmoins, cuit au court bouillon, c'est un mets agréable. C'est le second guativère de Pana qui ré- pond à l'espèce que nous venons de décrire. Selon lui, le corps en est entièrement rouge, partout tacheté de points noirs, et l'extrémité des nageoires jugulaires est jaune. CHAP. XI. SERRANS. 585 Le Mérou guativère. (Serranus guativère, nob.) Le premier guativère de Parra, pi. 5, fîg. i, est rouge sur le dos et jaune sur tout le reste du corps ; la queue est jaune aussi et tachetée en des- sus de deux taches noires. La tête seule est semée de points noirs , et il y en a un assez gros au-devant de l'œil. Quoique nous ne l'ayons pas vu, cette dif- férence de cotileur nous paraît assez grande pour ne pas le réunir au précédent, comme fa fait Blocli dans son Système posthume. Le Mérou pyra-pixanga. {Serranus pixanga , nob.) ^ Nous rapprocherons de ce groupe le pjra pixanga de Margrave, p. i52. Il le dit d'une couleur jaune blanchâtre, et cou- vert partout de taches sanguines, de la grosseur de la graine de chenevis : elles sont un peu plus grandes sur le ventre. Toutes les nageoires sont tachetées de même et bordées de rougeàtre. 1. Pjra pixanga, Margr..p. iSa.; Holocenîrus punctaius ^ Bl.. pi. 24 1. 384 LIVRE TROISIÈME. PERCOIDES. Suivant lui, les Hollandais le nomnient/^oz^'- son-chat, nom qui a été donne à d autres es- pèces du même genre dans nos propres colo- nies. Ce poisson vit parmi les rochers, et sa chair est agréable au goût. L'individu que Mar- grave a décrit a pu vivre trois heures hors de Feau. Bloch a trouvé la figure de Margrave dans le livre du prince Maurice de Nassau, de la Bibliothèque de Berlin, mais il y a beaucoup ajouté en augmentant la vivacité des couleurs et en mêlant aux taches rougeâtres du corps de gros points noirs. Il nomme l'espèce holo- centrus punctatus. Le Mérou caraune. {Serranus carauna, nob.) ' C'est à M. le prince de Neuwied c[ue nous sommes redevables de cette belle espèce, et nous avons pu, à l'aide du dessin que le prince en a fait, retrouver le carauna de Margrave. Notre poisson est long d'un pied. Il a le bord du préopercule arrondi et finement dentelé. Dans le des- sin la couleur est d'un beau rouge vif; la tête et le dos sont pointillés de bleu foncé. L'anale et la cau- 1. Carauna, Maigr. , p. 147; Gymnocephalus ruber. Bl. , cdit. de Schu. , tabl. G7. CHAP. XI. SERRANS. 585 dale ont des teintes purpurines. Quand le poisson est sec, le corps devient blanc et les points sont noirs. Nous avons pris, pendant notre séjour h. Berlin, une copie du dessin du carauna , qui est dans le livre du prince, à la page 333. C'est une petite figure, à peine longue de deux pouces, faite avec soin, et dans laquelle on voit bien exprimées les épines de l'opercule. Elle est enluminée de rouge vif et tachetée de noir sur la tête et sur le corps. On sait bien que les couleurs noircissent aussitôt après la mort : ainsi cette différence dans les taches n'empêche pas que le dessin du prince Maxi- milieu et celui de Margrave ne soient iden- tiques. Bloch a composé son gyninocephalus ruber sur ce dessin , mais en l'altérant consi- dérablement et en le triplant de grandeur, il en a tellement changé le trait, qu'on peut à' peine le reconnaître; il a oublié les épines de l'opercule; il y a fait de grandes écailles et y a disposé régulièrement des points. M. Lichlen- stein ^, dans son intéressant travail sur les pois- sons de Margrave, avait déjà reconnu le genre de ce poisson; mais aujourdhui nous pouvons fixer les caractères de l'espèce. 1. Mém. de l'acad. de Berlin, 1820 — 1821^ p. 278. 2. 25 386 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. Nous avons tout lieu de croire que \e perça marina punctulata de Calesby, pi. 7, en est fort voisin, si ce n'est pas le même. IjQ perça punctata, que Bloch a copié, à la planche 3i4, d'un dessin du père Plumier, est encore voisin de toutes ces espèces pique- tées. On lui donne une teinte rouge- rosé sur le dos, bleuâtre sur le ventre. La tête et le corps couverts de points bleus. La dorsale et la caudale sont rougeu- tres, un peu jaunâtres à leur base; l'anale et les ven- trales rouges à leur insertion et grises sur leur bord ; les pectorales sont jaunes. Ce poisson vient de la Martinique. Enfin, à quoi faut-il rapporter le perça ve- nenosa que nous trouvons à la planche 5 de Catesby? Sa couleur plombée et ses taches rouges, entourées d'un cercle noir, rappellent notre serranus catus; mais la queue de ce der- nier n'est pas fourchue , ni sa dorsale non di- visée, comme nous les voyons sur la figure de Catesby. CHAP. XII. PLECTROPOMES. 387 CHAPITRE XII. Des Plectropomes. Plectropome, de ttK^kt^ov (^éperon), et de TT&jjua (^couvercle) , est un nom que nous avons compose pour une petite tribu de poissons qui ne diffèrent des serrans que par un caractère fort léger : savoir, que le bord de leur préo- percule, autour et au-dessous de l'angle, est divisé en dents plus ou moins grosses, dirigées obliquement en avant et plus ou moins sem- blables à celles qui entourent la petite roue dont on arme aujourdhui les éperons. C'est à peu près la conformation que nous avons observée dans le bar, parmi les percoides à deux dorsales. Du reste ces plectropomes res- semblent aux serrans par la forme, les na- geoires, les dents et les épines de fopercule. INous ne les en séparons que pour donner plus de facilité à la nomenclature. Leurs écailles sont petites, ciliées, et s'étendent assez loin sur les nageoires verticales. Les plectropomes sont tous étrangers et ap- partiennent aux mers des pays chauds. Sans être fort nombreux , ils offrent encore des 388 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. moyens de les subdiviser, selon qu'ils ont plus ou moins de dentelures et que le bord montant du prëopercule parait entier, ou est lui-même finement, mais sensiblement, den- telé. Le Plectropome mélanoleuque. {Plectropoma melanoleucum j,noh.) * Parmi les espèces à bord montant entier, il en est une très -remarquable par les larges bandes noires qui se dessinent sur le fond ar- genté de son corps. Elle a été découverte par Commerson, qui en a laissé dans ses papiers une description détaillée, sur laquelle M. de Lacépède a éta- bli son bodian mélanoleuque. ^ Mais Commerson en avait aussi préparé un individu en herbier, qui s'est retrouvé assez récemment, et qui nous a fait reconnaître l'i- dentité de son espèce avec deux autres, qui ne reposaient que sur des dessins inexacts; sa- voir, le bodian cjclostome^ et le labre lisse. "^ Le premier de ces dessins paraît de la main 1. Bodian mélanoleuque, Lact^p. ; Bodian cjclostome , id.; Labre lisse , id. 2. T. IV, p. 283 et 297. — 3. T. m, pi. 20, %. 1, et t. IV, p. 28a et 295. — 4. T. m, pi. 25, %. 2, et p. 45i et 479. CHAP. XII. PLECTROPOMES. o89 de Sonnerat. Il est à la plume et colorié^ on y voit bien les taches et les pointes récurrentes du préopercule ; mais il ne montre à la dor- sale que neuf rayons mous, au lieu de douze. Le second est de Jossigny, à la pierre noire. On n'y voit aucunes pointes, et il y a onze épines marquées confusément à la dorsale. Ni l'un ni l'autre n'est étiqueté par Gommerson, et il ne paraît pas les avoir revus; ce qui ex- plique les inexactitudes de détail qu'ils pré- sentent : inexactitudes auxquelles d'ailleurs Jossigny était fort sujet, comme on peut s'en assurer par plusieurs de ses autres dessins, qui sont plus dun artiste que d'un natura- liste. La ressemblance des ligures, et surtout la distribution des bandes, est d'ailleurs telle, qu'il nous est presque impossible de conser- ver aucun doute que les sujets qui ont servi de modèle ne fussent identicjues d'espèce , soit entre eux, soit avec l'individu sec con- servé au Cabinet du Roi. Sa forme rappelle celle de la perche, mais est plus alongée. Ses écailles sont petites et enfoncées clans l'é- piderme; elles s'étendent en partie sur les nageoires. Il y en a quelque peu sur le bout du maxillaire et sur fie mandibulaire ; mais les lèvres et le museau n'en ont point. La dorsale est peu élevée, presque égale sur sa longueur j la caudale coupée à peu près carré- 390 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. ment; l'anale n'a que deux épines faibles et peu ap- parentes; les pectorales sont arrondies; les ventrales peu alongées; la ligne latérale est parallèle au dos; les mâchoires ont des dents en velours et même un peu en cardes, sur des bandes étroites, parmi les- quelles sont mêlées les canines, fortes et pointues, surtout en avant des deux mâchoires et sur les cô- tés de l'inférieure; l'opercule, osseux, se termine par trois pointes, dont la supérieure est moins aiguë, et il y a quatre ou cinq dents dirigées en avant, au bord inférieur du préopercule; l'œil est petit. Voici les nombres des rayons, tels que nous les comptons sur l'individu desséché : B. 7; D. 8/11; A. 2/8; C. 15; P. 17; V. 1/5. Le fond de la couleur est d'un gris argenté, sur le- quel le noir se distribue comme il suit : une première bande occupe le crâne entre les yeux et un peu en arrière de leur orbite; une seconde, plus large, des- cend de la nuque jusque sur l'opercule, qu'elle tra- verse sans le dépasser; une troisième, très-large dans le haut, prend des cinq ou six premières épines de la dorsale, descend, en se rétrécissant, jusqu'aux pec- torales, et s'élargit ensuite de nouveau pour descen- dre aux ventrales et sur le ventre même , derrière elles. La base de la pectorale et celle de la ventrale sont plus ou moins comprises dans cette troisième bande; La quatrième part des derniers rayons épi- neux et des premiers rayons mous de la dorsale, et descend jusqu'au ventre, qu'elle embrasse quelque- fois; mais elle n'occupe pas toujours toute la hau- teur du poisson, et il arrive qu'elle laisse du blanc CHAP. XII. PLECTROPOMES. o94 au-dessus et au-dessous d'elle; la cinquième part des derniers rayons mous de la dorsale, et descend, en se rétrécissant, vers le milieu de l'anale; quelquefois elle se termine avant d'y atteindre, et l'anale n'a alors que quelques petites taches noires; d'autres fois elle s'étale sur toute la base de cette nageoire. Les trois dernières bandes montent plus ou moins sur la base de la dorsale, et quelquefois même elles s'y unissent de manière à en teindre en noir toute la base. Le reste de cette nageoire, ainsi que toutes les autres, est d'un jaune-citron. On voit quelques points noirs sur la base de la caudale. Gommeison assure que ce poisson atteint quinze ou dix-huit pouces de longtieur, et que son poids va à deux livres. Il Ta observe à risle-de-France; mais il ne donne aucun ren- seignement sur ses habitudes. On peut suppléer, à quelques égards, à son silence, au moyen des auteurs hollandais. Cette espèce est représentée d'une manière recon- naissable et avec ses vraies couleurs dans Vla- ming, n.'' 22, sous le nom de dowaso. Renard en donne une copie (part. I, pi. 22 , fig. 120), dont le fond est enlumine de bleuâ- tre. Il lintitule : orange aay. Valentyn en donne une autre, n.° 497? ^^ l'appelle noorder princes; mais il l'enlumine à l'inverse de Renard : le fond noir et les ban- des vertes. 592 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. Selon lui, ce poisson atteindrait une lon- gueur de quatre pieds, aurait la chair grasse et ferme, et serait du goût le plus délicat. Le Plectropome léopard. {Plectropoma leopardinus , nob.; Holocentrus leopardus j Lacép.) Un awUQ plectropome, de la mer des Indes, a été décrit par M. de Lacépède (t. IV, p. 332 et 337 ), d'après un individu desséché du Ca- binet, sous le nom dliolocentre léopard. Il ressemble au précédent par la taille, par l'ab- sence de dentelures au préopercule, par la petitesse des écailles, par la nudité des lèvres et du museau, par les nombres des rayons et par toutes ses formes. Ses ventrales se prolongent un peu en pointe. La pointe mitoyenne de son opercule est plus forte à proportion des deux autres, qui sont presque effa- cées, et il y a quatre dents aiguës au bord inférieur de son préopercule. Dans son état actuel de dessè- chement, il paraît jaune ou fauve, et a tout le corps, la tête et même la dorsale et la caudale semés de points bruns. D. 8/11 5 A. 2/8; C. 15; P. 14; V. 1/5. Le dernier rayon de ses ventrales est plus épais et plus profondément divisé que les autres, ce qui l'a fait compter pour deux à M. de Lacépède. La figure de Yholocentrus auratus (Bloch, CHAP. XII. PLECTROPOMES. o93 pi. 236), représenterait exactement ce poisson pour la forme et pour les couleurs, et même on y a aussi dessiné les ventrales comme si elles avaient six rayons mous; mais la dorsale y a neuf épines et quinze rayons mous, et le préo- percule ne montre que des dentelures fines, sans grosses pointes. Or, quelque habitués que nous soyons aux inexactitudes de Bloch et de ses dessinateurs, c'est à peine si nous pouvons croire qu'ils les aient portées si loin. Le Plectropome ponctué. (Plectropoma niaculatum, nob.) ^ Un troisième plectropome , rapporté de risle - de - France par les compagnons de M. Freycinet, et représenté par eux pi. 4^ , fig. 1, sous le nom de plectropome ponctué, l'avait déjà été par Bloch, pi. 228, sous celui de bodicmus maculatus, épithète que nous lui conserverons. Cet auteur dit l'avoir reçu du Japon , comme il le dit de tant d'autres poissons achetés à Amsterdam. Ses formes et ses écailles sont les mêmes que dans 1. Hohcentrus maculatus, Bl. ; Plectropome ponctué, Quo^y et Gajmard. 594 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. les deux précédens ; mais il n'a que trois pointes au bord inférieur du prëopercule et deux seulement à l'opercule. Souvent aussi sa dorsale n'a que sept épines. Tout son corps est brun, semé de petites taches oblongues bleu-clair. Des points de la même couleur sont sur la base de la partie molle de la dor- sale, de la caudale et de l'anale; on en voit même quelquefois sur les ventrales. Il y a une tache noire à la base de la pectorale. D. 7/11; C. 15; A. 2/8; P. 15; V. 1/5. Le Plectropome a grosses dents. (Plectropoma dentex^ nob.) On trouve sur les côtes de la Nouvelle-Hol- lande un grand jAectropome à bord montant du prëopercule à peine un peu dentelé , et qui n'a que trois ou quatre petites dentelures sous le bord horizontal. Il en a été envoyé tout nouvellement un bel individu par MM. Quoy et Gaymard, qui accompagnent M. le capi- taine Durville dans son expédition actuelle. Le corps est alongé; sa hauteur n'est que le quart de la longueur. La tête est plus longue que le corps n'est haut. Le préopercule est arrondi ; Topercule a trois épines faibles ; son bord membraneux se pro- longe en une languette arrondie, assez grande. La mâ- choire inférieure dépasse un peu la supérieure. Les dents canines sont très-fortes; on en compte quatre CHAP. XII. PLECTROPOMES. 395 très-grosses à la mâchoire supérieure, deux de chaque côté, rapprochées l'une de l'autre, et qui sont reçues dans une échancrure de la mâchoire inférieure. Celle- ci a sept dents en crochets de chaque côté : la mi- toyenne aussi grosse que celles de la mâchoire supé- rieure; après 1 échancrure qui doit recevoir les canines supérieures, il y a trois crochets médiocres; puis un cinquième, qui est aussi fort que la première dent: il est suivi de deux autres plus petits que lui, mais plus forts que celui qui le précède immédiatement. Les dents des palatins sont petites et sur une bande très- étroite. Le maxillaire et la mâchoire inférieure sont recouverts d'assez grosses écailles. Celles du corps sont très-minces, de grandeur médiocre. La ligne la- térale remonte très-près du dos. Les pectorales, arron- dies, sont longues; la caudale est coupée carrément. Les nombres sont : D. 10/18; A. 3/8; C. 17; P. 15; V. 1/5. La membrane des nageoires est recouverte en partie d'écaillés. Le fond de la couleur est olivâtre, à grandes mar- brures noirâtres sur tout le corps. Sur les côtés de la tête et sur les mâchoires il y a de gros points bleus. Les pectorales sont d'un olive plus clair que les autres nageoires. Elles sont marbrées de noirâtre. L'individu que MM. Quoy et Gaymard ont envoyé au Cabinet du Roi, du port du roi George, a près de dix -sept pouces de long. Le foie est divisé en deux lobes, qui se terminent chacun en pointe triangulaire. Le gauche s'étend jus- 396 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. qu'au-delà de l'estomac. Le lobe droit est plus court et donne attache à une longue vésicule du fiel très- étroite. Sous l'œsophage le foie est assez épais. L'œsophage est large, plissé intérieurement, et se termine par un estomac en sac obtus assez large. La tunique musculaire de l'estomac n'est pas très-épaisse. On compte sept appendices cœcales au pylore ; elles sont grosses et longues, à l'exception de deux pla- cées à droite de l'estomac. Le duodénum remonte vers le haut de l'abdomen, en restant dans l'hvpo- condre droit. Nous n'avons pas pu voir combien de fois l'intestin se replie. La vessie natatoire est très-grande; ses parois sont minces et argentées. Les reins sont très-gros et s'éten- dent depuis la vessie aérienne jusqu'auprès de l'anus. Il y a une petite vessie urinaire. Parmi les plectropomes où le bord mon- tant du prëopercule est sensiblement dentelé, on peut encore distinguer ceux qui n'ont au bord inférieur qu'un petit nombre de dente- lures fortes, et ceux qui les ont nombreuses et fines. Le Plectropome pavillon d'Espagne. {Plectropoma hispanum, noh.) Nous mettrons en tête des premiers une belle espèce, que l'on nomme à la Martinique, se- lon M. Plëe, le ouatalibé espagnol. CHAP. XII. PLECTROPOMES. 397 Elle n'a que huit épines dorsales , comme les pré- cédentes; mais elle s'en dislingue (indépendamment des dentelures de son bord montant) parce qu'elle n*a qu'une dent sous le préopercule. Ses canines sont très-fortes, et la pointe mitoyenne de son opercule est plus longue et plus grosse que dans la plupart des plectropomes et des serrans. Le sous-opercule est den- telé. La deuxième épine anale est aussi très-forte. Ce poisson est remarquable par sa belle couleur aurore. Dans le frais, il est même rayé de rouge et de jaune; et c'est ce qui lui a fait donner Tëpithète d'espagnoly parce qu'il ressemble au pavillon de cette nation. On l'a comparé apparemment avec le serran nommé ouatalihé, qui est rouge et sans raies jaunes. Sa forme est assez courte et trapue. D. 8/12; A. 3/75 C. 17; P. 16; V. 1/5. Le Plectropome du Brésil. {Plectropoma Brasllianum ^ nob.) Une autre espèce, qui a été rapportée du Brésil par Delalande, a, au bas du préopercule, trois dents fortes et cro- chues et une un peu moindre à l'angle. Son opercule a trois pointes. On compte treize rayons épineux à sa dorsale, au-dessus de laquelle la partie molle s'élève un peu. Il y en a trois à l'anale, dont le second est très-fort. Ses pectorales, arrondies, ont les bouts des 398 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. rayons un peu saillans hors de la membrane, ce qui les rend comme festonnées. Elles paraissent avoir été jaunes, lisérées de noirâtre. La couleur du reste de son corps est un gris briin, sur lequel il parait y avoir eu quelques bandes irrégulières roussâtres. D. 13/16; A. 3/7; C. 15; P. 16; V. 1/5. Le lobe gauche du foie du plectropome du Brésil est triangulaire, assez épais et peu alongé; le lobe droit est plus court. L'estomac est de grandeur mé- diocre. Ses parois sont minces , peu plissées. La branche montante est si courte, qu'elle est presque nulle. Il y a neuf appendices cœcales au pylore. L'in- testin fait plusieurs ondulations et deux replis assez éloignés l'un de l'autre. Ses tuniques sont aussi très- minces. Il y a une petite vessie natatoire, dont les parois sont d'une minceur extrême. Nous avons trouvé des débris d'arachnoïdes dans l'estomac. Tout son intérieur ressemble, comme on voit, à celui des serrans; mais, malgré sa forme assez courte, je trouve deux vertèbres de plus à sa caudale. Le Plectropome a pectorales vertes. {Plectropoma chloropterum , nob.) La mer des Antilles nourrit un plectro- pome dont les épines de l'opercule sont très -petites et peu faciles à voir. Le bord du préopercule est linement et également dentelé; l'angle est arrondi, et au-dessous CHAP. XII. PLECTROPOMES. 399 de l'angle on voit deux dents dirigées en avant , dont l'antérieure est la plus forte. Les nageoires sont arrondies. Les nombres sont : D. 11/n ; A. 3/85 C. Il; P. 16; V. 1/5. Ce poisson a tout le corps olivâtre, marbré de noirâtre. Les marbrures sont formées par la réu- nion de points noirs. Le. long des flancs on compte neuf à dix lignes de points jaunâtres. Le dessous de la gorge est olive-clair, tacheté de blanc. La dorsale est olivâtre; sa partie molle est plus claire. L'anale est rayée de brun. La caudale est plus foncée; les pectorales sont verdâtres. Ce poisson est long de dix pouces. M. Ricord nous apprend qu'on le nomme farlate à Saint-Domingue. Il y est commun pendant toute l'année, et sa chair est délicate et estimée. A la Martinique, suivant M. Plée, il porte le nom de petite vieille , épithète que les colons français donnent en général à toutes ces espèces tachetées, voisines des serrans. Le Plectropome a scie. {Plectropoma serratum, nob.) Une quatrième espèce de plectropome , à préopercule dentelé, vient d'être, découverte au port du roi George par MM. Quoy et Gay- mard. 400 LIVRE TROISIEME, PERCOlDES. Son corps est gros et court. Sa hauteur ne fliit que le tiers de la longueur, et l'épaisseur est la moitié de la hauteur. Le profil de la tête descend oblique- ment et en droite ligne depuis la dorsale jusqu'au bout du museau. Les joues sont un peu renflées; les yeux sont gros et saillans ; les deux mâchoires sont d'égale longueur. Les dents de la rangée externe sont fortes, courtes, coniques, un peu crochues et d'é- gale longueur. Les dents en cardes sont assez fortes. Les lèvres, et surtout l'inférieure, sont charnues et très-épaisses. De petites écailles recouvrent la peau du maxillaire et de la mâchoire inférieure. Le préo- percule est arrondi, très-fortement dentelé, et a près de l'angle deux grosses dents dirigées en avant, dont l'antérieure est la plus forte. Les trois épines de lo- percule sont très-acérées. La portion épineuse de la dorsale est beaucoup plus longue et moms haute que la partie molle. Tous les rayons sont enveloppés dans une peau assez épaisse et écailleuse. L'anale est de même recouverte de petites écailles ; son second rayon épineux est très- gros. La base entière de la pectorale est aussi recou- verte d'une peau épaisse et écailleuse. La caudale est coupée carrément. Les nombres sont : D. 13/16; A. 3/9; C. 17; P. 15; V. 1/5. Les écailles sont petites et tellement enfoncées dans la peau, qu'on les sent à peine au toucher. La couleur est brune, assez également répandue sur le corps et sur la tête. Les nageoires vers le bord deviennent presque noires. Une laige bande noirâtre CHAP. XII. PLECTROPOMES. 404 traverse obliquement la joue, en descendant de l'œil vers l'angle du piéopercule. On voit épars sur les flancs de gros points noirs. Nous ne possédons qu'un seul individu de cette belle espèce j il est long de quatorze pouces. Le foie enveloppe plus des deux tiers de l'œso- phage, sous lequel il est situé. Il forme dans l'hypo- condre gauche un large lobe quadrilatère, qui n'a pas une très-grande épaisseur. Dans le côté droit le foie donne une pointe étroite de peu d'épaisseur, et à laquelle est suspendue, par un long canal, la vésicule du liel, qui est grosse et globuleuse. L'œsophage est large,, à parois épaisses et char- nues, ridé en dedans par de nombreux plis longitu- dinaux. Il se termine en un sac pointu, qui est aussi très-musculeux. La branche montante naît peu en avant de l'estomac j elle est grosse et peu longue. Le pylore est muni de huit appendices très - longues et d'un assez grand diamètre : cinq sont placées à la gauche de l'estomac et trois au-dessous; il n'y en a pas à la droite de l'estomac. Le duodénum est assez large; il remonte sous le foie, passe à la droite de l'estomac et se rétrécit un peu. L'intestin se replie cinq fois : il est long, offre plusieurs rétrécissemens, et, après s'être replié derrière le duodénum, il se di- late et se rend droit à l'anus. La rate n'est pas très- grosse, et se cache entre les replis de lintestin. La vessie natatoire est grande, quoiquelle ne se porte pas en arrière au-delà de la moitié de la lon- gueur de l'abdomen. Son diamètre vertical est plus 2. 26 402 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. que la moitié du diamèlie longitudinal. Elle est un peu plus grosse sous le diaphragme qu'en arrière, et fortement attachée aux côtes et aux vertèbres par un épais repli fibreux du diaphragme , qui donne aussi une bride attachée sur l'œsophage. La tunique propre est aussi fibreuse et très -solide. Les corps rouges sont très-petits. Les ovaires s'étendent depuis l'arrière de la vessie natatoire jusqu'à l'anus. Leur tunique est épaisse, grande, et c'est à la face inférieure du sac que l'on voit flotter les nombreuses houppes sur lesquelles les œufs sont attachés. Les reins sont gros et se composent chacun d'un lobe triangulaire situé derrière le diaphragme, qui donne un filet très -mince jusque sur l'arrière de la vessie natatoire. Us se réunissent alors en un seul lobe, qui est d'abord très -renflé et qui diminue un peu d'épaisseur et se continue jusqu'auprès de l'anus. Je n'ai pas pu voir de vessie urinaire. Le péritoine est mince et argenté. Ce poisson se nourrit de crustacés. Le Plectropome rouge et noir. {Plectropoma nigro-rubrum , nob.) Ces naturalistes ont trouvé au même port un cinquième plectropome de cette subdivi- sion , qui rappelle le inélanoleuque par la dis- tribution de ses couleurs. Son c«rps, plus alongé que dans le précédent, CHAP. XII. PLECTROPOMES. 405 l'est moins que dans le mélanoleuque. La longueur de sa tête est du tiers de celle du corps. La mâchoire inférieure dépasse davantage la supérieure. Il a quel- ques dents en crochets , mais qui dépassent peu les autres. Les yeux sont placés à la ligne du profil, et l'espace qui les sépare est étroit et un peu concave. L'épine moyenne de l'opercule est moins forte que dans le précédent. Les. dentelures du bord montant du préopercule sont plus fines. Il n'y a au bord infé- rieur que deux pointes dirigées en avant, dont une à l'angle ; mais elles sont l'une et l'autre fortes et aiguës. Les écailles sont grandes et finement ciliées. Les rayons épineux de la dorsale et de fanale sont forts et assez élevés; la caudale est coupée carrément. Les nombres sont : D. 10/17; A. 3/8; C. 17; P. 13; V. 1/5. Le corps est coloré de rouge- orangé très-vif et traversé par cinq bandes noires : la première est fai- ble, et nait sous les premiers rayons de la dorsale; les quatre autres sont très -foncées : la dernière entoure la base de la queue. Le plus grand de nos individus est long de neuf pouces. Le foie de ce plectroponie est petit. Ses lobes se ter- minent en pointe aiguë. L'œsophage est assez large; il se continue en un sac étroit et pointu. Cet estomac a des parois épaisses et très-charnues. A l'intérieur on voit cinq à six gros plis longitudinaux. La branche montante naît sous l'estomac, dans la fourche des lobes du foie : elle est courte et étroite. Il y a huit appendices cœcales, grêles et assez longues. L'intes- 404 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. tin est très-étroit et se replie au moins sept fois sur lui-même avant de se rendre à l'anus, de manière qu'il a beaucoup de longueur. La vessie natatoire n'occupe que les deux tiers antérieurs de la lon- gueur de la cavité abdominale. Elle est très-grosse, arrondie en avant , pointue en arrière. Ses parois sont minces et transparentes. Les reins sont rejetés à l'ar- rière de l'abdomen, et bientôt réunis en un seul lobe très-gros, qui verse l'urine presque immédiatement, tant les uretères doivent être courts. Le Plectropome du Japon. {Plectropoma susuki.) Parmi les poissons rapportés du Japon par M. Langsdorl, nous avons trouvé un plectro- pome qui n'a qu'une seule épine au bord ho- rizontal du préopercule. Le bord montant est finement dentelé. L'angle fait une légère saillie et a quatre dentelures plus fortes que les autres. Les dents sont en fortes cardes et presque égales. Les écailles sont petites; les nageoires arrondies. Les nombres sont : D. 11/14; A. 3/9; C. 17; P. 18: V. 1/5. La couleur est grise, tirant un peu sur le brun verdâtre. Huit à neuf bandes brunes traversent le corps. Les nageoires caudale, anale et ventrale sont brunes; les pectorales et la dorsale sont plus claires. Ce poisson est long d'un pied. CHAP. XII. PLECTROPOMES. 405 Suivant M. Langsdorf, les Japonais le nom- ment susuki. Les espèces suivantes, outre les dentelures fines du bord montant du préopeicule, en ont au bord inférieur de nombreuses, presque aussi fines, mais dirigées en avant, comme dans tout ce genre. Leurs canines sont plus courtes et en gênerai toutes leurs dents plus fines que dans les précédens, ce qui les rapproche un peu des centropi^istes. Leur corps est court et comprimé, et leurs épines dorsales sont au nombre de dix. Le Plectropome demoiselle. {Plectropoma puella^ nob.) Nous en devons à M. Achard une jolie es- pèce, connue à la Martinique sous le nom de demoiselle blanche. La hauteur de son corps n'est que deux fois et demie dans sa longueur, et son épaisseur est à peine du tiers de sa hauteur. Les dentelures du bord mon- tant sont excessivement fines; celles de l'inférieur le sont un peu moins. D. 10/16; A. 3/7; C. 17; P. 13; V. 1/5. Ce joli poisson est d'une belle couleur olive, tra- versée par six bandes d'un noir violet. La première est 406 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. large et descend de l'orbite au bord inférieur du préo- percule; la seconde, plus effacée, passe sur l'épaule; la troisième, très-large, très-foncée, est sur le milieu du corps; la cinquième descend de la fm de la dor- sale à la fin de l'anale; la sixième borde la caudale : ces dernières sont pâles. Un trait bleu entoure l'orbite et descend ensuite le long du bord antérieur de la première bande brune. Trois autres traits, un peu sinueux, traversent l'o- percule et descendent sur la poitrine, au-dessous de la pectorale; un dernier petit trait bleu longitudinal est sur le front, entre les yeux; le sous-orbitaire est ponctué de bleu. Les nageoires impaires sont d'un olive plus jaune que le corps. La partie épineuse de la dorsale est rembrunie par le prolongement de la troisième bande brune du corps; sa partie molle est couverte de nombreux traits obliques et bleus; l'a- nale et la caudale n'ont aucunes taches. Les pectorales sont d un rose tellement tendre, leur membrane est si fine, qu'ouvertes elles paraissent incolores. Les ven- trales sont d'un beau vert-olive très-foncé, bordées de bleuâtre. Sa longueur est de quatre pouces. Le Plectropome a caudale jaune. (Plectropoma chlorurum^ nob.) La Martinique produit une espèce très-voi- sine, que les colons de cette île appellent /?e^2V nègre j nom qu'ils donnent aussi à un mérou, comme nous l'avons vu page 3^5; mais cette espèce-ci le mérite mieux. CHAP. XII. PLECTROPOMES. 407 Elle est entièrement d'un brun noirâtre, avec la caudale et les pectorales jaunes j ses autres nageoires sont noires. Elle a trois pointes à l'opercule ; six dents au bord inférieur du préopercule. Le bord montant est finement dentelé et a trois dentelures un peu plus fortes vers l'angle. D. 10/15; A. 3/1; C. 15; P. 12; V. 1/5. Le dernier rayon de ses ventrales est conformé comme dans le plectropome léopard. Le foie de ce petit nègre est assez gros eu égard au volume des autres viscères. Le lobe gauche est triè- dre et se prolonge assez en arrière dans l'abdomen ; il se termine par une pointe fort aiguë. Le lobe droit est beaucoup plus court. Le tube intestinal est extrê- mement grêle. Il commence par faire , sous la bifur- cation du foie, des sinuosités serrées et rapprochées, et après s'être replié pour remonter en suivant les sinuosités du duodénum jusque dans l'angle des lobes du foie, il se replie de nouveau et se porte à l'anus, en formant un tube droit très-étroit et égale- ment cylindrique dans toute sa longueur. Je n'ai pu voir l'estomac, et je n'ai compté que quatre cœcum au pylore : ils sont longs et grêles. Je ne crois pas qu'il y en eût un cinquième, bien qu'une partie des viscères fût altérée. Les ovaires forment deux sacs alongés, étroits, occupant en longueur la moitié postérieure de l'ab- domen. Us sont remplis d'œufs très-petits. La vessie natatoire est petite. Sa longueur égale à peine le tiers de celle de l'abdomen. Ses parois sont excessivement minces. 408 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. Le Plectropome a selle noire. {Plectropoma ephippium.) ^ Une espèce très-voisine de ce petit nègre est déjà figurée dans Fouvrage de Seba; et Bloch, dans son Système posthume, lui a donné le nom très -impropre dholocentrus unicolor. Nous la croyons de Java, attendu que M. Valenciennes l'a achetée à Amsterdam, avec beaucoup d'autres poissons qui venaient de cette lie. Ce poisson a le corps assez élevé ; le museau pointu. L'angle du préopercule est très-ouveri, arrondi j le bord montant est finement dentelé, et le bord liori- zonial dentelé par des épines fines, serrées et dirigées en avant. Des trois épines de l'opercule les deux infé- rieures sont les plus fortes. Les mâchoires sont sans écailles. Tout le corps est couvert d'écaillés petites, rudes au toucher. La ligne latérale suit la courbure du dos, dont elle est plus près que du ventre. Elle se courbe un peu vers la queue et passe par son milieu. La cau- dale est coupée carrément. Les autres nageoires sont arrondies. La couleur est brune sur le dos et rousse sous le 1. Seb., t. IIJ, p. 76, n." 10, tabl. 27, fig. 10 j Holocenfrus imkolor, B]. , Schu. CHAP. XII. PLECTROPOMES. 409 ventre. Une grande tache noire sur le dos de la queue descend de chaque côté et se termme en pointe vers le dessous. Une autre tache noire, petite, est en avant de l'œil, de chaque coté du museau. Un trait fin, vio- let, ondulé , descend de l'angle antérieur de l'œil vers l'angle du préopercule. Les écailles qui couvrent la région pectorale sont chacune marquées, dans leur centre, d'un petit point blanchâtre. Toutes les na- geoires sont rousses. La moitié inférieure de la partie molle de la dorsale est écailleuse , et près du bord on voit les traces de nombreuses taches linéaires vio- lacées. Voici les nombres des rayons : D. 10/15; A. 3/7; C. 17; P. 11 ; V. 1/5. La longueur de l'individu est d'un peu plus de trois pouces. 410 LIVRE TROISIÈME. PERCOIDES. CHAPITRE XIII. Des Diacopes. Nous avons pris ce nom du grec ^iot\io-nv (^incisura) , et nous l'avons employé pour dé- signer un genre très-voisin des serrans, qui a, comme eux, des dents canines, mêlées parmi ses dents en velours , et le bord du préo- percule dentelé , dont l'opercule est même le plus souvent terminé par deux ou trois pointes plates, mais qui se distingue facile- ment de tous les poissons analogues par une échancrure du bord du préopercule, dans la- quelle s'agence une tubérosité saillante de Tin- teropercule. Ce caractère, très-frappant, a été remarqué par Forskal, mais ne fa pas empêché de ran- ger ces poissons dans son genre scienUy qui comprenait, avec les ^c^è^ze^ proprement dites, des holocentruni, des mjripristis et d'autres poissons assez disparates, mais rapprochés par cette circonstance que les rayons épineux de leur dos se peuvent cacher entre les écailles. Cette particularité s'observe eu effet aussi dans les diacopes. Toutes les espèces connues de ce genre CHAP. XIll. BIACOPES. 411 viennent de la mer des Indes. Plusieurs d'entre elles sont remarquables par leur beauté, par leur grandeur et par leur bon goût. La DiACOPE DE Seba. {Diacope Sehœ, nob.) L'espèce représentée le plus anciennement avec quelque exactitude, et que nous avons nommée diacope de Seha, d'après celui qui l'a fait connaître ', n'a point été mentionnée par les auteurs méthodiques^ mais Russel l'a reproduite dans son Histoire des poissons de Vizagapatam, n.° 99, sous le nom de botlavoo- champah, qu'elle porte, dit -il, sur la côte d'Orixa. M. Leschenault nous l'a envoyée de Pondichéry, et assure que les pêcheurs de ce lieu la nomment /??/?// e/. Elle est commune à Java, d'où MM. Ruhl et Van Hasselt en ont fait parvenir beaucoup d'individus au Cabinet de Leyde , et nous en avons reçu récemment un de l'ile de Waigiou par MM. Lesson et Garnot, naturalistes de l'expédition de M. Du- perrey. Sa forme est peu alongée et assez haute à la nuque. Son profil, assez long et à peu près rectiligne, des- 1. Seb. t. ni, pi. 27, %. 2. 41 2 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. cend obliquement. La longueur de sa tête et la hau- teur de son corps au droit des pectorales, sont à peu près égales et comprises chacune seulement trois fois dans la longueur totale. Le crâne, le museau et les mâchoires sont sans écailles, mais il y en a sur la joue et sur les pièces operculaires. Elles sont assez grandes sur le corps, et il y en a de petites qui s'étendent sur les nageoires verticales, entre les rayons. On observe que les deux premières rangées de la nuque sont plus grandes que les suivantes et d'une forme rectangulaire particulière, ce qui se retrouve plus ou moins dans la plupart des diacopes et des mésoprions. Les dentelures du préo- percule sont très-petites et peu saillantes. Il y a deux pointes plates et mousses à l'opercule. L'os surscapu- laire est dentelé, mais non l'huméral. La dorsale est inégale : elle a onze rayons épineux et quinze mous. C'est entre la septième et la neuvième épine qu'elle est le plus abaissée, et elle se relève tout-à-fait au sixième et au septième rayon mou, qui lui font faire un angle saillant. L'anale forme aussi un angle saillant , et les pectorales sont longues et pointues , comme aux spa- res. La caudale est un peu échancrée en croissant. D. 11/16; A. 3/9; C. 16, P. H; V. 1,5. L'apparence générale de ce poisson est à peu près celle d'un spare; mais ses dents sont les mêmes que dans les serrans. Il y a, sur un fond pale, trois larges bandes obscures, dont la première prend de la nuque et avance obliquement jusqu'au museau, en entou- rant l'œil; la deuxième descend verticalement depuis le milieu de la dorsale jusqu'aux venlralesj la troi- CHAP. XIII. DIACOPES. 415 sième se dirige obliquement en arrière depuis la fin de la dorsale jusqu'à la base de la caudale. Le bord de la dorsale et de Tanale , les pointes de la caudale et les ventrales entières, sont aussi d'une teinte obscure. Dans le frais, selon M. Russel, les bandes sont d'un rouge de sang, et le fond jaune. M. Leschenault les dit noirâtres, sur un fond rouge; mais ce sont des nuances qui peuvent varier selon la saison ou suivant que le poisson est décrit plus ou moins promptement après sa mort. La diacope de Seba a le lobe gauche du foie trian- gulaire et prolongé en une pointe très- aiguë; il est d'ailleurs très-mince. Le lobe droit est de moitié plus court. La vésicule du fielest longue et grêle, et se porte en arrière, bien au-delà de lestomac, le long de l'intestin. L'œsophage est large, et il se prolonge en se ré- trécissant en un sac conique, qui est l'estomac, dont les parois sont assez épaisses et chargées en dedans de rides irrégulières. La branche montante est de moitié plus courte que l'estomac lui-même. Elle est très-rétrécie près du pylore, qui est muni de cinq appendices cœcales, longues et assez grosses. Le duodénum est presque aussi large que l'estomac; mais l'intestin se rétrécit beaucoup au premier repli en arrière de l'estomac , et, après en avoir fait un second à la hauteur du pylore, il se rend à l'anus. La vessie natatoire est grande , simple et assez mince. Elle est argentée. Les reins sont médiocres, et versent l'urine dans 4] A LIVRE TROISIÈME. PERCOIDES. une vessie triangulaire assez grande par deux longs uretères. L'individu décrit par Russel était long de onze pouces; mais M. Leschenault nous assure que l'espèce atteint à la taille de trois pieds. Il ajoute qu'elle est bonne à manger, mais qu'on n'en prend pas beaucoup dans la rade de Pondichéry. Il est singulier qu'un si beau et si grand poisson ait été négligé, avant nous, par tant de naturalistes, qui en trouvaient une belle figure dans Seba, tandis qu'ils faisaient des espèces sur des figures erronnées de Catesby, de Rondelet ou de Sloane; mais il faut une grande habitude d'observer pour savoir dis- tinguer une bonne et une mauvaise figure. La DiACOPE A LIGNES FLEXUEUSES. {Diacope rUulata^ nob. ) La côte de Coromandel produit une espèce de la même forme que la précédente, et encore plus grande et plus belle, que nous devons éga- lement à M. Leschenault, et qu'il nous assure s'appeler orati parmi les naturels. On la trouve aussi à Java, d'où MM. Kuhl et Van Hasselt l'ont envoyée à Leydej M. Ehrenberg l'a rapportée CHAP. XIII. DIACOPES. 415 de la mer Rouge au Musée de Berlin; et tout récemment M. Dussumier nous l'a apportée de Malabar. Ses formes sont à peu près celles de la première espèce , excepté que la partie antérieure de sa dorsale s'élève un peu moins. Elle est violette et a sur la tête des points blancs, et sur les opercules des lignes blanches obliques, irrégulièrement flexueuses, qui y forment des îles et des anneaux. Chacune des écailles du corps est marquée d'un point blanc; mais ce qui paraît blanc dans le sec est bleu-clair dans le frais. Le ventre est rosé ; les parties molles des nageoires sont noirâtres. L'anale et les ventrales ont surtout leurs pointes presque noires. D. 10/15 ou 16; A. 3/8 ou 9: C. 16; P. 16; V. 1/5. On en pèche de trois pieds et demi de longueur. C'est un mets estimé à Pondichéry. La DiACOPE MACOLOR. {Diacope macolor^ nob.) Les compagnons du capitaine Duperrey viennent de rapporter de la Nouvelle-Guinée une diacope bien caractérisée et très-remar- quable par la distribution singulière du noir et du blanc qui la peignent. Aucun auteur mé- thodique n'en a encore parlé, quoiqu'elle soit représentée d'une manière très-reconnaissable 4iG LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. par Renard, 1. 1, pi. g, fig. 60, sous le nom de niacolor. Valentyn donne aussi la figure de cette es- pèce dans son Histoire d'Amboine , t. III, p. 348 et pi. 1, n.*' 1. Il la place à la tête des poissons singuliers, la nomme ikcm-roellat, et assure que sa chair est ferme et blanche, et qu'elle est très-bonne à manger. Ces attributs appartiennent sans doute aussi aux espèces voisines. Dans sa seconde partie (pi. 7, n.*^ 3o), Renard donne un autre macolor, qui n'a avec le pre- mier qu'une ressemblance grossière, et dont il dit qu'il pèse quelquefois trente livres, mais qu'il est très-rare. Son museau est un peu plus court, et son front un peu plus convexe que dans la plupart des autres espèces. Sa dorsale et son anale sont fort pointues en arrière. Les épines en sont médiocres et assez égales. Ses pectorales sont aussi longues et pointues et se portent jusque sur la base de fanale. Sa caudale est coupée carrément. La dentelure de son préopercule est à peine sensible; mais son échancrure et le tuber- cule qu'elle reçoit sont très-marqués, quoique petits. L'opercule osseux se termine par deux pointes mous- ses. Le dos de ce poisson est noir, avec cinq taches rondes et blanches de chaque côté : trois près de la dorsale et deux un peu plus bas, alternant avec les trois supérieures. La première de celles-ci est sous CIIAP. XIII. DIACOPES. A\7 les quatre épines aiiLérieures; la seconde répond aux quatre postérieures et s'étend sur la dorsale, dont elle coupe en deux le fond noir; la troisième se prolonge en une bordure sur les derniers rayons mous. Une large bande blanche s'étend en ligne droite depuis les ouïes jusqu'au bout de la caudale, qui d'ailleurs est noire, mais a ses angles blancs. Celte bande est séparée du blanc du ventre et de la poitrine par une bande noire, qui commence derrière l'aisselle de la pectorale et s'étend jusqu'au bord inférieur de la caudale. Les pectorales, les ventrales et l'anale sont noires, excepté le bord postérieur de celle-ci, qui est blanc. La tête a le bout du museau noir, embrassé par une large ceinture blanche, que suit une cein- ture noire encore plus large, dans laquelle est l'œil. Enfin, une dernière ceinture blanche règne sur le crâne et sur l'opercule, et se joint au blanc de la poitrine. Notre individu est long de sept pouces. B. 7; D. 10/14; A. 3/11; C. 17; P. 17; V. 1/5. Le foie du macolor est très-petit, placé en travers sous l'œsophage et en forme de croissant, dont les deux pointes sont de chaque côté de cette portion du canal alimentaire. Les parois de tout le tube sont remarquables par leur minceur; elles ne paraissent, d'un bout à l'autre, que comme une simple membrane déliée et transpa- rente. L'œsophage est assez long et assez large. L'esto- mac est court, large et en cul -de -sac arrondi; le pylore est auprès du cardia, il est muni de quatre cœcum larges et assez longs. 2. 27 41 8 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. L'inteslin est long, à cause des nombreux replis qu'il fait. Il se porte d'abord vers le diaphragme en longeant l'œsophage. Il se dilate beaucoup vers le rectum, qui est court, mais très-large. La rate est brune, située entre l'intestin et l'œso- phage, au-devant de l'estomac. La vessie aérienne est grande, à parois très-minces. La glande qui sécrète l'air est rouge et assez grosse, sous la forme d'une petite boule un peu alongée. Les reins sont petits et ne descendent pas jusqu'au- près de l'anus. La DiACOPE A HUIT RAIES. {Diacope octolineata , nob.) ^ L'une des diacopes où l'on voit le mieux les caractères du genre, offre en même temps la parure la plus brillante et la plus régulière. Son dos, ses flancs et toutes ses nageoires sont d'un beau jaune, tirant au rouge ou au rose sur le museau et sur les joues, et blanchissant vers le ven- tre, qui est seulement rayé de jaune. Quatre rubans bleu-clair, lisérés de points noirs, régnent parallèle- ment sur le jaune : le premiei', depuis le milieu de la dorsale jusqu'au crâne; le second, depuis le quart postérieur de la dorsale jusqu'à l'œil; le troisième, depuis la tin de cette dorsale jusqu'au haut du préo- 1. Holocentrus Bengalensis , et Holocentrus quinquelinsatus , Bl. ; Lahre à huit raies, Lacép.; Sciœna kasmira, Forsk. [Laite has- mira, Lacép. j. CHAP. XIII. DIACOPES. 419 percule; le qualriènie, depuis la base de la queue et passant sous l'œil, jusque vers le bout du mu- seau. Il y a quelquefois un vestige de cinquième ru- ban sur les contins du jaune des flancs et du blanc de l'abdomen ; et dans certains individus le bord su- périeur de la dorsale est d'une couleur plus foncée que le reste. On voit aussi dans quelques individus une tache noirâtre , peu marquée sur la ligne laté- rale, vis-à-vis le milieu de la dorsale. Aucune diacope ne montre plus distinctement que celle-ci la tubérosité de son interopercule et l'échancrure de son préopercule. La première est saillante et même pointue ; la seconde est profonde. Il y a de fines dentelures au bord montant du préo- percule et de fortes à la partie arrondie, au-dessous de l'échancrure. L'opercule n'a qu'une pointe plate. Les canines sont bien marquées. Le corps est ob- long. La plus grande hauteur au milieu est à peu près trois fois dans sa longueur; la longueur de la tète égale cette hauteur; la dorsale est médiocrement élevée et partout à peu près égale; les pectorales sont grandes et pointues; les ventrales moitié plus cour- tes; la caudale est coupée en croissant; les écailles, de grandeur médiocre, sont un peu âpres et ciliées; la ligne latérale demeure parallèle au dos. D. 10/15; A. 3/8; C. 15; P. 15; V. 1/5. La diacope à huit raies a, comme celle de Seba, le foie profondément divisé; le lobe gauche du double plus long que le droit, auquel est suspendue une vé- sicule du liel beaucoup plus longue que celle de la diacope de Seba. 420 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. Il y a cinq cœcuin plus courts au pylore. L in- testin ne fait de même que deux replis. La vessie aérienne est plus petite, et ses parois sont plus minces. Nous avons fait son squelette, qui ne diffère pres- que en rien de ceux des serrans les plus communs. Commerson avait apporté deux dessins et plusieurs individus desséches de ce beau pois- son. Un de ces dessins, imparfaitement copié par le graveur de M. de Lacépède ', est de- venu le lahre à huit raies de ce naturaliste ^ ; mais l'espèce avait déjà été très-])ien repré- sentée par Bloch, sous le nom moins impro- pre diholocentrus bengalensis. ^ Il y a tout lieu de croire que Xholocentims quinquelineatus de Blocli (pi. 23g), ou le granimistes cjuinfjuelineatiis de son Système (édition de Sclineider), nen est aussi qu'une variété, où le cinquième ruban était plus mar- qué qu'à l'ordinaire. C'est l'avis de M. Schneider, qui a vu les originaux de ces deux figures. "^ Mais ce que l'on n'a point remarqué, c'est l'extrême ressemblance (pour ne pas dire l'i- dentité absolue) de notre poisson avec le 1. T. m, pi. 22, %. 1. — -2. ib., p. 478. — 3. PI. 246, fig. 2. Celte figure, faite d'après un jeune individu dans la liqueur, a seulement le fond de la couleur brun, et non pas jaune. 4. Sjsî. Bl. , index , p. xliv- CnAP. XIII. DIACOPES. 421 sciœna kasmira de Forskal, dont M. de La- cëpède a fait un labre *, et Blocli un gram- miste. Tout en est pareil, excepté quelques lignes bleues sur le vertex, dont parle Fors- kal, et que je n'aperçois pas sur nos indivi- dus. Cette circonstance n'est d'ailleurs d'aucun poids , depuis que M. Ehrenberg a recueilli notre poisson dans la mer Rouge et lui a en- tendu appliquer ce même nom de kasmira. Voilà donc une espèce qui est déjà quatre fois dans les auteurs systématiques, et peu s'en est fallu qu'on ne l'y plaçât une cinquième; car Forster le père, qui l'avait vue près d'O- taïti, en avait laissé une description détaillée sous le nom de perça pofyzonia; mais la sa- gacité de M. Schneider en a senti l'identité % et nous pouvons garantir la justesse de sa dé- cision, d'après le dessin fait de la main de Forster, qui est dans la bibliothèque de Banks. Ce poisson est aussi sous le même nom dans la collection de Broussonnet. Parkinson en a laissé un autre dessin, sous le nom de perça vittata. Cette diacope a été observée, comme on voit, à l'Isle-de-France , dans la mer Rouge et dans le grand océan Pacifique. Forster dit 1. Labre kasmira, t. Ill^ p. 483. — 2. Sjst. Bl. , p. 3i6. 422 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. que les Otaïtiens la nomment ta-ape, et les naturalistes de l'expëdition de M. Duperrey viennent de la rapporter en effet d'Otaïti sous le nom peu différent à'étaapé : les Arabes de Djidda l'appellent kasiniri et tjrki, selon Forskal. Ajoutons que c'est fort probablement le iiiarack dAmboine de Renard*. C'est tout ce que nous pouvons dire de son histoire. La DiACOPE DONDIAVAH. {Diacope notât a^, nob.) Le poisson que Russel représente dans ses Poissons de Vizagapatam, n.° 98, sous le nom àantica dojjdiawalt^ est une diacope qui a aussi une taclie noire sur la ligne latérale et plus prononcée que celle qui s'aperçoit quel- quefois dans ïoctoluieata. Ses formes sont les mêmes. Son échancrure et son tubercule sont pour le moins aussi marqués; mais ses dents sont moins fortes. On ne lui voit qu'une pointe plate à l'opercule. Sa couleur est un brun -jaune, avec des lignes longitudinales un peu plus dorées, et une tache noire sur la ligne latérale, vis-à-vis le milieu de la partie molle de la dorsale. Dans nos indi- vidus secs on voit, de chaque coté, six ou sept lignes obliques, noirâtres, très -étroites et peu apparentes, D. 11/13; A. 3/8; C. 17; P. 16; V. 1/5. \. Renard, t. I.", pi. 20, fig. 110, CHAP. XIII. DIACOPES. 425 M. Russel donne à son antica dondia\vah des teintes plus ou moins rouges sur le dos et aux nageoires; mais il annonce que ces couleurs varient selon l'âge et la saison. L'individu qu'il représente était long de onze pouces. Les nôtres sont plus petits. Nous les avons de Commerson et du voyage de Pérou. La DiACOPE HOBER. ( Diacope fulvijiamma , nob. ) Ce poisson de la mer Bouge, que Forskal (p. 45, n.° 45 ) ^ nommé sciœna fuhdjJanima ^ est fort voisin du précédent. Aux caractères des dlacopes il joint une teinte jau- nâtre, des lignes dorées, quelquefois peu marquées, sur les flancs , et une tache noire au même endroit que les deux que nous venons de décrire. Ses nombres sont dans Forskal : D. 9/14; A. 3/9; C. 15; P. 15; V. i/5. Mais un individu , dessiné par M. Elirenberg , a D. 10/13 ou 14. Son dos est olivâtre; ses lignes jaunes, au nombre de six ou sept sur chaque flanc; sa tache noire et ronde est sur la ligne latérale, à l'endroit où le pre- mier trait jaune la rencontre. Ses pectorales sont orangées , ainsi que le bord de l'interopercule. On nomme l'espèce en arabe, selon Fors- 424 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. kal, ahou-nocta (le père à la tache), et hahar ou hoher. M. Ebreiiberg l'a entendu appeler haalbiri à Lohaia. Ce nom à^abou-jiocta est commun à plusieurs poissons de la famille des perches. C'est le centropome Jiober de M. de Lacé- pède (t. IV, p. 255). La DiACOPE A POINTS BLEUS. {Diacope cœruleo-punctata , nob.) Russel représente encore une diacope bien caractérisée et marquée d'une tache noire sur le côté : c'est son kalee-niaee i^kalî-niaî)^ pi. 96. Son corps est plus ovale ; son crâne plus plat 5 ses épines anales plus fortes qu aux espèces voisines. Elle a, dit-il, les écailles cendrées, bordées d'azur. Plusieurs lignes transverses de points bleus sur le front, et des lignes et des points de même couleur sur la joue et sur l'opercule : le tout sur un fond changeant en couleur d'or. Sa dorsale et la partie su- périeure de sa caudale sont d'un brun jaunâtre j ses pectorales grises, et le reste de ses nageoires bleu. Les individus ainsi colorés étaient longs de six pouces. Il y en a de deux pieds; nais leurs couleurs sont plus ternes. D. 10/16; A. 3/9; C. 17; P. 16; V. 1/5. Nous n'avons pas vu cette espèce; mais nous CHAP. XIII. DIACOPES. 4^5 croyons devoir la placer ici, à la suite de celles dont elle paraît se rapprocher davantage. La DiACOPE BORDÉE. {Diacope marginata, nob.) Une autre diacope, rapportée par Com- merson, et non moins caractérisée, relative- ment au sous-genre, que Yoctolineata et que le notatay paraît, dans son état sec, toute blanchâtre, excepté un bord noir, liséré de blanc, à la dorsale et à la D. 10/14; A. 3/8; C. 17; p. 15; V. 1/5. L'individu est long de plus d'un pied. M. Leschenault en a envoyé une de Pondi- chéry, qui nous paraît de la même espèce, et qui a de même un bord noirâtre, liséré de blanc, à la dorsale et à la caudale. On lui aperçoit sur le côté un vestige de tache brune. Le fond de sa cou- leur est d'un brun-clair assez doréj et sa dorsale et sa caudale paraissent marbrées de gris ou de noi- râtre; les autres nageoires sont jaunâires. D. 10/14; A. 3y8; C. 17; P. 16; V. 1/5. Dans l'état frais, selon la description de M. Lesche- nault , son ventre et ses nageoires paires sont jaunes ; la dorsale et la caudale brunes; lanale blanche, le dos roussâtre, l'iris jaune rougeâtre, la ligne latérale brune. 426 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. Ce poisson est appelé par les naturels na- kaâisé, et parvient à environ dix pouces de longueur. Il habite parmi les rochers, et on ne le prend qu'à la ligne pendant la mousson du nord-est. Il est bon à manger. L'individu envoyé par M. Leschenault a le tubercule un peu moins prononcé que celui de Commerson; mais nous pensons que c'est là une marque distinctive du sexe. Les compagnons du capitaine Freycinet ont rapporté deux individus qui nous pa- raissent encore de la même espèce, et dont l'un a le tubercule plus faible que l'autre. Ils tirent un peu sur le verdâtre, et leur dorsale sur le rougeâtre; mais le bord noir et le liséré blanc y existent comme aux échantillons que nous venons de décrire. Les ventrales et l'anale sont jaunes, et on voit un peu de noirâtre au bord de l'anale. Je n'y aperçois point de tache latérale. D. 10/14: A. 3/8; C. 17; P. 16; V. 1/5. Les naturalistes de l'expédition Duperrey viennent encore de rapporter de l'ile diOualan une diacope qui nous paraît de cette espèce. Leur individu, conservé dans la liqueur, est gé- néralement pale. On voit sur sa dorsale une ligne grise, qui règne tout du long sous le bord noir. D. 10/14; A. 3/8, etc. Sa longueur est de cinq pouces. CHAP. XITI. DIACOPES. 427 La DiACOPE A QUATRE GOUTTES. {Diacope (jiiadrigiittata, nob. ) ^ On doit h Commerson une diacope qui n'a point de taclics noires, mais deux blanches de chaque côté. Il ne Ta pas seulement rapportée en nature, mais il en a laissé un dessin qui a passé dans l'ouvrage de M. de Lacépède, t. lïl, pi. i5, fig. 2, où il a pris le nom de spcu^e lé- pisure, et une description détaillée dont il ne paraît pas que M. de Lacépède ait profité. L'examen que nous avons fait du poisson, nous a prouvé que c'est, sous tous les rapports, une diacope. Sa tubérosiié est cependant un peu moins mar- quée qu'à quelques-unes des précédentes. Son oper- cule n'a qu'une pointe plate. Les dentelures du bord montant de son préopercule s'aperçoivent à peine; mais ses dents sont fortes, surtout les quatre ca- nines, qui sont en avant de la mâchoire supérieure, et les latérales d'en bas. Sa couleur, selon la descrip- tion de Commerson , est d'un brun rougeâtre , plus noire vers le dos, plus rouge aux côtés de la tête et au ventre. Il y a de chaque côté du dos deux taches d'un blanc de lait : l'une vis-à-vis la huitième épine de la dorsale; l'autre vis-à-vis l'extrémité de sa partie 1. Spare lépisure ^ Lacép. 428 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. molle. Une teinte noirâtre se montre à la membrane de la partie épineuse de la dorsale, à l'avant de l'a- nale, et au bord supérieur et inférieur de la caudale, vers les angles. Le reste de ces nageoires est plus ou moins rouge. L'iris de l'œil est argenté. D. 10/14; A. 3/8; C. 17; P. 16; V. 1/5. Commerson avait pris ce poisson entre les roches de la côte-nord de lIsle-de-Fiance, où il n'est pas très-commun. Sa taille ordinaire est celle de notre perche d'eau douce. On regarde sa chair comme légère et salubre. M. Ehrenberg l'a retrotivë à Massuah, sur la côte occidentale de la mer Rouge. Le fond de sa couleur était un pourpre brun- les taches d'une couleur d'argent très-brillante. Un individu, qu'il a bien voulu céder au Cabinet du Roi, est long de sept pouces. M. Dussumier vient de rapporter des Së- chelles une diacope qui ressemble, sous tous les rapports, à la précédente et en a même les quatre taches blanches j mais cet excellent ob- servateur en décrit autrement les couleurs. Son dos est plombé ; ses flancs et son ventre ont des lignes longitudinales jaunâtres. On voit en effet ces lignes, au nombre de douze ou quinze, au-dessous de la ligne latérale; au-dessus elles sont obliques et nombreuses. Les bords supérieur et inférieur de la caudale et linférieur de l'anale sont d'un brun noi- CHAP. Xlir. DIACOPES. 4-29 râtre. La tache blanche antérieure est du double plus longue que l'autre. Ce poisson est très-estime. Il restera à examiner si les teintes plus ou moins rouges, indiquées par Gommerson et par M. Ehrenberg, ne sont pas des marques du sexe ou des effets de la saison. Nous devons à l'expédition commandée par le capitaine Freycinet, trois espèces de dia- copes, toutes de l'archipel des Indes. ^ La DiACOPE CALVET. {Diacope Calveti, Q. et G.) La première, celle que les naturalistes de cette expédition ont nommée diacope calvet, ressemble beaucoup à celle à quatre taches, mais elle est plus haute à proportion. Ses dente- lures sont plus fines, et elle est vers le dos d'un brun doré, qui se change en argenté sur les flancs et prend une teinte rose sur le ventre. On ne lui voit aucune tache. D. 10/14; A. 3/8; C. 17; P. 15; V. 1/5. Elle a été prise à Timor. 1. Elles sont décrites dans la Zoologie du vojage de Fiejciaet, p. oo6 et suÏY. La Diacope çahei'^ est leprésentée pi. 67, fig. x. 450 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. La DiACOPE STRIÉE. {Diacope striata, Q. et G.) La deuxième, qu'ils nomment diacope rayée, est grise, avec des lignes brunes, étroites, parallèles, qui descendent obliquement sur tout le corps. Sa dorsale et sa caudale sont noirâtres : la première est lisérée de noir. Il y a une tache brune dans l'aisselle de la pectorale. D. 10/14; A. 3,8; C. 17; P. 15; V. 1/5. La diacope striée a les lobes du foie beaucoup plus pointus et plus prolongés en arrière que les précé- dentes. L'estomac est aussi beaucoup plus grand. Nous l'avons trouvé rempli de crustacés. La vessie natatoire est grande et très-mince. La longueur de nos individus est de cinq ou de six pouces. Elle se trouve à Waigiou, et les natura- listes de l'expédition Dtiperrey viennent de la rapporter de l'île Boiirou, l'une des Mo- luques. La Diacope sans taches. {Diacope immaculata , Q. et G.) La troisième, leur diacope sans taches y est verdàtre, plus brune vers le dos, plus jaunâtre au ventre, plus blanchâtre à la gorge; des lignes brunâ- tres, formées par des reflets, régnent longitudinale- CHAP. XIII. DIACOPES. 431 ment sur les flancs, obliquement sur le dos, comme on en voit au reste plus ou moins distinctement sur la plupart des diacopes et des mésop rions. Celle-ci res- semble assez à la diacope calvet ; mais elle est moins haute et moins tirant au roux. Elle vient encore de Waigiou. D. 10/13; A. 3/9; C. 17; P. 14; V. 1/5. Les individus ont de quatre à cinq pouces. Après ces diacopes que nous avons obser- vées par nous-mêmes, nous sommes obligés d'en placer plusieurs que nous ne connaissons que par des descriptions ou des figures, mais sur le genre desquelles il ne reste aucune in- certitude. Forskal en a quatre, dont il range trois parmi les sciènes et la quatrième parmi les perches. Ce sont les sciœna holiar, ni^ra et argentimaculatcif dont M. de Lacépède a fait des labres, et son perça miniata, qui, dans M. de Lacépède, est rapporté aux pomacentres. La Diacope noire. {Diacope nigra, nob.)^ La diacope noire, en arabe gatiê^, est partout noirâtre, excepté au ventre, qui est brun , tirant sur le blanc. D. 10/15- A. 3/9, etc. 1. Sciœna nigra, Forsk. ; Labre noir, Lacép. 2. Il faut remarquer, au sujet de cette diacope noire, une faute 452 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. Il y en a, dit Forskal, une variété dont les joues et le bord de Tanale sont rougeâtres, et où l'on voit la tache noire sur la ligne laté- rale; mais cette variété, dite en arabe hasjmiri ( comme Yoctolineata), pourrait hioAi être une espèce distincte, voisine àw fuhnjlamma ou du notata. La DiACOPE TACHETÉE d'arGENT. {Diacope argentimaculata , nob.) ^ Cette espèce se nomme en arabe schaafen. Elle a les écailles du dos noirâtres et argentées au bord et au bout; celles de l'abdomen rougeâtres, à bord plus pâle, ce qui, au total, en fait un poisson brun, tacheté d'argent. Une ligne bleue passe sous l'œil et se rend vers la bouche. Les nageoires sont roussâtres; celle du dos est bleuâtre, avec un bord roux. La mâchoire inférieure devance l'autre; ses dents latérales d'en bas deviennent plus grandes vers l'angle, et chaque mâchoire en a plus intérieure- ment une bande en velours. Elle doit d'ailleurs res- sembler au bohar. B. 7; D. 10/14; A. 3/9; C. n ; P. 17; V. 1/6. d'impression ( 10/10, au lieu tle 10/'25 annoncé par le texte, qui renvoie au n.°46, au kasmirn, ou 10/15 selon notre notation) , et cette faute a fait croire à M. de Lacépède qu'elle manque de rayons mous à la dorsale, et lui a fait assigner ce caractère à son labre noir. Ce serait une conformation sans exemple en ichijologie. 1. Sciœna argentimaculaia , Forsk. et Gm. ; Labre argenté , Lac. CHAP. XIII. DIACOPES. 435 La DiACOPE BOHAR. {Diacope bohar, nob.) ^ La diacope holiar, eu arabe holiar ou hliâr, est décrite comme rougeatre, avec des lignes et des nébulosités blanchâtres, et a vers le dos deux gran- des taches noires qui s'effacent après la mort. B. 7; D. 10/15; A. 3/9; C. 17; P. 16; V. 1/6. Ou a doîiué à M. Ehreuberg, sous ce uoni de holiar, une diacope qui, pendant la vie, est d'un brun -olivâtre clair, avec une tache dans l'angle de chaque écaille, et qui devient rouge après la mort. Ses formes sont celles de nos premières es- pèces. D. 10/14; A. 3/9, etc. La taille de son individu est de sept à huit pouces. La Diacope carmin. ( Diacope miniata , nob. ) ^ Ce qui a déterminé M. de Lacépède à pla- cer le perça miniata de Forskal dans la famille des chétodons, c'est l'expression de dents sé- 1. Sciœna holiar, Forsk. et Gm.; Labre bohnr, Lacép. 2. Perça miniata, Foisk. , p. 4i ; Pomacentre Burdi , Lacép. , t. IV, p. 5ii. Burdi est le nom d'une espèce estimée de dattes. 2. 28 434 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. tacëes et flexibles que Forskal emploie pour designer des dents en velours; mais, comme il dit qu'il se trouve dans le nombre des canines aiguës, il nous ramène à la famille actuelle. Le perça miniata^ nommé à Djidda zarbun et à Lohaia atoia ou biirdi , ressemble pour les détails* au bohar, si ce n'est que sa dorsale et son anale s'arroridissent en arrière, et que sa caudale aussi est ronde. Sa couleur est rouge, avec des points bleus. Ses ventrales ont le bord externe bleu. Sur le vertex sont deux lignes qui forment un V. B. 7; D. 9/15; A. 3/9; C. 15; P. 17: V. 1/6. Ce poisson est long d'un pied, et habite parmi les madrépores, si nombreux dans la mer P«.ouge. La DiACOPE DE BOUTTON. {Diacope hottonensis , nob.) Laspro capite ventreque ruhiciuidis ^ etc., ou la perche du détroit de Boutton, très-bien décrite par Gommerson, et dont M. de Lacë- pède (t. IV^, p. 33 1 et 367) a fait son holo- 1. Il j a dans Forskal une faute d'impression : opercula anie- riora integerrima , porte modice SERRATA , pour SI NU ATA , qui a fait supposer à M. deLacépède que le préopercule est dentelé, ce qui, joint à l'expression des dents flexibles, l'a déterminé à en faire un pomacentre. CHAP. XIII. DIACOPES. 435 centre bouttojij est encore une diacope très- semblable à celles qui précèdent, ou peut- être identique avec quelqu'une d'elles. Ses formes et les nombres de ses rayons sont les mêmes. Commerson décrit expressément l'échancrure de son préopercule et la tubérosiLé que cette éclian- crure reçoit. Elle a le dos brun-clair, les flancs do- rés, et la tête, la poitrine et le ventre rougeâtres; sa dorsale est transparente et bordée de jaunâtre ou rou- geâtre, et il y a une petite tache noirâtre dans l'ais- selle de la pectorale. La Diacope fauve. {Diacope fiiha, nob.) Ce ne peut pas non plus être une espèce très-diffë rente de toutes celles-là que la dia- cope d'Otaïti, dont Forster a laissé un dessin et une description sous le nom àepercafulwaj et dont Schneider (p. 3 18) a fait son holocen- trus fulvus j mais il lui donne les nombres de rayons de notre première espèce, D. Sebœ. D. 11/16; A. 3/9; G. 22 (en comptant les petits de la base); P. 16 ; V. 1/5. L'échancrure de son préopercule est très -mar- quée; mais sa dorsale est assez égale; sa caudale en croissant, avec des angles pointus. Sa couleur est fauve sur le dos et rougeàtre sous le ventre. Sa dor- sale est rougeutre; sa caudale, de même couleur , a le 45G LIVRE TROISIÈME. PERCOIDES. bord blanc. L'anale est d'un jaune i ougeatre. Les na- geoires paires sont jaunes. On ne parle point de tache sur le côté. La DiACOPE DE BORABORA. (Diacope Borensis , nob.) Nous trouvons encore une de ces diacopes rouges, sans lignes longitudinales et sans tache latérale, parmi les dessins de M. Lesson, Tun des naturalistes qui ont accompagné le capi- taine Dupeirey, et elle nous parait différer de celles que nous venons de décrire, soit d'a- près nous-mêmes, soit d'après les autres. Elle est abondante à Borahora , Tune des îles de la Société. Sa nuque est très-haute. L'échancrure de son préo- percule et le tubercule qui lui répond sont très-pro- noncés. Toute sa couleur est rougeâtre , un peu teinte de violàtre vers le dos. Les bords de ses écailles, son museau , ses pectorales , ses ventrales et son anale sont d'un beau rouge-clair de minium. Sa dorsale et sa caudale sont teintes de violet, et Ton voit sur la partie épineuse de la dorsale une ou deux lignes ir- régulières roses. La caudale est fourchue. Les nombres sont ceux des espèces ordinaires. D. ÎO/14; A. 3/9; C. 11; P. 17; V. 1/5. L'individu était long d'un pied. CHAP. XIII. DIACOPES. 457 La DiACOPE SANGUIINE. {Diacope sangumea, Elirenb.) Enfin, nous avons vu parmi les poissons rapportés du golfe Arabique par M. Eliren- berg, deux autres diacopes rouges : la première, que le savant voyageur nomme diacope san- guinea^ est plus oblongue et entièrement rouge , sans mélange de blanc ni de jaune. D. 11/15; A. 3/10, etc. L'individu est long de cinq pouces, M. Ehrenberg l'a pris à Massuah. Nous n'en connaissons pas le nom arabe. La Diacope écarlate. {Diacope coccinea, Elirenb.) La seconde, que M. Ehrenberg nomme dia- cope coccinea, a tout le corps et l'iris d'un rouge de vermillon, le bord de la partie molle de la dorsale et celui de la caudale blancs, et un peu de jaune dans l'aisselle. Sa nuque est élevée comme dans la précédente, mais son corps est plus alongé. D. 10/14, etc. Les Arabes la nomment bedjiaL 438 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. La DiACOPE BOSSUE. {Diacope gibba.) ^ La sciœna gibba de Foiskal semble tenir de cette diacope écarlate. Avec les caractères communs au genre, elle a un dos élevé {yalde gibbum\ et des écailles rouges et blanches à la pointe. Forskal ne lui attribue que six rayons aux ouies , mais dit que ses autres nombres sont les mêmes qu'au kasmira , c'est-à-dire : D. 10/15; A. 3/9; C. 17; P. 16; V. 1/5. On nomme cette espèce en arabe nagil et asmudi. 1, Sciœna gibba ^ Forsk. CHAP. Xl\. MÉSOPRIONS. 439 CHAPITRE XIY. Des Mésoprions. Bloch, sous le nom barbare de Intjaii, qu'il croyait japonais et qui est malais ^, avait réuni une fouie cracanthoptérygiens , d'après le dou- ble caractère dun prèopercule dentelé et d'un opercule sans épines, et il y entassait péle- méle des poissons de la famille des labres, de celle des sciènes et de celle des perches. J'en ai déjà, depuis long- temps, séparé les premiers sous le nom de crénilahres et les se- conds sous celui (\e pristiponies ^. Aujourd hui je présenterai, sous le nom de mésoprions ^ ceux qui, appartenant par leurs dents vomé- riennes et palatines à la famille des perches, se rapprochent plus particulièrement des ser- rans, par les canines qui se mêlent à leurs dents en velours et qui arment le devant ou les côtés de leurs mâchoires. Le nom que je leur impose indique qu'ils 1. II l'avait pris de l'étiquelte ikan-lutjang , attachée à un pois- son sec dont il fit la première espèce de ses lutjanus. Vojez Bl., Grande Ichtjol., part. VII, p. 85. Ce qui est curieux, c'est que ce poisson (nous avons examiné le propre individu de Bloch) a deux épines très-marquées, quoique plates, à Son opercule. 2. Règne animal, t. II, p. 262 et 299. 440 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. ont une dentelure en forme de scie sur le mi- lieu de chaque coté de leur tête; de jwso-cv [mi- lieu) et de Tt^wv (^scie ). Ces mësoprions tiennent de très -près aux diacopes dont nous venons de parler. Ils ont même encore quelquefois un léger renflement à finteropercule et plus souvent encore au préopercule une sinuosité ou un petit arc ren- trant, qui est une sorte de vestige ou d'indice de léchancrure caractéristique des diacopes; mais dans ces dernières cette échancrure est toujours beaucoup plus prononcée. La plu- part ressemblent aussi aux dentex par l'en- semble de leur forme et surtout par leur tête et leur museau un peu alongé; mais on les en distingue aisément par les dents du vomer et des palatins, qui manquent aux dentex, aussi bien que la dentelure du préopei cule. Ces mé- soprions ont en général les pectorales longues et pointues des spares. Jai trouvé aux espèces que j'ai disséquées, des intestins à peu près semblables à ceux des serrans. Tous ces poissons viennent des mers des pays chauds; mais il y eu a, et en assez grand nombre, dans les deux océans. On les connaît dans nos colonies françaises des Indes occi- dentales sous le nom générique de vivaneaic ou vivariet et sous celui de sarde. CHAP. XIV. AIÉSOPRIONS. 441 Le Mésoprion dondiava. {Mesoprion unimaculatus , nob.)^ Plusieurs de leurs espèces ressemblent même parles couleurs, et surtout par la tache noire de leurs flancs, à certaines- diacopes, au point que Ion pourrait douter s'ils n'en seraient pas des variétés de sexe. Telle est particulièrement un mésoprion de la mer des Indes, dont nous avons plusieurs individus, rapportés par Corn- merson, par Sonnerat et par les compagnons de M. Freycinet. Quoique bien caractérisé pour un vrai mé- soprion , il est tellement semblable à notre diacope iiotata, qu'il laut de l'attention pour l'en distinguer. Ruhl l'avait même envoyé au Cabinet de Leyde sous le nom de diacope xanthozona. Le bord montant du préopercule a une fine den- telure , l'angle en a une plus forte et est arrondi ; au- dessus de lui est une légère sinuosité rentrante. L'o- percule se termine en deux pointes arrondies et plates. L'os surscapulaire est dentelé , mais non celui de l'épaule. Le museau, les sous-orbiiaires et les os des mâchoires manquent d'écaillés. Les canines su- 1. Mésoprion imimaculaius , Quoj et Caj-m. , Zool. de Freyc, 442 LIVRE TROISIÈME. PERCo'lDES. périeures de devant et les latérales d'en bas sont fortes et pointues. La couleur de ce poisson , comme celle de la dia- cope que nous lui comparons , paraît d'un jaune plus ou moins bronzé, changeant en argenté vers le ven- tre, et il y a de même une tache noire sur la ligne latérale et vis-à-vis le milieu de la partie molle de la dorsale; des lignes plus obscures régnent le long de chaque rang d'écaillés. Les nombres des rayons sont les mêmes que dans la plupart des diacopes. D. 10/14; A. 3/8; C. 17; P. 16; V. 1/5. C'est incontestablement le dooncJiawah de Russel (t. I, n.° 97 ). Cet auteur ajoute à ce que nos individus nous montrent que le fond de la couleur est teint de reflets pourpres vers la tète et verdâtres vers le dos, et que les na- geoires sont d'un jaune roussâtre. C'est exactement l'enluminure que Renard (t. I, pi. 3i, fîg. 172) donne à son camboto d'Amboine, qui d'ailleurs offre tous les carac- tères de l'espèce actuelle et que nous croyons en conséquence devoir y rapporter. CHAP. XIV. MÉSOPRIONS. 445 Le Mésoprion de John. {Mesoprion Johnii, nob.j Anthias Johnii^ BI.) * Un mesoprion des Indes, qui ressemble beaucoup au précèdent, si ce n'est le même, c'est Xanthias Johnii de Bloch (pi. 3 18), et, à ce que nous croyons, le coins catus de Bu- chanan (Poissons du Gange, pi. 38, fig. 3o). Ses formes , ses détails, les nombres de ses rayons, sont exactement pareils. D. 10/14; A. 3/8; C. 11; P. 17; V. 1/5. Les seules différences tiennent à ce que , dans les individus représentés par ces deux auteurs sur un fond argenté et rayé d'autant de séries de petites ta- ches grises ou noirâtres qu'il y a de séries d'écaillés, on voit du côté du dos quelques bandes verticales noirâtres et lavées, trois, quatre ou cinq, selon les individus, dont une seule, celle qui est au-dessous des dernières épines dorsales et des premiers rayons mous, se change en une tache noire bien prononcée; mais ces bandes nuageuses et fort lavées peu- vent très-bien ne s'être pas montrées dans les individus dessinés par Russel et par Gommer- son, et avoir disparu dans ceux que nous avons sous les yeux. 1. Coïus catus , Buchan. 444 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. M. Buchanan hésite encore sur ridentité de Xanthias Johnii avec son coïus catiis, parce que, dans celui-ci, la ventrale ie termine en pointe ou en filet, et que cette circonstance n'est pas marquée dans la figure de Biochj mais rien de plus naturel que de croire que ce filet avait été tronqué dans lindividu en- voyé à Bloch. Quant à l'autre différence, que le poisson de Bloch a des écailles sur le de- vant du museau, comme nous savons que cet ichtyologiste en a donné tout aussi gratui- tement à plusieurs espèces qui n'en ont pas davantage , elle nous touche peu. Les deux auteurs disent les nageoires rongea très. Blocli avait reçu son poisson de Tranque- bar. Il se borne à dire que sa chair est aussi bonne que celle de la perche. M. Buchanan ajoute sur son coïus catus qu'il devient aussi grand que le vacti ou notre phche-naire, le- quel, comme nous l'avons dit, atteint une fort grande taille, trois ou quatre pieds et plus, mais qu'il ne l'égale point en saveur. On le péclie dans les embouchures du Gange. CHAP. XIV. MÉSOPRIONS. 445 Le Mésoprion a cinq lignes. {Mesoprion quinquelineatus , nob.) Riissel représente (pi. i lo), sous le nom de mimgi mapudee, un autre mësoprion à tache latérale, qui paraît avoir la partie épineuse et la partie molle de sa dorsale séparées par un enfoncement plus marqué que le précédent. Il le dit gris-clair, à fronl rougeâtre, à ventre d'un blanc jaunâtre, à nageoires jaune-pale, bordées d'orangé , ta cinq lignes longitudinales étroi- tes et bleues, et à tache latérale de la même couleur. L'individu était long de dix pouces. D. 10/145 A. 3/8; G. il; P. 16; V. 1/5. Il en a été envoyé deux individus de Java au Musée royal des Pays-Bas. On pourrait croire, d après la configuration de sa dorsale, que c'est lui que représente le dessin laissé par Cornmerson sans autre indi- cation que le nom générique diCispro, gravé dans M. de Lacépède (t. III, pi. 22, fig. 3), et rapporté par lui au labre fuligineux. Cependant ce dessin n'a point de raies et ne montre que douze rayons mous à la dor- sale : peut-être est-ce encore celui d'une es- pèce distincte. Quant au labre fuligineux dont Gommer- 446 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. son a laissé seulement une description, c'est un vrai labre, qui n'a avec le dessin en ques- tion que des rapports légers, et qui en dif- fère , comme nous le verrons ailleurs , par des points importans. Le Mésoprion a stigmate. (Mesoprion monostigma ^ nob.) Parmi les poissons nouvellement rapportés des Séchelles par M. Dussumier, nous trou- vons un mésoprion à tache latérale, qui a tout le corps d'un jaunâtre doré, teint de gris vers le dos et de rosé vers la bouche, sans aucunes lignes longitudinales. Toutes ses nageoires sont d'un beau jaune ; il est un peu plus oblong que le précédent. Sa dorsale est peu échancrée. D. 10/14; A. 3/9; C. 17; P. 15; V. 1/5. L'individu est long d'un pied. Je rapporte à cette espèce un dessin laissé sans description par Commerson, que M. de Lacépède a fait graver (t. III, pi. i-y, £lg. i) comme appartenant au labre imimaculé j mais, par son lah^e unimaculé, M. de Lacépède en- tend le sciœna unimaculata de Liiinaeus, dont le nombre de rayons (D. 10/1 l) s'accorde trop peu avec celui que marque le dessin de Com- merson, pour croire qu'il s'agisse d'une même CHAP. XIV. MÉSOPRIONS. 447 espèce. Et de plus , nous verrons dans un autre endroit que ce prétendu sciœna, donné comme un poisson de la Méditerranée, est un picarel (smaris). Shaw n'en a pas moins copié, pour le représenter, le dessin de Commerson, tout en copiant Linnaeus seul dans son texte. Les mers d'Amérique nous fournissent au moins six de ces mésoprions à tache latérale , parmi lesquels il en est plusieurs remarquables par la beauté et l'éclat de leurs couleurs. Le Mésoprion acajou. {Mesoprion mahogoni , nob.) Une de ces espèces est venue de la Marti- nique, où elle porte le nom de sarde acajou. Elle a le corps et la tête un peu plus alongés que les espèces des Indes; l'œil plus grand, et douze rayons mous seulement à la dorsale, qui ne se pro- longe pas en pointe. Pour la bien distinguer des es- pèces suivantes, il faut encore remarquer que son sous-orbitaire est de moitié moins haut que long; que ses dents sont très-fines, même ses canines su- périeures; que sa tête prend le tiers de sa longueur; que le diamètre longitudinal de son œil est trois fois et demi dans la longueur de sa tête, et que la ligne de sa gorge monte presque autant que celle de son profil descend. 448 LIVRE TROISIÈME. PERCo'lDES. Sa tache est au même endroit que dans les espèces précédentes; mais sa couleur paraît avoir été un brun- roussàlre cuivré, qui se change en doré sur les flancs et en argenté sous le ventre. D. 10/12; A. 3/8; C. 17; P. 15; V. 1/5. Nos individus sont longs de cinq pouces. C'est apparemment cette teinte rousse qui lui a valu son nom fiançais, que nous nous bornons à traduire. Nous l'avons reçue de M. Plée. Ce poisson est rare et peu estimé. Il pèse au plus de deux à trois livres. Sa chair molle lui a fait donner vulgairement le nom de pail- lasse coton. Le Mésoprio?^ de Richard. ( Mesoprion Ricardi. ) Nous en avons trouvé dans le cabinet de M. Hichard une espèce très-voisine , mais qui a la ligne du profil plus descendante et celle de la gorge presque horizontale. Elle paraît d'un doré roussàtre, teint en brun sur le dos, et en argent vers la gorge et les côtés de la tête. Ses na- geoires paraissent fauves ; mais il est possible que ses couleurs aient été altérées par la liqueur où elle est conservée. D. 10/12; A. 3/8, etc. Les individus n'ont que quatre pouces. CHAP. XIV. MÉSOPRIONS. 449 Le Mésoprion doré. {Mesoprion uninotatus , nob.) Une troisième de ces espèces d'Amérique à tache latérale, remarquable par ses belles couleurs , diffère encore des deux précédentes par sa nuque plus élevée, par son sous-orbitaire,qui est d'un tiers plus haut à proportion. Comme les deux précédentes, elle n'a aucune apparence de tu- bérosité à son interopercule, et son préopercule offre à peine un léger arc rentrant; sa dorsale et son anale finissent en pointe arrondie. Excepté les ca- nines, ses dents sont fines; il y en a plus de vingt- cinq de chaque côté. D. 10/12; A. 3/8; C. 17; P. 16; V. 1/5. C'est un des plus beaux poissons. Il a le dos, le dessus de la têie et le haut des joues d'un bleu d'a- cier bruni; le bas des joues et les flancs de couleur de rose vif, avec refleis métalliques ; le ventre cou- leur d'argent : sur le tout régnent sept ou huit bandes longitudinales d'une belle couleur d'or, dont celles du dos sont un peu irrégulières et obliques. La dor- sale a trois bandes jaunes sur un fijnd rosé; l'anale et les ventrales sont d'un beau jaune jonquille; la cau- dale d'un bel aurore, avec un mince liséré noirâtre; la pectorale d'un aurore pâle; les lèvres rose; l'iris est rosé, glacé d'argent. Nous avons fait le squelette de ce mésoprion. Si l'on excepte les différences de la tête, déjà apparentes 2. 29 450 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. au dehors, il ressemble à celui des serrans. C'est le même nombre de vertèbres, et la crête mitoyenne s'avance seulement un peu plus sur le crâne. Leurs viscères sont aussi très-semblables. Nos plus grands échantillons ont quatorze pouces. La plupart n'en ont que six à sept. Cette belle espèce subit quelques variations dans ses couleurs. A Saint-Domingue elle porte, quand elle est dans toute sa beauté , le nom de sarde dorée » et lorsqu'elle est plus petite, celui de sarde rouleusey quand le rouge des côtés est plus ou moins effacé, elle prend celui de sarde ar- gentée. Dans la liqueur presque tout son éclat dis- paraît, et il ne reste que des teintes grises et brunes. C'est ainsi que M. Desmares t l'a dé- crite dans sa première Décade ichtyologique et dans le Dictionnaire classique d'histoire na- turelle, sous le nom de lut j anus Aubrieti. Nous l'avons reçue de Saint-Domingue par M. Ricord, du Brésil par M. Delalande, et de la Martinique par M. Acliard. M. Plée nous a envoyé de la Martinique, sous le nom diOualwacou, un poisson qui ne nous paraît différer de cette sarde dorée que parce que l'on n'y voit presque point la tache latérale. CHAP. XIV. MÉSOPRIONS. 451 Ce voyageur dit que Xoualwacou se tient dans les grands fonds de mer, et que, dans sa plus grande taille, il ne pèse guère que deux livres. Je trouve parmi les dessins de Plumier une figure qui lui ressemble beaucoup, et qui est intitulée sargus ex auro virgatus. C'est sur cette figure que M. de Lacépède (t. IV, p. 167) a établi son dipterodon Plu- inieri; mais il faut remarquer que la division que l'on voit à sa dorsale est manifestement accidentelle. Bloch {^Syst. posth.y p. 275) fait sur cette même figure son spams vennicularis. La ma- nière dont elle est dessinée lui a fait croire que l'anale a six épines. 11 est probable que sa co- pie n'avait pas la division de la dorsale, puis- qu'il n'en fait aucune mention. Il me semble aussi que ce poisson doit être au moins fort voisin de celui que décrit Du- hamel (Pêches, part. II, sect. 4? cli. 5, p. 61, et pi. 3, fig. 2), et qu'il dit s'appeler ouariac à la Guadeloupe. J'ai tout lieu de croire, enfin, que c'est en- core le salpa purpurascens variegata de Ca- tesby (pi. 17, fig. 1 ), c'est-à-dire le spams sy- nagris de Linnoeus. 452 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. Le Mésoprion a anale rouge. {Mesoprion analis , nob.) Nous placerons ici une jolie espèce, apportée de SaiiiL-Domingue par M. Ricord, et qui pa- raît se rapprocher encore beaucoup des précé- dentes. Toute sa partie supérieure et ses côtés ont des lignes dorées et argentées ou couleur d'acier plus ou moins longitudinales, mais un peu irrégulières. La partie inférieure de ses flancs a les intervalles des lignes dorées d'un rouge rose. Un trait argenté en- toure son orbite en dessous. Ses ventrales, la plus grande partie de son anale et les bords de sa cau- dale sont rose vif; la dorsale est bleuâtre, avec un liséré rose et une large bande jaune sur sa base et sur toute sa partie molle. Un trait noirâtre traverse la base de sa pectorale. Son interopercule n'a point de tubérosité. On voit sur son corps des intervalles ver- ticaux, alternativement glacés de plus foncé et de plus clair : les plus foncés sont au nombre de dix à douze et rapprochés par paires. D. 10/14, etc. Les Haïtiens l'appellent sarde haut-dos. Nos individus ont cinq pouces de long, et les bandes verticales nous lont penser qu'ils sont encore jeunes. M. Desmarest avait un de ces poissons, mais CHAP. XIV. MÉSOPRIONS. 453 entièrement bruni par la liqueur, parmi ceux qu'il nommait lutjanus Aubrieti. Le Mésoprion sobre. {Mesoprion sobra, nob.) On nomme sobre èa la Martinique, un méso- prion très -semblable à XiininotatuSy et qui a de même une tache noire sur le côté, mais oii l'on compte quatorze rayons mous à la dor- sale. Le tubercule de son interopercule est assez sail- lant ; mais on ne lui voit pas d ecliancrure à son préo- percule. Ses dents latérales sont coniques , courtes et bien plus grosses à proportion qu'à Xuninotaliis. On n'en compte guère que quinze ou seize de chaque côté. Il nous en est venu des individus secs de quinze et de seize pouces dans les collections de feu M. Plëe; et M. Achard nous en a en- voyé un dans la liqueur, qui est arrivé assez frais pour croire que notre description des couleurs est conforme à ce qu'offrirait le pois- son vivant. Il a le corps d'un jaune-olive doré ou très-bril- lant, rayé longitudinalement de treize à quatorze traits bleus, dont quelques-uns se divisent en deux sur le dos. Le bout du museau en dessus est violet 5 454 LIVRE TROISIÈME. PERCOIDES. sur les joues il y a trois raies bleues, et une raie ar- gentée ou plombée règne sous l'orbite et descend sur le sous-orbitaire. Le bas des côtés est d'un beau rouge orangé, et le milieu du ventre est blanc. La dorsale est olive, tachetée de bleuâtre 3 la caudale olive, lavée de rouge; l'anale est d'un beau rouge, un peu nua- gée d'olive sur les derniers rayons mous; les ven- trales sont rouges; les pectorales rose. La tache des flancs est d'un violet très-foncé. D. 10/14; A. 3/8; C. 17; P. 16; V. 1/6. Le Mésoprion vivaneau. * » {jyiesoprion Dwanus, nob.) Une espèce, qui porte plus particulièrement aujourdhui à la Martinique, selon M. Plée,le nom de vwaneau, ressemble encore beaucoup à toutes les précédentes, surtout à Xunino- tatus'y mais son profil descend moins rapidement, et ses dents latérales d'en bas sont un peu plus longues. Sa couleur est un aurore doré, sur lequel on aper- çoit des lignes brunes peu marquées, obliques sur le dos, longitudinales sur les flancs, et une tache peu foncée à l'endroit où l'ont les précédens. Le bord ex- trême de la caudale a un liséré noir très-marqué. D. 10/13; A. 3/8; C. 17; P. 16; V. 1/5. C'est, selon M. Plée, un poisson que l'on ne pêche que par quatre-vingt-dix à cent brasses CHAP. XIV. MÉSOPRIONS. 455 cle profondeur, et qui parvient au poids de qua- rante livres. Il est fort estimé. Nous avons déjà dit que ces noms de viva- neau et de xnvanet sont ou ont ëtë appliques par nos colons à plusieurs espèces de ce genre. Duhamel ^ en compte cinq à la Guadeloupe : \e franc, qui est rouge sur le dos, plus clair vers le ventre, presque blanc aux côtés de la tête , avec des lignes brillantes suivant la courbe du dos, et qui prend des lignes jaunes sur les cô- tés en se desséchant ; le nionhin , qui est d'un rouge plus foncé et a la tête plus arrondie; le variole, dont les écailles sont variées de di- verses couleurs; le §ris, dont les lignes laté- rales sont jaunes; et le vwaneau à oreilles noires. Le Mésoprion oreille noire. {Mesoprion huccanella, nob.) Cette dernière espèce, nommée encore au-* jourdlîui à la Martinique oreille noire, et qui y porte aussi le nom de boucanelle , nous a été envoyée par M. Plée avec la précédente. C'est aussi un très-beau poisson, de couleur rouge, avec éclat métallique, et chaque écaille bordée d'ar- J. Pêches, n/ part, sect. 4? c. 5, p. 62. 456 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. gent. Sa caudale et son anale paraissent avoir été jaunes et les autres nageoires plus ou moins rouges. Il n'y a point de tache sur le côté; mais on en voit une très- noire, en forme de croissant, sur la base de sa pectorale : et c'est ce qui a valu à cette espèce son nom à oreille noire. Ses dents latérales d'en bas sont fortes et écartées. D. 10/14; A. 3/8; C. H; P. 15; V. 1/5. Cest, clans le sous-geiiie actuel, lespèce qui approche peut-être le plus des diacopes parla tubërosité de son interopeicule; mais son préo- percide n'ayant pas dëchancrure, on a du la placer parmi les mésoprions. Son squelette et ses viscères ne ressemblent pas moins que ceux de Tuninotatus à ceux des serrans. Ce poisson pèse jusqu'à quinze et vingt li- vres, et est assez commun 5 mais on ne le trouve, conmie le vivaneau, que par quatre-vingt-dix à cent brasses d'eau. Nous avons aussi trouvé cette espèce de \oreille noire dans les collections faites par M. Plèe à Saint-Thomas. Les Anglais de cette île la nomment noper. On voit dans les peintures d'Aubriet, faites sur les dessins de Plumier, un poisson rouge, avec une tache noire h la pectorale ; mais dont la tête est plus grande et où le nombre des épines dorsales ne s'accorde pas. Il y est CHAP. XIV. MÉSOPRIONS. 457 nommé erjthrinus primas seu major ^ vulgo houcanh^re apucl Americanos. C'est proba- blement un dessin imparfait de notre espèce; mais ce qui serait incroyable, si Bloch lui- même ne le disait pas, c'est que c'est de ce dessin qu'il a fait la base de sa planche du pa- gel ou spams erjthrinus , L.,n.° 274, en 1 alté- rant pour le faire cadrer avec les caractères donnés au/;«^e/par ceux qui l'avaient observé, et en y ajoutant à côté une figure des mâ- choires, probablement prise de notre dorade à petites dents, en sorte que cette planche ne pourrait qu'induire en erreur ceux qui la con- sulteraient : elle y induirait encore en faisant croire que le vrai pagel existe en Amérique; ce qui est faux. Le Mésoprion rouge. {Mesoprion aja, nob.) ^ M. Ricord a rapporté de Saint-Domingue un mésoprion que l'on y appelle sarde rouge de haut fond, et qui ressemble beaucoup au huccanella par sa couleur entièrement d'un beau rouge carmin, avec des bords argentés aux écailles; mais ses dents, 1. Bodianus aja, Bl., pi. 227; Bodian aya, Lacép. 458 LIVRE TROISIÈME. PERCO'lDES. surtout les latérales , sont beaucoup plus petites , et il n'y a point de tache noire sur la pectorale. Sa tubé- rosité et l'arc rentrant de son préopercule sont assez marqués; pas assez toutefois pour qu'on le range parmi les diacopes. Notre individu a bien certaine- ment quatre épines à l'anale. D. 10/14 ; A. 4/9. Ce poisson devient grand. Nous en avons un de vingt-huit pouces, et l'on en prend de plus considérables. C'est le plus estimé de tous ceux que l'on mange au Port-au-Prince. Tout nous fait croire que c'est ce poisson qui a été décrit par Margrave (^Bras., p. 167 et 168) sous le nom d'acara aja, et qui est de- venu le hodianus aja de Bloch (pi. 227). La figure du prince Maurice, qui est assez recon- naissable, a été altérée dans la copie grossie que Bloch en donne. On y a surtout trans- formé en épine ce qui dans l'original pouvait n'être que le lobe alongé de l'opercule. La gravure de Margrave n'a point ce défaut, et représente fort bien notre sarde rouge. Margrave dit que ce poisson se nomme aussi gciî^anliaj qu'il atteint trois pieds de longueur; que sa chair est bonne à manger et qu'on la conserve au moyen du sel. CHAP. XIV. MÉSOPRIONS. 459 Le Mésoprion a queue d'or. {Mesoprion chrjsurus, nob.) ' Une autre espèce, venue de la Martinique avec les précédentes, et qui est peut-être ce vwaneau monbin^ dont parle Duhamel, a les fourches de sa queue plus longues et plus poin- tues; ses crochets, au nombre de quatre à la mâ- choire supérieure, excèdent peu ses autres dents. D. 10/13; A. 3/9; C. 17; P. 14; V. 1/5. Dans son état sec on y aperçoit à peine quelques restes de lignes et de taches. Une bande longitudinale verdâtre est ce qui s'y voit le mieux. Mais un indi- vidu envoyé presque frais par M. Achard , a présenté des couleurs très-belles et très-vives. Au-dessus de la ligne latérale son dos est grisâtre, rayé obliquement de jaune doré; au-dessous il est d'une belle couleur purpurine très- vive, avec trois raies longitudinales dorées. La raie supérieure passe par le milieu du corps et est plus large que les autres; elle se prolonge sur la tête jusqu'au bout du museau , en passant au-des- sous de l'œil; le reste de la joue est gris d'argent, marbré de rose et de jaune d'or. La dorsale et l'anale 1. Sparus chrjsurus , Bl. ; Spare demi-lune , et Spare queue d'or, Lacép. ; Anihias rabirrubia, Schn.; Grammistes chrjsurus, Bl., Schn. 2. Nous ferons remarquer cependant que le nom de Monbin, qui vient de la couleur semblable à celle du fruit de ce nom, se donne aussi à un holacanlhe. 460 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. sont jaune-olive; la caudale est jaune brillant, bordée en dessus et en dessous de deux traits rose ; les pec- torales sont rose et les ventrales orangées. Il paraît que ces couleurs varient quelque- fois. M. Plée le décrit rose; la caudale et la dorsale jaunes; deux bandes longitudinales de même cou- leur sur les flancs; un peu de jaune aux mâchoires; quatre ou cinq petites bandes jaunes de chaque côté du ventre. C'est principalement à Saint-Thomas que ce voyageur Ta observé, et il nous apprend qu'on l'y nomme sarde; qu'il y devient quelquefois fort gros, et qu'on l'y estime beavicoup. Il nous en est venu en effet avec ses collec- tions de cette ile un individu de dix-huit pouces; mais il en a aussi envoyé de Porto- Bico, où on lui donne le nom de cabrilla. L'ayant vu à une autre époque , il dit qu'il était d'un beau rouge , et ses bandes et ses na- geoires dun beau jaune. Tout nouvellement nous en avons reçu plu- sieurs de Saint-Domingue, par M. Ricord, dans un état parfaitement frais. Tous sont rouge cramoisi ; mais dans quelques- uns cette couleur passe sur le dos au violet et au gris d'ardoise. Une large bande, d'un jaune plus ou moins vif, règne depuis le museau jusqu'à la queue, ets'élar- CHAP. XIV. MÉSOPRIONS. 461 git pour s'unir à la caudale, qui est toute jaune, ex- cepté un liséré rouge à ses bords supérieur et infé- rieur. Ce jaune est quelquefois un peu verdâtre, surtout à la caudale. Le dos, au-dessus de cette bande, est semé de taches jaunes irrégulières. Les flancs ont des lignes jaunes plus ou moins nom- breuses, qui font le passage du rouge du corps au blanc du ventre. Des points verts couvrent le crâne, le front et le museau. La dorsale et l'anale sont jau- nes, avec du rouge ou du rose à leur base , et les autres nageoires blanchâtres ou roses. On nomme dans cette île les individus à dos bleu, sarde colas et ceux à dos rouge, sarcle colas à queue. Les plus grands que nous ayons reçus sont longs de vingt pouces. II est aisé de reconnaître ce même poisson à la forme dans le rahirruhia de Parra (pi. 22 , fig. 1), quoique cet auteur lui donne des teintes un peu moins brillantes et se borne à le faire rose-clair, avec une ligne verdâtre tout du long de chaque côté du corps et une teinte verte sur la dorsale. C'est, ajoute-t-il, un poisson des plus estimés' et qui atteint à deux tiers d'aune de longueur (environ vingt pouces de France). M. Poey nous en a donné un dessin fait à la 1. Schneider, dans son édition du Sjstème de Bloch, p. Sog, demande si un autre de la même planche, fig. 2 , n'en serait pas une variété ; mais ce deuxième est un vrai serran. Vojez notre article du Serranus furcifer. 462 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. Havane, comme celui de Pana, et sous ce même nom de rabirruhia. Il en décrit les couleurs dans les termes suivans : Le dos est violet un peu clair, avec des taches d'un jaune très-vif, qui tirent un peu au vert. Une bande longitudinale offre la même couleur jaune. La dor- sale et la caudale de même; mais cette dernière est plus verte. Les autres nageoires sont blanches, légè- rement teintes de rose. Le ventre est de cette der- nière couleur, tirant un peu au violet. J'ai vu l'iris blanc dans quelques-uns et rouge dans d'autres. D'après ces données, il est impossible de ne pas rapporter aussi à cette espèce le vélin inti- tulé sarda cauda aurea et liinata, copié de Pltiniier par Aubriet, mais chargé de couleurs trop vives, selon l'usage de cet artiste, et qui est devenu le spare demi-lune de M. de Lacé- pède (t. IV, pi. 3, fig. 1 et p. i4i )• La bande longitudinale dorée, verdâtre ou bronzée, me paraît manifestement les rapprocher. La figure d' Aubriet le représente rouge incarnat; une teinte bleue sur le dos; la bande latérale jaune; des taches de même couleur sur le rouge; la caudale et la dorsale jaunes, et une bande longitudinale rouge sur cette dernière; les autres nageoires grises. Le colas de la Guadeloupe de Duhamel (Pê- ches, sect. 4? ch. 5, p. 64 et pi. 12, fig. 1) res- semble encore entièrement à nos poissons par CHAP. XIV. MÉSOPRIONS. 463 la forme; et, autant qu'on peut entendre la description vague et obscure donnée par cet auteur, il a aussi une bande large de couleur citrine et des taches jaunes à peu près rondes j ce qui répond tout-à-fait à plusieurs de ceux que nous avons sous les yeux. Il arrive à deux pieds de longueur. Enfin, c'est encore bien certainement IV/ctzra pitamha de Margrave (p. i55), dont Bloch (pi. 262 ) a fait son spams chiysurus , et qui est devenu le spare cpieue d'or de M. de Lacépède (t. IV, p. 1 15). Margrave en décrit très-bien la bande latérale et les taches jaunes, ainsi que la teinte générale pourpre et bleue. Il lui donne deux pieds de longueur, et sa figure répond à celles du rahirruhia et du spare demi-lune , autant que la manière de dessiner du prince Maurice ou de son peintre le permettait. La figure originale du prince, assez bien copiée par Bloch, quoiqu'il l'ait agrandie, comme à son ordinaire, est peinte d'un beau rouge nué de pourpre et d'or, avec deux bandes dorées j les nageoires verticales jaunes, et les nageoires paires grises. Elle est inti- tulée acara pîtangiuba. La taille du poisson y est marquée de dix -huit pouces. Il est au reste singulier que Bloch ^ après 464 LIVRE TROISIÈME. PERCOIDES. avoir très-bien reconnu dans sa grande Histoire l'identité de cet accu a pitainha de Margrave avec le rahirruhia de Parra , les ait séparés dans son Systema , y nommant le premier, p. i^^ ^ s^r animistes chrysurus, et le second, p. 309, anthias j^ahirnibia. Duhamel assure que son colas vit en trou- pes et se nourrit d'ceufs de poissons, et que sa cliair est assez bonne. Selon Parra, le rabijv^uhia est le plus estimé des poisso-ns de la Havane; et Margrave dit aussi de son acara pitaniba qu'il est excellent grillé. Selon M. Poey, on en voit de deux pieds et du poids de dix livres. Bien qu'il soit très-com- mun, sa chair est si estimée qu'il se vend tou- jours très-cher. 11 n'est jamais empoisonné. M. Ricord rapporte exactement les mêmes choses de la sai^de-colas de Saint-Domingue, et M. Pley de la sai^de de Saint-Thomas. Margrave a trouvé dans la gorge de son acara pitainha vm crustacé parasite de la famille des cloportes, dont il donne une figure trop gros- sière pour qu'on puisse en déterminer les- pè-ce. CHAP. XIV. MÉSOPRIONS. 465 Le Mésoprion a dents de chien. (Mesoprion cjnodon, nob.) * Une espèce, que l'on nomme à la Marti- nique sarde à dents de chien, est le cahalle- rote de Pana (pi. 25, fig. i ), dont Schneider (p. 3io, n." 21) a fait son anthias cahallerote'^ mais elle porte tous les caractères de nos mé- soprions et non ceux des anthias. Son opercule se termine en angle mousse; son préopercule, dentelé dans sa jeunesse, perd en grande partie ses dentelures avec l'âge, comme dans tous les poissons de cette famille, qui deviennent très-grands. Une légère sinuosité se montre à l'endroit où est l'é- chancrure des diacopes, et répond à une assez forte tubérosité de Tinteropercule. Sa tête, son museau, son sous-orbitaire, ses mâchoires, sont recouverts comme d'une espèce de cuir. Ses épines dorsales sont très-fortes, ainsi que ses deux canines supérieures- presque toutes ses dents latérales d'en bas ressem- blent aussi à des canines. Sa caudale, comme celle des premières espèces de ce genre, est taillée un peu en croissant. Dans la liqueur sa couleur paraît brune j toutes ses écailles ont un éclat doré, et leur bord est argenté. Selon Parra, elles otfrent dans l'état frais des teintes brunes et jaunes, agréables à la vue, 1. Anthias caballerote, Schn. 2. 3o 466 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. et la dorsale a des reflets cramoisis sur un fond brun. Un individu , venu presque frais de Saint-Domin- gue, avait le dos tirant sur l'orangé, le ventre blanc, et du jaune verdàtre sur toutes les nageoires et sur toutes les parties latérales. Ces teintes jaunes l'ont fait appeler dans cette île sarde mulâtresse. D. 10/14 5 A. 3/9; C. 17; P. 16; V. 1/5. Parra en parle comme d un poisson très-sa- voureux et que l'on peut manger sans crainte de la si^uatera. Le Mésoprion jocu. {Mesoprion jociij nob.; ^ nthias j'ocu^ B\., Sclm.) Les Antilles ont une espèce très-voisine et qui parait devenir aussi grande , mais qui s en distingue par une suite de points argentés, lisérés de brun, ré- gnant sur la joue et sous l'œil. M. Plëe, qui nous Ta envoyée de la Marti- nique, lui donne le nom de sarde à dents de chien, comme à la précédente. Il dit dans ses notes, que sa couleur générale est rose, mais que, les pec- torales exceptées, ses nageoires sont jaunâtres j que les taches de sa joue sont d'un gris blanchâtre, et qu'on en pêche de douze à quinze livres. CHAP. XIV. MÉSOPRIONS. 467 Parra, dans ses Poissons de la Havane (pi. 23, fîg. 2), la représente très-bien sous le nom de jocu, et c'est Yanthias jocu de Schneider (p. 3 10, n.° 22). Selon le premier de ces au- teurs, dans l'état iïais, la couleur de la tête et d'une partie du corps est d'un rouge d'ocre vif et le reste d'un jaune t^'or. Il y en a de très-grands ; mais c'est un des poissons qui occasionnent le plus facilement ce que les colons espagnols nomment la si- gnalera. D. 10/15; A. 3/9; C. 19; P. 17; V. 1/5. Le Mésoprion a raie. {Mesoprion litura, nob.) M. Poiteau nous a envoyé de Cayenne un poisson très-semblable au Jocu ^ mais dans lequel, au lieu de points , il n'y a sur la joue qu'une ligne continue. Peut-être n'en est-ce qu'une variété. D. 10/15; A. 3/8; C. Il; P. 16; V. 1/5. Nous le croyons d'autant plus, qu'il s'en est trouvé dans les collections de M. Plée un troi- sième, péché à Saint-Thomas, où une ligne, en partie continue, en partie divisée, règne de- puis le milieu du sous-orbitaire et en passant sous l'œil jusqu'à l'angle du préopercule. / 468 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. D'après les notes qui l'accompagnaient, ce pois- son, frais, est d'une belle couleur rouge; la ligne et les taches sont bleues. L'espèce devient très -grande et pèse de vingt à trente livres. D. 10/15; A. 3/9; C. 17; P. 16; V. 1/5. Le Mésoprion a ligne. {Mesoprion linea, nob.) Parmi les poissons que M. Poey nous a rap- portés de Cuba, se trouve un petit mésoprion encore très-semblable aujocuy et qui a sous l'œil une ligne étroite couleur d'argent, lisérée de brun , allant depuis le milieu du maxil- laire au préopercule et se divisant sur l'opercule en points séparés. Il est d'un brun olivâtre, plus pâle sous le ventre, et a sept ou huit bandes verticales d'un jaune plus clair. Ses nageoires sont olivcàtres. Le bord de la partie épmeuse de la dorsale est jau- nâtre. Les ventrales sont jaunes. D. 10/15: A. 3/8: C. 17; P. 15; V. 1/5. Nos individus sont longs de trois à quatre pouces. Nous en avons d'un peu plus grands et aligne plus interrompue, apportés de Saint-Domingue par M. Ricord. Il s'agira de savoir si ce ne sont pas encore des jeunes individus de l'espèce du jocu. Le bodianus fasciatiis (BL, Schn., pi. 6^), CHAP. XIV. MÉSOPRIONS. 469 appelé striatus dans le texte (p. 335), et IVzZ- phestes sanihra {ih., pl. 5i et p. 236, où il est nommé ^emhra\ sont sans aucun doute des mésoprions, et même le premier nous parait rentier absolument dans notre niésoprion li- îieciy dont il a les formes, les nombres, les bandes et jusqu'à la ligne de la joue. Je doute donc beaucoup qu il vienne, comme le veut Bloch, des Indes orientales. Le Mésoprion gris. {Mesoprion griseus , iiob.)i Nous devons à M. Ricord un mésoprion que l'on nomme à Saint-Domingue sarde grise ^ et qui nous parait différent de tous les précédens. Sa tête est un peu plus aiguë. Il a à la mâchoire supérieure deux fortes canines, quelquefois doubles, et plusieurs dents coniques très-aiguës; à l'inférieure les canines de devant sont plus faibles que celles d'en haut; mais les dents latérales, au nombre de dix ou douze, sont bien plus fortes que celles qui leur répondent en haut : elles sont semblables à des canines, comme dans la sarde à dents de chien; mais moins fortes et beaucoup plus nombreuses. Il n'y a aucune saillie à son interopercule, et presque pas 1. Bodianus vh^anet , Lacép. ; Sparus fetracanihus, BI.; Cichla tetracantha, Schn., p. 358? 470 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. d'arc renirani à son préopercule. Ses teintes sont grises, tirant au lUas vers le dos, et sur les bords de la dorsale et de la caudale; et en aurore vers le bas des flancs et aux ventrales ; l'anale est aussi plus ou moins rose ou lilas. La gorge, la poitrine et le ventre sont blancs; les écailles ont chacune une tache jaunâtre, qui forment des lignes longitudinales un peu obliques, plus mar- quées sur les flancs, plus fondues avec le gris sur le dos, La caudale est taillée en croissant. D. 10/14; A. 3/8, etc. JNotre individu de Saint-Domingue est long de dix pouces. Nous en avons un de la Martinique, long de dix-huit. Le lut j anus acutirostris, publie par M. Des- maiest (Dec. ichtyoL, pi. 2, fjg. 1 ), et dans le Dictionnaire classicjue crhistoire naUirelle , n'est qviun individu décoloré et jeune cie cette sarde ^rise. Le peintre a ménie négligé les ves- tiges de taches et de lignes qui restaient à son modèle. En examinant bien le vélin d'Aubriet, copié de Plumier, qui porte pour étiquette : pagrus leucophœus minora vulgo vivanet gris, apud Martinicam y et qui a été peu exactement gravé dans M. de Lacépède (t. IV, pi. 4 5 fig- 3) sous le nom de hodian vivajiet , je me suis con- vaincu que c'est un de nos mésopiions, et même CHAP. XIV. MÉSOPRIONS. 471 cest à l'espèce actuelle qu'il m'a paru ressem- bler le plus. Ce qui est encore plus sur, c'est que le même dessin de Plumier, reproduit dans un autre manuscrit de cet observateur, sous le nom dVinthias majora a servi d'original à la planche 279 de Bloch ou à son spams te- tracantJius, qui, dans l'édition de Schneider, p. 338, est devenu le cichia tetracantha , mais Bloch l'a enlumine trop brun et a donné à lé- caille surscapulaire un éclat d'argent dont il n'y a nulle trace dans la peinture d'Aubriet, tout enclin qu'était ce dernier à exagérer les couleurs tranchantes. On voit dans ces figures l'appa- rence de quatre épines anales, nombre que je n'ai trouvé parmi les mésoprions que dans le seul mésoprion purpureus ; mais je sais par ex- périence que Plumier était fort peu exact à distinguer les nombres et les diverses sortes des rayons. On ne comprend pas d'après quelle confu- sion de notes ou d idées Shaw ^ a fait de ce spare tétracanthe de Bloch un synonyme du spams falcatus de Bloch, ou harpéhieu doré de Lacépède, qui est une chéiline. 1. Shaw, Gen. zool., t. IV, 2/ part., p. 4o9- 472 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. Le Mésoprion jaunâtre. {Mesoprion Jlavescens, nob.) M. Plée nous a envoyé de la Martinique un petit mësopiion de même forme que la sarde grise, avec des bandes verticales, plus pâles sur le dos et les nageoires, jaunâtres, sans lignes ni points sur la joue. D. 10/15; A. 3/8; C. \1; P. 17: V. 1/5. Si, dans ce genre, les jeunes individus se distinguaient, comme dans celui des sconibres, par des bandes verticales, ce poisson pourrait bien n'être que le jeune de la sarde grise. Le Mésoprion a nageoires bleues. {Mésoprion cjanopterus , nob.) Nous avons reçu du Brésil, par M. Dela- lande, une espèce que l'on pourrait être tenté de confondre avec Xoreille noire^ à cause de la tache noire qu'elle a à la naissance de la pec- torale; mais cette tache est au-dessus de la base de la nageoire. Ce poisson a d'ailleurs des proportions moins svcltes, plus rapprochées de celles de la sarde à dents de chien. Il paraît avoir été assez doré , teint de brun vers le dos, de rougeâtre sous le corps, et de blanc CHAP. XIV. MÉSOPRIONS. 475 OU de rose aux mâchoires et à la gorge. La dentelure de son préopercule est extrêmement fine; à peine y a-t-il une apparence d'arc rentrant; Topercule finit en angle mousse et plat. Ses canines sont très-pointues. Il en a deux fortes à la mâchoire supérieure, outre plusieurs petites, et quatre de chaque côté à Tinfé- rieure. Sa dorsale et son anale s'arrondissent en ar- rière, et sa caudale est presque carrée. La membrane de sa caudale et de la partie molle de sa dorsale et de son anale est d'un noir bleuâtre, mais le bord an- térieur et postérieur de l'anale est blanc ; les pecto- rales et les ventrales paraissent avoir été jaunes. Je ne vois aucune tache latérale. D. 10/14; A. 3/8; C. 19; P. 17; V. 1/5. Le Mésoprion pargo. {Mesopt^ion pargus , nob.) M. Plëe nous a envoyé de Porto-Rico un grand mésoprion que l'on y appelle el par^o^ et qui a, comme le précédent, une tache noire au- dessus de la base de la pectorale ; mais ses grosses dents latérales d'en bas sont au nombre de six ou sept, inégales et très-fortes; ses quatre canines su- périeures sont aussi très-fortes : la lubérosité de son interopercule est assez prononcée, et sa caudale est coupée en croissant. D. 10/14; A. 3/8, etc. L'individu est long de vingt-sept pouces. A l'état sec il parait d'un brun-jaunâtre uniforme. Selon M. Plée, à l'état frais , ses écailles sont tachées de rouge. 47 i LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. On a pu remarquer que nous avons fait com- mencer celte histoire des mésoprions par quel- ques espèces de la mer des Indes, à cause de la ressemblance que leur tache latérale leur donne avec certaines diacopes, et que la même circonstance nous en a fait décrire immédiate- ment après quelques espèces d'Amérique, des- quelles nous avons passé aux autres de la même mer. INous revenons maintenant à la mer des Indes et aux espèces sans tache latérale qu'elle possède, et qui n'y sont pas moins nombreuses que les diacopes. Le Mésoprion sans tache. (Mesoprion immaculatus.) On y voit se reproduire dans les deux genres des combinaisons semblables de couleurs j et comme elle a une diacope sans taches, elle a aussi un mésoprion de couleur uniforme. M. Du- vaucel nous la envoyé de Sumatra. Ses formes sont les mêmes que celles de VunimSi- culatiis; mais il paraît enlièrement d'un brun ou d'un olivâtre plus ou moins foncé, qui pâlit en dessous et y devient jaunâtre et un peu doré. On aperçoit sur son dos des lignes noirâtres qui descendent oblique- ment vers la ligne latérale, et sur ses flancs des lignes longitudinales. L'angle de son préopercule est un arc CHAP. XIV. MÉSOPRIONS. 475 très-peu saillant et crénelé; au-dessus est un arc un peu rentrant, et le bord montant n'a point de dente- lures. L'opercule osseux finit par deux angles obtus et plats. Ses canines sont fortes , mais simples. D. 10/13; A. 3/8; C. 17; P. 14; V. 1/5. Notre individu n'a que sept à huit pouces. Le Mésoprion a nageoires jaunes. {Mesoprion Jlcmpinnis , nob.) M. Lesclienault en a envoyé un très-grand, quelquefois long de cinq pieds, qui se nomme à Pondichëry sankin-karva. Ses formes sont les mêmes que celles de \iinima- culatus, si ce n'est que son interopercule est plus large et plus horizontal à son bord supérieur. Ses dents latérales d'en haut sont aussi plus petites et plus nombreuses. Ses pectorales sont pointues. Il est grisâtre vers le dos, blanchâtre sous le ventre, et a partout une teinte argentée. Toutes ses nageoires sont jaunâtres, ainsi que son iris. D. 10/14; A. 3/9; C. 17; P. 17; V. 1/5. C'est un bon manger. Le Mésoprion rougeatre. {Mésoprion ruhellus , nob.) Une autre espèce de la même mer, nommée simplement kar^ciy atteint quatre pieds. 476 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. Ses écailles sont plus petites, plus nombreuses; ses pectorales plus faibles, plus courtes à proportion que dans le précédent; ses dents plus petites. Dans l'état frais, selon M. Leschenault, il est marbré de rouge et de blanc; chaque écaille ayant la base rouge et le bout blanc. Le ventre est blanchâtre et l'iris rougeâtre. D. 11/13; A. 3/9; C. 17; P. 17; V. 1/5. Notre individu est long de treize pouces. M. Ehrenberg en a rapporté un tout sem- blable de la mer Rouge, et qui a seulement un rayon épineux de moins et un mou de plus à la dorsale. Du reste, il l'a vu d'une belle cou- leur de vermillon, et le bord de chaque écaille blanc. Il l'avait nommé diacope niacrolepis^ Ce nom de Jicirva ou kaiwah paraît s'appli- quer à plusieurs poissons. Russel en donne un, pi. 89; mais qui, n'ayant point de dentelure ni d'arc rentrant au préopercule , est proba- blement un lethrinus. Le Mésoprion sillao. (MesoprioJi sillaoOj nob.) Le sillaoo de Russel, pi. loo, ressemblerait davantage a notre espèce précédente; mais cet auteur lui attribue des couleurs un peu diffé- rentes. Les flancs, le corps et la poitrine rougeâtres; le CHAP. XIV. MÉSOPRIONS. 477 dos cendré; des taches jaunes sur un fond clair aux joues; du rouge aux nageoires caudale et anale et aux ventrales. Cependant la forme est la même et les nombres de ses rayons ne diffèrent point de l'indi- vidu de M. Elirenberg. C'est au moins une espèce très-voisine. D. 10/14; A. 3/9; C. 18; P. 16; V. 1/5. Russel dit que la caudale est quelquefois d'un rouge foncé, et a chaque lobe tacheté de jaune; mais peut-être a-t-il pris encore cette circonstance sur une autre espèce. Le Mésoprion croissant. {Mesoprion lunulatus ^ nob.) Le perça lunulata de Sumatra, décrit par Mungo-Park (Trans. de la Soc. Linn. , t. III, p. 35, pi. 6), ou le lutjan croissant de M. de Lacépède (t. IV, p. 21 3), est aussi un méso- prion, et très-voisin de ceux dont nous venons de rapporter les descriptions. Ce poisson est représenté d'une couleur rougeâtre, avec une bande noirâtre, un peu arquée sur la base de la caudale. Ses formes et les nombres de ses rayons sont encore les mêmes. D. 10/14; A. 3/9, etc.' 1. La figure donne D. 10/15, A. 2/9; mais le texte porte les nombres ci-dessus. 478 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. Le Mésoprion olivâtre. {Mesoprion olivaceus ^ nob.) MM. Quoy et Gaymard ont rapporté de Waigiou un mësoprion assez semblable aux deux prëcédens, mais dont le museau est plus court et qui a une très- fine dentelure à tout le bord montant et même dans l'arc rentrant de son préopercule. La partie inférieure de l'angle est crénelée. Son opercule se termine par deux angles arrondis. Il paraît olivâtre et tirant au jaunâtre vers le ventre. S'il a des lignes, elles sont presque imperceptibles. Ses canines, et en général toutes ses dents, sont plus fortes que dans Vimma- culatus; mais les épines de sa dorsale sont plus grêles; ses écailles sont aussi plus grandes. D. 10/13; A. 3/8, etc. Le Mésoprion érytroptère. {Mésoprion erjthi^opterus; Lut j anus erjthropter rus y Bl., pi. 249.) Le lut jaillis erythropterus de Bloch^ pi. 2/^9, ressemble beaucoup à cet olivaceus , si ce n'est que la figtire lui donne une épine de plus à la dorsale et les représente toutes plus fortes. Il y paraît enluminé d'une couleur d'argent, avec les nageoires rouges et des teintes rouges sur l'oper- CHAP. XIV. MÉSOPRIONS. 479 cule et le préopercule ; mais on sait que les planches de Bloch, enluminées d'après des individus dessé- chés, sont en général très - éloignées de rendre les vraies couleurs des poissons. Les nombres indiqués sont : D. ll/13j A. 3/9, etc. Le Mésoprion lutjan. {Mesoprion lutj anus ,nob.; Lutjanus lut j anus, Bl.) C'est ici que doit se placer le lutjanus lut- janus àe Bloch, pi. 245, qui a des lignes obliques sur le dos et des lignes longitudinales sur les flancs, comme \ lui maculât as. Qui ne le connaîtrait que d'après le texte de Bloch, lui croirait neuf épines et quatorze rayons mous à la dorsale : la figure en montre neuf des premières et treize seulement des autres- mais ni l'un ni l'autre de ces nombres n'est exact. Nous avons examiné l'individu même qui a servi de sujet à Bloch, et ses nombres sont : D. 10/135 A. 3/8; C. 17; P. 16; V. 1/5. Son museau est de la forme de Volkaceas, et ses canines aussi. La partie montante de son préopercule n'a pas de dentelures; mais on y voit, vers le bas, un très-petit arc rentrant, sous lequel est l'angle, ar- rondi et crénelé, ainsi que le bord inférieur. Ses ca- nines antérieures sont fortes ; son sous-orbitaire n'a point du tout les dentelures que Bloch y marque; et, au contraire, son opercule osseux se termine par 480 LIVRE TROISIÈME. PERCOIDES. deux pointes plates qu'il ne marque pas. La figure est aussi plus grande que l'original, qui n'a que sept pouces. On peut de nouveau juger par cet exemple du peu d'exactitude de ce magnifique ouvrage. L'étiquette diikan-liitj ang , encore attachée à cet individu, est ce quia donné naissance au nom de lutjanuSy appliqué à tout le genre dans lequel Blocli le plaçait. Etant en langue ma- laise, elle prouve que le poisson venait des Mo- luques ou de Java, et non pas du Japon, comme l'a dit Blocli et comme on l'a répété après lui. Cependant nous ne trouvons pas ce nom dans Vlaming, ni dans ses copistes. Renard et Va- lentyn. Le Mésoprion du Malabar. {Mesoprion malaharicus , nob. ; Spams malaba- ricus , Bl., Schn.) Le spams nialaharicus de Blocli ( édit. de Schn., p. 278, n.° 34), que nous avons examiné nous-mêmes, est un vrai mésoprion, et doit se ranger avec les précédens. Les deux rangées de grandes écailles à la nuque ei celle qui entoure le dessous de l'oibiie, jjIus ou moins distinctes dans tous les mésoprions , sont mieux prononcées dans celui-ci que dans aucun autre CHAP. XIV. MÉSOPRIONS. 481 et autant que dans la diacope Sebœ. Sa dorsale s'é- lève un peu en arrière, et sa caudale est coupée car- rément. Il a le museau assez court, les canines de force médiocre; les dentelures du bord montant de son préopercule sont si fines qu'on les voit à peine; mais, au-dessous de l'arc rentrant, l'angle arrondi a des crénelures qui vont jusqu'à moitié du bord in- férieur. B. 7 '; D. 11/14; A. 3/lf; C. 17; P. 16; V. 1/5. Il paraît avoir eu des lignes obliques sur le dos, comme tant d'autres espèces du genre, et qui des- cendent même au-dessous de la ligne latérale; mais, dans son état de dessèchement, il n'offre plus guère qu'une teinte générale grisâtre. L'individu est long de huit pouces. Blocli l'a reçu de la côte de Coromandel, et on ne voit pas trop pourquoi il lui a donne l'épithète de nialaharique. Le Mésoprion rangoo. {Mesoprion rangus , nob.) La côte de Coromandel produit une autre espèce sans taches, qui devient plus grande que les individus que l'on possède des précédentes. Elle a été décrite et représentée fort exacte- ment par Russel parmi ses Poissons de Vizaga- 1. Blocli , loc. cit. , dit B. 8 ; mais c'est une erreur qui vient de ce que le rajon supérieur a un sillon sur sa longueur. 2. 3l 482 LIVRE TROISIÈME. PERCO'lDES. patam (rîg. 94)? sous le nom de tyiii^oo; et MM. Ruhl et Van Hasselt en ont envoyé deux individus de Java au Musée royal des Pays- Bas. Sa taille et toutes ses formes rappellent notre mé- soprion cynodon d'Amérique. Seulement le rangoo a la dorsale un peu plus avancée ou plutôt le crâne et la nuque un peu plus courts à proportion. La longueur de sa tête égale sa hauteur et est comprise trois fois et demie dans sa longueur. Ses dents sont en velours très-fin au vomer, aux palatins et aux mâchoires; mais celles-ci en ont tout autour un rang de plus fortes, crochues, inégales, et en outre sa mâchoire supérieure a deux fortes canines, entre lesquelles en sont deux autres petites. Le sous-orbitaire est assez grand , nu ; le préopercule finement dentelé au bord montant, échancré par un arc très-peu profond et fortement dentelé à l'angle; le subopercule et l'oper- cule sont écailleux ; l'opercule se termine par un angle obtus; les pectorales sont longues et pointues, la caudale coupée carrément; la ligne latérale droite; les écailles lisses et de grandeur moyenne. Dans la liqueur et dans l'état sec sa couleur paraît jaunâtre sur le corps et noirâtre sur le dos et à la dorsale. Russel, qui l'a vu frais, dit qu'il a la face et le dos d'un pourpre foncé, que les côtés et le dessous de- viennent rougeâtres; que la pectorale est orangée et les autres nageoires d'un pourpre plus clair que le dos; enfin, que le bord de la caudale est d'un rouge brun. CHAP. XIV. MÉSOPRIONS. 483 Les individus de Leyde n'ont qu'un pied de long; mais il y en a, selon Russel, de vingt-six pouces. Les Européens l'estiment peu. D. 10 13 ou 14; A. 3/8; C. il; P. 16; V. 1/5. Le Mésoprion yapilli. {Mesoprion yapilli , nob.) \je. japilli de Russel, pi. g5, est aussi un mésoprion. Nous Tavons reçu depuis peu par M. Dussumier. Il devient grand ; ses canines antérieures d'en haut et les latérales d'en bas sont assez fortes; son pré- opercule est finement denteié, à dentelures nom- breuses et petites, mais fortes, et rentre légèrement vis-à-vis d'un renflement très-peu marqué de l'm- teropercule. Ses écailles ont plus de cinquante stries à leur éventail , mais elles sont lisses et ont les bords entiers à leur partie visible. D. 10/14; A. 3/8 ■; C. 17; P. 16; V. 1/5. C'est un beau poisson argenté, tirant au doré, lé- gèrement teint de verdàtre vers le dos et de rosé ou de cuivré à la tête et au ventre. Le long du des et des flancs courent des lignes formées par une tache brune sur le milieu de chaque écaille; les nageoires sont jaunâtres. Notre individu est long d'un pied et il y en a de dix-huit pouces. 1. Les derniers rajons de ces nageoires sonl fourchus; ce qui en fait compter un de plus à Russel. 484 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. Le Mésoprion porte-anneau. {Mesoprlon annularis , nob.) Le Cabinet du Pioi possède une jolie espèce, qui nous a paru pouvoir être appelée annu- laire, parce quelle porte comme marque dis- tinctive sur le dos de la queue, derrière la dorsale , une tache noire ou brune, entourée plus ou moins complètement d'un cercle blanchâtre. Lorsque ce cercle est incomplet, il forme au moins un crois- sant au bord antérieur. Le corps paraît avoir été plus ou moins argenté. MM.Kulil et Van Hasselt ont envoyé de Java un individu de cette espèce où les couleurs pa- raissent mieux conservées. Le dos y est d'un rouge brun; des lignes brunes, obliques, nombreuses, un peu ondulées, y régnent sur le corps; le ventre est argenté. On voit deux taches brunes, en forme de bande, au-dessus des yeux. D. 11/13, A. 3/8; C. 17; P. 16; V. 1/5. Les individus n'ont que quatre ou cinq pouces. CHAP. XIV. MÉSOPRIONS. 48IS Le Mésoprion a demi- ceinture. {Mesoprion semicinctus , nob.)^ Un autre mësopiion, rapporté des iles de Waigiou et de Rauwack par les naturalistes de l'expédition de M. Freycinet, est gris, un peu argenté sous le ventre, et a sept bandes verticales brunes, qui finissent un peu au- dessous de la ligne latérale. La queue est presque en- tièrement occupée par une large bande noire. Ses canines supérieures sont doubles et fortes. D. 10/13; A. 3/9; C. 17; P. 14; V. 1/5. Peut-être cette espèce ne diffère-t-elle pas essentiellement de la précédente et n'en est- elle que le jeune âge. Le Mésoprion gembra. (Mésoprion gembra, nob.) Nous avons reçu par feu Pérou un petit mé- soprion un peu moins alongé que le précédent, et qui , dans la liqueur, montre sur un fond brun des bandes verticales encore plus brunes. Sa dorsale a des. taches brunes entre ses rayons épineux et des points 1. Luijamis semicinctm , Qnoy et Gaymavtl, Zool. deFre_>Tin., p. 3o3. 486 LIVRE TROISIEME. PERCOÏDES. bruns entre les autres. Le bord inférieur de son anale est noir. D. 10/13; A. 3/8; C. 17; P. 16; V. 1/5. Tout nous fait croire que c'est un poisson pareil que Bloch a représenté {Syst. posth., pi. 5i et p. 236) sous le nom ô^alphestes sam- hra ou ^enihra. On en retrouve absolument tous les caractères dans notre individu; mais nous n'en croyons pas moins que cet individu est un jeune et peut-être d'une des espèces que nous avons décrites précédemment. Suivant Bloch, le ^cmhra venait de Tran- quebar. Il remonte les rivières, atteint une lon- gueur d'un pied, et passe pour un manger sa- voureux. L'autre alpliestes de Blocli {Sjst. posth., p. 236), qu'il avait d'abord nommé epinephe- liis afer (pi. '^i'^ de son grand ouvrage), étant un véritalîle serran , le genre alpliestes doit tomber. Le caractère, sur lequel il reposait, d'écaillés operculaires plus grandes que celles de la joue, est très-léger, et y ferait rapporter une infinité de poissons fort étrangers les uns aux autres. CHAP. XIV. MÉSOPRTONS. 487 Le Mésoprion treillissé. (Mesoprion deciissatus , K. et V. H.) Enfin, MM. Knhl et Van Hasselt ont envoyé de Java un mesoprion dont le préopercule, finement dentelé , a une éclian- crure large en forme de sinus très-peu profond. Ses dents canines sont fortes en haut 5 celles de la mâchoire inférieure le sont aussi un peu. Il a les dents palatines et vomériennes en velours très-fin et à peine visibles. Ses pectorales sont longues et pointues; son anale est un peu plus haute que sa dorsale; sa caudale est taillée en croissant peu profond. D. 10/13; A. 3/7; C. 17; P. 16; V. 1/5. Le fond de sa couleur est olivâtre vers le dos, jaunâtre aux flancs, rosé sous le ventre. Cinq bandes longitudinales rousses sont croisées par sept bandes brunes verticales , qui ne descendent pas au-delà des flancs, et forment ainsi, le long du dos, deux séries de carrés olives ou jaunes. H y a une tache noire de chaque côté de la queue. La base de la dorsale et de la caudale est noirâtre. L'individu est long de dix pouces. Voilà les mésoprions que nous avons obser- vés par nous-mêmes. 11 convient maintenant que nous parlions des poissons décrits et re- 488 LIVRE TROISIÈME. PERCOÏDES. présentes par d'autres auteurs, qui nous pa- raissent devoir appartenir à ce genre. Il en est deux que nous ne pouvons décrire que d'après Russel, qui en a fait des spams ; mais comme il dit que leur palais est rude, et comme ses ligures montrent aux opercules les caractères de nos mésoprions , nous croyons pouvoir les placer sans erreur à la suite du rangoo. Le Mésoprion chirtah. (Mesoprion chirtah, nob.) Le premier est le chirtah de Russel (t. I, pi. 93). Les écailles sont plus petites à proportion, et ses rayons plus nombreux que dans la plupart des autres espèces. Ses épines dorsales et anales sont plus grêles. Il a la tête d'un rouge-cuivré brillant ; le dos de la même couleur, mais avec un mélange de blanchâtre; le ventre et la gorge blancs, teints de jaune rous- sâtre; ses nageoires verticales sont d un rouge obscur; les pectorales et les ventrales d'un rouge pâle; les dernières tachetées de noir. D. 11/15, A. 3/9; C. 17; P. 16; V. 1/5. L'individu décrit était long de treize pouces. CHAP. XIV. MÉSOPRIONS. 489 Le Mésoprion caroui. {Mesoprion caroui j nob.) Le karooi ( carouï) de Riissel (t. Il , pi. i 25) est un peu moins haut à proportion que les autres j a la tête presque entière couverte de petites écailles j le crâne rouge foncé ; les opercules et les lèvres jau- nes; le dos brun jaunâtre, avec des filets obliques jaune foncé; sur les flancs et le ventre des filets lon- gitudinaux, au nombre de six ou sept, d'un jaune en- coie plus prononcé; le ventre blanc; les nageoires verticales jaunes; les nageoires paires jaunes, mêlées de blanc. D. H/12; A. 3/9; C. 19; P. 16; V. 1/5. Le Mésoprion blanc-or. {Mesoprion albo-aureus , nob.; Lut j anus albo- aureus y Lac.) A ces mësoprions décrits par Russel, j'en joins un dont Commerson a laissé un dessin, et, à ce qu'il parait, un fragment de descrip- tion * j mais que nous n avons pas retrouvé parmi les espèces qu'il a rapportées en nature : 1. Cette description est précédée de cette phrase : ylspro lineis aureis circiter decem utrinque virgatus , pinnœ dorsalis posterions fastigio et cauda nigris. 490 LIVRE TROISIEME. PERCOIDES. c'est le lut j an blanc -or de M. de Lacëpède (t. IV, pi. 7,%.,). Ses formes sont celles des mésoprions les plus or- dinaires , et sa taille à peu près celle de la perche. Il est caractérisé dans le dessin par sept lignes longi- tudinales qu'il a de chaque côté, depuis les ouïes jusquà la queue, et par huit ou dix qui occupent ses opercules et sa joue. Elles paraissent rougeâtres sur un fond d'argent. Le bord de la partie épineuse de la dorsale paraît roux; la partie molle est teinte de noirâtre, avec un bord plus noir; la caudale est noirâtre et l'anale roussàtre; les nageoires paires pa- raissent grises. D. 10/14 ; A. 3/8 ; C. n ; P. 16 ; V. 1/5. En supposant que la description s'y rapporte, les lignes latérales iraient à dix, et seraient dorées sur un fond blanchâtre, plus brun vers le dos. Les pecto- rales, les ventrales et l'anale seraient jaunâtres, et il aurait une écaille longue sur chaque ventrale, comme les spares. Ses dents seraient en velours, avec un rang de plus fortes au bord , el les deux antérieures de la mâchoire d'en haut seraient plus grandes. FIN DU TOME SECOND. // M Date Due '««:;.^,. ' ^ 1*j -f ,fe. "V^^* ^ ^^*