r^ v ^*. . ■»- — »J- , /' %■ ■ i^^ X^~ \. /^ l kAI^ i.^^ HISTOIRE NATURELLE DE LACEPEDE. IMI'. I-.T I.ITli. |,|.; ,:||. VANDKliAlWKMA .Mnlil;iL'lic-;iil\-lliTl'rs-I'i)t;li;rii'.;. i',, s??. ^ Z // HISTOIRE NATURELLE DE LACÉPÈDE COMPRENANT LES CËTACÉES, LES QUADRUPÈDES 0V1PAKES LES SERPENTS ET LES P01SS0x\S i\i»lIVKLLE ÉDITIOi\ rnF.( KDF.F. DE i/ÉLOGF, DE I. Af.KPF.DF PAR CUVIER AVEC DES NOTES ET LA NOUVELLE CLASSIFICATION DE M. A.-G. DESMAREST CoirospoïKlant (k l'Acatlemie des Sciences, membre de rAcadémie de Médeeino. inoffr.sciir de Zoologie à l'École>etfoivii*e«(rîW4prt, etc. TOME SECOND BRUXELLES ADOLPHE DEROS ET COMP.. ÉDITEURS RI f; DE l'empeurur, -n l8oô NSâixl^ > HISTOIRE NATURELLE DES POISSOxNS. (1798-1803.) POISSONS OSSEUX. Lorsque nous avons, par la pensée, réuni autour de nous les diverses espèces de pois- sons qui peuplent les mers ou les eaux douces du globe, lorsque nous les avons con- traintes, pour ainsi dire, à se distribuer en différents groupes, suivant l'ordre des rapports qui les distinguent, nous les avons vues se séparer en deux immenses tribus. D'un côté ont paru les poissons carlilagineux ; de l'autre, les osseux. Nous nous sommes occupés des premiers ; examinons avec soin les seconds. Nous avons assez indiqué les différences qui les séparent ; exposons donc, au moins rapidement, les ressemblances qui les rappro- chent. Elles sont grandes, en effet,ces ressemblances qui les lient. Les formes extérieures, les organes intérieurs, les armes pour attaquer, les boucliers pour se défendre, la puis- sance pour nager, l'appareil pour le vol, et jusqu'à cette faculté invisible et terrible de faire éprouver à de grandes distances des commotions violentes et soudaines, tous ces attributs que nous avons remarqués dans les cartilagineux, nous allons les retrouver dans les osseux. Nous pouvons, par exemple, opposer au\ pétromyzoïis et aux gastro- branches, les cécilies, les murènes, les ophis ; aux raies, les pleuronectes; aux squales, les ésoces; aux acipensères, les loricaires ; aux syngnathes, les fistulaires ; aux pégases, les trigles et les exocets; aux torpilles et au tétrodon électrique, le gymnote et le silure, également électriques ou engour(lissanls. A la vérité, les diverses conformations des car- tilagineux ne se remontrent dans les osseux qu'altérées, accrues, diminuées, ou du moins différemment combinées ; mais elles reparaissent avec un assez grand nombre de leurs premiers traits, pour qu'on les reconnaisse sans peine. Elles annoncent toujours l'identité de leur origine ; elles attestent l'unité du modèle d'après lequel la nature a façonné toutes les espèces de poissons qu'elle a répandues au milieu des eaux. Et que ce lype de la vita- lité et de l'animalité de ces innombrables animaux est digne de raticnlinn des philo- sophes! Il n'appartient pas, en effet, exclusivement à la grande classe dont nous cherchons à dévoiler les propriétés : son influence irrésistible embrasse tous les êtres qui ont reçu la sensibilité. Bien plus, son image est empreinte sur tous les produits de la matière organisée. La nature n'a , pour ainsi dire, créé sur notre globe qu'un seul être vivant, dont elle a ensuite multiplié des copies plus ou moins modifiées. Sur la [)lanète (jue nous habitons, avec la matière brute que nous foulons aux pieds, au milieu de l'atmosphère qui nous environne, à la distance où nous sommes placés des différents corps célestes qui circulent dans l'espace, et sous l'empire de cette loi qui commande à tous les corps et les fait sans cesse graviter les uns vers les autres, il n'y avait peut-être qu'un moyen unique de départir aux agrégations de la matière la force organique, c'est-à-dire le mouvement tiCtPEEDE. — TOME 11. 24ÛO 6 HISTOIRE NATURELLE de la vie et la chaleur du sentiment. 3Iais comme cette cause première présente une quan- tité infinie de degrés de force et de développement, et que par conséquent elle a donné naissance à un nombre incalculable de résultats produits par les difterenles combinaisons de cette série immense de degrés, la nature a pu être aussi admirable par la variété des détails qu'elle a créés, que par la sublime simplicité du plan unique auquel elle s'est asservie. C'est ainsi qu'en parcourant le vaste ensemble des êtres qui s'élèvent au-dessus de la matière brute, nous voyons une diversité, pour ainsi dire, sans bornes, de gran- deurs, de formes et d'organes, devenir, par une suite de toutes les combinaisons qui ont pu être réalisées, le principe et le résultat d'une intussusception de substances très-divi- sées, de l'élaboration de ces substances dans des vaisseaux particuliers, de leur réunion dans des canaux plus ou moins étendus, de leur mélange pour former un liquide nutritif. C'est ainsi qu'elle est la cause et l'eft'et de l'action de ce liquide, qui, présenté dans un élat de division plus ou moins grand aux divers fluides que renferment l'air de l'atmo- sphère, ou l'eau des rivières et des mers, se combine avec celui de ces fluides vers lequel son essence lui donne la tendance la plus forte, en reçoit des qualités nouvelles, parcourt toutes les parties susceptibles d'accroissement ou de conservation , maintient dans les fibres l'irritabilité à laquelle il doit son mouvement, devient souvent, en terminant sa course plus ou moins longue et plus ou moins sinueuse, une nouvelle substance plus active encore, donne par cette métamorphose à l'être organisé le pouvoir de sentir, ajoute à la faculté d'être mù celle de semouvoir, convertit une sujétion passive en une volonté efficace, et complète ainsi la vie et l'animalité. Nous venons de voir que les mêmes formes extérieures et intérieures se présentent dans les poissons cartilagineux et dans les poissons osseux : les résultats de la conformation prise dans toute son étendue doivent donc être à peu près les mêmes dans ces deux sous- classes remarquables. Et voilà pourquoi les osseux nous offriront des habitudes analogues à celles que nous avons déjà considérées en traitant des cartilagineux, non-seulement dans la manière de venir à la lumière, mais dans celle de combattre, de fuir, de se cacher, de se mettre en embuscade, de se nourrir, de rechercher les eaux les plus salutaires, la température la plus convenable, les abris les plus sûrs. Voilà pourquoi encore nous ver- rons dans les osseux, comme dans les cartilagineux, Tinslinct se dégrader à mesure que des formes très-déliées et un corps très-allongé seront remplacés par des proportions moins propres à une grande variété de mouvements, et surtout par un aplatissement très-marqué. Nous verrons même ce décroissement de l'intelligence conservatrice, dont nous avons déjà parlé, se montrer avec bien plus de régularité dans les poissons osseux que dans les cartilagineux, parce qu'il n'y est pas contre-balancé, comme dans plusieurs de ces derniers, par des organes particuliers propres à rendre à l'instinct plus de vivacité que ne peuvent lui en ôter les autres portions de l'organisation. En continuant de considérer dans tout leur ensemble les osseux et les cartilagineux, nous remarcpicrons que les premiers comprennent un bien plus grand nombre d'espèces rapprochées de nos demeures par leurs liabitations, de nos besoins par leur utilité, de nos plaisirs par leurs habitudes. C'est principalement leur histoire qui, entraînant facile- ment la pensée hors des limites et des lieux et des temps, rappelle à notre esprit, ou, pour mieux dire, à notre cœur attendri , et les ruisseaux, cl les lacs, et les fleuves, et les jeux iiniocents de l'enfance, et les joyeux amusements d'une jeunesse aimante sur les bords verdoyants de ces eaux romantiques. On ébranle vivement l'imagination en peignant l'immense Océan qui soulève majestueusement ses ondes, et les flots tumultueux mugis- sant sous la violence des tempêtes, et les énormes habitants des mers resplendissant au milieu de l'éclalanle lumière de la zone torrido, ou luttant avec force contre les énormes montagnes de glace des contrées polaires : mais on émeut profondément l'âme on lui reiracani la suiface tran(|uille d'un lac qui rènéchit la clarté mélancolique de la lune, ou le niurniure léger d'une rivière paisible qui serpente au milieu de bocages som- bres, ou les mouvements agiles, les courses rapides, et, pour ainsi dire, les évolutions variées de poissons argentés, qui, en se jouant au milieu d'un ruisseau limi)i(le, troublent seuls le silence et la paix d'une live ombragée et solitaire. Les premiers tableaux sont pour lo génie, les seconds appartiennent à la touchante sensibilité. DES POISSONS. TABLEAU DES GENRES DES POISSONS OSSEUX. CLASSE DES POISSONS. LE SANG ROI'GE; DES VEUTliBUES J DES DR.VXCIIIES AU LIEU DE POUMONS. SECONDE SOUS-CLASSE. POISSONS OSSEUX. Les parties solides de l'inlérieur du corps ^ osseuses. PREMIERE DIVISIOIN DE LA SECONDE SOUS-CLASSE, ou CINQUIÈME DIVISION DE LA CLASSE DES POISSONS. Un opercule branchial, et une membrane branchiale. DIX-SEPTIÈME ORDRE DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, ou PREMIER ORDRE DE LA PKEMIÈRE DIVISION DES OSSEUX. GENRES. 22. Cécilie. 23. monoptère. 24. Leptocé- PlIALE. 25. Gymnote. 26. Trichiure. 27. notoptère. 28. Ophisure. 29. Triure. 30. Aptéronote. 51. Régalec. 32. Odontogna- THE. 55. Murène. 34. Ammodyte. 5S. Ophidie. 56.Macrognathe. 37. XipniAs. POISSONS APODES. Point de vogpoi/rs inférieures entre le museau et Vanus. CARACTÈRES. j Point (le nageoires, l'ouverture des branchies sous le cou. ( Point d'autre nageoire que celle de la queue ; les ouvertures des narines placées ( entre les yeux. I Point de nageoires pectorales ni caudales ; l'ouverture des branchies, située en par- ( lie au-dessous de la tête. I Des nageoires pectorales et de l'anus ; point de nageoires du dos ni de la queue. ( Point de nageoire caudale ; le corps et la queue très-allongés, très-comprimés, et en ( forme de lame; les opercules des branchies placés très-près des yeux. 1 Des nageoires pectorales, de l'anus et du dos; point de nageoire caudale; le corps ( très-court. / Point de nageoire caudale; le corps et la queue cylindriques et très-allongés rela- < tivement à leur diamètre; la tète petite ; les narines tubulées; la nageoire dorsale f et celle de l'anus très-longues et très-basses. l La nageoire de la queue très-courte ; celle du dos cl celle de l'anus étendues jus- < qu'au-dessus et au-dessous de la queue ; le museau avancé en forme de tube ; une ( seule deiil à chaque mâchoire. I Une nageoire de la queue; point de nageoire du dos; les mâchoires non extensibles. l Des nageoires pectorales, du dos et de la queue; point de nageoire de l'anus, ni de < série d'aiguillons à la place de cette dernière nageoire; le corps et la queue très- ' allongés. I Une lame longue, large, recourbée, dentelée, placée de chaque côté de la mâchoire \ supérieure, et entraînée par tous les mouvements de la mâchoire de dessous. i Des nageoires pectorales, dorsale, caudale, et de l'anus; les narines tubulées; les ( yeux voilés par une membrane, le corps serpentiforme et visqueux. iUne nageoire cie l'anus ; celle de la queue séparée de la nageoire de l'anus et de celle du dos; la tête comprimée et plus étroite que le corps ; la lèvre supérieure double; la mâchoire inférieure étroite et pointue; le corps très-allongé. t La tête couverte de grandes pièces écailleuses; le corps et la queue comprimés en < forme de lame, et garnis de petites écailles ; la membrane des branchies très- ( large : les nageoires du dos, de la queue et de l'anus, réunies. iLa mâchoire supérieure très-avancée et en forme de trompe; le corps et la queue comprimés comme une lame ; les nageoires du dos et de l'anus distinctes de celle de la queue. 1 La mâchoire supérieure prolongée en forme de lame ou d'épée, et d'une longueur au ( moins égale au tiers de la longueur totale de l'animal, 8 FIISTOIRE NATURELLE GENRES. 38. Makaira. 3'.). ,\narhiqi E. iO. CoMÉI'IIURt. il. Stromatée. i2. Rhombe. CARACTÈRES. !La iHiiclioiie sniJi-rifurc prolongée en forme de lame d'épée, et d'une longueur égale au cinquième ou tout au plus au quart de la longueur totale de l'animal ; deux Ijoucliers osseux et lancéolés de chaque côté de l'extrémité delà queue; deux nageoires dorsales. ( Le museau arrondi; plus de cinq dents coniques; des dents molaires en haut et en ) bas; une longue nageoire dorsale. l Le corps allongé et comprimé; la tête et l'ouverture de la Louche très-grandes; le \ museau large et déprimé; les dents très-petites; deux nageoires dorsales ; plu- f sieurs rajons de l;i seconde, garnis de longs filaments. I Le corps très-comprimé et ovale. iLe corps très-comprimé et assez court; chaque côté de l'animal représentant une sorte de rhombe; des aiguillons ou rayons non articulés aux nageoires du dos ou de l'anus. DIX-HUITIEME ORDRE DE L.\ CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, oc DEUXIÈME ORDRE DE LA PREMIÈRE DIVISION DES OSSEUX. GENRES. 43. Ml'REKOÏDE. •ii. Callio.nyme. 45. Calliomore. 46. Uranoscope. 47. Traciiine. 48. Gade. 49.Batracuoïue. SO. Blenme. SI. Olioopode. .^"2. KCRTE. tiû. CiiRvsos- TROMB. POISSONS JUGULAIRES. Des nageoires situées sotis la gorge. CARACTÈRES. L'ii seul rayon à chacune des nageoires jugulaires; trois rayons à la membrane des branchies; le corps allongé, comprimé, et en forme de lame. La tète plus grosse que le corps ; les ouvertures branchiales sur la nuque ; les nageoi- res jugulaires très-éloignées l'une de l'autre; le corps et la queue garnis d'écaillés à peine visibles. La tète plus grosse (jue le corps ; les ouvertures branchiales placées sur les côtés de l'animal; les nageoires jugulaires très-éloignées l'une de l'autre; le corps et la queue garnis d'écaillés à peine visibles. La tête déprimée, et |)lus grosse que le corps; les yeux sur la partie supérieure de la tête, et Irès-rappiochés; la mâchoire inférieure beaucoup plus avancée que la supérieure; l'ensemble formé par le corps et la queue, presque conique, et revêtu d'écaillés très-faciles à distinguer; chaque opercule branchial composé d'une seule pièce, tt garni d'une membrane ciliée. La tète comprimée, el garnie de tubercules ou d'aiguillons ; une ou plusieurs pièces (le cbaiiue opercule, dentelées : le corps et la queue allongés, comprimés, et couverts de [X'tites écailles; l'anus situé très-près des nageoires pectorales. La tête comprimée : les yeux peu rapprochés l'un de l'autre, et placés sur les côtés de la tête; le corps allon cules composes de |) |is allongé, peu comprimé, et revêtu de petites écailles; les oper- ; |)!usieurs |)ièccs, et bordes d'une membrane non ciliée. l'ouverture de la bouche très-grande; un ou )' La tête très dépiiiiH'e et très-large I plusieuis barbillons attachés autour ou au-dessous de la mâchoire inférieure. i Le corps et I.i ijuenc^allongés et comprimés; deux rayons au moins, et quatre rayons I au plus à ciiacune des nageoires jugulaires. \jnc seule nageoire dorsale ; cette nageoire du dos commençant au-dessus de la tête, el s'éteudant jus{|u'ii la nageoire caudale, ou à peu près; un seul rayon à cha- que nageoire jugulaire. I Le corps très-comprimé et caréné par-dessus ainsi que par- dessous; le corps élevé. 1 Le corps et la queue très-hauts, très-comprimés, et aj,;atis latéralement de manière ( à représenter un ovale; une seule nageoire dorsale. DIX-NEUVIEME ORDRE DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, CL' TROISIÈME ORDRE DE LA PIIE.MIÈRE DIVISION DES OSSELX. ge:e. 58. GOBIE. 59. GoBioÏDE. I 60. GOBIOMORE. l 61. GOOBIOMO- I ROÏDE. i 62. GOBIÉSOCE. < 65. SCOMBBE. l 6i. SCOMBÉROÏOE. | 65. Caranx. 66. Trachinote. 67.Caranxomore 68. CiCsiD. < 69. C^SIOMORE. \ 70. CoRis. ' I 71. gomphose. < 7-2. Naso.v. 73. KipHosE. < 74.0SPHR0KÈ.'UE. l 75. Trichopode. j 76. MONODACTYLE 77. PtECTORHIN- QUE. C\RACTÈRES. Point de nageoire de l'anus. Une nageoire de l'anns; plus d'un rayon à chaque nageoire thoiacinej le corps et la queue très allongés et comprimés en forme de lame ; le ventre à peu près de la longueur de la tète; les écailles très-petites. Une nageoire de l'anus; les nageoires pectorales en forme de disque, et composées d'un grand nombre de rayons ; le corps et la (lueue très-allongés et comprimés en foime de lame : le ventre à peu près de la longueur de la tête ; les écailles très- petites; les yeux a peine visibles j point de nageoire caudale. Les deux nageoires thoracines réunies l'une à l'autre ; deux nageoires dorsales. Les deux nageoires thoracines réunies l'une à l'autre; une seule nageoire dorsale; la tête petite ; les opercules attachés dans une grande pnrtie de leur contour. Les deux nageoires thoracines non réunies l'une à l'autre ; deux nageoires dorsales ; la tête petite ; les yeux rapprochés ; les opercules attachés dans une grande partie de leur contour. Les deux nageoires thoracines non réunies l'une à l'autre ; une seule nageoire dor- sale ; la tête petite; les yeuv rapprochés ; les opercules attachés dans une grande partie de leur contour. Les deux nageoires thoracines non réunies l'une à l'autre; une seule nageoire dor- sale; cette nageoire courte et placée au-dessus de l'extrémité de la queue, très- près de la nageoire caudale ; la tète très-grosse et plus large que le corps. Deux nageoires dorsales; une ou plusieurs petites nageoires au-dessus et au-dessous de la queue ; les côtés de la queue carénés, |ou une petite nageoire composée de deux aiguillons réunis par une membrane au-devant de la nageoire de l'anus. De petites nageoires au-dessus et au-dessous de la queue ; une seule nageoire dor- sale ; plusieurs aiguillons au-devant de la nageoire du dos. Deux nageoires dorsales; point de petites nageoires [au-dessus ni au-dessous de la queue; les côtés de la queue relevés longitudinalement en carène, ou une petite nageoire composée de deux aiguillons et d'une membrane au-devant de la na- geoire de l'anus. Deux nageoires dorsales; point de petites nageoires au-dessus ni au-dessous de la queue; les côtés de la queue relevés longitudinalement eu carène, ou une petite nageoire composée de deux aiguillons et d'une membrane au-devant de la nageoire de l'anus. Des aiguillons cachés sous la peau au-devant des nageoires dorsales. Une seule nageoire dorsale; point de petites nageoires au-dessus ni au-dessous de la queue ; les côtés de la queue relevés longitudinalement en carène, ou une petite nageoire composée de deux aiguillons et d'nne membrane au-devant de la nageoire de l'anus, ou la nageoire dorsale très-prolongée vers celle de la queue; la lèvre supérieure très-peu extensible ou non extensible ;point d'aiguil- lons isolés au-devant de la nageoire du dos. Une seule nageoire dorsale; point de petites nageoires au-dessus ni au-dessous delà queue; les côtés de la queue rele\és longitudinalement en carène, ou une petite nageoire composée de deux aiguillons et d'une membrane au-devant de la nageoire del'anus, ou la nageoire dorsale très-prolongée vers celle de la queue; la lèvre supérieure très-extensible ; point d'aiguillons isolés au-devant de la nageoire du dos. Une seule nageoire dorsale; point de petites nageoires au-dessus ni au-dessous de la queue; point de carène latérale à la queue, ni de petite nageoire au-devant de celle de l'anus ; des aiguillons isolés au-devant de la nageoire du dos. La tête grosse et plus élevée que le corps; le corps comprimé et très-allongé; le premier ou le second rayon de chacune des nageoires thoracines une ou deux fois plus allonge que les autres; point d'écaillés semblables à colles du dos sur les opercules ni sur la tète, dont la couverture lamelleuse et d'une seule pièce représente une sorte de casque. Le museau allongé en forme de clou ou de masse ; la tête et les opercules dénués d'éctfilles semblables à celles du dos. Une protubérance en forme de corne, ou de grosse loupe, sur le nez ; deux plaques ou boucliers de chaque côté de l'extrémité de la queue; le corps et la queue re- couverts d'une peau rude et comme chagrinée. Le dos très-élevé au-dessus d'une ligne tirée depuis le bout du museau jusqu'au milieu de la nageoire caudale; une bosse sur la nuque; des écailles semblables à celles du dos sur la totalité ou une grande partie des opercules, qui ne sont pas dentelés. Cinq ou six rayons à chaque nageoire thoracine ; le premier de ces rayons aiguil- lonné ; et le second terminé par un filament très-long. Un seul rayon beaucoup plus long que le corps à chacune des nageoires thoracines ; une seule nageoire dorsale. Un seul rayon très-court et à peine visible à chaque nageoire thoracine; une seule nageoire dorsale. Une seule nageoire dorsale; point d'aiguillons isolés au-devant de la nageoire du dos, de carène latérale ni de petite nageoire au-devant de celle de l'anus ; les lèvres plissées et contournées; une ou plusieurs lames de l'opercule branchial, dentelées. 10 HISTOIRE NATURELLE CE.NRE;). 78. POCOMAS. ) 79. BOSTRYCHE. ) SO.BosTRTcnoï IDE. ' I M. Hémiptéro NOTE. 81. ÉCHÉNÉIS. 82. Macroure. I 83. CORÏPHÉNE. -i .1 yô. CORYPH NOÏDE 86. ASPIDOPHORE. j 87. AspiDOPiio- ( ROÏDE. / 88. Cotte. ) 89. SCORPÉNE. 90. ScOMliÊRO- »ORE. 91.Gastérostée. 92. Centropode. 93. Centrocas- , TÈRE. ï 9't. Centronote. 9.J.LÉP1SACANTHE. ' 9G. Céphai.acan- THE. ' 97. Dactvlop- ^ TÈRE. t 98. Phionote. l 99. Trigle. I iOO.PÉRISTÉDION. ' 101. ISTIOPIIORE. ^jj2- GYMXiTBE. ; CARACTÈRES. L'iie si'iik' Magf.'oirc tloisnlc ; point d'aiguillons isolés au-devaiil de la nageoire du dos, de carène latérale ni de petite nageoire au-devant de celle de l'anus ; un très-grand nombre de petits bari)illons à la mâchoire inférieure. Le corps allongé et seincntiforme ; deux nageoires dorsales, la seconde séparée de celle de la queue; deux barbillons à la mâchoire supérieure; les yeux assez grands et sans voile. Le corps allongé et serpentifornie; une seule nageoire dorsale; celle de la queue séparée de celle du dos; deux l)arbillons à la mâchoire supérieure; les yeux assez grands et sans voile. Une plaque très-grande, ovale, composée de lames transversales, et placée sur la tète, i]ui est déprimée. Deux nageoires sur le dos ; la queue deux fois plus longue que le corps. Le sommet de la t«He très-comprimé, et comme tranchant par le haut, ou très- élcvé et finissant sur le devant par un plan presque vertical, ou terminé anté- rieurement par un quart de cercle, ou garni d'écaillés semblables à celles du dos; une seule nageoire dorsale, et cette nageoire du dos presque aussi longue que le corps et la (lueuc. Le sommet de la tète très-comprimé, et comme tranchant par le haut, ou Irès-élevé et finissant sur le devant par un plan presque>ertical, ou terminé antérieure- ment par un quart de cercle, ou garni d'écaillcs semblables à celles du dos; une seule nageoire dorsale, et la longueur de cette nageoire du dos ne surpassant pas ou surpassant à peine la moitié de la longueur du corps et de la queue pris ensemble. Le sommet de la tête très-comprimé, et comme tranchant par le haut, ou très- élevc et finissant sur le devant par un plan presque vertical, ou terminé anté- rieurement par un quart de cercle, ou garni d'écaillés semblables à celles du dos ; une seule nageoire dorsale; l'ouverture des branchies ne consistant que dans une fente transversale. Le corps et la queue couverts d'une sorte de cuirasse écailleuse ; deux nageoires sur le dos ; moins de quatre rayons aux nageoires thoracines. Le corps et la queue couverts d'une sorte de cuirasse écailleuse ; une seule nageoire sur le dos ; moins de quatre rayons aux nageoires thoracines. La tête plus large que le corps ; la forme générale un peu conique ; doux nageoires sur le dos; des aiguillons ou des tubercules sur la tête ou sur les opercules des blanchies; plus de trois rajons aux nageoires thoracines. La tète garnie d'aiguillons, ou de protubérances, ou debarbillons, et dépourvue de petites écailles ; une seule nageoire dorsale. Une seule nageoire doisale; de petites nageoires au-dessus et an-dessous delà queue; point d'aiguillons isolés au-devant de la nageoire du dos. Une seule nageoire dorsale; des aiguillons isolés, ou presque isolés, au-devant de la nageoire du dos; une carène longitudinale de chaque côté de la queue ; un ou deux rayons au plus à cIkkiuc nageoire thoracine; ces rayons aiguillonnés. Deux nageoires dorsales; un aiguillon et cinq ou six rayons articulés très-petits à chaque nageoire thoracine ; point de piquants isolés au-devant des nageoires du dos, mais les rayons de la première dorsale à peine réunis par une membrane ; point de carène latérale à la (lucue. Quatre aiguillons et six rayons articulés à chaque nageoire thoracine. Une seule nageoire dorsale ; quatre rayons au moins à chaque thoracine; des pi- quants isolés au-devant de la nageoire du dos; une saillie longitudinale sur ehatiue côté de la queue, ou deux aiguillons au-do\anl de la nageoire de l'anus. Les écailles du dos grandes, ciliées et terminées par un aiguillon; les opercules dentelés dans leur partie postérieure, et dénués de petites écailles; des aiguil- lons isolés au-devant de la nageoire dorsale. Le derrière de la tête garni, de chaque côté, de deux pitpiants dentelés et très- longs; point d'aiguillons isolés au-devant de la nageoire du dos. Une |)('lile nageoire composée de rayons soutenus par une membrane auprès de la base de chaque nageoire pectorale. Des aiguillons dentelés entre les deux nageoires'dorsales; des rayons articules et non réunis par une membrane auprès de chacune des nageoires pectorales. Point d'aiguillons dentelés entre les deux nageoires dorsales ; des rayons articulés et non réunis par une membrane, auprès de chacune des nageoires pectorales. Des rajons articuli'S et non réunis par une membrane auprès des nageoires pec- torales; une seule nageoire dorsale; point d'aiguillons dentelés sur le dos, une ou [)lusieurs plaijues osseuses au-dessous du corps. Point de rayons articulés et libres auprès des nageoires pectorales, ni de plaques osseuses au-dessous du corps; la première nageoire du dos arrondie, très- longue, et d'une hauteur supérieure à celle du corps; deux rayons à chaque thoiacine. Point de nageoire de l'anus; une seule nageoire dorsale ; les rayons des nageoires thoracines très-allongés. DES POISSONS. il G£:«RES. lOÔ. 3ICLI.E. 104. Apogon. 103. LONCHl'RE. 106. Macropode. 107. Labre. 108. Cheiline. 109. Cheilodip- TÈRE. 110. Ophicé- PHALE. m. HOLOGYM- NOSE. 112. SCARE. î 113. OSTORHIX- i QUE. ' 114'. Spare. 115. DiPTÉRODON < 116. LUTJAN. I 117. Cemropome I 118. BODIAN. I 119. TvENiaxote. 120.SciÈ\E. \ 121,Microptère. 122. holocektre i 123. Persèqi'e. ( CARACTÈRES. Le corps couvert de grandes écailles qui se détachent aisément ; deux nageoires dorsales; plus d'un barbillon à la mâchoire inférieure. Les écailles grandes et faciles h détacher ; le sommet de la tête élevé ; deux nageoi- res dorsales ; point de barbillons au-dessous de la mâchoire inférieure. La nageoire de la queue lancéolée; cette nageoire et les pectorales aussi longues, au moins, que le quart de la longueur totale de l'animal; la nageoire dorsale longue et profond('ment écliancrée; deux barbillons à la mâchoire inférieure. Les thoracines au moins de la longueur du corps proprement dit ; la nageoire cau- dale très-fourchue, et à peu près aussi longue que le tiers de la longueur totale de ranimai; la tête proprement dite et les opercules revêtus d'écaillés semblables à celles du dos ; l'ouverture de la bouche très-petite. La lèvre supérieure extensible; point de dents incisives ou molaires ; les opercules des branchies dénués de piquants et de dentelure; une seule nageoire dorsale ; cette nageoire du dos très-séparée de celle de la queue, ou très-éloiguée de la nuque, ou composée de raj ons terminés par un filament. La lèvre supérieure extensible ; les opercules des branchies dénués de piquants e*- de dentelure ; ime seule nageoire dorsale; cette nageoire du dos très-séparée de celle de la queue, ou très-éloignée de la nuque, ou composée de rayons termi- nés par un filament; de grandes écailles ou des appendices placés sur la base de la nageoire caudale, ou sur les côtés de la queue. La lèvre supérieure extensible ; point de dents incisives ni molaires ; les opercu- les des branchies dénués de piquants et de dentelure; deux nageoires dorsales. Point de dents incisives ni molaires ; les opercules des branchies dénués de piquants et de dentelure ; une seule nageoire dorsale ; la tète aplatie, arrondie par devant, semblable à celle d'un serpent, et couverte d'écaillés polygones, plus grandes que celles du dos, et disposées à peu près comme celles que l'on voit sur la tête de la plupart des couleuvres; tous les rayons des nageoires articulés. Toute la surface de l'animal dénuée d'écaillés facilement visibles; la queue repré- sentant deux cônes tronqués, appliqués le sommet de l'un contre le sommet de l'autre, et inégaux en longueur ; la caudale très-courte, chaque thoracine com- posée d'un ou de plusieurs rayons mous et réunis ou enveloppés de manière à imiter un barbillon charnu. Les mâchoires osseuses très-avancées, et tenant lieu de véritables dents ; une seule nageoire dorsale. Les mâchoires osseuses très-avancées, et tenant lieu de véritables dents ; deux nageoires dorsales. Les lèvres supérieures peu extensibles, ou non extensibles; ou des dents incisives, ou des dents molaires disposées sur un ou plusieurs rangs ; point de piquants ni de dentelure aux opercules; une seule nageoire dorsale; cette nageoire éloignée de celle de la queue, ou la plus grande hauteur du corps proprement dit, supé- rieure, ou égale, ou presque égale à la longueur de ce même corps. Les lèvres supérieures peu extensibles , ovi non extensibles; ou des dents incisi- ves, ou des dents molaires disposées sur un ou plusieurs rangs; points de pi- quants ni de dentelure aux opercules; deux nageoires dorsales; la seconde na- geoire du dos éloignée do celle de la queue, ou la plus grande hauteur du corps proprement dit, supérieure, ou égale, ou presque égale à la longueur de ce même corps. Une dentelure à une ou plusieurs pièces de chaque opercule ; point de piquants à ces pièces; une seule nageoire dorsale; un seul barbillon ou point de barbil- lons aux mâchoires. Une dentelure à une ou à plusieurs pièces de chaque opercule; point d'aiguillons à ces pièces; un seul barbillon ou point de barbillons aux mâchoires; deux na- geoires dorsales. Un ou plusieurs aiguillons et point de dentelure aux opercules; un seul barbillon ou point de barbillons aux mâchoires ; une seule nageoire dorsale. Un ou plusieurs aiguillons, et point de dentelure aux opercules; un seul barbil- lon ou point de barbillons aux mâchoires; une nageoire dorsale étendue depuis l'entre-deux des yeux jusqu'à la nageoire de la queue, ou très-longue et com- posée de plus do quarante rayons. Un ou plusieurs aiguillons, et point de dentelure aux opercules; un seul barbillon ou point de barbillons aux mâchoires; deux nageoires dorsales. Un ou plusieurs aiguillons et point de dentelure aux opercules; un barbillon ou point de barbillons aux mâchoires; deux nageoires dorsales; la seconde très- basse, très-courte, et comprenant au plus cinq rayons. Un ou plusieurs aiguillons et une dentelure aux opercules; un barbillon ou point de barbillons aux mâchoires; une seule nageoire dorsale. Un ou plusieurs aiguillons et une dentelure aux opercules ; un barbillon ou point de barbillons aux mâchoires; doux nageoires dorsales. 42 IIISTOfRE NATURELLE GE:fRES. Harpe. 12j. Pimélep- TÈBE. 120. Cheilion. 127. POMATOME. 128. Léiostome. 120. Ce>troio- PI!E. 130. Chevalier. 131. Léioo'athe 132 CnÉTODON. 1.-3. ACANTIII- M0\. CARACTÈRES. Plusieurs dents tiès-longucs. fortes et recourbées au sommet et auprès de l'arti- culation de chamie mâchoire ; des dents petites, comprimées et triangulaires, de chaque côté ae la mâchoire supérieure, entre les grandes dents voisines de l'articulation et celles du sommet; un barbillon comprimé et triangulaire de chaque côté et aupri-s de la commissure des lèvres; les thoracines, la dorsale et l'anale très grancics, ot en forme de faux; In caud.ile convexe dans son milieu, et étendue m forme de faux très-allongée dans le haut et dans le bas; l'anale attachée autour d'une prolongation charnue, écailleusc, très-grande, comprimée et triangulaire. 1 La totalité ou une grande partie de la dorsale, de l'anale et de la nageoire de la j queue, adipeuse, ou presque adipeuse ; les nageoires inférieures situées plus ' loin de la gorge que les pectorales. (Le corps et la queuetrès-allongés; le bout du museau aplati ;la tète et les opercules dénués de petites écailles; les opercules sans dentelure et sans aiguillons, mais ciselés ; les lèvres, et surtout celle de la mâchoire inférieure, très-pcndantcs ; . les dents très-petites ; la dorsale basse et très-longue; les rayons aiguillonnes ou f non articulés de chaque nageoire, aussi mous ou presque aussi mous que les ar- ticulés; uneseiile dorsale; les thoracines très-petites, i L'opercule entaillé dans le haut de son bord postérieur, et couvert d'écaillés sem- I blabics à celles du dos ; je corps et la queue allongés : deux nageoires dorsales ; la ■ nageoire de l'anus très-adipeuse. . Les mâchoires dénuées de dents, et entièrement cachées sous les lèvres ; ces mêmes lèvres extensibles ; la bouche placée au-dessous du museau ; point de dentelure ni ' de piquant aux opercules; deux nageoires dorsales. Une crête longitudinale, et un rang longitudinal de piquants très-séparés les uns des autres, et cachés en partie sous la peau au-dessus de la nuque ; une seule nageoire du dos ; cette dorsale très-basse et très-longue ; les mâchoires garnies de dents très-petites, très-fines, égales et un peu écartées les unes des autres ; moins de cinq rayons à la membrane branchiale. Plusieurs rangs de dents à chaque mâchoire : deux nageoires dorsales; la première l presque aussi haute que le corps, triangulaire, et garnie de très-longs filaments \ à l'extrémité de chacun de ses rayons; la seconde, basse et très-longue; l'anale < très-courte, et moins grande que chacune des thoracines; cette anale, les deux nageoires du dos, et celle de la queue, couvertes presque en entier de petites écailles; l'opercule sans piquants ni dentelure; les écailles grandes et den- telées. Les mâchoires dénuées de dents proprement dites; une seule nageoire du dos; un aiguillon recourbé et très-fort, des deux côtés de chacun des rayons articulés de la dorsale ; un appendice écaillcux, long et aplati auprès de chaque thoracine; l'opercule dénué de petites écailles, et un peu ciselé; la hauteur du corps égale ou presque égale à la moitié de la longueur totale du poisson. Les dents petites, flexibles et mobiles; le corps et la queue très-comprimés; de petites écailles sur la dorsnle ou sur d'autres nageoires, ou la hauteur du corps supi-rieure ou du moins égale à sa longueur ; l'ouverture do la bouche petite ; le museau plus ou moins avancé, une seule n.igeoire dorsale ; point de dentelure ni de piquants aux opercules. Les dents petites, flexible' et mobiles; le corps et la queue très comprimés; de petites écailles sur la dorsale ou sur d'autres nageoires, ou la hauteur du corps sup('-rieure nu du moins ég;ile à sa longueur; l'ouverture de la bouche petite; le museau plus ou moins avancé ; une seule dorsale ; plus de deux la nn^cire loi. ruÉTOUIP- TÈBE. aiguillons dénués ou presque dénués de membrane au-devant TRR ) supérieure ou du moins égale à sa longueur; l'ouverture de la bouche petite; le 1 museau plus ou moins avancé; une dentelure, et i)ninl de longs pi(ju;iMts aux ' opeiTules ; une seule nageoire (lorsale. ; Les dents petites, flexibles et mobiles; le corps et la queue très comprimés; de petites écailles sur la dorsale ou sur d'autres nageoii-es ; ou la hauteur du corps, supérieure ou du moins égjile .'i sa longueur; l'ouverture de la bouche petite, le museau plus ou moins iuaneé ; une tlenloliire, et point de longs piipiants aux opercules; (ieu\ nageoires dorsales. Les dents petites, flexibles et mobiles: le corps et la queue très comprimés; de petites écailles sur la dorsale ou sur d'autres nageoires : ou la hauteur du corps supérieure ou ilu moins égale à sa longueur; l'ouverture de la bouche petite; le museau plus ou moins avanc('!; un ou plusieurs longs piquants et point de di-iite- lure aux opercules; une seule nagcoiiv dorsale. l!îfi. l'oMMiASTS. 137.PoMAr\MnE / DES POISSONS. i3 GENRES, 1Ô8. HOLACANTHE 139 Énoplose. 140. GtTPHISO- DON. 1 il. ACANTHURE. J'£2. ASPISURE. Mo. ACAMHO- PODE. i4'4'. Sélène. i-iS.ARGTRÉlOSE. U6. Zée. 147. Gal. 148. Chrysotose 149. Capros. 150. Pleuro- neCte. loi. Aciiire. CARACTÈRES, Les dents petites, flexibles et mobiles j le corps et la queue très-comprimés; de petites écailles sur la dorsale ou sur d'autres nageoires, ou la hauteur du corps supérieure ou du moins égale à sa longueur; l'ouverture de la bouche petite; le museau plus ou moins avancé; une dentelure et un ou plusieurs longs piquants à chaque opercule ; une seule nageoire dorsale. Les dents petites, flexibles et mobiles; le corps et la queue très-comprimés; de très-petites écailles sur la dorsale ou sur d'autres nageoires, ou la hauteur du corps supérieure ou du moins égale à sa longueur; l'ouverture de la bouche pe- tite; le museau plus ou moins avancé ; une dentelure et un ou plusieurs piquants à chaque opercule ; deux nageoires dorsales. Les dents crénelées ou découpées; le corps et la queue très-comprimés; de très- petites écailles sur la dorsale ou sur d'autres nageoires, ou la hauteur du corps supérieure ou du moins égale à sa longueur; l'ouverture de la bouche petite; le museau plus ou moins avance ; une nageoire dorsale. Le corps et la queue très-comprimés; de très-petites écailles sur la dorsale ou sur d'autres nageoires, ou la hauteur du corps supérieure ou du moins égale à sa longueur; l'ouverture de la bouche petite; le museau plus ou moins avancé; une nageoire dorsale ; un ou plusieurs piquants de chaque côté de la queue. Le corps et la queue très-comprimés ; de très-petites écailles sur la dorsale ou sur d'autres nageoires, ou la hauteur du corps supérieure ou du moins égale à sa longueur; l'ouverture de la bouche petite; le museau plus ou moins avancé; une nageoire dorsale ; une plaque dure en forme de petit bouclier, de chaque côté de la queue. Le corps et la queue très-comprimés ; de très-petites écailles sur la dorsale ou sur d'autres nageoires, ou la hauteur du corps supérieure ou du moins égale à sa longueur; l'ouverture de la bouche petite ; le museau plus ou moins avancé ; une nageoire dorsale ; un ou deux piquants à la place de chaque thoracine. L'ensemble du poisson très-comprimé, et présentant de chaque côté la forme d'un pentagone ou d'un tétragone ; la ligne du front presque verticale ; la distance du plus haut de la nuque au-dessus du museau, égale au moins à celle de la gorge à la nageoire de l'anus; deux nageoires dorsales ; un ou plusieurs piquants entre les deux dorsales; les premiers rayons de la seconde nageoire du dos s'é- tendant au moins au delà de l'extrémité de la queue. Le corps et la queue très-comprimés ; une seule nageoire dorsale; plusieurs rayons de cette nageoire terminés par des filaments très-longs, ou plusieurs piquants le long de chaque côté de la nageoire du dos ; une membrane verticale placée transversalement au-dessous de la lèvre supérieure; les écailles très-petites; les thoracines très-allongées; des aiguillons au-devant de la nageoire du dos et de celle de l'anus. Le corps et la queue très-comprimés; des dents aux mâchoires; une seule nageoire dorsale; plusieurs rayons de cette nageoire terminés par des filaments très-longs, ou plusieurs piquants le long de chaque côté de la nageoire du dos; une mem- brane verticale placée transversalement au-dessous de la lèvre supérieure; les écailles très-petites; point d'aiguillons au-devant de la nageoire du dos, ni de celle de l'anus. Le corps et la queue très-comprimés; des dents aux mâchoires; deux nageoires dorsales ; plusieurs rayons de Tuile de ces nageoires terminés par des filaments très-longs, ou plusieurs piquants le long de chaque côté des nageoires du dos ; une membrane verticale placée transversalement au-dessous de la lèvre supé- rieure; les écailles très-petites; point d'aiguillons au-devant de la première ni de la seconde dorsale, ni de la nageoire de l'anus. Le corps et la queue très-comprimés; la plus grande hauteur de l'animal égale ou presque égale à la longueur du corps et de la queue pris ensemble; point de dents aux mâchoires; une seule nageoire dorsale; les écailles très-petites; point d'ai- guillons au-devant de la nageoire du dos, ni de celle de l'anus; plus de huit rayons à chaque thoracine. Le corps et la queue très-comprimés et très-hauts; point de dents aux mâchoires; deux nageoires dorsales; les écailles très-petites; point d'aiguillons au-devant de la première ni de la seconde dorsale, ni de la nageoire de l'anus. Les deux yeux du même côté de la tète. La tête, le corps et la queue très-comprimés ; les deux yeux du même côté de la tète ; point de nageoires pectorales. 14 HISTOIRE NATURELLE VLNGTIÈME ORDRE DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, ou QUATRIEME ORDRE DE LA PREMIÈRE DIVISION DES OSSEUX. POISSONS ABDOMINAUX. De» nageoires inférieures placées sur Vahdomen au delà des pectorales, et en deçà de la nageoire de l'anus. GENRES. lo2. CiRRHITE. Ibô. Cheilodac- TYLE. Ib^. COBITE. lab. MisGi-R>'E. 136. AXABLEPS. Ib7. FlXDULE. 138. COLUBRINE. IbO. Armé. 160. BUTYRIN. 161. Triptéro- NOTE. 162. Ompok. 163. Silure. i(ài. Macropte- HONOTE. j6b. Malapté- Rl'RE. 166. PlMÉLODE. 167. Doras. 168. POGONATIIE. CARACTERES. Sept rayons à la membrane des branchies ; le dernier très-éloignë des autres ; des barbillons réunis par une membrane, et places auprès de la pectorale de ma- nière à représenter une nageoire scmblalilc à cotte dernière. Le corps et la queue très-comprimés; la lèvre supérieure double et extensible ; la partie antérieure et supérieure de la léle terminée par une ligne presque droite et qui ne s'éloigne de la verticale que de iO à bO degrés; les derniers rayons de chaque pectorale très-allongés au delà de la membrane qui les réunit; une seule nageoire dorsale. La tête, le corps et la queue cylindriques ; les yeux très-rapprochés du sommet de la tête; point de dents, et des barbillons aux mâchoires; une seule nageoire du dos ; la peau gluante et revêtue d'écaillés très-difficiles à voir. Le corps et la queue cylindriques; la peau gluante et dénuée d'écaillcs facilement visibles ; les yeux très-rapprochés du sommet de la tête ; des dents et des bar- billons aux mâchoires ; une seule dorsale ; cette nageoire très-courte. Le corps et la queue presque cylindriques ; des barbillons et des dents aux mâ- choires; une seule nageoire du dos; celte nageoire très-courte; deux prunelles à chaque œil. Le corps et la queue presque cylindriques; des dents et point de barbillons aux mâ- choires ; une seule nageoire du dos. La tête très-allongée; sa partie supérieure revêtue d'écaillés conformées et dispo- sées comme celles qui recouvrent le dessus de la tête des couleuvres; le corps très-allongé; point de nageoire dorsale. La tête dénuée de petites écailles, rude, recouverte de grandes lames oue réunissent des sutures très-marquées , des dents aux mâchoires et au palais, aes barbillons à la mâchoire supérieure, la dorsale longue, basse et rapprochée de la caudale, l'anale très-courte, plus de dix rayons à la membrane des branchies. La tête dénuée de petites écailles, et ayant de longueur à peu près le quart de la longueur totale de l'animal , une seule nageoire sur le dos. Trois nageoires dorsales, une seule nageoire de l'anus. Des barbillons et des dents aux mâchoires, point de nageoires dorsales, une longue nageoire de l'anus. La tête large, déprimée et couverte de lames grandes et dures, ou d'une peau vis- queuse, la bouche à l'extrémité du museau; des bariiillons aux mâchoires, le corps gros, la peau enduite d'une mucosité abondante, une seule nageoire dor- sale, cette nageoire très-courte. La tête large, déprimée et couverte de lames grandes et dures, ou d'une peau vis- queuse, la bouche à l'extrémité du museau; des barbillons aux mâchoires, le corps gros, la peau enduite d'une mucosité abondante, une seule nageoire dor- sale, cette nageoire très-longue. La tête déprimée et couverte de lames grandes et dures, ou d'une peau visqueuse, la bouche à l'extrémité du museau, des barbillons aux mâchoires, le corps gros, la peau du corps et de la queue enduite d'une mucosité abondante, une seule na- geoire dorsale, cette nageoire adipeuse, et placée assez près de la caudale. La tête déprimée et couverte de lames grandes et dures, ou d'une peau visqueuse, la bouche à l'extrémité du museau, des barbillons aux mâchoires, le corps gros, la peau du corps etde la queue cnduited'unc mucosité abondante, deux nageoires dorsales, la seconde adipeuse. La tête déprimée et couverte de lames grandes et dures, ou d'une peau visqueuse ; I la bouche à l'extrémité du museau ; des barbillons aux mâciioires; le corps gros; la peau du corps et de la queue enduite d'une mucosité abondante; deux I nageoires dorsales; la seconde adipeuse; des lames larges et dures, rangées lon- gitnilinalement de clia<|ue côté du |)oisson. La tète déprimée et couverte de lames grandes cl dures, ou d'une peau visqueuse; la bouche à l'extrémité du museau ; des barbillons auv mâchoires; le corps gros ; la peau du corps et de la queue enduite d'une mucosité abondante ; deux na- Seoircs dorsales, soutenues l'une et l'autre par des rayons ; des lames larges et ureS; rangées longitudinalement de chaque côté du poisson. DES POISSONS. 15 GENRES. 169. Cataphrao TE. \ 170. Plotose. 171 Agénéiose. 172.Macrorham- ; PHOSE. 173. Centrako- DON. 17'i. LORICAIRE. 179. OSMÈRE. 180. CORELOKE. î 17o. Hypostome. j I 176. CORYDORAS. ) I Vtl . Tachysure. ' {78. SALMo^E. 181. Characin. 182. Sehrasalme 183. Elope. 184. Mégalope. 18a. NOTACANTHK CARACTERES. La tête dcprinice et couverte de lames grandes et dures, ou d'une peau visqueuse ; la bouche à rextrcmité du museau ; dos barbillons aux mâchoires; le corps gros; la peau du corps et de la queue enduite d'une mucosité abondante; deux nageoires dorsales; la seconde soutenue par un seul rayon; des lames larges et dures rangées longitudinalement de chaque côté du poisson. La tète déprimée et couverte de lames grandes et dures, ou d'une peau visqueuse; la bouche à l'extrémité du museau; des barbillons aux mâchoires; le corps gros ; la peau du corps et de la queue enduite d'une mucosité abondante; deux nageoi- res dorsales; la seconde et celle de l'anus réunies avec la nageoire de la queue qui est pointue. La tète déprimée et couverte de lames grandes et dures, ou d'une peau visqueuse ; la bouche à l'extrémité du museau; point de barbillons ; le corps gros; la peau du corps et de la queue enduite d'une mucosité abondante; deux nageoires dor- sales ; la seconde adipeuse. La tète déprimée et couverte de lames Jgrandes et dures, ou d'une peau visqueuse ; la bouche à l'extrémité du museau; point de barbillons aux mâchoires; le corps gros; la peau du corps et de la queue enduite d'une mucosité abondante; deux nageoires dorsales, l'une et l'autre soutenues par des rayons; le premier rayon de la première nageoire dorsale, fort, très-long et dentelé ; le museau très-allongé. La tète déprimée et couverte de lames grandes et dures ou d'une peau visqueuse ; la bouche à l'extrémité du museau ; point de barbillons ni de dents aux mâ- \ choires ; le corps gros; la peau du corps et de la queue enduite d'une mucosité / abondante; deux nageoires dorsales; 1 une et l'autre soutenues par des rayons; ' un ou plusieurs piquants à chaque oj)ercule. Le corps et la queue couverts en entier d'une sorte de-cuirasse à lames; la bouche au-dessous du museau ; les lèvres extensibles; une seule nageoire dorsale. Le corps et la queue couverts en entier d'une sorte de cuirasse à lames; la bou- che au-dessous du museau; les lèvres extensibles ; deux nageoires dorsales. De grandes lames de chaque côté du corps et de la queue; la tète couverte de piè- ces larges et dures; la bouche à l'extrémité du museau, point de barbillons; deux nageoires dorsales; plus d'un rayon à chaque nageoire du dos. La bouche à l'extrémité du museau; des barbillons aux mâchoires; le corps et la queue très-allongés et revêtus d'une peau visqueuse; le premier rayon de la première nageoire du dos et de chaque pectorale, très-fort; deux nageoires dor- sales, l'une et l'autre soutenues par plus d'un rayon. La bouche à l'extrémité du museau; la tète comprimée; des écailles facilement vi- sibles sur le corps et sur la queue ; point de grandes lames sur les côtés, de cuirasse, de piquants aux opercules, de rayons dentelés, ni de barbillons; deux nageoires dorsales; la seconde adipeuse et dénuée de rayons ; la première plus près ou aussi près de la tête que les ventrales ; plus de quatre rayons à la mem- brane des branchies; des dents fortes aux deux mâchoires. La bouche à l'extrémité du museau; la tête comprimée; des écailles facilement visibles sur le corps et sur la queue ; point de grandes lames sur les côtés, de cui- rasse, de piquants aux opercules, de rayons dentelés, ni de barbillons; deux nageoires dorsales; la seconde adipeuse et dénuée de rayons; la première plus éloignée de la tête que les ventrales ; plus de quatre rayons à la membrane des branchies; des dents fortes aux deux mâchoires. La bouche à l'extrémité du museau ; la tête comprimée ; des écailles facilement visibles sur le corps et sur la queue ; point de grandes lames sur les côtés, de cuirasse, de piquants aux opercules, de rayons dentelés, ni de barbillons ; deux nageoires dorsales; la seconde adipeuse et dénuée de rayons; plus de quatre rayons à la membrane des branchies ; les mâchoires sans dents, ou garnies de dents très-petites et dilïiciles à voir. La bouche à l'extrémité du museau, la tète comprimée, des écailles facilement vi- sibles sur le corps et sur la queue, point de grandes lames sur les côtés, de cui- rasse, de piquants aux opercules, de raj^ons dentelés,. ni de barbillons; deux nageoires dorsales, la seconde adipeuse et dénuée de rayons; quatre rayons au plus à la membrane des branchies. La bouche à l'extrémité du museau, la tète, le corps et la queue comprimés, des écailles facilement visibles sur le corps et sur la queue; point de grandes lames sur les côtés, de cuirasse, de piquants aux opercules, de rayons dentelés, ni de barbillons; deux nageoires dorsales, la seconde adipeuse et dénuée de rayons, la partie inférieure du ventre carénée et dentelée comme une scie. Trente rayons ou plus à la membrane des branchies, les yeux gros, rapprochés l'un de l'autre et presque verticaux, une seule nageoire dorsale, un appendice écailleux auprès de chaque nageoire du ventre. Les yeux très-grands, vingt-quatre rayons ou plus à la membrane des branchies. Le corps et la queue très-allongés, la nuque élevée et arrondie, la tête grosse, la nageoire de l'anus très-longue, et réunie avec celle de la queue, point de na- geoire dorsale, des aiguillons courts, gros, forts et dénués de membrane à la place de cette dernière nageoire. ir> HISTOIRE NATURELLE GE^îBES. 186. EsocE. 187. Synode. 188. Spuyrève. 189. Lepisostée. 190. POLYPTÈRE. 191. SCOMBRESO- CE. 192, FlSTULAIRE. 193. Al'LOSTOME. 19i.SoLE>0STnME 195. ARCE^Tl^E. 196. Atiiérine. 197. HYDR.vROrHE l'»8. STOLKPlKiRr. 199. Mur.E. 200. MuGILO'iDE. 20 1. CHA>0S. 202. MlGILOMORh 203. Exocet. CARACTERE!). L'ouNeilure de la bouclie çrande; le gosier large, les mâchoires garnies de dents j nombreuses, fortes et pointues, le museau aplati, point de barbillons, l'opercule I (l les branchies très grands, le corps et la queu: très allongtis et comprimés laté- I ralcmenl, les écailles dures, point de nageoire adipeuse, les nageoires du dos et ' de l'anus courtes, une seule dorsale, cette dernière nageoire placée au dessus de l'anale ou à peu près, et beaucoup plus éloignée de la tète que les ventrales. L'ouverture de la bouche grande, le gosier large, les mâchoires garnies de dents nombreuses, fortes et pointues, point de barbillons, l'opercule et l'orifice des branchies très grands, le corps et la queue très-allongés et comprimés latérale- ment, b's écailles dures, point de nageoire adipeuse, les nageoires du dos et de l'anus courtes, une seule dorsale, cette dernière nageoire placée au-dessus ou un peu au dessus des ventrales, ou plus près de la tète que ces dernières. L'ouverture de la bouche grande, le gosier large, les mâchoires garnies de dents nombreuses, fortes et pointues, point de barbillons, l'opercule et l'orifice des branchies très-gi ands, le corps et la queue très-allongés et comprimés latérale- ment, point de nageoire adipeuse, les nageoires du dos et de l'anus courtes, deux nageoires dorsales. L'ouverture de la bouche grande, les mâchoires garnies de dents nombreuses, for- tes et pointues, point de barbillons ni de nageoire adipeuse, le corps et la queue très-allongés, une seule nageoire du dos, cette nageoire plus éloignée de la tète que les ventrales, le corps et la queue revêtus d'écaillés très-grandes, placées les unes au-dessus des autres, très épaisses, très-dures et de nature osseuse. Un seul rayon à la membrane des branchies, deux évents, un grand nombre de na- geoires du dos. Le corps et la queue très-allongés, les deux màchoii'es très-longues, très-minces, très-étroites et en forme d'aiguille, la nageoire dorsale située au-dessus de celle de l'anus, un grand nombre de petites nageoires au dessus et au-dessous de la queue, entre la caudale et les nageoires de l'anus et du dos. Les mâchoires très-étroites, très-allongées et en forme de tube, l'ouverture de la bouche à l'extrémité du museau, le corps et la queue très-allongés et très-d 'liés, les nageoires petites, une seule dorsale, ci'tle nageoire située au delà de l'anus et au dessus de l'anale. Les mâchoires étroites, très allongées et en forme de tube, l'ouverture de la bou- che à l'extrémité du museau, le corps et la queue très-allongés, les nageoires petites, une nageoire dorsale située au delà de l'anus et au-dessus de l'anale, une rangée longitudinale d'aiguillons, réunis chacun à une petite membrane placée sur le dos, et tenant lieu d'une première nageoire dorsale. Les mâchoires étroites, très-allongées et en forme de tube ; l'ouverture de la bou- che à rextrémilé du museau ; deux nageoires dorsales. Moins de trente rayons à la membrane des branchies, ou moins de rayons à la mem- brane branchiale d'un côté qu'à c<>lle de l'autre , des dents aux mâchoires, sur la langue et au palais , plus de neuf rayons à chaiiue ventrale , point d'appendice auprès des nageoires du ventre , le corps et la queue allongés , une seule nageoire du dos, la couleur générale argentée et très-brillante. Moins de huit rayons à chaque ventrale et à la membrane des branchies, point de dents au palais, le corps et la queue allongés et plus ou moins transparents, deux nageoires du dos, une raie longitudinale et argentée de chaque côté du poisson. Moins de huit rayons à chaque ventrale et à la membrane des branchies , point de dents au palais, le corps et la queue allongés et plus ou moins transparents, une nageoire du dos, une raie longitudinale plus ou moins large, plus ou moins di- stincte et argentée, de chaque côté du poisson. Moins de neuf rayons à chaque ventrale et à la membrane des branchies, point de dents, le corps et la queue allongés et plus ou moins transparents, une nageoire sui*le dos, une raie longitudinale et argentée de chaque côté du poisson. La mâchoire inférieure carénée en dedans, la tète revêtue de petites écailles, les écailles striées, deux nageoires du dos. La mâchoire inférieure carénée en dedans, la tète rcvêluc de petites écailles, les écailles striées, une nageoire du dos. La mâchoire inférieure carénée en dedans, points de dents aux deux mâchoires, les écailles striées, une seule nageoire du dos, la caudale garnie vers le milieu de chacun de ses côtés d'une sorte d'aile membraneuse. La mâciioire inf(''rieure carénée en dedans, les mâchoires dénuées de dents et gar- nies de petites protubérances, plus de trente rayons à la nicmbiiine des branchies, une seule nageoire du dos, un appendice à chacun des rayons de cette dorsale. La tête entièrement ou presque entièrement couverte de petites écailles , les nageoi- res pccloroles larges et assez longues pour atteindre jusqu'à la caudale, dix rayons ù la membrane des branchies, une seule dorsale, cette nageoire située au-dessus de celle de l'anus. DES POISSONS. 47 GEKRES. 20^. POLYNÈME. 203. POLYDAC TVLE. 206. BuRO. 207. CtupÉE. 208. JIyste. 209. Clupanodon 210. Serpe. 2M. Mené. 212. dorsuaire. 21.1. Xystère. 214. Ctprinodok 21 S. Cyprin. CARACTÈRES. Des rayons libres auprès de chaque pectorale, la tète revêtue de petites écailles, deux nageoires dorsales. Des rayons libres auprès de chaque pectorale, la tète dénuée de petites écailles, deux nageoires dorsales. Un double piquant entre les nageoires ventrales, une seule nageoire du dos, cette nageoire du dos très-longue, les écailles très-petites et très-difficiles à voir, cinq rayons à la niembiane branchiale. Des dents aux mâchoires, plus de trois rayons à la membrane des bralichies, une seule nageoire du dos, le ventre caréné, la carène du ventre dentelée ou très- aiguë. Plus de trois rayons à la membrane des branchies, le ventre caréné, la carène du ventre dentelée ou très aiguë, la nageoire de l'anus très-longue et réunie à celle de la queue, une seule nageoire sur le dos. Plus de trois rayons à la membrane des branchies, le ventre caréné, la carène du ventre dentelée ou très-aiguë, la nageoire de l'anus séparée de celle de la queue, une seule nageoire du dos, point du dents aux mâchoires. La tète, le corps et la queue très-comprimés, la parlie'inférieure de l'animal termi- née en dessous par une carène très-aiguë et courbée en demi cercle, deux nageoi- res dorsales, les ventrales extrêmement petites. La tète, le corps et la queue très-comprimés, la partie inférieure de l'animal ter- minée par une carène aiguë couibce en demi cercle, le dos relevé de manière que cha(|ue face latérale du poisson représente un disque ; une seule nageoire du dos, cette dorsale, et surtout l'anale, très basses et très-longues, les ventrales étroites et très-allongi''es. La partie antérieure du dos relevée en une bosse très-comprim'e et terminée dans le haut par une carène très aiguë; une seule dorsale. La tète, le corps et la queue très comprimés; le dos terminé comnie le ventre par une carène aiguë et courbée en portion de cercle; sept rayons à la membrane branchiale; la tète et les opercules garnis de petites écailles; les dents échan- crées de manière qu'à l'extérieur elles ont la forme d'incisives, et qu'à l'intérieur elles sont basses et un peu renflées; une fossette au-dessous de chaque ventrale. La tète, le corps et la queue ayant un peu la forme d'un ovoïde; trois rayons à la membrane des branchies ; des dents aux deux mâchoires. Quatre rayons au plus à la membrane des branchies ; point de dents aux mâciioires ; une seule nasieoire du dos. SECONDE DIVISION DE LA SECONDE SOIS-CLASSE, ci; SIXIÈME DIVISION DE LA CLASSE DES POISSONS. Un opercule; point de memlrane branchiale. VINGT ET UNIÈME ORDRE DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, ou PREMIER ORDRE DE LA SECONDE DIVISION DES OSSEl'X. 216. Sternoptyx POISSONS APODES. Point de nageoires inférieures entre fanus et le museau. Le corps et la queue comprimés; le dessous du corps caréné et transparent; une seule nageoire dorsale. 48 GENRE. 217. Stylephore HISTOIRE NATURELLE TROISIÈME DIVISIO.X DE LA SECONDE SOLS-CLASSE, OL' SEPTIÈME DIVISION DE LA CLASSE DES POISSOXS. Point d'opercule; une membrane brunc/iiale. VINGT-CINQUIÈME ORDRE i DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, ov PREMIER ORDRE DE LA TROISIK.ME DIVISION DES OSSEUX. POISSONS APODES. Point de nageoires inférieures entre l'anus et Je museau. CARACTÈRES. Le inusc'jiu avancé, relevé el susceptible d'être courbé en arrière par le moyeu d'une membrane , au point d'aller loucber la partie antérieure de la tète propre- ment dite ; l'ouverture de la bouche au bout du museau ; point de dents ; le corps et la queue très-allongés et comprimés ; la queue terminée par un filament très-long. VINGT-HUITIEME ORDRE 2 DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, ou QUATRIÈME ORDRE DE LA TROISIÈME DIVISION DES OSSEUX. POISSONS ARDOMINAUX. Des WKjeoircs inférieures phtrves sur Cubdomen, au delà des pectorales et en deçà de la nageoire de l'anus. Le museau allongé; l'ouverture de la bouche à l'extrémité du museau; des dents aux mâchoires; une seule nageoire dorsale. 218. MORMVRE. QUAÏRIÈIME DIVISION DE LA SECONDE SOUS-CLASSE , Û'J HUITIÈME DIVISION DE LA CLASSE DES POISSONS. Point d'opercule ni de membrane branefiiale. VINGT-NEUVIÈME ORDRE 3 DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, ou PREMIER ORDRE DE LA QUATRIÈME DIVISION DES OSSEUX. 219. MURÉNOPII POISSONS APODES. J'oint de nageoires inférieures entre l\inus et le museau. i Point de nageoires pectorales; une ouverture branchiale sur cha(|ue côté du pois- is. ) son ; le corps et la queue presque cylindriques; la dorsale et l'anale réunies à la ( nageoire de la queue. 1 On ne connaît point encore de poissons qui appartiennent au vingt deuxième, au vingt-troisième, ni nu vingt (lualriènie ordre. a On ne connaît point encore de poissons qui appartiennent au vingt-sixième ni au vingt-septième ordre. 3 On ne connait nas encore de poissons qui api):irlienncnl au trentième, au trente et unième ni au trente-deuxième ordre; c'est-à-dire au second , au troisième ni au quatrième ordre de la huitième et dernière division des animaux dont nous rerivons l'histoire. DES POISSONS. 19 GENRÏS. 220, Gymnomu- 221. MURÉKO- BLENNE. 222.Sphagebran- CHE. 223.Umbra\cha- PERTlîRE. CARACTÈRES. Point de nageoires pectorales; une ouverture branchiale sur chaque côté du pois- son; le corps et la queue presque cylindriques; point de nageoire du dos, ni de nageoire de l'anus, ou ces deux nageoires si basses et si enveloppées dans une peau épaisse, qu'on ne peut reconnaître leur présence que parla dissection. Point de nageoires pectorales ; point d'apparence d'autres nageoires; le corps et la queue presque cylindriques ; la surface de l'animal répandant en très-grande abondance une humeur laiteuse et gluante. Point de nageoires pectorales; ni d'autres nageoires, les deux ouvertures bran- chiales sous la gorge, le corps et la queue presque cylindriques. Point de nageoires pectorales , le corps et la queue scrpcntiformes , une seule ouver- ture branchiale, et cet orifice situé sous la gorge, la dorsale et l'anale basses et réunies à la nageoire de la queue. SECONDE SOUS-CLASSE. POISSONS OSSEUX. Les parties solides de Viniérieur du corps, osseuses. PREMIÈRE DIVISION. Poissons qui ont un opercule et une membrane des branchies. ESPÈCE. La Céciue bran- DÉR1ENNE. DIX-SEPTIEME ORDRE DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS , ou PRE3IIER ORDRE DE LA PREMIÈRE DIVISION DES OSSEUX. Poissons apodes, ou qui n'ont pas de nageoires inférieures entre le museau et Vamis. VINGT-DEUXIEME GENRE. LES CÉCILIES. Point de nageoires, Vouverlure des branchies sous le cou. CARACTÈRES. Le corps anguilliforme, le museau très-pointu, les dents aiguës, huit petits trous sur le devant de la tête, sept sur le sommet de cette même partie, sept sur l'oc- ciput. LA CÉCILIE BRANDÉRIENNE. Cœcilia branderiana, Lacep.; Murœna c3eca,Linn., Gmel.; Sphagebranchus csecus, Bl., Cuv. i. Nous avons dû nous déterminer d'autant plus aisément à placer les cécilies dans un genre différent de toutes les autres familles de poissons osseux, et particulièrement des murènes, parmi lesquelles elles ont été inscrites, qu'elles présentent un caractère distinctif des plus remarquables : elles n'ont absolument aucune sorte de nageoire; et ce défaut constant est d'autant plus digne d'attention, que, pendant longtemps, on a regardé la présence de plusieurs nageoires, ou au moins d'une de ces parties, comme une marque caractéristique de la classe des poissons. Cette absence totale de ces organes extérieurs de mouvement suflirait même pour séparer les cécilies de tous les poissons cartilagineux, puisqu'elle n'a encore été observée sur aucun de ces derniers animaux, ainsi qu'on a pu s'en convaincre en lisant leur histoire. D'ailleurs on n'a pas encore découvert un organe de la vue dans les cécilies : elles en paraissent entièrement privées; et par celte cécité, elles s'éloignent non-seulement de presque tous les poissons, mais même de presque tous les animaux vertébrés et à sang rouge, parmi lesquelson ne connaît encore qu'un mammi- fère nommé Typhle, et le genre des cartilagineux nommés Gastrobranches, qui aient paru complètement aveugles. C'est donc avec les gastrobranches qu'il faut particulièrement com- parer les cécilies. D'autres rapports que celui de la privation de la vue les lient d'assez près. Les ouvertures des branchies sont placées sous le corps, dans ces deux genres; mais dans les gastrobranches elles sont situées sous le ventre, pendant que dans les cécilies M. Cuvier place ce poisson dans le sous-genre Sphugebranche de son genre Anguillje {Murwna). D. 20 HISTOIRE NATURELLE on les voit sur la partie inférieure du cou. Ces deux familles ont le corps très-allongé, cylindrique, serpentiforme, souple comme celui des murènes, enduit d'une humeur abondante; et on dislingue aisément sur la tète des cécilies les principales ouvertures par lesquelles se répand ceîte viscosité. Dans la seule espèce de ce genre décrite jusqu'à présent, on remarque aisément huit pores ou petits trous sur le devant de la tète, sept au sommet de celle même partie, et sept autres sur l'occiput : ces vingt-deux orifices sont certainement les extrémités des vaisseaux destinés à porter à la surface du corps la liqueur onctueuse propre à la ramollir et à la lubrifier. Cette même espèce dont Linnée a dû la première connaissance à Brander, et que nous avons cru devoir en conséquence nommer la firaïuhhieniie, a les mâchoires très-avancées, et garnies de dents très-aiguës; c'est au-dessous de son museau, qui est très-pointu, que l'on voit de chaque côté, au bout d'un très-petit tube, l'ouverture des narines; et de plus, l'anus est plus près de la tête que de l'extrémilé de la queue. Cette cécilie vit dans les eaux de la Méditerranée, auprès des côtes de la Barbarie, où elle a été observée par Brander. Nous n'avons pas vu cette espèce. Nous soupçonnons qu'elle n'a ni opercule ni mem- brane des branchies. Si notre conjecture à cet égard était fondée, il faudrait ôter les céci- lies de la place que nous leur avons donnée dans le tableau général, et les transporter de la tête du premier ordre de la première division des osseux, au premier rang du premier ordre de la quatrième division de ces mêmes osseux. VINGT-TROISIÈME GENRE. LES MONOPTÈRES. Point d'autre nageoire que celle de la queue ; les ouvertures des narines placées entre les yeux. ESPÈCE. CARACTÈRES. Le .Mo>optere ^^ corps plus long que la queue, et dénué d'ccaillcs facilement visibles. LE MONOPTÈRE JAVANAIS. Monoptcrus javanensis, Lacr-p., Commerson, Cuv. i. Cepoisson n'est pasentièremcnt privé de nageoires, comme la cécilie brandérienne;mais il n'en a qu'à la queue, et même l'extrémité de cette partie est une sorte de pointe assez déliée, autour de laquelle on n'aperçoit qu'à peine la nageoire caudale. C'est de ce carac- ière que nous avons tiré le nom de Monoplèir, ou de Poisf^on à une seule nageoire, que nous avons donné au genre, non encore connu des naturalistes, dans lequel nous avons inscrit le javanais; et cette dénomination de Javanais indique le pays qu'habile l'espèce dont nous allons décrire rapidement les formes. Cette espèce se trouve en elFel dans le délroit de la Sonde, auprès des côtes de l'ile de Java : elle y a été vue par Commerson, au(|ucl nous devons d'être instruits de son existence, et qui a laissé dans ses manuscrits des observatio!is très-détaillées au sujet des formes et des dimensions de cet animal, qu'il avait rapporté au genre des anguilles ou des congres, parce qu'il n'avait pas fait atten- tion au caractère lire du nombre des nageoires. Elle y est très-bonne à manger, et si nom- breuse en individus, que chaque jour les naturels du pays apportaient une très-grande quanlilé de ces monoptèrcs javanais au vaisseau sur lequel était Commerson. Son goût doit ressembler beaucoup à celui des murènes, dont elle a en très-grande partie la con- formalion et parliculiéi'ement le corps serpentiforme, visqueux, et dénué d'écaillés facile- ment visibles. La têle est épaisse, comprimée, bombée cependant vers l'occiput, et ter- minée (Ml devant par un museau arrondi. L'ouverture de la bouche est assez grande : la mâchoire siipérieiiic n'avance guère au delà de l'inférieure; elles sont toutes les deux garnies de dents courtes et serrées comme celles d'une lime; et une rangée de dents sem- blables est placée dans l'intérieur de la gueule, tout autour du palais. La base de la langue, (|iii esl caililagiiiense el ereiisée par-dessous en goulliére, présente deux tubercules blan- châtres. Les onveilures des narines ne sont pas placées au haut d'un petit tube; on ne les voit pas au-devant des yeux, comme sur le plus grand nombie de poissons , mais au-dessus «le CCS mêmes organes. l>'operciile des branchies, mollasse, el flasque, paraît comme une I M. Cuvier conserve le genre Monoplèiede M. de Lac('pr'dc mais il le considère comme un sous-genre, dans le genre Anguille. U. DES POISSONS. 21 diiplicature de la peau; la membrane branchiale n'est soutenue que par trois rayons, que l'on ne dislingue qu'en disséquant cette même membrane : les branchies ne sont qu'au nombre de trois de chaque côté; les os qui les soutiennent sont très-peu courbés, et ne montrent, dans leur côté concave, aucune sorte de denticule ni d'aspérité. Si la nageoire caudale renferme des rayons, ils sont imperceptibles, tant que celte nageoire n'est pas altérée ; et comme la queue est très-comprimée, cette dernière partie ressemble assez à une lame d'épée à deux tranchants. La ligne latérale, plus rapprochée du dos que du ven- tre, s'étend depuis les branchies jusqu'à l'extrémité de celte même queue; elle est pres- que de la couleur de l'or. Le dos est d'un brun livide et noirâtre; les côtés présentent la même nuance, avec de petites bandes transversales couleur de fer : celle dernière teinte s'élend sur tout le ventre, qui est sans tache, La longueur des monoptères javanais est ordinairement de près de sept décimètres; leur circonférence, dans l'endroit le plus gros de leur corps, d'un décimètre; et leur poids, de plus d'un hectogramme. VINGT-QUATRIÈME GENRE. LES LEPTOCÉPIIÂLES. PoiiU de nageoires pectorales ni caudales; Vouverture des branchies située en partie au-dessous de la tête. ESPÈCE. CARACTÈRES. Le Leptocéphale j Le corps très-allongé et comprimé, les nageoires du dos et de l'anus très-longues et 3I0RRISIEN. ) très-étroites. LE LEPTOCÉPHALE MORRISIEN. Leptocephalus Morrisii, Penn., Linn., Gmel., Lac, Cuv. 1. Cette espèce est la seule que l'on connaisse dans le genre des leptocéphales. Elle n'est point entièrement privée de nageoires, comme les cécilies; elle n'est pas réduite à une seule nageoire, comme les monoptères; mais elle n'a point de nageoire de la queue, ni même de nageoires pectorales; elle ne présente qu'une nageoire dorsale et une nageoire de l'anus, toutes les deux très-longues, mais très-étroites, et dont l'une garnit presque toute la partie supérieure de l'animal, pendant que l'autre s'étend depuis l'anus jusque vers l'extrémité de la queue. La morrisien se rapproche encore des cécilies par la position des ouvertures branchiales, qui sont situées en partie au-dessous de la tète. Son corps n'est cependant pas cylindrique comme celui des cécilies; il est très-comprimé latéralement; et comme ses téguments extérieurs sont minces, mous et souples, ils indiquent par leurs plis le nombre et la place des différentes petites parties musculaires qui composent les grands muscles du dos, des côtés, et du dessous du corps. Ces plis ou ces sillons sont transversaux, mais inclinés et trois fois coudés, de telle sorte qu'ils forment un double rang longitudinal d'espèces de chevrons brisés, dont le sommet est tourné vers la queue. Ces deux rangées sont situées l'une au-dessus et l'autre au-dessous de la ligne latérale qui est droite et qui règne d'un bout à l'autre du corps et de la queue, à une dislance à peu près égale du bord supérieur et du bord inférieur du poisson; et chacun des che- vrons brisés de la rangée d'en haut rencontre, le long de celte ligne latérale, un de ceux de la rangée d'en bas, en formant avec ce dernier un angle presque droit. La tête est très-petite, et comprimée comme le corps, de manière que l'ensemble du poisson ressemblant assez à une lame mince, il n'est pas surprenant que l'animal ait une demi-transparence très-remarquable. Les yeux sont gros; les dents qui garnissent les deux mâchoires, très-pelites. Les individus les plus grands n'ont guère plus de douze centimètres de longueur. On trouve les leptocéphales dont nous nous occupons, auprès de la côle éeHolyhmd, et d'autres rivages de la Grande-Bretagne ; et on leur a donné le nom qu'ils portent à cause du savant Anglais Morris, qui les a observés avec soin. I Le genre Leptocéphale de Pcnnant et Lacépède est admis par M. Cuvier. D. LACEPEDË. — fOJIIi II. 23 HISTOIRE NATURELLE VINGT-CINQUIÈME GENRE. LES GYMNOTES. Des nageoires pectorales et de l'anus; point de nageoires du dos ni de la queue. PREMIER SOUS-GE.N'RE. La mâchoire inférieure plus avancée. ESPECES. CARACTÈRES. 1. Le Gymnote | La tcte parseniée de petites ouvertures. la nageoire de l'anus s'élendant jusqu'à ÉLFf.TBi()iE. / l'extrémité de la queue. 2. Le Gymnote | j^^^ ^^^^ petite, la queue eourte, les raies transversales. 3. Le Gymnote ( Dç^^ lobes à la lèvre supérieure la couleur blanche. BLANC. ( SECOND SOUS-GE^RE. La mâchoire supérieure plus avancée. i. Le (j^mnote [ j^g nageoire de l'anus étendue presque jusqu'à rcxtrémité delà queue. H. Le Gymnote . Une saillie sur le dos, la nageoire de l'anus ne s'étendaut pas jusqu'à l'extrémité FiERASFER. ' de la queue. 6. Le Gymnote i Le museau très-allongé, la nageoire de l'anus ne s'étendant pas jusqu'à l'extrémité lONG-MusEAU. dc la queue. LE GYMNOTE ÉLECTRIQUE. Gymnotus electricus, Linn., Gmel., Lac, Bl., Cuv. i. Il est bien peu d'animaux que le physicien doive observer avec plus d'altenlion que le gynuiole auquel on a donné jusqu'à présent le nom iV Electrique. L'explication des elFets remarquables qu'il produit dans un grand nombre de circonstances, se lie nécessairement avec la solution de plusieurs questions des |)lus importantes pour le progrès de la physio- logie et de la physique proprement dite. Tâchons donc, en rapprochant quelques vérités éparses, de jeter un nouveau jour sur ce sujet : mais pour suivre avec exactitude le plan que nous nous sommes tracé, et pour ordonner nos idées de la manière la plus convena- ble, commençons par exposer les caractères véritablement distinclifs du genre auquel appartient le poisson dont nous allons écrire l'histoire. Les cécilies ne présentent aucune sorte de nageoires; les monoplères n'en ont qu'une, qui est située à l'extrémité de la queue; on n'en voit que sur le dos, et auprès de l'anus des leplocéphales. Les trois genres d'osseux que nous venons de considérer, sont donc dénués de nageoires pectorales. En jetant les yeux sur les gymnotes, nous apercevons ces nageoires latérales pour la première fois, depuis que nous avons passé à la considération de la seconde sous classe de poissons. Les gymnotes n'ont cependant pas autant de diiïé- renies sortes de nageoires que le plus grand nombre des autres poissons osseux qu'il nous reste à examiner. En effet, ils n'en ont ni sur le dos, ni au bout de la queue, et c'est ce dénûmcnt, celte espèce de nudité de leur dos, qui leur a fait donner le nom qu'ils portenl. et qui vient du mot grec yu//.voT05 dos nu. L'ensemble du corps et de la queue des gymnotes est, comme dans les poissons osseux que nous avons déjà lait connaître, très-allongé, presque cylindrique et serpentiforme. Les yeux sont voiles par une membrane qui n'est qu'une continuation du tégument le plus extérieur dc la tète. Les opercules des blanchies sont très-grands; on compte ordinaire- ment cinq rayons à la membrane branchiale. Le corps proprement dit est très-court, souvent un peu comprimé, et (juclquefois terminé par-dessous en forme de carène : l'anus est par conse(|iieiit très-près de la tète. Et comme cependant, ainsi que nous venons de le dire, l'iMisemble de l'animal, dans le genre des gymnotes, forme une sorte de long cylin- dre, on voit facilement que la queue proprement dite de tous ces poissons doit être extrê- Uiemeiil longue relativement aux autres parties du corps. Le dessous de cette portion est ordintiiiemenl garni, presipie d.ins la totalité de sa longneur, d'uiu* nageoire d'autant plus remaniuable, (|ue non-seulement elle s'étend sur une ligne très-étendue, mais qu'elle oUre nicme une largeur as.scz considérable. De plus, les muscles dans lesquels s'insèrent les ailerons osseux auxquels sont attachés les nombreux rayons qui la composent, et les I Type du sous genre Gymnote proprement dit, (l.uis le genre Gymnote de M. Cuvicr. D. DES POISSONS. 25 autres muscles trés-multij3liés qui sont destinés à mouvoir ces rayons, sont conformés et disposés de manière qu'ils représentent comme une seconde nageoire de l'anus, placée entre la véritable et la queue très-prolongée du poisson, ou, pour mieux dire, qu'ils paraissent augmenter de beaucoup, et souvent même du double, la largeur de la nageoire de l'anus. Tels sont les traits généraux de tous les vrais gymnotes : quelles sont les formes qui distinguent celui que l'on a nommé Électrique? Cette épithète &' Électrique a déjà été donnée à cinq poissons d'espèces très-différentes : à deux cartilagineux et à trois osseux; à la raie torpille, ainsi qu'à un tétrodon dont nous avons déjà parlé; à un trichiure, à un silure et au gymnote que nous décrivons. Mais c'est celui dont nous nous occupons dans cet article, qui a le plus frappé l'imagination du vulgaire, excité l'admiration des voyageurs, et étonné le physicien. Quelle a dû être en effet la surprise des premiers observateurs, lorsqu'ils ont vu un poisson en apparence assez faible, assez semblable, d'après le premier coup d'œii, aune anguille ou à un congre, arrêter soudain, et malgré d'assez grandes distances, la poursuite de son ennemi ou la fuite de sa proie, suspendre à l'instant tous les mouvements de sa victime, la dompter par un pouvoir aussi invisible qu'irrésistible, l'immoler avec la rapidité de l'éclair au travers d'un très-large intervalle, les frapper eux-mêmes comme par enchantement, les engour- dir et les enchaîner, pour ainsi dire, dans le moment où ils se croyaient garantis, par l'éloignement, de tout danger et même de toute atteinte! Le merveilleux a disparu même pour les yeux les moins éclairés, mais l'intérêt s'est accru et [l'attention a redoublé, lorsqu'on a rapproché de ces effets remarquables les phénomènes de l'électricité, que cha- que jour l'on étudiait avec plus de succès. Peut-être cependant croira-t-on, en lisant la suite de cette histoire, que cette puissance invisible et soudaine du gymnote ne peut être considérée que comme une modification de cette force redoutable et en même temps si féconde, qui brille dans l'éclair, retentit dans le tonnerre, renverse, détruit, disperse dans les foudres, et qui, moins resserrée dans ses canaux, moins précipitée dans ses mouve- ments, plus douce dans son action, se répand sur tous les points des êtres organisés, en pénètre toute la profondeur, en parcourt toutes les sinuosités, en vivifie tous les éléments. Peut-être faudrait-il, en suivant ce principe et pour éviter toute erreur, ne donner, avec quelques naturalistes, au poisson que nous examinons, que le nom de Gymnote engour- dissant, de Gymnote torporipque, qui désigne un fait bien prouvé et indépendant de toute théorie. Néanmoins, comme la puissance qu'il exerce devra être rapportée dans toutes les hypothèses à une espè(;e d'électricité; comme ce mot électricité peut être pris pour un mot générique, commun à plusieurs forces plus ou moins voisines et plus ou moins ana- logues; comme les phénomènes les plus imposants de l'électricité proprement dite sont tous produits par le gymnote qui fait l'objet de cet article, et enfin comme le plus grand nom- bre de physiciens lui ont donné depuis longtemps cette épithète d'Électrique, nous avons cru devoir, avec ces derniers savants, la préférer à toute autre dénomination. Mais avant de montrer en détail ces différents effets, de les comparer, et d'indiquer quelques-unes des causes auxquelles il faut les rapporter, achevons le portrait du gym- note électrique : voyons quelles formes particulières lui ont été départies, comment et par quels organes il naît, croît, se meut, voyage et se multiplie au milieu des grands fleuves qui arrosent les bords orientaux de l'Amérique méridionale, de ces contrées ardentes et humides, où le feu de l'atmosphère et l'eau des mers et des rivières se disputent l'empire, où tous les éléments de la reproduction ont été prodigués, où une surabondance de force vitale fait naître les végétaux et les animaux vénéneux; où, si je puis employer cette expression, les excès de la nature, indépendamment de ceux de l'homme, sacrifient chaque jour tant d'individus aux espèces; où tous les degrés du développement, entassés, pour ainsi dire, les uns contre les autres, produisent nécessairement toutes les nuances du dépérissement; où des arbres immenses étendent leurs branches innombrables, pres- sées, garnies des fleurs les plus suaves, et chargées d'essaims d'oiseaux resplendissants des couleurs de l'iris, au-dessus de savanes noyées, ou d'une vase impure que parcourent de très-grands quadrupèdes ovipares, et que sillonnent d'énormes serpents aux écailles dorées; où les eaux douces et salées montrent des légions de poissons dont les rayons du soleil réfléchis avec vivacité changent, en quelque sorte, les lames luisantes en diamants, en saphirs, en rubis; où l'air, la terre, les mers, et les êtres vivants, et les corps ina- nimés, tout attire les regards du peintre, enflamme l'imagination du pocte, élève le génie du philosophe. 24 HISTOIRE NATURELLE C'est, en effet, auprès de Surinam qu'habite le gymnote électrique; et il parait même qu'on n'a encore observé de véritable gymnote que dans l'Amérique méridionale, dans quelques parties de l'Afrique occidentale, et dans la Méditerranée, ainsi que nous le ferons remarquer de nouveau en traitant des notoptères. Le gymnote électrique parvient ordinairement jusqu'à la longueur d'un mètre un ou deux dccimctres; et la circonférence de son corps, dans l'endroit le plus gros, est alors de trois à quatre décimètres : il a donc onze ou douze fois plus de longueur que de lar- geur. Sa lèle est percée de petits trous ou pores très-sensibles, qui sont les orifices des vaisseaux destinés à répandre sur sa surface une liqueur visqueuse; des ouvertures plus peliles, mais analogues, sont disséminées en très-grand nombre sur son corps et sur sa queue : il n'est donc pas surprenant qu'il soit enduit d'une matière gluante très-abon- dante. Sa peau ne présente d'ailleurs aucune écaille rncilcmenl visible. Son museau est arrondi; sa mâchoire inférieure est plus avancée que la supérieure, ainsi qu'on a pu le voir sur le tableau du genre des gymnotes; ses dents sont nombreuses et acérées; et on voit des verrues sur son palais ainsi que sur sa langue qui est large. Les nageoires pectorales sont très-petites et ovales; celle de l'anus s'étend jusqu'à rexlrémilé de la queue, dont le bout, au lieu de se terminer en pointe, paraît comme tionqué. La couleur de l'animal est noirâtre, et relevée par quelques raies étroites et longitudi- nales d'une nuance plus foncée. Quoique la cavité du ventre s'étende au delà de l'endroit où est située l'ouverture de l'anus, elle est cependant assez courte relativement aux principales dimensions du poisson; mais les eflets de cette brièveté sont compensés par les replis du canal intestinal, qui se recourbe plusieurs fois. Je n'ai pas encore pu me procurer des observations bien sûres et bien précises sur la manière dont le gymnote électrique vient à la lumière : il paraît cependant qu'au moins le plus souvent la femelle pond ses œufs, et qu'ils n'éclosent pas dans le ventre de la mère, comme ceux de la torpille, de plusieurs autres cartilagineux, et même de quelques indi- vidus de l'espèce de l'anguille et d'autres osseux, avec lesquels le gymnote que nous exami- nons a de très-grands rapports. On ignore également le temps qui est nécessaire à ce même gymnote pour parvenir à son entier développement : mais comme il n'a pas fallu une aussi longue suite d'observa- tions pour s'assurer de la manière dont il exécute ses différents mouvements, on connaît bien les divers phénomènes relatifs à sa natation; phénomènes qu'il était d'ailleurs aisé d'annoncer d'avance, d'après une inspection attentive de sa conformation extérieure et intérieure. ^'ous avons déjà fait voir que la queue des poissons était le piincipal instrument de leur natation. Plus celte partie est étendue, et plus, tout égal d'ailleurs, le poisson doit se mouvoir avec facilité. Mais le gymnote électrique, ainsi que les autres osseux de son geni e, a une queue beaucoup plus longue que rensemble de la tête et du corps propre- ment dit; la hauleui' de cette partie est assez considérable; co'le hauteur est augmentée par la nageoire de l'anus, qui en garnit la partie inféiicure : l'animal a donc à sa dispo- sition une rame beaucoup plus longue et beaucoup plus haute à proportion que celle de presque tous les autres poissons ; celte rame peut donc agir à la fois sur de grandes lames d'eau. Les muscles destinés à la mouvoir sont très-puissants, le gymnote la remue avec une agilité très-remarquable : les deux éléments de la force, la masse et la vitesse, sont donc ici réunis; et en elfel, l'animal nage avec vigueur et rapidité. Comme tous les poissons très-allongés, plus ou moins cylindriques, et dont le corps est entretenu dans une grande souplesse par une viscosité copieuse et souvent renouvelée, il agit successivement sur l'eau qui l'environne par diverses portions de son corps ou de sa queue, (ju'il met en mouvement les unes après les antres, dans l'ordre de leur moindre èloigncnicnt de la tète; il ondnlc, il iiariage son action en plnsi(;urs actions parliculières, dont il combine les degrés de force et les directions de la manière la plus convenable pour vaincre les obslacles et parvenii- à son but; il commence à recouri)er les paities anté- rieures de sa (|ueue, lorsqu'il veut aller en avant; il contourne, au contraire, avant toutes les autres, les parties postérieures de cette même queue, lorsqu'il désire d'aller en arrière; et, ainsi que nous l'expliquerons un peu plus en détail en traitant de l'anguille, il se meut de la même manière que les serpents qui rampent sur la terre; il nage comme eux; il serpente véritablement au milieu des eaux. DES POISSONS. 25 On a cru, pendaiil quelque lemps, et même quelques naturalistes très-habiles ont publié que le gymnote électrique n'avait pas de vessie aérienne ou natatoire. On a pu être induit en erreur par la position de cette vessie dans l'électrique, position sur laquelle nous allons revenir en décrivant l'organe torporifique de cet animal. Miiis, quoi qu'il en soit de la cause de cette erreur, cette vessie est entourée de plusieurs rameaux de vaisseaux sanguins (pie Hunter a fait connaître, et qui partent de la grande artère qui passe au-des- sous de l'épine dorsale du poisson; et il nous paraît utile de faire observer que cette disposition de vaisseaux sanguins favorise l'opinion du savant naturaliste Fischer, biblio- thécaire de l'école centrale de Mayence, qui, dans un ouvrage très-intéressant sur la respi- ration des poissons, a montré comment il serait possible que la vessie aérienne de ces animaux servît non-seulement à faciliter leur natation, mais encore à suppléer à leur respiration et à maintenir leur sang dans l'état le plus propre à conserver leur vie. Il ne manque donc rien au gymnote électrique de ce qui peut donner des mouvements prompts et longtemps soutenus; et comme parmi les causes de la rapidité avec laquelle il nage, nous avons compté la facilité avec laquelle il peut se plier en différents sens, et par conséquent appliquer des parties plus ou moins grandes de son corps aux divers objets qu'il rencontre, il doit jouir d'un toucher plus délicat, et présenter un instinct plus relevé que ceu\ d'un très-grand nombre de poissons. Cette intelligence particulière lui fait distinguer aisément les moyens d'atteindre les animaux marins dont il fait sa nourriture, et ceux dont il doit éviter l'approche dange- reuse. La vitesse de sa natation le tiansporte dans des temps très-courts auprès de sa proie, ou loin de ses ennemis; et lorsqu'il n'a plus qu'à immoler des victimes dont il s'est assez approché, ou à repousser ceux des poissons supérieurs en force auxquels il n'a point échappé par la fuite, il déploie la puissance redoutable qui lui a été accordée, il met en jeu sa vei'tu engourdissante, il frappe h grands coups, et répand autour de lui la mort ou la stupeur. Cette qualité torporifique du gymnote électrique découverte, dit-on, auprès de Cayenne, par Van-Berkel, a été observée dans le même pays, par le naturaliste Richer, dès 1671. Mais ce n'est que quatre-vingts ans, ou environ, après cette époque, que ce même gymnote a été de nouveau examiné avec attention par La Condamine, Ingram, Gra- vesand, AUamand, Muschoubroeck, Gronou, Vander-Lott, Fermin, Bankroft, et d'autres habiles physiciens qui l'ont vu dans l'Amérique méridionale, ou l'ont fait ai)porter avec soin en Europe. Ce n'est que vers 1773 que Williamson à Philadelphie, Garden dans la Caroline, Walsh, Pringle, Magellan, etc., à Londres, ont aperçu les phénomènes les plus propres à dévoiler le principe de la force torporifique de ce poisson. L'organe particulier dans lequel réside cette vertu, et que Hunter a si bien décrit, n'a été connu qu'à peu prés dans le même temps, pendant que l'organe électi'ique de la torpille a été vu par Stenon, dès avant 1673, et peut-être vers la môme année par Lorenzini. Et l'on ne doit pas être étonné de cette différence entre un gymnote que l'on n'a rencontré, en quelque sorte, que dans une partie de l'Amérique méridionale ou de l'Afrique, et une raie qui habite sur les côtés de la mer d'Europe. D'un autre côlé, le gymnote torporifique n'ayant été fréquem- ment observé que depuis le commencement de l'époque brillante de la physique moderne, il n'a point été l'objet d'autant de théories plus ou moins ingénieuses, et cependant plus ou moins dénuées de preuves, que la torpille. Ou n'a eu, dans le fond, qu'une même manière de considérer la riature des divers phénomènes présentés par le gymnote : on les a rapportés ou à l'électricité proprement dite, ou à une force dérivée de cette puissance. Et comment des physiciens instruits des effets de l'électricité n'auraient-ils pas été entraî- nés à ne voir que des faits analogues dans les produits du pouvoir du gymnote engourdis- sant? Lorsqu'on touche cet animal avec une seule main, on n'éprouve pas de commotion, ou on n'en ressent qu'une extrêmement faible : mais la secousse est très-forte lorsqu'on applique les deux mains sur le poisson, et qu'elles sont séparées l'une de l'autre par une dislance assez grande. N'a-t-on pas ici une image de ce qui se passe lorsqu'on cherche à recevoir un coup électrique par le moyen d'un plateau de verre garni convenablement de plaques métalliques, et connu sous le nom de carreau fulminant? Si on n'approche qu'une main et qu'on ne touche qu'une surface, à peine est-on frappé; mais on reçoit une com- motion violente si on emploie les deux mains, et si, en s'appliquant aux deux surfaces, elles les déchargent à la fois. Comme dans les expériences électriques, le coup reçu par le moyen des deux mains a pu être assez fort pour donner aux doux bras une paralysie de plusieurs années. 26 HISTOIRE NATURELLE Les mi-taux, l'eau, les corps mouillés, et toutes les autres substances conductrices de l'électricité, transmettent la vertu engourdissante du gymnote; et voilà pourquoi on est frappé au milieu des fleuves, quoiqu'on soit encore à une assez grande distance de l'ani- mal; et voilà pourquoi encore les petits poissons, pour lesquels cette secousse est beau- coup plus dangereuse, éprouvent une commotion dont ils meurent ti l'instant, quoiqu'ils soient éloignés de plus de cinq mètres de l'animal torporiiique. Ainsi qu'avec l'électricilé, l'espèce d'arc de cercle que lorment les deux mains et que parcourt la force engourdissante, peut être très-agrandi, sans que la commotion soit sensi- blement diminuée; et vingt-sept personnes se tenant par la main et composant une chaîne dont les deux bouts aboutissaient à deux points de la surface du gymnote, séparés par un assez grand intervalle, ont ressenti, pour ainsi dire, à la fois, une secousse très-vive. Les différents observateurs, ou les diverses substances facilement perméables à l'électricité, qui sont comme les anneaux de cette chaîne, peuvent même être éloignés l'un de l'autre de près d'un décimètie, sans que cette interruption apparente dans la route préparée arrête la vertu lorpoiifique qui en parcourt également tous les points. Mais pour que le gymnote jouisse de tout son pouvoir, il faut souvent qu'il se soit, pour ainsi dire, progressivement animé. Ordinairement les prcmièi-es commotions qu'il fait éprouver ne sont pas les plus foites ; elles deviennent plus vives à mesure qu'il s'évertue, s'agite, s'irrite; elles sont terribles, lorsque, si je puis employer les expressions de plu- sieurs observateurs, il est livré à une sorte de rage. Quand il a ainsi frappé à coups redoublés autour de lui, il s'écoule fréquemment un intervalle assez marqué avant qu'il ne fasse ressentir de secousse, soit qu'il ait besoin de donner quelques moments de repos à des organes qui viennent d'être violemment exercés, ou soit qu'il emjjloie ce temps plus ou moins court à ramasser dans ces mêmes organes uwc nouvelle quantité d'un fluide foudroyant ou torporifique. Cependant il paraît qu'il peut produire non-seulement une commotion, mais même plu- sieurs secousses successives, quoiqu'il soit plongé dans l'eau d'un vase isolé, c'est-à-dire d'un vase entouré de matières qui ne laissent passer dans l'intérieur de ce récipient aucune quantité de fluide propre à remplacer celle qu'on pourrait supposer dissipée dans l'acte qui frappe et engourdit. Quoi (|u'il en soit, on a assuré qu'en serrant fortement le gymnote par le dos, on lui était le libre exercice de ses organes extérieurs, et on suspendait les effets de la vertu dite électrique qu'il possède. Ce fait est bien plus d'accord avec les résultats du plus grand nombre d'expériences faites sur le gymnote, que l'opinion d'un savant physicien qui a écrit que l'aimant attirait ce poisson, et que par son contact cette substance lui enlevait sa propriété torporiiique. Mais, s'il est vrai vége. Le régalée glesne a d'assez grands rapports avec les Iridiiures et les ophisures. Le corps et la queue sont frès-allongés et cojii|)rimés, les mâ- choires armées do doits nombreuses, les opercules composés de cinq ou six pièces, les membranes branchiales soutenues par cinq ou six rayons, les nageoires pectorales très- ))etiles. Au-dessous de chacune de ces drux dernières nageoires, on voit un (ilament renflé par le bout, et dont la longueur csl égale ordinairement au tiers de celle de l'animal. On compte, en quelque sorte, deux nageoires dorsales : la première, qui cependant est une série de picpiants plutôt qu'une véritable nageoire, commence dés le sommet de la tête, et est composée de huit aiguillons; la seconde s'étend depuis la nuque jusqu'à la na- geoire caudale, avec la([uelle elle se réunit et se confond. Tout le corps du poisson est argenté, semé de petits points noirs disposés en raies longitudinales, et varié dans ses nuances par trois bandes brunes et placées Iransversa- lenient sur la partie poslèi'icure de la queue. Comme on le rencontre souvent, ainsi que la chimère arctique, au milieu des innom- brables légions de harengs, qu'il est argenté comme ces derniers animaux, qu'il a l'air de lesconduire, et qu'il parvient à des dimensions assez considérables, on l'a nommé, ainsi que la chimère du Xord, Roi des HareiKjs', et c'est ce que désigne le nom géné- rique de Régalée, qui lui a été conservé. LE RÉGALEC LANCÉOLÉ., Rcgalccus lanceolalus, Laccp. i. Nous plaçons dans le même genre que le glesne une espèce de poisson dont nous avons vu une figure coloriée, exécutée avec beaucoup de soin, parmi les dessins chinois cédés par la Hollande et la France, et desquels nous avons déjà parlé plusieurs fois. Nous avons donné à ce régalée, dont les naturalistes d'Europe n'ont encore publié aucune des- cription, le nom spécifique de Lancéolé, parce que la nageoire qui termine sa queue a la forme d'un fer de lance. Cet animal est dénué d'une nageoire de l'anus comme le glesne : il a, comme ce dernier osseux, deux nageoires dorsales, très-basses et très-rapprochées; mais ces deux nageoires sont, en quelque sorte, triangulaires : la première n'est point composée d'aiguillons détachés, et la seconde ne se confond pas avec l'anale comme sur le glesne. Chacun des opercules n'est composé que de deux ou trois pièces, tandis qu'on en compte cinq ou six dans chaque opercule du régalée de Norwége. Le lancéolé a d'ailleurs le corps très-allongé et serpentiforme, comme le régalée d'Eu- rope; mais ce poisson chinois, au lieu d'être argenté, est d'une couleur d'or mêlée de brun. TRENTE-DEUXIÈME GENRE. LES ODONTOGNATHES. Une }nm( lonrjHP, large, recourhée, âeniclèo, placée de chaque côté de la mâchoire supérieure 2, ef entrainée par tous les )uouvemenls de la mâchoire de dessous. ESPÈCE. CARACTÈRE. Do.vTooATHE ( Iluit aiguillons tecourbcs, sllucs 8ur la poil AiGi'iLLON,>É. ( poses suF dcux raiigs longitudinaux, et places sur le ventre. L'Odo.vtooathe ( Huit aiguillons recourbes, situés sur la poitrine, vingt-huit autres aiguillons dis- ( posés L'ODONTOGNATHE AIGUILLONNÉ. Odontognalhus mucronatus, Lac.,Cuv.; Gnalhobolus mucronatus, Schn. Parmi plusieurs poissons que M. Leblond nous a fait parvenir assez récemment, de Cayenne, s'est trouvé celui que j'ai cru devoir nommer Odontognathe aiguillonné. Non- 1 M. Ciivicr remaniup que lo Régalée lancéolé ou ophidie chinoise des planches de Laccpcdc, gi/mne- Ints cepidianus .Shaw, n'aj)particnt pas au genre Gymnclrc. D. S M. Cuvier remarque que M. de Lacépède n'ayant vu qii'un individu mal conservé, a cru que ses maxillaires élaionl nalurcllcment diriges en avant de la bouche, comme deux cornes j mais que ce DES POISSONS. 4^ seulement cet osseux n'a encoie été décrit par aucun naturaliste, mais il ne peut être placé dans aucun des genres admis jus(|u'à présent par ceux qui cultivent l'histoire natu- relle. Sa tète, son corpset saqueue sont très-comprimés. Maiscequi doit le faire observer avec le plus d'atlenlion, c'est le mécanisme particulier que présentent ses mâchoires et dont on ne trouve d'exemple dans aucun poisson connu. Montrons en quoi consiste ce mécanisme. ' La mâchoire inférieure, plus longue que la supérieure, est très-relevée contre cette dernière, lorsque l'animal a sa bouche entièrement fermée; elle est même si redressée dans celte position, qu'elle paraît presque verticale. Elle s'abaisse, en quelque sorte comme un pont-levis, lorsque le poisson ouvre sa bouche; et on s'aperçoit facilement alors qu'elle forme une espèce de petite nacelle écailleuse, très-transparente, sillonnée par-dessous, et hnement dentelée sur ses bords. Cette mâchoire de dessous entraîne en avant, lorsqu'elle s'abaisse deux pièces très longues, ou, pour mieux dire, deux lames très-plates, irrégulières, de substance écailleuse un peu recourbées a leur bout postérieur, plus larges à leur origine qu'à leur autre extrémité, dentelées sur leur bord antérieur, et attachées, l'une d'un côté l'autre de l'autre, à la partie la plus saillante de la mâchoire supérieure. Lorsque ces'deux lames ont obei le plus possible au mouvement en en-bas de la mâchoire inférieure elles se trouvent avancées de manière que leurs extrémités dépassent la verticale que Ton peut supposer tirée du bout du museau vers le plan horizontal sur lequel le poisson repose C'est au milieu de ces deux pièces que l'on voit alors la mâchoire inférieure abaissée et étendue en avant; et dans cette attitude, le contour de la bouche est formé par cette même mâchoire de dessous, et par les deux lames dentelées qui sont devenues comme les deux côtés de la mâchoire supérieure. Tant que la bouche reste ouverte, les lames dépassent par le bas la mâchoire inférieure- mais lorsque celle-ci remonte pour s'appliquer de nouveau contre la mâchoire supérieure et fermer la bouche, chacune des deux pièces se couche contre un des opercules et paraît n'en être que le bord antérieur dentelé. ' C'est des dentelures que nous venons d'indiquer, en montrant le singulier mécanisme des machmres de 1 aiguillonne, que nous avons tiré le nom générique de cet animal, Odon- fo^/mt/^e signifiant par un seul mot, ainsi que cela est nécessaire pour la dénomination d un genre, a mâchoires dentelées. Au milieu de ces mâchoires organisées d'une manière si particulière, on voit une lan- gue pointue et assez libre dans ses mouvements. Les opercules, composés de plusieurs pièces, sont tres-transparents dans leur partie postérieure, écailleux et très-areentés dans leur partie antérieure. La membrane des branchies, qui est soutenue par cinq ravons est aussi argentée par-dessus; et il n'est pas inutile de faire observer à ceux qui auront encore présentes a leur esprit les idées que notre premier Discours renferme sur les cou- leurs des poissons, que dans un très-grand nombre d'osseux qui vivent aux environs de la Guyane et d autres contrées équatoriales de l'Amérique, la membrane branchiale est plus ou moins couverte de ces écailles très-petites et très-écla tantes qui arijentent les diverses parties sur lesquelles elles sont répandues. Lapoitrine, terminée par le bas en carène aiguë, présente sur cette sorte d'arête huit aiguillons recourbes. On distingue de plus, au travers des téguments et de chaque côté du corps, quatorze cotes peu courbées, dont chacune est terminée par un aiguillon saillant a 1 extérieur et se réunit, pour former le dessous du ventre, à celle qui iSi est analogue dans le cote du corps opposé à celui auquel elle appartient. Il résulte de cet arrangement que la carène du ventre est garnie de vingt-huit aiguillons disposés sur deux rangs longi- tudinaux; et c est de cette double rangée que vient le nom spécifique d'Aiguillonné, par lequel nous avons cru devoir distinguer le poisson osseux que nous décrivons La nageoire de l'anus est très-longue, et s'étend presque jusqu'à la base de celle de la queue, qui est fourchue. ^ j ^ Celle du dos est placée sur la queue proprement dite, vers les trois quarts de la lon- gueur totale de l animal ; mais elle est très-petite. D'après l'état dans lequel nous avons vu l'individu envoyé au Muséum d'Histoire natu- relle par M. Leblond, et conservé déjà depuis quelque temps dans de l'alcool afï'aibli, nous îîlf!!'.-^^"'"'^ accident. Ils sont placés, dit-il, dans ce genre comme dans tous les autres- et c'est «ur cette idée erronée qu'a été formé le nom de Gnathohulm (lançant ses mâchoires) d' 42 HISTOIRE NATrRFME pouvons seiik-mcnl conjecturer que l'odonlognanie aiguillonné présente, sur presque tout son corps, le vif éclat de l'argent. Nous le présumons d'autant plus, que cet animal a reçu dans les environs de Cayennc, suivant le rapport de M. Leblond, le nom vulgaire de Sar- dine; nom donné depuis longtenips à une dupée argentée sur une grande partie de son corps, et qui d'ailleurs n'a aucune ressemblance extérieure bien frappante avec l'aiguil- lonué. Comme la sardine, l'odontogualhe dont nous parlons est bon à manger, et vit dans l'eau salée. Il parvient à la longueur de trois décimètres. TRENTE-TROISIÈME GENRE. LES MURÈNES. Des nageoires pcclo'-nfi». dorsale, cuiida/e et de l'anus; les narines tubulées, les yeux voilés par «we mem- lirane, le corps serpentiforme et visqueux. ESPÈCES. CARACTÈRES. I. La Mirèm; | La mi'ietioirc iiifirieure plus avancée que la supérieure, cent rajons ou environ à la ANCIILI.E. ( nageoire de l'anus, le dessus du corps et de la queue sans tache. ^^ . «f . • l La màclioire inféiicuire plus avancée que la supérieure, Irentc-six rayons ou en- ^. La ^Krene I viion à la nageoire de l'anus, la couleur verdâtre ; de petites taches noires, une TACHETEE. | grande tochc de chaque côté et auprès de la tête. 3. La Murène ( Le museau un peu pointu, deux petits appendices un peu cylindriques à la lèvre MVRE. \ supc'rieure. la nageoire du dos toute cendrée, ou blanche et lisérée de noir. i. La Mvrène i Deux appendices un peu cylindriques à la lèvre supérieure, la ligne latérale CONGRE. ( blanche. LA MURÈNE ANGUILLE. Murœna Anguilla, Linn., Cuv,, Lacep. 11 est peu d'animaux dont on doive se retracer l'image avec autant de plaisir que celle de la murène anguille. Elle peut être offerte, cette image gracieuse, et à l'enfance folâtre, que la variété des évolutions amuse, et à la vive jeunesse, que la rapidité des mouve- ments enflamme, et à la beauté, que la grâce, la souplesse, la légèreté, intéressent et séduisent, et à la sensibilité, que les affections douces et constantes louclient si profondé- ment, et à la pliilosopliie même, qui se plaît à contempler cl. le principe et l'effet d'un instinct supérieur. Nous l'avons déjà vu, cet instinct supérieur, dans l'énorme et terrible requin : mais il y était le ministre d'une voracité insatiable, d'une cruauté sanguinaire, d'une force dévastatrice. Nous avons trouvé dans les jioissons électriques une puissance l)our ainsi dire magique; mais ils n'ont pas eu la beauté en partage. Nous avons eu à représenter des formes remarquables; prescjue toujours leurs couleurs élaienl ternes et obscures. Des nuances éclatantes ont frappé nos regards; rarement elles ont été unies avec des |)roporlions agréables; plus i-aremcnt encore elles ont servi de parure à un être d'un instinct élevé. El celte sorte d'intelligence, ce mélange de l'éclat des métaux et des couleurs de l'arc céleste, celte rare conformation de toutes les i)arties qui forment un même tout et qu'un lieureux accord a rassemblées, quand les avons-nous vus départis avec des habitudes pour ainsi dire sociales, des affections douces el des jouissances en quelque; sorte senlimenlales? C'est cette réunion si digue d'intérêt que nous allons cepen- dant montrer dans l'anguille. El lorsque nous aurons compris sous un seul point de vue sa forme déliée, ses |)roporlions sveltes, ses couleurs élégantes, ses flexions gracieuses, ses circonvolutions faciles, ses élans rapides, sa natation soutenue, ses mouvements sem- blables à ceux du ser|)enl, son industrie, son instinct, son affection pour sa compagne, son espèce de sociabilité el tous les avantages que l'homme en retire chaque jour, on ne sera p.is surpris que les (Jrecques et les Romaines les plus fameuses par leurs cliarmes aient donné sa forme à un de leurs ornements les plus recherchés, el que l'on doive en reconnaître les traits, de même que ceux des murénophis, sur de riches bracelets anti- ques, peut-être aussi souvent que ceux des couleuvres venimeuses dont on a voulu pen- dant longtemps retrouver exclusivement l'imago dans ces objets de luxe et de parure; on ne sera pas même étonné rpic ce i)euple ancien el célèbre (|ui adorait tous les objets dans lesquels il voyait quelque empreinte de la beauté, de la bonté, de la prévoyance, du pouvoir ou du courroux célestes, et qui se prosternait devant les ibis et les crocodiles, eût aussi accordé les honneurs divins h l'animal que nous examinons. C'est ainsi que nous avons vu l'énorme serpent devin obliger, par l'effroi, des nations encore peu civili- H' W o o H t-^ > g o I— 1 DES POISSONS. 45 sées des deux conlineiils, à courber une lèle tremblante devant sa force redoutable, que l'ignorance et la terreur avaient divinisée; et c'est ainsi encore que par l'effet d'une mylliologie plus excusable sans doule, mais bien plus surprenante, car, tille cette fois de la reconnaissance el non pas de la crainte, elle consacrait l'utilité et non pas la puis- sance, les premiers habitants de l'île Saint-Domingue, de même que les Troglodytes dont Pline a parlé dans son Histoire naturelle, vénéraient leur dieu sous la forme d'une (ortue. On ne s'attendait peut-être pas à trouver dans l'anguille tant de droits à l'attention. Quel est néanmoins celui qui n'a pas vu cet animal? Que! est celui qui ne croit pas être bien instruit de ce qui concerne un poisson que l'on pêche sur tant de rivages, que l'on trouve sur tant de tables frugales ou somptueuses, dont le nom est si souvent prononcé, et dojit la facilité à s'échapper des mains qui le retiennent avec trop de force, est devenue un objet de proverbe pour le sens boi-nê du vulgaire, aussi bien que pour la prudence éclairée du sage? Mais, depuis Aristote jusqu'à nous, les naturalistes, les Apicius, les savants, les ignorants, les têtes fortes, les esprits faibles, se sont occupés de l'anguille ; et voilà pourquoi elle a été le sujet de tant d'erreurs séduisantes, de préjugés ridicules, de contes puérils, au milieu desquels très-peu d'observateurs ont distingué les formes et les habitudes propres à insi)irer ainsi qu'à satisfaire une curiosité raisonnable. Tâchons de démêler le vrai d'avec le faux; représentons l'anguille telle qu'elle est. Ses nageoires pectorales sont assez petites, et ses autres nageoires assez étroites, pour qu'on puisse la confondre de loin avec un véiitable sei-pent : elle a de même le corps très-allongé et presque cylindrique. Sa tête est menue, le museau un peu pointu, et la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure. L'ouverture de chaque narine est placée au bout d'un très-petit tube qui s'élève au- dessus de la partie supérieure de la tête; et une prolongation des téguments les plus ex- térieurs s'étend en forme de membrane au-dessus des yeux et les couvre d'un voile demi- transparent, comme celui que nous avonsobservé sur les yeuxdes gymnotes, des ophisures el des aptéronoles. Les lèvres sont garnies d'un grand nombre de petits oi'ifices par lesquels se répand une liqueur onctueuse; une rangée de petites ouvertures analogues compose, de chaque côté de l'animal, la ligne que l'on a nommée latérale; et c'est ainsi que l'anguille est perpétuel- lement arrosée de celte substance qui la rend si visqueuse. Sa peau est sur tous les points de son corps enduite de cette humeur gluante qui la fait paraître comme vernie. Elle est pénétrée de cette sorte d'huile qui rend ses mouvements très-souples; el l'on voit déjà pourquoi elle glisse si facilement au milieu des mains inexpérimentées qui, la serrant avec trop de force, augmentent le jeu de ses muscles, facilitent ses efforts, et, ne pouvant la saisir par aucune aspérité, la sentent couler et s'échapper comme un fluide i. A la vérité, cette même peau est garnie d'écaillés dont on se seit même, dans plusieurs pays du Nord, pour donner une sorte d'éclat argentin au ciment dont on enduit les édifices : mais ces écailles sont si petites, que plusieurs physiciens en ont nié l'existence; et elles sont attachées de manière que le touchei' le plus délicat ne les fait pas reconnaître sur l'animal vivant, et que même un œil perçant ne les découvre que lorsque l'anguille est morte, et la peau assez desséchée pour que les petites lames écailleuses se séparent faci- lement. On aperçoit plusieurs rangs de petites dents, non-seulement aux deux mâchoires, à la partie antérieure du palais, et sur deux os situés au-dessus du gosier, mais encore sur deux autres os un peu plus longs et placés à l'origine des branchies. L'ouverture de ces branchies est petite, très-voisine de la nageoire pectorale, verticale, étroite, el un peu en croissant. On a de la peine à distinguer les dix rayons que contient communément la membrane destinée à fermer celte ouverture ; et les quatre branchies de chaque côté sont garnies de vaisseaux sanguins dans leur partie convexe, et dénuées de toute apophyse et de tout tu- bercule dans leur partie concave. Les nageoires du dos et de l'anus sont si basses, que la première s'élève à peine au- dessus du dos d'un soixantième de la longueur totale. Elles sont d'ailleurs réunies à celle de la queue, de manière qu'on a bien de la peine à déterminer la fin de l'une et le com- 1 Le mot mut'œna, qui vient du grec /^■^p^ij, lequel signifie couler, s'échapper, désigne cette faculté de l'anguillt' et dfs autres poissons de son genre. 41 flISTOlRE NATUREFLE mencemenl de lautre; el on peul les considérer comme une bande lrès-élroi(e, qui com- mence sur le dos à une certaine distance de la lèle, s'étend jusqu'au bout de la queue, entoure celle extrémité, y l'orme une pointe assez aiguë, revient au-dessous de lanimal jusqu'à l'anus, el présente toujours assez peu de bauteur pour laisser subsister les plus grands rapports entre le corps du serpent et celui de l'anguille. L'épaisseur de la partie membraneuse de ces trois nageoires réunies, fait qu'on ne compte que trés-dillicilemeiil les petits rayons qu'elles renferment, et qui sont ordinaire- ment au nombre de plus de mille, depuis le commencement de la nageoire dorsale jus- qu'au bout de la queue. Lescouleui's que l'anguille présente sont toujours agréables, mais elles varient assez fréquemment; el il parait que leurs nuances dépendent beaucoup de l'âge de l'animal, et de la qualité de l'eau au milieu de laquelle il vit. Lorsque celte eau est limoneuse, le dessus du corps de la muiéne que nous décrivons est d'un beau noir, et le dessous d'un jaune plus ou moins clair. Mais si l'eau est pure et limpide, si elle coule sur un fond de sable, les teintes qu'offre l'anguille sont plus vives et plus riantes : sa partie supérieure est d'un vert nuancé, quelquefois même rayé d'un brun qui le fait ressortir; et le blanc de lait, ou la couleur de l'argent, brillent sur la partie inférieure du i)oisson. D'ailleurs la nageoiie de l'anus est communément lisérée de blanc, et celle du dos de rouge. Le blanc, le rouge el le vert, ces couleurs que la nature sait marier avec tant de grâce, et fondre les unes dans les autres par des nuances si douces, composent donc l'une des pa- rures élégantes que l'espèce de l'anguille a reçues, et celle qu'elle déploie lorsqu'elle passe sa vie au milieu d'une eau claire, vive et pure. Au reste, les couleurs de l'anguille paraissent quelquefois d'autant plus variées par les différents reflets rapideset successifs de la lumière plus ou moins intense qui parvient jusqu'aux diverses [)arties de l'animal, que les mouvements très-prompts et très-mulli- pliés de cette muiéne peuvent faire changer à chaque instant l'aspect de ces mêmes por- tions colorées. Cette agilité est secondée par la nature de la charpente osseuse du corps et de la (pieue de l'animal. Ses vertèbres un peu comprimées et par conséquent un peu étroites à i)roporlion de leur longueur, pliantes et petites, peuvent se prêter aux diverses circonvolutions qu'elle a besoin d'exécuter. A ces vertèbres, qui communément sont au nombre de cent seize, sont atlacbées des côtes très-courtes, retenues par une adhérence très-légère aux a|)opbyses des vertèbres, et très-propres à favoriser les sinuosités néces- saires à la natation de la murène. De plus, les muscles sont soutenus et fortifiés dans leur action par une quanlilé très-considérable de petits os disséminés entre leurs divers faisceaux, et connus sous le nom iVarêles proprement dites, ou de petites tirètes. Ces os intermusculaires, que l'on ne voit dans aucune autre classe d'animaux que dans celle des poissons, et qui n'appartiennent même qu'à un certain nombre de poissons os- seux, sont d'autant plus grands qu'ils sont placés plus près de la tête; et ceux qui occu- pent la partie antérieure de l'animal, sont communément divisés en deux petites branches. Un instinct relevé ajoute aussi à la fréquence des mouvements; et nous avons déjà in- diqué que l'anguille, ainsi que les autres poissons osseux et serpcnlilbrmes, avait le cer- veau plus étendu, plus allongé, composé de lobes moins inégaux, plus développés et plus nombreux, que le cerveau de la plupart des poissons dont il nous reste à parler, et par- ticulièrement de ceux qui ont le corps très-aplat i, comme les pleuroncctes. Le cœui- est (juadrani^ulaiic; l'aorte grande; le foie rougeâlre, divisé en deux lobes, dont legauche est le plus volumineux; la vésicule du fiel séparée du foie commedans plu- sieurs espèces de serpents; la rate allongée et triangulaire; la vessie natatoire très-grande, attachée à l'épine est garnie par devant d'un long conduit à gaz ; le canal intestinal dénué de ces appendices que l'onremarqueauprès du pylore de plusieurs espèces de pois- sons, et presque sans sinuosités, ce qui indique la force des sucs digestifs de l'anguille, et en généial l'activité de ses humeurs et l'intensité de son principe vital. Les murènes anguilles parviennent à une grandeur très-considérable : il n'est pas très- lare d'en trouver en Angleterre, ainsi qu'en Italie, du poids de huit à dix kilogrammes. Dans l'Albanie, on en a vu dont on a comparé la grosseur à celle de la cuisse d'un homme; et des observateurs très-dignes de foi ont assuré que, dans des lacs de la Prusse, on en avait péché qui étaient longues de trois à quatre mètres. On a môme écrit que le Gange en avait nourri de plus de dix mètres de longueur; mais ce ne peut être qu'une erreur, et Ton aura vraisemblablementdonné le nom d'Anguille à quelque grand serpent, DES POISSONS. 45 à quelque boa devin que l'on aura aperçu de loin, nageant au-dessus de la surface du grand fleuve de l'Inde. Quoi qu'il en soit, la croissance de l'anguille se fait très-lentement; et nous avons sur la durée de son développement quelques expériences précises et curieuses qui m'ont été communiquées par un très-bon observateur, M. Septfontaines, auquel j'ai eu plu- sieurs fois, en écrivant cette Histoire naturelle, l'occasion de témoigner ma juste recon- naissance. Au mois de juin 1779, ce naturaliste mit soixante anguilles dans un réservoir; elles avaient alors environ dix-neuf centimètres. Au mois de septembre 4 783, leur longueur n'était que de cinquante et un centimètres ; au mois d'octobre I78G, cette même longueur n'était que de quarante à quarante-trois centimètres; et enfin, en juillet 1788, ces an- guilles n'étaient longues que de cinquante-cinq centimètres au plus. Elles ne s'étaient donc allongées en neuf ans que de vingt-six centimètres. Avec de l'agilité, de la souplesse, de la force dans les muscles, de la grandeur dans les dimensions, il est facile à la murène que nous examinons, de parcourir des espaces étendus, de surmonter plusieurs obstacles, de faire de grands voyages, de remontercontre des courants rapides. Aussi va-t-elle périodiquement, tantôt des lacs ou des rivages voisins de la source des rivières vers les embouchures des fleuves, et tantôt de la mer vers les sources ou les lacs. Mais, dans ces migrations régulières, elle suit quelquefois un ordre différent de celui qu'observent la plupart des poissons voyageurs. Elle obéit aux mêmes lois; elle est régie de même par les causes dont nous avons tâché d'indiquer la na- ture dans notre premier discours ; mais tel est l'ensemble de ses organes extérieurs et de ceux que son intérieur renferme, que la température des eaux, la qualité des aliments, la tranquillité ou le tumulte des rivages, la pureté du fluide, exercent, dans certaines circonstances, sur ce poisson vif et sensible, une action très-différente de celle qu'ils font éprouver au plus grand nombre des autres poissons non sédentaires. Lorsque le prin- temps commence de régner, ces derniers remontent des embouchures des fleuves vers les points les plus élevés des rivières; quelques anguilles, au contraire, s'abandonnant alors au cours des eaux, vont des lacs dans les fleuves qui en sortent, et des fleuves vers les côtes maritimes. Dans quelques contrées, et particulièrement auprès des lagunes de Venise, les anguilles remontent, dans le printemps, ou à peu près, de la mer Adriatique vers les lacs et les marais, et notamment vers ceux de Comachio, que la pêche des anguilles a rendus cé- lèbres. Elles y arrivent par le Pô, quoique très-jeunes; mais elles n'en sortent pendant l'automne pour retourner vers les rivages de la mer, que lorsqu'elles ont acquis un assez grand développement, et qu'elles sont devenues presque adultes. La tendance à l'imita- tion, cette cause puissante de plusieurs actions très-remarquables des animaux, et la sorte de prudence qui paraît diriger quelques-unes des habiludesdes anguilles, les déterminent à préférer la nuit au jour pour ces migrations de la mer dans les lacs, et pour ces retours des lacs dans la mer. Celles qui vont, vers la fin de la belle saison, des marais de Coma- chio dans la mer de Venise, choisissent même pour leur voyage les nuits les plus obscures, et surtout celles dont les ténèbres sont épaissies par la présence de nuages orageux. Une clarté plus ou moins vive, la lumière de la lune, des feux allumés sur le rivage, suftisent souvent pour les arrêter dans leur natation vers les côtes marines. Mais lorsque ces lueurs qu'elles ledoutent ne suspendent pas leurs mouvements, elles sont poussées vers la mer par un instinct si fort, ou, pour mieux dire, par une cause si énergique, qu'elles s'en- gagent entre des rangées de roseaux que les pêcheurs disposent au fond de l'eau jîour les conduire à leur gré, et que, parvenant sans résistance et par le moyen de ces tranchées aux enceintes dans lesquelles on a voulu les attirer, elles s'entassent dans ces espèces de petits parcs, au point de surmonter la surface de l'eau, au lieu de chercher à revenir dans l'habitation qu'elles viennent de quitter. Pendant cette longue course, ainsi que pendant le retour des environs de la mer vers les eaux douce? élevées, les anguilles se nourrissent, aussi bien que pendant qu'elles sont stationnaires, d'insectes, devers, d'œufs et de petites espèces de poissons. Elles attaquent quelquefois des animaux un peu plus gros. M. Septfontaines en a vu une de quatre- vingt-quatre centimètres présenter un nouveau rapport avec les serpents, en se jetant sur deux jeunes canards éclos de la veille, et en les avalant assez facilement pourqu'on pût les retirer presque entiers de ses intestins. Dans certaines circonstances, elles se contentent de la chair de presque tous les animaux morts qu'elles rencontrent au milieu ifi IIISTOIRR NATURELLE des eaux; mais elles causent souvent de ^lands ravages dans les rivières. 31. Noël nous écrit que dans la basse Seine elles détruisent beaucoup déperlans, de dupées feintes et de brèmes. Ce nest pas cependant sans danger quelles recherchent l'aliment qui leur convient le mieux : malgré leur souplesse, leur vivacité, la \itesse de leur fuite, elles ont des ennemis auxquels il leur est trés-dilficile d'échapper. Les loutres, plusieurs oiseaux d'eau, et les grands oiseaux de rivage, tels que les grues, les hérons et les ci- gognes, les pèchent avec habileté et les retiennent avec adresse; les hérons surtout ont dans la dentelure d'un de leurs ongles, des espèces de crochets qu'ils enfoncent dans le corps de l'anguille, et qui rendent inutiles tous les efforts qu'elle fait pour glisser au milieu de leurs doigts. Les poissons qui parviennent à une longueur un peu considérable, et, par exemple, le brochet et l'acipensère esturgeon, en font aussi leur pi'oie; et comme les esturgeons l'avalent tout entière et souvent sans la blesser, il arrive que, déliée, vis- queuse et flexible, elle parcourt toutes les sinuosités de leur canal intestinal, sort par leur anus, et se dérobe, par une prompte natation, à une nouvelle poursuite. 11 n'est presque personne qui n'ait vu un lombric avalé par des canards sortir de même des intestins de cet oiseau, dont il avait suivi tous les replis; et cependant c'est le fait que nous venons d'exposer, qui a donné lieu à un conte absurde accrédité pendant longtemps, à l'opinion de quelques observateurs très-peu instruits de l'organisation intérieure des animaux, et qui ont dit que l'anguille entrait ainsi volontairement dans le corps de l'esturgeon, pour aller y chercher des œufs dont elle aimait beaucoup à se nourrir. Mais voici un trait très-remarquable dans l'histoiie d'un poisson, et qui a été vu trop de fois pour qu'on puisse en douter. L'anguille, pour laquelle les petits vers des pi'és, et même quelques végétaux, comme, par exemple, les pois nouvellement semés, sont un ali- ment peut-être plus agréable encore que des œufs ou des poissons, sort de l'eau pour se procurer ce genre de nourriture. Elle rampe sur le rivage par un mécanisme semblable à celui qui la fait nager au milieu des fleuves; elle s'éloigne de l'eau à des distances assez considérables, exécutant avec son corps serpentiforme tous les mouvements qui donnent aux couleuvres la faculté de s'avancer ou de reculer; et après avoir fouillé dans la terre avec son museau pointu, pour se saisir des pois ou des petits vers, elle regagne en serpen- tant le lac ou la rivièi'e dont elle était sortie, et vers lequel elle tend avec assez de vitesse, lorsque le terrain ne lui oppose pas trop d'obstacles, c'est-à-dire de trop grandes inéga- lités. Au reste, pendant que la conformation de son corps et de sa queue lui permet de se mouvoir sur la terre sèche, l'organisation de ses branchies lui donne la faculté d'être pen- dant un temps assez long hors de l'eau douce ou salée sans en périr. En effet, nous avons vu qu'une des grandes causes de la mort des poissons que l'on retient dans l'atmosphère, est le grand dessèchement qu'éprouvent leurs branchies, et qui produit la rupture des artères et des veines brancliiales, dont le sang, qui n'est plus alors contre-balancé |)ar un lliiide aqueux environnant, tend d'ailleurs sans contrainte à rompre les membranes qui le contiennent. Mais l'anguille peut conserver plus facilement que beaucoup d'autres pois- sons l'humidilé, et ]iar conséquent la ductilité et la ténacité des vaisseaux sanguins de ses branchies; elle peut clore exactement l'ouverture de sa bouche; l'orifice branchial, par lequel un air desséchant paraîtrait devoir s'introduire en abondance, est très-étroit et peu allongé; l'opercule et la membrane sont placés et conformés de manière à former parfai- tement cet orifice; et de plus la liqueur gluante et copieuse dont l'animal est imprégné, entretient la mollesse de toutes les portions des branchies. Nous devons encore ajouter que, soit pour être moins exposée aux attaques des animaux qui cherchent à la dévorer, et à la poursuite des pécheurs ([ui veulent en faire leur proie, soit poui- obéir à quelque autre cause que l'on pourrai! trouversans beaucoup de peine, et qu'il est, dans ce momeni, inutile de considérer, l'anguille ne va à terre, au moins le plus fréquemment, que pendant la nuil. Une vapeur humide est très-souvent alors répandue dans l'atmosphère; le dessè- chement de ses branchies ne peut avoir lieu que plus difiicilement ; et l'on doit voir main- tenant pourquoi, dès le temps de Pline, on avait observé en Italie que l'anguille peut vivre hors de l'eau jusqu'à six jours, lorsqu'il ne souffle pas un vent méridional, dont l'effet le plus ordinaire, dans celte partie de l'Europe, est de faire évaporer l'humidité avec beaucoup de vitesse. Pendant le jour, la murène anguille, moins occupée de se procurer l'aliment qu'elle désire, se lient presque toujours dans un repos réparateur, et dérobée aux yeux de ses DES POISSONS. 47 ennemis par un asile qu'elle jîrépare avec soin. Elle se creuse avec son museau une retraite plus ou moins grande dans la terre molle du fond des lacs et des rivières; et par une attention particulière, résultat remarquable d'une expérience dont l'efTet se maintient de génération en génération, cette espèce de terrier a deux ouvertures, de telle sorte que si elle est attaquée d'un côté, elle peut s'échapper de l'autre. Cette industrie, pareille à celle des animaux les plus précautionnés, est une nouvelle preuve de cette supériorité d'inslincl que nous avons dû attribuer à l'anguille dès le moment où nous avons considéré dans ce poisson le volume et la forme du cerveau, l'organisation plus soignée des sièges de l'odo- rat, et enfin la flexibilité et la longueur du corps et de la queue, qui, souples et conti- nuellement humectés, s'appliquent dans toute leur étendue à presque toutes les suifiices, en reçoivent des impressions que des écailles presque insensibles ne peuvent ni arrêter, ni en quelque sorte diminuer, et doivent donner à l'animal un toucher assez vif et assez délicat. Il est à remarquer que les anguilles, qui, par une suite de la longueur et de la flexi- bilité de leur corps, peuvent, dans tous les sens, agir sur l'eau presque avec la même facilité et par conséquent reculer presque aussi vile qu'elles avancent, i)énétrent souvent la queue la première dans les trous qu'elles forment dans la vase, et qu'elles creusent quelquefois cette cavité avec cette même queue, aussi bien qu'avec leur tête. Lorsqu'il fait très-chaud, ou dans quelques autres circonstances, l'anguille quitte cepen- dant quelquefois, même vers le milieu du jour, cet asile qu'elle sait se donner. On la voit très-souvent alors s'approcher de la surface de l'eau, se placer au-dessous d'un amas de mousse flottante ou de plantes aquatiques, y demeurer immobile, et paraître se plaire dans cette sorte d'inaction et sous cet abri passager. On serait même tenté de croire qu'elle se livre quelquefois à une espèce de demi-sommeil sous ce toit de feuilles et de mousse. M. Septfontaines nous a écrit, en effet, dans le temps, qu'il avait vu plusieurs fois une anguille dans la situation dont nous venons de parler, qu'il était parvenu à s'en appro- cher, à élever progressivement la voix, à faire tinter plusieurs clefs Tune contre l'autre, à faire sonner très-près de la tête du poisson plus de quarante coups d'une montre à répétition, sans produire dans l'animal aucun mouvement de crainte, et que la murène ne s'était plongée au fond de l'eau que lorsqu'il s'était avancé brusquement vers elle, ou qu'il avait ébranlé la plante touffue sous laquelle elle goûtait le repos. De tous les poissons osseux, l'anguille n'est cependant pas celui dont l'ouïe est la moins sensible. On sait depuis longtemps qu'elle peut devenir familière au point d'accourir vers la voix ou l'instrument qui l'appelle et qui lui annonce la nourriture qu'elle préfère. Les murènes anguilles sont en très-grand nombre partout où elles trouvent l'eau, la température, l'aliment qui leur conviennent, et où elles ne sont pas privées de toute sûreté. Voilà pourquoi, dans plusieurs des endroits où l'on s'est occupé de la pêche de ces poissons, on en a pris une immense quantité. Pline a écrit que dans le lac Benaco des environs de Vérone, les lempêles qui, vers la fin de l'aulomne, en bouleversaiezit les flots, agitaient, entraînaient et roulaient, pour ainsi dire, un nombre si considérable d'anguilles, qu'on les prenait par milliers à l'endroit où le fleuve venait de sortir du lac. 3iartini rapporte dans son Dictionnaire, qu'autrefois on en péchait jusqu'à soixante mille dans un seul jour et avec un seul filet. On lit dans l'ouviage de Redi sur les Animaux vivanis dans les animaux vivants, que lors du second passage des anguilles dans l'Arno, c'est-à- dire lorsqu'elles remontent de la mer vers les sources de ce fleuve de Toscane, plus de deux cent mille peuvent tomber dans les filets, quoique dans un très-court espace de temps. Il yen a une si grande abondance dans les marais de Comachio, qu'en 1782 on en pécha 990,000 kilogrammes. Dans le Jutland, il est des livages vers lesquels, dans certaines saisons, on prend quelquefois d'un seul coup de filet plusde neufmille anguilles, dont quelques-unes pèsent de quatre à cinq kilogrammes. Et nous savons, par M. Noël, (|u'à Cléon prés d'Elbeuf, et même auprès de presque toutes les rives de la basse Seine, il passe des troupes ou plutôt des légions si considérables de petites anguilles, qu'on en remplit des seaux et des baquets. Cette abondance n'a pas empêché le goût le plus diflicile en bonne chère, et le luxe même le plus somptueux, de rechercher l'anguille, et de la servir dans leurs banquets. Cependant sa viscosité, le suc huileux dont elle est imprégnée, la difficulté avec laquelle les estomacs délicats en digèrent la chair, sa ressemblance avec un serpent, l'ont fait regarder dans certains pays, comme un aliment un peu malsain par les médecins, et comme un être impur par les esprits superstitieux. Elle est comprise parmi les poissons 48 ffisTomn: naturellh: en apparence dénués d'écaillés, que les lois religieuses des Juifs iiilerdisaient à ce peu- ple; et les règlements de Nunia ne |)eiinet(aienl |)as de les servir dans les sacrifices, sur les tables des dieux. Mais les défenses de quelques législateurs, cl les recommandations de ceux qui ont écrit sur Thygiéne, ont été peu suivies et peu imitées; la saveur agréable de la chair de l'anguille, et le peu de rareté de cette espèce, l'ont emporté sur ces ordres ou ces conseils: on s'est rassuré par l'exemple d'un grand nombre d'hommes, à la vérité, laborieux, qui, vivant au milieu des marais, et ne se nourrissant que d'anguilles, comme les pécheurs des lacs de Comachio auprès de Venise, ont cependant joui d'une santé assez forte, présenté un tempérament robuste, atteint une vieillesse avancée; et l'on a, dans tous les temps et dans presque tous les pays, consacré d'autant plus d'instants à la pêche assez facile de cette murène, que sa peau peut servir à beaucoup d'usages, que dans plu- sieurs contrées on en fait des liens assez forts, et que dans d'autres, comme, par exemple, dans quelques ])arlies de la Tartarie. et particulièrement dans celles qui avoisinent la Chine, celle même peau remplace, sans trop de désavantages, les vitres des fenêtres. Dans plusieurs pays de l'Europe, et notamment aux environs de l'embouchure de la Seine, on prend les anguilles avec des haims ou hameçons. Les plus petites sont attirées par des lombrics ou vers de terre, plus que par toute autre amorce : on emploie contre les plus grandes des haims garnis de moules, d'autres animaux à coquilles, ou de jeunes éperlans. Lorsqu'on pêche les anguilles pendant la nuit, on se sert d'un iilet nommé Seine drue, et pour la description duquel nous renvoyons le lecteur à l'article de la Raie bouclée. On substitue quelquefois à cette Seine un autre filet appelé, dans la rivière de Seine, Dranguel, ou Dranguel dru, dont les mailles sont encore plus serrées que celles de la Seine drue; et M. Noël nous fait observer, dans une note qu'il nous a adressée, que c'est par une suite de cette substitution, etparce qu'en général on exécute mal les lois rela- tives à la police des pèches, que les pécheurs de la Seine détruisent une grande quantité d'anguilles du premier âge et qui n'ont encore atteint qu'une longueur d'un ou deux déci- mètres, pendant qu'ils prennent, peut-être plus inutilement encore, dans ce même dran- guel, beaucoup de frai de barbeau, de vaudoise,del)rèmect d'autres poissons recherchés. Mais l'usage de ce filet à mailles tiès-serrées n'est pas la seule cause contraire à l'avanta- geuse reproduction, ou, pour mieux dire, à l'accroissement convenable des anguilles dans la Seine : M. >'o(M nous en fait remarquer deux autres dans la note que nous venons de citer. Premièrement, les pêcheurs de cette rivière ont recours quelquefois, pour la pêche de ces murènes, à la Vermille, sorte de corde garnie de vers, à laquelle les très-jeunes individus de celte espèce viennent s'attacher très-fortement, et par le moyen de laquelle on enlève des milliers de ces petits animaux. Secondement, les fossés qui communiquent avec la basse Seine, ont assez peu de pente pour que les iielites anguilles, poussées par le flux dans ces fossés, y restent à sec lorsque la marée se retire, et y périssent en nombre extrêmement considérable, par l'elfet de la grande chaleur du soleil de juin. Au reste, c'est le plus souvent depuis le commencement du printemps jusque vers la (in de l'automne, qu'on pêche les murènes anguilles avec facilité. Ou a communément assez de peine à les prendre au milieu de l'hivei-, au moins à des latitudes un peu élevées : elles se cachent, pendant cette saison, ou dans les terriers qu'elles se sont creusés, ou dans quelques autres asiles à peu près semblables. Elles se réunissent même en assez grand nombre, se serrent de très-près, et s'amoncellent dans ces retraites, où il paraît qu'elles s'engourdissent lorsque le fioid est rigouieux. On en a quelquefois trouvé cent qualre- vingls dans un trou de quarante décimètres cubes; et M. Noi'l nous mande qu';\ Aisiey près de Ouillebeuf, on eu |)rend souvent, pendant l'hiver, de très-grandes quantités, en fouillant dans le sable, entre les pierres du rivage. Si l'eau dans laquelle elles se trouvent est peu profonde, si par ce peu d'épaisseur des couches du fluide elles sont moins à cou- vert des impressions funestes du froid, elles périssent dans leur terrier, malgré toutes leurs précautions; et le savant Spallanzani rapporte qu'un hiver fit périr, dans les marais de Commachio, une si grande quantité d'anguilles , qu'elles pesaient, 1,800,000 kilo- grammes. Dans toute autre circonstance, une grande quantité d'eau n'est pas aussi nécessaire aux murènes dont nous nous occupons, que plusieurs auteurs l'ont prétendu. M. Septfontaines a pris dans une fosse (jui contenait à peine quatre cents décimètres cubes de ce fluide, une anguille d'une grosseur très-considérable; et la distance de la fosse à toutes les eaux de l'arrondissement, ainsi que le défaut de toute communication entre ces mêmes eaux et la petite mare, ne lui ont pas permis de douter que cet animal n'eût vécu très-longtemps DES rOlSSONS. 49 dans cet étroit espace, des effels duquel l'état de sa chair prouvait qu'il n'avait pas souf- fert. Nous devons ajouter néanmoins que si la chaleur est assez vive pour produire une très - grande évaporation et altérer les plantes qui croissent dans l'eau, ce fluide peut être corrompu au point de devenir morte! pour l'anguille, qui s'efforce en vain, en s'abritant alors dans la fange, de se soustraire à l'influence funeste de celle chaleur desséchante. On a écrit aussi que l'anguille ne supportait pas des changements rapides et très-mar- qués dans la qualité des eaux au milieu desquelles elle habitait. Cependant M. Seplfon- taines a prouvé plusieurs fois qu'on pouvait la transporter, sans lui faire courir aucun danger, d'une rivière bourbeuse dans le vivier le plus limpide, du sein d'une eau froide dans celui d'une eau tempérée. Il s'est assuré que des changements inverses ne nuisaient pas davantage à ce poisson ; et sur trois cents individus qui ont éprouvé sous ses yeux ces diverses transmigrations, et qui les ont essuyées dans différentes saisons, il n'en a péri que quinze, qui lui ont paru ne succomber qu'à la fatigue du transport et aux suites de leur réunion et de leur séjour très-prolongé dans un vaisseau trop peu spacieux. Néanmoins, lorsque leur passage d'un réservoir dans un autre, quelle que soit la nature de l'eau de ces viviers, a lieu pendant des chaleurs excessives, il arrive souvent que les anguilles gagnent une maladie épidémique pour ces animaux, et dont les symptômes con- sistent dans les taches blanches qui leur surviennent. Nous verrons dans noire Discours sur la manière de multiplier et de conserver les individus des diverses espèces de poissons, quels remèdes on peut opposer aux effets de cette maladie, dont les taches blanches et accidentelles dénotent la présence. Les murènes dont nous parlons sont sujettes, ainsi que plusieurs autres poissons, et particulièrement ceux que l'homme élève avec plus ou moins de soin, à d'autres maladies dont nous traiterons dans la suite de cet ouvrage, et dont quelques-unes peuvent être causées par une grande abondance de vers dans quelque partie intérieure de leur corps, comme, par exemple, dans leurs intestins. Pendant la plupart de ces dérangements, lorsque les suites peuvent en être très-graves, l'anguille se tient renfermée dans son terrier, ou, si elle manque d'asile, elle remonte souvent vers la superficie de l'eau; elle s'y agite, va, revient sans but déterminé, tour- noie sur elle-même, ressemble par ses mouvements à un serpent prêt à se noyer et lut- tant encore un peu contre les flots. Son corps enflé d'un bout à l'autre, et par là devenu plus léger relativement au fluide dans lequel elle nage, la soulève et la retient ainsi vers la surface de l'eau. Au bout de quelque temps, sa peau se flétrit et devient blanche; et lorsqu'elle éprouve celte altération, signe d'une mort prochaine, on dirait qu'elle ne prend plus soin de conserver une vie qu'elle sent ne pouvoir plus retenir : ses nageoires se remuent encore un peu; ses yeux paraissent encore se tourner vers les objets qui l'en- tourent : mais sans force, sans précaution, sans intérêt inutile pour sa sûreté, elle s'abandonne, pour ainsi dire, et souffre qu'on l'approche, qu'on l'enlève même sans qu'elle cherche à s'échapper. Au reste, lorsque des maladies ne dérangent pas l'organisation intérieure de l'anguille, lorsque sa vie n'est attaquée que par des blessures, elle la perd assez diflicilement; le principe vital parait disséminé d'une manière assez indépendante, si je puis employer ce mol, dans les diverses parties de cette murène , pour qu'il ne puisse être éteint que lorsqu'on cherche à l'anéantir dans plusieurs points à la fois ; et, de même que dans plusieurs serpents et particulièrement dans la vipère, une heure après la séparation du tronc et de la tête, l'une et l'autre de ces portions peuvent donner encore des signes d'une grande irritabilité. Cette vitalité tenace est une des causes de la longue vie que nous croyons devoir attri- buer aux anguilles, ainsi qu'à la plupart des autres poissons. Toutes les analogies indi- quent cette durée considérable, malgré ce qu'ont écrit plusieurs auteurs, qui ont voulu limiter la vie de ces murènes à quinze ans, et même à huit années : et d'ailleurs nous savons, de manière à ne pouvoir pas en douter, qu'au bout de six ans une anguille ne pèse quelquefois que cinq hectogrammes : que des anguilles conservées pendant neuf ans n'ont acquis qu'une longueur de vingt-six centimètres; que ces anguilles, avant d'être devenues l'objet d'une observation précise, avaient déjà dix-neuf centimètres, et par con- séquent devaient être âgées de cinq ou six ans: qu'à la fin de l'expérience elles avaient au moins quatorze ans ; qu'à cet âge de quatorze ans elles ne présentaient encore que le quart ou tout au plus le tiers de la longueur des grandes anguilles pêchées dans des lacs 80 HISTOIRE NATURELLE de la Prusse, el qu'elles n'auraient pu parvenir à cette dernière dimension qu'après un intervalle de quatre-vingts ans. Les anguilles de trois ou quatre mètres de longueur, vues dans des lacs de la Prusse par des observateurs dignes de foi , avaient donc au moins quaire-vingt quatorze ans : nous devons dire que des preuves de fait et des témoignages irrécusables se réunissent aux piobabililés fondées sur les analogies les plus grandes pour nous faire attribuer une longue vie à la murène anguille. Mais comment se perpétue cette espèce utile et curieuse? L'anguille vient d'un vérita- ble œuf, comme tous les poissons. L'œuf éclôt le plus souvent dans le ventre de la mère comme celui des raies, des squales, de plusieurs blennies, de plusieurs silures ; la pres- sion sur la partie inférieure du corps de la mère facilite la sortie des petits déjà éclos. Ces faits bien vus, bien constatés par les naturalistes récents, sont simples et conformes aux vérités physiologiques les mieux prouvées, aux résultats les plus sûrs des recherches anatomiques sur les poissons et particulièrement sur l'anguille; et cependant combien, depuis deux mille ans, ils ont été altérés et dénaturés par une trop grande confiance dans des observations précipitées et mal faites, qui ont séduit les plus beaux génies, parmi lesquels nous comptons non-seulement Pline, mais même Aristote! Lorsque les anguilles mettent bas leurs petits, communément elles reposent sur la vase du fond des eaux; c'est au milieu de cette terre ou de ce sable humecté qu'on voit frétiller les murènes qui \ienncnl de paraître à la lumière : Aristote a pensé que leur génération était due à cette fange. Les mères vont quelquefois fi'otter leur ventre contre des rochers ou d'autres corps durs, pour se débariaser plus facilement des petits déjà éclos dans leur intérieur; Pline a écrit que par ce frottement elles faisaient jaillir des fragments de leur corps, qui s'ani- maient, et que telle était la seule origine des jeunes murènes dont nous exposons la véri- table manière de riailre. D'autres anciens auteurs ont placé cette même origine dans les chairs corrompues des cadavres des chevaux ou d'autres animaux jetés dans l'eau, cada- vres autour desquels doivent souvent fourmiller de très-jeunes anguilles forcées de s'en nourrir par le défaut de tout autre aliment placé à leur portée. A des époques bien plus rapprochées de nous, Ilelmont a cru que les anguilles venaient de la rosée du mois de mai; et Leuwenhoeck a piis la jK-ine de montrer la cause de cette erreur, en faisant voir que dans celle belle partie du piinlemps, lorsque l'atmosphère est tranquille^ et que le calme règne sur l'eau, la portion de fluide; la plus chaude est la plus voisine de la surface, et que c'est cette couche plus échauffée, plus vivifiante et plus analogue A leur état de faiblesse, que les jeunes anguilles peuvent alors préférer. Schvvenckfeld, de Breslaw en Silésie, a fait naiire les murènes anguilles des branchies du cyprin bordelière; Schone- \cld, de Kiel dans le Ilolslein, a voulu qu'elles vinssent à la lumière sur la peau des gades morues, ou des salmones éperlans. Ils ont pris l'un et l'aulre pour de très-pelites murènes anguilles, des gordius, des sangsues, ou d'autres vers qui s'attachent à la peau ou aux branchies de iilusiours poissons. Ellor, Charlefon, Fahiberg, Gcsner, Birckhollz ont leconnu, au contraire, la véritable nianièie dont se reproduit l'espèce que nous décri- vons. Plusieurs observateurs des temps récents sont tombés, à la vérité, dans une erreur comballuc même par Aristote, en prenant les vers qu'ils voyaient dans les intestins des anguilles qu'ils disséquaient, pour des fœtus de ces animaux. Leuwenhoeck a eu lorlde chercher des œufs de ces poissons dans leur vessie urinaire, et Vallisnieri dans leur vessie natatoire : mais Muller, et peut-être Mondini, ont vu les ovaires ainsi que les œufs de la femelle; et la lailc du mâle a été également reconnue. D'après toutes ces considèralions, on doit éprouver un assez grand étonnement, et ce vif intérêt qu'inspirent les recherches et les doutes d'un des plus habiles et des plus célè- bres physiciens, lorsqu'on lit dans le Vojjufje de Spallanzani, que des millions d'anguilles ont été pèchées dans les marais, les lacs ou les fleuves de l'Ilalie et de la Sicile, sans qu'on ail vu dans leur intérieur ni oeufs ni fcetus. Ce savant observateur explique ce phé- nomène, en disant que les anguilles ne multiplient que dans la mer; el voilà pourquoi, continue-l-il, on n'en trouve pas, suivant Senebier, dans le lac de Genève, jus(pie auquel la chute du ithone ne leur permet pas de remonter, tandis (pi'on en pèche dans le lac de \cufchàlel, qui c()mmnni(|iu^ avec la mer par le Rhin et le lac de lîrcnna. 11 invile, en conséquence, les naturalistes à l'aire de nouvelles recherches sur les anguilles qu'ils rencontreroni au milieu des eaux salées el de la mer proprement dite, dans le temps du frai de ces animaux, c'esl-à-dire vers le milieu de l'automne, ou le commencement de l'hiver. Les œufs de l'anguille éclosant presque toujours dans le ventre de la mère, y doivent DES POISSONS. SI être fécondés : il est donc nécessaire qu'il y ait dans cette espèce un véritable accouple- ment du mâle avec la femelle, comme dans celles des raies, des squales, des syngnathes, des blennies et des silures; ce qui confirme ce que nous avons déjà dit de la nature de ses affections. Et comme la conformation des murènes est semblable en beaucoup de points à celle des serpents, l'accouplement des serpents et celui des murènes doivent avoir lieu, à peu près, de la même manière. Rondelet a vu, en effet, le mâle el la femelle entrelacés dans le moment de leur réunion la plus intime, comme deux couleuvres le sont dans des circonstances analogues; et ce fait a été observé depuis par plusieurs natu- ralistes. Dans l'anguille, comme dans tous les autres poissons qui èclosent dans le ventre de leur mère, les œufs renfermés dans l'intérieur de la femelle sont beaucoup plus volumineux que ceux qui sont pondus par les espèces de poissons auxquelles on n'a pas donné le nom de Vivipares ou de Vipères : le nombre de ces œufs doit donc être beaucoup plus petit dans les premiers que dans les seconds : et c'est ce qui a été reconnu plus d'une fois. L'anguille est féconde au moins dès sa douzième année. M. Seplfontaines a trouvé des petits bien formés dans le ventre d'une femelle qui n'avait encore que trente-cinq centi- mètres de longueur, et qui, par conséquent, pouvait n'être âgée que de douze ans. Cette espèce croissant au moins jusqu'à sa quatre-vingt-quatorzième année, chaque individu femelle peut produire pendant un intervalle de quatre-vingt-deux ans; et ceci sert à expli- quer la grande quantité d'anguilles que l'on rencontre dans les eaux qui leur conviennent. Cependant, comme le nombre des petits qu'elles peuvent mettre au jour chaque année est très-limitè, et que, d'un autre côté, les accidents, les maladies, l'activité des pêcheurs, et la voracité des grands poissons, des loutres et des oiseaux d'eau, en détruisent fré- quemment une multitude, on ne peut se rendre raison de leur multiplication qu'en leur aitribuant une vie et même un temps de fécondité beaucoup plus long qu'unsiècle etbeau- coup plus analogues à la nature des poissons, ainsi qu'à la longévité qui en est la suite. Au reste, il parait que dans certaines contrées, et dans quelques circonstances, il arrive aux œufs de l'anguille ce qui survient quelquefois à ceux des raies, des squales, des blennies, des silures, etc.; c'est que la femelle s'en débarrasse avant que les petits ne soient éclos, et l'on peut le conclure des expressions employées par quelques naturalistes en traitant de cette murène, et notamment par Redi dans son ouvrage des Animaux vivants dans les animaux vivants. Tous les climats peuvent convenir à l'anguille : on la pêche dans des contrées très- chaudes, à la Jamaïque, dans d'autres poi lions de l'Amérique voisines des tropiques, dans les Indes orientales; elle n'est point étrangère aux régions glacées, à l'Islande, au Groenland; el on la trouve dans toutes les contrées tempérées, depuis la Chine, où elle a été ligurée très-exactement pour l'intéressante suite de dessins donnés par la Hollande à la France, el déposés dans le Muséum d'histoire naturelle, jusqu'aux côtes occidentales du loyaume el à ses départements méridionaux, dans lesquels les murènes de cette espèce deviennent très-belles et très-bonnes, particulièrement celles qui vivent dans le bassin si célébré de la poétique fontaine de Vaucluse. Dans des temps plus reculés et antérieurs aux dernières catastrophes que le globe a éprouvées, ces mêmes murènes ont dû être aussi très-répandues en Europe, ou du moins très multipliées dans un grand nombre de contrées, puisqu'on reconnaît leurs restes, ou leur empreinte, dans presque tous les amas de poissons pétrifiés ou fossiles que les natu- ralistes ont été à portée d'examiner, el surfout dans celui que l'on a découvert à .Eningen, auprès du lac de Constance, el dont une notice a été envoyée dans le lemps par le célèbre Lavaler à l'illustre Saussure. jSous ne devons pas cesser de nous occuper de l'anguille sans faiie mention de quelques murènes que nous considérerons comme de simples variétés de celle espèce, jusqu'au moment où de nouveaux faits nous les feront regarder comme constituant des espèces par- ticulières. Ces variétés sont au nombre de cinq : deux diffèrent par leur couleur de l'anguille commune; les autres trois en sont distinguées par leur forme. INous devons la connaissance de la première à Spallanzani; el la notice des autres nous a été envoyée par M. Noël de Rouen, que nous avons si souvent le plaisir de citer. Premièrement, celle de ces variétés qui a été indiquée par Spallanzani, se trouve dans les marais de Chiozza auprès de Venise. Elle est jaune sous le ventre, constamment plus petite que l'anguille ordinaire; et ses habitudes ont cela de remarquable, qu'elle ne quitte pas périodiquement ses marais, comme l'espèce commune, pour aller, vers la fin de la 32 HISTOIRE NATURELLE saison des chaleurs, passer un temps plus ou moins long dans la mer. Elle porte un nom particulier : on la nomme Acerine. Sccoiulemcnt, des pécheurs de la Seine disent avoir remarqué que les premières anguilles qu'ils prennent sont plus blanches que celles qui sont pèchées plus lard. Selon d'autres, de morne que les anguilles sont communément plus rouges sur les fonds de roche, et deviennenl en pou do jours d'une teinte plus foncée lorsqu'on les a mises dans des réser- voirs, elles sont plus blanches sur des fonds de sable, 3Iais, indépendamment de ces nuances plus ou moins constantes que présentent les anguilles communes, on observe dans la Seine une anguille qui vient de la mer lorsque les marées sont fortes, et qui remonto dans la rivière en mémo temps que les merlans. Sa léle est un peu menue. Elle est d'ail- leurs très-belle et communément assez grosse. On la prend quelquefois avec la Seine; mais le plus souvent on la pèche avec une ligne dont les appâts sont des éperlans et d'autres petits poissons. Troisièmement, le Plmperneau est, suivant ))lusieurs pêcheurs, une autre anguille de la Seine, qui a la tète menue comme l'anguille blanche, mais qui de plusTatrès-allongée, et dont la couleur est brune. Quatrièmement, une autre anguille de la même rivière est nommée Gitisean. Elle a la tète plus courte et un peu plus large que l'anguille commune. Le guiseau a d'ailleurs le corps plus court; son œil est plus gros, sa chair plus ferme, sa graisse plus délicate. Sa couleur varie du noir au brun, au gris-sale, au roussâtre. On le prend depuis le Hoc jusqu'à Villequier, et rarement au-dessus. M. Noël pense que le bon goût de sa chair est dû à la nourriture substantielle et douce qu'il trouve sur les bancs de l'embouchure de la Seine, ou au grand nombre de jeunes et petits poissons qui pullulent sur les fonds do la mer. Il croit aussi que cette murène a beaucoup de rap- ports, par la délicatesse de sa chair, avec l'anguille que l'on pèche dans l'Eure, et que l'on désigne par le nom de Breteini. Les troupes de guiseaux sont quelquefois détrilléen, suivant l'expression des pécheurs, c'est-à-dire qu'ils ne sont, dans certaines circonstances, mêlés avec aucune autre murène; et d'autres foison pèche, dans le même temps, des quantités presque égales d'anguilles communes et de guiseaux. Un pêcheur de Villequier a dit à M. Noël qu'il avait pris, un jour, d'un seul coup de filet, cinq cents guiseaux, au pied du château d'Orcher. Cinquièmement, ÏAnfjuille chien a la tète plus longue que la commune, comme le pimperneau, et plus large, comme le guiseau. Cette partie du corps est d'ailleurs aplatie. Ses yeux sont gros. Ses dimensions sont assez grandes ; mais son ensemble est peu agréa- ble à la vue, et sa chair est filamenteuse. On dit qu'elle a des barbillons à la bouche. Je n'ai pas été à même do vérifier l'existence de ces barbillons , qui pcut-èlre nesont que les petits tubes à l'extrémité desquels sont placés les orifices des narines. L'Anguille chien est très-goulue; et de là vient le nom qu'on lui a donné. Elle dévore les petits poissons qu'elle peut saisir dans les nasses, déchire les filets, ronge même les fils de fer des lignes. Lorsqu'elle est prise à l'hameçon, on remarque qu'elle a avalé l'Iiaim de manière à le faire parvenir jusqu'à l'œsophage, tandis que les anguilles ordinaires ne sont retenues avec l'hameçon que par la pnrli(^ antérieure de leur palais. On la pèche avec plus de facilité vers le commencement de l'automne; elle paraît se plaire beaucoup sur les fonds qui sont au-dessus de Canteleu. Dans l'automne de 1798, une troupe d'Anguilles chiens remonta jusqu'au passage du Croisset : elle y resta trois ou quatre jours; et n'y trouvant pas apparemment une nourriture suflisante ou convenable, elle redescendit vers la mer, LA MURÈNE TACHETÉE. Miir.Tna maculata, Laccp. ; Mur.Tiia guttata. Liiin., Gmel. ET LA :\rURKNE MYRE. Murmna lon{];icollis, Ciiv,; Murrena Myrus, Lacep. Forskael a vu dans l'Arabie la murène tachetée, et en a publié le premier la descrip- tion. Celle murène a la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure, comme l'anguille, avec laquelle elle a d'ailleurs beaucoup de ressemblance; mais elle en diffère par une callosité placée entre les yeux, par le nombre des rayons de ses nageoires ainsi que de sa membrane branchiale, et par la disposition de ses couleurs. Elle est d'un verl DES POISSONS. 55 de mer, relevé par un grand nombre de taches noires ; el une tache plus grande est placée auprès de la tète, de chaque côté du corps. La myre habite dans une mer très-voisine des contrées dans lesquelles on a péché la tachetée : on la trouve dans la Méditerranée. Son museau est un peu pointu ; les bords des mâchoires et le milieu du palais sont garnis de deux ou trois rangées de petites dents presque égales; deux appendices très-courts et un peu cylindriques sont placés sur la lèvre supérieure. Plusieurs raies blanchâtres, les unes longitudinales et les autres trans- versales, régnent sur la partie supérieure de la tête. La nageoire du dos, celle de la queue et celle de l'anus, qui sont réunies, présentent une belle couleur blanche et un liseré d'un noir foncé. Telles sont du moins les couleurs que l'on remarque sur le plus grand nom- bre des myres : mais Forskael a fait connaître une murène qu'il regarde comme une variété de l'espèce que nous décrivons, et qui est d'un gris cendré sur toute sa surface. On a soupçonné que cette variété contenait dans sa léte un poison plus ou moins actif. Pour peu qu'on se souvienne de ce que nous avons dit au sujet des qualités vénéneuses des poissons, on verra sans peine de quelle nature devront être les observations dont cette variété sera l'objet, pour que l'opinion des naturalistes soit fixée sur la faculté malfaisante attribuée à ces murènes myres d'une couleur cendrée. Au reste, si l'existence d'un véritable poison dans quelque vaisseau de la tête de cette variété est bien constatée, il faudra, sans hésiter, la considérer comme une espèce différente de toutes les murènes déjà connues. LA MURÈNE CONGRE. Murœna Conger, Linn., Lacep. i. Le congre a beaucoup de rapports avec l'anguille : mais il en diffère par les proportions de ses diverses parties; par la plus grande longueur des petits appendices cylindriques placés sur le museau, et que l'on a nommés barbillons; par le diamètre de ses yeux, qui sont plus gros; par la nuance noire que présente presque toujours le bord supérieur de sa nageoire dorsale; par la place de cette nageoire, ordinairement plus rapprochée de la tête; par la manière dont se montre aux yeux la ligne latérale composée d'une longue série de points blancs ; par sa couleur, qui sur sa partie supérieure est blanche , ou cendrée, ou noire, suivant les plages qu'il fréquente, qui sur sa partie inférieure est blanche, et qui d'ailleurs offre fréquemment des teintes vertes sur la tête, des teintes bleues sur le dos, et des teintes jaunes sous le corps ainsi que sous la queue; par ses dimensions supé- rieures à celles de l'anguille, puisqu'il n'est pas très-rare de lui voir de trente à quarante décimètres de longueur, avec une circonférence de près de cinq décimètres, et que, suivant Gesner , il peut parvenir à une longueur de près de six mètres ; et enfin par la nature de son habitation, qu'il choisit presque toujours au milieu des eaux salées. On le trouve dans toutes les grandes mers de l'ancien et du nouveau continent; il est très-répandu surtout dans l'Océan d'Europe, sur les côtes d'Angleterre et de France, dans la Méditerranée, où il a été très-recherché des anciens, et dans la Propontide, où il l'a été dans des temps moins reculés. Ses œufs sont enveloppés d'une matière graisseuse très-abondante. Il est très-vorace; et comme il est grand et fort, il peut se procurer aisément l'aliment qui lui est nécessaire. La recherche à laquelle le besoin et la faim le réduisent, est d'ailleurs d'autant moins pénible, qu'il vit presque toujours auprès de l'embouchure des grands fleuves, où il se tient comme en embuscade pour faire sa proie et des poissons qui descendent des rivières dans la mer, et de ceux qui remontent de la mer dans les rivières. Il se jette avec vitesse sur ces animaux; il les empêche de s'échapper, en s'entortillant autour d'eux comme un ser- pent autour de sa victime; il les renferme pour ainsi dire dans un filet, et c'est de là que vient le nom de Filât (filet) qu'on lui a donné dans plusieurs départements méridionaux de France. C'est aussi de cette manière qu'il attaque et retient dans ses contours sinueux les poulpes ou sépies, ainsi que les crabes qu'il rencontre dépouillés de leur lét. Mais s'il est dangereux pour un grand nombre d'habitants de la mer, il est exposé à beaucoup d'ennemis : l'homme le poursuit avec ardeur dans les pays où sa chair est estimée; les très-grands poissons le dévorent; la langouste le combat avec avantage; et les muréno- phis, qui sont les murènes des anciens, le pressent avec une force supérieure. En vain, lorsqu'il se défend contre ces derniers animaux, emploie-t-il la faculté qu'il a reçue de 1 M. Cuvier forme dans le genre murène un sous-genre pour le congre et les espèces voisines, carac- térisées par leur dorsale qui commence assez près des pectorales. D. LACÉPllDr:. — TOMF. II. 1 54 HISTOIRE NATURELLE s'allacher loiloniont avec sa queue qu'il replie; en vain oppose-l-il par là une plus grande résistance àlamurénophis qui veut l'entraîner : ses eilbrts sont bientôt surmontés; et cette partie de son corps, dont il voudrait le plus se servir pour diminuer son infériorité dans une lulle trop inégale, est d'ailleurs dévorée, souvent dés la première approche, par la murénophis. On a pris souvent des congres ainsi mutilés, et portant l'empreinte dos dents acérées de leur ennemie. Au reste, on assure que la queue du congre se reproduit quel- quefois : ce qui serait une nouvelle preuve de ce que nous avons dit de la vitalité des poissons, dans notre premier Discours. Rcdi a trouvé dans plusieurs parties de l'intérieur des congres qu'il a disséqués, et, par exemple, sur la tunique externe de l'estomac, le foie, les muscles du ventre, la (unique extérieure des ovaires, et entre les doux tuniques de la vessie urinaire, des livdatidos à vessie blanche, de la grosseur d'une plume do coq, et de la longueur de vingl- cin(| à trente centimètres. Sur plusieurs côtes de l'Océan européen, on prend les congres par le moyen de plu- sieurs lignes longues chacune do cent trente ou cent quarante mètres, chargées, à une de leurs extrémités, d'un plomb assez pesant pour n'èlre pas soulevé par l'action de l'oau sur la ligne, et garnies de vingt-cinq ou trente piles ou cordes au bout de chacune dos- quelles sont un iiaim et un ajjpàl. Lorsqu'on veut faire sécher des congres pour les envoyer à des dislances assez grandes des rivages sur lesquels on les pèche, on les ouvre par-dessous, depuis la tète jusque vers l'extrémité de la queue; on fait des entailles dans les chairs trop épaisses ; on les lient ouverts par le moyen d'un bàlon qui va d'une extrémité à l'autre do l'animal ; on les sus- pend à l'air; et lorsqu'ils sont bien secs, on les rassemble ordiiiaironionl par paquets dont chacun pèse dix myriagrammes, ou environ. TRENTE-QUATRIEME GENRE. LES AMMODYTES. Une nageoire de l'anus; celle de la queue séparée de la nageoire de l'anus et de celle du dos ; la tète com- primée et plus étroite que le corps, la lèvre supérieure double : la mâchoire inférieure étroite et pointue, le corps très-allongé. ESPÈCE. CARACTÈRE. L'A.MMODYTE APPAT. | La nageoifc de la queue, fourchue. L'AMMODYTE APPAT. Ammodytcs tobianus. — Ammodytes alliciens, Laccp. i. On n'a encore inscrit que cette espèce dans le genre de l'ammodyle : elle a beaucoup de rapports avec l'anguille, ainsi qu'on a pu en juger par la seule énonciation des caractères dislinctifs de son genre; et comme elle a d'ailleurs l'habitude de s'enfoncer dans le sable des mers, elle a été appelée AncjuUle de sable en Suède, en Danemarck, en Angleterre, en Allemagne, en France, et a reçu le nom générique dWinniodijte, lequel désigne un animal qui plonge, pour ainsi dire, dans le sable. Sa tète comprimée, plus étroite que le corps, et pointue par devant, est l'instrument qu'elle emploie pour creuser la vase molle, et pénétrer dans le sable des rivages jusqu'à la profondeur de deux décimètres ou environ. Elle s'enterre ainsi par une habitude semblable à l'une de colles que nous avons remar- quées dans l'anguille, à laquelle nous venons de dire qu'elle ressemble par tant do traits ; et deux causes la portent à se cacher dans cet asile souterrain : non-seulement elle cherche dans le sable les dragonneaux et les autres vers dont elle aime t\ se nourrir, mais encore elle lâche de se dérober dans celte retraite à la dent de plusieurs poissons voraces, et particulièrement des scombres, qui la préfèrent à toute autre proie. De petits cétacées i Nos côtes nroduiscnt deux espèces d'ammodytes qui ont clé longtemps confondues : l" le lançon {A. tolnanus, VA.) à mâchoire inférieure très-pointue et maxillaires longs avec les pédicules des intér- maxillaircs très-courts, et à nageoire dorsale, commençant vis-à-vis la fin des pectorales; 2" l'équille (A. lunccu, l'enn.) à maxillaires plus courts, pédicules des intermédiaires plus longs, et à nageoire dorsale commençant vis-à-vis le milieu des pectorales. — Ils sont également communs sur nos côtes. Cuv., Règ. anim., t. II, p. 500, 2« édit. D. DES POISSONS. 33 même en font souvent leur aliment de choix ; et on a vu des dauphins poursuivre l'am- modyte jusque dans le limon du rivage, retourner le sable avec leur museau, et y fouiller assez avant pour déterrer et saisir le faible poisson. Ce goût très-marqué des scombres et d'autres grands osseux pour cet ammodyte le fait employer comme appât dans plusieurs pèches; et voilà U'où vient le nom spécifique que nous lui avons conservé. C'est vers le printemps que la femelle dépose ses œufs très-près de la côte. Mais nous avons assez parlé des habitudes de cette espèce : voyons rapidement ses principales formes. Sa mâchoire inférieure est plus avancée que la supérieure; deux os hérissés de petites dents sont placés auprès du gosier; la langue est allongée, libre en grande partie, et lisse ; l'orifice de chaque narine est double; les yeux ne sont pas voilés par une peau demi- transparente, comme ceux de l'anguille. La membrane des branchies est soutenue par sept rayons; l'ouverture qu'elle ferme est très-grande; et les deux branchies antérieures sont garnies, dans leur concavité, d'un seul rang d'apophyses, tandis que les deux autres en présentent deux rangées. On voit de chaque côté du corps trois lignes latérales; mais au moins une de ces trois lignes paraît n'indiquer que la séparation des muscles. Les écailles qui recouvrent l'ammodyte appât sont très-petites; la nageoire dorsale est assez haute, et s'étend presque depuis la tète jusqu'à une très-petite distance de l'extrémité de la queue, dont l'ouverture de l'anus est plus près que de la tète. Le foie ne parait pas divisé en lobes ; un cœcum ou grand appendice est placé auprès du pylore; le canal intestinal est grêle, long et contourné, et la surface du péritoine parsemée de points noirs. On compte ordinairement soixante-trois vertèbres avec lesquelles les côtes sont légè- rement articulées; ce qui donne à l'animal la facilité de se plier en différents sens, et même de se rouler en spirale, comme une couleuvre. Les intervalles des muscles présen- tent de petites arêtes qui sont un peu appuyées contre l'épine du dos. La chair est peu délicate. La couleur générale de l'ammodyte appât est d'un bleu argentin, plus clair sur la partie inférieure du poisson que sur la supérieure. On voit des raies blanches et bleuâtres placées alternativement sur l'abdomen; et une tache brune se fait remarquer auprès de l'anus. TRENTE-CINQUIE3IE GENRE. LES OPHIDIES. La tête couverte do grandes pièces écail/euscs, le corps et la queue comprimes en forme de lame, et garnis de petites écailles, la membrane des branchies très-large, tes nageoires du dos, de la queue et de l'anus réunies. PRK3IIER SOUS-GENRE. Des barbillons aux mâchoires. ESPÈCES. CARACTÈRES. •1, L'Ophidie I Quatre barbillons à la mâchoire inférieure; la mâchoire supérieure plus avancée BARBU, I que l'inférieure. SECOND SOUS-GENRE. Point de barbillons aux mâchoires. l. L UPHiDiE i j^g naeeoire de la queue un peu arrondie. IMBERBE. ^ O l r 3. L'Ophidie 1 Une ou plusieurs cannelures longitudinales au-dessus du museau ; la nageoire de uiVERNAK. ( la queue pointue; la mâchoire inférieure un peu plus avancée que la supérieure. 4. b6 HISTOIRE NATURI'LLl' L'OPHIDIE BARBU. Ophidium barbatuni, Bl., Lacep.. Ciiv. L'OPHIDIE IMBERBE. Ophidium imberbe, Linn.. Sch., Lacep. i. ET L'OPHIDIE rXERNAK. Ophidium Uncrnak. Lacep. 2. C'est au milieu des eaux salées qu'on rencontre les opliidies. Le bai bu liabile parlicu- licrement dans la mer Rouge et dans la Méditerranée, dont il fréquente même les rivages soplenlrionaux. Il a beaucoup de lossemblance, ainsi que les autios espèces de sou genre, avec les muiènes el les ammodytes : mais la réunion des nageoii es du dos, do la queue et de l'anus, sullirail pour qu'on ne confondit pas les opliidies avec les amniodyles; et les traits génériques que nous venons d'exposer à la tète du tableau méthodique du genre que nous décrivons. séi)arcnl ce même genre de celui des muiènes. Pour achever de don- ner une idée netic de la conformation du barbu, nous pouvons nous contenler dajouter aux caractères génériques, sous-génériques et spécifiques, que nous avons tracés dans cette lable méthodique des opliidies que le barbu a les yeux voilés par une membrane demi-lransparente, comme les gymnotes, les murènes et d'autres poissons; que sa lèvre supérieure est double et épaisse; que l'on voit de petites dents à sa mâchoire, sur son palais, auprès de son gosier; que sa langue est étroite, courte et lisse; que sa membrane branchiale présente sept rayons : que sa ligne latérale est droite, el que l'anus est plus près de la tète que du bout de la queue. Quant à ses couleurs, en voici l'ordre et les nuances. Le corps et la queue sont d'un argenté mêlé de teintes couleur de chair, relevé sur le dos par du bleuâtre, et varié par un grand nombre de petites taches. La ligne latérale est brune; les nageoires pectorales sont également brunes, mais avec un liséré gris; et celles du dos, de l'anus et de la queue sont ordinairement blanches et bordées de noir. Cet ophidie a la chair délicate, aussi bien que l'imberbe. Ce dernier, qui n'a pas de barbillons, ainsi qu'on peut le voir sur le tableau méthodique de son genre, et comme son nom l'indique, est d'une couleur jaune. On le trouve non-seulement dans la Méditerranée, où' on le pèche particulièrement auprès des côtes méridionales de Franco, mais encore dans l'Océan d'Europe, et même auprès de rivages très-septentrionaux. C'est vers ces mêmes plages boréales, et jusque dans la mer du Groenland, quhabite l'unernak dont on doit la connaissance au naturaliste Othon Fabricius. Sa couleur n'est ni argentée comme celle du barbu, ni jaune comme celle de l'imberbe, mais d'un beau vert que l'on voit régner sur toutes les parties de son corps, excepté sur les nageoires du dos, de l'anus, de la queue, et le dessous du ventre, qui sont blancs. Ses mâchoires sont sans barbillons, comme celles de l'imberbe; sa tète est large, ses yeux sont gros; l'ouverture de sa bouche est très-grande. Il est très-bon à manger comme les autres opliidies : mais comme il passe unegrandepartiede saviedanslahautemer,onlerencoiitre plus rarement. Il parvient aux dimensions de plusieurs gades, avec lesquels on l'a souvent comparé, et par conséquent devient plus grand que le baibu, dont la longueur n'est ordinairement que de trois à quatre décimètres. TRENTE-SIXIÈME GENRE. LES iMACROGNATHES 5. La mâchoire supérieure tr'es-nvancéc cl en forme de trompe, le corps et In queue comprimes comme une tome y les nageoires du dus el de l'anus distinctes de celle de la queue. espèces. caractères. 1. Le Macuocna- ( „ . . .,, , , , • , , THE AiGiii-LiiNNÉ. | V"" i"i'ze aiguilloiis au-dcvanl de la nageoire dvi dos. 2. Le JIacro(;.na- J ..... , , , . , THE AHMÉ. ) ireiilc trois aiguillons au-devant de la nageoire du dos. 1 M. Cuvior dit qu'il ne connaît pas VOfihldintn imberbe des naturalistes du Nord, mais qu'il le croit voisin des anguilles. Quant à VOiiliidimn iinb( rbc de Linnéc, il le range avec les Fierasl'ers, qui forment un sous-genre dans son genre Don/elle. I). 2 Ce poisson n'est pas cité par AL Cuvicr. D. r> Les Macrognathes de M. de Lacépcdc composent, pour M. Cuvier, un sous-genre de son genre Rui.NCHOBDELLE. Règ. auim., t. Il, p. 2(li, 2«' édit. D. DES POISSONS. 57 LE MACROGNATHE AIGUILLOxNNÉ. Macrognalhus aculeatus, Lacep. ; Rhinchobdellaorientalis, Bl.. Schn., Cuv. ; Ophidium aculeatum, Bl. Ce nom générique de MacrognatJie, qui signifie longue mâchoire, désigne le très-grand allongement de la mâchoire supérieure de l'espèce que nous allons décrire, et que nous avons cru devoir séparer des ophidies, non-seulement à cause de sa conformation qui est très-différente de celle de ces derniers osseux, mais encore à cause de ses habitudes. En effet, les ophidies se tiennent au milieu des eaux salées, et l'aiguillonné habite dans les eaux douces : il y vit des petits vers et des débris de corps organisés qu'il trouve dans la vase du fond des lacs ou des rivières. Sa mâchoire supérieure lui donne beaucoup de faci- lité pour fouiller dans la terre humectée et y chercher sa nourriture : elle est un peu pointue et extrêmement prolongée; aussi a-t-elle été comparée à une sorte de trompe. Le docteur Bloch, qui a examiné et décrit avec beaucoup de soin un individu de cette espèce, n'a vu de dents ni à cette mâchoire supérieure, ni à l'inférieure, ni au palais, ni au gosier; ce qui s'accorde avec la nature molle des petits animaux sans défense, ou des parcelles végétales ou animales que recherche l'aiguillonné. L'opercule des branchies n'est composé que d'une lame. Au-devant de la nageoire du dos, on voit une rangée longitudi- nale de quatorze aiguillons recourbés, et séparés l'un de l'autre; et deux autres aiguil- lons semblables sont placés entre la nageoire de l'anus et l'ouverture du même nom, qui est plus loin de la tête que du bout de la queue. D'ailleurs les couleurs de l'animal sont agréables; sa partie supérieure est rougeâtre, et l'inférieure argentée. Les nageoires pectorales sont brunes à leur base, et violettes dans le reste de leur surface. Celle du dos est rougeâtre, variée de brun, et remarqua- ble par deux taches rondes, noires, bordées de blanchâtre, et semblables à une prunelle entourée de son iris. La nageoire de l'anus est rougeâtre avec un liséré noir; et un bleu nuancé de noir règne sur la nageoire de la queue, qui est un peu arrondie. La chair de l'aiguillonné est très-bonne à manger. On le pêche dans les grandes Indes Il parvient ordinairement à la longueur de seize à vingt et un centimètres. LE MACROGNATHE ARMÉ. Macrognalhus armatus, Lacep. ; Rliincliobdella polyacantha, Bl., Sclin. Nous avons trouvé un individu de cette espèce encore inconnue aux naturalistes, dans une collection de poissons desséchés cédée par la Hollande à la France avec un grand nombre d'autres objets précieux d'histoire naturelle. Elle diffère de l'armé par plusieurs traits de sa conformation et par sa grandeur : l'individu que nous avons décrit était long de près de trente-six centimètres tandis que l'aiguillonné n'en a communément qu'une vingtaine de longueur totale. La mâchoire supérieure est façonnée eu trompe ; mais elle n'est pas aussi prolongée que dans l'aiguillonné; elle ne dépasse l'inférieure que de la moitié de sa longueur. Les deux mâchoires sont garnies de plusieurs rangs de très-petites dents, et l'aiguillonné n'en a ni aux mâchoires, ni au gosier, ni au palais. On voit un piquant auprès de chaque œil de l'armé, et trois piquants à chacun de ses opercules. Au lieu de quatorze rayons recourbés, on en compte trente-trois au-devant de la nageoire du dos, et chacun de ces aiguillons disposés en série longitudinale est renfermé en partie dans une sorte de gaîne. Les nageoires du dos et de l'anus ne sont pas séparées par un grand intervalle de celle de la queue, comme dans l'aiguillonné; mais elles la touchent immédiatement, et n'en sont distinguées que par une petite échancrure dans leur mem- brane. L'état dans lequel était l'individu que nous avons examiné, ne nous a pas permis de compter exactement le nombre des rayons de ses nageoires : mais nous en avons trouvé plus de soixante-dix dans celle du dos, et plus de vingt dans chaque pectorale; et cepen- dant le docteur Bloch n'en a vu que seize dans chacune des pectorales de l'aiguillonné, et cinquante et un dans la nageoire dorsale de ce dernier macrognathe. Au reste, l'armé a, comme l'espèce décrite par le docteur Bloch, deux aiguillons recour- bés au devant de la nageoire de l'anus. Nous ignorons dans quel pays vit le macrognalhe armé. 58 HISTOIRE NATURELLE TRENTE-SEPTIÈME GENRE. LES XIPHIAS. La mâchoire supérieure prolongée en forme de lame ou d'êpée, el d'une longueur au moins égale au tiers delà longueur totale de l'animal. ESPÈCES. CARACTÈRES. 1. Le Xipnus ( La urolongalion du museau, plate, sillonnée par-dessus et par-dessous, et tran- ESPAUON. \ clianto sur SCS Loids. 2. Le Xiphias | La prolongation du museau, convexe par dessus, non sillonnée, et émoussée sur ses ÉPÉE. ( bords. LE XIPHIAS ESPADON. Xiphias Gladius, Linn., Bl., Lacep., Cuv. Voici un de ces géants de la mer, de ces émules de plusieurs cétacées dont ils ont reçu le nom, de ces dominateurs de l'Océan qui réunissent une grande force à des dimensions très-étendues. Au premier aspect, le xiphias espadon nous rappelle les grands acipen- sères, ou plutôt les énormes squales et même le terrible requin. Il est l'analogue de ces derniers; il tient parmi les osseux une place semblable à celle que les squales occupent parmi les cartilagineux; il a reçu comme eux une grande taille, des muscles \igoureux, un corps agile, une arme redoutable, un courage intrépide, tous les attributs de la puis- sance; et cependant tels sont les résultats de la différence de ses armes à celles du requin et des autres squales, qu'abusant bien moins de son pouvoir, il ne porte pas sans cesse autour de lui, comme ces derniers, le carnage et la dévastation. Lorsqu'il mesure ses forces contre les grands habitants des eaux, ce sont plutôt des ennemis dangereux pour lui qu'il repousse, que des victimes qu'il poursuit. Il se contente souvent pour sa nourri- ture, d'algues et d'autres plantes marines ; et bien loin d'attaquer et de chercher à dévo- rer les animaux de son espèce, il se plaît avec eux; il aime surtout à suivre sa femelle, lors même qu'il n'obéit pas à ce besoin passager, mais impérieux, que ne peut vaincre la |)lus hoirible férocité. Il paraît donc avoir et des habitudes douces et des affections vives. On peut lui supposer une assez grande sensibilité, et si l'on doit comparer le requin au tigre, le xiphias peut être considéré comme l'analogue du lion. Mais les effets de son organisation ne sont pas seuls remarquables; sa forme est aussi très-digne d'attention. Sa tête surtout frappe par sa conformation singulière. Les deux os de la mâchoire supéiieure se prolongent en avant, se réunissent et s'étendent de manière que leur longueur égale à peu près le tiers de la longueur totale de l'animal. Dans cette prolongation , leur matière s'organise de manière à pi'ésenter un grand nombre de \)c[\\s cylindres, ou plutôt de petits tubes longitudinaux; ils forment une lame étroite el plate, qui s'amincit et se rétrécit de plus en plus jusqu'à son extrémité, et dont les bords sont tranchants comme ceux d'un espadon ou d'un sabre antique. Trois sillons longitudinaux régnent sur la surface supérieuie de cette longue lame, au bout de laquelle parvient celui du milieu; et l'on aperçoit un sillon semblable sur la face inférieure de cette même pro- longation. Une extension de l'os frontal, triangulaire, pointue el très-allongée, concourt à la formation de la face supérieure de la lame, en s'étendanl entre les deux os maxillaires, au moins jusque vers le tiers de la longueur de cette arme; cl sur la face inférieure de cette lame osseuse, on voit une extension analogue et également triangulaire des os pala- tins s'avancer entre les deux os maxillaires, mais moins loin que l'extension pointue de l'os frontal. Ce sabre à deux tranchants est d'ailleurs revêtu d'une peau légèrement cha- grinée. La mâchoire inférieure est pointue par devant; et sa longueur égalant le tiers de la lon- gueur de la lame tubulée, c'est-à-dire le neuvième de la longueur totale de l'animal, il n'est pas surprenant que l'ouverture de la bouche soi! grande; ses deux bords sont gar- nis d'un nombre considérable de petits tubercules très-durs, ou plutôt de petites dents tournées vers le gosier, auprès duquel sont quelques os hérissés de pointes. La langue est forte et libre dans ses mouvements. Les yeux sont saillants, el l'iris est verdàtre. L'espadon a d'ailleurs le corps el la queue très-allongés. L'orifice des branchies est grand, et son opercule composé de deux pièces; sept ou huit rayons soutiennent la mem- brane bram hialc. Los nageoires sont en forme de faux, excepté celle do la queue, qui est DES POISSONS. 89 en croissant. Une membrane adipeuse placée au-dessous d'une peau mince , couvre tout le poisson. La ligne latérale est pointillée de noir : celte même couleur règne sur le dos de l'ani- mal dont la partie inférieure est blanche. Les nageoires pectorales sont jaunâtres; celle du dos est brune ; et toutes les autres présentent un gris cendré. L'espadon habile dans un grand nombre de mers. On le trouve dans l'Océan d'Europe, dans la Méditerranée, et jusque dans les mers australes. On le rencontre aussi entre l'Afrique et l'Amérique : mais, dans ces derniers parages, sa nageoire du dos paraît être constamment plus grande et tachetée; et c'est aux espadons, qui, par les dimensions et les couleurs de leur nageoire dorsale, composent une variété plus ou moins durable, que l'on doit, ce me semble, rapporter le nom brasilien de Gtiehucu. Les xiphias espadons ont des muscles très-puissants : leur intérieur renferme de plus une grande vessie natatoire; ils nagent avec vitesse; ils peuvent atteindre avec facilité de très-grands habitants de la mer. Parvenus quelquefois à la longueur de plus de sept mètres, frappant leurs ennemis avec un glaive pointu et tranchant de plus de deux mètres, ils mettent en fuite, ou combattent avec avantage les jeunes et les petils cétacées, dont les téguments sontaisément traversés parleur arme osseuse, qu'ils poussentavecviolence, qu'ilsprécipKent avec rapidité, et dont ils accroissent la puissance de toute celle de leur masse et de leur vitesse. On a écrit que dans les mers dont les côtes sont peuplées d'énormes crocodiles, ils savaient se placer avec agilité au-dessous de ces animaux cuirassés, et leur percer le ventre avec adresse à l'endroit où les écailles sont le moins épaisses et le moins fortement attachées. On pourrait même, à la rigueur, croire, avec Pline, que lorsque leur ardeur est exaltée, que leur instinct est troublé, ou qu'ils sont le jouet de vagues furieuses qui les roulent et les lancent, ils se jettent avec tant de force contre les bords des embar- cations que leur arme se brise, et que la pointe de leur glaive pénètre dans l'épaisseur du bord, et y demeure attachée, comme on y a vu quelquefois également implantés des frag- ments de l'arme dentelée du squale scie, ou de la dure défense du narval. Malgré celle vitesse, cette vigueur, cette adresse, cette agilité, ces armes, ce pouvoir, l'espadon se contente souvent, ainsi que nous venons de le dire, d'une nourriture purement végétale. Il n'a pas de grandes dents incisives ni laniaires, elles rapports de l'abondance et de la nature de ses sucs digestifs avec la longueur et la forme de son canal intestinal, sont tels, qu'il préfère fréquemment aux poissons qu'il pourrait saisir, des algues et d'autres plantes marines : aussi sa chair est-elle assez communément bonne à manger, et même très-agréable au goût; aussi, lorsque la présence d'un ennemi dangereux ne le contraint pas à faire usage de sa puissance, a-t-il des habitudes assez douces. On ne le i-enconlre presque jamais seul : lorsqu'il voyage, c'est quelquefois avec un compagnon, et |)resque toujours avec une compagne; et cette association par paires prouve d'autant plus que les espadons sont susceptibles d'all'ection les uns pour les autres, qu'on ne doit pas supposer qu'ils sont réunis pour atteindre la même proie ou éviter le même ennemi, ainsi qu'on peut le croire de l'assemblage désordonné d'un très-grand nombre d'animaux. Un sentiment dilTérent de la faim ou de la crainte peut seul, en produisant une sorte de choix, faire naître et conserver cet arrangement deux k deux; et de plus leur sensibilité doit être considérée comme assez vive, puisque la femelle ne donne pas le jour à des petits tout formés, que par conséquent il n'y a pas d'accouplement dans cette espèce, que cette même femelle ne va déposer ses œufs vers les rivages de l'Océan que lors de la lin du prin- temps ou au commencement de l'été, et que cependant le mâle suit fidèlement sa compa- gne dans toutes les saisons de l'année. La saveur agréable et la qualité très-nourrissante de la chair de l'espadon font que dans plusieurs contrées on le pêche avec soin. Souvent la recherche qu'on fait de cet animal est d'autant plus infructueuse, qu'avec son long sabre il déchire et met en mille pièces les filets par le moyen desquels on a voulu le saisir. Mais d'autres fois, et dans cer- tains temps de l'année, des insectes aquatiques s'attachent à sa peau au-dessous de ses nageoires pectorales, ou dans d'autres endroits d'où il ne peut les faire tomber, malgré tous ses efforts; et quoiqu'il se frotte contre les algues, le sable ou les rochers, ils se cramponnent avec obstination, et le font souffrir si vivement, qu'agité, fu- rieux, en délire comme le lion et les autres grands animaux terrestres sur lesquels se précipite la mouche du désert, il va au-devant du plus grand des dangers, se jette au milieu des filets, s'élance sur le rivage, ou s'élève au-dessus de la ^urface^de l'eau, et retombe jusque dans les barques des pêcheurs, /^ 'iiS^y'^^^^L 60 HISTOIRE NATURELLE LE XIPHIAS ÉPÉE. Xiphias Ensis, Lacep. La description de celle espèce n'a encore été publiée par aucun naturaliste. Nous n'avons vu de ce poisson que la partie antérieure de la fête ; mais comme c'est dans cette portion du corps que sont placés les caractères distinctifs des xiphias, nous avons pu rap- porter l'épée à ce genre, et comme d'ailleurs celte même partie antérieure ne nous a pas seulement présenté les formes particulières à la famille dont nous nous occupons, mais nous a montré de plus des traits remarquables et très-différents de ceux de l'espadon, nous avons dû séparer de cette dernière espèce l'animal auquel avait appartenu cette portion, et nous avons donné le nom d'Epee à ce xiphias encore inconnu. Voici les grandes différences qui distinguent l'épée de l'espadon, et qui suffiraient seules pour empêcher de les réunir, quand bien même le corps et la queue de l'épée seraient entièrement semblables à la queue el au corps de l'espadon. Dans ce dernier animal, la prolongation est plate : elle esl convexe dans l'épée. L'arme de l'espadon est aiguë sur ses bords comme un sabre à deux tranchants : celle de l'épée est trés-arrondie le long de ses côlés, el par conséquent n'est point propre à tailler ou couper. La lame de l'espadon est très-mince : la défense de l'épée esl presque aussi épaisse, ou, ce qui est ici la même chose, presque aussi haute que large. On voit trois sillons longitudinaux sur la face supérieure du sabre de l'espadon, et un sillon également longitudinal sur la face inférieure de ce même sabre; on n'aperçoit de sillon sur aucune des surfaces de la prolongation osseuse de l'épée. Une extension de l'os frontal , pointue et triangulaire, s'avance au milieu des os maxil- laires supérieurs de l'espadon, jusqu'au delà de sa mâchoire inférieure : une extension analogue n'est presque pas sensible dans l'épée. Une seconde extension pointue el triangulaire, appartenant aux os intermaxillaires, se prolonge dans l'espadon sur la face inférieure de l'arme, mais ne va pas jusqu'au-dessus du bout de la mâchoire inférieure : dans l'épée elle dépasse de beaucoup cette dernière extrémité. La peau qui couvre la lame de l'espadon esl légèrement chagrinée : celle qui revêt la défense de l'épée présente dos grains bien plus gros ; et sous les os maxillaires, à l'endroit qui répond à la mâchoire inférieure, les tubercules de celle peau se changent, pour ainsi dire, en petites dents recourbées vers le gosier. Voilà donc sept différences qui ne permettent pas de rapporter à la même espèce l'es- padon et l'épée. Il peut d'ailleurs résulter de celte diversité dans la forme des armes, une variété assez grande dans les habitudes, une espèce ayant un glaive qui tranche et coupe, et l'autre espèce une épée qui perce et déchire. Au reste, la portion de la tête d'un xiphias épée, qui nous a montré la conformation que nous venons d'exposer, fait partie de la collection du 3Iuséum d'histoire naturelle. TRENTE-HUITIEME GENRE. LES MÂKAm.\S 1. Lu mûc/ioire supérieure prolongée en forme de lame ou d'èpêe, et d'une longueur égale au cinquième ou tout (III )iliis un (juiirt de la lotigueur lolale de ranimai] deux boucliers osseux et lancéolés, de chaque côté de rextri'milé de la queue; deux nageoires dorsales. ESPÈCES. CARACTÈRES. Le Makaira noi- I La première nageoire du dos Irès-grande; les deux doisalcs et l'anale, triangulaires} RATRE. ) la caudale grande et en croissant. LE MAKAIRA NOIRATRE. Makaira nigricans, Lacep., Cuv.; Xipliias makaira, Sliaw. Ce poisson esl digne de l'attention des naturalistes qui ne le connaissent pas encore. Il doit être compté parmi les grands habitants de la mer. L'individu dont nous avons fait I M. Cuvicr admet li' mukaira comme un sous-genre dans le genre Espadon. DES POISSONS. 61 graver la figure, avait trois mètres et près de trois décimètres de longueur, sur une hau- teur d'un mètre. Le makaira doit jouir d'ailleurs d'une puissance redoutable. Ses mouve- ments doivent être prompts; le nombre de ses nageoires, leur étendue, et la forme de sa queue, lui donnent une natation rapide; et, [comme lesxiphias, à côté desquels il faut le placer, il porte, à l'extrémité de sa mâchoire supérieure, une arme dangereuse, une épée qui perce et qui frappe. Ce glaive est sans doute plus court que celui des xiphias, à pro- portion des dimensions principales de l'animal; mais il est peut-élie plus fort; et nous voyons ainsi réunies dans le makaira, la taille, la vitesse, l'adresse, les armes, la vigueur, tout ce qui peut donner l'empire, et même faire exercer une tyrannie terrible sur les fai- bles habitants de l'Océan. Il est surprenant qu'avec tous ces attributs, et surtout avec son grand volume, le makaira noirâtre n'ait jamais été remarqué par un observateur, d'autant plus que cette espèce ne paraît pas habiter loin des côtes occidentales de France. Vraisemblablement il aura été vu très-souvent, mais confondu avec un xiphias. Quoi qu'il en soit, l'individu dont nous avons fait graver un dessin, avait été jeté très-récemment par une tempête sur un rivage de la mer, voisin de La Rochelle, où il a fait l'élonnement des pêcheurs et l'admira- tion des curieux. On lui a donné, je ne sais pourquoi, le nom de Makaira, dont nous avons fait son nom générique. M. Traversay, sous-préfet de la Rochelle, qui est venu à Paris peu de temps après que cet énorme poisson a échoué sur la côte, a eu la complaisance de m'apporter un dessin de cet animal, et une note qui renfermait, avec quelques particula- rités sur cet osseux, l'indication des principales dimensions de cet apode, que l'on avait mesuré avec exactitude i. Ce makaira pesait trois cent soixante-cinq kilogrammes. Des habitants de Tile de Ré en ont mangé avec plaisir. Sa chair était cependant un peu sèche. La mâchoire inférieure n'atteignait qu'au milieu de la longueur de la mâchoire supé- rieure. On ne voyait pas de dents. Le sommet de la tête était élevé et arrondi; l'œil gros et rond; l'opercule arrondi par derrière, et composé de deux pièces; chaque pectorale très-étroite, mais presque aussi longue quelamâchoired'en haut. L'animal pouvait incliner et replier sa première dorsale; et lorsque cette nageoire était couchée le long du dos, elle ne saillait plus que de deux décimètres. L'étendue de l'anale égalait à peu près celle de la seconde nageoire du dos. Les deux boucliers osseux qui revêtaient chaque côté de l'extré- mité de la queue, étaient placés l'un au-dessus de l'autre, et avaient chacun sa pointe tournée vers la tête. TRENTE-NEUVIEME GENRE. LES ANARHIQUES. Le museau arrondi , plus de cinq dents coniques à clmque mAcltoire , des dents mo'aires en fiant et en bas, une longue nageoire dorsale. ESPÈCES. CARACTÈRES. NARHiQUE l Qyjj(j,g Qj maxillaires à chaque mâchoire; les dents osseuses et très-dures. NARHiQiiE i Huit dents cartilagineuses et très-aiguës à la partie antérieure de chaque mâchoire, KARRAK. ( 3. L'AxARHiQUE ( Les lèvres douhles; la nageoire de la queue un peu lancéolée; des taches rondes et PANTHÉRm. ( brunes sur le corps et la queue. 1 Principales dimensions du makaira noirâtre. centimètres. Longueur totale 330 Longueur de la mâchoire supérieure 6.") Hauteur de la première dorsale ■ 62 Longueur de chaque pectorale 62 Hauteur de la .seconde dorsale 2i Longueur de chaque bouclier osseux 6 Longueur du côté le plus long de la nageoire de l'anus •if Distance d'une pointe du croissant formé par la caudale à l'autre point du même croissant. 130 Nota. — Je reçois de M. Fleuriau-Bellevue de La Rochelle, une note que M. Lamot*», le fils a bien voulu lui remettre pour moi, et par laquelle ce dernier observateur, qui demeure à Ars dans l'ile de Ré, m'apprend que le palais du makaira est extrêmement rude, que la chair de ce poisson est blanche, et que sa défense ou son épée est unie, sans sillons, arrondie sur ses bords, et que la partie osseuse de cette arme a quelques rapports avec l'ivoire. G2 HISTOIRE NATURELLE L'ANARIIIQUE LOUP. Anarhichas Lupus, Linn., Bl., Cuv., Lacep. Ce poisson peut figurer avec avantage à côté du xiphias, et par sa force, et par sa gran- deur. II parvient quelquefois, au moins dans les mers très-profondes, jusqu'à la longueur de cinq mètres; et s'il n'est point armé d'un glaive comme l'espadon et Tépée, s'il ne parait pas se mouvoir au milieu des ondes avec autant d'agilité que cesderniers animaux, il a reçu des dents redoutables et par leur nombre, et par leur forme^ et par leur dureté; il présente même des moyens plus puissants de destruction quele xiphias, et il nage avec assez de vitesse pour atteindre facilement sa proie. Son organisation inférieure lui donne d'ailleurs une très-grande voracité. Féroce comme les squales, terrible pour la plupart des habitants des mers, vrai loup de l'Océan, il porte le ravage parmi le plus grand nombre de poissons, comme la bête sauvage dont il a reçu le nom, parmi les troupeaux sans dé- fense; et bien loind'olfrir ces marques d'une affection douce, cette durée dans rattache- ment, ces traits d'une sorte de sociabilité que nous avons vus dans le xiphias, il montre, par l'usage constant qu'il fait de ses armes, tous les signes de la cruauté, et justifie le nom de Ravisseur qui lui a été donné dans presque toutes les contrées et par divers obser- vateurs. Son corps et sa queue sont allongés et comprimés : aussi nage-t-il en serpentant comme les trichiures, ou plutôt comme les murènes et le plus grand nombre de poissons de l'ordre que nous examinons; et c'est vraisemblablement parce que les diverses ondu- lations de son corps et de sa queue lui permettent quelquefois, et, pendant quelques mo- ments, de ramper comme l'anguille, et de s'avancer le long des rivages, qu'il a été appelé Grimpeur par quelques naturalistes. Sa peau est forte, épaisse, gluante, ainsi que celle de l'anguille; ce qui lui donne la facilité de s'échapper comme cette murène, lorsqu'on veut le saisir; et les petites écailles dont ce tégument est revêtu, sont attachées à celte peau visqueuse, ou cachées sous l'épiderme, de manière qu'on ne peut pas aisément les distinguei'. La tête de l'anarhique que nous décrivons, est grosse, le museau arrondi, le front un peu élevé, l'ouverture de la bouche très-grande; les lèvres sont membraneuses, mais fortes, et les mâchoires d'autant plus puissantes, que chacune de ces deux parties de la tête est composée, de chaque côté, de deux os bien distincts, grands, durs, solides, réunis par des cartilages, et s'arc-boutanl mutuellement. C'est au-devant de ces doubles mâchoires qu'on voit, tant en haut qu'en bas, au moins six dents coniques propres à couper ou plutôt à déchirer, divergentes, et cependant ressemblant un peu, par leur forme, leur volume et leur position, à celles du loup et de plusieurs autres quadrupèdes carnassiers. On voit d'ailleurs cinq rangs de dents molaires supérieures, plus ou moins irrégulières, plus ou moins convexes, et trois rangs de molaires inférieures semblables. La langue est courte, lisse, et un peu arrondie à son extrémité. Les yeux sont ovales. Il résulte donc de renscmblc de toutes ces formes que présente la tête de l'anarhique loup, que lorsque la gueule est ouverte, cette même tête a beaucoup de rapports avec celle de quelques quadrupèdes, et |)articuliérement de plusieurs phoques; et voilà donc cet anarhique rapproché des mammifères carnassiers, non-seulement par ses habi- ludes, mais encore par la nature de ses armes et par ses organes extérieurs les plus re- marquables. Au reste, comment le loup ne serait-il pas compris parmi les dévastateurs de l'Océan ? Il montre ces dents teriibles avec lesquelles une proie est si facilement saisie, retenue, 'liné et assez court , chaque côté de l'animal représeiilanl une sorte de rhoinbc , des aiguillons ou rayons non articulés aux nageoires du dos et de fanus ESPÈCE. CARACTÈRES. Le Rhombe alé- ( Le corps dénué d'écaillés facilement visibles; les nageoires du dos et de l'anus, en piDOTE. ( forme de faux. LE RHOMBE ALÉPIDOTE. Rhombus alepidotus, Lacep. 2. Ce poisson, que le docteur Garden avait envoyé de la Cai'oline à Linnée, et que l'il- lustre naturaliste de Suède a fait connaître aux amis des sciences, a été inscrit jusqu'à présent dans le genre des chétodons : mais, indépendamment de plusieurs autres traits qui le séparent de ces derniersosseux, l'absence de nageoires inférieures placéesau-devant de l'anus, non-seulement l'écarté du genre des chétodons, mais oblige à ne pas le placer dans le même ordre que ces thoracins, et à le comprendre dans celui des apodes dont nous nous occupons. Nous l'y avons mis à la suite des stromatées, avec lesquels la très- grande compression, la hauteur et la brièveté de l'ensemble formé par son corps et par 1 Ces trois poissons sont des pamples ou vrais stromatées pour M. Cuvier, qui rapporte au dernier la planche J(iO de Bloch, que M. oc Laccpèdc plaçait dans la synonymie du Stromatée noir. D. 2 Le genre Rhombus de M. de Lacépède est réuni au sous-genre Peprilus du genre Stromatée, par M. Cuvier. D. 68 HISTOIRE NATURELLE sa queue, lui donnent beaucoup de rappoiis. Il en dill'ere cependanl par plusieurs carac- tères, et notamment par la figure rhomboïdale des faces latérales, qui sont ovales dans les stromatées, et par la nature de plusieurs rayons de la nageoire du dos ou de celle de l'anus, dans lesquelles on ne remarque aucune articulation, et qui sont de véritables ai- guillons. La peau de l'alépidote ne présente d'ailleurs aucune écaille facilement visible ; et cette sorte de nudité qui lui a fait attribuer le nom de .V^/rf, ainsi que celui que j'ai cru devoir lui conserver, empêcherait seule de le confondre avec les stromatées, et lui donne une nouvelle ressemblance avec les cécilies, les gymnotes, les murènes et plusieurs autres apodes de la première division des osseux. Ses mâchoires ne présentent qu'un seul rang de dents; on voit de chaque côté de l'ani- mal deux lignes latérales, dont la supérieure suit le contour du dos, et dont l'inférieure est droite, et parait indiquer les intervalles des muscles. Les nageoires du dos et de l'anus sont placées au-dessus l'une de l'autre, et offrent la forme d'une faux; celle de la queue est fourchue. Le rhombe alépidote est bleuâtre dans sa partie supérieure. Nous ignorons si on le trouve dans quelque autre contrée que la Caroline. SUPPLEMENT AU TABLEAU DU GENRE DES CYCLOPTÈRES. PRE5I1ER SOUS-GENRE. Les nageoires du dos, de la queue et de /'anus, séparées l'une de faulre. ESPÈCE. CARACTÈRES. iCinq rayons à la membrane des branchies; trcnlc-cinq raj'ons à la dorsale; les deux mâchoires presque également avancées, et garnies l'une et l'autre de dents très- fines et très-rapprochées; rouverture de l'anus assez grande, et plus voisine de la tète que de la caudale; la peau dénuée d'écaillés facilement visibles; la couleur d'un gris roux et clair vers la tète, et d'un gris brun vers rcxtrémilc de la queue. LE CYCLOPTÈRE SOURIS. CyclopterusMusculus, Lacep. M. Noël nous a envoyé une note très-délaillée sur cecycloptère. Cet habile observateur a péché plusieurs individus de cette espèce dans les parcs de la digue de l'Eure, auprès du Havre. La souris, que l'on prend ordinairement pendant l'automne, a un décimètre de longueur sur vingt-cinq millimètres de largeur. La tête est plus large que haute. La langue occupe une grande partie de la gueule. Le palais est lisse; mais on voit auprès du gosier deux os garnis de petites dents. Les yeux sont petits et ronds. L'ouverture de chaque narine est ovale. Une peau molle recouvre chaque opercule, qui se prolonge vers la queue en appendice émoussé. Le corps cl la queue sont revêtus d'une peau très-souple. Une petite gouttière, légèrement creusée, est située sur la nuque. Au milieu des thora- cines, qui sont réunies en disque, comme sous tous les cycloplères, et frangées à l'exté- rieur, on trouvedesmamelons plus ou moins nombreux. La caudale estd'un gris cendré; les autres nageoires sont brunâtres. Le cycloptère souris, qui lire son nom de sa petitesse, de sa couleur ou de la rapidité de ses mouvements, se nourrit de petits poissons et de chevrettes, ou d'autres crustacées irés-jeiines. DES POISSONS. 69 DIX-HUITIÈME ORDRE DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, OD SECOND ORDRE DE LA PREMIÈRE DIVISION DES OSSEUX, Poîsson» jugulaires, ou qui ont des nageoires situées sous la gorge. QUARANTE-TROISIÈME GENRE. LES MURÉNOÏDES. Un seul rayon à chacune des nageoires jugulaires; trois rayons à la membrane des branchies; le corps allongé j comprimé et en forme de lame. ESPÈCE. CARACTÈRE. Le Murénoïde SUJEF. I Les mâchoires également avancées. LE MURÉNOÏDE SUJEF i. Blennins murenoides, Sujef ; Mursenoides Sujef, Lac. 2. Ce poisson a été inscrit parmi les blennies, mais il nous a paru en être séparé par de grandes différences. De plus, ses caractères ne permettent de le placer dans aucun autre genre des jugulaires. Nous nous sommes donc vus obligés de le comprendre dans un genre particulier; et comme les deux nageoires qu'il a sous la gorge sont très-petites, composées d'un seul rayon, et quelquefois difficiles à apercevoir, nous l'avons mis à la tête des jugulaires, qu'il lie avec les apodes par cette forme de nageoires inférieures. Il a d'ailleurs des rapports très-nombreux avec les murènes et les trichiures. Son corps est allongé, aplati latéralement, et fait en forme de lame d'épée, ainsi que celui des tri- chiures, et les écailles qui le revêtent sont aussi difficiles à distinguer que celles des murènes et particulièrement de l'anguille. Un double rang de dents garnit les deux mâ- choires. La tête présente quelquefois de petits tubercules; le dessus de cette partie est triangulaire et un peu convexe. Trois rayons soutiennent seuls la membrane des bran- chies. L'ouverture de l'anus est située à peu près vers le milieu de la longueur du corps. La couleur de l'animal est d'un gris cendré qui s'éclaircit et se change en blanchâtre sur la tête et sur le ventre. Ce murénoïde est ordinairement long de deux décimètres; et nous lui avons donné le nom de Sujef ^ afin de consacrer la reconnaissance que l'on doit au savant qui l'a fait connaître. QUARANTE-QUATRIÈME GENRE. LES CALLIONYMES. La iêle plus grosse que le corps; les ouvertures branchiales sur la nuque, les nageoires jugulaires très-éloi- gnées Vune de fautre , le corps et la queue garnis d^ écailles à peine visibles. PREMIER SOUS-GENRE. Les yeux très-rapprochés fun de Vautre. ESPÈCES. CARACTÈRES. T ç . (Le premier rayon de la première nageoire dorsale, de la longueur du corps et de Le tiALLioNYME ) j^ qucuc j l'ouverture de la bouche très-grande; la nageoire de la queue arron- ^^^^- { die. 2. Le Callionvme l Les rayons de la première nageoire du dos beaucoup plus courts que le corps et la DRAGONNEAu. < qucuc j l'ouverturc de la bouchc très-graudc j la nageoire de la queue arrondie. î5. LeCallioayme ( Trois rayons à la membrane des branchies; rouverlure de la bouche petite ; la FLÈCHE. l nageoire de la queue arrondie. i. Le Callionvmr < Le premier rayon de la première nageoire dorsale terminé par deux filaments; la JAPONAIS. ( nageoire de la queue fourchue. 1 Sujef, Act. acad. Petropol. 1779, 2, p. 195, tab. 6, lig. 1. 2 M. Cuvier place ce poisson dans le genre Blennie et le sous-genre Gonelle, qui correspond aux Centronotus à.eSc\ii\, D. LACÉPÈDE. — TOME 11. !j 70 HISTOIRE NATURELLE SECOND SOUS-GENRE. Les yeux très-peu rapproclics l'un de rmitre. ESPÈCE CARACTERE?* S.LeC roi .ALLio.NYME I L'ouverture de la bouche très-pclite; la nageoire de la queue arrondie. M1I.LÉ. \ LE CALLIOÎV'YiME LYRE. Callionymus Lyra, Linn., Lacep., Cuv. l. Callionyme 2, lyre; quelles images agréables, quels souvenirs louclianis rappellent ces deux noms! Beauté céleste, art enchanteur de la musique, loi qui charmes les yeux, et loi (jui émeus si profondément les cœurs sensibles, ces deux noms ingénieusement assor- tis renouvellent, pour ainsi dire, en la retraçant à la mémoire, votre douce maisiriésisti- ble puissance. Vous que la plus aimable desmythologiesfit naître du sein des flots azurés ou sur des rives fortunées, qui prés des poétiques rivages de la Grèce héroïque formâtes une alliance si heureuse, confondîtes vos myrics avec voslauriers, et échangeâtes \os cou- ronnes, que vos images riantes embellissent à jamais les tableaux des peintres de la na- ture ; béni soit celui qui, par deux noms adroitement rappiochés, associa vos emblèmes comme vos deux pouvoirs magiques avaient été réunis, et qui ne voulut pas qu'un des plus beaux habitants d'une mer témoin de votre double origine pût exposer aux regai-ds du naturaliste attentif ses couleurs brillantes, ni l'espèce de lyre qui parait s'élever sur son dos, sans ramener l'imagination séduite et vers le dieu des arts, et vers la divinité qui les anime et dont le beiceau fut placé sur les ondes! Non, nous ne voudrons pas sé- parer deux noms dont l'union est d'ailleurs consacrée par le génie; nous ne ferons pas de vains elîorts pour empêcher les amis de la science de l'être aussi des grâces ; nous ne croirons pas qu'une sévérité inutile doive repousser avec austérité des sentiments conso- lateurs; et si nous devons chercher à dissiper les nuages que l'igiioiance et l'erreur ont rassemblés devant la nature, à déchirer ses voiles ridicules et surchargés d'ornements étrangeis dont la main maladroite d'un mauvais goût fioidement imitateur a entouré le sanctuaire de cette nature si admirable et si féconde, nous n'oublicions pas que nous ne pouvons la connaître telle qu'elle est, qu'en ne blessant aucun de ses attraits. jSous dirons donc toujours Callionyme Lyre. Mais voyons ce qui a mérité au poisson que nous allons examiner, l'espèce de consécration qu'on en a faite, lorsqu'on lui a donné la dénomination rernai quable que nous lui conservons. Nous avons sous les yeux l'un des premiers poissons jugulaires que nous avons cru de- voir placer sur notre tableau; et déjà nous pouvons voir des traits très-prononcés de ces formes qui attireront souvent notre attention, lorsque nous déciirons les osseux thora- cins et les osseux abdominaux. Mais à des proportions particulières dans la tète, à des nageoires élevées ou prolongées, à des piquants plus ou moins nombreux, les callio- nymes, et surtout la lyre, réunissent un corps et une queue encore un peu serpcnliformes, et une peau dénuée d'écaillés facilement visibles. Ils montrent un grand nombre de litres de parenté avec les apodes que nous venons d'étudier. Et si de ce coup d'œil général nous passons à des considérations plus précises, nous trouverons que la tète est plus laige que le corps, très-peu convexe pas-dessus, et plus aplatie encore par-dessous. Les yeux sont très-iapprochés l'un de l'autre. On a écrit qu'ils étaient garnis d'une membrane clignotante : mais nous nous sommes assurés que ce qu'on a pris pour une telle membrane, n'est qu'une saillie du tégument le plus extérieur de la tète, laquelle se prolonge un peu au-dessus de chaque œil, ainsi qu'on a pu l'ob- server sur le plus grand nombre de raies et de squales. L'ouverture de la bouche est très-grande; les lèvres sont épaisses, les mâchoires hé- rissées de jilusieurs petites dents, et les mouvements de la langue assez libres. On voit à rexirémité des os maxillaires un aiguillon divisé en branches dont le nombre parait va- rier. L'opercule branchial n'est composé que d'une seule lame ; mais il est attaché, ainsi que la membrane branchiale, à la tète ou au coips de l'animal, dans une si grande pai- lle de sa circonférence, (ju'il ne reste d'autre ouverture pour la sortie ou pour l'inlroduc- * Du genre Callionyme, Cuv. I). 2 Cuflioni/mc vient du grec, et signilic beuu nom. DES POISSONS. 71 tion de l'eau, qu'une très-petite fente placée de chaque côté au-dessus de la nuque, etqui, par ses dimensions, sa position et sa figure, ressemble beaucoup à un évent. L'ouverture de l'anus est beaucoup plus près de la tête que la nageoire de la queue. La ligne latérale est droite. Sur le dos s'élèvent deux nageoires : la plus voisine de la tête est composée de quatre ou de cinq et même quelquefois de sept rayons. Le premier est si allongé et dépasse la membrane en s'étendant à une si grande hauteur, que sa longueur égale l'intervalle qui sépare la nuque du bout de la queue. Les trois ou quatre qui viennent ensuite sont beau- coup moins longs, et décroissent dans une telle proportion, que le plus souvent ils pa- raissent être entre eux et avec le premier dans les mêmes rapports que des cordes d'un instrument destinées à donner, par les seules différences de leur longueur, les tons ut, ut octave, sol, ut double octave, et mi, c'est-à-dire l'accord le plus parfait de tous ceux que la musique admet. Au delà, deux autres rayons plus courts encore se montrent quelque- fois et paraissent représenter des cordes destinées à faire entendre des sons plus élevés que le tni; et voilà donc une sorte de lyre à cordes harmoniquement proportionnées, qu'on a cru, pour ainsi dire, trouver sur le dos du callionyme dont nous parlons ; et comment dés lors se serait-on refusé à l'appeler Lyre ou Porte-Lyre i? Les autres nageoires, et particulièrement celle de l'anus et la seconde du dos, qui se prolongent vers l'extrémité delà queue en bandelette membraneuse, ont une assez grande étendue, et forment de larges surfaces sur lesquelles les belles nuances de la lyre peu- vent, en se déployant, justifier son nom de Callionyme. Lestons de couleur qui dominent au milieu de ces nuances, sont le jaune, le bleu, le blanc, et le brun qui les encadre, pour ainsi dire. Le jaune règne sur les côtés du dos, sur la partie supérieure des deux nageoires dor- sales, et sur toutes les autres nageoires, excepté celle de l'anus. Le bleu paraît avec des teintes plus ou moins foncées sur cette nageoire de l'anus, sur les deux nageoires dor- sales où il forme des raies souvent ondées, sur les côtés où il est distribué en taches irré- gulières. Le blanc occupe la partie inférieure de l'animal. Ces nuances, dont l'éclat, la variété et l'harmonie distinguent le callionyme lyre, sont une nouvelle preuve des rapports que nous avons indiqués dans notre Discours sur la nature des Poissons, entre les couleurs de ces animaux et la nature de leurs aliments : nous avons vu que très-fréquemment les poissons les plus richement colorés étaient ceux qui se nourrissaient de mollusques ou de vers. La lyre a reçu une parure magnifique, et communément elle recherche des oursins et des astéries. Au reste, ce callionyme ne parvient guère qu'à la longueur de quatre ou cinq déci- mètres : on le trouve non-seulement dans la Méditerranée, mais encore dans d'autres mers australes ou septentrionales; et on dit que, dans presque tous les climats qu'il ha- bite, sa chair est blanche et agréable au goût. LE CALLIONYME DRAGONNEAU. Callionymus dracunculus, Linn., Lacep. Ce callionyme habite les mêmes mers que la lyre, avec laquelle il a de très-grands rapports ; il n'en diffère même d'une manière très-sensible que par la brièveté et les proportions des rayons qui soutiennent la première nageoire dorsale, par le nombre des rayons des autres nageoires, par la forme de la ligne latérale qu'on a souvent de la peine à distinguer, et parles nuances et la disposition de ses couleurs. Beaucoup moins bril- lantes que celles de la lyre, ces teintes sont brunes sur la tête et le dos, argentées avec des taches sur la partie inférieure de l'animal ; et ces tons simples et très-peu éclatants ne sont relevés communément que par un peu de verdâtre que l'on voit sur les nageoires de la poitrine et de l'anus, du verdâtre mêlé à du jaune qui distingue les nageoires ju- gulaires, et du jaune qui s'étend par raies sur la seconde nageoire dorsale, ainsi que sur celle de la queue. D'ailleurs la chair du dragonneau est, comme celle de la lyre, blanche et d'un goût agréable. 11 n'est donc pas surprenant que quelques naturalistes, et particulièrement le 1 A la membrane des branchies 6 rayons, à la première nageoire dorsale, de 4 à 7, à la seconde nageoire du dos [0, à chacune des pectorales 18, à chacune des nageoires jugulaires 6, à celle de l'anus dO, à celle de la queue, qui est arrondie, 9. 2 M. Cuvier dit que ce poisson ne diffère du Callionyme lyre que parce que sa première dorsale est courte et sans filet. 11 ajoute qu'on le croit sa femelle. D. 72 HISTOIRE NATURELLE professeur Gmelin, aient soiip.onné que ces deux callionymes pourraient bien être de la même espèce, mais d'un sexe différent. Nous n'avons pas pu nous procurer assez de ren- seignements précis pour nous assurer de l'opinion que l'on doit avoir relativement à la conjecture de ces savants ; et dans le doute, nous nous sommes conformés à l'usage du plus grand nombre des auteurs qui ont écrit sur l'ichtyologie, en séparant de la lyre le callionyme dragonneau, qu'il sera, au reste, aisé de retrancher de notre tableau métho- dique. LE CALLIONYME FLÈCHE. Callionymus Sagitla, Pall., Lacep., Cuv. ET LE CALLI0NY3IE JAPONAIS. Callionymus japoniciis, Lacep. Ces deux espèces appartiennent, comme la lyre et le dragonneau, au premier sous- genre des callionymes; c'est-à-dire elles ont les yeux très-rapprochés l'un de l'autre. L'il- lustre Pallas a fait connaître la première, et le savant Houttuyn la seconde. La flèche décrite par le naturaliste de Saint-Pétersbourg avait à peine un décimètre de longueur. L'espèce à laquelle appartenait cet individu, vit dans la mer qui entoure l'île d'Amboine; elle est, dans sa partie supérieure, d'un brun mêlé de taches irrégulières et nuageuses d'un gris blanchâtres qui règne ens'éclaircissant sur la partie inférieure. Des taches ou des points bruns paraissent sur le haut de la nageoire caudale et sur les na- geoires jugulaires; une bande très-noire se montre sur la partie postérieure de la pre- mière nageoire dorsale; et la seconde du dos, ainsi que les pectorales, sont très-trans- parentes, et variées de brun et de blanc. Voici, d'ailleurs, les principaux caractères par lesquels la flèche est séparée de la lyre. L'ouverture de la bouche est très-pelite; les lèvres sont minces et étroites; les opercules des branchies sont mous, et composés, au moins, de deux lames, dont la première se termine par une longue pointe, et présente, dans son bord postérieur, une dentelure très-sensible; on ne voit que trois rayons à la membrane branchiale; la première nageoire du dos et celle de l'anus sont très-basses, ou, ce qui est la même chose, forment une bande très-étroite. Le nom de Callionyme japonais indique qu'il vit dans des mers assez voisines de celles dans lesquelles on trouve la flèche. Il parvient à la longueur de trois décimètres, ou en- viron. 11 présente différentes nuances. Sa première nageoire dorsale montre une tache noire, ronde, et entourée de manière à représenter l'iris d'un œil; les rayons de cette même nageoire sont noirs, et le premier de ces rayons se termine par deux filaments assez longs, ce qui forme un caractère extrêmement rare dans les divers genres de pois- sons. La seconde nageoire du dos est blanchâtre; les nageoires pectorales sont arrondies, les jugulaires très-grandes; et celle de la queue est très-allongée et fourchue. LE CALLIONYME POINTILLÉ. Callionymus ocellatus, Pall., Cuv. ; Callionymus punctulalus, Lacep. Ce poisson, qui appartient au second sous-genre des callionymes, et qui, par consé- quent,a lesyeux assez éloignés l'un de l'autre, neprésente que de très-petites dimensions. L'individu mesuré par le naturaliste Pallas, qui a fait connaître cette espèce, n'était que de la grandeur rft/ petit doigt de la main. Ce callionyme est d'ailleurs varié de brun et de gris, et parsemé, sur toutes les places grises, de points blancs et brillants; le blanchâtre régne sur la partie inférieui'e de l'animal ; la seconde nageoire du dos est brune avec des raies blanches et parallèles; les pectorales sont transparentes, et de plus pointillées de blanc à leur base, de même que celle de la queue; les rayons de ces trois nageoires pré- sentent d'ailleurs une ou deux places brunes; les jugulaires sont noires dans leur centre, et blanches dans leur circonférence; et la nageoire de l'anus est blanche à sa base et noire dans le reste de son étendue. Telles sont les couleurs des deux sexes; mais voici les différences qu'ils offrent dans leurs nuances : la première nageoire du dos du mâle est toute noire; celle de la fe- melle montre une variété de Ions qui se déploient d'autant plus facilement que cette na- geoire est plus haute que celle du mâle. Sui- la partie inférieure de cet instrument de natation, s'étendent des raies brunes relevées par une bordure blanche et par une bor- dure plus extérieure et noire; et sur la partie supérieure, on voit quatre ou cinq taches rondes, noires dans leur centre, entourées d'un cercle blanc bordé de noir, et imitant un iris avec sa prunelle. DES POISSONS. 75 Ces dimensions plus considérables et ces couleurs plus vives el plus variées d'un or- gane sont ordinairement dans les poissons, comme dans presque tous les autres ani- maux, un apanage du mâle, plulôt que de la femelle; et l'on doit remarquer de plus dans la femelle du callionyme pointillé un appendice conique situé au delà de l'anus, qui, étant très-petit, peut être couché el caché aisément dans une sorte de fossette, et qui vraisemblablement sert k l'émission des œufs. Dans les deux sexes, l'ouverture de la bouche est très-petite ; les lèvres sont épaisses; la supérieure est double, l'opercule branchial garni d'un piquant, et la ligne latérale assez droite. QUARANTE-CINQUIÈME GENRE. LES CALLIOMORES. La têle plus grosse que le corps , les ouvertures branchiales placées sur les côtés de ranimai, les nageoires jugulaires très-éloignées l'une de Vautre , le corps et la queue garnis d'écaillés à peine visibles. ESPÈCE. CARACTÈRES. Le Calliomore j Sept rayons à la membrane des branchies; deux aiguillons à la première pièce, et INDIEN. i un aiguillon à la seconde de chaque opercule. LE CALLIOiMORE INDIEN. Calliomorus indicus, Lacep.; Callionymus indicus, Linn. ; Platycephalus Spatula, Bloch. Cuv. i. Ce mot Ca//jo?nore, formé par contraction de deux mots grecs, dont l'un est et l'autre veut dire limitrophe, voisin, etc., désigne les grands rapports qui rapprochent le poisson que nous allons décrire des vrais callionymes; il a même été inscrit jusqu'à présent dans le même genre que ces derniers animaux : mais il nous a paru en différer par trop de caractères essentiels, pour que les principes qui nous dirigent dans nos dis- tributions méthodiques nous aient permis de ne pas l'en séparer. Le calliomore indien a des teintes bien différentes, par leur peu d'éclat et leur unifor- mité, des couleurs variées et brillantes qui parent les callionymes, et surtout la lyre : il est d'un gris plus ou moins livide. L'ensemble de son corps et de sa queue est d'ailleurs très-déprimé, c'est-à-dire aplati de haut en bas; ce qui le lie avec les uranoscopes dont nous allons parler, et ne contribue pas peu à déterminer la place qu'il doit occuper dans un tableau général des poissons. Les ouvertures de ses branchies sont placées sur les côtés de la têle, au lieu de l'être sur la nuque, comme celles des branchies des callio- nymes; ces orifices ont de plus beaucoup de largeur; la membrane qui sert à les fermer est soutenue par sept rayons; el l'opercule, composé de deux lames, présente deux pi- quants sur la première de ces deux pièces, et un piquant sur la seconde. La mâchoire inférieure est un peu plus avancée que celle de dessus; l'on voit sur la tête des rugosités disposées longitudinalemenl; et le premier rayon de la première nageoire dorsale est très-court et séparé des autres. C'est en Asie que l'on trouve le calliomore indien. QUARANTE-SIXIÈME GENRE. LES URANOSCOPES. Lu tcle déprimée et plus grosse que le corps, les yeux sur la partie supérieure de la tête, et très-rapprochés , la mâchoire inférieure beaucoup plus avancée que la supérieure , Vensemble formé par le corps et le queue, presque conique, et revêtu d'écaillés t7'ès-faciles à distinguer; chaque opercule branchial com- posé d'une seule pièce, et garni d'une membrane ciliée. ESPÈCES. CARACTÈRES. i . L'Uranoscope ^ Le dos dénué d'écaillés épineuses. RAT. ( '^ 2. L'Uranoscope ) Le dos garni d'écaillés épineuses. HOUTTUYN. * ° '^ t Selon M. Cuvier, le Callioraoïe indien n'est autre que le Platyaphalua Spatula de Bloch, pi. iHi. D. 74 HISTOIRE NATURELLE L'URANOSCOPE RAT. Uranoscopus scaber, Linn., Bloch ; Uranoscopus 3Ius, Lacep. Les noms de Callionyme et de Trachine, donnés h cet animal, annoncent les ressem- blances qu'il présente avec les vrais callionymes et avec le genre dont nous nous occu- perons après avoir décrit celui des uranoscopes. Nous n'avons pas besoin d'indiquer ces similitudes; on les remarquera aisément. D'un autre côté, cette dénomination d'Ura- noscope (qui regarde le ciel) désigne le caractère frappant que montre le dessus de la tête du rat et des autres poissons du même genre. Les yeux sont, en effet, non-seule- ment Irès-rapprochés l'un de l'autre, et placés sur la partie supérieure de la tête, mais tournés de manière que lorsque l'animal est en repos, ses prunelles sont dirigées vers la surface des eaux, ou le sommet des cieux. La tête très-aplatie et beaucoup plus grosse que le corps, est d'ailleurs revêtue d'une substance osseuse et dure, qui forme comme une sorte de casque garni d'un très-grand nombre de petits tubercules, s'étend jusqu'aux opercules qui sont aussi très-durs et verruqueux, présente, à peu près au-dessus de la nuque, deux ou plus de deux piquants renfermés quelquefois dans une peau membraneuse, et se termine sous la gorge par trois ou cinq autres piquants. Chaque opercule est aussi armé de pointes tournées vers la queue et engagées en partie dans une sorte de gaine très-molle. L'ouverture de la bouche est située à l'extrémité de la partie supérieure de la tête, et l'animal ne peut la fermer qu'en portant vers le haut le bout de sa mâchoire inférieure, qui est beaucoup plus longue que la mâchoire supérieure. La langue est épaisse, forte, courte, large, et hérissée de très-petites dents, de l'intérieur de la bouche et près du bout antérieur de la mâchoire inférieure, part une membrane laquelle se rétrécit, s'ar- rondit, et sort de la bouche en filament mobile et assez long. Le tronc et la queue représentent ensemble une espèce de cône recouvert de petites écailles, et sur chaque côté duquel s'étend une ligne latérale qui commence aux environs de la nuque, s'approche des nageoires pectorales, va directement ensuite jusqu'à la nageoire de la queue, et indique une série de pores destinés à laisser échapper cette humeur onctueuse si nécessaire aux poissons, et dont nous avons déjà eu tant d'occasion de parler. Il y a deux nageoires sur le dos; celles de la poitrine sont très-grandes, ainsi que la caudale. Des teintes jaunâtres distinguent ces nageoires pectorales; celle de l'anus est d'un noir éclatant : l'animal est d'ailleurs brun par-dessus, gris sur les côtés, et blanc par-dessous. Le canal intestinal de l'uranoscope rat n'est pas très-long, puisqu'il n'est replié qu'une fois; mais la membrane qui forme les parois de son estomac, est assez forte, et l'on compte auprès du pylore, depuis huit jusqu'à douze appendices ou petits cœcum propres à prolonger le séjour des aliments dans l'intérieur du poisson, et par conséquent à faci- liter la digestion. Le rat habile particulièrement dans la Méditerranée. Il y vit le plus souvent auprès des rivages vaseux; il s'y cache sous les algues; il s'y enfonce dans la fange; et par une habi- tude semblable à celles que nous avons déjà observées dans plusieurs raies, dans la lophie baudroie et dans quelques autres poissons, il se lient en embuscade dans le limon, ne laissant paraître qu'une petite partie de sa tête, mais étendant le filament mobile qui est attaché au bout de sa mâchoire inférieure, et attirant par la ressemblance de cette sorte de barbillon avec un ver, de |)ctils poissons qu'il dévore. C'est Rondelet qui a fait con- naître le premier cette manière dont l'uranoscope rat parvient h se saisir facilement de sa proie. Ce poisson ne peut se servir de ce moyen de pêcher qu'en demeurant pendant très- longtemps immobile, et paraissant plongé dans un sommeil profond. Voilà pourquoi, ;ipparcmment, on a écrit qu'il dormait plutôt pendant le jour que pendant la nuit, quoi- que dans son organisation rien n'indique une sensibilité aux rayons lumineux plus vive que celle des autres poissons, desquels on n'a pas dit que le temps de leur sommeil fût le plus souvent celui pendant lequel le soleil éclaire l'horizon. Il parvient jusqu'à la longueur de trois décimètres : sa chair est blanche, mais quel- quefois dure, et de mauvaise odeur; elle indique, par ces deux mauvaises qualités, les petits mollusques et les vers marins dont le rat aime à se nourrir, et les fonds vaseux qu'il préfère. Dè^ le temps des anciens naturalistes jjiecs et latins, ou savait que la vési- ce o s < zr j w ce a. > O DES POISSONS. 75 cule du fiel de cet iiranoscope est très-grande, et l'on croyait que la liqueur qu'elle con- tient était très-propre à guérir des plaies et quelques maladies des yeux i. L'URANOSCOPE HOUTTUYN. Uranoscopus japonicus, Linn., Gmel. ; Uranoscopus Houttuyn, Lacep. 2. Le nom que nous donnons à cet uranoscope, est un témoignage de la reconnaissance que les naturalistes doivent au savant Houttuyn, qui en a publié le premier la descrip- tion. On trouve ce poisson dans la mer qui baigne les îles du Japon. Il est, par ses couleurs, plus agréable à voir que l'uranoscope rat; en effet, il est jaune dans sa partie supérieure, et blanc dans l'inférieure. Les nageoires jugulaires sont assez courtes; des écailles épi- neuses sont rangées longitudinalement sur le dos de l'houttuyn. QUARANTE-SEPTIEME GENRE. LES TRÂCHINES. La tête comprimée et garnie de tubercules ou d'aiguillons ; une ou plusieurs pièces de chaque opercule, den- telées ; le corps et la queue allongés et couverts de petites écailles ; fanus situé très-près des nageoires pectorales. ESPÈCES. CARACTÈRES. i. La Trachine VIVE. 2. La Trachine OSBECK. La mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure. Les deux mâchoires également avancées. LA TRACHINE VIVE. Trachinus Draco, Linn., Trachinus Vividus, Lacep. 3. Cet animal a été nommé Dragon marin dès le temps d'Aristote. Et comment n'aurait- il pas, en effet, réveillé l'idée du dragon ? Ses couleurs sont souvent brillantes et agréables à la vue; il les anime par la vivacité de ses mouvements; il a de plus reçu le pouvoir ter- rible de causer des blessures cruelles, par des armes pour ainsi dire inévitables. Une beauté peu commune et une puissance dangereuse n'ont-elles pas toujours été les attributs distinctifs des encbanteresses crééesparl'antique mytbologie, ainsi que des fées auxquelles une poésie plus moderne a voulu donner le jour? Ne doivent-elles pas, lorsqu'elles se trouvent réunies, rappeler le sinistre pouvoir de ces êtres extraordinaires, retracer l'image de leurs ministres, présenter surtout à l'imagination amie du merveilleux ce composé fantastique, mais imposant, de formes, de couleurs, d'armes, de qualités effrayantes et douées cependant d'un attrait invincible, qui servant, sous le nom de Dragon, les complots ténébreux des magiciennes de tous les âges, au char desquelles on l'a attaché, ne répand l'épouvante qu'avec l'admiration, séduit avant de donner la mort, éblouit avant de consumer, enchante avant de détruire? Et afin que cette même imagination fût plus facilement entraînée au delà de l'intervalle qui sépare le dragon de la Fable, de la Vive de la nature, n'a-t-on pas attribué à ce pois- son un venin redoutable? Ne s'est-on pas plu à faire remarquer les brillantes couleurs de ses yeux, dans lesquels on a voulu voir resplendir, comme dans ceux du dragon poétique, tous les feux des pierres les plus précieuses? Il en est cependant du dragon marin comme du dragon terrestre. Son nom fameux se lie à d'immortels souvenirs : mais à peine l'a-t-on aperçu, que toute idée de grandeur s'évanouit; il ne lui reste plus que quelques rapports vagues avec la brillante chimère dont on lui a appliqué la fastueuse dénomination, et du volume gigantesque qu'on était porté à lui attribuer, il se trouve tout d'un coup réduit à de très-petites dimensions. Ce dragon des mers, ou, pour mieux dire et pour éviter toute cause d'erreur, la trachine \ Pline, 1. 3"2, c. 7. 2 M. Cuvier n'admet pas cette espèce qu'il soupçonne appartenir au genre Platycéphale. D. 3 M. Cuvier a éelairci la synonymie des Vives. Il résulte de son travail que nos rivages en possèdent uatre espèces, et que la vive commune n'a été décrite exactement que par les anciens ichthyologistes epuis Rondelet jusqu'à Artedi et Ascanius. Bloch et Lacépède, parmi les modernes, ont confondu l'his- toire des quatre espèces et ont rapporté à la vive commune les caractères des autres. D. 3 76 HISTOIRE NATURELLE >i\e, ne parvicnl, en rli'el, Irès-souvonl, qu'à la longueur de Irois ou quatre décimètres. Sa tête est comprimée et garnie dans plusieurs endroits de petites aspérités. Les yeux , rapprochés l'un de l'autre, ont la couleur et la vivacité de l'émeraude, avec l'iris jaune fachelé de noir. L'ouverture de la bouche est assez grande, la langue pointue, etlamiichoire intérieure, qui est plus a\ancée que la supérieure, est armée, ainsi que cette dernière, de dents très-aiguës. Chaque opercule recouvre une large ouverture branchiale, et se ter- mine par une longue pointe fournée vers la queue. Le dos présente deux nageoires : les rayons de la première ne sont qu'au nombre de cinq; mais ils sont non articulés, très- pointus et très-forts. La peau qui revêt l'animal est couverte d'écaillés arrondies, petites et faiblement attachées : mais elle est si dure, qu'on peut écorcher une trachine vive pres- que aussi facilement qu'une murène anguille. Il en est de même de l'uranoscope rat; et c'est une nouvelle ressemblance entre Ja vive et cet uranoscope. Le dos du poisson est d'un jaune brun; ses côtés et sa partie inférieure sont argentés et variés dans leurs nuances par des raies transversales ou obliques, brunâtres, et fré- quemment dorées; la première nageoire dorsale est presque toujours noire. On trouve dans son intérieur et auprès du pylore, au moins huit appendices ou petits cœcum. La vive habite non-seulement dans la Méditerranée, mais encore dans l'Océan. Elle se tient presque toujours dans le sable, ne laissant paraître qu'une partie de sa tête; et elle a tant de facilité à creuser son petit asile dans le limon, que lorsqu'on la prend et qu'on la laisse échapper, elle disparaît en un clin d'œil, et s'enfonce dans la vase. Lorsque la vive est ainsi retirée dans le sable humide, elle n'en conserve pas moins la faculté de frapper autour d'elle avec force et promptitude par le moyen de ses aiguillons et particulièrement de ceux qui composent sa première nageoire dorsale. Aussi doit-on se garder de maicher nu-pieds sur le sable ou le limon au-dessous duquel on peut supposer des vives : leurs piquants font des blessures très-douloureuses. Mais malgré le danger de beaucoup souf- frir, auquel on s'expose lorsqu'on veut prendre ces trachines, leur chair est d'un goût si délicat, que l'on va très-fréquemment à la pêche de ces poissons, et qu'on emploie plu- sieurs moyens pour s'en procurer un grand nombre. Pendant la fin du i>rintemps et le commencement de l'été, temps où les vives s'appi'o- chent des rivages pour déposer leurs œufs, ou pour féconder ceux dont les femelles se sont débarrassées, on en ti'ouve quelquefois dans les manets ou filets à nappes simples, dont on se serf jiour la pèche des maquereaux. On emploie aussi pour les prendre, lorsque la nature du fond le permet, des dréyes ou espèces de filets qui reposent légèrement sur ce même fond, et peuvent dériver avec la marée. On s'efforce d'autant plus dépêcher une grande quantité de vives, que ces animaux non-seulement donnent des signes très-marqués d'irritabilité après qu'ils ont été vidés ou qu'on leur a coupé la tête, mais encore peuvent vivre assez longtemps hors de l'eau, et par conséquent être transportés encore en vie à d'assez grandes dislances. D'ailleurs, par un rajipoit remarquable entre l'irritabilité des muscles et leur résistance à la pulridilé, la chair des trachines vives ne se corrompt pas aisément, et peu! être conservée pendant plusieurs jours, sans cesser d'être très-bonne à manger ; et c'est à cause de ces trois pro- priétés qu'elles ont reçu le nom spécifique que j'ai cru devoir leur laisser. Cependant, si plusieurs maiins vont sans cesse h la recherche de ces trachines, la crainte fondée d'être cj'uellement blessés par les piquants de ces animaux, et sui'tout par les aiguillons de la première nageoire dorsale, leur fait prendre de grandes précautions; et les accidents occasionnés par ces dards ont été regardés comme assez graves pour que, dans le temps, l'autorité publique ait cru, en France, devoir donner à ce sujet des ordres très-sévères. Les pêcheurs s'attachent surtout à briser ou arracher les aiguillons des vives qu'ils tirent de l'eau. Lorsque, malgré toute leur attention, ils ne peuvent pas parvenir h éviler la blessure qu'ils redoutent, ceux de leurs membres qui sont piqués, présentent une tumeur accompagnée de douleurs ti'ès-cuisanles et quelquefois de fièvre. La violence de ces symptômes dure ordinairement pendant douze heures; et comme cet intervalle de temps est celui qui sépare une haute marée de celle qui la suit, les pêcheurs de l'Océan n'ont pas manqué de dire que la durée des accidents occasionnés par les piquants des vives avait un rappoit très-marqué avec les phénomènes du llux et reflux, auxquels ils sont forcés de faire une attention continuelle, h cause de l'inlluence des mouvements de la mer sur toutes leurs opérations. Au reste, les moyens dont les lùarins de l'Océan ou de la Sltdilci latjcc se servent pour calmer leurs souffrances, lorsqu^^ils ont été piqués par des DES POISSONS. 77 trachiiies vives, ne sont pas peu nombreux ; el plusieurs de ces leiuédes sont très-ancien- nement connus. Les uns se contentent d'appliquer sur la partie malade le foie ouïe cerveau encore frais du poisson; les autres, après avoir lavé la plaie avec beaucoup de soin, emploient une décoction de lenlisque, ou les feuilles de ce végétal, ou des fèves de marais. Sur quelques côtes septentrionales, on a recours quelquefois à de l'urine chaude; le plus souvent on y substitue du sable mouillé dont on enveloppe la tumeur, en lâchant d'empê- cher tout contact de l'air avec les membres blessés par la trachine. L'enflure considérable et les douleurs longues et aiguës qui suivent la piqûre de la vive, ont fait penser que cette trachine était véritablement venimeuse^ et voilà pourquoi, sans doute, on lui a donné le nom de l'araignée, dans laquelle on croyait devoir supposer un poison assez actif. Mais la vive ne lance dans la plaie qu'elle fait avec ses piquants, aucune liqueur particulière : elle n'a aucun instrument propre à déposer une humeur vénéneuse dans un corps étranger, aucun réservoir pour la contenir dans l'intérieur de son corps, ni aucun organe pour la tlltrer ou la produire. Tous les effets douloureux de ses aiguillons doivent être attribués à la force avec laquelle elle se débat lorsqu'on la saisit, à la rapi- dité de ses mouvements, à l'adresse avec laquelle elle se sert de ses armes, à la prompti- tude avec laquelle elle redresse et enfonce ses petits dards dans la main, par exemple, qui s'elTorce de la retenir, h la profondeur à laquelle elle les fait parvenir, et à la dureté ainsi qu'à la forme très-pointue de ces piquants. La vive n'emploie pas seulement contre les marins qui la pèchent et les grands pois- sons qui l'attaquent, l'énergie, l'agilité et les armes dangereuses que nous venons de décrire : elle s'en sert aussi pour se procurer plus facilement sa nourriture, lorsque, ne se contentant pas d'animaux à coquille, de mollusques, ou de crabes, elle cherche à dévorer des poissons d'une taille presque égale à la sienne. Tels sont les faits certains dont on peut composer la véritable histoire de la trachine vive. Elle a eu aussi son histoire fabuleuse, comme toutes les espèces d'animaux qui ont présenté quelque phénomène remarquable. Nous ne la rapporterons pas, celle histoire fabuleuse. Nous ne parlerons pas des opinions contraires aux lois de la physique mainte- nant les plus connues, ni des contes ridicules que l'on trouve, au sujet de la vive, dans plusieurs auteurs anciens, particulièrement dans Elien, ainsi que dans quelques écrivains modernes, et qui doivent principalement leur origine au nom de Dragon que porte cette trachine, et à toutes les fictions vers lesquelles ce nom ramène l'imagination ; nous ne dirons rien du pouvoir merveilleux de la main droite ou de la main gauche lorsqu'on touche une vive, ni d'autres observations presque du même genre : en tâchant de décou- vrir les propriétés des ouvrages de la nature, et les divers effets de sa puissance, nous n'avons qu'un trop grand nombre d'occasions d'ajouter à l'énumération des erreurs de l'esprit humain. Il paraît que, selon les mers qu'elle habite, la vive présente dans ses dimensions, ou dans la disposition et les nuances de ses couleurs, des variétés plus ou moins constantes. Voici les deux plus dignes d'attention. La première est d'un gris cendré avec des raies transversales, d'un brun tirant sur le bleu. Elle a trois décimètres, ou à peu près, de longueur. La seconde est blanche, parsemée, sur sa partie supérieure, de points brunâtres, et distinguée d'ailleurs par des taches de la même teinte, mais grandes et ovales, que l'on voit également sur sa partie supérieure. Elle parvient à une longueur de plus de trois décimètres. C'est vraisemblablement de cette variété qu'il faut rapprocher les trachines vives de quelques côtes de l'Océan, que l'on nomme Saccarailles blancs i, et qui sont longues de cinq ou six décimètres. LA TRACHINE OSBECK. Trachinus Osbeck, Lacep. 2. C'est dans l'Océan Atlantique, et auprès de l'île de l'Ascension, qu'habite celte tra- chine, dont la description a été publiée par le savant voyageur Osbeck. Les deux mâchoires de ce poisson sont également avancées, et garnies de plusieurs rangs de dents longues et pointues, dont trois en haut et trois en bas sont plus grandes que les autres; 1 Duhamel, à l'endroit déjà cite. 2 M. Cuvicr remarque que ce poisson n'ayant qu'une seule dorsale et onze rayons épineux à cette nageoire, ne peut être une vive. Ce serait plutôt un serran. D. 78 HISTOIRE NATURELLE des dents aiguës sont aussi placées auprès du gosier. Chaque opercule se termine par deux aiguillons inégaux en longueur. La nageoire de la queue est rectiligne. Tout l'ani- mal est blanc avec des taches noires. Telles sont les principales différences qui écartent cette espèce de la trachine vive. QUARANTE-HUITIEME GENRE. LES GÂDES. La fête comprimée ; les yeux peu rapprochés Piin de Vautre, et placés sur les cô[,és de la tête ; le corps allongé, peu comprimé, et revêtu de petites écailles; les opercules composés de plusieurs pièces et bordés d'une membrane non ciliée. PREMIER SOUS -GENRE. Trois nageoires sur le dos ; un ou plusieurs barbillons au bout du museau. ESPÈCES. CARACTÈRES. La nageoire de la queue fourchue; la mâchoire supérieure plus avancée que l'infé- rieure ; le premier rayon de la première nageoire de Tanus non articulé et épi- Mo- Le Gade RIE. 2. Le Gade iEGLE- FIX. 5. Le Gade bib. 4. Le Gade saida. 5. Le Gade blen- nioïde. 6. Le Gade cal- LARIAS. 7. Le Gade ta- CAUD. 8. Le Gade rouge. 9. Le Gade cape- LAN. neux. 10 Le Gade co- lin. 11. Le Gade pol- LACK. 12. Le Gade sey. 13. Le Gade mer- lan. 1 i. Le Gade nè- gre. l'j. Le Gade molve. 16. Le Gade da- nois. 17.LeGadelote 18. Le Gade mu- stelle. 19. Le Gace cim- BRE. La nageoire de la queue fourchue ; la mâchoire supérieure plus avancée que l'infé- rieure; la couleur blanchâtre ; la ligne latérale noire. ( La nageoire de la queue fourchue, la mâchoire supérieure un peu plus avancée que I l'inférieure ; le premier rayon de chaque nageoire jugulaire terminé par un long ( filament. l La nageoire de la queue fourchue ; la mâchoire inférieure un peu plus avancée que j la supérieure ; le second rayon de chaque nageoire jugulaire terminé par un long ' filament. 1 La nageoire de la queue fourchue; le premier rayon de chaque nageoire jugulaire ( plus long que les autres, et divisé en deux. I La nageoire de la queue en croissant; la mâchoire supérieure plus avancée que l'in- ( férieure; la ligne latérale large et tachetée. Î La nageoire de la queue en croissant ; la mâchoire supérieure plus avancée que l'inférieure ; la hauteur du corps égale à peu près au tiers de la longueur totale de l'animal. La nageoire de la queue rectiligne et sans échancrure ; un enfoncement auprès du bout du museau; le second rayon de chaque jugulaire plus long que les autres, et terminé par un filament ; le premier rayon de la première nageoire de l'anus non épineux. La nageoire de la queue arrondie; la mâchoire supérieure plus avancée que l'infé- rieure; le ventre très-caréné; l'anus placé à peu près à une égale distance de la tète et de l'extrémité de la queue. SECOND SOUS-GENRE. Trois nageoires sur le dos ; point de barbillons au bout du museau. La nageoire do la queue fourchue; la mâchoire inférieure plus avancée que la supé- rieure; la ligne latérale pres(jue droite; la bouche noire. La nageoire de la queue fourchue; la mâchoire inférieure plus avancée que la supé- rieure; la ligne latérale très-courbe. La nageoire de la queue fourchue ; les deux mâchoires également avancées ; la cou- leur du dos verdâtre. La nageoire de la queue en croissant; la mâchoire supérieure plus avancée que l'inférieure; la couleur blanche. TROISIÈME SOUS-GENRE. Deux nageoires dorsales, un ou plusieurs barbillons au bout du museau. La nageoire de la queue fourchue; la dorsale adipeuse; cinquante-deux rayons à la nageoire de l'anus; toute la surface du poisson d'un noir plus ou moins foncé. La nageoire de la queue, arrondie ; la mâchoire supérieure plus avancée que l'in- férieure. La mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure; la nageoire de l'anus très- longue, et composée de soixante-dix ra3'ons, ou environ. La nageoire de la queue arrondie ; les deux mâchoires également avancées. La nageoire de la queue arrondie; la première nageoire du dos très-basse, excepté le premier ou le second rayon; la ligne latérale très-courbe auprès des nageoires pectorales, et ensuite droite. La nageoire de la queue arrondie ; deux barbillons auprès des narines ; un barbillon à la lèvre supérieure, et un à l'inférieure; le premier rayon de la première dor- sale terminé par deux filaments disposés horizontalement comme les branches d'un T. DES POISSONS. 79 QUATRIÈME SOUS-GENRE. Deux nageoires dorsales; point de barbillons auprès du bout du museau. ESPÈCES. CARACTÈRES. 20. Le Gade mer- ( La nageoire de la queue, rectiligne ; la mâchoire inférieure plus avancée que la LUS. ( supérieure. CINQUIÈME SOUS-GENRE. Une seule nageoire dorsale ; des baî'billons au bout du museau. . le oade l j^g naseoire de la queue, lancéolée: des bandes transversales sur les côtés. BROSME. ( 15 ' 22. Le Gade | La nageoire de la queue, arrondie; soixante-quinze rayons à l'anale; point de ban- LUBB. ( des ou taches transversales sur le corps ni sur la queue. LE GADE MORUE. GadusMorrhua, Linn., Ginel., Lacep., Cuv. Parmi tous les animaux qui peuplent l'air, la terre ou les eaux, il n'est qu'un très- petit nombre d'espèces utiles dont l'histoire puisse paraître aussi digne d'intérêt que celle de la morue, à la philosophie attentive et bienfaisante qui médite sur la prospérité des peuples. L'homme a élevé le cheval pour la guerre, le bœuf pour le travail, la brebis pour l'industrie, l'éléphant pour la pompe, le chameau pour l'aider à traverser les déserts, le dogue pour sa garde, le chien courant pour la chasse, le barbet pour le senti- ment, la poule pour sa table, le cormoran pour la pêche, l'aigrette pour sa parure, le serin pour ses plaisirs, l'abeille pour remplacer le jour; il a donné la morue au com- merce maritime; et en répandant par ce seul bienfait, une nouvelle vie sur un des grands objets de la pensée, du courage et d'une noble ambition, il a doublé les liens fraternels qui unissaient les différentes parties du globe. Dans toutes les contrées de l'Europe, et dans presque toutes celles de l'Amérique, il est bien peu de personnes qui ne connaissent le nom de la morue, la bonté de son goûf, la nature de ses muscles, et les qualités qui distinguent sa chair suivant les diverses opé- rations que ce gade a subies : mais combien d'hommes n'ont aucune idée précise de la forme extérieure, des organes intérieurs, des habitudes de cet animal fécond, ni des di- verses précautions que l'on a imaginées pour le pêcher avec facilité ! Et parmi ceux qui s'occupent avec le plus d'assiduité d'étudier ou de régler les rapports politiques des na- tions, d'augmenter leurs moyens de subsistance, d'accroître leur population, de multi- plier leurs objets d'échange, de créer ou de ranimer leur marine; parmi ceux mêmes qui ont consacré leur existence aux voyages de long cours, ou aux vastes spéculations com- merciales, n'est-il pas plusieurs esprits élevés et très-instruits, aux yeux desquels cepen- dant une histoire bien faite du gade morue dévoilerait des faits importants pour le sujet de leurs estimables méditations? Aristote, Pline, ni aucun des anciens historiens de la nature, n'ont connu le gade mo- rue : mais les naturalistes récents, les voyageurs, les pêcheurs, les préparateurs, les ma- rins, les commerçants, presque tous les habitants des rivages, et même de l'intérieur des terres de l'Europe ainsi que de l'Amérique, particulièrement de l'Amérique et de l'Eu- rope septentrionales, se sont occupés si fréquemment et sous tant de rapports de ce poisson; ils l'ont vu, si je puis employer cette expression, sous tant de faces et sous tant de formes, qu'ils ont dû nécessairement donner à cet animal un très-grand nombre de dénominations différentes. Néanmoins sous ces divers noms, aussi bien que sous les dé- guisements que l'art a pu produire, et même sous les dissemblances plus ou moins va- riables et plus ou moins considérables que la nature a créées dans les différents climats, il sera toujours aisé de distinguer la morue non-seulement des autres jugulaires de la pre- mière division des osseux, mais encore de tous les autres gades, pour peu qu'on veuille rappeler les caractères que nous allons indiquer. Comme tous les poissons de son genre, la morue a la lêle comprimée; les yeux, placés sur les côtés, sont très-rapprochés l'un de l'autre, très-gros, voilés par une membrane transparente; et cette dernière conformation donne à l'animal la faculté de nagera la surface des mers septentrionales, au milieu des montagnes de glace, auprès des rivages couverts de neige congelée et resplendissante, sans être ébloui par la grande quantité de lumière réfléchie sur ces plages boréales : mais hors de ces régions voisines du cercle 80 HISTOIRE NATURELLE polaire, la morue doit voir u\ec plus de dilliculle que la plupart des poissons, dont les yeux ne sont pas ainsi recouverts par une pellicule diaphane; et de là est venue l'expres- iiond'ijeux de morue dont on s'est servi pour désigner des yeux grands, à fleur de tête et cependant mauvais. Les mikhoires sont inégales en longueur : la supérieure est plus avancée que l'infé- rieure, au bout de laquelle on voit pendre un assez grand barbillon. Elles sont armées toutes' les deux de plusieurs rangées de dents fortes et aiguës. La première rangée en présente de beaucoup plus longues que les autres; et toutes ne sont pas articulées avec l'un des os maxillaires, de manière à ne se prêter à aucun mouvement. Plusieurs de ces dents sont au contraire très-mobiles, c'est-à-dire peuvent être, comme celles des squales, couchées et relevées sous différents angles, à la volonté de l'animal, et lui donner ainsi des armes plus appropriées à la nature, au volume et à la résistance de la proie qu'il cherche à dévorer. La langue est large, arrondie par devant, molle et lisse : mais on voit des dents petites et serrées au palais et auprès du gosier. Les opercules des branchies sont composés chacun de trois pièces, et bordés d'une bande souple et non ciliée. Sept rayons soutiennent chaque membrane branchiale. Le corps est allongé, légèrement comprimé, et revêtu d'écaillés plus grandes que celles qui recouvrent presque tous les autres gades. La ligne latérale suit à peu près la cour- bure du dos jusque vers les deux tiers de la longueur totale du poisson. On voit sur la morue trois grandes nageoires dorsales. Ce nombre de trois dans les nageoires du dos, distingue les gades du premier et du second sous-genre, ainsi que l'in- dique le tableau qui est à la tête de cet article; et il est d'autant plus remarquable, qu'excepté les espèces renfermées dans ces deux sous-genres, les eaux douces, aussi bien que les eaux salées, doivent comprendre un très-petit nombre de poissons osseux ou car- tilagineux dont les nageoires dorsales soient plus que doubles, et qu'on n'en trouve par- ticulièrement aucun à trois nageoires dorsales parmi les habitants des mers ou des ri- vières que nous avons déjà décrits dans cet ouvrage. Les poissons qui ont trois nageoires du dos, ont deux nageoires de l'anus placées comme les dorsales, à la suite l'une de l'autre. La morue a donc deux nageoires anales comme tous les gades du premier et du second sous-genre; et on a pu voir sur le tableau de sa famille que le premier aiguillon de la première de ces deux nageoires est épineux et non articulé. Les nageoires jugulaires sont étroites et terminées en pointe, comme celles de presque tous les gades; la caudale est un peu fourchue. Les morues parviennent très-souvent à une grandeur assez considérable pour peser un myriagramme : mais ce n'est pas ce poids qui indique la dernière limite de leurs di- mensions. Suivant le savant Pennant on en a vu, auprès des côtes d'Angleterre, une qui pesait près de quatre myriagrammes, etqui avait plus de dix-huit décimètres de longueur, sur seize décimètres de circonférence à l'endroit le plus gros du corps. L'espèce que nous décrivons est d'ailleurs d'un gris cendré, tacheté de jaunâtre sur le dos. La partie inférieure du corps est blanche, et (juelquefois rougeâtre avec des taches couleur d'or dans les jeunes individus. Les nageoires pectorales sont jaunâtres , une teinte grise distingue les jugulaires, ainsi que la seconde de l'anus. Toutes les autre nageoires présentent des taches jaunes. C'est principalement en examinant avec soin les organes intérieurs de la morue, que Camper, Monro et d'autres habiles anatomistes, sont parvenus à jeter un grand jour sur la structure interne des poissons, et particulièrement sur celle de leurs sens. On peut voir, par exemple, dans Monro, une très-belle description de l'ouïe de la morue : mais nous nous sommes déjà assez occupés de l'organe auditif des poissons, pour devoir nous contenter d'ajouter à tout ce que nous avons dit, et relativement au gade morue, que le grand os auditif contenu dans un sac placé à côté des canaux appelés demi-circulaires, et le petit os renfermé dans la cavité qui réunit le canal supérieur au canal moyen, pré- sentent un volume assez considérable, proportionnellement à celui de l'animal; que c'est à ces deux os qu'il faut rapporter les petits corps que l'on trouve dans les cabinets d'his- toire naturelle, sous le nom de pierres de worj/e, qu'un troisième os que l'on a découvert aussi dans l'anguille et dans d'autres osseux dont nous traiterons avant de terminer cet ouvrage, est situé dans le creux qui sert de communication aux trois canaux demi-circu- laires; et que la grande cavité qui comprend ces mômes canaux est remplie d'une ma* DES POISSONS. 81 tiêre visqueuse, au milieu de laquelle sont dispersés de petits corps sphériques auxquels aboutissent des ramifications nerveuses. v De petits corps semblables sont attachés à la cervelle et aux principaux rameaux des nerfs. Si de la considération de l'ouïe de la morue nous passons à celle de ses organes diges- tifs, nous trouverons qu'elle peut avaler dans un très-court espace de temps une assez grande quantité d'aliments : elle a en effet un estomac très-volumineux; et l'on voit auprès du pylore six appendices ou petits canaux branchus. Elle est très-vorace; elle se nourrit de poissons, de mollusques et de crabes. Elle a des sucs digestifs si puissants et d'une action si prompte, qu'en moins de six heures un petit poisson peut être digéré en entier dans son canal intestinal. De gros crabes y sont aussi bientôt réduits en chyle; et avant qu'ils ne soient amenés à l'état de bouillie épaisse, leur têt s'altère, rougit comme celui des écrevisses que l'on met dans de l'eau bouillante, et devient très-mou. La morue est même si goulue, qu'elle avale souvent des morceaux de bois ou d'autres substances qui ne peuvent pas servir à sa nourriture : mais elle jouit de la faculté qu'ont reçue les squales, d'autres poissons destructeurs et les oiseaux de proie; elle peut rejeter facilement les corps qui l'incommodent. L'eau douce ne paraît pas lui convenir; on ne la voit jamais dans les fleuves ou les rivières : elle ne s'approche même des rivages, au moins ordinairement, que dans le temps du frai; pendant le reste de l'année elle se tient dans les profondeurs des mers, et par conséquent elle doit être placée parmi les véritables poissons pélagiens. Elle habite parti- culièrement dans la portion de l'Océan septentrional comprise entre le quarantième degré de latitude et le soixante-sixième : plus au nord ou plus au sud, elle perd de ses qualités; et voilcà pourquoi apparemment elle ne doit pas être comptée parmi les poissons de la Méditerranée, ou des autres mers intérieures, dont l'entrée, plus rapprochée de l'équateur que le quarantième degré, est située hors des plages qu'elle fréquente. On la pêche dans la Manche, et on la prend auprès des côtes du Kamtschatka, vers le soixantième degré : mais dans la vaste étendue de l'Océan Boréal qu'occupe cette espèce, on peut distinguer deux grands espaces qu'elle semble préférer. Le premier de ces espaces remarquables peut être conçu comme limité d'un côté par le Groenland et par l'Islande de l'autre; parla Norwége, les côtes du Danemarck, de l'Allemagne, de la Hollande, de l'est et du nord de la Grande-Bretagne, ainsi que des îles Orcades; il comprend les endroits désignés par les noms de Dogger-bank, Vell-bank et Cramer; et on peut y rappor- ter les petits lacs d'eau salée des îles de l'ouest de l'Ecosse, où des troupes considérables de grandes morues attirent, principalement vers Gareloch, les pêcheurs des Orcades, de Peterhead, de Porisoy, de Firth et de 3Iurray. Le second espace, moins anciennement connu, mais plus célèbre parmi les marins, renferme les plages voisines de la Nouvelle-Angleterre, du cap Breton, de la Nouvelle- Ecosse, et surtout de l'île de Terre-Neuve, auprès de laquelle est ce fameux banc de sable désigné par le )iom de Grand-Banc, qui a près de cinquante myriamètres de longueur sur trente ou environ de largeur, au-dessus duquel on trouve depuis vingt jusqu'à cent mètres d'eau, et près duquel les morues forment des légions très-nombreuses, parce qu'elles y rencontrent en très-grande abondance les harengs et les autres animaux marins dont elles aiment à se nourrir. Lorsque, dans ces deux immenses portions de mer, le besoin de se débarrasser de la laite ou des œufs, ou la nécessité de pourvoir à leur subsistance, chassent les morues vers les côtes, c'est principalement près des rives et des bancs couverts de crabes ou de moules qu'elles se rassemblent; et elles déposent souvent leurs œufs sur des fonds rudes au milieu des rochers. Ce temps du frai qui entraîne les morues vers les rivages, est très-variable, suivant les contrées qu'elles habitent, et l'époque à laquelle le printemps ou Tété commence à régner dans ces mêmes contrées. Communément c'est vers le mois de février que ce frai a lieu auprès de la Norwége, du Danemarck, de l'Angleterre, de l'Ecosse, etc. : mais comme l'île de Terre-Neuve appartient à l'Amérique septentrional^, et par conséquent à un con- tinent beaucoup plus froid que l'ancien, l'époque de la ponte et de la fécondation des œufs y est reculée jusqu'en avril. Il est évident, d'après tout ce que nous venons de dire, que cette époque du frai est celle que l'on a dû choisir pour celle de la pêche. Il y a donc eu diversité de temps pour cette grande opération de la recherche des morues, selon le lieu où on a désiré de les 82 HISTOIRE NATURELLE prendre; el de plus, il y a eu différence dans les moyens de parvenir à les saisir, suivant les nations qui se sont occupées de leur poursuite : mais depuis plusieurs siècles les peu- ples industrieux el marins de l'Europe ont senti l'importance de la pèche des morues, et s"y sont livrés avec ardeur. Dès le quatorzième siècle, les Anglais et les habitants d'Amster- dam ont entrepris cette pèche, pour laquelle les Islandais, les Norwéglens, les Français et les Espagnols ont rivalisé avec eux plus ou moins heureusement; et vers le commence- ment du seizième, les Français ont envoyé sur le grand banc de Terre-Neuve les premiers vaisseaux destinés à en rapporter des morues. Puisse cet exemple mémorable n'être pas perdu pour les descendants de ces Français, el lorsque la grande nation verra luire le jour fortuné où l'olivier de la paix balancera sa tête sacrée, au milieu des lauriers de la victoire el des palmes éclatantes du génie, au-dessus des innombrables monuments élevés à sa gloire, qu'elle n'oublie pas que son zèle éclairé pour les entreprises relatives aux pèches importantes sera toujours suivi de l'accroissement le plus rapide de ses subsis- tances, de son commerce, de son industrie, de sa population, de sa marine, de sa puis- sance, de son bonheur! Dans la première des deux grandes surfaces où l'on rencontre des troupes très-nom- breuses de morues, et par conséquenl dans celle où l'on s'est livré plus anciennement à leur recherche, on n'a pas toujours employé les moyens les plus propres à atteindre le but que l'on aurait dû se pioposer. Il a été un temps, par exemple, où sur les côtes de Norvège on s'était servi de lilets composés de manière à détruire une si grande quantité de jeunes morues, et à dépeupler si vile les plages qu'elles avaient affectionnées, que, par une suite de ce sacrifice mal entendu de l'avenir au présent, un bateau monté de quatre hommes ne rapportait plus que six ou sept cents de ces poissons, de tel endroit où il en aurait pris, quelques années auparavant, près de six mille. 3Iais rien n'a été négligé pour les pèches faites dans les dix-septième et dix-huitième siècles, aux environs de l'ile de Terre-Neuve. Pieniièrement, on a recherché avec le plus grand soin les temps les plus favorables; c'est d'après les résultats des observations faites à ce sujet, que, vers ces parages, il est très-rare qu'on continue la poursuite des morues après le mois de juin, époque à laquelle les gades dont nous écrivons l'histoire s'éloignent à de grandes dislances de ces plages, pour chercher une nourriture plus abondante, ou éviter la dent meurtrière des squales el d'autres habitants des meis, redoutables par leur férocité. Les morues reparaissent auprès des côtes dans le mois de septembre, ou aux environs de ce mois ; mais dans cette saison, qui touche d'un côté à l'équinoxe de l'aufomtie, et de l'autre aux frimas de l'hiver, et d'ailleurs auprès de l'Amérique septentrionale, où les froids sont plus rigoureux et se font sentir plus tôt que sous le même degré de la partie boréale de l'ancien continent, les tempêtes et même les glaces peuvent rendre très-souvent la pèche trop incertaine el trop dangereuse, pour qu'on se détermine à s'y livrer de nouveau, sans attendre le printemps suivant. En second lieu, les préparatifs de celte importante el lointaine recherche des morues qui se montrent auprès de Terre-Neuve, ont élé faits, depuis un très-grand nombre d'an- nées, avee une prévoyance très-attentive. C'est dans ces opérations préliminaires qu'on a suivi avec une exactitude remarquable le principe de diviser le travail pour le rendre plus prompt et plus voisin de la perfection que l'on désire; el ce sont les Anglais qui ont donné à cet égard l'exemple à l'Europe commerçante. La force des cordes ou lignes, la nature des hameçons, les dimensions des bâtiments, tous ces objets ont été déterminés avec précision. Les lignes ont eu depuis un jusqu'à deux centimètres, ou à peu près, de circonférence, et quelquefois cent quarante-cinq mètres de longueur : elles ont élé faites d'un très-bon chanvre, el composées de fils très-fins, et cependant irès-forls, afin que les morues ne fussent pas trop effrayées, el que les pécheurs pussent sentir aisément l'agitation du poisson pris, relever avec facilité les cordes el les retirer sans les rompre. Le bout de ces lignes a élé garni d'un plomb qui a eu la forme d'une poire ou d'un cylindre, a pesé deux ou trois kilogrammes selon la grosseur de ces cordes, el a soutenu une empile longue de quatre à cincj mètres i. Communément les vaisseaux employés pour la pèche des morues ont élé de cent cin(|uante tonneaux au plus; et de trente hommes 1 Nous avons vu, dans l'article de la Haie boudée, que l'empile est un fil de chanvre, de crin, ou de métal, auquel le Imiin ou fiaincçou est attaché. DES POISSONS. 85 d'équipage. On a emporté des vivres pour deux, trois et jusqu'à iiuit mois, selon la lon- gueur du temps que l'on a cru devoir consacrer au voyage. On n'a pas manqué de se pour- voir de bois pour aider le dessèchement des morues, de sel pour les conserver, de tonnes et de petits barils pour y renfermer les différentes parties de ces animaux déjà préparées. Des bateaux particuliers ont été destinés à aller pécher, même au loin, les mollusques et les poissons propres à faire des appâts, tels que des sépies, des harengs, des éperlans, des trigles, des maquereaux, des capelans, etc. On se sert deces poissonsquelquefois lorsqu'ils sont salés, d'autres fois lorsqu'ils n'ont pas été imprégnés de sel. On en emploie souvent avec avantage de digérés à demi. On remplace avec succès ces poissons corrompus par des fragments d'écrevisse ou d'autres crabes, du lard et de la viande gâtée. Les morues sont même si imprudemment goulues, qu'on les trompe aussi en ne leur présentant que du plomb ou de l'étain façonné en pois- son, et des morceaux de drap rouge semblables par la couleur à de la chair ensanglantée; et si on a besoin d'avoir recours aux appâts les plus puissants, on attache aux hameçons le cœur de quelque oiseau d'eau, ou même lune jeune morue encore saignante; car la vo- racité des gades que nous décrivons est telle, que, dans les moments où la faim les ai- guillonne, ils ne sont retenus queparune force supérieure à la leur, et n'épargnent pas leur propre espèce. Lorsque les précautions convenables n'ont pas été oubliées, que l'on n'est contrarié ni par de gros temps ni par des circonstances extraordinaires, et qu'on a bien choisi le ri- vage ou le banc, quatre hommes suffisent pour prendre par jour cinq ou six cents morues. L'usage le plus généralement suivi sur le grand banc, est que chaque pêcheur établi dans un baril dont les bords sont garnis d'un bourrelet de paille, laisse plus ou moins filer sa ligne, en raison de la profondeur de l'eau, de la force du courant, de la vitesse de la dérive, et fasse suivre à cette corde les mouvements du vaisseau, en la traînant sur le fond contre lequel elle estretenuepar le poids de plomb dont elle est lestée. Néanmoins d'autres marins halent ou retirent de temps en temps leur ligne de quelques mètres, et la laissent ensuite retomber tout à coup, pour empêcher les morues de flairer les appâts et de les éviter, et pour leur faire plus d'illusion par les divers tournoiements de ces mêmes appâts, qui dés lors ont plus de rapports avec leur proie ordinaire. Les morues devant être consommées à des distances immenses du lieu où on les pêche, on a été obligé d'employer divers moyens propres à garantir de toute altération leur chair et plusieurs autres de leurs parties. Ces moyens se réduisent aies faire saler ou sécher. Ces opérations sont souvent exécutées par les pêcheurs, sur les vaisseaux qui les ont amenés; et on imagine bien, surtout d'après ce que nous avons déjà dit, qu'afin de ne rien perdre de la durée ni des objets du voyage, on a établi sur ces bâtiments le plus grand ordre dans la disposition du local, dans la succession des procédés, et dans la dis- tribution des travaux entre plusieurs personnes dont chacune n'est jamais chargée que des mêmes détails. Les mêmes arrangements ont lieu surla côte, mais avec debien plus grands avantages, lorsque les marins occupés de la pêche des morues ont à terre, comme les Anglais, des établissements plus ou moins commodes, et dans lesquels on est garanti des effets nui- sibles que peuvent produire les vicissitudes de l'atmosphère. Mais soit à terre, soit sur les vaisseaux, on commence ordinairement toutes les pré- parations de la morue par détacher la langue et couper la tète de l'animal. Lorsque en- suite on veut saler ce gade, on l'ouvre dans sa partie inférieure ; on met à part le foie ; et si c'est une femelle qu'on a prise, on ôte les œufs de l'intérieur du poisson : on habille ensuite la morue, c'est-à-dire, en termes de pêcheur, on achève de l'ouvrir depuis la gorge jusqu'à l'anus, que les marins nomment nombril, et on sépare des muscles, dans cette étendue, la colonne vertébrale, ce qu'on nomme désosser la morue. Pour mettre les gades dont nous nous occupons dans leur premier sel, on remplit, le plus qu'on peut, l'intérieur de leur corps de sel marin, oumuriate de soude; on en frotte leur peau; on les range par lits dans un endroit particulier de l'établissement construit à terre, ou de l'cntre-pont, ou encore de la cale du bâtiment, si elles sont préparées sur un vaisseau, et on place une couche de sel au-dessus de chaque lit. Les morues restent ainsi en piles pendant un, deux ou plusieurs jours, et quelquefois aussi entassées sur une sorte de gril, jusqu'à ce qu'elles aient jeté leur sang et leur eau; puis on les change de place, et on les sale à demeure, en les arrangeant une seconde fois par lits, entre lesquels on étend de nouvelles couches de sel. 84 HISTOIRE NATURELLE Lorsqu'en habillant les morues, on se contente de les ouvrir depuis la gorge jusqu'à l'anus, ainsi que nous venons de le dire, elles conservent une forme arrondie du côté de la queue, et on les nomme Morues rondes; mais le plus grand nombre des marins occupés de la pèche de Terre-Neuve remplacent cette opération par la suivante, surtout lors- qu'ils salent de grands individus. Ils ouvrent la morue dans toute sa longueur, enlèvent la colonne vertébrale tout entière, habillent le poisson à plat; et la morue ainsi habillée se nomme Morue plate. Si, au lieu de saler les gades morues, on veut les faire sécher, on emploie tous les pro- cédés que nous avons exposés, jusqu'à celui par lequel elles reçoivent leur premier sel. On les lave alors, et on les étend une à une sur la grève ou sur des rochers i, la chair en haut, de manière qu'elles ne se touchent pas; quelques heures après on les retourne. On recommence ces opérations pendant plusieurs jours, avec cette différence, qu'au lieu d'arranger les morues une à une, on les met par piles, dont on accroît successivement la hauteur, de telle sorte que, le sixième jour, ces paquets sont de cent cinquante, ou deux cents, et même quelquefois de cinq cents myriagrammes. On empile de nouveau les morues à plusieurs reprises, mais à des intervalles de temps beaucoup plus grands, et qui crois- sent successivement; et le nombre ainsi que la durée de ces reprises sont proportionnés à la nature du vent, à la sécheresse de l'air, à la chaleur de l'atmosphère, à la force du soleil. Le plus souvent, avant chacune de ces reprises, on étend les morues une à une, et pen- dant quelques heures. On désigne les divers empilements, en disant que les morues sont à leur premier, à leur second, à leur troisième soleil, suivant qu'on les met en tas pour la première, la seconde ou la troisième fois; et communément les morues reçoivent dix soleils, avant d'être entièrement séchées. Lorsque Ton craint la pluie, on les porte sur des tas de pierres placés dans des ca- banes, ou, pour mieux dire, sous des hangars qui n'arrêtent point l'action des courants d'air. Quelques peuples du nord de l'Europe emploient, pour préparer ces poissons, quelques procédés; dont un des plus connus consiste à dessécher ces gades sans sel, en les suspen- dant au-dessus d'un fourneau, ou en les exposant aux vents qui régnent dans leurs con- trées pendant le printemps. Les morues acquièrent par cette opération une dureté égale à celle du bois, d'où leur est venu le nom de Stock-fish (poisson en bâton); dénomination qui, selon quelques auteurs, dérive aussi de l'usage où l'on est, avant d'apprêter du stock- jlsh pour le manger, de le rendre plus tendre en le battant sur un billot. Les commerçants appellent dans plusieurs pays, Morue blanche, celle qui a été salée, mais séchée prompfement, et sur laquelle le sel a laissé une sorte de croûte blanchâtre. La Morue noire, pinnée ou brumôe, est celle qui, par un dessèchement plus lent, a éprouvé un commencement de décomposition, de telle soi te qu'une partie de sa graisse, se portant à la surface, et s'y combinant avec le sel, y a produit une espèce de poussière grise ou brune, répandue par taches. On donne aussi le nom de Morue verte à la morue salée, de Merluche h la morue sèche, et de Cabillaud à la morue préparée et arrangée dans des barils du poids de dix à quinze myriagrammes, et dont une douzaine s'appelle un Leth, dans plusieurs ports septen- trionaux d'Europe. Mais d'ailleurs un grand nombre de places de commerce ont eu, ou ont encore, diffé- rentes manières de désigner les morues distribuées en assortiments, d'après les divers degrés de leurs dimensions ou de leur bonté. A Nantes, par exemple, on appelait grandes Morues, les morues salées qui étaient assez longues pour que cent de ces poissons pesas- sent quarante-cinq myriagrammes; Morues mo^e>î/ée>-. i. Le Ble>me GATTORICI.XE. H. Le Blex.me SOCRCILLEIX. n. Le Blenme CORM'. 7. Le Blen.me temacilé. 8. Le Blenme sujéfien. 9. Le Blenme PASCÉ. 10. Le Blen.me coquillade. 1 1 . Le Ble.n.me SAUTEUR. 12. Le Blenme PINARU. SECOND SOUS-GENRE. Une *euh nageoire dortnie ; des pfnments on appendices sur lu tête. CARACTÈRES. Deux barbillons à la mâchoire supérieure, et un à l'inférieure. L'n apppnrlice palme auprès de chaque œil, et deux appendices semblables auprès de la nuque. \]n appendice palmi au-dessus de chaque œil; la ligne latérale courbe. Un appendice non palmé au-dessus de chaque œil. Un appendice non palme au-dessus de chaque œil ; une tache œillée sur la nageoire du dos. Un très-petit appendice non palmé au-dessus de chaque œil ; la ligne latérale courbe ; la nageoire du dos réunie à celle de la queue. Deux appendices non palmés entre les yeux; quatre ou cinq bandes transversales. Un appendice cutané et transversal. \]n appendice cartilagineux et longitudinal ; les nageoires pectorales presque aussi longues que le corps proprement dit ; deux rayons seulement à chacune des nageoires jugulaires. Un appendice lilamcntcux et longitudinal; trois rayons à chacune des nageoires jugulaires. TROISIÈME SOUS GENRE. Deux nageoires dorsales , point de barbillons ni d'appendices sur la tète. 13. Le Blenme I Un filament au-dessous de l'extrémité antérieure de la mâchoire d'en bas; deux GADOÏDE. } rayons seulement .1 chacune des nageoires jugulaires. li. Le Blenme 1 Point de filament à la mâchoire inférieure; trois rayons à la première nageoire du BELETTE. ( dos ; dcux rayons seulement h. chacune des nageoires jugulaires, la. Le Blennie i Un filament au-dessous de l'extrémité antérieure de la mâchoire inférieure; trois TRiDACTYLE. | rayons à chacune des nageoires jugulaires. QUATRIÈME SOUS-GENRE. / Une seule nageoire dorsale, point de barbillons ni d'appendices sur la tête, I Les ouvertures des narines tuberculeuses et frangées; la ligne latérale courbe. ILa mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure ; l'ouverture de l'anus à une distance à peu près égale de la gorge et de la nageoire caudale; la nageoire de l'anus réunie à celle de la queue, et composée environ de dix-huit rayons. ( Les ouvertures des narines tuberculeuses, mais non frangées; la ligne latérale ) droite; la nageoire de l'anus réunie à celle de la queue, et composée de plus de ) soixante rayons. Le corps très-allongé; les nageoires du dos, de la queue et de l'anus, distinctes l'une de l'autre; celle du dos très longue et très-basse; neuf ou dix taches rondes, placées chacune à demi sur la base de la nageoire doisale, et à demi sur le dos du blennie. Les nageoires jugulaires presque aussi longues que les pectorales ; une grande quan- tité de points autour des yeux, sur la nuque, et sur les opercules. Quelques dents placées vers le bout du museau, plus crochues et plus longues que les autres. Des taches transversales; trois rayons à chaque nageoire jugulaire. Un barbillon à la mâchoire inférieure; les nageoires jugulaires charnues et divisées chacune en quatre lobes. 16. Le Blennie PHOLIS. 17. Le Blennie bosquien. 18. Le Blennie ovovivipare. 19. Le Blennie GUNNEL. 20. Le Blennie pointu.lk. 21. Le Blenme GARAMIT. 22. Le Blenme lumpène. 25. Le Blennie T0R8K. î LE BLENNIE LIÈVRE. Blcnnius ocellaris, BI.,Cuv., Linn., Gmel.; Blennius Lepus, Lacep. «. L'homme d'clat ne considérera pas avec autant (rintérèt les blennies que les gades; il ne les verra pas aussi nombreux, aussi grands, aussi bons à manger, aussi salubres, aussi recbercbcs que ces derniers, faire nailrc, comme ces mômes gades, des légions de pécheurs, les attirer atix extrémités de l'Océan, les contraindre h braver les tempêtes, les glaces, les brumes, et les changer bientôt en navigateurs intrépides, en ouvriers indus- trieux, en marins habiles et expérimentés : mais le physicien étudiera avec curiosité tous les détails des habitudes des blennies; il voudra les suivre dans les différents climats qu'ils habitent; il désirera de connaître toutes les manières dont ils viennent à la lumière, 1 Du sous-gcnrc des Blennies proprement dites, dans le genre Blennie de M. Cuvier, D. DES POISSONS. 101 se développent, croissent, attaquent leur proie ou l'attendent en embuscade, se dérobent à leurs ennemis par la ruse, ou leur échappent par leur agilité. Nous ne décrirons cepen- dant d'une manière étendue que les formes et les mœurs des espèces remarquables par ces mêmes mœurs ou par ces mêmes formes ; nous n'engagerons à jeter qu'un coup d'œil sur les autres. Où il n'y a que peu de différences à noter, et, ce qui est la même chose, peu de rapports à saisir, avec des objets déjà bien observés, il ne faut qu'un petit nom- Ijre de considérations pour parvenir à voir clairement le sujet de son examen. Le blennie lièvre est une de ces espèces sur lesquelles nous appellerons pendant peu de temps l'attention des naturalistes. Il se trouve dans la Méditerranée; sa longueur ordinaire est de deux décimètres. Ses écailles sont très-petites, enduites d'une humeur visqueuse; et c'est de cette liqueur gluante dont sa surface est arrosée, que vient le nom de Blennius en latin, et de Blennie ou de Blenne en français, qui lui a été donné ainsi qu'aux autres poissons de son genre tous plus ou moins imprégnés d'une substance oléagineuse, le mot g)svvo5 en grec, signifiant mucosité. Sa couleur générale est verdâtre, avec des bandes transversales et irrégulières d'une nuance de vert plus voisine de celle de l'olive; ce verdâtre est, sur plusieurs individus, remplacé par du bleu, particulièrement sur le dos. La première nageoire dorsale est ou bleue comme le dos, ou olivâtre avec de petites taches bleues et des points blancs ; et indé- pendamment de ces points et de ces petites gouttes bleues, elle est ornée d'une tache grande, ronde, noire, ou d'un bleu très-foncé, entourée d'un liséré blanc, imitant une prunelle entourée de son iris, représentant vaguement un œil ; et voilà pourquoi le blen- nie lièvre a été appelé OEiUê; et voilà pourquoi aussi il a été nommé poisson papillon {Butterfly fish en anglais). Sa tête est grosse, ses yeux sont saillants; son iris brille de l'éclat de l'or. L'ouverture de sa bouche est grande ; ses mâchoires, toutes les deux également avancées, sont armées d'un seul rang de dents étroites et très-rapprochées. Un appendice s'élève au-dessus de chaque œil; la forme de ces appendices, qui ressemblent un peu à deux petites oreilles redressées, réunie avec la conformation générale du museau, ayant fait trouver par des marins peu difficiles plusieurs rapports entre la tête du lièvre et celle du blennie que nous décrivons, il ont proclamé ce dernier Lièvre marin, et d'habiles naturalistes ont cru ne devoir pas rejeter cette expression. La langue est large et courte. Il n'y a qu'une pièce à chaque opercule branchial ; l'anus est plus près de la tête que de la nageoire caudale, et la ligne latérale plus voisine du dos que du ventre. On compte sur ce blennie deux nageoires dorsales ; mais ordinairement elles sont si rap- prochées l'une de l'autre, que souvent on a cru n'en voir qu'une seule. Pour ajouter au parallèle entre le poisson dont nous traitons et le vrai lièvre de nos champs, on a dit que sa chair était bonne à manger. Elle n'est pas, en efTet, désagréable au goût ; mais on y attache peu de prix. Au reste, c'est à cet animal qu'il faut appliquer ce que Pline rapporte de la vertu que l'on attribuait de son temps aux cendres des blen- nies, pour la guérison ou le soulagement des maux causés par la présence d'un calcul dans la vessie, LE BLENNIE PHYCIS. Phycis Tinca, Schn.; Phycis mediterraneus, Laroche, Cuv.; Blennius Phicis, Linn., Gmel, i. Ce poisson est un des plus grands blennies : il parvient quelquefois jusqu'à la longueur de cinq ou six décimètres. Un petit appendice s'élève au-dessus de l'ouverture de chaque narine, et sa mâchoire inférieure est garnie d'un barbillon. Ce dernier filament, ses deux nageoires dorsales et son volume, le font ressembler beaucoup à un gade; mais la forme de ses nageoires jugulaires, qui ne présentent que deux rayons, le place et le retient parmi les vrais blennies. Les couleurs du phycis sont sujettes à varier, suivant les saisons. Dans le printemps, il a la tête d'un rouge plus ou moins foncé; presque toujours son dos est d'un brun plus ou moins noirâtre; ses nageoires pectorales sont rouges, et un cercle noir entoure son anus. On trouve ce blennie dans la Méditerranée. i M. Cuvier retire les phycis du genre Blennie, pour les reporter dans celui des Gades où ils forment un sous-genre particulier entre les Brotules et les Raniceps. D. LiCÉPÈDE.— rOJIE 11. 7 102 HISTOIRE NATURELLE LE BLENNIE MÉDITERRANÉEN. Blcnnius meditcrrancus, Lacep. i. Cette espèce a été jusqu'à présent comprise parmi les gades sous le nom de Méditerranéen ou de Monoptère; mais elle n'a que deux rayons à chacune deses nageoires jugulaires, et dès lors nous avons dû l'inscrire parmi les blennies. Nous l'y avons placée dans le second souS'genre, parce qu'elle a des barbillons sur la tète, et que son dos n'est garni que d'une seule nageoire. Elle tire son nom de la mer qu'elle babitc. Elle vit dans les mêmes eaux salées que le gadecapelan, le gade mustcllc et le gade merlus, avec lesquels elle a beaucoup de rapports. Indépendamment des deux filaments situés sur sa mtkhoire d'en haut, il y en a un attaché à la mâchoire inférieure. LE BLENNIE GATTORUGLNE. Blennius palnicornis, Penn., Cuv.; Tllennius Galtorugine, Lacep. 2. Le galtorugine habite dans l'Océan Atlantique et dans la Mediterranee.il n'a guère plus de deux décimètres de longueur : aussi ne se nourrit-il que de petits vers marins, de petits crustacées et de très-jeunes poissons. Sa chair est assez agréable au goût. Ses cou- leurs ne déplaisent pas. On voit sur sa partie supérieure des raies brunes, avec des taches, dont les unes sont d'une nuance claire, et les autres d'une teinte foncée. Les nageoires sont jaunâtres. Il n'y en a qu'une sur le dos dont les premiers rayons sont aiguillonnés, et les derniers très-longs. La tête est petite; les yeux sont saillants et très- rapprochés du sommet de la tète; l'iris est rougeâtre. Deux appendices palmés paraissent auprès de l'organe de la vue, et deux autres semblables sur la nuque. Les mâchoires également avancées l'une et l'autre, sont garnies d'un rang de dents aiguës, déliées, blanches et flexibles, la langue est courte; le palais lisse; l'opercule branchial composé d'une seule lame; l'anus assez voisin de la gorge, et la ligne latérale droite ainsi que rapprochée du dos. LE BLENNIE SOURCILLEUX. Blennius superciliosus, Bl., Cuv., Lacep. 3. Les mers de l'Inde sont le séjour habituel de ce blennie. Comme presque tous les pois- sons des contrées équatoriales, il a des couleurs agréables et vives; un jaune plus ou moins foncé, plus ou moins voisin du brillant de l'or, ou de l'éclat de l'argent, et relevé par de belles taches rouges, règne sur tout son corps. Il se nourrit de jeunes crabes et de petits animaux à coquilles; et dès lors nous ne devons pas être surpris, d'après ce que nous avons déjà indiqué plusieurs fois, que ce sourcilleux présente des nuances riches et bien contrastées. Plusieurs causes se réunissent pour produire sur ses téguments ces tein- tes distinguées : la chaleur du climat qu'il habile, l'abondance de la lumière qui inonde la surface dos mers dans lesquelles il vit, et la nature de l'aliment qu'il préfère, et qui nous a paru être un des principes de la brillante coloration des poissons. Mais quoique ce blennie, exposé aux rayons du soleil, puisse paraître quelquefois parsemé, pour ainsi dire, de rubis, de diamants et de topazes, il est encore moins remarquable par sa parure que par ses habitudes. Ses petits sortent de l'œuf dans le ventre de la mère, et viennent au jour tout formés. Il n'est pas le seul de son genre dont les œufs éclosent ainsi dans l'intérieur de la femelle. Ce phénomène a été particulièrement observé dans le blennie que les naturalistes ont nommé pendant longtemps le Vivipare. Nous reviendrons sur ce fait, en traitant, dans un moment, de ce dernier poisson. Considérons néanmoins déjàque le sourcilleux, que sa manière de venir à la lumière lie, par une habitude peu commune parmi les poissons, avec l'anguille, avec les silures, et peut-être avec le gade lote, a, comme tous ces osseux, le corps très-allongé, recouvert d'écaillés très-menues, et enduit d'une mucosité très-abondante. Au reste, sa tète est étroite; ses yeux sont saillants, ronds, placés sur les côtés, et sur- montés chacun d'un appendice palmé et divisé en trois, qui lui a fait donner le nom qu'il porte. L'ouverture de la bouche est grande; la langue courte; le palais lisse; la mâchoire 1 M. Cuvier ne fait pas mention de cette espèce. D. 2 Du sous-genre des Blennies proprement dites, dans le genre Blennie, Cuv. D. - Du sous-genre Clinus dans le genre Blennie, Cuv. l). DES POISSONS. 105 d'en haut aussi avancée que l'inférieure, et hérissée d'un rang extérieur de grosses dents, et de plusieurs rangées de dents intérieures plus petites et très-pointues; l'opercule branchial composé d'une seule lame, ainsi que dans presque tous les blennies; la ligne latérale courbe; l'anus large comme celui d'un grand nombre de poissons qui se nour- rissent d'animaux à têt ou à coquille, et d'ailleurs plus voisin de la gorge que de la nageoire caudale. Tous les rayons de la nageoire du dos sont des aiguillons, excepté les cinq ou six derniers. LE BLENNIE CORNU. Blennius cornutus, Linn. , Lacep. LE BLENNIE TENTACULE. Blennius tentacularis, Linn., Cuv.; El. tentaculatus, Lacep. LE BLENNIE SUJÉFIEN. Blennius sujefianus, Lacep.; BL simus, Linn. ET LE BLENNIE FASCÉ. Blennius fasciatus, Linn., Bl. i. Le cornu présente un appendice long, effilé, non palmé, placé au-dessus de chaque œil; une multitude de tubercules à peine visibles, et disséminés sur le devant ainsi que sur les côtés de la tète; une dent plus longue que les autres de chaque côté de la mâchoire inférieure ; une peau visqueuse, parsemée de points ou de petites taches rous- sâtres : il vit dans les mers de l'Inde, et a été décrit, pour la première fois, par l'im- mortel Linnée. Le tentacule que l'on pêche dans la Méditerranée, ressemble beaucoup au cornu; il est allongé, visqueux, orné d'un appendice non palmé au-dessus de chaque œil, coloré par points ou par petites taches très-nombreuses. Mais indépendamment que ces points sont d'une teinte très-brune, on voit sur la nageoire dorsale une grande tache ronde qui imite un œil, ou, pour mieux dire, une prunelle entourée de son iris. De plus, le dessous de la tète montre trois ou quatre bandes transversales et blanches; l'iris est argenté avec des points rouges; des bandes blanches et brunes s'étendent sur la nageoire de l'anus; les dents sont très-peu inégales; et enfin, en passant sous silence d'autres dissemblances moins faciles à saisir avec précision, le tentacule paraît différer du cornu par sa taille, ne parvenant guère qu'à une longueur moindre d'un décimètre. Au reste, peut-être, mal- gré ce que nous venons d'exposer, et l'autorité de plusieurs grands naturalistes, ne fau- drait-il regarder le tentacule que comme une variété du cornu, produite par la dilférence des eaux de la Méditerranée à celles des mers de l'Inde. Quoi qu'il en soit, c'est Brunnich, qui a fait connaître le tentacule, en décrivant les poissons des environs de Marseille. Le sujéfien a un appendice non palmé au-dessus de chaque œil, comme le cornu et le tentacule; mais cet appendice est très-petit. Nous lui avons donné le nom de Sujéfien, parce que le naturaliste Sujef en a publié la description. Il parvient à la longueur de plus d'un décimètre. Son corps est menu ; l'ouverture de sa bouche, placée au-dessous du museau, chacune de ses mâchoires garnie d'une rangée de dents très-courtes, égales et très-serrées; son opercule branchial composé de deux pièces; sa nageoire dorsale précédée d'une petite élévation ou loupe graisseuse, et réunie à celle de la queue, qui est arrondie. Les mers de l'Inde, qui sont l'habitation ordinaire du cornu, nourrisseiït aussi le fascé. Ce dernier blennie est enduit d'une mucosité très-gluante. Sa partie supérieure est d'un bleu tirant sur le brun, sa partie inférieure jaunâtre : quatre ou cinq bandes brunes et transversales relèvent ce fond; les intervalles qui séparent ces fascies, sont rayés de brunâtre; d'autres bandes ou des taches brunes paraissent sur plusieurs nageoires; celle de la queue, qui d'ailleurs est arrondie, montre une couleur grise. Deux appendices non palmés s'élèvent entre les yeux; la tête, brune par-dessus et jau- nâtre par-dessous, est assez petite; l'ouverture branchiale très-grande; celle de l'anus un peu rapprochée de la gorge, et la ligne latérale peu éloignée du dos. 1 Les deux premiers et le quatrième de ces poissons sont du sous-genre des Blennies proprement dites dans le genre Blennie de M. Cuvicr. Le troisième est de son sous-genre Salarias. 1). i04 HISTOIRE NATURELLE LE BLENNIE COQUILLADE. Blennius Galerita, Bleniiius Coquillad, Lacep. i. On pèche ce poisson dans l'Océan d'Europe, ainsi que dans la Méditerranée. Il n'a pas ordinairement deux décimètres de longueur. Sur sa tête parait un appendice cutané, transversal, un peu mobile, et auquel on a donné le nom de Crète. Il habite parmi les rochers des rivages. 11 échappe facilement à la main de ceux qui veulent le retenir, parce que son corps est délié et très-muqueux. Sa partie supérieure est brune et mouchetée. Sa partie inférieure d'un vert foncé et noirâtre. On a comparé à une émeraude la couleur et l'éclat de sa vésicule du fiel. Sa chair est molle. Il vit assez longtemps hors de Teau, parce que, dit Rondelet, l'ouverture de ses branchies est fort petite; ce qui s'accorde avec les idées que nous avons exposées dans notre premier Discours, sur les causes de la mortalité des poissons au milieu de l'air de l'atmosphère. D'ailleurs on peut se souvenir que nous avons placé parmi ceux de ces animaux qui vivent avec plus de facilité hors de l'eau, les osseux et les cartilagineux qui sont pénétrés d'une plus grande quantité de matières huileuses propres à donner aux membranes la souplesse convenable. LE BLENNIE SAUTEUR. Blennius saliens, Lacep. , Ciiv. 2. Nous avons trouvé une description très-détaillée et très-bien faite de ce blennic dans les manuscrits de Commerson, que Buffon nous a confiés dans le temps, en nous invitant à continuer son immortel ouvrage. On n'a encore rien publié relativement à ce poisson, que le savant Commerson avait cru devoir inscrire dans un genre particulier, et nommer VAltiqiie suuteiir. Mais il nous a paru impossible de ne pas le comprendre parmi les blen- nies, dont il a tous les caractères généraux, et avec lesquels l'habile voyageur qui l'a observé le premier, a trouvé lui-même qu'il offrait les plus grands rapports. Nous osons même penser que si Commerson avait été à portée de comparer autant d'espèces deblen- nies que nous, les caractères génériques qu'il aurait adoptés pour ces osseux auraient été tels, qu'il aurait renfermé son sauteur dans leur groupe. Nous avons donc remplacé la dénomination d'Altiqiie sauteur par celle de Blennie sauteur, et réuni dans le cadre que nous mettons sous les yeux de nos lecteurs, ce que présentent de plus remarquable les formes et les habitudes de ce poisson. Ce blennie a été découvert auprès des rivages et particulièrement des récifs de la Nou- velle-Bretagne, dans la mer du Sud. Il y a été observé en juillet 1768, lors du célèbre voyage de notre confrère Bougainville. Commerson l'yavusemonlrer par centaines. Il est très-petit, puisque sa longueur totale n'est ordinairement que de soixante-six millimètres, sa plus grande largeur de cinq, et sa plus grande hauteur de huit. Il s'élance avec agilité, glisse avec vitesse, ou, pour mieux dire, et pour me servir de l'expression de Commerson, vole sur la surface des eaux salées; il préfère les rochers les plus exposés à être battus par les vagues agitées, et là, bondissant, sautant, ressaulant, allant, revenant avec rapidité, il se dérobe en un clin d'œil à l'ennemi qui se croyait près de le saisir, et qui ne peut le prendre que très-diflicilement. Il a reçu un instrument très-propre à lui donner cette grande mobilité. Ses nageoires pectorales ont une surface très-étendue, relativement à son volume; elles représentent une sorte de disque lorsqu'elles sont déployées; et leur longueur, de douze millimètres, fait que, lorsqu'elles sont couchées le long du corps, elles atteignent à très-peu près jus- qu'à l'anus. Ce rapport de forme avec des pégases, des scorpènes, des trigles, des exocets, et d'autres poissons volants, devait lui en donner aussi un d'habitude avec ces mêmes animaux, et le douer de la faculté de s'élancer avec plus ou moins de force. La couleur du blennie sauteur est d'un brun rayé de noir, qui se change souvent en l)lou clair rayé ou non rayé, api es la mort du poisson. On a pu juger aisément, d'après les dimensions que nous avons rapportées, de la forme Ircs-allongee du sauteur; mais de plus, il est assez comprimé par les côtés pour ressem- bler un peu à une lame. La mâchoire supérieure étant plus longue que l'inférieure, l'ouverture de la bouche se trouve placée au-dessous du museau. 1 Du sous-genre des Blennies proprement dites, dans le genre Blennic, Cuv. D. 2 Du sous-gcnre Salarias, dans le genre Blennie de M. Cuvier. D. DES POISSONS. 105 Les yeux sont situés très -près du sommet de la tête; gros, ronds, saillants, brillants par leur iris, qui a la couleur et l'éclat de l'or; et auprès de ces organes, on voit sur l'occiput une crête ou un appendice ferme, cartilagineux, non composé de rayons, parsemé de points, long de quatre millimètres ou environ, arrondi dans son contour, et élevé non pas transversalement, comme celui de la coquillade, mais longitudinalement. Deux lames composent chaque opercule branchial. La peau du sauteur est enduite d'une mucosité très-onctueuse. Commerson dit qu'on n'aperçoit pas d'autre ligne latérale qne celle qui indique l'inter- valle longitudinal qui règne de chaque côté entre les muscles dorsaux et les muscles latéraux. LE BLENNIE PINARU. Blennius Pinaiu, Lacep.; Blennius pilicornis, Cuv. i. Le pinaru ressemble beaucoup au blennie sauteur. Il habite, comme ce dernier poisson, dans les mers voisines de la ligne. Un appendice longitudinal s'élève entre ses yeux, de même qu'entre ceux du sauteur; mais celle sorte de crête est composée de petits fila- ments de couleur noire. De plus, le sauteur, ainsi que le plus grand nombre de blennies, n'a que deux rayons à chacune de ses nageoires jugulaires; et le pinaru a ses nageoires jugulaires soulenues par trois rayons. La ligne latérale de ce dernier osseux est d'ailleurs courbe vers la tête, et droite dans le reste de sa longueur. On le trouve dans les deux Indes. LE BLENNIE GADOIDE. Blennius gadoides, Lacep. LE BLENNIE BELETTE. Blennius mustelaris, Linn.; Blennius mustela, Lac. 2. ET LE BLENNIE TRIDACTYLE. Blennius tridactylus, Lacep. 3. Ces trois poissons appartiennent au troisième sous-genre des blennies : ils ont deux nageoires sur le dos; et on ne voit pas de barbillons ni d'appendices sur la partie supé- rieure de leur tête. Le gadoïde a été découvert par Brunnich. Ce naturaliste l'a considéré comme tenant le milieu entre les gades et les blennies; et c'est pour désigner celte position dans l'ensemble des êtres vivants, que je lui ai donné le nom de Gadoide. Il a été compris parmi les gades par plusieurs célèbres naturalistes : mais la nécessité de former les différents genres d'animaux conformément au plus grand nombre de rapporis qu'il nous est possible d'en- trevoir, et de les indiquer par des traits précis et faciles à distinguer, nous a forcés d'exiger pour les deux familles des blennies et des gades, des caractères d'après lesquels nous avons dû placer le gadoïde parmi les blennies. Ce poisson habite dans la Méditerranée. Il est mou, étroit, légèrement comprimé. Sa longueur analogue à celle de la plupart des blennies, ne s'élend guère au-delà de deux décimètres. Sa mâchoire inférieure est plus courte que la supérieure, marquée de chaque côté de sept ou huit points ou petits enfoncements, et garnie, au-dessous de son bout antérieur, d'un filament souvent très-long. On voit deux aiguillons sur la nuque; la ligne latérale est droite. L'animal est blanchâtre, avec la tête rougoàtre. Des teintes noires régnent sui' le haut delà première nageoire dorsale, sur les bords et plusieurs aulres portions de la seconde nageoire du dos, sur une partie de celle de l'anus, et sur celle de la queue. Il est aisé de séparer de cette espèce de blennie celle à laquelle nous conservoîis le nom de Belette. En effet, ce dernier poisson n'a point de filament au-dessous du museau, et on ne compte que trois rayons à sa première nageoire dorsale. Il a été découvert dans l'Inde. Le tridactyle a été considéré jusqu'à présent comme un Gade; il a surtout beaucoup 1 Du sous-genre des Blennies proprement dites dans le genre Blennie, Cuv. D. 2 Du sous-genre Clinus dans le genre Blennie, Cuv. D. 5 M. Cuvier ne mentionne, ni cette espèce, ni celle du Blennie gadoïde. D. 106 HISTOIRE NATURELLE de rcssoniblaiioc avec le gado niustelle el le ciinbre. 11 a, de même que ces derniers animaux, la première nageoire dorsale cachée presque en entier dans une sorte de sillon longitudinal, et composée de rayons qui tous, excepté un, sont extrêmement courts et difilcilcs à distinguer les uns des autres. Mais chacune de ses nageoires jugulaires n'est soutenue que par trois rayons; et cela seul aurait dû nous engager à le rapporter aux blennies plutôt qu'aux gades. Les nageoires jugulaires, ou thoracines, ayant été compa- rées, aussi bien que les abdominales, aux pieds de derrière des quadrupèdes, les rayons de ces organes de mouvement ont été assimilés à des doigts; et c'est ce qui a déterminé à donner au blennie que nous examinons, le nom spécifique de Tridacty le, on à ti-ois doigts. D'ailleurs, dans cet osseux, les trois rayons de chaque nageoire jugulaire ne sont pas réunis par une membrane h leur extrémité, et cette séparation vers un de leurs bouts les fait paraître encore plus analogues aux doigts des quadrupèdes. La tète du tridactylc est un peu aplatie. Ses mâchoires sont garnies de dents recour- bées : celle d'en bas présente un long barbillon au-dessous de son extrémité antérieure. On voit au-dessus de chaque nageoire pectorale une rangée longitudinale de tubercules, qui sont, en quelque sorte, le commencement de la ligne latérale. Cette dernière ligne se fléchit très-près de son origine, forme un angle obtus, descend obliquement et se coude de nouveau pour tendre directement vers la nageoire de la queue. La couleur de la partie supérieure de l'animal est d'un brun foncé ; les plis des lèvres, et des bords de la membrane branchiale, sont d'un blanc très-éclatant. Ce blennie habite dans les mers qui entourent la Grande-Bretagne; le savant auteur de la Zoologie britannique l'a fait connaître aux naturalistes. LE BLENxXlE PHOLIS. Blcnnius Pholis, Linn., Gmel., Lacep., Cuv. i. Les Blennies dont il nous reste à traiter, forment le quatrième sous-genre de la famille que nous considérons; ils n'ont ni barbillons ni appendices sur la tête, et leur dos ne présente qu'une seule nageoire. Le premier de ces poissons dont nous allons parler, est le pholis. Cet osseux a l'ou- verture de la bouche grande, les lèvres épaisses, la mâchoire supérieure plus avancée que l'inférieure, et garnie, ainsi que cette dernière, de dents aiguës, fortes et serrées. Les ouvertures des narines sont placées au bout d'un petit tube frangé. La langue est lisse, le palais rude, l'œil grand, l'iris rougeâtre, la ligne latérale courbe, et l'anus plus proche de la gorge que de la nageoire caudale. La couleur du pholis est olivâtre avec de petites taches dont les unes sont blanches, et les autres d'une teinte foncée. Ce blennie vit dans l'Océan et dans la Méditerranée. Il s'y tient auprès des rivages, souvent vers les embouchures des fleuves; il s'y plaît au milieu des algues; il y nage avec agilité; il dérobe aisément à ses ennemis son corps enduit d'une humeur ou bave très-abondante et très-visqueuse, qui lui a fait donner un de ses noms ; et quoiqu'il n'ait que deux décimètres de longueur, il se débat avec courage contre ceux qui l'attaquent, les mord avec obstination, cl défend de toutes ses forces une vie qu'il ne perd d'ailleurs que diflicilemenl. Il n'aime pas seulement à se cacher au-dessous des plantes marines, mais encore dans la vase; il s'y enfonce comme dans nn asile, ou s'y place comme dans une embuscade. Il se retire aussi très-souvent dans des trous de rocher, y pénètre fort avant, et de là vient le nom de Perce-pierre qu'on a donné à presque tous les blennies, mais qu'on lui a parti- culièrement appliqué. 11 se nourrit de très-jeunes poissons, de très-petits crabes, ou d'œufs de leurs espèces; il recherche aussi les animaux à coquille et principalement les bivalves, sur lesquels la faim et sa grande hardiesse le portent quelquefois à se jeter sans précaution à l'instant où il peut devenir la victime de sa témérité, être saisi entre les deux battants refermés avec force sur lui ; et c'est ainsi que fut pris comme dans un piège, un petit i)oisson que nous croyons devoir rapporter à l'espèce du blennie pholis, qui fut trouvé dans une huître au moment où l'on en écarta les deux valves, qui devait y être renfermé depuis longtemps, puisque l'huître avait été apportée à un très-grand nombre de myrianiètres de la mer, et que découvrit ainsi, il y a plus de vingt ans, dans une sorte d'habitation très-extraoa-dinaire, mon compatriote et mon ancien ami M. Saint- 1 Du sous genre dus Blennies proprement dites dans le genre Blennie, Cuv. D. DES POISSONS. 107 Amans, professeur d'histoire naturelle dans l'école centrale du département de Lot-et- Garonne, connu depuis longtemps du public par plusieurs ouvrages très-intéressants, ainsi que par d'utiles et courageux voyages dans les hautes Pyrénées. LE BLENNIE BOSQUIEN. Blennius boscianus, Lacep. M. Bosc, l'un de nos plus savants et plus zélés naturalistes, qui vient de passer plu- sieurs années dans les États-Unis d'Amérique, où il a exercé les fonctions de consul de la République française, a découvert dans la Caroline ce blennie, auquel j'ai cru devoir donner une dénomination spécifique qui rappelât le nom de cet habile naturaliste. 31. Bosc a bien voulu me communiquer la description et le dessin qu'il avait fait de ce blennie : l'une m'a servi à faire un article; j'ai fait graver l'autre avec soin; et je m'em- presse d'autant plus de témoigner ici ma reconnaissance à mon ancien confrère pour cette bienveillante communication, que, peu de temps avant son retour en Europe, il m'a fait remettre tous les dessins et toutes les descriptions dont il s'était occupé dans l'Amérique septentrionale, relativement aux quadrupèdes ovipares, aux serpents et aux poissons, en m'invitant à les publier dans l'Histoire naturelle dont cet article fait partie. J'aurai une grande satisfaction à placer dans mon ouvrage les résultats des observations d'un naturaliste aussi éclairé et aussi exact que M. Bosc. Le blennie qu'il a décrit ressemble beaucoup au pholis dont nous venons de parler; mais il en diffère par plusieurs traits de sa conformation, et notamment par la proportion de ses mâchoires, dont l'inférieure est la plus longue, pendant que la supérieure du pholis est la plus avancée. D'ailleurs l'anus du pholis est plus près de la gorge que de la nageoire caudale, et celui du bosquien est à une distance à peu près égale de ces deux portions du corps de l'animal. La tête du bosquien est, en quelque sorte, triangulaire; le front blanchâtre est un peu aplati; l'œil petit; l'iris jaune; chaque mâchoire garnie de dents menues, très-nombreu- ses et très-recourbées; la membrane branchiale étendue et peu cachée par l'opercule; le corps comprimé, dénué en apparence d'écaillés, gluant, d'une couleur verte foncée, variée de blanc, et relevée par des bandes brunes cependant peu marquées. Les nageoires sont d'une teinte obscure, et tachetées de brun. Les onze premiers rayons de celle du dos sont plus courts et plus émoussés que les autres. Ceux qui soutiennent la nageoire de l'anus, se recourbent en arrière à leur extrémité : cette nageoire de l'anus et la dorsale touchent celle de la queue, qui est arrondie. Le bosquien a près d'un décimètre de longueur totale ; sa hauteur est de vingt-sept millimètres, et sa largeur de neuf. Cette espèce, suivant M. Bosc, est très-commune dans la baie de Charleston. Lorsqu'on veut la saisir, elle se défend en mordant son ennemi, comme la murène anguille, avec laquelle elle a beaucoup de ressemblance; et c'est cette manière de chercher à sauver sa vie, que M. Bosc a indiquée par le nom distinctif de morsitans qu'il lui a donné dans sa description latine, et que j'ai dû, malgré sa modestie, changer en une dénomination dictée par l'estime pour l'observateur de ce blennie. LE BLENNIE OVOVIVIPARE. Blennius viviparus, Linn., Gmel ; Blennius ovoviviparus, Lacep. i. De tous les poissons dont les petits éclosent dans le ventre de la femelle, viennent tout formés à la lumière, et ont fait donner à leur mère le nom de Vivipm-e, le blennie que nous allons décrire, est l'espèce dans laquelle ce phénomène remarquable a pu être observé avec plus de soin et connu avec plus d'exactitude. Voilà pourquoi on lui a donné le nom distinctif de Vivipare, que nous n'avons pas cru cependant devoir lui conserver sans modification, de peur d'induire plusieurs de nos lecteurs en erreur, et que nousavons rem- placé par celui d'Ovovivipare, afin d'indiquer que s'il n'éclôt pas hors du ventre de la mère, s'il en sort tout formé, et déjà doué de presque tous ses attributs, il vient néan- moins d'un œuf, comme tous les poissons, et n'est pas véritablement vivipare dans le sens où l'on emploie ce mot lorsqu'on parle de l'homme, des quadrupèdes à mamelles, et des 1 Du sous-genre Zoarcès, dans le genre Blennius, selon M. Cuvicr. D. i08 HISTOIRE NATURELLE célacées i. Voilà pourquoi nous allons entrer dans quelques détails relativement à la manière de venir au jour, du blennie dont nous écrivons l'histoire, non-seulement pour bien exposer tout ce qui peut concerner cet animal curieux, mais encore pour jeter un nouveau jour sur les différents modes de reproduction de la classe entière des poissons. Mais auparavant montrons les traits distinclifs et les formes principales de ce blennie. L'ouverture de sa bouche est petite, ainsi que sa tête : les mâchoires, dont la supérieure est plus avancée que l'inférieure, sont garnies de petites dents et recouvertes par des lèvres épaisses; la langue est courte et lisse comme le palais; deux os petits et rudes sont placés auprès du gosier; les orifices des narines paraissent chacun au bout d'un petit tube non frangé; le ventre est court; l'ouverture de l'anus très-grande; la ligne latérale droite; la nageoire de l'anus composée de plus de soixante rayons, et réunie à celle de la queue; et souvent cette dernière se confond aussi avec celle du dos. Les écailles qui revêtent l'ovovivipare sont très-petites, ovales, blanches ou jaunâtres et bordées de noir; du jaune règne sur la gorge, et sur la nageoire de l'anus; la nageoire du dos est jaunâtre, avec dix ou douze taches noires. La chair de ce blennie est peu agréable au goût; aussi est-il très-peu recherché par les pêcheurs, quoiqu'il parvienne jusqu'à la longueur de cinq décimètres. Il est en effet extrê- mement imprégné de matières visqueuses; son corps est glissant comme celui des murènes, et ces substances oléagineuses dont il est pénétré à l'intérieur ainsi qu'à l'extérieur, sont si abondantes, qu'il montre beaucoup plus qu'un grand nombre d'autres osseux, cette qualité phosphorique que l'on a remarquée dans les diflérenles portions des poissons morts et déjà altérés. Ses arêtes luisent dans l'obscurité, tant qu'elles ne sont pas entiè- rement desséchées; et par une suite de cette même liqueur huileuse et phosphorescente, lorsqu'on fait cuire son squelette, il devient verdâtre. L'ovovivipare se nourrit particulièrement de jeune crabes. Il habite dansl'Océan Atlan- tique septentrional, et principalement auprès des côtes européennes. Vers l'équinoxe du printemps, les œufs commencent à se développer dans les ovaires de la femelle. On peut les voir alors ramassés en pelotons, mais encore extrêmement petits, et d'une couleur blanchâtre. A la fin de mai, au commencement de juin, ils ont acquis un accroissement sensible, et présentent une couleur rouge. Lorsqu'ils sont parvenus à la grosseur d'un grain de moutarde, ils s'amollissent, s'étendent, s'allongent, et déjà l'on peut remarquer à leur bout supérieur deux points noirâtres qui indiquent la tête du fœtus, et sont les rudiments de ses yeux. Cette partie de l'embryon se dégage la première de la membrane ramollie qui compose l'œuf, bientôt le ventre sort aussi de l'enveloppe, revêtu d'une autre membrane blanche et assez transparente pour qu'on puisse apercevoir les intestins au travers de ce tégument; enfin la queue, semblable à un fil délié et tor- tueux, n'est plus contenue dans l'œuf, dont le petit poisson se trouve dès lors entièrement débarrassé. Cependant l'ovaire s'étend pour se prêter au développement des fœtus; il est, à l'épo- que que nous retraçons, rempli d'une liqueur épaisse, blanchâtre, un peu sanguinolente, insipide, et dont la substance présente des fibres nombreuses disposées autour des fœtus comme un léger duvet, et propres à les empêcher de se froisser nuiluellement. On a prétendu qu'indépendamment de ces fibres, on pouvait reconnaître dans l'ovaire, des filaments particulieis qui, semblables à des cordons ombilicaux, partaient des tuni- ques de cet organe, s'étendaient jusqu'aux fœtus, et entraient dans leurs corps pour y porter vraisemblablement, a-t-on dit, la nourriture nécessaire. On n'entend pas comment des embryons qui ont vécu pendant un ou deux mois entièrement renfermés dans un œuf, et sans aucune communication immédiate avec le corps de leur mère, sont soumis tout d'un coup, lors de la seconde période de leur accroissement, à une manière passive d'être nourris, et à un mode de circulation du sang, qui n'ont encore été observés que dans les animaux à mamelles. Mais d'ailleurs les observations sur lesquelles on a voulu établir l'existence de ces conduits comparés à des cordons ombilicaux, n'ont pas été conve- nablement confirmées. Au reste, il suffirait que les fœtus dont nous parlons, eussent été pendant les premiers mois de leur vie, contenus dans un véritable œuf, et libres de toute attache immédiate au corps de la femelle, pour que la grande différence que nous avons indiquée entre les véritables vivipares et ceux qui ne le sont pas, subsistâltoujours entre 1 On peut consulter ù ce sujet ce que nous avons écrit dans le Discours sur la nature des Serpents, et dans le Discours sur la nature des Poissons. DES POISSONS. lOî) ces mêmes vivipares ou animaux à mamelles et ceux des poissons qui paraissent le moins ovipares, et pour que la dénomination d'Ovovivipare ne cessât pas de convenir au blennie que nous décrivons. , Et cependant ce qui achève de prouver que ces filaments prétendus nourriciers ont une destination bien différente de celle qu'on leur a attribuée, c'est qu'à mesure que les fœtus grossissent, la liqueur qui les environne s'épuise peu à peu, et d'épaisse et de presque coagulée qu'elle était, devient limpide et du moins très-peu visqueuse, ses parties les plus grossières ayant été employées à alimenter les embryons. Lorsque le temps de la sortie de ces petits animaux approche, leur queue, qui d'abord avait paru sinueuse, se redresse, et leur sert à se mouvoir en différents sens, comme pour chercher une issue hors de l'ovaire. Si dans cet état ils sont retirés de cet organe, ils ne périssent pas à l'instant, quoique venus trop tôt à la lumière ; mais ils ne vivent que quel- ques heures: ils se tordent comme de petites murènes, sautillent et remuent plusieurs fois leurs mâchoires et tout leur appareil branchial avant d'expirer. On a vu quelquefois dans la même femelle jusqu'à trois cents embryons, dont la plu- part avaient plus de vingt-cinq millimètres de longueur. Il s'écoule souvent un temps très-long entre le moment où les œufs commencent a pou- voir être distingués dans le corps de la mère, et celui où les petits sortent de l'ovaire pour venir au jour. Après la naissance de ces derniers, cet organe devient flasque, se relii-e comme une vessie vide d'air; et les mâles ne différent alors des femelles que par leur taille qui est moins grande, et par leur couleur, qui est plus vive ou plus foncée. Nous ne terminerons pas cet article sans faire remarquer que pendant que la plupart des poissons pélagiens s'approchent des rivages de la mer dans la saison où ils ont besoin de déposer leurs œufs, les blennies dont nous nous occupons, et qui n'ont point d'œufs à pondre quittent ces mêmes rivages lorsque leurs fœtus sont déjà un peu développés, et se retirent dans l'Océan à de grandes distances des terres, pour y trouver apparemment un asile plus sûr contre les pêcheurs et les grands animaux marins qui à cette époque fré- quentent les côtes de l'Océan, et à la poursuite desquels les femelles chargées du poids de leur progéniture pourraient plus difficilement se soustraire. Je n'ai pas besoin d'ajouter que les œufs de ces blennies éclosant dans le ventre de la mère, et par conséquent devant être fécondés dans son intérieur, il y a un accouplement plus ou moins prolongé et plus ou moins intime entre le mâle et la femelle de cette espèce, comme entre ceux des squales, des syngnathes, etc. LE BLENNIE GUNNEL. Blennius Gunnellus, Linn., Gmel., Lacep. i. Le "unnel est remarquable par sa forme comprimée ainsi que très-allongée, et par la disposUion de ses couleurs. 11 est d'un gris jaunâtre, et souvent d'un olivâtre foncé dans sa partie supérieure; sa partie inférieure est blanche, ainsi que son ins; la nageoire dor- sale et celle de la queue sont jaunes ; les pectorales présentent une belle couleur orangée, qui paraît aussi sur la nageoire de l'anus, et qui y est relevée vers la base par des taches très-brunes Mais ce qui frappe surtout dans la distribution des nuances du gunnel, c est que le lon^ de la nageoire dorsale, on voit de chaque côté neuf ou dix et quelquefois douze taches rondes ou ovales, placées à demi sur la base de la nageoire, et à demi sur le dos proprement dit, d'un beau noir, ou d'une autre teinte très-foncée, et entourées, sur plu- sieurs individus, d'un cercle blanc ou blanchâtre, qui les fait ressembler à une prunelle environnée d'un iris. ... . , , La tête est petite, ainsi que les nageoires jugulaires. Des dents aiguës garnissent les mâchoires, dont l'inférieure est la plus avancée. La ligne latérale est droite; l'anus plus éloigné de la nageoire caudale que de la gorge. . , , ,„ Par sa forme générale, la petitesse de ses écailles, la viscosité de 1 humeur qui arrose sa surface, la figure de ses nageoires pectorales, le peu de hauteur ainsi que la longueur de celle de son dos, et enfin la vitesse de sa natation, le gunnel a beaucoup de rapports avec la murène anguille : mais il n'a pas une chair aussi agréable au goût que celle de ce der- nier animal. Il vit dans l'Océan d'Europe; il s'y nourrit d'œufs de poisson, et de vers ou 1 Du sous-genre GoNNELLE, Cuv. (Murœnoïdes, Lacep.) dans le genre Rlennie; ou dugenre Ceniro- notut de Schneider. D. HO HISTOIRE NATURELLE d'insectes marins; et il est souvent dévoré par les cartilagineux et les osseux un peu grands, ainsi que par les oiseaux d'eau. Nous croyon>, avec le professeur Gmclin, devoir regarder comme une variété de l'espèce du gunncl, un blennie qui a été décrit par Otiion Fabricius dans la Faune du Groenland, et qui ne paraît différer d'une manière très-marquée et très-constante de l'objet de cet article que par sa longueur, qui n'est que dedeux décimètres, pendant que celle du gunnel ordinaire est de trois ou quatre, par le nombre des rayons de ses nageoires, et par la couleur des taches œillées et rondes ou ovales de la nageoire du dos, dont communément cinq sont noires, et cinq sont blanchâtres ou d'un blanc éclatant. LE BLENNIE POINTILLÉ. Blennius puiictulatus i. La description de ce blennie n'a encore été publiée par aucun auteur. Nous avons vu dans la collection du Muséum d'histoire naturelle, un individu de cette espèce; nous en avons fait graver une ligure que l'on ti-ouvcra dans cette Histoire. La tête est assez grande, et toute parsemée, par-dessus et par les côtés, de petites impres- sions, de pores ou de points qui s'étendent jusque sur les opercules, et nous ont suggéré le nom spécifique de ce blennie. L'ouverlui-e de la bouche est étroite; les lèvres sont épaisses; les dents aiguës et serrées; les yeux ronds et très-gros; les écailles très-facile- ment visibles ; les nageoires pectorales ovales et très-grandes, les jugulaires composées chacunededeuxrayonsmousjoufilaments, presque aussi longs que les pectorales. La ligne latérale se courbe au-dessus de ces mêmes pectorales, descend comme pour les envi- ronner, et tend ensuite directement vers la queue. La nageoire du dos, qui commence à la nuque, et va toucher la nageoire caudale, est basse; les rayons en sont garnis de petits filaments, et tous à peu près de la même longueur, excepté les huit derniers, dont six sont plus longs et deux plus courts que les autres. La nageoire de l'anus est séparée de la caudale, qui est arrondie. Un grand nombre de petites taches irrégulières et nuageuses sont répandues sur le pointillé. LE BLENNIE GARAMIT. Blennius Garamit, Lacep.; Gadus Salarias, Forsk. 2; LE BLENNIE LU3IPÈNE. Blennius Lumpenus, Walb., Lacep. 3. ET LE BLENNIE TORSK. Blennius Torsk, Lacep. 4. Le garamit a été placé parmi les gades : mais il a été regardé par Forskaël, qui l'a découvert, comme devant tenir le milieu entre les gades et les blennies; et les caractères qu'il présente nous ont forcés à le comprendre parmi ces derniers poissons. Ses dents sont inégales; on en voit de placées vers le bout du museau, qui sont beaucoup plus longues que les autres, et qui, par leur forme, ont quelque ressemblance avec les crochets des quadrupèdes carnassiers. Il présente diverses teintes disposées en taches nuageuses; la nageoire dorsale règne depuis la nuque jusqu'à la nageoire caudale. La ligne latérale est à peine visible, et assez voisine du dos. Ce blennie est long de trois ou quatre décimètres. Il se trouve dans les eaux de la mer Rouge. C'est dans celles de l'Océan d'Europe qu'habite le lumpène. Il y préfère les fonds d'argile ou de sable, s'y cache parmi les fucus des rivages, et y dépose ses œufs vers le commencement de l'été. Ses écailles sont petites, rondes, fortement attachées. Sa couleur est jaunâtre sur la tète, blanchâtre avec des taches brunes sur le dos elles côtés, jaune et souvent tachetée sur la queue, blanche sur le ventre. Ses nageoires jugulaires, par leur forme et i)ar leur position, ressemblent à des barbillons; elles comprennent chacune trois rayons ou filaments, dont le dernier est le plus allongé. 1 31. Ciivior consi(]('re co poisson coinmn un individu mal conserve du Blennius superciltosus de Bloch, (|ni, pour lui, appartient au sous-gcnrc Clinus, dans le genre Blennie. D. 2 Ce poisson nVst pas cité par M. Cnvier qui donne le nom de Salarias à un sous-genre des Blennies, dont le Blennius Gnltorugine de Forskaël est le type. D. 5 Du sous-genre Clinus dans le genre Blennie, Cuv. D. i Espèce douteuse. Le nom de Dorscli ou de Torsk se donne sur les côtes de la Baltique à une petite espèce de morue, c'cst-^-dirc ù un gade pourvu de trois nageoires dorsales et de deux anales. D. DES POISSONS. iH Le torsk préfère les mers qui arrosent le Groenland, ou celles qui bordent l'Europe septentrionale. Il présente un barbillon, et ce filament est au-dessous de l'extrémité anté- rieure de la mâchoire d'en bas. Ses nageoires jugulaires sont charnues et divisées en quatre appendices. Le ventre est gros et blanc: la tête brune : les côtés de l'animal sont jaunâtres ; les nageoires du dos, de la queue et de l'anus, lisérées de blanc. Ce blennie par- vient k la longueur de six ou sept décimètres, et à la largeur d'environ un décimètre et demi. CINQUANTE ET UNIÈME GENRE. . LES OLIGOPODES. Une seule nageoire dorsale ; cptte nagnnire du dos commençant au-dessus de In fêle, et «''étendant jusqu'à la nageoire caudale, ou à peu près, un seul rayon à chaque nageoire jugulaire. espèce. caractères. L'Oligopode LIFÈRE. '^^' \ La nageoire du dos très-élevée ; celle de la queue, fourchue. L'OLIGOPODE VELIFÈRE. Pteraclis velifera, Gronov., Cuv. ; Oligopodus veliferus, Lac. ; Coryphaena velifera, Pall. i. La position des nageoires inférieures ne permet pas de séparer les oligopodes des jugulaires, avec lesquels ils ont d'ailleurs un grand nombre de rapports. Nous avons donc été obligés de les éloigner des coryphènes, qui sont de vrais poissons thoracins , dans le genre desquels on les a placés jusqu'à présent, et auxquels ils ressemblent en effet beaucoup, mais dont ils diffèrent cependant par plusieurs traits remarquables. On peut les considérer comme formant une des nuances les plus faciles à distinguer, parmi toutes celles qui lient les jugulaires aux thoracins, et particulièrement les blennies aux coryphènes; mais on n'en est pas moins forcé de les inscrire à la suite des blennies , sur les tables méthodiques par le moyen desquelles on cherche à présenter quelques linéa- ments de l'ordre naturel des êtres animés. Parmi ces Oligopodes, que nous avons ainsi nommés pour désigner la petitesse de leurs nageoires thoracines, et qui, par ce caractère seul, se rapprocheraient beaucoup des blennies, on ne connaît encore que l'espèce à laquelle nous croyons devoir conserver le nom spécifique de Vélifère. C'est au grand naturaliste Pallas que l'on en doit la première description. On lui avait apporté de la mer des Indes l'individu sur lequel celte première description a été faite. La forme générale du vélifère est singulière et frappante. Son corps, très-allongé, très- bas et comprimé, est, en quelque sorte, distingué difficilement au milieu de deux immenses nageoires placées, l'une sur son dos, et l'autre au-dessous de sa partie infé- rieure, et qui, déployant une très-grande surface, méritent d'autant plus le nom cVEveii- tail on de Voile, qu'elles s'étendent, la première depuis le front, et la seconde depuis les ouvertures branchiales jusqu'à la nageoire de la queue, et que d'ailleurs elles s'élèvent ou s'abaissent de manière que la ligne que l'on peut tirer du point le plus haut de la nageoire dorsale au point le plus bas de la nageoire de l'anus, surpasse la longueur totale du poisson. Chacune de ces deux surfaces latérales ressemble ainsi à une sorte de losange irrégulier, et curviligne dans la plus grande partie de son contour. El c'est à cause de ces deux voiles supérieure et inférieure, que l'on a mal à propos comparées à des rames ou à des ailes, que plusieurs naturalistes ont voulu attribuer à l'oligopode vélifère la faculté de s'élancer et de se soutenir pendant quelques moments hors de l'eau comme plusieurs pégases, scorpènes, trigles et exocets, auxquels on a donné le nom de Poissons volants. Mais si l'on rappelle les principes que nous avons exposés concernant la natation et le vol des poissons, on verra que les nageoires du dos et de l'anus sont placées de manière à ne pouvoir ajouter très-sensiblement à la vitesse du poisson qui nage, ou à la force de celui qui vole, qu'autant que l'animal nagerait sur un de ses côtés comme les pleuronecles, ou volerait renversé sur sa droite ou sur sa gauche; supposition que l'on ne peut pas admettre dans un osseux conformé comme le vélifère. Les grandes nageoires dorsale et anale de cet oligopode lui servent donc principalement, au moins le 1 M. Cuvier place ce genre ù la fin de la famille des Scombéroïdes dans l'ordre des Acanthopté- rygiens. D. 112 HISTOIRE NATURELLE plus souvent, à {ourncr avec plus de facilité, à fendre l'eau avec moins d'obstacles, parti- culièrement, en montant ainsi qu'en descendant, à se balancer avec plus d'aisance, et à se servir de quelques courants latéraux avec plus d'avantages; et, de plus, il peut, en étendant vers le bas sa nageoire de l'anus, et en pliant celle du dos, faire descendre son centre de gravité au-dessous de son centre de figure, se lester, pour ainsi dire, par cette manœuvre, et accroître sa stabilité. Au reste, le grand déploiement de ces deux nageoires de l'anus et du dos ajoute à la parure que le vélifère peut présenter; il place en eiïet, au-dessus et au-dessous de ses côtés, qui sont d'un gris argenté, une surface très- étendue, toute parsemée de taches blanches ou blanchâtres, que la couleur brune du fond fait très-bien ressortir. La tète est couverte de petites écailles ; la mâchoire inférieure relevée et garnie de deux rangées de dents; on n'en compte qu'un rang à la mâchoire supérieure. Les deux premiers rayons de la nageoire du dos sont très-courts, à trois faces, et osseux. Le pre- mier de la nageoire de l'anus est aussi très-court et osseux; le second est également osseux, mais il est assez long. On voit de chaque côté du corps et de la queue plusieurs rangées longitudinales d'écaillés grandes, minces, légèrement striées, échancrées à leur sommet, et relevées à leur base par une sorte de petite pointe qui se loge dans l'échan- crure de l'écaillé supérieure. Le corps proprement dit est très-court; l'anus est très-près de la gorge; et voilà pourquoi la nageoire anale peut montrer la très-grande longueur que nous venons de remarquer. CINQUANTE-DEUXIÈME GENRE. LES KURTES. Le corps très-comprimé et caréné par-dessus ainsi que par-dessous , le dos élevé. ESPÈCE. CARACTÈRE. Le Klrte blo- i t» > i > ■ i , • CHIEN. { ^^^^ rayons a la membrane des branchies. LE KURTE BLOCHIEN. Kurtus indicus, Bloch, Gmel., Cuv.; Kurtus Blochianus, Lacep. i. Ce poisson lie les jugulaires avec les thoracins par la grande compression latérale de son corps, qui ressemble beaucoup à celui des zées et des chétodons. Cette conformation lui donne aussi une grande analogie avec les stromatées; et c'est pour ces diflerenles 1 aisons que nous l'avons placé à la fin de la colonne des jugulaires, comme nous avons mis les stromatées à la queue de celle des apodes. Le savant ichthyologiste Bloch nous a fait connaître cet animal, qu'il a inscrit dans un genre particulier, et auquel nous avons cru devoir donner le nom de ce célèbre naturaliste. Le biochien a le corps très-étroit et très-haut; et, de plus, une élévation considérable qui paraît sur le dos, et qui ressemble à une bosse, lui a fait attribuer, par le zoologiste de Berlin, la dénomination générique de Kurtus, qui signifie bossu. Sa tête est grande ; son museau obtus ; la mâchoire inférieure un peu recourbée vers le haut, plus avancée que la supérieure, et garnie, ainsi que cette dernière, de plusieurs rangées de très-petites dents; la langue courte et cartilagineuse; le palais lisse; l'œil gros ; l'ouverture branchiale étendue ; l'opercule membraneux ; l'anus assez proche de la gorge; la ligne latérale droite, et la nageoire de la queue fourchue. Il vit dans la mer des Indes; il s'y nourrit de crabes, ainsi que d'animaux à coquille; et, dès lors, il est peu surprenant qu'il brille de couleurs très-éclatantes. Sa parure est magnifique. Ses écailles ressemblent à des lames d'argent; l'iris est en partie blanc et en partie bleu ; des taches dorées ornent le dos; quatre taches noires sont placées auprès de la nageoire dorsale; les pectorales et les jugulaires réfléchissent la couleur de l'or, et sont bordées de rouge; les autres nageoires offrent une teinte d'un bleu céleste que relève un liséré d'un jaune blanchâtre. i Bc la lamille des Sconibf'roïdcs dans l'ordiv des Aciuiliiojit.'iygicii-; de M. Cuvicr. D DES POISSONS. 115 CINQUANTE-TROISIÈiME GENRE . LES CHRYSOSTROMES 1. Le corps et la queue tr€s-haut8ytrès-eomprimès,et aplatis laléralemetif de manière à représenter un ovale] une seule nageoire dorsale. ESPÈCE. CARACTÈRFS. Le Lhrvsos- ) ^^ dorsale et l'anale en forme de faux : la caudale fourchue. IROME FIATOLOIDE f ' LE CHRYSOSTROME FIATOLOIDE. Chrysostromus fiatoloides, Lacep. Rondelet a donné la figure de cette espèce, qui a de très-grands rapports avec le stromafée fiatole, mais qui doit être placée non-seulement dans un genre différent, mais même dans un autre ordre que celui des stromatées, puisque ces derniers sont apodes, pendant que les chrysostromes ont des nageoires situées au-dessous de la gorge. Nous avons cependant indiqué cette analogie, et par le nom spécifique de Fiatoloïdc, et par la dénominalion générique de Chrxjsostromc, qui vient du mot grec z/:u<ïTo?(or), et d'un autre mot grec (jT,c&i//« {tapis, riche tapis), d'où les anciens ont tiré le nom de Stromatée. Notre chrysostrome, dont la ressemblance avec le fiatole a si fort frappé les habitants de plusieurs rivages de la 3Iéditerranée, qu'ils lui ont appliqué le nom de ce dernier, se trouve particulièrement aux environs de Rome. Sa parure est magnifique. Des raies longi- tudinales interrompues, et des taches de dififérenles grandeurs, foules brillantes de l'éclat de l'or, sont répandues sur ses larges côtés, et y représentent une sorte de tapis resplen- dissant. La mâchoire inférieure est un peu plus avancée que la supérieure; et les lèvres sont grosses. SECONDE SOUS-CLASSE. POISSONS OSSEUX. Les parties solides de l'intérieur du corps, osseuses. PREMIÈRE DIVISION. Poissons qui ont un opercule et une membrane des branchies. DIX-NEUVIÈME ORDRE DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, ou TROISIÈME ORDRE DE LA PREMIÈRE DIVISION DES OSSEUX. Poissons thoracins, ou qui ont des nageoires inférieure? placées sous la poitrine et au-dessous des pectorales . CINQUANTE-QUATRIÈME GENRE. LES LÉPIDOPES. Le corps très-allongé et comprimé en forme de lame, un seul rarjon aux nageoires thoracines et à celle de l'anus. espèce. caractère. Le Lépibope GOUAiSlEN. I La mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure. ! Selon M. Cuvier, ce genre doit être supprimé, car il n'est établi que sur une figure de Rondelet qui représente le Stromatée Fiatole. Dans celle ligure la pectorale gauche, reployée vers le bas, a paru à M. de Lacépède être une ventrale. D. 114 HISTOIRE NATURELLE LE LÉPIDOPE GOUAMEN. Lepidopus argyrcus, Cut. 5 Lcpidopus gouanianus, Lacep. j. Cette espèce a été décrite, pour la première fols, par mon savant confrère le professeur Gouan, de Montpellier, qui l'a séparée, avec beaucoup de raison, de tous les genres de poissons adoptes jusqu'à présent. Le nom distinctif que j'ai cru devoir lui donner, témoigne le service que M. Gouan a rendu aux naturalistes en faisant connaître ce curieux animal. Cet osseux vit dans la Méditerranée. Il a de très-grands rapports avec plusieurs apodes, particulièrement avec lesleptures et les trichiures. 3Iais c'estle seul poisson dans lequel on n'ait observé qu'un seul rayon à la nageoire de l'anus, ni à chacune des nageoires inférieures que nous nommons thoracines pour toutes les espèces de l'ordre que nous examinons, parce qu'elles sontsituées sur le thorax. Ces nageoires anale et thoracines du gouanien ont d'ailleurs une forme remarquable : elles ressemblent à une écaille allongée, arrondie dans un bout, et pointue dans l'autre; et c'est de là que vient le nom générique de léjudope, lepidopus, pieds ou nageoires inférieures en forme d'écaillés, ou écuilleux. La tète du gouanien est plus grosse que le corps, et comprimée latéralement; le museau pointu; la nuque terminée par une arèle ; chaque mâchoire garnie de plusieurs rangs de dents nombreuses et inégales; l'œil voilé par une membrane, comme dans plusieurs apodes et jugulaires; l'opercule d'une seule pièce; l'ouvei'ture branchiale grande et en croissant; l'anus situé vers le milieu de la longueur totale; la ligne latérale peu appa- rente; la nageoire du dos très-basse et très-longue, mais séparée de celle de la queue, qui est lancéolée; chaque écaille presque imperceptible; la couleur générale d'un blanc argenté. CIiNQUANTE-CINQUIÈME GExXRE. LES HIATULES. Point de nageoire de ranns. espèce. caractères. La Hiatule gab- DÉMENNE. I Des dents crochues aux mâchoires, et des dents arrondies au palais. LA HIATULE GARDÉNIExXNE. Hiatula gardénia, Lacep. ; Labrus Hiatula, Linn., Gmel. 2. On a compris jusqu'à présent dans le genre des labres, le poisson décrit dans cet article : mais les principes réguliers de classitication auxquels nous croyons devoir nous conformer, s'opposent à ce que nous laissions parmi des osseux qui ont une nageoire de l'anus plus ou moins étendue, une espèce qui en est entièrement dénuée. Nous avons donc placé la gardéniennc dans un genre particulier; et comme, dans chaque ordre, nous commençons toujours par traiter des poissons qui ont le plus petit nombre de nageoires, nous avons cru devoir écrire le nom des hiatules presque en tête de la colonne des thoracins : elles auraient même formé le premier genre de cette colonne, si les lépidopes n'avaient pas une nageoirederanuscxtrèmemenl petite, réduite à un seul rayon, pour ne pas dire à une seule écaille, si de plus ils ne présentaient pas des nageoires thoracines également d'un seul rayon, et si d'ailleurs ils ne se rapprochaient pas de très-près par le corps très-allongé et par leurs formes très-déliées, de la plupart des osseux apodes ou jugulaires. Le nom distinctif de Gardénienne indique que c'est au docteur Garden qu'est due la découverte de cette espèce, qu'il a vue dans la Caroline. On soupçonnera aisément qu'elle doit olfrir beaucoup de I rails communs avec les labres, j)arnii lesquels Linnée et d'autres célèbres naturalistes l'on! comptée. Elle a, en ell'et, comme plusieurs de ces labres, 1 Ce poisson forme un genre dans la famille des Tœnioïdcs de l'ordre des Acanthoplérygiens de M. Cuvier. il a ilc décrit sous les noms de Trichinras cuxduliis, par Euphraseii ; de Trie la tir un o/aditis, par Hollen; de Tricliinrus eusi/'urmis, par Vandelli; de l'nndellius lusi/aniciis, par Sliaw; de Zipliuteca lelradens, parMoiilngu ; de Scircina urijyrttd, parllalines(iuej etdcLt'pidope dePwîc;, vert, d'un vert jaune, lui a été donné par plusieurs auteurs anciens. Il a de plus de petites taches noires : sa première nageoire dorsale est d'ailleurs bordée d'un jaune vif; la seconde et celle de l'anus sont pourprées à leur base. La nageoire de sa queue est presque rectiligne. 11 a de petites dents, la bouche grande, l'estomac assez volumineux, le pylore garni d'appendices; et, selon Aristote, il se nourrit d'algues, ou de débris de ces plantes marines. Sa chair est maigre, et un peu friable. C'est près des rivages qu'il va déposer ses œufs, comme dans l'endroit où il trouve l'eau la plus tiède suivant l'expression de Rondelet, l'aliment le plus abondant, et l'abri le plus sûr contre les grands poissons. Ces œufs sont plats, et faciles à écraser. L'ensanglanté est péché dans la Méditerranée, comme le paganel auquel il ressemble beaucoup : mais les rayons de ses deux nageoires dorsales sont plus élevés que les mem- branes. D'ailleurs sa bouche, ses opercules, sa gorge, et plusieurs de ses nageoires, pré- sentent des taches d'un rouge couleur de sang, qui le font paraître pustuleux. Sa couleur générale est d'un blanc pâle, avec des bandes transversales brunes; on trouve quelques bandelettes noires sur la nageoire de la queue, qui est arrondie; les thoracines sont bleuâtres. Ce poisson a été très-bien décrit par le naturaliste Brunnich. Le nom de noir-brun indique ses couleurs distinctives. Il n'offre que deux teintes prin- cipales; il est brun et toutes ses nageoires sont noires. Ses formes ressemblent beaucoup à celles de l'ensanglanté, et par conséquent à celles du paganel. Il habite les mêmes mers que ces deux gobies; et c'est au savant cité dans la phrase précédente que l'on en doit la connaissance. Il n'a guère qu'un décimètre de longueur 2. LE GOBIE BOULEROT. Gobius niger, Linn., Gmel., Lacep., Cuv. 3. Le boulerot a été nommé Gobie ou Goi/jonnoir, parce que sur son dos de couleur cendrée ou blanchâtre s'étendent des bandes transversales très-brunes, et que d'ailleurs il est parsemé de taches dont quelques-unes sont blanches ou jaunes, mais dont le plus grand nombre est ordinairement d'un noir plus ou moins foncé. On voit des teintes jaunâtres sur la partie inférieure et sur ses opercules. Sa longueur est communément de deux décimètres. Ses deux mâchoires, aussi avancées l'une que l'autre, sont armées chacune de deux rangs de petites dents; sa langue est un peu mobile; ses écailles sont dures. Ses nageoires thoracines, colorées et réunies de manière à présenter à certains yeux une ressemblance vague avec une sorte de barbe noire, lui ont fait donner le nom de Bouc, en grec Tpayoj. Derrière l'anus, paraît un petit appendice analogue à celui que nous avons 1 Du sous-genre des Gobous proprement dits dans le genre Gobous, Cuv. D. » A la crémière nageoire du dos 6 rayons, à la seconde 16, à chacune des pectorales 19, aux thora- cines 12, à celle de l'anus 13, à celle de la queue 17. 5 Du sous-genre des Gobous proprement dits dans le genre Gobous, Linn. D. DES POISSONS. 121 remarqué ou que nous remarquerons dans un grand nombre d'espèces de gobies. Sa nageoire caudale est arrondie, et quelquefois cet instrument de natation et toutes les autres nageoires sont bleues. Le boulerot se trouve non-seulement dans l'Océan Atlantique boréal, mais encore dans plusieurs mers de l'Asie. Vers le temps du frai, il se rapproche des rivages et des embou- chures des fleuves. Il vit aussi dans les étangs vaseux qui reçoivent l'eau salée de la mer; et lorsqu'on l'y pèche, il n'est pas rare de le trouver dans le filet, couvert d'une boue noire qui n'a pas peu contribué à lui faire appliquer le nom de Goujon noir. Sa chair n'est pas désagréable au goût : cependant Juvénal et Martial nous apprennent que sous les premiers empereurs de Rome, et dans le temps du plus grand luxe de cette capitale du monde, il ne paraissait guère sur la table du riche et de l'homme somptueux. LE GOBIE BOSC. Gobins Bosc, Lacep., Cuv. i ; Gobius viridipalli , du Mittch. Mon confrère M. Bosc a bien voulu me communiquer la description de ce poisson, qu'il a vu dans la baie de Charleston de l'Amérique septentrionale. Cegobie a la tête plus large que le corps; les deux mâchoires également avancées; les dents très-petites; les yeux proéminents; les orifices des narines saillants; l'opercule branchial terminé en angle; et les quatre premiers rayons de la première nageoire dor- sale, prolongés chacun par un filament délié. Il paraît sans écailles. Sa couleur générale est grise et pointillée de brun. Sept bandes transversales, irrégulières, et d'une nuance plus pâle que le gris dont nous venons de parler, régnent sur les côtés, et s'étendent sur les nageoires du dos, qui d'ailleurs sont brunes, comme les autres nageoires. On ne distingue pas de ligne latérale. Le gobie bosc ne parait parvenir qu'à de très-petites dimensions : l'individu décrit par mon savant confrère avait cinquante-quatre millimètres de long, et treize millimètres de large. On ne mange point de ce gobie. LE GOBIE ARABIQUE. Gobius arabicus, Linn., Gmel., Lacep. ET LE GOBIE JOZO. Gobius Jozo, Linn., Gmel., Lac, Cuv. 2. Forskael a découvert l'arabique dans la contrée de l'Asie indiquée par cette épithète. Les cinq premiers rayons de la première nageoire du dos de ce gobie sont deux fois plus longs que la membrane de cette nageoire n'est haute. Il n'est que de la longueur du petit doigt de la main; maissa parure est très-agréable. L'extrémité des rayons dont nous venons de parler est rouge : la couleur de l'animal est d'un brun verdàtre, relevé et diversifié par un grand nombre de points bleus et de taches violettes, dont plusieurs se réunissent les unes aux autres, et qui paraissent principalement sur toutes les nageoires. On devine aisément l'effet doux et gracieux que produit ce mélange de rouge, de vert, de bleu et de violet, d'autant mieux fondus les uns dans les autres, que plusieurs reflets en multi- plient les nuances. La peau de l'arabique est molle, et recouverte de petites écailles for- tement attachées. La nageoire de sa queue est pointue. Nous plaçons dans cet article ce que nous avons à dire du jozo, parce qu'il a beaucoup de rapports avec le gobie dont nous venons de parler. Presque tous les rayons de sa première nageoire dorsale sont plus élevés que la membrane. Sa tête est comprimée; ses deux mâchoires sont également avancées; sa ligne latérale s'étend, sans s'élever ni s'abais- ser, à une distance à peu près égale de son dos et de son ventre. Cette ligne est d'ailleurs noirâtre. L'animal est, en général, blanc ou blanchâtre, avec du brun dans sa partie supérieure; ses nageoires thoracines sont bleues. On le trouve non-seulement dans la Méditerranée, mais dans l'Océan Atlantique boréal : il y vit auprès des rivages de l'Eu- rope, y dépose ses œufs dans les endroits dont le fond est sablonneux; et quoique sa lon- gueur ordinaire ne soit que de deux décimètres, il se nourrit, dit-on, de crabes et de 1 Du sous-genre des Gobous proprement dits dans le genre Gobous, Cuv. D. 2 Id., ibid. 422 HISTOIRE NATURELLE poissons, à la vérilé Irès-jeunes et Irès-pelils. Sa chair, peu agréable au goût, ne l'expose pas à être très-recherché par les pécheurs; mais il est fréquemment la proie de grands poissons, et notamment de plusieurs gades. LE GOBIE BLEUi. Gobius cœruleus, Lacep. 2. Cette espèce est encore inconnue des naturalistes : elle a été décrite par Commerson. Sa couleur est remarquable : elle est d'un bleu très-beau, un peu plus clair sur la partie inférieure de l'animal que sur la supérieure; cet azuv règne sur toutes les parties du pois- son, excepté sur la nageoire de la queue, qui est rouge, avec une bordure noire; et comme ce gobie a tout au plus un décimètre ou à peu près de longueur, on croirait, lors- qu'il nage au milieu d'une eau calme, limpide, et trés-éclairée par les rayons du soleil, voir flotter un canon de saphir tei'miné par une escarboucle. Il habile dans la mer qui baigne l'Afrique orientale, à l'embouchure des fleuves de l'ile Bourbon, où la petitesse de ses dimensions, que nous venons d'indiquer, fait que les Nègres mêmes dédaignent de s'en nourrir, et ne s'en servent que comme d'appât pour prendre de plus grands poissons. Le bleu a le museau obtus, la mâchoire inférieure garnie de dents aiguës et moins menues que celles de la supérieure; les yeux ronds, saillants, et plus éloignés l'un de l'autre que sur beaucoup d'autres gobies; la première nageoire du dos, triangulaire, et composée de rayons qui se prolongent par des filaments au-dessus de la membrane ; la seconde nageoire dorsale terminée par un rayon deux fois plus long que les autres; l'anus à une distance presque égale de la gorge et de la nageoire caudale, qui est arron- die; et les écailles petites et rudes. LE GOBIE PLUMIER. Gobius Plumicri, Bloch., Lac, Cuv. ô. Le docteur Bloch a décrit ce gobie d'après des peintures sur vélin dues aux soins du voyageur Plumier. Le Muséum d'histoire naturelle possède des peintures analogues, dues également au zèle éclairé de ce dernier naturaliste. Nous avons trouvé parmi ces peintures du Muséum l'image du poisson nommé avec raison Gobie Plumier, et nous avons cru devoir la faire graver. Cet animal, qui habite dans les Antilles, est allongé, mais charnu, très-fécond, d'une saveur agréable, et susceptible de recevoir promplement la cuisson convenable. Les écailles dont il est revêtu sont petites, et peintes de très-riches couleurs. Sa partie supé- rieure brille d'un jaune foncé ou de l'éclat de l'or; ses côtés sont d'un jaune clair ; sa partie inférieure est blanche; et toutes les nageoires sont d'un beau jaune, relevé très- souvent par une bordui'c noire sur celles de la queue et de la poitrine. Quelques autres nuances font quelquefois ressortir sur diverses parties du corps les teintes que nous venons d'indiquer. La tête est grande; le boid des lèvres charnu ; l'ouverture branchiale étendue; l'oper- cule composé d'une seule lame; la mâchoire supérieure beaucoup plus avancée que l'in- férieure; la ligne latérale droite; la nageoire caudale arrondie; et l'anus situé vers le milieu de la longueur du corps. LE GOBIE THUNBERG. Gobius Patclla, Tbunl)erg, Lacep. i. Ce poisson, vu par Thunbcrg dans la mer qui baigne les Indes orientales, a beaucoup de rapports avec l'éléotre de la Chine. Sa longueur est de plus d'un décimètre. Plusieurs rangées de dents garnissent les mâchoires. Le museau est obtus. Les thoracincs sont une fois moins longues que les pectorales; la caudale est arrondie. On ne voit sur l'animal, ni bandes, ni taches; la couleur générale est blanchâtre. 1 « Gobio cferulcus, caudà rubrà, nigio circumscriptâ. " Commerson, manuscrits déjà cités. •2 Cette espèce n'est pas mentionnée par M. Cuvier. D. 5 Du sons-genre des Gobons proprement dits et du genre Gobous, Cuv. D. A M. Cuvier no fait pas mention de cette espèce. D. DES POISSONS. 423 LE GOBIE ÉLÉOTRE. Gobius Eleotris, Lacep. ». ET LE GOBIE NÉBULEUX. Gobius nebulosus, Lacep. Les eaux de la Chine nourrissent l'éléotre, dont la couleur générale est blanchâtre, la seconde nageoire du dos aussi élevée que la première, et celle de la queue arrondie. Le corps est couvert d'écaillés larges, arrondies et lisses; et l'on voit une tache violette sur le dos, auprès des opercules. Le nébuleux a été découvert en Arabie par le Danois Forskael. A peine sa longueur égale-t-elle un décimètre. Ses écailles sont grandes, rudes, et en losange. La nageoire de la queue est arrondie; et voici la distribution des couleurs dont ce gobie est peint. Sa partie inférieure est d'un blanc sans tache; la supérieure est blanchâtre, avec des taches brunes, irrégulières et comme nuageuses, que l'on voit aussi sur la base des nageoires pectorales, lesquelles sont d'ailleurs d'un vert de mer, et sur les dorsales, ainsi que sur la nageoire de la queue. Cette dernière, les dorsales et l'anale, sont trans- parentes; l'anale est, de plus bordée de noir; les thoracines présentent une teinte bru- nâtre, et un filament noir et très-long termine le second rayon de la première nageoire du dos. LE GOBIE AWAOU. Gobius ocellaris, Linn., Gmel., Cuv. ; Gobius Awaou, Lacep. 2. C'est dans les ruisseaux d'eau douce qui arrosent la fameuse île de Taïti, au milieu du grand Océan équinoxial 3, que l'on a découvert ce gobie. Mon confrère l'habile ichthyo- logiste Broussonnet l'a vu dans la collection du célèbre Banks, et en a publié une belle figure et une très-bonne description. Cet awaou a le corps comprimé et allongé; des écailles ciliées ou frangées; la tête petite et un peu creusée en gouttière par-dessus; la mâchoire d'en haut plus avancée que l'inférieure, et hérissée de dents inégales; la mâchoire d'en bas garnie de dents plus petites; plusieurs autres dents menues, aiguës et pressées dans le fond de la gueule au-dessus et au-dessous du gosier: la ligne latérale droite; et l'anus situé vers le milieu de la longueur de l'animal, et suivi d'un appendice conique. Nous n'avons plus qu'à faire connaître les couleurs de ce gobie. Son ventre est d'un vert de mer; des teintes obscures et nuageuses, noires et olivâtres, sont répandues sur son dos ; une nuance verdâtre distingue les nageoires de la queue et de l'anus; des bandes de la même couleur et d'autres bandes brunes se montrent quel- quefois sur leurs rayons et sur ceux de la seconde nageoire du dos; les pectorales et les thoracines sont noirâtres; et, au milieu de toutes ces teintes sombres, on remarque aisé- ment une tache noire, assez grande, œillée, et placée près du bord postérieur de la pre- mière dorsale. LE GOBIE NOIR. Gobius Commersonii, Nol).; Gobius niger, Lacep. A. Ce gobie, dont nous avons vu la description dans les manuscrits de Commerson, que Buffon nous a remis il y a plus de douze ans, est à peu près de la taille d'un grand nom- bre de poissons de son genre. Sa longueur n'égale pas deux décimètres, et sa largeur est de trois ou quatre centimètres. Il présente sur toutes les parties de son corps une couleur noire, que quelques reflets bleuâtres ou verdâtres ne font paraître que plus foncée, et qui ne s'éclaircit un peu et ne tend vers une teinte blanchâtre, ou plutôt livide, que sur une portion de son ventre. Les écailles qui le revêtent sont très-petites, mais relevées par une arête longitudinale; sa tête paraît comme gonflée des deux côtés. Sa mâchoire 1 Ce poisson appartient vraisemblablement au sous-genre Eleotris de M. Cuvier, dans le genre Gobous. D. 2 31. Cuvier place ce Gobie dans le sous-genre des Gobous proprement dits. D. 5 Nous employons avec empressement les dénominations de l'excellente et nouvelle nomenclature hydrographique, présentée, le 11 mai 1799, à l'Institut, par mon savant et respectable confrère M. Fleurieu. 4 Nous proposons ce nom de Gobius Commersonii pour cette espèce, parce nue celui de Gobius niger donné par M. de Lacépède est déjà employé pour désigner une autre espèce de notre pays. M. Cuvier ne mentionne pas ce poisson. D. 124 HISTOIRE NATURELLE supérieure, susceptible de mouvements d'extension et de contraction, dépasse et embrasse l'inférieure : on les croirait toutes les deux garnies de petits grains plutôt que de véri- tables dents. La langue est courte, et attachée dans presque tout son contour. L'intervalle qui sépare les yeux l'un de l'autre est à peine égal au diamètre de l'un de ces organes. Commerson a remarqué avec attention deux tubercules placés à la base de la membrane branchiale, et qu'on ne pouvait voir qu'en soulevant l'opercule. Il a vu aussi au delà de l'ouverture de l'anus, laquelle est h une distance presque égale de la gorge et de la nageoire de la queue, un appendice semblable à celui que nous avons indiqué en décri- vant plusieurs autres gobies, et qu'il a comparé h un barbillon ou petit filament. Le gobie noir habile dans la portion du grand Océan, nommée, par notre confrère Fleurieu, grand golfe des Indes i. Il s'y tient à l'embouchure des petites rivières qui se déchargent dans la mer : il préfère celles dont le fond est vaseux. Sa chair est d'une saveur très-agréable, et d'ailleurs d'une qualité si saine, qu'on ne balance pas à la donner pour nourriture aux convalescents et aux malades que l'on ne réduit pas à une diète rigoureuse. LE GOBIE LAGOCÉPHALE. Gobius Lagocephalus, Pall., Linn., Gmel., Lac. 2. LE GOBIE MENU, Gobius minutus, Pall., Lac. 3. LE GOBIE CYPRINOIDE. Gobius cyprinoides, Pall., Lac. i. Le lagocéphalc ou Tête de lièvre, tire son nom de la forme de sa tête et de ses lèvres. Cette partie de son corps est courte, épaisse et dénuée de petites écailles. On voit à la mâchoire inférieure quelques dents crochues plus grandes que les autres. La mâchoire supéiieure est demi-circulaire, épaisse, et recouverte par une lèvre double très-avancée, très-charnue, et fendue en deux comme celle du lièvre : la lèvre d'en bas présente une échancrure semblable. Le palais est hérissé de dents menues et très-serrées ; les yeux, très-rapprochés l'un de l'autre, sont recouverts par une continuation de l'épiderme. On voit un appendice allongé et arrondi, au delà de l'anus, qui est aussi loin de la gorge que de la nageoire de la queue; cette dernière est arrondie : l'on ne dislingue pas de ligne latérale; et la couleur générale de ce gobie, lequel est ordinairement de la longueur d'un doigt, est composée de gris, de brun et de noir. Le menu, qui ressemble beaucoup à l'aphye, a la tète un peu déprimée; sa langue est grande; ses deux nageoires dorsales sont un peu éloignées l'une de l'autre; sa nageoire caudale est recliligne; et ses teintes, aussi peu brillantes que celles du lagocéphale, con- sistent dans une couleur générale blanchâtre, dans des taches couleur de fer, disséminées sur sa partie supérieure, et dans de petites raies de la même nuance ou à peu près, répan- dues sur les nageoires de la queue et du dos. On trouve dans les eaux de l'île d'Amboine le cyprinoïde, que l'on a ainsi nommé à cause du rappoit extérieur que ses écailles grandes et un peu frangées lui donnent avec les cyprins, quoiqu'il ressemble peut-être beaucoup plus aux spares. Le professeur Pallas en a publié le premier une très-bonne description. La partie supérieure de ce cyprinoïde est grise, cl l'inférieure blanchâtre. Ses dimensions sont à peu près semblables à celles du menu. Il a la tête un peu plus large que le corps, et recouverte d'une peau traversée par plusieurs lignes très-déliées qui forment une sorte de réseau; on voit entre les deux yeux une crête noirâtre, triangulaire et longitudinale, que l'on prendrait pour une première nageoire dorsale très-basse; au delà de l'anus, on aperçoit aisément un appendice allongé, arrondi par le bout, et que l'animal peut coucher, à volonté, dans une fossette. LE GOBIE SCHLOSSER. Pcriophthalmus Schlosseri, Schn,, Cuv. ; Gobius Schlosseri, Linn., Gnicl., Lac, 5. C'est au célèbre Pallas que l'on doit la description de cette espèce, dont un individu lui avait été envoyé par le savant Schlosser, avec des notes relatives aux habitudes de ce 1 Nouvelle nomenclature hydrographique, déjà citée. <> Du sous-gonre des Gobous proprement dits "dans le genre Gobous, Cuv. D. 3 M. Cuvicr ne cite pas celte espèce. D. i M. Cuvior ne mentionne pas ce poisson. D. 5 Du sous-genre pdriophlhalme dans le genre Gobous, Cuv. D. DES POISSONS. 125 poisson; et le nom de ce gobie rappelle les services rendus aux sciences naturelles par l'ami de l'illustre Pallas. Ce poisson est ordinairement long de deux ou trois décimètres. Sa tête est couverte d'un grand nombre d'écaillés, allongée, et cependant plus large que le corps. Les lèvres sont épaisses, charnues, et hérissées, à l'intérieur, de petites aspérités : la supérieure est double. Les dents sont grandes, inégales, recourbées, aiguës, et distribuées irrégulière- ment. Les yeux présentent une position remarquable : ils sont très-rapprochés l'un de l'autre, situés au-dessus du sommet de la tête, et contenus dans des orbites très-relevées, mais disposées de telle sorte que les cornées sont tournées l'une vers la droite et l'autre vers la gauche. Les écailles qui revêtent le corps et la queue sont assez grandes, rondes et un peu molles. On ne distingue pas facilement les lignes latérales. La couleur générale de l'animal est d'un brun noirâtre sur le dos, et d'une teinte plus claire sur le ventre. Les nageoires pectorales du schlosser sont, comme l'indiquent les caractères du second sous-genre, attachées à des prolongations charnues, que l'on a comparées à des bras, et qui servent à l'animal, non-seulement à remuer ces nageoires par le moyen d'un levier plus long, à les agiter dès lors avec plus de force et de vitesse, à nager avec plus de rapi- dité au milieu des eaux fangeuses qu'il habite, mais encore à se traîner un peu sur la vase des rivages, contre laquelle il appuie successivement ses deux extrémités antérieures, en présentant très en petit, et cependant avec quelque ressemblance, les mouvements aux- quels les phoques et les lamantins ont recours pour parcourir très-lentement les côtes maritimes. C'est par le moyen de ces sortes de bras que le schlosser, pouvant, ou se glisser sur des rivages fangeux, ou s'enfoncer dans l'eau bourbeuse, échappe avec plus de facilité à ses ennemis, et poursuit avec plus d'avantage les faibles habitants des eaux, et particulière- ment les cancres, dont il aime à faire sa proie. Cette espèce doit être féconde et agréable au goût, auprès des côtes de la Chine, où on la pêche, ainsi que dans d'autres contrées orientales, puisqu'elle serl à la nourriture des Chinois qui habitent à une distance plus ou moins grande des rivages; et voilà pourquoi elle a été nommée par les Hollandais des grandes Indes , Poisson chinois {Chi?ieesche vissch). CINQUANTE-NEUVIÈME GENRE. LES GOBIOÏDES. Lei deux nageoires Ihoradnes réunies Vitue à rantre; une seule nngeoin; dorsal- ; la tête petite ; les oper cules attachés clans une grands partie de leur contour. espèces. caractènes. 1 . Le Gobioïde anguilliforme. Cinquante-deux rayons à la nageoire du dos; toutes les nageoires ronges. 2. Le Gobioïde j Quarante -trois rayons à la nageoire du dos; le bord des màclioires composé d'une SMYRKÉEN. lame osseuse et dénuée de dents. _ y P .. / Vingt-trois rayons à la nageoire du dos; le corps et la quoue très-allongés et com- d. LE uoBioiDE ) primés; des dents aux mâchoires ; les nageoires du dos et de l'anus très-rappro- chées de la caudale, qui est pointue. broussonnet. . Le Gobioïde queve noire. La queue noire. LE gobioïde anguilliforme. Gobius anguillaris, Linn., Gmel. ; Gobioides anguilliformis, Lacep. i. C'est dans les contrées orientales, et notamment dans l'archipel de l'Inde, à la Chine, ou dans les îles du grand Océan équatorial, que l'on trouve le plus grand nombre de gobies. Les mêmes parties du globe sont aussi celles dans lesquelles on a observé le plus grand nombre de gobioides. L'anguilliforme a été vu particulièrement dans les eaux de la Chine. Comme tous les autres gobioides, il ressemble beaucoup aux poissons auxquels nous donnons exclusivement le nom de Gobie ; et voilà pourquoi nous avons cru devoir distin- 1 Ce poisson n'est pas cité par M. Cuvier. D. I2G HISTOIRE NATURELLE guer par la dénomination de Gobioide, qui signifie en forme de gobie, le genre dont il fait partie, et qui a élc confondu pendant longtemps dans celui des gobies proprement dits, il diffère néanmoins de ces derniers, de même que tous les osseux de son genre, en ce qu'il n'a qu'une seule nageoire dorsale, pendant que les gobies en présentent deux. Il a d'ailleurs, ainsi que son nom l'indique, de grands rapports avec la murène anguille, par la longueur de la nageoire du dos et de celle de l'anus, qui s'étendent presque jusqu'à celle de la queue ; par la petitesse des nageoires pectorales, qui, de plus, sont arrondies, et surtout par la viscosité de sa peau, qui, étant imprégnée d'une matière huileuse très- abondante, est à demi transparente. La mâchoire inférieure de l'anguilliforme est garnie de petites dents, comme la supé- rieure; et toutes ses nageoires sont d'une couleur rouge assez vive. LE GOBIOIDE SMYRNÉEN. Gobioidos smyrnciisis, Laccp. i. Ce poisson a la tète grosse et parsemée de pores très-sensibles ; dès lors sa peau doit être arrosée d'une humeur visqueuse assez abondante. Une lame osseuse, placée le long de chaque mâchoire, tient lieu de véritables dents : on n'a du moins observé aucune dent proprement dite dans la bouche de ce gobioïde. Les nageoires pectorales sont très-larges, et les portions de celle du dos sont d'autant plus élevées qu'elles sont plus voisines de celle de la queue. LE GOBIOIDE BROUSSONNET. GoLioides Broussonnelii, Lacep., Cuv. ; Gobius oblongalus, Schn. 2. Nous dédions cette espèce de gobioïde à notre savant confrère M. Broussonnel ; et nous cherchons ainsi à lui exprimer notre reconnaissance pour les services qu'il a rendus à l'histoire naturelle, et pour ceux qu'il rend chaque jour à cette belle science dans l'Afrique septentrionale, et particulièrement dans les états de Maroc, qu'il parcourt avec un zèle bien digne d'éloges. Ce gobioïde qui n'est pas encore connu des naturalistes, a les mâchoires garnies de très-petites dents. Ses nageoires thoracines sont assez longues, et réunies de manière à former une sorte d'entonnoir profond; les pectorales sont petites et arrondies; la dorsale et celle de l'anus s'étendent jusqu'à celle de la queue, qui a la forme d'un fer de lance : elles sont assez hautes, et cependant l'extrémité des rayons qui les composent, dépasse la membrane qu'ils soutiennent. Le corps est extrêmement allongé, très-bas, très-comprimé; et la peau qui le recouvre est assez transparente pour laisser distinguer le nombre et la position des principaux muscles. Un individu de cette belle espèce faisait partie de la collection que la Hollande a donnée à la nation française; et c'est ce même individu dont nous avons cru devoir faire graver la figure. LE GOBIOIDE QUEUE NOIRE. Gobioidcs melanurus, Laccp. ; Gobius mclanurus, Linn., Gmel. 3. C'est à M. Broussonnel que nous devons la connaissance de ce gobioïde, qu'il a décrit sous le nom de Gobie à queue noire, dont la queue est en effet d'une couleur noire plus ou moins foncée, mais que nous séparons des gobies proprement dits, parce qu'il n'a qu'une nageoire sur le dos. SOIXANTIÈME GENRE. LES GOBIOMORES. Les deux nageoires Ifim-ucines non réunies l'une à f autre; deux nageoires dorsales: la tète petite \ les yeux rapprochés: les opercules attachés dans une grande partie de leur contour. PIIEMIEK SOUS-GEiNIlE. Les nageoires pectorales attachées immédiatement au corps de ranimai. ESPÈCES. CARACTÈnES. i. Le GoDioMonE ( Trente rayons ù la seconde nageoire du dos ; dix aux thoracines; celle de la queue, cRONOviEN. f fourchue. 1 Non cité par M. Cuvier. D. 2 Type du sous-gcnre Gobioïd 8 M. Cuvier ne cite pas cette espèce. 2 Type du sous-genre Gobioïde admis par M. Cuvier dans le genre Gobons. D. DES POISSONS. 427 especes. caractères 2. Le Gobiomore TAIBOA. 3. Le Gobiomore DORMEl'R. I Vingt rayons à la seconde nageoire du dos ; douze aux thoracines ; six à la première ( dorsale; celle de la queue, arrondie. I Onze rayons à la seconde nageoire du dos; huit à chacune des pectorales, ainsi ( qu'à celle de l'anus; la nageoire de la queue, très-arrondie. SECOND SOUS-GENRE. Chacune des nageoires pectorales attachée à une prolongation charnue, i. Le Gobiomore f m • < i . .1,1 , . ROELREUTER. ) ivBize TayoDs 3 la seconde nageoire du dos ; douze aux thoracines. LE GOBIOMORE GRONOVIEN. Gobiomorus Gronovii, Laccp. ; Nomeus Maurilii, Cuv. !. Les gobiomores ont été confondus jusqu'à présent avec les gobies, et par conséquent avec les gobioïdes. Je les en ai séparés pour répandre plus de clarté dans la répartition des espèces thoracines, pour me conformer davantage aux véritables principes que l'on doit suivre dans toute distribution méthodique des animaux, et à fin de rapprocher davan- tage l'ordre dans lequel nous présentons les poissons que nous avons examinés, de celui que la nature leur a imposé. Les gobiomores sont en effet séparés des gobies et des gobioïdes par la position de leurs nageoires inférieures ou thoracines, qui ne sont pas réunies, mais très-distinctes et plus ou moins éloignées l'une de l'autre. Ils s'écartent d'ailleurs des gobioïdes par le nombre de leurs nageoires dorsales . ils en présentent deux ; et les gobioïdes n'en ont qu'une. Ils sont cependant très-voisins des gobies, avec lesquels ils ont de grandes ressem- blances; et c'est cette sorte d'adfinité ou de parenté que j'ai désignée par le nom générique de Gobiomore, voisin ou allié des gobies, que je leur ai donné. J'ai cru devoir établir deux sous-genres dans le genre des gobiomores, d'après les mêmes raisons et les mêmes caractères que dans le genre des gobies. J'ai placé dans le premier de ces deux sous-genres les gobiomores dont les nageoires pectorales tiennent immédiatement au corps proprement dit de l'animal, et j'ai inscrit dans le second ceux dont les nageoires pectorales sont attachées à des prolongations charnues. Dans le premier sous-genre se présente d'abord le gobiomore gronovien. Ce poisson, dont on doit la connaissance à Gronou, habile au milieu de la zone torride, dans les mers qui baignent le nouveau continent. Il a quelques rapports avec un scombi-e. Ses écailles sont très-petites; mais, excepté celles du dos, qui sont noires, elles présentent une couleur d'argent assez éclatante. Des taches noires sont répandues sur les côtés de l'animal. La tête, au lieu d'être garnie d'écaillés semblables à celles du dos, est recouverte de grandes lames écailleuses. Les yeux sont grands et moins rapprochés que sur la plupart des gobies ou des gobioïdes. L'ouverture de la bouche est petite. Des dents égales garnis- sent le palais et les deux mâchoires. La langue est lisse, menue et arrondie. La ligne latérale suit la courbure du dos. L'anus est situé vers le milieu de la longueur totale du poisson. Les nageoires thoracines sont très-grandes, et celle de la queue est fourchue. LE GOBIOMORE TAIBOA. Gobiomorus Taiboa, Lacep.; Eleotris strigatus, Cuv. 2. C'est auprès du rivage hospitalier de la plus célèbre des îles fortunées, qui élèvent leurs collines ombragées et fertiles au milieu des flots agités de l'immense Océan équatorial, c'est auprès des bords enchanteurs de la belle île d'Olahiti, que l'on a découvert le taiboa, l'un des poissons les plus sveltes dans leurs proportions, les plus agiles dans leurs mou- vements, les plus agréables par la douceur de leurs teintes, les plus richement parés par la variété de leurs nuances, parmi tous ceux qui composent la famille des gobiomores, et les genres qui l'avoisinent. Nous en devons la première description à M. Broussonnet, qui en a vu des individus dans la collection du célèbre président de la société de Londres. Le corps du taiboa est comprimé et très-allongé; les écailles qui le recouvrent sont presque carrées et un peu crénelées. La tête est comprimée, et cependant plus large que le corps. La mâchoire inférieure n'est pas tout à fait aussi avancée que la supérieure; les .'M- Cuvier forme avec ce poisson le genre qu'il nomme Pasteur, IVomeus, et qu'il place dans la fa- mille des Scombres.. D. a Du sous-genre Éléotris dans le genre Gobous de M. Cuvier. D. 128 HISTOIRE NATURELLE dents qui garnissent l'une el l'autre sont inégales. La langue est lisse, ainsi que le palais; le gosier hérissé de dents aiguës, menues et recourbées en arrière; la première nageoire du'^dos, composée de rayons très-longs ainsi que Irès-élevés; et la nageoire de la queue, large et arrondie. Jetons les yeux maintenant sur les couleurs vives ou gracieuses que présente le taiboa. Son dos est d'un vert tirant sur le bleu, et sa partie inférieure blanchâtre; sa tète montre une belle couleur jaune, plus ou moins mêlée de vert; et ces nuances sont rele- vées par des raies et des points que l'on voit sur la tète, par d'autres raies d'un brun plus ou moins foncé qui régnent auprès des nageoires pectorales, et par des taches rougeâ- tres situées de chaque côté du corps ou de la queue. De plus, les nageoires du dos, de l'anus et de la queue offrent un vert mêlé de quelques teintes de rouge ou de jaune, et qui fait très-bien ressortir des raies rouges droites ou courbées qui les parcourent, ainsi que plusieurs rayons qui les soutiennent et dont la couleur est également d'un rouge vif et agréable. LE GOBIOMORE DORMEUR. Gobiomorus dorraitor, Lac. ; Platycephalus dormitator, Bloch, Schn.; Eleotris dormitalrix, Cuv. i. Les naturalistes n'ont encore publié aucune description de ce gobiomore, qui vit dans les eaux douces el particulièrement dans les marais de l'Amérique méridionale : nous en devons la connaissance à Plumier; et nous en avons trouvé une figure dans les dessins de ce savant voyageur. La mâchoire inférieure de ce poisson est plus avancée que la supé- rieure; la nageoire de la queue est très-arrondie : le nombre des rayons de ses nageoires empêche d'ailleurs de le confondre avec les autres gobiomores. On l'a nommé le Dormeur, sans doute à cause du peu de vivacité ou du peu de fréquence de ses mouvements. LE GOBIOMORE KOELREUTER. Gobiomorus Koelreuteri, Lacep. ; Gobius Koelreuteri, Pallas; Periophthalmus Koclreuteri, Schn., Cuv. 2. Le nom de cette espèce est un témoignage de gratitude envers un savant très-distingué, le naturaliste Koelreuter, qui vit maintenant dans ce pays de Bade, auquel les vertus touchantes de ceux qui le gouvernent, et leur zèle très-éclairé pour le progrès des con- naissances, ainsi que pour l'accroissement du bonheur de leurs semblables, ont donné un éclat bien doux aux yeux des amis de l'humanité. Ce gobiomore, dont les téguments sont mous et recouvrent une graisse assez épaisse, est d'un gris blanchâtre. Ses yeux sont très-rapprochés, et placés sur le sommet de la tête; ce qui lui donne un grand rapport avec le gobie schlosser, auquel il ressemble en- core par la position de ses nageoires pectorales, qui sont attachées au bout d'une pro- longation charnue très-large auprès du corps proprement dit, et c'est à cause de ce der- nier trait que nous l'avons inscrit dans un sous-genre particulier, de même que le gobie schlosser. Les lèvres sont doubles et charnues ; les dents inégales et coniques : la mâchoire su- périeure en présente de chaque côté une beaucoup plus grande que les autres. La ligne latérale parait comme comprimée; l'anus est situé vers le milieu de la longueur totale du poisson; et la nageoire de la queue est un peu lancéolée. La première nageoire dorsale est brune et bordée de noir : on distingue une raie lon- gitudinale cl noirâtre sur la seconde, qui est jaunâtre et fort transparente. On voit au delà el très-près de l'anus du gobiomore koelreuter, ainsi que sur plu- sieurs gobies, et môme sur des poissons de genres très-différents, un petit appendice co- nique, que l'on a nommé pédoncule génital, qui sert en effet à la reproduction de l'ani- mal, et sur l'usage duquel nous présenterons quelques détails dans la suite de celte his- toire, avec plus d'avantage que dans l'article particulier que nous écrivons. « Du sous-genrc Élcotris dans le genre Gobous, Cuv. D. 'i Du sousgonrc P;'iio|ilillialme clans le genre Gobous, scion M. Cuvicr. U. DES POISSONS. 129 SOIXANTE ET UNIÈME GENRE. LES GOBIOMOROÏDES. Les deux nageoires thoracines non réunies Vune à Vautre; uue seu'e nngeoire dorsale ; la tête petite; les yeux rapprochés : les opercules attachés dans une grande partie de leur contour. ESPÈCE. CARACTÈRES. Le Gobiomoroïde j Quarante-cinq rayons à la nageoire du dos j six à chacune des thoracines ; la mâ- pisoN. ( choire inférieure plus avancée que la supérieure. LE gobiomoroïde PISON. Gobiomoroides Piso, Lacep.; Gobius Pisonis, Linn., Gmel.j Eleotris Pisonis, Cuv. i. Les gobies ont deux nageoires dorsales ; les gobioïdes n'en n^ont qu'une, et voilà pour- quoi nous avons séparé ces derniers poissons des gobies, en indiquant cependant, par le nom générique que nous leur avons donné, les grands rapports qui les lient aux gobies. Nous écartons également des gobiomores, dont le dos est garni de deux nageoires, les gobiomoroides, qui n'offrent sur le dos qu'un seul instrument de natation ; et néanmoins nous marquons, par le nom générique de ces gobiomoroides, les ressemblances très-frap- pantes qui déterminent leur place à la suite des gobiomores. Le pison a la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure ; sa tête est d'ailleurs aplatie : on le trouve dans l'Amérique méridionale. En examinant dans une collection de poissons desséchés, donnée par la Hollande à la France, un gobiomoroïde pison, nous nous sommes assurés que les deux mâchoires sont garnies de plusieurs rangées de dents fortes et aiguës. L'inférieure a de plus un rang de dents })lus fortes, plus grandes, plus recourbées, et plus éloignées les unes des autres, que celles de le mâchoire supérieure. La tête est comprimée aussi bien que déprimée, et garnie d'écaillés presque semblables par leur grandeur à celles qui revêtent le dos. La nageoire de la queue est arrondie. Le nom de cette espèce rappelle l'ouvrage publié par Pison sur l'Amérique australe, et dans lequel ce médecin a parlé de ce gobiomoroïde. SOIXANTE-DEUXIEME GENRE. LES GOBIÉSOCES. Les deux nageoires thoracines non réunies Vvne à Vautre ; une seule nageoire dorsale ; cette nageoire très- courte et placée au-dessus de Vextrémité de la queue, très-près de la nageoire caudale j la fête très-grosse et plus large que le corps. ESPÈCE. caractères. LEtiOBiEsocETEs- | j^^g lèvrcs doublcs et très-extensibles ; la nageoire de la queue arrondie. TAR. j 7 o 1 LE GOBIÉSOCE TESTAR. Gobiesox cephalus, Lacep. ; Lepadogaster dentex, Schn; Cyclopterus nudus, Linn. 2. C'est à Plumier que l'on devra la figure de ce poisson encore inconnu des naturalistes, et que nous avons regardé comme devant appartenir à un genre nouveau. Celle que nous avons fait graver et que nous publions dans cet ouvrage, a été copiée d'après un dessin de ce célèbre voyageur. Le Testar habite l'eau douce : on l'a observé dans les fleuves de l'Amérique méridionale. Le nom vulgaire de Testar, qui lui a été donné, suivant Plu- mier, par ceux qui l'ont vu dans les rivières du Nouveau Monde, indique les dimensions de sa tête, qui est très-grosse, et plus large que le corps ; elle est d'ailleurs arrondie par devant, et un peu déprimée dans sa partie supérieure. Les yeux sont très-rappro- chés l'un de l'autre ; les lèvres doubles et extensibles. On aperçoit une légère concavité 1 Du sous-genre Eleotris dans le genre Gobous, Cuv. D. 2 M. Cuvier place ce poisson très-loin des gobous, dans l'ordre des Malacoptérygiens subbrachiens et dans le genre Porte-écuelle (Lepadogaster) où il forme un petit sous-genre. D. 430 HISTOIRE NATURELLE sur la nuqup, et l'on remarque sur le dos un enfoncement semblable; le ventre est très- saillant, très-gros, distingué, par sa proéminence, du dessous de la queue. Il n'y a qu'une nageoire dorsale ; et cette nageoire, qui est très-courte , est placée au-dessus de l'extré- mité de la queue, fort près de la caudale. Nous verrons une conformation très-analogue dans les ésoces ; et comme d'ailleurs le testar a beaucoup de rapports avec les gobies, nous avons cru devoir former sa dénomination générique de la réunion du nom de Gobie avec celui d'Esoce, et nous l'avons appelé gobiésoce testar. La nageoire de l'anus, plus voisine encore que la dorsale de celle de la queue, est cependant située en très-grande partie au-dessous de cette même dorsale : la caudale est donc très-près de la dorsale et de la nageoire de l'anus; elle est, de plus, très-étendue et fort arrondie, La couleur générale de l'animal est d'un roux plus foncé sur le dos que sur la partie infé- rieure du poisson, et sur lequel on ne distingue ni raies, ni bandes, ni taches proprement dites. Au milieu de ce fond presque doré, au moins sur certains individus, les yeux, dont l'iris est d'un beau bleu, paraissent comme deux saphirs. SOIXANTE-TROISIÈME GENRE. LES SCOMBRES. ESPECES. 1. Le Scombre commerson. 2. Le Scombre GUARE. 5. Le Scombre THON. i. Le Scombre GERMON. '6. Le Scombre THA2ARD. 6. Le Scombre BOMTE. Deux nageoires dorsales; une ou plusieurs pelifcs nageoires au-dessus et au-dessous de la queue ; les côtés de la queue carénés, ou une petite nageoire composée de deux aiguillons réunis pir une membrane, au- devant de la nageoire de ranus. CARACTÈRES. Le corps très-allongé; dix petites nageoires très-séparées Tune de l'autre, au-des- sus et au-dessous de la queue; la première nageoire du dos longue et très-basse; la seconde courte, cchancrée, et presque semblable à celle de l'anus; la ligne la- térale dénuée de petites plaques. Dix petites nageoires au-dessus et au-dessous de la queue ; la ligne latérale garnie de petites plaques. Huit ou neuf petites nageoires au-dessus et au-dessous de la queue ; les nageoires pectorales n'atteignant pas jusqu'à l'anus, et se terminant au-dessous de la pre- mière dorsale. Huit ou neuf petites nageoires au-dessus et au-dessous de la queue; les nageoires pectorales assez longues pour dépasser l'anus. Huit ou neuf petites nageoires au-dessus, et sept au-dessous de la queue; les pec- torales à peine de la longueur des thoracines; les côtés et la partie inférieure de l'animal sans taches. Huit petites nageoires au-dessus, et sept au-dessous de la queue; les pectorales at- teignant à peine à la moitié de l'espace compris entre leur base et l'ouverture de l'anus; quatre raies longitudinales et noires sur le ventre. Sept petites nageoires au-dessus, et six au-dessous de la queue ; les pectorales cour- tes ; la première dorsale ondulée dans son bord supérieur ; deux orifices à chaque narine; trois pièces à chaque opercule; des écailles assez grandes sur la nuque, les environs de chaque pectorale et de la dorsale, et la base de la seconde na- geoire du dos, de l'anale et de la caudale; (juinze ou seize bandes transversales, courtes, courbées et noires, de chaque côté du poisson. Sept petites nageoires au-dessus et au-desssous de la queue; les pectorales très- longues. Sept petites nageoires au-dessus et au-dessous de la queue ; les pectorales courtes ; la ligne latérale saillante, descendant au delà des nageoires pectorales, et si- nueuse dans tout son corps; point de raies longitudinales. Six ou sept petites nageoires dorsales au-dessus et au-dessous de la queue; la mâ- choire inférieure plus longue que la supérieure ; la ligne latérale parallèle au dos, jusque vers le commencement de la queue, et s'élevant ensuite ; le dos noir; le ventre brunâtre ; point de taches ni de raies. Cinq petites nageoires au-dessus et au-dessous de la queue; douze rayons à chaque nageoire du dos. Cinq petites nageoires au-dessus et au-dessous de la queue ; huit rayons à chaque nageoire dorsale. Cinq petites nageoires au-dessus et au-dessous de la queue; la partie supérieure de l'animal couleur dor. 7. Le Scombre SARDE. f<. Le Scombre alatinga. 9. Le Scombre CHINOIS. 10. Le Scombre AT UN. H. Le Scombre MAQLEnEAC. 12. Le Scomiire japonais. 13. Le Scomiire IlORÉ. M. Le Scomrrk ALRACORE. Deux arêtes couvertes d'une peau brillante au-dessus de chaque opercule. DES POISSONS, 131 LE SCOMBRE COMMERSON. Scomber Commerson, Lac. ; Cybium Commersonii, Cuv. i. Le genre des scombres est un de ceux qui doivent le plus intéresser la curiosité des naturalistes, par leurs courses rapides, leurs longs voyages, leurs chasses, leurs combats, et plusieurs autres habitudes. Nous tâcherons de faire connaître ces phénomènes remar- quables, en traitant en particulier du thon, de la bonite et du maquereau, dont les mœurs ont été fréquemment observées : mais nous allons commencer par nous occuper du scombre commerson et du guare, afin de mettre dans l'exposition des formes et des actes principaux des poissons que nous allons considérer, cet ordre sans lequel on ne peut ni distinguer convenablement les objets, ni les comparer avec fruit, ni les graver dans sa mémoire, ni les retrouver facilement pour de nouveaux examens. C'est aussi pour établir d'une manière plus générale cet ordre, sans lequel, d'ailleurs, le style n'aurait ni clarté, ni force, ni chaleur, et de plus pour nous conformer sans cesse aux principes de distribu- tion méthodique qui nous ont paru devoir diriger les études des naturalistes, que nous avons circonscrit avec précision le genre des scombres. Nous en avons séparé plusieurs poissons qu'on y avait compris, et dont nous avons cru devoir même former plusieurs genres différents, et nous n'avons présenté commevéritables Scombres, comme semblables par les caractères génériques aux maquereaux, aux bonites, aux thons, et par conséquent aux poissons reconnus depuis longtemps pour des scombres proprement dits, que les Ihoracins, qui ont, ainsi que les thons, les maquereaux et les bonites, deux nageoires dorsales, et en outre une série de nageoires très-petites, mais distinctes, placée entre la seconde nageoire du dos et la nageoire de la queue, et une seconde rangée d'autres nageoires analogues, située entre cette même nageoire de la queue et celle de l'anus. On a donné à ces nageoires si peu étendues et si nombreuses le nom de fausses nageoires; mais cette expression est impropre, puisqu'elles ont les caractères d'un véritable instrument de natation, qu'elles sont composées de rayons soutenus par une membrane, et qu'elles ne diflereni que par leur figure et par leurs dimensions, des pectorales, des thoracines, etc. Le nombre de ces petites nageoires variant suivant les espèces, c'est d'après ce nombre que nous avons déterminé le rang des divers poissons inscrits sur le tableau du genre. Nous avons présenté les premiers ceux qui ont le plus de ces nageoires additionnelles, et voilà pourquoi nous commençons par décrire une espèce de cette famille, que les natura- listes ne connaissent pas encore, dont nous avons trouvé la figure dans les manuscrits de Commerson, et à laquelle nous avons cru devoir donner le nom de cet illustre voyageur, qui a enrichi la science de tant d'observations précieuses. Ce scombre offre dix nageoires supplémentaires, non-seulement très-distinctes, mais très-séparées l'une de l'autre, dans l'intervalle qui sépare la caudale de la seconde nageoire du dos; et dix autres nageoires conformées et disposées de même régnent au-dessous de la queue. Ces nageoires sont composées chacune de quatre ou cinq petits rayons réunis par une membrane légère, rapprochés à leur base, et divergents à leur sommet. Le corps et la queue de l'animal sont d'ailleurs extrêmement allongés, ainsi que les mâchoires qui sont aussi avancées l'une que l'autre, et garnies toutes les deux d'un rang de dents fortes, aiguës et très-distinctes. Le museau est pointu; l'œil gros; chaque oper- cule composé de deux lames arrondies dans leur contour postérieur ; la première dorsale longue, et très-basse, surtout à mesure qu'elle s'avance vers la queue; la seconde dorsale échancrée par derrière, très-courte, et semblable à celle de l'anus ; la caudale très-échan- crée en forme de croissant; la ligne latérale ondulée d'une manière peu commune, et fléchie par des sinuosités d'autant plus sensibles qu'elles sont plus près de l'extrémité de la queue; et la couleur générale du scombre , argentée, foncée sur le dos, et variée sur les côtés par des taches nombreuses et irrégulières. Nous n'avons besoin, pour terminer le portrait du Commerson^ que d'ajouter que les thoracines sont triangulaires comme les pectorales, mais beaucoup plus petites que ces dernières. LE SCOMBRE GUARE. Scomber guara, Lacep.; Scomber cordyla, Linn., Gmel. 2. C'est dans l'Amérique méridionale que l'on a observé le guare. Il a, comme le commcr- 1 Du sous-genre Tassard, cybium de M. Cuvier, dans le grand genre des Scombres. D . 2 M. Cuvier ne fait pas mention de cette espèce dans son Règne animal. D. 432 HISTOIRE NATURELLE son, dix petites nageoires au-dessus ainsi qu'au-dessous de la queue. Mais indépendam- ment d'autres différences, sa ligne latérale est garnie de petites plaques plus ou moins dures, et presque osseuses; et l'on voit au-devant de sa nageoire de l'anus une petite nageoire composée d'une membrane et de deux rayons; ou, pour mieux dire, le guare présente deux nageoires anales, tandis que le scombre commerson n'en montre qu'une. LE SCOMBRE THON. Scomber Thynnus, Liun., Gmel., Bloch, Lacep., Cuv. i. L'imagination s'élève à une bien grande hauteur, et les jouissances de l'esprit devien- nent bien vives, toutes les fois que l'élude des productions de la nature conduit à une contemplation plus attentive de la vaste étendue des mers. L'antique Océan nous com- mande l'admiration et une sorte de recueillement religieux, lorsque ses eaux paisibles n'offrent à nos yeux qu'une immense plaine liquide. Le spectacle de ses ondes boulever- sées par la tempête, et de ses abîmes entr'ouvcrls au pied des montagnes écumantes for- mées par ses flots amoncelés, nous pénètre de ce sentiment profond qu'inspire une grande et terrible catastrophe. Et quel ravissement n'éprouve-t-on pas, lorsque ce même Océan, ne présentant plus ni l'uniformité du calme, ni les horreurs des orages conjurés, molle- ment agité par des vents doux et légers, et resplendissant de tous les feux de l'astre du jour, nous montre toutes les scènes variées des courses, des jeux, des combats et des amours des êtres vivants qu'il renferme dans son sein 'Ce sont principalement les poissons auxquels on a donné le nom de Pélagiques, qui animent ainsi par leurs mouvements rapides et multipliés la mer qui les nourrit. On les distingue par cette dénomination, parce qu'ils se tiennent pendant une grande partie de l'année à une grande distance des rivages. Et parmi ces habitants des parties de l'Océan les plus éloignées des côtes, on doit surtout remarquer les thons dont nous écrivons l'histoire. Les divers attributs qu'ils ont reçus de la nature leur donnent une grande prééminence sur le plus grand nombre des autres poissons. C'est presque toujours à la surface des eaux qu'ils se livrent au repos, ou qu'ils s'abandonnent à l'action des diverses causes qui peuvent les déterminer à se mouvoir. On les voit, réunis en troupes très-nombreuses, bon- dir avec agilité, s'élancer avec force, cingler avec la vélocité d'une flèche. La vivacité avec laquelle ils échappent, pour ainsi dire, à l'œil de l'observateur, est principalement pro- duite par une queue très-longue, et qui, frappant l'onde salée par une face très-étendue, ainsi que par une nageoire très-large, est animée par des muscles vigoureux, et soutenue de chaque côté par un cartilage qui accroît l'énergie de ces muscles puissants 2. Lorsque, dans certaines saisons, et particulièrement dans celle de la ponte et la fécon- dation des œufs, une nécessité impérieuse les amène vers quelque plage, ils serrent leurs rangs nombreux, et se pressent les uns contre les autres; et les plus forts ou les plus audacieux précédant leurs compagnons à des distances déterminées par les degrés de leur vigueur et de leur courage, pendant que des nuances différentes composent une sorte d'arrière-garde, plus ou moins prolongée, des individus les plus faibles et les plus timi- des, on ne doit pas être surpris que la légion forme une sorte de grand parallélogramme animé, que l'on aperçoit naviguant sur la mer, ou qui, nageant au milieu des flots qui le couvrent encore et le dérobent à la vue, s'annonce cependant de loin par le bruit des ondes rapidement refoulées devant ces rapides voyageurs. Des échos ont quelquefois répété cette espèce de bruissement ou de murmure lointain, qui, se propageant alors de rocher en rocher, et multiplié de rivage en rivage, a ressemblé à ce retentissement sourd mais imposant, qui, au milieu du calme sinistre des journées brillantes de l'été, annonce l'approche des nuées orageuses. Magré leur multitude, leur grandeur, leur force et leur vitesse, ces éléments des succès dans l'attaque ou dans ladéfense, un bruit soudain a souvent suspendu une tribu voyageuse de thons au milieu de sa course : on les a vus troublés, arrêtés et dispersés par une vive décharge d'artillerie, ou par un coup de tonnerre subit. Le sens de l'ouïe n'est même pas, dans ces animaux, le seul que des impressions inattendues ou extraordinaires plongent dans une sorte de terreur : un objet d'une forme ou d'une couleur singulière suffit pour ébranler l'organe de leur vue, de manière à les effrayer et à interrompre leurs habitudes 1 Type du sous-genre Thon dans le genre Scombre, Cuv. D. 1 Voyez, dans le Discours sur la nature des Poissons, ce que nous avons dit de la natation de ces animaux. 7. 21 Vf if ..^ DES POISSONS. 1Ô3 les plus constantes. Ces derniers ellets onl été remarques par plusieurs voyageurs modernes, et n'avaient pas échappé aux navigateurs anciens. Pline rapporte, par exemple, que, dans le printemps, les thons passaient en troupes composées d'un grand nombre d'individus , de la Méditerranée dans le Pont-Euxin ou mer Noire; que dans le Bosphore de Thrace, qui réunit la Propontide à l'Euxin, et dans le détroit même qui sépare l'Eu- rope de l'Asie, un rocher d'une blancheur éblouissante et d'une grande hauteur s'élevait auprès de Chalcédoine sur le rivage asiatique; que l'éclat de cette roche, frappant subite- ment les légions de thons, les effrayait au point de les contraindre à se précipiter vers le cap de Bysance, opposé à la rive de Chalcédoine; que cette direction forcée dans le voyage de ces scombres en rendait la pêche très-abondante auprès de ce cap de Bysance, et presque nulle dans les environs des plages opposées ; et que c'est à cause de ce concours de thons auprès de ce promontoire, qu'on lui avait donné le nom de xpM-.of.ip'x.ç, ou de ionu d'or, ou de Corne d'abondance i. Ces scombies sont cependant très-courageux dans la plupart des circonstances de leur vie. Un seul phénomène le prouverait, c'est l'étendue et la durée des courses qu'ils entre- prennent. Pour en connaître nettement la nature, il faut rappeler la distinction que nous avons faite en traitant despoissons en général, ontreleurs voyages périodiques et réguliers, et ceux qui ne présentent aucune régularité, ni dans les circonstances do temps, ni dans celles delieu.Les migration, régulières et péiiodiques des thons sont celles auxquelles ils s'abandonnent, lorsqu'à l'approche de chaque pi-intemps. ou dans une saison plus chaude, suivant le climat qu'ils habitent, ils s'avancent vers la température, l'aliment, l'eau, l'abri, la plage, qui conviennent le mieux au besoin qui les presse, pour y déposer leurs œufs ou pour les arroser de leur liqueur vivifiante, ou lorsqu'après s'être débarrassés d'un fluide trop stimulant ou d'un poids trop incommode, et avoir repris des forces nou- velles dans le repos et l'abondance, ils quittent les côtes de l'Océan avec les beaux jours, regagnent la haute mer, et rentrent dans les profonds asiles qu'elle leur offre. Leurs voyages irréguliers sont ceux qu'ils entreprennent à des époques dénuées de tout carac- tère de périodicité, qui sont déterminés par la nécessité d'échapper à un danger apparent ou réel, de fuir un ennemi, de poursuivre une proie, d'apaiser une faim cruelle, et qui, ne se ressemblant ni par l'espace parcouru, ni par la vitesse employée à le franchir, ni par la direction des mouvements, sont aussi variables et aussi variés que les causes qui les font naître. Dans leurs voyages réguliers, ils ne vont pas communément chercher bien loin, ni par de grands détours, la rive qui leur est nécessaire, ou la retraite pèlagienne qui remplace cette rive pendant le règne des hivers. Mais, dans leurs migrations irrégu- lières, ils parviennent souvent à de très-grandes distances; ils traversent avec facilité, dans ces circonstances, non-seulement des golfes et des mers intérieures, mais même l'an- tique Océan. Un intervalle de plusieurs centaines de lieues ne les arrête pas; et, malgré leur mobililé naturelle, fidèles à la cause qui a déterminé leur départ, ils continuent avec constance leur course lointaine. Nous lisons, dans l'intéressante relation rédigée et plubliée par le général Milet-Mureau,du voyage de notre célèbreetinfortuné navigateurLaPérouse, que des scombres, à la vérité de l'espèce appelée Bonite, mais bien moins favorisés que les thons, relativement à la faculté de nager avec vitesse et avec constance, suivirent les bâtiments commandés par cet illustre voyageur, depuis les environs de l'île de Pâques jusqu'à l'île Mowée, l'une des îles SandAvich. La troupe de ces scombres, ou le banc de ces poissons, pour employer l'expression de nos marins, fit quinze cents lieues à la suite de nos frégates : plusieurs de ces animaux, blessés par les foènes ou tridents des matelots français, portaient sur le dos une sorte de signalement qu'il était impossible de ne pas distinguer ; et l'on reconnaissait chaque jour les mêmes poissons qu'on avait vus la veille 2. Quelque longue que puisse être la durée de cette puissance qui les maîtrise, plu- sieurs marins allant d'Europe en Amérique, ou revenant d'Amérique en Europe, ont vu des thons accompagner pendant plus de quarante jours les vaisseaux auprès desquels ils trouvaient avec facilité ime partie de l'aliment qu'ils aiment; et cette avidité pour les diverses substances nutritives que l'on peut jeter d'un navire dans la mer, n'est pas le seul lien qui les retienne pendant un très-grand nombre de jours auprès des bâtiments. L'attentif Commerson a observé une autre cause de leur assiduité auprès de certains 1 C'est pour rappeler ce même concours, que les médailles de Byzance présentent l'image du thon. 2 Voyez ce que nous avons écrit sur la vitesse des poissons, dans notre Discours préliminaire sur la nature de ces animaux. LiCÉPtDE.— fOMt 11. 9 ^U HISTOIRE NATURELLE vaisseaux, au milieu des mers chaudes de l'Asie, de l'Afrique et de l'Amérique, qu'il a parcourues.il a écrit, dans ses manuscrits, que dans ces mers dont la surface est inondée des rayons d'un soleil brûlant, les thons, ainsi que plusieurs autres poissons, ne peuvent se livrer, auprès de cette même surface des eaux, aux différcnis mouvemenls qui leur sont nécessaires, sans être éblouis par une lumière trop vive, ou faligués par une chaleur trop ardente : ils cherchent alors le voisinage des rivages escarpés, des rochers avancés, des promontoires élevés, de tout ce qui peut les dérober, pendant leurs jeux et leurs évolutions, aux feux de l'astre du jour. Une escadre est pour eux comme une forêt flottante qui leur prête son ombre protectrice : les vaisseaux, les mâts, les voiles, les antennes, sont un abri d'autant plus heureux pour les scombres, que, perpétuellement mobile, il les suit, pour ainsi dire, sur le vaste Océan, s'avance avec une vitesse assez égale à celle de ces poissons agiles, favorise toutes leurs manœuvres, ne relarde en quelque sorte aucun de leurs mouvements; et voilà pourquoi, suivant Commerson, dans la zone torride, et vers le temps des plus grandes chaleurs, les thons qui accompagnent les bâti- ments se rangent, avec une attention facile à remarquer, du côté des vaisseaux qui n'est pas exposé aux rayons du soleil i. Au reste, cette habitude de chercher l'ombre des navires peut avoir quelque rapport avec celle de suspendre leurs courses pendant les brumes, qui leur est attribuée par quelques voyageurs. Ils interrompent leurs voyages pour plusieurs mois, aux approches du froid : et, dès le temps de Pline, on disait qu'ils hivernaient dans l'endroit où la mau- vaise saison les surprenait. On prétend que, pendant cette saison rigoureuse, ils préfè- rent pour leur habitation les fonds limoneux. Ils s'y nourrissent de poissons ou d'autres animaux de la mer plus faibles qu'eux; ils se jettent particulièrement sur les exocets et sur les dupées; les petits scombres deviennent aussi leur proie; ils n'épargnent pas même les jeunes animaux de leur espèce; et comme ils sont très-goulus, et d'ailleurs tourmentés, dans certaines circonstances, par une faim qui ne leur permet pas d'atten- dre les aliments les plus analogues à leur organisation, ils avalent souvent avec avidité, dans ces retraites vaseuses et d'hiver, aussi bien que dans les autres portions de la mer qu'ils fréquentent, des fragments de diverses espèces d'algues. Ils ont besoin d'une assez grande quantité de nourriture, parce qu'ils présentent com- munément des dimensions considérables. Pline et les autres auteurs anciens qui ont écrit sur les thons, les ont rangés parmi les poissons les plus remarquables par leur volume. Le naturaliste romain dit qu'on en avait vu du poids de quinze talents 2, et dont la nageoire de la queue avait de largeur, ou, pour mieux dire, de hauteur, deux coudées et un palme. Les observateurs modernes ont mesuré et pesé des thons de trois cent vingt- cinq centimètres de longueur, et du poids de cinquante-cinq ou soixante kilogrammes; et cependant ces poissons, ainsi que tous ceux qui n'éclosent pas dans le ventre de leur mère, proviennent d'œufs très-petits : on a comparé la grosseur de ceux du thon à celle des graines de pavot. Le corps de ce scombre est très-allongé, et semblable à une sorte de fuseau très-étendu. La tête est petite; l'œil gros; l'ouverture de la bouche très-large; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure, et garnie, comme cette dernière, de dents aiguës; la lan- gue courte et lisse; l'orifice branchial très-grand ; l'opercule composé de deux pièces ; le tronc épais, et couvert, ainsi que la queue, d'écaillés petites, minces et faiblement atta- chées. Les petites nageoires du dessus et du dessous de la queue sont communément au nombre de huit. Quelques observateurs en ont compté neuf dans la partie supérieure et dans la partie inférieure de celte portion de l'animal ; et, d'après ce dernier nombre, on pourrait être tenté de croire que l'on peut quelquefois confondre l'espèce du thon avec celle du germon, dont la queue offre aussi par-dessus et par-dessous huit petites nageoires : mais la proportion des dimensions des pectorales avec la longueur totale du scombre, suffira pour séparer avec facilité les germons des poissons que nous tâchons de bien faire connaître. Dans les germons, ces pectorales s'étendent jusqu'au delà de l'ori- fice de l'anus; et, dans les thons, elles ne sont jamais assez grandes pour y parvenir; 1 Nous parlerons encore de cette observation de Commerson, dans l'article du Scombre germon. 2 Ce poids de quinze talents attribué à un thon nous paraît bien supérieur à celui qu'ont dû présenter les gros poissons de l'espèce que nous décrivons. En eflét, le talent des Romains, leur cenlum-pondiiu», était éçal, selon Paucton (Métrologie, p. 761) à 68 lo/ioo livres de France, poids de marc, et le petit talent d'Egypte, d'Arabie, etc., égalait 45 65/ 100 ou 66/100 livres de France. \]i\ thon aurait donc pesé au moins 67.0 livres; ce qui ne nous semble pas admissible. DES POISSONS. l3o elles se terminent à peu près au-dessous de Tendroit du dos où finit la première dorsale. La nageoire de la queue est figurée en croissant : nous avons fait remarquer son étendue dès le commencement de cet article. Nous avons eu occasion, dans une autre portion de cet ouvrage, de parler de ces petits os auxquels on a particulièrement donné le nom d'arêtes, qui, placés entre les muscles, ajoutent à leur force, que l'on n'aperçoit pas dans toutes les espèces de poissons, mais que l'on n'a observés jusqu'à présent que dans ces habitants des eaux. Ces arêtes sont simples ou fourchues. Nous avons dit de plus que, dans certaines espèces de poissons, elles aboutissaient à l'épine du dos, quoiqu'elles ne fissent pas véritablement partie de la charpente osseuse proprement dite. Nous avons ajouté que, dans d'autres espèces, non-seulement ces arêtes n'étaient pas liées avec la grande charpente osseuse, mais qu'elles en étaient séparées par différents intervalles. Les scombres, et par conséquent les thons, doivent être comptés parmi ces dernières espèces. Telles sont les particularités de la conformation extérieure et intérieure du thon, que nous avons cru convenable d'indiquer. Les couleurs qui le distinguent ne sont pas très- variées, mais agréables et brillantes : les côtés et le dessous de l'animal présentent l'éclat de l'argent; le dessus a la nuance de l'acier poli; l'iris est argenté, et sa circonférence dorée, toutes les nageoires sont jaunes ou jaunâtres, excepté la première du dos, les thoracines et la caudale, dont le ton est d'un gris plus ou moins foncé. Les anciens donnaient différents noms aux scombres qui sont l'objet de cet article, sui- vant l'âge, et par conséquent le degré de développement de ces animaux. Pline rapporte qu'on nommait Cordyles les thons très-jeunes qui, venant d'éclore dans la mer Noire, repassaient, pendant l'automne, dans l'Hellespont et dans la Méditerranée, à la suite des légions nombreuses des auteurs de leurs jours. Arrivés dans la Méditerranée, ils y por- taient le nom de Pélamides pendant les premiers mois de leur croissance ; et ce n'était qu'après un an que la dénomination de Thon leur était appliquée. Nous avons cru d'autant plus utile de faire mention ici de cet antique usage des Grecs ou Romains, que ces expressions de Cordyle et de Pélamide ont été successivement employées par plusieurs auteurs anciens et modernes dans des sens très-divers; qu'elles servent maintenant à désigner deux espèces de scombre, le Giiare et la Bonite, très-diffé- rentes du véritable thon ; et qu'on ne saurait prendre trop de soin pour éviter la confusion, qui n'a régné que trop long-temps dans l'étude de l'histoire naturelle. Des animaux marins très-grands et très-puissants, tels que des squales et des xiphias, sont pour les thons des ennemis dangereux, contre les armes desquels leur nombre et leur réunion ne peuvent pas toujours les défendre. Mais indépendamment de ces adver- saires remarquables par leur force ou par leurs dimensions, le thon expire quelquefois victime d'un être bien petit et bien faible en apparence, mais qui, par les piqûres qu'il lui fait et les tourments qu'il lui cause, l'agite, l'irrite, le rend furieux, à peu près de la même manière que le terrible insecte ailé qui règne dans les déserts brûlants de l'Afrique, est le fléau le plus funeste des panthères, des tigres et des lions. Pline savait qu'un animal dont il compare le volume à celui d'une araignée et la figure à celle du scorpion, s'attachait au thon, se plaçait auprès ou au-dessous de l'une de ses nageoires pectorales, s'y cram- ponnait avec force, le piquait de son aiguillon, et lui causait une douleur si vive, que le scombre, livré à une sorte de délire, et ne pouvant, malgré tous ses efforts, ni immoler ni fuir son ennemi, ni apaiser sa souffrance cruelle, bondissait avec violence au-dessus de la surface des eaux, la parcourait avec rapidité, s'agitait en tout sens, et ne résistant plus à son état affreux, ne connaissant plus d'autre danger que la durée de son angoisse, excédé, égaré, transporté par une sorte de rage, s'élançait sur le rivage ou sur le pont d'un vais- seau, où bientôt il trouvait dans la mort la fin de son tourment i. C'est parce qu'on a bien observé dans les thons cette nécessité funeste de succomber sous les ennemis que nous venons d'indiquer, l'habitude du succès contre d'autres animaux moins puissants, le besoin d'une grande quantité de nourriture, la voracité qui les pré- cipite sur des aliments de différente nature, leur courage habituel, l'audace qu'ils montrent dans certains dangers, la frayeur que leur inspirent cependant quelques objets, la pério- dicité d'une partie de leurs courses, l'irrégularité de plusieurs de leurs voyages et pour les temps et pour les lieux, la durée de leurs migrations et la facilité de traverser d'im- menses portions de la mer, qu'on a très-bien choisi les époques, les endroits et les moyens 1 Rondelet a fait représenter sur la figure du thon qu'il a publiée, le petit animal dont Pline a parle. y. 156 HISTOIRE NATURELLE les plus propres à procurer une pêche abondante des scombres qui nous occupent dans ce moment. En effet, on peut dire en général qu'on trouve le thon dans presque toutes les mers chaudes ou tempérées de l'Europe, de l'Asie, de l'Afrique et de l'Amérique; mais on ne rencontre pas un égal nombre d'individus de celte espèce dans toutes les saisons ni dans toutes les portions des mers qu'ils fréquentent. Depuis les siècles les plus reculés de ceux dont l'histoire nous a transmis le souvenir, on a choisi certaines plages et certaines épo- ques de l'année pour la recherche des thons. Pline dit qu'on ne péchait ces scombres dans l'Hellcsponl, la Propontide et le Pont-Euxin, que depuis le commencemenl du printemps jusque vers la fin de l'automne. Du temps de Rondelet, c'est-à-dire vers le milieu du seizième siècle, c'était au printemps, en automne, et quelquefois pendant l'été, qu'on prenait une grande quantité de thons prés des cotes d'Espagne, et particulièrement vers le détroit de Gibrallari. On s'occupe de la pèche de ces animaux sur plusieurs rivages de France et d'Espagne voisins de l'extrémité occidentale de la chaîne des Pyré- nées, depuis les premiers jouis de juin jusqu'en novembre; et on regarde comme assez assuré sur les autres parties du territoire français qui sont baignées par l'Océan, que l'arrivée des maquereaux annonce celle des thons qui les poursuivent pour les dévorer. Ces derniers scombres montrent en effet une si grande avidité pour les maquereaux, qu'il suffit, pour les attirer dans un piège, de leur présenter un leurre qui en imite grossièrement la forme. Us se jettent avec la même voracité sur plusieurs autres pois- sons, et particulièrement sur les sardines; et voilà pourquoi une image même très- impar- faite d'un de ces derniers animaux est, entre les mains des marins, un appât qui entraîne les thons avec facilité. On s'est servide cemoyen avecbeaucoup d'a\anlage dans plusieurs parages, et principalement auprès de Rayonne, où un bateau allant à la voile traînait des lignes dont les haims étaient recouverts d'un morceau de linge, ou d'un petit sac de toile en forme de sardine, et ramenait ordinairement plus de cent cinquante thons. Mais ce n'est pas toujours une vaine apparence que l'on présente à ces scombres pour les prendre à la ligne : de petits poissons réels, ou des portions de poissons assez grands, sont souvent employés pour garnir les haims. On proportionne d'ailleurs la grandeur de ces haims, ainsi que la grosseur des cordes ou des lignes, aux dimensions et à la force des thons que l'on s'attend à rencontrer; et de plus, en se servant de ces haims et de ces lignes, on cherche à prendre ces animaux de diverses manières, suivant les diffé- rentes circonstances dans lesquelles on se trouve : on les prend au doigt 2, à la canne 3, au libouret i, au grand couple 5. Mais parlons rapidement de procédés plus compliqués dont se composent les pèches des scombres thons faites de concert par un grand nombre de marins. Exposons d'abord celle qui a lieu avec des thonnaires; nous nous occuperons, ensuite, de celle pour laquelle on construit des madragues. On donne le nom de Ihonnaire ou tonnaire à une enceinte de filets que l'on forme promplemenl dans la mer pour arrêter les Thons au moment de leur passage. On a eu pendant longtemps recours à ce genre d'industrie auprès de CoUioure, où on le prati- quait, et où peut-être on le pratique cncoi'e, chaque année, depuis le mois de juin jus- 1 On a quelquefois pris un assez grand nomliic de ttions auprès de Conil, village voisin de Cadix, pour qu'on ait (crit que la pêche de ces animaux donnait au duc de Médina Sidonia un revenu de [o,( Co ducats. Voyez 1rs lettres sur la Grèce de feu mon confrère M. Guys, t. I, p. 598, ô« éd. 2 On nomme pêche av doigt celle qui se fait avec une ligne simple non suspendue à une perche. 8 On dit que l'on pêche à la ccinrip, ou à lu cannctte, lorsqu'on se sert d'une canne ou perche déliée, au 1 out de laquelle on a empilé vn liaivi, c'est à-dire attaché la ligne, etc. 4 Le iiL(A()i'l e.st un inslnimcnl composé d'une corde ou ligne principale, à l'extrémilédelaquelle est suspendu un poids de plomh. La corde passe au travers d'un morceau de hois d'une certaine longueur, non.mé avulelle. (]e morceau de hois est percé dans un de ses houts, de manière à pouvoir tourner librement autour de la corde. Cette avalelte est d'ailleurs maintenue, à une petite distance du plomh, Îar deux nœuds «|ue l'on fuit à la corde, l'un au dessous et l'autre au-dessus de ce morceau de hois. Au ;out de l'avaleltc opposé à celui que la corde traverse, on attache une ligne garnie de plusieurs r»i- pilcs ou petites lignes * qui portent des liaims, et(|ui sont de difl'érentes longueurs, pour ne point s'em- barrasser les unes dans les autres. Cet instrument sert communément pour les pèches sédentaires, le poids de plomh portant toujours sur le fond de la mer ou des rivières. « Un couple est un fil de fer un peu courbé, dont chacpie bout porte une pile ou empile, ou petite ligne garnie de haims, cl qui est suspendu par le milieu à une ligne principale assez longue, et tenue par des pêcheurs dont la barque va a la voile. * Voyez, rtan<< Parlirle de 1« finie boucl<^e, la dëflnition d'une empile. DES POISSONS. 457 qu'à la fin de septembre. Pour favoriser la prise des thons, les habitants de Collioure entretenaient, pendant la belle saison, deux hommes expérimentés, qui, du haut de deux promontoires, observaient l'arrivée de ces scombres vers la côte. Dès qu'ils aperce- vaient de loin ces poissons qui s'avançaient par bandes de deux ou trois mille, ils en aver- tissaient les pêcheurs en déployant un pavillon, parle moyen duquel ils indiquaient de plus l'endroit où ces animaux allaient aborder. A la vue de ce pavillon, de grands cris de joie se faisaient entendre, et annonçaient l'approche d'une pêche dont les résultats impor- tants étaient toujours attendus avec une grande impatience. Les habitants couraient alors vers le port, où les patrons des bâtiments pêcheurs s'empressaient de prendre les filets nécessaires, et de faire entrer dans leurs bateaux autant de personnes que ces embarca- tions pouvaient en contenir, afin de ne pas manquer d'aides dans les grandes manœuvres qu'ils allaient entreprendre. Quand tous les bateaux étaient arrivés à l'endroit où les thons étaient réunis, on jetait à l'eau des pièces de filets lestées el flottées, et on en for- mait une enceinte demi-circulaire, dont la concavité était tournée vers le rivage, et dont l'intérieur était appelé ja»'(/m. Les thons renfermés dans ce jardin s'agitaient entre la rive et les filets, et étaient si eiïrayés par la vue seule des barrières qui les avaient subite- ment environnés, qu'ils osaient à peine s'en approcher à la distance de six ou sept mètres. Cependant, à mesure que ces scombres s'avançaient vers la plage, on resserrait l'en- ceinte, ou plutôt on en formait une nouvelle intérieure et concentrique à la première, avec des filets qu'on avait tenus en réserve. On laissait une ouverture à cette seconde enceinte jusqu'à ce que tous les thons eussent passé dans l'espace qu'elle embrassait; et en continuant de diminuer ainsi, par des clôtures successives, et toujours d'un plus petit diamètre, l'étendue dans laquelle les poissons étaient renfermés, on parvenait à les retenir sur un fond recouvert uniquement par quatre brasses d'eau : alors on jetait dans ce parc maritime un grand boulier i, espèce de seine, dont le milieu est garni d'une manche. Les thons, après avoir tourné autour de ce filet, dont les ailes sont courbes, s'enfonçaient dans la poche ou manche; on amenait, à force de bras, le boulier sur le rivage; on prenait les petits poissons avec la main, les gros avec des crochets : on les char- geait sur les bateaux pêcheurs, et on les transportait au port de Collioure. Une seule pêche produisait quelquefois plus de quinze mille myriagrammes de thons ; et pendant un printemps dont on a conservé avec soin le souvenir, on prit dans une seule journée seize mille thons, dont chacun pesait de dix à quinze kilogrammes. Il est des parages dans la Méditerranée où l'on se sert, pour prendre des thons, d'un filet auquel on a donné le nom de scombrière, de combrière, de courantille, qu'on aban- donne aux courants, et qui va pour ainsi dire au-devant de ces scombres, lesquels s'en- gagent et s'embarrassent dans ses mailles. Mais hâtons-nous de parler du moyen le plus puissant de s'emparer d'une grande quantité de ces animaux si recherchés; occupons- nous d'une des pêches les plus importantes de cellesqui ontlieu dans la mer; jetons les yeux sur la pêche pour laquelle on emploie la madrague. Nous en avons déjà dit un mot en traitant de la raie mobular; tâchons de la mieux décrire. On a donné le nom de madrague "i à un grand parc qui reste construit dans la mer, au lieu d'être établi pour chaque pêche, comme les thonnaires. Ce parc forme une vaste enceinte distribuée en plusieurs chambres, dont les noms varient suivant les pays : les cloisons qui forment ces chambres sont soutenues par des flottes de liège, étendues par un lest de pierres, et maintenues par des cordes dont une extrémité est attachée à la tête du filet, et l'autre amarrée à une ancre. Comme lesmadragues sont destinées à arrêter les grandes troupes de thons, au moment I On appelle boulier, sur la côte voisine de Narbonne et sur plusieurs autres côtes de la Méditerra- née, un filet semblable liVuissnugiu'" ^ et formé de deux bras qui aboutissent à une manche. Son en- semble est composé de plusieurs pièces dont les mailles sont de différentes grandeurs. Pour faire les bras, on assemble, 1» douze pièces, dites atlas^ dont les mailles sont de cinq centimètres en carré; 2» quatorze pièces, dites de deux doigts, dont les mailles ont trente-sept millimètres en quarré ; et 3" dix pièces de pousal, pousaux, pouceaux, dont les mailles ont près de deux centimètres d'ouverture. Tout cet assemblagi^ adepuiscent vingt jusqu'à cent quatre-vingts brases de longueur. Quant au corps de la manche, qu'on nomme aussi bourse ou coup, il est composé de six pièces, dites de quatre-vingts, dont chaque maille a douze millimètres d'ouverture, et secondement, de huit pièces appelées de brassade, dont les mailles sont à peu près de huit millimètres. îLemot de madrague ou de mandrague, doit avoir été employé par des 3Iarseillais descendus desPho- ceens, à cause du mot /JLXvâpa, mandra, qui signifie pa^c, enclos, enceinte. . * AissAUGUE ou ESsAUGUE, sorte.de seine ou de Hiet en nappe, en usage dans la Méditerranée, et qui a, au mi- lieu de sa largeur, une espèce de sac ou de poche. 158 HISTOIRE NATURELLE où elles ahaiidouiieiil les rivages pour voguer en pleine mer, on établit entre la rive et la grande enceinte une de ces longues allées que l'on appelle chasses : les thons suivent cette allée, arrivent à la madrague, passent de chambre en chambre, parcourent quelquefois, de compartiment en compartiment, une longueur de plus de mille brasses, et parviennent enfin à la dernière chambre, que l'on nomme chambre de la mort, ou corpon, ou corpou. Pour forcer ces scombres à se rassembler dans ce corpou qui doit leur être si funeste, on les pousse et les presse, pour ainsi dire, par un lilet long de plus de vingt brasses i, que l'on tient tendu derrière ces poissons par le moyen de deux bateaux, dont chacun sou- tient un des angles supérieurs du filet, et que l'on fait avancer vers la chambre de la mort. Lorsque les poissons sont ramassés dans ce corpou, plusieurs barques chargées de pécheurs s'en approchent; on soulève les filets qui composent cette enceinte particulière, on fait monter les scombres très-près de la surface de l'eau, on les saisit avec la main, ou on les enlève avec des crocs. La curiosité attire souvent un grand nombre de spectateurs autour de la madrague; on y accourt comme à une fête; on rassemble autour de soi tout ce qui peut augmenter la vivacité du plaisir; on s'entoure d'instruments de musique : et quelles sensations fortes et variées ne font pas en effet éprouver l'immensité de la mer, la pureté de l'air, la dou- ceur de la température, l'éclat d'un soleil vivifiant que les flots mollement agités réflé- chissent et multiplient, la fraîcheur des zéphyrs, le concours des bâtiments légers, l'agilité des marins, l'adresse des pêcheurs, le courage de ceux qui combattent contre d'énormes animaux rendus plus dangereux par leur rage désespérée, les élans rapides de l'impa- tience, les cris de la joie, les acclamations de la surprise, le son harmonieux des cors, le retentissement des rivages, le triomphe des vainqueurs, les applaudissements de la multi- tude ravie! Mais nous, qui écrivons dans le calme d'une retraite silencieuse l'histoire de la Nature, n'abandonnons point notre raison au charme d'un spectacle enchanteur; osons, au milieu des transports de la joie, faire entendre la voix sévère de la philosophie; et si les lois conservatrices de l'espèce humaine nous commandent ces sacrifices sans cesse renouvelés de milliers de victimes, n'oublions jamais que ces victimes sont des êtres sensibles; ne cédons à la dure nécessité que ce qu'il nous est impossible de lui ravir; n'augmentons pas par des séductions que des jouissances plus douces peuvent si facilement remplacer, le penchant encore trop dangereux qui nous entraîne vers une des passions les plus hideuses, vers une cruelle insensibilité; effaçons, s'il est possible, du cœur de l'homme cette empreinte encore trop profonde de la féroce barbarie dont il a eu tant de peine à secouer le joug; enchaînons cet instinct sauvage qui le porte encore à ne voir la conservation de son existence que dans la destruction; que les lumières de la civilisation l'éclairent sur sa véritable félicité; que ses regards avides ne cherchent jamais les horreurs de la guerre au milieude la paix desplaisirs, les agitations de la souffrance à côtédu calme du bonheur, la rage de la douleur auprès du délire de la joie; qu'il cesse d'avoir besoin de ces contras- tes horribles; et que la tendre pitié ne soit jamais contrainte de s'éloigner, en gémissant, de la pompe de ses fêtes. Au reste, il n'est pas surprenant que, depuis un grand nombre de siècles, on ait cher- ché et employé un gi and nombre de procédés pour la pêche des thons : ces scombres, en procurant un aliment très-abondant, donnent une nourriture très-agréable. On a compai'é le goût de la chair de ces poissons à celui des acipensères esturgeons, et par conséquent à celui du veau, lis engraissent avec facilité; et l'on a écrit quil se ramassait quelquefois une si grande quantité de substance adipeuse dans la partie inférieure de leur corps, que les téguments de leur ventre en étaient tendus au point d'être aisément déchirés par de légers frottements. Ces poissons avaient une grande valeur chez les Grecs et chez les autres anciens habitants des rives de la Méditerranée, de la Propontide, de la mer Noire; et voilà pouicjuoi, dès une époque bien reculée, ils avaient été observés avec assez de soin pourque leurs habitudesfussenlbien connues. Les Romainsontaltaché particulièrement un grand piix à ces scombres, surtout lorsque asservis sous leurs empereurs, ils ont voulu remplacer pai- les jouissances du luxe les plaisirs de la gloire et de la liberté; et comme nous ne cioyons pas inutile aux progrès de la morale et de l'économie publique, d'indiquer à ceux qui cultivent ces sciences si importantes, toutes les particularités de ce goût si marqué que nous avons observé dans les anciens pour les aliments tirés des poissons, I On iiDînmc !i' rikl enfj'irro, DES POISSONS. 439 nous ne passerons pas sous silence les petits détails que Pline nous a transmis sur la préférence que les Romains de son temps donnaient à telle ou telle portion des scombres auxquels cet article est consacré. Ils estimaient beaucoup la tète et le dessous du ventre; ils recherchaient aussi le dessous de la poitrine, qu'ils regardaient cependant comme dif- ficile à digérer, surtout quand il n'était pas très-frais; ils ne faisaient presque aucun cas des morceaux voisins de la nageoire caudale, parce qu'ils ne les trouvaient pas assez gras; et ce qu'ils préféraient à plusieurs autres aliments, était la portion la plus proche du gosier ou de l'œsophage. Ces mêmes Romains savaient fort bien conserver les thons, en les coupant par morceaux, et en les renfermant dans des vases remplis de sel ; et ils don- naient à cette préparation le nom de Mèlandrye {melandrya), à cause de sa ressemblance avec des copeaux un peu noircis de chêne, ou d'autres arbres. Les modernes ont employé le même procédé. Rondelet dit que ses contemporains coupaient les thons qu'ils voulaient garder par tranches ou darnes, et qu'on donnait à ces darnes imbibées de sel le nom de Thonnine ou de Tarentella, parce qu'on en apportait beaucoup de Tarente. Très-souvent, au lieu de se contenter de saler les thons par des moyens à peu près semblables àceuxque nous avons exposés en traitant du gade morue, on les marine après les avoir coupés par tronçons, et en les préparant avec de l'huile et du sel. On renferme les thons marines dans des barils; et on distingue avec beaucoup de soin ceux qui contiennent la chair du ventre, préférée aujourd'hui par les Européens comme autrefois par les Romains, et nommés panse de thon, de ceux dans lesquels on a mis la chair du dos, que l'on appelle dos de thon, ou simplement thonnine. Comme les thons sont ordinairement très-gras, il se détache de ces poissons, lorsqu'on les lave et qu'on les presse pour les saler, une huile communément assez abondante, qui surnage promptement, que l'on ramasse avec facilité, et qui est employée par les tanneurs. Il est des mers dans lesquelles ces scombres se nourrissent de mollusques assez malfai- sants pour faire éprouver des accidents graves à ceux qui mangent de ces poissons sans avoir pris la précaution de les faire vider avec soin, et même pour contracter dans des portions de leurs corps réparées pendant longtemps par des substances vénéneuses, des qualités très-funestes : tant il semble que sur toutes ses productions, comme dans tous ses phénomènes, la nature préservatrice ait voulu placer un emblème de la prudence tutélaire, en nous montrant sans cesse l'aspic sous les fleurs, et l'épine sur la tige de la rose. LE SCOMBRE GERMON. Scomber Germo, Lacep.j Scomber Alatunga, Linn., Gmel. i. Cette espèce de scombre a été jusqu'à présent confondue par les naturalistes, ainsi que par les marins, avec les autres espèces de son genre. Elle mérite cependant à beaucoup d'égards une attention particulière, et nous allons tâcher de la faire connaître sous ses véritables traits, en présentant avec soin les observations manuscrites que Commerson nous a laissées au sujet de cet animal. Le germon, dont la grandeur approche de celle des thons, a communément plus d'un mètre de longueur; et son poids presque toujours au-dessus d'un myriagramme, s'étend quelquefois jusqu'à trois. Sa couleur est d'un bleu noirâtre sur le dos, d'un bleu très-pur et très-beau sur le haut des côtés, d'un bleu argenté sur le bas de ces mêmes côtés, et d'une teinte argentée sans mélangé sur sa partie inférieure. On voit, sur le ventre de quel- ques individus, des bandes transversales; mais elles sont si fugitives, qu'elles disparaissent avec rapidité lorsque le scombre expire, et même lorsqu'il est hors de l'eau depuis quel- ques instants. L'animal est allongé et un peu conique à ses deux extrémités ; la tête revêtue de lames écailleuses, grandes et brillantes; le corps recouvert, ainsi que la queue, d'écaillés petites, pentagones, ou plutôt presque arrondies. Un seul rang de dents garnit chacune des deux mâchoires, dont l'inférieure est d'ailleurs plus avancée que la supérieure. L'intérieur de la bouche est noirâtre dans son contour; la langue courte, un peu large, arrondie par devant, cartilagineuse et rude; le palais raboteux comme la langue; l'ouver- ture de chaque narine réduite à une sorte de fente; chaque commissure marquée par i M. Cuvier forme avec ce poisson et quelques autres un sous-genre de Scombres, sous le nom de Germon Orcynus. Il lui attribue la synonymie suivante : Alatunga des Italiens. — Duhamel, sect. 7, pi. 6, fig. 1, sous le faux nom deThon. — Willughby, Append., pi. 9, fig. 1. D. 140 HISTOIRE N^ATURELLE une prolongation Iriangulaiic de la niàchoiie supéiieure; lœil grand et un peu convexe; l'opercule hianchial composé de deux pièces dénuées d'écaillés semblables à celles du dos, resplendissantes de l'éclat de l'argent, et dont la seconde s'étend en croissant autour de la première et en borde le contour postérieur. On peut voir au-dessous de cet opercule une membrane branchiale blanchàti-e dans sa circonférence, et noirâtre dans le reste de sa surface; un double rang de franges compose chacune dts quatre branchies : l'os demi-circulaire du premier de ces organes respira- toires présente des dénis longiies et fortes, arrangées comme celles d'un peigne : l'os du second n'en oiïre que de moins grandes; et l'arc du troisième ainsi que celui du qua- trième ne sont que raboteux. Les nageoires pectorales ont une largeur égiile au douzième, ou à peu près, de la lar- geur totale du scombre ; leur longueur est telle, qu'elles dépassent l'ouverture de l'anus, et parviennent jusqu'aux premières petites nageoires du dessous de la queue. Elles sont de plus en forme de faux, fortes, roides, et, ce qu'il faut surtout ne pas négliger d'observer, placées chacuiio au-dessus d'une fossette, ou d'une petite cavité imprimée sur le côté du poisson, de la même grandeur et de la même figuie que cet instrument de natation, et dans laquelle celle nageoire est reçue en partie lorsqu'elle est en repos. Un appendice charnu occupe d'ailleurs, si je puis employer ce mol, l'aisselle supéiieure de chaque pectorale. Une fossette analogue est pour ainsi dire gravée au-dessous du corps, pour loger les nageoires thoracines, qui sont situées au-dessous des pectorales, et qui, presque brunes à l'intérieui', réfléchissent à l'extérieur une belle couleur d'argent. La première nageoire dorsale s'élève au-dessus d'un sillon longitudinal dans lequel l'animal peut la coucher; et elle s'avance comme une faux vers la queue. La seconde, presque entièrement semblable à celle de l'anus, au-dessus de laquelle on la voii,par sa rigidité, ses dimensions, sa figure et sa couleur, est petite et souvent rougeâ- Ire ou dorée. Les petites nageoires du dessus et du dessous de la queue sont triangulaires, et au nombre de huit ou de neuf dans le haut, ainsi que dans le bas. Ce non\bre paraît être très-constant dans les individus de l'espèce que je décris , puisque Commeison assure l'avoir toujours trou\é, et cependant avoir examiné plus de vingt germons. La nageoire de la queue, découpée comme un croissant, est assez grande pour qiie la dislance, en ligne droite, d'une exirémilè du croissant à l'autre, soit quelquefois égale au tiers de la longueur totale de l'animal. Le thon a également et de même que presque tous les scombres, une nageoire caudale très-étendue; et nous avons vu, dans l'arlicle précé- dent, les efîels très-curieux qui résultent de ce développement peu ordinaire du principal instrument de natation. La ligne latérale, fléchie en divers sens juqu'au-dessous de la seconde nageoire du dos, leiid ensuite directement vers le milieu de la nageoire caudale. On voit enfin de chaque côté de la queue, la peau s'élever en forme de carène longitudi- nale; et celle forme est donnée h ce tégument, par un cartilage qu'il lecouvre, et qui ne contribue pas peu à la rapidité avec laquelle le germon s'élance au milieu ou à la surface des eaux. Jetons maintenant un coup d'o'il sur la conformation intéiieure de ce scombre. Le cœur est triangulaire, rougcàtre, assez grand, à un seul mais très-petit ventricule; l'oreillclte grande et tiès-rouge; le commencement de l'aorle blanchàire, et en forme de bulbe; le foie d'un rouge pâle, liajiézoïde, convexe sur une de ses surfaces, hérissé de pointes vers une extrémité, garni de lobules à l'extrémilè opposée, creusé à l'extérieur par ))lusieui's ciselures, et composé à l'intérieur de tubes vcrmiculaires, droits, parallèles les uns aux autres, et exhalant une humeur jaunâtre par des conduits communs ; la rate allongée comme une languette, noirâtre, et suspendue sous le côlé dioit du foie; la vésicule du fiel conformée presque comme un lombric, plus grosse par un bout que par l'autre, égale en longueur au tiers de la lon^^ueui- totale du j)oisson, appliquée contre la rate, et remplie d'un suc très-verl; l'estomac sillonné par des rides longitudinales; le canal intestinal deux fois replié; le péritoine brunâtre; et la vessie natatoire longue, large, attachée au dos et argentée. Commerson a observé le germon dans le grand Océan austral, improprement appelé mer Pacifique, vers le vingt-septième degré de latitude méridionale, et le cent troisième de longitude. Il vit pour la première fois celte espèce de scombre dans le voyage qu'il fît sur cet DES POISSONS. 141 Océan, avec notre célèbre navigateur et mon savant confrère Bougainville. Une troupe très-nombreuse d'individus de cette espèce de scombre entoura le vaisseau que montait Commerson, et leur vue ne fut pas peu agréable à des matelots et à des passagers fatigués par l'ennui et los privationsinséparabiesd'unelonguenavigation.Ontendittoutdesuitedes cordes garnies d'hameçons; et on prit très-promptement un grand nombre de ces poissons, dont le plus petit pesait plus d'un myriagramme, et le plus gros plus de trois. A peine ces Ihoracins étaient-ils hors de l'eau, qu'ils mouraient au milieu des tremblements et des soubresauts. Les marins, rassasiés de l'aliment que ces animaux leur fournirent, cessè- rent d'en prendre : mais les troupes de germons, accompagnant toujours le vaisseau, furent, pendant les jours suivants, l'objet de nouvelles pêches, jusqu'à ce que, les mate- lots se dégoûtant de celte sorte de nourriture, les pêcheurs manquèrent aux poissons, dit le voyageur naturaliste, mais non pas les poissons aux pêcheurs. Le goût de la chair des germons était très-agréable, et comparable à celui des thons et des bonites; et quoi- que les matelots en mangeassent jusqu'à satiété, aucun d'eux n'en éprouva l'incommodité la plus légère. Commerson ajoute à ce qu'il dit des germons une observation générale que nous croyons utile de rapporter ici. Il pense que tous les navires ne sont pas également suivis par des colonnes de scombres ou d'autres poissons analogues à ces légions de germons dont nous venons de parler; il assure même qu'on a vu, lorsque deux ou plusieurs vaisseaux voguaient de conserve, les poissons ne s'attacher qu'à un seul de ces bâtiments, ne le jamais quitter pour aller vers les autres, et donner ainsi à ce bâtiment favorisé une sorte de privilège exclusif pour la pêche. Il croit que cette préférence des troupes de poissons pour un navire dépend du plus ou moins de subsistance qu'ils trouvent à la suite de ce vaisseau, et sur- tout de la saleté ou de l'état extérieur du bâtiment au-dessous de sa ligne de flottaison. Il lui a semblé que les navires préférés étaient ceux dont la carène avait été réparée le plus anciennement, ou qui venaient de servir à de plus longues navigations : dans les voyages de long cours, il s'attache sous les vaisseaux, des fucus, des goémons, des coral- lines, des pinceaux de mer, et d'autres plantes ou animaux marins qui peuvent servir à nourrir les poissons et doivent les attirer avec force. Au reste, Commerson remarque, ainsi que nous l'avons observé àTarticle du thon, que parmi les causes qui entraînent les poissons auprès d'un vaisseau, il faut compter l'ombre que le corps du bâtiment et sa voilure répandent sur la mer; et dans les climats très-chauds, on voit, dit-il, pendant la plus grande chaleur du jour, ces animaux se ranger dans la place plus ou moins étendue que le navire couvre de son ombre. LE SCOMBRE THAZARD. Scomber Tliazard, Lacep. i. Ce nom de Tliazard a été donné à des ésoses, à des dupées, et à d'autres scombres que celui dont nous allons parler : mais nous avons cru devoir, avec Commeison, ôter cette dénomination à toute espèce de scombre, excepté à celle que nous allons faire connaître. La description de ce poisson n'a encore été publiée par aucun naturaliste. Nous avons trouvé dans les papiers du célèbre compagnon de Bougainville, une figure de ce thazard, que nous avons fait graver, et une notice des formes et des habitudes de ce thoracin, de laquelle nous nous sommes servis pour composer l'article que nous écrivons, La grandeur du thazard tient le milieu entre celle de la bonite et celle du maquereau ; mais son corps, quoique très-musculeux, est plus comprimé que celui du maquereau, ou celui de la bonite. Sa couleur est d'un beau bleu sur la tète, le dos, et la portion supérieure des parties latérales; elle se change en nuances argentées et dorées, mêlées de tons fugitifs d'acier poli, sur les bas côtés et le dessous de l'animal. Au-dessous de chaque œil, on voit une tache ovale, petite, mais remarquable, et d'un noir bleuâtre. Les nageoires pectorales et les thoracines sont noirâtres dans leur partie supérieure, et argentées dans l'inférieure, la première nageoire du dos est d'un bleu brunâtre, et la seconde est presque brune. Au reste, on ne voit sur les côtés du thazard, ni bandes transversales, ni raies longi- tudinales. ! W. CuvI. r rapporte ce poisson au sous-genre Auxide, Auxis dans le grand genre Scombre. Son sous-genre Tassard, Cydium, comprend d'autres espèces. D. 142 HISTOIRE NATURELLE La tête, un peu conique, se termine insensiblement en un museau presque aigu. La mâchoire supérieure, solide et non extensible, est plus courte que l'inférieure, et paraît surtout moins allongée lorsque la bouche est ouverte. Les dents qui garnissent l'une et l'autre de ces deux mâchoires sont si petites, que le tact seul peut en quelque sorte les distinguer. L'ouverture de la bouche est communément assez étroite pour ne pouvoir pas admettre de proie plus volumineuse que de petits poissons volants ou jeunes exocets. Les commissures sont noii'ûtres; l'intérieur de la gueule est d'un brun argenté; la langue, assez large, presque cartilagineuse, très-lisse, et arrondie par devant, présente, dans la partie de sa circonférence qui est libre, deux bords dont l'un est relevé, et dont l'autre s'étend horizontalement; deux faces qui se réunissent en formant un angle aigu, composent la voûte du palais, qui, d'ailleurs, est sans aucune aspérité. Chaque narine a deux orifices : l'antérieur est petit et arrondi, le postérieur plus visible et allongé. Les yeux sont très-grands et sans voile. L'opercule, composé de deux lames, recouvre quatre branchies, dont chacune com- prend deux rangs de franges, et est soutenue par un os circulaire dont la partie concave offre des dents semblables à celles d'un peigne, très-longues dans le premier de ces orga- nes, moins longues dans le second et le troisième, très-courtes dans le quatrième. La tête ni les opercules ne sont revêtus d'aucune écaille proprement dite : on ne voit de ces écailles que sur la partie antérieure du dos et autour des nageoires pectorales ; et celles qui sont placées sur ces portions du scombre, sont petites et recouvertes par l'épiderme. La partie postérieure du dos, les côtés, et la partie inférieure de l'animal, sont donc dénuées d'écaillés, au moins de celles que l'on peut apercevoir facilement pen- dant la vie du poisson. Les pectorales, dont la longueur excède à peine celle des thoracines, sont reçues cha- cune, à la volonté du thazard, dans une sorte de cavité imprimée sur le côté du scombre. Nous devons faire remarquer avec soin qu'entre les nageoires thoracines se montre un cartilage xiphoïde, ou en forme de lame, aussi long que ces nageoires, et sous lequel l'animal peut les plier et les cacher en partie. La première dorsale peut être couchée et comme renfermée dans une fossette longitu- dinale; la caudale, ferme et roide, présente la forme d'un croissant très-allongé. Huit ou neuf petites nageoires triangulaires et peu flexibles sont placées entre cette caudale et la seconde dorsale; on en compte sept entre cette même caudale et la nageoire de l'anus. De chaque côté de la queue, la peau s'élève en carène demi-transparente, renfermée par derrière entre deux lignes presque parallèles; et la vigueur des muscles de cette por- tion du thazard, réunie avec la rigidité de la nageoire caudale, indique bien clairement la force de la natation et la rapidité de la course de ce scombre. On ne commence à distinguer la ligne latérale qu'à l'endroit où les côtés cessent d'être garnis d'écaillés proprement dites : composée vers son origine de petites écailles qui deviennent de plus en plus clair-semées, à mesure que son cours se prolonge, elle tend par de faibles ondulations, et toujours plus voisine du dos que de la partie inférieure du poisson, jusqu'à l'appendice cutané de la queue. L'individu de l'espèce du thazard observé par Commerson avait été pris, le 30 juin 4768, vers le septième degré de latitude australe, auprès des rivages de la Nouvelle Guinée, pendant que plusieurs autres scombres de la même espèce s'élançaient, à plusieurs repri- ses, à la surface des eaux, et derrière le navire, pour y saisir les petits poissons qui suivaient ce bâtiment. Le goût de cet individu parut à Commerson aussi agréable que celui de la bonite ; mais la chair de la bonite est très-blanche, et celle de ce thazard était jaunâtre. Nous allons voir, dans l'article suivant, les grandes différences quiséparentces deux espèces l'une de l'autre. LE SCOMBRE BONITE. Scomber Pelamys, Linn., Gmel., Cuv. ; Scomber Pelamides, Lacep. i. La bonilea été aussi appelêeP^/ajnîrfe; mais nousavons dû préférer la première dénomina- tion. Plusieurs siècles avant Pline, les jeunes thons qui n'avaient pas encore atteint l'âge d'un an étaient déjà nommes Pelamides; et ilfautévitertoutcequipeut faire confondre une espèce avec une autre. D'ailleurs, ce mot Pélamide, employé par plusieurs des auteurs t Du sous-gcnrc des Thons duns lii grand genre Scombre, Cuv, 1>. DES POISSONS. 145 qui ont écrit sur l'histoire naturelle, est à peine connu des marins, tandis qu'il n'est presque aucun récit de navigation lointaine dans lequel le nom de Bonite ne se retrouve fréquemment. Avec combien de sensations agréables ou fortes cette expression n'est-elle donc pas liée! Combien de fois n'a-t-elle pas frappé l'imagination du jeune homme avide de travaux, de découvertes et de gloire, assis sur un promontoire escarpé, dominant sur la vaste étendue des mers, parcourant l'immensité de l'Océan par sa pensée, et suivant autour du globe, par ses désirs enllammés, nos immortels navigateurs! Combien de fois la mémoire fidèle ne l'a-t-elle pas retracée au marin intrépide et fortuné, qui, forcé par l'âge de ne plus chercher la renommée sur les eaux, rentré dans le port paré de ses trophées, contemplant d'un rivage paisible l'empire des orages qu'il a si souvent affrontés, rappelle à son âme satisfaite le charme des espaces franchis, des fatigues supportées, des obstacles écartés, des périls surmontés, des plages découvertes, des vents enchaînés, des tempêtes domptées! Combien de fois n'a-t-elle pas ému, dans le silence d'une retraite champêtre, le lecteur paisible, mais sensible, que le besoin heureux de s'instruire, ou l'envie de répandre les plaisirs variés de l'occupation de l'esprit sur la monotonie de la solitude, sur le calme du repos, sur l'ennui du désœuvrement, attachent, pour ainsi dire et par une sorte d'enchantement irrésistible, sur les pas des hardis voyageurs ! Que de douces et de vives jouissances! Et pourquoi laisser échapper un seul des moyens de les reproduire, de les multiplier, de les étendre, d'en embellir l'étude de la science que nous cultivons? Cette bonite dont le nom est si connu, est cependant encore assez mal connue elle- même : heureusement Commerson, qui l'a observée en habile naturaliste dans ses formes et dans ses habitudes, nous a laissé dans ses manuscrits de quoi compléter l'image de ce scombre. L'ensemble formé par le corps et la queue de l'animal, musculeux, épais et pesant, finit par derrière en cône. Le dessus de la tête, le dos, les nageoires supérieures, sont d'un bleu noirâtre; les côtés sont bleus; la partie inférieure est d'un blanc argentin : quatre raies longitudinales un peu larges, et d'un brun noirâtre, s'étendent de chaque côté au-dessous de la ligne latérale, et sur ce fond que nous venons d'indiquer comme argenté, et que Commerson a vu cependant brunâtre dans quelques individus; les nageoires thoracines sont brunes; celle de l'anus est argentée; l'intérieur de la gueule est noirâtre; et ce qui est assez remarquable, c'est que l'iris, le dessous de la tête, et même la langue, paraissent, suivant Commerson, revêtus de l'éclat de l'or. Parlons maintenant des formes de la bonite. La tête, ayant un peu celle d'un cône, est d'ailleurs lisse, et dénuée d'écaillés propre- ment dites. Un simple rang de dents très-petites garnit la mâchoire supérieure, qui n'est point extensible, et l'inférieure, qui est plus avancée que celle d'en haut. L'ouverture de la bouche a la grandeur nécessaire pour que la bonite puisse avaler facilement un exocet. La langue est petite, étroite, courte, maigre, demi-cartilagineuse, relevée dans ses bords; la voûte du palais très-lisse; l'orifice de chaque narine voisin de l'œil, unique, et fait en forme de ligne longue très-étroite et verticale; l'œil très-grand, ovale, peu convexe, sans voile; l'opercule branchial composé de deux lames arrondies par derrière, dénuées de petites écailles, et dont la postérieure embrasse celle de devant. Des dents arrangées comme celles d'un peigne garnissent l'intérieur des arcs osseux qui soutiennent les branchies; elles sont très-longues dans les arcs antérieurs. Les écailles qui recouvrent le corps et la queue, sont petites, presque pentagones, et fortement attachées les unes au-dessus des autres. Chacune des nageoires pectorales , dont la longueur est à peine égale à la moitié de l'espace compris entre leur base et l'ouverture de l'anus, peut être reçue dans une cavité gravée, pour ainsi dire, sur la poitrine de l'animal, et dont la forme ainsi que la grandeur sont semblables à celles de la nageoire. On voit une fossette analogue propre à recevoir chacune des thoracines, au-dessous desquelles on peut reconnaître l'existence d'un cartilage caché par la peau. La nageoire de l'anus est la plus petite de toutes. La première du dos, faite en forme de faux, et com- posée uniquement de rayons non articulés, peut être couchée à la volonté de la bonite, et, pour ainsi dire, entièrement cachée dans un sillon longitudinal; la seconde dorsale, placée presque au-dessus de celle de l'anus, est à peine plus avancée et plus grande que cette dernière. La nageoire de la queue paraît très-forte, et représente un croissant dont les deux cornes sont égales et très-écartées. Entre celte nageoire et la seconde du dos, on voit huit petites nageoires; on n'en trouve 14i HISTOIRE NATURELLE que sept au-dessous de la queue : mais il laut observer que, dans quelques individus, le dernier lobe de la seconde dorsale, et celui de la nageoire de l'anus, ont pu être con- formés de manière h. ressembler beaucoup à une petite nageoire; et voilà pourquoi on a cru devoir compter neuf petites nageoires au-dessus et huit au-dessous de la queue de la bonite. Les deux côtés de cette même queue présentent un appendice cartilagineux, un peu diaphane, élevé en carène, et suivi de deux stries longitudinales qui tendent à se rappro- cher vers la nageoire caudale. La ligne latérale, à peine sensible dans son origine, fléchie ensuite plus d'une fois, devient droite, et s'avance vers l'exlrémilé de la queue. La bonile a presque toujours plus de six décimètres de longueur, elle se nourrit quel- quefois de plantes marines et d'animaux à coquille, dont Commerson a trouvé des frag- ments dans l'intérieur de ])hisieurs individus de cette espèce qu'il a disséqués; le plus souvent néanmoins elle préfère des exocets ou des triures. On la rencontre dans le gi-and Océan, aussi bien que dans l'Océan Atlantique; mais on ne la voit communément que dans les enviions de la zone torride : elle y est la victime de plusieurs grands animaux marins; elle y périt aussi très-fréquemment dans les rets des navigateurs, qui trouvent le goût de | sa chair d'autant plus agréable, que lorsqu'ils prennent ce scombre, ils ont été commu- I nément privés depuis plusieurs jours de nourriture fiaîche; et, poisso)i misérable, pour ' employer l'expression de Commerson, elle porte dans ses entrailles des ennemis très- nombreux; ses intestins sont remplis de petits tœnia et d'ascarides : jusque sous sa plèvre et sous son péritoine, sont logés des vers cucurbitains très-blancs, très-petits, et très- mous; et son estomac renferme d'autres animaux sans vertèbres, que Commerson a cru devoir comprendre dans le genre des sangsues. Avant de terminer cet article, nous croyons utile de bien faire connaître quelques-unes des principales différences qui séparent la bonite du thazard, avec lequel on pourrait la confondre. Premièrement, la bonite a sur le ventre des raies noirâtres et longitudinales qui manquent sur le thazard. Deuxièmement, son corps est plus épais et moins arrondi. Troisièmement, elle n'a pas, comme le thazard, une tache bleue sous chaque œil. Qua- trièmement, elle est couverte, sur tout le corps et la queue, d'écaillés placées les unes au-dessus des autres : le thazard n'en montre d'analogues que sur le dos et quelques autres parties de sa surface. Cinquièmement, sa membrane branchiale est soutenue par sept rayons ; celle du thazard n'en comprend que six. Sixièmement, le nombre des rayons est différent dans les jjectorales ainsi que dans la première dorsale de la bonite, et dans les pectorales ainsi que dans la première dorsale du thazard. Septièmement, le cartilage situé au-dessous des thoracines est caché par la peau dans le thazard; il est à découvert dans la bonite, nuitièmemenl, la queue est plus profondément échancrée dans la bonile que dans le thazard. Neuvièmement, la ligne latérale diUere dans ces deux scombres, et par le lieu de son origine, et par ses sinuosités. Dixièniement, enfin, la couleur de la chair du Ihazaid est jaunâtre. Que l'on considère avec Commerson qu'aucun de ces caractères ne dépend de l'âge ni du sexe, et l'on sera convaincu avec ce naturaliste que la bonite est une espèce de scombre très-différente de celle du thazard décrite pour la première fois par ce savant voyageur. LE SCOMBRE SARDE. Scomber Sarda, Bloch, Laccp., Cuv. i. Le scombre sarde habile non-seulement dans laMcditerranée,mais encore dans l'Océan. On le pèche à la hauteur de Fiance et à celle d'Espagne, mais très-souvent à la distanci' de plusieuis myriamèlres des cotes. Oa le prend non-seulement au filet mais encore à l'hameçon. Il est d'une voracité excessive. Son poids s'élève jusqu'à cinq ou six kilo- grammes. Sa chair est blanche et grasse. Il a la langue lisse; mais on peut voir, de chaque côté du palais, un os long, étroit, et garni de dents petites et pointues. Son anus est deux fois plus près de la caudale que de la tète. La couleur générale du poisson varie entre le bleu et l'argenté. La première nageoire du dos est noirâtre; les autres nageoires sont d'un gris mêlé quelquefois avec des teintes jaunes. \ M. Cuvier fait une petite division de cette espèce sôus le nom de Sarde, Sarda, dans le grand genre Scombre. D. DES POISSONS. 145 LE SCOMBRE ALATUNGA. Scomber Alatunga, Linn., Gmel. i. Ce scombre, dont les naturalistes doivent la première description au savant Cettl, auteur de V Histoire des Poissons et des Amphibies de la Sardaigne, vit dans la Méditer- ranée comme le thon. On l'y voit, de même que ce dernier poisson, paraître régulière- ment à certaines époques; et cette espèce se montre également en troupes nombreuses et bruyantes. Sa chair est blanche et agréable au goût. L'alatunga a d'ailleurs beaucoup de rapports dans sa conformation avec le thon; mais il ne parvient ordinairement qu'au poids de sept ou huit kilogrammes. Il n'a quesept petites nageoires au-dessus et au-dessous de la queue; et ses nageoires pectorales sont si allongées qu'elles atteignent jusqu'à la seconde nageoire dorsale. Au reste, il est aisé de voir que presque tous ses traits, et par- ticulièrement le dernier, le séparent de la bonite et du th;izard, aussi bien que du thon ; et la longueur de ses pectorales ne peut le faire confondre dans aucune circonstance avec le germon, puisque le germon a huit ou neuf petites nageoires au-dessus ainsi qu'au-des- sous de la queue, pendant que l'alatunga n'en a que sept au-dessous et au-dessus de celte même partie. Il est figuré dans les peintures sur vélin que l'on possède au Muséum d'histoire naturelle, et qui ont été faites d'après les dessins de Plumier, sous le nom de Thon de l'Océan [thxjnnus océaniens), vulgairement Germon. Sa mâchoire inférieure est plus avancée que la supérieure, et sa ligne latérale tortueuse. LE SCOMBRE CHINOIS. Scomber Sinensis, Lacep. 2. Ce scombre n'a encore été décrit par aucun naturaliste européen. Nous en avons trouvé une image très-bien peinte dans le recueil chinois dont nous avons déjà parlé plusieurs fois : il est d'un violet argenté dans sa partie supérieure, et rougeâtre dans sa partie infé- rieure. Sept petites nageoires sont placées entre la caudale et la seconde du dos : on en voit sept autres au-dessous de la queue. Les pectorales sont courtes; la caudale est très- échancrée. La ligne latérale est saillante, sinueuse dans tout son cours; et indépendam- ment de son ondulation générale, elle descend assez bas après avoir dépassé les pectora- les, et se relève un peu ensuite. On n'aperçoit pas de raies longitudinales sur les côtés de l'animal. LE SCOMBRE ATUN. Scomber Atun, Lacep. 0. Le voyageur Euphrasen, en allant de Suède à Canton, et de Canton en Suède, en 1782 et 1785, a vu près du cap de Bonne-Espérance, et dans les eaux de l'île de Java, le Scombre atun, dont la longueur est quelquefois de plus d'un mètre; la tète comprimée; le museau allongé et pointu; la mâchoire supérieure garnie non-seulement d'un rang de dents, mais encore de quatre dents aiguës et plus fortes, placées à son extrémité; l'œil ovale; l'iris cendré; la caudale fourchue. LE SCOMBRE MAQUEREAU. Scomber Scombrus, Linn., Gmel., Lacep., Cuv. 4. Lorsque nous avons voulu parcourir, pour ainsi dire, toutes les mers habitées par les légions nombreuses et rapides de thons, de germons, de thazards, de bonites, et des autres scombres que nous venons d'examiner, nous n'avons eu besoin de nous élever par la force de la pensée, qu'au-dessus des portions de l'Océan qu'environnent les zones tor- rides et tempérées. Pour connaître maintenant, observer et comparer tous les climats sous lesquels la nature a placé le scombre maquereau, nous devons porter nos regards bien plus loin encore. Que notre vue s'étende jusqu'au pôle du globe, jusqu'à celui autour duquel scintillent les deux ourses. Quel spectacle nouveau, majestueux, terrible, va paraître à nos yeux! Des rivages couverts de frimas amoncelés et de glaces éternelles, unissent, sans les distinguer, une terre qui disparaît sous des couches épaisses de neiges endurcies, à une mer immobile, froide, gelée, solide dans sa surface, et surchargée au loin d'énormes glaçons entassés en montagnes sinueuses, ou élevés en pics sourcilleux. I Selon M. Cuvier, cette espèce ne diffère pas du Germon décrit plus haut, page 141. D. "2 M. Cuvier ne mentionne pas cette espèce. D. 5 M. Cuvier ne fait pas mention de cette espèce, D. 4 Le maquereau est le type d'un sous-genre particulier, dans le grand genre Scombre, selon M. Cuvier. D. U6 HISTOIRE NATURELLE Sur cet Océan endurci par le froid, chaque année ne volt régner qu'un seul jour; et pen- dant ce jour unique, dont la durée s'étend au delà de six mois, le soleil, peu exhaussé au-dessus de la surface des mers, mais paraissant tourner sans cesse autour de l'axe du monde, élevant ou abaissant perpétuellement ses orbes, mais enchaînant toujours ses cir- convolutions, commençant, toutes les fois qu'il répond au même méridien, un nouveau tour de son immense spirale, ne lançant que des rayons presque horizontaux et facilement réfléchis par les plans verticaux des éminences de glace, illuminant de sa clarté mille fois répétée les sommets de ces monts en quelque sorte cristallins, resplendissant sur leurs innombrables faces, et ne pénétrant quà peine dans les cavités qui les séparent, rend plus sensible par le contraste fiappant d'une lumière éclatante et des ombres épaisses, cet étonnant assemblage de sommités escarpées et de profondes anfractuosités. Cependant la même année voit succéder une nuit presque égale à ce jour. Une clarté nouvelle en dissipe les trop noires ténèbres : les ondes congelées renvoient, dispersent et multiplient dans l'atmosphère la lueur argentée de la lune qui a pris la place du soleil; et la lumière boréale étalant, au plus haut des airs, des feux variés que n'efface ou ne ternit plus l'éclat radieux de l'astre du joui-, répand au loin ses gerbes, ses faisceaux, ses flots enflammés, ses tourbillons rapides, et, dans une sorte de renversement remarquable, mon- tre dans un ciel sans nuages toute l'agitation du mouvement, pendant que la mer présente foute l'inertie du repos. Une teinte extraordinaire parait, et dans l'air, et sur les eaux, et sur de lointains rivages; un demi-jour, pour ainsi dire mystérieux et magique, règne sur un vaste espace immobile et glacé. Quelle solitude profonde! Tout se tait dans ce désert hor- rible. A peine, du moins, quelques échos funèbres et sourds répètent-ils faiblement et dans le fond de l'étendue, les gémissements rauques et sauvages des oiseaux d'eau égarés dans la nuit, affaiblis par le froid, tourmentés par la faim. Ce théâtre du néant se res- serre tout d'un coup; des brumes épaisses se reposent sur l'Océan; et la vue est arrêtée par de lugubres ténèbres. Cependant la scène va changer encore. Une tempête d'un nou- veau genre se prépare. Une agitation intestine commence; un mouvement violent vient de très-loin, se communique avec vitesse de proche en proche, s'accroît en s'étendant, soulève avec force les eaux des mers contre les voûtes qui les compriment ; un craque- ment affreux se fait entendre; c'est l'épouvantable tonnerre de ces lieux funestes; les efforts des ondes bouleversées redoublent; les monts de glace se séparent, et, flottant sur l'Océan qui les repousse, errent, se choquent, s'entr'ouvrent, s'écroulent en ruines, ou se dispersent en débris. C'est dans le sein même de cet Océan polaire, dont la surface vient de nous présenter l'effrayante image de la destruction et du chaos, que vivent, au moins pendant une sai- son assez longue, les troupes innombrables des scombres que nous allons décrire. Les diverses cohortes que forment leurs réunions, renferment dans ces mers arctiques d'au- tant plus d'individus, que, moins grands que les thons et d'autres poissons de leur gen- re, n'atteignant guère qu'à une longueur de sept décimètres, et doués par conséquent d'une force moins considérable, ils sont moins excités h se livrer les uns aux autres des combats meurtriers. El ce n'est pas seulement dans ces mers hyperboréennes que leurs légions comprennent des milliers d'individus. On les trouve également et même plus nombreuses dans presque toutes les mers chau- des ou tempérées des quatre parties du monde, dans le grand Océan, auprès du pôle an- tarctique, dans l'Atlantique, dans la Méditerranée, où leurs rassemblements sont d'au- tant plus étendus, et leurs agrégations d'autant plus durables, qu'ils paraissent obéir avec plus de constance que plusieurs autres poissons, aux diverses causes qui dirigent ou modifient les mouvements des habitants des eaux. Les évolutions de ces tribus marines sont rapides, et leur natation est très-prompte, comme celle de presque tous les autres scombres. La grande vitesse qu'elles présentent lorsqu'elles se transportent d'une plage vers une autre, n'a pas peu contribué à l'opinion adoptée presque universellement jusqu'à nos jours, au sujet do leurs changements |)ério(li(|ues d'habitation. On a cru presque généra- lement d'après des relations de pêclieurs rapportées par Anderson dans son Histoire naturelle de l' Islande, que le maquci'cau était soumis à des migrations régulières; on a pensé (|uc les individus de cette espèce qui passaient l'hiver dans un asile plus ou moins sûr auprès des glaces polaires, voyageaient pendant le printemps ou l'été jusque dans la Méditerranée. Tirant de fausses conséquences de faits mal vus et mal comparés, on a supposé la plus grande précision et pour les temps et pour les lieux, dans l'exécution de DES POISSONS. 147 ce transport successif et périodique de myriades de maquereaux depuis le cercle polaire jusqu'aux environs du tropique. On a indiqué l'ordre de leur voyage; on a tracé leur route sur les cartes; et voici comment la plupart des naturalistes qui se sont occupés de ces animaux, les ont fait s'avancer de la zone glaciale vers la zone torride, et revenir ensuite auprès du pôle, à leur habitation d'hiver. On a dit que, vers le printemps, la grande armée des maquereaux côtoie l'Islande, le Hittland, l'Ecosse et l'Irlande. Parvenue auprès de cette dernière île, elle se divise en deux colonnes : l'une passe devant l'Espagne et le Portugal, pour se rendre dans la Méditerranée, où il paraît qu'on croyait qu'elle terminait ses migrations; l'autre parais- sait, vers le mois d'avril, auprès des rivages de France et d'Angleterre, s'enfonçait dans la Manche, se montrait en mai devant la Hollande et la Frise, et arrivait en juin vers les côtes de Jutland. C'était dans cette dernière portion de l'Océan Atlantique boréal que celte colonne se séparait pour former deux grandes troupes voyageuses : la première se jetait dans la Baltique, d'où on n'avait pas beaucoup songé à la faire sortir; la seconde, moins déviée du grand cercle tracé pour la natation de l'espèce, voguait devant la Nor- wége, et retournait jusque dans les profondeurs ou près des rivages des mers polaires, chercher contre les rigueurs de l'hiver un abri qui lui était connu. Bloch et M. Noël ont très-bien prouvé qu'une route décrite avec tant de soin ne devait cependant pas être considérée comme réellement parcourue; qu'elle était inconciliable avec des observations sûres, précises, rigoureuses et très-multipliées, avec les époques auxquelles les maquereaux se montrent sur les divers rivages de l'Europe, avec les dimensions que présentent ces scombres auprès de ces mêmes rivages, avec les rapports qui lient quelques traits de la conformation de ces animaux à la température qu'ils éprou- vent, à la nourriture qu'ils trouvent, à la qualité de l'eau dans laquelle ils sont plongés. On doit être convaincu, ainsi que nous l'avons annoncé dans le Discours sur la nature des Poissons, que les maquereaux (et nous en dirons autant, dans la suite de cet ouvrage, des harengs, et des autres osseux que l'on a considérés comme contraints de faire pério- diquement des voyages de long cours), que les maquereaux, dis-je, passent l'hiver dans des fonds de la mer plus ou moins éloignés des côtes dont ils s'approchent vers le prin- temps; qu'au commencement de la belle saison, ils s'avancent vers le rivage qui leur convient le mieux, se montrent souvent, comme les thons, à la surface de la mer, parcou- rent des chemins plus ou moins directs, ou plus ou moins sinueux, mais ne suivent point le cercle périodique auquel on a voulu les attacher, ne montrent point ce concert régulier qu'on leur a attribué, n'obéissent pas à cet ordre de lieux et de temps auquel on les a dits assujettis. On n'avait que des idées vagues sur la manière dont les maquereaux étaient renfermés dans leur asile sous-marin pendant la saison la plus rigoureuse, et particulièrement auprès des contrées polaires. Nous allons remplacer ces conjectures par des notions précises. Nous devons cette connaissance certaine à l'observation suivante qui m'a été communiquée par mon respectable collègue, le brave et habile marin, le sénateur et vice-amiral Plé- ville-le-Peley. Le fait qu'il a remarqué est d'autant plus curieux, qu'il peut jeter un grand jour sur l'engourdissement que les poissons peuvent éprouver pendant le froid, et dont nous avons parlé dans notre premier Discours. Ce général nous apprend, dans une note manuscrite qu'il a bien voulu me remettre, qu'il a vérifié avec soin les faits qu'elle contient, le long des côtes du Groenland , dans la baie d'Hudson, auprès des rivages de Terre-Neuve, à l'époque où les mers commencent à y être navigables, c'est-à-dire vers le tiers du printemps. On voit dans ces contrées boréales, nous écrit le vice-amiral Plé- ville, des enfoncements de la mer dans les terres, nommés barachouas, et tellement cou- pés par de petites pointes qui se croisent, que dans tous les temps les eaux y sont aussi calmes que dans le plus petit bassin. La profondeur de ces asiles diminue à raison de la proximité du rivage, et le fond en est généralement de vase molle et de plantes marines. C'est dans ce fond vaseux que les maquereaux cherchent à se cacher pendant l'hiver, et qu'ils enfoncent leur tête et la partie antérieure de leur corps jusqu'à la longueur d'un décimètre ou environ, tenant leurs queues élevées verticalement au-dessus du limon. On en trouve des milliers enterrés ainsi à demi dans chaque barachoua, hérissant, pour ainsi dire, de leurs queues redressées le fond de ces bassins, au point que des marins les apercevant pour la première fois auprès de la côte, ont craint d'approcher du rivage dans leur chaloupe, de peur de la briser contre une sorte particulière de banc ou d'écueil. M. Pléville ne doute pas que la surface des eaux de ces barachouas ne soit gelée pendant 148 HISTOIRE NATURELLE l'hiver, et que l'épaisseur de celle croule de glace, ainsi que celle de la couche de neige qui s'amoncelle au-dessus, ne tempèrent beaucoup les effets de la rigueur de la saison sur les maquereaux enfouis à demi au-dessous de cette double couverture, et ne contri- buent à conserver la vie de ces animaux. Ce n'est que vers juillet que ces poissons repren- nent une partie de leur activité, sortent de leurs trous, s'élancent dans les flots, et par- courent les grands rivages. Il semble même que la stupeur ou l'engourdissement dans lequel ils doivent avoir été plongés pendant les très-grands froids, ne se dissipe que par degrés : leurs sens paraissent très-affaiblis pendant une vingtaine de jours, leur vue est alors si débile, qu'on les croit aveugles, et qu'on les prend facilement au filet. Après ce temps de faiblesse, on est souvent forcé de renoncer à cette dernière manière de les pécher; les maquereaux recouvrant entièrement l'usage de leurs yeux, ne peuvent plus en quelque sorte être pris qu'à l'hameçon : mais comme ils sont encore très-maigres, et qu'ils se ressentent beaucoup de la longue dièle qu'ils ont éprouvée, ils sont très-avides d'appàls, et on en fait une pèche très-abondante. C'est à peu près à la même époque (|u'on recherche i:es poissons sur un grand nombre de côtes plus ou moins tempérées de l'Europe occidentale. Ceux (jui paraissent sur les rivages de France, sont communément parvenus à leur point de perfection en avril et mai; ils portent le nom de Clieviltés, et sont moins estimés en juillet et août, lorsqu'ils ont jeté leur laite ou leurs œufs. Les pécheurs des côtes nord-ouest et ouest de la France sont de tous les marins de l'Europe ceux qui s'occupent le plus de la recherche des maquereaux, et qui en prennent le plus grand nombre. Us se servent, pour péchei' ces animaux, de huims, de libourets i, de manets 2, faits d'un fil Irès-délié, et que l'on réunit quelquefois de manière à former avec ces filets une tessure de près de mille brasses (deux mille cinq cents mètres) de lon- gueur. Les temps orageux sont très-souvent ceux pendant lesquels on prend avec le plus de facilité les scombres maquereaux, (jui, agités par la tempête, s'approchent beaucoup de la surface de la mer, et se jettent dans les filets tendus à une Irès-pelite profondeur; mais lorsque le ciel est serein et que l'Océan est calme, il faut les chercher entre deux eaux, et la pêche en est beaucoup moins heureuse. C'est parmi les rochers que les femelles aiment à déposer leurs œufs; et comme chacun de ces individus en renferme plusieurs centaines de mille, il n'est pas surprenant que les maquereaux forment des légions très-nombreuses. Lorsqu'on en prend une trop grande quantité pour la consommation des pays voisins du lieu de la pèche, on prépare ceux que l'on veut conserver longtemps et envoyer à de grandes distances, en les vidant, en les mettant dans du sel, et en les entassant ensuite comme des harengs, dans des barils. La chair des maquereaux étant grasse et fondante, les anciens l'exprimaient pour ainsi dire, de manière ;i former une sorte de substance liquide ou de piéparalion particulière, à laquelle on donuail le nom de f, dans le temps de Bélon et dans plusieurs endioils voisins des côtes de la Méditerianée,en se ser\ant des intestins des maquereaux; et on en faisait une grande consommation à Constanlinople ainsi qu'à Rome, où ceux (jui en vendaient étaient nommés piscigaroles. C'est par une suite de celle nalure de leur chair grasse cl huileuse, que les maquereaux sont comptés parmi les poissons qui jouissent le plus de la faculté de répandre de la lumière dans les ténèbres 3.11s luisent dans l'obscurité, lors même qu'ilssontlirés de l'eau depuis très-peu de temps; et on lil dans les Transttctions philosophiques de Londres (ann. 1666, p. 1 l(i), qu'uncuisinier, enicmuantdereaudanslaquelleilavait faitcuire quel- ques-uns de ces scombres, vit que ces poissons rayonnaient vivement, et que l'eau deve- nait trés-Iumineuse. On apercevait une lueur phosphorique partout où on laissait tomber des goulles de cette eau, après l'avoir agitée. Des enfants s'amusèrent à transporter ces gouttes qui ressemblaient à autant de i)elits disques lumineux. On observa encore le len- demain, que lorsqu'on imprimait à l'eau un mouvenieni circulaire rapide, elle jetait une lumière comparable à la clarté de la lune : celte lumière égalait l'éclat de la flamme, lors- que la vitesse du mouvement de l'eau était liès-accélciée; et des jets lumineux tiès-bril- 1 Voyez l'expliculion du mol Hbouret, à l'article du Scombro llion. a L article de la Trachiiie vive renferme une courte description du Manet . 5 Voyez la partie du Discours préliminaire relative à la phosphorescence des poissons. DES POISSONS. 149 lants sortaient alors du gosier et de plusieurs autres parties des maquereaux. Mais avant de terminer cet article, montrons avec précision les formes du poisson dont nous venons d'indiquer les principales habitudes. En général, le maquereau a la tète allongée, l'ouverture de la bouche assez grande, la langue lisse, pointue, et un peu libre dans ses mouvements; le palais garni dans tout son contour de dents petites, aiguës, et semblables à celles dont les deux mâchoires sont hérissées; la mâchoire inférieure un peu plus longue que la supérieure, la nuque large, l'ouverture des branchies étendue, un opercule composé de trois pièces, le tronc com- primé; la ligne latérale voisine du dos, dont elle suit la courbure; l'anus plus rapproché de la tête que de la queue; les nageoires petites, et celle de la queue fourchue. Telles sont les formes principales du scombre dont nous écrivons l'histoire : ses cou- leurs ne sont pas tout à fait aussi constantes. Le plus fréquemment, lorsqu'on voit ce poisson nager entre deux eaux, et présenter au travers de la couche fluide qui le vernit, pour ainsi dire, toutes les nuances qu'il peut devoir à la rapidité de ses mouvements et à la prompte et entière circulation des liquides qu'il recèle, il parait d'une couleur de soufre, ou plutôt on le croirait plus ou moins doré sur le dos; mais lorsqu'il est hors de l'eau, sa partie supérieure n'offre qu'une couleur noirâtre ondulée de bleu ; de grandes taches transversales, et d'une nuance bleuâtre sujette à varier, s'étendent de chaque côté du corps et de la queue, dont la partie infé- rieure est argentée, ainsi que l'iris et les opercules des branchies : presque toutes les nageoires sont grises ou blanchâtres. Plusieurs individus ne présentent pas de grandes taches latérales; ils forment une variété à laquelle on a donné le nom de Marchais dans plusieurs pêcheries françaises; et qui est communément moins estimée pour la table que les maquereaux ordinaires. Au reste, toutes ces couleurs ou nuances sont produites ou modifiées par des écailles petites, minces et molles. Ajoutons que les vertèbres des scombres que nous décrivons, sontgrandes, et au nombre de trente ou trente et une, et que l'on compte dans chacun des côtés de l'épine dorsale onze ou douze côtes attachées aux vertèbres par des cartilages. On peut voir par les détails dans lesquels nous venons d'entrer, que les formes ni les armes des maquereaux ne les rendent pas plus dangereux que leur taille pour les autres habitants des mers. Cependant comme leurs appétits sont très-violents, et que leur nom- bre leur inspire peut-être une sorte de confiance, ils sont voraces et même hardis : ils attaquent souvent des poissons plus gros et plus forts qu'eux; et on les a même vus quel- quefois se jeter avec une audace aveugle sur des pécheurs qui voulaient les saisir, ou qui se baignaient dans les eaux de la mer. Mais s'ils cherchent à faire beaucoup de victimes, ils sont perpétuellement entourés de nombreux ennemis. Les grands habitants des mers les dévorent; et des poissons en appa- rence assez faibles, tels que les murènes et les murénophis, les combattent avec avantage. Nous ne pouvons donc écrire presque aucune page de cette Histoire sans parler d'attaques et de défenses, de proie et de dévastateurs, d'actions et de réactions redoutables, d'armes, de sang, de carnage et de mort. Triste et horrible condition de tant de milliers d'espèces condamnées à ne subsister que par la destruction, à ne vivre que pour être immolées ou prévenir leurs tyrans, à n'exister qu'au milieu des angoisses du faible, des agitations du plus fort, des embarras de la fuite, des fatigues de la recherche, du trouble des combats, de la douleur des blessures, des inquiétudes de la victoire, des tourments de la défaite! Combien tous ces affreux malheurs se seraient surtout accumulés sur la faible espèce humaine, si la sensibilité éclairée par l'intelligence, et l'intelligence animée par la sensi- bilité, n'avaient pas, par un heureux accord, fait naître la société, la civilisation, la science, la vertu! et combien ils pèseront encore sur sa tête infortunée, jusqu'au moment où la lumière du génie, plus généralement répandue, éclairera un plus grand nombre d'hommes sur leurs véritables intérêts, et dissipera les illusions de leurs passions aveugles et funpstes! C'est au maquereau que nous croyons devoir rapporter le scombre qu'Aristole, Athé- née, Aldrovandc, Gesner et Willughby, ont désigné par le nom de Colias, que l'on pêche près des côtes de la Sardaigne, qui est souvent plus petit que le maquereau, qui en diffère quelquefois par les nuances qu'il offre, puisque, suivant le naturaliste Celli, il présente un vert gai mêlé à de l'azur, mais qui d'ailleurs a les plus grands rapports avec le poisson que nous venons de décrire. Le professeur Gmelin lui-même, en l'inscrivant à la suite du liCÉPKDE. — TOMF. M. 10 130 HISTOIRE NATURELLE maquereau, demande s'il ne faut pas le considérer comme ce dernier scombre encore jeune. Au resle quelques auteurs, et particulièrement Rondelet, ont appliqué cette dénomi- nation de Colias à d'autres scombres que l'on nomme Coguoits auprès de 3Iarseillc, qui babileiit dans la Méditerranée, qui s'y plaisent surtout, dans le voisinage des côtes d'Espagne, qui sont plus grands et plus épais que le maquereau ordinaire, et que néan- moins Rondelet regarde comme n'étant qu'une variété de ce dernier poisson, avec lequel on les confond en elfet très-souvent. Peut-être est-ce plutôt aux Coguoils qu'aux maquereaux verts et bleus de Cetti, qu'il faut rapporter les passages des anciens naturalistes, et principalement celui d'Atbénée que nous venons de citer. Quoi qu'il en soit, les Coguoils ont la chair plus gluante et moins agréable que le maquereau ordinaire. Ils sont couverts d'écaillés petites et tendres ; une partie de leur tète est si transparente, qu'on distingue, comme au travers d'un verre, les nerfs qui, du cerveau, aboutissent aux deux organes de la vue. Rondelet ajoute que, vers le printemps, ils jettent du sang aussi resplendissant que la liqueur de la pourpre. Ce fait nous rappelle un phénomène analogue, qui nous a été attesté par un voyageur digne d'eslinîe et sur lequel nous croyons utile d'appeler l'attention des observateurs. 31. Charvet m'a instruit, par deux lettres, datées de Seniéres, département de TArdè- che, l'une le 11 octobre, l'autre le 7 novembre de l'an 1796, qu'en 1776 il était occupé dans l'île de la Guadeloupe, non-seulement à faire une collection de dessins coloriés de plantes, qu'il destinait pour le Jardin et le Cabinet d'histoire naturelle de Paris, et qui furent entièrement détruits par le fameux ouragan de septembre de cette même année 1776, mais encore à terminer avec beaucoup de soin des dessins de dillerentes espèces de pois- sons pour M. Barbolteau, habitant de Port-Louis, connu par un ouvrage intéressant sur les fourmis, et correspondant de Duhamel, qui publia plusieurs de ces dessins ichthyolo- giques dans le Traité général des pèches. Les liaisons de M. Charvet avec les Caraïbes, chez lesquels il trouvait de l'ombrage et du repos lorsqu'il était fatigué de parcourir les rochers et les profondeurs des anses, lui procurèrent, de la part de ces insulaires, des poissons assez rares. Ces Caraïbes le dirigè- rent, dans une de ses courses, vers une partie des rivages de l'île, sauvage, pittoresque et mélancolique, appelée Porie d'enfer. Ce fut auprès de cette côte qu'il trouva un poisson dont il m'a envoyé un dessin colorié. Cet animal avait l'air si familier et si peu elfrayè des mouvements de M. Charvet, qui se baignait, que cet artiste fut tenté de le saisir. A peine le tenait-il, qu'une fente placée sur le dos du poisson s'entr'ouvrit, et qu'il en sortit une liqueur d'un pourpre vif, assez abondante pour teindre l'eau environnante, en troubler la transparence, et donner à l'animal la facilité de s'échapper, au moment où l'éloimement de M. Charvet l'empêcha de retenir le poisson qu'il avait dans les mains. Cet artiste cependant prit de nouveau le poisson, qui répandit une seconde fois sa liqueur; mais ce fluide était bien moins coloré et bien moins abondant qu'au premier jet, et cessa de couler quoique l'animal continuât d'ouvrir et de fermer la fente dorsale, comme pour obéir à une grande irritation. Le poisson, rendu à la liberté, ne païut pas Irés-allaibli. Un second individu de la même espèce, placé promptement sur une feuille de papier, la teignit de la même manière qu'une eau fortement colorée avec de la laque; néanmoins, après trois jours, la tache rouge était devenue jaune. Des affaires imprévues, une maladie grave, les suites funestes du terrible ouragan de septembre 1776, et l'obligation soudaine de repar- tir pour l'Europe, empêchèrent M. Charvet de dessiner et même de décrire, pendant qu'il était encore à la Guadeloupe, le poisson à liqueur i)ourprée : mais sa mémoire, fortement frappée des traits, de l'allure et de la propriété de cet animal, lui a donné la facilité de faire en France une description et un dessin colorié de ce poisson, qu'il a eu la bonté de me faire parvenir. Les individus vus par ce voyageur avaient un peu plus de deux décimètres de longueur. Leurs nageoires pectorales étaient assez grandes. La nageoiie dorsale était comi)osée de deux portions longitudinales charnues à leur base, terminées dans le haut par des fila- ments qui les faisaient paraître frangées, et applicjuées l'une contre l'autre de manière à ne former qu'un seul tout, lorsque l'animal voulait tenir fermée la l'ente propre à laisser échapper la liqueur rouge ou violette. Cette fente, située à l'origine et au milieu de ces deux portions longitudinales de la nageoire dorsale, ne paraissait pas s'étendre vers la queue aussi loin que celte même nageoire; mais le fluide coloré, en sortant par cette ouver- DES POISSONS. loi tare, suivait toute la longueur de ia nageoire du dos, et obéissait à ses ondulations. La peau était visqueuse, couverte d'écaillés petites et fortement adhérentes. La couleur d'un gris blanc plus ou moins clair faisait ressortir un grand nombre de petits points jau- nes, bleus, bruns, ou d'autres nuances. L'ensemble des formes de ces poissons, et les teintes qu'ils présentaient étaient agréables à la vue. Ils se nourrissaient de petits mollus- ques et de vers marins, qu'ils cherchaient avec beaucoup de soin parmi les pierres du fond de l'eau, sans se détourner ni discontinuer leurs petites manœuvres avant l'instant où on voulait les saisir; et la contraclion qu'ils épouvaient lorsqu'ils faisaient jaillir leur liqueur pourprée, était apparente dans toute la longueur de leur corps, mais principale- ment vers l'insertion des nageoires pectorales. Ces Teinturiers de la Guadeloupe, car c'est ainsi que les nomme M. Charvet, cherchent un asile lorsque la tempête commence à bouleverser les flots : sans cette précaution, ils résisteraient d'autant moins aux agitations de la mer et aux secousses des vagues impé- îueuses qui les briseraient contre les rochers, que leurs écailles sont fort tendres, leurs muscles très-délicats, et leurs téguments de nature à se rider bientôt après leur mort. Ces faits ne suffisent pas pour déterminer l'espèce ni le genre, ni même l'ordre de ces poissons. Plusieui's motifs doivent donc engager les naturalistes qui parcourent les rivages de la Guadeloupe, à chercher des individus de l'espèce observée par M. Charvet, à reconnaître leur conformation, à examiner leurs habitudes, à constater leurs propriétés. LE SCOMBRE JAPONAIS. Scomber japonicus, Linii., Gmel., Lacep. i. Ce scombre n'est peut-être qu'une variété du maquereau, ainsi que l'a soupçonné le professeur Gmelin. Nous ne l'en séparons que pour nous conformer à l'opinion de plu- sieurs naturalistes, en annonçant aux voyageurs notre doute à cet égard, et en les invitant à le résoudre par des observations. Ce poisson vit dans la mer du Japon. Sa longueur n'est quelquefois que de deux déci- mètres; ses mâchoires sont hérissées de petites dents; sa couleur générale est d'un bleu clair; sa tète brille de la couleur de l'argent; ses écailles sont très-petites; et l'on a com- paré l'ensemble de sa conformation à celle du hareng. Houttuyu l'a fait connaître. LE SCOMBRE DORÉ. Scomber aureus, Lacep. 2. Le nom de ce poisson annonce la riche parure que la nature lui a accordée, et la cou- leur éclatante dont il est revêtu. Il est en effet resplendissant d'or sur une très-grande partie de sa surface, et particulièrement sur son dos. Peut-être n'est-il qu'une variété du maquereau. Le professeur Gmelin a témoigné de l'incertitude au sujet de l'espèce de ce scombre, aussi bien qu'à l'égard de celle du japonais. Le doré s'éloigne cependant du maquereau beaucoup plus que ce japonais, non-seulement par ses nuances, mais encore par quelques détails de sa conformation, et notamment par le nombre des rayons de ses nageoires. Quoi qu'il en soit, on trouve le doré dans les mers voisines du Japon, ainsi qu'on y voit le scombre précédent; et il a été également découvert par Houttuyu. Il n'a au-dessus et au-dessous de la queue que cinq petites nageoires comme le japo- nais et le maquereau; et on ne compte que six rayons à sa nageoire de l'anus. Nous avons trouvé dans un des manuscrits de Plumier, déposés à la Bibliothèque royale, la figure d'un scombre nommé, par ce naturaliste, très-petit scombre d'Amérique {Scoriibermininnis americanus), et qui tient, à beaucoup d'égards, le milieu entre le doré et le maquereau. Des raies ondulent en divers sens sur le dos de ce poisson. Il n'a que cinq petites nageoiies au-dessus et au-dessous de la queue, onze rayons à la première dorsale, neuf à la seconde, et cinq à la nageoire de l'anus. LE SCOMBRE ALBACORE. Scomber Albacorus, Lacep. r,. Le nom d'Albacore ou à'Albicore a été donné, ainsi que ceux de Germon, de Thazard, et 1 M. Cuvier ne cite pas cette espèce. D, 2 Cette espèce n'est pas mentionnée par 3L Cuvier. D. ô M. Cuvier place avec doute ce poisson dans le sous-genre Auxide qu'il a établi dans le genre Scombre. D. 10. e 452 HISTOIRE NATURELLE de Bonite ou Pélamide, A plusieurs espèces de scombres; ce qui n'a pas jeté peu de con- fusion dans l'histoire de ces animaux. >'ous l'appliquons exclusivement, pour éviter toute équivoque, à un poisson de la famille dont nous traitons, et dont Sloane a fait mention dans son Histoire de la Jamaïque. Ce scombre, qui habite dans le bassin des Antilles, est couvert de petites écailles. L'in- dividu décrit par Sloane avait seize décimètres de longueur, et un mètre de circonférence à l'endroit le plus gros du corps. Ses mâchoires, longues de deux décimètres, ou environ, étaient garnies chacune d'une rangée de dents courtes et aiguës. On pouvait voir, au-des- sus des opercules, deux arêtes cachées en partie sous une peau luisante. On comptait, au-dessus et au-dessous de la queue, plusieurs petites nageoires séparées l'une de l'autre par un intervalle de cinq centimètres ou à peu près. La nageoire de l'anus se terminaif en pointe, et avait trente-deux centimètres de long et iiuil centimètres de haut. Celle de la queue était en croissant. Les deux saillies latérales et longitudinales de la queue avaient plus de deux centimètres d'élévation. Plusieurs parties de la surface de l'animal étaient blanches, les autres d'une couleur foncée. SOIXANTE-QUATRIÈME GENRE. LES SCOMBÉROÏDES. De petites nageoires au-dessus et au-dessous de lu queue ; une seule nageoire dorsale ; plusieurs aiguillions uu-devunl de la nageoire du dos. ESPÈCES. CARACTÈRES. 1. Le Scomré- { Di.\ petites nageoires au dessus et quatorze au-dessous de la queue; sept aiguil- noïoB NOËL. ( Ions recourbés au-devant de la nageoire du dos. Le Î5C0MBE- i Douze petites naseoires au-dessus et au-dessous de la queue ; six aiguillons au-de- RoiDECOMMER- vant de la uageoire du dos. • SOX.MEN. ' 3. Le Scombé- | Sept petites nageoires au-dessus et huit au-dessous de la queue ; quatre aiguillons BOÏDE SACTEVR. ( audcvantde la nageoire du dos. LE SCOMBÉROIDE NOËL. Scomberoides Noelii, Lacep. i. Aucune des espèces que nous avons cru devoir comprendre dans le genre dont nous allons nous occuper, n'est encore connue des naturalistes. Nous avons donné à la famille qu'elles composent le nom de Scombéro'ide, pour désigner les rapports qui la lient avec les scombres. Elle tient, à quelques égards, le milieu entre ces scombres auxquels elle ressemble par les petites nageoires qu'elle montre au-dessus et au-dessous de la queue, et entre les gastérostées, dont elle se rapproche par la série d'aiguillons qui tiennent lieu d'une première nageoire dorsale. Nous nommons Scombéroide Noël la première des trois espèces que nous avons inscri- tes dans ce genre pour donner une marque solennelle de reconnaissance et d'estime à M. Noël, de Rouen, qui mérite si bien chaque joui' les remerciments des naturalistes par ses travaux, et dont les observations exactes ont enrichi tant de pages de l'histoire que nous écrivons. Nous l'avons décrite d'après un individu desséché et bien conservé qui faisait partie de la collection cédée à la France par la Hollande, et envoyée au Muséum d'histoire naturelle. Ce poisson avait dix petites nageoires au-dessus de la queue, et quatorze au-dessous de cette même partie. Sept aiguillons lecourbés en arrière et placés longitudinalement au delà de la nuque, tenaient lieu de première nageoire du dos; deux aiguillons parais- saient au-devant de la nageoire de l'anus. Six taches ou petites bandes transversales s'éten- daient de chaque côté de l'animal, et lui donnaient, ainsi que l'ensemble de sa confor- mation, beaucoup de ressemblance avec le maquereau. La nageoire de la queue était fourchue. LE SCOMBÉROIDE COMMERSONNIEN. Scomberoides commersonnianus, Lacep. ; Lichia Commcrsonii, Cuv. 2. Ce scombéroide, que nous avons décrit et fait graver d'après Commerson, est un pois- son d'un grand volume. Sa hauteur et son épaisseur, assez grandes relativement à sa 1 Quoique M. Cuvier ne cite pas celte espèce, il est probable qu'elle se rapporte, comme les suivan- tes, à son sous-gcnre Liclie, dans le genre Centronote. D. 2 Du sous-gcnre Lichc, Lichia, Cuv., dans le genre Centronote. D. DES POISSONS. 455 longueur, doivent lui donner un poids considérable. Ou voit à la place d'une première nageoire dorsale, six aiguillons recourbés, pointus, et très-séparés l'un de l'autre. On compte douze petites nageoires au-dessus et au-dessous de la queue i. La nageoire caudale est très-fourchue. Deux aiguillons très-distincts sont placés au devant de la nageoire de l'anus; chaque opercule est composé de deux pièces. Les deux mâchoires sont garnies de dents égales et aiguës : l'inférieure est plus avancée que la supérieure. De chaque côté du dos paraissent des taches d'une nuance très-foncée, rondes, ordinairement au nombre de huit et inégales en surface; la plus grande est le plus souvent située au-dessous de la nageoire dorsale, et le diamètre des autres est d'autant plus petit qu'elles sont plus rap- prochées de la tête ou de la queue. Les nageoires pectorales ne sont guère plus étendues que les Ihoracines. On trouve le commersonnien dans la mer voisine du fort Dauphin de l'île de Madagascar. LE SCOMBÉROIDE SAUTEUR. Scomberoides saltator, Laccp. ; Licliia saliens, Cuv. ; Scomber salions, Blocb. 2. Nous avons trouvé dans les manuscrits de Plumier, que l'on conserve à la Bibliothèque royale, un dessin de ce poisson que nous avons fait graver, (le naturaliste le nommait petite Pélamide ou petite Bonite, vulgairement le Sauteur. Nous avons conservé au scom- béroïde que nous décrivons, ce nom distinctif ou spécifique de Sauteur, parce qu'il indi- que la faculté de s'élancer au-dessus de la surface des eaux, et par conséquent une partie intéressante de ses habitudes. Cet animal a sept petites nageoires au-dessus de la queue; et huit autres nageoires analogues sont placées au-dessous. La dernière de ces petites nageoires, tant des supé- rieures que des inférieures, est très-longue, et faite en forme de faux. La ligne latérale est un peu ondulée dans tout son cours : elle descend d'ailleurs vers le ventre, lorsqu'elle est parvenue à peu près au-dessus des nageoires pectorales. Deux aiguillons réunis par une membrane sont situés au-devant de la nageoire de l'anus. Deux lames composent chaque opercule. La mâchoire inférieure s'avance au delà de la supérieure. On compte neuf rayons à la nageoire du dos et à chacune des pectorales. Cette nageoire dorsale et celle de l'anus sont conformées de manière à représenter une faux. Au lieu d'une première nageoire du dos, on voit quatre aiguillons forts et recourbés qui ne sont pas réunis par une membrane commune de manière à composer une vérita- ble nageoire, mais qui élant garnis chacun d'une petite membrane triangulaire qui les retient et les empêche d'être inclinés vers la tête, donnent à l'animal un nouveau rapport avec les scombres proprement dits. On doit regarder comme une variété de notre scombéroïde sauteur, le poisson que Bloch a décrit sous le nom de Scomhre sauteur, et dont il a donné la figure, pi, 333. SOIXANTE-CINQUIÈME GENRE. LES CARANX. Deux nageoires dovsalcH; point de peliles nageoires au-dessus ni au-dessous de la queue; les côtés de la queue relevés longitudinalement en carène, ou une petite nageoire composée de deux oîguillons et d'une membrane au-devant de la nageoire de runus. PREMIER SOUS-GENRE. Point d'aiguillon isolé entre les deux nageoires dorsales. ESPÈCES. CARACTÈRES. I T „r.„.^.i ,„ , l Trente-quatre rayons à la seconde nageoire du dos ; trente rayons à la nageoire de cni'RE { anus; la ligne latérale garnie de petites plaques dont chacune est armée d un ( aiguillon. 2. Le CAn\Nx Trente-quatre rayons à la seconde nageoire du dos; le dernier rayon de cette AMIE. nageoire très-long; vingt-quatre rayons à la nageoire de l'anus. I E C\m.NK ) ''•'^"t^^ rayons à la seconde dorsale; dix- neuf à la nageoire de l'anus; plusieurs bandes transversales, étroites, irrégulières, divisées souvent en deux, et d'une \ couleur brune, i Le CAH^^■x \ ^ingt-neuf rayons à la seconde nageoire du dos; vingt-buit à celle de l'anus; le cHLORis corps élevé; l'ouverture de la bouclie petite; la mâchoire inférieure plus avan- ( cée que la supérieure ; la couleur générale d'un jaune verdâtre. i Ce nombre douze est expressément indiqué dans la description manuscrite de Commerson, à laquelle nous avons dû conformer notre texte, plutôt qu'au dessin que ce naturaliste a laissé dans ses papiers, que nous avons fait graver, et d'après lequel on attribuerait au scombéroïde que nous faisons connaître, dix petites nageoires supérieures et treize petites nageoires inférieures. a Du sous-genre Liche, Lichia, dans le genre Centronote, Cuv. D. 0. FASCÉ ia>, HISTOIRE NATURELLE ESPECES. S.LeCahaxxcri- ) ménopthalme. i 6. Le Caranx ) qieie-jalne. 7. 8. I Le Cara>x I / Le Caranx ; BLANC. I OLAUQIE. J O.LeCaranxplu MIER. I ARAKX ; 10. Le C KLEIN 11. Le Caranx ) qieue-roige. \ 12. Le Cara.vx filamenteux. 13. Le Caranx daudenton. ii. Le Caranx TRÈS-BEAU. G.£SS. lî). Le Caranx ( carangue. 16. Le Caranx ferdau. 17. Le Caranx ROUGE. 18. Le Caranx \ ly. Le Caranx \ SANSUN. 20. Le Caranx KOHAB. caractères. Vinjjl-lluit layoa» à la seconde dorsale ; viugt-seut à lu nageoire de l'anus ; une membrane placée verticalement de chaque côté de l'œil et en forme de paupière ; la couleur générale d'un bleu argenté. Vingt-six rayons à la seconde nageoire dorsale; trente rayons à celle de l'anus; de très-petites dents, ou point de dents, aux mâchoires. Vingt-six rayons à la seconde napeoire dorsale; le second rayon de cette nageoire très-long, vingt-cincj rayons à ta nageoire de l'anus. Vingt-cinq rayons à la seconde nageoire du dos; vingt rayons à celle de l'anus; la queue non carénée latéralement; la couleur générale blanche; les côtés de la queue et la nageoire caudale jaunes. Vingt-quatre rayons à la seconde nageoire du dos; vingt à celle de l'anus'; les écailles qui recouvrent le corps et la queue, grandes et lisses; celles qui garnis- sent la ligne latérale plus larges, et armées chacune d'un piquant tourné vers la caudale ; plusieurs nageoires jaunes ou couleur d'or. Vingt-trois rayons à la seconde dorsale ; vingt et un à la nageoire de l'anus: la mâchoire iiifi'ricure plus avancée que la supérieure; la partie postérieure de la ligne latérale garnie de lames très-larges, et armées chacune d'un piquant tourné vers la caudale; la couleur générale d'un brun mêlé de violet et d'argenté. Vingt-deux rayons à la seconde nageoire du dos; quarante rayons à celle de l'anus; une tache noire sur la partie postérieure de chaque opercule. Vingt-deux rayons à la seconde nageoire du dos ; dix-huit à celle de l'anus; des fila- ments à la seconde nageoire du dos et à celle de l'anus. Vingt-deux rayons à la seconde nageoire du dos ; quatorze à celle de l'anus ; les deux mâchoires également avancées ; la ligne latérale rude, tortueuse, et dorée. Vingt rayons à la seconde nageoire dorsale ; dix-sept rayons à celle de l'anus; un grand nombre de bandes transversales et noires sur un fond couleur d'or. SECOND SOUS GENRE. Un ou plusieurs aiguillons isolés entre les deux nageoires dorsales. Trois aiguillons garnis chacun d'une petite membrane, et placés entre les deux nageoires dorsales; les pectorales allongées jusqu'à la seconde nageoire du dos. Vingt-neuf rayons à la seconde nageoire dorsale; vingt-quatre à celle de l'anus; la couleur générale argentée ; des taches dorées ; cinq bandes transversales brunes; un seul aiguillon isoh- entre les deux nageoires du dos. Vingt-huit rayons à la seconde nageoire du dos; vingt-six à celle de l'anus; les pectorales allongées jusqu'au delà du commencement de l'anale; les deux mâchoi- res également avancées; deux orifices à chaque narine; la partie de la ligne laté- rale la plus \ oisinc de la caudale, garnie de lames larges et armées chacune d'un pi(|uanl t. La mer Rouge nourrit le caranx blanc, que P'orskael a décrit le premier, el dont la couleur générale blanche ou argentée est relevée par le jaune qui règne sur les côtés de l'animal el sur la nageoire caudale. Un rang de petites dents garnit chaque mâchoire. Chaque ligne latérale est revêtue, vers la queue, de petites pièces écailleuses. Les écailles proprement dites qui recouvrent ce caranx sont fortement attachées. La première nageoire du dos forme un triangle écpiilaléral. On voit une petite nageoire composée de doux rayons au-devant de l'anus du blanc, aussi bien qu'au-devant de l'anus du caranx queue-rouge. Ce dernier a été observé dans la Caroline par Garden, et à l'île de Taïli par Forster. 11 montre une tache noire sur cha- cun de ses opercules. Sa seconde nageoire du dos est rouge, comme celle de la queue , les Ihoracines el l'anale sont jaunes. La partie postérieure de chaque ligne latérale est comme hérissée de petites pointes. Les deux dents de devant sont, dans chaque mâchoire, plus grandes que les autres. LE CARANX PLUMIER. Scomber Plumierii, Blocb.; Caranx Pliimicrii, Lacep., Cuv. ■.. ET LE CARANX KLEIN. Scomber Rleinii, BI.; Caranx Ivleinii, Lacep.; Cuv. 5. La tête du caranx Plumier est dénuée de petites écailles; l'orifice de chacun de ses organes de l'odorat double; la saillie de la partie postérieure de ses opercules pointue; le bleu argenté de sa couleur générale se trouve relevé par des taches jaunes; ses pecto- rales el ses Ihoracines sont azurées. Ce caranx vit dans la mer des Antilles. * Non cite par M. Cuvier. D. s /(/., iOid. 3 Du genre Caraij.\, Cuv. D. iJcl.,ibid. S /(/., xbid. DES POISSONS. 157 Le caraux klein, du Coromandel, a la langue unie, le devant du palais rude et l'ar- rière-palais lisse ; ses nageoires ont des nuances grises; sa longueur n'excède guère trois décimètres; sa chair a un goût peu agréable et son tissu est presque toujours trop maigre. LE CARANX FILAMENTEUX i. Caranx filiimcnlosiis, Lnc. C'est au célèbre Anglais Mungo-Park que l'on doit la description de ce caranx, que l'on trouve en Asie, auprès des rivages de Sumatra. Le nom de Filamenteux que Mungo- Park lui a donné, vient des filament qui garnissent la seconde nageoire dorsale, ainsi que celle de l'anus. La couleur générale de ce poisson est argentée, et son dos est bleuâtre; ses écailles sont petites, mais fortement attachées. Le museau est arrondi, l'œil grand; l'iris jaune; chaque mâchoire hérissée de dents courtes et serrées; chaque opercule formé de trois lames dénuées d'écaillés semblables à celles du dos; la nageoire caudale fourchue; la petite nageoire qui précède celle de l'anus, composée de deux rayons, dont l'antérieur est le moins grand. Les pectorales sont en forme de faux; la première du dos peut être reçue dans une fossette longitudinale. LE CARANX DAUBENTON. Caranx Danbentonii. Lacpp. ?. Nous consacrons à la mémoire de notre illustre ami Daubenlon, ce beau caranx repré- senté d'après Plumier dans les peintures sur vélin du Muséum d'histoire naturelle. Ce caranx a ses deux nageoires dorsales très-rapprochées : la prejnière est triangu- laire, et soutenue par six rayons aiguillonnés; la seconde est très-allongée et un peu en forme de faux. Deux aiguillons sont placés au-devant de la nageoire de l'anus. Les deux mâchoires sont également avancées. On voit, à chaque opercule branchial, au moins trois pièces, dont les deux dernières sont découpées en pointe du côté de la queue. La ligne latérale est tortueuse, rude et dorée. Des taches couleur d'or sont répandues sur les nageoires. La partie supérieure du corps est bleue, et l'inférieure argentée. LE CARANX TRÈS-BEAU. Scomher speciosus, Linn., Gniel.; Caranx speciosus, Lac.; Cuv. -. Ce poisson mérite son nom. Ses écailles, petites et faiblement attachées, brillent de l'éclat de l'or sur le dos, et de celui de l'argent sur sa partie inférieure. Ces deux riches nuances sont variées par des bandes transversales, ordinairement au nombre de sept, d'un beau noir, et dont chacune est communément suivie d'une autre bande également d'un beau noir et transversale, mais beaucoup plus étroite. Les nageoires du dos sont bleues, et les autres jaunes. Trois lames composent chaque opercule. Les nageoires pectorales, beaucoup plus lon- gues que les thoracines, sont en forme de faux. Celle de la queue est fourchue. Forskael a vu ce caranx dans la mer Rouge. Conimerson, qui l'a observé dans la par- tie du grand Océan qui baigne l'île de France et la côte orientale d'Afrique, rapporte dans ses manuscrits, que les deux individus de cette espèce qu'il a examinés, n'avaient pas plus de six ou sept pouces (deux décimètres) de longueur, que les deux pointes de la nageoire caudale étaient très-noires, que les deux mâchoires étaient à peu près également avancées, et qu'on ne sentait aucune dent le long de ces mâchoires. Indépendamment de ces particularités dont les deux dernières ont été aussi indiquées par Forskael, Commerson dit que la membrane branchiale était soutenue par sept rayons; que la partie concave de l'arc osseux de la première branchie était dentée en forme de peigne; que la partie analogue des autres trois arcs ne présentait que deux rangs de tubercules assez courts; et que la ligne latérale était, vers la queue, hérissée de petits aiguillons, et bordée, pour ainsi dire, d'écaillés plus grandes que celles du dos. LE CARANX CARANGUE. Scombcr Carangus, Bl.; Caranx Carangua, Lac. i. Nous avons consacré à ce caranx le nom spécifique de Carcmgve, qu'il a porté à la 1 M. Cuvier ne mentionne pas cette espèce. D. î M. Cuvier rapporte ce poisson à la même espèce que le caranx rouge, Scomber ruber, Bl, pi. 542, et que le caranx plumier décrit ci-avant, p. lo6. D. S Ce poisson appartient à la division des Caranx. que M. Cuvier nomme Citules. D. i Du genre Caranx de M. Cuvier. 138 HISTOHIE NATURELLE Martinique, suivant Pluniiei'. La première nageoire du dos est soutenue par sept ou huit aiguillons. Deux aiguillons paraissent au-devant de celle de l'anus. La ligne latérale est courbe et rude; la partie supérieure du poisson bleue; l'inférieure argentée; et presque toutes les nageoires resplendissent de l'éclat de l'or. LE CARANX FERDAU. Scomber Ferdau, Linii., Gmel.; Caranx Ferdau, Lac. LE CARANX GJESS. Scomber Gaess, Linn.. Gin. ; Caranx Gsess, Lac. LE CARANX SANSUiN. Scomber Sansun, Linn., Gmel., Caranx Sansun, Lac ET LE CARANX KORAB. Scomber Korab, Linn., Gm.; Caranx Korab. Laccp |. Ces quatre caranx composent un sous-genre particulier et distingué du premier sous- genre par la présence d'un aiguillon isolé placé entre les deux nageoires dorsales. On les trouve tous les quatre dans la mer Rouge ou mer d'Arabie : ils y ont été observés parForskael. Le tableau méthodique du genre caranx expose les différences qui les séparent l'un de l'autre; il nous suffira maintenant d'ajouter quelques traits à ceux que jirésentent ce tableau. Le ferdau montre un grand nombre de dents petites, déliées et flexibles; le sommet de la tête est dénué d'écaillés proprement dites, et osseux dans son milieu ; l'opercule est écailleux; la ligne latérale presque droite; la nageoire caudale fourchue et glauque. Les pectorales, dont la forme ressemble à celle d'une faux, sont blanchâtres; et une variété de l'espèce que nous décrivons, les a transparentes. On voit au-devant des narines un petit barbillon conique. Le gœss, qui ressemble beaucoup au ferdau a une petite cavité sur la fête; il peut bais- ser et renfermer dans une fossette longitudinale sa première nageoire dorsale; sa nageoire caudale est très-fourchue; et sa ligne latérale est courbe vers la tête et droite vers la queue. Le sansun, qui a beaucoup de rapports avec le gaess et avec le ferdau, présente dos ramifications sur le sommet de la tète; une rangée de dents arme chaque mâchoire; la mâchoire supérieure est d'ailleurs garnie d'une grande quantité de dents petites et flexi- bles, placées en seconde ligne. Les nageoires pectorales et les Ihoracines sont blanches, celle de l'anus et le lobe inférieur de la caudale sont jaunes; le lobe supérieur de celte même caudale est brun comme les dorsales, qui, d'ailleurs, sont bordées de noir. Le korab a chaque mâchoire hérissée d'une rangée de dents courtes et comme ren- flées; la ligne latérale est ondulée vers la nuque, et droite ainsi que marquée par des écailles particulières auprès de la queue. Les nageoires pectorales et les thoracines sont roussâlres; les dorsales glauques; l'anale transparente et comme bordée de jaune; le lobe inférieur de la caudale jaune, et le supérieur d'un bleu verdâtre. LE CARANX ROUGE. Scombci' iiibor, Bl. ; Caranx rubcr, Lac. 2. Le caranx rouge est remarquable par les dents qui hérissent son palais; sa langue très-lisse et un peu libre dans ses mouvements; les deux ouvertures de chacune de ses narines; la facilité avec laquelle il perd les écailles qui recouvrent son corps et sa queue; les reflets argentés qui brillent sur ses côtés, et le jaune mêlé de violet qui se montre sur ses nageoires. On le pèche auprès de l'île de Sainte-Croix. SOLXANTE-SLXIÈME GENRE. LES TKACniNOTES 5. Deux nageoires dorsales: point de petiles nageoii'c.i au-dessus ni au-dessous de la queue; les côtés de le queue relevés lonyiludinalemenl en carène, ou uur petite nageoire composée de deux aiguillons et d'une 1 M. Cuvier ne cite aucune de ces espèces. D. 2 M. Cuvier le considère comme ne dill'érant pas spécifiquement des Caranx Plumier et Daubenton décrits p. loG et V67. D. 5. M. Cuviir réunit les trnchinoles, los ncanthinions et les caesiomores de Lacép^de pour en former le dernier sous genre de son genre Centronote. D. i DES POISSONS. 159 membrane au devant de la nageoire de f'antix ; des niguUlona cachés sous la penu, au-devant des nageoires dorsales. espece. caractere. Le Trachixote faucheur. I La seconde nageoire du dos, et celle de l'anus, représentant la forme d'une faux. LE TRACHINOTE FAUCHEUR. Tracliinotus falcatus, Lac, Cuv. i . C'est dans la mer d'Arabie qu'habite ce poisson, que Forskael, en le découvrant, crut devoir comprendre parmi les scombres, mais que l'élat actuel de la science ichthyolo- gique et nos principes de distribution méthodique et régulière nous obligent à séparer de ces mêmes scombres et à inscrire dans un genre particulier. Nous donnons à cet osseux le nom générique de Trachinote qui veut dire aicjuillons sur le dos, pour désigner l'un des traits les plus distinctifs de sa conformation. Cet animal a toujours en effet auprès de la nuque, des aiguillons cachés sur la peau, et au-devant desquels un piquant très-fort couché horizontalement est tourné vers le museau, et quelquefois recouvert par le tégu- ment le plus extérieur du poisson. La première nageoire dorsale, dont la membrane n'est soutenue que par des rayons aiguillonnés, et dont la peau recouvre quelquefois le pre- mier rayon, peut se baisser et se coucher dans une fossette. La seconde nageoire dorsale et celle de l'anus ont la forme d'une sorte de faux; et voilà d'où vient le nom spécifique que nous avons conservé au trachinote que nous décrivons. Ce faucheur, dont la hauteur égale souvent la moitié de la longueur, est revêtu, sur le corps et sur la queue, d'écaillés minces et fortement attachées; on ne voit pas d'écaillés proprement dites sur les opercules; on n'aperçoit pas de dents aux mâchoires, mais on remarque des aspérités à la mâchoire inférieure; la lèvre supérieure est extensible; la ligne latérale est un peu ondulée; les Ihoracines, plus longues que les pectorales, sont comme tronquées obliquement ; il y a au-devant de l'anus une petite nageoire à deux rayons. La couleur générale de ce trachinote est argentée avec une teinte brune sur le dos. Une nuance jaunâtre paraît sur le front. La nageoire caudale est peiîUe de trois couleurs; elle montre du brun, du glauque et du jaune; les thoracines sont blanchâtres en dedans, et dorées ou jaunâtres en dehors, ce qui s'accorde avec les principes que nous avons exposés au sujet des couleurs des poissons et même du plus grand nombre d'animaux, et les pectorales ne présentent qu'une nuance brune. 11 paraît par une note très-courte que j'ai trouvée dans les papiers de Commerson, que ce naturaliste avait vu auprès du fort Dauphin de Madagascar, notre trachinote fau- cheur, qu'il regardait comme un caranx, et auquel il attribuait une longueur d'un demi- mètre. SOLXANTE-SEPTIÈME GENRE. LES C.\R.\NXOMORES 2. Une seule nageoire dorsale ; point de pe/i/es nageoires au-dessus ni au-dessous de la queue , les côtes de la queue relevés longitudinalement en carène, ou une petite nageoire composée de deux aiguillons et d'une membrane au-devant de la nageoire de Vanus, ou la nageoire dorsale Irès-prolongée vers celle de la queue, la lèvre supérieure très-peu extensible ou non extensible, point d'aiguillons isolés au-devant de la nageoire du dos. ESPÈCES. CARACTÈRES. 1. Le Caranxo- I 0^3^301^ rayons à la nageoire du dos. MORE PELAGIQUE. ( ^ •' ° 2. Le Caranxo- j Les pectorales une fois plus longues que les thoracines; la dorsale et l'anale en MOREPLUMiÉRiEN. ( forme de faux. I Huit rayons aiguillonnés et seize rayons articulés à la nageoire du dos; trois rayons 5. Le Caranxo- ) aiguillonnés et ([uatorze rayons articulés à celle de l'anus; la mâchoire inférieure MORE PILITSCHEI. ) plus avancée quc la supérieure ; un seul orifice à chaque narine; la couleur [ générale d'un violet argenté. i. Dix rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la nageoire du dos ; trois rayons ) articulés et huit aiguillonnés à là nageoire de l'anus; la mâchoire inférieure plus i. Le Caranxo- 1 avancée que celle d'en haut et relevée au-dessous du sommet de cette dernière par MORE SACRESTiN. / unc apophysc ; deux orifices à chaque narine, les écailles bleuâtres et bordées ^ de brun. 1 Du sous-genre Trachinote, dans le genre Centronote, Cuv. D. 2 M, Cuvier considère les earanxomores comme devant former un sous-genre dans son genre Cory- phène. D. 100 HISTOIRE NATURELLE LE CARANXOMORE PÉLAGIQUE. Scomber pelagicus, Liiin. ; Ciclila pelagica, Blocli ; Caraiixomonis pulagicus, Lac, Cuv. i. Les caranxomores diffèrent des caranx,eii ce qu'ils n'ont qu'une seule nageoire dorsale ; ils leur ressemblent d'ailleurs par un très-grand nombre de traits, ainsi que leur nom l'indique. Le nombre des rayons de la nageoire du dos distingue le pélagique, auquel on ne doit avoir donné le nom qu'il porte, que pour désigner l'habitude de se tenir fréquemment en pleine mer. LE CARANXOMORE PLUMIÉRIEN. Caranxomorus pliimierianns, Lac. 2. Parmi les peintures sur véliu du Muséum d'iiisloire naturelle, se trouve l'image de ce poisson, dont on doit le dessin au voyageur Plumier. Ce caranxomore parvient à une grandeur considérable, et n'est couvert que d'écaillés très-petites. La nageoire dorsale ne commence que vers le milieu de la longueur totale de l'animal; elle ressemble, presque en tout à celle de l'anus, au-dessus de laquelle elle est située. La nuque présente un enfon- cement (jui rend le crâne convexe; la ligne latérale est courbe et rude; trois lames com- posent chaque opercule; les mâchoires sont aussi avancées l'une que l'autre; le dessus du poisson est bleu, et le dessous d'un blanc argenté et mêlé de rougeâtre. LE CARANXOMORE PILITSCHEI. Caranxomorus Pilitschoi, Lacep. 3. Les écailles qui revêtent le corps et la queue de ce poisson sont minces, et se détachent facilement; sa ligne latérale suit d'assez prés la courbure du dos; sa caudale est four- chue; il ne parvient que très-rarement à la longueur de deux décimètres; ses Ihoracines et la nageoire de sa queue sont jaunes ou dorées; sa chair est grasse et d'un goût agréa- ble; on le trouve souvent en très-grand nombre dans la mer et dans les embouchures des neuves qui arrosent la côte de Malabar. LE CARANXOMORE SACRESTIN. Caranxomorus Sacrestinus, Lac. i. Commerson a laissé dans ses manuscrits une description de ce poisson, qu'il a observé pendant son voyage avec notre collègue Bougainville, et que les naturalistes ne connaissent pas encore. Les dimensions de ce caranxomore sont assez semblables à celles du scombre maquereau. Du jaunâtre distingue la dorsale et la nageoire de l'anus; du rouge, les pec- torales; du jaune entouré de bleuâtre, les thoracines; du noirâtre, la nageoire de la queue, qui est très-foui'chue. Le museau est avancé; chaque mâchoire armée de dents très-courtes, très-fines et très- serrées; la langue cartilagineuse et lisse; le palais relevé par deux tubérosités ; le dessus (lu gosier garni, ainsi que le dessous, d'une élévation dure et hérissée de très-petites dents ; l'œil grand; chaque opercule composé de trois lames, dont la première est revêtue de petites écailles, la seconde ciselée, la troisième prolongée par un appendice jusqu'à la base des pectorales; chaque côté de l'occiput strié ou ciselé; le dernier rayon de la dor- sale très-allongé, de même que la seconde de chaque pectorale, et le dernier de la nageoire de l'anus. La chair du sacrestin est agréable au goût. SOIXANTE-HUITIÈME GENRE. LES C^SIO. Une seule nageoire, domale, jioin/ de petites nageoires au-dessus ni nit-drssons de laquelle, /es côtés de In queue relevés longitudinulimcnl en carène, nu une pelife nageoire composée dr den.r aiguillons cl d'une membrane audevanl de la nageoire de l'anus, un la nageoire dorsale très- prolongée vers celle de la queue: la lèvre supérieure très-extensible : point d'aiguillons isolés au-devant de la nageoire du dos. ESPÈCES. CARVCTÈKES. t. Le C.ES10 AZL- ( L'opercule branchial recouvert d'ccailles semblables à celles du dos, et placées les non. I unes au-dessus des autres. 2. Le Cisio poi- I ^j^g fossette calleuse et une bosse osseuse au-devant des nageoires thoracines. LAIN. ( ° I Du sous-genre Caranxomore, dans le genre Coryphène, Cuv. D. •i M. Cuvier ne fait pas mention de cette espèce. D. r. M. Cuvier ne cite pas ce poisson. D. i Non mentionné par M. Cuviei'. DES POISSONS. ICI LE CiESIO AZUROR. Caesio caerulnureus, Lac, Cuv. i. Cœsio est le nom générique donné par Commerson au poisson que nous désignons par la dénomination spécifique d'Aziiror, laquelle annonce l'éclat de l'or et de l'azur dont il est revêtu. Le naturaliste voyageur a tiré ce nom de cœsio, de la couleur bleuâtre, en latin cœsius, de l'animal qu'il avait sous ses yeux. En reconnaissant les grands rapports qui lient les Cœsio avec les scombres, il a cru cependant devoir les en séparer. Et c'est en adoptant son opinion que nous avons établi le genre particulier dont nous nous occupons, que nous avons cherché à circonscrire dans des limites prescrites, et auquel nous avons cru devoir rapporter non-seulement le ctesto azuror décrit par Commerson, mais encorele poulain placé par Forskael, et d'après lui par Bonnaterre, au milieu des scombres, et inscrit par Gmelin parmi les centrogastères. L'azuror est très-beau. Le dessus de ce poisson est d'un bleu céleste des plus agréables à la vue, et qui, s'étendant sur les côtés de l'animal, y encadre, pour ainsi dire, une bande longitudinale d'un jaune doré, qui règne au-dessus de la ligne latérale, suit sa cour- bure, et en parcourt toute l'étendue. La partie inférieure du cœsio est d'un blanc bril- lant et argenté. Une tache d'un noir très-pur est placée à la base de chaque nageoire pectorale, qui la cache en partie, mais en laisse paraître une portion, laquelle présente la forme que l'on désigne par le nom de chevron brisé. La nageoire de la queue est brune, et bordée dans presque toute sa circonférence d'un rouge élégant. L'anale est peinte de la même nuance que cette bordure. On retrouve la même teinte au milieu du brun des pectorales ; la dorsale est brune, et les thoracines sont blanchâtres. L'or, l'argent, le rouge, le bleu céleste, le noir, sont donc répandus avec variété et magnificence sur le cœsio que nous considérons; et des nuances brunes sont distribuées au milieu de ces couleurs brillantes, comme pour les faire ressortir, et terminer l'effet du tableau par des ombres. Cette parure frappe d'autant plus les yeux de l'observateur, qu'elle est réunie avec un volume un peu considérable, l'azuror étant à peu près de la grandeur du maquereau, avec lequel il a d'ailleurs plusieurs rapports. Au reste, n'oublions pas de remarquer que cet éclat et cette diversité de couleurs que nous admirons en tâchant de les peindre, appartiennent à un poisson qui vit dans l'ar- chipel des grandes Indes, particulièrement dans le voisinage des Moluques, et par con- séquent dans ces contrées où une heureuse combinaison de la lumière, de la chaleur, de l'air, et des autres éléments de la coloration, donne aux perroquets, aux oiseaux de paradis, aux quadrupèdes ovipares, aux serpents, aux fleurs des grands arbres, et à celles des humbles végétaux, l'or resplendissant du soleil des tropiques, et les tons animés des sept couleurs de l'arc céleste. L'azuror brillait parmi les poissons que les naturels des Moluques apportaietit au vais- seau de Commerson ; et le goût de sa chair était agréable. Le museau de ce cœsio est pointu; la lèvre supérieure très-extensible; la mâchoire inférieure plus avancée que celle de dessus, lorsque la bouche est ouverte; chaque mâchoire garnie de dents si petites, que le tact seul les fait distinguer; la langue très- petite, cartilagineuse, lisse, et peu mobile; le palais aussi lisse que la langue, l'œil ovale et très- grand; chaque opercule composé de deux lames, recouvert de petites écailles, excepté sur les bords, et comme ciselé par des rayons ou lignes convergentes; la lame postérieure de cet opercule conformée en triangle; cet opercule branchial placé au-dessus du rudiment d'une cinquième branchie; la concavité des arcs osseux qui soutiennent les branchies, dentée comme un peigne; la nageoire dorsale très-longue; et celle de la queue profondément échancrée. LE CvESIO POULAIN. Scomber Eqaula, Forslc. ; Centrogaster Equula, Gmclj Cœsio Equulus, Lac; Equula Caballa, Cuv.2. Ce poisson a une conformation peu commune. Sa tête est relevée par deux petites saillies allongées qui convergent et se réunissent sur 1 M. Cuvier conserve le genre Ctesio de M. de Lac 'pède, mais n'y admet que cette seule espèce. D. 2 M. Cuvier sépare ce poisson du pn'C'dent pour en former le type du sous-genre poulain, Er/tm/a, dansson genre DoRKK. Zp!/s. D. 162 HISTOIRE NATURELLE le fronl; un ou deux aiguillons tournés vers la queue sont places au-dessus de chaque œil; les dents sont menues, flexibles, et, pour ainsi dire, capillaires ou sétacées; l'opercule est comme collé à la membrane branchiale ; on voit une dentelure à la pièce antérieuredece même opercule; une membrane lancéolée estattachée à la partie supérieure de chaque nageoire thoracine; la dorsale et la nageoire de l'anus s'étendent jusqu'à celle de la queue, qui est divisée et présente deux lobes distincts; et enfin, au-devant des nageoires Ihoracines, parait une sorte de bosse ou de tubercule osseux, aigu, el suivi d'une petite cavité linéaire; el également osseuse ou calleuse. Ces deux callosités réunies, cette éminence, et cet enfoncement, ont été comparés à une selle de cheval ; on a cru qu'ils en rappelaient vaguement la forme ;el voilà d'où viennent les noms de petit Cheval, de petite Jument, de Poulain et de Pouline, donnés au poisson que nous examinons. Au reste, ce cœsio est revêtu d'écaillés très-petites, mais brillantes de l'éclat de l'argent. Il parvient à la longueur de deux décimètres. Forskael l'a vu dans la mer d'Arabie, où il a observé aussi d'autres poissons i presque entièrement semblables au Poulain, qui n'en dilléienl d'une manière très-sensible (pie par un ou deux rayons de moins aux nageoires dorsale, pectorale et caudale, ainsi que par la couleur glauque el la bordure jaune de ces mêmes nageoires, des ihoracines, et de celle de l'anus, el (pie nous considérerons, quant à présent el de même que les naturalistes Gmelin et Bonnalerre, comme une simple variété de l'espèce que nous venons de décrire. SOIXANTE-NEUVIÈME GENRE. LKS C/ESIOMORES -i. Cne scu'e nageoire dorsah, point de petites nageoires au-dessus ni tni-dcssous de la queue, point de carène latérale à la queue, ni de petite n'igeuire au-devant de celle de ramix. d's aiguillons isolés au-devant de la nageoire du dos. ESPF.CES. CAP.ACTÈRKS. 1 . Le C-ESioMORE j Deux aiguillons isolés au-devant de la nageoire dorsale j le corps et la queue revêtus BAILLON. { d'écaillés assez grandes. 2. Le CjîsioMonE ' Cinq aiguillons isolés au-devant de la nageoire dorsale; le corps et la queue dénués BLocH. ' d'écaillés facilement visibles. LE C/ESIOMORE BAILLON. Cœsiomorus Baillonii, Lac. ; Trachinotus Baillonii, Cuv. Nous allons faire connaître deux c?esiomores; aucune de ces deux espèces n'a encore été décrite. Nous en avons trouvé la figure dans les manuscrits de Commerson ; et elle a été gravée avec soin sous nos yeux. Nous dédions l'une de ces espèces à 31. Bâillon, l'un des plus zélés el des plus habiles correspondants du Muséum d'histoire naturelle, qui rend chaque jour de nouveaux services à la science que nous cultivons, par ses re- cherches, ses obscrvalions, el les nombreux objets dont il enrichit les collections publi- ques, et dont M. de Bulibn a consigné le juste éloge dans tant de pages de celle Histoire naturelle. Nous consacrons l'autre espèce à la mémoire du savant cl célèbre ichtyologiste le docteur Bloch de Berlin, comme un nouvel hommage de l'eslime el de l'amitié qu'il nous avait inspirées. Le cœsiomore bâillon a le corps el la queue couverts d'écaillés assez grandes, arron- dies, et placées les unes au-dessus des autres. Oa n'en voit pas de semblables sur la tête ni sur les opercules, qui ne sont revêtus que de grandes lames. Des dents pointues et un peu séparées les unes des autres garnissent les deux mâchoires, dont Tinférieure est plus avancée que la supérieure. On voit le long de la ligne latérale, qui est courbe jusque vers le milieu do la longueur totale de l'animal, quatre taches presque rondes el d'une couleur très-foncée. Deux aiguillons foris, isolés, el tournés en arrière, paraissent au-de- vant de la nageoire du dos, laquelle ne commence qu'au delà de l'endroit où le poisson montre la plus grande hauteur, et qui, conformée comme une faux, s'étend presque jus- qu'à la nageoiie caudale. La nageoire de l'anus, placée au-d(îssous de la dorsale, esta peu près de la même éten- 1 « Scomber ninnis glaucis, marginc flavis. » Forskael, Taun. ,\rab., p. ;)8. — Sconibre mcillet. Bonnaterrc, pi. de l'Enc. méth. 2 iM. Ciivier remarque que les tracjiinotes, les acaiiUiiinons et les ciesiomores de M. de Lacépède ne durèrent pas assez pour être séparés. Il les considère comme formant un seul sous-genre (Trachinote) dans son genre Centronole. P. DES POISSONS. 163 due et de la même forme que cette dernière, et précédée, de même, de deux aiguillons assez grands et tournés vers la queue. La nageoire caudale est très-fourchue; les thoracines sont beaucoup plus petites que les pectorales. LE C.ESIOMORE BLOCH. Cfesiomorus Blochii, Laccp. ; Trachinolus Blochii, Cuv. Ce poisson a beaucoup de ressemblance avec le bâillon : la nageoire dorsale et celle de l'anus sont en forme de faux dans cette espèce, comme dans le cspsiomore dont nous venons de parler; deux aiguillons isolés hérissent le devant de la nageoire de l'anus; la nageoire caudale est fourchue, et les thoracines sont moins grandes que les pectorales dans les deux espèces : mais les deux lobes de la nageoire caudale du bloch sont beaucoup plus écartés que ceux de la nageoire de la queue du bâillon; la nageoire dorsale du bloch s'étend vers la tête jusqu'au delà du plus grand diamètre vertical de l'animal, cinq aiguil- lons isolés et très-forts son placés au-devant de cette même nageoire du dos. La nuque est arrondie ; la tête grosse et relevée; la mâchoire supérieure terminée en avant, comme l'inférieure, par une portion très-haute, très-peu courbée, et presque verticale; deux lames au moins composent chaque opercule; on ne voit pas de tache sur la ligne latérale, qui de plus est tortueuse; et enfin, les téguments les plus extérieurs du bloch ne sont recouverts d'aucune écaille facilement visible. SOIXANTE-DIXIÈME GENRE. LES CORIS I. La tête grosse et plus élevée que le corps, le corps comprimé et très-allongé, le premier ou le second rayon de chacune des nageoires thoracines une ou deux fois plus allongé que les antres, point d'écaillés semh'ables à celles du. dus sur les opercules ni sw la tète, dont la couverture lamelteuse et d'une seule pièce représente une sorte de casque. ESPÈCES. CARACTÈRES. 1. Le Coris Al- I Le premier rayon de la nageoire du dos, une ou deux fois plus long que les autres ; GRETTE. ( l'opercule terminé par une ligne courbe; une bosse au-dessus des yeux. ^, 1 „ ? Le premier rayon de la nageoire du dos un peu plus court que les autres, ou ne Z. Le loris an- ^ Jpg surpassant pas en longueur; l'opercule terminé par une ligne anguleuse; ( point de bosse au-dessus des yeux. GULE. LE CORIS AIGRETTE. Coris Aygula, Lacep.i. Quelles obligations les naturalistes n'ont-ils pas au célèbre Commerson! Combien de genres de poissons dont ses manuscrits nous ont présenté la description ou la figure, et qui, sans les recherches multipliées auxquelles son zèle n'a cessé de se livrer, seraient inconnus des amis des sciences naturelles! 11 a donné à celui dont nous allons parler, le nom de Coris, qui, en grec, signifie sommet, tête, etc., à cause de l'espèce de casque qui enveloppe et surmonte la tête des animaux compris dans cette famille. Cette sorte de casque, qui embrasse le haut, les côtés et le dessous du crâne, des yeux et des mâchoires, est formée d'une substance écailleuse, d'une grande lame, d'une seule pièce, qui même est réunie aux opercules, de manière à ne faire qu'un tout avec ces couvercles des organes respiratoires. L'ensemble que ce casque renferme, ou la tête proprement dite, s'élève plus haut que le dos de l'animal, dans tous les coris ; mais dans l'espèce qui fait le sujet de cet article, il est un peu plus exhaussé encore : le sommet du crâne s'arrondit de manière à produire une bosse ou grosse loupe au-dessus des yeux; et le premier rayon de la nageoire dorsale, une ou deux fois plus grand que les autres, étant placé précisément derrière cette loupe, paraît comme une aigrette destinée à orner le casque du poisson. Chaque opercule est terminé du côté de la queue par une ligne courbe. La lèvre supé- rieure est double; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure; chacune des deux mâchoires garnie d'un rang de dents fortes, pointues, triangulaires et inclinées. La ligne latérale suit de très-près la courbure du dos. Le premier rayon de chaque tho- racine, qui en renferme sept, est une fois plus allongé que les autres. La nageoire dor- sale est très-longue, très-basse, et de la même hauteur, dans presque toute son étendue. 1 M. Cuvier {Règ. anim., 2« éd.) remarque que les Coris établis par M. de Lacépède d'après des dessins de Commerson, se sont trouvés des girelles (famille des Labroïdes) à queue tronquée, où le dessinateur avait négligé d'exprimer la séparation du préopercule et de ropercule. D. 2 Ce poisson ne paraît pas différer de la girelle Gaimarn, selon M. Cuvier. D, i64 HISTOIRE XATLHELI.E Celle de l'anus présente des dimensions bien différentes; elle est beaucoup plus courte que la dorsale : ses rayons, plus longs que ceux de cette dernière, lui donnent plus de largeur; sa figure se rapproche de celle d'un trapèze. Et enfin la nageoire caudale est recliligne, et ses rayons dépassent de beaucoup la membrane qui les réunit. LE CORIS ANGULEUX. rori> nnf;iilatu';. Lnci-p. i. Ce coris diffère du précédent par si\ traits principaux : son corps est beaucoup plus allongé que celui de l'aigrette; le premier rayon de la nageoire dorsale ne dépasse pas les autres; la ligne latérale ne suit pas dans toute son étendue la courbure du dos. elle se fléchit en bas, à une assez petite distance de la nageoire caudale, et tend ensuite directement vers cette nageoire; le sommet du crâne ne présente pas de loupe ou de bosse; chaque opercule se prolonge vers la queue, de manière à former un angle saillant, au lieu de n'offrir qu'un contour arrondi ; et les deux mâchoires sont également avancées. SOIXANTE ET ONZIÈME GENRE. LES GOMPHOSES t. Le »niseau allonrié en forme de clou un de masse, la tète et les opercules dénués d^écailles sembfnblet à celles du dos. ESPÈCES. CABACTÈRES. J* ^ 1 Toute la surface du poisson d'une couleur bleue foncée. 2. Le Gomphose i -, i ■ • i m • j j • x j i_i ) La couleur générale melee de rouée, de laune et de bleu. VARIE. l ^ ^ .1 LE GOMPHOSE BLEU. Gomphosus cseruleus, Laccp., Cuv. Commerson a laissé dans ses manuscrits la description de ce poisson qu'il a observé dans ses voyages, que nous avons cru, ainsi que lui, devoir inscrire dans un genre parti- culier, mais auquel nous avons donné le nom générique de Gomphos, plutôt que celui à'Elops, qui lui a été assigné par ce naturaliste. Le mol gomphos désigne, aussi bien que celui d'élops, la forme du museau de ce poisson, qui représente une sorte de clou; et en employant la dénomination que nous avons préférée, on évite toute confusion du genre que nous décrivons, avec une petite famille d'abdominaux connue depuis longtemps sous le nom d'élops. Le gomphose bleu est, suivant Commerson, delà grandeur du cyprin tanche. Toute sa surface présente une couleur bleue sans tache, un peu foncée et noirâtre sur les nageoires pectorales, et très-claire sur les autres nageoires. L'œil seul montre des nuances différentes du bleu; la prunelle est bordée d'un cercle blanc, autour duquel l'iris présente une belle couleur d'émeraude ou d'aigue-marine. Le corps est un peu arqué sur le dos, et beaucoup plus au-dessous du ventre. La lèle, d'une grosseur médiocre, se termine en devant par une prolongation du museau, que Com- merson a comparée à un clou, dont la longueur est égale au septième de la longueur totale de l'animal, et qui a quelques rapports avec le boutoir du sanglier. La mâchoire supérieure est un peu extensible, et quelquefois un peu plus avancée que l'inférieure; ce qui n'empêche pas que l'avant-bouche, dont l'ouverture est étroile, ne forme une sorte de tuyau. Chaque mâchoire est composée d'un os garni d'un seul rang de dents très-petites et très-serrées l'une contre l'autre; et les deux dents les plus avancées delà mâchoire d'en haut sont plus grandes que celles qui les suivent. Tout l'intérieur de la bouche est d'ailleurs lisse, et d'une couleur bleuâtre. Les yeux sont petits et très-proches des orifices des narines, qui sont doubles de chaque côté. On ne voit aucune écaille proprement dite, ou semblable à celles du dos, sur la tète ni sur les opercules du gomphose bien. Ces opercules ne son! hérissés d'aucun piquant. Deux lames les composent : la seconde de ces pièces s'avance vers la (jneue, en forme de pointe; et une partie de sa circonférence est bordée d'une membrane. 1 M. Cuvicr pense «uo ce poisson a été décrit une seconde fois par M de Lacépèdc, sous le nom de de Labre malaptère, Lahrns mulapterus. D. a .M. Cnvier admet le groupe des Gomphosos, mais seulement comme un sous-genre dans le genre Labre. T). DES POISSONS. 163 On voit quelques dentelures sur la partie concave des arcs osseux qui soutiennent les branchies. La portion de la nageoire dorsale qui comprend des rayons aiguillonnés, est plus basse que la partie de cette nageoire dans laquelle on observe des rayons articulés. La nageoire caudale forme un croissant dont les deux pointes sont très-allongées. La ligne latérale, qui suit la courbure du dos jusqu'à la fin de la nageoire dorsale, où elle se fléchit vers le bas pour tendre ensuite directement vers la nageoire caudale, a son cours marqué par une suite de petites raies disposées de manière à imiter des caractères chinois. Les écailles qui recouvrent le corps et la queue du gomphose bleu sont assez larges; et les petites lignes qu'elles montrent, les font paraître comme ciselées. LE GOMPHOSE VARIÉ. Gomphosus varius, Lacep., Cuv. Sur les bords charmants de la fameuse île de Taïti, Commerson a observé une seconde espèce de gomphose, bien digne, par sa beauté ainsi que par l'éclat de ses couleurs, d'habiter ces rivages embellis avec tant de soin par la nature. Elle est principalement dis- tinguée de la première par ces riches nuances qui la décorent; elle montre un brillant et agréable mélange de rouge, de jaune et de bleu. Le jaune domine dans cette réunion de tons resplendissants; mais l'azur y est assez marqué pour être un nouvel indice de la parenté du varié avec le gomphose bleu. SOIXANTE-DOUZIÈME GENRE. LES NASONS 1 . Une py-olubérance en forme de corne ou grosse loupe sur le nez , deuxp'aques ou, bouclieré de chaque côté Ji fexlréinité de In quene, le corps et la queue reconverls d'une peau rude et comme cltagrinée. ESPÈCES. CARACTÈRES. 1. Le Nason li- \ Une protubérance cylindrique, horizontale, et en forme de corne au-devant des CORNET. yeux; une ligne latérale très-sensible. 2. Le Nason i Une proéminence en forme de grosse loupe, au-dessus de la mâchoire supérieure; LOUPE. point de ligne latérale visible. LE NASON LICORNET. Chfetodon fronticornis, Linn., Gmel.; Nason fronticornis, Lacep.; Naseus fronticornis, Cuv. Sans les observations de l'infatigable Commerson, nous ne connaîtrions pas tous les traits de l'espèce du licornet, et nous ignorerions l'existence du poisson loupe, que nous avons cru, avec cet habile voyageur, devoir renfermer, ainsi que le licornet, dans un genre particulier, distingué par le nom de Nason. La première de ces deux espèces frappe aisément les regards par la singularité de la forme de sa tête; elle attire l'attention de ceux même qui s'occupent le moins des sciences naturelles. Aussi avait-elle été très-remarquée par les matelots de l'expédition dont Com- merson faisait partie : ils l'avaient examinée assez souvent pour lui donner un nom; et comme ils avaient facilement saisi un rapport très-marqué que présente son museau avec le frontdes animaux fabuleux auxquels l'amour du merveilleux a depuis longtemps attaché la dénomination Ae Licorne, ils l'avaient appelée la Petite Licorne, ou le Licornet, appel- lation que j'ai cru devoir conserver. En etfet, de l'enlre-deux des yeux de ce poisson part une protubérance presque cylin- drique, renflée à son extrémité, dirigée horizontalement vers le bout du museau, et atta- chée à la tête proprement dite par une base assez large. C'est sur cette même base que l'on voit de chaque côté deux orifices de narines, dont l'antérieur est le plus grand. Les yeux sont assez gros. Le museau proprement dit est un peu pointu; l'ouverture de la bouche étroite; la lèvre supérieure faiblement extensible ; la mâchoire d'en haut un peu plus courte que celle d'en bas, et garnie, comme cette dernière, de dents très-petites, aigui's, et peu serrées les unes contre les autres. Des lames osseuses composent les opercules, au-dessous desquels des arcs dentelés dans leur partie concave soutiennent de chaque côté les quatre branchies. 1 Ce genre est admis par M. Cuvier, et placé par lui dans la farailledesTliiJUtyes,de Tordre das. thoptérygiens, avec les Sidjans, les Acanthures, les Prionures, les Axinurcs, et les Priodons. D. Tordre das Acan iodons. D. tACÉPÈDE. — TO^tK II, -M ICG HISTOIRE NATURELLE Le corps et la queue sont très-comprimés, carénés en haut, ainsi qu'en bas, et recouverts d'une peau rude, que l'on peut comparer à celle de plusieurs cartilagineux, et notamment de la plupart des squales. La couleur que présente la surface presque entière de l'animal est d'un gris brun; mais la nageoire du dos, ainsi que celle de l'anus, sont agréablement variées par des raies courbes, jaunes ou dorées. Celle même nageoire dorsale s'étend depuis la nuque jusqu'à une assez petite distance de la nageoire caudale. La ligne latérale est voisine du dos, dont elle suit la courbure; l'anus est situé très- près de la base des tlioracines,et par conséquent plus éloigné de la nageoire caudale que de la gorge. La nageoire de l'anus est un peu plus basse et presque aussi longue que celle du dos. La caudale est échancrée en forme de croissant, et les deux cornes qui la terminent sont composées de layons si allongés, que lorsqu'ils se rapprochent, ils représentent presque un cercle parfait, au lieu de ne monirer qu'un demi-cercle. De plus, on voit auprès de la base de cette nageoire, et de chaque côté de la queue, deux plaques osseuses, que Commerson nomme de petits boucliers, dont chacune est grande, dit ce voyageur, comme l'ongle du petit doigt de l'homme, et composée d'une lame un peu relevée en carène et échancrée par devant. On doit apercevoir d'autant plus aisément ces deux pièces qui forment un caractère remarquable, que la longueur totale de l'animal n'excède pas quehjuefois trente-cinq centiméties. Alors le plus grand diamètre vertical du corps proprement dit, celui que l'on peut mesurer au-dessus de l'anus, est de dix ou onze cenlimètres; la plus grande épaisseur du poisson est de quatre centimètres; et la partie de la corne frontale et hori- zontale, qui est entièrement dégagée du front, a un centimètre de longueur. Commerson a vu le licornet auprès des rivages de l'Ile de France; et si les dimensions que nous venons d'indiquer d'après le manuscrit de ce naturaliste, sont celles que ce nason présente le plus souvent dans les parages que ce voyageur a fréquentés, il faut que celte espèce soit bien plus favorisée pour son développement dans la mer Rouge ou mer d'Ara- bie. En efTet, Forskael, qui l'a décrite, et qui a cru devoir la placer parmi celles de la famille des chétodons, au milieu desquels elle a été laissée par le savant Gmelin et par M. Bonnaterre, dit qu'elle parvient à la longueur de cent dix-huit cenlimètres (une aune ou environ). Les licornets vont partroupes nombreuses dans cette même mer d'Arabie; on en voit depuis deux cents jusqu'à quatre cents ensemble; et l'on doit en être d'autant moins surpris, que l'on assure qu'ils ne se nourrissent que des plantes qu'ils peuvent ren- contrer sous les eaux. Quoiqu'ils n'aient le besoin ni l'habitude d'allaipier une pi'oie, ils usent avec courage des avantages que leur donnent leur grandeur et la conformation de leur tète; ils se défendent avec succès contre des ennemis dangereux; des pècheui's arabes ont même dit avoir vu une troupe de ces thoracins entourer avec audace un aigle qui s'était préci|)ilé sur ces poissons comme sur des animaux faciles à vaincre, opposer le nombre à la force, assaillir l'oiseau carnassier avec une sorte de concert, et le combattre avec assez de constance poui' lui donner la mort. LE NASON LOUPE. Acanthurus Nasus, Shaw ; Naso luberosus, Commers., Lacep.; Naseus tuberosus, Cuv. Cette espèce de nason, observée, décrite et dessinée, comme la première, par Commer- son, qui l'a vue dans les mêmes contrées, ressemble au licornet par la compression de son corps et de sa ([ueue, et par la nature de sa peau rude et chagrinée ainsi que celle des squales. Sa couleur générale est d'un gris plus ou moins mêlé de brun, et pai- conséquent très-voisine de celle du licornet; mais on dislingue sur la partie supérieure de l'animal, sur sa nageoire dorsale et sur la nageoire de la queue, un grand noml)re de taches petites, lenticulaiies et noires. Celles de ces taches que l'on remarque auprès des nageoires pecto- rales, sont un peu plus larges que les autres; et entre ces mêmes nageoires et les orifices des branchies, on voit une place noirâtre et très-rude au loucher. La tète est plus grosse, à j)roporlion du reste du corps, (|ue celle du licnrnel. La protu- bérance nasale ne se détache pas du museau autant que la corne de ce deinier nason , elle s'étend vers le haut ainsi que vers les côtés; elle représente une loupe ou véritable bosse. Un sillon particulier, dont la couleur est très-obscure, qui part de l'angle antérieur de l'cril, et qui règne jusqu'à l'extrémité du museau, circonscrit cette grosse tubérosité; et DES POISSONS. 167 c'est au-dessus de l'origine de ce sillon, et par conséquent très-prés de l'œil, que sont situés de chaque côté, deux orifices de narines, dont l'antérieur est le plus sensible. Les yeux sont grands et assez rapprochés du sommet de la tête; les lèvres sont coria- ces; la mâchoire supérieureestplus avancée que l'inférieure, la déborde, l'embrasse, n'est point du tout extensible, et montre comme la mâchoire d'en bas, un contour arrondi, et un seul rang de dents incisives. Le palais et le gosier présentent des plaques hérissées de petites dents. Chaque opercule est composé de deux lames. Les arcs des branchies sont tuberculeux et dentelés dans leur concavité. Les aiguillons de la nageoire du dos et des thoracines sont très-rudes; le premier aiguil- lon de la nageoire dorsale est d'ailleurs très-large à sa base; la nageoire caudale est en forme de croissant, mais peu échancrée. On n'aperçoit pas de ligne latérale; mais on trouve, de chaque côté de la queue, deux plaques ou boucliers analogues à ceux du licornet. Le nason loupe devient plus grand que le licornet; il parvient jusqu'à la longueur de cinquante centimètres. SOLXANTE-TREIZIÈME GENRE. LES KYPHOSES i. Le dos trcs-é/evé an-dessus d'une ligne tirée depuis le bout du museau jusqiC au tnilieu de la nageoire cau- dale: une bosse sur la nuque; des écailles semblables à celles du dos, sur la totalité ou un-i grande partie des opercules qui ne sont pas dentelés. ESPÈCE. CARACTÈRES. Le Ktphose dou- l ^^^ bosse sur la nuque; une bosse entre les yeux; la nageoire de la queue fourchue. LE KYPHOSE DOUBLE-BOSSE. Kyphosus bigibbus, Lacep. Commerson nous a transmis la figure de cet animal. La bosse que ce poisson a sur la nuque, est grosse, arrondie, et placée sur une partie du corps tellement élevée, que si on tire une ligne droite du museau au milieu de la nageoire caudale, la hauteur du som- met de la bosse au-dessus de cette ligne horizontale est au moins égale au quart de la longueur totale de ce Ihoracin. La seconde bosse, qui nous a suggéré son nom spécifique, est conformée, à peu près, comme la première, mais moins grande, et située entre les yeux. La ligne latérale suit la courbure du dos, dont elle est très-voisine. Les nageoires pectorales sont allongées et terminées en pointe. La longueur de la nageoire de l'anus n'égale que la moitié, ou environ, de celle de la nageoire dorsale. La nageoire de la queue est très-fourchue. Des écailles semblables à celles du dos recouvrent au moins une grande partie des opercules. SOIXANTE-QUATORZIÈME GENRE. LES OSPHRONÈMES 2. Cinq ou six raxjons à chaque nageoire thoracine , le premier de ces rayons aiguillonné, et le second terminé par un filament très-long. espèces. caractères. l. L'OsPHRONÈME I La partie postérieure du dos Irès-élevëe; la ligne latérale droite ; la nageoire de la GORAMT. I queue arrondie. 2.L'0sPHR0NÈME j La lèvre inférieure plissée de chaque côté; les nageoires du dos et de l'anus très- GAL. basses; celle de la queue fourchue. L'OSPHRONÈME GORAMY. Osphronemus Olfax, Comm., Cuv.; Osphronemus Goramy, Lacep. Nous conservons à ce poisson le nom générique qui lui a été donné par Commerson, dans les manuscrits duquel nous avons trouvé la description et la figure de ce thoracin. Cet osphronème est remarquable par sa forme, par sa grandeur, et par la bonté de sa chair. Il peut parvenir jusqu'à la longueur de deux mètres ; et comme sa hauteur est très- i M. Cuvier regarde ce genre comme étant le même que celui qui a été nommé Dorsualre par M. de Lacépède, et il croit aussi qu'il ne ditïcrc pas des deux autres genres appelés Pimeleptère et Xist'ere par le même naturaliste. Selon son opinion, il faudrait réduire ces quatre genres en un seul. D. 2 M. Cuvier adopte ce genre, mais il n'y admet que la première espèce ; la seconde, suivant lui, n'est qu'une girelle. D. 11. 168 HISTOIRE NATURELLE grande à proportion de ses aulres dimensions, il fournit un aliment aussi copieux qu'a- gréable. Commerson l'a observé dans l'Ile de France, en février 1770, par les soins de Seré, commandant des troupes royales. Ce poisson y avait été apporté de la Chine, où il est indigène, et de Batavia, où on le trouve aussi, selon l'estimable M. Cossigny. On l'avait d'abord élevé dans des viviers ; et il s'était ensuite répandu dans les rivières, où il s'était multiplié avec une grande facilité, et où il avait assez conservé toutes ses qualités pour être, dit Commerson, le plus recherché des poissons d'eau douce II serait bien à désirer que quelque ami des sciences naturelles, jaloux de favoriser l'accroissement des objets véritablement utiles, se donnât le peu de soins nécessaires pour le faire arriver en vie en France, l'y acclimater dans nos rivières, et procurer ainsi à nolie pnliie une nour- riture peu chère, exquise, salubre, et très-abondante. Voyons quelle est la conformation de cet osphronéme goramy. Le corps est très-comprimé et très-haut. Le dessous du ventre et de la queue et la partie postérieure du dos présentent une carène aiguë. Cette même extrémité postérieure du dos montre une sorte d'échancrure, qui diminue beaucoup la haulciir de l'animal, à une petite distance de la nageoire caudale; et lorsqu'on n'a sous les yeux ([u'uii des côtés de cet osphronéme, on voit facilement que sa partie inférieure est plus arrondie, et s'étend au-dessous du diamètre longitudinal qui va du bout du museau à la fin de la qurnie, beau- coup plus que sa partie supérieure ne s'élève au-dessus de ce même diamètie. De larges écailles couvrent le corps, la queue, les opercules et la télé; cl d'autres écail- les plus petites revêtent une portion assez considérable des nageoires du dos et de l'anus. Le dessus de la tête, incliné vers le museau, olîre d'ailleurs deux légers enfonoenienis. La mâchoire supérieure est extensible; l'inférieure plus avancée que celle d'en haut: toutes les deux sont garnies d'une double rangée de dents ; le rang extérieur est composé de dents courtes et un peu recourbées en dedans; l'intérieur n'est formé que de dents plus petites et plus serrées. On aperçoit une callosité au palais; la langue est blanchâtre, retiiée, pour ainsi dire, dans le fond de la gueule, auquel elle est attachée; les orifices des narines sont doubles; chaque opercule est formé de deux lames, dont la première est excavée vers le bas par deux ou trois petites fossettes, et dont la seconde s'avance en pointe vers les nageoires pectoiales, et de plus est bordée d'une membrane. On aperçoit dans l'intérieur de la bouche, et au-dessus des branchies, une sorte d'os ethmoïde, labijrinthiforme, pour employer l'expression de Commerson, et placé dans une cavité particulière. L'usage de cet os a paru au voyageur que nous venons de citer, très- digne d'être recherché, et nous nous en occuperons de nouveau dans notre Discours sur les parties solides des Poissons. La nageoire du dos commence loin de la nuque, et s'élève ensuite à mesure qu'elle s'approche de la caudale, auprès de laquelle elle est très-arrondie. Chaque nageoire Ihoracine renferme six rayons. Le premier est un aiguillon très-fort; le second se termine par un filament qui s'étend jusqu'à l'extrémité de la nageoire de la queue, ce qui donne à {'osphronéme un rapport très-marqué avec les trichopodes : mais dans ces derniers ce filament est la continuation d'un rayon unique, au lieu que, dans l'osphronème, chaque thoracine présente au moins cinq rayons. L'anus est deux fois plus prés de la gorge que de l'extrémité de la queue : la nageoire qui le suit a une forme très-analogue à celle de la dorsale; mais, ce qui est particulière- ment à remarquer, elle est beaucoup plus étendue. On ne compte au-dessus ni au-dessous de la caudale, qui est arrondie, aucun de ces rayons articulés, très-courts et inégaux, qu'on a nommés Faux rayons ou Rayons bâtards, et qui accompagnent la nageoire de la queue d'un si grand nombre de poissons. Enfin la ligne latérale, plus voisine du dos que du ventre, n'ofi're pas de courbure Irès-sensible. Au reste, le goramy est brun avec des teintes rougeâtres plus claires sur les nageoires que sur le dos; et les écailles de ses côtés et de sa partie inférieure, qui sont argentées et bordées de brun, l'ont paraître ces mêmes portions comme couvertes de mailles. DES POISSONS. 169 L'OSPHRONÈME GAL. Labrus Gallus, Liiin., Gmel.; Osphronemus Gallus, Lacep. i. Forskael a vu sur les côtes d'Arabie cet osphromème, qu'il a inscrit parmi les scares, et que le professeur Gmelin a ensuite transporté parmi les labres, mais dont la véritable place nous paraît être à côté du goramy. Ce poisson est regardé comme très-venimeux par les habitants des rivages qu'il fréquente; et dès lors on peut présumer qu'il se nourrit de mollusques, de vers, et d'autres animaux marins imprégnés de sucs malfaisants ou même délétères pour l'homme. Mais s'il est dangereux démanger de la chair du gai, il doit être très-agréable de voir cet osphronéme : il offre des nuances gracieuses, variées et bril- lantes; et ces humeurs funestes, dérobées aux regards par des écailles qui resplendissent des couleurs qui émaillent nos parterres, offrent une nouvelle image du poison que la nature a si souvent placé sous des fleurs. Le gai est d'un vert foncé; et chacune de ses écailles étant marquée d'une petite ligne transversale violette ou pourpre, l'osphronème paraît rayé de pourpre ou de violet sur presque toute sa surface. Deux bandes bleues régnent de plus sur son abdomen. Les nageoires du dos et de l'anus sont violettes à leur base, et bleues dans leur bord extérieur; les pectorales bleues et violettes dans leur centre; les thoracines bleues; la caudale est jaune et aurore dans le milieu, violette sur les côtés, bleue dans sa circonférence; et l'iris est rouge autour de la prunelle, et vert dans le reste de son disque. Le rouge, l'orangé, le jaune, le vert, le bleu, le pourpre et le violet, c'est-à-dire les sept couleurs que donne le prisme solaire, et que nous voyons briller dans l'arc-en-ciel, sont donc distribuées sur le gai, qui les montre d'ailleurs disposées avec goût et fondues les unes dans les autres par des nuances très-douces. Ajoutons, pour achever de donner une idée de cet osphronéme, que sa lèvre inférieure est plissée de chaque côté; que ses dents ne forment qu'une rangée; que celles de devant sont plus grandes que celles qui les suivent, et un peu écartées l'une de l'autre; que la ligne latérale se courbe vers le bas, auprès de la fin de la nageoire dorsale; et que les écailles sont striées, faiblement attachées à l'animal , et membraneuses dans une grande partie de leur contour. SOIXANTE-QUINZIÈME GENRE. LES TRICHOPODES 2. Un seul ruyoït beaucoup plus long que le corps, à chacune des nageoires thoracines; une seule nageoire dorsale. ESPÈCES. CARACTÈRES. 1. LeTrichopode i La bouche dans la partie supérieure de la tête; la mâchoire inférieure avancée de .MEMOXNiER. ( manière à représenter une sorte de menton. 2. LeTrichopode i La tête couverte de petites écailles; les rayons des nageoires pectorales prolongés ■ igs "■ TRiCHOPTÉRE. ' en très-longs filaments. LE TRICHOPODE MENTONNIER. Trichopodus Mcntum, Lacep. 5. C'est encore le savant Commerson qui a observé ce poisson, dont nous avons trouvé un dessin fait avec beaucoup de soin et d'exactitude dans ses précieux manuscrits. La tête de cet animal est extrêmement remarquable; elle est le produit bien plutôt sin- gulier que bizarre d'une de ces combinaisons de formes plus rares qu'extraordinaires, que l'on est surpris de rencontrer, mais que l'on devrait être bien plus étonné de ne pas avoir fréquemment sous les yeux, et qui n'étant que de nouvelles preuves de ce grand principe que nous ne cessons de chercher à établir, tout ce qui peut être, existe, méritent néanmoins notre examen le plus attentif et nos réflexions les plus profondes. Elle pré- sente d'une manière frappante les ]M'incipaux caractères de la plus noble des espèces, les traits les plus reconnaissables de la face auguste du suprême dominateur des êtres, elle rap- pelle le chef-d'œuvre de la création; elle montre en quelque sorte un exemplaire de la figure humaine. La conformation de la mâchoire inférieure, qui s'avance, s'arrondit, se 1 M. Cuvier ne voit dans ce poisson qu'une espèce du sous-genre Girelle, dans le 'grand genre des Labres. D. 2 M. Cuvier, en adoptant ce genre, n'y comprend que la seconde espèce seulement. La première ne repose que sur une mauvaise figure de l'Osphronème goramy. D. s Nous répétons ici, d'après M. Cuvier, que cette espèce est factice, et établie seulement sur un dessin inexact de l'Osphromène goramy. D. 170 HISTOIRE NATURELLE relève et se recourbe, pour i-eprésenter une sorte de menton ; le lép;er enfoncement qui suit cette saillie; la position de la bouche, et ses dimensions; la forme des lèvres; la place des yeux, et leur diamètre; des opercules h deux lames, que l'on est tenté de com- parer h des joues; la convexité du front; l'absence de toute écaille proprement dite de dessus l'ensemble de la face, qui, revêtue uniquement do grandes lames, paraît comme couverte d'une peau; toutes les parties de la tète du mentonnier se réunissent pour pro- duire celle image du visage de l'homme, aux yeux surtout qui regardent ce trichopode'de profil. !>Liis cette image n'est pas complète. Les principaux linéaments sont tracés : mais leur ensemble n'a pas reçu de la justesse des proportions une véritable ressemblance; ils ne produisent qu'une copie grotesque, qu'un portrait chargé de détails exagérés. Ce n'est donc pas une télé humaine que l'imagination place au bout du corps du poisson mentonnier; elle y suppose plutôt une tète de singe ou de paresseux; et ce n'est même qu'un instant qu'elle peut être séduite par un commencement d'illusion. Le défaut de jeu dans celte tète qui la frappe, l'absence de toute physionomie, la privation de toute expression sensible d'un mouvement intérieur, font bientôt disparaître toute idée d'être privilégié, et ne laissent voir qu'un animal dont quelques portions de la face ont dans leurs dimensions les rapports peu communs que nous venons d'indiquer. C'est le plus saillant de ces rapports que j'ai cru devoir désigner par le nom spécifique de Mentonnier de même que j'ai fait allusion par le mot Trichopoâe (pieds en forme de filaments) au cai'actère de la famille particulière dans laquelle j'ai pensé qu'il fallait l'inscrire. Chacune des nageoires thoracines des poissons de celte famille, et par conséquent du mentonnier, n'est composée en effet que d'un rayon ou filament très-délié. Mais cette pro- longation très-molle, au lieu d'être courte et à peine visible, comme dans les mouo- daclylcs, est si étendue, qu'elle surpasse ou du moins égale en longueur le corps et la queue réunis. Le mentonnier a d'ailleurs ce corps et cette queue très-comprimés, assez hauts vers le milieu de la longueur totale de l'animal; la nageoire dorsale et celle de l'anus, basses, et presque égales l'une à l'autre; la caudale rectiligne et les pectorales courtes, larges et arrondies. LE TRICHOPODE TRICIIOPTÈRE. Labrus trichoptcrus, Pall.. Linn., Gmel.; Trichopterus Pallasii, Sliaw ; Tricliogastcr trichopterus, Bloch ; Trichopodus trichopterus, Lacop., Cu^. Ce Irichopode est distingué du précédent par plusieurs traits que l'on saisira avec faci- lité en lisant la description suivante. Il en diffère surtout par la forme de sa tète, qui ne présente pas celle sorte de masque que nous avons vu sur le mentonnier. Cette partie de l'animal est petite et couverte d'écaillés semblables à celles du dos. L'ouverture de la bouche est étroite, et située vers la portion supérieure du museau proprement dit. Les lèvres sont extensibles. La nageoire du dos est courte, pointue, ne commence qu'à l'endroit où le corps a le plus de hauteur, et se termine à une grande distance de la nageoire de la queue. Il est à remarquer que celle de l'anus est, au contraire, très-longue; qu'elle renferme, à Irès-peu près, (pialre fois plus de rayon* que la dorsale, qu'elle touche presque la caudale; qu'elle s'étend beaucoup vers la tète, et que, par une suite de celle disposition, l'orifice de l'anus, qui la précède, est très-près de la base des thoracines. Ces dernières nageoires ne consistent chacune que dans un rayon ou filament plus long que le corps et la queue considérés ensemble; et déplus, chaque pectorale, qui est très- étroite, se termine par un autre filament très-allongé, ce qui a fait donner au poisson dont nous pa lions le nom de Triclioptère, ou d'Aile à filament. Nous lui avons conservé ce nom spécifique; mais au lieu de le laisser dans le genre des labres ou des spares, nous avons cru, d'a|)rès les ])rincipes qui nous dirigent dans nos disiributions méthodiques, devoir le comprendre dans une pclite famille particulière, et le placer dans le même genre que le mentonnier. Le liichoplèrc est ondô de diverses nuances de brun. On voit de chaque côté sur le corps et sur la queue, une tache ronde, noire et bordée d'une couleur plus claire. Des taches brunes sont l'épandues sur la tête, dont la teinte est, pour ainsi dire, livide; et la nageoire de la queue, ainsi que celle de l'anus, sont pointillées de blanc. Ce trichopode ne parvient guère qu'à un décimètre de longueur. On le trouve dans la mer qui baigne les graniles Indes. DES POISSONS. 171 SOIXANTE-SEIZIÈME GENRE. LES MONODACTYLES 1. In seul rayon Irès-court el à peine visible à chaque nageoire thoracine^ une seule nageoire dorsale. ESPÈCE. CARACTÈRES. Le Monodactyle | La nageoire du dos, et celle de l'anus, en forme de faux; celle de la queue en FALCIFORME. ( CFOlssant. LE MONODACTYLE FALCIFORME. Monodactylus falciforinis, Lacep.; Psettus Commersonii, Cuv, 2. Nous donnons ce nom à une espèce de poisson dont nous avons trouvé la description et la figure, dans les manuscrits de Commerson. Nous l'avons placé dans un genre parti- culier que nous avons appelé Monodactyle., c'est-à-dire, à un seul doigt, parce que chacune de ses nageoires tlioracines, qui représentent en quelque sorte ses pieds, n'a qu'un rayon très-court et aiguillonné, ou pour parler le langage de plusieurs naturalistes, n'a qu'un doigt très-petit. Le nom spécifique par lequel nous avons cru devoir d'ailleurs distinguer cet animal, nous a été indiqué par la forme de ses nageoires du dos et de l'anus, dont la figure ressemble un peu à celle d'une faux. Ces deux nageoires sont de plus assez égales en étendue, et touchent presque la nageoire de la queue, qui est en croissant. L'anus est presque au-dessous des nageoires pectorales, qui sont pointues. La ligne laté- rale suit la courbure du dos, dont elle est peu éloignée. L'opercule des branchies est composé de deux lames, dont la postérieure paraît irrégulièrement festonnée. Les yeux sont gros. L'ouverture de la bouche est petite : la mâchoire supérieure présente une forme demi-circulaire, et des dents courtes, aiguës et serrées; elle est d'ailleurs extensible et embrasse l'inférieure. La langue est large, arrondie à son extrémité, amincie dans ses bords, rude sur presque toute sa surface. On voit, de chaque côté du museau, deux ori- fices de narines, dont l'antérieur est le plus petit et quelquefois le plus élevé. La concavité des arcs osseux qui soutiennent les branchies, présente des protubérances semblables à des dents, et plus sensibles dans les trois antérieurs. Le corps et la queue sont très-comprimés, couverts d'écaillés petites, arrondies et lisses, que l'on retrouve avec des dimensions plus petites encore sur une partie des nageoires du dos et de l'anus, et resplendissants d'une couleur d'argent, mêlée sur le dos avec des teintes brunes. Ces mêmes nuances obscures se montrent aussi sur la portion antérieure de la nageoire de l'anus et de celle du dos, ainsi que sur les pectorales, qui néanmoins offrent souvent une couleur incarnate. Le monodactyle falciforme ne parvient ordinairement qu'à une lon- gueur de vingt-six centimètres. SOIXANTE-DIX-SEPTIÈME GENRE. LES PLECTORHINQUES 3. Une seule nageaire dorsale : point d'aiguillons isolés au-devant de la nageoire du dos, de carène latérale, ni de petite nageoire au-devant de relie de ranus, les lèvres plissées et contournées, une ou plusieurs lames de l'opercule branchial dentelées. ESPÈCE. CARACTÈRES. E LECTORHiN- i Treize aiguillons à la nagcoirc du dos j de grandes taclics irréguHèrcs, chargécs dc QUE CHETODO- < taclies bcaucoup plùs foncécs, incgalos, et prcsquc Tondes. LE PLECTORHINQUE CHÉTODONOIDE. Plectorhynchus chetodonoides, Lacep. ; Diagramma chetodonoidcs, Cuv. Le mot plectorlmique désigne les plis extraordinaires que présente le museau de ce poisson, et qui forment, avec la dentelure de ses opercules, un de ses principaux caractè- res génériques. Nous avons employé de plus, pour cet osseux, le nom spécifique de Chétodonoïde, parce que l'ensemble de sa conformation lui donne de très-grands rapports avec les Chétodons, dont l'histoire ne sera pas très-éloignée de la description du plecto- rhinque. Ce dernier animal leur ressemble d'ailleurs par la beauté de sa parure. Sur un l-S Ce genre se rapporte à celui que M. Cuvier nomme Psettus, et dans lequel il place le Scomber rhombeus, F orsk., ou Centropome rhomboïdal deLacépède. Quant au monodactyle falciforme, il pense que ce poisson pourrait bien ne pas différer du Chœtodon argenleus, Linn., ou Acanthopode argenté de Lacépède. D. 5 M. Cuvier rapporte les plectorhinques de M. de Lacépède à son genre Diagramme, dans la famille des Acanthoptérygiens sciénoïdes. D. J72 HISTOIRE NATURELLE fond d'une couleur Irès-foncée, paraissent, en effet, de chaque côté, sept ou huit taches très-étendues, inégales, irrégulières, mais d'une nuance claire et très-éclatante, variées par leur contour, agréables par leur disposition, relevées par des taches plus petites, foncées, et presque toutes arrondies, qu'elles renferment en nombre plus ou moins grand. On peut voir aisément, par le moyen du dessin que nous avons fait graver, le bel effet qui résulte de leur flgui-e, de leur ton, de leur distribution, d'autant plus qu'on aperçoit des taches qui ont beaucoupd'analogie avecces premières, à l'extrémité de toutes les nageoires, et surtout de la partie postérieure de la nageoire du dos. Cette nageoire dorsale monlie une sorte d'échancrure arrondie qui la divise en deux por- tions trés-contiguës, mais faciles à distinguer, dont l'une est soutenue par treize rayons aiguillonnés, et l'autre par vingt rayons articulés. Les thoracines et la nageoire de l'anus présentent à peu près la même surfoce l'une que l'autre: les deux premiers rayons qu'elles comprennent, sont aiguillonnés, et le second de ces deux piquants est très-long et très-fort. La nageoire caudale est rectiligne ou arrondie. Il n'y a pas de ligne latérale sensible. La tête est grosse, rompiimée comme le corps et la queue, et revêtue, ainsi (|ue ces der- nières parties, d'écaillés petites et placées les unes au-dessus des autres. Des écailles semblales recouvrent des appendices charnus auxquels sont attachées les nageoires thora- cines, les pectorales, et celle de l'anus. L'œil est grand; l'ouverture de la bouche petite; le museau un peu avancé, et comme caché dans les plis et les contours charnus ou membraneux des deux mâchoires. Nous avons décrit cette espèce encore inconnue des naturalistes, d'après un individu de la collection hollandaise donnée à la France. SOIXANTE-DIX-HUITIÈME GENRE. LES POGONIAS 1 . Une seule nageoire dorsale, point d'aiguillons isolés au-devant de la nageoire du dos, de carène latérale, ni de petite nageoire au-devant de celle de Vanus, un très-grand notnhre de petits barbillons à la mâchoire inférieure. • ESPÈCES. CAnACTÈRES. Le Pogoxias , Les opercules recouverts d'écaillcssemblables à celles du dos; quatre bandes trans- FAscÉ. ' versales, et d'une couleur très-foncëe ou très-vive. LE POGONIAS FASCÉ. Pogonias fasciatus. Lacep., Cuv. Nous donnons ce nom de Pogonias à un genre dont aucun individu n'a encore été connu des naturalistes. Celte dénomination signifie Barbu, et désigne le grand nombre de bar- billons qui garnissent la mâchoire inférieure, et, pour ainsi dire, le menton de l'animal. Nous avons décrit et fait figurer l'espèce que nous distinguons par répithèfe de Fascé, d'après un poisson très-bien conservé, qui faisait partie de la collection du stathouder à La Haye, et qui se tiouve maintenant dans celle du Muséum d'hisloire naturelle. Ce pogonias a la tête grosse; les yeux grands; la l)ouclie large; les lèvres doubles; les dents des deux mâchoires aiguës, égales, et peu serrées; la mâchoire supérieure plus avancée que l'inférieure; l'opercule composé de deux lames et recouvert d'écaillés arron- dies comme celles du dos, auxquelles elles ressemblent d'ailleurs en tout; la seconde lame de ccl opercule branchial Icrminéc en pointe; la nageoire du dos étendue depuis l'endroit le plus haut du corps jusqu'à une distance assez petite de l'extrémité delà queue, et presque partagée en deux portions inégales par une sorte d'échancrure cependant peu profonde ; un aiguillon presque détaché au-devant de celle nageoire dorsale et de celle de l'anus; celle dcinière nageoire liès-pelite, et inférieure même en surface aux thoracines, qui néanmoins sont moins grandes que les pectorales; la caudale rectiligne ou arrondie; les côtés dénués de ligne latérale; la mâchoire inférieure garnie de plus de vingt filamenls déliés, assez courts, rapprochés deux à deux, ou trois à trois, et représentant assez bien une barbe naissante. Quatre bandes foncées ou vives, étroites, mais très-distinctes, régnent de haut en bas de chaque côté du pogonias fascé; de petits points sont disséminés sur une grande partie de la surface de l'animal. i Les Pogoiiias forment pour M. Cuvier le sous-genre Tambour (Pogonias) dans le genre Scicnr, de la famille des Acanthoptérygiens sciénoïdcs. D. DES POISSONS. 173 SOIXANTE-DIX-NEUVIÈME GENRE. LES BOSTRYCHES I . Le corps (i/!ui,ij(i ri aerpen/i forme, deux nageoires dorsales, la seconde séparée de celle de la queue, deux barbillons à la màrh.oire supérieiire ; les yeux assez grands et sans voile. ESPÈCES. CARACTÈRUS. 1. Le Bostryche t r ■ i CHINOIS. I ^« <=ouleur brune. 2. Le Bostryche r» » > »i . u » ^ . i TACHETÉ j ^^ tï^'^sp^titcs taches vertes sur tout le coijjs. LE BOSTRYCHE CHINOIS. Bostrychus Sineiisis, Laccp. -2. C'est dans les dessins chinois dont nous avons déjà parlé, que nous avons trouvé la iigure de ce bostryche, ainsi que celle du bostryche tacheté. Les barbillons que ces pois- sons ont à lamâchoire supérieure, et qui nous ont indiqué leur nom génériques, les dis- tingueraient seuls des gobies, des gobioïdes, des gobiomores et des gobiomoroïïles, avec lesquels ils ont cependant beaucoup de rapports par leur conformation générale. Nous ne doutons pas que ces osseux n'aient des nageoires au-dessous du corps, et ne doivent être compris parmi les thoracins, quoique la position dans laquelle ils sont représentés ne permette pas de distinguer ces nageoires. Au reste, si de nouvelles observations appre- naient que les bostryches n'ont pas de nageoires inférieures, ils n'en devraient pas moins former un genre séparé des autres genres déjà connus ; il suffirait de les retrancher de la colonne des thoracins, et de les porter sur celle des apodes. On les y rapprocherait des murènes, dont il serait néanmoins facile de les distinguer par la forme de leurs yeux et les dimensions ainsi que la position de leurs nageoires. Ajoutons que cette remarque relative à l'absence de nageoires inférieures et au déplacement qui en serait le seul résul- tat, s'applique au genre des bostrychoïdes dont nous allons parler. Le bostryche chinois est d'une couleur brune. On voit de chaque côté de la queue, et auprès de la nageoire qui termine cette partie, une belle tache bleue, entourée d\m cer- cle jaune vers le corps et rouge vers la nageoire. L'animal ne paraît revêtu d'aucune écaille facile à voir. Sa tète est grosse; l'ouveiture de sa bouche arrondie; l'opercule branchial d'une seule pièce; la première nageoire dorsale très-courte relativement à la seconde; celle de l'anus, semblable et presque égale à la première dorsale, se montre au-dessous de la seconde nageoire du dos; celle de la queue est lancéolée. Les mouve- ments et les habitudes du bostryche chinois doivent ressembler beaucoup à ceux des murènes. LE BOSTRYCHE TACHETÉ. Bostryclius maculatus, Lacep. ; Opliiceplialus macuiatus, Cuv. i. Ce bostryche diffère du chinois pai' quelques-unes de ses proportions, par plusieurs de ces traits vagues de conformation que l'oeil saisit et que la parole rend difficilement, et par les nuances ainsi que la disposition de ses couleurs. Il est, en effet, parsemé de très- petites taches vertes. QUATRE-VINGTIÈME GENRE. LES BOSTRYCHOÏDES o. Le corps allongé et serpenti forme; une seiile nageoire dorsale; celle delà queue séparée de celle du dos ] deux barbillons à la mâchoire supérieure ; les ijrux a.^sez grands ri snns voile. s. Le Bostrychoïde ESPECES. caractères. STRYC OEiLLÉ. I verte entourée d un cercle rouge de Chaque j La nageoire de l'anus basse et longue ; celle du dos basse et très-longue j une tache ' verte entourée d'un cercle rouge de chaque côté de l'extrémité de la queue. 1 M. Cuvier cite les Bostryches de M. de Lacépède comme sp rapportant au genre Ophicéphale de la famille des Pharyngiens labyrinthiformes dans l'ordre des Acanthoptérygiens. Il ne cite d'ailleurs que la seconde espèce. D. 2 Non mentionné par M Cuvier. D. 5 Bostryehos en grec veut dire filament, barbillon, etc. i M. Cuvierfait remarquer la ressemblance de ce poisson avec l'espèce de VOnhîcephulus Barca de Buchanam, XXXV, 20. D. s Ce genre de M. de Lacépède est, comme le précédent, rapporté par M. Cuvier au genre Ophicé- phale de Bloch qu'il adopte. D. r , ff f 174 HISTOIRE NATURELLE LE BOSTRICHOIDE OEILLÉ. Bostrychoidcs oculatus, Lacep. t. Ce poisson est figuré dans les dessins chinois arrivés par la Hollande au Muséum d'his- toire naturelle de France. Sa tête, son corps et sa queue sont couverts de petites écailles; sa tête est moins grosse que la partie anléi'ieuie du corps. Les nageoires pectorales sont petites et arrondies; celle de la queue est lancéolée. La couleur de l'animal est brune, avec des bandes transversales plus foncées, et un très-grand nombre de petites taches ver- tes. L'ne tache verte plus grande, placée dans un cercle rouge, et semblable à une prunelle entourée de son iris, parait de chaque côlé de l'extrémité de la queue. La conformation générale de ce poisson doit faire présumer que sa manière de vivre, ainsi que celle des bostryches, a beaucoup des rapports avec les habitudes des murènes. QUATRE-VINGT ET UNIÈME GENRE. LES ÉCHÉNÉIS 2. Une phique tris-grande, ovule, composée de tatnes transversales, et placée sur la tête qui est déprimée. ESPÈCES. CARACTÉnES. 1. L'ECHÉNÉISRÉ- MOHA. 2 L'ECHÉNÉTS NAICRATE. 3. L'ECHÉNÉIS RAYÉ Moins do vingt, et plus de seize paires de lames, à la plaque de la tête. I Plus de vingt-deux paires de lames à la plaque de la tète. I Moins de douze paires de lames à la plaque de la tête. L'ECHENEIS REMORA. Echeneis Rémora, Bl., Lacep., Cuv. L'histoire de ce poisson présente un phénomène relatif à l'espèce humaine, et que la philosophie ne dédaignera pas. Depuis le temps d'Aristote jusqu'à nos jours, cet animal a été l'objet d'une attention constante; on l'a examiné dans ses formes, observé dans ses habitudes, considéré dans ses cirets : on ne s'est pas contenté de lui attribuer des propriétés merveilleuses, des facultés absurdes, des forces ridicules; on l'a regardé comme un exemple frappant des qualités occultes départies par la nature à ses diverses productions; il a paru une preuve convain- cante de l'existence de ces qualités secrètes dans leur origine et inconnues dans leur essence. Il a figuré avec honneur dans les tableaux des poètes, dans les comparaisons des orateurs, dans les récits des voyageurs, dans les descriptions des naturalistes; et cepen- dant à peine, dans le moment où nous écrivons, l'iniage de ses traits, de ses mœurs, de ses efTets, a-t-elle été tracée avec quelque fidélité. Écoutons, par exemple, au sujet de ce rémora, l'un des plus beaux génies de l'antiquité. « L'échénéis, dit Pline, est un petit poisson accoutumé à vivre au milieu des rociiers ; on croît que » lorsqu'il s'attache à la carène des vaisseaux, il en relarde la marciie; et de là vient le nom qu'il )' porte, et qui est formé de deux mots grecs, dont l'un signifie je retiens, et l'autre navire. Il sert à >' composer des poisons capables d'amortir et d'éteindre les feux de Tamour. Doué d'une puissance » bien plus étonnante, agissant par une faculté morale, il arrête l'action de la justice et la marche des » tribunaux : compensant cependant ces qualités funestes par des propriétés utiles, il délivre les femmes » enceintes des accidents qui pourraient trop hâter la naissance de leurs enfants; et lorsqu'on le con- » serve dans du sel, son approche seule suffit pour retirer du fond des puits les plus profonds l'or qui » peut y être tombé. » Mais le naturaliste romain ajoute, avant la fin de la célèbre histoire qu'il a écrite, une peinture bien plus étonnante des attributs du rémora ; et voyons comment il s'exprime au commencement de son trente-deuxième livre. » tempêtes? Quels plus grands auxiliaires le génie de l'homme s'esl-il donnés que les voiles et les » rames? Ajoutez la force inexprimable des fluxalternalifsqui font un fleuve de tout l'Océan. Toutes ces 1 M. Cuvier cite ce poisson et le considère comme étant le même que VOphicephalus Maralius de Buchanam. D. a Ce genre très-anciennement établi, et dont les caractère* sont fort tranchés, n'a point été modifié par les ichtyologistes modernes. D. DES POISSONS. 173 » puissances et toutes celles qui pourraient se réunir à leurs efforts, sont enchaînées par un seul et » très-petit poisson qu'on nomme Échénéis. Que les vents se précipitent, que les tempêtes bouleversent » les flots, il commande à leurs fureurs, il brise leurs efforts, il contraint de rester immobiles des » vaisseaux que n'aurait pu retenir aucune chaîne, aucune ancre précipitée dans la mer, et assez pe- " santé pour ne pouvoir pas en être retirée. Il donne ainsi un frein à la violence, il dompte la rage des >' éléments, sans travail, sans peine, sans chercher à retenir, et seulement en adhérant : il lui suffît, " pour surmonter tant d'impétuosité, de défendre aux navires d'avancer. Cependant les flottes armées » pour la guerre se chargent de tours et de remparts qui s'élèvent pour que l'on combatte au milieu des » mers comme du haut des murs. 0 vanité humaine! un poisson très-petit contient leurs éperons » armés de fer et de bronze, et les tient enchaînées ! On rapporte que, lors de la bataille d'Actium, ce » fut un échénéis qui, arrêtant le navire d'Antoine au moment où il allait parcourir les rangs de ses » vaisseaux et exhorter les siens, donna à la flotte de César la supériorité de la vitesse et l'avantage « d'une attaque impétueuse. Plus récemment, le bâtiment monté par Caïus, lors de son retour d'Andura » à Antium, s'arrêta sous l'effort d'un échénéis ; et alors le rémora fut un augure ; car à peine cet » empereur fut-il rentré dans Rome, qu'il périt sous les traits de ses propres soldats. Au reste, son '> étonnement ne fut pas long, lorsqu'il vit que, detoutesa flotte, son quinquérème seul n'avançaitpas : » ceux qui s'élancèrent du vaisseau pour en rechercher la cause, trouvèrent l'échénéis adhérent au » gouvernail, et le montrèrent au prince indigné qu'un tel animal eût pu l'emporter sur quatre cents " rameurs, et très-surpris que ce poisson, qui dans la mer avait pu retenir son navire, n'élit plus de )> puissance jeté dans le vaisseau. » « Nous avons déjà rapporté plusieurs opinions, continue Pliue, an » sujet du pouvoir de cet échénéis que quelques Latins ont nommé Rémora. Quand à nous, nous ne » doutons pas que tous les genres des habitants de la mer n'aient une faculté semblable. L'exemple cé- » lèbre et consacré dans le temple de Gnide ne permet pas de refuser la même puissance à des conques » marines. » « Et de quelque manière que tous ces effets, aient lieu, ajoute plus bas l'éloquent naturaliste » que nous citons, quel est celui qui, après cet exemple de la faculté de retenir des navires, pourra » douter du pouvoir qu'exerce la nature par tant d'effets spontanés et de phénomènes extraor- » dinaires? » Combien de fables et d'erreurs accumulées dans ces passages, qui d'ailleurs sont des chefs-d'œuvre de style! Accréditées par un des Romains dont on a le plus admiré la supé- riorité de l'esprit, la variété des connaissances et la beauté du talent, elles ont été presqueuniversellement accueilliespendant un grand nombre de siècles. Mais l'on n'attend pas de nous une mythologie; c'est l'histoire de la nature que nous devons tâcher d'écrire. Cherchons donc uniquement à faire connaître les véritables formes et les habitudes du rémora. Nous allons réunir, pour y parvenir, les observations que nous avons faites sur un grand nombre d'individus conservés dans des collections, avec celles dont des individus vivants avaient été l'objet, et que Commerson a consignées dans les manuscrits qui nous ont été confiés dans le temps par BufTon. La longueur totale de l'animal égale très-rarement trois décimètres. Sa couleur est brune et sans tache; et ce qu'il faut remarquer avec soin, la teinte en est la même sur la partie inférieure et sur la partie supérieure de l'animal. Ce fait est une nouvelle preuve de ce que nous avons dit au sujet des couleurs des poissons, dans notre Discours sur la nature de ces animaux : en effet, nous allons voir, vers la fin de cet article, que, par une suite des habitudes du rémora, et de la manière dont cet échénéis s'attache aux rochers, aux vaisseaux ou aux grands poissons, son ventre doit être aussi souvent exposé que son dos aux rayons de la lumière. Les nageoires présentent quelques nuances de bleuâtre. L'iris est brun, et montre d'ail- leurs un cercle doré. Une variété que l'on rencontre assez fréquemment, suivant Commerson, et que l'on voit souvent attachée au même poisson, et, par exemple, au même squale que les indivi- dus bruns, est distinguée par sa couleur blanchâtre. Le corps et la queue sont couverts d'une peau molle et visqueuse, sur laquelle on ne peut apercevoir aucune parcelle écailleuse qu'après la mort de l'animai, et lorsque les tégu- ments sont desséchés; et l'ensemble formé par la queue et le coi-ps proprement dit, est d'ailleurs très-allongé et presque conique. La tête est très-volumineuse, très-aplatie, et chargée dans sa partie supérieure d'une sorte de bouclier ou de grande plaque. Cette plaque est allongée, ovale, amincie et membraneuse dans ses bords. Son disque est garni ou plutôt armé de petites lames placées transversalement et attachées des deux côtés d'une arête ou saillie longitudinale qui partage le disque en deux. Ces lames trans- versales et arrangées ainsi par paires sont ordinairement au nombre de trente-six, ou de 176 HISTOIRE NATURELLE dix-huit pnircs : leur longueur diminue d'autant plus qu'elles sont situées plus près de l'une ou de l'autre des deux extrémités du bouclier ovale. De plus, ces lames sont solides, osseuses, presque parallèles les unes aux autres, très-aplaties, couchées obliquement, susceptibles d'êlre un peu relevées, hérissées, comme une scie, de très-petites dents, et retenues par une sorte de clou articulé. Le museau est très-arrondi, et la mâchoire inférieure beaucoup plus avancée que celle d'en haut, qui d'ailleurs est simple, et ne peut pas s'allonger à la volonté de l'animal : l'une et l'aulre ressemblent à une lime, à cause d'un grand nombre de rangs de dents très-pe(ites qui y sont attachées. D'antres dents également très-peliles sont placées autour du gosier, sur une éminence osseuse faite en forme de fer-à-cheval et attachée au palais, et sur la langue, qui est courte, large, arrondie par devant, dure, à demi cartilagineuse, et retenue en dessous par un frein assez couit. Au reste, l'intérieur de la bouche est d'un incarnat communément très-vif, et l'ouverture de cet organe a beaucoup de rapports, par sa forme et par sa grandeur proportionnelle, avec l'ouverture de la bouche de la lophie baudroie. L'orifice des narines est double de chaque côté. Les yeux, placés sur les côtés de la tête, et séparés par toute la largeur du bouclier, ne sont ni voilés ni tiès-saillants. Deux lames composent chaque opercule des branchies, et une peau légère le recouvre. La membrane branchiale est soutenue par neuf rayons. Les branchies sont au nombre de quatre de chaque côté, et la partie concave de leurs arcs est denticulée. Les nageoires thoracines offrent la même longueur, mais non pas la même largeur, que les pectorales : elles comprennent chacune six rayons; le plus extérieur cependant touche de si près le rayon voisin, qu'il est très-difilcile de l'apercevoir. La nageoire du dos et celle de l'anus présentent à peu près la même figure, la même étendue et le même décroissement en hauteur, à mesure qu'elles sont plus près de celle de la queue, qui est fourchue. L'orifice de l'anus consiste dans une fente dont les bords sont blanchâtres. La ligne latérale est composée d'une série de points saillants; elle part de la base des nageoires pectorales, s'élève vers le dos, descend auprès du milieu du corps, et tend ensuite directement vers la nageoire de la queue. Telle est la figure du rémora, tracée d'après le vivant par Commerson, et dont j'ai pu vérifier les traits principaux, en examinant un grand nombre d'individus de cette espèce conservés avec soin dans diverses collections. Ce poisson présente les mêmes formes dans les diverses parties, non-seulement de la Méditerranée, mais encore de l'Océan, soit qu'on l'observe à des latitudes élevées, ou dans les portions de cet Océan comprises entre les deux tropiques. Il s'attache souvent aux cétacées et aux poissons d'une très-grande taille, tels que les squales, et particulièrement le squale requin. Il y adhère très-fortement par le moyen des lames de son bouclier, dont les petites dents lui servent comme autant de crochets, à se tenir cramponné. Ces dents, q»ii hérissent le bord de toutes les lames, sont si nombreuses, et multiplient à un tel degré les points de contact et d'adhésion du rémora, que toute la force d'un homme très-vigoureux ne peut pas sufllre pour arracher ce petit poisson du côté du squale sur lequel il s'est accroché, tant qu'on veut l'en séparer dans un sens opposé à la direction des lames. Ce n'est que lorsqu'on cherche à suivre cette direction et à s'aider de l'inclinoison de ces mêmes lames, qu'on pai'vicnt aisément à détacher l'échénéis du squale, ou plutôt à le faire glisser sur la surface du requin, et à l'en écarter ensuite. Commerson rapporte qu'ayant voulu approcher son pouce du bouclier d'un rémora vivant qu'il observait, il éprouva une force de cohésion si grande, qu'une stupeur remar- quable et même une sorte de paralysie saisit son doigt, et ne se dissipa que longtemps après qu'il eut cessé de toucher l'échénéis. Le même naturaliste ajoute, avec raison, que, dans cette adhésion du rémora au squale, le premier de ces deux poissons n'opère aucune succion, comme on l'avait pensé; et la cohérence de l'échénéis ne lui sert pas immédiatement à se nourrir, puisqu'il n'y a aucune communication proprement dite entre les lames de la plaque ovale et l'intérieur de la bouche et du canal alimentaire, ainsi que je m'en suis assuré, après Commerson, par la dissection Attentive de plusieurs individus. Le rémora ne s'attache, par le moyen des DES POISSONS. 177 nombreux crochets qui hérissent son bouclier, que pour naviguer sans peine, profiter, dans ses déplacements, de mouvements étrangers, et se nourrir des restes de la proie du requin, comme presque tous les marins le disent, et comme Commerson lui-même l'a cru vraisemblable. Au reste, il demeure collé avec tant de constance à son conducteur, que lorsque le requin est pris, et que ce squale, avant d'être jeté sur le pont, éprouve des frottements violents contre les bords du vaisseau, il arrive très-souvent que le rémora ne cherche pas à s'échapper, mais qu'il demeure cramponné au corps de son terrible com- pagnon jusqu'à la mort de ce dernier et redoutable animal. Commerson dit aussi que lorsqu'on met un rémora dans un récipient rempli d'eau de mer, plusieurs fois renouvelée en très-peu de temps, on peut le conserver en vie pendant quelques heures, et que l'on voit presque toujours cet échénéis, privé de soutien et de corps étranger auquel il puisse adhérer, se tenir renversé sur le dos, et ne nager que dans cette position très-extraordinaire. On doit conclure de ce fait très-curieux , et qui a été observé par un naturaliste des plus habiles et des plus dignes de foi, que lorsque le rémora change de place au milieu de l'Océan par le seul effet de ses propres forces, qu'il se meut sans appui, qu'il n'est pas transporté par un squale, i)ar un célacée ou par tout autre mo- teur analogue, et qu'il nage véritablement, il s'avance le plus souvent couché sur son dos, et par conséquent dans une position contraire à celle que presque tous les poissons pré- sentent dans leurs mouvements. L'inspection delà figure générale des rémora, et particuliè- rement la considération de la grandeur, de la forme, de la nature et de la situation de leur bouclier, doivent faire présumer que leur centre de gravité est placé de telle sorte qu'il les détermine à voguer sur le dos plutôt que sur le ventre; et c'est ainsi que leur partie inférieure étant très-fréquemment exposée, pendant leur natation, à une quantité de lumière plus considérable que leur partie supérieure, et d'ailleurs recevant également un très-grand nombre de rayons lumineux, lorsque l'animal est attaché par son bouclier à un squale ou à un cétacée, il n'est pas surprenant que le dessous du corps de ces éché- néis présente une nuance aussi foncée que le dessus de ces poissons. Lorsque les rémora ne sont pas à portée de se coller contre quelque grand habitant des eaux, ils s'accrochent à la carène des vaisseaux; et c'est de cette habitude que sont nés tous les contes que l'antiquité a imaginés sur ces animaux et qui ont été transmis avec beaucoup de soin, ainsi que tant d'autres absurdités, au travers des siècles d'ignorance. Du milieu de ces suppositions ridicules, il jaillit cependant une vérité : c'est que dans les instants où la carène d'un vaisseau est hérissée, pour ainsi dire, d'un très-grand nombre d'échénéis, elle éprouve en cinglant au milieu des eaux, une résistance sembla- ble à celle que feraient naître des animaux à coquille très-nombreux et attachés égale- ment à sa surface, qu'elle glisse avec moins de facilité au travers d'un fluide que choquent des aspérités, et qu'elle ne présente plus la même vitesse. Et il ne faut pas croire que les circonstances où les échénéis se trouvent ainsi accumulés contre la charpente exté- rieure d'un navire, soient extrêmement rares dans tous les parages : il est des mers où l'on a vu* ces poissons nager en grand nombre autour des vaisseaux, et les suivre ainsi en troupes pour saisir les matières animales que l'on jette hors du bâtiment, pour se nourrir des substances corrompues dont on se débarrasse, et même pour recueillir jusqu'aux excréments. C'est ce qu'on a observé particulièrement dans le golfe de Guinée; et voilà pourquoi, suivant Barbot, les Hollandais, qui fréquentent la côte occidentale d'Afrique, ont nommé les rémora Poissons d'ordures. Des rassemblements semblables de ces éché- néis ont été aperçus quelquefois autour des grands squales, et surtout des requins, qu'ils paraissent suivre, environner et précéder sans crainte et dont on dit qu'ils sont alors les pilotes; soit que ces poissons redoutables aient, ainsi qu'on l'a écrit, une sorte d'antipa- thie contre le goût ou l'odeur de leur chair, et dès lors ne cherchent pas à les dévorer ; soit que les rémora aient assez d'agilité, d'adresse ou de ruse, pour échapper aux dents meurtrières des squales, en cherchant, par exemple, un asile sur la surface même de ces grands animaux, à laquelle ils peuvent se coller dans les instants de leur plus grand danger, aussi bien que dans les moments de leur plus grande fatigue. Ce sont encore des réunions analogues et par conséquent nombreuses de ces échénéis, que l'on a remarquées sur des rochers auxquels ils adhéraient comme sur la carène d'un vaisseau, ou le corps d'un requin, surtout lorsque l'orage avait bouleversé la mer, qu'ils craignaient de se livrer à la fureur des ondes, et que d'ailleurs la tempête avait déjà brisé leurs forces. 178 HISTOIRE NATURELLE L'ÉCHÉx\ÉIS NAUCRATE. Echeneis>"aucrales, Linn , Bloch, Lacep., Cuv. On trouve dans presque toutes les mers, et particulièremeut dans celles qui sont com- prises entre les deux tropiques, cette espèce d'échénéis, qui ressemble beaucoup au rémora, et qui en dillere cependant non-seulement par sa grandeur, mais encore par le nombre de paires de lames que son bouclier comprend, et par quelques autres traits de sa conformation. On lui a donné le nom de Naucrate, ou de ^' ancrâtes, qui en grec signilie pilote, ou conducteur de vaisseau. Les individus qui la composent, parviennent queUpiefois jusqu'à la longueur de vingt-trois décimètres, suivant des Mémoires manus- crits cités par le professeur Bloch, et rédigés par le prince Mauiice de Nassau, qui avait fait quelque séjour dans plusieurs contrées maritimes de l'Amérique méridionale. Le bouclier placé au-dessus de leur tète présente toujours plus de vingt-deux et quelquefois vingt-six paires de lames transversales et dentelées. D'ailleurs la nageoire de la queue du naucrate, au lieu d'être fourchue comme celle du rémora, est arrondie ou recliligne. De plus, les nageoires du dos et de l'anus, plus longues, à proportion que sur le rémora, montrent un peu la forme d'une faux. La figure de l'une de ces deux nageoires est semblable à celle de l'autre. L'ouverture de l'anus est allongée, et située à peu près vers le milieu de la longueur totale de l'éché- néis; et la ligne latérale, composée de points très-peu sensibles, s'approche d'abord du dos, change ensuite de direction, et tend vers la queue à l'extrémité de laquelle elle par- vient. Le naucrate offre des habitudes très-analogues à celles du rémora; on le rencontre de même en assez grand nombre autour des requins. Ses mouvements ne sont pas toujours faciles ; mais comme il est plus grand et plus fort que le rémora, il se nourrit quelquefois d'animaux à coquille et de crabes; et lorsqu'il adhère à un corps vivant ou inanimé, il faut des efforts bien plus grands pour l'en détacher que pour séparer un rémora de son appui. Commerson, qui l'a observé sur les rivages de l'ile de France, a écrit que ce poisson fréquentait très-souvent la côte de Mozambique, et qu'auprès de cette côte on employait pour la pêche des tortues marines, et d'une manière bien remarquable, la facilité de se cramponner dont jouit cet échénéis. Nous croyons devoir rapporter ici ce que Commer- son a recueilli au sujet de ce fait très-curieux, le seul du même genre que l'on ait encore observé. On attache à la queue d'un naucrate vivant, un anneau d'un diamètre assez large pour ne pas incommoder le poisson, et assez étroit pour être retenu parla nageoire caudale. Une corde très-longue tient à cet anneau. Lorsque l'échénéis est ainsi préparé, on le ren- ferme dans un vase plein d'eau salée, qu'on renouvelle très-souvent; et les pêcheurs mettent le vase dans leur barque. Us voguent ensuite vers les parages fréquentés par les tortues marines. Ces tortues ont l'habitude de dormir souvent à la surface de l'eau sur laquelle elles flottent; et leur sommeil est alors si léger, que l'approche la moins bruyante d'un bateau pêcheur suffirait pour les réveiller et les faire fuir à de grandes distances, ou plonger à de grandes profondeurs. Mais voici le piège que l'on tend de loin à la première tortue que l'on aperçoit endormie. On remet dans la mer le naucrate garni de sa longue corde: l'animal, délivré en partie de sa captivité, cherche à s'échapper en nageant de tous les côtés. On lui lâche une longueur de corde égale à la distance qui sépare la tortue marine de la barque des pêcheurs. Le naucrate, retenu par ce lien, fait d'abord de nou- veaux eflbrts pour se soustraire à la main qui le maîtrise ; sentant bientôt cependant qu'il s'agite en vain et qu'il ne peut se dégager, il parcourt tout le cercle dont la corde est en quelque sorte le rayon, pour rencontrer un point d'adhésion, et par conséquent un peu de repos. Il trouve cette sorte d'asile sous le plastron de la tortue flottante, s'y attache fortement par le moyen de son bouclier, et donne ainsi aux pécheurs, auxquels il sert de crampon, le moyen de tirer à eux la tortue en retirant la coi'dc. On voit tout (le suite la différence remarquable qui sépare cet emploi du naucrate, de l'usage analogue auquel on fait servir plusieurs oiseaux d'eau ou de rivage, et particuliè- rement des coi'morans, des héi'ons et des butors. Dans la pêche des tortues faites par le moyen d'un échénéis, on n'a sous les yeux qu'un poisson contraint dans ses mouvements, mais conservant la tendance, faisant les mêmes efforts, répétant les mêmes actes que lorsqu'il nage en liberté, et n'étant qu'un prisonnier qui cherche à briser ses chaînes, tandis que les oiseaux élevés pour la pêche sont altérés dans leurs habitudes, et modifiés DES POISSONS. 179 par l'art de l'homme, au point de servir en esclaves volontaires ses caprices et ses besoins. On a pu entrevoir dans deux de nos Discours généraux i, la cause de cette différence, qui mérite toute l'attention des physiciens. L'ÉCHÉNÉIS RAYÉ. Echeneis lineata, Schn., Lacep., Cuv. Le naturaliste anglais Archibald IMenzies a donné, dans le premier volume des Tran- sactions de la société linnéenne de Londres, la description de ce poisson, qui diffère des deux échénéis dont nous venons de parler, par le nombre des lames qui composent sa plaque ovale. En elîet, cet osseux n'a que dix paires de stries transversales, dans l'espèce de bouclier dont sa tète est couverte. D'ailleurs sa nageoire caudale, au lieu d'être four- chue comme celle du rémora, ou rectiligne ou arrondie comme celle du naucrafe, se ter- mine en pointe. Sa mâchoire inférieure est plus longue que la supérieure. Les dents des deux mâchoires sont petites, ainsi que les écailles qui revêlent l'animal. La couleur géné- rale est d'un brun foncé, et relevée de chaque côté par deux raies blanches qui s'étendent depuis les yeux jusque vers le bout de la queue. L'échénéis rayé se trouve dans le grand Océan, connu sous le nom de mer Pacifique : on l'y a vu adhérer à des tortues. L'individu décrit par l'auteur anglais avait treize centimètres de long. QUATRE-VINGT-DEUXIÈME GENRE. LES MACROURES 2- Deux nageoires sta- le dos: la qrieue deux fois plus longue que le corps. ESPÈCE. CARACTÈRES. Le Macroure ber- ( Le premier rayon delà première nageoire dorsale dentelé par devant; les écailles OLAX. ( aiguillonnées, et relevées en carène. LE 3IACR0URE BERGLAX. Macrourus rupestris, Bl., Cuv. ; Macrourus Berglax, Lacep,; Lepidoleprus cœlorhynchus, Risso. Auprès des rivages du Groenland et de l'Islande, habile ce macroure queBlochetGunner ont cru, avec raison, devoir placer dans un genre particulier. La longueur de sa queue sépare sa forme de celle des autres poissons thoracins, et donne un caractère particulier à ses habitudes, en accroissant l'étendue de son principal instrument de natation, et en douant cet osseux d'une force particulière pour se mouvoir avec vitesse au milieu des mers hyperboréennes. Long d'un mètre, ou environ, il fournit un aliment utile et quelquefois même abondant aux peuplades de ces côtes groënlandaises et islandaises, si peu favorisées par la nature, et condamnées pendant une si grande partie de l'année à tous les effets funestes d'un froid excessif. Son nom de Berglax vient des rapports qu'il a paru présenter avec le saumon que l'on nomme Lachs ou Lax dans plusieurs langues du Nord, et des rochers au milieu desquels il séjourne fréquemment. Sa tête est grande et large; ses yeux sont ronds et saillants; les ouvertures des narines doubles de chaque côté; et les deux mâchoires proprement dites, à peu près égales. Cependant le museau est très-avancé au- dessus de la mâchoire supérieure; qui est armée ordinairement de cinq rangées de dents ; et la mâchoire inférieure, qui n'en montre que trois rangées, est garnie d'un filament ou barbillon semblable, par sa forme, sa nature et sa longueur, à celui de plusieurs gades. La langue est courte, épaisse, cartilagineuse, blanche, et lisse comme le palais. Un oper- cule d'une seule pièce couvre une grande ouverture branchiale. L'anus est plus près de la tête que de l'extrémité de la queue. La ligne latérale se rapproche du haut du corps, dans une grande partie de sa direction. Deux nageoires s'élèvent sur le dos; la seconde est réunie aveccelle de la queue, qui touche aussi celle de l'anus; et les écailles qui recouvrent ce Macroure, ou, ce qui est la même chose, ce poisson à longue queue, sont relevées par une arête qui se termine en pointe ou en aiguillon. Présentant d'ailleurs un éclat argentin , ces écailles donnent une teinte très-brillante au berglax, dont la partie supérieure montre néanmoins une couleur plus foncée ou plus bleuâtre que l'inférieure; et les nageoires ajoutent quelquefois à la parure de l'animal, en offrant une nuance d'un assez beau jaune, et une bordure bleue qui fait ressortir ce fond presque doré. i Discours sur la nature des Poissons, et Discours sur la durée des espèces. 2 Ce genre, créé par Bloch, est adopté par M. Cuvier. Il répond à celui que M. Risso a nommé Lepidoleprus. D. 180 HISTOIRE NATURI^LLE Le berglax fraye assez lard. On le pêche avec des lignes de fond : lorsqu'il est pris, il se débat violemment, agile avec force sa longue queue, anime ses gros yeux, et se gonfle d'une manière assez analogue à celle que nous avons observée en parlant des tétrodons. ♦ QUATRE-VINGT-TROISIEME GENRE. LES CORYPHÈ>ES J. /. ' sommet de la tèle très-comprimé et comme tranchant par le /mut, ou frès-élevè et finissant sur le devant par un plan presque vertical, ou terminé antérieurement pur un quart de cercle, ou garni d'écaillés semblaÙes à celles du dos: une seule nageoire dorsale, et cette nageoire du dos presque aussi longue que le corps et la queue. PREMIER SOUS-GEXRE. La nageoire de la queue fourcJnic. CAKACTÈRES. Soixante rayons, ou environ, à la nageoire du dos; plus de si.v rayons à la mem- brane des branchies ; plus d'un rang de dents à chaque mâchoire ; une seule lame à chaque opercule ; des taches sur la plus grande partie du corps et de la queue. Cinquante rayons, ou environ, à la nageoire du dos ; six raj-ons à la membrane biancliialc ; des taches sur la partie supérieure du corps et de la queue. Ciii(|uanle-luiit rayons à la nageoire du dos ; six rayons à la membrane des bran- chies; la langue osseuse dans le milieu, et cartilagineuse dans les bords; un seul rang de dents à chaque mâchoire ; deux lames à clia(iue opercule : des taches sur la plus grande partie du corps et de la queue. Cinquante-cinq rayons, ou environ, à la nageoire du dos; celte nageoire dorsale très-feslonnée au-dessus de la queue; la langue bisanguleuse par devant, osseuse i dans son milieu, et cartilagineuse dans ses bords; point de dents sur le devant l du palais; point de taches sur le corps ni sur la queue. i Cinquante-quatre rayons, ou environ, à la nageoire du dos; la ligne latérale droite; \ des bandes transversales placées sur la nageoire dorsale, et s'étendant sur le dos ( et les côtés, où elles ondulent et se réunissent les unes aux autres. Trente-cinq rayons, ou environ, à la nageoire du dos; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure; la ligne latérale courbe; des bandes transversales et otroi tes. SECOxND SOUS GENRE. La nageoire de la queue en croissant. ' Dix-neuf rayons, ou environ, à la nageoire du dos; les écailles grandes ; toute la surface du poisson d'une couleur bleue. I Quatre-vingts rayons, ou environ, à la nageoire du dos ; un grand nombre de raies ' étroites, courbes et bleues, situées sur le dos. TROISIÈME SOUS GENRE. La nageoire de la queue rectilignc. , La partie supérieure terminée par une arête aiguë ; des raies bleuâtres, et croisées sur la tête et sur les nageoires ESPECES. Le CoRVPirÈ>[- iMPPinis Le Coryphène nORADO.N. Le Coryphène CHRTSrRUS. . Le Coryphène scombéroïde. I. Le Coryphène 0>DÉ. . Le Coryphène pompile. 7. Le Coryphèxe BLEU. 8. Le Coryphène plumier. 9. Le Coryphène RASOIR. 10. Le Coryphè- ne perroquet. 1 1. Le Coryphè- ne CAMUS. La nageoire dorsale commençant à l'occiput, composée de trente rayons, ou 12. 13 Le Coryphè- ne rayé. Le Coryphè- ne chinois. ' environ, et très-basse, ainsi que celle de l'anus; la ligne latérale interrompue; ) des raies longiludin:iles et vivement colorées sur les nageoires. ( Trente-deux rayons à la nageoire du dos; la lèvre inl'erieurc plus avancée que la ( supérieure. QUATRllhlE .^OUS-GENRE. La nageoire de la queue arrondie. 1 L'extrémité antérieure de chaque mâchoire garnie de deux dents aiguës, très-Ion- j gués, et écartées l'une de l'autre ; les écailles grandes ; la tête dénuée d'écail- ( les semblables à celles du dos, et présentant plusieurs bandes transversales. La nageoire du dos très-longue ; celle de l'anus assez courte ; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure, et révélée; de grandes écailles sur le corps et sur les opercules; la couleur générale d'un vert argentin. CINQUIÈME SOUS-GENRE. La naijeoiri' de la (/neiir lancéolée. Quarante-cinq rayons à la nageoire du dos ; la ligne latérale courbe. Expèri s dont la forme de lu nag^'oirr de la if\iene iC est pus encore connue. m. Le Coryphè- ( La nageoire du dos, celle de l'anus, et les thoracines garnies chacune d'un long ne vert. ( filament. 16. Le Coryphè- j Trente-deux rayons à la nageoire du dos ; une lame osseuse sur le sommet de la ne casqué. ( tête. l M. Cuvier adopte ce genre d'Arledi et de Linnée ; miis il retire la plupart des espèces que M. de Lacépède y admet, pour les reporter dans d'autres genres. D, 1^. Le Coryphè- ne pointu. O o o .-5 ce s IX ce 'H w a o U ce PU CL, se a, O O DES POISSONS. 181 LE CORYPHÈNE HIPPURLS. CoiyphaMia llippurus, Liuu., Bl., Lacep., Cuv. i. De fous les poissons qui habitent la haute mer, aucun ne paraît avoir reçu de parure plus magnifique que les coryphcnes. Revêtus d'écaillés grandes et polies, réfléchissant avec vivacité les rayonsdu soleil, brillant des couleurs les plus variées, couverts d'or, pour ainsi dire, et resplendissant de tous les feux du diamant et des pierres orientales les plus précieuses, ils ajoutent d'autant plus, ces coryphènes privilégiés, à la beauté du spectacle de rOcéan, lorsque, sous un ciel sans nuages, de légers zéphyr^ commandent seuls aux ondes, qu'ils nagent fréquemment à la surface des eaux, qu'on les voit, en quelque sorte, sur le sommet des vagues, que leurs mouvements très-agiles et très-répélés multiplient sans cesse les aspects sous lesquels on les considère, ainsi que les reflets éclatants qui les décorent, et que, voraces et audacieux, ils entourenten grandes troupes les vaisseaux qu'ils rencontrent, et s'en approchent d'assez près pour ne rien dérober à l'œil du spectateur, de la variété ni de la richesse des nuances qu'ils étalent. Cest pour indiquer celte préémi- nence des coryphènes dans l'éclat et dans la diversité de leurs couleurs, ainsi que dans la vélocité de leur course et la rapidité de leurs évolutions, et pour faire allusion d'ailleurs à la hauteur à laquelle ils se plaisent à nager, que, suivant plusieurs écrivains, ils ont recule nom générique qu'ils portent, et qui vient de deux mots grecs, dont l'un, y-ofv^n, veut dire sommet, et l'autre, véoi, signifie je nage. On a également prétendu que la dé- nomination de coryphène, employée dès le temps des anciens naturalistes, désignait une des formes les plus remarquables des poissons dont nous parlons, c'est-à-dire la position de leur nageoire dorsale, qui commence très-près du haut de la tète. Quelque opinion que l'on adopte à cet égard, on ne peut pas douter que le nom particulier d'Hippurus, ou de Queue de cheval, donné à l'une des plus belles espèces de coryphène, ne vienne de la con- formation de cette même nageoire dorsale, dont les rayons très-nombreux ont quelques rapports avec les crins du cheval. Cet hippurus, qui est l'objet de cet article, parvient quelquefois jusqu'à la longueur d'un mètre et demi. Son corps est comprimé aussi bien quesatète; l'ouverture de sa bouche très-grande; sa languecourte;ses lèvres sontépaisses; ses mâchoires garnies de quatre dents aiguës et recourbées en arrière. Un opercule com- posé d'une seule pièce couvre une large ouveiture branchiale; la ligne latérale est flé- chie vers la poitrine, et droite ensuite jusqu'à la nageoire caudale, qui est fourchue; les écailles sont minces, mais fortement attachées. A l'indication des formes ajoutons l'exposition des nuances, pour achever de donner une idée de ce superbe coryphène. Lorsqu'il est vivant, dans Teau, et en mouvement, il brille sur le dos d'une couleur d'or très-éclalante, mêlée à une belle leinle de bleu ou de vert de mer. que relèvent des taches dorées et le jaune doré de la ligne latérale. Le dessous du corps est argenté. Les nageoires pectorales et thoracines présentent un jaune très-vif, à la splendeur duquel ajoute la teinte brune de leur base; la nageoire caudale, qui offre la même nuance de jaune, est d'ailleurs bordée de vert; celle de l'anus est dorée; et une dorure des plus riches fait remarquer les nombreux rayons de la nageoire dorsale, au mi- lieu de la membrane dun bleu céleste qui les réunit. C'est ce magnifique assortiment, de couleurs d'or et d'azur qui trahit de loin le cory- phène hippurus, lorsque, cédant à sa voracité naturelle, il poursuit sans relâche les trigles et les exocets, dont il aime à se nourrir, contraint ces poissons volants à s'élancer hors de l'eau, les suit d'un regard assuré, pendant que ces animaux effrayés parcourent dans l'air leur demi-cercle, et les reçoit, pour ainsi dire, dans sa gueule, à l'instant où, fatigués d'a- giter leurs nageoires pectorales, et ne pouvant plus soutenir dans l'atmosphère leur corps trop pesant, ils retombent au milieu de leur fluide natal sans pouvoir y trouver un asile. Non-seulement les hippurus cherchent ainsi à satisfaire le besoin impérieux de la faim qui les presse, au milieu des bandes nombreuses de poissons moins grands et plus faibles qu'eux, mais encore, peu difficiles dans le choix de leurs aliments, ils voguent en grandes troupes autour des vaisseaux, les accompagnent avec constance, et saisissent avec tant d'avidité tout ce que les passagers jettent dans la mer, qu'on a trouvé dans l'estomac d'un de ces poissons jusqu'à quatre clous de fer, dont un avait plus de quinze centimètres de longueur. On profite d'autant plus de leur gloutonnerie pour les prendre, que leur chair est ferme et très-agréable au goùl. Pendant le temps de leur frai, c'est-à-dire dans le printemps et 1 Du sous-genre des Coryphènes proprement dits, dans le grand genre Coryphène de M. Cuvier. D . LACEPtDE. — TOME 11. 182 HISTOIRE NATURELLE dans l'automne, on les pêche avec des filets auprès des rivages, vers lesquels il? vont dé- poser ou iéconder leurs œufs; et dans les autres saisons, où ils préfèrent la haute mer, on se sert de lignes de fond, que la voracité de ces coryphènes rend très-dangereuses pour ces animaux. Ce qui fait d'ailleurs que leur recherche est facile et avantageuse, c'est qu'ils sont en très-grand nombre dans les parties de la mer qui leur conviennent, parce qu'indépendamment de leur fécondité, ils croissent si vile, qu'on les voit grandir d'une manière trés-prompte dans les nasses où on les renferme après les avoir pris en vie. Ils vivent dans presque toutes les mers chaudes et même tempérées. On les trouve non- seulement dans le grand Océan équatorial, impioprement appelé 7ner Pacifique, mais encore dans une grande portion de l'Océan Atlantique, et juscpie dans la Méditerranée. LE CORYPHÈNE DORADON. Coryplisena equisciis, Linn., Gmel.; Coryphaena aurata, Lacep.; Coryplisena tiippurus, Cuv. i. Nous conservons ce nom de Doradon a un coryphène qui a plusieurs traits communs avec l'hippurus, mais qui en diffère par plusieurs autres. 11 en est séparé par le nombre des rayons de la nageoire dorsale, qui n'en renléime que cinquante ou environ, par celui des rayons de la membrane des branchies, qui n'en comprend que six, pendant que la membrane branchiale de l'hippurus en présente sept et quelquefois dix, et de plus par la disposition des taches couleur d oi- qui ne sont disséminées que sur la partie supérieure du corps et de la queue. D'ailleurs, en jetant les yeux sur une peinture exécutée d'après les dessins coloriés et originaux du célèbre Plumier, laquelle fait partie de la belle collec- tion de peintures sur vélin déposées dans le Muséum d'histoire naturelle, et qui représente avec autant d'exactitude que de vivacité les brillantes nuances du doradon, on ne peut pas douter que ce dernier coryphène n'ait chacun des opercules de ses branchies composé de deux lames, pendant que l'opercule de l'hippurus est formé d'une seule pièce. On pourra s'en assurer, en examinant la copie de cette peinture, que nous avons cru devoir faire graver. Au reste, l'agilité, la voracité et les autres qualités du doradon, ainsi que les diverses habitudes de ce poisson, sont à peu près les mêmes que celles de l'hippurus ; et on le trouve également dans un grand nombre de mers chaudes ou tempérées. LE CORYPHÈNE CHRYSURUS. Coryphœna chrysurus, Lacep. 2. C'est dans la mer Pacifique, ou plutôt dans le grand Océan équatorial, que ce superbe coryphène a été vu par Commerson, qui accompagnait alors notre notre célèbre naviga- teur Rougainville. il l'a observé sur la fin d'avril de 1768, vers le 16'' degré de latitude australe, et le 170^ de longitude. Au premier coup d'œil, on croirait devoir le rapporter à la même espèce que l'hippurus; mais en le décrivant d'après Commerson, nous allons montrer aisément qu'il en Uillère par un grand nombre de caractères. Toute la surface de ce coryphène, et particulièrement sa queue, brillent d'une couleur d'or très-éclatante. Quelques nuances d'argent sont seulement répandues sur la gorge et la poitrine; et quelques teintes d'un bleu céleste jouent, pour ainsi dire, au milieu des reflets dores du sommet du dos. Une belle couleur d'azur paraît aussi sur les nageoires, princi- palement sur celle du dos et sur les pectorales : elle est relevée sur les thoracines par le jaune d'une partie des rayons, et sur celle de l'anus, par les teintes dorées avec lesquelles elle y est mêlée; mais elle ne ne se montre sur la nageoire de la queue que pour y former un léger liséré, et pour y encadrer, en quelque sorte, l'or resplendissant qui la recouvre, et qui a indiqué le nom du coryphène 3. Ajoutons, pour achever de peindre la magnifique parure du chrysurus, que des taches bleues et lenticulaires sont répandues sans ordre sur le dos, les côtés et la partie inférieure du poisson, et scintillent au milieu de l'or, comme autant de saphirs enchâssés dans le plus riche des métaux. L'admirable vêtement que la nature a donné au chrysurus, est donc assez différent de celui de l'hippurus, pour «lu'on ne se presse pas de les confondre dans la même espèce. Nous allons les voir séparés par des caractères encore plus constants et plus remarquables. Le corps du chrysurus, très-allongé et très-comprimé, est terminé dans le haut par une sorte de earène aiguë qui s'étend depuis la léle jusqu'à la nageoire de la queue; et une i Selon M. Cuvicr, il n'est pas bien constant que ce |)oiss()ii dilFèrc spécificuKiincnl du précédent. D. a Ce poisson n'est pas cité par M. Cuvicr. D. z Chrysurus signifie quattc d'or. DES POISSONS. 185 semblable carène règne en-dessous, depuis cette même nageoire caudale jusqu'à l'anus. La partie antérieure et supérieure de la tête représente assez exactement un quart de cercle, et se termine dans le haut par une sorte d'arête aiguë. La mâchoire inférieure, qui se relève vers la supérieure, est un peu plus longue que cette dernière. Toutes les deux sont composées d'un os que hérissent des dents très-petites, très- courtes, très-aiguës, assez écartées l'une de l'autre, placées comme celles d'un peigne, et très-différentes, par leur forme, leur nombre et leur disposition, de celles de l'hippurus. On voit d'ailleurs deux tubercules garnis de dents très-menues et très-serrées auprès de l'angle intérieur de la nicàchoire supérieure, trois autres tubercules presque semblables vers le milieu du palais, et un sixième tubercule très-analogue presque au-dessus du gosier. La langue est large, courte, arrondie par devant, osseuse dans son milieu, et cartilagi- neuse dans ses bords. L'ouverture de la bouche est peu étendue : on compte de chaque côté deux orifices des narines; une sorte d"anneau membraneux entoure l'antérieur. Les oper- cules des branchies sont, comme la tête, dénués de petites écailles; ils sont de plus assez grands, et composés chacun de deux pièces, dont celle de devant est arrondie vers la queue, et dont celle de derrière se prolonge également vers la queue, en appendice quelquefois un peu recourbé. Six rayons aplatis soutiennent de chaqu»^ côté une membrane branchiale, au-dessous de laquelle sont placées quatre branchies très-rouges, formées chacune de deux rangées de filaments allongés : la partie concave de l'arc de cercle osseux de la première et de la seconde est garnie de longues dents arrangées comme celles d'un peigne; la concavité de l'arc de la troisième et de la quatrième ne présente que des aspérités. La nageoire du dos, qui commence au-dessus des yeux, et s'étend presque jusqu'à celle de la queue, comprend cinquante-huit rayons : les huit premiers sont d'autant plus longs qu'ils sont situés plus loin de la tête, et la longueur des autres est au contraire d'autant moindre, quoique avec des différences peu sensibles, qu'ils sont plus près de la nageoire caudale. L'anus est placé vers le milieu de la longueur totale de l'animal; et l'on voit, entre cet orifice et la base des nageoires thoracines, un petit sillon longitudinal. La nageoire de la queue est fourchue, comme celle de tous les coryphènes du premier sous-genre; la ligne latérale serpente depuis le haut de l'ouverture branchiale, où elle prend son origine,jusqu'auprès de l'extrémité des nageoires pectorales, et atteint ensuite la nageoire de la queue en ne se fléchissant que par de légères ondulations: et enfin les écailles qui recouvrent le poisson, sont allongées, arrondies à leur sommet, lisses, et fortement atta- chées. On a donc pu remarquer sept traits principaux par lesquels le chrysurus diffère de l'hip- purus : premièrement, le nombre des rayons n'est pas le mêmedans la plupart des nageoires de ces deux coryphènes; secondement, la membrane branchiale du chrysurus ne renferme que six rayons, il y en a toujours depuis sept jusqu'à dix à celle de l'hippurus; troisième- ment, le dos du premier est caréné, celui du second est convexe; quatrièmement, l'ouver- ture de la bouche est peu étendue dans le chrysurus, elle est très-grande dans l'hippurus ; cinquièmement, les dents du chrysurus sont conformées et placées bien différemment que celles de l'hippurus; sixièmement, l'opercule branchial du chrysurus comprend deux lames, on ne voit qu'une pièce dans celui de l'hippurus ; et septièmement, nous avons déjà montré une distribution de couleurs bien peu semblable sur l'un et sur l'autre de ces deux cory- phènes. Ils doivent donc constituer deux espèces différentes, dont une, c'est-à-dire celle que nous décrivons, est encore inconnue des naturalistes; car elle est aussi très-dislincte du coryphène doraclon, ainsi qu'on peut facilement s'en convaincre en comparant les for- mes du doradon et celles du chrysurus. Au reste les habitudes du coryphène qui fait le sujet de cet article, doivent se rapprocher beaucoup de celles de l'hippurus. En etïet, Commerson ayant ouvert un chrysurus qui avait plus de sept décimètres de longueur, il trouva son estomac qui était allongé et mem- braneux, rempli de petits poissons volants, et d'autres poissons très-peu volumineux. 11 vit aussi s'agiter au milieu de cet estomac, et dans une sorte de pâte ou de chyme, plu- sieurs vers filiformes, et de la longueur de deux ou trois ccnfiniètres. Ce voyageur rapporte d'ailleurs dans les manuscrits qui m'ont été confiés dans le temps par Buffon, que lorsque les matelots exercés à la pêche ont pris un chrysurus, ils l'attachent à une corde, et le suspendent à la proue du vaisseau, de manière que l'animal paraît être encore en vie et nager à la surface de la mer. Ils attirent et réunissent, par ce procédé, un \U HISTOIRE NATURELLE assez grand nombre d'autres chrysurus , qu'ils peuvent alors percer facilement avec une fouine i. Commerson ajoute que les chrysurus l'emportent sur presque tous les poissons de niLM par le bon goût de leur chair, que l'on prépare de plusieurs manières, et particulièrement avec du beurre et des câpres. LE CORYPIIÉNE SCOMBÉROIDE. Corypli.Tna scombcroidcs, Lacpj). 2. Nous avons trouve dans les manuscrits de Commerson la description de cette espèce de coryplièiic, que ce savant voyageur avait vue, au mois de mars 1708, dans la mer du Sud, ou, pour mieux dire, dans le grand Océan équatorial, vers le IS"" degré de latitude aus- trale, et le toi* degré de longitude, et par conséquent à une distance de la Ligne très-peu différente de celle où il observa, un ou deux mois après, le coryplièno chrysurus. Le scombéroïde est d'une longueur intermédiaire entre celle du scombre maquereau et celle du hareng. Sa couleur totale est argentée et brillante; mais elle n'est pure que sur les côtés et sur le ventre. Une teinte brune mêlée de bleu céleste est répandue sur le dos; cette teinte s'étend aussi sur le sommet de la tète, où elle est plus foncée, plus noirâtre, et mêlée avec des reflets dorés que l'on voit également autour des yeux et sur les lames des opercules. Toutes les nageoires sont entièrement brunes, excepté les Ihoracines, dont la i)artie extérieure est blanche, et les pectorales, qui sont un peu dorées. La mâchoire supérieure est plus courte que l'inférieure. Les os qui composent l'une et l'autre, sont hérissés d'un si grand nombre de petites dents tournées en arrière, qu'ils montrent la surface d'une lime, et qu'ils tiennent l'animal facilement suspendu à un doigt, par exemple, que l'on introduit dans la cavité de la bouche. La langue a une figure remarquable ; elle ressemble en quelque sorte à un ongle humain ; elle est large, un peu arrondie par devant, et néanmoins terminée par un angle à chaque bout de son arc antérieur; de plus, elle présente dans son milieu un os presque carré, et couvert de petites aspérités dirigées vers le gosier; sa circonférence est formée par un cartilage qui s'amincit vers le bord ; et un frein large et épais la relient par-dessous. La voûte du palais est entièrement lisse, excepté l'endroit le plus voisin du gosier, où l'on voit de petites élévations osseuses et denliculées. Deux lames arrondies par derrière, grandes et lisses, composent chaque opercule; six rayons soutiennent la membrane branchiale; et les branchies sont assez semblables, par leur nombre et par leur conformation, à celles du chrysurus. La ligne latérale offre plusieurs sinuosités qui décroissent à mesure qu'elles sont plus voisines de la nageoire caudale. Les nageoires thoracines sont réunies à leur base par une membrane qui tient aussi à un sillon longitudinal placé sous le ventre, et dans lequel le poisson peut coucher à volonté ces mêmes nageoires. Elles renferment chacune cinq ou six rayons. Le dessous de la queue est terminé par une carène très-aiguë. La nageoire dorsale règne depuis l'occiput jusque vers l'extrémité de la queue; elle est festonnée dans sa partie postérieure, de manière à imiter les très-petites nageoires que l'on voit sur la queue des scombres : la nageoire de l'anus offre une conformation ana- logue; et ces traits particuliers au poisson que nous décrivons, ne servant pas peu à le rapprocher des scombres avec lesquels d'ailleurs on peut voir, dans cette histoire, que les coryphènes ont beaucoup de rapports, j'ai cru devoir nommer Scombéroïde, l'espèce que nous cherchons dans cet article, à faire connaître des naturalistes. Commerson vit des milliers de ces scombéroïdes suivre les vaisseaux français avec assi- duité, et pendant plusieursjours. Ils vivaient de très-jeunes ou très-petits poissons volants, qui pendant ce temps, voltigeaient autour des navires comme des nuées de papillons, qu'ils ne surpassaient guère en grosseur; et c'est à cause de la petitesse de leurs dimensions, \ La ffiuinc est un peigne i]o for attactié à un long rannclip. On donne aussi ce nom, ainsi que celui de foènc et de fiiuannc, à une broche terminée par un dard. Quelquefois on ajuste ensemble deu.\, trois, ou un plus grand nombre de lames, pour former une fonanur^ ou f'ohw, ou fouine. D'autres fois on emploie ces noms pour désigner une simple fourcbe. On attacJK! l'instrument au bout d'une perche, et l'on s'en sert pour percer les poissons que l'on aperçoit au fond de l'eau, ou qui sont cachés dans la vase, les enfiler elles retirer. 2 M. Cuvier ne cite pas ce poisson dans son Mémoire sur les Coryphènes, etc. Mém. du Mus., t. I, p. 32-4 et suiv. D. DES POISSONS. 183 qu'ils pouvaient servir de proie aux scombéroïdes, dont la bouche étroite n'aurait pas pu admettre des animaux plus gros. En effet, l'un des plus grands de ces coryphènes observés par Commerson n'avait qu'environ trois décimètres de longueur. Cet individu était cepen- dant adulte et femelle. „ ., - -.11 Au reste, les ovaires de cette femelle, qui avaient une forme allongée, occupaient la plus grande partie de l'intérieur du ventre, comme dans les cyprins, et contenaient une quantité innombrable d'œufs ; ce qui prouve ce que nous avons déjà dit au sujet de la grande fécon- dité des coryphènes. LE CORYPHÈNE ONDE. Coryphœna fasciolata, Pallas, Linn., Gmel.; Coryphœna u.idulata, Lacep. i. Pallas a décrit le premier cette espèce de coryphène. L'individu qu;il a observé et qui avait été péché dans les eaux de l'île d'Amboine, n'était long que de cinq centimètres ou environ. Les formes et les couleurs de cet animal étaient élégantes : tres-allonge et un peu comprimé, il montrait sur la plus ijrande partie de sa surface une teinte agréable qui reu- nissait la blancheur du lait à l'éclat de l'argent; une nuance grise variait son dos; la nageoire dorsale et celle de l'anus étaient distinguées par de petites bandes transversales brunes; les bandelettes de la première de ces deux nageoires s étendaient sur la partie supérieure de l'animal, y ondulaient, pour ainsi dire, s'y réunissaient les unes aux autres, disparaissaient vers la partie inférieure du poisson ; et la nageoire de la queue qui était fourchue, présentait un croissant très-brun. D'ailleurs ce coryphène avait des yeux assez grands; l'ouverture de sa bouche, étant très-large, laissait voir facilement une langue lisse, et arrondie par devant ; un opercule composé de deux lames non-découpées couvrait de chaque côté un grand orilice branchial ; la ligne latérale était droite et peu proéminente. LE CORYPHÈNE POMPILE. Coryphœna Pompilus, Linn., Gmel., Lacep.; Centrolophus Pompilus, Cuv. 2. De tous les coryphènes du premier sous-genre, le pompile est celui dont la nageoire caudale est la moins fourchue; et voilà pourquoi quelques naturalistes, et particulièrement Artedi, le comparant sans doute à l'hippurus, ont écrit que cette nageoire de la queue n'était pas échancrée. Cependant, lorsqu'on a sous les yeux un individu de celte espèce, non altéré, on s'aperçoit aisément que sa nageoire caudale présente a son extrémité un angle rentrant. Les anciens ont nommé Pompile le coryphène dont nous traitons dans cet article, parce que, se rapprochant beaucoup par ses habitudes de 1 hippurus et du dora- don, on dirait qu'il se plaît à accompagner les vaisseaux, et que pompe signifie en grec pompe ou cortège. Au reste, il ne taut pas être étonné qu'ils aient assez bien connu la manière de vivre de ce poisson osseux, puisqu'il habite dans la Méditerranée, aussi bien que dans plusieurs portions chaudes ou tempérées de l'Océan Atlantique et du grand L'ouverture de la bouche du pompile est très-grande; sa mâchoire inférieure plus avan- cée que la supérieure, et un peu relevée; les côtés de la tête présentent des dentelures et des enfoncements; la ligne latérale est courbe; les nageoires pectorales son pointues ; des bandes transversales, étroites, et communément jaunes, régnent sur les cotes. La dorure qui distingue un si grand nombre de coryphènes, se manifeste sur le pompile au- dessus de chaque œil ; et voilà pourquoi on l'a nommé Sourcil d or, en grec xp^oo'iP^i. LE CORYPHÈNE BLEU. Coryphœna cœrulea, Linn., Gmel., Lacep. 3. L'or, l'argent et l'azur brillent sur les coryphènes que nous venons d'examiner; la parure de celui que nous décrivons est plus simple, mais élégante. Il ne presen e m argent ni or ; mais toute sa surface est d'un bleu nuancé par des teintes agréablement diversihees, et fondues par de douces dégradations de clarté. On le trouve dans les mers tempérées ou chaudes qui baignent les rivages orientaux de l'Amérique. Ses écailles sont grandes ; celles qui revêtent le dessus et les côtés de sa tête, sont assez semblables aux écailles du dos. Une seule lame compose l'opercule des branchies, dont l'ouverture est tres-iarge; la ligne 1 M. Cuvier rapporte ce poisson au pompile décrit ci-après lequel est pour '"' "" e.'j'l^;;^'^''^- ^■ 2 M. Cuvier place celte espèce dans le sous-genre Centrolophe du grand genre Coi jphene. U. 3 M, Cuvier rapporte ce poisson au genre dos Scares. D. 180 HISTOIRE NATURELLE latéralo est ))liis luoclir du dos que do la parlio iiiférioiirc do ranimai; los yeux sont ronds e( grands; cl une rangée do donis forlos ol poinlurs parnil chaque mâchoire. LE CORYPHÈXE PLUMIER. Corypliseno Plumipii. Bloch, Lacep. i. Ce coryphènc, que le docleur Bloch a fait connaître, et qu'il a décrit d'après un manus- crit de Plumier, liahilo à peu près dans los mêmes mers que le bleu : on le trouve parti- culièrement, ainsi que le j)leu. dans le bassin des Antilles. Mais combien il diflfère de ce dernier poisson par la magnificence et la variété des couleurs dont il est revêtu! C'est un des plus beaux habitants de l'Océan. Tâchons de peindre son portrait avec fidélité. Son dos est brun; et sur ce fond que la nature semble avoir préparé pour faire mieux ressortir les nuances qu'elle y a distribuées, on voit un grand nombre de petites raies bleues serpenter, s'éloigner los unes des autres, et se réunir dans quelques points. Cette espèce de dessin est comme encadré dans l'or qui resplendit sur les côtés du poisson, el qui se change en argent éclatant sur la partie inférieure du coryphène. La tête est brune; mais chaque œil est situé au-dessous d'une sorte de tache jaune, au-dessus d'une plaque argentée, et au centre de petits rayons d'azur. Une bordure grise fait ressortir le jaune des nageoires pec- torales et Ihoracines; la nageoire de la queue, qui est jaune comme celle de l'anus, pré- sente de plus dos teintes rouges et un liséré bleu; et enfin une longue nageoire violette règne sur la partie supérieure du corps et de la queue. Le coryphène plumier est d'ailleurs couvert de petites écailles; il n'a qu'une lame â chacun de ses opercules; il parvient ordi- nairement à la longueur d'un demi-mètre; et sa nageoire caudale est en croissant, comme celle du bleu. LE CORYPHÈNE RASOIR. Coryplisena novaeula, Linii., Gmel., Lacep.; Xiriclitliys novacula, Cuv. 2. Ce poisson a sa partie supérieure terminée par une arête assez aiguë, pour qu'on n'ait pas balancé à lui donner le nom que nous avons cru devoir lui conserver. Il habite dans la Méditerranée; et voilà pourquoi il a été connu des anciens, et particulièrement de Pline. II est très-beau ; on voit sur sa tête et sur plusieurs de ses nageoires, des raies qui se croisent en diflerenls sens, et qui montrent cotte couleur l)leue que nous avons déjcà observée sur les coryphènes : mais il est le premier poisson de son genre qui nous présente des nuances rouges éclatantes, et relevées par des teintes dorées. Ce rouge resplendissant est répandu sur la plus grande partie de la surface de l'animal; et il y est réfléchi par des écailles très-grandes. La chair du rasoir est tendre, délicate, et assez recherchée sur plusieurs rivages de la Méditerranée. Sa ligne latérale suit h peu près la courbure du dos, dont elle est très voisine; chacun de ses opercules est composé de deux lames; et sa nageoire caudale étant recliligne, nous l'avons placé dans le second sous-genre des coryphènes. Au resie, riiisloiro de ce poisson nous fournit un exemple remarcjuable de l'influence des mots. On l'a nommé Basoir longtemps avant le siècle de Pline : à cette époque où les sciences phy- siques étaient extrêmement ))eu avancées, cette dénomination a sufli pour faire attribuer à cet animal plusieurs des jiropriétés d'un véritable rasoir, et même pour faire croire, ainsi que le rapporte le naturaliste romain, que ce coryphène donnait un goût métallique, el particulièrement un goût de fer, à tout ce qu'il touchait. LE CORYPHÈNE PERROQUET. Corypliœna Psitlacus, Linii., Gmcl., Lacep.; Xirichtliys Psittacus, Cuv. 5. La foime recliligne que présente la nageoire caudale de ce poisson, détermine sa place dans le troisième sous-genre des coryphènes. Sa ligne latérale est interrompue; et sa nageoire dorsale, assez basse et composée de trente rayons ou environ, commence à l'occipnt. Il a été observé par le docteur Gardon dans les eaux de la Caroline. La beauté des cou- leurs dont il brille lorsqu'il est animé par la chaleur de la vie, ainsi que par les feux du soleil, a mérité qu'on le comparât aux oiseaux les plus distingués par la variété de leurs 1 M Cuvier coiisidcrp ce poisson comme étant un véritable Labre. D. 2 M. Cuvier considère ce poisson comme formant le type d'un nouveau genre de la famille des Lnbroïdcs, qu'il nomme Rason, Xirichtliys. D. ", >f . Cnvinr place ce poison, ainsi que le précédent, dans son genre Roson, Xirichthys^ de la famille des Lnbroïrics. D, DES POISSONS. 187 teintes, la vivacité de leurs nuances, la ma?;nificence de leur parure, et particulièrement aux perroquets. Les lames qui recouvrent la tête montrent la diversité de reflets des métaux polis et des pierres précieuses; son iris, couleur de feu, est bordé d'azur; des raies longi- tudinales relèvent le fond des nageoires; et l'on aperçoit vers le dos, au milieu du tronc, une tache remarquable par ses couleurs aussi bien que par sa forme, faite en losange, et présentant, en quelque sorte, toutes les teintes de l'arc-en-ciel, puisqu'elle offre du rouge, du jaune, du vert, du bleu et du pourpre. LE CORYPHÈNE CAMUS. Coryplinpiia sima, Liiin., Gmelin, Lacep. i. Le nombre des rayons de la nageoire dorsale, et la prolongation de la mâchoire infé- rieure plus avancée que la supérieure, servent à distinguer ce coryphène. qui habite dans les mers de l'Asie, et qui, par la forme rectiligne de sa nageoire caudale, appartient au troisième sous-genre des poissons que nous considérons. LE CORYPHÈNE RAYÉ. Coryphœna linoala, Liiin., GnieL, Lacep.; Xirichthys lineatus, Cuv. 9. Le docteur Garden a fait connaître ce poisson, qui habile dans les eaux de la Caroline. Ce coryphène à la tête rayée transversalement de couleurs assez vives; d'autres raies très- petites paraissent sur la nageoire du dos, ainsi que sur celle de l'anus. Les écailles qui revêtent le corps et la queue sont très-grandes. La tête n'en présente pas de semblables; elle n'est couverte que de grandes lames. L'extrémité antérieure de chaque mâchoire est garnie de deux dents aiguës, très-longues, et écartées l'une de l'autre ; et la forme de la nageoire caudale, qui est arrondie, place le rayé dans le quatrième sous-genre des cory- phènes. LE CORYPHÈNE CHINOIS. Corypliœiia sinensis, Lacep.; Latilus argenteus, Cuv. 5. Ce coryphène n'a pas encore été décrit. Nous en avons trouvé une figure coloriée et faite avec beaucoup de soin, dans ce recueil de peintures chinoises qui fait partie des collections du Muséum d'histoire naturelle, et que nous avons déjà cité plusieurs fois. Nous lui avons donné le nom de CorypJiène chinois, pour désigner les rivages auprès desquels on le trouve, et l'ouvrage précieux auquel nous en devons la connaissance. Sa parure est riche, et en même temps simple, élégante et gracieuse. Sa couleur est d'un vert plus ou moins clair, suivant les parties du corps sur lesquelles il paraît; mais ces nuances agréables et douces sont mêlées avec des reflets éclatants et argentins. Au reste, il n'est pas inutile de remarquer qu'en rapprochant par la pensée les diverses peintures chinoises que l'on peut connaître en Europe, de ce qu'on a appris au sujet des soins que les Chinois se donnent pour l'éducation des animaux, on se convaincra aisément que ce peuple n'a accordé une certaine attention, soit dans ses occupations économiques, soit dans les productions de ses beaux-arts, qu'aux animaux utiles à la nourriture de l'homme, ou propres à charmer ses yeux par la beauté de leurs couleurs. Ce trait de carac- tère si digne de l'observation du philosophe ne devait-il pas être indiqué, même aux naturalistes? Ce beau coryphène chinois montre une très-longue nageoire dorsale; mais celle de l'anus est assez courte, La nageoire caudale est arrondie. De grandes écailles couvrent le corps, la queue et les opercules. La mâchoire inférieure est relevée et plus avancée que la supé- rieure; ce qui ajoute aux rapports du chinois avec le coryphène camus. LE CORYPHÈNE POINTU. Corypliœna acuta, Linn., Gm., Lac. i. Le nom de Pointu, (|ue Linnée a donné à ce coryphène, vient de la forme lancéolée de de la nageoire caudale de ce poisson ; et c'est à cause de cette même forme que nous avons i Ce poisson n'est admis par M. Cuvier ni dans le genre Coryphène, ni dans le genre Rason. C'est un de ceux qu'il n'oserait introduire dans le système ichthyologique, dans la crainte d'y porter le désor- dre, en les y plaçant par conjecture sur des descriptions incomplètes. D. 2 Le poisson de cet article est rapporté par M. Cuvier à son genre Rason, Xirichthys, de la famille des Labroïdes. D. 3 Du genre Latilus formé par M. Cuvier, dans la famille des Acanthoptérygiens sciénoïdes. D. i Espèce trop vaguement décrite, pour qu'on puisse l'admettre soit dans le genre Coryphène, soit dans le genre liason, selon M, Cuvier. D, 188 HISTOIRE NATURELLE placé cet osseux dans un cinquième sous-genre. Cet animal qui habite dans les mers de l'Asie, a quarante-cinq rayons à la nageoire du dos, et sa ligne latérale est courbe. LE CORYPHÈNE VERT. Coryplisena virons. Linn., fiinol.; CorypliTiin viridis, Lacep. ET LE CORYPHÈNE CASQUÉ. Corypliœna clypenta, Linii., Gmcl.; Coryphœna galeata, Lacep. i. Nous avons divisé le genre que nous examinons, en cinq sous-genres; et nous avons placé les corypbèncs dans l'un ou l'autre de ces groupes, suivant le degré d'étendue rela- tive, et par conséquent de force proportionnelle, donnée à leur nageoire caudale, ou, ce qui est la même cliose;à un de leurs principaux instruments de natation, par la forme de celte même nageoire, ou fourchue, ou en croissant, ourectiligne, ou arrondie, ou pointue. Nous n'avons vu aucun individu de l'espèce du coryphène vert, ni de celle du coryphène casqué ; aucun naturaliste n'a décrit ou figuré la forme de la nageoire caudale de l'un ni de l'autre de ces deux poissons : nous avons donc été obligés de les présenter séparés des cinq sous-genres que nous avons établis; et de nouvelles observations pourront seules les faire rapporter à celle de ces petites sections à laquelle ils doivent appartenir. Tous les deux vivent dans les mers de l'Asie ; et tous les deux sont faciles à distinguer des autres coryphènes; le premier, par un long filament que présente chacune des nageoires du dos et de l'anus, ainsi que des thoracines; et le second, par une lame osseuse située au-des- sus des yeux, et que l'on a comparée à une sorte de bouclier ou plutôt de casque. On ignore la couleur du casqué; celle du vert est indiquée par le nom de ce coryphène. QUATRE-VINGT-QUATRIÈME GENRE. LES HÉMIPTÉRONOTES 2. Le sommet de la lèle h'ès-comprimé, et comme trancliaut par le haut, ou très-êlevé et finissant sur le devant par lin plan presque vertical, ou terminé antérieurement par nn quart de cercle, ou garni d''écailles sem- blables à celles du dos; une seule nageoire dorsale; et la longueur de cette nageoire du dos ne surpassant pas, ou surpassant à peine la moitié de la longueur du corps et de la queue pris ensemble. ESPÈCES. CARACTÈRES. 1. L Hemiptero- , YmsX rayons, ou environ, à !a naceoire du dos: l'opercule branchial composé de deu.v lames; cinq taches de chaque cote. NOTE CINQ-TACHES. "1. L'IIÉMIPTÉRO- NOTE GMELIN. I Quatorze rayons à la nageoire du dos; huit rayons à chacune des thoracines. L'HÉMIPTÉRONOTE CINQ-TACHES. Coryphœna pentadactyla, Luin., Gmel.; Ilemipteronotus quinque maculalus, Lacep. 3. La brièveté de la nageoire dorsale et sa position à une assez grande distance de l'occiput, distinguent le cinq-taches, et les autres poissons qui apparticnent au genre que nous dé- crivons, des coryphènes proprement dits. Le nom générique d'Héniiptéronote i désigne ce peu de longueur de la nageoire dorsale, et son rapport avec la nageoire du dos des cory- phènes, qui est presque toujours une fois plus étendue. Les osseux que nous examinons maintenant, ressemblent d'ailleurs, par beaucoup de formes et dhabitudes, à ces mème> coryphènes avec lesquels on les a confondus jusqu'à présent. Le cinq-taches, le poisson le plus connu des hémiptéronotes, habite dans les fleuves de la Chine, desMoluques et de quelques autres îles de l'archipel Indien. Il y parvient communément à la longueur de six décimètres; sa tète est grande ; ses yeux sont rapprochés l'un de l'autre, et par conséquent placés sur le sommet de la tète; l'ouverture de la bouche est médiocre; les deuxmàchoires sont garnies d'une rangée de dents aiguës, et présentent deux dents crochues plus longues que les autres; l'orifice branchial, qui est très-grand, est couvert par un opercule com- posé de deux lames; la ligne latérale s'éloigne moins du dos que du ventre; l'anus est i 31. Cuvicr se refuse à admettre ces deux espèces soit parmi les Coryphènes, soit parmi les Rasons, à cause de la brièveté de leur description, (jui ne permet pas de s'en former une juste idée. D. i M. Cuvier n'admet pas ce genre. D. r. Le Corijphœna pcntaddctyla do IJI. 175, est un Rason ou Xiriclitliys, pour M. Cuvier. Ce savant natu- raliste romarciue que Linnée l'a confondu avec le poisson à ein({ doigts, do iNieuiiof et de Willughhy , iipp.pl. 8, fig. 2, qui n'est qu'un Pilote; ce qui a engagé 31. deLacépède à en faire son genre Jlémiptéronote, dont les caractères no conviennent nnllement h ce Uason. Règn. anim., 2" éd., t. Il, p. 202, note. D. i Hémipférnnolo \\c'u\di^ trois mois ajree^ qui sistnifient moitié, nrigrnire, et dos. DES POISSONS. 180 plus près de la gorge que de la nageoire caudale, qui est fourchue; des écailles très- petites couvrent les joues, et d'autres écailles assez grandes revêtent presque tout le reste de la surface du cinq-taches. Voici maintenant les couleurs dont la nature a peint ces diverses formes. La partie supérieure de l'animal est hrune; les côtés sont blancs, ainsi que la partie inférieure; une raie bleue règne sur la tète; l'iris est jaune:des cinq taches qui paraissent de chaque côté du corps, la première est noire, bordée de jaune, et ronde; la seconde est noire, bordée de jaune, et ovale ; les trois autres sont bleues et plus petites. Une belle couleur d'azur distingue la nageoire caudale et celle du dos, qui d'ailleurs montre un li- séré orangé; et deux taches blanches sont situées à la base des nageoires thoracines, les- quelles sont comme les pectorales et comme celle de l'anus, orangées, et bordées de violet ou de pourpre. Du brun, du blanc, du bleu, du jaune, du noir, de l'orangé, et du pourpre et du violet, composent donc l'assorliment de nuances, qui caractérise le cinq-laches, et qui est d'autant plus brillant qu'il est animé par le poli et le luisant argentin des écailles. Mais cette espèce est aussi féconde que belle : aussi va-t-elle par très-grandes troupes; et comme d'ailleurs sa ciiair est agréable au goût, on la pêche avec soin ; on en prend même un si grand nombre d'individus, qu'on ne peut pas les consommer tous auprès des eaux qu'ils habitent. On prépare de diverses manières ces individus surabondants; on les fait sécher ou saler; on les emporte au loin; et ils forment, dans plusieurs contrées orien- tales, une branche de commerce assez analogue à celle que fournit le gade morue dans les régions septentrionales de l'Europe et de l'Amérique. L'HÉMIPTÉRONOÏE GMELIN. Coryphœna hemiptera, Linn., Gmel.; Ilemipteronotus Gmelini, Lacep. ?. Cet hémiptéronote a la nageoire dorsale encore plus courte que le cinq-taches ; ses mâ- choires sont d'ailleurs à peu près également avancées. On le pêche dans les mers d'Asie, et nous avons cru devoir lui donner un nom qui rappelât la reconnaissance des natura- listes envers le savant Gmelin, auquel ils ont obligation de la treizième édition du Système de la nature par Linnée. QUATRE-VINGT-CINQUIÈME GENRE 2. LES CGRVPHÉNOÏDES. Le sounnel de la tête très-comprimé, et comme tranchant par le haut, ou très-élevé et finissant sur le devant par un jtlan presque vertical, ou terminé antérieurement par un quart de cercle, ou garni d'écaillés seni- hlablcs il celles du dos ; une seule nageoire dorsale ; l'ouverture des branchies ne consistant que dans une fente transversale. espèce. caractkre. LeCoryphéxoïde houttuynie>. I Vingt-quatre rayons à la nageoire du dos. LE CORYPHÉNOiUE HOUTTUYNIEN. Coryphœna brancliiostega et Coryphœna japonica, Linn., Gmel.; Coryphœnoides Houttuynii, Lac. 3. On trouve dans la mer du Japon, et dans d'autres mers de l'Asie, ce poisson que l'on a inscrit parmi les coryphènes, mais qu'il faut en séparer, à cause de plusieurs difTérences essentielles, et particulièrement à cause de la forme de ses ouvertures branchiales, qui ne consistent chacuneque dans une fente transversale. Nous le nommons Cor y phéno'i de pour désigner les rapports de conformation qui cependant le lient avec les coryphènes propre- ments dits; et nous lui donnons le nom spécifique d'Houttuynien, parce que le naturaliste Houttuyn n'a pas peu contribué à le faire connaître. Il n'a communément que deux déci- mètres de longueur; les écailles qui le revêtent sont minces; sa couleur tire sur le jaune. 1 M. Cuvier range ce poisson au nomiire de ceux qui ont été trop incomplètement décrits pour être admis dans le système ichthyologique. D. 2 Genre non adopté par M. Cuvier. D. 3 M. Cuvier ne regarde pas l'existence de ce poisson comme certaine. Il voudrait qu'elle reposât sur une autorité meilleure que celle d'Houttuyn. D. 190 HISTOIRE NATURELLE QUATRE-VINGT-SIXIÈME GENRE. LES ASPlDOPHORESl. Le corps et la queue couverts éfune sorte de cuirasse écnilleuse; deux nageoires sur le dos ; moins de quatre rayons aux nageoires Ihoracines. PREMIER SOUS-GENRE. Un ou plusieurs barbillons à la màrlioire inférieure. ESPÈCES. CAHACTÈRES. l.L'AspiDOPHORE ( Plusieurs barbillons à la mâchoire inférieure; la cuirasse à huit pans; deux ver- ARMÉ. ( rues échancrées sur le museau. SECOND SOUS-GENRE. Point de barbillons à la mâchoire inférieure. 2.L'ASPIDOPBOHE LISIZA. I La cuirasse à huitou plusieurs pans, et garnie d'aiguillons. L'ASPIDOPHORE ARMÉ. Cottus cataphractus, Linn., Gmel.; Aspidophorus armatus, Lacep.; Aspidophorus européens, Cuv. •2. Nous avons séparé des colles, les poissons osseux et Ihoracins dont le corps et la queue sont couverls de plaques ou boucliers très-durs disposés de manière à former un grand nombre d'anneaux solides, et dont l'ensemble compose une sorte de cuirasse, ou de four- reau à plusieurs faces longiludinales. Nous leur avons donné le nom générique d'Aspido- phore, qui veut dire porte-houclier, et qui désigne leur conformation extérieure. Ils ont beaucoup de rapports, par les traits extérieurs qui les distinguent, avec les syngnathes et les pégases. Nous ne connaissons encore que deux espèces dans le genre qu'ils forment ; et la plus anciennement, ainsi que la plus généralement connue des deux, est celle à laquelle nous conservons le nom spécifique d'Armé^ et qui se trouve dans l'Océan Atlantique. Elle y habite au milieu des rochers voisins des sables du rivage; elle y dépose ou féconde ses œufs vers le printemps ; et c'est le plus souvent d'insectes marins, de mollusques ou de vers, et particulièrement de crabes, qu'elle cherche à faire sa nourriture. La couleur géné- rale de l'armé est brune par-dessus et blanche par-dessous. On voit plusieurs taches noi- râtres sur le dos ou sur les côtés; d'autres taches noires et presque carrées sont répandues sur les deux nageoires du dos, dont le fond est gris; les nageoires pectorales sont blan- châtres et tachetées de noir; et cette même teinte noire occupe la base de la nageoire de l'anus. Une sorte de bouclier ou de casque très-solide, écailleux, et même prescjue osseux, creusé en petites cavités irrégulières et relevé par des pointes ou des tubercules, garantit le dessus de la tète. Les deux mâchoires et le palais sont hérissés de plusieurs rangs de dents petites et aiguës; un grand nombre de barbillons garnissent le contour arrondi de la mâchoire inférieure, qui est plus courte que la supérieure; l'opercule branchial n'est composé que d'une seule lame; un piquant recourbé termine chaque pièce des anneaux solides dont se forme la cuirasse générale de l'animal; cette même cuirasse présente huit pans longitudinaux, quisc réduisent à sixautourde la parliepostérieure delà queue; la ligne latérale est droite; l'anus situé à peu près au-dessous de la première nageoire du dos; la nageoire caudale arrondie; les pectorales sont grandes, et les thoracines longues et étroites. L'aspidophore armé parvient communément à une longueur de deux ou trois déci- mètres. Nous pensons que l'on doit rapporter à cette espèce le poisson auquel Olafsen et Mùller ont donné le nom de Cotte lirodame, et qui ne paraît différer par aucun trait important, du thoracin qui fait le sujet de cet article. L'ASPIDOPHORE LISIZA. Cottus japonicus et Phalangistes japonicus, Pallas; Agonus japonicus, Bl., Schn.; Aspidophorus Lisiza, Lacep.; .Vspidophorus supcrciliosus, Cuv. 3. Pallas a fait connaître ce poisson, qui vit auprès du Japon et des îles Kuriles, et qui a beaucoup de rapports avec l'armé. La tète de cet aspidophore est allongée, comprimée, et aplatie dans sa partie supérieure, qui présente d'ailleurs une sorte de gouttière longitudinale. De chaque côté du museau, 1 Ce genre est adopté, mais comme sous-genre, dans celui des Chabots, Cottus, par M. Cuvier. D. " * ■' ' ^ " ... . p _ . — 201. D. lUt, dus Puissions, l. IV, p. 2(5. D. 9 Aspidophorus Europœus, Cuv., Hist. (fes Poisson", t. IV, p. 201. D. 3 .\>pidophnrc hnuts-sour<;ilb, u.sy>, miiwi cilioiius, Cuv., Hist. DES POISSONS. 191 qui est obtus, et partagé en deux lobes, on voit une lame à deux ou trois échancrures, et garnie sur le devant d'un petit barbillon. Les bords des mâchoires sont hérissés d'un grand nombre de dents; les yeux situés assez près de l'extrémité du museau, et surmontés chacun par une sorte de petite corne ou de protubérance osseuse; et les opercules dente- lés ou découpés. Une pointe ou épine relève presque toutes les pièces dont se composent les anneaux et par conséquent l'ensemble de la cuirasse, dans lesquels le corps et la queue sont ren- fermés Ces pièces offrent d'ailleurs des stries disposées comme des rayons autour d'un centre; et les anneaux sont conformés de manière à donner à la cuirasse ou à l'étui géné- ral une très-grande ressemblance avec une pyramide à huit faces, ou à un plus grand nombre de côtés, qui se réduisent à cinq, six, ou sept, vers le sommet de la pyramide. La première nageoire du dos correspond à peu près aux pectorales et aux thoracines, et la seconde à celle de l'anus. Chacune des Ihoracines ne comprend que deux rayons; ceux de toutes les nageoires sont, en général, forts et non articulés ; et l'orifice de l'anus est un peu plus près de la gorge que de la nageoire caudale. Le fond de la couleur de l'aspidophore que nous décrivons est d'un blanc jaunâtre; mais le dos, plusieurs petites raies placées sur les nageoires, une grande tache rayonnante située auprès de la nuque, et des bandes distribuées transversalement ou dans d'autres directions sur le corps ou sur la queue, offrent une teinte brunâtre. La longueur ordinaire du lisiza est de trois ou quatre décimètres, QUATRE-VINGT-SEPTIÈME GENRE . LES ASPIDOPHOROIDES 1. Le corps et lu queue couverts d'une sorte de cuirasse écailleuse; une seuh nageoire sur le dus; moins de quatre rayons aux nageoires thoracines. ESPÈCE. CARACTÈRES. L'AspiDOPHORoï- ( Quatre rayons à ctiacune des nageoires pectorales, et deux à chacune des iho- DE TRANQUEBAH. ( racines. L'ASPIDOPHOROIDE TRANQUEBAR. Agonus monopterygius; Bl., Schn.: Aspidophoroides Tranquebar, Lacep.; Aspidophorus moiiopterygius, Cuv. 2. Les aspidophoroïdes sont séparés des aspidophores par plusieurs caractères, et parti- culièrement par l'unité de la nageoire dorsale. Ils ont cependant beaucoup de rapporîs avec ces derniers; et ce sont ces ressemblances que leur nom générique indique. Le tranquebar est d'ailleurs remarquable par le très-petit nombre de rayons que renferment ses diverses nageoires ; et ce trait de la conformation de ce poisson est si sensible, que tous les rayons delà nageoire du dos, de celle de l'anus, de celle de la queue, des deux pectorales et des deux Ihoracines ne montent ensemble qu'à trente-deux. Cet aspidophoroïde vit dans les eaux de Tranquebar, ainsi que l'annonce son nom spéci- fique. Sa nourriture ordinaire est composée de jeunes cancres et de petits mollusques ou vers aquatiques. Il est brun par-dessus, gris sur les côtés; et l'on voit sur ces mêmes côtés des bandes transversales et des points bruns, ainsi que des taches blanches sur la partie inférieure de l'animal, et des taches brunes sur la nageoire de la queue et sur les pectorales. Sa cuirasse est à huit pans longitudinaux, qui se réunissent de manière à n'en former que six vers la nageoire caudale; les yeux sont rapprochés du sommet de la tête; la mâchoire supérieure, plus longue que l'inférieure, présente deux piquants recourbés en arrière; une seule lame compose l'opercule des branchies, dont l'ouverture est très-grande; on aperçoit sur le dos une sorte de petite excavation longitudinale ; la nageoire dorsale est au-dessus de celle de l'anus, et celle de la queue est arrondie. QUATRE-VINGT-HUITIÈME GENRE. LES COTTES 5. La tête plus large que le corps ; la forme générale un peu conique ; deux nageoires sur le dos; des aiguillons 1 Ce genre est réuni, par M. Cuvier, à celui des Aspidophores, qui constitue un sous-genre parmi les Cottes. D. 2 Aspidophore à une seule dorsale, Aspid. monopterygius, Cuv., Hist. nat. des Poissons, t. IV, p. 224. D. 5 Ce genre est adopté par M. Cuvier, qui le partage en deux sous-genres, 1" celui des Cottes propre- ment dits, et 2° celui des Aspidophores Quelrjues espèces ;e rapportent, suivant lui, à d'autres genres, tels que ceux des Batrachcïdes et des Platycephales. D. \n HISTOIRE NATURELLE ou dcK tubercules aur la ti^le ou xur hs npereuîes den firmichien, phm de trois rayons aux nageoires tUorucines. PREMIER SOUS-GENRE, Des barbillons à la mâchoire inférieure. ESPÈCES. CARACTÈRES. 1. Le Cotte gro- i Plusieurs barbillons à la mâchoire inférieui'e; cette mâchoire plus avancée que la NAXT. I supérieure. SECOND SOUS-GENRE. Point de barbillons à la mâchoire inférieure. 2. Le Cotte scor- j piox. ) Plusieurs aiguillons sur la tète; le corps parsemé de petites verrues épineuses, ô. Le Cotte qia- { , , . TRE CORNES. ) Qua trc protuberaHccs osscuses sup Ic sommct de la tctc. i. Le Coite ra- ( » ■• i t- i • j' • -n < La ligne latérale garnie d aisuiUons. BOTEIX. 1 .'J. Le Cotte Ais- | Des aiguillons sur la tète ; des bandes transversales, et des raies longitudinales. TRAL. ) 6. Le Cotte insi- | Deuxaiguillonsdechaque côté de la tète; desstriessur cette même partie de Tanimal. DIATELR. ( 7. Le Cotte ma- i Deux aiguillons recourbés de chaque côté de la tète ; un sillon longitudinal, large et DÉGASSE. profond, entre les yeux; des écailles assez grandes sur le corps et sur la queue. ) Un aiguillon de chaque côté de la tête; la mâchoire inférieure plus avancée que 8.Le Cottexoir. / la supérieure; le corps couvert d'écaillés rudes ; la couleur générale noire ou noirâtre. 9. Le Cotte cha- J Deux aiguillons recourbés sur chaque opercule ; le corps couvert d'écaillcs à peine BOT. ' visibles. LE COTTE GROGNANT. Cottus grunniens, Linn., Lacep. ; Batrachus grunniens, Cuv. i. Presque tous les coites ne présentent que des couleurs ternes, des nuances obscures, des teintes monotones. Enduits d'une liqueur onctueuse qui retient sur leur surface le sable et le limon, couverts le plus souvent de vase et de boue, défigurés par cette couche sale et irrégulière, aussi peu agréables par leurs proportions apparentes que par leurs téguments, qu'ils diffèrent, dans leurs attributs extérieui^s, de ces magnifiques coryphènes sur lesquels les feux des diamants, de l'or, des rubis et des saphirs scintillent de toutes parts, et auprès desquels on dirait que la nature les a placés, pour qu'ils fissent mieux ressortir l'éclatante parure de ces poissons privilégiés! On pourrait être tenté de croire que, s'ils ont été si peu favorisés lorsque leur vêtement leur a été départi, ils en sont, pour ainsi dire, dédom- magés par une faculté remarquable et qui n'a été accordée qu'à un petit nombre d'habi- tants des eaux, par celle de proférer des sons. Et en effet, plusieurs cottes, comme quelques balistes, des zées, des tringles, et des cobites font entendre, au milieu de certains de leurs mouvements, une sorte de bruit particulier. Qu'il y a loin cependant d'un simple bruisse- ment assez faible, très-monotone, très-court et fréquemment involontaire, non-seulement à ces sons articulés dont les nuances variées et légères ne peuvent être produites que par un organe vocal très-composé, ni saisies que par une oreille très-délicate, mais encore à ces accents expressifs et si diversifiés qui appaitiennent à un si grand nombre d'oiseaux et même à quelques mammifères! Ce n'est qu'un frôlement que les cottes, les cobites, les trigles, les zées, les balistes, font naître. Ce n"est que lorsque, saisis de crainte ou agités par quelque autre affection vive, ils se contractent avec force, resserrent subitement leurs cavitésintérieures,cha.ssenl avec violence les différents gaz renfermés dans ces cavités, que ces vapeurs sortant avec vitesse, et s'échappanl principalement par les ouvertures bran- chiales, en froissent les opercules élastiques, et, par ce frottement toujours peu soutenu, font naître des sons, dont le degré d'élévation est ina|)prèciable, et qui par conséquent, n'étant pas une voix, et ne formant qu'un véritable bruit, sont même au-dessous du siffle- ment des reptiles. Parmi les cottes, l'un de ceux qui jouissent le plus de cette faculté de frôler et de bruire, a été nommé Grognant., parce que l'envie de rapprocher des êtres sans discernement et d'après les rapports les plus vagues, qui l'a si souvent emporté sur l'utilité de comparer leurs propriétés avec convenance, a fait dire qu'il y avait quelque analogie entre le grogne- ment du cochon et le bruissement un peu grave du coite. Ce poisson est celui que nous allons décrire dans col article. 1 M. Cuvier fait remarquer que plusieurs poissons qui avaient été .placés avec les Cottes (et entre autres celui de cet article) ont dû en êli-e sép;M'<'s et reportés dans le genre Balrachoïde, Batrachus, parce Iais ces manœuvresn'ont point été des soins attentifs pour les embryons qu'ils aviiifiit pu produire; elles se réduisent à des signes de crainte, à des précautions pour leur sûreté; el peut-être même ces individus auxquels on a cru devoir attribuer uue 1 C'fislle chabot de rivière de M. Cuvier, type du sous-genre des Chabots ou Chal)oisseaux propre- ment dits, dans le genre du même nom. D. 2 Voyez la description de la nasse dans l'article du Pélivmi/zon Ininproie, w^m^ • ) > 2: c [r. O DES POÎSSOiNS. 107 tendresse constante el courageuse, n'onl-iis été surpris que prêts à dévorer ces niéaies œufs qu'ils paraissaient vouloir réchauffer, garantir et défendre. Au reste, les écailles dont la peau muqueuse du chabot est. revêtue, ne sont un peu sen- sibles que par le moyen de quelques procédés ou dans certaines circonstances : mais si la matière écailleuse ne s'étend pas sur son corps en lames brillantes et facilement visibles, elle s'y réunit en petits tubercules ou verrues arrondies. Le dessous de son corps est blanc : le mâle est, dans sa partie supérieure, gris avec des taches brunes; et la femelle brune avec des taches noires. Les nageoires sont le plus souvent bleuâtres et tachetées de noir , les Ihoracines de la femelle sont communément variées de jaune et de brun. Les yeux sont trés-rapprochés l'un de l'autre. Des dents aiguës hérissent les mâchoires, le palais et le gosier; mais la langue est lisse. Chaque opercule ne présente qu'une seule pièce et deux aiguillons recourbés. La nageoire caudale est arrondie. On voit de chaque côté les deux branchies intermédiaires garnies, dans leur partie concave, de deux rangs de tubercules. Le foie est grand, non divisé, jaunâtre, et situé en grande partie du côté gauche de l'animal ; l'estomac est vaste. Auprès du pylore sont attachés quatre cœcum ou appendices intestinaux; le canal intestinal n'est plié que deux fois; les deux laites des mâles et les deux ovaires des femelles se réunissent vers l'anus, el sont contenus dans une membrane dont la couleur est très-noire, ainsi que celle du péritoine; les reins el la vessie urinaire sont Irès-étendus et situés dans le fond de l'abdomen. On compte dans la charpente osseuse du chabot trente el une verlèbres; el il y a environ dix côtes de chaque côté. QUATRE-VINGT-NEUVIÈME GENRE. LES SCOIIPÈNES 1. Lu tèle garnie d'uirjuii'onx^ nu dr protubérances, ou de barbiHons, eî dêponrv'i' ■/ ' l'r'i'Cs rroiHes ; une seule nageoire dorsale. PREMIER SOUS-GE>'RE. Point de barbillons ESPÈCES. CARACTÈRES. t . La Scorpène HORRIBLE. I Le corps garni de tubercules gros et calleux. Quatre aiguillons auprès de chaque œil; gne. Des aiguillons le long de la ligne latérale. 2. La Scorpène l Quatre aiguillons auprès de chaque œil; la nageoire de la queue presque rectili- africaine. 3. La Scorpène épineuse. i. La Scorpèxe l Quatre aiguillons recourbés et très-forts au-dessous des yeux ; les deux lames de AIGUILLONNÉE. ( chaqup opcrcu le gamies de piquauts. .■>. La Scorpène I ,„ • • ■,, i » La Scorpène ( Q'^"**'''® J*'irbillons frangés à la mâchoire supérieure; quatre autres entre les yeux ; "plumier \ d'autres encore le long de chaque ligne latérale; des piquants triangulaires sur ^ la tète et les opercules. 15 La Scorpène \ ^''"^ barLilloBS à la mâchoire supérieure ; cinq ou six à l'inférieure ; la partie pos- américaine ' 1 • 'l'ieure de la nageoire du dos, la nageoire do l'anus, celle de la queue et les pec- ( torales, très-arrondies. l't. La Scorpène i r» • < i, i n . > i ■ • ,. ^ DiDACTYLE { Di'ux rayous sépares lun de l autre, auprès de chaque nageoire pectorale. \ M. Cuvier admet le genre Sco;'/)œ«« de Linnée (dans sa famille des Acanthoptérygiens à joues cuirassées); mais il en distrait certaines espèces, pour composer ses genres Ptcrois, Blepsias, .\pistes, Agriope, Pelor et Synancée. Il partage d'ailleurs le genre Scorpène en trois divisions ou sous-genres, 1° les Scorpènes proprement dites, 2» les Tienianates, et 3» les Sébastcs. D. LACLPÈDE. — (OJlb I!. 13 498 HISTOIRE NATURELLE E8PàC£S. CARACTÈRES. IK. La Scorpéne i Des appendices articulés, placés auprès des yeux; les rayons des nageoires pectora- EMEXxÉE. ( les, ne la longueur du corps et de la queue. I Les nageoires pectorales plus longues que le corps. 16. La Scorpène ( , VOLANTE LA SCORPÉNE HORRIBLE. Scorpœna horrida, Linn., Gmel., Lacep., Bloch,; Synanceia horrida, Cuv, i. On dirait que c'est dans les formes Irès-composées, singulières, bizarres en apparence, monstrueuses, horribles, cl, pour ainsi dire, menaçantes, de la plupart des scorpènes, que les poêles, les romanciers, les mylhologues et les peintres ont cherché les modèles des èlrcs fantastiques, des larves, des ombres évoquées et des démons, dont ils ont environné leurs sages enchanteurs, leurs magiciens redoutables et leurs sorciers ridicules; ce n'est même qu'avec une sorte de peine que l'imagination parait être parvenue à surpasser ces modèles, à placer ses productions mensongères au-dessus de ces l'èalités, et à s'étonner encore plus des résultats de ses jeux que des combinaisons par lesquelles la nature a donné naissance au genre que nous examinons. Mais si en façonnant les scorpènes la nature a donné un exemple remarquable de l'inlinie variété que ses ouvrages peuvent présenter, elle a montré d'une manière bien plus frappante combien sa manière de procéder est toujours supérieure à celle de l'art ; elle a imprimé d'une manière éclatanle sur ces scorpènes, comme sur tant d'autres produits de sa puissance créatrice, le sceau de sa prééminence sur l'intelligence humaine : et cette considération n'est-elle pas d'une haute importance pour le philosophe? le génie de l'homme rapproche ou sépare, réunit ou divise, anéantit, pour ainsi dire, ou reproduit tout ce qu'il conçoit : mais de quelque manière qu'il place à côté les uns des autres ces êtres qu'il transporte à son gré, il ne peut pas les lier complètement par celte série infinie de nuances insensibles, analogues et intermédiaires, qui ne dépendent que de la nature; le grand art des transitions appartient par excellence à cette nature féconde et merveilleuse. Lors même qu'elle associe les formes que la première vue considère comme les plus disparates, soit qu'elle en revête ces monstruosités passagères auxquelles elle refuse le droit de se reproduire, soit qu'elle les applique à des sujets constants qui se mul- tiplient et se perpétuent sans manifester de changement sensible, elle les coordonne, les groupe et les modifie d'une telle manière, qu'elles montrent facilement à une attention un peu soutenue une sorte d'air général de famille, et que d'habiles dégradations ne laissent que des rapports qui s'attirent, à la place de nombreuses disconvenances qui se repousse- raient. La scorpène horrible offre une preuve de cette manière d'opérer, qui est un des grands secrets de la nature. On s'en convaincra aisément, en examinant la description et la figure de cet animal remarquable. Sa tète est très-grande et très-inégale dans sa surface : creusée par de profonds sinus, relevée en d'autres endroits par des protubérances très-saillantes, hérissée d'aiguillons, elle est d'ailleurs parsemée, sur les côtés, de tubercules ou de callosités un peu arrondies et cependant irrégulières et très-inégales en grosseur. Deux des plus grands enfoncements qu'elle présente sont séparés, par une cloison très-inclinée, en deux creux inégaux et irré- guliers, et sont placés au-dessous des yeux, qui d'ailleurs sont très-petits, et situés chacun dans une proéminence très-relevée et un peu arrondie par le haut; sur la nuque s'élèvent deux autres protubérances comprimées dans leur partie supérieure, anguleuses, et qui montrent sur leur côlé extérieur une cavité assez profonde; et ces deux éminences réunies avec celles des yeux forment, sur la grande tête de l'hoirible, quatre sortes de cornes très- irrégulières, très-frappantes, et, pour ainsi dire, hideuses. Les deux mâchoires sont articulées de manière que lorsque la bouche est fermée, elles s'élèvent presque verticalement, au lieudes'étendrehorizonlalement : la mâchoire inférieure ne peut clore la bouche qu'en se relevant comme un battant ou comme une sorte de pont- levis, et en dépassant même quelquefois en arrière la ligne verticale, afin de s'appliquer plus exactement contre la mâchoire supérieure; et quand elle est dans cette position, et qu'on la regarde par-devant, elle ressemble assez à un fer à cheval : ces deux mâchoires sont garnies d'un grand nombre de très petites dents, ainsi que le gosier. Le palais et la langue sont lisses ; cette dernière est, de plus, large, arrondie, et assez libre. On la découvre 1 Ce poisson est le type du genre Synancée, Sijnancoia, créé par Schneider, pour placer diverse.-; espèces de scorpènes. B, DES POISSONS. -199 aisément, pour peu que la scorpène rabatte sa mâchoire inférieure et ouvre sa grande gueule ; l'orifice branchial est aussi très-large. Les trois ou quatre premiers rayons de la nageoire du dos, très-gros, très-difformes, très-séparés l'un de l'autre, très-inégaux, très-irréguliers, trés-dénués d'une véritable membrane, ressemblent moins à des piquants de nageoire qu'à des tubérosités branchues, dont le sommet néanmoins laisse dépasser la pointe de l'aiguillon; la ligne latérale suit la courbure du dos. Le corps et la queue sont garnis de tubercules calleux semblables à ceux qui sont répan- dus sur la tète; et l'on en voit d'analogues, mais plus petits, non-seulement sur les nageoires pectorales qui sont très-longues, mais encore sur la membrane qui réunit les rayons de la nageoire dorsale. La nageoire de la queue est arrondie et rayée : la couleur générale de l'animal est variée de brun et de blanc; et c'est dans les Indes orientales que l'on rencontre cette espèce, qui se nourrit de crabes et de mollusques, sur laquelle, au milieu de rapprochements bizarres en apparence et cependant merveilleusement concertés, des formes très-disparates au pre- mier coup d'œil se liant par des dégradations intermédiaires et bien ménagées, montrant des parties semblables où l'on n'avait d'abord soupçonné que des portions très-difîérentes, paraissent avoir été bien plutôt préparées les unes pour les autres que placées de manière à se heurter, pour ainsi dire, avec violence, mais dont l'ensemble, malgré ces sortes de précautions, repousse tellement le premier regard, qu'on n'a pas cru la dégrader en la nommant horrible, en l'appelant de plus Crapaud de mer, et en lui donnant ainsi le nom d'un des animaux les plus hideux. LA SCORPÈNE AFRICAINE. Scorpœna capeiisis, Linn., Gmel.; Scorpœna africana, Lacep.; Sebastes capensis, Cuv. 1. On rencontre auprès du cap de Bonne-Espérance et de quelques autres contrées de l'Afri- que, cette scorpène dont la longueur ordinaire est de quatre décimètres; elle est revêtue d'écaillés petites, rudes, et placées les unes au-dessus des autres comme les ardoises des toits. Les yeux sont situés sur les côtés de la tête qui est grande et convexe : une prolongation de l'épiderme les couvre comme un voile transparent; l'ouverture de la bouche est très- large; les deux mâchoires sont également avancées; deux lames composent chaque oper- cule; quatre pointes garnissent la supérieure; l'inférieure se termine en pointe du côté de la queue; et le dos est arqué ainsi que caréné. LA SCORPÈNE ÉPINEUSE. Scorpsena spinosa, Linn., Gmel., Lacep. ; Apistes longispinis, Cuv. 2. Lecorpsdece poisson estcomprimé; des aiguillons paraissent sur sa tète; sa ligne latérale est d'ailleurs hérissée de pointes; et sa nageoire dorsale, plus étendue encore que celle de la plupart des scorpènes, règne depuis Tentre-deux des yeux jusqu'à la nageoire caudale. LA SCORPÈNE AIGUILLONNÉE. Scorpœna aculeata, Lacep.; Premnas unicolor, Cuv. 3. La description de cette espèce n'a encore été publiée par aucun auteur ; nous en avons vu des individus dans la collection de poissons secs que renferme le Muséum d'histoire naturelle. Quatre aiguillons recourbés vers le bas et en arrière paraissent au-dessous des yeux; ces pointes sont d'ailleurs très-fortes, surtout la première et la troisième; des piquants garnissent les deux lames de chaque opercule; la partie des nageoires du dos et de l'anus, que des rayons articulés soutiennent, est plus élevée que l'autre portion; elle est de plus arrondie comme les pectorales, et comme la nageoire de la queue. LA SCORPÈNE MARSEILLAISE. Cottus massiliensis, Forsk., Linn., Gmel. ; Scorpœna massiliensis, Lacep. ; . Ce poisson a beaucoup de rapports avec les cottes, parmi lesquels il a même été inscrit, 1 M. Cuvier place ce poisson dans le sous-genre Scbaste, l'un de ceux qui partagent son genre Scor- pène. D. 2 M. Cuvier regarde ce poisson comme appartenant à son genre Apiste. Hist. nat. des poissons, t. IV. p. 408. D. 3 M. Cuvier retire ce poisson du genre Scorpène, pour le reporter dans celui qu'il a nommé Premnade qui appartient à la famille des Acanthoptérygiens sciénoïdes. D. 4M. Cuvier retranche cette espèce du système ichthyologique. Il la reconnaît bien pour une scor- 200 HISTOIRE NATURELLE quoiqu il n'offre pas tous les caractères essentiels de ces derniers, et qu'il présente tous ceux qui servent à distinguer les scorpènes. Il ressemble particulièrement au cotte scor- pion, dont il diffère néanmoins par plusieurs traits, et notamment par l'unité de la nageoire dorsale, qui est double au contraire sur le scorpion. La tète du marseillais est armée de plusieurs piquants; un sillon est creusé entre ses deux veux, et son nom indique la contrée arrosée par la mer dans laquelle on le trouve. LA SCORPÈNE DOUBLE-FIL AMExNT. Scorpsena bicirrata, Laccp.j Synanceia bicapilla, Cuv. i. Nous devons la connaissance de ce poisson au voyageur Commerson, qui nous en a laissé une figure très-exacte que nous avons cru devoir faire graver. Cet animal est couvert d'écaillés si petites, que l'on ne peut les voir que très-difficilement. La tète est grosse, un peu aplatie par-dessus, garnie de portubérances; et la mâcboire inférieure est tellement relevée, repliée et appliquée contre la supérieure, qu'elle dépasse beaucoup la ligne verti- cale, et s'avance du côté de la queue au delà de cette ligne, lorsque la bouche est fermée. Au reste, ces deux mâchoires sont arrondies dans leur contour. Les yeux sont extrêmement petits et Irès-rapprochés; les nageoires pectorales très-larges, et assez longues pour atteindre jusque vers le milieu de la longueur totale de la scorpène. La nageoire de la queue est arrondie; celle de l'anus l'est aussi, et d'ailleurs elle est à peu près semblable à la portion de la nageoire du dos au-dessous de laquelle elle est située, et qui est com- posée de rayons articulés. Les autres rayons de la nageoire dorsale sont au nombre de treize, et comme très-séparés les uns des autres, parce que la membrane qui les réunit est profondément échancrée entre chacun de ces aiguillons, qui, par une suite de celte con- formation, paraissent lobés ou lancéolés. Au-dessus de la nuque on voit s'élever et partir du même point deux filaments très-déliés, d'une si grande longueur, qu'ils dépassent la nageoire caudale; et c'est de ce trait particulier que j'ai cru devoir tirer le nom spécifique de la scorpène que je viens de décrire. LA SCORPÈNE BRACHION. Scorpaena Brachio, Lacep.; Synanceia Brachio, Cuv. :. Nous allons décrire cette scorpène d'après un dessin très-exact trouvé dans les papiers de Commerson, et que nous avons fait graver; elle ressemble beaucoup à la scorpène double-lilament par la forme générale de la tête, la petitesse et la position des yeux, la conformation des mâchoires, la place de l'ouverture de la bouche, la situation de la mâchoire inférieure qui se relève et s'applique contre la supérieure de manière à dépasser du côté de la queue la ligne verticale, la nature des téguments qui ne piésentent pas d'écaillés facilement visibles, et l'arrondissement de la nageoire caudale. Mais elle en diffère par plusieurs caractères, et notamment par les traits suivants : premièrement, elle n'a sur la nuque aucune sorte de filament; secondement, l'échancrure que montre la membrane de la nageoire du dos, à côté de chacun des rayons aiguillonnés qui composent cette nageoire, est très-peu sensible relativement aux échancrures analogues que l'on voit sur la scorpène à laquelle nous comparons le brachion; troisièmement, chacune des nageoires pectorales forme comme une bande qui s'étend depuis le dessous de la partie anléiieui'e de l'opercule branchial jusqu'auprès de l'anus, et qui, de plus, est attachée à une prolongation charnue et longitudinale, assez semblable à la prolongation qui soutient les nageoires pectorales de plusieurs gobies; et c'est de cette sorte de bias que nous avons tiré le nom spécifique du poisson qui fait le sujet de cet article. LA SCORPÈNE BARBUE. Scorprena barbata, Laccp.; Scorp;cna Scrofa, Cuv. i. La tète de ce poisson est relevée par des protubérances, et creusée dans d'autres endroits, de manière à présenter des cavités assez grandes. Deux barbillons garnissent pêne, mais il ne saurait décider, d'après ces caractères, s'il faut la rapporter a>i S. Scrofa, ou au .5'. f orcM«, bien {[u'il y ait cependant (]ucl<|ue probaljiliii- en lavetir de cette dernière supposition, ce poisson se tiouvant à Marseille, et ) portant le nom de liascd-ssr. 1). 1 Du genre des Synancecs, denicinltré des Scorpènes par Schneider. D. 2 (-e poisson, (pu est une Sjnancee, a reçu de Sliaw le nom de Scorpa-iiK brackialu; de DIocli et de Schneider, celui de Synunceia verrticosu : et d'Ehrenberg, la dénomination de SynnnceUi sutiguinoleuta.Y). i Cette espèce a élu fondée sur une description de Gronovius, ijui avait pour sujet un individu mutilé de la Scorpène truie de M. de Lacépède (voyez ci-après), ou de la grande Scorpène rouge, Scorpœna Scrofa, i). DES POISSONS, 20i la mâchoire inférieure; les nageoires tlioracines sont réunies l'une à l'autre par une petite membrane; la nageoire caudale est presque rectiligne. LA SCORPÈNE RASCASSE. Scorpsena Porcus. Linn., Gmel., Lacep., Cuv. i. La rascasse habite dans la Méditerranée et dans plusieurs autres mers. On l'y trouve auprès des rivages, où elle se met en embuscade sous les fucus et les autres plantes marines, pour saisir avec plus de facilité les poissons plus faibles ou moins armés qu'elle; et lorsque sa ruse est inutile, que son attente est trompée, et que les poissons se dérobent à ses coups, elle se jette sur les cancres, qui ont bien moins de force, d'agilité et de vitesse, pour échapper à sa poursuite. Si dans ces attaques elle trouve de la résistance, si elle est obligée de se défendre contre un ennemi supérieur, si elle veut empêcher la main du pêcheur de la retenir, elle se contracte, déploie et étend vivement ses nageoires, que de nombreux aiguillons rendent des armes un peu dangereuses, ajoute par ses efforts à l'énergie de ses muscles, présente ses dards, s'en hérisse, pour ainsi dire, et frappant avec rapidité, fait pénétrer ses piquants assez avant pour produire quelquefois des bles- sures fâcheuses, et du moins faire éprouver une douleur aiguë. Sa chair est agréable au goût, mais ordinairement un peu dure. Sa longueur ne dépasse guère quatre décimètres. Les écailles qui la recouvrent sont rudes et petites. La couleur de sa partie supérieure est brune, avec quelques taches noires; du blanc mêlé de rougeâtre est répandu sur sa partie inférieure. Les nageoires sont d'un rouge ou d'un jaune faible et tacheté de brun, excepté les thoracines, qui ne présentent pas de taches, et les pectorales, qui sont grises. La tête est grosse; les yeux sont grands et très-rapprochés ; l'iris est doré et rouge; l'ouverture de la bouche très-large; chaque mâchoire hérissée, ainsi que le palais, de plusieurs rangs de dents petites et aiguës; la langue courte et lisse; l'opercule branchial garni d'aiguillons et de filaments; et la partie antérieure de la nageoire dorsale, soutenue par douze piquants très-forts et courbés en arrière. Huit appendices intestinaux sont placés auprès du pylore; l'estomac est vaste; le foie blanc; la vésicule du fiel verte; le tube intestinal large. Du temps de Rondelet, on croyait encore, avec plusieurs auteurs anciens, à la grande vertu médicinale du vin dans lequel on avait fait mourir une rascasse; et l'on ne paraissait pas douter que ce vin ne produisît des effets très-salutaires contre les douleurs du foie et la pierre de la vessie. LA SCORPÈNE MAHÉ. Scorpaena Mahe, Lacep.; Scorpaena volitans, Linn., Gmel.; Pterois volitans, Cuv. 2. Commerson a laissé dans ses manuscrits une description de ce poisson. Toutes les nageoires de cette scorpène sont variées de plusieurs nuances; et le corps ainsi que la queue ])résentent des bandes transversales, qui ont paru à Commerson jaunes et brunes sur rindividu que ce voyageur a observé. Mais cet individu était moi't depuis trop longtemps pour que Commerson ait cru pouvoir déterminer avec précision les couleurs de ces bandes transversales. Le mahé est revêtu d'écaillés petites, finement dentelées du côté de la nageoire cau- dale, serrées et placées les unes au-dessus des autres, comme les ardoises qui recouvrent les toits. La tête est grande et garnie d'un grand nombre d'aiguillons. Les orbites rele- vées et dentelées forment comme deux crêtes au milieu desquelles s'étend un sillon longi- tudinal assez profond. Les deux mâchoires ne sont pas parfaitement égales; l'inférieure est plus avancée que la supérieure, qui est extensible à la volonté de l'animal, et de chaque côté de laquelle on voit pendre trois ou quatre barbillons ou filaments mollasses. Des dents très-petites et très-rapprochées les unes des autres donnent d'ailleurs aux deux mâchoires la forme d'une lime. Un filament marque, pour ainsi dire, la place de chaque narine. L'opercule branchial est composé de deux lames : la première de ces deux pièces 1 Ce poisson est nommé en français, par M. Cuvier, petite Scorpène brune, ou plus spécialement Rascasse. D. 2 M. Cuvier s'est assuré par une lecture attentive de l'article de Commerson, sur lequel M. de Lacé- pèdn a établi cette espèce, qu'elle a rapport à la Scorpène volante de Linnée ou son Pterois voltigeant, en sorte, dit-il. qu'on doit rayer la scorpène de Mabé du tableau du genre. D. 202 HISTOIRE NATURELLE montre vers sa partie inférieure deux barbillons, et dans son bord postérieur, deux ou trois piquants ; la seconde lame est triangulaire, et son angle postérieur est très-prolongé. Le dos est arqué et caréné; la ligne latérale se courbe vers le bas. La nageoire dorsale présente des largeurs très-inégales dans les diverses parties de sa longueur. Les pectorales sont assez longues pour atteindre jusqu'à l'extrémité de cette nageoire dorsale. Celle de la queue est arrondie. Commerson a vu cette scorpène dans les environs des îles Mabé, dont nous avons cru devoir donner le nom à ce poisson; et c'est vers la fin de 4 768 qu'il l'a observée. LA SCORPÈNE TRUIE. Scorprcna scrofa, Linn.. Gmel., Bloch., Laccp.; Cuv. i. Cette scorpène est beaucoup plus grande que la rascasse; elleparvient quelquefois jus- qu'à une longueur de plus de quatre mètres : aussi attaque-t-elle avec avantage non-seu- lement des poissons assez forts, mais des oiseaux d'eau faibles et jeunes, qu'elle saisit avec facilité par leurs pieds palmés, dans les moments où ils nagent au-dessus de la surface des eaux qu'elle habile. On la trouve dans l'Océan Atlantique et dans d'autres mers, parti- culièrement dans la Méditerranée, sur les bords de laquelle elle est assez recherchée. Les écailles qui la couvrent sont assez grandes; elles présentent une couleur d'un rouge blanchâtre, plus foncée et même presque brune sur le dos, et relevée d'ailleurs par des bandes brunes et transversales. La membrane des nageoires est bleue, et soutenue par des rayons jaunes et bruns. La tête est grande ; les yeux sont gros ; l'ouverture de la bouche est très-large; des dents petites, aiguës et recourbées hérissent la langue, le palais, le gosier, et les deux mâchoires, qui sont également avancées; des barbillons garnissent les environs des yeux, les joues, la mâchoire inférieure, et la ligne latérale, qui suit la courbure du dos; deux grands aiguillons et plusieurs petits piquants arment, pour ainsi dire, chaque opercule; et l'anus est plus près de la nageoire caudale que de la gorge. LA SCORPÈNE PLUMIER. Scorprena Plumierii, Lac; Scorpœna grandicornis, Ciiv. 2. Les manuscrits de Plumier, que l'on conserve dans la Bibliothèque royale de France, renferment un dessin fait avec soin de cette scorpène, à laquelle j'ai cru devoir donner un nom spécifique qui rappelât celui du savant voyageur auquel on en devra la connais- sance. Le dessus et les côtés de la tète sont garnis, ainsi que les opercules, de piquants triangulaires, plats et aigus. Quatre barbillons ou appendices fi^angés s'élèvent entre les yeux; quatre autres barbillons d'une forme semblable, mais un plus petits, paraissent au-dessus de la lèvre supérieure : un grand nombre d'appendices également frangés sont placés le long de la ligne latérale : les écailles ne présentent qu'une grandeur médiocre. La première parliede la nageoire dorsale est soutenue par des rayons non articulés, et un peu arrondie dans son contour supérieur; celle de la queue est aussi arrondie; on voit quelques taches petites et rondes sur les Ihoracines. La couleur générale est d'un brun presque noir, et dont la nuance est à peu près la même sur tout l'animal. LA SCORPÈNE AMÉRICAINE. Scorpœna americana, Linn., Gmel. , Laccp. ". La tête de ce poisson présente des |)rotubérances et des piquants ; d'ailleurs on voit deux barbillons à la mâchoire supérieure, et cinq ou six à la mâchoire inférieure. Les quinze derniers rayons de la nageoire dorsale forment une portion plus élevée que la partie antérieure de cette même nageoire; cette portion est, de plus, très-arrondie, sem- blable par la figure ainsi qu'égale par l'étendue à la nageoire de l'anus, et située pré- cisément au-dessus de ce dernier instrument de natation. Les nageoires pectorales et la caudale sont aussi très-arrondies. Lorsque la femelle est pleine, son ventre paraît très- gros; et c'est une suite du grand nombre d'œufs que l'on compte dans cette espèce, qui est très-féconde, ainsi que presque toutes les autres scorpènes. 1 M. Cuvicr donne à celte espèce le nom de grande scorpène rouge, par opposition à la rascasse, qu'il appelle petilfi Scorpène brune. D. 2 Du sousgcnre des Scorpènes proprement dites dans le grand genre Scorpène, Cuv. D. 5 C'est avec beaucoup de doute que 3L Cuvier cite celte espèce, comme pouvant se rapporter au poisson qu'il a appelé Hemitripterua americanus, et qui est le m^'me que le Cottua ncatllcnnifi de Pen- uint, le C'ittus triptenj^iu» de Ui., Sehncid.. et le Scorpœna fluvn de Mitcliill. D. DES POISSONS. 203 LA SCORPÈNE DIDACTYLE. Scorpœna didactyla, Pallas, Linn , Gmel.;Pelor obscurum, Cuv. i. La tète de cet animal, que Pallas a très-bien décrit, présente les formes les plus singu- lières que l'on ait encore observées dans les poissons; elle ressemble bien plus à celle de ces animaux fantastiques dont l'image fait partie des décorations bizarres auxquelles on a donné le nom d'arabesques, qu'à un ouvrage régulier de la sage nature. Les yeux gros, ovales et saillants, sont placés au sommet de deux protubérances très-rapprochées; on voit deux fossettes creusées entre ces éminences et le bout du museau; des rugosités anguleuses paraissent auprès de ce museau et de la base des opercules. Des barbillons charnus, découpés, aplatis et assez larges, sont dispersés sur plusieurs points de la surface de cette tète, que l'on est tenté de considérer comme un produit de l'art ; deux de ces filaments, beaucoup plus grands que les autres, pendent, l'un à droite, et l'autre à gauche de la mâchoire inférieure : cette mâchoire est plus avancée que celle d'en haut; l'une et l'autre sont garnies de dents, ainsi que le devant du palais et le fond du gosier; la langue montre des raies noires et de petits grains jaunes : on aperçoit de plus, auprès de chaque nageoire pectorale, c'est-à-dire de chacune de ces nageoires que l'on a comparées à des bras, deux rayons articulés, ti'ès-longs, dénués de membranes, dans lesquels on a trouvé quelque analogie avec des doigts; et voilà pourquoi la scorpène dont nous parlons a été nommée à deux doigts, ou didactyle. La nageoire de la queue est arrondie; toutes les autres sont grandes; celle du dos règne le long d'une ligne très- étendue; plusieurs de ses rayons dépassent la membrane proprement dite, et sont garnis de lambeaux membraneux et déchirés ou découpés. La peau de ce poisson, dénuée d'écaillés facilement visibles, est enduite d'une humeur visqueuse. Cette scorpène parvient d'ailleursà une longueur de trois ou quatre décimètres. Elle est brune avec des raies jaunes sur le dos, et des taches de la même couleur sur les côtés, ainsi que sur sa partie inférieure. Des bandes noires sont distribuées sur la nageoire de la queue, ainsi que sur les pectorales. Cet animal remarquable habite dans la mer des Indes. LA SCORPÈNE ANTENNÉE. Scorpœna antennata, Blocii, Lacep.; Pterois antennata, Cuv. 2. On pèche dans les eaux douces de l'île d'Amboine une scorpène dont Bloch a publié la description, et dont voici les principaux caractères. La tête est hérissée de filaments et de piquants de diverses grandeurs; au-dessus des yeux, qui sont grands et rapprochés, s'élèvent deux barbillons cylindriques, renflés dans quatre portions de leur longueur par une sorte de bourrelet très-sensible, et qui, parais- sant articulés et ayant beaucoup de rapports avec les antennes de plusieurs insectes, ont fait donner à l'animal dont nous parlons le nom de Scorpène antennée. Au-dessous de cha- cun des organes de la vue, on compte communément deux rangées de petits aiguillons. Chaque narine a deux ouvertures situées très-près des yeux. Les mâchoires, avancées l'une autant que l'autre, sont garnies de dents petites et aiguës. Des écailles semblables à celles du dos revêtent les opercules. Les onze ou douze premiers rayons de la nageoire du dos sont aiguillonnés, très-longs, et réunis uniquement prés de leur base, par une membrane très-basse, qui s'étend obliquement de l'un à l'autre, s'élève un peu contre la partie postérieure de ces grands aiguillons, et s'abaisse auprès de leur partie antérieure. La membrane des nageoires pectorales ne s'étend pas jusqu'au bord antérieur de la nageoire de l'anus; mais les rayons qui la soutiennent la dépassent, et se prolongent la plupart jusqu'à l'extrémité de la nageoire caudale, qui est arrondie. Une raie très-foncée traverse obliquement le globe de l'œil. On voit d'ailleurs des taches assez grandes et irrégulières sur la tête, de petites taches sur les rayons des nageoires, et des bandes transversales sur le corps, ainsi que sur la queue. La scorpène antennée vit communément de poissons jeunes ou faibles. Le goût de sa chair est exquis. 1 M. Cuvier cite, comme synonj'me de cette espèce de son genre Pelor, le Trigla rubiciinda d'Horstedt, on Synanceki rn'iiciinda de Bloch. D. 2 Du genre Pterois, fondé par M.. Cuvier. pour plaeer les scorpîncs qui ont les rayons des nageoires dors;\lo rf pertornle très-allongés, et c|ui nian(|ncnt de di'ul'^ un\ o< pnlntii!-;. D. 204 HISTOIRE NATURELLE LA SCORPÈNE VOLANTE. Sc'orpiena volilans, Linn:. Ompl.; Lacep . Pterois volitans, Cuv. l. Celle scorpènc est presque le seul poisson d'eau douce qui ait des nageoires pectorales étendues ou conformées de manière à lui donner la faculté de s'élever à quelques mètres dans l'almosphèro, à s'y soutenir pondant quelques instants, et à ne retomber dans son fluide natal qu'en |)arcourant une courbe très-longue. Ces nageoires pectorales sont assez grandes dans la scorpène volante pour dépasser la longueur du corps; et d'ailleurs la membrane qui en réunit les rayonseslassez large et assez souple entre chacun de ces longs cylindres, poui- qu'ils puissent élie écartéset rapprochés l'un del'autre irès-scnsiblemenl ; que l'ensemble de la nageoire qu'ils composent, s'étende ou se rétrécisse à la volonté de l'animal; que le poisson puisse agir sur l'air par une surface très-ample oulrès-resserrée; qu'indépendamment de l'inégalité dos eflforts de ses muscles, la scorpène emploie une sorte d'aile plus développée, lorsqu'elle frappe en airière contre les couches atmosplié- riques, que lorsque, ramenant en avant sa nageoire pour donner un nouveau coup d'aile ou de lame, elle comprime également en avant une partie des couches qu'elle traverse; qu'il y ait une supériorité très-marquée du point d'appui qu'elle trouve dans la première de ces deux manœuvies, à la résistance qu'elle éprouve dans la seconde; et qu'ainsi elle jouisse d'une des conditions les plus nécessaires au vol des animaux Mais si la facilité de voltiger dont est douée la scorpène que nous décrivons, lui fait éviter quelquefois la dent meurtrière des gros poissons qui la poursuivent, elle ne peut pas la mettre à l'abri des pécheurs qui la recherchent, et qui s'efforcent d'autant plus de la saisir, que sa chair est délicieuse; elle la livre même quelquefois entre leurs mains, en la faisant donner dans leurs picges, ou tomber dans leurs filets, lorsque attaquée avec trop d'avantage, ou mena- cée de trop grands dangers au milieu de l'eau , elle s'élance du sein de ce fluide dans celui de l'atmosphère. C'est dans les rivières du Japon et dans celles d'Amboine que l'on a particulièrement observé ses précautions heureuses ou funestes, et ses autres habitudes. Il parait qu'elle ne se nourrit communément que de poissons très-jeunes, ou peu redoutables pour elle. Sa peau est revêtue de petites écailles placées avec ordre les unes au-dessus des autres. Elle présente, d'ailleurs, des bandes transversales alternativement orangées et blanches, et dont les unes sont larges et les autres étroites. Les rayons aiguillonnés de la nageoire dorsale sont variés de jaune et de brun; les autres rayons de la même nageoire, noirs et tachés de jaune; et les pectorales et les thoracines, violettes et lachetées de blanc. Des points blancs marquent le cours de la ligne latérale. L'iris présente des rayons bleus et des rayons noirs. Et quant aux formes de la scorpène volante, il sufllra de lemarqucr que la tête, très-large par-devant, est garnie de barbillons et d'aiguillons; que les deux mâchoires, également avancées, sont armées de dents petites et aiguës ; que les lèvies sont extensibles; que la langue est petite, i)ointue, et un peu libre dans ses mouvements; que de petites écailles sont placées sui- les opercules; et que la membrane qui léuiiit les rayons aiguillonnés de la nageoire du dos est très-basse, comme la membrane analogue de la scorpène antennée. QUATRE-VINGT-DIXIÈME GENRE. LES SCOMBÉROMORES 2. Une scu/e iior/poire dorsale ; do julilox nogcnh'pis ax -dessus et au-dessous de fa queue; point d'aiqnilhns isolés au-devant de la nageoire du dos. ESPÈCE. CABACTÈRES. Le SoMnÉROMORE ^ Fîuif potitos nageoires au-dessus et au-dessous de la queue ; les deux màclioires pLt'MiER. I également avancées. LE SCOMBÉROMORE PLUMIER. Somberomoriis Pluniieiii, Laccp.; Scomber regalis, Blocli. ])1. 335; Cyliinni rcgfile, (luv. Les peintures sur vélin qui font partie de la collection du Muséum d'histoire naturelle renferment la figure d'un poisson représenté d'après un dessin de Plumier, et qui parait avoir beaucoup de rapports avec la bonite. Le savant voyageur que nous venons de citer, i Ce poisson est le type du genre nommé Plerois par M. Cuvier, et dont nous avons indiqué les tîiiaclèros pi ineipaux dans la note que nous avons ajoutée à ^esp^cc précédente, p, 205. D. 2 M. Cuvier n admr-t pas ce genre qui est fondé sur un poisson du genre des Scombres et du sous- gcnre T3v';nrd,C?/.')>jf))}. du même naturaliste. D. DES POISSOiVS. 205 l'avait même appelé Bonite ou Pélamis, -petite et tachetée, vulgairement Lézard. Mais les caractères génériques que montrent les vrais scombres, et particulièrement la bonite, ne se retrouvant pas sur le poisson plumier, nous avons dû le séparer de cette famille. Les principes de distribution méthodique que nous suivons nous ont même engagés à l'inscrire dans un genre particulier que nous avons nommé Scombéromore, pour désigner les ressemblances qui le lient avec celui des scombres, et dont nous aurions placé la notice à la suite de l'histoire de ces derniers, si quelques ciiconstances ne s'y étaient opposées. Le scombéromoi'c plumier vit dans les eaux de la Martinique. Sa nageoire dorsale pré- sente deux portions si distinctes par leijrs figures, que l'on croirait avoir sous les yeux deux nageoires dorsales très-rapprochées, La première de ces portions est triangulaire, et composée de vingt rayons aiguillonnés; la seconde est placée au-dessus de celle de l'anus, â laquelle elle ressemble par son étendue, ainsi que par sa forme comparable à celle d'une faux. Huit petites nageoires paraissent au-dessus et au-dessous de la queue. Les couleurs de l'animal sont d'ailleurs magnifiques: l'azur de son dos et Targenté de sa partie infé- rieure sont relevés par les teintes brillantes de ses nageoires, et par l'éclat d'une bande dorée qui s'étend le long de la ligne latérale, et règne entre deux rangées longitudinales de taches irrégulières et d'un jaune doré. QUATRE-VINGT-ONZIÈME GENRE. LES GASTÉROSTÉES. Une sevJe nagfoire dorsale; dex (/''(juil/onn iso!és, ou presque Iso'ês, uu-devuiU de lu nageoire du dos ; nne carbneJonçjitudinale dechaqiiecôté de la qnnie ; un ou deux rayons au plus à chaque nageoiYe l/ioracine; ces rayons aiguillonnés. ESPÈCES. CAKACTÈBES. ^..If 9^^^"^^^^^' \ Trois aiguillons au-devant de la nageoire du dos. TEE EPINOCHE. | ° ° h.^-^ Gasteros- ( jj. gi„yi|io„s au-devant de la nageoire du dos. TEE EPINOCHETTE. \ '^ ° 3. Le Gastéros- tée spinachie. I Quinze aiguillons au-devant de la nageoire du dos. LE GASTÉROSTEE EPINOCHE, Gasterosteus aculeatus. Linn.. Gmel., Bl.; Gasterosleus teraculeatus, Lac; Gasterostcus leiuru^ et G. Trachurus, Cuv. \. LE GASTÉROSTEE ÉPINOCHETTE, Gasterosteus Pungitius, Linn., Gmel., Lacep.. Cuv. 2. ET LE GASTÉROSTEE SPINACHIE. Gasterosteus Spinachia, Linn., Gmrl., Cuv. ">. C'est dans les eaux douces de l'Europe que vit l'épinoche. Ce gastérosiée est un des plus petits poissons que l'on connaisse; à peine parviont-il à la longueur d'un décimètre : aussi a-t-on voulu qu'il occupât dans l'échelle de la durée une place aussi éloignée des poissons les plus favorisés, que sur celle des grandeurs. On a écrit qu'il ne vivait tout au plus que trois ans. Quelque sûres qu'aient ))u paraîfre les observations sur lesquelles on a fondé cette assertion, nous croyons qu'elles ont porté sur des accidents individuels plulôt que sur des faits généraux; et nous regardons comme bien peu vraisemblable une aussi grande brièveté dans la vie d'un animal qui, dans ses formes, dans ses qualités, dans son séjour, dans ses mouvements, dans ses autres actes, dans sa nourriture, ne présente aucune différence très-marquée avec des poissons qui vivent pendant un très-grand nombre d'années. Et d'ailleurs ne reconnaît-on pas dans Pépinoche la présence ou l'in- fluence de foutes les causes que nous avons assignées à la longueur très-remarquable de la vie des habitants des eaux, et particulièrement des poissons considérés en général? C'est dans le printemps que ce petit osseux dépose ses œufs sur les plantes aquatiques, qui les maintiennent à une assez grande proximité de la surface des lacs ou des rivières, pour que la chaleur du soleil favorise leur développement. Il se nourrit de vers, de chry- salides, d'insectes que les bords des eaux peuvent lui présenter, d'œufs de poissons; el, \ M. Cuvier a l'ail connaître qu'en France il existe, dans les eaux douces, deux espèces d'Epinoches qu'on a confondues sous le nom commun de Gasterostvun ucuIpoIvs ou à trois aiguillons. L'une de ces espèces (Gast. ù-acliurus, Cuv.), a les côtés du corps, dans toute leur longueur, revêtus de bandes écailleuses : l'autre {Gasf.Jeiurus, Cuv.) n'en a que dans la région pectorale. D. 2 M. Cnvier nomme ce petit poisson Épinocliclte, ou petite .Lpnioclirlte d'Europe à neuf épines. D. 3 yi. Cuvier désigne celle espèce par l(?.3 noms de Gastréou Epinoehe de mer, à museau allongé, D. 206 HISTOIRE NATURELLE malgré sa faiblesse, il allrappe quelquefois des poissons, à la vérité extrêmement jeunes, et venant, pour ainsi dire, d'éclore. Les aiguillons dont son dos est armé, et le bouclier ainsi que les lames dont son corps est revêtu, le défendent mieux qu'on ne le croirait au premier coup d'œil, de l'attaque de plusieurs des animaux qui vivent dans les mêmes eaux que lui : mais ils ne le garantissent pas de vers intestinaux dont il est fréquem- ment la victime: ils ne le préservent pas non plus de la recherche des pêcheurs. On ne le prend pas cependant, au moins le plus souvent, pour la nourriture de l'homme, parce que son goût est rarement Irès-agréable : mais comme cette espèce est grasse et féconde en individus, il est plusieurs contrées où l'on répand les épinoches par milliers dans les champs, sur lesquels elles forment en se corrompant un excellent fumier; ou bien on les emploie à engraisser dans les basses-cours voisines des lacs qui leur ont servi d'habita- tion, des canards, des cochons, et d'autres animaux utiles dans l'économie domestique. On peut aussi exprimer de milliers d'épinoches une assez grande quantité d'huile bonne à brûler; et nous ne devons pas oublier de faire remarquer qu'il est un grand nombre d'espèces de poissons, dédaignées à cause du goût peu agréable de leur chair, dont on pourrait tirer, comme de l'épinoche, un aliment convenable à plusieurs ani- maux, un engrais très-propre à fertiliser nos campagnes, ou une huile très-utile à plu- sieurs arts. Les yeux de l'épinoche sont saillants, et ses mâchoires presque aussi avancées l'une que l'autre : chaque ligne latérale est marquée ou recouverte par des plaques osseuses placées transversalement, plus petites vers la tête ainsi que vers la queue, et qui, au nombre de vingt-cinq, de vingt-six ou de vingt-sept, forment une sorte de cuirasse assez solide I. Deux os allongés, durs, et affermis antérieurement par un troisième, couvrent le ventre comme un bouclier; et de là vient le nom générique de Gastérostée que porte l'épi- noche. Chaque thoracine est composée de deux rayons : le premier, grand, pointu, et presque toujours dentelé, frappe aisément la vue: le second, blanc, très-court, très- mou, est difficilement aperçu. Trois aiguillons allongés, et séparés l'un de l'autre, s'élèvent au-devant de la nageoire du dos : les deux premiers sont dentelés des deux côtés; le troisième l'est quelquefois, mais il est presque toujours moins haut que les deux premiers. On compte trois lobes au foie, qui est très-étendu, et dont le lobe droit est particu- lièrement très-long. On ne voit pas de caecum auprès du pylore, et le canal intestinal se recourbe a peine vers la tête, avant de s'avancer en ligne droite vers l'anus, ce qui doit faire présumer que les sucs digestifs de l'épinoche sont très-actifs. La vésicule natatoire est épaisse, simple, grande, et attachée à l'épine du dos, dont cependant on peut la séparer avec facilité. Au reste, l'iris, l'opercule branchial et les côtés de l'épinoche brillent de l'éclat de l'ar- gent; ses nageoires, de celui de l'or; et sa gorge ainsi que sa poitrine, montrent souvent celui du rubis. L'épinochette vit en troupes nombreuses dans les lacs et dans les mers de rEurojje; on la voit pendant le printemps auprès des embouchures des fleuves ; et suivant M. Noël, on la pèche dans la Seine, jusqu'au-dessus de Quillebœuf. La spinachie ne se trouve ordinairement que dans la mer. Elle est plus grande du double, ou environ, que l'épino- che, pendant que l'épinochefle ne parvient communément qu'à la longueur d'un demi- décimètre. Celte épinochette est d'ailleurs dénuée de lames osseuses et même d'écaillos facilement visibles, sa couleur est jaune sur son dos, et blanche ou argentée sur sa partie inférieure La spinachie offre h peu près le même ton et la même disposition dans ses nuances que l'épinochette; mais ses côtés sont garnis de lames dures. Elle a de plus le museau avancé en forme de tube, l'ouverture de la bouche petite, et l'opeicule ciselé en rayon. QUATRE-VINGT-DOUZIÈME GENRE . LES CENTROPODES 2. Deux uiigeoires dorsales ] un aiguillon et cinq ou six rayons arliculês Irh-petih () chaque nageoire tliora- \ M. Cuvicr fait remarquer que M. de Lac('pcdc a suivi Artedi, en iudiauant le nombre de 26 ou 27 écailles; mais qu'il est plus considérable, parce qu'il faut y ajouter celles qui garnissent la crête latérale de la queue, qui sont plus serrées que les autres. D. a M. Cuvier ne conserve pas ce genre. Le réunissant aux Monodactyles et aux Acanthopodes do M. do Lacépède, il en compose celui qii'il nomme Pnellvu. (rnpri''S Commorson, et qu'il plnn^ iIiik lu rniiiillc des .\caiithopti^ry5ien9 squammipcnncs. D. DES POISSONS. 207 cine ; point de piquants isolés uu-devuni des nageoires du dos, mais les rayons, de la première dorsale à peine réunis par une membrane ; point de carène latérale à la queue. ESPÈCE. CARACTÈRE. Le Centropode ( t <. j »•» - -n RHOMBOÏDAL. j ^^ ^^'^P' '^^'■^'" ^^ P*'*'*^^ ^<=*'"«*- LE CENTROPODE RHOMBOÏDAL. Scomber rhombeus, Forsk.; Centrogaster rhombeus, Linn., Gmel.; Centropodus rhombeus, Lacep.j Psettus ihombeus, Cuv. i. La conformation de ce poisson nous oblige à le placer dans un genre particulier. Il a été observé par Forskael dans la mer Rouge. Les petites écailles dont il est revêtu brillent comme des lames d'argent. Les nageoires sont blanches, excepté celle de la queue, qui est d'un vert bleuâtre: et la seconde dorsale est noire dans sa partie la plus élevée. Cette seconde nageoire du dos est d'ailleurs triangulaire et écailleuse dans sa partie antérieure, comme celle de l'anus, et basse, ainsi que transparente, dans le reste de son étendue. Les cinq rayons articulés qui, réunis avec un aiguillon, composent chaucne des nageoires thoracines, sont à peine visibles. Une membrane assez peu large soutient les quatre ou cinq piquants qui forment la première dorsale. Les dents sont déliées et nombreuses; et au-dessus du bout de la langue on voit une callosité ovale et rude. La queue proprement dite est très-courte; ce qui donne à chaque côlé de l'animal une figure rhomboïdale. QUATRE-VINGT-TREIZIÈME GENRE 2. LES CENTROGASTÈRES. Qvatre aiguillons et six rayons articulés à chaque nageoire t/i07'acine. ESPÈCES. CARACTÈRES. t . Le Cemrogas- i La nageoire dorsale très-longue; celle de la queue très-peu fourchue; la couleur TÈRE BRUNATRE. ) du dcssus du corps brune. ) La nageoire de la queue fourchue; la couleur du dessus du corps argentée. TERE ARGEATE» ' LE CENTROtiASTÈRE BRUNATRE. Centrogaster fuscescens, Lin., Gmel., Lacep.; Siganus fuscescens, Cuv. '. LE CENTROGASTÈRE ARGENTÉ. Centrogaster argentatus, Linn., Gniai., Lacep.; Siganus argenteus, Cuv. i. Les meis qui arrosent le Japon, nourissent ces deux centrogastères dont on doit la con- naissance au savant Houltuyn, et dont le nom générique vient des aiguillons que l'on voit au-dessous de leur corps, et qui composent une partie de leurs nageoires inférieures. Ces poissons ne parviennent qu'à une longueur très-peu considérable : le brunâtre n'a pas ordinairement deux décimètres de long, et l'argenté n'en a qu'un. La mâchoire supérieure du premier est garnie de dents aiguës ; le second a sur la nuque une grande tache brune, et communément arrondie. QUATRE-VINGT-QUATORZIÈME GENRE. LES CENTRONOTES. Une seule nageoire dorsale ; quatre rayons au moins à chaque ihoracine^ des piquants isolés au-devant de la nageoire du dos, une saillie longiludinale sur chaque coté de la queue, ou deux aiguillons au-divant de la nageoire de fanus. ESPÈCES. CARACTÈRES. I.LeCe.ntronote i Quatre aiguillons au-devant de la nageoire du dos ; sept ra)'ons à la membrane des PILOTE. ( branchies; vingt-sept rayons an moins à la nageoire dorsale. •2.LeCentronote | Quatre aiguillons au-devant de la nageoire du dos; si.x rayons à la membrane des ÉPERON. ( branchies ; vingt et un rayons à la nageoire dorsale. o.LeCentroxote \ Quatre aiguillons au-devant delà nageoire dorsale; trois rayons à la membrane ACANTHiAs. ( dcs braiichies. 4.LeCentronote i Cinq aiguillons au-devant de la nageoire du dos; le premier tourné vers le museau, GLAYCOs. ) et les autres inclinés vers la queue; la ligne latérale ondulée par petits traits. 1 Voyez la note 2 de la page précédente. D. 2-5-4 M. Cuvier n'admet pas ce genre, et en rapporte les espèces à son genre Sidjan de la famille des Teuthycs parmi les Acanthoptérygiens. Ce genre comprend les Sidjans, Siganus, de Forskael, les Bu- ros de Commcrson. les Centrogaster d'Houttuyn, les Amphacantus de Bloch. D. 3 M. Cuvier, en adoptant le genre Centronote de M. de Lacépcde, le partage en plusieurs sous-gen- res, sous les noms de Pelotes. Élacatcs, Liches et Trachinotes. Les licnes comprennent les Scombc- roïdeiileJI. de Laecpèdi-, et les Trachinotes renfei ment ses ,\tanthinions el ses Ca^sioniores. D. 208 HISTOIRE NATURELLE ESPÈCES. CAKACTÈREb. o.LeLemho>ote ; ^^ . ajoruiiiions au-devant de la naffcoire du dos : onze ravons à cette naoïeoire. ARGEME. I . G.LeCentro.xote , Sept aiguillons au-devant de la nageoire du dos; vingt rayons à cette nageoire ; six OVALE. rayons à la membrane des branchies. 7.LeCentroxote \ Sept aiguillons au-devant de la nageoire du dos; vingt et un rayon à cette nageoire ; LvzAX. ' nuit rayons à la membrane des branchies. S.LECEMnu.NOTE I Huit aiguillons au-devant de la nageoire du dos; vingt-six rayons à cette nageoire cxROLiM.N. '. dorsale; la ligne latérale droite. . P . ( Huit aiguillons au-devant delà nageoire du dos ; trente-trois rayons à cette nageoire J.LeLentronote ! dorsale; point d'aiguillons au-devant de celle de l'anus; deux rayons seulement GARI.ENIEN. f ;^ chacunc des pectorales. 10. Le Centro- ) Huit aiguillons au-devant de la nageoire du dos; plus de deux rayons à chacune NOTE \ AfiiGD. l des pf'clorales; la ligne latérale tortueuse. Il ^ ri Huit aiguillons au-devant de la nageoire du dos; trente-trois rayons à cette na- ■ E^TRo- ) geoire; douze rayons à chaque pectorale; six rayons à chaque thoracine ; la ligne latérale droite; la couleur générale noire. NOTE NEGRK. LE CENTRONOTE PILOTE. Gasterosteus Duclor, Linn., Gmel.; Scomber Ductor, Bl.; Centronotus Conductor, Lacep.; Centronotus Ductor, Cuv. 1. Prcsqup tontes les espèces du genre des Centronotes, ainsi que celui des Gastérostées et celui des Centropodes, ne renferment que d'assez petits individus. Le centronote dont nous traitons dans cet article parvient très-rarement à la longueur de deux décimètres. Malgré les dards dont quelques parties de son corps sont hérissées, il ne pourrait donc se défen- dre avec succès que contre des ennemis bien peu redoutables, ni attaquer avec avantage qu'une proie presque invisible. Son espèce n'existerait donc plus depuis longtemps, s'il n'avait reçu l'agilité en partage : il se soustrait par des mouvements rapides aux dangers qui peuvent le menacer. D'ailleurs sa petitesse fait sa sûreté, et compense sa faiblesse. Il n'est recherché ni par les pêcheurs, ni par les grands habitants des mers; l'exiguité de ses membres le dérobe souvent à leur vue; le peu de nourriture qu'il peut fournir, empê- che qu'il ne soit l'objet des désirs des marins, ou des appétits des squales. Il en est résulté pour cette espèce, cette sorte de sécurité qui dédommage le faible de tant de privations. Pressée par la faim, ne trouvant pas facilement à certaines distances des rivages les œufs, les vers, les insectes, les mollusques qu'elle pourrait saisir, elle ne fuit ni le voisinage des vaisseaux, ni même la présence des squales, ou des autres tyrans des mers ; elle s'en approche sans défiance et sans crainte; elle joue au-devant des bâtiments, ou au milieu des terribles poissons qui la dédaignent; elle trouve dans les aliments corrompus que l'on rejette des navires ou dans les restes des victimes immolées par le féroce requin, des frag- ments appropriés par leur ténuité à la petitesse de ses organes; elle précède ou suit avec constance la proue qui fend les ondes, ou des troupes carnassières de grands squales; et frappant vivement l'imaginolion par la tranquillité avec laquelle elle habite son singulier asile, elle a été bientôt douée, par les amis du merveilleux, d'une intelligence parlicu- lière; on lui a attribué un instinct éclairé, une prévoyance remarcpiable, un atlachemenl courageux ; on l'a revêtue de fonctions très-extraordinaires, et on ne s'est arrêté qu'après avoir voulu qu'elle partageât avec les échénéis, le litre de conducteur du requin, de pilote des vaisseaux. Nous avons été bien aises de rappeler celle opinion bizarre par le nom spécifique que nous avons conservé à ce centronote avec le plus grand nombre des auteurs modernes. Celui qui écrit l'histoire de la nature doit marquer les écueils de la raison, comme l'hydrographe trace sur ses cartes ceux oîi ont péri les navigateurs. On voit sur le dos de ce petit animal, dont on a voulu faire le directeur de la roule dos énormes requins, ces aiguillons (jui a|)parliennent à tous les poissons compris dans le quatre-vingt-onzième genre, et dont la présence et la position sont indiquées par le nom de Centronote 2, (jue nous avons cru devoir leur donner : mais on n'en compte que quatre au-devant de la nageoire dorsale du Pilote. Les côtés de la queue de ce poisson sont rele- vés longitudinalement en carène. La ligne latérale est droite. Plusieurs bandes transver- sales et noires font ressortir la couleur de sa partie supérieure, qui présente des teintes brunes et des reflets dorés. Il parait que le nombre de ces bandes varie depuis quatre jusqu'à sept. Les mâchoires, la langue, et la partie antérieure du palais, sont garnies de très-petites dents. 1 Du . Du sous genre des Liches dans le genre Centionotc de M. Cuvier. Ce poisson a les caractères des Scombéroïdes de iM. de Lacépède. D. 6 M. Cuvier ne cite pas cette espèce. D. 1 Du sous-genre Elacate dans le genre Centronote de M. Cuvier. C'est probablement le Centrono- tus spinosiis, 3Iitchill. D. 8 Ce poisson est du sous-genre Liche dans le genre Centronote de M. Cuvier. II est décrit par Ronde- let, p. 2oi, et par Salviani. p. 121. D. 210 HISTOIRE NATURELLE LE CENTROxNOTE ÉPERON. Scombcr Calcar, Bl.; Centronotus Calcar, Lac; Lichia Calcar, Cuv. i . LE CENTRONOTE NÈGRE. Scomber nigcr, Bl.; Centronotus niger, Lacep.; Naucratcs niger, Cuv. 2. Le corps et la queue de l'éperon paraissent dénués d'écaillés. La mâchoire inférieure dépasse celle de dessus. La langue est mobile, lisse et large. Chaque narine ne montre qu'un orifice. La ligrie latérale est presque droite. Les thoracines peuvent être couchées dans une sorte de sillon. La couleur générale est argentée : des teintes noires régnent sur le dos; les nageoires sont bleuâtres. On trouve une grande quantité de centionotes éperons sur la côte de Guinée. Us y présentent la grandeur du scombre maquereau; et leur chair n'est pas désagréable au goût. Le centronote nègre habite dans la partie de l'Océan Atlanli(iue qui sépare l'Afrique de l'Amérique méridionale. Barbot l'a trouvé auprès de la côte d'Or; et Marcgrave, Pison et le prince Maurice de Nassau l'ont vu dans les eaux du Brésil. Il parvient à une longueur remarquable. Suivant Baibot, il a près dedeuxmètres de long; et Marcgrave lui attribue une longueur de plus de trois mètres. Sa chair est d'ailleurs grasse, blanche et ferme : aussi est-il très-recherché, et préparé pour être envoyé au loin. Lorsqu'il est frais, on compare son goût à celui de l'anguille, et lorsqu'il est séché, à celui du saumon fumé, il séjourne ordinairement dans la haute mer : mais de temps en temps on voit des troupes nombreuses d'individus de cette espèce s'approcher des terres, préférer les fonds pier- reux, et y chercher les crustacées et les animaux à coquille, qui doivent servir à leur nourriture. Les nègres les prennent sur ces bas-fonds, et les pèchent à la lueur de bran- dons allumés. Le centronote nègre a la peau lisse, aplatie et dénuée de petites écailles; le museau arrondi; l'ouverture de la bouche assez grande; les dents petites; la langue large et mobile; deux orifices à chaque narine : les écailles qui revêtent son corps et sa queue son! petites, lisses et minces. Sa couleur noire est relevée par le gris de la base et du milieu de ses thoracines, ainsi que par les nuances blanches et argentées qui resplendissent sur ses côtés. QUATRE-VINGT-QUINZIÈME GENRE 5 LES LÉPISACANTHES. Lrs Cidilles du dos fjrandvs^ cHiccs, cl terminévs pnv un (tignillon, les opercules dtii'c'es dans leur partie postcriciD'e, et dénués de petites vealllcs^ des aiguillons isoles au-devant de In nageoire dorsale. ESPÈCE. CARACTÈRE. Le LÉPISACANTHE jr». ••Il I .Ji •Ji JAPONAIS i Qu^l'"'' aiguillons au-devant oc la nageoire du dos. LE LÉPISACANTHE JAPONAIS. Gaslerostcus japonicus, Iloult., Linn., Gincl.; Monocentris japonicus, Bl., Sclin., Cuv.; Lcpisacanthus japonicus, Lac. i. Le nom générique de cet animal désigne la forme particulière de ses écailles 5; et sa dénomination spécifique, les mers dans lesquelles on l'a vu. Houtluyn l'a fait connaître, et nous avons cru devoir le séparer des centronotes, et des autres poissons avec lesquels on l'avait placé dans le genre des centrogastères, afin d'être fidèles aux principes de distribution méthodique que nousavonspréfèrc. Lemuscau de cet osseux est arrondi; ses mâchoires sont hérissées de polifes aspérités, plutôt que garnies de donis propremcnl dites. Une fossette longiludinale reçoit et cache, à la volonté de l'animal, les piquants épais, forts, inégaux et isolés, (|ue l'on voit au-devant de la nageoire du dos. Les rayon.'; de chacune des thoracines sont réunis et allongés de manière à foi-mer un aiguillon peu mobile, rude, et égal en longueur aux li'ois dixièmes, ou â peu près, de la longueur totale du poisson. Le japonais ne parvient d'ailleurs qu'à de très-petites dimensions, il n'a pas un double décimètre de long; et sa couleur est jaune. I Du sous genre Lichc dans le genre Centronote. Cuv. D. 1 Du sous-genre des IMiotes dans le genre Centronote, Cuv. D. ■"• Le genre Lépisacantiic, Lacép., ou Monocentis, BL, Sclin., est adopté par M. Cuvier, qui le place entre les Scorpènes et les Epinoches, dans sa famille des Acanthoptcrygiens à joues cuirassées. Ce genre ne renferme qu'une seule espèce. D. A Voyez la note précédente. D. 3 Aertij signifie écaille, et a/.xvôoi, aiguillon. DES POISSONS. 211 QUATRE-VINGT-SEIZIÈME GENRE i. LES CÉPHALÂCANTHES. Le derrière de la tête garni, de chaque côté, de deux piquants dentelés et très-longs; point d^aiguillons isolés au-devant de la nageoire du dos. ESPÈCE. CARACTÈRE. E EPHALACAN- j Quatre rayons à chacune des thoracines. THE SPINARELLE. ^ *' LE CÉPHALACANTIIE SPINARELLE 2. Gasterosteus spinarella, Linn., Gmcl.; Cephalacanthus spinarella, Cuv. Ce céphalacanlhc ne présente qu'une petite longueur. Sa tè(e, plus large que le corps, est striée sur toute sa surface, et garnie par derrière de quatre grands aiguillons. Les deux supérieurs sont plus denlelés, plus lai-ges et plus courts que les deux inférieurs. La spinarelle, qui vit dans l'Inde 3, a été placée dans le même genre que les gastérostées et les centronotes : mais elle en diiOfère par trop de traits pour que nous n'ayons pas dû l'en séparer. L'absence d'aiguillons isolés au-devant de la nageoire dorsale aurait sulli pour l'éloigner de ces osseux. Nous l'avons donc inscrite dans uu genre parliculier qui précède immédiatement celui des daclylopfères, parmi lesquels on compte la pirapéde dont la tétB ressemble beaucoup à celle de la spinarelle. QUATRE-VINGT-DIX-SEPTIÈME GENRE i. LES DACTYLOPTRRES. Une petite nageoire composée de rayons soutenus par une membrane^ auprès de la base de chaque nuqe.oire pectorale. ESPÈCES, CARACTÈRES. . E ACTYLOP- ^ Six rayons réunis par une membrane auprès de chaque naeeoire pectorale. TERE PIRAPEDE. \ 1 O t^ v . iv. E ACTYLOP- j Q^2e rayous réunis par une membrane auprès de chaque nageoire pectorale. TERK JAPONAIS* '■ LE DACTYLOPTÈRE PIRAPÉDE. Trigla volitans, Linn., Gniel.; Dactylopterus Pirapeda, Lacep.; Dactylopterus communis, Cuv. 3. Parmi les traits remarquables qui distinguent ce grand poisson volant et les autres osseux qui doivent appartenir au même genre, il faut compter particulièrement les dimensions de ses nageoires pectorales. Elles sont assez étendues pour qu'on ait dû les désigner par le nom d'ailes; et ces instruments de natation, et principalement de vol, étant composés d'une large membrane soutenue par de longs rayons articulés que l'on a comparés à des doigts comme les rayons des pectorales de tous les poissons, les ailes de la pirapéde ont beaucoup de rapports dans leur conformation avec celles des chauve- souris, dont on leur a donné le nom dans plusieurs contrées; et nous avons cru devoir leur appliquer la dénomination générique de Dactylo ptère, qui a été souvent employée pour ces chauves-souris, aussi bien que celle de Chéiroptère, et qui signifie aile attachée aux doigts, ou formée par les doigts 6. La pectorale des pirapèdes est d'ailleurs double, et présente par conséquent un caractère que nous n'avons encore vu que dans le lépadogastère gouan. A la base de celte aile on voit en effet un assemblage de six rayons articulés réunis par une mem- brane, et composant par conséquent une véritable nageoire qu'il est impossible de ne pas considérer comme pectorale. De plus, l'aile des poissons que nous examinons oftVe une grande surface; elle montre, lorsqu'elle est déployée, une figure assez semblable à celle d'un disque, et elle atteint le plus souvent au delà de la nageoire de l'anus et très-près de celle de la queue. Les rayons qu'elle renferme étant assez écartés l'un de l'autre lorsqu'elle est étendue, et n'étant liés ensemble que par une membrane souple qui permet facilement leur rappro- 1 Ce genre, dont on ne connaît encore qu'une petite espèce de la Guyane, a été adopté par M. Cuvier, et placé par lui dans sa famille des Acanthoptérygiens à joues cuirassées. D. 2 lYota. K.Efxloç veut dire tète, et «/.«v9os, aiguillon ou piquant. 3 Ce poisson est de la Guyane, et non pas des Indes, comme on l'a toujours dit, Cuv. D. 4 M. Cuvier admet ce genre, créé par M. de Lacépède. 11 le place, comme sous-genre, à la suite des Trigles, dans sa famille des Acanthoptérygiens à joues cuirassées. D. 5 M. Cuvier donne à ce poisson le nom de Dactyloptère commun ou hirondelle de mer de la Méditer- ranée. D. 6 Aâ/.Tu^oj veut dire doigt, nTjpov, aile, 212 HISTOIRE NATLRHLLE chemenJ, il n'esl pas siirprenanl que l'animal puisse donner aiscmenl et rapidement à la surface de ses ailes, cette alternative d'épanouissement et de contraction, ces inégalités successives, qui, produisant des efforts alternativement inégaux contre l'air de l'atmos- phère, et le frappant dans un sens plus violemment que dans un autre, font changer de place à l'animal lancé et suspendu, poui" ainsi dire, dans ce fluide, et le douent vérita- blement de la faculté de voler. Voilà pourquoi la pirapède peut s'élever au-dessus de la mer, à une assez grande hau- teur, pour que la courbe qu'elle décrit dans l'air ne la ramène dans les flots que lors- qu'elle a franchi un inlervalle égal, suivant quelques observateurs, au moins à une tren- taine de mètres; et voilà pourquoi encore depuis Aristote jusqu'à nous elle a porté le nom de Faucon de la mer, et surtout d'fJirondeUe marine. Elle traverserait au milieu de l'atmosphère des espaces bien plus grands encore, si la membrane de ses ailes pouvait conserver sa souplesse au milieu de l'air chaud et quelque- fois même brûlant des contrées où on la trouve : mais le fluide qu'elle frappe avec ses grandes nageoires, les a bientôt desséchées, au point de rendre trés-dilïicile le rapproche- ment et l'écartenient alternatifs des rayons; cl alors le poisson que nous décrivons, per- dant rapidement sa faculté disliiiclive, retombe vers les ondes au-dessus desquelles il s'était soutenu, et ne peut plus s'élancer de nouveau dans l'atmosphère que loi'squ'il a plongé ses ailes dans une eau réparatrice, et que, relrouvaiil ses attributs par son immer- sion dans son fluide natal, il ollre une sorte de petite image de cet Antée que la mythologie grecque nous rei)résente comme perdant ses forces dans l'air, et i\e les retrouvant qu'en touchant de nouveau la terre qui l'avait nourri. Les pirapèdes usent d'autant plus souvent du pouvoir de voler qui leur a été départi, qu'elles sont poursuivies dans le sein des eaux par un grand nombre d'ennemis. Plusieurs gros poissons, et particulièrement les dorades et les scombres, cherchent à les dévorer, et telle est la malheureuse destinée de ces animaux qui, poissons et oiseaux, sembleraient avoir un double asile, qu'ils ne trouvent de sûreté nulle part, qu'ils n'échappent aux périls de la mer que pour être exposés à ceux de l'atmosphère, et qu'ils n'évitent la dent des habitants des eaux que pour être saisis par le redoutable bec des frégates, desphaétons, des mauves, et de plusieurs autres oiseaux marins. Lorsque des circonstances favorables éloignent de la partie de l'atmosphère, qu'elles tiaversent des ennemis dangei eux, on les voit offrir au-dessus de la mer un spectacle assez agréable. Ayant quelquefois un demi-mètre de longueur, agitant vivement dans l'air de larges et longues nageoires, elles attirent d'ailleurs l'attention par leur nombre, qui sou- vent est de plus de mille. Mues par la même crainte, cédant au même besoin de se sous- traire à une mort inévitable dans l'Océan, elles s'envolent en grandes troupes; et loisqu'elles se sont confiées ainsi à leurs ailes au milieu d'une nuit obscure, on les a vues briller d'une lumière phosphorique, semblableà celle dont resplendissent plusieurs antres poissons, et à l'éclat que jettent, pendant les belles nuits des pays méridionaux, les insectes auxquels le vulgaire a donné le nom de Vers luisants. Si la mer est alors calme et silencieuse on entend le petit bruit que font naiire le mouvement rapide de leurs ailes et le choc de ces instruments contre les couches de l'air; et on dislingue aussi quelquefois un bruissement d'une autre nature, produit au travers des ouvertures branchiales par la sortie accélérée du gaz que l'animal exprime, pour ainsi dire, de diverses cavités intérieu- les de son corps, en rapprochant vivement leurs parois. Ce bruissement a lieu d'autant plus facilement, que ces ouvertures branchiales étant très-étroites, donnent lieu à un frôlement plus considérable; et c'est parce que ces orifices sont très-petits, que les pira- pèdes, moins exposées à un dessèchement subit de leurs organes respiratoires, peuvent vivre assez longtemps hors de l'eau. On rencontre ces poissons dans la Méditerranée et dans presque toutes les mers des climats tempérés; mais c'est piincipalement auprès des tropiques qu'ils habitent. C'est surtout auprès de ces tropiques qu'on a pu contempler leurs manœuvres et observer leurs évolutions. Aussi leur nom cl leur histoire ne sont-ils jamais entendus avec indifférence par ces voyageurs courageux ([ui, loin de l'Europe, on! allVonlé les tempêtes de l'Océan, et ses calmes souvent j)lus funestes encore. Ils retracent à leur souvenir leurs i)eines, leurs plaisirs, leurs dangers, leurs succès. Ils nous ramènent, nous qui lâchons de des- siner leurs traits, vers ces compagnons de nos travaux, qui, dévoués à la gloire de leur pays, animés par un ardent amour de la science, dirigés par un chef habile, conduits par le brave navigateur Baudin, et réunis par les liens d'une amitié touchante ainsi que d'une DES POISSONS. 213 estime mutuelle, quittent, dans le moment même où mon cœur s'épanche vers eux, les rivages de leur patrie, se séparent de tout ce qu'ils ont de plus cher, et vont braver sur des mers lointaines la rigueur des climats et la fureur des ondes, pour ajouter à la pros- périté publique par l'accroissement des connaissances humaines. Noble dévouement, géné- reux sacrifices! la reconnaissance des hommes éclairés, les applaudissements de l'Europe, les lauriers de la gloire, les embrassements de l'amitié, seront leur douce et brillante récompense. Cependant quelles sont les formes de ces poissons ailés dont l'image rappelle des objets si chers, des entreprises si utiles, des efforts si dignes d'éloges? La tête de la pirapéde ressemble un peu à celle du céphalacanthe spinarelle. Elle est arrondie par-devant, et comme renfermée dans une sorte de casque ou d'enveloppe osseuse à quatre faces, terminée par quatre aiguillons larges et allongés, et chargée de petits points arrondis et disposés en rayons. La mâchoire supérieure est plus avancée que l'inférieure. Plusieurs rangs de dents très-petites garnissent l'une et l'autre de ces deux mâchoires; et l'ouverture delà bouche est très-large, ce qui donne à la pirapéde un rapport de plus avec une hirondelle. La langue est courte, épaisse, et lisse comme le palais. Le dessous du corps présente une surface presque plate. Les écailles qui couvrent le dos et les côtés, sont relevées par une arête longitudinale. Le rougeâtre domine sur la partie supérieure de l'animal, le violet sur la tête, le bleu céleste sur la première nageoire du dos et sur celle de la queue, le vert sur la seconde nageoire dorsale; et pour ajouter à cet élégant assortiment de bleu très-clair, de violet, de vert et de rouge, les grandes ailes ou nageoires pectorales de la pirapéde sont cou- leur d'olive, et parsemées de taches rondes et bleues, qui brillent, pour ainsi dire, comme autant de saphirs, lorsque les rayons du soleil des tropiques sont vivement réflé- chis par ces larges ailes étendues avec force et agitées avec vitesse. On compte plusieurs appendices ou cœcums auprès du pylore; et les œufs que renfer- ment les doubles ovaires des femelles, sont ordinairement très-rouges. La chair des pirapèdes est maigre ; elle est aussi un peu dure, à moins qu'on ne puisse la conserver pendant quelques jours. LE DACTYLOPTÈRE JAPONAIS. Trigla alata, Linn., Gmel.; Dactyloptcrus japonicus, Lac. ). On trouve dans les mers du Japon ce dactyloptère, qui, de même que la pirapéde, a été inscrit jusqu'à présent dans le genre des trigles. Il a été décrit par Houttuyn. Il ne par- vient guère qu'à la longueur d'un décimètre et demi. On voit deux aiguillons longs et aigus à sa mâchoire inférieure et au bord postérieur de ses opercules. On compte onze rayons à chacune de ses petites nageoires pectorales. QUATRE-VINGT-DIX-HUITIÈME GENRE 2. LES PRIONOTES. Des aiguillons dentelés entre les deux nageoires dorsales, des rayons articulés et non réunis par une membrane, attprès de chacune des nageoires pectorales. ESPÈCE. CARACTÈRE. I.E Prionote I Trois rayons articulés et non réunis par une membrane auprès de chacune des voiAM. I nageoires pectorales, LE PRIONOTE VOLANT s. Trigla evolans? Linn., Gmel.; Prionotus evolans, Lac. 4. En comparant les caractères génériques des dactyloptères et des prionotes, on voit qu'ils diffèrent assez les uns des autres pour que nous ayons dû les séparer; et cependant ils se ressemblent assez pour qu'on ait placé les prionotes, ainsi que les dactyloptères, parmi 1 M. Cuvicr démontre, en traduisant exactement le passage d'Houttuyn, où ce poisson se trouve dé- crit, que c'est un Trigle proprement dit, et non un Dactyloptère ; mais il n'en indique pas l'espèce. D. 2 Ce genre, formé par M. de Lacépède, a été adopté comme sous-genre, dans le genre Trigle, par M. Cuvicr, qui nie l'existence des rayons articulés non réunis entre les deux dorsales, ces rayons étant compris dans la membrane de la première de ces nageoires. D. 3 Trigla volitans minor. Browne, .Jamaïc. 'îoô, tab. il, fig. u. i M, Cuvier fait remarquer que le genre Prionote se compose de quatre espèces, et que la citation ci-dessus donnée de Browne se rapporte à son Prionotus punciatus, qui ne diffère pas des Trigles punc- tata et carolina de Bloch, décrits ci-après, p. 216, Quant au Trigla evolans 'de Linnée, M, Cuvier croit le retrouver dans son Prionotus strigatus, qui est le Trigla lineata dc3Iitchill, D, tACÉl'ÈDE. — TOME n. 1i 214 HISTOIRE NATURELLE les iriglcs dont nous allons nous occuper. Ils sonl liés parliculièrement par la forme de leur léte et par une habitude remarquable. Le prionote que nous décrivons, a la surface de sa tête ciselée de manière à représenter des rayons ; et de plus il a la faculté de s'élever dans l'atmosphère, et de s'y soutenir pendant quelque temps, comme les daclyloptères. C'est cette dernière faculté qui lui a fait donner le nom spécifique de Volant; et nous avons cru d'autant plus devoir le désigner par le nom générique de Prionote i, qu'indé- pendamment de trois aiguillons dentelés qui s'élèvent entre les deux nageoires de son dos, le premier rayon de la seconde dorsale et les deux premiers de la première sonl un peu dentelés par-devant. Les pectorales sonl assez longues pour atteindre à la moitié de la longueur du corps; el étanl d'ailleurs Irés-larges, elles forment des ailes un peu éten- dues, que leur couleur noire fait souvent distinguer à une grande distance. La nageoire de la queue est fourchue. Point d'aiguillons ESPECES. 1. La Trigle asiatique. 2. La Trigle LYRE. 5. La Trigle carolike. 4. La Trigle ponctuée. 5. La Trigle lastoviza. 6. La Trigle hirondelle. 7. La Trigle PIN. 8. La Trigle gurnau. 9. La Trigle GRONDIN. 10. La Trigle MILAN. 11. La Trigle lUENUE. 12. La Trigle cavillone. QUATRE-VIiMG-DIX-NEUVIÈME GENRE 2. LES TRIGLES. dentelés entre les deux nageoires dorsales; des rayons articulés et non réunis par une membrane, auprès de chacune des nageoires pectorales. PREMIER SOUS-GENRE. Plus de trois rayons articulés auprès de chaque nageoire pectorale. CARACTÈRES. Quatre rayons articulés auprès de chaque nageoire pectorale. SECOND SOUS-GExNRE. Trois rayons articulés aupi'ès de cliaque nageoire pectorale. Les nageoires pectorales longue?; la mâchoire supérieure prolongée en deux lobes dentelés; les orifices des narines tubuleux; la nageoire de la queue un peu en croissant. Les nageoires pectorales longues ; onze rayons à celle de l'anus; celle de la queue arrondie; six rayons à la membrane des branchies. Les nageoires pectorales longues; celle de la queue arrondie; la tète allongée; le corps parsemé de petites taches rouges. Les nageoires pectorales longues; les écailles qui garnissent le corps disposées en rangées transversales; la ligne latérale garnie d'aiguillons à deux pointes. Les nageoires pectorales larges; quatorze rayons à la nageoire de l'anus; celle de la queue fourchue ou en croissant; la ligne latérale garnie d'aiguillons. Les lames ou feuilles minces et étroites attachées le long de la ligne latérale; la na- geoire de la queue en croissant. Les nageoires pectorales courtes: celle de la queue fourchue; la ligne latérale large et garnie d'aiguillons ; des taches noires et des taches rouges sur le dos. Les nageoires pectorales courtes; celle de la queue fourchue; la ligne latérale dc- ( nuée de larges écailles. ( Les nageoires pectorales courtes; celle de la queue fourchue ;la ligne latérale divi- [ sée en deux vers la nageoire caudale. iLa nageoire de la queue arrondie; deux arêtes ou saillies longitudinales sur le dos; les nageoires pectorales et thoracines très-pointues; huit rayons à cha- cune de ces nageoires pectorales; vingt-quatre à la seconde nageoire du dos. TR0IS1É31E SOUS-GENRE. Moins de trois rayons articulés auprès de chaque nageoire pectorale. \ La nageoire de la queue lancéolée. LA TRIGLE ASIATIQUE. Trigla asiatica, Linn., Gmel., Lacep. 3. Les tableaux génériques montrent les différences qui séparent les trigles des prionofes et des dactyloptères. Mais si leurs formes extérieures ressemblent assez peu à celles de ces deux derniers genres, pour que nous ayons dû les en séparer, elles s'en rapprochent beaucoup par leurs habitudes; et presque toutes ont, comme la pirapède, le pouvoir de voler dans l'atmosphère, lorsque la mer ne leur offre pas un asile assez sûr. Elles sont d'ailleurs, comme les dactyloptères et les prionotes, extrêmement fécondes; elles pon- dent souvent jusqu'à trois fois dans la même année; et c'est cette reproduction remar- quable que plusieurs anciens Grecs ont voulu désigner par le nom de T/;iy//3,T/: M. Cuvier considère les mafarmats ou Péristédions comme formant un sous -genre dans son grand genre Trigle. D. 4 IIe/!(jT>^9(0v, en grec, signifie pectoral, plastron. O"20 HISTOIRE NATURELLE Le malarniol liabilc non-seulement dans la mer Méditerranée, mais encore dans celle qui baigne les Molnques. Il ne parvient guère qu'à la longueur de six ou sept décimètres. Et l'on doit croire que si le poisson nommé Cornuta par Pline est le malarmat, il faut lire dans cet auteur, et avec Rondelet, que les cornes ou appendices du museau de cet osseux ont un demi-pied (cornua semipedaUu), et non pas un pied et demi {sesquipedalia). Nous devons même ajouter (juil y aurait encore de l'exagération dans cette évaluation des appendices du malarmat, et que des cornes de deux décimètres de longueur suppo- seraient, dans les dimensions générales de ce poisson, une grandeur bien au-dessus de la réalité. Le périsiédion que nous décrivons se nourrit de mollusques, de vers marins et de plantes marines. Il se tient souvent au fond de la mer; et quoi(iue sa chair soit dure et maigre, on le pèche dans beaucoup d'endroits pendant toute l'année, particulièrement pen- dant le printemps. On le prend communément avec des filets. Il nage avec beaucoup de rapidité; et comme il est très-vif dans ses mouvements, il brise fréquemment ses appendices contre les rochers ou d'autres corps durs. La vessie natatoire est grande, ce qui ajoute à la facilité avec laquelle le malarmat peut se soutenir dans l'eau, malgré la pesanteur de sa cuirasse. Le pylore est entouré de six petits cœcums. LE PÉRISTÉDIOX CHABRONTÈRE. Pcristedion Chabrontera, Lac. ; Trigla hamata, Bl., Schn. i. La chabrontère n'a comme le malarmat que deux rayons libres et articulés, auprès de chaque nageoire pectorale; son museau est fourchu, comme celui du malarmat ; mais elle n'est pas renfermée dans une gauie octogone. Deux plaques osseuses défendent cependant la partie inférieure de son corps : elles s'étendent depuis la poitrine jusqu'à l'anus. On compte plusieurs aiguillons droits ou recourbés au-dessus du museau; et on en voit trois au-dessus et trois autres au-dessous de la queue. Toutes les nageoires, excepté la caudale, sont très-longues, et d'un rouge éclatant. On trouve la chabrontère dans la Méditerranée. CENT ET UNIÈME GENRE 2. LES ISTIOPHORES. Point de rayons articulés et libres auprès des nageoires pectorales, ni de plaques osseuses au-dessous du corps ; la première nageoire du dos arrondie, très-longue et d'une hauteur supérieure à celle du corps; deux rayons à chaque thorarlne. ESPÈCE. CARACTÈRES. L'IsTioPHORE ( La mâchoire supérieure prolongée en forme de lame d'épée; deux nageoires de PORTE-GLAIVE. | l'anUS. L'ISTIOPHORE PORTE-GLAIVE. Scombcr Gladlus, Brousson. ; Xiphias velifcr, Bl.. Schn.; Xiphias platysterus, Shaw. ; Istiophorus gladifer, Laccp. -. Marcgrave, Pinson, Willughby,Rai, Jonslon,Ruysch, mon savant confrère Broussonnet, et feu le célèbre Bloch, ont parlé de ce poisson très-remarquable par sa forme, sa gran- deur et ses habitudes. En effet, sa tête ressemble beaucoup à celle des xiphias ; il parvient comme ces derniers, à une longueur de plus de trois mètres : comme ces derniers encore, il jouit d'une grande force, d'une grande agilité, d'une grande audace; il attaque avec courage, et souvent avec avantage, des ennemis très-dangereux. Cependant les xiphias appartiennent à l'ordre des apodes de la cinquième division; et le porte-glaive doit être inscrit rale et longitudinale dorée, la nageoire de la queue 't le sommet de celles du dus jannàtres; trois |»ièces à chaque opercule, un petit )iquant à la seconde pièce operculaire, les o|)ereules dénués d'écaillés sem- lables à celles du dos, quatre rayons à la membrane des branchies, les barbil- lons recourbes, et n'atteignant pas tout à fait jusqu'à la base des nageoire tho- racines. Cl 1 M. Cuvitr place les mulies à la fi» de -a lamillr dfs .■\canllinpt rygiens percoïdes, et il partage DES POISSONS. 223 LE MULLE ROUGET. Mullus barbatus, Linn., Gmel., Bl., Cuv. i. Avec quelle magnificence la nature n'a-t-elle pas décoré ce poisson ! Quels souvenirs ne réveille pas ce muUe dont le nom se trouve dans les écrits de tant d'auteurs célèbres de la Grèce et de Rome! De quelles réflexions, de quels mouvements, de quelles images son histoire n'a-t-elle pas enrichi la morale, l'éloquence et la poésie! C'est à sa brillante parure qu'il a dû sa célébrité. Et en effet, non-seulement un rouge éclatant le colore en se mêlant à des teintes argentines sur ses côtés et sur son ventre, non-seulement ses nageoires res- plendissent des divers reflets de l'or, mais encore le rouge dont il est peint, appartenant au corps proprement dit du poisson, et paraissant aulraversdes écailles très-transparentes qui revêtent l'animal, reçoit par sa transmission et le passage que lui livre une substance diaphane, polie et luisante, toute la vivacité que l'art peut donner aux nuances qu'il emploie, par le moyen d'un vernis habilement préparé. Voilà pourquoi le rouget montre encore la teinte qui le distingue lorsqu'il est dépo\iillé de ses écailles; et voilà pourquoi encore les Romains, du temps de Varron, gardaient les rougets dans leurs viviers, comme un ornement qui devint bientôt si recherché, que Cicéron reproche à ses compatriotes l'orgueil insensé auquel ils se livraient, lorsqu'ils pouvaient montrer de beaux mulles dans les eaux de leurs habitations favorites. La beauté a donc été l'origine de la captivité de ces mulles; elle a donc été pour eux , comme pour tant d'autres êtres dignes d'un intérêt bien plus vif, une cause de contrainte, de gêne et de malheur. Mais elle leur a été bien plus funeste encore par un effet bien éloigné de ceux qu'elle fait naître le plus souvent; elle les a condamnés à toutes les angoisses d'une mort lente et douloureuse; elle a produit dans l'âme de leurs posses- seurs une cruauté d'autant plus révoltante, qu'elle était froide et vaine. Sénèque et Pline rapportent que les Romains fameux parleurs richesses, et abrutis par leurs débauches, mêlaient à leurs dégoûtantes orgies le barbare plaisir de faire expirer entre leurs mains un des mulles rougets, afin de jouir de la variété des nuances pourpres, violettes ou bleues, qui se succédaient depuis le rouge du cinabre jusqu'au blanc le plus pâle, à mesure que l'animal, passant par tous les degrés de la diminution de la vie, et perdant peu à peu les forces nécessaires pour faire circuler dans les ramifications les plus exté- rieures de ses vaisseaux le fluide auquel il avait dû ses couleurs en même temps que son existence, parvenait enfin au terme de ses souffrances longuement prolongées. Des mou- vements convulsifs marquaient seuls, avec les dégradations des teintes, l'approche de la fin des tourments du rouget. Aucun son, aucun cri plaintif, aucune sorte d'accent tou- chant, n'annonçaient ni la vivacité des douleurs, ni la mort qui allait les faire cesser. Les mulles sont muets comme les autres poissons; et nous aimons à croire, pour l'honneur de l'espèce humaine, que ces Romains, malgré leur avidité pour de nouvelles jouissances qui échappaient sans cesse à leurs sens émoussés par l'excès des plaisirs, n'auraient pu résister à la plainte la plus faible de leur malheureuse victime! mais ses tourments n'en étaient pas moins réels; ils n'en étaient pas moins les précurseurs de la mort. Et cejieu- dant le goût de ce spectacle cruel ajouta une telle fureur pour la possession des mulles, au désir raisonnable, s'il eût été modéré, de voir ces animaux animer par leurs mouve- ments et embellir par leur éclat les étangs et les viviers, que leur prix devint bientôt excessif : on donnait quelquefois de ces osseux leur poids en argent. Le Calliodore, objet d'une des satires de Juvénal, dépensa 400 sesterces i)onr quatre de ces mulles. L'empe- reur Tibère vendit 4,000 sesterces un rouget du poids de deux kilogrammes, dont on lui avait fait présent. Un ancien consul, nommé Célère, en paya un 8,000 sesterces; et, selon Suétone, trois mulles furent vendus .50,000 sesterces. Les Apicius épuisèrent les ressour- ces de leur art pour parvenir h trouver la meilleure manière d'assaisonner les mulles rou- gets ; et c'est au sujet de ces animaux que Pline s'écrie : « On s'est plaint de voir des cui- » siniers évalués à des sommes excessives. Maintenant c'est pu prix des Iriomiihes qu'on » achète et les cuisiniers et les poissons qu'ils doivent ])réparer. » Et que ce luxe absurde, ces plaisirs féroces, cette prodigalité folle, ces abus sans reproduction, cette ostentation sans goût, ces jouissances sans délicatesse, cette vile débauche, celte plate recherche, ces appétits de brute, qui se sont engendrés mutuellement, qui n'existent presque jamais l'un leur genre en deux sous-genres, 1" celui des mulles proprement dits, qui ont la mâchoire supérieure sans dents, et 2° celui des upéneus, qui ont cette mâchoire dentée. D. i M. Cuvier désigne cette espèce, qui est le tvpe do son sous-genre dos Mulles proprement dits, par la dénominnfion du viai Rouget, on Rouget-Rafbpt, 024 HISTOIRE NATURELLE sans l'autre, e( que nous rappellent les traits que nous venons de citer, ne nous étonnent point. De Rome républicaine il ne restai! que le nom; toute idée libérale avait disparu; la servitude avait brisé tous les ressorts de l'âme; les sentiments généreux s'étaient éteints ; la vertu, qui n'est que la force de l'âme, n'existait plus ; le goût, qui ne consiste que dans la perception délicate de convenances que la tyrannie a])horre, chaque jour se dépravait; les arts, qui ne piospérenl que par l'élévation de la pensée, la pureté du goût, la ciialeur du sentiment, éteignaient leurs flambeaux; la science ne convenait plus à des esclaves dont elle ne pouvait éclairer que les fers; des joies fausses, mais bruyantes et qui étourdissent, des plaisirs grossiers qui enivrent, des jouissances sensuelles qui amènent tout oubli du passé, toute considération du présent, toute crainte de l'avenir, des repré- sentations vaines de ces trésors trompeurs entassés à la place des vrais biens que l'on avait perdus, plusieurs recherches barbares, tristes symptômes de la férocité, dernier terme d'un coui'age abâtardi, devaient donc convenir à des Romains avilis, à des citoyens dégradés, à des hommes abrutis. Quelques philosophes dignes des respects de la postérité s'élevaient encore au milieu de cette tourbe asservie : mais plusieurs furent immolés par le des])otisme; et dans leur lutte trop inégale contre une corruption trop générale, ils éternisèrent par leurs écrits la honte de leurs contemporains, sans pouvoir corriger leurs vices funestes et contagieux. Les poissons dont le nom se trouve lié avec l'histoire de ces Romains dégénérés, ont fixé l'attention de plusieurs écrivains. Mais comme la plupart de ces auteurs étaient peu versés dansles sciences naturelles, comme d'ailleurs le surmulet a été, ainsi que le rouget, l'objet de la recherche prodigue et de la curiosité cruelle que nous venons de retracer, et comme ces deux osseux ont les mêmes habitudes, et assez de formes et de qualités communes pour qu'on ait souvent appliqué les mêmes dénominations à l'un et à l'autre, on est tombé dans une telle confusion d'idées au sujet de ces deux muUes, que d'illustres naturalistes très-récents les ont l'apportés à la même espèce, sans supposer même qu'ils formassent deux variétés distinctes. En comparant néanmoins cet article avec celui qui suit, il sera aisé de voir que le rouget et le mulet sont difterents l'un de l'autre. Le devant de la tête du rouget paraît comme tronqué, ou, pour mieux dire, le sommet de la tête de cet osseux est très-élevé. Les deux mâchoires, également avancées, sont, de plus, garnies d'une grande quantité de petites dents. De très-petites aspérités hérissent le devant du palais et quatre os placés auprès du gosier. Deux barbillons assez longs pour atteindre à l'extrémité des opercules , pendent au-dessous du museau. Chaque narine n'a qu'une ouverture. Deux pièces composent chaque opercule, au-dessous duquel la membrane branchiale peut être cachée presque en entier. La ligne latérale est voisine du dos; l'anus plus éloigné de la tête que de la nageoire de la queue, qui est fourchue; et tous les rayons de la première dorsale, ainsi que le premier des pectorales, de l'anale et des thoracines, sont aiguillonnés. Les écailles qui recouvrent la tête, le corps et la queue, se détachent facilement. Le rouget vit souvent de cruslacées. Il n'entre que raiemcnt dans les l'iviéres; et il est des contrées où on le prend dans toutes les saisons. On le pêche non-seulement à la ligne, mais encore au filet. On ne devine pas pourquoi un des plus célèbres interprètes d'Aris- tote, Alexandre d'Aphrodisée, a écrit (|ue ceux qui tenaient ce muUe dans la main, étaient à l'abri de la secousse violente (jue la raie toi'pille peut faire éprouver. On trouve le rouget dans plusieurs mers, dans lecanal delà Manche, dans la Baltiquepiès du Danemarckjdans la mer d'Allemagne vers la Hollande, dans l'Océan Atlantique auprès des côtes du Portugal, de l'Espagne, de la France, et pai'liculièrement à une petite distance (le l'embouchure de la Gironde, dans la Méditerranée, aux environs de la Sardaigne, de Malte, du Tibre et de riIellesponl,et dans les eaux qui ha ignent les rivages des î les Moluques. Quoique nous ayons vu que l'empereur Tibère vendit un rouget du poids de deux kilo- grammes, ce mulle ne parvient ordinairement qu'à la longueur de trois décimètres. Il a la chair blanche, ferme, et de très-bon goùf, |)articulièremcnl lorsqu'il vit dans la partie de l'Océan qui reçoit les eaux réunies de la Garonne et de la Dordogne. LE MULLE SURMULET. Mullus siinmilctiis, Linn., Gmel., Lnecp., Bl.,Cuv. t. Des raies dorées et longitudinales servent à distinguer ce poisson du rouget. Elles s'éten- i Du sous-gcnre des muUes proprement dits, dans lo genre Mulle, selon M. Ciivier, i|ui le désigne par les diinominalions de Surmulet, ou grand mulle rayé de j;iun>>. U. DES POISSONS. 225 dent rton-seulement sur le corps et sur la queue, mais encore sur la tête, où elle se marient, d'une manière très-agréable à l'œil, avec le rouge argentin qui fait le fond de la couleur de cette partie. Il paraît que ces nuances disposées en raies appartiennent aux écailles, et par conséquent s'évanouissent par la chute de ces lames, tandis que le rouge sur lequel elles sont dessinées, provenant de la disiribution des vaisseaux sanguins près de la surface de l'animal, subsiste dans tout son éclat, lors même que le poisson est entièrement dépouillé de son tégument écailleux. Le brillant de l'or resplendit d'ailleurs sur les nageoires; et c'est ainsi que les teintes les plus riches se réunissent sur le surmulet, comme sur le rouget, mais combinées dans d'autres proportions, et disposées d'après un dessin différent. L'ouverture de la bouche est petite; la mâchoire supérieure un peu plus avancée que l'inférieure; et la ligne latérale parallèle au dos, excepté vers la nageoire caudale. Les deux barbillons sont un peu plus longs à proportion que ceux du rouget. Le surmulet vit non-seulement dans la Méditerranée et dans l'Océan Atlantique boréal, mais encore dans la Baltique, auprès des rivages des Antilles, et dans les eaux de la Chine. Il y varie dans sa longueur depuis deux jusqu'à cinq décimètres; et quoique Juvénal ait écrit qu'un mulle qui parait devoir être rapporté à la même espèce que notre surmulet, a pesé trois kilogrammes, on ne peut pas attribuer à un surmulet, ni à aucun autre mulle, le poids de quarante kilogrammes, assigné par Pline à un poisson de la mer Rouge, que ce grand écrivain regarde comme un mulle, mais qu'il faut plutôt inscrire parmi ces silures si communs dans les eaux de l'Egypte, dont plusieurs deviennent très-grands, et qui, de même que les mulles, ont leur museau garni de très-longs barbillons. Le mulle surmulet a la chair blanche, un peu feuilletée, ferme, très-agréable au goût, et malgré l'autorité de Galien, facile à digérer, quand elle n'est pas très-grasse. Nous avons vu dans l'article précédent, qu'il était, comme le rouget, pour les Romains qui vivaient sous les premiers empereurs, un objet de recherche et de jouissance insensées. Aussi ce poisson avait-il donné lieu au proverbe : Ne le mange pas qui le prend. Les morceaux que l'on en estimait le plus, étaient la tête et le foie. Il se nourrit ordinairement de poissons très-jeunes, de cancres, et d'animaux à coquille. Galien a écrit que l'odeur de ce poisson était désagréable, quand il avait mangé des can- cres; et, suivant Pline, il répand cette mauvaise odeur, quand il a préféré des animaux à coquille. Au reste, comme le surmulet est vorace, il se jette souvent sur des cadavres, soit d'hommes, soit d'animaux. Les Grecs croyaient même qu'il poursuivait et parvenait à tuer des poissons dangereux; et, le regardant comme une sorte de chasseur utile, ils l'avaient consacré à Diane. Les surmulets vont par troupes, sortent, vers le commencement du printemps, des pro- fondeurs de la mer, font alors leur première ponte auprès des embouchures des rivières, et, selon Arislote, pondent trois fois dans la même année, comme d'autres mulles, et de même que plusieurs trigles. On les pêche avec des filets, des louves, des nasses, et surtout à l'hameçon; et dans plusieurs contrées, lorsqu'on veut pouvoir les envoyer au loin sans qu'ils se gâtent, on les fait bouillir dans de l'eau de mer aussitôt après qu'ils ont été pris, on les saupoudre de farine, et on les entoure d'une pâte qui les garantit de tout contact de l'air. Nous ne rapporterons pas le conte adopté par Athénée, au sujet de la prétendue stéri- lité des surmulets femelles, causée par de petits vers qui s'engendrent dans leur corps lorsqu'elles ont produit trois fois. Nous ne réfuterons pas l'opinion de quelques auteurs anciens qui ont écrit que du vin dans lequel on avait fait mourir des surmulets, rendait incapable d'engendrer, et que ces animaux attachés crus sur une partie du corps, guéris- saient de la jaunisse; et nous terminerons cet article en disant que ces poissons ont le canal intestinal assez court, et ving-six cœcums auprès du pylore. LE MULLE JAPONAIS. Mullus japonicus, Houtt., Liim., Gmcl., Lacep. ; Upeneus japonicus, Cuv. i. Ce poisson qu'Houttuyn a fait connaître, ressemble beaucoup au rouget et au surmulet; mais il en diffère par la petitesse des dents dont ses mâchoires sont garnies, si même elles n'en sont pas entièrement dénuées : et d'ailleurs il ne présente pas de raies longitudina- les; et sa couleur est jaune, au lieu d'être rouge. Il habite dans les eaux du Japon, ainsi que l'indique son nom spécifique. 1 Du sous-genre UpéneuS dans le genre Mulle, Cuv. l). 226 HISTOIRE NATURELLE LE MILLE AURIFLAMME. .MuUus Auriflamma, Forsk., Linii., Gmel., Lacep. ; Upeneus Auriflamma, Cuv. ; Mullus Auriflamma, Commers., Laccp.; Mullus macronemus, Lacep.; Upeneus lateristriga, Cuv. i . Forskael a vu ce poisson dans la mer d'Arabie. Ajoutons à ce que nous en avons dit dans le (ableau de son genre, que les côtés de sa tète sont tachés de jaune; que deux raies jaunes ou couleur d'or sont placées au-dcisous de sa queue; que la même nuance distingue ses dorsales; que ses pectorales, son anale et ses tlioracines sont blanchâtres: et enfin que les écailles dont il est revêtu, sont membraneuses dans une partie de leur circonl'érence. Un des dessins de Commerson, que nous avons fait graver, présente une variété de l'auriflamme. LE MULLE RAYÉ. Mullus vittalus, Forsk., Linn., Gmel., Laccp.; Upeneus viltatus, Cuv. 2. Les petites dents qui garnissent les mâchoires de ce muUe, sont serrées les unes contre les autres. Ses nageoires pectorales, Ihoracines, et anale, sont blanchâtres; les dorsales présentent des raies noires sur un fond blanc. On peut voir les autres traits du rayé, dans le tableau de son genre. Ce poisson habite la mer d'Arabie. LE MULLE TACHETÉ Mullus maculatus, Bl., Lacep.; Mullus Surmuletus, var. ,3, Linn., Gmel.; Upeneus maculatus, Cuv. 7<. Marcgrave, Pison, Ruysch, Klein, et le prince Maurice de Nassau, cité par Bloch, ont parlé de ce mulle, que le professeur Gmelin ne regarde que comme une variété du sur- mulet. On trouve le tacheté dans la mer des Antilles; et on le pèche aussi dans les lacs que le Brésil renferme. Ce poisson a dans certaines eaux, et particulièrement dans celles qui sont peu agitées, la chair tendre, grasse et succulente. Les deux mâchoires sont éga- lement avancées; l'ouverture de l'anus est placée vers le milieu de la longueur totale; une belle couleur rouge répandue sur presque tout l'animal est relevée par la teinte dorée ou jaune des barbillons, ainsi que du bord de la nageoire caudale, et par trois taches noires, presque rondes et assez grandes, que l'on voit de chaque côté sur la ligne LE MULLE DEUX-BANDES. ^luUus bifasciatus, Lacep.; Upeneus bifasciatus, Cuv. LE MULLE CYCLOSTOME. Mullus cyclostomus et Seiœna heptacantiia, Lacep.; Upeneus cyclostomus, Cuv. LE MULLE TROIS-BANDES. 3Iullus trifasciatus, I^acep.; Upeneus Irifasciatus, Cuv. ET LE MULLE MACRONÈME. Mullus macronemus, Lacep.; cl Mullus Auriflamma, Comm., Lacep.; Upeneus lateristriga, Cuv. 4. C'est d'après les observations manuscrites de Commerson, qui m'ont été remises dans le temps par Bulfon, que j'ai inscrit parmi les mulles ces quali'c espèces encore incon- nues des naturalistes, et dont j'ai fait graver les dessins exécutés sous les yeux de ce célèbre voyageur. Le tableau des mulles présente les traits principaux de ces quatre poissons : disons uniquement dans cet article, (jue le deux-bandes a les écailles de sa partie supérieure tachées vers leur base, et ses mâchoires garnies de petites dents ; que le cyclostomes a sa nageoire caudale non-seulement fourchue comme celle de presque tous les mulles, 1 M. Cuvier établit que le Mulle auriflamme de Forskael, ici décrit, est uneespèce différente de celle (|ui est figurée par Commerson, sous la même d(''nominati()n, et il conserve à la premièro son nom spé- ri(i(|ue, en ra|)|)elanl Uiieneus AurifUonma. Quant au Mulle aurillammc du dessin de Commerson. il ne le trouve pas différent du Mulle macronème décrit ei-nprès, et il lenrdonnc le nomcoinnuin d'Upéncus à trait latéral, l'iH'iim.s /alrriislriga. I). i Du sous-genre Upénens dans le genre Mulle, Cuv. D. . Du sous-genre l'péneus, sous le nom de l'ppiiciis Mrtai'u, dans le genre Mulle, Cuv. D. . Ci'S (piatre espèces sont du sous-genre Upeneus de M. Cuvier, dans le genre Mulle. A la dernière il faut rapporter le dessin de Commerson, cité ci-dessus note I, comme représentant une variété du ninile aurillamme de Forskael, lecpicl constitue une espèce distincte. Le nmlle cycloslome de M. de Lacépède a été décrit une seconde lois par ce naturaliste, sous le nom de Sciène heptacantbe. S' iœiia lieptucanlka. D. .; La dénomination de ryclostomc désigne la forme de la bouche : /.ûxAoî signifie cercle] et iri/j-ci. houc/ir. DES POISSONS. 227 mais encore très-grande, el de petites dents à ses deux mâchoires; que les opercules du trois-bandes sout composés chacun de deux pièces; et ses deux nageoires dorsales très- rapprochées ; que le macronème i a les thoracines beaucoup plus petites que les pecto- rales, et une bande longitudinale et très-foncée sur la base de la seconde dorsale 2; et enfin que de petites dents arment les mâchoires du macronème et du trois-bandes, qui l'un et l'autre ont, comme le cyclostome, la mâchoire inférieure plus avancée que la supé- rieure, LE MULLE BARBERIN. MullusBarberinus, Lac; Upencus Barberinus, Cuv. LE MULLE ROUGEATRE. Miillus rubesccns, Lacep. LE MULLE ROUGEOR. Mullus chryserydros et Sciœna ciliata, Lac; 3Iullus radiatus , Shaw.j Upeneus chryserydros, Cuv. ET LE MULLE CORDON- JAUNE . MuIIus flavo-Iineatus, Lacep.; Mullus aurco viltatus, Sliaw.; Upeneus flavo-lineatus, Cuv. 5 Voici quatre autres espèces de malles, encore inconnues des naturalistes, et dont nous devons la description à Commerson. Le barberin parvient jusqu'à la longueur de quatre ou cinq décimètres. Sa partie supé- rieure est d'un vert foncé, mêlé de quelques teintes jaunes; du rougeâtre et du brun régnent sur la portion la plus élevée de la tête et du dos ; une raie longitudinale et noire s'étend de chaque côté de l'animal, dont la partie inférieure est blanchâtre; une tache noire presque ronde, et assez grande, parait vers l'extrémilé de chaque ligne latérale; et une couleur incarnate distingue les nageoires. La mâchoire supérieure extensible, et un peu plus avancée que l'inférieure, est garnie, comme celle-ci, de dents aiguës, très-courtes et clairsemées; la langue est cartilagineuse et dure; quelques écailles semblables à celles du dos sont répandues sur les opercules, au-dessous de chacun desquels Commerson a vu le rudiment d'une cinquième branchie; la ligne latérale, qui suit la courbure du dos, dont elle est voisine, est composée, comme celle de plusieurs mulles, d'une série de petits traits ramifiés du côté du dos, et sembla- bles aux raies d'une demi-étoile; et enfin, les écailles qui revêtent le corps et la queue, sont striées en rayons vers leur base, et finement dentelées à leur extrémité, de manière à donner la même sensation qu'une substance assez rude, à ceux qui frottent le poisson avec la main, en la conduisant de la queue vers la tête. Le barberin habite la mer voisine des Moluques, dont les habitants apportaient dans leurs barques un grand nombre d'individus de cette espèce au vaisseau sur lequel Com- merson naviguait en septembre 1768. Le rougeâtre, dont les principaux caractères sont exposés dans le tableau générique des mulles, parvient communément, selon Commerson, à la longueur de trois décimètres ou environ. Il parait que le rougeor ne présente pas ordinairement des dimensions aussi étendues que celles du rougeâtre, et que sa longueur ne dépasse guère deux décimètres. On le trouve pendant presque toutes les saisons, mais cependant assez rarement, auprès des rivages de l'Ile de France, où Commerson l'a observé en février 1770. Ses couleurs bril- lantes sont indiquées par son nom. Il resplendit de l'éclat de l'or, et de celui du rubis et de l'améthyste. Un rouge foncé et assez semblable à celui de la lie du vin paraît sur presque toute sa surface. Une tache très-grande, très-remarquable, très-dorée, s'étend entre les nageoires dorsales et celle de la queue, descend des deux côtés du mulle, et représente une sorte de selle magnifique placée sur la queue de l'animal. Les yeux sont d'ailleurs entourés de rayons dorés et assez longs; et des raies jaunes ou dorées sont situées obliquement sur la seconde dorsale et sur la nageoire de l'anus. La mâchoire supérieure est extensible, et un peu plus longue que l'inférieure; les deux mâchoires sont garnies de dents courtes, mousses, disposées sur un seul rang, et sépa- 1 Mxxpbi veut dire long] et v/)//«, /?/, fi/amen/, barbillon. 2 7 rayons aiguillonnés à la première dorsale du macronème, 8 ou 9 rayons à la seconde, 7 ou 8 rayons à celle de l'anus. 5 Le premier, le troisième et le quatrième de ces poissons sont décrits, par M. Cuvier, comme ap- partenant au sous-genre Upeneus dans le genre Mulle : quant au second, il n'en fait aucune mention. Le même naturaliste remarque que le mulle rougeor est encore décrit par M. de Lacépède, parmi les sciènes, sous le nom de Sciène ciliée. D. 228 HISTOIRE NATURELLE rées l'une de l'autre ; la langue est attachée à la bouche dans tout son contour; des dents semblables à celles d'un peigne garnissent le côté concave de l'arc osseux de la première branchie; à la place de ces dents, on voit des stries dans la concavité des arcs osseux des autres trois organes respiratoires. Sa chair est d'un goût agréable; mais celle du cordon-jaune est surtout très-recher- chée. Ce dernier mulle paraît dans dilTérentes saisons de l'année. Sa grandeur est à peu près égale à celle du rougeor. Sa partie supérieure est d'un bleu mêlé de brun, sa partie inférieiiie d'un blanc argentin; et ces nuances sont animées i)ar un cordon ou raie longi- tudinale d'un jaune doré, qui règne de chaque côté de ranimai. Ajoutons que le sommet des deux nageoires dorsales présente des teintes jaunâtres; qu'on voit quelquefois au-devant des yeux une ou deux raies obliques jaunes ou dorées ; et que lorsque les écailles ont été détachées du poisson par quelque accident, les muscles montrent un rouge plus ou moins vif. Les formes du cordon-jaune ont beaucoup de rapports avec celles du rougeor; mais ses dents sont beaucoup plus petites, et même à peine visibles. CENT QUATRIÈME GENRE i. LES APOGONS. Les écailles grandes et faciles à détacitcr] le sommet de la tête élevé; deux jingeoires dorsales; point de barbillons aii-dessotis de la mâchoire inférieure. ESPÈCE. CARACTÈRE. L'Apocon rouge, i Six rayons aiguillonnés à la première nageoire dorsale. L'APOGON ROUGE. Muilus imberbis, Linn., Gmel.; Apogon ruber, Lacep.; Apogon rex Mullorum, Cuv.; Centropomus rubens, Spinola. Ce poisson vit dans les eaux qui baignent les rochers de Malte. Il est remarquable par sa belle couleur rouge. L'ouverture de sa bouche est grande; son palais et ses deux mâchoires sont hérissés d'aspérités. On ignore pourquoi on l'a nommé Boi des mulles, (les trigles, ou des rougets 2. CENT CINQUIÈME GENRE 3. LES LONCHURES. La nageoire de la queue lancéolée; cette nageoire et les pectorales aussi longues, au moins, que !e quart de la longueur totale de l'animal; la nageoire dorsale longue et profond/'iamt rcfiancrée; deux barbillons il lu màclioirc inférieure ESPÈCE. CARACTÈRE. LiONCHURE l j^g premier rayon de chaque thoracine terminé par un long filament. LE LONCHIRE DIANÈME. Lonchurus barbatus, Bl.; Loncburns dianema, Lac. C'est Bloch qui a fait connaître ce genre de poisson auquel nous n'avons eu besoin que d'assigner des caractères précis, véritablement distinctifs, et analogues à nos principes de distribution méthodique. La seule espèce que l'on ait encore inscrite parmi ces lonchiires, ou poissons à longue queue, est remarquable par la longueur du filament qui termine le premier rayon de chaque thoracine; et voilà pourcjuoi nous l'avons nommée Dianème, qui veut dire deux fils ou deux filaments. L'individu que lîloch a vu, lui avait été envoyé de Surinam. Le museau était avancé au-dessus de la mâchoire d'en haut; la tète compri- mée et couverte en entier d'écaillés semblables à celles du dos; la mâchoire supérieure égale à l'inférieure, et garnie, comme cette dernière, de dénis petites et pointues; l'os de chaque côté des lèvres, assez large; la pièce antérieure des opercules, comme dentelée; la ligne latérale, voisine du dos; et presque toute la surface de l'animal d'une couleur bi'une mêlée de lougeâire. I Ce genre appartient à la famille des .Vciintboptéiygiens percoïdes. Il renferme, selon M. Cuvier, des poissons placés dans d'autres genres de M. de Lacépède, tels que l'Ostorhynque Fleurieu, le Dip- ff-roflon hexacanthe et le Centropome doré, tous décrits plus loin dans cet ouvrage. D. 'i ,A7rwywv signifie imberbe, sans barbe, sans barbillon. ô M. Cuvier réunit les Lonchures de Bloeli au sous-genre des Ombrincs, l'un de ceux qu'il établit dans le grand genre des Scièncs. D. DES POISSONS. 229 CENT SIXIÈME GENRE i. LES MACROPODES. Les thoracines au moins de la longueur du corps proprement dit\ la nageoire caudale très-fourchue et à peu près aussi longue que le tiers de la longueur totale de ranimai ; la tête proprement dite 0t les opercules revêtus d'écaillés semblables à celles du dos ; l'ouverture de la bouche très-petite. ESPÈCE. CARACTÈRES, Le BIacropode i Les écailles variées d'or et de vert; toutes les nageoires rouges; une petite tache VERT-DORÉ. ( noire sur chaque opercule. LE MACROPODE VERT-DORÉ. Macropodus viridiauratus, Lacep., Cuv. Le vert-doré ne parvient qu'à de petites dimensions; il n'a ordinairement qu'un ou deux décimètres de long : mais il est très-agréable à voir; ses couleurs sont magniflques, ses mouvements légers, ses évolutions variées; il anime et pare d'une manière charmante l'eau limpide des lacs; et il n'est pas surprenant que les Chinois, qui cultivent les beaux poissons comme les belles fleurs, et qui aiment, pour ainsi dire, à faire de leurs pièces d'eau, éclairées par un soleil brillant, autant de parterres vivants, mobiles, et émaillés de toutes les nuances de l'iris, se plaisent à le nourrir, à le multiplier, et à muUiplier aussi son image par une peinture fidèle. Les petits tableaux ou peintures sur papier, exécutés à la Chine avec beaucoup de soin, qui représentent la nature avec vérité, qui ont été cédés à la France par la Hollande, et que l'on conserve dans le Muséum d'histoire naturelle, renferment l'image du vert-doré vu dans quatre positions, ou plutôt dans quatre mouvements différents. Le nom spécifique de ce poisson indique l'or et le vert fondus sur sa surface et relevés par le rouge des nageoires. Ce rouge ajoute d'autant plus à la parure de l'animal, que ses instruments de natation présentent de grandes dimensions, particulièrement la nageoire caudale et les thoracines; et la longueur de ces thoracines, qui sont comme les pieds du poisson, est le trait qui nous a suggéré le nom générique de Macropode, lequel signifie long pied. Au reste, le vert-doré n'a pas de dents, ou n'a que des dents très-petites. Chaque oper- cule n'est composé que d'une pièce; et sur la surface de cette pièce on voit une tache petite, ronde, très-foncée, faisant de loin l'effet d'un vide ou d'un trou, et imitant l'orifice de l'organe de l'ouïe d'un grand nombre de quadrupèdes ovipares. NOMENCLATURE Des Labres, Cheilines, Cheilodiptères, Ophicéphales, Hologymnoses, Scares, Ostorhinques, Spares, Diptérodons, Luljans, Centropomes, Bodians, Tsenianotes, Sciènes , Microptères, Holocentres, et Persèques. Les poissons renfermés dans les dix-sept genres que nous venons de nommer, forment bien plus de deux cents espèces, et composent par leur réunion une tribu, à l'examen, à la description, à l'histoire de laquelle nous avons dû apporter une attention toute particu- lière. En effet, les caractères généraux par lesquels on pourrait chercher à la distinguer, se rapprochent beaucoup de ceux des tribus ou des genres voisins. De plus, les espèces qu'elle comprend ne sont séparées l'une de l'autre que par des traits peu prononcés, de manière que depuis le genre qui précéderait cette grande et nombreuse tribu en la tou- chant immédiatement dans l'ordre le plus naturel, jusqu'à celui qui la suivrait dans ce même ordre en lui étant aussi immédiatement contigu, on peut aller d'espèce en espèce en ne parcourant que des nuances très-rapprochées. Et comment ne s'avancerait-on pas ainsi, en ne rencontrant que des différences très-peu sensibles, puisque les deux extrêmes de cette série se ressemblent beaucoup, sont placés, par conséquent, à une petite élévation l'un au-dessus de l'autre, et cependant communiquent ensemble, si je puis employer cette expression, par plus de deux cents degrés? Les divisions que l'on peut former dans cette longue série ne peuvent donc être déter- minées qu'après beaucoup de soins, de recherches et de comparaisons ; et voilà pourquoi presque tous les naturalistes, même les plus habiles, n'ayant pas eu à leur disposition assez de temps, ou des collections assez nombreuses, ont établi pour cette tribu, des genres 1 M. Cuvier place ce genre dans la famille des Acanthoptcrygicns pharyngiens-labyrinthiformes. D F.ACÉPÈDE.— TOME H. 15 250 HISTOIRE NATURELLE caractérisés d'une manière si faible, si vague, si peu constante, ou si erronée, que, mal- gré des elibrts pénibles et une palience soutenue, il était quelquefois impossible, en adop- tant leur méthode distributive, d'inscrire un individu de cette tribu, que l'on avait sous les yeux, dans un genre plutôt que dans un autre , de le rapporter à sa vérilable espèce, ou, ce qui est la même chose, d'en reconnaître la nature. Bloch avait senti une partie des diflicullés que je viens d'exposer; il a proposé, en con- séquence, pour les espèces de cette grande famille, plusieurs nouveaux genres, dont j'ai adopté quelques-uns : mais son travail à l'égard de ces animaux m'a paru d'autant plus insuflisant, qu'il n'a pas traité de toutes les espèces de celle tribu connues de son temps; qu'il navait pas à classer les espèces dont je vais publier, le premier, la description; que les caractères génériques qu'il a choisis ne sont pas tous aussi importants qu'ilsdoivenl l'être pour produire de bonnes associations généricpies; et enfin, qu'ayant composé plu- sieurs gcnies pour la tribu qui nous occupe, longtemps après avoir formé pour cette même famille un assez grand nombre d'autres genres, sans prévoir, en quelque sorte, le besoin d'un supplément de groupes, il avait déjà placé, dans ses anciens genres, des espèces qu'il devait rapporter aux nouveaux genres qu'il voulait fonder. Profilant donc des travaux de mes prédécesseurs, de l'avantage de pouvoir examiner d'imnienses collections, des observations nombreuses que plusieurs naturalistes ont bien voulu me communiquer, et de l'expérience que j'ai acquise par plusieurs années d'étude et par les dilférents cours que j'ai donnés, j'ai considéré dans leur ensemble toutes le» espèces de la tribu que nous avons dans ce moment sous les yeux; je l'ai distribuée en nouveaux groupes; et recevant certains genres de Linnéc et de Bloch, modifiant les autres ou les rejetant, y ajoutant de nouveaux genres, dont quelques-un.s avaient été indiqués par moi dans mes cours et adoptés par mon savant ami et confrère M. Cuvier dans ses Eléments d'histoire naturelle, donnant enfin à toutes ces sections des caractères précis, constants et distincts, j'ai teiminé l'arrangement méthodique dont on va voir le résultat. J'ai employé et circonscrit d'une manière nouvelle et rij^oureuse les genres des Labres, des Scares, des Spares, des Lutjans, des Bodians,des IIolocentres,el des Persèques. J'ai introduit parmi ces associations particulières le genre des Ophicéphales, proposé récem- ment par Bloch. Séparant dans chaque réunion les poissons à deux nageoires dorsales, de ceux qui n'en oflVent qu'une, j'ai fait naître le genre des Cheilodiptères dans le voisinage des Labres, celui des Diptérodons auprès des Spares, celui des Centropomesà la suite des Lutjans, celui des véritables Sciènes, que l'on a eu jusqu'ici tant de peine à reconnaître, à une petite distance des Bodians. J'ai placé entre ces Sciènes et les Bodians, le nouveau genre des Tœnianotes, qui forme un passage naturel des unes aux autres; j'ai inscrit le nouveau groupe des C/ici/i/îes entreles Labres et les Cheilodiptères, celui des Hologymnoses entre les Ophicéphales et les Scares, celui des Ostorhinques entre les Scares et les Spares, celui des uicroptères entre les Sciènes et les Holocentres; et j'ai distribué parmi les Labres, paimi les Lutjans, ou parmi les Ilolocenties, les espèces appliquées par Bloch à ses genres des Johnius, des Anthias, des Epinéphèles, et des Gynmocépliales, qui m'ont paru caractérisés par des traits sjiécifiques plutôt que par des caractères génériques, et que, par conséquent, je n'ai pas cru devoir admettre sur mon tableau général des poissons. Toutes ces opérations ont produit les dix-sept genres des Labres, des Cheilines, des Cheilodiptères, des Ophicéphales, des Hologymnoses, des Scares, des Ostorhinques, des Spares, des Diptérodons, des Lutjans, des Centroponies, des Bodians, des Tœnianotes, des Sciènes, des Microptères, des Holocentres, et des Persèques, dont nous allons lâcher de présenter les formes et les habitudes. CENT SEPTIÈME GENRE. LES LABRES. La lèvre supérieure extensible ; point de dents incisives w* molaires ; les opercules des Irancliits dénués de piquants et de dentelure; une seule nageoire dorsale, celle nageoire du dos très-séparée de relie de In queue, ou très-éloignêe de la nuque, ou composée de rayons terminés par un /ilament. PRFJIIEIl S()[IS-(;Ei\KE. La nageoire de la queue foarc/iue ou en croissant. ESPÈCES, CARACTÈRES. 1. Le Labre i ^'^ aiguillons et oiizr rayons arlicuK'-s à la nageoire du dos; la niàclioire inférieure HÉPATE. } plus avancée que la supérieure; une laciic noire vers le milieu de la longueur de ' 1,1 nageoire dorsale; des bandes transversales noires. DES POISSONS. 231 ESPECES. 2. Le Labre operculé. 3. Le Labre AURITE. i. Le Labre FAUCHEUR. b'. Le Labre OTÈNE. 6. Le Labre sa- gittaire. 7. Le Labre cappa. 8. Le Labre LÉPISME. 9. Le Labre ummacule. 10. Le Labre BOIIAR. il. Le Labre bossu. 12. Le Labre NOIR. 15. Le Labre argenté. 14. Le Labre NÉBULEUX 15. Le Labre grisatre. 16. Le Labre ARMÉ. 17. Le Labre chapelet. 18. Le Labre long-museau. 19. Le Labre thunberg. 20. Le Labre GRISON. 21. Le Labre croissant. 22. Le Labre FAUVE. 23. Le Labre ceylan. 24. Le Labre deux-basdes. 25. Le Labre mélagastre. 26. Le Labre malaptère. caractères. Treize aiguillons et sept rayons articulés à la nageoire du dos ; une tache sur chaque opercule, et neuf ou dix bandes transversales brunes. Chaque opercule prolongé par une membrane allongée, arrondie à son extrémité et noirâtre. Sept aiguillons à la nageoire dorsale ; les premiers rayons articulés de cette na- geoire, et de celle de l'anus, prolongés de manière à leur donner la forme d'une I faux. Neuf aiguillons et dix rayons articulés à la nageoire du dos ; les deux lobes de la nageoire caudale, lancéolés; les deux mâchoires égales; la couleur argentée. La nageoire du dos éloignée de la nuque; les thoracines réunies l'une à l'autre par une membrane ; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure; cinq bandes transversales. Onze aiguillons et douze rayons articulés à la nageoire du dos; un double rang d'écaillés sur les côtés de la tête. Dix aiguillons et neuf rayons articulés à la nageoire du dos; une pièce ou feuille écailleusc, de chaque côté du sillon longitudinal, dans lequel cette nageoire peut être couchée. Onze aiguillons et dix rayons articulés à la nageoire du dos ; une tache brune sur chaque côté de l'animal. Dix aiguillons et quinze rayons articulés à la nageoire dorsale ; les thoracines réu- nies l'une à l'autre par une membrane; deux dents de la mâchoire supérieure assez longues pour dépasser l'inférieure; la couleur rougeâtre avec des raies et des taches irrégulières blanchâtres. Le dos élevé en bosse; les écailles rouges à leur base; et blanches à leur sommet; deux dents de la mâchoire supérieure une fois plus longues que les autres. Dix rayons aiguillonnés et point de rayons articulés à la nageoire du dos; les pec- torales falciformes, et plus longues que les thoracines ; la pièce antérieure de chaque opercule profondément échancrée. Dix rayons aiguillonnés et quatorze rayons articulés à la nageoire dorsale ; la lèvre inférieure plus longue que la supérieure ; la pièce postérieure de chaque oper- cule anguleuse du côté de la queue. Dix rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la nageoire dorsale ; trois rayons aiguillonnés et sept rayons articulés à celle de l'anus ; les rayons des nageoires terminés par des filaments. Onze rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la nageoire du dos; cette na- geoire et celle de l'anus, prolongées et anguleuses vers la caudale ; une seule ran- gée de dents très-menues. Un aiguillon couché horizontalement vers la tète, au-devant de la nageoire du dos; la ligne latérale droite, la couleur argentée. Onze rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la nageoire du dos ; la mâ- choire inférieure plus avancée que la supérieure ; huit séries de taches très-peti- tes, rondes et égales, sur chaque côté de l'animal ; deux bandes transversales sur la tête ou la nuque ; le dos élevé. Neuf rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la nageoire dorsale ; le museau très-avancé; chaque opercule composé de deux pièces dénuées d'écaillés sembla- bles à celles du dos. Douze rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la nageoire dorsale; tous ces rayons plus hauts que la membrane; la mâchoire inférieure un peu plus avancée que la supérieure; la courbure du dos, et celle de la partie inférieure de l'animal, diminuant à la fin de la nageoire dorsale et de celle de l'anus. Onze rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la nageoire du dos ; celle de la queue en croissant très-peu échancré ; deux grandes dents à chaque mâ- choire ; la couleur grisâtre. Huit rayons aiguillonnés et quinze rayons articulés à la nageoire du dos; celle de la queue en croissant; une teinte violette sur plusieurs parties de l'a- nimal. Vingt-trois rayons à la nageoire du dos; douze à celle de l'anus; celle de la queue en croissant ; tout le poisson d'une couleur fauve ou jaune. Neuf rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la nageoire dorsale; celle de la queue en croissant; la couleur générale de l'animal verte par-dessus, et d'un pourpre blanchâtre par-dessous ; des raies pourpres sur chaque opercule. Neuf rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à celle do l'anus; la caudale en croissant; deux bandes brunes et transversales sur le corps proprement dit. Qinze rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la nageoire du dos; les thora- cines allongées; la pièce antérieure de l'opercule seule garnie d'écaillés sem- blables à celles du dos. Vingt rayons articulés et point de rayons aiguillonnés à la nageoire douze rayons articulés à celle de l'anus ; la tète dénuée d'écaillcs sen e dorsale ; mblables à celles du dos. 13. 232 HISTOIRE NATURELLE ESPECES. 27. Le Labre a DEMI-ROl'UE. 28. Le Labre tétracambe. 29. Le Labre demi-disqie. 50. Le Labre CERCLÉ. 31. Le Labre hé- rissé. 32. Le Labre fourche. 33. Le Labre six- banpes. S^. Le Labre ma- crogastère. 55. Le Labre fi- lamenteux. 36. Le Labre an- guleux. 37. Le Labre huit-raies. 38. Le Labre moucheté. 59. Le Labre com.mersonien. iO. Le Labre MSSE. i\. Le Labre macroptère. 42. Le Labre quinze-épines. CARACTERES. Douze rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la nageoire du dos; le sixième rayon articulé de la dorsale, beaucoup plus long que les autres; la base de la partie postérieure de la dorsale, garnie d'écailles ; quatre dents plus grandes que les autres à la mâchoire supérieure ; la partieantérieuredel'animal, rouge, et la postérieure jaune. Quatre rayons aiguillonnés et vingt et un rayons articulés à la nageoire dorsale; la lèvre supérieure large, épaisse et plissée; dix-huit rayons articulés à celle de l'anus; ces derniers rayons, et les rayons articulés delà dorsale, terminés par des filaments; trois rangées longitudinales de points noirs sur la dorsale ; une rangée de points semblables sur la partie postérieure de la nageoire de l'anus ; la caudale en croissant. Vingt et un rayons à la nageoire dorsale; cette nageoire festonnée, ainsi que celle de l'anus; la tcte et les opercules dénués d'écailles semblables à celles du dos; la seconde pièce de chaque opercule anguleuse; dix-neuf bandes transversales de chaque côté de l'animal: une tache d'une nuance très-claire, et en forme de demi-disque, à l'extrémité de la nageoire caudale, qui est en croissant. Neuf rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la nageoire du dos; la tète et les opercules dénués d'écailles semblables à celles du dos; la seconde pièce de chaque opercule, anguleuse; la caudale en croissant; vingt-trois bandes trans- versales de chaque côté de l'animal. Onze rayons aiguillonnés et douze rajons articulés à la dorsale ; la caudale en crois- sant; six grandes dents à la mâchoire supérieure; la ligne latérale hérissée de petits piquants ; douze raies longitudinales de chaque côté du poisson ; quatre au- tres raies longitudinales sur la nuque; le dos parsemé de points. Neuf rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la nageoire du dos; le dernier rayon de la dorsale et le dernier rayon de l'anale, très-longs; les deux lobes de la caudale pointus et très-prolongés; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure; de très-petites dents à chaque mâchoire. Treize rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la dorsale ; le museau avancé ; l'ouverture de la bouche très-petite; la mâchoire inférieure plus longue que la supérieure ; six bandes transversales ; la caudale fourchue. Treize rayons aiguillonnés et quinze rayons articulés à la dorsale; le ventre très- gros ; des écailles semblables à celles du dos, sur la tète et les opercules ; la cau- dale en croissant; six bandes transversales. Quinze rayons aiguillonnés et garnis chacun d'un filament, et neuf rayons articu- lés à la dorsale ; l'ouverture de la bouche, en forme de demi-cercle vertical ; qua- tre ou cinq bandes transversales sur le dos. Douze rayons aiguillonnés et neuf rayons arliculésà la dorsale; les rayons articulés de cette dorsale beaucoup plus longs que les aiguillonnés de cette même nageoire; les lèvres larges et épaisses; des lignes et des points représentant un ré- seau sur la première pièce de l'opercule; la seconde pièce échancrée et angu- leuse ; cinq ou six rangées longitudinales de petits points de chaque côté de l'animal. Onze rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguillonnés et sept rayons articulés à la nageoire de l'anus; la caudale en crois- sant; les dents de la mâchoire supérieure beaucoup plus longues que celles de l'inféi ieurc ; la pièce postérieure de l'opercule, anguleuse; la tète et les oper- cules dénués d'écailles semblables à celles du dos; quatre raies un peu obliques de chaque côté du poisson. Treize rayons aiguillonnés à la dorsale, qui est très-longue; cette dorsale, l'anale et les Ihoracines, pointues; la caudale en croissant; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure; l'ouverture de la bouche très-grande ; cinq ou six grandes dents à la mâchoire d'en bas, et deux dents également grandes à celle d'en haut; toute la surface du poisson parsemée de petites taches rondes. Neuf rayons aiguillonnés et seize rayons articulés à la nageoire du dos; les dents des deux mâchoires presque égales; un rayon aiguillonné et dix-sept rayons ar- ticulés à la nageoire de l'anus; le dos et une grande partie des côtés du poisson, parsemés détaches égales, rondes et petites. Quinze rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la dorsale ; les rayons arti- culés de cette nageoire, plus longs que les aiguillonnés; la mâchoire inférieure un peu plus avancée que la supérieure; les dents grandes, recourbées et égales; la ligne latérale presque droite; la caudale un peu en croissant; les écailles Irès- diiïîcilement visibles; cin(| grandes taches ou bandes transversales. Vingt-huit rayons à la dorsale; vingt et un à l'annle; presque tous les rayons de ces deux nageoires, longs et garnis de lilamonts;la caudale en croissant; une tache noire sur l'angle postérieur des opercules, qui sont couverts, ainsi que la tcte, d'écailles semblables à celles du dos. Quinze rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à la nageoire dorsale ; trois rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à celle de l'anus ; la mâchoire supé- rieure plus avancée que l'inférieure; les dents petites et égales; l'opercule angu- leux; SIX bandes transversales sur le dos et la nuque. DES POISSONS. 253 ESPECES. 43. Le Labre mâcrocéphale. 4-i. Le Labre PtUMlÉRIEN, 4a. Le Labre GOUAN. 46. Le Labre enneacanthe. 47. Le Labre rouges-raies. 48. Le Labre kasmira. 49. Le Labre salmoïde. SO. Le Labre iris. caractères. Onze rayons aiguillonnés et neuf rayons articules à la dorsale ; trois rayons aiguil- nés et neuf rayons articulés à l'anale ; la tête grosse ; la nuque et l'entre-deux des yeux, très-clevés; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure ; les dents crochues, égales et très-séparées l'une de l'autre; la nageoire de la queue divisée en deux lohes un peu arrondis ; les pectorales ayant la forme d'un trapèze. Dix rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la dorsale; un rayon aiguillonné et neuf raj^ons articulés à la nageoire de l'anus; des raies bleues sur la tête; le corps argenté et parsemé de tâches bleues et de taches couleur d'or; les nageoires do- rées; une bande transversale et courbée sur la caudale. Huit rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la dorsale ; trois rayons aiguil- lonnés et treize rayons articulés à la nageoire de l'anus; chaque opercule composé de trois pièces dénuées d'écaillés semblables à celles du dos, et terminé par une prolongation large et arrondie ; la ligne latérale insensible ; un appendice pointu entre les thoracines; la caudale en croissant. Neuf rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la dorsale; la ligne latérale inter- rompue; six bandes transversales; deux autres bandes transversales sur la cau- dale, qui est en croissant; deux ou quatre dents grandes, fortes et crochues, à l'extrémité de chaque mâchoire, les écailles grandes. Douze rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la nageoire du dos; trois rayons aiguillonnés et douze articulés à celle de l'anus; les dents du bord de cha- que mâchoire, allongées, séparées l'une de l'autre, et seulement au nombre de 3uatre; la mâchoire supérieure un peu plus avancée que l'inférieure; onze ou ouze raies rouges et longitudinales de chaque côté du poisson; une tache œillée à l'origine de la dorsale; une autre tache très-grande à la base de la caudale qui est un peu en croissant. Dix rayons aiguillonnés et quinze rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguil- lonnés et neuf rayons articulés à l'anale; la lèvre inférieure plus courte que la supérieure; les dents coniques; la pièce antérieure des opercules, échancrée; la caudale en croissant; sept raies petites et bleues sur chaque côté delà tête; quatre raies plus grandes et bleues le long de chaque côté du corps. Neuf rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la nageoire du dos; treize rayons à la nageoire de l'anus; l'opercule composé de quatre lames, et terminé par une prolongation anguleuse; deux orifices à chaque narine; la couleur géné- rale d'un brun noirâtre. Onze rayons aiguillonnés et quatorze rayons articulés à la dorsale ; sept rayons ai- guillonnés et seize rayons articulés à l'anale; l'opercule composé de quatre lames, et terminé par une prolongation anguleuse; la caudale un peu en croissant; une tache ovale, grande, noire, et bordée de blanchâtre à l'extrémité de la nageoire du dos; une petite tache noire à l'angle postérieur de l'opercule. ol. Le Labre PAOK. 52. Le Labre BORDÉ. o5. Le Labre ROUILLÉ. ai. Le Labre oeillé. ")i}. Le Labre mé- LOPS. 56. Le Labre ML. 57. Le Labre LOUCHE. 58. Le Labre triple-tache. 59. Le Labre CENDRÉ. SECOND SOUS-GENRE. La nageoire de la queue rectiligne., ou arrondie, ou lancéolée. Quinze rayons aiguillonnés et dix-sept rayons articulés à la dorsale, le corps et la queue d'un vert mêlé de jaune, et parsemé, ainsi que les opercules et la nageoire caudale, de taches rouges et de taches bleues; une grande tache brune auprès de chaque pectorale, et une tache presque semblable de chaque côté de la queue. Deux rayons aiguillonnés et vingt-deux rayons articulés à la nageoire du dos, la couleur générale brune; la dorsale et l'anale bordées de roux. Deux rajons aiguillonnés et vingt-six rayons articulés à la nageoire du dos ; trois ai- guillons et quatre rayons articulés à celle de l'anus; le corps et la queue couleur de rouille et sans tache. Quatorze rayons aiguillonnés et dix rajons articulés à la dorsale; trois rayons ai- guillonnés et dix rayons articulés à l'anale; les dents égales; les rayons de la na- geoire du dos, terminés par un filament; une tache bordée auprès de la nageoire caudale. i Seize rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à la nageoire du dos ; les opercu- ^ les ciliés; l'anale panachée de différentes couleurs; un croissant brun derrière ' les yeux; des filaments aux rayons de la nageoire du dos. \ Dix-sept rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la dorsale ; les dents très- '■ petites et échancrées; la couleur générale blanchâtre; la dorsale, l'anale et la ' caudale, nuageuses. Î Dix-huit rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la dorsale ; trois rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à l'anale; le dessus de l'œil, noir; toutes les nageoires jaunes ou dorées. ! Dix-sept rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la nageoire du dos; trois aiguillons et neuf rayons articulés à celle de l'anus ; le corps et la queue rouges et couverts de grandes écailles ; trois grandes taches. Quatorze rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la nageoire del'anus ; l'ouverture de la bou- che étroite; les dents petites; celles de devant plus longues; des raies bleues sur les côtés de la tête; une tache noire auprès do la caudale. 234 HISTOIRE NATURELLE ESPÈCES. tiO. Le Labre cor.nlbien. 61. Le Labre xiii.É. 62. Le Labre JAt'SATRE. 03. Le Labre MERLE. M. Le Labre aÔNE. 6i>. Le Labre FULIGI.VELX. 66. Le Labre Bni>". 67. Le Labre ÉCIIIQl'IER. 68. Le Labre marbré. 69. Le Labre LARCE-QCEtE. 70. Le Labre (ilRELLR. 7 1 . Le Labre PAROTigiE. 72. Le Labre bergs>vltre. 75. Le Labre glaze. 7i. Le Labre TANCOÏUE. 7o. Le Labre DOIBLE-TACHE. I ( CARACTÈRES. Seize rayons aiguillonnés et neuf rayons articules à la nageoire du dos ; trois rayons aiguillonnés et huit rayons articulés à celle de Panusj le museau en forme de boutoir; les premiers rayons de la dorsale tachetés de noir; une tache noire sur la queue, dont la nageoire estrectilignc. La partie inférieure de l'animal, jaune; la supérieure bleue, avec des nuances bru- nes ou jaunes ; les dents antérieures plus grandes que les autres. L'ouverture de la bouche, large ; trois ou quatre grosses dents à l'e-vtrémité de la S mâchoire supérieure ; de petites dents au palais; la mâchoire inférieure plus avancée <[ne la supérieure, et garnie d'une double rangée de petites dents; f un fort aiguillon à la caudale; les écailles minces; la couleur fauve ou orangée. ^ Dix rayons aiguillonnés et garnis d'un filament, et quinze rayons articulés à la dor- \ sale ; la caudale rectiligne; l'ouverture de la bouche médiocre; les dents gran- I des et recourbées; les mâchoires également avancées; les écailles grandes ; la I couleur générale d'un bleu tirant sur le noir. Seize rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à la nageoire du dos ; trois rayons :; aiguillonnés et si.x. rayons articulés à celle do l'anus; la caudale rectiligne; la nageoire du dos s'étendant depuis la nuque jusqu'à une petite distance de la cau- i dale; les rayons de cette nageoire garnis d'un ou deux filaments; la partie supé- 9 rieurc du poisson, d'un rouge foncé, avec des taches et des raies vertes; la partie \ inférieure d'un rouge mêlé de jaune • Neuf rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la dorsale; deux rayons aiguil- \ lonnés et neuf rayons articulés à l'anale; la mâchoire supérieure un peu nlus courte que l'inférieure ; les deux premières dents de chaque mâchoire plus allon- gées que les autres; la tête vari('e de vert, de rouge et de jaune; quatre ou cinq bandes transversales. Sept rayons aiguillonnés et filamenteux, et treize rayons articulés à la dorsale ; deux rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à l'anale; les deux dents de devant de chaque mâchoire, plus longues que les autres; des rugosités disposées en rayons, auprès des yeux; deux raies vertes, larges et longitudinales, de chaque côté du corps; des écailles sur une partie de la caudale, qui est rectiligne ; des traits colorés et semblables à des lettres chinoises, le long delà ligne latérale. Neuf rayons aiguillonnés et filamenteux, et treize rayons articulés à la dorsale; deux rayons aiguillonnés et douze rayons articuh's à la nageoire de l'anus ; les quatre dents aniérieurcs de lamâchoirc supt'-rieure et les deux de devant de la mâchoire inférieure, plus allongées que les autres; la tète variée de rouge; toute la surface du corps et de la queue, peinte eu petits espaces alternativement blan- châtres et d'un noir pourpré. Dix rayons aiguillonnés, et treize rayons articulés plus longs que les aiguillonnés, à la dorsale; doux rayons aiguillonnés et six ra}ons articulés à l'anale; les dents égales et écartées l'une de l'autre; la nageoire caudale rectiligne; la (été et les opercules dénués d'écaillés semblables à celles du dos ; presque toute la surface de l'animal parsemée de petites taches foncées, et de taches moins petites et blan- châtres, de manière à paraître marbrée. Vingt-six rayons à la nageoire du dos ; di.x-neuf à celle de l'anus ; le museau petit et avancé, les dents grandes, fortes et triangulaires ; dix rayons divisés chacun en quatre ou cinq ramifications, à la caudale, ([ui est rectiligne et très-large, ainsi (|ue très-longue, relativement aux antres nageoires ; un grand nombre de petites raies longitudinales sur' le dos; une tache sur la dorsale, à son origine; presque toute la queue, l'anale et l'extrémité de la nageoire du dos, d'une couleur-foncée. .\cnf rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la dorsale; les deux donis de devant de la mâchoire supérieure plus grandes que les autres; une large raie lon- gitudinale, dentelée, et a'un blanc jaunâtre, de chaque côté du corps ; le plus souvent, une raie bleue, étroite et longitudinale, au-dessous de la raie dentelée ; la caudale arrondie. Neuf rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la dorsale; les dents de devant plus grandes que les autres; les nageoires rousses; une tache d'un beau bleu sur chaque opercule. Neuf rayons aiguillonnés et huit rayons articulés à la nageoire du dos ; trois rayons aiguillonnés et sept rayons articulés à celle de l'anus; les rayons de la dorsale garnis de filaments; une tache noire sur la queue. Onze rayons aiguillonnés et seize rayons articulés à la dorsale; la caudale arron- die, et composée de ra3-ons plus longs que la membrane qui les réunit; la cou- leur brune. Quinze rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la dorsale; trois rayons ai- guillonnés et dix rayons articulés à l'anale; le museau recourbé vers le haut; la caudale arrondie ; la couleur générale d'un rouge nuageux, ou des raies nom- breuses, rouges, bleues et jaunes. Quinze rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la dorsale ; quatre rayons aiguillonnés et liuit rayons articulés à l'anale; des filaments aux rayons de la nageoire du dos, et aux deux premiers rayons de chaque thoracine; l'anale lancéolée; l'extrémité de la dorsale on forme de faux; une grande tache sur cbotjuo côté du corps et sur chaque côté de In queue de l'animal. t DES POISSONS. 235 ESPECES. 7(3. Le Labre poîîctué. 77. Le L.\brf. ossifage. 78. Le Labre ONITE. 79. Le Labre perroquet. 80. Le Labre TOURD. 81 . Le Labre CI.NQ épises. 82. Le Labre CHINOIS. 83. Le Labre japonais. Si. Le Labre linéaire. 85. Le Labre Ll'NULÉ. 86. Le Labre V.\RIÉ. ^7. Le Labre MAILLÉ. .S8. Le Labre TACHETÉ. 89. Le Labre COCK. 90. Le Labre CANllriE. 91. Le Labre blanches-raies. / CARACTERES. Quinze rayons aiguillonnés el dix rayons articulés à la nageoire du dos; quatre rayons aiguillonnés ethuitrayons articulés à celle de l'anus ; toutes les nageoires pointues, excepté la caudale, qui est arrondie ; la pièce postérieure de chaque opercule couverte d'écailles semblables par leur forme, et égales, par leur gran- deur, à celles du dos; la ligne latérale interrompue; de petites écailles sur une partie de la dorsale et de l'anale ; plusieurs rayons articulés de la dorsale beau- coup plus allongés que les aiguillons de cette nageoire ; un grand nombre de points, neuf raies longitudinales, et trois taches rondes sur chaque côté du poisson. Dix-sept rayons aiguillonnés et quatorze rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la nageoire de l'anus. Dix-sept rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la dorsale; trois rayons ai- guillonnés et huit rayons articules à l'anale; la caudale arrondie et jaune; la couleur générale brune ; la partie inférieure de l'animal tachetée de gris et de brun ; des filaments aux rayons de la nageoire dorsale. Dix-huit rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la dorsale ; trois rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la nageoire de l'anus ; la couleur générale verte; le dessous du corps jaune; une raie longitudinale bleue, de chaque côté du corps ; quelquefois des taches bleues sur le ventre. Dix-huit rayons aiguillonnés et quinze rayons articulés à la nageoire du dos; trois rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à l'anale; le corps et la queue allon- gés ; la partie supérieure de l'animal jaune, avec des taches blanches ou vertes, et quelquefois avec des taches blanches et bordées d'or au-dessous du museau. Dix-neuf rayons aiguillonnés et six rayons articulés à la dorsale ; cinq rayons ai- guillonnés et huit rayons articulés à l'anale; des filaments aux rayons de la na- geoire du dos ; le corps et la queue bleus, ou rayés de bleu. Dix-neuf rayons aiguillonnés et cinq rayons articulés à la dorsale ; cinq rayons aiguillonnés et sept rayons articulés à l'anale; des filaments aux rayons de la nageoire du dos; le sommet de la tête très-obtus; la couleur livide. Dix rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la dorsale ; trois rayons aiguil- lonnés et cinq rayons articulés à la nageoire de l'anus; des filaments aux rayons de la nageoire du dos; les opercules couverts d'écailles semblables à celles du corps; des dents petites et aiguës aux mâchoires; la couleur jaune. Vingt rayons aiguillonnés et un rayon articulé à la nageoire du dos ; quinze rayons à celle de l'anus; la dorsale très-longue; le corps allongé; la tête comprimée; la couleur blanche ou blanchâtre. Neuf rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguil- lonnés et neuf rayons articulés à la nageoire de l'anus; les écailles larges et striées en creux; les pectorales et la caudale arrondies; la ligne latérale inter- rompue; la couleur générale d'un brun verdâtre, avec des bandes transversales plus foncées; le plus souvent un croissant jaune et bordé de noir, sur le bord posté- rieur de chaque opercule; deux taches jaunes sur la membrane branchiale, qui est verte. Dix-sept rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à l'anale; les lèvres larges et doubles; la caudale un peu arrondie; le corps et la queue allongés; la couleur générale rouge; 3uatre raies longitudinales olivâtres, et quatre autres bleues, de chaque côté u poisson; la dorsale bleue à son origine, ensuite blanche, ensuite rouge; la caudale bleue en haut, et jaune en bas. Quinze rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la nageoire du dos; trois rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à celle de l'anus; l'ensemble du pois- son comprime et ovale; la couleur verte avec un réseau rouge; une tache noire sur chaque opercule et sur la dorsale; des bandes et des filaments rouges à la nageoire du dos. Quinze rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à l'anale; la couleur générale rougeâtre; un grand nombre de points blancs disposés avec ordre; des taches noires; une tache au milieu de la base de la caudale. La caudale arrondie; la partie supérieure nuancée de pourpre et de bleu foncé, l'in- férieure d'un beau jaune. Des rayons aiguillonnés à la dorsale, qui s'étend depuis la nuque jusqu'à la caudale; la gueule petite ; les dents crénelées, ou lobées ; la couleur générale jaune ; le dos d'un rouge pourpre. -Neuf rayons aiguillonuL lonnés et dix rayons ; à chaque mâchoire; jaunâtre ; deux raies longitudinales blanches et très-longues, et une troisième raie supérieure semblable aux deux premières, mais plus courte, de chaque côté de l'animal; la caudale arrondie. 236 HISTOIRE NATURELLE 92 ESPÈCES. Le Labre BLEC. CARACTÈRES. Dix-sept rayons aiguillonnés cl douze rayons articules à la nageoire du dos deux 93. Le Labre RAYÉ. 94. Le Labre ballan. 9b. Le Labre BEBGYLTE. 96 97 Le Labre hassek. Le Labre aristé. 98. Le Labre birayé. 99. Lf Labre grandes-écailles IGO. Le Labre tête-bleue. ( loi. Le Labre GOITTES. 102. Le Labre BOISÉ. 103. Le Labre cinq-taches. iOi. Le Labre MICROLÉPIDOTE. lOK. Le Labre TIE1LLE. rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la nageoire de l'anus ; la couleur générale bleue, avec des taches jaunes et des raies bleuâtres; une grande tache Bleue sur le devant de la dorsale ; les thoracines, l'anale et la caudale, bordées de la même couleur; les dents de devant plus longues que les autres. Dix-sept rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à l'anale; les dents de devant plus longues que les autres; le museau long; la nuque un peu relevée et convexe; le corps allongé, la caudale arrondie, le dos rougeâtrc, les côtés bleus, la poitrine jaune, le ventre d'un bleu pâle; quatre raies vertes et longitudinales de chaque côté du poisson. Vingt rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguil- lonnés et neuf rayons articulés à l'anale; la caudale arrondie; un sillon sur la tête; une petite cavité rayonnée sur chaque opercule, la couleur jaune, avec des taches couleur d'orange. Vingt rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la dorsale ; trois rayons ai- guillonnés et six rayons articulés à l'anale, la caudale arrondie; la tète allongée; les écailles grondes; les derniers rayons de la dorsale et de l'anale, beaucoup plus longs que les autres; des taches sur les nageoires; des raies brunes et bleues, disposées alternativement sur la poitrine. Point de rayons aiguillonnés aux nageoires; le corps très-allongé; la ligne latérale droite ou presque droite; une raieïongitudinalc et mouchetée de noir, de chaque côté de l'animal. Trente-deux rayons à la dorsale, vingt-cinq à l'anale; le corps comprimé et ovale; les écailles courtes, et relevées chacune par deux arêtes ; les dents éloignées l'une de l'autre; les deux de devant de la mâchoire inférieure, plus avancées que les autres. Neuf rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la dorsale ; trois rayons aiguil- lonnés et onze rayons articulés à l'anale; toutes les nageoires pointues, excepté celle de la queue, qui est arrondie; le dos rouge; les côtés jaunes; deux raies I longitudinales et brunes de chaque côté du poisson; la supérieure placée sur l'œil ; des taches jaunes sur la caudale, qui est violette ; le ventre rougeâtre. Neuf rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la nageoire du dos; trois rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à celle de l'anus; les écailles grandes et lisses; les mâchoires aussi avancées l'une que l'autre; la tête courte et compri- mée ; deux demi-cercles de pores muqucux au-dessous des yeux; la caudale arron- die ; la couleur générale jaune. Neuf rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la nageoire du dos; deux rayons I aiguillonnés et douze rayons articulés à celle de l'anus; la caudale arrondie; la I ligne latérale interrompue; les écailles grandes, rondes et minces; les opercules terminés en pointe du côté de la queue ; le dos bleu ; les côtés argentés ; la tête | bleue. Point de rayons aiguillonnés ; dix-neuf rayons à la dorsale, neuf à l'anale; la cau- dale arrondie; les écailles dures et couvertes d'une membrane; le dos brun; les / côtés bleus ; le dessous blanchâtre ; la tête bleue ; des taches argentées sur la tête, ( les côtés et l'anale ; des taches jaunes sur la nageoire du dos. / Dix-sept rayonsaiguillonnéset onzernyonsarliculés à la dorsale; trois rayons aigui I lonnés cl neuf rayons articulés à la nageoire de l'anus; la tête et les opercules \ presque entièrement dénués d'écaillés semblables à celles du dos, excepté dans J une petite place auprès des yeux; les deux mâchoires également avancées; plu- ^ sieurs pores muqueux au-dessous des narines; quatre rajons à la membrane] I branchiale, qui est étroite; les écailles petites et molles ; le corps allongé; la ' caudale arrondie ; le dos violet ; les côtes argentés ; des taches imitant des com parliments de boiserie / Quinze rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguil- i lonnés et neuf rayons articulés à l'anale ; la tète garnie d'écaillés semblables à 1 celles du dos; un demi-cercle de pores muqueux au-dessous de chaque narine; la j couleur générale d'un jaune mêlé de violet ; une tache sur le nez, une tach* / sur l'opercule , deux taches sur la dorsale, et une oinquième sur la nageoire dej \ l'anus. ! Dix-sept rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la nageoire du dos ; troisj rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la nageoire de l'anus; les opercu-J les garnis d'écaillcs semblables à celles du dos; les écailles très-petites; la partie supérieure de l'animal d'un jaune brun et sans tache, l'inférieure argentée, U caudale arrondie. Seize rayons aiguillonnés et treize rayons aiticulés à la dorsale ; trois rayons aiguil-j lonnés et onze rayons articulés à l'anale ; six rayons à la membrane branchiale;! le museau dénué d'écaillés semblables à celles du dos ; de petites écailles sur laj caudale, qui est arrondie ; la tête rougeâtre; le dos couleur de plomb; les côtésj jaunes et tachés; les thoracines, l'anale et la caudale bleuâtres et bordées dej noir; des taches arrondies et petites sur l'anale, la caudale et la dorsale A DES POISSONS. 237 ESPÈCES. 106. Le Labre KARUT. 107. Le Labre ANÉI. 108. Le Labre ceinture. 109. Le Labre diagramme. 110. Le Labre hololépidote. m. Le Labre T^MOURE. 112. Le Labre parterre. 115. Le Labre sparoïde. lli. Le Labre LÉOPARD. llo. Le Labre MALAPTÉRONOTE. 116. Le Labre DIANE. 117. Le Labre màcrodome. CARACTÈRES. Onze rayons aiguillonnes et vingt-neuf rayons articulés à la dorsale, qui présente deux parties très-distinctes, toute la tête couverte d'écaillés semblables à celles du dos, la caudale arrondie, la partie supérieure du museau plus avancée que que l'inférieure. Neuf rayons aiguillonnés et vingt-quatre rayons articulés à la dorsale, qui présente deux parties très-distinctes; toute la tête couverte d'écaillés semblables à celles du dos, la caudale arrondie, la mâchoire inférieure plus avancée que la supé- rieure. Neuf rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la nageoire du dos, seize rayons à celle del'anus; les deux dents de devant de chaque mâchoire, pi us grandes que les autres, le museau pointu, la partie antérieure de l'animal livide, la postérieure brune, ces deux portions séparées par une bande ou ceinture blan- châtre, des taches petites, lenticulaires, et d'un noir pourpré, sur la tête, la dorsale, l'anale, et la caudale, qui est arrondie. Onze rayons aiguillonnés et huit raj-ons articulés à la nageoire du dos, un rayon aiguillonné et dix rajons articulés à celle de l'anus, la mâchoire inférieure un peu plus avancée que la supérieure, les deux dents de devant plus grandes que que les autres; deux lignes latérales, la supérieure se terminant un peu au delà de la dorsale, et s'y réunissant à la latérale opposée, l'inférieure commençant à peu près au-dessous du milieu de la dorsale, et allant jusqu'à la caudale, qui est arrondie. Onze rayons aiguillonnés et vingt-sept rayons articulés à la dorsale, deux rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à l'anale, les dents delà mâchoire inférieure à peu près égales, la tête et les opercules garnis d'écaillés semblables à celles du dos, chaque opercule terminé en pointe, la caudale très-arrondie. Vingt rayons à la nageoire du dos, trois raj-ons aiguillonnés et onze rayons arti- culés à la nageoire de l'anus, les dents des deux mâchoires grandes et séparées, la tête et les opercules dénués d'éeailles semblables à celles du dos, les écailles grandes et bordées d'une couleur foncée, point de ligne latérale facilement vi- sible, une bande transversale à la base de la caudale, qui est arrondie. Cinq rayons aiguillonnés et quinze rayons articulés à la dorsale, qui est basse, deux ra3'ons aiguillonnés et onze rayons articulés à l'anale, le museau avancé, les dents de la mâchoire supérieure presque horizontales, deux lignes latérales se réunissant en une vers le milieu de la nageoire du dos, la caudale arrondie, des taches sur la tête et les opercules, qui sont dénués d'écaillés semblables à celles du dos, une ou deux taches à côté de chaque rayon de la dorsale et de l'anale, la surface du corps et de la queue, divisée par des raies obliques, en losanges, dont le milieu présente une tache. Dix rayons aiguillonnés et douze ravons articulés à la dorsale, dix rayons aiguil- lonnés et seize rayons articulés à l'anale, qui est très-grande; la hauteur du corps égale, ou à peu près, à la longueur du corps et de la queue pris ensemble, une concavité au-dessus des yeux, la mâchoire inférieure plus avancée que la supé- rieure, la tête et les opercules garnis d'écaillés semblables à celles du dos, la caudale arrondie, des taches irrégulières, ou en croissant, ou en larmes, répan- dues sans ordre, sur chaque enté de l'animal. Neuf rayons aiguillonnés et quatorze rayons articulés à la nageoire du dos, deux rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la nageoire de l'anus; l'ouverture de la bouche assez grande, les deux dents de devant de chaque mâchoire, plus grandes que les autres, deux pièces à chaque opercule, la caudale et les pecto- rales arrondies, les rayons aiguillonnés de la dorsale plus hauts que la mem- brane, point d'écaillés facilement visibles, une raie noire s'étendant depuis l'œil jusqu'à la pointe postérieure de l'opercule, une bande très-foncée placée sur la caudale; des taches composées de taches plus petites, et répandues sur la tête, le corps, la queue, la dorsale et l'anale, de manière à imiter les couleurs du léopard. Vingt et un rayons articulés à la nageoire du dos. treize rayons à celle de l'anus; la mâchoire inférieure un peu plus avancée que la supérieure, les dents de devant de la mâchoire inférieure inclinées en avant, la tête et les opercules dénués d'écaillés semblables à celles du dos, une tache foncée sur la pointe postérieure de l'opercule; la ligne latérale fléchie en en-bas, et formant ensuite un angle, pour se diriger vers la caudale, qui est arrondie; trois bandes blanchâtres de chaque côté du poisson. Douze rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la dorsale, deux rayons ai- guillonnés et treize rayons articulés à la nageoire de l'anus, la nageoire dor- sale présentant trois portions distinctes, la caudale arrondie, la tête et les oper- cules dénués d'écaillés semblables à celles du dos; quatre grandes dents au bout de la mâchoire supérieure, deux grandes dents au bout de la mâchoire infé- rieure, une dent grande et tournée en avant, à chaque coin de l'ouverture de la bouche; un petit croissant d'une couleur foncée sur chaque écaille. Treize rayons aiguillonnés et huit rayons articulés à la nageoire du dos, trois raj-ons aiguillonnés et neuf rayons articulés à la nageoire de l'anus; la caudale arfondie,'les derniers rayons de la dorsale et de l'anale, plus longs que les pre- miers, les écailles assez grandes, la partie postérieure de la tête relevée; quatre dents fortes et crochues a l'extrémité de chaque mâchoire, une dent forte, cro- chue, et tournée en avant, auprès de chaque coin de l'ouverture de la bouche, 238 HISTOIRE NATURELLE ESPECES. 118. Le Labre ) NEl'SIRIEN. 119: Le Labhe CALOPS. ABRE } 1^0. Le L ENSANGLANTE 121. Le Labre perruche. / 1:22. Le Labre I KESLIIC. < 1*25. Le Labre j COMBRB. i caractères. N'iiigt rayons aiguilloiiiiiis et onze 1030115 articulés à la nageoire du dosj trois rasons aiguillonni'S et sept rayons articulés à celle de l'anus ; sept rayons à la mem- brane branchiale; la caudale arrondie; les dents égales, fortes et séparées l'une de l'autre; le dos marbré d'aurore, de brun et de verdâtre; les côtés marbrés d'aurore, de brun et de blanc. Douze rayons aiguillonnés et huit rayons articulés à la dorsale ; treize rayons à l'anale; le premier et le dernier des' rayons de la nageoire de l'anus articulés ; l'œil très-grand et Irès-brillant; la ligne latérale droite; les écailles fortes et lar- ges ; la tète dénuée d'écaillés semblables à celles du dos ; une tache grande et brune au delà, mais auprès de chaque nageoire pectorale; Neuf rayons aiguillonnés et quinze rayons articulés à la nageoire du dos; les dents courtes, égales et séparées l'une de l'autre; la mâchoire inférieure plus avancée (|ue la supérieure; l'œil très-grand ; la ligne latérale très-voisine du dos ; la hau- teur de l'extrémité de la queue, très-inférieure à celle de sa partie antérieure; la caudale arrondie, la couleur générale argentée, avec des taches très-grandes irrégulières, et couleur de snng. Dix-huit rayons à la dorsale, qui est très-basse, et à peu j)rès de la même hau- teur dans toute sa longueur; l'ouverture de la bouche très-petite; les deux mâ- choires presque égales ; le corps allongé; la caudale arrondie ; la couleur géné- rale verte; trois raies longitudinales et rouges de chaque coté de l'animal ; une raie rouge et longitudinale sur la dorsale, qui f^st jaune ; une bandé noire sur chaque œil ; une bande rouge et bordée de bleu, de l'œil à l'origine de la dor- sale, et sur le bord postérieur île chacune des deux pièces de l'opercule. Huit rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la nageoire du dos ; trois rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la nageoire de l'anus; la caudale rectiligne ; l'opercule terminé par une prolongation arrondie à son extrémité ; la ligne longitudinale qui termine le dos, droite, ou presque droite ; des raies lon- gitudinales jaunâtres, et souvent festonnées; une tache bleue auprès de la base de chaque pectorale. Vingt rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la dorsale; trois rayons ai- guillonnés et quatre rayons articulés à l'anale; la caudale lancéolée; l'opercule terminé par une prolongation arrondie à son extrémité; le dos rouge; une raie longitudinale et argentée de chaque côté de l'animal. TROISIEME SOUS-GENRE. Lu nageoire de la queve divisée en trois lobes. ESPECES. l'2i. Le Labhe brasilien. 12y. Le Labre VERT. 12G. Le Labre \ TRUOPÉ- '' 127. Le Labre L deix-crois- 1 SANTS. k \ 12H. Le Labre) IIÉBRAÏQI'B. CARACTÈRES. Neuf rayons aiguillonnés et quatorze rayons articulés à la nageoire du dos; trois rayons aiguillonnés et vingt-deux rayons articulés à la nageoire de l'anus; le premier et le dernier rayon de la caudale, prolongés en arrière; deux dents re- courbées et plus longues que les autres, à la mâchoire supérieure ; quatre dents semblables à la mâchoire inférieure; deux ou trois lignes longitudinales à la dor- sale et à l'anale. Huitrayonsaiguilloiniésetdouze rayons articulés à la dorsale; treize rayons à l'anale; le premier et le dernier raj on de la caudale très-prolongés en arrière ; les deux dents de devant de chaque mâchoire plus longues que les autres ; les écailles ver- tes et bordées de jaune; presque toutes les nageoires jaunes, et le plus souvent bordées ou rayées de vert. Vingt-neuf rayons à la nageoire du dos; dix-sept à celle de l'anus; la dorsale lon- gue et basse; les dents grandes, fortes, et presque égales les unes aux autres; la tète et les opercules dénués d'écaillés semblables à celles du dos; la ligne laté- rale ramifiée, droite, fléchie ensuite vers le bas, et enfin droitejusqu'à la caudale ; des taches nuageuses. Treize rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la dorsale, qui présente deux portions distinctes; la tète dénuée d écailles semblables à celles du dos; quatre grandes dents à chaque mâchoire; la mâchoire inférieure un peu plus avancée que la supérieure; une petite tache sur un grand nombre d'écaillés; une grande tache de clia(|ue cùU- de l'animal, au|)rès de l'extrémité de la dorsale. ^ rajons arlicub's à la 129. Lb Labre j Quarante-deux rayons presque tous articulés à la dorsale; quarante et un rayons articulés à l'anale: la dorsale et l'anale très-longues; le corps allongé; la tête très- allongée, et dénuée, ainsi que les opercules, d'écaillés semblables à celles du dos; un grand nombre de dents très-petites et égales, une raie longitudinale sur la base de la nageoire du dos: une raie longitudinale large et droite, depuis la base de chaque pectorale jusqu à lacnudalc, DES POISSONS. 239 ESPÈCES. CARACTÈRES. i Vingt et un rayons à la nageoire du dos ; quinze rayons a celle de l'anus ; les dents petites et égales: l'opercule terminé un peu en pointe, les écailles très-difficiles à voir: dix-neuf bandes transversales, étroites, régulières, semblables, et placées 11 • / 1 • 1 . > • ', " 1 U J 11 de chaque cote du poisson, de manière a se reunir avec les bandes analogues du côté opposé. LE LABRE HÉPATE. Labrus Hepatus, Linn., Gmel., Lacep.; Lutjanus adriaticus,Lacep.; Labrus adriaticus, Linn., Gmel.j Holocentrus triacanthus, Lacep.; Holocéntrus striatus, Bl.; Holoccntrus siagonotus, Delaroche; Serraniis Hepatus, Cuv. i. La nature n'a accordé aux labres ni la grandeur, ni la force, ni la puissance. Ils ne régnent pas au milieu des ondes en tyrans redoutables. Des formes singulières, des habi- tudes extraordinaires, des facultés terribles, ou, pour ainsi dire, merveilleuses, un goût exquis, une qualité particulière dans leur chair, n'ont point lié leur histoire avec celle des navigations lointaines, des expéditions hardies, des pêches fameuses, du commerce des peuples, des usages et des mœurs des différents siècles. Ils n'ont point eu de fastueuse célébrité. Mais ils ont reçu des proportions agréables, des mouvements agiles, des rames rapides. Mais toutes les couleurs de l'arc céleste leur ont été données pour leur parure. Les nuances les plus variées, les tons les plus vifs leur ont été prodigués. Le feu du dia- mant, du rubis, de la topaze, de l'émeraude, du saphir, de l'améthyste, du grenat, scintille sur leurs écailles polies ; il brille sur leur surface en gouttes, en croissants, en raies, en bandes, en anneaux, en ceintures, en zones, en ondes; il se mêle à l'éclat de l'or et de l'argent qui y resplendit sur de grandes places, ou il relève les reflets plus doux, les teintes obscures, les aires pâles, et, pour ainsi dire, décolorées. Quel spectacle enchanteur ne présenteraient-ils pas, si, appelés de toutes les mers qu'ils habitent, et réunis dans une de ces vastes plages équatoriales, où un Océan de lumière tombe de l'atmosphère qu'il inonde, sur les flots qu'il pénètre, illumine, dore et rougit, ils pressaient, mêlaient, con- fondaient leurs groupes nombreux, émaillés et éclatants, faisaient jaillir au travers du cristal des eaux et de dessus les facettes si multipliées de leur surface luisante, les rayons abondants d'un soleil sans nuages, et présentaient dans toute la vivacité de leurs couleurs, avec toute la magie d'une variété presque infinie, et par le pouvoir le plus étendu des contrastes, la richesse de leurs vêtements, la magnificence de leurs décorations, et le charme de leur parure ! C'est en les voyant ainsi rassemblés, que l'ami de la nature, que le chantre des êtres créés, rappelant dans son âme émue toutes les jouissances que peut faire naître la con- templation des superbes habitants des eaux, et environné, par les prestiges d'une imagi- nation animée, de toutes les images riantes que la mythologie répandit sur les bords fortunés de l'antique Grèce, voudrait entonner de nouveau un hymne à la beauté. Une philosophie plus calme et plus touchante suspendrait cependant son essor poétique. Un présent bien plus précieux, dirait-elle à son cœur, a été fait par la bienfaisante nature à ces animaux dont la splendeur et l'élégance plaisent à vos yeux. Ils ont plus que de l'éclat, ils ont le repos; l'homme du moins ne leur déclare presque jamais la guerre; et si leur asile, où ils ont si peu souvent à craindre les filets ou les lignes des pêcheurs, est quelquefois troublé par la tempête, ils peuvent facilement échapper à l'agitation des vagues, et aller chercher dans d'autres plages, des eauxplus tranquilles et un séjour plus paisible. Tous les climats peuvent en effet leur convenir. Il n'est aucune partie du globe où on ne trouve une ou plusieurs espèces de labres ; ils vivent dans les eaux douces des rivières du Nord, et dans les fleuves voisins de l'équateur et des tropiques. On les rencontre auprès des glaces amoncelées de la Norvvège ou du Groenland, et auprès des rivages brûlants de Surinam ou des Indes orientales; dans la haute mer, et à une petite distance des embou- chures des rivières; non loin de la Caroline, et dans les eaux qui baignent la Chine et le Japon; dans le grand Océan, et dans les mers intérieures, la Méditerranée, le golfe de Syrie, l'Adriatique, la Propontide, le Pont-Euxin, l'Arabique; dans la mer si souvent courroucée d'Ecosse , et dans celle que les ouragans soulèvent contre les promontoires austraux de l'Asie et de l'Afrique. < Ce poisson n'est pas un Labre. M. Cuvier le place dans son genre Serran, de la famille des Acan- thoptérygiens percoïdes, sous le nom de Pelit Serran à tache noire sur la dorsale, ou Sacchetto des Vé- nitiens. M. de Lacépède l'a décrit trois fois sous les noms, 1" de Labre hépate. 2" de Lvtjan adrialiqve, f t ô" à^IIûlocentre Iriacanths, ï). 240 HISTOIRE NATURELLE De celte dissémination de ces animaux sur le globe, de celte diversité de leurs séjours, de celte analogie de tant de climats différents avec leur bien-être, il résulte une vérité très-importante pour le naturaliste, et que nous avons déjà plusieurs fois indiquée: c'est que lesopposifions d'un climat à un autre sont presque nulles pour les habitants des eaux; que l'influence de l'atmosphère s'arrête, pour ainsi dire, à la surface des mei's; qu'à une très-petite distance de celle même surface et des rivages qui contiennent les ondes, l'inté- rieur de l'Océan présente à peu près dans toutes les saisons et sous tous les degrés d'élé- vation du pôle, une température presque uniforme, dans laquelle les poissons plongent à volonté cl vont chercher, toutes les fois qu'ils le désirent, ce qu'on pourrait appeler leur |)rintemps élerncl ; qu'ils peuvent, dans cet abri plus ou moins écarté et séparé de l'incon- stante atmosphère, braver et les ardeurs du soleil des tropiques, et le froid rigoureux qui règne autour des montagnes congelées et entassées sur les Océans polaires; qu'il est pos- sible que les animaux marins aient des retrailes tempérées au-dessous même de ces amas énormes de monts de glace flottants ou immobiles; et que les grandes diversités que les mers et les fleuves présentent relativement aux besoins des poissons, consistent principa- lement dans le défaut ou l'abondance d'une nourriture nécessaire, dans la convenance du fond, et dans les qualités de l'eau salée ou douce, trouble ou limpide, pesante ou légère, privée de mouvement ou courante, presque toujours paisible ou fréquemment bouleversée par d'horribles tempêtes. Il ne faut pas conclure néanmoins de ce que nous venons de dire, que toutes les espèces de labres aient absolument la même organisation: les unes ont le dos élevé, et une hau- teur remarquable relativement à leur longueur, pendant que d'autres, dont le corps et la queue sont très-allongés, présentent dans cette même queue une rame plus longue, plus étendue en surface, plus susceptible de mouvements alternatifs et précipités. La longueur, la largeur et la figure des nageoires offrent aussi de grandes différences, lorsqu'on les considère dans diverses espèces de labres. D'ailleurs plusieurs de ces poissons ont les yeux beaucoup plus gros que ceux de leurs congénères, et conformés de manière à leur doniier une vue plus fine, ou plus forte, ou plus délicate, et plus exposée à être altérée par la vive lumière des régions polaires, ou par les rayons plus éblouissants encore que le soleil répand dans les contrées voisinesdes tropiques. Déplus, la forme, les dimensions, le nombre et la disposition des dents varient beaucoup dans les labres, suivant leurs différentes espèces. Ceux-ci ont des dents très grandes, et ceux-là des dents très-petites; dans quelques espèces ces armes sont égales entre elles, et dans d'autres très-inégales; et enfin, lorsqu'on examine successivement tous les labres déjà connus, on voit ces mêmes dents tantôt presque droites et tantôt très-crochues, souvent implantées perpendiculaire- ment dans les os des mâchoires, et souvent inclinées dans un sens très-oblique. Il n'est donc pas surprenant qu'il y ait aussi de la diversité dans les aliments des différcnles espèces que nous allons décrire rapidement; et voilà pourquoi, tandis que la plupart des labres se nourrissent d'œufs, devers, de mollusques, d'insectes marins, de poissons très- jeunes ou très-petits, quelques-uns de ces osseux, et particulièrement le tancoïde , qui vil dans la mer Britannique, préfèrent des cruslacces ou des animaux à coquille, dont ils peuvent briser la croûte, ou concasser l'écaillé. Au reste, si les naturalistes qui nous ont précédés ont bien observé les couleurs et les formes d'un assez grand nombre de véritables labres, ils se sont peu attachés à connaît le leurs habitudes générales, qui, ne ))résentant lien de différent de la manière de vivre de |)lusieurs genresdethoracins osseux, n'ont piqué leur curiosité par aucun phénomène par- ticulier et remarquable. Nous n'avons donc pu tirer de la diversité des mœurs de ces poissoiis, qu'un petit nombre d'indications pour parvenir à distinguer les espèces auxquel- les ils a|)particnnent. Mais en combinant les traits de la conformation extérieure avec les Ions et les distributions des couleurs, nous avons obtenu des caractères spécifiques d'autant plus propres à l'aire éviter toute équivoque, (|ue la nuance et surtout les disposi- tions de ces mêmes couleurs m'ont jiaru constantes dans les diverses espèces de labres, malgré les différences d'âge, de sexe et de pays natal, (]ue les individus m'ont présentées dans les nombreux examens que j'ai été à portée d'en faire; et c'est ainsi que nous avons pu composer un tableau sur lequel on distinguera sans peine les signes caractéristiques des cent vingt-huit espèces de véritables labres que l'on devra compter d'après les recher- ches que j'ai eu le bonheur de faire. La première de ces cent vingt-huit espèces qui se présente sur le tableau méthodique de leur genre, est l'hépate. Ajoutons à ce que nous on avons dit dans ce tableau, que l'on DES POISSONS. 241 trouve ce poisson dans la Méditerranée, et dans quelques rivières qui portent leurs eaux au fond de l'Adriatique; que son museau est pointu; que son palais montre un espace triangulaire hérissé d'aspérités et que ses mâchoires sont garnies de petites dents. LE LABRE OPERCULÉ. Labrus operculatus. Linn., Gmel., Lacep. i. Le Labre Aurite, L. auritus, Linn., Gm. ; Pomotis vulgaris, Cuv. — L, Faucheur, L. falcatus, Linn., Gm., Lac. — L. Oyène, L. Oyena, Forsk. ; Genres Oyena, Cuv. — L. Sagittaire, L. jaculalrixet Scarus Schlosseri, Lac. ; Toxotes jaculalor, Cuv. — L, Cappa, Sciœna Cappa, Linn., Gm. ; L. Cappa, Lac. — L. Lépisme, Sciœna Lepisma, Linn., Gmel.; L. Lepisma, Lac. — L Unima- culé, Sciœna unimaculata, Linn., Gmel. ; L. unimaculatus. Lac. — L. Bohar, Scia'na Bohar, Forsii.; L. Bohar, Lac. ; Diacope Boliar, Cuv. — L. Bossu, Sciccna giliba, Forsis. ; L. gibbus. Lac. L'operculé et le sagitlaire habitent les mers qui baignent l'Asie, et particulièrement le grand golfe de l'Inde; la mer d'Arabie nourrit l'oyène, le bohar et le bossu ; la Méditer- ranée est le séjour du cappa et de l'unimaculé; et c'est dans les eaux douces ou dans les eaux salées de l'Amérique septentrionale que vivent l'aurite et le faucheur. Les dénis du faucheur sont aiguës; celles de l'oyène nombreuses et très-courtes; l'unimaculé a quatre dents à la mâchoire d'en haut, et six dents un peu grandes, ainsi que quelques autres plus petites, à la mâchoire d'en bas. D'ailleurs l'operculé présente de petites taches noires sur le derrière de la tête ; le faucheur, une couleur argentée; l'oyène, des nageoires d'un vert de mer, et quelquefois des raies rouges; et le sagitlaire, des nuances d'un jaune doré. LE LABRE NOIR. Sciaena nigra, Forsk.; Labrus niger, Linn., Gmel., Lacep.; Diacope nigra, Cuv. 2. Labre Argenté, Sciœna argentata, Forslc., Linn., Gmel.; L. argenlatus, Lacep.; Diacope argentima- culata, Cuv. — L. jSébuleux, Sciœna nebulosa, Linn., Gmel.; L. nebulosus, Lac. — L. Grisâtre, Sciaena cinerascens, Linn., Gmel.; L. cinerascens. Lac. — L. Armé, Sciœna armata, Forsk.; L. armalus, Lacep. — L. Chapelet, L. Catenula, Lac. ; Chrysophris bifascialus, Cuv.; Chœtodon bifasciatus, Forsk. — L. Long-museau, L. longiroslris, Lac. — L. Thunberg, L. ïhunberg, Lac. — L. Grisou, L. griseus, Linn., Gmel., Lac. — L. Croissant, L. lunaris, Linn., Gmel., Lac; Julis lunaris, Cuv. On peut remarquer aisément que l'extrémité de chaque mâchoire du labre noir est dépourvue de dents, et que son gosier est garni d'un très-grand nombre de dents petites et effilées; dans l'argenté, les dents sont d'autant plus grandes qu'elles sont plus éloignées du bout du museau; six grandes dents arment la mâchoire supérieure du chapelet; et les deux mâchoires du thunberg en présentent chacune quatre plus grandes que les autres. La ligne latérale du croissant n'est courbe que jusqu'à la fin de la nageoire du dos. L'armé montre un aiguillon presque horizontal, tourné en avant, et situé entre la tête et la dorsale; ce qui lui donne un rapport assez grand avec les cœsiomores, dont il diffère néanmoins par plusieurs traits, et avec lesquels il serait impossible de le confon- dre, par cela seul que les csesiomores ont au moins deux piquants entre la dorsale et le derrière de la tête. Au reste, complétons ce que nous avons à faire connaître relativement aux couleurs des dix labres nommés dans cet article, en disant que le noir tire son nom d'un noir ordinaire- ment foncé qui règne sur sa partie supérieure, et dont on voit des teintes au milieu des nuances blanchâtres et brunes de son ventre; que les écailles de l'argenté sont brunâtres et bordées d'argent, et qu'une bandelette bleue paraît au-dessous de chaque œil de ce poisson ; que le nébuleux offre des taches nuageuses bleues et jaunâtres, et quelquefois des raies longitudinales inégales en largeur, et de diverses nuances de rouge ou de violet; que le grisâtre est d'un gris tirant sur le vert, avec des raies longitudinales jaunes, et un liséré blanc autour des pectorales; que la dorsale et l'anale de l'armé sont blanches et bordées de noir, pendant que sa caudale est brune et lisérée de blanc; que l'on peut compter, sur chaque côté du long-museau, quatre ou cinq petites raies longitudinales, et trois ou quatre séries de taches très- petites et éloignées l'une de Tautre; et enfin, qu'une couleur brune, ainsi qu'une bordure blanche, distinguent les écailles du thunberg. De ces dix labres, il en est deux, le Chapelet et le Long-museau, qui ne sont pas encore connus des naturalistes, et dont nous avons fait graver la figure d'après des dessins de Commerson. On les trouve dans le grand golfe de l'Inde et dans les mers voisines de ce ) Non mentionné par M. Cuvier.D. 2 Du genreDiacopedans la famille des Acanthoptérygiens percoïdes. D, 242 HISTOIRE NATURELLE golfe. C'est aussi dans ces mêmes mers, et particulièrement dans celle d'Arabie, qu'ha- bitent le noir, l'argenté, le nébuleux, le grisâtre et l'armé; les eaux salées qui mugissent si souvent autour des rivages orageux du Japon, nourrissent le Thunberg, auquel nous avons cru devoir, par reconnaissance, donner le nom de l'habile voyageur qui l'a observé et décrit; le Grisou vit dans l'Amérique septentrionale; et le Croissant préfère les eaux de l'Amérique méridionale, ainsi que celles des grandes Indes. LE LABRE FAUVE. Labrus rufus, Linn., Gmel., Lacep. i. Le Labre de Ceijlan, L. zeylanicus, Linn., Gmel., Lac. — L. Deux-Bandes, L. bifasciatus, Bloch, Lac; Julis bifasciala, Cuv. — L. Mélagastre, L. melagasler, Bloch, Lac; Cheilinus nielagasler, Cuv. — L. Malapière, L. maiaplerus, Bloch, Lac; Julis malaptera, Cuv. — L. à demi-rouge, L. semiruber, Lac. — L. Tétracanihe, L. telraeanlhiis, Lac. ; Percis cancellala, Cuv. — L. Demi- disque, L. semiiliscus, Lac. ; Julis semidiscus, Cuv. — L. Cerclé, L. dolialus. Lac. ; Julis doliata. Cuv. — L. Hérissé, L. iiirsutus. Lac. Cuv. Le fauve, qui parvient communément à la longueur de trois ou quatre décimètres, est, sur toute sa surface, d'un roux plus ou moins mêlé de jaune ou d'orangé. Le ceylan, dont les dimensions sont ordinairement plus grandes que celles du fauve, a la tête bleue, la dorsale et l'anale violettes et bordées de vert, et la caudale jaune, rayée de rouge, et bleue à la base. La partie supérieure du labre deux-bandes est grise; sa tête violette; sa poitrine blanche; sa dorsale rougeàtre et bordée de bleu, ainsi que son anale; chacune de ses pectorales jaune, de même que les thoracines; el la caudale brune avec une grande tache bleue. Les écailles qui recouvrent le mélagastre sont variées de brun et de noir, excepté celles qui revêtent le ventre, et qui sont noires comme les nageoires. La couleur générale du malaptère est d'un blanc bleuâtre, avec cinq taches noirâtres de chaque côté, et les nageoires nuancées de jaune et de bleu. Quatre rangées de taches presque rondes, à peu près égales et trcs-rapprochées l'une de l'autre, paraissent sur chaque côté du tétracanthe, qui d'ailleurs a des points noirs répandus sur sa caudale. Le hérissé montre sur sa queue une large bande transversale. Voilà ce que nous devions ajouter au tableau générique, pour bien faire reconnaître les couleurs des dix labres que nous considérons maintenant. Les trois derniers de ces labres, c'est-à-dire le hérissé, le cerclé et le demi-disque, dont nous avons fait graver la figure d'après les dessins de Commerson, et dont la description n'avait pas encore été publiée, habitent dans le grand golfe de l'Ir.de ou dans les mers qui communiquent avec ce golfe. Nous ignorons la pairie du tétracanthe, que nous avons fait dessiner d'après un individu conservé dans de l'alcool, et qui faisait partie de la collection cédée par la Hollande à la France. Le demi-rouge, dont nous avons trouvé une descrijjtion étendue dans les manuscrits de Commerson, fut vu par ce voyageur, en juin 1767, dans le marché aux poissons de la capitale du Brésil. Surinam est la patrie du mélagastre; la Caroline, et en général l'Amérique septentrionale, celle du fauve; Ceylan, celle du labre qui porte le nom de celle grande île, el que l'on dit bon à manger; les aux des grandes Indes nourrissent le labre deux-bandes, el celles du Japon, le malaptère. Finissons cet article en parlant de quelques traits de la conformalion de ces animaux, que nous n'avons pas encore indiqués. La mâchoire inférieure du fauve est plus longue que la supérieure; les dents antérieures de la mâchoire d'en haut sont plus longues que les autres, dans ce même poisson, dans le deux-bandes, dans le malaptère; les dents des deux mâchoires sont presque égales les unes aux autres en longueur et en grosseur, dans le mélagastre, dans le demi-disque, dans le cerclé. La ligne latérale du mélagastre est interrompue; celle du tétracanthe est peu sensible; celle du cerclé très-droite pendant la plus grande partie de sa longueur; et la base de la nageoire de l'anus du labre A demi-rouge est rcvêlue d'écaillés, comme une partie de la base de la nageoire du dos de ce même poisson. LE LABRE FOURCHE. Labrns Kiiroa, Lacop. 2. Le Labre six-bandes, Labrus sexfascialus, Lac; Glyphisodon cfcleslinus, Solander, Cuv,; Chœtodon saxalilis, Bl. — L. Macroç/nstcrc, L. niacrogastor, Lac; Cha-lodon bciigalensis, Bl. ; Glyphisodon bengalensis, Cuv. — L. F/7ft»ie/UcM.i, L. lilamcnlosus, Lac. ;Ciin)niis lilnmcnt()Sus,Cuv. — L. Angu- 1 Ce poisson n'a pas clccilé par M. Cuvicr. D. •a Non cite par M. Cuvier. I). DES POISSONS. 243 leux, L. angulosus, Lac; Sciœna Sammara, Forsk.; Holocenlrum Sammara, Cuv.~L. Huit-raies, L. octoviltalus et L. Kasmira, Lac; Holocenlrus bengalensis et H. 5-lineatus, Bl. ; Sciœna Kasmira, Forsk. ; Diacope 8-lineata, Cuv.— L. Moucheté, L. punctulalus, Lac ; Serranus punctulatus, Cuv. — L. Commersonien, L. Commersonii et Lufjanus microstomus, Lac; Sciœna Nageb, Forsk.; Pris- lipoma Commersonii Cuv. — L. Lisse, L. laevis, Lac. ; Bodianus cycloslomus et Bod. melanoieucus, Lac ; Plectropoma melanoleucum, Cuv. — L. Macroptère, L. macroplerus, Lac ; Centrarchus irideus, Cuv. Aucun de ces dix labres n'est encore connu des naturalistes ; nous en avons fait graver la figure d'après les dessins trouvés parmi les manuscrits de Commerson, que Buffon nous remit lorsqu'il nous engagea à continuer l'Histoire naturelle; et voilà pourquoi nous avons donné à l'un de ces poissons le nom de Labre Commersonien . La \^alrie de ces dix espèces est le grand golfe de l'Inde; et on peut aussi les trouver dans la partie du grand Océan qui est comprise entre la Nouvelle-Hollande et le continent de l'Amérique, ainsi que dans celte mer si souvent bouleversée par les tempêtes, et qui bat la côte sud- est de l'Afrique et les rives de Madagascar. Leur forme et leurs caractères distinctifs sont trop bien représentés dans les planches que nous joignons à celte Histoire, pour que nous ayons besoin d'ajouter beaucoup de détails à ceux que renferme le tableau géné- rique. On peut voir aisément que le macroptère, qui tire son nom de la grandeur de ses nageoires clu dos et de l'anus i, a la mâchoire inférieure un peu plus avancée que la supé- rieure, et vraisemblablement garnie, ainsi que cette dernière, de dents très-petites ; que l'anguleux et le six-bandes doivent avoir des dents très-fines; que celles du filamenteux et du macrogastèrc sont très-courtes et presque égales les unes aux autres; que la ligne latérale de ce même macrogastère 2 est interrompue; qu'une tache irrégulière et foncée, et cinq ou six petits points blancs, sont placés sur chaque côté de la la nageoire dorsale de l'anguleux; et que la dorsale du huit raies est bordée de noir ou de brun. LE LABRE QUINZE-ÉPINES. Labrus quinquedecim-aculeatus, Lacep.; Chromis lèj-spinosus, Cuv, 3. Le Labre Macrocéphale, Labrus macrocephalus, Lac; Dentex macrocephalus, Cuv. — L. Plumiérien, L. Piumierii, Lac; Perça formosa, Linn. ; Heemulon formosum, Cuv. — L. Gouan, L. Gouanii, Lac — L. Énnéacanlhe, L. enneacanthus. Lac. ; Sparus fascialus, Bloch; Cheilinusfasciatus, Cuv. — L. Rouges-raies, L. rubrolineatus, Lac. Ces six labres sont encore inconnus des naturalistes; le premier sous-genre de la famille des véritables labres en renferme donc, sur quarante-huit espèces, vingt-trois dont la description n'a pas encore été publiée. C'est une nouvelle preuve de ce que nous avons dit dans l'article intitulé : De la nomenclature des Labres, des Cheilines, des CheUodip- tères, etc. Le ronges-raies que Commerson a décrit avec beaucoup de soin dans son recueil latin et manuscrit, habite au milieu des syrtes et des rochers de corail qui environnent les îles de Madagascar et de Bourbon. Nous ignorons la patrie de l'ennéacanlhe 4 et du gouan, que nous faisons connaître d'ajirès des individus de la collection hollandaise cédée à la France. Le plumiérien vil en Amérique; et le macrocéphale s, ainsi que le quinze-épines, représentés dans nos planches d'après les dessins de Commerson, se trouvent vraisem- blablement dans le grand golfe de l'Inde, et auprès des lies dites de la mer du Sud. Les dents du labre gouan sont crochues, et d'autant moins longues que leur place est plus éloignée du bout du museau. La ligne latérale est interrompue dans le quinze-épines, dorée dans le plumiérien, et garnie, vers la lète, de petites ramifications dans le rouges-raies. Ce dernier labre a le ifond de ses couleurs d'un brun plus ou moins foncé, et ses nageoires pectorales d'un rouge incarnat; et la caudale du macrocéphale est bordée, à son extrémité, d'un liséré d'une nuance vive ou très-claire. 1 M«/.pà5 veut dire long ou grand; et nrspov, aile ou nageoire. 2 Tx'7T>)p signifie ventre. On peut voir sur le tableau générique, que le macrogastère a en effet le ventre très-gros. 3 Du genre Chromis, dans la famille des Acanthoptcrygiens labroïdes, Cuv. D. i Ennéacanthe désigne les neuf aiguillons de la dorsale. Ew^a veut dire neuf. o M«X|005sigr)i(io /oHf/ ou (//v/(/(/, et /.-fx)./, veut dire têfr. 244 HISTOIRE NATURELLE LE LABRE KASMIRA. Labrus Kasmira et Labrus octovittatus, Lacep.; Sciœna Kasmira, Forsk., Linn.; Holocentrus bengalen- sis et Holoc. 5-lineatus, Bl.; Diacope octolineata, Cuv. i. Ce beau poisson a le sommet de la tête blanc, et la couleur générale jaune. Quelque- fois sa queue montre de chaque côté une tache grande et brune. Il vit dans la mer Rouge, auprès des rivages de l'Arabie. LE LABRE PAON. Labrus Pavo, Linn., Grnel., Lacep. 2. Ce labre habile dans la Méditerranée, et particulièrement auprès des côtes de Syrie. A l'époque où on commença à l'examiner, à le distinguer, à le désigner par un nom parti- culier, l'histoire naturelle avait fait peu de progrès; le nombre des animaux déjà connus n'était pas encore très-grand; on n'avait pas découvert la plupart de ces poissons riche- ment colorés qui vivent dans les mers de l'Asie ou de l'Amérique méridionale ; le labre paon dut par conséquent frapper les observateurs par la magnificence de sa parure; et il n'est pas surprenant qu'on lui ait donné le nom de l'oiseau que l'on regardait comme émaillè des nuances les plus vives et les plus variées. Ce labre présente en effet presque toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, que l'on se plaît à retrouver étalées avec tant de pompe sur la belle queue de l'oiseau paon ; et d'ailleurs le poli de ses écailles, le contraste écla- tant de plusieurs des tons dont il brille, et les dégradations multipliées par lesquelles ses autres nuances s'éteignent les unes dans les autres, ou s'animent pour se séparer et resplendir plus vivement, imitent les reflets rapides qui se jouent, pour ainsi dire, sur les plumes chatoyantes du paon, et les feux que l'on croirait en voir jaillir. Lorsque le soleil éclaire et dore la surface de la Méditerranée, que les vents se taisent, que les ondes sont paisibles, et que le labre paon nage sans s'agiter au-dessous d'une couche d'eau mince et limpide, qui le revêt, pour ainsi dire, d'un vernis transparent, on admire le vert mêlé de jaune que montre sa surface supérieure, et au milieu duquel des taches rouges et des taches bleues scinlillent, en quelque sorte, comme les rubis et les saphirs de l'oiseau de Junon. Des taches plus petites, mais également bleues ou rouges, sont répandues sur les opercules, sur la nageoire de la queue, et sur celle de l'anus, qui est violette ou indigo; et un bleu mêlé de pourpre distingue le devant de la nageoire dorsale, pendant que deux belles taches brunes sont placées sur chaque côté du poisson, que les thoracines offrent un rouge très-vif, et que des teintes d'or, d'argent, rouges, orangées et jaunes, éblouissantes ou gracieuses^ constantes ou fugitives, étendues sur de grandes places, ou disséminées en traits légers, complètent un des assortiments de couleurs les plus splendides et les plus agréables. Au reste, ces beaux reflets se déploient sur un corps et sur une queue allongés et com- primés; il n'y a qu'un seul rang de dents aux mâchoires; les nageoires pectorales sont arrondies; les rayons de la dorsale et de la nagoire de l'anus ont une longueur plus consi- dérable, à mesure qu'ils sont, placés plus loin de la tête; et communément le labre paon a trois ou quatre décimètres de longueur totale. LE LABRE BORDÉ. Labrus marginalis, Linn., Gmel., Lacep. 3. Le Labre rouillé, Labrus ferrugineus, Linn., Gm., Lac. — L. OEillé, L. ocellaris, Linn., Gm., Lac. — L. Melops, L. Melops, Linn., Gmel., Lac; Crenilabrus Melops, Cuv. — L. yil, L. nilolicus, Hasselq., Linn., Gm., Lac; Chromis nilolicus, Cuv. — L. Louche, L. luscus, Linn., Gmel., Lac. ; L Turdus, var. Cuv. — L. Triple-tache, L. Irimaculalus, Linn., Gmel., Lac, Bl. ; L. car- neus, Bl., Cuv. — L. Cendré, L. cinereus, Lac; L. griseus, Gm. — L. Cornubien, L. cornubius, Linn., Gmel., Lac — L. Mêlé, L. mixlus, Linn., Gm., Lac. — L. Jaunâtre, L. fulvus, Linn., Gmel., Lac La couleur générale du louche est jaunâtre; la dorsale, l'anale et la caudale du triple- tache sont queUpicfois lisérées de bleu. La nourriture ordinaire de ce dernier labre, dont les écailles réiléchisscnt diU'érentcs nuances d'un beau rouge, consiste dans des animaux à co(piille, dont il brise l'enveloppe calcaire par le moyen de ses dents antérieures, plus 1 Ce poisson est dcjù décrit par M. de Laccpcdc, sous le nom de Ln'jre huit-raies (voy. page 2iô); c'est un Diacope, de la famille des Acantboptcrygicns pcrcoïdes de M. Cuvicr. D. 2 Ce poisson n'est pas cité par M. Cuvier. C'est un labre dont l'osporc n'est vraisemblablement pas différente de celle du Labre tacbctc de ce naturaliste. D. 7, Non cité par M. Cuvier. D. DES POISSONS. 245 longues et plus fortes que les autres; nouvel exemple de ces rapports de la qualité des aliments avec la vivacité des couleurs, que nous avons fait remarquer dans notre Discours sur la nature des Poissons, qu'il ne faut jamais négliger d'observer, et qui ont été très- bien saisis par le naturaliste Ascagne. Le cendré a sa partie supérieure grise et pointillée d'un gris plus foncé, et les nageoires rougeâtres avec des taches d'un jaune obscur. La tête du mêlé et la partie supérieure de sa caudale sont d'un beau bleu. Ce labre mêlé habite dans la Méditerranée, ainsi que le cendré; le jaunâtre vit dans l'Amérique septen- trionale; le rouillé, dans les Indes; le mélops, dans l'Europe australe; le nil, en Egypte; le triple-tache, en Norwège; le cornubien, dans la mer Britannique ; on ignore la véritable patrie du bordé, de l'œillé et du louche. Que devrions-nous ajouter maintenant à ce que nous disons dans le tableau générique, au sujet des onze labres renfermés dans cet article? LE LABRE MERLE. Labrus Merula, Linn., Gmel., Lacep., Bl., Cuv. i. Le Labre rône, Labre Rône ; Lac. — L. Fuligineux, h. fuliginosus et L. malapteronolus, Lac, ; L. fasciatus, Bl.; Clieilinus fasciatus, Cuv. — L. Brun, L. fuscus, Lac; ^lesoprion quinque-linealus, Cuv. — L. Échiqtder, L. centiquadrus et L. horlulanus, Lac; Julis cenli(|ua(lrus, Cuv. — L. Marbré, L. inarmoratus, Lac; et Cirrhites maculalus, Lac, Cuv. — L. Large-queue, L. macrourus, Lac, Cuv. — L. Girelle, L. Julis, Linn., Gmel. ,Bl.,Lac.;Juiismediterranea,Risso, Cuv. — L. Parotique, L. paroticiis, Linn., Gmel, Lac— L. Bergsnyltre, L. suiilus, Linn., Gm. ; L. Bp.rgsnyltrus, Lac. Le noir bleuâtre que présente le labre merle, lui a fait donner, dés le temps d'Aristote, le nom spécifique qu'il porte. Il offre en effet les mêmes nuances et les mêmes reflets que l'oiseau si commun en Europe, et connu sous le nom de Merle; et il n'est pas indifférent de faire remarquer que les premiers observateurs, frappés des grands rapports qu'ils trouvaient entre les écailles et les plumes, la parure des oiseaux et le vêtement des pois- sons, les ailes des premiers et les nageoires des seconds, le vol des habitants de l'atmo- sphère et la natation des habitants des eaux, aimaient à indiquer ces ressemblances curieuses par des noms d'oiseaux donnés à des poissons. Cette intention adoptée par plusieurs naturalistes modernes, leur a fait employer les noms de Merle et de Tourd ou de Grive^ pour le genre des labres, dont cependant ils connaissaient à peine quelques espèces; et comme, lorsqu'on a fait valoir une ressemblance, on aime à l'étendre de même que si elle était devenue son propre ouvrage, on a voulu trouver des individus blancs parmi les merles labres, comme on en voit quelquefois parmi les merles oiseaux. On est ensuite allé plus loin. On a prétendu que ce passage du noir au blanc était régu- lier, périodique, annuel, et commun à toute l'espèce pour le labre qui nous occupe, tandis que, pour le merle oiseau, il est irrégulier, fortuit, très-peu fréquent, et propre à quel- ques individus de la couvée dans laquelle on compte d'autres individus qui ne présentent en rien cette sorte de métamorphose. Aristote a écrit que les merles, ainsi que les tourds, se montraient au printemps, après avoir passé l'hiver dans les profondeurs des rochers des rivages marins, qu'ils étaient alors revêtus de leur beau noir chatoyant en bleu, et que pendant le reste de l'année ils étaient blancs. Il faut tout au plus croire que, dans cer- taines contrées, le défaut d'aliment, la qualité de la nourriture, la nature de l'eau, la température de ce fluide, ou toute autre cause semblable, affaiblissent l'éclat des écailles du labre merle, en ternissent les nuances, en altèrent les tons, au point de les rendre plutôt pâles et un peu blanchâtres que d'un bleu foncé et presque noir. Quoi qu'il en soit, il ne faut pas passer sous silence une autre assertion d'Aristote, analogue à des idées que nous exposerons dans un des Discours que doit offrir encore l'histoire que nous écrivons. Ce philosophe a dit que les merles poissons fécondaient les œufs d'autres espèces de labres, et que ces autres labres rendaient féconds les œufs des poissons merles. Ce fait n'est pas impossible; mais il en a été de cette remarque comme de beaucoup d'aperçus d'hommes de génie : l'idée d'Aristote a été dénaturée, et Oppien, par exemple, l'a altérée jusqu'à écrire que les merles n'étaient que les mâles des tourds. Au reste, l'iris du merle labre est d'un beau rouge, comme celui de plusieurs oiseaux dont le plumage est d'un noir plus ou moins foncé. L'iris n'est pas rouge dans le labre fuligineux, mais d'un jaune doré. Ce fuligineux a d'ailleurs la dorsale d'un pourpre noir avec quelques points bleuâtres; les pectorales rougeâtres avec une tache noire à leur base; les thoracines varices de bleu, de pourpre, 1 C'est le vrai Labre, appelé Vieille noire par M. Cuvier. D. LACEPÈDli.— TOMi; II. 16 246 HISTOIRE NATURELLE de noir, et de veidâfre; l'anale, d'un noir tirant sur le bleu; la caudale, d'un vert mêlé de brun; et une petite fâche noire à rexirémité de chaque ligne latérale. Le nom du labre brun vient de la teinte de son dos et de sa fête, qui est brune; sa dor- sale, son anale et sa caudale sont bordées de vert, ses thoracines légèrement verdâtres, et ses pectorales jaunes à leur base, et brunes à leur extrémité. Nous n'avons besoin d'ajouter à ce que nous avons dit, dans le tableau générique, des couleurs du labre échiquier, que quelques mots relatifs aux nuances de ses nageoires. On voit des points et des lignes rouges sur la dorsale et sur l'anale; une tache noire paraît sur chacune des pectorales ; et la caudale est jaunâtre. Une couleur bleuâtre ou d'un vert foncé, répandue sur la partie supérieure de la girolle, relève avec tant de grâce les raies larges et longitudinales que le tableau géné- rique nous montre sur chacun des côtés de ce labre, qu'il n'est pas surprenant qu'on le regarde comme un des poissons de l'Europe dont la parure est la plus belle et la plus agréable. La dorsale et l'anale offrent une bande jaune, une bande rouge et une bande bleue placées l'une au-dessus de l'autre, et l'on croit que les mâles sont distingués par deux taches, dont la supérieure est rouge et l'inférieure noire, et que l'on voit en elîet ainsi disposées sur les premiers rayons de la nageoire du dos de plusieurs individus. Une variété de cette espèce a sa partie supérieure rouge, l'inférieure blanche, la caudale verte, et le bout des opercules bleu. Des couleurs vives, gracieuses, brillantes, variées, et distri- buées de manière à se faire ressortir sans aucune dureté dans les tons, appartiennent donc à tous les individus que l'on peut compter dans celte espèce de la girelle. Ce labre vit souvent par troupes, et se plaît parmi les rochers. Elien a écrit que ces troupes nombreuses attaquaient quelquefois les hommes qui nageaient auprès d'elles, et les mordaient avec plus ou moins de force. Il est possible que quelques accidents parti- culiers aient donné lieu à cette opinion, que Rondelet a confirmée par un témoignage formel; mais lorsque Elien ajoute que leur bouche, pleine de venin, infecte toutes les substances alimentaires qu'elles rencontrent dans la mer, et les rend nuisibles à l'homme, il faut reléguer son assertion parmi les erreurs de son siècle, et tout au plus doit-on croire que, dans quelques circonstances de temps ou de lieu, des girelles auront pu ava- ler des mollusques ou des vers marins vénéneux, et avoir été ensuite funestes à ceux qui s'en seront nourris sans précaution , et peut-être sans les avoir vidées avec soin. Passons aux couleurs du parotique. Ce labre a le dos gris et le ventre blanchâtre. Le violet paraît être la couleur dominante du bergsnyltre, dont la mâchoire inférieure et les pectorales sont quelquefois d'un beau jaune. Quant aux formes principales des dix labres nommés dans cet article, nous ne pouvons que renvoyer au tableau générique. Le merle, le premier de ces dix labres, habite dans les mers de l'Europe; le roue se trouve particulièrement dans celles de Norwège; le fuligi- neux, le brun et l'échiquier vivent parmi les rochers qui environnent les lies de Mada- gascar, de France et de Bourbon; le marbré et le large-queue appartiennent au grand Océan équatorial : ces cinq derniers labres ont été observés par Commerson, auquel nous devons les descriptions et les iigures de ces animaux, que nous publions aujour- d'hui, et qui sont encore inconnues des naturalistes. On pèche la girelle dans la Méditer- ranée, ainsi que dans la mer Rouge ; les Indes sont la patrie du parotique, et le bergsnyltre paraît préférer l'Océan Atlantique boréal. LE LABRE GUAZE. Labrus Guaza, Linn., Grael., Lac. i. Le Labre Tancoïde, Labrus Tiiica, Linn., Gmel. ; L. tancoidcs, Lac. — L. Double tache, L. bimacu- lalus, Linn., Gmel., Lac. — L. Ponctué, L. punclatus, Linn., Gm., Lac. ; Cliromis punctalus, Ciiv. — L. Ossiplinge, L. Ossiphagus, Linn. Gmel., Lac. — L. Onite, L. Onilis, Linn., Gmel., Lac. — L. Perroquet, L. Psitiacus, Lac; L. viridis, Linn., Gmel.; L. Turdiis, var. Cuv. — L. Tourd, L. Turdus, Linn., Gm., Lac, Cuv.— L. Cinq-cpiues, L. cxolelus, Linn., Gmel.; L. penlacanllius, Lac. ; Crenilabrus cxolelus, Cuv. — L. Chinois, L. chinensis, Linn., Gmel., Lac. — L. Japonais, L. japonicus, Liini., Gmel., Lac. Le guaze et l'onite vivent dans les hautes mers; l'ossiphagc et le tourd, dans l'Océan Atlantique ou dans la .Méditerranée; le perroquet se trouve dans celte même. Méditerranée, où \ M. Cuvier ne cite pas cette espèce. Il rapporte à son Merou ou petit Zanaiia, Scr/'«««s Z<^(««/ie//a. une figure doimce par M. de Lacépède, et annoncnp à tort par celui-ci, comni" un labre aun l'on dnit vraisfimblahlnmcnt rapporter au Guaze. D. DES POISSONS. 247 l'on pêche également le labre double-tache, qu'on a observé aussi dans les eaux salées qui entourent la Grande-Bretagne; le tancoïde habite pendant une grande partie de l'année dans les profondes anfractuosités des rochers qui ceignent les rivages britanni- ques, ou qui sont peu éloignés de ces rivages; le cinq-épines a été rencontré dans cette mer si souvent hérissée de montagnes de glace, et qui sépare la Norwège du Groenland ; les eaux de la mer équatoriale qui baigne Surinam, paraissent au contraire préférées par le ponctué; le chinois a été vu près des côtes de la Chine; et Houttuyn a découvert le japonais auprès de celles du Japon. Nous croyons que quelques naturalistes ont été induits en erreur par des accidents ou des altérations que leur ont présentés des individus de l'espèce du tancoïde, lorsqu'ils ont écrit que la lame supérieure de l'opercule de ce labre était dentelée ; nous pensons que la conformation qu'ils ont aperçue dans l'opercule de ces individus était une sorte d'érosion plus moins irrégulière, et bien différente de la véritable dentelure, que nous regardons comme un des principaux caractères du genre des lutjans ; mais si notre opi- nion se trouvait détruite par des observations constantes et nombreuses, il serait bien aisé de transporter le tancoïde dans ce genre des lutjans, et de l'y inscrire dans le se- cond sous-genre. Les dents antérieures du tourd sont plus grandes que les autres. Il est facile de voir en parcourant le tableau générique, que ce labre tourd peut présenter, relativement à ses couleurs, trois variétés plus ou moins permanentes. Lorsqu'il est jaune avec des taches blanches, sa tête montre communément, et indépendamment des taches blanches, quel- ques taches noires vers son sommet, et quelques filets rouges sur ses côtés; son ventre est alors argenté avec des veines rouges, et ses nageoires dorsale, thoracines, anale et caudale, sont rouges et tachées de blanc. Si ce même tourd a sa couleur générale verte, ses pectorales sont d'un jaune pâle, ses thoracines bleuâtres, et sa longueur est un peu moins grande quelorsqu'iloffre uneautre variété de nuances. Etenfîn,quandila des taches dorées ou bordées d'or au-dessous du museau, avec la partie supérieure verte, il par- vient aux dimensions ordinaires de son espèce, il est long de trois décimètres ou environ ; il a le ventre jaunâtre et parsemé détaches blanches, irrégulières, bordées de rouge; une raie formée de points blancs et rougeâtres règne avec la ligne latérale, et est placée au-dessus de plusieurs autres raies longitudinales, composées de petites taches blanches et vertes. Quelle différence do ces couleurs variées et vives qui grivèlent, pour ainsi dire, le tourd, et lui ont fait donner le nom spécifique qu'il porte, avec les nuances sombres et et peu nombreuses du ponctué! Ce dernier labre est brun, et cette teinte obscure n'est relevée que par des points d'un gris très-foncé, ou noirâtres, qui composent les raies lon- gitudinales indiquées dans le tableau générique, et par d'autres taches, ou points, ou petites raies transversales ou longitudinales, du même ton ou à peu près, et épars sur la queue ainsi que sur une partie de la dorsale et de la nageoire de l'anus. LE LABRE LINÉAIRE Labrus linearis, Linn., Gmel., Lacep. i. Le Labre Lunule, L. lunulatus, Forsk., Linn., Gm., Lac; Cheilinus lunulatus, Cuv. — L. Varié L. variegatus, Linn., Gm., Lac, Cuv.; L. lineatus, Penn, — L. Maillé, L. reticulatus, Lac; L. venosus , Brunn., Linn., Gm.; Crenilabrus venosus, Cuv. — L. Tacheté, L. guttatus, Brunn., Linn., Gm., Bl.; Julis guttata, Cuv.— L. Cock, L, coquus, Linn., Gm., Lac— L. Caniide, L. Cineedus, Linn., Gm., Lac. — L. Blanches-raies, L. albovittatus, Koelr.; Julis albovittata, Cuv. — L. Bleu, L. cœruleus. Lac — L. Bayé, L. lineatus, Penn., Lac; L, variegatus, Linn., Gmel., Cuv. Le linéaire a, comme plusieurs autres labres, et particulièrement comme le bleu et le rayé, les dents de devant plus grandes que les autres ; le lunule a la têttî et la poitrine parsemées de taches rouges, les pectorales jaunes, les autres nageoires vertes avec des taches rouges ou rougeâtres, et quelquefois des rayons rouges autour des yeux. Les oper- cules du varié sont gris et rayés de jaune; ses pectorales tachées d'olivâtre à leur base; et ses thoracines, ainsi que son anale , bleues à leur sommet. Le rayé présente un liséré bleu au bout des thoracines, de l'anale et de la caudale; les rayons de cette dernière na- geoire sont jaunes à leur base, et une tache bleue est placée sur la partie antérieure de la dorsale. 1 Non cité par M. Cuvier. ' te. 2i8 HISTOIRE NATURELLE Ce labre rayé vit dans les mers de la Grande-Bretagne, ainsi que le bleu, qui fréquente aussi les rives de la Norwège el du Daiiemarck, le cock el le varié, que l'on rencontre particulièrement prés des lies Sherry; le linéaire se trouve dans les Indes et près des rivages de l'Amérique méridionale; le lunule, près des côtes de l'Arabie, et le maillé, le tacheté et lecanude sont péchés dans la Méditerranée, où ce canude était connu dés le temps d'Athénée et même de celui d'Aristote, et où on l'avait nommé Alphesta el Cinœ- dus, parce qu'on voyait presque toujours les individus de cette espèce nager deux à deux à la queue l'un de l'autre. La chair de ces canudes présente les mêmes qualités que celle de la plupart des autres poissons (pii vivent au milieu des rochers, el qu'on a nommés Saxatiles, elle est, suivant Rondelet, molle, tendre, friable, facile à digérer, et fournil une nourriture convenable aux malades ou aux convalescents. LE LABRE BALLAN. Labnis Rallan, Penn.. Lacep.; L. Bcrgylta, Ascan;L. maciilalus, Bl., Ciiv. \. Le Labre BerguUe; Labrus Bergylta, Asc; L.Balian, Penii., Lac; L. inacuialus, Bl., Cuv. — L. Has- sek, L. iiiermis, Forsk.; L. Hassec et Clieilio auralus, Lac.;L. Hassek, Cuv. — L. Aristé, L. aris- talus. Sparm., Lac. — L. Biraijé, L. bivitlatus, Bl., Lac; Julis bivillata, Cuv. — L. Gran- des écailles, L. macroiepidolus , Bl. , Lac; Julis niacrolepidola , Cuv. — L. Téte-blene, L. cyaiiocephalus, Bl., Lac; Julis cyanocepliaia, Cuv. — L. à goiUles. L. guHuIalus, Bl.. Lac. — L. Boisé. L. lessellatus, Bl., Lac — L. Cinq-taches, L. quinquemaculalus, Bloch; Lacep.; Crenilabrus quinque-inaculalus, Cuv. Quelles nuances devons-nous décrire encore, pour compléter l'idée que nous donne le tableau générique des couleurs de ces labres? La teinte générale du bergylte est brune et }, ligjie ; ô'Âos, entier ; Txivlx, ruban ou bande; oxipk, queue; ij.a.la.?.hi, mou\ nrtpiv, nageoire, et vwT05,dos. â Du genre Growler, Gristes, Cuv., dans la famille des Acanthoptérygiens percoïdes. D. s Ce poisson déjà décrit par M. do Lacépôde, sous lo nom de Labre macroptère (p. '■2i5), est du genre Centrarchus de M, Cuvier, famille des Acanthoptérygiens percoïdes. D. 230 HISTOIRE NATURELLE bre dans les eaux douces de la Caroline, comme les labres sparoïdes. On les y recherche particulièrement au printemps. LE LABRE DL\NE. Labrus Diana, Lacep.. Cuv. i. Le Labre Macrodonle, Labrus niacrodonlus, Lac. — L. ^eustrien, L. Neustrise et L. Bergylta, Lac. ; L. macûlalus, vur. Cuv.; L. Bergylta, Ascan. — L. Galops, L. calops, Lacep. — L. Ensanglanté, L. cruentalus, Lac; Psiacantlius cruentalus, Cuv. — L. Perruche, L. Psittaculus, Lac. — L. Keslik, L. pcrdica, Linn., Gnicl.; L. Keslik, Lac. — L. Combre, L. Comber, Penn., Lac; L. niaculatus, var. Cuv. La description comparée des six premiers de ces huit labres n'a encore été publiée par aucun naturaliste. Suivant M. Noël, qui nous a fait parvenir des notes manuscrites au sujet du labre neustrien et du calops, ce dernier poisson a les deux mâchoires garnies d'une rangée de dents doubles et pointues. La dorsale du neustrien présente des nuances et une disposition de couleurs assez semblables à celles que l'on voit sur les côtés de cet animal, et les pectorales, les thoracines, l'anale et la caudale, offrent des tons et une distribution de teintes pareils à ceux que montre le dos. L'iris du calops, qui est très- grand, ainsi que l'œil considéré dans son ensemble, est d'un noir si éclatant, que j'ai cru devoir tirer de ce trait de la physionomie de ce labre le nom spécifique de Calops que j'ai donné à ce poisson, et qui signifie bel œiU. Le dos du labre calops est brunâtre; mais cet osseux est revêtu sur toute sa surface, excepté celle de sa tête d'écaillcs fortes, larges et très-brillantes 3. L'éclat des diamants et des rubis, qui charme les yeux des observateurs sur l'ensanglanté, est relevé par les nuances des nageoires, qui sont toutes dorées. L'anale du labre perruche est jaune avec une bordure rouge, et sa caudale est également jaune, avec quatre ou cinq bandes courbes, concentriques, inégales en largeur, et alternative- ment rouges et bleues. Le keslik a la tête brune, et la dorsale, ainsi que l'anale, rouges. Le combre a souvent le ventre d'un jaune clair, et les nageoires rougeâtres : il habite dans les mers britanniques; le keslik, dans celle qui baigne les murs de Constantinople; les beaux labres ensanglanté et perruche vivent dans l'Amérique , où ils ont été dessinés et observés avec soin par Plumier; le neustrien et le calops, près des rives de l'ancienne Neustrie; et le labre diane, dont nous devons la figure à Commerson, se trouve dans le grand Océan équatorial : quant au macrodonte, que nous avons décrit d'après des indi- vidus de la collection cédée à la France par la Hollande, nous ignorons sa patrie. LE LABRE BRASILIEN. Labrus brasilicnsis, Bl., Lacop.; Julis brasiliensis Cuv. a. Le Labre Vert, Labrus viridis, Bloch, Lacep.; .Iulis viridis, Cuv. — L. Trilobé, L. Irilobatus, Lacep,; Julis Irilobata, Cuv. — L. Deux-croissants, L. bilunuialus, Lacep., Cuv. — L. Hébraïque, L. hebraicus, Lac; Julis liebraica, Cuv. — L. Larges-raies, L. lalovittalus et Tsenianotus lalo-vilta- lus, Lac; Malacaiilbus lalo-villalus, Cuv. — L. Aunclé, L. annulalus, Lac. ; Julis annulala, Cuv. Bloch a publié la description et la figure des deux premiers de ces labres; nous allons faire connaître les cinq autres, dont nous avons trouvé des dessins parmi les manuscrits de Commerson. La ligne latérale des deux derniers de ces cinq labres, c'est-à-dire du labre larges-raies et derannelé,est courbe à son origine, et droite vers la nageoire caudale ; une grande tache, ayant à peu près la forme d'un croissant, est d'ailleurs placée sur la base de la caudale de ce labre annelé, et occupe presque toute la surface de cette nageoire; on voit de plus une ou deux raies longitudinales sur l'anale de ce même poisson, et une raie oblique passe au-dessus de chacun de ses yeux. La dorsale et l'anale du trilobé sont bordées d'une couleur vive ou foncée. Le brasilien brille, sur presque toute sa surface, de l'éclat de l'or, et cette dorure est relevée par quelques traits bleus, par le bleu des raies longitudinales qui s'étendent sur la dorsale et sur l'anale, et par la couleur également bleue des pectorales, des thoracines et de la caudale : ce beau poisson vit dans les eaux du Brésil; il est recherché à cause de la bonté de sa chair, et sa longueur excède quel- i M. Cuvier admet celte espèce parmi les Labres proprement dits. D. 2 K«^b5 veut dire beau, et à)^, œil. 5 M. Noël, qui a disséqué le calops, nous écrit que ce poisson n'a point d'appendices ou cœcunis auprès du pylore, que la vessie natatoire est d'une grande capacité, qu'elle est située au-dessous de l'épine dorsale, que celte épine est composée de vingt-deux vertèbres, dont dix répondent à la capa- cité du ventre, et que la chair de cet animal est blanche, et ferme comme celle d'une jeune morue. 4 Du .«ous-genrc Girclle, dans le grand genre Labre de M. Cuvier. D. DES POISSONS. 251 quefois un tiers de mètre. Le vert habite dans les eaux du Japon ; le trilobé, le deux- croissants, l'hébraïque, le larges-raies et l'annelé ont été vus dans le grand Océan équa- torial. CENT HUITIÈME GENRE. LES CHEILINES 1. La lèvre supérieure cxlensible; les opercules des hranehies dénués de piquants et de dentelures] une seule nageoire dorsale; cette nageoire du dos très-séparée de celle de la queue, ou très-éloignée de la nuque, ou composée de rayons terminés par un filament ; de grandes écailles ou des appendices placés sur la base de la nageoire caudale, ou sur les côtés de la queue. ESPÈCES. CARACTÈRES. i. Le Cheiline I t\ j- i «x- j i scARE ) ^® appendices sur les cotes de la queue. TRiioBÉ I Deux lignes latérales, la nageoire caudale trilobée. LE CHEILINE SCARE. Cheilinus Searus, Lacep. «. Il y a peu de poissons, et même d'animaux, qui aient été, pour les premiers peuples civilisés de l'Europe, l'objet de plus de recherches, d'attention et d'éloges, que le scare dont nous allons parler. Nous avons cru devoir le séparer des labres proprement dits, et le mettre à la tête d'un genre particulier dont le nom Cheiline 3 indique la conformation des lèvres, qui rapproche des labres cette petite famille, pendant qu'elle s'en éloigne par d'autres caractères. Mais il ne faut pas surtout le confondre avec les osseux connus des naturalistes modernes sous le nom de Scares, qui forment un genre très-distinct de tous les autres, et qui diffèrent de notre cheiline par des traits très-remarquables, quoique plu- sieurs de ces animaux habitent dans la Méditerranée, comme le poisson dont nous écrivons l'histoire. La dénomination de Scare est générique pour tous ces osseux qui composent une famille particulière; elle est spécifique pour celui que nous décrivons. Nous aurions cependant, pour éviter toute équivoque, supprimé ou ce nom générique ou ce nom spécifi- que, si le premier n'avait été généralement adopté par tous les naturalistes récents, et si le second n'avait été consacré et par tous les écrivains anciens, et par tous les auteurs modernes qui ont traité du cheiline que nous examinons. Ce poisson non-seulement habite dans la Méditerranée, ainsi que nous venons de le dire, mais encore vit dans les eaux qui baignent et la Sicile, et la Grèce, et les îles répan- dues auprès des rivages fortunés de cette Grèce si fameuse. Il n'est donc pas surprenant que les premiers naturalistes grecs aient pu observer cet osseux avec facilité. Ce cheiline est d'une couleur blanchâtre ou livide, mêlée de rouge. Il ne parvient guère qu'à la lon- gueur de deux ou trois décimètres. Les écailles qui le recouvrent sont grandes et trans- parentes. Il montre, sur les côtés de sa queue, des appendices transversales, dont la forme et la position ont frappé le^ observateurs. La conformation de ses dents n'a pas été moins remarquée : elles sont émoussées, au lieu d'être pointues, et par conséquent très- propres à couper ou arracher les algues et les autres plantes marines que le scare trouve sur les rochers qu'il fréquente. Ces végétaux marins paraissent être l'aliment préféré par ce cheiline, et cette singularité n'a pas échappé aux naturalistes d'Europe les plus anciens. Mais ils ne se sont pas contentés de rechercher les rapports que présente le scare entre la forme de ses dents, les dimensions de son canal intestinal, la qualité de ses sucs digestifs, et la nature de sa nourriture (rès-difîérente de celle qui convient au plus grand nombre de poissons : ils ont considéré le scare comme occupant parmi ces poissons carnassiers la même place que les animaux ruminants qui ne vivent que de plantes, parmi les mammi- fères qui ne se nourissent que de proie : exagérant ce parallèle, étendant les ressemblances, i M. Cuvicr admet les Cheilines comme sous-genre dans le grand genre des Labres. 11 en distrait le Cheiline scare, mais il y rattache les Labres ennéacanthe, malaptéronote et digramme. (Voyez ci- avant.) D. ■i M. Cuvier, dans la deuxième édition du Règne animal, ajoute la note suivante : « Le Labrns ■^ 5can(s, L. (Cheiline scare, Lac.) n'avait été établi par Artedi et Linnaeus, que sur une description « équivoque deBélon. Aquatil., édit. lat., p. 259, et Obs., p. 21, où Ton ne peut pas même voir de » quel genre est le poisson dont il veut parler. La figure et la description de Rondelet, 1. VI. c. 2, p. « 164, que l'on cite d'ordinaire avec celle de Bélon, appartiennent à un poisson tout différent, et du » genre des spares. Le vrai Sca)n,, tète. DES POISSONS. 2b7 osseuse, perpendiculaire à ce même opercule, elqui, en se rapprochant de la lame opposée, ne laisse pas de passage à la bourbe ou terre délayée, et ne s'oppose pas cependant à l'entrée de l'eau nécessaire à la respiration de l'ophicéphale. Le côté concave des arcs des branchies est d'ailleurs garni d'un grand nombre de petites élévations hérissées de pointes, et qui contribuent à arrêter le limon que l'eau entraînerait dans la cavité branchiale, lorsque l'animal soulève ses opercules pour faire arriver auprès de ses organes respira- toires le fluide sans lequel il cesserait de vivre. On ne compte encore que deux espèces d'ophicéphales : le Karruwey, auquel nous avons conservé le nom que lui donnent les Tamules;et le Wrahl, auquel nous avons cru devoir laisser la dénomination employée par les Malais pour le désigner. Le premier de ces ophicéphales a l'ouverture de la bouche médiocre, les deux mâchoires aussi longues l'une que l'autre et garnies de dents petites et pointues, le palais rude, la langue lisse, l'orifice branchial assez large, la membrane branchiale cachée sous l'opercule, le ventre court, la ligne latérale droite, le corps et la queue allongés, la caudale arrondie, la couleur géné- rale d'un blanc sale, l'extrémité des nageoires noire, et presque toute la surface parsemée de points noirs. C'est un de ces poissons que l'on trouve dans les rivières de la partie orientale de la presqu'île de l'Inde, et particulièrement du Kaiveri, lorsque, vers le com- mencement de l'été et dans la saison des pluies, les eaux découlant abondamment des montagnes de Gâte, les fleuves et les lacs sont gonflés, et les campagnes arrosées ou inondées. Il présente communément une longueur de deux ou trois décimètres, est recherché à cause de la salubrité et du bon goût de sa chair, se nourrit de racines d'algue, et fraie dans les lacs vers la fin du printemps, ou le milieu de l'été. Le missionnaire John avait envoyé des renseignements sur cette espèce à son ami Bloch, en lui faisant parvenir aussi un individu de l'espèce du Wrahl. Ce second ophicéphale a sa partie supérieure d'un vert noirâtre , sa partie inférieure d'un jaune blanchâtre, et ses bandes transversales jaunes et brunes. Il parvient quelque- fois à la longueur de douze ou treize décimètres. Sa chair est agréable et saine; et comme il se tient le plus souvent dans la vase, on ne cherche pas à le prendre avec des filets, mais avec des bires ou paniers d'osier, ronds, hauts de six ou sept décimètres, larges vers le bas de quarante-cinq ou cinquante centimètres, plus étroits vers le haut, et ouverts dans leur partie supérieure. On enfonce ces paniers en différents endroits plus ou moins limoneux; on sonde, pour ainsi dire; et le mouvement du poisson avertit de sa présence dans la bire le pêcheur attentif, qui s'empresse de passer son bras par l'orifice supérieur du panier, et de saisir l'ophicéphale. CENT ONZIÈME GENRE. LES HOLOGYMNOSES 1. Toute la surface de l'animal dénuée d^écailles facilement visibles; la queue représentant deux cônes tron- qués, appliqués le sommet de l'un contre le sommet de Vautre, et inégaux en longueur; la caudale très- courte ; chaque thoracine composée d'un ou plusieurs rayons mous et réunis ou enveloppés de manière à imiter un barbillon charnu. ESPÈCE. CARACTÈRES. L'HoLo ( I^i'^'h^'i* rayons à la nageoire du dos, qui est longue et basse ; quatorze bandes ^^ < transversales, étroites, régulières et inégales, et trois raies très-courtes et longi- ( tudinales de chaque côté de la queue. FASCE. L'HOLOGYiVINOSE FASCÉ. Hologymnosus fasciatus, Lacep., Julis fasciata, Cur. 2. Aucun auteur n'a encore parlé de ce genre dont le nom Hologymnose (entièrement nu)5 désigne l'un de ses principaux caractères distinctifs, son dénuement de toute écaille facile- ment visible. Nous ne comptons encore dans ce genre particulier qu'une espèce, dont nous avons fait graver la figure d'après un dessin de Commerson, et que nous avons nommée Hologymnose fascé, à cause du grand nombre de ses bandes transversales. La forme de sa queue, qui va en s'élargissant à une certaine distance de la nageoire caudale , est très- 1 M. Cuvier remarque (jue le genre Hologymnose de Lacépède se compose de Girelles [JuHs), dont les écailles du corps, plus petites que de coutume, sont cachées, dans l'état de vie, par un épiderme épais, mais deviennent apparentes après la mort par la dessication. D. •2 Du sous-genre Girelle, dans le grand genre Labre, de la famille des Acanthoptérygiens labroïdes, selon M. Cuvier. Il est surtout voisin des poissons décrits sous les noms des Labres Disque, Annelé et Cerclé (voyez ci-avant). D. 3 OXos veut dire entier, et y^i/^-hi signifie nu. 258 [IISTOIRE NATURELLE remarqunblp, ainsi que la brièveté de cette caudale, qui est presque rec'iligne. Les deux mâchoires sont à peu près égales et garnies de dents petites e( aiguës. La dernière pièce de chaque opercule se termine par une prolongation un peu arrondie à son extrémité. L'anale est moins longue, mais aussi étroite que la dorsale. Cette dernière offre, avant chacun des dix derniei's rayons qui la composent, une tache singulière qui, en imitant un petit segment de cercle dont la corde s'appuierait sur le dos du poisson, présente une couleur vive ou très-claire, et montre dans sa partie supérieure une première bordure foncée, et une seconde bordure plus foncée encore. Les quatorze bandes que l'on voit sur chaque côté delà queue, n'aboutissent ni au bord supérieur ni au bord inférieur du poisson. Les trois raies qui les suivent ne touchent pas non plus à la caudale. On distingue une raie étroite et quelques taches irrégulières sur l'anale, et d'autres taches nuageuses paraissent sur la tête et sur les opercules. L'hologymnose fascé vit dans le grand Océan éqiiatorial. >ous ignorons quelles sont les qualités de sa chair. Les mâchoires osseuses ESPECES. 1 . Le Scare SIDJAN. 2. Le Scare ÉTOILE. 5. Le Scare en- néacakthe. 4. Le Scare pourpré. H. Le Scare HaRID. CENT DOUZIEME GENRE. LES se ARES J. très-avnncécs,et le)Ht))t lien de véritables dents; une seule nageoire dorsale. PREMIER SOUS GENRE. La nageoire de In queue, fourchue, ou en croissant. CARACTÈRES. Treize rayons aiguillonnés et dix rayons articules à la nageoire du dos; sept rayons aiguillonnés et neufrayons articulés à celle de l'anus; lesdenticulesdes mâchoires filiformes, et d'autant plus courtes qu'elles sont plus éloignées du bout du mu- seau; des raies ongitudinales et ondulées. 6. Le Scare CHADRI. 7. Le Scare per- roquet. 8. Le Scare KAKATOE. 9. Le Scare den- TICULÉ. 10. Le Scare BRIDÉ. 1 1. Le Scare ca- TESBY. 12. Le Scare VERT. Treize rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la dorsale; sept rayons aiguil- lonnés et dix rayons articulés à l'anale; point de ligne latérale visible; l'anus caché par les thoracines; un grand nombre de taches hexagones. Neuf rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la nageoire du dos ; trois rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à celle de l'anus; la caudale en croissant; la ligne latérale interrompue; les denticules des mâchoires très-distinctes et ar- rondies. Huit rayons aiguillonnés et quatorze rayons articulés à la nageoire du dos, deux rayonsaiguillonnéset douze rayons articulés à l'anale; la ligne latérale rameuse, trois raies longitudinales pourpres de chaque côté du corps. Point de rayons aiguillonnés et vingt rayons articulés à la nageoire du dos, treize rayons à celle de l'anus, quatre rayons à la membrane branchiale, deux lignes latérales, deux denticules plus saillantes que les autres à chaque mâchoire. Point de rayons aiguillonnés et vingt rayons à la dorsale, douze rayons à l'anale; deux denticules plus saillantes (jue les autres à la mâchoire supérieure; la cou- leur générale noirâtre ou d'un beau bleu, des raies ou des points pourpres, ou d'un vert foncé ou bleuâtre sur la tète, les nageoires bordées de bleu ou de vert plus ou moins foncé. Point de rayons aiguillonnés et vingt rayons à la nageoire du dos; onze rayons à celle de l'anus; cinq rayons à la membrane branchiale, deux lignes latérales; ces deux lignes rameuses; deux denticules plus saillantes que les autres à la mâchoire inférieure, et six à la supérieure ; la couleur général verte; des traits bleus et quelquefois mêlés de jaune sur la tète , les nageoires bordées de bleu. Point de rayons aiguillonnés et vingt rayons a la dorsale ; onze rayons à celle de l'anus; la ligne latérale très-rameuse, la caudale en croissant; la tète et les oper- cules couverts d'ccailles semblables à celles du dos; la partie supérieure de l'ani- mal d'un vert foncé; l'inférieure d'un vert jaunâtre ; point de taches. Point de rayons aiguillonnés et dix-huit rayons à la nageoire du dos; onze rayons à celle de l'anus; la caudale en croissant; les opercules couverts d'écaillés sem- blables à celles du dos; les dentelures des os des deux mâchoires très-fines, très- séparées et égales. Point de rayons aiguillonnés et dix-neuf rayons à la nageoire du dos ; dix rayons à celle de l'anus; une seule ligne latérale ; la caudale en croissant; les premiers et les derniers rayons de cette caudale beaucoup plus longs que les autres; pointde dentelures sensibles aux os des mâchoires; deux bandes placées l'une au-dessus et l'aulrc au-dessous du museau, réunies anprès de l'd'il, et prolongées ensuite jusfju'au bord post(''rieur de roperculo. Trente-trois rayons à la dorsale, lu caudale en croissant, la couleur générale verte, un croissant rouge sur la caudale. DEUXIÈME SOUS GENRE. La nageoire de la queue, rectiligiie, ou arrondie. Vingt rayons à la nageoire du dos, onze rajons à celle de l'anus, la caudale recti- ligne, quatre rayons à la membrane branchiale; les écailles arrondies, rayon- nees, et bordées de vert. 1 Ce genre est admis par M. Cuvier dans la famille des Acanthoptérygiens labroïdes. D. DES POISSOiNS. 239 ESPÈCES. CARACTÈRES. i Dix-neuf rayons à la dorsale , douze à celle de l'anus, quatre à la membrane bran- 13. Le Scare ' chiale, la caudale rectilignc , deux lignes latérales de chaque côté de l'animal ; GHOBBAN. 1 chaque écaille marquée de deux taches, l'une brune et placée à sa base, et l'autre \ bleuâtre et située à son milieu ou près de son extrémité, i Vingt rayons à la nageoire du dos ; douze à celle de l'anus; la caudale rectiligne ; li. Le Scare ) la ligne latérale double; chaque mâchoire séparée en deux os, et d'une couleur ferrugineux. i verte, ainsi que le bord des nageoires ; la couleur générale d'un brun couleur > de rouille ; le corps et la queue un peut hauts. .., j o j Vingt rayons à la nageoire du dos ; douze à celle de l'anus; la caudale rectiligne ; "*■ 1 la lie;ne latérale double: chaque mâchoire séparée en deux os, et d'une couleur FORSKAEL. ( «.1 ii -, •. » ii - \ rougeatre; le corps et la queue droits et allonges. i Quatre rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la nageoire du dos, trois 16. Le Scare l rayons aiguillonnés et quinze rayons articulés à celle de l'anus; la mâchoire in- scHi.ossER. I férieure plus avancée que la supérieure; la couleur générale d'un jaune doré; / cinq taches brunes de chaque côté. y Neuf rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la nageoire du dos, un rayon 17. Le Scare ■ aiguillonné et dix rayons articulés à l'anale; la caudale arrondie, la ligne laté- ROUGE. f raie rameuse, la couleur générale d'un rouge mêlé d'argenté; quelquefois deux \ raies longitudinales blanches ou argentées. TROISIÈME SOUS-GENRE. La nageoire de fa queue trilobée. 18. Le SCARE TRI- i Deux rayons aiguillonnés et seize rayons articulés à la nageoire du dos, trois lobes LOBÉ. ( très-marqués à la nageoire de la queue. ! Point de rayons aiguillonnés et vingt et un rayons à la nageoire du dos ; neuf rayons à celle de l'anus ; point de dentelures sensibles aux os des mâchoires ; l'opercule d'une seule pièce; une petite tache sur presque toutes les écailles du corps et de la queue. LE SCARE SIDJAN t. Scarus Sidjan, Lacep. ; Scarus rivulatus, Linn., Gmel. ; Siganus rivulatus, Forsk., Cuv. -2 . LE SCARE ÉTOILE. Siganus stellatus, Forsk., Cuv. ; Scarus stellatus, Linn., Gmel., Lacep 3. LE SCARE ENNÉACANTHE. Scarus enneacanthus et Scarus denticulatus, Lacep. ; Scarus capitaneus, Cuv. 4. ET LE SCARE POURPRÉ. Scarus purpureus, Forsk., Linn., Gmel., Lacep. 5. La conformation du museau des scares est très-remarquable. Elle suffirait seule pour les distinguer des autres poissons osseux; et elle leur donne de si grands rapports avec les diodons, les ovoïdes et les tétrodons, que l'on peut les considérer comme étant, dans leur sous-classe, les représentants de ces cartilagineux. Leurs mâchoires sont en effet osseuses, très-dures, très-saillantes au-delà des lèvres, au moins à leur volonté, convexes à l'exté- rieur, concaves à l'intérieur, quelquefois lisses sur leurs bords, quelquefois crénelées ou dentelées comme une lame de scie, composées chacune, sufvant quelques observateurs, d'une seule pièce dans certaines espèces, formée de deux portions très-distinctes dans les autres, et presque toujours dénuées de dents proprement dites, c'est-à-dire de corps par- ticuliers, solides ou flexibles, pointus ou arrondis, recourbés et enchâssés en partie dans des cavités osseuses ou membraneuses. Ce museau, dont l'ensemble offre souvent l'exté- rieur d'une portion de sphère creuse, a été comparé non-seulement à celui des tortues, qui sont, comme les scares, dépourvues de véritables dents, mais même au bec de quel- ques oiseaux et particulièrement à celui des perroquets. On a saisi d'autant plus cette analogie, que les mâchoires du scare sont fortes, et propres à couper, trancher et écraser, comme celles des perroquets; et que si ces oiseaux se servent de leur bec pour briser des os ou concasser des graines très-dures, les scares emploient avec succès leur museau pour réduire en pièces les petits têts et les coquilles des crustacées et des mollusques dont ils aiment à se nourrir. Un long exercice de leurs mâchoires et une pression fréquem- 1 Forskael, Faun. Arab., p. "ili, n. 9. — Scare Sidjan, Bonnaterre, pi. de l'Enc. méth. 2 Ce poisson est du genre Sidjan, que M. Cuvier place dans sa famille des Acanthoptérygions Theu- tyes, avec les Acanthures, lesNasons, etc. D. 3 Du même genre que le précédent, suivant Forskael et M. Cuvier. D. i Le Scare ennéacanthe est décrit deux autres fois ci-après par M. de Lacépède, sous les noms de Scare denticuléet de Scare chadri. M, Cuvier le place dans le genre des Scares proprement dits, et dans la famille des Acanthoptérygiens labroïdes. D, o M. Cuvier ne mentionne pas cette espèce. 260 HISTOIRE NATURELLE ment renouvelée de ces instruments de nutrition contre des substances très-compactes et très-difficiles à entamer ou à casser, altèrent les bords de ces os convexes et avancés, et, en les usant inégalement, y produisent souvent des saillies et de petits enfoncements irré- puliers. Mais il est toujours aisé de distinguer ces effets accidentels que le temps amène, d'avec les formes constantes que présentent ces mêmes mâchoires dans certaines espèces, même au moment où l'individu vient de sortir de l'œuf, et qui, consistant dans des denti- cules plus ou moins sensibles, ont toujours unedisposition symétrique, signe non équivoque de leur origine naturelle. Les scares se nourrissant de crustacces, d'animaux à coquille, ou de plantes marines qu'ils peuvent couper et brouter, pour ainsi dire, avec autant de facilité qu'ils ont de force pour écraser des enveloppes épaisses, tous ceux de nos lecteurs qui se rappelleront ce que nous avons dit de l'influence des aliments des poissons sur la richesse de leur parure, s'attendront à voir les osseux de la famille que nous examinons, parés de cou- leurs variées, ou resplendissants de nuances très-vives. Leur attente ne sera pas trompée : les scares sont de très-beaux poissons. Le sidjan, par exemple, est d'un bleuâtre très- ngréable à la vue, et relevé par des taches noires, ainsi que par le jaune clair ou doré de ses raies longitudinales. L'cloilé se montre couvert presque en entier de taches hexagones ou de petites étoiles blanches ou jaunes, ou d'un beau noir, disséminées sur un fond noirâtre qui les fait ressortir, et accompagnent d'une manière très-gracieuse le jaunâtre des pectorales, le jaune de la dorsale ainsi que de l'anale, et les raies dorées que l'on voit sur la caudale, de quelques individus. Les raies pourpres et longitudinales du pourpré se marient, par une sorte de chatoiement très-varié, avec le verdâtre de la partie supé- rieure de ce poisson, le bleu de sa partie inférieure, la tache noire et carrée et la bordure pouprée de chaque opercule, le croissant noir que l'on voit sur chaque pectorale et sur la dorsale, le vert de ces mêmes nageoires, celui de la caudale qni d'ailleurs est tachée de pourpre, et le bleu de l'anale ainsi que des deux thoracines. Ces tons si diversifiés sont, au reste, l'attribut bien naturel d'animaux qui, en s'approchant de la surface des mers, peuvent facilement, dans le climat qu'ils habitent, être fréquemment imprégnés de rayons solaires nombreux et éclatants. Le sidjan, l'étoile et le pourpré vivent près des côtes de l'Arabie, où ils ont été observés par Forskael. L'ennéacanihe se trouve dans une mer voisine de celle de l'Arabie. Un individu de cette espèce a été apporté au Muséum d'histoire naturelle, du grand Océan équinoxial, où il avait été péché sous les yeux de Commerson. Nous ignorons de quelle couleur ce tho- i-acin a été peint par la nature; mais ses nuances doivent être vives, puisque ses écailles sont très-grandes. Comme le sidjan, l'étoile et le pourpré, il a des rayons aiguillonnés à la nageoire dorsale. Mais au milieu de la petite famille que composent ces quatre scares, le sidjan, qui parvient jusqu'à une longueur de onze ou douze décimètres, et l'étoile, qui ordinairement n'a que deux décimètres de longueur, forment un groupe particulier. Us ont l'un et l'autre, au-devant de la nageoire du dos, un aiguillon communément tourné vers la tête, et caché sous la peau, au moins en très-grande partie. Les écailles qui revê- tent ces poissons sont petites; et ils paraissent préférer pour leur nourriture les plantes marines qui croissent au milieu des coraux ou des rochers, auprès des rivages arabiques. Leur chair, au moins celle du sidjan, est agréable au goùl., cependant, comme des bles- sures faites par les aiguillons de leurs nageoires ont souvent été douloureuses et ont causé des inflammations assez vives, on les a regardés comme venimeux. Le pourpré est bon à manger, de même que le sidjan : mais ses écailles, au lieu d'être petites comme celles de ce dernier scare, sont très-larges; elles ont déplus une forme rhomboïdale, montrent une ciselure en rayons, et ne sont attachées que faiblement à la peau. On voit au-devant de ses narines un petit trou et une sorte de barbillon ; ses opercules sont dénués d'écaillés semblables à celles du dos. LE SCARE IIARID. Scarus HariH, Forsk., Linii., Gmel., Lacop. i. Le Scare Chndri, Scarus nii^er, Forsk.; Labnis iiiger, I-inii., Gmel.; S. Cliadri, Bonnat., Lacep. ; S. entieacaiilhus el S. denliculalus, Lac. ; S. capilaiieus, Cuv. — S. Perroquet, S. Psillacus, Forsk., Lac.,^Cuv. — S.Kakatoe,S. Kakaloe, Lac. ; Lal)ruscreleiisis,Linn.,Gniei. — S. Denticulé, S. dejiti- culaïus, S. enneacanlhus el S. Cliadri, Lac. ; S. Capilaiieus, Cuv. — S. Bridé, S. frenalus, Lac, Cuv. C'est dans les eaux de la mer Arabique que Forskael a vu le harid, le chadri, le perro- 1 Non cité par M. Cuvier. D. DES POISSONS. 261 quet. Le kakatoe, auquel nous avons dû d'autant plus conserver le nom qu'il porte dans les Indes, où il est très-commun, que cette dénomination indique les rapports que lui donne la forme de son museau avec les Kakatoès, ou perroquets huppés, vit non-seulement dans plusieurs mers asiatiques, mais encore dans celle qui baigne et les rivages de Crète, et les côtes de Syrie, et les bords septentrionaux de l'Egypte. Le denticulé et le bridé ont été observés dans le grand Océan équinoxial par Com- merson, qui en a laissé des dessins parmi ses manuscrits, et qui a trouvé le chadri dans cette même grande bande marine située entre les deux tropiques. D'après ce célèbre voyageur, le chadri, qui présente de chaque côté deux lignes latérales composées de traits petits et rameux, est couvert d'écaillés très-grandes et entièrement lisses; les oper- cules présentent des écailles semblables à celles du dos; et l'on voit dans l'intérieur de la bouche deux plaques osseuses, que plusieurs rangs d'élévations ou de très-petites dents hérissent ou font paraître comme chagrinées, et qui sont très-propres à écraser les tiges des coraux et les fragments des madrépores. C'est, en effet, suivant ce même naluraliste, des animaux marins qui construisent ces tiges et ces fragments calcaires, que le harid aime à se nourrir. Il parvient à les saisir en corrodant avec ses mâchoires osseuses la substance crétacée dans laquelle ils se renferment; et d'après la nature de ses aliments ordinaires, il n'est pas surprenant qu'il ne soit pas recherché à l'île de France, où Commerson l'a décrit, qu'il y soit regardé comme malfaisant, et que ce savant auteur adopte l'opinion de ceux qui l'y croient venimeux. Commerson a remarqué que ce scare avait autour des yeux un anneau ou cercle coloré en pourpre. Quant aux cou- leurs des autres cinq scares nommés dans cet article, le tableau générique indique les principales de celles qui sont répandues sur quelques-uns de ces animaux. Disons de plus, que le harid a les pectorales jaunâtres, et le dessous du corps violet, ainsi que la dorsale, la caudale, et la nageoire de l'anus; que le perroquet a la base de ses nageoires pourprée; que le kakatoe a les côtés d'un vert clair, et les nageoires jaunes à leur. base et vertes à leur extrémité; que la plus grande partie de la queue du bridé est d'une teinte plus claire que le reste de la surface de l'animal; que la ligne qui sépare les deux nuances générales de ce thoracin est courbe; et que la dorsale ainsi que l'anale de ce poisson présentent, à leur base et à leur bord extérieur, une raie longitudinale très- étroite, et d'une couleur foncée ou très-vive. LE SCARE CATESBY Scarus Catesby, Lacep., Cuv. i. Catesby a observé ce scare, qui vit dans les eaux de la mer voisine de la Caroline ; et voilà pourquoi nous avons donné à ce poisson un nom spécifique qui rappelât les grands services rendus aux sciences physiques par ce voyageur. La dorsale de ce thoracin est très-longue, et sa caudale .l'ès-haute; les denticules de ses deux mâchoires sont très-grandes, très-fortes et égales. L'ensemble formé par son corps et sa queue est très-élevé; il pourrait donc fournir une nourriture assez abondante : il n'est cependant pas recherché pour la délicatesse de sa chair, mais il plaît par sa beauté. Le vert dont brillent ses écailles est relevé par le brun du dessus de la tête, de la dorsale, des pecto- les et des thoracines; ces thoracines et ces pectorales sont d'ailleurs bordées de bleu. L'opercule est bleu, bordé de rouge du côté de la queue et marqué, sur sa pièce posté- rieure, d'une tache jaune et éclatante; et enfin une raie rouge règne sur toute la longueur de la nageoire de l'anus. LE SCARE VERT. Scarus viridis, Bloch, Lacep., Cuv. 2. Le Scare Ghobban, Scarus Ghobban, Forsk., Linn., Gmel., Lac. — S. Ferrugineux, S. ferrugineus, Forsk. , Liiin. , Ginei., Lac. — S. Forskael, S. sordidus, Forsk., Linn., Gmel.; S. Forskael, Lac. — S. Schlosser,S. Schlosseri, Linn., Gmel., Lac. ; Toxoles Jaculalor, Cuv. ; Labrus sagit- tarius, Lac. — S. Rouge, S. ruber, Lacep. Dans plusieurs individus de l'espèce du scare vert, on voit, de chaque côté, la dernière dentelure de l'une et l'autre des deux mâchoires recourbée en arrière comme une sorte de crochet, et beaucoup plus longue que les autres. Il ne paraît pas qu'un trait semblable ait été remarqué par aucun naturaliste sur le ghobban. Ce dernier scare a d'ailleurs deux lignes latérales rameuses, dont l'inférieure commence avant la iin de la supérieure. Ces 1 Du vrai genre des Scares, dans la familledes Acanthoptcrygiens labroïdes, Cuv. D. s Du vrai genre Scare de AI. Cuvier, dans la famille des Acantiioptérygicns labroïdes. D. liCÉPÈDE. — TOME II. 17 262 HISTOIRE NATURELLE différences, réunies à quelques autres, que l'on saisira sans peine, cl parliculicremcnt à celle des couleurs du scare vert, et des nuances qui distinguent le ghobban, nous ont déterminés, au moins jusqu'au moment où nous aurons recueilli un plus grand nombre d'observations, à considérer ces deux poissons comme appartenant à deux espèces distinc- tes, malgré les très-grands rapports qui les rapprochent. Le rouge a, sur la partie supérieure de son museau , un grand nombre de pores Ircs- sensibles; on voit deux petits barbillons auprès de chacune de ses narines, et cinq ou six denlicules plus grosses et plus longues que les autres à la mâchoire supéiieure. On doit le compter parmi les poissons dont la parure est la plus riche et la plus élé- gante. L'éclat de l'argent et la vivacité du rouge le i)lus agréable sont réunis pour former ce ([u'on est tenté de nommer un assortiment de couleurs du meilleur goût. La partie inférieure de l'animal est aigentée; deux larges bandes argentées aussi s'étendenl de cha- que côté de plusieurs individus, depuis les yeux jusqu'à l'exlrémilé ou auprès de l'extré- mité de la queue; et la base des pectorales, des thoracines et de la caudale est dorée. Les couleurs qui distinguent le forskael, sont bien moins brillantes. A la vérilé, ses pec- torales et sa caudale sont jaunâtres : mais ses thoracines sont violettes, sa dorsale est brune, et sa partie supérieure d'un brun foncé, ou gris-de-fer. Le même gris-de-fer, ou un brun presque semblable, mêlé de teintes couleur de rouille, compose la couleur générale du ferrugineux, dont la dorsale et la caudale sont jaunâtres, et les thoracines, ainsi que l'anale, d'un rouge violet. Le rouge violet caractérise aussi les nageoires du ghobban, dont la dorsale et l'anale sont bordées, à l'intérieur ou à l'extérieur, et quelquefois en haut et en bas, d'un vert tirant sur le bleu; dont la caudale, et souvent les pectorales et les thoracines, sont lisé- rées de verdâtre ; et dont la tète montre des raies du même ton, ou à peu prés. Ce ghobban vit dans la mer d'Arabie, ainsi que le ferrugineux et le forskael, auquel j'ai donné un nom spécifique qui rappelle le voyageur célèbre dont les recherches nous ont procuré la description de ces trois scares. Le vert habite dans les eaux du Japon; le schlosser, à Java; et le rouge dans la mer des Antilles, aussi bien que dans celle des Indes orientales. LE SCARE TRILOBÉ. Scarus trilobatus, Laccp. i. ET LE SCARE TACHETÉ. Scarus maculosus, Lacep. 2. Nous avons trouvé dans les manuscrits de Plumier le dessin du scare trilobé. Nous nous empressons de publier la description de ce poisson, auquel nous avons donné un nom spécifique qui indiiiue la forme tiilobée, très-remarquable ou le double croissant très- marqué, que présente sa nageoire caudale. La niàclioiie supérieure de ce thoracin est plus longue que l'infèricuie ; et de plus, son museau s'avance en s'arrondissant au- dessus et au delà de la mâchoire d'en haut; ses couleurs sont diversifiées. 11 habite dans les eaux de l'Amérique méridionale. Le tacheté a été vu dans le grand Océan équinoxial par Commerson, qui en a laissé une figure parmi les manuscrits que IJuffon m'a remis dans le temps. L'anale de ce scare offre deux raies longitudinales trés-pelites, et situées la première au bord extérieur et la seconde au bord intérieur de cette nageoire. Les autres traits de ce poisson et du trilobé sont indiqués sur le tableau générique. CENT TREIZIÈME GENRE. LES OSTORUINQL'ES 3. Les mâchoires osseuses, U-ès-avancées et tenant lieu de véritables dents j deux nageoires dorsales. ESPÈCE. CARACTÈnB. L'oSTOnUlNQUE ,' n ■• • -n '11 ... , . PLEuniEu. I "'•• '""y*'"^ aiguillonnes à la première dorsale; la caudale en croissant, I Non cité par M. Cuvicr. D. î /. i). 272 HISTOIRE NATURELLE courants et les tempêtes élaboraient les grandes inégalités de la surface actuelle du globe. Elle appartient donc à des périodes de temps bien plus reculées que les terribles catas- trophes qui ont successivement agité et i)ouleversé les continents, depuis que les eaux de la mer se sont éloignées de leurs sommets; elle est donc bien plus âgée que l'espèce humaine; et, ce qui est bien plus lemarquable, elle a traversé et les oiages de destruc- tion qui ont laissé sur le globe de si funestes empreintes, et les siècles de réparation et de reproduction qui ont rempli les intervalles de ces convulsions horribles, sans éprouver aucune grande altération, sans perdre les piinf'i))aux traits qui la distinguent : les frai;- menls de dorade que l'on rencontre dans l'intérieur des montagnes, sont entièrement sem- blables à ceux que l'on voit dans des alluvions plus récentes i, et même aux parties ana- logues des individus qui vivent dans ce moment au|)rcs de nos rivages. Des milliers d'années n'ont pu agir que superficiellement sur l'espèce (|ue nous examinons ; elle jouit, pour ainsi dire, d'une jeunesse éienielle; et pendant que le temps moissonne par myria- des les individus (lu'elle a conrpris ou qu'elle lenfermc, pendant qu'ils tombent dans la mort comme les feuilles sèches sur la surface de la terre vers la fin de l'automne, elle reste à l'abri de la destruction, et brave la puissance des siècles, comme un témoin de cette merveilleuse force de la nature, (|ui partout mêle l'image consolante de la durée aux dégradations du dépérissement, et élève les signes brillants de l'immortalité sur les bords du néant. Cette nnliquilé de l'espèce de la dorade doit, au reste, d'autant moins étonner, qu'on aurait dû la deviner par une observation un peu attentive de ses habitudes actuelles. Elle vit dans tous les climats. Toutes les eaux lui conviennent : les flots des rivières, les ondes de la mer, les lacs, les viviers, l'eau douce, l'eau salée, l'eau trouble et épaisse, l'eau claiie et légère, entretiennent son existence et conservent ses propriétés, sans les modifier, au moins profondément. La diversité de température païaît n'altérer non plus, ni ses qua- lités, ni ses formes : elle supporte le fond du voisinage des glaces flottantes, des rivages neigeux et congelés, et de la croûte endurcie de la mer du J\ord ; elle n'y succombe pas du moins, lorsqu'il n'est pas excessif. Elle résiste à la chaleur des meis des tropicjues; et nous verrons en parcourant l'histoire des animaux de sa famille, qui peut-être soirt des r-aces plus ou moins anciennes, lesquelles lui doivent leur or'igine, que le spare aiupiel nous avons dor)né le nom de notre savant ami Desfonlaines, se plaît au milieu des eaux thermales de la Barbarie. Cette arralogie avec les eaux thermales ire pourrait-elle pas être considérée d'ailleurs comme un reste de celle convenance de l'organisation, des besoins et des habitudes avec des fluides plus échauffes que l'eau des fleuves ou des mer-s de nos jour"s,qui a dûexisterdans les espèces conlemporaines des siècles où nos conlinenls étaient encore cachés sous les eaux, au moirrs si nous devorrs penser avec les Leibnilz, les Bulfon et les Laplace, que la lem|)érature générale de noli'e planète, el par consé(iuenl celle des mers de iroti-e globe, était beaucoup plus élevée avant le commencement de l'ère de l'existence de nos conlinenls, que dans les siècles (|ui viennent de s'écouler? Quoi qu'il err soil de celle derwiièie conjecture, faisons l'emaijjucr que parmi ces dépouilles de dorade, qui attestent en même tem])s el plusieur's des révolrrtions (|iri orrt clrarrgé la face de la terre, el l'ancierrrrelè de l'espèce dont nous écr'ivons l'histoire, les fragments les plus nombreux el les mieux conservés appar'lierrnent à ces por-tions des ani- maux, dont la corrformalion toujours la même prouve le mieux la durée des pr-incipanx caractères de l'espèce, parce (|ue de la constance de leur manière d'êlr-c on doit concline la permanence de la manièr-e de vivre de l'animal, el de ses autres pi'incipales habitudes, toujours liées avec les foimes extérieures el les oi'ganes intérieurs les plus irnporlanls. Ces r-esles d'anciennes dorades (jui habitaient l'Océan il y a des milliers d'arrrrées, sont des |)or'lions de nràchoire, ou des mâchoires entières garnies de leurs dents incisives et de leurs rangées nombreuses de dénis molaires. Pour- comparer avec soin ces anti(pres dépouilles avec les derris des dorades actuellement vivantes, il ne faut pas perdre de vue (|u'irrdéperrdaminerit de six incisises arrondies et séparées les unes des autres, que l'on trouve sur le devant de chaciue mâchoire de ces spar'(!S,la mâchoire su|)èrieure est armée ordinairementde trois rangs de molaires. Le premier- de ces rangs contientdix mâchelières de chaque côté. Le second et le troisième n'en comprenrrcnt pas un aussi grand nombre; mais cellesde la troisième rangée, elparticulièremenl les pluséloignées du boutdu museau, 1 11 n'est presque aucun ouvrage de géologie ou d'oryclologie, qui ne renferme quelque preuve de celte assertion. On peut consulter particulièrement, a ce sujet, le grand ouvrage que publie sur la montagne du Saint Pierre de Jlaestriclil, mon savant collègue M. Faujas Saint-Fond. DES POISSONS. 273 sont plus grandes et plus fortes que les autres. On remarque le plus souvent, dans la mâchoire inférieure, des linéaments d'un quatrième rang de molaires, ou une quatrième rangée intérieure très-bien conformée; et en général, la quantité de rangées et de molai- res paraît augmenter avec la grandeur et par conséquent avec l'âge du poisson. La con- figuration de ces mâchelières varie aussi vraisemblablement avec les dimensions de l'ani- mal ; mais le fond de cette configuration reste, et ces dents destinées à broyer ont le plus fréquemment une forme ovale ou demi-sphérique, plus ou moins régulière, convexe ou aplatie, et même quelquefois un peu concave, peut-être suivant le nombre et la résistance des corps durs que le spare a été contraint d'écraser, et qui, par leur réaction, ont usé ces instruments de nutrition ou de défense journalières. Ce sont ces molaires fossiles, ou arrachées à une dorade morte depuis peu de temps, mais particulièrement les fossiles les plus grandes et les plus régulières, que l'on n nom- mées Crapaiidines ou Bufonites, de même que les mâchelières de VAnarhiqiie Loup, et celles de quelques autres poissons, ))aice qu'on les a crues, comme ces dernières, des pierres produites dans la tête d'un crapaud. On les a recherchées, achetées assez cher, enchâssées dans des métaux j)récieux, et conservées avec soin, soit comme de petits objets d'un luxe particulier, soit comme douées de qualités médicinales utiles. On a surtout attaché un assez grand prix, au moins à certaines époques, aux molaires de dorade que l'on trouve dans l'intérieur des couclies de la terre, et qui, plus ou moins altérées dans leur couleur par leur séjour dans ces couches, offrent dillérentes nuances de gris, de brun, de roux, de rouge brunâtre. On a estimé encore davantage ces mâchelières dont on igno- rait la véritable nature, lorsque leurs teintes, distribuées par zones, ont montré dans leur centre une tache presque ronde et noirâtre. On a comparé cette tache foncée à une prunelle; on a vu dans ces molaires ainsi colorées une grande ressemblance avec un œil ; on leur a donné le nom d'OEil de Serpent; on les a supposées des yeux de serpent pétri- fiés; on leur a dès lors attribué des vertus plus puissantes; on les a vendues plus cher; et, en conséquence, on les a contrefaites dansquehjues endroits voisins des parages fré- quentés par les dorades, et particulièrement dans l'île de Malte, en faisant avec de l'acide nitreux une marque noire au centre des molaires de spare dorade non fossiles, et prises sur un individu récemment expiré. Les mâchoires qui sont garnies de ces dents molaire^ ou incisives dont nous venons de parler, n'avancent pas l'une plus que l'autre. Chaque lèvre est charnue; l'ouverture de la bouche est peu étroite; la têle comprimée, très-relevée à l'endroit des yeux, et dénuée de petites écailles sur le devant; la langue épaisse, courte et lisse; l'espace compris entre les deux orifices de chaque narine, marqué par un sillon ; l'opercule revêtu d'écaillés sembla- bles à celles du dos, et arrondi dans son contour ; le corps élevé ; le dos caréné; le ventre convexe; l'anus plus voisin de la caudale que de la tête; et l'ensemble du corps et de la queue, couvert d'écaillés tendres et lisses, qui s'étendent sur une portion de la dorsale et de la nageoire de l'anus. Telles sont les formes principales de la dorade, Sa grandeur est ordinairement consi- dérable. Si elle ne pèse communément (jue cinq ou six kilogrammes dans certains para- ges, elle eu pèse jusqu'à dix dans d'autres, particulièrement auprès des rivages de la Sardaigne;et le voyageursuédois Hasselquist en a vudans l'Archipel, et notamment auprès de Smyrne, qui avaient plus de douze décimètres de longueur. Ce spare, suivant son âge et sa grandeur, reçoit des pêcheurs de quelques côtes maritimes, des noms différents que l'on trouvera dans la synonymie placée au commencement decet article, et qui seuls prou- veraient combien on s'est occupé de ce poisson, et combien on a cherché à reconnaître et à distinguer ses diverses manières d'être. L'estomac de la dorade est long; le pylore garni de trois appendices ou cœcums; le canal intestinal proprement dit, trois fois sinueux; le péritoine noir; et la vessie natatoire placée au-dessous du dos. Indépendamment du secours que ce spare tire de cette vessie pour nager avec facilité, il reçoit de la force de ses muscles, et de la vitesse avec laquelle il agite ses nageoires, une grande légèreté dans ses mouvements, elune grande rapidité dans ses évolutions : aussi peut-il, dans un grand nombre de circonstances, satisfaire la voracité qui le distingue; il le peut d'autant plus, que la proie qu'il préfère ne lui échappe ni par la fuite, ni par la nature de l'abri dans lequel elle se renferme. La dorade aime à se nourrir de crustacées et d'animaux à coquille, dont les uns sont constamment attachés à la rive ou au banc de sable sur lequel ils sont nés, et dont les autres ne se meuvent qu'avec une lenteur assez 274 HISTOIRE ISATURKLLE grande. D'ailleurs, ni lo (él dos (Tiislacécs, ni même l'enveloppe dure et calcaire des ani- maux à coquille, ne peuvent les garantir de la dent de la dorade : ses mâchoires sont si fortes, qu'elles plient les crochets des haims lorsque le fer en est doux, et les cassent s'ils ont clé fabriqués avec du fer aigre; elle écrase avec ses molaires les coquilles les plus épaisses; elle les brise assez bruyamment pour que les pêcheurs reconnaissent sa présence aux petits éclats de ces enveloppes concassées avec violence; et afin qu'elle ne manque d'aucun moyen d'apaiser sa faim, on prétend qu'elle est assez industrieuse pour découvrir, en agitant vivement sa queue, les coquillages enfouis dans le sable ou dans la vase. Ce goût pour les crustacées et les animaux à coquille détermine la dorade à fréquenter souvent les rivages comme les lieux où les coquillages et les crabes abondent le plus. Cependant il parailque, sous plusieurs climats, l'habitation de cespare varie avec les sai- sons : il craint le très-grand froid; et lorsque l'hiver est trés-rigoureux, il se retire dans les eaux profondes, où il peut assez s'éloigner de la surface, au moins de temps en temps, pour échapper à l'influence des gelées très-fortes. Les dorades ne sont pas les seuls poissons qui passent la saison du froid dans les pro- fondeurs de la mer, qu^ils ne paraissent quitter, pour venir à la surface de l'eau, que lorsque la chaleur du printemps a commencé de se faire sentir, et qui bien loin d'y être engourdis, y poursuivent leur proie, s'y agitent en différents sens, y conservent presque foutes leurs habitudes ordinaires, quoique séparés, par des couches d'eau très-épaisses, de l'air de l'atmosphère, et même de la lumière, qui ne peut du moins parvenir jusqu'à leurs yeux qu'extrêmement affaiblie. Si ce grand phénomène était entièrement constaté, il donnerait l'explication des observations parliculièrfs, en apparence contraires à ce fait très-remarquable, et qui ont été publiées par des physiciens très-estimables. Il montrerait peut-être que si quelques espèces de poissons, soumises à des circonstances extraordinai- res, et placées, par exemple, dans de très-petits volumes d'eau, paraissent forcées, pour conserver leur vie, de venir de temps en temps à la surface du fluide dans lequel elles se trouvent plongées, elles y sont quelquefois moins contraintes parle besoin de respirer l'air de l'atmosphère, que par la nécessité d'échapper à des émanations délétères produites dans le petit espace qui les renferme et les retient captives. On a écrit que la dorade craignait le chaud, aussi bien que le très-grand froid. Cette assertion ne nous paraît fondée en aucune manière; à moins qu'on n'ait voulu parler d'une chaleur très-élevée, et, par exemple, supérieure à celle qui parait très-bien convenir au Spare Desfontaines. Si en général une température chaude était contraire à la dorade, on ne trouverait pas ce poisson dans des mers très-voisines de la ligne ou des tropiques. En effet, quoique la dorade habite dans la mer du Nord, et dans toute la partie de la mer Atlantique qui sépare l'Amérique de l'Europe, on la pêche aussidans la Méditerranée, non- seulement auprès des côtes de France, mais encore auprès de celles de la campagne de Rome, deNaples, de la Sardaigne, de la Sicile, de Malte, de la Syrie, de la Barbarie. Elle est abondante au cap de Bonne-Espérance, dans les mers du Japon, dans celle des Grandes Indes, et lorsque dans quelques-unes de ces dernières contrés, comme, par exemple, auprès des rochers que l'on voit sur une grande étendue des bords de la Méditerranée, la dorade passe une partie assez considérable du jour dans les creux et les divers asiles que ces rochers peuvent lui présenter, ce n'est pas, au moins le plus souvent, pour éviter une chaleur trop importune produite par la présence du soleil sur l'horizon, mais pour se livrer avec plus de calme au sommeil, auquel elle aime à s'abandonner pendant que le jour luit encore, et qui, suivant Rondelet, est quelquefois si profond quand la nuit, pré- férée presque toujours par la dorade pour la recherche de sa proie, n'a pas commencé de régner, qu'on peut alors prendre facilement ce spare en le harponnant, ou en le perçanf avec une fourche attachée à une longue perche. Dans le temps du frai, et par conséquent dans le printemps, les dorades s'approchent non-seulement des rivages, mais encore des embouchures des rivières, dont l'eau douce paraît alors leur être au moins très-agréable. Elles s'engagent souvent à cette époque, ainsi que vers d'autres mois, dans les étangs ou petits lacs salés qui communiquent avec la mer : elles s'y nourrissent des coquillages qui y abondent; elles y grandissent au point qn'un seul été suffit pour que leur poids y devienne trois fois plus considérable qu'aupa- ravant; elles y parviennent à des dimensions telles, qu'elles pèsent neuf ou dix kilogram- mes; et en y engraissant elles acquièrent des qualités qui les ont toujours fait rechercher beaucoup plus que celles qui vivent dans la mer proprement dite. On a préféré surtout, dans les départements méridionaux de la France, celles qui avaient vécu dans les étangs DES POISSONS. 275 d'Myères, de Marligues el de LaKe, près du cap de Cette. Les anciens Romains les plus difficiles dans le choix des objets du luxe des tables, estimaient aussi les dorades des étangs beaucoup plus que celles de la Méditerranée : voilà pourquoi ils en faisaient transporter dans les lacs intérieurs qu'ils possédaient, et particulièrement dans le fameux lac Lucrin. Columelle même, dans ses ouvrages sur l'économie rurale, conseillait de peupler les viviers de ces spares; ce qui prouve qu'il n'ignorait pas la facilité avec laquelle on peut accoutumer les poissons marins à vivre dans l'eau douce, et les y faire multiplier. Cette convenance des eaux des lacs non salés, des rivières et des fleuves, avec l'organisation des spares dorades, et la supériorité de goût que leur chair contracte au milieu de ces rivières, de ces lacs et des viviers, n'ont pas échappé à Duhamel ; et nous partageons bien vivement le désir que Bloch a exprimé en conséquence, de voir l'industrie de ceux qui aiment les entreprises utiles, se poi'ter vers l'acclimatation ou plutôt le transport et la multiplica- tion des dorades au milieu de ces eaux douces ([ui perfectionnent leurs qualités. Aureste,lorsqu'on veut jouir de ce goût agréable de la chair des dorades, il ne suffit pas de préférer celles de certaines mers, et parliculièremcnt de la Méditerranée, à celles de l'Océan, comme Rondelet et d'autres écrivains l'ont recommandé, de rechercher plutôt celles des étangs salés que celles qui n'ont pas quitté la Méditerranée, et d'estimer, avant toutes les autres, les dorades qui vivent dans de l'eau douce : il faut encore avoir l'atten- tion de rejeter ceux de ces spares qui ont été péchés dans des eaux trop bourbeuses et sales, les dorades trop grandes, et par conséquent trop vieilles et trop dures; et enfin d'attendre, pour s'en nourrir, l'autoif ne, qui est la saison où les propriétés de ces poissons ne sont altérées par aucune circonstance. C'est pour n'avoir pas usé de cette précaution, que l'on a souvent trouvé des dorades difficiles à digérer, ainsi que Celse l'a écrit; et c'est au contraire parce que les anciens Romains ne la négligeaient pas, qu'ils avaient des dorades d'un goût exquis, et d'une chair légère et très-salubre : aussi en ont-ils donné de très-grands prix, et un Romain nommé Serge attachait-il une sorte d'honneur à être sur- nommé Orata, à cause de sa passion pour ces spares. Les qualités médicinales qu'on a attribuées à ces poissons, et particulièrement la vertu purgative, et la faculté de guérir de certaines indigestions, ainsi que de préserver des mauvais efTets de quelques substances vénéneuses, ont de même, pendant quelques siècles, fait rechercher ces osseux. Du temps d'Elien, on les prenait en formant sur la grève que la haute mer devait couvrir, une sorte d'enceinte composée de rameaux plantés dans la vase ou dans le sable. Les dorades arrivaient avec le flux; et arrêtées par les rameaux lorsque la mer baissait et qu'elles voulaient suivre le reflux, elles étaient retenues dans l'enceinte, où même des femmes et des enfants les saisissaient avec facilité. Rondelet dit qu'on employait, à l'époque où il écrivait, un moyen à peu prés semblable pour se pro- curer des dorades dans l'étang de Latte, sur les bords duquel on se servait aussi de filets pour les pêcher; et il y a peu d'années qu'on usait dans différentes mers, pour la pêche des dorades du bregin i, du verveux 2, du tremail 3, et des haims garnis de chair de scombre, et de crustacées, ou d'animaux à coquille. Lorsqu'on prend une très-grande quantité de dorades, on en fait saler, pour pouvoir en envoyer au loin; et lorsqu'on a voulu les manger fraîches, on les a préparées d'un très- grand nombre de manières, que Rondelet a eu l'attention de décrire avec beaucoup d'exactitude. Mais comme l'histoire de la nature n'est pas celle de l'art de la cuisine, passons aux différences qui distinguent des dorades les autres espèces de spares, soit que nous considé- rions les formes, ou que nous examinions les couleurs, ou que nous observions les habi- tudes de ces poissons. i On nomme bregin ou bourgin^ à Marseille, un filet qui ressemble beaucoup au petit bouclier, dont nous avons parlé à l'article du Scombre thon. 2-3 Voyez l'article du Gade cuHn. 276 HISTOIRE NATURELLE LE SPARE SPARAILLON. Sparus annularis, Linn., Gmel.; Sparus Sparulus, Laccp.; Sargus annularis, Cuv. i. LE SPARE SARGUE. Sparus Sargus, Linn., Gmel, Lacep.; Sargus vulgaris, Cuv.; et Sargus raucus, Geoff., Cuv. 2. LE SPARE OBLADE. Sparus Oblada, Lacep.; Sparus molanurus, Linn., Gmel.; Oblada melanura, Cuv. 3. ET LE SPARE SMARIS. Sparus Smaris, Linn., Gmol.,Lac.; Smaris vulgaris, Cuv. t. On trouve ces quatre poissons dans la Méditerranée. Le sparaillon a la tète petite; les deux mâchoires également avancées; celle d'en haut garnie de quatre rangs de molaires arrondies; celle d'en bas armée de deux rangées de molaires semblables; la langue libre; de petites écailles sur labasedela nageoire de l'anus et sur celle de la caudale; le dos, les tlioracines, l'anale, et le bord de la caudale, noirâ- tres; des bandes transversales d'un noir brun; cinq appendices auprès du pylore; le canal inleslinal long et très-sinueux; le péritoine noir. Sa longueur n'excède guère trois déci- mètres. 11 est des parages où sa chair est trop molle pour qu'il soif recherché. H fraie vers l'équinoxe du printemps, se tient en grandes troupes près des. rivages, entre, comme la dorade, dans les lacs salés, suit la marée dans les rivières, fait quelquefois des voyages très-longs, se cache pendant l'hiver dans les profondeurs de la mer, en sort très-maigre vers le milieu ou le commencement du printemps, s'il a éprouve un froid assez vif pour tomber dans une sorte d'engourdissement, multiplie beaucoup, se nourrit par préférence de moules et de petits crabes, et se laisse prendre facilement à un hameçon garni d'un morceau de crustacée. On le pêche particulièrement dans l'Adriatique, dans les eaux de la Toscane, et dans le lac de Cagliari. Il ressemble beaucoup à la dorade et au sargue. Ce dernier spare, indépendamment de ses larges incisives et de la double rangée de molaires arrondies que l'on voit à chaque mâchoire, a la partie de l'intérieur de la bouche, qui est située derrière les incisives d'en haut et derrière celles d'en bas, pavée de dents courtes et aplaties : aussi écrase-t-il avec facilité des corps très-durs, et se nourrit-il des polypes, des coraux, et des mollusques des coquilles. Sa langue néanmoins est lisse. Les écailles qui recouvrent les opercules sont plus petites que celles du dos. La partie supé- rieure du corps est comme carénée. Trois appendices ou cœcums sont situés auprès du pylore. La couleur générale parait argentée. Un très-grand nombre de raies longitudinales dorées, ou jaunes, ou couleur d'orange, la relèvent, ainsi que la ligne latérale, qui est composée de petits traits noirs, les bandes étroites et transversales que le tableau généri- que indique, et la nuance noirâtre de la nuque, du dos, des thoracines, d'une partie de la queue, et du bord de la caudale. Le sargue ne vit pas seulement dans la Méditerranée : on le trouve aussi dans l'Océan, au moins auprès de plusieurs côtes de France, dans la mer Rouge cl dans le Nil, où l'on pèche un assez grand nombre d'individus de celte espèce pour en transporter jusqu'au mont Sinaï; et il y parvient quelquefois à la longueur de six ou sept décimètres. Aristote a eu raison de compter le sargue |)armi les poissons qui se réunissent en troupes et qui fréquentent les rivages. Peut-être ce grand naturaliste n'a-t-il pas eu autant de raison de dire que ce spare frayait deux fois par an, dans le printemps et dans l'automne. Comme dans presque toutes les espèces de poissons, on trouve dans celle du sargue plus de femelles que de mâles. Lorsque ce spare a passé l'été dans une sorte d'abondance, et qu'il a vécu dans des endroits rocailleux, sa chair est tendre et délicate. A l'égard de l'amour merveilleux qu'Elien et Oppien ont attribué à ce thoracin pour les 1 Du genre Sargue, dans lu l'aniillc des Acaiiliioplirygions sparoïdos. Cuv. RI. de Lacépède a figuré dans son ouvrage, (mI. in-i", sous le nom de Vnrirln du Sixiraillon, lom. IV, pi. Il, fig. I, un poisson d'espèce différente, le glypliisodoii sparoïde, Cuv., de In l':unil!e dos Aenntlioptérygiens labroïdos. D. 2 Type du genre Sargue, dans la lainille des AeanllioptiTvgicns si)aroïdes. MUI. (Jeoiïroy et Cuvier en distinguent deux espèces ; le Sargue nt, pour M. Cuvier, un petit genre particulier, qu'il place dans sa famille des Acanthoptérygiens ménides. D. DES POISSONS. 277 chèvres, et de la propriété qu'on a supposée dans les inscisives ou les molaires de ce spare qui, portées avec soin, préservent, dit-on, de tout mal aux dents, nous ne ferons pas à nos lecteurs le tort de les prémunir contre des assertions dont l'état actuel de la science ne permet pas de craindre la répétition. Je crois que nous devons regarder comme une variété du sargue un poisson que le na- turaliste Cetti a fait connaître dans son histoire intéressante des amphibies et des pois- sons de la Sardaigne, et que le professeur Gmelin a inscrit parmi les spares sous le nom spécifique de Puntazzo, dans la treizième édition de Linnée, qu'il a donnée au public. Ce puntazzo ne nous a paru, en eftet, différer du sargue, que par des traits très-peu nom- breux ou très-peu essentiels, à moins que la forme de la caudale de l'un ne soit aussi peu semblable à la forme de la caudale de l'autre que la phrase du professeur Gmelin paraît l'indiquer; ce dont nous doutons cependant d'autant plus que ce savant lui-même fait remarquer de très-grands rapports, de conformation, de grandeur et de couleur, entre le sargue et le puntazzo. L'oblade a la mâchoire inférieure hérissée de dents petites, aiguës et nombreuses. Son dos est d'un bleu noirâtre. Plusieurs raies longitudinales brunes s'étendent sur les côtés, qui sont argentés, et sur lesquels on voit aussi quelques taches grandes, le plus souvent très-irrégulières et d'une nuance obscure. Une de ces taches, placée près de la caudale, y représente une bande transversale. Ce spare ne pèse communément que cinq hectogrammes. Mais si les individus de celte espèce sont faibles, leur instinct leur donne les petites manœuvres de la ruse. Il est assez difficile de les prendre dans une nasse, au filet, et surtout à l'hameçon; on dirait que l'habitude de n'être poursuivis par les pêcheurs que pendant le beau temps, leur a donné celle de se tenir tranquilles et cachés dans le sable ou dans le limon lorsque le ciel est serein et que la mer est calme. Mais si les ondes sont bouleversées par les vents déchaînés, ils parcourent en grandes troupes de très-grands espaces marins ; ils vont au loin cher- cher l'aliment qu'ils préfèrent, sans être retenus par les flots agités qu'ils sont obligés de traverser, et s'approchent sans crainte des rochers des rivages, si ces rives battues par la mer courroucée leur présentent une nourriture qui leur convienne. Des pêcheurs indus- trieux ont souvent choisi ces temps de tempête pour jeter dans l'eau de petites masses de pain et de fromage pétris ensemble, que les oblades avalaient sans danger, dont ces spares pouvaient revoir l'image sans méfiance, et auprès desquelles on plongeait bientôt des hameçons garnis d'une composition semblable dont les précautions ordinaires de ces thoracins ne les éloignaient plus. Duhamel nous apprend que les habitants de la côte voi- sine d'Alicante en Espagne attirent ces animaux avec de petites boules de soufre; et nous trouvons dans Pline, qu'auprès d'Herculanum et de Stabia les oblades s'approchaient assez de la rive pour prendre le pain qu'on leur jetait, mais qu'elles avaient assez d'atten- tion et d'expérience pour distinguer l'appât perfide qui tenait à un hameçon. Le smaris a les nageoires pectorales et thoracines terminées en pointe. Une belle tache noire relève la blancheur ou la couleur argentée de ses côtés. Du temps de Rondelet on prenait sur plusieurs côtes de la Méditerranée, et particulièrement sur les rivages sep- tentrionaux de cette mer, une grande quantité de smaris. Les pêcheurs les exposaient à l'air pour les faire sécher, ou les conservaient en les imbibant de sel, ce qui donnait à ces poissons un goût très-piquant et les faisait nommer Picarels dans plusieurs contrées de France, ou les laissaient tremper et fondre, pour ainsi dire, dans dereausalée,pourobtenir cette composition nommée Garum, dont les anciens étaient si avides, et qu'ils appelaient une liqueur exquise. LE SPARE MENDOLE. Sparus Msena, Linn., Gmel. ; Sparus Mendola, Lacep.; Mœna vulgaris, Cuv. i. Le Spare argenté, Sparus argenlalus, Linn., Gm., Lac. — S, Htirta, S. Hurta, Linn., Gm., Lac. — S. Pagel, S. erythrinus, Linn., Gmel.; S. Page), Lac; Pagelus vulgaris. — S. Pagre, S. Pagrus, Linn., Gmel., Lacep.; Pagrus medilerraneus, Cuv. La mendole, le hurta et le pagre habitent dans la Méditerranée; le pagel se trouve dans la Méditerranée, dans l'Océan Atlantique, dans le grand Océan équinoxial , dans la mer 1 Du genre Mendole de M. Ciivier, placé par ce naturaliste dans sa famille des Acanthoptcrygiens ménides. D. LaCÉPÈDE. — TO.ME 11. 18 278 HISTOIRE NATURELLE du Japon ; et c'est cette dernière mer, si fertile eu tempêtes et dont les flots agités font retentir les rivages romantiques des iles japonaises, qui nourrit l'argenté. Jetons un coup d'œil sur les formes et les habitudes de ces cinq spares. La mendole a les deux mâchoires garnies d'un grand nombre de dents petites, pointues et placées derrière celles que nous avons comparées à des poinçons dans le tableau géné- rique. La langue est lisse; le palais rude; la mâchoire supérieure aussi avancée que l'in- férieure ; l'opercule garni de petites écailles, et composé de plusieurs pièces. La couleur générale de cet osseux est blanchâtre, avec des raies longitudinales très- nombreuses, étroites et bleues, toutes les nageoires rouges, et une grande tache noire de chaque côté, à peu près au-dessus de l'anus. Mais la mendole ofl're un exemple remarqua- ble des changements de couleurs auxquels plusieurs poissons sont sujets. Les nuances que nous venons d'indiquer ne sont communément vives et très-distinctes que dans les parties de la 31éditérranée les plus rapprochées de la côte d'Afrique, et vers le milieu de l'été, elles se ternissent lorsque l'animal fait quelque séjour vers des plages moins méridionales; elles s'efl'acent entièrement et se changent en une teinte blanche lorsque l'hiver a rem- placé l'été : et n'oublions pas de remarquer, en rappelant ce que nous avons dit de la coloration des poissons dans notre Discours sur la nature de ces animaux, que les cou- leurs des mendoles sont d'autant plus variées, qu'une habitation moins ^septentrionale et une saison moins froide les soumettent à Tinlluence d'une chaleur plus intense, d'une lumière plus abondante, et d'un plus long séjour du soleil sur l'horizon. Les mendoles sont très-fécondes : on les voit se rassembler en foule près des rivages sablonneux ou pierreux. Comme ces thoracins aiment à se nourrir de jeunes poissons, ils nuisent beaucoup au succès de plusieurs pêches. Leur chair est souvent maigre, coriace et insipide. Cependant, lorsque les mendoles se sont engraissées, leur goût n'est pas désa- gréable; et l'on dit que les femelles remplies d'œufs sont, dans certaines circonstances, assez bonnes à manger. 11 est des endroits dans la mer Adriatique, et particulièrement auprès de Venise, où l'on en prend à la ligne, ou au lilet une si grande quantité, qu'on les vend par monceaux, et qu'on en fait saler un très-grand nombre. Dioscoride a pré- tendu que la sauce et la saumure de la mendole, prises intérieurement ou seulement appliquées sur le ventre, avaient une vertu purgative; et de cette assertion viennent quelques dénominations bizarres employées pour désigner les mendoles, par les Allemands, les Hollandais et les Anglais. Au reste, ces spares n'ont ordinairement que deux décimètres de longueur. Leur péri- toine est noir, leur pilore garni de quatre cœcums, et leur vésicule natatoire attachée aux cotes. Ajoutons que les mâles de l'espèce que nous examinons présentent fréquemment des nuances ou reflets noirâtres, surtout sur les nageoires et les opercules, pendant que les femelles sont encore pleines, et que, dès le temps d'Aristote, ils recevaient des Grecs, à celle époque, de rallcralion de leurs couleurs en noirâtie ou en noir, le nom de boucs (t;5«voj),Nous avons vu, dans l'article du sargue, qu'Elien a parlé d'un prétendu amour de ces derniers poissons pour les chèvres. On pouriail trouver l'origine de cette croyance ridicule dans quelques contes absurdes substitués maladroitement par l'ignorance à une opinion i)eul-èlre lausse, mais que l'on ne pounait pas regarder au moins comme très- invraisemblable. L'espèce du sargue et celle de la mendole ont tant de rapports l'une avec l'autre, que des mâles de la première peuvent très-bien, dans la saison du frai, reclierclier les œufs pondus par les femelles de la seconde, et ces femelles elles-mêmes. Celle liabilude aura été observée par les anciens Grecs, qui dès-lors auront parlé de l'allec- tion des sargues pour les mendoles femelles. Ces mendoles femelles auront été désignées pai- eux sous le nom de Chèvres, comme les mendoles mâles l'étaient sous celui de Boucs, et dans un pays ami du merveilleux, et où l'histoire de la nature était perpétuellement mêlée avec les créations de la mythologie et les inventions des poêles, on aura bientôt dit et répété que les sargues avaient une sorte d'amour assez violent, non pas pour des mendoles appelées Chèvres, mais pour les véritables chèvres que l'on conduisait dans les gras pâturages arrosés par la mer. Le spare argenté, que Houlluyn a fait connaître, n'est ordinairement long que de deux décimcires ; et son épaisseur esta proportion plus considérable que celle de la dorade, à laquelle on l'a comparé. Le corps et la queue du hurta sont hauts et comprimés; sa dorsale est reçue dans un sillon longitudinal, lorsque l'animal l'incline et la couche en arrière. DES POISSONS. 279 Le pagel a deux rangées de dents petites et pointues placées derrière les dents anté- rieures. La langue et le palais de ce spare sont lisses. Chaque opercule est composé de trois lames; le dos caréné, et le ventre arrondi. La grande variété de nuances rouges dont brillent ses écailles à teintes argentines, devrait le faire multiplier dans nos étangs et dans nos petits lacs d'eau douce, où il serait très-facile de le transporter et de l'acclimater et où la vivacité de ses couleurs charmerait les yeux, en contrastant avec le bleu céleste ou le blanc un peu azuré d'une eau pure et tranquille. D'ailleurs il est des saisons et des parages où une nourriture convenable donne à la chair de ce spare une couleur blanche, une graisse abondante, et une saveur très-délicate. Pendant l'hiver, le pagel se réfugie dans la haute mer; mais il vient, au printemps, déposer ou féconder ses œufs près des rivages, qu'il n'abandonne pas pendant l'été, parce que sa voracité le porte à se nourrir des jeunes poissons qui pullulent, pour ainsi dire, auprès des côtes, pendant la belle saison, aussi bien qu'à rechercher les moules, les autres testacées et les crabes, dont il écrase facilement la croûte ou les coquilles entre ses molaires nombreuses, fortes et arrondies. A mesure que le pagel vieillit, la beauté de sa parure diminue; l'éclat de ses couleurs s'efface; ses teintes deviennent plus blanchâtres ou plus grises; et comme, dans cet état de dépérissement intérieur et d'altération extérieure, il a une plus grande ressemblance avec plusieurs espèces de son genre, il n'est pas surprenant que des pêcheurs peu instruits aient cru, ainsi que le rapporte Rondelet, que ces pagels devenus très-vieux s'étaient métamorphosés en d'autres spares, et particulièrement en Dentés ou Synagres, etc. Mais il est bien plus étonnant qu'un aussi grand philosophe qu'Aristote ait écrit que dans le temps du frai on ne trouvait que des pagels pleins d'œufs, et que, par conséquent, il n'y avait pas de mâles parmi ces spares. Quoique cette erreur d'Aristote ait été adoptée par Pline et par d'autres auteurs anciens, nous ne la réfuterons pas; mais nous ferons remarquer qu'elle doit être fondée sur ce que, dans l'espèce du pagel, comme dans plusieurs autres espèces de poissons, le nombre des mâles est inférieur à celui des femelles, et que d'ail- leurs ces mêmes femelles sont contraintes, pour réussir dans toutes les petites opérations sans lesquelles elles ne pourraient pas toujours se débarrasser de leurs œufs, de s'appro- cher des rivages plutôt que les mâles et de séjourner auprès des terres plus constamment que ces derniers. Au reste, le pagel parvient à la longueur de quatre décimètres. Le pagre pèse quelquefois cinq kilogrammes. Indépendamment des dents molaires indiquées dans le tableau, il a le devant de chaque mâchoire garni de dents petites, poin- tues, un peu recourbées, serrées l'une contre l'autre; et derrière ces sortes d'incisives, l'on voit plusieurs rangées de dents bien plus petites, plus courtes, plus serrées, et émoussées. La langue est lisse; les yeux sont gros; la nuque est large et arrondie; chaque opercule composé de deux pièces; la couleur générale d'un rouge mêlé de jaune ; le ventre argenté; la teinte des nageoires rougeâlre; chaque côté du poisson rayé longitudinalement de jaune, et la base de chaque petorale, marquée d'une tache noire, ainsi que le voisinage de chaque opercule. Le pagre remonte dans les rivières ; et Élien raconte que, de son tenipS; l'apparition de cet osseux dans le Nil causait une joie générale parmi la multitude, parce que l'arrivée de ce spare ne précédait que de peu de jours le débordement du fleuve. Ainsi que dans beaucoup d'autres circonstances, ce qui d'abord n'avait paru qu'un signe agréable, avait été métamorphosé ensuite en une cause utile : on était allé jusqu'à attribuer l'heureux événement de l'inondation fécondante à la présence du poisson; et bien loin de le poursuivre pour s'en nourrir, on l'avait placé parmi les animaux sacrés, et on lui rendait les honneurs divins. La chair du pagre est moins délicate pendant la saison où il vit dans les eaux douces des fleuves, que pendant le temps qu'il passe au milieu des flots salés de la Méditerranée ou de l'Océan. Cette différence doit venir de la plus grande difficulté qu'il éprouve pour se procurer dans les rivières l'aliment qui lui convient le mieux. Il paraît préférer, en effet, des crustacées, des animaux à coquille, et le frai des sèches ou d'autres sépies que l'on ne rencontre point dans l'eau douce. Quoi qu'il en soit, il abandonne les rivières et les fleuves, lorsque l'hiver approche; il se retira alors dans la haute mer et s'y enfonce dans des profondeurs où la température de l'atmosphère n'exerce presque aucune influence. Pline pensait que si quelque obstacle empêchait le pagre d'user de ce moyen de se soustraire à la rigueur de l'hiver, et le laissait exposé à l'action d'un très-grand 18. 280 HISTOIRE NATURELLE froid, ce spare perdait bientôt la vue. En rappelant ce que nous avons dit dans plusieurs endroits de celte jiisloire, et notamment dans l'article du scombre maquereau, on verra aisément qu'un all'aiblissement dans l'organe de la vue, et une sorte de cécité passagère, doivent être comptés parmi les principaux et les premiers ellets de l'engourdissement des poissons, |)roduit par un froid très-intense ou très-long. Willugliby, qui a observé le pagre sur la côte de Gènes, paraît être le premier qui ait remarque dans cet animal cette qualité pliospliori(|ue, commune à un grand nombre de poissons vivants, surtout dans les contrées chaudes ou tempérées, et par une suite de laquelle ils resplendissent (puMqucfois avec tant d'éclat au milieu des ténèbres. Le pylore du pagre est garni de deux cœcums longs et de deux cœcums courts ; son canal intestinal ne présente qu'une sinuosité, et sa vessie natatoire est attachée aux côtes. LE SPARE PORTE-ÉPINE. Sparus spinifer, Forsk., Linn., Gmel., Lac; Pagrus spinifer, Cuv. i. Le Spare Bogue, Sparus Boops, Linn., Gmel., Lac; Boops vulgaris, Cuv. — S. CoiUhcre, S. Can- tliarus, Linn., Gmel., Lac; Canlliarus vulgaris, Cuv. — S. Saupe, S. Salpa, Linn., Gmel., Lac; Boops Salpa,Cuv. — S. Sarbe, S. Sarba, Forsk., Linn., Gmel., Lac. ; Chrysopiirys Sarba, Cuv. Le porte-épine vit dans les endroits vaseux et profonds de la mer d'Arabie, où Forskael l'a observé. 11 ne s'approche que très-rarement des rivages. Le dessus de sa tète est bombé, dénué de petites écailles, et ponctué. La lèvre supérieure s'étend, à la volonté de l'animal, beaucoup plus avant que l'inférieure. Les écailles qui couvrent le coips et la queue, sont larges et striées, et le bord postérieur de la caudale est rouge. Le bogue, qui se trouve dans la mer du Japon, habite aussi dans la 3Iéditerranée. Les anciens Grecs l'ont bien connu; ils ont remarqué la grosseur de ses yeux, qui sont très- grands relativement aux dimensions générales de ce spare; ils ont ^trouvé des rapports entre ces organes et les yeux d'un bœuf ou d'un veau, et ils ont nommé cet osseux Bow;/, qui veut dire ceiV de bœuf. Cette expression grecque, Bow^t, a été bientôt métamorphosée, par erreur, par inadvertance, ou par quelque faute de copiste, en celle de Bwî,ou de Bo«|. On a cru que cette dernière dénomination Boxf , venait de Bo«w,Je crie; et en con- séquence, des poètes se sont empressés d'écrire que le bogue faisait entendre une sorte de cri, quoiqu'aucun véritable poisson ne puisse avoir devoix proprement dite, et que le spare dont nous parlons, ne paraisse même pas jouir de la faculté de produire un bruissement semblable à celui que font naître les opercules vivement froissés de quelques trigles, d'autres osseux, et de certains cartilagineux. L'ensemble du bogue est long, et un peu cylindrique. La couleur générale de son dos^ varie depuis l'olivâtre jusqu'au jaune brillant, selon l'aspect sous lequel on le regarde. Son ventre est argenté; ses pectorales sont rougeàtres. Plusieurs cœcums sont placés auprès! du pylore. Sa chair est ordniairement succulente et facile à digérer; et la nourriture qu'il prelcre consiste en algues, en très-petits poissons, et en débris de corps organisés qu'il! cherche dans la vase. Le canthére, que l'on pèche dans la Méditerranée , présente dans la partie supérieure! un fond noiiàtre, qui fait paraître plus agréables les raies jaunes dont nous avons parlé] dans le tableau générique des spares. Il se plaît dans les ports, aux embouchures des! rivières, et dans toutes les parties de la mer voisines des rivages, où les ilôts apportent du] limon, et où les fleuves et les eaux de pluie entraînent de la vase. Sa chair est ordinaire- ment peu recherchée, comme n'étant ni assez succulente, ni assez sèche, ni assez feime.i Celle de la saupe est peut-être moins estimée encore, parce qu'elle est molle et dillicilej à digérer, et parce que, de plus, elle répand souvent une mauvaise odeur. Ce spare saupej a l'ouverture de la bouche petite; les mâchoires égales; la langue lisse; l'opercule com-l posé de trois lames, et garni de très-petites écailles; la ligne latérale presque droite; les] écailles du dos et de la queue, grandes et unies; le dos noirâtre; les côtés et le ventre argentés; les nageoires grises et bordées de brunâtre; le })èriloine noir; la vésicule du] fiel très-longue; l'estomac grand ; le pylore entouré de quatre cœcums ; et le canal intes- tinal trois ou quatre fois plus long que la tète, le corps, la queue et la caudale pris] ensemble. Au reste, les dimensions de la saupe varient suivant son séjour. On en a péché de plusj de trois décimètres de longueur, et d'un kilogramme de poids. 1 Du genre Pagre, Cuv., dans la famille des Acantlioptérygiens sparoïdes. D. DES POISSONS. 281 Ce spare fraie communément en automne. On le trouve fréquemment sur les bas-fonds, où il est attiré par les plantes marines dont il aime à se nourrir, et vraisemblablement par les mollusques, qui doivent lui donner l'odeur fétide qu'il exbale. Il mange aussi des végétaux terrestres; et on le prend facilement en garnissant un bamcçon d'un morceau de citrouille ou d'autre cucurbitacée. Pendant l'hiver il se retire dans les profondeurs des baies, des golfes, ou de la haute mer. Le spare sarbe, dont la chair est agréable au goût, et qui se plaît auprès des côtes de la mer d'Arabie, dans les endroits vaseux et tapissés de coraux ou de plantes marines, est couvert d'écaillés larges et argentées. Ses pectorales sont blanchâtres, lancéolées et beau- coup plus longues que les thoracines. Une nuance d'un beau jaune paraît sur ces thora- cines, sur l'anale, et sur la partie inférieure de la caudale. LE SPARE SYNAGRE, Sparus Synagris, Linn., Gmel., Lacep. i. Le Spare élevé, Sparus latus, Linn., Gmel.; S. altiis, Lac. — S. Strié, S. virgalus, Linn., Gmel., Lac. — S. Haffara, S. Haffara, Forsk., Linn., Gmel.; Chrysophrys Haffara, Cuv. — S. Berda, S. Berda, Forsk., Linn., Gm., Lac; Chrysophrys Berda, Cuv. — S. Chili, S. chilensis, Linn., Gmel., Lacep. Le synagre vit dans les eaux de l'Amérique septentrionale; le spare élevé et le strié habitent dans celles qui arrosent les rivages du Japon ; le halTara et le berda sont péchés dans !a mer d'Arabie; et l'on trouve le spare cbili dans la mer qui baigne la grande con- trée de l'Amérique méridionale, dont il porte le nom. Le synagre, qu'il ne faut pas confondre avec le spare auquel les anciens Grecs ont donné ce nom, puisqu'il ])araît n'avoir été observé que dans l'Amérique septentrionale, où Catesby l'a décrit, a les yeux grands, l'iris rouge, la dorsale longue et échancrée. Le spare élevé ne parvient guère qu'à la longueur d'un décimètre. Le strié n'est guère plus grand. Le haffara dont les dimensions sont un peu plus considérables, a le dos convexe et le ventre aplati; il se plaît au milieu de la vase, et sa chair est agréable au goût. Le berda, qui se nourrit de végétaux, a la chair aussi délicate que le haffara ; et d'ail- leurs il est très-recherché, parce qu'ordinairement il est long de six décimètres. Ce spare est blanchâtre. Une petite bande transversale et brune est placée sur le milieu de chacune des écailles que l'on voit sur les côtés de l'animal. Une sorte de barbillon très-court est situé au-devant de chaque narine. Les pectorales sont transparentes, et toutes les nageoi- res brunes. Le Chili est remarquable par sa grandeur: il présente quelquefois une longueur de deux mètres. Le naturaliste Molina a parlé de la bonté de sa chair. Ses opercules sont compo- sés de deux pièces. Le tableau générique offre ses autres traits, ainsi que les principaux caractères distinclifs des cinq spares dont nous avons, dans cet article, réuni les noms à celui de ce poisson du Chili. LE SPARE ÉPERONNÉ. Amphacanthus...., Cuv.; Sparus Spinus, Linn., GmcL; Sparus calcaratus, Lacep. 2. leS/jare jVorme, PagellusMormyrus, Cuv.; Sparus Mormyrus, Linn., Gmel., Lac— Spare brunâtre, Sparus fuscescens, HouUuyn, Linn., Gmel., Lac— Spare bigarré, Sargus Rondelelii, Cuv.; Sparus variegaius, Lac. —Spare Osbcck, Uœna Osbekii, Cuv.; Sparus Osbeckii, Lacep. ~ Spare mar- seillais, MœnaOsbeckii, Cuv. ; Sparus iricupidalus, Spinola; Sparus massiliensis. Lac. L'Amérique méridionale et les grandes Indes nourrissent ÏEperonné. Le nom de ce spare vient de la conformation remarquable de ses nageoires thoracines, dont le dernier rayon est aiguillonné aussi bien que le premier, pendant que, dans le plus grand nombre d'espèces de poissons, les thoracines, que l'on a comparées à des pieds, n'ont que le pre- mier ou les premiers rayons façonnés en piquants. Le morme habite dans la Méditerranée. Sa caudale est bordée de noir à son extrémité; et il parvient à la longueur de trois ou quatre décimètres. Son péritoine est noir; sa chair molle et peu agréable au goût. 11 vit des débris des corps organisés qu'il rencontre dans le limon ; il recherche aussi les petits calmars ou sépies; il s'enfonce dans la vase pour échap- per aux filets des pêcheurs. 1 Non cité par M. Cuvier. D. ^ , j i r .,, i 2 Ce poisson est rapporte, par M. Cuvier, au genre Sidian{Amphacanthu8), dans la famille des Acan- ttoptérygiens Theutyes. D. 282 HISTOIRE NATURELLE Le spare brunâtre a été observé dans la mer qui entoure le Japon. Sa longueur n'est guère que d'un décimètre. Ses écailles ont une teinte dorée qui se mêle aux nuances brunes de sa couleur générale, de manière à donner une parure sombre, mais riche, à cet animal. Celles du bigarré, au lieu de réfléchir l'éclat de l'or, brillent de celui de l'argent, et relèvent par cette teinte d'un blanc resplendissant les bandes et les taches noires que l'on voit sur les côtés de ce spare, ainsi que le noir de ses Ihoracines, et la bordure noire de sa caudale. Il vit dans la Méditerranée comme l'Osbeck et le marseillais, auquel nous avons voulu donner un nom spécifique qui indiquât la partie de cette mer dans laquelle il paraît avoir été particulièrement rencontré. Quant à VOsbeck, nous l'avons ainsi nommé pour éviter la confusion qu'aurait pu introduire dans la nomenclature la conservation de son nom de Spai'e rayé, et pour témoigner la reconnaissance des amis de l'histoire natu- relle envers le savant Osbeck, qui l'a fait connaître. Ce spare Osbeck présente de chaque côté une tache noire située au-dessus de la ligne latérale. Le marseillais montre deux croissants sur la paitie supérieure de sa tête, l'un placé entre les yeux, et l'autre au-dessous du premier. La dorsale est bleue avec du vert à sa base; les thoracines sont bleuâtres ; l'anale et la caudale sont d'un vert pâle. La longueur ordinaire de ce spare est de trois ou quatre décimètres. LE SPARE CASTAGNOLE. Brama Castancola, Cuv.; Sparus Castancola, Bl., Lac. i. Le Spare Bogarnvéo, Pagellus Bogaraveo, Cuv. ; Sparus Bogaraveo, Brunn., Lac. — Spare Mahséna, Leihrinus Mahseiia, Cuv. ; Sciœna Mahsena, Forsk,; Sparus 3Ialisena, Lacep. — Spare Harack, Lelhrinus Harak? Cuv.; Sciœna Harak, Forsk., Linn. , Gniel.; Sparus Harak, Lac. — Spare Ramak, Sciœna Bamak, Forsk., Linn., Orne!.; Sparus Bamak , Lac. — Spare Grand-OEil, Clirysophrys grandoculis, Cuv.; Sciœna grandocuiis, Forsk., Linn., Gniel.; Sparus grando- culis, Lac. C'est dans l'Océan Atlantique que l'on a observé la castagnole. Ce spare a la mâchoire inférieure garriie de deux rangées de dents minces, recourbées et inégales : un rang de dents semblables parait à la mâchoire supérieure. Le corps est plus haut dans sa pailie antérieure que dans sa partie postérieure; les écailles sont molles et lisses; l'anus est plus près de la tête que de la caudale. En général, la forme de la castagnole est facile à dis- tinguer de celle des autres poissons. Ses nageoires sont bleues, excepté les pectorales et les thoracines, dont la couleur est jaune. Le bogaraveo, quia été vu par Briinnich dans la Méditerranée, a la ligne latérale brune, et une longueur d'un décimètre ou environ. Le mahscna, le harak, le ramak et le grand-ail, habitent dans la mer d'Arabie. Us ont été décrits par Forskael, à l'exemple duquel Gmelin et le professeur Ronnaterre les ont inscrits parmi les sciènes. Mais les principes d'après lesquels j'ai cru que l'on devait classer les poissons, m'ont obligé à les comprendre parmi les véritables spares. Des niollus(|ucs proprcmenl dits cl des animaux à cocpiille servent de nourriture au mahséna, qui fréquente beaucoup les rivages. Il a le sommet de la tête élevé, le corps peu allongé, et les nageoires garnies de filaments. Le harak, dont les nageoires sont rougeàtres, montre d'ailleurs dans sa conformation, ainsi que dans ses habitudes, beaucoup de rapports avec le mahscna. Le ramak a les nageoires de la même couleur que le harak, et, comme ce dernier spare, ressemble beaucoup au mahséna. Au reste, nous pensons avec Gmelin et le professeur Bonuaterrc, que la sciène Dih de Forskael n'est qu'une variété du ramak. La nageoire du dos et l'anale du spare grand-œil sont terminées, du côté de la caudale, par une sorte de lobe. Sa couleur générale est relevée par des raies; et ses nageoires sont violettes, ou d'un rouge pâle. LE SPARE QUEUE-ROUGE. Gerres Oyena, Cuv.; Labrus Oyena, Forsic., Lacep., Labrus longirostris, Sparus erytlirurus, et Sparus Rritannus, Lac. 2. Le Spare quene-d'or, Mesoprion ciirysurus, Cuv.; Sparus cln'ysurus, Bloch, Lacep.; Gramniisles 1 Du genre Castagnole {Brama), dans la famille des Acantbopti'rygions squa mi pennes de M. Cnvicr. D. t Du genre GEnnEs, Gerres, Cuv. Dans la famille des Acantlioptérygiens ménides. Selon M. Cuvier, DES POISSONS. 285 chrysurus, Schn.; Sparns semiluiia, Laeep.— Spare Cuninri, Cjesio Cuning, Cuv.; Sparus Cuning, Bl., Lac. —Spare Galonné, Sparus lemniscalm, Lacep., Bl. — Spare Brème, Canlharus Brama, Cuv.; Sparus Brama, Lac. — Spare Gros-OEil, Dentex macropthalmus, Cuv.; Sparus macrop- thalmus, Bl., Lacep. Nous devons à Blocli la connaissance de ces six spares. Le premier, qui habite la mer du Japon, a les yeux grands et presque verticaux et le corps très-élevé au-devant de la nageoire dorsale. Le spare queue-d'or vit dans la mer qui baigne les côtes du Brésil. Ses couleurs sont régulières, brillantes et magnifiques : le tableau générique en indique les nuances et la disposition. Quelques individus, au lieu d'un violet argenté, présentent sur une grande partie de leur surface un rouge clair, ou couleur de rose animé; mais les tons dont ce spare resplendit, sont en général si éclatants, que Pison a cru devoir attribuer à leur viva- cité la phosphorescence dont jouissent les spares queue-d'or, indépendamment de toute réflexion de lumière due à leurs écailles luisantes et colorées. Cependant cette qualité phosphorique est élevée dans ces animaux, ainsi que dans plusieurs autres poissons, à un degré assez haut pour que la réunion d'un très-grand nombre de ces osseux répande une clarté à l'aide de laquelle on peut lire au milieu d'une nuit très-obscure. Le spare queue- d'or a reçu dans cette propriété phosphorique un présent funeste : on le pèche avec bien plus de facilité que s'il en était privé. La lumière qu'il produit, quelque douce ou faible qu'elle puisse être, le trahit, lors même que son instinct l'entraîne dans la mer à quelque profondeur, comme dans un asile assuré; et on le recherche d'autant plus qu'il réunit à une chair des plus délicates et des plus agréables une grandeur considérable. Marcgrave l'a vu offrir une longueur de six ou sept décimètres. Le prince Maurice de Nassau a laissé un très-beau dessin de ce spare, dont Marcgrave, et d'après lui, Jonston, Willughby et Ruysch, ont aussi donné la figure. Les Indes orientales nourrissent le cuning. La tête de ce spare est petite et comprimée. Un rang de petites dents garnit l'une et l'autre des deux mâchoires. La langue et le palais sont lisses. La ligne latérale est presque droite. Un sillon longitudinal reçoit la nageoire du dos à la volonté de l'animal. Les nageoires sont jaunes. Le spare galonné a le corps beaucoup plus élevé que le cuning. Il préfère la mer du Brésil, comme la queue d'or. Toutes ses nageoires sont jaunes ou dorées, ainsi que les galons ou raies longitudinales dont il est paré. Il ne parvient ordinairement qu'à la lon- gueur de deux décimètres. Il séjourne auprès des rivages rocailleux où l'eau est pure, et où il peut trouver pour sa nourriture une grande quantité d'œufs de poisson. D'après cette habitude, il n'est pas surprenant que Marcgrave et Pison, qui ont donné la figure de cet osseux, ainsi que le prince Maurice, Jonston et Ruysch, et d'après lesquels Klein et Willughby en ont parlé, lui aient attribué une saveur des plus agréables, et supérieure même à celle de la carpe. Le spare brème a la tête comprimée et petite; la langue et le palais lisses; les deux mâchoires également avancées; les opercules couverts de très-petites écailles, et compo- sés chacun de trois pièces; le corps et la queue très-élevés; le ventre arrondi; la ligne latérale bordée de points noirs, en haut et en bas; et toutes les nageoires d'un rouge de brique, excepté la dorsale, qui est rougeâtre à sa base, d'un vert bleuâtre sur la plus grande partie de sa surface, et lisérée de noir. Ce spare brème se trouve dans le canal qui sépare la France de l'Angleterre. On le voit aussi auprès de presque toutes les côtes occidentales de France, et même dans le voisi- nage du cap de Bonne-Espérance. Il détruit une grande quantité de frai etde jeunes pois- sons. Il a la chair blanche, mais molle; cependant il est assez bon à manger lorsqu'il est grand et qu'il a vécu dans des endroits pierreux. On le prend pendant l'été avec des filets ou des lignes; et l'on profite souvent, pour le pêcher, des temps d'orage et de tem- pête, pendant lesquels il se réfugie près des rivages et sur les bas-fonds. Le spare gros-œil a, en effet, l'œil très-gros, ainsi que le montre le tableau générique : le diamètre de l'orbite est à peu près égal à la moitié du grand diamètre de l'ouverture de la bouche. Les mâchoires sont aussi avancées l'une que l'autre; la langue est lisse, l'extré- mité de la queue est beaucoup moins haute que le corps et la partie antérieure de cette même queue. Les couleurs sont très-riches; les raies longitudinales rouges ou jaunes, que M. de Lacppèdo a décrit quatre fois ce poisson, sous les noms de 1" Labre Oyène,2<> Labre Long-imiseau, 0» Spare Queue-rouge, et i" Spare Breton, D. 284 HISTOIRE NATURELLE le tableau générique indique, régnent sur un fond d'un jaune doré; les nageoires sont variées de jaune et de rouge; la caudale est jaune à sa base et grise à son extrémité. LE SPARE RAYÉ. Pontapus vittatus, Cuv.; Spfirus vittatus, Bl.,Lacop.; Rodianus decacanthus, Laccp.? i. Le Spare Ancre, ChoW'mxs Anchorago, Cuv.; Spams Ancliorago.Bl. , Lac. 2.— S/Jflré' Trompeur, E\Vi- biilus insidialor, Cuv.; Spams insidiator, Linn.. Gniel. , Lacep. — S/;flîT Poiy/i/, Sparus Porgy, Lac; SparusChrysops, Linn., Gml.— S/)rtrc Zanthure, Pagrus Argyrops, Cuv.; Spams Argyrops, Linn., Gml.; Spams Zanlhurus, Lac— Spare denté, Denlex vulgaris, Cuv.; Sparus Denle.x, Linn., GmeL, Lac. Les eaux du Japon nourrissent, suivant Blocli, le spare rayé. Chaque narine de ce spare n'a qu'un orifice. Les mâchoires sont à peu près aussi avancées l'une que l'autre. Le devant de chacune de ces mâchoires présente des dents plus longues que celles des côtés. Les trois raies larges et bleues que l'on voit régner sur le corps et la queue de l'animal, sont relevées par l'éclat des écailles, qui sont dorées sur la partie supérieure du poisson, et argentées sur l'inférieure. Les nageoires pectorales et les thoracines montrent des nuances rougeâtres : les autres nageoires sont variées de bleu et de jaune. Le nom à'Ancre, donné par Bloch, au second des spares décrits dans cet article, vient de la forme de plusieurs dents de la mâchoire inférieure de cet osseux, lesquelles sont courbées en deux sens. La tète de ce poisson est grande et comprimée. Une dent plus grande que les voisines, et tournée en avant, se montre à la mâchoire supérieure, auprès de l'angle des deux mâchoires. On ne voit qu'un orifice pour chaque narine. Les écailles sont grandes et lisses. Des teintes rougeâtres paraissent sur la tête et sur les nageoires, excepté sur la dorsale, qui est bleuâtre et tachetée de brun. Le spare trompeur est très-remarquable par sa forme, ainsi que par les habitudes qui en découlent, et qui lui ont fait donner le nom qu'il porte. Son museau, très-allongé, semblable à un tube, et terminé par la petite ouverture de sa bouche, lui sert d'instru- ment de projection, pour lancer en petites gouttes l'eau qu'il introduit dans le fond de sa gueule par les orifices des branchies. C'est avec ces petits projectiles fluides qu'il attaque ies insectes qui voltigent au-dessus de la surface de la mer, dans l'endroit où il se tient en embuscade; qu'il les tue, ou les étourdit, ou les mouille, et les met toujours hors d'état de s'envoler et d'échapper à sa poursuite. 11 est lui-même très-recherché dans les grandes Indes, qu'il habite; et sa proie est vengée par les pêcheurs de ces belles contrées, où l'on aime beaucoup à se nourrir de poisson. Sa chair est, en effet, très-agréable au goût : mais son volume est peu considérable; il ne parvient ordinairement qu'à la longueur de trois décimètres. Des deux lignes latérales qu'il présente, la supérieure suit, à peu près, la courbure du dos; l'inférieure est droite. Les écailles sont grandes et bordées de ver- dâtre; les nageoires, jaunes; et la dorsale et l'anale, ornées de bandelettes vertes. La couleur générale du porgy est bleuâtre; son séjour, la Caroline. Catesby et Garden l'ont fait connaître. Le zanture, que Ton trouve dans les mers voisines de la Caroline et de la Jamaïque, a de très-grands rapports avec le porgy. Le denté en a d'assez remarquables avec le hurla; et de plus, pour éviter toute équi- voque, il est bon d'observer qu'il paraît que ce spare n'a pas reçu des anciens naturalistes grecs le même nom à tout âge. Dans sa jeunesse, il a été nommé par enxSfjnagris; et dans un âge plus avancé, Synodon. Mais il ne faut pas le confondre avec le spare auquel nous avons conservé la dénomination de Synagre, d'après Linnée, Daubenton, Bonna- terre, etc., et qui a été vu par Catesby dans les eaux de la Caroline, ni avec celui que nous nommons, ainsi que Bloch, Cynodoii ou Dent de chien. Au reste, le denté a la tète comprimée; les deux mâchoires également avancées, et garnies chacune d'une rangée de dents pointues et recourbées; la langue et le palais lisses; l'ouverture de chaque naiine double; la tète variée de doré, d'argent et de vert; des points bleus plus ou moins apparents sur les côtés ; la nageoire dorsale et la caudale, jaunes à leurs bases et bleues h leur extrémité; les pectorales rougeâtres; les thoracines 1 Du genre Pemapode, /'e>iildgaardi et Sparus aureo-ruber. Lac. Le premier de ces spares habite auprès de Sainte-Croix en Amérique. La tête de ce poisson est grande, large et comprimée; ses lèvres sont grosses; l'orifice de chacune de ses narines est double. Un individu de cette espèce avait été adressé au professeur Abil- dgaard, ami de Rloch, à qui nous devons la connaissance du spare qu'il a dédié à son ami, ainsi que celle du spare queue-verte. Ce dernier osseux se trouve et dans les eaux des Antilles, et dans celles du Japon. Il a la tête étroite; l'ouverture de la bouche petite; les deux mâchoires également avancées; un seul orifice à chaque narine; une partie de l'anale garnie d'écaillés; les thoracines pointues; de petites taches d'une nuance pâle auprès du museau; les mâchoires et pres- que tous les os d'une couleur verte. Plumier a laissé dans ses manuscrits un dessin du rougeor, que nous avons nommé ainsi à cause de ses belles teintes, et qui vit dans l'Amérique équinoxiale, ou dans les envi- rons de cette partie du Nouveau Monde. Ce spare devient assez grand; son iris est doré ; ses pectorales sont nuancées d'or et de brun, et ses autres nageoires variées d'or, de brun et de rouge. 1 Du genre Mérou, Serranus, Cuv., dans la famille des Acanthoptérygiens percoïdes. 5L de Lacépède a décrit ce poisson deux fois, 1» sous le nom de Spare chnjsomùlane, et t'> de Luljan strié. D. 2 Du genre Scare, dans la famille des Acanlhoptciygiens labroïdes, Cuv. — Ce poisson a été décrit par M. de Lacépède, sous les deux noms de Spare Abildgaard et de Spare rougeor. D . ^92 HISTOIRE NATURELLE CENT QUINZIEME GENRE. LES DIPTÉRODONS i. Les lèvres supérieures peu extensibles ou non extensibles \ ou des dents incisives, ou des dent molaires, disposées sur un ou plusieurs ?'angs; point de piquants 7ii de dentelures aux opercules; deux nageoires dorsales ; la seconde nageoire du dos éloignée de celle de la Iqueue, ou la plus grande hauteur du corps proprement dit, supérieure, égale, ou presque égale à la longueur de ce même corps. PRE.MIER SOUS GENRE. La nageoire de la queue, fourchue, ou en croissant. CARACTÈRES. Quatre rayons aiguillonnés à la première nageoire du dos; dix-huit rayons à la seconde; les pectorales grandes et triangulaires. Cinq rayons à la première dorsale; dix huit à la seconde; un rayon aiguillonné et sept rayons articulés à chaque thoracine; la tète comprimée et couverte de lames écailleuses, argentées et très-allongées Six rayons aiguillonnés à la première dorsale, un rayon aiguillonné et huit rayons articulés à la seconde, chaque mâchoire garnie d'une rangée d'incisives compri- mées et triangulaires. Huit rayons aiguillonnés à la première nageoire du dos, treize rayons à la seconde; la mâchoire supérieure plus avancée que l'inférieure ; la queue Irès-allongée; les écailles grandes, dures et rudes. Seize rayons aiguillonnés à la première nageoire du dos, dix-neuf rayons à la seconde; la caudale en croissant; la mâchoire supérieure plus avancée que l'infé- rieure. SECOND SOUS-GENRE. La nageoire de la queue rectiligne, ou arrondie. Onze rayons à la première dorsale, vingt-trois à la seconde; la caudale jaune et rectiligne. ESPECES. 1. LeDiptérodo>- PLUMIER. 2. LeDiptérodo« noté. .5. Le DiPTÉRODON hexaca>the. 4.LeDipt£rodo\ APROS. 6. LeDiptérodon ZINGEL. 6. Le DlPTÉRODON QUEl'E-JAUXE. LE DlPTÉRODON PLUMIER. Mesoprion uninotatus, Cuv.; Lutjanus Aubrietii, Desm.; Dipterodon Plnmieri, Lacep. 2. Le D/pte'rorfon «ofe, Apogon..., Cuv.; Sparus nolatus, Linn., Gnicl.; Dipterodon nolatus, Lac. — Dipterodon hexacanthe, Apogon...., Cuv.; Dipterodon licxacanthus, Lac. On trouve parmi les manuscrits de Plumier la figure du dipterodon auquel nous avons cru devoir donner le nom du voyageur naturaliste qui l'avait découvert. Ce poisson a l'œil gros; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure; des incisives compri- mées, pointues, triangulaires, et placées à des distances égales l'une de Tautre; chaque opercule composé de deux pièces, dont la seconde se termine en pointe., et dénué, ainsi que la tète proprement dite, d'écaillés semblables à celles du dos; des raies longitudina- les sur les joues; des gouttes irrégulières sur les opercules, et des taches figurées comme de petites raies longitudinales, sur le corps et sur la queue. La patrie du dipterodon plumier est l'Amérique; celle du noté est la mer qui baigne le Japon. Les opercules et la queue de ce dipterodon japonais sont tachetés de noir. L'hexacanihe 3 habite dans le grand Océan équino.xial, où il a été vu par Commerson, qui en a laissé un dessin dans ses manuscrits. Les naturalistes n'ont encore publié aucune description de cet hexacanthe, non plus que du dipterodon plumier. Deux ou trois pièces composent chaciue opercule de l'hexacanihe; la dernière de ces pièces est terminée par une petite prolongation arrondie, et de petites écailles les recou- vrent. La mâchoire inférieure est un peu plus longue que la supérieure; une bande trans- versale d'une couleur foncée est située très-près de la nageoire de la queue. LE DlPTÉRODON APRON. Aspro vulgaris, Cuv.; Perça asper, Linn., Gmel., Bl.; Dipterodon Apron, Lacep. i. Le Dipterodon Zingel, Aspro Ziiigel, Cuv. ; Perça Zingel, Linn., Gmel.; Dipterodon Zingel, Lac. L'apron a la tète large; l'ouverture de la bouche est placée au-dessous du museau, petite? lamiiic ues Acanmopierygiens squamipennes, enire les genres l'imelcptcre et Castagnole. i Du genre Mesoprion de M. Cuvier, dans la famille des Acanthoptérygiens percoïdes. D. 5 Le mot hexacanthe (six aiguillons) désigne le nombre de rayons aiguillonnés qui composent la pre- mière nageoire du dos. Le nom générique Dipterodon rappelle les deux nageoires du dos, et la forme des dents assez semblables à celles d'un grand nombre de spares, Si^, en grec, veut dire deux: nrepii, na- geoire ; et oâoiti, dent. i Du genre Apro.n, Aspro, Cuv. ; dans la famille des Acanthoptérygiens percoïdes. D. DES POISSONS. 293 et en forme de croissant; chaque narine a un double orifice; une seule plaque ou lame compose chaque opercule; l'anus est plus près de la tèle que de la caudale, qui est four- chue. La couleur générale est jaunâtre, le dos noir, le ventre blanc; trois ou quatre bandes transversales et noires relèvent le ton de la couleur générale, et les nageoires sont jaunes. L'apron habite dans le Rhône et dans d'autres rivières de France, en Allemagne, et particulièrement dans quelques lacs et dans plusieurs rivières de la Bavière, dans le Volga et dans le Jaïk, qui portent leurs eaux à la mer Caspienne. Il parvient à la longueur de deux ou trois décimètres. Ses œufs sont petits et blanchâtres; il les dépose ou les féconde au commencement du printemps, et c'est alors qu'on le pèche avec des filets ou à l'hameçon, parce que, dans toute autre saison, il se tient presque toujours au fond de l'eau. On le prend cependant quelquefois pendant l'hiver, au-dessous des glaces. Il se nourrit d'insectes et de vers. Il arrive souvent qu'en les cherchant dans la vase, il avale un peu de limon, et comme ce limon est mêlé avec des paillettes d'or dans quelques-unes des rivières qu'il habite, on a trouvé dans son estomac de ces paillettes métalliques; et c'est ce qui a fait dire au vulgaire des pêcheurs dans certaines contrées, qu'il se nourris- sait de molécules d'or. Sa chair est saine et de bon goût. Il perd difficilement la vie lors- qu'il est retenu hors de l'eau, et voilà pourquoi on peut facilement le transporter d'une rivière ou d'un étang dans un autre sans le faire périr, surtout lorsque la température de l'atmosphère n'est ni trop froide, ni trop chaude. Le singel a la tête grosse et aplatie cle haut en bas ; l'ouverture de la bouche large et placée au-dessous du museau; le palais garni, comme les mâchoires, de dents pointues; la langue dure et un peu libre dans ses mouvements; chaque narine garnie de deux orifi- ces; ces orifices et les yeux situés dans la partie supérieure de la tête; l'opercule formé d'une seule pièce; les écailles dures, dentelées, et fortement attachées à la peau; la couleur générale jaune, avec le ventre blanchâtre, des taches et des bandes transversales brunes. On voit le zingel dans l'Allemagne méridionale, particulièrement dans le Danube et dans d'autres rivières, ainsi que dans plusieurs lacs de la Bavière et de l'Autriche. Il présente souvent une longueur de quatre ou cinq décimètres, et son poids est alors d'un ou deux kilogrammes. Sa chair est blanche, ferme, agréable au goût, facile à digérer. Ses habitudes ressemblent beaucoup à celles de l'apron. Il est néanmoins vorace; et, excepté le brochet, presque tous les poissons qui vivent dans les mêmes eaux que ce dip- térodon craignent de l'attaquer à cause de la force de ses piquants et de la rudesse de ses écailles : aussi multiplie-t-il beaucoup, malgré la guerre que les pêcheurs lui font. Le canal intestinal du zingel olfre trois cœcums ou appendices, ettrois sinuosités. Ses œufs sont jaunes et de la grosseur des graines de pavot. La vessie natatoire est blanche, mais pointillée de noir. LE DÏPTÉRODON QUEUE-JAUNE. Corvina argyroleuca, Cuv.; Bodianus argyroleucus, Mitch.; Dipterodon chrysourus, Lac. i. Ce dipterodon a été observé dans les mers voisines de la Caroline. Il a la tète argentée, et le corps parsemé de traits et de points noirs. CENT SEIZIÈME GENRE. LES LUTJAîS'S. Une dentelure à une ou plusieurs pièces de chaque opercule ; point de piquants à ces pièces, une seule nageoire dorsale, »« seul barbillon ou point de barbillon aux mâchoires, PREMIER SOUS-GENRE. La nageoire de la queue fourchue, ou en croissant. ESPÈCES. CARACTKRES. l Onze rayons aiguillonnés et seize rayons articules à la nageoire du dos ; trois i. Le Lutjan ) rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la nageoire de l'anus; deux raies vmr.iMEx. \ longitudinales bleues; des bandes transversales brunes, l'une sur la tétc, et ' l'autre sur la poitrine. 1 M. Cuvier reman ( lupr la description du parca tuurtiji; ue uus e.jies. lu. uuvier is ranime Udus le g'jur»: UiOiiu, i^nruiifi, u^; la la- mille des Acanthoptérygiens sciénoïdes. M. de Lacépède, comme Gm^lin, rapporte à tort sa synoaymie à celle du Bar d'Europe, Labrax lupus, Cuv. LaCÉPÈDE. — TOME n. 19 294 HISTOIRE NATURELLE ESPECES. 2. Le LiTJAX I ÀMUIAS, I I 3. Le LlTJAN DE ) l'Ascension. \ i. Le Lutjax I STIGMATE. \ J). Le Li'TJAN ) STRIÉ. ) C. Le Lutjan PEATAP.RAM.ME. 7. Le Lutjan ABOENTÉ. 8. Le Lutjan serran. 9. Le LtTJAN écureuil. JO. Le Lutjan jaune. H . Le Lutjan OEIL-U'OR. 12. Le Lutjvn NAGEOIRES-nOUGtS 13. Le Lutjan iiamrur. l'i. Le Lutîan DIAGRAMME. 13. Le Lutjan ^ BLOCU. 10. Le Lutjan VERRAT. 17. Le Lutjan macropiitiial- HB. CARACTERES. Dix rnyons nigiiillonncs et quinze myonsailiculcs à la dor^ole; trois rayons aiguil- loiiiK's et SIX r:iyoiis urtitulis à ranalc; le second aiguillon de la dorsale très- long ; la léle, le toips et la queue rouges. Onze rayons aiguillonnés et .'icize rayons articulés à la nageoire du dos ; quatorze liiyons à runale; huit rayons à chaque tlioracine; les écailles dentelées ; deux doiits plus grandis (lue les autres; la partie supérieure de l'animal rougeâtre ; linlVrieurc blanchâtre. Dix-huit rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à la dorsale; neuf ra}ons aignillonni's et dix rayons ai ticulés ii la nageoiic de l'anus; une empreinte sur cha(jue opercule ; des lilaments aux rayons de la dorsale. Treize rayons aiguillonnés et quinze rayons articulés à la nageoire du dos; trois rayons aiguillonnés et huit rajons articulés à la nageoire de l'anus ; le second rayon de 1 anale Ircs-lort. Dix-sept rayons aiguillonnés et seize rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguillonnés et sept rayons articulés à la nageoire de l'anus ; des lilaments aux rayons de la nageoire du dos ; cinq raies longitudinales alternativement blanches et brunes. Douze rayons aiguillonnés etdix rayons articulés àla nageoire du dos; trois ra3-ons aiguillonnés et huit rayons articulés à la nageoire de l'anus; les orilices des na- rines tuhuleux; les dents très-cflilecs; la couleur générale d'une blancheur écla- tante ; une tache noire sur la partie antérieure de la nageoire du dos. Dix rayons aiguillonnés et quatorze rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguillonnés et sept rayons articulés à l'anale; les dents du milieu des mâchoires, aiguës, et plus petites (jue les autres ; les côtés de la tète rouges ; des raies longi- tudinales rouges, ou jaunes et violettes. Douze rayons aiguillonnes et de dix-sept rayons articulés à la nageoire du dos; trois rayons aiguillonnés et neuf rayons articules à celle de l'anus, la dorsale échancree, des raies bleues sur la tète. Huit rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la dorsale, trois rayons aiguil- loiiiHS et douze rayons articulés à l'anale ; les deux mâchoires également avan- cées, les dents granuleuses, le corps élevé, la couleur générale argentée, des raies longitudinales dorées. Onze rayons aiguillonnés et quatorze rayons articulés à la nageoire du dos, trois rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à celle de l'anus; les deux inà- 18. Le Lutjan TOSMaER ^ choires également avancées, les dents petites, aiguës cl séparées les unes des autres, l'uis large et doré, la couleur générale argentée, le dos violet. Onze rayons aiguillonnés ettreize raj'ons articulés à la dorsale, trois rayons aiguil- lonnes et neuf rajons articulés à l'anale, les deux dents du devant delà mâ- choire supérieure ])lus longues et plus grossesqueles autres, la partie antérieure du |)alais hérissée de très-petites dents; un seul orifice à chaque narine, la cou- leur générale argentée, le dos brun, les nageoires rouges. Dix rayons aiguillonnés et quatorze rayons articulés à la nageoire du dos, trois rayons aiguillonnés et seize rayons articulés à l'anale, la caudale en croissant, la lèvre supérieure extensible, une rangée de dents auprès du gosier, le bord des écailles membraneux, la couleur générale d'un rouge de cuivre. Neuf l'ayons aiguillonnes et dix-neuf rayons articules à la nageoire du dos; trois rajons aiguillonnés et huit rayons articulés à la nageoire de l'anus; la caudale en croissant; les écailles dures et dentelées; la dorsale cchancrée ; la couleur gé- nérale blanche; des raies longitudinales brunes; des raies obliques et brunes sur la nageoire de la queue. Ncul rayons aiguillonnes et quatorze rayons articulés à la dorsale; trois rayons ai- guilloiinéset huit rayons articules à la nageoire de l'anus; la caudale en croissant; le devant de la tctedenuéde petites écailles; les dentsdes deux mâchoires, courtes et recourbées; celles de la mâchoire d'en haut ré()ondant auxintervalles de celles d'en bas; le dos arrondi; le ventre caréné; la couleur générale blanche; le dos j^iunâtre; des bandes étroites, transversales et bleues, placées au-dessus de la ligne latérale; des raies jaunes et longitudinales, situées au-dessous de celte même ligne. Douze raj ons aiguillonnés et dix rayons articulés ii la nageoire du dos; trois rayons aiguillonnés et dix rayons articulés i\ celle de l'anus; la caudale en croissant; le museau proéminent; la mâchoire inférieure plus avancée (juc la supérieure; quatre glandes dents p intues et recourbées, placées sur le devant de chaque niâclioiie; la partie supérieure de l'animal d'une couleur pourpre ou violette, l'inférieure argentée. Dix rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la nageoire du dos; trois rayons aiguillonnes et seize rayons articulés à celle de l'anus; la caudale eu croissant; les yeux très-grands; toute la tète revêtue de petites écailles; un seul orilice à cha(|ue narine; l'anus beaucoup plus près de la tête que de la caudale; le dos jaunâtre; le ventre blanc. Dix rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à la dorsale ; trois rayons aiguil- lonnes et sept rayons articulés à la nageoire de l'anus ; la caudale en croissant; les deux mâchoires également avancées; deux orifices àchaque narine; la couleur générale rouge; le ventre d'un jaune violet; une raie jaune longitudinale, et parallèle à la ligne latérale. DES POISSONS. 295 CARACTÈRES. Dix rayons aiguillonnes et neuf rayons articulés à la nageoire du dos; trois rayons aiguillonnés et sept rayons articulés à la nageoire de l'anus ; la caudale en crois- sant; toute la tète couverte de petites écailles; une ellipse grande et violette placée sur la partie supérieure de Panimal. Dix rayons aiguillonnés et neuf rayons articules à la nageoire du dos; trois rayons aiguillonnes et sept rayons articulés à celle de l'anus; la caudale en croissant; les deux mâchoires également avancées; toute la tète couverte de petites écailles; un seul orifice à chaque narine; la partie supérieure du poisson jaune; les côtés d'un jaune moins foncé ; le ventre rougeàtre; presque toutes les nageoires rouges. Onze rayons aiguillonnés et quatorze rayons articulés à la nageoire du dos; trois rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la nageoire de l'anus; la dorsale échancrée ; chacune des deux faces latérales de l'animal représentant un hexagone allongé; toutes les pièces de chaque opercule dentelées; des lames denteliîcs autour des yeux ; plusieurs rangs de dents mousses à chaque mâchoire. Dix rayons aiguillonnés et quatorze rayons articulés à la nageoire du dos; trois rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à celle de l'anus ; sept rayons à cha- que thoracine; les deux mâchoires égales; des dents crochues et fortes à la mâchoire supérieure; le sommet de la tète dénué de petites écailles; lesopercules revêtus d'écaillés semblahles à celles du dos; une tache noire, en forme de crois- sant, sur la caudale. Dix rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguil- lonnés et sept rayons articulés à l'anale ; un aiguillon tourné vers le museau au- dessous de chaque œil ; une raie longitudinale d'un jaune doré ; la couleur géné- rale blanchâtre. Huit rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la nageoire du dos ; deux ou trois rayons aiguillonnés et dix ra3^ons articulés à l'anale ; la tête et les oper- cules dénués de petites écailles; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure; la dorsale échancrée; la portion antérieure de cette nageoire, très- haute et triangulaire; le second aiguillon de cette portion antérieure, plus long que les autres rayons de cette nageoire du dos. Trente-six rayons à la dorsale; un ou deux rayons aiguillonnés et dix rayons arti- culés à l'anale; la dorsale un peu échancrée; la tète et les opercules couverts d'écaillés semblables à celles du dos; la mâchoire supérieure plus avancée que l'inférieure ; la lèvre supérieure double ; une tache foncée, bordée d'une cou- leur très-claire, et triangulaire, à la base de la nageoire de la queue. i^euf rayons aiguillonnés et seize rayons articulés à la dorsale ; l'anale en forme de faux; la tète conique et allongée; l'ouverture de la bouche petite; une dente- lure auprès de la nuque; les pectorales étroites; un grand nombre de taches foncées, irrégulières et très-petites, sur le corps et sur la queue. Neuf rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la nageoire du dos ; deux rayons aiguillonnés et huit rayons articulés à la nageoire de l'anus ; un seul orifice à chaque nageoire; la tète et les opercules dénués de petites écailles ; la caudale en croissant; le dos violet; les côtés argentés; la tête et les nageoires jaunes. SECOND SOUS-GENRE. nageoire de la queue, ou terminée par une ligne droite} ou arrondie. Dix rayons aiguillonnés et onze raj^ons articulés à la nageoire du dos ; trois rayons aiguillonnés et huit rayons articulés à la nageoire de l'anus; des filaments à la dorsale; de petites écailles sur la membrane de cette même nageoire du dos ; des raies longitudinales alternativement blanches et brunes. Dix-huit rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la nageoire du dosj trois rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à l'anale ; les dents antérieures très-grandes ; un enfoncement entre les 3'eux , et un sillon au-devant de l'enfon- cement; la ligne latérale interrompue; le corps varié de verdàtre, de blanc et de jaune. Quinze rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la dorsale ; trois rayons aiguillonnes et douze rayons articulés à la nageoire de l'anus ; une petite bosse au-devant des narines; la dernière pièce de chaque opercule échancrée; la partie supérieure du poisson brune, l'inférieure blanchâtre; les côtés d'un vert jaunâtre ; trois raies longitudinales composées chacune d'une double rangée de petites taches rouges. Neuf rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la nageoire du dos; trois rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à celle de l'anus; les mâchoires égale- mont avancées; la lèvre supérieure extensible; quatre dents quatre fois plus grandes que les autres, au milieu de chaque mâchoire; la ligne latérale élevée, et rameuse vers le haut; les filaments des premiers aiguillons de la nageoire du dos deux fois plus longs que le rayon auquel ils sont attachés; les écailles gran- des, arrondies, et non dentelées. Quatorze rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la nageoire du dos; trois -g T j . , \ rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à l'anale; le dos d'un brun jau- .-^..r^"'^'''^"^ t nâtre; des raies bleues sur la tête ; une tache bleue, allongée, bordée de rouge, au-dessus et au-dessous de laquelle aboutit un trait écarlate, et placée derrière ou auprès de chaque œil. 19. ESPECES. 19. Le Lutjan eliiptiqi'e. 20. Le Lutjan japonais. 21. Le Lutjan ) hexagone. \ 22. Le Lutjan croissant. 23. Le Lutjan galon-d'or. 24. Le Lltjan oymnocéphale. 25. Le Lutjan triangle. 26. Le Lut.ian microstome. 27. Le Lutjan argenté- violet. La 28. Le Lutjan décacantue. 29. Le Lutjan SCINA. 30. Le Lutjan \ lapine. j 31 . Le Lutjan rameux. OEILLE. { 29G HISTOIRE NATURELLE ESPECES. 33. Le LiTjA.v EOSSf. Zi. Le LlTJAN OLIVATRE. 33. Le Lutjan ' BRUKNlCir. 36. Le Lutjan marseillais. 37. Le Ll'tjan adriatique. 38, Le Lutjaî» magmfique. 59 . Le Lutja\ POLYMNE. iO. Le Lctjan PAUPIÈRE. ii. Le Lutjan KOIR. i2. Le Lutjan CHRYSOPTÈRE. Aô. Le Lutjan MÉDITERRANÉEN. ii. Le Lutjan RAYÉ. i3. Le Lutjan écriture. 46. Le Lutjan CHINOIS. i7. Le Lutjan PIQUE. CARACTERES. Seize rayons aiguillonnes et neuf rayons articules à la dorsale; trois rayons aiguil- lonnés et onze rayons articulés à l'anale; la caudale arrondie ; les écailles gran- des ; la nuque et le dos très-élevés ; la couleur générale variée d'or et d'azur; un croissant d'une couleur foncée au-dessus des yeux ; les nageoires du dos et de l'anus, d'un vert de mer tacheté de noir. Quinze rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la dorsale ; trois rayons aiguil- lonnés et onze rayons articulés à la nageoire de l'anus; les dents de devant aiguës; les deux du milieu éloignées l'une de l'autre; la couleur générale d'un vert d'olive; une tache bleue et bordée do rouge, à l'extrémité de chaque oi)or- cule ; une tache noire presque au bout de la (jueuo. Seize rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguil- lonnés et onze rayons articulés à la nageoire de l'anus; la létc pointue ; l'ouver- ture de la bouche petite; la couleur générale brune; des raies bleues et tor- tueuses sur la tète ; des raies et des taches bleues sur le corps et sur la queue. Oualorzo rajons aii;uitlonn(''S et onze rayons articub's à la nagoire du dos; trois rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à celle de l'anus; une seule rangée de dents; les dents antérieures plus grandes que les autres; la couleur générale olivâtre, avec neuf ou dix raies bleues et longitudinales de chaque côté, ou pré- sentant une sorte de réseau, composé de rouge foncé et d'argenté verdàtre; les pectorales bleues. Dix rayons aiguillonnés et douze rayons articules à la nageoire du dos ; trois rayons aiguillonnés et sept rayons articulés à l'anale; les dents très-menues ; des raies jaunes et obti(|ues sur la tète; une tache noire vers l'extrémiti- de la dorsale; quatre bandes transversales, larges et brunes ; les thoracines noires. Douze rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la dorsale, trois rayons aiguillonnés et dix-sept rayons articulés à la nageoire de l'anus ; la couleur géné- rale argentée; huit bandes transversales brunes; les rayons aiguillonnés de la dorsale argentés sur les côtés. Onze rayons aiguillonnés et quinze rayons articulés à la nageoire du dos; deux ou trois rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la nageoire de l'anus ; les deux mâchoires également avancées, et garnies d'un grand nombre de petites dents; un seul orifice à chaque narine ; la tète couverte d'écaillés petites et den- telées: la dernière pièce de chaque opercule plus dentelée que la première ; la ligne latérale interrompue ; la couleur générale d'un brun clair, avec trois ban- des transversales, larges, blanches, et bordées de noir. Douze rayons aiguillonnés et vingt et un rayons articulés à la dorsale; deux ou trois rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à la nagoire de l'anus; la ligne laté- rale très-courbe ; une tache brune sur l'œil. Huit rayons aiguillonnés et trente-trois rayons articulés à la dorsale ; vingt-six rayons à l'anale ; la dernière pièce de chaque opercule ciliée ; la ligne latérale droite; la couleur générale noire ; les nageoires rayées ou tachetées de blanc. ' Douze rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la nageoire du dos ; la dernière \ pièce de chaque opercule festonnée; l'ouverture de la bouche petite; la mâchoire d'en haut un peu plus avancée que celle d'en bas ; l'une et l'autre garnies d'une I seule rangée de dents pointues et recourbées ; le dos arrondi et Irès-elevé ; la ligne ^ latérale droite ; les thoracines dorées et tachetées de brun. Seize rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la dorsale ; trois rayons aiguil- lonnés et onze rayons articulés à l'anale ; l'ouverture de la bouche petite ; la tète dénuée de petites écailles; les rayons de la nageoire du dos garnis de (ila- ments ; cette nageoire plus haute du côté de la caudale que de celui du museau ; la couleur générale verte; des bandes transversales étroites, tortueuses, et bleues sur la tète : des raies longitudinales, et d'une nuance obscure, sur la partie supé- rieure de ranimai ; des raies longitudinales et bleues sur l'inférieure ; une tache noire sur chaque pectorale. Douze rayons aiguillonnés et six rayons articulés à la nageoire du dos ; trois rayons aiguillonnés et neuf raj'ons articulés à celle de l'anus ; les dents grandes ; des raies longitudinales, ou des bandes transversales blanches et brunes, et placées à une égale distance l'une de l'autre. Dix rayons aiguillonnés et quinze rayons articulés à la dorsale, trois rayons aiguil- lonnés et sept rayons articulés à la nageoire de l'anus; les yeux saillants, des filaments aux rayons aiguillonnés de la nageoire du dos, des traits semblables a des lettres, sur la tète; le dos roussâtre;des bandes transversales brunes, les pec- torales et la caudale jaunes. Dix rayons aiguillonnes et vingt-six rayons articulés à la nageoire du dos ; deux ou trois rayons aiguillonnés et huit rayons articulés à l'anale ; la caudale lan- céolée; la dorsale étendue de|)uis la nuque jusqu'auprès de la caudale; la mâ- choire inférieure plus courte ([uc la supérieure ; la langue, le palais, les nageoires, et une grande partie du corps et de la cpieue, d'un jaune plus ou moins fonce. Douze rayons aiguillonnés et (luatorze rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguillonnés et sept rayons articulés à la nageoire de l'anus ; la nuque élevée ; les deux mâchoires également avancées ; les dents antérieures plus grandes que celles au-devant desquelles elles sont placées, et qui sont très-nombreuses; une dente- lure à la partie du corps la plus voisine des opercules; le second aiguillon de l'anale long et fort; la partie supérieure de l'animal jaune, l'inférieure argentée; des taches ou raies cendrées. DES rOISSONS. 297 ESPÈCES. iS. Le Lutjan SELLE. 49. Le Lutjan deux- dents. LiO. Le Lutjan MARQUÉ. 51. Le Lutjan LINKE. :j2. Le Lutjan SURINAM. ( 53. Le Lutjan verdatre. ^ 54. Le Lutjan GROIN. 5a. Le Lutîan RORWÉGIEN. 5G. Le Lutjan JOUKDIN. 57. Le Lutjan ARGUS. i. Le Lutjan JOHN. S9. Le Lutjan tortue. CARACTÈRES. Dix rayons aiguillonnés et seize rayons articulés à la nageoire du dos; deux rayons aiguillonnés et quatorze rayons articulés à la nageoire de l'anus; la caudale arron- die; la mâclioiic inférieure plus longue que la supérieure, les dents courtes, lar- ges et pointues; un seul orilîce .à cha([ue narine ; toutes les pièces de chaque oper- cule et une partie de l'orbite de l'œil très-dentelées; les bases de la dorsale, de l'anale et de la caudale, garnies d'écaillés dentelées comme celles du dos; la cou- leur générale rougeâtre ; une grande taclie noire placée sur le dos et sur l'origine de la queue, et s'étendant assez bas de chaque côté. Neuf rayons aiguillonnés et seize rayons articulés à la nageoire du dos ; trois rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la nageoire de l'anus; la caudale arrondie; les deux mâclioires aussi longues l'une-iiue l'autre ; la mâchoire supérieure armée seulement de deux dents; l'inférieure garnie d'une rangée de dents courtes et arrondies; les écailles unies; la ligne latérale interrompue; la partie supérieure de l'animal rouge, l'inférieure argentine; le menton et les nageoires verts. Quatorze rayons aiguillonnés et huit rayons articulés à la nageoire du dos; trois rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à celle de l'anus; la caudale arrondie; , une rangée de pores au-dessous de chaque œil; les écailles molles et lisses; la ] couleur générale jaunâtre; plusieurs taches brunes et irrégulières; une tache \ noire sur chaque côté de l'extrémité de la queue. ' Quinze rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la dorsale ; trois rayons aiguil- ' lonnés et onze rayons articulés à l'anale; la caudale arrondie; les mâchoires aussi avancées l'une que l'autre, et garnies chacune d'un rang do dents fortes, pointues et recourbées ; le palais et la langue lisses; un seul orifice à chaque narine; la couleur générale d'un blanc violet; la tête grise; le museau violet. Quatorze rayons aiguillonnés et quinze rayons articulés à la nageoire du dos ; trois rayons aiguillonnés et sept rayons articulés à l'anale ; la caudale arrondie ; point de dents à la mâchoire d'en haut; la mâchoire inférieure plus longue que la supé- rieure, et hérissée d'un grand nombre de dents petites, pointues et serrées; deux orifices à chaque narine; les écailles dures et dentelées; de petites écailles sur une partie de la dorsale, de l'anale et de la caudale ; la couleur générale rougeâ- tre ; des taches et des bandes transversales brunes. Seize rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguil- lonnés et neuf rayons articulés à l'anale ; la caudale arrondie ; les lèvres épaisses ; les mâchoires aussi avancées l'une que l'autre, et garnies toutes les deux d'une rangée de dents pointues et serrées; le palais et la langue lisses ; des dents arron- dies auprès du gosier; un seul orifice à chaque narine; les écailles lisses et min- ces ; la ligne latérale interrompue; la couleur générale jaunâtre; les nageoires vertes. Quinze rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la nageoire du dos; trois rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à celle de l'anus; le museau allongé; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure; les deux imâchoires armées de dents menues, pointues et très-serrées; un seul orifice à chaque narine; le dos violet ; les côtés jaunâtres. Seize rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à la dorsale ; trois rayons aiguil- lonnés et dix rayons articulés à la nageoire de l'anus; la caudale arrondie; les deux mâchoires égales en longueur, et garnies chacune d'un rang de petites dents très serrées ; des dents arrondies au gosier; les lèvres grosses; un seul orifice à chaque narine; plusieurs pores autour des yeux; la dernière pièce de l'opercule terminée par une prolongation arrondie ; les écailles dures, dentelées, et forte- ment attachées à la peau ; la nuque et le dos violets ; les côtés et le ventre jaunes et tachetés de violet. Onze rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la dorsale; deux rayons aiguil- lonnés et quatorze rayons articulés à la nageoire de l'anus; la caudale arrondie ; la tète comprimée et toute garnie de petites écailles; la nuque élevée; les deux mâchoires également avancées, et hérissées d'un grand nombre de petites dents ; un seul orifice à chaque narine ; les écailles dures et dentelées ; le dos caréné; le ventre arrondi; la couleur générale d'un brun mêlé de reflets dorés; deux bandes transversales blanches. Neuf rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la nageoire du dos; trois rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à la nageoire de l'anus; la caudale arrondie; la tète, le corps et la queue, couverts d'écaillcs dures, très petites et dentelées; la mâchoire inférieure plus longue que celle d'en haut; deux orifices à chaque narine ; la couleur générale bleue ; des taches petites, brunes et en forme de ceicle. Dix rayons aiguillonnés et quatorze rayons articulés à la nageoire du dos; trois rayons aiguillonnés et huit rayons articulés à l'anale ; la caudale arrondie ; toute la tête revêtue de petites écailles; la mâchoire inférieure un peu plus avancée que la supérieure; les dentelures de la pièce antérieure de l'opercule très-pro- fondes ; la couleur générale argentée; des taches noires sur le dos. Dix-huit rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à la dorsale; dix rayons aiguil- lonnés et huit rayons articulés à la nageoire de l'anus; la caudale arrondie; la tête couverte en entier de petites écailles; un seul orifice à chaque narine; les deux mâchoires presque également avancées; plusieurs rangées de dents serrées ; une dentelure auprès de chaque œil; la pièce postérieure de chaque opercule dente- lée; la couleur générale brune. 298 HISTOIRE NAIURELLE ESPÈCES. 60. Le Lutjax PLUMIER. 61. Le Lutjax OniEXTAL. 62. Le Lutjan TACHETÉ. \ 63. Le Lltjax ORANGE. 6^. Le Lltjas BLA>'C-OR. 6j. Le Lutjan PEBCHOT. 66. Le Lutjan jaunellipse. 67. Le Lutjan grimpeur. 68. Le Llijan chétodonoïde. 60. Le Lutjan diacantiie. 70. Le Lutjan PEINT. CARACTÈRES. Dix rayons aiguillonnes et quatorze rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la nageoire de l'anus; la caudale arron- die; toute la tête garnie de petites écailles; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure; deux orifices à chaque narine; la couleur générale jaune; huit ou neuf bandes transversales brunes ; une grande tache noire entre la dor- sale et la caudale. Onze rayons niççuillonnés et douze rayons articulés à la nageoire du dos ; trois rayons aiguillonnés et huit rayons articulés à l'anale; la caudale arrondie; de petites écailles sur la tète; la nuque élevée ; la mâchoire inférieure un peu plus y longue que la supérieure ; une seule ouverture à chaque narine , les yeux rappro- / elles; la couleur g('nérale blanche ; le dos et la tète jaunâtres ; quatre raies longi- tudinales et brunes de chaque côté de l'animal. . Dix rayons aiguillonnés etquatorzc rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguil- k lonnés et sept rayons articulés à la nageoire de l'anus ; la caudale arrondie ; toute ' la tête couverte de petites écailles ; la nuque et le dos très-élevés ; les deux mâchoi- j res presqu'égalemcnt avancées; les dents pointues et très-courtes; un seul orifice f à chaque narine; les yeux rapprochés; des taches très-grandes, irrégulières et noires; presque toutes les nageoires rougeâtres. ( Douze ^'ayons aiguillonnés et quinze rayons articulés à la nageoire du dos; trois rayons aiguillonnés et sept rayons articulés à la nageoire de l'anus; la caudale arrondie; la partie antérieure de la tète presque verticale; toute la tète garnie de ; petites écailles; l'ouverture de la bouche très-prtite ; les dents très-courtes; un i seul orifice à chaque narine ; les écailles petites, dures et dentelées ; l'anus à une I distance à peu près égale entre la tête et la caudale; la couleur générale orange, \ des taches très-grandes et noirâtres. f Dix rayons aiguillonnés et quatorze rayons articulés à la dorsale ; sept rayons à cha- l que thoracine; plusieurs rangs de dents; les dents extérieures plus grandes et \ recourbées; les deux dents antérieures de la mâchoire supérieure plus longues V que les autres; les écailles des opercules, du corpsetdela queue, très-rapprochées / les unes des autres, et un peu dentelées; la couleur générale blanche ou blan- I châtre; des raies d'or sur la tête; neuf ou dix raies longitudinales et dorées, de ' chaque côté du poisson. / Dix rayons aiguillonnés et quatorze rayons articulés à la dorsale; deux rayons l aiguillonnés et douze rayons articulés à la nageoire de l'anus; la caudale très- ; grande à proportion du corps, et arrondie; un rayon aiguillonné et quatre rayons ( articulés à chaque thoracine; les opercules ciselés; la dernière pièce do chacun i de ces opercules dentelée; les écailles dentelées et très-rapprochées les unes des I autres; les dents à peine sensibles; la couleur générale orange; trois bandes transversales bleuâtres et bordées de noir. Dix rayons aiguillonnés et douze rayons articulés etrameux à la nageoire du dos; l trois rayons aiguillonnés et six rayons articulés à la nageoire de l'anus ; toute la I tête couverte d'écaillcs un peu dentelées, comme celles du corps et de la queue ; J la lèvre supérieure extensible ; la mâchoire d'en bas plus allongée que celle d'en 1 haut; les dents petites et rai)proché(s les unes des autres; la caudale arrondie; f la couleur générale rouge ou rougeâtre ; une raie longitudinale et d'un rouge [ clair, de chaque côté de l'animal; un trait elliptique rouge en dehors et jaune en ^ dedans, auprès de chaque œil. Dix-sept rayons aiguillonnés et huit rayons articulés à la nageoire du dos; dix \ rayons aiguillonnés et huit rayons articulés à la nageoire de l'anus; la caudale arrondie ; trois pièces à chaque opercule, les opercules garnis de petites écailles, le plus souvent dentelées, commccellesdu corps etdela queue; les petits piquants / des opercules très-nombreux; la partie supérieure de l'animal d'une vert obscur, l'inférieure dorée. (Quinze rayons aiguillonnés et dix-neuf rajons articulés à la nageoire du dos, qua- tre rayons aiguillonnés cl ■six rayons articulés à la nageoire de l'anus, un rayon ^ aiguilionné et six rayons articulés à chaque thoracine; la caudale arrondie; six 1 pores assez grands à la mâchoire inférieure, l'intérieur des lèvres granulé; le ' dessus de la tête relevé de manière qu'elle soit terminée, dans sa partie antérieure, par une ligne droite. ' Onze rayons aiguillonnés et vingt-deux rayons articub's à la nageoire du dos; deux rayons aiguillonnés et sept rayons articulés à celle de l'anus; chaque mâchoire garnie d'un rang de dents crochues, un peu grandes, éloignées les unes des autres, et hérissée de plusieurs rangées de petites dents; la ligne latérale courbée vers le dos, et ensuite vers la nageoire de l'anus ; de petites taches très- foncées sur les côtés de l'animal et sur les nageoires. Dix rayons aiguillonnés et vingt et un rayons articulés à la nageoire du dos ; trois rayons aiguillonnés et sept rayons articulés à l'anale; la caudale arrondie; la dorsale longue et basse; trois raies longitudinales un peu courbes et dirigées, la première vers le milieu de la dorsale, la seconde vers l'extrémité de cette nageoire, la troisième vers la caudale. DES POISSONS. 290 ESPÈCES. CARACTÈRES. i Douze rayons aiguillonnés et doiize rayons articulés à la dorsale; deux rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la nageoire de l'anus; la caudale arrondie; de petites écailles sur la tête, les opercules, et la base de la dorsale, de l'anale, et de la nageoire de la queue; trois bandes noires, larges et transversales, situées l'une au-dessus du museau, la seconde au-dessus de la dorsale, de la pectorale et des ihoracines, et la troisième auprès de la caudale. i Onze rayons aiguillonnés et dix-neuf rayons articulés à la dorsale; deux rayons 72. Le Lutjan / aiguillonnés etsept rayons articulés à l'anale; la caud'ile arrondie ; la mnclioire CAYENNE. I d'en bas un peu plus avancée que colle d'en baut ; les dents égales et serrées* la ^ langue un peu libre dans ses mouvements. TROISIÈME SOUS-GENRE. La nagpoire de la queue divisée en trois lohes. i Onze rayons aiguillonnés et onze rayons ar(iculés à la dorsale; trois rayons aiguil- 73. Le Lutjan ; lonnés et buit rayons articulés à l'anale; les troisième et quatrième rayons ai^uil- TRiDENT. j lonnés de la nageoire du dos garnis d'un long filament; sept bandes transver- ' sales bleues. f Six rayons aiguillonnés et seize rayons articulés .à la nageoire du dos ; un ou deux k rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à la nageoire de l'anus ; la mâcboire 74. Le Lutjan I infi'rieure plus avancée que la supérieure; deux orifices à cbaque narine ; toute TRILOBÉ. ! la tête couverte d'écaillés semblables à celles du dos ; la seconde pièce de chaque / opercule non dentelée, et très-prolongée vers la queue j la nuque très-élevce et \ arrondie ; le ventre gros. LE LUTJAN VIRGINIEN. Pristipoma Rodo, Cuv. ; Sparus virginicus, Linn., Gmel. ; Perça Juba, et Sparus vittatus, Bl. ; Sparus Jub, et Lutjanus virginicus, Lacep. i. Le Lahre Anthias, Serranus AiUhias, Cuv.; Labnis Anthias, Linn.; Anlhias saccr, BI.; Lutjanus Anthias, Lac. — Lutjan de l'Ascension, Hoiocenlrum Ascensinnis, Ciiv. ; Perça Ascensionis, Linn., Gmel.; Amphacanthus Ascensionis, Bl.; Lutjanus Ascensionis, Lac. — Lutjan Stigmate, Perça Sligma, Linn., Gmel.; Lutjanus Sligma, Lacep. — Lutjan sïr/c, Serranus striatus, Cuv.; Perça Striata, Linn., Gm. ; Anthias striatus, Bl. ; Anthias Cherna, Bloch, Schn. ; Sparus chrysomelanus, et Lutjanus striatus, Lac. Les luljans ont beaucoup de rapports avec les spares; ils ont reçu, comme ces derniers, des armes remarquables, au moins relativement à leur force et à leur grandeur. Mais celles des spares, consistant dans plusieurs rangées de dents propres à déchirer une victime, ou à écraser de dures enveloppes sous lesquelles leur proie tâche en vain de trouver un abri, paraissent destinées pour l'atlaque plutôt que pour la défense, pendant que les Uitjans, n'ayant ordinairement à la place de ces instruments puissants que les piquants de leurs nageoires et ceux de leurs opercules, ne pouvant user avec avantage de ces aiguillons que contre l'ennemi qui les atteint et les saisit, ne semblent armés que pour se garantir des efforts d'un dangereux adversaire, arrêter son attaque, et le con- traindre à cesser sa poursuite et ses combats. Les spares provoquent et les hijans atten- dent les habitants des eaux qui leur font la guerre : tel est du moins le premier aperçu qui se présente lorsqu'on les compare. Ou se presse d'en conclure que les lutjaus sont moins voraces, moins agités, plus pacifiques, plus sociables que les spares; et la philoso- phie se plaît d'autant plus à embrasser cette idée de paix, à la produire, à l'embellir, à la métamorphoser, pour ainsi dire, en une leçon heureuse donnée par la nature elle- même, que les luljans montrent presque tous une parure agréable et riante. Et quel charme secret n'éprouve-t-on pas toutes les fois qu'on voit l'image du bon goût, la conve- nance dans les assortiments, l'élégance dans les ornements, et la belle distribution des couleurs éclatantes ou suaves, réunies avec la douCeur des mœurs et la bonté des habi- tudes? Parmi ces intéressants lufjans, le premier qui s'offre à nous, et auquel on a donné le nom de Virginien, habite non-seulement dans la Virginie, mais dans plusieurs autres contrées de l'Amérique septentrionale, L'anlhias, qui suit, vit dans la Méditerranée. Son nom doit venir de âv9o,-, qui en grec signifie fleur; et cette dénomination, ainsi que celles de beau poisson et de poisson d'un beau nom, par lesquelles le désignait ce peuple spirituel et sensible à tous les genres de beauté, qui habitait la Grèce, indique le charmant assemblage des nuances variées et des 4 Du genre Pristipome, dans la famille des Acanthoptérygiens sciénoïdes de M. Cuvier. Ce poisson a etâ deux fois décrit par M. de Lacépède, sous les nomsl" de Sparejab, 2" de Lutjan virginien, D. 500 HISTOIRE NATURELLE couleurs rivales de celles des Heurs, qui chatoient sur les écailles de l'anthias et le rayon allongé de sa nageoire dorsale, qui s'élève au milieu de ces reflets agréables comme une anthère ou un pistil au sein d'un beau calice. Tous les tons que le rouge peut présenter depuis l'éclat du rubis ou celui du grenat jusqu'aux demi-teintes du rose le plus tendre, se mêlent en effet sur la surface de l'anthias avec le brillant de l'argent; et la vivacité scintillante ou la douce fusion de ces nuances toutes gracieuses plaisent d'autant plus à l'œil, qu'elles se marient avec le feu de la topaze qui resplendit par reflets fugitifs sur les grandes nageoires de ce poisson favorisé par la nature. Peut-être sa parure n'a-t-elle pas peu contribué à le faire regarder comme sacré par nn peuple qui avait divinisé la beauté, et qui ne pouvait voir qu'avec enthousiasme les emblèmes de sa divinité chérie; et c'est vraisemblablement par une suite de cette espèce de consécration, que les anciens Grecs pensaient qu'aucun animal dangereux ne pouvait liabiter dans les mêmes eaux que l'anthias, et que les plongeurs pouvaient descendre sans crainlejusqu'au fond des mers, dans tous les endroits où ils rencontraient ce luljan privilégié. Quoi qu'il en soit, voyons rapidement les formes principales de ce poisson. Sa tête est courte et toute couverte de petites écailles; sa mâchoire inférieure, plus avan- cée que celle d'en haut, est garnie, ainsi que cette dernière, d'un rang de dents pointues, recourbées, et séparées les unes des autres par d'autres dents plus petites, serrées et très- aiguës; la langue ne présente aucune aspérité; chaque narine n'a qu'un orifice, et la ligne latérale est interrompue. Plusieurs des auteurs grecs et latins qui ont parlé de l'anthias, et particulièrement Oppien et Pline, se sont occupés de la manière de le pêcher. Selon ce que rapporte le naturaliste romain, les lutjans de cette espèce étaient très-communs auprès des îles et des écueils voisins des côtes de l'Asie mineure. Un pêcheur, toujours vêtu du même habit, se promenait dans une petite barque pendant plusieurs jours de suite; et chaque jour à la même heure, dans un espace déterminé auprès de ces écueils ou de ces îles, il jetait aux anthias quelques-uns des aliments qu'ils préfèrent. Pendant quelque temps, cette nour- riture était suspecte à des animaux qui, armés pour se défendre bien plutôt que pour attaquer, doivent être plus timides, plus réservés, plus précautionnés, plus rusés que plusieurs autres habitants des mers. Cependant, au bout de quelques jours, un de ces poissons se hasardait à saisir quelques parcelles de la pâture qui lui était ofl'erte : le^ pêcheur l'examinait avec attention, comme l'auteur de son espoir et de ses succès, et l'ob- servait assez pour le reconnaître facilement. L'exemple de l'individu plus hardi que les^ autres n'avait pas d'abord d'imitateurs : mais après quelque temps il ne paraissait qu'avec des compagnons dont le nombre augmentait peu à peu; et enfin il ne se montrait qu'avec une troupe nombreuse d'autres anthias qui se familiarisaient bientôt avec le pêcheur, et s'accoutumaient à recevoir leur nourriture de sa main. Ce même pécheur,! cachant alors un hameçon dans l'aliment qu'il présentait à ces animaux trompés,] les retenait, les enlevait, les jetait avec vitesse et facilité dans son petit bâiiment,] mais avait un grand soin de ne pas saisir l'anthias imprudent auquel il devait la bonté d( sa pèche, et dont la prise aurait à l'instant mis en fuite tous ceux qui ne s'étaient avancés veri le navire qu'en imitant sa témérité, et en se mettant, en quelque sorte, sous sa conduite, Oppien raconte que lorsque, dans d'auti'es circonstances, un anthias est pris à l'hame- çon, ses compagnons s'empressent de l'aider à se dèlacher du fatal crochet, ou de la ligne,j en le poussant avec leur dos, et que même, quelquefois, l'individu retenu par la corde h coupe avec l'aiguillon long et dentelé de sa nageoire dorsale. Si ce dernier fait est vrai, il faudrait l'allribuer à un autre poisson queranlhias,eti)eut-êtreà quelques grands silures ;| car le long aiguillon de la dorsale du luljan dont nous nous occupons, quoique fort, et enj quelque sorte un peu tranchant, ne présente aucune dentelure. C'est aussi à des espèces différentes de celle que nous décrivons, qu'il faut rapporter ce qu'Elien et d'autres anciens ont écrit des couleurs, de quelques formes et des dimensions des anthias, desquels ils ont dit que si la taille de ces animaux était inférieure à celle des thons, ils remportaient par leur force sur ces derniers osseux. Au reste, on pourra recueillir beaucoup de lumières à ce sujet dans l'ouvrage de l'habile professeur Schneider, intitulé : Synonymie des jwissons d'Artedi, etc., p. 81. N'oublions pas de dire que l'anthias vit de petits crustacées et de jeunes poissons. Le luljan de l'Ascension se trouve auprès de lile du même nom, dans l'Océan Atlanli- que. Les deux pièces de chacun de ses opercules sont dentelées, et le second aiguillon de sa dorsale présente aussi une dcnlelurc. DES POISSONS. 501 Les Indes sont les contrées préférées par le liitjan stigmate. L'empreinte que montre ce poisson ressemble à celle qu'aurait laissée un fer chaud. Le lutjan strié présente sur son corps plus-ieurs petits traits; et c'est dans l'Amérique septentrionale qu'il a été péché. LE LUTJAN PENTAGRAMME. Perça lineata, Linn., Gniel.; Lutjanus pentagramma, Lac. i. Le Lutjan argenté, Perça argenlea, Linn., GmeL ; Luijaniis argenleus, Lac. — Lntjan Serran, Ser- raiius Cabrilla, Cuv. ; Holocenlrns virescens, Holocenlrus Chani, Bocliamis hialnla, el Luljaiius Ser- ran, Lac. — Luljan Écureuil, Ilœmulum forniosnm, Cuv. ; Perça formosa, Linn., Gin. ; Labrus Plumieri, et Lutjanus Sciurus, Lac— L?fî;«n jfl?(Ht% Diagramma cavifrons, Cuv.; Luljanus luleus, Blocli, Lacep. — Lntjan œil d'or, Creiiiiabrus Chrysops, Cuv. ; Luljanus Chrysops, Bi., Lac. — Lutjan nageoires-rouges, Mesoprion erylhroplerus, Cuv.; Luljanus erylbroplerus, Bi., Lac. Nous ne connaissons pas la pairie du penlagramme; l'argenté, dont la partie antérieuie du dos est carénée, vit dans les eaux de l'Amérique; on pêche dans la Méditerranée le ser- ran, qui présente souvent un filament derrière chaque rayon aiguillonné de sa dorsale ; et l'on trouve aux Moluques, dans plusieurs autres contrées orienlales, dans les îles de Bahama et dans les Antilles, le lutjan écureuil, que Linnée avait nommé le Beau, à cause des nuances et de la distribution de ses couleurs, et qui en effet charme l'œil par la dorure de ses écailles qu'une bordure brune rend plus éclatantes dans leur centre par le bleu de plusieurs raies qui régnent de chaque côté du corps et de la queue, et se marient très-bien avec celles de la tête, et par le jaune doré de toutes les nageoires. La tê(e de ce luljan est couverte de petites écailles dures et souvent dentelées, comme celles du dos. La langue est large et lisse; les deux mâchoires sont aussi avancées l'une que l'autre; l'on voit deux orifices à chaque narine. Le lutjan jaune, qui se plaît dans les eaux des Antilles, a aussi deux orifices à chaque narine : il a de plus les yeux très-grands; la dernière pièce de chaque opercule terminée par une pointe molle; de petites écailles sur une portion de l'anale, ainsi que delà caudale, et toutes les nageoires d'un jaune couleur d'or. Bloch a fait connaître le lutjan œil d'or, d'après un individu de la collection de M. Linke de Leipsick. La tête de ce poisson est allongée; chacune de ses narines a deux orifices; sa ligne latérale est interrompue; ses pectorales, ses thoracines et son anale sont d'un jaune mêlé de violet, et sa dorsale, ainsi que sa caudale, d'une nuance brune. Au lieu de cette teinte obscure', les nageoires du lutjan nageoires-rouges brillent d'une belle couleur de vermillon. Bloch avait reçu du Japon un individu de :cette espèce. Les deux mâchoires de ce poisson sont également avancées ; sa langue est lisse; ses yeux sont gros; un sillon longitudinal peut recevoir la nageoire dorsale; de petites écailles sont pla- cées sur la base de la caudale, et sur celle de la nageoire de l'anus. LE LUTJAN HAMRUR. Piiacanthus Hamrur, Cuv. ; Sciacna Ilamrur, Forsk; Anthias Hamrur, BI. ; Lutjanus Hainrur, Lac. 2; Le L?(/jan D/rt^rflmmc, Diagramnia lineatum, Cuv.; Perça Diagramma, Linn., Gni. ; Antbias Dia- gramma, Bi. ; Lutjanus Diagramma, Lac. — Luljan Bloch, Mesoprion Luljanus, Cuv.; Luljanus Luljanus, Bi.; Luljanus Blochii, Lac. —Lutjan Verrat, Creniiabrus.... Cuv.; Bodianus Bodianus, BI. ; Lutjanus Verres, BI., Lacep. ; BodianusBlocliii, Lacep. — Lutjan Macrophlhalme, Priacan- thus macrophliialmus, Cuv. ; Anlbias macrophlhalmus, BI.; Luljanus macrophlhalmus. Lac. Le hamrur, que Forskael a vu auprès des rivages de l'Arabie, a les dents des deux mâchoires petites, égales, fortes, renflées et un peu éloignées les unes des autres : la der- nière pièce de ses opercules est terminée en pointe; et ses pectorales, dont la couleur est rougeâtre, sont plus courtes de la moitié que ses thoracines. Le diagramme habile les eaux des grandes Indes; sa chair est ferme, grasse et de très- bon goût; il parvient à une longueur de trois ou quatre décimètres, et il est assez coura- geux pour attaquer des poissons plus grands que lui. Sa tête est entièrement couverte de petites écailles; les deux mâchoires sont aussi avancées l'une que l'autre; les dents petites et nombreuses; le palais et la langue lisses ; les narines percées chacune de deux ori- fices, et les yeux gros et un peu rapprochés. Le lutjan Bloch a la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure; le palais hérissé de dents très-petites; deux orifices à chaque narine ; la dernière pièce de chaque 1 Non mentionné par M. Cuvier. D. 2 Du genre Priacanthe, de la famille des Acanthoptérygiens pcrcoïdes, selon M. Cuvier. D. 502 HISTOIRE NATURELLE opercule terminée par une prolongation un peu membraneuse; les nageoires rougeàtres ; la partie antérieure de la dorsale d'un bleu clair, ou grisâtre. Ce poisson a été observé dans le Japon, et c'est le nom de Liitjaug qu'il y porte, que Bloch a attribué à un genre particulier, et que nous avons donné au genre dont nous nous occupons. Le Japon est aussi la patrie du verrat. Ce dernier lutjan a le palais revêtu de dents petites et arrondies; on ne compte qu'un orifice à chaque narine. Les écailles sont fortes et dentelées ; on en voit de semblables à celles du dos, sur une partie de la dorsale, de l'anale et de la caudale. Cette nageoire de la queue, la base des pectorales, et la dernière portion de la nageoire du dos, ainsi que celle de l'anus, brillent d'un beau rouge : on remarque des teintes dorées sur la partie inférieure de l'animal. C'est encore au Japon que l'on trouve le macrophllialme, dont le nom indique la gros- seur très-remarquable des yeux i. Ses deux mâchoires sont d'une longueur égaie; ses dents très-petites; les écailles dentelées et dures; les pectorales et les thoracines rouges; et la base de la dorsale, celle de l'anale, et l'extrémité de la caudale, d'un jaune ou d'un gris mêlé de bleu. LE LUTJAN VOSMAER. Scolopsidcs Vosmaeri, Cuv. ; Scolopsis argyrosomus, Kuhl; Anthias Vosmaer, Bl.; Lujanus Vosmaeri, et Lutjaiius aureo-viltatus, Lac. 2. Le Lutjan elliptique, Scolopsides bilineatus, Cuv.; Anlhias bilinealus, Bl. ; Lutjanus ellipticus, Lac. — Lutjan japonais, Scolopsides Kale, Cuv.; Anlhias japonicus, Bloch; Luljanus japonicus Lac. — Lutjan hexagone, Myriprislis hexagonus, Cuv.; Luljanus hexagoims, Lac. — Lutjan crois- sant, Mesoprion lunuialus, Cuv.; Perça lunulala, Mungo-Park; Lutjanus iunulalus, Lac. Les trois premiers de ces Lutjanssont du Japon. Nous en devons la connaissance à Bloch, qui les a placés dans le genre particulier auquel il a donné le nom d'Aiithias, parce que leur tête est entièrement couverte de jîetites écailles. Mais les principes de distribution méthodique que nous avons cru devoir suivre, ne nous ont pas permis d'adopter ce genre d'anthias, et nous avons inscrit parmi les vrais lutjans les trois pois- sons japonais dont nous parlons dans cet article. Le vosmaer a de très-pelites dents; les pectorales, les thoracines el la caudale, rouges, la dorsale et l'anale bleues, avec des teintes rougeàtres sur quelques rayons. Le luljan elliptique présente un rang de dents courtes et pointues à chacune de ses mâchoires qui sont égales en lon}:;ueur. On ne compte qu'un orifice à chaque narine. L'ellipse violette que l'on voit sur le dos de l'animal est le plus souvent double; la |)artie supérieure du poisson est d'un vert jaunâtre, plus ou moins mêlé de brun; la doi'sale, les pectorales et la caudale sont violettes; les thoracines sont variées de jaune et de violet; l'anale est noire dans sa partie antérieure, et jaune dans l'antre. Des raies étroites, obliques et vcrdâircs, régnent fréquemment sur le dos du japonais; et le devant de sa dorsale est d'un violet mêlé de gris ou de blanc. L'hexagone a l'œil très-grand; les écailles fortement striées; le diamètre vertical de la queue bien inférieur à celui du corps. On n'a point encore publié de description de celte espèce, dont nous avons trouvé un individu parmi les poissons desséchés qui font partie de la belle collection donnée par la Hollande à la France. Les nageoires du luljan croissant sont rougeàtres, excepté les thoracines, qui offrent une couleur d'or ou d'orange. La patrie de ce dernier poisson est l'île de Sumatra. LE LUTJAN GALON-D'OR. Scolopsides Vosmaeri, Cuv.; Scolopsis argyrosomus, Kulii; Aiitliias Vosmaer, Bl ; Lutjanus aureo- villalus, el Lutjanus Vosmaeri, Lac 5. Le Lutjan Gymnocéphale, Ambassis Comnicrionii, Cuv.; Luljanus gyinnoccplialus, et Ccntroponuis Ambassis, Lacep. — Lutjan iriamik, Corvina ocoliata, Cuv.; Sciicna iiubcrbis, Milch. ; Perça ocellala, Liiin. ; Luljanus Triangulum, elCenlropomus ocellalus, Lac. — Lutjan microstome, Pris- tipoma Commersonii, Cuv.; Luljanus microslomus, el Labrus Commersonii, Lac. Les eaux de Sumatra nourrissent le luljan galon-d'or. Indépendamment du ruban doré 1 Le diamètre de l'œil du mncroplillialmc est plus grand que la distance qui sépare la ligne latérale de ce luljan, de sa nageoire du dos. 2 Du genre Scolopside, dans la famille des Acanthoplérygiens sciénoïdcs de M. Cuvier. M. de Lacépèdc a décrit deux fois ce poisson, sons les noms 1" de Lutjan vosmaer, cl 2» de Luljan galon-d'or. D. 3 Ce poisson est le même que celui déjà décrit par M. de Lncépèdc, dans l'article précédent sous le jjOm de Lntjun Vosmaer. C'est un scolopside pour M. Cuvier. D. DES POISSONS. 305 qui nous a indiqué son nom spécifique, sa couleur blanchâtre est relevée par le beau jaune de ses pectorales et de sa nageoire de la queue; la dorsale et les thoracines sont d'un brun mêlé de blanc. Aucun naturaliste n'a encore publié la description du gymnocéphale, du triangle, ni du microstome, dont nous avons vu des dessins parmi les manuscrits de Commerson, et qui vivent dans le grand Océan équinoxial, ou dans les parties de ce grand Océan voisines des tropiques. Le gymnocéphale a les dénis égales et pointues; les deux premières pièces de chaque opercule dentelées, et les narines percées chacune d'un seul orifice. On doit remarquer sur le luljan triangle la forme de sa caudale qui est en croissant, la double ouverture dechacune de ses narines, l'échancrure de la dernière pièce de l'oper- cule qui, au-dessous de celle sorte d'entaille, montre une prolongation arrondie, et les petites taches dont sont marquées presque toutes les écailles de la partie supérieure du poisson. Les dents du microstome i sont petites et déliées, et son anus estplus près delatêteque de la nageoire de la queue. LE LUTJAN ARGENTÉ-VIOLET. Gymnocephalus argenteus, Bl. ; Lutjaims argenteo-violaceus,Lacep. 2. Les Grandes-Indes sont la patrie de ce poisson. Les dents de l'argenté sont à peine visibles. La dernière pièce de chaque opercule ne présente pas ordinairement de dentelures. L'anus est plus éloigné de la gorge que de la caudale. LE LUTJAN DÉCACANTHE. Labrus striatus, Linn., Gmel.j Luljanus decacanthus, Lac. Le LMîjan Sf/»t!, Labrus Scina,Linn., Gniel.; Luljanus Scina, Lac. — Lutjmi Lapine, CveuWdbras Lapina, Cuv. ; Labrus Lapina, Linn., Gmel. ; Luljanus Lapina, Lacep. — Luljan rameux, Labrus ramenlosus, Linn., Gniel.; Luljanus ramenlosus, Lac. — Luljan œillé, Crenijabrus , Cuv. ; Labrus ocellalus, Linn., Gmei.; Luljanus ocellatus, Lac. — Lutjanbossu, Labrus Gibbus, Linn., Gmel.; Luljanus Gibbus, Lacep. — Luljan olivâtre, Crenilabrus , Cuv. ; Labrus olivaceus, Linn., Gmel.; Luljanus olivaceus, Lac. On a observé en Amérique le luljan décacanthe, dont la couleur générale est d'un brun jaunâtre. Le luljan scina et le lutjan lapine habitent dans la Propontide, et particulièrement auprès de Conslantinople. Le scina a le dessous du corps et de la queue blanc, avec des raies jaunes et un peu tortueuses; les pectorales jaunes et sans taches; les autres nageoires jaunâtres et tachées de bleu, La têle du luljan lapine présente des taches rouges sur le côté, et une raie petite, ondée, et bleue au-dessous de l'œil; ses pectorales sont jaunes; les thoracines bleues; et ses autres nageoires violettes avec des taches bleues. Forskael a le premier publié la description de ces deux luljans, ainsi que du rameux et de l'œillé, dont l'un vit dans la mer d'Arabie, et l'autre dans celle de Syrie. Le rameux est d'un vert mêlé de brun; il a des taches violettes sur le sommet de la têle, au-dessous des yeux, et sur les nageoires. L'œillé, qui préfère les eaux de la Syrie, montre auprès de chaque œil une tache ronde et couleur d'écarlate, qui se marie très-bien avec la tache bleue et bordée de rouge qu'indique pour ce poisson le tableau générique des luljans. On a péché le bossu auprès des côles d'Angleterre. Les pectorales de ce thoracin sont jaunes; la base de ces pectorales offre des bandes étroites, transversales et rouges; les thoracines et la nageoire de la queue sont verdàtres. A l'égard de l'olivâtre, que l'on rencontre dans la Méditerranée, comptons parmi ses principaux attributs les teintes argentées desa têle, celles de sa caudale, qui est roussâlre, et la couleur de ses autres nageoires, qui est semblable à celle du corps. LE LUTJAN BRUNNICH. Crenilabrus fuscus, Cuv. ; Labrus fuscus, Linn., Gmel.; Lutjaniis Brunnichii, Lacep. 3. Le Lutjan Marseillais, Crenilabrus unimaculalus, Cuv.; Labrus unimaculalus, Linn., Gmel.; Lutja- \ 3/ïcros/o»ifl signifie pclitc bouche, et (jr.ym«oceyj/(a/e, tétc nue, ou dénuée de petites écailles. Mfx^eàs, en effet, veut dire, en grec, petit : <:zà!J.oi., bouche; r^jj-voi, nu, et xe^«).n,fête. 2 M. Cuvier ne fait pas mention do ce poisson. D. 8 Du sous-genre Crénilabre, dans le grand genre Labre delà famille des Acanthoptérygiens labroïdes, IjUVi U* 304 HISTOIRE NATURELLE nus massiliensis, Lac. — Lutjan adriatique, Serranus Hepatii?, Cuv. ; Labrus adriaticus, Linn., Gmel.; Lutjaiius adriaticus, Lac; Ilolocenlrus slrialus, Bl. ; Hol. siagonotus, Laroche. — Lutian magnifique, Perça nobilis, Linn., Gmel. ; Luljanus magnificus, Lac. — Lutjan Pohjmne, Amphi- prion Polymnus, BL, Schn., Cuv.; Anlhias Polymnus, BL ; Luljanus Polymnus, Lac. Le brunnich ne parvient ordinairement qii't^ la longneur d'un décimètre; il est allongé et un peu comprimé : sa dorsale, son anale et sa caudale sont brunes ou rousses à leur base, et tachées de bleu; les pectorales rousses à leur base et bleues à leur sommet; les Ihoracines rouges et sans taches. Il a été observé par Brunnich dans la Méditerranée, ainsi que le marseillais. Ce dernier lutjan est aussi petit et aussi comprimé que le premier, mais sa forme générale est moins allongée. On voit souvent une tache noire vers l'extrémité jioslérieure de sa nageoire du dos. C'est encore le savant Brunnich quia décrit le premier lelutjan adriatique. lU'a vu dans la mer de ce nom auj^rès de Spalatro. La longueur ordinaire de ce poisson est à peu près égale à celle du marseillais et du brunnich. Sa nageoire de l'anus est noire à la base et jaune à son bord extérieur. L'éclat de l'argent dont brille le magnifique m'a indiqué le nom spécifique que j'ai cru devoir lui donner. Ce lutjan habite dans les eaux de l'Amérique; et les orifices de ses narines sont placés comme au bout d'un très-petit tube i. Les Grandes-Indes sont la patrie du polymne. La tète de ce poisson est petite; la nuque élevée; la langue lisse, ainsi que le palais: le dos caréné, le ventre arrondi. Bloch a décrit une variété de ce beau luljan. Elle diffère du polymne que nous tâchons de faire connaître par les quatre caractères suivants : premièrement, le corps et la queue sont plus allongés que ceux de ce même polymne; secondement, toutes les nageoires sont bordées de noir; troisièmement, la partie postérieure de la dorsale, les pectorales, les Ihoracines, l'anale et la caudale sont cendrées; et quatrièmement la ligne latérale n'est pas interrompue. LE LUTJAN PAUPIÈRE. Perça palpcbrosa, Linn., GmcL ; Luljanus palpebralus, Lacep. 2. Le Lutjan noir, Perça alraria, Linn., GnieL ; Luljanus alrarius, Laccp. — Lutjan chrysoptère, Hae- mulon chrysopleroii, Cuv. ; Perça chrysoptera, Linn., Gmel. ; Luljanus chrysopterus, Lac. — Lut- jan méditerranéen, Crenilabrus , Cuv. ; Perça nicdilerranca, Linn., GmeL ; Luljanus mediler- raneus, Lac. — Lutjan rayé, Perça vitiala, Linn., Gmel.; Luljanus villalus, Lac. Le lutjan paupière, qui habite en Amérique, ne présente jamais que de petites dimen- sions. Le noir et le chrysoptère ont été vus particulièrement dans les eaux de la Caroline , l'un par Garden, et l'autre par ce même observateur et par Catesby. Le second de ces luljans a la tête allongée, et couverte en entier de petites écailles, et l'anale ainsi que la caudale tachetées de brun. Nous n'avons pas besoin de dire que le méditerranéen vit dans la Méditerranée. Il n'a point de petites écailles sur la partie supérieure de la tête; et ses pectorales, ses Ihoracines, son anale et sa caudale sont rousses ou jaunes. Le luljan rayé a été péché en Amérique. On a remarqué la force du second rayon aiguil- lonné de sa nageoire de l'anus. 11 nous semble que c'est avec raison que les professeurs Gmelin et Bonnaterre ont rapporté à celte espèce le poisson du Japon, décrit par le savant Iloultuyn, dans les Mémoires de Harlem, tome XX, p. 520, et qui avait un peu plus de deux décimètres de longueur. LE LUTJAN ÉCRITURE. Serranus Scriba, Cuv.; Perça Scriba, Linn., Cmcl. ; Luljanus Scriptura, Ilolocenlrus marinus, et llolocentrus l'asciatus, Lac. 5. Le Lutjan chinois, Perça sincnsis, Linn., Gmel. ; Luljanus chinensis, Lac. — Ltitjan Pique, Prisli- ponia Ilasla, Cuv. ; Luljanus IIasla,Bl., Lac. —Lutjan Selle, Anipliiprion Ephippiuni Schn., Cuv.; Luljanus ephippinus, Bl., Lac— Lfii'jflH deux-dents, Crenilabrus , Cuv.; Luljanus bidens, Bl.,Lac On ne connaît pas la patrie du luljan écriture; il serait superflu de dire quelle est celle 1 Je n'ai pas vu d'individus de rcsnc'ce du magnifique : si ce luljan, contre mon opinion, n'avait pas de dentelure aux opercules, il faudrait le placer parmi les labres ou parmi les spares, suivant les caractères que l'observation ferait reconnaître dans ce tboracin. 2 Non mentionné par M. Cuvier. D. 5 Du genre Mérou, Srrrnniis, Cuv., dans la famille des Acanthoplcrygiens pcrcoïdes. Ce même I DES POISSONS. 305 du chinois. Ce dernier poisson a de petites dents aux deux mâchoires, et la nageoire du dos échancrée. On trouve au Japon le lutjan pique, dont le nom a été imaginé pour désigner la lon- gueur et la forme du second aiguillon de son anale, lequel a paru présenter une petite image du fer d'une pique. Le palais de ce thoracin est revêtu de dents très-petites; ses yeux sont un peu saillants; la nageoire du dos est tachetée de brun; les pectorales," les thora- cines et la caudale sont rouges; l'anale est bleuâtre. La langue du luljan selle est courte, épaisse et lisse, de même que son palais ; la nuque est relevée; la grande tache noire placée sur le dos, et descendant des deux côtés de l'animal, comme une selle, s'étend d'autant plus, à proportion des dimensions du pois- son, que l'individu est moins jeune et plus grand. Toutes les nageoires de ce thoracin sont d'un gris bleuâtre. On a péché cet osseux dans les Indes orientales. Le lutjan deux-dents habite dans l'Océan Atlantique boréal, et par conséquent dans une mer bien éloignée de celle dans laquelle on a observé le lutjan selle. Il n'y a qu'un seul orifice à chaque narine du premier de ces deux poissons; cette ouverture est très-proche de l'œil. Une tache noire marque la base de chaque pectorale; chaque écaille montre une petite raie longitudinale, et d'un jaune pâle. LE LUTJAN MARQUÉ. Crenilabrus notatus, Cuv. ; Lutjanus notatus, Bl., Lac. i. Le Lutjan Linke, Crenilabrus Linkii, Cuv. ; Lutjanus Linkii, BL,Lac. — Lutjan Surinam, Prislipoma surinamense, Cuv.; Lutjanus surinamensis, Bl., Lac; Holocentrus gibbosus, Lac. — Lutjan verdâ- tre, Crenilabrus virescens, Cuv.; Lutjanus virescens, Bl., Lac. — Lutjan Groin, Crenilabrus Verres, Cuv. ; Lutjanus Verres, et Bodianus Bodianus, Bl.; Lutjanus rostratus, Lac. — Lutjan norwégien, Crenilabrus norvegicus, Cuv. ; Lutjanus norvegicus, Bl., Lac. Le marqué n'a qu'une rangée de dents serrées et pointues à chacune de ses mâchoires; sa langue et son palais sont lisses; chaque narine n'a qu'un orifice; les Indes orientales sont sa patrie. Bloch, qui a décrit le premier le lutjan linke, a donné à ce poisson le nom de 31. Linke son ami, de qui il avait reçu un individu de cette espèce, mais il ignorait dans quelles eaux cet individu avait été péché. Le lutjan surinam, dont la patrie est indiquée par le nom que porte ce thoracin, a la langue lisse, mais le palais rude au toucher; chaque opercule composé de trois pièces; les nageoires bleues; et la caudale rouge dans sa partie supérieure. On ne doit pas oublier de remarquer, sur le lutjan verdâtre, la forme de la dernière pièce de chaque opercule, qui se termine en pointe; les raies violettes qui régnent sur la tête, les côtés, la dorsale et l'anale; ni les deux bandes transversales, étroites, courbes, et d'un violet plus ou moins foncé, que l'on peut voir sur la caudale. Le palais et la langue du lutjan groin sont doux au toucher, et ses nageoires courtes. Le lutjan norwégien a aussi sa langue et son palais très-lisses; une petite membrane s'avance un peu au-dessus de chaque œil de ce poisson; une humeur gluante sort des pores que l'on peut compter auprès de cet organe; les rayons aiguillonnés de la dorsale sont garnis chacun d'un filament; une nuance bleue distingue les pectorales et les thora- cines; l'anale et la caudale sont violettes à leur extrémité. LE LUTJAN JOURDIN. Amphiprion bifasciatus, Bl. ; Schn., Cuv. ; Anthias bifasciatus, Bl. ; Holocentrus, bifasciatus Scbneid. ; Lutjanus Jourdin, Lac. 2. Le Lutjan Argus, Anlhias Argus, Bl.; Lutjanus Argus, Lac. — Lutjan John, Mesoprion John!!, Cuv.; Anlhias Johnli, Bl.; Lutjanus Johnii, Lac. —Lutjan Tortue, Anabas lesludineus, Cuv. ; Anthiàs tesludineus, Bl.; Lutjanus lestudineus, Lac, — Lutjan Plumier, Serranus slrialus, Cuv.; Anlhias slriatus, Bl.; Anlhias Cherna, Bl., Schn.; Lutjanus Plumier!, et Sparus chrysomelanus, Lac. — Lutjan oriental, Serranus orlenlalis, Cuv. ; Anthias orientalis, Bl.; Lutjanus orientalis, et Lutjanus auranlius. Lac. Le lutjan jourdin a beaucoup de rapports avec le lutjan polymne. Son palais et sa langue poisson a été décrit deux autres fois par M. de Lacépède sous les noms d'Holocenlre fascé et i' Holocentre marin. D. 1 Du sous-genre Crénilabre, dans le grand genre Labre, selon M. Cuvier. D. 2 Du genre Amphiprion, dans la famille des .\canthoptôrigiens sparoïdes, selon M. Cuvier. D. 306 HISTOIRE NATURELLE sont dénués de petites dents; mais son gosier en est entouré. Les deux pièces de chaque opercule sont dentelées, et la postérieure l'est profondément. Les deux côtés de la caudale sont blancs, de manière à faire présenter par la couleur brune du milieu de cette nageoire, la figure d'un fer de lance. On voit aussi sur le haut de la partie postérieure de la dorsale unelcinte blanche qui se réunit et se confond avec lu seconde bande transversale. Valcnlyn, qui a donné le premier un dessin de ce beau poisson, que l'on trouve dans les eaux de l'ile d'Amboine, dit que ce Ihoracin parvient à la longueur de deux ou trois décimètres, et que les reflets dorés dont il brille jettent un tel éclat que lorsqu'on voit plusieurs indi- vidus de cette espèce nager ensemble, ils olFrenl un petit spectacle des plus agréables. L'argus est remarquable par ses taches brunes en forme de cercle ou d'anneau, et par conséquent un peu semblables à une prunelle entourée de son iris; il a d'ailleurs sur la tète et sur les nageoires d'autres taches de la même couleur, rondes, mais plus petites, et non percées dans leur centre. Les deux mâchoires de ce poisson sont garnies de dents aiguës et égales. Le luijan John a reçu de Bloch le nom qu'il porte; et ce savant naturaliste le lui a donné pour exprimer sa reconnaissance envers son ami, le missionnaire John, qui lui avait envoyé un individu de celte espèce. Ce ihoracin vil à Ti'anqucbar. Il a la chair blanche et de bon goût. La mâchoire supérieure est garnie de dents aiguës et séparées les unes des autres, parmi lesquelles deux allirent l'œil parleur longueur. L'orifice de chaque narine est double. Chaque opercule est terminé par une prolongation pointue. Une partie de la caudale est couverte de petites écailles. Cette même caudale, les pecto- rales el les Ihoracines sont rouges, pendant que le bleu et l'orangé distinguent la dorsale et la nageoire de l'anus. On trouve dans le Japon, aussi bien que sur la côte de Coromandel, le lufjan tortue. Ses écailles sont grandes; et son crâne a paru assez dur au naturaliste Bloch pour qu'il ait cru devoir désigner la manière d'être de celle boîte osseuse, par le nom de Tortue qu'il a donné à l'animal. Les nageoires du luijan Plumier sont rougeâtres; et, suivant le célèbre voyageur dont nous avons cru devoir lui faire porter le nom, sa chair est de bon goût et facile à digérer. On le pèche dans la partie de l'océan Atlantique qui entoure les Antilles. L'oriental, dont la dénomination annonce qu'il habile les Indes orientales, a chaque opercule terminé par une prolongation anguleuse; les pectorales, les Ihoracines et la cau- dale, rouges ou rougeâtres ; la dorsale el l'anale rouges du côté de la tête et jaunes vers la nageoire de la queue, sur laquelle on voit des taches noires et petites, ainsi que. sur la nageoire du dos. Bloch a publié le premier la description des six lufjans dont nous venons de parler. LE LUTJAN TACHETÉ. Prislipoma Caripa, Cuv. ?; Anthias maculalus BU; Lutjanus maculatus, Lac. Le Lutjan Orange, Serranus orienlalis, Cuv. ; Anthias orieiitalis, Bi. ; Lutjanus auranlius, el L. orien- lalis, Lac. — Luijan Blanc-or, Mesoprion albo-aureus, Cuv.; Lutjanus albo-aureus, Lae. — Lut- jan Perchot, Ampliiprion Percula, Cuv.; Lutjanus Pcrcula, cl L. Polymna, var., Lac; Anlliias Pcicula, BI. — Luijan Jaunellipse, Lutjanus elliplico-flavus, Lac. — Luijan Grimpeur, Ana- bas Icsludincus, Cuv.; Amphiprion Seaiisor, BI., Schn ; Perça scandcns, Daldorff. ; Luijanus scandens, Lac. — Luijan CJiélodonoide, Diagramma Plcclorliyncluis, Cuv.; Pleclorynciius chselo- donoidcs, et Luijanus chcelodonoides, Lac. — Lutjan Dlacanihc, Corvina Calalea, Cuv. ; Luijanus Diacanlhus, Lacep. — Luijan Cayenne, Otolilhus Toe-loe, Cuv. ; Luijanus cayenensis, Lac. Le tacheté se trouve dans les Indes orientales, et a les écailles dures el argentées. L'orange habite dans les eaux du Japon. Le blanc-or a élè vu par Commerson auprès des rivages de la Nouvelle-France, pendant l'été de celle conirée. il parvient à deux ou trois décimètres de longueur. Le dessus de la têlc eldu dos de ce poisson est brunâtre; ses nageoires sont jaunes, excepté la cau- dale, qui esl noire et terminée par une raie blanche, le haut de la partie antérieure de la dorsale, qui est rouge, el le haut de la partie postérieure de celle même nageoire qui est noir. Ce luijan a des écailles allongées auprès de ses Ihoracines. Commerson a écrit que la chair de ce poisson n'était ni malsaine ni désagréable au goût. Le perchot habite auprès des rivages de la Nouvelle-Bretagne, et particulièrement dans le porl Praslin, où Commerson jeta l'ancre avec noire célèbre Bougainville , en juillet I7G8. Ce poisson, qui i)arviont à peine â la longaciir d'un décimètre, et qui ne DES POISSONS. 507 peut pas être recherché pour la table à cause de sa petitesse, vit au milieu des rochers, où il se cache parmi les coraux. Ses belles couleurs orange et bleue non-seulement se font ressortir mutuellement d'une manière très-gracieuse par leurs nuances et par leur dis- tribution, mais encore sont relevées par le liséré noir des trois ))andes transversales, et par une bordure noire que l'on voit à l'extrémité de chaque nageoire. L'iris brille de l'éclat d'un petit rubis. La tête est un peu épaisse; le museau arrondi ; la mâchoire supérieure extensible, et moins avancée que l'inférieure; la langue courte, dure, et à demi cartilagineuse; le dos élevé et caréné. On peut croire, d'après les manuscrits de Commerson, que leluljan auquel nous avons donné le nom de Jaunellipse, et que ce voyageur a vu près des côtes de l'île de France, en décembre 1769, est très-rare auprès de ces rivages, puisque notre naturaliste ne l'y a observé qu'une fois. Ce poisson est moins petit que le perchol; mais sa longueur ordinaire ne paraît pas aller jusqu'à deux décimètres. 11 a la nageoire du dos et celle de la queue d'un rouge brillant; les pectorales et les thoracines sont d'un rouge pâle; des nuances brunes sont répandues sur l'anale ; des taches noires paraissent sur la membrane de la partie de la nageoire du dos, qui n'est soutenue que par des rayons articulés ; une ligne noire règne au-dessous delà gorge; et cinq ou six taches rouges sont placées sur chaque opercule. Les petites dents qui hérissent chaque mâchoire, sont situées derrière d'autres dents un peu plus grandes, et séparées les unes des autres. Chaque opercule se termine par une prolongation anguleuse. Le grimpeur a été vu à Tranquebar, en novembre 1791 . Le lieutenant anglais Daldorff a observé la faculté remarquable qui a fait donner à ce luljan le nom scientifique que nous lui avons conservé. Un individu de cette espèce, surpris dans une fente de l'ècorce d'un palmier éventail, à deux mètres, ou environ, an-dessus de la surface d'un étang, s'efforçait de monter. Suspendu à droite et à gauche par la dentelure de ses opercules, il agitait sa queue, s'accrochait avec les rayons aiguillonnés de la nageoire du dos et celle de l'anus, détachait alors ses opercules, se soulevait sur ses deux nageoires anale et dorsale, s'attachait de nouveau, et plus haut que la première fois, avec les dentelures des opeicules de ses branchies, et, par la répétition de ces mouvements alternatifs, grimpait avec assez de facilité. Il employa les mêmes manœuvres pour ramper sur le sable où on le plaça, et où il vécut hors de l'eau pendant plus de quatre heures. Celte manière de se mouvoir est curieuse : elle est une nouvelle preuve du grand usage que les poissons peuvent faire de leur queue. Cet instrument de natation, qui, devenant quelquefois une arme funeste à leurs ennemis, leur sert souvent pour s'élancer, et dans certaines circonstances pour ramper, peut donc aussi être employé par ces animaux pour grimper à une hauteur assez grande. Les habitants de Tranquebar croient que les petits piquants dont la réunion forme la dentelure des opercules, sont venimeux. On ne pourrait le supposer qu'en regardant ces pointes comme propres à faire entrer dans les petites plaies que l'on doit leur rapporter, quelques gouttes de l'humeur visqueuse et noirâtre dont le grimpeur est enduit, qui est plus abondante auprès des opercules que sur plusieurs autres portions de la surface de l'animal, parce que les pores d'où elle coule sont plus gros et plus nombreux sur la tête que sur le corps et sur la queue, et qui pourrait contracter de temps en temps une qualité vénéneuse. La longueur ordinaire du lutjan grimpeur est d'un palme. Il peut coucher sa dorsale et son anale dans un sillon longitudinal. Le chétodonoïde a les lèvres charnues et extensibles. Il présente sur presque toute sa surface des lâches blanches très-grandes, et chargées d'une ou de plusieurs petites taches foncées. La collection du Muséum d'histoire naturelle renferme un individu de cette espèce, dont on n'a pas encore publié de description. La première pièce de l'opercule du diacanlhe est la seule dentelée. Nous avons décrit ce thoracin d'après un individu desséché, mais très-bien conservé de la collection hollan- daise cédée à la Fiance. Le nom du Lutjan Cmjenne indique la patrie de cette espèce, dont un individu a été envoyé au Muséum par le naturaliste Leblond. 308 HISTOIRE NATURELLE LE LUT J AN PEINT. Diagramma pictum, Cuv. ; Perça picta, Tliunberg; Lutjanus pictus, Lac. i. La couleur générale de ce lutjan est blanche; la paiiic supérieure de la dorsale, poin- tillée de blanc et de brun; l'anale blanche; l'exlrémité de cette nageoire noirâtre; la caudale blanche et rayée de chaque côté. Tliunberg a vu ce lutjan dans la mer qui baigne les îles du Japon. LE LUTJAN ARAUNA. Dasc)'llus Aru anus, Cuv. ; Cha'toJonAruanus, Liiin., Gmel. ; Lutjanus Aruanus, Lac. 2. L'arauna a été placé parmi les chétodons; mais il n'en a pas les caractères, ce que Rloch avait très-bien remarqué; et il offre ceux des lutjans. De petites dents coniques et aiguës garnissent ses deux mâchoires, qui sont aussi avancées l'une que l'autre. Le dos est jaunâtre; les côtés sont argentins; l'anale est jaune; les pectorales sont transparentes; la caudale est grise; les thoracines sont longues et noires. L'arauna se plaît au milieu des coraux. Il se nourrit de vers et d'autres petits animaux marins. On le prend au tîlel et à l'hameçon; mais sa chair est peu agréable au goût. LE LUTJAN TRIDENT. Centropristcs trifurcatus, Cuv. ; Perça trifurca, Linn., Gmcl. ; Lutjanus Tridens, Lac. ET LE LUTJAN TRILOBÉ. Centropristcs nigricans, Cuv. ; Coryphœna nigrcscens, Bl.; Pcrca varia, Mitchill 5 Lutjanus Trilobus. Lac. Le trident et le trilobé appartiennent au troisième sous-genre des lutjans, dont le carac- tère distinctif consiste dans les trois lobes ou dans la double cchancrure de la nageoire de la queue, qui, par cette conformation, ressemble un peu à un trident, ou à une fourche à trois pointes. Le premier de ces deux Ihoracins a la tète peinte de couleurs variées et agréables; il vit dans la mer qui baigne la Caroline, et a été observé parle docteur Garden. Nous ne connaissons pas la patrie du second, que nous avons décrit d'après un bel individu de la collection du Muséum d'histoire naturelle. Les dents qui garnissent ses mâchoires sont très-petites et égales. On n'aperçoit pas de ligne latérale. La nageoire dorsale présente un grand nombre de taches ou plutôt de raies inégales, irrégulières, et placées entre les rayons. ESPÈCES. i . Le Cem ro- PO.ME SANDAT. CENT DIX-SEPTIEME GENRE. LES CENTROPOMES 3. Une dentelure à une ou plusieurs pièces de chaque opercule ; point d'aiguillon à ces pièces; un seul barbillon, ou point de barbillon aux mâchoires; deux nageoires dorsales. PREMIER SOUS-GENRE. La nageoire de la queue fourchue, ou en croissant. CARACTÈRES. Quatorze rayons aiguillonnés à la première dorsale; vingt-trois rayons à la seconde nageoire du dos; quatorze raj'ons à la nageoire de l'anus ; la caudale en croissant; la tète allongée et dénuée de petites écailles, ainsi que les opercules; le corps et la queue allongés ; deux orifices à chaque narine ; le dos varié par des taches ou bandes courtes, irrégulières et transversales, d'un noir mêlé de bleu et de rougeâtre. Huit rayons aiguillonnés à la première nageoire du dos; un rayon aiguillonne et quatorze rayons articulés à la seconde; trois rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à l'anale; l'opercule un peu échancré par derrière; les dents fortes, un peu éloignées l'une de l'autre; la couleur générale jaunâtre; des raies longitu- dinales dorées; une tache noire sur chaque côté. Huit rayons aiguillonnés à la première nageoire du dos; la mâchoire inférieure plus avancée que lu supi'rieure; le corps et la queue allongés; la couleur argentée et sans taches. Un rayon aguillonné et neuf rayons articulés à la première dorsale; un rajon aiguillonné et vingt-trois rayons articulés à la seconde; un rayon aiguillonné et sept rayons aiticulés à l'anale; trois rayons à la membrane des branchies; plu- sieurs bandes ol)li(|ues et biunes. 1 Du genre Diagramme, dans la famille des Acanthoplérygiens scicnoïdes, selon M. Cuvier. D, 2 Du genre Dascvlle, Dascyllus, dans la famille des Acanthopti'-rygicns sciénoïdes de M. Cuvier. D. 3 M. Cuvier ne conserve qu'une seule espèce dans ce genre, le Centropoma onze-rayons. Toutes les autres sont réparties dans ailFérents genres, tels que ceux qu'il nommi PercnLabraj;, Lucioperca, Cheilodiplerus, Diagramma, Diacopc, Myriprislis, Amhassis, Apogon, etc. D. 2. Le Centro- PO.ME ^OBËB. 3. Le Centro- rOME SAFGA. /f Le Crmro- POME ALRL'nNE. DES POISSONS. 509 ESPECES. 5". Le Cemro- pome lophar. 6. Le Centro- pome arabique. 7. Le Centro- pome raté. yons à la ne mem- 8. Le Centro- pome loup. 0. Le Centro- pome onze- RAYONS. 10. Le Cemro- pome plimier. 11. Le Centro- pome mulet. 12. Le Centro- pome ambasse. 15. Le Centro- POME DE ROCHE. \i. Le Centro- POME MACRODON. 13. Le Cemro- pome doré. 16. Le Cextro- pome rouge. 17. Le Centro- pome nilotique. I *cÉPÈDi; CARACTÈRES. Sept rayons aiguillonnes à la première nageoire du dos; vingt-sept ra; seconde; vingl-si.\ à la nageoire de l'anus; les thoracines réunies par u brane; la couleur générale argentée. Six rayons aiguillonnés à la première dorsale; un rayon aiguillonné et dix rayons articulés à la seconde; deux rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à la nageoire de l'anus; les écailles larges, dentelées, et peu attachées à la peau; rentre-deux des yeux creusé par un sillon qui se divise en deux à chacune de ses extrémités; la couleur générale argentée; seize ou dix-sept raies longitudinales et noires de chaque côte du corps. Huit rayons aiguillonnés à la première nageoire du dos : un rayon aiguillonné et douze rayons articulés à la seconde; trois rayons aiguillonnés et dix rayons arti- culés à l'anale ; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure; un seul orifice à chaque narine ; le bord postérieur de l'opercule échancré ; la couleur générale argentée; le dos violet; des raies longitudinales jaunes. Neuf rayons aiguillonnés à la première nageoire du dos; quatorze rayons à la seconde; trois rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la nageoire de l'anus; la caudale en croissant ; les deux mâchoires également avancées; les dents des mâchoires courtes et pointues; le palais et les environs du gosier hérissés de petites dents; deux orilices à chaque narine ; les yeux trcs-rappro- chés ; plusieurs pores miiqueux à la mâchoire inférieure ; les écailles petites ; la couleur générale blanche; le dos brunâtre; les dorsales et l'anale rougeâtrcs ; les pectorales et les thoracines jaunes ; la caudale noirâtre. Huit rayons aiguillonnés à la première nageoire du dos; un rayon aiguillonné et dix rayons articulés à la seconde; trois rayons aiguillonnés et sept rayons articulés à l'anale; la caudale en croissant; le museau allongé; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure; un seul orifice à chaque narine; de petites écailles sur une partie de la caudale et de la seconde nageoire du dos; la ligne latérale noire ; la couleur générale rouge. Neuf rayons aiguillonnés à la première dorsale ; deux rayons aiguillonnés et huit rayons articulés à la seconde; deux rayons aiguillonnés et sept rayons articulés à l'anale; la caudale en croissant; deux orifices à chaque narine; le premier rayon aiguillonné de la nageoire de l'anus très-gros et très-long; la couleur générale blanche; des bandes transversales brunes, des raies longitudinales jaunes. Neuf rayons aiguillonnés à la première nageoire du dos; treize rayons à la nageoire de l'anus; sept rayons à la membrane branchiale; deux orifices à chaque narine; la mâchoire inférieure un peu plus avancée que la supérieure; les dents fines et très-serrées ; les écailles fortement attachées à la peau ; la ligne latérale droite; le dos brun, les côtés gris. Sept rayons aiguillonnés à la première dorsale ; un rayon aiguillonné et onze rayons articulés à la seconde; trois rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à l'anale; les deux premières pièces de chaque opercule dentelées; la mâchoire supérieure un peu extensible, et plus courte que l'inférieure; les deux mâchoires et une grande partie du palais, hérissées de très-petites dents; la langue dure ; les téguments du ventre très-transparents; le péritoine argenté; la partie supé- rieure de l'animal d'un vert brunâtre. Neuf rayons aiguillonnés à la première nageoire du dos; un rayon aiguillonné et douze rayons articulés à la seconde ; trois rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à la nageoire de l'anus ; la dernière pièce de chaque opercule échancrée ; la couleur générale bleuâtre ; presque toutes les écailles noires ou noirâtres dans leur centre et dans leur circonférence. Six rayons aiguillonnés à la première dorsale; un rayon aiguillonné et dix rayons f articulés à la seconde; deux rayons aiguillonnés et neuf rayons aiticulés à l'anale; { le museau allongé; l'ouverture do la bouche grande; chaque niâehoire garnie ) d'un seul rang de dents longues, aiguës, et séparées l'une de l'autre; six dents à f la mâchoire d'en haut, huit dents à celle d'en bas; les deux dents antérieures de j la mâchoire d'en bas, plus grandes que les autres; la couleur générale blan- y châtre; huit ou neuf raies longitudinales brunes de chaque côté du poisson; la I première dorsale presque toute noire; les aulres nageoires rouges, i La couleur générale d'un rouge de cuivre doré et sans taches; la première dorsale ( et la base de la caudale noires ; les autres nageoires rouges. La première dorsale composée uniquement de rayons aiguillonnés; un rayon ( aiguillonné et quatorze rayons articulés à la seconde nageoire du dos; un rayon l aiguillonné et sept rayons arliculés à chaque thoracine ; trois rayons aiguillon- ,) nés et treize rayons articuhs à l'anale; la mâchoiie inférieure plus avancée que i la supérieure; quatre grandes dents à chaque mâchoire ; les écailles dentelées; ' presque loute la surface de l'animal d'un rouge plus ou moins vif et quelquefois ^ doré. SECOND SOUS-GENRE. La nageoire de la queue, recliligne, ou arrondie, et non échancrée. i Huit rayons aiguillonnés à la première dorsale ; un rayon aiguillonné et huit rayon» J articulés à la seconde ; trois rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à l'anale ; / la couleur générale brune. — TOME n. 20 510 HISTOIRE NATURELLE ESPECES. i8. Le Centro- po.me oeillé. ■19. Le Centro- PO.ME SIX-nAltS. 20. Le Cemro- pome fascé. 21. Le Cektro- po.me perchot. CARACTÈRES, ; Dix rayons aiguillonnes h la première nageoire du dos; un rayon aiguillonné ! et vingt-quatre rayons articulés à la sccoiuic; un rayon aiguillonné et neuf j rayons articules à l'anale; une tache ronde, noire et bordée de blanc, auprès de ' la caudale. ICinq rayons aiguillonnés à la première dorsale; quatorze à la seconde; un rayon aiguillonné et dix ra)'ons articulés à la nageoire de l'anus; la caudale arrondie; six r;iies longiliidinales et blanches de cha(|ae enté du poisson, l La nageoire de la queue rectiligne; sept ou huit bandns transversales et brunes; la I couleur générale d'un bruu mêlé de blanc; la dentelure des opercules très-peu I marquée. ( Vingt-sept rayons à la seconde nageoire du dos; la caudale arrondie ; onze ou douze ( raies obliques et brunes, de chaque côté du poisson. LE CEXTROPOME SANDAT. Luciopcrca Sandra, Cuv. ; Perça Lucioperca,Linn., Gmel. ; Centropomus Sandat, Lac. i. Le Ceniropome Ilober, Diacope fulviflanima, Cuv.; Sciacna fiilviflamma, Forsk.; Centropomus Ilober, Lac. — CentropomeSafga, Anibassis Commersonii, Cuv.; Lutjanus gymnoceplialus, Centropomus Ambasssis, et Centropomus Safga, Lac. — Ceniropome Albnrne, Umbrina Alburnus, Cuv.; Perça Alhurnus, Linn., Gnwil.; Sciaena nebulosa, Milcli.; Ccnlropoma Alburnus, Lac. — Ceniropome Lopitar, Perça Lophar, Linn., Gm,; Centropomus Lophar, Lac. — Ceniropome arabique, Cheilo- dijilerus arabicus. Cuv. ; Perça iineala, Forsk. ; Centropomus arabicus. Lac. — Ceniropome rayé, Labrax linealus, Cuv. ; Scisena linealus, Bl.; Perça saxalalis, et Perça seplenlrionalis, Bl., Schii. ; Centropomus linealus, Lac. Le saiidal, habile dans les caiix douces de l'Allemagne, de la Hongrie, de la Pologne, de la Russie, de la Suède et du Danemarck. Le grand nombre de noms vulgaires qu'il porte, prouve combien il est recherché : et on ne sera pas surpris qu'il soit l'objet d'une pour- suite parliculière, et qu'on le pêche avec autant de soin f|ue de constance, lorsqu'on saura que sa chair est blanche, tendre, très-agréable au goût, facile à digérer, et qu'il parvient à un très-grand volume. Il présente quelquefois une longueur d'un mclre, et même d'un mètre et demi. On prend, dans le Danube, des individus de celte espèce qui pèsent dix kilogrammes, et le professeur Bloch en a vu un du poids de onze kilogrammes, qui venait du lac Schwulow en Saxe. Ce centropome 2 ressemble au brochet par les dimensions de son curps, la forme et les dimensions de sa tète, la prolongation de son museau, la dispo- sition, la grosseur et la force de ses dents. Il a d'ailleurs beaucoup de rapports avec la persèque perche, par la dentelure de ses opercules, le nombre et la place de ses nageoires dorsales, la durelé et la rudesse de ses écailles : aussi presque tous lesauleurslalinsqui en ont parlé lui ont-ils donné le nom de Lucioperca (brochet perche), que Linnée lui a con- servé. La grande ouverture de sa gueule annonce d'ailleurs sa voracité, et la ressemblance de ses habitudes avec celles de la perche, et surtout celles du brochet. Sa mâchoire supérieure, plus avancée que l'inférieure, lui donne plus de facilité pour saisir la proie sur laquelle il se jette. Elle est garnie, ainsi que celte dernière, de quarante dents ou environ : ces dents sont inégales et très-propres à percer, retenir et déchirer une victime. On voit aussi de petites dents dans quelques endroits du palais et auprès du gosier. L'iris de ce centropome est d'un rouge brun,et sonœil parait très-nébuleux. La partie inférieure du poisson est blanchâtre; une nuance vcnlâlre est répandue sur quelques por- tions de la tète et des opercules; les pectorales sont jaunes; les Ihoracines, l'anale et la caudale grises; les deux dorsales grises et tachetées d'un brun très-foncé. Nous suivons pour le sandat la règle que nous nous sommes imposéepour tant d'autres espèces, afin de ne pas allonger sans nécessité l'ouvrage que nous offrons au public. Nous avons cru ne pas devoir répéter dansl'histoirede cesanimauxce que nous dirons de leurs caractères extérieurs dans les tables génériques sur lesquelles nous les avons inscrils. L'œsophage du sandat est grand, ainsi que son estomac; son foie, et sa vésicule du fiel, qui est de plus jaune est transparente. Les organes relatifs à la digeslion sontdonc ceux d'un animal qui peut beaucoup détruire à proportion du volume de son corps ; et si son canal intestinal proprement dit n'est pas aussi long que l'ensemble du poisson, ce tube est garni, auprès du pylore, de six cœcums ou appendices. 1 Du genre Sandre Luciopcrca, dans la famille des Acanthoptérygiens percoïdes de M. Cuvier. D . 3 Le nom générique Ccnlropoma désigne la dentelure des opercules. VH^rpo-j, en grec, signifie aiguillon, ou piquant, ct7rw/*«, opercule. DES POISSONS, 311 Le péritoine est d'une couleur argentée et brillante. Le sandat ne vient pas fréquemment auprès de la surface de l'eau : peut-être l'apparence nébuleuse de ses yeux indique-t-elle dans ces organes une sensibilité ou une faiblesse qui rend le voisinage de la lumière plus incommode ou moins nécessaire pour ce centropome. Quoi qu'il en soit, il vit ordinairement dans les profondeurs des lacs qu'il habite; et comme il a besoin d'un fluide assez pur, on ne le trouve communément que dans les lacs qui ren- ferment beaucoup d'eau, dont le fond est de sable ou de glaise, et qui reçoivent de petites rivières, ou au moins de petits ruisseaux. Il se plaît dans les étangs où vivent les poissons qui aiment, comme lui, à se tenir au fond de l'eau; et voilà pourquoi il préfère ceux qui nourrissent des éperlans. Il croît très-vite, lorsqu'il trouve facilement la quantité de nour- riture dont il a besoin. 11 dévore un grand nombre de petits poissons, même de ceux qui ont de la force et quelques armes pour se défendre. Il attaque avec avantage quelques per- ches etquelques brochets ;maisiln'est pour ces animaux un ennemidangereux que lorsqu'il jouit de presque toutes ses facultés. Pendant qu'il est encore jeune, il succombe au con- traire très-souvent sous la dent du brochet et de la perche, comme sous celle des silures, et sous le bec de plusieurs espèces d'oiseaux d'eau qui plongent avec vitesse, et le poursuivent jusque dans ses asiles les plus reculés. Il abandonne ces retraites écartées dans le temps de son frai, qui a lieu ordinairement vers le milieu du printemps. Sa femelle dépose alors ses œufs sur les broussailles, les pierres, ou les autres corps durs qu'elle rencontre auprès des bords de son lac ou de son étang, et qui peuvent soumettre ces œufs à l'influence salu- taire des rayons du soleil, de la température de l'air, ou des fluides de l'atmosphère. Ces œufs sont d'un jaune blanchâtre. L'ovaire qui les renferme est composé de deux portions distinctes par le haut, et réunies par le bas. Le conduit par lequel ils en sortent, aboutit à un orifice particulier situé au delà de l'anus, et cette conformation que Tonne peutobser- ver dans un grand nombre d'espèces de poissons doit être remarquée. Ces mêmes œufs sont très-petits, et par conséquent très-nombreux; néanmoins les sandats ne paraissent pas se multiplier beaucoup, apparemment parce qu'ils s'attaquent mutuellement, et par- ce qu'ils tombent souvent dans les filets des pêcheurs, particulièrement dans la saison du frai, où les sensations qu'ils éprouvent les rendent plus hardis et plus vagabonds. Ils ont cependant un grand moyen d'échapper à la poursuite des pêcheurs ou des animaux qui leur font la guerre : ils nagent avec facilité, et s'élèvent ou s'abaissent au milieu des eaux avec promptitude. Ils sont aidés, dans leur fuite du fond des eaux vers la surface des lacs, par une vessie natatoire placée près du dos, qui égale presque toute la lon- gueur du corps proprement dit, dont l'enveloppe consiste dans une peau très-dure, et qui se sépare, du côté de la tête, en deux portions ou appendices, lesquels lui donnent la forme d'un cœur tel que celui que les peintres représentent. Le canal pneumatique de cette vessie est situé vers le haut de la partie antérieure de cet organe, que l'on ne peut détacher que difficilement des parties de l'animal auxquelles il lient, parce que sa der- nière membrane appartient aussi au péritoine. Le sandat meurt promptement, lorsqu'on le tire du lac ou de l'étang qui l'a nourri, et qu'on le met dans un vase rempli d'eau. Il expire surtout très-vite, si on le relient hors de l'eau, principalement lorsqu'une température chaude hâte le dessèchement si funeste aux poissons, dont nous avons déjà parlé plusieurs fois dans cet ouvrage. On ne peut donc le transporter en vie qu'à de petites distances, avec beaucoup de précautions, et lorsque la saison est froide ; et cependant, comme le sandat est un des poissons les plus précieux pour l'économie publique et privée, et de ceux qu'il faut le plus chercher à introduire de proche en proche dans tous les lacs et dans tous les étangs, nous ne devons pas négli- ger de recommander , avec Bloch , de se servir des œufs fécondés de ce centropome , pour répandre cette espèce. Immédiatement après l'époque où les mâles se seront débarrassés de leur laite, on prendra de petites branches sur lesquelles on découvrira des œufs de sandat; on les mettra dan^ un vase plein d'eau, et on les transportera dans l'étang ou dans le lac que l'on voudra peupler d'individus de l'espèce dont nous nous occupons, et où l'on ne man- quera pas de fournir aux jeunes poissons qui seront sortis de cesœufs, de petits éperlans, des goujons, ou d'autres cyprins à petites dimensions, dont ils puissent se nourrir sans peine. On pêche les sandats non-seulement avec des filets, et notamment avec des coUerets ou petites semés, mais encore avec des hameçons et des lignes de fond. Il ne faut pas les garder longtemps dans des réservoirs, ou dans des hannetons, parce que, ne voulant pas 20. 512 HISTOIRE NATURELLE manger dans ces enceintes ou prisons resserrées, ils y perdent bientôt de leur graisse et du bon goût de leur cbair. Lorsqu'ils sont morts, on les envoie au loin, salés ou fumés, ou empaquetés dans des herbes ou de la neige. Nous croyons devoir rapporter à une variété du sandat, le poisson déci'it par le célèbre Palias dans le premier volume de ses Voyages, et inscrit parmi les persèques ou perches dans l'édilion de Linnée, que nous devons au professeur Gmelin. Ce ihoracin a tant de ra|)ports avec le sandat et la perche ordinaire, ou la perche d'eau douce, qu'on l'a regardé comme un métis provenant du mélange de ces deux espèces. Sa couleur générale est d'un vert doré, relevé par des bandes transversales ou places noires, au nombre de cinq ou six. On remarque aussi cinq bandes sur les dorsales, qui sont sou- tenues par des rayons très-forts. Les écailles sont grandes et rudes. Les deux dents de devant de la mâchoire inférieure surpassent les autres dents en grandeur. Ce poisson vit dans le Volga et dans d'autres fleuves du bassin de la Caspienne i. Le hober, que l'on trouve dans la mer d'Arabie, a été bien moins observé que le sandat. On en doit la connaissance à Forskael. Ce poisson a les deux dorsales arrondies; le pre- mier de ces deux instruments de natation, brunâtre, le second jaune, el toutes les autres nageoires jaunâtres. Le safga habite les mêmes eaux que le hober. On pèche dans la mer qui arrose la Caroline, l'alburne, que Cafesby et Garden ont observé. Ce poisson est remarquable par la conformation de sa première dorsale, qui ne présente qu'un rayon aiguillonné, ainsi qu'on peut le voir dans le tableau générique des centroponips. Il montre à sa mâchoire inlerieiire cinq ou six excroissances. L'ét^hancrure de sa caudale est peu profonde. Sa couleur générale est d'un brun clair; et sa longueur, de trois ou quatre décimètres. Le lopliar été péché dans la Propontide, auprès de Constantinople. Il a beaucoup de rapports avec le hareng, et par sa conformation générale, et par ses dimensions. Des sillons longitudinaux sont tracés dans l'entre-deux de ses yeux. La base de la seconde dorsale et celle de l'anale sont charnues, ou plutôt adipeuses. Le dos est d'un vert brun; et rextrémité de la caudale, )ioirâtre. Il est surperflu de dire que l'arabique vit près des rivages de l'Arabie. On voit derrière ses yeux trois stries relevées et osseuses. La mâchoire supérieure est armée de six dents longues, droites et écartées l'une de l'autre. On en compte huit d'analogues, à la mâchoire infeiieure. La langue est lisse; mais le palais est hérissé de dents petites, déliées et très- nombreuses. Les deux segments de la caudale ont la forme d'un fer de lance, de même que les pectorales. Les dorsales, les thoracines et l'anale sont triangulaires. Toutes les nageoires olfrent d'ailleurs un brun mêlé de jaune, excepté la première dorsale, qui est brune; et une tache noire, bordée d'or, brille sur le milieu de la queue. La Méditerranée est la patrie du centropome rayé. Une petite pièce dentelée est placée au-dessus de l'extrémité de chaque opercule de ce poisson. La plus grande partie de la léle et les nageoires sont jaunes ou couleur d'or. LE CENTROPOME LOUP. Labrax Lupus, Cuv. ; Perça Labrax, Linn. ; Perça punctata, Gmcl. ; Sciaena Labrax, Bl.; Centropomus Lupus, et Cenlropoinus Mulius, Lac. -i. Le Centropome onze-rayons, Centropomus undecimalis, Cuv.; Centropomus undecim-radialus, Perça Loubiiia, cl Si)liyrœiiu aureoviridis, Lac; Pijlycephalus undecimalis, Schn- — Centropome Plu- mier, Pcrca Piuinicri, Cuv.; Sciiena l^luniicri, Bl. ; Cenlropomus Plumieri, cl Clieilodiplerus cliry- siiplcrus, Luc. '- Centropome Mulet, Labrax Lupus, Cuv.; Centropomus iMullus, el Cenlropomus Lu|)us, Luc. On trouve le loup non-seulement dans l'Adriatique et dans toute la Méditerranée, mais encore dans les eaux de l'Océan (pii arrosent les côles de l'Euiopc, particulièrement dans le golfe de Gascogne, dans la Manche ou canal de France et d'Angleterre, et dans le golfe Biilanni(|ue. Il devient grand; et, selon Duhamel, on en prend quehjuefois au|Mès de 1 embouchure de la Loire qui pèsent jusqu'à quinze kilogrammes. Il se plaît dans le voi- i M. Cuvicp considère ce poisson comme une espèce distincte, et lui donne le nom de Sandre bâtard DE llussiE, Lucioperca volgcnsis. D. 2 Uu genre B.vii, Labrac, Cuv., dans la famitle des Acanthoptcrygiens percoïdes. M. de Lacépède a séparé à tort de ce poisson, le centropome mulet qu'il décrit dans le même article. D. DES POISSONS. 315 sinage des fleuves et des grandes rivières; mais il ne s'engage que rarement dans leur lit. Il a la chair très-délicate, et par conséquent il doit être très-recherché. Les anciens Romains le payaient très-cher; ils le comi)taient, avec la muréhophis hélène, le mnlle rouget, l'acipensère esturgeon, et le muge, qu'il nommaient Myxo^ parmi les poissons les plus précieux. Ils désiraient surtout de montrer sur leurs tables, et dans leurs festins les plus splendides, les loups que l'on prenait dans le Tibre, entre les deux ponts de Rome. Cependant on a toujours dû préférer, suivant Rondelet, ceux de ces poissons qui vivent auprès de l'emboucliure des fleuves à ceux qui remontent dans les rivières, ceux que l'on trouve dans les étangs salés à ceux que l'on prend auprès de l'embouchure des fleuves, et ceux que l'on rencontre dans la haute mer à ceuxqui nequitlent pas les étangs salés. Au reste, Pline nous apprend que les anciens gourmets de Rome et d'Italie atta- chaient moins de prix aux loups ordinaires qu'à ceux qu'ils nommaient laineux (/a?îo?i), à cause de leur blancheur, de la mollesse, et vraisemblablement de la graisse de leur chair. C'est auprès des endroits où les rivières se jettent dans la mer que le loup dépose ses œufs, quelquefois deux fois par an. Ces œufs ont été souvent employés, comme ceux d'au- tres poissons, à faire cette préparation que l'on nomme boutargue ou botargo. Ce centropome est très-liardi : il est de plus très-vorace; et voilà pourquoi on lui a donné le nom de Loup. Il nage fréquemment très-près de la surface de la mer. Plusieurs auteurs anciens se sont plu à lui attribuer la finesse de l'instinct, aussi bien que le cou- rage de la force; et ils ont écrit que lorsqu'on voulait le prendre avec des fîlets, il savait creuser dans le sable, en agitant vivement sa queue, une sorte de sillon dans lequel il s'enfonçait pour laisser passer au-dessus de lui la nappe verticale dans laquelle on cher- chait à l'envelopper. On le pêche pendant toute l'année, et avec plusieurs sortes de filets; mais la saison la plus favorable pour le prendre est communément la fin de l'été. Nous avons exposé ses principaux caractères extérieurs dans le tableau générique. Nous aurions pu y parler encore d'une tache noire que l'on voit à la pointe postérieure de chaque opercule de ce centropome. On compte six cœcums auprès de son pylore; son foie présente deux lobes; sa vési- cule du fiel est grande; et sa vessie natatoire, qui n'ofïre aucune division intérieure, est attachée aux côtes. La Jamaïque est la patrie du centropome onze-rayons, qui y vit auprès des fonds pier- reux. Ce poisson a la nuque très-relevée; les dents très-petites, nombreuses et serrées; l'opercule terminé par une prolongation un peu arrondie, et surmonté par derrière d'une petite pièce écailleuse et dentelée ; le corps gros ; le ventre rond ; le dos arrondi et bleuâ- tre; les côtés argentés; les pectorales et les Ihoracines d'un rouge brun; la caudale grise ou bleue à son extrémité. La mer des Antilles nourrit le centropome plumier, qui, par conséquent, habite très- près du onze-rayons. RIoch en a publié la description d'après un dessin de Plumier, le célèbre voyageur et l'habile naturaliste. Les deux mâchoires de ce thoracin sont aussi avancées l'une que l'autre; le dos est brun; les nageoires sont jaunes; la première dor- sale est bordée de brun ou de noir. J'ai reçu de MM. Noél de Rouen et Métaihe, la description du poisson auquel j'ai con- servé le nom de Mulet, qui lui avait été donné par ces observateurs, et que j'ai dû placer dans le genre des centropomes d'après sa conformation. Ce thoracin abandonne la mer pour remonter dans les rivières, lorsque l'été succède au printemps. Le temps le plus chaud parait être celui qu'il préfère pour ce voyage annuel, qu'il termine lorsque l'au- tomne arrive. Il est très-commun dans la Seine, depuis le solstice de l'été jusqu'à l'éqiii- noxe de l'automne. Sa chair est excellente un mois après son entrée dans l'eau douce. Il se nourrit de débris ou de résidus de corps organisés. Il va par troupes très-nombreuses : aussi en prend-on quelquefois quatre ou cinq cents d'un seul coup de filet. Ses mouve- ments sont très-vifs; et les sauts élevés et fréquents qu'il fait au-dessus de la surface de la rivière, l'annoncent de loin aux pêcheurs. Lorsqu'on le trouve dans une eau bour- beuse, on le pêche avec la seine; mais lorsqu'il est dans des eaux très-claires, on cherche plutôt à le prendre avec le filet nommé vergaiit. Il parvient souvent à la longueur de six décimètres; et alors il a plus de trois décimètres de tour dans la partie la plus grosse de son corps. Chacun de ses opercules est composé de trois pièces. Sa langue est large, son palais lisse dans presque toute sa surface. Six appendices sont placés auprès de son pylore. Sa vessie natatoire a près de deux décimètres de longueur. 514 HISTOIRE NATURELLE LE CExXTROPOME AMBASSE. Ambassis Comraersonii, Cuv. ; Lutjanus gymnocephalus, Centropomus Ambassis, et Centropomus Safga, Laccp. i. Le Centropomc de Roche, Dules rupcslris, Cuv.; Centropomus rupeslris, Lac. — Centropome Macro- don, Ctieilodipterus octoviltatus, Cuv. ; Cheilodiplerus liriealus, et Centropomus Macrodon, Lac. — Centropome doré, Apogon Cuv.; Centropomus aureus, Lac. — Centropome rouge, Myripristis hexagonus, Cuv.? Centropomus ruber, Lac. Les cinq centropomes dont nous allons parler ont été observés, par Commerson, dans les eaux douces des îles de France et de Bourbon, ou dans la mer qui en baigne les riva- ges. La description n'en a encore été publiée par aucun naturaliste. L'ambasse se trouve dans l'étang de l'ile Bourbon sur le bord duquel on voyait, du temps de Commerson, un château nommé GoL On péchait dans cet étang un grand nombre d'individus de cette espèce. Leur longueur était presque toujours au-dessous de deux décimètres; mais ils étaient cependant très-recherchés par les habitants de l'ile, qui les préparaient d'une manière analogue à celle dont on prépare les anchois en Europe, les employaient également à relever le goût des mets, et les trouvaient même d'une saveur plus agréable et plus appétissante que ces derniers poissons. L'ambasse a deux callosités sur la partie antérieure du palais, et une tache noire, quel- quefois très-faible, au plus haut de la première dorsale qui est triangulaire. Le centropome de roche parvient à des dimensions plus considérables que l'ambasse; il est souvent long de quatre ou cinq décimètres. Il se tient dans les eaux douces, ou auprès des embouchures des rivières. Commerson l'a vu particulièrement dans la ravine diiGolde l'ile Bourbon. Sa chair est de très-bon goût. De petites taches noires sont ré- pandues sur les opercules; les écailles qui garnissent le dessous de la poitrine ne sont noires qu'à leur base; une nuance brune, plus ou moins foncée, est répandue sur les nageoires et sur la membrane des branchies; et la caudale ne présente qu'une légère échancrure. Le macrodon n'a pas ordinairement trois décimètres de longueur. Plusieurs dents très- petites sont placées dans les intervalles qui séparent les grandes dents de la mâchoire inférieure. La lèvre d'en haut peut s'étendre à la volonté de l'animal. Le palais est relevé par deux bosses, dont la postérieure est hérissée de petites dents : on n'en voit pas sur la langue, qui s'arrondit et s'élargit un peu par devant. Les yeux sont très-grands ; les écailles larges, et faiblement attachées à la peau ; les secondes pièces des opercules angu- leuses du côté de la queue ; le péritoine est argenté. Le centropome doré ne parvient qu'à de petites dimensions. Il a été vu très-souvent par Commerson, qui cependant ne lui a jamais trouvé une longueur égale à deux déci- mètres. Le centropome rouge est long de plus de trois décimètres. Sa saveur est très-agréable au goût, et sa parure des plus riches; toute sa surface présente un mélange de rose, de rouge et de doré, relevé par une très-grande variété de reflets, par un liséré blanc qui borde une grande partie du contour de la seconde dorsale, des pectorales, de l'anale et de la caudale, et par une superbe tache noire placée à l'extrémité de l'opercule et à la base de chaque pectorale. Les nuances de ce beau centropome brillent d'autant plus, que les écailles (|ui en réfléchissent l'éclat offrent une grande largeur. La dentelure de ces écailles est d'ailleurs si forte, que l'on ne peut toucher le poisson sans être blessé, à moins que la main n'aille dans le sens de la tète à la queue. Toutes les lames qui revêtent la tête, sont aussi très-dentelées, dans leur circonférence. La mâchoire supèi-icurc, dont le poisson peut étendre la lèvre, paraît comme tronquée lorsque l'animal ne meut pas cette lèvre d'en haut. Outre les huit grandes dents indiquées par le tableau générique, le centropome rouge a un grand nombre de petites dents à chaque mâchoire et auprès du gosier; mais son palais est lisse. Les yeux très-grands relativement au volume de la tête, ont de diamètre le neuvième, ou à peu près, de la longueur totale du poisson. Deux pla- ques écailleuses et dentelées sont situées de chaque côté, au-dessus de l'ouverture bran- chiale; et la ligne latérale est composée d'une série de très-petites lignes. ' Du f^enrc Amdasse , dans la iiimillc des Acanllioplôrygiens pr rcoïdos, Cuv. M. de Laccpcdc a décrit ce poisson, 1» sous le nom de Luljnn (ji/iivtoci'p/iale, 2" sous celui de Centropome ainbasse, et 3° pro- babirment cncort^, îous In dcnomination do Cnntropomo anfgri. (Voj'cz ci-dessus.) D. DES POISSONS. 51b LE CENTROPOME NILOTIQUE. Lates niloticus, Cuv. ; Perça nilotica, Linn., Gmel.; Centropomus niloticus, Lac. i. ET LE CENTROPOME OEILLÉ. Corvina ocellata, Cuv. ; Perça ocellata, Linn., Gmel.; Scia;na imberbis, Mitch. 5 Lutjanus triangulura, et Centropomus ocellatus, Lac. 2. Le nilotiqiie habite dans le Nil ; mais on le trouve aussi dans la mer Caspienne. Ses deux uasîeoires dorsales sont très-rapprochées l'une de l'autre. L'œillé a été observé dans la Caroline par le docteur Garden. Le premier rayon delà première dorsale et celui de chaque thoracine sont très-courts. On ne voit qu'un petit intervalle entre les deux nageoires du dos. LE CENTROPOME SIX-RAIES. Grammistes orientalis, BI., Cuv.; Sciœna vittata, Perça triacantha. Perça pcntacantha, Bodianus sex- lineatus, et Centropomus sex-lineatus, Lac. 5 On a péché dans la mer qui baigne les Indes orientales, ce centropome dont la mâchoire inférieure est plus avancée que la supérieure, et dont la tête, le corps et la queue pré- sentent six raies blanches de chaque côté. M. Noël nous a envoyé une description et un dessin de ce poisson. LE CENTROPOME FASCÉ. Centropomus fasciatus, Lacep. *. ET LE CENTROPOME PERCHOT. Centropomus Perculus, Lacep. 5. Nous avons trouvé dans les manuscrits de Commerson, la description de ces deux centropomes que les naturalistes ne connaissent pas encore. La couleur générale du perchot est d'un gris brun qui se mêle sur le ventre avec des teintes blanches; les thoracines sont jaunâtres ; l'anale et les pectorales sont variées de jaune et de brun; l'iris est brun dans sa partie supérieure, et argenté ou doré dans le reste de sa surface. CENT DIX-HUITIÈME GENRE. LES B0DL\NS6. Un ou plusieurs aiguillons et point de dentelure aux opercules; un seul barbillon, ou point de barbillon aux mâchoires ; t'e en croissant; la mâchoire supé- rieure beaucoup plus courte que l'inférieure, conformée de manière à représenter une très-grande portion de cercle, ctgarnie, de chaque côté,dedeuxdents longues, pointues, et tournées en a\ant ; la mâchoire inférieure armée de plusieurs dents fortes, longues et crochues; un aiguillon aplati à la dernière pièce de chaque opercule, qui se termine par une prolongation anguleuse ; quatre ou cinq bandes transversales, irrégulières, et très-inégales en longueur ainsi qu'en largeur. DEUXIÈME SOUS-GENRE. La nageoire de In fjiteite rrc/ilir/ne on arrondie, et non èvliancrèe. Neuf rayons aiguillonnés et dix-neuf rayons articulés à la nageoire du dos; trois rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la nageoire de l'anus ; les thoracines arrondies; des dents très-nombreuses, très-déliées, llexibles etmobiles;lamâchoiie supérieure plus courte que l'inférieure; trois aiguillons à la dernière pièce de chaque opercule; point de ligne latérale apparente; In couleur générale d'un « roux noirâtre \ Neuf rayons aiguillonnés et dix-neuf rayons articulés à lu nageoire du dos; trois rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la nageoire de l'anus; les thoracines triangulaires; la couleur générale noirâtre; les pectorales noires à la base , et jaunes au bout opposé; une raie longitudinale rouge sur la dorsale et l'anale; le' bord postérieur de la dorsale blanc et transparent; un croissant blanc et trans- parent sur la caudale, qui est roussâtre et rcctiligne. Huit rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la nageoire du dos; un rayon aiguillonné et neuf rayons articulés à l'anale; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure; deux orifices à chaque narine; deux pièces à chaque opercule ; trois aiguillons placés vers le bas de la première pièce, et deux autres aiguillons au bord postérieur de In seconde; la couleur générale d'un blanc d'argent; six ou sept bande» transversales, irréguliùres et noires. i DES POISSONS. 517 ESPECES. iS. Le Bodian JACOB -ÉVERTSEX. 19. Le Bodian B.ENAK. 20. Le Bodian iiiatule. cahactehes. Neuf rayons aiguillonnés et seize rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguil- lonnés et huit rayons articules à l'anale ; la caudale arrondie ; deux grandes dents et un grand nombre de petites à chaque mâchoire; la mâchoire d'eu bas plus avancée que celle d'eu haut; trois aiguillons à la dernière pièce de chaque oper- cule; la couleur générale d'un brun jaunâtre, un grand nombre de taches brunes, petites, rondes, jdusieurs de ces taches blanches dans le centre. Neuf rayons aiguillonnés et seize rayons articulés à la nageoire du dos, trois rayons aiguillonnés et huit rayons articulés à l'anale, la caudale arrondie; cha(|ue mâchoire garnie do dents pointues, petites, et tontes plus courtes que les deux antérieures, la mâchoire d'en bas plus avancée que celle d'en haut; un seul orifice à chaque narine; trois aiguillons aplatis à la dernière pièce de chaque opercule; les écailles petites et dentelées; la couleur générale d'un roux foncé; sept ou huit bandes transversales, brunes, étroites, et dont quelques-unes se divisent en deux ou trois. La tête allongée, le museau pointu; la mâchoire inférieure un peu plus longue que la supérieure, des dents pointues, égales et un peu séparées les uues des autres, à chaque mâchoire; la caudale arrondie; deux aiguillons au bord postérieur de chaque opercule; le ventre gros; des raies longitudinales et rousses sur le dos, qui est d'un rouge foncé, la dorsale jaune et tachetée de roux. Sept rayons aiguillonnés et seize ra3'ons articulés à la nageoire du dos, trois rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à l'anale, la caudale arrondie; la mâchoire inférieure plus longue que la supérieure, et garnie, comme cette dernière, de dents pointues qui s'engrènent avec celles qui leur sont opposées, et dont les deux antérieures sont les plus grandes; deux orifices à chaque narine; un aiguillon à la pièce postérieure de chaque opercule ; la couleur générale rouge ; un grand nombie de points noirs; des taches noires sur le dos; une bordure noire et liséréc de blanc, à l'extrémité de la caudale, à l'anale, aux thoracines, et à la partie postérieure de la dorsale. Douze raj^ons aiguillonnés et vingt et un rayon articulés à la dorsale; deux rayons aiguillonnés et huit rayons articulés à la nageoire de l'anus ; la caudale arrondie ; la tète courte; le museau plus avance que l'ouverture de la bouche; trois ou quatre aiguillons à la première et à la seconde pièce de chaque opercule ; six ou sept aiguillons disposés en rayons le long du contour inférieur et postérieur de l'œil; la couleur gi'uérale dorée. Quatre rayons aiguillonnés et vingt et un rayons articulés <à lanageoircdudos;dix- sept rayons à la nageoire de l'anus; deux aiguillons à la pièce postérieure de chaque opercule. "^i Le BonuN \ ^^V^ rayons aiguillonnés et quatorze rayons articulés à la dorsale ; neuf rayons à ' ' ■ l'anale; la caudale arrondie ; deux aiguillons à la pièce postérieure de chaque opercule; trois raies longitudinales et blanches de chaque côté du corps. 21. Le Bodian APUA. ( 22. Le Bodian ÉTOILE. 23. Le Bodian tétiiacantoe. SIX HAIES. LE BODIAN OEILLÈRE. Bodianus palpebralus,Lac. ; Sparus palpebratus, Pallas, Linn., Gmel.; Kurtus palpebratus, Schn. i. Le Bodian Lonti , Serranus Luti, Cnv.; Perça Luli, Forsk.; Bodianus Luli, Lac. — Bodian Jaguar, Ilolocenlrum Longipinne, Cuv.; Holocentrus Sogho, Bodianus pentacanlhus, et Sciœna rubra, BI.; Amphiprioii Matejuelo, Bl., Schn.; Bodianus .Lngunr, Lac. — Bodian macrolépidote, Glyphisodon macr(depidolus, Cuv.; Bodianus macrolepidoUis, Bl., Lac. — Bodian argenté, Ctcsio argenteus, Cuv.; Bodianus argenteus, BI.,Lacep. — Bodian Bloch, Bodianus Bodianus, Bl.; Bodianus Blochii, Lac. — Bodian Aya, Mesoprion Aya, Cuv.; Bodianus, Bl., Lac. La conformation des yeux du bodian œillère mérite l'attenlion des physiciens. D'après la description que l'illustre Pallas a donnée de ce poisson, et d'après un dessin colorié que le célèbre naturaliste Boddaert a fait lui-même, et qu'il a bien voulu m'envoyer dans le temps, ce thoracin présente au-dessus de chaque œil une pièce membraneuse un peu ovale, qui n'est attachée que par son extrémité antérieure, sur laquelle elle joue comme sur une charnière, et qui, en s'écartantouse rapprochant de la tète par son extrémité postérieure, et en s'abaissant ou en s'élevant, découvre l'organe de la vue, ou le cache en entier, et fait l'oiïice des œillères dont on couvre les yeux des chevaux ombrageux. Cette sorte de paupière, mobile à la volonté de l'animal garantit l'œil des effets funestes de la lumière éblouissante que répand sur la surface de la mer le soleil de la zone lor- ride, et qui est souvent d'autant plus vive autour du bodian dont nous nous occupons, que ce poisson se plaît au milieu des rochers, sur des bas-fonds pierreux, et dans les endroits où les rayons solaires n'ayant à traverser, pour arriver à ses organes, que des couches 1 Selon M. Cuvier, ou ne. peut encore, faute d'observation, placer le bodian oeillère de cet article, pciison Irès-singuIier, qui doit sûrement former un genre à part. D» 318 HISTOIRE NATURELLE d'eau assez minces, sont réfléchis, rapprochés et réunis endifférentsfoyers,par les surfaces blanclies, unies, polies el diversement concaves, des roches du rivage etdu fond de l'Océan. L'organe de la vue du bodian œillère, préservé de l'action de la lumière pendant tout le temps où ce thoracin n'a besoin ni de diriger sa roule, ni de poursuivre une petite proie, ni d'éviter un ennemi, doit donc être, tout égal d'ailleurs, très-délicat; et il est d'autant plus propre à lui faire distinguer les objets qu'il recherche ou qu'il fuit, que cet organe est grand et saillant. Celte paupière membraneiise présente une couleur d'un beau jaune; la tête est arrondie par devant, et presque noire; le corps et la queue sont d'un brun jaunâtre; deux aiguil- lons arment la dernière pièce de chaque opercule; un ou plusieurs petits sillons régnent sur le dessus de la tète; la ligne latérale, blanche ou argentée, commence par quatre ou cinq papilles ou tubercules: les nageoires sont noirâtres. La longueur ordinaire de l'ani- mal est d'un décimètre : et c'est particulièrement à Amboine que le bodian œillère a été péché. Le louti vit dans la mer d'Arabie, où il se plaît parmi les madrépores et les coraux. Chacune de ses nageoires est bordée de jaune. Il parvient quelquefois jusqu'à la longueur remarquable de douze ou treize décimètres. Ses écailles sont petites, arrondies et striées. La lèvre supérieure est moins avancée que celle d'en bas; mais elle peut être étendue par le bodian. Le jaguar habite dans la mer du Brésil; il aime à demeurer au milieu des écueils, et par conséquent, auprès des côtes. Il paraît préférer surtout le voisinage de l'embouchure des rivières; et c'est dans ce voisinage qu'il s'engraisse, et que sa chair acquiert un goût encore plus agréable qu'à l'ordinaire, lorsque, dans la saison des pluies, les fleuves dé- bordés entraînent jusqu'à la mer une grande quantité de substances organiques et nutri- tives, dont le jaguar retire un aliment salutaire et abondant. Ce bodian a la mâchoire d'en haut plus avancée que celle d'en bas; plusieurs rangs de dents presque égales, pointues, et séparées l'une de l'autre; deux orifices à chaque narine; les écailles dentelées; et le lobe supérieur de sa caudale plus long que l'inférieur. Le prince Maurice de Nassau a laissé de ce poisson un dessin qui a été copié par Bloch, et qui l'avait été auparavant par 3Iarcgrave, d'après lequel Pison, Willughby, Jonston etRuysch paraissent avoir représenté ce bodian. On peut croire que le macrolépidote a été péché dans les grandes Indes. Les deux mâchoires sont aussi avancées l'une que l'autre, et garnies de dents très-serrées; on ne voit qu'un orifice à chaque narine; la ligne latérale est droite, et aboutit à la fin de la dorsale, où elle se perd. On aperçoit du rougeâlre sur la tète et sur le dos de l'animal; les pectorales et les thoracines sont jaunes; la dorsale et l'anale sont brunes; et la cau- dale est brune comme la dorsale, mais jaune dans son milieu. L'argenté a la langue et le palais très-lisses; un seul orifice à chaque narine; les na- geoires jnunâlres, et la caudale bordée de bleu ou de cramoisi. Il paraît qu'on l'a observé dans la Méditerranée. Le prince Maurice de Nassau, Marcgrave, Pison, Willughby, Jonston, Ruysch et Rloch, ont fait dessiner le poisson au(iuel j'ai donné un nom spécifique qui rappelle celui du savant ichlliyologisle de Berlin. J'ai voulu, |iar celte nouvelle marque d'estime pour ce naUiralible, indiquer l'espèce dont le nom vulgaire a été employé par lui pour désigner le genre entier des bodians, qu'il a proposé le premier, et que j'ai adopté après avoir fait subir quelques modifications à cette partie de sa classification. Le bodian bioch a été vu dans la mer du Brésil ; il y parvient à la grandeur du cyprinJ carpe, et y a été très-recherché à cause de la bonté de sa chair. Chaque narine de cej poisson ne présente qu'un orifice; du pourpre, du rouge et du jaune doré, resplendis- sent sur ses nageoires. La figure de l'aya a été donnée par iMarcgrave, Pison, Willughby, Jonston, Ruisch,J le prince de Nassau et Bloch, qui a fait copier le dessin du prince Maurice. On le trou-j ve dans les lacs du Brésil. Il y parvient fréquemment à la longueur d'un mètre; et il multiplie si fort, qu'on envoie au loin un grand nombre d'individus de cette espèce,^ salés ou sèches au soleil. Il seraitlrès-utile et peut-ètrcassez faciled'acclimalerce grand et beau bodian, dont la chair est très-agréable au goût, dans les eaux douces de l'Europe,! et particulièrement dans les lacs et les élangs de celte partie du globe. Au reste nous! n'avons pas besoin de répéter ici ce que nous avons déjà écrit sur l'acclimatation de3| poissons, dans plus d'un endroit de l'histoire de ces animaux. DES POISSONS. 319 L'aya a l'ouverture de la bouche assez grande; la mâchoire supérieure un peu plus avancée que l'inférieure ; les deux mâchoires garnies d'un rang de dents cunéiformes, dont les deux antérieures sont les plus grosses ; et deux orifices à chaque narine. LE BODIAN TACHETÉ. Plcctropoma maculatum, Cuv. ; Bodianus maculatus, BI., Lac. i . Le Bodian Vivanet, Mesoprion griseus, Ca\.; Sparus telracaiUliu3, BI.; Ciclila tetracaïUha, Sclin.; Bodianus Vivanel, Lacep. — Bodian de Fischer, Pentapus unicolor, Cuv.? Bodianus Fisclie- rii, Lac. — Bodian décacanthe, Pentapus viltatus, Cuv.? Sparus vittatus, BI.; Bodianus decacan- llius, Lac. — Bodian Lentjan, Lelhrinus Lenljanus, Cuv.;Bodianus Lenljan, Lac. — Bodian grosse- tête, SerranuSjflavo caeruleus, Cuv.; Holocenlrus llavocseruleus, Holocenlrus gyninosus, et Bodianus niacrocephalus, Lac. — Bodian cyclostome, Plectropoma melanoleucuni, Cuv.; Labrus lœvis, Bo- dianus melanoleucus, et Bodianus cycloslomus, Lac. Le tacheté a été vu dans le Japon. Ses deux mâchoires sont également avancées. Les dents antérieures surpassent les autres en longueur. Il n'y a qu'un orifice à chaque narine. Les écailles sont petites, dures et dentelées; les pectorales, les thoracines et la caudale, d'un rouge brun; la dorsale et l'anale bleues, et bordées d'un brun rougeâtre. Le vivanet vit dans les eaux de la Martinique. Ses pectorales et sa caudale sont très- grandes, et doivent lui donner une natation rapide; les premières sont, de plus, trian- gulaires; deux raies longitudinales, assez larges, dorées, et dont la supérieure ofiVe sou- vent des nuances très-faibles, accompagnent la ligne latérale; les nageoires sont variées de jaune et de violet. Aucun naturaliste n'a encore publié la description de Fischer, ni des autres quatre bo- dians dont la notice suit celle de ce thoracin. Nous avons désiré que le nom spécifique de ce poisson fût un témoignage de notre estime et de notre attachement pour le natu- raliste Fischer, bibliothécaire de lAIayence, qui chaque jour acquiert, par son zèle et par ses ouvrages, de nouveaux droits à la reconnaissance des amis des sciences, et s'efforce de donner une nouvelle activité au noble et si utile commerce des lumières entre la France et l'Allemagne. Le bodian fischer a le corps et la queue allongés, et les rayons aiguillonnés de sa dorsale très-éloignés Tun de l'autre. Nous faisons connaître ce poisson d'après un indi- vidu de cette espèce compris dans la belle collection zoologique cédée par la Hollande à la France. Cette même collection renfermait des individus de l'espèce que nous avons nommée Décacanthe, et de celle que nous appelons Leiitjan, parce que une note manuscrite nous a appris qu'elle avait reçu ce nom de Lentjaii dans le pays qu'elle habite. A l'égard du Bodian grosse-tête et du Cyclostome, nous eu avons trouvé des dessins parmi les manuscrits de Commerson. LE BODIAN ROGAA. Serranus Rogaa, Cuv.; Perça Rogaa, Forsk., Lin., Gmel. ; Bodianus Rogna, Cuv. -i. Le Bodian lunaire, Perça lunaria, Linn., Gniel.; Bodianus lunarius, Lac. — Bodian niélanoleuque, Pleclropoma nielanoleucum, Cuv. ; Labrus iœvis, Bodianus melanoleucus, et Bodianus cycloslomus, Lacep. — Bodian Jacob-Evertsen, Serranus gultatus, Cuv.; Bodianus gullatus, Bloch; Bodianus Jacob-Everlsen, Lac. — Bodian Bœnak, Serranus Bœnak, Cuv.; Holocenlrus Bsenak, BI., Bodianus Bcenak, Lac. — Bodian Hiatide, Serranus Cabrilla, Cuv. ; Perça Cabrilla, Linn. ; Holocenlrus Chani, Holocenlrus virescens, Luljanus Serran, et Bodianus Hiatula, Lacep. — Bodian Apiie, Serranus Apua, Cuv.; Bodianus Apua, BI., Lacep. — Bodian étoile, Corvina Irispiiiosa, Cuv. ; Bodianus slellifer, BI.? Cheilodipterus Acoupa, et Bodianus stellalus, Lac. La mer d'Arabie nourrit le rogaa et le lunaire. Le rogaa a les lèvres très-grosses, et la supérieure extensible ; le devant de ses mâchoi- res présente souvent deux dents fortes et un peu coniques; sa longueur est ordinaire- ment de six ou sept décimètres ; il se plaît au milieu des coraux et des madrépores. Le niélanoleuque a été vu par Commerson près des rivages de l'île de France. Ses couleurs blanche et noire m'ont indiqué le nom spécifique que j'ai cru devoir lui don- ner 3. Ses nageoires sont jaunâtres ; ses pectorales et ses thoracines oITrent à leur base une tache noire; le bout de son museau brille d'un beau jaune. Le corps et la queue sont 1 Du genre Plectuopome, dans la famille des Acantlioptérygicns percoïdes. D. 2 Du genre Mérou, Serranus, dans la famille des Acanthoptérygiens percoïdes. D. 3 Ms^aj, en grec, signifie noir ; et ieuxo?, blanc. 520 HISTOIRE NATURELLE allongés; la lèvre supérieure est extensible; les mAchoires sont garnies de plusieurs rangs de dents inégales; on voit de petites dents sur une partie du palais; et la longueur ordinaire de l'animal est de quatre ou cinq décimètres. Le Jacob-Evertsen a deux orifices à cbaquenarine;la ligne latérale estlarge. La dorsale, la caïKinlc, et la nageoire de l'amis, sont couvertes en partie de petites écailles; elles sont d'ailleurs jaunes et bordées de violet : une nuance jaune dislingue les pectorales et les tlioracines. Le nom que porte ce bodian est celui d'un matelot de Hollande, dont le visage gâté par la petite vérole présentait des taches semblables à celles de ce poisson, et que d'autres marins hollandais avaient sous les yeux, lorsqu'ils découvrirent l'espèce dont nous nous occupons; ce nom de Jacob-Evertsen a môme été donné depuis par plusieurs naviga- teurs bataves à des espèces didérentes du bodian dont nous parlons, mais qui mon- traient sur leur surface un grand )iombre de petites taches. On trouve les Jacob-Evertsens auprès de l'Ile de Sainle-IIélène où l'on en pêche beau- coup; dans les grandes Indes, et dans la mer du Japon. Ils vivent de proie, sont très- goulus, se jettent imprudemment sur les lignes, et sont pris facilement dans toutes les saisons. Us remontent les fleuves dans le temps delà ponte des œufs, qu'ils déposent par préférence sur les fonds pierreux. Ils parviennent souvent dans l'Asie à la longueur de treize ou quatorze décimètres: ils y sont très-gras, très-agréables au goût, et très- recherchés surtout par les Européens. Bloch pense que l'on doit les regarder comme de la même espèce que le Jeicfish, dont Browne a parlé, qui, suivant ce dernier auteur, vit dans les eaux de la Jamaïque, et qui y pèse quelquefois cent cinquante kilogrammes. Le prince 3Iaurice de Nassau, Bontius, Renard et Nieuhof, ont laissé des dessins de ces poissons, dont Willughby et Séba ont fait copier la figure. Le bœnalt a la tète étroite et allongée; l'ouverture de la bouche petite; les yeux rap- prochés du sommet; les nageoires d'un jaune plus ou moins mêlé de brun; la dorsale et les pectorales relevées par des prolongations de quelques-unes des bandes transversales (pie le tableaugénériqueindique;et unebandetransversaleetcourbe placée sur lacaudale. H a été envoyé du Japon à Bloch, qui a reçu aussi du même pays une variété de ce bodian distinguée des autres individus de cette espèce par des raies d'une nuance claire, que l'on aperçoit très-difficilement. L'hialule se trouve dans la Méditerranée. Nous n'avons pas besoin de faire observer que ce bodian est d'une espèce bien différente de celle que nous avons décrite sous le nom de Hiatide gardénienne. On voit l'apue dans le Brésil : ce thoracin y recherche pendant l'été l'eau salée qui baigne les rivages et les écueils de la mer, et pendant l'hiver l'eau douce des rivières. Sa chair est grasse et d'un goût exquis. Sa pêche est très-abondante, et d'autant plus utile que son poids ordinaire est de deux ou trois kilogrammes. Le prince Maurice, Marcgrave, Pison, Willughby, Jonston, Ruisch et Bloch, ont fait faire des dessins de ce poisson, dont Klein s'est aussi occupé. C'est du cap de Bonne-Espérance qu'on a apporté en Europe l'étoile. Ses dents sont très-petites; sa langue et son palais très-lisses ; ses narines percées chacune d'une seule ouverture. LE BODIAN TÉTRACANTIIE. Percis cancellata, Cuv. ; Labrus tetracanthus, et Bodianus tctracanthus, Lacep. i . ET LE BODIAN SIX-RAIES. Grammistes oricntalis, Cuv.; Centinpomiis sox-lincatus, Sci;pna vittata, Perça triacantha, Perça pentacantlia, et Bodianus scx-linoalus, Lac. 2. On n'a pas encore publié de description de ces deux bodians ; nous avons vu un indi- vidu de chacune de ces espèces dans la collection du IMuséum national d'histoire naturelle. La première a la tête un peu déprimée et jilus large que le corps; la lèvre supérieure é|)aisse et extensible; les dents aiguës, crochues et inégales. La seconde a l'ouverture de la bouche très-grande, et la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure. 1 Du genre Percis, Percis, Cuv., dans la famille dos Acanthoptérygiens pcrcoïdcs. Ce poisson a ctc décrit deux fois par ftl. de Laccpède sous les noms 1» de Labre tétracanlfie, et 2» de Jiod'mn tétra- canllip. D. 2 Du genre Ghammistr, de M. Cuvier, dans la famille des Acanthoplérygiens percoïdes. Il est décrit cin(] fois par M. de Lacépèdc sous les noms, t» de Ci'iitruponic six-7'nies, 2° de Sciène rayée, 5" de Pcr- aèque triacanthe, 4,° de Pe>-aègtie })entaca7ilhe, et K» de Bodian six-raiea. D. DES POISSONS. 321 CENT DIX-NEUVIÈME GENRE. LES TiïNIANOTES. Un ou plusieurs aiguillons, et point de dentelure aux opercules; un seul barbillon, ou point de barbillons aux mâclioircs; une nageoire dorsale étendue depuis l' entre-deux des yeux Jusqu'à la nageoire de la queue, ou très-longue et composée de plus de quarante rayons. PREMIER SOUS-GENRE. La nageoire de. la queue, fourchue, ou en croissant. ESPÈCES. CARACTÈRES. I Quarante-huit rayons à la nageoire du dos et à celle l'anus; la couleur générale I bleue; une raie longitudinale noire et très-large de chaque côté de corps. SECOND SOUS-GENRE. La nageoire de la queue, recliligne, ou arrondie, et non échancrêe. I La caudale arrondie; trois aiguillons à la première pièce de chaque opercule. 1 . Le T^manote large-raie. 2. Le T^nianote triacantue. LE TiENIANOTE LARGE-RAIE. Malacanthus ,Cuv.; Taenianotus lato-vittatus, Lac. ; Labrus lato-vittatus, (fig.), Lac. i. Les taenianotes n'ont encore été décrits par aucun auteur; je les ai compris dans un genre particulier, auquel j'ai donné le nom de Tœnlanote pour désigner la très-grande longueur de leur nageoire dorsale, dont l'étendue forme un des caractères distinctifs de ce groupe 2. Commerson a vu, dans le marché au poisson de l'ile de France, des individus de l'espèce que je nommée Large-raie. Leur longueur était de quatre à cinq décimètres ; leur saveur peu agréable; et l'on trouvait, dans leur estomac, des débris de coraux, et des fragments de coquilles. Les dents du tœnianote que nous décrivons, sont cependant très-petites; et sa langue, ainsi que son palais, n'offrent ni dents ni aspérités : la dureté des mâchoires, la constance des efforts et le nombre des dents suppléent, dans ce thoracin, à la grandeur de ces derniers instruments, et sont une nouvelle preuve de la réserve avec laquelle on doit, dans l'étude de l'histoire naturelle, conclure l'existence des habitudes de celle des formes dont elles paraissent le plus dépendre, ou l'existence de ces formes, de celle de ces habitudes. Le large-raie a deux orifices à chaque narine ; les yeux un peu rapprochés l'un de l'autre ; les écailles très-petites, mais rudes et dentelées; un aiguillon à la pièce postérieure de chaque opercule, qui d'ailleurs se termine en pointe ; le ventre argenté ; la nageoire du dos et les pectorales variées de brun et de bleu; les thoracines et l'anale blanchâtres ; la cau- dale distinguée par la prolongation de la raie longitudinale large et noire qui règne sur le corps et sur la queue, et par une tache blanche et grande, placée sur le lobe inférieur. LE T.ENIANOTE TRIACANTUE. Tœnianotus triacantus, Cuv.? Lac. 3. Cette espèce a le corps allongé et très-comprimé. Sa nageoire du dos ressemble à une longue bande, plus élevée vers le crâne et la nuque que vers la fin du corps et au-dessus de la queue. La partie antérieure de ce remarquable instrument de natation est arrondie; et les premiers rayons qui la soutiennent sont un peu séparés l'un de l'autre. L'ouverture de la bouche et les dents sont très-petites. La mâchoire inférieure avance plus que celle d'en haut. \]\\ tccnianote triacanthe était conservé dans de l'alcool, parmi les poissons qui faisaient partie de la nombreuse collection d'histoire naturelle donnée par la Hollande à la France. iM. Cuvier rapporte la description de ce poisson au genre Malacanthe, qu'il établit dans la famille des Acanthoptérygiens labroïdes. Il considère aussi la figure Am Labre large-raie. Lac, comme se rap- portant à cette espèce. Quant à la figure du Tœnianote large-raie, il la rapporte à une espèce de son genre Apistes, Âpistus tœnianotus, dans la famille des Acanthoptérigiens à joues cuirassées. D. 2 Ta-idoi., en grec, signifie bande ou ruban : et vîJto;, djs. 3 Ce n'est qu'avec doute que M. Cuvier rapporte la description du Tœnianote triacanthe de Lacépède, au genre Tjsniakote, qu'il admet dans la famille des Acanthoptérygiens à joues cuirassées, près du genre Scorpène. D. 322 HISTOIRE NATURELLE Un ou plusieurs ESPÈCES. 1. La Sciè.ne ABUSAMF. 2. La Sciène CORO. 3. La Sciè.ne CIMÉE. i. La Scièke heptacamue. 3. La Sciène eu R OMIS. C. La Sciène CUOKER. 7. La Sciène UMBRE. 8. La Sciène cylindrique. 9. La Sciène saji-mara. 10. La Sciène pentadactyle. 11. La Sciène RAYÉE. CENT VINGTIÈME GENRE. LES SCIÈ.NES. aiguillons et point de dentelure aux opercules, un seul barbillon, ou point de barbillons aux mùclioires, deux nayeoires dorsales. PRE.MIER SOUS-GENRE. La nageoire de la queue, fourchue^ ou en croissant. CARACTÈRES. Dix rayons aiguillonnés à la première dorsale; trois rayons aiguillonnés et neuf rayons articules à l'anale; des dents molaires arrondies : des dents antérieures fortes et coniques; un aiguillon à la pièce postérieure ae chaque opercule ; la couleur générale verte'; un grand nombre de petites taches blanches. / Dix rayons aiguillonnés à la première nageoire du dos; deux ra}'ons aiguillonnés V et neuf rayons articulés à la seconde, onze rayons à celle de l'anus ; la caudale en } croissant; la tète et les opercules dénués de petites écailles ; les dents petites et i pointues; un aiguillon à la seconde pièce de chaque opercule; la couleur géné- \ raie argentée ; huit bandes transversales, étroites et brunes, j Un rayon aiguillonné et six rayons articulés à la première dorsale; huit rayons à î la seconde; sept rayons à l'anale; la mâchoire supérieure arrondie et plus avan- cée que l'inférieure ; deux aiguillons à la pièce postérieure de chaque opercule ; presque toutes les écailles divisées en deux portions par une arête transversale ; la première de ces portions unie, et la seconde finement striée et ciliée. Sept rayons aiguillonnés à la première nageoire du dos ; neuf rayons à la seconde ; sept rayons à la nageoire de l'anus; la mâchoire supérieure un peu plus avancée que l'inférieure; des dents fortes à chaque mâchoire; deux aiguillons, dont un est très-petit, à la dernière lame de chaque opercule. SECOND SOUS-GENRE. La nageoire de la queue, rectiligne, ou arrondie, et non échancrée. Dix rayons à la première dorsale ; un rayon aiguillonné et vingt et un rayons arti- culés à la seconde; deux rayons aiguillonnés et cinq rayons articulés à l'anale; un aiguillon à chaque opercule; le second rajon aiguillonné de l'anale, long, épaiS; comprimé, et très-fort ; des bandes transversales brunes. Dix rayons aiguillonnés à la première nageoire du dos ; un rayon aiguillonné et vingt-huit rayons articulés à la seconde; deux rayons aiguillonnés et dix-huit rayons articulés à l'anale; cinq petits aiguillons à la pièce antérieure de chaque opercule; le corps ondulé de brun. Dix rayons à la première nageoire du dos; vingt-quatre à la la seconde; deux rayons aiguillonnés et huit rayons articulés à celle de l'anus; la caudale arrondie ; deux aiguillons à la pièce postérieure de chaque opercule ; le dos noir ; le ventre argenté. Cinq rayons aiguillonnés à la première dorsale ; vingt et un rayons articulés à la seconde ; un rayon aiguillonné et dix-sept rayons articulés à l'anale ; la caudale arrondie; deux aiguillons à la pièce postérieure de chaque opercule; la forme générale cylindrique; la tête, le dos, onze bandes transversales, et deux raies longitudinales, d'un brun plus ou moins foncé. Dix rayons aiguillonnés à la première nageoire du dos ; un ra}'on aiguillonné et quatorze rayons articulés à la seconde ; quatre rayons aiguillonnés et huit rayons arlicuh'S à l'anale; un aiguillon à la première pièce de chaque opercule ; deux aiguillons à la pièce postérieure ; le dos d'un rouge de cuivre ; un grand nombre de taches rondes, blanches, et bordées de noir. Sept rayons à la première dorsale; dix ra3'ons à la seconde et à l'anale ; cinq rayons à chaque thoracine; la caudale arrondiel; un aiguillon recourbé à la pièce anté- rieure de chaque opercule; les pectorales très-larges; la ligne latérale insen- sible. Six rayons aiguillonnes à la première nageoire du dos ; quinze rayons articulés à la seconde ; dix rayons à la nageoire de l'anus; la caudale un peu arrondie; trois aiguillons à la première et à la dernière pièce de chaque opercule ; la couleur générale noirâtre ; des raies longitudinales blanches. LA SCIÈNE ABUSAMF. Pagrus. . . .? Cuv,; Sciœna Murdjan, var., Abusamf, Gmel. ; Scia;na Abusamf, Lac. l. La Sciène Coro, Prislipoma Coro, Cuv. ; Sciœna Coro, Bl., Lacep. — Sciène ciliée, Upcncus chryse- rydros, Cuv. ; Scisena ciliata, cl Mulluscliryscrydros, Lac. — Sciène Heptncnnlhc, ï^pcncus cyclos- tomus, Cuv.;Mullus cycloslomus, cl Sciii'iia licplacanlha, Lac. Les scièncs ne diffèrent des bodians que par le nombre de leurs nageoires dorsales ; iM. Cuvier remarque (Flist. des poiss., tome III) que ce ne peut être que par erreur que le Sciœna abusamf de Forskael a été regardé comme une variété du murdjan. Selon lui, ce serait plutôt un pagre (dans la famille des Acanthoptérygicnssparoïdes). Néanmoins, dins le tomi IV du même ouvrage, qui contient la description des Pagres, il n'en est fait nulle mention. D. DES POISSONS. 523 elles en ont deux, pendant que l'on n'en voit qu'une sur les bodians : elles ont donc avec ces derniers le même degré d'affinité que les cheilodiptères avec les labres, les ostorhinques avec les scares, les diptérodons avec les spares, les centropomes avec les lutjans, et les persèques avec les holocentres. Les habitudes de la scièiie umbre, dont nous tâcherons de présenter quelques traits, nous donneront une idée de celles des autres sciènes. Mais l'umbre n'appartient qu'au second sous-genre de ces thoracins: avant de nous en occuper, jetons un coup d'œil sur les sciènes du premier sous-genre. L'abusamf vit dans la mer d'Arabie, et le coro dans celle du Brésil. Ce dernier poisson parvient à la longueur de quatre ou cinq décimètres; les deux mâchoires sont aussi avancées l'une que l'autre; la caudale brille de l'éclat de l'or. On pêche cette sciène dans toutes les saisons ; mais elle est peu recherchée, parce que sa chair est dure et sèche. Le prince Maurice de Nassau, Marcgrave, Pison, Willughby, Jonston, Ruysch, Klein et Bloch, ont décrit ou fait dessiner le coro. La ciliée et l'heptacanthe n'ont pas encore été décrites. Nous avons trouvé un individu de chacune de ces deux espèces parmi les poissons desséchés qui font partie de la colleclion hollandaise donnée à la France. Le tableau générique indique la forme remarquable des écailles de la ciliée. Disons de plus que ces écailles présentent la figure d'un trapèze; celles qui garnissent la ligue latérale olfrent des arêtes disposées comme des rayons diver- gents; d'autres écailles plus petites couvrent la base de la nageoire de la queue. LA SCIÈNE CHROMIS. Pogonias Chromis, Cuv. ; Labrus Ctiromis, Linn., Gmel.; Pogoriias fasciatus, Sciœna Chromis, et Pogo- nathiis Courbina, Lac. ; Sciaena Furca, etSciœna Gigas, Mitcb. i. La Sciène Croker, Micropogon uiululntus, Cuv,; Perça undulala, Linn., Gm.; Sciœna unduiaîa, Lac. — Sciène Umbre, CoT\ina nigra, Cuv.; Sciœna Unibra, Linn., Gin., Lac. — Sciène cylindrique, Perciscylinclrica,CuY.; Bodianus Sebœ, Bl., Schn. ; Sciœna cylindrica, Bl., Lac. — Sciène Sammara, Holocenlrum Sammara, Cuv. ; Sciœna Sammara, Forsk., Linn., Gm., Lac; Labrus aiiguiosus, Lac. — Sciène penladactijle, Sciœna iientadaclylus, Lac. — Sciène rayée, Granimistes orientalis, Cuv. ; Sciœna viilata, Perça Iriacanlha, Perça pentacanlha, Bodianus sex-lincalus, et Cenlropomus sex-lineatus, Lac. On peut voir dans Schneider combien il est difficile de déterminer à quels poissons les anciens auteurs grecs et latins ont donné le nom de Chromis, ou Cromis. Il nous semble qu'ils l'ont attribué à plus d'une espèce de ces animaux; mais, quoi qu'il en soit, Linnée s^en est sorvi pour désigner un thoracin auquel nous avons cru devoir le conserver, quoi- que ce thoracin soit très-différent des espèces qui vivent dans la Méditerranée, que les anciens ont pu connaître. Cette application que le grand naturaliste de Suède a faite du nom de Chromis à un osseux de l'Amérique, est venue de ce que ce poisson fait entendre une sorte de bruissement, qui a rappelé un prétendu son produit par le chromis des Grecs; et c'est ce même bruissement qui a fait nommer Tambour cette sciène américaine. Elle vit dans les eaux de la Caroline et dans celles du Brésil. Ses mâchoires sont armées de petites dents; et sa couleur générale est argentée. La Caroline est aussi la patrie de la sciène croker. Ce poisson a la gueule large; les mâchoires hérissées de plusieurs rangées de très-petites dents; une (aclie brune auprès des nageoires pectorales; et sa longueur est souvent de près d'un mètre. La sciène umbre a été souvent confondue avec notre persèque umbre. Il est cependant très-aisé de distinguer ces deux poissons l'un de l'autre. Indépendamment de plusieurs autres différences, la sciène umbre aies deux mâchoires également avancées, et la persèque umbre a la mâchoire d'en haut plus longue que celle d'en bas. On ne voit aucun barbillon auprès de l'ouverture de la bouche de la première: la mâchoire inférieure de la seconde est garnie d'un barbillon. D'ailleurs la sciène umbre a des piquants sans dentelure aux opercules de ses branchies; la persèque umbre présente dans ses opercules comme la perche et toutes les véritables persèques, une dentelure et des piquants. Elles appartiennent donc non-seulement à deux espèces distinctes, mais même à deux genres diiïérents. Nous n'avons pas cru cependant qu'il nous suffît de montrer les grandes dissemblances qui séparent ces deux thoracins: nous avons voulu rapporter à chacun de ces animaux 1 Du genre Pogonias, dans la famille des Acanthoptcrygiens sciénoïdes, Cuv. Ce poisson a été décrit trois fois par BL de Lacépède, sous les noms de l» Pogonias fascé, 2» de Sciène chromis, et 3" de Pogonathe courbine, D. 324 HISTOIRE NATURELLE les passages des auteurs qui ont trait à ses formes ou à ses habitudes, et qui ont été cités par les principaux naturalistes modernes; nous avons tâché de rectifier les erreurs qui se sont glissées dans ces citations, particulièrement dans celles qui ont été faites par Arlédi et par les naturalistes qui l'ont copié. Les notes de cet ouvrage qui présentent la synonymie relative à celle sciène et à cette persèque, olîrent le résultat de notre travail à cet égard, La sciène umbre est le poisson corbeau, le Coracin des Grecs, des Latins, et des naturalistes des derniers siècles: la persèque umbre est la véritable Umbre de ces mêmes auteurs. La première est aussi le Cory) de Rondelet, et de plusieurs autres écrivains; et il aurait été h désirer que dans des ouvrîvges d'histoire naturelle très-recommandables, on n'eût pas appliqué à la persèque umbre cette dénomination de Corp, qui n'aurait dû appartenir qu'à la sciène dont nous écrivons l'histoire. Celte sciène a la Icle courte, et toute couverte, ainsi que la base de la seconde dorsale, «le l'anale et de la caudale, d'écaillés semblables à celles du dos; chaque narine percée de deux orifices; deux rangs de dénis petites et pointues à la mâchoire d'en haut, un grand nombre de dents i)lus petites à celle d'en bas; les écailles finement dentelées; les ihoracines très-noires; les autres nageoires noires avec un peu de jaune à leur base; les côtés du corps et de la queue parsemés d'une très-grande quantité de points noirs presque imperceptibles; et des reflets dorés qui brillent au milieu des différentes nuances noirâtres dont elle est variée. C'est le beau noir dont l'umbre est parée, qui l'a fait, dit-on, comparer au corbeau, corax en grec, et l'a fait nommer Coracinns. Le poëte grec Marcellus, de Séide en Pam- phylie, lui a donné le nom à'Argiodonte i. àcausedela blancheur des dénis de ce poisson, que l'on avait d'autant plus observée, que la couleur générale de l'animal est noire. Elle parvient à la longueur de trois ou quatre décimètres. Son canal intestinal n'est pas long; mais son estomac est grand, le foie volumineux, et le pylore entouré de sept ou huit cœcums. Elle habite dans la Méditerranée, et notamment dans l'Adriatique; elle remonte aussi dans les fieuves. On la trouve particulièrement dans le Nil , et il paraît qu'elle se plaît au milieu des algues ou d'autres plantes aquatiques. Aristote la regardait comme un des poissons qui croissent le plus vite. Les individus de celte espèce vivent en troupes. Les femelles portent leurs œufs pendant longtemps; elles aiment à les déposer prés des rivages ombragés, et sur les bas-fonds tapissés de végétaux ou garnis d'épongés; elles s'en débarrassent pendant l'été ou au com- mencement de l'automne, suivant le climat dentelles subissent l'influence; et c'eslpendant qu'elles sont encore pleines que leur chair est ordinairement le plus agréable au goût. Plus l'eau de la mer ou celle des rivières est échauffée par les rayons du soleil, et plus elle convient aux umbres; aussi ces sciènes, plus sensibles au froid que beaucoup d'aulres poissons, s'enfoncent-elles dans les profondeurs de la mer ou des grands fleuves, dès les premières gelées de l'hiver. On ne peut alors les prendre que rarement et difficilement; cl on ne peut même y parvenir dans ce temps de leur retraite, que lorsque leur asile n'est pas inaccessible à la Iraine-i ou au boulier o. Dans les autres saisons, on les prend avec plusieurs sortes de filets, ou on les pêche avec des lignes que l'on garnit souvent de portions de cruslacée. Elles aiment en effet à se nourrir de cancres, aussi bien que d'animaux à coquille, et d'aulres habitants des eaux, faibles et petits. Dès le temps de Pline, les umbres du Nil étaient recherchées, comme l'emportant sur les autres par la bonté de leur goût. Toutes celles que l'on trouvait dans les fleuves , les rivières ou les lacs, étaient en général, préférées à celles que l'on prenait dans la mer; et les jeunes étaient plus estimées que les plus âgées. Dans tous les pays où l'on en péchait une très-grande quantité, on les conservait pour les transporter au loin, en les imprégnant de sel. Celles que l'on avait ainsi préparées en Egypte, recevaient des anciens Grecs, suivant le fameux philosophe Xénocrate, le nom particulier de Coraxidia; et ces mêmes Grecs nommaient Tarichion conAXiNiDON le ^orjn?» que l'on faisait avec ces sciènes imbibées de sel. La variété de la sciène umbre, dont plu- sieurs auteurs ont parlé, et qui est distinguée par ses nuances blanches, était moins iccherchée que les umbres ordinaires ou umbres noires. Au reste, il est bon de remarquer i Argos, en grec, signifie blanc. 2 Traîne est un des noms du filet appelé gaine. Voyez l'art, de la Haie bouclée. 5 Le boulier est uu filet dont on peut voir la description à l'art, du Scombre thon. DES POISSONS. 325 que l'on a vu dans l'espèce de poisson noir dont nous nous occupons, une variété plus ou moins blanche, de même que l'on voit des individus blancs dans les espèces de mammi- fères et d'oiseaux dont le noir est la couleur générale. Suivant Blocli, on emploie maintenant, pour conserver les umbres que l'on a prises, une autre préparation : on les grille et on les met dans du vinaigre épicé. Indépendamment du goût agréable des scicnes umbres , les anciens avaient un motif très-puissant pour les pêcher; ils s'étaient persuadés que ces poissons jouissaient de facultés très-extraordinaires ; ils ont écrit que des frictions faites avec ces sciènes salées étaient un excellent remède contre la morsure du scorpion, et môme contre le charbon pestilentiel, et que le foie de ces osseux éclaircissait ou améliorait la vue. La scicne cylindrique a la partie antérieure de la tête dénuée de petites écailles ; la bouche grande; les lèvres grosses; la mâchoire inférieure plus longue que la supérieure, et garnie, comme cette dernière, de dents petites et pointues; un seul orifice à. chaque narine; les écailles dures et dentelées; la ligne latérale droite; l'anus plus proche de la tête que de la caudale; la première dorsale noire ; les pectorales et les thoracines jaunes ; la seconde nageoire du dos, l'anale et la caudale jaunâtres, et pointillées de noir. La mer d'Arabie est la patrie de la sciène sammara. Ses côtés sont argentés , et pré- sentent chacun dix petites raies longitudinales. Les pectorales sont rousses; les thoracines blanches; la seconde nageoire du dos, l'anale et la caudale transparentes. De plus, les deux côtés de la caudale, le premier et le dernier rayon de l'anale, ainsi que le second et le troisième de la seconde dorsale, brillent d'un beau rouge i. Commerson a vu dans les embouchures limoneuses des petites rivières del'ile de France, qui se jettent dans la mer et reçoivent un peu d'eau salée, la sciène à laquelle nous avons donné le nom de Pentadactyle, ou de poisson à cinq doigts, pour désigner les cinq rayons de ses thoracines. On sait que les thoracines ont été, en effet, comparées à des pieds, et leurs rayons à des doigts. La langue de cette sciène est lisse; l'aiguillon de l'opercule très- petit dans les jeunes individus; et la longueur ordinaire de l'animal de quinze ou vingt centimètres. Commerson a trouvé dans les mêmes eaux, ou à peu près, la sciène rayée. On voit une tache blanche sur la première dorsale et sur les thoracines de ce poisson. La mâchoire supérieure est extensible, et plus courte que l'inférieure, au-dessous de laquelle on aper- çoit un très-petit barbillon. Les deux mâchoires sont garnies de dents très-courtes, et pressées comme celles d'une lime. Les écailles sont très-lisses et très-petites. Cette sciène offre des dimensions à peu près semblables à celles de la pentadactyle. CENT VINGT ET UNIÈME GENRE. LES MICROPTÉRES 2. Un ou plusieurs aiguillons, et point de dentelure aux opercules; un barbillon, ou point de barbillon aux mâchoires; deux nageoires dorsales ; la seconde très-basse^ très-courle, et comprenant au plus cinq rayons. ESPÈCE. CARACTÈRES. !Dix rayons aiguillonnes et sept rayons articulés à la première nageoire du dos; quatre rayons à la seconde ; deux rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la nageoire de l'anus ; la caudale en croissant; un ou deux aiguillons à la seconde pièce de chaque opercule. LE MICROPTÈRE DOLOMIEU. Blicropterus Dolomieu, et Labrus Salmoidcs, Lacep. 5. Je désire que le nom de ce poisson, qu'aucun naturaliste n'a encore décrit, rappelle ma tendre amitié et ma profonde estime pour l'illustre Dolomieu, dont la victoire vient de briser les fers 4. En écrivant mon Discours sur la durée des espèces, j'ai exprimé la vive 1 Nous n'avons pas vu d'individus de l'espèce de la sammara. Si, contre notre opinion, ce poisson avait les opercules dentelés, il faudrait le placer parmi les persèques. 2-3 Dans le t. II de la 2^ cdil. du Règne animal, M. Cuvier place le genre Microptère dans la famille des Acanthoptérygiens sciénoïdcs, et dans la division qui renferme les sciénoïdes pourvus d'une seule nageoire dorsale et d'une ligne latérale continue, tels que ceux des genres Locote, Cheï- LODACTTLE, ct scoLOPsiDE. Cc genre 3I1CROPTÈRF, néanmoins n'est pas compris dans la description détaillée des Sciénoïdes qui compose le tome V de l'Histoire naturelle des Poissons, et dans la préface de ce volume M. Cuvier fait connaître qu'un nouvel examen qu'il a fait de l'exemplaire unique qui a servi à la description de M. de Lacépède, lui a démontré que ce n'est autre chose qu'un Growler d'Amérique, Grisles Salmoides, ou Labre Sahnoïde. (Lac. Acanlli. percoïdes), dans lequel un accidenta détruit quel- ques rayons mous de la dorsale, en sorte que les rayons qui suivaient semblent former une petite nageoire particulière. D. * mars 1801. LiCÉPÈDE. — TOME II. 21 326 HISTOIRE NATURELLE douleur que m'inspirait son affreuse captivité, et l'admiration pour sa constance héroïque, que l'Europe mêlait à ses vœux pour lui. Qu'il m'est doux de ne pas terminer l'immense tableau que je tâche d'esquisser, sans avoir senti le bonheur de le serrer de nouveau dans mes bras ! Les micropléres ressemblent beaucoup aux sciènes: mais la petitesse très-remarquable de leur seconde nai^eoire dorsale les en sépare; et c'est celte petitesse que désigne le nom générique que je leur ai donné i. La collection du Muséum national d'histoire naturelle renferme un bel individu de l'es- pèce que nous décrivons dans cet article. Cette espèce, qui est encore la seule inscrite dans le nouveau genre des microptères, que nous avons cru devoir établir, a les deux mâchoires, le palais et la langue, garnis d'un très-grand nombre de rangées de dents petites, crochues et serrées; la langue est d'ailleurs très-libre dans ses mouvements; et la mâchoire infé- rieure plus avancée que celle d'en haut. La membrane branchiale disparait entièrement sous l'opercule qui présente deux pièces, dont la première est ariondie dans son contour, et la seconde anguleuse. Cet opercule est couvert de plusieurs écailles ; celles du dos sont assez grandes et arrondies. La hauteur du corps proprement dit excède de beaucoup celle de l'origine de la queue. La ligne latérale se plie d'abord vers le bas, et se relève ensuite pour suivre la courbure du dos. Les nageoires pectorales et celle de l'anus sont très-arron- dies; la première du dos ne commence qu'à une assez grande distance de la queue. Elle cesse d'èire attachée au dos de l'animal, à l'endroit où elle parvient au-dessus de l'anale : mais elle se prolonge en bande pointue et flottante jusqu'au-dessus de la seconde nageoire dorsale, qui est très-basse et très-petite, ainsi que nous venons de le dire, et que l'on croirait au premier coup d'œil entièrement adipeuse. CENT VINGT-DEUXIEME GENRE. LES UOLOCEINTRES 2. Z7n ou plusieurs aiguillons et une dentelure aux opercules; un barbillon, ou point de barbillon aux mâchoi' res; une seule nageoire dorsale. PREMIER SOUS-GENRE. La nageoire de la queue fourchue, ou échancrée en croissant. CARACTÈRES. Onze rayons aiguillonnes et six rayons articules à la nageoire du dos ; quatre rayons aiguillonnes et dix rayons articulés à celle de l'anus; un rayon aiguillonne et s('i»t rayons articulés à chaque thoracine; la caudale très-fourchue ; un aiguillon à la première pièce de chaque opercule, deux aiguillons à la seconde, la portion postérieure de la queue très-distincte de l'antérieure par son peu de hauteur et de largeur. Dix rayons aiguillonnes et quinze rayons articulés à la dorsale, trois rayons aiguil lonnés et sej)t rayons articulés à l'anale, la mâchoire inférieure plus avancée i[W la supérieure; trois aiguillons à la dernière pièce de chaque opercule; deux sillons divergents entre les yeux; la couleur gi'uérale hrune. Dix-huit rayons aiguillonnes et douze rayons articulés à la nageoire du dos, deux rayons aiguillonnes et sept rayons articulés à l'anale; le corps et la (jueue allon- ges; un enlonceinent sur la tête; la mâchoire supérieure un peu plus avancée (juc l'inférieure; deux orifices à chaque narine; les écailles grandes, dures et dentelées; la couleur générale jaunâtre, trois raies longitudinales et noires de chaque caté de ranimai. Onze rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à la dorsale, trois rayons aiguil- lonnes et dix layons articulés à la nageoire de l'anus; la nageoire du dos très-lon- gue; les écailles crénelées; des rangées de points blancs. La couleur générale blanchâtre, deux raies longitudinales, blanches et situées de chaijue coté de l'animal, au-dessous d'une troisième raie composée de taches arrondies, obscures, et disposées en (piinconce. Treize rayons aignilhinnés et vingt l'ayons articulés à la dorsale, trois rayons aiguil- lonnés et huit rayons articulés à l'anale; les lèvres épaisses et grosses; la couleur générale brune, ou d'un jaune bleuâtre, la langue blanche, le palais rouge. Douze rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à la nageoire du dos, trois rayons aiguillonnés et huit rayons articulés à la nageoire de l'anus; la caudale en croissant; un long aiguillon à la dernière pièce de chacpie opercule; deux oriliccs à cinupie narine; trois raies noires, courbes, presiiue parallèles au bord inférieur (lu poisson, et situées de chaque côte de l'animal. ESPECES. 1. L'IIOLOCEMRE •SOGO. 2. L'IIOLOCENTRE CIIAM. 5. L'IIOLOCENTRE SCIIRAITSER. i. L'HOLOCENTRE CHENtl-É. 5. L'IIOLOCENTRE GUANAM. 6. L'IIOLOCENTRE GATëHIN. 7. L'IIOLOCENTRE JABRUA. 4 1 Mixpoj, en grec, signifie petit. 2 M. (juvier, en adoptant le genre IIolocentrb, n'y admet qu'un petit nombre des espèces de 31. de Lacépède. Il range les autres dans les genres Mérou, Acérine, Scolopsidc, Diagramme, Thërapon, Diacopc, Doulcs, Pomacentre, Myripristis, Sébaste, etc. D. DES POISSONS. 527 ESPÈCES. 8. L'HOLOCEMHE VEnDATRE. 9. L'HOLOCENTRE TIGRÉ. 10. L'HOLOCEN- TRE CI^Q-RAIES. 11. L'Hoi.OCEN- TRE BENfiAII. 12. L'IIOLOCEN- TRE ÉPINÉPHÈLE. 13. L'HOLOCEN- TRE POST. ii. L'HOLOCEN- TRE NOIR. 13. L'HOLOCEN- TRE ACÉRINE. 16. L'HOLOCEN- TRE BOUTTON. 17. L'HOLOCEN- TRE .TArWE ET BLEU. 18. L'HOLOCEN- TRE QVErE- RAYÉE. 19. L'HOLOCEN- TRE IVÉGRILLON. 20. L'HOLOCEN- TRE LÉOPARD. CARACTÈRES. Dix rayons aiguillonnôs et quatorze rayons articulés à la dorsale, trois rayons aiguil- lonnés et sept rayons articulés à l'anale, la caudale en croissant; la mâchoire infé- rieure plus avancée que la supérieure; deux orifices à chaque narine ; les yeux grands et rapprochés, deux ou trois aiguillons à la dernière pièce de chaque opercule, les écailles dures et dentelées, la couleur générale verdâtre. Dix raj'ons aiguillonnés et onze rayons articulés à la nageoire du dos, trois rayons aiguillonnés et sept rayons articulés à la nageoire de l'anus, la caudale en crois- sant, la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure, deux orifices à cha- que narine, trois aiguillons aplatis à la dernière pièce de chaque opercule; les écailles fines et dentelées; sept ou huit bandes transversales, jaunâtres, inégales, et très-irrégulières. Dix rayons aiguillonnés et quatorze rayons articulés à la dorsale, trois rayons aiguillonnés et scptraj'ons articulés à l'anale, la caudale en croissant, la mâchoire inférieure un peu plus avancée que la supérieure, deux orifices à chaque narine; un grand et deux petits aiguillons aplatis à la dernière pièce de chaque opercule; cinq raies longtitudinales, étroites, égales et bleues, de chaque côté de l'animal. Onze rayons aiguillonnés et quatorze rayons articulés à la nageoire du dos, trois rayons aiguillonnés et sept rayons articulés à l'anale, la caudale en croissant; les deux mâchoires également avancées ; deux orifices à chaque narine ; deux aiguillons à la dernière pièce de chaque opercule; la couleur générale rougeâtre, quatre raies longitudinales étroites, bleues et bordées de brun, de chaque côté de l'animal. Douze rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la dorsale, trois rayons aiguil- lonnés et sept rayons articulés à la nageoire de l'anus, la caudale en croissant, toute la tête couverte de petites écailles, la mâchoire inférieure un peu plus avancée que la supérieure, un seul orifice à chaque narine, une membrane trans- parente sur chaque œil, deux aiguillons à la dernière pièce de chaque opercule; ' septbandes transversaleslarges, régulières, brunes, détendues de chaque côtésur la base de la dorsale, et sur le corps ou la queue. Quinze rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la nageoire du dos, deux rayons aiguillonnés et six rayons articulés à la nageoire de l'anus, les deux mâchoires également avancées; de petits enfoncements creusés sur quelques par- ties de la tête, la couleur générale d'un jaune verdâtre ou doré, un grand nom- bre de petites taches noires. Le corps et la queue étroits, les dents et les écailles très-petites, des enfoncements sur quelques parties de la tète, les deux mâchoires également avancées, la cou- leur noire. Dix-huit rayons aiguillonnés et quatorze rayons articulés à la dorsale, deux rayons aiguillonnés et sept rayons articulésàl'anale, des enfoncements sur quelques par- ties de la tête, qui est allongée, les deux mâchoires également avancées. Dix rayons aiguillonnés et quatorze rayons articulés à la nageoire du dos, trois rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à la nageoire de l'anus, un aiguillon tourné vers le museau à la dernière pièce de chaque opercule; la mâchoire infé- rieure un peu plus avancée que la supérieure, qui est extensible; deux orifices à chaque narine, la tête et les opercule garnis de petites écailles, les écailles qui revêtent le corps et la queue rayonnées, et dentelées; la tête et le ventre rou- ges, le dos, les côtés et la caudale, d'un brun doré. Onze rayons aiguillonnés et seize rayons articulés à la dorsale ; trois rayons aiguil- lonnés et huit rayons articulés à l'anale ; la caudale en croissant ; trois aiguillons à la dernièi'c pièce de chacjue opercule; la tête et les deux opercules couverts de petites écailles; deux orifices à chaque narine; une membrane transparente au-dessus de chaque œil ; la mâchoire inférieure un peu plus avancée que la supé- rieure, qui est extensible; la couleur générale bleuâtre; les nageoires jaunes. Dix rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la nageoire du dos ; trois rayons aiguillonnés et quatorze rayons articulés à celle de l'anus; deux aiguillons à la dernière pièce de chaque opercule ; deux orifices à chaque narine ; les thoracines composées chacune de cinq rayons, et attachées au ventre par une membrane; l'anus situé plus près de la tête que de la caudale ; la couleur générale bleuâtre ; la queue rayée longitudinalement et alternativement de blanc et de noir. Douze rayons aiguillonnés et dix -sept rayons articulés à la dorsale; deux rayons aiguillonnés et quatorze rayons articulés à la nageoire de l'anus; un ou deux aiguillons à la dernière pièce de chaque opercule; une petite pièce dentelée auprès de chaque œil; deux orifices à chaque narine; la mâchoire inférieure un peu plus avancée que la supérieure, ([ui est un peu extensible; une lame écailleuse à cha- que extrémité de la base de chaque thoracine; toute la surface de l'animal d'un noir bleuâtre. Huit rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la nageoire du dos; un rayon aiguillonné et huit rayons articulés à l'anale; un rayon aiguillonné et sept rayons articulés à chaque thoracine; la caudale en croissant; quatre grands aiguillons à la première pièce, et un aiguillon à la seconde pièce de chaque opercule; un grand nombre de petites taches sur toute la surface de l'animal. 81. 528 HISTOIRE NATURELLE ESPECES. 21. L'II0L0CE>- TnE CILIE. 22. I/IIOLOCE^- TKE TlIL'KBEnC. 2iî. LTFor.ocEN- TRE BLANC ROLGE. 24. L'HOLOCEN- TRE BA^DE-BLA^■- COE. 23. L'HOLOCEN- TRE DIACAISTIIE. 26. L'HOLOCFN- TUE TRIPÉTALON. 27, L'IIOLOCEN- TRETETnACANTUE. 2S. L'IIOI.OCEN- TRE ACAKTUOPS. 29. L'HOLOCEN- TRE RADJABAN. 30. L'IIorocEN- TRE lilAUÈME. 51 . L'Hot OCEIS- TRE CïMNOSE. 52. L'IIoiocEN- TRE RABAJI. 33. L'IIOLOCEN- TRE MARliV. Zi. L'IIOLOCEN- TAE TETARD. 53. L'IIOLOCEN- IRE PUILADEL- PIIIEN. CARACTERES. Dix raj-ons oiguillonncs et neuf rayons articulr's à la dorsale; trois rayons aiguil- lonnes et sept rayons articulés à la nageoire de l'anus; plusieurs rangs de dents très-petites et presque sctacécs; un petit aiguillon à la dernière pièce de chaque opercule; les écailles ciliées. Onze rayons aiguillonnés et treize rayonsarliculés à la nageoire du dos; trois rayons aiguillonnés et dix rayons arlionlés à la nageoire de l'anns ; sept rayons articulés à chaque thoracine; un aiguillon à la dernière pièce de chaque opercule; la partie postérieure de la (|ueue beaucoup plus basse que Tant 'ricurc ; les écailles striées et dentelées; la couleur générale argentée et sans taches. Douze rayons aiguillonnés à la doisale; plusieurs assemblages d'aiguillons entre les yeux; ces organes très grands; la couleur générale rouge; huit ou neuf raies îongiludinales el blanciies de chaque coté du poisson. Onze rayons aiguillonnés à la dorsale, des aiguillons devant et derrière les yeux, ces organes très-grands, l'iris noir, la couleur générale rouge, une bande transversale, courbe, et blanche près de l'extrémité de la queue. Treize rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la nageoire du dos, deux rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à celle de l'anus, les écailles trcs- laiges et bordées de blanc, des gouttes blanches et très-jictites sur la tète, le corps et la queue, nue tache noire sur la seconde j)ièce de cha()ue opercule. Onze rayons aiguillonnés et huit rayons articulés à la dorsale, trois rayons aiguil- lonnés et sept rayons articulés à l'anale, un aiguillon à la troisième pièce de chaque opercule, la niâchoiro iuO rienre plus avancée que la supérieure, la lèvre d'en haut double, les écailles ovales et dentelées. Douze rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la nageoire du dos, quatre rayons aiguillonnés et huit rayons articulés à l'anale, un rayon aiguillonné et sept rayons articulés à chaque thoracine, une pièce dentelée aii-dessus de chaque pectorale et aujirès de chaque œil, un grand et deux petits aiguillons à la dernière pièce de chaque opercule, des taches sur la dorsale et sur la nageoire de la queue. Treize rayons aiguillonnes et dix rayons articulés à la nageoire du dos, deux rayons aiguillonnés et sept rayons articulés à l'anale, une placjue festonnée et garnie de piquants le long de la demi-circonférence inférieure de l'œil; un ou deux aiguillons à la seconde pièce de chaque opercule, un aiguillon tourne oblique- ment vers le haut, et situé au-dessus de la base de chaque pectorale; de petites taches sur la dorsale et la caudale. Dix l'ayons aiguillonnés et vingl-deux rayons articulés à la dorsale, trois rayons aiguillonnés et six rayons articulés à l'anale, le devant de la tête prcs(|ue pcr- peiuliculaire au plus long diamètre du corps, la nageoire du dos s'etendant presque depuis la nuque jusqu'à la caudale, la mâchoire supérieure un peu plus avancée (pie l'inférieure, deux ou trois aiguillons à la seconde pièce de chaque opercule, des taches sur la dorsale et sur la nageoire de la queue. Onzi" rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la nageoire du dos, deux rayons aiguillonnés et sept rayons articulés à celle de l'anus, la mâchoire supérieure plus avancée que Tinférieure, les opercules couverts de petites écailles, un aiguil- lon à la première, et un second aiguillon à la seconde pièce de chaque opercule, la partie antérieure de la dorsale arrondie, plus basse que l'autre partie, soutenue par des aiguillons plus hauts que la membrane, noire, et présentant une raie loiigitiidiiialc blanche. Treize rayons aiguillonnés et quatorze rayons articulés à la dorsale ; trois rayons aiguillonnés et huit rayons articulés .à la nageoire de l'anus; la mâchoire infé- rieure un peu plus avancée que la supi'rieure; un aiguillon à chacjue Ojjcrcule; la tète, le corps et la (]ueue dénués d'ecailles facilement visibles. Onze rayons aiguillonnes et treize rayons articulés à la nageoire du dos ; trois rayons aiguillonnés et onze rayonsarliculés à la nageoire de l'anus; la mâchoire supérieure plus avancée que l'inférieure ; deux bandes noires et transversales sur chaque cote de la tète. SECOND SOUS-GENRE. La nageoire de la queue rcclHigne, ou, arrondie, et non échancrde. Quinze rayons aiguillonnés et quatorze rayons articulés à la nageoire du dos; trois layons aiguilloniK'S et liuit rayons articuli's à la nageoire de raniis ; la mâchoire d'en bas plus avancée (|ue celle d'eu haut; deux aiguillons à la dernière pièce de clia(|ue opercule; la eoiileur gi-nérale iouge;des bandelettes bleues et d'autres baiidrlotles rougis sur la tète et sur la partie antérieure du ventre. Quatorze rayons aiguillonnés et six rayons articulés à la nageoire du dos ; trois rayons aiguillonnes et sept rayons articulés à l'anale; deux aiguillons recourbés au|)rès de eliaiiue «eil ; la nageoire dorsale étendue depuis l'eutre-deux des yeux jusqu'à une petite distance de la caudale; la ligue latérale droite; deux séries d(! petits points sur chaque nageoire. Dix rayons aiguillonnés et onze ra5'ons articulés à la dorsale; trois rayons aiguil- lonnés et sept rayons articules h la nageoire de l'anus; les écailles ciliées; une tache noire au milieu de la nageoire du dos; des taches et des bandes transver- sales noires de chaque côte du poisson; la partie inférieure de l'animal, rouge ourougcâtre. DES POISSONS. m ESPÈCES. 56. L'HoLOCEN- TRE MÉaOU. 57. L'HoLocEN THE FOUSKAEL. -i 38. L'HoLOCEN TRE TRIACANTHE 59. L'IIOLOCEN- TRE ARGENTÉ. ^0. L'HOLOCEN- TRE TAUVIN. il. L'IÏOLOCEN- TRE O.NCO. -\ 4t'2. L'HoLOCEN- TRE DORÉ. 43. L'HoLocEN- TRE QUATRE- RAIES. ii. L'IIOLOCEN- ÏRE A B.VNDES. io. L'IIOLOCEN- TRE PIRAPIXAISUA. -iO. L'IIoLOCEîi- TRE LANCÉOLÉ. il. L'HOLOCEN- TREPOIKTS-BLEUS. 48. L'HoLocEN- TRE BLANC ET I!RU.\. CARACTERES. Onze rayons aif^uillonnés et quinze rayons articulés à la nageoire du dos ; trois rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à la nageoire de l'anus; le corps et la queue comprimés; trois aiguillons à chaque opercule; les deux mâchoires également avancées; la couleur généi'ale rougeâtre; des taches brunes et nébu- leuses. Onze rayons aiguillonnés et dix-sept rayons articulés à la dorsale ; trois rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à la nageoire de l'anus; deux sillons longi- tudinaux entre les yeux ; chaque pectorale attachée aune petite prolongation charnue; les écailles petites; lu couleur générale rouge; trois ou quatre bandes transversales et blanches. Dix rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la nageoire du dos ; trois rayons aiguillonnés et sept rayons articulés à la nageoire de l'anus; les deux mâchoires également avancées; deux orifices à cha([ue narine; un aiguillon aplati à la dernière pièce de chaque opercule ; les écailles petites et dentelées; la couleur générale blanchâtre; cinq ou six bandes transversales et brunes. Dix rayons aiguillonnés et quinze rayons articulés à la dorsale ; trois rayons aiguillonnés et huit rayons articulés à l'anale ; la mâchoire inférieure un peu plus avancée que la supérieure ; trois aiguillons à l'avant-dernière pièce de chaque opercule; la couleur générale jaune; une raie longitudinale un peu large et argentée, de chaijue côté du corps. Onze rayons aiguillonnés et quinze rayons articulés à la nageoire du dos; trois rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à l'anale; la mâchoire inférieure un peu plus avancée que la supérieure, et présentant, ainsi que cette dernière, deux dents jjIus grandes que les autres, fortes et coniques. Dix rayons aiguillonnés cl quinze rayons articulés à la dorsale ; trois rayons aiguil- lonnés et huit rayons articulés à la nageoire de l'anus; la caudale arrondie ; deux aiguillons à cha([ue opercule, qui se termine en pointe; les écailles petites et non dentelées; la couleur générale d'un brun mêlé de verdàtre ; des taches ou des bandes transversales jaunes aux nageoires du dos, de l'anus et de la queue. Neuf rayons aiguillonnés et quinze rayons articulés à la nageoire du dos ; trois rayons aiguillonnés et neuf rayons aiticulés à cellede l'anus; la caudale arron- die ; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure; deux orifices à chaque narine; la langue lisse, longue et très-mobile ; trois aiguillons aplatis à chaque opercule, qui se termine en pointe membraneuse ; un filament à chaque rayon aiguillonné de la dorsale; la couleur générale dorée; une bordure noire à la partie antérieure de la dorsale ; une grande quantité de petits points bruns ou rougeâtres. Douze rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguil- lonnés et dix rayons articulés à l'anale ; la caudale arrondie ; l'ouverture delà bouche petite ; 1rs deux mâchoires également avancées; deux orifices à chaque narine; un aiguillon à chaque opercule, qui est arrondi du côté de la queue ; les écailles très-tendres; la couleur générale d'un gris mêlé de rouge; une tache noire sur la partie antérieure de la nageoire du dos ; quatre raies noires et lon- gitudinales, et une tache de la même couleur, de chaque côté de l'animal. Dix rayons aiguillonnés et quinze rayons articulés à la migcoire du dos, trois rayons aiguillonnés et sept rayons articulés h la nageoire de l'anus, la caudale ariondie, l'ouverture de la bouche assez grande, la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure, la tète, le corps et la queue allongés; deux orifices à chaque narine, douze aiguillons à la dernière ])iècc de cha(iue opercule, qui se termine par une prolongation arrondie, les écailles dures et dentelées, la couleur géné- rale d'un jaune verdàtre, des bandes brunes, transversales et fourchues. Onze rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la dorsale, trois rayons aiguil- lonnés et six rayons articulés à l'anale, la caudale arrondie, les deux mâchoires également avancées, deux orifices à chaque narine, un aiguillon aplati à la der- nière pièce de chaque opercule, qui se termine en pointe; la couleur générale jaune, un grand nombre de taches, petites et arrondies, les unes rouges et les autres noires. Onze rayons aiguillonnés et quinze rayons articules à la nageoire du dos, trois rayons aiguillonnés et huit rayons articulés à la nageoire de l'anus, la caudale arrondie, les autres nageoires terminées en pointes, les deux mâchoires égale- ment avancées, deux orifices à chaque narine, les écailles petites, molles, et non dentelées; trois aiguillons à chaque opercule; la couleur générale argentée, des taches et des bandes transversales brunes. Onze rayons aiguillonnés et quinze rayons articulés à la dorsale, trois rayons aiguil- lonnes et huit rayons articulés à l'anale, la mâclioire inférieure plus avancée que la supérieure, un aiguillon à la seconde pièce de chaque opercule, la couleur générale bleue, des taches jaunes et grandes sur lecorpset sur la queue, des taches bleues, très-petites et rondes, sur les nageoires. Onze rayonsaiguillounéset quinze rayons articulés à la nageoiredu dos, trois rayons aiguillonnés et huit rayons articulés à la nageoire de l'anus, la caudale arrondie; le dos caréné, le ventre arrondi, les deux mâchoires également avancées; deux aiguillons déliés à chaque opercule, qui se termine en pointe; les écailles très- petites, la couleur générale brune, des taches irrégulières et blanches. 530 HISTOIRE NATURELLE ESPECES. ^9. L'H0L0CE.\- TRE £LnlNAM. 50. L'HOLOCEN- TRE ÉPERON. bl. L'HoLOCEN- TBE AFRICAIN. 52. L'HOLOCEK- TRE BORDÉ. 53. L'HOLOCEN- TRE BRUN. o4. L'Holoce:^- IHE MERRA. Jib. LHoi.OCtN- TRE ItOL'UE. bO. L'ilouici .>- TRE lîOlGE- BRLN. 57. L'IlOI.OCKN- IRE SOLI)AI-0. Îi8. I/llOLOCK.N- TRE UObSU. 59. T/HoLOCEN- IRE SUNAEKAI. l CARACTÈRES. / Douze rayons aiguillonnes d seize rayons articulés à la dorsale, trois rayons aiguil- i lonnés et douze rayons articulés à la nageoire de l'anus, la caudale arrondie, Pou- ' vcrture delà bouche étroite, la mâchoire inférieure plus avancée que lasupérieure, (un seul orifice à clia(|ue narine, un aiguillon à la seconde pièce de chaque opercule, les écailles dentelées, et très-adhérentes à la peau; la tête couleur de sang, le corps marbré de brun, de violet et de jaune. ( Huit rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la nageoire du dos, trois rayons 1 aiguillonnés et huit rayons articulés à l'anale, la caudale arrondie, deux orifices à ■ chaque uai ine, (|uatre aiguillons très-longs, et dirigés un en arrière et trois vers le bas, à la première pièce de chaque opercule, \in aiguillon très-long à la seconde pièce, laquelle s'élève et s'abaisse au-dessus d'une lame dentelée, les écailles argentées et bordées de jaune, le dos varié de brun et de violet. Onze rayons aiguillonnés et dix-huit rayons articulés à la dorsale ; trois rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à la nageoire de l'anus; la caudale arrondie; une membrane transparente sur chaque œil ; la tète et les opercules couverts de petites écailles; le corps et la queue revêtus d'écaillés dentelées, et plus petites que celles de la seconde pièce de chaque opercule; un aiguillon à cette seconde pièce, ([ui se termine en pointe; deux orifices à chaque narine; la couleur géné- rale brune. Onze rayons aiguillonnés et quinze rayons articub's à la nageoire du dos; trois rayons aiguillonnés et huit rayons articulés à celle de l'anus; la caudale arron- die; une membrane transparente sur chaque œil; la tète et les opercules cou- verts, ainsi que le corps et la queue, d'écaillés dures et petites; trois aiguillons à la seconde pièce de chaque opercule, (jui se termine en pointe; un seul orifice à chaque narine; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure; les nageoires rouges; une bordure noire à la partie antérieure de la nageoire du dos. Dix rayons aiguillonnés et (juinze rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguil- lonnés et neuf rayons articulés à l'anale; h caudale arrondie; une meml>rane transparente sur chaque œil ; la tête et les opercules couverts de petites écailles; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure; une seule ouverture à cha(|ue narine; trois aiguillons à la seconde pièce de chacfue opercule; les écail- les dentelées; la couleur générale jaunâtre; des taches et des bandes transver- sales brunes; les nageoires variées de jaune et de noirâtre. Onze rayons aiguillonnés et seize rayons articulés à la nageoire du dos ; trois rayons aiguillonnés et huit rayons articulés à l'anale; la caudale arrondie ; la tète et les ' opercules garnis de petites écailles; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure ; un seul orifice à chaque narine; uije membrane transparente au-des- sus de chaque œil; trois aiguillons à la seconde pièce de chaque opercule; les écailles dures, dentelées, et très-petites ; des taches rondes ou hexagones, brunes, très-rapprochées les unes des autres, et répandues sur toute la surface de ce ])oisson. Onze rayons aiguillonnés et seize rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguil- lonnés et neuf rayons articulés à l'anale; la caudale arrondie; une membrane transparente sur cha(|ue œil ; la tète, les opercules, le corps et la qtieue, couverts d'écaillos dures, petites et dentelées; la mâchoire inférieure plus longue que la su|>éricurc; deux ouvertures à chacjue narine ; deux aiguillons à la dernière pièce de chaque opercule, qui finiten pointe; la couleur générale d'un rouge vif; la base des nageoires jaune. Neuf rayons aiguillonnés et quatorze rayons articulés à la nageoire du dos; trois layons aiguillonnés et neuf rayons articulés à la nageoire de l'anus; sept rayons à chaque thoracine; la caudale arrondie; la mâchoire supérieure extensible, trois aiguillons aplatis à la dernière pièce de chaque opercule, qui se termine en pointe, le dos brun, des taches rouges sur les côtés, deux bandes rouges ou rou- geâtres sur la caudale, une tache noire au delà de la nageoire du dos. Onze rayons aiguillonnés et vingt-neuf rayons arlicub'S .à la dorsale, deux rayons aiguillonnés et huit rayons aiticuh'S à l'anale, le second rayon aiguillonné de la nageoire de l'anus, long, fort et aplati, deux aiguillons à chaque opercule. Quatorze rayons aiguillonnc'-s et seize rayons articulés à la nageoire du dos, trois rayons aiguillonnés et sept rayons articulés à celle de l'anus, un aiguillon à la seconde |)ièce de ch3(|ue opercule, une laine dentelée au-dessus de cette seconde |)ièce. la ligne qui s'cleiid depuis le bout du museau jusqu'à l'origine de la dor- sale, formant un angle de plus de t|uarante-cinq degrés avec l'axe du corps et de la queue, l'extrémité postérieure de l'anale, et celle de la dorsale, arrondies, ainsi qiic les thoracines. Dix rayons aiguillonnés et dix-sept rayons articulés à la nageoire du dos, deux rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à celle de l'anus, la première pièce de chaque opercule crénelée, deux aiguillons très-inégaux en longueur au-des- .•■oiis de clin(|iie œil, la dorsale ti'ès-longue, et s'ari'ondissant du côtt- de la cau- dale, ainsi que la nageoire de l'anus, trois bandes transversales bordées d'une couleur fonce. DES POISSONS. 531 ESPÈCES, 60. L'IIOLOCEN- TRE HEPTADAC- TYLE. 61. L'HOLOCEN- the panthérin. 62. L'HoiocËN- TRE ROSMARE. 63. L'IIOLOCEN- TRE OCÉANIQUE. Gi. L'HOLOCEN- TRE SALMOÏDE. 63. L'HOLOCEN- TRE NORWÉGIEN. CARACTERES. Huit rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la nageoire du dos; trois rayons aiguillonnés et huit rayons articulés à l'anale ;sei)t rayons à chaque thoracinc ; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure ; ja lèvre d'en haut double; trois aiguillons tournés vers le museau, et un aiguillon tourné vers la queue, à la première pièce de chaque opercule, un aiguillon à la seconde pièce, une lame profondément dentelée au-dessus de cette seconde pièce, une seconde lame au- dessus de chaque pectorale. Dix rayons aiguillonnés à la dorsale, deux rayons aiguillonnés et douze rayons arti ■ cuh's à l'anale, la caudale arrondie, les dents séparées l'une de l'autre, presque égales, et placées sur un seul rang à chaque mâchoire, trois aiguillons à la seconde pièce de chaque opercule, qui se termine en pointe, la mâchoire inférieure plus avancée que celle d'en haut, des taches petites, presque égales et rondes, sur la tête, le corps et la queue. Onze rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la dorsale, trois rayons aiguil- lonnés et huit rayons articulés à la nageoire de l'anus, la caudale arrondie, deux aiguillons à la dernière pièce de chaque opercule, qui finit en pointe, la mâchoire inférieure un peu plus avancée que la supérieure, une dent longue, forte et conique, paraissant seule de chaque côté de la mâchoire d'en haut, les écailles petites. Onze rayons aiguillonnes et dix-sept rayons articulés à la nageoire du dos, trois rayons aiguillonnés et huit rayons articiilés à la nageoire de l'anus, la caudale arrondie, la mâchoire inférieure plus avancée que celle d'en haut, chaque mâchoire garnie d'un seul rang de dents égales, la lèvre supérieure épaisse et double, trois aiguillons à la dernière pièce de chaque opercule, qui se termine en pointe, cinq bandes transversales, courtes et noirâtres. Onze rayons aiguillonnés à la dorsale, la caudale arrondie, le museau aplati et comprimé, la mâchoire d'en haut plus avancée que celle d'en bas, j)lusieurs ran- gées de dents, trois aiguillons à la dernière pièce de chaque opercule, qui se ter- mine en pointe, un grand nombre de taches très-petites, rondes et presque éga- les sur la tête, le corps, la queue et les nageoires. Quinze rayons aiguillonnés et quatorze rayons articulés à la dorsale, trois rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à la nageoire de l'anus, la mâchoire infé- rieure plus avancée que la supérieure, un très-grand nombre de petites dents à chaque mâchoire, des piquants au-dessus et au-dessous des yeux, la nageoire du dos très-longue, la couleur rouge. L'HOLOCENTRR SOGO. Holocentrum longipinne, Cuv.,Sciœna rubra, etBodianus pentacanthus, Bl.; Amphiprion Matejuelo, El., Schn.; Holocentrus Sogo, Bl., Lac. i. L'Hoîocentre Chani, Serranus Cabrilla, Cuv. ; Bodianus Hiatula, Luijanus Serran, Holocentrus Cha- nus, et Ifolocentrus virescens, Lac. — Holocentre Schraitser, Acerina Schraitzer, Cuv. ; Perça Schraitzer, Linn., Gmel. ; Holocentrus Schraitser, Lac. — Holocentre crénelé, Perça Rndula, Liiin., Gmel.; Holocentrus Radula , Lac. — Holocentre Ghanam, Scolopsides Ghanam, Cuv.; Scisena Ghanam, Forsk.; Holocentrus Ghanam, Lac. — Holocentre Gnterin, Diagramma Gaterina, Cuv.; Scisena Gaterina, Forsk.; Holocentrus Gaterinus, Lac. — Holocentre /ari'Ma, Therapon Servus, Cuv. ; Sciœna Jerbua, Forsk; Holocentrus Jarbua, Lac. Quelle variété admirable dans la parure des poissons! toujours magnifique ou élé- gante, composée ou simple, brillante ou gracieuse, elle est si diversifiée, cette parure remarquable, ou par les nuances qui la composent, ou par la distribution de ses teintes, que nous parcourons en vain un nombre immense d'espèces diiïérentes , nous avons tou- jours sous les yeux un assortiment nouveau de couleurs et de tons. Aucune espèce ne res- semble à une autre par la disposition, par les reflets, par l'éclat de ses nuances. Et que l'on ne soit pas étonné que les sept couleurs du prisme suffisent pour produire, entre les mains de la nature, cette merveilleuse diversité. Lorsqu'on rappelle la TJuantité pro- digieuse de dégradations que chaque couleur peut présenter, toutes les combinaisons qui proviennent des mélanges de ces dégradations, employées deux à deux, trois à trois, quatre à quatre, et fondues successivement les unes dans les autres, jusqu'à ce qu'on ait épuisé toutes les différences que ces rapprochements peuvent faire naître; lorsque enfin on multiplie tous ces produits par des quantités bien plus grandes encore, par toutes les sortes de distributions de nuances qui peuvent être réalisées, on parvient à des nombres que l'esprit ne peut saisir dans leur ensemble, dont l'imagination la plus vive ne décou- vre qu'une portion de la série presque infinie, et dont on ne détermine toute l'étendue qu'en usant de toutes les ressources que l'on peut devoir à la science du calcul. Le genre des Holocentres va nous fournir de nouveaux exemples de l'emploi qu'a fait la 1 Du genre Holocentre de M. Cuvier, dans la famille des Acanthoptérygiens percoïdes. D. 532 HISTOIRE NATURELLE nature, de ces combinaisons de distributions uniformes ou dilTércntes avec des nuances diverses ou semblables. Lesogoest un de ces exemples les plus frappants. Nous avons déjà vu un bien grand nombre de poissons briller de l'éclat de l'or, des diamants et des rubis; nous allons encore voir sur le sogo les feux des rubis, des diamants ou de l'or. Mais quelle nouvelle disposition de nuances animées ou radoucies! le rouge le pi us vifse fond dans le blanc pur du diamant, en descendant dechaque côtédel'animal, depuis le hautdudosjusqu'au- dessous du corps et de la queue, et en se dégradant par une succession insensible de feintes amies et de reflets assortis. Au milieu de ce fond nuancé s'étendent, sur cliaque face latérale du poisson, six ou sept raies longitudinales et dorées; la couleur de l'or se mêle encore au rouge de la tête et des nageoires, particulièrement à celui qui colore la dorsale, l'anale et la caudale; et son œil très-saillant montre un iris argentin entouré d'un cercle d'or. Ce beau sogo doit charmer d'antont plus les regards lorsqu'il nage dans une eau limpide, pendant que le soleil brille dans toute sa splendeur au milieu d'un ciel azuré, que ses nageoires sont longues, que les mouvements en sont plus rapides, et que, réllécliissant plus fréquemment, et par des surfaces plus étendues, les rayons de l'astre de la lumière, elles scintillent plus vivement, et elFacent avec plus d'avantage l'éclat des métaux polis et des pierres orientales les plus précieuses. On devrait le multiplier dans ces lacs charmants qu'un art enchanteur contourne main- tenant avec tant de goût au milieu d'une prairie émaillée, et à côté d'arbres et touffus et fleuris, dans ces jardins avoués par la nature et parés de toutes ses grâces, d'où le senti- ment n'est jamais exilé par une froide monotonie, et qui cultivés, il y a trois mille ans, dans la Grèce héroïque, conservés jusqu'à nos jours dans l'industrieuse Chine, et adoptés par l'Europe civilisée, ont mérité d'être chantés par Homère et Delille.Se livrant à ses mou- vements agréables au milieu des eaux de ces lacs paisibles, il ondulerait, pour ainsi dire, comme l'image d'une belle fleur agitée par un doux zéphyr; il compléterait le tableau riant d'un Eden où les eaux, la verdure et le ciel marieraient et leurs brillants ornements et leurs nuances touchantes. Il s'accoutumerait d'autant plus facilement à sa nouvelle demeure, que la nature l'a placé non-seulement aux Indes orientales, en Afrique, aux Antilles, à \a Jamaïque, mais encore dans les eaux de l'Europe. Et d'ailleurs il réunit à la magnificence de ses vêtements une chair très-blanche et d'un goût exquis. Au reste, sa langue est lisse; le sommet de la tête sillonné et dénué de petites écailles. On ne compte qu'un orifice à chaque narine ; les écailles du corps et de la queue sont den- telées; et les deux mâchoires garnies, ainsi que le palais, de dents petites, pointues et semblables à celles d'une lime. Bloch a vu une variété du sogo, qui diflfère des autres individus de cette espèce par les traits suivants. Le museau est obtus au lieu d'être pointu; la tête n'est armée que d'un aiguillon de chaque côté; les proportions des rayons de la dorsale et de la nageoire de l'anus ne sont pas tout à fait semblables à celles que montre le sogo, proprement dit; on compte à l'anale deux rayons articulés de plus qu'à celle de ce dernier poisson : les raies longitudinales et jaunes sont si faibles, qu'on a de la peine à les apercevoir; quelquefois même elles disparaissent en entier. Il ne faut pas confondre l'holocentre Cliani, que Forskael a découvert, qui habite dans la Proponlide, et qui vit particulièrement auprès de Constant inople, avec le luljan serran, que les Grecs ont nommé et nomment encore Channo, et sur lequel on trouve des observa- tions précieuses dans un nouvel ouvrage très-important du savant naturaliste et célèbre voyageur M. de Sonnini. L'holocentre cliani a trois petites raies bleuâtres et ondulées de chaque côté de la tête; une tache bleue et carrée au-dessous de l'œil ; les pectorales, les thoracines et l'anale jaunes; la dorsale et la caudale tachetées de ronge. C'est dans le Danube et dans les rivières qui mêlentleurs eaux à celles dece grand fleuve, qu'on ])êche l'holoccnlre schrailser. Ce poisson parvient à la longueur de trois ou quatre décimètres. Sa chair est blanche, ferme, saine, et d'un goût agréable. Il se nourrit de vers, d'insectes, et de très-pelits poissons; il fraie dans le printemps, cherche les eaux limpides, et peid diflicilement la vie. Les inondations du fleuve ou des rivières qu'il habite, le transportent quelquefois au-dessus des bords de ces rivières, jusque dans des lacs assez éloignés, dont le séjour ne paraît pas lui nuire. Sa tête ni ses opcrculesnc présentent pas de petites écailles; la langueestlisse; le palais DES POISSONS. 5o5 rude; chaque mâchoire garnie de petites dents semblables à celles d'une lime; l'estomac allongé et membraneux; le pylore entouré de trois appendices; le canal intestinal recourbé deux fois; le foie grand et divisé en trois lobes ; la vésicule du fiel pleine d'un fluide jaune et très-amer; l'ovaire simple; la vessie natatoire longue et attachéeaux côtes, qui, de chaque côté, sont au nombre de neuf, et l'épine dorsale composée de trente-neuf vertèbres. Le péritoine est argenté; les œufs sont jaunes et de la grosseur d'un grain de millet; les nageoircsbleuâtres;la partie antérieure de la dorsale est tachetée de noir; et de très-petits points noirs sont répandus sur la tête. Nous devons faire remarquer comme une preuve de ce que nous avons dit dans le Dis- cours sur la nature des Poissons, au sujet des couleurs de ces animaux, que, lorsqu'on a enlevé les écailles du schraifser, sa peau offre encore les trois ou quatre raies longitudi- nales et noires qui régnent sur chacun de ses côtés, et que nous avons indiquées dans le tableau générique des holocenlres. Le crénelé vit dans l'Inde; et le ghanam, dans la mer d'Arabie. Comme nous n'avons pas vu d'individu de cette dernière espèce, nous ne pouvons pas assurer que la nageoire delà queue de ce thoracin soit fourchue ou en croissant; mais plusieurs raisons nous le font présumer. L'holoccntre gaterin a la mer d'Arabie pour patrie, comme le ghanam; ses nageoires sont ordinairement jaunes; il est souvent tacheté de noir; et sa longueur est alors de qua- tre ou cinq décimètres : mais on compte dans cette espèce trois variétés assez remarqua- bles pour qu'elles aient reçu chacune un nom particulier. La première, que l'on nomme Abu-mgalerin, n'a qu'un décimètre de longueur, et chacun de ses côtés présente quatre raies longitudinales brunes et mouchetées de noir : les pêcheurs delà mer d'Arabie disent, et leur opinion me paraît très-vraisemblable, que l'abu-mgaterin n'est qu'un gaterin très- jeune, qui perd en grandissant ses raies mouchetées et brunes. La seconde variété est appelée 5o/aï; sa longueur est de douze décimètres; ses nageoires sont noires au lieu d'être rouges; et son goût est très-agréable. La troisième variété, à laquelle on a donné le nom de Fœiela, est aussi d'une saveur très-recherchée : mais elle parvient à des dimensions bien plus grandes que la seconde; elle est quelquefois longue de trois ou quatre mètres. Sa grandeur, son poids, et la bonté de sa chair, doivent la i-endre l'objet d'une pêche assi- due; et comme elle a de plus que les autres variétés, et même que le gaterin proprement dit, des ramifications très-sensibles aux rayons aiguillonnés de la dorsale, et qu'elle offre ainsi un trait d'un développement plus étendu et d'une conformation plus complète, ne pourrait-on pas croire que la Fœtela n'est que la sofat parvenue à un âge plus avancé et à un plus grand accroissement; que la sofat n'est qu'un gaterin plus âgé; et que par consé- quent, à mesure que l'holoccntre dont nous parlons grandit en acquérant des années, il s'appelle d'abord Abu-mgaretin, ensuite Gaterin, ensuile Sofat, et ensniie Fœtela? Au reste, le gaterin se plaît au milieu des coraux et près des rivages. Ces mêmes rivages arabiques servent d'asile au jarbua, que l'on trouve aussi dans le grand Océan, aux environs des tropiques, où Commerson en a fait faire un dessin que nous avons fait graver. On pêche également cet holoceiiire dans les eaux du Japon : mais comme il y est très-abondant et qu'il a la chair maigre, il y est dédaigné par les gens riches, qui l'abandonnent pour la nourriture de leurs esclaves; et c'est ce qui a fait donner à ce poisson, par les Hollandais des grandes Indes, le nom d'Esclave, que Bloch lui a con- servé. Ce jarbua a la tête courte et comprimée; des dents petites et séparées l'une de l'autre, à chaque mâchoire; la langue lisse; le palais rude; chaque opercule garni de très-petites écailles; la couleur générale argentée; les pectorales et les thoracines jaunâtres ; une raie longitudinale et deux raies noires et obliques sur la caudale, dont les deux pointes sont de la même nuanceque ces raies ; et plusieurs taches noires et irrégulières sur la nageoire du dos . L'HOLOCENTRE VERDATRE. Serranus Cabrilla, var., Cuv.;Bodianus Ilialula, Luijanus Serran, Holoccntrus Clianus, et Ilolocentrus virescens, Lacep. i. L'Holocentre tigré, Serranus tigrinus, Cuv.; Holocentrus ligrinus, Bl., Lac. — Holocentre cinq- raies, D[3iC0\)e octolineala, Cuv.; Grammistes lî-lincalus, Bl., Schn.; Holocenlrus 5-Iinealus, Bl.,Lac.; 1 Ce poisson est une variété sans bandes du Serran proprement dit, ou Mérou Serran de M. Cuvier. A cette même espèce se rapportent encore trois antres poissons décrits par 3L de Lacépède sous les noms de Luljan Serran, Holocentre Chani, et Bodian Hiulule. D. 534 HISTOIRE NATURELLE Labrusoclolincatus, cl Labnis Kamira,Lac.; Holocenlrus bengalensis, Bl., Lac. —Holocentre Ben- gali. Diacnpe octolineala, Ciiv. (voy. la synonymie du précédent, dont il ne diffère pas spécifique- inenl). — //o/oa'>ie dans le grand genre L\dre, t'amille des Acantboptérygiens labroïdcs. D. ■i Voyez la note précédente. D. DES POISSONS. 549 Le harpe bleu-doré devra aussi être compté parmi les espèces de poissons que nous aurons fait connaître aux naturalistes. Ce superbe thoracin est très-bien représenté dans les peintures sur vélin qui sont déposées au Muséum d'histoire naturelle, et qui ont été exécutées avec beaucoup de soin d'après les dessins du célèbre Plumier. Ce magnifique harpe ne montre que deux couleurs; mais ces couleurs sont celles de l'or et du saphir le plus pur. Elles sont d'ailleurs d'autant plus éclatantes, que les écail- les qui les réfléchissent offrent une surface large et polie. La première de ces deux belles nuances resplendit sur les lèvres, sur l'iris, sur les côtés, sur la partie infé- rieure du corps et de la queue, sur le haut de la dorsale, et à l'extrémité de la prolonga- tion en forme de faux qui termine celte même dorsale, les thoracines, l'anale et les deux bouts de la nageoire de la queue. Le reste de la surface de l'animal est peint d'un azur que des reflets dorés animent et varient. Il n'y a qu'un orifice pour chaque narine. La tête et les deux premières pièces de chaque opercule sont dénuées de petites écailles; mais on en voit plusieurs rangs sur la base de la nageoire du dos. Le diamètre vertical de la queue va en augmentant depuis le second tiers de la longueur de cette partie, jusqu'à la base de la caudale. CENT VINGT-CINQUIÈME GENRE. LES PI.MÉLEPTÉRES 1. La totalité ou une grande partie de la dorsale, de faJiale et de la nageoii^e de la queue, adipeuse, ou pres- que adipeuse ; les nageoires inférieures situées plus loin de la gorge que les pectorales. ESPÈCE. CAIUCTÈRES. Le Pimélet" \ O'izc rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la nageoire du dos; trois ' ) rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la nageoire de l'anus ; la caudale ^ '■ ( fourchue; un très-grand nombre de raies longitudinales brunes. LE PIMÉLEPTÈRE 2 BOSQUIEN. Pimelepterus Boscii,Lac., Cuv. 3. La position des nageoires inférieures de cet osseux est remarquable. Elles sont en effet plus éloignées de la gorge que dans les autres thoracins. 3Ion savant confrère, M. Bosc, auquel nous devons la connaissance de ce poisson, lui a donné le nom générique de Gas- téi'ostée; mais il a remarqué, avec son habileté ordinaire, et indiqué dans son manuscrit les caractères qui éloignent cet osseux des véritables gastérostées, et marquent la place de cette espèce dans un genre particulier. Il l'a vu et dessiné dans l'Amérique septentrionale. Il nous a appris que les habitudes de ce piméleptére avaient beaucoup d'analogie avec celles du Centronote pilote, que les naturalistes nommaient, avant moi, Gastérostée conducteur. Le piméleptére bosquien suit en elfet les vaisseaux qui traversent l'Océan Atlantique boréal. Il se tient particulièrement auprès du gouvernail, où il saisit avec avidité les fragments de substances nutritives que l'on jette dans la mer. Il est difficile de le prendre à l'hameçon, parce qu'il a l'adresse d'emporter l'appât, sans être retenu par le crochet. Les Anglais, suivant mon confrère, n'aiment pas à s'en nourrir; mais les Français le recherchent. La tête du bosquien est petite; il peut allonger ses lèvres; ses dents sont petites et obtuses; sa langue est ovale; l'iris présente une couleur brune mêlée de blanc; on voit une petite raie argentée au-dessous; les écailles qui recouvrent le corps et la queue sont arrondies, larges, argentines, brunes sur les côtés; et ce sont les séries de ces places bru- nes qui forment les raies longitudinales indiquées sur le tableau générique. La partie postérieure de la nageoire du dos, presque toute l'anale, et la caudale, sont adipeuses. La longueur ordinaire de l'animal est de près de vingt centimètres, sa hauteur de six ou sept; et sa largeur de deux ou trois. 1 M. Cuvier remarque que ce genre de M. de Lacépède, fait d'après Bosc, est le même que celui des XisTÈREs, Lac, fait d'après Commerson ; et que tout fait croire que le genre Dorsuaire, aussi de Lacé- pède, qui est identique avec le Kiphose, pourrait bien être aussi le même que le Xistère. D. 2 Le nom générique que nous donnons à ce poisson vient do pimèle, qui, en grec, signiCie graisse, et ticpteron, qui signifie nageoire. 5 Voyez la note 1 ci-dessus. Le genre Piméleptére appartient à la famille des Acanthoptérygiens squamipcnncs. D. 550 HISTOIRE NATURELLE CENT VINGT-SIXIÈME GENRE. LES CHEILIONS 1. Le corps et la queue très-allongès ; le bout du museau aplati; la tète et les opercules dénués de petites écail- les; les opercules sans dentelure et sans aiguillons, mais ciselés ; les lèvres^ et surtout celle de la mâchoire inférieure, très-pendantes, les dents très-petites, la dorsale basse et très-longue, les rayons aiguillonnés ou non articulés de chaque nageoire aussimous ou presque aussi mous que les articulés, une seule dorsale, les thoracines très-petites. ESPÈCES. CARACTÈnES. 1. Le Cheiliox | Toute la surface de l'animal d'un jaune doré; quelques points noirs répandus sur DORÉ. ( la ligne latérale. 2. Le Cheilion \ La couleur générale d'un brun livide; les thoracines blanches, des taches blanches BRUN. I sur la dorsale et sur la nageoire de l'anus. o^ LE CHEILION DORE. ' Labrus. . . ., Cuv.; Labrus inermis, Forsk.; Labrus Hassel, et Chcilio auratus, Lac. 2. ET LE CHEILION BRUN. Cheilio fuscus, Lac. 3. C'est dans les manuscrits de Commerson que nous avons trouvé la description de ces deux espèces de thoracins, dont les naturalistes ignorent encore l'existence, et pour les- quelles nous avons dû établir un genre particulier. Commerson en a vu des individus dans le marché au poisson ou dans les barques des pêcheurs de l'île 3Iaurice. La chair du cheilion a doré est blanche et agréable au goût, mais peu recherchée, parce que ce poisson est très-commun. La longueur ordinaire de l'animal est de quatre décimè- tres, ou environ. La mâchoire supérieure est plus avancée que l'inférieure; et la lèvre d'en-haut extensible. On ne voit qu'une rangée de dents à chaque mâchoire; il n'y en a pas au palais. La langue est à demi cartilagineuse, et un peu libre dans ses mouvements; mais la pointe en est cachée au-dessous d'une petite membrane tendue à l'angle formé vers le bout du museau par les deux côtés de la mâchoire d'en-bas. Les yeux sont rapprochés l'un de l'autre; les écailles qui recouvrent le corps et la queue lisses, et arrondies dans leur contour; les opercules composés de deux pièces et terminés par un appendice membra- neux; les rayons de la dorsale dénués de filaments. La caudale est arrondie; et la mem- brane, qui forme la vessie natatoire, est attachée au-dessous de l'épine dorsale. Le cheilion brun est moins grand que le doré : sa longueur ordinaire n'est que de trois décimètres. La partie de son museau qui est aplatie est assez courte. Ses pectorales sont transparentes; et son iris brille d'un rouge de feu. Il a d'ailleurs les plus grands rapports avec le doré. CENT VINGT-SEPTIÈME GENRE. LES POMATOMES 5. Vopercule entaillé dans le haut de son bord postérieur, et couvert d'écaillés semblables à celles du dos, le corps et la queue allongés; deux nageoires do7'sales, la nageoire de l^anus très-adipeuse. espèce. caractères. Le Pomatome i Sept rayons aiguillonnés à la première dorsale; trois entailles à chaque opercule; sKiB. ( la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure ; la caudale très-fourchue. LE POMATOME SKIB. Tcmnodon saltator, Cuv.; Perça saltatrix, Linn.; Chcilodipterus heptacanthus, Sparus saltator, et Pomatomus Skib, Lac. c. Nous devons la connaissance de ce poisson à notre savant confrère 31. Bosc, qui a bien voulu nous communiquer un dessin et une description de cette espèce, dont il a observé i Le genre Cheilion n'est pas conservé par M. Cuvier. 11 range dans le genre des Labres la seule espèce qu'il mentionne. D. 2 M. Cuvier pense que le Cheilion doré de Lacépède n'est qu'un labre Irès-gréle, dont les épines dorsales sont flexibles. M. de Lacépède a décrit deuxfois ce poisson, sous les noms : 1» de Labre hasselc, 2° de Cheilion doré. D. 5 Non mentionné par M. Cuvier. D. 4 Le nom générique cheilion, ou cheilio, désigne les lèvres pendantes des poissons décrits dans cet article, Cheilos, en grec, signifie lèvre. 6 Le genre Pomatome de M. de Lacépède n'est pas conservé par M. Cuvier. 11 le rapporte à son genre Temnodon de la famille des Acanthoptérygiens scombéroïdes. D. 6 Du genre Temkodon, Cuv. (Voyez la note 3 ci-dessus.) Ce poisson a été décrit trois fois par M. de Lacéitèdc, sous !ei noms : !" de Cheilidoplèrc heplacanthe, 2» de Sparc sauteur, et ô° de Pomatome shib. D. DES POISSONS. 3S1 les formes et les habitudes, avec son habileté ordinaire, pendant le séjour qu'il a fait dans les Etats-Unis. Ce pomatome habite dans les baies et vers les embouchures dos rivières de la Caro- line. On ne l'y trouve cependant qu'assez rarement. Il saute et s'élance fréquemment à une distance plus ou moins grande; et cette faculté ne doit pas surprendre dans un poisson dont la queue est conformée de manière à pouvoir être agitée avec rapidité. La chair du skib est très-agréable au goût. Les mâchoires sont garnies chacune d'une rangée de dents aplaties, presque égales, et un peu séparées les unes des autres. La seconde dorsale est plus longue que la première, et d'une étendue à peu près égale à celle de la nageoire de l'anus. Celle-ci est si adipeuse, qu'on peut à peine distinguer les rayons qui la composent. L'animal est verdâtre dans sa partie supérieure, et argenté dans sa partie inférieure. L'iris est jaune; et l'on voit une tache noire sur la base des pectorales, qui sont jaunâtres. CENT VINGT-HUITIÈME GENRE. LES LE10ST0MES1. Les mâchoires déntiêes de dents, et entièrement cachées sous les lèvres, ces mêmes lèvres extensibles, la bouche placée au-dessous du museau, point de dentelure ni de piquants aux opercules, deux nageoires dorsales. ESPÈCE. CARACTÈRES. I y ( Dix rayons à la première nagoire du dos, qui est triangulaire; trente-deux à la LEiosTOME 1 seconde: quatorze à celle de l'anus: la caudale échancrée en croissant; les QUEUE-JAUNE. i • •il J- \ écailles arrondies. LE LEIOSTOME QUEUE-JAUNE. Leiostomusxanthurus, Lac, Cuv. 2. C'est encore à mon confrère 31. Bosc que nous devons la connaissance de ce thoracin. Cet habile naturaliste lui a donné, dans ses notes manuscrites, le nom de Perche ou Per- sèque; mais il y a témoigné le désir de le voir placé dans un genre particulier, à cause des traits remarquables qui séparent ce poisson des persèques ou perches, et que per- sonne ne pouvaitmieux saisir que ce savant. Le défaut de dents aux mâchoires et de den- telure aux opercules, est celui de ces traits distinctifs qu'il a principalement indiqué, comme devant séparer le poisson décrit dans cet article, des véritables perches ou per- sèques; et c'est aussi à cause de ce défaut de dents que nous avons donné à cet osseux le nom générique de Leiostome 3. Nous lui avons conservé le nom spécifique de Queue- jaune qu'il porte à la Caroline, où M. Bosc l'a observé. Il a en effet la nageoire de la queue, ainsi que les autres nageoires, jaunes ou jaunâtres; elles sont d'ailleurs pointil- lées de noir. Une couleur brune argentine règne sur la partie supérieure de l'animal, et un blanc argenté sur l'inférieure. L'iris est jaune. Les yeux sont gros. Chaque narine a un orifice double. Le bout du museau est mousse. La tête, le corps et la queue sont com- primés. Le leiostome queue-jaune n'a souvent qu'un décimètre, ou environ, de longueur; et alors sa plus grande hauteur est cependant de près dé quatre centimètres. Ce poisson, dont la chair est agréable au goût, vit dans les eaux douces de la Caroline. CENT VINGT-NEUVIÈME GENRE. LES CENTR0L0PHES4. Une crête longitudinale, et un rang longitudinal de piquants très-séparés les uns des autres et cachés en partie sous la peau au-dessïis de la nuque, une seule nageoire du dos, cette dorsale très-basse et très- longue, les mâchoires garnies de dents très-petites, très-fines, égales, et un peu écartées les unes des autres, moins de cinq rayons à la membrane branchiale. ESPÈCE. CARACTÈRES. Le Centrolophe | frente-neuf rayons à la dorsale: la caudale fourchue : la couleur noire. NEGRE, ( i-a Le genre Leiostome de M. de Lacépède a été adopté par M. Cuvier, et placé par lui dans la famille des Acanthoptérygiens sciénoïdes. D. 3 Le nom générique de leiostome désigne le défaut de dents : leios, en grec, signifie lisse, sans aspérités, sans dents et stoma signifie bouche. 4 Jî. Cuvier (Règne animal) conserve comme sous-genre les Centrolopues de 31. de Lacépède, dans le genre Coryphène de la famille des Acanthoptérygiens scombéroïdes. D. 352 HISTOIRE NATURELLE LE CENTROLOPIIE NÈGRE. Centrolophus Pompilus, Cuv. ; Coryphœna Pompilus et Porca nigra, Linn., Gmel., Borlase ; Centro- lophus niger, et Holoccntrus nigcr, Laccp. i. M. Noël de Rouen m'a envoyé un individu très-bien conservé de cette espèce que les naturalistes ne connaissent pas encore, et que sa conformation singulière m'a fait inscrire dans un t^enre particulier. Ce poisson venait d'être péché à Fécamp,où personne ne s'est souvenu d'en avoir vu de semblable. Les pêcheurs l'ont nommé le Nègre, à cause de sa couleur noire; et nous avons cru devoir adopter cette dénomination spécifique. Ce cenlrolophes parvient au moins à la longueur de trois décimètres. Son museau est arrondi; sa mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure; l'orifice de chaque narine double; le palais lisse, ainsi que la langue, qui est libre dans ses mouvements, blanche et légèrement pointillée de noir. Les yeux sont très-gros; les piquants placés entre la petite crête et la nageoire dorsale, sont au nombre de trois, et situés verticale- ment, ou dirigés en avant. Des écailles très-petites, rhomboïdales et fortement attachées couvrent la tête, les opercules, le corps et la queue; mais celles qui revêtent la tête ont des dimensions encore moins considérables que les autres, et une figure peu déterminée. L'anale est très-basse, comme la dorsale. La ligne latérale est fléchie vers l'anus, au lieu de suivre la courbure du dos. CENT TRENTIÈME GENRE. LES CHEVALIERS 3. Plusieurs ranqs de d'-nts à chaque mâchoire^ deux naqeoires dorsales, la première presque aussi haute que le corps, triangulaire, et garnie de très-longs filaments à Vextrémilé de chacun de ses rayons, la seconde basse et très-longue, l'anale très-courte, et moins grande que chacune des thoi'acines, cette anale, les deux nageoires du dos et celle de la queue couvertes presque en entier de petites écailles, Vopercule sans piquants ni dentelure, les écailles grandes et dentelées. ESPÈCE. CARACTÈRES. Le Chevalier j La tète et les opercules garnis de petites écailles; la caudale lancéolée; trois bandes AMÉRICAIN. ( noires et bordées de blanc de chaque côté de l'animal. LE CHEVALIER AMÉRICAIN. Eques blateatus, Cuv. ; Eques americanus, Bi., Lac. ; Chîetodon lanceolatus, Linn. 4. De même que le plus grand charme de l'art vient de la perfection avec laquelle il imite la nature, de même nous recevons souvent un plaisir particulier des ouvrages de la nature qui nous oflVent ces sortes de singularité remarquable, de contraste frappant, de régularité recherchée, de symétrie rigoureuse, que nous présentent un si grand nom- bre de productions de l'art. Cette métamorphose, si je puis parler ainsi, ce déguisement, ou cet échange de qualités, nous donnent une satisfaction assez vive; et l'on dirait que notre amour-propre se complaît, en les considérant, dans cette illusion qui lui montre- rait d'un côté l'art s'élevant jusqu'à la nature, et de l'autre la nature descendant jusqu'à l'art. Parmi les êtres organisés qui ne tiennent leurs ornements que des mains de celte nature aussi admirable par la variété que par la magnificence de ses œuvres, le poisson qu<î nous décrivons doit principalement attirer les regards, comme ayant reçu pour sa parure des nuances et une distribution de couleurs, qu'on ne croirait pouvoir rapporter qu'au caprice, ou, si on l'aime mieux, au goût recherché de l'art. En eflct, au-dessus delà couleur d'or diversifiée dans ses tons, dont brille presque toute sa surface, on voit de chaque côté trois bandes d'un beau noir, lisèrées de blanc, et qui, par cette borduie tranchante, se détachent davantage du riche fond qui les entoure. La première et la moins large de ces bandes est transversale, un peu courbe, et passe au-dessus du globe de l'œil ; la seconde s'étend, en serpentant un peu, depuis le sommet de la tête jusqu'auprès de la base des thoi'acines; la troisième, qui est la i)lus large, commence à l'extrémité supérieure de la première nageoire dorsale, descend obli- quement vers la tête, se recourbe vers la queue lorsqu'elle est parvenue au dos de l'ani- 1 Du sous-genre CENTnoLopiiEs,dans le genre Corypiiène, Cuv. (Voyez la note ^de la page précédente). M. de Lac(''i)ède a décrit trois fois ce poisson : X" comme Coryphène pompile, 2° comme Jlolucentrc noir, et 3" comme Ccntro'nplie nègre. I). 2 Le mot cenirolophe désigne les piquants et la crête de la uuquc ; centron, en grec, signifie aiguillon, et loptios, crête. --1 Le gciiic Chevalier. Equrs, de Bloch et de M. do Lacépcde, est adopté par M. Cuvier qui le place dans la famille des Âcanthoptérygiens sciénoïdes. D. DES POISSONS. 553 mal, s'avance ensuite longitiidinalement jusqu'à la caudale, au bout de laquelle elle parvient sans s'affaiblir. Six autres bandes brunes et inégales relèvent le jaune doré de la nageoire du dos, et se répandent de chaque côté sur le dos du poisson. L'iris est orangé. Cet assortiment de couleurs, et surtout les trois longues bandes noires et bor- dées de blanc, font paraître l'américain comme décoré de rubans, ou de cordons de che- valerie; et c'est apparemment cette disposition de nuances qui a suggéré à Bloch le nom générique de ce thoracin. La tète est petite et comprimée; le museau arrondi ; l'orifice de chaque narine double; le corps élevé, la queue beaucoup moins haute; la ligne latérale droite. Ce beau poisson vit dans les eaux de la Caroline, de la Havane, de la Guadeloupe, et d'autres pays du nouveau continent. CENT TRENTE ET UNIÈME GENRE. LES LÉIOGNATHES 1. Les mâc/ioh'es dénuées de dents proprement dites; une seule nageoire du dos ; un aiguillon recourbé et très- fort des deux côtés de chacun des rayons articulés de la dorsale; un appendice écailleux, long et aplati auprès de chaque thoracine, l'opercule dénué de petites écailles, et un peu ciselé, la hauteur du corps égale ou presque égale à la moitié de la longueur totale du poisson. ESPÈCE. CARACTÈRES. Le Léiognathe i Cinq rayons aiguillonnés et dix-sept rayons articulés à la dorsale, qui est en ARGENTÉ. { forme de faux, ainsi que la nageoire de l'anus ; la caudale fourchue. LE LEIOGNATHE ARGENTÉ. Equula ensifera, Cuv. ; Scomber edentulus, Bl. ; Leiognathus argenteus, Lac. 2. Bloch a décrit le premier ce poisson, qu'il a inscrit parmi les scombres. Ce thoracin, en effet, a beaucoup de rapports avec ces poissons; et c'est ce qui nous aurait déterminé à lui donner le nom spécifique de Scombéroide, si nous n'avions pas employé déjà cette dénomination pour désigner un genre voisin de celui des scombres : mais il diffère de ces animaux par trop de traits remarquables, pour que nous n'ayons pas dû, d'après nos principes de distribution méthodique, le placer dans un genre particulier. Un seul de ces traits, le défaut absolu de dents, aurait suffi pour rendre cette séparation nécessaire; et voilà pourquoi nous avons choisi pour l'argenté, dont nous traitons dans cet article, le nom générique de Léiognathe, qui indique des mâchoires lisses ou non armées de dents s. L'argenté a d'ailleurs l'ouverture de la bouche petite; la tète, le corps et la queue, très- comprimés; deux orifices à chaque narine; l'anus aune distance à peu près égale du bout du museau et de l'extrémité supérieure ou inférieure de la caudale; les écailles minces et argentées; la nageoire de la queue violette, en tout ou en partie; les autres nageoires, les opercules et le dessous de la poitrine, dorés; le dos violet; plusieurs bandes transver- sales, brunes, et souvent rapprochées deux à deux. Le léiognathe parvient à la longueur de trois ou quatre décimètres. Il vit auprès de Tranquebar, il n'entre que rarement dans les rivières. On le prend dans toutes les saisons; mais il est surtout très-aisé de le pêcher pendant l'hiver. Sa chair est grasse et de bon goût; et comme les individus de cette espèce sont très-nombreux, la pêche de ce thoracin est très-utile aux habitants des rivages dont il s'approche. CENT TRENTE-DEUXIÈME GENRE. LES CHÉTODONS i. Les dents petites, flexibles et mobiles ; le corps et la queue très- comprimés , de petites écailles sur la dorsale ou sur d'autres nageoires, ou la hauteur du corps supérieure ou du moins égale à sa longueur , l'ouver- 1 M. Cuvier ne conserve pas le genre Léiognathe de Laccpède, dont le type est le Scomber Equida de Forskael. Il forme de ce poisson, et de plusieurs autres, son sous-genre Equula, dans le grand genre Dorée, Zeus, de la famille des Acantopthérygiensscombéroïdes. D. 2 Voyez la note ci-dessus. Le C^sio Poulain est une autre espèce du même genre, que M. Cuvier nomme Equula caballa. D. 3 Leios, en grec veut dire lisse, etgnathos, mâchoire. •* Le genre Chétodon ou Bandoulière est adopté par M. Cuvier, dans la famille des Acanthoptérygiens squamipennes. Il le partage en plusieurs sous-genres sous les noms de Chœtodons proprement dits, Chelmons, Heniochus, Ephippus, Taurichtes, Holacanthes, Pomacanlhes, ei Platax. D. 354 HISTOIRE NATURELLE ture de la bouche ni dp piquants au ESPÈCES. 1. Le Chétodon BORDÉ. 2. Le Chétodon CL'RACAO. 5. Le Chétodon MAURICE. 4. Le Chétodon I BBKGALI. i 8. Le Chétodon FAl'CHEL'B. 6. Le Chétodon rondelle. petite ; le museau plus ou moins avancé, une seule nageoire dorsale: point de dentelure X opercules. PREMIER SOUS-GENRE. La nageoire de la queue four cime, ou échancrée en croissant. CARACTÈRES. Douze rayons aiguillonnés et treize rayons articules à la nageoire du dos; seize rayons articulés à l'anale; huit rayons articulés à chaque thoracine; toutes ces nageoires hordées d'une couleur très-foncée. Treize rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la nageoire du dos, deux rayons aiguillonnés et quatorze rayons articulés à celle de l'anus; un seul ori- fice à chaque narine ; les deux mâchoires également avancées j les lèvres épais- ses ; toutes les nageoires jaunes. Onze rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la nageoire dorsale; trois rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à celle de l'anus; l'extrémité des nageoires du dos et de l'anus arrondie; la couleur générale bleuâtre; six bandes transversales étroites, et d'une couleur très-foncée, de chaque côté de l'animal. Treize rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la nageoire du dos ; deux rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à l'anale; la dernière pièce de chaque opercule terminée en pointe, ainsi que l'extrémité delà nageoire du dos, et de celle de l'anus ; la couleur générale bleuâtre; cinq bandes jaunâtres, transversales, et étendues jusqu'au bord inférieur du poisson. Huit rayons aiguillonnés et vingt-deux rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguillonnés et dix-sept rayons articulés;! l'anale; les pectorales en forme de faux; la couleur générale argentée; un grand nombre de taches ou points bruns. Vingt-trois rayons aiguillonnés et trois rayons articulés à la nageoire du dos; trois rayons aiguillonnés et dix-neuf rayons articulés à celle de l'anus; la cou- leur générale grisâtre; cinq bandes transversales. Treize rayons aiguillonnés à la dorsale ; un rayon aiguillonné à chaque thora- cine; un enfoncement au-devant des yeux, l'ouverture de la bouche très-petite, la lèvre supérieure grosse, la dernière pièce de chaque opercule arrondie, ainsi que l'extrémité des nageoires du dos et de l'anus, les pectorales et les thoracines sans bordure, la tète, six bandes transversales, et la bordure de la dorsale, de l'anale et de la caudale, d'un beau violet. Trois rayons aiguillonnés et quarante et un rayons articulés à la nageoire du dos, le troisième rayon de cette nageoire plus long que la tête, le corps et la queue pris ensemble, la caudale en croissant, le museau cylindrique. Treize rayons aiguillonnés et dix rayons aticulés à la nageoire du dos, sept rayons aiguilloiniés et neuf rayons articulés à celle de l'anus; le premier et le second rayon de chaque thoracine aiguillonnés, le second, le troisième et le quatrième articulés, la caudale en croissant, deux orifices à chaque narine, le corps, la queue etlacaudaleparsemésde taches presqueégales, petites, rondes, etd'un rouge brun. Treize rayons aiguillonnés et vingt-deux rayons articulés à la dorsale, trois rayons aiguillonnés et vingt rayons articulés à la nageoire de l'anus, la caudale en croissant, deux orifices à chaque narine, une bande transversale, large et noire au-dessus de la nuque, de l'œil et de l'opercule, une tache noire, grande et arrondie sur la ligne laté-rale. Onze rayons aiguillonnés et vingt-quatre rayons articulés à la nageoire du dos. trois rayons aiguillonnés et dix-neuf rayons articulés à la nageoire de l'anus, la caudale en croissant, le museau cylindrique et très-allongé, l'ouverture de la bouche petite, la couleur générale eitrine. Treize rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la nageoire du dos, sept rayons aiguillonnés à la nageoire de l'anus, un seul rayon aiguillonné à chaque thora- cine, tous les rayons aiguillonnés plus on moins cannelés, la couleur générale d'un jaune verdâtre, un grand nombre de taches. 1 Cinq rayons aiguillonnés et trente-deux rayons articulés à la nageoire du dos, 13. Le Chétodon ) trois rayons aiguillonnés et vingt et un rayons articulés à celle de l'anus, la caudale en croissant, la mâchoire inférioire plus avancée que la supérieure, la seconde pièce de chaque opercule terminée par un appendice triangulaire. Trente-sept rayons il la nageoire du dos, vingt-quatre à l'anale, la caudale en crois- sant, la nuque très-élevée, le corps et la queue un peu allongés, l'ouverture de la bouche très-élroile, les écailles très-petites. Neuf rayons aiguillonnés et quatorze rayons articulés ;'i la nageoire du dos, deux rayons aiguillonné's et quinze rayons articulés à la nageoire de l'anus, la caudale un peu en croissant, trois bandes transversales noires et étroites de clufiue côté de l'animal. SECOND SOUS-GENRE La nageoire de la queue non ('chancrce et rectiligne ou arrondie. Trois rayons aiguillonnés et vingt-cinq rayons articulés à la dorsale, trois rayons aiguillonnés et seize rayons articulés à la nageoire de l'anus, le troisième rayon de la dorsale trcs-allongc, trois bandes transversales. I 7. Le Chétodon sargojde. 8. Le Chétodon CORNU, 9, Le Chétodon TACHETÉ. 10. Le Chétodon tache-noire. 11. Le Chétodon soufflet. 12. Le Chétodon CANNELÉ. pentacanthe. a. Le Chétodon ALLONGÉ. 13. Le Chétodon couacga. 10. Le Chétodon POINTU. .i DES POISSONS. 355 ESPECES. 17. Le Chétodon queue-blanche. 18. Le Chétodon grande- écaille. 19. Le Chétodon ARGUS. 20. Le Chétodon vacabond. 21 . Le Chétodon forgeron. 22. Le Chétodon CHILI. 23. Le Chétodon A BANDES. 2i. Le Chétodon cocher. 23. Le Chétodon hadjan. 26. Le Chétodon PEINT. 27. Le Chétodon MUSEaU-ALLONGÉ. 28. Le Chétodon ORBE. 29. Le Chétodon ZÈBRE. 30. Le Chétodon BRIDÉ, CARACTÈRES. Neuf rayons aiguillonnés et vingt-deux rayons articules à la nageoire du dos, trois rayons aiguillonnés et dix-neuf rayons articulés à la nageoire de l'anus, le premier rayon aiguillonné de la dorsale couché le long du dos, le corps noir, la queue blanche. Onze rayons aiguillonnés et vingt-trois rayons articulés à la dorsale, trois rayons aiguillonnés et vingt et un rayons articulés à l'anale, le quatrième rayon de la dorsale terminé par un filament plus long ou aussi long que le corps et la queue, les écailles grandes, deux bandes transversales très-larges. Onze rayons aiguillonnés et vingt-sept rayons articulés à la nageoire du dos, quatre rayons aiguillonnés et quatorze rayons articulés à la nageoire de l'anus, le corps et une grande partie de la queue très-élevés, deux orifices à chaque narine, la couleur générale violette, un grand nombre de taches arrondies, petites et brunes. Treize rayons aiguillonnés et vingt rayons articulés à la dorsale, trois rayons aiguil- lonnés et dix-sept rayons articulés à la nageoire de l'anus, la tête et les opercules couverts de petites écailles, deux orifices à chaque narine, le museau cylin- drique, la couleur générale jaunâtre, une bande transversale et noire au-dessus de chaque œil. Neuf rayons aiguillonnés et vingt-deux rayons articulés à la nageoire du dos, trois rayons aiguillonnés et vingt et un rayons articulés à l'anale, le troisième rayon de la dorsale beaucoup plus long que les autres, six bandes transversales, iné- gales en largeur, ces bandes d'un bleu très-foncé, ainsi que la dorsale, la caudale et l'anale, les pectorales et les thoracines noires. Onze rayons aiguillonnés et vingt-deux rayons articulés à la dorsale, trois rayons aiguillonnés et seize rayons articulés à l'anale, deux rayons aiguillonnés et trois rayons articulés à chaque thoracine, le museau allongé, la couleur générale dorée, cinq bandes transversales, l' Douze rayons aiguillonnés et vingt-quatre rayons articulés à la nageoire du dos, trois rayons aiguillonnés et dix-neuf rayons articulés à la nageoire de l'anus, six ra) ons à la membrane des branchies, la partie antérieure de la dorsale placée dans une fossette longitudinale, les écailles arrondies, la couleur générale jaune, une bandelette noire sur chaque œil, huit bandesbrunes et disposées obliquement de chaque côté de l'animal, / Treize rayons aiguillonnés et vingt-quatre rayons articulés à la nageoire du dos, \ trois rayons aiguillonnés et vingt et un rayons articulés à l'anale, le cinquième \ rayon aiguillonné de la dorsale terminé par un filament très-long, les écailles t rhomboïdales, la couleur générale bleuâtre, quinze ou seize bandes courbes, \ brunes, et placées obliquement de chaque côté du poisson. / Treize rayons aiguillonnés et vingt-quatre rayons articulés à la dorsale, trois rayons \ aiguillonnés et dix-neuf rayons articulés à la nageoire de l'anus, les écailles < rhomboïdales, grandes et ciliées, la partie antérieure de l'animal blanche, la / partie postérieure brune, douze bandes transversales et noires sur cette partie \ postérieure. ( Treize rayons aiguillonnés et vingt-cinq rayons articulés à la nageoire du dos, \ trois rayons aiguillonnés et vingt et un rayons articulés à la nageoire de l'anus, les écailles larges et dentelées, le museau avancé, la couleur générale blanchâ- tre, dix-sept ou dix-huit raies obliques et violettes de chaque côté du poisson. Neuf rayons aiguillonnés et trente rayons articulés à la dorsale, trois rayons aiguil- lonnés et vingt rayons articulés à l'anale, la caudale arrondie, le museau cylin- drique, et plus long que la caudale, cinq bandes transversales, noires et bordées de blanc, de chaque côté de l'animal, une tache noire, ovale, grande, et bordée de blanc sur la base de la dorsale. Sept rayons aiguillonnés et vingt et un rayons articulés à la nageoire du dos, trois rayons aiguillonnés et seize rayons articulés à l'anale, la caudale arrondie, l'en- semble de l'animal en forme de disque, un seul orifice à chaque narine, le second le troisième et le quatrième rayon de chaque thoracine, terminés par un long fila- ment, la ligne latérale deux fois fléchie vers le bas, la couleur générale bleuâtre. Treize rayons aiguillonnés et dix-neuf rayons articulés à la dorsale, trois rayons aiguillonnés et vingt deux rayons articulés à la nageoire de l'anus, la caudale arrondie, la tête et les opercules couverts d'écaillés semblables à celles du dos, deux orifices à chaque narine, l'anus plus près de la tête que de la caudale, la couleur générale jaune, quatre ou cinq bandes transversales, larges et brunes, les pectorales noirâtres. Treize rayons aiguillonnés et vingt rayons articulés à la nageoire du dos, trois rayons aiguillonnés et seize rayons articulés à l'anale, la tête et les opercules garnis de petites écailles, la caudale arrondie, la couleur générale d'un jaune doré, la ligne latérale se courbant vers le bas, se repliant ensuite vers le haut, et suivant une partie de la circonférence d'une tache noire, grande, ronde, bordée de blanc, et placée sur chaque côté de la queue, des raies étroites, parallèles et brunes, disposées obliquement sur chacun des côtes du poisson, les raies de la partie supérieure de l'animal, descendant de la dorsale vers la tête, celles de la partie inférieure remontant vers la tête, et partant de l'anale et des thoracines, une bande transversale sur l'œil. 3B6 HISTOIRE NATURELLE ESPÈCES. 31. Le CnÉTODON TESPERTILION. 32. Le Ciiétodon OEILLÉ. 33. Le Chétodon hiit-bandes. 34. Le Chétodon COLLIER. 55. Le Chétodo?; TEÏRA. 36. Le Chétodon SURATE. 37. Le Chétodon ciiinois. 38. Le Chétodon KLEIN. 39. Le Chétodon bimaculé. 40. Lf Chétodon GALLINE. 41. LÉ Chétodon trois-bandes. 42. Le Chétodon tétracanthe. CARACTÈRES. Cinq rayons aiguillonnes et trentc-wsix rayons articules à la dorsale, trois rayons aiguillonnés et trriite rnynns nrticuli-s à la nageoire de l'anus, l'une et l'autre triangulaires, et composées de rayons tiès-longs, les thoracines très-allongées, la caudale arrondie, la tétc et les opercules dénués de petites écailles, le corps très- haut, une bande noire et transversale sur la base de la nageoire de la queue. Douze rayons aiguillonnés et vingt-deux rayons articulés à la nageoire du dos, trois rayons aiguillonnés et dix-neuf rayons articulés à celle de l'anus, la caudale arrondie, le museau un peu avancé, la tète couverte de petites écailles, deux orifices à clia(|ue narine, deux lignes latérales de chaque côté, la plus haute allant directement de Treil au milieu de la base de la nageoire du dos, l'infé- rieure commençant vers le milieu de la longueur de la queue, et s'étendant direc- tement jusqu'à la caudale, une tache ronde, grande, brune, et bordée de blanc, sur la dorsale. Onze rayons aiguillonnés très-forts, et dix-sept rajons articulés à la dorsale, trois rayons aiguillonnés très-forts, et treize rayons articulés à la nageoire de l'anus, la caudale arrondie, le museau un peu avancé, un seul orifice à chaque narine; de petites écailles sur la tête et les opercules, la ligne latérale très-courbe, et garnie d'écaillés assez larges, huit bandes transversales, brunes, étroites, et rappro- chées deux à deux de chaque côté du poisson. Douze rayons aiguillonnés et vingt-huit rayons articulés à la nageoire du dos; trois rayons aiguillonnés et vingt et un rayons articulés à l'anale ; la caudale arrondie; le museau un peu avancé; une membrane saillante au-dessus d'une partie du globe de l'œil, un seul orilice à chaque narine, deux lignes latérales de chaque côté, la supérieure s'élevant du haut de l'opercule jusqu'à la dorsale, la seconde commençant vers le milieu de la longueur de la queue, et s'étendant directement jusqu'à la caudale, la nuque très-élevée, deux bandes transversales et blanches sur la tête. Cinq rayons aiguillonnés et ving-neuf rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguillonnés et vingt-trois rayons articulés àranale,les premiers rayons articulés de ces deux nageoires et des thoracines, extrêmement longs ; la caudale arrondie ; deux orifices à chaque narine; les écailles très-petites et dentelées ; trois bandes transversales, noires, et très-longues, les thoracines noires. Dix-neuf rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la nageoire du dos; treize rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à celle de l'anus, les rayons aiguil- lonnés de ces deux nageoires garnis chacun d'un filament; le museau un peu avancé, un seul orifice à chaque narine; la ligne latérale interrompue; la cau- dale arrondie, six bandes transversales brunes, un grand nombre de points argentés. Quinze rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés a la dorsale, dix-huit rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la nageoire de l'anus, cette dernière plus longue que la nageoire du dos, la caudale arrondie, dix bandes transversales et brunes, dont plusieurs se divisent en deux, de chaque côté du poisson. Dix-sept rayons aiguillonnés et dix-neuf rayons articulés à la nageoire du dos, trois rayons aiguillonnés et vingt rayons articulés à l'anale, la caudale arrondie, un seul orifice à chaque narine, "la couleur générale mêlée d'or et d'argent, une seule bande transversale, cette bande brune, et placée sur la tête, de manière à passer sur l'u-il. Douze rayons aiguillonnés et vingt-deux rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguillonnés et quinze rayons articulés à la nageoire de l'anus, la caudale arron- die, le museau un peu avancé, deux orifices à chaque narine, la tête et les oper- cules couverts de petites écailles, une bande transversale, courbe, noire et bordée de blanc, placée sur la tête, de manière à passer sur l'œil; deux taches noires, grandes, et bordées de blanc, sur l'extrémité de la nageoire du dos. Un ou deux rayons aiguillonnés et trente-neuf rayons articulés à la nageoire du dos; vingt-huit rayons à la nageoire de l'anus ; deux orifices à chaque narine; la couleur générale comme enfumée, deux bandes transversales et noirâtres, pla- cées de manière à passer l'une sur l'œil et l'autre sur la base de la pectorale. Treize rayons aiguillonnés et vingt-quatre rayons articulés à la nageoire du dos, trois rayons aiguillonnés et dix-huit rayons articulés à la nageoire de l'anus, la caudale un peu arrondie, les écailles ciliées ; seize raies longitudinales et brunes, et trois bandes transversales, noires, et bordées de jaune, de chaque côté de l'animal. Onze rayons aiguillonnéset seize rayons articulés à la dorsale ; quatre rayons aiguil- lonnés et quatorze rayons articulés à l'anale; la caudale arrondie; cinq ou six bandes transversales, noires, larges, et un peu irrégulières. J DES POISSONS. 357 LE CHÉTODON BORDÉ. Glyphisodon saxatilis, Cuv. ; Chsetodon saxatilis, Linn.; Chœtodon marginatus, Chsetodon Mauritii, Bl., Lac. ; Çhœtodon sargoides, Lac. \. LeChétodon Curaçao, Glyphisodon Curassao, Cuv.; Chœtodon Curaçao, Bl., Lac. — Chétodon Mau- rice, Glyphisodon saxatilis, Cuv.; Chœtodon saxatilis, Linn.; Chœtodon Mauritii, Ch. marginatus, et Ch. sargoides, Lacep. — Chétodon Bengali, Glyphisodon bengalensis, Cuv.; Chfetodon saxatilis, Forsk. ; Chœtodon bengalensis, Bl., Lac. ; Labrus macrogaster, Lac. Les chétodons sont parés des couleurs les plus vives et les plus agréables. Ils sont aussi très-remarquables par leurs formes; et cependant on n'a encore déterminé leurs carac- tères distinctifs que d'une manière vague. On a laissé dans le genre qu'ils composent, des poissons qui , malgré leurs grands rapports avec ces chétodons, doivent cependant en être écartés dans une distribution véritablement méthodique et régulière; et on a même placé, parmi ces animaux, des espèces qui présentent des traits opposés à ceux que l'on indique comme devant servir à caractériser ces thoracins. Il est résulté de cette négligence, non-seulement une confusion que l'on ne doit plus laisser subsister en histoire naturelle, mais encore de grandes difficultés pour reconnaître le genre et pour séparer avec netteté les espèces l'une de l'autre. Ces difficultés ont été d'ailleurs d'autant plus embarrassantes, que le groupe formé par les vrais chétodons est très-nombreux. Nous avons donc cru devoir chercher avec beaucoup de soin à rectifier la nomenclature et par conséquent la distribution des chétodons, et des poissons que l'on avait mêlés à tort avec ces animaux, comme nous avons tâché de rectifier l'arrangement et les dénomi- nations des labres, des spares, des sciènes, des persèques, et d'autres osseux voisins de ces derniers. Nous avons eu recours, pour la réforme de l'ordre établi parmi les chéto- dons, aux moyens que nous avons employés pour distribuer convenablement les persè- ques, les holocentres, les sciènes, les bodias, les spares, les labres, etc., et voici le résultat de notre travail à ce sujet. Le mot chétodon 2 désignant des dents plus ou moins déliées et semblables à des soies ou poils flexibles, mobiles et élastiques, j'ai cru ne devoir laisser dans le genre des véri- tables chétodons, que les poissons qui offraient ce caractère remarquable et facile à saisir, et qui montraient de plus un museau au moins un peu avancé, une ouverture très-étroite à leur bouche, de petites écailles sur une ou plusieurs de leurs nageoires, ou un corps très-élevé, et enfin le corps et la queue très-aplatis dans le sens de leur largeur. Nous avons retranché de leur genre, et placé dans de petites familles particulières : Premièrement, les poissons qui diffèrent de ces véritables chétodons par des aiguillons entièrement ou presque entièrement dénués de membrane, et placés isolément au-devant de la nageoire du dos ; nous les avons nommés Acanthinions . Secondement, ceux qui ont reçu deux nageoires dorsales, et que nous appellerons Chétodiptères. Troisièmement, ceux dont l'opercule est dentelé, qui n'ont qu'une dorsale, et dont le nom générique sera Pomacenïre. (Quatrièmement, ceux que nous appelons Pomadasys, dont le dos est garni de deux nageoires, et l'opercule dentelé; Cinquièmement, ceux qui ont leurs opercules armés de piquants, et que nous distinguons par la dénomination de Pomacanthes. Sixièmement, ceux dont les opercules dentelés sont aussi hérissés de pointes ou aiguil- lons, et que le nom d' Holacanthes distinguera; Et septièmement, ceux qui ont une dentelure, des aiguillons, deux nageoires du dos, et auxquels le nom d'Enoploses appartiendra. Les espèces renfermées dans les sept genres que nous venons de désigner, ont d'ailleurs des dents sétacées comme les espèces pour lesquelles nous avons réservé le nom générique de Chétodon. Mais nous avons séparé de nos chétodons, par des motifs bien plus grands, les Clyphisodons, qui ont les dents crénelées; les Acanthures, dont les côtés de la queue sont armés d'un ou de plusieurs aiguillons, dont les dents n'ont pas la flexibilité et la mobilité des poils ou des soies ; les Aspisures, dont une sorte de bouclier revêt les côtés 1 Du genre Glyphisodon, dans la famille des Acanthoptérygiens sciénoïdes, Cuv. M. de Lacépède a fait un triple emploi de ce poisson, sous les noms : 1" de Chétodon bordé, 2" de Chétodon Maurice,et 5" de Chétodon sargoïde, D. 2 Chatte, en grec, signifie des "poils ou soies. LACÉPfcDE. — TOME II. 23 538 HISTOIRE NATURELLE delà queue; et les Acanthopodes, dont les nageoires Ihoracines ne sont composées que d'une ou de deux épines. Nous avons donc réparti en douze genres les thoracins que l'on n'avait encore inscrits que dans un ou deux genres, et que l'on n'avait nommes que Chèlodons ou Acanthiires. Le gcnie auquel nous avons conservé exclusivement le nom de Chclodon^ reulerme cependant quarante espèces. Quels sont les Irails qui leur opparfionnent? Nous venons d'indiquer la grande compression de leur corps et de leur queue, les tcgumcnJs écailleux de leurs nageoires, la petitesse de leur bouche, la nature de leurs dents. Ces dents, quelquefois disposées sur une seule rangée, le plus souvent composent plusieurs rangs Irés-scrrés. Les opercules sont tantôt couverts et tantôt dénués d'ccailles semblables à celles du dos. Ces dernières, arrondies ou rhomboïdales, grandes ou petites, sont unies ou ciliées, ou dentelées dans leur circcnférence. Nous verrons, dans un de nos Discours généraux, ce que l'on doit principalement observer dans la conformation inté- rieure de nos chèlodons : mais disons que leurs couleurs sont presque toujours brillantes et conirasiées; que l'or, l'argent, le rouge, le bleu, le beau noir, le blanc de lait sont répandus avec éclat sur leur surface, en raies longitudinales, en bandes transversales peu nombreuses ou ti-és-mullipliées, en lignes courbées en dillLM^enls sens, en rubans déployés pniliciiliérement sur l'œil ou sur l'opercule, en taches larges et iri'égulières, en taches légnliéres et moins étendues, en taches rondes, colorées et bordées de manière à imiter une prunelle entourée de son iris. De si beaux assortiments charmentd'autant plus les yeux, que les chétodons nagent avec vitesse. Leur queue n'est pas longue, mais elle est très-haute: et d'ailleurs étant terminée par une large nageoire, elle peut frapper l'eau avec force, et communiquer à l'animal des mouvements rapides. Celle vivacité dans les évolutions des chétodons, n'est cependant pas la seule cause qui ajoute à l'agrément de leur parure. Leurs écailles ont une surface très-polie; et ils n'ha- biient que dans des eaux assez voisines de Téqualeur, pour qu'ils ne puissent s'approcher des livages, ou de la surface des mers, qu'en réfléchissant un très grand-nombre de layons lumineux. On n'a rencontré, en effet, de chétodons vivants que sous la zone torride, ou à une distance très-petite des tropiques, soit dans l'ancien, soit dans le nouveau continent; et voilà jiourquoi ces animaux ne sont connus que depuis la découverte du Nouveau Monde cl l'arrivée des Portugais dans les Grandes-Indes; et néanmoins il n'est presque aucune contrée où l'on n'ait trouvé des poissons fossiles ou des empreintes de poissons, et où l'on n'ait vu des restes ou des images de (juelque espèce de véritable chétodon. Ce fait, digne de l'allcnlion des géologues, a été particulièrement vérifié auprès de Vérone, où l'on a découvert, sous les couches de lave du mont Boica, des individus très-bien conservés du chétodon vespertilion et du chétodon teïra, que l'on ne pèche que dans la mer du Japon, dans celle des Grandes-Indes, ou dans celle d'Arabie. Nous avons donc une grande raison de plus, de déterminer avec précision les caractères dislinctifs des espèces de chétodons. Parcourons ces caractères, et exposons ceux que nous n'avons pas décrits dans le tableau générique qui précède cet article. Le bordé n'a de rayons aiguillonnés qu'à la nageoire dorsale. Toutes les nageoires se terminent en poinle tiès-avancée. Les Ihoracines sont de plus en forme de faux. La par- tie de la dorsale qui n'est soutenue que par des rayons articulés, est presque entièrement semblable à celle de l'anus par sa ligure et par ses dimensions; et elle présente l'image d'une sorte de fer de lance. Les écailles sont grandes. L'anus est très-rap|)roché de la cau- dale. Le tour des yeux est ovale, au lieu d'être rond. On ne voit qu'un orifice à chaque narine. La couleur générale est jaunâtre, et relevée par sept ou huit bandes transver- sales brunes, et placées de chaque côté sur la télé, le corps, la queue, ou la caudale. Ce sont ces bandes transversales et des bandes analogues observées sur plusieurs chétodons, qui ont fait donnera ces poissons le nom de Bandoulière. Le bordé ne parvient ordinairement quà la longueur de deux ou trois décimètres. Il se plaît dans la mer qui baigne les Antilles. Il y vit dans les endroits pierreux, et auprès des embouchures des rivières. Il se nourrit de très-petits poissons; et sa chair est agréa- ble au goût. Le chétodon curaçao lire son nom de Tile de Curaçao, dont il habite les environs. Sa chair est grasse et de bon goût. Il a de petites écailles sur la tête, les opercules; la base de DES POISSONS, 559 la dorsale, de (a caudale, et de la nageoire de l'anus, La ligne latérale est interrompue; l'iris blanc, bordé de jaune ; el la couleur générale, d'un bleu mêlé d'argenté et de violet. Le Brésil est la partie du Maurice. Ce poisson porte le nom du prince de Nassau, qui l'a fait connaître. Il a quelquefois sept décimètres de longueur. Sa chair est blanche et agréable au goût. Il a le corps et la queue plus allongés qu'un très-grand nombre d'autres chétodons, les thoracines jaunes; les pectorales d'un bleu foncé, et les autres nageoires d'un bleu clair mêlé de rouge à leur base. Le bengali, dont le nom indique l'habitation, montre de petites écailles sur la tête, les opercules, la base de l'anale, de la caudale et de la nageoire du dos; une ligne latérale interrompue; un brun mêlé de bleu sur le bord des nageoires; et un jaune foncé sur la base de ces organes de mouvement. LE CHÉTODON FAUCHEUR. Ephippus falcatus, Cuv. ; Chœtodon punctatus, Linn., Gmel. ; Chœtodon falcatus, Lac. i. Le Chétodon Rondelle, Glyphisodon...., Cuv.; Chœtodon rotundus, Linn., Gmel.; Chselodon rotun- datus, Lac. — Chétodon sargoïde, Glyphisodon saxalilis, Cuv. ; Chœtodon saxalilis, Linn., Gmel.; Chœlodon sargoides, Ch. Mauricii, etCh. marginatus, Lacep. — Chétodon cornu, Heniochus cor- nutus, Cuv. ; Chœtodon cornutus, Bloch, Lac. ; Chœtodon canescens, Seb. — Chétodon tacheté, Si- ganus guUatus, Cuv. ; Teulhis Java, Linn., Gmel. ; Chœlodon gutlatus, Bi., Lac. — Chétodon tache- noire, Chœtodon uni-maculatus, Bloch, Cuv.; Chœlodon nigromaculalus, Lac. — Chétodon soufflet, Cheimon iongiroslris, Cuv. ; Chœlodon longirostrls, Brouss., Linn., Gmel., Lac. — Chétodon can- nelé, Chœlodon canaiiculalus, Lac. — Chétodon pentacanthe, Platax pentacanthus, Cuv. ; Chœlodon orbicularis, Forsk. ; Chœlodon arthrilus, Bell.; Chœlodon pentacanthus, Chœlodon Gallina, el Acan- Ihinion orbicularis, Lacep. — Chétodon allongé, Chœlodon elongalus. Lac. On trouve en Asie le faucheur, dont les yeux sont grands et rouges; et dans l'Améri- que méridionale, ainsi que dans les Grandes-Indes, le chétodon rondelle, dont le nom indique sa hauteur, sa compression, et la courbure de sa ligne dorsale 2. m Aucun naturaliste n'a encore publié la description du sargoïde, dont Plumier a laissé " un très-beau dessin ; la couleur générale de ce poisson est d'un jaune doré ; et on voit une tache bleue au-dessous de chaque œil. Le cornu tire son nom de deux aiguillons qu'il a ordinairement au-dessus des yeux, et qui représentent deux petites cornes. Des écailles très-petites; deux rangées de dents à chaque mâchoire; les deux mâchoires également avancées; deux orifices à chaque na- rine; le dos très-élevé; l'opercule arrondi, et couvert, ainsi que la tête et même le mu- ^ seau, d'écaillés semblables à celles qui revêtent le corps; la couleur générale argentée; une bande transversale, large, noire, quelquefois divisée en deux, passant au-dessus de l'œil, et s'étendant depuis les premiers rayons aiguillonnés de la dorsale jusqu'aux tho- racines; une seconde bande transversale, de la même couleur, et qui règne depuis l'ex- trémité du plus long rayon de la nageoire du dos, jusqu'au bout du rayon le plus allongé Ide l'anale; une troisième bande noire, terminée par un croissant gris, et située sur la caudale; tels sont les principaux caractères que montre le cornu, indépendamment de ceux qui sont indiqués pour ce chétodon, sur le tableau de son genre. On le trouve dans les Grandes-Indes, et, suivant Commerson, sur les rivages garnis de coraux ou de madré- pores de la Nouvelle-France et de quelques îles du grand Océan équinoxial. Sa chair est de bon goût. Les eaux du Japon nourrissent le tacheté. Son corps et sa queue sont allongés; ses deux mâchoires également avancées; ses lèvres fortes; celle de dessus peut être un peu retendue, à la volonté de l'animal. Chaque opercule n'est composé que d'une pièce, La couleur générale est grise. Linnée a établi un genre particulier de poissons osseux sous le nom de Teuthis. Il l'a placé parmi ses abdominaux, à la suite des silures et il l'a composé de deux espèces. Nous croyons devoir supprimer ce genre, dont la première espèce est un véritable acanthure, ainsi qu'on le verra dans cette Histoire, et dont la seconde que l'on a pêchée à Java, n'est que le chétodon tacheté. On a observé aussi au Japon et dans les Indes orientales, le chétodon tache-noire, qui a deux pièces à chaque opercule, les écailles du dos argentées et tachées de jaunes, les 1 Du sous-genre Cavalier^ Ephippus, dans le grand genre Chétodon, de la famille des Acanthoptéry- fgiens squamipennes, selon M. Cuvier. D. 1 2 Si, contre mon opinion, le faucheur et la rondelle n'ont la caudale ni fourchue; ni en croissant, il Ifaudra les placer dans le second sous-genre des Chétodons. 23. I 5G0 HISTOIRE NATURELLE nageoires jaunâtres, l'extrémité de la dorsale et de l'anale et la base de la caudale, d'un brun maiion. Le soufflet, dont on doit la connaissance à notre savant confrère M. Broussonnet, se plail dans les eaux du grand Océan. La forme remarquable de son museau doit lui donner des Iiabiludes analogues à celles du Chélodon museuu'utlonçié, àonl nous parlerons dans un des articles suivants. Sa langue, son palais et son gosier sont dénués de dents et d'as- pérités. Le dessus de la tétecst brunâtre, et ledessousd'unecouleurdechairargentée; une raie noire et une raie blanche bordent l'extrémité de la dorsale et de la nageoire de l'anus, sur laquelle on voit d'ailleurs une tache noire et œillée; la caudale et les pectorales sont d'un vert de mer relevé par le jaunâtre de la base de ces nageoires. Le cannelé, que le célèbre Mungo-Park a décrit dans les --4c(es rfe la Société linnéenne de Londres, et que l'on a vu à Sumatra, a beaucoup de rap|»orts avec le tacheté. Chacun de ses opercules est composé de deux pièces; ses écailles sont très-petites, et sa chair est agréable au goût. Commerson a laissé dans ses manuscrits des dessins du pentacanthe et de l'allongé, qu'il a observés dans le grand Océan. Le pentacanthe a le dos très-élevé, les écailles peti- tes, serrées, et répandues non-seulement sur une grande partie de la tète, sur le corps et sur la queue, mais encore sur la base de la dorsale, de la caudale, et de la nageoire de l'anus, qui est presque triangulaire. La dorsale de l'allongé commence au-dessus des yeux ; et ses deux mâchoires sont à peu près aussi avancées l'une que l'autre. LE CIIÉTODON COUAGGA. Chœtodon Couagga, Lac. i. ET LE CHÉTODON TÉTRACANTIIE. Epbippus letracanthus, Cuv. ; Chœtodon tetracanthus, Lac. 2. Nous avons trouvé dans les dessins de Commerson la figure de ces deux chétodons, dont la description n'a pas encore été publiée par les naturalistes. Nous avons donné au pre- mier le nom de Couagga, à cause de quelque analogie que l'on peut remarquer entre la distribution de ses couleurs et la disposition des bandes qui ornent le couagga de l'Afri- que méridionale. Indépendamment de trois bandes dont nous venons de parler dans le supplément au tableau de son genre, on voit une tache noire sur sa queue, une autre tache de la même nuance, mais plus petite, sur chacun des côtés de cette même partie du poisson, et une raie noire et oblique qui s'étend depuis l'œil jusques auprès de l'ouver- ture de la bouche. La partie inférieure de l'animal est d'une teinte beaucoup plus claire que ses côtés et sa partie supérieure. Les écailles qui le revêtent sont très-petites. M Le tétracanthe a les deux mâchoires également avancées; l'opercule dénué de petites écailles; et la partie de la dorsale, que des rayons aiguillonnés fortifient, très-arrondie et très-distincte de l'autre portion. LE CIIÉTODON POINTU. Heniochus macrolepidolus, Cuv. ; Chfetodon macroiopidotus, Linn., Bl.,Lac. ; Chœtodon acuminatus, Liiin., Lac. 3. Le Chélodon qtieue-hîanche, Ch?elo(\on leucurus, Linn., Gme!., Lac. — Chélodon grande-écaille, He- niochus miicrolepidoliis, Cuv.; Chœtodon macrolepidolus, Linn., Bl., Lac; Chtetodon acuminatus, Linn., f.ac. — Chélodon Arcjus, Ephippus Argus, Cuv.; Chœlodon Argus, Linn., Gmel., Lac. — Chélodon vagabond, Chaîlodoii vagabundus, Cuv., Bloch, Lacep. — Chétodon Forgeron, Chœtodon FabiT, Linn., Gmol., Cuv., Blocli, Lacep. — Chélodon Chili, Chœtodon chilensis, Molina, Linn., Gmel., Lacep. — C/té(o(ion à tanc/es, Chœtodon fascialus, Forsk., Linn., Gmel., Lac.; Chœtodon flavus, Bl., Schii. Le tableau générique |)résenle les principaux traits de ces chétodons : achevons leurs portraits en disant que le pointu des deux Indes a le museau avancé, la couleur générale blanchâtre, et des bandes transversales brunes; 1 Non mentionné par M. Ciivicr. 2 Du soiis-p;onro Cavalieh, Eiifiippus, Cuv., dans le grand genre Chétodon, de la famille des Acantho- ptcrj'giens sqtiamiprnncs. D. 3 Du sous-gcnrc CociiEt», Hfiiiochus, danslc grand genre CnÉroDON, delà famille desAcanthoptcrygiens squamiprnnes, selon M. Cuvicr. M. Cuvier regarde ce poisson comme une simple variété do l'espèce qui est comprise dans ce même article, sous le nom de Chétodon grrmde-écaillr. Ainsi M. de Lacépède l'a décrit deux fois : i" sous le nom de Chétodon pointu, et 2° de Chétodon grande écaille. D. DES POISSONS. 3ÔI Le chétodon queue-blanche d'Amérique, des dimensions très-petites, et les thoracines pointues ; Le chétodon grande écaille des Indes orientales, les deux mâchoires aussi avancées l'une que l'autre, la tête couverte de petites écailles, la couleur générale argentine, deux bandes transversales brunes, deux taches de la même couleur sur la tête, la chair grasse et d'une saveur délicate qu'on a comparée h celle de la sole, et une grandeur telle que sa hauteur est très-considérable, et son poids de douze ou treize kilogrammes ; L'argus, de la partie de l'Asie voisine des tropiques, les mâchoires égales, les nageoires courtes et jaunes, l'habitude de suivre les vaisseaux, et de se nourrir des restes de fable qui sont jetés dans la mer, ou celle de pénétrer par les rivières dans les marais d'eau douce, afin d'y trouver un grand nombre des insectes qu'il aime i ; Le vagabond, des même contrées orientales que l'argus, deux pièces à chaque opercule, une bande noire, fléchie en crochet, placée vers l'extrémité de la queue, et étendue depuis la nageoiredudosjusqu'à celledel'anus, l'extrémité de cesdeux nageoires et de la caudale bordée de noir, un croissant noir sur cette même nageoire de la queue, une chair grasse, ferme, et d'un goût agréable; Le forgeron, qui vit dans l'Amérique méridionale, et que mon confrère M. Brousson- net, a décrit le premier, la tête revêtue de petites écailles, la couleur générale argentine, et la dorsale, la caudale et l'anale d'un bleu foncé; Le chétodon chili, qui porte le nom du pays où il a été découvert, trois lames à chaque opercule, des écailles très-petites, sa première bande noire , la seconde et la troisième grises, la quatrième et la cinquième grises et noires, une tache grande, ovale et noire sur la queue, la dorsale jaune, la nageoire de la queue argentée et bordée de jaune; Et enfin le chétodon à bandes, que Forskael a vu en Arabie, la lèvre supérieure exten- sible, la dorsale rayée de roux, de noir, de jaunâtre et de jaune, les pectorales verdâlres, les thoracines jaunes, la caudale jaunâtre et chargée d'une bande brune. LE CHÉTODON COCHER. Chaetodon Auriga, Forsk., Linn., Gmel., Cuv., Lacep. 2. Le Chétodon Hadjan, Chœtodon mesoleucos, Linn., Gm.; Chœlodon Hadjan, Forsk., Lacep. — Ché- todon peint, Chœtodon pictus, Forsk., Lac. Les eaux de l'Arabie nourrissent ces trois chétodons. On doit remarquer les quatre bandes transversales et rousses qui s'étendent sur la tête du premier, la bande noire qui passe sur ses yeux, la bordure noire de l'extrémité de sa dorsale, les raies blanches jau- nâtres et noires de sa nageoire de l'anus, et les nuances rousses de sa caudale; La bande noirâtre qui s'étend sur l'œil de l'hadjan, la couleur verdâLre de ses pecto- rales, le blanc de ses thoracines, le brun de ses nageoires de l'anus et du dos , ainsi que le noir de sa caudale dont l'extrémité est très-transparente; El enfin les cinq bandes transversales et jaunes du chétodon peint, la bande noire, le croissant doré et la bordure brune de sa nageoire de la queue, l'autre bande également noire qui passe sur chacun de ses yeux, et le noir de sa nageoire du dos. LE CHÉTODON MUSEAU-ALLONGÉ. Chelmon rostratus, Cuv.; Chœtodon rostratus, Linn., Gmel., BI., Lac. 3. Ce poisson est d'autant plus beau à voir, que ses bandes et sa grande tache bordée de blanc sont placées sur un fond mêlé d'or et d'argent, dont les nuances se marient avec plus de vingt raies longitudinales très-étroites et brunes, qui rendent leurs reflets encore plus brillants : mais il est encore plus curieux à observer lorsqu'il vit sans contrainte et sans crainte, dans les mers de l'Inde, qu'il paraît préférer. Il se tient le plus souvent auprès de l'embouchure des rivières, ou à une petite distance des rivages, et particuliè- rement dans les endroits où l'eau n'est pas profonde. Il se nourrit d'insectes, et surtout de ceux que l'on peut trouver sur les plantes marines qui s'élèvent au-dessus de la sur- face de la mer. Il emploie, pour les saisir, une manœuvre remarquable qui dépend de i L'argus appartient aux eaux de la partie mcridionale de l'Asie, et néanmoins on a vu des restes d'un individu de cette espèce parmi les poissons fossiles du mont Boica près de Vérone. Iclithyolilho- logia Veronensis, etc. Voyez, à ce sujet, notre Discours sur la durée des espèces. 'j Du sons-genre des Chétodons proprement dits, dans le grand genre Chétodon de la familles des Acanthoptérygiens squamipennes. D. 5 Du sous-genre <]HELiMON, Cuv., dans le grand genre des Chétodons, famille des Acanthoptérygiens Squamipennes. D. 3C2 HISTOIRE NATURELLE la forme très-allongée de son museau, et qu'au reste on retrouve, avec plus ou moins de différences, parmi les habitudes du spare insidiateur, du chétodon soufflet, et de quel- ques autres poissons dont le museau est très-long, très-étroit, et presque cylindrique, comme celui de l'animal que nous décrivons. Lorsqu'il aperçoit un insecte dont il désire de faire sa proie, et qu'il le voit trop haut au-dessus de la surface de la mer pour pou- voir se jeter sur lui, il s'en approche le plus possible; il remplit ensuite sa bouche d'eau de mer, ferme ses ouvertures branchiales, comprime avec vitesse sa petite gueule, et contraignant le fluide salé à s'échapper avec rapidité par le tube très-étroit que forme son museau, le lance quelquefois à deux mètres de distance avec tant de force, que l'in- secte est étourdi, et précipité dans la mer. Cette chasse est un petit spectacle assez amu- sant pour que les gens riches de la plupart des îles des Indes orientales se plaisent à nourrir dans de grands vases, des chétodons à museau allongé. Bloch a cité, dans son grand ouvrage, M. Ilommel, inspecteur des hôpitaux de Batavia, qui avait fait mettre quelques-uns de ces poissons dans un vaisseau très-large et rempli d'eau de mer. Il avait fait attacher une mouche sur le bord du vase, et il avait eu le plaisir de voir ces thora- cins s'empresser à l'envi de s'emparer de la mouche, et ne cesser de lancer avec vitesse contre elle des gouttes d'eau qui atteignaient toujours le but. D'après ces faits, il n'est pas surprenant que ce soit avec des insectes qu'on amorce les hameçons dont on se sert pour prendre les chétodons à museau allongé, lorsqu'on ne les pêche pas avec des filets. Ajoutons qu'ils seraient très-recherchés, quand même ils ne seraient pas des chasseurs adroits, parce que leur chair est agréable et salubre. LE CHÉTODON ORBE. ^ Ephippus Orbis, Cuv.jChœtodon Orbis, Linn., Gmei., Bi., Lacep. i. Le Chétodon Zèbre, Chsclodon slrialus, Cuv., Bl., Linn., Gmei. ; Cluetodon Zébra, Lacep.— C7i(/ < aiguillonnes et dix rayons articules a 1 anale; deux dents grandes et crochues a ( chaque mâchoire ; un grand nombre de taches bleues. 4 Le Pomacfn ( ^"^^ rayons aiguillonnés et dix-sept rayons articulés à la dorsale; trois raj"ons c . t iHT \ aiguillonnés et dix rayons articulés à l'anale; un grand nombre de taches blan- [ eues, ou brunes, ou jaunâtres. i Treize rayons aiguillonnés et vingt-quatre rayons articulés à la dorsale ; trois rayons |S. Le Pomacen- J aiguillonnés et vingt et un rayons articulés à l'anale; la caudale arrondie ; un TRE FILAMENT, j filament, très-long, et une tache grande, ovale, noire et bordée de blanc à la ' nageoire du dos. 1 M. Cuvier n'adopte pas le genre Chétodiptère. Le seul poisson qui le compose n'est pour lui qu'une espèce da genre Cwalier, Ep/iippus, l'un de ceux qu'il établit dans le grand genre Chétodon des autres ichtyologistes. D. 2 M. Cuvier considère ce poisson comme très-voisin de son Platax Faber, si même il n'appartient à la même espèce. (Voyez la note 1.) D. 5 Le nom générique chétodiptère est composé, par contraction, de chétodon, et de diptère qui désigne les deux nageoires du dos. 4 M. Cuv'ier, en adoptant le genre Pomacentre de M. de Lacépède, le place dans la famille des Acanthoptérygiens sciénoïdes. Il n'en admet qu'une seule espèce (le Pomacentre paon) ; toutes les autres se rapportent à ses genres Scolopside, Diacope, Mérou, et Chétodon. D, 366 HISTOIRE NATURELLE ESPÈCES. CAHACTÈRES. Douze rayons aiguillonnes et vingt-cinq rayons articulés à la dorsale ; trois rayons aiguillonnes et vingt et un rayons articulés à la nageoire de l'anus ; la caudale 6. Le Pomace>- ) arrondie; la nuque très-relevi-o ; le museau avancé et un peu en forme de tube; TRE FALCiLLE. ] dcux baudcs noircs, ayant la figure d'une faucille, bordées de blanc du enté de la tète, et placées transversalement sur la nageoire dorsale et sur le dos du poisson. Douze rayons aiguillonnés et vingt-cinq rayons articulés à la nageoire du dos; trois rayons aiguillonnés et dix-huit rayons'articuh'S à l'anale; la couleur gi'-nérale 7. Le Pomacen- ] d'un vert mêlé de jaune et de brun'; une taclie noire et en forme de croissant sur TRE CROISSANT. ) cliaque œil ; uue autre tacHc uoirc placée obliquement depuis le haut de l'ouver- ture branchiale jusque vers le milieu du dos, et renfermée entre deux raies dorées. LE POMACEISTRE PAON. Pomacentrus Pavo, Lac, Cuv. ; Chaetodon Pavo, Linn., Gmel. ; Ilolocentrus diacanlhus, Lac. i. ET LE POMACENTRE ENNÉADACTYLE. Scolopsides Vosmeri? Cuv. ; Pomacentrus enneadactylus, Lac. 2. Ce nom de Paon, en rappelant les belles contrées des Indes orientales, d'où les voya- geurs ont apporté dans l'Asie-Mineure et ensuite dans la Grèce l'oiseau que la mythologie consacra à Junon, et dont la philosophie fit l'emblème de la vanité, retrace aussi les cou- leurs brillantes contrastées ou fondues avec tant de variété et de magnificence sur les plumes soyeuses de cet oiseau privilégié. Ce double souvenir a engagé, sans doute, le célèbre Bioch à donner au poisson que nous allons décrire, le nom de Paon que nous lui conservons. Ce pomacentre vit en eiïet dans les eaux des Grandes-Indes, et ses nuan- ces sont dignes d'être comparées à celles de l'oiseau que les poètes ont attelé au char de la reine des cieux. Ce n'est pas que ses teintes soient aussi diversifiées qu'on pourrait le croire d'après le )iom de Paon. En effet, elles se réduisent à un jaune plus ou moins foncé qui fait le fond, et à des raies ou taches bleues qui composent la broderie : mais ce jaune a par lui-même l'éclat de l'or; et ce bleu, distribué en petits rubans transver- saux ou en gouttes irrégnliéres sur la tête, le corps, la queue et les nageoires de l'ani- mal olfre des oompai-timents des plus gracieux, au milieu desquels on croit apercevoir un grand nombre de petits yeux analogues à ceux de la queue du paon. D'ailleurs toutes ces couleurs sont très-mobiles ; et pour peu que le poisson se livre à quelques évolutions auprès de la surface des eaux et sous un soleil sans nuages, on les voit se mêler à des reflets qui, paraissant et disparaissant avec la rapidité de l'éclair, dont ils ont, pour ainsi dire, l'éclat éblouissant, réfléchissent tous les tons de l'iris, chatoient avec une merveilleuse variété, et ne laissent désirer dans la parure du pomacentre, ni la magni- ficence que donne un grand nombre de couleurs, ni le charme que peut faire naître la diversité des images successives. Au reste, l'ensemble du paon est plus allongé que celui de presque tous les poissons de son genre; chacune de ses narines n'a qu'un orifice; sa ligne latérale est interrompue; et im appendice très-dur, triangulaire et allongé, est placé à côté de chaque thoracine. Le pomacentre 5 cnnéadaclyle a le corps allongé; la mâchoire supérieure un peu plus avancée que l'inférieure; la ligne latérale très-courbe jusque vers l'extiémilé de la queue, où elle est très-droite; une rangée d'écaillés plus petites que celles du dos, le long de cette même ligne latérale; les écailles du dos et des côtés, grandes, arrondies et ciliées; pres- que tous les rayons aiguillonnés de la dorsale et de la nageoire de l'anus, aplatis, longs et très-forts. L'individu de celte espèce que nous avons décrit, faisait partie de la collection de poissons secs donnée à la France, avec d'autres collections d'histoire naturelle, par la Hollande. LE POMACENTRE BURDI. Diacope miniala, Cuv. ; Perça miniata, Forsk., Linn., Gmel. ; Pomacentrus Burdi, Lac. i. Le Pomacentre Symman, Serranus Summcna, Cuv. ; Perça Suinniana, Forsk., Linn., Gmel.; Poma- 1 Du genre Pomacentrk, Cuv., dans la famille des Acanthoptérygiens sciénoïdcs. M. de Lacépède a décrit ce poisson deux fois; sous les noms : 1° iVIIulucentre diacunthe, et "l" de Pomacentre Paon. D. 2 Selon R(. Cuvier, des invidus secs de la Scolopside dit Vosmaer ou Liiljnn galon d'or de M. de Lace- pède ont vraisemblablement servi à établir l'espèce du Pomacentre cnnédactyle, qui ainsi devra être supprimé. D. 3 Pomacentre désigne la dentelure de l'opercule, pâma, en grec, signifiant opercule, et centron, pointe ou piquant. 4 Du genre Diacope, dans la famille des Acanthoptérygicns porcoïdcs, selon M. Cuvier. D. DES POISSONS. 567 centrus Suumiaiia, Lac. — Pomacentre Filament, Chtelodoii setifer, Bl., Cuv. ; Pomacentrus seli- fer, Lacep. — Pomacentre Faucille, Cliœtodon Falcula, Blocli, Cuv. ; Pomacentrus Falcula, Lac. — Pomacentre croissant, Chœtodon frontalis, Cuv. ; Pomacentrus Lunula, Lac. Nous allons indiquer quelques particularités relatives à'ces cinq pomacentres. Les eaux de la mer d'Arabie nourrissent les deux premiers, que Forskael a vus parmi les coraux qui bordent les rivages de cette mer. La couleur générale du burdi est écarlate, mais, dans plusieurs individus de cette espèce, elle est brune ou d'un rouge vif; et cette différence a paru assez constante à Forskael, pour qu'il admît dans l'espèce du burdi deux variétés permanentes reconnues d'ailleurs par les Arabes, qui nomment la première Belah, et la seconde iYo^en. Les taches bleues de l'une ou de l'autre de ces deux variétés sont bordées quelquefois d'un brun foncé ; ce qui leur donne quelque ressemblance avec une prunelle entourée de son iris. Les burdis ont presque tous au-dessus des yeux une tache composée de deux lignes qui, par leur position, représentent la lettre V. Leurs lèvres sont épaisses; la supérieure est extensible, mais plus courte que l'inférieure. Chaque narine n'a qu'un oiifice, et cette ouverture est tubulée; les écailles sont petites, striées et arrondies. La chair de ces pois- sons est agréable au goût. Le symman a de très-grands rapports avec le burdi : il est ordinairement d'un gris- brun ; Forskael a regardé comme une variété constante, les individus de cette espèce dont la couleur générale est bleuâtre avec des taches bleues, et comme une seconde variété, ceux qui montrent des taches d'un brun jaunâtre sur un fond d'un gris blanchâtre. Une sorte de bandeau noir bordé de blanc décore la tête du pomacentre filament, et passe sur chaque œil : des raies rouges traversent en différents sens les côtés de l'animal, dont la couleur générale est jaune; une raie noire borde l'extrémité de la caudale, de la nageoire du dos, et de celle de l'anus, qui sont couvertes presque en entier de petites écailles; le corps et la queue sont garnis d'écaillés un peu plus grandes que ces dernières, et, de plus, dentelées et très-fortes. La faucille n'a qu'un orifice à chaque narine. Sa tête, ses opercules, et ses nageoires du dos, de la queue et de l'anus, sont revêtus de petites écailles; celles qui couvrent le corps et la queue sont grandes, dures, dentelées et fortement attachées à la peau. Un appendice écailleux, allongé et triangulaire, est placé auprès de chaque thoracine, ainsi que sur le poisson précédent. La couleur générale est blanchâtre, et diversifiée par une bande noire et bordée de blanc qui passe sur chaque œil, par une bande semblable qui traverse la queue, par une raie noire, large ou étroite, qui termine la caudale, la dorsale, l'anale et les opercules, par dix ou onze bandes transversales, courbes, étroites et brunes, qui régnent sur chaque côté de l'animal, et enfin par un petit liséré noir que pré- sentent un grand nombre d'écaillés. Ce thoracin habite auprès de la côte de Coromandel. Nous avons donné le nom de Croissant, à un autre pomacentre dont nous avons trouvé la description dans les manuscrits de Commerson. Il montre une tache noire de chaque côté de la queue, une bande transversale noire sur la caudale, une raie noire à l'extré- mité de la dorsale et de l'anale, quelques raies longitudinales pourprées et placées sur le ventre, un iris verdâtre bordé de noir à l'extérieur et d'or à l'intérieur, une nuque élevée, un museau avancé, une lèvre supérieure extensible et plus courte que l'inférieure, une langue très-petite, un appendice membraneux et pointu à la seconde pièce de chaque opercule, et un autre appendice écailleux et allongé à côté de chaque thoracine. Nous n'avons rien trouvé, dans les manuscrits de Commerson, de relatif à la forme de la cau- dale. Si, contre notre présomption, cette nageoire est échancrée, le Croissant doit être placé dans le premier sous-genre des Pomacentres. CENT TRENTE-SIXIÈME GENRE. LES POMADASYS. Les dents petites, flexibles et mobiles, le corps et la queue très-comprimés, de petites écailles sur la dorsale ou sur d'autres nageoires, ou la hauteur du corps supérieure oudu moins égale à sa longueur, Pouvcrture de la bouche petite, le museau plus ou moins avancé, une dentelure et point de longs piquants aux opercules, deux nageoires dorsales. ESPÈCES. caractèhes. . p ( Onze rayons aiguillonnés à la première dorsale ; un rayon aiguillonné et quinze LE FOMADASYS < ravons articulés à la seconde; trois rayons aiguillonnés et huit rayons articulés à ARCEME. ^ la nageoire de l'anus; la caudale un peu fourchue; la couleur générale argentée. 368 HISTOIRE NATURELLE LE POMADASYS ARGEx\TÉ. Pristipoma argenteum, Cuv. ; Scitciia argcntea, Forsk., Linn., Gmel,; Pomadasys argenteus, Lac. i. Ajoutez aux traits présentés dans le tableau générique, deux raies élevées entre les narines, une première dorsale arrondie, une seconde allongée, des écailles ciliées, des taches noires sur le dos, des nuances rousses sur les Ihoracines ainsi que sur l'anale, et vous aurez une idée assez complète du pomadasys 2 argenté, que Forskael a vu auprès des rivages de la mer d'Arabie, et que nous avons cru devoir placer dans un genre parti- culier. CENT TRENTE-SEPTIÈME GENRE. LES P0MACANTHES5. Les dents petites, flexibles et mobiles, le corps et la queue très-comprimés, de petites écailles sur la dorsale ou sur d''autres nageoires, ou la hauteur du corps supérieure ou du moins égale à sa longueur, l'ouverture de la bouche petite, le museau plus ou moins avancé, un ou plusieurs longs piquants et point de dentelure aux opercules une seule nageoire dorsale. PREMIER SOUS-GENRE. La nageoire de la queue fourchue, ou échancrée en croissant. ESPÈCES. CARACTÈRES. . ^ p 1 Deux rayons aiguillonnés et quarante-quaire rayons articulés à la nageoire du dos ; 1. Le Fomacan- 1 {fQ\s rayons aiguillonnés et trente-trois rayons articulés à celle de l'anus; le THEORisoN. j troisième rayon de la dorsale très-long; la couleur générale grise. S Treize rayons aiguillonnés et quinze myons articulés à la dorsale; deux rayons aiguillonnés et quatorze rayons articulés à la nageoire de l'anus; la couleur THE s.\LE. i générale d'un gris sale ; quatre bandes transversales, larges, et d'une nuance ^'^ ^' SECOND SOUS GENRE. La nageoire de la queue rectiligne, ou arrondie sans échncrure. _ _ p ( Neuf rayons aiguillonnés et trente-quatre rayons articulés à la nageoire du dos; trois o. LE fOMACAN- » rayons aiguillonnés et vingt-deux ra3-ons articulés à l'anale; la caudale arrondie; TUE ARQUE. | ^-^'^^^ bandcs transversales, blauclies et arquées. . . p 1 Douze layons aiguillonnés et douze rayons articulés à la dorsale; deux rayons 4. Le Fomacan- | aiguillonnés et treize rayons articulés à la nageoire de l'anus; la caudale arrondie; THE DORE. I ]jj (.Qyigjjf, générale éclatante et dorée. ^ . p Douze rayons aiguillonnés à la nageoire du dos; cinq rayons aiguillonnés à celle a. Le fOMACAN- jg l'anus; la caudale arrondie; presque toute la surface de l'animal, d'un noir THE PARU. j^^,^ j^ nuances dorées. l Douze rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la dorsale; trois rayons 6. Le Pomacan- ) aiguillonnés et dix-neuf rayons articulés à l'anale ; la caudale arrondie; les THE ASFUR. \ écailIcs très-grandes et légèrement dentelées; la couleur générale noire ou ( bleuâtre. _ . p , ^ Six rayons aiguillonnés à la nageoire du dos; la caudale arrondie; la dorsale 7. Le 1 omacan- ! étendue depuis la nuque jusqu'à la caudale; la ligne latérale droite; la couleur THE JAUNATRE. ^ générale rclevéc par des baudcs jauucs. LE POMACANTHE GRISON. Hcniochus cornutus junior, Cuv.; Cba-todon cancscens, Linn., Gmel. ; Pomacanthuscanescens, Lac. 4. Le Pomacanthe sale, Glyphisodoii sordidus, Cuv.; Cliœtodon sordidus, Forsk., Linn., Gmel.; Poma- canlhus sordidus, Lac. Une double dentelure à la base des deux longs piquants du grison, et quelques raies noirâtres sur chaque côté de ce poisson, qui vit dans l'Amérique méridionale; Deux piquants à chaque opercule du pomacanthe sale; tles écailles larges, membra- neuses à leur bord, et un peu crénelées; la dorsale et l'anale arrondies du côté de la caudale qui est jaunâtre et distinguée par une tache noire; la couleur brune ou grisâtre des autres nageoires de ce thoracin, que Forskael a vu parmi les coraux des rivages de l'Arabie, et dont la chair est très-agréable au goût. Tels sont les traits nécessaires pour compléter la description des deux premières espèces du genre que nous examinons. \ M. Cuvier supprime le genre Pomadasys de M. de Lacépcde, et le rapporte à son genre Pristipome, dans la famille des Acantlioptérygiens sciénoïdes. D. 2 Ddni/s, en grec, signifie bérissc, et ^o/»a, opercule. D. nM. Cuvier conserve les Pomacanthes, mais comme sous-genre, dans le grand genre des Chétodons, de la famille des Acanlhoptérygiens squamipennes. A M. Cuvier regarde le Pomacanthe grison de M. de Lacépcde comme un jeune individu décoloré du Chélodon cornu du même auteur, qui pour lui est une espèce du sous-genre Cocher, HeniocUus, dans le grand genre des Chétobons (famille des Acantlioptérygiens squamipennes). D. J DES POISSONS. 369 LE POMACANTHE ARQUÉ. Pomacanthus armatus, Cuv.; Lac. ; Chœtodon armatus, Bl., Linn., Gmel, i. Le Pomacanthe doré, Pomacanthus aureus, Cuv., Lac; Chœtodon aureus, Bloch, Linn., GmeL — Pomacanthe Paru, Pomacanllius Paru, Cuv., Lac. ; Chœtodon Paru, BL, Linn., Gmel. — Poma- canthe Asfur, Pomacanthus Asfur, Cuv., Lacep.; Chœtodon Asfur, Linn, GmeL — Pomacanthe jau- nâtre, Pomacanthus lutescens, Lac. Dans les mers du Brésil vit le pomacanthe arqué, dont la couleur générale, mêlée de brun, de noir et de doré, renvoie, pour ainsi dire, des reflets soyeux, et fait ressortir les cinq bandes transversales et blanches, de manière à faire paraître l'animal revêtu de velours et orné de lames d'aryent. La première de ces bandes éclatantes et arquées entoure l'ouverture de la bouche; et l'extrémité de la caudale, qui est aussi d'un blanc très-pur, représente comme un sixième ruban argenté. Des points blancs marquent la ligne latérale. Les yeux sont placés très-près du commencement de la nageoire du dos, qui est un peu triangulaire, ainsi que celle de l'anus. Une partie de la circonférence de chaque écaille montre une dentelure profonde. La patrie de ce beau poisson est très-voisine de celle du doré, que l'on trouve dans la mer des Antilles, et dont la parure est encore plus magnifique que celle de l'arqué. L'ex- trémité de toutes les nageoires du pomacanthe doré resplendit d'un vert d'émeraude, qui se fond par des teintes très-variées avec l'or dont brille presque toute la surface du poisson; et ce mélange est d'autant plus agréable à l'œil, que ces nageoires sont très- grandes, surtout celles du dos et de l'anus, qui de plus se prolongent en forme de faux, et dont les premiers rayons articulés s'étendent bien au delà de la nageoire de la queue. Les Ihoracines sont d'ailleurs très-allongées. On voit sur la dorsale, l'anale et la cau- dale, un très-grand nombre de petites écailles, dures, et dentelées comme celles qui couvrent le corps et la queue. Chaque narine a deux orifices. Le paru n'offre, au contraire, qu'une ouverture à chacune de ses narines ; sa mâchoire inférieure est plus avancée que la supérieure; la dorsale et l'anale ont la forme d'une faux, et sont garnies d'écaillés chargées chacune d'un croissant d'or, de même que celles du corps et de la queue. On trouve le paru au Brésil, à la Jamaïque, et dans d'autres contrées de l'Amérique. Il y est bon à manger; et on l'y pêche au filet aussi bien qu'à l'hameçon. Les rivages de l'Arabie sont fréquentés par l'asfur, qui a sa dorsale et son anale en forme de faux, une bande transversale jaune, ou des raies obliques violettes, et la cau- dale rousse et bordée de noir. Le jaunâtre a été observé dans les eaux de la Jamaïque. CENT TRENTE-HUITIÈME GENRE. LES HOLACANTHES 2. Les dents petites, flexibles et mobiles , le corps et la queue très-comprimés, de petites écailles sur la dorsale ou sur d'autres nageoires^ ou la hauteur du corps supérieure ou du moins égale à sa longueur , Vouver- ture de la bouche petite , le museau plus ou moins avancé : mie dentelure et un ou plusieurs longs piquants à chaque opercule, une seule nageoire dorsale. PREMIER SOUS-GENRE. La nageoire de la queue fourchue, ou échancrée en croissant. ESPÈCES. CARACTÈRES. / Quatorze rayons aiguillonnes et dix-neuf rayons articulés à la nageoire du dos; . , ,„ , ) trois rayons aiguillonnes et dix-huit rayons articulés à la nageoire de l'anus; les '' ^^ S écailles dures, dentelées et bordées de rouge, ainsi que les nageoires et les pièces ( des opercules ; la couleur générale dorée ; la partie postérieure de l'animal d'un noir foncé. Huit rayons aiguillonnés à la dorsale; trois rayons aiguillonnés et onze rayons arti- „ y ,„ I culés à la nageoire de l'anus; le dessus de la tête et chaque écaille hérissés de ^ petites épines; la première et la troisième pièce de chaque opercule dentelées; la secondearmée de trois piquants; la couleur générale d'un rougeobscur; huitraies longitudinales et d'un rouge plus ou moins foncé de chaque côté de l'animal. Quinze rayons aiguillonnés et seize rayons articulés à la nageoire du dos; trois rayons aiguillonnés et vingt rayons articulés à l'anale ; le piquant de la première 3. L'HoLACANTHE ] pièce de chaque opercule très-long, et renfermé en partie dans une sorte de demi- LAMARCK. I gaine; les écailles arrondies, striées et dentelées ; la caudale en croissant ; la cou- / leur générale d'un jaune doré; trois raies longitudinales de chaque côté du pois- V son. 1 Du sous-genre Pomacanthe, dans le grand genre des Chétodons (famille des Acanthoptérygiens squamipennes), Cuv. D. 2 M. Cuvier conserve les Holacanthes de M. de Lacépède, mais comme sous-genre^ dans le grand genre Chœtodon, de la famille des Acanthoptérygiens squamipennes. D. TRICOLOR. ATAJA. 570 HISTOIRE NATURELLE ESPECES. i. L'IIOLACANTHE ANKEAU. S. L'HOLACANTHE CILiER. 6. L'H0L\CAMHE EMPEREUR. 7. L'HOLACAMBE DLC. 8. L'HOLACAMnE BICOLOR. 9. L'flOLACAMHE ML'LAT. 10. L'HOLACAN- THE ARL'SET. H. L'HOLACAN- TIIE DEUX PI- QUA^TS. 12. L'HOLACAN- TUE GÉOMÉTRIQUE \ 13. L'HOI-ACAN- TDE JAUNE ET NOIR \ SECOND SOUS-GENRE, La nageoire de la queue recliligne ou arrondie, sans cchancrnre. CARACTÈRES. Quatorze rayons aiguillonnes et vingt-sept rayons articulés à la nageoire du dos ; trois rayons aiguillonnés et vingt cinq rayons articulés à celle de l'anus; la cau- dale presque rectiligne : la couleur générale brunâtre ; six raies longituJinalcs et courbes d'un bleu clair; un anneau de la même couleur au-dessus de chaque opercule. Quatorze rayons aiguillonnés et vingt et un rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguillonnes et dix-neuf rayons articulés à la nageoire de l'anus ; la cau- dale arrondie; chaque écaille chargée de stries longitudinales qui se terminent par des filaments semblables à des cils ; la couleur générale grise; un anneau noir au-devant de la nageoire du dos. Quatorze rayons aiguillonnés et vingt rayons articulés à la dorsale, trois rayons aiguillonnés et vingt rayons articulés à l'anale, la caudale arrondie, la couleur générale jaune, vingt-quatre ou vingt-cinq raies longitudinales, un peu obliques et bleues. Quatorze rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à la nageoire du dos, sept rayons aiguillonnés et quatorze rayons articulés à la nageoire de l'anus, la cau- dale arrondie, deux orifices à chaque narine, la couleur générale blanchâtre, huit ou neuf bandes transversales, bleues et bordées de brun. Quinze rayons aiguillonnés et vingt rayons articulés à la dorsale, trois rayons aiguil- lonnés et quinze rayons articulés à la nageoire de l'anus, la caudale arrondie, la partie antérieure de l'animal, l'extrémité de la queue et la caudale blanches, Itresque tout le reste de la surface du poisson, d'un violet mêlé de rouge et de irun. Douze rayons aiguillonnés et dix-sept rayons articulés à la nageoire du dos, trois rayons aiguillonnés et dix-huit rayons articulés à la nageoire de l'anus, la cau- dale arrondie, la couleur générale d'un brun noirâtre, la tète, la poitrine et la caudale blanches ou blanchâtres, une bande transversale noirâtre au-dessus de chaque œil. Douze rayons aiguillonnés et vingt-deux rayons articulés à la nageoire du dos, trois rayons aiguillonnés et vingt et un rayons articulés à l'anale, la caudale arrondie, la couleur générale grise, des bandes bleues et transversales, une bande transver- sale et dorée vers le milieu de la longueur totale de l'animal. Dix rayons aiguillonnés et dix-sept rayons articulés à la nageoire du dos, deux rayons aiguillonnés et quinze rayons articulés à la nageoire de l'anus, la caudale arrondie, deux piquants auprès de chaque œil, la couleur générale bleue, trois bandes transversales rouges, très-étroites et très-éloignées l'une l'autre. Quatorze rayons aiguillonnés et vingt et un rayons articulés à la dorsale, trois rayons aiguillonnés et vingt et un rayons articulés à la nageoire de l'anus, trois rayons à la membrane branchiale, la caudale arrondie, plusieurs cercles concen- triques et blancs auprès de l'extrémité de la queue, d'autres cercles également blancs sur les nageoires de l'anus et du dos. Douze rayons aiguillonnés et vingt-deux rayons articulés à la dorsale, trois rayons aiguillonnés et dix-neuf rayons articulés à l'anale, trois rayons à la membrane branchiale, la caudale arrondie, la couleur générale jaunâtre, sept bandes noires et très-courbes de chaque côté de l'animal. L'HOLACANTHE TRICOLOR. Holacanthus tricolor. Lac, Cuv. ; Chœtodon tricolor, Bl. j. L'Holacanthe, Ataja, Holacanthus Alaja, Laccp.; Sciœna rubra, Forsk., Lin., Gmel, — H ol acanthe Lamarck, HolacaïUlius Lamarck, Lac, Cuv, Des trois couleurs que présente le premier de ces holacanlhes,le rouge et le jaune res- plendissent comme des rangs de rubis ou de grenats pressés les uns contre les autres sur une étoile d'or; cl le noir, par son intensité et ses rellets soyeux, ressemble à un velours noir placé à côté d'un drap d'or pour le faire ressortir. Indépendamment des distributions de ces trois nuances, que le tableau générique indique, une raie noire entoure l'ouverture de la bouche; et le grand piquant que l'on remarque à la première pièce de chaque opercule, est peint d'un rouge vif. Ce beau poisson, dont le prince Maurice de Nassau a laissé un dessin fidèle, et Duhamel une figure assez imparfaite, se trouve dans la mer du Brésil, ainsi qu'auprès de Cuba et de la Guadeloupe. Les orifices de ses narines sonldoubles; son dos est caréné; sa formegénérale allongée; et ses nageoires du dos et de l'anus sont si couvertes d'ècailles, qu'elles n'ont presque pas de flexibilité. 1 Du sous-genre Holacanthe, dans le grand genre Cuétodon, de la famille des Acanthoptérygiens squamipennes. D. o O f — I O ?3 b o I — I f— I l-H o I — i r DES POISSONS. 571 L'ataja, dont la mer d'Arabie est la patrie, a chacun de ses yeux entouré d'une sorte de cercle de substance dure, dentelée, et garni d'aiguillons; sa lèvre supérieure est exten- sible; deux raies rouges s'étendent sur sa dorsale; ses thoracines sont blanches sur leur bord extérieur et noires sur leur bord intérieur. La caudale cstjaunàtredanssonmilieu ; peut-être ne présenle-t-elle pas d'échancrure : si cette nageoire n'en montre pas, l'ataja devrait être inscrit parmi les holacanlhes du second sous-genre. Nous dédions à notre savant confrère M. de Lamarck, professeur d'histoire naturelle au Jardin des plantes, et membre de l'Institut national, le troisième des holacanthes dont il est question dans cet article. Ce poisson a la mâchoire inférieure plus avancée que la supé- rieure, et de très-petites taches noires sur la nageoire de la queue. Un individu de cette espèce que les naturalistes ne connaissent pas encore, faisait partie de la collection hollandaise, acquise par la France. L'HOLACANTHE ANNEAU. Holacanthus annularis, Lac, Cuv.; Chtetodon annularis, BI., Linn., Gmel. i. L'Hocalanlhe cilier , Holacanthus ciliaris, Lacep. , Cuv.; HolacaiUlius coronalus , Desm. ; Cliœtodon ciliaris, Linn., Gmel. — Holacanthe Empereur, Holacanltius Imperator, Lacep., Cuv.; Ciiaelodon Imperator, Blocli, Linn., Gmel, — Holacanthe Duc, Holacanliius Dux, Lacep., Cuv.; Chœloclon Dux, Linn., Gm. ; Cfieelodon diacanlhus, Bodd.; Chœlodon Boddaerlii, Gmel. ; Acanlhopodus Bod- daerlii, Lac. — Holacanthe bicolor, Holacanthus bicolor, Lac, Cuv.; Chœlodon bicolor, BI., Linn., Gmel. — Holacanthe Mulat, Holacanthus mesoleucus, Lac, Cuv. ; Chselodon mesoleucus, BI. ; Chœlodon mesomelas, Linn., Gmel. — Holacanthe Aruset, Holacanthus Aruset, Lac. ; Chœ- lodon macuiosus, Linn., Gmel. — Holacanthe deux-piquants, Premnas Irifascialus, Cuv. ; Chœlo- don biaculealus, BI.; Holacanthus biaculealus, et Holocenirus Sonnerai, Lac.;Luljanus irifascialus BI., Schn. — Holacanthe géoinélrique, Holacanthus geomelricus, Lacep., Cuv.; Chœlodon nico- barcensis, BI., Schn. — Holacanthe jaune et noir, Chœlodon Meyeri, BI., Schn., Cuv. ; Holacanthus flavo-niger. Lac. On a péché dans les Indes orientales l'holacanthe anneau, dont la chair est très-tendre. Chacune de ses narines a deux orifices. Ses pectorales, ses thoracines et sa caudale sont blanches ; sa dorsale est noirâtre ; et son anale noire avec une bordure bleue. Le cilier se nourrit de petits crabes; son estomac est grand; son canal intestinal très- long, et plusieurs fois recourbé; son foie divisé en deux lobes; et sa vessie natatoire forte, et attachée aux deux côtés l'animal. Ce poisson a d'ailleurs deux ouvertures à chaque narine; un grand piquant et deux petits aiguillons à chaque opercule; et presque toutes les nageoires borbées de brun. L'holacanthe empereur vit dans la mer du Japon; sa chair est souvent beaucoup plus grasse que celle de nos saumons; son goût est très-agréable; les habitants de plusieurs contrées des Indes orientales assurent même que sa saveur est préférable à celle de tous les poissons que l'on trouve dans les mêmes eaux que cet holacanthe; et il se vend d'au- tant plus cher qu'il est très-rare. Il est d'ailleurs remarquable par la vivacité de ses cou- leurs et la beauté de leurs distributions. On croirait voir de beaux saphirs arrangés avec goût et brillant d'un doux éclat, sur des lames d'or très-polies ; une teinte d'azur entoure chaque œil, borde chaque pièce des opercules, et colore le long piquant dont chacun de ces opercules est armé. On compte deux orifices à l'une et à l'autre des deux narines. La dorsale ainsi que l'anale sont couvertes d'un si grand nombre d'écaillés presque sembla- bles à celles de la tête, du corps et de la queue, qu'elles présentent une épaisseur et sur- tout une roideur très-grandes; ces deux nageoires sont de plus arrondies par derrière. Le duc a la même patrie que l'empereur. Des raies bleues sont placées autour de chaque œil, ainsi que sur la nageoire de l'anus; et une bordure azurée paraît à l'extrémité de la nageoire du dos. Les deux Indes nourrissent le bicolor, dont le nom indique le nombre des couleurs qui composent sa parure. L'argent et le pourpre le décorent; et ces deux nuances, distribuées par grandes places, et opposées l'une à l'autre, presque sans tons intermédiaires, donnent beaucoup d'éclat à sa surface. Les eaux du Japon sont celles dans lesquelles on a découvert le mulat, qui n'a qu'un orifice à chaque narine, non plus que le bicolor, et dont la dorsale, l'anale, les opercules et la tête sont revêtus de petites écailles. i Du sous-genre Holacanthe, dans le grand genre Chétodon, de la famille des Acanthoptcrygiens squamipennes. M. Cuvier, dans la première édition du Règne animal, le plaçait parmi les Pomacan- thes. D. 372 HISTOIRE NATURELLE On doit remarquer sur l'aruset de la mer d'Arabie les écailles striées et dentelées, la dorsale, qui se termine en forme de faux, et la caudale, dont la couleur grise est relevée par des taches jaunes et arrondies. L'holacanthe deux piquants a le corps plus allongé que la plupart des autres poissons de son genre; chaque narine ne présente qu'un orifice; la dorsale est échancrée; les nageoires sont, en général, d'un gris mêlé de jaune. On l'a vu dans les Indes orientales. Nous avons tiré le nom du géométrique, de la régularité des figures blanches répandues sur sa surface. On peut compter quehiuefois, de chaque côté de l'animal, jusqu'à huit cercles concentriques, dont les quatre intérieurs sont entiers; six ou sept bandes blan- ches et sinueuses paraissent d'ailleurs au-dessus de la léte et des opercules; de petites écailles couvrent les nageoires du dos, de la queue et de l'anus; et une demi-gaine mem- braneuse garnit le dessous du piquant allongé de l'opercule. Le jaune et noir a la base de sa dorsale, de sa caudale et de son anale, chargée de peti- tes écailles, et la mâchoire inférieure plus avancée que celle d'en haut. CENT TRENTE-NEUVIÈME GENRE. LES ÉNOPLOSES l. Les dents petites, flexibles et mobiles, le corps et lu queue très-comprimés, de très -petites écailles sur lu dorsale ou sur d'autres nageoires, ou la hauteur du corps supérieure ou du moins égale à sa longueur, l'ouverture delà bouche petite, le museau plus ou moins uvancé, tme dentelure et un ou plusieurs piquants à chaque opercule, deux nageoires dorsales. ESPÈCE. CARACTÈRES. 1 rnyons très-long; I Six rayons aiguillonnés à la nageoire du dos ; le troisième de ces ra; ^ la mâchoire supérieure plus avancée que l'inférieure; la lèvre d"^.. 1 sible ; la poitrine très-grosse; sept bandes transversales d'un noir pourpré très- { foncé. L'ENOPLOSE WHJTE. Enoplosus armatus, Lac, Cuv. ; Chœtodon armatus, John \Vhite2. Nous dédions à M. White, chirurgien anglais, ce poisson, décrit dans la relation du voyage de cet observateur dans la Nouvelle-Galles méridionale. Le nom générique d Lnoplose, que nous donnons à ce thoracin, et qui vient du mot grec é'voTrios (anné) dési- gne la dentelure et les piquants de ses opercules, ainsi que les rayons aiguillonnés de sa première dorsale. La couleur gcnérale de cet osseux est d'un blanc bleuâtre et argenté, ses nageoires sont presque toutes d'un brun pâle; et la longueur de l'individu, dont on voit la figure dans l'ouvrage de M. While, élait d'un décimètre ou environ. CENT QUARANTIÈME GENRE. LES GLYPHISODONS 5. Les dents crénelées ou découpées, le corps et la queue t>-ès-co)nprimés, de très-petites écailles sur la dor- sale ou sur d'autres nageoires, ou la hauteur du corps supérieure ou du moins égale à sa longueur, l'ouverture delà bouche petite, le museau plus ou moins avancé, une nageoire dorsale. ESPÈCES. CARACTÈRES. . y P ( Treize rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la dorsale; trois rayons " " ^ aii;uillonnéset dix rayons articulés à la nageoire de l'anus : la caudale fourchue; DON MOUCHARRA. J i "•,•-■ "^ • il. il- ' I deux orilices a chaijuc narine ; cinq bandes transversales et noires. a j f i Dix-huit rayons aiguilloniK'S et liuit rayons arlicuk's à la nageoire du dos, douze ' rayons aiguillonnés et huit rayons arlicuh's à Celle de l'anus, la caudale en crois- sant, un seul orifice à cha(|ue narine. DON KAKAITSEL. i M. Cuvier, en adoptant le genre Enoplose de M. de Lacépède, ne le considère néanmoins que comme un sous-genre de son genre \pro>, Aspi-o, dans la famille des Acanlhoptérygiens percoïdes. D. 2 Voir la note précédente. D. 5 M. Ciivicr ado|)le le genre Glypiiisouo.n de M. de Lacépède, mais il n'admet qu'une seule des deux espèces que ce naturaliste y a placies. D'ailleurs il fait voir que les caractères de ce genre se rappor- tent à des poissons que M. de Lacépède a rangés avec les Chélodons, tels que les C. sordidus, mai-gi- natus, Mnuritii, bengalensis f't suralensis. Il décrit beaucoup d'espèces nouvelles dans le genre rii.YPiii- 80D0N, qu'il rapporte à la l'amilli' des Acanlhoptérygiens sciénoïdcs. D. DES POISSONS. 57Ô LE GLYPHISODON MOUCHARRA. Glyphisodon saxatilis, Cuv.; Glyphisodon Moucharra, Lac; Chœtodon saxatilis, Linn., Gmel.; Chaeto- don marginatus, et Chœtodoii Mauritii, Bl., Lac; Cliaetodon sargoides, Lacep. i. Le Glyphisodon Kakaiisel, Eiroplus maculatus, Cuv. ; Chselodon maculatus, Bl. ; Glyphisodon Kakait- sel, Lac. a. Le moucharra vit dans l'ancien et dans le nouveau continent. On le trouve dans les eaux du Brésil, de l'Arabie et des Indes orientales. Il ne quitte guère le fond de la mer. Il y habite au milieu des coraux, et s'y nourrit de petits polypes. Comme il ne parvient ordinairement qu'à une longueur de deux décimètres, qu'il est très-difficile de le prendre à cause de la profondeur de son asile, et que sa chair est dure, coriace, et peu agréable au goût, quoique très-blanche, il est peu recherché par les pêcheurs. Sa parure n'attire pas d'ailleurs les regards. Sa couleur générale est blanchâtre et terne; et toutes ses nageoires sont d'un gris noirâtre. Il a le corps un peu allongé et épais, l'extrémité de la queue très-basse, la ligne latérale interrompue, de petites écailles sur la base de la caudale, de la dorsale, et de la nageoire de l'anus. Le glyphisodon kakaiisel ne se plaît pas au milieu delà mer; mais il est, comme le moucharra, commun aux deux continents. On le pêche dans les eaux douces de Surinam, aussi bien que dans les étangs de la côte de Coromandel. Il y multiplie beaucoup; mais comme il renferme une grande quantité d'arêtes, on dit qu'il n'y a que les nègres qui en mangent. Chacune de ses écailles brille comme une lame d'or. Une tache grande, ronde, noire, et cinq ou six autres taches très-foncées, sont placées sur chacun de ses côtés. CENT QUARANTE ET UNIÈME GENRE. LES ACANTHURESr.. Le corps et la queue très-comprimés ; de très-petites écailles sur la dorsale ou sur d'autres nageoires, ou lu hauteur du corps supérieure ou du moins égale à sa longueur, Vouverture de la bouche petite, le museau plus ou moins avancé, une nageoire dorsale, tm ou plusieurs piquants de chaque côté de la queue. ESPÈCES. CARACTÈRES. Quatorze rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la nageoire du dos ; trois i rayons aiguillonnés et dix-sept rayons articulés à la nageoire de l'anus; un L AcANTHURE ; piquant long, fort et recourbé de chaque côté de la queue, la caudale en crois- sant; la couleur générale jaune ; cinq bandes transversales, étroites et violettes, de chaque côté de la queue. Neuf rayons aiguillonnes et vingt-trois rayons articulés à la nageoire du dos; trois 2. L'AcAMHURE l rayons aiguillonnés et vingt rayons articulés à celle de l'anus; trois rayons à la ZÈBRE. 1 membrane branchiale ; la caudale en croissant ; le sommet de chaque dent décou- pe, la couleur générale verdâtre, cinq ou six bandes transversales, noirâtres. Neuf rayons aiguillonnés et vingt-sept rayons articulés à la dorsale, trois rayons . aiguillonnés et ving-quatre rayons articulés à la nageoire de l'anus ; quatre L AcANTHURE ) rayous à la membrane branchiale ; la caudale en croissant ; le sommet de chaque dent, plus large que la base, et dentelé; la couleur'générale noirâtre; point de taches, de bandes, ni de raies. Trois rayons aiguillonnés et vingt-huit rayons articulés à la nageoire du dos; deux , . rayons aiguillonnés et vingt rayons articulés à l'anale; la caudale en croissant; L AcANTHURE 1 j^^ dQ^sale et la nageoire de l'anus très-grandes et arrondies par derrière; la cou- voiLiER. \ leur générale d'un brun mêlé de rougeâtre; plusieurs rangées longitudinales de points bleus sur l'anale et sur la nageoire du dos. Quatre rayons aiguillonnés et trente rayons articulés à la dorsale; trois rayons i aiguillonnés et vingt-trois rayons articulés à la nageoire de l'anus ; cinq rayons 5. L AcANTHURE ) à la membrane branchiale ; la caudale en croissant ; quatre ou cinq découpures THEUTHis. j gy sommet de chaque dent; la peau tuberculeuse et chagrinée; des bandes l transversales, étroites et rapprochées. l Neuf rayons aiguillonnés et vingt-sept rayons articulés à la nageoire du dos ; trois 6. L'AcANTHURE ) rayous aiguillonués et viugt-six ravons articulés à l'anale ; les dents découpées à RAYÉ. ) leur sommet, et placées sur un seul rang; plusieurs raies longitudinales, étroites ( et blanches, de chaque côté de l'animal. 1 M. Cuvier fait d'abord remarquer que le nom de Moucharra est à tort donné à ce poisson : il appar- tient à une espèce de sargue. Ce glyphisodon auquel il faut rapporter principalement le Chœtodon saxatilis de Linnée,a été décrit quatre fois par M. de Lacépède,sous les noms : 1" de Glyphisodon mou- charra, 2° de Chétodon bordé, ô" de Chétodon Maurice, i" de Chéiodon sargoïde. D. 2 Du genre Etrople, Etroplus, dans la famille des Acanthoptérygiens sciénoïdcs. D. 3 Le genre AcANTHURE est adopté par M. Cuvier, et placé par lui dans la famille des Acanthoptéry- giens theutyes. D. Lacépède. — tome m, 2V CHlRCRlilEN. >'OIRAUD. 574 HISTOIRE NATURELLE L'ACANTHURE CHIRURGIEN. Acanthurus Chirurgus, Lac, Cuv. ; Chfctodon Cliirurgus, Bl., Linn., Gmpl. t< L'Acanthurc Zèbre, Acantliurus Iriostcgus, Cuv. ; Acanlliurus Zébra, cl Chaclodoii Zcbra, Lac. ; Chœ- lodun triostegus, Brouss., Linn., Gmel. — Acantlmrenoiratid, Acanthurus nigricans, Lac; Acan- thurus glauco-pari'ius, Cuv.; ChiXlodon nigricans, Linn. — Acanthure voilier, Acanthurus vclifer, Lacep., Cuv., Bloch. — Acantliure Tlieuthis, .Acanthurus Thcutiiis, Lac, Cuv. ; Tiicuthis hepatus, Linn., Gm. — Acanthure rayé, Acanthurus lineatus, Linn., Cuv. ; Ciisctodon lineatus, Linn., Gmel. Encore des poissons armés d'une manière remarquable! Il en est donc de l'histoire naturelle comme de l'histoire civile : on ne peut la parcourir qu'en ayant sous les yeux la nature inventant sans cesse, comme l'art, des moyens de blesser et de détruire. La terre est jonciiée d'instruments de mort créés par la nature, plus nombreux peut-être que les traits meurtriers forgés par l'homme. Mais, à la honte de l'espèce humaine, des passions furieuses et implacables ont, sans nécessité, armé pour l'attaque le bias de l'homme, qui n'aurait dû porter que des armes défensives, et que des graines substan- tielles et des fruits savoureux auraient rendu plus sain, plus fort et plus heureux, tandis que, dans la nature, le fort n'est condamné à la guerre oll'ensive que pour satisfaire des besoins impérieux imposés par son organisation, et le faible n'est jamais sans asile, sans ruse, ou sans défense. Les acanthures sont un exemple de ce secours compensateur donné à la faiblesse. Leur taille est petite ; leurs muscles ne peuvent opposer que peu d'efforts ; ils succomberaient dans presque tous les combats qu'ils sont obligés de soutenir : mais plusieurs dards leur ont été donnés; ces aiguillons sont longs, gros et crochus; ils sont placés sur le côté de la queue; et comme cette queue est très-mobile, ils ont, lorsqu'ils frappent, toute la force qu'une grande vitesse peut donner à une petite masse. Ils per- cent par leur pointe, ils coupent par leur tranchant, ils déchirent par leur crochet; et ce tranchant, ce crochet et cette pointe sont toujours d'autant plus aigus ou acérés, qu'aucun frottement inutile ne les use, qu'ils ne sont redressés que lorsqu'ils doivent protéger la vie du poisson, et que l'animal, qu'aucun danger n'effraie, les tient inclinés vers la tète, et couchés dans une fossette longitudinale, de manière qu'ils n'en dépassent pas les bords. Indépendamment de ces piquants redoutables pour leurs ennemis, presque tous les acanthures ont une ou plusieurs rangées de dents fortes, solides, élargies à leur sommet, et découpées dans leur partie supérieure, au point de limer les corps durs et de déchirer] facilement les substances molles. Leurs aiguillons pénètrent d'ailleurs très-avant à cause de leur longueur; il parvien- nent jusqu'aux vaisseaux veineux et même quelquefois jusqu'aux artériels ; ils font couler j le sang en abondance; et c'est ce qui a engagé à nommer le Chirwgien l'une de ces espèces] le plus anciennement connues. Ce chirurgien, que les naturalistes ont inscrit jusqu'à présent parmi les chétodons,avecj presque tous les autres acanthures, mais qui dillcre beaucoup, ainsi que ces derniers [ animaux, des véritable? chétodons, vit dans la mer des Antilles, où sa chair est recher- chée à cause de son bon goût. Sa mâchoire supérieure est un plus avancée que l'infé- rieure. Chaque narine n'a qu'un orilice. La télé est variée de violet et de noir; le ventre bleuâtre; l'anale violette comme les pectorales et les thoracines, et de plus rayée dej jaune ; l'extrémité de la caudale violette ; et la dorsale marbrée de jaune et de violet. Le zèbre, qu'il ne faut pas confondre avec un chétodon du même nom, vit dans le^ grand Océan équiiioxial, ainsi <|ue dans l'archipel des Grandes Indes; il a les écailles pcliics, la langue cl le jialais lisses, le gosier enlouré de trois osselets hérissés de petites dénis, l'opercule composé de deux pièces, et les thoracines blanchâtres. On trouve le noiraud au Brésil, dans la mer d'Arabie, et dans les Indes orientales; il y croit jusqu'à la longueur de six ou sept décimètres; on le pèche au filet et à l'hameçon; il se nourrit de petits crabes, ainsi que d'animaux à coquille; et sa chair est ferme et agréable au goût. Son foie est jaune, long et gros; l'estomac très-allongé; le canal intestinal large, trés- recourbé, et composé d'une membrane épaisse; la cavité de l'abdomen assez grande pour parvenir jusque vers le milieu de la nageoire de l'anus; l'ovaire formé par une sorte de sac unique et courbé ; et la vessie natatoire attachée au dos. Plusieurs individus de cette espèce n'ont montré qu'un piquant de chaque côté de la 1 Du genre Acanthure, dans la famille des Acanthoptcrygiens th eutyes. D. I I DES POISSONS. 375 queue; mais Hasselquist et quelques autres observateurs en ont compté deux sur chaque face latérale de la queue d'autres individus. Ce second piquant est peut-être une marque du sexe, ou un attribut de l'âge; ou peut-être faut-il dire que l'aiguillon de chaque côté de la queue tombe à certaines époques, et ne se détache quelquefois de la peau de l'ani- mal, que lorsque le dard qui doit le remplacer est presque entièrement développé. Chaque narine n'a qu'un orifice; les écailles sont petites; on aperçoit des nuances blanches ou grises sur plusieurs nageoires. On doit remarquer sur l'acanthure voilier, les petites taches irrégulières et roussâtres du museau et des environs de la base des pectorales ; les deux bandes tranversales fon- cées, les deux bandes plus étroites et jaunes, et les dix ou onze bandes violettes qui s'étendent sur chaque côté de l'animal; les taches noires qui forment trois arcs sur la caudale; la bordure blanche de cette nageoire; et la couleur jaune des thoracines et des pectorales. Nous avons déjà dit que nous ne pouvions pas admettre le genre Theuthis, quoique établi par Linnée. Des deux espèces que l'on avait inscrites dans ce genre, la seconde est notre chétodon tacheté; la première est un véritable acanthure, auquel nous donnons le nom spécifique de Theuthis, pour changer le moins possible sa dénomination. Lorsque nous avons eu le plaisir de voir à Paris feu le célèbre professeur Bloch de Berlin, et qu'en lui montrant la riche collection de poissons du Muséum national, nous lui avons fait part de quelques-unes de nos idées sur l'ichthyologie, il a été entièrement de notre avis relativement à la supression de ce genre Theuthis, qu'il n'avait, dit-il, jamais voulu comprendre dans sa classification. L'acanthure qui portera le nom que l'on avait donné à ce genre, est péché dans les eaux d'Amboine, ainsi qu'à la Caroline. Son museau est avancé; ses dents sont fortes, et placées sur un seul rang; la hauteur de la dorsale égale la longueur du front. Les écailles du rayé sont raboteuses; il habite dans les Indes orientales et dans l'Amé- rique méridionale. CENT QUARANTE-DEUXIÈME GENRE. LES ASPISURES 1. Le corps et la queue très-comprimés; dp, très-petites écailles sur la dorsale ou sur d'autres nageoires, ou la hauteur du coi'ps supérieure ou du moins égale à sa longueur, ^ouverture de la bouche petite, le museau plus ou moins avancé, une nageoire dorsale, une plaque dure en forme de petit bouclier, de chaque côté de la queue. ESPÈCE. CARACTÈRES. l Huit rayons aiguillonnés et trente et un rayons articulés à la dorsale ; trois rayons I aiguillonnés et vingt-neuf rayons articulés à la nageoire de l'anus ; la caudale 1 en croissant; la couleur générale brune; des raies longitudinales violettes. L'ASPISURE SOHAR. L'ASPISURE 2 SOHAR. Acanthurus Sohal, Cuv. ; Chœtodon. Sohar, Forsk., Linn., Gmel. ; Aspisurus Sohar, Lac. Ce poisson vit dans la mer d'Arabie; il s'y tient auprès des rivages, et se nourrit, dit- on, des débris de corps organisés qu'il trouve dans la vase déposée au fond des eaux. Ses dents sont cependant festonnées à leursommet;et sa longueur est ordinairement assez considérable. L'espèce de fossette dans laquelle on voit, de chaque côté de la queue, une sorte de plaque ou de bouclier osseux, brille souvent d'une belle couleur rouge; les nageoires sont épaisses et violettes; une tache jaune est placée sur chaque pectorale. CENT QUARANTE-TROISIÈME GENRE. LES ACÂNTHOPODES 3. Le corps et la queue très-comprimés ; de très-petites écailles sur la dorsale ou sur d'' autres nageoires, ou 1 M. Cuvier n'adopte pas ce genre, il le réunit à celui des Acanthures, de la famille des Acanthop- térygiens theutyes. D. 2 Aspis, en grec, signifie bouclier, et wo, queue. 5 M. Cuvier croit pouvoir réunir sous le nom de Psettus, créé par Commerson, les ylcan^/topode*, les 3Ionodactyles, \(is Centropodes de Lacépède, et quelques Centrogaslères de Gmelin; et il place ce genre Psettus dans la famille des Acanthoptérygiens squamipennes. Parmi les Psettus, les uns ont le corps beaucoup plus élevé que long. Ex. ; Psettus Ssbœ, Cuv. ; Chœt. rhombeus, Bl., Schn., Séb. III, XXVI, 21. — Ps. rhombeus. Cuv. ; Scomber rhombeus, Forsk. •,C'introgaster rhombeus, Gmel ; Centrojiode Mowiôoïda^, Lac. Les autres sont de forme ronde ou ovale. Ex.; Psettus Commersonii, Cnv.] Monodac- tyle falciforme, qui pourrait bien ne pas différer du Chœlodon argenteus OJ Acanthopode falciforme. Lac. D. 84. 57G HISTOIRE NATURELLE la hauteur du corps supérieure ou du moins égale à sa lonnueur; l'ouverture de la bouche petite ; le museau p/us ou moins avance; une nageoire dorsale ; un ou deux piquants à la place de chaque lliora- rinp. CIW. ESPÈCES. CVnACTÈnES. 1. L'AcANTno- rODE AnCtNTÉ. L( r\ n A \< 1 C 11 r. 0 * Huit rnyons nis"illoiinps et trontc-trois rnyons nrticulps à la nngooire du dos; trois inyoïis aiguiiloimcs et trente-cinq rayons articulés à celle de l'anus; la caudale fourchue; la couleur générale argentée. 2. L ACANTHO- T\ 1 11 . 1 1 •• { Des bandes brunes et bleuâtres PODE DODUAEnT. j L'ACANTIIOPODE ARGENTÉ. Psettus Commersonii, Cuv. ; Acanlhopodns argpnteus, iMonodactylus falciformis, Lac; Chaetodon argenlcus, Linn., Gmel. i. ET L'ACANTIIOPODE BODDAERT. Ilolacanlhus Dux, Laccp., Cuv.; Chœtodon fasciatus, Bl. ; Cliselodon Dux, et Chaetodon Boddaertii, Linn., Gmel. 2. On trouve, dans la mer des Indes, l'argenté décrit par Linnée, et ensuite par le pro- fessiHir Boniiaterre, qui en a vu un individu dans le cabinet de mon célèbre collègtie M. do JiissiiMi. Les écailles dont ce poisson est revêtu sont lisses et brillantes; la dorsale ainsi que l'aiialo écliancrécs en forme de faux; les trois premiers rayons de la nageoire du dos beaucoup plus courts que les autres; et les yeux couleur de sang. f Le boddaert porte le nom du savant naturaliste qui l'a fait connaître. CENT QUARANTE-QUATRIÈME GENRE. LES SÉLÉNESû. L'ensrmhle du poisson très-comprimé, et présentant de chaque calé la forme fZ'i/n pentaqone ou d'un télra- (jone; la ligne du front presque verticale; la dislance du plus haut de la. nuque aii-drssus du museau^ égale an vioins à celle de la gorge à la nageoire de ranHs;dcux nageoires dorsales: un ou plusieurs piquants enire les deux dorsales, les premiers rayons delà seconde nageoire du dos s'ctendant au moins au delà de Vexlrémité de la queue. PREMIER SOUS-GENRE. La nageoire de la queue, fourchue, ou écliancrce en croissant, ESPÈCES. CAUACTÈUES. \ I Quatre rayons aiguillonnés à la première nageoire du dos; dix-sept rayons à la 1. La Sélène j seconde; dix-liuit rayons à la nageoire de l'anus ; Tcxtrémité de la queue, cylin- ^ ARGENTÉE. \ d liquc, ct prolongée au milieu de la caudale, qui est très-fourchue; la couleur ( générale argentée. SECOND SOUS-GENRE. La nageoire de la queue rectiligne , ou arrondie, ct sans échancrure. g - Cé " • l Q^'T^'C ou cinq pi([uanls entre chaque nagt-oirc dorsale; l'extrémité de la queue! A OEI.ENE 1 cyliiulri(|uo; la caudale rectiligne; la partie postérieure du poisson terminée en QUAonANGULAïuE. j \^j,xxi et cu Las, par un angle presque droit; la couleur générale cendrée. LA SÉLÈNE ARGENTÉE. Argyreyo?us Vomer, Cuv. ; Abacatuia, Marcgr. ; Selene argcntea, Lacep. 4. Plumier a laissé un beau dessin de ce poisson dont aucun naturaliste n'a encore publié la description, et dont la figure se trouve dans les peintures sur vélin du Muséum d'his- toire naturelle. On a comparé sa forme générale à celle d'un disque ou de la lune; et voilà pourquoi on lui a donné, dans l'Amérique méridionale, et dans quchpies autres contrées du nouveau continent, le nom de Lune que rajipelle la dénomination générique de 5f?/<'//e s, par laquelle nous le désignons. Néanmoins cette forme générale n'est pas celle d'un dis- que; elle ne ressemble à celle de la lune que lorsque l'animal est vu de loin ; elle est celle d'un véritable pcnlagone; et celle figure est d'aulant plus remarquable, qu'un des côtés de ce pentagone termine la partie antérieure du dos, qui dés lors est rectiligne, au 1 V. la note 5 de la page précédente. D. 2 Du sous-genre n(n.\(:v>TiiE, dans le grand genre CitÉTODON, Cuv., (famille des Acanthoptérygiens squiinii|)(ini(s). M. de i^accpède a dicril deux fois ce poisson : \« sous le nom d'IIolacanthe duc] "!<> sous celui iXWcanliiOpodi- Hoddaert. D. 5 M. Cuvier supprime le genre Sélùne, qui est formé de deux espèces, dont il rattache l'une au sous- genre AncvnETOSE dans le genre Voi-mkh (Acantliop. scombéroïdes), ct l'autre au sous-genre Cavalier, Epliippns, dans le grand genre Chétouon (Acantliop. squamipennes). D. * Selon M. Cuvier, la Sètè.ne argentée n'est qu'un Arggrcgose vomer, ou .^iara^itm de Marcgrave, dont la première dorsale ct les ventrales étaient usées. Voyez la note 3 ci-avant. D. 0 Sélène, en grec, signifie /une. DES POISSONS. 377 lieu d'être plus ou moins courbé dans le sens de la tête à la queue, comme le dos de presque tous les poissons. L'ouverture de la bouche n'est pas grande; on ne voit à cha- que narine qu'un orifice, lequel est très-allongé; l'œil est gros, et la prunelle large; la première dorsale petite et triangulaire; la seconde très-étendue et en forme de faux, ainsi que l'anale, dont les premiers rayons sont cependant moins longs que ceux de la seconde nageoire du dos. Les pectorales sont grandes et un peu en forme de faux; mais chaque thoracine est très-petite. L'opercule n'est composé que d'une seule lame; la ligne lalèrale s'élève et se recourbe beaucoup ensuite. Les écailles qui revêtent l'animal ne sont que très-diflicilement visibles; et néanmoins toute sa surface brille, au milieu des eaux, d'un éclat argenté et doux, assez semblable à celui de la lune dont il porte le nom. L'iiis res- plendit comme une belle topaze, des reflets verdâtres et violets paraissent sur toutes les nageoires, LA SÉLÈNE QUADRANGULAIRE. Ephippus Faber, Cuv. ; Chœtodon Faber, Brouss., Bl., Lac. ; Chaetodon Plumieri, BL? Zeus quadra- tus, Linn., GmeL; Selene quadrangularis, Lac. i. Sloane a décrit et fait représenter ce poisson dans l'Histoire natitrelle de la Jamaïque. Ce thoracin a été inscrit jusqu'à présent dans le genre des Zées; mais il est évident qu'il appartient à celui des Sélènes que nous avons cru devoir établir, et qu'il ne présente pas les caractères qui doivent distinguer les véritables zées. La longueur de la sélène quadrangulaire est de cinq pouces anglais, et sa hauteur de quatre; la figure que chacun de ses côtés présente, est bien indiquée par le nom spéci- fique qu'elle porte. L'ouverture de sa bouche est très-petite; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure, et garnie, comme cette dernière, d'une rangée de dents cour- tes et menues; la langue arrondie dans une partie de son contour, et cartilagineuse; la première dorsale très-étroite, et longue d'un pouce et demi anglais; la seconde triangu- laire; la nageoire de l'anus égale par son étendue, semblable par sa forme, et analogue par sa position, à cette seconde nageoire du dos ; la ligne latérale très-courbée ; et la cou- leur générale relevée par trois ou quatre bandes obliques et noires. CENT QUARANTE-CINQUIÈME GENRE. LES ARGYRÉIOSES. Le co7-ps et la queue très-comprimés, une seule nageoire dorsale; plusieurs rayons de cette nageoire ter- minés pur des filaments très-longs, ou plusieurs piquants le long de chaque côté de la nageoire du dos, tune membrane verticale placée transversalement au-dessous de la lèvre su périeure , les écailles très-petites, les thoracines très-allongées, des aiguillons au-devant de la nageoire du dos et de celle de Vanus. ESPÈCE, CARACTÈRES. 1 'A„o„„^,«„,. C Onze rayons aiguillonnés et vinct et un rayons articulés à la dorsale ; un ra}-on L ARGYREIOSE \ ■ .,,*' ' i'-' • . .'^ 1 ' > 1 • j n j • -Il < aiguillonne et vin2;t rayons articules a la nageoire de ianus; aeu.\ aiguillons ( au-devant de l'anale et de la nageoire du dos; la caudale fourchue. L'ARGYRÉIOSE VOMER. Argyreiosus Vomer, Lac, Cuv. ; Abacatuia, Marcg. ; Zeus Vomer, Linn. 2. Les eaux chaudes du Brésil, et les eaux froides qui baignent la Norwége, nourrissent également cet argyréiose; et c'est une nouvelle preuve de ce que nous avons dit, lorsque nous avons exposé, dans un Discours particulier, les elîets de l'art de l'homme sur la nature des poissons. La grande différence qui sépare le climat glacial de la Norwége et le climat brûlant du Brésil, n'influe pas même d'une manière très-sensible sur les indi- vidus de cette espèce d'argyréiose vomer. Leurs formes sont semblables dans l'hémis- phère nord et dans l'émisphère austral. Us sont, et près du pôle arctique, et près du tro- pique du capricorne, également parés d'une belle couleur argentine répandue sur pres- que toute leur surface, et rendue plus agréable par un beau bleu étendu sur toutes leurs nageoires; seulement des reflets d'azur ondulent au milieu des teintes d'ai-gent des vo- mers du Brésil, pendant que des tons de pourpre distinguent ceux de la Norwége. Les uns et les autres se nourissent de crabes et d'animaux à coquilles ; et comme ils 1 M.Cuvier regarde ce poisson comme ne différant pas de son Ephippus Faber, c'est-à-dire qu'il le place dans le sous-genre Cavalier, l'un de ceu.ic du grand genre Cuétodon (famille des Acanthoptéry- giens squamipennes). D. 2 Du sous-genre Augyreiose , dans le grand genre Vomer de M. Cuvier. Famille des Acanthoptcry- giens scombéroïdes. D, 378 HISTOIRE NATURELLE trouvent en très-grande abondance de ces crustacés et de ces mollusques sur les rives de la Norwége, aussi bien que sur celles du Brésil, ils vivent avec une égale facilité dans les mers de ces deux contrées. Ils y parviennent à la même longueur, qui est celle de quinze ou seize centimètres. Leurs muscles sont peu volumineux; leur chair est de bon goût en Europe et en Amérique; et leurs habitudes étant semblables dans l'ancien et dans le nou- veau continent, on y emploie les mêmes procédés pour les pêcher : on les prend non-seu- lement au filet, mais encore à l'hameçon. Au reste, tous les vomers ont la dorsale deux fois découpée, et l'anale une fois échan- crée en forme de faux; le second rayon de l'anale, et surtout le second et le troisième rayon de la nageoire du dos, assez prolongés pour dépasser les pointes de la caudale ; des thoracines dont la longueur égale celle du corps et de la queue pris ensemble; des écailles très-diflicilemenl visibles; la nuque et le dos très-élevés; la mâchoire inférieure plus longue que celle d'en haut, et garnie, comme cette dernière, de dents petites et poin- tues; un seul orifice à chaque narine; et la ligne latérale très-courbée. On remarquera aisément les rapports qui lient le vomer avec la sélène argentée, et d'après lesquels les habitants du Brésil ont donné le nom vulgaire de Guaperva à ces deux animaux. CENT QUARANTE-SIXIÈME GENRE. LES ZÉES. Le corps et la queue très-comprimés; des dents aux mâchoires; une seule nageoire dorsale, plusieurs rayons de celte nageoire terminés par des filaments très-longs, ou plusieurs piquants le long de chaque côté de la nageoire du dos, une membrane verticale placée ti'ansversalement au-dessous de la lèvre supé- rieure, les écailles très-petites, point d'aiguillons au-devant de la nageoire du dos, ni de celle de Vanus. PREMIER SOUS-GENRE. La nageoire de la queue fourchue, ou échancrée en croissant. ESPÈCES. CARACTÈRES. . i Trente rayons à la nageoire du dos; dix-neuf à celle de l'anus; six rayons de la ■RioNTs- î nageoire du dos, et six rayons de l'anale, terminés chacun par un filament capil- j lairc très-délié, et beaucoup plus long que la tête, le corps et la queue pris en- ' semble; les thoracines plus longues que le corps; la couleur générale argentée. i Vingt-quatre rayons à la dorsale ; a ingt rayons à la nageoire de l'anus ; une rangée 2. ^ d'aiguillons de chaque côté de la nageoire du dos ; l'ouverture de la bouche très- Le Zék rusé. i petite ; le museau prenant une forme cylindrique, à la volonté de l'animal ; la f couleur générale argentée. SECOND SOUS-GENRE. La nageoire de la queue, rectiligne, ou arrondie, et sans échancrure. ! Trente-deux rayons à la dorsale; vingt-six à l'anale; un long filament à chacun des rayons de la nageoire du dos, depuis le second jusqu'au huitième inclusive- ment; une rangée longitudinale d'aiguillons, de chaque côté de la dorsale; la caudale arrondie ; la dorsale et l'anale Irès-cchancrées ; une tache noire et ronde sur chaque côté de l'animal. LE ZÉE LONGS-CHEVEUX. BIcpharis ciliaris, Cuv.; Zeus ciliaris, Linn., El. Lac. i. ET LE ZÉE RUSÉ. Equula insidiatrix, Cuv.; Zeus insidiator, Linn., Bl., Lac. 2. L'éclat que répand le zée longs-cheveux est très-doux à l'œil, parce que les écailles qui revêlent ce poisson ne pouvant être vues que dillicilement, ses nuances argentées ne sont pas réfléchies par des lames dures, larges et polies, qui renvoient avec vivacité et les cou- leurs et la lumière : mais ses teintes sont belles et riches; chaque opercule présente des reflets dorés; et cet or ainsi que cet argent sont comme encadrés par une distribution aussi noble que gracieuse, au milieu d'un violet foncé et bien fondu qui règne sur toutes les nageoires. La mâchoire inférieure est plus avancée que la supérieure; chaque narine montre deux orifices; deux plaques forment chaque opercule; la ligne latérale est très-courbe près de la tête, et ensuite très-droite. i Du sous-genre Blepharis, dans le genre Vomeb, Cuv. Famille des Acanthoptérygiens scombé- roïdes. D. â Du sous-genrc EyuuLA, duiis le genre Vomeh, Cuv. Famille des Acanthoptérygiens scombé- roïdes. D. Le Zée longs cheveux DES POISSONS. 379 Mais ce que l'on doit particulièrement remarquer dans la conformation de ce zée, ce sont l'excessive longueur et la ténuité des filaments qui terminent plusieurs rayons de ses nageoires du dos et de l'anus. Ces filaments si déliés ne peuvent servir ni à ses mouve- ments, ni à sa défense; mais je ne serais pas surpris quand on apprendrait, par quelque voyageur, qu'ils ont influé sur les habitudes de ce poisson, au point de rendre ses mœurs très-dignes de l'observation du physicien. Il est probable que ce zée, qui ne peut pas employer beaucoup de force pour vaincre sa proie, ni peut-être une grande vitesse pour l'atteindre, à cause de la grande hauteur et de la petite épaisseur de son corps, qui doivent rendre sa natation pénible, a recours à la ruse que ses filaments lui rendent très-facile. On pourrait croire que, par le moyen de ces longs appendices qu'il roule autour des plantes aquatiques et des petites saillies des rochers, il se maintient dans un état de repos qui lui permet de dérober aisément sa présence à de petits poissons, surtout lorsqu'il est à demi caché par les végétaux ou les différents corps derrière lesquels il se place, et que, posté ainsi en embuscade, il emploie une partie de ces mêmes filaments comme plusieurs osseux ou cartilagineux se servent des leurs, à tromper les poissons trop jeunes et trop imprudents, qui, prenant ces fils agités en différents sens pour des vers marins ou fluvia- tiles, se jettent sur ces prolongations animées, et se précipitent, pour ainsi dire, dans la gueule de leur ennemi. Cette conjecture est en quelque sorte confirmée par ce que nous savons déjà de la manière de vivre du zée rusé, que l'on trouve à Surate, comme le longs cheveux. Le rusé mérite en effet, par ses petites manœuvres, le nom spécifique qui lui a été donné. Il offre, dans les eaux douces de la côte de Malabar, des habitudes très-analogues à celles du cotte insidiateur, du spare trompeur, du chétodon soufllet, et du chétodon museau-allongé; et cette ressemblance provient de la conformation particulière de son museau, laquelle a beaucoup de rapports avec celle de la bouche des quatre poissons chasseurs que nous venons de nommer. La mâchoire inférieure du zée rusé s'élève dans une direction presque droite; lorsque l'animal la baisse pour ouvrir la bouche, elle entraîne en en-bas la mâchoire supérieure, et le museau est changé en une sorte de long cylindre, à l'extrémité duquel paraît l'ouver- ture de la bouche, qui est très-petite, et qui par ce mouvement se trouve descendue au-dessous du point qu'elle occupait. Cette ouverture reprend sa première place, lorsque l'animal, retirant vers le haut sa mâchoire supérieure, relève l'inférieure, l'applique con- tre celle d'en haut, fait disparaître la forme cylindrique du museau, et ferme entièrement sa bouche. Ce cylindre allongé, que l'animal forme toutes les fois et aussi vite qu'il le veut, lui sert de petit instrument pour jeter de petites gouttes d'eau sur les insectes qui volent auprès de la surface des lacs ou des rivières, et qui, ne pouvant plus se soutenir sur des ailes mouillées, tombent et deviennent sa proie. Chacun des opercules du rusé est d'ailleurs composé de deux pièces: sa dorsale peut être pliée et cachée dans une fossette longitudinale, que bordent les deux rangées d'aiguil- lons indiquées sur le tableau du genre. Ce zée paraît revêtu, sur toute sa surface, d'une feuille d'argent qui présente des taches noires et irrégulières sur le dos, et de petits points noirs sur les côtés ; sa chair est grasse ainsi qu'agréable au goût et lorsqu'on veut le pren- dre à l'hameçon on garnit cet instrument d'insectes ailés. Les peintures chinoises que l'on conserve dans la bibliothèque du Muséum national d'histoire naturelle, offrent la figure d'un zée qui peut-être forme une espèce particulière, et peut-être n'est qu'une variété du rusé. Il paraît en différer par trois caractères : une anale beaucoup plus longue; un rayon de chaque Ihoracine Irès-allongé; et une ligne latérale non interrompue. LE ZÉE FORGERON. Zeus Faber, Linn., BL, Lac. Cuv. i. Ce zée se trouve dans l'Océan Atlantique et dans la Méditerranée. Dès le temps d'Ovide, il avait été observé dans cette dernière mer; Pline savait que, très-recherché par les pêcheurs de l'Océan, ce poisson était depuis très-longtemps préféré à presque tous les autres par les citoyens de Cadix; et Columelle, qui était de cette ville, et qui a écrit avant Pline, indique le nom de Zee comme donné très-anciennement à ce thoracin. Cet auteur connaissait, ainsi que Pline, le nom de Forgeron, que l'on avait employé pour cet osseux, 1 Du sous-genre Dorée, Zeus, dans le grand genre Vomer, de la famille des Acanthoptérygiens scora- bdroïdes, Cuv. D. 580 HISTOIRE NATURELLE parliculièrement sur le rivage de la mer Atlantique, et que nous lui avons conserve avec Linnée, et plusieurs autres naturalistes modernes. Dans des temps bien postérieurs à ceux d'Ovide, de Columelle et de Pline, des idées très-diiïérentes de celles qui occupaient ces illustres Romains, firent imaginer aux habi- tants de Rome, que le zée, dont nous donnons une notice, était le même animal qu'un poisson fameux dans l'histoire de Pierre, le premier apôtre de Jésus, et que tous les indi- vidus de cette espèce n'avaient sur chacun de leurs côtés une tache ronde et noire que parce que les doigts du prince des apôtres s'étaient appliqués sur un endroit analogue, lorsqu'il avait pris un de ces zées pour obéir aux ordres de son maître; et comme les opinions les plus extraordinaires sont celles qui se répandent le plus vite et qui durent pendant le plus de temps, on donne encore de nos jours, sur plusieurs côtes delà Méditer- ranée, le nom de Poisson de saint Pierre au zée forgeron. Les Grecs modernes l'appellent aussi Poisson de saint Christophe, à cause d'une de leurs légendes pieuses, que l'on ne doit pas s'attendre à trouver dans un ouvrage sur les sciences naturelles. Maisil est résulté de cette sorte de dédicace, que leforgeron a été observéavec plus desoin, et beaucoup plus tôt connu que plusieurs autres poissons. Il parvient communément à la longueur de quatre ou cinq décimètres; et il pèse alors cinq ou six kilogrammes. Il se nourrit des poissons timides qu'il poursuit auprès des rivages, lorsqu'ils viennent y pondre ou y féconder leurs œufs. Il est si vorace, qu'il se jette avec avidité et sans aucun discernement sur toutes sortes d'appâts; et l'espèce d'audace qui accompagne cette voracité ne doit pas étonner dans un zée qui, indépendamment des dimensions de sa bouche, et du nombre ainsi que de la force de ses dents, a une rangée longitudinale de piquants non-seulement de chaque côté de la dorsale, mais encore à droite et à gauche de la nageoire de l'anus. D'ailleurs ces aiguillons sont très-durs, et les sept ou huit derniers sont doubles. Les huit ou neuf pre- miers piquants de la nageoire du dos peuvent être considérés de chaque côté comme des apophyses des rayons aiguillonnés de cette nageoire; et les deux rangs d'aiguillons recour- bés et contigus qui accompagnent la partie antérieure de l'anale, se prolongent jusqu'à la gorge en garnissant le dessous du corps, de deux lames dentelées comme celle d'une scie. A toutes ces armes le forgeron réunit encore deux pointes dures et aiguës, qui partent de la base de chaque pectorale, et se dirigent verticalement, la plus courte vers le dos, et la plus longue vers l'anus. La mâchoire inférieure est plus avancée que la supérieure; celle-ci peut s'étendre à la volonté de l'animal. Les yeux sont gros et rapprochés; les narines ont de grands orifices, les branchies une large ouverture, et les opercules chacun deux lames; les écailles sont très-minces. L'ensemble du poisson ressemblant un peu à un disque, au moins si l'on en retranchait le museau et la caudale, il n'est pas surprenant qu'on l'ait comparé à une roue, et qu'on ait donné le nom de Rondelle à l'animal. Sa couleur générale est mêlée de peu de vert et de beaucoup d'or, et voilà pourquoi il a été appelé Doré, mais sa parure, quoique très- riche, paraît enfumée; des teintes noires occupent le dos, la partie antérieure de la nageoire de l'anus; ainsi que de la dorsale, le museau, quelques portions de la tète; et c'est ce qui a fait nommer ce zée Forgeron. Ses pectorales, ses thoracines, la partie postérieure de la nageoire du dos, et celle de l'anale, sont grises ; et la caudale est grise avec des raies jaunes ou dorées. L'estomac est petit, le canal intestinal très-sinueux, l'ovaire double, ainsi que la laite. On compte trente et une vertèbres à l'épine du dos. La charpente osseuse, excepté les par- ties solides de la tête, a les plus grands rapports avec celle des pleuroncctes, dont nous allons nous occuper; et cette analogie a été particulièrement remarquée par le savant professeur Schneider. De même que quelques balistes, quelques cottes, quelques trigles et d'autres poissons, le Forgeron peut comprimer assez rapidement ses organes intérieurs, pour que des gaz violemment pressés sortent par les ouvertures branchiales, froissent les opercules, et produisent un léger bruissement. Cette sorte de bruit a été comparée à un grognement, et a fait donner le nom de Truie au zée dont nous parlons. CENT QUARANTE-SEPTIÈME GENRE. LES GALS. Le corps et lu queue h-cscomprintês, des dénis aux mùcUotres, deux nageoires dorsales, plusieurs rayons de Vune de ces nageoires terminés par des filaments très-longs, ou plusieurs piquants le long de chaque DES POISSONS. 381 côlé des nageoires du dos, une membrane verticale placée Irayisversalement au-dessous de la lèvre supé- rieure, les écailles très-petites, point d'aiguillons au-devant de la première ni de la seconde dorsale, ni de la nageoire de l'anus. nSPÈCE. CARACTÈRES. Le Gal verdv- ( ^^P' rayons aiguillonnés à la première nageoire du dos; cette dorsale très-basse ; ji^g " < dix-sept rayons à la seconde; quinze rayons à la nageoire de l'anus; la caudale ( fourchue; la couleur générale verdàtre. LE GAL VERDATRE. Gallus virescens, Lac, Cuv.; Zcus Gallus, Linn., Bl. 1. Dans quelles mers ne se trouve pas ce gai verdàlre? On l'a vu au Brésil, à la Jamaïque, aux Antilles, auprès du Groenland, dans les Indes orienlales, dans la Méditerranée. Sous Ions ces climals si différents, et même si opposés, il présente les mêmes habitudes, les mêmes formes, les mêmes couleurs, les mêmes dimensions. Il offre ordinairement, dans toutes les eaux salées qui le nourrissent, une longueur de près de deux décimètres. Il recherche les très-petits poissons, et les vers ou les insectes qui habitent au fond ou à la sur- face de l'Océan. Il fait entendre, suivant Pison, un bruissement semblable à celui du zée forgeron. Sa chair est de bon goût. Ses écailles ne peuvent être vues que très-difficilement, tant elles sont petites. Chaque narine a deux orifices. La nuque est très-relevée et un peu bombée. La ligne latérale s'élève, se courbe, descend, se recourbe de nouveau, et va ensuite très-directement jusqu'à la nageoire de la queue. Les nageoires sont d'un beau vert; et les côtés, d'un argenté brillant. CENT QUARANTE-HUITIÈME GENRE. LES CHRYSOTOSES. Le corps et la queue très-comprimés, la plus grande hauteur de l'animal, égale ou presque égale à la lon- gueur du corps et de la queue pris ensemble, poiiU de dents aux mâchoires, une seule nageoire dorsale, les écailles très-petites, point d'aiguillon au-devant de la nageoire du dos, ni de celle de l'anus, plus de huit rayons à chaque thoracine. ESPÈCE. CARACTÈRES. Le Chysotose ( '^^ "^ deux rayons aiguillonnés et quarante-six rayons articulés à la dorsale ; un < rayon aiguillonné et trente-cinq rayons articulés à la nageoire de l'anus ; la cau- ( dale fourchue ; la couleur générale dorée. LE CIIRYSOTOSE LUNE. Lampris guttatus, Retzius, Cuv.; Chrysotosus Luna, Lac; Zeus Luna, Linn., Gnael.; Zeus regius, Bonnat. 3. C'est un grand et magnifique poisson que ce chrysotose, que Duhamel et Pennant ont décrit, et que le professeur Gmelin, ainsi que le professeur Bonnalerre, ont inscrit dans le genre des zées, mais qui n'appartient pas à ce genre, et qui n'est encore qu'imparfaite- ment connu. Un individu de cette superbe espèce, très-bien conservé dans le 3Iuséum d'histoire naturelle, et qui pourrait bien être celui sur lequel Duhamel a fait sa descrip- tion, nous a présenté tous les traits dislinclifs de ce beau chrysotose. Ce poisson osseux a beaucoup de rapports avec le cartilagineux auquel nous avons conservé le nom de Diodon Lune, mais, indépendamment d'autres grandes différences qui l'en séparent, il ne réfléchit pas les mêmes nuances. Lorsqu'il resplendit auprès de la surface de la mer, il ne renvoie pas une lumière argentine comme celle de la lune; il brille de l'éclat de l'or : et c'est au disque solaire plutôt qu'à celui de l'astre des nuits, qu'il aurait fallu comparer la surface richement décorée qu'offre chacun de ses côtés. Plusieurs reflets d'azur, d'un vert clair et d'argent, se jouent sur ce fond doré, au milieu d'un grand nombi-e de taches couleur de perle ou de saphir; les nageoires sont du rouge le plus vif, et c'est ce qui a fait dire à un observateur, que l'on devrait regarder ce chrysotose comme un seigneur de la cour de Neptune, en habit de gala 4. Lorsque ce poisson lune parvient à des dimensions très-étendues, et par exemple lorsqu'il a soixante-six centimètres de hauteur (sans y comprendre les nageoires du dos et de 1 Du sous-genre Gal, dans le grand genre Vomer de M. Cuvier. Famille des Acanthoptérygiens scom- béroïdcs. D. 2 Le nom générique de Chrysotose vient du mot grec xp^'^ozog, qui signifie doré. 3 Du sous-genre Lampris, dans le grand genre Vomer, Cuv. Famille des Acanthoptérygiens scombé- roïdes. D. 4, Note manuscrite envoyée à Guénaud de Montbelliard, et que BufTon, à qui il l'avait remise, m'a donnée dans le temps. 582 HISTOIRE NATURELLE l'anus) sur dix ou onze décimètres de longueur totale, ainsi que l'individu du Muséum d'histoire nalurelle, il pèse près de vingt kilogrammes. On ne distingue pas, sur cet individu du Muséum, de ligne latérale; la lèvre supérieure était extensible; la mâchoire inférieure est plus longue que la supérieure; la dorsale est en forme de faux; l'extrémité de la queue, très-basse et cylindri(iuc, s'avance au milieu de la base de la caudale; les écailles sont unies; ou n'en voit pas sur les opercules; les yeux sont ronds, gros et saillants. On ne rencontre que très-rarement les chrysotoses lunes. Lorsqu'on en montra un à Dieppe, il y a i)lusieurs années, les plus anciens pêcheurs voyaient cette espèce pour la première fois. Les individus que les naturalistes ont observés, avaient été pris sur les côles françaises ou anglaises de l'Océan Atlantique. Il parait cependant que le chrysotose que nous décrivons habite aussi dans les mers de la Chine; nous avons cru en effet recon- naître u«e variété de cette Lune, dans une des peintures chinoises qui font partie de la collection du Muséum d'histoire naturelle. CENT QUARANTE-NEUVIÈME GENRE. LES CAPROS. Le corps et lu queue très -comprimés et très-hauts^ point de dents aux mâchoires , deux nag noires dorsales , les écailles très-petites , point d'aiguillons au-devant de la première ni de la seconde dorsale, ni de la na- geoire de Canus. ESPÈCES. . CARACTÈRES. j f, , [ Neuf rayons à la première nageoire du dos ; vingt-trois à la seconde ; trois rsyons Le Lapros sa>'- ) aiguillonnés et dix-sept rayons articulés à la nageoire de l'anus; la caudale sans ^^^^^- ( échancrure. LE CAPROS SANGLIER. Capros Aper, Lac, Cuv.; Zeus Aper, Linn. , Bloch. i. La mer qui baigne les rivages de la Ligurie et ceux de la campagne de Rome, nourrit ce poisson, que l'on n'y péchait cependant que très-rarement du temps de Rondelet. Ce thoracin a le museau avancé, un peu cylindrique, terminé par une ouvertui-e assez petite et par une lèvre supérieure facile à étendre, ce qui donne à cette partie de la tète quelque ressemblance avec le groin d'un cochon ou d'un sanglier; et cette analogie l'a fait dési- gner par le nom spéciliquc que nous avons conservé, ainsi que par celui de Capros, qui, en grec, signifie sanglier ou verrat, et dont nous avons fait son nom générique. D'ailleurs les écailles dont ce poisson est revêtu, sont frangées sur leurs bords; et l'on n'a pas manqué de trouver un assez grand rapport entre les brins écailleux de ces franges et les soies du cochon. La ligne latérale de ce capros est très-courbée et même ondulée; sa couleur générale paraît rougeâtre; l'extrémité de sa caudale est peinte d'un rouge de minium. Au reste, on le recherche d'autant moins, que sa chair est dure, et répand quelquefois une mauvaise odeur. CENT CINQUANTIÈME GENRE. LES PLELRONECTES. Les deux yeux du même côté de la tête. PREMIER SOUS-GENRE. Les deux yeux à droite, la caudale fourchue, on échancrée en croissant. ESPÈCES. CARACTÈRES. 1. Le Pleuro- ( Cent sept rayons à la nageoire du dos; quatre vingt-deux à celle de l'anus ; la cau- »ECTB FLÉTAN. ( dulc Cil croïssaut; la couleur du côté droit, grise ou noirâtre. I Soixante-six rayons à la dorsale; soixante et un rayons à la nageoire de l'anus ; la caudale un peu ccliancrée en croissant; les écailles dures et dentelées; la li- gne latérale |)artant de l'origine de la dorsale, entourant la pectorale en demi- cercle, et allant ensuite directement jusqu'à la caudale. SECOND SOUS-GENRE. Les deux yeux à droite, la caudale rectilirjne ou arrondie, et non échancrée. •3 -t n ■ ( Q'i!Jt''c-vingt-un rayons à la na|jcoire du dos; soixante et un à l'anale; la caudale 3. Le Fleuro- \ arrondie, la dorsale étendue jusqu'au bout du museau; la mâchoire supérieure NECTE SOLE. | plus avaucéc quc l'inféricure ; le corps ct la queue allongés. 1 Du sons genre Capros, dans le grand genre Vomer de M. Cuvier, Famille des Acanthoptérygicns scombéroïdcs. D. DES POISSONS. 385 F.SPECRS. i. Le Pleuro- NECTE PLIE. 5. Le Pleuro- necte flez. 6. Le Pleuro- necte flyndre, 7. Le Pleuro- necte pôle. 8. Le Pleuro- necte languette. 9. Le Pleuro- necte glacial. 10. Le Pleuro- necte iiman- DELLE. CARACTERES. Soixante-huit rayons à la nageoire du dos; cinquante-quatre à celle de l'anus; la caudale arrondie; cinq ou six cminences sur la partie antérieure de la ligne laté- rale ; les écailles minces et molles ; le côté droit marbré de brun et de gris, avec des taches orangées. Î Cinquante-neuf rayons à la nageoire du dos ; quarante-quatre à l'anale; la caudale arrondie; un très-grand nombre de petits piquants sur presque toute la surface du poisson. (Quatre-vingt-neuf rayons à la dorsale ; soixanteet onze à l'anale; la caudale arron- die; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure; la ligne latérale ) droite; les écailles grandes et rudes ; le côté droit d'un gris cendré, avec des ta- ^ ches brunes ou rougeâtres. ) Cent douze rayons à la nageoire du dos ; cent deux rayons à la nageoire de l'anus ; la caudale arrondie ; les écai côté droit d'un rouge brun les ovales, molles et lisses; les dents obtuses; le Soixante-huit rayons à la dorsale; cinquante-cinq à la nageoire de l'anus; la cau- dale arrondie; les dents aiguës ; l'anus situé sur le côté gauche ; les écailles ru- des; la nageoire du dos étendue presque jusqu'à l'extrémité du museau. Cinquante-six rayons à la nageoire du dos; trente-neuf à l'anale; la caudale arron- die; les deux côtés du corps et de la queue doux au toucher; les rayons du milieu de la dorsale et de la nageoire de l'anus, hérissés de très-petits piquants; une proéminence osseuse et rude auprès des yeux; le côté droit brunâtre. Quatre-vingts rayons à la nageoire du dos ; les dents obtuses ; les écailles arrondies et lisses; les lèvres grosses ; l'ouverture de la bouche petite ; la caudale presque rectiligne; le côté droit d'un brun clair, avec des taches blanches, et des taches d'un brun foncé. La nageoire du dos ne commençant qu'au delà de la nuque; cette nageoire très- basse jusque vers le milieu de la longueur totale du poisson ; vingt-trois ou vingt- quatre aiguillons gros et courts, placés le long du côté gauche de la partie anté- rieure de cette nageoire; d'autres aiguillons semblables situés le long du côté gauche de la partie antérieure de l'anale; la caudale très-grande, très-distincte de l'anale et de la dorsale, arrondie, et presque en forme de fer de lance; le côté droit de l'animal, d'une couleur brune, avec des points noirs arrangés en quin- conce. Soixante-dix-neuf rayons à la nageoire du dos, soixante-trois à celle de l'anus; la caudale arrondie en forme de fer de lance, et très-séparée de l'anale et de la dor- sale; le corps et la queue très-allongés; la ligne latérale large et droite dans tout son cours; les écailles grandes et dentelées; le côté droit d'un brun jaunâtre, et sans taches, ni bandes, ni raies. Le corps et la queue allongés; les pectorales rectilignes; la dorsale et l'anale plus hautes vers la caudale que vers la tête; les écailles très-difllciles à voir, et très- adhérentes à la peau ; de sept à neuf taches grandes, rondes et noirâtres, sur le côté droit. Soixante-six rayons à la dorsale ; cinquante-cinq à la nageoire de l'anus ; trois rayons à chaque pectorale ; quatre taches rondes, noires et bordées de blanc, sur le côté droit; une bandelette noire sur la queue. Cinquante-trois rayons à la nageoire du dos; quarante-trois à l'anale; quatre rayons à la pectorale droite ; celle de gauche très-petite; les écailles rudes, le côté droit brun, avec des taches noirâtres. TROISIÈME SOUS-GENRE. Les deux yeux à droite, la caudale pointue, et réunie avec la nageoire du dos et celle de l'anus. Quatre-vingt-un rayons à la dorsale; quarante-huit à la nageoire de l'anus; quatre rayons à chaque pectorale; le corps et la queue très-allongés; la ligne latérale droite; le côté droit blanchâtre, avec des bandes transversales brunes très-lon- gues, réunies ou rapprochées deux à deux. I Le corps et la queue allongés; les écailles un peu rudes; le côté droit grisâtre. Le corps et la queue allongés ; la mâchoire supérieure plus avancée que l'inférieure; * " ■ •• ' 1 •■ le côté droit arcenté. 11. Le Pleuro- necte chinois. 12. Le Pleuro- nectelimandoïde 13. Le Pleuro- necte pégouse. li. Le Plecro- NECTE OEILLÉ. 13. Le Pleuro- nectetriodac- TYLE. 16. Le Pleuro- necte zèbre, 17. Le Pleuro- NECTE PLAGIEUSE. 18. Le Pleuro- NECTE argenté. la ligne latérale droite ; 19. Le Pleuro- necte turbot. 20. Le Pleuro- nkcte carrelet. 21. Le Pleuro- >'ecte targeur. QUATRIEME SOUS-GENRE. Les deux yeux à gauche, la caudale rectiligne, ou arrondie, et sans échancrure. Soixante-sept rayons à la nageoire du dos; quarante-six à la nageoire de l'anus; la caudale arrondie; le côté gauche parsemé de tubercules osseux, un peu larges à leur base, et pointus. Soixante et onze rayons à la dorsale ; cinquante-sept à la nageoire de l'anus; la cau- dale arrondie ; l'ouverture de la bouche assez grande, et arquée de chaque côté; la hauteur totale du corps presque égale à la longueur totale de l'animal ; les écailles ovales et unies; la ligne latérale d'abord très-courbée, et ensuite droite ; le côté gauche marbré de brun et de jaunâtre, ou de rougeâtre. Quatre-vingt-neuf rayons à la nageoire du dos; soixante-huit à celle de l'anus; la caudale arrondie ; la hauteur du corps très-grande; les écailles dentelées; le côté gauche parsemé de points rouges, et de taches noires, rondes, ou irrégulières. 384 niSTOIRE NATURELLE ESPÈCES. 22. Le PLEino- NECTE DENTÉ. 23. Le Pleuro- ^ecte moikeau. 2i. Le Pr.Ecno- KECTE PAPILLEUX. 2j. Le Pleiro- necte argus. 26. Lf Pleiro- nfctf. japonais. 27. Le Pleuro- nectecalimam)e. 28. Le Pleiro- necte grandes- écailles. 29. Le Plei'ro- ^■fcte commer- SO.NNIEN. CARACTÈRES. Quatre-vingt-six rayons à la dors3le: soixante-six à la nageoire de l'anus; la cau- dale aiTondii? ; les rayons de cette dernière nageoire garnis d'écaillés ; le corps et la queue allongés et lisses; les dents aiguës et très-apparentes. Cinquante-neuf rayons à la dorsale; quarante-trois à l'anale; la caudale arrondie; le corps et la queue un peu alloiigi'S ; une série de petits tubercules osseux et piquants le long de la nageoire du dos, de celle de l'anus, et de chacjue cùté de la partie anli'ricure de la ligne latérale; le côté gauche marbre de gris, et d'un jaune brunâtre. Cinquante-buit rayons à la nageoire du dos; quarante-deux à l'anale; la ligne laté- rale courbe; le corps garni de papilles. Soixante-dix neuf rayons à la dorsale; soixante-neuf à l'anale; la caudale arrondie; les yeux inégaux en grandeur, et inégnicineiiléloignés du bout du museau ; les pectorales inégales en surface ; les écailles petites et molles; le côté gauclic d'un jaune-clair, avec des points bruns; de petites tacbes bleues, et d'autres tacbcs plus grandes, jaunes, pointillées de brun, et entourées de bleu, en tout ou en ))artie. I Un très-grand nombre de rayons aux nageoires du dos et de l'anus; cinq rayons à I cba(|ue thoracine; la langue rude. Le côté gnucbc chagriné, et jaspé de différentes couleurs; la mâchoire inférieure très-relevée. Soixante-neuf rayons à la dorsale; quarante-cinq à la nageoire de l'anus; la cau- dale arrondie; les écailles grandes; la mâcboire inf'rieure plus avancée que la supérieure; la langue lisse, pointue, pt un peu libre dans ses mouvements; la ligne latérale un peu courbée vers le bas; le côté gauche d'un jaune brun ou blancbâtre ; une tacbe foncée sur chaque écaille. Q>iatre-vingt-dix rayons à la nageoire du dos; soixante-dix à celle de l'anus; la caiidale arrondie; la pectorale droite plus petite que la gauche; la mâcboire su- jiérieure plus avancée que l'inférieure; la dorsale étendue depuis le bout du museau jusqu'à la queue ; l'œil supérieur plus avancé que l'autre ; la ligne laté- rale un peu courbée vers le haut et ensuite vers le bas; le corps et la qtieue allongés ; les écailles très-petites; le côté gauche blanchâtre avec des taches d'une couleur pâle, ou rougeâtres et d'une nuance faible. I LE PLEURONECTE FLÉTAN. Pleuronectes Ilippoglossus, Linn., Lac, Bl., Cuv. i. Quels droits le flétan n'a-t-il pas à l'attention du physicien! Il tient, par sa grandeur, une place dislinguée auprès des cétacécs; il rivalise, par le volume, avc(t plusieurs de ces énormes habitants des mers; il nage l'égal de presque tous les poissons les plus remar- qunhles par leur longueur et par leur masse; sa conformation est extraordinaire; ses habitudes sont particulières; ses actes et les organes qui les produisent frappent d'au- tant plus l'observateur, que, par une suite de sa taille démesurée, aucun de ses traits ne se dérobe à l'œil, aucun de ses mouvements ne lui échappe : et comment l'imagination ne serait-elle pas émue jiar la réunion de dimensions, de formes et de mouvements Irès- élevés au-dessus des mouvements, des formes et des dimensions que la nature a le plus multipliés? Le flétan, comme tous les autres pleuronectes, a le corps et la queue très-comprimés. Il forme parmi les osseux, et avec les poi.=;sons de son genre, les analogues de ces caitila- ginoux auxquels nous avons conservé le nom de Baies. L'épaisseur des pleuronectes est même plus petite à proportion de leur longueur, que celle des raies les plus déprimées. Il y a néanmoins celte diirérencc essentielle entre la conformation générale des raies et celle des pleuronectes, que ceux-ci sont aplatis latéralement, c'est-à-dire de droite à gauche, ou de gauche à droite, pendant que les raies le sont de haut en bas. Celte compression exercée sur les côtés des pleuronectes n'est cependant pas la seule altération qu'ait éprouvée la lolalilé du poisson. Le corps et la queue ont été soumis uni- quement à cette manière d'être que nous avons déjà vue, quoi(|ue à un degré inférieur, dans plusieurs poissons, et parliculicrement dans les chétodons, les acanlhures, les sélènes, les zécs, les chrysotoscs, etc.; mais la tète a subi une seconde modilication. On dirait qu'après avoir été aplatie, comme celle des zées et des chétodons, par une force agissant sur ses côtés, elle a été défigurée par une puissance qui a joui d'un mouvement composé; celte seconde cause, à laquelle il faudrait rapporter une grande partie de la figure qu'elle présente, l'aurait tordue, pour ainsi dire. Elle aurait commencé par peser 1 Type du sous-genre Flétan, Ilippoglossus^ Cuv., dans le grand genre des Pleuronectes, famille des poissons plats de la division des Malacoptérygiens subbrachiens, D. DES POISSONS. o83 de haut en bas; et, avant de pénétrer très-avant dans les portions osseuses et solides, elle aurait tourné en quelque sorte à droite ou à gauche, de manière à entraîner avec elle les organes de la vue, et souvent ceux de l'odorat. On sent aisément que, d'après cette supposition, les deux yeux et les deux narines auraient dû, à la fin de l'action de la force comprimante, se trouver situés ou à droite ou à gauche, suivant le côté vers lequel la puissance aurait fléchi sa direction, et c'est en eflet ce qu'on ohserve dans les pleuronectes, et ce qui forme le caractère dislinctif du genre qu'ils composent. Tout le monde sait que les animaux tant vertébrés que dénués de vertèbres, animés par un sang rouge on nourris par un sang blanc, ont des yeux plus ou moins gros, plus ou moins rapprochés, plus ou moins élevés, plus ou moins nombreux; maisaucun animal, excepté les pleuronectes, ne présente dans ses yeux une position telle, que ces organes soient situés uniquement à droite où à gauche de l'axe qui va de la tête à l'extrémité opposée. Nous ne connaissons, du moins dans ce moment, que les pleuronectes qui n'aient pas leurs yeux disposés avec symétrie de chaque côté de cet axe longitudinal ; et cet exemple unique aurait dû seul attacher un grand intérêt à l'observation des poissons que nous allons décrire. De la conformation que nous venons d'exposer, il est résulté nécessairement, que les deux nerfs olfactifs aboutissent non pas à l'extrémité supérieure du museau, mais à un des côtés de la tête. C'est aussi à un seul côté de cette même partie de l'animal que se rendent les deux nerfs optiques, quoique croisés l'un par l'autre, ainsi que dans tous les autres poissons, et dans tous les animaux vertébrés et à sang rouge. Nous avons déjà vu que le cerveau, cet organe dont les nerfs tirent leur origine, était plus petit dans les pleuronectes que dans presque tous les poissons cartilagineux, et même que dans tous les osseux. La cavité qui contient cette source du système nerveux n'a-t-elle pas dû, en effet, être plus petite dans une tcle qui a subi une double et plus grande compression? L'os intermaxillaire est moins développé dans le côté qui a porté l'effort de la seconde aussi bien que de la première force comprimante et altératrice. Les côtes qui servent à consolider les parois de l'abdomen, et à donner un peu plus de largeur au corps, sont cependant si courtes, queplusieursauteursontnié leur existence. La cavité du ventre est fermée du côté de la queue, par l'apophyse inférieure de la première vertèbre caudale; et cette apophyse est très-longue, assez grosse, arrondie en avant, et terminée en bas par un piquant ordinairement très-fort. L'estomac contenu dans cette cavité paraît comme un renflement du canal alimentaire. Le pylore est souvent dénué d'appendices ou de petits cœcums; quelquefois néanmoins on le voit garni de deux ou trois de ces poches ou tuyaux membraneux; le foie est sans division et peu étendu; l'abdomen se prolonge des deux côtés des apophyses inférieures des vertèbres de la queue ; une partie des intestins est placée dans ces extensions abdomi- nales, ainsi que la laite ou les ovaires. Sans ces deux prolongations, la cavité générale de l'abdomen aurait eu des dimensions trop resserrées pour le nombre et la grandeur des organes intérieurs qu'elle doit ren- fermer. Nous venons de dire que les deux yeux sont situés du même côté de la tête; mais indépendamment de ce défaut remarquable de symétrie, relativement à l'axe longitudinal du poisson, ils en présentent fréquemment un second par une inégalité frappante dans leur volume. Ces deux organes ne sont pas toujours aussi gros l'un que l'autre; et lors- qu'ils offrent cette inégalité si extraordinaire, c'est quelquefois l'œil supérieur qui l'em- porte sur l'œil inférieur, et d'autres fois l'œil inférieur qui surpasse le premier en grandeur. Ces yeux, au reste, peuvent être placés de trois manières différentes : dans plusieurs pleuronectes, ils sont situés sur la même ligne verticale; mais, dans quelques-uns de ces poissons, l'œil d'en-haut est plus rapproché du museau que celui d'en-bas; et, dans quelques autres, l'œil d'en-bas est au conli-aire plus avancé que celui d'en-haut. Il est aussi des espèces de pleuronectes dans lesquelles la nageoire pectorale, attachée au côté sur lequel on voit les yeux, est plus étendue que celle de l'autre côté; et l'on serait tenté de croire que la petitesse de la pectorale opposée provient de ce que cette sorte de bras ou de main appartenant à la surface de l'animal, qui repose très-souvent sur la vase ou sur le sable, a été arrêtée, dans son développement, par les frottements 586 HISTOIRE NATURELLE qu'elle a dû éprouver contre le fond des mers, et par la compression que lui a fait subir le poids du corps, qu'elle a dû supporter en très-grande partie, La position des pleuronectes qui se reposent ou qui nagent, est en effet bien différente de celle des autres poissons osseux ou cartilagineux, cylindriques ou aplatis, qui parcou- rent, dans le sein des eaux, un espace plus ou moins étendu, ou appuient sur les rochers ou sur le limon leur corps plus ou moins fatigué. Dans l'inaction, de même que dans le mouvement, les pleuronectes sont toujours renversés sur le côté; et nous n'avons pas besoin de faire remarquer que le côté tourné vers le fond de la mer est, dans tous les moments de leur existence, celui qui est dénué d'yeux : lorsque leurs yeux sont à droite, le côté gauche est l'inférieur; et ils voguent ou s'arrêtent, le côté gauche tourné vers la surface de l'eau, lorsque leurs yeux sont à gauche. C'est de cette manière très-particulière de nager que leur est venu le nom de Pleuro- nectes 1 : elle est une dépendance du déplacement de leurs yeux, soit que l'on veuille croire que cette réunion des deux yeux sur une seule face de la tête les ait forcés à ne se mouvoir qu'en tournant vers le bas le côté opposé à cette face, afin de tenir les organes de la vue dans la position la plus favorable à la vision; soit que l'on préfère de penser qu'un très-grand aplatissement latéral ne leur a pas permis de tenir leur corps et leur queue dans un sens vertical, comme les autres poissons ; que les elForts de leurs pectora- les, très-petites et très-faibles, n'ont pas pu maintenir en équilibre une lame très-étroite, très-haute, et très-exposée, par conséquent, à l'agitation tumultueuse des Ilots; que ren- versés bientôt sur un de leurs côtés, forcés de conserver cette position, et obligés de nager dans celle posture, ils ont commencé une suite de tentatives perpétuellement renouvelées, pour ne pas perdre tout à fait l'usage de l'œil attaché au côté inférieur; qu'apiès un très- long temps, et même après une très-grande série de générations, des altérations succes- sives dans l'organisation extérieure et intérieure de la tête auront amené l'œil inférieur, de proche en proche, jusque sur le côté supérieur, et par ce transport auront produit, sans doute, une position des organes de la vue bien extraordinaire, mais néanmoins auront fait naître, dans la structure de la tête, des changements bien moins grands et bien moins profonds que les modifications apportées par le temps et par une contrainte permanente dans les parties molles ou solides de plusieurs autres animaux. En considérant la manière de nager qui appartient aux pleuronectes, il est facile de voir que leurs pectorales très-peu étendues, et situées l'une au-dessus et l'autre au-dessous du corps, ne peuvent pas servir d'une manière sensible à diriger ou accroître les mouve- ments de ces poissons. Leurs thoracines étant aussi extrêmement petites, sont de même inutiles à leur natation. Mais l'anale et la dorsale peuvent servir beaucoup à accélérer la vitesse de ces animaux, et à leur imprimer les véritables directions qui leur sont nécessaires; elles sont très- longues et assez hautes; elles s'étendent le plus souvent depuis la tête jusqu'à la queue; elles présentent donc une grande surface : d'ailleurs dans la position habituelle des pleu- ronectes, elles sont situées horizontalement, puisque l'animal est, pour ainsi dire, couché sur un côté. Dès lors on peut les considérer comme deux pectorales très-étendues, et par conséquent comme deux rames qui seraient très-puissantes, si elles étaient mues libre- ment et par des muscles très-vigoureux. Et c'est précisément parce qu'elles influent beaucoup sur la natation des pleuronectes, que la différence ou l'égalité de grandeur entre cette dorsale et cette anale se font sentir dans la situation de ces osseux; ils ne présentent un plan véritablement horizontal que lorsque ces deux rames ont une force égale; et on les voit un peu inclinés vers la nageoire de l'anus, lorsque celte dernière est moins puissante que la nageoire du dos. Cependant l'instrument le plusénergique delà natationdespleuronectes est leurnageoire caudale, et par-là ils se rapprochent de tous les habitants des eaux; mais ils se distinguent des autres poissons par la manière dont ils emploient cet organe. Les pleuronectes étant renversés sur un côté, leur caudale n'est i)oint verticale, mais horizontale : elle frappe donc l'eau de la mer de haut en bas et de bas en haut; ce qui donne aux pleuronectes des rapports de plus avec les cétacées. Il est facile néanmoins de comprendre que le mouvement rapide et alternatif duquel dépend la progression en avant de l'animal, peut offrir le même degré de force et de fréquence dans une rame horizon- tale que dans une rame verticale. Les pleuronectes peuvent donc, tout égal d'ailleurs, 1 Pleuronecle vient de plevron, qui en grec, veut dire côté, et de tiycles, qui signifie naqeur. DES POISSONS. 387 s'avancer aussi vite que les autres poissons. Us ne tournent pas à droite ou à gauche avec la même facilité, parce que, n'ayant dans leur situation ordinaire aucune grande surface verticale dont ils puissent se servir pour frapper l'eau à gauche ou à droite, ils sont con- traints d'augmenter le nombre des opérations motrices, et d'incliner leur corps avant de le dévier d'un côté ou de l'autre; mais ils compensent cet avantage par celui de monter ou de descendre avec plus de promptitude. Et celte faculté de s'élever ou de s'abaisser facilement et rapidement dans le sein de l'Océan leur est d'autant plus utile, qu'ils passent une grande partie de leur vie dans les profondeurs des mers les plus hautes. Cet éloignement de la surface des eaux, et par conséquent de l'atmosphère, les met à l'abri des rigueurs d'un froid excessif; et c'est parce qu'ils trouvent facilement un asile contre les effet des climats les plus âpres, en se précipitant dans les abîmes de l'Océan, qu'ils habitent auprès du pôle, de même que dans la Méditerranée, et dans les environs de l'équateur et des tropiques. Ils séjournent d'autant plus long-temps dans ces retraites écartées, que, dénués de vessie natatoire, et privés par conséquent d'un grand moyen de s'élever, ils sont tentés moins fréquemment de se rapprocher de l'air atmosphérique. Us se traînent sur la vase plus souvent qu'ils ne nagent véritablement; ils y tracent, pour ainsi dire, des sillons, et s'y cachent presque en entier sous le sable, pour dérober plus facile- ment leur présence ou à la proie qu'ils recherchent, ou à l'ennemi qu'ils redoutent. Aristote, qui connaissait bien presque tous ceux que l'on pêche dans la 3Iéditerranée, dit que lorsqu'ils se sont mis en embuscade ou renfermés sous le limon à une petite dis- tance du rivage, on les découvre par le moyen de l'élévation que leur corps donne au sa- ble ou à la vase, et qu'alors on les harponne et les enlève. Du temps de ce grand philoso- phe, on pensait que les pleuronectes. que l'on nommait Bothes, Peignes, Rhombes, Lyres Soles, etc., engraissaient beaucoup plus dans le même lieu et pendant la même saison, lorsque le vent du midi soufflait quoique les poissons allongés ou cylindriques acquissent, au contraire, plus de graisse lorsque le vent du nord régnait sur la mer. Columelle nous apprend que les étangs marins, que l'on formait aux environs de Rome pour y élever des poissons, convenaient très-bien aux pleuronectes, lorsqu'ils étaient limoneux et vaseux; qu'il suffisait de creuser, pour ces animaux très-plats, des piscines de soixante ou soixante-dix centimètres de profondeur (dix-huit pouces à deux pieds), pourvu que, situées très-près de la côte, elles fussent toujours remplies d'une certaine quantité d'eau, que l'on devait leur donner une nourriture plus molle qu'à plusieurs autres habitants des eaux parce qu'ils ne pouvaient mâcher que très-peu, et qu'un ali- ment salé et odorant leur convenait mieux que tout autre, parce que, couchés sur un côté, et ayant leurs deux yeux tournés vers le haut, ils cherchaient plus souvent leur nourri- ture par le moyen de leur odorat qu'avec le secours de leur vue. Il faut observer que le côté supérieur de ces poissons, celui, par conséquent, qui, tourné vers l'atmosphère, reçoit, pendant les mouvements ainsi que pendant le repos de l'animal, l'influence de toute la lumière qui peut pénétrer jusqu'à ces osseux, pré- sente souvent des couleurs vives, des taches brillantes et régulières, des raies ou des bandes variées dans leurs nuances, pendant que le côté inférieur, auquel il ne parvient que des rayons réfléchis, n'ofl"re qu'une teinte pâle et uniforme. Cette diversité est même moins superficielle qu'on ne le croirait au premier coup d'œil; et les écailles d'un côté sont quelquefois très-différentes de celles de l'autre, non-seulement par leur grandeur, mais encore par leur forme et par la nature de la matière qui les compose. Ces faits ne sont-ils pas des preuves remarquables des principes que nous avons cherché à établir, en traitant de la coloration des poissons, dans notre premier Discours sur ces animaux? Pour mieux ordonner nos idées au sujet des pleuronectes, et pour les distribuer dans l'ordre qui nous a paru le plus convenable, nous en avons d'abord séparé les espèces qui sont entièrement dénuées de nageoires pectorales, et par conséquent privées des organes que l'on a comparés à des bras. Nous avons formé de ces espèces un genre particulier, et nous leur avons conservé le nom collectif d'Achire, qui signifie sans main. Nous avons ensuite placé dans deux groupes difîérents les pleuronectes qui ont leurs deux yeux à droite, et ceux qui les ont à gauche; et nous avons suivi, en adoptant cette division, non-seulement les idées des naturalistes modernes, mais encore celles des an- ciens, et particulièrement de Pline, qui ont très-bien distingué les pleuronectes dont les yeux sont à gauche, d'avec ceux dont les yeux sont à droite. Passant ensuite à la considération particulière de chacun de ces groupes, nous avons 388 HISTOIRE NATURELLE réparti en Hiiïéicnies seolions les espèces à caudale fourchue ou échancrcc en croissant, celles dont la nageoire de la queue est recliligne ou arrondie sans cchancrure, et enfin celles dont la caudale, plus ou moins pointue, touche à la dorsale et à la nageoire de l'anus. IVous aurions pu, par conséquent, former six sous-genres ou sections dans le genre que nous décrivons; mais, parmi les pleuronectes qui ont les yeux à gauche, nous n'a- vons vu ni caudale pointue et confondue avec celles de l'anus et du dos, ni caudale four- chue ou découpée en croissant. Nous ne proposons donc, quant à présent, que quatre sous-genres, dont on a pu voir les caractères dislinclifs sur le tableau du genre qui nous occupe. A la tète du premier de ces quatre sous-genres est le Flétan ou Hippoglosse, que ses grandes dimensions rendent encore plus comparable aux cétacées que tous les autres pleuronectes. On a péché en Angleterre des individus de celte espècequipesaient trois cents livres; on en a pris en Islande qui pesaient quarante livres; Olafscn en a vu de près de dix-huit pieds d On pourrait penser de même que, lorsqu'au contraire l'anableps est caché en partie dans le limon du fond des eaux, son iris supérieur, très-peu éclairé, se contracte, sa prunelle supérieure s'agrandit en s'arrondissant, et le poisson discerne les objets flottants au-dessus de lui, sans que sa vision soit troublée par les effets de la prunelle inférieure, placée alors, pour ainsi dire, contre la vase, et privée, par sa position, de presque toute clarté. » Au reste, on doit être d'autant plus porté à attribueraux iris de l'anableps la propriété de se dila- ter, que, sans celte faculté, les deux foyers du fond de l'œil de cet animal seraient souvent simultanémenl ébranlés par des rayons lumineux très-nombreux. Mais comment alors la vision ne serait-elle pas irès-lroublée, et comment pourrait-il distinguer les objets qu'il redoute, ou ceux qu'il recherche? » D'ailleurs, sans cette même exlensibilité des iris, la prunelle supérieure serait, pendant la vie de l'animal, presque aussi grande que dans les individus conservés après leur mort dans de l'alcool alTaibli : dès lors, non-seulement il y aurait souvent deux foyers simultanément en grande activité, et par con- séquent une source de confusion dans la vision ; mais encore il est aisé de se convaincre, par l'observa- tion de quelques-uns de ces individus conservés dans de l'alcool, qu'une assez grande quantité de lumière, passant par la prunelle supérieure, arriverait souvent jusqu'au fond de l'œil et jusqu'à la rétine sans traverser le cristallin, pendant que ce cristallin serait traversé par d'autres rayons lumineux transmis par cette même prunelle supérieure; et la vision de l'anableps ne serait-elle pas soumise à une cause perturbatrice de plus? » Mais la plui)art de ces dernières idées ne sonl que des conjectures; et je regarde uniquement comme prouvé, que si l'anableps n'a pas deux yeux de chaque côté, il a dans chaque œil deux cornées, deux cavités pour l'humeur aqueuse, deux iris, deux prunelles, el deux foyers de rayons lumineux. » Blocli a examiné des fœtus d'anableps; et il a vu que, dans ces embryons, les deux pro- longations de la choroïile ne se réunissant pas, et la bande transversale n'étant pas encore sensible, on ne distinguait pas les deux prunelles comme dans l'animal plus avancé en âge. Le corps du surinam est un peu aplati |)ar-dessus; mais sa ([ueuc est presque entière- ment cylindrique. On aperçoit à peine la ligne latérale; l'anus est plus prés de la caudale que de la tête; la dorsale est encore plus voisine de cette caudale qui est arrondie : ces deux nageoires, ainsi que celle de l'anus et les pectorales, sont revèttios en partie de petites écailles. Les petits de cet anableps sortent de l'œul' dans le ventre de la mérc, comme ceux des raies, des scjuales, de ((uelques blennies, etc.; l'ovaire consiste dans deux sacs inégaux, assez grands et membraneux, dans lesfjuels on a trouvé de jeunes individus non encore éclos, renfermés dans une membrane très-fine el transparente qui forme l'enveloppe de leur œuf, et placés au-dessus d'un globule jaunâtre. i DES POISSONS. 40S La nageoire de l'anus du mâle offre une conformation que nous ne devons pas passer sous silence. Elle osl composée de neuf rayons : mais on n'en voit bien distinctement que les ti'ois ou quatre derniers; les autres sont réunis au moins à demi avec un appendice conique couvert de petites écailles, et placé au-devant de la nageoire. Cet appendice est creux, percé par le bout, et communique avec les conduits de la laite et de la vessie urinaire. C'est par l'orifice que l'on voit à l'extrémité de ce tuyau dont la longueur égale la bauteur de l'anale, que l'anableps surinam rend son urine, et laisse écbapper sa liqueur séminale, au lieu de faire sortir l'une et l'autre par l'anus, comme un si grand nombre de poissons. Les jeunes anableps éclosant dans le ventre de la mère, il est évident que les œufs sont fécondés dans l'ovaire, et par conséquent qu'il y a un véritable accouplement du mâle et de la femelle. Celte union doit être même plus intime que celle des raies, des squales, de quelques blennies, de quelques silures, parce que le mâle de l'anableps Suri- nam a un oigane génital extérieur dont il paraît que l'extrémité, malgré la position de cet appendice contre l'anale, peut être un peu indroduite dans l'anus de la femelle. La laite est dou! V, mais petite à proportion de la grandeur du mâle. En général, les poissons qui s'accouplent et qui ne fécondent que les œuf renfeimés danslesovairesde la femelle, paraissent avoir une laite moins volumineuse que ceux qui ne s'accouplent pas, et qui parcourent les rivages pour répandre leur liqueur prolifique sur des tas d'œufs pondus depuis un temps plus ou moins long. L'estomac cfI composé d'une membrane mince; le canal intestinal montre quelques sinuosités; el le foie a deux lobes. De chaque côté de l'animal, ou compte cinq raies longitudinales noirâtres qui se réunis- sent souvent vers la nageoire de la queue. L'anableps Surinam multiplie beaucoup; et les habitants du pays où on le trouve, aiment à s'en nourrir. Il vit dans la mer. 11 s'y tient souvent à la surface, et la tête hors de l'eau. Use plaît aussi à s'élancer surla grèvejd'où ilrevientensautillant,lorsqu'ilest elFrayé par quelque objet. h CENT CINQUANTE -SEPTIÈME GENRE. LES FUNDULES l. Le corps et la queue presque cylindriques, des dents et point de barbillons aux mâchoires, une seule nageoire du, dos. ESPÈCES. CARACTÈRES. P 1. Le Fundule i Six rayons à chaque ventrale; les écailles grandes et lisses; des points blancs sur MODFisH. \ la nageoire du dos el^ur celle de l'anus. 2. Le Fundule ( h •» ' i » i < Huit rayons a chaque ventrale. JAPONAIS. ( -^ * LE FUNDULE MUDFISH. Fundulus Jludfish, Lac ; Fundiilus cœnicolus, Val., Cuv. 2. ET LE FUNDULE JAPONAIS. Fundulus japonicus, Lac. 3. La Caroline est la patrie du miidfish. Sa tête, garnie de petites écailles, est un peu aplatie. La nageoire dorsale est à peu i)rès aussi reculée que celle de l'anus. Les taches rondes et blanchâtres que l'on voit sur ces deux nageoires, sont transparentes. La caudale est aussi très-diaphane sur ses bords : elle est d'ailleurs arrondie, et présente non-seule- ment des taches blanches, mais encore des bandes transversales noires. Le dessous de l'animal montre une nuance jaunâtre. Le japonais, qui a été décrit par le savant Houttuyn, n'a pas huit pouces de longueur. Sa grosseur est très-peu considérable, ainsi que celle du mudfish. CENT CINQUANTE-HUITIÈME GENRE. LES COLUBRINES. La tête très-allongée, sa partie supérieure revêtue d'écail/rs conformées et disposées comme colles qui recou- vrent le dessus de la tète des cou/envres, le corps irès allongé, point de nageoire dorsale. espèce. caractères. OLUBRi c 1 La caudale fourchue; la couleur générale d'un argenté bleuâtre et sans taches. i-ï M. Cuvicr adopte le gr^nr*^ Fundule et le place dans la famille des Cyprinoïdes, ordre des Mala- coptérygiens abdominaux. L'JIydrargyre Swampine, Laccp., appartient à ce genre. D. 3 Non cité par 3L Cuvicr. D. LacÉPÈDE. — TOME \\. 26 406 HISTOIRE NATURELLE LA COLUBRI.NE CHINOISE. Colubriiia cIiiiH-iisis, Lac. 1. La rollrclion df^s hellos poinliirrs exéciilcos à Iîi Chine et cédées à la France par la IIol- lanile, rcnliMiFic iu)c image très-bien faite de celle espèce pour laquelle nous avons dû ormer nn t^enre particuliei'. Ses caractères génériques et ses principaux traits spécifiques sont indi(piés sur le tableau de son genre. Il nionfre, ce tai)leau, combien la colubrine chinoise a de rapports avec les couleuvres. Le di-laut de la nageoire du dos, la couverture de la tète, l'allongement de la tête et du corps, lui donnent surtout beaucoup de ressem- blance avec les serpents; et par consé(pienl ses habitudes doivent se lapprocher beaucoup de celles des cobiles, des cépoles, des murènes, des murénophis, et des autres poissons que l'on désigne par l'épiîhète de Ser peut i formes. Les nageoires ventrales de la chinoise sont, très-prés de l'anus; cet orifice est trois fois plus éloigné de la tète que de la caudale; elle a une nageoire au delà de celte ouverture; et les sépai-alions deses petits n)usclesobliques sont très-sensibles surla partiesupérieure de son corps et de sa queue. CENT CLNQUANTE-NEUVIÈME GENRE. LES AMIES 2. Lu tcle dènvêe de petites écailles^ rude, recouverte de grandes lames qui réunissent des sutures très-mar- quées, des dénis aux mâchoires et au pulais, des barbillons à la mâchoire supérieure, la dorsah' longue, busse, et rapproc/iée de la caudale, l'anale très-courte, plus de dix rayons à lu membrane des branchies. ESPÈCE. CARACTÈRES. L'Amie cuAuvE. | La ligne latérale droite; la' caudale arrondie. L'AMIE CHAUVE. Amia calva, Linn., Gmel., Lac., Cuv. 3. Cette amie vit dans les eaux douces de la Caroline. Elle doit y préférer les fonds limo- neux, puisqu'on l'y a nommée poisson de va^e (ilud/ish). De petites écailles recouvrent son cor[)S el sa queue : mais sa lète paraît comme écorchée, et montre à découvert les os qui la composent. Les opercules son! arrondis dans leur contour, et presque osseux. Ou peut voii-, auprès de la gorge, deux petites plaques osseuses et striées du centre à la cir- conférence. Les pectorales et l'anale ne sont guère plus grandes que les ventrales. Ces dernières nageoires sont à une dislance pres({ue égale de la tête et de la nageoire de la queue. La mâchoire inférieure est un peu plus avancée que la supérieure, au-dessus de laquelle on cnuipie deux barbillons. L'amie chauve parvient à une longueur un peu considérable. Mais il paraît que le goût de sa chair n'est pas assez agréable pour qu'elle soit. très-recherchée. CENT-SOIXANTIÈME GENRE. LES niJTYRINS i. La tête dénuée de petites écailles, et ayant de longueur à peu près le quart de la longueur totale de Panimal, une seule nageoire sur le dos. ESPÈCE. CARACTÈRES. Le Hi tyrin I La caudale fourchue; cpiatrc raies longitudinales et ondulées de chaque côté du BANANE. I dos. LE BUTYRIN BANANE. Butyrinus Bananus, Comm.,Lac.,Cuv.; Rsox Vulpcs, Linn.; Clupoa brasilion.sis, .\lbala gonorynchus, et Amia immaculala, Bl., Sch.; Ciupea macrocephala. Lac. 5. Nous avons trouvé dans les manuscrits de Commerson une description courte, mais précise, de ce poisson, (pie les naturiilisles ne coniiaisseut pas encoie. Nous avons dû inscrire ce butyrin dans un genre particulier que nous avons placé à la suite des amies, parce que ce banane a beaucoup de rapports avec ces abdonunaux i>ar la nudité de sa \ M. Cnvior ne fait aucune mention de ce genre, uniquement fondé sur une figure chinoise, qui ne se rapporte à niicuii (Ici poi,s>oiis (|U(' r(Mifcrnic la collcclioii du Muséum. D. 2-7) AI. (]uvier adopte le g(Mire Amie et li; range dans l'ordre dos iMalacoptérygicnsabdominauxetdans la familli' des Cliipcs. D. .^ 4 fleure de Coininorson adopté par 31. Cuvier, et ])lacé pnr lui dans la famille des Clupes, ordre des IHiilac()|)t(''r}gicns al)(i()iniiia(j.\. I). ^ 5 (](• |ii)issoti est encore décrit par 31. de Lacépcdc : !« sous le nom de Synode Renard, et 2° sous celui de Clupée 3Lvcrocèpiiale. D. DES POISSONS. 407 tête, pendant que la longueur de cette même partie l'en sépare d'une manière très-dis- tincte. Nous ne pouvons ajouter qu'un trait à ceux que nous avons indiques sur le tableau générique, c'est que le butyrin banane a une ligne latérale presque droite. CENT SOIXANTE ET UNIÈME GENRE. LES TRIPTÉRONOTES l. Trois nageoires dorsales, une seule nor/eoire de l'anus. ESPÈCE. CARACTÈRES. LsTriptéronote ! La tête (lônupe de petites c'caillcs, la mâchoire supérieure beaucoup plus avance'e HAUTiN. < que rinférieurc, et terminée par une prolongation pointue. LE TRIPTÉRONOTE HAUTIN. ' Tripteronus Haiitin, Lac. -2. Rondelet a donné un dessein de celte espèce de poisson, dont il avait vu un individu à Anvers. Nous avons mis cet abdominal dans un genre particulier, et nous avons désigné ce genre par le nom de Triptéroiiote , pour indiquer le caractère remarquable que lui donne le nombre de ses nag<'oires du dos. Oii ne connaîl, en effet, que très-peu de poissons qui aient trois nageoires dorsales; le hautin est le seul des abdominaux qui en ait montré trois aux naturalistes; et malgré la présence de ce triple instrument de natation, il n'a qu'une nageoire de l'anus, pendant qu'on compte ordinairement deux anales, lorsqu'il y a trois nageoires du dos. Toutes les dorsales et l'anale du bautin sont triangulaires, et à peu près de la même grandeur. Sa caudale est grande et fourchue. Les ventrales sont plus rapprochées de celte nageoire de la queue que de la têîe. Le corps est recouvert, ainsi que la queue, d'écaillés assez petites. L'opercule est arrondi , l'oeil grès, le museau très-long, menu, pointu, noir et mou; l'ouverture de la bouche assez étroite. CENT SOIXANTE-DEUXIÈME GENRE. LES OMPOKS 3. Bes barbillons et des dénis anx mâchoires; point de nageoires dorsales; tine longue nageoire de l'anus. ESPÈCE, CARACTÈRES. L'Ompok silu- I La mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure; deux barbillons à la mâ- ROÏDE. ( choire d'en haut. L'OMPOK SÏLUROIDE. Ompok siluroides, Lac. i. Nous avons trouvé un individu de celte espèce parmi les poissons desséchés de la col- lection donnée à la France par la Hollande. Une inscription attachée à cet individu iiuJi- quait que le nom donné à celte espèce dans le pays qu'elle habite, était Ompok; nous en avons lait son nom générique, et nous avons tiré son nom propre de ses rapports avec les silures. Sa description n'a encore été publiée par aucun naturaliste. Plusieurs rangs de dents grandes, acérées, mais inégales, garnissent ses deux mâchoires. Les deux baibil- lons que l'on voit auprès des narines ont une longueur à peu près égale à celle de la tête. L'anale est assez longue pour s'étendre jusqu'à la nageoire de la queue; mais elle ne se confond pas avec cette dernière. NOMENCLATURE Des silures, des Macroptéronotes, des Malaptérurcs, des Pimélodes, des Doras, des Pogonathes, des Cataphractes, dos Plotoses, des Agénéioscs, des Macroramphoses, et des Centranodons. On a décrit jusqu'à présent, sous le nom de Silures, un très-grand nombre de poissons de l'ancien ou du nouveau continent, très-propres à exciter la curiosité des physiciens par leurs formes et par leurs habitudes : mais plusieurs de ces animaux diffèrent trop de ceux avec lesquels on les a réunis, pour que nous ayons dû laisser subsister une associa- lion qui aurait jelé de l'obscurité dans la partie de l'histoire naturelle dont nous nous occupons, et donné des idées fausses sur les rapports qui lient les objets de notre étude. Bloch avait déjà senti qu'il fallait diviser le genre des silures établi par les naturalistes 1 M. Cuvier fait remarquer que ce genre est fondé sur une mauvaise figure de Rondelet qui se rap- porte au Saimo ox-yrlnnehus de Linnce. Ce poisson est du sous-genre I^avarct, dans le grand genre Sau- mon, de la famille des Salmoncs, dans l'ordre des Jlalacoptérygiens abdominaux. D. 2 Voyez la note précédente. 3-4 M. Cuvier n'admet pas ce genre. D'après une inspection de l'individu desséche, qui a servi à l'éta- blir, il a reconnu que c'était un silure dont la dorsale repliée n'a point été vue par le dessinateur. D. -ne. 408 HISTOIRE .NATURELLE qui l'avaipiit précédé, et il avait séparé dos vrais silures les abdominaux qu'il a nommés riatysti'S, et ceux qu'il a appelés ( ataphrades. Cepeiulaiil, pour peu qu'on lise avec at- tenliou rouvia.ue de Blocli, et ([u'on léllccliissc aux principes qui nous ont dirigés dans nos (iislril)ulioiis mélliodiciues, on verra aisément que nous n'avons i)u nous contenter de ces deux sections formées par Bloch, ni même les adopter sans quelques modilicalions. D'un autre côlé, nous avions à classer des espèces que l'on n'avait pas encore décrites, et qui sont plus ou moins voisines de-- véi-ilal)les silures. D'après ces considérations, nous avons cru devoir distribuer ces dilVérents animaux dans onze genres différents. Tous ces poissons ont la tète couverte de lames iir^ndos el dures, ou revêtue d'une peau visqueuse. Leur bouche est située à l'exliémilé de leur museau. Des barbillons garnissent leurs niàdioires, ou le premier rayon de leui's pectorales et celui de la nageoire de leur dos, sont durs, forts, et souvent dentelés, ou du moins le premier rayon de l'une de ces na- îjeoires prcsenle celte dureté, celle force, et quebiuefois une dentelure. Leur corps est gros • une mucosité abondante enduit et pénètre presqnetous leurs téguments. Maisnousne regardons comme de Aéritables silures que ceux dont la dorsale est très-courle el unique, el qui, par ce liait de conformalion , ainsi que par plusieurs autres caractères, ont de très-grands rapports avec le Glanis, que lanl d'auteurs n'ont désigné pendant longtemps que par le nom de Silure. Nous plaçons dans un second genre ceux qui, de même que la Charmuth du Nil, ont une dorsale unique, mais très-longue. Nous réservons pour un troisième, l'espèce que les naturalistes appellent encore Silure électrique, qui ne nionlre qu'une nageoire du dos, mais sur laquelle celle dorsale n'est qu'une sorte d'excroissance adipeuse et s'élève très-près de la caudale. Vn quatrième genre renfermei'a le Baçjre et les autres espèces voisines de ce dernier, qui ont, comme ce poisson, une nageoire du dos soutenue par des rayons, et une seconde dorsale uniquement adipeuse. Nous formons le cinquième de ceux qui, indépendamment d'une dorsale rayonnée et d'une seconde dorsale simplement adipeuse, ont une portion plus ou moins considérable de leurs côtés garnie d'une sorte de cuirasse que forment des lames larges, dures et souvent hérissées de petits dards. Nous avons inscrit dans le sixième genre les espèces dont on devra la connaissance à Commeison, et qui, piésenlant deux nageoires doisales soutenues par des rayons, ont de plus leurs côlés relevés longitudinalement par des lames ou des écailles particulières. On verra, dans le septième, le callichte et tous ceux des poissons dont nous nous occupons qui ont de grandes lames sur leurs côlés, deux nageoires sur le dos, des rayons à chacune de ces nageoires, et qui n'offrent (ju'un seul rayon dans leur seconde dorsale. Le huitième renfermera ceux dont la queue très-longue est bordée d'une seconde dorsale, et d'une anale confondues l'une et l'autre avec la caudale. Ils oîit nu instrument de natation d'une grande éueigie, el une rame puissante leur imprime des mouvements plus rapides que ceux de leurs analogues qui ont reçu la même force et le même volume. Dans le neuvième seront rangés ceux qui ont deux nageoires dorsales dont la seconde est adijieuse, et qui sont dénués de barbillons. Au dixième appartiendront les espèces qui ont deux nageoires dorsales fortifiées l'une et l'autre par des rayons, le premier rayon de la première de ces dorsales, très-long, Irès-fort et dentelé, le museau très-allongé relativement à leurs di- mensions générales, el les mâchoires sans barbillons. On trouvera enfin, dans le onzième, les espèces qui, n'ayant pas reçu de barbillons, élèvent sur leur dos deux nageoires main- tenues par des rayons plus ou moins nombreux, n'ont pas de dents à leurs mâchoires, et closent les cavités de leurs branchies avec des operculesarmés d'un ou de plusieurs piquants. Nous conservons ou nous donnons à ces genres les noms suivants. Nous nommons le premier. Silure i; le secoiul, Mucroptéronote-i; le troisième, 3falapté- rure z; le (juatrième, Pimélode i; le cincpiième, /)om,s s; le sixième, Pogoi:atlie 6; le septième, Cata])hrucle ; le huitième, Plotose i; le ncyiyième, Agénéiose s; le dixième, Macrorumpliose o,cl le onzième, Cenlrauoilon lo. 1 Le mot gi'pc siloinox in(li(|iin In rapidid' avf c tii()iirllc Ir.s silures peuvent agiter leur queue. 2 \jC. moi mncrojttirottolc v\\n\nn\ la loiif^ueur do la iia;;roire du dos. 5 Nous avons tiré le nom de malaplèrurc de maiacos, mou, pfcron, nageoire, et nra, queue. A Pimcfixlcs, 011 grec, signifie adipeux. 'i Doras \'('[il(\\v('. rtiira.ssp. C J'()f)nnnf/in vient de jiofi'i», liarlie, et de gnat/ios, mâclioirc. ^ P/dlon veut dire (/ut ufir/c avec fdciliU'. 8 Agondos signifie sans barbe. 9 Mnciy)rant])/i(isn vient de macron, long, et de rawphox^ museau. 10 Ce?i^?'o« signifie aiguillon, et anodon, <|ui n'a pas de dents. DES POISSONS. 409 Voyons de près ces onze groupes. En suivant les limites que nous venons de tracer autour d'eux, nous recevrons et nous conserverons sans peine des idées distinctes de leurs attributs; et nous reconnaîtrons clairement, dans les dillerentes espèces de ces genres, les formes, les organes, les dimensions, les facultés, les habitudes qui leur ont été dé- partis par la nature. CENT SOIXANTE -TROISIEME GENRE. LES SILURES. La fête large, déprimce, et rovverfe de lames grandes et dures, ou d'une peau visqueuse; lu bouche à VcX' trémilé du museau; des barbillons avx mâchoires ; le corps gros ; la peau enduite d'une mucosité abon- dante; une seule nageoii^e dorsale; cette nageoire très-courte. PREMIER SOUS-GEx\RE. La nageoire de la queue rectiligue, ou ai^rondie, et sans échancrure. CARACTÈRES. Deux barbillons à la mâchoire supérieure; quatre barbillons à la mâchoire infé- . rieure; cinq rayons à la nageoire du dos; quatre-vingt-dix rayons à celle de l'anus; la caudale arrondie. Un large barbillon à chaque angle de la bouche; quatre barbillons à l'extrémité de la mâchoire inférieure; cinq rayons à la dorsale ; six rayons à l'anale; plu- sieurs rangées longiti'.dinales de verrues sur la (|U('ue ; la caudale arrondie. Deux barbillons à la mâchoire supérieure ; deux à l'inférieure ; cinq rayons à la na- geoire du dos; quatre-vingt-deux à celle de l'anus. Quatre barbillons à chaque mâchoire; la caudale arrondie. SECOND SOUS GENRE. La nageoire de la queue fourchue, ou èchancrée en croissant. Un barbillon à chaque angle de la bouche; deux barbillons à l'extrémité de la mâ- choire inférieure ; cinq rayons à la nageoire du dos; soixante-sept à celle de l'anus; la caudale en croissant. Huit barbillons aux mâchoires; sept rayons à la nageoire du dos; soixante-deux à celle de l'anus ; la caudale fourchue. Huit barbillons aux mâchoires ; onze rayons à la nageoire du dos; onze rayons à l'anale ; la nageoire de la ([ueue fourchue. Deux barbillons à la mâchoire supérieure; deux barbillons à chaque angle delà bouche; quatre barbillons à la niâchoii-e inférieure; cinq rayons à la nageoire dorsale; cinquante-six rayons à la iKigooire de l'anus; la caudale fourchue. Deux barbillons à la mâchoire supérieure ; (juatre baibillons à l'iiifrieure; des rangées longitudinales de tubercules, sur la partie su|)érieure de l'animal; des cupules, dont plusieurs sont soutenues par une petite tige flexihle, sur la partie inférieure du ventre; cinq rayons à la nageoire du dos; cinquante-six rayons à l'anale; la nageoire de la queue fourchue. Deux barbillons très-longs, à la mâchoire supérieure; l'anale plus longue que la moitié di; la longueur totale de l'animal; la nageoire dn la (jueue fourchue. Deux barbillons à la mâchoire supérieure; quatre barbillons à la mâchoire infé- rieure; des arêtes tuberculées sur la tète et sur le dos ; cinq rayons à la nageoire du dos; cinquante-cinq à celle de l'anus; six à chaque pectorale. ESPECES. 1. Le Silure glanis. 2. Le Silure VER RUQUEUX. 3. Le Silure ASOTE. i. Le Silure FOSSILE. S. LeSilure deux - taches. 6. Le Silure SCHILDE. 7. Le Silure un- décimal. 8 Le Silure as- PRÈDE. 9. Le Silure co- tylepuore. iO. Le Silure CHIISOIS. H. Le Silure bexàdagtyle. LE SILURE GLANIS. Silurus Glanis, Linn., Gmel., Lac, Cuv. l. Le glanis est un des plus grands habitants des fleuves et des lacs. On l'a comparé à d'énormes cétacées; on l'a nommé la haleine des eaux douces. On s'est plu à dire qu'il régnait sur ces lacs et sur ces fleuves, comme la baleine sur l'Océan. Ce privilège de la grandeur aurait seul attiré les regards vers ce silure. Ce qui est grand fait toujours naî- tre l'étonnement, la curiosité, l'admiration, les sentiments élevés, les idées sublimes. A sa vue, le vulgaire surpris et d'aboid accablé comme sous le poids d'une supéiioiilé qui lui est étrangère, se familiarise cependant bientôt avec des sensations fortes, dont il jouit d'autant plus vivement qu'elles lui étaient inconnues; l'homme éclairé en recherche, en mesure, en compare les lapports, les causes, les effets; le philosophe, découvrant dans cette sorte d'exemplaire dont toutes les parties ont été, pour ainsi dire, grossies, le nombre, les qualités, la disposition des ressorts ou des éléments qui échappent par leur ténuité dans des copies plus circonscrites, en contemple l'enchaînement dans une sorte 1 Du sous-genre Silure, dans le grand genre Silure, famille des siluroïdes, division des malacopléry- giens abdominaux, Cuv. D. 410 HISTOIRE ISATURELLE de recueillement religieux ; le poëte, dont l'imasinaf ion obéit si facilement aux impressions inallendues ou exlraordiiiaiies, éprouve ces alïeclions vives, ces nioiivemenls soudains, ces transporis irrésistibles dont se compose un noble enlbousiasme; et le génie pour qui toute limite est importune, et qui veut commander à Tcspacc comme au temps, se plaît à recouiKiilre son empreinte dans le sujet de son examen, à trouver une masse très-étendue soumise à des lois, et à pouvoir considérer l'objet qui Toccupe, sans cesser de tenir ses idées à sa propre hauleui'. Le caractère de la grandeur est d'inspirer tous ces sentiments, soit qu'elle appartienne aux ouvrages de l'art, soit qu'elle distingue les productions de la nature; qu'elle ait été départie à la matière brute, ou accordée aux substances organisées, et qu'on la compte parmi les allribuls des êtres vivants et sensibles. On a dû également les éprouver et de- vant les jardins suspendus de Babylone, les antiques pagodes de l'Inde, les temples de Tliébes, les pyramides de Menipbis, et devant ces énormes masses de rochers amoncelés qui composent les sommets des Andes, et devant l'immense bal»^ine qui sillonne la sur- lace des mers polaires, l'éléphant, le rhinocéros et l'hippopotame, (pu fréquentent les rivages des contrées torrides, les serpents démesurés qui infestent les sables brûlants de l'Asie, de l'Afrique et de l'Amérique, les poissons gigantesques qui voguent dans l'Océan ou dominent dans les fleuves. l!lt qnoi(pie tous les êtres qui présentent des dimensions supérieures à celles de leurs analogues, arrêtent nos regards et nos pensées, noire imagination est surtout émue par la vue des objets qui, l'emportant en étenduesur ceux auxquels ils ressemblent le plus, sur- passent de beaucoup la mesure que la nature a donnée à l'homme pour juger du volume de ce (jui l'entouie; cettemesuredontilnecessedese servir, ([uoiqu'il ignoie souvent l'usage qu'il en fait, et qui consiste dans sa propre hauteur. Un ciron de deux ou li'ois décimètres de longueur serait bien plus extraordinaire qu'un éléphant long de dix mètres, un squale de vingt, un serpent de cinquante, et une baleine de plus de cent, et cependant il nous frapperait beaucoup moins; il surpicndrait davantage notre raison, mais il agirait moins vivement sur nos sens; il s'emparerait moins de notre imagination; il imprimerait bien moins à notre âme ces sensations profondes, el à notre esprit ces conceptions sublimes que font naître les dimensions incomparablement plus grandes que notre propre stature. Ces dimensions tn-s-rares dans les èlres vivants et sensibles sont celles du glanis. Un individu de cette espèce, vu près de Limritz dans la Poméranie, avait la gueule assez grande pour qu'on pût y faire entrer facilement un enfant de six ou sept ans. On tiouve dans le Volga des glanis de douze ou quinze pieds de longueur. On prit, il y a quelques années, dans les environs de Spandaw, un de ces silures, qui était du poids de cent vingt livres; el un autre de ces poissons, péché à Writzen sur l'Oder, en pesait huit cents. Le glanis a la léle grosse et trcs-aplatie de haut en bas; le museau très-ari'ondi par- devant; la mâchoire inférieure un peu plusavancée que celle d'en haut, cesdeuxmàchoires garnies d'un liés-grand nombre de dents petites el recouibées; quatre os ovales, hérissés de dénis aiguës, el situés au fond de la gueule; l'ouverture de la bouche très-large; une fossette de chacpie côté de la lèvre inférieure; les yeux ronds, saillants, très-écartés l'un de l'autre, et d'une petitesse d'autant plus remarquable que les ])lus giands des animaux, les baleines, les cachalots, les éléphants, les crocodiles, les serpents démesurés, ont les yeux très-petits à pro|)orlion des énormes dimensions de leurs autres organes. Le dos du glanis est épais; son ventre très-gros; son anale très-longue; sa ligne latérale droite; sa peau enduite d'une humeur gluante à laquelle s'attache une assez grande quantité de la vase limoneuse sur laquelle il aime à se leposer. Le piemier layon de chaque pectorale est osseux, Irès-fort et dentelé sur son bord inléricui- i. Les ventrales sont plus éloignées de la têlc que la nageoire du dos. La couleur généiah; de l'animal est d'un vert mêlé de noir, qui s'édaircit sur les côtés et encore plus sur la partie inférieure du poisson, el sur lequel sont distribuées des taches noiiâtres iriéguliéres. Les pecloiales sont jaunes, ainsi que la dorsale et les ventrales; i Pinsioiirs |)oissnn.s compris dans 1p genre si/vro, (''(ni)!! par Linni'p, et qui ont à chaque pectorale un r;i)oii rlur l'iilcnleli', |)(Mivcnt, lorsqu'ils ilciniciit cclUî nugcoire, (ioiincr à ce raj on une iixiti- (jue l\)ii III- piMiL v:iiiici'<' qu'eu l<' il louriiMiil. l.ii l»;ise de ce rayon est terniiiir-e p;ir deux apophyses. I^ors- ([ue ta pectorale! est ('•tenilue, l'a|)opliyse anti'rii'Ure entre dans un Ir'ou de la cla^•icule; le rayon tourne un peu saison axe; l'apophyse, qui est recourbée, s'accroche au bord du trou; el le rayon ne peut plus être Uochi, à inoins (ju'il ne lasse sur sou axe un inouveincut en sens contraire du premier. I DES POISSONS. 411 ces dernières ont leur extrémité bleuâtre ; ol l'extrémité de même que la base des pecto- rales présentent la même nuance de bicu foncé. Le savant professeur de Slrasbouig, l'eu mon confrère M. Hermann, rapporte, dans dt-s notes manuscrites qu'il eu! la bonté de me faire parvenir peu de moments avant sa mort, et auxquelles son digne frèie M. Frédéric Hermann, ex-législateur et maire de Strasbourg, a biea voulu ajouter quelques observa- tions, que les siluies glauis un peu avaiicés en âge qu'il avait examinés dans les viviers de M. Ilirscliel, avaient le bord des pectorales peint d'une nuance rouge que l'on ne voyait pas sui" celles des individus plus jeunes. L'anale et la luigeoire de la queue du glanis sont communément d'un gris mêlé de jaune, et bDrdées d'une bande violette. Le siluie que nous venons de décrire babite non-seulement dans les eaux douces de l'Europe, mais encoie dans celles de l'Asie et de l'Afritjue. On ne l'a trouvé que très- rarement dans la mer; et il parait qu'on ne l'y a vu qu'auprès des rivages voisins de l'emboucliure des grands fleuves, bors desquels des accidents [larliculiers ou des circon- stances extraordinaires peuvent l'avoir quelquefois entraîné. Le professeur Kol|iin, de Sletlin, écrivait à Bloch, en 17GG, qu'on avait j)èché un silure de l'espèce que nous exa- minons, auprès de l'Ile de Riigen dans la Baltique. Comme les baleines, les éléphants, les crocodiles, les serpents de quarante ou soixante pieds, et tous les grands aîàmaux, le glanis ne parvient qu'après une longue suite d'an- nées à soii entier develoi)pemt'nt. On pourrait croire cependant, d'après les notes manus- crites de M. Hermann, que, pendant la premiéie jeunesse de ce silure, ce poisson cioît avec vitesse, et que ce n'est qu'après avoir atteint à une longueur considérable, qu'il gi'an- dit avec beaucoup de lenteur, et que son développement s'opère par des degrés très-peu sensibles. On a écrit qu'il en était des mouvements du glanis comme de son accroissement; qu'il ne nageait qu'avec peine, el qu'il ne paraissait remuer sa grande masse qu'avec diOiculté. La queue de ce silure, et l'anale qui en augnîente la sui-face, sont trop longues el con- formées d'une manière trop favorable à une natation lapide, pour qu'on puisse le croire réduit à une manière de s'avancer très-embarrassée et très-lente. H faudrait, pour admet- tre celte sorte de nonchalance et de paresse forcées, supposeï- que les muscles de cet animal sont extrêmement faibles, et que s'il a ieou une i-ame très-etendue, il est privé de la foice nécessaire pour la remuer avec vitesse/et pour Tiigiter dans le sens le plus propre à faciliter ses évolutions. La dissection des' muscles du glanis n'indique aucune raison d'admettre cette organisaîioi) vicieuse. C'est dans son instinct qu'il faut cheicher la cause du peu de mouvement qu'il seilonne. S'il ne change pas frétjuemment el prouip- tement de place, il n'en a pas moins reçu les organes nécessaires pour se transporter avec célèrilé d'un endroit à un autre; mais il n'a ni le besoin, ni par conséquent la volonté, de faiie usage de sa vigueur et de ses instruments de natal ioii. Il vit de |)roie ; mais il ne poursuit pas ses victimes. l\ jiréfère la ruse à la violetice; il se place en embuscade, il se l'etire dans des ci'eux, au-dessous des planches, des poteaux et des autres bois pouiris qui peuvent border les rivages des fleuves qu'il fréquente; il se couvie de limon; il épie avec patience les poissons dont il veut se nouîrir. La couleur obscuie de sa peau em- pêche qu'on ne le distingue aisément au milieu de la vase dans laquelle il se couche. Ses longs barbillons, auxquels il donne des mouvements semblables à ceux des vers, atti- rent les animaux imprudents qu'il cherche à dévorer, et qu'il engloutit d'autant plus aisé- ment qu'il tient presque toujours sa bouche béante, et que l'ouverture de sa gueule est tournée vers le haut. H ne quitte que pendant un mois ou deux le fond des rivières où il a établi sa pêche; c'est ordinairement vers le printemps qu'il se montre de temps en temps à la suiface de l'eau; et c'est dans cette même saison qu'il dépose près des rives, ou ses œufs, ou le suc prolifique qui doit les féconder. On a rema)qué qu'il n'allait pondre ou arroser ses. œufs que vers le milieu de la nuit, soit que celte habitude déj)eiide du soin d'éviter les embûches qu'on lui tend, ou de la délicatesse de ses yeux, que la lumière du soleil ble?seraii, pour peu qu'elle fût trop abondante. Celle seconde couse pourrait être d'autant plus la vérita- ble, que presque tous les animaux qui passent la plus grande partie de leur vie dans des asiles écartés et dans des cavité obscures, ont l'organe de la vue très-sensible à .'aciion de la lumièie. Les membres du glanis étant arrosés, imbus et profondément pénétrés d'une humeur gluante, peuvent résister plus facilement que ceux de plusieurs autres habitants ûqs eaux U2 HISTOIRE NATURELLE aux coups qui brisent, aux acciden(s qui écrasent, aux causes qui dessèchent; et dès-lors on doit voir pourquoi il est plus dillicile de lui l'aire perdre la vie qu'à beaucoup d'autres poissons. On a pensé que sa sensibilité était extrêmement émoussée; on l'a conclu du peu d'agi- tation qu'il éprouvait lorsqu'il était pris, et de l'espèced'immobililé qu'il montrait souvent dans toutes ses parties, excepté dans ses barbillons. On aurait dû cependant se souvenir que, malgré le besoin qu'il a de se nourir de substances animales, il paraît avoir l'instinct social. On voit presque toujours deux glanis ensemble; et c'est ordinairement un mâle et une femelle qui vivent ainsi l'un auprès de l'autre. Malgré sa giandeur, le glanis femelle ne contient qu'un très-petit nombre d'œufs, sui- vant plusieurs naturalistes; et si ce fait est bien constaté, il méritera d'autant plus l'atten- tion des physiciens, qu'il sera une exception à la proportion que la nature semble avoir établie entre la grosseur des poissons et le nombre de leurs œufs. Bloch rappoite qu'une femelle, qui pesait déjà une livre et demie, n'avait dans ses deux ovaires que dix-sept mille trois cents œufs. Lorsque les tempêtes sont assez violentes pour bouleverser toute la niasse des eaux dans lesquelles vit le glanis, il quitte sa retraite limoneuse, et se montre à la surface des fleuves; néanmoins, comme ces orages sont rares, et que d'ailleurs le temps pendant lequel il est attiré vers les rivages est d'une durée assez courte, il est exposé bien peu souvent à se défendre contre des poissons voraces assez forts pour oser l'attaquer. Mais les anguilles, les lotes, et d'autres poissons beaucoup plus petits, se nourrissent de ses œufs; et quand il est encore très-jeune, il est quelquefois la proie des grandes grenouilles. Son œsophage et son estomac présentent, dans leur intérieur, des plis assez piofonds; et feu Hartmann ainsi que le professeur Schneider, ont remarqué que cet estomac jouis- sait d'une irritabilité assez grande, même après la dissection de l'animal, pour olFrir pen- dant longtemps des contractions et des dilatations alternatives. Le canal intestinal est court et replié une seule fois; le foiegros, la vésicule du fiel longue et remplie d'une liqueur jaune; la vessie natatoire courte, large, et divisée longitudina- lemenl en deux. Vingt côtes sont placées de chaque côté de l'épine du dos, qui est com- posée de cent dix vertèbres. La chair du glanis est blanche, grasse, douce, agréable au goût, mais mollasse, vis- queuse et diHicile à digérer. Dans les environs du Volga, dont les eaux nourrissent un très-grand nombre d'individus de cette espèce, on fait avec leur vessie natatoire une colle assez bonne, mais à laquelle on préfère cependant celle que donne la vessie natatoire de l'acipensére huso. Sur les bords du Danube, la peau du glanis, séchée au soleil, a servi, pendant longtemps, de lard aux habitants peu fortunés ; et du temps de Bélon, celte même j)eau avait été employée à couvrir des instruments du musique. Les notes manuscrites du j)rofesseur Hermann et de son frère le maire de Strasbourg, nous ont appiis que .MM. Dnrr, l'oncle et le neveu, marchands poissonniers de cette ville, avaient tà( lié de naturaliser le glanis dans l'ancienne Alsace. Ils avaient d'abord lait à grands frais plusieurs voyages en Hongrie, pour y chercher dans le Danube plusieurs silures de celle espèce; ils avaient appris ensuite que des glanis habitent un lac de deux lieues de tour, situé dans la Souabe, à quelques milles de Doneschingen, à trente ou trente-cinq lieues de Strasbourg, et par conséquent beaucoup plus près des bords du Rhin que les rives hongroises du Danube. Ce lac se nomme en allemand, Feder-see; en latin, Laciis plumarius; en français, lac aux plumes. Ils en avaient apporté plusieurs de ces silures, qu'on avait déjà mulli])liés dans les étangs de feu le respectable et malheu- reux Dietrich, au point qu'on y en comptait j)lus de cinq cents; mais il y a une douzaine d'années que, lors d'un événement extraordinaire, ces |>oissons furent enlevés, et il n'en reste plus dans les étangs du département du ]}as-Rhin. 31. Dnrr le neveu, et son beau- frère M. Hirschel, font toujours venir du Eeder-seo des glanis, (ju'ils \eiulent à Slras- l)ourg, ou qu'ils envoient plus loin, et dont les plus petits pèsent ordinairement douze livres. DES POISSONS. 415 LE SILURE VERRUQUEUX. Aspredo verrucosus, Cuv.; Platystacns vcrrucosus, Bl. ; Silurus vcrrucosus, Lac. i. ET LE SILURE ASOTE. Silurus Asotus, Pallas, Lac, Cuv. 2. La tête du verruqueux présente, dans sa parlie supciieure, un sillon longitudinal, à la suite duquel on voit sur le dos une saillie également longitudinale. Il n'y a qu'un orifice à chaque narine. Le premier rayon de chaque pectorale est très-dur, très-fort et dentelé. On trouve dans l'Asie l'asote, qui, de même que le verruqueux, a dans le premier rayon de chaque pectorale une sorte de dard dentelé, et dangereux, par sa dureté et sa grosseur, pour les animaux que ce silure attaque, ou qu'il lâche de repousser. Les dents de ce poisson sont très-nombreuses, et sa nageoire de l'anus s'étend jusqu'à celle de la queue. LE SILURE FOSSILE. Silurus fossillis, Linn., Gmel., Bloch, Lac, Cuv. 5. Bloch avait reçu de Tranquebar un individu de ceite espèce. Le dessus de la tête de ce poisson montrait une fossette longitudinale. La couverture osseuse, qui revêtait cette même partie, était terminée par trois poinles. On voyait de petites dents à la parlie anté- rieure du palais, ainsi qu'aux deux mâchoires, qui étaient aussi avancées l'une que l'autre. La langue était courte, épaisse et lisse. La ligne latérale descendait jusque vers les ven- trales, et s'étendait ensuite directement jusqu'à la nageoire de la queue, dont l'anus était une fois plus éloigné que de la tête. Le premier rayon de chaque pectorale paraissait très- fort. On pouvait distinguer les muscles de l'animal au travers de sa peau. Sa couleur générale était celle du chocolat; les nageoires ollraient une teinte d'un brun un peu clair, excepté l'anale qui était grise. LE SILURE DEUX-TACHES. Silurus bimaculatus, Bloch. Lac, Cuv.4. LE SILURE SCIIILDE. Schilbe mystus, Cuv. ; Silurus mystus, Linn., Gmel., Lacs. ET LE SILURE UNDÉCIx^îAL. Silurus undecimalis. Lac. 6. Le violet, le jaune et l'argenté concourent à la parure du silure deux-taches. Sa partie supérieure est d'un violet clair; ses côtés brillent de l'éclat de l'argent; sa caudale est jaune, avec les deux extrémités du croissant qu'elle forme d'un violet foncé; les autres nageoires sont communément variées de jaune et de violet. Ce beau poisson vit dans les lacs et dans les rivières de la côte de Malabar; il fraie pendant i été; sa chair est d'un goût agréable. Sa léte a moiîis de laigeur que ceiie de la plupart des autres silures. Ses dents sont très-fortes; on en voit un grand nombre de petites sur le palais : mais la langue est lisse. Il y a deux orifices à chaque narine. Lei^ barbillons supérieurs sont longs, les inférieurs très-courts et d'une couleur blanchâtre. Le premier rayon de chaque pectorale est dur, gros, et dentelé du côté opposé à la téta. La ligne latérale ne montre que de très-légères courbuies. Le schilde se plaît dans les eaux du Nil. Quatre de ses barbillons tiennent à la mâchoire supérieure; les autres quatre sont attachés à celle de dessous. Le premier rayon de chaque pectorale est distingué par sa grosseur, par sa forceet parsa dentelure. Le silure undécimal, qui habite dans les rivières de Surinam, a onze rayons à sa dor- sale, à sa nageoire de l'anus et à chacune de ses pectorales ; et ces liois nombres sem- blables ont indique le nom qu'on lui a donné. Une dentelure garnit chacun des côtés du i Du genre Asprède ou Platyste, famille des Siluroïdcs, dans la division des malacoptérygiens abdo- minaux, Cuv. D. 2 Du sousgenre Silure, dans le grand genre du même nom, famille des Siluroïdes, division des Malacoptérygiens abdominaux, Cuv. D. 5 Du sous-genre Silure, dans le grand genre Silure, famille des Siluroïdes, de la division des Mala- coptérygiens abdominaux. D. 4 Du genre et du sous-genre des Silures, Cuv. D. 5 Du sous genre Schu-bé, dans le grand genre SauiiE de la famille des Siluroïdes, division des Mala- coptérygiens abdominaux. D. a M. Cuvier ne fait pas mention de celte espèce. D. 414 HISTOUŒ NATURELLE premier rayon de l'une et de l'autre de ses pectorales; ses barbillons extérieurs ont une longueur eyale à celle de son corps. LE SILURE ASPRÈDE. Aspredo lœvis, Cuv. ; Silurus Asprodo, Linn., Gmcl.. Lac. ; Platystacus Lœvis, Bl.i. ET LE SILURE COTYLÉPIIORE. Aspredo colylrphorus, Cuv. ; Platyscatus cotylophorus, Bl.; Silurus cotyleph orus, Lac. 2. On pêche dans les fleuves de l'Amérique, et peul-èire dans ceux des grandes Indes, le silure asprcde, dont la tète plate, osseuse el couverte d'une membrane, s'élargit beaucoup auprès des pectorales, et présente, dans sa partie supérieure, une cavité longitudinale et triangulaire, qui se termine par une sorte de tube solide, prolongé jusqu'à la dorsale. On aperçoit queUpies verrues ou petits tubercules sur la tète et sur la poiliine. La mâchoire supérieure est plus avancée que celle de dessous; la langue et le palais sont lisses ; chaque narine a deux orifices; l'ouverture branchiale est courte et étroite. Les branchies sont petites; elles sont d'ailleurs garnies de filaments très-peu allongés et distiibués par toull'es très-séparées les unes des autres. Une dentelure hérisse chacun des côtés du pre- mier rayon de chaque pectorale, qui, de plus, réunit beaucoup de force à une grosseur considérable. Le corps proprement dit étant court et l'anale très-longue, l'anus est beau- coup plus près de la tète que de la caudale. Au delà de cet orifice, on voit une ouverture placée à l'exlremité d'une sorte de petit cylindre. La queue, très-allongée et très-mobile, est comprimée par les côtés, de manière à présenter une sorte de tranchant ou de carène longitudinale dans sa partie supérieure. La couleur générale est d'un brun mêlé de violet. Le cotyléphore dilîére de l'asprède par les traits suivants, dont ledernierest très-remar- quable, et consiste dans une conformation qne l'on n'a encore observée sur aucune autre espèce. Premièrement, il n'a que six barbillons au lieu de huit. Deuxièmement, ses dents sont moins fortes que celles de l'asprède. Troisièmement, toute sa pai'tie supérieure est garnie de petits tubercules qui forment sur la queue huit rangées longitudinales. Quatrièmement, l'os qui de chaqiie côté représente une clavicule, est divisé en deux par un intervalle que des muscles remplissent. Cinquièmement, le dessous de la gorge, du ventre et d'une portion des nageoires ven- trales,est garni de petits corps d'un diamètrfe à peu près égal à celui des tubercules du dos, arrondis dans leur contour, convexes du côté par lequel ils tiennent au poisson, concaves de l'autre, et assez semblables à une sorte d'entonnoir ou de petite coupe. Prestjue tous ces petits corps sont suspendus à une tige déliée, flexible, et d'autant plus courte ([ue l'en- tonnoir est moins dévelojjè : les autres sont attachés sans aucun pédoncule au ventre, ou à la gorge, ou aux ventrales de l'animal. Il est bon d'observer que ces appendices ne sont ainsi conformés que dans les colyléphores adultes ou presque aitultes ; dans des individus moins âgés, ils sont appliqués immédiatement à la peau, de manière à ressembler à des taches, ou tout au plus à de légères élévations; et dans des silures de la même espèce plus jeunes encore, on n'en aperçoit aucun rudiment. On poui'raitcroire ces entonnoirs sus- cej)tiles de se coller, pour ainsi dire, contre did'érenles snbtances, et propres, par consé- quent, à donner à l'animal un moyeu de s'attacher au fond des fleuves, ou dans diverses positions nécessaires à ses besoins. Le silure cotyléphore habite dans les eaux des Indes orientales. LE SILURE CHINOIS. Silurus siaensis. Lac, Cuv. 5. ET LE SILUHE IIEXADACTYLE. Aspredo hexadaclylus, Cuv.; Silurus iicxadaclylus, Lac. i. Les naturalistes n'ont pas encore publie de description de ces deux silures. Nous avons vu une ])einlure Irès-lidèle et très-bien faite du jiiemiei', dans la collection de peintures chinoises (|ue nous avons souvent citée dans cet ouvrage. 1 Du genre Asprède ou Platvstë, Cuv. Famille des Siluroïdcs, division des Malacoplcrygicns abdo- minaux. D. 2 Du inrine gonro (AsPBKDt) (juc le prcci'denl, scion M. Cnvior. D. 3 Du genre et du sous-genre Sn.uuE, dans ta famille des Siluroïdcs; division des Malacoplérygiens abdotniiiiau.v. D. 4 Du g( lire Asphkde ou Platyste, dans la famille des Siluroïdcs: dirisiou des JJIalacoptcrygicus abdominaux. D. DES POISSONS. 415 La couleur de sa partie supérieure est d'un verdâlre marbré de vert; les côtés et la par- tie inférieure sont d'un argenté mêlé de nuances vertes. Chaque opercule est composé de deux ou tiois pièces presque ovales. Les deux bai-billons ont une longueur à peu prés égale à celle de la tête. La mâchoire inférieure est plus avancée que la supérieure. Aucune nageoire ne présente de rayon fort et dentelé. La collection hollandaise déposée dans le Muséum d^hîsloire naturelle renferme un individu très-bien conservé de l'espèce du silure hexadactyle. Nous avons tiré le nom spé- cifique de ce poisson, du nombre de rayons ou doigts de ses mains, ou nageoires pecto- rales, lesquels sont au nombre de six, ainsi que ceux de ses nageoires ventrales, ou de ses j)ieds. Les quatre barbillons de la mâchpire d'en bas sont plus courts que les deux de la mâchoire d'en haut. L'ouverture de chaque narine est double. Les yeux sont petits et rapprochés l'un de l'autre. Indépendamment de plusieurs arêtes ou saillies tuberculées que l'on voit sur la tête et sur le corps, une saillie semblable part de chaque œil ; et ces deux aiètes se réunissent au-dessus de la partie supérieure du dos. La tête et le corps sont très-aplaiis; la longueur de ces deux parties n'est que le tiers, ou environ, de celle de la queue, qui réunit à cette dimension une conformation analogue à celle d'une pyramide à dix faces. Le premier rayon de chaque pectorale est large, aplati et dentelé sur ses deux bords, de telle sorte que les pointes du bord externe sont tournées vers la queue, et celles du bord intéiieur dirigées vers la tête. Le dessus de la tête et du corps est blanc avec des taches rioires; presque tout le reste de la surface de l'animal est noir avec des taches blanches, excepté la partie inférieure de la tête, de la queue et du corps, qui est blanchâtre. CENT SOLXANTE-QUATRIÈME CENRE. LES MACROPTÉRONOTES i. La tête forge, déprimée, et couverte de îames grandes et dures, ou d^une peau visqueuse, la bouche à l'ex- trémité du museau, des barbillons aux mâchoires, le corps gros, la peau enduite d'une mucosité abon- dante, une seule nageoire dorsale, celle nageoire très-longue. ESPÈCES. CARACTÈRES. 1. Le Macropté- | lîuit barbillons; dix rayons à la membrane des branchies; soixante -douze rayons RONOTEciiARsiCTH ( à la nageoire du tlos; soixante-neuf à l'anale; la caudale arrondie. 2. Le Macropté- / Huit barbillons; sept rayons à la membrane des branchies; moins de soixante-dix ROAOTE GRE- < rayous à la nageoire du dos; moins de cinquante à celle de l'anus; la caudale KouiLLER. ( an-ondie. 5. Le SIacropté- ( ïluit barbillons; la nageoire dorsale, l'anale et la caudale arrondies; la couleur ROiNOTE BRUN. ( brunc et sans laclies. Six barbillons ; la nageoire du dos triangulaire et très-basse, surtout vers la cau- dale; l'anale courte; la caudale an^ondie; la couleur brune et sans taches. 4. Le Macropté- rokote hexaci- CINNE. LE MACROPTERONOTE CHARMUTH. Heterobranchus Sharmuth, Geoff., Cuv.; Macropteronotus Charmuth, Lac ; Silurus Anguillaris, Has- sel([. 2. ET LE MACROPTERONOTE GRENOUILLER. Heterobranchus Batrachus, Geoff., Cuv.; Macropteronotus Batrachus, Lac; Silurus Batrachus, Linn., Gmel. 3. Dans le genre dont nous nous occupons, la nageoire du dos s'étend jusqu'auprès de la caudale, augmente la surface de la queue, et donne par conséquent ])lus de force à l'instrument principal de la natation de l'animal : il n'est donc pas surprenant qu'on ait remarqué beaucoup de rapidité dans les mouvements du charmuth. Le dessus de la tête de ce macroptéronote présente une multitude de petits mamelons. De huit barbillons dont il est pourvu, les deux plus longs sont placés chacun à un des angles de la bouche, les deux plus courts auprès des narines, et les autres quatre sur les bords de la lèvre inférieure. La partie supérieure du poisson est d'un brun obscur, et la partie inférieure 1 M. Cuvier admet ce groupe, sous le nom d'HÉTÉROBRANcuE, comme subdivision du grand genre Silure. D. -2 Du sous-genre Iïétérobranche, Cuv., dans le grand genre Silure, famille des Siluroïdes, division des Malacopt rygiens abdominaux. D. 5 Du mémo "sous-genre (Uétérobranche) que le précédent, selon 31. Cuvier, dans le grand genre Silure. P. 410 HISTOIRE NATURELLE d'un blanc mêlé de gris. M. Geoffroy écrivait d'Egypte, le 16 août 1799, à mon savant conlVère 31. Cuvier, qu'il avait disséqué le cliarmulli ; qu'il avait vu au delà des branchies une cavité qui communiquait avec celle de ces organes; que l'animal pouvait fermer celte cavité ; qu'elle coiilenail un cartilai;e plat et divisé en plusieurs brandies ; que la surface de ce caitilage était couverte de nombreuses ramilicatioiis de vaisseaux sanguins visibles pendant la vie du poisson; que cet appareil devait être considéré comme une branchie supi)lémentaire;que, par une conformation un peu analogue à celle des sépies, le système général des vaisseaux sanguins comprenait trois ventricules séparés les uns des autres, que l'on pouvait regarder ces ventricules comme autant de cœurs, etc. ; mais tous ces détails vont être éclaircis par la publication des utiles travaux de M. Geoffroy, rendu, après quatre ans d'absence, à sa patrie, à ses amis, à sa famille et à ses collègues. Le charmutb habite dans le Psil; on trouve le grenouiller dans l'Asie et dans l'Afrique. La calotte osseuses qui revêt le dessus de la tête du grenouiller se termine en pointe par derrière, et montre deux enfoncements. L'antérieur est allongé, et l'autre presque rond. Autour de chaque angle de la bouche sont distribués quatre barbillons longs et inégaux. Le palais est rude, la ligne latérale presque droite; le premier rayon de chaque pectorale fort et dentelé ; la couleur générale d'un brun mêlé de jaune. LE MACROPTÉRONOTE RRUN. Ileterobranclius Batraclius, Cuv.; Macroptcronotus fuscus, Lacep. i. ET LE 3IACR0PTÉR0N0TE HEXACICINNE. Hetcrobranclius liexacicinnus, Cuv.; Macroptcronotus hexacicinnus. Lac. 2. Nous publions les premiers la description de ces deux espèces, dont les peintures chi- noises déposées dans la bibliothèque du Muséum d'histoire naturelle présentent une image aussi exacte pour les formes que pour les couleurs. Ces deux macroptéronotes \ivent dans les eaux de la Chine. Le dessus de la tète du brun est couvert d'une enveloppe durequimontre par derriéredeuxéchanci'ures, et se termine en pointe. Le premier rayon de chaque pectorale est long, dur, un peu gros, mais sans dentelure. On distingue une partie des muscles du corps et de la queue, au travers de la peau. Les ventrales sont petites et arrondies. Un grand barbillon est attaché à chacjue angle de la bouche; les autres six sont moins longs, et situés deux auprès des narines, et quatre sur la mâchoire inférieure. L'iris est couleur d'or. Le nom de l'hexacicinue désigne les six barbillons du second de ces macroptéronotes chinois. Ce poisson ne dillèie du premier que par les traits indiqu 's sur le tableau géné- rique, et vraisemblablement par ses dimensions que nous croyons inférieures à celles du brun. CENT SOIXANTE-CINQUIÈME GENRE. LKS MALAPTÉniUES Z,. La tête déprimée et couverte de lames grandes et dures, ou d''une peau visqueuse, la bouche à rextréinité du museau, des barbillons aux mâclioires, le corps gros, la penu du corps et de la queue enduite d'une vnicosilé abondante, une seule nageoire dorsale, celle nageoire adipeuse, et j^lacée assez près de la caudale. ESPÈCE. CAnACTKRES. Le BIalaptérure ( Deux barbillons à la mâchoire supcricurc ; quatre barbillons inégaux à la mâchoire ÉLECTRIQUE. ( Inférieure ; douze rayons à la nageoire de l'anus ; la caudale arrondie. LE MALAPTÉRURE ÉLECTRIQUE. Malaptcrurus eleclricus, Lac., Cuv.; Silurus electricus Linn., Gmel. 4. Ce nom d' Electrique rappelle la propriété remarquable que nous avons déjà reconnue dans les (jualre espèces de poissons, dans la laie loi'i>ille et dans le létrodon, le gymnote et le trichiure, désignés par la même dénomination spécifique que le malaptérure de cet article. Celle propriété, observée avec soin dans ces dilleienls animaux, pourra servir ]>eaucoup aux progrès de la théorie des phénomènes galvaniques, auxquels elle appartient de tiès-i)rès; nous ne saurions assez inviter les voyageuis instruits à a'occiipei' de l'exa- i-î Ces deux poissons apparlienncnt au sous-genre IlÉTÉnoDRANciiiî de M. Cuvier, dans le grand genre Silure. Le premier ne paraît être qu'une variété du Macroptéronole grenouiller de l'article pré- cédent. D. 5-4 M. Cuvier conserve ce genre et le place dans la famille des Siluroïdes, qui appartient à la division çlcs Malacoptérygicnç abdominaux. D. DES POISSONS. 417 men de celle force déj^arlie aux cinq poissons électriques, el qui paraît si différente de la plupart de celles que possèdent les êtres organisés etvivaiils; el nous allendons avec beaucoup d'impatience la publication des rccberches faites en Egypte par 31. Geoffroy, sur le malaplérure que nous décrivons. Nous savons déjà par ce professeur i que ce malap- térure est recouvert d'une couche épaisse de graisse. Ce fait doit être rapproché de ce que nous avons indiqué au sujet des poissons qui ont la faculté d'engourdir, dans le premier Discours sur celte Histoire, dans l'article de la torpille, el dans celui du gymnote électi'ique. Le malaplérure dont nous traitons ne se trouve pas seulement dans le Nil : il vit aussi dans d'autres fleuves d'Afrique. Il y représente le lélrodon el le trichure engourdissant de l'Asie, le gymnote torporifique de l'Amérique, el la torpille de l'Europe. Il y parvient à une longueur de plus d'un pied el demi. Son corps est aplati comme sa tête. Ses yeux, très- peu gios, sont recouverts par la membrane la plus extérieure de son tégument général, laquelle s'étend comme un voile transparent au-dessus de ses organes. Chaque narine a deux orifices. Sa couleur grisâtre est relevée par quelques taches noires ou foncées que l'on voit sur sa queue. CENT SOIXANTE-SIXIEME GENRE. LES PIMÉLODES 2. La tête déprimée et cotiverte de lames grandes et dures, ou d^ine peau visqueuse, la bouche à l'extrémité du museau, des barbillons aux mâchoires, le corps gras, la peau du corps et la queue enduites d'une mucosité abondante, deux nageoires dorsales, la seconde adipeuse. PREMIER SOUS-GENRE. La nageoire de la queue fourchue , ou échancrêe en croissant. CARACTÈRES. Quatre barbillons aux mâchoires; le premier rayon de chaque pectorale et celui de la première nageoire du dos, garnis d'un très-long filament; huit rayons à la première dorsale ; vingt-quatre à la nageoire de l'anus. Six barbillons aux mâchoires; huit rayons à la première nageoire du dos; vingt- trois à celle de l'anus. Six barbillons aux mâchoires; les deux barbillons des angles de la bouche d'une longueur égale, ou à peu près, à la longueur totale de l'animal ; huit rayons à la première dorsale ; onze rayons à la nageoire de l'anus. Six barbillons aux mâchoires ; la longueur de la tète égale, ou presque égale, au tiers de la longueur totale du poisson; sept rayons à la première nageoire du dos ; quatorze à l'anale; des bandes transversales. Six barbillons très longs aux mâchoires; neuf rayons à la première nageoire du dos; dix-huit rayons à l'anale. Six barbillons aux mâchoires ; huit rayons à la première dorsale ; treize rayons à la nageoire de l'anus; la couleur générale argentée. Six barbillons aux mâchoires; cinq rayons à la première nageoire du dos; vingt rayons à celle de l'anus ; un nœud ou une tubérosité à la racine du premier rayon de la dorsale. Six barbillons aux mâchoires; sept rayons à la première nageoire du dos; l'adi- peuse très-longue ; neuf rayons à l'anale; quatre taches grandes, rondes, et ran- gées longiludinalement de chaque côté du poisson. Six barbillons aux mâchoires; huit rayons à la première dorsale; dix-sept rayons à la (lageoire de l'anus; le lobe supérieur de la caudale plus long (]ue l'inférieur. Six barbillons aux mâchoires; sept raj'ons à la première dorsale; onze rayons à l'a- nale; le lobe supérieur de la queue plus long que l'inférieur; la couleur géné- rale d'un bleu doré ; deux rangées longitudinales de taches noires de chaque côté de l'animal. Six barbillons aux mâchoires; cinq ou six rayons à la première nageoire du dos; huit rayons à chaque ventrale; vingt rayons h la nageoire de l'anus; les deux premiers rayons de cette nageoire plus longs que les autres, et réunis à un appen- dice membraneux, filiforme, et plus allongé que ces rayons; la couleur générale bleuâtre. Six barbillons aux mâchoires; huit rayons à la première nageoire du dos; le pre- mier de ces rayons fort et court; le second , long et dentelé; six rayons à la na- geoire de l'anus; le premier rayon de chaque pectorale dentelé des deux côtés j la caudale en croissant; presque toutes les nageoires d'une couleur foncée. ESPECES. 1. Le Pimélode BAGRE. 2. Le Pimélode ou AT. 3. Le Pimélode scheilan. 4. Le Pimélode BARRÉ. K. Le Pimélode ASCITE. 6. Le Pimélode ARGEKTÉ. 7. Le Pimélode KOEl'D. 8. Le Pimélode quatre taches. 9. Le Pimélode BARBU. 10. Le Pimélode TACUETÉ. 11. Le Pimélode bleuatre. 12. Le Pimélode doigt-de-nègre. i Lettre écrite du Caire, le 29 thermidor de l'an vii(16 septembre 1799), par M. Geoffroy à M. Cuvier. 2 M. Cuvier admet, sous le nom de Macuoirans (Mijstus), un grand sous-genre de Silures, qui com- prend les Pimélodcs et les Doras de M. de Lacépèdc. Nous considérons les Pimélodes comme formant un sous-genre particulier. MB niSTOmi^ NATURELLE ESPÈCtS. CAUACTÈnkS. 13 COM - p . / Six barbillons nux m'icboiros ; srpt rayons à la prcmicrp nagroiro du dos; le pre- IMELODE j inier do ces rayons deiitck'; des deux côt'-s; i)oiiil de rayon dentelé aux neclora- MERSONME.N. | [,5 . |, |i„„e la t-Tale droito. ' a. Le Pimélode TlllNDERG. ervtiiroptere. 20. Le Pimélodf, RAIE d'aRCEKT. 21. Le Pimélode UAYÉ. 22. Le PrjiFXODE MOUCUETÉ. I Six barbillons aux mâchoires ; un rayon aiguillonne et six rayons articulés à la pre- 3 mièrc dorsale ; vingt-doux rayons ;i 1? nageoire de l'anus; une tache noire sur la ) nageoire adipeuse. 1.). jE iMELonn ( jjjjjj |,a,.ijj]]op, gy^ mâchoires : six ravons à la première dorsale ; vingt à l'anale. MATOU. ( > . I ) s • 16. Le l'iMÉLODE ( Huit barbillons aux mâchoires; cinq rayons à la première nageoire du dos; huit COUS. ( ra)'ons ;"i celle de l'anus; la seconde nageoire du dos ovale. 17. Le PiMÉLonE j Huit barbillons aux niàclioires; dix rayons à la piemièro dorsale; dix rayons à l'a- DocM'.c. ) nale; d'ux rayons à la membrane d.s branchies. .jj j p . I Huit barbillons aux mâchoires; «lix i ayons à la première nageoire du dos ; douze , jE i.iel e ) rayons à Fanalc; la nageoire a(lii)'^iise, longue; ciiiii rayons à la membrane des [ .nranchies. .„ y p , l Unit barbillons aux mâclioircs; huit rnyons à la première nageoire du dos ; neuf E iMEF-ODE J rayons à celle de l'anus; la nageoire ::dipcuso , longue; les deux lobes de la cau- dale Irès-allongés; les nageoires ron' tnie liqnc. droite, on arrondie et sans èrhanerure. 2t IePim' o ( Six barbillons aux mâchoires; six rayons à lapremière dorsale; vingt-quatre rayons ' rs ' "^1 à la nageoire de l'anus ; la caudale arrondie; la tète couverte d'une plaque osseuse, " ■ ( ciselées et di'coupée. 24. Le Pimélode ( Quatre barbillons aux mâchoires; sept rayons à la première nageoire du dos; onze CHILI. ( rayons à celle de l'anus; la caudale lancéolée. LE PIMÉLODE BAGRE. Pimelodus Bagre, Lac, Cuv.; Silurus Bagre, Bl. l. LE PIMÉLODE CHAT. Pimelodus Felis, Lac; Silurus Felis, Linn., Gmel, 2. LE PIMÉLODE SCHEILAN. Synodontis Clarias, Cuv.; Pimelodus Clarias, Lac; Silurus Clarias,ïloch 3. ET LE PIMÉLODE BARRÉ. Pimelodus fasciatus, Cuv.; Silurus fasciatus, Bl., Lac. 4. Les grandes rivières du Brésil et celles de l'Amérique septentrionale nourrissent le bagre, qui parvient à une longueur considérable, mais dont la chair est ordinairement peu agréable au goût. On voit sur sa tète une cavité allongée; chaque narine a deux orifices; la mâchoire inférieure dépasse celle d'en haut; le devant du jialais est rude, mais la lan- gue est lisse. Les barbillons situés au coin de la bouche sont plats et très-longs. La ligne latérale est droite; une forte dentelure garnit le bord extérieur du [)remier rayon de la première nageoire du dos, et les deux côtés de chaque pectorale. La partie supérieure de l'animal est bleue; l'inférieure argentée; et la base des nageoires, rougeâlre. Les couleurs et la patrie du pimélode chat sont presque les mêmes que celles du bagre. On pèche le scheilan dans les eaux douces du Brésil et dans celles de Surinam ; mais on le trouve aussi dans le Nil. Il a la mâchoire supérieure plus avancée que celle d'en bas; i Le bagre forme, pour M Cuvier, le type d'une petite subdivision des Pim<''Iodes, qui entrent eux- mêmes dans la eom|)osition du sous-genre Maciioiran, de son grand genre Su-ure. D. 2 Espèce non mentionnée par M Cuvier. D. 5 De la subdivision des Pimélodes appelés SchaJs {Synodontis, Cuv.) faisant partie du sous-genre Maciioiran, dans le grand genre Silure. D. '. Le Pimélode barn-, Lac, est de la subdivision des Pimélodes nommés Bagres par M. Cuvier. Il appartient conséqueramcnt au sous-genre Macuoiran, dans le grand genre Silure. D. ► DES POISSONS. MO ces deux mâchoires hérissées, ainsi que le palais, de dents petites et pointues; les yeux grands et ovales; la prunelle allongée dans le sens vertical; deux petits sillons entre les yeux ; la nuque et le devant du dos, couverts de plaques très-dures et osseuses; la ligne latérale courbée vers le bas; l'os qui représente la clavicule, soutenu par une pièce osseuse et triangulaire; le premier rayon de cliaque pectorale, de la première nageoire du dos, et quelquefois de chaque ventrnle, osseux, très-fort, dentelé d\\\\ ou de deux côtés, et propre à l'aire des blessures dangereuses à cause des déchirements qu'il peut produire dans les muscles et jusque dans le périoste ; l'anale et la nageoire adipeuse échancrées du côté de la cauiialo, dont la pointe supérieure est plus longue que l'inférieure ; la couleur générale d'un giis noir; le ventre d'un gris blanc. Le barré vit à Surinam, comme le scheilan. Le haut de la tête sillonné; la mâchoire supérieure plus allongée que celle d'en bas; la langue lisse et courte; le palais rude; l'orifice unique de cliaque narine; les bandes transversales grises, jaunes et bi'uues; la blancheur du ventre, le rougeàtre des pectorales, le bleuâtre et les taches brunes des autres nageoires; tels sont les traits du pimélode barré, qu'il ne faut pas négliger de connaîti'e. LE PIMELODE ASCITE. Silurus Ascita, Linn., Gmcl; Pimelodus Ascita,L3c. i. Le Pimélode arçienté, Vme\o(\as argenleus, Lac; Silurus Herlzbcrgii, Blocli; Pimelodus Hertzbergii? (]uv. — P. nœud, Pimelodus iiodosus, Lac; Silurus noflosus, Bl. — P. qiuitre-taches , Pimelodus quadrimaculatus, Lac, Cuv.; Silurus quadr.imaculalus, Bl. — P. barbu , Piuielodus Barbus, Lac. — P. tacheté, Pimelodus maculatus, Lacep., Cuv. — P. bleuâtre, Pimelodus cœrulescens, Lac. — P. doiql-dc-nègre, Pimelodus nigrodigilatus, Lac, Cuv. — P. Commersonnien , Pimelodus Com- mersoiiiiii, Lac. Nous avons déjà observé très-souvent que plusieurs poissons cartilagineux ou osseux, tels que les raies, les squales, les blennies, etc., étaient ovovivipares, c'est-à-dire, prove- naient d'un œuf éclos dans le ventre de la mère. Nous avons remarqué aussi que les syngnathes se développaient d'une manière intermédiaire entre celle des ovovivipares et celle des ovipares. Leurs œufs, en effet, n'éclosent pas dans le ventre de la femelle; mais lorsque les petits syngnathes en sortent, ces œufs sont encore dans une sorte de rainure longitudinale qui se forme au-dessous de la queue de la mère, et où ils sont retenus par une membrane que les fœtus déchirent pour venir à la lumière. Une gésiération différente, à plusieurs égards, de celle des syngnathes, mais qui s'en rapproche néanmoins, et qui tient également le milieu entre celle des ovovivipares et celle des ovipares, a été observée dans les ascites. Leurs omî's n'éclosent, pour ainsi dire, ni tout à fait dans le corps, ni tout à fait hors du corps de In femelle; et nous allons voir comment se passe ce phénomène remarquable qui confirme plusieurs des idées exposées dans nos différents Discours sur les poissons. Les œufs de l'ascite deviennent très-gros à proportion de la grandeur de l'animal adulte. A mesure qu'ils se développent, le ventre se gonfle; !a peau qui recouvre cet organe s'étend, s'amincit, et enfin se déchire longitudinalement. Les œufs détachés de l'ovaire parviennent jusqu'à l'ouverture du ventre; le plus avancé de ces onifs se fend à l'endroit qui répond à la tète de l'embryon; la membrane (jui en forme l'enveloppe se retire; et l'on aperçoit le jeune animal recourbé et attaché sur le jaune par une sorte de cordon ombilical, composé de plusieurs vaisseaux. Dans celle position, l'embryon peut mouvoir quelques-unes de ses parties ; mais il ne peut se séparer du corps de la mère que lorsque le jaune, dont il tire sa nourriture, est assez diminué pour passer au travers de la déchirure longitudinale du ventre; le jeune poisson s'éloigne alors, entraînant avec lui ce qui reste de jaune, et s'en nourrissant encore pendant un temps plus ou moins long. Un nouvel œuf prend la place de celui qui vient de sortir; et lorsque tous les œufs se sont ainsi succédé, et que tous les petits sont éclos, le ventre se refeime, les deux côtés de la feule se léunissent, et cette sorte de blessure disparaît jusqu'à la ponte suivante. Des six barbillons que présente l'ascite, deux sont placés à la mâchoire supérieure, et quatre à l'inférieure. Le premier rayon de la première nageoire du dos et celui de chaque pectorale sont durs et pointus. Il paraît que l'ascite a été péché dans les deux Indes. A l'égard de l'argenté, on l'a reçu de Surinam. Ce pimélode a l'ouverture de la bouche 1 M. Cuvier remarque que le PimiModn ascite n'ost qu'un Pimélode ordinaire, sortant de l'œuf, et dont le jaune n'est pas encore tout à fait rentré l'abdomen. D. 4i>0 HISTOIRE NATURELLE petite; les mâchoires aussi longues l'une que l'autre, et liérissées de très-petites dents, comme le jialais; la langue lisse et courte; un seul orillce à cliaque narine; quatre barbil- lons à rc.xtréniilc' de la màclioire iiilV-rieure; un barbillon à chaque coin de la gueule; la ligne latérale presque droite, et garnie, sur chacun de ses côtés, de plusieurs i)etilcs lignes toitueuses; le premier rayon de la première doisale dentelé à son bord extérieur; le premier rayon de chaque pectoi'ale dentelé sur ses deux bords; le dos brunâtre; et les nageoires variées de jaune. Les eaux de Tiampiehar nourrissent le pimélode Nœud. Nous devons indiquer les petits sillons qui divisent en lames la couverture osseuse de sa tête, le double orifice de chacune de ses narines, l'appendice triangulaire qui termine chaque clavicule, la dente- lure que montre le bord intérieur du premier rayon de chaque ])ectorale et de la première nageoiie du dos, la direction de la ligne latéiale qui est ondée, le bleu du dos et de la nageoire de l'anus, lacouleiirbrune des autres nageoires, l'argenté des côtés et du ventre. Que l'on i-emarque dans le pimélode Quatre-Taches, qui vit en Amérique, l'égal avan- cement des deux mâchoires ; le nombre et la petitesse des dents qui les hérissent et qui garnissent le palais; la langue lisse; l'orifice unique de chaque narine; la longueur des barbillons placés au coin de la bouche; la dentelure du piemier rayon de chaque pecto- rale; le brun nuancé de violet qui règne sur le dos ; le gris du ventre; le jaunâtre des nageoires; les taches de la première dorsale, dont la base est jaune, et l'extrémité bleuâtre. Les cinq pimélodes dont nous allons parler dans cet article, n'ont encore été décrits dans aucun ouvrage d'histoire naturelle. Nous avons trouvé dans les manuscrits de Com- merson une notice très-étendue sur les deux premiers de ces quatre poissons, et un dessin du cinquième. La couleur générale du Barbu est d'un bleu plus ou moins foncé ou plus ou moins sem- blable à la couleur du plomb; la partie inférieure de l'animal est d'un blanc argenté; les côtés réfléchissent quelquefois l'éclat de l'or, quelques nageoires présentent des teintes d'incarnat. La couverture osseuse de la tête est comme ciselée, et relevée par des raies distribuées en rayons ; la mâchoire supérieure dépasse et embrasse l'inférieure ; de petites dents hérissent l'une et l'autre, ainsi que deux croissants osseux situés dans !a i\Trtic antérieure du palais, et deux tubercules placés auprès du gosier; la langue est très-large, unie, cartilagineuse, dure, et attacliée dans tout son contour; chaque narine a deux ori- fices, et l'orifice postérieur, qui est le plus grand, est fermé par une petite valvule que le barbu peut relever à volonté; une carène osseuse et aiguè s'étend depuis l'occiput jusqu'à la première dorsale; la ligne latérale est à peine visible; le ventre est gros, et devient très-gonflé et comme pendant, lorsque l'animal a pris wwf}' quantité de nourriture un peu considérable. Le premier- rayon de chatpie pector-ale et de la première nageoir'e du dos est dentelé de deux côtés, très fort, et assez pi(|uant poirr faire des blessrrres tiès- dorrloureuses, graves et s: profondes, qu'elles pr-èsentent des phénomènes senrblables à ceirx des plaies empoisonnées. La nageoire adipeuse est plus ferme que son nom ne l'indique, et sa natirre es! à demi cartilagineuse. On aperçoit au delà de l'ouvertrrre de l'anus urr second orifice destiné vraisemblablement à la sortie de la laite ou des œufs. Le foie est^rougeâtre, très-grand, et divisé err phisieirrs lobes; l'estomac dénué de cœcums ou d'appendices; le canal intestinal replié plirsieui's fois; la vessie natatoire attachée au-dessous du dos, entourée de graisse, et séparée en quatre loges. Le goût de la chair- du barbu est exquis; on le prend à la ligne ainsi qu'au filet. Lors- qu'on le tourmente ou l'ellraie, il fiiil onteruli-e une sor-te de mui-mure, ou plutôt de bruis- sement. Il habite dans les eaux de l'Améiique méridionale. Le pimélode tacheté a été vu dans les mêmes contrées. II vil particulièrement dans le grand fleuve de la Plata, et il a été observé à lîuénos-Ayres, ainsi qir'à la Encénada. Le tégument osseux de sa tète est r-elevé par des points et des ciselures, il montre rrn petit sillon entre les yeux, et s'étend |);n- un appendice jusqu'à la i)remière iiageoii-e du dos. La mâchoire supérieure est plus longue qire celle de dessorrs. Les (\c\\\ barbillons attachés à celte même mâchoire d'en haut sont beaucorr|) plus longs (jue l(\'; autres. Derrière chacirn des opercirles, cpri sont rayonnes, deirx prolongations osseirses s'étendent vers la queire. Le premier rayorr (!<> cliiKine pecloralede la])remière nageoire drr dos, et In nageoireadipeuse, ressemblent beaucoirp â eerrx dir bar-bti. La ligne latérale sirit la corrrbure du dos. Le bleirâlre, dont M. Lebioiid nous a envoyé irn individu de Cayenrre, a bearrcorrp de rapports avec le pimélode chat. De ses six barbillons, deux appartiennent à la mâchoire DES POISSONS. 424 d'en haut, et deux à celle d'en bas. Le premier rayon de la première dorsale et celui de chacune des pectorales sont dentelés. Le Doigt-de-nègre tire son nom de la couleur des rayons de ses pectorales et de ses ventrales, rayons que l'on a pu comparer à des doigts. Le premier rayon de chaque pec- torale a ses deux dentelures dirigées en sens contraire l'une de l'autre. Plusieurs plaques osseuses garantissent le dessus de la tête. Celle qui couvre l'occiput est carénée, pointue par derrière, et se réunit avec la pointe d'une autre plaque triangulaire, composée de plusieurs pièces, et dont la base embrasse l'aiguillon dentelé du dos. Il paraît que le Doigt-de-nègre parvient à une grandeur considérable. La collection du Muséum d'histoire naturelle en renferme un individu. Le commersonnien a deux orifices à chaque narine, et les deux dorsales triangulaires. Le dessus de sa tête est dénué de grandes plaques osseuses. 11 ne montre ni taches, ni bandes, ni raies. LE PIMÉLODE THUNBERG. Pimelodus Thunberg, Lacep. i. La mâchoire supérieure de ce pimélode est plus avancée que l'inférieure; elle montre deux barbillons, et l'inférieure quatre : l'une et l'autre sont garnies de dents nombreuses, mais plus petites que celles qui hérissent le palais. Chaque opercule présente un aiguillon. Le premier rayon de la première dorsale, et celui de chaque pectorale, sont forts et dentelés. Thunberg a vu ce pimélode dans les mers des Indes orientales. LE PIMÉLODE MATOU. Pimelodus Catus, Lac, Cuv. ; Silurus Catus, Linn. 2. Le Pimélode Cous, Pimelodus Cous, Lacep.; Silurus Cous, Linn. — P. Docmac, Pimelodus Docmac, Lac, Cuv. ; Silurus Docmac, Linn. — P. Bajad, Pimelodus Bajad., Lac. , Cuv.; Silurus Bajad, Linn., Gniel.— P. Érytliroptère, Pimelodus erythropterus,Lac., Cuv.; Silurus erylhropterus,Bloch. — P. raie-d'argent, Pimelodus atherinoides, Lac; Silurus atherinoides, Bl. — P. rayé, Pimelodus viltatus, Lac; Silurus viltatus, Bloch. — P. moucheté, Pimelodus guttalus, Lac L'Amérique et l'Asie nourissent le matou , dont le dos est d'une couleur obscure et noirâtre, et qui parvient souvent à la longueur de trois pieds ou trois pieds et demi. La Syrie est la patrie du cous, qui y vit dans l'eau douce, qui a la mâchoire inférieure plus courte que celle d'en haut, des dents très-petites, un orifice double à chaque narine, et dont le dos est d'un blanc argentin marbré de taches cendrées. On trouve dans le Nil, et particulièrement auprès du Delta, le docmac et le bajad. Le premier est grisâtre par-dessus, blanchâtre par-dessous, et quelquefois long de plus de quatre pieds. Ses barbillons sont inégaux et très-allongés ; sa ligne latérale est droite; le premier rayon de chaque pectorale et de la première nageoire du dos, est osseux et dentelé par derrière. Le bajad est bleuâtre ou d'un vert de mer. Il a une fossette au-devant de chaque œil; la mâchoire supérieure plus longue que l'inférieure, et armée d'un arc double de dents très-serrées; les barbillons extérieurs de la lèvre d'eu haut très-allongés; la ligne latérale courbée vers le bas , auprès de son origine, et ensuite très-droite ; un aiguillon très-fort caché sous la peau, et placé auprès de chaque pectorale, qui présente une nuance rousse, ainsi que toutes les autres nageoires, excepté l'adipeuse. Observez dans l'érythroptère d'Amérique l'égale prolongation des deux mâchoires; la grande longueur des barbillons des coins de la bouche; la rudesse du palais; la brièveté de la langue, qui est cartilagineuse et lisse; la direction de la ligne latérale, qui est ordi- nairement droite; la dentelure du bord intérieur du premier rayon de chaque pectorale et de la première dorsale ; le brunâtre du dos ainsi que des côtés, et la couleur grise du ventre; Dans le pimélode raie-d'argent, que l'on a découvert dans les eaux douces de 3Ialabar, l'égale longueur des deux mâchoires ; la petitesse de leurs dents ; les dimensions de celles du palais; le double orifice de chaque narine; la position de l'anus plus rapprochée de la tête que de la caudale; le rayon dentelé dans son côté intérieur, que l'on voit à la pre- mière dorsale et à chaque pectorale; la couleur générale qui est d'un brun clair; l'éclat argentin du dessous du corps de l'animal ; Dans le rayé de Tranquebar, le châtain de sa couleur générale, le cendré du ventre, les 1 M. Cuvier ne cite pas cette espèce. D. 2 Du sous-genre Pimélode, dans le grand genre Silure, Cuv. D. LACÉPÈDE.— TOME 11. 37 422 HISTOIRE NATURELLE six pointes qui terminent la couverture osseuse de la tète, la longueur égale des deux mâchoires, les dents arquées du palais, la surface unie de la langue, les deux orifices de chaque narine, la dentelure intérieure du premier rayon de chaque pectorale et de la première nageoire du dos, la direction très-droite de la ligne latérale. A l'égard du moucheté, dont on peut voir une figure très-exacte dans la collection de peintures chinoises dont nous avons parlé très-souvent, ajoutons à ce qu'indique de ce piniélode le tableau générique, que sa mâchoire d'en haut est plus avancée que celle d'en bas, et que chaque pectorale a son premier rayon dentelé du côté intérieur. LE PIMÉLODE CASQUÉ. Pimelodus galcatus, Lac; Silurus galeatus, Linn.i. ET LE PIMÉLODE CHILI. Pimelodus chilensis, Lac. ; Silurus chilensis, Linn. 2. De petites dents semblables à celles d'une lime arment les deux mâchoires du casqué, dont la patrie est l'Amérique méridionale. La mâchoire inférieure avance un peu plus que celle d'en haut. Le palais est rude; la langue lisse; l'orilice de chaque narine double; le premier rayon de chaque pectorale dentelé sur ses deux bords; la ligne latérale ondulée, le dos bleuâtre; le ventre gris; et la couleur des nageoires, d'un brun foncé. Le Chili vit, comme le casqué, dans l'Amérique méridionale, et particulièrement dans les eaux douces du pays dont il porte le nom. Il y parvient à la longueur d'un pied ou quinze pouces. Sa tête est grande; sa partie supérieure, brune ou noire; sa partie infé- rieure, blanche ; et sa chair très-agréable au goût. CENT SOIXANTE-SEPTIÈME GENRE. LES DORAS 3. La tète déprimée et couverte de lames grandes et dures ou d'une peau visqueuse, la bouche à /^extrémité du museau, des barbillons aux mâchoires, le corps gros, la peau du corps et delà queue enduite d'une muco- sité abondante, deux nageoires dorsales, la seconde adipeuse, des lames larges et dures, rangées longi- tudinalement de chaque côté du poisson, ESPÈCES. CARACTÈRES. 1 r T\ L Six barbillons aux mâchoires ; six rayons à la première nageoire du dos ; douze Le L»oras I rayons à celle de l'anus; les lames de la ligne latérale garnies de piquants; la CARENE. I nageoire de la queue fourchue. !Six barbillons aux mâchoires; sept rayons à la première nageoire du dos ; douze rayons à la nageoire de l'anus; des plaques dures, larges, courtes et garnies d'un crochet de chaque côte de la queue et du corps; de grandes lames au-dessus et au-dessous de rextrémité de la queue; la caudale fourchue. LE DORAS CARÉNÉ. Doras carinatus, Lac, Cuv.4. ET LE DORAS COTE. Doras costalus, Lac, Cuv. 5. Les deux barbillons situés au coin de la bouche du caréné sont comme élargis par une membrane dans leur côté inférieur, et les quatre de la mâchoire d'en bas paraissent garnis de petites papilles. Le premier rayon de la première dorsale est dentelé vers le haut; celui des pectorales l'est des deux côtés. Ce doras habite à Surinam. L'espèce sui- vante se trouve également dans l'Amérique méridionale; mais elle vit aussi dans les Indes orientales. La tète de ce second doras est revêtue d'une enveloppe osseuse qui s'étend jusque vers le milieu de la première nageoire du dos, et sur laquelle on voit plusieurs petites éminences rondes et semblables à des perles. La mâchoire supérieure dépasse l'inférieure. Le palais est rude, et la langue lisse. Chaque narine n'a qu'un orifice. On voit au-dessus de chaque pectorale un os long, étroit, pointu et perlé, que l'on a comparé à une omoplate. Les 1-2 Ces deux poissons ne sont pas cites par M. Cuvier. D. 3 BI. Cuvier adopte le genre Doras, mais le considère comme un simple sous-gcnrc de Silure. D. i Du sous-genre Dokas, dans le grand genre Silure, selon M. Cuvier. Ce naturaliste remarque que le jyorrt* crtwm^MS de Laccpcde lui parait être le poisson décrit par Gronovius, III, 'iet K, et qui est cité dans la synonymie du Silurus cataphractus. Ce serait aussi le même que le klipbagrc de Marc- grave, ly^i. L'espèce du Silurus cataphractus se trouverait ainsi réduite a rien. D. .•) Du sous-grnrc r)oR\s, dans lo grand genre Sii.nnF, solon M. Cuvier, qui remarque que le Silurus coslatus, Bl., 570, et Gronov. V. 1 2i, est aussi le Cataphractus américanus, Culesby, suppl. IX. cité d'ordinaire comme Silurus cataphractus. D. DES POISSONS. 423 plaques à crochet, qui hérissent les côtés du corps o( de la queue, sont ordinaireinenl au nombre de trente-quatre. Le premier rayon de la première dorsale et celui des pectorales sont dentelés des deux côtés; mais dans la dorsale toutes les dentelures sont tournées vers la pointe du rayon, pendant que dans les pectorales celles d'un côté sont dirigées vers la pointe, et celles de l'autre vers la base du rayon auquel elles appartiennent. La partie supérieure de l'animal est d'un brun mêlé de violet. Marcgrave dit que sa chair est de mauvais goût : aussi ce poisson est-il peu recherché. Le doras côte a d'ailleurs des armes offensives et défensives à opposer à ses ennemis: presque toutes les parties de son corps sont cachées sous un casque ou sous une forte cuirasse; un dard dentelé arme son dos et chacun de ses bras. Pison rapporte même que les pêcheurs de l'Amérique méridionale le redoutaient d'autant plus, et cherchaient à en débarrasser leurs filets avec d'autant plus de soin, qu'ils étaient persuadés que les aiguil- lons dentelés de cet osseux renfermaient un venin qui donnait la mort au bout de vingt- quatre heures, et dont ils ne pouvaient arrêter les effets funestes qu'en versant sur la plaie une grande quantité de l'huile de son foie, dont ils portaient toujours avec eux. Nous n'avons pas besoin de faire remarquer que cette erreur des pêcheurs brasiliens venait des blessures dangereuses que peuvent produire en effet les dards de ce doras, non pas par les suites d'un poison qu'ils ne distillent pas, mais par celles des déchirures profondes que font souvent les dentelures de ces armes violemment agitées. CENT SOIXANTE-HUITIÈME GENRE. LES POGONATHES i. La iêie déprimée et couverte de lames grandes et dures, ou d'une peau visqtieuse, la bouche à Vextrémité du museau^ des barbillons aux mâchoires, le corps gros, la peau du corps et de la queue enduite d'une 7nucosité abondante, deux nageoires dorsales, soutenues Vune et f autre par des rayons, des lames larges et dures, rangées longiludinalement de chaque côte du poisson. ESPÈCES. CARACTÈRES. . y p , 1 Vingt-quatre barbillons à la mâchoire inférieure ; point de barbillons à celle d'en 1 . LE FOGOxATiiE 1 jjauf. neuf rayons à la première dorsale; huit rayons à la nageoire de l'anus; couRBiNE. j 1^ caudale un peu fourchue. 2. Le Pogonathe i Un seul barbillon à la mâchoire inférieure; point de barbillons à la mâchoire d'en DORÉ. haut. LE POGONATHE COURBINE. Pogonias fasciatus, Lac, Cuv. ; Pogonathus Courbina, Lac. 2. ET LE POGONATHE DORÉ. Umbrina , Cuv. ; Pogonathus auratus, Lac. 3. Ces deux poissons sont encore inconnus des naturalistes. Nous en avons trouvé la des- cription dans les manuscrits de notre Commerson. Le pogonathe courbine présente ordinairement une longueur de deux pieds ourrriifii ) Huit barblllons aux mâchoircs : sIx payoïis à la première nsgeoire du dos. 2 Le Plotose ( ^^^^ barbillons aux mâchoires ; un rayon aiguillonné et trois rayons articules à la première dorsale; cent douze rayons à la seconde dorsale; la caudale et l'anale réunies. THUNBERGIEN. LE PLOTOSE ANGUILLE. Plotosus anguillaris, Lac, Ciiv.; Platystacus anguillaris, Bl. 2. Pour peu que l'on jette les yeux sur ce poisson, on verra que sa queue longue et dé- liée, la viscosité de sa peau, la position et la figure de ses nageoires, ainsi que la confor- mation de presque toutes les autres parties de son corps, doivent donner à ses habitudes une grande ressemblance avec celles de la murène anguille. Il vit dans les Grandes-Indes ; et Commerson en avait rencontré une variété dans un des parages qu'il a parcourus lors de son fameux voyage avec notre célèbre Bougainville. Il a plusieurs rangs de dents coniques aux deux mâchoires; des dents globuleuses au palais; d'autres dents pointues auprès du gosier; la langue lisse; la mâchoire supérieure plus avancée que l'inférieure; un seul orifice à chaque narine; le premier rayon de la première dorsale, court, gros et dur; le second long et fort, et de plus osseux, aiguil- lonné et dénué de dentelure, comme le premier; le premier rayon de chaque pectorale, également osseux, fort et allongé, et d'ailleurs dentelé des deux côtés; la ligne latérale garnie de petits tubercules; la couleur générale d'un violet mêlé de brun; le dessous du corps, blanchâtre; et cinq raies blanches et longitudinales. J'ai vu, sur un individu de cette espèce, un orifice situé au delà de l'anus ; par cet ori- fice sortait comme un organe sexuel, qui se divisait en deux coupes ou entonnoirs mem- braneux. Au-devant de cet organe était un pédoncule ou appendice conique. L'état de l'individu ne me permit pas de savoir s'il était mâle ou femelle. Bloch a fait une obser- vation analogue sur l'individu qu'il a décrit. LE PLOTOSE THUNBERGIEN. Plotosus thunbergianus, Lac. 3. La couleur générale de ce poisson est d'un blanc jaunâtre. Deux raies longitudinales et blanches paraissent de chaque côté de la tête, du corps et de la queue. Quatre barbil- lons garnissent chaque mâchoire. La ligne latérale est droite. On voit une dentelure au premier rayon des pectorales et de la première nageoire du dos. Ce plotose, dont on doit la connaissance au savant voyageur Thunberg, habite la partie orientale de la mer des grandes Indes. 1 M. Cuvier admet ce groupe comme sousgenre dans le grand genre Silure. D, 2 Des deux espèces décrites par 3L de Lacépède, M. Cuvier ne cite que celle-ci. D. 5 Non cité par M. Cuvier. D. 426 HISTOIRE NATURELLE CENT SOIXANTE ET ONZIÈME GENRE. LES AGÉNÉIOSES i. La tète déprimée ot couverte de lames grandes et dures ou d'une peau visqueuse, la bouche à l'extrémité du museau, point de barbillons, le corps gros, la peau du corps et de la queue enduite d'une mucosité abondante, deux nageoires dorsales, la seconde adipeuse. ESPÈCES. CARACTÈnES. l L'Agénéiose i '''^P'' '■^J'ons à la première nageoire du dos; la caudale en croissant; une sorte de ARMÉ \ corne presque droite, hérissée de pointes, et placée entre les deux orifices de / chaque narine. 2. L'Agénéiose j Sept rayons à la première dorsale; la caudale en croissant; point de corne entre DÉSARMÉ. j les deux orifices de chaque narine. L'AGÉNÉIOSE ARMÉ. Ageneiosus militaris, Cuv.; Ageneiosus armatus, Lac; Silurus militaris, Linn., Grael., Bl. 2. ET L'AGÉNÉIOSE DÉSARMÉ. Ageneiosus inermis, Lac, Cuv.; Silurus inermis, Linn., Gmel. 3. Ces deux poissons vivent dans les eaux de Surinam, et peut-être dans celles des Grandes Indes. Quels traits devons-nous ajouter à ceux que présente le tableau générique, pour terminer le portrait de ces deux agénéioses? Pour le premier, la largeur et le grand aplatissement de la tête; les dents petites et nombreuses des deux mâchoires; la brièveté et la surface unie de la langue; l'arc hérissé de dénis, placé sur le palais; la distance qui sépare les yeux; le rouge de la prunelle; la peau qui revêt tout l'animal ; la longueur et la dureté du premier rayon de la première dorsale, lequel est d'ailleurs garni d'un double rang de crochets pointus, vers le milieu et à son extrémité; la grosseur du ventre; les sinuosités et les ramifications de la ligne laté- rale: le vert foncé de la couleur générale; les dimensions étendues du poisson; le mau- vais goût de sa chair. Pour le second, tous ceux que nous venons d'énoncer, excepté la couleur de la pru- nelle, qui est noire; la nature de la peau, qui est moins épaisse; la longueur et les cro- chets du premier rayon de la première dorsale, lequel est dur et aiguillonné, mais sans dentelure; et peut-être la grandeur des dimensions, ainsi que le goût peu agréable de la ehair. Le désarmé a de plus une prolongation triangulaire et très-pointue à l'extrémité posté- rieure de la couverture osseuse de sa tête; des taches brunes et irrégulières ; la première dorsale, les pectorales, les ventrales brunes, et les autres nageoires d'un gris quelquefois mêlé de violet. CENT SOIXANTE-DOUZIÈME GENRE. LES JI.VCROR.VMPIIOSES 4. La tête déprimée et couverte de lames grandes et dures mi d'vne penu visqueuse, la bouche à ^extrémité du museau, point de barbillons aux mâchoires, le corps gros^ In peau du corps ri de la queue enduite d''u)ie mucosité abondante, deux nageoires dorsales, l'une et fautre soutenues par des rayons, le premier rayon de la première nageoire dorsale fort, très- Ion g et dentelé, le museau très-allongé. ESPÈCE. CAHACTÈRES. Le JlACRonAM- PIIOSE CORSl'. I Six rayons à la seconde nageoire du dos; point de rayon dentelé aux pectorales. LE MACRORAMPHOSE CORNU. Macroramphosus cornuliis, Lac; Silurus cornutus, Linn. 5. La longueur du museau égale la moitié de la longueur du corps. Son extrémité est un peu recourbée. Le premier rayon de la première nageoire du dos a deux rangs de petites dents sur la moitié de son bord inférieur, et peut s'étendre jusqu'au-dessus de la nageoire de la queue. On compte neuf rayons à cette dernière nageoire. 1 Les Agénéioses forment, pour M. Cuvier, un sous-genre dans le grand genre Silure. D. a-3 Voyez la note précédente. 1-5 M. Cuvier a reconnu que ce genre est factice, et qu'il est fondé sur un individu du Csntrisoik BÉCASSE, Ceniriscus Si:oloj)ax, poisson de la fnniillo dos Acanthoptérygicns bouche-cn ilùtc. D. DES POISSONS. 427 CENT SOIXANTE-TREIZIÈME GENRE. LES CENTRANODONS 1. La têle ih'primée et couverte de lames grandes et dures ou d'mte peau visqueuse, la bouche à l'extrémité du museau, poiitl de barbillons ni de dents aux mâchoires, le corps gros, la peau du corps et de la queue enduite d'une mucosité ahondunte, deux nageoires dorsales, l'une et l'autre soutenues par des rayons, un ou plusieurs piquants à chaque opercule. ESPÈCE. CAnACTÈRES. Le Centranodon (^ ,, , -ii, ji j- JAPONAIS ) ^"2^ rayons a la seconde nageoire du dos ; la caudale arrondie. LE CENTRANODON JAPONAIS. Centranodon japonicus, Lac; Silurus imberbis, Linn., Gmel. 2 Ce poisson a les yeux gros et rapprochés l'un de l'autre. On compte deux piquants vers le bord postérieur de chaque opercule. Le corps et la queue sont très-allongés; ils sont couverts d'écaillés très-faciles à voir. Ce centranodon parvient à la longueur de huit pouces. Sa couleur générale est rougeâtre. Ses nageoires sont variées de blanc et de noir. Le Japon est sa patrie. CENT SOIXANTE-QUATORZIÈME GENRE. LES LORICAIRES 5. Le corps et la queue couverts en entier d'une sorte de cuirasse à lames, la bouche au-dessous du museau, les lèvres extensibles, une seule nageoire dorsale. ESPÈCES. CARACTÈRES. !Un rayon aiguillonne et sept rayons articulés à la nageoire du dos; un rayon ai- guillonné et cinq rayons articulés à celle de l'anus ; la caudale fourchue ; le pre- mier rayon du lobe supérieur de la nageoire de la queue très-allongé; une grande quantité de petits barbillons autour de l'ouverture de la bouche. 2. La LoRiCAiRE i Point de dents à la mâchoire supérieure, ni de petits barbillons autour de l'ouver- TACHETÉE. turc de la bouche; un grand nombre de taches brunes. LA LORICAIRE SÉTIFÈRE. Loricaria cataphracta, Linn., Gmel.; Loricaria cirrhosa, Bl., Schn.; Loricaria setigera. Lac. i. ET LA LORICAIRE TACHETÉE. Loricaria maculata, Bl., Lac. 8. Les loricaires sont, parmi les osseux, les représentants des acipensères que nous avons décrits en traitant des cartilagineux. Elles ont avec ces poissons des rapports très-mar- qués par leur conformation générale, par la position de la bouche au-dessous du museau, par leurs barbillons, par les plaques dures qui les revêtent ; et si elles n'offrent pas des dimensions aussi grandes, une force aussi remarquable, des moyens d'attaque aussi redoutables pour leurs ennemis, elles ont des armes défensives à proportion plus sûres, parce que les pièces de leur cuirasse, placées sans intervalle les unes auprès des autres, ne laissent, pour ainsi dire, aucune de leurs parties sans abri. La sétifère a les mâchoires garnies de dents petites, flexibles, et semblables à des soies; l'ouverture des branchies, très-étroite; le premier rayon de chaque pectorale, dentelé sur deux bords; celui des ventrales, dentelé; celui de l'anale et de la nageoire du dos, dur, gros et rude; le corps couvert de lames fortes, presque toutes losangées, et dont plusieurs sont garnies d'un aiguillon; la queue renfermée dans un étui composé d'anneaux situés les uns au-dessus des autres; ces anneaux découpés, comprimés, et formant souvent en haut et en bas une arête ou carène dentelée; le premier rayon du lobe supérieur de la queue, quelquefois plus long que tout le corps ; la couleur générale d'un jaune bru- nâtre. 1 M. Cuvier fait observer que ce poisson ne peut appartenir à la famille des Siluroïdes, puisqu'il a des écailles, des aiguillons aux opercules, la première dorsale épineuse, etc. Il le croit voisin des Per- ches, et remarque que c'est bien gratuitement que Bloch (Schneider) le range parmi les Sphyrènes. D. 2 Voyez la note précédente. 5 M. Cuvier, en adoptant ce genre, lui réunit le suivant (Hypostome) et le place dans l'ordre des Malacoptérygiens abdominaux, famille des Siluroïdes. Il le divise en deux sous-genres, Hypostome et Loricaire. IK A Du sous-g<'nre Loricatre, dans le genre du même nom, famille des jMjIacoptc'iygicns abdominaux siluroïdes, Cuv. D. 3 M. Cuvier ne cite pas cette espèce. D. 428 HISTOIRE NATURELLE Elle habite dans l'Amérique méridionale, ainsi que la lachelée, que nous regardons comme une espèce différente de la sétifére, mais qui cependant pourrait n'en être qu'une variété distinguée par l'arrondissement de la partie antérieure et inférieure de sa tête; le nombre de ses barbillons, qui n'excède pas deux; le défaut de dents sétacées-, la présence de deux pointes, à la vérité très-dilUciles à reconnaître, à la mâchoire inférieure; de grandes lames placées sur le ventre, les unes à côté des autres; la moindre longeur du premier rayon de la caudale; des taches irrégulières, d'un brun foncé, distribuées sur presque toute la surface du poisson; et une tache noire que l'on voit au bout du lobe infé- rieur de la nageoire de la queue. CENT SOIXANTE-QUINZIÈME GENRE. LES HYPOSTOMES 1. Le coi'^s et la queue couverts en entier d'une sorte de cuirasse à lames, la bouche au-dessous du museau, les lèvres extensibles, deux tvageoircs dorsales. ESPÈCE. CARACTÈRES. L'Hypostome ( Huit rayons à la première nageoire du dos; un seul à la seconde; la caudale en GCACARi. ( croissant. L'HYPOSTOME GUACARI. Loricaria (Hypostoma) plecostomus, Cuv.; Loricaria plecostomus , Linn., Bl.; Hypostoraus Guacari, Lac. 2. Le nom générique de ce poisson indique la position de sa bouche. Il montre une cou- verture osseuse et découpée par derrière sur sa tête; une ouverture étroite et transversale, à sa bouche ; des dents très-petites et comme sétacées, à. ses mâchoires; des verrues et deux barbillons à la lèvre inférieure; une membrane lisse, sur la langue et le palais; un seul orifice à chaque narine; quatre rangées longitudinales de lames de chaque côté de l'étui solide qui renferme son corps et sa queue; une arête terminée par une pointe, à chacune de ces lames; un premier rayon très-dur, à chaque ventrale; un premier rayon dentelé et très-fort, aux pectorales ainsi qu'à la première nageoire du dos; des taches inégales, arrondies, brunes ou noires ; et différentes nuances d'orangé, dans sa couleur générale. Le canal intestinal est six fois plus long que le poisson. La chair est de bon goût. Les rivières de l'Amérique méridionale sont le séjour ordinaire du guacari. CENT SOIXANTE-SEIZIÈME GENRE. LES CORYDORAS 3. De grandes lames de chaque côté du corps et de la queue, la tête couverte de pièces larges et dures, la bou- che à Vextrémilé du museau, point de barbillons, deux nageoires dorsales, plus d'un rayon à chaque nageoire du dos. ESPÈCE. CARACTÈRES. Le Corydoras | Deux rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à la première nageoire du dos; Geoffroy. ( la caudale fourchue. LE CORYDORAS GEOFFROY. Corydoras Geoffroy, Lac. 4. Nous avons trouvé, dans la collection donnée par la Hollande h la France, un individu de cette espèce encore inconnue des naturalistes. Le nom générique par lequel nous avons cru devoir la distinguer, indique la cuirasseet le casque qu'ellea reçusde la natures; et nous l'avons dédiée ù notre collègue Geoffroy, qui a si bien mérité la reconnaissance de tous ceux qui cultivent l'histoire naturelle, par les observations qu'il a faites en Egypte sur les divers animaux de cette contrée, et particulièrement sur les poissons du Nil. Les lames qui garantissent chaque côté de cet osseux sont disposées sur deux rangs; elles sont de plus très-larges et hexagones. Une membrane assez longue sépare les deux rayons qui soutiennent la seconde nageoire du dos. Le premier rayon de chaque pectorale 1-2 Ce genre est considéré comme sous-genrc par M. Cuvier et réuni au précédent (Loricairc) pour former le genre Loricaire qu'il admet dans la famille des Malacoptcrygicns al)dominaux silu- roïdcs. D. 5-4 M. Cuvier ne fait nullement mention de ce genre. D. 8 Cnryn, rn grec, signifie cnsque ; et doras, cuirasse. DES POISSONS. 429 est hérissé de très-petites pointes. Le second rayon de la première nageoire du dos est dentelé d'un seul côté. Le premier de celte même nageoire n'offre pas de dentelure; il est même très-court : mais on peut remarquer sa force. (Miaque narine a deux orifices. On voit une grande lame au-dessus de chaque pectorale. CENT S01XANTE-DL\-SEPÏ1ÈME GENRE. LES TACHYSURES 1. La bouche à Vextrémité du museau, des barbillons aux mâchoires, te corps et la queue très-allongés et revê- tus d\ine peau visqueuse, le premier rayon de la j)remicre nageoire du dos et de chaque pectorale très- fort, deux nageoires dorsales, Vune et l'autre soutenues par plus d'un rayon. espèce. caractères. Le Tachtsure CHINOIS. I Six barbillons aux mâchoires ; la caudale fourchue. LE TACHYSURE CHINOIS. Tachysurus sinensis, Lac. 2. Parmi les peintures chinoises déposées au Muséum d'histoire naturelle, on voit une figure de cette belle espèce, dont les formes et par conséquent les habitudes ont beaucoup de rapports avec celles des silures, des pimélodes, de pogonathes, etc. Ce poisson vit dans l'eau douce. Son nom générique exprime l'agilité de sa queue longue et déliée s, et son nom spécifique indique son pays. La mâchoire supérieure est un peu plus avancée que l'inférieure; elle présente deux barbillons : on en compte quatre à la mâchoire d'en bas. Chaque narine n'a qu'un ori- fice. Le dessus de la tête est aplati; le museau arrondi; le dos très-relevé et anguleux; la ligne latérale droite, l'opercule composé de trois pièces; la seconde nageoire du dos un peu ovale, et semblable, pour la forme ainsi que pour les dimensions, à celle de l'anus, au- dessus de laquelle elle est située; la couleur générale verte, avec des taches d'un vert plus foncé. Des teintes rouges paraissent sur les ventrales et sur les nageoires de l'anus et de la queue. CENT SOIXANTE-DIX-HUITIÈME GENRE. LES SALMONES 4, La bouche à rextrémité du museau, la tête comprimée, des écailles facilement visibles sur le corps et sur la queue, point de grandes lames sur les côtés, de cuirasse, de piquants aux opercules, de rayons dp.ntelés, ni de barbillons; deux nageoires dorsales, la seconde adipeuse et dénuée de rayons, la première plus près ou aussi près de la tête que les ventrales, plus de quatre rayons à la membrane des branchies, des dents fortes aux mâchoires. ESPÈCES. CARACTÈRES. I T ^ c . ^ i Quatorze rayons à la première nageoire du dos ; treize à celle de l'anus : dix à cha- 1. LE ÎSALMONE \ ^ .'^iii'^ij i - i «,..„,.' , que ventrale; le bout du museau plus avance que la mâchoire inférieure; la cau- dale fourchue. Douze rayons à la première dorsale et à la nageoire de l'anus; onze rayons à cha- 2. Le Salmone \ que ventrale; la tête grande; la mâchoire inférieure terminée par une sorte de iLLANKEN. \ crochet émoussé; des taches noires, allongées, inégales, et peu faciles à dis- SAUMON. tinguer. SCHIEFERMULLER i. Le Salmone ÉRIOX. Q T ,. c. , i Ouinze rayons à la première nageoire du dos ; treize à celle de l'anus : dix à cha- O. Le OALMONE 1 ^ . 1 1 « 1. • • r- • 1 11 • 1 ■ • ' 1 11 < que ventrale ; la mâchoire intérieure plus allongée que la supérieure ; la caudale ( fourchue; des taches noires. j Quatorze rayons à la première nageoire du dos ; douze à celle de l'anus; dix à cha- ! que ventrale; la caudale à peine échancrée; des taches grises. K Ti. c. « ( Quatorze rayons à la première nageoire du dos : onze à celle de l'anus: treize à 0. LiE &ALMONE l^i ''.iiji -i -jti. j '. TRUITE \ chaque ventrale; la caudale peu echancree ; des taches rondes, rouges, et ren- ( fermées dans un cercle d'une nuance plus claire sur les côtés du poisson. 0 Le Salmone ( Treize rayons à la première nageoire du dos; douze à celle de l'anus; huit à cha- BERGFOPELLE i quc vcutralc ; la caudalc à peine échancrée; des taches et des points noirs, rou- ( ges et argentins, sans bordure. 7. Le Salmone l Quatorze rayons à la première nageoire du dos; onze à celle de l'anus ; dix à cha- TRUiTE-sAUMO- \ quc vcntralc; la caudale en croissant; des taches noires sur la tète, le dos et les NÉE. ( côtés. 1-2 M. Cuvier n'admet et ne cite pas ce genre, D. 3 Tachys, en grec, signifie rapide. i Ce genre de Lacépède se rapporte en général à la famille des Salmones, dans l'ordre des Alalacop- térygiens abdominaux de M. Cuvier. D. 430 HISTOIRE NATURELLE ESPECES. 8. Le Salmone ROl'GE. 9. Le Salmone ) GiEDEN. 10. Le Salmone BUCH. 11. Le Salmone CARPION. 12. Le Salmone salveline. 13. Le Salmone chevalier. a. Le Salmone TAIMEN. 15. Le Salmone NELMA. 16. Le Salmone LENOK. 17. Le Salmone kundscha. 18. Le Salmone arctique. 19. Le Salmone REIDL'R. 20. Le Salmone ICIME. 21. Le Salmone lepeciiin. 22. Le Salmone SIL. [.MONE ; 23. Le Salmon LOUOE. I iU. Le Salmone BLANC. 2-i. Le Salmone VARIÉ. 20. Le Salmone | rené. i CARACTERES. Dou/.c lapons a la premiircdoisale ; onze à la nageoire de l'anus; dix à chaque ven- trale; les deux mâchoires également avancées ; la caudale fourchue ; des taches rouffes ou rougeâtres, et entourées d'un cercle d'une autre nuance; du rouge sur les nageoires de la queue, de l'anus et du ventre, et sur la partie inférieure de l'animal. Douze rayons à la première nageoire du dos; onze à la nageoire de l'anus; dix à chaque ventrale; la caudale fourchue ; la tête très-petite; le corps et la queue très-allongés et très-minces; des taches rouges renfermées dans un cercle blanc. Treize rayons à la première dorsale ; douze à la nageoire de l'anus ; dix à chaque Ventrale ; la mâchoire supérieure un peu plus avancée que l'inférieure ; des ta- ches brunes, petites et rondes, sur le corps, la queue, et toutes les nageoires, excepté les pectorales. Quatorze rayons à la première dorsale; douze à l'anale; dix à chaque nageoire ventrale; la caudale en croissant; la mâchoire d'en bas un peu plus avancée que celle d'en haut ; les côtés argentés et semés de taches petites et blanches ; du noir et du rouge sur les nageoires inférieures. Treize rayons à la première nageoire du dos ; douze à l'anale ; neuf à chaque ven- trale; la caudale fourchue; la mâchoire supérieure un peu plus avancée que l'inférieure ; les ventrales rouges; le premier ra)on de ces nageoires et de celle de l'anus fort et blanc. Onze rayons à la première nageoire du dos et à celle de l'anus; neuf à chaque ven- trale ; la caudale fourchue; la tête petite; la mâchoire supérieure plus avancée que l'inférieure ; le corps et la queue sans taches. Treize rayons à la première dorsale; dix à la nageoire de l'anus et à chaque ven- trale ; la caudale fourchue; la tête allongée; le museau un peu déprimé; la mâ- choire inférieure un peu plus avancée que celle d'en haut; la couleur générale brunâtre ; un grand nombre de taches rondes et brunes. Treize rayons à la première nageoire du dos ; quatorze à celle de l'anus; la cau- dale fourchue ; la tête très-allongée; la mâchoire inférieure beaucoup plus avan- cée que la supérieure; le museau un peu déprimé ; les écailles grandes ; la cou- leur générale argentée. Treize rayons à la première dorsale; douze à la nageoire de l'anus; dix à chaque ventrale; la caudale fourchue ; le corps et la queue hauts et épais ; la prunelle an- guleuse par-devant; un grand nombre de points bruns sur la partie supérieure du poisson; les dorsales tachetées. Douze rayons à la première dorsale; dix à la nageoire de l'anus; neuf à chaque ventrale; la caudale fourchue ; la nageoire adipeuse, petite et dentelée; la cou- leur générale argentée ; des taches rondes et blanches. Dix-huit rayons à la |)remière nageoire du dos ; dix à l'anale ; la caudale fourchue ; trois rides longitudinales sur la tête ; quatre rangées de points et de petites raies brunes de chaque côté du poisson. Quatorze rayons à la première dorsale; dix à la nageoire de l'anus et à chaque ven- trale; la caudale un peu fourchue; l'adipeuse en forme de faux: la mâchoire supérieure plus longue que l'inférieure; la couleur générale brunâtre; point de taches. Le corps et la queue allongés; les écailles très-petites et lisses ; la peau trèsenduite d'une humeur visqueuse; la partie supérieure du poisson brune, l'inférieure rouge ou rougeâtre; des points noirs. Neuf rayons à la première nageoire du dos ; douze à l'anale; neuf à chaque ventrale; les écailles très-petites; la mâchoire d'en haut un peu plus avancée que celle d'en bas; le dos brun; le ventre rouge; des taches noires, petites, renfermées dans un cercle rouge, et placées sur les côtés de l'animal. Douze rayons à la première dorsale; quatorze à la nageoire de l'anus ; treize à cha- que ventrale; les écailles grandes et brillantes j l'anus très-rapproché de la cau- dale; la couleur générale brune ; les nageoires jaunâtres. Quatorze rayons à la première nageoire du dos; vingt-huit à celle de l'anus; huit à chaque ventrale; la caudale fourciuie; la queue très-haute au-dessus de l'anale; les os de la tête minces et transparents; le dos d'un noir mêlé de vert; les côtés et le ventre argentins. Onze rayons à la première nageoire du dos; neuf à celle de l'anus; neuf à chaque ventrale; la mâchoire supérieure plus allongée que l'inférieure ; la caudale four- chue et noire ; la ligne latérale droite ; une bande longitudinale argentée de cha- que côté du poisson. Dix rayons à la première dorsale; huit à la nageoire de l'anus et à chaque ventrale; la caudale fourchue ; le corps et la queue très-alIongcs; la tête et les opercules couverts d'écaillés semblables à celles du dos; une raie longitudinale rouge, chargée de taches noires , et placée de chaque côté de l'animal , au-dessus d'une série d'espaces alternativement jaunes et noirs; les nageoires variées de noir et de rouge. Dix rayons à la première nageoire du dos ; neuf à l'anale et à chaque ventrale; la caudale fourchue, les deux mâchoires presque aussi avancées Tune que l'autre, deux orifices à chaque narine, neuf ou dix lâches gra nd es et bleuâtres le long de la ligne latérale» DES POISSONS. 434 ESPÈCES. CARACTÈRES. 27. Le Salmone ( Q"*lo''ze rayons à la première dorsale, neuf à la nageoire, de l'anus et à chaque ven- HiLLE \ traie , les mâchoires également avancées, des taches petites et rouges , et des ta- ) ches noires et plus petites sur les côtés, deux taches noires sur chaque opercule. IOnze rayons à la première nageoire du dos, huit à celle de l'anus, neuf à chaque ventrale, l'ouverture de la houchc très-grande, la mâchoire inférieure plus avan- cée que la supérieure, la couleur générale d'un gris marhré, des taches rouges et brunes sur le dos, des taches rouges sur la nageoire adipeuse. Dix rayons à la première nageoire du dos, huit à la nageoire de l'anus, neuf à cha- 90 Tu vD \ que ventrale, la caudale échancrée, les deux mâchoires également avancées, deux rangées de dents nnes et pointues a chaque mâchoire, une rangée longitudi- nale de dents aiguës au milieu du palais, des points rouges le long de la ligne latérale. CUMBERLAND. LE SALMONE SAUMON. Salmon Salar, Linn., Bl., Lac, Cuv. i. Tout le monde croirait le saumon bien connu, et cependant combien peu de personnes, même très-instruites, savent que, parmi les différentes espèces d'animaux, il en est peu qui méritent plus que ce poisson l'observation du naturaliste, l'examen du physicien, les soins de l'économe! La nature des climats qu'il préfère, la diversité des eaux dans lesquelles il se plaît, la vitesse de ses mouvements, la rapidité de sa natation, la facilité avec laquelle il franchit les obstacles, la longueur immense des espaces qu'il parcourt, la régularité de ses grands voyages, la manière dont il fraie, les précautions qu'il paraît prendre pour la sûreté des êtres qui lui devront le jour, les travaux qu'il exécute, les combats que le force à livrer une sorte de tendresse maternelle, son instinct pour échapper au danger, les ruses par lesquelles il déconcerte souvent les pêcheurs les plus habiles, les dimensions qu'il pré- sente, le bon goût de sa chair, l'usage que l'on peut faire de sa dépouille, tout, dans les habitudes et les propriétés du saumon, doit être l'objet d'une attention particulière. Ce poisson se plaît dans presque toutes les mers; dans celles qui se rapprochent le plus du pôle, et dans celles qui sont le plus voisines de l'équateur. On le trouve sur les côtes occidentales de l'Europe; dans la Grande Bretagne; auprès de tous les rivages de la Baltique, particulièrement dans le golfe de Riga; au Spitzberg; au Groenland; dans le nord de l'Amérique; dans l'Amérique méridionale; dans la Nouvelle Hollande, au fond de la Manchede Tartarie ; au Kamtschalka, etc. Il préfère partout le voisinage des grands fleuves et des rivières, dont les eaux douces et rapides lui servent d'habitation pendant une très-grande partie de l'année. Il n'est point étranger aux lacs immenses ou aux mers intérieures qui ne paraissent avoir aucune communication avec l'Océan. On le compte parmi les poissons de la Caspienne; et cependant on assure qu'on ne l'a point vu dans la Méditerranée. Aristote ne l'a pas connu. Pline ne parle que des individus de cette espèce que l'on avait pris dans les Gaules; et le savant professeur Pictet conjecture qu'on ne l'a jamais observé dans le lac de Genève, parce qu'il n'entre pas dans la Méditerranée, ou du moins parce qu'il y est très-rare. Il tient le milieu entre les poissons marins et ceux des rivières. S'il croît dans la mer, il naît dans l'eau douce; si, pendant l'hiver, il se réfugie dans l'Océan, il passe la belle saison dans les fleuves. Il en recherche les eaux les plus pures; il ne supporte qu'avec peine ce qui peut en troubler la limpidité; et c'est presque toujours dans ces eaux claires qui coulent sur un fond de gravier, que l'on rencontre les troupes les plus nombreuses des saumons les plus beaux. Il parcourt avec facilité toute la longueur des plus grands fleuves. Il parvient jusqu^en Bohême par l'Elbe, en Suisse par le Rhin, et auprès des hautes Cordillères de l'Amérique méridionale par l'immense Maragnon, dont le cours est de raille lieues. On a même écrit qu'il n'était ni effrayé ni rebuté par une grande étendue de trajet souterrain; et on a pré- tendu qu'on avait retrouvé, dans la mer Caspieime, des saumons du golfe Persique, qu'on avait reconnus aux anneaux d'or ou d'argent que de riches habitants des rives de ce golfe s'étaient plu à leur faire attacher. Dans les contrées tempérées, les saumons quittent la mer vers le commencement du printemps; et dans les régions moins éloignées du cercle polaire, ils entrent dans les fleuves lorsque les glaces commencent à fondre sur les côtes de l'Océan. Us partent avec 1 Du sous-genre SaumOiN, dans le grand genre du même nom. Famille des Malacoptérygiens abdomi- naux salmones. Cuv. D. 452 HISTOIRE NATURELLE le flux, surtout lorsque les flots de la mer sont poussés contre le courant des rivières par un vent assez fort que l'on nomme, dans plusieurs pays, vent du saumon. Ils préfèrent se jeter dans celles qu'ils trouvent le plus débarrassées de glaçons, ou dans lesquelles ils sont entraînes par la marée la plus haute et la plus favorisée par le vent. Si les chaleurs de l'été deviennent trop fortes, ils se réfugient dans les endroits les plus profonds, où ils peuvent jouir, à une grande distance de la surface de la rivière, de la fraîcheur qu'ils recherchent; et c'est par une suite de ce besoin de la fraîcheur, qu'ils aiment les eaux douces dont les bords sont ombragés par des arbres toufl'us. Ils redescendent dans la mer vers la fin de l'automne, pour remonter de nouveau dans les fleuves à l'approche du printemps. Plusieurs de ces poissons restent cependant, pen- dant l'hiver, dans les rivières qu'ils ont parcourues. Plusieurs circonstances peuvent les y déterminer; et ils y sont forcés quelquefois par les glaces qui se forment à l'embouchure, avant qu'ils ne soient arrivés pour la franchir. Ils s'éloignent de la mer en troupes nombreuses, et présentent souvent, dans l'arrange- ment de celles qu'ils forment, autant de régularité que les époques de leurs grands voya- ges. Le plus gros de ces poissons, qui est ordinairement une femelle, s'avance le pre- mier; à sa suite viennent les autres femelles deux à deux, et chacune à la distance de trois à six pieds de celle qui la précède; les mâles les plus grands paraissent ensuite, observent le même ordre que les femelles, et sont suivis des plus jeunes. On peut croire que cette disposition est réglée par l'inégalité de la hardiesse de ces différents individus, ou de la force qu'ils peuvent opposer à l'action de l'eau. S'ils donnent contre un filet, ils le déchirent, ou cherchent à s'échapper par-dessous ou par les côtés de cet obstacle; et dès qu'un de ces poissons a trouvé une issue, les autres le suivent, et leur premier ordre se rétablit. Lorsqu'ils nagent, il se tiennent au milieu du fleuve et près de la surface de l'eau ; et comme ils sont souvent très-nombreux, qu'ils agitent l'eau violemment, et qu'ils font beaucoup de bruit, on les entend de loin, comme le murmure sourd d'un orage lointain. Lorsque la tempête menace, que le soleil lance des rayons très-ardents, et que l'atmo- sphère est très-échauffée, ils remontent les fleuves sans s'éloigner du fond de la rivière. Des tonneaux, des bois, et principalement des planches luisantes, flottant sur l'eau, les corps rouges, les couleurs très-vives, des bruits inconnus, peuvent les effrayer au point de les détourner de leur direction, de les arrêter même dans leurvoyage, et quelquefois de les obliger à retourner vers la mer. Si la température de la rivière, la nature de la lumière du soleil, la vitesse et les quali- tés de l'eau leur conviennent, ils voyagent lentement; ils jouent à la surface du fleuve; ils s'écartent de leur route; ils reviennent plusieurs fois sur l'espace qu'ils ont déjà parcouru. Mais s'ils veulent se dérober à quelque sensation incommode, éviter un danger, échapper à un piège, ils s'élancent avec tant de rapidité, que l'œil a de la peine à les suivre. On peut d'ailleurs démontrer que ceux de ces poissons qui n'emploient que trois mois à remonter jusque vers les sources d'un fleuve tel que le Maragnon, dont le cours est de mille lieues, et dont le courant est remarquable par sa vitesse, sont obligés de déployer, pendant près de la moitié de chaque jour, une force de natation telle qu'elle leur ferait parcourir, dans un lac tranquille, dix ou douze lieues par heure, et l'on a éprouvé de plus, que lors- qu'ils ne sont pas contraints à exécuter des mouvements aussi prolongés, ils franchissent par seconde une étendue de vingt-quatre pieds ou environ. On ne sera pas surpris de cette célérité, si l'on rappelle ce que nous avons dit de la natation des poissons dans notre premier Discours sur ces animaux. Les saumons ont dans leur queue une rame très-puissante. Les muscles de cette partie de leur corps jouis- sent même d'une si grande énergie, que des cataractes élevées ne sont pas pour ces pois- sons un obstacle insurmontable. Ils s'appuient contre de grosses pierres, rapprochent de leur bouche l'extrémité de leur queue, en serrent le bout avec les dents; en font par là une sorte de ressort fortement tendu, lui donnent avec promptitude sa première position, débandent avec vivacité l'arc qu'elle forme, frajipent avec violence contre l'eau, s'élancent à une hauteur de plus de douze ou quinze pieds, et franchissent la cataracte. Us retom- bent quelquefois sans avoir pu s'élancer au delà des roches, ou l'emporter sur la chute de l'eau : mais ils recommencent bientôt leurs manœuvres, ne cessent de redoubler d'efforts qu'après des tentatives très-mullipliées; et c'est surtout lorsque le plus gros deleurtroupe, celui qne l'on n nommé leur con'încteur, a santé avec succès, qu'ils s'élancent avec une nouvelle ardeur. DES POISSONS. 433 Après toutes ces fatigues, ils ont souvent besoin de se reposer. Ils se placent alors sur quelque corps solide. Us cherchent la position la plus favorable au délassement de leur queue, celui de leurs organes qui a le plus agi ; et pour être toujours prêts à continuer leur route, ou pour recevoir plus facilement les émanations odorantes qui peuvent les avertir du voisinage des objets qu'ils désirent ou qu'ils craignent, ils tiennent la tête dirigée contre le courant. Indépendamment de leur queue longue, agile et vigoureuse, ils ont, pour attaquer ou pour se défendre, des dents nombreuses et très-pointues qui garnissent les deux mâchoi- res, et le palais, sur chacun des côtés duquel elles forment une ou deux rangées. On trouve aussi, des deux côtés du gosier, un os hérissé de dents aiguës et recourbées. Six ou huit dents semblables à ces dernières son placées sur la langue; et, parmi celles que montrent les mâchoires, il y en a de petites qui sont mobiles. Les écailles qui recou- vrent le corps et la queue sont d'une grandeur moyenne : la tête ni les opercules n'en pré- sentent pas de semblables. Au côté extérieur de chaque ventrale paraît un appendice triangulaire, aplati, allongé, pointu, garni de petites écailles, couché le long du corps, et dirigé en arrière. Au reste, cet appendice n'est pas particulier au saumon : nous n'avons guère vu de salmone qui n'en eût un semblable ou analogue. La ligne latérale est droite ; le foie rouge, gros et huileux ; l'estomac allongé ; le canal intestinal garni, auprès du pylore, de soixante-dix appendices ou cœcums réunis par une membrane ; la vessie natatoire simple, et située très-près de l'épine du dos ; cette épine composée de trente-six vertèbres, et fortifiée de chaque côté par trente-trois côtes. Le front, la nuque, les joues et le dos sont noirs; les côtés bleuâtres ou verdàtres dans leur partie supérieure, et argentés dans l'inférieure ; la gorge et le ventre d'un rouge jaune; les membranes branchiales jaunâtres; les pectorales jaunes à leur base, et bleuâ- tres à leur extrémité; les ventrales et l'anale d'un jaune doré. La première nageoire du dos est grise et tachetée ; l'adipeuse noire ; et la caudale bleue. Quelquefois on voit sur la tête, les côtés et le dos, des taches noires et irrégulières, plus grandes et plus clair-semées sur la femelle. Les mâles, que l'on dit beaucoup moins nombreux que les femelles, offrent d'ailleurs, dans quelques rivières, et particulièrement dans celle de Spal en Ecosse, plus de nuances rouges, moins d'épaisseur dans le corps, et plus de grosseur dans la tête. Dans toutes les eaux, leur mâchoire supérieure non-seulement est plus avancée que celle d'en bas, mais encore, lorsqu'ils sont parvenus à leur troisième année, elle devient plus longue et se recourbe vers l'inférieure; son allongement et sa courbure augmentent à mesure qu'ils grandissent; elle a bientôt la forme d'un crochet émoussé qui entre dans un enfoncement de la mâchoire d'en bas; et cette conformation, qui leur a fait donner le nom de Bécard, ou Becquet, les avait fait regarder, par quelques naturalistes, comme d'une espèce différente de celle que nous décrivons. Leur laite est entièrement formée, et le temps du frai commence à une époque plus ou moins avancée de chaque printemps ou de chaque été, suivant qu'ils habitent dans des eaux plus ou moins éloignées de la zone glaciale. Les femelles cherchent alors un endroit commode pour leur ponte. Quelquefois elles aiment mieux déposer leurs œufs dans de petits ruisseaux que dans les grandes rivières auxquelles ils se réunissent; et elles paraissent chercher le plus souvent à déposer leurs œufs dans un courant peu rapide, et sur du sable ou du gravier. On a écrit que, dans plusieurs rivières de la Grande-Bretagne, la femelle ne se conten- tait pas de choisir le lieu le plus favorable à la ponte ; qu'elle travaillait à la rendre plus commode encore; qu'elle creusait dans l'endroit préféré un trou allongé, et de quinze ou dix-huit pouces de profondeur, qu'elle s'y déchargeait de ses œufs, et qu'avec sa queue elle les recouvrait ensuite de sable. Peut-être peut-on douter de cette dernière précau- tion ; mais les autres opérations ont lieu dans presque tous les endroits où les saumons ont été bien observés. Le docteur Grant nous apprend, dans les Mémoires de Stockholm, que, lorsque les femelles travaillent à donner les dimensions nécessaires à la fosse qu'elles préparent, elles s'agitent à droite et à gauche, au point d'user leurs nageoires inférieures, et en laissanl ordinairement leur tête immobile. On en a vu se frotter si vive- ment contre le terrain, qu'elles en détachaient avec violence la terre et les petites pierres, et qu'en répétant les mêmes mouvements de cinq en cinq minutes, ou à peu près, elles parvenaient, au bout de deux heures, à creuser un enfonceinent de trois pieds de long, de deux pieds de profondeur, et de six h huit pouces de rebord. 454 HISTOIRE NATURELLE Lorsque la femelle a terminé ce Iravail, dont la principalecause est sans doute le besoin qu'elle a de iVoller son ventre contre des corps duis, pour se débarrasser d'un poids qui la l'atigue et la fait souffrir, et lorsque les œufs sont tombés dans le fond de la cavité qu'elle a creusée, et que l'on nomme frayère dans quelques-uns de nos départements, le mâle vient les féconder en les arrosant de sa liqueur vivifiante. 11 peut se faire qu'alors il frotte le dessous de son corps contre le fond de la fosse, pour faire sortir plus facilement la substance liquide que sa laite contient : mais on lui a attribué une opération qui suppo- serait une sensibilité d'un ordre bien supérieur, et un instinct bien plus relevé, on a prétendu qu'il aidait la femelle à faire la fosse destinée à recevoir les œufs. Au reste, si nous ne devons pas admettre cette dernière assertion, nous devons croire que le mâle est entraîné à la fécondation des œufs par une atreclion plus vive, ou d'une nature différente, que celle qui y porte la plupart des autres poissons. Lorsqu'il trouve un autre mâle auprès des œufs déjà déposés dans la frayère, ou auprès de la femelle pon- dant encore, il l'attaque avec courage, et le poursuit avec acharnement, ou ne lui cède la place qu'après l'avoir disputée avec obstination. Les saumons ne fréquentent ordinairement la frayère (|ue pendant la nuit. Néanmoins, lorsque des brouillards épais sont rèpandusdans l'atmosphère, ils profitent de l'obscurité que donnent ces brouillards pour se rendre dans leur fosse, et ils y accourent aussi comme pressés par de nouveaux besoins, lorsqu'ils sont exposés à l'influence d'un vent très-chaud. Il arrive quelquefois cependant que les œufs pondus par les femelles, et la liqueur séminale des mâles, se mêlent uniquement par l'effet des courants. Après le frai, les saumons, devenus mous, maigres et faibles, se laissent entraîner par les eaux, ou vont d'eux-mêmes reprendre dans l'eau salée une force nouvelle. Des taches brunes et de petites excroissances répandues sur leurs écailles sont quelquefois alors la marque de leur épuisement et du malaise qu'ils éprouvent. Les œufs qu'ils ont pondus ou fécondés, se développent plus ou moins vite, suivant la température du climat, la chaleur de la saison, les qualités de l'eau dans laquelle ils ont été déposés. Le jeunesaumon ne conserve ordinairementque pendant un mois ouenviron, la bourse qui pend au-dessous de son estomac, et qui renferme la substance nécessaire à sa nourriture pendant les premiers jours de son existence. Il grandit ensuite assez rapi- dement, et parvient bientôt à la taille de quatre ou cinq pouces. Lorsqu'il a acquis une longueur de huit à dix pouces, il jouit d'assez de force pour quitter le haut des rivières, et pour en suivre le courant qui le conduit vers la mer, mais souvent, avant cette époque, une inondation l'entraîne vers l'embouchure du fleuve. Les jeunes saumons qui ont atteint une longueur de quinze ou dix-huit pouces, quittent la mer pour remonter dans les rivières : mais ils partent le plus souvent beaucoup plus tard que les gros saumons; ils attendent communément le commencement de l'été. On les suppose âgés de deux ans, lorsqu'ils pèsent de six à huit livres. M. Pénières as- sure que, même dans les contrées tempérées, ils ne fraient que vers leur quatrième ou cinquième année. Agés de cinq ou six ans, ils pèsent dix ou douze livres, et parviennent bientôt à un développement très-considérable. Ce développement peut être d'autant plus grand, qu'on pêche fréquemment, en Kcosse et en Suède, des saumons du poids de quatre-vingts livres, et que les très-grands individus de l'espèce que nous décrivons présentent une longueur de six pieds. Les saumons vivent d'insectes, de vers, et de jeunes poissons. Ils saisissent leur proie avec beaucoup d'agilité; et, par exemple, on les voits'élancer,avec la rapidité de l'éclair, sur les moucherons, les papillons, les sauterelles, et les autres insectes que les courants charrient, ou qui voltigent à quelques pouces au-dessus de la surface des eaux. Mais s'ils sont à craindre pour un grand nombre de petits animaux, ils ont à redouter des ennemis bien puissants et bien nombreux. Ils sont poursuivis par les grands habitants des mers et de leurs rivages, i)ar les squales, par les phoques, par les marsouins. Les gros oiseaux d'eau les attaquent aussi; et les pêcheurs leur font surtout une guerre cruelle. Et comment ne se>aicnt-ils pas, en eflet, très-recherchés par les pêcheurs? ils sont en très-grand nombre; leurs dimensions sont très-grandes, et leur chair, surtout celle des mâles, est, à la vérité, un peu dillicile à digérer, mais grasse, nourrissante, et très-agréa- ble au goût. Elle plaît dailleurs à l'œil par sa belle couleur rougeâtre. Ses nuances et sa DES POISSONS. 43S délicafesse ne sont cependant par les mêmes dans toutes les eaux. Eu Ecosse, par exemple, le saumon de la Dée est, dit-on, plus gras que celui des rivières moins septentrionales du même pays; et en Allemagne, on préfère les saumons du Rhin et du Weser à ceux de l'Elbe, et ceux que l'on prend dans la Warta, la Netze et le Kuddow, à ceux que l'on trouve dans l'Oder. 3Iais dans presque toutes les rivières qu'ils fréquentent, et dans toutes les mers où on les trouve, les saumons dédommagent amplement des soins et du temps que l'on emploie pour les prendre. Aussi a-t-on eu recours, dans la recherche de ces poissons, à presque toutes les manières de pêcher. On les prend avec des filets, des parcs, des caisses, de fausses cascades, des nasses, des hameçons, des tridents, des feux, etc. Les filets sont des trubles, des trémails i, semblables à ceux dont on se sert en Nor- wège, que l'on tend le long du rivage de la mer, qui forment des arcs ou des triangles, et dans lesquels on attire les saumons en couvrant les rochers de manière à leur donner la couleur blanche de l'embouchure d'un fleuve qui se précipite dans l'Océan. La ficelle dont on fait ces filets doit-être aussi grosse qu'une plume à écrire. Us présen- tent jusqu'à cent brasses de longueur, sur quatre de hauteur; et leurs mailles ont com- munément de quatre à cinq pouces de large. On place les parcs auprès des bouches des rivières, ainsi qu'au-dessus des chutes d'eau. On leur donne une figure telle, que l'entrée de ces enclos est très-large, et que le fond en est assez étroit pour qu'un saumon puisse à peine y passer et qu'on l'y saisisse facile- ment avec un harpon. On se sert de ces parcs pour augmenter la rapidité des rivières en resserrant leur cours, pour en rendre le séjour plus agréable aux saumons, qui ne s'engagent que rarement dans les eaux trop lentes; et ce moyen a été particulièrement mis en usage auprès de Dessau, dans la Milde, qui se jette dans l'Elbe. Derrière ces parcs, auprès des moulins, et dans d'autres endroits où le lit des rivières est rétréci par l'art ou par la nature, on forme des caisses à jour , qui ont une gorge comme une louve 2, et dans lesquelles se prennent les saumons qui descendent ou ceux qui montent, suivant la direction que l'on donne à ces caisses. Dans certaines contrées, et particulièrement à Châteaulin, lieu voisin de Brest, et fameux depuis longtemps par la pêche du saumon, on élève des digues qui déterminent le courant à se jeter dans une caisse composée de grilles, et dont chaque face a quinze ou dix-huit pieds de largeur. Au milieu de cette caisse on voit, à fleur d'eau, un trou dont le diamètre est d'un pied et demi à deux pieds. Autour de ce trou sont attachées par leur base des lames de fer-blanc, allongées, pointues, un peu recourbées, qui forment dans l'intérieur de la caisse un cône lorsque leur élasticité les rapproche, et un cylindre lorsqu'elles s'écartent les unes des autres. Les saumons, conduits par le courant, éloignent les unes des autres les extrémités de ces lames, entrent facilement dans la caisse, ne peuvent pas sortir par un passage que ferment les lames rapprochées, et s'engagent dans un réservoir d'où on les relire par le moyen d'un filet attaché au bout d'une perche. On tend cependant d'autres filets le long des digues pour arrêter les saumons qui pourraient se dérober au courant, et échap- per au piège. Dans quelques rivières, comme dans la Stolpe et le Wipper, on construit des écluses dont les pieux sont placés très-près les uns des autres. Les saumons s'élancent par-des- sus cet obstacle; mais ils trouvent au delà une rangée de pieux plus élevés que les premiers, et ils ne peuvent ni avancer ni reculer. On prend aussi les saumons dans des nasses de neuf à douze pieds de longeur, et faites de branches de sapin que l'on réunit avec des ficelles, et que l'on tient assez écartées les unes des autres, pour qu'elles ne donnent pas une ombre qui eft'raierait ces poissons. On ne néglige pas non plus de les pêcher à la ligne, dont on garnit les hameçons de pois- sons très-petits, de vers, d'insectes, et particulièrement de demoiselles. Pour mieux réussir, on a recours à une gaule très-longue et très-souple, qui se prête à tous les mouvements du saumon. Le pêcheur qui la tient, suit tous les efforts de l'animal qui cherche à s'échapper; et, si la nature du rivage s'y oppose, il lui abandonne la ligne. Le I Voyez à l'article du Gade colin, l'explication du mot Irémail] et à celui du M isgurne fossile, celle du mot truble. a On trouvera, dans l'article du Pétromyzon lamproie, l'explication du mot louve. 436 HISTOIRE NATURELLE saumon se débat avec violence et longtemps; il s'élance au-dessus de la surface de l'eau; et, après avoir épuisé presque toutes ses forces pour se débarrasser du crochet qu'il a avalé, il vient se reposer près de la rive. Le pêcheur se ressaisit alors de sa ligne, et le tour- mente de nouveau pour achever de le lasser, et le tirer facilement à lui. Lorsqu'on préfère de harponner les saumons, on lance ordinairement le trident à la dislance de trente-six à quarante-cinq pieds. Les saumons que le harpon a blessés sans les retenir, quittent l'espèce de bassin ou de canal dans lequel ils ont été attaqués, pour se réfugier dans le canal ou bassin supérieur. Si on les y poursuit, et qu'on les y entoure de filets, ils s'enfoncent sous les roches, ou se collent contre le sable, et immobiles lais- sent glisser sur eux les plombs du bas des filets que tranienl les pécheurs. On les a vus aussi se précipiter dans un courant rapide, et cachés sous l'écume et les bouillons des eaux, souffrir avec constance, et sans changer de place, la douleur que leur causait une gaule qui frottait avec force, et comprimait leur dos. La pèche du saumon forme, dans plusieurs contrées, une branche d'industrie et de com- merce, dons les produits peuvent servir à la nourriture d'un grand nombre de personnes. A Berghen, par exemple, il n'est pas rare de voir les pécheurs apporter deux mille sau- mons dans un jour. Nous lisons dans le Voyage de l'infortuné La Pérouse, qu'auprès de la baie de Castries, sur la côte orientale de Tartarie, au fond de la Manche du même nom, on prit, dans un seul jour du mois de juillet, plus de deux mille saumons. Il est des pays où l'on en pêche plus de deux cent mille par an. En Norwège, on a pris quelquefois plus de trois cents de ces animaux d'un seul coup de filet. La pêche que l'on fait de ces poissons dans la Tweed, rivière de la Grande-Bretagne, est quelquefois si considérable, qu'on a vu un seul coup de filet en amener sept cents. Et, en 1750, on prit d'un seul coup, dans la Ribble, trois mille cinq cents saumons déjà parvenus à d'assez grandes dimensions. Mais quelque nombreux que soient les individus de l'espèce que nous décrivons, plu- sieurs gouvernements ont été forcés d'en régler la pêche, pourqu'une avidité imprévoyante ne détruisît pas dans une seule saison l'espérance des années suivantes. Au reste, les saumons meurent bientôt, non-seulement lorsqu'on les tient hors de l'eau, mais encore lorsqu'on les met dans une huche qui n'est pas placée au milieu d'une rivière. Des pêcheurs prétendent que, pour empêcher ces poissons de perdre leur goût, il faut se presser de les tuer dès le moment où on les tire de l'eau; et qu'après cette pré- caution, leur chair, quoique très-grasse, peut se conserver pendant plusieurs semaines. Mais, lorsqu'après la mort de ces animaux, on veut les transporter à de grandes distances, et par conséquent les garder très-longtemps, on les vide, on les coupe en morceaux, on les saupoudre de sel, on les renferme dans des tonnes, on les couvre de saumure; ou on les fend depuis la tète, que l'on sépare du corps, jusqu'à la nageoire de la queue, on leur ôte l'épine du dos, on les laisse dans le sel pendant trois ou quatre jours, et on les expose à la fumée pendant quinze jours on trois semaines. Auprès de la baie de Castries dont nous venons de parler, les Tarlares tannent la peau des grands saumons, et en forment un habillement très-souple. Les grands avantages que procure la pêche du saumon doivent faire désirer d'accli- mater cette espèce dans les pays où elle manque. Nous pensons, avec Bloch, qu'il serait possible de la transporter, et de la faire multiplier dans les lacs dont le fond est de sable, et dont l eau très-pure est sans cesse renouvelée par des rivières ou des ruisseaux. On y transporterait en même temps un grand nombre de goujons, qui aiment les eaux limpides et courantes, et qui y pulluleraient de manière à fournir aux saumons une nour- riture abondante. Les saumons sont sujets à une maladie particulière dont on ignore la cause, et qui leur fait donner le nom de Ladres dans quelques départements méridionaux de France. Leur chair est alors mollasse, sans consistance; et si on les garde après leur mort pen- dant quelques jours, elle se détache de l'épine dorsale, et glisse sous la peau, comme dans un sac. Il paraît que l'on doit compter dans l'espèce du saumon quelques variétés plus ou moins constantes, et qui doivent dépendic, au moins en très-grande partie, de la nature des eaux dans lesquelles elles séjournent. Par exemple, on a observé en Ecosse, que les sau- mons de la Cluden ont la tête et le corps plus gros et plus courts que ceux de la rivière de Nilli. On assure aussi (ju'à rembouchure do l'Orne, on voit des saumons sans tache, et un peu plus allongés que les saumons ordinaires. DES POISSONS. 457 LE SALMONE ILLANKEN. Salmo Illanken, Lac; Salmo Salar, var.; lilanken, Linn., Gmel. i. On connaît, sous le nom A'Illanken, des salmones que l'on pêche dans le lac de Con- stance, et au sujet desquels M. Wartmann, médecin de Saint-Gall, a fait de très-bonnes observations. D'habiles naturalistes ont regardé ces poissons comme une variété du sau- mon ; mais nous pensons avec Bloch, qu'ils forment une espèce particulière. Ces salmones passent l'hiver dans le lac de Constance, comme les saumons dans la mer. Ils ne quittent jamais l'eau douce. Ils sont une preuve de ce que nous avons dit sur la facilité avec laquelle on pourrait multiplier les saumons dans les lacs entretenus par des courants limpides. Il ne faut pas croire cependant qu'ils vivent pendant l'hiver dans le lac de Constance, par une préférence particulière pour ce séjour, ou par une convenance extraordinaire de leur nature avec les eaux qui y coulent. Ils y restent, lorsque la mau- vaise saison arrive, parce qu'un obstacle insurmontable les y retient. Ils ne peuvent fran- chir la grande cascade de Schaffhouse, qui barre le Rhin inférieur, et par conséquent la seule route par laquelle ils pourraient aller du lac dans la mer. Ce lac est l'Océan pour eux. 3Iais s'ils présentent des signes de leur habitation constante au milieu de l'eau douce, ils offrent toujours les traits principaux de leur famille. Ils annoncent par ces caractères leur origine marine; et ils ne la rappellent pas moins par leurs habitudes, puisque, n'éprouvant pas, comme les saumons, le besoin de quitter l'eau salée pendant la belle saison, ils désertent cependant le lac de Constance lorsque le printemps arrive, et n'y reviennent que vers la fin de l'automne. Ils remontent dans les rivières qui se jet- tent dans le lac. Ils entrent dans le Rhin supérieur. Ils s'arrêtent pendant quelque temps auprès de son embouchure, parce que, dans cet endroit, il coule avec rapidité sur un fond de cailloux. Ils vont jusqu'à Feldkirck, où ils pénètrent dans la rivière d'///, qui leur a donné son nom; c'est même dans cette rivière qu'ils aiment à frayer. Les mâles, néanmoins, ne remontent dans son lit que lorsque le temps est serein, et que la lune éclaire; de sorte que si le ciel est couvert pendant plu- sieurs jours, un grand nombre d'œufs ne sont pas fécondés. Ils parviennent quelquefois jusqu'à Coire et à Rheinwald; mais ils voyagent lentement, parce que si le Rhin est trou- ble, ils s'appuient contre des pierres, et attendent, presque immobiles, que l'eau ait repris sa transparence. Si au contraire le Rhin est limpide, et qu'il fasse un beau soleil, ils aiment à se jouer sur la surface du fleuve. Ils pèsent souvent plus de quarante livres, et pondent ou fécondent une très-grande quantité d'œufs. Leur multiplication n'est pas cependant très-considérable : un grand nombre d'œufs servent d'aliment à l'anguille, à la lotte, au brochet, aux oiseaux d'eau; et une très-petite partie des illankens qui éclosent échappe aux poissons voraces. Après le frai, leur poids est ordinairement diminué d'un tiers ou de la moitié, lorsqu'ils sont remontés très-haut vers les sources du Rhin. Leur chair, au lieu d'être rouge, de bon goût, et facile à digérer, devient blanche et de mauvais goût : aussi ne sont-ils plus, à cette époque, les poissons les plus recherchés du lac de Constance et du Rhin supé- rieur. Ils se hâtent alors de retourner dans le lac, et se laissent aller au courant, la tête fréquemment tournée contre ce même courant, qui les entraîne, et les délivre de la fatigue de la natation dans le temps où ils n'ont pas encore réparé leurs forces. Ils vivent non- seulement de vers et d'insectes, mais encore de poissons. Us sont surtout fort avides de salmones très-estimés dans les marchés; et les pêcheurs du lac assurent que, dans cer- taines années, ils leur causent plus de pertes qu'ils ne leur procurent d'avantages. 3Ialgré leur grandeur et leurs armes, ils sont poursuivis par le brochet, qui, confiant dans ses dents et dans sa légèreté, lors même qu'il leur est très-inférieur en grosseur, les attaque avec audace, les harcèle avec constance, et, à force de hardiesse, d'évolutions et de manœuvres, parvient sous leur ventre qu'il déchire. Cependant ils trouvent bien plus souvent une perte assurée dans les filets qu'on tend sur leur passage, particulièrement dans le Rhin supérieur. Pour qu'ils ne puissent pas échapper au piège, on construit de chaque côté du fleuve une cloison composée de bois entrelacés. On l'assujettit avec des pieux, et on l'étend depuis le rivage jusque vers le milieu du courant le plus rapide. Les deux cloisons transversales ne laissent ainsi qu'un intervalle assez étroit. On adapte à cette ouverture un verrewxa, dans lequel les illankens t Non mentionné par M. Cuvier. D. 2 Voyez la description du Verveux, à l'article du Gade colin. lACÉCÈOE — TOME II. 28 438 HISTOIRE iNATURELLE vont s'cnfcrnier, mais qu'ils déchirent cependant si ce verveux n'est pas très-fort, ou au dessus duquel ils parviennent souvent à s'élancer. Ils ont la tête moins petite que les saumons. Dès la seconde année de leur àj;e, leur mârhoire inférieure se termine par une sorte de crochet émoussé. On ne dislingue pas aisément les taches noires, allongées et inégales, qui sont distribuées iriéguliérement sur leur corps et sur leur queue. Les pectorales, les ventrales, et la nageoire de l'anus, sont grisâtres; la nageoire adipeuse est variée de noir et de gris, la caudale ordinaire- ment bordée de noir. On trouve auprès du pylore soixante-huit appendices placés sur quatre langs. LE SALMONE SCHIEFFERMULLER. Salmo SchiclTcrmuIlcri, Bl., Lac, Cuv.i. ET LE SALMONE ÉRIOX. Salmo Eriox, Liiin., Gincl., Lac. 2. Le premier de ces salmones se trouve dans la Baltique. On le pèche aussi dans plu- sieurs lacs de l'Autriche, où on le prend dans les environs de mai; ce qui lui a fait donner, dans les contrées voisines de ces lacs, le nom ûc j\hnj forclle. Bloch l'a dédié à M. Schief- feimiilk-r de Liniz, qui lui avait envoyé des individus de celte espèce. Il jiose de six à huit livres. Sa partie supérieure est brune; ses joues, sa gorge, ses opercules, ses côtés et son ventre sont argentés ; la ligne latérale est noire; les nageoires sont bleuâtres; les lâches ont la forme de Irès-pelits croissants. On voit un appendice triangulaire à rôle de chaque ventrale; les écailles tombent facilement, et argenlent la main à laquelle elles s'allaclient. Le foie est pelil, jaunâlre, et divisé en deux lobes, l'es- tomac assez long, et la membrane de la vessie natatoire ordinairement très-mince. L'ériox habite dans lOcéan d'Europe, et remonte, pendant la belle saison, dans les fleuves qui s'y jettent. LE SALMONE TRUITE. Salmo Fario, Linn., Bl., Lac, Cuv. s. La truite n'est pas seulement un des poissons les plus agréables au goût; elle est encore un des plus beaux. Ses écailles brillent de l'éclat de l'argent et de l'or ; un jaune doré mêlé de vert resplendit sur les côtés de la tète et du corps. Les pectorales sont d'un brun mêlé de violet , les ventrales et la caudale dorées ; la nageoire adipeuse est couleur d'or avec une bordure brune; l'anale variée de pourpre, d'or, et de gris de perle; la dorsale parsemée de peliles gouttes purpurines ; le dos relevé par des taches noires; et d'autres taches ronges, entourées d'un bleu clair, léfléchissent sur les côtés de l'animal les nuances vives et agréables des rubis et des saphirs. On la Irouve dans presque toutes les conirces du globe, et particulièrement dans pres- que tous les lacs élevés, tels que ceux du Léman, de Joux, de Neufchàtel; et cependant il parait que le poêle Ausone est le premier auteur qui en ait parlé. Sa léle est assez grosse; sa mâchoire inférieure un peu plus avancée que la supérieure, et, gar'iiie, comme celte dernière, do dents pointues et recourbées. On compte six ou huit dénis sur la langue; on en voit trois rangées de chaque côlé du palais. La ligne lalérale est droite; les écailles sont très-petites; la peau de l'estomac est très-forte; et il y a soixante veilèbres à l'épine du dos, de chaque côlé de laquelle sont disposées trente côtes. Le savant arralomiste Scarpa a vu, dans l'organe de l'ouïe de la truite, un osselet sem- blable à celui que Camper avait découvert dans l'oreille du brochet. Cet osselet est le troisième; il est pyramidal, garni à sa base d'un gi-and nombre de petits aiguillons, et placé dans la cavilé qui sert de communicalion au li'ois canaux demi-circulaires. La truite a ordinairement un pied ou quinze pouces de longueur, et pèse alors six à dix onces. On en pèche cependant, dans quehjues rivières, du poids de quatre ou six livres; Bloch a parlé d'une truite, qui pesait huit livres, et qu'on avait prise en Saxe; et je trouve dans des noies manuscrites qui m'ont été envoyées, il y a plus de douze ans, par l'évèque d'Uzès, ((ui les avait rédigées avec beaucoup de soin, que l'on avait péché, dans le Gar- don, des truites de dix-huit livres. 1 Du genre et du sous-genre Sau,mon, dans la famille des Salmones, ordre des Malacoptërygîens abdominaux, Cuv. D. 2 M, Cuvicr ne cite pas l'espèce du Salmone ériox. D. 3 Du sous-genre Saumo.n, dans le grand genre du mémo nom, famille dos Salmones, ordre des Maia- coptcrygicns abdominaux. D, DES POISSONS. 459 Le salmone truite aime une eau claire, froide, qui descende de montagnes élevées, qui s'échappe avec rapidité, et qui coule sur un fond pierreux. Voilà pouiqiioi les truites sont très-rares dans la Seine, parce que les eaux de ce fleuve sont trop douces pour elles, et trop lentes dans leur cours; et voilà pourquoi au contraire, mon célèbre confrère, M. Ramond, membre de l'Institut, a rencontré des truites dans des amas d'eau situés à près de six mille pieds au-dessus du niveau de la mer , dans ces Pyrénées qu'il connaît si bien, et dont il a fait comme son domaine. Il nous écrivait de Bagnères, en 1797, que le fond de ces amas d'eau est rarement calcaire ou schisteux, mais le plus souvent de granit ou de porphyre. On n'y voit en général aucun autre végétal que la plante nommée spar- ganium 7iatans, et plus fréquemment des tdves solides, croissantes sur des blocs submer- gés : mais le fond est presque toujours enduit d'une couche mince de la partie insoluble de Vhumus que les eaux pluviales y entraînent des pentes environnantes. Les grandes chaleurs peuvent incommoder la truite au point de la faire périr. Aussi la voit-on vers le solstice d'été, lorsque les nuits sont très-courtes et qu'un soleil ardent rend les eaux presque tièdes, quitter les bassins pour aller habiter au milieu d'un courant, ou chercher près du rivage l'eau fraîche d'un ruisseau ou celle d'une fontaine. Elle peut d'autant plus aisément choisir entre ces divers asiles, qu'elle nage contre la direction des eaux les plus rapides avec une vitesse qui étonne l'observateur, et qu'elle s'élance au-dessus de digues ou de cascades de plus de six pieds de haut. Elle ne doit cependant changer de demeure qu'avec précaution. M. Pénières assure que si pendant l'été les eaux sont très-chaudes, et qu'après y avoir péché une truite, on la porte dans un réservoir très-frais, elle meurt bientôt, saisie par le froid soudain qu'elle éprouve. Au reste, une habitation plus extraordinaire que celles que nous venons d'indiquer paraît pouvoir convenir aux truites, même pendant plusieurs mois, aussi bien et peut-être mieux qu'à d'autres espèces de poissons. M. Duchesne, professeur d'histoire naturelle à Versailles, et dont on connaît le zèle louable et les bons ouvrages, m'a communiqué le fait suivant, qu'il tenait du célèbre médecin Lemonnier, mon ancien collègue au Muséum d'histoire naturelle. Environ à dix-huit cents pieds au-dessous du pic du Canigou dans les Pyrénées, on voit un petit sommet dont la forme est semblable à celle d'un ancien cratère de volcan. Ce cra- tère se remplit de neige pendant Thiver. Après la fonte de la neige, le fond de cette sorte d'entonnoir devient un petit lac,quisevideparrévaporation,aupointqu'ileslàsecàl'équi- noxe d'automne. On y pêche d'excellentes truites pendant tout l'été. Celles qui restent dans la vase, à mesure que le lac se dessèche, périssent bientôt, ou sont dévorées par des chouettes. Cependant, l'année suivante, on retrouve dans les nouvelles eaux du cra- tère un grand nombre de truites trop grandes pour être âgées de moins d'un an, quoi- que aucun ruisseau ni aucune source d'eau vive ne communiquent avec le lac. Ce fait, dont M. Duchesne a bien voulu me faire part, prouve que le cratère est placé auprès de cavités souterraines pleines d'eau, dans lesquelles les truites peuvent se retirer lorsque le lac se dessèche, et qui, par des conduits plus ou moins nombreux, exhalent dans l'atmosphère des gaz dangereux pour la santé et même pour la vie des pois- sons; et dès lors il se trouve presque entièrement conforme à d'autres faits déjà connus depuis longtemps. La truite se nourrit de petits poissons très-jeunes, de petits animaux à coquille, de vers, d'insectes, et particulièrement d'éphémères et de friganes, qu'elle saisit avec adresse lorsqu'elles voltigent auprès de la surface de l'eau. Il paraît que le temps du frai de la truite varie suivant le pays et peut-être suivant d'autres circonstances. Un habile naturaliste, M. Decandolle, de Genève, nous a écrit que les truites du lac Léman et celles du lac deNeufchàlel remontaient dans le printemps, pour frayer dans les rivières et même dans les ruisseaux. Dans les contrées sur lesquel- les Bloch a eu des observations, ces poissons fraient dans l'automne; et dans le départe- ment de la Corrèze, selon M. Pénières, les truites quittent également, au commencement ou vers le milieu de l'automne, les grandes rivières, pour aller frayer dans les petits ruis- seaux. Elles montent quelquefois jusque dans des rigoles qui ne sont entretenues que par les eaux pluviales. Elles cherchent un gravier couvert par un léger courant, s'agitent, se frottent, pressent leur ventre contre le gravier ou le sable, et y déposent des œufs que le mâle arrose plusieurs fois dans le jour de sa liqueur fécondante. Bloch a trouvé, dans les ovaires d'une truite, des rangées d'œufs gros comme des pois, 2B. 440 HISTOIRE NATURELLE et dont la couleur orange s'est conservée pendant longtemps même dans de l'alcool. D'après cette grosseur des œufs des truiles, il n'est pas surprenant qu'elica cûiuiciiiient moins d'auls que plusieurs autres poissons d'eau douce; et cependant elles niuliiplient beaucoup, parce que la plupart des poissons voraces vivent loin des eaux froides, qu'elles prélereiit. Mais si elles craignent peu la dent meurtrière de ces poissons dévastateurs, elles ne trou- vent pas d'abri contre la poursuite des pêcbeurs. On les prend ordinairement avec la truble, à la ligne, à la louve, ou à la nasse. Si l'on emploie la truble ou le truble, il faut le lever très-vile lorsque la truite y est entrée, pour ne pas lui donner le temps de s'élancer et de s'écliapper. La ligne doit être forte, afin que le poisson ne puisse pas la casser par ses mouvements variés, multipliés et rapides. La manière dégarnir l'iiamecon n'est pas la même dans dilTérents pays. On y attache de la chair tirée de la queue ou des pattes d'une écrevisse; de petites boules, composées d'une partie de camphre, de deux parties de graisse de héron, de quatre parties de bois de saule pourri, et d'un peu de miel ; des vers de terre; des sangsues coupées par mor- ceaux; des insectes artificiels faits avec des ètolFes très-fines de didérenles couleurs, des membranes, de la cire, des poils, de la laine, du crin, de la soie, du fil, des plumes de coq ou de coucou. On change la couleur de ces fils, de ces plumes, de ces soies, de ces poils, non-seulement suivant la saison et pour imiter les insectes qu'elle amène, mais en- core suivant les heures du jour; et on les agile de manière à leur imprimer des mouve- ments semblables à ceux des insectes les plus recherchés par les truites. Dans l'Arnon, auprès de Genève, on pique ces poissons avec un trident, lorsqu'ils re- montent contre une chute d'eau produite par une digue. Mais on en fait une pêche bien plus considérable à l'endroit où le Rhône sort du lac Léman, dans lequel se jette cette rivière d'Arnon.Nous lisons dans une lettre que le savant professeur Piclel, membre associé de l'Institut, adressa en 1788, aux auteurs du Journal de Genève, qu'à celle époque le Rhône était barré, à sa sortie du lac, par un clayonnage en bois disposé en zigzag. Les angles de ce grillage, alternativement saillants du côté du lac et du côté du Rhône, présentaient de part et d'autre des espèces d'avenues tiiangu- laires, dont chacune se terminait par une nasse ou cage construite en fil de laiton, et arrangée de manière que les poissons qui y entraient ne pouvaient pas en sortir. Celles de ces nasses qui répondaient aux angles saillants du côlé du lac, se nommaient nasses de remonte -,61 lesautres, «osses (/e (/esce^i^e. On laissait ordinairement tous les passages libres dès la fin de juin, afin de donner aux truites la liberté d'aller frayer dans ce fleuve; on les refermait vers le milieu d'octobre : ce qui divisait le temps de la pèche en deux sai- sons : celle du printemps, qui durait depuis la fin de janvier jusqu'en juin ; et celle de Vautomne, qui commençait en octobre, et qui finissait avec le mois de janvier. Dans l'une et dans l'autre de ces saisons, on prenait des truites à la remonte et à la descente, mais dans des proportions bien dilTérenles. Sur quatre cent quatre-vingt-neuf truites on en péchait trente-six à la descente du printemps, trente-quatre à la descente de raulomne, seize à la remonte du printemps, quatre cent trois à la remonte de l'automne. 11 est aise de voir que cette dillérence provenait de la liberté qu'avaient les truites de descendre dans le Rhône, depuis la fin de juin jusqu'au mois d'octobre. Pour attirer un plus grand nombre de truites dans les nasses ou dans les louves, on y place un linge imbibé d'huile de lin, dans laquelle on a mêlé du castoreuni et du camphre fondus. On marine la truite comme le saumon, et on la sale comme le hareng. Mais c'est sur- tout lors(|u'elle est fraîche que son goût est trcs-agréable. Sa chair est tendre, particuliè- rement pendant l'hiver; les personnes même dont l'estomac est faible, la digèrent facile- ment. Pendant longtemps, ce salmone a été nommé, dans plusieurs pays, le roi des pois- sons d'eau douce; et dans quelques parties de l'Allemagne les princes s'en étaient réservé la pêche. Comme on ne voit guère la truite séjourner naturellement que dans les lacs élevés et dans les rivières ou ruisseaux des montagnes, elle est très-chère dans un grand nombre d'endroits : elle mérite par conséquent à beaucoup d'égards l'attention de l'économe, et voici les principaux des soins qu'elle exige. Pour former un bon étang à truites, il faut une vallée ombragée, une eau claire et froide, un fond de sable ou de cailloux placé sur de la glaise ou sur une autre terre qui DES POISSONS. 441 retienne les eaux, une source abondante, ou un ruisseau qui, coulant sous des arbres touffus, et n'étant pas très-éloigné de son origine, amène, même en été, une eau limpide et froide; des bords assez élevés, pour que les truites ne puissent pas s'élancer par- dessus; de grands végétaux plantés assez près de ces bords, pour que leur ombre entre- tienne la fraîcheur de l'eau; des racines d'arbres, ou de grosses pierres, entre lesquelles les œufs puissent être déposés; des fossés ou des digues, pour prévenir les inondations des ravins ou des rivières bourbeuses; une profondeur de neuf pieds ou environ, sans laquelle les truites ne trouveraient pas un abri contre les elfefs de l'orage, monteraient à la surface de l'eau lorsqu'il menacerait, y présenteraient souvent un grand nombre de points blanchâtres ou livides, et périraient bientôt; une quantité très-considérable de loches ou de goujons, et d'autres petits cyprins dont les truites aiment à se nourrir, ou une très-grand abondance de morceaux de foie hachés, d'entrailles d'animaux, de gâteaux secs, faits de sang de bœuf et d'orge mondé; des bandes garnies d'une grille assez fine pour arrêter l'alevin, une attention soutenue pour éloigner les poissons voraces, les gre- nouilles, les oiseaux pêcheurs, les loutres, et pour casser pendant l'hiver la glace qui peut se former sur la surface de l'eau. Lorsque, pour peupler cet étang, on est obligé d'y transporter des truites d'un endroit un peu éloigné, il faut ne placer dans chaque vase qu'un petit nombre de ces salmones, renouveler l'eau dans laquelle on les a mis, et l'agiter souvent. Différentes eaux peuvent cependant être assez claires, assez froides et assez rapides pour que les truites y vivent, et avoir néanmoins des propriétés particulières qui influent sur ces salmones au point de modifier leurs qualilés, leurs couleurs, leurs formes et leurs habitudes, et de produire des variétés très-distinctes et plus ou moins constantes. M. Decandolle assure que les truites prises dans le Rhône différent de celles que l'on pêche dans le lac de Genève, par la grandeur de deux taches noirâtres placées sur les joues. Suivant le même naturaliste, celles de l'Arve sont plus minces et plus allongées. On en voit, dit M. Pénières, d'eflilées, et d'autres très-courtes. Le i iiisseau appelé le Queyrou, près de Pénières, dans le département du Cantal, en nourit d'arrondies, avec le dos voûté : dans celui de Narbois, les truites sont courtes, arrondies, et d'une nuance presque jaune; dans un autre ruisseau nommé Enlan, elles sont allongées, grises et légè- rement tachetées. M. Noël de Rouen nous a écrit : « Les truites de Palluel ont une grande réputation dans » le département de la Seine-Inférieure : ce sont les plus délicates que nous possédions » dans nos eaux douces. On m'a assuré à Cany qu'elles ne remontaient pas au-dessus du » pont de ce gros bourg, qui n'est éloigné de la mer que d'une lieue. Après les truites » de Palluel viennent celles de la rivière de Robec, qui se perd dans la Seine à Rouen... » On connaît dans nos différentes rivières sept ou huit variétés de truites, qui diffèrent » entre elles parla couleur, les taches, etc. » Dans les eaux de Lethnot, comté de Forfar, en Ecosse, les pêcheurs distinguent deux variétés de la truite : la première est jaune, et beaucoup plus large ou haute que la truite ordinaire ; la seconde a la tête beaucoup plus petite, et les côtés tachetés d'une manière aussi élégante que brillante. On pêche aussi dans quelques lacs, ruisseaux ou rivières d'Ecosse, d'autres variétés de la truite, auxquelles on a donné les noms de Truite de mousse, Truite de petite rivière, Truite noire, Truite blanche, et Truite rouge. Rloch en a fait connaître une, qu'il a désignée par la dénomination de Truite brune. Cette variété a la tête et le ventre ])lus gros que la truite commune; le dos arrondi ; la partie supérieure des côtés et la tête, d'un brun-noir avec des taches violettes; la partie inférieure de ces mêmes côtés, jaunâtre, avec des taches rouges entourées de blanc et ren- fermées dans un second cercle brunâtre; les nageoires du ventre, de l'anus et delà queue, mélangées de jaune, la chair très-délicate, et rouge lorsqu'elle est cuite, de même que celle du saumon et du salmone truite-saumonée. Cette variété habite plusieurs des rivières qui se jettent dans la Baltique, ou dans la mer qui baigne les côtes de Norwège. LE SALMONE BERGFORELLE. Salmo punctatus, Cuv. ; Salmo alpinus,Bl., Lac. i. Ce salmone a de petites écailles sur le tronc, un appendice étroit à côté de chaque ven- trale, la ligne latérale droite, la première dorsale jaune avec des taches noires, les autres 1 Le texte de cet article se rapporte au 5o/mo o/pïHMâ de Linnée ; mais la pi. de Bloch lOi reprc- 442 HISTOIRE NATURELLE najïeoircs rougcâlres, le dos verdâtre, le ventre blanc, la chair rouge, de bon goût et facile à digérer. On le trouve dans les eaux de très-hautes montagnes, particulièrement de celles de La- ponie, du pays de Galles, et du voisinage de Saint-Gall. LESALMONE TRUITE-SAU3I0NÉE. Salmo Trutta, Linn.. Gmel., Bl., Cuv. ; Saimo Trutta, Salar. Lac; Salmo lacustris, Linn.,Gmpl. i. On a prétendu que la truite-saumonée provenait d'un œuf de saumon fécondé par une truite ou d'un œuf de truite fécondé par un saumon ; qu'elle ne pouvait pas se reproduire; qu'elle ne formait pas une espèce particulière. Cette opinion est contraire aux résultats des observations les plus nombreuses et les plus exactes. Mais la truite-saumonée n'en mérite pas moins le nom qu'on lui a donné : sa forme, ses couleurs et ses habitudes, la rapprochent beaucoup du saumon et de la truite; elle montre même quelques-uns des traits qui caractérisent l'un ou l'autre de ces deux salmones, et c'est depuis bien du temps qu'on a reconnu ces caractères pour ainsi dire mi-partis. Non-seulement en effet Schwenckfed, Schoneveld, Charleton et Johnson l'on distinguée et décrite; mais encore Je consul Ausone l'a chantée, dès le cinquième siècle, dans son poëme de la Moselle, où il l'a nommée Fario^ et où il l'a représentée comme tenant le milieu entre la truite et le saumon. La truite-saumonée habite dans un très-grand nombre de contrées ; mais on la trouve principalement dans les lacs des hautes montagnes, et dans les rivières froides qui en sortent ou qui s'y jettent. Elle se nourrit de vers, d'insectes aquatiques et de très-petits poissons. Les eaux vives et courantes sont celles qui lui plaisent : elle aime les fonds de sable ou de cailloux. Ce n'est ordinairement que vers le milieu du printemps qu'elle quitte la mer, pour aller dans les fleuves, les rivières, les lacs et les ruisseaux, choisir l'endroit commode et abrité où elle répand sa laite ou dépose ses œufs. Elle parvient à une grandeur considérable. Quelques individus de cette espèce pèsent huit ou dix livres; et ceux même qui n'en pèsent encore que six ont déjà plus de deux pieds de longueur. On la confond souvent avec le salmone huch, auquel elle ressemble en effet beaucoup, et qu'on a nommé, dans plusieurs pays, Truite-saumonée. Ajoutons donc aux traits indi- qués dans le tableau générique pour l'espèce dont nous traitons, les autres principaux caractères qui lui appartiennent, afin qu'on puisse la distinguer plus facilement de ce sal- mone huch, qui, au reste, peut parvenir à un poids sept ou huit fois plus considérable que celui de la véritable truite-saumonée. Sa tête est petite, et en forme de coin ; ses mâchoires sont presque également avancées ; les den(s qui les garnissent sont pointues et recourbées, et celles d'une mâchoire s'emboî- tent entre celles de la mâchoire opposée. On voit d'ailleurs trois rangées de dents sur le palais, et deux rangées sur la langue. Les yeux sont petits, ainsi que les écailles. La ligne latérale est presque droite. Le nez et le front sont noirs; les joues d'un jaune mêlé de violet; le dos et les côtés d'un noir plus ou moins mêlé de nuances violettes; la gorge et le ventre blancs; la caudale et l'adipeuse noires; les autres nageoires grises, les taches noires répandues sur le poisson, quelquefois angulaires, mais le plus souvent rondes. Au reste, la forme et les nuances de ces taches varient un peu, suivant la nature des eaux dans lesquelles l'individu séjourne. La bonté de sa chair dépend aussi très-souvent de la qualité de ces eaux ; mais en général, et surtout un peu avant le frai, cette chair est toujours tendre, exquise et facile à digérer. Elle perd beaucoup de son bon goût lorsque la rivière où la truite-saumoiièc se trouve, reçoit une grande quantité de saletés ; il suffit même que des usines y introduisent un grand volume de sciures de bois, pour que ce sal- mone contracte une maladieà laquelle on a donné le nom de consomption, cl dans laquelle sa tète grossit, son corps devient maigre, et la surface de ses intestins se couvre de petites pustules. On pèche les truites-saumonées avec des filets, des nasses et des lignes de fond, aux- quelles on attache ordinairement des vers. Dans les endroits où l'on en prend un grand nombre on les sale, on les fume, on les marine. sonto la truite pointilK'e {Salmo punctatus) de M. Ciivinr, qui est peut-être le Cnrpionc des lacs de Lonrihordic. Le Bergforclic appartient au sous-genre Saimox, dans le grand genre du même nom. D. \ Du sous-gcnrc Saumon, dans le grand genre du même nom, Cuv. D. DES POISSONS. 443 Pour les fumer, on élève sur des pierres un tonneau sans fond et percé dans plusieurs endroits; on suspend ces salmones, et on les y expose, pendant trois jours, à la fumée de branches de chêne, et de grains de genièvre. Pour les mariner, on les vide, on les met dans du sel, on les en retire au bout de quelques heures, on les fait sécher, on les arrose de beurre ou d'luiiled'olive,on les grille; on étend dans un tonneau une couche de ces poissons sur des feuilles de laurier et de romarin, des tranches de citron, du poivre, des clous de girofle; on place alternativement plusieurs couches semblables de truites-saumonées, et de portions de végétaux que nous venons d'in- diquer; on verse par-dessus du vinaigre très-fort que l'on a fait bouillir, et l'on ferme le tonneau. Bloch a observé, sur une truite-saumonée, un phénomène qui s'accorde avec ce que nous avons dit de la phosphorescence des poissons, dans le Discours relatif à la nature de ces animaux. Entrant un soir dans sa chambre : il y aperçut une lumière blanchâtre et brillante, qui le surprit d'abord, mais dont il découvrit bientôt la cause : cette lumière provenait d'une tête de truite-saumonée. Les yeux, la langue, le palais et les branchies, répandaient surtout une grande clarté. Quand il touchait ces parties, il en augmentait l'éclat; et lorsque, avec le doigt qui les avait touchées, il frottait une autre partie de la tête, il lui communiquait la même phosphorescence. Celles qui étaient le moins enduites de mucilage ou de matières gluantes, étaient le moins lumineuses; et ces effets s'affaibli- rent à mesure que la substance visqueuse se dessécha. LE SALMONE ROUGE. Salmo erythriuus, Linn., Gmel., Lac. i. Le Salmone gœden, Salmo Gœdeni, Linn., Gmel., Lac. — Le S. Huch, Salmo Hucho, Linn., Gm., Lac, Cuv. —Le S. Carpione, Salmo Carpio, Linn., Gmel, , Lac— Le S. Saheline, Silmo Salveli- nus, Linn.; Gm., Lac, Cuv. — Le S. Omble Chevalier, Salmo Umbla, Linn., Gm., Bl., Lac, Cuv. Le rouge habite des lacs et des fleuves de la Sibérie. Il parvient à deux pieds de lon- gueur. Sa chair est rouge, grasse, tendre. Ses œufs sont jaunes ; son dos est brun; sa pre- mière dorsale grise, avec des taches rouges bordées d'une autre couleur ; la nageoire adi- peuse brune et allongée; le front et les opercules sont gris. On voit des dents aux mâchoires, sur la langue qui est large, et sur le palais, où elles forment deux rangées disposées en arc. Le gœden, que Bloch dédia dans le temps à l'un de ses amis, le conseiller Gœden, de la basse Poméranie, vit dans la Baltique et dans l'Océan Atlantique boréal. Il pèse ordi- nairement deux livres ou environ : sa longueur n'excède guère dix-huit pouces. Sa chair est maigre, mais blanche et agréable au goût. Ses deux mâchoires et le palais sont garnis de dents pointues; l'ouverture de la bouche et les orifices des branchies ont une largeur considérable ; les yeux sont gros; et les ventrales fortifiées chacune par un appendice; la ligne latérale est droite. Les joues, les opercules, les côtés et le ventre sont argentés; le dos, le front et les nageoires sont brunâtres; des taches brunes distinguent d'ailleurs la première nageoire du dos. On trouve deux rangées de dents sur le palais, ainsi que sur la langue du huch, et un appendice auprès de chacune de ses ventrales. Sa ligne latérale est droite et déliée; son anus très-près de la caudale; le dessus de sa tête brun; sa gorge argentée, ainsi que ses joues; la couleur de ses côtés, d'un rouge mêlé de teintes argentines; chacune de ses nageoires rouge pendant sa jeunesse, et jaunâtre ensuite. Son corps et sa queue sont très-allongés et très-charnus. Il parvient à une longueur de près de six pieds, et à un poids de plus de soixante livres. Sa chair est quelquefois molle, et n'a pas un goût aussi agréable que celle de la truite ou de la truite-saumonée : on Ta cependant confondu, dans beaucoup d'endroits, avec celte dernière, dont on lui a même donné le nom. On le prend à Thameçon, ainsi qu'au grand filet. On le pêche particuliè- rement dans le Danube, dans les grands lacs de la Bavière et de l'Autriche, dans plu- sieurs fleuves de la Russie et de la Sibérie : il paraît qu'il habite aussi dans le lac de Genève; et, d'après une note manuscrite adressée dans le temps à Buffon, on pouvait croire que, dans la partie orientale de ce lac, il pèse quelquefois plus de cent livres. Peut-être faut-il aussi rapporter à celte espèce un salmone dont M. Decandolle parle dans ses observations manuscrites, et qui, suivant cet habile naturaliste, vit dans le lac de 1 Ce poisson n'est pas cité par M. Cuvier. D. 444 HISTOIRE NATURELLE Moraf, y porte le nom de Salut, s'en échappe souvent par la Thiole, pour aller dans le lac de Neufclii'itol, et pèse de quatre-vingts à cent livres. Le carpion a beaucoup de rapports avec le salmone bergforelle. Son palais est garni de cinq rangées de dents; sa chair est rouge. On le trouve dans les rivières d'Angleterre et dans celles du Valais. On le conserve assez facilement dans les étangs. La salveline ressemble aussi beaucoup h la bergforelle. Elle ne fait qu'un avec la salmarine, que Linnée et plusieurs autres auteurs n'auraient pas dû considérer comme une espèce particulière. Elle a la tète comprimée; l'ouverture delà bouche large; les deux mâchoires armées de petites dents pointues; la langue cartilagineuse, lin peu libre dans ses mouvements, et garnie, comme le palais, de deux rangées de dents ; l'orifice de chaque narine, double; la ligne latérale presque droite; un appendice auprès de chaque ventrale; cinquante vertèbres à l'épine du dos; trente-huit côtes de chaque côté de l'épine. La tète et le dos sont bruns, les joues et les opercules argentins; les côtés blanchâtres; les nuances du ventre orangées; les pectorales rouges; les dorsales et la caudale brunes; le corps et la queue parsemés de taches petites, rondes, orangées et bordées de blanc. Plus l'eau dans laquelle elle séjourne est pure et froide, plus sa chair est ferme, et plus ses couleurs sont vives. Elle pèse jusqu'à dix livres. Elle fraie vers la fin de l'automne, et quelquefois au commencement de l'hiver. On la pêche particulièrement en Bavière, et dans tous les lacs qui s'étendent entre les montagnes depuis Salzbourg jusque vers la Hongrie. On la prend à l'hameçon, aussi bien qu'au colleret. On la fume en l'exposant à un feu d'écorce d'arbre, dont on augmente la fumée en l'arrosant sans cesse. L'omble chevalier doit son nom à la grandeur de ses dimensions. Il pèse quelquefois vingt livres; et, suivant M. Decandolle, son poids peut s'élever jusqu'à soixante ou quatre- vingts. On a souvent confondu ce salmone avec le luich ou avec le Salut, qui parvient à un très-grand volume, et, dans quelques endroits, on l'a pris pour une truite-saumonée : il constitue cependant une espèce bien distincte. 11 habite dans le lac de Genève et dans celui de Neufchâtel; il s'y nourrit communément d'escargots, de petits animaux à coquille, et de très-jeunes poissons. On le pèche près du rivage au filet et à l'hameçon. Il devient très- gras : sa chair est très-délicate, et il est très-recherché. Il a une rangée de dents pointues à la mâchoire d'en haut; deux rangs de dents sem- blables à la mâchoire d'en bas; chaque opercule composé de deux pièces; l'ouverture branchiale assez grande ; les écailles tendres et si petites, qu'on a peine à les distinguer au travers de la substance visqueuse dont elles sont enduites; le dos verdâlre; les joues d'un verdâtre mêlé de blanc; l'iris orangé et bordé d'argentin; les opercules et le ventre blanchâtres; toutes les nageoires d'un vert mêlé de jaune; ces organes de mouvement ont d'ailleurs peu de longueur. LE SALMONE TAIMEN. Salmo Taimen, Linn., Gmel., Lac. Le Salmone Nelma, Salmo Nelma, Linii., Gmel., Lac. —Le S. Lenoh, Salmo Lciiok, Linn., fimel., Lac. — Le S. Knmhcha, Salmo Kiindsclia, Linn., (îmel., Lac. — Le S. nrclique, Salmo arcticus, Linn., Gmel., Lac. — Le S. Reidur, Salmo Reidnr, Linn., Gmel., Lac. — Le S. Iciine, Salmo Ici- mus, Lac; Salmo nivalis, Linn., Gmel. — Le S. Lepécliiu, Salmo Lepcchini, Linn., Gmel., Lac. — Le S. SU, Salmo Silus, Ascag., Lac; Coregonus Siliis, Cuv. — Le S. Lodde, Maliolus (salmo) groenlandicus, Cuv.; Salmo groenlandicus, Biocli; Clupea villosa, Linn., Gmel. — Le S. blanc, Salmo albus, Lac. Ces onze salmoncs vivent dans les mers ou les rivières de l'Europe ou de l'Amérique septentrionale. Nous devons à l'illustre Pallas la connaissance des cinq premiers. Le taimen, des torrents et des fleuves de la Sibérie qui versent leurs eaux dans l'Océan glacial, a la chair blanche et grasse; des dents au palais, à la langue et aux mâchoires; un appendice auprès de chaque ventrale; les côtés argentés; le ventre blanc; la caudale rougeâlre; l'anale très-rouge; une longueur de plus d'un mètre. Le nelma, des mêmes eaux, est long de plus de six pieds ; et de larges lames sont pla- cées auprès de l'ouverture de sa bouche. Le lénok, qui préfère les torrents rocailleux, les courants les plus rapides et les cata- ractes écumeuses de la Sibérie orientale, a plus de trois pieds de longueur; la forme générale d'une tanche; des appendices aux ventrales, qui sont rougoâtres, ainsi que la caudale; le dessus du corps et de la queue brunâtre; le dessous jaunâtre; l'anale très- rouge, et la chair blanche. Le kundscha, qui n'entre guère dans les fleuves, et que l'on trouve pendant l'été dans DES POISSONS. 443 les golfes et les détroits de l'Océan glacial arctique, est long de plus d'un pied et demi, bleuâtre au-dessus et au-dessous de la ligne latérale; et ses ventrales ont chacune un appendice écailleux. L'arctique, qui habite dans les petits ruisseaux A fond de cailloux des monts les plus septentrionaux de l'Europe, ne parvient ordinairement qu'à la longueur de quatre pouces. Le reidur des montagnes de Groenland a près d'un pied et demi de long; la tête grande et ovale; le museau pointu; la langue longue; le palais garni de trois rangs de dents serrées; les mâchoires armées de dents fortes, recourbées, et très-pointues; les oper- cules grands, lisses, composés de deux pièces; les pectorale* très-allongées; deux rayons de la première dorsale très-longs ; la chair blanche, et le ventre de la même couleur. L'icime, dont le museau est arrondi, et la longueur de quatre à huit pouces, vit dans les petits ruisseaux et les étangs vaseux du Groenland, y dépose ses œufs sur le limon du rivage, passe l'hiver enfoncé dans ce même limon, qui le préserve des effets funestes du froid le plus rigoureux, et lorsqu'il est poursuivi, se cache avec précipitation sous cette même rive, qu'il n'abandonne, pour ainsi dire, jamais. Le lepéchin, des fleuves de Russie et de Sibérie dont le fond est pierreux, a la chair rougeâtre, ferme et agréable au goût; plusieurs dents fortes, aiguës et recourbées à la mâchoire supérieure; soixante dents semblables à la mâchoire d'en bas; la tête grande; les yeux gros; les joues argentées; des taches noires et carrées sur la première nageoire du dos ; les autres nageoires couleur de feu. Le sil, des mers du Nord, présente une tête large et aplatie; deux mâchoires presque égales; un dos convexe; un ventre plat; une anale placée au-dessous de la nageoire adi- peuse; une longueur de deux pieds et demi. Le lodde habite les mers de Norwége, d'Islande, de Groenland et de Terre-Neuve. Les individus de cette espèce sont si multipliés en Islande, qu'on en sèche une très-grande quantité pour nourrir les bestiaux pendant l'hiver; et il paraît que le voisinage de cette île leur convient depuis bien des siècles, puisqu'on y trouve dans des couches de glaise des squelettes de ces poissons. Le lodde n'a ordinairement que six ou sept pouces de longueur. On le pêche pendant tout l'été près des rivages du Groenland. Les femelles arrivent vers la fin du printemps, viennent par milliers dans les baies, y déposent leurs œufs sur les plantes marines, et en laissent tomber un si grand nombre, que l'eau de la mer, quoique assez profonde au- dessus de ces plantes, paraît d'une couleur jaunâtre. Lorsque les loddes accourent vers les bords de la mer pour y pondre ou pour y fécon- der les œufs, ils ne sont arrêtés ni par les vagues ni par les courants; ils franchissent avec audace les obstacles; ils sautent par-dessus les barrières. S'ils sont poursuivis par quelque ennemi, ils s'élancent sur la rive, ou sur des pièces de glace; et, s'ils sont bles- sés mortellement, ils tournoient à la surface de l'eau, périssent et tombent au fond. Ils se nourrissent d'œufs de crabe, d'œufs de poisson, et quelquefois de plantes aqua- tiques. Leur chair est blanche, grasse, de bon goùl. On les mange frais ou sèches; et ils sont un des aliments les plus ordinaires des Groënlandais. Leur tête est comprimée, et cependant un peu large; les mâchoires, dont l'inférieure excède la supérieure, sont hérissées de petites dents, ainsi que la langue et le palais. Il n'y a qu'un orifice à chaque narine. La ligne latérale est droite; l'anus très-près de la cau- dale. De petites écailles revêtent les opercules; celles qui couvrent le corps et la queue, sont aussi très-petites. Les nageoires présentent un bord bleuâtre. Les mâles ont le dos plus large que les femelles : presque tous ont d'ailleurs, depuis la poitrine jusqu'aux ventrales, au moins pendant le temps du frai, plusieurs filaments déliés et très-courts. Le péritoine des loddes est noir; la membrane de l'estomac très- mince; la laite simple, ainsi que l'ovaire; l'épine dorsale composée de soixante-cinq ver- tèbres; chaque côté de cette épine fortifié par quarante-quatre côtes, et les os, auxquels sont attachés les rayons de la nageoire de l'anus, sont très-longs ; ce qui donne à la por- tion antérieure de la queue la hauteur indiquée dans le tableau générique. Le blanc, qui, pendant l'été, remonte de la mer dans les rivières de la Grande Bre- tagne, a deux rangées de dents à la mâchoire d'en haut, une seule rangée à celle d'en bas; six dents sur la langue; le dos varié de brun et de blanc; et la première dorsale rougeâtre. 440 HISTOIRE NATURELLE LE SALMONE VARIÉ. Salmo varias, Lac. LeSalmone René, Salmo reiiatus, Lacep. — Le S. Rille, Salnio Rillus, Lac. — Le S. gadoide, Salmo gadoïdes. Lac. Les quatre salmones dont nous parlons dans cet article sont encore inconnus des natu- ralistes. Le varie a été observé, par Commerson, près des rivages de l'île de France. On ne l'y trouve que très-rarement. Sa longueur est de huit pouces ou environ. Les couleurs de ce poisson sont très-varices, et mariées avec élégance. Les nuances un peu brunes du dos sont relevées par des taches rouges, et s'accordent très-bien avec le rouge, le jaune et le noir, que deux raies longitudinales présentent symétriquement de chaque côté dusalmone, ainsi qu'avec le noir et le rouge dont les nageoires sont peintes. Le dessous de l'animal est blanchâtre; et les iris, couleur de feu, brillent comme des escar- boucles au milieu des teintes sombres de la tète. La forme générale de cette dernière partie lui donne beaucoup de ressemblance avec la tête d'un anguis. L'ouverture de la bouche est très-prolongée en arrière. Les dents de la mâchoire supérieure sont acérées, mais éloignées les unes des autres ; celles de la mâchoire inférieure sont au contraire très-serrées. Au reste, celte dernière mâchoire est un peu plus avancée que la supérieure, qui n'est ni extensible ni rétractile. Des dents semblables à des aiguillons recourbés hérissent la langue, qui d'ailleurs est très-courte et très-dure; d'autres dents plus petites et moins nombreuses garnissent la surface du palais. Le bord supérieur de l'orbite est très-près du sommet de la tète. Deux lames composent chaque opercule. L'anus est très-près de la caudale, et la ligne latérale presque droite. On pêche dans la Moselle, et particulièrement vers les sources de cette rivière , une espèce de salmone, à laquelle on a donné, dans la ci-devant Lorraine, le nom de René, et dont un individu m'a été envoyé, il y a plus de douze ans, par Dom Fleurant, bénédictin de Flavigny près de Nancy. Ce poisson a deux rangées de dents sur la langue, et trois sur le palais; le dessus de la tête et du corps, ainsi que les nageoires du dos et de la queue, d'une couleur foncée; le dessous du corps et les autres nageoires, blanches ou blanchâtres. Le rille parvient rarement à une grandeur plus considérable que celle d'un hareng. Il habite dans plusieurs rivières, et particulièrement dans celle de la Rille, dont il porte le nom, et qui se jette dans la Seine auprès de l'embouchure de ce fleuve. On l'a souvent confondu avec de jeunes saumons; ce qui n'a pas peu contribué aux fausses idées répandues parmi quelques observateurs au sujet de sa conformation et de ses habitudes. Mais on est allé plus loin : on a prétendu que ce salmone rille ne montrait jamais ni œuf ni laite, qu'il était infécond, qu'il provenait de la ponte des saumons, qui, ;iyant|en même temps cl des œufs et de la laite, réunissent les deux sexes : et cette opinion ii'eu d'autant plus de partisans, qu'on aime à rapprocher les extrêmes, et qu'on a trouvé piquant de faire naître d'un saumon hermaphrodite un poisson entièrement privé de sexe. Il y a dans cette assertion une double erreur. Premièrement, il n'y a pas de poisson qui présente les deux sexes, ou, ce qui est la même chose, qui ait ensemble et une laite et des ovaires : nous avons déjà vu que des œufs très-peu développés avaient été pris, par des observateurs peu éclairés ou peu attentifs, pour une laite placée à côté d'un véritable ovaire. Secondement, il est faux que le salmone dont nous traitons ne renferme ni œufs ni organe propre à leur fécondation : nous indiquerons au contraire dans cet article la nature de la laite de ce salmone de la Rille. Ce poisson constitue une espèce particulière, dont la description n'a pas encore été publiée. Nous allons le faire connaître d'après un dessin très-exact, que M. Noël de Rouen nous a fait parvenir, et d'après une note très- élendue que ce savant naturaliste a bien voulu y joindre. Le salmone rille a la tète petite; l'œil assez gros; les deux mâchoires et la langue gar- nies de petites dents; l'opercule composé de trois pièces; le bord inférieur de la pièce supérieure un peu crénelé; la ligne latérale droite; les écailles ovales, très-petites et serrées; le dos d'un gris olivâtre; les côtés blanchâtres et comme marbrés de gris ; le ventre très-blanc; la première dorsale ornée de quelques points rougeâtres; la laite grande, double, ferme au toucher, et très-blanche; la chair également très-blanche, agréable au goût, et imbibée d'une huile ou plutôt d'une graisse douce et légère; la colonne vertébrale DES POISSONS. 447 composée de soixante vertèbres, ce qui suffirait pour séparer cette espèce de celle du saumon. Au reste, il aime les eaux froides, comme la truite, avec laquelle il a beaucoup de rapports. On trouve dans l'étang deTrouville, auprès de Rouen, un autre salmone, dont M. Noël nous a communiqué une description, et à laquelle nous avons cru devoir conserver le nom spécifique de Gadolde qu'il lui a donné. Ce poisson parvient à la longueur d'un pied et demi ou environ. Sa tète ressemble beaucoup, par sa conformation, à celle dos gades, et particulièrement à celle du gade merlan. L'ouverture de la bouche peut être Irès-agrandie par l'extension des lèvres. On voit deux rangées de dents à la mâchoire d'en haut, une rangée à celle d'en bas, plu- sieurs autres dents sur la langue, qui est grosse et rougeâtre, et des dents très-petites auprès du gosier. LE SALMONE CUMBERLAND. Saltno Cumberland, Lac. ». Les lacs du Cumberland et ceux de l'Ecosse nourrissent ce salmone, dont les natura- listes ignorent encore l'existence, et dont M. Noël nous a envoyé une description, après son retour d'Angleterre. Ce salmone, auquel nous donnons le nom de sa patrie, a la ligne latérale droite ; la tête petite; l'œil grand et rapproché du bout du museau; l'ouverture de la bouche, grande; la langue un peu libre dans ses mouvements, et garnie de deux rangées de dents; les écailles petites; la nageoire adipeuse longue; la couleur générale blanche; le dos gris; la chair blanche, mais peu agréable au goût. CENT SOIXANTE-DLX-NEUVIÈME GENRE. LES 0SMÉRES2. La bouche à l'extrémité du museau., la tète comprimée., des écailles facilement visibles sur le corps et sur la queue, point de grandes lames sur les côtés, de cuirasse, de piquants aux opercules, de rayons dentelés, ni de barbillons, deux nageoires dorsales, la seconde adipeuse et dénuée de rayons, la première plus éloi- gnée de la tête que les ventrales, plus de quatre rayons à la membrane des branchies, des dents fortes aux mâchoires. ESPÈCES. CAHACTÈRES. 4 iTï ' ( Onze rayons à la première nageoire du dos ; dix-sept rayons à celle de l'anus ; liuit 1. LUsMERE \ à chaque ventrale ; la caudale fourchue; la mâchoire inférieure recourbée et EPERLAN. ^ pi^^jg avancée que ta supérieure ; la tète et le corps demi-transparents. 9 TTl ' ( I^ouze rayons à la première dorsale; onze rayons à la nageoire de l'anus ; huit à z. L UsMERE \ chaque ventrale; la caudale fourchue; l'ouverture de la bouche très-longue ; un SAURE. ^ enfoncement au-dessus des yeux. / Douze rayons à la première nageoire du dos ; seize à l'anale ; huit à chaque ven- 3. L'OsMÈRE S traie; la caudale fourchue; la mâchoire inférieure plus avancée que la supé- BLANCHET. \ Hcure; le dessus du museau demi-sphérique ; les yeux très-rapprochés de son / extrémité; la partie supérieure de l'orbite dentelée. / T 'O • ( Onze rayons à la première dorsale; vingt six rayons à la nageoire de l'anus; huit 4. L OsMERE I ^ chaque ventrale; la caudale fourchue; l'anale en forme de faux; deux taches FAUCILLE. \ noires de chaque côté; l'une auprès de la tête, et l'autre auprès de la caudale. i Douze rayons à la première nageoire du dos ; onze à celle de l'anus; huit à chaque ventrale; la caudale fourchue; plusieurs rangées de dents égales et serrées à chaque mâchoire ; la tête et les opercules couverts d'écaillés semblables à celles du dos ; la mâchoire d'en bas plus avancée que celle d'en haut. f Quatorze rayons à la première dorsale ; onze à la nageoire de l'anus ; dix à chaque 6. L'OsMÈRE x ventrale; "la caudale fourchue; la tête comprimée et déprimée; les yeux rap- ftALONNÉ. { proches et saillants ; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure; la ] couleur générale jaune ; cinq ou six raies longitudinales bleues de chaque côté i du poisson. L'OSMÈRE ÉPERLAN. Osmerus(salmo) Eperlanus, Cuv.; Salmo eperlanus, Linn., Gmel., Bl.; Osmerus eperlanus, Lac. 3. L'éperlan n'a guère que six pouces ou environ de longueur ; mais il brille de couleurs très-agréables. Son dos et ses nageoires présentent un beau gris; ses côtés et sa partie inférieure sont argentés; et ces deux nuances, dont l'une très-douce et l'autre très-écla- 1 Non mentionné par M. Cuvier. D. 2 M. Cuvier admet le sous-genre Eperlan {Osmerus) d'Artedi, dans le grand genre Saumon; il n'^ place que la seule espèce de l'Èpcrlan ordinaire. Les autres osmères de Lacépède sont rangées par lui dans les sous-genres Saure et Hydroctn, dans le grand genre Saumon. D. 3 Type du sous-genre Eperlan, dans le grand genre Saumon, Cuv. D. 448 ■ HISTOIRE NATURELLE tante se mariont avpc frràcp, sont d'ailleurs, rolevéos par des reflets verts, hleus et rouges, qui, se mêlant ou se succédant avec vitesse, produisent une suite très-variée de teintes chatoyantes. Ses écailles et ses autres téççumenls sont d'ailleurs si diaphanes, qu'on peut distinguer dans la tète le cerveau, et dans le corps les verlèhres et les côtes. Cette tran- sparence, ces reflets fugitifs, ces nuances irispe«;. ces teintes argentines, ont fait comparer l'éclnf de sa parure à celui des perles les plus fines; et de celte ressemblance est venu, sui- vant Rondelet, le nom qui lui a été donné. Cet osmère répand une odeur assez forte. Des observateurs que ses couleurs avai>*nt séduits, voulant trouver une perfection de plus dans leur poisson favori, ont dit que cette odeur ressemblait beaucoup à celle de la violette : il s'en faut cependant de beaucoup qu'elle en ait l'agrément, et l'on peut même, dans beaucoup de circonstances, la regarder presque comme fétide. L'ensemble de l'éperlan présente un peu la forme d'un fuseau. La tête est petite ; les yeux sont grands et ronds. Des dents menues et recourbées garnissent les deux mâchoires et le palais; on en voit quatre ou cinq sur la langue. Les écailles tombent aisément. Cet osmère se tient dans les profondeurs des lacs dont le fond est sablonneux. Vers le printemps, il quitte sa retraite, et remonte dans les rivières en troupes très-nombreuses, pour déposer ou féconder ses œufs. 11 multiplie avec tant de facilité, qu'on élève dans plu- sieurs marchés de l'Allemagne, de la Suède et de l'Angleterre, des tas énormes d'individus de cette espèce. Il vit de vers et de petits animaux à coquille. Son estomac est très-petit; quatre ou cinq appendices sont placés auprès du pylore ; la vessie natatoire est simple et pointue par les deux bouts ; l'ovaire est simple comme la vessie natatoire; les œufs sont jaunes et trés- dilTiciles à compter; des points noirs sont répandus sur le péritoine, qui est argentin. On trouve cinquante-neuf vertèbres à l'épine du dos, et trente-cinq côtes de chaque côté. Une variété de l'espèce que nous décrivons habite les profondeurs de la Baltique, de l'Océan Atlantique boréal, et des environs du détroit de Magellan. Elle diffère de l'éperlan des lacs par son odeur, qui n'est pas aussi forte, et par ses dimensions, qui sont bien plus grandes. Elle parvient communément à la longueur d'un pied ou quinze pouces, et, dans rbémisphére antarctique, on l'a vue longue de dix-huit pouces. Vers la fin de l'automne, elle s'approche des côtes; lorsque le printemps commence, elle remonte dans les fleuves; et l'on prend un si grand nombre d'individus de cette variété en Prusse, auprès de l'embouchure de l'Elbe, et en Angleterre, qu'on les y fait sécher à l'air pour les conserver longtemps et les envoyer A de grandes distances. L'OSMÈRE SAURE. Saurns Ciiv.; Salmo S.tuius, Linii., Gmel.; Osmerus Sauriis, Lac. \. L'Osmère bîonchel, Sauriis (salmo) fœtens, Cuv.; Salmo fœlens, Linn., Gmel.; Osmcrns albidus, Lac. — L'O faucille, Ilyrlrocyon (salmo) falcalus, Cuv.; Salmo falcatus, Bl.; Osmerus fnicalus, La- cpp. — LO. Tnmbil, Saurus (salmo) Tunibil. Cuv.; Salmo Tumbii. BI.; Osmerus Tumbij, Lac. — L'O. (jalonné, Saurus (salmo) lemniscalus, Cuv.; Osmerus lemnisealus, Lac. Le saure a la tète, le corps et la queue très-allongés; les deux mâchoires garnies de dents très-fortes, conformées et disposées comme celles de plusieurs lézards; un seul ori- fice à chaque narine; les opercules revêtus de petites écailles; le dos d'un vert mêlé de bleu et do noir; des bandes transversales, étroites, irréguliéres , sinueuses et roussâtres, sur celte même partie; des raies de la même couleur sur la première dorsale; d'autres raies égniemciil roussâtres, et de plus tachetées de brun, sur chaque pectorale; une raie longitudinale bleuâtre, et chargée de taches rondes et bleues, de chaque côté du corps et (le la queue; la partie inférieure de la queue et du corps argentée et Ircs-brillanle. On le pêche dans les eaux des Antilles, dans la mer d'Arabie, dans la 3Iéditerranée. De petites écailles placées sur les opercules et sur presque toute la tête; une double rangéede dents sur la langue, au palais et aux mâchoires; un seul orifice à chaqucnarine; le dos noirâtre; les flancs et le ventre argentins; les nageoires d'un rouge mêlé de brun : tels sont les traits qui doivent compléter le portrait de l'osmère blanchet que l'on a péché dans la mer de la Caroline, et dont la longueur ordinaire est d'un pied ou quinze pouces, ainsi que celle du saure. Surinam est la patrie de l'osmère faucille. La mâchoire supérieure de ce poisson est plus avancée que l'inférieure; les dents de ces deux mâchoires sont fortes et inégales; d'autres 1 M. Cuvier place ce poisson dans le sous-genre Saure, du grand genre Saumon. D. DES POISSONS. 449 dents pointues garnissent les deux côtés du palais; la langue est étroite et lisse. Un os court, large, dentelé, et placé à l'angle de la bouche, s'avance lorsque la gueule s'ouvre, et reprend sa première position lorsqu'elle se referme; ce qui donne à l'osmère faucille un léger rapport de conformation avec l'odontognathe aiguillonné. U y a deux orifices à chaque narine; les opercules sont rayonnes; les écailles assez minces se détachent facile- ment; la ligne latérale se courbe vers le bas; l'anus est à une distance presque égale de la tête et de la caudale; on voit un appendice à chaque ventrale. La couleur générale est argentée; le dos violet; chaque nageoire grise à sa base, et brune vers son extrémité. Letumbil, de la mer qui baigne le Malabar, a la bouche très-grande; la tète longue; le museau pointu; l'opercule arrondi; la ligne latérale droite; l'anus très-rapproché delà caudale; la dorsale et l'anale en forme de faux; les côtés jaunes; le ventre argentin; des bandes transversales d'un jaune mêlé de rouge; les nageoires bleues, avec la base jaune. Plumier a laissé une peinture sur vélin de l'osmère auquel j'ai donné le nom de Galonné, et dont la description n'a encore été publiée par aucun naturaliste. La nageoire adipeuse de ce poisson est en forme de petite massue renversée vers la caudale. Il présente, indé- pendamment des raies longitudinales bleues, dix ou onzebandes transversales brunes; mais il olfre encore d'autres ornements. Sa tête, couleur de chair, est parsemée de petites taches rouges et de petites taches bleues ; deux raies bleues relèvent le jaunâtre de la première nageoire du clos; les ventrales sont variées de jaune et de bleu; l'anale est bleue avec une bordure jaune; et cette parure, composée de tant de nuances bleues, jaunes, brunes et rouges, distribuées d'une manière très-agréable à l'œil, est complétée par le bleu de l'extré- mité de la caudale. ESPECES. Le Couégone LaVARET, CENT QUATRE-VINGTIEME GENRE. LES CORÉGONES 1. La bouche à V extrémité du museau ; la tête comprimée ; des écailles facilement visibles sur le corps et sur la queue; point de grandes lames sur les calés, de cuirasse, de piquants aux opercules, de rayons dentelés, ni de barbillons ; deux nageoires dorsales ; la seconde adipeuse et dénuée de rayons, plus de quatre rayons à la membrane des branchies, les mâchoires sans dents, ou garnies de dents très-petites et difficiles à voir. CARiCTÈRES. Quinze rayons à la première nageoire du dos; quatorze à celle de l'anus; douze à chaque ventrale; la caudale fourchue; la mâchoire supérieure prolongée en forme de petite trompe; un petit appendice auprès de chaque ventrale; les écail- les échancrées. Treize ou quatorze rayons à la première dorsale; seize à la nageoire de l'anus ; onze 2. Le Corégoke ) à chaque ventrale; la caudale fourchue; un appendice triangulaire, aigu, et plus piDSCHiAN. j long que les ventrales, auprès de chacune de ces nageoires; le dos élevé et arrondi ( en bosse ; la mâchoire supérieure plus avancée que l'inférieure. ( Douze rayons à la première nageoire du dos ; quatorze à l'anale; onze à chaque veu- 3, le Corégone ' traie; la caudale fourchue ; un appendice court et obtus auprès de chaque ven- ECHOKUB. / traie; la partie antérieure du dos carénée; deux tubercules sur le museau; la ' mâchoire supérieure plus avancée que l'inférieure. Douze rayons a la première dorsale ; treize à la nageoire de l'anus ; douze ou treize à chaque ventrale; la caudale fourchue; la tète grosse; la mâchoire supérieure plus avancée que l'inférieure, arrondie, convexe et bossue au-devant des yeux; le corps épais; les appendices des ventrales triangulaires et très-courts ; les écail- les grandes. Quinze rayons à la première nageoire du dos; quatorze à celle de l'anus; douze à chaque ventrale; la caudale fourchue; la mâchoire supérieure prolongée en formi; de petite trompe; le dos élevé; sa partie antérieure carénée; le ventre gi'os et arrondi; les nageoire courtes; la dorsale placée dans une concavité; les écailles rondes; la prunelle anguleuse du côté du museau; des raies longitudinales. •D. Le Corégone nez. Le C0RÉG0?iE large . 6. Le Corégone tuymalle. Le Corégone VIMBE. Le Corégone voyageur. Le Corégone «uli.er. i Vingt-trois rayons à la première dorsale, qui est très-haute; quatorze à la uageoire } de l'anus ; douze à chaque ventrale ; la caudale fourchue ; la mâchoire supérieure 1 un peu plus avancée que celle d'en bas; la ligne latérale presque droite; des ^ points noirs sur la tète; un grand nombre de raies longitudinales. ( Douze rayons à la première nageoire du dos; quatorze à l'anale ; dix à chaque ven- • traie; la nageoire adipeuse, un peu dentelée. Douze rayons à la première dorsale , treize à la nageoire de l'anus , douze à chaque ventrale, les deux mâchoires presque également avancées, l'une et l'autre dé- nuées de dents, le museau un peu conique, la couleur générale argentée, sans taches ni raies, les nageoires ventrales et de l'anus d'un brun rougeàtre. La mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure, l'une et l'autre dénuées de dents, le ventre moucheté. 1 M. Cuvier donne le nom de Lavarets aux Corégonesdc Lacépède, dont il fait un sous-genre du grand genre Saumon. D. 450 HISTOIRE NATURELLE Esrtcts 10. Le Cobégone adtcmnal. 11. Le Coréooe ABLE. 12. Le Cohégoe PELEO. 13. Le Corégo>k MARÈKE. ^ li. Le Corégcne MAREMLE. 13. Le Corégoke wartmann. i6. Le Corégojie 0XYRH1>QIE. 17. Le Corégone LEUCICHTnE. 18. Le Corégone OMBRE. 19. Le CoRÉGOjiE ROUGE. 20. Le Corègoke clupéoïue. CARACTÉr.ES. Douze rayons à I-ayons, quatre rayons au plus à la membrane des branchies. CARACTÈRES. Neuf rayons à la première nageoire du dos; quarante-trois à celle de l'anus; la cau- dale fourchue; les deux mâchoires garnies de dents à trois pointes ; une raie lon- gitudinale et argentée de chaque coté du poisson. Dix rayons à la première dorsale; vingt-six à la nageoire de l'anus; les dents très- grandes, renflées, et très-apparentes; la couleur générale argentée; des raies brunes et blanchâtres. Dix rayons h la première dorsale; cinquante-cinq à l'anale ; la caudale fourchue ; la nuque trèsélevéc en bosse. Onze rayons à la première nageoire du dos; vingt-trois à la nageoire de l'anus; la caudale fourchue; une tache noire auprès de cliaijiic opercule. Douze rayons à la j)rfmière nageoire du dos; trente-quatre à l'anale; la caudale fourchue; deux taches noires de cha(|uc côté, l'une auprès de la tète, et l'autre auprès de la nageoire de la queue. Onze rayons à la première dorsale ; douze à la nageoire de l'anus; le corps et la queue sans tache. Onze rayons à la première nageoire du dos et à celle de l'anus ; la caudale four- chue; les mâchoires sans dents; le dos élevé et arrondi; la dorsale très-haute. Neuf rayons à la première dorsale; vingt-six à la nageoire de l'anus; la caudale fourchue; le corps et la queue blancs; toutes les nageoires jaunâtres. Vingt-trois rayons à la première nageoire du dos ; les dents de la mâchoire infé- rieure, pins grandes que les autres; de petites écailles sur la base de la caudale; le dos vcrdâlre. Onze rajons à la |)remière nageoire du dos; vingt-six à la nageoire de l'anus; la caudale fourchue; la ligne latérale descendante; les nageoires un peu pulvéru- lentes. Onze rayons à la première dorsale; dix à l'anale; la caudale fourchue; l'ouverture de la bouche, dans la partie supérieure du bout du museau. Onze rayons à la première nageoire du dos; dix à l'anale; la caudale fourchue; de petites écailles sur la base de la nageoire de l'anus; trois taches noirâtres de cha- que coté, entre ranus et la nageoire de la queue. Treize rayons à la première dorsale; dix à la nageoire de l'anus; la caudale en croissant ; les deux mâchoires également avancées ; deux orifices à chaque narine ; un grand nombre de bandes transversales, irrégulières, noirâtres, et dont plu- sieurs sont réunies deux à deux. Neuf rayons à la première nageoire du dos; trente à l'anale ; la caudale fourchue; les deux mâchoires également avancées; un seul orifice à chaque narine; une tache noire irrégulière sur cha(]ue côté de la nageoire de la queue. Onze rayons à la première dorsale; dix à la nageoire de l'anus; la caudale fourchue ; la mâchoire sujiérieure un peu plus avancée que l'inférieure; un seul orifice à chaque narine; une tache noire sur la ligne latérale, très-près des ventrales. Neuf rayons à la première nageoire du dos ; onze à celle de l'anus; la mâchoire supé- rieure plus avancée que celle d'en bas; les dents fortes, irn-gales et pointues; deux orifices à chaque narine; les nageoires d'un brun noirâtre. 9. Le Cuaracin sa^s-taciie. Le ('lIAIlACIN CARPRAU. Le Characin mlotique. Le Characin ^ÉFASCH. 10. Le Characin pultérilekt. 11. Le CHAnAciN A>0STO.ME. 12. Le Characin frédéric 13 14 15 16. Le Characin A BANDES. Le Characin MÉLANCnE. , Le Characin CUniMATE. Le Characin ODOÉ. LE CHARACIN PIABUQUE. Piabuque argentinus, Cuv. ; Characinus Piabucu, Lac; Salmo argentinus, Bloch., Linn., Gmei. i. LeCharacin denté, MyMes Hasselquislii , Cuv.; Characinus dcnte.x, et Characinus nilolicus, Lacep.; Salmo denlex, Hasselquisl, LInn. — C. bossu, Piabuque gibbosus. Cuv.; Characinus gibbosus, Lac; Salmo gibbosus, Linn., Gmel. — C. mouche, Characinus nolalus, Lacep. — C. double-mouche, Piabuque bimaculalus, Cuv.; Characinus bimaculatus , Lac; Salmo bimaculatus, Linn., Gm. — C. sans-tache, Characinus iniinaculalus, Lacep.; Salmo immaculaUis, Linn., Gmel. — C. Carpeou, Curimala? cyprinoides, Cuv.; Characinus cyprinoides, Lacep.; Salmo cyprinoides, Linn., Gmel. — C. n;7o(ùyi(c, Myictes Hasselquislii, Cuv.; Cliaracinus nilolicus cl Characinus denlex , Lac; Salmo nilolicus cl Salmo denlex, Linn. (imel. — C. iS'i'-fascli, Cilliarinus Ncfasch, GeolTr., Cuv.; Characi- nns Nefasch, Lac; Salmo nilolicus, Hasselquisl.; Salmo Lyplius , Linn., Gmel. — C. pulvérulent, Characinus puivcrulenlus, Lac; Salmo pulverulenlus, Linn., Gmel, Nous approchons de la fin de nos éludes. Nous avons devant nous le but vers lequel 1 Une partie des espèces comprises dans le genre des Characins se rapporte aux sous-genres que M. Cuvier admet dans le grand genre Saumon, sous les noms de Piabuque, Ram, Ciirimath et Ôith\- rine. D. 2 Du sous-genre Piaiicqie, dans le grand genre Saumon de AL Cuvier. D » DES POISSONS. 457 nous tendons depuis si longtemps. Plus exercés maintenant, hâtons notre marche, et con- tentons-nous de remarquer rapidement : La petitesse de la tête du piabuque ; la saillie de sa mâchoire inférieure, au delà de celle d'en haut ; la surface unie de sa langue; la membrane en forme de faucille, qui est tendue à son palais; l'orifice unique de chacune de ses narines; la courbure de sa ligne latérale; le verdâtre de son dos; le gris de ses nageoires; sa longueur, qui ne passe pas un pied; la blancheur et la délicatesse de sa chair; la facilité avec laquelle on le prend dans les rivières de l'Amérique méridionale, en attachant à l'hameçon un ver ou un mélange de sang et de farine ; La couleur blanchâtre des nageoires du denté; et le rouge dont brille le lobe inférieur de sa caudale dans les eaux du Nil, ou dans celles de quelques fleuves de la Sibérie ; Le séjour de choix que fait dans la mer qui baigne Surinam le characin bossu; la peti- tesse de sa tête, que la bosse de la nuque fait paraître comme rabaissée; l'aiguillon incliné vers la queue, et placé auprès de la base de chacune de ses pectorales; le roux argenté de sa couleur générale; et la tache noire de chacun de ses côtés ; La forme pointue de la tête du characin mouche, qui vit à Surinam, comme le bossu; Le peu de largeur de l'ouverture de la gueule du characin double-mouche; l'égale pro- longation de ses deux mâchoires; la double rangée de dents qui garnit sa mâchoire d'en haut; la surface lisse de sa langue et de son palais; le double orifice de chacune de ses narines; la forme tranchante du dessous de son ventre; l'arrondissement de son dos; la direction de sa ligne latérale, qui est droite, le bleu argentin de ses côtés; le verdâtre de sa partie supérieure; les nuances jaunes de sa dorsale, de ses pectorales et de ses ventra- les ; la couleur brune de ses autres nageoires; la blancheur et la graisse délicate que pré- sente sa chair dans les rivières de Surinam et dans celles d'Amboine. Le blanc argentin du characin sans tache, que l'on a péché en Amérique; La tête comprimée et dénuée de petites écailles du carpeau; la grosseur de son museau arrondi; la forme de ses lèvres charnues, qui compense un peu son défaut de dents aux mâchoires; la surface douce de sa langue; le double orifice de chacune de ses narines; les trois pièces de chacun de ses opercules; la convexité de son ventre; la carène de son dos; la rectitude de sa ligne latérale, la mollesse de ses écailles, le brunâtre de sa partie su- périeure, l'argentin de ses côtés, le rougeâtre de ses nageoires; la bonté de sa chair; et l'intérêt qu'à Surinam on attache à sa prise ; La brièveté de la nageoire adipeuse du nilotique, dont le nom indique la patrie ; La préférence que donne le néfasch au fleuve qui nourrit le nilotique ; La force et l'inégalité des dents qui garnissent la mâchoire supérieure du characin pul- vérulent d'Amérique, ainsi que sa mâchoire inférieure, laquelle est un peu plus courte que celle d'en haut; la surface lisse de sa langue; le rayon aiguillonné de sa dorsale et de sa nageoire de l'anus; la blancheur d'un grand nombre de ses écailles. En tout, les characins ont de très-grands rapports avec les salmones, parmi lesquels ils ont été placés par d'illustres naturalistes, mais dont nous avons dû les séparer pour obéir aux véritables principes d'une distribution méthodique des poissons. LE CHARACIN ANOSTOME. Anostomus , Cuv.; Characinus anostomus, Lac. i. Le C/iaracm Frec/e'r/c, Curiniala Fridericii, Cuv. ; Characinus Friderici, Lac; Salmo Friderici, Bl. — C. à bandes, Curimate fascialus, Cuv.; Characinus fasciaUis, Lac; Salmo fasciatus, Bl. — C. mélamire, Piabuque melanurus, Cuv.; Characinus raelanurus, Lac; Salmo meianurus, Bloch. —C. Cwr/mafe, Curimate unimaculatus, Cuv.; Characinus Curimala, Lac; Salmo unimaculatus, Bl. — C. Odoé, Hydrocyon Odoe, Cuv.; Characinus Odoe, Lac; Salmo Odoe, Bl. L'anostome a la tête comprimée; la mâchoire inférieure terminée par une sorte de ma- melon arrondi; la nuque abaissée; la partie antérieure du dos convexe; les écailles gran- des; la couleur générale brune; les raies longitudinales moins foncées. Bloch a publié le premier la description des cinq characins dont il nous reste à parler, et qu'il a inscrits parmi les salmones. Il faut compter au nombre des caractères principaux du frédéric le peu de grosseur de la tête, qui n'est pas revêtue de petites écailles; la force des lèvres; l'égal avancement des deux mâchoires; les six dents allongées et inégales de la mâchoire d'en bas; les huit 4 Le characin anostome de Lacépède forme le type du sous-genre Anostome, que M. Cuvier admet dans le grand genre Saumon. D. 4o8 HISTOIRE NÂTURELLLE dents petites et pointues de celle d'en haut; la verrue qui est derrière le milieu de ces huit dents; la surface unie du palais, et de la langue qui est très-courte; le double orifice de chaque narine; l'élévation de la partie antérieure du dos; la courbure de la ligne la- térale; l'appendice de chaque nageoire du ventre; la grandeur des écailles; l'excellent goût de la chair; le jaune argentin de la couleur générale; les nuances violettes de la par- tie supérieure; le jaune et le bleu des nageoires. Le characin à bandes, qui vit à Surinam, comme le Frédéric, a l'orifice de chaque na- rine double; son dos est caréné; on voit un apprendice auprès de chacune de ses ventra- les. Surinam est encore la patrie du mélanure et du curimate. Le corps et la queue du mélanure sont argentés; son dos est gris; ses nageoires sont jaunâtres; des dents très-petites garnissent ses mâchoires, chacune de ses narines n'a qu'un orifice. Le curimate a la langue libre et unie; le dos est brunâtre; les côtés et le ventre sont argentins; une teinte grise distingue les nageoires. Ce characin habite les eaux douces, et particulièrement les lacs de l'Amérique méri- dionale. Sa chair est blanche, feuilletée et très-délicate. L'odoé se trouve sur les côtes de Guinée, Il est très-vorace, et d'autant plus dangereux pour les petits poissons, qu'il parvient à la longueur de trois pieds. Il est poursuivi à son tour par beaucoup d'ennemis; et les pêcheurs lui font une guerre cruelle, parce que sa chair rougeâtre estgrasse et très-agréable au goût. Son museau est avancé: l'ouverture de sa bouche très-grande; le palais rude; la langue lisse; l'orifice de chaque narine double; le dessus de la tête comme ciselé et rayonné en deux endroits; le ventre très-long; la pre- mière dorsale plus rapprochée de la caudale que les nageoires du ventre; la ligne laté- rale un peu courbée; le dos presque noir; la couleur des côtés, d'un brun ou d'un roux plus ou moins clair. CENT QUATRE-VINGT-DEUXIÈME GENRE. LES SERRASALMES 1. La bouche à Vextrémité du museau, la tête, le corps et la queue, comprimés, des écailles facilement visibles sur le corps et sur la queue, point de grandes lames sur les côtés, de cuirasse, de piquants aux opercules, de rayons dentelés, ni de barbillons, deux nageoires dorsales, la seconde, adipetise et dénuée de7'ayons, la partie inférieure du ventre carénée et dentelée comme une scie. ESPÈCES. CARACTÈRES. !Deux ou trois rayons aiguillonnés et quinze rayons articulés à la première nageoire du dos ; deux rayons aiguillonnés et trente rayons articulés à celle de l'anus ; la caudale en croissant ; le dos très-élcvé auprès de la première dorsale; la cau- dale bordée de noir. LE SERRASALME RHOMBOÏDE. Serrasalmus (Saimo) Rhombcus, Lac, Cuv. ; Salmo Rhombeus, Bl., Linn., Gmel. Les serrasalmes ressemblent beaucoup aux dupées, dont nous parlerons dans un des articles suivants, et aux salmones, parmi lesquels ils ont été comptés. Ils ont, par exem- ple, sur la carène de leur ventre, une dentelure analogue à celle que l'on voit sur la partie inférieure des dupées; et ils présentent la nageoire dorsale et adipeuse des salmones. Leur nom désigne celte dentelure, ainsi que leur affinité avec le genre qui comprend les saumons et les truites. Nous n'avons encore inscrit qu'une espèce parmi les serrasalmes; nous lui avons con- servé la dénomination de Rhomboïde, pour rappeler celle qu'a employée le célèbre Pallas en faisant connaître cette espèce remarquable. Le rhomboïde vit dans les rivières de Suiinam; il y parvient à une grosseur considé- rable ; et il y est si vorace, qu'il poursuit souvent les jeunes oiseaux d'eau. L'ouverture de sa bouche est grande; la mâchoire inférieure est un peu plus avancée que la supérieure; l'une et l'autre, et surtout celle d'en bas, sont armées de dents larges, fortes et pointues. La langue est libre, mince et unie; mais les deux côtés du palais sont garnis d'une rangée de petites dents. Le front est presque vertical. Chaque narine a doux ouvertures très-rap- prochées; les opercules sont rayonnes; la ligne latérale est droite; les écailles sont molles et petites; l'anus est à une égale distance de la tête et de la caudale ; des écailles semblables à celles du dos couvrent une grande parlie de l'anale; on voit un appendice \ M. Cuvicr adopte ce groupe, mais le considère comme un sous-gcnrc de son grand genre Saumox. D. DES POISSONS. 459 auprès de chaque nageoire du ventre; la dentelure qui règne sur la partie inférieure du poisson, est formée par une suite de piquants recourbés, dont chacun tient à deux lobes écailleux, placés sons la peau, des deux côtés de la carène; le piquant le pUis voisin de l'anus est double; il y a d'ailleurs au-devant de la première dorsale un autre piquant à Irois pointes, dont la plus longue est inclinée vers la tête. Au reste, cette première dorsale et la nageoire de l'anus sont en forme de faux. La chair du rhomboïde est blanche, grasse, délicate; la couleur générale de ce poisson montre des nuances rougeâtres, relevées par des points noirs; les côtés sont argentins; les nageoires sont grises. CENT QUATRE-VINGT-TROISIÈME GENRE. LES ÉLOPES 1. Trente rayons, on plus, à la membrane des hrancliies, les yeux gros, rnpprocfiés Vnn de l'antre, et presque verticaux, une seule nageoire dorsale, un appendice écailleux auprès de chaque nageoire du ventre. ESPÈCE. CAIIACTÈRES. ( Vingt-deux rayons à la nageoire du dos ; seize à celle de l'anus; la caudale four- L'Élope saure. < chue; la mâchoire d'en bas plus avancée que celle d'en haut; la langue, les deux ( mâchoires et le palais, garnis d'un grand nombre de petites dents. L'ÉLOPE SAURE. Saurus..., Cuv. ; Elops Saurus, Lac. ; Salmo Sauras, Bl., Linn., GmeL 2. Les élopes se rapprochent des salmones par plusieurs traits. Le saure a la tête longue, dénuée de petites écailles, comprimée et un peu aplatie dans sa surface supérieure; les os de ses lèvres sont longs, et leur bord est un peu dentelé; chacune de ses narines a deux orifices ; son opercule est composé de deux pièces, mais ne couvre pas en entier la membrane branchiale; sa ligne latérale est droite; son anus est une fois plus loin de la tête que de la nageoire de la queue. Des nuances bleues et argentines composent ordinairement sa couleur générale; sa tête est souvent comme dorée; et des teintes rouges brillent sur ses nageoires. CENT QUATRE-VINGT-QUATRIÈME GENRE. LES MÉGALOPES 5. Les yeux très-grands, vingt-quatre rayons au plus à lamembrane des branchies. ESPÈCE. CARACTÈRE. Le BIégalope i Le dernier rayon de la nageoire dorsale terminé par un filament très-long et très- FILAMENT. 1 dclié. LE MÉGALOPE FILAMENT. Megalops filamentosus, Lac, Cuv. i. Nous avons trouvé dans les manuscrits de Commerson une description très-courte et très-précise de ce poisson. Cet osseux se rapproche des élopes par plusieurs traits; mais il ne peut pas ai)parlenir au genre de ces derniers. Nous avons dû d'ailleurs Tinscrire dans un genre différent de tous ceux que l'on connaît. Il vit dans les environs du fort Dauphin de l'île de Madagascar. CENT QUATRE-VINGT-CINQUIÈME GENRE. LES NOTACANTHES. Le corps et la, queue Irès-ullongés, la mique élevée et arrondie, la tète grosse, la nageoire de Panus très- longue et réunie avec celle de la queue, point de nageoire dorsale, des aiguillons courts, gros, forts, et dénués de membrane, à la place de cette dernière nageoire. ESPÈCE. CARACTÈRES. T .. iv-^^.^., ,..,., i La mâchoire supérieure plus avancée que celle d'en bas; l'ouverture de la bouche { située au-dessous du museau, qui est prolonge en avant, et un peu arrondi; la ( tête et les opercules garnis de petites écailles ; dix gros aiguillons sur le dos. \ M. Cuvier considère le genre Elope, Lac, comme devant former un sous-genre dans le grand genre Saumon, et il le nomme Saure, Saurus. M. Cuvier conserve d'ailleurs le genre Elope de Linnée, mais il le place dans la famille des Clupes. D. 5 Du sous-genre Saure de M. Cuvier, dans son grand genre des Saumons, famille des poissons Mala- coptérygiens abdominaux salmones. D. 3 M. Cuvier adopte ce genre de M. de Lacépède. D. 4, Du genre Mégalope, dans la famille des Clupes, ordre des Malacoptérygiens abdominaux. D. 460 HISTOIRE NATURELLE LE NOTACANTHE NEZ. Xotacanlhus nasus, BI., Lac, Cuv. i. Bloch a fait graver la figure de cet animal, beau dans ses couleurs, délié dans ses formes, agile dans ses mouvements, rapide dans sa natation, voracc, liardi, dangereux pour les jeunes poissons, dont il aime à faire sa proie, et qui serait lié par les plus grands rapports avec les trichiures, si ces derniers, au lieu d'être entièrement privés de ces nageoires inférieures qu'on a comparées à des pieds, avaient des nageoires ventrales, comme le notacanthe. Cet osseux parvient à une longueur considérable. Sa couleur générale est argentine, variée par des teintes dorées; les reflets d'or et d'argent Imllent d'autant plus sur sa sur- face, qu'en un clin d'œil il ofVrc un grand nombre d'ondulations diverses, présente à la lumière mille faces différentes, rélîéchil les rayons du soleil dans toutes les directions; el d'ailleurs ces nuances éclatantes sont relevées par quinze ou seize bandes transversales et brunes, que l'on voit sur son corps et sur sa queue, ainsi que parles tons brunâtres qui distinguent ses nageoires. Son iris est argenté; ses yeux sont gros; chaque narine n'a qu'un orifice; les dents des deux mâchoires sont égales, fortes et serrées; on compte deux pièces arrondies à l'oper- cule; le commencement de la nageoire de l'anus montre une douzaine d'aiguillons écartés l'un de l'autre, recourbes, et soutenus par une membrane que revêtent de petites écailles; la caudale est lancéolée; les pectorales sont grandes. CENT QUATRE-VINGT-SIXIÈME GENRE. LES ÉSOCES 2, Vouveriure de la bouc/ip grande, le gosier large, les mâchoires garnies de dents nombreuses, fortes et pointues, le museau aplati, point de barbillons, ropercule et Vorifice des branrjties très-grands, le corps et la queue très-allongés el comprimés latéralement, les écailles dures, point de nageoire adipeuse, les nageoires du dos et de l'anus courtes, une seule dorsale, cette dernière nageoire placée au-dessus de V anale, ou à peu près, et beaucoup plus éloignée delà tète que les ventrales. PREMIER SOUS-GENRE. La nageoire de la queue fourchue, ou échancrée en croissant. CARACTÈRES. Vingt rayons :i la nageoire du dos; dix-sept à celle de l'anus; (jninze à la mem- brane des branchies; la tête comprimée; le museau très-aplati; l'entre-deux des 5'eux et la nuque élevés et arrondis ; la dorsale, l'anale et la caudale brunes, avec des taches noires. Seize rayons à la nageoire du dos; douze à la membrane des branchies; huit n chaque ventrale ; la tète comprimée; le museau très-aplati; l'cntre-deux des yeux et la nuque élevés et arrondis; la mâchoire d'en haut plus courte que celle d'en bas. Vingt rayons à la nageoire du dos; trois à l'anale; quatorze à la membrane bran- chiale; la dorsale et la nageoire de l'anus, un peu en forme de faux; la tète petite; la mâchoire inférieure un peu plus avancée que celle d'en haut; ces deux mâchoires très-étroites, et deux fois plus longues que la tête proprement dite ; le corps et la queue très-déliés et scrpentiformes. Le corps et la queue très-déliés; la couleur générale brune; des taches jaunes en forme de lettres. Un rayon aiguillonné et quatorze rayons articulés à la nageoire du dos; un rayon aiguillonné et quatorze rayons articulés à la nageoire de l'anus; quatorze rayons il la membrane des branchies; la mâchoiie inférieure six fois plus longue (]ue la supérieure; une raie longitudinale el argentée de chaque côté de l'animal. Quatorze rayons à la dorsale; douze à l'anale; quatorze à la membrane branchiale; la mâchoire inférieure terminée par iine prolongation très-étroite, conique, et sept ou huit fois plus longue ([ue la mâchoire d'en haut; la ligne latérale située très-près du dessous du corps et de la queue, dont elle suit la courbure infé- rieure ; des bandes transversales, j Treize rayons à la nageoire du dos; vingt-six à relie de l'anus; sept à chaque ven- I traie; les deux mâchoires également avancées; la tète dénuée de petites écailles. La mâchoire inférieure plus avancée que celle d'en haut; les dents longues et cro- chues; la nageoire du dos plus courte que celle de l'anus; ces deux nageoires falciformes; les ventrales très-petites; point de petites écailles sur la tète, ni sur les opercules ; un piquant très-fort, long, et dégagé, au-dessus de la base de chaque pectorale. 1 M. Ctivier admet ce genre dans la famille des Acanthuntérygicns abdominaux. D. 2 Le genre Esocc est le type d'une famille particulière clans l'ordre des Molacoptérygicns abdomi- naux, selon M. Cuvier. D. ESPECES. L'ESOCË BRO- CHET. L'ÉSOCE AMÉ- RICAIN. 3. L'ÉsOCE BÉ- LONE. 4. L'ESOCE AR- GENTÉ. 3. L'EsOCE GAM- BARUR. 6. L'ÊSOCE ESPA- DO.V. 7. L'ÉSOCB TÉTE- NUE. 8. L'EsOCE CIURO- CENTRE. DES POISSONS. 4CI SECOND SOUS-GENRE. La nageoire de la queue arrondie ou rectiUgne, et sans échancrure. ESPÈCE. CARACTÈRES. \ Onze rayons à la nageoire du dos; dix-sept à l'anale; la caudale arrondie ; la inà- 9. L'EsocE VERT. ■, choira inférieure plus avancée que la supérieure; les écailles minces ; la couleur / générale verte ou verdâtre. L'ÉSOCE BROCHET. Esox Lucius, Linn., Bloch, Lac, Cuv. i. ET L'ÉSOCE AMÉRICAIN. Esox Lucius, var. B. Linn., Gmel.; Esox Americanus, Lacep. î. Le brochet est le requin des eaux douces; il y règne en tyran dévastateur, comme le requin au milieu des mers. S'il a moins de puissance, il ne rencontre pas de rivaux aussi redoutables; si son empire est moins étendu, il a moins d'espace à parcourir pour assouvir sa voracité; si sa proie est moins variée, elle est souvent plus abondante, et il n'est point obligé, comme le requin, de traverser d'immenses profondeurs pour l'arracher à ses asiles. Insatiable dans ses appétits, il ravage avec une |)romptitude effrayante les viviers et les étangs. Féroce sans discernement, il n'épai-gne pas son espèce, il dévore ses propres petits. Goulu sans choix, il déchire et avale, avec une sorte de fureur, les restes mêmes des cadavres putréfiés. Cet animal de sang est d'ailleurs uti de ceux auxquels la nature a accordé le plus d'années : c'est pendant des siècles qu'il effraie, agite, poursuit, détruit et consomme les faibles habitants des eaux douces qu'il infeste; et comme si, malgré son insatiable cruauté, il devait avoir reçu tous les dons, il a été doué non-seulement d'une grande force, d'un grand volume, d'armes nombreuses, mais encore de formes déliées, de proportions agréables, de couleurs variées et riches. L'ouverture de sa bouche s'étend jusqu'à ses yeux. Les dents qui garnissent ses mâchoi- res sont fortes, acérées et inégales : les unes sont immobiles, fixes et plantées dans les alvéoles; les autres, mobiles, et seulement attachées à la peau, donnent au brochet un nouveau rapport de conformation avec le requin. On a compté sur le palais sept cents dents de différentes grandeurs, et disposées sur plusieurs rangs longitudinaux, indépen- damment de celles qui entourent le gosier. Le corps et la queue, très-allongés, très-souples et très-vigoureux, ont, depuis la nuque jusqu'à la dorsale, la forme d'un prisme à quatre faces dont les arêtes seraient effacées. Pendant sa première année, sa couleur générale est verte; elle devient, dans la seconde année, grise et diversifiée par des taches pâles, qui, l'année suivante, présentent une nuance d'un beau jaune. Ces taches sont irrégulières, distribuées presque sans ordre, et quelquefois si nombreuses qu'elles se touchent et forment des bandes ou des raies. Elles acquièrent souvent l'éclat de l'or pendant le temps du frai, et alors le gris de la couleur générale se change en un beau vert. Lorsque le brochet séjourne dans des eaux d'une nature particulière, qu'il éprouve la disette, ou qu'il peut se procurer une nourriture trop abondante, ses nuances varient. On le voit, dans certaines circonstances, jaune avec des taches noires. Au reste, parvenu à une certaine grosseur, il a presque toujours le dos noirâtre et le ventre blanc avec des points noirs. L'œsophage et l'estomac montrent de grands plis pâles ou rouges, par le moyen desquels l'animal peut rejeter à volonté les substances qu'il avale dans les accès de sa voracité, et qu'il ne peut pas digérer. Cette faculté lui est commune avec la morue, ainsi qu'avec les squales, et particulièrement avec le requin, dont elle le rapproche encore. L'estomac est d'ailleurs très-long; et, comme de ces grandes dimensions résulte une très-grande abon- dancede sucs digestifs, dont l'action très-vive se manifeste par les appétits violents qu'elle produit, il n'est pas surprenant que le canal intestinal proprement dit soit très-court, et n'offre qu'une sinuosité, comme dans un très-grand nombre d'animaux féroces et carnas- siers. Le foie est long et sans division ; la vésicule du fiel grosse ; le fiel jaune ; la laite double, ainsi que l'ovaire; le péritoine blanc et brillant; l'épine dorsale composée de soixante et une vertèbres ; le nombre des côtes est de soixante. L'organe de l'ouïe renferme un troisième osselet pyramidal, garni à sa base d'un grand i Le Brochet forme le type du sous-genre des Brochets, dans le grand genre du même nom. D. 2 L'ésoce américain décrit dans cet article est peut-être une des deux espèces des Etats-Unis qui ont été nommées, par M. Lesucur, Esox reticularis et Esox Eston^ Act. de l'.\c. des Se. nat. de Philadel- phie, tom. \. D. 462 HÎSTOIRF NATURELLE nombre de pelils aiguillons, et placé dans la cavité qui sert de communication aux trois canaux demi-circulaires. Cet ort^ane contient aussi une sorte de rudiment d'un quatrième canal demi-circulaire, qui communique avec le sinus par le(|uel se réunissent les trois canaux auxquels le nom de demî-circnlah-e a été donné. Voilà donc le sens de l'ouïe du brochet plus parfait que celui de presque tous les autres poissons osseux. Cet avantase lui donne un nouveau trait de ressemblance avec le requin et les squales; il lui donne de plus la facilité d'éviter de plus loin un ennemi dangereux, ou de s'assurer de l'approche d'une proie dinicile à surprendre; et d'après l'organisation particulière de son oreille, on doit être moins étonné que l'on ait remarqué, du temps même de Pline, la finesse de son ouïe, et que, sous Charles IX, roi de France, des individus de l'epèce que nous décrivons, réunis dans un bassin du Louvre, vinssent, lorsqu'on les appelait, recevoir la nourriture qu'on leur avait préparée. La vessie natatoire du brochet est simple, mais grande; et sans cet instrument, ce poisson ne parcourrait pas avec la rapidité qu'il développe, les espaces qu'il franchit, contre les courants des fleuves impétueux, et au milieu des eaux les plus pures, et par conséquent les moins pesantes et les moins propres à le soutenir. C'est en efTet dans les rivières, les fleuves, les lacs et les étangs, qu'il se plaît à séjour- ner. On ne le voit dans la mer que lorsqu'il y est entraîné par des accidents passagers, et retenu par des causes extraordinaires, qui ne l'empêchent pas d'y dépérir; mais on l'a observé dans presque toutes les eaux douces de l'Europe. Bélon a écrit qu'il l'avait vu dans le Nil, où il croyait que les anciens lui avaient donné le nom d'Oxyrhynchus (museau pointu). Mon collègue, M. Geoffroy, professeur du Muséum d'histoire naturelle, va publier une dissertation très-savante sur les animaux de l'Egypte, dans laquelle on trouvera à quel poisson, différent de celui que nous examinons, les anciens avaient réellement appliqué cette dénomination à'Oxyrhyn- que. Le brochet parvient jusqu'à la longueur de six à neuf pieds, et jusqu'au poids de qua- tre-vingts ou cent livres. Il croît très-promptement. Dès sa première année, il est très- souvent long d'un pied; dès la seconde, de quinze pouces; dès la troisième, de deux pieds ; dès la sixième, de près de six pieds ; dès la douzième, de huit pieds ou environ : et cependant cet animal destructeur arrive jusqu'à un âge très-avancé. Rzaczynsky parle d'un brochet de quatre-vingt-dix ans. En 1497 on prit à Kaiserslautern, près de Man- heim, un autre brochet qui avait plus de dix-huit pieds de longueur, qui pesait trois cent soixante livres, et dont le squelette a été conservé pendant longtemps à Manheim. Il por- tait un anneau de cuivre doré, attaché, par ordre de l'empereur Frédéric Barberousse, deux cent soixante-sept ans auparavant. Ce monstrueux poisson avait donc vécu près de trois siècles. Quelle effrayante quantité d'animaux plus faibles que lui il avait dû dévorer pour alimenter son énorme masse pendant une si longue suite d'années ! Le brochet cependant n'est pas seulement dangereux par la grandeur de ses dimen- sions, la force de ses muscles, le nombre de ses armes; il l'est encore par les finesses de la ruse et les ressources de l'instinct. Lorsqu'il s'est élancé sur de gros poissons, sur des serpents, des grenouilles, des oiseaux d'eau, des rats, de jeunes chats, ou même de petits chiens tombés ou jetés dans l'eau, et que l'animal qu'il veut dévorer lui oppose un trop grand volume, il le saisit par la tête, le retient avec ses dents nombreuses et recourbées jusqu'à ce que la portion antérieure de sa proie soit ramollie dans son large gosier, en aspire ensuite le reste, et l'engloutit. S'il prend une perche ou quelque autre poisson hérissé de piquants mobiles, il le serre dans sa gueule, le tient dans une position qui lui interdit tout mouvement, et l'écrase, ou attend qu'il meure de ses blessures. Tous les brochets ne fraient pas à la même époque : les uns pondent ou fécondent les œufs dès le milieu de février, d'autres en mars, et d'autres en avril. S'ils sont très-redou- tables pour les habitants des eaux qu'ils fréquentent, ils sont très-souvent livrés sans défense à des ennemis intérieurs qui les tourmentent vivement. Bloch a vu dans leur canal alimentaire différents vers intestinaux, et il a compté dans un de ces poissons, qui ne pesait qu'une livre et demie, jusqu'à cent vers, du genre des vers solitaires. Mais ils ont encore plus à craindre des pêcheurs qui les poursuivent. On les prend de diverses manières : en hiver sous les glaces; en été, pendant les orages, qui, en éloignant d'eux leurs victimes ordinaires les portent davantage vers les appâts; dans toutes les sai- sons, au clair de la lune; dans les nuits sombres, au feu des bois résineux. On emploie, DES POISSOXS. 465 pour les pêcher, le trident, la ligne, le colleret, la truble, l'épervier, la louve, la nasse i. Leur chair est agréable au goût. On les sale dans beaucoup d'endroits, après les avoir vidés, nettoyés, et coupés par morceaux. Sur les bords du Jaïk et du Volga, on les sèche ou on les fume après les avoir laissés pendant trois jours entourés de saumure. Dans d'autres contrées et particulièrement en Allemagne, on fait du caviar avec leurs œufs. Dans la marche électorale de Brandebourg, on mêle ces mêmes œufs avec des sar- dines, on en compose un mets que l'on nomme netzin, et que l'on regarde comme excel- lent. Cependant ces œufs de brochet passent, dans beaucoup de pays, au moins lorsqu'ils n'ont pas subi certaines préparations, pour difficiles à digérer, purgatifs et malfaisants. C'est sur des brochets qu'on a essayé particulièrement cette opération de la castration dont nous avons déjà parlé, et par le moyen de laquelle on est parvenu facilement à engraisser les individus auxquels on l'a fait subir. Si l'on veut se procurer une grande abondance de gros brochets, il faut choisir, pour leur multiplication, des étangs qui ne soient pas propres aux carpes, à cause d'ombrages trop épais, de sources trop froides, ou de fonds trop marécageux ; les brochets y réussi- ront, parce que toutes les eaux douces leur conviennent. On y placera, pour leur nourri- ture, des cyprins ou d'autres poissons de peu de valeur, comme des Rotengles et des Roiigeâtres, si le fond de l'étang est sablonneux ; et des bordelières ou des hamburges, si ce même fond est couvert de vase. Au reste, on peut les porter facilement d'un séjour dans un autre, sans leur faire perdre la vie; et on, assure qu'ils n'ont été connus en Angle- terre que sous Henri VIII, où on en transporta de vivants dans les eaux douces de cette île. Le professeur Gmelin regarde comme une variété du brochet, un ésoce d'Amérique dans lequel la mâchoire supérieure est plus courte à proportion de celle d'en bas que dans le brochet d'Europe : mais le nombre des rayons de la membrane branchiale de ce poisson américain, de sa dorsale et de ses ventrales, nous oblige à le considérer comme apparte- nant à une espèce différente de celle du brochet. L'ÉSOCE BÉLONE. Belone , Cuv.; EsoxBclone, Linn., Gmel., Bloch., Lac. 2. Le museau de cet ésoce ressemble au bec d'un harle, ou à une très-longue aiguille; son corps et sa queue sont d'ailleurs si déliés, que la longueur totale de l'animal est souvent quinze fois plus grande que sa hauteur ; il n'est donc pas surprenant qu'on lui ait donné le nom A' Aiguille. On l'a nommé aussi Anguille de mer, parce qu'il vit dans l'eau salée, et que ses formes générales ont beaucoup d'analogie avec celles de la murène anguille. La ressemblance dans la conformation amène nécessairement de grands rapports dans les mouvements et dans les habitudes; et en eff"et la manière de vivre de l'ésoce bélone est semblable, à plusieurs égards, à celle de l'anguille Les dents du bélone sont petites, mais fortes, égales, et placées de manière que celles d'une mâchoire occupent, lorsque la bouche est fermée, les intervalles de celles de l'autre. Les yeux sont gros. La ligne latérale est située d'une manière remarquable; elle part de la portion inférieure de Topercule, reste toujours très-près du dessous du corps ou de la 1 On trouve la description du colleret dans l'article du centropome sandat; de la truble, dans celui du misgurne fossile; de la louve et de la nasse, dans celui du Pétromyzon lamproie. Vépervier est un filet en forme d'entonnoir ou de cloche, dont l'ouverture a quelquefois soixante pieds de circonférence. Cette circonférence est garnie de balles de plomb, et le long de ce contour le filet est retroussé en de- dans, et attaché de distance en distance, pour former des bourses. On se sert de Vépervier de deux ma- nières: en le traînant, et en le jetant. Lorsqu'on le traîne, deux hommes placés sur les bords du cou- rant d'eau maintiennent l'ouverture du filet dans une position à peu près verticale, par le moyen de deux cordes attache pond à la pointe di vîer, les deux premiers pê verture du filet porte sur le fond; le troisième tire à lui la corde qui tient au sommet de la cloche, se balance pour que les balles de plomb se rapprochent les unes des autres , et quand il les voit réunies, tire Vépervier de toutes ses forces , et le met sur la rive. Lorsqu'on jette ce filet, on a besoin de beau- d'adresse, de force et de précautions. On déploie Vépervier par un élan qui fait faire la roue au filet, et qui peut entraîner le pêcheur dans le courant, si une maille s'accroche à ses habits. La corde plombée se précipite au fond de l'eau, et enferme les poissons compris dans l'intérieur de la cloche. 2 Du sous-genre Obphie, Belone, Cuv., dans le grand genre des Brochets, famille des Malacoptéry- gicns abdominaux ésoces. D. 464 HISTOIRE NATURELLE queue, et se perd presque à roxtrémilé inférieure de la base de la caudale. La queue s'élargit, ou pour mieux dire, grossit à l'endroit où elle pénètre en quelque sorte dans la nageoire de la queue; les autres nageoires sont courtes. La partie supérieure du poisson est la seule sur laquelle on voie des écailles un peu grandes, tendres et arrondies. Lorsque le bélone serpente, pour ainsi dire, dans l'eau, ses évolutions, ses contours, ses replis lortucux, ses élans rapides, sont d'autant plus agréables, que ses couleurs sont belles, brillantes et gracieuses; le front, la nuque et le dos, offrent un noir mêlé d'azur; les opercules réfléchissent des teintes vertes, bleues et argentines : la moitié supérieure des côtés est d'un vert diversifié par quelques reflets bleuâtres; l'autre moitié répand, ainsi que le ventre, l'éclat de l'argent le plus pur : du gris ou du bleu sont distribués sur les nageoires. Ce poisson si bien paré et si svelte a été observé dans presque toutes les mers ; il en quitte les profondeurs pour aller frayer près des rivages, où il annonce, par sa présence, la prochaine apparition des maquereaux. Il n'a communément qu'un pied et demi de lon- gueur, et ne pèse que deux à quatre livres; il devient alors très-souvent la proie des squa- les, des grandes espèces de gades, ou d'autres habitants de la mer voraces et bien armés : mais il parvient quelquefois à de plus grandes dimensions. Le chevalier Ilamilton a vu pêcher, à Naples, un individu de cette espèce qui pesait quatorze livres ; et Renard assure qu'on trouve, dans les Indes orientales, des bélones de six à neuf pieds de longueur, dont la morsure est, dit-on, très-dangereuse, et même mortelle, apparemment à cause de la nature de la blessure que font leurs dents nombreuses et acérées. On prend les bélones pendant les nuits calmes et obscures, à l'aide d'une torche allu- mée, qui les attire en contrastant avec des ténèbres épaisses, et par le moyen d'un instru- ment garni d'une vingtaine de longues pointes de fer, qui les percent et les retiennent ; on en pêche jusqu'à quinze cents dans une seule nuit. En Europe, où le bélone a la chair sèche et maigre, on ne le recherche guère que pour en faire des appâts. Son canal intestinal proprement dit n'offre pas de sinuosité, et n'est pas distinct, d'une manière sensible, de la fin de l'estomac. L'épine dorsale est composée de quatre-vingt-huit vertèbres; elle soutient de chaque côté cinquante et une côtes : lorsque ces côtes et ces vertèbres sont exposées à une cha- leur très-forte, elles deviennent vertes. Un effet semblable a été observé dans quelques autres poissons, et particulièrement dans des espèces de blennies; et ces phénomènes paraissent confirmer ce que nous avons dit de la Nature des poissons (voyez notre Discours sur ce sujet), surtout lorsqu'on rapproche celte coloration rapide de la lueur phospho- rique que répandent dans l'obscurité ces os verdis par la chaleur. L'ÉSOCE ARGENTÉ. Butirinusindicus, Cuv.; Esox argcntcus, Forsk., LacLinn., Ginel.; Argcntina Glossodouta, Forsk.; Argcntiiia Bonult, Lac. i. L'ÉSOCE GAMBARUR. Hemiramplius marginatus, Cuv., Esox Gaml)arur, Lac, Esox marginalus, Linn., Gmel. 2. ET L'ÉSOCE ESPADON. Hemiramphus brasilicnsis, Cuv.; Esox brasiliensis,Liiin., Bl.,pl. 391; Esox GlaïUus, Lac. 3. George Forster a découvert l'argenté dans les eaux douces de la Nouvelle-Zélande, et d'autres îles du grand Océan équinoxial. Nous n'avons pas vu d'individu de celte espèce : si sa caudale n'est pas échancrée, il faudra la placer dans le second sous-genre des ésoces. Le gambarur nous a paru, ainsi qu'à Commerson, appartenir à la même espèce que le piquitingue ou l'hepsèle, qu'on n'a séparé du premier poisson, suivant ce célèbre voya- 1 Du genre Butirix, dans la famille dos Cupes, ordre des Malacoptérygicns abdominaux. Cuv. M. de Lacépèdc a décrit deux fois ce poisson : 1" sous le nom d'EsocR akcenté, cl 2" sous celui d'AncENTixE Bo^LK. D. 2 Du sous-genre Demi-bec, Ilemiromphus, Cuv., dans le grand genre BnocirKT, de la famille des Mala- coptérygicns abdominaux ésoces. VEsax hepsctus de Linnée, cité dans la synonymie de cette espèce, est un composé de deux poissons ; 1» le Piqnitinga de Marcgrave, ou Mœnidia de Rrowne , qui est un anchois; 2" l'autre que M. Cuvicr ne peut reconnaitre, mais qui cependant est un Hémiramplic. D. 7, Ce poisson appartient nu sous-genre Demi-bec, Hcmirainp/ius, et paraît se rapporter surtout h VIIS' miramplius bruni/ icusia de Jl. Cuvicr. D. DES POISSONS. 465 gcur, que parce qu'on a eu sous les yeux des piquitingues altérés, et privés particulière- ment de la plus grande partie de leur longue mâchoire inférieure. Il habite dans les eaux de la mer d'Arabie, ainsi que dans celles qui arrosent les riva- ges du Brésil. Son corps est un peu transparent, très-allongé, ainsi que la queue, et couvert comme cette dernière partie d'écaillés assez grandes, la mâchoire supérieure dure et très-courte; l'inférieure prolongée en aiguille, six fois plus longue que la mâchoire d'en haut, et un peu mollasse à son extrémité; l'ouverture de la bouche garnie sur ses deux bords de pe- tites dents; l'œil grand et rond ; le dessus du crâne aplati ; le lobe inférieur de la caudale près de deux fois plus long que le supérieur; la couleur générale un peu claire, le haut de la tête brun; le dos olivâtre à son sommet, et orné de raies lon;;itudinales séparées par des taches brunes et carrées; la partie inférieure de l'animal marquée de quatre autres raies; chaque côté paré, ainsi que l'indique le tableau générique, d'une raie longitudi- nale, large, argentée et éclatante; la dorsale ordinairement très-noire, et le bout de la mâchoire inférieure d'un beau rouge. Commerson a observé, en juin 4767, auprès de Rio-Janeiro, un gambarur qui n'avait guère plus de huit pouces de longueur. L'espadon a beaucoup de rapports avec le gambarur; il en a aussi avec le xiphias espa- don, et sa tête ressemble, au premier coup d'œil , à une lète de xiphias renversée. La prolongation de la mâchoire inférieure est encore plus longue que dans le gambarur, aplatie et sillonnée auprès de l'ouverture de la bouche, dont les deux bords sont hérissés de plusieurs rangées de petites dents pointues : d'autres dents sont situées autour du gosier; mais le palais et la langue sont unis. Le dessus de la tète est déprimé; les oper- cules sont rayonnes; le lobe inférieur de la caudale dépasse celui d'en haut. La couleur générale est argentée; la tête, la mâchoire inférieure, le dos et la ligne latérale sont communément d'un beau vert, et les nageoires bleuâtres. On trouve l'espadon dans les mers des deux Indes. Nieuhof etValentyn l'ont vu dans les Indes orientales; Plumier, Du Tertre, BroAvne et Sloane l'ont observé en Amérique. Sa chair est délicate et grasse. On l'attire aisément dans les filets, par le moyen d'un feu allumé au milieu d'une nuit sombre. Il paraît qu'il multiplie beaucoup. L'ÉSOCE TÉTE-NUE. Erythrinus , Cuv.; Esoxgymnoccphalus, Linn., Grael., Lac. i. ET L'ÉSOCE CHIROCENTRE. Chirocentrus , Cuv.; Esox Chirocentrus, Lac; Clupea dentex, Schneid. ; Clupea Dorab, Gmel. 2. Le premier de ces deux ésoces habile dans les Indes ; le second a été observé par Com- merson, qui en a laissé un dessin dans ses manuscrits. Nous lui avons donné le nom de CJtirocentre, pour indiquer le piquant ou aiguillon placé auprès de chacune de ses na- geoires pecloiales que l'on a comparées à des mains. Une sorte de loupe arrondie paraît au-dessus de ces mêmes pectorales. La ligne latérale règne près du dos, dont elle suit la courbure. Les écailles sont petites et serrées. Les deux lobes de la caudale sont très- grands; l'inférieur est plus long que l'autre. L'ÉSOCE VERT. Esox viridis, Linn., Gmel., Lac. 5. Ce poisson habite dans les eaux douces de la Caroline, où il a été observé par Catesby et par le docteur Garden. CENT QUATRE-VINGT-SEPTIÈME GENRE. LES SV.NODES. Vouvei'ture de fa bouche grande, le gosier large, /es 7nàihoires garnies de dents nombreuses, fortes et pointues, -point de IjarljiHons, l'opercule et l'orifice des Ijrancfiies très-grands, le corps et la queue très- allongés et comprimés latéralement, les écailles dures, point de nageoire adipeuse, les nageoires du dos 1 Ce poisson est probablement du genre Erythrin, Erythrinus, de Gronow et de BL Cuvier, dans la famille des Clupes, ordre des 3Ialacoptérygiens abdominaux. D. 2 Ce poisson est le t3'pc du genre Ciiiroce.\tre, CAiVoceniz-Ms, de M. Cuvier, dans la famille des Clup., ordre des Malacoptérygiens abdominaux. D. 3 Sous le noxadi' Esox viridis, M. Cuvier pense que Linnée a réuni une description de l'Orphie en- voyée par Garden, avec la figure du Caïman (espèce de Lépisostée), donnée par Catesby, Il , xxx. Cela étant, l'espèce de l'ésoce vert serait factice. D. 466 HISTOIRE NATURELLE et de Trinus courtes, une seule dorsale, cette dernière nageoire placée au-dessus ou un peu au-dessus des ventrales, ou plus près de la tête que ces dernières. PREMIER SOUS-GENRE. La nageoire de la queue fourcUue ou échancrée en croissant. ESPÈCES. CARACTÈRES. I. Le Synode I Onze rayons à la nageoire du dos; six à celle de l'anus; cinq à la membrane des FAscÉ. ( branchies. 2. Le Sïnode re- l Quatorze rayons à la dorsale ; dix à celle de l'anus ; trois à la membrane branchiale ; NARD. { la caudale en croissant. ' La tète petite; le museau pointu; un enfoncement au-devant de la nuque; trois 5. LeStnodeciii j pièces à chaque opercule; les opercules et la tète dénués de petites écailles; la NOis. { ligne latérale courbée vers le bas; la couleur générale d'un argenté verdâtre; [ point de bandes, de raies, ni de taches. / La tète très- longue; le museau très-allongé; la mâchoire inférieure plus avancée / 1 c . \ fine la supérieure; les yeux très-rapprocliés l'un de l'autre, et du bout du mu- *■ , "^ VNODE MA- 1 seau; l'opercule anguleux du côté de la queue, et composé de trois pièces; la CROCEPHALE. | Ug^e latérale courbée vers le bas ; la dorsale et l'anale en forme de faux ; la ' couleur générale d'un verdâtre argenté. SECOND SOUS-GENRE. Ln nageoire de la queue, arrondie, ou recliligne, et sans échancrure. a. Le Synode | Quatorze rayons à la nageoire du dos, dix à l'anale, cinq à la membrane des bran- MALABAR. ( chics, dcux orifices à chaque narine, la caudale arrondie. LE SYNODE FASCÉ. Saurus...., Cuv. ; Synodus fasciatus. Lac. ; Esox Synodus, Linn., Gmel. \. Le Synode Renard, Butirinus americanus, Cuv.; Synodus Vulpes, Lac; Eso.x Vulpes, Linn., Gmel. — S. chinois, Flops indiens, Cuv.; Argeiitina machnala, Forskael ; Mugil salmoneus, Forsler; Sy- nodus chinensis, Lacep. — S. Macrocéphale, synodus macrocephalus , Lac. — S. Malabar, Ery- Ihrinus nialabaricus, Cuv.; Esox nialabaricus, Bl.; Synodus malabaricus, Lac. Nous n'avons pas besoin de faire remarquer combien les synodes ont de ressemblance avec les ésoces, dont nous avons cru cependant devoir les séparer, pour établir plus de régularité et de convenance dans la distribution méthodique des poissons. Les deux premiers de ces synodes vivent dans les mers de l'Amérique septentrionale. Celui auquel nous avons donné le nom spécifique de Fascé, se trouve cependant dans la Méditerranée, auprès de Nice, ainsi que nous l'apprend le savant inspecteur du Muséum d'histoire naturelle de Turin, M. Giorna. Ce poisson a la tète un peu enfoncée entre les yeux; deux ou trois rangées de dents à chaque mâchoire, sur le palais, et auprès du gosier; la partie supérieure de la langue toute couverte de petites dents; la dorsale trian- gulaire; des écailles grandes; des bandes transversales brunes; des raies brunes sur les nageoires; le ventre blanc. Le renard présente une rangée de dents petites et aiguës à chacune de ses mâchoires; une dorsale, une anale et des pectorales peu échancrées ; des écailles grandes ; des teintes jaunâtres sur le dos; une couleur blanchâtre sur le ventre, et une longueur de six à vingt pouces. Nous avons vu les synodes, que nous avons nommés Chinois et Macrocéphale, et qui n'ont encore été décrits par aucun naturaliste, très-bien représentes dans la collection de peintures chinoises, cédée à la France par la Hollande, et conservée dans la bibliothèque du 3Iuséum d'histoire naturelle. La ligne latérale du macrocéphale est dorée; ses ventrales sont très-petites; il ne montre ni taches, ni bandes, ni raies longitudinales. La mâchoire inférieure du malabar excède un peu celle d'en haut ; l'une et l'autre sont armées de dents inégales, peu serrées, mais grandes, fortes et pointues : d'autres dents hérissent la langue et le palais. Les écailles sont larges et lisses. Le dos est verdâtre ; la tête, les flancs et le ventre sont jaunâtres; les nageoires, variées de jaune et de gris, pré- sentent des raies brunes. Le malabar habite dans les rivières de la côte dont il porte le nom; sa chair est blan- che, agréable et saine. 1 Le Synode fascé de Lacépède est, selon M. Cuvier, une espèce du sous-genre Saure (Saurus), dans le grand genre Saumo.n, qui avait perdu sa nageoire adipeuse. Consé(|ueinment il appartient à la fa- mille des Salmanes, dans l'ordre des Malacoptérygiens abdominaux. D. DES POISSONS. 467 CENT QUATRE-VINGT-HUITIÈME GENRE. LES SPHVRÉMiS. Vonvi'i'tiire de la bouche grande, le gosier large, les mchlioires garnies de dents nombreuses, furfrs et poin- tues, point de barbillons, l'opercule et Corifice des branchies très-grands, le corps et la queue très- allongés, et comprimés latéralement, point de nageoire adipeuse, les nageoires du dos et de f anus courtes, deux nageoires dorsales. ESPÈCES. CARACTÈRES. Quatre rayons à la première nageoire du dos, dix à la seconde, dix à celle de l'anus, la mâchoire inférieure plus avancée que celle d'en haut, les donts nomhreuses, 1. La sphtrène 1 inégales, fortes et crochues, la dorsale et l'anale échancrées, l'opercule terminé SPET. \ par une pointe et couvert de petites écailles, la couleur générale d'un bleuâtre / argenté, point de taches, de bandes, ni de raies; l'anale, les ventrales et les pec- ^ torales rouges. Cinq rayons à la première dorsale, neuf à la seconde, neuf à l'anale, la mâchoiie i inférieure plus avancée que celle d'en haut, les dents fortes, crochues, prcs(jue 2. La sphyrène ' égales et peu nombreuses, la dorsale et l'anale non-échancrées, l'opercule pres- CHiNOisE. \ que arrondi par derrière, et dénué de petites écailles, la couleur générale et celle / de toutes les nageoires d'un verdàtre argenté, point de taches, de bandes , ni de ( raies. f Sept rayons à la première nageoire du dos, six à la seconde , ces deux nageoires _ . . " . i presque égales, très-rapprochées l'une de l'autre, élevées, triangulaires ; six g. La sphvrene \ rayons à la nageoire de l'anus, la mâchoire inférieure plus avancée que la supé- / Heure, la couleur générale et celle des nageoires d'un vert doré, point de taches, V de bandes, ni de raies. / Cinq rayons à la première dorsale; dix à la seconde ; huit à la nageoire de l'anus; \ la tète très-allongée ; le corpset la queue très-déliés; presque toutes les nageoires ( échancrées en forme de faux; l'opercule très-arrondi, et dénué de petites écailles ; i la couleur générale bleue; un grand nombre de taches rondes, inégales et d'un \ bleu foncé, le long de la ligne latérale. / Six ou sept rayons à la première nageoire du dos ; un rayon aiguillonné et vingt- l quatre rayons articulés à la seconde; un rayon aiguillonné et vingt-trois rayons La SPHYRENE ^ articulés à l'anale; la caudale en croissant; la corne supérieure de la caudale plus / longue que l'inférieure, les mâchoires très-étroites , pointues, et deux fois plus > longues que la tète proprement dite. ORVERD. La sphyrène BEGUNE. AIGUILLE. LA SPHYRÈNE SPET. Sphyrœna Spet, Cuv. ; Esox Sphyrœna, Linn., Gmel.; Sphyrsena Spet, Lac. i. La Spliyrène chinoise, Shpyrœna,.., Cuv.; Sphyrœna chinensis, Lacep. — S. Orverd , Cenlropoma uii- decimalis, Cuv.; Sphyrœna aureoviridis, Lacep. — S. Bécime, Sphyrœna Becuna, Lacep., Cuv. — S. aiguille, Belone....? Cuv.; Sphyrœna Acus, Lac. Les sphyrènes ont été placées parmi les ésoces; leurs deux nageoires dorsales, et quel- ques autres traits, doivent cependant les en séparer. Des sucs digestifs très-puissants, des besoins impérieux, une faim dévorante, très-sou- vent renouvelée, des dents fortes et aiguës, des formes très-déliées, de l'agilité dans les mouvements, de la rapidité dans la natation ; voilà ce que présentent les sphyrènes, voilà ce qui leur rend la guerre et nécessaire et facile; voilà ce qui, leur faisant surmonter la crainte mutuelle qu'elles doivent s'inspirer, les réunit en troupes nombreuses, dont tous les individus poursuivent simultanément leur proie, s'ils ne l'attaquent pas par des manœuvres concertées, et auxquelles il ne manque que de grandes dimensions et plus de force pour exercer une domination terrible sur presque tous les habitants des mers. Une chair blanche et qui plaît à l'œil, délicate et que le goût recherche, facile à digérer et que la prudence ne repousse pas; voilà ce qui donne aux sphyrènes presque autant d'ennemis que de victimes; voilà ce qui, dans presque toutes les contrées qu'elles habitent , fait amorcer tant d'hameçons, dresser tant de pièges, tendre tant de filets contre elles. Des cinq sphyrènes que nous faisons connaître, les naturalistes n'ont encore décrit que la première; mais les formes ni les habitudes de cette sphyrène spet n'avaient point échappé à l'attention d'Aristote, et des autres anciens auteurs qui se sont occupés des poissons de la Méditerranée. Le spet se trouve en effet dans cette mer intérieure, aussi bien que dans l'Océan Atlan- tique. 11 parvient à la longueur de deux pieds et demi. Ses couleurs sont relevées par l'éclat de la ligne latérale, qui est un peu courbée vers le bas. Le palais est uni; mais des dents petites et pointues sont distribuées sur la langue et auprès du gosier. Chaque 1 Ce poisson est du genre Sphyrène, adopté par M. Cuvier, et placé par lui dans la famille de Acaii- thoplcrygiens percoïdes. D. 108 HISTOIRE NATURELLE narine n'a qu'un orifice; les yeux sonl gros et rapprocliés; les écailles minces el petites; quarante cœcums placés auprès du pylore; le canal intestinal est court et sans sinuosités; la vésicule du fiel très-grande, et la vessie natatoire située très-près du dos. Les yeux de la chinoise sont tiès-gros, la prunelle est noire, l'iris argenté, la ligne latérale tortueuse. Conimerson a laissé dans ses manuscrits un dessin de cette spliyrène, (|ue nous avions déjà l'ait graver, lorsque nous avons vn ce jioisson bien mieux représenté clans les peintures chinoises données à la France par la Hollande. La sphyrène orverd est magnifique ; son dos est élevé ; son museau très-pointu ; el son coil, dont l'iris est d'un beau jaune, ressemble à un saphir enchâssé dans une topaze. La parure de la hécune est moins riche, mais plus élégante; des rellcts argentins ajoulenl les nuances les plus gracieuses à l'azur et au i)leu l'once dont elle est variée. L'œil rouge a le feu du rubis. Ses formes sveltes ressemblent plus à celles d'un serpent ou d'une murène, que celles des autres sphyrènes dont nous venons de parler. La mâ- choire inlérieyre est un peu plus avancée que la supérieure; l'opercule composé de trois pièces ; la ligne latérale presque droite. La seconde dorsale et la nageoire de l'anus de la sphyrène aiguille sont échancrées de manière à représenter une faux. La mâchoire inférieure dépasse celle d'en haut. Chacune de ces mâchoires est armée d'une cinquantaine de dents étroites, crochues, longues, presque égales, et correspondantes aux intervalles laissés par les dents de l'autre mâchoire. Nous devons à Plumier la connaissance de ces trois dernières sphyrènes. CENT QUATRE-VINGT-NEUVIÈME GENRE. LES LÉPISOSTÉES. V ouverture delà bouche grande, les mâchoires garnies de dents nombreuses, fortes et pointues, point de barbillons ni de nageoire adipeuse, le corps et la queue très-allongés, une seule nageoire du. dos, celle nageoire plus éloignée de la tète que les ventrales, le corps et la queue revêtus d'écaillés très-grandes, placées les unes au-dessus des autres, Irès-épaisses, très-dures, et de nature osseuse. E-SPÈCKS. CAHACTÈRES. Neuf rayons à la nageoire du dos; neuf rayons à celle de l'anus ; le premier rayon de chaque nageoire et le dernier de la caudale très-forts et dentelés ; la mâchoire supérieure plus avancée que celle d'en bas; les deux mâchoires très-longues, très- étroites, etgarnies d'un grand nombre de dents fortes et pointues disposées sur un ou plusieurs rangs, et parmi lesquelles s'élèvent plusieurs autres dents plus lon- gues, crochues, et séparées les unes des autres; la longueur de la tète égale, ou à peu près., à celle du corps. Onze rayons à la nageoire du dos; neuf rayons à celle de l'anus; le premier rayon de chaque nageoire, très-fort et dentelé ; la mâchoire supérieure plus avancée que celle d'en bas; les deux mâchoires longues, étroites et déprimées; le bout du museau |)lus large que le reste des mâchoires; la longueur de la tête égale, ou à ( peu près, à la moitié de la longueur du corps. .0. Le Lépis'istre l Quatorze rayons à la dorsale ; huit à celle de l'anus; les deux mâchoires également RonoLo. \ avancées; les dents très petites et serrées ; la langue el le palais lisses. Le Lépisostée GAVIAL. '2. Le Lépisostée SPATULE. LE LEPISOSTEE GAVIAL. Lepisosteus, osseus, Cuv. ; Lepisostcus Gavial, Lac; Esoxosscus, Linn., Gmel. '. LE LÉPISOSTÉE SPATULE. Lepisosteus Spatula, Lac, Cuv. -2. ET LE LÉPISOSTÉE ROBOLO. Lepisosteus llobolo, Lac. ; Esox chilensis, Molina 5. De tous les poissons osseux, les lépisoslées sont ceux qui ont reçu les armes défensives lesplus sûres. Les écaillesépaisses, dures et osseuses, dont toute leur surface est revèlue, forment une cuirasse impénétrable à la dent de presque tous les habilants des eaux, comme l'enveloppe des ostracions, les boucliers des acipensères, la carapace des lorlues, et la couveilure des caïmans, dont nous avons conservé le nom à l'espèce de lépisostée la plus ancicnncnicnt connue. A l'abri sous leur tégument privilégié, plus confiants dans leuis forces, plus hardis dans leurs attaques que les ésoces, les synodes et les sphyrènes, avec lesquels ils ont de très-grands rapports; ravageant avec plus de sécurité le séjour I Du genre Lépisostée, Lac, Cuv., dans la famille des Chipes, ordre des Malacoptérygicns abdomi- naux, Cuv. D. -2 Seconde espèce du gcnn; Li.piskstée de M. Cuvier. I). 3 M. Cuvier ne fait pas mention de celle espèce, l). DES POISSONS. 469 qu'ils préfèrent, exerçant sur leurs victimes une tyrannie moins contestée, satisfaisant avec plus de facilité leurs appétits violents, ils sont bientôt devenus plus voraces et porte- raient dans les eaux qu'ils habitent une dévastation à laquelles très-peu de poissons pourraient se dérober, si ces mêmes écailles défensives qui, par leur épaisseur et leur dureté, ajoutent à leur audace, ne diminuaient pas, par leur grandeur et leur inflexi- bilité, la rapidité de leurs mouvements, la facilité de leurs évolutions, l'impétuosité de leurs élans, et ne laissaient pas ainsi à leur proie quelque ressource dans l'adresse, l'agi- lilé et la fuite précipitée. Mais cette même voracité les livre souvent entre les mains des ennemis qui les poursuivent : elle les force à mordre sans précaution h l'hameçon préparé pour leur perte; et cet effet de leur tendance naturelle à soutenir leur existence leur est d'autant plus funeste par son excès, qu'ils sont très-recherchés à cause de la bonté de leur chair. Le gavial particulièrement a la chair grasse et très-agréable au goût. On le trouve dans les lacs et dans les rivières des deux Indes, où il parvient à trais pieds de longueur. La dentelure remarquable qu'on voit aux premiers rayons de toutes ses nageoires et au der- nier de sa caudale, provient de deux séries d'écaillés osseuses, allongées et pointues, pla- cées en recouvrement le long et au-dessus de ce premier rayon, qui d'ailleurs est articulé. La forme générale de sa tête; le très-grand allongement de ses mâchoires; leur peu de largeur; le sillon longitudinal creusé de chaque côté de la mâchoire d'en haut; les pièces osseuses, inégales, irrégulières, ciselées ou rayonnées, articulées fortement les unes avec les autres, et enveloppant la tête proprement dite, ou composant les opercules; la quan- tité, la distribution, l'inégalité et la figure des dents ; la position des deux orifices de chaque narine, que l'on découvre à l'extrémité du museau; la situation des yeux, très- près de l'angle de la bouche : tous ces traits lui donnent beaucoup de ressemblance avec le crocodile du Gange, auquel nous avons dans le temps conservé le nom de Gavial; et nous avons mieux aimé le désigner par cette dénomination de Gavial, que le distinguer, avec plusieurs naturalistes, par le nom de Caïman, ou Crocodile d'Amérique, auquel il ressemble beaucoup moins. Les écailles osseuses dont ce lépisostée est revêtu lui donnent un nouveau rapport avec le gavial ou les crocodiles considérés en général. Ces écailles, arrangées de manière à for- mer des séries obliques, sont taillées en losange, striées, relevées dans leur centre, et paraissent composées de quatre pièces triangulaires; celles qui s'étendent en rangée lon- gitudinale, depuis la nuque jusqu'à la dorsale, sont échancrées, et représentent un cœur. La ligne latérale est courbée vers le bas; l'anus deux fois plus voisin de la caudale que de la tête; la dorsale semblable, par sa forme presque ovale et par ses dimensions, à la nageoire de l'anus, qui règne directement au-dessous; la caudale obliquement arrondie; la partie supérieure de la base de cette caudale couverte obliquement d'écaillés osseuses, qui doivent gêner un peu les mouvements de celte rame; la couleur générale verte; celle des nageoires rougeâtre, sans taches, ou avec des taches foncées ; et le ventre rougeâtre ou d'un violet très-clair. Aucun naturaliste n'a encore publié de description du lépisostée spatule. Le Muséum d'histoire naturelle renferme depuis longtemps un bel individu de cette espèce. La forme de son museau nous a suggéré son nom spécifique, de même que nous avons voulu dési- gner les écailles osseuses des lépisostées par le nom générique que nous leur avons donné i. La tête du spatule, comprimée et aplatie, est couverte de pièces osseuses, grandes, rayonnées et chargées d'aspérités. Le dessus de la mâchoire supérieure offre de chaque côté quatre ou cinq lames également osseuses, et comme ciselées ou rudes. Un grand nombre de pièces petites, mais osseuses et articulées ensemble, couvrent, au delà des yeux, les parties latérales de la tête proprement dite. L'opercule, de même nature que ces lames, est rayonné, et composé de trois pièces. Chaque narine a deux orifices. Le pa- lais est hérissé de petites dents. Les deux mâchoires sont garnies de deux rangées de dents courtes, inégales, crochues, et serrées. Indépendamment de ces deux rangs, la mâ- choire d'en haut est armée de deux séries de dents longues, sillonnées, aiguës, éloignées les unes des autres, et distribuées irrégulièrement. La mâchoire inférieure no montre qu'une série de ces dents allongées : cette rangée répond à l'intervalle longitudinal qui sé- pare les deux séries d'en haut; et les grandes dents qui forment ces deux rangées supé- i Lepis, en grec, signifie éccnlle. LiCÉPÈDE.— TOME I!. 30 470 HISTOIRE NATURELLE rieures, ainsi que la rangée d'en bas, sont reçues chacune dans une cavité particulière de la lUcâchoire opposée. On doit remarquer qu'au-devant des orifices des narines deux de ces dents longues et sillonnées de la mâchoire d'en bas traversent la mâchoire supérieure lorsque la bouche est fermée, et montrent leurs pointes acérées au-dessus de la surface de celte mâchoire d'en haut, comme nous l'avons fait observer dans le crocodile, en écrivant, en 1788, l'histoire de cet énorme animal. La mâchoire supérieure, étant plus étroite que celle d'en bas, rend plus sensible l'élar- gissement qui donne au bout du museau la forme d'une spatule. L'œil est très-près de l'an- gle de la bouche. Les écailles osseuses forment, depuis la nuque jusqu'à la dorsale, cinquante rangées obliques ou environ : ces écailles sont en losange, rayonnées et dentelées; celles qui re- couvrent l'arête longitudinale du dos montrent une échancrure qui produit deux pointes. La ligne latérale est droite; la dorsale placée au-dessus de l'anale; et les ventrales sont à une distance presque égale de cette anale et des pectorales. La mer qui arrose le Chili nourrit le robolo. Ce lépisoslée a l'œil grand; l'opercule couvert d'écaillés semblables à celles du dos, et composé de deux pièces; les nageoires courtes. La ligne latérale bleue; les écailles anguleuses, osseuses, mais faiblement atta- chées, dorées par-dessus, argentées par-dessous; une longueur de près d'un mètre, la chair blanche, lamelleuse, un peu transparente, et très-agréable au goût. CEiNT QUATRE-VINGT-DIXIÈME GENRE. LES POLYPTÈRES l. Un seul rayon à la membrane des branchies^ deux évents, tin grand nombre de nageoires du dos. ESPÈCE. CARACTÈRES. Le Poltptère i Seize ou dix-sept ou dix-huit nageoires dorsales ; quinze rayons à la nageoire de BicHiR. I l'anus; la caudale arrondie. LE POLYPTÈRE BICHIR. Polypterus Bichir, Geoff., Cuv., Lac. 2. On doit la connaissance de ce poisson, dont l'organisation est trés-remarquable, à mon savant collègue 31. Geoffroy, professeur au 3Iuséum d'histoire naturelle. Cet habile et zélé naturaliste a vu le bichir dans les eaux du Nil, lorsqu'il a accompagné en Kgypte, avec les autres membres de l'Institut du Caire, le héros français et son admirable armée. 11 a publié la description et la figure de cet abdominal; et voici ce qu'il nous a appris de sa conformation. Le bichir a beaucoup de rapports, par ses téguments, par la grandeur de ses écailles, par la solidité de ses lames, avec le lépisostée gavial. Mais combien de traits l'en distinguent! Chaque nageoire pectorale est attachée à une sorte d'appendice ou de bras qui ren- ferme (les osselets comprimés, réunis dans les individus adultes, et néanmoins analogues à ceux des extrémités antérieures des mammifères. Chaque ventrale tient aussi à un appendice ; mais cette prolongation est beaucoup plus courte que celle qui soutient les pectorales. Chacune des seize, dix-sept ou dix-huit nageoires dorsales présente un rayon solide, comprimé de devant en arrière, terminé par deux pointes, et vers l'extrémité supérieure duquel (|uatre ou cinq petits rayons, tournés obliquement vers la caudale, maintiennent le haut d'une membrane étroite, élevée, élargie par le bas, arrondie dans son bout supérieur. Ce rayon solide s'articule sur une tète de l'apophyse épineuse de la vertèbre qui lui correspond. Son apophyse particulière est d'ailleurs très-petite, et engagée dans le tissu cellulaire. Une longue plaque osseuse remplaçant les rayons ordinaires de la membrane des bran- chies, la membrane branchiale du bichir ne peut ni se plisser, ni s'étendre â la volonté de l'animal. Le dessus de la tête est recouvert d'une grande plaque, composée de six pièces arti- culées les unes avec les autres. Entre cette plaque et l'opercule, ont voit une série de 1-4 Cegenre formi! par M. Geoffroy a ("tf; adopUi p;>r M. Cuvior. qui li^ place dans la familln des Clcpes, ordre des Malacoptfirygiens abdominaux. D, DES POISSONS. 471 petites pièces carrées, dont la plus allongée, libre dans un de ses bords, peut être sou- levée comme une valvule, montrer un véritable évent et laisser échapper l'eau de l'inté- rieur de la bouche. Deux petits barbillons garnissent la lèvre inférieure ; deux rangées de dents fines, égales et rapprochées, hérissent les deux mâchoires ; la langue est mobile, charnue et lisse. La couleur générale est d'un vert de mer, relevé par quelques taches noires, irrégu- lières, plus nombreuses vers la caudale que vers la tête. La longueur ordinaire du poisson n'excède pas vingt pouces : celle de sa queue n'étant égale qu'au sixième ou environ de cette longueur totale, l'abdomen est très-étendu. L'œsophage est grand; l'estomac rétréci, allongé et conique. Le canal intestinal proprement dit, a beaucoup de ressemblance avec celui des squales et des raies : sortant de la partie supérieure de l'estomac, et un peu arqué vers son ori- gine, il se rend ensuite directement à l'anus; mais une large duplicature de la membrane interne forme une spirale, dont les replis prolongent le séjour des aliments dans ce canal. On aperçoit un cœcum très-court. La vessie natatoire est très-longue, composée de deux portions inégales, flottantes, presque cylindriques, et communique avec l'œsophage par une large ouverture qu'un sphincter peut fermer. CENT QUATRE-VINGT-ONZIÈME GENRE. LES SCOMBRÉSOCES 1. Le corps et la queue très-allongés, les deux mâchoires très-longues, très-minces, très-étroites, et en forme d'aiguille ; la nageoire dorsale située au-dessus de celle de fanus, un grand nombre de petites nageoires au-dessus et au-dessous de la queue, entre la caudale et les nageoires de Vanus et du dos. ESPÈCE. Caractères. T^ c^«,..,„.i„«„ l Douze rayons à la nageoire du dos; douze rayons à celle de l'anus; six petites Le scombresoce i ■•'.• , p , ',, •'^ . . l'ji < nageoires triangulaires au-dessus delà queue, et sept au-dessous; la caudale ( fourchue. CAMPERIEZ. LE SCOMBRÉSOCE CAMPÉRIEN. Sairis Camperii, Cuv. ; Scombresox Camperii, Lac. 2. Parmi les animaux qui, par leur conformation ambiguë ou plutôt composée, doivent être regardés comme des liens qui réunissent les divers groupes de l'ensemble immense que forment les êtres organisés, aucun ne mérite l'attention de l'observateur philosophe plus que le scombrésoce campérien. Non-seulement, en effet, il présente des traits dis- tinclifs de deux genres très-différents, non-seulement il offre les caractères des scombres et ceux des ésoces, mais encore les formes distinctives de ces deux genres sont rappro- chées dans ce poisson mi-parti, sans être confondues, mêlées ni altérées. On croirait, en le voyant, avoir sous les yeux un de ces produits artificiels, fabriqués par une avide char- latanerie pour séduire la curiosité ignorante; et l'on serait tenté de le rejeter comme le résultat grossier du rapprochement du corps d'un ésoce et de la queue d'un scombre. Aussi, malgré l'autorité de Rondelet, qui l'a décrit en peu de mots, et qui en a fait graver la figure, avons-nous failli à imiter la réserve de Linnée, de Daubenton, de Hauy, de Gmelin, ainsi que des autres naturalistes modernes, et à n'en faire aucune mention dans cet ouvrage. Mais M. Camper, savant naturaliste de Hollande, et digne fils de feu notre illustre ami le grand anatomiste Camper, a eu la bonté de nous apprendre qu'il possé- dait dans sa collection un individu de cette espèce que l'on ne doit rencontrer que très- rarement, puisqu'aucun observateur récent ne l'a trouvé. Il a bien voulu ajouter à cette attention celle de m'envoyer un dessin de cet abdominal, que je me suis empressé de faire graver, et une description très-détaillée et très-savante de cet osseux, d'après laquelle je ne puis que bien faire connaître ce singulier poisson. J'ai donc cru que la reconnaissance m'obligeait à donner h l'objet de cet article, le nom spécifique de campérien; de même que j'ai pensé devoir réunir dans son nom générique ceux des deux genres à chacun desquels on rapporterait sans balancer une de ses parties antérieure ou postérieure, si on la voyait séparée de l'autre. Ce scombrésoce, suivant Rondelet, parvient à la longueur d'un pied. L'individu qui appartient à M. Camper n'a que les trois quarts de cette longueur. t-2 M. Cuvicr admettes Scombrésoces de Lacépcdc, comme formant, dans le grand genre Brochet, un sous-genre auquel il applique la dénomination latine de Sairis, proposée par M. Rafinesque ; con sé- quemment il le range dans la famille des Esoces, ordre des Malacoptérygiens abdom inaux. D. 30. 472 HISTOIRE NATURELLE Les deux mâchoires sont assez elTiIccs pour ressembler aux deux mandibules d'une bécasse; ou plutôt, comme elles sont courbées vers le haut, elles représentent assez bien le bec d'une avocelte : elles ont par conséquent beaucoup de rapports avec celles de l'csoce bclone. La mâchoire supérieure, plus courte et plus étroite, s'emboîte dans une sorte de sillon formé par les deux branches de la mâchoire inférieure. Ces deux mâchoires, dans l'indi- vidu de Roiidolcl, étaient dentelées comme le bord d'une scie. Dans l'individu de M. Cam- pci , moins grand et moins développé que le premier, on voit à la surface supérieure de la mâchoire d'en bas un bourrelet garni de quatre aspérités, et situé très près de la cavité de la bouche proprement dile. La langue, qui est courte et rude, peut à peine atteindre jusqu'à ce bourrelet. L'ensemble de la tète a presque un tiers de la longueur totale de l'animal. Les yeux sont grands ; chaque narine a deux orifices ; plusieurs pores muqueux parais- sent autour des yeux et sur les mâchoires ; le corps et la queue sont revèlus d'écaillés d'une grandeur moyenne, qui se détachent avec facilité. Deux rangées de petites écailles, siluees sur le ventre, donnent à cette partie une saillie longitudinale. Les pectorales sont cclianciees en forme de faux; les ventrales très-pelites et Irès-éloignées de la gorge; la sixième petite nageoire dorsale d'en haut et la septième d'en bas sont plus longues et plus clroiies cpie les autres. La couleur générale est d'un blanc de nacre ou d'argent éclatant ; la partie supérieure du poisson, la ligne latérale et la saillie du ventre présentent une nuance biune, mêlée de châtain ou de roux. L'estomac est allongé ; le canal intestinal menu et non sineux; le foie long et rouge; la vésicule du liel noirâtre; la chair semblable à celle du scombre maquereau. CENT QUATRE-VLXGT-DOUZIÈME GENRE. LES FISTULAmeS 1. Le» mâchoires (rès-étroilrt, ircs-allongèrs, et en forme de tube; Vouverfure de la bouche à l'extrémité du tuti seau ; le corps et la queue t)ès-allo»(jés et très-délics; les nageoires petites; une seule dorsale; cette nagi'oire située au delà de fanus et au-dessus de l'anale. ESPÈCE. CARACTÈRES. La FibTULAiRE ( Quinze rayons à la nageoire du dos ; quinze rayons à la nageoire de l'anus ; la cau- ptiiMdE. I date fourchue; l'cxlrémité de la queue terminée par uu long filaraeut. LA FISTULAIRE PETIMBE. Fistnlaria Tabacaria, Bl., Linn., Gmel., Cuv. ; Fistutaria Petimba, Lac. 2. Nous pouvons donner de ce grand et singulier poisson une description beaucoup plus exacte que toutes celles qui en ont été publiées jusqu'à présent; nous en avons trouvé une liès-étendue et très-bien faite dans les manuscrits de Commerson, qui avait vu cet animal en vie : et d'ailleurs nous avons examiné plusieurs individus de cette espèce, qui faisaient partie de la collection de ce célèbre voyageur, conservée dans le Muséum d'Iiistoire natu- relle; nous avons pu disséquer quelques-uns de ces individus, et découvrir dans la confor- mation intérieure de la fistulaire pelimbe des particularités dignes d'attention, que nous allons faire connaître. Cette listulaire parvient à la longueur de plus de trois pieds. Elle est surtout remar- quable par la forme de sa tête et par celle de sa queue. La longueur de sa tète égale le quart ou environ de la longueur totale. De plus cette portion de l'animal est aplatie, et comprimée de manière à présenter un peu la forme d'une sorte de i)rismc à plusieurs faces. On compte ordinairement quatre de ces faces longitudinales sur la tête proprement dite, qui est sillonnée par-dessus et ciselée sur les côtés, et cinq ou six sur les mâchoires, qui sont avancées en forme de tube, et rayonnées sur une grande partie de leur surface. Les deux côtés de la tête, depuis l'ouverture des branchies jusque vers le milieu de la longueur du museau, sont dentelés comme les bords d'une scie; cl les dentelures sont inclinées vers le bout de ce museau si étroit et si prolongé. i M. Cuvicr adopte le genre Fistulaire de Linnéc, et le place dans la famille des Acanthoptérygiens bouclie-cii-llùte. Il le partage en deux sous-genre : i° Fislulaire, et 2" Aulostome, qui sont des genres pourM. de Lacépcdc. D. 2 Du sous-genre Fistulaire, dans le genre du même nom. Famille des Acanthoptérygiens bou che- en-flùle. D. DES POISSONS. 475 L'ouverture de la gueule, située à l'extrémité du tuyau formé par les mâchoires, n'est pas aussi petite qu'on pourrait le croire, parce que les deux mâchoires s'élargissent un peu en forme de spatule vers leur extrémité. Ces deux mâchoires, dont l'inférieure est un peu plus avancée que la supérieure, sont hérissées de petites dents, dans toute la partie de leur longueur où elles ne sont pas réunies l'une à l'autre, et où elles sont, au contraire, assez séparées pour former l'orifice de la bouche. La langue est lisse. Le tour du gosier est rude en haut et en bas. Les narines, placées très-près des yeux, et par conséquent très-loin de l'ouverture de la bouche, ont chacune deux orifices. Les yeux sont très-grands, saillants, ovales; et leur grand diamètre est dans le sens de la longueur du corps. L'opercule, composé d'une seule pièce, est allongé, arrondi par derrière, rayonné, et bordé d'une membrane dans une grande partie de sa circonférence. Les os demi-circulaires qui soutiennent les branchies sont lisses et sans dents. On voit le rudiment d'une cinquième branchie. La partie antérieure du corps proprement dit est renfermée dans une cuirasse cachée sous la peau, mais composée de six lames longues et osseuses. Deux de ces lames sont situées sur le dos; une, plus coui'te et plus étroite, couvre chaque côté du poisson : les deux plus larges sont les inférieures; et leur surface présente plusieurs enfoncements très-petits et arrondis. Les ventrales sont très-séparées l'une de l'autre; la dorsale et l'anale ovales, et sembla- bles l'une à l'autre. La ligne latérale est droite; elle est, de plus, dentelée depuis l'anus jusqu'à l'endroit où elle se termine. Entre les deux lobes de la caudale, la queue, devenue plus grosse, a la forme d'une olive, et donne naissance à un filament, dont la longueur est à peu près égale à celle du corps proprement dit. Cet appendice a une sorte de roideur, part de l'extrémité de l'épine du dos, a été comparé, pour sa nature, à un brin de fanon de baleine, en a la couleur et un peu l'apparence, mais ressemble entièrement par sa contexture aux rayons articulés des nageoires, et présente des articulations entièrement analogues à celles de ces derniers. La peau est unie, et n'est pas garnie d'écaillés facilement visibles. La couleur générale de la fistulaire petimbe est brune par-dessus et argentée par-des- sous. Les nagoires sont rouges. Les individus vus par Commerson, dans les détroits de la Nouvelle-Bretagne, au milieu des eaux du grand Océan équinoxial, et ceux qu'il a obser- vés à l'île Bourbon, ne présentaient pas d'autre parure: mais ceux que le prince Maurice de Nassau, Plumier, Catesby, Browne, ont examinés dans les Antilles ou dans l'Améri- que méridionale, avaient sur leur partie supérieure une triple série longitudinale de ta- ches petites, inégales, ovales et d'un beau bleu. Commerson a trouvé l'estomac des petimbes qu'il a disséquées, très-long, et rempli de petits poissons que les fislulaires peuvent pêcher avec facilité, en faisant pénétrer leur museau très-allongé et très-étroit dans les intervalles des rochers, sous les pierres, sous les fucus et parmi les coraux. Le petimbe se nourrit aussi de jeunes crabes. Sa chair et maigre, et, dit-on, très- agréable au goût. Voici maintenant ce que nous avons remarqué de particulier dans la conformation in- térieure de cette fistulaire. L'épine dorsale ne présente que quatre vertèbres, depuis la tête jusqu'au-dessus des nageoires ventrales. La première de ces quatre vertèbres, n'a que deux apophyses laté- rales, petites, très-courtes et pointues; et cependant elle est d'une longueur démesurée, relativement aux trois qui la suivent. Cette longueur est égale à celle de la moitié du tube formé par les mâchoires. Cette première vertèbre montre d'ailleurs, dans sa partie supé- rieure, une lame mince et longitudinale, qui lient lieu d'apophyse, et qu'une autre lame également mince, longitudinale, et inclinée au lieu d'être verticale, accompagne de chaque côté. La seconde, la troisième et la quatrième ver*tébreont chacune une apophyse supérieure, et deux apophyses latérales droites et horizontales ou à peu près. Ces apophyses latéra- les sont terminées, dans la seconde vertèbre, par une sorte de palette. La cinquième, la sixième et toutes les autres vertèbres jusqu'à la nageoire de la queue, 474 HISTOIRE NATURELLE sont conformées comme la troisième et la quatrième; mais elles sont plus courtes, et le sont d'autant plus qu'elles approchent davantage de l'extrémité de l'épine. On ne voit pas de côtes. CENT QUATRE-VINGT-TREIZIÈME GENRE. LES ALLOSTOMES 1. Les mâchoires étroites, trls-allongi'es et en foriiie de tube, (''ouverture de lu bouche à rextrémité du mu- seau, le corps et la queue très-allongés, les nageoires petites, une nageoire dorsale située au delà de ranus et ati-dessits de fanale, une rangée longitudinale d'aiguillons, réunis cliacun à une petite membrane placée sur le dos, et tenant lieu d\tne première nageoire dorsale. ESPÈCE. CARACTÈRES. L'AuLosTOMECHi- i Dlx OU oiizc aiguilloiis sur la partie antérieure du dos; vingt-quatre rayons à la dor- NOis. ( sale; vingt-sept à la nageoire de l'anus; la caudale arrondie. L'AULOSTOME CHINOIS. Aulostotna chinensis, Lac, Cuv.; Fistularia chinensis, Bloch. 2. On voit aisément les ressemblances qui raprochenl les aulostomes des listulaires, et les différences qui empêchent de les confondre avec ces derniers poissons. Le nom générique Anlostomeô indiqueces ressemblances, en même temps qu'il exprime que les abdominaux qui le portent appartiennent à un groupe différent de celui des fistulaires. L'aulostome chinois, vu dans la rade de Cavité des îles Philippines par Commerson, qui en a laissé dans ses manuscrits une description très-détaillée, habite non-seulement dans la mer qui baigne les côtes de la Chine, mais encore dans celle qui environne les rivages des Antilles, ainsi que dans la mer des Indes orientales. Sa couleur générale est rougeâtre,et variée par un grand nombre de taches irrégulières, inégales, petites, noires ou brunes, et par huit raies longitudinales blanches. Le corps et la queue sont couverts d'écaillés petites, dentelées et serrées les unes au-des- sus des autres. On aperçoit de légères ciselures sur les grandes lames qui revêtent la tète. Les mâchoires sont très-comprimées, et leur longueur égale souvent le cinquième de la longueur totale. L'ouverture de la bouche, que l'on voit au bout du tuyau formé par le museau, n'a que peu de diamètre; et la portion de la mâchoire inférieure qui en compose le bord d'en bas, se relève contre la supérieure. Ces mâchoires ne présentent pas de dents. L'animal n'a pas de langue; mais au-dessous de l'extrémité du museau pend un barbillon flexible. Chaque narine a deux orifices. On découvre le rudiment d'une cin- quième branchie sous l'opercule qui bat sur une lame triangulaire et striée. Les neufs rayons de la partie antérieure du dos se relèvent et s'inclinent à la volonté du poisson, comme ceux d'une véritable nageoire. L'aulostome chinois parvient à une longueur de près de trois pieds; sa chair est coriace et maigre. Il se nourrit d'œufs de poissons; il mange aussi des vers. On ne le rencontre que dans les mers voisines de l'équalcur ou des tropiques, et cepen- dant sa dépouille a été reconnue sous les couches volcaniques du mont Bolca, près de Vérone. CENT QUATRE-VINGT-QUATORZIÈME GENRE. LES SOLÉNOSTOMES i. Les mâchoires étroites, très-allongées en forme de tube, l'ouverture de lu bouche à l'extrémité du museau ; deux nageoires dorsales. ESPÈCE. CARACTÈRES. I '^oLi^•osTOME l ^'"'î ravons à la première nageoire du dos; dix-huit à la seconde; la raudalc ian- ^ ^„.r«^„ 1 ccolce; le corps et la queue couverts de lames un peu relevées et aiguës dans PARADOXE. I )purs bords. 10 LE SOLÉNOSTOME PARADOXE. Solenostomus paradoxns, Lac, Cuv.; Fistularia paradoxa, Linn., Gmel. 5. Voici encore un de ces êtres bizarres en apparence, sur lesquels nous voyons réunis des traits disparates, ou, ce qui est la même chose, des caractères que nous sommes habitués i-î Sous-genre du genre Fistulaire de M. Cuvief, placé par lui dans sa famille des Acanthoptéry- giens bouche-en-flùte. D. 5 Aulos, en grec, signifie flùtc; et stoma, bouche. i-r, Les Solénostomes forment pour M. Cuvicr un sous-gcnro dans le grand genre SrxcxATiiE, de Toi - drc des Lophobranchcs. D. DES POISSONS. 475 à ne rencontrer que séparés les uns des antres. Offrant les formes distinctives de plusieurs genres très-peu semblables les uns aux autres, paraissant étroitement liés avec plusieurs, et n'appartenant réellement h aucun, attirés d'un côté par plusieurs familles, mais repoussés de l'autre par ces mêmes tribus, on dirait que la nature les a produits en pre- nant au hasard dans divers groupes les portions dont ils sont composés. Qu'on ne s'y méprenne pas cependant, et qu'on admire ici le sceau particulier que cette nature merveilleuse imprime sur tous ses ouvrages, et qui, pour des yeux accoutumés à contempler ses prodiges, ne permet pas de confondre les effets de sa puissance intime et pénétrante avec les résultats de l'action toujours superficielle de l'art le plus perfectionné. Qu'on ne croie pas trouver ici un simple rapprochement de portions hétérogènes. En attachant les uns aux autres ces membi-es pour ainsi dire dispersés auparavant, en leur imprimant un mouvement commun et durable, en répandant dans leur intérieur le souffle de la vie, la nature en modifie toutes les parties, en pénètre la masse, en adoucit les con- trastes qui se repousseraient avec violence; et sa main remaniant, pour ainsi dire, et le dehors et le dedans de ces organes, place des nuances conciliatrices entre les formes inco- hérentes, introduit des liens secrets et donne au tout qu'elle fait naître ces proportions dans les ressorts, cette correspondance dans les forces, cet accord dans les attributs, qui constituent la perfection de l'ensemble. La nature ne cesse donc jamais de maintenir la convenance des rapports, de perpétuer l'ordre, de conserver ses lois. Elle agit d'après son plan admirable, lors même qu'elle paraît s'écarter de ses règles éternelles. Quelle leçon pour l'homme 1 et qu'ils sont peu fondés les raisonnements de ceux qui ont voulu trouver dans les prétendus caprices de la nature l'excuse de leurs erreurs ou de leurs égarements? Mais descendons de ces considérations élevées pour suivre notre route. C'est à Pallas que nous devons la connaissance du solénostome, qui, parsa conformation extraordinaire, nous rappelle plusieurs genres différents de poissons, et notamment ceux des syngnathes, des pégases, des cycloptères, des gobies, des aspidophores, des scorpènes, des lépisacanthes, des péristédions, des loricaires, des fistulaires, et des aulostomes. Cet abdominal ne parvient guère qu'à la longueur de trois pouces et demi. On l'a péché dans les eaux d'Amboine. Sa couleur générale est d'un gris blanchâtre, relevé par des raies ou petites bandes sinueuses et brunes. On voit sur la première nageoire du dos et sur celle de la queue, d'autres raies tortueuses et noires. Les lames qui recouvrent le corps et la queue ont leurs bords hérissés de petites épines : elles sont d'ailleurs placées de manière que le corps ressemble à une sorte de prisme à neuf ou dix pans dans sa partie antérieure, et à six faces dans sa partie postérieure. La queue, dont le diamètre est moins grand que celui du corps, présente six ou sept faces. La tête proprement dite est petite; l'œil grand; le devant de l'orbite garni, de chaque côté, d'un piquant à trois facettes; le tube formé par le museau, très-long, droit, dirigé vers le bas, comprimé, aigu par le haut, relevé en dessous par une double arête longi- tudinale, armé dans sa partie supérieure de deux aiguillons coniques; le bout du museau où est l'ouverture de la bouche, relevé; la lèvre d'en bas moins avancée cependant que la supérieure; la nuque défendue par trois piquants; l'opercule petit, très-mince et rayonné; la première dorsale très-haute, et inclinée vers la queue; chaque pectorale très-large; chaque ventrale très-grande ; et l'espace qui sépare une ventrale de l'autre, recouvert d'une membrane lâche, qui les réunit, et forme comme un sac longitudinal. CENT QUATRE-VINGT-QUINZIÈME GENRE. LES ARGENTINES 1. Moins de trente rayons à la membrane des branchies, ou moins de rayons à la membrane branchiale d'wn côté qu'à celle deTautre, des dents aux mâchoires, sur la langue et aux parois; plus de neuf rayons à chaque ventrale, point d'appendice auprès des nageoires du ventre, le corps et la queue allongés, une seule nageoire du dos, la couleur génér^ale argentée et très-brillante. ESPÈCES. CARACTÈRES. 1. L'Argentine j Dix rayons à la nageoire du dos; douze ou treize à celle de l'anus; la caudale four- SPHYRÈNE. ( chue, six rayons à la membrane des branchies. 2. L'Argentine ( Dix-sept ou dix-huit rayons à la dorsale, huit à la nageoire de l'anus, la caudale BONUK. ) fourchue, treize rayons à la membrane branchiale. 1 M. Cuvier admet le genre Argentine de Linnce, en n'y conservant que la première espèce de Lacé- pède, et le place dans la famille des Salmones, ordre des malacoptorygiens abdominaux. Les autres espèces doivent être rapportées aux genre Butirin et Ei.ope do la famille des Clupes. D. 47C HISTOIRE NATURELLE ESPECES. L'Argemink CvnOLINE. L'Aroemixe mach.nate. CARACTÈnES. Vingt-cinq rayons à la nageoire du dos, quinze à l'anale, la caudale fourchue, vingt- huit rayons à la membrane des branchies. Quatre rayons aiguillonncset vingt rayons articulés à la dorsale, trois rayons aii?uil- lonnés et quatorze rayons articulés à la nageoire de l'anus, la caudale très--échan- crée, trente-deux rayons à une membrane branchiale, et trente-quatre à l'autre. L'ARGENTINE SPHYRÈNE. Argentina Sphyrœna , Linn., Gmel., Lac, Cuv. i. L'Aryentine Bonnk, Bulirinu3 indiens, Cuv.; Argentina giossodonta, Forsk., Linn., Gm.; Argentina Bonuk, Lac. — L'A. Caroline, Eiops americanus, Cuv.; Mugil appendiculalus, Bosc: Argentina Caroiina et Mugilomorus Anna-Carolina , Lacep.; Argentina Carolina, Linn. , Gmel. — LA. Ma- chnate, Elops indiens, Cuv.; Argentina Machnata, Forsk., Linn., Gmel. , Lac.; Synobus chinensis, Lac.; Mugil salnioneus, Forsk. La sphyrène est bien petite ; elle ne parvient ordinairement qu'à la longueur de quatre pouces ; mais sa parure est riche et élégante ; elle a reçu de la nature les ornements que la mythologie grecque a donnés à plusieurs divinités de la mer; et la poésie verrait dans les effets de ses couleurs agréables et vives, une robe d'argent étendue sur presque toute sa surface, une sorte de voile de pourpre placé sur sa tète, et un manteau d'un vert argentin, comme jeté dans sa partie supérieure. Cependant cet éclat fait son malheur : un petit poisson perdu, pour ainsi dire, dans l'immensité des mers, est pour l'homme une leçon de sagesse; tant les lois de la nature sont immuables et générales. Revêtue d'écaillés moins belles, l'argentine sphyrène n'aurait point à redouter le filet ou l'appât du pécheur; mais elle est couverte d'une substance dont les nuances et les reflets sont ceux des perles orien- tales. Par une suite d'une conformation particulière, les éléments de ses écailles ne se réunissent pas seulement sur sa peau en lames blanches et chatoyantes; ils se rassemblent dans son intérieur en poudre brillante et fine. Sa vessie natatoire, qui est assez grande à proportion de la longueur totale de l'animal, est particulièrement couverte d'une poussière d'argent, ou plutôt de petites feuilles argentées et éclatantes. Les arts inventés par le luxe ont eu recours à ces molécules argentines; ils les ont introduites dans de petits globes d'un verre très-pur et très-diaphane, les ont collées contre la surface intérieure de ces boules blanches et transparentes, ont produit des perles artificielles de toutes les grosseurs qu'ils ont pu désirer; et la sphyrène a été tourmentée, poursuivie et prise, malgré sa petitesse et le nombre de ses asiles, comme les poissons les plus grands et les plus propres à satisfaire des besoins plus réels que ceux de la vanité. On trouve cette argentine dans la 3Iéditerranée, notamment auprès de la campagne de Rome et des rivages de l'Etrurie. La tète est si diaphane qu'on dislingue aisément au tra- vers de son crâne les lobes de son cerveau. Le bonuk habite dans la mer d'Arabie. Ses écailles sont larges, arrondies, striées à leur base, et brillantes. On n'en voit pas de petites sur la tète. Le dos réfléchit des teintes un peu obscures; et la nuque ainsi que les nageoires oflVent des nuances d'un bleu mêlé de vert. De petits tubercules sont situés entre les yeux. La mâchoire supérieure finit en pointe, s'avance plus que l'inférieure, et montre une tache noire en forme d'anneau. Los dents sont petites, sétacées, très-serrées, roussâtres, placées sur plusieurs rangs; le fond du palais en présente de molaires, qui sont hémisphériques, blanches, fortes, et distri- buées en trois compartiments. On peut voir, à la base de la langue, des tubercules osseux, hérissés d'aspérités, La ligne latérale est droite. De petites écailles revêtent une partie de la membrane de la caudale. L'argentine Caroline, qui se plaît dans les eaux douces de la contrée américaine dont elle porte le nom, a sur son opercule une sorte de suture longitudinale; et sa ligne latérale est droite. La machnate, qui vit dans la mer d'Arabie comme le bonuk, parvient â la longueur de huit à douze pouces. Elle a le dos bleuâtre; la dorsale d'un bleu mêlé de vert; l'anale et la caudale de la même couleur par-dessus, et jaunâtres par-dessous; les pectorales et les venliales jaunâtres; les écailles petites et striées; le dessus de la tête horizontal, aplati, et creusé par un sillon très-large; la lèvre supérieure moins avancée que l'inférieure; les dents nombreuses et tiès-fines; l'œil grand; l'opercule dénué de petites écailles. L'inégalitédunombredes rayons desdeux membranesbrnnchialescsldigne de remarque. 1 L'Argentine sphyrène est le type du genre Argentine, tel que le conserve M. Cuvicr* Famille des Salmonos, ordre des Alalacoptérygiens abdominaux. D. DES POISSONS. 477 CENT QUATRE-VINGT-SEIZIÈME GENRE. LES ATÉRINES 1. Moins de huit rayons à chaque ventrale et à la membrane des branchies, point de dents au palais, le corps et la queue allongés, et plus ou moins transparents, deux nageoires du dos, une raie longitudinale et argentée de chaque côté du poisson. ESPÈCES. CARACTÈKES. 'Athérine i ^"''' ''^yo"^ à la première dorsale, dix a la seconde, treize à celle de l'anus, trois à Jgj^ j la membrane branchiale, la caudale fourchue, la mâchoire inférieure plus avan- ' cëe que la supérieure, les écailles en losange, minces et unies. L' Athérine ) Cinq rayons à la première nageoire du dos, dix à la seconde, vingt-quatre à l'anale j MÉNiDiA. f la caudale fourchue. L'Athéiune ( 0"^'^ rayons aiguillonnés à la première dorsale, vingt et un à la seconde, vingt-trois siuAMi i ^ '^ nageoire de l'anus, les écailles arrondies et légèrement dentelées, le sommet, ' de la tête garni de petites écailles. 4. L' Athérine j Six rayons à la première nageoire du dos, dix à la seconde, vingt à la nageoire de j l'anus, six à la membrane branchiale, une membrane entre les ventrales, la cau- ( dale fourchue. 1. L JOËL O. GRASDEAU. L'ATIIÉRINE JOËL. Atherina Hepsetus, Linn., Gmel., Lac, Cuv, L'Athérine Menidia, Atherina Menidia, Linn., Gmel., Lac, Cuv. — L'A. Sihaina, Atherina Sihama, Linn., Gmel., Lacep., Cuv. — L'A. Grasdeau, Atherina Pinguis, Lac; Atherina..., Cuv. Le Joël a la tête dénuée de petites écailles, le dos brunâtre, les flancs nuancés de bleu, le ventre argentin, les nageoires grises; il ne présente que de très-petites dimensions; son corps est presque diaphane, ses écailles se détachent facilement; sa chair est bonne, d'ailleurs on se sert de ce poisson pour faire des appâts. On le trouve dans la mer d'Arabie, dans la Méditerranée et dans l'Océan Atlantique boréal. M. de Sonnini raconte, dans l'intéressant ouvrage qu'il a publié sous le titre de Voyage en Grèce et en Turquie, que les athérines joëls, nommées athernos par les Grecs modernes, se réunissent en bandes très-nombreuses auprès des rivages des îles grecques. Lorsqu'on veut les prendre, et que le temps est calme, un pêcheur se promène le long des bords de la mer, en traînant dans l'eau une queue de cheval ou un morceau de drap noir attaché au bout d'un bâton; les joëls se rassemblent autour de cette sorte d'appât, en suivent tous les mouvements et se laissent conduire dans quelque enfoncement formé par des rochers, où on les renferme par le moyen d'un filet, et où on les saisit ensuite facilement. On pêche une grande quantité de ces athérines dans les environs de Southampfon, qu'elles fréquentent pendant toutes les saisons qui ne sont pas très- froides, mais particu- lièrement pendant le printemps, qui est le temps de leur frai. Notre habile et zélé correspondant, M. Noël de Rouen, m'a écrit que l'on péchait quel- quefois, sur les côtes voisines de Caen, des athérines joëls; on les y nomme Roserets ou Rosets. Elles parviennent rarement à la longueur de quatre pouces. Elles ont au-dessus de la tête une petite crête dentelée, des deux côtés de laquelle est un sillon dans la cavité duquel on voit deux trous ou pores différents des orifices des narines. Leur chair est extrêmement délicate; lorsque le poisson est sec, elle devient jaune et beaucoup plus transparente que pendant la vie de l'animal. La raie longitudinale et argentée reste cependant opaque, et paraît, dit M. Noël, comme un petit galon d'argent sur un fond cha- mois. M. Mesaize, pharmacien de Rouen, que j'ai déjà eu l'avantage de citer dans l'Histoire des poissons, vient de m'écrire que dans le port de Fécamp, on pêche les joëls à la marée montante, vers la fin de l'été. On leur a donné le nom de Prêtre, apparemment à cause de leur espèce d'étole d'argent. On se sert, pour les prendre, ou d'un filet désigné par le nom de carré 2, dans le fond duquel on met pour appât des crabes écrasés, ou d'une grande chaudrette, nommée hommardière, qu'on laisse tomber du haut d'un mât placé sur le bord du bateau pêcheur. 1 M. Cuvier adopte ce genre, et le place à la suite de la famille des Acanthoptérygiens mugiloïdes, en remarquant qu'il fait le passage de cette famille à celle des Gobioïdcs. D. ■2 Chaudrette, chaudi'ere, caudrelte, caudeletle, savonceau, différents noms d'un truble qui n'a pas de manche, que l'on suspend comme le bassin d'une balance, et que l'on relève avec une petite fourche de bois. Voyez la description du truble à l'article du Misgurne fossile. — Le filet nommé carré est le même que le carrelet décrit dans l'article du Cobile loche. 478 HISTOIRE NATURELLE L'alliérine niénidia habile dans la Caroline. Nous allons la '"aire connaître d'après une excellente description qui nous a été communiquée par noire savant ami et confrère M. Bosc. Cette athérine, que M. Bosc a vue vivante dans l'Amérique septentrionale, a la tête aplatie par-dessus, arrondie en dessous, et tachetée de points bruns. Sa bouche peut s'al- longer de plus de deux millimètres. Dix ou douze dents très-courtes garnissent ses lèvies. Sa hauteur est égale au cinquième de la longueur du corps et de la queue. Sa couleur générale est d'un gris pâle : mais l'extrémité de la caudale est brune, et les écailles sont bordées, surtout sur le dos, de petits points bruns. Ces écailles sont d'ailleurs presque circulaires. La raie argentée est large d'un millimètre ou environ. Les athérines ménidia sont extrêmement communes dans les rivières salées des envi- rons de Charleston. Elles sont très-jolies à voir, très-agréables au goût, et de plus très- propres à servir d'appât, leur longueur n'excédant pas quatre pouces. Le sihama ressemble à un fuseau par sa foime générale. Des teintes de blanc, de vert et de bleu, composent le fond de sa couleur. Sa lèvre supérieure peut s'avancer à sa vo- lonté. Ses pectorales sont lancéolées. On l'a pêchée dans la mer d'Arabie. L'athérine Grasdeau est encore inconnue des naturalistes. Commerson l'a vue, décrite et fait dessiner. La couleur générale de ce poisson est semblable à celle d'une eau très-trans- parente, des nuances plus obscures paraissent sur le dos : les nageoires supérieures sont brunes, ainsi que la caudale; les inférieures blanches etdiaphanes; les pectorales ornées d'une bande transversale, large, transparente et argentée. L'intérieur de la bouche est aussi d'un blanc éclatant et diaphane; l'iris est argenté. Les yeux sont peu saillants; la tête est dénuée de petites écailles; l'opercule composé de deux pièces, et pointu par derrière; la mâchoire supérieure extensible; le péritoine noir; la chair très-délicate. Celles des côtes que l'on voit au delà de l'anus, sont réunies les unes aux autres, et leur surface inférieure présente une épine courbée en arrière. CENT QUATRE-VINGT-DIX-SEPTIÈME GENRE. LES HYDRARGIRES 1. Moins de huit rayons à chaque ventrale et à la membrane des btmnchies, point de dents au palais, le corps et la queue allongés et plus ou moins transparents, une nageoire sur le dos, une raie longitudinale plus ou moins large, plus ou moins distincte, et argentée de chaque côté du poisso7i. ESPÈCE. CARACTÈRES. L'Hydrargire ( Onze rayons à la nageoire du dos; douze à la nageoire de l'anus; la caudale swAMPiNE. ( arrondie. L'HYDRARGIRE SWAMPINE. Fundulus fasciatus, Valenc., Cuv.; Hydrargirus Swampina, Laccp. 2. M. Bosc a vu dans la Caroline, où il était agent des relations commerciales de la répu- blique française, ce poisson, dont les naturalistes n'ont pas encore publié de description. Cette hydrargire a la tête ai)latie en dessus et en dessous; la bouche cartilagineuse; les lèvres susceptibles de s'allonger, et garnies chacune de dix ou douze dents très-courtes; la lèvre inférieure plus avancée que celle d'en haut; l'ensemble formé par le corps et la queue, dcmi-lransparenl, et quatre fois plus long que large; les ventrales très-rapprochées de la nageoire de l'anus, les écailles demi-circulaires; les yeux jaunes; les nageoires sou- vent pointillées; un grand nombre de petits points verdâtres distribués autour de chaque écaille, ou placés de manière à produire des raies longitudinales; et quelquefois onze ou douze bandes transversales cl brunes réunies à ces points verdâtres, ou composant seules la parure de la swampine. Les individus de cette espèce paraissent par milliers dans toutes les eaux douces de la Caroline. Ils fourmillent surtout dans les marais et dans les lagunes des bois. Les mares dans lesquelles ils se trouvent étant souvent desséchées au point de ne pas conserver assez d'eau pour les couvrir, ils sont obligés de changer fréquemment de séjour. Hs émigrent 1 M. Cuvier supprime ce ^enre fondé sur de jeunes individus d'une espèce du genre Fondui.e, Fwn- dulus, LoiC, qui appartient a la famille des Cyprinoïdes, dans l'ordre des Malacoptérygiens abdomi- naux. D. 2 L'Hydrargire swampine de Lacépcde est le jeune âge du Pœcilia fasciata , Schneid.; Fundulus fai iatus, Val.; Esox pisciculus, et Esox zonatns , Mitchill. M. Cuvier, qui fait ces rapprochements, ri larquc tjuc la figure donnée par M. Lncépède, sous le nom d'IIydrargirc swampine . appartient à ui espccc différente de celle qui est décrite dans le texte. D DES POISSONS. 479 ainsi sans beaucoup de peine, parce qu'ils peuvent sauter avec beaucoup de facilité, et s'élancera d'assez grandes hauteurs. M. Bosc en a vu parcourir en un instant des espaces considérables, pour aller chercher une eau plus abondante. Ils ne parviennent cependant presque jamais à la longueur de quatre pouces. Leur chair n'est pas d'ailleurs agréable, et les pécheurs ne les recherchent pas, mais ils servent de nourriture à un grand nombre d'oiseaux d'eau et de reptiles qui habitent dans leurs lagunes et dans leurs marais. CENT QUATRE-VINGT-DIX-HUITIÈME GENRE. I Cinq rayons à la nageoire du dos; la raie longitudinale et argentée très-large. Quinze rayons a la dorsale; vingt à la nageoire de l'anus; la caudale en croissant. LES STOLÉPHORES 1. Moins de neuf rayons à chaque ventrale et à la membrane des branchies, point de dents, le corps et la queue allongés, et plus ou moins transparents, une nageoire sur le dos, une raie longitudinale et argentée de chaque côté du -poisson. espèces. caractères. 1. Le Stoléphore japonais. 2. Le Stoléphore commersonmen. LE STOLÉPHORE JAPONAIS. Stolephorus japonicus, Lac; Atherina japoiiica, Linn., Gmel. i. ET LE STOLÉPHORE COMMERSONNIEN. Engraulis , Cuv.; Atherina australis, White; Stolephorus Commersonii, et Clupea Vittargentea, Lac. 5. Les stoléphores ont une parure très-semblable à celle des athérines; le nom générique que nous leur avons donné désigne l'ornement qu'ils ont reçu 4. Houttuyn a fait con- naître le japonais; et nous avons trouvé parmi les manuscrits de Commerson un dessin du stoléphore que nous dédions à ce voyageur, et qu'aucun naturaliste n'a encoredécrit. Le japonais vit dans la mer qui entoure les îles dont il porte le nom. Sa longeur or- dinaire est de quatre pouces. Sa tête ne présente pas de petites écailles; celles qui garnis- sent le corps et la queue sont très-lisses. Sa couleur générale est d'un rouge mêlé de brun. Le commersonnien a la tête dénuée de petites écailles, comme le japonais; le museau pointu; la mâchoire supérieure terminée par une protubérance; les yeux gros et ronds; les écailles arrondies; les ventrales très-petites, la caudale assez grande. CENT QUATRE-VINGT-DIX-NEUVIÈME GENRE. LES MUGES 5. La mâchoire inférieure carénée en dedans, la tête revêtue de petites écailles, les écailles striées, deux nageoires du dos. espèces. caractères. Quatre rayons à la première nageoire du dos; neuf à la seconde; trois rayons -, , , aiguillonnés et neuf rayons articulés à la nageoire de l'anus; la caudale en crois- Le Muoe ce- I ^^^^^ . yj^g dentelure de chaque côté, entre l'œil et l'ouverture de la bouche ; deux orifices à chaque narine, l'opercule anguleux par derrière ; un grand nombre de raies longitudinales, étroites et noirâtres, de chaque côté du poisson. Quatre rayons à la première nageoire du dos; neuf à la seconde ; trois rayons aiguil- lonnés et huit rayons articulés à l'anale; la caudale fourchue; la couleur géné- rale argentée ; point de raies longitudinales. . } Quatre rayons aiguillonnés à la première dorsale ; neuf à la seconde ; trois rayons 3. Le Muge CRE- | aiguillonnés et huit rayons articulés à la nageoire de l'anus; la caudale en crois- ^""^^^- ( sant; les lèvres festonnées; une ligne latérale très-sensible. {Quatre rayons à la première nageoire du dos; neuf à la seconde ; un rayon aiguil- lonné et dix rayons articulés à l'anale; la caudale en croissant; les opercules dénués de petites écailles; un grand nombre de raies longitudinales, étroites et jaunes. \ M. Cuvier n'adopte point ce genre qui renferme des poissons dont la vraie place est dans le genre Anchois, Engraulis, famille des Clupes, ordre des Malacoptérygiens abdominaux. D. 2 Ce poisson décrit premièrement par Houttuyn, n'est pas cité par M. Cuvier. D. 3 M. Cuvier fait remarquer que ce stoléphore commersonnien est une véritable espèce de son genre Anchois. Ce poisson a été deux fois décrit par M. de Laccpède il" sous le nom de Stoléphore commerson- nien; 2» sous celui de Clupé raie d'argent. D. 4 5/o/e, en grec, signifie e'^o^e, etc. , , . -, . , 5 M. Cuvier conserve ce genre, et le place dans la famille des Acanthopterygions mugiloides, dont il est le type. D. PHALK. Le Muge al- BULE. 480 HISTOIRE NATURELLE ESPECES. b. Le Muge TBAJiQlEBAR. Le Mlge plu- mier. Le IVfuGE TA- CIIE-IILEUE. CARACTÈnES. Quatre rayons à la preniiôre nageoire du dos; neuf à la seconde; un rayon aiguil- lonne et onze rayons articulôs à la nageoire de l'anus ; la caudale en cioisf?ant ; la tète très-petite; les opercules garnis de petites écailles; un grand nombre de raies longitudinales, très-étroites et jaunes. Quatre rayons à la première dorsale; un rayon aiguillonné et neuf rayons articulés à la nageoire de l'anus; l'ouverture de la bouche très-grande; point de dentelure au-devant de l'œil ; le museau très-arrondi ; le dessus de la tète ajilati ; point de l)ptifes écailles sur les opercules; la couleur générale jaune; point de raies lon- gitudinales. Quatre rayons à la première nageoire du dos; neuf à la seconde; dix à l'anale; cinq à la membrane branchiale; la couleur générale d'un bleu mêlé de brun; une tache bleue à la base de chaque pectorale; point de raies longitudinales. LE MUGE CEPHALE. Mugil Cephalus, Linn., Gmel., Bl., Lac, Cuv. i. Le Miifie Albule, Miigil Albula. Linn., Gmel., Bl., Lac. — M. crénilahe , Mugil crenilabris, Forsk., Linn., Gmel., Lac, Cuv. — M. Taiiçi, Mugil Tang, Bloch, Lac. — M. Tranqnebar, Mugil Tranque- bar, Bloch, Lacep. — M. Plumier, Mugil Plumieri, Bloch, Lacep. — M. Tache-bleue, Mugil Cœru- leo-maculalus, Lacep., Cuv. La tète du céphale est large, quoique comprimée; l'ouverture de sa bouche cfroile; cliHCiine de ses mâchoires armée de très-petiles dents; la langue rude; la gorge garnie de deux os hérissés d'aspérités; la lèvre supérieure soutenue par deux os étroits, qui finis- sent en pointe recourbée; la parlie antérieure de l'opercule placée au-dessus d'une demi- branchie; la base de l'anale, de la caudale et de la seconde dorsale, revêtue de petites écailles; le dos brun; le ventre argentin ; et la couleur des nageoires bleue. Les céphales habitent dans presque toutes les mers. Lorsqu'ils s'approchent des rivages, qu'ils s'avancent vers l'embouchure des fleuves, et qu'ils remontent dans les rivières, ils forment ordinairement des troupes si nombreuses, que l'eau au travers de laquelle on les voit sans les distinguer paraît bleuâtre. Les pêcheurs qui poursuivent ces légions de muges, les entourent de filets dont ils resserrent insensiblement l'enceinte; et, diminuant à grand bruit la circonférence de l'espace dans lequel ils ont renfermé ces poissons, ils les rapprochent, les pressent, les entassent, et les prennent avec facilité. 3Iais souvent les céphales se glissent au-dessous des filets, ou s'élancent par-dessus; et les pécheurs de certaines côtes ont recours à un filet particulier, nommé sautade, ou cannai, fait en. forme de sac ou de verveux, qu'ils attachent au filet ordinaire, et dans lequel les muges se prennent d'eux-mêmes, lorsqu'ils veulent s'échapper en sautant. Cette manière de chercher leur salut dans la fuite, soit, en franchissant l'ob- stacle qu'on leur oppose, soit en glissant au-dessous, ne suppose pas un instinct bien relevé; mais elle sufïit pour empêcher de placer les céphales au rang des poissons les plus hébétés, en leur attribuant, avec Pline et d'autres anciens auteurs, l'habitude de se croire en sûreté, comme plusieurs animaux stupides lorsqu'ils ont caché leur tête dans quelque cavité, et de ne plus craindre le danger qu'ils ont cessé de voir. Les muges céphales préfèrenl les courants d'eau douce vei'S la fin du printemps ou le commencement de l'été : cette eau leur convient très-bien ; ils engraissent dans les fleuves et les rivières, et même dans les lacs, quand le fond en est de sable. On fume et on sale les céphales que l'on a pris et qu'on ne peut pas manger frais; mais d'ailleurs on fait avec leurs œufs assaisonnés de sel, pressés, lavés, séchés, une sorte de caviar , que l'on nomme boulai-gtie, et que l'on recherche dans plusieurs contrées de l'Ilalic et de la France méridionale. Au reste le foie du céphale est gros; l'estomac, petit, charnu, et tapissé d'une mem- brane rugueuse facile à enlever; le canal intestinal, plusieurs fois sinueux ; le pylore, entouré de sept appendices. Ces formes annoncent que ce muge se nourrit non-seule- i Tous les muges européens ont été confondus par Linnée et ses successeurs, sous le nom de IHugil crplialiis. Cilui ([uc M. Cuvicr distingue sous ce nom e.st caractérisé: 1" par deux voiles adipeux adhé- rents aux bords aiitf'rieur et posti'rieur des orbites; 2" parce (jue son maxillaire, (juand la bouche est fermée, se cache entièrement sous le sous-orbitaire ; .1" et parce que la base de la pectorale est surmontée d'une écaille longue et carénée. Le mtige céphale est de la Méditerranée, et on le trouve sur toutes les côtes d'Arri(|uc. L'Océan, la Manche et la Méditerranée renferment une seconde espèce, le .Wm.7!7c«;)?7o de M. Cuvier, décrite par Pennant, Wilugbby, et par M. Risso, sous le nom de Ramado. Il a le maxil- laire visible derrière la commissure des mâchoires. Ses yeux n'ont point de voile adipeux; l'écaillé du dessus de ses pectorales est courte et obtuse. Il y n une luche noire à la base de cette nagoirc. D. DES POISSONS. 481 ment de vers et de petits animaux, mai? encore de substances végétales. Sa vessie nata- toire, qui est noire comme son péritoine, offre de grandes dimensions . L'albule habite dans l'Amérique septentrionale. Le crénilabe vit dans la mer d'Arabie et dans le grand Océan. On a remarqué sa lon- gueur de douze ou quinze pouces; ses écailles larges, et distinguées presque toutes par une tache brune; la grande mobilité de la lèvre supérieure; la double carène de la mâchoire inférieure; la tache noire delà base des pectorales; les nuances vertes, bleues et blanchâtres de toutes les nageoires. On a observé aussi deux variétés de cette espèce. La première, suivant Forskael, est nommée Our i, et la seconde Tàde. L'une et l'autre n'ont qu'une carène à la mâchoire d'en bas; mais les Ours ont des cils aux deux lèvres; et les Tàdes n'en ont que de très- déliés, et n'en montrent qu'à la lèvre supérieure. Le lang, que l'on a péché dans les fleuves de la Guinée, a la chair grasse et de bon goût ; la bouche petite ; l'orifice de chaque narine double ; le dos brun ; les flancs blancs ; les nageoires d'un brun jaunâtre, presque delà même couleur que les raies longitudi- nales. Nous avons cru devoir regarder comme une espèce distincte des autres muges le poisson envoyé de Tranquebar à Bloch, par le zélé et habile missionnaire John, et que ce grand iclilliyologiste n'a considéré que comme une variété du tang. Les narines du tranquebar sont très-écartées l'une de l'autre; les os des lèvres très- étroits; ses dorsales plus basses et ses couleurs plus claires que celles du tang; les deux côtés du museau hérissés d'une petite dentelure, comme sur le lang et le céphale. Les Antillesnourrissent le muge plumier. Ses deux mâchoires sont également avancées, et armées l'une et l'autre d'une rangée de petites dents; le corps et la queue sont gros et charnus. Commerson a laissé dans ses manuscrits une description du muge que nous nommons Tache-bleue. Les côtés de ce poisson ofl'rent des teintes d'un brun bleuâtre; sa partie inférieure resplendit de l'éclat de l'argent; ses dorsales et sa caudale sont brunes; ses ventrales et sa nageoire de l'anus montrent une couleur plus ou moins pâle. DEUX CENTIÈME GENRE. LES MUGILOÏÛES 2. La mâchoire inférieure carénée en dedans, la fêle revêtue de petites écailles, les écailles striées, une nageoire du dos. ESPÈCE. CABACTÈRES. Le Jlur.iLOÏDE ( Un rayon aiguillonné et huit rayons articules à la nageoire du dos; trois rayons CHILI. ■ aiguillonnes et sept rayons articulés à celle de l'anus. LE MUGILOIDE CHILL Ulugiloides chilensis, Lac; Mugil chilensis, Linn., Gmel. Le savant naturaliste 3Iolina a fait connaître ce poisson. On trouve ce mugiloïde dans la mer qui baigne le Chili, et dans les fleuves qui portent leurs eaux à cette mer. Son nom générique indique la ressemblance de sa conformation à celle des muges, comme son nom spécifique désigne sa patrie. Sa longueur ordinaire est d'un pied ou quinze pouces. DEUX CENT ET UNIÈME GENRE. LES CHANOS ô. La mâchoire inférieure carénée en dedans, point de dents aux mâchoires, les écailles striées, une seule nageoire du dos, la caudale garnie, vers le milieu de chacun de ses côtés, d'une sorte d'aile meml'ra- neusp. ESPÈCE. CABACTÈRES. Le Chanosarabi- . Quatorze rayons à la dorsale ; neuf à l'anale; onze à chaque ventrale; la caudale QUE. très -fourchue. i M. Cuvicr remarque que le Mugil our de Forskael, le même que le Bontah Russel, peut être iden- tique avec le Muge céphale. D. 2 M. Guvier ne fait aucune mention de ce genre. D. 5 M. Guvier remarque que le Mugil Cranos de Forskiel, type do cî gonre de M. de Liccpède, est de la famille des Cyprins, et conséquemment appartient à l'ordr.; des Malacoptérygiens abdominaux. D. 482 HISTOIRE NATURELLE LE CHANOS ARABIQUE. Chanos arabicus, Lac.;Mugil Chanos, Forsk,, Linn., Gmel. Ce poisson habile dans la mer d'Arabie; et c'est ce qu'annonce le nom spécifique que nous lui avons donné en le séparant du genre des muges, dont il diffère par des carac- tères trop remarquables pour ne pas devoir appartenir à un groupe distinct de ces der- niers. Il montre une longueur très-considérable : il en présente ordinairement une de trois ou quatre pieds ; et des individus de cette espèce, qui forment une variété à laquelle on a attaché la dénomination d'Attged, ont jusqu'à onze pieds de long. Ses écailles sont larges, arrondies, argentées et brillantes; la tète est plus étroite que le corps, aplatie, dénuée de petites écailles, et d'un vert mêlé de bleu; la lèvre supérieure échancrée et plus avancée (|ue celle d'en bas; la ligne latérale courbée d'abord vers le haut, et ensuite très- droite. DEUX CENT DEUXIÈME GENRE. LES ML'GILOMORES 1. La mâchoire inférieure carénée en dedans, les mâchoires dénuées de dents, et garnies de petites protubé- rances; plus de trente rayons à la membrane des branchies^ une seule nageoire du dos, un appendice à chacun des rayons de cette dorsale. ESPÈCE. CARACTÈRES. Le MlGILOMORE ANAE-CAROLINE. *'ORE i Yjpgf rayons à la nageoire du dos ; quinze à celle de l'anus ; la caudale fourchue. LE MUGILOMORE 2 ANNE-CAROLINE. Mugilomorus Anna-Carolina, Lac. 5. Ce poisson brille du doux éclat de l'argent le plus pur; une teinte d'azur est répandue sur son dos. Ses dimensions sont grandes; ses proportions agréables et sveltes. 11 est rare; il est recherché. J'en dois la connaissance à mon ami et savant confrère M. Rose, ancien agent des relations commerciales de la France dans les États-Unis. Je consacre à l'amour conjugal le don de l'amitié; je le dédie à la compagne i qui ne m'a jamais donné d'autre peine que celle de la voir, depuis un an, éprouver les souf- frances les plus vives. C'est auprès de son lit de douleur que j'ai écrit une grande partie de l'Histoire des poissons. Que cet ouvrage renferme l'expression de ma tendresse, de mon estime, de ma reconnaissance : je l'offre, cette expression, à la sensibilité profonde qui répand un si grand charme sur mes jours; à la bonté qui fait le bonheur de tous ceux qui l'entourent; aux vertus qui ont, en secret, séché les larmes de tant d'infortunés; à cet esprit supérieur qui craint tant de se montrer, mais qui m'a accordé si souvent des conseils si utiles; au talent (jui a mérité les suffrages du publics; à la douceur inaltéra- ble, à la patience admirable avec laquelle elle supporte la longue et cruelle maladie qui la lournientc encore (j. Quelle ((ue soit la destinée de mes écrits, je suis tranquille sur la durée de ce témoignage de mes sentiments ; je le confie au cœur sensible des naturalistes ; le nom lï Anne-Caroline Iluberl-Jubé LacI'.pède leur sera toujours cher. Que le bon- heur soit la récompense de leur justice envers elle, et de leur bienveillance pour son époux ! 1-5 M. Cuvier a reconnu que le poisson qui sert de type à ce genre n'est autre que I'Elope d'Améri- que, Etops americanus, Cuv., dans la famille des Clupcs, ordre des Malacoptérygiciis abdominaux. D. 1 Le nom gcnc'ri(iuc de miigilomore dusigne les rapports de ce genre avec celui des muges. » Le tome cinquième do la grande édition de l'Histoire nat. des poissons, qui renferme les descrip- tions du mugilomore Anne Caroline, du mené Anne-Caroline, et du cyprin Anne-Caroline, porte la dédicace suivante : A LA DOUCE BTENI AISANCE, A I,A SENSUIILITÉ PROFONDE, A LA GRACE TOUCHANTE, A l'esprit SIPÉRIEUR d'ANNE-CAROLINE HURERT-JUnÉ LACÉPÉDE, HOMMAGE d'amour, DE RECONNAISSANCE, ET DE DOULEUR ÉTERNELLE. ■j Pendant la vie de sou premier mari, M. Gauthier, homme de lettres trcs-cslimablc, auteur iV/nès et Léonore, que l'on joua avec succès sur le théâtre Favart, de plusieurs articles du Dictionnaire des sciences, de queh|nes parties de V Histoire universelle, etc., clic publia, sons le nom de madame G...., un roman intitule Sojjltie, ou Mémoires d'une jeune Heligieuse^ et dédié ii la princesse douairière de Lœwenstein. t> Le IG brumaire, an xi de l'ère française. DES POISSONS. 483 Le mugilomorc Anne-Caroline a la lète allongée, comprimée et déprimée; un sillon assez large s'étend longitudinalemententre les yeux; l'ouverture de la bouche est grande; les deux côtés de la carène intérieure de la mâchoire d'en bas forment, en se réunissant, un angle obtus; la langue est épaisse, osseuse et unie; les yeux sont très-grands; l'iris est couleur d'or; la ligne latérale se dirige parallèlement au dos; toutes les nageoires sont accompagnées d'une membrane adipeuse, double, longue, égale dans la dorsale et dans l'anale, inégale dans les pectorales et dans les ventrales. Les trente-quatre rayons de la membrane branchiale sont égaux. La longueur ordinaire du poisson est de deux pieds; la hauteur, de quatre pouces; la largeur ou épaisseur, d'un pouce et demi à deux pouces. Ce mugilomore se trouve dans la mer qui baigne les côtes de la Caroline; le goût de sa chair est très-agréable. DEUX CENT TROISIÈME GENRE. LES EXOCETS 1. La tète entièrement, ou 'presque entièrement couverte de petites cécailles, les nageoires pectorales lat-ges, et assez longues pour atteindre jusqu'' à ta caudale; dix rayons à la membrane des branchies, une seule dor- sale, cette nageoire située au-dessus de celle de Vunus. ESPÈCES. CARACTÈRES. ! Quatorze rayons à la nageoire du dos; quatorze à celle de l'anus; quinze ou seize à chaque pectorale ; les ventrales petites, et plus voisines de la tète que le milieu de la longueur totale de l'animal. (,, y ,p . , / Douze rayons à la nageoire du dos; douze à celle de l'anus ; treize à chaque pecto- ■* ■ xocET ME- i j,^j^ j^^ ventrales situées à peu près vers le milieu de la longueur totale du pois- TORIEN. ) ' r r or f son. ,. I ,p . ( Onze ou douze rayons à la dorsale ; douze à l'anale ; dix-huit à chaque pectorale ; o. xocET s u- 1 jgg ventrales assez longues pour atteindre à l'extrémité de la dorsale, et situées ^^^^- I plus loin de la tête que le milieu de la longueur totale de l'animal. , y ,p . i Douze rayons à la nageoire du dos; dix à celle de l'anus ; treize à chaque ventrale; xocETCOM- I les ventrales assez longues pour atteindre aumilieu de la dorsale, et plus éloignées MERsoisiNiEN. | ^^ j^ ^^^^ ^^^ j^ milicu de la longueur totale du poisson. L'EXOCET VOLANT. Exocaetus volitans, Linn., Gmel., Bl., Lac, Cuv.; Exocœtus evolans, Linn. -i. L'Exocet Métorien, Exocœtus mesogaster, Bloch, Lacep., Cuv. — E. sauteur, Exocaetus exiliens, Bloch, Linn., Gmel., Lacep., Cuv. — E. Commersonnien, Exocœtus Commersonnii, Lac. Ce genre ne renferme que des poissons volants, et c'est ce que désigne le nom qui le dis- tingue. Nous avons déjà vu des pégases, des scorpénes, des dactyloptères, des prionotes, des trigles, jouir de la faculté de s'élancer à d'assez grandes distances, au-dessus de la surface des eaux : nous retrouvons parmi les exocets le même attribut; et, comme, très- avancés déjà dans la revue des poissons que nous avons entreprise, nous n'aurons plus d'occasion d'examiner cette sorte de privilège accordé par la nature à un petit nombre des animaux dont nous sommes les historiens, jetons un dernier coup-d'œil sur ce phé- nomène remarquable, qui démontre si bien ce que nous avons tâché de prouver en tant d'endroits de cet ouvrage; c'est-à-dire que volei' est ?iager dans l'air, et que nager est vo- ler au sein des eaux. L'exocet volant, comme les autres exocets, est bel à voir; mais sa beauté, ou plutôt son éclat, ne lui sert qu^à le faire découvrir de plus loin par des ennemis contre lesquels il a été laissé sans défense. L'un des plus misérables des habitants des eaux, continuel- lement inquiété, agité, poursuivi par des scombres ou des coryphènes, s'il abandonne, pour leur échapper, l'élément dans lequel il est né, s'il s'élève dans l'atmosphère, s'il décrit dans l'air une courbe plus ou moins prolongée, il trouve, en retombant dans la mer, un nouvel ennemi, dont la dent meurtrière le saisit, le déchire et le dévore; ou, pendant la durée de son court trajet, il devient la proie des frégates et des autres oiseaux carnassiers qui infestent la surface de l'Océan, le découvrent du haut des nues, et tombent sur lui avec la rapidité de l'éclair. Veut-il chercher sa sûreté sur le pont des vaisseaux dont il s'approche pendant son espèce de vol? le bon goût de sa chair lui ôte ce dernier asile; le passager avide lui a bientôt donné la mort qu'il voulait éviter. Et comme si tout ce qui peut avoir rapport à cet animal, en apparence si privilégié, et dans la réalité si disgracié, devait retracer le malheur de sa condition, lorsque les astronomes ont placé 1 M. Cuvier admet ce genre dans la famille des Esoces, ordre des Malacoptéry^ious ahdomiiiaux. D. i Du genre Exocet, dans la famille des Exoces, ordre des Malacoptérygiens abdominaux. — VEioocetus eyo/a«s de Linnée ne paraît être, selon M. Cuvinr, qu'un Vn'itnm i\oni\c.^ 'ciillcs étaient tombées, D. 484 HISTOIRE NATURELLE son image dans le ciel , ils onl mis à côté celle de la dorade, l'un de ses plus dangereux ennemis. La parure brillante que nous devons compter parmi les causes de ses tourments et de sa perle, se compose de l'éclat argentin qui resplendit sur presque toute sa surface, dont l'agrément est augmenté par l'azur du sommet de la tète, du dos et des côtés, et dont les teintes sont relevées par le bleu plus foncé de la nageoire dorsale, ainsi que de celles de la poitrine et de la queue. La tète du volant est un peu aplatie par-dessus, par les côtés et par devant. La mâchoire d'en bas est plus avancée que la supérieure; cette dernière peut s'allonger de manière à donner à l'ouverture de la bouche une forme tubuleuse et un peu cylindrique : l'une et l'autre sont garnies de dents si petites, qu'elles échappent presque à l'œil, et ne sont guère sensibles qu'au tact. Le palais est lisse, ainsi que la langue, qui est d'ailleurs à demi car- tilagineuse, courte, arrondie dans le bout, et comme taillée en biseau à cette extrémité. L'ouverture des narines, qui touche presque l'œil, est demi-circulaire, et enduite de mucosité. Les yeux sont ronds, très-grands, mais peu saillants. Le cristallin, qu'on aper- çoit au travers de la prunelle, et qui est d'un bleu noirâtre pendant la vie de l'animal, devient blanc d'abord après la mort du poisson. Les opercules, très-argentés, très-polis et très-luisants, sont com|)Osés de deux lames, dont l'antérieure se termine en angle, et dont la postérieure présente une petitefossette.Lesarcs osseux qui soutiennent lesbranchies ont des dents comme celles d'un peigne. Les écailles, quoique un peu dures, se détachent, pour peu qu'on les touche. On voit de chaque côté de l'exocet deux lignes latérales : une, fausse et très-droite, marque les interstices des muscles, et sépare la partie du poisson qui est colorée en bleu, d'avec celle qui est argentée; l'autre, véritable, et qui suit la cour- bure du ventre, est composée d'écaillés marquées d'un point et relevées par une strie lon- gitudinale. Le dessous du poisson est aplati jusque vers l'anus, et ensuite un peu convexe. Les grandes nageoires pectorales, que l'on a comparées à des ailes, sont un peu rappro- chées du dos, elle donnent par leur position, à l'animal qui s'est élancé hors de l'eau, une situation moins fatigante, parce que, portant son centre de suspension au-dessus de son centre de gravité, elles lui ôtent toute tendance à se renverser et à tourner sur son axe longitudinal. La membrane qui lie les rayons de ces pectorales est assez mince pour se prêter faci- lement à tous les mouvements que ces nageoires doivent faire pendant le vol du poisson ; elle est en outre placée sur ces rayons, de manière que les intervalles qui les séparent puissent offrir une forme plus concave, agir sur une plus grande quantité d'air et éprouver dans ce fluide une résistance qui soutient l'exocet, et qui d'ailleurs est augmentée par la conformation de ces mêmes rayons que leur aplatissement rend plus propres à compri- mer l'air frappé par la nageoire agitée. Les ventrales sont très-écartées l'une de l'autre. Le lobe inférieur de la caudale est plus long d'un quart ou environ que le lobe supé- rieur. Tels sont les principaux traits que l'on peut remarquer dans la conformation exté- rieure des exocets volants, lorsqu'on les examine, non pas dans les muséums, où ils peuvent être altérés, mais au moment où ils viennent d'être pris. Leur longueur ordi- naire est de huit à douze pouces. On les trouve dans presque toutes les mers chaudes ou tempérées; et, des agitations violentes de l'Océan et de l'atmosphère les entraînant quel- quefois à de très-grandes dislances des tropiques, des observateurs en ont vu d'égarés jusque dans le canal qui sépare la France de la Grande-Bretagne. Leur estomac est à peine distingué du canal intestinal proprement dit; mais leur vessie natatoire, qui est très-grande, peut assez diminuer leur pesanteur spécifique, lorsqu'elle est remplie d'un gaz léger, pour rendre plus facile non-seulement leur natation , mais encore leur vol. Bloch dit avoir lu dans un manuscrit de Plumier, que, dans la mer des Antilles, les œufs du Poisson volant (appai'emment l'exocet volant) étaient si acres, qu'ils pouvaient corroder la peau de la langue et du palais. Il invite avec raison les observateurs à s'assurer de ce fait, et à rechercher la cause générale ou particulière de ce phénomène, qui peut- être doit être réduit à l'effet local des qualités vénéneuses des aliments de l'exocet. Le métorien montre une dorsale élevée et échancrée, et une nageoire de l'anus égale- ment èchancrée, ou en forme de faux. On l'a péché dans la mer qui entoure les Antilles. Le sauteur a la chair grasse et délicate; une longueur de près d'un pied et demi, DES POISSONS. 483 l'habitude de se nourrir de petits vers et de substances végétales. Il se plaît beaucoup dans la mer d'Arabie et dans la Méditerranée, particulièrement aux environs de l'em- bouchure du Rhône; mais on le rencontre, ainsi que le volant, dans presque toutes les parties de l'Océan un peu voisines des tropiques, et même à plus de quarante degrés de l'équateur. Commerson l'a vu à trente-quatre degrés de latitude australe, et à cinquante lieues des côtes orientales du Brésil. La tète est plus aplatie par-devant et par-dessus que dans l'espèce du volant; l'inter- valle des yeux plus large; le haut de l'orbite plus saillant; l'occiput plus relevé; la mâ- choire supérieure moins extensible; l'ouverture de la bouche moins tubuleuse; et la grande surface des ventrales doit faire considérer ces nageoires comme deux ailes sup- plémentaires, qui donnent à l'animal la faculté de s'élancer à des distances plus consi- dérables que l'exocet volant. Le commersonnien a l'entre-deux des yeux, le dessus de l'orbite, la mâchoire supé- rieure, comme ceux du sauteur; l'occiput déprimé, et la dorsale marquée, du côté de la nageoire de la queue, d'une grande tache d'un noir bleuâtre. Cette quatrième espèce d'exocet est encore inconnue des naturalistes. Comment ne lui aurais-je pas donné le nom du voyageur qui l'a découverte ? DEUX CENT QUATRIÈME GENRE. LES POLYNÈMES 1. Des rayons libres auprès de chaque pectorale, la télé revêtue de petites écailles, deux nageoires dorsales. PREMIER SOUS-GENRE. La nageoire de la queue, fourchue, ou échancrée en croissant. ESPÈCES. CARACTÈRES. . ( Huit rayons aiguillonnés à la première nageoire du dos ; un rayon aiguillonné et i. Le FoLïNEME I treize rayons articulés à la seconde; trois rayons aiguillonnés et onze rayons ^^^'- j articulés à la nageoire de l'anus; cinq rayons libres auprès de chaque pectorale. ^ . I Sept rayons à la première dorsale ; seize à la seconde; deux rayons aiguillonnés et /. Le Folyneme 1 vingt-huit rayons articulés à l'anale, cinq rayons libres auprès de chaque pecto- PENTADACTYLE. 1 ^,^1^ !Sept rayons aiguillonnés à la première nageoire du dos, un rayon aiguillonné et quatorze rayons articulés à la seconde, un rayon aiguillonné et quatorze rayons articulés à l'anale, le museau conique, la ligne latérale terminée au lobe infé- rieur de la nageoire de la queue, cinq rayons libres auprès de chaque pectorale. i. Le Polynème i Huit rayons à la première dorsale, treize à la seconde, seize à la nageoire de l'anus, PARADIS. \ sept rayons libres auprès de chaque pectorale. - p , 1 Huit rayons à la première nageoire du dos, un rayon aguillonné et treize rayons 0. Le Folyneme | articulés à la seconde, deux rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à l'anale, DECADACTYLE. ) dix rayous librcs auprès de chaquc pcctorale. SECOND SOUS-GENRE. La nageoire de la queue, rectiligne, ou arrondie, ou lancéolée, et sans échancrure. . / Sept rayons à la première dorsale, un rayon aiguillonné et douze rayons articulés 6. Le Foltneme \ .^ ^^ seconde, deux rayons aiguillonnés et quatorze rayons articulés à la nageoire MANGO. I jjg l'anus, la caudale lancéolée, sept rayons libres auprès de chaque pectorale. LE POLYNÈME ÉMOI. Polynemus plebeius, Brouss., Cuv., Lac. ; Polynemus lineatus, Lac. ; Polynemus Sele, Buchan. 2. Le Polynème pentadactijîe , Volynemvis longifilis, Cuv.; Polynemus quinquarius, Linn., Gmel.; Para- diséa Piscis, Edwards; Pentanemus, Séba; Polynemus paradiseus , Linn., Gmel. —P. raye, Poly- nemus plebeius, Brouss., Cuv.; Polynemus linealus, Lac. —P. Parac/îs, Polynemus longifilis, Cuv.; Polynemus Paradiseus, Linn., Gmel., Lacep.; Polynemus plebeius et Pol. quinqua- rius, Linn., Gmel., Lac; Pentanemus, Séba; Paradiseus Piscis, Edwards. — P. décadactijle , Polynemus decadacUius, Bl., Cuv., Lac. —P. Mango, Polynemus americanus, Cuv.; Polynemus virginicus, Linn.? Polynemus Mango, et Polydactylus Plumieri, Lacep.; Polynemus Paradiseus, Bl. Nous conservons au premier de ces polynèmes le nom d'Emoi; il a été donné à ce pois- i Le genre Polynème, conservé par M. Cuvier, est placé par lui dans la famille des Acanthoptérygiens percoïdes, et il supprime le genre Polydactyle, tomme fondé sur une espèce de véritable polynème. Les six Polynèmes de M. de Lacépède et son Polydactyle. Plumier se rapportent à quatre seulement des espèces admises par M. Cuvier, savoir -. Le Polynème Emoi et le P. rayé^, a^u Polynème plébéien ; le Polyr - « - Polynème 2 M. Cuvier réunit dans cette espèce 1 Polynème rayé de ce dernier, fondé sur une figure de Commerson, D. LACÉPÊDE, — TOME il, 31 486 HISTOIRE NATURELLE son par les habitants de l'ile d'Otahiti, dont il fréquente les rivages. Il est doux; il retrace des souvenirs touchants; il rappelle à notre sensibilité ces iles fortunées du grand Océan équinoxial, où la nature a tant fait pour le bonheur de l'homme, où notre imagination se hâte de chercher un asile, lorsque, fatigués des orages de la vie, nous voulons oublier, pendant quelques moments, les eflets funestes des passions qu'une raison éclairée n'a pas encore calmées, des préjugés qu'elle n'a pas détruits, des institutions qu'elle n'a pas per- fectionnées. El qui doit mieux conserver un nom consolateur, que nous, amis dévoués d'une science dont le premier bienfait est de faire naître ce calme doux, cette paix de l'âme, cette bienveillance aimante, auxquels l'espèce humaine pourrait devoir une félicité si pure ? La reconnaissance seule aurait pu nous engager à substituer au nom d'Emoi celui de Broussoiuiet. Mais quel zoologiste ignore que c'est à ce savant que nous devons la connaissance du polynème émoi? Les côtes riantes de l'île d'Otahiti, celles de l'île Tanna, et de quelques autres îles du grand Océan équinoxial, ne sont cependant pas les seuls endroits où l'on ait péché ce polynème : on le trouve en Amérique, particulièrement dans l'Amérique méridionale; il se plaît aussi dans les eaux des Indes orientales; on le rencontre dans le golfe du Ben- gale, ainsi que dans les fleuves qui s'y jettent; il aime les eaux limpides et les endroits sablonneux des environs de Tranquebar. Les habitants de Malabar le regardent comme un de leurs meilleurs poissons; sa tète est surtout pour eux un mets très-délicat. On le marine, on le sale, on le sèche, on le prépare de différentes manières, au nord de la côte deCoromandel, et principalement dans les grands fleuves du Godaveri et du Krisehna. On le prend au filet et à l'hameçon. Mais comme il a quelquefois plus de quatre pieds et demi de longueur, et qu'il parvient à un poids très-considérable, on est obligé de prendre des précautions assez grandes pour que la ligne lui résiste lorsqu'on veut le retirer. Le temps de son frai est plus ou moins avancé, suivant son âge, le climat, la température de l'eau. Il se nourrit de petits poissons, et il les attire en agitant les rayons filamenteux placés auprès de ses nageoires pectorales, comme d'autres habitants des mers ou des rivières trompent leur proie en remuant avec ruse et adresse leurs barbillons semblables à des vers. Sa tète est un peu allongée et aplatie, chacune de ses narines a deux orifices; les yeux sont grands et couverts d'une membrane ; le museau est arrondi; la mâchoire supérieure plus avancée que celle d'en bas; chaque mâchoire garnie de petites dents; le palais hérissé d'autres dents très-petites; la langue lisse; la ligne latérale droite; une grande partie de la surface des nageoires revêtue de petites écailles; la couleur générale argentée, le dos cendré ; les pectorales sont brunes, et parsemées, ainsi que le bord des autres nageoires, de points très-foncés. Il est bon de remarquer que l'on a trouvé dans les couches du mont Bolca, près de Vérone, des restes de poissons, qui avaient appartenu à l'espèce de l'émoi. Le polynème pentadactyle habite en Amérique. Le rayé, dont les naturalistes ignorent encore l'existence, a été décrit par Commerson. Sa longueur ordinaire est d'un pied et demi ou environ. Ses écailles sont faiblement atta- chées. Sa couleur est argentine, relevée, sur la partie supérieure de l'animal, par des teintes bleuâtres; les pectorales oflrent des nuances brunâtres. Une douzaine de raies longitudinales et brunes augmentent de chaque côté, par le contraste qu'elles forment, l'éclat de la robe argentée du polynème. Le museau, qui est transparent, s'avance au delà de l'ouverture de la bouche. La mâchoire inférieure s'emboîte, pour ainsi dire, dans celle d'en haut. On compte deux orifices à chaque narine. On voit de petites dents sur les deux mâchoires, sur deux os et sur un tubercule du palais, sur quatre éminences voisines du gosier, sur les arcs qui soutiennent les branchies. Les yeux sont comme voilés par une membrane, à la vérité, transparente. Deux lames, dont la seconde est bordée d'une membrane, du côté de la queue, composent l'opercule. Les cinq rayons libres, ou fila- ments phcés un peu en dedans et au-devant de chaque i)ectorale, ne sont pas articulés, et s'étendent, avec une demi-rigidilé, jusqu'aux nageoires ventrales. Cinq ou six écailles, situées dans la commissure supérieure de chaque pectorale; forment un caractère parti- culier. La seconde dorsale et l'anale sont échancrées. Le polynème rayé est apporté, pendant presque toute l'année, au marché de l'île Maurice. Celui qu'on a nommé Paradis a deux orifices à chaque narine ; les mâchoires garnies de petites dents; la langue lisse; le palais rude; la pièce antérieure de l'opercule dente- lée; le dos bleu; les côtés et le ventre argentins; les nageoires grises; une longueur con- DES POISSONS. 487 sidérable; la chair très-agréable au goût; l'habilude de se nourrir de crustacées et déjeu- nes poissons; les parages de Surinam, des Antilles et de la Caroline pour patrie. Le devant du museau assez aplati pour présenter une face verticale ; les yeux très- grands; la mâchoire inférieure plus étroite , moinsavancée, moins garnie de petites dents que la mâchoire d'en haut; la langue unie et dégagée; l'orifice unique de chaque narine ; les articulations des rayons libres ; l'inégalité de ces rayons, dont cinq de chaque côté sont courts, et cinq sont allongés; la grandeur et la mollesse des écailles, l'argentin des côtés, le brun du dos et des nageoires, la bordure brune de chaque écaille, peuvent ser- vir à distinguer le décadactyle qui fait son séjour dans la merde Guinée, qui remonte dans les fleuves, pour y frayer sur les bas-fonds, que l'on pêche au filet et à la ligne, qui devient assez grand et qui est très-bon à manger. Le polynème mango a l'opercule dentelé, le premier rayon de la première dorsale très- court, la caudale large. C'est dans les eaux de l'Amérique qu'il a été péché. DEUX CENT CINQUIÈME GENRE. LES POLVDACTYLES 1. Des rayons libres auprès de chaque pectorale, la tète dénuée de. petites écailles, deux nageoires dorsales. ESPÈCE. CARACTÈRES. Le Polydactyle I '^"'!' ''^y''"^ aiguillonnés à la première nageoire du dos ; un rayon aiguillonné et PLUMIER 1 ^^^ rayons articulés à la seconde, un rayon aiguillonné et onze rayons^articulés à f l'anale ; la caudale fourchue ; six rayons libres auprès de chaque pectorale. LE POLYDACTYLE PLUMIER. Polynemus americanus, Cuv. ; Polynemus virginicus, Linn., Gmel.; Polynemus paradiseus, Bloch, pi. ^03 ; Polydactylus Plumieri, et Polynemus Mango, Lac. 2. La couleur générale de ce polydactyle est argentée, comme celle de la plupart des polynèmes. Son museau est saillant; sa mâchoire supérieure plus avancée que l'inférieure. Les six rayons libres que l'on voit auprès de chaque pectorale, ressemblent à de longs fila- ments ; la seconde dorsale et la nagooire de l'anus sont égales en surface, placées l'une au-dessus de l'autre, et échancrées en forme de faux. Le corps proprement dit a son dia- mètre vertical bien plus grand que celui de la queue. Plumier a laissé un dessin de ce poisson encore inconnu des naturalistes, et que nous avons cru devoir placer dans un genre particulier. DEUX CENT SIXIÈME GENRE. LES BUROS 3. Un double piquant entre les nageoires ventrales, une seule nageoire du dos, cette nageoire très-longue, les écailles très-petites et très-difficiles à voir, cinq rayons à la membrane branchiale. ESPÈCE. caractères. T „ D.,„„ „„ .' Treize rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la nageoire du dos : sept rayons IjE XjURO BRU^ . \ • 'Il ' X r .• I' > 11 1 11 I 11 ' ^. «^ I aiguillonnes et neuf rayons articules a celle de 1 anus ; la caudale en croissant. LE BURO BRUN. Buro Brunncus , Lac. Nous publions la description de ce genre d'après les manuscrits de Commerson. Le buro brun a toute sa surface parsemée de petites taches blanches, l'iris doré et argenté; la tête menue; le museau un peu pointu; la mâchoire supérieure mobile, mais non extensible; et garnie, comme celle d'en bas, d'un seul rang de dents très-petites et très-aiguës; l'anus situé entre les deux piquants qui séparent les nageoires ventrales; la ligne latérale composée de points un peu élevés, et courbée comme le dos; le ventre et le dos carénés; le corps et la queue comprimés; une longueur de huit à douze pouces. i M. Cuvier supprime ce genre en réunissant la seule espèce qu'il renferme à la dernière de celles que M. de Lacépède admet dans le genre Polynème. D, 2 M. Cuvier fait remarquer que la figure, pi. 402 de Bloch, sur laquelle est établi le Polynemus ple- beius de Bloch, n'est qu'une copie d'un dessin de Plumier, sur lequel M. de Lacépède a fonde son genre Polydactyle et l'espèce qu'il y comprend. C'est ce qui le détermine h supprimer ce genre, et à donner à l'espèce le nom de Polynemus americanus, pour éviter toute confusion dans sa synonymie. D. 5 M. Cuvier ne cite pas ce genre. D. 31. 488 HISTOIRE NATURELLE ESPECES. i . La Clcpée nA- REKG. 2. La Clupée sar- dine. 3. La Clcpée ALOSE. i. La Clupée FEINTE. DEUX CEINT SEPTIEME GENRE. LES CLl'PKES 1. Des dents aux mâchoires, plus de trois rayons à la inrmhrunp des branchies, une seule nageoire du dos^ 'e ventre caréné, la cn-ène du ventre dentelée ou très-aiyuë. PREMIER SOUS-GENRE. La nageoire de la queue, (ourclme, ou échuncrée en croissant. CARACTÈHES. Dix-lluit rayons à la nageoire du dos ; dix-sept à celle de Tanns ; neuf h chaque ven- lr;ilcj la caudale toiirchuc; la màciioire iiifcTieure plus avancée que celle d'en haut; un appendice triangulaire auprès de chaque ventrale; point de taches sur les cotes du corps. Dix-sept rayons à la dorsale; dix-neuf à l'anale; six à chaque ventrale; la caudale fouicliue; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure, et recourbée vers le haut. Dix-neuf rayons à la nageoire du dos; vingt à celle de l'anus; neuf à chaque ven- trale; la caudale fourchue; la mâchoire inférieure un peu plus avancée que celle d'en haut; celte dernière échancrée à son extrémité; la carène du ventre très- dentelée et couverte de lames transversales; un appendice écailleux et triangu- laire à chaque ventrale. La caudale fourchue ; la mâchoire inférieure plus avancée que celle d'en haut; cette dernière échancrée à son extrémité; la carène du ventre très-dentelée et cou- verte de lames transversales; un appendice triangulaire à chaque ventrale; le dessus de la tcte un peu aplati; sej)t taches brunes de chaque côté du corps. \ Dix-huit rayons h la dorsale; vingt-quatre à la nageoire de l'anus, dix à chaque j ventrale, la caudale fourchue, une cavité en forme de losange sur le sommet l de la télé. ) Quatorze rayons à la nageoire du dos, dix-huit à l'anale, sept à chaque ventrale, la t caudale fourchue, la mâchoire supérieure plus avancée que l'inférieure. ( Onze rayons à la nageoire du dos, trente-cinq à l'anale, huit à chaque ventrale, la ) caudale fourchue, douze à la membrane des branchies, la mâchoire d'en haut plus I avancée que celle d'en bas, une raie longitudinale large et argentée, de chaque ^ côté du poisson. ! Quinze rayons à la dorsale, vingt à la nageoire de l'anus, sept à chaque ventrale, lu caudale fourchue, la mâclioire d'en haut plus avancée que celle d'en bas, une raie longitudinale large et argentée, de chaque côté du poisson. Dix-sept rayons à la dorsale, vingt-cinq à l'auale, dix à chaque ventrale, la caudale fouicliue, la mâchoire inféiieure plus avancée que la supérieure, et recourbée vers le haut, le dernier rayon de la dorsale très-allongé, l'anale cchaucrée en forme de faux. r i i Quatorze rayons à la nageoire du dos, trente-deux à l'anale, sept à chaque ventrale, Llupee j j^ caudale fourchue, la mâchoire inférieure moins avancée que celle d'en haut, V les os de la lèvre supérieure terminés par un hlamcnt. ( Dix-sept rajons à la dorsale, treute-(;uatre à l'anale, sept à chaque ventrale, la eau- j d:ilc fourchue, la mâchoire d'en bas plus avancée que celle d'en haut, deux dents ' longues et dirigées en avant au bout de la mâchoire supérieure. I Huit rayons à la nageoire du dos, trenle-huit à celle de l'anus, sept à chaque ven- ( traie, la caudale fourchue, la mâchoire iufL-rieure courbée vers le haut. Quatorze rayons à la nageoire du dos, trente à celle de l'anus, sept à chaque ven- trale, la cainlalefourcliue, la mâchoire inltTieure moins avancée que la supérieure, un tubercule k l'extremitédu museau, une tache rouge àla commissure supérieure de cha(ine pectorale. Une tache noire de chaque côté du corps, toutes les nageoires jaunes. Sept rayons aiguillonnés et dix-sept rayons articulés à la nageoire du dos, deux rayons aiguillonnés et quatorze rayons articulés à celle de l'anus , un rayon aiguillonne et cinq rayons articules à chacjue ventrale, la caudale fourchue, le premier rayon de la luigcoire du dos, terminé par un long hlament, les deux mâchoires pres(jue ("gaiement nvancées, des bandes transversales depuis le som met du dos jusqu'à la ligue latérale, des taches petites et arrondies au-dessous do celte ligue. Douze ou treize rayons à la dorsale; onze ou douze à l'anale; cette nageoire de lanus à une égah; distance des ventrales et de la caudale; la caudale fourchue ; K. La Clupée ROUSSE. 6. La Clupée ak- cuois. 7. La Clu?ée ATBÉR1^0ÏD£. 8. Lv Clupée raie-d'arcem. 9. La Clupée APALIKE. 10. La DELAME. 11. La Clupée DORAB. 12. La Clupée Malabar. 13. La Clupée tuberculeuse. ii. La Clupée CBRYSOPTÈUE. 13 La Clupée BAKDES. 16. La Clupée machocépiiale. la longueur d e la télc égale au moins au sixième de la longueur totale. SECOND SOUS-GENIŒ. La nagfoire de ta queue, recliliync, ou arrondie, ou lancéolée, et sans échancrure. -, I Vingt-six rayons à la nageoire du dos; vingt-six à celle de l'anus; six à chaque 17. La Llupee \ ventrale: la dorsale et l'anale longues et voisines de la naceoire de la queue: It DES TROPIQUES, j caudalc lanccolce. 1 Le genre Clupée de Lacépède correspond en grande partie à celui de M. Cuvicr , et notamment aux sous-genres qu'il y a distingués sous les noms de llurengs et Aloses. Il renferme aussi les espèces des genres Anchois, Tiirisse, 5Iég\lope, Butirin et GinaocENTUE, et fariuo le type de la famille des Clupes, ordre des Alalacoptérygiens abdominaux. D, DES POISSONS. 489 LA CLUPÉE HARENG. Clupea Harengns, Linn., Gmol., Bl., Lac, Cuv, i. Honneur aux ])euples de l'Europe qui ont vu dans les légions innombrables de harengs que chaque année amène aii|)rés de leurs rivages, un don précieux de la nalure! Honneur à l'indiisfrie éclairée qui a su, par des procédés aussi faciles que sûrs, pro- longer la durée de cette faveur maritime, et l'étendre jusqu'au centre des plus vastes continents! Honneur aux chefs des nations, dont la toute-puissance s'est inclinée devant les heu- reux inventeurs qui ont perfectionné l'usage de ce bienfait annuel! Que la sévère postérité, avant de prononcer son arrêt irrévocable sur ce Charles d'Au- triche, dont le sceptre redouté faisait fléchir la moitié de l'Europe sous ses lois, rappelle que, plein de reconnaissance pour le simple pécheur dont l'habileté dans l'art de péné- trer le hareng de sel marin avait ouvert une des sources les plus abondantes de ])ros- périfé publique, il déposa l'orgueil du diadème, courba sa tôle victorieuse devant le tombeau de Guillaume Deukelzoon, et rendit un hommage public à son importante découverte. Et nous, Français, n'oublions pas que si un pêcheur de Biervliet a trouvé la véritable manière de saler et d'encaquer les harengs, c'est à nos compatriotes les habilanls de Dieppe que l'on doit un art plus utile à la partie la plus nombreuse et la moins fortunée de l'espèce humaine, celui de le fumer. Le hareng est une de ces productions naturelles dont l'emploi décide de la destinée des empires. La grainedu caféier, la feuille du thé, les épices delà zonelorride, lever qui file la soie, ont moins influé sur les richesses des nations, que le hareng de l'Océan Atlantique. Le luxe ou le caprice demandeut les premiers : le besoin réclame le hareng. Le Batave en a porté la pêche au plus haut degré. Ce peuple, qui avait été forcé de créer un asile pour sa liberté, n'aurait trouvé que de faibles ressources sur son territoire factice : mais la mer lui a ouvert ses trésors; elle est devenue pour lui un champ fertile, où des myriades de harengs ont présente à son activité courageuse une moisson abondante et assurée. Il a, chaque année, fait partir des flottes nombreuses pour aller le cueillir. Il a vu dans la pêche du hareng la plus importante des expéditions maritimes; il l'a surnommée la grande pêche, il l'a regardée comme ses Mines d'or. Mais au lieu d'un signe souvent sté- rile, il a eu une réalité féconde; au lieu devoir ses richesses arrosées des sueurs, des lar- mes, du sang de l'esclave, il lésa reçues de l'audnce de l'homme libre; au lieu de préci- piter sans cesse d'infortunées générations dans les gouiïres de la terre, il a formé des hommes robustes, des marins intrépides, des navigateurs expérimentés, des citoyens heu- reux. Jetons un coup d'oeil sur ces grandes entreprises, sur ces grandes manœuvres, sur ces grandes opérations; car qui mérite mieux le nom de grand, que ce qui donne à un peu- ples sa nourriture, son commerce, sa force, son habileté, son indé[)endance et sa vertu? Disons seulement auparavant que tout le monde connaît trop le hareng, pour que nous devions décrire toutes ses parties. On sait que ce poisson a la télé petite; l'oeil grand ; l'ouverture de la bouche courte; la langue pointue et garnie de dents déliées ; le dos épais ; la ligne latérale à peine visible ; la partie supérieure noirâtre; l'opercule distingué par une tache rouge ou violelte; les côtés argentins; les nageoires grises; la laite ou l'ovaire double; la vessie natatoire simple et pointue à ses deux bouts; l'estomac tapissé d'une peau mince; le canal intestinal droit, et par conséquent très-court; le pylore entouré de douze appendices; soixante-dix côtes; cin- quanle-six vertèbres. Son ouverture branchiale est très-grande; il n'est donc pas surprenant qu'il ne puisse pas la fermer facilement quand il est hors de l'eau, et qu'il périsse bientôt par une suite du dessèchement de ses branchies. Il a une caudale très-haute et très-longue; il a reçu par conséquent une large rame; et voilà pourquoi il nage avec force et vitesse. Sa chair est imprégnée d'une sorte de graisse qui lui donne un goût très-agréable, et qui la rend aussi plus propre à répandre dans l'ombre une lueur phosphorique. La nour- riture à laquelle il doit ces qualités consiste communément en œufs de poisson, en petits crabes et en vers. Les habitants des rivages de la Norwège ont souvent trouvé ses intestins i Du soTis-genre des IIaiiengs proprement dit, dans le grand genre Hareko famille des Clupes, ordre des Malacoptérygicns abdominaux. D. 490 HISTOIRE NATURELLE remplis de vers rouges qu'ils nomment Roë-aat. Cette sorte d'aliment contenu dans le canal intestinal des harengs fait qu'ils se corrompent beaucoup plus vite si l'on tarde à les saler après les avoir péchés : aussi, lorsqu'on croit que ces poissons ont avalé de ces vers rouges, les laisse-t-on dans l'eau jusqu'à ce qu'ils aient achevé de les digérer. On a cru pendant longtemps que les harengs se retiraient périodiquement dans les régions du cercle polaire; qu'ils y cherchaient annuellement, sous les glaces des mers hyperboréenncs, un asile contre leurs ennemis, un abri contre les rigueurs de l'hiver; que, n'y trouvant pas une nourriture proportionnée à leur nombre prodigieux, ils en- voyaient, au commencement de chaque printemps, des colonies nombreuses vers des rivages plus méridionaux de l'Europe ou de l'Amérique. On a tracé la roule de ces légions errantes. On a cru voir ces immenses tribus se diviser en deux troupes, dont les innom- brables détachements couvraient au loin la surface des mers, ou en traversaient les couches supérieures. L'une de ces grandes colonnes se pressait autour des côtes de l'Islande, et, se répandant au-dessus du banc fameux de Terre-Neuve, allait remplir les golfes et les baies du continent américain; l'autre, suivant des directions orientales, descendait le long de la Norvvège, pénétrait dans la Baltique, ou, faisant le tour des Orcades, s'avançait entre l'Ecosse et l'Irlande, cinglait vers le midi de cette dernière île, s'étendait à l'orient de la Grande-Bretagne, parvenait jusque vers l'Espagne, et occupait tous les rivages de France, de la Batavie et de l'Allemagne, qu'arrose l'Océan. Après s'être offerts pendant longtemps, dans tous ces parages, aux filets des pêcheurs, les harengs voyageurs revenaient sur leur route, disparaissaient, et allaient regagner leurs retraites boréales et profondes. Pendant longtemps, bien loin de révoquer en doute ces merveilleuses migrations, on s'est efforcé d'en expliquer l'étendue, la constance, et le retour régulier; mais nous avons déjà annoncé, dans notre Discours sur la nature des Poissons, et dans l'histoire du scom- bre maquereau, qu'il n'était plus permis de croire à ces grands et périodiques voyages. Bloch, et M. Noël, de Rouen, ont prouvé, par un rapprochement très-exact de faits incon- testables, qu'il élait impossible d'admettre cette navigation annuelle et extraordinaire. Pour continuer d"y croire, il faudrait rejeter les observations les plus sûres, d'après lesquelles il est hors de doute qu'il s'écoule souvent plusieurs années sans qu'on voie des harengs sur plusieurs des rivages principaux indiqués comme les endroits les plus remarquables de la route de ces poissons, qu'auprès de beaucoup d'autres prélendues stations de ces animaux, on en pêche pendant toute l'année une très-grande quantité; que la grosseur de ces osseux varie souveni, selon la qualité des eaux qu'ils fréquentent , et sans aucun rapport avec la saison, avec leur éloignement de leur asile septentrional, ou avec la longueur de l'espace qu'ils auraient dû parcourir depuis leur sortie de leur habitation polaire ; et enfin qu'aucun signe certain n'a jamais indiqué leur l'entrée régu- lière sous les voûtes de glace des très-hautes latitudes. Chaque année cependant les voit arriver vers les îles et les régions continentales de l'Amérique et de l'Europe qui leur conviennent le mieux, ou vers les rivages septentrio- naux de l'Asie. Toutes les fois qu'ils ont besoin de chercher une nourriture nouvelle, et surtout lorsqu'ils doivent se débarrasser de leur laite ou de leurs œufs, ils abandonnent les fonds de la mer, soit dans le printemps, soit dans l'été, soit dans l'automne, et s'ap- prochent des embouchures des fleuves et des rivages propres à leur frai. Voilà pourquoi la pèche de ces poissons n'est jamais plus abondante que lorsque leurs laites sont liquides, ou leurs œufs près de s'échapper. La nécessité de frayer n'étant pas cependant la seule cause qui les arrache à leurs profonds asiles, il n'est pas surprenant qu'on en prenne qui n'ont plus d'œufs ni de li(jueur prolifique, ou dont la laite ou les œufs ne sont pas encore développés. On a employé différentes dénominations pour désigner ces divers états des harengs, ainsi que pour indi(|uer quelques auties manières d'être de ces animaux. On a nommé JJarengs . M. Noël, notre savant correspondant de Rouen, nous a envoyé des notes très-intéres- santes sur cette clupée, que l'on a souvent confondue avec l'alose, et que l'on pèche dans la Seine. La chair de la feinte, quoique agréable au goût, est très-différente de celle de l'alose. Les femelles decetteespècesont plus nombreuses, plus grandes, plus épaisses, d'une saveur plus délicate, et plus recherchées que les mâles, auxquels on a donné un nom particulier, celui de Cahuhau. La feinte remonte dans la Seine comme l'alose; elle s'avance égalemeni par troupes : mais les habitudes de cette espèce diffèrent de celles de l'alose, en ce que les plus grands individus quittent la mer les premiers, au lieu que les aloses les plus petites, les plus maigres et les moins bonnes, sont celles qui se montrent les premières dans la rivière. On a remarqué à Villequier que ces premières feintes, plus grosses que les autres, ont aussi l'œil beaucoup plus gros et la peau plus brunâtre; ce qui les a fait appeler Feintes au gros œil, et Feintes noires. Elles sont non-seulement plus grandes, mais encore plus délicates que les individus qui ne paraissent qu'à la seconde époque, et surtout que ceux de la troisième, que l'on a désignés par la dénomination de Feintes bretonnes. Ces feintes bretonnes ou noires, et en général tous les poissons de l'espèce qui nous occupe, aiment les temps chauds et orageux. On en fait la pêche depuis l'embouchure de la Seine jusqu'aux environs de Rouen. On les prend avec des gnideaux ou avec des seines, qu'on appelle quelquefois /"emfîères. M. Noël nous assure que les feintes sont aujourd'hui beaucoup moins nombreuses qu'il y a vingt ans. Il attribue cette diminutioji à la destruction du frai de ces dupées, occa- sionnée par les guideaux du bas de la Seine, et aux qualités malfaisantes pour ces ani- maux, que communique à l'eau le suint des moutons que l'on y lave, aux époques et dans les endroits préférés par ces osseux. Voici maintenant ce que cet observateur nous a écrit au sujet de la rousse. Les pêcheurs distinguent deux variétés dans cette espèce. Celle que l'on prend dans le printemps est plus petite, mais a l'écaillé plus grande que celle que l'on pêche dans les mois d'août et de septembre. Les individus qui composent ces deux variétés présentent quelquefois des taches noires ou brunâtres comme celles de l'alose. On prend peu de dupées rousses dans la Seine; on ne les pêche que depuis la pointe du Hode jusqu'à Aisiers, c'est-à-dire dans les eaux saumâtres de l'embouchure de la rivière. Il paraît qu'elles fraient dans les grandes eaux. Elles ont les écailles plus fines, la chair plus délicate et moins blanche que l'alose. Leur peau est d'un blanc de crème légèrement cuivré. On n'en consomme que dans les endroits où on les pêche; et voilà pourquoi elles sont encore peu connues. On en a pris dans le lac du Tôt qui pesaient de quatre à six livres. Dans les mois de juillet et d'août, elles sont assez grasses pour éteindre, comme les harengs d'été de la Manche, les charbons sur lesquels on cherche à les faire cuire. LA CLUPÉE ANCHOIS. Engraulis vulgaris, Cuv.; Clupea Encrasicholus, Linn., Gmel., Bl., Lac. 5. Il n'est guère de poisson plus connu que l'anchois, de tous ceux qui aiment la bonne chère. Ce n'est pas pour son volume qu'il est recherché, car il n'a souvent que cinq à six pouces ou moins de longueur; il ne l'est pas non plus pour la saveur particulière qu'il présente lorsqu'il est frais : mais on consomme une énorme quantité d'individus de cette espèce, lorsqu'après avoir été salés ils sont devenus un assaisonnementdes plus agréables et des plus propres à raminer l'appétit. On les prépare en leur étant la lête et les entrailles ; on les pénètre de sel ; on les renferme dans des barils avec des précautions particulières ; 1 Du sous-genre Alose, Alosa, Cuv., dans le grand genre des Harengs, famille des clupes, ordre des Malacoptérygiens abdominaux. D. 2 Dans la première édition du Règne animal, M. Cuvier remarque que la rousse de la Manche n'a pas encore été suffisamment comparée à l'alose. D. 3 Du genre Anchois, Engraulis, formé par M. Cuvier, dans la famille des Clupes,ordre des Malacop- térygieijs abdominaux. D. 496 HISTOIRE NATURELLE on les envoie à de très-grandes distances sans qu'ils puissent se gâter. Ils sont employés sur les tables modestes comme dans les festins somptueux, à relever la saveur des végé- taux, et à donner aux sauces un piquant de très-bon goût. Leur réputation est d'ailleurs aussi ancienne (ju'étendue. Les Grecs et les Romains, dans le temps où ils attachaient le plus d'importance à l'art de préparer les aliments, faisaient avec ces dupées une liqueur que l'on nommait (jarum, et qu'ils regardaient comme une des plus précieuses. Au reste, ils pouvaient satisfaire aisément leurs désirs à cet égard, les anchois étant répandus dans la Méditerranée, ainsi que le long des côtes occidentales de l'Espaçtue et de la France, dans presque tout l'Océan Atlantique septentrional et dans la Baltique. On préfère de les pécher pendant la nuit; on les attire, comme les harengs, par le moyen de feux distribués avec soin. Le temps où on les prend est celui où ils quittent la haute mer pour venir frayer auprès des rivages, et cette dernière époque varie suivant les pays. Les anchois ont la tête longue; le museau pointu; l'ouverture de la bouche très-grande; la langue pointue et étroite; l'orifice branchial un peu large; le corps et la queue allon- gés; la peau mince; les écailles tendres et peu attachées; la ligne latérale droite et cachée par les écailles; les nageoires courtes et transparentes; le canal intestinal courbé deux fois; dix-huit appendices auprès du pylore; trente-deux côtes de chaque côté, et qua- rante-six vertèbres. LA CLUPÉE ATHÉRINOIDE. Engraulis athcrinoidcs, Cuv. ; Clupca atlierinoides, Bl. Linn., Gmol., Lac. \. La Chipée ra/e-d'orf/cnt, Engraulis Cuv.; Clupea vitlargentea, Lac; Stotephorus Commersoniiii, Lac; Allicrina auslralis, Wliile? — C. Apolike, RIegalops Cuv.; Clupea cyprinoides, Bl., Linn., Gmel.jLac, Clupea giganlea, Shaw. — C. fie'/ame, Tiirisa setiroslris , Cuv.; Clupea seliroslris, Lacep.; Clupea Belania, Forsk. — C. dorab, Chirocenlrus Dorab, Cuv.; Clupea Corab, Lacep., Linn., Gmel. — C. Malabar, Engraulis malabaricus, Cuv.; Clupea Malabar, Lac; Clupea malaba- rica, Bl. — C. tuberculeuse, Engraulis tuberculosus, Cuv.; Clupea tuberculosa, Lacep. — C. chrif- soptère, Clupea ciirysoplera, Lacep. — C. à bandes. Clupea fasciata, Lacep. — C. Macrocéphnle, Buliriiius americanus, Cuv.; clupea macrocephala, Lac; Butiriiius Banane, Lac; Synonus Vulpes, Lac; Clupea brasniensis, .41bula gonorhynclius, et Albula Plumieri, Bl., Schn. — C. des Tro- piques, Clupea tropica, Linn., Gm. Pour ne rien omettre d'essentiel dans la désignation de ces onze dupées, il faut indi- quer : Dans VAthé)Hno'ide, qui habite l'Adriatique, la mer de Surinam et celle du Malabar : La petitesse de la tête; les grandes lames qui couvrent cette partie; la largeur de l'ori- fice de la bouche et de l'ouverture branchiale; les rangées de petites dents de chaque mA- choire; la surface unie de la langue et du palais; la dentelure des os de la lèvre supé- rieure; l'orifice unique de chaque narine; la matière brune et visqueuse qui humecte la peau; la brièveté des nageoires du ventre; l'étendue et les écailles de celles de l'anus; la longueur de l'animal, qui est ordinairement de huit pouces; la graisse et le bon goût de la chair, que l'on mange fraîche ou salée ; Dans la Raie-d' Argent, dont les manuscrits de Commerson nous ont présenté la des- cription, et dont ce naturaliste a vu des myriades auprès des rivages de l'île de France : La brièveté des dimensions, la transparence de plusieurs parties; la facilité avec la- quelle les écailles se détachent; la saillie du museau au-devant des deux mâchoires; la petitesse des dents, qu'on ne peut souvent distinguer qu'avec une loupe; les opercules très-brillants, Irès-argcntès et dénués de petites écailles; le défaut d'une véritable ligne latérale; le peu de temps nécessaire pour changer en garuni le venirc du poisson ; Dans VAjmlilce, que nourrissent les eaux du grand Océan et celles de l'océan Atlantique, particulièrement auprès de l'équateur et des tropiques : Les dimensions, qui sont telles que la longueur de l'animal peut excéder douze pieds, et q a > o > n /ai:-. iiiiiil'lii i il'^r ' -l?:!.;^; ' msmtviifw^' DES POISSONS. 507 A cette même époque, les carpes qui habitent dans les fleuves ou dans les rivières s'em- pressent 'de quitter leurs asiles, pour remonter vers des eaux plus tranquilles. Si dans cette sorte de voyage annuel, elles rencontrent une barrière, elles s'efforcent de la fran- chir. Elles peuvent, pour la surmonter, s'élancer à une hauteur de six pieds; et elles s'élè- vent dans l'air par un mécanisme semblable à celui que nous avons décrit en traitant du saumon. Elles montent à la surface de la rivière, se placent sur le côté, se plient vers le haut, rapprochent leur tête et l'extrémité de leur queue, forment un cercle, débandent tout d'un coup le ressort que ce cercle compose, s'étendent avec la rapidité de l'éclair, frappent l'eau vivement, et rejaillissent en un clin d'œil. Leur conformation et la force de leurs muscles leur donnent une grande facilité pour cette manoeuvre. Leurs proportions indiquent, en effet, la vigueur et la légèreté. Au reste, leur tête est grosse; leurs lèvres sont épaisses; leur front est large; leurs qua- tre barbillons sont attachés à leur mâchoire supérieure; leur ligne latérale est un peu courte; leurs écailles sont grandes et striées; leur longue nageoire du dos règne au-dessus de l'anale, des ventrales, et d'une portion des pectorales. D'ailleurs, leur canal intestinal a cinq sinuosités; l'épine du dos est composée de trente- sept vertèbres, et chaque côté de cette colonne est soutenu par seize côtes. Ordinairement un bleu foncé paraît sur leur front et sur leurs joues; un bleu verdâfre sur leur dos; une série de petits points noirs le long de leur ligne latérale; un jaune mêlé de bleu et de noir sur leurs côtés; un jaune plus clair sur leurs lèvres, ainsi que sur leur queue; une nuance blanchâtre sur leur ventre; un rouge brun sur leur anale; une teinte violette sur leurs ventrales et sur leur caudale, qui de plus est bordée de noirâtre ou de noir. Mais leurs couleurs peuvent varier suivant les eaux dans lesquelles elles séjournent : celles des grand lacs et des rivières sont, par exemple, plus jaunes ou plus dorées que celles qui vivent dans les étangs; et l'on connaît sous le nom de Carpes saumonées celles dont la chair doit à des circonstances locales une couleur rougeâtre. Quand elles sont bien nourries, elles croissent vite, et parviennent à une grosseur con- sidérable. On en pêche dans plusieurs lacs de l'Allemagne septentrionale qui pèsent plus de trente livres. On en a pris une du poids de plus de trente-huit livres à Dertz, dans la nouvelle Marche de Brandebourg, sur les frontières de la Poméranie. On en trouve près d'Anger- bourg en Prusse, qui pèsent jusqu'à quarante livres. Pallas dit que le Wolga en nourrit de parvenues à une longueur de plus de quatre pieds et demi. En 1 71 1 on en pécha une à Bischofshause, près de Francfort-sur-l'Oder, qui avait plus de neuf pieds de long, plus de trois pieds de haut, des écailles très-larges, et pesait soixante-dix livres. On assure qu'on en a pris du poids de quatre-vingt-dix livres dans le lac de Zug en Suisse, et enfin, il en habite dans le Dniester de si grosses, que leurs arêtes peuvent servir à faire des man- ches de couteau. Les cyprins dont nous nous occupons peuvent d'autant plus montrer des développe- ments très-remarquables, qu'ilssont favorisés par une des principales causes de toutgrand accroissement, le temps. On sait qu'ils deviennent très-vieux; et nous n'avons pas besoin de rappeler que Buffon a parlé de carpes de cent cinquante ans, vivantes dans les fossés de Pontchartrain, et que, dans les étangs de la Lusace, on a nourri des individus de la même espèce âgés de plus de deux cents.ans. Lorsque les carpes sont très-vieilles, elles sont sujettes à une maladie qui souvent est mortelle, et qui se manifeste par des excroissances semblables à des mousses, et répan- dues sur la tête, ainsi que le long du dos. Elles peuvent, quoique jeunes, mourir de la même maladie, si des eaux de neige ou des eaux corrompues parviennent en trop grande quantité dans leur séjour, ou si leur habitation est pendant trop longtemps recouverte par une couche épaisse de glace qui ne permette pas aux gaz malfaisants, produits au fond des lacs, des étangs ou des rivières, de se dissiper dans l'atmosphère. Ces mêmes eaux de neige, ou d'autres causes moins connues, leur donnent une autre maladie, ordinairement moins dangereuse que la première, et qui, faisant naître des pustules au-dessous des écail- les, a reçu le nom de petite vérole. Les carpes peuvent aussi périr d'ulcères qui rongent le foie, l'un des organes essentiels des poissons. Elles ne sont pas moins exposées à être tourmentées par des vers intestinaux; et cette disposition à souffrir de plusieurs maladies doit moins étonner dans des animaux dont les nerfs sont moins sensibles qu'on ne le croi- rait. Le savant Michel Buniva, président du conseil supérieur desanté de Turin, a prouvé par plusieurs expériences, que l'aimant exerce une influence très-marquée sur les carpes, 308 FÎISTOIRE NATURELLE même à quatre pouces de dislance de ces cyprins, et que la pile galvanique agissait vive- ment sur ces poissons, principalement lorsqu'ils étaient hors de l'eau. C'est surtout dans leur patrie naturelle que les carpes jouissent des facultés qui les distinguent. Ce séjour que la nature leur a prescrit depuis tant de siècles, et sur lequel l'art ne parait pas avoir influé, est l'Europe méridionale. Elles ont été néanmoins trans- portées avec facilité dans des contrées plus septentrionales. Que l'on n'oublie pas que Maschal les porta en Angleterre en 1.^14, que Pierre Oxe les habitua aux eaux du Dane- marck en 1Î360; qu'elles ont été acclimatées en Hollande et en Suède. Mais on dirait que la puissance de l'homme n'a pas encore pu, dans les pays trop voisins du cercle polaire, contre-balancer tous les effets d'un climat rigoureux. Les carpes sont moins grandes, à mesure qu'elles habitent plus près du nord; et voilà pourquoi, suivant Bloch, on envoie tous les ans, de Prusse à Stockholm, plusieurs vaisseaux chargés d'un grand nombre de ces cyprins. Dans sa lutte avec la nature, la constance de l'homme a cependant d'autant plus de chances favorables pour modifier l'espèce de la carpe, qu'il peut asir sur un très-grand nombre de sujets. Les carpes, en effet, se multiplient avec une facilité si grande, que les possesseurs d'étangs sont souvent embarrassés pour restreindre une reproduction qui ne peut accroître le nombre des individus qu'en diminuant la part d'aliment qui peut appar- tenir à chacun de ces poissons, et par conséquent en rappetissant leur dimensions, en dé- naturant leurs qualités, en altérant particulièrement la saveur de leur chair. Lorsque, malgré ces chances et ces etïorts, l'espèce s'est soustraite à l'influence des soins de l'homme, et qu'il n'a pas pu imprimer h des individus des caractères transmissibles à plusieurs générations, il peut agir sur des individus isolés, les améliorer par plusieurs moyens, et les rendre plus propres A satisfaire ses goûts. Il nous suffît d'indiquer, parmi ces moyens plus ou moins analogues à ceux que nous avons fait connaître en traitant des effets de l'art de l'homme sur la nature des poissons, l'opération imaginée par un pécheur anglais, et exécutée presque toujours avec succès. On châtre les carpes comme les bro- chets; on leur ouvre le ventre; on enlève les ovaires ou la laite; on rapproche les bords de la plaie; on coud ces bords avec soin : la blessure est bientôt guérie, parce que la vitalité des différents organes des poissons est moins dépendante d'un ou de plusieurs centres com- muns, que si leur sang était chaud, et leur organisation Irès-rapprochée de celle des mammifères; et l'animal ne se ressent du procédé qu'une barbare cupidité lui a fait subir, que parce qu'il peut engraisser beaucoup plus qu'auparavant. Mais il est des soins plus doux que la sensibilité ne repousse pas, que la raison ap- prouve, et qui conservent, multiplient et perfectionnent et les générations et les individus. Ce sont particulièrement les précautions que prend un économe habile, lorsqu'il veut re- tirer d'un étang qui renferme des carpes, les avantages les plus grands. Il établit, pour y parvenir, trois sortes d'étangs : des étangs pour le frai, des étangs pour l'accroissement, des étangs pour l'engrais. On choisit, pour les former, des marais ou des bassins remplis de joncs et de roseaux, ou des prés dont le terrain, sans être froid et très-mauvais, ne soit cependant pas trop bon pour être sacrifié à la culture des cyprins. Il faut qu'une eau assez abondante pour couvrir à la hauteur de trois pieds les parties les plus élevées de ces prés, de ces bassins, de ces marais, puisse s'y réunir, et en sortir avec facilité. On retient cette eau par une digue; et pour lui donner l'écoulement que l'on peut désirer, on creuse dans les endroits les plus bas de l'étang un canal large et profond, qui en parcourt toute la longueur, et qui aboutit à un orifice que l'on ouvre ou ferme à volonté. Les étangs pour le frai ne doivent renfermer qu'un hectare ou environ. 11 est néces- saire que la chaleur du soleil puisse les pénétrer : il est donc avantageux qu'ils soient exposés à l'orient ou au midi, et qu'on en écarte toutes sortes d'arbres; il faut surtout en éloigner les aunes, dont les feriilles pourraient nuire aux poissons. Les bords de ces étangs doivent présenter une pente insensible, et une assez grande quantité de joncs et d'herbages pour recevoir les œufs et les retenir à une distance convenable de la surface de l'eau. On n'y souffre ni grenouilles, ni autres animaux aquatiques et voraces. On les garantit, par des épouvantails, de l'approche des oiseaux palmés, et on n'en laisse point sortir de l'eau, de peur qu'une partie des œufs ne soit entraînée et perdue. On emploie pour la ponte et la fécondation de ces œufs, des carpes de sept, de huit, et même de douze ans; mais on préfère celles de six, qui annoncent de la force, qui sont grosses, qui ont le dos presque noir, et dont le ventre résiste au doigt qui le presse. On ne les met dans DES POISSONS. 509 l'étang que lorsque la saison esl assez avancée pour que le soleil en ait échaufté l'eau. On place communément dans une pièce d'eau d'un hectare, seize ou dix-sept mâles, et sept ou huit femelles. On a cru quelquefois augmenter leui' vertu prolifique en frottant leurs nageoires et les environs de leur anus avec du caatorhim et des essences d'épiceries • mais ces ressources sont inutiles, et peuvent être dangereuses, parce qu'elles obligent à manier et à presser les poissons pour lesquels on les emploie. Les jeunes carpes habitent ordinairement, pendant deux ans, dans les étangs formés pourleur accroissement, et on les transporte ensuite dans un étang établi pour les engrais- ser, d'où, au bout de trois ans, on peut les i^etirer, déjà grandes, grasses et agréables au goût. Elles s'y sont nourries, au moins le plus souvent, d'insectes, de vers, de débris de plantes altérées, de racines pourries, de jeunes végétaux aquatiques, de fragments de fiente de vache, de crottin de cheval, d'excréments de brebis mêlés avec de la glaise, de fèves, de pois, de pommes de terre coupées, de navets, de fruits avancés, de pain moisi, de pâte de chènevis, et de poissons gâtés. On peut être obligé, après quelques années, de laisser à sec, pendant dix ou douze mois, l'étang destiné à l'engrais des carpes. On profite de cet intervalle pour y diminuer, s'il est nécessaire, la quantité des joncs et des roseaux, et pour y seniei- de l'avoine, du seigle, des raves, des vesces, des choux blancs, dont les racines et d'autres fragments restent et servent d'aliment aux carpes qu'on indroduit dans l'étang renouvelé. Si la surface de l'étang se gèle, il faut en faire sortir un peu d'eau, afin qu'il se forme au-dessous de la glace un vide dans lequel puissent se rendre les gaz délétères, qui dès lors ne séjournent plus dans le fluide habité par les carpes. Il suffît quelquefois de faire dans la glace des trous plus ou moins grands et plus ou moins nombreux, et de prendre des précautions pour que les carpes ne puissent pas s'élancer par ces ouvertures, au-dessus de la croûte glacée de l'étang, où le froid les ferait bientôt périr. Mais on assure que, lorsque le tonnerre est tombé dans l'étang, on ne peut en sauver le plus souvent les carpes, qu'en renouvelant piesque en entier l'eau qui les renferme, et que l'action de la foTidre peut avoit imprégnée d'exhalaisons malfaisantes. Au reste, il est presque toujours assez facile d'empêcher, pendant l'hiver, les carpes de s'échapper par les trous que l'on peut avoir faits dans la glace. En effet, il arrive le plus souvent que, lorsque la surface de l'étang commence à se prendre et à se durcir, les carpes cherchent les endroits les plus profonds, et par conséquent les plus garantis du froid de l'atmosphère, fouillent avec leur museau et leurs nageoires dans la terre grasse, y font des trous en forme de bassins, s'y rassemblent, s'y entassent, s'y pressent, s'y engourdissent, et y passent l'hiver dans une torpeur assez grande pour n'avoir pas besoin de nourriture. On a même observé assez fréquemment et avec assez d'attention cette torpeur des carpes, pour savoir que, pendant leur long sommeil et leur long jeûne, ces cyprins ne perdent guère que le douzième de leur poids. Lorsqu'on ne surmonte pas, par les soins éclairés de l'art, les effets des causes naturel- les, les carpes élevées dans les étangs ne sont pas celles dont la chair est la plus agréable au goût; on leur trouve une odeur de vase, qu'on ne fait passer qu'en les conservant, pendant près d'un mois, dans une eau très-claire, ou en les renfermant pendant quelques jours dans une huche placée au milieu d'un courant. On leur préfère celles qui vivent dans un lac, encore plus celles qui séjournent dans une rivière, et surtout celles qui habi- tent un étang ou un lac traversé par les eaux fraîches et rapides d'un grand ruisseau, d'une rivière ou d'un fleuve. Tous les fleuves et toutes les rivières ne communiquent pas d'ailleurs les mêmes qualités à la chair des carpes. Il est des rivières dont les eaux donnent à ceux de ces cyprins qu'elle nourissent une saveur bien supérieure à celle des autres carpes; et parmi les rivières de France, on peut citer particulièrement celle du Lot i. ! J'ai reçu, il y a plusieurs années, sur les carpes du Lot, des observations précieuses et très-bien faites, de feu le chef de brigade Daurière, dont la maison de campagne était située sur le bord de cette rivière, et qui avait consacré à Pétude de la nature et aux progrès de l'art rural tous les moments que le service militaire avait laissés à sa disposition. Les amis des sciences naturelles me sauront "té de payer ici un tribut de reconnaissance et de regrets à cet officier supérieur, avec lequel j'étais lié par les liens du sang et de l'amitié la plus fidèle ; dont le souvenir vivra à jamais dans mon âme attendrie • dont la loyauté, la valeur, la constance héroïque, l'humanité généreuse, le dévouement sans bornes aux devoirs les plus austères, le talent distingué dans les emplois militaires, le zèle éclairé dans les fonctions civiles, avaient mérité depuis longtemps la vénération et l'attachement de ses concitoyens, et qui, après avoir fait des prodiges de bravoure dans la dernière guerre de la Belgique et de la Hol- lande, y avoir conquis bien des cœurs à la république, et s'être dérobé sans cesse aux récompenses et 510 HISTOIRE NATURELLE Dans les fleuves, les rivières et les graniis lacs, on pêche les carpes avec la seine : on emploie pour les prendre dans les étangs, des collerets, des louves et des nasses, dans lesquels on met un appât. On peut donc aussi se servir de l'hameçon pour la pèche des carpes. Mais ces cyprins sont très-souvent plus difficiles à prendre qu'on ne le croirait : ils se méfient des différentes substances avec lesquelles on cherche à les attirer. D'ailleurs, lorsqu'ils voient les filets s'approcher d'eux, ils savent enfoncer leur fête dans la vase, et les laisser passer par-dessus leur corps, ou s'élancer au delà de ces instruments, par une impulsion qui les élève à six pieds ou environ au-dessus de la surface de l'eau. Aussi les pêcheurs ont-ils quelquefois le soin d'employer deux trubles, dont la position est telle que lorsque les carpes sautent pour échappera l'un, elles retombent dans l'autre. La fréquence de leurs tentatives à cet égard, et par conséquent l'étendue de leur ins- tinct, sont augmentées par la facilité avec laquelle elles peuvent résister aux contusions, aux blessures, à un séjour prolongé dans l'atmosphère. C'est par une suite de cette faculté qu'on peut les transporter à de très-grandes distances sans les faire périr, pourvu qu'on les renferme dans de la neige, et qu'on leur mette dans la bouche un petit morceau de pain trempé dans de l'alcool affaibli ; et c'est encore cette propriété qui fait que, pen- dant l'hiver, on peut les conserver en vie dans des caves humides, et même les engraisser beaucoup, en les tenant suspendues après les avoir entourées de mousse, en arrosant souvent leur enveloppe végétale, et en leur donnant du pain, des fragments de plantes et du lait. Dans le temps de Bélon, on faisait avec les œufs de carpes du caviar, qui était très- recherché à Constantinople et dans les environs de la mer Noire, ainsi que de l'Archipel, et qui était acheté avec d'autant plus d'empressement par les Juifs de ces contrées asia- tiques et européennes, que leurs lois religieuses leur défendent de se nourrir de caviar fait avec des œufs d'acipeusères. La vésicule du fiel de ces cyprins contient un liquide d'un vert foncé, très-amer, et dont on a fait usage en peinture pour avoir une couleur verte; et si nous écrivions l'his- toire des erreurs et des préjugés, nous parlerions de toutes les vertus extraordinaires et ridicules que l'on a supposées pour la guérison de plusieurs maladies, dans une petite éminence osseuse du fond du palais des cyprins que nous considérons, que l'on a nommée Pierre de carpe, et que l'on a souvent portée avec une confiance aveugle, comme un pré- servatif infaillible contre des maux redoutables. On trouve parmi les carpes, comme dans les autres espèces de poissons, des monstruo- sités plus ou moins bizarres. La collection du Muséum d'histoire naturelle renferme un de ces cyprins, dont la bouche n'a d'autre orifice extérieur que ceux des branchies. Mais ces poissons sont sujets à présenter dans leur tète, et plus particulièrement dans leur museau, une difformité qui a souvent frappé les physiciens, et qui a toujours étonné le vulgaire, à cause des rapports qu'elle lui a paru avoir avec la tète d'un cadavre humain, ou au moins avec celle d'un dauphin. Rondelet, Gesner, Aldrovande, et d'autres naturalistes, en ont donné la figure ou la description : on en voit des exemples dans un grand nom- à la renommée, a trouvé en Italie le prix de ses hauts faits et de ses vertus le plus digne de lui, dans la gloire de mourir pour sa patrie, dans h douleur de ses frères d'armes, dans les éloges de Bonaparte. Nous ne croyons pas pouvoir lui décerner ici un hommage plus cher à ses mânes, (ju'en transcrivant la note suivante, qui nous a été remise dans le temps par le brave chef de bataillon Cohendet, digne ami et digne camarade de Daurière : « Le chef de la quatorzième demi- brigade de ligne, le citoyen Daurière, aussi recommandable par un courage digne des plus grandes âmes que par ses rares vertus et ses talents, marchant à la tète et en avant de ses grenadiers, et excitant encore leur bouillant courage du geste et de la voix, fut tué, au mois de nivôse an v (2'J février I7!)7), à la prise des formidables redoutes d'Alla, qui défendaient les gorges du Tyrol et les approches de Trente. En dernier lieu, lors de l'évacuation du Tyrol par les troupes françaises, un détachement de la ([uatorzièmc passant par Alla, sur les lieux témoins de ses exploits, et de la perte irréparable qu'elle avait faite de son chef, fit halte par un mouvement spontané, et d'une voix unanime témoigna à l'oflicier qui le commandait, le besoin qu'il avait d'ho- norer les mânes de son généreux colonel. Le capitaine met sa troupe en bataille, lui fait présenter les armes, prononce un éloge funèbre de leur respectable commandant, et ordonne une décharge générale sur la terre qui renferme les restes précieux du chef de brigade. Brave Daurière, quelle douce récompense pour ton cœur paternel, si tu eusses pu voir ces fiers vétérans des armées du Nord et d'Italie, les yeux baignés de larmes, s'encourager, par le récit de tes vertus, à redoubler de zèle, de courage et d'amour pour leurs devoirs ! Leur intention était de recueillir et de suspendre au dra- peau, dans une boite d'or, des os du sage qui, pendant six ans, les avait commandés avec tant d'hon- neur; mais restée sur le champ de bataille le jour et la veille d'un combat, la demi-brigade avait 11 été forcée de confier le pénible soin de sa sépulture 5 un petit nombre d'officiers : aucun de ces n derniers n'était présent, et l'on eut In douleur de ne pouvoir découvrir le corps de Daurière. » DES POISSONS. Mi bre de cabinets. Le Muséum d'histoire naturelle a reçu dans le temps, de feu le président de Meslay, une carpe qui offrait cette conformation montrueuse, et que l'on avait péchée dans l'étang de Meslay; et M. Noël de Rouen nous a transmis un dessin d'une carpe altérée de la même manière dans les formes de son museau, que l'on avait prise dans un étang voisin de Caen, et qui était remarquable d'ailleurs par l'uniformité de la couleur verte également répandue sur toute la surface de l'animal. Mais, indépendamment de ces monstruosités et des variétés dont nous avons déjà parlé, l'espèce de la carpe est fréquemment modifiée, suivant plusieurs naturalistes, par son mélange avec d'autres espèces du genre des cyprins, particulièrement avec des carassins et des gibèles. Il résulte de ce mélange, des individus plus gros que des gibèles ou des carassins, mais moins grands que des carpes, et qui ne pèsent guère que de deux à quatre livres. Gesner, Aldrovande, Schwenckfeld, Schoneveld, Marsigli, Willughby et Klein, ont parlé de ces métis auxquels les pêcheurs de l'Allemagne septentrionale ont donné diffé- rents noms. On les reconnaît à leurs écailles, qui sont plus petites, plus attachées à la peau que celles des carpes, et montrent des stries longitudinales; de plus, leur tête est plus grosse, plus courte, et dénuée de barbillons. 3Iais Bloch pense qu'on ne voit ces dernières différences que lorsque des œufs de carpes ont été fécondés par des carassins ou par des gibèles, parce que les métis ont toujours la tête et la caudale du mâle. Si ce dernier fait est bien constaté, il faudra le regarder comme un des phénomènes les plus propres à fonder la théorie de la génération des animaux. LE CYPRIN BARBEAU. Barbus communis, Cuv. ; Cyprinus Barbus, Linn., Gmel., Bl., Lac. ; Cyprinus Capito, Linn., Gmel. t. Ce poisson a quelques rapports extérieurs avec le brochet, à cause de l'allongement de sa tête, de son corps et de sa queue. La partie supérieure de ce cyprin est olivâtre ; les côtés sont bleuâtres au-dessus de la ligne latérale, et blanchâtres au-dessous de cette même ligne, qui est droite et marquée par une série de points noirs; le ventre et la gorge sont blancs; une nuance rougeâlre est répandue sur les pectorales, sur les ventrales, sur la nageoire de l'anus et sur la caudale, qui d'ailleurs montre une bordure noire ; la dorsale est bleuâtre. La lèvre supérieure est rouge, forte, épaisse, et conformée de manière que l'animal peut l'étendre et la retirer facilement. Les écailles sont striées, dentelées et attachées fortement à la peau. L'épine dorsale renferme quarante-six ou quarante-sept vertèbres, et s'articule, de chaque côté, avec seize côtes. Le barbeau se plaît dans les eaux rapides qui coulent sur un fond de cailloux; il aime à se cacher parmi les pierres et sous les rives avancées. Il se nourrit de plantes aquatiques, de limaçons, devers et de petits poissons; on l'a vu même rechercher des cadavres. Il parvient au poids de dix-huit ou vingt livres. On le pêche dans les grands fleuves de l'Eu- rope, et particulièrement dans ceux de l'Europe méridionale. Suivant Bloch, il acquiert dans le Véser une graisse très-agréable au goût, à cause du lin que l'on met dans ce fleuve. Il ne produit que vers sa quatrième ou sa cinquième année. Le printemps est la saison pendant laquelle il fraie : il remonte alors dans les rivières, et dépose ses œufs sur des pierres, à l'endroit où la rapidité de l'eau est la plus grande. On le pêche avec des filets ou à laligne,!et on l'attire avec de très-petits poissons, des vers, des sangsues, du fromage, du jaune d'œuf ou du camphre. Sa chair est blanche et de bon goût. On assure cependant que ses œufs sont très-malfaisants : mais Bloch, je ne sais pourquoi, regarde comme fausses les propriétés funestes qu'on leur attribue. Nous lisons dans les notes manuscrites de M. Pénières, que nous avons déjà cité plusieurs fois, que, dans le département de la Corrèze, les barbeaux cherchent les bassins profonds et pierreux. Au moindre bruit, ils se cachent sous les rochers saillants, et ils se tiennent sous cette sorte de toit avec tant de constance que, lorsqu'on fouille leur asile, ils souffrent qu'on enlève leurs écailles, et reçoivent même souvent la mort plutôt que de se jeter contre le filet qui entoure leur retraite, et dans les mailles duquel le rayon dentelé de leur dorsale ne contribuerait pas peu à les retenir. Ils se réunissent en troupes de douze, de quinze et qiielquefois de cent individus. Ils se renferment dans une grotte commune, à laquelle leur association doit le nom de nichée, que leur donnent les pêcheurs. Lorsque les rivières qu'ils fréquentent charrient des gla- çons, ils choisissent des graviers abrités contre le froid, et exposés aux rayons du soleil ; \ Du sons-genre BAnsEAr, Barbus, Cuv., dans le grand genre Cyprin, famille des Cyprinoïdes, ordre des Malacoptérygiens abdominaux. D. 512 HISTOIRE NATURELLE et si la surface de la rivière se gèle et se durcit, ils vieunenl assez fréquemnienf auprès des trous qu'on pratique dans la i^lace, peut-être pour s'y pénétrer du peu de chaleur que peuvent leur donner les rayons aiïaiblis du soleil de l'hiver. Plusieurs barbeaux se trouvent-ils réunis dans un réservoir où ils manquent de nourri- ture, ils sucent la queue les uns des autres, au point que les plus gros ont bientôt exténué les plus petits. LE CYPRIN SPÉCULAIRE. Cyprinus Carpio, var., Cuv.; Cyprinusspecularis, Lac; Cyprinus Rex 'cyprinorum, Bl. i. ET LE CYPRIN A CUIR. Cyprinus Carpio, var., Cuv. ; Cyprinus coriaceus, Lac. ; Cyprinus nudus, Bl. 2. Nous donnons le nom de Spkulaire à un cyprin très-remarquable par les grandes écailles disposées en séries, et quelquefois distribuées d'ailleurs avec plus ou moins d'irré- gularité sur sa surface. Ces écailles sont souvent quatre ou cinq fois plus larges à propor- tion que celles de la carpe, et, quoique striées de manière à paraître comme rayonnées, ellesontassezd'éclatpour être comparées à depelitsmiroirs.Ces lames brillantes sont ordi- nairement placées de manièi-e qu'elles forment de chaque côté deux ou trois rangées lon- gitudinales. Leur couleur est jaune, et une bordure brune relève leurs nuances. Elles se détachent facilement de l'animal; et lorsqu'elles ne sont pas répandues sur tout le corps du poisson, les places qu'elles laissent dénuées de substance écailleuse sont recouvertes d'une peau noirâtre, plus épaisse que celle qui croît au dessous de ces lames spéculaires. Ou trouve les cyprins qui sont revêtus de ces écailles grandes et luisantes, dans plusieurs contrées de l'Europe; mais ils sont Irès-multipliés dans l'Allemagne septentrionale, parti- culièrement dans le pays d'Anhalt, dans 1? Saxe, dans la Franconie, dans la Bohême, où on les élève dans des étangs, où ils parviennent à une grosseur très-considérable, et où leur chair acquiert une saveur que l'on a préférée au goût de celle de la carpe. Si les cyprins spéculaires perdaient tous les miroirs écailleux qui sont disséminés sur leur siirface, ils ressembleraient beaucoup aux Cyprins à cuir. Ces derniers néanmoins ont la peau plus brune, plus dure et plus épaisse; ce qui leur a fait donner le nom spéci- fique que nous leur conservons. Ces cyprins à cuir vivent en Silésie, où on peut les mul- tiplier et les faire croître aussi promptement que les carpes. Bloch rapporte que M. le baron de Sierstorpff, qui en a eu dans ses étangs auprès de Breslau, et qui les a très-bien observés, a vu des cyprins qui par leurs caractères paraissaient tenir le milieu entre les Cyprins à cuir et les Cyprins spéculaires, et qu'il regardait comme des métis provenus du mélange de ces deux espèces. LE CYPRIN BINNY. Barbus Binny, Cuv. ; Cyprinus Binny, Forsk., Linn., Gmel., Lac. ; Cyprinus lepidotus, Geoffroy. Le Ciiprin Bulalmai , Barbus Bulatmai, Cuv. ; Cyprinus Bulatmai , Pallas , Linn., Gmel., Lacep. — C.Mnrse, Barbus Mursa, Cuv.; Cyprinus Mursa, Guldenst., Linn., Gmel., Lac. — C. Rouge-brun, Cyprinus rubro-fuscus, Lac. Le binny, que les eaux du Nil nourrissent, a la tête un peu comprimée : le dos élevé ; le ventre arrondi ; la ligne latérale courbée vers le bas ; l'anale et la caudale rouges, avec du blanc à leur base, et les autres nageoires blanchâtres et bordée d'une couleur mêlée de roux. L'éclat de l'argent dont brillent ses écailles le fait remarquer, comme celui de l'or attire l'œil de l'observateur sur le bulatmai de la mer Caspienne. Ce dernier poisson pré- sente en effet des reflets dorés au milieu des teintes argentines du ventre, et des nuances couleur d'acier de sa partie supérieure. Sa tête, brune par-dessus, et blanche par-dessous; la dorsale noirâtre; la nageoire de la queue rougeàtre; l'anale rouge, avec la base blan- châtre; l'extrémité des pectorales et celle des ventrales, d'un rouge plus ou moins vif; la base de ces ventrales et de ces pectorales, grise ou blanche, ou d'un blanc mêlé de gris. La mer Caspienne, dans laquelle on trouve le bulatmai, nourrit aussi le murse. Une couleur dorée, mêlée de brun dans la partie supérieure du poisson, et de blanc dans la partie inférieure de l'animal ; des opercules bruns et lisses; une anale semblable par sa forme aux ventrales, et blanche comme ces dernières; les taches brunes de ces ventrales, la teinte foncée des autres nageoires; l'allongement de la tête, du corps et de la queue; la convexité du crâne ; la petitesse des écailles ; la mucosité répandue sur les téguments, ser- vent à distinguer ce cyprin murse, qui parvient à la longueur de douze à seize pouces, et \--2 Ces deux poi.ssons sont considôrés, par M. Cuvicr, comme de simples variétés de la cnrpe ordi- naire, CypTîmia carpio, voyez ci-avant, p. îJoG. D. DES POISSONS. 513 qui remonte dans le fleuve Cyrus, lorsque le printemps ramène le temps du frai. Les deux mâchoires du rouge-brun sent presque également avancées. Ce cyprin vit dans les eaux de la Chine ; on peut en voir une figure très-bien faite dans la collection des pein- tures chinoises données à la France par la Hollande. Nous en publions les premiers la description. LE CYPRIN GOUJON. Gobio communis, Cuv. ; Cyprinus Gobio, Linn.. Gmel., Bl., Lac. i. ET LE CYPRIN TANCHE. Tinca vulgaris, Cuv.; Cyprinus Tinca, Linn., Gmel.,Bl.,Lac. 2. Lacs paisibles, rivières tranquilles, ombrages parfumés, rivages solitaires, et vous, retraites hospitalières, où la modération ne plaça sur une table frugale que des mets avoués par la sagesse, séjour du calme, asile du bonheur pour les cœurs sensibles que la perle d'un objet adoré n'a point condamnés à des regrets éternels, vos images enchante- resses ne cessent d'entourer le portrait du poisson que nous allons décrire. Son nom rap- pelle et les rives fortunées près desquelles il éclot, se développe et se reproduit, et l'habi- tation touchante et simple des vertus bienfaisantes, des affections douces, de l'heureuse médiocrité dont il sert si souvent aux repas salutaires. On le trouve dans les eaux de l'Eu- rope dont le sel n'altère pas la pureté, et particulièrement dans celles qui reposent ou coulent mollement et sans mélange sur un fond sablonneux. Il préfère les lacs que la tem- pête n'agite pas. Il y passe l'hiver; et lorsque le printemps est arrivé, il remonte dans les rivières, où il dépose sur les pierres sa laite ou ses œufs dont la couleur est bleuâtre et le volume très-petit. Il ne se débarrasse de ce poids incommode que peu à peu, et en employant souvent près d'un mois à cette opération, dont la lenteur prouve que tous les œufs ne parviennent pas à la fois à la maturité, et que les diverses parties de la laite ne sont entièrement formées que successivement. Dans quelques rivières, et notamment dans celle de la Corrèze, il ne fréquente ordinairement les f'rayèresz que depuis le coucher du soleil jusqu'au lever de cet astre. M. Pénières, de qui nous tenons cette dernière observation, nous a écrit que, dans le Cantal et la Corrèze, les femelles de l'espèce du goujon, et de plusieurs autres espèces de poissons, étaient cinq ou six fois plus nombreuses que les mâles. Vers l'automne, les goujons reviennent dans les lacs; on les prend de plusieurs maniè- res; on les pêche avec des filets et avec l'hameçon. Ils sont d'ailleurs la proie des oiseaux d'eau, ainsi que des grands poissons, et cependant ils sont Irès-multipliés. Us vivent de plantes, de petits œufs, de vers, de débris de corps organisés. Us paraissent se plaire plusieurs ensemble; on les rencontre presque toujours réunis en troupes nombreuses. Ils perdent difficilement la vie. A peine parviennent-ils à la longueur de quatre à huit pouces. Leur canal intestinal présente deux sinuosités ; quatorze côtes soutiennent de chaque côté l'épine dorsale, qui renferme trente-neuf vertèbres. Leur mâchoire supérieure est un peu plus avancée que celle de dessous ; leurs écailles sont grandes, à proportion de leurs principales dimensions; leur ligne latérale est droite. Leur couleur varie avec leur âge, leur nourriture, et la nature de l'eau dans laquelle ils sont plongés : mais le plus souvent un bleu noirâtre règne sur leur dos : leurs côtés sont bleus dans leur partie supérieure; le bas de ces mêmes côtés et le dessous du corps offrent des teintes mêlées de blanc et de jaune; des taches bleues sont placées sur la la ligne latérale; et l'on voit des taches noires sur la caudale et sur la dorsale, qui sont jaunâtres ou rougeâtres, comme les autres nageoires. Les tanches sont aussi sujettes que les goujons à varier dans leurs nuances, suivant l'âge, le sexe, le climat, les aliments et les qualités de l'eau. Communément on remarque du jaune verdâtre sur leurs joues, du blanc sur leur gorge, du vert foncé sur leur front et sur leur dos, du vert clair sur la partie supérieure de leurs côtés, du jaune sur la partie inférieure de ces dernières portions, du blanchâtre sur le ventre, du violet sur les nageoires : mais plusieurs individus montrent un vert plus éclairci, ou plus voisin du noir; les mâles particulièrement ont des teintes moins obscures. Ils ont aussi les ventrales plus grandes, les os plus forts, la chair plus grasse et plus agréable au goût. Dans les 1 Le goujon est le type du sous-genre Goujon, Gobio, Cuvier, dans le grand genre Cypbin, famille des Cyprinoïdes, ordre des Malacoptérygiens abdominaux. D. â La Tanche est le type du sous-genre Tanche, Tinca, formé par M. Cuvier , dans le grand genre Cyprin, Cyprinus. D. 3 Nom donné dans plusieurs contrées aux endroits où fraient les poissons. Mi HISTOIRE NATURELLE femelles comme dans les mâles, la tête est grosse; le front large; l'œil petit; la lèvre épaisse; le dos un peu arqué; chacun des os qui retiennent les pectorales ou les ventrales, très-fort; la peau noire; toute la surface de l'animal couverte d'une matière visqueuse assez abondante pour empêcher de distinguer facilement les écailles; l'épine dorsale composée de trente-neuf vertèbres et soutenue à droite et à gauche par seize côtes. On trouve des tanches dans presque toutes les parties du globe. Elles habitent dans les lacs et dans les marais : les eaux stagnantes et vaseuses sont celles qu'elles recherchent. Elles ne craignent pas les rigueurs de l'hiver : on n'a pas même besoin, dans certaines contrées, de casser en dillèrenls endroits la glace qui se forme au-dessus de leur asile; ce qui prouve qu'il n'est pas nécessaire d'y donner une issue aux gaz qui peuvent se produire dans leurs retraites, et ce qui paraît indiquer qu'elles y passent la saison du froid enfon- cées dans le limon, et au moins à demi engourdies, ainsi que l'ont pensé plusieurs naturalistes. On peut mettre des tanches dans des viviers, dans des mares, même dans de simples abreuvoirs; elles se contentent de peu d'espace. Lorsque l'été approche, elles cherchent des places couvertes d'herbe pour y déposer leurs œufs, qui sont verdâtres et très-petits. On les pêche à l'hameçon ainsi qu'avec des filets : mais fréquemment elles rendent vains les efforts des pêcheurs, ainsi que la ruse ou la force des poissons voraces, en se cachant dans la vase. La crainte tout comme le besoin de céder à l'influence des changements de temps, les porte aussi quelquefois à s'élancer hors de l'eau, dont le défaut ne leur fait pas perdre la vie aussi vile qu'à beaucoup d'autres poissons. Elles se nourrissent des mêmes substances que les carpes, et peuvent par conséquent nuire à leur multiplication. Leurs poids peut être de six à huit livres. Leur chair molle, et quelquefois imprégnée d'une odeur de limon et de boue, est difficile à digérer. Mais d'ailleurs, suivant les pays, les temps, les époques de l'année, les altérations ou les modi- fications des individus, et une sorte de mode ou de convention, elles ont été estimées ou dédaignées. On s'est même assez occupé de ces abdominaux dans beaucoup de contrées, pour leur attribuer des propriétés très-extraordinaires. On a cru que, coupées en mor- ceaux, et mises sous la plante des pieds, elles guérissaient de la peste et des fièvres brû- lantes; qu'appliquées vivantes sur le front, elles apaisaient les maux de tête ; qu'attachées sur la nuque, elles calmaient l'inflammation des yeux; que placées sur le ventre, elles faisaient disparaître la jaunisse; que leur fiel chassait les vers, et que les poissons gué- rissaient leurs blessures, en se frottant contre la substance huileuse qui les enduit. LE CYPRIN CAPOET. Gobio Capoeta, Cuv.; Cypriiius Capoeta, Guldenst., Linn., Gmel., Lac. i. Le Cyprin Tanchor, Tança vulgarls, var.;aurea, Cuv.; Cyprinus Tinca auralus, BI., Lac; Cyprinus Tinca, var., B. aurea.; Linn., Gmel.— C. Voncondre, Cirrliinus Vonconder, Cuv.; Cyprinus cirrho- sus, Blocli; Cyprinus Vonconder, Lacep. — C vcnlAire, Cyprinus viridescens, Lac. Lecapoet habite dans la mer Caspienne; il remonte dans les fleuves qui se jettent dans cette mer : mais ce qui est remarquable, c'est qu'il passe la belle saison dans cette mer intérieure, et qu'il ne va dans l'eau douce que pendant l'hiver. Sa longueur est de douze ou quinze pouces. Il a les écailles arrondies, minces, striées, argentées, et pointillées de brun, excepté celles du ventre, qui sont blanches; la tête courte, très-large et lisse; le sommet de la tête brun et convexe; le museau avancé; les opercules unis, bruns et poin- tillés; la ligne latérale courbée vers le bas, auprès de son origine ; les nageoires brunes et parsemées de points obscurs; un appendice auprès de chaque ventrale. Le cyprin tanchor doit être compté parmi les plus beaux poissons. La dorure éclatante répandue sur sa surface, le noir brillant des points ou des taches que l'on voit sur son corps, sur sa queue et sur ses instruments de natation, le blanchâtre transparent de ses nageoires, les teintes noires de son front et de la partie antérieure de son dos, font paraî- tre très-vifs et rendent très-agréables le rose des lèvres et du nez, celui qui colore ses rayons d'ailleurs très-agiles, et le rouge qui, distribué en petites gouttes plus ou moins rapprochées, marque le cours de sa ligne latérale. Il a celte même ligne latérale large et droite; sa tête est petite. Ce cyprin, qui peut faire l'ornement des canaux et des pièces d'eau, habite les étangs de la haute Silésie, d'où il a été transporté avec succès dans les eaux de Schœnhausen en Brandebourg, par les soins de la reine de Prusse, femme du grand Frédéric. Il résiste à i Du sous-genre Goujon, Gobio, dans le grand genre des Cyprins, Guy. D. DES POISSONS. SI 5 beaucoup d'accidents. Il ne croit que lentement; mais il parvient à une longueur de près de trois pieds. On peut le nourrir avec des débris de végétaux, des vers, du pain, des pois, des fèves cuites. On a cru remarquer qu'il était moins sensible que les carpes au son de la cloche dont on se sert dans plusieurs viviers pour avertir ces derniers poissons qu'on leur apporte leur nourriture ordinaire. Le voncondre vit dans les lacs et dans les rivières de la côte du Malabar. 11 parvient à la longueur d'un pied et demi. On ne doit pas oublier la compression de son corps; la sur- face unie de sa tête, de sa langue, de son palais; le peu de largeur des os de ses lèvres; la direction droite de sa ligne latérale; le violet argenté de sa couleur générale; le bleu de ses nageoires. Le verdàtre, dont la description n'a pas encore été publiée, et dont M. Noël a bien voulu nous envoyer un dessein accompagné d'une note relative à cet abdominal, montre un barbillon blanc, court et délié à chacun des angles de ses mâchoires. Ses couleurs sont très-chatoyantes. Un individu de cette espèce a été péché, vers la fin de mars, à la source d'un petit ruisseau, auprès de Rouen. LE CYPRIN ANNE-CAROLINE. Cyprinus Anna-Carolina , Lac. , Cuv. i. Voici le troisième hommage que mon cœur rend, dans cette histoire, aux vertus, à l'esprit supérieur, aux charmes, aux talentsd'une épouse adorée et si digne de l'être. Ah ! lorsque naguère j'exprimais, dans cet ouvrage, mes sentiments immortels pour elle, je pouvais encore et la voir, et lui parler, et l'entendre. C'était auprès d'elle que j'écrivais cet éloge si mérité, que j'étais obligé de cacher avec tant de soin à sa modestie. L'espé- rance me soutenait encore au milieu des peines cruelles que ses douleurs horribles me faisaient souffrir, et de la tendre admiration que m'inspirait cette patience si douce qu'une année de tourments n'a pu altérer. Aujourd'hui j'écris seul, livré à la douleur profonde, condamné au désespoir par la mort de celle qui m'aimait. Ah! pour trouver quelque soulagement dans le malheur affreux qui ne cessera de m'accabler que lorsque je reposerai dans la tombe de ma bien- aimée 2, que n'ai-je le style de mes maîtres pour graver sur un monument plus durable que le bronze l'expression de mon amour et de mes regrets éternels ! Du moins, les amis de la nature, qui parcourront cette histoire, ne verront pas cette page arrosée de mes larmes amères sans penser avec attendrissement à ma Caroline, si bonne, si parfaite, si aimable, enlevée si jeune à son époux désolé. Le cyprin que nous consacrons à sa mémoire, et dont la description n'a pas encore été publiée, est un des poissons les plus beaux et les plus utiles. A l'éclatde l'or et de l'argent, qui brillent sur son corps et sur sa queue, se réunit celui de ses nageoires, qui sont d'un jaune doré. Au milieu de l'or qui resplendit sur le derrière de la tête et sur la partie antérieure du dos, on voit une tache verdàtre placée sur la nuque, et trois taches d'un beau noir, la première ovale, la seconde allongée et sinueuse, et la troisième ronde, situées de chaque côté du poisson. Des taches Irés-inégales, irrégulières, noires, et distribuées sans ordre, relèvent avec grâce les nuances verdàtres qui régnent sur le dos. Chaque commissure des lèvres présente un barbillon ; l'ouverture de la bouche est petite; un grand orifice répond à chaque narine, les écailles sont striées et arrondies; les pectorales étroites et longues ; les rayons de chaque ventrale allongés, ainsi que ceux de l'anale, qui est à une égale distance des ventrales et de la nageoire de la queue. On trouvera une image de ce cyprin dans la collection des peintures sur vélin du Mu- séum d'histoire naturelle. Sa chair fournit une nourriture abondante et très-agréable. 1 M. Lacépède a établi cette espèce de poisson, seulement d'après une peinture chinoise, qui fait par- tie de la collection du Muséum d'Histoire naturelle. M. Cuvier pense que cette espèce se rapproche beaucoup de la carpe commune. D. •i Sa dépouille mortelle attend la mienne dans le cimetière de Leuville, village du département de Seine-et-Oise, où elle était née, où j'ai passé auprès d'elle tant de moments heureux, où elle a voulu reposer au milieu de ses proches, et où les larmes de tous les habitantsprouvont, plusque tous les éloges, sa bienfaisance et sa bonté. Bénis soient ceux qui me déposeront auprès d'elle dans son dernier asile ! 516 HISTOIRE NATURELLE LE CYPRLN MORDORÉ. Cyprinus nigro-auratus, Lac. i. ET LE CYPRIN VERT-VIOLET. Cyprinus viridi-violaceus, Lac. 2. Ces deux poissons sont encore inconnus des naturalistes. Ils habitent dans les eaux de la Chine. On peut en voir la figure et les couleurs dans les belles peintures chinoises que nous avons souvent citées, et qui sont déposées au Muséum d'histoire naturelle. La parure du mordoré paraît d'autant plus riche, que ces teintes dorées se marient avec des reflets rougeàlres, distribués sur sa partie inférieure. Indépendamment de la bossequel'on voitsur la nuque, trois petites élévations convexes sont placées l'une au-devant de l'autre, sur la partie supérieure de la (été. Chaque opercule est composé de trois pièces. Les pectorales et les ventrales sont de la même grandeur et de la même forme. L'anale et.t plus petite que chacune de ces nageoires, triangulaire, et composée de rayons arti- cules, excepté le premier, qui est fort et légèrement dentelé. La ligne latérale est courbée vers le bas. Le vert-violet a ses opercules anguleux par-derrière, et composés chacun de deux pièces. L'ouverture de la bouche est petite. Les pectorales, les ventrales et l'anale sont presque ovales; mais les premières sont plus grandes que les secondes, et les secondes plus grandes que la nageoire de l'anus. La ligne latérale est presque droite. Les écailles sont en losange. LE CYPRIN HAMBURGE. Cyprinus Carassius, Cuv., Linn., Gmel., Bl., Lac. 5. Le Cyprin céphale, Cyprinus Cephalus, Linn., Gmel., Lacep. — C. soyeux, Cyprinus sericeus, Linn., Gniei., Lac. — C. Zéelt, Cyprinus Zeell, Lac. Le museau de l'hamburge est arrondi; sa tète parait d'autant plus petite, que son corps a une très-grande hauteur, que ce poisson est très-épais, et que son dos se recourbe en arc de cercle. La partie supérieure est d'un brun foncé, qui se change en olivâtre sur la tête. Ses côtés sont verdâtres vers le haut, et jaunâtres vers le bas. Son ventre est d'un blanc mêlé de rouge. Ses pectorales sont violettes; des nuances jaunâtres et une bordure grise distinguent les autres nageoires. L'hamburge se plaît dans les eaux dont le fond est de glaise ou marneux; il aime les lacs et les étangs. Il ne contracte pas facilement de mauvais goût dans les eaux fangeuses : il vit dans celles qui sont dormantes, et qui n'occupent qu'un petit espace. Lorsque l'hiver règne, il peut même être conservé assez longtemps hors de l'eau sans périr; et, dans cette saison froide, on le transporte en vie à d'assez grandes dislances en le plaçant dans de la neige, et en l'entourant de feuilles de chou, de laitue, ou d'autres végétaux analo- gues à ces dernières plantes. Il se nourrit, comme les carpes, devers, de végétaux, de débris de substances organi- sées, qu'il ramasse dans la vase. On l'engraisse avec des fèves cuites, des pois, du pain de cliènevis, du fumier de brebis. Il croît lentement. Son poids n'exède guère une livre ; mais sa chair est blanche, tendre, saine, et peut devenir très-délicate. C'est ordinairement à l'âge de deux ans qu'il commence à frayer. On le prend avec des nasses, au filet et à l'hameçon. Son canal intestinal présente cinq sinuosités. Quinze côtes sont placées de chaque côté de soji épine dorsale, qui renferme trente vertèbres. Ses œufs sont jaunâtres, et à peu près de la grosseur des graines de pavot. Le Danube, le Rhin et d'autres fleuves nourrissent le céphale, dont la ligne latérale est située très-bas; ses écailles sont d'ailleurs grandes et arrondies; sa caudale est ovale. Des teintes bleuâtres jjaraissent sur son dos; son ventre et ses côtés, argentés pendant sa jeunesse, sont ensuite d'un jaune doré, parsemé de points bruns. Sa longueur est de douze à seize pouces. Le soyeux, qui habite les eaux dormantes de la Daurie, n'a le plus souvent que deux ou trois pouces de longueur. 11 est très-brillant d'aigenl, de violet et d'azur; une couleur de rose pâle j)arait sui' son abdomen; sa caudale est d'un biun lougeàtie; rexlrémilc de ses ventiales et de sa nageoire de l'anus montre une nuance plus ou moins noire. ier consiilèrc ces deux poissons, connus sculejnenl pai' des figures cliinoiscs, connue ajjpar- is-gcnre des Caiu-es, dans le grand genre Cvimiin, et nièine comme étant fort voisins de la re. D. 1-2 M. Cuvier tenant au sous-gci carpe ordinaire. u. -, L'IIumljurge, Carrasin ou Carreau est du sous-genre des Carpes, dans le grand genre Ckvpim, selon M. Cuvier. D. z I — I DES POISSONS. 517 Le zéeU, que les naliiralisfes ne connaissent pas encore, et dont nous avons vu un indi- vidu parmi les poissons desséchés donnés par la Hollande à la France, a les écailles peti- tes, et les pectorales arrondies, ainsi que les ventrales. LE CYPRIN DORÉ. Cyprinus auratus, Linn., Gmel., Lac, Cuv. Le Cyprin argenté, Cyprinus argenletis, Lac. — C. Télescope, Cyprinus auralus, var., Cuv.; Cyprinus Telescopus, Lac. — C. gros-yeux, Cyprinus auralus, var., Cuv., Cyprinus macropliliialnius, Lacep. — C. qualre-lobes, Cyprinus auralus, var., Cuv.; Cypriiius lelraiobalus, Lacep. La beauté du cyprin doré inspire une sorte d'admiration; la rapidité de ses mouve- ments charme les regards. Mais élevons notre pensée : nous avons sous les yeux un des plus grands triomphes de l'art sur la nature. L'empire que l'industrie européenne est parvenue à exercer sur des animaux utiles et affectionnés, sur ces compagnons coura- geux,infatigables et fidèles, quin'abandonneud'hommenidans ses courses, ni dans ses tra- vaux, ni dans ses dangers, sur le chien si ^ 'nsible, et le cheval si généreux, l'industrie chinoise l'a obtenu sur le Doré, cette espèce plus garantie cependant de son inCiience par le fluide dans lequel elle est plongée, plus indépendante par son instinct, et plus rebelle à ses soins, comme plus sourde à sa voix : mais la constance et le temps on vaincu toutes les résistances. Le besoin d'embellir et de vivifier les aux de leurs jardins, de leurs retraites, d'un sé- jour consacré aux objets qui leur étaient les plus chers, a inspiré aux Chinois les tenta- tives, les précautions et les ressources qui pouvaient le plus assurer leur succès; et comme, depuis bien des siècles, ils imitent avec respect les procédés qui ont réussi à leurs pères, c'est toujours par les mêmes moyens qu'ils ont agi sur l'espèce du doré; ils l'ont attaquée, pour ainsi dire, par les mêmes faces; ils ont pesé sur les mêmes points; les em- preintes on été deplusen plus creusées de généiationen gér.éralion; les chatigemeiits sont devenus profonds, et les altérations ont trop pénétré dans la masse, pour n'être pas durables. Ils l'ont modifiée à un tel degré, que les organes mêmes de la natation du doré n'ont pu résister aux effets d'une attention sans cesse renouvelée. Dans plusieurs individus, la surface des nageoires a été augmentée; dans d'autres, diminuée: dans ceux-ci, la dorsale a été réduite à un très-petit nombre de rayons, ou remplacée par une sorte de bosse et d'excroissance double ou simple, ou retranchée entièrement sans laisser de trace de son existence perdue; dans ceux-là, les ventrales ont disparu; dans quelques-uns, l'anole a été doublée, et la caudale, doublement échancrée, a montré un croissant double, ou trois pointes au lieu de deux; et si l'on réunit à ces signes de la puissance de Thomme toutes les différences quecepouvoirdel'arta introduites dans les proportions des organes du doré, ainsi que toutes les nuances que ce même art a mêlées aux couleurs n.ilurellsde ce cyprin, etsurloiit si l'on pense à toutes les combinaisons qui peuvent résulter dos divers mélanges de ces modifications plus ou moins importantes, ou ne sera pas étonné du nombre piodi- gieux de métamorphoses que le cyprin doré présente dans les eaux de la Chine ou dans celles de l'Europe. On peut voir les principales de ces dégradations, ou, si on l'nime mieux, de ces améliorations, représentées d'une manière très-intéressante dans un ouvrage publié, il y a plusieurs années, par MM.Marlinetet Sauvigny,et exécuté avec autant d'habileté (jue de soin d'après des dessins coloriés envoyés de la Chine au minisire d'Etat Bortiii. En examinant avec attention ce recueil précieux, on serait tenté de compter près de cent variétés, plus ou moins remarquables, produites par la main de l'homme dans l'espèce du cyprin ; et c'est ce titre assez rare de prééminence et de domination sur les productions de la nature, que nous avons cru devoir faire observer. Le désir d'orner sa demeure a produit le perfectionnement des cyprins dorés; la nou- velle parure, les nouvelles formes, lesnouveaux mouvenîentsqtieleuradonnés l'éducation, ont rendu leur domesticité plus nécessaire encoie aux Chinois. Les dames de la Chine, plus sédentaires que celles des autres contrées, plus obligées de multiplier autour d'elles tout ce qui peut distraire resi)ril, amuser le cœur, et charmer des loisirs trop prolongés, se sont surtout entourées de ces cyprins si décorés par la nature, si favorisés par l'art, images de leur beauté admirée, mais captive, et dont les évolutions, les jeux et les amours peuvent remplacer, dans des âmes mélancoliques, la peinede l'inaction, l'ennui du désœu- vrement, et le tourment de vains désirs, par des sensations légères mais douces, des idées fugitives mais agréables, des jouissances faibles mais consolantes et pures. Nou-seu- lement elles en peuplent leurs étangs, mais elles eu remplissent leurs bassins, et elles ea UCÉPÈDE. — TOME 11. 33 SI 8 HISTOIRE NATURELLE élèvent dans des vases de porcelaine ou de cristal, au milieu de leurs asiles les plus secrets. Les dorés sont particulièrement originaires d'un lac peu éloigné de la haute montagne que les Ciiinois nommonl Tsienking, et qui s'élève dans la province deThe-kiang, auprès de la ville de Tcliang-liou, vers le Ircnliènie degré de lalilude. Leur vérilable pairie appnilienl donc à un climat assez chaud. Mais on les a accoutumés facilement à une tem- pérature moins douce que celle de leur premier séjour : on les a transportés dans les autres provinces de la Chine, au Japon, en France, en Allemagne, en Hollande, dans presque toute l'Europe, dans les autres parties du globe; et, suivant Bloch, l'Angleterre en a nourri dès ICI I , sous le règne de Jacques 1". Le même savant rapporte que 31. Oeirichs, bourgmestre de Brème, avait élevé avec succès un assez grand nombre de cyprins dorés dans un bassin de trente-six pieds de long, qu'il avait fait creuser exprès. Lorsqu'on introduit ainsi de ces poissons dans un vivier ou dans un étang où l'on désire de les voir multiplier, il faut, si cette pièce d'eau ne présente ni bords unis , ni fonds tapissés d'herbe, y placer, dans le temps du frai, des branches et des rameaux verts. Celte même pièce d'eau renferme-t-elle du terreau ou de la terre grasse? les cyprins dorés trouvent dans cet humus un aliment suffisant. Le fond du bassin est-il sablonneux? on donne aux dorés du fumier, du i)ain de froment et du pain de chènevis. S'il est vrai, comme on l'a écrit, que les Chinois ne jettent pendant l'hiver aun.une nourriture aux dorés qu'ils conservent dans leurs jardins, ce ne doit être que dans les provinces de la Chine où cette saison est assez froide pour que ces cyprins y soient soumis au moins à un com- mencement de torpeur. Mais, quoi qu'il en soit, il faut procurer à ces poissons un abri de feuillage dont l'ombre, s'étendanl jusqu'à leur habitation, puisse les garantir de l'ar- deur du soleil, ou des effets d'une vive lumière, lors(pie cette chaleur trop forte, ou cette clarté trop grande, pourraient les incommoder ou blesser leurs yeux. Préfère-t-on de rapprocher de soi ces abdominaux dont la parure est si superbe , et de les garder dans des vases? on les nourrit avec des fragments de petites oublies, de mie de pain blanc bien fine, des jaunes d'oeufs durcis et réduits eu poudre, de la chair de porc hachée, des mouches ou de petits limaçons bien onctueux. Pendant l'été, il faut renouveler l'eau de leur vase tous les trois jours; et même plus souvent, si la chaleur est vive et étouffante: mais, pendant l'hiver, il suffit dechanger l'eau danslaquelle ils nagent, tousleshuitou tous les quinze jours. L'ouverture du vase doit être telle qu'elle suffise à la sortie des gaz qui doivent s'exhaler, et cependant que les cyprins ne puissent pas s'élancer facilement par-dessus les bords de cet orifice. Les dorés frayent dans le printemps , ont une grande abondance d'œufs ou de laite, multiplient beaucoup, et peuvent vivre quelque temps hors de l'eau. Leur instinct est un peu supérieur à celui de plusieurs autres poissons. L'organe de l'ouïe est en effet plus sen- sible dans ces abdominaux que dans beaucoup d'osseux et de carldagineux; ils distinguent aisément le son particulier qui leur annonce l'arrivée de la nourriture qu'on leur donne. Les Chinois les accoutument à ce son par le moyen d'un sifilet; et ces cyprins reconnaissent souvent l'approche de eeux qui leur apportent leur nourriture, par le bruit de leur dé- marche. Cette supériorité d'organisation et d'instinct doit les avoir rendus un peu plus susceptibles des impressions que l'art leur a fait épiouver. Les couleurs brillantes dont les dorés sont peints ne sont pas toujours effacées en entier par la mort de l'animal; mais si alors on met ces poissons dans l'alcool, ces riches et vi- ves nuances disparaissent bienlôl.. Ces teintes dépendent, en très-grande partie, de la ma- tière visqueuse dont les téguments des cyprins dorés sont enduits, et qui, emportée par l'alcool, colore cette dernière substance, ainsi que Bloch l'a observé. Au reste, pendant que ces abdominaux jouissent de toutes leurs facultés, ils ont ordi- nairement l'iris jaune; le dessous de la tête ronge; les joues dorées; le dos parsemé de diverses taches noires; les côlés d'un rouge mêlé d'orangé: le ventre varié d'argent et de couleur de rose; toutes les nageoires d'un rouge de carmin. Ces couleurs cependant n'a|)parlieuneut pas à tous les âges du doré. Communément il est noir pendant les premières années de sa vie: des points argentins annoncent ensuite la magnifi(pie parure h la(pielle il estdestiné; ces points s'étendent, se touchent, couvrent toute la surface de l'animal, et sont enfin remplacés par un louge éclatant, auquel se mêlent, à mesure que le cyprin avance en âge, tous les tons admirables qui doiveut l'embellir. DES POISSONS. 519 Quelquefois la robe argentine ne précède pas la couleur rouge; celte dernière nuance revêt même certains individus dès leurs premières années; d'autres individus perdent, en vieillissant, cette livrée si belle; leurs teintes s'alTaiblissenl; leurs taches pâlissent; leur rouge et leur or se changent en argent, ou se fondent dans une couleur blanche sans beaucoup d'éclat. Lorsque le doré vit dans un étang spacieux, il parvient à la longueur d'un pied ou quinze pouces. Son canal intestinal présente trois sinuosités; la laite et l'ovaire sont dou- bles; la vessie natatoire est divisée en deux parties, dont une est pins étroite que l'autre. Le cyprin argenté est quelquefois long de plus de deux pieds. Sa caudale parait sou- vent divisée en trois lobes, ce qui semble prouver que son espèce a été altérée par une sorte de domesticité. Sa tête est plus allongée que celle du doré. On trouve dans les eaux douces de la Chine le télescope, dont la tête est courte et grosse, et Torifice de la bouche petit. Les peintures chinoises, que nous citons si fréquemment, offrent l'image du Cyprin gros-yeux et dn Cyprin quatre-lobes, qui, l'un et l'antre, sont encore inconnus des natu- ralistes. La beauté de leurs formes, la transparence de leurs nageoires, et la vivacité de leurs couleurs blanche et rouge, les rendent aussi propre que le doré à répandre le charme d'un mouvement très-animé, réuni aux nuances les plus attrayantes, au milieu des jardins fortunés et des retraites tranquilles. LE CYPRIN ORPHE. Lt'uciscus Orplius, Cuv. ; Cyprinus Orphus, Linn., Gmcl., Lac. l. Le Cyprin royal , Cyprinus regius , Molina, Linn., Gmel., Lacep. — C. Cnncus, Gyprinus Caiicus, Molina, Linn., Gmel., Lacep. — C. Malchus, Cy|)riiius Malclius, Molina, Linn., Gmel.; Lacep. — C./ît/t?, Cyprinus. Juins, Molina, Linn., Gmel.,Lac.—C.G/i'è/e, Cyprinus Gibelio, Cuv., Linn., Gmel., Lacep. — C. Goleian, Cyprinus rivularis, Linn., Gm.; Gypriiuis Goleian, Lac. — C. Labéo, Cy- prinus Labeo, Linn., Gmel., Lacep. — C- Leplocéphale , Gyprinus le|)loceptiiilus, Linn., Gmel., Lacep. — C. chalcoïde, Cyprinus chalcoitles, Linn., Gmel., Lac. — C. dupéoïda, Leueiscus clu- peoides, Cuv.; Cyprinus clupeoides, Bl. 4.08, 2, Lac. Quelle est la patrie de ces onze poissons? L'orphe vit dans l'Allemagne méridionale; le cyprin royal, dans la mer qui baigne le Chili; le caucus, le malchus, et le jnle, habitent les eaux douces de cette partie de l'Amé- rique; on trouve le cyprin gibèledans la Germanie et dans plusieurs autres contrées de l'Europe; on pêche le goleian dans les petits ruisseaux et dans les lacs les plus petits de la chaîne des monts Altaïques; on rencontre le labéo et le leplocéphale dans les fleuves pierreux et rapides de la Daurie, qui roulent leurs flots vers le grand Océan Boréal ; le chalcoïde se plaît dans la mer Noire, d'où il passe dans le Dnieper; il se plaît aussi dans la Caspienne, d'où il remonte dans le Teiek et dans le Cyrus, lors(]ue la fin de l'automne ou le commencement de l'hiver amènent pour lui le temps du frai; et c'est auprès de Tranquebar que l'on a observé le clupéoïde. Quels signes distinctifs peuvent servir à faire connaître ces onze cyprins? Pour l'orphe : La beauté des couleurs, qui l'a fait rechercher et nourrir dans les fossés de plusieurs villes d'Allemagne, pour les orner et les animer; la petitesse de la tête; le jaune de l'iris; la facilité avec laquelle l'alcool fait disparaître la vivacité de ses nuances; la diflî- culté avec laquelle il vit hors de l'eau; la couleur blanche et quelquefois rougeâtre de sa chair, et son bon goût, surtout pendant le frai, et par conséquent dans le printemps; l'avidité avec laquelle il saisit le pain que l'on jette dans les pièces d'eau qu'il habite; sa fécondité; les vingt-deux côtes que chacun de ses côtés présente; les quarante vertèbres qui composent son épine dorsale. Pour le royal : Ses dimensions, à peu prés semblables à celles du hareng; le jaune et la mollesse de ses nageoires ; le goût exquis de sa chair. Pour le caucus: Sa longueur d'un pied et demi. Pour le malchus : L'infériorité de ses dimensions à celles du caucus. i Du sous-genre Able, Leueiscus, dans le grand genre Cyprin, de la famille des Cyprinoïdes, ordre des Malacoptérygiens abdominaux, M. Cuv. D. 38. MO HISTOIRE NATURELLE Pour le jule: Sa longueur de huit à douze pouces. Pour le gibèle. La couleur générale, qui est soiivent noirâtre, et souvent d'un bleu (irant sur le vert dans la partie supérieure de l'animal, et d'un jaune doré dans la pnriie inférieure; les points bruns de la ligne latérale; les nuances foncées de la tête; le gris delà caudale; le jaune des airtres nageoires; la facilité avec laquelle ce cyprin multiplie; la faculté de frayer, qu'il a dès sa tr-oisième année; son poids, qui est qirel(|uefois de deux ou quatre livres; la difficulté avec laquelle on l'attii-e ver'S l'hameçon ; la nature de son organisation qui est telle qu'on peut le transporter à d'assez gr-andes distances en l'enveloppant dans (les herbes ou des feuilles vertes, qu'il ne meur't pas aisément dans les eaux dormantes, qu'il ne prend un goût de bourbe que difficilement, et que très-peu d'eau liqiride lui srrffit pour- vivre longtemps sous la glace; la dorrble sinuosité de son carrai irrteslirral; ses vingt- sept vertèbres ; ses côtes, qui sont au nombre de dix-sept de chaque côté. Pour le goleïiin : La direction de la ligne latérale qui est presque droite; la petitesse du poisson ; les taches de son corps et de sa queue; le brun argenté de sa couleur générale; les nuances pâles de ses nageoires. Pour le labéo: Sa réuniorr en tr'oupes nombr-euses; la rapidité avec laquelle il nage; l'excellent goût de sa chair; sa longueur à peu près de trois pieds; sa téie épaisse; son museau arrorrdi; le bi rrn de la carjdale, le rouge des pectorales, des ventrales, et de la nageoire de l'anus. Pour le leploccpliale : La couleur rouge de toutes les nageoii'es, excepté celle du dos. Pour le chalcoïde : La forme générale qiri ressemble beaucoup à celle du hareng; la longueur, qui est d'un pied; les écailles ariondies et striées; le museau pointu; la surfasse lisse de la langue et (lu palais; l'osselet aplati et rude du gosier; le verdàtre ai-genté et pointillé de brun de la partie supérieure de l'animal ; le blanc de la partie inl'ér-ieure; les poirrls noirs du haut de l'iris, et la tiu.he rouge du segment inférieur de celte partie; le brillant des oper- cules; les points blancs et saillants de la ligne latérale; la blancheur des ventrales et de presque toute la surface des pectorales; la couleur brune des nageoires du dos et de la queue. Pour le clupéoïde : Qu'il ne parvient pas ordinairement à de grandes dimensions. LE CYPRIN GALiAN. Cyprinus Gulian, Linn., Ginul. Lnc. i. Le Ci/prinniloliqne, Cyprinus nilolicus, Linn., Gmel., Lac. — C. Gonorhijnque, gonorincliiis.,..,Ciiv.; Cy|)ririiisG()riori)yncI)us, Linn., Gm., Lac. — C. Fc'ro?/, Leuciscus l^li()xiiius,C(iv.; CypriiiusPiioxirius, Linn., Giiiei., Bl.,Lac. — C. Apliiie,C)\)vu\us Apliya, Linn., Gniel., BI.,Lac. — C. Yaudoisc, Len~ ciscus vulgaris, Cuv.; Cy])riniis leuciscus, Linn., Gnicl., Bl., Lacep. — C Dohule, Leuciscus Do- buln, Cuv.; Cypr'iniis DobiiJa, Linn., Giiicl., Blocli., Lacep.; Cyprinus Grislagine, Linn , Giucl. — C. roncjcâlre, Lcm-iscus rnlilus, Cuv.; Cyiiriuus rulilus, Linn.,Guii'l , I>ac., Bl. — 6'. Ide, Leuciscus Iclus, Cuv.; Cyprinus Idus, Linn., Gnr. , Lace|) ; Cypr'inus Idbarus, Liirn., Gm, — C Biujçicnha- gen, Altramis Bii?;geiili;igii, Bl., Linn., Gm., Lac. — C. Rotengle, Leuciscus erylliroplillialmus, Cuv,; Cypi'inus erylliroplillialmus, Bl., Linn., Gm., Lac. Le galian habite dans les ririsseaux rocailleux des environs de Cathérinopolis en Sibé- rie. Sa longueur est deqrratre pouces. 11 a des lâches brunes, sur un fond olivâtre; le dessous de son corps est rouge. Ses écailles sont arrondies et fortement attachées à la peau. Le nom du nilotique annonce qu'il vit dans le Nil. On tr-oiive le goriorliyru|Ue auprès du cap de Bonne-Espérance. Le vér'on a le dessus de 1 1 tète d'un vert noir. Les nuidioiies bordées de rouge; les opercules jaunes ; l'iris couleur d'or; le dos toirt noir' ou d'un bleu clair; presqire tou- jours des bandelettes transver'sales bleues; des raies variées de bleu, de jaune et de noir, ou de rouge, d'nzirr et d'argent; les nag(oires bleuâtres et marquées d'une tache rouge. Pies(iue toutes les rruanccs de l'arc-en-ciel ont donc été prodiguées à ce joli poisson, qui 1 Non cité par M, Cuvicr. D. DES POISSOiNS. 521 réunit d'ailleurs à ragrémeiit de proportions très-svcltcs foule la grâce que peut donner une petite taille. Il se plaît dans plusieurs rivières de France, de Silésie et de Westphalie. Sa chair est blanche, tendre, sainbre, de très-bon goût; et on le recherche comme un des poissons les plus délicats du Véser. On le pêche dans toutes les saisons, mais surtout vers le com- menc<'ment de l'été, temps où il pond ou féconde ses œufs. On le prend avec une ligne, ou avec de petits filets dont les mailles sont très-fines. Il ne peut vivre hors de l'eau que pendant très-peu d'instants. Il fraie dès l'âge de quatre ans, et multiplie beaucoup. Il aime quelquefois à se tenir à la surface des eaux pures et courantes. Les fonds pierreux ou sablonneux sont ceux qui lui conviennent. Il préfère surtout les endroits peu fréquen- tés par les autres poissons. Le professeur Bonnaterre a vu, dans les lacs de Bord et de Saint-Andenol des monta- tagnes d'Aubrac, une variété du Véron, à laquelle les habitants de la ci-devant Auver- gne donnent le nom de Vernhe. Les individus qui forment cette variété ont une longueur de deux pouces enviion ; la tête comprimée et striée sur le sommet; la mâchoire supé- rieure un peu plus avancée que celle d'en bas; le dos grisâtre; des taches bleues, jaunes et verdâtres sur les côtés; la partie inférieure argentée; une tache rouge et ovale à cha- quecoin del'ouveiture delà bouche, ainsi quesur la base des pectorales et des ventrales i. Les anciens donnaient le nom d'Aphye (Aphya) aux petits poissons qu'ils supposaient nés de l'écume de la mer. Le cyprin qui porte le même nom n'a ordinairement que dix-huit lignes à deux pouces de longueur. On le trouve sur les rivages de la Baltique, dans les fleuves qui s'y jettent, et dans presque tous les ruisseaux de la Norwège,de la Suède et de la Sibérie. Sa chair est blanche, agréable au goût, facile à digérer. Ses écailles se déta- chent aisément. Son dos est brunâtre; les côtés sont blanchâtres; le ventre est rouge ou blanc; les nageoires sont grises ou verdâtres. La couleur générale de la vaudoiseest argentée; les nageoires sont blanches ou grises; le dos est brunâtre. L'Allemagne méridionale, l'Italie, la France et l'Angleterre, sont la patrie de ce poisson, qui peut pnrvenir à la longeur de deux pouces. Il multiplie d'autant plus, que la rapidité de sa natation le dérobe souvent à la dent deses ennemis. On le prend avec des filets ou avec des nasses; mais, dans beaucoup de contrées, il est peu recherché à cause du grand nombre de petites arêtes qui traversent ses muscles. Son péritoine est d'une blancheur éclatante, et parsemé de points noirs; la laite est double, ainsi que l'ovaire; les œufs sont blanchâtres et très-petits. La dohule a le dos verdâtre; le ventre argenté; une série de points jaunes le long de la ligne latérale; toutes les nageoires blanches pendant sa première jeunesse; les pectorales jaunes, la dorsale verdâtre, l'anale et les ventrales rouges, la caudale bleuâtre, quand il est plus âgé; deux sinuosités au canal intestinal; quarante vertèbres, et quinze côtes de chaque côté. On la pêche dans le Rhin, le Véser, l'Elbe, la Ilavel, la Sprée, l'Oder. Son poids est quelquefois de deux h quatre livres. Elle préfère les eaux claires qui coulent sur un fond de marne ou de sable. Elle passe souvent l'hiver dans le fond des grands lacs; mais lors- que le printemps arrive, elle remonte et fraie dans les rivières. On peut voir alors de petites taches noires sur le corps et sur les nageoires des jeunes mâles. Elle aime quelque- fois à se nourrir de petites sangsues et de petits limaçons. La gi'ande chaleur lui est con- traire : elle perd promptement la vie lorsqu'on la tire de l'eau. Sa chair est saine, mais remplie d'arêtes. Le cyprin rougeâtre pèse près de deux livres. Il montre des lèvres rouges; un dos d'un noir verdâtre; des côtés et un ventre argentins; des écailles larges. Il a une épine dorsale composée de quarante-quatre vertèbres; une grande préférence pour les eaux claires, dont le fond est marneux ou sablonneux. Bloch rapporte que dans le temps où les marécages des environs de l'Oder n'avaient pas été desséchés, on y trouvait une si grande quantité de cyprins ioug<^âtres, qu'on les employait à engraisser les cochons. Leur chair est blanche et facile à digérer, mais rem- plie d'arêtes petites et fourchues. La cuisson donne à ces animaux une nuance rouge. On les pêche à l'hameçon, ainsi qu'avec des filets, et on les prendrait avec d'autant plus de facilité, que leurs couleurs brillantes les font distinguer un peu de loin au milieu des eaux, i Le canal intestinal du cyprin véron présente deux sinuosités; son épine dorsale contient trente- quatre Tertèbres ; et quatorze, quinze ou seize côtes sont placées de chaque côté de cette épine. ÎJ22 HISTOIRE NATURELLE s'ils n'étaient pas plus rusés que presque fous les autres poissons des eaux douces de l'Europe seplenlrionale. Ils restent cachés dans le fond des lacs ou des rivières, tant qu'ils entendent sur la rive ou sur l'eau un bruit qui peut les alarmer. Lorsqu'ils Vdut Irayer dans ces mêmes rivières ou dans les fleuves, ils remontent en foi nianl plusieurs troupes séparées. On a cru observer que la première troupe est compo- sée de mâles, la seconde de fenu'lles, la troisième de mâles. Ils déposent leurs œufs, qui sont verdâtres, sur des btandies ou des heibes plus ou moins enfoncées sous l'eau. Le cyprin ide a le front, la nuque et le dos noirs; le ventre blanc; les pectorales jau- nâtres; la dorsale et la caudale grises; l'anale et les ventrales variées de blanc et de routçe. On le trouve dans pres(]ue toute l'Euiope, et particulièrement en France, dans l'Allemagne septentrionale, en Danemarck, en Norwége, en Suède et en Russie. Il aime les grands lacs où il trouve de grosses pierres et des eaux limpides. Lorsque le printemps arrive, et qu'il remonte dans les rivières, il cherche les courants les plus rapides, et les rochers nus sur lesquels il se plaît à déposer ses œufs, dont la couleur est jaune, et la grosseur semblable à celle des graines de pavot. Il fraie dès la troisième année de son âge, et parvient à une longueur d'un pied et demi, et au poids de six ou huit livres. Sa chair est blanche, tendre, et agréable au goût; sa laite est double, ainsi que son ovaire; sa vessie natatoire grosse et séparée en deux cavités; son épine dorsale composée de qua- rante et une veitèbres, et articulée de chaque côté avec (piinze côtes. Mon savant collègue le professeur Faujas de Saint-Fond a trouvé un squelette d'ide dans la France méridionale, au-dessous de six cents pieds de lave compacte. On pèche le cypiin bngghenhagen dans la Pêne de la Poméranie suédoise, et dans les lacs qui communi(iuenl avec cette rivière. La chair de ce poisson, dont on doit la connais- sance à M. de Biiggenhagen, est blanche, mais gainie de petites arêtes. Il offre une lon- gueur de douze ou quinze pouces. Il ressemble beaucoup aux brèmes, dont il précède sou- vent l'arrivée, et dont on l'a appelé le conducteur. Son dos est noirâtre; ses côtés et son ventre sont piesque toujours argentés; des teintes bleues distinguent ses nageoires. Sou anus est situé très-loin de sa gorge. Le rotengle a communément un pied de longueur. Son dos est verdâtre; ses côtés sont d'un blanc tirant sur le jaune; sa dorsale est d'un verdâtre mêlé de rouge; ses pectorales sont d'un louge brun. On doit le compter parmi les poissons les plus communsde l'Allema- gne septentrionale. Il mulli|)lie d'autant plus que sa ponte dure ordinairement plusieurs jours, et que par conséquent un grand nombre de ses œufs doivent échapper aux effets d'un froid soudain, des inondations extraordinaires, et d'autres accidents analogues. Les écailles du mâle présentent, pendant le frai, des excroissances petites, dures et pointues. On peut le tranporter facilement en vie : mais sa chair renferme beaucoup d'arêtes; elle est d'ailleurs blanche, agréable et saine. On compte seize côtes de chaque côté de l'épiniidu dos, qui comprend trente-sept ver- tèbres. LE CYPRIN JESSE. Leuciscus Jcscs, Cuv.; Cypriiius Jescs, Liiin., Gmel, BI., Lac. t. Le Cyprin Nase, Leuciscus Nasus, Cuv.; Cypriiius Nasus, Linn., Gmel., BI., Lacep. — C. Aspe, Leuciscus Aspius, Cuv.; CypriiiusAspius,Bl()ch, Linn., Gmel., Lac. — C.S/»'r//n, Leuciscus bipunc- talus, Cuv.; Cyprinus Lipunclulus, BI., Linn., Gmel,; Cyprinus Spirling, Lacep. — C. Benvière, Leuciscus amarus, Cuv.; Cyprinus amarus, BI., Linn., Gmel., Lacep. — C. Américain, Cyprinus americanus, Linn., Gmel., Lac. — C. Ablc, Leuciscus Aiburiius, Cuv.; Cyprinus Albur- nus, Linn.,(îm., BIocIi, Lac. — C. Xinihé, Abramis\'imb;i,Cuv.; Cyprinus Vimba, BI., Linn., Gn)el., Lac. — C. Brème, Abramis communis, Cuv.; Cyprinus Brama, Linn., Gmel., Lac. — C, Couteau, Leuciscus cultralus, Cuv.; Cyprinus cullralus, Linn., Gmel., BI., Lac. — C. Farène, Cyprinus Farenus, Linn., Gmel., Lac. Le jesse a le front large et noirâtre; le dos et les opercules sont bleus; les côtés sont jaunes au-dessus de la ligne latérale, et d'un bleu argentin au-dessous; une série de points d'un jaune brun marque cette même ligne; le bas des écailles est bordé de bleu, ainsi que la caudale; les pectorales, les ventrales et l'anale sont d'un violet clair. Le cyprin jesse nage avec force; il aime à lutter contre les courants rapides, et cepen- dant il se plaît dans les eaux dont le mouvement est retardé par le voisinage des moulins. Le frai de ce poisson dure ordinairement pendant huit jours, â moins que le retour du i Du sous-gcnre Able, Leuciscus, dans le grand genre CvpiUN,dc la famille des Cyprinoïdes, ordre des Alalacoptërygicns abdominaux, Cuv. D. DES POISSONS. b23 froid ne le force à htâfer la fin de cette opéradon. Il pèse de huit à dix livres; mais il croît lentement. Il multiplie beaucoup : le défaut d'eau ne lui ôie pas Irès-promptement la vie. Sa chair est grasse, molle, remplie d'arêtes, et devient d'une couleur jaune lorsquelle est cuite. On le trouve dans les ileuves et dans les rivières de presque toute l'Europe tem- pérée et septentrionale. Ses œufs sont jaunes, et de la grosseur d'une graine de pavot. L'épine dorsale est com- posée de quarante vertèbres. On compte dix-huil côtes de chaque côté. Le nase a le péritoine noir. Les nageoires sont rougeâtres, excepté la dorsale qui est presque noire, et la caudale, dont le lobe inférieur est rougeâtre, pendant qu'une nuance noirâtre règne sur le lobe supérieur. La nuque est noire; le dos noirâtre, et chaque côté blanc, de même que le ventre. Lorsque ce cyprin pèse deux livres, il arrive souvent que ses nageoires offrent une couleur grise. Il se plaît dans le fond des grands lacs, d'où il remonte dans les rivières, lorsque le printemps, c'est-à-dire la saison du frai, airive. Ses œufs sont blanchâtres, et de la gros- seur d'un grain de millet. Pendant que cette espèce se débarrasse de sa laite ou de ses œufs, on voit sur les jeunes mâles des taches noires dont le centre est un petit point sail- lant. Sa chair est molle, fade, et garnie de beaucoup d'arêtes. Son canal intestinal présente plusieurs sinuosités; chaque côlé de l'épine dorsale, dix-huit côtes, et cette même épine, quarante-quatre vertèbres. Le nase habite dans la mer Caspienne, ainsi que dans un très- grand nombre de rivières ou fleuves de l'Europe particulièrement de l'Europe du nord. On pèche à peu près dans les mêmes eaux l'aspe, dont la nuque est d'un bleu foncé; l'opercule d'un bleu mêlé de jaune et de vert; le dos noirâtre; la partie inférieure blan- châtre; la dorsale grise pendant la jeunesse de l'animal, et ensuite bleue; la caudale éga- lement grise et bleue successivement; et l'anale peinte, ainsi que les pectorales et les ventrales, de jaunâtre quand le poisson est peu avancé en âge, et de bleuâtre mêlé de rouge lorsqu'il est plus âgé. L'aspe parvient souvent au poids de dix ou douze livres. Ce cyprin peut alors se nourrir de très-petits poissons, aussi bien que de vers, de végétaux, et de débris de corps organi- sés. Il préfère les rivières dont le fond est propre, et le courant peu rapide. Il est rusé, perd aisément la vie, a beaucoup d'arêtes, une chair molle et grasse, trois sinuosités à son canal intestinal, dix-huit côtes de chaque côté, et quarante-quatre vertèbres. Les eaux douces de l'Allemagne nourrissent lespirlin. Sa dorsale est plus éloignée de la tête que les ventrales. Celte nageoire est verdâtre, ainsi que celle de la queue; les au- tres sont d'une couleur lougeâtre. Une tache verte paraît sur le haut de l'iris; les joues montrent des reflets argentins et bleus; le dos est d'un gris foncé; un brun mêlé de vert règne sur les côtés au-dessus de la ligne latérale, dont le rouge fait ressortir la double série de points noirs qui distingue le spirlin ; et la partie inférieure de ce cyprin est d'un blanc argenté. A mesure que l'animal vieillit, ou que ses forces diminuent, on voit s'af- faiblir et disparaître le rouge de la ligne latérale. Le sprirlin ne se plaît que dans les courants rapides, dont le fond est couvert de sable ou de cailloux. Il se tient ordinairement très-près de la surface de l'eau, excepté pendant le temps du frai. Ses œufs sont très-petits et très-nombreux; sa chair est blanche et de bon goût; ses côtes sont au nombre de quinze de chaque côté, et son épine dorsale est composée de trente-trois vertèbres. La bouvière est un des plus petits cyprins : aussi est-elle transparente dans presque toutes ses parties. Ses opercules sont jaunâtres; le dos est d'un jaune mêlé de vert, les côtés sont jaunes au-dessus de la ligne latérale, qui est noire ou d'un bleu d'acier; la par- tie inférieure du poisson est d'un blanc éclatant ; la dorsale et la caudale sont verdâtres; une teinte rougeâtre est répandue sur les autres nageoires. La bouvière habite les eaux pures et courantes de plusieurs contrées de l'Europe, et particulièrement de l'Allemagne. On ne la voit communément dans des lacs que lors- qu'une rivière les traverse. Sa chair est amcre; ses œufs sont très-tendres, très-blancs et très-petits i. Le savant naturaliste Bosca vu le cyprin américain dans les eaux douces de la Caro- line. Il nous a appris que ce poisson a les deux lèvres presque également avancées; que les orifices des narines sont très-larges; que l'opercule est petit; l'iris jaune; le dos brun; 1 On compte quatorze côtes de chaque côté de l'épine dorsale du cyprin bouvière; et cette même épine renferme trente vertèbres. 524 HISTOIRE NATURELLE (\nc !n porlio du ventre eomprise enlro les veii(r;iles el l'anus est carénée, el que cet abdo- minal parvient à la lon^'ueur do luiil à douze p(iuces. Le cyprin américain se prend facilcnienl à l'Iianieçon, suivant notre confrère Dose; el lorscpi'il est trés-jr-une, on l'eniplnie comme une excellente amorce pour pécher les truites. Il sert pendant tout l'été à la nourriture des habitants de la Caroline, quoique sa chair sente la vase. Il varie beaucouj) suivant son âge el la pureté des eaux dans lesquelles il passe sa vie. La mer Caspienne est la patrie de Table, aussi bien que les eaux douces de presque toutes les contrées européennes. Ce cypriri a quelquefois huit à douze pouces de longueur, el sa chair n'est pas désagréable au goût. Mais ce qui la fait principalement rechercher, c'est l'éclat de ses écailles. L'art se sert de ces écailles blanches et polies, comme de celles des argentines et de quelques autres poissons, pour dédommager, par des ornements de bon goùl, la beauté que la foitune a moins favorisée (|ue la nature, et qui, privée des objets précieux que la richesse seule peut procurer, est cependanl forcée, par une sorte de convenance impérieuse, à montrer l'apparence de ces mômes objets. Ces écailles argen- tées donnent aux perles factices le brillant de celles de l'Orient. On eiWéve avec soin ces écailles brillantes; on les met dans un bassin d'eau claiie; on les frotte les unes contre les autres; on répète cette opération dans dilTérentes eaux, jusqu'à ce que les lames écail- leuses ne laissent plus échapper de substance colorée; la matière argentée se piécipite au fond du vase dont on verse avec précaution l'eau surabondante : ce dépôt éclatant est une liqueur argentine, qu'on nomme essence orientale. On môle cette essence avec de la colle de poisson; on en intioduit, à l'aide d'un chalumeau, dans des globes de verre creux, très-mince.-, couleur de girasol; on agite ces petites boules, pour que la liqueur s'étende et s'atlache sur toute leur surface intérieure: et la |)eile line la plus belle se trouve imi- tée dans sa forme, dans ses nuances, dans son eau, dans ses reflets, dansson éclat. Toutes les écailles de Table ne sont cependant pas également propres à produire cette ressemblance. Le dos de ce cyprin est en ellet olivâtre. Ses joues sont d'ailleurs un peu bleues; des points noirs paraissent sur le front; l'iris est argentin ; les pectorales sont dun blanc mêlé de rouge; l'anale est grise; la caudale verdâlre; la dorsale moins proche de la tôle que les ventrales; l'œil grand; la ligne laté- rale couibée; la chair i emplie d'arêtes. Bloch ia|>porlc qu'il a vu des jioissons métis provenus de ï'Albe eldu fiofengle. Ces mulets avaient les écailles plus grandes que Table, le corps plus haut, et moins de rayons à la nageoire de l'anus. La vimbe a Touveiture de la bouche ronde; TomI grand; l'iris jaunâtre; des points jauiies sui' la ligne latérale : la partie supérieure bleuâire; l'inférieure argentine; le péri- toine argenté ; une longueur d'un pied et demi ; la chair blanche el de bon goùl ; dix-sept côtes de cbiKjue côté; quarante i\vu\ vertèbres h Té)iine du dos. Elle quitte la mei' Haltique veis le commencement de Tété : elle remonte alors dans les rivières, aime les eaux claires, cherche les fonds pierreux ou sablonneux, ne se laisse ppf ndre facilement que pendant 1(> temps (\u frai, jn-rd aisément la vie, a été cependanl transportée avec succès par ^\. de Marwiiz dans des lacs |)rofouds et marneux, croit It-n- temenl, mais multiplie beaucoup, el a été envoyée marinée à de grandes dislances du lieu où elle avait été pcchée. On dirait que la tète de la biôme a été tronquée. Sa bouche est petite; ses joues sont d'un bleu varié de jnune; sou dos est noirâtre; cinquante points noirs, ou environ, sont disposés le long de la ligne latérale; du jaune, du blanc, et du noir, sont mêlés sur les côtés; on toit du violet et du jaune sur les pectorales, du violet sur les ventrales, du gris sur la nageoire de l'anus. Ce |)oisson habite dans la moi- Caspienne; il vit aussi dans presque toute l'Europe. On le trouve dans les grands lacs, et dans les rivières qui s'échappent paisiblement sur un fond composé de marne, de ghiise et d'herbages. H e>t l'objet d'une pèche importîuite. On le prend fréquemment sous la glace; et il est si conmiun dansplusieurs eniiioils de l'Europe boréale, (lu'en mars 1741) ou |)rit d'un seul coup de lilet, dans un grand lac de Suède, voisin de Nordkiœping, cinquante mille brèmes (|ui pesaient ensen)ble plus de dix mille livres. Plusieurs individus de celte espèce ont plus de dix-huit pouces de longueur, et pôsenl vingt livres. Lorsque, dans le printemps, les brèmes cherchent, pour frayer, des rivages unis ou des DES POISSONS. 325 fonds (le rivière garnis (rhorbngos, clinqiio femelle est souvent suivie de trois ou quatre mâles. Elles IbiiL un bruil assez grand en nageant en troupes nonil):euses ; et cependant elles distinguent le son des cloches, celui du tambour, ou tout autre son analogue, qui quelquefois les effraie, les éloigne, les disperse, ou les pousse dans les filets du pécheur. On remarque trois époques dans le frai des brèmes. Les plus grosses fraient pendant la première, et les plus petites pendantla troisième. Dans ce temps du frai, les mâles, comme ceux de presque toutes les autres espèces de cyprins, ont, sur les écailles du dos et des côtés, de petits boutons qui les ont fait désigner par différentes dénominations, que Ton avait observés dès le temps de Salvian, et que Pline même a remarqués. Si la saison devient froide avant la fin du frai, les femelles éprouvent des accidents fu- nestes. L'orifice par lequel leurs œufs seraient sortis, se ferme et s'enflamme; le ventre se gonfle, les œufs s'allèrent, se changent en une substance granuleuse, gluante et rougeâtre; l'animal dépérit et meurt. Les brèmes sont aussi très-sujettes à renfermer des vers intestinaux, et très-exposées à une phthisie mortelle. Elles sont poursuivies par l'homme, par les poissons voraces, par les oiseaux nageurs. Les buses et d'autres oiseaux de proie veulent aussi, dans certaines circonstances, en faire leur proie; mais il arrive que si la brome est grosse et forte, et que les serres de la buse aient pénétré assez avant dans son dos pour s'engager dans sa charpente osseuse, elle en- traîne au fond de l'eau son ennemi qui y trouve la mort. Les brèmes croissent assez vite. Leur chair est agréable au goût par sa bonté, et à l'œil par sa blancheur. Elles perdent diCicilement la vie lorsqu'on les tire de l'eau pen- dant le froid; et alors on peut les transporter à vingt cinq lieues sans les voir périr, pourvu qu'on les enveloppe dans de la neige, et qu'on leur mette dans la bouche du pain trempé dans de l'alcool. M. Noël nous a écrit qu'on avait cru reconnaître dans la Seine trois ou quatre variétés de la brème. On peut voira la tête d'une troupe de brèmes un poisson que les pêcheurs ont nommé chef de ces cyprins, et que Bloch élait tenté de regarder comme un métis provenu d'une brème et d'un rotengle. Ce poisson a l'œil plus grand que la brème; les écailles plus pe- tiles et plus épaisses; l'iris bleuâtre; la têlê pourpre; les nageoires pourpres et bordées de rouge; plusieurs taches rouges et irrégulières; la surface enduite d'une matière vis- queuse très-abondante. Bloch considéré aussi comme des métis de la brème et du cyprin large, des poissons qui ont la tète petite ainsi que le corps très-haut du cyprin large, et les nageoires de la brème. Ce dernier abdominal a trente-deux vertèbres, et quinze côtes de chaque côté de l'épine dorsale. Le cyprin couteau a été péché non-seulement dans le Danube, dans l'Elbe, dans pres- que toutes les rivières de l'Allemagne et de la Suède, mais encore dans la Baltique, dans le golfe de Finlande, dans la mer Noire, dans la mer d'Asow et dans la Caspienne. La dorsale de ce cyprin est située au-dessus de la nageoire de l'anus. Les yeux sont grands. Piesque toutes les écailles sont larges, minces, sculptées de manière à présenter cinq layons divergents, et faiblement attachés. La nuque est d'un gris d'acier; les côtés sont argentins; le dos est d'un gris-brun; les pectorales, dont la longueur est remarquable, l'anale et les ventrales, sont grises par-dessus etrougeâtres par-dessous; la dorsaleest grise, comme la nageoire de la queue. Le cyprin couteau parvient à la longueur d'un pied et demi, et au poids de deux livres. Il peut échapper plus difficilement que plusieurs autres poissons aux oiseaux de proie et aux poissons destructeurs, parce que son éclat le trahit. Ses ovaires sont grands, et divisés chacun en deux par une raie i. Le farène appartient au lac de Suède nommé Mêler. Il a les yeux gros; l'iris doré et argenté; le dos et les nageoires noirâtres; une longueur de douze à quinze pouces; qua- rante-quatre veitèbres, et treize côtes de chaque côté. 1 Le cyprin couteau a quarante-sept tertèbres et vingt côtes de chaque côté. 526 HISTOIRE NATURELLE LE CYPRIX LARGE. Abramis Blica, Cuv. ; Cyprinus Blica, Bl. j Cyprinus L.ilus, Liiin. , GmnL, Lac; Cyprinus Bjorkiia, Linn., Gmel. i. Le Caprin Sope, Abramis Ballerus, Guy.; Cyprinus Ballerus, Bloch, Linn., Gmel., Lacep. — C. Clinb, Cyprinus Cliub, Lacep.— C. Catostome, Cataslonuis...,Cuv.; Cyprinus Catostomus, Lacep. — C. Morelle, Cyprinus Moreila, Lacep. — C françié, Labeo fimbrialus, Cuv.; Cyprinus fimbria- tus, Blocb., Linn. , Gmel., Lacep. — C. FrtMr/7/e, Leuciscus falcaUis, Cuv.; Cyprinus falcatus, Bloch, Lacep. —C. tossM, Cyprinus gibbus, Lacep.— C. Commersonnien , Cyprinus Commer- sonii, Lacep. — C. Sncet, Calaslomus , Cuv.; Cyprinus Sucetta, Lac. — C. Pigo, Cyprinus Pigus, Lac. Nous n'avons pas besoin de répcMer que, pour se représenfer nettement les poissons dont nous Irailons, il faut ajouter les traits esquissés dans le tableau générique à ceux que nous indiquons dans le lexle de leur liisfoire. Le cyprin large a l'iris jaune et pointillé de noir; la courbure de sa nuque est excen- trique à celle du dos ; l'un et l'autre sont bleuâtres ; la ligne latérale est distiuguée par des points jaunes; les cotés sont d'un blanc bieuâlic au-dessus de celte ligne, et blancs au-dessous; le ventre est bleu ; les pectorales et les ventrales sont rouges ; la caudale est bleue; l'anale et la dorsale sont brunes et bordées d'azur. Le large est très-commun dans les lacs et les rivières d'une grande partie de la France, de l'Allemagne et du nord de l'Europe. Il a beaucoup d'aréles. Sa limidilé le rend dillî- cile à prendre, excepté dans le temps où il fraie, et où il est, pour ainsi dire, si occupé à déposer où à féconder ses œufs, qu'on peut souvent le saisir avec la main. Il est d'ailleurs trabi par le bruit (|u'il fait dans l'eau pendant l'une et l'autre de ces deux opérations. Dans cette espèces, les femelles les plus grosses pondent les premières, et leur ponte dure communément trois ou quatre jours. Huit ou neuf jours après paraissent les femelles d'une moyenne grosseur ; et à une troisième époque, éloignée de la seconde également de huit ou neuf jours, ou voit arriver et frayer les plus petites. Le large multiplie beaucoup, perd dillicilementla vie, pèse une livre; son épine dorsale est composée de trente-neuf vertèbres. Le cyprin sope a la nageoire du dos plus éloignée de la tête que les ventrales. L'œil est grand ; le front brun ; l'iris jaune et marqué de deux taches noires ; la joue bleue, jaune et rouge; l'opercule peint des mêmes couleurs que la joue; le ventre rougeâlre; la couleur générale argenline; le dos noirâtre; la ligne lalérale distinguée par des points noirs; le bord des nageoires d'un bleu plus ou moins vif. La sope se plaît dans les eaux du Hâve en Poméranie, et du Curisch-Have en Prusse. Elle a peu de chair et beaucoup d'arêtes. Son poids est quelquefois de deux à quatre livres. On compte dans cette espèce quarante-huit vertèbres et dix-huit côtes de chaque côté. Dans plusieurs rivières de l'Europe habite le chub. Son dos et sa nuque sont d'un vert sale; ses côtés variés de jaune et de blanc; ses pectorales jaunes; ses ventrales et son anale rouges; le brun et le bleuâtre, les couleurs de sa caudale. On a observé dans la baie d'Hudson le catostome, sur lequel il fautremarquer les écailles ovales et striées; la tête presque carrée et plus étroite que le corps ; la strie longitudinale qui part du museau, passe au-de.ssous de l'œil, et va se réunir à la ligne latérale; la teinte dorée de celle dernière ligne; la forme rhomboïdale de la dorsale, et la position de celle nageoire au-dessus des ventrales. La morelle a sept pouces et demi de longueur. Ses écailles sont parsemées de points noirs; le somme! de sa léleest d'un bleu sale ;ses nageoires sont couleur d'olive ;son dos est verdâlre; le blanc régne sur sa partie inférieure. Elle a élé observée dans plusieurs riviè- res d'Allemagne. Elle a trente-sept vertèbres et seize côtes de chaque côté. La léledu frangé est petite; son irisaigenlinel entourède deux cercles rouges; sa langue dégagée; son palais uni ; son dos violet, ainsi que ses nageoires; son ventre blanc; le tronc parsemé de points rouges. On l'a découvert dans les eaux douces de la côte de Malabar, il est bon à manger; et, soigné dans un lac, il peut peser- six livres. Les mêmes eaux du Malabar nourissent le cyprin faircille, dont l'anus est une fois plus éloigné de la tête (jue de la cairdale. La tète de ce poisson est petite; son palais et sa lan- gue sont unis. Son iris est jaune; son corps et sa queue sont d'un ar-gentè mêlé de bleu; le dos est bleu ; les nageoires sonl rougeâtres. I Ce poisson, quo M. Cuvier nomnne en français Bordelièrc, petite Brênie, ou Ilazclin, est place par lui dans le sous-genre Brème, Abrumù, du grand genre Cypiiin. D. DES POISSONS. 527 Les naturalistes ne connnaissent pas encore l'espèce du cyprin bossu. Nous en avons vu un individu desséché, mais bien conservé, dans ia collection hollandaise cédée à la France. La nageoire dorsale est un peu échancrée en forme de faux. Le commersonnien, dont nous publions les premiers la description, et que le savant Commerson a observé, présente un double orifice pour chaque narine; sa tête est dénuée de petites écailles; ses ventrales et ses pectorales sont arrondies à leur extrémité; la dor- sale s'élève vers le milieu de la longueur totale du poisson. Nous avons trouvé dans les notes intéressantes que notre confrère Bosc a bien voulu nous communiquer, la description du sucet, que nous avons fait graver d'après un dessin qu'il avait fait de cet abdominal. Ce cyprin est très-commun dans les rivières de la Caro- line; sa chair est peu recherchée, et il est très-rare qu'il parvienne à la longueur de quinze pouces ou environ. 11 montre un iris jaune, des nageoires brunes, un dos d'un brun plus ou moins clair, des côtés argentés, avec des taches brunes sur la base des écailles. Plusieurs lacs d'Ilalie, et particulièrement le lac de Corne et le lac Majeur nourrissent le Pigo. Son poids est quelquefois desix livres. Il fraie près des rivages. Sa partie supérieure est d'un bleu mêlé de noir, et sa partie inférieure d'un rouge faible et blanchâtre. Les mâles de presque toutes les espèces de cyprins montrent, pendant le temps du frai, des excioissances aiguës sur leurs principales écailles : il paraît que les pigos mâles présen- tent, dans ce même temps, des piquants qui ont quelque chose de particulier dans leur couleur blanchâlre, dans leur apparence cristalline, et dans leur forme pyramidale; et c'est de ces aiguillons, qui n'étaient pas inconnus à Pline, qu'est venu le nom que nous leur avons conservé. Ces piquants ne diparaissent qu'après trente ou quarante jours. La chair des pigos est très-agréable au goût. SECONDE SOUS-CLASSE. POISSONS OSSEUX. Les parties solides de ^intérieur du corps, osseuses. SECONDE DIVISION DE LA SECONDE SOUS-CLASSE, OU SIXIÈME DIVISION DE LA CLASSE ENTIÈRE. Poissons qui ont un opercule branchial, sans membrane brancldale. VINGT ET UNIÈME ORDRE DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, OU PREMIER ORDRE DE LA SECONDE DIVISION DES OSSEUX. Poissons apodes, ou qui n'ont pas de nageoires inférieui'es entre le museau et Vanus. DEUX CENT SEIZIÈME GENRE. LES STERNOPTYX 1. Le corps et la queue comprimés; le dessous du corps caréné et transparent, une seule nageoire dorsale. ESPÈCE. CARACTÈRES. Le Sternopty.v ( Un rayon aiguillonné et huit rayons articulés à la nageoire du dos ; treize rayons HERMANN. ( à ccllc de l'anus ; la caudale fourchue ; point de ligne latérale. LE STERNOPTY.^ HERMANN. Sternoptyx diaphana, Herm., Linn., Gmel.; Stcrnoptyx Hermann , Lac. 2. Ce poisson, que nous dédions à feu notre confrère le professeur Hermann, et que ce sa- vant a fait connaître aux naturalistes, a sa surface dénuée d'écaillés apparentes, mais ar- gentée; son dos est d'un brun verdâtre; ses pectorales, sa caudale et sa cornée sont cou- leur de succin. Sa longueur ordinaire est à peine de quatre pouces. Une petite bosse paraît derrière la dorsale, dont le premier rayon, dirigé obliquement, immobile et très-fort, est non-seulement aiguillonné, mais épineux, et dont la membrane est légèrement dentelée sur le bord. Les opercules sont mous; le devant du dos présente deux carènes qui divergent vers les narines; les yeux sont grands; la langue est épaisse et rude; les dents sont très- 1--2 M. Cuvier adopte le genre Sternoptyx d'Hermann, et le place dans la famille des SAtMONEs, ordre des Malacoptérygieus abdominaux. D. 528 HISTOIRE NATURELLE petites. Lo lèvre siipérioui-e est coiiile; riuféricure se l'clève presque perpendiculaire- inciil, et nioiiti-e (piatre pelilcs (!éj)ie>siori> deini-ci.'ciiiaircs : on voit liois enfoncements senil)l;il)les sous l'ouverliire des bi;tance des ' onlices des branciiies, égale a celle ([ui «cpare ces orinces de la tclc ; 1 angle ex- trêmement court; Il longueur de celte nageoire égale, au plus, à la distance des ouvertures branchiales au bout du museau; un très-grand nombre de petites taches sur la surface du poisson. LA MURÉNOPIS IIÉLÈXE. 3Iuraena Helena, Linn.,Gmel., Bl., Lac, Cut. j. Celte miirénophis est la Murène des anciens. Son histoire est liée avec celle des derniers temps (le ce peuple politique et guerrier, qui, après avoir étonné et subjugué le monde, perdit l'empire avec ses vertus, el fut précipité par la corruption dans l'abîme creusé par la tyrannie la plus avilissante. Mais avant de voir ce que l'homme a fait de celte espèce, voyons ce qu'elle tient de la nature. Dénuée de pectorales et de nageoires du ventre; ayant sa dorsale, sa caudale et sa nageoire de l'anus non-seulement très-basses, mais recouvertes d'une peau épaisse qui empêche d'en dislinguer les rayons et la forme; semblable aux serpents par sa conforma- tion presque cylindrique, ainsi que par ses proportions déliées; douée d'une grande sou- plesse et d'une grande force, flexible dans ses parties, agile dans ses mouvements, elle ïï^s.R comme la couleuvre rampe; elle ondule dans l'eau comme ce reptile sur la terre; elle change de place par les contours sinueux qu'elle se donne; et tendant ou débandant avec énergie les ressorts produits par les diverses portions de sa queue ou de son corps, qu'elle plie, rapproche, déplie, étend en un clin d'œil, elle monte, descend, recule, avance, se roule el s'échappe avec la rapidité de l'éclair. Arislote et Pline ont même prétendu, et l'opinion de ces grands hommes est assez vrai- semblable, que la murénophis pouvait, comme l'anguille et comme les serpents, ramper pendant quelques moments sur la terre sèche, et s'éloigner à quelque distance de son séjour habituel. Tant de rapports avec les vrais reptiles nous ont engagé à joindre le nom d'Ophis, qui veut dire Serpent, à celui de Murène, pour en faire le nom composé de Murénophis, lorsque nous avons voulu séparer de l'anguille et de quelques autres osseux auxquels nous avons laissé la dénomination simple de Murène, les poissons dont nous allons nous occuper. Les murénophis établissent donn des liens assez étroits entre la classe des poissons et celle des reptiles. Nous terminons donc l'examen de cette grande classe des poissons, comme nous l'avons commencé, c'est-à-dire en ayant sous nos yeux des animaux qui ont de très-grands rapports avec les serpents : les murénophis placées à la fin de la longue chaîne qui rassemble tous les poissons, comme les pétromyzons à son origine, rapprochent avec ces derniers les deux extrémités de celte immense réunion, et après avoir clos, pour ainsi dire, le cercle, le rattachent de nouveau aux véritables reptiles. Les dents de la murénophis hélène étant fortes, nombreuses, et pointues ou recour- bées, sa morsure a été souvent assez dangereuse pour qu'on ait cru que ce poisson était venimeux. Chacune de ses deux narines a deux orifices. L'ouverture antérieure est placée nu bout d'un petit tube voisin de l'extrémité du museau, el, comme ce tube llexible ressemble à un barbillon très-court, on a écrit que l'hélène avait deux petits barbillons vers le bout de la mâchoire supérieure. Une conformation semblable peut être observée dans presque toutes les espèces du genre que nous décrivons. L'orifice des branchies est étroit, el situé presque horizontalement. Une humeur visqueuse et très-abondante enduit la peau, cl donne à l'animal la faculté de glisser facilement au milieu des obstacles, et de n'être retenu qu'avec beaucoup de peine. \ Ce poisson est le type du sous-genre des Mirènes, dans le grand genre Anguille, J/u?'œ>ifl, famille des Anguilliformcs, orarc des Malacoplcrygiens apodes. D. DES POISSONS. 533 Les femelles ont des couleurs plus variées que les mâles : leurs nuances ne sont pas toujours les mêmes; mais ordinairement leur museau est noirâtre. Un brun rougeàtre et tacheté de jaune distingue le dessus de la tête; la partie supérieure du corps et de la queue offre une teinte d'un brun également rougeàtre, et d'autant plus foncée qu'elle est plus près de la caudale; des points noirs et des taches jaunes, larges et pointillées ou mouchetées de rougeàtre, sont distribuées sur ce fond brun; la partie inférieure et les côtés de ces mêmes femelles sont d'une couleur fauve, relevée par de petites raies et par des taches brunes. Telles sont les couleurs que le savant et zélé observateur Sonnini a vues sur les hélè- nes femelles pendant son voyage en Grèce, où il a pu en examiner un très-grand nombre de vivantes. La livrée des mâles diffère de celle que nous venons d'indiquer, en ce que les taches sont très-clair semées sur leur surface, pendant que le corps et la queue des femelles en sont presque entièrement couverts. Sur quelques individus femelles ou mâles, le fond de la couleur est vert ou blanchâtre, au lieu d'être fauve ou d'un rougeàtre brun. Lorsque les murénophis hélènes ont atteint une longueur de trois pieds, leur plus grand diamètre n'égale pas tout à fait le douzième de leur longueur. Leur chair est grasse, blanche, très-délicate, et, sans les arêtes courtes et recourbées dont elle est remplie, elle serait très-agréable à manger. Suivant 31. de Sonnini, les hélènes ont l'estomac assez grand, gris, et tacheté de noirâ- tre vers son origine; un foie long et d'un rouge jaunâtre; une vessie natatoire petite, ovale, jaune en dehors, blanche en dedans, et formée par une membrane très-épaisse. Le même naturaliste nous apprend que les œufs de ces murènes sont elliptiques et jaunes. Ces œufs sont fécondés comme ceux des raies, des squales et d'autres poissons, par l'effet d'une réunion intime du mâle et de la femelle, qui, pendant leur accouplement, semblable à celui des couleuvres, entrelacent leurs queues et leurs corps déliés. Le témoi- gnage de M. de Sonnini confirme, à cet égard, l'opinion d'Aristole et de Pline; et c'est cette conformité entre l'accouplement des couleuvres et celui des hélènes, qui a fait croire à tant de naturalistes, et persuade encore aux Grecs modernes, que les serpents s'accou- plent avec les murénophis qui leur ressemblent par un si grand nombre de traits exté- rieurs. Les œufs des hélènes étant fécondés dans le ventre même de la mère, on doit regarder comme possible, et même comme très-probable, que, dans beaucoup de circonstances, ces œufs éclosent dans le corps de la femelle; et dès lors les murénophis hélènes devraient être comptées parmi les poissons ovovivipares. Ces apodes vivent non-seulement dans l'eau salée, mais encore dans l'eau douce. On les trouve dans les mers chaudes on tempérées de l'Eiirope et de l'Amérique, particulière- ment dans la Méditerranée, et surtout près des côtes de la Sardaigne. Ils se retirent au fond de l'eau pendant que l'hiver règne. Dans toutes les saisons ils aiment à se loger dans les creux des rochers. Quand le prin- temps commence, ils fréquentent les rivages. Us dévorent une grande quantité de cancres et de poissons. Ils recherchent avec avi- dité les polypes. Rondelet raconte que le polype le plus grand et le plus fort fuit l'approche de la murénophis hélène; que cependant, lorsqu'il ne peut éviter son attaque, il s'efforce de la retenir au milieu des replis tortueux de ses bras longs et nombreux, de la serrer, de la comprimer, de l'étouffer; mais qu'elle glisse comme une colonne fluide, échappe à ses étreintes, et le déchire avec ses dents aiguës. Les hélènes sont d'ailleurs si voraces, que lorsqu'elles manquent de nourriture, elles rongent la queue les unes des autres. Elles ne meurent pas pour avoir perdu une partie considérable de leur queue, non plus que lorsqu'elles sont longtemps hors de l'eau, dont elles peuvent se passer pendant quelques jours, si la sécheresse de l'atmosphère n'est pas trop grande, ou si le froid n'est pas trop violent; mais on a remarqué que pendant l'hiver elles sont sujettes à des maladies. Plusieurs de ces murénophis ont présenté, pendant cette saison, des vessies jaunâtres de diverses formes, et dont chacune contenait un ver, sur la tunique externe de l'estomac, sur la surface extérieure du canal intestinal, sur le foie, ou sur les muscles du ventre, entre les arêtes, dans la tunique extérieure de l'ovaire et dans l'intervalle qui sépare les deux tuniques de la vessie urinaire. IICÉPÈDE.— TOME II. 34 554 HISTOIRE NATURELLE On péchc la muréiiophis hélènc a>ec Je» nasses et avec des lignes de fond; mais son instinct la fait souvent échapper à la ruse. Lorsqu'elle a mordu à l'hameçonj elle l'avale pour pouvoir couper la ligne avec ses dents, ou bien elle se renverse et se roule sur celte ligne, qui cède quelquefois à ses efl'orts. La renferme-t-on dans un filet, elle sait choisir les mailles dans l'intervalle desquelles son cor|)s glissant peut en quelque sorte s'écouler. Les Romains voisins de ces temps où la république expirait opprimée par une ambition orgueilleuse, étouffée par une cupidité insatiable, et ensanglantée par une horrible tyran- nie, recherchaient avec beaucoup de soin la murénophis hélène : elle servait et le caprice, et le luxe, et la cruauté. Us construisirent à grands frais des réservoirs situés sur le bord ou très-près de la mer, et y élevèrent des hélènes. Columelle, qui savait combien la cul- ture des poissons était utile à la chose publique, exposa, dans son fameux ouvrage sur l'agriculture, l'art de construire ces réservoirs, et d'y pratiquer des grottes tortueuses, où les hélènes pussent trouver des abris. Mais ce qu'il fit pour la prospérité de son pays et pour les progrés de l'économie publique, avait été fait avant lui pour les besoins du luxe, et le goût des riches habitants de Rome. Les murénophis hélènes étaient si multipliées du temps de César, que, lors d'un de ses triomphes, il en donna six mille à ses amis; et on était parvenu à les apprivoiser au point que M. Licinius Crassus en nourrissaitqui venaient à sa voix et s'élançaient vers lui pour recevoir l'aliment qu'il leur présenterait. La mode et l'art de la parure avaient trouvé dans les formes de ces poissons des modèles pourdespendantsd'oreilleet d'autres ornements des belles Romaines. Le prix qu'on atta- chait à la possession de ces animaux avait même fait naître une sorte d'alîection si vive, que ce Crassus que nous venons de citer, et, ce qui est plus étonnant, Quintus Hortensius, duquel Cicéron a écrit qu'il avait été un orateur excellent, un bon citoyen et un sage séna- teur, ont pleuré la perte de murénophis mortes dans leurs viviers. Cela n'est que ridicule : mais ce qui est horrible , et ce qui peint les effets épouvanta- bles de la corruption des mœurs, c'est qu'un Pollio, qu'il ne faut pas confondre avec un orateur célèbre du même nom engraissait ses murénophis hélènes avec la chair et le sang des esclaves qu'il condamnait à périr; que recevant Auguste chez lui, il ordonna qu'on jetât dans la funeste piscine un esclave qui venait de casser involontairement un plat pré- cieux; et que l'empereur, révolté de cette atroce barbarie, n'osa cependant punir ce mon- stre qu'en donnant la liberté à l'esclave et en faisant casser tous les vases de prix que Pollio avait ramassés. La plume tombe des mains après avoir tracé le nom de cet exécrable Pollio. LA MURÉNOPHIS ÉCHIDNE. Murénophis Echidna, Lac. i. La Murénophis colubrine, Ophisurus colubrinus , Cuv.; Murœiia colubrina, Linii., Gmel.; Muraeno- phis colubrina, Lacep. — M. noirâtre, Mura;nophis nigricaiis, Lac. — M. chaînette, Murœna cate- iiala, Cuv.; Gymnolliorax calenata, Bl.; Murœnophis Catenula, Lac. — 31. réticulaire, Murœna relicuiaris, Cuv.; Gymnolhorax relicuiaris, Bl. ; Murœnophis reticularis , Lac. — 3/. africaine, Muriena afra, Cuv.; Gymnolliorax afer, Bl.; Murœnophis afra, Lacep. — M. panthérine, .Murœna paniherina , Cuv.; murœna Picta, Thunb.; Murœnophis paniherina, Lac. — M. éioilée, Murœna slellata, Cuv.; Murienophis slellata, Lac. — M. ondulée, Murœna undulata, Cuv.; Murœnophis unduiala, Lacep., — M. grise, Murœna grisea, Cuv.; Murœnophis grisea, Lac. L'échidne, que les compagnons de l'illustre Cook ont vue dans l'île de Palmerston, a près de six pieds de longueur; ses yeux sont petits, mais très-vifs; l'ouverture de sa bouche est très-grande; plusieurs dents hérissent ses mâchoires; sa chair est très-agréable au goût : mais les navigateurs anglais n'ont vu cet animal qu'avec une sorte d'horreur, à cause de sa ressemblance avec un serpent dangereux. Commerson a rencontré la colubrine au milieu des rochers détachés du rivage qui environnent la Nouvelle-Bretagne et les îles voisines. On la trouve aussi auprès des côtes d'Amboine. On a comparé la grandeur de cette murénophis à celle de l'anguille. Les trenfes zones qui l'entourent sont alternativement d'un brun noirâtre et d'un brun mêlé de blanc; le dessus de la tète est d'un vert jaunâtre; les iris sont couleur d'or. Les écailles qui revê- tent la peau sont très-dillicilcs à distinguer. Il n'y a pas de véritable ligne latérale. L'anus est beaucoup plus près de ta tête que de la nageoire de la queue. La chair de ce poisson fournil un aliment délicat; mais la forme aiguë de ses dents rend sa morsure dangereuse. La noirâtre vit dans l'Amérique méridionale, ainsi que la réticulaire, dont Surinam est I .M. Cuvicr ne cite pas respèce de murénophis ëchidnc. D. DES POISSONS. S38 la patrie. Cette dernière murénophis a les yeux petits; l'iris blanc et fort étroit; les flancs un peu comprimés; l'anus plus voisin de la caudale que de la tête; la couleur générale brune, et les taches blanches. Remarquez dans la réticulaire, que l'on pèche auprès de Tranquebar, la position des yeux très-près de la lèvre supérieure; la situation de l'anus à une distance un peu plus grande de la tête que de la caudale; la blancheur de l'iris, qui est très-étroit; celle de la couleur générale; les petites bandes brunes du dos et du ventre ; les nuances brunâtres et les taches jaunes delà dorsale. L'africaine séjourne au milieu des éceuils de la côte de Guinée. Son œil est "grand et ovale, son iris bleu; sa couleur générale brune, son corps comprimé; son anus situé au milieu de sa longueur totale; la peau qui revêt les nageoires très-épaisse, comme dans presque toutes les murénophis. La panthérine a les yeux gros et voilés par une membrane transparente, ainsi que pres- que tous les poissons de son genre; ses deux mâchoires sont à peu près également avan- cées. Nous avons vu dans la collection hollandaise cédée à la France, un individu de cette espèce encore inconnue des naturalistes, et dont nous avons choisi le nom spécifique de manière à indiquer la ressemblance de la distribution et du ton de ses teintes, avec ceux de la robe de la panthère. L'étoilée n'est pas plus connue que la panthérine. On l'a pêchée au milieu des rochers de la Nouvelle-Bretagne, sous les yeux de Commerson, qui en a laissé une très-bonne des- cription dans ses manuscrits. La longueur de cette murénophis est d'un pied et demi. Sa couleur générale parait d'un jaune mêlé de blanc; le dessus du museau est bleuâtre, les taches étoilées sont d'un pour- pre tirant sur le noir; la série supérieure de ces taches étoilées en renferme ordinaire- ment vingt, et l'inférieure vingt et une; l'iris est doré. Une liqueur épaisse humecte les téguments; la mâchoire supérieure est un peu plus avancée que celle d'en bas; on voit l'anus situé vers le milieu de la longueur totale. On doit rechercher l'étoilée à cause de la bonté de sa chair, mais avec précaution, parce que ses dents aiguës peuvent faire des bles- sures fâcheuses. L'ondulée a été observée par Commerson, qui en a laissé un dessin, La description de cette espèce n'a pas encore été publiée. Son anus est situé plus près de la tête que de la caudale. La grise aime les mêmes eaux que l'étoilée et la colubrine. On en devra la connaissance à Commerson, dont les manuscrits en contiennent une description étendue. Cette muréno- phis a la grandeur de l'anguille; l'iris doré, avec des points bruns; la peau dénuée d'ècail- ies facilement visibles; la langue très-difficile à distinguer. Commerson a écrit que l'effet de la morsure de ce poisson était semblable à celui d'un rasoir. LA MURÉNOPHIS HAUT. Murœna Hauy, Cuv. ; Muraenophis Hauy, Lac. i. Nous dédions cette espèce, qui n'a pas encore été décrite, à notre célèbre collègue, con- frère et ami, M. Haiiy, membre de l'Institut, et professeur de minéralogie au Muséum d'histoire naturelle. Non-seulement l'Europe savante rend hommage, dans ce savant illustre, au physicien du premier ordre, au créateur de la cristallographie, à l'auteur du bel ouvrage qui répand une lumière si vive sur la science des minéraux; mais encore elle sait, malgré la modestie de ce grand naturaliste, que c'est à lui qu'elle doit une très-grande partie du travail ichthyologique dont l'Encyclopédie méthodique a été enrichie. La couleur générale de la Munérophis haiiy, est d'un jaune doré, mêlé de teintes blan- ches ou argentines. A la place de la ligne latérale, on voit une raie longitudinale rouge. Les taches dont la surface du poisson est parsemée, sont d'un brun jaunâtre plus ou moins foncé ; les nageoires présentent les mêmes nuances que ces taches. L'ouverture branchiale, située beaucoup plus vers le bas que vers le haut de l'animal, lie les murénophis avec les Sphagebranches, dont nous allons bientôt nous occuper. M. Noël de Rouen a vu, dans la collection d'un de ses amis, un individu de l'espèce que nous faisons connaître, et a bien voulu nous en envoyer un dessin. ]uvier a cité, dans la première édition du Règne animal, cette espèce comme apf sous-genre Murène dans le grand genre Anguille, de l'ordre des Milacoptérygiens apodes. D. 536 HISTOIRE NATURELLE DEUX CENT VINGTIÈME GENRE. LES GYMNOMLRÉNES 1. Point de nageoires pectorales, une ouverture branchiale sur chaque côté du poisson, le corps et la queue presque cylindriques, point de nageoire du dos, 7ii de nageoire de l'anus, ou ces deux nageoires si basses et si enveloppées dans une peau épaisse, qu^on we peut recounaUre leur présence que par la dissccliun. ESPÈCES. CARACTÈRES. . P ( L'anus beaucoup plus près du bout de la queue que de la tête ; la couleur générale 1. La U^mnomu- \ brune; soixante (ou environ) bandes transversales, blanches, très-étroites, et RENE CERCLEE. | formant presque toutes une zone autour du poisson. 2. La Gthnohc- j L'anus plus près de la tète que du bout de la queue ; la caudale très-courte ; le corps RÊNE MARBRÉE. | ct la queuc Hiarbrés de brun et de blanc. LA GYMNOMURÈNE CERCLÉE. Murœna Zébra, Cuv. ; Gymnomurœna doliata. Lac. 2. ET LA CYiMNOMURÈNE MARBRÉE. Gymnomurœna marmorata, Lac. 3 . La description de ces poissons n'a pas encore été publiée. Ils ont été observées par Com- merson, auprès des rivages de la Nouvelle-Bretagne. Nous les avons séparés des muréno- pliis, parce qu'ils manquent de nageoire dorsale et de nageoire de l'anus, ou n'ont qu'une anale et une dorsale très-difficiles à distinguer 4. Ces traits de conformation les placent à une distance des serpents encore plus petite que celle qui sépare ces reptiles des munérophis. La longueur de la cerclée est de trois pieds, ou environ. Outre les zones dont nous avons parlé dans la table générique, quelques bandes transversales plus ou moins lon- gues, irrégulières et interrompues, paraissent sur les côtés de l'animal. La tête présente plusieurs petites raies irrégulières et blanches. Le corps et la queue sont un peu com- primés. La mâchoire d'en haut est un peu plus avancée que celle d'en bas : des dents molaires garnissent le disque formé par chaque mâchoire. Les narines ont chacune deux orifices; et il parait que l'orifice antérieur est placé au bout d'un petit tube noir à son extrémité et qui ressemble à un barbillon. Les arcs de cercle qui soutiennent les bran- chies sont entièrement lisses. On ne voit pas de véritable ligne latérale. On ne peut s'as- surer de l'existence de la dorsale et de l'anale, ni reconnaître les rayons qui les composent, qu'après avoir enlevé la peau qui les recouvre. Lors de la basse mer, on trouve souvent les Cerclées sous de gosses pierres ou des blocs de rocher, qu'on retourne pour découvrir ces gymnomurènes laissées à sec. On tue alors ces osseux à coups de bâton; mais on ne les saisit qu'avec précaution, pour éviter les douleurs aiguës que peut causer leur morsure. Les Marbrées ont des dimensions très-peu difîérenles de celles des Cerclées. On les volt souvent cachées à demi sous des roches peu submergées, levant leur tête au-dessus de l'eau dans l'attente de leur proie, la lançant, pour ainsi dire, avec rapidité contre leurs victimes, et les mordant avec force et même acharnement. Elles peuvent d'autant plus déchirer ce qu'elles saisissent, qu'indépendamment d'une rangée de dents très-aiguës qui garnit chaque mâchoire, des dents semblables hérissent le palais. Le museau est allongé; les joues sont comme gonflées, ainsi que le derrière des yeux. La mâchoire d'en bas est un peu moins avancée que celle d'en haut. Nous croyons que l'orifice antérieur de chaque narine est placé au bout d'un petit tuyau que l'on peut comparer à un barbillon, et qui s'élève vers le bout du museau. Il n'y a pas de ligne latérale. L'iris est doré. On ne peut découvrir aucune nageoire, exepté à l'extrémité de la queue, où l'on aper- çoit sur le bord un rudiment de caudale. La peau, dénuée d'ècailles facilement visibles, est enduite d'une humeur très-visqueuse. 1 Les Gymnomurènes de M. de Lacépède sont rangées par M. Cuvicr dans son sous-genre Murène, l'un de ceux qui divisent le grand genre Anguille. D. 2 Du sous-genre Murène, dans le grand genre Anguille, Cuv. D. 5 M. Cuvier ne cite pas cette espèce. D. i Le mot gymnos, qui, en grec, signifie nn, désigne la nudité du dos ct du dessous de la queue, c'est- à-dire le défaut d'anale et de dorsale, ou la petitesse de la dorsale et de la nageoire de l'anus. DES POISSONS. BS7 DEUX CENT VINGT ET UNIÈME GENRE. LES MURÊNOBLENNES I. Point de nageoires pectorales, point d^apparence d''autre.i nageoires, le corps et ta queue presque cylin- driques, la surface de ranimai répandant, en très-grande abondance, une humeur laiteuse et gluante. ESPÈCE. CARACTÈRES. La Muréno- t 1 ' ■ I !• A. , . . , , . BLKNNE OLIVATRE. ! couleuF générale olivâtre et sans taches; 'le ventre blanchâtre. LA MURÉNOBLENNE OLIVATRE. Blurœna...., Cuv. ; Murœnoblenna olivacea, Lac. Commerson a vu, dans le détroit de Magellan, ce poisson que les naturalistes ne con- naissent pas encore, et qui semble organisé de manière à répandre avec plus d'abondance que tout autre une matière visqueuse. Cette faculté et sa^conformation extérieure nous ont obligés à l'inscrire dans un genre particulier. Il parvient à la longueur d'un pied et demi. Son diamètre est alors le dix-huitième ou à peu près de sa longueur totale. La matière huileuse et gluante qui suinte de ses pores, paraît inépuisable : Commer- son dit qu'elle donnait même aux matelots une très-grande répugnance pour la muréno- blenne olivâtre, et qu'elle devait former une si grande partie du volume de ce singulier poisson, que lorsqu'on avait mis dans de l'alcool un individu de cette espèce, et qu'on l'y avait laissé pendant deux mois, on trouvait ce même individu réduit presque en entier en une masse muqueuse, huileuse et gluante. DEUX CENT VINGT-DEUXIÈME GENRE. LES SFHAGEBRANCHES 2. Point de nageoires pectorales, ni d''autres nageoires, les deux ouvertures branchiales sous la gorge, le corps et la queue presque cylindriques. ESPÈCE. CARACTÈRES. PHAGEBRAN- \ -^^ muscau terminé en pointe ; la mâchoire supérieure beaucoup plus avancée que celle d'en bas. CHE MIISEAU- POINTU. LE SPHAGEBRANCHE MUSEAU-POINTU. Sphagcbranchus rostratus, Bl., Lac, Cuv. Bloch a reçu dans le temps, des Indes orientales, un individu de cette espèce. L'anus de ce poisson était placé vers le milieu de sa longueur totale; sept petites dents garnis- saient les mâchoires; quatre branchies étaient situées de chaque côté de l'animal. On ne pouvait distinguer aucune écaille sur la peau. DEUX CENT VINGT-TROISIÈME GENRE. LES UNIBRANCHAPERTURES 3. Point de nageoires pectorales, le corps et la queue serpenti formes , une seule ouverture hranchiale, et cet orifice situé sous la gorge, la dorsale et l'anale basses et réunies à la queue. ESPÈCES. CARACTÈRES. I.L'Unibrancha- l La tête plus grosse que le corps; le dessus de la tête convexe ; le museau arrondi ; PERTURE MAR- < les deux mâchoires presque égales, et garnies de plusieurs dents petites et coni- BRÉE. ( ques; le palais et la langue lisses ; le corps et la queue marbrés. La tête plus grosse que le corps ; le dessus de la tête convexe ; le museau pointu ; les deux mâchoires presque égales; le corps et la queue sans taches. l La tête petite ; le museau pointu ; les mâchoires garnies de dents ; la mâchoire supé- S.L'Unibrancha- ; rieure plus avancée que l'inférieure; la dorsale ne commençant qu'au delà du PERTURE CENDRÉE ) milieu de la longueur du tronc; les nageoires adipeuses ; toute la surface du pois- \ son d'un gris cendré. 1 M. Cuvier, dans la première édition du Règne animal, réunit les Murénoblennes et les Gymnomu- rènes de M. de Lacépède aux Murènes, pour en former un sous-genre dans le grand genre Anguille, ordre des Malacoptérygiens apodes, Cuv. D. 2 Les Sphagebranches de Lacépède forment pour M. Cuvier un petit sous-genre dans le grand genre Anguille, famille des Anguilliformes, ordre de Malacoptérygiens apodes. D. 3 M. Cuvier admetce genre sous le nom de Symbranclius que lui a donné primitivement Bloch ; mais il n'en fait qu'un simple sous-genre dans le grand genre Anguille, ordre des Malacoptérygipns apodes. .L'Unibrancha- pertube imma- culée. «38 HISTOIRE NATURELLE DES POISSONS. ESPÈCEi. CARACTÈBES. iLa tête grosse; le museau avancé et pointu; les deux mâchoires garnies de plusieurs rangs de dents très-petites et crochues; la dorsale, la caudale et l'anale très-cour- tes et adipeuses; le dessous du corps et de la queue tacheté; une raie noirâtre étendue sur le dos, depuis la tète jusqu'à l'extrémité de la dorsale. I La tète grosse; le museau court, aplati et arrondi, la mâchoire 'supérieure plus \ large et plus avancée que celle d'en bas; les yeux très-petits et situés très-près S.L'Unibbancua- / duDoutdu museau; la dorsale commençant aux trois quarts, ou environ, de la PERTURE LissK. j lougucur totalc ; l'anus trois fois plus éloigné de la gorge que du bout de la queue ; [ la dorsale, l'anale et la caudale, très-difficiles à distinguer et adipeuses; des plis transversaux sous la gorge. L'UNIBRANCHAPERTURE MARBRÉE. Symbranchus marmoratus, Bl., Cuv. ; Unibranchapertura marmorata, Lac. i. L'Vnibranchaperture immaculée, Symbranchus immaculalus, Bl., Cuv., Unibranchaperturus Immacula- lus, Lac. — U. cendrée, Unibraiichaperlura grisea, Lacep. — U. rayée, Unibranchapertura llneala, Lacep. — U. lisse, Unibranchapertura iœvis, Lac. Dans les eaux douces et bourbeuses de Surinam, se trouve la marbrée, dont la chair est grasse, mais quelquefois imprégnée d'un goût et d'une odeur de vase; elle est vorace et se nourrit de petits animaux. Ses lèvres sont charnues; chaque narine n'a qu'un ori- fice. Les yeux sont bleus; le dos est d'un olivâtre foncé; le ventre et les côtés sont d'un vert jaunâtre; les taches, qui font paraître l'animal comme marbré, présentent des nuan- ces violettes. La peau est épaisse et lâche ; la ligne latérale droite; l'anus deux fois plus près de l'extrémité de la queue que de la gorge; l'estomac allongé; et la membrane de cet organe mince. L'unibranchaperture immaculée vil dans les eaux de Surinam et de Tranquebar. Sa peau est moins lâche que celle de la marbrée; son corps est charnu. La cendrée n'a pas de taches. Sa longueur est de plus de huit pouces, l'ouverture de la bouche médiocre; l'œil très-petit; la peau dénuée d'écaillés facilement visibles. Cette unibranchaperture a été pêchée dans les eaux de la Guinée. M. Leblond nous a envoyé de Cayenne un individu qui appartenait à une espèce d'unibranchaperture encore inconnue des naturalistes, ainsi que la lisse, dont nous plions parler. Cette espèce, que nous avons nommée la rayée, a les yeux très-petits, et placés vers le milieu de la longueur des mâchoires; on voit dans l'intérieur de la bouche, et dans l'an- gle antérieur de chaque mâchoire, un groupe de dents crochues et très-pelites ; l'ouverture branchiale est ovale, longitudinale et petite; on n'aperçoit pas de taches sur la partie supérieure du poisson. La rayée parvient à la longueur de deux pieds. L'anus estsitué aux trois quarts de la longueur totale. La lisse a la ligne latérale droite; l'orifice branchial assez grand, un peu triangulaire et allongé; l'anale très-courle; la peau très-lisse et sans aucune apparence d'écaillés; la couleur générale sans taches, et sans aucune bande ni raie. Nous avons fait dessiner un bel individu de cette espèce, que nous avons trouvé dans la collection cédée à la France par la Hollande. 1 Du sous-genre SyMBRANCHE, dans le grand genre Anouille, Cuv. D. DES EFFETS DE L'ART DE L'HOMME SUR LA NATURE DES POISSONS. 1802. C'est un beau spectacle que celui de l'intelligence humaine, disposant des forces de la nature, les divi- sant, les réunissant, les combinant, les dirigeant à son gré, et par l'usage habile que l'expérience et l'observation lui en ont appris, modifiant les substances, transformant les êtres, et rivalisant, pour ainsi dire, avec la puissance créatrice. L'amour-propre, l'intérêt, le sentiment et la raison applaudissent surtout à ce noble spectacle, lors- qu'il nous montre le génie de l'homme exerçant son empire, non-seulement sur la matière brute qui ne lui résiste que par sa masse, ou ne lui oppose que ce pouvoir des alïiiiités qu'il lui suffit de connaître pour le maîtriser, mais encore sur la matière organisée et vive, sur les corps animés, sur les êtres sen- sibles, sur les propriétés des espèces, sur ces attributs intérieurs, ces facultés secrètes, ces qualités pro- fondes qu'il domine, sans même parvenir à dévoiler leur essence. De quelques êtres organisés et vivants que l'on veuille dessiner l'image, on voit presque toujours sur quelques-uns de leurs traits l'empreinte de l'art de l'homme. Sans doute l'histoire de son industrie n'est pas celle de la nature: mais comment ne pas en écrire quelques pages, lorsque le récit de ses procédés nous montre jusqu'à quel point la nature peut être con- trainte à agir sur elle-même, et que celte puissance admirable de l'homme s'applique à des objets d'une haute importance pour le bonheur public et pour la félicité privée? Parmi ces objets si dignes de l'attention de l'économe privé et de l'économe public, comptons, avec les sages de l'antiquité, ou, pour mieux dire, avec ceux de tous les siècles qui ont le plus réuni l'amour de l'humanité à la connaissance des productions de la nature, la possession des poissons les plus ana- logues aux besoins de l'homme. Deux grands moyens peuvent procurer ces poissons que l'on a toujours recherchés, mais auxquels, dans certains siècles et dans certaines contrées, on a attaché un si grand prix. Le premier de ces moyens, résultat remarquable du perfectionnement de la navigation, multipliant chaque jour le nombre des marins audacieux, et accroissant les progrès de l'admirable industrie sans laquelle il n'aurait pas existé, obtiendra toujours les plus grands encouragements des chefs des nations éclairées : il consiste dans ces grandes pêches auxquelles des hommes entreprenants et expérimentés vont se livrer sur des mers lointaines et orageuses. Mais l'usage de ce moyen, limité par les vents, les courants et les frimas, et troublé fréquemment par les innombrables accidents de l'atmosphère et des mers, exige sans cesse une association constante, pré- voyante et puissante, une réunion diflicile d'instruments variés, une sorte d'alliance entre un grand nombre d'hommes que l'on ne peut rencontrer que très-rarement et rapprocher qu'avec peine. Il ne donne à nos ateliers qu'une partie des produits que l'on pourrait retirer des animaux poursuivis dans ■ ces pêches éloignées et fameuses, et ne procure pour la nourriture de l'homme que des préparations peu substantielles, peu agréables, ou peu salubres. Le second moyen convient à tous les temps, à tous les lieux, à tous les hommes. Il ne demandé que biO EFFETS DE L'ART peu de précaulioiis, (jue peu d'elTorts, que jjeu d'iiislanls, que peu de dépenses. Il ne commande au- cune absence du séjour que l'on affectionne, aucune interruplion de ses habitudes, aucune suspension de ses affaires; il se montre avec l'apparence d'un amusement varié, d'une distraction agréable, d'un jeu plutôt que d'un travail ; et cette apparence n'est pas trompeuse. Il doit plaire à tous les âges ; il ne peut être étranger à aucune condition. Il se compose des soins par lesquels on parvient aisément à transporter dans les eaux que l'on veut rendre fertiles, les poissons que nos goûts ou nos besoins réclament, à les y acclimater, à les y conserver, à les y multiplier, à les y améliorer. Nous traiterons des grandes pêches dans un discours particulier. Occupons-nous dans celui-ci de cet ensemble de soins qui nous rappelle ceux que les Xénophon, les Oppien, les Varron, les Ovide, les Columelle, les Ausone, se plaisaient à proposer aux deux peuples les plus illustres de l'antiquité, que la sagesse de leurs préceptes, le charme de leur éloquence, la beauté de leur poésie et l'autorité de leur renommée inspiraient avec tant de facilité aux Grecs et aux Romains, et qui étaient en grand honneur chez ces vainqueurs de l'Asieet de l'Europe, que la gloire avait couronnés de tant de lauriers. L'homme d'état doit les encourager, comme une seconde agriculture; l'homme des champs doit les adopter, comme une nouvelle source de richesses et de plaisirs. En rendant en effet les eaux plus productives que la terre, en répandant les semences d'une abondante et utile récolte, dans tous les lacs, dans les rivières, dans les ruisseaux, dans tous les endroits que la plus faible source arrose, ou qui conservent sur leur surface le produit des rosées et des pluies, ces soins que nous allons lâcher d'indiquer n'augmenteront-ils pas beaucoup celte surface fertile cl nour- ricière du globe, de laquelle nous tirons nos véritables trésors? Et l'accroissement que nous devrons à ces procédés simples et peu nombreux, ne sera-t-il pas d'autant plus considérable, que ces eaux dans lesquelles on portera, entretiendra et multipliera le mouvement et la vie, offriront une profondeur bien plus grande que la couche sèche fécondée par la charrue, et à laquelle nous confions les graines des végétaux précieux? Et dans ses moments de loisir, lorsque l'ami de la nature et des champs portera ses espérances, ses souvenirs, ses douces rêveries, sa mélancolie même, sur les rives des lacs, des ruisseaux ou des fon- taines, et que, mollement étendu sur une herbe fleurie, à l'ombre d'arbres élevés et touffus, il goûtera cette sorte d'extase, cette quiétude louchante, celle volupté du repos, cet abandon de toute idée trop forte, cette absence de toute affection trop vive, dont le charme est si grand pour une âme sensible, n'éprouvera-l-il pas une jouissance d'autant plus douce qu'il aura sous ses yeux, au lieu d'une onde stérile, déserte, inanimée, des eaux vivifiées, pour ainsi dire, et embellies par la légèreté des formes, la vivacité des couleurs, la variété des jeux, la rapidité des évolutions? Voyons donc comment on peut transporter, acclimater, mulliplier et perfectionner les poissons ; ou ce qui est la même chose, montrons comment l'art modifie leur nature. Tâchons d'éclairer la roule élevée du physiologiste par les lumières de l'expérience, et de diriger 1'e.xpérience par les vues du physiologiste. Disons d'abord comment on transporte les poissons d'une eau dans une autre. De toutes les saisons, la plus favorable au transport de ces animaux est l'hiver, à moins que le froid ne soit très-rigoureux. Le printemps et l'automne le sont beaucoup moins que la saison des frimas; mais il faut toujours les préférer à l'été. La chaleur aurait bientôt fait périr des individus accoutumés à une température assez douce; et d'ailleurs ils ne résisteraient pas à l'influence funeste des orages qui régnent si fréquemment pendant l'été. C'est en effet un beau sujet d'observation pour le physicien, que l'action de l'électricité de l'atmo- sphère sur les habitants des eaux, action à laquelle ils sont soumis non-seulcmenl lorsqu'on les force à changer de séjour, mais encore lorsqu'ils vivent indépendants dans de larges fleuves, ou dans des lacs immenses, dont la profondeur ne peut les dérober à la puissance de ce feu électrique. Il ne faut exposer aux dangers du transport que des poissons assez forts pour résister à la fatigue, à la contrainte, et aux autres inconvénients de leur voyage. A un an, ces animaux seraient encore trop jeunes; l'âge le plus convenable pour les faire passer d'une eau dans une autre, est celui de trois ou quatre ans. On ne remplira pas entièrement d'eau les tonneaux dans lesquels on les renfermera. Sans cette pré- caution, les poissons, montant avec rapidité vers la surface de l'eau, blesseraient leur tête contre la par- tie supérieure du vaisseau dans lequel ils seront |)lacés. Ces tonneaux devront d'ailleurs présenter un assez grand espace. Bloch, qui a écrit des observations très-utiles sur l'art d'élever les animaux dont nous nous occupons, demande qu'un tonneau destiné à transporter des poissons du poids de cent livres, ou à peu près, contienne trois cent vingt litres ou pintes d'eau. Il est même nécessaire que vers la fin du printemps, ou au commencement de l'automne, c'est-à-dire lorsque la chaleur est vive au moins pendant plusieurs heures du jour, celle quantité d'eau soit plus grande, et souvent double; et, quelle que soit la température de l'air, il faut qu'il y ait toujours une communication libre entre l'atmosphère et l'intérieur du tonneau, soit pour procurer aux poissons, sui- vant l'opinion de quelques physiciens, l'air qui peut leur être nécessaire, soit pour laisser échapper les miasmes malfaisaiils et les gaz funestes qui, ainsi que nous l'avons déjà dit dans cette histoire, se for- ment en abondance dans tous les endroits où les habitants des eaux sont réunis en très-grand nombre, SUR LES POISSONS. ÎJ4< même lorsque la chaleur n'est pas très-forle, et leur donnent la mort souvent dans un espace de temps extrêmement court. Mais comme ces soupiraux si nécessaires aux poissons que l'on fait voyager, pourraient, s'ils étaient faits sans attention, laisser à l'eau des mouvements trop libres et trop violents qui la feraient jaillir, pousseraient les poissons les uns contre les autres, les froisseraient et les blesseraient mortellement, il ou - . Il de plusieurs trous qui établissent une communication suffisante entre l'air extérieur et l'intérieur du vaisseau. Toutes les fois que la distance le permettra, on emploiera aussi des bétes de somme tranquilles, ou même des porteurs attentifs, plutôt que des voilures exposées àdes cahots rudes et à des secousses brusques et fréquentes. On prendra encore d'autres précautions, suivant les circonstances dans lesquelles on se trouvera, et les espèces dont on voudra porter des individus vivants à un assez grand éloignement de leur premier séjour. Si l'on veut, par exemple, conserver en vie malgré un long trajet, des truites, des loches, ou d'autres poissons qui périssent facilement, et qui se plaisent au milieu d'une eau courante, on change souvent celle du tonneau dans lequel on les renferme, et on ne cesse de communiquer à celle dans laquelle on les tient plongés, un mouvement doux, mais sensible, qui subsiste lors même que la voiture qui les porte s'arrête, et qui, bien inférieur à une agitation dangereuse, représente les courants naturels des rivières ou des ruisseaux. Pour peu que l'on craigne les effets de la chaleur, on voyagera la nuit; et l'on évitera avec le plus grand soin, en maniant les poissons, de les presser, de les froisser, de les heurter. On ne les laissera hors de l'eau que pendant le temps le plus court possible, surtout quand un soleil sans nuages pourrait, en desséchant prompiement leurs organes, et particulièrement leurs branchies, les faire périr très-promptement. Cependant, lorsque le temps sera froid, on pourra transporter des anguilles, des carpes, des brèmes, et d'autres poissons qui vivent assez longtemps hors de l'eau, sans employer ni tonneau ni voiture, en les enveloppant dans de la neige, et dans des feuilles grandes, épaisses et fraîches, telles que celles du chou ou de la laitue. Un moyen presque semblable a réussi sur des brèmes que l'on a portées vivantes à plus de vingt-cinq lieues. On les avait entourées de neige, et on avait mis dans leur bouche un morceau de pain trempé dans de l'eau-de-vie. C'est avec des précautions analogues que, dès le seizième siècle, on a répandu, dans plusieurs contrées de l'Europe, des espèces précieuses de poisson dont on y était privé. C'est en les employant qu'il paraît que Masciial a introduit la carpe en Angleterre en 1514; que Pierre Oxe l'a donnée au Danemarck en 1S50; qu'à une époque plus rapprochée on a naturalisé l'acipensère strelet en Suède, ainsi qu'en Pomé- ranie, et qu'on a peuplé de cyprins dorés de la Chine les eaux non-seulement de France, mais encore d'Angleterre, de Hollande et d'Allemagne. Mais il est un procédé par le moyen duquel on parvient à son but avec bien plus de sûreté, de facilité et d'économie, quoique beaucoup plus lentement. Il consiste à transporter le poisson, non pas développé et parvenu à une taille plus ou moins grande, mais encore dans l'état d'embryon, et renfermé dans son œuf. Pour réussir plus aisément, on prend les herbes ou les pierres sur lesquelles les femelles ont déposé leurs œufs, et les mâles leur laite, et on les porte dans un vase plein d'eau, jusqu'au lac, à l'étang, à la rivière, ou au bassin que l'on désire de peupler. On apprend facilement à distinguer les œufs fécondés d'avec ceux qui n'ont pas été arrosés de la liqueur prolifique du mâle, et que l'on doit rejeter : les premiers paraissent toujours plus jaunes, plus clairs, plus diaphanes. On remarque cette différence dès le premier jour de leur fécondation, si l'on se sert d'une loupe ; et dès le troisième ou le quatrième jour on n'a plus besoin de cet instrument, pour voir que ceux qui n'ont pas été fécondés par le mâle, deviennent à chaque instant plus troubles, plus opaques, plus ternes : ils perdent tout leur éclat, s'altèrent, se décomposent ; et dans cet état de demi- putréfaction, ils ont été comparés à de petits grains de grêle qui commencent à se fondre. Pour pouvoir employer ce transport des œufs fécondés, d'une eau dans une autre, il faudra s'attacher à connaître dans chaque pays le véritable temps de la ponte de chaque espèce, et du passage des mâles au- dessus des œufs ; et comme dans presque toutes les espèces de poissons on compte trois ou quatre époques du frai, les jeunes individus pondantleurs œufs plus tard que les femelles plus avancées en âge, et celles-ci plus tard que d'autres femelles plus âgées encore, que ces époques sont ordinairement séparées par un intervalle de neuf ou dix jours, et que d'ailleurs il s'écoule toujours au moins près de neuf jours entre l'instant de la fécondation et celui oiî le fœtus brise sa coque et vient à la lumière, on pourra chaque année, pendant un mois ou environ, chercher avec succès des œufs fécondés de l'espèce qu'on voudra introduire dans une eau qui ne l'aura pas encore nourrie. Si le trajet est long, on change souvent l'eau du vase dans lequel les œufs sont transportés. Cette précaution a paru nécessaire même dans les premiers jours de la ponte, où l'embryon contenu dans l'œuf ne peut être supposé respirer en aucune manière, puisque, dans ces premiers jours, non-seulement le petit animal est renfermé dans ses enveloppes et dans la membrane qui entoure l'œuf, mais encore o42 EFFETS DE L'ART montre, au microscope, le cours de son sang dirigé de manière à circuler sans passer par des branchies qui ne sont ni développées ni visibles. Elle ne sert donc, dans ce premier temps, qu'à préserver les œufs et les embryons de l'action des gaz ou miasmes qui se produiraient dans une eau que l'on ne renouvelle- rait pas, et qui, pénétrant au travers de la membrane de l'œuf, agiraient d'une manière funeste sur les nerfs ou d'autres organes encore extrêmement délicats des jeunes poissons. La nécessité de ce change- ment d'eau est donc une nouvelle preuve de ce que nous avons dit dans ce Discours, et dans celui que nous avons publié sur la nature des poissons, au sujet du besoin que l'on a, pour conserver ces ani- maux en vie, d'entretenir une communication très-libre entre l'atmosphère et le fluide dans lequel ils sont plongés. On favorise le développement de l'œuf et la sortie du fœtus, en les plaçant après le transport dans un endroit éclairé par le soleil. On les hâte même par cette attention ; et Bloch nous apprend dans l'Intro- duction que nous avons déjà citée, qu'ayant fait quatre paquets d'herbes chargées d'œufs de la même espèce, ayant exposé le premier au soleil du midi, le second au soleil levant, le troisième au couchant, et ayant fait mettre le quatrième à l'abri du soleil, les œufs du premier paquet furent ouverts par le fœtus deux jours avant ceux du quatrième, et les œufs du second et du troisième un jour plus tôt que ceux du quatrième paquet, que la chaleur du soleil n'avait pas pénétrés. Cependant les eaux dans lesquelles vivent les poissons peuvent être salées ou douces, troubles ou limpides, chaudes ou froides, tranquilles ou agitées par des courants plus ou moins rapides. Elles doivent toujours présenter ces qualités combinées quatre à quatre, la même eau devant être nécessaire- ment courante ou tranquille, froide ou chaude, claire ou limoneuse, douce ou salée. Mais ces huit modi- fications réunies quatre à quatre peuvent produire seize combinaisons : l'eau qui nourrit les poissons peut donc offrir seize manières d'être très-difîérentes l'une de l'autre, et très-faciles à distinguer. Nous en trouverions un nombre immense si nous voulions faire attention à toutes les nuances que chacune de ces modifications peut montrer, et à toutes les combinaisons qui peuvent résulter du mélange de tous ces degrés. Néanmoins ne tenons compte que des seize caractères bien distincts qui peuvent appartenir à l'eau; et voyons l'influence de la nature des différentes eaux sur la conservation des poissons que l'on veut acclimater. Il est évident que si l'on jette les yeux au hasard sur une des seize combinaisons que nous venons d'indiquer, on ne la verra pas séparée des quinze autres par un égal nombre de différences. Que l'on dépose donc les poissons que l'on viendra de transporter, dans les eaux les plus analogues à celles dans lesquelles ils auront vécu ; et lorsqu'on sera embarrassé pour trouver de ces eaux adaptées aux individus que l'on voudra conserver, que l'on préfère de les placer dans des lacs, où ils jouiront à leur volonté des eaux courantes qui s'y jettent ou en sortent, et des eaux paisibles qui y séjournent, où ils rencontreront des touffes de végétaux aquatiques et des rochers nus, des fonds de sable et des ter- rains vaseux, où ils jouiront d'une température douce en s'enfonçant dans les endroits les plus profonds; et où ils pourront se réchauffer aux rayons du soleil, en s'élevant vers la surface. Que l'on choisisse néanmoins les lacs dont les rives sont unies, plutôt que ceux dont les rivages sont très-hauts ; et si l'on est obligé de se servir de ces lacs à bords très-exhaussés, et où par consé(]uent les œufs déposés sur des fonds trop éloignés de l'atmosphère ne peuvent pas recevoir l'heureuse influence de la lumière et de la chaleur, qu'on supplée aux côtes basses et aux pentes douces, en faisant construire dans ces lacs et auprès de leurs bords des espèces de parcs ou deviviers en bois, qui présente- ront des plans inclinés très-voisins de la surface de l'eau, et que l'on garnira, dans la saison convena- ble, de branches et de rameaux sur lesquels les femelles puissent frotter leur ventre, et se débarrasser de leurs œufs. Aura-l-on à sa disposition des eaux thermales assez abondantes pour remplir de vastes réservoirs, et y couler constamment en si grand volume, que dans toutes les saisons la chaleur y soit très-sensible? On en profilera pour acclimater des espèces étrangères, utiles par la bonté de leur chair, ou agréables aux yeux par la vivacité de leurs couleurs, la beauté de leurs formes et l'agilité de leurs mouvements, et qui n'auront vécu jusqu'à ce moment que dans les contrées renfermées dans la zone toride ou très-voi- sines dos tropiques. Lorsque les poissons ne sont pas délicats, ils peuvent néanmoins supporter très -facilement le pas- sage d'une eau à une eau très -différente de la première. On l'a remarqué particulièrement sur l'an- guille; et M. de Septfontaines, observateur très-éclairé, que nous avons eu le plaisir de citer très-sou- vent dans nos ouvrages, nous a écrit, dans le temps, qu'il avait fait transporter des anguilles d'une eau bourbeuse dans le vivier le plus limpide, d'une eau froide dans une eau tempérée, d'une eau tempérée dans une eau froide, d'un vivier très-limpide dans une eau limoneuse, etc. ; qu'il avait fait suppor- ter ces transmigrations à plus de trois cents individus; qu'il les y avait soumis dans différentes sai- sons; qu'il n'en était pas mort la vingtième partie; et que ceux qui avaient péri n'avaient suc- combé qu'à la fatigue et à la gêne que leur avait fait éprouver un séjour très-long dans des vaisseaux très-étroits. On pourrait croire, au premier coup d'œil, qu'une des habitudes les plus difficiles à donner aux pois- sons serait celle de vivre dans l'eau douce après avoir vécu dans l'eau salée, ou celle de n'être entourés que d'eau salée après avoir été continuellement plongés dans de l'eau douce. Cependant on ne conservera pas longtemps cette opinion, si l'on considère qu'à la vérité l'eau saléc^ SUR LES POISSONS. 543 comme plus pesante, soutient davantage le poisson qui nage, et dès lors lui donne, tout égal d'ailleurs, plus d'agilité et de vitesse dans ses mouvements, mais que lorsqu'elle se décompose dans les branchies pour entretenir par son oxygène la circulation du sang, ou seulement dans le canal intestinal pour ser- vir par son hydrogène à la nourriture de l'animal, le sel dont elle est imprégnée n'altère ni l'un ni l'au- tre produit de cette décomposition. L'oxigène et l'hydrogène retirés de l'eau salée, ou obtenus par le moyen de l'eau douce, offrent les mêmes propriétés, produisent les mêmes effets. Si le poisson est plus gêné dans ses mouvements au milieu d'un lac d'eau douce que dans le sein de l'Océan, il tire de l'eau de la mer et de celle du lac la même nourriture; et il peut, au milieu de l'eau douce, n'être privé que de cette sorte de modification qu'impriment la substance saline et peut-être une matière particulière bitu- mineuse ou de toute autre nature, contenues dans l'eau de l'Océan, et qui, l'environnant sans cesse, lorsqu'il vit dans la mer, peuvent traverser ses téguments, pénétrer sa masse, et s'identifier avec ses organes. De plus, un très-grand nombre de poissons ne passent-ils pas la moitié de l'année dans l'océan, et l'autre moitié dans les rivières ainsi que dans les fleuves? et ces poissons voyageurs ne paraissent-ils pas avoir absolument la même organisation que ceux qui, plus sédentaires, n'abandonnent dans aucune saison les rivières ou la mer? Quant à la température, les eaux, au moins les eaux profondes, présentent presque la même, dans quelque contrée qu'on les examine. D'ailleurs les animaux s'accoutument beaucoup plus aisément qu'on ne le croit à des températures très-différentes de celle à laquelle la nature les avait soumis. Ils s'y habi- tuent même lorsque, vivant dans une très-grande indépendance, ils pourraient trouver dans des con- trées plus chaudes ou plus froides que leur nouveau séjour, une sûreté aussi grande, un espace aussi libre, une habitation aussi adaptée à leur organisation, une nourriture aussi abondante. Nous en avons un exemple frappant dans l'espèce du cheval. Lors de la découverte de l'Amérique méridionale, plu- sieurs individus de cette espèce, amenés dans cette partie du nouveau continent, furent abandonnés, ou s'échappèrent dans des contrées inhabitées voisines du rivage sur lequel on les avait débarqués : ils s'y multiplièrent; et de leur postérité sont descendues des troupes très-nombreuses de chevaux sauvages qui se sont répandues à des distances très-considérables de la mer, se sont très-éloignées de la ligne équinoxiale, sont parvenues très-près de l'extrémité australe de l'Amérique, y occupent de vastes déserts, n'y ont perdu aucun de leurs attributs, ont été plutôt améliorés qu'altérés par leur nouvelle manière de vivre, y sont exposés à un froid assez rigoureux pour qu'ils soient souvent obligés de cher- cher leur nourriture sous la neige qu'ils écartent avec leurs pieds; et néanmoins on ne peut guère dis- convenir que le cheval ne soit originaire du climat brûlant de l'Arabie. FI n'y a que les animaux nés dans les environs des cercles polaires, qui ont dès leurs premières années supporté le poids des hivers les plus rigoureux, et dont la nature, modifiée par les frimas, non- seulement dans eux, mais encore dans plusieurs des générations qui les ont précédés, est devenue, pour ainsi dire, analogue à tous les effets d'un froid extrême, qui ne paraissent pas pouvoir résister à une température très-différente de celle à laquelle ils ont toujours été exposés. Il semble que la raréfaction produite dans les solides et dans les liquides par une grande élévation dans la température, est pour les animaux un changement bien plus dangereux que l'accroissement de ton, d'irritabilité et de force, que les solides peuvent recevoir de l'augmentation du froid ; et voilà pourquoi on n'a pas encore pu parve- nir à faire vivre pendant longtemps dans le climat tempéré de la France les rennes qu'on y avait amenés des contrées boréales de l'Europe. On doit donc, tout égal d'ailleurs, essayer de transporter les poissons du midi dans les lacs ou riviè- res du nord, plutôt que ceux des contrées septentrionales dans les eaux du midi. Lors même que les rivières ou les lacs dans lesquels on aura transporté les poissons méridionaux, seront situés de manière à avoir leur surface glacée pendant une partie plus ou moins longue de l'année, ces animaux pourront y vivre. Ils se tiendront dans le fond de leurs habitations pendant que l'hiver régnera; et si, dans cette retraite profonde, ils manquent d'une communication suffisante avec l'air de l'atmosphère, ou si la gelée, pénétrant trop avant, leur faitsubir son influence, descend jusqu'à eux et les saisit, ils tomberont dans cette torpeur plus ou moins prolongée, qui conservera leur existence, en en ralentissant les prin- cipaux ressorts. Combien d'individus, et même combien d'espèces cet engourdissement remarquable ne préserve-t-il pas de la destruction en concentrant la vie dans l'intérieur de l'animal, en l'éloignant de la surface où elle serait trop fortement attaquée, en la renfermant, pour ainsi dire, dans une enve- loppe qui ne conserve de la vitalité que ce qu'il faut pour ne pas éprouver de grandes décompositions, et en la réduisant, en quelque sorte, à une circulation si lente et si limitée, qu'elle peut être indépen- dante des objets extérieurs ! S'il ne répare pas, comme le sommeil journalier des organes usés par la fatigue, il maintient ces organes; s'il ne donne pas de nouvelles forces, il garantit de l'anéantissement; s'il ne ranime pas le souffle de la vie, il brise les traits de la mort, Quelles que soient la cause, la force ou la durée du sommeil, il est donc toujours un grand bienfait de la nature; et pendant qu'il charme les ennuis de l'être pensant et sensible, non-seulement il guérit ou suspend les douleurs, mais il pré- vient et écarte les maux de l'animal, qui, réduit à un instinct borné, n'existe que dans le présent, ne rappelle aucun souvenir, et ne conçoit aucun espoir. La qualité et l'abondance de la nourriture, ces grandes causes des migrations volontaires de tous les animaux qui quittent leur pays, sont aussi les objets auxquels on doit faire le plus d'attention, lorsqu'on S44 EFFETS DE L'ART cherche à conserver des animaux en vie dans un autre séjour que leur pays natal, et par conséquent lorsqu'on veut acclimater des espèces de poisson. L'aliment auquel le poisson que l'on vient de dépayser est le plus habitué, est celui qu'il faudra lui procurer, il retrouvera sa patrie partout où il aura sa nourriture familière. Par le moyen d'herbes, de feuilles, d'amas de végétaux, de fumiers de toute sorte, on donnera un aliment très-convenable aux espèces qui se nourrissent de débris de corps organisés ; on cherchera, on rassemblera des lar- ves et des vers pour celles qui les préfèrent; et lorsqu'on aura transporté des brochets ou d'autres pois- sons voraces, il faudra mettre dans les eaux qui les auront reçus ceux dont ils aiment à faire leur proie, qui se plaisent dans les mêmes habitations que ces animaux carnassiers, ou qui sont peu recherchés par les pêcheurs, comme des éperlans, des cyprins goujons, des cyprins gibèles, des cyprins borde- lières, etc. On trouvera, en parcourant les différents articles de celte Histoire, un grand nombre d'espèces remarquables par leur beauté, par leur grandeur et par le goût exquis de leur chair, qui manquent aux eaux douces de notre patrie, et qu'on pourrait aisément acclimater en France, avec les précautions ou par les moyens que nous venons d'indiquer, ou en employant des procédés analogues à ceux que nous venons de décrire, et qu'on préférerait d'après la longueur du trajet, la nature du voyage, le climat que les poissons auraient quitté, la saison que l'on aurait été obligé de choisir, et plusieurs autres circon- stances. De ce nombre seraient, par exemple, le centropomesandaldela Prusse, l'holocentrepost descon- trées septentrionales de l'Allemagne ; et on ne devrait même pas être effrayépar la grandeur de la dislance, surtout lorsque le transport pourrait avoir lieu par mer, ou par des rivières, ou des canaux. On peut en effet, lorsqu'on navigue sur l'océan, sur des canaux ou sur des fleuves, attacher à l'arrière du bâtiment une sorte de vaisseau, ou pour mieux dire, de grande caisse, que l'on rend assez pesante pour qu'elle soit presque entièrement plongée dans l'eau, et dont les parois sont percées de manière que les poissons qui y sont renfermés reçoivent tout le fluide qui leur est nécessaire, et communiquent avec l'atmosphère de la manière la plus avantageuse, sans pouvoir s'échapper et sans avoir rien à craindre de la dent des squales ou des autres animaux aquatiques et féroces. Nous indiquons donc à la suite du post et du san- dat, et entre plusieurs autres que les bornes de ce Discours ne nous permettent pas de rappeler ici, l'osphronème goramy, déjà apporté de la Chine à l'ile de France, le bodian aya des lacs du Brésil, et l'holocentre sogo des grandes Indes, de l'Afrique et des Antilles. Quand on n'aura pas une eau courante à donner à ces poissons arrivés d'une terre étrangère, et prin- cipalement lorsque ces nouveaux hôtes auront vécu, jusqu'à leur migration, dans des fleuves ou des rivières, on compensera le renouvellement perpétuel du fluide environnant que le courant procure, par une grande étendue donnée à l'habitation. Ici, comme dans plusieurs autres phénomènes, un grand volume en repos tiendra lieu d'un petit volume en mouvement; et, dans un espace de temps déterminé, l'animal jouira de la même quantité de molécules de fluide, différente de celles dont il aura déjà reçu l'influence. Sans cette précaution, les poissons que l'on voudrait acclimater, éprouveraient les mêmes accidents que ceux de nos contrées qu'on enlève aux petites rivières, et particulièrement à la partie de ces rivières, la plus voisine de la source, et qu'on veut conserver dans des vaisseaux ou même dans des bassins très-étroits. On est obligé de renouveler très-souvent l'eau qui les entoure; sans cela, les diverses émanations de leur corps, et l'effet nécessaire du rapprochement d'une grande quantité de substances animales, vicient l'eau, la corrompent par la production de gaz que l'on voit s'élever en petites bulles, et la rendent si funeste pour eux, qu'ils périssent s'ils ne viennent pas à la surface chercher le voisi- nage de l'atmosphère, et respirer, pour ainsi dire, dos couches de fluide plus pures. Ces faits sont conformes à de belles expériences faites par mon confrère M. Silvestre le fils, et à celles qui furent dans le temps communiquées à Buffon par une note que ce grand naturaliste me remit quel- ques années après, et qui avaient été tentées sur des gades lotes, des cottes chabots, des cyprins goujons, et d'uulres cyprins, tels que des gardons, des vérons et des vaudoises. Les poissons que l'on veut acclimater sont plus exposés que les anciens habitants des eaux dans les- quelles on les a placés, non-seulement aux altérations dont nous venons de parler, mais encore à toutes les maladies auxquelles leurs diverses tribus sont sujettes. Ces maladies assaillent ces tribus aquatiques, même lorsque les individus sont encore renfermés dans l'œuf. On a observé que des embryons de saumon, de truile et de beaucoup d'autres espèces, périssaient lorsque des substances grasses, onctueuses, et celles que l'on désigne par le nom de saletés et d'ordures, s'attachaient à l'enveloppe qui les contenait, et qu'une eau courante ne nettoyait pas promptement cette membrane. On suppléera facilement à cette eau courante par une attention soutenue et divers petits moyens que les circonstances suggéreront. Lorsque les poissons sont vieux, ils éprouvent souvent une altération particulière qui se manifeste à la surface de l'animal; les canaux destinés à entretenir ou renouveler les écailles s'obstruent ou se défor- ment; les organes qui lillrcnt la substance nourricière et réparatrice de ces lames, s'oblitèrent ou se dérangent; les écailles changent dans leurs dimensions; la matière qui les compose n'a plus les mêmes propriétés; elles ne sont plus ni aussi luisantes, ni aussi transparentes, ni aussi colorées; elles sont clair-semées sur la peau de l'animal vieilli ; elles se détachent avec facilité; elles ne sont pas remplacées par de nouvelles lames, ou elles cèdeul la place, en tombant, ù des excroissances difformes, produites SUR LES POISSONS. 545 par une matière écailleuse, de mauvaise qualité, mélangée avec des éléments hétérogènes, et mal éla- borée dans des parties sans force, et dans des tuyaux qui ont perdu leur première figure. Celle altéra- tion est sans remède; il n'y a rien à opposer aux effets nécessaires d'un âge très-avancé. Si dans les poissons, comme dans les autres animaux, l'art peut reculer l'époque de la décomposition des fluides, de l'affaiblissement des solides, de la diminution de la vitalité, il ne peut pas détruire l'influence de ces grands changements, lorsqu'ils ont été opérés. S'il peut retarder la rapidité du cours de la vie, il ne peut pas la faire remonter vers sa source. Mais les maux irréparables de la vieillesse ne sont pas à craindre pour les poissons que l'on cherche à acclimater : dans la plupart des espèces de ces animaux, ils ne se font sentir qu'après des siècles, et l'éducation des individus que l'on transporte d'un pays dans un autre, est terminée longtemps avant la fin de ces nombreuses années. Leurs habitudes sont d'autant plus modifiées, leur nature est d'autant plus changée avant qu'ils approchent du terme de leur existence, qu'on a commencé d'agir sur eux pendant qu'ils étaient encore très-jeunes. C'est d'autres maladies que celles de la décrépitude qu'il faut chercher à préserver ou à guérir les poissons qu'on élève. Et maintenant nous agrandissons le sujet de nos pensées ; et tout ce que nous allons dire doit s'appliquer non-seulement aux poissons que l'on veut acclimater dans telle ou telle contrée, mais encore à tous ceux que la nature fait naître sans le secours de l'art. Ces maladies qui rendent les poissons languissants et les conduisent à la mort, proviennent quelque- fois de la mauvaise qualité des plantes aquatiques ou des autres végétaux qui croissent près des bords des fleuves ou des lacs, et dont les feuilles, les fleurs ou les fruits sont saisis par l'animal qui se dresse, pour ainsi dire, sur la rive, ou tombent dans l'eau, y flottent, et vont ensuite former au fond du lac ou de la rivière un sédiment de débris de corps organisés. Ces plantes peuvent être, dans certaines saisons de l'année, viciées au point de ne fournir qu'une substance malsaine, non-seulement aux poissons qui en mangent, mais encore ;à ceux qui dévorent les petits animaux dont elles ont composé la nourriture. On prévient ou on arrête les suites funestes de la décomposition de ces végétaux en détruisant ces plantes auprès des rives de l'habitation des poissons, et en les remplaçant par des herbes ou des fruits choisis que l'on jette dans l'eau peuplée de ces animaux. La plus terrible des maladies des poissons est celle qu'il faut rapporter aux miasmes produits dans le fluide qui les environne. C'est à ces miasmes qu'il faut attribuer la mortalité qui régna parmi ces animaux dans les grands et nombreux étangs des environs de Bourg, chef-lieu du département de l'Ain, lors de l'hiver rigoureux de la fin de 1788 et du commencement de 1789, et dont l'estimable Varenne de Fenille donna une notice très-bien faite dans le Journal de pJujsique de novembre 1789. Dès le 26 novembre 1788, suivant ce très-bon observateur, la surface des étangs fut profondément gelée ; la glace ne fondit que vers la fin de janvier. Dans le moment du dégel, les rives des étangs furent couvertes d'une quantité prodigieuse de cadavres de poissons, rejetés par les eaux. Parmi ces animaux morts, on compta beaucoup plus de carpes que de perches, de brochets et de tanches. Les étangs blancs, c'est-à-dire ceux dont les eaux reposaient sur un sol dur, ferme et argileux, n'offrirent qu'un petit nombre de signes de cette mortalité; ceux qu'on avait récemment réparés et nettoyés, montrèrent aussi sur leurs bords très-peu de victimes ; mais presque tous les poissons renfermés dans des étangs vaseux, encombrés de joncs ou de roseaux, et sur- chargés de débris de végétaux, périrent pendant la gelée. Ce qui prouve évidemment que la mort de ces derniers animaux n'a pas été l'effet du défaut de l'air de l'atmosphère, comme le penseraient plusieurs physiciens, et qu'elle ne doit être rapportéequ'à la production de gaz délétères qui n'ont pas pu s'échapper au travers de la croûte de glace, c'est que la gelée a été aussi forte à la superficie des étangs blancs et des étangs nouvellement nettoyés, qu'à celle des étangs vaseux. L'air de l'atmosphère n'a pas pu pénétrer plus aisément dans les premiers que dans les derniers ; et cependant les poissons de ces étangs blancs ou récemment réparés ont vécu, parce que le fond de leur séjour, n'étant pas couvert de substances végé- tales, n'a pas pu produire les gaz funestes qui se sont développés dans les étangs vaseux. El ce qui achève, d'un autre côté, de prouver l'opinion que nous exposons à ce sujet, et qui est importante pour la physique des poissons, c'est que des oiseaux de proie, des loups, des chiens et des cochons mangèrent les restes des animaux rejelés après le dégel sur les rivages des étangs remplis de joncs, sans éprouver les incon- vénients auxquels ils auraient été exposés s'ils s'étaient nourris d'animaux morts d'une maladie vérita- blement pestilentielle. Ce sont encore ces gaz malfaisants que nous devons regarder comme la véritable origine d'une maladie épizootique qui fit de grands ravages, en 1757, dans les environs de la forêt de Crécy. M. de Chaigne- brun, qui a donné dans le temps un très-bon traité sur celle épizootie, rapporte qu'elle se manifesta sur tous les animaux; qu'elle atteignit les chiens, les poules, et s'étendit jusqu'aux poissons de plusieurs étangs. Il nomme celle maladie fièvre épidémique contagieuse, hiftammaioire, putride et gangreneuse. Un médecin d'un excellent esprit, dont les connaissances sont très- variées, et qui sera bientôt célèbre par des ouvrages importants, M. Chavassieu-Daudebert, lui donne, dans sa Nosologie comparée, le nom de charbon symptomatique. Je pense que celte épizootie ne serait pas parvenue jusqu'aux poissons, si elle n'avait pas tiré son origine de gaz délétères. Je crois, avec Aristole, que les poissons revêtus d'é- cailles, se nourrissant presque toujours de substances lavées par de grands volumes d'eau, respirant par un organe particulier, se servant, pour cet acte de la respiration, de l'oxygène de l'eau bien plus fré- 546 EFFETS DE L'ART quemnienl que de celui de l'air, el toujours environnés du fluide le plus propre à arrêter la plupart des contagions, ne peuvent pas recevoir de maladie peslilenlielle des animaux qui vivent dans l'atmosphère. Mais les poissons des environs de Crécy n'ont pas été à l'abri de l'épizootie, au-dessous des couches d'eau qui les recouvraient, parce qu'en même temps que les marais voisins de la forêt exhalaient les miasmes qui donnaient la mort aux chiens, aux poules, et à d'autres espèces terrestres, le fond des étangs pro- duisait des gaz aussi funestes que ces miasmes. Il n'y a pas eu de communication de maladie; mais deux causes analogues, agissant en même temps, l'une dans Peau, et l'autre dans l'atmosphère, ont produit des effets semblables. On peut prévenir presque toutes ces mortalités que causent des gaz destructeurs, en ne laissant pas dans le fond des étangs ou des rivières, des tas de corps organisés qui puissent, en se décomposant, pro- duire des émanations pcstilcnlielles, en les entraînant par de l'eau courante que l'on introduit dans ces étangs, et par de l'eau très-pure et très-rapide que l'on conduit dans ces rivières pour en renouveler le fluide, de la même manière que l'on renouvelle celui des temples, des salles de spectacle et d'autres grands édifices par les courants d'air que l'on y dirige, et enfin en brisant pendant l'hiver les glaces qui se forment sur la surface des étangs et des rivières, et qui retiendraient les gaz pernicieux dons l'habita- tion des poissons. Il parait que lorsque la chaleur est très-grande, elle agit sur les poissons indépendamment des fer menlalions, des décompositions et des exhalaisons qu'elle peut faire naître. Elle influe directement sur ces animaux, surtout lorsqu'ils sont renfermés dans des réservoirs qui ne contiennent qu'un petit volume d'eau. Elle parvient alors jusqu'au fond du réservoir , qu'elle pénètre, ainsi que les parois; et réfléchie ensuite par ce fond et ces parois très-échaufi"és, elle attaque de toutes parts les poissons, qui se trouvent dès lors placés comme dans un foyer, et leur nuit au point de leur donner des maladies graves. C'est ainsi qu'on a vu des anguilles mises pendant l'été dans des bassins trop peu étendus, gagner une maladie qu'elles se communiquaient, et qui se manifestait par des taches blanches. On dit qu'on les a guéries par le moyen du sel, et de la plante nommée Stratiotes aloides. Mais quoi qu'il en soit, il vaut mieux empê- cher cette maladie de naître, en préservant les poissons de l'excès de la chaleur, en pratiquant dans leur habitation des endroits profonds où ils puissent trouver un abri contre les feux de l'astre du jour, en plantant sur une partie du rivage des arbres toufl"us qui leur donnent une ombre salutaire. Et comme il est très-rare que tous les extrêmes ne soient pas nuisibles, parce qu'ils sont le plus éloi- gnés possible de la combinaison la plus commune, et par conséquent la plus naturelle des forces et des résistances, pendant que les eaux trop écliaufl"ées ou trop impures donnent la mort à leurs habitants , celles qui sont trop froides et trop vives les font aussi périr, ou du moins les soumettent à diverses incom- modités, et particulièrement les rendent aveugles. Nous trouvons à ce sujet, dans les Mémoires de l'aca- démie des sciences pour 174^8, des observations curieuses du général Monlalembert, faites sur des brochets; el le comte d'Achard en adressa d'analogues à BufTon , en 1779, dans une lettre, dont mon illustre ami m'a remis dans le temps un extrait. « Dans une terre que j'ai en Normandie, dit le comte )j d'Achard, il existe une fontaine abondante dans les plus grandes sécheresses. Je suis parvenu, au » moyen de canaux de terre cuite, à amener l'eau de cette source dans trois bassins que j'ai dans mon » parterre. Ces bassins sont murés et pavés à chaux et à sable ; mais on n'y a mis l'eau qu'après qu'ils )> ont été parfaitement secs. Après les avoir bien nettoyés, et fait écouler la première eau, on y a laissé )> séjourner celle qui y est venue depuis, et qui coule continuellement. Dans les deux premiers bassins, » j'ai mis des carpes de la plus grande beauté, avec des tanches; dans le troisième des poissons de la » Chine (des cyprins dorés); tout cela existe depuis trois ans. Aujourd'hui les carpes, précieuses par -) leur beauté et leur grandeur vraiment prodigieuse, sont attaquées d'une maladie cruelle et dont elles » meurent journellement. Elles se couvrent peu à peu d'un limon sur tout le corps, et surtout sur les » yeux, où il y a en sus une espèce de taie blanche qui se forme peu à peu, comme le limon , jusqu'à » l'épaisseur de deux ou trois lignes. Elles perdent d'abord un œil, puis l'autre, el ensuite crèvent.... » Les tanches et les poissons chinois ne sont pas attaqués de celte maladie. Est-elle particulière aux » carpes? quel en est le remède? d'où cela peut-il venir? de la vivacité de l'eau? etc., etc., etc. » Cette dernière conjecture nous paraît très-fondée ; el ce que nous venons de dire devra faire trouver aisément le moyen de garantir ces poissons de cette cécité que la mort suit souvent. Ces poissons sont aussi quelquefois menacés de périr, parce qu'un de leurs organes les plus essentiels est attaqué. Les branchies par lesquelles ils respirent, et que composent des membranes si délicates et des vaisseaux sanguins si nombreux et si déliés, peuvent être déchirées par des insectes ou des vers aquoliqucs qui s'y attachent, el dont ils ne peuvent pas se débarrasser. Peut-être, après avoir bien reconnu l'espèce de ces vers ou de ces insectes, parviendra-l-on à trouver un moyen d'en empêcher la multiplication dans les étangs el dans plusieurs autres habitations des poissons (|ue l'on voudra préserver de ce fléau. Les poissons étant presque tous revêtus d'écaillés dures et placées en partie les unes au-dessus des autres, ou couverts d'une peau épaisse el visqueuse, ne sont sensibles que dans une Irès-petile étendue de leur surface. Mais lorsque quelque insecte, ou quelque ver , s'acharne contre la portion de cette surface qui n'est pas défendue, et qu'il s'y place ou s'y accroche de manière que le poisson ne peut, en se frottant contre des végétaux, des pierres , du sable, ou de la vase, l'écraser , ou le détacher, et le faire tomber, la grandeur, la force, l'agilité, les dénis du poisson , ne sont plus qu'un secours inutile. SUR LES POISSONS. 547 En vain i! s'agite, se secoue, se contourne, va, revient, s'échappe, s'enfuit avec la rapidité de l'éclair, il porte toujours avec lui l'ennemi attaché à ses organes ; tous ses efforts sont impuissants ; et le ver ou l'insecte est pour lui au milieu des flots ce que la mouche du désert est, dans les sables brûlants do l'Afrique, non-seulement pour la timide gazelle, mais encore pour le tigre sanguinaire, et pour le fier lion, qu'elle perce, tourmente et poursuit de son dard acéré, malgré leurs bonds violents, leurs mou- vements impétueux et leur rugissement terrible. Mais ce n'est pas assez pour l'intelligence humaine de conserver ce que la nature produit ; que, rivale de cette puissance admirable, elle ajoute à la fécondité ordinaire des espèces; qu'elle multiplie les ouvrages de la nature. On a remarqué que, dans presque toutes les espèces de poissons, le nombre des mâles était plus grand et même quelquefois double de celui des femelles ; et comme cependant un seul mâle peut fécon- der des millions d'œufs, et par conséquent le produit de la ponte de plusieurs femelles, il est évident que l'on favorisera beaucoup la multiplication des individus, si on a le soin, lorsqu'on péchera, de ne garder que les mâles., et de rendre à l'eau les femelles. On distinguera facilement, dans plusieurs espèces, les femelles des mâles, sans risquer de les blesser, ou de nuire à la reproduction, et sans chercher, par exemple, dans le temps voisin du frai , à faire sortir de leur corps quelques œufs plus ou moins avancés. En effet, dans ces espèces, les femelles sont plus grandes que les mâles ; et d'ailleurs elles offrent dans les proportions de leurs parties, dans la disposition de leurs couleurs, ou dans la nuance de leurs teintes, des signes distinctifs qu'il faudra tâcher de bien connaître, et que nous ne négligerons jamais d'indiquer en écrivant l'histoire de ces espèces particulières. Lorsqu'on ne voudra pas rendre à leur séjour natal toutes les femelles que l'on péchera, on préfé- rera de conserver pour la production les plus longues et les plus grosses, comme pondant une plus grande quantité d'œufs. De plus, et si des circonstances impérieuses ne s'y opposent pas, que l'on entoure les étangs et les \iviers de claies on de filets, qui, dans le temps du frai, retiennent les herbes ou les branches chargées d'œufs, et les empêchent d'être entraînées hors de ces réservoirs par les débordements fréquents à l'époque de la ponte. Que l'on éloigne, autant qu'on le pourra, les friganes, et les autres insectes aquatiques voraces qui détruisent les œufs et les poissons qui viennent d'éclore. Que l'on construise quelquefois dans les viviers différentes enceintes, l'une pour les œufs , et les autres pour les jeunes poissons, que l'on séparera en plusieurs bandes, formées d'après la diversité de leurs âges, et renfermées chacune dans un réservoir particulier. 11 est des viviers et des étangs dans lesquels des poissons très-recherchés, et, par exemple, des truites, vivraient très-bien, et parviendraient à une grosseur considérable : mais le fond de ces étangs étant très-vaseux, c'est en vain que les femelles le frottent avec leur ventre, avant d'y déposer leurs œufs; la vase reparaît bientôt, salit les œufs, les altère, les corrompt, et les fœtus périssent avant d'éclore. Cet inconvénient a fait imaginer une manière de faire venir à la lumière ces poissons, et particu- lièrement les saumons et les truites, qui d'ailleurs ne servira pas peu, dans beaucoup de circonstances, à multiplier les individus des espèces les plus utiles ou les plus agréables. M. de Marolle, capitaine dans le régiment de la Marine, tempérant les austérités des camps par le charme de l'étude des sciences utiles à l'humanité, écrivit la description de ce procédé à Hameln en Allemagne, pendant la guerre de sept ans. Il rédigea cette description sur les Mémoires de M. J. L. .lacobi , lieutenant des miliciens du comté de Lippe-Detmold , et l'envoya à Buffon, qui me la remit lorsqu'il voulut bien m'engager à continuer l'Histoire naturelle. On construit une grande caisse à laquelle on donne ordinairement douze pieds de longueur, un pied et demi de largueur, et six à sept pouces de hauteur. A un bout de cette longue caisse, on pratique un trou carré, que l'on ferme avec un treillis de fer dont les fils sont éloignés les uns des autres de deux ou trois lignes. On ménage un trou à peu près semblable dans la planche du bout opposé, et vers le fond delà caisse. Et enfin on en perce un troisième dans le couvercle de la caisse; et on le garnit, ainsi que le second, d'un treillis pareil à celui du premier. Ces trous servent et à soumettre les fœtus ou les jeunes poissons à l'influence des rayons du soleil, et à les préserver de gros insectes et de campagnols aquatiques , qui mangeraient et les œufs et les poissons éclos. Un petit tuyau fait entrer l'eau d'un ruisseau ou d'une source par le premier treillis; et celte eau courante s'échappe par la seconde ouverture. On couvre tout le fond de la caisse d'un gravier bien lavé de la hauteur d'un pouce, et on étend sur ce gravier de petits cailloux serrés, de dimensions semblables à celles d'une noisette, et parmi lesquels on place d'autres cailloux de la grosseur d'une noix, A l'époque du frai de l'espèce dont on veut multiplier les individus, on se procure un mâle et une femelle de cette espèce, et, par exemple, de celle du saumon. On prend un vase bien net, dans lequel on met deux ou trois pintes d'eau bien claire. On lient le sou- mon femelle dans une situation verticale, et la tête en haut au-dessus du vase. Si les œufs sont déjà U8 EFFETS DE L'ART bien développés, ou bien mûrs, ils coulent d'eux-mêmes ; sinon on facilite leur chute en frottant le ventre de la femelle doucement de haut en bas, et avec la paume de la main. Dans plusieurs espèces de poissons, on peut voir un organe particulier que nous avons remarqué avec soin, qui n'a été observé que par un petit nombre de naturalistes, dont très-peu de zoologues ont connu le véritable usage, et que le savant Bloch a nommé nombril. Cet organe est une sorte d'appendice d'une force allongée et un peu conique, et dont la place la plus ordinaire est auprès et au delà de l'anus. Cet appendice creux et percé par les deux bouts, communique avec les réservoirs de la laite dans les mâles, et les ovaires dans les femelles. Ce petit tuyau est le conduit par lequel les œufs sortent et la liqueur séminale s'échappe : nous le nommons en conséquence appendice génital. L'urine du poisson sort aussi par cet appendice; ce qui donne à cet organe une analogie de plusavecles partiessexuelles et extérieures des mamnifères. Il ne peut pas servir à dislingaer les sexes, puisqu'il appartient au mâle aussi bien qu'à la femelle : mais sa présence ou son absence, et ensuite ses proportions et sa figure par- ticulière, peuvent être employées avec beaucoup d'avantage pour établir une ligne de démarcation exacte et constante entre des espèces voisines, ainsi que nous le montrerons dans la suite de l'histoire que nous écrivons. Cesi par cet adpendice que, dans la méthode de reproduction, en quelque sorte artificielle, que nous décrivons, les femelles qui sont pourvues de cet organe extérieur laissent couler leurs œufs. Lorsque les œufs sont tombés dans l'eau, on prend le mâle, on le tient verticalement au-dessus de ces œufs ; et, pour peu que cela soit nécessaire, on aide par un léger frottement l'épanchement de la liqueur prolifique, don on peut arrêter l'écoulement au moment où l'eau est devenue blanchâtre par son mélange avec cette liqueur spermatique. Il est des espèces de poissons, et notamment de cyprins, comme le nase, le roethens, dans lesquelles on peut choisir avec facilité un mâle pour la fécondation des œufs que l'on a obtenus. Dans ces espèces, les mâles, surtout lorsqu'ils sont jeunes, présentent des taches, de petites protubérances, ou d'autres signes extérieurs qui annoncent qu'ils sont déjà surchargés d'une laite abondante. On met dans la grande caisse les œufs fécondés; on les y distribue de manière qu'ils soient toujours couverts par l'eau courante; on empêche que le mouvement de cette eau ne soit trop rapide, afin qu'il ne puisse pas entraîner les œufs. On écarte soigneusement avec des plumes, ou par tout autre moyen, les saletés qui pourraient s'introduire dans la caisse; et au bout d'un temps qui varie suivant les espèces, la température de l'eau, et la chaleur de l'atmosphère, on voit éclore les poissons que l'on désirait. Au reste, la sorte de fécondation artificielle opérée avec succès par M. Jacobi, peut avoir lieu sans la présence de la femelle : il suffit de ramasser les œufs qu'elle dépose dans son séjour naturel ; il serait même possible de connaître, à l'instant où on les receuillerail, s'ils auraient été déjà fécondés par le mâle, ou s'ils n'auraient pas reçu sa liqueur prolifique. M. Jacobi assure en effet que lorsqu'on observe avec un bon microscope des œufs de poisson arrosés de la liqueur séminale du mâle, on peut apercevoir très-distinctement dans ces œufs une petite ouverture qui ne paraissait presque pas, ou était presque insensible avant la fécondation, et dont il rapporte l'extension à l'introduction dans l'œuf d'une portion du fluide de la laite. Quoi qu'il en soit, on peut aussi, en suivant le procédé de M. Jacobi, se passer de la présence du mâle. On peut n'employer la liqueur prolifique que quelque temps après sa sortie du corps de l'animal, pourvu^ qu'un froid excessif ou une chaleur violente ne dessèchent pas promptement ce fluide vivifiant; et même la mort du mâle, pourvu qu'elle soit récente, n'empêche pas de se servir de sa laite pour la fécondation des œufs. On a écrit que les digues par le moyen desquelles on retient les eaux des petites rivières, diminuaient la multiplication des poissons dans les contrées arrosées par ces eaux. Cela n'est vrai cependant que pour les poissons qui ont besoin, à certaines époques, de remonter dans les eaux courantes jusqu'à une distance très-grande des lacs ou de la mer, et qui ne peuvent pas, comme les saumons, s'élancer facile- ment à de grandes hauteurs, et franchir l'obstacle que les digues opposent à leur voyage périodique. Les chaussées transversales doivent, au contraire être très-favorables à la multiplication des poissons sédentaires, qui se plaisent dans des eaux peu agitées. Au-dessus de chaque digue, la rivière forme na- turellement une sorte de vivier ou de grand réservoir, dont l'eau tranquille, quoique suffisamment renouvelée, pourra donner à un grand nombre d'individus d'espèces très-utiles le volume de fluide, l'abri, l'aliment, et la température les plus convenables. Quelle est, en effet, la pièce d'eau que l'art ne puisse pas féconder et vivifier? On a vu quelquefois des poissons remarquables par leur grosseur, vivre dans de petites mares. Nous avons déjà dit dans cet ouvrage, que M. de Septfontaines s'était assuré qu'une grande anguille avait passé un temps assez long, sans perdre non-seulement la vie, mais même une partie de sa graisse, dans une fosse qui contenait à peine la moitié d'un cube de trois pieds d'eau ; et il est des contrées où des cyprins, etparticulièromont des carassins, réussissent assez bien dans de petits amas d'eau dormante, pour y donner une nourriture abondante aux habitants de la campagne. On a bien senti les avantages de cette grande multiplication des poissons utiles dans presque tous les pays où le progrès des lumières a mis l'économie publique en honneur, et où les gouvernements, pro- fitant avec soin de tous les secours des sciences perfectionnées, ont cherché à faire fleurir toutes les branches de l'industrie humaine. C'est principalement dans quelques états du nord de l'Europe, et notani. SUR LES POISSONS. 849 ment en Prusse et en Suède, qu'on s'est attaché à augmenter le nombre des individus dans ces espèces précieuses; et comme un gouvernement paternel ne néglige rien de ce qui peut accroître la subsistance du peuple dont le bonheur lui est confié, et que les soins en apparence les plus minutieux prennent un grand caractère dès le moment où ils sont dirigés vers l'utilité publique, on a porté en Suède l'attention pour l'accroissement du nombre des poissons jusqu'à ne pas sonner les cloches pendant le temps du frai des cyprins brèmes, qui y sont très-recherchés, parce qu'on avait cru s'apercevoir que ces animaux, effrayés par le son des cloches, ne se livraient pas d'une manière convenable aux opérations nécessaires à la reproduction de leur espèce. Aussi y a-t-on souvent recueilli de grands fruits de cette vigilance étendue aux plus petits détails, et, par exemple, en 1749, a-t-on pris d'un seul coup de filet, dans le lac voisin deNordkiseping, cinquante mille brèmes, qui pesaient plus de dix-huit mille livres. Et comment n'aurait-on pas cherché, dans presque tous les temps et dans presque tous les pays civi- lisés, à multiplier des animaux si nécessaires aux jouissances du riche et aux besoins du pauvre, qu'il serait plus aisé à l'homme de se passer de la classe entière des oiseaux et d'une grande partie de celle des mammifères, que de la classe des poissons? En effet, il n'est pour ainsi dire, aucune espèce de ces habitants des eaux douces ou salées, dont la chair ne soit une nourriture saine et très-souvent copieuse. Délicate et savoureuse lorsqu'elle est fraîche, cette chair, recherchée avec tant de raison , devient lorsqu'elle est transformée en garum, un assaisonnement piquant; fait les délices des tables somptueuses, même très-loin du rivage où le poisson a été péché, quand elle a été marinée ; peut être transportée à de plus grandes distances, si on a eu le soin de l'imbiber d'une grande quantité de sel ; se conserve pendant un temps très-long, après qu'elle a été séchée, et, ainsi préparée, est la nourriture d'un très-grand nom- bre d'hommes peu fortunés, qui ne soutiennent leur existence que par cet aliment abondant et très- peu cher. Les œufs de ces mêmes habitants des eaux servent à faire ce caviar qui convient au goût de tant de nations; et les nageoires des espèces que l'on croirait les moins propres à satisfaire un goût délicat, sont regardées à la Chine, et dans d'autres contrées de l'Asie, comme un mets des plus exquis. Sur plusieurs rivages peu fertiles, on ne peut compléter la nourriture de plusieurs animaux utiles, et, par exemple, celle des chiens du Kamtschalka, que la nécessité force d"atteler à des traîneaux, ou des vaches de Norwège, destinées à fournir une grande quantité de lait, que par le moyen des vertèbres et des arêtes de plusieurs espèces de poissons. Avec les écailles des animaux dont nous nous occupons, on donne le brillant de la nacre au ciment destiné à couvrir les murs des palais les plus magnifiques, et on revêt des boules légères de verre de l'é- clat argentin des perles les plus belles de l'Orient. La peau des grandes espèces se métamorphose dans les ateliers en fortes lanières, en couvertures solides et presque imperméables à l'humidité, en garnitures agréables de bijoux donnés au luxe par le goût. Les vessies natatoires et toutes les membranes des poissons peuvent être facilement converties, dans toutes les contrées, en cette colle précieuse sans laquelle les arts cesseraient de produire le plus grand nombre de leurs ouvrages les plus délicats. L'huile qu'on retire de ces animaux, assouplit, améliore, et conserve dans presque toutes les manu- factures les substances les plus nécessaires aux produits qu'elles doivent fournir; et dans ces contrées boréales où régnent de si longues nuits, entretenant seule la lampe du pauvre, prolongeant son travail au delà de ces tristes jours qui fuient avec tant de rapidité, et lui donnant tout le temps que peuvent exiger les soins nécessaires à sa subsistance et à celle de sa famille, elle tempère pour lui l'horreur de ces climats ténébreux et gelés, et l'affranchit, lui et ceux qui lui sont chers, des horreurs plus grandes encore d'une extrême misère. Que l'on ne soit donc pas étonné que Bélon, partageant l'opinion de plusieurs auteurs recomman- dables, tant anciens que modernes, ait écrit que la Propontide était plus utile par ses poissons, que des champs fertiles et de gras pâturages d'une égale étendue ne pourraient l'être par leurs fourrages et par leurs moissons. Et douterait-on maintenant de l'influence prodigieuse d'une immense multiplication des poissons sur la population des empires? On doit voir avec facilité comment cette merveilleuse multiplication soutient, par exemple, sur le territoire de la Chine, l'innombrable quantité d'habitants qui y sont, pour ainsi dire, entassés. Et si des temps présents on remonte aux temps anciens, on peut résoudre un grand pro- blème historique: on explique comment l'ancienne Egypte nourrissait la grande population sans laquelle les admirables et immenses monuments qui ont résisté au ravage de tant de siècles, et subsistent encore sur cette terre célèbre, n'auraient pas pu être élevés, et sans laquelle Sésostris n'aurait conquis ni les bords de l'Euphrate, du Tigre, de l'indus, et du Gange, ni les rives du Pont-Euxin, ni les monts de la Thrace. Nous connaissons l'étendue de l'Egypte : lorsque ses pyramides ont été construites, lorsque ses armées ont soumis une grande partie de l'Asie, elle était bornée presque autant (|u"à présent, par les déserts stériles qui la circonscrivent à l'orient et à l'occident ; et néanmoins nous apprenons de Diodore, que dix-sept cents Égyptiens étaient nés le même jour que Sésostris : on doit donc admettre en Egypte, à l'époque de la naissance de ce conquérant fameux, au moins trente-quatre millions d'habitants. Mais quel grand nombre de poissons ne renfermaient pas alors et le fleuve, et les canaux, et les lacs d'une con- tACÉPÈDE — TOVÈ n. 35 530 EFFETS DE L'ART trée, ou l'art de multiplier ces animaux émit un des principaux objets de la sollicitude du gouvernement et des soins de cliatiue famille? Il est aisé de calculer (|ue le seul lac .Myris ou Mœris pouvait nourrir plus de dix-huit cent mille millions de poissons de plus de dix-huit pouces de longueur. Cependant, que l'homme ne se contente pas de transporter à son gré, d'acclimater, de conserver, de mulliplier les poissons qu'il préfère; que l'art prétende à de nouveaux succès; qu'il se livre à de nou- veaux elTorts; qu'il tente de remporter sur la nature des victoires plus brillantes encore; qu'il perfec- tionne son ouvrage; qu'il améliore les individus qu'il se sera soumis. On sait depuis longtemps que des poissons de la même espèce ne donnent pas dans toutes les eaux une chair également délicate. Plusieurs observations prouvent que, par exemple, dans les mêmes riviè- res, leur chair est très-saine et très-bonne au-dessus des villes ou des torrents fangeux, et au contraire insalubre et très-mauvaise au-dessous de ces torrents vaseux et de ces amas d'immondices, souvent inséparables des villes populeuses. Ces faits ont été remarqués par plusieurs auteurs, notamment par Rondelet. Qu'on profite de ces résultats; qu'on recherche les qualités de l'eau les plus propres à donner un goût agréable ou des propriétés salutaires aux différentes espèces de poissons que l'on sera parvenu à multiplier ou à conserver. Qu'on n'oublie pas ([u'il est des moyens faciles et peu dispendieux d'engraisser promptemenl plusieurs poissons, et particulièrement |)lusieurs cyprins. On augmente en très-peu de temps leur graisse, en leur donnant souvent du pain de chènevis, ou des fèves et des pois bouillis, ou du fumier, et notamment de celui de brebis. D'ailleurs une nourriture convenable et abondantedéveloppe les poissons avec rapidité, fait jouir beaucoup plus tôt du fruit des soins que l'on a pris de ces animaux et leur donne la faculté de pondre et de féconder une très-grande quantité d'œufs pendant un très-grand nombre d'années. On a observé dans tous les temps que le repos et un aliment très-copieux engraissaient beaucoup les animaux. On s'est servi de ce moyen pour quelques poissons, et on l'a employé d'une manière remar- quable pour les carpes; on les a suspendues hors de l'eau, de manière à leur interdire le plus faible mouvement des nageoires; et elles ont été enveloppées dans de la mousse épaisse qu'on a fréquemment arrosée. Par ce procédé, ces cyprins ont été non-seulement réduits à un repos absolu, mais plongés per- pétuellement dans une sorte d'humidité ou de fluide aqueux qui, parvenant très-divisé à leur surface, a été facilement pompé, absorbé, décomposé, combiné dans l'intérieur de l'animal, assimilé à sa sub- stance, et métamorphosé par conséquent en nourriture très-abondante. Aussi ces carpes maintenues en l'air, mais retenues au milieu d'une mousse humectée presque continuellement, ont-elles bientôt acquis une graisse copieuse, et de plus un goût très-agréable. Dès le temps de Willughby, et même de celui de Gesner, on savait que l'on pouvait ouvrir le ventre à certains poissons, et surtout au brochet et à quelques autres ésoces, sans qu'ils en périssent, et même sans qu'ils en parussent longtemps incommodés. Il suffît de séparer les muscles avec dextérité, de rap- procher les chairs et les téguments avec adresse, et de les recoudre avec précaution, pour qu'ils puis- sent plus facilement se réunir. Cette facilité a donné l'idée d'employer, pour engraisser ces poissons, le même moyen dont on se sert pour donner un très-grand surcroît de graisse aux bœufs, aux moutons, aux chapons, aux poulardes, etc. On a essayé avec beaucoup de succès d'enlever aux femelles leurs ovaires, et aux mâles leurs laites. La soustraction de ces organes, faite avec habileté et avec beaucoup d'attention, n'a dérangé que pendant un temps très-court la santé des poissons qui l'ont éprouvée; el toute la partie de leur substance qui se portail vers leurs laites ou vers leurs ovaires, et qui y donnait naissance ou à des centaines de milliers d'œufs, ou à une quantité très-considérable de liqueur fécon- dante, ne trouvant plus d'organe particulier pour l'élaborer ni même pour la recevoir, a reflué vers les autres portions du corps, s'est jetée princii)alement dans le tissu cellulaire, et y a produit une graisse non-seulement d'un goût exquis, mais encore d'un volume extraordinaire. Mais que l'on ait surtout recours, pour l'amélioration des poissons, à ce moyen dont on a retiré de si grands avantages pour accroître les bonnes qualités el les belles formes de tant d'autres animaux utiles, et qui produit des phénomènes physiologiques dignes de toute l'attention du naturaliste : c'est le croisement des races que nous recommandons. On sait que c'est par ce croisement que l'on est par- venu à perfectionner le bélier, le bœuf, l'âne et le cheval. Les espèces de poisson, et princi|)alement celles qui vivent très-près de nous, qui préfèrent à la haute mer les rivages de l'Océan, les fleuves, les rivières et les lacs, el qui par la nature de leur séjour, sonl plus soumises à l'influence de la nourri- ture, du climat, de la saison, ou de la qualité des eaux, présentent des races très-distinctes, et séparées l'une de l'autre, par leur grandeur, leur force, leurs propriétés ou la nature de leurs organes. Qu'on les croise, c'est-à-dire qu'on féconde les œufs de l'une avec la laite d'une autre. Les individus qui proviennent du mélange de deux races, non-seulement valent mieux que la race la moins bonne des deux qui onl concouru à les former, mais encore sonl préférables à la meilleure de ces deux races quisesontréunies. C'est un fait très-remarquable, trèsconstaté, et dont on n'a donné jusqu'il présent aucune explication véritablement satisfaisante, parce qu'on ne l'avait pas considéré dans la classe des poissons, dont l'acte de la génération est beaucoup plus soumis à l'examen dans quelques- unes de ses circonstances, que celui des mammifères el des oiseaux qui avaient été les objets de l'étude el de la recherche des zoologues. Happrochnns donc ce qu'on peut dire de ce curieux phénomène. Premièrement, une race qui se réunit à une seconde, éprouve, relativement à riiifluence qu'elle tend SUR LES POISSONS. SSl à exercer, une sorte de résistance que produisent les disparités et les disconveuarices de ces deux races : cette résistance est cependant vaincue, parce qu'elle est très-limitée. El l'on ne peut plus ignorer en physiologie, qu'il n'en est pas des corps organisés et vivants comme de la matière brute et des substan- ces mortes. Un obstacle tend les ressorts du corps organisé, de manière que son énergie vitale en est augmentée, au point que, lorsque cet obstacle est écarté, non-seulement la puissance du corps vivant est égale à ce qu'elle était avant la résistance, mais même qu'elle est supérieure à la force dont il jouis- sait. Les disconvenances des deux races qui se rapprochent font donc naître un accroissement de vitalité, d'action et de développement, dans le produit de leur réunion. Secondement, dans un mâle et une femelle d'une race, il n'y a que certaines portions analogues les unes aux autres qui agissent directement ou indirectement pour la reproduction de l'espèce. Lorsqu'une nouvelle race s'en approche, elle met en mouvement d'autres portions qui, à cause de leur repos anté- rieur, doivent produire de plus grands effets que les premières. Troisièmement, les deux races mêlées l'une avec l'autre ont entre elles des rapports desquels résulte un grand développement dans les fruits de leur union, parce que ce développement ne doit pas être considéré comme la somme de l'addition des qualités de l'une et de l'autre des deux races, mais comme le produit d'une multiplication, et, ce qui est la même chose, comme l'effet d'une sorte d'intus- susception, et de combinaison intime, au lieu d'une simple juxtaposition et d'une jonction super- ficielle. C'est un fait semblable à celui qu'observent les chimistes, lorsque, par une suite d'une pénétration plus ou moins grande, le poids de deux substances qu'ils ont combinées l'une avec l'autre, est plus grand que la somme des poids de ces deux substances avant leur combinaison. Le résultat du croisement de deux races n'est cependant pas nécessairement, et dans toutes les cir- constances, le perfectionnement des espèces : il peut arriver et il arrive quelquefois que ce croisement les détériore au lieu de les améliorer. En effet, et indépendamment d'autre raison, chacun des deux individus qui se rapprochent dans l'acte de la génération, peut être regardé comme imprimant la forme à l'être qui provient de leur union, ou comme fournissant la matière qui doit être façonnée, ou comme influant à la fois sur le fond et sur la forme : mais nous ne pouvons avoir aucune raison de supposer qu'après la réunion de deux races, il y ail nécessairement entre la matière qui doit servir au dévelop- pement et le moule dans lequel elle doit être figurée, plus de convenance qu'il n'y en avait avant cette même réunion, dans les individus de chacune de ces deux races considérées séparément. Il y a donc dans l'éloignement des races l'une de l'autre, c'est-à-dire dans le nombre des différences qui les séparent, une limite en deçà et au delà de laquelle le croisement est par lui-même plus nuisible qu'avantageux. L'expérience seule peut faire connaître celte limite : mais on sera toujours sûr d'éviter tous les incon- vénients qui peuvent résulter du croisement considéré en lui-même, si dans cette opération on n'emploie jamais que les meilleures races, et si, par exemple, en mêlant les races des poissons, on ne cesse de rechercher celles qui offrent le plus de propriétés utiles, soit pour obtenir les œufs que l'on voudra féconder, soit pour se procurer la liqueur active par le moyen de laquelle on désirera de vivifier ces œufs. Voilà à quoi se réduit ce que nous pouvons dire du croisement des races, après avoir réuni dans notre pensée les vérités déjà publiées sur celte partie delà physiologie, lesavoirdégagéesdetoulappareil scientifique, les avoir débarrassées de toute idée étrangère, les avoir comparées, el y avoir ajouté le résultat de quelques réflexions el de quelques observations nouvelles. Considérons maintenant de plus haut ce que peut l'homme pour l'amélioration des poissons. Tachons de voir dans toute son étendue l'influence qu'il peut exercer sur ces animaux par l'emploi des quatre grands moyens dont on s'est servi , toutes les fois qu'il a voulu modifier la nature vivante. Ces quatre moyens si puissants sont : la nourriture abondante el convenable qu'il a donnée, l'abri qu'il a procuré, la contrainte qu'il a imposée, le choix qu'il a fait des mâles et des femelles pour la propagation de l'espèce. En réunissant ou en employant séparément ces quatre instruments de son pouvoir, l'homme a modifié les poissons d'une manière bien plus profonde qu'on ne le croirait au premier coup d'œil. En rappro- chant un grand nombre de germes, il a resserré dans un espace assez étroit les œufs de ces animaux, pour que plusieurs de ces œufs se soient collés l'un à l'autre, comprimés, pénétrés, entièrement réunis, el, pour ainsi dire, identifiés, et de celte introduction d'un œuf dans un autre, si je puis parler ainsi, il est résulté une confusion si grande de deux fœtus, que l'on a vu éclore des poissons monstrueux, dont les uns avaient deux tètes el deux avant-corps, pendant que d'autres présentaient deux tètes, deux corps et deux queues liés ensemble par le ventre ou par un côté qui appartenait aux deux corps, et attachés même quelquefois par cet organe commun, de manière à représenter une croix. Mais laissons ces écarts que la nature, contrainte d'obéir à l'art de l'homme, peut présenter, comme lorsque indépendante de cet art elle n'est soumise qu'aux hasards des accidents ; les produits de cette sorte d'accouplement extraordinaire ne constituent aucune amélioration ni de l'espèce, ni même de l'in- dividu ; ils ne se perpétuent pas par la génération ; Ils n'ont en général qu'une courte existence ; ils sont étrangers à noire sujet. Examinons des eiîels bien différents de ces phénomènes, el par leur durée, el par leur essence. 35. 532 EFFETS DE L'ART Voici tous les attributs des poissons que la durtieslicilé a d(*jà pu changer : Les couleurs : elles ont été variées et dans leurs nuances et dans leur distribution. Les écailles : elles ont acquis ou perdu de leur épaisseur et de leur opacité ; leur figure a été altérée ; leur surface étendue ou rélrécie; leur adhésion à la peau affaiblie ou fortifiée; leur nombre diminué ou augmenté. Les dimensions générales: elles ont été agrandies ou rapetissées. Les proportions des principales parties de la tête, du corps, ou de la queue : elles ont montré de nou- veaux rapports. La nageoire dorsale: elle a disparu. La nageoire de la queue : elle a offert une nouvelle forme, et de plus elle a été ou doublée ou triplée, comme on a pu le voir, par exemple, en examinant les modifications que le cyprin doré a subies dans les bassins d'Europe, et surtout dans ceux de la Chine , où il est élevé avec soin depuis un grand nombre de siècles. L'art a donc déjà remanié, pour ainsi dire, non-seulement les téguments des poissons, et même un des plus puissants instruments de leur natation, mais encore presque tous leurs organes, puisqu'il en a changé les proportions ainsi que l'étendue. C'est par ces grandes modifications qu'il a produit des variétés remarquables. A mesure que l'influence a été forte, que l'impression a été vive, qu'elle a pénétré plus avant, le changement a été plus profond, et par conséquent plus durable. La nouvelle manière d'être, produite par l'empire de l'homme, a été assez intérieure, assez empreinte dans tous les organes qui concourent à la génération, assez liée avec toutes les forces qui contribuent à cet acte, pour qu'elle ait été transmise, au moins en grande partie, aux individus provenus de mâles et de femelles déjà modifiés. Les variétés sont devenues des races plus ou moins durables ; et lorsque, par la constance des soins de l'homme, elles auront acquis tous les carac- tères de la stabilité, c'est-à-dire lorsque toutes les parties de l'animal qui, par une suite de leur dépen- dance mutuelle, peuvent agir les unes sur les autres, auront reçu une modification proportionnelle, et que par conséquent il n'existera plus de cause intérieure qui tende à ramener les variétés vers leur état primitif, ces mêmes variétés, au moins si elles sont séparées par d'assez grandes différences de la souche dont elles auront été détachées, constitueront de véritables espèces permanentes et distinctes. C'est alors que l'homme aura réellement exercé une puissance rivale de celle de la nature, et qu'il aura conquis l'usage d'un mode nouveau et bien important d'améliorer les poissons. Mais il peut déjà avoir recours à ce mode, d'une manière qui marquera moins la puissance de son art. mais qui sera bien plus courte et bien plus facile. Qu'il fasse pour les espèces ce que nous avons dit qu'il devait faire pour les races; qu'il mêle une espèce avec une autre; qu'il emploie la laite de l'une à féconder les œufs de l'autre. 11 ne craindra dans ses tentatives aucun des obstacles que l'on a dû vaincre, toutes les fois qu'on a voulu tenier l'accouple- ment d'un mâle ou d'une femelle avec une femelle ou un mâle d'une espèce étrangère, et que l'on a choisi les objets de ses essais parmi les mammifères ou parmi les oiseaux. On dispose avec tant de facilité de la laile et des œufs ! £n renouvelant ces efforts, non-seulement on obtiendra des mulets, mais des mulets féconds, et qui transmettront leurs qualités aux générations qui leur devront le jour. On aura des espèces métives, mais durables, distinctes, et existantes par elles-mêmes. On sait que la carpe produit facilement des métis avec la gibèle, ou avec d'autres cyprins. Qu'on suive cette indication. Pour éprouver moins de difficultés, qu'on cherche d'abord à réunir deux espèces qui fraient dans le même temps, ou dont les époques du frai arrivent de manière que le commencement de l'une de ces deux époques se rencontre avec la fin de l'autre. Si l'on ne peut pas se procurer laciiementde la liqueur séminale de l'une des deux espèces, et l'ob- tenir avant (|u'elle n'ait |)erdu, en se desséchant ou en s'altérant, sa (lualilé vivifiante, qu'on place des œufs de la seconde à une i)rofondeur convenable, et à une exposition favorable, dans les eaux fre(|uenlées par les mâles de la première. Qu'on les y arrange de manière que leur odeur attire facilement ces mâles, et que leur position les invite, pour ainsi dire, à les arroser de leur fluide fécondant. Dans quehjues circonstances, on pourrait les y contraindre en quelque sorte, en détruisant autour de leur habitation ordinaire, et à une distance assez grande, les œufs de leurs jiropres femelles. Dans d'autres circonstances, on pourrait essayer de les faire arriver en grand nombre au-dessus de ces œ'ufs étrangers que l'on vou- drait les voir vivifier, en mêlant à ces a'ufs une substance composée, factice et odorante, que plusieurs tentatives feraient découvrir, et qui, agissant sur leur odorat comme lesa'ufs de leurs espèces, les déter- minerait aussi elficacemenl que ces derniers à se débarrasser de leur laite, et à la répandre abondam- ment. Voudra-l-on se livrer à des essais plus hasardeux, et réunir deux espèces de poissons dont les époques du frai sont séparées par un intervalle de quelques jours? Que l'on garde des œufs de l'espèce qui fraie le plus tôt; (luel'on se souvienne que l'on peut les préserver du degré de décomposition qui s oppuserail à leur fécondation; et qu'on les répande, avec les précautions nécessaires, à la portée des maies de la seconde espèce, lorsque ces derniers sont arrivés au terme de la maturité. Au reste, les soins multipliés que l'on est obligé de se donner pour faire réussir ces unions que l'on SUR LES POISSONS. 5S3 pourrait nommer artificielles, expliquent pourquoi des réunions analogues sont très-peu fréquentes, dans la nature, et par conséqent pourquoi celte nature, quelque puissante qu'elle soit, ne produit ce- pendant que très-rarement des espèces nouvelles par le mélange des espèces anciennes. Cependant, depuis que l'on observe avec plus d'attention les poissons, on remarque, dans plusieurs genres deces anin)atix, des individus qui, présentant des caractères de deux espèces différentes, et plus ou moins voisines, pa- raissent appartenir à une race intermédiaire, que l'on devra regarder comme une espèce métive et distincte, lorsqu'on l'aura vue se maintenir pendant un temps très-long avec toutes ses propriétés par- ticulières, et du moins avec ses attributs essentiels. Nous avons commencé de recueillir des faits cu- rieux au sujet de ces espèces, pour ainsi dire, mi- parties, dans les lettres de plusieurs de nos savants correspondants, et notamment de M. Noël de Rouen. Ce dernier naturaliste pense, par exemple, que les nombreuses espèces de raies qui se rencontrent sur les rives françaises de laManche, lors du temps de la fécondation des œufs, doivent, en se mêlant ensemble, avoir donnéou donner le jour à des espèces ou races nouvelles. Cette opinion de M. Noël rappelle celle des anciens au sujet des monstres de l'A- frique. Ils croyaient que les grandsmammifères de cette partie du monde, qui habitent les environs des déserts, et que la chaleur et la soif dévorantes contraignaient de se rassembler fréquemment en troupes très-nombreuses autour des amas d'eau qui résistent aux rayons ardents du soleil, dans ces régions voisines des tropiques, doivent souvent s'accoupler les uns avec les autres; et que de leur union ré- sultent des mulets féconds ou inféconds, qui, par le mélange extraordinaire de diverses formes remar- quables, et de divers attributs singuliers, méritent ce nom imposant de monstres africains. Cependant ne cessons pas de nous occuper de ces poissons mulets que l'art peut produire, ou que la nature fait naître chaque jour par l'union de la carpe avec la gibèle, ou par celle de plusieurs autres espèces , sans faire une réflexion importante relativement à la génération des animaux dont nous écrivons l'histoire, et même à celle de presque tous les animaux. Des auteurs d'une grande autorité ont écrit que, dans la reproduction despoissons, la femelle exer- çait une si grande influence, que le fœtus était entièrement formé dans l'œuf avant l'émission de la l'aile du mâle, et que la liqueur séminale dont l'œuf était arrosé, imbibé etpénétré, ne devait être consi- dérée que comme une sorte de stimulus propre à donner le mouvement et la vie à l'embryon préexis- tant. Celte opinion a été étendue et généralisée au point de devenir «ne théorie sur la génération des ani- maux, et même sur celle de l'homme. Mais l'existence des métis ne détruit-elle pas cette hypothèse? ne doit-on pas voir que si la liqueur fécondanledu mâle n'était qu'un fluide excitateur, n'influait en rien sur la forme du fœtus, ne donnait aucune partie à l'embryon, les œufs de la même femelle, de quelque laite qu'ils fussent arrosés, feraient toujours naître des individus semblables? Le stimulus pourrait être plus on moins actif; l'embryon serait plus fort ou plus faible; le fœtus éclorait plus tôt ou plus tard ; l'animal jouirait d'une vitalité plus ou moins grande; mais ses formes seraient toujours les mêmes; le nombre de ses organes ne varierait pas ; les dimensions pourraient être agrandies ou diminuées ; mais les proportions, les attributs, les signes distinclifs, ne montreraient aucun changement, aucune modifi- cation ; aucun individu ne présenterait en même temps et des traits du mâle et des traits de la femelle ; il ne pourrait dans aucune circonstance, exister un véritable métis. Quoi qu'il en soit, les espèces que l'homme produira, soit par l'influence qu'il exercera sur les indivi- dus soumis à son empire, soit par les alliances qu'il établira entre des espèces voisines ou éloignées, se- ront un grand moyen de comparaison pour juger de celles que la nature a pu ou pourra faire naître dans lecours des siècles. Les modifications quel'homme imprime serviront à déterminer celles que la nature impose. La connaissance que l'on aura du point où aura commencé le développement des premières, et de celui où il se sera arrêté, dévoilera l'origine et l'étendue des secondes. Les espèces artificielles seront la mesure des espèces naturelles. On sait, par exemple, que le cyprin doré de la Chine perd dans la do- mesticité, non-seulement des traits de son espèce par l'altération de la forme de sa nageoire caudale, mais encore des signes distinclifs du groupe principal ou du genre auquel il appartient, puisque la nageoire du dos lui est ôtée par l'art, et même des caractères de la grande famille ou de l'ordre dans lequel il doit être compris, puisque la main de l'homme le prive de ses nageoires inférieures, dont la position ou l'absence indique les ordres des poissons, A la vérité, l'action de l'homme n'a pas encore pénétré assez avant dans l'intérieur de ce cyprin doré, pour y changer ces proportions générales de l'estomac, des intestins, du foie, des reins, des ovaires, etc., qui constituent véritablement la diversité des ordres, pendant que l'absence ou la position des nageoi- res inférieures n'est qu'un signe extérieur qui, par ses relations avec la forme et les dimensions des organes internes, annonce ces ordres sans en produire la diversité. Mais que sont quelques milliers d'années, pendant lesquels les Chinois ont manié, pour ainsi dire, leur cyprin doré, lorsqu'on les compare au temps dont la nature dispose? C'est cette lenteur dans le travail, c'est cette série infinie d'actions successives, c'est celle accumulation perpétuelle d'efl"orts dirigés dans le même sens, c'est cette constance et dans l'intensité et dans la tendance de la force, c'est cet emploi de tous les instants dans une durée non interrompue de milliers de siècles, qui, survivant à tous les obstacles qu'elle n'a pu ni dissoudre ni écarter, est le véritable principe de la puissance irré- sistible de la nature. En ce sens, la nature est le temps, qui règne sans contrainte sur la matière qu'elle façonne, et sur l'espace dans lequel elle distribue les ouvrages de ses mains immortelles. :)!i4 EFFETS DE L'ART SUR LES POISSONS. Ce sera donc luujours bien au delà de la limite du pouvoir de riionime, qu'il faudra placir celle de la force victorieuse qui appartient à la nature. Mais les jugements que nous porterons de cette force d'après l'étendue de l'art, n'en seront que plus fondés ; nous n'aurons que plus de raison de dire que les espèces artificielles, excellentes mesures des espèces naturelles produites dans la suite des âges, sont aussi le mètre d'après lequel nous pourrons évaluer avec précision le nombre des espèces perdues, le nombre de celles qui ont disparu avec les siècles. Deux grandes manières de considérer l'univers animé sont dignes de toute l'attention du véritable naturaliste. D'un côté, on peut voir , dans les temps très-anciens , tous les animaux n'existant encore que dans quelques espèces primitives, qui, par des moyens analogues à ceux que l'art de l'bomme peut employer, ont produit, par la force de la nature, des espèces secondaires , lesquelles par elles-mêmes, ou par leur union avec les primitives, ont fait naître des espèces tertiaires, etc. Chaque degré de cet accroissement successif offrant un plus grand nombre d'objets que le degré précédent, les a montrés séparés les uns des autres i)ar des intervalles plus i>etils, et distingués par des caractères moin sen- sibles; et c'est ainsi que les produits animés de la création sont parvenus à cette multitude innombrable et à celte admirable variété qui étonnent et enchantent l'observateur. D'un autre côté, on peut supposer que, dans les premiers âges, toutes les manières d'être ont été em- ployées par la nature, qu'elle a réalisé toutes les formes, développé tous les organes, mis en jeu toutes les facultés, donné le jour à tous les êtres vivants que l'imagination la plus bizarre peut concevoir; que dans ce nombre infini d'espèces, celles qui n'avaient reçu que des moyens imparfaits de pourvoir à leur nourriture, à leur conservation, à leur reproduction, sont tombées successivement dens le néant; et que tout s'est réduit enfin à ces espèces majeures, à ces êtres mieux partagés qui figurent encore sur le globe. Quelque opinion qu'il faille préférer sur le point de départ de la nature créatrice, sur celte multipli- cation croissante, ou sur cette réduction graduelle, l'état actuel des choses ne nous permet pas de ne pas considérer la nature vivante comme se balançant entrelcs deux grandes limites que lui opposeraient à une extrémité un petit nombre d'espèces primitives, et à l'autre extrémité l'infinité de toutes les es- pèces que l'on peut imaginer. Elle tend continuellement vers l'une ou vers l'autre de ces deux limites, sans pouvoir maintenant en approcher, parce qu'elle obéit à des causes qui agissent en sens contraire les unes des autres, et qui, tour à tour victorieuses et vaincues, ne cèdent, lors de quelques époques, que pour reparaître ensuite avecleur première supériorité. Quel spectacle que celui de ces alternatives! quelle étude que celle de ces phénomènes! quelle re- cherche que celle de ces causes! quelle histoire que celle de ces époques! Et pour les bien décrire, ou plutôt pour les connaître dans toute leur étendue, il faut les contempler sous les différents points de vue que donnent trois suppositions, parmi lesquelles le naturaliste doit choisir, lorsqu'il examine l'état passé, présent et futur du globe sur lequel s'opère ce balancement mer- veilleux. La température de la terre est-elle constante, comme on l'a cru pendant longtemps, ou la chaleur dont elle est pénétrée, va-t-elle en croissant ainsi que quelques physiciens l'ont pensé, ou cette chaleur décroît-elle chaque jour, comme l'ont écrit de grands naturalistes et de grands géomètres, les Leibnitz, les Buffon, les Laplace? Présentons la question sous un aspect plus direct. La Nature vivante esl-cUc toujours animée par la même température? ou la chaleur, ce grand principe de son énergie, diminue-telle ou s'accroît-elle ù me- sure que les siècles augmentent? Quels sujets sublimes pour la méditation du géologue et du zoologiste! quelle immensité d'objets! quelle noble fierté l'homme devra ressentir, lorsqu'après les avoir contemplés, son génie les verra sans nuage, les peindra sans erreur, et, mettant chaque événement à sa place, fera la part et des temps écoulés et des temps qui s'avancent. mBKQ)^t!9rt-~- DISCOURS SUR LA PÊCHE, SLR LA CONNAISSANCE DES POISSONS FOSSILES, ET SUR QUELQUES ATTRIBUTS GÉNÉRAUX DES POISSONS. (1805). Nous allons terminer l'histoire des poissons. Mais tenons encore nos regards élevés vers des consi- dérations générales : nous avons à contempler de grands spectacles. Lorsque Buffon, il y a plus de soixante ans, conçut le projet d'écrire l'histoire de la nature, il se plaça au-dessus du globe, à un point si élevé, que toutes les petites différences des èlres disparurent pour lui ; il n'aperçut que des groupes ; il ne fut frappé que par de grandes masses ; l'espace même sur lequel il dominait perdit, par la distance, de son immensité. D'un autre côté, son génie lui fil franchir les siècles. Sa vue s'étendit dans le passé ; elle perça dans l'avenir. Les âges se rassemblèrent devant lui : le temps s'agrandit à ses yeux à mesure que l'espace se rétrécissait; et le sentiment de l'immortalité lui fil oublier les bornes de sa vie. Il crut donc devoir tout embrasser dans son vaste plan. Il se souvint que le naturaliste de Rome avait écrit VHistoire du Monde; que celui de la Grèce avait donné celle des animaux : il compara ses forces à celles d'Aristote et de Pline, son siècle à ceux d'Alexandre et de Trajan, la nation française à la nation grecque et à la romaine; et il voulut être l'historien de la nature entière. Au moment de cette concep- tion hardie, il ne se souvint pas que, du temps des Grecs et des Romains, le monde connu n'était, en quelque sorte, que cette petite partie de l'ancien continent dont les eaux coulent vers la Méditerranée, et que celle petite mer intérieure était pour eux l'Océan. En méditant sa sublime entreprise, il résolut donc de soumettre à son examen les trois règnes de la nature, et, rejetant toute limite, d'interroger sur chacun d'eux le passé, le présent et l'avenir. Cependant les années s'écoulèrent. Il avait déjà présenté, dans de magnifiques tableaux, les nobles résultats de ses travaux assidus sur la structure de la terre, l'ouvrage de la mer, l'origine des planètes, les premiers temps du monde. Aidé par les savantes recherches de l'un de ces pères de la science, dont la mémoire sera toujours vénérée, éclairé par les avis de l'illustre Daubenton, il avait gravé sur le bronze l'image de l'homme et des quadrupèdes. Il peignait les oiseaux, lorsque, descendant chaque jour davantage des hauts points de vue qu'il avait d'abord choisis, découvrant des dissemblances que l'éloignement lui avait dérobées, reconnaissant des intervalles où tout lui avait paru ne former qu'un ensemble, apercevant des milliers de nuances, de dégradations, et de manières d'être, où il n'avait entrevu que de l'uniformité, et contraint de compter des myriades d'objets, au lieu d'un nombre très- limité dégroupes principaux, il fut frappé par l'énorme disproportion qu'il trouva entre l'infinité des sujets de ses méditations, et le peu de jours qui lui étaient réservés. Les Bougainville, les Cook, abor- daient les parties encore inconnues de la terre; d'habiles naturalistes, parcourant les continents et les îles, lui adressaient de toutes parts, de nouveaux dénombrements des productions de la nature : tout se multipliait autour de lui, excepté le temps. Il voulut hâter ses pas, et, se débarrassant sur son digne ami, Guénaud de Monlbelliard, du soin d'achever une portion de cette admirable galerie où toutes les tribus des oiseaux sont si bien représentées, il continua sa course avec une nouvelle ardeur. Mais il voyait approcher le terme de sa vie, et celui de ses glorieux travaux s'éloignait chaque jour davantage; il réfléchit de nouveau sur l'ensemble de ses projets. Il médita avec plus d'attention sur la nature des objets dont il n'avait pas encore présenté l'image : il vit bientôt que la grandeur de ses cadres nepourrait pas longtemps convenir aux sujets de ses peintures; que la multitude innombrable de ceux dont il lui restait à dessiner les traits, s'o|)poserait invinciblement à ce que chacun de ces sujets remplît une place distincte comme chacun des oiseaux, des quadrupèdes, et même des minéraux, dont il s'était occupé. Il décida qu'il chercherait une manière nouvelle pour parler des mollusques, des insectes, des 556 DISCOURS vers et des végétaux. Il ne considéra plus l'histoire que l'on pourrait en faire que comme un ouvrage distinct et séparé du sien. Se renfermant, relativement aux animaux, dans l'exposition de l'homme, des mammifères, des oiseaux, des quadrupèdes ovipares, des serpents, et des poissons, il confondit les limites de son plan avec celles qui séparent des mollusques, des insectes et des vers, les légions remarquables des animaux vertébrés et à sang rouge, lesquelles, parleur conformation, leurs mouvements, leurs affections, leurs habitudes, leur grandeur, leur puissance et leur instinct, jouent les premiers rôles sur la scène du monde, et ne le cèdent qu';'i rhomme, qui leur commande par le droit de son intelligence dominatrice, et que la nature leur a donné pour roi. L'Histoire des Poissons devait donc terminer dans celte vue nouvelle VHistoire naturelle, dont il avait enrichi son siècle et la postérité. Il venait de planer de nouveau sur les temps écoulés, de marquer les époques de la nature, et de re- présenter, dans sept grands tableaux. les sept grands cliangements que la force irrésistible de la puis- sance créatrice lui paraissait avoir fait subir au globe de la terre; il allait écrire l'Histoire des Cétacées, pour compléter celle des Mammifères, lorsqu'il se sentit frappé à mort par les coups d'une maladie terrible. Il ne compta plus devant lui qu'un petit nombre d'instants; il ne se réserva, pour le complé- ment de sa gloire, que l'histoire des cétacées; et daignant nous associer à ses travaux immortels, content d'avoir le premier tracé le plan le plus vaste, d'en avoir exécuté d'une manière admirable les principales parties, d'avoir particulièrement soumis à son génie les habitants de la terre et des airs, il nous chargea de dénombrer et de décrire ceux des rivages et des eaux. A peine eut-il disposé en notre faveur de ce noble héritage, qu'il entra dans l'immortalité. Nous n'avions encore publié que l'Histoire des quadrupèdes ovipares; depuis nous avons donné celle des serpents; et aujourd'hui nous sommes ])rès de finir celle des poissons. Avant de cesser de parler de ces habitants des fleuves et des mers aux amis des sciences naturelles, achevons d'indiquer ceux de leurs traits généraux, qui méritent le plus l'attention de l'observateur. Et d'abord, pour achever de faire connaître leur instinct, parcourons d'un coup d'œil rapide tous les pièges que l'art de l'homme sur la surface entière du globe tend à leur faiblesse, à leur inexpérience, à leur audace, à leur voracité. La pèche a précédé la culture des champs : elle est contemporaine de la chasse. Mais il y a cette différence entre la chasse et la pèche, que cette dernière convient aux peuples les plus civilisés, et que, bien loin de s'opposer aux progrès de l'agriculture, du commerce et de l'industrie, elle en multiplie les heureux résultats. Si, dans l'enfance des sociétés, la pêche procure à des hommes encore à demi sauvages une nourri- ture suffisante et salubre, si elle les accoutume à ne pas redouter l'inconstance de l'onde, si elle les rend navigateurs, elle donne aux peuples policés d'abondantes moissons pour les besoins du pauvre, des tri- buts variés pour le luxe du riche, des préparations recherchées pour le commerce lointain, des engrais fécondants pour les champs peu fertiles; elle force à traverser les mers, à braver les glaces du pôle, à supporter les feux de l'équateur, à lutter contre les tempêtes ; elle lance sur l'Océan des forêts de mâts, elle crée les marins expérimentés, les commerçants audacieux, les guerriers intrépides. Mère de la navigation, elle s'accroît avec ce chef-d'œuvre de l'intelligence humaine. A mesure que les sciences perfectionnent l'art admirable de construire et de diriger les vaisseaux, elle multiplie ses instruments, elle étend ses filets, elle invente de nouveaux moyens de succès, elle s'attache un plus grand nombre d'hommes, elle pénètre dans les profondeurs des abîmes, elle arrache aux asiles les plus secrets, elle poursuit jusqu'aux extrémités du globe les objets de sa constante recherche; et voilà pour- quoi ce n'est que depuis un petit nombre de siècles que l'homme a développé, sur tous les fleuves et sur toutes les mers, ce grand art de concerter ses plans, de réunir ses etlbrts, de diversifier ses attaques, de diviser ses travaux, de combiner ses opérations, de disposer du temps, de franchir les distances, et d'atteindre sa proie en maîtrisant, pour ainsi dire, les saisons, les climats, les vents déchaînés el les ondes bouleversées. Mais si, au lieu de suivre l'ordre chronologique des progrès de l'aride la pêche, nous voulons nous représenter ce qu'il est, nous examinerons sous des points de vue généraux ses instruments, son théâtre, ses principaux objets. Nous pouvons diviser en quatre classes les instruments ou les moyens qu'il emploie : premièrement, ceux (|ui attirent les poissons par des appâts trompeurs et les retiennent par des crochets funestes; deuxièmement, ceux avec lesquels ont les surprend, les saisit el les enlève, ou avec lesquels on va au- devant de leurs légions, on les cerne, on les resserre, on les presse, on les renferme dans une enceinte dont il leur est impossible de s'échapper, ou ceux avec lesquels on attend que les courants, les marées, leurs besoins, leur natation dirigée par une sorte de rivage artificiel, les entraînent dans un espace étroit dont l'entrée est facile, et toute sortie interdite; troisièmement, les couleurs qui les blessent, les lueurs qui les trompent, les feux qui les éblouissent, les préparations qui les énervent, les odeurs qui les eni- vrent, les bruits qui les effraient, les traits qui les percent, les animaux exercés el dociles qui se préci- pitent sur eux, et ne leur laissent la ressource ni de la résistance, ni delà fuite; quatrièmement enfin, les instruments qui se composent de deux nu de plusieurs de ceux que l'on vient de voir distribués dans les classes précédentesi SUR LA PECHE. 537 Parmi les iiistrumenls de la première classe, le plus simple est celte ligne flexible, au bout de laquelle un fil léger soutient un frêle hameçon caché sous un ver, sous une boulette artificielle, sous un petit fragment de substance organisée, ou sous toute autre amorce dont la forme ou l'odeur frappe l'œil ou l'odorat du poisson trop jeune, ou trop inexpérimenté, ou trop dénué d'instinct, ou trop entraîné par un appétit vorace, pour n'être pas facilement séduit. Quels souvenirs touchants cette ligne peut rappeler! Elle retrace à l'enfance, ses jeux; à l'âge mûr, ses loisirs; à la vieillesse, ses distractions; au cœur sensible, le ruisseau voisin du toit paternel; au voyageur, le repos occupé des peuplades dont il a envié la douce quiétude; au philosophe, l'origine de l'art. Et bientôt l'imagination franchit les espaces elles temps; elle se transporte au moment et sur les rives où ce roseau léger fait place à ces lignes noUanles ou à ces lignes de fond si longues, si ramifiées, soutenues ou enfoncées avec tant de précautions, ramenées ou relevées avec tant de soins, hérissées de tant de haims ou de crochets, et répandant sur un si grand espace un danger inévitable. Dans la seconde classe paraissent les filets; soit ceux que la main d'un seul homme peut placer, sou- tenir, manier, avancer, déployer, jeter, re|)lier, retirer, ou qu'on traîne comme les draç/ues p.l gamjuifs, après en avoir fait des manches, des poches et des sacs ; soit ceux qui, présentant une grande étendue, élevés à la surface de l'eau par des corps légers et flottants, maintenus dans la position la plus conve- nable par des poids attachés aux rangées les plus basses de leurs mailles, simples ou composés, formés d'une seule nappe ou de plusieurs roseaux parallèles, assez prolongés pour atteindre jus(|u'au fond des rivières profondes, classez longs pour barrer la largeur d'un grand fleuve, ou déployant leurs extré- mités de manière à renfermer un grand espace maritime, composant une seule enceinte, ou repliés en plusieurs parcs, développés comme une immense digue, ou contournés en prisons sinueuses, sont con- duits, attachés, surveillés et ramenés par une entente remarquable, par un concert soutenu, par des combinaisons habilement conçues d'un grand nombre d'hommes réunis. A la seconde classe appartiennent encore ces asiles trompeurs, faits de jonc ou d'osier, ces nasses perfides par lesquelles le poisson, égaré par la crainte, ou entraîné par le besoin, ou conduit sans pré- caution par le courantauquelil s'est livré, et croyantvoirune retraite semblableà celle quelui ont donnée plus d'une fois les grottes de cesrivageshospitaliers, pénètre facilement en écartant les branches rappro- chées qui ne lui présentent, lorsqu'il veut entrer, que des tiges dociles, mais qui, lui offrant, lorsqu'il veut sortir, des pointes enlacées, le retiennent dans une captivité que la mort seule termine. Parmi les moyens de la troisième classe, doivent être compris ces feux que l'on allumait, dès le temps de Bélon, sur les rivages de la Propontide pour favoriser le succès des pêches de nuit; ces |)lantes blanchâtres, vernies et luisantes, placées sur les bords des bateaux pécheurs de la Chine, et qui, réflé- chissant les rayons argentins de la lune, imitant la surface tranquille et lumineuse d'un lac, et trom- pant facilement par celte image les poissons qui se plaisent à s'élancer hors de l'eau, les séduisent au point qu'ils sautent d'eux-mêmes dans la barque, et, pour ainsi dire, dans la main du pêcheur en em- buscade et caché; ces /b?arge-Queue, le L. Girulle, le L. parolique el le L. Bergsnyltre. . Ibid. Le Labre Guaze 246 Le Labre tancoïde, leL. Double-Tache, le L. ponctué, le L. ossiphago, le L. Onite, le L. Perroquet, le L. Tourd, le L. Cinq-Épines, le L. chinois, el le L. japonais Le Labre linéaire Le Labre lunule, le L. varié, le L. maillé, le L. tacheté, le L. Cook, le L. Canude, le L. Blanches-Raies, le L. bleu et le L. rayé Le Labre Ballan, le L. Bcrgy, le L. Has- seck, le L. aristé, le L. birayé, le L. Grandes-Écailles, le L. Tète-Bleue, le L. à gouttes, leL. boisé et leL. Cinq- Taches 248 Le Labre microlépidote, leL. Vieille, le L. Karut, le L. Anei, le L. Ceinture, le L. diagramme, le L. hololépidote, le L. taminure, le L. Parterre, IcL. spa- Ibid. 247 Ibid. TABLE DES MATIÈRES. 569 Pages. roïde, leL. Léopard et le L. malapié- ronote 248 Le Labre salmoïde et le Labre Iris . . 249 Le Labre Diane, le L. Macrodonle, le L. neuslrien, le L. Galops, le L. ensan- glanté, leL. Perruche, leL. Keslik, et le L. Combre 250 Le Labre brasilien, le L. vert, le L. tri- bolé, le L. Deux-Croissants, le L. hé- braïque, le L. Large-Raie, et le L. an- nelé Ibid. Les Cheilines. (Tableau méth. des espèces). 251 Le Cheiline Scare Ibid. Le Cheiline trilobé 253 Les Cheilodiptères. (Tableau méth. des esp.) Ibid. Le Cheilodiptère heptacanthe, le C. chry- soptère, et leC.rayé 254 Le Cheilodiptère Maurice Ibid. Le Cheilodiptère cyanoplère, leC. Boops, et le C. Acoupa 255 Le Cheilodiptère Aigle Ibid. LeCheilodiplère macrolépidote, et le C. ta- cheté 256 LesOphicéphales. (Tableau méth. des esp.). Ibid. L'Ophicéphale Karruwey, et l'O. Wrahl. Ibid. Les Hologymnoses. (Tableau méth. desesp.). 257 L'Hologymnose fascé Ibid. Les Scores. (Tableau méth. des espèces). . 258 Le Scare Sidjan, le S. étoile, le S. ennéa- canthe, et le S. pourpre 259 Le Scare Harid, le S. Chadri, le S. Per- roquet, le S. Kakaloe, le S. denticulé, et le S. bride 260 Le Scare Catesby 261 Le Scare vert, le S. Ghobban, le S. ferru- gineux, le S. Forskael, le S. Schlosser, et le S, rouge Ibid. Le Scare trilobé, et le S. tacheté . . . 262 Les Ostorhinques. (Tableau méth. des esp.). Ibid. L'OstorhinqueFleurieu 263 Les Sjpares. (Tableau méth. des espèces). . Ibid. Le Spare Dorade 271 Le Spare Sarpaillon, le S. Sargue, le S. Oblade, et le S. Smaris. ... 276 Le Spare Mendole, le S. argenté, le S. Hur- la, le S. Pagel, et le S. Pagre. . . 277 Le Spare Porte-Épine, le S. Bogue, le S. Canthère, le S. Saupe,eile S. Sarbe. 280 Le Spare Synagre, le S. élevé, le S. strié, les. Haffara,leS. Berda,etleS. Chili. 281 Le Spare éperonné, le S. Morme, le S. bru- nâtre, le S. bigarré, le S.Osbeck,el le S. marseillais Ibid. Le Spare Castagnole, le S. Bogaraveo, le S. Mahséna, le S. Marak, le S. Ramak, et le S. Grand-OEil 282 Le Spare Queue-Rouge, le S. Queue-d'Or, le S. Cuning, le S. galonné, le S. Brème, et le S. Gros-OEil Ibid. Le Spare rayé, le S. Encre, le S. trom- peur, le S. Porgy, le S. Zanlhure, et le S. denté 284 Le Spare fascé, le S. Faucille, le S. japo- nais, le S. Surinam, le S. Cynodon, et Pagrs le S. létracanthe 285 Le Spare Vertor, le S. Mylostome, le S. Mylio, le S. breton, et le S. rayé-d'or. 286 Le Spare Catesby, le S. sauteur, le S. ve- nimeux , le S. salin, le S. Jup et le S. mélanote Ibid. Le Spare Niphon, le S. Demi-Lune, le S. Holocyanose, le S. Lepisure, le S. bilobé, le S. Cardinal, le S. chinois, le S. Bufonite et le S. Perroquet . . 287 LeSpare Orphe, le S. marron, le S. rhom- boïde, le S. bridé, le S. galiléen, et le S. Carudse 288 Le Spare Paon, le S. rayonné, leS. Plombé, le S. Clavière, le S. noir, el le S. chlo- roptère 289 Le Spare Zonéphore, le S. pointillé, le S. sanguinolent, leS. Acara, le S. Nho- quunda, el le S. atlantique . . . 290 Le Spare Chrysomélane, le S. hémisphère, le S. Panthérin, le S. Brachion, le S. Meaco, el le S. Desfonlaines. . . 291 Le Spare Abildgaard, le S. Queue-verte, el le S. Rougeor Ibid. Les Diptérodons. (Tableau méth. desesp.). 292 Le Diptérodon Plumier, le D. noté, et le D. hexacanthe Ibid. Le Diptérodon Apron, el le D. Zingel. . Ibid. Le Diptérodon Queue-jaune .... 293 Les Lutjans. (Tableau méth. des espèces.) Ibid. LeLutjan virginien,leL.Anthias, leL. de l'Ascension, leL. Stigmate, elleL. strié. 299 Le Luijan Pentagramme, le L. argenté, le L. Serran, le L. Écureuil, le L. jaune, L. OEil-d'or,et leL. Nageoires-rouges. 301 Le Lutjan Hamrur, le L. Diagramme, le L. Bloch, le L. Verrat, et le L. Ma- crophlhalme Ibid. Le Lutjan Vosmaer, le L. elliptique, le L.japonais, leL. hexagone, elleL. Crois- sant 309 Le Luijan Galon-d'Or, le L. Gvmnocé- phale, le L. Triangle, et le Luijan mi- crostome Ibid. Le Lutjan argenté-violet 305 Le Lutjan Décacanthe, le L. Seine, le L. Lapine, le L. rameux, le L. OEillet, leL. bossu, el le L. olivâtre. . . . Ibid. Le Lutjan Brunnich, le L. marseillais, le L. adrialique, le L. magnifique, el le L. Polymne Ibid. Le Lutjan Paupière, le L. noir, le L. chry- soplère, le L. méditerranéen, et le L. rayé 304 Le Luijan Écriture, le L. chinois, le L. Pique, le L. Selle, et le L. Deux- Dents Ibid. Le Luijan marqué, le L. Linke, le L. Su- rinam, le L. verdàtre, le L. Groin, el le L. norwégien 505 LeLutjan Jourdin, le L. Argus, le L. John, le L. Torlue, le L. Plumier, et le L. oriental Ibid. Le Luijan tacheté, le L. Orange, le 36. 570 TABLE DES MATIERES. L. Blanc-Or, le L. Percbol, le L. Jau- nellipse, le L. grimpeur, le L. diélodo- iioïde, leL.Diacaiiilie, elleL.Cayeiiue. Le Luljaii peiiil Le Luljan Arauna Le Luljan Trideiil, elle L. Trilobé. . . Les Ccnlropomes. (Tableau niélb. des esp.). Le Ceiilropome Saiidal, le C. Hober, le C. Safga, leC. Albunie, le C. Lophar, le C. arabique, et le C. rayé. . . Le Ceulroponie Loup, leC. Ûiize-Rayoïis. le C. Plumier, et le C. Mulet . . . Le Ceiitropome Ambasse, le C. de Rocbo, le C. Macrodon, le C. doré, et le . Pages. 506 508 Ibid. Ibid. Ibid. 511 512 C. rouge 514 515 ibid. ibid. ibid. Le Ceulropome ISilolique et le C. ceillé. Le Ceulropome Six-liaies Le Ceulropome fascé, elle C. Percbol. . Les Bûdians. (Tableau mélb. des espèces). Le Bodiau OEillère, le B. Louli, le B. Jaguar; leB. macrolépidole, le B. ar- genté, le B. Blocb, et le B. Aya. . . 517 Le Bodiau tacbelé, le B. Vivauel, le B. Fiscber, le B. décacaiilbe, le B. Lul- jan, le B.Grosse-Tèle, etleB. cyclos- lome 519 Le Bodiau Rogaa, le B. lunaire, le B. mé- laiioleuque, le B. Jacob-Éveriseu, le fi. Bieuak, leB. Hialule, leB. Apue, et le B. étoile ibid. Le Bodiau lélracanlbe, et le B. i>ix-Raies. 520 Les Tœnianoies , (Tableau mélh. des es- pèces) 521 Le Taiiiiauole Large-Raie ibid. Le Tajiiianole triacaiitbe ibid. Les Scienes. (Tableau mélb. des espèces). 522 La Scièiie Abusamf, la S. Coro, la S ci- liée, et la S. beplacaiilbe ibid. L'A Scièue Cbromis , la S. Croker, la S. Lmbre, la Scièiie cylindrique, la S. Sammara, la S. penladaclyle et la S. rajée 525 Les Microplères. (Tableau mélb. des es- pèces) 520 Le Wicroptère Dolomieu ibid. Les Uolocenires. (Tableau melb. des es- pèces) ..... 527 L'ilolocentre Sogo , l'H. Cbani , ITi. hcbrailser, l'il. crénelé. Vil. Gbanaui, ril. Galerin, el ITl. Jarbua. . . . 551 L'ilolocentre \erdàlre, ITl. tigré, ITl. Cinq-Raies, l'il. Bengali, ['II. Épiné- pbèle, ril. Pubi, ril. noir ellTl. Acé- rine 555 L llolocentre Boullon, l'il. jaune el bleu, ITl. Queue-rayée, Tll. négrillon, 111. Léopard, 111. cilié, el l'Il. Tbunberg . 555 L'ilolocentre blanc-rouge, l'Il. bajide- blancbe, l'H. diacanlbe, l'H. iripélale, ril. lélracanlbe, l'H. Acanlliop, l'U. Radjaban, l'H. Diadème, et l'H. Gym- nose 550 LTlolocenlre Rabaji 557 L'ilolocentre marin, l'H. Têtard, ITl. pbiladelpbien, l'H. Mérou, l'H. Fors* kael, l'H. triacanlbe et l'H. argenté . L'Holocentre Tauvin, TH. Ongo, ITI. doré, ITl. Qualre-Raies, TH. à bandes, VU. Pira-pi.\anga, et l'H. lancéolé. . L'ilolocentre Points-bleus, TH. blanc et brun, l'H. Surinam, 111. Éperon, l'H. africain, TH. bordé, l'H. brun, l'H. Merra, et I H. Rouge L'ilolocentre rouge-brun, l'H. Soldado, ril. bossu, l'H. Sonnerai, l'H. hepla- daclyle, TH. panlliérin, l'H. Rosmare, riI. océanique, l'H. salmoïde, el l'H. norwégien Les Persèqnes. (Tableau mélh. des espèces.). La Persèque Percbe La Persèque américaine, et la P. Bruu- nicb La Persèque Umbre La Persèque diacanlbe, la P. poinlillée, la P. Murdjan, la P. Porte-Épine, la P. Korkor, la P. Lourbine, et la P. Praslin La Persèque iriacanlhe, la P. peutacantbe, el la P. Fourcroy Les Harpes. (Tableau mélb. des espèces). Le Harpe bleu-doré Les timelepieres. (Tableau mélb. des es- pèces) Le Pimeleptère bosquien Les Cliéilions. (Tableau mélb. des espèces). Le Cbeilion doré, et le C. brun. . . . Les Pomalomes. (Tableau mélb. des es- pèces) Le Pomalome Skib I Les Leios(o»Hes. (Tableau mélb. des espèces). Le Leiostome Queue-jaune Les Centroloplies. (Tableau mélb. des esp.). Le Cenlrolopbe IVègre Les Çlievaliers. (Tableau mélb. des esp.). Le Chevalier américain Les Léioijnalhes. (Tableau mélh. des esp.). Le Léiognalbe argenté Les Çliélodons. (Tableau mélh. des esp.). Le Chélodon bordé, le C. Curaçao, le C. Maurice, et le C. "engali Le Chélodon Faucheur, le C. Rondelle, le C. sargoïde, le C. cornu, le C. ta- cheté, leC. Tache-noire, le C. Soulllel, le C. cannelé, le C. pentacanlhe, et le C. allongé Le ChelodonCouagga,etleC. lélracanlbe. Le Célodon pointu, le C. Queue-blanche, le C. Grande-Ecaille, le C. Argus, le C. vagadond, le C. Forgeron, le C. Chili, et le C. à bandes Le Chélodon Cocher, le C. lladjan el le C. peint Pages, 357 558 551) 540 541 542 545 540 547 548 ibid. ibid. 549 ibid. 550 ibid. ibid. ibid. 551 ibid. ibid. o52 ibid. ibid. 555 ibid. ibid. 557 Le Chélodon Museau-allongé . . . . Le Chélodon Orbe, le C. Zèbre, le C. bridé, le C. Vesperlillon, le C. œillé, lu C. Huit-Bandes et le C. Collier . . Le Chélodon Teïra, le C. Suralo, le C. chinois, le C. Klein, le C. bimaculé, le 559 500 501 502 TABLE DES MATÎERÏÏS. Î57i Pagps C. Galline, e( le C.Trois-Bandes. . . 363 Les Acanthiiiions. (Tableau mélh. des es- pèces) ibid. L'Acanlhinfon R!iomboïde, l'A. bleu, et l'A. orbiculaire 3fi4. Les(jhétodiptères. (Tableau mtMh. des es- pèces 3fiîi Le Ch(îdodiptère Plumier ihid. Les Poviacentres. (Tableau nitMh. des espè- ces) ihid. Le Pnmacenlre Paon et le P. eniK^adac- tyle 366 Le Poniacenfre Burdi, le P. Symman, le P.Filament,leP. Faucille, etIeP. crois- sant ihid. Les Pomfl(/as!/s. (Tableau métb. des espè- ces.) 367 Le Pomadasys argenté 368 Les Pomacanthes. (Tableau mélh. des espè- ces.) ihid. Le Pomacanfhe firison, et le P. sale. . ihid. Le Pomacanthe arqué, le P. doré, le P. Paru, le P. Asfur. et le P. jaunâtre . 369 Les Holacanthes. (Tableau mélh. des espè- ces.) ihid. LTIolacanlhe Iricolor, l'H. Ataja, et l'H. Lamarck 370 L'HolacanIhe Anneau, l'H. Cilier, l'H. Empereur, l'H. Duc, l'ÏT. bicolor, l'H. Mulaf, l'H. Aruset, l'H. Deux-Pi- quants, l'H. géométrique, et l'H. jaune et noir 371 Les Enoploses. (Tableau méth. des espèces). 372 L'Énoplose White ihid. Les Glyphisodons. (Tableau méth. des es- pèces) 372 Le Glypbisodon Moucbarra et le G. Ka- kaitsel 373 Les ^can(/iMres. (Tableau méth. des espèces), ihid. L'AcanIhure Chirurgien, l'A. Zèbre, l'A. noiraud, l'A.Voilier, l'A.Theuthis, et L'A. rayé 574 Les Aspisures (Tableau méth. des espèces). 578 L'Aspisure Sohar ihid. Les Acanthopodes. (Tabl. méth. des es- pèces) ihid. L'Acanthopode argenté et l'A. Boddaert. 576 Les Sélènes. (Tableau méth. des espèces) . ihid. La Sélène argentée ihid. La Sélène quadrangulaire 577 Les Argyréioses. (Tableau mélh. des es- pèces) ihid. L'Argyréiose Vomer ihid. Les Zées. (Tableau méthodique des es- pèces) 578 Le Zée F.ongs-Cheveux, et le Z. rusé . . ihid. Le Zée Forgeron 579 Les Ga/s. (Tableau méth. des espèces) . . 380 Le Gai verdâtre 581 Les Chnjsotoses. (Tableau méth. des es- pèces). ..." ihid. Le Chrysotose Lune ihid. Les Capros. (Tableau méth. des espèces.) . 382 | Le Capros Sanglier. ihid. \ Pages. Les Pleur onect es. (Tableau mélh. des es- pèces.) 382 Le PI. Flétan 384. Le PI. Limande 389 Le PI. Sole 390 Le PI. Plie 391 Le PI. Fiez, le PI. Flyndre, le PI. Pôle, le PI. Languette, le PI. glacial, le PI. Limandelle, le PI. chinois, le PI. li- mandoïde, et le PI. Pégonze. . . . 392 Le PI, œillé, et lePl. trichodactyle . . 393 Le PI, Zèbre, le PI. Plagieus'e, et le PI. argenté ihid. Le PI. Turbot 394 Le PI. Carrelet 39b Le PI. Targeur, le PI. denté, le PI. Moi- neau, le PI. papilleux, le PI. Argus, le PI. japonais, le PI. Calimande, le PI. Grandes-Écailles,et lePl. Commer- sonnien LesAchires. (Tableau mélh. des espèces.) . L'Achirebarbu, l'A. marbré, etl'A. pavo- nien L'Achire fascé L'Achire Deux-Lignes, et l'A. orné . . Seconde sous-classe, première division, vingtièmeordre de hclasse entière des Poissons ou quatrième de la division des osseux. Poissons abdom in. \cx. Les Cirrhites. (Tableau méih. des espèces.) I..e Cirrhile tacheté LesCheilodacUjIes. (Tableau méth. des es- pèces.) Le Cheilodaclyle fascé Les Cohites. (Tableau méth. des espèces.). Le Cobite Loche, le C. Tsenia, et le C. Trois-Barbillons Les Misgurnes. (Tableau méth. des es- pèces.) Le Misgurne fossile Les Anableps . (Tableau méth. des es- pèces.) L'Anableps Surinam Les Fundules. (Tableau méth. des es- pèces.) Le Fundule Mudfish et le Fundule japo- nais Les Coluhrines. (Tableau mélh. des esp.) . La Colubrine chinoise Les Am/es. (Tableau méth. des esp.). . . L'Amie chauve Les Butijrins. (Tableau méth. des esp.). . Le Butyrin Banane Les Triptéronotes. (Tab. mélh, des esp.). . Le Triptéronole Haulin Les Ompoks. (Tableau méth. des espèces.), L'Ompock siluroïde Nomenclature des Silures, des Macropléro- noles, des Malaptérures, des Pimélodes, des Doras, des Pogonalhes, des Cala- phractes, des Plotoses, des Agénéioses, des Macroramphoses et des Centrano- dons Ibid. Les S//wres. (Tableau mélh. des esp.) . . 409 ibîd. 396 ihid. 397 ibid. ihid. ibid. 398 ihid. ibid. 399 ihid. 400 401 402 403 403 ibîd. ibid. ibid. 406 Ihid. Ibid. Ihid. 407 Ibid. Ibid. Ibid. 572 TABr.E DES MATIÈRES. Le Silure Glanis Le S. verniqueux, et le S. Asole. . . Le S. fossile Le S. Deux-Taches, le Schilde, el le S. undécinial Le S. Asprède, el le S. colylt'ijhnre. . Le S. chinois, el leS. liexadaclNle. . , Les Macroptéronotes. (Tab. méth. des esp.)- Le Macropléroiiole Charniuth, et le M. grenouiller. Le M. brun el le M. hexacicinne . . . Les Malaptnures. (Tabl. niélh. des esp.) Le Malaplérurt'éleclrique Les Pimélodes. (Tableau niélh. des esp.) . Le Pimélode Bagre, le P. Chat, le P. Scheilan elle P. barré Le P. Ascite, le P. argenté, le P. nœud, le P. Quatre-Taches, le P. barbu, le P. tacheté, le P. bleuâtre, le P. doigl- de-Nègre, el le P. Commersonnien. . Le P. Thunberg Le P. Matou , le P. Cous , le P. Docmac, le P. Bajad, le P. erylhroptère, le P. Raie-d'Argent, le P. rayé, et leP. niou- chelé Le P. casqué, et le P. Chili. . • • Les Doras. (Tableau niélli. des espèces) . Le Doras caréné, et le D. Cote. . • • Les Poqonathes. (Tableau méth. des esp.) . Le Pogonathe Courbine, el le P. doré. . Les Catapliractes. (Tableau méth. des esp.) LeCalaphracteCallichle, le C. américain, el le C. ponctué LesPloloses. (Tableau méth. des esp.) . . LePlolose anguille Le P. thunbergien Les Agénéioses. (Tableau mélh. des esp.) . L'Àgénéiose armé el l'A. désarmé. . • LesMacroramphoses. (Tab. méth. des esp.)- Le Macroramphose cornu Les Centranodons. (Tabl. mélh. des esp.) . Le CentranodoM japonais Les Loricaircs. (Tab. niélh. La Loricaire sétifèrc, et Les Hypostomes (Tab. mélh L'Hypostome Guacari Les Corydoras. (Tableau mélh. des esp.) . Le Corydoras Geoffroy Les Tachysures. (Tab. mélh. des esp.) . . Le Tachvsure chinois Les Salmones (Tableau méth. des espèces.) LeSalmone Saumon Le S. Illanken , • • • Le S. Schieffermuller et le S. Eriox. . Le S. Truite Le S. Bergforelle Le S.Truile-Saumonée Le S. rouge, le S Gaeden, le S. Huch, le S. Car|»ionc,IeS. Salveline.et le S. Om- ble Cheviilier Le S. Taimcn, le S. Nelma, le S. Lenok, leS.KundschaJe S. arctique, le S. Rei- dur, le S. Icime, le S. Lepechin, le S. Sil, le 9. Loddc, et le S. blanc. . Hagos. 409 413 Ibîd. Ibid. Ibid. 415 Ibid. 416 Ibid. Ibid. 417 418 des esp.) . la L. tachetée des esp.) . 419 421 Ibid. 422 Ibid. Ibid. 423 Ibid. 424 Ibid. 42» Ibid. Ibid. 426 Ibid. Ibid. Ibid. 427 Ibid. Ibid. Ibid. 428 Ibid. Ibid. Ibid. 429 Ibid. 429 451 437 43S ibid. 441 442 4i3 •44 Pages. LeS.varié, le S. René, leS.Rille, et le S. gadoïde 446 Le S. Cumberland 447 LesOsmères (Tableau mélh. des espèce.*.), ibid. L'Osmère Éperlan ibid. L'O. Saure, l'O Rlanchel, l'O. Faucille, rO. Tumbil et l'O. galonné. ... 448 Les Corégones. {Tahknu mélh. des espèces.). 449 Le Corégone l,avaret 4M0 Le C. Pidschian, le C. Schokur, le C. Nez, leC. large, leC. Thymallc, le C . Vimbe, leC. voyageur, leC.Muller, elleC. au- tumnal 452 Le C. Able, le C. Pelcd, le C. Marène, le C. marénulé. le C. Wartmann, le C. oxyrhynque, leC. Leucichthe, le C. Om- bre, et le C. rouge 453 Le C. clupéoïde 455 Les Characins. (Tableau méth. des espèces.) 456 Le Characin Piabuque, le C. denté, leC. boussu, le C. Mouche, le C. Double- Mouche, leC. sans-tache, leC. Carpeau, le C. nilotique, leC. Néfasch, et le C. pulvérulent ibid. LeC. Anoslome, le C. Frédéric, le C. à bandes, leC. Mélanure, leC. Curimate, etIeC.Odoé 457 Les Serrasalmes (Tableau méth. des espèces) 458 Le Serrasalme rhomboïde ibid. Les Elopes. (Tableau méth. des espèces), . 459 L'Élope Saure ibid. Les Mégalopes (Tableau mélh. des espèces.), ibid. Le Mégalope Filament ibid. Les Notacanthes (Tableau mélh. des espèces), ibid. Le Notacanthe Nez 460 Les Esoces. (Tableau mélh. des espèces"). . ibid. L'Ésoce Brochet, et l'É. américain. . . 461 L'É. Bélone 463 L'É. argenté, l'É. Gambarure, et l'É Es- padon L'É. Tête-Nue, et l'É. Chirocentre . . L'É. vert Li's S_)/HO(/t's. (Tableau mélh. des espèces.). Le Synode fascé, le S. Renard, le S. chi- nois, le S. macrocéphaleet le S. Mala- bar Les Sphyrènes. (Tabl. méth. des espèces) . La SphyrèiieSpet,la S. chinoise, laS.Or- verd, la S. Bécume, et la S. Aiguille . Les Lépisostées (Tabl. mélh. desespèces) Le Lcpisostée Gavial, le L. Spatule et le L. Robolo ibid. Les Polyptères (Tableau méth. des espèces). 470 Le polyplère Bichir ibid. Les Scombrésores. (Tableau méth. des es- pèces 47 1 LeScombrésoceCampérien ibiU. Les Fistulaires. {TalûeMi méth. des esp.). 472 La Fislulaire Petimbe ibid. Les Auloslomes (Tableau mélh. des espèces), ibid. L'Auloslonie chinois ibid. Les Solénosiomes. (Tableau mélh. des esp.). ibid. Le Solénostome paradoxe ibid. Les Argentines. (Tableau mélh. des esp.). 47b 464 465 ibid. ibid. 466 467 /■/)/(/. 468 TABLE DES MATIÈRES. 57:^ Pages. L'argentine Sphyrène, l'A. Bonuk, TA . Ca- roline, el l'A. Maclinale -476 LesAthérines. (Tableau méthodique des es- pèces ) 477 L'Atliérine Joël, l'A. Menidia, l'A. Sihana, et l'A. Grasdeau ibid. Les Hydrargires. (Tabl. mélh. des esp.). 478 L'Hydrargire Swampine ibid. Les Stoli'plwres. (Tableau méth. des esp.). 479 Le Stoléphore japonais, le S. Commer- sonnien ibid. Les Muges. (Tableau mélh. des espèces.), ibid. Le Muge Céphale, le M. Albule. le M. Cré- nilabe, le M. Tang, le M. Tranquebar, le M. Plumier, el le M. Tache-Bleue. 480 Les Mugiloïdes. (Tableau méth. des esp.). 481 Le Mugiloïde Chili ibid. Les Chanos. (Tableau méth. des espèces.), ibid. Le Chanos arabique. • 482 Les Mugilomores. (Tableau mélh. des esp.). ibid. Le Mugiloniore Anne-Caroline. . . . ibid. Les Exocets. (Tableau mélh. des esp.) . . 483 L'Exocet volant, l'E. Mélorien, l'E. Sau- teur, et l'E. Commersonnien. . . . ibid. LesPolynèmes. (Tableau méth. des espèces.). 485 Le Polynème Emoi, le P. penladaclyle, le P. rayé, le P. Paradis, le P. décadac- tyle, et le P. Mango ibid. LesPoliidactyles. (Tableau mélh. des esp.). 487 LePolydacIyle Plumiei ibid. Les Buros. (Tableau méth. des espèces.). . ibid. Le Euro brun ibid. Les Chipées. (Tableau méth. des espèces.). 488 La Clupée Hareng 489 La C. Sardine . 495 La C. Alose 494 La C. Feinte et laC. Rousse .... 49b La C. Anchois ibid. La C. athérinoïde, la C. Raie-d'argcnt, la 496 C. Apalike, la C. Bélame, laC. Dorab, la C. Malabar, la C. tuberculeuse, la C. Crysoptère, la C. à bandes, la C. ma- crocéphale et la C. des Tropiques. . 496 Les Mystes. (Tableau mélh. des espèces) . 498 Le Mysle clupéoïde ibid. Les Clupanodons. (Tableau méth. des esp.). ibid. Le Clupanodon Cailleu-Tassarl, le C. na- sique, Le C. Pilchard, le C. chinois, le C. africain, el le C. Jussieu. . . . ibid. Les Serpes. (Tabl. mélh. des espèces . . 800 La Serpe argentée ibid. Les Menés. (Tableau méth des espèces). . ibid. La Mené Anne-Caroline ibid. Les Dorsuaires (Tabl. méth. des espèces. . 501 Le Dorsuaire noirâtre ibid. Les Jî/stères (Tabl. mélh. des espèces.). . ibid. Le Xyslère brun ibid. Les Cyprinodons. (Tableau méth. des es- pèces.) 501 Le Cyprinodon \arié 502 Les Cyprins. (Tableau mélh. des espèces.), ibid. Le Cyprin Carpe 506 Le C. Barbeau 511 Le C. spéculaire, et le C. à cuir. . • 512 Pages. Le C. Binny, le C. Bulalmai, le C. Murse, et le C. Rouge-Brun ibid. Le C. Goujon, etIeC. Tanche. . , . 513 Le C, Capoel, le C. Tanchor, le C. Von- condre, el le C. verdàlre .... 514 Le C. Anne-Caroline 515 Le C. Mordoré, et le C. Vert-Violet . . 516 LeC. Hamburge, le C. Céphale, le C. soyeux, et le C. Zéell ibid. LeC. doré, le C. argenté, le C. Téles- cope, le C. Gros- Yeux, el le C. Quatre- lobes 517 Le C. Orphe, leC. royal, le C. Caucus, le C. Malchus, leC. Jule, le C. Gibèle, le C. Goleian, leC. Labéo, le C. lep- locéphale, le C. chalcoïde, et le C. clu- péoïde 519 LeC. Galian, le C. nilolique, le C. Go- norhynque, le C. Véron, le C. Aphye, le C. Vaudoise, leC. Dobule, le C. rougeâlre, le C. Ide, le C. Buggenha- gen, el le C. Rotengle 520 LeC. Jesse, le C. Nase, le C. Aspe, le C. Spirlin, le C. Bouvière, le C. améri- cain, le C. Able, le C. Vimbe, le C. Brème, le C. Couleau, et le C. Farène. 522 Le C. large, le C. Sope, le C. Chub, le C. Calostome, le C. Morelle, le C. frangé, le C. Faucille, le C. bossu, le C. Commersonnien, leC.Sucel, et leC. Pigo 526 Seconde sous-classe, seconde division, vingt el unième ordre de la classe entière des poissons, ou premier'de la seconde division des osseux. Poissons osseux .... 527 Les Slernoptyx. (Tàb\. méth. des espèces.), ibid. Le Slerniiptyx Hermann ibid. Seconde sous-classe, troisième division, vingt-cinquième ordre de la classe entière des poissons ou premier de la troisième division des osseux. Poissons osseux. . 528 Les Styléphores. (Tabl. méth. des espèces), ibid. Le Slyléphore argenté ibid. Seconde sous -classe, troisième division, vingl-huilième ordre de la classe entière des poissons, ou quairièmede la troisième division des osseux. Poissons osseux. . 529 Les Mormyres. (Tableau mélh. des espèces.) ibid. Le MormyreKannumé, le M Oxyrhinque, le M. Dendera, le M. Salahié, le M. Bébé, le M. Hersé, le M. Cyprinoïde, le M. Bané et le M. Hasselquisl . . ibid. Seconde sous-classe , quatrième division , vingt-neuvième ordre de la classe entière des poissons, ou premier de la quatrième division des osseux. Poissons apodes. . 531 Les Murénophis. (Tableau mélh. des esp.) . ibid. La Murénophis Hélène 532 La M. Échidne, la M. Colubrine, la M. noirâtre, la M. Chaînette, la M. réli- culaire, la M. africaine, la M. panlhé- rine, la M. étoilée, la M. ondulée, la M. grise . . La Murénophis Haiiv *{7i TABLE nns MATfl-RFS. Les Gtimnomurènes. (TaMnu méih. des es- j Les i'nibranchnpertures. ( Talilean niélh. pèces.) fiôfi des espèces,) . ibhl. La Gymiiomurène cerclée, pt la G. mar- L'Liiibraiicliapcrluremarlin^e, l'U. imma- brée ibid culée, l'CJ. cendrée, i'U. rayée, et Les }!urénohlennes. (TMeau mélh. des es- I'U. lisse 538 péces.) f)ô7 Des efîels de Tari de l'homme sur la na- La IMurénoblenne olivâtre ibid. lure des poissons S39 Les S/j/ifl^d'rrtMc/jes. (Tableau mélh. des es- Discours i^ur U\ pèche, sur la connaissance pèces.) //'/"(/. des poissons fossiles, et sur quelques Le Sphagebranche Museau-Pointu. . . ibid attributs généraux des poissons. . . 5S3 FIN Di: I.V TABLE MES MATIICIÎES CONTENUES DANS LE SECOND VOLUME. m: '0' ?^- R^ • 'dSf fi r^ss^mM m%. ^>' - '/ ^r" '^^M i^ 'X< -'^'^ .r-^ V ^ ■tl %i V \ ft*^^