■^, ^ \ A i 1 1 n * Vv< tr< .•^ r ^ «;S£^«' :*^nn'5s";7^-'^-'T^Ar^ '" :> (^ ' '■''' -jfitf 1 "f kh^^.' ^w?i j =-/^; ^^: A Aiy-M*^^- :'A '^A:a LIBRARY OF IQ85_I056 HISTOIRE NATURELLE, GÉNÉRALE ET PARTICULIÈRE DES CRUSTACÉS ET DES INSECTES. Ouvrage faisant suite aux (Euvres, de Leci-erc pe BuFFON, et partie du Cours complet d'Histoire naturelle rédige par C. S. S o n N i n i , membre de plusieurs Sociétés savantes.^ PAR P. A LATREILLE, Membre associé de l'Institut national de France , des Sociétés Linnéenne de Londres, Philomathique , Histoire naturelle de Paris, et de celle des Sciences , Belles Lettres et Arts de Bordeaux. PRINCIPES ÉLÉMENTAIRES^ TOME SECOND. A PARIS, DE L'IMPRIMERIE DE F. DUPART, A N X, HISTOIRE NATURELLE DES CRUSTACÉS ET INSECTES. CINQUIÈME DISCOURS. De Vorganisation intérieure des Insectes. Oi des siècles d'observations ont à peine suffi pour nous dévoiler l'organisation du corps humain, doit-on nous demander des instructions complettes ou du moins satis- faisantes sur des objets qu'on n'a étudiés que depuis SAvammerdani , sur des objets si fu- gaces, si petits, qu'ils se dérobent au scalpel le plus délicat, à l'adresse la plus étonnante de l'anatomiste ? Qu'on ne m'impute donc pas les grandes lacunes qu'offre cette partie intéressante de l'histoire des insectes; je dois même cet hommage à la vérité, que le petit nombre de connoissances, que je vais trans- mettre à cet égard, sont puisées en majeure partie dans les écrits de Swammerdam , de Malpighi, de Lyonnet, de Cuvier; je dois sur-tout à celui-ci plusieurs éclaircissemens A 3 6 ORGANISATION communiqués d'amitié, et sans le secours desquels j'eusse probablement commis quel- ques erreurs. Je ne me permettrai pas non plus de grands détails ; attendons que les recherches de cet illustre successeur de iVicq-d'Azir, secondé par les efforts de son digne ami Duméril, aient pu justifier les observations anciennes , et en aient fait con- noître d'autres qui échappent à la perspica- cité des naturalistes précédens. Nous pouvons réduire l'organisation in- terne des insectes à cinq points fondamen- taux : l'organisation de leur charpente ou celle du vaisseau du corps; le principe de la circulation, celui de la respiration, celui des nerfs, et de là, tout ce qui a rapport aux sensations; enfin les organes de la digestion. Les anciens, à commencer par Aristote, avoient remarqué la différence essentielle qui existe , sous les rapports généraux d'or- ganisation, entre les animaux à sang rouge et les animaux à sang blanc. Ils avoient vu que la charpente de ceux-ci, leur enveloppe crustacée , et qui remplace le squelette os- seux de ceux-là, étoit extérieure, et n'étoit pas recouverte de muscles de chair, comme dans les précédens. Les muscles des insectes , considérés du DES INSECTES. 7 moins dans les chenilles et d'après les obser- vations incomparables de Lyonnet, ne res- semblent pas à ceux des grands animaux. Ce sont des paquets de fibres molles , flexibles et d'une transparence qui imite celle de la gelée. Ils n'ont point de ventre , et sont d'une épaisseur et d'une largeur assez égales par- tout; on croiroit voir de petits rubans formés chacun d'une multitude de fibres parallèles les unes aux autres. C'est par leurs extré- mités qu'ils s'attachent à la peau ; ceux qui font mouvoir les articles des pattes sont logés dans leur intérieur. Leeuw^enhoek nous apprend que les fibres qui composent ces muscles sont des parties oblongues , aussi déliées que le fil le plus fin , ressemblant à des rides en forme d'an- neaux , si courtes dans quelques insectes , qu'elles sont presque imperceptibles, et dont le mouvement enfin est très- variable. Les muscles des insectes ont aussi leurs petits vaisseaux , sont soumis aux lois de la contraction, de la dilatation , et susceptibles de cette irritabilité qui caractérise merveil- leusement toute fibre musculaire. Il ne faut donc pas être surpris de ce que l'aiguillon d'une guêpe, la trompe d'un papillon, mais sur-tout la patte d'un faucheur, se meuvent A 4 8 ORGANISATION pendant quelque tems après avoir été ar- rachés au corps dont ils faisoient partie. On ne compte que cinq cents et quelques muscles dans le corps humain ; le nombre de celui des insectes est bien plus considé- rable , puisque Lyonnet en a trouvé à la chenille du saule quatre mille quarante et un. On conçoit la nécessité d'un appareil si prodigieux, lorsque l'on réfléchit à l'infinie variété des mouvemens des insectes, et à la multitude des organes particuliers que la Nature leur a donnés pour cette fin ; il n'y a pas , dans les autres classes d'animaux , des facultés motrices aussi nombreuses et aussi ingénieusement combinées. Six ordres d'insectes nous font voir quatre ailes, y com- prenant les élytres; tous les animaux de cette classe ont au moins six pieds; plusieurs en ont dix , quatorze , cent et au delà : les at- tises, les sauterelles, les chalcis, les puces sautent par le moyen de leurs pattes posté- rieures , dont les cuisses sont , à cet effet , beaucoup plus grosses; les taupins s'élèvent à une assez grande hauteur; ils se couchent sur le dos, font entrer dans une cavité de la poitrine un avancement pointu du ster- num , et le retirent avec prestesse ; de cette action de forces contre le plan, et du con- DES INSECTES. g cours de celles des angles postérieurs du corselet , il en résulte une espèce de ressort. Les podures , quelques forbiciues ont pour ressoluxes la détente de leur queue. Des larves de mouches se courbent en arc et se débandent ensuite avec force, ce qui leur donne la facilité de faire des sauts assez con- sidérables. Les libellules se portent aA^ec plus de rapidité en avant, seringuant, d'une ma- nière forte, par leur anus Feau qu'elles y ont fait entrer. Voulons - nous avoir une idée de la force des muscles des insectes, examinons cette chenille en bâton qui se tient une journée entière, attachée par ses pattes postérieures dans luie direction pres- que perpendiculaire au corps qui la sup- porte (i). Ceux qui désireront connoître les diffé- rentes espèces de muscles des insectes , leur nombre, leur propriété , consulteront FAna- tomie comparée de Cuvier , et le Traité ad- mirable de Tanatomie de la chenille du saule deLyonnet; les limites de cet ouvrage nous (r) Ce seroit ici le liea d'expliquer le mécanisme des mouvemens des insectes. Ne m'étant pas assez occupé de cet objet, je renvoie à un autre tems cet examen. lo ORGANISATION iiilei disant ces détails, qui d'ailleurs ne sau- roieiit plaire à la majeure partie de nos lec- teurs. Passons à 1 exanien des organes de la circulation. Ce mouvement perpétuel et réglé , par lequel le sang , ou la liqueur extraite de la digestion , est porté d'un point central ou du cœur aux extrémités, et retourne de ces extrémités au même point , après avoir fourni par-tout où il a passé une nutrition convenable, est ce qu'on nomme circulation. On sait que le cœur a deux mouvemens : l'un de contraction , par lequel il chasse en se resserrant le sang renfermé dans sa cavité ; et l'autre de dilatation , par lequel il reçoit , en s'ouvrant , le sang qui vient de circuler dans l'intérieur. On sait aussi que de cet organe partent deux sortes de vaisseaux , les artèies qui conduisent le sang aux extrémités , et les veines qui les ramènent de ces extrémités au point de départ. Ces vaisseaux distribu- teurs se ramifient à l'infini. Le mouvement perpétuel de la circulation empêche le fluide nourricier de se corrompre, de s'extravaser, l'élabore de plus en plus , et le convertit eu la substance de l'animal. Tous les animaux veitébrés nous offient essentiellement le système de cii culation y à DES INSECTES. ii quelques modifications près. Les mollusques, qui sont à la tête des animaux invertébrés , se rapprochent encore, par ce point fonda- mental, des précédens, quoique néanmoins le mode de circulation soit ici quelquefois très-extraordinaire , puisque la sèche nous fait voir trois cœurs au lieu d'un. Swam- nierdam a retrouvé le même principe de vitalité dans un crustacé , le bernard l'her- mite. L'anatomie de l'écrevisse, par son har- monie avec la précédente, fournit des moyens d'induction générale , et la dissection de plu- sieurs crabes à courte queue venant à l'appui de ces premières données, l'on s'est vu en droit de dire , les crustacés ont aussi un cœur. Il est cependant encore douteux que cet organe ait la conformation et les propriétés du cœur des mollusques et des animaux qui appartiennent aux classes précédentes. a Je remarquerai seulement ici , dit Cuvier, qu'il y a des insectes aquatiques ; savoir , les écrevisses et les monocles , qui n'ont aucune trachée ; et ce sont précisément ceux chez lesquels on trouve un cœur , ou du moins un organe de structure semblable. Il faut pourtant observer qu'il n'existe peut-être pas entre eux et les autres insectes une difïë- 12 ORGANISATION rence aussi grande qu'on le croiroit d'abord : ils ont , à chaque côté du corselet , des pa- quets de vaisseaux capillaires, rangés d'une manière très - régulière sur deux faces de cej tains corps en forme de pyramides trian- gulaires : toutes ces pyramides sont com- primées et relevées alternativement par le mû} en de quelques feuillets membraneux que l'écrevisse meut à volonté. » IVIes essais d'iuje(îtion m'ont bien permis de porter la liqueur de ces branchies vers le cœur , mais jamais je n'ai pu la diriger en sens contraire ; tandis que du cœur on peut la faire parvenir par tout le corps au moyen des vaisseaux nombreux et très-visibles dans certaines espèces , notamment dans bernard- riiermite , où ils sont colorés en un blanc opaque. S'il se trouvoit , par des recherches ultérieures , qu'il n'y eût ni second cœur , ni tronc commun veineux, qui, devenant ar- tériel , portât le sang aux branchies par une opération à peu près inverse de celle qui a lieu dans les poissons ; alors on pourroit croire que les branchies ne font autre chose qu'absorber une partie du fluide aqueux et le porter au cœur , qui le transmettroit à tout le corps. Ce prétendu cœur et ses vais- seaux ne seroicnt donc, en dernière analyse , DES INSECTES. i3 qu'un appareil respiratoire, qui ne clifféreroit de celui des insectes ordinaires que par cet organe musculaire qu'il auroit reçu de plus». On concevroit aisément la raison de cette différence , attendu que la substance res- pirée étant sous une forme liquide , et ne pouvant se précipiter , comme l'air le fait , dans les trachées par l'effet de son élasti- cité, il lui falloit un mobile étranger, qui est cet organe qu'on a pris pour un coeur. ( Mémoire sur la nutrition dans les insectes , inséré dans les Mémoires de la société d'his- toire naturelle de Paris , an 7. ) Ces réflexions de Cuvier lui-même sur la nature du cœur des crustacés me paroissent être un témoignage de plus en faveur de ce que j'ai déjà dit : qu'on s'est peut-être trop hâté de faire une classe de ces animaux, et qu'il auroit été plus sage de les placer seulement à la tête des insectes. L'anatomiste et le naturaliste ne doivent pas se borner à recueillir quelques faits. L'amour de la vérité leur commande de multiplier leurs observations , afin de se con- vaincre de la légitimité de leurs conséquences, de celles particulièrement qui sont générales. Les extrémités des classes sollicitent sur-tout un examen des plus scrupuleux : car ce 34 ORGANISATION sont les points où l'organisation commencé à changer, et les observations, qui fixent les limites sont bien plus difficultueuses. Partons de ces remarques, et jetons les yeux sur les crustacés qui s'éloignent sensi- blement des premiers de la classe. Les squilles s'offrent les premières à notre vue; leur tète est déjà assez distincte; le tét qui, dans les premiers, occupoit presque tout le corps , ne fait plus guère ici que le quart de sa longueur. Les pattes de ces squilles diffèrent encore , sous leurs rapports de nombre et de figure, de celles des crustacés ordinaires ( i ). Ces commencemens d'ano- malie extérieure peuvent nous faire soup- çonner que l'organisation intérieure a déjà éprouvé quelques modifications. En effet, le cœur, qui n'occupoit, dans les crabes, les écrevisses, qu'mie petite portion de la cavité intérieure du corps, qui avoit à peu près une figure triangulaire , règne dans les squilles tout le long du corps ; si on n'aper- cevoit pas les vaisseaux qui s'en échappent latéralement , l'on seroit tenté d'assimiler (i) Les branchies des squilles sont d'ailleurs ex- térieures et placées le long de la partie inférieure du corps. DES INSECTES. i5 ce cœur à celui des insectes, dont nous allons parler. Comme on n'a pas la facilité d'examiner l'intérieur des squilles, il faut chercher un autre objet d'étude. La petite crevette des ruisseaux , des fontaines ( gammarus pidex Fab. ) , s'éloigne encore plus des crustacés que les squilles ; elle se trouve par-tout , et dès -lors elle peut devenir le sujet de nos observations. Si on la considère vivante et à la lumière , on apercevra sans peine le mou- vement de contraction et de dilatation d'un vaisseau transparent , étroit , cylindrique , placé le long du dos , et qui se termine avant d'arriver à la queue. Je suis parvenu à isoler toute la partie supérieure du corps , de manière à n'avoir seulement que le vaisseau avec la partie des anneaux contre lesquels il est appliqué. J'ai vu ce vaisseau conserver ce mouvement , quoique bien plus foible, pendant plus de douze minutes. On ne peut disconvenir que les cloportes n'aient la plus grande affinité avec les cre- vettes; je les ai soumis à mon examen. L'o- pacité des écailles, qui sont les tégumens de leurs anneaux , ne m'a point permis «6 ORGANISATION d'apercevoir leur organisation intérieure; j'ai essayé de détacher les petites plaques du dos les unes après les autres , afin de mettre le dos à nud , et d'une manière aussi intacte qu'il me seroit possible. A l'intervalle du cinquième au sixième anneau, s'est montré un organe qui, par ses mouvemens et ses autres rapports, peut être regardé comme le vaisseau de la circulation; son étendue, en longueur, n'est pas aussi considérable que celle du coeur de la crevette, n'ayant jamais pu distinguer aucun mouvement dans les autres parties du dos. Cuvier , au- quel j'ai fait voir cet organe du cloporte , paroît douter que ce soit un vrai cœur; je dois cependant observer que l'organisation intérieure de la crevette, qui est certaine- ment un crustacé, a les plus grands traits de conformité avec celle du cloporte. J'ai observé , notamment dans les deux , que le vaisseau en mouvement, placé au dessus du canal intestinal, étoit accompagné de chaque côté d'un corps linéaire , ou même de deux, contourné en petites spirales , et formé de petits grains. Ces cordons se voient dans tous les sexes , et se distinguent à leur cou- leur d'un brun verdâtre, ou d'un jaune rougeàtre DES INSECTES. 17 rougeâtre ( 1 ). Les clopor'^^es n'ont pas de stig- mates, du moins eu apparence, et j'ai reconnu qu'ils avoient vraiment quatre antennes , dont deux très - petites. Ces considérations m'ont fait dire que l'on auroit peut-être mieux fait de laisser encore les crustacés avec les insectes , sauf à les mettre à leur tête. Si on vient à leur associer les cloportes, on distinguera extérieurement les crustacés par ce caractère tranchant, quatre antennes. Au sortir des cloportes , vous remarquerez les Jules; quoique leurs instrumens nourri- ciers diffèrent de ceux des précédens, il faut cependant convenir que ces animaux se tou- chent par plusieurs grands rapports exté- rieurs. Je n'ai pu distinguer à tous les jules qui, comme le cloporte armadille, se mettent en boule lorsqu'on les prend , des traces de stigmate. On commence à les apercevoir dans les j ules cylindriques {julus terrestris ) ; ils sont enfin prononcés dans les jules aplatis {julus depressus) , placés au dessus de l'origine des pattes , et au nombre de deux par anneau. Les scolopendres les ont situés de la même manière ; mais ils y sont plus découverts. (i) Le foie probablement. Ins. Tome IL B î8 ORGANISATION Ces dégradations insensibles dans l'organî-^ sation doivent embarrasser le méthodiste qui cherche à bien caractériser les ligues de démai'cation qui séparent ces classes ou ces ordres Jes uns des autres. Les mêmes difficultés viennent s'offrir lors- qu'on veut étudier l'anatomie de plusieurs autres insectes aptères, tels que les araignées, les scorpions : on leur trouve des rapports avec les crustacés , et ils ont cependant des stigmates , de même que les vrais insectes. Si on pouvoit avoir de grandes araignées exotiques, comme l'aviculaire, de gros scor- pions , vivans , ou du moins bien conservés dans l'esprit de vin, ces obstacles seroient bientôt levés, et l'on sauroit à quoi s'en tenir sur l'organisation de ces animaux; mais, faute de ces secours, nous devons sus- pendre notre jugement. Je me bornerai à faire part d une observation relative à farai- gnée dont les yeux sont en bouquet , aranea Pluchii , de Scopoli ; l'araignée domestique à longues pattes, de Geolfroi. Son ventre, fort mou et peu coloré, laisse apercevoir d'une manière très distincte l'organe legardé comme le cœur; il ne paroît pas différent, quant à sa forme et sa position , de celui que nous allons considérer dans les insectes DES INSECTES. iq pourvus d'ailes,* il a de chaque côLé deux ou trois avaiicemens angulaires, et j'ai cru remarquer qu'il partoit de chacun d'eux un petit vaisseau, dont les ramifications s'éten- doient de part et d'autre. Aussi le professeur Cuvier soupçonne-t-il que les araignées ont des poumons, et que les stigmates ne sont que l'entrée des conduits qui y aboutissent. La figure de ces poumons changeroit dès lors considérablement dans les scorpions ; car leurs stigmates , plus nombreux du double , régnent dans toute la longueur de leur ab- domen. Les faucheurs {phalangium Lin.) ont leurs stigmates placés de même que ceux des araignées, à la base inférieure du ventre, et de chaque côté ; mais ils sont couverts ici par la naissance des pattes de derrière. Il me semble avoir vu de véritables trachées dans ces insectes , ainsi que je l'ai dit eu rapportant mes observations sur les espèces que j'ai trouvées en France. Malpighi , suivant le naturaliste que je viens de citer, est le premier qui ait parlé avec quelque étendue , à l'occasion du ver à soie , de l'organe qu'on a pris pour le cœur des insectes. Cet organe est un vais- seau transparent , situé le long du dos , immédiatement sous la peau, depuis la tête B 2 20 ORGANISATION jusqu'à rextréniilé opposée , délié , contrac- tant et se dilatant par alternatious. Quoiqu'il îie soit qu'un simple tube égal dans sa lon- gueur, et seulement plus mince aux deux bouts, il paroît avoir néanmoins, dans les chenilles sur-tout , diflérens étranglemens , formés par des saillies de Fépiploon ou du corps graisseux. Swammerdam et Réaumur nous avoieut déjà prévenus que ces espèces de nœuds n'étoient qu'apparens, et ne dé- voient point être pris pour une suite de coeurs mis bout à bout , comine Tavoit déjà avancé Malpighi. Cette illusion, le mouve- ment péristaltique de cet organe, la con- traction successive de ses diverses parties, et dans le même sens , lui avoient fait croire que son fluide passoit d'un ventricule, ou d'un cœur à un autre et successivement. Le même observateur a cependant avoué que la marche de ce fluide varioit très -subite- ment et sans ordre , en sens tout opposés ; et qu'il n'a vu aucun rameau partir de ce prétendu cœur , ni de continuation à ses extrémités. A l'irrégularité de ce mouvement, cons- tatée par de nouvelles observations , l'on ne sauroit reconnoitre le cours soumis à des lois constantes d'un fluide nourricier , d'un DES INSECTES. 21 véritable sang. Swammerclam ii'aj^ant dit qu'une seule fois, et en passant, qu'il avoit vu, par l'insufflation d'une liqueur colorée dans le vaisseau dorsal des sauterelles, les autres parties du corps se colorer , on peut douter de la certitude de son observation, sur-tout lorsque les belles expériences de Lyonnet, de Cavier y sont opposées. Ils n'ont pu, malgré tous leurs efforts et leur perspicacilé, découvrir à ce vaisseau la plus petite veine. Cuvier s'est même avisé , dans ses recherches , d'un moyen qui avoit échappé aux anatomistes précédens, et qui prouve la fécondité des ressources de son génie. L'on sait que les vaisseaux sanguins s'étendent sur la membrane du canal intes- tinal d'une manière sensible. Cuvier a pris des morceaux de cette membrane , les a bien nettoyés, étendus dans l'eau, et les a exposés ensuite au foyer d'un bon micros- cope ; il n'y a aperçu d'autres vaisseaux que les trachées. Il est encore démontré , par la forme des organes sécrétoires des insectes , que ces animaux n'ont pas un véritable cœur. On a improprement nommé glandes con- glomérées les organes sécrétoires disposés en masses plus ou moins considérables , et dont, B 5 !î2 ORGANISATION la substance consiste en un tissu extrême- ment fin de vaisseaux artériels et de vais- seaux mêlés de nerf ;, de vaisseaux lympha- tiques et de vaisseaux propres qui conduisent au dehors le fluide produit, ou comme on dit, séparé de la masse du sang par ces artères : dans tous les animaux qui ont un coeur et des vaisseaux, les glandes conglo- mérées sont épaisses eu tout sens et solides. L'entrelacement des vaisseaux sanguins leur donne ce tissu serré, qui devient ainsi plus propre à la sécrétion. Les principales glandes conglomérées de l'homme sont les salivaires , le foie, le pancréas, les reins, les testicules. Elles se trouvent dans tous les animaux à sang rouge. Les mollusques en ont égale- ment une partie, telles que les glandes saH- vaires , le foie , les testicules glanduleux ; mais on chercheroit vainement ces glandes conglomérées chez les insectes; leurs sécré- tions ont lieu dans des tubes très -longs, très-minces, qui flottent dans l'intérieur du corps , sans être liés ensemble en paquets , et sans être fixés que par des trachées. De ces observations de Cuvier nous pou- vons conclure avec lui que la forme des organes sécrétoires des insectes paroît ex- clure la présence d'un cœur. Ses vaisseaux ;»' DES INSECTES. sS s'il exisLoit , auroient liés ces glandes par leur entrelacement. Les quadrupèdes, les oiseaux et la plupart des reptiles respirent par la bouche et les narines. Les poumons sont le principal or- gane destiné à recevoir l'air et aie mettre, par un nombre prodigieux de rameaux , en contact avec le fluide nourricier. Les pois- sons ont, au lieu de poumons, des bran- cliies. Le sang vient s'y mettre en rapport avec l'air que ces organes ont la propriété d'extraire de l'eau qui les environne. Quelle que soit la manière dont il agit , il n'en est pas moins certain que sa présence est néces- saire , et que tout animal , sans e xception , qui en est privé un tems plus ou moins con- sidérable , périt infailliblement. La manière dont les insectes respirent a exercé le génie de plusieurs hommes juste- ment célèbres : Swammerdam , Malpighi , Réaumur, Lyonnet, Musschenbroek , De Géer, Bonnet , Vauquelin , etc. Nous n'en- visageons ici que les insectes proprement dits ; les crustacés , sous ce rapport , ont été peu étudiés; et ce que nous en savons de mieux est du à Cuvier. Voyez plus haut l'extrait de ses observations. B 4 S4 ORGANISATIOlsr 1°. Il est d'abord bien certain que les in- sectes ne respirent point par la bouche. 2^. Que leurs organes , qui reçoivent l'air et le distribuent, consistent en deux vais- seaux nommés trachées , placés , ^ un de chaque côté, tout le long du corps, jetant une infinité de ramifications ou de branches. 3°, Que les trachées communiquent avec Fair extérieur par le moyen de plusieurs ouvertui^es situées de chaque côté du corps, dont le nombre varie , mais de dix -huit ordinairement, du moins dans les chenilles, et qu'on appelle stigmates. 4«. Que ces vaisseaux , improprement pulmonaires , ne sont pas formés d'une sirtiple membrane , mais d'un cordon cylin- drique , de couleur argentine , replié sur lui-même en façon de tube, et imitant par ses tours un ressort à boudin bandé. 5". Que les stigmates sont marqués sur la peau de l'insecte par une petite plaque écailleuse , ouverte par la milieu , en forme de boutonnière, et garnie de membranes ou de filets qui interdisent le passage à des corps et rangers. Réaumur a cru que l'air entroit bien par les stigmates dans les trachées et dans les bronches , mais qu'il ne sortoit que par de DES INSECTES. 25 petites ouvertures placées sur la peau. Ainsi leur expiration difïëreroit de celle des autres animaux. De Géer paroît être du même sentiment que Réaumur, par rapport à la manière dont les chenilles respirent; mais il reconnoît une inspiration et une expiration alternatives dans les chrysalides, et s'efFectuant par les bronches et les stigmates. Lyonnet n^es*: pas de l'opinion de De Géer. De ses expériences sur la chrysalide du sphinx du troëne, il présume que cette chrysalide du moins vit un certain espace de tems sans respirer , et que ses deux stigmates antérieurs , ceux du corselet , qui sont les plus grands et qui se ferment les derniers , ne servent alors qu'à faciliter l'évaporation des humeurs surabondantes, et à permettre à l'air extérieur de se substi- tuer en sa place. Quelques expériences de Musschenbroek semblent venir à l'appui du sentiment de Lyonnet , à l'égard de la respiration des chrysalides. Peut-être la Nature, par une prévoyance sage et toujours digne d'elle, a conformé la chrysalide de manière à n'absorber qu'une quantité d'air très - petite ; ou peut - être 26 ORGANISATION a-l-elle renfermé dans son corps tous les prin- cipes nécessaires pour la conservation de son existence. Engourdie, cette chrysalide est alors moins sensible aux impressions exté- rieures. Qui sait même si elle n'a pas le moyen d'empêcher l'action d'un fluide dé- létère sur ses organes de la respiration ? DiflFérentes expériences de Malpighi , de Réaumur, nen. ont pas moins constaté en général le besoin qu'ont les insectes de res- pirer l'air. De l'huile appliquée sur leurs stigmates fait tomber ces animaux en con- vulsion, les paralyse en tout ou en partie, ou leur donne la mort. Le célèbre chimiste Vauquelin a fait plu- sieurs expériences très - curieuses sur la res- piration de la sauterelle commune , locusta inridis. Le mâle de cette espèce , mis dans six pouces cubes d'air vital , dont le degré de pureté étoit connu , y a vécu dix - huit heures. Cet air vital avoit été changé en air carbonique ,* il troubloit l'eau de chaux sans éteindre cependant les bougies ; l'acide même en ayant été séparé par l'alkali fixe, la combustion de ces bougies étoit plus active que celle que produit l'air atmosphérique. L'iasecte respiroit avant lexpéneuce d© J)ES INSECTES. 27 cinquante à soixante fois par minute , et sans discontinuer ; placé dans l'air vital , ses battemens ont été d'un douzième environ plus fréquens , interrompus , enfin presque continuels lorsqu'il a été sur le point d'être asphixié. Lavé avec l'alkali , le volume d'air dans lequel l'insecte avoit expiré , a diminué de 7^ ,* la vapeur de l'ammoniaque n'a pu le rappeler à la vie. Mise dans dix-huit pouces d'air commun , la sauterelle femelle y a vécu trente - six heures. Ses respirations n'ont pas changé pour le nombre et l'intermittence. L'air n'avoit pas diminué de volume à la mort de l'animal , mais il éteignit les bougies ; même après avoir été lavé à l'eau de chaux. Nouvelle preuve que le gaz oxigène est indispensable à la vie de l'insecte , et que dès que l'air atmosphérique n'en contient que très -peu, l'insecte y meurt promp- tement. Cette sauterelle femelle , placée dans le gaz hydrogène sulfuré , y a été asphixiée sur le champ , et aucun stimulant n'a pu la ra- nimer. Nous devons en conclure que les insectes ont une nécessité absolue de respirer; que, dans cette respiration , le gaz oxigène a la 28 ORGANISATION plus gi'ande influence, et que Tacide carbo- nique ou le gaz azote venant à dominer, ces animaux périssent. Vauquelin , avant de rendie compte de ces expériences, donne quelques détails sur l'organisation intérieure de la sauterelle commune. Il compte vingt-quatre stigmates, disposés sur quatre rangées parallèles ; mais les insectes ailés en ont dix-huit au plus, et je présume que cet excédent a pom- cause une déception optique. Tous les insectes n'ont pas leurs stigmates figurés et placés de la même manière. Un grand nombre de larves à tête de figures variables, de Réaumur, celles d'où sortent les mouches, la bleue de la viande notamment , ont plusieurs de ces organes , ou du moins les plus sensibles , placés à l'extrémité postérieure du corps , souvent au nombre de six , et disposés sur deux plaques. On en voit encore deux auties à la partie antérieure , un de chaque coté , entre le second et le troisième anneau. Ces stigmates ressemblent à un entonnoir dont une moitié a été emportée ; leurs bords sont agi^éablement dentelés en espèce de frange ; quelques autres larves de la même division n'ont qu'un simple petit bouton sur chaque DES INSECTES, 29 pla([ue du derrière du corps Ces boutons sont, dans d'autres , autant de petits tuyaux, soit réunis , soit relevés , soit coucliés sur le (!orps. Des larves à tête écailleuse et constante, de l'ordre des diptères , lespiient aussi par leur derrière. Réauniur conjecture encore ici que les bronches sont uniquement des- tinées à conduire l'air dans les grandes trachées, et que ce fluide sort par des ou- vertures du corps différentes des stigmates ; quoiqu'on ne distingue pas , le long des côtés du corps de plusieurs de ces larves, l'issue extérieure de chacune de ces bronches , on ne doit cependant pas en conclure qu'il n'y en a pas. Les larves des oestres ont au derrière de leur corps huit petits trous , rangés comme ceux d'une flûte. Les stigmates que nous venons de consi- dérer sont peu saillans ; ils sont bien autre- ment sensibles dans quelques larves ; on les prendroit pour des appendices en forme de pattes, des cornes ou des queues. Les larves des hydrophiles , des ditiques , ont au bout du derrière deux petits filets velus , faisant un angle avec le corps , et servant de tuyau respiratoire. Ces larves, 5o ORGANISATION pour cet efîët , en élèvent Textrémité au dessus du niveau de l'eau , et l'air y pé- nètre par le moyen de l'ouverture située à l'extrémité du tu3^au. On voit également les insectes parfaits qui proviennent de ces larves , se suspendre par le derrière à la superficie de l'eau pour respirer l'air; mais ici les stigmates latéraux donnent seuls entrée à ce fluide , l'animal , à cette fin , soulevant un peu les élytres , et les écartant du dos , sans que l'eau y pénètre dans le vuide for- mé alors entre ces parties. Cette manière de respirer est commune aux punaises d'eau. Les scorpions aquatiques, ou les nèpes, ont dans tous leurs états des tiges capillaires , se réunissant pour composer un tube respira- toire , et situé au derrière du corps. La larve du cousin est terminée au même bout par un tuyau , ayant les mêmes fonc- tions. Celle du stratiome a l'extrémité de sa queue couronnée de poils , imitant des barbes de plume , et ayant au centre l'ouvertm^e de la respiration ; ces poils empêchent l'eau de s'insinuer avec l'air. Les larves de quelques syrphes , celles que Réaumur a nommées à queue de rat, ont ime queue consistante en deux tuyaux B E s INSECTES. 5i fort longs, et qu'elles peuvent alonger ou raccourcir à leur gré. Le diamètre trans- versal de ces tuyaux augmente ou dimi- nue , en raison inverse des variations de leurs longueurs. On remarque , à leur extré- mité , un mamelon avec de petits corps terminés en pointe , des espèces de petits pinceaux tout autour ,• deux principales trachées, en forme de vaisseaux d'uu blanc satiné , partent de la tête , suivent tout le corps , et se rendent au bout des tuyaux. Ces larves peuvent , à la faveur de tels organes , qu'elles alongent au point de ré- duire leur grosseur à celle d'un crin de cheval , rester au fond de Feau, au fond des cloaques, où on les trouve, pour s'y nomTir, et recevoir l'air en même tems, en élevant, comme nous l'avons dit , leurs tuyaux res- piratoires au dessus de la surface du liquide qu'elles habitent. Les larves des gyrins , des éphémères , des friganes , etc. , ont sur les côtés du corps des filets , des appendices , en forme de lames , sur lesquels rampent des vaisseaux aériens , qui communiquent av^ec les bronches et les trachées. Il seroit possible que ces parties eussent la propriété d'extraire l'air de l'eau. 52 ORGANISATION dans laquelle ces animaux sont souvent et long-teuis plongés en entier. a D'autres insectes aquatiques, sans cœijp et à trachées élastiques, dit Cuvier, respirent véritablement l'eau ,• bien entendu que je ne détermine point encore en quelle ma- nière , et que j'entends seulement , par cette expression , que l'eau en nature va seule frapper les organes de leur respiration. )) De ce nombre sont les larves des demoi- selles ; on les voit sans cesse ouvrir leur rec- tum , le remplir d'eau , et l'instant d'après , la repousser avec force , mêlée de grosses bulles d'air. » Comme le rectum contient un appareil très- compliqué de respiration , que je décri- rai tout à l'heure, je suis assez porté à croire qu'il décompose l'eau ; il seroit facile de vérifier cette conjecture , en examinant si les bulles d'air qui en sortent à chaque res- piration sont de l'air inflammable. Je n'ai pu encore faire cette expérience facile. » Quoi qu'il en soit , la simple inspection anatomique de cet organe respiratoire nous offie un spectacle remarquable. » L'intérieur du rectum présente , à l'œil nud, douze rangées longitudinales de petites taches noii^es , rapprochées par paires , qui ressemblent DE S INSECTES. 35 ressemblent à autant de ces feuilles que les botanistes nomment ailées. An microscope, on voit que chacune de ces taches est com- posée d'une multitude de petits tubes coni- ques , qui ont tous la même structure que les trachées ; et on voit en dehors du rec- tum , qu'il naît de chacune de ces taches , de petits rameaux qui vont tous se rendre dans six grands troncs de trachées qui régnent dans toute la longueur du corps , et desquels partent toutes les branches qui vont porter l'air dans les divers points du corps. ( Mémoires de la société d'histoire na- turelle de Paris , an 7. ) » Ces observations doivent aussi s'appliquer à la nymphe. Lyonnet dit que , si on met ces animaux sur un peu de feu, l'air, ren- fermé dans les bronches , se dilate , et ne pouvant plus se contenir , sort par fusées , et souvent avec bruit par les deux stigmates antérieurs du corselet. Il avoue qu'il est difficile de savoir comment cet air entre dans les trachées , puisque l'insecte monte rarement à la surface de l'eau ; d'où il con- clut qu'il doit avoir des organes propres à extraire l'air renfermé dans l'eau même. Les nymphes de plusieurs tipules respi- rent , à ce qu'il puroît , par le moyen de }ns. Tome IL C 54 ORGANISATION deux tuyaux , eu forme de corues , qu'elles porteat- à leur tête. Il eu est de uiêuie de celles des cousins ; mais ces organes ressem- blent ici à deux sortes d\^reilles. La coque de la nj^mplie de la larve à queue de rat, a, au bout antérieur, quatre corues ou tuyaux respiratoires qui lui sont propres. Quoi qu'il en soit de la manière de res- ]:)irer des insectes, il n'en est pas moins vrai que cette fonction est presque totalement suspendue dans quelques circonstances, ou du moins , son exercice est si lenl , qu'il est presque insensible. La température de la liqueur du vaisseau dorsal de ces animaux , est 5 suivant Alexandre Brongniart , égale à celle du milieu dans lequel ils vivent; leur respiration se trouvant trop lente , et le calorique , dégagé dans la combinaison de Toxigène avec le cliyle , n'étant pas assez abondant pour élever leur température au dessus de celle du fluide où ils existent. Si donc la température de l'atmosphère s'a- baisse assez pour ne plus entretenir l'ac- tivité des insectes , ils s'engourdiront et passeront à une espèce d'état léthargique. La preuve en est bien évidente, puisque, si ou les approche du feu lorsqu'ils sont ainsi sajas mouvement, on les voit se ranimer et DES INSECTES. 55 reprendre une partie de leurs forces. Avertis par la diminution insensible de la chaleur de ratniosphère , ils s'iiyveruent ou se re- tirent dans les fentes des murailles, sous les écorces des arbres , sous les pierres, dans des trous , etc. De la circulation et de la respiration des insectes , il est naturel de passer à l'examen de la nutrition. Nous avons vu que leurs instrumens nour- riciers étoient de deux sortes principales , à raison de la solidité ou de la fluidité de la ra.atière alimentaire de ces animaux ; que les uns avoient conséqueniment une bouche armée de mandibules , de mâchoires ou d'instrumens tranchans, et que les autres n'avoient pour bouche qu'une espèce de langue , une trompe ou un suçoir. De là nous avons partagé les insectes, sous les rap- ports nutritifs , en deux classes : les mâche- liers ou les broyeurs, et les suceurs. Le canal intestinal est en général , dans le plus grand nombie de ces animaux , assez droit , et leuis intestins ne font pas non plus beaucoup de circonvolutions. Ces or- ganes sont cependant plus développés dans les insectes qui se nourrissent de végétaux que daus ceux qui vivent de substances C a % ORGANISATION animales. On trouve même, dans cette diffé- nmce , un moyen de reconnoître , au défaut d'autre observation , quel est leur genre de vie , et la facilité de les classer ainsi d'une manière plus naturelle. Nous voyons , par exemple , que l'estomac des sauterelles a tiois renflemens , que l'on assimile à autant d'or- ganes de ce nom. Nous voyons que dans la chenille du saule , dont L} onnet a donné ime anatomie si incomparable , l'œsophage est court , l'estomac long , cylindiique , et occupant presqu'entièrement le corps de la chenille ; les gros intestins , au nombre de deux ou de trois , cylindriques , ne différant entre eux que par l'étendue de leur dia- mètre ; nous observons que ces intestins s'ouvrent dans le sac fécal , et que leur ouverture est garnie d'un sphincter très-fort, ou d'un muscle circulaire , et dont l'insecte se sert à volonté pour fermer rextrémité de cette ouverture. Des bandes musculaires , dirigées en divers sens , enveloppent et for- lifîent ces parties. Des fîlamens longs et dé- liés partent du dessous du second gros in- testin , remontent sur les côtés de l'estomac , et se rendent , après plusieurs circonvolu- tions , vers le sac fécal. Cuvier regarde ces filameus comme de^ DES INSECTES. 37 glandes hépatiques , ainsi nommées cle leur analogie avec le foie. Ces canaux lenfer- ment toujours , même après que l'animal a jeûné long-tems , une humeur particulière , Lyounet les avoit pris pour des intestins. Cuvier n'y voit , d'après leur forme en houppe , que des organes sécrétoires. La matière de la soie est renfermée aussi dans des glandes destinées pour cette fin , de même que plusieurs humeurs propres à quelques insectes , comme la bave noire Qt fétide que les silphes de Linnaens répandent par la bouche ; la matière fluide et laiteuse que les gyrins font sortir de l'anus ; l'hu- meur caustique de quelques carabes ; la li- queur colorée qui suinte des articulations de plusieurs insectes de la famille des chry- somèles ; celles que rendent de même les meîoës. Quelques-uns de ces animaux pa- roissent avoir ime humeur dissolvante , qui agit sur les matières dures dont ils se nour- rissent ; la chenille du saule est dans ce cas.' Entendons , à est égard , im de nos grands maîtres, Cuvier. Je parle ici , je le répète, d'après les autres, et j'invoque les lumières de l'anatomie. « Les organes sécrétoires des insectes se rapportent , dit le savant que je viens de C 3 38 ORGANISATION citer , à trois fonctions , dont Tune , la gêné- lation , n'a lieu que dans les insectes par- faits ; les deux autres , la digestion et la production de certaines liqueurs excrémen- tielles , se trouvent aussi dans les larves. » Les organes internes de la génération consistent toujours au moins dans deux paires de tubes , dont rime est plus grosse, plus courte , jamais repliée ni divisée , mais elle est quelquefois double ou triple ; d'autres fois même il y en a plusieurs centaines , formant de grosses gerbes ; tel est le cas des sauterelles. Je la regarde comme l'analogue des vésicules séminales. » L'autre paire de tubes, qui est toujours simple , mince et plus longue , est très-sou- vent repliée sur elle-même, comme notre épididyme ,* ces replis forment même , dans certains insectes , comme les ditiques , une espèce de peloton qui pourroit faire illusion et être pris pour une glande; mais lorsqu'on le prend au moment où les insectes sont prêts à s'accoupler , il est très -facile de le développer , et on voit qu'il n'est formé que des replis d'un seul tube. » D'autres fois , comme dans les saute- relles et le genre de coléoptères . nommé bouclier {sitpha) , ces tubes prennent leur DES INSECTES. 5ç) origine dans un paquet de petits tubes plus courts, disposés comme ces brosses nommées tête de loup^ c'est-à-dire, divergens en tout sens. Ce seroit encore le cas de croire à l'exis- tence des glandes, et j'y ai cru nioi-mérae quelque tems , jusqu'à ce que je les eusse examinés de jdIus près. » Quant aux organes sécrétoires qui aident à la digestion , le principal est celui que je regarde comme l'analogue du foie. Dans les coléoptères, il consiste en deux tubes extrê- mement longs et minces , qui se replient wne infinité de fois sur eux-mêmes , et qui s'insèrent dans le canal inteslinal à une dis- tance de l'estomac, qui varie selon les espèces. 11 y en a quatre dans les chenilles , égale- ment longs et repliés; l'humeur qu'ils clia- rient est ordinairement jaune , quelquefois brune , rarement d'un blanc opaque. Ce dernier cas est celui des scarabées. « Malpighi nomme les vaisseaux , dans le ver à soie , les vaisseaux variqueux. Swam- merdam et Lyonnet ne leur ont donné que le nom de cœcum ; mais , quoique aveugles, ils ne ressemblent point par leurs fonctions à l'intestin que l'on nomme ainsi dans l'homme. On ne voit jamais d'excrémens dans leur intérieur; et si les auteurs les avoient vus C4 4o ORGANISATION comme moi da.nsles gryllo-talpa, ilsirenssent pu douter de leur usage. Là , ils sont au nombre de plusieurs centaines, et ils dé- bouchent tous dans un canal déférent com- mun qui s'ouvre dans l'inlestin; il n'est pas difficile d'y suivre la liqueur d'un jaune doré qu'il y verse. L'ensemble de ces fils ressemble à une queue de cheval en miniature. » Dans les autres sauterelles , ils sont aussi très-nombreux, mais ils s'insèrent immédia- tement dans l'intestin qu'ils entourent comme un collier. » Il en est de même dans les demoiselles, les abeilles, etc. » C'est sur -tout dans les écrevisses que ces vaisseaux sont développés , et que leur fonction n'est point équivoque ; on sait qu'en # général le foie est plus volumineux dans les animaux aquatiques à sang rouge, que dans les terrestres; et il paroît que la même loi existe pour ceux à sang blanc. Les vaisseaux biliaires des écrevisses sont donc très -gros, au nombre de plusieurs centaines, et dis- posés en deux grosses grappes, dout les vais- seaux excréteurs communs forment les tissus. Ils s'insèrent tous contre le pylore , et y ver- sent une liqueur épaisse , brune et ainère ; leurs parois sont colorées d'un jaune foncé >^ DES INSECTES. 41 et paroissent d'une texture très-spongieuse. Ce sont eux qui forment la plus grande partie de ce qu'on nomme la farce dans les étrilles, les homars, et les autres grandes espèces que l'on mange communément; et riiumeur qu'ils produisent communique, à cette farce, l'amertume plus ou moins forte qu'on y remarque. )) Quelques genres d'insectes ont , outre les vaisseaux précédens , une autre sorte d'organes sécrétoires pour aider à leur di- gestion; ce sont les coléoptères carnassiers à intestins très - courts , comme ditiques , ca- rabes, etc.; leur second estomac paroît velu , non pas en dedans comme celui de quelques quadrupèdes, mais en dehors. Ces poils, vus au microscope, ne sont autre chose que de très - petits vaisseaux sécrétoires ; et leur position en dehors montre bien qu'ils y puisent une liqueur quelconque , qu'ils ver- sent dans l'estomac. » Les liqueurs excrémentielles des insectes ne sont pas, plus que toutes les autres, pro- duites par des glandes; elles naissent toujours dans de simples tubes. » On connoît, d'après Malpighi et Lyonnet, les vaisseaux qui produisent la liqueur de la soie dans le ver à soie et dans les autres 42 ORGANISATION chenilles. Il y en a deux assez gros vers leur orifice extérieur, puis diminuant en un fil très -mince, et plusieurs fois replié sur lui-même. » Les liqueurs acres et fétides de nature acide, que quelques insectes répandent dans le danger, et d'autres qui paroissent analogues à une huile empyreuniatique , sont aussi pro- duites par de petits tubes très-repliés, et elles s'amassent dans deux vésicules situées près de l'anus, d'où l'insecte peut les exprimer au besoin. » Les carabes et les ditiques en ont d'acides qui rougissent fortement les couleurs bleues et végétales. Le ténébrion ou blaps mortisaga, produit une huile brune, très -fétide, qui surnage sur l'eau; d'autres espèces donnent des liqueurs d'un autre genres). (Mémoires de la société d'hist. nat. de Paris, an 7.) De toutes ces belles observations , Cuvier conclut que les insectes n'ayant aucun agent de circulation , leur nutrition se fait par imbibition ou par une absorption immédiate, comme dans les polypes et les autres zoo- })hytes ; le chyle transpireroit au travers des parois du canal intestinal, et couleroit iini- formément dans toutes les parties du corps. Cuvier observe qu'il n'y a dans l'intérieur DES INSECTES. 45 des insectes aucune membrane transverse, aucun diaphragme; que cet intérieur forme tme cavité continue, qui se rétrécit seulement à différens endroits, mais sans s'y diviser. Là, dit-il, cliaque partie en attirera les portions qui lui conviennent , et se les assi- milera par voie d'irabibition , tout comme le polype s'assimile la substance des animaux qu'il renferme dans son estomac. Parlant un peu plus haut du polype ou de l'hydre à bras , il dit que c'est une espèce de sac pul- peux, entièrement homogène, un estomac pourvu de la faculté locomotile , et voilà tout ; qu'il n'y a nulle différence entre ses parties, et chacun de ses fragmens est autant susceptible, que le tout, de s'assimiler les molécules des corps étrangers par une force de succion, et de redevenir semblable au tout par cette force mystérieuse , accordée aux corps organisés, de reprendre sous cer- taines conditions et sous certaines limites, différentes pour chaque espèce , la forme propre à cette espèce , lorsqu'elle a été al- térée. Une question non moins délicate ni moins épineuse doit maintenant fixer nos regards, celle des sens des insectes. Le peu de faits que nous avons à cet égard m'oblige à ne 44 ORGANISATION trailer ici cet objet que d'une manière sti-^ perficielle ; je n'entrerai même dans ancuii délai! , me pioi^osant de revenir là dessus lorsque des expériences plus suivies m'au- ront acquis de nouvelles lumières. Comme nous approchons d'une classe d'animaux dans lesquels il n'existe plus de système nerveux , on doit s'atlendre que les organes des sensations différeront beaucoup cliez les insectes de ceux des animaux des classes supérieures ; aussi sont-ils bien moins parfaits. Le cerveau des insectes, le centre de la sensibilité, est très-petit, et placé au dessus de l'œsophage ou du conduit alimen- taire; il en part deux branches nerveuses qui embrassent ce canal, et vont se réunir par dessous. Là, prend naissance un cordon nerveux et blanchâtre , répondant à notre moelle épinière, s'élendant tout le long du corps, du côté du ventre, sous le canal in- testinal, et ayant dans sa longueur douze à treize nœuds ou ganglions, de chacun des- quels partent plusieurs filets très-déliés , ou les nerfs qui se distribuent à l'infini dans tout le corps. Ces nœuds ont été comparés à autant de cerveaux, et on a expliqué par là cette singulière faculté qu'ont la plupart des insectes, de vivre encore long-tems DES INSECTES. 45 après avoir été privés de la tête , ou coupée en plusieurs morceaux. La vue et Todorat semblent être, suivant la judicieuse remarque d'Alexandre Bron- gniart , les sens les plus parfaits des insectes. Les yeux des insectes sont de deux espèces. Les uns ont leur membrane extérieure com- posée de facettes hexagones, et dont le nombre est si considérable, qu'on en compte qua- torze mille ; les autres ont leur surface lisse , et sont beaucoup plus petits. Les premiers s'appellent jK^//x à facettes : ce sont les yeux proprement dits, ceux qui se trouvent tou- jours au nombre de deux dans les crustacés , tous les insectes ailés et plusieurs aptères; les autres sont connus sous le nom de petits yeux lisses. Plusieurs insectes ailés , ceux sur-tout dont les ailes sont membraneuses, ont ces deux sortes d'yeux à la fois; les derniers sont ordinairement placés trian- gulairement sur le sommet de la tête. Les crustacés et les aptères qui ont une tête dis- tincte , n'ont jamais au contraire que les yeux à facette : les acérés, ou une partie des ara- chnides de Lamarck, n'ont que des yeux lisses; telles sont les araignées. Si on compare leurs petits yeux lisses avec ceux des guêpes, des abeilles, des mouches, etc. , on voit qu'ils 46 ORGANISxVTION ont la même forme ,* et comme ceux des araignées lem* servent certainement à voir, on peut conclure qu'ils ont aussi les mêmes usages clans les autres insectes. On a d'ailleurs fait plusieurs expériences qui appuj^ent cette conséquence naturelle. Chaque facette des yeux ordinaires est la base d'une pyiamide hexagone , dont le sommet répond au fond de l'œil. Swam- nierdam n'y a pas trouvé les mêmes liqueuis qu'on observe dans les yeux des quadru- pèdes. La membrane qui est au dessous de la cornée, et qu'on appelle Vup'éef varie de couleurs dans différeus insectes. Plusieurs diptères, les taons notamment, l'ont agréa- blement nuancée. Cuvier a donné l'anatomie des yeux de la demoiselle , ou du moins de la partie qu'on nomme la choroïde. La face postérieure des facettes est enduite d'un vernis noirâtre; sous chacune est un filet nerveux qui tient par une extrémité à ce vernis, et par l'autre à une membrane qui a la même étendue que la cornée , et lui sert de doublure ; c'est cette membrane que Cuvier regarde comme la choroïde. Elle se détache très-aisément des petits filets DES INSECTES. 47 nerveux, et paroît à l'œil simple ra^^ée très- finement de blanc et de noir. Derrière elle est encore une membrane de substance en- tièrement médullaire , et qui tient de chaque côté aux hémisphères du cerveau. Que plusieurs insectes entendent , c'est une chose que l'on ne sauroit nier; les cigales, plusieurs ortlioptéres nous en four- nissent des preuves sans réplique. La Nature a domié , aux irxâlcs de ces insectes , des moyens pour appeler leurs femelles, des instrumens qui produisent un son qu'elles entendent. Réaumur a décrit les organes du chant des cigales. Quant aux sauterelles, il est aisé de voir que les élytres des mâles sont à leur suture, et près de l'écusson , d'une substance sèche, élastique, parcheminée et %âtrée ou spéculifère. I/action réciproque de ces deux portions de l'élytre, doit né- cessairement exciter mi stridulement. Plu- sieurs grillons mâles sont dans le même cas ; les criquets se frottent leurs élytres et leurs ailes contre les dents et les aspérités de leurs jambes postérieures, et le bruit qui en résulte est pour ces insectes la voix de l'amour. Le mâle et la femelle de la vrillette savoyarde s'avex tissent en frappant , à coups i^edoublés avec leurs mandibules , contre 48 ORGANISATION les meubles de bois , les vieux arbres où il^ se trouvent, On remarque sous le tét des crustacés, derrière la base de chaque antenne exté- rieure , une espèce de caisse ou de tambour , formée d'un tympan ou d'une membrane très -mince, transparente, tendue et sou- tenue par des parties plus épaisses. Cette caisse est regardée comme le siège principal de Torgane de Touïe dans ces animaux. Il y a souvent sur le front des grands crabes, des maja sur-tout, ou sur la partie dure et calcaire qui se trouve immédiatement au dessous des antennes , un tubercule de chaque côté, presque toujours percé d'un trou, lorsque l'animal est desséché depuis long-tems, et que je suppose être une ex- trémité du conduit auriculaire. Ces issues extérieures sont placées tout à fait sur la base des antennes les plus grandes dans les homards, etc. Quant aux insectes propre- ment dits, on ignore où est situé l'organe de l'ouïe. Quelques auteurs ont voulu les cher- cher dans les antennes; mais leurs raisons n'ont rien de persuasif. L'existence de l'odorat dans les insectes est clairement démontrée. C'est inême , je crois, le sens le plus parfait dont ils jouissent. Les DES INSECTES. 40 Les scarabées , les bousiers , les dermes tes , les silphes, les mouches, etc., sentent à une distance tiès-considérable les excrémens d'animaux et les cadavres, et se rendent en foule dans le lieu où sont ces matières, soit pour s'en nourrir , soit pour y déposer leurs œufs. La mouche bleue de la viande vient bourdonner autour des armoires où Ton a enfermé de la viande. Trompée par l'odeur cadavéreuse d'une espèce d'arum, on l'a vue pondre sur ses fleurs. Il est ainsi facile de constater la présence de l'odorat chez les insectes ; mais la découverte du siège de ce sens embarrasse davantage. Plu- sieurs naturalistes ont soupçonné qu'il rési- doit dans les antennes. Duméril vient de publier une Dissertation pour prouver qu'il devoit être placé à l'entrée des conduits de l'air , vers les stigmates , ainsi que Baster l'avoit déjà pensé; je ne crois pas cependant qu'il faille abandonner pour cela l'opinion précédente , celle qui suppose l'odorat dans les antennes. Voici quelques considérations, d'après lesquelles j'incliuerois encore pour ce dernier sentiment : 1". L'exercice de l'odorat ne consiste que dans l'action d'un air chargé de corpuscules 1ns. ToMjE IL D 5o ORGANISATION odorifères contre une inembiane nerveuse ou olfactive qui transmet la sensation. S'il existe dans les insectes un organe aj^ant des nerfs semblables, et avec lesquels l'air imprégné de particules odoriférantes soit en contact, on pourra regarder cet or- gane comme celui de l'odorat. Si l'antenne présentoit un tissu ayant beaucoup de nerfs , pourquoi y auroit-il de l'inconvénient à supposer que ce tissu est olfactif ? Cette hypothèse ne seroit-elle même pas plus simple, plus conforme aux règles de l'ana- logie que celle où l'on établit le siège de l'odorat à l'entrée des stigmates ? D'ailleurs les crustacés , qui sont si voisins des insectes, me paroissent se soustraire à cette dernière explication. 2°. Un grand nombre d'insectes mâles ont les antennes plus développées que les fe- melles ,* ce fait trouve une solution facile , si on admet que ces organes sont le siège de l'odorat. 3°. Il est certain que la plupart des in- sectes qui vivent ou pondent dans les ma- tières animales ou végétales corrompues, les eaux stagnantes, toutes les substances, en un mot, qui affectent momentanément une localité plutôt qu'une autre, ont presque DES INSECTES. 5i tous les antennes plus développées. Tels sont les scarabées, les denuestes , les silplies, les clairons, les Lénébrions, lestipules, bibions, cousins, etc. Il falloit à ces insectes un odorat plus parfait; l'organisation des antennes vient s'y prêter. 4°. Un grand nombre d'insectes qui vivent uniquement de rapines, ont leurs antennes simples ; ceux même qui ont des mœurs semblables , et qui sont sédentaires , n'en ont pas du tout ; tels sont mes acérés , ou une bonne partie des arachnides de Lamarck. 5°. Les insectes trouvent leur domicile, ainsi que leurs vivres par le moyen de l'odo- rat. J'ai arraché les antennes à plusieurs insectes ; ils sont tombés aussitôt dans une espèce de stupeur ou de folie , et m'ont paru ne pouvoir reconnoître leur habitation ni la nourriture qui étoit à côté d'eux. Cette expé- rience mérite d'être suivie. Je conseillerois , par exemple , de prendre des bousiers, de leur vernisser ou de couvrir leurs antennes, et de placer ces insectes auprès des excrémens d'animaux dont ils sont si friands, pour savoir s'ils s'y rendroient comme de coutume. 6°. Les nerfs aboutissent aux antennes," et leurs articles, quoique couverts extérieu- rement d'une membrane assez épaisse, sont D 2 52 ORGANISATION creux , revêtus à l'intérieur d'une substance molle, souvent aqueuse, et dont l'extrémité, exposée à l'air, peut recevoir ses impres- sions. Telles sont les idées que je soumets à l'expérience et au jugement des naturalistes plus éclairés que moi. D'autres veulent que les antennes soient l'organe du toucher ,• mais cette opinion n'est pas encore bien étayée. La brièveté de ces organes , la manière dont la plupart des insectes les portent , semblent prouver le contraire. Etant en outre défendus par des parties dures et écailleuses , ils doivent avoir le sens du toucher très - obtus. Aussi les acérés, chez lesquels il est moins foible, out- ils, suivant la jusle remarque d'Alexandre Brongniart , la peau du corps molle et mem- braneuse. Les faucheurs ont une extrême sensibilité dans leurs pattes. On peut s'en convaincre en leur touchant légèrement ces organes lorsqu'ils sont dans le repos ; ils prennent aussitôt la fuite. Tel ou tel aliment, étant pro])re à telle ou telle espèce d'insecte , on ne peut s'em- pêcher d'accorder à ces animaux en général le sens du goût. Vous offiiriez en vain à plusiems cheuilles des végétaux difTéreus de DES INSECTES. 53 ceux dont elles vivent habituellement ; si elles ne sont pas du nombre des poliphages , ou de celles qui mangent indistinctement d'un grand nombre de plantes , elles périront plutôt de faim. Le sens du goût se rap- portant à celui du toucher, je serois assez d'avis de croire que les palpes en sont le siège. Dans les arachnides , ces organes sont très-développés , et renferment, comme l'on sait, les organes de la génération des mâles. Ils sont donc , du moins pour eux , le siège principal du toucher. Tous les insectes qui ont une bouche très-saillante ou fort avancée, soit qu'elle soit maxillaire, soit qu'elle ait la forme d'une trompe , ont leurs palpes , ou nuls, ou très-petits,* les mâchoires, ou les parties qui les remplacent , sont alors dégus- tatrices. Au contraire, les insectes qui ont les mâchoires et la lèvre inférieure très- courtes, ont les palpes beaucoup plus longs; on en voit des exemples dans les névroptères et les hyménoptères. Plusieurs coléoptères, qui vivent dans des matières végétales ou animales putrides, me paroissent avoir les organes plus grands ; le dernier article est même souvent sécuriforme. On les a crus peu propres à transmettre des sensations, parce que leur enveloppe est coriacée et asseç D 3 54 ORGANISATION dure. Si on avoit examiné l'extrémité de leur dernier article , dans ceux sur-tout qui l'ont tronqué , on auroit vu qu'il est tapissé à l'intérieur d'une membrane molle, vési- culeuse. Qu'on jette un coup d'œil sur le sommet de ceux des orthoptères en par- ticulier. DES INSECTES. 55 QUATRIÈME DISCOURS. De r organisation extérieure des Insectes. O I on publioit , dans Paris, qu'il vient d'y arriver plusieurs espèces inconnues de qua- drupèdes, d'oiseaux , d'une forme extraor- dinaire, une grande partie des habitans de cette cité s'empresser oient en foule d'aller les voir. Rien de si ordinaire , lorsqu'on se livre à l'étude des insectes , que de jouir , à chaque instant , du même plaisir. La Na- ture ne varia jamais plus ses modèles que dans cette classe d'animaux,* elle semble avoir été au devant de tout ce que l'ima- gination la plus féconde pourroit inventer, avoir prévu ces combinaisons , réalisé toutes ses chimères , épuisé même toutes ses res- sources, dans la variété si infinie et si bizarre des formes qu'elle reproduit ici à chaque pas. Cette variété est d'autant plus surpre- nante, qu'elle ne s'étend pas seulement aux espèces , mais encore aux individus. Nous verrons , à l'article des métamorphoses , des insectes qui sont tout dilTérens d'eux-mêmes D 4 56 TERMINOLOGIE à diverses époques de leur vie. Ils ont, dans un tenis , des organes que vous leur cher- cheriez en vain dans un autre. La chenille n'est qu'un papillon dans son enfance, et cependant , quelle étonnante disparité ne i-em arquez-vous pas entre les formes de l'un et de l'autre ? Croiriez- vous que cette larve, que vous découvrez sur ce morceau de chair, deviendra cette grosse mouche bleue que vous entendez bourdonner dans votre appar- tement ? Et ce fait est néanmoins incontes- table. Dans l'examen que nous allons faire des organes extérieurs des insectes , nous sup- poserons cependant l'animal parvenu à ce période de la vie où il jouit de toutes les facultés qui lui étoient destinées, où il est tout ce qu'il doit être. L'enfance , l'adoles- cence des insectes seront le sujet d'un autre discours. Nous avons besoin de partag(?r notre étude , si nous voulons nous retrouver au milieu du vaste champ que nous avons à parcourir. Pour peu que Ton considère avec atten- tion les diversités de formes des insectes, on découvre aisément que ces variétés mo- difient simplement la surface du corps, qu'elles lui donnent mille aspects divers , sans que le fond essentiel de sa structure DES INSECTES. 67 soit pour cela changé. On voit que tout se rapporte à quelques dessins principaux dont nous allons faire connoître l'esquisse. Examinons les tégumens du corps , ses divisions spéciales , et les membres qui y ont leur point d'attache. Couvrir et protéger le corps, en lier toutes les parties , les maintenir dans leur position respective ; tel a été le but du Créateur en donnant aux insectes ce vêtement , cette peau qui les recouvre. La force et la con- sistance de cette enveloppe doivent varier suivant les différens besoins et le diiférent genre de vie de l'animal ; elle est foiniée , en général , d'une suite d'anneaux, emboîtés souvent les uns dans les autres , réunis par des membranes musculaires qui donnent à l'insecte la facilité de se contracter , de se dilater, et d'exécuter tous les mouvemens nécessaires : j'ai dit en général , parce que plusieurs ont une enveloppe continue , et qui n'est qu'une espèce de sac , comme la plupart des mites. Dans les crustacés , elle n'est en dessus que d'une seule pièce ,• c'est un têt qu'on a aussi nommé carapace^ à cause de sa ressemblance avec la boîte os- seuse qui renferme et défend le corps des tortues. A la suite de ce têt des crustacés, B$ TERMINOLOGIE on remarque seulement une queue articulée ou formée de plusieurs anneaux. Les insectes n'ayant pas de squelette inté- rieur, il falloit que cette peau fût assez for- tifiée, assez épaisse , pour fournir des points d'appui solides aux muscles qui y prennent leur naissance ; aussi est-elle , dans le grand nombre, d'une consistance plus ou moins écailleuse. Admirons même ici jusqu'où s'é- tend la prévoyance de la Nature. La plu- part des insectes ailés , et dont les ailes sont recouvertes par deux autres espèces d'ailes plus petites , mais plus épaisses , des sortes d'étuis, ont la partie supérieure de leur ventie plus foible et molle. Cette partie du corps devient ainsi plus susceptible de tumé- faction; les femelles particulièrement ont lieu de ressentir l'avantage de cette tendre prévoyance. Si le dessus de leur ventre avoit été d'une consistance aussi écailleuse et aussi dure que le dessous, elles en auroient eu beaucoup à souffrir , vers le tems de leur ponte; la peau n'auroit pu se dilater, et elles auroient avorté; mais, en rendant plus foible cette partie supérieure du ventre , la Nature a su prévoir encore les dangers qui la menaçoient ; les fourreaux dont nous avons parlé lui servent de bouclier et de défense. DES INSECTES. 69 Dans les insectes qui n'ont pas ces étuis, soit qu'ils aient des ailes ou non , le ventre est ordinairement renfermé , presqu'en son entier , sous une peau également épaisse et dure , et se dilate ou se contracte par le moyen d'une membrane musculaire , qui réunit , de chaque côté , les deux lames courbes , écailleuses ou coriaces de chaque anneau , et dont Tune est supérieure , et l'autre inférieure. La durée et le genre de vie de ces ani- maux doit aussi singulièrement influer sur la nature de leurs tégumens ; les pucerons , les hémérobes , les éphémères , les mites , qui vivent peu de tems , ont aussi la peau plus molle , toutes choses égales d'ailleurs. Ceux qui font leur séjour habituel sous les pierres , les écorces des arbres , dans l'eau , sont mieux cuirassés que ceux qui ne se trouvent que sur les fleurs , parce qu'ils sont exposés à des compressions plus fortes. On remarque même que ceux qui vivent sous l'écorce des arbres , sous les pierres , ont une forme très-aplatie ; que ceux qui percent le bois sont presque cylindriques. La peau qui recouvre le corps des insectes leur sert aussi à arrêter l'impression trop active du calorique sur leurs humeurs vitales. 6o TERMINOLOGIE La grande quantité de bulles d'air, qui se forment à la surface de Fabdomen d'une araignée que l'on plonge dans l'eau , est une preuve que la peau est criblée en cet en- droit d'une infinité de pores ou de petits trous , qui facilitent la transpiration. La consistance des tégumens du corps , ses iné- galités, les poils qui les recouvrent souvent, empêchent une dissipation d'humeurs trop prompte ; sans cela , l'animal périroit bien vite. L'insecte le mieux cuirassé , exposé à la chaleur de l'astre du jour , fait voir , par son agitation et son inquiétude, combien le calorique agit puissamment sur lui ,• il meurt même , et souvent en peu de tems , si on le laisse dans cet état. Entrons maintenant dans le détail de toutes les parties qui composent le corps de l'insecte , sur l'ensemble général desquelles nous avons d'abord jeté un premier coup d'œil. Ne nous attachons pour l'instant qu'à l'examen de la forme des animaux de cette classe que nous trouvons plus communé- ment, et qui nous intéressent davantage. Prenons , par exemple , ce beau scarabée qui se trouve abondamment dans l'été sur les roses, sur les fleurs de sureau (la cétoine dorée ) , ou un hanneton , la cantharide des DES INSECTES. 61 boutiques. Analysons d'une manière rapide leurs pièces principales, celles qui font la base de leur organisation extérieure. Nous voyons que le corps de ces insectes à étuis est composé de trois giandes parties: l'une antérieure, qui porte les filets articulés et mobiles , nommés vulgaii ement cornes , et par les naturalistes antennes , deux yeux, et différentes petites pièces, dont la position et l'usage nous dénotent que ce sont les instrumens nourricieis. Cette portion exté- rieure du corps est à peu près organisée de même dans le plus grand nombre d'insectes ; on lui donne avec raison le nom de tête , puisqu'elle a les mêmes fonctions que celle des grands animaux Ne portons pas plus loin , dans le moment , nos lecherches sur elle , nous y reviendrons ensuite. La seconde pièce , ou celle qui vient après la tète , à laquelle mêjne elle donne nais- sance, est remarquable en ce que les deux pattes de devant y ont leur altacbe : on est convenu de l'appeler corselet^ mot qui ré- pond à celui de petit corps. Cette pièce est plus forte que la première ou que la tête ; la troisième l'est encore plus, mais eWe dif- fère sui-tout des précédentes par les petites 62 TERMINOLOGIE pièces dont elle est formée , et par la manière dont elle est recouverte. Si nous regardons cette portion du corps en dessous , nous découvrons que le premier de ces anneaux , ou la première division transversale, est beaucoup plus grand que jes suivans , et qu'il a cela de particulier que deux paires de pattes y prennent nais- sance : cette pièce a reçu la dénomination de poitrine. Examinons - en la partie supé- rieure. Il nous faut nécessairement , pour y parvenir, écarter deux espèces d'ailes écail- leuses , épaisses , colorées , ou plutôt deux espèces d'étuis, de gaines, nommés élytres , et ensuite deux ailes pliées transversalement, qui sont sous ces étuis. Nous observons que les organes du mouvement sont insérés sur le dessus de cette première pièce, et sur les côtés extérieurs de deux pièces membra- neuses ou coriaces, en relief, et conver- gentes. Les anneaux suivans , au nombre de six à sept, n'ont rien qui frappe ma vue. Je distingue seulement une ouverture à l'ex- trémité du dernier , que je présume être l'anus ; et en le pressant fortement , fen fais sortir , dans quelques individus , un assem- blage de dilïérens corps écailleux , que je DES INSECTES. G3 peux prendre raisonnablement pour des or- ganes de la génération. Le dessus de chacun de ces anneaux , à l'exception du dernier , m'ofïie deux très- petites ouvertures en forme de boutonnières, une de chaque côté , dont j'ignoi-e encore l'utilité. Je m en occuperai plus tard ; il doit nie suffire actuellement de savoir que les naturalistes les appellent stigmatps , et qu'on les regarde comme donnant entrée à l'air. A partir des deux dernières pattes , cette suite d'anneaux écailleux emboîtés et mo- biles , foimant un corps qui diminue ordi- nairement et peu à peu de diamètre , se nomme abdomen ou ventre. Des auteurs restieignent cette dernière dénomination à la partie intérieure de l'abdomen, et appel- lent dos le dessus. La portion du milieu de la poitrine , qui se trouve entre les pattes , est également (i) désignée sous le nom de sternum ; elle est quelquefois relevée en arête et terminée par une pointe saillante. (i) Je dis généralement , car les entomolocisles «nieudent, tantôt la portion qui est entre les deux pattes anlérioures, tantôt celle qui est entre les quatre autres. Nous reviendrons sur cet objet. 64 TERMINOLOGIE Nous avons considéré la poitrine comme n'étant composée que d'une seule pièce. Il y a cependant , entre elle et le corselet pro- prement dit , un assemblage de petites lames écailleuses , disposées sur une ligne trans- versale, d'où la seconde paire de pattes prend son origine. La pièce , qui se remarque dans la cétoine dorée entre chaque angle posté- rieur du corselet de l'angle extérieur de la base des élytres , fait partie de ces petites lames écailleuses et réunies. L'espace qui est entre ces deux pièces sail- lantes et obliques que nous avons vues sur le dos, entre les élytres et les ailes, à leur nais- sance , espace qui répond au milieu du bord postérieur du corselet, est occupé dans les insectes à étuis , ainsi que dans plusieurs autres, par une petite pièce triangulaire de la consistance des élytres, qui se détache, et qu'on connoît sous le nom à'écusson. Quoique les insectes à ailes membraneuses n'aient pas cette pièce écailleuse , les ento- mologistes conservent cependant le nom ii^ècusson à cette partie du corselet , et dans le fait , elle est souvent en bosse et triangulaire. Ces deux portions du corps, qui sont le siège DES INSECTES. 65 siège du mouvement , sont désignées sous le mot générique de tronc. Le corps de l'insecte , en général, peut être considéré sous trois rapports : sa structure et sa forme ; celles de ses parties principales , et celles des membres et autres pièces ou appen- dices qui y sont attachés. Nous ne parlons ici que de ce que l'oeil découvre à Fextérieur. La structure et la forme du corps résultent de ses tégumens et de leur nature , de sa figure et de l'état de sa surface. Ces tégumens offrent , dans leur compo- sition , les principales dispositions suivantes. 1°. Un têt et une suite d'anneaux , dont le contour est de même nature et continu; les crabes , les écravlsses. 3°. Une simple série d'anneaux, dont le contour est de même nature et continu ; les aselles , les cloportes. 3«. Une simple série d'anneaux , formés de deux plaques réunies latéralement ; les scolopendres. 4°. Une suite d'anneaux ou cf articles, dont un au inoins continu et de même nature dans son contour , et les autres de deux pièces de nature différente ou de même nature , mais réunies sur les côtés; hanneton^ guêpe , mouche. 1ns. Tome IX. E 66 TERMINOLOGIE 5°. De deux ou même d'un seul article; les araignées , les mites. Ces tégumens sont presque calcaires dans les crustacés ; de la nature de la corne , de récaille , coriaces dans les insectes pro- prement dits. Il en est de même du tét des mouches et des binocles. Les arachnides n'ont bien souvent qu'un tégument mem- braneux , cutacé ou formé d'une simple pellicule. Cette enveloppe est ou dure , et résistant fortement à la pression du doigt ; le têt des crustacés ; le corselet des coléoptères , ou dur, mais ne résistant pas à l'action du toucher, et flexible , avec ou sans élasticité , les élj^tres des derniers ; on tout à fait mou , le ventre des araignées. Si le corps est tellement mince qu'il ne soit guère plus épais qu'une feuille , on dit qu'il est foliacé , membraneux. Les entomologistes n'ont souvent consi- déré , dans la détermination des formes des insectes, que les coupes des corps, quoique l'objet soit un solide. On devroit , ce me semble , donner plus d'exactitude et plus de rigueur aux termes que l'on emploie à cet égard ; ne pas dire , par exemjDle , ovale , mais oualaii^ej elliptique , mais ellipsoïde. Ou DES INSECTES. Cj a suivi ici la marche des botanistes, sans faire attention que bien des objets dont ils expri- moient les formes n'avoient guère que deux dimensions, comme les feuilles, les pétales d'une plante , etc. Quoi qu'il en soit , voici les termes dont on fait usage dans la déter- mination des figures du corps d'un insecte : Orbiculc\ rond, lorsque le diamètre longi^ tudinal est égal au transversal , ou que sa figure est circulaire : plusieurs coccinelles; ou vulgairement bétes à Dieu. On dit qu'un corps s'arrondit lorsque sa coupe se rapproche de la figure orbiculée. Globuleux^ lorsque le corps a la forme d'une boule : c'est un objet ayant, sous trois dimensions , la figure précédente. Hémisphérique , ressemblant à la moitié d'une boule. O^é , enferme d'oeuf, d'orbiculé devenant oblonget pi us rétréci à un bout qu'à Fautive. Le diamètre longitudinal ne doit pas être double du transversal. Gvale , d'orbiculé devenant oblong , mais également rétréci aux deux extrémités; Le diamètre longitudinal ne doit pas être double du transversal. Il ne faut pas con- fondre ce mot avec le précédent, ce qui E â 68 TERMINOLOGIE a échappé à Olivier (Encycl. métli. Hist. nat. tom. VI, pag. ii3. ) Ovatus et opalis sont deux termes difTéreiis. JB/z cœur, cordiforme, si sa figure se rapproche de ceJle d'un cœur. On n'a pas toujours égard à Téchancrure antérieure; il suffit que l'objet représente dans sa coupe un trianeîe dont la base est en haut et dont les coins sont arrondis. Lunule , en croissant , en segment de cercle concave, ou en croissant. Triangulaire , lorsqu'il a la forme d'un triangle. Carré , celle d'un carré. Parallélipipède , celle d'un parallélipipède. Cylindrique , alongé et également circulaire dans sa coupe transversale. Linéaire , alongé , et d'une même épaisseur. Mince, long et menu. Lancéolé, alongé et aminci en devant. ^rqué, courbé en arc. Bossu, élevé et très-convexe. ' Déprimé, aplati, lorsque la hauteur du corps, ou le diamètre vertical, est beaucoup plus court que sa longueur ou que le diamètre longitudinal. Plan , lorsque le disque n'est pas plus élevé que les bords. DES INSECTES. 6^ Telles sont les formes les plus générales que nous présente le corps des insectes,; Examinons maintenant sa surface. Il est glabre, sans poils. Pubescent, couvert de poils très-fins, peu ou point serrés et courts , souvent peu apparens. Tojnenteux , cotoneux , couvert de poils fins, courts et serrés. Soyeux , couvert de poils doux , couchés et briilans. Laineux , couvert de poils lins, serrés et longs.' f^elu , couvert de poils doux , fins , assez longs et point serrés. Poilu , couvert de poils longs , gros , peu nombreux , sans roideur. Hispide , couvert de poils roides et épais. Hérissé , couvert de poils assez longs, un peu roides , durs au toucher et serrés. Ces poils sont quelquefois ramassés en fais- ceaux, en houppes, ou. fascicules . Ces fais- ceaux forment aussi des espèces de crêtes. Il y a aussi de petites écailles , et le corps est alors squameux. La surface est : Lisse, ou sans inégalités. Ponctuée, parsemée de points enfoncés, gros ou moyens. Pointillée, parsemée de petits points. E 3 70 THERMINOLOGIE Ferlée, si ces points sont en relief et arrondis.' Ces points sont vagues ou disposés sans ordre , ou alignés , ou formant des lignes. La surface est variolée , grêlée , lorsqu'elle a des points enfoncés , larges et inégaux. ^ fossettes , imprimée , lorsque ses enfon- cemens sont assez grands. Raboteuse , rude, parsemée de points élevés, irréguliers et inégaux. Rugueuse, parsemée de lignes élevées, irré- gulières ou se dirigeant en tout sens. Grillée , si ces lignes élevées forment en se croisant un treillis. P lissée , ridée , si ces lignes élevées forment des plis ou des rides. Tuberculée, parsemée de points élevés , dis- tincts, sans être arrondis. Chagrinée , parsemée de petits tubercules très- rapprochés, imitant la peau de chagrin. Inégale, lorqu'elle a des élévations et des eufoncemens irréguliers et inégaux. Striée, lorsqu'elle a de petites lignes enfon- cées. Sillonnée, lorsque ces lignes enfoncées sont larges. Cannelée , si le milieu a une ligne ou un enfoncement longitudinal. JE/2 nacelle , en bateau , s'il est fortement DES INSECTES. 71 enfoncé en dessus, et lelevé simplement sur ses bords. Caréné , si ce milieu est, au contraire, élevé en dos d'àne. Le corps est mutique, simple, s'il n'a ni cornes , ni épines. u4.rmé de piquans , de pointes , lorsqu'il en est couvert. Si ces élévations sont disposées en forme de cornes , ou si elles sont alongées et coniques , le corps est cornu ; si ces élévations sont comprimées et arrondies , elles sont censées ressembler à des oreilles , et le corps est auricalé. On peut encore considérer les bords du corps; on dit qu'il est : Rebordé , lorsque les côtés sont relevés en bourrelet. Calleux , si ces rebords sont épais et parois- sent formés d'une substance différente du reste. Scarieux, si ce rebord est d'une substance sèche, blanchâtre, cartilagineuse. Cilié, si ces bords ont des poils roides, longs et parallèles. Crené, si ces bords ont des dents obtuses et arrondies. E/i 72 TERMINOLOGIE JDenté , ou à dentelures, dont les côtés sont égaux. En scie , ou à dentelures , dont un des côtes est plus court , et dont la pointe ne répond pas au milieu de sa base. Rongé ^ déchiré, lorsque les bords ont des dents et des écliancrures inégales. Goudronné , ou ayant des sinuosités foibles et alongées. udnguhux , lorsque les côtés ont des angles. Lobé , lorsqu'ils ont des avancemens. Dilaté, lorsqu'ils sont grands et avancés. Foliacé , s'ils sont grands et membraneux.' T^ésiculeux , si étant grands, membraneux,' ils sont renflés en forme de vessies. Les naturalistes ont plus directement appli- qué ces termes à la connoissance des formes du corselet, des élytres, etc. ,• mais, comme ces désignations conviennent également à toutes les parties du corps, et par conséquent au corps lui-même , en général , nous avons jugé convenable de les présenter ici , sauf à ne pas en faire mention dans les articles particuliers. 11 nous reste à jeter un coup d'oeil sur les membres qui y ont leur attache, les pattes et les ailes. Nous examinerons ensuite , d'une manière approfondie, les organes dont nous DES INSECTES. 73 n'avons pris qu'une connoissance générale et superficielle , tout autant qu'il en falloifc cependant pour nous familiariser avec les objets que nous avons à traiter. Les pattes , chez les insectes , ont les mêmes fonctions , le même but d'utilité , que dans les animaux des classes supérieures. Ces organes sont destinés à soutenir , mais plus particulièrement à transporter le corps ; celles de devant ont aussi quelquefois un autre usage, faisant l'office de mains ou de pinces. Ce sont les crustacés et les insectes aquatiques qui fournissent le plus d'exemples de cette disposition particulière. Il est aussi des circonstances où l'animal s'en sert pour embrasser et serrer étroitement différens corps, ceux sur-tout, ou dont il fait sa proie, ou dont il se sert dans la construclion du nid qu'il prépare à ses petits. On rencontre ainsi souvent des guêpes, des abeilles, des asiles voltigeant, chargés de butin qu'ils doivent à leur industrie ou à leurs rapines. Les insectes aquatiques avoient plus besoin d'instrumens pour ramer , que d'organes propres à la course ; aussi les pattes ont-elles dès-lors une conformation analogue. Comme nous nous proposons de décrire en détail ce qu'il importe d'observer relati- 74 TERMINOLOGIE vement à ces organes du mouvement , soit pom^ expliquer leur jeu, leur action, les avantages que l'insecte en retire, soit pour indiquer à l'entomologiste les caractères que ces parties lui fournissent ; je ne parlerai point ici des vaiiétés de formes de ces pattes, de leur nombre et de leur insertion. Je me contenterai d'apprendxe à celui qui fait les premiers pas dans la carrière de l'entomo- logie , qu'il doit savoir qu'on distingue dans la patte d'un insecte quatre parties : la hanche , la cuisse, la jambe , et le tarse. Une pièce courte et grosse , une espèce de genou , par le moyen duquel la patte s'articule avec le corps; telle est la partie nommée hanche. L'analogie ne permet pas de méconnoître ici ce qu'on appelle la cuisse ; on la voit dans cette pièce plus renflée, d'une forme ovalaire ou ellipsoïde , comprimée , et qui s'articule avec la pièce précédente. La jambe vient après. Sa forme grêle , alongée, s'élargissant vers l'extrémité qui est tronquée, et presque toujours munie d'une ou deux épines, la font aisément distinguer. Le tarse est la dernière pièce. C'est une suite de petits articles qui, par leur variété numérique , par leur figure , sont d'un grand DES INSECTES. 75 secours dans la méthode. Le dernier article est terminé ordinairement, et dans le plus grand nombre , par une petite pièce coniques et écailleuse, ou par deux petits crocliels mobiles. Les pattes des crustacés, des insectes sans ailes, diffèrent un peu de celles des insectes ailés. Nous ferons connoître les disparités que l'on remarque entre elles. Les ailes des insectes n'ont d'autres rap- ports , avec celles des oiseaux , que leur destination et leur utilité communes; leurs formes et leur organisation ne présentent aucuns caractères de ressemblance. Ce n'est ici qu'une expansion ordinaire- ment continue , coriace et opaque ou mem- braneuse , et transparente comme du talc, formée de deux lames fixes , entre lesquelles rampent des nervm^es qui forment autant de petits vaisseaux, où circulent les sucs nourriciers, et autant de corps qui conso- lident et lient toutes ces parties. Le naturaliste doit observer avec soin les organes du mouvement. Il étudiera la nature de leur tissu, leur nombre, la manière dont ils se trouvent placés sur le dos de l'insecte , sur -tout lorsqu'il n'en fait pas usage. C'est là qu'il pourra puiser des observations gêné- 76 TERMINOLOGIE raies, et propres à servir de base aux grandes coupes qu'il établira dans cette branche de ,1a zoologie. 11 verra que le hanneton a deux ailes membraneuses et transparentes, pliées trans- versalement, et couvertes chacune par une aile crustacée , vaginale , portant le nom à'élytre, d'étui, comme nous l'avons déjà dit. Il verra que la sauterelle, le grillon ont les mêmes ailes inférieures plissées longitu- dinalement dans le repos, et que les élytres ont déjà perdu ici une partie de leur opacité, et sont devenues moins épaisses et plus flexibles. La punaise rouge et tachetée de noir, de nos choux, lui offrira deux ailes presque unies, renfermées sous deux élytres, moitié coriaces et moitié membraneuses , et qui se croisent à leur extrémité. Ces insectes , que leur taille svelte , leur forme élégante , leurs belles couleurs , ont fait nommer demoiselles , montreront aux yeux de l'observateur quatre ailes transpa- rentes , égales , unies , et dont les nervures , nombreuses et très - ramifiées , imitent le réseau. Désormais plus d'élytres. La guêpe, l'abeille ont des ailes semblables DES INSECTES. 77 pour le nombre et le tissu; mais leurs ner- vures sont bien moins ramifiées que dans les insectes précédens; les ailes inférieures sont d'ailleurs coiistamment plus petites. De petites écailles, diversement colorées , occupent toute la surface des quatre ailes de ce papillon qui vient de se i)oser sur cette fleur, vous cachent leur transparence, et forment, par leur réunion , leur disposition et leur variété , ce dessin élégant que vojis cherchez à imiter dans plusieurs de vos ou- vrages à Faiguille. De ces quatre ailes, deux ont disparu. La mouche de vos appartemens, ce cousin si incommode n'en ont plus que deux ; cepen- dant, comme si la Nature vouloit encore laisser quelques vesliges de ses dispositions antérieures par rapport à ces organes, deux espèces de balanciers , dont la naissance est souvent protégée par une écaille membra- neuse, courte et concave , nommée cueillejvn, semblent ici remplacer les deux ailes infé- rieures. Nous avons vu jusqu'ici un décroissement insensible , et presque régulier dans le nombre et la consistance des ailes. En terminant l'ordre des diptères ou des mouches à deux ailes , la Natiu^e observe aussi la mén^e 78 TERMINOLOGIE marche , et nous conduit , par des gi^ada- lions artistement ménagées , à ces insectes auxquels elle a interdit l'^empire des airs. Vous avez eu souvent occasion de voir une mouche qui s^attache au fondement des chevaux, et que les naturalistes ont nommée par cette raison hippobosque. Cette mouche a deux ailes et deux balanciers , de même que celles du même ordre. Fixez bien dans votre esprit une idée de sa forme, et cherchons à en découvrir quelque autre espèce. Je peux vous en montrer une seconde; je la tiens d'un berger qui l'a trouvée dans la toison de ses brebis. Il ne faut pas être bien habile entomologiste pour voir que cet insecte a exactement, quant à la forme, les mêmes caractères que l'hippobosque du cheval. On y reconnoît le même aplatisse- ment , cette consistance presque coriace par- ticulière aux diptères de ce genre , ce bec avancé, cette tête qui commence à se con- fondre avec le corselet , ces antennes qui s'oblitèrent , cette disparition de certains petits yeux diiférens des deux ordinaires par leur surface lisse, ces crochets contournés au bout des tarses. Il est donc bien certain que cet insecte parasite des moutons est DES INSECTES. 79 une lîippobosque ; et cependant il n'a ni ailes , ni balanciers, ni cueillerons. Nous sommes ainsi arrivés , par degrés , à l'ordre des insectes privés d'ailes ou aptères. Je ne vous ai rien dit de quelques parties, ou de quelques appendices que Ton re- marque dans divers insectes ; comme les filets de Textrémité de la queue de quel- ques-uns,* la tarière ou l'aiguillon de quel- ques autres; les peignes des scorpions. Je devois proportionner l'étude à vos forces; je vous eusse effrayé en vous présentant trop d'objets à la fois; une esquisse géné- rale vous a préparés à des minuties de dé- tails. Armés de courage, pénétrons plus avant dans le pays, et tâchons d'en faire une topographie exacte et circonstanciée. La tête , cette partie antérieure du corps où sont placées les antennes, dans les insectes qui en sont pourvus , les yeux et les organes de la mandacation , est ou séparée du cor- selet par une articulation distincte , ou con- fondue avec lui. La plupart des crustacés , les acères , tels que les scorpions , les araignées , les mites , un grand nombre d'entomos- tracés sont les seuls des animaux sans ver- tèbres et à pattes articulées qui n'offrent pas 8o TERMINOLOGIE de tête distincte et mobile. La couverture de cette partie est ici prolongée sans inter- ruption jusqu'aux dernières pattes. Nous devons cependant observer que cette enve- loppe commune présente des différences très - sensibles dans les vrais crustacés et dans les acérés. Là , les yeux ne sont jamais qu'au nombre de deux , ont des facettes , un pédicule distinct et logé dans une cavité par- ticulière : le tét même de plusieurs d'entre eux a une espèce de ligne enfoncée , trans- versale , comme une sutiu e. Sous son extré- mité antéiieure est une pièce très - dure , presque osseuse, qui répond à la partie qu'on appelle front , qui sert de support aux aii- tennes et de point d'attache aux mandi- bules. Dans les acérés les yeux sont au nom]:)re de deux à huit , lisses , ne ressem- blant qu'à des points , et implantés finement sur l'enveloppe supérieure du corselet. Cette couverture n'est qu'une simple peau d'une substance plus coriacée que le reste de l'en- veloppe générale. Les mandibules sont situées immédiatement sous son bord extérieur. Ici, point de pièce osseuse frontale , point d'an- tennes. La tête des insectes ailés forme une sorte de boîte n'ayant qu'une cavité au milieu de sa D E s I N s E C T E s. 81 sa partie antérieure , et où sont rassemblés les instrumens nourriciers , dans les aselles , les cloportes, les j nies, les mille-pieds; cette tête consiste dans une simple plaque por- tant les yeux et les antennes , et dont tout le dessous est occupé par les organes de la manducation. Examinons d'abord la tête en général et sous les points de vue suivans : son insertion et sa direction , sa figure , sa consistance , sa surface et ses proportions; nous étudierons ensuite les différens organes extérieurs qui s'y remarquent. La tête tient au corselet ou par un cou très-distinct et des muscles , ou par des mus- cles seuls , le cou n'étant que peu ou point prononcé. Plusieurs becmares de Geofifroi ou attelabes de Linnœus nous offrent sur- tout des exemples de ce prolongement de l'ex- trémité postérieure de la tète. A commencer des yeux , cette partie se rétrécit d'une ma- nière très-sensible , et va se terminer par une espèce de genou inséré dans une cavité circulaire de la partie antérieure du cor- selet , sur laquelle la tète se meut. On dit que la tête est rétractile , si elle s'enfonce à volonté , et presque entièrement dans le corselet. Ins, Tome IL F 83 TERMINOLOGIE Dégagée (i), si elle ne peut y entrer, du moins en majeure partie. Prominente , si elle est sur la même ligne que le corselet, mais plus étroite que lui. Saillante, avancée (2), si elle forme une saillie en avant. Cette saillie ressemble à un museau , à un bec ou une espèce de trompe dans plusieurs; elle est courbée, verticale, suivant qu'elle s'éloigne de la ligne horison- tale pour se rapprocher de la perpendicu- laire. Son inclinaison est quelquefois telle- ment grande, que le plan supérieur devient inférieur ou regarde la terre. La tête , dans le plus grand nombre , est d'une figure triangulaire ou ovée , et dont la pointe est en devant. Le milieu du côté opposé ou de la base se prolonge en un cy- lindre plus ou moins long , et qui forme le cou. La tête est globuleuse ou du moins arron- (i) Je traduis ainsi le mot latin A^exsertum. (2) La partie antérieure de la tête est quelquefois prolongée en avant ; si cette saillie est large , plate et courte , on l'appelle museau; si elle est cylindrique ou conique, étroite , alongée, on la désigne sous le mot de trompe , et on compare sa longueur avec celle de la tête ou du corps. Voyez les genres bruche et charanson. DES INSECTES. 85 die postérieurement , lorsqu'elle a la faculté de se retirer dans le corselet. Toutes les variétés de formes que Ton observe peuvent se rendre par des termes généraux connus , et dont lappîication est fi'équente. Sa consistance est d'une nature calcaire ^ cornée , coriacée , membraneuse , vésiculeuse. Sa superficie est susceptible des mêmes modifications que tout le corps en général. Ayant déjà indique les principales de ces dernières , nous y renvoyons pour les autres. Nous ferons connoître , lorsque l'occasion s'en présentera , celles dont nous n'avons point parlé. Les proportions ; la grandeur du corselet pourroit servir d'éclielle comparative ; mais, comme les proportions du corselet varient elles-mêmes par rapport aux dimensions générales du corps , il vaut mieux prendre celle-ci pour module : ainsi , l'on dira que la longueur de la tête fait le quart, le tiers, etc. de celle du corps ; on comparera de même les deux largeurs. Cette règle sera commune au corselet, à l'abdomen, et autres portions principales du corps. On a voulu distinguer nominativement sur la tête des insectes les mêmes points que F 2 84 TERMINOLOGIE ceux de la tête des oiseaux , auxquels on avoit affecté une dénomination particulière. On a remarqué ainsi un sjnciput , le front, le pertex , Y occiput , les tempes et le gosier ; mais , comme la surface supérieure de la tête n'est presque rien en comparaison de celle de la tête d'un oiseau , qu'elle est presque plane , toutes ces distinctions ne sont pas d'une grande nécessité , et \efro7it , le uer^tex sont presque les seuls de ces points qu'il faille nominativement désigner. Le front est ordinairement de la même consistance que celle de la tête ; mais il est recouvert d'une membrane , d'une pièce plus molle , même vésiculeuse dans plusieurs diptères. Il est avancé et en forme de vessie dans le fulgore , porte-lanterne , en forme de bec , ou s'élevant en pyramide dans d'autres. Les cigales l'ont renflé et strié ; les scarabées tubercule ou cornu (i). (i) On remarque la direction des coi'nes , ou si elles sont avancées , portées droit en avant , élevées , cour- bées en avant , recourbées ou courbées en arrière , arquées , ou coui bées sur les côtés ; leurs proportions , comparées avec celles de la tête 5 laurs formes , si elles sont simples , sans clenfs , dentées , et combien il y a de dents , pointues , subulées ou en alêne , émoussées ou obtuses ; coupées j échancrées , lobées , et combien il y a DES INSECTES. 85 Le vertex est la partie supérieure de la tête , celle où se trouvent orclinairenienfe deux ou trois points en relief , brillans , appelés petits yeux lisses. On n^en voit point sui- la tête des crustacés , des mille- pieds et des coléoptères ; mais la plupart des insectes des autres ordres eu ont au moins deux. Ils remplacent même tout à fait les yeux à facettes dans les scorpions , les arai- gnées , les entomostracés. Ces petits yeux lisses sont au nombre de trois , et placés en triangle dans le plus grand nombre de ceux qui en sont pourvus. Des sauterelles , des criquets , des termes , etc. n'en ont que deux d'apparens et placés entre les deux yeux ordinaires. Le chaperon est ou un avancement de la partie antérieme et supérieure de la tête, remplaçant ou couvrant la lèvre supérieurCj ou un espace de ce devant de la tête , dis- tingué du reste de la surface supérieure par une ligne imprimée , transversale. Les ban- de lobes , fendues , et quel est le nombre des divisions, dlcotomes ou ayant deux divisions qui se partagent elles-mêmes en deux; leur surface, si elles ?,ox\\. voûtées^ sillonnées ^ cannelées, comprimées , déprimées ou apla- ties, etc. F 5 86 TERMINOLOGIE netons , les bousiers d'un côté , les spliex ,' les crabro de Fab ricins et les guêpes d'un autre , fournissent des exemples de ces deux figures du chaperon. Fabricius donne aussi ce nom à une petite pièce arrondie qui couvre la base de la trompe des lépidop- tères. Ea tête sert de support aux antennes , aux yeux et aux instrumens nourriciers ou aux organes de la manducation. Tâchons de bien connoitre ces parties ; elles jouent le plus grand rôle dans l'économie des insectes, et nous offrent d'excellens caractères géné- riques. Les antennes sont des filets articulés , mo- biles , insérés sur la tête et hors de la bouche. Les palpes ou antennules ressemblent beau- coup aux antennes ; mais ils sont situés sur quelques-uns des organes de la manducation. Considérons la structure , Y insertion , la figure , la direction , la connexion , les pro- portions et le nombre des antennes. Structure. Elles sont composées d'un nombre variable de petites pièces , revêtues exté- rieurement d'une peau coriacée, plus ou moins diu^e, plus molles ou vésiculeuses à leur intérieur, percées d'un trou dans DES INSECTES. 87 leur milieu et longitudinalement, en forme de petits tuyaux, mises bout à bout, d'une figure variable, et n'ayant le plus souvent qu'un mouvement commun. Si on mutile les antennes , on en voit quelquefois sortir une liqueur; elles pa- roissent donc être creuses dans leur milieu. Le cordon médullaire y aboutit ou semble en partir; elles sont donc un organe très- important ; celles de la plupart des mâles présentent très -souvent, et toutes choses égales, une plus grande surface, un déve- loppement plus étendu; elles ont donc, chez les individus de ce sexe, une organisation plus parfaite, du moins en apparence. Nous verrons , à l'article des sens des insectes, ce qu'il est naturel d'en déduire. Situation. Au devant des yeux. Dans les yeux , ou plutôt dans une échan- crure des yeux. Sous les yeux. * Entre les yeux. Derrière les yeux. Forster, dans son Manuel d'histoire na- turelle , emploie , pour indiquer ces diffé- rentes insertions d'antennes , des termes F 4 88 TERMINOLOGIE formés du grec : pré-ophtalmes , au devant ' des yeux; catophtalmes , proche ]es yeux; hyjjophtalmes , sous Jes yeux; hyperophtal-^ mes, au dessus des yeux; amphiophtalnies , environnées en tout ou en partie par les yeux; mais, comme ces termes sont longs, barbares pour nos oreilles , comme il y en a déjà trop de cette nature, nous n'en ferons pas usage. Figure. Il est important d'observer si la base des antennes est couverte ou nue. Consi- dérées généralement , elles sont : Filiformes , d'une épaisseur égale dans toute leur longueur. Sétacées, diminuant insensiblement d'épais-; seur de la base à la pointe. Moniliformes , à articles arrondis, imitant un collier de perles. Cylindriques, égales dans leur longueur et à articles peu distincts. Prismatiques, imitant une espèce de prisme par leurs angles , ou formées de trois plans. Ensiformes , anguleuses, larges à leur nais- sance et se terminant insensiblement en pointe ; semblables à la lame d'une épée. DES INSECTES. 89 Suhulées , en alêne , courtes , roides et pointues. En fuseau , amindes aux deux extrémités ; et plus grosses au milieu. Si elles sont plus grosses dans leur milieu, sans être bien plus menues à leur base , on dit qu'elles sont amincies^ plus grosses dans leur milieu. Si elles sont plus grosses vers leur extré- miité, et que ce renflement ne soit pas brusque, ne forme pas de massue, de bou- ton , les entomologistes disent qu'elles vont en grossissant. Lorsque cet épaississement est très-graduel , on ajoute l'adverbe insen- siblement. Elles sont en massue , ou en masse , ou en bouton, lorsqu'elles finissent par un ren- flement plus ou moins gros, et plus ou moins brusque. Deux fois en massue, si l'antenne a dans sa longueur un autre renflement. Cette massue peut être lamellée lorsque ses articles, étant minces, prolongés latéra- lement , peuvent s'appliquer les uns sur les autres en formant un bouton , et s'écarter, comme les feuillets d'un livre. Le hanneton. Sx ces articles, imitant des feuillets, par- ()o TERMINOLOGIE toient d'un point commun , en forme de rayons ou de digitations, et s'ouvroient ou se fermoient à volonté , on diroit que la niasse est en éventail. Cette massue est pectinée d'un ou des deux côtés, si ses articles sont fortement prolongés laléralement , imitent ainsi les dents d'un peigne, et conservent toujours leur écarte- ment et leur direction. Le lucane cerf-volant. L'antenne est quelquefois entièrement pectinée. Elle peut même l'être doublement, ou bipectinée , bipinnée ^ si ses dents ont aussi à leur tour et régulièrement des branches de chaque côté, comme dans plusieurs phalènes. Si ces dents étoient disposées d'une ma- nière irrégulière autour de l'axe, et que ces branches fussent divisées , l'antenne seroit branchue. En scie , lorsque les articles sont peu pro- longés sur les côtés , et imitent simplement les dents d'une scie ; ces articles sont trian- gulaires, et le côté opposé à rh;yT3othénuse sert d'axe. Si le premier article de la masse ou le plus inférieur étoit en entonnoir ou en cu- pule , et tellement grand qu'il renfermât les articles suivans , l'antenne seroit en masse DES INSECTES. 91 coiffée, ce qui répond au mot tunicata de Fabricias. Des bousiers^ les letlirus ^ lécha- ranson des palmiei^s, Perfoliées en tout ou en partie , lorsque les articles paroissent enfilés dans leur milieu. Qu'on se représente une suite d'hémisphères ou des moitiés de boules enfilées , de ma- nière que la surface convexe soit toujours tangente à la surface plane ou à la coupe transversale , et on aura une idée de ce qu'on entend par antenne perfoliée. Il faut que l'axe réponde au milieu , et que les ar- ticles aient leur diamètre transversal plus grand que celui de leur longueur. Si l'antenne étant perfoliée, ses articles étoient presque contigus l'un à l'autre, elle seroit imbriquée. Fabricius nomme palmée l'antenne qui a des divisions profondes. Les nèpes. Si les articles qui composent la masse , n'offrent pas de séparation entre eux, la masse est solide. Les antennes sont irrégutières lorsque les articles sont inégaux en grandeur et sans ordre. La forme de l'extrémité de l'antenne donne encore lieu à l'emploi de quelques termes qu'il est essentiel de connoître. 92 TERMINOLOGIE L'antenne est sécuriforme , en forme de hache , si l'article terminal imite la figure d'une hache , ouest triangulaire, comprimé^ avec la pointe en bas et le côté opposé en haut. Des syrphes de Fabricius. Crochue^ si l'antenne est pointue et cour-' bée à son extrémité en forme de crochet. Bifide, si elle est divisée en deux. Pointue , terminée en pointe; si ce bout étoit en pointe fine et roide , on diroit que l'antenne est aiguë ^ acuminée. Dentée^ lorsque l'article terminal a une espèce de dent en saillie latérale pointue; des taons. Ce même article a» même quel- quefois une telle cavité qu'il ressemble à une faux, à un croissant. Obtuse, terminée en pointe mousse. Tronquée , coupée à son extrémité. En palette , si l'article terminal , n'étant précédé que de deux ou trois autres beau- coup plus petits , est ovalaire , comprimée. Les mouches. On dit que cette palette est aigrettée , bar- bue, si elle a un poil roide, latéral. Les ento- mologistes qui ont écrit en latin, indiquent la présence de cette soie par le mot à^aristata.. La palette est muticjue, imberbe^ si elle n'a pas ce poil latéral. DES INSECTES. 93 Liniiceus appelle antennes filées , fdatœ , celles des mouches, des taons, qui ne sont pas terminées en palette. La base de l'antenne présente dans la plupart des crustacés plusieurs articles brus- quement plus grands, et qui forment une espèce de tige, un pédoncule; l'antenne est alors pédonculée. Ce poil est simple , sans divisions , setariœ ; ou plumeux, velu sur ses côtés, plumosœ, plumatœ. On doit étudier le détail de l'antenne ou remarquer la figure particulière de chaque article, sa surface, et leur nombre. D'abord ces articles sont, ou apparens , ou obsolètes; ensuite cylindriques , coniques , grenus ou presque ronds, globuleux , triangulaires ^ etc. Par rapport à leur surface , ils sont velus ^ poileux , hérissés ou hispides , cotonneux , épineux , armés d^ aiguillons , etc. Relativement à leur nombre , ces articles varient beaucoup. Les coléoptères en ont onze, les hémiptères souvent quatre à six; le grand nombre des hyménoptères douze dans les femelles , treize dans les mâles; les lépidoptères , les névroptères en ont un très- grand nombre. On n'est guère dans l'usage ^/t T E R :M ï N O L O G I E de les compLer, dès que le nombre passe quinze ou seize. Direction des antennes. Elles sont entières ou d'une longueur con- tinue. Brisées , fléchies , le premier article étant fort long. Les fourmis. Droites^ sans la moindre courbure. Roides y si, étant droites, elles ont de la rigidité. avancées ^ si elles se présentent en avant. Porrectœ. Penchées^ inclinées. On observera aussi les autres directions des antennes , la manière dont l'insecte les tient appliquées sur son corps , les logeant quel- quefois dans une cavité sous les yeux, dans une rainure du corselet, etc. L'on prendra note des mouvemens habituels qu'il leur donne : ainsi Jes sphex les roulent en spirale^ les mutiles , les ichneumons les agitent avec beaucoup de vitesse , ce que l'on rend par le mot de vibrantes , vibratiles. Connexion des antennes. Elles sont distantes, rapprochées , continués ou même réunies. DES INSECTES. 95 Distantes, lorsqu'elles sont écartées d'en- viron toute la largeur de la tête. Rapprochées , loisque l'intervalle qui les sépare est plus étroit que celui de l'antenne aux côtés de la tête. Contiguës , lorsqu'elles se touchent. Réunies , lorsqu'elles ont un article com- mun pour base. Proportion des antennes. On comparera leur longueur avec celle du corps. Elles sont courtes lorsqu'elles sont plus courtes que lui. De longueur moyenne , médiocre , lors- qu'elles sont de la longueur du corps. Longues , lorsqu'elles le surpassent un peu. Très-longues , lorsqu'elles sont une et deux fois plus longues. Nombre des antennes. Les crustacés en ont quatre. Les insectes ailés deux. Les arachnides point. Les yeux sont des organes par le moyen desquels les insectes distinguent les objets. Ils n'ont ni prunelles ni paupières. Examinons leurs sortes, leur composition. 96 TERMINOLOGIE leur situation , leur rapprochement respectif;^ leur Jigure , leur surface et leur nombre. Sortes d'yeux et leur composition. On les a distingués en yeux ordinaires ou yeux à facettes , et petits yeux lisses. Les premiers sont ceux qui répondent aux deux yeux ordinaires des grands animaux. Leur grandeur, Ja mullilude des plans, ou les facettes de leur cornée empêchent de les confondre avec les petits yeux lisses. Ceux-ci sont des points brillans , à surface lisse , placés ordinairement en triangle sur le derrière de la tête d'un grand nombre d'in- sectes ailés, de ceux particulièrement qui n*ont que deux ailes ou quatre , mais de la même substance et nues. Les chenilles paroissent n'avoir que des yeux de cette sorte ,• les naturalistes n'ont pas encore de preuves bien dénionsiratives que ce soient de véritables yeux. Il" est cependant bien probable qu'ils en font la fonction; les araignées voient très -bien, et n'ont réellement que des petits yeux lisses. Les yeux sont ou simples ou composes; simples, s'ils n'offrent qu'une cornée, qu'ime lentille ; composés , s'ils paroissent foimés d'une réunion de plusieurs petits yeux en forme DES INSECTES. 97 forme de graius , comme dans plusieurs in- sectes aptères (1). Situation et rapprochement respectifs des yeux. Fixes ou mobiles. Supérieurs y verticaux , s'ils sont sur le dessus de la tête. Latéraux , sur les côtés. Inférieurs , au dessous. Ecartés , éloignés l'un de l'autre. Rapprochés , voisins. Contigus , se touchant. Figure des yeux. Ils sont globuleux , hémisphériques, ouales, oblongs , linéaires ; réniformes , lunules , ou en croissant, coupés ou même partagés en deux par le bord latéral de la tête; pédon- cules ou sessiles. Surface des yeux. Saillans , prominules , élevés au dessus de la surface de la tête. (i) Ces yeux sont, dans le fait , des yeux ordi- naires dont les faceitt^s sont saillantes en forme d© grains ou de petits tubercules. Ins, Tome II. G gS TERMINOLOGIE yiplatis , ou se perdant dans cette même surface et de niveau avec elle. Il est essentiel d'en observer les couleurs , notamment dans les insectes à deux ailes. On dit qu'ils sont concolorés , lorsqu'ils sont de la couleur de la tête. Colorés , lorsque lem* couleur est diffé- rente. Ruhanés , fasciés , lorsqu'ils ont des bandes différant en couleur de celle du fond. Ponctués , parsemés de points colorés aussi différemment. La cornée est presque toujours sans poils ou glabre , ou , mais tiès-vsLvexaent, pubescente. Nombre des yeux. Les yeux véritables , les yeux à facettes ne sont qu'au nombre de deux. Quelques coléoptères paroissent en avoir quatre; cela vient de ce qu'ils sont coupés transversale- ment par le bord latéral de la tête. Les scorpions , les araignées ont de six à huit yeux; mais, comme nous l'avons remar- qué , ce sont de petits yeux lisses. Des instrumens nourriciers ou des organes de la manducation, « Aucmie classe du règne animal, sans DES INSECTES. 99 en excepter même celle des vers , ne pré- sente autant de différences dans les parties de la bouche que celle des insectes. Du qua- drupède ruminant au Carnivore , de l'oiseau de proie au granivore, du serpent à la tortue, de la raie à la sole , de la baleine au dau- phin, d'un coquillage à un mollusque, la différence n'est pas si grande que celle qu'on observe entre un papillon et un scarabée , une mouche et un crabe , une punaise et un fourmi-lion, une abeille et une araignée.' L'étude des parties de la bouche est si cu- rieuse et si intéressante, qu'elle peut seule jeter un grand jour sur leur histoire; et si l'Entomologie fait dans la suite de plus grands progrès, elle les devra sans doute à la parfaite connoissance de ces parties. En effet, si les habitudes et la manière de vivre des animaux dépendent uniquement des organes dont ils sont pourvus, la bouche des insectes , beaucoup plus compliquée que celle des autres animaux , composée de plu- sieurs pièces qui se combinent et qui tendent toutes à les nourrir et à les défendre, munie d'instrumens qui servent au tact , de pinces propres à saisir la proie , etc. , doit néces- sairement jouer un grand rôle dans l'éco- nomie animale. G 2 loo TERMINOLOGIE » On peut aisément recoiinoîtie , à la seule inspection de la bouche a un insecte, quelles sont ses habitudes, et quelle est sa manière de vivre. La trompe du papillon , alongée , molle et flexible , n'est propre qu'à retirer les sucs contenus dans les fleurs; elle n'est pas assez forte pour percer même les corps les plus mous; la moindre pellicule sufîiroit pour l'arrêter. Celle de la punaise , au contraire , composée de plusieurs parties très -fines, très -déliées , et cependant très- solides , peut pénétrer dans le tissu des plantes , ou percer la peau des animaux. Les mandibules de l'araignée , fortes, grandes et armées d'un piquant très-dur et très-aigu, sont propres à saisir et à tuer des insectes. La bouche du pou et celle de la puce sont armées d'un dard d'une finesse extrême, qui s'insinue assez facilement dans la chair des animaux, et qui, malgré sa finesse, est composée de plusieurs pièces, et fait l'oflice d'un suçoir après avoir fait celui d'un dard. Indépendamment de sa trompe , la guêpe est armée de mandibules , par le moyen des- quelles elle coupe et déchire les fleurs et les fruits dont elle retire les sucs; elle les emploie encore à enlever les substances propres à bâtir sou nid. Des mandibules DES INSECTES. loi fortes , alongées , dentelées et terminées en pointe aiguë annoncent, dans les coléoptères, des insectes qui vivent de rapines , et qui font la guerre aux autres. Des mandibules grosses et épaisses , terminées par un rebord tranchant , désignent un insecte qui ronge le bois et les corps les plus durs. Celui qui se nourrit simplement de feuilles de vé- gétaux a les mandibules moins grosses et moins fortes; elles ont de légères dentelures, et leur rebord est peu tranchant». (Enc}^- clopédie méthodique , Histoire naturelle , tome VI , page 1 1 1 . ) Les instrumens nourriciers des insectes ont , par leur structure , le nombre et la forme de leurs pièces , leur connexion res- pective , servi de base au système de Fabri- cius. Puisque ces organes fournissent , en effet , d'excellens caractères dans les autres classes de la zoologie , pourquoi n'en seroit- il pas de même dans celle-ci? Il n'est pas tiécessaire de prouver que la nutrition étant une fonction conservatrice de l'animalité , tous les moyens que la nature emploie pour son exercice sont dès - lors de la plus haute importance , et méritent une considération particulière. La méthode établie sur les organes de la G 5 103 TERMINOLOGIE manducation , a trouvé et trouve encore beaucoup de contradicteurs. Si on n'avoit fait que blâmer ses abus , on auroit contribué à ses progrès , en rendant sa marche moins défectueuse et plus praticable ; mais la plu- part de ces contradicteurs n'ont point porté dans leur censure l'esprit d'impartialité qui doit animer tout bon naturaliste, comme tous les hommes qui aiment le vrai. Les uns ont exagéré les difficultés d'ob- server et d'étudier les parties de la bouche, sans avoir fait les plus légères tentatives pour acquérir la connoissance de ces organes. Les autres ont rejeté, sur la méthode fabricienne, les écarts où une trop grande précipitation avoit entraîné son estimable auteur ,* et ils en ont conclu que le principe en étoit mauvais , parce que son application n'étoit pas toujours heureuse. Je conviens de la justesse de plusieurs reproches qu'on a fait à Fabricius : comme de n'avoir fondé sou système que sur une seule et unique base ; d'avoir souvent vio- lenté l'ordre naturel dans la composition de ses ordres ; de n'avoir pas souvent observé , avec assez d'exactitude , les parties de la bouche des insectes ; d'avoir ainsi rendu presqu'impossible la détermination de plu- DES INSECTES. io5 sieurs de ses genres en leur assignant de mau- vais caractères , et d^avoir enfin abusé de sou principe favori. Ces défauts ont leur origine , et dans la règle que Fabricius tenoit de son grand maître, Limiœus, qu'il ne falloit jamais établir les caractères d'une méthode que sur une seule partie , et dans l'imperfection attachée à tout système nouveau. J'ajouterai que l'entomologiste de Kiell a souvent exa- miné ]£s objets d'une manière superficielle; trop pressé par le désir de completter son species , et qu'il n'a pas comparé entre eux les caractères des genres d'une même famille; car des genres très - différens s'y trouvent signalés de même. Mais il n'est pas néces- saire de solliciter de l'indulgence pour ces défauts; ils ne sauroient ternir la gloire de Fabricius. Le génie n'en brille pas moins dans tous ses écrits sur l'iiistoire naturelle des insectes; et il est vraiment, dans cette partie de la zoologie', notre Linnaeus; il le surpasse même dans ses descriptions. Quelle exactitude , et en même tems quel laco- nisme et quelle clarté admirable ! Ce langage est celui de l'impartialité. L'amitié dont il m'honore ne m'a pas fasciné les yeux au point de m'engager à dissimuler les négli- gences de sa méthode. Je n'ai pu les taire; je G 4 lo/i TERMINOLOGIE dois, avec la même droiture , en relever les beautés,- elles me font oublier ces taches légères , et le sentiment de Testime que l'on doit aux talens d'un grand homme est le seul maintenant qui m'anime. De célèbres naturalistes, Scopoli, De Géer semblent avoir pressenti, avant Fabricius , l'importance des organes de la manduca- tion des insectes. Le premier avoit dans son Entomologie de la Carniole , mise ap. jour en 1763, et positivement à la même époque que Geoffroi donnoit son Entomologie pa- risienne , les caractères de ses genres de diptères sur ces parties. Ses divisions du genre d'abeille , publiées quelque tems après, sont posées sur ces mêmes bases. De Géer a figuré avec exactitude , un grand nombre de bouches d'insectes de tout ordre. Ces obser- vations préliminaires mirent peut-être Fabri- cius sur la voie de son système; il vit en grand et généralisa ces premières données. Quelques avantages que procuroit la mé- thode fabricienne, quelle que fût la fécondité de ses ressources , elle n'eût pas reçu de long-tems, du moins en France, un accueil favorable, si Olivier n'avoit éclairci les diffi- cultés qui l'accompagnent. Ses ouvrages sont le meilleur commentaire de cette méthode; DES INSECTES. 3o5 ils en redressent la marche ; ils réparent ses omissions et ses inexactitudes, et n'effraient plus l'élève par des difficultés insurmon- tables et par des assemblages d'une irrégu- larité monstrueuse. Mais n'anticipons pas; le moment viendra où nous parlerons plus en détail des travaux d'Olivier. Voyons ce qu'il nous dit au sujet des divisions que l'on peut établir dans les insectes, sous les rap- ports de leurs différentes manières de se nourrir. (( On pourroit former trois grandes divi- sions des insectes, d'après l'organisation de leur bouche, et relativement aux alimens qu'ils prennent. Les uns , pourvus de man- dibules et de mâchoires , se nourrissent de substances solides ; ils attaquent les diffé- rentes parties des végétaux ou des animaux; ils rongent le bois , dévorent les feuilles , les graines , se nourrissent de substances ani- males en putréfaction ou desséchées , font la guerre aux autres insectes , etc ; tels sont les coléoptères , les névroptères. Les autres, pourvus simplement d'une trompe , ne peu- vent se nourrir que de liquide répandu sur les fleurs et en différens endroits , ou qu'ils vont chercher dans le tissu des plantes et à travers la peau des animaux ; les papillons , io6 TERMINOLOGIE la plupart des diptères sont dans le premier cas; les poux et quelques diptères sont dans le second. Enfin, quelques insectes, pour- vus en même tems de mandibules et d'une trompe, vivent indifféremment de substances solides et de matières liquides : les abeilles, les guêpes , en un mot , tous les hyménop- tères, et la plupart des araignées nous en fournissent un exemple». (Encycl. méthod. Hist. nat. tom. VI, pag. H2.) Sous les rapports des organes de la bouche et de leurs usages, les insectes nous pa- roissent devoir être partagés en deux grandes sections : les dentés et les édentés. Les dentés ont des mandibules servant à retenir, couper, broyer la substance dont Tanimal fait sa nourriture, à la succion même. Les mandibules sont presque toujours accompagnées de mâchoires et d'une lèvre inférieure , qui favorisent la manducation et la déglutition. Nous les subdivisons en trois. 1°. Les mandibulaires : ceux dont les mandibules sont presque le seul instrument nourricier agissant. Dans les uns , leur fonc- tion est de broyer, triturer, les crustacés, les Jules f etc. ,* dans les autres, elles servent à D E s I N s E C T E s. 107 sucer les araignées, les larves de fourmi-lions, d'hémérobes. Ces insectes sont dentisuges. 2°. Les mâcheliers : leurs mâchoires et leur lèvre inférieure coopèrent fortement avec les mandibules à la manducation. On y voit des carnassiers , des rongeurs de ma- tières animales, de substances ligneuses, de semences ou de graines , des insectes qui ne vivent que du suc mielleux des fleurs, ou qui dévorent les feuilles des végétaux. Les coléoptères ; les névroptères. 3°. Les lingLiisuges. Ceux dont l'extrémité la lèvre inférieure forme une langue plus distincte : les hyménoptères ; les uns , tels que les tenthrèdes ou mouches à scie, les guêpes, etc., l'ont large, évasée, arrondie ou très-obtuse; les autres , comme les abeilles, les andrènes , l'ont filiforme , très - alongée ou triangulaire , et pointue. Les édentés n'ont ni mandibules, ni mâ- choires proprement dites,* leur bouche ne consiste que dans une espèce de tube, ou n'offre aucun organe. Nous les partageons en cinq. 1°. Les ryngotes : ceux qui ont une gaine cylindrique ou conique , articulée , sans lèvres à son extrémité, et dans un canal io8 TERMINOLOGIE supérieur de laquelle sont logées trois soies qui forment le suçoir; ce bec n'est pas accompagné de palpes. Les cigales , les pu- naises. j2°. Les spiritrompes : leurs mâchoires ou leurs mandibules se sont converties en deux filets, formant une trompe par leur réunion, et roulés en spirale; il y a une ou deux antennules de chaque côté. Les lépidoptères. 3°. Les proboscidés : leur bouche consiste dans une espèce de trompe, rétractile dans plusieurs, droite ou coudée, mais sans articu- lations distinctes, terminée par deux lèvres plus ou moins apparentes ; le suçoir est logé dans une gouttière supérieure et longitudi- nale. Ici les diptères. Les uns ont une trompe membraneuse, souvent rétractile, terminée par deux grosses lèvres, susceptibles de se tuméfier ; les bilahiés , mouche , stratiome. Les autres ont une trompe roide, d'une sub- stance ferme , assez dure , un peu coriacée, sans lèvres bien marquées, et propres à la dilatation ; les haustelles , asile , bombyle , empis. Cette trompe sert ordinairement de support à deux antennules. 4*^. Les museliers : dont la bouche ne con- siste que dans mi simple tube, soit entier, DES INSECTES. io() soit formé de valvules réunies. Les poux , plusieurs mites. 5°. Les astomes : dont la bouche ne pré- sente aucun organe réel, destiné à la man- ducation ; les diptères , Y œstre. Les ricins , les pygnogonons ont des crochets en forme de mandibules, ou de véritables mandibules ; mais ces parties ont ici une fonction moins diiecte que dans les autres animaux de cette classe, et ce n'est pas avec elles que ceux que nous citons tirent leur nourriture. Je ne prétends pas au surplus donner à toutes ces distinctions une grande valeur; elles ne sont point toutes fondées sur des caractères rigoureux ; mais elles peuvent servir d'indication, et aider à simplifier la langue entomologique. Fabricius compte dix pièces principales dans la bouche des insectes : 1°. La lèvre supérieure , labium superlus , clypeus Fab. 2". La lèvre inférieure , labium inferius , labium Fab. 3^. Les mandibules, mandibulœ, 4^. Les mâchoires, maxillœ» 5°. Les galètes, galeœ. ^°. Les antennules ou les palpes, palpi. iio TERMINOLOGIE 7". La langue, lingua. 8°. Le bec, rostrum. cf. Le suçoir, haustellum. 10°. La trompe , proboscis. Il vient d'y ajouter une onzième pièce, 1« languette, ligula^ dont nous parlerons à l'article de la lèvre inférieure. Définissons toutes ces parties, et faisons- les connoître par des applications à des objets connus. JLa lèvre supérieure est une pièce attachée au bord antérieur de la tête, ordinairement transversale, mince, membraneuse ou co- riacée et mobile,- elle est très-apparente dans les sauterelles. Tous les insectes n'en sont pas pourvus ; les papillons , les mouches à deux ailes n'en ont point. Elle s'alonge , prend une figure triangulaire , et se termine en une pointe longue et aiguë dans les punaises, cigales, etc. Fabricius l'a souvent confondue avec le chaperon qui n'est, comme nous l'avons dit, qu'un simple avancement de la partie anté- rieure et supérieure de la tête. La lèvre supérieure nous offre quatre moyens principaux d'étude, par son inser- tion, sa consistance^ ssLjigure et sa surface DES INSECTES. ii; Insertion de la lèvre supérieure. Entièrement découi^erte , lorsque sa base est apparente, et fixée exactement au bord antérieur de la tête. En partie découverte , lorsque sa base est insérée et cachée , par conséquent sous le bord antérieur de la tête. Occulte y lorsqu'elle est tout à fait cacliée par le devant de la tête, ou bien par le chaperon. Le hanneton en fournit un exemple. Consistance de la lèvre supérieure. Membraneuse^ coriace e^ ou presque cornée^ Figure de la lèvre supérieure. Elle forme ordinairement un carré long, dont le grand diamètre est transversal ou un demi-cercle ; le bord antérieur est entier^ échancré , bifide. Les écrevisses , les lan- goustes, etc., ont à sa place une espèce de mamelon , une petite langue qu'Aristote même avoit remarquée. Surface de la lèvre supérieure. On se borne à obsei'versi elle est glabre , velue , ciliée , particulièrement sur ses bords. La lèvre inférieure , telle que Fabricius 3 12 TE R M I N O L O GIE et Olivier lont généralement entendu, est -une pièce opposée à la précédente , trans- versale, mobile, fermant la bouche infé- lieurement. Les insectes qui sucent par le moyen d'un bec , d'une trompe en spirale , les papillons , avec une trompe bilabiée , les mouches à deux ailes, sont censés ne pas en avoir. Je dis censés, parce que l'on pourroit regarder la gaine articulée du bec des punaises, cigales, etc., la trompe des mouches, comme étant une lèvre inférieure de forme différente. Les deux célèbres entomologistes, d'après lesquels j'ai défini la lèvre inférieure, n'ont pas examiné avec assez d'attention , ou n'ont pas du moins bien connu la structure de cet organe. Us l'ont supposé simple , tandis qu'il est composé presque toujours de deux pièces; de là ils ont, sans le vouloir, donné lieu à beaucoup d'équivoques. Ne distin- guant pas , en effet , ces deux parties , ils ont souvent donné à la lèvre inférieure en général des caractères qui ne convenoient qu'à une de ses pièces. Fabricius a cepen- dant entrevu quelquefois la nécessité de faire une distinction , comme dans les carabes ; et il s'est servi alors du mot palais, palatum. C'est sur-tout dans ses piézates, ou dans les hyménoptères ;, D E s I N s E C T E s. n5 hyménoptères qu'il est absolument indis- pensable d'observer la forme des pièces de la lèvre inférieure. Les antennes de ces in- sectes ne présentent pas, à beaucoup près, les mêmes variétés de formes que les an- tennes de coléoptères; les instrumens nour- riciers deviennent donc ici , encore plus qu'ailleurs , les bases des coupes généiiques ,• aussi Fabricius , n'ayant pas eu une idée bien nette de ces organes, a-t-il commis une foule d'erreurs dans l'exposition des carac- tères des genres de cet ordre, où ses notes indicatives sont d'une telle ambiguité qu'il est presque impossible de se reconnoître avec elles. Pour dissiper ces obscurités , examinons avec soin la composition de cette lèvre inférieure et ses cliangemens prin- cipaux. Tout le monde connoît le cerf- volant, lucanus cervus de Linnasus. Jetons un coup d'œil sur sa lèvre inférieure. On y voit aisé- ment ; 1° une grande pièce dure , presque cornée, ou d'une consistance semblable à celle de la tête, ayant la figure d'un demi- cercle élargi, et dont le diamètre est infé- rieur et transversal. Cette pièce est une espèce de bouclier, une sorte de chaperon, absolument incapable par sa nature de faire 1ns. Tome IL H 114 THERMINOLO GIE l'office d'une lèvre inférieure. Derrière elle est attachée une seconde pièce qui s'élève et saillit sous la forme de deux petites lan- guettes moins dures, très -velues, et qui peuvent ainsi contiibuer efficacement et directement à la manducation : voilà notre véritable lèvre inférieure. J'ai parlé, le premier, de la distinction de ces deux pièces. ( Préc. des caract. génér. des insect. ) Je conservai à la supérieure la dénomination de lèpre inférieure ; j'appelai l'autre ganache. Uliger , qui a publié le premier volume d'une Histoire des insectes de la Prusse , ouvrage qui annonce une exactitude étonnante dans Fart de l'obser- vation, et uue grande finesse dans la cji- lique , a fait, quelque tems après moi, la même distinction ; il nomme seulement menloji ce que j'appelle ganache. Weber , disciple de Fabricius , et dont les travaux: sont du plus heureux présage, a cru devoir conserver le nom de lèpre inférieure à cette partie, et appeler l'autre, ou celle qui étoit pour llliger et pour moi lèvre inférieure, petite langue, languette, ligula. L'entomologiste de Kiell ayant généra- lement plus observé la ganache que l'autre pièce, et ses caractères tombant ainsi plus DES INSECTES. ii5 sur la première que sur la seconde , son digne disciple a justifié par là le choix de ses déno- minations. Fabricius vient aussi d'adopter les mêmes idées. (Syslema eleutheratorum.) Quelque respect que j'aie pour l'autorité de ces deux naturalistes, je jie puis cependant me ranger ici de leur côté. Il est évident , i° que cette distinction des deux pièces nécessitoit la création d'un nouveau terme. 3". Que le mot de lettre inférieure, n'ayant jamais eu une application précise, et méri- tant cependant d'être conservé , devenoit susceptible d'un sens déterminé et conforme à l'idée qu'il fait naître. 3". Que, dans la liberté de ce choix, il eût été facile à Fabricius de substituer à l'avenir le mot de mentum à celui de labiunz inferius , lorsqu'il ne seroit vraiment ques- tion que de notre ganache. 4°. Qu'en nommant lèure inférieure la pièce attachée à la ganache, celle qui con- court avec les mâchoires, les mandibules à la déglutition, on eût été plus raisonnable dans le choix de ses expressions. D'après ces motifs, je continuerai d'ap- peler lèi^re inférieure une pièce opposée à l'autre lèvre , fermant le bas de la bouche, H 2 ii6 TERMINOLOGIE membraneuse ou coriacée, souvent échan- crée, velue ou ciliée au bord supérieur, et toujours distincte , parce qu'elle porte deux antennules. Je nommerai menton, ga- nache, une pièce plus dure qui lui sert de support, ou qui 1^ défend et la couvre plus ou moins en devant. La lèvre inférieure et sa ganache con- servent à peu près la même forme dans les coléoptères, les orthoptères et les névrop- tères ; mais ces parties en changent un peu dans les hyménoptères. La lèvre inférieure s'aggrandit, s'alonge même quelquefois beaucoup , et de manière à imiter une langue. Elle devient aussi plus mobile ; son extrémité se replie en dessus et en dessous. Sa consistance est ici presque toujours membraneuse. Sa ganache prend une forme conique et lui sert d'une espèce de gaine. Fabricius donne le nom de lèvre infé- rieure à un petit feuillet membraneux , lacinié, qui se trouve sous chaque mandi- bule des crustacés; mais il est bien difficile de désigner , par des dénominations exactes , les parties de la bouche de ces animaux. La lèvre inférieure, ainsi que son men- ton , offrent au méthodiste de bons carac- DES INSECTES. 117 tères. On observera donc , par rapport à la première pièce , si elle est découverte ou cachée , soit entièrement , soit en partie , sa consistance , sa figure , celle sur-tout de son extrémité supérieure , ses proportions com- parées avec celles de la tête. Quant à la seconde pièce , on tiendra également compte de sa nature , de ses proportions , ce qui fait qu'elle sert tantôt de support, et tantôt de bouclier à la lèvre inférieure ; on remar- quera sa forme, qui peut être carrée, orbicu- laire , en coeur ou en croissant , susceptible , en un mot , de plusieurs figures. Cet examen est sur-tout très -important dans la famille des ténébrious , des carabes , etc. Les mandibules sont deux pièces très- dures , presque osseuses dans les crustacés , d'une consistance d'écaillé dans les insectes, rarement membraneuses , placées immédia- tement sous la lèvre supérieure ou sous le chaperon, une de chaque côté. Leur mou- vement s'exécute d'une manière horisontalcj l'animal étant supposé placé sur ses pieds ^ au lieu que celui des lèvres est dans un sens opposé , ou s'exécute de haut en bas. Le- côté interne de ces mandibules est souvent tranchant et denté , et leur extrémité est pointue. Limiîeus et la plupart des natu- H 3 ii8 TERMINOLOGIE ralistes qui ont écrit avant Fabricius , les appeloient mâchoires. La consistance , la forme de ces parties peuvent faire juger, au premier coup d'œi] , la manière de vivje de Tinsecte. Ainsi , les insectes qui vivent de rapine , comme les cicindèles , les ont for- tement dentées ; les rongeurs, tels que les ténébrions , fendues à leur extrémité ,* les perce-bois , courtes , mais très-épaisses et fort tranchantes au côté intérieur. Leurs muscles sont très-puissans. Ceux qui ne fréquentent que les fleurs les ont petites , et les bousiers membraneuses. Il est cependant bon d'observer que la nature n'a pas toujours exclusivement égard à ces considérations. Des insectes , dont la destination est de vivre uniquement sur les fleurs , ou de ne dévorer que des feuilles , ont quelquefois des mandibules fortes. Ces intrumens leur furent nécessaires pour se faire jour à travers les matières dures où ils avoient vécu sous la forme de larves. Des dents énormes sont aussi quelquefois un des apanages distinctifs des mâles. Le ceif- volant, plusieurs capricornes , des clytres en fournissent une preuve. Les mandibules sont , dans les insectes , attachées de chaque côté de la tête par une DES INSECTES. 119 de leurs extrémités ; elles peuvent s'ouvrir et s'écarter cousidérablenient. Mais il u'ca est pas de même de celles des crustacés. Le point d'insertion est au côté interne , et à peu de distance de l'extrémité qui broie la nourriture ; de telle sorte que la mandibule se trouve comme appliquée , dans toute sa longueur, sur la pièce qui lui sert de sup- port , et que son mouvement d'écart n'est presque rien. Cette particularité n'est pas la seule que l'on remarque aux mandibules des crustacés. Elles ont un caractère unique : celui de porter un filet articulé , un palpe. Rien au surplus d'étonnant ; la nature , dans cette classe d'animaux , semble être prodigue et de palpes et d'antennes. Les mandibules sont simples et de même consistance dans toute leur étendue , excepté celles des jules , des scolopendres et des araignées. Les mandibules des insectes de ces deux premiers genres m'ont offert de petites dents de la nature de l'écaillé ou de la corne, implantées à l'extrémité supérieure de la pièce qui forme le corps de la man- dibule, et qui est moins dure que les dents, ou d'une substance un peu difîérente. Quant aux aaaignées, leurs mandibules H 4 120 TERMINOLOGIE sont formées de deux pièces ; Tune très- grosse, conique , coriacée ; l'autre écailleuse, en forme de crochet , creuse et percée à son extrémité latérale et extérieure. Les scorpions ont les leurs terminées par deux espèces de doigts ou de pinces , dont l'un est mobile. Les mandibules des faucheurs sont non seulement terminées en pinces , mais formées encore de deux articles. Il est essen- tiel d'examiner si ces organes sont même dans leur repos , saillantes hors de la lèvre supérieure , ou cachées alors par elle , ou bien si elles ne sont jamais apparentes , sepultœ. On mesurera leur longuem', et on la com- parera avec celle du corps. Les entomolo- gistes prennent ici pour échelle la longueur de la tête , et ils disent que la mandibule est courte , moyenne ou très-longue suivant qu'elle est plus courte que la tête , de sa lon- gueur , ou qu'elle l'excède sous le rapport de cette dimension. Mais les moyens com- paratifs ne seront exacts qu'autant qu'on aura mesuré la tête elle-même , ainsi que tout le corps. Les naturalistes ne se sont pas assez attachés à faire connoître la véritable forme des man- dibules des insectes. Les iconographes mémq DES INSECTES. lai se bornent à les représenter sous la face siipérieicre ; on n'acquiert ainsi qu'une idée imparfaite de l'objet. Il seroit cependant très-utile de satisfaire entièrement notre cu- riosité à cet égard. On pourroit par là trou- ver le moyen d'expliquer plusieurs faits qui tiennent à l'industrie des insectes ; les man- dibules sont leurs outils. Ces instrumens nous fourniroient peut-être des modèles dans les arts , ou nous feroient naître des idées heureuses pour leur perfectionnement ; car nous voyons parmi les insectes des maçons , des charpentiers , des menuisiers , etc. Je sens qu'il est presque impossible au descrip- teur de donner une notion exacte de la forme de ces parties ; mais pourquoi n'auroit- on pas recours à un dessin fait simplement au trait? Un excellent entomologiste , des travaux duquel je parlerai dans la suite , mon savant confrère Jurine , de Genève , se sert , avec le plus grand avantage , de ces mandibules dans un ouvrage composé sur les hyménoptères , et dont il m'a montré quelques dessins. Le nombre et la figure des dents dont le côté interne des mandibules est souvent armé , n'échapperont pas à l'œil de l'habile observateur. Si ces dents ou ces avancemens 122 TERMINOLOGIE ne présentent aucune régularité , la man-^ dibule est difforme ; si les avancemens se ramifient , e\[e est alors rameuse. S'il n'y avoit aucune dent quelconque, elle seroit édentée. Il faut , pour bien apercevoir ces petites saillies , tourner la mandibule en tout sens. La pointe est souvent refendue , et on ne le remarqueia point si on examine la mandibule à plat. Le côté interne mérite aussi d'être observé par rapport à ses courbures : il offre quel- quefois un creux assez profond, et on dit que la mandibule est en voûte. Les mâchoires sont deux pièces , d'une consistance ordinairement moins dure que celle des mandibules , molles même , sou- vent alongées , minces , velues , ciliées ou armées d'un ongle à leur extrémité ; elles différent encore essentiellement des man- dibules en ce qu'elles portent un ou deux palpes. Chacune d'elles se trouve immédiate- ment sous une mandibule; leur mouvement est également transversal, mais il l'est moins, et se rapproche dans sa direction de celui de la lèvre inférieure, à laquelle elles sont attachées par les muscles de leur base. La tête des insectes a intérieurement une cavité plus ou moins profonde , et où la DES INSECTES. i23 lèvre inférieure est logée avec les mâchoires. Celles - ci , dans le repos , paroissent quel- quefois dirigées en avant, et presque dans le sens de la longueur du corps; les hymé- noptères nous en fournissent un exemple; mais les mandibules sont toujours insérées de chaque côté de la tête et toujours trans- versales. Si Fabricius avoit étudié avec beau- coup d'attention l'insertion des organes de la bouche des insectes , il n'auroit pas établi les caractères de ses deux ordres eleutherata, sjnistata , sur la séparation ou la réunion des mâchoires avec la lèvre inférieure; car dans tous les mâcheUers ces trois organes ont une base commune ; leurs muscles respec- tifs n'y forment presque qu'un même corps en se réunissant les uns aux autres; de là naît aussi une adhérence générale ; cela est si vrai qu'on détache presque toujours à la fois ces trois parties , lorsqu'on essaie de défaire une bouche d'insecte. L'entomologiste de Kiell n'a pas toujours attaché un même sens au mot de mâchoire ; ainsi dans les crustacés, les premières grandes pièces extérieures et inférieures qui accom- pagnent la bouche sont des mâchoires for- mées de deux parties , et au bout de chacune 124 TERMINOLOGIE desquelles est un palpe ; tandis que les pièces, qui viennent immédiatement après celles-ci, sont des palpes doubles , quoique la forme de ces secondes pièces soit presque la même que celle des précédentes. Les mâchoires d'un insecte sont, ou sim-^^ pies, ou composées : Simples, lorsque leur tige, ou leur corps principal , n'est formé que d'une pièce , ou que ses divisions ne sont que superficielles. Telles sont les mâchoires des hyménoptères ,' des névroptères. Composées , lorsque leur tige est composée de plusieurs pièces, quoique réunies et liées de manière à ne faire qu'un corps. Ce carac- tère s'observe dans les mâchoires des coléop- tères : elles ont d'abord une pièce servant de base, de genou, et de laquelle partent infé- rieurement les muscles d'attache; au dessus de ce support s'élève la tige de la mâchoire," consistant elle-même en trois parties i la première forme le dos et porte un palpe ; la seconde occupe le milieu de la face anté- rieure, et a une figure triangulaire; la troi- sième est la plus importante ; elle remplit l'espace qui se trouve inférieurement entre les deux précédentes ; son extrémité et son DES INSECTES. i25 côté interne ont la plus grande part dans l'action et le service de la mâchoire , soit par leur consistance , soit par leur figure et les appendices dont cette pièce est garnie. C'est à elle qu'appartiennent ces dents , ces lobes, ces cils qui favorisent la déglutition; c'est elle qui sert de support à l'antennuîe antérieure des carabes , à la galète des orthoptères. Sortant des coléoptères, nous voyons que les mâchoires des autres insectes n'offrent plus qu'une tige dont les divisions n'attei- gnent que la surface , ou qui n'en ont même pas. Mais ici encore l'on découvre quelques différences de formes dont il faut prendre une idée. La tige des mâchoires des orthop- tères est pleine , soit qu'elle soit cylindrique , ou qu'elle soit comprimée et plate. Celle des mâchoires des hyménoptères est creuse, en demi -tuyau, afin d'embrasser les côtés de la gaine de la lèvre inférieure. C'est sur ces bases que Fabricius auroit pu établir une bonne méthode entomolo- gique ; nous ferons voir , en parlant de celle qu'il a proposée , combien il s'est éloigné de la nature. On considère dans les mâchoires le nombre y la connexion , la consistance , la 126 TERMINOLOGIE figure , et particulièrement Yextrémité supé-> Heure , ainsi que les côtés et ses proportions. Nombre des mâclioires. Les insectes n'en ont que deux; mais les crustacés en ont au moins quatre, si toute- fois il ne vaudroit pas mieux donner un autre nom à ces pièces singulières qui com- posent leur bouche, et dont le mouvement, au lieu d'être transversal, se fait dans le sens de la lèvre inférieure. Connexion des mâchoires. Fabricius suppose que les mâchoires des coléoptères n'ont pas de connexion avec la lèvre inférieure , d'où il a formé son ordre des éleutliérates , et que celles des névrop- tères , des hyménoptères adhèrent , ou en totalité, ou dans la moitié de leur longueur, à la lèvre inférieure; c'est ce qui l'a porté à créer l'ordre des synistates. Nous avons dit que ces parties avoient, dans tous les insectes mâcheliers , une base commune, et qu'il en résultoit en ce point une connexion géné- rale; qu'on ne pouvoit fonder ainsi là dessus des caractères distinctifs d'ordres. Si les mâchoires des friganes paroissent fortement et presqu'entièrement réunies avec la lèvre inférieure, c'est parce que ces pièces sont DES INSECTES. 127 courtes , nienibraiieuses , et que l'insecte n'en fait guère usage. Il existe d'ailleurs entre elles une véritable séparation. Consistance des mâchoires. Elles sont membraneuses , presque ou tout à fait coriacées j ou de la nature de l'écaillé. Cette différence a pour origine la diversité du genre de vie. Beaucoup de scarabées , les hannetons les ont très-dures, tandis que plu- sieurs autres insectes de la niéme famille les ont molles ou foiblement coriacées. Figure des mâchoires. On peut les rapporter , en général , à un cylindre ou à un cône , comprimés ; leur rétrécissement et leur alongement les font souvent paroître d'une figure linéaire , ou res- semblant à une languette. Dans les insectes carnassiers elle est plus dure, et en forme d'arc ou de crochet. Extrémité supérieure et côtés des mâ- choires. Leur extrémité supérieure est souvent ter- minée par une pièce plus molle que le reste de la mâchoire , souvent triangulaire , ou arrondie, ou spatuhforme, quelquefois en pinceau ; presque toujours soyeuse, ou velue ;, 128 TERMINOLOGIE ou ciliée ,'pe côté interne présente aussi sou- vent une petite division qui s'élève en pointe , également plus molle que le corps de la mâchoire, velue ou ciliée, et que Fabricius appelle dent. J'ai appelé ces deux parties lobes; le savant Illiger les nomme en latin, processus, La division interne est quelquefois remplacée par un petit ongle , comme dans les ténébrions, les boucliers; la pointe de la mâchoire est très-dentée dans plusieurs sca- rabées ; et son côté interne est garni de cils , formant des pointes roides , des espèces d'épines dans les carabes. Le côté extérieur de la mâchoire fournit aussi quelquefois de bons caractères. Ainsi sa base dans les lucanes est dilatée, et son dos , dans les ptines , offre une dent sous l'insertion du palpe. Proportions des mâchoires. Il faudra comparer la grandeur des mâ- choires avec celle de la lèvre inférieure, et rapporter les dimensions de ces parties avec celles de la tête. Les galètes. Les mâchoires des sauterelles, des criquets, des grillon3 , de tous les orthoptères géné- ralement , DES INSECTES. 129 raleraent , celles même de quelques névrop- tères sont recouvertes , depuis Tinsertion du palpe jusqu'à leur extrémité antérieure , par une pièce membraneuse, ou même vési- culeuse , large , sans articulations et sans bouquet de poils au bout supérieur. Cette pièce diffère par ces deux derniers carac- tères, 1° d'une antennule qui est formée de deux pièces au moins; et 2° de la division extérieure d'une mâchoire, dont Fextrémité est ordinairement ciliée ou velue. Les galètes sont voûtées, et comme elles reçoivent dans leur concavité la partie supé- rieure de la mâchoire , qu'elles semblent , en quelque manière , la protéger , Fabricius leur a donné le nom de galea. Si on exi- geoit une grande justesse , une exactitude rigoureuse dans l'einploi de la langue ento- mologique , il est bien certain que le terme de galea ne seroit pas admis , la partie de la mâchoire qu'il désigne ne ressemblant pas à un casque ; mais , comme on est forcé d'être indulgent au sujet de l'adoption de plusieurs termes techniques , je ne partage pas l'opinion d'Olivier , qui n'a pas voulu traduire le galea de Fabricius par le mot de casque-, cependant, puisque celui qui le remplace , galète , a prévalu , et quoique Ins. Tome IL I i3o TERMINOLOGIE le nom ne présente aucun rapport avec la chose , bien au contraire , je m'en servirai à Tavenir , afin de ne pas révolutionner sans cesse la nomenclature. Si je ne suis pas , en ce point , de l'avis d'Olivier, je me rapproche de lui en cet autre ; que la différence de la galète à la division antérieure d'une mâchoire bifide est souvent dififioile à saisir, ou qu'elle est même presque nulle. C'est néanmoins là dessus que l'entomologiste de Kiell a établi le caj-actère de son ordre des ulonates , qui répond à celui des orthoptères d'Olivier. Je ferai voir , en exposant le système du piemier , que ses ulonates ne peuvent être suffisamment dis- tingués par la seule considéiation des par- ties de la bouche , de plusieurs névioptères , les semblis, tous les termes ayant sous ce rapport les mêmes caiactères. Celte foime d'organisation paroit propre à un grand nombre d'insectes rongeurs, et souvent om- nivores. Les antennules ou les palpes. On a donné ce nom à des filets presque toujours articulés , mobiles , semblables à de petites antennes, accompagnant la bouche des insectes. C'est par cette position que DES INSECTES. i5i ces organes difFèrent spécialement des an- tennes , ainsi que nous Favons déjà re- marqué. Tous les insectes n'en sont pas pourvus • on liGn voit point dans les punaises , les cigales, les pucerons, et généralement dans tout Tordre des hémiptères , dans les poux ot les ricins. On considère les antennules relativement à, leur nombre, à leur situation , à leur con- sistance , à leur figure, à leur surface, à leurs articles , à leur pointe et à leur proportion. Nombre des antemiules. On peut en compter huit dans les crabes et les écrevisses. Pour trouver cette suppu- tation exacte , il est nécessaire de savoir que les grands crustacés ont d'abord deux man- dibules , sur le dos de chacune desquelles est inséré un palpe , et au dessous d'elles cinq rangs transversaux de pièces , dont deux par rangée , et une de chaque côté. A com- mencer par en haut , les pièces de trois pre- mières lignes ressemblent à des feuillets maxillaires laciniés , ou plutôt à des moitiés de lèvre inférieure, leur mouvement n'étant pas transversal, mais allant de bas en haut. Les quatre premières pièces n'ont pas de I a i52 TERMINOLOGIE filet articulé ou de palpe ,• mais les cinquième et sixième , ou celles du troisième rang , et toujours en descendant , en ont chacune un extérieur. Les quatre dernières pièces peu- vent être regardées comme de vrais palpes , à cause de leurs nombreuses articulations , et des palpes bifides ou géminés. Ces parties prennent la forme de vraies pattes dans les squilles. Fabricius appelle mâchoires extérieures les deux pièces qui sont les plus basses; il les dit bifides , et regarde chacune de leurs divi- sions connue terminée par un palpe. Les pièces du second rang, suivant lui, paroissent être deux palpes bifides; mais, puisque cela est ainsi , et comme nous le pensons nous-mêmes , avec Olivier , pour- quoi n'a-t-il pas porté le même jugement des premières pièces extérieui es , dont la figure est exactement la même ? Les pièces du troisième rang , et toujours dans le même ordre , sont pour Fabricius des mâchoires avec un palpe. Celles du quatrième des mâchoires pareil- lement , mais sans palpe. Les cinquièmes enfin , ou celles qui s'ap- pliquent immédiatement sur les mandibules, une lèvre inférieure. Olivier la désigne de même. DES INSECTES. i33 Les coléoptères carnassiers ont six palpes, et les autres, qui font le plus grand nombre , quatre. Dans cet ordre , ainsi que dans ceux dont les insectes sont mâclieliers, la lèvre in- férieure porte presque toujours deux palpes , et chaque mâchoire un , et rarement deux. Ceux de la lèvre inférieure sont désignés sous Fépithète de postérieurs ; mais la déno- mination de ceux des mâchoires est suscep- tible d'une application double, suivant leur nombre. Si la mâchoire n'en porte qu'un , Fabricius le nomme extérieur; s'il y en a deux , celui qui est couché sur la mâchoire, et qui n'est jamais que de deux articles, prend ce nom , tandis que le plus grand et le plus articulé , celui qui répond véii- tablement au palpe extérieur du grand nombre , devient un palpe intermédiaire ou moyen. Je trouve ces désignations fort équivoques. Il seroit , ce me semble , plus raisonnable d'appeler les palpes postérieurs , palpes la- biaux , et ceux des mâchoiies , m^axillaires. Lorsqu'il y auroit six palpes, on pourroit nommer les extérieurs des mâchoires , galé- tiformes ; les moyens seroient ainsi toujours et sans ambiguité les maxillaires proprement dits ; quant aux crustacés , ils auroient des I o i54 TERMINOLOGIE palpes mandibulaires , des palpes maxillaires et des palpes libres. Quelques névroptères ont encore six pal- pes ,• mais passé cet oidre , on n'en trouve plus que quatre, et même que deux, comme dans le plus grand nombre de lépidoptères et dans les diptères. Situation des antennules- Les palpes des insectes mâcheliers sont généralement insérés au même point; les maxillaires partent de l'extrémité latérale et extérieure du corps de la mâchoire , à cet endroit où commence sa division terminale , ou la partie qui agit le plus dans la man- ducation, soit qu'elle soit triangulaire , soit qu'elle soit en crochet , soit qu'elle soit hgulée. La naissance de cette division est souvent marquée, sur-tout dans les hymé- noptères, par un trait transversal qui fait paroître cet endroit moins coloré, et plus mou; mais, comme cette partie terminale de la mâchoire n'a pas toujours une lon- gueur proportionnelle à celle de sa tige, il s'ensuit que le point d'insertion de ses palpes doit varier respectivement à la longueur totale de la mâchoire, et qu'il doit paroître tantôt plus près de la base de celle-ci, tantôt DES INSECTES. i35 plus éloigné. L'observateur , qui veut être exact, ne manquera pas de mesurer la dis- tance du genou de la mâchoire à l'insertion du palpe, et la distance de ce point-ci au bout de la division du sommet. Les palpes labiaux ont constamment leur insertion, et un de chaque côté, sur les bords latéraux de la lèvre inféiieure, im- médiatement au dessus du point où se ter- mine le menton ou la ganache. Il en résulte aussi que l'insertion de ces palpes se trouve plus ou moins éloignée du bord supérieur de la lèvre inférieure, suivant que la ganache est plus ou moins longue par rapport à elle. Ces distances relatives doivent toujours être observées. Les palpes des lépidoptères prennent tou- jours naissance à côte de celle de leur trompe. Ceux des diptères sont , ou insérés de même , ou placés sur la trompe , à quelque distance de son origine. Les crustacés ont , comme nous avons dit , deux palpes insérés sur le côté supérieur des mandibules, un sur chaque. ' Les Jules semblent en avoir de très-petits, et eu forme de tubercules, au bord supé- rieur de leur lèvre inférieure. 14 l36 TERMINOLOGIE Les scolopendres en ont deux entre la bouche et les deux grands crochets qui ac- compagnent leur lèvre inférieure; mais ils sont toujours insérés sur le dos des mâchoires. Consistance des antennules. Elles sont , en général , d'une substance presque membraneuse ou foiblement co- riacée, souvent même presque vésiculeuse, du moins à leur extrémité, comme dans les grillons. Figure des antennules. Elles sont filiformes , moniliformes , séta- cées , cylindriques , coniques , en masse- (Voyez pour tous ces mots les définitions que nous en avons données à l'article arir- tenne. ) Sécuriformes^ en hache , lorsque le dernier article est comprimé , triangulaire et imite le fer d'une hache. Courbées^ lorsqu'elles sont arquées , avec la pointe en bas. Recourbées , lorsqu'elles sont arquées , avec la pointe en haut. ChéliformeSy en forme de pince, lorsque l'extrémité a deux pinces ou deux doigts dont l'un se meut sur l'autre. Il faudra D E s I N s E C T E s. 137 remarquer si le doigt mobile est l'iiiterne ou l'externe. Bifides, si elles sont divisées en deux. Surface des antennules. Elles sont glabres , lisses^ velues ou héris- sées , etc. On les dit étoupeuses , lorsqu'elles sont recouvertes de petites écailles ou de poils très-fins, serrés et mous au toucher, comme dans les sphinx , genre de Tordre des lépidoptères. Les articles des antennules sont , Egaux entre eux, ou tous de la même grandeur; inégaux, lorsqu'ils différent en grandeur les uns des autres. Rhomboïdaux , aplatis, avec quatre an- gles , dont deux aigus et deux obtus , ainsi que dans plusieurs ficelons de Fabricius. Tnangulaires , aplatis avec trois angles aigus. Coniques, imitant un cône, avec la partie la plus grosse en haut, suivant 01i^^er. Si on considère un cône , comme se tenant debout sur sa base, on devroit appeler obco- nique ou conico-renperse , les articles dont la pointe seroit en bas. Cunéiformes , en cône comprimé. Il faut 158 TERMINOLOGIE leur supposer un diamètre longitudinal plus grand que le transversal, afin de les distin- guer des articles triangulaires. Pointe des antennules. Elles sont pointues , finissant en pointe flexible et de la nature de Tantennule. Subulées , en alêne , si cette pointe est longue. acérées , aiguës, si cette pointe a quelque roideur. Onguiculées, armées d'une pointe d'une consistance plus dure que le reste du palpe, ou d'un angle , d'un crochet. Tronquées , si la pointe est comme coupée. Obtuses , si elle est simplement émoussée. Enflées, lorsqu'un des articles, notam- ment le dernier , est renflé, très-gros. Les araignées mâles. Le dernier article est appendiculé , ou garni d'une appendice dans les trombidlons y globuleux et perforé dans les palpes labiaux des urocères , ouvert à son extrémité la plu- part du tems et dans un grand nombre. Proportions des antennules. On considère et les rapports de grandeur qu'elles ont entre elles , et ceux qu'elles ont D E s I N s E C T E s. 139 avec le corps; mais plus particulièrement avec la tête , les proportions des différentes parties devant toujours être comparées avec celles de la partie principale dont elles sont un accessoire. Les sphéridies , les hydrophiles ont les palpes maxillaires beaucoup plus longs que les labiaux , même que les antennes. Dans plusieurs clairons ce sont les labiaux qui surpassent en longueur les maxillaires. Lorsque l'insecte a six palpes , ceux que Fabricius nomme antérieurs sont toujours les plus courts. Les charansons ont leurs quatre palpes presque imperceptibles. Plusieurs araignées, comme Vaviculaire ^ les mineuses, ont leurs palpes presque sem- blables en grandeur aux pattes. On dit qu'ils sont pédiformes. La langue. C'est une pièce filiforme ousétacée, plus ou moins longue , d'une consistance assez dure , imitant par sa couleur de la corne , ou membraneuse; de deux filets, ou de deux lames convexes au côté extérieur, et con- caves à celui qui lui est opposé , réunies par im eugrainemenfc et formant une espèce de i4o TERMINOLOGIE cylindre creux. Cetle pièce est toujours accompagnée de deux antennules au moins , entre lesquelles elle est roulée en spirale dans l'inaction. Elle est propre aux insectes de l'oidre des lépidoptères ; ils la déroulent et en plongent l'extrémité dans l'intérieur des fleurs , afin d'en recueillir les sucs mielleux. Les deux lames qui composent cette langue peuvent être considérées comme deux mâ- choires très -prolongées, linéaires et demi- cylindriques. L'entomologiste examinera sa consistœice , sa longueur et son extrémité. Elle n'existe pas dans tous les lépidoptères. On n'en voit du moins que les rudimens dans quelques-uns : les bombix, les hépiales. Le bec. C'est un instrument nourricier propre aux punaises, cigales, et à tous les autres insectes du même ordre, ou celui des hémiptères; il consiste dans une pièce cylindrique ou coniqu^e, courbée sous la poitrine,* dans le plus grand nombre , menue , assez dure ou coriacée , ordinairement de trois à quatre articles , creusée en gouttière dans le milieu de sa longueur supérieure pour recevoir D E s I N s E C T E s. 141 trois filets ou soies capillaires, d'une con- sistance d'écaillé, et dont celle du milieu est un peu plus longue. Ces soies, dont la réunion forme le véritable instrument nour- ricier que l'animal introduit dans la chair des animaux ou dans le tissu des plantes pour en extraire une substance alimentaire , sont ordinairement fortifiées ou recouvertes à leur naissance par une petite pièce triangu- laire, appelée lèure supérieure; elles partent de la partie antérieure de la tête , qui est au dessous du front ; mais leur gaîne prend son origine un peu plus bas, paroit même sortir du cou ou de la poitrine dans quelques-uns. On peut voir dans la soie la plus longue , ou celle du milieu, les traces de la lèvre inférieure , dans les deux soies latérales , les vestiges des mandibules, et regarder la gaîne comme la ganache. Cette sorte de bouche n'étant pas accompagnée d'antennules , les mâchoires sont aussi censées être oblitérées. Le bec, considéré sous le rapport de sa direction, est ou droit, ou arqué ; sous celui de ses proportions , de la largeur de sa tête à sa naissance , involvens , ou plus étroit de telle ou telle quantité , de la longueur de tant de parties de celle du corps; on peut encore donner une idée de cette longueur, 142 TERMINOLOGIE €11 disant que la pointe du bec se termine à la première paire de pattes, à la se- conde , à la troisième , à tel anneau de Tabdomen , etc. Les thrips ont le bec très- court, mais point caché, comme on l'avoit dit, dans une fente. La gaine n'est pas toujours creusée en gouttière dans sa longueur; sa partie supé- rieure n'oiï're quelquefois qu'une simple ouverture comme dans la corise. Quelque- fois aussi de simples stries , des sillons trans- versaux, remplacent les articulations. On examinera aussi la nature des bords laté- raux de cette gaine et sa pointe. C'est à l'œil de l'observateur à saisir toutes ces dif- férences pour s'en servir dans les coupes génériques. Le suçoir. Donnez aux soies du bec des hémiptères im nombre, une figure indéterminés, ren- fermez-les dans une gaine inarticulée, ou simplement coudée , dont l'extrémité a ordinairement deux sortes de lèvres, et vous aurez formé le suçoir des diptères ou mouches à deux ailes , des antliates de Fa- bricius. L'instrument nourricier de ceux-ci a donc de grands rapports avec celui des DES INSECTES. 143 hémiptères. Ils ont l'un et l'autre presque les mêmes usages : seulement le fourreau du suçoir de plusieurs diplères, de ceux, par exemple, dans lesquels ce fourreau est mem- braneux , rétractile , et fortement labié à son extrémité , paroît coopérer plus direc- tement à la succion. D'ailleurs , on voit presque toujours ici deux antejinules , qui sont même dans quelques-uns adhérentes à ime soie. Il s'ensuivroit que ces soies, que ces espèces de lancettes palpigères, repré- senteroient Jes mâchoires des autres insectes; mais le suçoir des diptères varie telJement pour le nombre des pièces, que toutes les apphcations qu'on pourroit faire ne seroient jamais que vagues. La trompe. C'est le fourreau du suçoir des diptères; c'est une pièce membraneuse ou coriacée , plus ou moins cylindrique , ouverte ou creusée en canal dans sa longueur supé- rieure (les deux bords de la pièce qui foime l'étui ne s'étant pas intimement joints) , pal- pigère près de sa base, coudée un peu au delà, et terminée souvent par deux lèvres dilatables , ou par deux bourrelets qui les remplacent. Ces lèvres changent quelquefois 144 TERMINOLOGIE tellement de figure qu'elles semblent former im article, ou que la trompe est deux fois coudée , les myopes. La trompe est dans les uns très-mem- braneuse , très-flexible et alors presque tou- jours rétractile ; les mouches. Dans les autres sa consistance s'est fortifiée , a acquis une certaine roideur ; c'est encore une sorte de bec ,* les cousins , les taons. Les premiers ont deux lèvres qui se tuméfient beaucoup, et dont la direction est dans un sens perpen- diculaire. Les seconds ont leurs lèvres me- nues , en forme de rebord , hors d'état de se gonfler, et dont la direction est souvent presque la même que celle de la trompe. Cette diversité de forme de la trompe en a imposé à Fabricius , et l'a rendu inexact , ou du moins peu précis et obscur relative- ment à la signification qu'il a attachée au mot suçoir, haustellum. Les antliates à trompe membraneuse , rétractile , ceux que j'appelle diptères labiés , ont, suivant lui, une trompe et un suçoir ,* mais ceux dont la trompe est d'une consistance plus ferme, qui est tou- jours saillante, mes diptères haustellés , n'ont plus qu'un seul suçoir, c'est-à-dire , qu'il re- garde sa gaîne comme faisant partie du suçoir même. Olivier a relevé, avec juste raison, le vague D E s I N s E C T E s. 145 "\'^gu.e du mot haustellum de Fabricius; mais ii n'a pas déterminé les cas où. cet entomo- logiste en fait usage. On pouiToit désigner par un terme nou- veau les trompes des diptères qui sont roides, toujours saillantes, et peu ou point labiées. On en feroit une section bien naturelle , qui reniernieroit les bombilles, les asiles, les empis; ce seroientles antliates deFabricius, pourvus d'un suçoir sans trompe ; le mot fiaustellum ne seroit désomiais appliqué qu'à l'assemblage des soies renfermées dans la trompe; les équivoques disparoilroient, et Fabricius seroit d'accord avec lui-même. Les caractères de l'ordre des diptères soîilïrent quelques exceptions : ainsi le sjr- phus gibbosus n'a ni trompe , ni suçoir appa- rens; les oestres ont les palpes et la trompe remplacés par trois tubercules. Dans les hip- pobosques ces antennules forment une gaine bivalve qui renferme le suçoir. Nous remarquons ici quelques change- ïiiens dans la forme ordinal le des palpes. Les cousins, les tipules ont bien ces parties composées de plusieurs pièces; mais le plus grand nombre des autres diptères les ont simples, ou tout au plus de deux articles. Fabricius suppose que la puce a un 1ns. Tome IL K 146 TERMINOLOGIE bec; et, d'après cette jnanière de voir, le genre de cet insecte doit être placé dans l'ordre des hémiptères; mais, comme ses métamorphoses sont évidemment sembla- bles à celles des diptères, comme leur trompe change et de forme et de consistance , et que celle de la puce n'a qu'un suçoir de deux soies, tandis que le bec des hémiptères en a constamment un de trois , nous croyons que , sous le rapport des organes de la bouche , la puce est plus voisine des diptères. Quoi qu'il en soit, l'entomologiste de Kiell appelle la trompe de cet insecte bec lamelle, rostmm lamellatum. Il est essentiel d'observer, i« quelle est la direction de la trompe , ou l'angle qu'elle fait avec la longueur du corps; si cette trompe est avancée^ penchée ^'perpendiculaire , ou cour- bée en dessous , et parallèlement au corps. 2° Si elle est entière ^ coudée, et combien de fois , et quelle est la longueur respective des coudes, s'il y en a plusieurs. 5° La consis- tance, la forme de sa tige, stipes; celle de son extrémité; la tête qui est formée par les deux lèvres, capitulum (i). 4** La gran- deur de la trompe. (i) Chaçiue lèvre, dans plusieurs, est partagée Ion" D E s I N s E C T E s. 147 On fera les mêmes observatious sur le suçoir; ce qui est d'autant plus nécessaire que les pièces qui le composent varient beaucoup et respectivement en nombre, eu grandeur et en forme. On apportera dans cet examen beaucoup de précautions , alin de bien connoître la manière dont les soies sont assemblées dans l'état de repos. Nous parlerons plus tard de quelques or- ganes particuliers aux insectes de cet ordre, tels que les balanciers , les cueillerons. Les insectes que j'ai désignés sous le mot général de museliers ont deux sortes d'ins- trumens nourriciers, pour chacun desquels il faut créer , ce me semble , un terme propre. Les poux n'ont pour bouche qu'un tube très-court, sans articulations , et renfermant, à ce qu'il paroit , une ou deux soies. J'ap- pellerai cet organe un rostrule, ou petit hecw^ Plusieurs mites, acarus rediwius ^ longi- cornis , ont leur bouche composée de trois lames ou valvules , et réunies de manière à former encore un tube,- je nommerai cet m ■ ■ gitudinalemerit en deux; une moitié est lisse, et l'autre est striée. La figure de ces parties peut offrir, da bons caractères. K 2 1 48 TERMINOLOGIE autre inslruiiient nourricier un siphoncule^ ou petit siphon. Tels sont les organes si variés et si com- pliqués que la Natuie donna aux insectes pour se nourrir et conserver leur frêle existence. Continuons maintenant l'examen des au- tres parties qui composent leur corps. De la tête passons au corselet. Nous avons indiqué, en gros, les carac- tères distinctifs de cette dernière partie. Avant de l'analyser en détail , nous devons éclairer nos lecteurs sur quelques équivoques qui se sont glissées à ce sujet dans la no- menclature. On est convenu de donner le nom de corselet k cette division du coq^s qui vient immédiatement après la tête, et à laquelle sont attachées les deux pattes . antérieures. La partie qui donne naissance aux quatre pattes postérieures des insectes ailés a été appelé le dos. Cette distinction est d'une application fa- cile dans l'étude des coléoptères, des orthop- tères et de la plupart des hémiptères; mais il est aisé, au delà, de se méprendre et de confondre le corselet avec le dos. La pre- mière de ces deux pièces présentoit d'abord DES INSECTES. 149 une assez grande étendue , et la seconde ne paroissoit presque pas , étant cachée par les élytres. Celle-ci maintenant a augmenté en volume et se trouve presque entièrement découverte , tandis que la première , au contraire , a diminué de grandeur , et même de telle sorte que, dans beaucoup d'hymé- noptères et de diptères, elle est presque nulle. Les entomologistes , n'ayant pas fait assez d'attention aux changemens de ces deux parties , ont toujours continué d'appeler corselet la pièce des deux la plus apparente. Ce qu'ils nomment ainsi dans les hyménop- tères, les lépidoptères et les diptères, n'est réellement que le dos. L'erreur est trop gé- nérale pour y remédier sans un grand bou- leversement. Nous sommes donc obligés de nous conformer au langage ordinaire des auteurs; et nous désignerons, sous la déno- mination de corselet, le dos lui-même, s'il est la pièce du tronc la plus apparente. Afin cependant de nous rapprocher davantage de la vérité , et d'être plus exact, nous sup- poserons , dans les névroptères et les ordres suivans , que le mot de corselet est devenu synonyme de celui de tronc, et nous divi- serons ce corselet en deux segmens, dont K 3 i5o TERMINOLOGIE Tantérieur (i) sera celui qui porte les pre- mières pattes , et le postérieur celui auquel les quatre autres sont attachées. Tout ce que nous venons de dire sur la distinction de ces deux parties du corps ne doit s'entendre que des insectes ailés. Les crustacés, les arachnides et les autres in- sectes aptères nous présentent , sous ce rap- port, d'autres différences. Ainsi le corselet des crabes , des écrevisses , et celui généra- lement de tous les crustacés dont les bran- chies sont cachées, sont formés d'un têt d'une seule pièce, et se détachant de la poitrine, de laquelle prennent naissance cinq paires de pattes. A partir des squilles , genre de crustacés où les branchies sont découvertes et plus rapprochées de la queue , le corselet a changé évidemment de forme ; il est dis- tingué de la tête, beaucoup plus petit que celui des précédens, et ne porte plus que les quatre premières paires de pattes. Les (i) Ce premier segment est très-court, en forme d'arc , dans la plupart des hyménoptères. Les tiphies , les chrysis sont les seuls qui l'aient assez grand , carré j ici même son articulation avec le second seg- ment est susceptible de mouvement. DES INSECTES. i5i trois autres paires ont chacune leur attache sur un anneau distinct. Le corselet a disparu, et pour toujours, en arrivant aux crevettes. Le corps n'est plus composé que d'une suite d'anneaux presque égaux , du moins jusqu'à l'origine de la queue , et dont chacun porte une ou deux paires de pattes. Les arachnides ont leur tête et leur cor- selet réunis en une masse d'une seule pièce, sans têt supérieur, et portant toutes leurs pattes, qui sont au nombre de huit à six. L'abdomen finit même ici par se confondre avec cette pièce. Les forbicines, les poux ont leur corselet de trois pièces, dont chacune donne nais- sance à une paire de pattes. Telle est la différence de structure que BOUS observons dans le tronc du corps des insectes, ou de cette partie à laquelle tiennent leurs pattes , quel qu'en soit le nombre. Voyons maintenant la forme ou la figure , la substance , la surface et les pro" portions du corselet. Forme du corselet. Il est arrondi ou orhiculaire^ globuleux, ouéy ouale , en cœur^ lunule ou en croissant^ K4 153 TERMINOLOGIE triangulaire, carré, cylindrique , linéaire ^ lancéolé, on aloiigé et insensiblement aminci en devant. On dit qu'il est transversal lors- qu'il est beaucoup plus large que long ; déprimé , lorsqu'il est aplati ; mince , long et très -délié. Substance du corselet. Il est revêtu d'une croûte calcaire , crus- tacé , corné , coriace , mou , membraneux , foliacé y en forme de vessie ^ scrophuleux. Surface du corselet. On considère son disque , ses bords , ses côtés, hi poitrine , le sternum et les qualités accidentelles de la superficie. Disque du corselet. Il est renflé, bossu, cornu, caréné , crucié ou avec deux arêtes disposées en croix, en capuchon, en crête, simplement coîivexe, plan^ concave. Les écailles ou les poils dont il est garni dans quelques lépidoptères imitent une sorte de crête. Bords du corselet. ' Rebordé, marginé , lorsqu'ils sont comme tepliés et ont un bourrelet; sans rebords D E s I N s E C T E s. i53 lorsqu'ils sont unis; clypéacé, lorsqu'ils sont très-dilatés et dépassent de beaucoup le corps. Calleux, lorsque les rebords sont épais et comme formés d'une substance différente de celle du reste du corselet. Tentacule y porte - cocarde , lorsqu'ils ont des parties molles et rétractiles, des tenta- cules que Geoffroi compare à des cocardes. Cillé , bordé de poils parallèles. Crénelé , bords ayant des dentelures arron- dies et obtuses. Denté , lorsque ces dentelures sont poin- tues 5 avec les côtés égaux. Denté en scie , lorsque ces dentelures ont un des côtés plus courts, et que la pointe ne répond pas au milieu de la base. On examine si les pointes sont tournées en avant ou en arrière. Rongé , déchiré , lorsque ces bords ont des sinuosités et des dentelures inégales. Lobé , lorsque les bords ont des avance- mens ou des courbures ; un de ces lobes remplace quelquefois l'écusson , comme dans plusieurs cétoines , plusieurs petites espèces de dltlques. Dilaté , lorsque les bords latéraux sont très-avancés. i54 TERMINOLOGIE u^uriculé , si ces avancemens sont com- primés et arrondis. Epineux, si ces bords ont des épines ou des pointes plus ou moins fortes et coniques. On considère plus particulièrement, i° le bord antérieur ou la suture antérieure , et Ton dit que le corselet est droit , coupé, é chancre, retus ou très - émoussé , ayant une entaille dans le sens de sa hauteur. 2P. Les angles antéiieurs et postérieurs, leurs prolonge mens. On peut appeler les par- ties contiguës aux angles de devant , les épaules , les points huniéraux. ^°. Le bord postérieur ou la suture posté- rieure, s'il est droit, lobé y sinué; c'est à cette partie que répond la base du corselet ; sa pointe est au bord opposé. Côtés du corselet. On entend par là l'espace vertical ou oblique , conligu par en haut au plan supé- rieur du corselet, et par le bas à la poi- trine. On en remarque aussi ses caractères, et on doit lui appliquer, avec les modifications convenables , ce que nous disons de la sur- face du dessus du corselet. Des papillons de la division des chevaliers ont sur les côtés des DES INSECTES. i55 taches rouges , et c'est de là que Linnagus a pris le caractère de ses chevaliers trojens. Ija poitrine. C'est généralement l'espace sur lequel sont placées les pattes (i). Il faut en observer la forme , Y étendue , la surface , et s'attacher spécialement à l'examen des pièces servant à l'insertion des pattes et à leur mouvement. Quelques ditiques ont , par exemple , leurs pattes postérieures recouvertes à leur base par une lame pectorale clypéacée. lie sternum. L'application de ce mot est encore un peu vague , ainsi que nous l'avons déjà ob- servé. L'avancement de la partie inférieure du corps , située entre les deux premières pattes de devant , est le sternum pour les uns , tandis que c'est, pour les autres, l'es- pace qui se trouve entre les autres pattes. Il seroit cependant bien nécessaire de s'ac- corder et de s'arrêter à une seule dénomi- nation. Je pense que Von pourroit nommer (i) Ce n'est rigoureusement que l'espace où sont insérées les quatre pattes postérieures, ainsi que nous l'avons déjà dit. i56 TERMINOLOGIE sternum l'avancement de la portion infé- rieure , et saillie pectorale , celui de la poi- trine. Les buprestes et les laupins d'un côté, plusieurs cétoines , des chrysomèles et des hydrophiles de l'autre , nous fournissent des exemples d'avancemens des deux parties. On doit faire attention à la grandeur, la direction , la pointe et la surface de ces saillies. Qualités accidentelles de la supeificie du corselet. Elle esï jjolie , lisse , pointillée ^ inégale^ variolée ou grêlée , à fossettes , raboteuse , rugueuse , chagrinée , plissée , ridée , tuber- culée , armée de piquans , d'épines , glabre , pubescente , tomenteuse , laineuse , poilue , velue ^ hérissée^ fasciculée. Nous avons donné la définition de ces mots. Le fond de la couleur , son éclat , sa pu- leté ou son mélange, la forme et la dispo- sition des taches doivent fixer les yeux du naturaliste. Nous indiquerons bientôt la ma- nière dont on s'exprime à cet égard. Le corselet porte Yécusson et les membres*, occupons-nous de ces parties (i). (i) Nous parlerons plus tard des stigmates, «u des ouvertures des trachées qu'on y remarque. D E s I N s E C T E s. iSy U ècusson. Nous l'avons déjà défini. Il est essentiel de faire counoître s'il est apparent, enfoncé^ quelles sont ses proportions hygc l'abdomen, sa figure , sa surface , et spécialement son extrémité ; si elle est pointue , obtuse , échan- crée , relevée , prolongée en épines^ L'examen de cette partie donnera au naturaliste le moyen de former plusieurs bonnes coupes, sur-tout dans les hémiptères. Les mouches à scie ont autour de l'écusson des points élevés, et que des auteurs ap- pellent grains. Les membî-es. Sous cette dénomination sont compris, et les organes du mouvement servant , les uns à voler , les autres à marclier ou à nager , et les appendices ou les autres parties adhé- rentes au corps de l'animal. Des organes du mouvement servant à voler. Ici se rapportent les ailes , quelles que soient leur consistance et leur Forme , et des pièces accessoires , tels que les balanciers , cueillerons. i58 TERMINOLOGIE ailles. L'aile est une pièce plane , formée de deux membranes collées Tune contre l'autre , ayant dans toute leur étendue des nervures plus ou moins fortes , et plus ou moins nom- breuses, et qui sont des vaisseaux destinés à liansmettre les sucs nourriciers. Lorsque l'insecte quitte l'état de nymphe , les ailes sont très-molles et humides. 11 arrivée quel- quefois qu'en se séchant , leurs vaisseaux aériens et lymphatiques se trouvent bouchés, et que l'air ou le fluide nourricier, ne pou- vant plus suivre leur route naturelle , s'é- panche entre les deux membranes. Cette portion de l'aile , privée ainsi de la vie , de- vient très -épaisse et très - grosse ,* l'on voit alors, d'une manière sensible, la composi- tion de ces organes du mouvement. Les ailes des insectes sont implantées sur le corps de l'animal, et y tiennent par des ligamens extérieurs : le corselet est destiné à servir de boîte aux muscles qui les font mouvoir , qui sont plus ou moins forts et plus ou moins nombreux , suivant la nature particulière du vol de l'insecte , et qui par un croisement réciproque et par leur cor- respondance paroissent avoir un point cen-; tral de mouvement. DÈS INSECTES. i5() Bien difFérens des oiseaux, beaucoup d'in- sectes peuvent voler dans plusieurs sens , soit de côté , soit à reculons. Leurs ailes ont pour cela une facilité qui leur permet de varier leur position relative et de battre l'air en avant , en arrière , et par les côtés. Un mouvement rapide et une forte vibra- tion de ces organes produisent chez plusieurs insectes , tels que les abeilles , les mouches , ce bruit qu'on a nommé bourdonnement. Olivier observe que dans les insectes à quatre ailes et d'une même consistance , la vibra- tion est plus vive au côté interne des ailes supérieures. On voit sous chaque aile des diptères une pièce semblable à un petit maillot , suscep- tible d'un mouvement très-rapide , et qu'on a nommée balancier. Des naturalistes avoienfc supposé que ces balanciers frappant comme les baguettes d'un tambour sur deux autres pièces placées sous les ailes , et ressemblant à une petite écaille demi-circulaire , un peu bombée , nommées aileron , cueilleron , don- iioient naissance au son que ces insectes font en tendre pendant l'action de vol . Mais puisque les diptères privés de ces ailerons , soit natu- rellement , soit par art , ne laissent pas de bourdonner , on ne sauroit admettre une ïGo TERMINOLOGIE telle explicalion. Telle est la judicieuse re- marque d'Olivier. De Géer j^rétend que ce bruit est uuiquenient excité par le frotte- ineut de la raciue des ailes contre les parois de la cavité du corselet où elles sont in- sérées. c( Pour s'en assurer , on n'a qu'à prendre à la fois chaque aile entre deux doigts de chaque main , et les tirer alors doucement des deux côtés opposés sans les rompre ni nuire à la mouche , ce qui empêche de leur donner le moindre mouvement ; et d'abord le son cesse de se faire entendre. C'est donc par le mouvement rapide et la vibration des ailes , et en particulier de leur base ou de leur racine , que la mouche produit le sou dont nous parlons. J'en ai encore eu d'auties preuves , que je vais détailler. A3 ant coupé les deux ailes à une mouche tout près de leur base , sans qu'elle cessât pour cela de rendre le même son aigu, je crois que les ailerons et les balanciers , que je remarquai être dans une vibration continuelle , pou- voient peut-être opérer le même effet ; mais ayant également coupé les uns et les autres, et observé la mouche ainsi mutilée avec le secours d'une forte loupe , je \is que les tronçons d'ailes que je lui avois laissés étoient en D E s I N s E C T E s. iGt en grand mouvement , et dans une vibration continuelle tout le tems que dura le son qui se faisoit entendre ; mais qu'aussitôt que le mouvement eut cessé , et que j'eus arraché ces mêmes tronçons, la mouche ne rendit plus aucun son , et se trouva pour jamais hors d'état d'en rendre; d'où je conclus que ce sont indubitablement les racines des ailes qui, par leur frottement contre les parois de la cavité où. elles se trouvent placées, produisent le bourdonnement et le son aigu » . ( Mém. tom. VI , pag, 1 1 . ) Les expériences de De Géer prouvent bien que dans le bourdonnement des in- sectes , les ailes ont un mouvement de vibra- tion très-rapide , et d'autant plus fort , qu'il est plus près de la naissance de ces ailes ; mais elles ne légitiment pas la conséquence qu'il en tire : que ce bruit est dû unique- ment à l'action de la racine des ailes contre les parois de la cavité du corselet. Les in- sectes ne bourdonnent que pendant leur vol , et ils tiennent alors leurs ailes trop écartées pour supposer que leur base puisse frotter beaucoup le corselet. Il y a plusieurs abeilles , qui , quoique ayant le corselet velu, font entendre néanmoins un son très-fort. l7is. Tome II. L 16-2 TERMINOLOGIE Comment ces poils ne l'empécheroient - il.'î pas ? Le bruit que font les orthoptères, comme sauterelles , criquets , est occasionné dans les uns par le frottement respectif des parties dures , élastiques , ressemblant à du parche- min de leurs ailes supérieures , et dans les autres par le frottement ou l'action de leuis ailes contre les aspérités et les dents nom- breuses de leurs pattes postérieures. Le bruit des cigales est dû aussi à un frot- tement ; mais les pièces qui le produisent sont différentes des ailes , ainsi que nous le verrons plus tard. L'acanthie paradoxe de Fabricius pro- duit , d'une manière bien singulière , le son petit et aigu qu'elle fait quelquefois entendre. Son corps est alors dans une agitation ex- traordinaire. Plusieurs coléoptères , des lépidoptères rendent aussi un son. Nous en explique- rons aussi en tems et lieu la cause. Les ailes sont de deux sortes : les unes sont coriacées , plus ou moins épaisses , sou- vent opaques par la nature de leur tissu interne , vaginales ou servant d'étui ; elles font peu l'office d'ailes. Les autres sont membraneuses , minces , D E s I N s E C T E s. i63 prasque toujours diaphanes ou simplement colorées extérieurement , ayant constam- ment de grosses nervures ; ce sont les ailes proprement dites. Les premières recouvrent de véritables ailes , qui sont pliées transversalement , ou plissées , ou doublées dans leur longueur. Nous les nommerons ailes vaginales. Leur consistance varie en quatre manières : 1". Elles sont très-épaisses , fort opaques; crustacées, sans anastomoses remarquables, placées horisontalemcnt sur le corps , avec leur côté interne ou la suture droite , ou dans la direction du milieu du corps. Ce sont de vrais étuis ou des élytres sous lesquels sont plissées transversalement deux ailes véri- tables , beaucoup plus longues. Les coléop- tères. a''. Elles sont assez épaisses , opaques , mais souvent avec des parties , Textrémité sur- tout, un peu ti^nsparentes, demi-crustacées , presque toujours anastomosées , ou ayant des veines ramifiées , saillantes ; leur plan de position est souvent incKné ; leurs côtés internes se couchent l'un sur l'autre. Les deux ailes qu'elles recouvrent sont larges, phssées en éventail, ou doublées, ou croisées. Les orthoptères , plusieui^s hémiptères. L i2 i64 TERMINOLOGIE Ces ailes vaginales sont memhrano-criiS'^ lacées. 3^. Elles sont assez épaisses , diaphanes, très - nerveuses ; leur plan de position est souvent incliné ; leurs côtés internes s'ap- pliquent un peu l'un sur l'autre. Les deux ailes qu'elles recouvrent sont presque de leur grandeur , ou plus petites , presque tendues. Plusieurs hémiptères. Ces ailes vaginales sont nerveuses. 4". Elles sont à moitié crustacées , semi^ criLstacea , composées d'une partie épaisse , opaque , coriacée , et d'une autre membra- neuse terminale; leur bout se croise souvent. Les deux ailes qu'elles défendent sont de leur grandeur et presque tendues. Plusieurs hémiptères^ les punaises. Ces ailes vaginales sont des demi- ély très ^ ou des hémilytres . Nos considérations vont rouler sur les élytres , les demi-èlytres , et les ailes propre- ment dites. De là nous passerons à l'exa- men de quelques pièces qui accompagnent celles-ci dans quelques insectes. Etuis ou élytres. Cherchons à connoître les noms qu'on a donnés aux différentes parties des élytres^, DES INSECTES. if)5 la connexion et les proportions de ces étuis , leur forme , leur consistance , leur suif ace , et en particulier leurs bords et leur extré- mité. Noms des différentes parties d'une ély tre. lusibase ; celle par laquelle elle est fixée au corselet. Ou l'appelle aussi bord antérieur j suture antérieure ou transversale. Le sommet ; l'extrémité opposée , celle qui est près de l'anus. La suture est la ligne de réunion des deux élytres ; elle part de la pointe de l'écusson , divise le dos en deux parties égales , et se ter- mine au milieu de l'anus. Le bord interne est celai qui règne le long de cette suture , qui la forme même en s'ap- pliquant dans sa longueur contre celle du bord interne de Félytre parallèle. Le bord extérieur ou la côte, est celui qui est opposé au précédent. Ils sont l'un et l'autre rebordés ou sans rebords. Le disque comprend le milieu de la sur- face de l'élytre ; il s'étend jusqu'au voisinage de la circonférence dans les insectes qui «ont très-bombés. La base a deux angles ; le plus près de l'écusson se nomme angle scutellaire , angle L 3 i66 TERMINOLOGIE anténeur interne ; l'autre , Tangle humérdt ou Faugle anténeur extérieur. L'angle du sommet , celui qui est près du bout de la suture , l'angle postérieur ou apical. Connexion et proportions des élytres. Elles sont soudées , ou simplement con- tiguës l'une à l'autre par leur côté interne, ou contiguës inférieurement et écartées, s'ou- viant vers le sommet, ou tout à fait séparées. Elles sont alongées , lorsqu'elles dépassent sensiblement l'abdomen. De longueur moyenne , lorsqu'elles ne vont que jusqu'à son extrémité. Très-courtes (i) , lorsqu'elles vont tout au plus jusqu'au milieu de sa longueur. Courtes , s'il s'en faut seulement d'environ un tiers qu'elles n'en atteignent l'extrémité. Forme des élytres. Leur coupe représente ordinairement un carré long, dont l'extrémité est terminée obliquement et au côté extérieur par une courbe. Quelquefois aussi c'est presque un triangle rectangle dont l'hypothénuse fait encoie une courbe, ou la figure est entière- (i) Brevissima , dzmicUata. D E s I N s E C T E s. 167 ment carrée. Dans quelques carabes , la coupe forme un demi - ovale ou une demi- ellipse , pris dans le sens de la longueur. Uélytre peut être encore linéaire, amincie , ou diminuant de largeur de la base à l'ex- trémité ; presque spatulée ou élargie et ar- rondie au bout. Consistance des élytres. Elles sont cmstacées , dures , dans le grand nombre ; quelquefois flexibles et élastiques , cédant à la pression, et reprenant de suite leur état antérieur; molles , cédant à la pres- sion, et conservant , du moins quelque tems, la forme qu'elles viennent d'acquérir. Surface des élytres. Elle est plane , conuexe , bossue , soit que l'on considère chaque élytre séparément, soit qu'on parle de la réunion des deux. Cette surface est relativement à ses acces- soires , son poli et l'éclat des couleurs ; 1°. Pubescente , tomenteuse ou cotoneuse, laineuse, soyeuse, poilue, hispide , hérissée , fasciculée, muriquée , ou. ayant des poils assez longs , élevés , presque épineux , épineuse , écailleuse , ou parsemée de petites écailles. â°. Lisse ou unie , irrégulière ^ raboteuse, L4 i68 TERMINOLOGIE chagrinée , rugueuse , ponctuée , yointillée , striée , soit avec des stries sans points, soit avec des stries pointillées, soit avec des points en stries; sillonnée , divisée par des côtes (i) tuberculées , perlées , ridées , réticulées ou grillées , à crêtes , crénelées ou ayant des élévations dentelées sur les côtés carénés. 3". Luisante , éclatante , obscure ou d'une couleur mate. Voyez l'article aile. Bords des élytres. Elles sont dilatées , rehordées^ en scie , den^ tées , crénelées , sinuées. Extrémités des élvtres. Elles sont arrondies , obtuses ou en pointe émoussée , retuses , tronquées , nivelées ou fastigiées, amincies, rapprochées, et de même grandeur à la pointe , avec un angle ou échancrure entre les deux. Pointues , allant en pointe. aiguës, acuminées , terminées insensible- ment en pointe forte , ressemblant presqu'à une épine. Mucronées , ou ayant le bout échancré ou obtus, avec une pointe brusque. (i) Porcata. D E s I N s E C T E s. 169 Bidentées , tridentées , etc. ^ terminées par deux ou trois deuts. Mordues, inégalement divisées. Demi - élytres. On peut leur appliquer ce que nous avons dit des élytres , et ce que nous ferons ob- server relativement aux ailes. Il faut sur- tout examiner leur plan de position et leur situation respectives ; ainsi elles sont : Horisontales , couchées l'une sur l'autre , ou surimposées simplement par leur bord interne ; croisées , en toit à viue arête , ou en toit écrasé, 'pendantes , etc. Voyez les carac- tères des ailes. Si les demi - élytres et les ailes forment chacun une croix ; Ton dit que ces parties sont croisé- compliquées (1). utiles. Si nous jetons les yeux sur les grandes divisions naturelles que ces organes nous fournissent, nous devons considérer , i'* leur nombre ; 2° la nature de leur surface. 1». Nombre des ailes. Elles sont au nombre de quatre ou de deux. (i) Cruciato-compllcata. 170 TERMINOLOGIE 2°. Nature de la surface des ailes. Les ailes des insectes sont , ou couvertes de petites écailles imbriquées et colorées qui empêchent d'en voir le tissu membraneux qui les renàeni farineuses, ou tout à fait nues. Les premières sont lépidoptères ; les se- condes gjmnoptères, utiles lépidoptères ou fanneuses. On en remarque V espèce , les parties , la situation ,\es proportions , \di figure , les bords, la disposition des couleurs et les nervures. Espèces et parties des ailes lépidoptères. Ces ailes étant au nombre de quatre , on est convenu à' a-ppeler primaires , supérieur-es , les deux ailes de dessus , et secondaires , in- férieures , celles de dessous ; mais les mots de primaires , secondaires , sont uniquement affectés aux ailes des insectes du genre pa- pillon ; ceux de supérieures et d'inférieures désignent les ailes des autres lépidoptères et celles des gymnoptères. On distingue ici , comme dans l'élytre , la base, le sommet, le coté interne ou le bord mince , lie côté externe ou le bord épais , le disque ; mais , comme chaque aile forme un triangle , dont un des angles de sa base sert DES INSECTES. 171 cle point d'attache , et dont la base se trouve être le côté extérieur , il est nécessaire d'a- jouter quelque chose à la nomenclature. On appelle donc bord postérieur le côté opposé à la base de l'aile , celui qui , partant de l'extrémité du bord extérieur , du sommet ou de l'angle apical , remonte vers l'abdo- men , pour aller former , avec le côté qui part de la naissance de l'aile , le bord mince , l'angle opposé à la base ; cet angle se nomme postérieur dans les ailes primaires ou supé- rieures , anal dans les secondaires ou infé- rieures, lies deux surfaces des quatre ailes étant couvertes d'écaillés , soit également , soit diversement colorées et disposées, les naturalistes ont imaginé d'appeler, en latin , pagina superior , le dessus d'une aile , et pagina inferior , la face opposée ou le des- sous. Situation .des ailes farineuses. Elles sont droites , ou ayant toutes les quatre une direction perpendiculaire , leur côté extérieur se trouvant en haut, comme dans la plupart des papillons. En équerre , lorsque les ailes primaires sont élevées ; et les secondaires horisontales. Quelques papillons,, les hcspéries. 172 TERMINOLOGIE Etendues , étalées , ouvertes et étendues h peu près horisoiitalenient. En recouvrement , horison taies , et bor(l& internes des supérieures placés l'un sur l'autre. Inclinées , penchées , lorsqu'elles forment un toit dont les bords internes sont l'arête. Roulées , repliées autour du corps , lui formant un tuyau , une espèce de gaine. Divergentes , en queue d'hirondelle , lors- qu'elles forment postérieurement un angle rentrant, aigu et bien marqué. Proportions des ailes farineuses. Dans le plus grand nombre , les ailes supé- rieures sont les plus grandes ; mais ce sont quelquefois les inférieures. On mesurera avec exactitude , i** la grandeur des côtés de chaque aile , et les angles qu'ils font entre eux ; 2^ les longueurs de ces ailes comparées avec celles du corps; 3° l'angle de leur diver- gence postérieure , lorsque l'insecte est en état de repos. Figures des ailes farineuses. Elles sont linéaires , lancéolées, oblongues , arrondies, rhomboïdales ^ ou ayant le bord DES INSECTES. lyj postérieur plus long que le bord interne (i); deltoïdes ou très-obtuses, et comme coupées postérieurement , en faux ou ayant le bord postérieur concave , et l'angle du sommet aigu , courbé. « Bords des ailes farineuses. Entières ou sans divisions , très- entières ^ sans la moindre découpure , crénelées , den- tées , dentées en scie , rongées , déchirées , ou à sinuosités et à divisions inégales , gauderon- nées , anguleuses , fendues , ou ayant des divisions profondes , digitées , lorsque ces divisions représentent les doigts d'une main par leur disposition ; échancrées , frangées , lorsqu'elles sont déchiquetées suivant Oli- vier (2) , ciliées ou bordées de poils serrés et parallèles. Si les ailes se terminent en pointe alongée j on dit qu'elles sont en queue ; il en est de même lorsqu'une ou plusieurs dents du bord postérieur sont plus longues et forment une queue. Il vaudroit mieux distinguer par (i) On (lit encore, et dans le même sens, qu'elles sont alongées , etongatœ. (2) Laciniaiœ (Olivier). Le moi à (^ frange \nàï- queroit de petites divisions rapprochées et marginales. 174 TERMINOLOGIE deux expressions ces deux cas : on diroit dans le dernier , ailes à dents en queue. Les ailes peuvent être linéaires et plus larges à la pointe ; elles sont alors en massue. Elles sont reverses si le bord extérieur des ailes inférieures dépasse celui des supérieures, et est un peu courbé. On observera avec soin le bord interne des ailes secondaires des papillons , comme offrant de bons caractères. Dispositions des couleurs. On examinera, i*^ l'étendue des couleurs. Les ailes sont entièrement colorées , lorsque toute leur surface est couverte d'écaillés qui en cachent la transparence. y Urées , lorsqu'il y a des parties nues , sans écailles. Si la surface inférieure de l'aile est colo- rée , de même que le plan supérieur, cette surface inférieure est concolore à celle-ci. On examine , 2° la disposition des macules , que l'on distingue par les dénominations suivantes : le point y la guttule , le stigmate, la lunule, la cicatrice, la. fenêtre, Yœil, la.tache proprement dite , la ligne, la strie, la fascie ou le ruban , la bandelette et la raie. D E s I N s E C T E s. 175 Lte point est une tache très-petite , ronde , distinguée du reste de l'aile par sa couleur. Ce point est calleuse s'il est élevé et rude ; ocellaire s'il imite un œil ayant son centre d'une couleur dilïérente du fond ; géminé ou double , ou formé de deux points rapprochés et isolés. Lorsque ces deux points sont conti- gus et que l'un d'eux est plus grand, on rend cette disposition en latin, sesqui-alterum. Ce point peut être rameux , étoile. Lorsque les points sont trè^-petits, disposés sans ordre, et assez nombreux, les ailes sont poinlillées : Forster y rapporte le mot latin , irroratœ. La guttule est une petite tache ronde , plus forte que le point. Le stigmate est une tache , souvent en forme de rein ou ronde , placée entre les nervures , sur le dessus des ailes supérieures et près de la côte. Il est simple on double. La lunule est une tache en croissant. La cicatrice est une tache élevée et parois- sant d'une consistance différente de l'aile. La fenêtre est une tache transparente , for- mée par le défaut d'écaillés en cette partie. L'œil est une tache orbiculaire imitant un œil : sou point central est coloré diffé- lyG TERMINOLOGIE remnieut du reste et s'appelle prunelle , -pu- pille ; le cercle qui l'enviroune , iris : il est quelquefois surmonté d'un arc qu'on nomme paupière, ou lunule. Les ailes sont oculées, ocellées , lorsqu'elles ont des yeux semblables; l'œil est oblitéré , lorsque la pupille est à peine distincte. ^i^eugle , lorsqu'il n'en a pas et qu'il se trouve à côté d'autres qui en ont : il se con- fondroit autrement avec le point ou la guttule. Bi~pupillé , tri-pupillé , à deux ou trois piunelles. Dydime , formé de deux contigus. Si l'œil en contient un autre plus petit, il est, en latin, sesqui-alter, sesqui-ocellus. Lunule, surmonté d'un arc ou d'une ligne en croissant. Clignotant , lorsqu'il y a une lunule à moitié renfermée par un autre anneau et par une autre lunule pupillaire. f^itré , si la prunelle est transparente. Dioptré, si la prunelle est vitrée et divisée transversalement par une ligne très-petite. ( Forsler. ) La prunelle est en hache , sagittée, etc. La tache, proprement dite, est une partie de l'aile plus ou moins grande, souvent d'une forme D E s I N s E C T E s. 177 forme irrégulière , différemment colorée que le fond de Taile. Elle est oi^ale, deltoïde , réniforme , annu^ laire , sagittée , en faux , palmée , rayon- nante , etc. Ces taches imitent quelquefois une espèce de damier : l'aile est marquetée. La ligne répond à ce qu'on entend par une ligue oïdinaire; mais elle est dans le sens de la longueur de l'aile , et a très-peu de largeur. Si ces lignes sont petites, éparses, tron- quées, nombreuses, inégales; Y^ile est nuée, nébuleuse. Elles sont droites ou ondulées, ou en ca- ractères, enchijfres; si, par leur contourne- ment , leurs courbures irrégulières , elles représentent des lettres ou des espèces de cliifFres. La tache qui est plus foncée d'un côté que de l'autre , est nommée en latin litura. La strie n'est qu'une ligne également longitudinale, mais ayant plus de largeur. La fascie ou le ruban est une bande tra- versant l'aile, et d'une couleur différente. Elle est obsolète , ou peu distincte. Commune ou propre à toutes les ailes. ' Dimidiée (traduisant littéralement le mot Jns. Tome IL \ M ^78 TERMINOLOGI"E latin), ne parcouiaut que la moitié de la largeur de l'aile. Raccourcie , ayant peu d'étendue et n'allant pas jusqu'au milieu. Interrompue , ou coupée en quelque point. Maculaire , formée d'une suite de taches. Articulée , formée d'ime suite de taches mises bout à bout. Terminale, voisine du bord postérieur. Hyaline , diaphane , ou formée par un défaut d'écaillés. Si les quatre ailes sont traversées par une bande et que les supérieures ou les infé- rieures seulement en aient une autre , ou bien si chacune de ces ailes est traversée par une raie , et une autre moitié plus petite , on dit que les ailes ou deux d'elles ont une bande et demie , sesqui - altéra. S'il y en avoit une et un tiers, on diroit sesqui - tertia , ou trois et demie , suivant d'autres. La bandelette , le vitta des entomologistes qui ont écrit en latin, est une ligne dont le bord est flexueux ou sinué. La raie ou le striga des mêmes est une ligne très - étroite traversant l'aile oblique- ment , comme de sa base à l'angle postérieur ; elle est droite , ondée j anastomosante , ùiter- roînpue. DES INSECTES. 17g Nervures des ailes. Il est très- essentiel de remarquer la direc- tion des principales, et la figure qui en ré- sulte. Ainsi , sous ce rapport , les ailes des papillons de la division des chevaliers dif- fèrent sensiblement de celles des nympliales. Quelques danaïdes bigarrées ont des ner- vures dilatées , et dont une même a , sur les ailes secondaires, une sorte de poche. On peut voir dans les figures de Harris,' dans un Mémoire relatif aux coupes du genre papillon, et imprimé dans les Actes de la société linnéenne de Londres , des détails sur cet objet. Frisch avoit remarqué depuis long - tems l'utilité que l'on pouvoit retirer de l'obser- vation de la figure et de la disposition des nervures des ailes. Jurine publiera bientôt un gênera fondé en partie sur cette base; ses profondes recherches , les magnifiques dessins qui doivent accompagner son travail, contribueront singulièrement aux progrès de l'entomologie ; il ouvrira une carrière nouvelle et moins hérissée d'épines que les précédentes. Sa méthode sera, sous ce rap- port, d'un grand secours, pourvu toutefois M 5 i8o TERMINOLOGIE qu'on ne lui donne pas plus d'importance qu'elle ne doit en avoir , et qu'on n'en fasse qu'un moyen auxiliaire. utiles gymnoptères. Si l'on excepte les lépidoptères, tous les insectes pourvus d'ailes ont ces oiganes nus ou gymnoptères. Ces ailes sont réticulées ou croisées et en mille sens divers , par une foule de petites nervures ou veines , et semblables à un roseau. Les névroptères. freinées, nerveuses, ou n'ayant que des nervures fortes, peu nombreuses, souvent longitudinales , simplement , anastomosées : les coléoptères, les hémiptères, les hyménop- tères et les diptères,- mais plus particulière- ment ceux du troisième ordre. Les ailes nerveuses sont au nombre de deux , couvertes , et pliées en travers dans les coléoptères. Au nombre de deux, couvertes, un peu plissées longitudinalement ou tendues dans les hémiptères. Au nombre de quatre , nues et tendues dans les hyménoptères. Au nombre de deux, nues et ten- dues dans le§ diptères. DE S INSECTES. 181 Les ailes réticulées sont au nombre de deux, couvertes, pliées transversalement, et plissées en partie en éventail dans les forficules. Au nombre de deux , couvertes ; plissées ou doublées dans leur lon- gueur, dans les orthoptères. Au nombre de quatre , et nues dans les névroptères. Les ailes des coléoptères, des hyménoptères connus jusqu'à ce jour, sont dans un plan horisontal ; mais leur position varie dans les autres ordres. Voyez les lépidoptères. Ces ailes ont aussi des bandes, des lignes, des raies, des macules; mais leur stigmate n'est pas celui des lépidoptères. Il consiste main- tenant dans un point épais, ordinairement noirâtre , placé à la côte des ailes supé- rieures. On l'appelle aussi point épais. Plusieurs diptères ont leurs ailes munies au bord extérieur de petites dents, formées par des cils ou de petites épines courtes; ces ailes sont alors onguiculées. u4ppendices alaires. On peut distinguer quatre pièces. Le ha-^ Içtncier , Y aileron ou le cueilleron , le point calleux et le crochet alaire. U 3 183 TERMINOLOGIE Le balancier est un petit filet placé sons Toiigiiie de chaque aile des diptères, très- mobile , membraneux , formé d'une tige plus ou moins longue , et terminée par mi bouton ovale, arrondi, ou triangulaire. Ils sont recouverts à leur naissance, dans plusieurs , par l'aileron ; dans d'autres ils sont entièrement à découvert. Cette partie semble offrir les rudimens ou les vestiges des ailes inférieures. On ne connoît pas encore bien sa pro- priété. Les uns la regardent comme servant de contre-poids à l'insecte lorsqu'il vole ; d'autres la comparent à une espèce de ba- guette , servant à produire un bourdonne- ment ; mais plusieurs insectes font entendre le même bruit sans avoir de balanciers , et plusieurs aussi , quoique pourvus de cette pièce, ne bourdonnent pas ou très-peu. , Ce qu'il y a de certain , c'est que l'insecte meut les balanciers avec beaucoujD de viva- cité lorsqu'il vole ; c'est que les balanciers paroissent susceptibles, du moins à leur ex- trémité, de quelque dilatation, la tête de ces pièces ressemblant à une vessie dont le sommet est par fois concave ou saillant. On observera aussi que les balanciers son^ placés tout près d'ma stigmate. DE S I N S E C T E S. i83 Les ailerons ou cueillerons sont une petite écaille membraneuse, ordinairement blan- châtre, arrondie et ciliée snr ses bords, for- mée de deux pièces convexes d'un côté , concaves de l'autre , attachées ensemble par l'un des bords, semblables à deux battans d'une coquille bivalve. Ces deux pièces s'étendent et se troiivent dans un même sens lorsque l'insecte vole ; elles sont fermées et placées l'une sur l'autre dans le repos. Tous les diptères n'en sont pas pourvus.^ Plus les balanciers s'alongent , plus les aile- rons diminuent , et finissent par disparoitre. Ils paroissent faciliter le vol des insectes, plutôt que leur bourdonnement. Le point calleux est un tubercule d'une consistance assez dure, qui se trouve à la naissance des ailes supérieures de plusieurs insectes , notamment des hyménoptères. Il ressemble à la valve d'une petite coquille ; il est assez grand dans le mas are s , le chrysis carnea. J'appelle crochet alaire un crochet écaiî- leux que l'on remarque dans quelques lépi- doptères sous la naissance de leurs ailes , et qui aide à les maintenir. Mé i84 TERMINOLOGIE JDes organes du mouvement propres pour marcher ou pour nager. Ces organes sont généralement connus sous le nom de pattes ; mais , comme tous ceux auxquels on a appliqué cette dénomi- nation ne jouissent pas également des mêmes facultés, que quelques-uns paroissent avoir encore d'autres usages , il faut établir ici une distinction. La présence des pattes est presque le seul caractère qui différencie extérieurement plusieurs entomostracés de plusieurs vers. Convenons même que la ligne de démar- cation n'est pas aisée à tracer. Il ne suffit pas d'avoir ici, et point là, un véritable cœur, un système de circulation; il est encore indispensable , pour faciliter l'étude de la Nature, de trouver des caractères qui nous permettent de distinguer les animaux les uns des autres sans le secours du scalpel et sans des yeux de lynx. Or plusieurs néréides , plusieurs nayades , quelle que soit leur organisation intérieure , nous en im- posent au premier coup d'ceil, et semblent vouloir réclamer une place parmi les in- sectes. Je me bornerai à faire observer que les entomostracés les plus près des vers ont D E s I N s E C T E s. i85 leurs membres de plusieurs pièces, mobiles, propres à nager , et semblables du moins à des pieds. Ils peuvent bien servir de bran- chies; mais ils ont aussi des fonctions qui les assimilent, jusqu'à un certain point, aux pattes des insectes proprement dits; et c'est sous ce point de vue que l'on peut séparer les entomostracés douteux des vers dont la forme se rapproche de la leur. Considérées sous le rapport de leurs fonc- tions , les pattes sont de deux sortes : les pattes proprement dites , et \es pattes bran-- chiales. Les premières ne sont propres qu'au mouvement, soit dans l'air, soit dans l'eau,- les secondes peuvent coopérer au mouvement , quoique d'une manière bien imparfaite , et en même tems à la respira- tion. Elles ne sont jamais terminées par des crochets ou par un ongle ; mais cette extré- mité a plusieurs appendices foliacées, des bouquets de poils, etc. Les entomostracés sont les seuls qui aient des pattes branchiales. ILes pattes proprement dites sont ou actives et parfaites, et inertes ou avortées. J'appelle pattes actives ou parfaites celles qui servent par leur mouvement à trans- porter l'animal; inertes, avortées, celles qui. î86 TERMINOLOGIE quoique organisées à peu près comme le* pattes ordinaires, n'ont cependant, à raison de leur petitesse ou de leur position, au- cune part essentielle au mouvement; pedes spurii. Les papillons nymphales ont leurs deux antérieures dans ce cas. Les pattes actives sont simplement pro- pres pour la course, cursorli; propres pour sauter , lorsque les cuisses sont renflées , saliatorii; propres pour nager, comprimées, ciliées, ou bien terminées en lame, nata- torii; saisissantes, et étant, soit en forme de bras, terminées par une main à deux pinces, cheliferl, soit d'une figure ordinaire, mais terminées par un fort crochet, hamali y ungulati ; tâtonnantes , tentaculati , ou ter- minées par un long filet , articulé et ordi- naiiement nautique; les phrynes. Les pattes inertes sont ou en palatine ,' repliées sur elles-mêmes de chaque côté du cou, collares , ou insérées sur les côtés du corps avec les autres, pectorales , comme dans Vonicus cetl de Linnceus. Les tarses de ces pattes sont plus courts,' moins articulés , et sans ongles ou à ongles très-petits. A raison de leur insertion , les pattes peuvent être capitales , ou prenant presque D E s I N s E C T É s. 187 naissance sous la tête, la puce; pectorales, ou insérées uniquement sur la poitrine; caudales, ou placées sous la queue; dorsales^ si elles semblent partir de rextréniité pos- térieure et dorsale du corps. Quelquefois aussi elles sont répandues sur toute sa lon- gueur, et chaque anneau en porte une ou deux paires. Etudions le nombre, la composition des pattes et leur figure. Nombre des pattes. On ne voit que six pattes dans les insectes ailés ; mais leur nombre est plus considé- rable et varie beaucoup dans les aptères. Les crustacés en ont de dix à quatorze; les ^selles, qui les avoisinent également, qua- torze, et les Jules, les scolopendres, depuis vingt-huit jusqu'à deux cents et au delà. Les arachnides en ont communément huit ; le nombre de celles des entomostracés varie depuis six jusqu'à vingt et quelques. Les forbicines, les podures n'en ont ni plus ni moins que six. Lorsqu'un insecte est sans pattes , on dit qu'il est apode. Lorsqu'il en a six, hexapode. Huit , octapode. Vn grand nombre , poljpode: i88 TERMINOLOGIE Les deux pattes antérieures des papillons iiympliales ne servant pas au mouvement, on les a regardées comme nulles, et ces lépi- doptères ont été désignés sous le nom de tétrapodes. Composition des pattes et figure de leurs pièces. Les pattes des insectes ailés sont évidem- ment composées de quatre parties : d'une hanche , d'une cuisse , d'une jambe , et d'un tarse ou doigt, que Linnaeus et d'autres ento- mologistes , qui ont écrit en latin , appellent plantœ. La hanche est formée de deux pièces : la rotule et le trochanter. La rotule , patella , est la pièce la plus immédiatement articulée avec la poitrine. Le trochanter est celle qui lui succède , et qui sert de support à la cuisse , ou s'articule avec elle au côté interne et à sa naissance. La cuisse est la troisième articulation ; elle est ordinairement plus renflée , et a une forme ovalaire ou ellipsoïde , comprimée. La jambe vient ensuite : c'est un article conico - prismatique , souvent dentelé ou cilié sur le côté extérieur , plus large , et épineux ou éperonné à son extrémité. D E s I N s E C T E s. 189 Le tarse est la pièce terminale ; sa figure est presque cylindrique. C'est une suite de petits articles dont le nombre est constant dans les individus du même genre , et dans les insectes pourvus d'ailes. Les avant der- niers articles sont souvent membraneux ou spongieux en dessous, triangulaires ou en forme de cœur ; le dernier est conique , terminé par deux crochets, entre lesquels on remarque, sur -tout dans les diptères, une, deux ou trois petites pièces membra- neuses , ovales, qu'on a nommées pelottes. Cette forme de pattes est à peu près la .même dans tous les insectes ailés et dans quelques aptères ,• les crustacés , les mille- pieds , les arachnides ont ces organes con- formés de manière qu'on a souvent de la peine à y recounoître plusieurs des pièces que nous venons d'indiquer. Les crabes ont leur bras de cinq pièces : la rotule , le trochanter , la cuisse , pièce qu'on a nommée carpe, remplaçant la jambe, mais qui ressemble plutôt à un article ser- vant de genou , et enfin la main, terminé par deux doigts dont le supérieur mobile. Les autres pattes ont une pièce de plus : le carpe est alongé , et de deux articles. Les Jules ont leurs pattes de six pièces, 390 TERMINOLOGIE dont les cinq premières presque égales (la première ou celle de sa base un peu plus courte), cylindriques, et la dernière presque conique , terminée par un crochet ou plutôt un ongle. Les pattes des scolopendres ont une gi^ande affinité avec celles des jules; seulement le premier article est très-petit, et le quatrième plus menu , plus alongé que les précédens. Dans les araignées , la hanche , la jambe , le tarse sont forînés de deux pièces , de telle sorte que la patte a sept articulations. La première de celles de la jambe est souvent , courte , et peut être appelée genou. On donne ce même nom à l'articulation de la cuisse avec la jambe. Les scorpions ont leurs bras composés de même que ceux des crabes; mais c'est le doigt intérieur de leurs mains qui est mobile. Leurs autres pattes ont une hanche de deux articles; une cuisse , une jambe, d'une pièce chacune , et un tarse de trois. Les naturalistes, du moins les français,' étudient avec soin , depuis que le célèbre Geoffroy en a tiré un si grand avantage pour diviser les insectes, la pièce désignée sous le nom de tarse. On ne devroit pas se borner à l'examen de cette partie ; la manière dont DES INSECTES. 191 les pattes s'îirticulent avec le corps mérite une attention particulière , et qui peut rendre , non seulement de grands secours à, la méthode, mais fournir encore des moyens lumineux pour expliquer le mouvement de ces animaux. Je suis même convaincu que ces considérations , réunies avec celles que présente l'étude des antennes, des mandi- bules, de l'extrémité des palpes, peuvent être les bases d'un système sûr et facile. Le mode d'articulation avec le corps , des pattes des coléoptères , diffère, par exemple , d'une manière singulière de celui des pattes des hyménoptères. Dans les premiers, la rotule forme sou- vent une espèce de lame ou de plaque écailleuse qui remplit une partie des côtés de la poitrine, se confond avec elJe, étant dans le même plan. Le trochanter n'y paroit presque pas; ce n'est qu'une petite pièce triangulaire, réunie avec la cuisse, parois- sant même en faire partie. Dans les carabes , les ditiques, et quelques genres seulement, cette pièce se prolonge latéralement et res- semble à un moignon fémoral. Dans les seconds , ou dans les hymé- noptères , la rotule et le trochanter sont très- distincts, en forme de genoux. La rotule 192 TERMINOLOGIE n'adhère à la poitrine que par sa jambe , et a une forme conique. Ces considérations sont d'une grande im- portance pour l'établissement de l'ordre na- turel. Je vois ainsi, d'après l'inspection des pattes , que les stapliilins sont très-rappro- chés des boucliers , des nicrophores, quoique les entomologistes les aient éloignés de cette famille. Il faut cependant remarquer, à l'égard des articles des tarses, qu'ils n'ont pas toujours 3a même forme dans les deux sexes. Plu- sieurs mâles des genres carabe, ditique , crahro de Fabricius, ont les articles très- dilatés, et représentant, par leur réunion, une espèce de paletle orbiculaire, ou un bouclier, un crible, etc. Nous ne dirons rien de la variété de formes des cuisses et des jambes, ainsi que des ca- ractères que leur surface peut offrir. Les expressions que l'on emploie à ce sujet sont ou déjà connues, ou d'une intelligence qui est à la portée de tout le monde. L'on com- prend sans peine la signification des mots : simples , épaisses , très-épaisses , en massue , dentées, épineuses, ciliées, etc. On doit sur- tout recommander de mesurer avec soiii la grandeur totale de chaque paire de DE S I N S E C T E S. îcjS Je pattes , ainsi que celles de leurs parties. Ce détail , tout minutieux qu'il est , est né- cessaire ; il est des circonstances douteuses où Ton sera forcé d'avoir recours à ces obser- vations; et après tout, pourquoi n'exami- nerions-nous pas un insecte avec la même exactitude , la même patience, qu'un animal des autres classes? Les jambes ont des caractères particuliers dans quelques familles; telles que celle des punaises, celle des mantes. Elles ont souvent ici des membranes, des appendices latérales, qui les font paroître foliacées, ailées, lo- bées, etc., ou bien un ongle très-fort, d'où on a nommé les jambes ravisseuses, raptoriœ. Les jambes des scarites sont divisées laté- ralement et à leur extrémité, en plusieurs pointes, ce qui leur a valu la dénomination de palmées. L'extrémité du tarse sollicite aussi l'exa- men de l'observateur. Les crustacés, les aselles , les mille - pieds ont cette pièce ■ terminée insensiblement en une pointe co- nique , de la nature de l'écaillé ou de la corne. Les insectes ailés et plusieurs aptères ont à ce bout deux petits crochets mobiles, et qui, vu leur insertion, sont comme sur- ajoutés. 1ns. Tome IL N 194 TERMINOLOGIE La grandeur et la forme respectives det ces crochets varient beaucoup dans le genre de hanneton. Les lucanes et plusieurs insectes rongeurs des bois ont , dans l'entie - deux de ces crochets , une petite appendice portant deux soies divergentes. Les niéloës ont ces crochets bifides. Ils sont dentelés , en forme de peignes, dans les arachnides. Le tarse des deux pattes antérieures des scorpions aquatiques est figuré en crochet, ou ressemble à un ongle très-aigu. L'extrémité de cette même pièce est iné- galement fendue dans quelques punaises d'eau : les crochets se retirent dans cette incision. Plusieurs acarus ont les deux crochets implantés sur un petit corps mobile et inséré au bout du tarse. abdomen. Nous avons à examiner ses anneaux ou ses segmens, sa consistance, sa forme, sa connexion , ses proportions , sa surface , ses bords , son extrémité , et les appendices qui en dépendent. Le nombre des anneaux varie. Je ne parle D E s I N s E C T E s. 195 pas ici des crustacés, des aselles, des mille- pieds , dans lesquels le corps n'offre aucune distinclion apparente d'abdomen, étant d'une seule pièce terminée par une queue , ou d'une suite d'anneaux presque égaux, et dont les derniers forment encore souvent une queue. Les scorpions ont cette partie du corps composée de cinq à six segmens , dont chacun offre en dessus et en dessous une lame ou pièce transveisale , plus dure , réunie à chaque extrémité latérale par une membrane; la queue, outre cela, a six articles. Les arachnides ont ordinairement l'ab- domen d'une seule pièce ; c'est une espèce de sac. Je dis ordinairement, car on re- marque dans quelques araignées épineuses des plis imitant des anneaux. Les faucheurs ont encore des plis plus distincts. Les coléoptères , les hémiptères ont l'ab- domen de six anneaux. Le nombre en est plus considérable dans les orthoptères, du moins en les comptant par le dos. La pièce supérieure du dernier paroît être composée , et l'on peut en trouver quelquefois de huit à neuf; il en est de même dans les libellules et quelques névroptères. Je pense qu'il vaut mieux, pour éviter toute erreur , compter d'abord les segmens sur la N a 196 TERMINOLOGIE partie inférieure de l'abdomen , et regarder ce qui se trouve au dessus de l'anus comme surnuméraire, ou des appendices sexuelles. Les hyménoptères ont l'abdomen de sept anneaux dans les mâles , et de six dans les femelles. Celui des lépidoptères, des diptères, et de la plupart des autres aptères, est à peu près composé du même nombre. Il est inutile de nous répéter à l'égard des caractères que l'on peut tirer de sa consis- tance et de sa forme; l'on peut consulter ce que nous avons dit du corps en général et du corselet. Nous nous contenterons de faire connoître quelques expressions parti- culières et relatives aux formes ; ainsi l'ab- domen est : Conique , ressemblant à un cône dont la base tient au corselet. En massue y aminci vers sa naissance, et renflé à son extrémité. En faux, comprimé et arqué en faucille. Lorsqu'il est courbé en dessous, les ento- mologistes désignent cette direction par le mot latin incurvum , et par' recurvum , si c'est en dessus. Connexion de l'abdomen. Il est pétiole , lorsqu'il est attaché au DES INSECTES. 197 corselet par un pédicule très - menu , fili- forme. u^dossé , ce que les entomologistes incli- quent par le mot adnatum , lorsqu'il hent au corselet par un pédicule très-court , un point , comme dans les araignées. Sessile , s'il est appliqué au corselet par la plus grande partie de son diamètre trans- versal. De mi-sessile f si sa base, quoique beaucoup plus étroite , a une largeur sensible. Sur - imposé , lorsque la pédicule semble prendre naissance de l'extrémité postérieure et supérieure du corselet. Proportions de l'abdomen. Appliquez ici ce que nous avons dit des mesures des autres parties du corps. Surface de l'abdomen. Voyez les articles du corps en général et du corselet. Bords de l'abdomen 11 est entier , denté en scie , lobé , plissé , foliacé, tentacule, ou ayant des parties qui sortent et rentrent dans le corps, marginé. Extrémité de l'abdomen. L'anus ou l'ouverture destinée pour la N 3 198 TERMINOLOGIE sortie des excréniens et des organes du sexe y est placée. Cette extrémité est réfrécie postérieurement pour former une queue , ou sans amincissement spécial. Cette queue est plus courte que le corps , hrachyura , de la longueur du corps ou plus longue , macroura. Elle est anneléc , ou formée d'une suite de pièces transversales, ou articulée , moni- liforme , c'est - à - dire , composée d'articles arrondis , grenus ; les scorpions , etc. , elle est simple ou mutique , ou à appendices. Des appendices de l'abdomen. Les unes sont situées à l'anus, les autres le long de la partie inférieure. Des appendices anales. Nous ne parlons pas des organes sexuels, leur structure , du moins dans les mâles , étant souvent très - compliquée , et deman- dant des descriptions particulières. Nous en donnerons une idée générale à l'article de la génération. Il ne s'agit ici que des parties qui les accompagnent. Les appendices anales sont ou communes à tous les sexes , ou particulières à des indi- vidus d'un sexe. DES INSECTES. 199 appendices communs aux deux sexes. Nous les réduisons aux dénominations suivantes. i*'. Les lames , foliacées dans les unes , et stilaires dans les autres. s°. Les filières. 3°. La fiole à venin. 4°. Les filets. 5°. Les cornes. 6°. Les tenailles. 7°. Les styles. 8°. La fourche. 9". L'épée. 1°. Les lames sont les pièces qui terminent la queue des crabes , et qui sont ordinaire- ment au nombre de cinq, ou pentaphylles ; savoir, une au milieu, et deux autres de chaque côté , et géminées. Ces pièces latérales sont larges, en forme de feuillets dans les crustacés à yeux pédon- cules , et étroites en forme de styles ou de petites tiges coniques ou cylindriques, et articulées dans les crustacés à yeux sessiles. Les crevettes. 2^. JjGs filières sont des mamelons cylin- driques, mous , percés à l'extrémité de plu- N 4 200 TERMINOLOGIE sieurs trous , étant autant de filières. Les araignées. 3". La fiole à venin est un article ova- laire , terminé par une pointe arquée , cro- chue , percée de deux trous près de son extrémité , servant d'aiguillon , en injectant un venin. Les scorpions. 4". Les filets sont des tiges menues , en forme de soie , articulées , qui se voient dans plusieurs névroptères,dans quelques aptères, comme les forbicines. 5". Les cornes sont des pointes inarticu- lées, coniques ou cylindriques, creuses, qui se voient, au nombre de deux, à Textrémité de Tabdoraen des pucerons. 6°. Les tenailles sont deux pinces cornées, et terminant Tabdomen des perce-oreilles. 7°. Les styles sont des pointes molles (souvent vésiculaires ) , coniques , articulées ordinairement , placées, au nombre de deux, au bout de l'abdomen de quelques orthop- tères. On peut donner ce nom aux appen- dices qui sont une de chaque côté de l'anus des staphilins. 8°. La fourche est une pièce molle , arti- culée , mobile , fourchue , servant à sauter. Les podures. if. ïjépée est une pièce ti-igone, inarti- DES INSECTES. 201 ciûée , en forme d'épée , qui termine le corps de quelques entomostracés. appendices sexuelles des femelles. Elles servent, ou simplement d'oviductes, ou d'armes offensives et défensives. Les appendices oviductes forment un stylet d'une pièce en conique dans la tricliie liémiptère , un sabre dans quelques orthop- tères, une nacelle foliacée dans quelques mantes, ime tarière en scie dans les cigales, une scie dans les tenthrèdes , une queue tripile dans les ichneumons , une soie dans la raphidie , un filet en spirale dans les diplolèpes , un tuyau de lunettes dans les chrysis, un tube dans quelques coléoptères, une corne en nacelle dans quelques papil- lons , une pointe conique et écailleuse dans des tipules, etc. Les crustacés ont tout le long de la queue , en dessous , des filets velus , articulés , ovi- fères. Plusieurs entomostracés ont , de chaque côté , près de la queue , une capsule bivalve renfermant les œufs , ou bien une espèce de sac. Les appendices , anales servant d'armes , consistent dans un aiguillon rétractile , co- 202 TERMINOLOGIE nique, formé d'une gaîne et de deux lan- cettes, avec deux petits styles latéraux. La longueur et la direction de cet aiguil- lon varient , ainsi que la forme , la grandeur et la surface des styles latéraux. Ces appen- dices ne se voient que dans les hyménop- tères. On en observera soigneusement tous les caractères. Des appendices de V abdomen situées ?iors de l'anus. Elles sont au nombre de quatre : les peignes , les branchies , les opercules , les pendans. Les peignes sont des corps propres aux scorpions membraneux , formés d'une pièce principale , longue , étroite ; le long d'un côté de laquelle est fixée une suite de petites pièces , imitant des dents , et dont le nombre varie suivant les espèces : ces corps sont placés obliquement , au nombre de deux , et un de chaque côté , entre la poitrine et l'abdomen. On eu ignore les propriétés. Les branchies sont des organes analogues aux ouïes des poissons ; elles ressemblent , en quelque sorte , à la tige barbue d'une plume , sont cachées sous les côtés dans les crustacés à yeux pédoncules, et en forme à& DES INSECTES. 2o3 lame ou de filets très-ciliés sur leurs bords, ils sont placés sous la queue daus les autres. Les opercules. On a donné ce nom à une lame écailleuse , plate , demi-circulaire ou ovale qui recouvre l'ouverture de la cavité renfermant les organes du chant des cigales mâles. Il y en a deux, une de chaque côté, à la base de l'abdomen , près de la poitrine. On fera attention à leur forme et à leurs proportions. Les pendans. On peut appeler ainsi des appendices ovalaires , placées de chaque côté du corps , à sa partie inférieure , dans les lépismes ou forbicines. L'étude de toutes ces appendices est in- dispensable à tout homme qui cherche l'or- dre naturel , et qui veut expliquer un grand nombre de faits relatifs à l'histoire des in- sectes , à celle particulièrement des hymé- noptères. Nous n'indiquons pas ici la marche de cet examen , l'ayant déjà tracée dans les articles précédens. L'observateur , qui aura un bon esprit , saura d'ailleurs remplir les lacunes que la brièveté de ces élémens nous force de laisser. Nous terminons cette nomenclature , eu disant un mot des stigmates ou des ouver- tures extérieures des conduits aérifères. âo4 TERMINOLOGIE Comme ils sont placés en plus grand nombre sur l'abdomen que sur les autres parties du corps , nous avons cru devoir différer d'en parler jusqu'à ce moment. Leur nombre varie beaucoup suivant les ordres. Les mille- pieds en ont deux à chaque anneau ; les insectes ailés de dix - huit à quatorze en- viron, ou un peu moins ; les scorpions quatre de chaque côté ; les araignées deux aussi de chaque côté de la base du ventre , en des- sous. Les faucheurs en ont le même nombie; mais ils sont cachés par l'origine des hanches des pattes postérieures. Les mites paroissent n'en avoir que deux ; ou peut-être sont-ils comme ceux des faucheurs , à une seule ouverture séparée par une cloison qui seroit ici peu apparente. Nous avons traité ce sujet dans notre discours sur l'organisation intérieure des insectes. D E s I N s E C T E s. 2o5 SIXIÈME DISCOURS, De la génération des Insectes, 1-JES insectes naissent, comme les autres animaux, par la génération,- en recevant l'existence , ils ont reçu la faculté de se re- produire et de perpétuer leur espèce. Les anciens, qui les legardoient comme des ani- maux imparfaits, ont cru qu'ils naissoient de la corruption de différentes matières , et que la fermentation de ces corps putrides , augmentée par la chaleur du soleil , étoit le principe de cette fécondité : telle fut leur génération équivoque. Cette erreur , dans laquelle ils sont tombés faute d'examen et de réflexion , s'est transmise d'âge eu âge ; des hommes faits pour la détruire l'ont pro- pagée ; et il n'y a pas plus d'un siècle que beaucoup de personnes , très-instruites d'ail- leurs , croyoient enclore aux générations spontanées des insectes, quoiqu'il n'en existe pas plus parmi eux que dans les autres classes d'animaux , où les espèces se perpé- tuent par l'union des deux sexes , d'où résulte la fécondation des femelles. 2o6 GENERATION Ce qui a pu donner lieu à cette opinion , c'est probablement l'ignorance où étoient les anciens auteurs à l'égard des organes mer- veilleux des insectes; ils n'ont pu se per- suader que d'aussi frêles machines fussent capables de se reproduire ; et en voyant naître, croître sur la viande , sur le fromage et autres substances , des vers ou larves , ils ont conclu que certaines parties de la ma- tière avoient été animées et s'étoient trans- formées en larves, qui ne s'y trouvent cependant que parce que ces matières leur servent de nourriture. Des hommes célèbres ont observé un grand nombre d'insectes , de difïérens ordres et de différens genres; il n'en est aucun qu'ils n'aient reconnu être ovipare ou vivipare. Redi a prouvé qu'on ne voit paroître des larves que sur la viande où des mouches ont déposé des œufs , et qu'il n'en naît ja- mais sur celle dont elles ne peuvent appro- cher. Leeuwenhoek a fait voir que les mites, qui se trouvent en quantité sur le fromage, proviennent des œufs que les femelles y pondent , et que si on enferme du fromage dans un vase où elles ne puissent pénétrer, on n'y découvrira jamais de mites. Il se forme sur les feuilles, sur les tiges des arbres^; DES INSECTES. 207 ides tumeurs de beaucoup de sortes , qu'on appelle galles. Ces galles rerifermeut des larves, qui se transforment en cinips, en diplolèpe , en iclineumons ; on a cru que ces larves ne pouvoient devoir leur naissance qu'au suc même de Tarbre; mais aujour- d'hui que tous les insectes qu'elles produisent sont connus , on sait que ce sont les femelles qui, avec la tarière dont elles sont armées, font une entaille à une partie de l'arbre pour y déposer leurs œufs; et qu'à cet endroit il se forme une tubérosité dans laquelle la larve naissante se trouve enveloppée , jusqu'à ce qu'elle ait pris sa dernière forme. Il en est de même des larves de mouches qui naissent dans l'intérieur des fruits ,• de celles des charansons et des teignes, qui vivent dans les grains de blé entassés dans les greniers. On a étudié tous ces insectes,- on les a vus s'accoupler, et les femelles confier leurs œufs aux fruits et aux grains qui conviennent à leurs larves. On a donné , pour exemple d'insectes qui naissent de corruption, les poux et les puces qui, pendant toute leur vie , se tiennent sur de grands animaux qu'ils sucent. Des observations ont encore fait voir qu'il y a parmi eux des mâles et des fe- melles, un accouplement, et que la femelle 2o8 GENERATION pond des œufs ; ainsi du bois pourri , arrosé d'urine , ne produit pas pi us de puces , comme quelques auteurs l'ont prétendu , que la sueur n'engendre de poux. On a vu des ichneumons sortir du corps d'une chenille ; on a observé un grand nombre de leurs larves dans l'intérieur de quelques autres ,• cela a fait croire que les chenilles les avoient engendrés , tandis que ces insectes parasites ne se trouvent dans leur corps que parce que des ichneumons femelles de leur espèce y déposèrent leurs œufs , afin que ces larves pussent se nourrir , à leur naissance , des corps de ces mêmes chenilles , et en dévorer toute la substance. Goedaert nous fournira un exemple des effets que la pré- vention peut produire dans un observateur; il a cru que des insectes pou voient donner naissance à d'autres insectes d'une espèce différente de la leur; il a vu sortir des larves du corps d'une chenille, il a cru que ces larves étoient ses enfans ; plein de cette idée, il a pensé que la chenille prenoit soin d'eux, et il a cru la voir filer une coque de soie pour les couvrir. Si la véritable origine de ces larves lui eût été connue , s'il avoit su qu'elles la dévoient à un ichneumon , il n'auroit pas supposé à la chenille tant de prévoyance DES INSECTES. 209 prévoyance pour des larves qui avoient rongé une grande partie de son intéiieur, et il auroit aperçu que ce sont les larves elles- mémes qui , peu après avoir quitté son corps, filent chacune une petite coque et une enveloppe générale sous laquelle toutes les coques sont renfermées. Malgré tous les faits rapportés par les anciens et par les modernes, il n'y a aucune espèce d'insecte qui ne soit ovipare ou vivi- pare (1) ; aucune n engendre d'autre espèce que la sienne, et il n'en est point qui naisse de la corruption de quelque matière, soit végétale, soit animale; mais les substances qui se putréfient fournissent souvent une nourriture convenable à des insectes naissans qui, eux-mêmes, hâtent la corruption de ces matières. Les insectes naissent donc, de même que les grands animaux, à la suite d"un accou- plement, et tous sont distingués par le sexe. Parmi ceux qui ne vivent point en giande société réglée , on ne trouve que deux sortes (i) II n'est même pas d'insectes vraiment vivi- pares ; tous viennent d'un œuf qui éclot dans le ventre de la mère ( les vit^ipares ) , ou hors de son yentre { les ovipares). Ins, Tome II. O 210 GENERATION d'individus , qui sont les mâles et les femelles'; mais dans les abeilles, les guêpes, les fourmis, les termes , il y en a une troisième sorte qu'on a désignée par les noms de neutre , de mulet , (^ ouvrière ; nous en parlerons dans la suite. On distingue aisément les mâles d'avec les femelles, non seulement par les organes du sexe , mais encore par des caractères qui leur sont propres; ils n'ont presque au- cune partie extérieure qui n'en fournisse, et l'œil, habitué à voir de petits animaux, aperçoit facilement ces caractères. Un des premiers , et dont on ne voit guère d'exemple dans les animaux des autres classes, est la différence dans la grandeur du corps. On sait que généralement les mâles sont plus grands et plus forts que les femelles ; dans les in- sectes au contraire, à l'exception d'une très- petite quantité, les individus du premier de ces sexes sont plus petits que ceux du second. Les mâles de quelques espèces de fourmis sont de moitié plus petits que les femelles. Dans les cochenilles, les kermès, il y a une si grande disproportion entre les deux sexes, que la femelle paroît un colosse en compa- raison du mâle. Les antennes, dans la plus grande partie des mâles, sont plus longues, et ont une D E s I N s E C T E s. 211 forme différente de celles des femelles. C'est ce qu'on peut observer à la plupart des boni-- bix, à des phalènes, à quelques espèces de cinips, de tenthrèdes, de tipules; celles des mâles sont grandes , larges , barbues comme les cotés d'une plume , et forment des espèces de panaches,- au lieu que celles des femelles ne paroissent être qu'un filet , où l'on aper- çoit à peine de chaque côté quelques petites barbules courtes. Dans les abeilles et quelques autres espèces d'hyménoptères , celles des mâles ont treize articles, et sont plus longues que celles des femelles qui n'en ont que douze. Dans les hannetons mâles , elles sont ter- minées par des articles en feuillets , très- grands et dilatés, au lieu que les feuillets sont très - petits à celles des femelles. Dans le plus grand nombre des coléoptères, les femelles ont les antennes filiformes , c'est-à- dire, composées d'articles presque égaux en grosseur et en longueur, tandis que celles des mâles sont en forme de peigne , en dents de scie; voyez les malachies, les laupins, les buprestes. Dans les cérocomes mâles, ces articles sont très - inégaux , fort dilatés; ils sont en éventail dans les ripiphores. La tête des mâles a souvent une ou plusieurs cornes ( une grande partie des O 2 212 GENERATION scarabées, des bousiers, quelques espèces dé diapères); quelquefois elle est simplement garnie de tubercules (quelques insectes des deux premiers genres ) , au lieu que celle des femelles est ordinairement lisse, où n'a que des rudimens de cornes. Elle est plus petite que celle des femelles dans les fourmis; munie de petits yeux lisses dans les mutiles, tandis que celle des femelles en est privée; presque entièrement occupée par les yeux à réseau dans les abeilles, une partie des autres hyménoptères, et dans le plus grand nombre des diptères. La bouche de quslques coléoptères mâles offre également des caractères distinctifs; si on examine les palpes antérieurs de la céro- come, on verra que les deux articles inter- médiaires de ces palpes sont très - dilatés , presque vésiculeux; au lieu (^ue ceux de la femelle sont filiformes. Le zonite piézate mâle a la mâchoire presque aussi longue que les antennes, de sorte qu'il paroît avoir une trompe comme les abeilles; celles des femelles sont beaucoup plus courtes. Le corselet , dans plusieurs mâles de co- léoptères , est armé de cornes plus ou moins longues; cette différence se remarque par- ticulièrement sur celui des bousiers et des DES I N S E C -T E S. 2i3 scarabées. Celui des cigales mâles a en des- sous, près l'origine du ventre, deux grandes plaques écailleuses qu'on nomme opercules; ou n'en voit que les rudimens aux femelles. Les élytres sont aussi quelquefois très- différentes dans les deux sexes ,• plusieurs ditiques mâles les ont lisses ou presque lisses, tandis que celles de leurs femelles sont striées. Les ailes oiFrent encore quelquefois, par rapport au sexe , une différence très-remar- quable ; elles manquent à quelques femelles , tandis que leurs mâles en sont pourvus. Parmi les lépidoptères, on voit quelques bombix , quelques phalènes , dont les fe- melles n'ont que des moignons d'ailes qui ne leur sont d'aucun usage. Dans les hymé- noptères, les mutiles et plusieurs ichneu- mons femelles sont privés de ces organes, et au premier aspect ressemblent à des mu- lets de fourmis; les hémiptères ofïi'ent la même singularité. Les kermès et les coche- nilles mâles sont ailés , et leurs femelles aptères. Dans les coléoptères, le lampyre femelle n'a ni ailes , ni élytres ; au lieu que le mâle a les unes et les auti^s. Les pucerons offrent une exception bien plus remarquable; parmi eux il se trouve des mâles ailés et O 3 âi4 GENERATION des mâles non ailés, des femelles qui ont des ailes et des femelles sans ailes. Le ventre des mâles est ordinairement plus petit et plus alonge que celui des femelles. Cette différence est très - sensible , particu- lièrement dans le méloë femelle, et dans quelques espèces de galéruques ; avant la ponte, ces femelles ont le ventre si gros, qu'elles paroissent marcher difficilement, sur-tout les galéruques; cette partie de leur corps a quelquefois tant d'étendue, que les élytres n'en couvrent que la moitié. On peut encore , dans quelques genres , distinguer certains mâles des femelles par la forme des pattes. Quelques hépiales mâles ont les pattes postérieures d'une forme sin- gulière ; au lieu de jambes , ils n'ont qu'une masse informe, ovale, de la figure d'une poire, avec la surface interne garnie d'un gros paquet de parties semblables aux écailles qui couvrent les ailes des papillons ; ces parties longues , aplaties , aussi déliées que des poils dans presque toute leur longueur, s'élargissent vers leur extrémité , où elles forment des espèces de peloltes alongées dont le bout est arrondi. Dans quelques phalènes, et crambes de Fabricius, ce sont les jambes des pattes antérieures que les mâles D E s I N s E C T E s. 2i5 ont difFéreiites de celles de leurs femelles ; elles sont presque entièrement cylindriques, très-larges à l'extrémité , et garnies de par- ties également semblables aux écailles qui recouvrent les ailes des papillons. D'autres mâles des mêmes genres ont à l'extrémité des jambes antérieures , au lieu de ces parties , des poils longs et roides, qui forment une espèce d'éventail. Quelques frelons mâles ont les jambes des pattes antérieures larges, difformes, terminées par une lame écailleusc, concave, parsemée de petits points transpa- rens, qui, au premier coup d'œil, paroissent comme percés; les tarses de ces mêmes pattes sont raccourcis , contournés , et semblent être comprimés. Dans les coléoptères , les tarses des mêmes pattes de quelques mâles offrent aussi une singularité. Le quatrième article de ceux du mâle de la plus grande espèce d'hydrophile est très - grand et très- dilaté , au lieu que les tarses de la femelle sont filiformes. La même singularité ee fait remarquer dans les grandes espèces de di ti- ques ; les tarses des femelles sont filiformes , tandis que les mâles ont les tiois premiei's articles de ces tarses larges, convexes en dessus, garnis en dessous de poils courts et serrés. Quelques carabes ont aussi leurs tarses O 4 216 GENERATION beaucoup plus larges que ceux des femelles, Les deux premiers sont en forme de palettes dans quelques espèces. Les cuisses peuvent aussi servir à distin- guei- les mâles des femelles ; les premiers les onl souvent renflées, aplaties ou com- prmiées. Mais les différences que nous venons d'indiquer, n'étant point essentielles à la gé- nération , ne se trouvent que sur quelques- unes des espèces; ce sont les parties sexuelles qui font la véritable distinction des mâles et des femelles. Ces parties, dans le plus grand nombre, sont ordinairement placées à l'extrémité du ventre, et peu visibles; mais, eji pressant le ventre du mâle, on fait sortir , par l'ouverture qui est au bout, deux cro- chets assez durs, ordinairement de couleur brune ; en continuant la pression , on force les deux crochets à s'ouvrir, et ils laissent paroître une partie oblougue qui est celle qui caractérise son sexe. Les parties sont poussées en dehors par le mâle, dans le moment où, pressé par ses désirs amoureux, il cherche à s'approcher de la femelle pour s'unir à elle ; alors elles sont gonflées et ten-. dues. Les organes du sexe des femelles sont DES INSECTES. 217 pareillement oachés dans Tabdomen; en le pressant, on ne voit point sortir les deux crochets qu'on voit aux mâles, mais ime espèce de canal ou de conduit, qui paroît servir de vagin. Telles sont les parties qui, en général , peuvent servir à faire connoître les mâles d'avec les femelles. Les libellules, les ciabes, les écrevisses, les monocles , les faucheurs , les araignées , les jides ont ces organes placés dans des endroits très-diflférens. Ceux des libellules niàles se trouvent en dessous des premiers anneaux de labdomen , près de sa jonction avec le corselet; tandis que ceux des fe- melles sont placés en dessous, et presque à l'extrémité de l'abdomen ; aussi l'attitude de ces insectes pendant l'accouplement est-elle très-singulière , et ne ressemble aucunement à celle des autres insectes. Dans les crabes, les organes du mâle (1) sont à l'origine du dessous de la queue ; ils consistent en deux tubercules écailleux, uu peu aplatis et mobiles à leur base, garnis au bout d'une brosse de poils, roides et attachés à un anneau en forme de cerceau (i) Je parle d'après les auteurs. 2i8 GENERATION également écailleux et comme voûté, par l'ouverture duquel l'intestin passe du corps pour se lendre dans la queue. Ces deux tiges sont les organes de la génération. Ceux de la femelle se trouvent en dessous du corselet. Ce sont deux enfoncemens placés sur la troisième plaque; il y a à chacun d'eux un petit tubercule conique ; telles sont les deux ouvertures par lesquelles l'in- secte est fécondé dans l'accouplement. Dans les écrevisses , c'est aux pattes qu'il faut chercher les organes sexuels. A la base du premier article de chacune des postérieures du mâle, on voit une cavité arrondie, remplie d'une masse charnue ou membraneuse en forme de mamelon , qui est percée d'une ouverture. C'est par ces deux ouvertures , auxquels aboutissent les deux vaisseaux spermatiques , que le mâle jette sa semence. La femelle présente au même article des deux pattes de la troisième paire, tout près da corps, une grande ou- verture ovale, bouchée par des chairs, et qui est faite pour donner passage aux œufs. Les deux ovaires placés dans le corps ont leur issue à ces deux cavités. Les organes du sexe du monocle mâle sont placés à l'extrémité de la queue , et DES INSECTES. 219 ceux de la femelle au troisième anneau de cette partie. Le faucheur mâle a cet organe , dont la forme est celle d'un dard alongé, caché, hors de l'action, dans une gaine placée im- médiatement sous la bouche. La femelle a , dans le même endroit, une espèce de four- reau qui, au lieu de renfermer un dard, recèle un tuyau membraneux , comprimé, très-flexible, destiné à servir d'oviductus. Ces organes , dans l'araignée mâle , sont placés à l'extrémité des antennules , que quelques auteurs ont regardées comme des antennes , et que d'autres ont appelées les bras de l'araignée. Ceux de la femelle se trouvent en dessous du ventre , près de son origine. Dans la seule espèce de jule (1), dont on comioisse bien les organes de la génération, ceux du mâle sont situés à la partie anté- rieure du corps, aux environs du septième anneau. D'une base commune , membra- neuse , courte , ayant plusieurs sinuosités un peu ciliées, s'élèvent de chaque côté deux tiges également membraneuses , presque demi-cyUndriques , dont la convexité est (1) Julus complanatus F. 220 GENERATION extérieure et lisse , le sommet poileux , la face intérieure irrégulièremeut concave. De chaque extrémité part un crochet écailleux, long, arqiié du côté de la tête, unidenté vers le milieu ; en dedans est un avancement obtus, dilaté à sa base et du même côté. Je crois que ceux de la femelle du jule plombé consistent en deux parties vésicu- leuses , arrondies , dilatables et cachées sous le troisième anneau. Plusieurs insectes mâles, tels que les libel- lules , les fourmi-lions , les panorpes , les éphémères, les cimbex, les sauterelles, les bibions, ont à f extrémité de l'abdomen deux crochets plus ou moins longs , dont ils se servent, comme de pince, pour saisir leur femelle lorsqu'ils veulent s'accoupler , ou pour s'y tenir cramponnés pendant l'ac- couplement. Le hanneton n'a point ces deux parties à l'extrémité du ventre , mais son organe sexuel est terminé par deux crochets, qui, pendant faccouplement, se ferment et forment une espèce de pince , avec laquelle il retient sa femelle. Au défaut de ces crochets, dont le plus grand nombre de mâles sont privés, de certaines espèces, telles que des frelons ( i ) , carabes , des (i) Crabro Fab. D E s I N s E C T E s. 2.21 hydrophiles , des di tiques , ont les tarses de leurs pattes antérieures larges, dilatés, ciliés, faisant l'office de pince, et leur seiVant à se cramponner sur le dos de leur femelle pendant l'accouplement. Des femelles de diiférens genres ont aussi un instrument qui leur est propre ; c'est une espèce de tarière , simple ou composée de plusieurs pièces , placée à l'extrémité de l'abdomen; presque toutes celles de l'ordre des hyménoptères en sont pourvues. Aux unes , elle est cachée dans l'abdomen ; aux autres, elle est extérieure et plus ou moins longue ; elle forme une espèce de queue aux femelles des urocères , à celles des ichneumons, des cinips, des nèpes, et à celles des grillons , des sauterelles ; aux fe- melles encore de quelques espèces de tri- chies, la Irichie hémiptère, la trichie cana- liculée ; à celles de plusieurs espèces de priones, de callidies, de tipules. Cette tarière sert à quelques femelles pour entailler les différentes parties des plantes où elles veulent déposer leurs oeufs, et souvent elle ne leur sert que de conduit. On connoît parmi les insectes trois sortes d'individus , qui sont les mâles , les femelles et les ouvrières , auxquelles on a donné les 222 GENERATION noms de mulet et de neutre-, mais on ne trouve les dernières que parmi ceux qui vivent en grandes sociétés réglées, tels que les fourmis, les abeilles, les guêpes. On dis- tingue les mâles des femelles et des ouvrières par les formes et par la grandeur. Les mâles sont moins grands que les femelles, et plus grands que les ouvrières; ils ont la tête ordinairement grosse ( i ) , les yeux très- grands , un article de plus aux antennes , Tabdomen plus alongé et privé d'aiguillon. Les femelles sont les plus grandes des trois individus; leur tête est plus petite que celle des mâles; leurs yeux sont aussi plus petits; leur abdomen est très-gros , et elles ont un aiguillon très-fort. Les ouvrières sont sou- vent de plus de moitié moins grandes que les femelles; dans les fourmis, elles sont sans ailes; dans les abeilles, elles ont les jambes des pattes postérieures larges, aplaties, striées et ciliées; et elles sont pourvues d'un aiguil- lon moins fort que celui des femelles. Avant que les ouvrières fussent bien connues, tous les auteurs, tant anciens que modernes, les ont regardées comme des insectes privés de sexe, par conséquent incapables de repro- (i) Excepté les fourmis. D E s I N s E C T E s. 223 tluire leur espèce; mais, de nos jours, les expériences deScliirach, répétées par Huber, l'ont convaincu que toutes les abeilles ou- vrières sont du sexe féminin, pourvues d'ovaires, et que, dans de certaines circons- tances , ces parties peuvent se développer et les ouvrières être fécondes. Ainsi on ne peut plus douter que ces prétendus neutre» ne soient de véritables femelles , auxquelles il ne manque que le développement des organes sexuels , et des ovaires pour être en état de perjiétuer leur espèce. Nous sommes très-portés à croire que dans les termes il y a une sorte d'individu qui n'acquiert jamais d'ailes , quoique ce ne soit pas l'opinion de Sparrmann , qui dit positi- vement, dans son intéressant Voyage au cap de Bonne-Espérance , que les individus des termes , auxquels il donne la dénomination de soldats , et que diiférens auteurs qui ont parlé de ces insectes avant lui ont regardés comme des mulets , ne sont d'mie figuie différente de celle des travailleurs que parce qu'ils ont subi une métamorphose et se sont avancés d'un degré de l'état parfait. Sparr- mann s'est trompé; le premier changement, que subit une larve pour s'approcher de l'état parfait, est celui de quitter sa forme 224 GENERATION pour prendre celle de nymphe : or , comme ton les les nymphes, dont l'insecte parfait doit avoir des ailes , ont toujours les ru- dimens de ces organes , le soldat de Sparr- mann n'en ayant pas les moindres vestiges n'est pas une nymphe; il s'ensuit que parmi les termes il y a une sorte d'individus qui n'a jamais d'ailes. Ce qui le prouve, c'est que, dans l'espèce nommée lucifage par Rossi, connue à Bordeaux , on trouve des larves à tële ronde , sans appendices d'ailes , des n3anphes ressemblant aux larves , mais a} ant des appendices d'ailes ; des mâles et des fe- melles ailés, et des individus aptères en très- petit nombre, ayant une tête beaucoup plus forte , plus alongée, plus dure, avec de longues mandibules , semblable enfin au soldat de Spairmann. Peu après que les insectes ont quitté l'en- veloppe de nymphe , qui tenoit ses mem- bres comme emmaillotés, et que ces membres se sont affermis , ils en font usage , non pour aller chercher de la nourriture , car le plus grand nombre n'en prennent pas sous leur dernière forme , mais pour satisfaire un be- soin plus impoitant dans les vues de la Nature , celui de s'unir à un individu de leur espèce, aiiii de ne pas mourir sans avoir contribué DES INSECTES. qiS Contribué à la perpétuer. Comme la vie de la plupart de ceux qui sont parvenus à l'état parfait est très-courte , qu'elle est bornée à quelques jours , ces petits animaux sont très- pressés de jouir. Aussi , dans la saison des amours , on ne peut faire un pas dans la campagne sans en voir une multitude in- nombrable , dont les uns dirigent leur vol , les autres leurs courses dans les endroits où ils croient pouvoir trouver l'objet qu'ils cherchent avec tant d'empressement. Ils s'appellent et s'avertissent réciproque- ment de leur présence , les uns par le bruit qu'ils font entendre , et ce bruit est pour la femelle un signe auquel elle ne manque pas de répondre. Le mâle de la cigale , par exemple , dans son chant monotone n'a d'autre but que d'inviter sa femelle de se rendre auprès de lui. Le criquet appelle la sienne en produisant des sons avec ses cuisses postérieures qu'il frotte alternative- ment contre ses élytres. Le bruit aigre , et si fatigant pour nos oreilles , que ne cessent de faire entendre dans de certains tems le grillon champêtre et le grillon domestique, annonce aussi aux femelles les désirs amou- reux des mâles. La vrille tte savoyarde de Geoffroy , dont Ins. Tome IL - P 226 GENERATION le mâle et la femelle se tiennent ordinaire- ment cachés et séparés dans les trous du bois où ils vivent , ne sauroient se trouver dans le tems de leurs amours , s'ils n'avoient la faculté de s'appeler : aussi , lorsqu'ils sentent le besoin de s'unir, ils quittent leur trou , vont se placer sur quelques boiseries ; et là , l'un des deux sexes frappe à coups redoublés , avec sa tête , le corps sur lequel il est placé, jusqu'à ce que le bruit ait été entendu par l'autre , qui y répond de la même manière. Les piniélies produisent aussi avec leurs pattes un bruit sourd , qui est également le signal dont le mâle se sert pour se faire entendre de la femelle. Plusieurs espèces ont une autre manière de s'appeler ; c'est en faisant biiller à la vue l'un de l'autre les points lumineux qui se trouvent sur différentes parties de leur corps, tels que les lampyres et quelques taupins. Dans les premiers , ces points sont placés vers l'extrémité du dessus de l'abdomen ; la lumière phosphorique que répand le mâle est beaucoup moins vive que celle que pro- duit la femelle , ce qui est nécessaire , puisque étant privée d'ailes, elle ne peut s'élever dans les airs connue le mâle , et que celui-ci est obligé de la chercher dans les herbes , D E s I N s E C T E s. 227 où elle se tient pendant le jour , et sur la terre où elle marche le soir , pour se faire voir du mâle dans tout son éclat., Les deux points lumineux des espèces de taupins qui en sont pourvus , sont situés, un de chaque coté , près les angles postérieurs du corselet; ils brillent très-vivement dans l'obscurité. Quoique le corps des sphinx , des bombix, des phalènes , etc. n'offrent à notre vue aucune partie lumineuse , il paroît cepen- dant que les insectes en ont qui ne sont visibles que pour eux ; ce qui le fait présumer, c'est qu'ils sont attirés par la lumière d'une chandelle , autour de laquelle ils viennent voler , et finisisent par s'y brûler ; ils croient donc y trouver l'objet de leur recherche. Il seroit possible que les yeux du lépidop- tère , qui ont un si grand nombre de fa- cettes , fussent capables de répandre une lumière qui ne peut être aperçue que par des yeux conformés de même. L'odorat paroit être encore un moyen dont ces petits animaux font usage pour s'appeler. Si on considère les antennes de la plus grande partie des lépidoptères, dont la figure est celle d'une plume ; celles des abeilles mâles à longues antennes ; celles des lucanes , des hannetons , des scarabées , qui P a 328 GENERATION sont terminées par de larges feuillets ; celles de la cérocome , de la diapère , etc. , de quelques tipules , on verra que la forme des anneaux de toutes ces antennes est très- propre à transmettre les émanations qui s'é- chappent du corps des insectes. La vie du plus grand nombre des insectes qui ont acquis leur dernière forme étant bornée à peu de jours , qu'ils doivent em- ployer à s'accoupler et à pondre , il étoit nécessaire que les deux sexes parussent en même tems ; aussi les mâles et les femelles quittent -ils leur dépouille de nymphe à peu près à la même époque , et presque aussitôt ils se rassemblent par couple , pour remplir les fonctions auxquelles la Nature les a destinés. L'accouplement n'a pas lieu ordinaire- ment sans que la femelle fasse un peu de résistance , et elle n'accorde ses faveurs au mâle que quand il semble les avoir méri- tées ; celui - ci , comme le plus lascif, fait toutes les avances, et quelquefois elles sont reçues très- froidement par la femelle, qui fuit pour se faire suivre ; il ne la quitte point, rôde autour d'elle, monte sur son dos et la caresse amoureusement ; enfin , peu à peu elle se rend à ses désirs , et les partage DES INSECTES. 229 avec lui ,• alors , comme de concert , ils alon- gent leur abdomen; l'extrémité de celui de la femelle s'entr'ouvre , et le mâle y intro- duit son organe fécondateur; c'est ainsi que se font les accouplemens ordinaires. Dans plusieurs genres, tant que dure l'accouple- ment , le mâle reste sur le dos de sa femelle, mais dans les papillons, les phalènes et les autres lépidoptères, les punaises, les tipules* le mâle , après s'être joint à sa femelle , se place avec elle sur une même ligne ; cha- cun a la tête tournée du. côté opposé. Les cigales et les sauterelles se tiennent l'un à côté de l'autre pendant tout le tems de l'ac- couplement. Le hanneton commun reste joint à sa femelle pendant vingt - quatre heures , au moyen des deux crochets qui terminent son organe sexuel, et qui font l'office de pince; aussi , dans la saison des amours de ces in- sectes, on les voit souvent unis l'un à l'autre, le mâle pendant au derrière de sa femelle , ayant le dos renversé ; dans cette position , il se laisse entraîner par- tout où elle veufe le conduire ; ensuite il tombe épuisé et meurt. Dans tous ces insectes , les mâles et les femelles ayant les organes de la génératioa P 3 s5o GENERATION placés au bout de ]'abdomen , leur accou- plement diffère peu l'un de l'autre ; mais ceux dont les mêmes organes occupent des parties qui paroissent si peu propres à les receler, et si différentes de celles de leurs propres femelles , offïent des variétés dans la manière dont ils s'accouplent; ainsi les libellules se font remarquer par leur atti- tude singulière ; mais, avant de la faire con- noître, nous décrirons l'organe sexuel du mâle , dont la structure mérite de fixer l'attention. Cet organe est placé à la base de l'abdomen , près de sa jonction avec le corselet ; il occupe une portion du dessous du premier anneau , et toute la longueur du second; c'est particulièrement dans celui- ci que se trouvent ces parties les plus remar- quables et les plus essentielles , enfin , l'or- gane qui sert à* la fécondation. Cet organe, en tout tems , saille un peu en dehors d'une coulisse, dans laquelle plusieurs autres pièces sont également insérées ; au moyen d'une légère pression, on le fait sortir davantage, et paroi t en mênae tems un autre corps plus gros , auquel il tient. Pour se faire une idée de l'un et de l'autre , on peut se représenter un vase qui auroit une anse qui s'élèveroit au dessus de ses bords , et dont le bout le Df E s I N s E C T E s. sSi ^lus élevé se termineroit par un bouclion contenu dans l'ouverture du vase; le petit corps dont il a été parlé , et qui saille ordi- nairement , représente l'anse ; l'un de ses bouts est engagé dans le vase même , et il paroît que c'est le corps qui sert à féconder les œufs de la femelle , dans le corps de la- quelle il s'introduit après s'être redressé. Ce qui le fait présumer , c'est qu'il est fendu à son extrémité, et que par la pression, on le force à s'ouvrir plus qu'il ne l'est dans l'état ordinaire. La partie sexuelle de la femelle , qui con- siste en une simple ouverture , est située en dessous du ventre près de l'extrémité. Lorsque ces insectes veulent s'accoupler, soit qu'ils volent ou qu'ils soient posés sur quelques plantes, le mâle s'approche de la femelle le plus qu'il lui est possible, et tâche toujours de se trouver au dessus , afin de la saisir, avec ses pattes : aussitôt qu'il la tient, il contourne son corps pour en amener le bout sur le cou de sa compagne , et dans l'instant il s'y cramponne au moyen des deux grands crochets qui sont à l'extrémité de cette par- tie , et dont il se sert comme de pince pour la retenir. Si cette première jonction se fait en l'air , on les voit voler à la file l'un de 533 GENERATION l'autre, le mâle le premier, ayant Textrér mité de son ventre sur le cou de la femelle, qu'il entraîne dans son vol ; mais ils tardent peu à venir se poser sur une branche , le mâle toujours élevé au dessus de la femelle ; ils restent souvent plus d'une heure dans cette position , qui paroît servir de pré- ludes au véritable accouplement. Quelque- fois la femelle se refuse aux caresses du mâle et s'en sépare ; mais , lorsqu'elle se dé- termine à y répondre , elle contourne son ventre , le porte sous celui du mâle à plu- sieurs reprises , et finit ensuite par l'y fixer. Tant que dure l'accouplement , le mâle reste accroché au cou de sa femelle , et celle - ci le tient par l'abdomen avec ses pattes qu'elle cramponne dessus. Dans cette attitude, ils cherchent ordinairement la soli- tude sous quelques feuilles; mais, si un mâle jaloux ^dent les gêner , ils s'envolent sans se déranger , et le mâle est chargé du poids de la femelle. L'accouplement, ainsi que ses préludes, dure plusieurs heures, quand il fait très - chaud , et beaucoup moins quand il fait froid. S'il n'est pas rare de rencontrer do ces couples dans la saison où ils sont occupés de la reproduction de leur espèce , on n'a pas la même facilité pour voir lesj DES INSECTES. a33 écrevisses dans leurs amours ; les trous qu'elles habitent ne sont pas favorables pour procurer l'occasion de voir leur accouple- ment ; aussi ce n'est que d'après la position des organes de la génération , qui , comme on le sait , sont placés dans l'un et l'autre sexe en dessous des pattes, près du corps, qu'on croit que pendant l'acte le mâle a son ventre appliqué contre celui de la femelle. Nous rapporterons à ce sujet ce que dit Baster sur la foi d'autrui : lorsque le mâle attaque sa femelle , elle se renverse sur le dos , et alors ils s'embrassent l'un et l'autre très-étroitement par les pattes et la queue ; au bout: d'environ deux mois, la femelle se trouve chargée d'œufs. D'après les observations de Jurine sur les monocles, il paroîtroit que leur accouple- ment ne se fait pas toujours du consente- ment des femelles , à moins que la résistance qu'elles semblent opposer ne soit pour exci- ter davantage le mâle. Selon cet auteur, lorsque le mâle , de l'espèce nommée qua- dricome, veut s'accoupler, il commence par embrasser sa femelle avec ses antennes afin de la forcer à se prêter à ses désirs; celui de l'espèce qu'on appelle puce , s'élance sur sa femelle, la saisit avec les longs filets des 2<^4 GENERATION pattes de devant , s'y fixe avec ses harpons," et avance sa queue dans la coquille qui la couvre en partie ; celle - ci fuit d'abord , mais le mâle la serrant toujours, elle est forcée de rapprocher sa queue, et l'accouple- ment a lieu : il ne dure qu'un instant. Le monocle castor emploie à peu près les mêmes moyens que les mâles des espèces précé- dentes ; avant de s'accoupler il se sert de son antenne droite qui a une charnière , pour saisir sa femelle par les filets qui terminent sa queue ; et avec un filet qu'il a près de Torgane de la génération , il se cramponne à elle vers le haut de sa queue près de la vulve. Pendant l'accouplement les deux sexes se trouvent dans une direction oppo- sée , l'organe fécondateur est courbé , et son extrémité seule pénètre dans la vulve. L'accouplement des faucheurs ( phalan- gium de Lin. ), consiste en une simple jonc- tion, et il n'en résulte point d'adhésion entre les organes des deux sexes. Comme les or- ganes sont dans les deux immédiatement placés au dessous de la bouche , au moment où les insectes s'approchent pour s'accoupler , il semble que le mâle cherche à dévorer sa femelle, car il se met en face d'elle, la saisit en dessus et à la base des mandibides avec D E s I N s E C T E s. 235 lés pinces des siennes , pour parvenir à cou- ronner l'acte qui doit la féconder. Son or- gane atteint facilement ceux de la femelle , et raccouplement dure trois à quatre se- condes ; pendant ce tems les deux corps sont sur une même ligne , et aussitôt après la jonction l'on n'aperçoit plus au mâle la partie qui caractérise son sexe. Si tous les insectes dont nous venons de parler offrent des exceptions très -remar- quables par rapport à la position des organes sexuels, les araignées n'en présentent pas moins. On sait déjà que les femelles ont les organes placés au dessous et à la base du ventre , et les mâles à l'extrémité des anten- nules. Ces parties , dont les deux sexes sont pourvus , sont deux pièces articulées , sem- blables à des pattes et placées de chaque côté. Celles du mâle ont à l'extrémité un nœud ou bouton, qui renferme les organes de la génération ; ainsi le mâle a donc ces organes doubles , tandis que la femelle les a simples. Cette différence dans le nombre des par- ties sexuelles est encore une des singularités que présentent les insectes; leur accouple- ment est aussi très-extraordinaiie , tant par la manière dont il s'opère que par ce qui 236 GENERATION le précède , et par les dangers auxquels fe mâle s'expose en recherchant la femelle. Comme toutes les araignées ont les unes pour les autres une aversion qui les porte k s'entre - dévorer lorsqu'elles se rencontrent, le mâle n'approche de la femelle, pour s'ac- coupler , qu'avec la plus grande circonspec- tion, et après avoir pris des mesures pour se mettre à l'abri de ses pinces meurtrières. A l'époque de l'accouplement, la femelle se lient au milieu de sa toile, le ventre en haut, la tète en bas; elle y attend tranquillement le mâle. Celui-ci rôde autour de la toile, monte doucement dessus, ayant eu soin auparavant d'attacher un des fils qu'il sait filer , à quelqu'endroit peu éloigné, pour lui aider à se sauver s'il ne réussit pas dans ses tentatives ; ensuite il approche peu à peu de la femelle, la tâte doucement avec ses pattes antérieures ; si elle ne l'accueille pas favora- blement , il s'éloigne au plus vite en se lais- sant pendre avec son fil , dont l'un des bouts tient à son derrière. Si au contraire elle est disposée à le bien recevoir, elle répond à ses avances en alongeant ses pattes pour le tâter à son tour. Cette manœuvre dure un cer- tain tems, et par ces caresses réciproques, la fraj^eur se dissipe et fait place à un autre D E s I N s E C T E s. 237 sentiment. Pendant ces attoucliemens , qui semblent être les préludes de leur copula- tion, les antennules du mâle s'entr'ouvrent à leur extrémité , les boutons deviennent humides, et les organes sexuels de la fe- melle s'ouvrent aussi un peu. Alors le mâle , enhardi, s'approche très -près d'elle, porte avec vivacité une de ses antennules dans l'ouverture de la femelle et se retire promp- tement; un moment après il revient et porte son autre antennule dans cette fente , qu'il touche plusieurs fois de suite de la même manière , en se servant alternativement de ses deux antennules. On pourroit croire que l'accouplement de ces insectes ne consiste que dans un simple attouchement, si, lorsque le mâle porte un de ses boutons sur l'organe sexuel de la femelle , on n'en voyoit sortir plusieurs par- ties très - composées , entre lesquelles on en distingue une qu'il introduit dans cet organe et qui rentre dans la base du bouton aussitôt qu'il le retire. Dès que l'acte de la copula- tion est fini , le mâle s'éloigne promptement afin de ne pas s'exposer à être dévoré par sa femelle. Le jule aplati est encore un des insectes dont l'attitude est singuhère pendant Tac- s38 GENERATION coupleiiient. Le mâle et la femelle sont sur deux lignés, presque parallèles, dans la ma- jeure partie de leur longueur. La tête et les premiers anneaux du corps du mâle dé- passent, par un bout, celui de sa compagne, et l'extrémité de celle-ci se prolonge au delà du corps du mâle , à l'autre bout. Couchés sur le côté , étroitement unis l'un à l'autre , soit à l'aide de leurs pattes qui s'entrelacent , soit à la faveur des crochets du mâle , qui lui servent de crampons pour saisir les or- ganes de la femelle, ils demeurent ainsi long- tems dans cette position sans se donner pres- que aucun mouvement. Le mâle de la puce a aussi une attitude très-extraordinaire pendant l'accouplement; il est sous sa femelle ayant le dos renversé; tous deux ont le ventre appuyé l'un contre l'autre, la tête tournée du même côté et en face ; et ils s'embrassent avec lems longues pattes. L'éphémère mâle, dont l'organe sexuel est à l'extrémité de l'abdomen , est pendant l'ac- couplement, également placé sous sa femelle; les parties de la généiation de celle ci sont sous le ventre, entre le septième et huitième anneaux; pour atteindre ces organes, le mâle recourbe im peu sou abdomen et saisit eu DES INSECTES. 239 même tems, avec les crochets dont il est armé, sa femelle à laquelle il se cramponne. Nous avons vu que les mâles des insec- tes, pour accomplir l'acte de la génération, introduisent leur organe sexuel dans celui de leur femelle. Cela a lieu chez tous les autres animaux dont les sexes sont distin- gués, mais une espèce de mouches, qu'on voit communément dans les appartemens, fait exception à la règle générale; c'est la femelle au contraire qui introduit dans l'ab- domen du mâle une longue partie charnue; celui-ci monte très -souvent sur son dos pour essayer si elle est disposée à recevoir ses caresses , et quand elle s'y refuse il est obligé de la quitter sans qu'il y ait entre eux d'ac- couplement. Le tems que dure l'accouplement est plus ou moins long selon les espèces. Nous avons vu que les hannetons restent accouplés vingt- quatre heures ; les papillons , les phalènes et plusieurs autres lépidoptères le sont pen- dant plusieurs heures , ainsi que quelques punaises , plusieurs scarabées , mouches et tipules, des libellules, selon la température de l'air; lorsqu'il fait chaud, leur accouple- ment dure plus loii,^~tems que quand il fait froid; celui des éphémères s'achève en très- 240 GENERATION peu de lenis; la durée de leur vie sous leur dernière forme est si courte qu elles ne peu- vent que s'accoupler et déposer leurs œufs , et de toutes celles qui quittent leur dépouille de nymphes après le coucher du soleil, il n'y en a presque pas qui voient son lever. L'heure des exercices amoureux n'est pas la même pour toutes les espèces ; plusieurs ne s'accouplent que la nuit, les phalènes, les éphémères et les cousins, vers le coucher du soleil; dans les belles soirées d'été, au bord des eaux, on voit des milliers de ces der- niers voltiger en l'air , les uns réunis par couple, les autres cherchant à s'accoupler; les libellules préfèrent au contraire le mo- ment où le soleil brille sur l'horison, et elles sont beaucoup plus ardentes quand il est très-chaud. Les insectes ne sont propres à la généra- tion qu'après leur dernière métamorphose, quand ils ont changé plusieurs fois de forme, quand enfin ils sont parvenus à leur état de perfection ; les uns sont ovipares et la fe- melle pond des œufs; les autres sont vivi- pares et la femelle met au jour des larves; au bout d'untems plus ou moins long, il sort de ces œufs de petites larves , dont les unes sont appelées chenilles-^ ce sont celles qui sortent D E s I N s E C T E s. 241 sortent des œufs de papillons et des autres lépidoptères. Toutes les larves et chenilles croissent et changent plusieurs fois de peau sous cette première forme, qui est, si on peut se servir de cette expression, Tenfance de Tin- secte. Quand les larves sont parvenues au terme de leur accroissement, elles quittent leur enveloppe et passent à mi second état; les insectes qui sont sous cette nouvelle forme ont le nom de nymphes ou celui de chrysa- lides; ce dernier s'applique particulièrement aux nymphes qui doivent se métamorphoser en papillons. La peau de ces nymphes est souvent parsemée de points de couleur d'or; c'est delà qu'est venu le nom de chrysalide. Sous cette seconde forme, qui rapproche les insectes de l'état de perfection, les uns man- gent et agissent , les autres sont immobiles et ne prennent aucune nourriture. Presque aussitôt que les insectes , tant ceux qui doivent avoir des ailes que ceux qui n'en ont jamais, se sont tirés de la peau de nymphe ou de chrysalide, qui tenoit leurs membres enveloppés, ils sont en état de s'accoupler, et n'ont plus à croître. Nous ne parlons pas des crustacés et arachnides, qui croissent encore et changent de peau après avoir produit plusxeuis petits. 1ns, Tome IJ, Q â42 GENERATION Dans le plus grand nombre , un seul acr^ couplement suffit pour féconder tous les œufs que la femelle doit pondre; ce sont ceux qui , sous leur dernière forme , ont peu de tems à vivre , et qui déposent leurs œufs peu après s^être accouplés; tels sont plusieurs phalènes, bombix, particulière* ment celui du ver à soie, les éphémères. Parmi celles-ci il y en a qui n'ont que le tems de déposer leurs œufs, dont elles se débarrassent en un seul instant et en masse , et meurent aussitôt après. Les crustacés, les arachnides , dont la vie est plus longue et qui font plusieurs pontes , ont probable- ment besoin de plusieurs accouplemens. Cependant l'abeille domestique qu'on élève dans les ruches, dont la femelle pond plus de vingt mille œufs par an , n'a besoin , selon Huber, que d'un seul accouplement pour que les œufs, qu'elle pond pendant deux ans, soient féconds, et peut-être même, ajoute-t-il, tous ceux qu'elle pond pendant sa vie. Ce qui pourroit le faire croire, ce sont les observations que feu Audebert a faites sur les araignées. 11 a remarqué qu'une espèce que l'on trouve communément dans les maisons, après s'être accouplée une fois, n'a plus besoin du concoms du mâle pour D E s I N s E C T E s. ^45 pondre des œufs féconds plusieurs fois dans l'année et pendant plusieurs années de suite. liCs pucerons, ces petits insectes qu'on trouve communément réunis en très-grande quantité sur presque toutes les feuilles et les tiges des plantes, auxquelles ils causent de grandes altérations, offrent d'autres sin- gularités très -remarquables. La première, c'est qu'on trouve parmi eux des individus des deux sexes ailés et sans ailes ; on pour- roit prendre ces derniers pour des nymphes ; mais ce sont des insectes parfaits en état de se reproduire, de même que ceux qui ont des ailes. La seconde singularité, c'est que les deux sortes de femelles, pendant l'été , mettent au jour des petits vivans , et en au- tomne ne pondent que des œufs. Ainsi ces insectes sont ovipares et vivipares. La troi- sième singularité qu'ils présentent , celle qui est la plus remarquable, et qui les a fait observer avec la plus grande attention par Bonnet , Réaumur et L5^onnet , c'est que les femelles peuvent reproduire leur espèce sans s'être accouplées , et que l'accouplement d'une femelle suffit pour que toutes celles qui naissent d'elle soient fécondées pour plusieurs générations. Bonnet , qui est celui qui a le plus observé ces insectes , a pris JB44 GENERATION des petits au moment de leur naissance , le^ a élevés séparément et n'a permis aucmi© communication entre eux ; il a vu neuf gé- nérations se succéder sans qu'il y ait eu d'autre accouplement que celui de la mère commune ; mais toutes les femelles , qui font des petits sans le concours du mâle, sont moins fécondes que leur mère , et celles des dernières générations moins que celles des premières. On trouve dans quelques espèces de mo- nocles la même singularité. La femelle du monocle puce ^ observée par Jurine, après avoir été fécondée, transmet l'influence du mâle aux femelles qui naissent d'elle , de sorte qu'elles pondent aussi, sans avoir besoin de s'accoupler, jusqu'à la sixième génération. Une autre femelle de monocle , observée par le même auteur , a porté cette influence d'un seul accouplement jusqu'à la quin- zième génération ; mais , comme dans les pucerons, ces générations sans accouplement sont moins abondantes , et se succèdent moins rapidement que celles où les mâles ont pris part. Quelles variétés admirables dans les moyens que la Nature emploie pour per- pétuer les petits animaux, que les anciens D E s I N s E C T E s. 245 regardoient comme imparfaits ! tout en eux au contraire prouve qu'elle les a formés avec autant de soin que ceux des autres classes , et qu'elle les a doués d'une intelligence pro- portionnée aux besoins qu'ils en ont. On en est convaincu lorsqu'on voit la prévoyance des femelles qui, après avoir été fécondées, cherchent avec empressement à déposer leurs œufs dans des endroits où ils soient à l'abri des dangers auxquels ils seroient exposés si elles les plaçoient au hasard , et où les larves, qui doivent en sortir , puissent trouver au- près d'elles de quoi se nourir. Peu de mâles partagent avec elles les soins qu'elles pren- nent pour la conservation de leur postérité , d'où dépend celle de l'espèce , et il semble naître seulement pour féconder les femelles; car , dès que l'acte de la génération est con- sommé , ils les quittent, et meurent peu après épuisés. Des bousiers cependant aident leurs femelles dans la ponte, et travaillent avec elles au logement qu'elles préparent à leurs œufs. On les rencontre vers la fin du prin- tems occupés à former ensemble , et avec des excrémens d'animaux , ceux de l'homme sur-tout , des petites boules dont chacune renferme un œuf que la femelle y a déposé. Quand une boule a assez de grosseur , et Q5 246 GENERATION qu'elle a acquis une certaine consistance à force d'être pétrie , ils la font roulei' avec leurs pattes postérieures, jusqu'à ce qu'elle soit aiTivée au trou qu'ils ont creusé poiu' la recevoii" , et vont ensuite en recommencer un autre. Ce travail dure jusqu'à ce que la ponte soit finie. Le léthrus mâle et femelle forment aussi , d'un même accord , les pi- lules dans lesquelles ils placent leurs œufs. Les femelles qui sont armées de tarière s'en servent pour préparer la demeure qu'elles destinent à leurs œufs : les unes les placent dans le tronc des vieux arbres; les autres , dans la terre ; d'autres , dans le corps de différens insectes. Les autres es- pèces les déposent sur les tiges des arbres , ou sur des feuilles. Mais , de toutes ces fe- melles , aucune ne jouit du plaisir de voir naître ses enfans; toutes, après s'être acquit- tées des devoirs qu'elles avoient à remplir, subissent le sort commun à tous les êtres , elles meurent. D E s I N S E C T E S. 5547 HUITIÈME DISCOURS. De Vinstinct des Insectes dans la con- servation de leur postérité et de leurs métamo rph oses . J_iEs deux sexes ont payé à Tamour le tribut universel , et les plaisirs qu'il enfante vont se terminer ; mais le grand but de la Nature, celui de multiplier, de conserver l'espèce, n'est pas encore rempli dans toute son étendue. Des jouissances en ont préparé l'exécution, et la sollicitude maternelle y mettra le sceau et la dernière main. O vous, qui formez cette chère moitié de nous- mêmes, qui êtes le centre de toutes nos affections, écoutez les belles leçons de ma- ternité que vous donneront des animaux que leur petitesse vous fait mépriser ! Cher- chez , si vous voulez , dans les fastes de riiistoire ancienne et moderne, les traits sublimes qu'a inspirés un sentiment et un devoir aussi noble. Vous n'y trouverez ni plus de tendresse, ni plus de prévoyance, que dans les exemples que vous présente ici en foule l'histoire des insectes. Q4 S48 METAMORPHOSES Nous ne sonderons pas le m} stère impé- nétrable de la génération,- assez d'autres ont échoué dans l'explication qu'ils ont voulu en donner; je ne serois pas plus heureux, et je dois être plus sage. Ije signe de la fécondité s'annonce dans les femelles des insectes , comme chez la plupart des animaux des classes supérieures. Leur abdomen, naturellement plus grand que celui des mâles, acquiert souvent alors un volume extraordinaire. Nous l'avons déjà observé , et nous avons dit que le ventre étoit si gros dans quelques insectes , • les chrysomèles, les galeruques sur -tout, que ses bords dépassoient de beaucoup les ély très ; on ne peut rien citer, à cet égard, de plus extraordinaire que les termes. Le ventre qui, dans son état naturel, n'étoit long que de quatre à six lignes au plus , a maintenant deux pouces et au delà. Aussi, quelle ne doit pas être la fécondité de ces animaux ; elle surpasse, je présume, tout ce que nous pouvons connoître en ce genre. On porte le nombre des petits, ou du moins des œufs du bombix du mûrier, ou de la femelle du papillon, du ver à soie, à 3 ou 400; l'abeille domestique en produit de 00 à '^0;Ooo,* et en supposant^ avec Réaumur, D E s I N s E C T E s. 249 qu'un essaim est d'environ 32,256 individus, et qu'une ruche peut en donner trois par années, on aura une population de 96,168 abeilles. L'aleyrode de Yéc\aire,tinea pivle- iella de Linnasus , peut donner naissance , dans l'espace d'une année, à plus de 200,000 individus. Une espèce de phalène produit, à la troisième génération , suivant Lyonnet , beaucoup plus d'un million de petits. De Géer parle d'une autre qui, à sa quatrième génération , en a mis au monde quatre milr lions ou davantage. La mouche vivipare a des portées de 20,000 individus ; sa race seroit ainsi, à la troisième génération, de deux milliars de descendans. a Les nombreuses races des pucerons, des mites, des poux, dit Saint - Amand , dans sa Philosophie entomologique , se succèdent avec une in- croyable rapidité, et deviennent incalcu- lables. Le puceron, observé par Réaumur et Bonnet, produit à sa cinquième généra- tion 5,904,900,000 individus , et peut donner plus de vingt générations dans l'année. » Quelle inconcevable multiplication! La terre entière ne pourroit contenir bientôt la progéniture de ces insectes , si la Nature n'avoit pris soin d'en limiter les progrès. » La polyspermie est donc bien plus éten- 25o METAMORPHOSES due dans les insectes que dans les plantes. Cela doit être, parce que la faculté loco- motive, Tétat de guerre réciproque et per- manent dans lequel ils vivent , leur organi- sation moins simple et plus délicate les ex- posent à plus de dangers». Je pense aussi qu'il en est de ces calculs comme de beaucoup d'autres que la théorie peut établir,* mais que l'expérience ne con- firme pas d'une manière si mathématique. Un très -grand nombre d'insectes femelles périssent sans avoir été fécondées, ou sans avoir produit le fniit de leurs amours. Ces générations sont également moins nom- breuses , et bien souvent presque entière- ment détruites; et par une juste compen- sation , si les insectes ont une grande facilité à se propager, ils sont aussi exposés à plus de danger et à plus d'ennemis. Telle est la suite de cette lutte générale et respective de tous les corps, et de laquelle résultent cet équilibre, cette harmonie qui main- tiennent l'état primitif et conservent l'œuvre de la création. Les naturalistes ont divisé les insectes en ovipares et en vivipares, mais cette distinc- tion n'est pas vraie à la rigueur ; si les clo- portes , les scorpions , des pucerons , des D E s I N s E C T E s. 201 mouches naissent vivans , les uns sous la forme qu'ils auront toujours , les autres sous celle d'une larve ou dune espèce de ver, il n'en est pas moins démontré qu'ils furent tous renfermés primitivement dans un œuf, et que cet œuf s'est développé , a éclos dans le ventre de la mère respective de chacun de ces animaux. La Nature ne déploie jamais plus de sa- gesse , plus de prévoyance que dans les moyens qu'elle emploie pour la conserva- tion de la progéniture des insectes. La ma- jeure partie des prodiges , dont est remplie l'histoire de ces animaux , doivent se rap- porter à cette grande fin. Les travaux admi- rables des fourmis , des termes , des abeilles, des guêpes , etc. , n'ont d'autre destination que celle de nourrir et défendre soigneu- sement le doux espoir de la postérité. Le sentiment de la maternité anime ces indus- trieux insectes ; et que ne peut-il pas lors- qu'il est dirigé par le grand Précepteur et le Père commun de tous les êtres ? Les œufs des insectes ont assez ordinai- rement la forme de ceux des oiseaux , des reptiles , etc. ; c'est une figure presque o\ aie, amincie quelquefois un peu plus à une de ses extrémités ; leur tunique est formée 252 METAMORPHOSES d'une pellicule assez épaisse et assez ferme, souvent élastique , et propre à résister , du moins un peu , aux impressions extérieures; sa couleur est d'un blanc jaunâtre ou brune, ou quelquefois bleuâtre , gris de lin , avec un reflet brillant , même doré ; c'est là , comme dans les autres animaux , que Tem- bryon de l'insecte se nourrit et se déve- loppe ; Foeuf renfermant aussi , à l'intérieur, des substances alimentaires. La petite ouver- ture que l'on observe à l'extrémité des œufs d'où l'insecte est sorti , est constamment et parfaitement circulaire; l'on en doit conjec- turer que la Nature a façonné cette extré- mité d'une manière particulière; car Finsecte, quoique rond, ne pourroit jamais sans cela se pratiquer, lorsqu'il abandonne sa première demeure, une porte aussi exactement ronde. Ija petite calotte , ou le cotivercle de cette espèce de boîte , demeure souvent attachée à Fœuf par une sorte de ligament. Il est aisé de faire cette remarque sur les œufs de quelques punaises. Nous n^avons parlé que de la forme la plus générale des œufs ; car , si on les exa- mine en détail , on est extrêmement frappé de la variété de leurs figures , et de la régu- larité, de la symmétrie des cannelures ^ des DES INSECTES. ^53 côtes, des points, soit en bosse, soit en creux, de leur surface. Réauniur nous a donné le dessin de plusieurs de ces œufs singuliers : il en compare la forme de quelques - uns à celle de certains boutons d'habit. Ils leur ressemblent , en effet , par la disposition rayonnante de leurs stries et de leurs élé- vations. Presque tous les œufs des insectes sont enduits d'un gluten qui les fixe aux corps sur lesquels les mères les déposent. La Na- ture a fait un peu plus pour ceux des hémé- robes et ceux des nèpes : les premiers sont implantés sur une espèce de fil , qui est fixé à l'extrémité opposée par des feuilles de plantes ; les seconds sont couronnés de quel- ques poils roides , et ont de la conformité avec les semences de quelques fleurs semi- ilosculeuses. Les crustacés portent leurs œufs sous la queue et attachés à des filets ; et afin qu'ils soient garantis , cette portion du corps se replie en dessous, les cache et les couvre jusqu'à l'époque où les petits éclosent. Ils n'abandonnent même pas toujours leur mère après leur naissance, et se tiennent accro- chés à différentes parties de leurs pattes , de leur poitrine , etc. , jusqu'à ce qu'ils aien^ 254 METAMORPHOSES acquis de la force. C'est ce qu'on peut voir dans la crevette des ruisseaux , ( gammarus f)ulex , Fab. ) Les œufs des cloportes sont renfermés dans une espèce de poche , située à la poitrine de ces animaux , formée de sa peau même, et se fendant en cioix lorsque les jeunes cloportes éclosent. Les monocles ont les leurs dans deux sacs ou capsules , une de chaque côté , près de la naissance de la queue. Ceux du monocle apus sont renfermés entre deux pièces cir- culaires , un peu concaves , appliquées l'une sur l'autre. Il n'est point d'animaux qui surpassent les araignées dans la manière industrieuse d'envelopper leurs œufs. Une double coque de soie couvre et protège ces germes pré- cieux. Le tissu , la forme , la couleur de cette enveloppe varient beaucoup , suivant les espèces , de même que la manière dont elle est fixée. La coque d'une araignée filandière qui habite nos maisons , représente une petite boule suspendue verticalement par le se- cours d'un filet ou d'une tige soyeuse. On voit quelquefois plusieurs de ces coques pla- cées ainsi à côté les unes des autres. DES INSECTES. a55 J'ai trouvé assez fréquemment le nid d'une autre araignée non moins remar- quable ; il est sphérique , et fortifié exté- rieurement de grains de sable , de petites parcelles de terre , de pierie , de végé- taux , etc. ; on y seroit trompé au premier coup d'oeil. La mère est ordinairement aux aguets , soit pour défendre sa progéniture , soit pour y tendre plus sûrement des pièges, et se nourrir des victimes que l'imprudence y fait tomber. La coque de l'araignée à bandes a près de deux pouces de longueur; elle est ovoïde, tronquée, entrecoupée dans sa longueur de bandes grises et noires alternes, ce qui lui donne de la ressemblance avec nos aéros- tats. La partie tronquée est hermétiquement bouchée avec une couche de soie tiès-fine, très-serrée et foit unie; cette poite empêche d'autres insectes de s'insinuer dans l'inté- rieur, et de détruire les œufs qui y sont ca- chés sous une seconde coque. Les araignées loups tiainent toujours après elles un petit sac blaoc qui lenferme leurs œufs ; dès que les petits sont éclos , ils montent sur le dos de leur mère. Les araignées mineures se piatiquent une galerie souterraine dont elles ferment 556 METAMORPHOSES une des issues avec une porte circulaire en de trappe, composée de terre et liée avec de la soie , raboteuse en dessus , lisse en de- dans, et retenue par une charnière. Plusieurs bousiers enferment leurs œufs dans une boule , formée en plus grande partie d'excrémens, et qu'ils font rouler jusqu'à ce qu'ils aient atteint le trou où ils doivent les ensevelir. On voit les boucliers, les dermestes dépo- ser leurs œufs dans les cadavres des ani- maux; les nicropliores, qui sont de la même famille, se glissent sous le corps d'une taupe, d'un rat mort depuis peu, creusent la terre en dessous, font entrer peu à peu le cadavre dans la fosse qu'ils ont préparée et y cachent soigneusement leurs œufs lorsqu'il est entiè- rement enseveli. Le grand hydrophile ( piceus ) place ses œufs dans une coque blanche, en forme de sphéroïde aplati , dont on auroit em- porté un segment. De l'extrémité supérieure de l'endroit où le segment paroît emporté , s'élève , suivant Lyonnet , une espèce de corne solide, composée de même que la face aplatie de la coque , d'une soie brune ; les petits en sortent en s'y pratiquant une ou- verture. L'attelabe DES INSECTES. 267 L'altelabe du noisetier roule en cylindre une feuille de cet arbre , afin de mettie à couvert sa postérité. Les mantes font une espèce de nid ovoïde, d'une matière qui ressemble d'abord à de l'écume, ou de la gonmie,et qui durcit en- suite; les œufs y sont disposés chacun dans autant de cellules et sur plusieurs langs longitudinaux. Les naturalistes n^ont pas en- core expliqué la manière dont ces insectes forment ces coques; un de mes amis, Mar- cel Serres, de Montpellier, s'en occupe en ce moment avec beaucoup de zèle, et nous pouvons espérer qu'il nous donnera un bon ouviage sur les orthoptères de la France , ceux du midi particulièrement. Des punaises collent fortement leurs œufs sur difïérens arbres, en les plantant droits et pressés les uns contre les autres; De Géer en a vu une conduire ses petits , les surveiller , les garder comme ime poule fait à l'égard de ses poussins; la cochenille leur forme, eu mourant , un abri et un rempart de sou cadavre. Nous avons dit que ceux de fhémérobe étoient fixés à des feuilles par le moyen d'un pédicule capillaire. Les dipîolèpes font avec leur tarière une Ins. Tome IL R 258 METAMORPHOSES entaille aux feuilles , atix bourgeons des arbres, mais à ceiix du chêne spécialement, afin d'y placer leurs œufs; cette piquure occasionne une excroissance appelée galle, de l'intérieur de laquelle la larve tire sa nourriture. Des cinips , des ichneumons ont une ta- rière à peu près semblable , et s'en servent pour enfoncer leurs œufs dans l'intérieur des larves des chenilles , des chrysalides, des nymphes , dans les œufs même de plusieurs autres insectes; ils les collent du moins après ces difïérens corps. Des sphex font un nid avec du mortier, y préparent de douze à quinze loges cylindri- ques, placées parallèlement sur deux ou trois ningées, déposent dans chacune de ces loges un œuf avec un insecte , dont le cadavre doit nourrir la larve qui sortira de l'œuf, et ferment ensuite l'ouverture de ces cel- lules. D'autres sphex creusent la terre, y font un trou et y mettent un œuf avec une che- nille ; ils bouchent ensuite l'entrée de cette habitation; ils vont même quelquefois cher- cher pour cela une petite pierre. Les guêpes maçonnes ferment aussi leur petits dans des nids construits avec de la DES INSECTES. 269 terre, et les nourrissent également avec des chenilles. Nous ne reviendrons point ici sur les admirables travaux des guêpes vivant en société, sur ceux des abeilles, des fourmis des termes ; Ton sait qu'ils n'ont d'autre but que la conservation de la postérité de ces insectes. Les œufs de la mouche stercoraire ont, de chaque côté, une petite membrane laté- rale, en forme d'aile, qui les empêche de s'enfoncer dans les excrémens sur lesquels la mère les a déposés. Les œufs du cousin sont plantés comme des quilles , et rassemblés en forme d'une petite nacelle, qui vogue sur la surface des eaux. Des bombix enveloppent les leurs d'une grande quantité de poils, et ils en forment un corps qu'ils collent après un arbre ou sur un mur. Des insectes du même genre les disposent autour des branches d'arbre en forme de verticilles, et les enduisent d'une matière très-visqueuse. Les oestres les insinuent dans la peau des grands animaux, jusques dans leurs sinus frontaux ou dans leurs fondemens. R 2 a€o METxiMORPHOSES Tel est l'aperçu général de l'industrie , dé la prévoyance que témoignent les insectes, alin de placer commodément leurs œufs, soit pour les garantir, soit pour que la larve puisse à sa naissance trouver des aliniens. Nous verrons le détail de ces moyens ingé- nieux , en traitant Tliistoire des espèces. Tâchons maintenant de suivre l'insecte dans les diverses périodes de sa vie. Les œufs stériles se dessèchent et perdent bientôt leur forme et leur couleur. Ceux qui ont été fécondés les conservent au con- traire jusqu'au moment de la naissance de linsecte; la teinte néanmoins se rembrunit dans plusieurs, à mesure que le germe se développe. Le lems , qui s'écoule entre la ponte de l'œuf et la sortie de l'animal qu'il renferme , dépend de la température de l'atmosphère, et on iTie peut rien établir de certain à cet égard. Il paroît même que la nature des insectes , soit qu'ils naissent avec tous les organes dont ils sont doués, soit qu'ils pa- îoissent sous la forme de larves, et que la consistance de la tunique de l'œuf tendent à modifier cette première cause. Il ne faut que quelques jours aux œufs de la mouche bleue de la viande pour éclore , huit jours D E s I N s E C T E s. 261 environ aux papillons appelés la éé-Z/^-c^ami?, le i'ulcain; tandis qu'il faut un mois à ceux du grand porte-queue {machaon) , du flanibé {^podaliriufi) , six à huit mois à ceux de la phalène mouchetée. Ainsi la température étant supposée la même, les uns doivent éclore plus tôt , les autres plus tard; cepen- dant les œufs pondus en automne passent presque toujours Fhyver dans cet état; et les petits ne naissent qu'au printems , à une époque où ils peuvent trouver des vivres et où ils n'ont plus à craindre du froid. Les crustacés, les insectes aptères sont, en. voyant le jour, pourvus de tous les organes qui leur sont propres et qui les caractérisent; mais il n'en est pas de même des insectes ailés. Devant acquérir des moyens de mouvement inconnus aux autres , la Nature a pris pour eux une autre marche. Il falloit élaborer, développer peu à peu les ailes ; il devoit en résulter des changemens de forme , et c'est ce qu'on a nommé métamorphoses. Qui pourroit croire, en consultant simplement l'analogie , qu'une chenille deviendra un jour un papillon? que le ver de la viande se transformera en une mouche? Cela est cependant bien prouvé : et il est facile de s'en convaincre en suivant soi-même toutes R 3 2^2 METAMORPHOSES les mutations , celles , par exemple , de l'œuf pondu par le bombix femelle du mûrier. On verra qu'il en sort une chenille, connue sous le nom de per à soie ; qu'après plusieurs mues cette chenille se filera en coque, y passera à un autre état , celui de chrysalide ou de nymphe; qu'il en naîtra bientôt un lépidoptère absolument semblable , s'il est du même sexe à celui qui avoit pondu l'œuf dont il est venu. Réaumur a tiré de l'inté- rieur même de la chenille le papillon qu'elle devoit produire au bout de plusieurs chan- gemens. La puce est le seul insecte aptère , qui subisse des métamorphoses. Tous les autres, en général , naissent avec la forme qu'ils auront dans la maturité de l'âge. Ils sont seulement plus petits et doivent changer de peau. Je les crois même incapables encore de pouvoir se reproduire par la voie de la génération , et ce n'est qu'après plusieurs mues qu'ils jouissent, je pense, de cette fa- culté; je ne sais même pas si ces mues ne sont pas de vraies métamorphoses , car nous re- marquerons plus tard qu'il y a une dégra- dation si insensible dans les transformations des insectes ailés, que les unes mènent aux autres, et que de celles des orthoptères, par DES INSECTES. 263 exemple , aux mues des araignées , il n'y a pas fort loin. De Géer sembleroit le con- firmer ; il a observé , et avec beaucoup d'exa- titude , à ce qu'il paroît , que les cloportes , les Jules et plusieurs mites ne viennent pas au jour avec toutes les pattes qu'ils ont dans un âge plus avancé. Les métamorphoses des insectes présen- tent une diversité essentielle. Swammerdani est le premier qui les ait distinguées et fait connoître. Un homme, qui a été plus loin que lui dans la finesse des observations ana- tomiques, a publié un excellent Extrait de ces découvertes , celles qui lui étoient pro- pres ; écoutons-le : « Les changemens des insectes des trois autres classes ne se terminent point là. Après avoir mué la plupart diverses fois , et après avoir acquis la grandeur qu'il leur faut, tous deviennent semi - nymphes , nymphes ou chrysalides. Ils passent un certain tems sous cette forme , ensuite ils la quittent et pren- nent celle d'un insecte parfait et propre à la génération. C'est dans la diversité qui s'ob- serve dans ces trois sortes de changemens, que sont puisés les principaux caractères qui distinguent les insectes de la seconde , de la troisième et la dernière classe. R 4 264 M E T AM ORPHOSES » Les insectes de la seconde classe sont ceux qui passent par Fétat que j'ai appelé semi'-nymphe . Ils ne subissent point de trans- foraialion entièrement complette; mais dans leur dernier changement , ils ont ordinaire- ment encore tous les membres qu'ils a voient auparavant sans en avoir acquis d'autres, si ce n'est qu'ils ont pris ces ailes : aussi la semi-nj^niplie, comme il a déjà été remar- qué, ne diffère pas beaucoup pour la forme de l'animal qui l'a produite ; ce qui l'en dis- tingue toujours le plus, c'est qu'on lui voit sur le dos , au bas ;du corselet , les étuis dans lesquels ses ailes se forment, qui, avant cela, ne paroissent que très-peu, et souvent point du tout. Du reste, elle marche, court, saute et nage comme auparavant. La différence qu'il y a entre la semi-nymphe et l'insecte ailé qu'elle produit, n'est pas toujours si peu sensible dans quelques espèces ,• elle est même si grande , qu'on a bien de la peine à y dé- couvrir les traces de leur première forme; mais cela n'est pas général , et la plupart dans leur dernier état ne diffèrent principa- lement de la nymphe que par les ailes. » Les insectes des deux autres classes ne jouissent pas du même avantage que les précédens; ils perdent l'usage de tous leurs D E s I N s E C T E s. 265 membres lorsqu'ils entrent dans leur état de transformation; aussi ne ressemblent-ils alors en rien à ce qu'ils étoient avant cela. Tel animal de ces deux classes, qui aupara- vant n'avoit point de jambes , ou en avoit jusqu'à cinq, six, sept, buit, neuf, dix et onze paires, n'en a alors jamais ni plus ni moins que trois paires , qui avec ses ailes et ses antennes sont ramenées sur son estomac, et s'y tiennent immobiles. » Ce qui distingue ici ces deux dernières classes l'une de l'autre , c'est que les insectes de la troisième classe quittent leur peau, lorsqu'ils se changent en nymphes ou en chrysalides , et que ceux de la quatrième se changent en nymphes sur leur peau même qui se durcit autour d'eux et leur sert alors de coque. » Voilà la principale différence que Swam- mierdam et notie auteur trouvent dans ces quatre classes; elle consiste , pour le répéter en deux mots, en ce que les insectes de la première classe , après être sortis de l'oeuf, ne subissent aucune transformation , que ceux de la seconde subissent un changement incomplet , et deviennent semi-nymphes. » Il importe d'abord de savoir ce que c'est proprement que l'état de nymphe et de chiy- 266 METAMORPHOSES salide dont il est parlé. On entend par-là un état d'imperfection , accompagné souvent d'inactivité , de jeûne et de foiblesse par où l'insecte passe , après être parvenu à une certaine grandeur , et dans lequel son corps reçoit les préparations nécessaires pour être transformé en son état de perfection. Toutes les parties extérieures de l'insecte se trouvent alors revêtues de leur peau naturelle , ou d'une fine membrane , ou bien d'une enve- loppe dure et crustacée. Dans le premier cas les membres de l'insecte demeurent dé- gagés ; il conserve la faculté d'agir ; il mange, et sa forme est peu différente de ce qu'elle étoit auparavant. Dans le second cas les membres de l'insecte se trouvent assujettis sur la poitrine , mais séparément. Il ne sau- roit ni manger, ni agir; il ne lui reste aucune trace apparente de sa première forme , et il n*en a que de très-confuses de la forme qu'il doit prendre. Dans le troisième cas, l'enveloppe réunit toutes les parties de l'a- nimal en une seule masse ; elle le rend pa- reillement incapable de manger et d'agir j il ne ressemble en rien en ce qu'il a été , ni à ce qu'il deviendra. Ces trois manières de changer sont , comme on voit , très - diffé- rentes : nous n'avons cependant que deux DES INSECTES. 267 noms dans notre langue pour les distinguer. On dit des insectes qui se trouvent dans Tun ou dans l'autre des deux premiers cas , qu'ils sont changés en nymphes ; et de ceux qui se trouvent dans le dernier cas, on dit qu'ils ont pris la forme de chrysa- lides. Voilà ce qu'on entend par ces deux termes , auxquels il seroit bon d'en ajouter un troisième , pour mettre de la différence entre les nymphes du premier et du second ordre. On pourroit le faire, ce me semble, assez commodément , en réservant à ces derniers le nom de nymphes , et en donnant à celles du premier genre celui de semi- nymphes ou demi - nymphes , nom qui ne leur seroit peut-être pas mal appliqué , en conséquence des foibles changemens qu'elles ont subis. Les sauterelles , qui , au lieu de longues ailes qui leur viennent , n'ont encore sur le dos que les petits étuis dans lesquels ces ailes se forment , sont des nymphes de cet ordre ,• on pourroit les appeler des semi- nymphes. Ceux qui ont eu occasion de voir le couvin des abeilles , n'auront pas manqué de trouver, dans les alvéoles fer- més , des mouches encore imparfaites ; ce sont des nymphes du second ordre. Les fèves des vers à soie fournissent un exemple lïès-: 268 METAMORPHOSES connu d'insectes sous la forme de chry- salide. » Les insectes , qui ne subissent d'autre métamoipliose que celle qui les a convertis de la substance molle d'un œuf en un corps bien formé et vivant , sont ceux qui cons- tituent les premières classes de transforma- tion dont il est parlé dans ce chapitre : la plupart changent de peau ; quelques-unes de leurs parties grandissent quelquefois un peu plus que d'autres , et prennent aussi très -souvent une couleur différente de celle qu'ils avoient auparavant. C'est à quoi se réduit presque tout le changement qui leur arrive. » Avant de parvenir à leur dernière forme , les insectes de la troisième et de la quatrième classe deviennent les premiers, nymphes ou bien chrysalides , et les autres , nymphes , par un changement de forme total ; mais avec cette différence que ceux de la troisième classe quittent leur peau pour devenir nymphes ou chrysalides , et que ceux de la quatrième deviennent nym- phes sans la quitter. » Réauniur , à qui l'histoire naturelle est redevable de quantité de belles découvertes, a trouvé dans la transformation des insectes, DES INSECTES. 26c) de la quatrième classe un nouveau carac- tère que personne n'avoit peut-être encore observé avant lui, et qui les distingue, ce me semble, plus essentiellement des autres classes, que celui de changer en nymphe sans quitter la peau. 11 a découvert qu'ils subissent une transformation de plus que les autres insectes; qu'avant de devenir nym- phes , ils prennent sous cotte peau la forme d'un ellipsoïde ou d'une boule alongée , dans laquelle on ne reconnoît aucune partie de l'animal; que, dans cet état, la tète, le corselet , les ailes et les jambes de la nymphe sont renfermées dans la cavité intérieure du ventre , dont elles sortent successivement par le bout antérieur, à peu près de la même manière qu'on feroit sortir l'extré- mité d'un doigt d'un gand qui seroit lentré dans sa propre cavité. Les insectes donc de cette classe ne se distinguent pas des autres seulement en ce qu'ils changent en nymphes sous leur peau ; mais sur-tout en ce que , pour devenir nymphes , ils subissent une double transformation. Suivant cette idée , on pourroit réduire les différences des quatre ordres de transformation à des ternies plus aisés et plus simples, en disant que les in- sectes du premier ordre, après être sortis £70 METAMORPHOSES de l'œuf, parviennent à leur état de per- fection , sans s'y disposer par aucun chan- gement de foi^me; que ceux de la seconde classe s'y disposent par un changement de forme incomplet , ceux de la troisième par un changement de forme complet , et ceux de la quatrième par un double changement de forme ». ( Théologie des insectes, éd. de Lyonnet, tomel, page 170.) Fabricius réduit les métamorphoses des insectes à cinq divisions : 1*^. La métamorphose complette. La larve et la nymphe courent, sont agiles et sem- blables en tout à l'insecte parfait. Les crus- tacés, les araignées , etc. Mais il n'y a ici ni larves, ni nymphes proprement dites , puisque ces animaux ont la même forme dans tous leurs âges , et qu'ils ne font simplement que changer de peau. Cette métamorphose n'est donc pas complette, puisqu'il y n'en existe point de réelle ou du moins d'apparente. 2°. La métamorphose demi-complette. La larve et la nymphe ne diffèrent de l'insecte parfait qu'en ce que la première n'a pas de vestiges d'ailes, et que la seconde n'en a que l'ébauche. Ici se rangent les orthop- tères, les hémiptères, etc. DES INSECTES. 271 5°. La métamorpliose incornplettcLia. larve s'éloigne souvent beaucoup pour la figure de l'insecte qui lui a donné le jour; elle se meut, mais lentement. La nymphe est dans un état de repos et ne prend extérieurement aucune nourriture. Ses pattes sont libres. Les coléoptères , les hyménoptères nous eu offrent des exemples. 4°. La métamorphose enveloppée , emmail- lottée {obtecta). La larve est désignée sous le nom de chenille. La nymphe ou chrysa- lide est encore dans un état de repos, et ne prend extérieurement aucune nourriture. Ses pattes et ses antennes sont renfermées sous la pellicule qui recouvre tout le corps, et c'est par ce caractère que cette méta- morphose s'éloigne de la précédente. Les lépidoptères. 5°. La métamorphose resserrée (coarctata). La larve n'a pas de pattes ; elle est annelée et susceptible de se mouvoir. La nymphe est immobile, et sa peau forme une coque glo- buleuse et ovalaire qui ne présente aucune division. Telle est la métamorphose des mouches, des oestres, et des diptères appelés syrphes. Les métamorphoses des insectes se rap- portent à quelqu'une de celles que nous 272 METAMORPHOSES venons de désigner avec Fabricius. LeS cochenilles, les éphémères ont cependant, dans leurs transformations, un caraclère propre et distinctif. Les larves des premières ressemblent assez à celle qui leur donna l'existence, et doivent, sous ce rapport, être rangées avec les insectes à métamorphose demi-complette; mais les nymphes des mâles sont renfermées dans une coque , coinme celles des coléoptères , hyménoptères , etc. Tous les insectes , en sortant de l'état de nymphe pour devenir adultes et parfaits , ne changent qu'une fois de peau ; cependant les éphémères muent encore une seconde fois. L'examen des principales variétés de la forme des larves, des chenilles et de celles des nymphes ou des chrysalides , va main- tenant nous occuper. Tâchons auparavant d'indiquer quelques moyens pour recon- noître, au premier coup d'œil, et sans dé- pendre du tems, si l'insecte que l'on ren- contre est en état de larve, de nymphe, ou si ses organes ont reçu tout l'accroissement, toute la perfection dont ils étoient suscep- tibles. 1°. Les insectes ailés , les seuls, à l'excep- tion de la puce, qui éprouvent ces change- mens nommés métamorphoses , n'ont jamais que D E s I N s E C T E s. 273 que six pattes, ont toujours une tête dis- tincte et un corps bien articulé. Les crusta- cés et les arachnides ne peuvent donc être confondus avec des larves et des nymphes: les premiers, parce qu'ils ont dix pattes et au delà; et les seconds, parce qu'ils ont, de même que le plus grand nombre des précédens, leur tête confondue avec le cor- selet. Les chenilles ont de huit à seize pattes ; mais leurs six premières sont les seules qui soient onguiculées, tandis que celles des crustacés le sont ordinairement toutes. Il s'ensuit de là que, si l'animal n'a pas de pattes, ou n'en a que de fausses, il doit être pris pour une • larve d'insecte , ou renvoyé à uiie autre classe d'animaux. Nous devons aussi en conclure que les chenilles , qu'une grande partie des larves à métamorphose incomplette, ne peuvent, à raison de la continuité de la peau de leur corps, être ^ prises pour des insectes parfaits. Leur état vermiforme peut encore servir à les faire làistinguer de ceux-ci. 2°. Les larves n'ont pas d'yeux, ou ces organes y sont remplacés par de simples petits tubercules lisses, isolés, en forme de grains. A l'exception des arachnides , tous les crustacés et les insectes qui ne se traiis- Jns. Tome. IL S 274 METAMORPHOSES forment point, ont toujours des yeux a facettes. 3». Les insectes parfaits ont deux crochets au bout de leur tarse. Les Jarves de ceux dont la métamorphose est incomplette, et qui sont poiu-vues de pattes, n'ont, en gé- néral, à ce que je crois, qu'un seul crochet ou onglet à Textrémité inférieure de ces parties. Observez d'ailleurs que les pattes de ces larves n'ont pas, dans un très-grand nombre , de cuisses et de jambes d'une ma- nière bien tranchante. 4«. On ne voit jamais de bouche variable que dans des larves. Soùs cette forme seu- lement, les insectes ailés, et dont les méta- morphoses ne sont pas demi-complettes , n'ont pas d'antennes, ou ce n'est que dans cet état qu'ils en ont de coniques, et de trois à quatre articles. 5^. Quant aux insectes dont les méta- morphoses sont demi - complettes , leurs larves diffèrent de l'insecte développé par le défaut d'ailes, et leurs nymphes n'en ont qu'un commencement. Je soupçonne même que les petits yeux lisses ne sont pas appa- rens ou du moins aussi sensibles dans ces deux états. 6«. Toutes les nymphes n'ont constamment D E 1^ I N s E C T E s. 276 que de tels rudimens d'ailes, c'est-à-dire, que ces organes ne sont pas développés, et sont plies en deux paquets, un de chaque côté. Il ne peut donc pas y avoir de mé- prise à ce sujet. Quelques insectes n'ont pas d'ailes, quoique arrivés au dernier point de la perfection de leur être ; mais ces anomalies sont très-rares ; il est d'ailleurs impossible de ne rencontrer aucune exception. Cuvier a remarqué, et cela est juste, que plusieurs larves de diptères ont une si grande conformité avec des vers, qu'on n'a aucun moyen pour les distinguer extérieurement. Voilà encore un écueil dont je ne saurois garantir. Les larves des insectes à métamorphose demi-complette , comme des orthoptères , des hémiptères , etc. , ont tant de rapports avec ceux dont ils reçurent l'être, que la plupart des caractères que l'on tire de la forme de ceux-ci, conviennent à ccLix-là. Il est donc inutile de les reproduire. Obser- vons simplement que, pour passer d'un état à un autie , ces insectes s'accrochent à dilïé- rens corps,- qu'au bout de quelques tems d'immobilité , leur peau se fend le long du milieu du dos , et que le corps se tire peu S 2 27G METAMORPHOSES à peu , et organe par organe, de cette ouver- ture. Si l'animal a subi toutes ses transfor- mations , ses ailes s'étendent d'une manière insensible en tout sens, se fortifient et se durcissent par l'action de l'air. Les larves des insectes à métamorphose incomplette sont en général bien différentes sous cette forme, de ce qu'elles seront au dernier terme de leurs mutations. Ici plus de corselet, plus d'abdomen bien distincts, ou séparés du moins l'un de l'autre par des incisions profondes, et ayant chacun leur attache. Une ou deux plaques écailleuses recouvrent seulement les anneaux du corps qui répondent au corselet. La tête est ordi- nairement renfermée sous une calotte écail- leuse , pourvue d'instrumens nourriciers, ayant plus ou moins d'analogie avec ceux de rinsecte parfait de leur espèce, et con- serve toujours essentiellement sa forme. Les larves des coléoptères et des névroptères n'ont point de fausses pattes accompagnant les véritables ; exceptez - en les familles de plusieurs rongeurs , telles que celles des ca- pricornes, des bostriclies, des charansons, des bruches, toutes ont six pieds distincts et onguiculés. Dans celles de ces familles que je viens de citer, ces organes sont nuls, DES INSECTES. 277 ou si petits, qu'ils sont presque, et même pourroit-011 dire , entièrement impercep- tibles. La peau de la partie inférieure du corps forme , à plusieurs de leurs anneaux , des espèces de bourrelets qui donnent à ces larves la facilité de monter, de descendre y et de se retourner dans les boyaux étroits et resserrés, ainsi que dans les galeries où elles vivent. Les larves carnassières , en se nourrissant de matières animales putrides , se rappro- chent davantage pour la forme de l'insecte parfait , que celles qui ne sont qu'herbivores ; leur organisation est du moins plus caracté- risée. Voyez les larves des ditiques, des hydrophiles, des carabes, des lampyres, des dermestes , des boucliers , etc. ; leurs anneaux sont plus distincts et mieux défendus. Celles d'entre elles qui se tiennent dans l'eau ou dans des matières assez molles pour nuire à leur respiration , ont ou des appendices sur lesquelles les bronches se ramifient à l'infini, ou des tuyaux respiratoires en forme de corne , ou une queue en panache , garnie de barbes , aidant aussi Tanimal dans la respiration. Quelques larves, comme celles des an- jthrènes, des dermestes, sont remarquables- S 5 278 METAMORPHOSES par leurs poils disposés en faisceaux ou en aigrette. Les larves des scarabées ont le corps mou , vésiculeux, arrondi au derrière et courbé en arc. Celles des chrysonièles, des galeruques, des coccinelles, sont souvent agréablement colorées ; quelques-unes d'entre elles sont hérissées de petites épines ou de tubercules. Celles des cassides ont une queue fourchue. Il paroît que la larve d'une cly tre , la seule qui soit connue, cache son corps dans un fourreau qu'elle traîne toujours avec elle; les larves des friganes et des perles , parmi les névroptères , vivent aussi dans des tuyaux soyeux à l'intérieur, et recouverts de par- celles d'une infinité de matières, que ces animaux trouvent à leur bienséance, même de petites coquilles. Les larves des fourmi- lions, des hémé- robes , sont pourvues de deux mandibules énormes, qui font l'office de suçoirs. Arrivés à l'ordre des hyménoptères , nous y voyons des larves bien autrement con- formées que les insectes d'où elles sont sorties. Celles des mouches-à-scie ont le port exté- rieur des chenilles; les unes et les autres ont six pattes écailleuses à la partie antérieure du corps; les larves des mouches - à - scie DES INSECTES. 379 ont également , en grande partie , des pattes membraneuses. On peut cependant toujours , malgré ces traits de ressemblance, distinguer ces larves des chenilles, en observant que les fausses pattes des premières sont, lors- qu'elles existent, en })lus grand nombre, de seize à douze, et que leur extrémité n'a pas de petites dents comme en ont les pattes membraneuses des chenilles. Les larves de quelques tenthrèdes n'ont que leurs six pattes écailleuses ; mais il paroît que toutes les che- nilles connues ont les deux sortes d'organes du mouvement. En quittant la famille des tenthrèdes, nous n'apercevons plus de vraies pattes que dans les larves des urocères. Celles des diplo- lèpes n'ont plus que de foibles mamelons, et au delà ces seules vestiges disparoissent , Les larves des ichneumons , de tous les hy- ménoptères à aiguillon , ne se montrent à nos yeux que sous la forme d'un petit ver blanc , mou , contractile , apode , et dont la tête , qui est ordinairement petite , laisse à peine distinguer quelques rudimens de man- dibules , de mâchoires , d'yeux même. Les lépidoptères nous offrent des larves dont le corps est fréquemment cylindrique, dont la tête écailleuse est pourvue de petites S 4 28o METAMORPHOSES antennes , d'yeux , à ce qu'il paroît, en forme de petits grains saillans , de mandibules , de mâchoires, de lèvres, instrumens nourriciers bien différens de ceux du papillon. Les larves sont connues sous le nom de che- nilles : à l'exception peut-être de celles de quelques teignes , toutes ont six pattes écail- leuses, et de deux à dix pattes membra- neuses dont l'extrémité présente, dans sa circonférence , une couronne plus ou moins complette de petites dentelures. Les pattes écailleuses sont aussi désignées par l'épithète de pectorales , et les fausses par celles d'ab- dominales, de caudales. Un grand nombre de chenilles sont remar- quables par la forme de leur corps , et par la manière dont leur peau est recouverte. Le naturaliste observe avec soin ces impor- tans caractères. Il ne manque pas de tenir compte de la figure de la tête, si elle est ronde , ovale , en cœur , pointue ; si elle se retire dans les premiers anneaux du corps; si la surface a des pointes , des épines simples ou composées, des poils, des tubercules et des tentacules, ou une pièce membraneuse , rétractile , formée d'une tige qui se bifurque ensuite. Il fait encore une grande attention à la figure générale du corps , aux élévations DES INSECTES. 281 et aux saillies qu'il présente, à la manière dont il se termine; il en examine aussi la surface: les appendices dont elle est pourvue offrent des dispositions particulières qui ser- vent à caractériser, non seulement la famille à laquelle cette chenille appartient , mais encore l'espèce ; les anneaux de l'animal ont-ils des épines , il compte combien il y en a sur chaque , à quel anneau elles com- mencent , si elles varient de forme et de grandeur; ont- ils des poils, il considère si ces poils sont épars et placés sans ordre , ou s'ils foraient des aigrettes, des faisceaux, des étoiles , etc. ; il soumettra même ces poils , s'il le peut, à un examen plus sévère : il en étudiera la forme avec une lentille d'un foyer très-court , ou avec le microscope. Le nombre , la situation et la figure des pattes sur-tout, n'échapperont jamais au bon obser- vateur. Il suivra la marche de la chenille , sa manière de manger , ses habitudes ; il lui présentera différentes plantes, afin de savoir si ses appétits sont communs ou particuliers; il notera le tems qui s'écoule entre chaque ïnue , et la température du lieu où il fait l'éducation de sa chenille. Plusieurs chenilles de la famille des bora- bix , des teignes , le surprendi ont agréable- 282 METAMORPHOSES ment par la manière dont elles se revêtissent.' Le naturaliste recherchera quelle est la na- ture de cet habillement , et de quelle façon ranimai s'y prend pour le faire; il observera aussi Fart avec lequel d'autres chenilles rou- lent, minent des feuilles, afin de s'y loger, ou de se mettre à couvert. Plus de véritables pattes dans les larves des diptères ailés; on ne voit, à la rigueur, et à quelques-unes , que des mamelons , des appendices , des filets , etc. ; les pattes mem- braneuses des chenilles ne s'y rencontrent pas. La tête n'a souvent , pour tout instru- ment nourricier, que des crochets rétrac- tiles. Celle des cousins , des tipules et des taons est écailleuse et d'une forme cons- tante; mais ensuite sa figure peut varier à chaque instant dans la même larve, ces parties étant molles et contractiles; les larves de plusieurs syrphes ont l'extrémité posté- rieure de leur corps singulière par sa forme et ses appendices. La larve de la puce se rapproche de celles de plusieurs tipules ; elle est alongée , apode, avec une tête écailleuse , et dont la forme ne change pas. Les insectes qui sont dans cet état de mé- tamorphose , et qui veulent se transformer DES INSECTES. 283 en nymphes incomplettes, ou en celles qui ne peuvent ni manger ni agir , cessent alors de prendre des alimens , restent presque immobiles , et se vuident des excrémens qu'elles peuvent avoir dans leurs intestins ; il se fait ensuite une fente sur la tête et le dessus de la partie antérieure du corps. La nymphe sort peu à peu de cette fente par un gonflement , un alongement et un rac- courcissement successifs de ses anneaux. On lui distingue alors toutes les parties exté- rieures de l'insecte parfait, telles que les an- tennes , les yeux , les pattes , les élytres et les ailes , mais en raccourci, et dans un état de molesse et d'inaction. Je ne parle pas des chrysalides des lépi- doptères ; celles - ci sont emmaillotées , et leurs organes extérieurs ne se distinguent que par leur relief. Les nymphes d'un grand nombre de dip'- tères s'éloignent encore, sous ce rapport, des nymphes précédentes ,• la peau de la larve leur servant de coque , et n'ayant sur sa surface aucune ligne , aucune élévation qui dessinent un peu , ou indiquent du moins les parties extérieures du corps de l'insecte. Les nymphes des insectes à métamor- phose incomplette ne se donnent aucun 284 METAMORPHOSES mouvement. Cependant celles des cousins et de quelques tipules nagent et se trans- portent d'un lieu à un autre ; toutes même donnent des signes de vie , pour peu qu'on les touche à l'extrémité postérieure de leur corps. Les larves se transforment , ou à nud dans une coque , ou dans une espèce de retraite qui les met à couvert. Le nombre de celles- ci paroît être plus considérable. Les insectes de la famille des chrysomèles , les cocci- nelles 5 les fourmis , les lépidoptères du genre papillon , les cousins , les tipules ont leurs nymphes, ou chrysalides, nues; aussi la peau qui les enveloppe est-elle un peu plus épaisse, et agréablement colorée dans plusieurs. Les larves des chrysomèles s'attachent , pour se métamorphoser , aux feuilles ou aux tiges des arbres, par leur derrière. L'extrémité postérieure de la nymphe s'engage dans les dépouilles de sa larve. Parmi les chenilles des papillons de jour qui se changent en chrysalides , les unes se bornent à se sus- pendre verticalement , en fixant la même extrémité du corps avec un petit monticule de soie , les autres se lient encore au milieu du corps, avec un anneau transversal, formé également de soie. Telles sont les chenilles^ D K s I N s E C T E s. 285 des papillons appelés chevaliers. Celles des hespérjes urbicoles se métamorphoseut en chrysalides dans les rouleaux de feuilles ou elles ont vécu. Les chrysalides des papil- lons sont anguleuses , teintes de jaunâtre ou de verdâtre, et souvent avec des taches d'un doré éclatant, d'où leur vient le nom de chrysalides. Cet or ne paroît que quelque tems après la métamorphose , lorsque Tin- secte a pris quelque consistance. Réaumur nous a expliqué Torigine de cette couleur brillante ; elle est due au blanc lustré du corps de l'animal , qui brille au travers de la pellicule jaune et transparente de la chry- salide. C'est par des moj^ens d'un efFet sem- blable que dans les arts on a donné à cer- tîiins corps la même apparence métallique. Les larves de la plupart des autres in- sectes se forment une retraite, lorsqu'elles veulent passer à l'état de nymphes. Celles qui ne sont pas grandes fileuses se cons- truisent des coques avec de la terre, de la sciure de bois, les poils de leurs corps, leurs excrémens même, en un mot les petits maté- riaux qui sont à leur disposition et quelles peuvent employer. Un grand nombre d'elles s'enfonce dans la terre; on voit jusqu'aux larves des ditiques,des hydrophiles, quitter" 28G METAMORPHOSES l'eau où elles oui vécu, poiu^ aller se caclier de cette vSorte, et se préparer un logement afin de s'y métamorphoser. Les larves qui reçurent de la Nature l'art de savoir filer, se renferment dans des coques de soie. Les insectes de tous les ordres nous en fournissent des exemples : les larves des charansons , des hémérobes , des fouiini- lions , des ichneumons , des abeilles , des guêpes, de plusieurs tipules , des puces, sont dans ce cas. Quelques fausses chenilles ont le talent de se former une double enveloppe, et tellement disposée qu'il n'y a point de connexité entre les deux coques; mais rien de comparable en genre à la demeure que se forment les chenilles de plusieurs bombix. Tout le monde connoît et admire le cocon du ver à soie; des recherches sur les che- nilles de la même famille, les exotiques spé- cialement , nous vaudront peut-être un jour la découverte d'un animal de ce genre , dont les travaux nous seront plus avantageux. Les voyageurs , les naturalistes ne s'en sont pas malheureusement assez occupés. Les chrysalides des bombix, des phalènes, dif- fèrent, par leur forme conique , leur surface unie et leur couleuf d'un brun marron, de celles des papillons proprement dits. Les DES INSECTES. 287 chenilles de différens cossus se niétamoi- pîiosent dans l'intérieur du bois, et leurs chrysalides ont leurs anneaux dentelés. Plu- sieurs de ces coques sont si solides et si bien construites , qu'on ne les déchire qu'avec peine; la consistance de plusieurs ressemble à celle du parchemin. La forme de ces habi- tations momentanées varie ; elles sont ce- pendant communément rondes ou ovales. Quelques chenilles donnent aux leurs une jfigure ellipsoïde ou naviculaire. La coque de plusieurs pyrales est plus large et obtuse par un bout. Les teignes, de même que les larves qui vivent dans des maisons porta lives , dans des tuyaux composés de différentes matières, ferment ou grillent l'ouverture de leur de- meuie et s'y changent en nymphes. Les larves de plusieurs diptères , comme celles des oestres et des mouches , se font une coque de leur propre peau. D'abord elles s'alongent et prennent la figure d'un œuf; leur peau , qui étoit molle et blanche, devient dure , d'une consistance de par- chemin , et de couleur marron. La larve détache ses parties des parois intérieures de cette peau , qui lui forme alors un logement. Avant de se métamoi^phoser eu nymphe. 288 METAMORPHOSES elle passe à l'état de boule alongée , d'après ce que nous apprend Réaumur. Nous avons dit , au conimencenient de ce discours , ce que ce gi and observateur enlendoit par ces mots. Les larves des stratiomes se fout aussi une coque de leur peau , mais sans changer de forme extérieure. La coque des larves à queue de rat , syrphus tenax , a deux espèces de cornes qui ne se voy oient pas sur la peau de la larve. Les hippobosques femelles pondent des corps qui ont l'apparence de gros œufs , et d'où sortent , sans d'autres passages intermé- diaires , des insectes aussi grands et aussi paifaits que leur mère. On a découvert que ces prétendus œufs étoient de véritables coques de nymphes , de la même sorte que les précédentes ; les larves des Ilippobosques , chose extraoïdinaire , vivent ainsi dans Tin- térieur du ventre de leur mère , et y subis- sent les premiers changemens de nymphe avant de naître. Les gallinsectes mâles se rapprochent un peu de ces diptères par leurs tiansforma- tions. Leur nymphe est renfermée sous une coque qui n'est que la peau desséchée de la larve. Le tems que les insectes passent sous la forme DES INSECTES. 289 forme de nymphes ou de chrysalides dépend de la température de l'atmosphère. La sa- gesse du Créateur a su prévoh" ces inéga- lités , et a disposé les choses avec tant de prudence , que l'insecte ne naît point dans une saison où il ne trouveroit pas des alimens convenables. L'on voit ainsi des nymphes , des chrysalides d'une même espèce se tranformer quelquefois plus tôt, quelque- fois plus tard. Les chenilles , qui se méta- morphosent au commencement de l'été , donnent néanmoins ordinairement leur pa- pillon peu de tems après, au bout de deux, de trois à six semaines, suivant l'espèce et Ja chaleur. Celles qui ne se mettent en chrysalides que vers la fin de l'été , ou au commencement de l'automne , passent tout 3'hyver et une partie du printems sous cet état , quelquefois même deux ou trois ans. Réaumur est venu à bout, par le moyen d'une chaleur ou d'un froid artificiel, d'a- bréger ou de prolonger cette vie léthargique , cette espèce de sommeil où est l'insecte sous la forme de nj^mphe ou de chrysalide. On peut réitérer ces expériences en plaçant des insectes en cet état dans une serre, auprès d'un poêle, ou dans une cave, ou mieux mie glacière. Ins. Tome IL T. S90 METAMORPHOSEE Les parties du corps de la nymplie ou de lai chrysalide sont d'abord très-molles, et d'une matière même laiteuse en apparence; la li- queur aqueuse se dissipe peu à peu ou par la transpiration, ou par l'absorption qu'en fait l'animal. Ses membres s'accroissent, se fortifient, et il touche au moment de sa nais- sance; l'enveloppe des chrysalides sur-tout devient cassante et friable. Pour quitter cette dernière dépouille , l'insecte n'a besoin que de se gonfler et de se donner quelques mouvemens; la peau se fend ordinairement sur le milieu du dessus du corselet, et il sort par cette ouverture. Dans les chrysalides, la pièce de la poitrine où sont marquées les antennes, les pattes se détachent et sont un peu poussées en bas; il ne reste plus ensuite à l'animal qu'à se défaire de ses enveloppes partielles, je veux parler des espèces d'étuis où sont renfermés ses membranes et ses organes extérieurs. Les élytres ou les ailes ont d'abord peu d'étendue et sont épaisses; on croiroit que ces parties ont avorté ; mais on ne tarde pas à les voir changer de forme; leur épaisseur diminue et les autres dimen- sions acquièrent, les liqueurs poussées dans les ailes opérant ce changement ; enfin au bout d'un quart d'heure ou de demi - heure D E s I N s E C T E s. 291 i)Ius ou moins, ces organes ont toute l'exten- sion qu'ils doivent avoir ; l'action de l'air achève de les raffermir , et l'animal en fait usage. Les nymphes des cousins se rendent à la surface de l'eau et élèvent leur dos au des- sus ; la peau crève en cette partie , et l'in- secte, en sortant, trouve ainsi une espèce de berceau , ou du moins une planche salu- taire qui l'empêche de périr à sa naissance; il développe ses organes et prend l'essor. Les nymphes de quelques tipules , des taons , font sortir la moitié de leur corps hors du terreau dans lequel elles ont vécu sous la forme de larves, se glissent et s'élèvent en- suite perpendiculairement au dessus de la surface du sol , et s'y dépouillent de leur peau. Les nymphes des mouches , des oestres , etc. , gonflent leur tête et font sauter une petite portion , une calotte d'un des bouts de la coque où elles sont ren- fermées ; cette ouverture est destinée au passage de l'animal. Les gallinsectes , déjà si extraordinaires, nous offrent une autre singularité dans les métamorphoses de leurs individus mâles. C'est par la tête que les insectes commen- cent à se tirer de leur dépouille de nymphe; T a 593 METAMORPHOSES mais ceux-ci en sortent au contraire à re- culons. Disons donc, en terminant ce discours : Ici , nous voyons se réaliser les faits mer- veilleux qu'inventa la fable ; ici , la Nature va bien plus loin que n'ont été les fictions de l'imagination des poètes. Ovide lui-même eût jugé que ses métamorphoses n'étoient rien, comparées à celles des insectes. DES INSECTES. 295 EXPOSITION DES SYSTEMES ENTOMOLOGIQUES (1). JLi E génie vraiment extraordinaire qui jeta les fondemeus de l'histoire naturelle des animaux, le célèbre Aristote, entrevit, il y a plus de deux mille ans, plusieurs des coupes principales établies , depuis deux siècles seulement, dans les insectes. Aldro- vande est , après lui , le premier des métho- distes aux travaux duquel nous devons rendre l'hommage de notre reconnoissance» Ces divisions, malgré leur inexactitude et leur insuffisance , sont toujours remarqua- bles, en ce qu'elles ont mis sur la voie et en ont préparé de plus importantes. (]) Quelqu'aride que soit celte partie , nous ne pouvons nous dispenser de la donner , l'amour de h. science l'exigeant. T 3. 594 TABLEAUX Les insectes qui comprennent aussi leé vers, y sont partagés ainsi; y f Les quadrîpennes , ,,^^ lou insectes à quatre lAnelytresj^iies. f ou < Desy - . Uiles.N ^"^"'^"? I Les bipennes ou jTerrestres 1 Isans ^tuis. ^jjjgg^,^gg ^ ^^^^ gjjgg^ INSECTES. s hémiptères , les orthoptères et Féphémère. 2°. Celle des insectes dont la métamor- phose est complette, et dont la nymplie n'est pas renfermée dans une coque , formée de la peau durcie de la larve. Ici la nymphe est dans un état de repos cojitinuel, et ne prend aucune nourrituie, * Les vaginipennes ou les coléoptères. DES INSECTES. 297 ** Les aiiélytres à quatre ailes farineuses ; les lépidoptères. m *** Les anélytres à ailes membraneuses , soit au nombre de quatre, soit au nombre de deux,- les hyménoptères, plusieurs né- vroptères, et une partie des diptères. Ray, donne ici la manière dont "V\^illulghby divise les larves à fourreau des friganes. 3°. La coupe des insectes à métamorphose," et dont les nymphes sont immobiles, ovi- formes, sans apparence d'organes de mou- Yenient , plusieurs mouches. Ray paroît aussi y rapporter des cinips. Ayant détaillé la méthode de Swammer- dam , dans notre discours sur les métamor- phoses des insectes, nous ne reviendrons pas sur cet aiticle. 298 TABLEAUX TABLEAU DES CLASSES DES INSECTES DE GEOFFROY. ( 1762. ) 1°. Xjes coléoptères ou insectes à étuisJ Caractère. Ailes couvertes d'étuis ou de fourreaux;; bouche armée de mâchoires dures. 2°. Les hémiptères ou insectes à demi- étuis. Caractère. Ailes supérieures presque semblables à des étuis ; bouche armée d'une trompe aiguë , repliée en dessous le long du corps. 3°. Les tétraptères à ailes farineuses. Caractère. Quatre ailes chargées de poussière écail- * leuse. 4°. Les tétraptères à ailes nues, ou insectes à quatre ailes nues. Caractère. Quatre ailes membraneuses, nues et sans poussière. 5". Les diptères ou insectes à deux ailes.' Caractère. Deux ailes j un petit balancier sous l'ori- gine de chaque aile. 6". Les aptères ou insectes sans ailes-, Caractère, Corps sans ailes. INSERT FOLDOUT HERE DES INSECTES. 299 La première classe, celle des coléoptères, est divisée en trois ordres , d'après la forme des antennes. Ordre i. Antennes en masse. 2. Antennes filiformes. 3. Antennes sétacées. La seconde classe , celle des hémiptères , est divisée en deux ordres , d'après la posi- tion de la trompe ou bec. Ordre i. Trompe ou bec courbé, placé à la tête. 2. Tr-ompe ou bec placé à la poitrine. Les quatre classes qui suivent n'ont point de division. La septième est divisée en trois ordres , d'après le nombre des pattes et la position de la tête. Ordre i. Six pattes; tête distincte du corselet. 2. De huit à quatorze pattes j tête unie au corselet. 3. Un grand nombre de pattes j tête distincte du corselet. La première classe de Geoffroy répond à celle des coléoptères des auteurs : elle diffère cependant , quant à son étendue , de celle de Linnaeus , puisqu'elle renferme les orthoptères que celui-ci place avec les hémiptères. 5qo tableaux Sa quatrième classe réunit les névroptère^ et les hyménoptères. L'ouvrage de ce célèbre naturaliste est peut-être celui qui a le plus contribué aux progrès de l'Entomologie , du moins en France. On lui doit la découverte du ca- ractère important , pris du nombre des articles des tarses ,• caractère qui a , par sa constance , une plus grande valeur que celui que fournissent les antennes. Geoffroy a divisé la première classe en trois articles , et les articles en quatre et cinq ordres. Article i. Etuis durs, qui couvrent touÊ le ventre. Ordre i. Cinq articles à tous les tarses. 2. Quatre articles à tous les tarses. 3. Trois ai'ticles à tous les tarses. 4' Cinq articles aux tarses des deux pre- mières paires de pattes, et quatre seu- lement à ceux de la dernière paire. Article ii. Etuis durs, qui ne couvrent qu'une partie du ventre. Ordre i. Cinq articles à tous les tarses. 2. Quatre articles à tous les tarses. 3. Trois articles à tous les tarses. 4- Cinq articles aux tarses des deux pre- mières paires de pattes , et quatre sea-t lemcnt à ceus; de la dernière. D E s IN s E C T E s. 3oi Article m. Etuis mous et comme membraneux. Ordre i. Cinq articles aux tarses cles deux pre- mières paires de pattes , et quatre seu- lement à ceux de la dernière. 2. Deux articles à tous les tarses. 5. Trois articles à tous les tarses. 4. Quatre articles à tous les tarses. 5. Cinq articles à tous les tarses. La seconde et la troisième classe n'ont point de divisions. La quatrième est divisée en trois ordres. Ordre i. Trois articles à tous les tarses. 2. Quatre articles à tous les tarses. 3. Cinq articles à tous les tarses. I^a cinquième et la sixième n'ont point de divisions. 5o2 TABLEAUX TABLEAU DES CLASSES DES INSECTES, DE SCHAEFFER. ( 1766. ) Les insectes sont : iv Ailés. A. à quatre ailes. * Les supérieures écaillèuses dans toute leur éten» due. — Coléoptères. 1, Élytres plus longues que la moitié de l'ab- domen. — 1. Coleoptero-Macroptères. a. Elytres plus courtes que la moitié de l'ab- domen. 2, COLEOPTERO-MiCROFTiÈRES. ** Les supérieures membraneuses à leur extrémité seulement. — 5. Coleoptero - Hymékoptères , OU Hémiptères. Toutes membraneuses. — • Hyménoptères. 1. Couvertes d'une poussière écailleuse. — Hy- meno-LÉpidoptères. 2. Nues, — 5. Hymeno-GymnoptÈres, B. à deux ailes — 6. Diptères. 2. Sans ailes. — 7. Aptères. Scliaefïer a divisé les coléoptères en deux classes : la première comprend tous les DES INSECTES. 5o3 insectes, dont les éJytres recouvrent l'ab- domen entièrement ou en grande partie ; et la seconde , ceux dont les élytres ne couvrent qu'une partie de l'abdomen. Les genres qui composent celle-ci sont : le sta- philin , le méloç , la nécydale et le forficule : l'une et l'autre sont subdivisées en quatre ordres. Ordre i. Cinq articles aux tarses. 2. Cinq articles aux tarses des quatre pattes antérieures , et quatre à ceux des pos- térieures. 3. Quatre articles à tous les tarses. 4- Trois articles à tous les tarses. La troisième classe ne renferme que cinq genres, qui répondent à la seconde section de l'ordre des hémiptères d'Olivier. Elle est divisée en trois ordres. Ordre i. Trois articles à tous les tarses. 2. Deux articles à tous les tarses. 3. Un seul article à tous les tarses. La quatrième classe répond à celle des lépidoptères des autres auteurs et à celle des glossates de Fabricius. La cinquième comprend les orthoptères d'Olivier , les hyménoptères et les insectes de la première section de nos hémiptères. Elle est divisée en six ordres, dont quel- 5o4 TABLEAUX ques-uns sont très-nombreux, et quelques autres ne renferment qu'un seul genre. Ordre i. Cinq articles à tous les tarses. 2. Cinq articles aux tarses des quatre pattes antérieures , et quatre à ceux des pos- térieures. , 3. Quatre articles à tous les tarses. 4. Trois articles à tous les tarses. 5. Deux articles à tous les tarses. 6. Un seul article à tous les tarses. îja sixième renferme tous les insectes à deux ailes; elle n'a pas de section. La septième comprend tous les insectes qui n'ont point d'ailes dans les deux sexes; elle n'est pas coupée. La disposition générale de cette méthode est très - contraire , en quelques points , à l'ordre naturel. Ainsi les mantes, les punaises sont éloignées des familles auxquelles elles appartiennent. TABLEAU INSERT FOLDOUT HERE TABLE DES INSECTES. 3o5 La première classe des insectes de De Géer répond à celle des lépidoptères des autres auteurs. La seconde ne comprend que deux genres : ceux de la frigane et de Téphémère. ^ La troisième répond à celle des névrop- tères de Linn.ieus. La quatrième répond à celle des hymé- noptères de Linnaeus. La cinquième comprend quatre genres : le trips , le puceron , le faux puceron et la cigale. Elle répond à la première section de Tordre des hémiptères d'Olivier. La sixième comprend deux genres : la punaise et la punaise d'eau. Elle répond à la seconde section de l'ordre des hémiptères du même. La septième répond à Tordre des orthop- tères du même, et à celui des ulonates de Fabricius. La huitième répond à celle des coléop- tères de tous les auteurs ; elle est divisée en quatre sections. SEcTioif I. Cinq articles à tous les tarses. 2. Cinq articles aux deux premières paires de tarses et quatre seulement à la dernière. 5. Quatre articles à tous les tai-seff. 4. Trois articles à tons les tarses. Jns, Tome II, V 3o6 TABLEAUX La neuvième classe répond à celle des diptères des autres auteurs. La dixième classe ne renferme qu'un seul genre; celui de gallinsecte. La onzième classe ne renferme qu'un seul genre; celui de la puce. La douzième répond à la première sec- tion de l'ordre des aptères d'Olivier. De Géer place ici les termes, quoique, comme le remarque le naturaliste précédent, il en ait déjà figuré avec des ailes. La treizième comprend les genres de la seconde section de l'ordre des aptères d Oli- vier; mais on voit de plus, dans la classe de De Géer, l'écrevisse, le crabe et le monocle. La quatorzième comprend la sqmlle, le cloporte, la scolopendi^e et le jule. DES INSECTES. Zo^ SYSTÈME DE FABRICIUS (lyyS). JjoucHE munie de mâchoires et de quatre à six palpes. Ordre i. Mâchoire nne , libre. Eleutherata. 2. Mâchoire couverte d'une galète obtuse. Ulonata. 3. Mâchoire unie avec la lèvre inférieure. Synistata, 4. Point de mâchoire inférieure. Agonata. Bouche miunie de deux mâchoires et de deux palpes. 5. Mâchoire inférieure souvent armée d'un ongle. Unogata. Bouche munie d'une langue spirale ou d'un bec, ou d'un suçoir (1). 6. Une langue en spirale. Glossata. 7. Un bec; gaine articulée. Ryngota. 8. Un suçoir; gaine inarticulée, Antliata. (i) Cette réunion de caractères n'est pas dans Fa- bricius ; nous la présentons ici pour faire voir que ce système est fondé sur deux grandes coupes j les insectes broyeurs et les insectes suceurs. Y 2 3o8 TABLEAUX Les éleuthérates répondent aux coléop- tères. Les ulonates aux orthoptères. Les synistates aux né vrop tères, hjTué- noptères , à nos thysanoures , aux aselles et aux entomostracés. Les agonates comprennent les crustacés. Les unogates, nos acéphales en grande partie. Les glossates , les lépidoptères. Les lyngotes, les hémiptères et la puce. Les antliates, les diptères, le pou et plu- sieurs de nos acéphales. Fabricius a mis au jour, en 1792 et an- nées suivantes, une nouvelle édition de son Entomologie, sous le titre d^ Entomologie systématique corrigée. Il a fait quelques changemens à sa méthode, soit en créant trois ordres de plus, soit en fortifiant les caractères des autres, ou en leur donnant de nouveaux. 1. Eleuthérates. Mâchoire nue, libre. 3. Ulonates: Quatre palpes ,• mâchoire cou- verte d'une galète obtuse. 5. Synistates. Quatre palpes; mâchoires et lèvre conaissaates ( ou réunies à leur base). DES INSECTES. 309 4. Piézates. Quatre palpes; mâchoire cor- née, comprimée, souvent alongée. 5. Odonates. Deux palpes courts; mâchoire cornée, dentée. 6. Mitosates. Deux palpes; mâchoire fili- forme, ensuite {Suppl. entom.) mem- braneuse; mâchoire cornée, en voûte, sans palpe. 7. Unogates. Deux palpes avancés ; mâ- choire cornée, onguiculée. 8. ^gonates. Souvent six palpes; point de mâchoires. 9. Glossates. Une langue roulée en spirale entre deux palpes étoupés (ou très- hérissés d'écaillés et de poils). 10. Rjngotes. Bouche consistante en un bec; gaine articulée. 11. Antliates. Bouche consistante dans une trompe, et en un suçoir. Fabricius enfin a 1° créé un ordre {Suppl. entomologie. 1798) pour les aselles , les mo- nocles , sous le nom de polygonates , et dont le caractère est d'avoir plusieurs mâchoires intérieures par rapport à la lèvre (1). (i) Il avoit mis précédemment avec les agonates des aselles, comme les cymothoa. Y 3 3io TABLEAUX 2° Partagé ses agonates en deux autres ordres : celui des kleistagnathes , qui ont plu- sieurs mâchoires placées au delà de la lèvre inférieure, et fermant la bouche; et celui des exochnates , qui ont plusieurs mâchoires placées au delà de la lèvre inférieure, et qui sont couverts par les palpes. Les piézates comprennent les hyménop-; ter es. Les odonates, les libellules. Les mitosates, les mille-pieds et les clo- portes. Les kleistagnathes, les crabes à courte queue. Les exochnates, les crabes à longue queue. Nous avons eu souvent occasion , en dé- crivant l'organisation extérieure des insectes, de faire voir plusieurs vices de ce système. Nous allons en présenter ici la masse avec impartialité, et toujours pleins de vénération pour Fauteur de cette méthode, car elle est, malgré ses défauts , le fruit du génie. Nous avons examiné ailleurs la nature de la base de ce système. Il est aisé de sentir qu'elle n'est guère plus constante que celle dont les caractères sont pris de l'existence , du nombre et de la forme des ailes ; que D E s I N s E C T E s. 3ii dans les vœux de la Nature, ces derniers caractères paroissent avoir la priorité, et ont l'avantage de se prêter plus facilement à l'observation. Mais supposons même que cette base soit la seule qui doive servir de fondement à sa méthode , et voyons si ou en a fait une application exacte. 1°. Les éleuthérates ont , tout aussi bien que la majeure partie des insectes broyeurs ailés , leurs mâchoires réunies à la lèvre inférieure par leur base. Sous ce rapport , les bouches d'un myrmeléon , d'un liémé- robe , d'un orthoptère sont les mêmes. Il est ensuite bien des cas où on ne peut distinguer la division supérieure de la mâchoire , son antennule antérieure , lorsqu'il y en a six , de la gale te. On ne peut pas prononcer d'une manière claire que la mâchoire soit nue. 2°. Les ulonates ne sont pas les seuls à avoir des gt^lètes ; plusieurs névroptères , tels que les termes , des perles y les psocus , les forbicines ensuite en sont également pourvus. 3°. Les synistatesy comme nous l'avons déjà dit, ne s'éloignent pas des coléoptères, des orthoptères , etc. , quant à l'adhérenc© inférieure des mâchoires avec la lèvre ; les V 4 5i2 TABLEAUX friganes , les éphémères en ont une plus forte, parce que leur bouche est très-molle. /f. Les piézates sont très - mal caracté- risées ; car les lucanes , par exemple , ont quatre palpes , et leurs mâchoires cornées , comprimées et alongées ; comment ne voit- on pas qu'il ne faut jamais prendre les carac- tères d'un ordre des qualités accidentelles d'un organe ? 5'\ Odonates. Fabricius emploie encore ici un caractère d'une nature très- variable , mâchoire , cornée , dentée ; de là ses unogates ne se trouvent-ils qu'imparfaitement distin- gués des précédens ,• car ils ont simplement leurs deux palpes avancés , et la mâchoire onguiculée. Aussi Fabricius a-t-il été obligé de dire que les palpes des odonates étoient courts. 6°. Mitosates. Les scolopendres ont cer- tainement leurs mâchoires munies d'un palpe qui prend naissance à leur base. Pour les Jules, je voudrois bien que Fabricius m'y fit voir une mâchoire cornée, en voûte et palpigère. Je présume qu'il ne confond pas ces organes avec les mandibules. 7". Polfgonates. Il n'est pas certain que les cloportes aient plusieurs mâchoires. On en voit deux bien distinctement membra- D E s I N s E C T E s. 3i3 neuses , clenticulées , immédiatement au dessous des mandibules; mais on ne dé- couvre au delà qu'une espèce de lèvre inférieure, bifide, avec une petite pièce, de chaque côté , qui n'a pas l'air d'être maxillaire. S"^. Les kleistagnathes et les exnchnates ne diffèrent que par les proportions des pièces qui composent leur bouche. Les parties que Fabricius appelle mâchoires, et qui ne sem- blent être que des palpes doubles , sont plus courtes , mais plus larges dans les crabes à courte queue que dans les autres, comme les écrevisses. Pourquoi établir, sur dépareilles distinctions , des grandes coupes ? 9*^. Les glossates. Un très-grand nombre n'ont pas de langue ,* le caractère n'est donc pas aussi général que celui pris de la na- ture des ailes des insectes de cet ordre. 10° et 11*'. Les ryngotes et les antliates ont leurs caractères distincts et bien pro- noncés ; il peu t cependant y avoir de l'incer- titude : Fabricius n'ayant pas bien déterminé le sens du mot suçoir, et n'ayant pas dit que les ryngotes étoient toujours privés de palpes , tandis que les antliates en ont pres- que toujours deux. Il met d'ailleurs les aca- l'us avec ceux-ci, quoiqu'ils en soient très- 3i4 TABLEAUX éloignés. Les conops , les myopes sur-tout l semblent avoir une gaine articulée, de même que les ryngotes , et ce sont cependant des diptères. Nous discuterons les caractères des genres de Fabricius , ou le détail de sa méthode , à mesure que l'ordre de nos travaux l'exigera. D E s I N s E C T E s. 3i5 MÉTHODE D'OLIVIER ( 1789 ). 1. Quatre ailes découvertes. Lépidoptères. vJrdre I. Quatre ailes membraneuses , re-^ couvertes d'une poussière écailleuse. Bouche ; trompe roulée en spirale ; /ja- pillon j phalène. Névroptères. II. Quatre ailes nues, membraneuses, réti- culées ; bouche munie de mandibules et -de mâchoires. Section i. Trois articles aux tarses. Libellule. 2. Quatre articles aux tarses. Rafidie. 5. Cinq articles aux tarses. Frigane. Hyménoptères. J 1 1. Quatre ailes nues , membraneuses ^ veinées , inégales. Bouche munie de mandibules et d'une trompe , souvent très - courte , imper- ceptible. Section i. Bouche sans trompe apparente. Fourmi. 2. Bouche avec une trompe. Abeille. 3i6 TABLEAUX 2. Deux ailes cachées sous des étuis. Hémiptères. IV. Deux ailes croisées sous des étuis mous, à demi-membraneux. Bouche ; trompe aiguë , recourbée sous la poitrine. Section i. Elytres d'égale consistance. Cigale. 2. Elytres , moitié coriaces , moitié mem- braneuses. Punaise. Orthoptères, V. Deux ailes pliées longituclinalement sous des étuis mous , presque membraneux. Bouche munie de mandibules et de mâ- choires. Mante , sauterelle. Coléoptères. VI. Deux ailes pliées transversalement sous des étuis durs et coriaces. Bouche munie de mandibules et de mâ- choires. Smction I. Cinq articles aux tarses. Scarabée. a. Cinq articles aux tarses des quatre pattes antérieures , et quatre aux deux pos- térieures. Ténébrion. 5. Quatre articles aux tarses. Capricorne. 4. Trois articles aux tarses. Coccinelle. DES INSECTES, 317 3. Deux ailes découvertes. Diptères. VII. Deux ailes nues , membraneuses , vei- nées ,• deux balanciers. Bouche ; trompe droite ou coudée , rétrac- tible. 4. Point d'ailes. aptères. VIII. Point d'ailes dans les deux sexes; bouche variable. Section i. Six pattes. Pou. 2. Huit pattes. Araignée. 3. Dix pattes, ou un nombre plus consi- sidérable. Crabe, jule. 5i8 TABLEAUX DIVISION GÉNÉRALE DES INSECTES Proposée par Ljtreille, (Précis des caract. génér. des Insectes y 1796 ). AILÉS. CLASSE I. Coléoptères, coleoptera^ éleuthérates Fab. XJeux élytres dures, coriaces, couvrant deux ailes plus longues , pliées transversa- lement. Bouche munie de mandibules, de ma- clioires, de lèvres, etc. ,• mâchoires nues. II. Orthoptères, Oliv. orthoptera; ulonates Fab. Deux élytres molles, presque membra- neuses, couvrant deux ailes, plus larges, pHssées en éventail. Bouche munie de mandibules, de mâ- choires, de lèvres, etc. ; mâchoires couvertes d'ime galète; un palais. D E s I N s E C T E s. 619 UL HÉMIPTÈRES, hemiptera; ryngotes F. Deux élytres à moitié ou entièrement membraneuses, couvrant deux ailes croi- sées , un peu plus larges. Un bec articulé, renfermant trois soies. IV. Névroptères , nei^roptera; synistates F. Quatre ailes ordinairement égales, réti- culées, nues. Bouche munie de mandibules, de mâ- choires, de lèvres, etc. Lèvre inférieure plane , dégagée dans le repos. lV. Hyménoptères, hymenoptera; piezates F. Quati'e ailes inégales , nues, veinées, infé- rieures, plus petites. Bouche munie de mandibules ; une langue ou lèvre inférieure, renfermée à sa base dans une gaine coriace, qui s'em boite sur les côtés dans la mâchoire. VI. LÉPIDOPTÈRES, lepidoptera ; glossates F. Quatre ailes couvertes d'écaillés. Trompe roulée eu spirale ; deux à quatre antennules. 520 TABLEAUX VII, Diptères, diptera ; antliata F. Deux ailes. Trompe coudée, bilabiée, renfermant un suçoir variable ; deux antemiules. APTÈRES. CLASSE VIII. S V c^vB. s, suctoria; ryngotes F. Tête distincte , antennifère. Trompe articulée , renfermant un suçoir de deux soies ; deux écailles à sa base. Six pattes. IX. Th Y s ANOURE s, thysanoura;syxà.s[.2iies F. Tête distincte , antennifère. Bouche munie de mandibules, de deux mâchoires, de deux lèvres et d'antennules sensibles. Six pattes. X. Parasites, parasita ; antliates F. Tête distincte , antennifère; un tube très- court , renfermant un suçoir ; légère appa- rence de mandibules, ou de mâchoiies, etc, dans d'autres. Six pattes. XL D E s I N s E C T E s. Sai XL Acéphales, acephala; unogates, autliates F. Organes de la bouche, ou quelques-uns tenant lieu de tête. Antennes o. Six à huit pattes. XII. Entomostracés , entomostraca Mull.^ agouates F. Tête 'Confondue avec le corps qui est renfermé sous un tét d'une ou deux pièces ; antennes (souvent rameuses). Mandibules sans antennules ; deux rangs au plus de feuillets maxillaires; lèvre infé- rieure o. Six à huit pattes plus commmîément. XIII. Crustacés, crustacea; agonates F. Tète confondue avec le corps qui est renfermé ordinairement sous une carapace ; antennes (quatre). ^ Plusieurs rangs de feuillets maxillaires et d antennules, dont deux insérées et couchées sur les mandibules. Lèvre inférieure o. Dix pattes communément. Ins. Tome II. X 022 TABLEAUX XIV. Myriapodes, myriapoda; mitosates, unogates F. Tête distinguée du corps , antennifère. Mandibules ayant un avancement conique à leur base; des dents écailleuses implan- tées sur le contour de Textrémité. Deux rangs de mâchoires au plus; une lèvre inférieure. Quatorze pattes et plus. DES INSECTES. 5^3 MÉTHODE DE CUVIER ( 1798 ). (^uviER a inséré cette méthode dans son Tableau élémentaire de l'histoire des ani- maux. Elle nous ofFre une combinaison de celles de Swammerdam , de Linnasus et de Fabricius. Nous allons donner une courte analyse de ce travail, où le génie de son auteur perce comme dans tout ce qu'il produit. ORDRE I. Des mâchoires ; point d'ailes. A. Les crustacés : plusieurs mâchoires. 1. Les monocles ; 2. les écrevisses ; 5. les cloportes. Mitosates de Fabricius. B. Les mille-pieds : insectes n'ayant pas plusieurs mâchoires. 4- Les Jules ; 5. les scolopendres. C. Les arachnéides : une seule pièce pour la tête et le corselet , portant huit pieds ; Tabdomen sans pieds. 6. Les scorpions j 7. les araignées j 8. les fauclieurs. X 2 324 TABLEAUX D. Les phytéréides : à tête distincte; corselet portant six pieds ,• abdomen sans pieds. 9. Les podures ; lo- les forbicines et les ricins. ORDRE II. NÉVROPTÈRES. Des mâchoires ; quatre ailes réticulées. A- Les libelles : quatre grandes ailes non ployées j à mâchoires pourvues d'un palpe articulé ; à lèvre enveloppant toute la bouche , sans palpes. ( Odonata Fab.) 1. Les demoiselles. B. Les perles : ailes se rejetant sur le dos dans le repos ; à mâchoires et lèvre pourvues de palpes articulés ,* à bouche pourvue de mandibules. 2. Les termites} 3. les hémérobes ; 4- ^^s panorpesj 5> les raphidies. C. Les agnathes : mâchoires et lèvre pourvues de palpes articulés , sans au- cune mandibule. 6. Les fxiganes \ 7. les iphémères. DES INSECTES. ZiS ORDRE III. Hyménoptères, piezata Fab. Des mâchoires; quatre ailes veinées et non réticulées. I. Les abeilles ; 2. les guêpes ; 3. les sphex ; 4' les chrysides ; 5. les mouches à scie ; 6. les ichneumons ; 7. les urocères 5 8. les cinips j 9. les fourmis ; lo. les mutiles. ORDRE IV. Coléoptères, eleutherata Fab. Des mâchoires ; deux ailes recouvertes par deux étuis de substance cornée , sous lesquels elles se reploient. A. Antennes terminées par une masse feuil- letée , c'est-à-dire , composée de feuillets attachés par un bout et libres de l'autre; cinq articles à tous les doigts. 1. Les lucanes j 2. les scarabées. B. Antennes portées sur un bec qui n'est qu'un prolongement de la tête, et au bout duquel est la bouche ; quatre articles à tous les doigts, ^. Les charansons \ 4- 1^^ bruches. X 5 526 TABLEAUX C. Antennes en forme de massue; trois ar- ticles à tous les doigts. 5. Les coccinelles. D. Antennes terminées en forme de massue ; cinq articles à tous les doigts. 6. Les silphes ; y. les hydrophiles; 8. les sphéridies ; 9. les escarbols ; 10. les byrrhes ; 1 1. les dermestes. E. Antennes terminées en forme de massue; quatre articles à tous les doigts. 12. Les bostriches. F. Quatre palpes ; antennes en forme de fil ; cinq articles à tous les doigts ,* élytres dures. i5. Les ptines j 14. les taupins ; i5. les richards. G. Quatre palpes ; antennes en forme de lil ou de soie ; cinq articles aux doigts ; élytres flexibles. 16. Les lampyres ; 17. les cantharides. H. Quatre palpes ; antennes en forme de fil ou de chapelet , quelquefois renfl^ées vers le bout ou dans le milieu ; cinq articles aux quatre doigts de devant, quatre à ceux de derrière,- élytres flexibles. 28. Les mélocs. DES INSECTES. 627 I. Quatre palpes ; antennes en forme de fil ou de chapelet; cinq articles aux quatre doigts de devant, et quatre à ceux de derrière; élytres dures. 19. Les téuébrions -, 20. les mordelles. K. Quatre palpes ; antennes en forme de fil ou de chapelet, se renflant quelquefois vers le bout ; quatre articles à tous les doigts. 21. Lescassides-, 22. les cbrysomèlcs -, 25.lesliispes. L. Quatre palpes ; antennes en forme de soie , composées le plus souvent d'articles alongés ; quatre articles à tous les doigts. 24. Les capricornes j 25. les leptures j 26. les né- cydales. M. Six palpes ; antennes en forme de fil ou de soie ; cinq articles à tous les doigts. 27. Les ditiquesj 28. les gyrins ; 29. les carabes ; 3o. les cicindèles. N. Elytres beaucoup plus courtes que l'abdo- men, et recouvrant les ailes lorsqu'elles sont repliées. 5i. Les staphilins. X4 538 TABLEAUX ORDRE V. Orthoptères, ulonata Fab. Des mâchoires ; ailes se repliant sous des élytres molles ou demi-membraneuses, qui ne se joignent pas par une suture exacte. I. Les perce-oreilles j 2. les blattes j 3. les mantes j 4- les sauterelles. ORDRE VI. HÉMIPTÈRES, ryngota Fae. Point de mâchoires; un bec recourbé sous la poitrine ; ailes se repliant sous des élytres moitié coriaces, moitié membra- neuses. ï. Les punaises; 2. les nëpes ; 3. les notonectesj <4. les cigales; 5. les thrips ; 6. les pucerons; 7. les psilles ; 8. les gallinsectes. ORDRE VII. LÉPIDOPTÈRES, glossata Fab." Point de mâchoires; une trompe se roulant en spirale ; quatre ailes revêtues d'écaillés , semblables à une poussière fine. I. Les papillons ; 2. les sphinx; 3. les phalènes. INSERT FOLDOUT HERE DES INSECTES. Zjq ORDRE VIII. Diptères, antliata Fab. Point de mâchoires ; deux ailes nues ; deux balanciers au dessous. I. Les tipules ; 2. les cousins; 3. les mouches; 4. les taons ; 5. les empis ; 6- les borabiles ; 7. les conops ; 8. les asiles; 9. les hippobosques ; io> les castres. ORDRE IX. Point de mâchoires ni d'ailes; des membres articulés. 1. Les puces; 2. les poux; 3. les mites. 55o TABLEAUX MÉTHODE DE LAMARCK, Tirée de son ouvrage ayant pour titre : Système des Animaux sans vertèbres, publié en 1801. JN o u s avons donné les caractères des trois coupes qu'il a formées dans les insectes; nous nous bornerons donc ici à faire cou- uoître les ordres de ces coupes. CLASSE I. Crustacés. Ordre I. Crustacés jpédiocles. Des yeux distincts, élevés sur des pédi- cules mobiles. ( Les cancers de Linna^us.) II. Crustacés sessiliocles. Deux yeux distincts ou réunis en un seul , mais constamment fixes et sessiles. Les crevettes , les aselles et les ento- mostracés. INSERT FOLDOUT HERE o DES INSECTES. 35i CLASSE IL arachnides. Ordre I. arachnides palpistes. Antennes o ; des palpes ; tête confondue avec le corselet ; corps muni de pattes. Les scorpions, araignées, etc. IL arachnides antennistes. Deux antennes ; tête distincte ; six pattes au moins , et souvent beaucoup au delà. Les scolopendres, les Jules, les podures,etci' CLASSE m. Insectes. Ordre I. Coléoptères. Des mandibules et des mâchoires; deux ailes pliées transversalement sous des étuis durs et coriaces. 1 1. Orthoptères . Des mandibules et des mâchoires ,• deux ailes droites, pliées longitudinalement sous des étuis presque membraneux. 332 TABLEAUX III. Névroptères. Des mandibules et des mâchoires ; quatre ailes nues, membraneuses, réticulées. IV. Hyménoptères. Des mandibules et mie espèce de trompe. Quatre ailes nues , membraneuses , vei- nées, inégales. V. Lépidoptères. Mandibules o ; une trompe ou un suçoir. Une langue roulée en spirale , constituant un suçoir; quatre ailes membraneuses , recou- vertes d'écaillés , semblables à une poussière fine. VI. Hémiptères. Un bec aigu , articulé , recourbé sous la poitrine , renfermant un suçoir ; deux ailes croisées sous des étuis demi-membraneux. VII. Diptères. Une trompe non articulée , servant de gaîne à un suçoir très-fin ; deux ailes nues; membraneuses, veinées, et deux balanciers, VIII. Aptères. Une trompe articulée, renfermant un DES INSECTES. 533 suçoir ; jamais d'ailes dans aucun des con- génères, Lamarck avoit publié, quelques années auparavant ( Mémoires de physique , 1797 )> vme distribution méthodique des insectes- Ceux qui ont des ailes y sont dans le même ordre ; mais les aptères sont partagés diffé- remment. Un suçoir. Insectes sans ailes. Des mâchoires. Suceurs. Ordre VIII. Puce , pou , mite. Pinceurs. Ordre IX. Faucheur, araignée, scorpion. LÉPirHOREs. Ordre X, Podure, forbicine. Entomostracés. Ordre XI. Monocle. Crustacés. Ordre XII. Crabes , écrevisses. PoLYPODEs. Ordre XIII. Jules , scolopendres. Je crois que Lamarck amélioreroit sa méthode en séparant les entomostracés, les aselles , des crustacés ; et les poux , les podures , les scolopendres et les Jules, des arachnides. >c>4 TABLEAUX (i) Exposition d'une méthode naturelle pour la classification et l'étude des insectes , présentée à la société philomatique , le 3 brumaire an g. D E s I N s E C T E s. 355 Le fond de cette méthode n'offie rien de neuf: mais sa marche est si comparative, et en même tems si simple , qu'elle peut faciliter singulièrement Tétude des insectes. Duméril, si digne d'être le compagnon des travaux de Cuvier , rendra un grand service à la science, en faisant, pour les familles, les genres et les espèces , ce qu'il a ingénieu- sement exécuté pour les ordres. Il a donné un essai de ce détail dans le Mémoire d'où nous avons extrait le tableau ci-contre. Ou doit espérer de ses connoissances qu'il n'em- ploiera, malgré son grand désir de simph- fier l'étude des insectes , que des caractères fondés sur des parties essentielles. Nous terminons ainsi l'analyse ou l'exposé des principaux systèmes, à la faveur des-^ quels les naturalistes ont voulu nous faire arriver à la connoissance des premières di- 'S'isions de la classe des insectes. On les a envisagés, ces animaux, sous toutes leurs faces ; Swammerdam a considéré les méta- morphoses, Linnseus les organes du mouve- ment , Fabricius ceux de la nutrition. Voilà les trois systèmes véritablement originaux. Tous les autres peuvent s'y rapporter ; on n'a fait qu'en corriger les défauts , en chan- l^er, modifier, perfectionner le plan. JDo 3315 TABLEAUX Géer est après ces trois grands hommes celui dont les travaux sont les plus dignes d'éloges; il a fortifié singulièrement les coupures du système linnéen ; il est le premier qui ait ajouté les caractères de la bouche à ceux des organes du mouvement. 11 a ensuite formé plusieurs ordi'es nouveaux et néces- saires : on n'en a même pas fait après lui dont il n'eût tracé les premiers traits. La méthode d'Olivier n'en diffère pas essentiel- lement ; car ce n'est pas un changement d'ordres qui imprime à un système le sceau de la nouveauté. Ainsi les orthoptères d'O- livier, dont la création semble lui être propre, avoient été distingués par De Géer, et Retzius les avoit nommés dermaptères , mot qu'il auroit fallu conserver. Les méthodes récentes de Cuvier, de Lamarck nous offrent aussi le système de Linnasus modifié , perfectionné , sur - tout d'après les belles observations de Swam- merdam. Je vais aussi présenter mon travail géné-i rai , d'abord sous la forme d'un grand tableau, ensuite sous celle d'une simple esquisse. Là , je développe les bases de ma classification, je descends jusqu'aux divisions des ordres, et j'indique les différences de mœurs , de métamorphoses DES INSECTES. 557 înétamorplioses sur lesquelles j'ai établi mes grandes familles. Ici je n'expose que le» caractères les plus saillans , ceux qui sont absolument nécessaires, et auxquels Tesprit et la mémoire doivent donner toute leur attention. Quelques personnes trouveront peut-être que la série des ordres, telle que je l'offre, n'est pas assez naturelle. Je leur répondrai que l'anatomie, n'ayant pas fixé les places respectives de ces divisions, je n'ai pas cru devoir , en attendant , changer ma disposi- tion systématique primitive d'après de sim- ples probabilités. Mon opinion est qu'il vaut mieux laisser les choses dans leur état, ces déplacemeus perpétuels ne faisant qu'em- brouiller la nomenclature des méthodes. C'est cette réserve qui m'a porté à ne pas donner encore, comme une classe, les arachnides , quoique les inductions , d'après lesquelles on veut l'établir , soient très- plausibles. Je ne prétends donner ici qu'mie distribution artificielle , d'après la considéra- tion, 1° des pattes; 2° des antennes; 3<^ des élytres et des ailes. Je termine par deux autres tableaux : l'un présente l'esquisse d'une méthode naturelle^ établie d'après les principes de Lamarck et Jrvs. Tome IL Y S38 TABLEAUX Cuvier. Les entomostracés et les arachnides se trouvent reportés à la place qui paroît leur convenir, sur-tout si l'on prend pour base la constance des formes et les méta- morphoses des insectes. J'ai dit, dans mou premier Discours sur la nature de ces ani- maux, qu'il me répugnoit de fonder mes caractères sur des observations semblables, parce qu'elles ne peuvent se faire instanta- nément. Je vois cependant que toutes les méthodes, dans lesquelles on prend pour base les organes du mouvement , supposent toujours, en quelque manière, la connois- sance suivie de l'animal : c'est une remarque judicieuse qui m'a été faite par Lamarck et Cuvier. Mon dernier tableau offre ime méthode formée d'après les seules considérations de la bouche. Chacun pourra ensuite adopter le plan qui lui paroîtra le plus convenable. INSERT FOLDOUT HERE DES INSECTES. 009 DIVISIONS GÉNÉRALES Des animaux invertébrés , pourvus de pattes , désignés , dans le sens le plus étendu y sous le nom c^'insectes. CLASSE L Crustacés. Crustacea. Organisation intérieure. Un cœur. Des branchies. Organisation extérieure. Mandibules palpigères. Bouche fermée par plusieurs espèces de palpes , géminés ou bifides , disposés sur plus de deux rangs. Antennes constamment au nombre de quatre. Corps renfermé sous un têt calcaire , ou dans une suite de pièce de même nature , annulaires et conti- nues , toujours sans ailes. ( Yeux souvent pédoncules et mobiles. ) Dix pattes au moins, et n'ayant que des fonc- tions relatives au mouvement j point de métamor- phoses. Y â 54o TABLEAUX CLASSE II. Insectes ( proprement dits. ) insecta» Organisation intérieure. Point de cœur (i). Un simple vaisseau dorsal. Des brancliies ou des stigmates. Organisation extérieure. Mandibules nues ou nulles. Bouche fer- mée seulement par des mâchoires et des lèvres , ou consistant en un suçoir. Deux rangs au plus de palpes simples. Corps sans ailes ou ailé , formé , lorsqu'il est aptère d'une suite d'anneaux, ou d'une grande pièce et d'une ou de plusieurs autres tenant lieu de ventre ou de queue, d'une nature membraneuse ou plutôt cornée, eoriacée , que calcaire. Six pattes et au delà , ayant dans quelques - uns (les entomostracés) , des fonctions différentes de celle du mouvement , servant de brancliies. Des métamorphoses dans le plus grand nombre, (i) Les arachnides ayant des stigmates très-appa» rens, nous pouvons , jusqu'à un nouvel examen , les regarder comme n'ayant point de vaisseaux sant- guius. DES INSECTES. 541 CLASSE I. Crustacés. Crustacea. Ordre I. Les décapodes, décapoda. Tête confondue avec le corselet. Bran- chies cachées sous le tét. Ordre II. Les branchiogastres , bran-^ chiogastra. Tête distinguée du corselet. Brancliies extérieures. CLASSE II. Insectes. Insecta. Les tétracères. Tetracerà, SOUS-CLASSE I. Pattes n'étant propres qu'au mouvemenf;, ne servant point de branchies. Jamais dô stigmates apparens. Des branchies. Quatre antennes. Bouche paroissant avoir deux rangs de pièces maxillaii'es. Corps renfermé dans une suite de pièces presque calcaires , aninilaires et continues, aptère. Quatorze pattes communément, et terminées pal* un ongle j point de métamorphoses. Y5 542 TABLEAUX Les dicèrbs. Diceral SOUS-CLASSE II. Pattes n'étant propres qu'au mouvement^ ne servant point de branchies ; toujours ter- minées par un ou deux crochets , ou ongles écailleux. Des stigmates. Antennes au nombre de deux et ne faisant pas l'office de brancliies. Tête distincte et des yeux à facettes ou com- posés. Corps aptère ou ailé, et dont les pattes sont insérées sur deux segmens au moins. Tous les ailés sujets à métamorplioses, et n'ayant que six pattes. Les ACERES. u4.cera. SOUS-CLASSE m. Pattes n'étant propres qu'au mouvement ; ne servant point de branchies , toujours ter- minées par un ou deux crochets écailleux. Des stigmates. Points d'antennes. Deux pal- pes. Tète confondue avec le corselet. Point d'yeux à facettes. Des yeux lisses. Corps aptère , et dont les pattes ( de huit à dix , communément) ne sont portées dans le très-; grand nombre que sur un segment. Point de métamorphoses. DES INSECTES. 543 liES ENTOMOSTRACÉs. Eiitomostraca^, SOUS-CLASSE IV. Pattes, ou du moins quelques - unes , pa- roissant servir de branchies , sans onglet ou crochet écailleux au bout. Point de stigmates. Antennes ou nulles , ou ressemblant à des branchies. Point d'yeux à facettes distinctes. Un ou deux yeux lisses. Corps aptère. Un têt clypéacé ou bivalve , corné , coriace ou membraneux dans le grand nombre; une suite d'an- neaux dans d'autres. Tête souvent confondue avec le corselet ; six à vingt-quatre pattes. LES DICÈRES. Sous Classe I. Division I. Les milee-pieds, myriapoda^ Corps toujours aptère, formé d'une suite d'anneaux presque égaux, et tous, ou presque tous , pédigères. Pattes terminées par un seul onglet, et en très-grand nombre. Obs. Point de cuisses , de jambes et de tarses bien prononcés. Point de métamorphoses ; nombre des pattes susceptible seulement de développe- ment; mandibules composées. y à 544 TABLEAUX Division II. Les hexapodes, hexapoda. Corps souvent ailé , formé d'une suite d'anneaux inégaux, et dont deux ou trois au plus pédigères. Pattes, ou du moins quel- ques-unes, terminées par deux crochets, jamais au delà de six. Obs. Caisses, jambes et tarses prononcés. Des métamorphoses dans les ailés. LES MILLE-PIEDS. Division I. Ordre I. Les chilognathes, chilognatha. Corps formé d'une suite d'anneaux presque calcaires, annulaires et continus. Bouche consistant en deux mandibules, et en une seule pièce qui le recouvre par, en bas; palpes nuls ou très-petits. Stigmates à peine apparens. Ordre II. Les syngnathes, syngnatha: Corps renfermé entre deux rangs de pla- ques coriacées ou membraneuses, réunies par les côtés. Bouche fermée de deux rangs de pièces, outre les mandibules; des palpes très- dis- D E s I N s E C T E s. 545 tincts; mâchoires réunies; une pièce coni- que, et crochue de chaque côté de la lèvre inférieure. Stigmates très-apparens. OBSERVATION. La tête des crustacés et des insectes, qui appar- tiennent aux ordres précédens, me paroît différer, quant à sa structure , de celle des animaux qui vont suivre. Ici , elle forme une boîte capsulaire , dans une cavité inférieure de laquelle les organes de la manducation se trouvent renfermés , isolés. Là , ce n'est qu'une simple plaque écailleuse qui ne se replie pas en dessous , et les instrumens nour- riciers se prolongent insensiblement jusqu'aux pattes. LES HEXAPODES. Division II. . Subdivision I. Les ailés, alata. Des ailes ou des pièces qui les imitent. Corselet de deux segmens au plus. Des métamorphoses , un ou deux insectes exceptés. Subdivision II. Les aptères, aptera. Point d'ailes , ni de pièces qui les imitent. Corselet de trois segmens; point de métamorphoses, excepté daus un seul genre. 546 T A B L E A U :x: LES AILÉS. Subdivision I. Ordre III. Coléoptères, coleoptera, I. Deux ély très crustacées recouvrant deux ailes pliées transversalenieiat ; bouche à ma- clioires nues. Premier segment dn corselet séparé du deuxième par un étranglement. Larve très -différente de l'insecte parfait; têt» écailîeuse, de figure constante; nymphe immobile j antennes , ailes et pattes distinctes. 1. Larve et insecte parfait vivant de rar pines ; carabus , tenebrio. 2. Larve vivant de rapines; insecte parfait,* carnassier et herbivore , ou simplement her- bivore,* telephorus^ elater. 5. Larve et insecte parfait , se nourrissant de substances animales, cadavéreuses ou des- séchées; silpha. 4. Larve et insecte parfait coprophages ;J c'est - à - dire , se nourrissant d'excr émeus ; copris. 5. Larve rongeant les parties dures des végétaux, ayant six pattes distinctes; insecte parfait vivant de même ou fréquentant les fleurs; lucanus. DES INSECTES. 347 6. Larve rongeant les parties dures des végétaux, n'ayant point de pattes distinctes; insecte parfait , vivant de même ou fréquen- tant les fleurs ; curculio , cerambix. 7. Larve rongeant les parties les plus tendres des végétaux ,• nymphe souvent nue , Fune et l'autre souvent agréablement colo- rées et tuberculées ou épineuses. Insecte parfait vivant de même, ou fré- quentant les fleurs; chrysomela , cassida. Ordre IV. Orthoptères , orthoptera, II. Deux élytres coriacées , nerveuses recouvrant deux ailes plissées ou doublées longitudinalement, en tout ou en partie. Bouche à mâchoires surmontées d'une gale te. Premier spgment du corselet , fortement appliqué contre le second ou la poitrine. Larve et nymphe différant peu de l'insecte par-: fait , abstraction faite des ailes ambulantes. 1. Les omnivores. A. Ailes pliées transversalement , et plissées en partie en éventail ; forficula. B. Ailes doublées, blatta, C. Ailes plissées, mantisi 348 TABLEAUX 2. Les herbivores , locusta. Ordre V. Hémiptères , hemiptera, III. Deux élytres moitié crustacées et moitié membraneuses , ou entièrement co- riacées , recouvrant deux ailes presque égales, sans plis , se croisant au plus à leur extré- mité; bouche consistant en une gaine arti- culée, formant un bec, et recevant trois soies; point de palpes. Premier segment du corselet fortement appliqué contre le second ; dos souvent découvert. Larve et nymphe différant peu de l'insecte par- fait , abstraction faite des ailes, ordinairement sitor bulantes. 1. Les sanguisuges, cimex. 2. Les herbisuges. A. Nymphe ambulante , tettigoma. B. Nymphe fixée, nue ou dans une coque j, coccus. Ordre VI. Névroptères , nei^roptera, IV. Quatre ailes membraneuses, nues^ réticulées, ordinairement égales; bouche à mâchoires. Premier segment du corselet , fortement applique D E s I N s E C T E s. 349 contre le second ou la poitrine ; dos souvent décou- vert } métamorphoses variables ; larve à tête toujours écailleuse , de figure constante ; antennes , ailea et pattes distinctes dans la nymphe. 1. Les carnassiers. A. Larve différant de l'insecte parfait. Nym- phe jfiLxe , mjrmeleon. B. Larve ressemblant beaucoup à finsecte parfait. Nymphe ambulante , Uhellula (1). 2. Les rongeurs, termes , perla, 3. Les éàeniés , phrygane a , ephemera. Ordre VII. Hyménoptères , hymenopterai V. Quatre ailes membraneuses , nues , veinées, et dont les supérieures plus grandes; bouche à mâchoires. Premier segment du corselet , fortement appliqué contre le second ou la poitrine , très-court , et for- mant avec lui une masse distincte. Larve ressemblant à une chenille ou vermiforme, ayant six pattes onguiculées, et quelquefois de fausses pattes , ou aptères. Tête écailleuse , de figure constante , ayant le (i) Il seroit peut-être plus naturel de commences; par les libellules. 55o TABLEAUX ru(iiment des organes de la manducatîon de l'insecte parfait. Nymphe toujours fixe , avec les antennes , les ailes et les pattes distinctes. 1. Les porte-tarières. A. Larve ayant des pattes onguiculées, et ordinairement plus de dix , de fausses pattes; tenthredo. B. Larve n'ayant que six pattes onguiculées, ou n'ayant que de fausses pattes ; urocenis, diplolepis. C. Larve apode , carnassière , parasite ; cinips, lencospis. 2. Le porte-aiguillon; larve toujours apode. A. Les mâche] iers ; larve et insecte parfait, carnassiers , omnivores ; sphex , formica , vespa. B. Les linguisuges ; larve et insecte parfait , nectarisuges. Ordre VIII. Lépidoptères , lepidoptera. VI. Quatre ailes membraneuses , fari- neuses et veinées ; bouche consistant en une trompe roulée en spirale, et accompagnée de deux à quatre palpes. Premier segment du corselet fortement appliqué DES INSECTES. 55i contre la poitrino , et formant avec lui une masse distincte. Larve connue sous le nom de chenille ; tête écail- leuse , de figure constante, et dont les instrumens nourriciers diffèrent par leur organisation de ceux de l'insecte parfait j six pattes onguiculées , et deux, à dix fausses pattes. Nymphe distinguée sous le nom de chrysalide , recouverte d'une peau différente de celle de la larve; antennes, ailes et pattes renfermées sous l'enveloppe générale. 1. Chenille ayant toujours seize pattes, dont le fond est presque nu ou simplement épineux, se tenant à découvert. Chrysalide anguleuse, nue, retenue par un cordon soyeux, ou suspendue. Papilio. 2. Chenille ayant toujours seize pattes presque nue, plus épaisse et formant une corne à son extrémité postériem^e , se tenant à découvei't. Chrysalide unie, légèrement folhculée ou découverte. Sphinx. 5. Chenille à seize pattes, presque nue, cylindrique, se tenant dans l'intérieur des yégétaux. Chrysalide unie , renfermée dans une coque peu soyeuse; sesia. 4. Chenille à seize pattes, ramassée, un peu velue, se tenant à découvert, 552 TABLEAUX Chrysalide unie dans une coque soyeuse, en bateau. Zygœna. 5. Chenille à seize pattes, souvent très- velue ou aigrettée , se tenant à découvert. Chrysalide unie , renfermée dans une coque ovale, et formée de soie pure. Bombix. 6. Chenille à seize pattes, glabre, dont le premier anneau est écailleux, se nourris- sant de l'intérieur des végétaux. Chrysalide unie dans une coque; ses an- neaux dentés sur les bords; cossus. 7. Chenille ordinairement à seize pattes, le plus souvent nue , se tenant à découvert. Chrysalide unie, dans une coque grossière, de soie , de terre, etc. ; noctua. 8. Chenille de dix à quatorze pattes, le plus souvent nue, très-alongée, imitant uu petit rameau, un petit bâton, se tenant à découvert. Chrysalide unie , dans une coque grossière, ou nue; phalœna. 9. Chenille à seize pattes, nue, dans un rouleau de feuilles contournées, et fixée par des soies ou dans l'intérieur des fruits. Chrysalide unie, renfermée dans ce rou- leau, ou dans une coque plus obtuse d'un côté ; pyralis. 10. Chenille de huit à seize pattes, lisse, cachée DES INSECTES. 555 cachée souvent dans un fourreau composé de la substance dont elle se nourrit, ou mi- nant les feuilles des végétaux. Chrysalide unie, cachée dans ce fourreau; tinea , alucita. 1 1 . Chenille à seize pattes , ovale , velue. Chrysahde unie, vehie, suspendue par une extrémité ,• pterophorus. Ordre IX. Diptères, diptera, VII. Deux ailes membraneuses et vei- nées; deux balanciers en dessous; bouche consistant eu une trompe ou gaine mem- braneuse ou coriacée, inarticulée ou sim- plement coudée, bilabiée à son extrémité, renfermant souvent un suçoir ; deux palpes dans le grand nombre. Segmens du corselet ordinairement réunis , et ne formant qu'une masse. Larve vermiforme sans vraies pattes; tète souvent de figure variable, et munie simplement de crochets. Nymphe renfermée ou dans une enveloppe diffé- rente de la dernière peau de la larve , ou dans une coque formée par cette peau. Point de métamorphoses dans un seul insecte. 1. Des métamorphoses. Larve ayant ordi- nairement une tête de figure constante , des Ins, Tome II. Z 554 TABLEAUX espèces de pieds, vivant hors du ventre de la mère. Nymphe renfermée dans une coque diffé- rente de la dernière peau de la larve ; tête et corselet distincts; tipula, culex ^ rhagio, etc. 2. Des métamorphoses. Larve à tête de figure variable, vivant hors du ventre de la mère. Nymphe renfermée dans une coque for- mée de la dernière peau durcie de la larve; point de distinction de tête et de coiselet; niusca. 3. Des métamorphoses. Larve se nourris- sant dans l'intérieur du ventre de sa mère. Nymphe en sortant sous la forme d'un œuf. Point d'ailes dans quelques-uns; tête se confondant avec le corselet ; hippobosca. 4. Point de métamorphoses. Tête confon- due avec le corselet ; pediculus çespertilionis Lin. REMARQUE. Cet insecte a une forme très-extraordinaire j on lie lui voit point d'antennes. D E s I N s E C T E s. 355 LES APTÈRES. Subdivision II. Ordre X. Suceurs, suctoria^ ï. Bouche consistant en une gaine arti- culée, renfermant deux soies, avec deux antennes ou palpes. Des métamorphoses. Larve apode, vermi- forme; tête de figure constante. Nymphe dans une coque,* antennes et pattes distinctes ; pulex Lin. OBSERVATION. Les organes, qu'on appelle ici antennes , sont insérés »i près de la bouche qu'on pourroit les regarder comme de simjjles palpes. Quelques naturalistes placent cet ordre immédia- tement avant celui des diptères. La puce , quoique ap- tère , semble alors en faire le passage. Son suçoir tient un peu de celui des hémiptères, et ses métamor- phoses ressemblent parfaitement à celles de quelques tipules. Cela prouve qu'il faut encore beaucoup d'observations pour établir un oi'dre vraiment na- turel parmi les insectes. Ordre XI. Thysanoures, thysanoura. II. Bouche consistant en deux mandi-; bules , deux lèvres et des palpes. Z 2 556 TABLEAUX Corps couvert ordinairement de petites écailles luisantes €t qui se détachent , terminé par une queue fourchue ou sétigère , servant , dans plusieurs , à sauter. Point de métamorphoses. 1. Les coureurs, lepisina, 2. Les sauteurs, podura. Ordre XII. Parasites, parasita. III. Bouche ne consistant que dans un simple et très-petit tube , ou dans deux cro- chets et une cavité inférieure , dont les bords n'oifrent point d'organisation distincte. Corps nu , plat , coriace. Point de métamoi-phoses. 1. Les avisuges, ricinus. REMARQUE. J'en aurois fait un ordre si j'avois cru que leurs espèces de mandibules leur servissent pour la man- ducation. Mais ces organes ne sont , à ce que je crois, que deux espèces de croohets, qui leur aident simplement à mieux se cramponner. â. Les mammalisuges , pediculus, LES ACÉPHALES. SOUS-CLASSE III. Ordre I. Les chélodontes , chelodontes. ï. Des mandibules. D E s I N s E C T E s. Z5j î. Les scorpionicles , scorpîo. 2. Les arachnides, aranea. 3. Les phalangiens, phalangium. 4. Les pyciiogonides , pjcnogonum. Ordre II. Les solénostomes , solenostoma. II. Point de mandibules. y^carus Keduvius Lin. longicornis , etc. LES ENTOMOSTRACÉS. SOUS-CLASSE IV. I. Corps couvert en dessus d'un têt , ou renfermé entre deux pièces en forme de valves de coquilles. Division I. LESoPERCUiiÉs, ihecata. Un têt. Subdivision I. Les clypéacés , aspidiota. Des pattes sans appendices branchiales ; des mandibules. Ordre I. Les Xyphosures , xyphosura. Des pattes sans appendices branchiales; un bec. Z5 358 TABLEAUX Ordre II. Les pneumonures , /TTZ^z^mo/zz/m. Des pattes toutes ou presque toutes bran- chiales ; des mandibules. Ordre III. Les vuYi.i.ovoTt^s , phyllopoda. Deux valves. Subdivision II et ordre IV. Les ostra- CHODES , ostrachoda. II. Corps nud. Division II. L e s n u d s , gymnota. Tête confondue avec le premier segment du corps. Ordre V. Pseudopodes , pseudopoda. Tète distincte. Ordre VI. Les céphalotes , cephalota. OBSERVATION. Le monoculus polyphemus appartient à l'ordre des xyphosures ; les caliges de Muller à celui des pneu- monnres; le monoculus apus à celui des phyllopodes; les cypris , daphnies à celui des ostracbodes ; les cy- dopes à celui des pseudopodes j le cancer stagnalis à celui des céphalotes. DES INSECTES. 55() Distribution naturelle des animaux inuertc- brés et pourvus de pattes , d'après la con- sidération des organes de la vitalité^ les métamorphoses et les inst rumens nour- riciers. * Un cœur , des branchies ; point de stigmates. Crustacés, erustacea. Les entomostracés -, les malacostracés 5 les tétra- cères ( la famille des aselles ). * * Cœur ? point de branchies ; des appa- rences de stigmates; point de métamorphoses. Arachnides, arachnides. A. Les acéphales. B. Les céphalés. Les Ihysanoures -, les parasites ; les cbilognalhes ; les syngnathes. * * * Point de cœur; point de branchies; des stigmates ; des métamorphoses. Insectes , insecta. A. Les broyeurs. a. Larve et nymphe presque semblables Z ^t 36o TABLEAUX à l'insecte parfait , à Texception des ailes ; nymphe agissante. Les orthoptères; les cryptodontes (libellules). b. Larve et nymphe différentes de Tin- secte parfait ; nymphe fixe. lies névroptères; les coléoptères; les tymeHoptères. B. Les suceurs. a. Larve et nymphe presque semblables à Finsecte en état parfait; nymphe agissante. Les hémiptères. b. Larve et nymphe différentes de Tin- secte en état parfait ; nymphe fixe. Les lépidoptères ; les gallinsectes j les diptères ; les suceurs. DES INSECTES. 5Gi Distribution nouvelle des animaux invertébrés et pourvus de pattes , d'après les organes de la manducation. * Crustacés, crustacea. A. Mandibules toujours nues ou nulles. Les entomostracés , entomos traça. I. Organes de la manducation insérés sur la même base que les pattes. Ordre I. Xyphosures, xjphosura. 1. Bouche paroissant ne consister qu'en deux mandibules chéliformes ; palpes nuls ou servant de pattes ; leur base ressemblant à mie mâchoire. Ordre II. V HY i^i^ov oTt^s , phyllopoda. 2. Bouche ne consistant qu'en deux man- dibules, quatre mâchoires, deux de chaque côté, et appliquées l'une sur l'autre. Ordre III. Les pneumonures, pneumonûra. 3. Bouche consistant en mie espèce de bec. Ordre IV. Ostrachodes, ostrachoda. 4- Bouche obsolète, cachée , point connue. 562 TABLEAUX II. Organes de la manclucation insérés sur un article détaché. Ordre V. Les céphalotes, cephalota. 5. Bouche consistant en deux mandibules avancées, et quelques autres organes, ou composée de pièces formant un bec saillant. Ordre VI. Pseudopodes, pseudopoda. 6. Bouche obsolète, cachée, point connue. B. Mandibules palpigères. Les crustacés proprement dits, ou les malacostracés ; malacostraca. ** INSECTES, insecta. Ordre I. Tétracères, te tracera. Deux mandibules simples ; des mâchoires libres et au nombre de quatre ; une lèvre inférieure. II. Chilognatiies , chilognatha. Deux mandibules paroissant composées; mâchoires nulles ou réunies avec la lèvre inférieure. III. Syngnathes, syngnatJia, Deux mandibules paroissant composées; DES INSECTES. 565 deux mâchoires, réunies à leur base, der- rière la lèvre inférieure. IV. Chelodontes, cheîodonta. Deux mandibules en pince à la place de la lèvre supérieure; deux palpes, insérés chacun sur une mâchoire. V. SoLENOSTOMES , solenostoma. Mandibules nulles, ou converties avec les mâchoires et la lèvre inférieure en un tube; deux palpes. VI. Thysanoures, thysanoura. Deux mandibules simples, découvertes; deux mâchoires libres , découvertes , palpi- gères ; une lèvre inférieure palpigère. VII. Parasites, parasita. Bouche ne consistant que dans un tube ou bec très-petit, simple, ou dans une ou- verture inférieure , avec deux crochets ; point de palpes ni d'autres organes distincts. VI IL Coléoptères, coleoptera. Deux mandibules ; deux mâchoires réu- nies à leur base avec la lèvre inférieure , formées de plusieurs pièces étroitement liées, palpigères, sansgalètes; une lévite inférieure palpigère. 3(34 TABLEAUX IX. Orthoptères, orthoptera. Deux mandibules découvertes ; deux mâ- choires réunies à leur base avec la lèvre inférieure , simples , découvertes , surmon- tées d'une galète et de palpes ; lèvre infé- rieure dégagée sur les côtés , palpigère. Observation. Il faut y réunir les termes. X. Cryptodontes , crjptodonta ; les libellules. Deux mandibules et deux mâchoires sim- ples , surmontées d'^un palpe galétiforme , entièrement cachées les unes et les autres sous les deux lèvres ,• lèvre inférieure sans palpe. XI. Névroftères, neproptera. Deux mandibules; deux mâchoires réu- nies k leur base avec la lèvre inférieure, simples , planes ; lèvre inférieure dégagée sur les côtés, palpigère. XII. Hyménoptères , hymenoptera. Deux mandibules ; deux mâchoires réu- nies à leur base avec la lèvre inférieure; simples , palpigèi^s , en demi - tuyau , en- gainant la lèvre inférieure sur les côtés; lèvre inférieure en forme de langue, palpigère. . D E s I N s E C T E s. 365 XIII. LÉPIDOPTÈRES, lepidoplera. Une espèce de trompe consistant en deux filets réunis , se roulant en spirale ; des palpes. XIV. HÉMIPTÈRES, hemiptera. Une espèce de bec consistant en une gaine articulée, recevant des soies (trois) dans une canelure supérieure ,* point de palpes. XV. Suceurs, suctoria. Une espèce de bec consistant en une gaîne articulée , recevant des soies ( deux ) dans une canelure supérieure,- deux écailles exté- rieures (palpes) , au dessus de la base du bec. XVI. Diptères, diptera. Une espèce de trompe ou de gaîne entière ou simplement coudée, labiée à son extré- mité, recevant dans un canal supérieur des soies; deux palpes. XVII. ColÉostomes , coleostoma. Une gaîne bivalve ou univalve, simple, formant un étui à un suçoir ; point de palpes apparens. ( Hlppobosques. ) EXPLICATION DES PLANCHES. PLANCHE II (i). F 1 o. I . I i R crabe appelé tourteau , et réduit do grandeur [cancer pagurus Fab. ) a, a , antennes latérales, simples; b,b, calice du milieu; leur extrémité est bifide. 2. Mandibule vue en dessus ; a , palpe. 3. Mandibule vue en dessous; a, palpe. 4. Pièces au nombre de deux (2) , placées immé- diatement au dessous de chaque man- dibule. 5. Pièces au nombre de deux , situées immé- diatement au dessous de chacune des précédentes. 6. Pièces au nombre de deux , situées sous chacune des précédentes; a, espèce de palpe. 7. Pièces au nombre de deux , ressemblant à deux palpes, a et b , géminés ou réunis à la base , après celle de la fig. 6 , une de chaque côté. (i) Tous les dessins sont d'un jeune artiste , Meunier, qui annonce pour ce genre de peinture des talens distingués. Il m'est d'autant plus doux de lui rendre hommage , qu'il est le neveu d'une femme pleine de vertus et de mérites, infini- ment versée dans l'histoire des insectes , et à laquelle je dois beaucoup en celte partie , Mad. Tigni. ( 2 ) Nous n'en figurons qu'une , ainsi que de celles qui suivent. nTra^/ifri kT. .r.. /ntiftrer t/t'/ . lY m. . 'A 2 T t. \ r.4- ^.<., J'S. D E s P L A N C II E s. 567 8. Pièces extérieures au nombre de deux, fer- mant le bas de la bouche , et semblables aux précédentes -, elles sont formées do palpes , a et b réunis, 9. Le palpe b de la pièce précédente vu à part ; son extrémité a, cachée ordinairement sous lu partie a de la même pièce ,fig. 8- PLANCHE III. Fio. I. L'ÉcREVissE commune, vue en dessus, ( astacus fiuifiatilis Fab. ) a , a , antennes latérales; b, b, celles du milieu j elles sont bifides. 2. La femelle, vue en dessous; a, a, antennes latérales; b, b, celles du milieu. 5. Mandibule , grossie ; a , palpe. 4. Pièces au nombre de deux , appliquées sur la mandibule, une de chaque côté. 5. Pièces au nombre de deux, situées immé- diatement au dessous de chacune des précédentes. 6- Pièces au nombre de deux, appliquées sur les précédentes , une de chaque côté a , espèce de palpe. 7. Pièces au nombre de deux, ressemblant ti deux palpes , a et b géminés, ou réunis à leur base , venant après les précédentes. 8. Pièces extérieures au nombre de deux , fer- mant le bas de la bouche, et seniblables aux précédentes; a et ^, sortes de palpes réunis. 5G8 EXPLICATION PLANCHE IV. Fi g. I. Le cloporte ordinaire. Geoff. [oniscus asel- lus Fab. ) 2. Une antenne des deux plus apparentes , grossie. 5. Autre petite antenne grossie -, il y en a deux semblables et cachées chacune derrière la base d'une des précédentes. 4. Lèvre supérieure , grossie. 5. Mandibule, giossie. 6. Mâchoire , grossie. 7. Pièce fermant la bouche inférieurement , grossie; a, a, deux pièces maxilliformes, adossées , une de chaque côté , aux deux du milieu , è , h\ celles-ci sont regardées comme la lèvre inférieure , et sont ter- minées par de petites dentelures. 8. Une patte , grossie. 9. Le jule à deux cents pattes. GeofP. {^Julus terrestris Fab. ) 10. Antenne , grossie. 1 1 . Mandi bute , grossie. 12. Pièce fermant la bouche inférieurement, grossie j elle est composée de deux par- ties, a, a, soudées avec l'intermédiaire b. On voit à l'extrémité de petits tubercules antennuliformes. i5. Une patte, grossie. F 10. A /fieujtt^f é/é/ r/.v. /Jiuncer t/e/ .W*. rr,u^ifrt ^r r/.. c/. .W. rr-,t./im ■/■ D E s P L A N C H E s. 569 14. lie scolopendre à trente pattes. GeolT. (sco- lopendra forficata Fab. ) i5. Antenne, grossie. 16. Mandibule , grossie. jy. Deux mâchoires réunies à leur base, der- rière la lèvre inférieure ; a , o , leurs extrémités supérieures; b, pièce inter- médiaire; c, c, palpes. Ces parties sont grossies. 18. Lèvre inférieure, grossie; a, a, ses deux divisions terminales et dentelées j è, è, palpes en crochet. 19. Une patte, grossie. PLANCHE V. Fi G. r. Le grand pilulaire de Geoffroy, {scarahœus stercorarius Lin. ) 2. Son antenne , grossie ; a , la masse perfoliée^ 5. Lèvre supérieure , grossie. 4. Mandibule , grossie. 5. Mâchoire , grossie ; a , lobe terminal ; b, l'in- terne ; c , le palpe. 6. Lèvre supérieure , grossie; a ,a ^ ganache ou menton; 6, lèvre proprement ditej c, le palpe. 7. Une patte ; a , tarse de cinq articles ; h , jambe ; c , cuisse. 8. Le carabe doré ( carabus auratus Lin. ) 9. Antenne , grossie. 10. Lèvre supérieure, grossie, Ins, Tome II, A a 570 EXPLICATION lî. Mandibule, grossie. 12. Mâchoire , grossie ; a , ongle ou crochet cilié ; b , palpe antérieur", c, palpe moyen ou intermédiaire. i5. Lèvre inférieure ; o , a , ganache ;b ,b, lèvre proprement ditej c, pointe du milieu; d , palpe. i4' Patte ; «, tarse de cinq articles. l5. Le tcnébrion à neuf stries lisses de Geoifroy. ( tenebrio molitor Lin. ) i6. Antenne, grossie. 17. Lèyre supérieure , grossie. 18. Mandibule, grossie. 1 9. Mâchoire , grossie -, a , lobe terminal 5 b , ongle ; c , palpe. 20. Lèvre inférieure \a ,a^ ganache -^b ,b , lèvre pi'oprement dite j c, palpe. 21. Patte de devant-, « , tarse à cinq articles. 22. Patte de derrière -, a , tarse à quatre articles. 23. La chrysomèle rouge à corselet blanc de Geoffroy, {^chrysoinala populi Lin.) 24. Antenne , grossie. 25. Lèvre supérieure , grossie. 26. Mandibule, grossie. 27. Mâchoire , grossie ; a , b , ses lohes ; c , palpe. 28. Lèvre inférieure ; a , a , ganache ; b , b , lèvre proprement dite ; c , palpe. 29. Patte; a, tarse de quatre articles, l'avant dernier bilobé. B "E s P L A N C H E s. Syi PLANCHE VI. Fxu. 1. Le ^rand perce-oreille de Geoffroy, {forfi- cula auricularia Lin.) 2. Antenne , grossie. 3. Lèvre supérieure, grossie. 4. Mandibule , grossie. 5. Mâchoire, grossie; a, la pièce terminale; b , la galète ; o , le palpe. 6. La lèvre inférieure , giossie ; a, a, ses deux divisions; 6, un palpe. 7. Une patte; a , tarse de trois articles. 8. La sauterelle à sabre, de Geoffroy. ( locustct , piridissima Fab. ) 9. Lèvre supérieure , grossie. 10. Mandibule , grossie. 11. Mâchoire, grossie; a, la pièce terminale elle est fortement dentée; 6, la gâlètej c, le palpe, 12. La lèvre inférieure , grossie ; a, sou bord supérieur; il est échancré et paroît em- brasser deux divisions plus petites ; h , ua palpe. • i3. Une patte; tarse a de (Quatre articles. A a 2 573 EXPLICATION PL7\.NCHE VII. Fi G. I. La punaise rouge du chou de Geoff. {cimex ornatus Lin. ) , grossie. 2. Antenne, grossie. 3. Patte , grossie j a , tarse de trois articles. 4. La cigale liéœatode. {^cicada htemaCodes Oliv. ) 5. Antenne , grossie. 6. a, a, origine du bec -, b, h, lèvre supé- rieure , c , c , c , les trois soies du suçoir, le tout grossi. '' 7. Gaîne du bec , grossie. 8. Patte, grossie 5 a , tarse de trois articles. V.' PLANCHE VIII. Fi G. I. La demoiselle, nommée par Geoffroy la Caroline ; ( œshna forcipata Fab. ) 2. Antenne , grossie. 3. Lèvre supérieure, grossie. 4. Mandibule , grossie. 5. Mâchoire , grossie 5 a , son extrémité ; &, lo palpe. 6. Lèvre inférieure , grossie ; a , le bord supé- rieur j 6 , un palpe ; il est dilaté à sa base. i Jy.^ ./.2. fffi^err i/'. t L'.:«t^ m un UT ,/,./. /y., c'/ . 2. mfmae, ,f,/ .///.v ,'/ 2. ^\ /rs i F s ^ 4lifl t F.j. DES PLANCHES. SyS 7. Une patte, grossie; trois articles au tarse, a. 8. Le fourmi-lion , Geoff. ( rnyrtneleon formica- rium Fab.) 9. Antenne , grossie. 10. Lèvre supérieure , grossie. 1 1. Mandibule , grossie. 12. Màcljoire , grossie; a, son extrémité; h^ palpe antérieur; c ^ palpe interjnédiaire. i5. lièvre inférieure, grossie; a, le bord supé- rieur ; h , un palpe. 14. Une patte ,^ grossie; tarse a à cinq articles. PLANCHE IX. FiG. I. La guêpe commune, mulet, [pespa uulga-^ ris Lin. ) 2. Son antenne , grossie. 5. Lèvre supérieure , grossie. 4- Mandibule , grossie. 5. Mâchoire , grossie ; a, rextrémité ;i' , palpe de six articles. 6. Lèvre inférieure grossie ; a , « , division du milieu de la langue ; b,b, les latérales; c , palpes de quatre articles ) d , cl , gaine. y. Patte , grosfne. 8. L'abeille domestique , mulet. ( cqois mellifica Lin. ) 9. Antenne , grossie. 10, Mandibule ; grossie. A a .^ 374 EXPLICATION 11. a, o! , les deux pièces qui terminent chaqtie mâchoire ) h , b , palpes ; c , c , tige infé- rieure des mâchoires ; d , gatne ; e , langue j y, y,' deux petites divisions latérales , en forme d'écaillés; g, g, les palpes; h, h, les deux articles qui les terminent. 12. Patte postérieure, grossie; a, le premier article vu en dessus. PLANCHE X. Fi<*. I. Le papillon gasé. {^papilio crataegi Lin.) 2. Antenne / grossie. 5. Partie antérieure du corps d'un papillon tétrapode , grossie ; a , a , palpes ; h , b ^ pattes antérieures , pliécs en palatine. 4. Trompe , grossie , développée , copiée de Réaumur. 5. Une portion de la trompe, grossie au micros- cope , pour faire voir l'intérieur et l'en- grenage de ses deux lames , ( copiée de Réaumur. ) 6* Palpe , grossi. 7. Patte de devant , grossie. 8. Portion d'aile , très-grossie , et dont on a enlevé une partie des écailles ; on y voit leur disposition et leur point d'inter- section. 9. Des écailles , grossies, a, b ^c, d, e ,f,g. ■'■,' ^ /-Xxr. f. 2 . /7.x y. £^ . yoyr*tf/~(/ i^. , / B E s P L A N C H E s. SyS PLANCHE XI. Fi&. I. LE cousin commun mâle, grossi ( culex. pipiens Lin. ) ; a , a, antennes j b yb , pal- pes ; c , trompe. 2. Détail de la trompe ; a, a, gaîne de la trompe ; b , les lèvres ; c , d, suçoir ; soies réunies détachée. en c , et offrant de petites dents ; d , soie 3. La mouche bleue de la viande ( musca vo~ mitoria làn. ) 4. Antenne grossie ; a , palette; 6, soie latérale, plumeuse. 5. Trompe étendue, grossie; les palpes sont insérés en a, 6. Détail de sa trompe ; a , a , tige , gaîne du suçoir ; è , 6 , les lèvres ; c , e , suçoir de deux soies. Nota. Ces fig. 5 et 6 sont copiées deRêaumur. 7. Patte, grossie. PLANCHE XII. Fig. I. La puce ordinaire {^pulex irritans Lin.), grossie et copiée de Roesel. 3. La tête , grossie ; a , a , antennes ; b , gaîne de la trompe; c, c, les deux soies on lancettes qu'elle renferme. A a 4 376 EXPLICATION 3. La forcibine plat te de GeofiProy ( lepisma * saccharina Lin. ) , grossie et vue en dessus. 4. La mêine , vue en dessous. 5. Sa lèvre supérieure , grossie. 6. Une mandibule , grossie. y. Mâchoire , grossie ; a , palpe ; & , c , les deux; divisions de la mâclioire. 8. Lèvre inférieure , grossie ; a, le bord supé- rieur ; il a quatre divisions j h > palpe. PLANCHE XIII. F 10. I. Le pou ordinaire, grossi, [pediculus hi6~> manus Lin. ) 2. Antenne , grossie. 3. Son rostrule , grossi , aVec le suçoir , a. 5. Une patte, grossie. 5. L'araignée diadème. ( avança diadema Lin.) 6. Un palpe , grossi. 8. La bouche , grossie ; a , « , les mâchoires j b , le palpe ; c , la lèvre inférieure ; «?, dj les deux griffes des mandibules couchées entre les dents des supports, e^e. l^oy.'.rry ./: <" /;-//.'.' DES PLANCHES. ^77 PLANCHE XIV. Fi G. I. Le scorpion de Souvignargues de Mau- pertuis. 2 Mandibule, grossie, prise du scorpion d'A- frique de Linnasus ; a , b , les deux pinces ou serres ; a , la mobile. 3. Palpe en forme de bras , grossi ; a , l'extré- mité terminée par deux pinces ; b , pièce de la base, servant de mâchoire. 4. Mamelon conique, grossi, situé au dessous des mandibules , figuré d'après le scorpion d'Afrique de Linnaeus. 5. Une des pattes de la première paire , grossie ; a , b , deux pièces servant de base et situées de chaque côté de la lèvre infé- rieure ; c , la patte. 6. Lèvre inférieure de deux pièces, a, a, grossies. 7. Peigne , grossi, 28 dents. 8. Une dent de peigne, séparée et plus grossie, f). Dernier article de la queue , grossi , celui qui porte l'aiguillon. 10. Moitié du nombre des yeux du même scor- pion, et tels qu'ils sont disposés de chaque côté de la partie antérieure du corps. Remarque. Les détails sont pris du scorpion de Souvignargues dans le ci-devant Languedoc, de Maupertuis , à l'exception de ceux des figures 2 et 4- 578 EXPLICATION, etc. PLANCHE XV. Fia. r. liEtinocle à quene en filet, de GeofFroy ( monoculus apus Lin. ) grossi , vu en dessus -j a , a j pattes antérieures bran- cliiales , prises pour des antennes j & , & , yeux lisses. 2. L/e même , vu en dessous ; a , a , les mêmes pattes y b j h , autres pattes. 3. La partie antérieure du corps , vue en des- sous , et grossie, d'après ScLaeffer; a, épingle qui relève la lèvre supérieure 3 b, b, antenne ou palpe j c, c, mandi- bules ; d , d , mâchoire. 4. La même antenne ou le même palpe, grossi. 5. Autre patte branchiale, grossie. Fin du second Volume et des Principes élémentaires. /Kx, J/. J. ''/.xr TABLE De ce qui est contenu dans ce q ^ second Volume. h O Cinquième discours ^ de V organisation .^ intérieure des Insectes , Ptig© ^ » Sixième discours, de V organisation extérieure des Insectes, 55 Septième discours, de la génération des In- sectes , 2o5 Huitième discours^ de Vlnstinct des Insectes dans la conseruatlon de leur postérité et de leurs métamorphoses. 247 Exposition des systèmes entomologlques ^ 293 Tableau des classes des Insectes , de Geoffroy , 298 Tableau des classes des Insectes , de Schaeffer, 3o3 Système de Fabrlclus , 607 Méthode d^ Olivier , 3i5 Dwlslon générale des Insectes , proposée par Latreille. Précis des caractères génériques des Insectes, 3 18 méthode de Cuuler, 323 — — ' de Lamarck , 35o 58o TABLE. Diulsion des Insectes, par Duméril, 534 Divisions générales des animaux invertébrés pourvus de pattes , désignés , dans le sens le plus étendu y sous le nom c?lnsectes, 539 Explication des planches , 566 Fin de la Table. tr ^k/.. ; ^ niHBM' iM m n""^W :J ^Hi Wkm fî Ar^ W? «^■'•^'-n î^' i-AM fei^n^^)' ;,f'n,^aiK. :m wm %M â.