Spécial Collect QH45 R4 v.2 m D. H. HILL LIBM?/ NORTH CtfOLINH ST4TE COLLEGE COLLECTIONS ENTOMOL06IG4L COLLECTION This taken from building. book must the not be Library 2SM JUNE 58 FORM 2 HISTOIRE NATURELLE DU J O R A T ET DE SES ENVIRO.NS. ■ ' ■ ■ TOME SECOND. HISTOIRE NATURELLE D U JORAT ET DE SES ENVIRONS; Et celle des trois Lacs DE NEUFCHATEL, MORAT ET BIENNE; Précédées d'un ESSA I fur le Climat, les Productions Je Commerce, les Animaux de la partie du Pays de Vaud ou de la Suijje Romande , qui entre dans le plan de cet Ouvrage. PAR M. le Cte. g. de razoumowsky, Des Académies Royales des Sciences de Stokholm & de Turin ; Aftbcié libre Etranger de la Société Agraire (de Turin, & membre de la Société Phylico- Médicale de Bafle, & de la Société de PhyGKlr-ri--i-t-^.-r^rirn-rr»--im n l9.i .T1 HXBX1 -..OT-. ICTg TXLXCTIQUjJ IHl èxxxx^ox- -x •'Yxxxs-a xx xxx - xxjmxrxXxosi [ @ iS £]SI@ [13[llîB !lî® ®® ® tMl 'ï! â d] IsjS © ^ Î5! -^ iff ih» ^^- iuj , j] g; ^ HISTOIRE NATURELLE Du Jorat , de fes environs , & des lacs de Genève , Morat , Neufchâtel & Bienne. SECTION PREMIERE. Du Jorat en général , £5? du Bailliage de Lau- sanne & pays adjacents en particulier. §. 1. J-i'ON donne communément le nom Ceque l'on de Jorat à cette Colline qui s'étend depuis doit enten- la rive occidentale de la Vevaife julqu'à la^parjo- Sara, où viennent fe terminer les côtes balles du Jura, tandis que l'on étend la dénomination de Jura à toutes ces hauteurs enclavées a l Oc- cident, à l'Orient, & au Nord, entre cette montagne , les Alpes avancées de Fribourg , 5c les lacs feptentrionaux de cette partie de la SuiC- fe ; ( a ) dénomination impropre à tous égards , (a) Cette erreur a été adoptée & répétée avec amplification par M. de la AIét/icrie& le Père Chri- folognc capucin; le premier eft excufable , puifqu'il a écrit fur la SuifTe du fonds de fon cabinet à Pa- Tome II. A D. H. HILL LIBRÀRY North Caroiina State Çoiiegt 2 Hiftoire naturelle puifque ces hauteurs diffèrent du vrai Jura & par leur élévation , leurs pointes les plus élevées n'atteignant pas la moitié de la hau- teur des fommités de cette montagne qui re- gardent la SuifTe , & ainfi que nous le ver- rons bientôt par leur nature ; & comme au contraire par là de même que par leur di- rection générale , elles fe rapprochent du Jorat , nous comprendrons indiftinctement: fous ce nom de Jorat, toute cette portion gréfeufe de la SuifTe Romande qui fera l'objet de cette féconde partie. Deladirec- - §. 2. Le Jorat a en partie fa direction pâ- ti0" ^ rallèlement au Jura du Sud-Oueft au Nord- Jorat. EfU & eft compofé comme lui de plufieurs chainons que nous nommerons arêtes. Ces arêtes vont fe terminer dans leur longueur au Nord-Eft aux bords des lacs de Neufcha- tel & de Morat , & forment en fe prolongeant les unes derrière les autres les côtes occi- dentales du lac de Neufchatel & les deux cotés & l'extrémité méridionale de celui de Morat. Des Jiffe- §. }. Le Jorat proprement dit offre deux rentes pen- pentes principales & deux pentes fecondaires tes du Jo- Vin. • j > • n rat & du s l* e^ Permls de s exprimer ainli , qui vont cours de fe confondre avec les deux précédentes. La fes eaux, première pente principale qui a fa direction du Nord au Midi, effc déterminée par le cours de toutes les eaux qui vont fe jetter dans le ris , mais on ne comprend pas comment le fécond qui eft venu dans ce pays comme naturalifte & doit avoir traverfé tout le Jorat en obfervateur, a pli commettre une pareille erreur. du Jorat £5? defes environs &c. 3 lac de Genève & qui toutes prennent leurs fources dans le Jorat même, telles que la Paudaife, les deux Fions aux environs de Laufanne, la Morges qui parle près de là ville du même nom , &c. La ieconde qui a fà direction oppofée à celle de la première du Midi au Nord, déterminée par le cours des eaux qui vont fe perdre dans le lac de Neuf- chatel telles que la Mantua qui tombe dans ce lac près d'Yvonens, le Sauteruz qui Te joint à la Mantua , le Buron ik le Talent qui fe jettent dans le lac près d'Yverdun. — Les deux autres pentes dont nous avons parlé font à l'Occident, celles déterminées par l'Orbe & la Venoge, qui après avoir couru dans le Jura même de l'Occident à l'Orient , tournent au travers des couches grèlcufes, la première au Nord-Eft pour aller fe rendre dans le lac de Neufchatel (a) & l'autre au Sud-Eft dans celui de Genève j à l'Orient, les pentes déterminées par la Vevaife & la Broyé, qui prenant toutes deux leurs fources dans les Alpes de Fribourg, coulant quelque tems de l'Orient £ l'Occident , & tournant enfuite l'une au Sud-Oueft, l'autre au Nord-Oueft , vont au travers des couches grèleufes du Jorat le jetter l'une dans le lac de Genève, l'autre dans celui de Morat. (b) (a) Nous ferons voir dans le cours de cet ou- vrage que la vallée que traverfe l'Orbe repofe en partie fur le grès du Jorat. (61 On peut dire que ce pays comme le refte de la Suiflê fournie bien la bonne pan des eaux qui A* 4 Hijîoire Naturelle De la hau- §. 4. Comme les eaux qui baignent le pied teur du (ju Torat 0u traverfent fes couches vers les point cen- °. 1 , ., , / ,. tral du extrémités orientales , occidentales , meridio- Jorat. nales & feptentrionales de celui-ci , fe trou- vent à de plus grandes profondeurs que celles qui fillonnent la furface de cette montagne, il s'enfuit que le lit de ces dernières eft plus élevé que celui des premières, aufîi le centre où toutes les pentes dont nous avons parlé viennent aboutir & prendre naiflance, forme- t'il un plateau très exhaufle fur prefque tout le refte du Jorat, dont le point le plus élevé aux environs du Chalet à Gobet , a été déter- miné de 270 toifes au deflus du lac de Genève par M. de Luc. vont fe rendre dans les deux mers ( la Méditerrannée & la mer du Nord ),puifqu'une partie de celles-ci fe jettent comme on l'a vu dans le lac de Genève , qui fe décharge dans le Rhône, qui a fon embou- chure dans la Méditerrannée; & qu'une autre va fe perdre dans les lacs de Neufchatel & de Bienne qui fe déchargent dans la Tielle qui fe joint enfuite à l'Aar & celle-ci au Rhin , qui comme on fait va fe jetter dans l'Océan. Un particulier induftrieux , avoit même fqu il y a peu d'années tirer parti de cette communication r)ar eau de la Suifle avec les pays plus feptentrionaux & maritimes de l'Eu- rope, & une grande barque chargée de marchan- dises, partoit chaque année d'Yverdun ou de Neuf, chatel, pour fe rendre dans divers endroits de l'Al- lemagne fitués le long des bords du Rhin & même jufqu'en Hollande; mais ce particulier s'étant noyé, perfonne depuis n'a fongé à rétablir cette navigation , quoiqu'il foit bien connu qu'elle avoit été fort lu- crative à fon inventeur. du Jorat & defes environs &c. Ç" §. f . Toute cette portion grèfeufe du Pays Des bail- de Vaud ik de la Suide Romande dont trai- Hases de,s cantons de tera cette partie , & que nous comprenons Berne & de pour plus de commodité fous le nom général Fribonrg de Jorat, eft répartie entre les cantons de *™* a0'£ Berne & de Fribourg & divifée en plufieurs tiongrèfeu- bailliages. Ses limites générales font au midi £ d£ la le lac de Genève, au Nord les trois lacs fep- je"irs limCi. tentrionaux de cette partie de la SuifTe , à tarions ref- l'orient les alpes calcaires du canton de Fri- Pe&lves- bourg, &a l'occident le Jura. Il forme auiîi la rive méridionale du lac de Neufchatel & les deux rives du lac de Morat, (a) & com- (a) Quoique le lac de Neufchatel non plus que ceux de Bienne & de Morat , n'ayent point pro- prement de rives méridionales, puifque leur lon- gueur dirigée du Sud-Oueft au Nord-Eit coupe obli- quement la ligne du méridien , nous continuerons néanmoins pour éviter les longueurs & les grandes péri phrafes par Iefquelles il faudroit défigner les di- verfes expofîtions des diverfes parties de ces rives, nous continuerons dis-je à confidérer comme fep- tentrionales & méridionales , celles formées par le Jura & celles qui lui font oppofées; & comme oc- cidentales & orientales, celles qui forment leurs extrémités; parce que vu les polirions refpectives des montagnes qui les bordent immédiatement , & celles qui faifant partie des Alpes offrent depuis ces lacs les afpecls variés de leurs cimes dans un affcz grand éloignement, leurs rives fituées du coté du Jura font plus ou moins expofées aux influences chaudes des rayons du Midi, & les rives oppofées à celles du Nord ; & leurs extrémités plus ouver- tes , plus ou moins expofées aux influences de l'Orient & de l'Occident. A S 6 Hifloire Naturelle prend le bailliage de Moudon qui au Sud- Eft, au Sud. & au Sud-Oueft eft borné en partie par les baiilages d'Oron & de Laufan- nej vers l'Occident & le Nord-Oueft en par- tie par la baronnie de Grancourt & les bail- liages Fribourgeois ; vers l'Orient encore eu partie parle Canton de Fribourg & au Nord- Eft par le gouvernement de Payerne. §. 6. Le Gouvernement de Payerne, a au Midi le bailliage de Moudon, vers fes parties Occidentales le bailliage Fribourgeois d'Efta- vayer,la baronnie de Grancourt & partie du bailliage d'Àvanches qui le borne encore vers le Nord; & vers l'Orient encore une partie du canton de Fribourg. Les Bailliages Fri- bourgeois qui avoifinent le lac de Neufcha- tel, ont à l'Orient & au Midi les territoires des bailliages nommés du canton de Renie, vers l'Occident le bailliage d'Yverdun , & vers le Nord le lac du même nom. Le bailliage d'Avanches eft enclavé dans les pays men- tionnés & celui de Morat, ayant le lac de ce nom à Ton Nord-Eft. Le bailliage de Morat a au Sud-Queft celui d'Avanches, vers l'Oc- cident le pays de Viril li , & au Nord Eft de grands marais. Le Vuiili eft enclavé entre les deux lacs de Neufchatel & de Morat, il a encore le bailliage d'Avanches au Sud-Oueft & encore les marais au Nord-Eft. Du baiHia- §. 7. Le Bailliage de Laufanne un des plus p de Lan- confi jérables du Pays de Vaud , confine à l'Orient avec celui de Vevay, au Nord-Eft avec celui d'Oron qui au midi confine aulïï avec celui de Vevay, de manière que toutes Jes pentes & les fommités des hauteurs fur du Jorat & de fes environs &c. 7 lefquelles font fitués les villages de Corfeaux & de Chardonne , les Chalets de Chefeaux, tes bois, les champs & les prés qui en dé- pendent , appartiennent au Bailliage de Vevay, tandis que le diftrict au Nord de ces hau- teurs appartient au Bailliage d'Oron & celui au Nord-Oueft au Bailliage de Laufanne j tandis encore qu'au Nord-Eft tout le terri- toire compris en deçà & en delà de la Broyé appartient au Canton de Fribourg. Le Bail- liage de Laufanne a encore au Nord le Bail- liage de Moudon , au Nord-Oueft ceux d'Y- verdun & Echallens , & à l'Occident celui de Morges ; ce dernier eft enclavé entre ceux de Laufanne, Echallens & Romainmotiers ; celui d'Echallens Tell; entre ceux de Laufanne , de Morges & d'Yverdun ; & ce dernier entre ceux de Moudon, Laufanne, Echallens, Orbe, Grandfon au Nord, & les Bailliages Fribourgeois à l'Orient. §. 8. Les pointes les plus élevées de la par- Des prîncï- tie Orientale du jorat, font près du Lac de fales J1*"*- ■* f t te tirs du Genève, les trois Monts nuds & pelés de jorat, Lutri qui forment trois fo m mités à-peu-près coniques, arides & couvertes d'une verdure ckiirlèmée ; le Mont au fommet duquel eft iituée la vieille tour connue fous le nom de Tour de Gourze, refte gothique & peu in- téreifant de la barbarie des anciens Helvétiens , & au-deifus de Vevay dans le Bailliage du même nom, le Mont Pèlerin, qui s'élève au- deifus de Chardonne. Le Mont de la Tour de Gourze eft garni de tous cotés d'épaiifes forêts i fa hauteur au fommet où eft Iituée la A 4 8 Hiftoire Naturelle tour , déterminée par une obfervation baro- métrique faite le 2f Mai 1784, a été trou- vée de 271 toifes } pieds 6 pouces au-deifus du niveau du Lac de Genève , qui ajoutée à celle connue de ce Lac au-deifus de la mer , donne 4^9 toifes } pieds 6 pouces, la hau- teur de cette Tour au-deifus du niveau de la Mer. — Deux jours après ( le 28 Mai), on trouva de la même manière la hauteur du Mont-Pelerin de 45" i toifes 4 pieds fur le Lac , & de 649 toifes 4 pieds au-deffus de la Mer. §. 9. Le Lac de Genève étant un des plus Des dîmen- connu de la Suiffe , nous n'en dirons ici que fions il 11 [lac peu de chofe. Ce Lac qui s'étend de l'Orient de Genève . i,y>w • 1 v 1 1 r & de fes a 1 Occident, a 15" lieues de longueur en ligne bords, droite & 3 lieues J de plus grande largeur ; fa plus grande profondeur qui fe trouve près de Meillerie village de Savoie, a été déter- minée par des fondes de 9fO pieds ou 190 braifes, ce qui eft 7f braflès de plus que la plus grande profondeur de la Mer Baltique, que des Marins nous ont aifuré être de 1 1 f braifes devant l'Ifle de Gothland. A fon ex- trémité occidentale il tourne vers le Sud- Oueft, & fe relferrant fenfiblement forme l'efpèce de Golfe appelle vulgairement le Creux de Genève , & que Ton nomme auifi le petit Lac par comparaifon avec la portion la plus étendue de fa furface qui fe trouve en- tre Rolles & Villeneuve ; fes eaux fe refferrent de nouveau tout-à-coup à une portée de fufil de Genève , elles acquièrent un cours & fon lit une inclination plus marquée ; elles étoient encore grifes près du chantier hors de la porte Cornavin , mais bientôt après le Rhône du Jorat & de fes environs &c. 9 précipite avec bruit Ton onde bleue & coule avec rapidité au travers de la ville. §. 10. La rive méridionale du petit Lac eft bordée fur toute fa longueur par le coteau peu élevé & allongé fur lequel eft en partie fîtué Genève , & qui prenant fon origine vis- à-vis de Rolles, paroît comme le fol de Ge- nève & de fes environs entièrement com- pofé de fable & de graviers à une allez grande profondeur (a), & femble formé en partie par les atterruTements de l'Arve qui fe comble fenfiblement entre Genève & Car- rouge (J?) , de même que le petit Lac qui forme de grands dépôts de graviers à fa rive feptentrionale & menace de reculer un jour l'embouchure du Rhône. — Le grand Lac au contraire fe comble de plus en plus du côté de la Savoie & gagne du côté de la Suiife (c). Ses bords aux environs de Lau- fanne font compofés de mollaffe ou de mau- vais grès que fes eaux rongent & déterriorenc (a) Aufïi l'eau eft -elle rare aux environs de Genève, & il y a des endroits où il a fallu creu- fer des puits à plus de 7c pieds de profondeur avant de trouver un fonds capable de la retenir. ( /) ) Il y a au milieu de cette rivière de grands bancs de graviers qui en fourniffent abondamment pour la conftru&ion des grands chemins. ( c") Sur le flux & le reflux de ce lac ou fes feiches, fes atterriffcments , fes courants, la température de fes eauxv&c. confultez les Voyages dans les Alpes de M. de Saujjurc. T. t.* * Je pourrois , imitant ici l'exemple que m'a donné M. de Snufuve, ne prononcer fon nom & ne citer fes obser- vations antérieures aux miennes , que pour en prendre 10 Hiftoire Naturelle fans cefle, recouvert de gros fable (a), de graviers & de cailloux roulés ; & la côte qui s'élève au-deffus de cette grève à la hauteur d'environ fept pieds, eft un dépôt de limon, de fable & de galets groffièrement agglutinés .enfemble. Entre le Lac & la Ville eft un monticule entièrement ifolé , couvert de vi- gnobles & arrondi à fon fommet, nommé Mont-riond (Mont-rond) , à caufe de fa forme, qui peut avoir environ une quinzaine de pieds de hauteur & eft compofé de la même ma- nière que la côte qui s'élève au-deflus de la grève qui borde le Lac, & dont l'origine eft fans doute la même, c'eft-à-dire les dé- pôts du Lac, & comme fa bafe femble à vue d'œil élevée d'environ une douzaine de toifes au-deifus du niveau actuel de celui-ci , il y a eu donc un tems où ce niveau a été plus exhauffé que de nos jours (b). Delanatu-. §. n« Si des bords du lac de Genève près redu Joratçle Laufanne nous remontons dans l'intérieur ÎTufanne ^u Pays aux environs de cette vi^e» nous trou- bccafmn de me livrer à fon égard à l'indécence des pro- cédés qu'il s'eft permis au mien; mais j'aime mieux en ne rendant hommage qu'à la vérité, prouver au public que je fais être & plus jufte & plus modéré que lui, & écarter de l'attention de mes le&eurs ces fcènes de fcan- dale peu profitables pour la fcience & peu honorables pour les fqavants qui s'en rendent coupables. (a) Ce fable dépouillé de fes parties graveleufes grollières , offre un mélange de grains blancs angu- leux quartzeux , d'autres grains blancs arrondis fpa- thiques, & de grains noirs de pierre calcaire , dont les acides enlèvent un fixième de fon poids envi' ron de parties calcaires. (6) C'eft-là une vérité qui fera démontrée pref- que jufqu'à l'évidence dans le cours de cet ouvrage. du Jovat ê? de fes environs. &c. 1 X vons ceux-ci compofés des couches fuivantes : i°. Couche de terre végétale, d'épaiifeur variable. 3.°. Cailloux roulés mêlés de fable & de terreau ou de terre végétale, jufqu'à la profondeur d'environ ; pieds & demi, — Après cela on trouve quelquefois j 3°. Une marne blanche fouvent mêlée de petites coquilles fluviatiles , quel- quefois aulli rouge ou rougeâtre , for- mant des veines de. l'épailfeur de quel- ques pouces & de peu d'étendue. 4°. Vieut fouvent enfuite une couche de fable. — Il eft à obferver que les deux dernières ne fe fuivent pas tou- jours dans cet ordre & que c'eft quel- quefois le fable qui recouvre la mar- ne j quelquefois il n'y a qu'une feule de ces couches, f. Enfin le rocher. §. 12. Nous obferverons cependant que cet ordre de couches n'exifte gueres que dans les parties les plus baffes , car dans les endroits élevés le roc fe préfente fouvent immédiate- ment fous la terre végétale. C'eft un grès communément tendre & fragile , & (î décom- pofable a l'air, qu'il tombe de lui-même en pouffière & s'y réduit en fable à la furface & jufqu'à la profondeur de quelques toifes, ren- fermant fouvent des cailloux roulés qui n'y font point par amas confîdérables , mais comme par nids & difperfés qà & là (a) , & (a) Ces cailloux roulés de même que ceux que l'on trouve à la furfoce du Jorat, font tous des frag- ï* Hijloire Naturelle qui femblent s'être introduits accidentelle- ment par quelque fente. Ce grès tendre eft la mollafle proprement dite ; mais à une plus grande profondeur on trouve le vrai grès dur, qui dans la carrière ne fe laifïe guères en- tammer qu'au moyen de la poudre à canon & ne renferme point de cailloux roulés, mais bien des pétrifications ou d'autres foffiles , comme nous aurons occafion de le faire voir bientôt. En général , les carrières des envi- rons de Laufànne ou les couches pierreufes miles à découvert par les eaux, préfentent Des carriè- ou des bancs réguliers horizontaux ou plus «"àbatir1"" ou moms inclinés, fouvent lamelleux, de grès ou de mollafle qui peut fe rapporter ou au Qiiadrum de Wallérius fpec. 84. ou à Yaré- nariiis fijjilis du même auteur fpec. 87. quel- quefois coupés de lits de marne ou de pierre marneufe ; ou des malles de rochers dans lefquels on n'obferve nulle apparence de lits ou de couches ; la carrière près de Villars ments de pierres alpines calcaires, ou de roches dures & compofées , telles fur-tout que la roche quar- tzeufe feuilletée & micacée , Saxuni fornacum Wall. Sp. 203 dont on retrouve les analogues dans les Alpes du Gouvernement d'Aigle & du Vallais. Il eft remarquable fans doute que ces cailloux font quel- quefois recouverts de tuyaux tortueux femblables à des vermiculites dont on ne trouve aucun vertige dans la fubftance du rocher même ; mais ces tuyaux étant de confidence terreufe & fe laifTant enlever facilement , on pourroit croire que ce font ici des étuis d'une efpèce de teigne ou de quelque infecte du genre de ceux dont les larves fe conftruifent de pareils tuyaux, plutôt que de véritables vermi- culites. du Jorat Ë? de fes environs &c. 1 3 Sainte-Croix par exemple dont la pierre eft fort eftimée, eft remarquable parce qu'elle offre une mafle pareille, exactement coupée en deux par une couche de marne fablon- neufe d'un rouge brun morcelée. Cette car- rière a environ $o pieds de profondeur ; il yaj à 4 pieds d'épaiifeur de terre & de cail- loux à la furface. — Au-deflbus le grès a une épaiifeur de H à 12 pieds jufqu'à la veine de marne dont on vient de parler qui a environ un pied, & au-deflbus de laquelle la pierre forme de nouveau une mafle con- tinue d'environ 15 à 14 pieds d'épaiifeur. — Les Carriers nomment ces fortes de veines Grappes & plus tendres que le rocher, marneufes ou fouases» vi o r ce que autres qu ils rencontrent , grappes , & jouages c le grès compacte & plus ou moins argilleux, eft devenu plus dur & a coulé à la furface en un verre opa- que verdatre. Les acides les attaquent avec effervefcence, & en (éparent une portion cal- caire qui forme de la félénite avec l'acide vitriolique ; & de l'argille pure , qui combinée avec le même acide donne de l'alun i le réfidu infoluble eft une fine poudre de filex & un fable gris blanc i la diiïblution contient en- core une portion très-minime de fer, qu'on y rend fenfible par le moyen de l'alkali phlo- gilliqué. Ainfi la pierre du Jorat eft un com- pofé de particules quartzeufes & micacées , à gluten marneux & martial ; les proportions de ces divers principes varient un peu en- tr'elles. Terres à §.15". Outre les diverfes couches tantpier- potiers & reufes que terreufes dont nous venons de yi fe"tf"" parler , on trouve prefqu'aux portes de Lau- rent aux faune près de Bétuzi , non ioin delà Fabrique environsde^g potcerje commune qu'on a établi en cet endroit & prelqua fleur de terre, une terre à pottiers qui oiire le grand défavantage d'être fort mêlée de parties hétérogènes & notam- ment de petit gravier calcaire dont on ne peut jamais la dépouiller totalement. Cette terre eft une véritable marne qui fe divife avec fif- flement dans l'eau & le dnTout en partie avec ertervefcence dans les acides ; elle a dans fa fracture une tendance a atîècter des angles régu- liers ou une forme teifulaire, qui doit faire penfer que cette marne eft un compofé d'ar- gille à pottiers commune unie à la terre cal-- du Jorat &f de fes environs , &c. I ? caire & au fablon. — A trois quarts de lieue de la Ville dans un fonds au-deiîbus des plaines du Loup, on trouve aufti à la pro- fondeur de 6 pieds une terre employée à la fabrication des briques qui eft aufîi marneufe , & à laquelle les acides enlèvent plus du tiers de fon poids de terre calcaire (a). §. 16. Relativement à l'agriculture, nous croyons que le terrein le meilleur & le plus fertile eft celui des Vallons renfermés entre les collines ; celle des hauteurs eft ordinaire- ment aride, fiblonneufe & fi feche que lors- qu'elle eft dépouillée de toute humidité, elle reffemble à un tripoli groiïier décompofé. — Les vallons dont nous parlons font ver- doyants & très-riants , & leurs pentes tour- nées vers le Lac. — Si l'on fe promène du coté du petit Languedoc près de Laufanne, endroit où l'on jouit d'un coup d'œil délicieux & unique, & que l'on porte fes regards fur le charmant payfage que l'on a devant foi, l'on voit les bords du Lac s'élever peu à peu & comme graduellement jufqu'à ces vallons, & l'on diroit que fes eaux renfermées un jour dans leur fein , y formoient des golfes & bai- gnoient le pied des coteaux couverts de vi- gnobles qui les bordent. §. 17. Puifque les rochers, les terres, Des eaux même le fable du Jorat contiennent des par- da J°rat & (a) Il eft fingulier que toutes les couches foli- ées du Jorat tenant plus ou moins de la nature marneufe, on y trouve cependant fi rarement de la bonne marne, de la marne pure & propre aux nfages de l'agriculture, 16 Hifloire Naturelle de leur na- ties calcaires , il n'eft pas étonnant que les ture* eaux qui fourdent au travers de ces diffé- rentes couches foient chargées d'un principe de même nature, & cela dans la proportion d'un demi-grain , un grain , & jufqu'à deux grains par livre ou par livre & demie d'eau. Quelquefois cependant elles font fi pures , qu'on n'y trouve qu'un peu de terre végétale divifée & atténuée à un tel point, qu'elle refte fufpendue pendant plufîeurs jours dans celles- ci avant de fe précipiter. §. 18. En général les eaux courantes qui abondent dans ce pays y font limpides, lé- gères, fraiches, très-bonnes à boire & pro- pres à tous les ufages domeftiques & écono- miques. La plupart font très-abondantes ; mais quelques-unes diminuent ou tarrufent pref. qu'entièrement durant les grandes féchereif-s, & fe troublent après les grandes pluies. — <- Nous avons fournis à l'expérience de l'hy- drométre & à l'analyfe chymique, celles de plufîeurs fources fituées dans divers endroits & à diverles hauteurs, dont les plus éloignées de Laufanne , n'en font diftantes que de deux lieues. Ces eaux font celles : De trois fources près du bois de Vernand. D'une fource du bois de la Naz. D'une fource de Morand. D'une fource des roches du Mont. De deux fources du Chalet de la Ville. D'une fource de la Redalla plus haut que le Chalet de la Ville. D'un ruiilèau près des Mines de Paudex qui fe jette dans la Paudaife, §. 19. du Jorat & de fis environs &c. 1 7 §. 19. Voici un tableau des pefanteurs fpécifi- Cjues prifes à une température de 10 degrés au-deflus du terme de la glace du Thermomètre de Reaumiir, & du contenu de ces eaux. Noms & Numé- rosdesfources. Degrés mar- qués par l'aréomètre. Quantité des eaux foumifes à l'analyfe. Principes con- tenus dans les eaux. Quantité des prin- cipes con- tenus dans les eaux. Près du bois de Vernand N°. 1.. N° 2 . 1 fous zéro (a) . . l Livre i environ Terre calcaire \ grain. Terre calcaire i £ . . . T'-'rre calcaire | z . . . n°:3: r. f ••'!•■ Du bois de la Naz. . . I.. 1 De Morand. . . I . . i . 1 * Liv. Terre végétale r 2 * " 1 Des roches du Mont. . . 1.. un peu plus de . . i Livre II Terre calcaire Quantité inappré- ciable. Du Chalet de la ville. N°. i..|ï fous zéro N°. 2..# . . i Livre 1 Terre calcaire Terre végétale I grain. T De la Redal- la. . . !.. 1 . . i|Liv. Terre végétale plus de î grain. Près des mines de Paudex. environ 8 \ Terre calcaire environ \ grain. Cette Table nous offre les réfultats fuivants : (a) L'eau du lac de Genève prife près de LaufanneàOuchy, fait également enfoncer l'aréomètre d'un demi degré. Tome II, B 18 Hiftoire Naturelle §. 20. Toutes les eaux de fources ne font pas de denfités égales : — 2°. Les différences ref- pectives de hauteurs & par conféquent de climats ou de températures , femblent avoir peu d'influence fur les pefinteurs fpécifiques des eaux, puifque l'eau de la Redalla fîtuée au point le plus élevé des environs de Lau- fanne, eft plus pefante que les eaux du Cha- let de la Ville fituées plus bas , puifque les eaux des environs de Vernand , de la Naz , &c. qui coulent prefque dans la plaine & font par conféquent fîtuées considérablement plus bas que l'eau de la Redalla , font ce- pendant pefantes au même degré ou même plus légères que celle-ci. — 2°. La différence dans les proportions des principes diifolubles (du moins les plus apparents) que contien- nent les eaux, paronfent également peu in- fluer fur leurs pefanteurs fpécifiques, puifque le terme de l'immerfion de l'hydromètre dans le numéro 2. du Chalet de la Ville dans le- quel il n'y a qu'un peu de terre végétale dans l'état de fufpenfion , eft précifément au même degré que dans le numéro i. qui contient un demi grain de terre calcaire ou chaux aérée par livre d'eau , puifque l'eau de Morand qui ne contient aucun principe véritablement dif. foluble, eft au même degré de l'hydromètre que les numéros 2 & ?. du bois de Vernand qui tiennent en diflblution de demi grain à deux grains de terre calcaire en diïfolution par livre ou par livre & demie d'eau, & eft plus pefance que le numéro i. de Vernand, qui contient également un dewi grain de terre du Jorat& défis environs &c. 19 calcaire par livre, &c. — Ces irrégularités dans les pefanteurs fpécifiques des eaux ne leroient-elles pas dues à la petite portion de fels neutres dont toutes les eaux tcrreftres font chargées, & qui eft fou vent fi minime,- qu'ils échappent même à l'analyfe du moins lorfqiron eft obligé d'opérer fur de petites quantités ? §.21. Non-feulement il y a dans les envi- Eanx mi- rons de Lau Tanne des eaux excellentes pour nérales les ufages ordinaires de la vie , on y trouve î^f'de S encore des eaux minérales qui jouilfoient d'une Laufanne. plus grande réputation il y a Ijà 14 ans qu'à préfent. Ces eaux connues fous le nom d'eaux delà Poudrière, font légèrement alkalino- marciales - gazeufes . & fituées un peu au Nord- Oueft de la Ville , dans un fonds ombragé & fort agréable, au bord du Flon , au-det fous d'une defcenteà main droite au fortir de la porte de la Barre j on a conftruit pour la commodité des buveurs un petit bâtiment de bois au-delius de la fource. — On a décou- vert depuis peu d'années une autre fource pareille à celle des eaux de h Poudrière , non loin de la première , & à un quart d'heure de la Ville en fuivant le cours du flon des eaux. §. 22. Le trois Février 1785 , a onze heures du matin, un thermomètre conftruit à Ge- nève & gradué félon les principes de M. de Réaiimuy , placé pendant un quart d'heure dans cette eau précifément au-deifous du tuyau qui la reçoit, marquoit fix degrés & l au-delfus du terme de la glace, 4 degrés & \ 20 Hifioire Naturelle au-deflus du même terme à l'air libre & hors du bâtiment de bois, & $ degrés & § en Ville. — L'aréomètre s'enfonce dans cette eau jufqu'à un degré un quart au-deffous de zéro ou ie terme de l'eau diltillée , d'où il fuit qu'elle efl à peine plus pefante que ne J'eft le plus communément l'eau de fource or- dinaire. ( Voyez ci-delîus la Table des pefan- teurs fpécifiques des eaux du Jorat. ) §. 2$. i°. L'infufion de noix de galles donne fur le champ à ces eaux une teinte rouge de gros vin, effet qui n'a plus lieu deux jours après qu'elles ont été gardées en bouteille ; preuve évidente que le fer eft ici dans l'état de diffolution par i'air fixe} aufîi s'en dépofè-t-il continuellement fous forme d'ochre dans le bafîin de ces eaux. 2°. L'eau de chaux fo;t à la fource , foit quelque tems après que ces eaux ont été gar- dées , leur donne une teinte opaline & il fe forme près du fonds & de la furface des floccons blancs dus à la terre calcaire qui fe régénère & que l'eau ne peut plus tenir dif- foute , ce qui comme on fait dénote la pré- fence de l'air fixe. 3°. Le Déliquium de Tartre a un peu trou* blé ces eaux. 4°. Et le Syrop de Violettes n'y a produit aucune altération. §. 24. La feule analyfe connue de ces eaux a été faite fi je ne me trompe en !76f par ordre du Confèil de Lauian.ne par M. Henri Stmve , Docteur en Médecine & depuis Pro- felfeur en Ghymie dur-s la même V i;;e , & les réfultats de cette analyfe font o^ue : du Jorat £5? de fes environs &c. 2 1 66 Livres d'eaux de la Poudrière , con- tiennent outre l'air fixe & le fer dont la quantité n'a pas été déterminée : De Terre Calcaire. . . 1 5 £ grains D'Alkali 81 & un peu de matière extraclive. 66 Livres d'eaux de la fource dernière- ment découverte , contiennent : De Fer 38 § grains. De Terre Calcaire. . . 6 D'Alkali fixe Minéral. . 14 De Sel de Glauber ( quantités prefque De matière extraclive( inappréciables. De plus , félon ce Chymifte , u l'odeur & J} le goût fulphureux de ces eaux y prouvent 33 la préfence du foufre & comme les acides 55 n'augmentent point cette odeur, que les ,5 diilblutions métalliques l'abforbent & que 35 la diifolution de mercure n'a point produit 55 de précipité infoluble , & cpmme de plus 35 les dilfolutions métalliques ne font point 55 précipitées en brun, il en conclut qu'il s'y 55 trouve en très-petite quantité & que ce 55 n'eft qu'un foufre volatil ou gaz fulphu- 55 reux (a). — Le fer qu'elles contiennent y ,5 eft félon lui dilîbus immédiatement par l'eau 55 & ne s'y trouve point fous l'état de Vi- 35 triol ou dilîbus dans un acide , &c. " (F) (a) M. Monnet a prouvé dans fon Traité des eaux, que ces exhalaifons qui s'élèvent de certai- nes eaux ne font nullement fulphureufes. (b) Lorfque l'auteur compofa cette analyfe, il ne connoiffoit point encore le travail du célèbre B i 22 Hiftoire Naturelle §. l1). Ainlî fur 66 livres d'eaux de la Pou- drière , M. Strtive n'a trouvé que 94 grains s\ & fur autant de celles de la dernière fource que y 8 grains | de principes fixes & diiib- lubles. — En.faifant obferver la foibleffe de ces eaux Minérales , nous Tommes loin de -chercher à en décréditer l'ufage ; & Ton fait aiTez qu'il eft tels tempéremments , fur lel- .quels de foibles dofes de remèdes fagement administrés, agiifent avec autant d'énergie, que de plus fortes dofes fur des tempérem- ments plus robuftes. Torrents §. 26. Il y a encore aux environs de Lau- Laufanne ^anne phrfieurs torrents ou ruilfeaux qui fe " jettent dans le Lac de Genève, & dont plu- sieurs offrent quelques particularités remar- quables pour le Lythologifte ou le Géologue. 11 y en a deux fur-tout qui coulent dans la proximité de la Ville & viennent fe réunir dans la Ville même fous le pont de Pepinet; tous les deux portent le nom commun de Flon , qui veut dire rut ou rivière en ancien langage. — L'un coule au fonds d'une gorge dont l'afped eft très-agrefte & très-fauvage au-deifous du Bovera, «Se de la hauteur nom- mée le Pavement , & prend fa fource au Nord, Eft de Laufanne; l'autre nommé le Flon des eaux , coule auprès des eaux Minérales & prend fa fource dans les hauteurs au Nord- Oueft de la Ville. L'un & l'autre vont en. Bergmannïux les eaux, fans quoi il n'r.uroit point admis la diflblution du fer par l'eau feule & fans, intermède. du Jorat 6? de fes environs &c. 2$ femble baigner le pied de la côte de Monbe- non , que leurs eaux minent fans ceffe & dont elles détachèrent il y a 4 à j ans une pièce de terre avec quelques arbres près d'un moulin, & en ont (ait une ifie (a). — Ces deux tor- rents offrent un grand nombre de chûtes d'eau & de cafcades très-agréables dont la variété plaît finguliérement à la vue, & qui fe forment par la déterrioration & l'excava- tion du rocher par leurs eaux qui le réduifent en feuillets minces & le décompofent entiè- rement à la longue. On voit dans le lit de ces fions des caiiioux roulés de la plus grande beauté, & nous avons trouvé en remontant l'un d'eux jufqu'à la diftance de deux lieues de la Ville, des empreintes de Gramens dans une mollaife tendre bleuâtre.- §. 27. A une lieue encore de Laufanne & Effets des à une petite diltance de la plaine de Tolard eaux furies dont nous parlerons plus bas, coule au fond ^ochers (des d'une gorge étroite creufée dans la mollaife environs décompofible dont il a été fait mention au de Laufan" ne commencement de cette fection, le torrent de Criilïer, ainfi nommé à caufe du Village du même nom fitué non loin de là s en le remon- tant aifez avant vers fa fource, on trouve le rocher rongé & fort déterrioré & deux im- menfes blocs d'une vingtaine de pieds de hau- teur qui paroiifent n'en avoir formé jadis qu'un (a) Les eaux dans les pays de montagnes & de collines caufent fréquemment de pareils défordres , dont l'iniquité & la mauvaife foi ne profitent que trop fouvent pour s'approprier le bien d'autrui. B4 24 Hiftoire Naturelle feul & avoir été féparés par une rupture fu- bite , visiblement détachés du roc Deux hommes de front pourroient à peine fe tenir entre ces deux blocs arrondis en forme de tours d'un côté & fur la furface qui regarde le torrent , & anguleux & creufés en forme de fillon horizontal & tortueux du coté du rocher, dont les angles rentrants correfpon- droient bien exactement aux angles faillants des deux biocs, fi ceux-ci n'eutient été dé- rangés de leur pofition primitive lors de leur chute (a). On ne peut méconnoitre ici le travail des eaux & l'on ne conçoit que celles du torrent qui aient pu dans cet efpace étroit miner dans un tems de cette manière le ro- cher, & en détacher des mafles auŒ énormes ; d'où il réfulte , que ces eaux fe font élevées autrefois à de bien plus grandes hauteurs qu'elles ne le font aujourd'hui, & que par conféquent leur niveau s'eit confldérablement abaiffé. Traces êvi- §. 28. Au refte nous pourrions rapporter ift/^aénb de faits du même genre, tant ce grande phénomène elt ordinaire , 11 nons n évitions hauteur de de nous répéter. Nous nous contentons donc veaiîde ces ^e ne recue^hr que ceux qui nous ont paru eaux, , , ■ ___T______ (a) Les parois intérieures de ces deux blocs font comme tapifles d'agaric minéral granuleux prefque pulvérulent, ou compofé de petits grains in» cohérents comme de petits graviers; on pourroit l'appeller Agaricus minci alis granularis. On le déta- che facilement en raclant le rocher avec un cou, teau , il eft fort blanc & diffbluble en entier dans les, acides avec grande effervefeence. du Jorat & de fes environs &c. 2f les plus dignes d'attention , & nous ajoute- rons feulement ici, qu'il n'eft prefqu'aucune rivière , aucun torrent , aucun ruitfeau un peu confidérable aux environs de Laufanne , & en général dans tout le Jorat , qui ne mon- trent des traces évidentes & plus ou moins bien confervées de l'ancienne élévation de leur niveau ; & ces traces , font conftamment des filions profonds horizontaux , ou inclinés, dans le roc dont elles baignent le pied ; nous en avons obfervé de pareils jufqu'à une hau- teur de 20 à }0 pieds & plus au-delîus de leur furface actuelle (a). Il y a plus , nous croyons pouvoir aflurer que par-tout où de pareils vertiges manquent, on n'en doit attri- buer le défaut qu'au laps & à la deftrudlion du tems. Ces filions font tout-à-fait fembla- bles aux creufages modernes que l'on voit prefque fe former fous fes yeux dans les pierres les plus dures, le long des côtes de la Mer Adriatique, dans le golfe de Gènes, & dans la mollalfe des bords de plufieurs Lacs de la SuiiTe. §. 29. Les environs de Laufanne offrent Des b'0« encore au naturalifte plufieurs faits remar- !rr°0n'eiirune quables 5 parce qu'ils atteftent qu'il y a eu prodigieu- (a) On reconnoitra la vérité de ce que nous avançons en fuivant le cours des Fions, de laVe- vaife, de la Broyé, du Buron, &c. Xc prefque par- tout, fi l'on trouve un fillon coupé ou interrompu dans fa longueur, on *en retrouvera plus loin un autre à peu près à la même hauteur & fur la mê- me ligne. %6 - Hifioire naturelle te, de pier- un tems où cette contrée aujourd'hui fi. riante res étrange- & fi habitée , a été couverte parles eaux, & res aux , ..r' , ,. . rv lieux où que la puiliance de celles-ci a peine conce- on les trou- vable pour notre imagination , étoit bien fu- feer^ts ob" périeure à celle de nos eaux modernes les aux envi- plus terribles dans leurs effets. Tel eft le plie- rons de nomène de ces immenfes blocs ifolés, de pier- &dans e res totalement différentes de celles qui conf- tout Je Jo- tituent les rochers du pays , jettes qà & là fur la rat. furface du fol & fouvent dans des endroits où d'ailleurs on apperçoit à peine quelque petite pierre , & qui certainement n'ont pu le former là où ils fe trouvent aujourd'hui, mais fem- blentêtre venus de loin. Cesmalfes trop grolfes & trop pefantes pour avoir pu être arrondies aufîî parfaitement que les cailloux roulés que l'on rencontre aulïi en grande quantité par tout dans la première couche de terre , ont confervé leur forme & leurs angles prefque dans toute leur intégrité. Il eft cependant facile de voir en les examinant avec attention , que ces angles ont été un peu effacés & foible- ment arrondis, & ont cédé à l'action d'un frottement violent , & comme ce font tous des fragments de roches primitives telles furtout que des granits & des roches quartzeufes & mi- cacées feuilletées qui eonftitucnt les rochers des Alpes les plus antiques, & qu'on ne con- çoit aujourd'hui -aucune puiiïance dans la nature qui aye pu foulever & tranfporter des fragments de cette taille , Ci loin du lieu de leur première formation & des rochers dont elles ont été détachées , on ne peut dou- ter qu'elles ne fe trouvent là encore à la place. du Jorat £=? de fes environs &c. 27 même où elles ont été dépofées par les eaux anciennes , dont( lorfqu'on eft profondément pénétré de cette idée ) ces énormes mariés ainfi difperfées dans les champs & fur les hauteurs, retracent encore le féjour fur cette terre, en rappellant en même tems l'idée de blocs pa- reils pareillement difperfés encore de nos jours dans le fond de nos lacs , & faillants en plu- sieurs endroits à leur furface. §. 90. On voit un femblable blocadoffé con- tre un monticule arrondi du côté qui regarde Je Sud-Eft , à un peu plus d'une lieue de Lau- fanne, du coté d'Echallens à l'extrémité d'une plaine élevée nommée Tolard & bornée au Sud par une gorge étroite au fonds de la- quelle coule le torrent de Crillier dont on a déjà parlé plus haut. Cette pierre eft pref- que de forme cubique ; elle a onze pieds de plus grande hauteur & fept de plus grande largeur prife fur fa plus grande face. Non loin du Tolard au milieu du bois de Ver- • nand , on voit un autre bloc femblable & . de même nature , environné de ronces , d'épines & de brouffailles , au travers defquels on n'en approche qu'avec peine. Il ell à peu près quinquangulaire , plus arrondi à fon fom- met que par tout ailleurs; fa plus grande hau- teur depuis la furface du fol efi; de dix-fept pieds, (a) & fa circonférence totale prife fuc- (û) Nous difons depuis la furface du fol, car une partie de la baie de ces pierres eft le plus fou- vent affez profondément enfoncée en terre, de forte qu'on ne peut jamais connoitre toute leur hauteur. Fragments de coquil- les foffiles trouvées aux envi- rons de Laufanne. S 8 Hiftoire naturelle cerîivement fur chacune de fes faces de 109 pieds deux pouces. Ce phénomène s'offre de nouveau plus loin fur le bailliage d'^chal- lens , & il fe renouvelle fréquemment dans les autres bailliages voifins & dans d'autres parties de celui de Laufanne; mais ce feroit tomber dans des répétitions faftidieufes, que de ralfembler ici tous les faits de ce genre. §. }i. Les fofîiles & les pétrifications que renferment les couches du Pays-de-Vaud prouvent la même vérité , ( le féjour des eaux fur cette terre élevée). Nous ne ferons point mention ici des foffiles étrangers à la terre répandus avec profufion dans les couches bi- tumineufes de ce pays , nous rélervant à en donner Thiftoire dans le plus grand détail dans la fection fuivante; nous ne parlerons dans celle-ci que de ceux que renferment les autres couches du Jorat. §. 32. Au Nord-Oueft & pas tout à fait à une lieue de la ville , coule le torrent nommé la Valeire qui va fe jetter dans le Flon des eaux. Le roc qui borde les deux rives de la Valeire, fait voir çà & là des parties blan- ches , qui détachées avec précaution , préfen- tent des fragments trèsreconnoiffables de co- quilles plus ou moins calcinées; nous n'avons pu, quelque foin que nous ayons pris, nous en procurer d'entières. Ces fragments forment des lames épaiifes , compofées d'un affemblage de fibres ou ftries verticales , alternant avec d'autres lames plus minces , fort ferrées , & non (triées , de couleur de corne obfcure ; ils font concaves d'un coté , convexes de l'autre , du Jorat & de fes environs &c. 29 & environnés & comme incruftés de la ma- tière fablonneufe qui forme Ja molJalîe dans laquelle on les trouve, & l'on peut obfer- ver quelquefois à l'endroit du contact avec cette dernière , furtout dans la concavité de ces fragments qui formoit fans doute le coté intérieur de la coquille, le paflage graduel de la fubftance calcaire du tèt, à l'état fili- ceux; mais le iilex a rarement ici la dureté de la pierre à fufil. A juger par l'épaiffeur & l'organifation intérieure de quelques-uns de ces fragments qui paroiffent le mieux confer- vés, il femble qu'ils doivent avoir appartenu à quelque teftacé marin bivalve du genre de la pinne marine , car on ne connoit point de co- quille fluviatile auiîî épaiiïc & ainfi confor- mée, & cependant, il ett certain qu'il n'y a rien de plus extraordinaire dans la partie mé- ridionale du Pays-de-Vaud, que des reftes de corps marins. ( a). §. ££. Au Nord-Oueft encore de la ville , Noyaux fa- (a) Nous pofledons à la vérité une corne d'Am- mon qui nous a été donnée avec cette infcription : Cerre pétrification a été trouvée à Laufanne en dé- cembre 1782 , mais comme on n'a pu nous donner aucun détail fur le lieu , la profondeur , &c. où cette corne d'Ammon a ecé trouvée, que d'ailleurs elle a de grands rapports avec celles que l'on trouve dans l-'S montagnes du canton de Berne, nous ri'ofons pas certifier que cette pétrification appar- tienne réellement au Jorat, d'autant piusque nous n'en avons jamais rencontré de pareille , même dans les couches les plus riches en pétrifications de ce pays. ' . . . $0 Hifloire naturelle blonneiix au fortir de la porte de St. Laurent , dans de lima- ]es carrières de grès de Mau-pas, creufées çor.s terrei- , * ," . , r i 1 i- très trou- dans un bon gres » a la prorondeur de dix- vés aux huit pieds, on a trouvé très-fréquemment deVLaufan- ^es lloyaux de coquilles donc la fubftance ne. eft la même que celle du rocher, dans la malle duquel ils font irrégulièrement difper- jés , & il eft remarquable que ce font conftam- ment des noyaux de cochlites, & plus remar- quable encore qu'ils femblent s'être formés dans l'intérieur de coquilles de petits lima- çons terreltres à quatre ou cinq fpirales de cinq à fix lignes de diamètre, tels que le m0. I}. de Geojfroi , Traité des coq. des env. de Taris, p. 47. PL 2. Ils font fouvent plus ou moins comprimés, allongés & déformés , com- me fi ces coquilles dans lefquelles la matière de ces noyaux encore molle s'eft moulée , enflent fubies les mêmes altérations. Osfoffile. §. 24. C'eft du même coté encore, dans les carrières ouvertes vis à vis de la côte de Mont- benon, près d'un (entier qui forme angle avec celui auprès duquel font fituées les carrières dont on a parlé fous le paragraphe précédent, qu'on a trouvé il y a plus de neuf ans la feule oftéolithe qui ait été jamais rencontrée dans les couches pierreufes de ces environs. Ce morceau appartenoit ci-devant à M. le doc- teur Struve de Laufanne & a paffé depuis entre les mains de Mademoifelle Roeli où nous l'avons vu. Cet os prefque pétrifié eft brun à l'extérieur & noir intérieurement; la partie brune a confervée encore une texture lamel- leufe , "elle eft fi tendre qu'elle fe laiife façk du Jorat çs9 d-ffes environs &c. 3 1 lement entamer avec un couteau, & paroît n'être autre chofe que la fubftance oireufe même pénétrée de bitume ; l'intérieur qui comme on l'a dit eft noir & de nature pier- reufe, folide, compacte, femble calcaire & à peu près de la dureté du marbre ; au mi- lieu de cette pierre noire, on remarque une cavité ciiindrique occupée fans doute autre- fois par la fubftance médullaire de l'os , rem- plie de petits criftaux fpathiques, hexagones, pyramidaux , appelles vulgairement dents de cochon. — Cet os quin'eft point entier mais tronqué fur fa longueur , paroît par fa grof- feur avoir appartenu à quelque gros quadru- pède & non à un homme comme l'ont pré- tendu ceux qui l'ont trouvé. §. }f. Nous avons déjà parlé §. i^. des incrustations calcaires qui fe forment dans les fentes des rochers & dans les carrières ; il en exifte aufli d'un autre genre , qui méritent que nous en fafîîons 'mention avant de quit- ter les envirojis de Laufanne. §. 36. En fuivant le cours de la Valeire Des O/leo- dont on a déjà parlé §. 23, on voit s'élever colles fa- au deffus de ce torrent les roches du petit ^martia" Mont couronnées à leur fommet par une pe- les qui fe loufe affez confidérable & coupées de tous *":ou^ent . I"' j r ■ ivr 1 -x danslegres cotes par des eicarpemens qui liiolent entie- du Jorat. rement comme une isle 5 les flancs de ce Mont font fort minés & fillonnés par les eaux prin- tannières , & entre les lames produites par l'exfoliation du rocher & fous le fable durci & entraîné & dépofé dans ces excavations, on rencontre çà & là des efpèces de concré- 32 Hifloire naturelle tions cilindriques , Couvent d'une longueur & d'une groflèur considérables, < a) fablon- neufes & ferrugineufes , compofées de petits crains quartzeux agglutinés par de l'ochre martiale, formées de couches concentriques parmi lefquelles il y en a quelquefois de noi- râtres & entièrement femblables à de certai- nes mines de fer limonneufes, & pouvant en effet être confîderées comme des efpèces de mines de fer terreufes & fableufes , figurées en forme de tuyaux creux ou ftOjléocolles , de manière qu'on peut nommer cette pierre à très jufte titre OJléocolle fablonneufe & mar- tiale , Ojieocolla arenacea ferrea. Cette Oftéo- çolle eft une incruftation formée fur des troncs ou des racines d'arbres dont la partie ligneufe a été détruite , il n'eft même pas rare d'y re- trouver encore des veftiges de cette fubftance non entièrement décompofée. Au refte on en trouve de pareilles dans plufieurs endroits aux environs de Laufanne , & fans doute par tout le Jorat. Incmfta- §• ?7- Dans plufieurs endroits des mêmes tion ferru- roches & furtout dans le lit d'un ruifTeau , marquabîe" ^ *e Pro£*uit aufïl d'autres incruftations de même (fl) Nous en avons vu de plus de cinq pieds de longueur fans compter la portion communément encore enfoncée dans le fable ou le rocher, & néanmoins, comme elles fe décompofent prompte- ment à l'air & y deviennent plus ou moins fragiles & même friables, on ne peut en détacher que des fragmens,& rarement des morceaux d'une certaine grandeur. du Jorat êf de fis eHvirons &c. 3 3 même nature fur des feuilles de chêne , mais fur les fî grolîières , qu'on auroit peine à reconnoi- fpllles de tre la bafe fur laquelle elles le forment fi on n'en fuivoit les progrès fur les lieux mô- mes. Il ett remarquable que le premier degré de cette incruftation offre des paquets de feuilles en partie défigurées par une longue ma- cération, réunies & agglutinées par la fubftan- ce martiale , & qui parleur confidence & leur épairlèur , relfemblent tout à fait a un carton mince ou plutôt à une efpèce de parchemin. §. 38. A mefure que les incrustations dont MollafTe on vient de parler fe forment , la matière in- d'ori£ilie cruftante s'identifie en quelque forte avec le motlerne* rocher dans lequel elle forme avec le tems des veines plus ou moins horizontales & tor- tueufesjon en obferve dépareilles dans plu- sieurs endroits du Jorat dans des ravins en pente plus ou moins profonds, qui femblent avoir fervi ou fervent peut-être encore dans le tems des grandes eaux de lits, à des courants chargés de particules fablonneufes, argilleu- fes & martiales * au dépôt defquelles fans doute eft due cette mauvaife mollaife ou pierre fablonneufe tendre , deftruchble a l'air & fans apparence de couches , qui enve- loppe ces veines. On conçoit qu'une pareille mollaife peut fe former pour ainfi dire cha- que jour & fous nos yeux comme on le voit aux roches du petit Mont. §. 59. Nous avons déjà touché un mot au commencement de cette fedion §. 7. des bailliages limitrophes de celui de Laufanne & nous avons fait connoitre leurs limites Tome IL C 34 Hifloire naturelle refpe&ives, nous allons encore maintenant jeter un coup d'œil fur ces mêmes bailliages & entrer dans les détails relatifs à leur his- toire naturelle, & nous commencerons par le bailliage de Vevey. § 40. La nature fembîe avoir pofé elle- même les limites exiftantes entre les deux bailliages de Laufanne & de Vevai qui font exactement féparées par la Vevaife, de ma- nière que le milieu du pont élevé fur ce tor- rent elt l'endroit où font placées les bornes 3 & que chofe affez (îngulière , une partie du faux-bourg de Vevai même, fîtué en-deçà de ce pont, fe trouve encore compris fous la jurifdiction de Laufanne , ce qui fans doute doit être fujet à de grands inconvénients. Du bajiiia- §.41. Le fol de Vevai & du pays aux en- &!lefon6y vnolîS de cette ville, peut être contidéré re- fol. lativement à fa nature fous deux points de vue: en terrein primitif, & en terrein d'aï- luvion y le premier elt compofé de côtes ou de hauteurs dont le bas cit. compofé de mol- Jafle (voyez le §8.) & de pierre marneufe qui fouvent fe trouve à fleur de terre , & plus haut de brèches comme nous le ferons voir plus bas , le tout recouvert çà & là fous le terreau de glaifes & d'argilles grifes & rouges. — Le fécond ert en grande partie un terrein de plaine où l'on trouve partout à la profondeur d'un pied , un pied & demi , deux pieds , le mê- me fonds de graviers & de gros cailloux roules qui forment le lit de la Veva ie. §. 42. Le fol gras qui recouvre ce fonds, eft meilleur en prés ou en champs qu'en vigne dit Jorat &? de fes environs êft\ 3 f qui y vient mal , & la meilleure terre pour les vignes à ce que l'on prétend ici, & que pour cette raifon l'on peut nommer terre des "oignes » eft une terre rouge, martiale, dans laquelle on prétend que la vigne dure plus que trois fois autant que dans la terre jaune commune de la plaine ; nous en avons trouvé de pareille fur la pente du mont de Char- donne près de Vevai ; elle eft gralfe & un peu grenue , & on l'employé encore à la conftruc- tion des fourneaux ; elle pourroit donner auriï de bonnes tuiles & de bonnes briques. §. 4.J. Il faut auflî comprendre fous la dé- Des traces nomination de terrcin d'alluviou , les coteaux del'nncien- c i ■ v j -n , / fie elova- compoles de graviers & de cailloux roules tj0n aes recouverts de vignobles qui s'adoffant contre emx de la les croupes des monts avoifinants , forment Vevae* immédiatement les bords du torrent, au def- fus duquel ils s'élèvent d'environ 120 pieds & prouvent que fes eaux pour avoir pu accu- muler ces dépots ont du dans un tems attein- dre la même hauteur. §. 44. L'époque où la Vevaife couvroit de Des tîébofr fes débordemens tout le pays qu'elle arrofe déments & ces concrétions formées fans doute à la manière des tufs ou de toutes les autres con- crétions topheufes de nature marneufe ainfi que la terre qui les remplit, femblent devoir appartenir au genre des Oftéocolles & devoir fe rapporter au jiéléchite ou à la pierre des os rompus, Lapis qlfîfragus des auteurs. §. f,7. Mais à \ lieue & jufqu'à deux lieues Couches d'Échallens les environs des villages de Gou- dépare moëns , le Crau , Effertines , Non-foux , font bi™ au1 mi- di gnes d'attention par des carrières de pierres à lieu de ce chaux ou plutôt de pierre marneufe calcaire. Ces fo1 S|:iefeux carrières Qdu moins celle près de Goumoens que trouve dans nous avons vifité) font creufées jufqu'à la ce baillia- profondeur d'environ douze pieds ; fes cou- se' ches font légèrement inclinées vers le fud , & fe fui vent ainfi : (a) Ce n'eft point ici le lieu de faire mention du bailliage d'Yverdun dont l'hiftoire naturelle eft Jiée avec celle du lac du même nom ou lac de fteufchatel. '44 Hifloirs naturelle i°. Terreau ou terre végétale. 2°. Couche de terre mêlée de fable qui forme prefque par- tout la première enveloppe du Jorat , de l'épaiifeur environ de 2 pieds. 5°. Marne argilleufe martiale qui durcit & rougit au feu , & pourroit être employée à la fa- brication des briques & des tuiles, qui forme une couche de l'épaiiTeur d'environ. . . 4 pieds, 40. Banc de pierre à chaux en queftion, encore de l'épaif- feur environ de .... 4 pieds. f". Vient enfin , une couche de pierre marneufe - fablon- neufe, de l'épaiifeur de . . 2 pieds. §. 5" 4. Cette pierre à chaux, par les cou- ches qui l'accompagnent, n'eft point étran- gère au Jorat > elle ne l'eft pas davantage non plus par fa nature , & le banc qu'elle forme doit être confidéré comme un prolongement des mêmes bancs de cette montagne dont nous ferons mention plus d'une fois dans la fec- tion fui van te. C'eft la même pierre marneufe calcaire bitumineufe & hépatique d'un gris plus ou moins brun , dont nous avons fait çonnoître les propriétés chymiques dans un mémoire particulier ayant pour titre Ejfai d'expériences analytiques fur la pierre de Gou- moens que nous avons remis à la fociété des feiences de Phyfiques de Laufanne pour être inféré dans le fécond volume de fes mémoi. du Jofat É? de fes environs Êfc. 4f îes , nous ne répéterons donc point ici ce que nous en avons dit dans cet écrit , & nous n'ajouterons plus qu'un mot à fon fu- jet. Cette pierre a non feulement des rap- Pétrffica- ports très- marqués par fa nature avec les mar- ti(,n.s am- bres marneux & bitumineux que nous ver- coquilles rons accompagner conftamment les couches dans cette de charbon minéral du Jorat , mais encore & pierre" ce qui cit. bien plus important, par les foflîles qu'elle renferme > il y en a une variété qui fe délite à l'air & fe divife en feuillets , dans la- quelle nous avons retrouvé entre ces mêmes feuillets, les mêmes Planorbis confufément épars , avec des empreintes des mêmes moules fluviatiles, que nous avons trouvé comme nous le dirons folîîles dans les houillères du Pays-de- Vaud. Ces coquilles font feulement moins abondamment répandues dans la pierre de Gou- moëns , & nous n'y en avons pas trouvé une de (implement calcinée ou foiîiîe proprement dite, mais ce font ouMe vraies pétrifications , ou des empreintes. La conféquence naturelle à déduire de cette obfèrvatton trouvera fà place dans la troisième fe&ion de cet ouvrage. §. f f. Le dernier bailliage dont nous ayons à parier dans certe fe<îtion qui eft en même tems limitrophe de ceux d'Echallens , & de la jH une, eft le bailliage de Morges, enclavé entre ceux de Laufanne , d'Echallens & deRo- mainmotierg, Morges chef heu de ce bailliage d« baiiiïa- eft agréablement ficué au bord de l'eau à l'ex- se de Mo*. trêmité d'un cap qui s'avance dans le lac, &^&llela eft formé comme toute la plaine de Marges fonfol. * par plulieurs torrents qui deicendent des hau- 4& Bifioire naturelle teurs voifines & fur-tout par la Venoge, qui prenant fa fource près de l'IsJe dans le Jura, vient fe jetter dans le lac de Genève. Le pont de la Venoge autrement nommé pont delà Jvlalatière, forme le point de féparation entre les deux territoires de Laufanne & de Morges. La plaine de ce bailliage eft en gé- néral caillouteufe & fablonneufe comme tou- tes celles de ce pays formées de la même manière par les dépots & les atterruTements des rivières. — Vers l'éclufe des moulins de Morges , à l'Oueft de la ville au fonds d'un ravin dans lequel coule le ruiffeau du même nom , on diftingue les couches fuivantes prêt qu'horizontales. i°. Terreau ou terre végétale. i°. L'épaiffeur de 4 pieds de mauvaife mollaffe qui fe délite à l'air & fe lepare en feuillets. 50. Marne fablonneufe pierreufe , rou- geâtre , qui forme plufieurs lits. 40. Plus bas , veine peu épaiffe de mar- ne bleue. f °. Et le ruiffeau coule encore fur un fonds de mollaffe mêlée de marne. Eaux mi- §. y 6. Il y a aux environs de Morges des néralespres eaux minérales que M. Bertrand ait foufrées d'moIgÇS (Recueil de Trait. d'Hlft. Nat. /w-40. p. 471 )* elles ont été analyfées il y a peu d'années par un étranger , & cette analyfe a été remife à EtàRolles. la Société économique de Berne. Il exifte auflî à Rolles ville & baronuie dépendante de Morges, des eaux minérales dont les unes du encore M. Bertrand, font ferrugineufes , du Jorat 65? defes environs &c. 47 les autres foufrées ( Voyez F ouvrage cité p. 476. ). Nous avons vifité nous-même celles qui fe trouvent dans la ville; elles dépofent beaucoup de mars & doivent être rangées par- mi les gazeufes martiales , ou dans lefquelles le fer eft dilïbus à la faveur de l'air fixe , & nous croyons qu'elles ne différent guères ni par leur nature , ni par les quantités de leurs principes , de celles des environs de Laufanne dont nous avons parlé ci-deflus , §. 14. Elles ont eu aulïî le même fort , ayant joui pen- dant un temps d'une forte de célébrité qui n'a pas duré. '48 Hiftoire naturelle SECTION IL Des couches bitumineufes & des bitumes du Pays-de-Vaud. Des diffé- rents gites des bitu- mes dans le Pays-dè- Vaud&des circonftan- ces qui les accompa- gnent. §. i.lious réunirons fous cette fection, tout ce que nous avons à dire des Bitumes & des couches bitumineufes du Pays de Vaud , dont THiftoire Naturelle eft totalement in- connue & préfente cependant au Géologue des faits dignes de la plus grande attention (a). Nous ne rapporterons ici , que ces faits , tels qu'ils fe prélenteront, fans nous permettre d'en déduire aucune conféquence, renvoyant les conléquences & les théories qui en dé- couleront, à notre cinquième fecîion, qui renfermera toutes les vues cofmologiques re- latives au Pays dont nous nous occupons dans cet Ouvrage. §. 2. Les Bitumes du Pays de Vaud for- ment des couches ou des veines continues dans la terre , ou fe trouvent çà & là par amas ifolés & comme par nids , & il eft re- marquable que le plus utile de ces combufti- bles naturels, le charbon minéral , n'habite que les lifières orientales du Jorat & cette partie (a) MM. Scheuchzer, Grimer, Bertrand priant parlé des mines de bitume de ce pays qu'acceflbi» renient & n'en ont rien dit de latisfaifanc. du Jorat &? defes environs &c. 49 partie des hauteurs grèfeufes du canton de * Fribourg qui y touche , tandis que toutes les couches fimplement bitumineu fes, les pierres pénétrées d'Afphalte ou de pétrole , n'occu- pent que fes parties occidentales (a) ; il eft remarquable fans doute encore ( comme le prouveront les détails dans lefquels nous en- trerons bientôt), que ces mêmes parties orien- tales de ce Pays font plus riches en foffiies étrangers à la terre que fes parties occiednta- les ; obfervation plus importante qu'elle ne le paroit au premier coup d'œil , & qui trou- vera fon application ailleurs. §.5. Il ne faut pas aller bien loin de Lau- fanne vers l'Orient, pour trouver déjà des Mines de Charbon Minéral. Ces Mines en exploitation aujourd'hui, ainll qu'une Ver- rière qui en eft dépendante , font fitués à une demi-lieue de cette Ville, près du Village de Paudex , non loin du Lac de Genève au bord Mines de du torrent nommé la Paudaile , dont le cours «*atj»0n détermine la direction des couches de la co^ paûaex. line & des filons qu'elle renferme & qui cou- rent du Nord-Eft au Sud-Oueft avec une in- clinaifon d'environ une vingtaine de degrés à l'horifon, de manière que leur tète regarde le Nord-Eft & que leur flatteur fe trouve fans doute fous le lit du Lac. (a) Auffi d'après cette difpofition des chofes croyons-nous que ce feroit rifquer de perdre fon tems & fes frais , que de chercher des mines de houilles dans ces parties occidentales du Pays-de- Vaud. Tome II. . D ?0 Hifiçire naturelle Nombre & §• 4' On connoît à Paudex deux couches puiffance ou filons de Charbon Minéral, dont le fupé- des filons. rjcur eft ]e principal & le plus 'riche •■> fon épaifieur varie depuis 6 jufqu'à 9 pouces. Le fécond filon que l'on a abandonné eft à dix pieds de profondeur fous le premier dont nous venons de parler -, fa plus grande épaifleur ne va guères au-delà de quatre pouces & Ton tient avec raifon qu'il ne mérite pas les frais de l'exploitation. §. f. A plufieurs centaines de pas de l'en- trée de la principale gallerie de ces Mines, vers le fommet de la colline au bord de la Pau- daife, le filon principal paroît ça & là a nud , c'eft ce qui a donné lieu à fa découverte, & les eaux du torrent qui femblent paffer ici fur les couches du bitume & font noires & d'une faveur amère ont pu encore y contri- buer. Dans les travaux entrepris fur ce fiion que nous avons vilité, on Ta fuivi dans fa direction & dans fon épaifleur au moyen d'une longue gallerie horifontale profonde de 200 pieds , & de plusieurs percements latéraux , & l'on a remarqué que fa puilfance & fa richeffe font plus grandes plus près de la tète ou en avançant au jour que dans la profon- Kégligence deur. La grande gallerie dont nous venons da"l u"I ^e Parler s'eft éboulée vers le fonds faute des tion. étanqonnages néceffaires pour la foutenir (a) ; (a) Les étanqonnages dans ces mines font en, bois de fapin , qui lorfqu'il pourrit , fe recouvre Prodnc- d'Agarics & de Byflus , parmi lefquels on diftingue : tions végé-une variété du Bç/flus flocofa de Scopoli, planche du Jorat ÉP defes environs &c. f I elle eft. d'ailleurs fort humide & il effc à crain- dre fi on n'y apporte bientôt remède , que les eaux qui incommodent déjà beaucoup les Mineurs , ne rendent un jour les exploitations fi pénibles & il couteufes qu'il ne faille les abandonner entièrement. §. 6. Les couches de la colline de Paudex rje \z m- à compter depuis le fommet , font difpofées ture & du de la manière fuivante : nombre des ,-rv TT / / i couches de i°. lerre Végétale, la colline IV dcjes dlffcrtationes adfcientiam nofuralem per- taies {rou_ tinens , qui diffère de celui dont cet auteur a donné vées dans la figure par des bords denticulés. Un Byffus , les foutcr- qui ne diffère du ByJJusfruticulofa de Scopoli plan- reins de ces the ni de l'ouvrage cité, qu'en ce que toute fa mines* fubftance eft d'un blanc de neige & compofé de fils & de houppes comme enlacées, qui s'enlèvent facilement; nous avons vu celui-ci occuper une étendue confidérable fur le roc intérieur de la mine , femblable à des toiles d'arraignées ou plutôt aux fils diverfement croifés que dreflent certaines che- nilles le long de leur route. Une variété du Byffus globofa de Scopoli pi. VI. compofé de fils minces, qui forme des fériés de maffes globuleu- fes les unes à coté des autres , qui diffère de ce- lui dont notre auteur donne la figure par le moin- dre volume de fes maffes. Toutes ces productions végétales des fouterreins de ces mines font d'un blanc de neige. On trouve enfin fur cer- tains piliers de ces fouterreins, une efpèce d'agaric qui paroit avoir beaucoup de rapports avec le Fungus Pland'jlojus de Scopoli , planche 46. /. 5. de l'ou- vrage cité ci-deffus ; cet agaric eft blanc, mais les fommets des tubercules dont il eft compofé font d'un jaune fauve. E> 2, de Paudex qui renfer- me ces li- ions , & de leurs diffé- rentes épaiffeurs. f 2 Hiftoire naturelle 2°. Mollafle ou grès argilJeux gris; & dans l'intérieur de la Mme : 2°. Marne pierreufe graflè grife. 4°. Grès argillcux gris formant un banc épais de deux pieds deux pouces, fort dur, & dans lequel en ne pénètre qu'au moyen de la poudre à canon. j". Marne pieneufè graiie d'un gris noir , à furfaces luifantes , fe divifànt en feuillets irréguliers & fe durciiTant à l'air ; Elle eft quelquefois alumineufe & remplie de petits criftaux tranfparents de félénite & forme un banc épais de quatre jufqu'à onze pouces. C'eft la même marne que le n°. }. & lorfqu'elle eft pure , elle peut fervir a enlever les taches des habits. 6°. Pierre marneule calcaire bitumineufe & hépatique d'un gris brun , fort dure , coupée de veines de fpath blanc & de fpath cubique calcaire , formant un banc épais depuis deux pouces y lignes jufqu'à un demi-pied. 7°. Pierre marneule calcaire bitumineufe & hépatique plus brune & plus com- pacte que celle du n°. précédent ; — — banc épais d'un pouce 8 lignes. 8°. Pierre marneufe fablonneuie lamel- leufe & fragile grife , quelquefois alu- mineufe & remplie de petits criftaux de félénite ; — banc épais d'un pouce. 9°. Petite veine de 2 à ? lignes feulement d'épaufeur " de Charbon minéral fort du Jorat &? defes environs &c. f 2 noir & luifant, quelquefois très-com- pa&e & femblable intérieurement à du Jayet , mais le plus communément compofé de lames tortueufes qui fe délitent à l'air & s'y recouvrent d'efflo- refcences alumineufes & de croûtes blanches terreufcs informes , qui ont le goût de l'alun ou font fans faveur ; ces croûtes blanches ne font aucune erïêrvefcence avec les acides qu'elles abforbent lans bruit comme toute au- tre humidité, & pourroient bien être' une terre d'alun native, produite par la décomposition de l'alun, par l'inter- mède de la terre calcaire qui en s'u- nilfant à l'acide de ce fel , a formé les petits criltaux de félénite que l'on trou- ve en quantité entre les feuillets du bitume de cette veine. lo°. Efpèce de Grès gris lamelleux comme le n°. 8. formant un banc épais de deux pouces. 1 1°. Pierre marneufe calcaire d'un gris brun fort dure ; — formant un banc épais de 4 pouces. 12°. Pierre marneufe fablonneufej — banc épais de 2 pouces. i$°. Pierre marneufe calcaire bitumineufe & hépatique d'un gris brun, très- compade & très-dure, qui donne & que l'on emploie à Paudex à faire d'affez bonne chaux ; — banc épais d'un pouce. — La pierre de ce banc fur-tout & celles des n°\ 6. 7. & 11. font fuf- f4 Hifioire naturelle ceptibles d'un afiez beau poli, & exha- lent toutes lorfqu'elles font frottées, une odeur hépatique & bitumineufe. (a) 14°. Efpèce de Marne tendre & fragile grife, qui fe délite à l'air & forme communément le toit de la couche de charbon minéral en exploitation actuellement ; — tÉnc de l'épaifleur de 6 jufqu'à ic pouces , mais qui quel- quefois aulîi a à peine une ligne d'é- paiileur, & d'autrefois manque entiè- rement, de forte que c'eft alors le marbre marneux n°. 15. qui forme le toit de cette Mine. — Cette pierre eft plus ou moins alumineufe & rem- plie des mêmes petits criflaux de félé- nite que nous avons obfervé ci-defTus dans les bancs des nos. f. 8. 9. 10. & qui offrent des parallélipipèdes tranf. parents, comprimés, longs, minces, terminés à leurs fomrnets par des plans en bifeau- — Avant de procéder à l'extraction du Charbon , l'on com- mence par enlever la terre de ce banc à coups de pic. {a) Nous croyons qu'on pourroit employer cette pierre avec fuccès aux mêmes ufages d'ornemens auxquels on employé par tout le marbre; l'égalité, la beauté & la rareté de fa teinte entièrement fans mélange d'autres couleurs, ne contribueroient pas peu à l'agrément des ouvrages qui en feroient faits. dn Jorat & de fes environs &c. f f IJ-0. Vient enfin la couche de Charbon Minéral que l'on exploite maintenant. ( Voyez §. 4. ) > 160. Banc épais de pierre marneufe un peu fablonneufe qui fe délite & fe décompofe à l'air, forme le fol de la Mine & fert d'appui au filon n°. 1 f. Toutes ces couches comme on le voit, font d'épaiil'eurs très - inégales & très -va- riables. §. 7. Avant de parler à l'examen du Char* bon Minéral de Paudex , nous obferverons que ce charbon lui-même & plufieurs des couches qui l'accompagnent & le renferment font remplis de corps étrangers, fur lefquels nous croyons devoir fixer un moment l'at- tention de nos Lecteurs. §. 8. Il e'i digne de remarque qu'entre les Reftes de feuillets que forme fouvent le charbon de teftacés dé- cette Mine & dans le lens defquels il fe di- (^i\ies fofî vife alors , on trouve fouvent de. minces Glesrenfer- croutes blanches, informes, parlemées de pe- .mees en.tre tits trous comme Ci elles avoient été rongées , de cette coupées de veinules noires bitumineufes, qui colline, s'enlèvent aifément avec la pointe d'un cou- teau , exceffivement fragiles & Ci légères , qu'elles furnagent quelque tems fur l'eau avant d'aller au fonds. Ces croûtes femblenç au coup d'œil fpathiques ; mais jettées dans un acide , elles s'y comportent comme les coquilles des animaux teftacés, ou certains animaux marins dont la fubftance eft en par- tie calcaire ; cette dernière fe dilfout en entier & avec effervefeence , & il ne refte qu'une D4 f6 Hifloire naturelle pellicule fine, mince, tranfparente, légère, confervant la forme du corps détruit & qui demeure infoluble. Ces lames ou croûtes minces, femblent donc être des reftes de tef- tacés en partie détruits & diffous par quel- que menftrue , idée confirmée en effet par le grand nombre de coquilles foiîiles calci- nées , mutilées ou brifées , ou fimplement déformées & comme amolies , que l'on trouve fréquemment entre les feuillets de charbon, ainfi que dans la pierre du banc n°. 13. dé- crite ci-defïus §. 6. qui dans ce cas eft moins compacte, plus blanche, plus calcaire, fe délite facilement & eft elle-même irréguliè- rement traverfée de petites veinules de char- bon minéral. Cescoquil- .§. 9. Nous avons reconnu que la plupart les font évi. de ces petites coquilles renfermées entre les fluvi'atUes couches de la colline de Paudex, il fem- blables au premier coup d'œil à des cornes d'Ammon de la petite efpèce qu'on ne peut d'abord s'empêcher de les prendre pour ce genre de Teftacé marin , font cependant in- dubitablement des Coquilles fluviatiîes, qui n'ont ni les concamérations , ni le fiphon , ni aucun des caradères des vraies cornes d'Ammon , mais polTèdent au contraire tous ceux des vrais planorbis , dont nous avons retrouvé les analogues vivans dans le Lac de Genève & notamment le planorbis à quatre fpi raies & à arête. Geojf. Traité des Coquilles des env. de Paris. PL ?, Hélix Planorbis Lin- fut. ( Voyez la première partie de cet Ouvra- ge , iect. 6. §. z 1. ) ; & ces Planorbis f ainfi que du Jorat & defes environs &c. fj la bulle aquatique de Geoffl PL }. n. 10. , ou f hélix Pfllucida de notre première Partie, fecl. fixième, §. }>.fe trouvent non-feulement fbf- files , maisaufïi pétrifiés dans la pierre du banc ii°. 6. décrite ci-defTus §. 6. , & changés dans la même fubftance que cette pierre (aj. On (a) M. ÏVyttcnhach, à qui nous avions commu- niqué nos découvertes & nos idées fur les coquil- les fluviatiles fofïilesdu Jorat, nous répondit par une lettre datée du 24 novembre 1786 , dans les termes fuivans : „ Lorfque j'étois encore àLaufanne, j'alloistrès- „ fouvent fouiller dans les mines de houilles près ,5 de Paudex, & j'y ai trouvé beaucoup d'échantil- „ Ions à couches alternatives de coquilles d'eau ,j douce de terre & de houille. J'ai toujours vu 93 qu'il n'y avoit que des coquilles du lac & de „ rivière & j'y reconnois encore une quantité in- „ finie de petits planorbes comprimés dont il y en ,5 a qui ne furpafTent pas la grandeur d'une tête „ d'épingle. Mais je n'ai jamais pu diftinguer l'ef- » pècc de moule dont on voit dans la houille des „ morceaux ajjcz grands , &c. „ Les grands frag- mens de moules dont parle M. Wyttcnback, appar- tiennent certainement à la grande moule des lacs, ou la grande moule d'étang de M. Geoffroi ; mais nous avons aufli trouvé parmi les coquilles fof- files de Paudex, une petite efpèce de moule , Petite dont jufqu'à préfent nous n'avons point vu l'ana" ^"uN " Iogue dans le lac de Genève mais bien dans celui chateltrou- de Neufchatel comme nous le dirons en fon lieu \ vée parmi elle appartient r.u genre de la moule à charnière ces coquil- Mya Linn&i & nous l'avons nommé Mya minima. 'es foliiles. Nous ne devons pas diflimuler rien plus, qu'outre les Planorbis des mêmes grandeurs dont on retrouve les analogues vivans dans le lac de Genève , on en voit auflTi beaucoup à Paudex, qui font bien d'un tiers plus grandes que les plus grandes de ce lac. f 8 Hiftoire naturelle fe fouviendra fans doute ici , que nous avons fait obferver plus haut ( Secl i. §. 41. ) , les mêmes efpèces de pétrifications dans les couches pierreufes du Bailliage d'Echallens. §. 10. Outre les Planorbis dont nous venons de parler, on voit encore dan* ces mêmes couches , mais plus rarement des fragmens de la moule Lacuftre à tèt mince , Mytiilus Anatimis que l'on trouve dans notre Lac (Voyez la première partie de cet Ouvrage, fecT;. 6. §. 20) (a) , & enfin les bancs n°s. 8. & 14. décrits ci-defîus §. G. renferment beaucoup de détritus de coquilles doués encore de leur nacre. -- La pierre du banc n°. lé. (paragraphe cité) qui forme le lit du filon principal de Paudex , n'offre aucun veftige de coquilles ou de corps organilés du règne animal, mais quelques fragmens de feuilles & de tiges de gramens dont la fubftance eft le plus fouvent, bitumineufe & noire. 11 paroit au refte évi- (a) Nous pofledons un échantillon du marbre marneux de ces mines, où l'on voit une empreinte de la petite moule dont nous avons fait mention dans la note précédente afTez entière, & qui a confervé même une portion du tèt calciné, & une portion détachée du Commet d'une moule fans char, nière garnie encore de la membrane qui fert à unir plus fortement les deux valves, près de la- quelle on diftingue de petites empreintes de dif- férentes formes, & de petits grains arrondis, al- longés, ou kréguliers , femblables par leurs cou- leurs & leur figure à de petites perles brutes, qui détachées de la pierre ou détruites par quelque accident ont laifTé les empreintes dont nous venons de parler. du Jorat & de fes environs &c. $9 dent , que lorfque la matière du bitume qui Faits qxû renferme ies Coquilles dont nous avons parlé ['^"gbitu- ( §§. 8. & 9. ) , a enveloppée celles-ci , elle me étoit étoit comme fluide & molle, puifque dans les ,fll,irde,., j • ^ 11 1 o 1. fL> Ai lorlquil a endroits ou elles manquent & ont ete de- enVeioppé truites par quelqu'accident , on y retrouve ces coquil- néanmoins l'empreinte de leurs formes exté- les- rieures fi exacte & Ci parfaite, qu'on y dis- tingue jufqu'aux 6nes ftries tranfverfales & ferrées que l'on obferve à la furiace extérieure des Planorbis & de la plupart des Coquilles fluviatiles, & que l'on retrouve rarement au- jourd'hui fin celles de ces Coquilles foiîiles qui fe font confervées. §. 11. Le Charbon Minéral de Paudex eft Nature & fouvent d'un noir luifant & affez compacte ; SSfboi» mais d'autrefois auilî il eft très- fragile, & fa minéral de confidence & fes propriétés en général , ne Paudex. font point celles du bon Charbon de pierre , & le rapprochent de la nature du Charbon de terre ou houille proprement dite. Il brûle avec la plus grande facilité, même à la fimple flamme d'une chandelle en fumant , fufant, & fe gonflant comme de la poix, & éprouve un certain retrait au feu , où il fe convertit / eafin partie en cendres jaunes, & en plus grande partie en une feoric martiale bour- fouflée , très-peu poreufe, chatoyante inté- rieurement ou elle orFre des taches bleues ou d'un jaune d'or , ou en un véritable mâche- fer, & il a le défaut de fe confumer trop promptement. Comme il fe confume néan- moins moins vite que le bois, & feroit par conféquent d'un ufage beaucoup plus écono- 60 Hiftoire naturelle mique; que d'ailleurs il donne aiîez de cha- leur , ce dont fe font affurés M. Le Vade à Lau Tanne, & M. Van-Berchem qui à notre pierre en a fait l'eflai, il feroit à fouhaiter qu'on en fubftituât l'emploi dans l'économie domeftique au bois , qui chaque jour devient plus rare & plus cher. Il eft vrai qu'il a le défavantage de répandre une odeur très- Moyens de forte (a) > mais on pourroit remédier à cet l'employer inconvénient, en le préparant avant de s'en vénieutcs^n" fervir félon la méthode angloife (Z>j, & pour plus d'économie , l'employer en boulettes ou (a) Cette odeur eft fenfible à une affez grande diftance fur Je lac, quand on travaille à la verre- rie & qu'il règne un vent de Nord. M. Jlorand en prenant avec tant de chaleur & à fi jufte titre le parti du feu de houille contre fes détracteurs , s'exprime ainG : „ Quant à la fumée réfultante de „ ce foffile, fi on en juge par ce que l'on en voie ,5 chez les ouvriers qui employent le charbon de „ terre dans leurs travaux, l'idée qu'on en pren- „ droit feroit abfolument fauffe. Les charbons dont 55 ils fe fervent font ceux qui communément ont 55 le plus d'odeur, & donnent le plus de fumée &c. ,} Mém.fur le feu du charbon de terre apprêté, &c. pag. n8. Mais il eft à croire que fi les ouvriers en queftion ne faifoient ufage que d'un charbon con- venablement préparé, on ne fe plaindroit jamais de l'odeur de ce minéral , & qu'elle n'infecleroitplus les villes ou les villages dans lefquelles ou dans le voifinage defquelles les atteliers de ces fortes d'ou- vriers fe trouvent fitués. (b) Cette méthode fort fimple, confifte à faire des tas ou des couches de houille concaffée , de la même manière à peu près qu'on fait des tas de couches de pierres alumineuies dans les alunières , du Jorat £5? defes environs &c. 61 en mottes comme on le fait en Flandres (a). §. 12°. Pour nous aflurer fi la houille de Expérien- Paudex étoit propre à l'ufage des chaufours ces propres (b) & des forges, nous avons fait les eiiais n0ftrre ?u" fuivatltS : peut être i°. Un morceau de bonne chaux entière- emPloyé ment éteinte à l'air (c) , expofée dans un chaufour- à recouvrir le tout de terre dans laquelle on mé- nage des ouvertures; à mettre le feu au milieu de ce tas où l'on a laiffé un efpace vuide à cet cfret; & le remuer de tems en tems, jufqu'à ce qu'on n'apperqoive plus ni fumée ni flamme à fa furface, ce qui eft un figne certain que le charbon eft fuf- filamment préparé & fon foufre entièrement con- fumé. ( a ) Ces mottes fe font avec de la terre glaife & de la houille concaffée que l'on mêie bien en- femble. Les proportions du mélange, doivent va- rier félon la qualité de la houille; communément, on employé une partie de houille fur deux de terre. Nous avons vu en Flandres certaines femmes du peuple, n'avoir d'autre moyen de fubfiftance que la préparation de ces mottes. ( b ) On nomme en ce pays Cliau-fours , les fours à chaux ou les creux que l'on fe contente en plu- fieurs endroits de faire dans la terre pour le même objet. On cuit de !a chaux à Pîudex , mais on n'en fait guères ufage que dans l'endroit même & elle n'a que peu de débit , car toute la chaux dont on fe fert dans le Pays-de-Vaud vient de Savoye de l'aucre cote du lac. (cï Nous avons employé de la chaux éteinte à l'air faute de pierre à chaux qu'on ne trouve pas quand on veut dans ce pays , les Savoyards n'ex- portant en SuiiTe que de la chaux déjà faite; mais cela revient au fonds au même. 6Z Hifloire naturelle niers& les creufet avec notre houille au feu de calcina-^ fer. l rSe" ^on > e^ devenue grife & cà & là brune. 2°. Un morceau de fonte de fer avec la houille («), ayant été mife à rougir pendant m\ peu moins d'une heure dans un creufet, on a obfervé lorfque celui-ci a été refroidi, qu'une portion du fer avoit été attaquée , rongée & rendue aigre & caflante , & que les angles de la petite ma (Te s'étoient arron- dis comme Ci elle eût commencé à couler. — ■ Ce produit pouvant faire préfumer dans notre Charbon un principe fulphureux, nous avons vérifié ce foupçon par une expérience très- fimple. 3. On a fait fondre de l'alkali du tartre (b) avec le Charbon de Paudex; & lorfque le creufet a été refroidi, on a jette la mafle noire & fragile qui en a réfulté dans de l'eau bien pure, qui a pris une teinte verte, & exhaloit une odeur hépatique ou d'œufs pourris , comme une di Ablution de foie de foufre. — L'acide de vinaigre concentré , a troublé cette liqueur & en a précipité du foufre. (c) (a) On comprend ici fans que nous le difions, qu'on a employé à ces eflais, la houille la plus pure, la plus dénuée de toutes parties pyriteufes. ( b ) Nous avons préféré l'alkali du Tartre à celui de la Soude, qui n'étant pas toujours bien dépouillé de fels vitrioliques, auroit pu occafionner des ré- fultats fufpefts. (c) Les plus célèbres chymiftes qui ont fait une analyfe exacle du charbon minéral, tels qu'Urbain flictne, Frédéric Hoffmann, Schultz, ë?c. n'ont point reconnu le foufre au rang des principes conf- du Jorat & dcfes environs &c. 6? §. i?. 11 eft donc clair que notre houille n'ett nullement propre à la cuùTon de la chaux, à caufe de la furabondance de matière graffe ou bitumincufe qu'elle contient, qui altère la pureté & par conféquent la qualité de la chaux. 11 eft clair encore d'après nos eflais, qu'elle n'eft nullement propre à l'ufage des forges , non-feulement à caufe de ce principe bitumineux trop abondant dont nous venons de parler , qui fait que le fer le brûle & fe calcine trop promptement, mais encore & fur-tout à caufe du principe fulphureux que nous y avons démontré , qui hâte trop la fu- fion du fer & en altère la qualité en fe com- binant avec lui. Il n'y a donc plus que la Verrerie a l'ufage de laquelle cette houille a fervi jufqu'à préfent & peut fervir avec On peut fuccès ; il conviendroit donc d'encourager cet ^(-""v^3 établiifement , où l'on pourroit peut-être aufîi danslaVer- employer avec quelqu'avantage & quelqu'éco- 'erie de nomie les fcories qui reftent après l'uftion du méritTd'ô- Charbon Minéral que l'on jette commune- tre encou- ment comme inutiles, & qui cependant trai- raSé« tituans de ce bitume, & nous ne connoiflbns que TA. Sage qui ait prétendu avoir reconnu le foufre combiné & fous forme d'hépar dans les charbons de terre de tous les pays, Elan, de chym. Docimaft. Tom. i. pog. 9<. Nous n'adoptons point la loi trop générale de cet académicien quoique nos eflais prou- vent & que Neumann ait prouvé longtems avant nous la prefence du foufre dans le charbon miné- ral; nous en conclurons feulement, que celui-ci peut fe trouver quelquefois & accidentellement dans les houilles. 64 Hijîoire naturelle tés avec des fondants convenables, pourroient donner un bon verre verd ou verre de bou- teille , comme nous nous en fommes allures par l'expérience (a). §. 14. Les Mines de Paudex ont été juf- qu'à préfent concédées fuccefïîvement à divers particuliers , & l'on a cru un moment qu'elles alloient enfin palier entre les mains du Sou- verain , qui pourroit mieux que perfonne fubvenir aux frais qu'emporte néceiïàirement leur exploitation (Jk>). §. if. (a) On fait principalement à cette verrerie des bouteilles, mais on y fabrique aufli du verre blanc d'à fiez bonne qualité & affez net, & Tes ouvriers attachés à cet établiffement, s'acquittent aflez pro- prement des ouvrages qu'on ;Ieur commet , s'il faut en croire un phyficien de notre connoiffance qui y a fait conftruire plufieurs inftrumens fousfes yeux. (/)) Ces frais font tels, que jufqu'à préfent la plupart des entrepreneurs qui ont exploité ces mi- nes s'y font ruinés; & cela doit être, lorfque l'on confidère d'un coté, la pauvreté des filons en ex- ploitation; ( qu'eft-ce en effet que 6 pouces ou près de neuf pouces de minéral d'épaiffeur, qui d'ailleurs n'eft rien moins que confiante, lorfque l'on voit les Flamands rejeter quelquefois comme indigne de l'exploitation une épaiffeur de trois pieds de char- bon ? j & de l'autre coté, les frais des percemens dans un roc affez dur , celui des étançonnages (qui tant qu'on n'évacuera pas les eaux doivent être renouvelles fouvent) & enfin le peu de débit de Kovehs de la houille. Pour qu'on put efpérer de tirer un parti rendre plus avantageux de ces mines , nous croyons qu'il l'exploita- faudroit : i°. Que les exploitations fuffent fui- tioniieces vjes non par des particuliers, mais par le Souverain Inines ou par une compagnie riche. — 2°. Que les gai. du Jorat & defes environs &c. 6? §. if. A une lieue de Laufanne & environ Mines de à la même diftance au Nord-Ett de Paudex , h{Ju^}jn font les Mines de Charbon de Bémonc, aban- néesde Be- don nées & comblées depuis long--tems & ainfi mont près appellées d'un Village du même nom îkué a u cx* dans leur voifînage. A en juger par les échan- tillons que nous avons ramaiiés près des an- ciens travaux , c'eft la même qualité de houille, les mêmes couches pierreufes , rem- plies des mêmes Coquilles fluviatiles folfiles, & par conféquent les mêmes filons qu'à Paudex. §. 16. Si du Bailliage de Laufanne nous Desrmnes , v 1 > 1 • n/^\ de houille remontons vers le i\ord a celui d Uron , ^u baiilia- nous trouvons encore à un quart de lieue ,se d'Oron. & a une demi-lieue de cette dernière Ville, au bord d'un ruiireau qui va le jetter dans la Broyé , piufîeurs Mines de houille , qui teries & les divers travaux fuiTent une fois pour moins ca« toutes nettoyées des eaux qui les inondent, & en- fuelle & treienus avec foin. ■ j°. Que l'on adoptât dans moins "na- le pays l'ulâge de la houille aprêtée ou préparée; zar"eu ce qui en rendroit le débit plus grand, plus géné- ral, & le produit des mines moins cafuel. 40. l'on en augmentât encore le produit par le débit du marbre marneux que produisent ces mines, & que l'on pourroit ( nous croyons pouvoir le pré- dire) exporter avec avantage jufques dans l'étran- ger. <;°. Que l'on pût fe pafter de mineurs étran- gers que l'on ne fait venir qu'à grands frais, & qu'il pût s'en former d'intelligens dans le pays même. 6°. Ennn, que dans tous les cas , lorfque les- entrepreneurs ou les conceffionnaires de ces mines pourroient fe trouver dans l'embarras , le Souverain voulût bien venir à leur fecours comme il l'a déjà lait fouvent. Tom. IL E 66 Hifloire naturelle étant abandonnées & les travaux prefqu'en- tiérement éboulés (a) , ne mériteroient pas qu'on en fît mention Ci elles n'offroient quel- ques particularités qui méritent la plus grande attention & fur lefquelles nous ne pouvons allez revenir au rifque même de nous répéter. §. 17. Nous avons viiité deux de ces Mines près de Chatillens & de Paleizieux , & nous avons reconnus : — i°. Que la couche de Charbon Minéral eft par- tout encaijjee entre deux couches de pierre marneufe ou d'un, marbre marneux calcaire ( §. 6. n°. 6. 7. 1 1. ) » rempli des mêmes Coquilles fluviatiles & fur- tuut des mêmes Planorbis dont nous avons parlé en décrivant les couches des Mines de Paudex & de Bémont ( §. 6. & 1 f. ) 2.0. Qu'ainfi que dans les Mines du Bailliage de Laufanne, on trouve entre cette veine de Chacbon Minéral & les couches dont ou vient de parler, un banc peu épais d'une pierre marneufe lamelleufe, tendre & décom- pofable à l'air , §. 6. n°. 14. 2°. Que la houille d'Oron ne diffère de celle du Bailliage de Laufanne , qu'en ce qu'elle nous a paru un peu plus dure & plus compacité. Subftance §. 1 8. Entre les lits ou feuillets que forme bitumineu- fbuvent le Charbon Minéral d'Oron, ou quable"" trouve quelquelois des veines d'une fubftance qu'elles grife , fîbreufe , ayant encore la couleur If"„!r" & fô texture non méconnoilfables du bois , exhalant encore une odeur de végétal lorf- {a) Plufieurs de ces mines font actuellement inexploitables parce qu'elles fe trouvent fou vent prelque fubmergées par les eaux de la Broyé. ment. du Jorat & de/es environs &c. 67 qu'on la racle ou que pulvériféeon en manie la poudre entre les doigts. Cette fubftanee flamme difficilement au feu ; mais elle y fume , noircit , devient luifante, & y acquiert les propriétés, l'odeur, la confiftencede la houil- le , s'y convertit enfin en cendres rouges , & n'eft en effet qu'un bois minéralifé & durci par le bitume , qui n'a befoin que de l'a&ion du feu ou d'un certain degré de cuifïbn pour paner à l'état de houille ou de vrai Charbon Minéral* §. 19. La pierre marneufe dure qui comme Pierre à nous l'avons dit accompagne la houille d'O- ?h?"? 4,u ron , s'enfonce près de Chatillens lous le lit d'Oron^ de la Broyé 6c y forme le feul banc dont la pierre foit propre à faire de bonne' chaux & dont on faife ufage à cet effet. C'eft ici le feul endroit du Bailliage où l'on ait rencontré ce banc, & il ne paroît même au jour dans aucun autre de Gette partie orientale du Jo- rat, toutes les carrières que l'on a ouvert foit au Sud, foit au Nord, foit à l'Occident de Chatillens, n'offrant que du grès. Au reite il faut dire , que l'on n'a pas fuivi ce banc dans toute fon étendue & que quoiqu'il foit bien avéré qu'il fe perd dans la profondeur du côté du midi & du couchant, on peut croire qu'on le retrouveroit vers le Septentrion & à l'O- rient, entre Oron & Semfale , ou comme nous allons le voir, les couches marneufes cal- caires propres à faire de la chaux , reparoi f- lent de nouveau au jour avec les veines de Charbon qu'elles accompagnent convtamment. §. 20. Prefque vis-à-vis , à l'Orient & à plus Hauteurs de \\ de lieues d'Oron, fe trouve le territoire ^ui con' E 2, 68 Hiftoire naturelle tiennent de Semfale , village du canton de Fribourg , fî- des veines tu£ (\ms une vajj^e bordée au Nord-Oueft par de charbon , , -ce i, 1 minéral des hauteurs greieuies, que 1 on peut regarder couronnées comme un proloirgement ou une branche du àSemftk Jorat , & au Sud-Eft par les Montagnes Cal- dans le can- caires du Canton de Fribourg, contre lef- ton de Fri- quelles les premières font adoffées. Ces hau- ur°' teurs paroiffent alfez baffes, parce que le fol de la Vallée elt confidérablement élevé} elles font compofées de couches de mollaliè ou de grès ( Voy. fedt. i. §. 12.-), entremêlées de couches de pierres marneufes , entre lefquelles font renfermées les veines de Charbon Miné- ral dont nous allons parler & couronnées à leurs fjmmets de la même brèche que Ion obferve fi diitinétement élans les efearpemens qui bordent le Lac de Genève , entre Culli & Saint-Saphorin & dont nous avons fait mention ci-delïus fe&iou 1. §. 48. Des mines §. 21. Ce que ce diftrict offre de plus «leSemn rernarcluakle > ce f°m ^es Mines de houille qui 'méritent d'autant plus d'attention, qu'elles renferment les filons les plus puiffants & le minéral de la meilleure qualité que l'on con- noiffe dans le Jorat. Elles font lituées au Nord-Ouelt & à un quart de lieue de Sem- fale, & ont été concédées avec plufieurs do- maines & de beaux bois à la Compagnie des exploitations de Servez en Faucigny ; les tra- vaux fort anciens , ont été pouriuivis d'abord avec vigueur par les conceffionnaires actuels & font maintenant négligées depuis environ quatre à cinq ans. §. 22. On prétend qu'il exifte aux environs du Jorat & de fes environs &c. 69 de Semiale plufieurs filons, fans compter plu- fieurs petites veines qui ne méritent pas les frais de l'exploitation } mais il n'y en a qu'un fur lequel on travaille ici, qui a fon incli- naifon comme les couches de la coline, d'en- viron fo degrés vers le Sud-Oued ; la plus grande épauTeûr qu'on lui ait reconnu va juf. qu'à deux pieds , elle eft néanmoins aifez va- riable, & une longue gallerie qui eff la prin- cipale, creufée jufqu'à £5" toifes do profon- deur fous la furface du fol de la colline, dont Ja direction à peu-près du Septentrion au midi coupe à angle aigu celle des filons , & plufieurs percemens latéraux ou galleries obli- ques que l'on a déjà été obligé d'ouvrir pour la recherche du Minéral dont on s'étoit écarté, font les moyens d'exploitation dont on a fait ufage ici. , §. 29. En confîdérant le rocher à l'endroit De la na- de la coline où des indices de Mines fe mon- tnre & ll" trent au jour & en parcourant feulement la ieurs con, profondeur horifontale de la gallerie princi-ches. paie dont on vient de parler , nous avons ob- fervé que les couches fe fuccèdent de la ma- nière fuivante : Sous le terreau ; i°. Un banc épais d'un grès fin dur. 20. Mdîlafle tendre grife , autre banc épais. $°. Pierre marneufe grife en couches épaiffes de quelques lignes , ou formées de lamelles minces. 4 . Pierre marneufe fablonneufe. r°. Pierre marneufe lamelleufe grife, grailé , dont les fin-faces font fouvent E 3 70 Hijloire naturelle luifantes & qui fe décompofe par l'hu- midité ; — banc fouvent épais de 9 pouces. é°. Pierre marneufe calcaire , bitumi- neufe & hépatique, dure comme le marbre , & fufceptible d'un beau poli, & qui étant frottée exhale une odeur de bitume j — banc, dont l'épanfeur eft fouvent de 8 pouces & demi & qui renferme fouvent des amas confidé- rables de Coquilles fluviatiles, telles que des Moules & des Planorbis. Viennent en fuite : 7°. Des bancs de molalfe mêlée de cou- ches marneufes comme celles ci-deflus .n°- *•; 8°. Une épaiffeur d'environ 1 pouce 8 lignes de Charbon Minéral. 9°. Et enfin un banc très-épais de pierre marneufe calcaire , bitumineufe & hé- patique , dure, mentionnée ci-deffus n°. 6. (ci) coupée de minces veines de Charbon Minéral dans l'ordre fui- vant : 1°. Pierre marn. calcaire ep. 1 pouce. 2°. Charbon minéral. . . ep. 6 lignes. 50. Pierre marn. calcaire ep. 6 lignes. 40. Deux petites veines de charbon minéral parallè- (a) Cette pierre ne diffère de celle de Paudex §. 6. n°. 14. que par une teinte un peu plus claire. Nous en avons fait polir un échantillon ; il n'y a guères de Marbre qui prenne un poli plus éclatant. du Jorat & defes environs &c. 71 les fou vent réunies. . ep. 5 lignes. 5"°. Pierre marn. calcaire coupée de veines de charbon minéral irrégu- lières & qui fe croifent ép f pouces. §. 24. On emploie ici le marbre marneux dont nous venons de parlera faire de la chaux que l'on regarde comme fort bonne , mais il lailTe beaucoup de réfidu après la calcination. Non -feulement entre les couches de cette pierre , mais auflî entre celles du bitume comme dans les Mines du Bailliage de Laufanne, on trouve fouvent de grands amas de Coquilles fluviatiles, fur-tout des univalves ; ce font encore les mêmes efpèces calcinées, qui ha- bitent encore aujourd'hui le Lac de Genève & qui ont fubies les mêmes altérations que les Coquilles foffiles que nous avons obfervé ci-deflus à Paudex. §. 25". Le Charbon Minéral de Semfale eft Delà qua- de meilleure qualité encore que celui dullte'('11 Bailliage d'Oron ; plus compacte & plus fo- mjne'rai ,je lide , il approche davantage de la nature du Semfale. vrai Charbon de pierre & nous a femblé auffi moins pyriteux que celui de Paudex. Il eft très-luiiant & intérieurement d'un noir de poix à laquelle il relfemble, & eft quelque- fois rempli de bourfourlures comme s'il eût été en fufîon; il eft compofé de feuillets, ayant communément depuis un quart de ligne jufqu'à une lisrne d'épailfeur & fe calfe volon- tiers dans le feus de ceux-ci. 11 s'enflamme moins facilement & fe confume moins promu- E 4 72 -■ Hifioire Naturelle tementque les houilles d'Oron & de Paudex, donne auffi plus de chaleur & peut par con- féquent être emploj'é avec plus d'avantage. Il fe réduit en partie après l'uftion ( ainfî que celui d'Oron ), en cendres blanches pref- qu'entiérement calcaires & diflblubles avec erFervefcence dans les acides. §. 26. De toutes les obfervations faites fur les houilles du Jorat, on peut à ce qu'il pa- roit tirer les conféquences fui vantes : Raifr.ns de i°. Que les Mines de Semfale & celles croire que çpQron & de Paudex , étant prefque fembla- fortes ces v 1 mines de blés tant par rapport à la direction & incli- houille ap- naifon de leurs filons, que par rapport à la nent^a-ïx nature des couches qui les accompagnent mêmes fi- ( comparez la defcription des Mines de Sem- ions. faje avec ce]je (Jes Mines de Paudex con li- gnée dans cette même fection ) i on doit fans doute en conclure: que cène font tou- jours fur une étendue de plus de trois lieues & demie que les mêmes filons , qui tantôt s'en- foncent dans la profondeur de la terre & tantôt reparoiffent au jour dans les divers endroits ci-deifus nommés, ce qui peut faire Qui ont penfer auiîî , qu'outre le grand flatteur de plattcurs ces coucnes minérales ( fi l'on peut s'expri- mer ainli ), qui comme nous l'avons dit §. ?. doit fe trouver au fonds du Lac de Ge- nève, il exifte entre les endroits élevés ou les collines où l'on a entrepris des exploita- tions fur des indices apparents & dans les fonds & les vallons entre ces collines , plu- sieurs platteurs particuliers. du Jorat & de fes environs &c. 7? 2°. Que le Charbon Minéral d'Oron pou- Obferva- vant être réputé meilleur que celui de Pau- tlonnnpor" 1 o 1 • 1 o r 1 r ' ■ v 1 tante 1 - renferme pectives. .[Néanmoins au moyen dune obier- cette mine, vation fcrupuleufe répétée plufieurs fois avec foin , avec un bâton dont nous avions reconnu la longueur en pieds de Roi & dans les en- droits où nous n'avons pu employer cette mefure à caufe de la pente du terrein , au moyen des pas géométriques, dont la férié calculée, a été ajoutée au nombre de pieds Tome IL F g 2 HiJ!o!re Naturelle obtenus par la mefure perpendiculaire; nous avons eu les réfultats fuivants : Premièrement, couche de terreau épaiffè d'environ un pied. 2°. Plufieurs lits de terre mêlée de fable & de cailloux roulés ; formant en- femble une épairTeur d'envi- ron ^pied^pouce., 3e. Lits minces & alternatifs de pierre fablonneufe , la- melleufe , tendre, bleue & de marne pierreufe d'un rouge plus ou moins foncé ; formant enfemble une é- paiffeur d'environ. . . f'^l0?0uce3 Ces lits paroiffent incli- nés d'environ dix à quinze degrés du Sud-Oueft au Nord -Eft. — La marne rouge eft mêlée de particu- les micacées blanches & durcit à l'air, Vient enfin : 4°. Le banc bitumineux. C'en: un grès d'un gris foncé, & tendre comme du fable dans la Mine, mais qui durcit à l'air. Son épaùTeur viflble eft d'environ. . . . fUlU f0Uct' Le bitume eft répandu inégalement dans ce grès ; les parties les plus foncées en cou- leur , les plus tendres , font les plus bitumi- neufes. Celles qui font moins riches , forment une pierre plus dure & il en découle ajbondam- du Jorat & défis environs &c. 83 ment une huile de pétrole noire comme à Cha- ▼ornai §. j?. — Dans le fonds de la gallene Crin ou poulîee dans ce grès , ce banc eft coupé pref- ^'eme P1"8 r, . • i • r iji dure flue ^c qu en deux par une veine nortiontale de quel- roc ^ns ques lignes de largeur, d'une pierre mar- cette mine, neufe grife ou rougeâtre, plus ou moins fa- bleuie, beaucoup plus dure que celle qui la renferme & qui je termine en forme de coin à fes extrémités. §. $8. Jufqu'à préfent la longueur connue Étendue de de cette couche de grès bitumineux eft d'en- cltte cou/ o cric nvut?- viron i >" à 20 pieds & il paroit que fon épaif- raie & rai- feurdoit être très-conildcrable, & qu'on pour- &>ns de roit le fuivre encore jufqu'à une vingtaine du Jorat & de fes environs &c. gf particules brillantes de nature fpathi- que (rt). 3°. Sa dureté eft un peu plus grande que celle de la cire figée. 4°. Il fe laiiTe facilement égratigner & couper & l'endroit coupé, frotté avec l'ongle, devient luifant. 5°. Manié & pétri entre les doigts, il s'y amolit à-peu-près comme la cire. 6°. Il eft naturellement 11 tenace, que les morceaux caries fe rejoignent facile- ment jufqu'à un certain point à l'aide d'un léger degré de chaleur. 7°. Et qu'il n'a point befoin pour former un excellent ciment , d'autre prépa- ration , qu'un mélange d'un dixième de Ton poids de poix noire commune fait en les fondant enfemble (b). Et ( a ) MM. JFalkrius , SyJL minéralogie. T. IL p. 9+. & Valmont de Bomare , Alinéralog. T. H. p. 4ii , prétendent que le bitume de la Comté de Neufchatel eft grenu, mais nous croyons avoir bien reconnu que ce tiilu grainnelé, ne s'obferve guères que dans les fentes de ce bitume & les endroits ex- pofés à l'air qui ont fubi une forte de décompofi- tion. M. Valmont de Bomare dit à la même page citée ci-deflus , qu'ayant vifné les mines du Val- Travers, il n'a pu y rencontrer d'afphalte noir, & que celui qu'il a vu étoit grifàtre ; d'après cette affertion, on eft en droit de douter fi c'eft vérita- blement l'afphalte du Val-Travers que ce Natura- lifte a vu. ( b ) M. Clardon Juge à Vallorbe , vient de décou- vrir aux environs de cette ville, une mine d'afphjlte entièrement lemblable à celle du Val-Travers; le F 3 85 Hifioire naturelle cependant cet afphalte n'eft pas pur comme celui de Judée, (ni même ce- lui que nous avons découvert en Val- lais , Mtm. de la Soc. des Se. Phyf. de Lauf. T. I. p. 8f . ) , qui félon tous les Auteurs qui en ont parlé, doit être luifantj léger, fragile, très-inflamma- ble & brûler au feu prefque fans laif- fer de réfidu. 8°. L' Afphalte du Val-Travers, ne s'en- flamme pas d'abord ; mais il fume quel- que tems avant de s'enflammer} il produit néanmoins une flamme afïèz vive & qui dure aflez long-tems, & brûle quelquefois , ( en raifon des particules fjfathiques qu'il renferme ) en pétillant & bouillonne & le gonfle au feu comme de la poix. 5 Février de cette année, ( 1788) il nous en remit quelques échantillons qu'il fournit à notre examen 6: d'après les inftru&ions que nous lui donnâmes fur la manière de tirer parti de cette fubftance, il en fabriqua un ciment excellent. 11 fuftit pour don- ner une idée de la force & de la ténacité de ce ciment fait d'un mélange de l'Afphalte de Vallorbe avec un dixième de fon poids de poix commune, de rapporter l'expérience ingénieufe qu'a faite M, Clardon , en en conftruifant un anneau, auquel il a effayé de faire porter des poids énormes en com- pnraifon de celui de l'anneau , que nous avons trouvé eue feulement d'une once & demie trois drachmes vingt-trois grains, & qui foulève & fout;ent fans fe rompre, un poids de 500 livres. Le mcT.e par- ticulier a auili retiré de cet afphalte par la dillnla, tion , une huile épaifTe brune, femblabie à l'huile de pétrole. du Jorat & de fes environs &c. . 87 3°. 11 laifîc après l'uftion de toute fa ma- tière inflammable, un réfidu blanc un peu bourfouflé & poreux. 10°. Ce réfidu tient de la nature d'une chaux impure, car il fe divife avec fixement dans l'eau & fe diifout en bonne partie même dans les acides les plus fpibles, tels que celui du vinaigre. §. 41. La pierre bitumineufe de Chavornai & d'Orbe : 1°. N'a jamais que la folidité & la pefan- teur d'une pierre fablonneufe. 2°. Elle n'a jamais la couleur noire ou brune de l'afphalte, mais n'en; que d'un gris plus (ombre , plus foncé que le grès pur. 1°. Sa dureté eil à-peu près celle de la molàflè proprement dite & même moin- dre. 40. Elle fe lailTe facilement caffer & pul- vérifer, & s'égrène fous le couteau. f °. Maniée entre les doigts , elle ne s'y amolit eu aucune manière & fes par- ties ne s'agglutinent nullement entre elles; mais elle fe réduit en fable, dont les grains n'ont aucune cohé- rence entr'êux. 6°. Elle ert naturellement aulTl peu te- nace que tout fable ou toute pierre fablonneufe, de forte qu'en la mêlant avec la poix , nous doutons fort qu'on pût en obtenir autre chefe qu'un com- pofé d'autant plus caiîlmt qu'il feroit plus fablormeux. F4 88 Hiftoire naturelle 7°. AufTi pour en obtenir un bon ciment, nous penfons qu'il faut néceflairement avant toutes chofes en extraire l'huile par diitillation, puis cuire cette huile jufqu'à confiftance d'oing , puis enfin faire le mélange d'huile épailîîe & de poix propre à produire le ciment , qui à ce que nous croyons fera bien moins tenace & d'une qualité bien inférieure à celui produit immédiatement par le mélange de la poix de l'afphalte du Val-Tavers. 8e. Notre grès bitumineux fume long- tems au feu avant de s'enflammer, s'enflamme bien plus difficilement que l'afphalte du Val-Travers, brûle avec une flamme moins vive & moins long- tems. 9°. Il laifle après l'uflion de toute fa ma- tière inflammable , un réfidu fableux & micacé , qui ne diffère d'une pierre fablonneufe tendre ou de la mauvaife mollafTe , que parce qu'il eft devenu rouge au feu en raifon des parties mar- tiales que nous avons démontré dans cette pierre. Se&. i. §. 9. 10°. Ce réfidu n'éprouve d'autre altération dans les menîtrues acides , que celles qu'y éprouve aufîi la mollafTe. Sed. 1. §. cité. Des Tour- §. 42. 11 ne nous refte plus pour complet- Pays-de- ter l'hiftoire des foiîiles bitumineux du Vaud. . Pays de Vaud , qu'à dire encore un mot d'un combuftible plus généralement du Jorat & de fes environs &c. 89 répandu peut-être dans ce Pays qu'on ne le penfe & qui pourroit un jour devenir de quelqu'utiîité ; c'eft la Tourbe dont nous vou- lons parler , & dont nous ne faifons mention qu'en qualité de combuftible naturel , car elle n'appartient qu'accidentellement aux bitumes, quoique certaines Tourbes en foient tellement chargées, qu'on diroit du bitume prefque pur (a) & qu'elles femblent former un des . chaînons qui paroiffent lier le règne Végétal au règne Minéral. §. 45. Nous ne connoiflons que deux en- droits dans le Bailliage de Laulanne où l'on exploite de la Tourbe; mais il en eft nom- bre d'autres, où des indices communément allez fûrs , femblent indiquer qu'on en trou- veroit facilement lî on le donnoit la peine de creufer ; ces indices font : les plantes & les moufles qui croulent à la fur fa ce de ces terreins & qui habitent volontiers les lieux touïbeux, — la nature tremblante de ces terreins, — la terre noire, fpongieufe, lé- gère , qui forme toujours la première couche des Tourbières , &c. $. 44. On exploite de la Tourbe dans le ( a ) C'eft une femblable tourbe qu'on exploite Tourbe re- aux environs de Fribourg. Elle eft très - pefante , marquable dure, noire & femblable à un mélange de poix & de-Fri- de terre figées après avoir été fondues enfemble , "0l,rS* fe laiffe couper avec quelque difficulté, & l'endroit coupé eft très-Iuifant ; s'allume affez difficilement, donne beaucoup de chaleur, répand une fumée Jjitutnineufe & fe réduit en charbon fcoriacé & enfin en cendres bleuâtres. 90 Hifioire naturelle bois de Sauvabelin près de Laufanne; on la dit de même qualité que celle qu'on trouve à une lieue & demie de cette Ville entre les Monts de Lutri, dans un endroit nommé le Pra-gris ( le Prés gris , nom qui lui vient de l'œil gris que lui donne le Sphaguwn palujlre qui y croit en abondance); les Tourbières que l'on trouve en cet endroit, font creulées félon la méthode Hollandoife & ont été pouf- fées jufqu'à quatre ou cinq pieds de profon- deur ; la Tombe qu'on en extrait & en gé- néral celle de toutes les Tourbières de ce Pays, eft de qualité fort mêlée même dans la même couche, ce qui feul en rendra toujours l'exploitation fort cafuelle ; celle qui eft de bonne qualité, fe rapproche beaucoup de la Tourbe limonneufe , brûle fans odeur & laifle après la combuftion, des cendres d'un gris blanchâtre, fenfiblement alkalines , comme la Tourbe limonneufe de Hollande ; elle eft néanmoins moins compacte , moins pe Tante, & donne moins de chaleur que cette dernière. La Tourbe Au refte nous croyons que dans l'état préfent nepeut^ des chofes , l'exploitation des Tourbes ne peut gneres être £tre fort profitable & que ce combuftible comme en- même ne peut être utile peut-être de long- grais pour tems eil tant que combuftible pour ce Pays ; dansée" ^ ne Peut ^tre ut^e Pour ^es Villages , en- Pays-de- droits & Cantons éloignés de Laufanne & des Vaud. Villes fort peuplées , où il y a fuffifamment du bois qu'il ne s'agit que de ménager au moyen d'une fage économie; il ne peut être utile pour Laufanne ni pour Vevay, ( les deux [Villes les plus confidérables du Pays de Vaud) du Jorat & de fes environs &c. 9 1 qui li elles manquent de bois dans leur voi- iinage , peuvent employer un combuftible d'un ufage bien plus précieux & d'un charroi bien moins difficile que la Tourbe , qui font les houilles de Paudex & celles du Canton de Fribourg. Nous ne concevons d'autre avan- tage à fe fervir de la Tourbe, que comme engrais pour les terres, foit en nature, foit réduite en cendres (a). §. 46. Nous n'avons point rencontré dans De l'ori- les Tourbières que nous avons vifité , aucuns s|ne *■ oorps 111 vertiges de corps teltaces ni marins res du ni fluviatiles , & nous croyons que les ter- Pays-de- reins à Tourbes de ce Pays, fans doute comme VauJ* tous ceux qu'on obferve dans les Pays de montagnes & les Pays linueux , fitués à des hauteurs confidérabies au-delfus du niveau ( a ) Il y a longtems que les propriétés de la tourbe font connues à cet égard. ( Voyez Menu de la Soc. Econom. de Berne, ann. 176 ç» p. 138- & les Elé- mens a agriculture de M. Duhamel du Monceau , T. \. p. 186.) En 1786, étant à Fribourg, nous vîmes nous-même à une lieue & demie environ de cette ville & à demie lieue d'un village nommé IVÎarli, le Sr. Fontaine fabriquant de papier & mar- chands de draps, employer dans fon domaine la tourbe en nature ou la terre noire des marais comme engrais , & nous obfervâmes que dans des endroits où Ton avoit jette de cette terre ou de la tourbe groiîière ou fibreufe , l'herbe étoit beaucoup plus belle & plus verte que par-tout ailleurs. N'eft-ce pus ici le même effet, que celui delà végétation des phntes obeenues dans la mouffe par M. Bonnet ? Oeuvres de Bonnet, T. IL p. 1 3 5-1 s 3. edit. de 1779. in-40. 92 Hifloire naturelle des plaines & des grands Lacs, dans des fonds renfermes entre des colines , font en général d'origine bien plus moderne qu'aucune des couches de dépôts marins ou fiuviatiles con- nues qui couvrent la furface de notre globe («), & d'origine fi moderne qu'il nous paroît plus qu'apparent, que dans de tels lieux, il fe forme encore des Tourbes de nos jours & que celles qui font formées s'accroiifent & s'a- grandiflent continuellement ; peut-être même un obfervateur placé dans des circonftances favorables , trouveroit cet agrandiffement ^en- fible. Il nous paroît plus qu'apparent qu'en Comment de tels lieux, la Tourbe fe produit : i°. Par elles fe For- ja fubmerfion des terreins enfoncés où ellefe ment & i j i r s'accroif- trouve, par les eaux des hauteurs voidnes fent? qUi y affluent de toutes parts. ( Voyez ce que nous avons dit du Lac de Brai , fedl. I. §. 46. ) — 20. Par la ftagnation de ces eaux dans ces plaines horifontales & renfermées de tous cô- tés. ■ — 50. Par la macération fubféquente des plantes qu'elles innondent. — Que fon accroiffement fe fait : 4°. Par la décompofition de la fuperficie des amas ou des couches de plantes macérées & putréfiées (b) ; — y0. Par (a) M. Beroldinguer Beobachtungen Zweifel und Fragen die Minéralogie betreffend. p. 1 1 . ^f 3 % . croit que plufieurs tourbières doivent leur origine à des alluvions. {b) Il ne faut qu'avoir obfervé avec foin quel- ques-uns des canaux de la Hollande, pour conce- voir une telle production. En 1786 nous trouvant à la Haye , nous avons fouvent remarqué dans les du Jorat & de fes environs &c. 93 la production d'une couche de terre végé- tale (eût-elle à peine quelque épaiffeur) au • moyen de cette décomposition , & par le renouvellement fubféquent de la végétation, fur c:tte couche. 6°. Enfin , par de nouvelles fubmerfions des nouvelles productions végé- tales, & par une nouvelle macération, pu- tréfaction, & décompofition de celles-ci, & ain fi de fuite. §. 47. Nous finirons cette feclion , par faire Des fonr- connoitre un phénomène plus curieux qu'utile ces d'E^"" & dont nous ne parlons que pour ne rien flammabie omettre ; c'eft un phénomène pareil à celui de Gran- de la Fontaine ardente dont il eft parlé dans comt* le Journal de Phyfique , ou de la Fontaine brûlante que l'on voit près deBofeley, dans la Province de Shrop en Angleterre, dont font mention MM. Valmont de Bomare , DiB. d'HiJi. Nat. Tom. 2, p. f2 2. édit. de Laujanne, & Kirwan, Minéralogie, p. 212. C'elt une fource fituée à un quart de lieue de la Ba- ronnie de Grancourt & un peu plus d'une canaux les plus fâles , où Peau eft la plus croupit fante & qui en été font les plus infects , tels par exemple que ceux le long defquels font fituées les maifons vis à vis du bois près de cette Ville » nous avons fouvent remarqué une fi grande quan- tité de conferva , que leurs eaux en paroiflbient toutes vertes; l'épaifleur de la matière verte étoit telle , qu'en fe decompofant elle produifoit une couche de terre végenle , qui fe foutenoit à fa furface & don noie naiflance à des plantes qui s'é- levoient afiez haut, & croiflbient fur celle-ci com- me fur terre ferme. 94 Hifloire naturelle lieue de Payerne, dont il fe dégage continuel- lement de l'air inflammable , comme nous nous en Tommes convaincus par l'expérience. L'eau de cette fontaine forme en s'étendant une petite mare remplie de conferve & fourde de terre au pied d'une coiine au travers du fable, que les bulles d'air foulèvent fans ceffe, ce qui fait dire très-énergiquement aux Payfans du lieu , que cette Fontaine pouffe le fable. A une petite diltance de là, on en trouve une autre femblable & qui offre les mêmes particularités. Ce qu'il $' ^' ^U re^e Ce 3Ue CeS ^ortes ^e Fon- faut penfer taincs offrent de plus remarquable, c'eft l'a- de ce phé- bondance de l'air inflammable qui s'en dégage nioTnTrare fpontannémeut & continuellement; effet dû qu'on ne le fans doute à l'abondance des matières putref- croit com- cjD]es que renferment leurs balîins ; car d'ail- mune- , * î t j ment ? leurs nous avons reconnu la prelence de ce • même air , tant dans cette partie du Jorat qu'aux environs de Laufanne, dans des ter- reins purement terreux ou fablonneux, fans aucune apparence de ,parties & de matières végétales , ce qui eft conforme à i'obfervation faite par M. Volta en Italie, Lettres fur l'air inflam. des mar. p. \i. & 13. & cela appa- remment, parce que toute efpèce de terre quelqu'arnde qu'elle foit , eft toujours plus ou moins fréquemment humectée & combinée avec l'urine & les excréments des animaux, ou fert d'afyle à une infinité de petits infectes qui s'y creufent leur demeure , s'y propagent » y périment, s'y décompofent, & donnent lieu à la production de l'air inflammable. du Jorat& de fis environs &c. 9f SECTION III. Hijîoire Naturelle du lac de Neuf chat eî. §. t. JLyES Lords du lac de Genève à ceux du lac de Neufchatel , la moindre diftance fans doute qui eft d'un peu plus de f| lieues, fe trouve entre les environs de Laufanne dont nous avons parlé fort au long dans les fections précédentes , & ceux d'Yverdun & des extrémités feptentrionnaJes du bailliage d'Echallens que nous avons décrit fecl. 2. §. jj. nous nous Tommes naturellement encore rapprochés beaucoup du dernier de ces lacs, dont J'hiltoire naturelle peu connue jufqu'à ce jour "va nous occuper entièrement dans cette feclion. §. 2. Le lac de Neufchatel ou d'Yverdun Du lac de aufli ainfi appelle de la Ville du même nom Neufcha- fituéeà fon extrémité Sud-Oueft, que l'on dfre^#fa peut regarder comme rormé proprement par l'expenfion de l'Orbe , qui prenant fa fource près de Valiorb:, coulant lur une étendue de quelques lieueb entre les montagnes eft gre lie enfuitedans la plaine avant d'arriver au lieu de fon embouchure ( a ) par plufieurs ( a ) Auffi eft-ce à ce qu'il nous femble fans aucun fondement , que l'on attribue communément l'origine de ce lac à la Ttelle, nom qu'on a même çonfervé 5 6 Hifloire naturelle torrents; ce lac difons nous , fe dirige pa- rallèlement au Jura, dont fes eaux baignent le pied du Sud-Oueft au Nord-Eft, & fa pof- feffion eft repartie entre les divers bailliages du Pays-de-Vaud qui le limitent , & qui font au Nord , à l'Orient & au midi , comme nous l'avons dit au commencement de la première fe&ion §. 4 ; les bailliages de Morat , de Payer- ne , d'Yverdun , dépendants du canton de Berne , & ceux d'Eltavayer & Cheyre , dépen- dants du canton de Fribourg, & vers l'Occi- dent celui de Grandfon, appartenant encore au canton de Berne & qui touche à celui d'Yver- dun , & plus loin la comté de Neufchatel. — Cette partie de Ces bords la plus riante 6 la plus agréable, eft fingulièrement em- bellie par ce Jura , dont les pentes s'élèvent en amphithéâtre , couronnées de bois & de gras pâturages , par cette plaine charmante & qui pourroit être fertile , toujours verte , toujours furElamment arrofée , fillonnée par la Reufe, parfemée de Villages & d'habita- tions fort peuplées , heureufe d'appartenir à une Nation qui par fes chants & fon allé- greffe , annonce au voyageur enchanté , le contentement de la liberté fous la domina- tion d'un monarque, (a) §• h à la rivière qu'il forme à fon extrémité feptentrion- nale , & par laquelle il fe décharge dans le lac de Bienne. La Tielle eft plutôt un ruiffeau qu'une ri- vière, & peu capable fans doute de former lui feul un lac comme celui d'Yverdun. (a) Rien de plus joli, de plus champêtre, de plus pktorefque que ces bords du lac de Ncufcha- du Joraî & de fes environs &c. 97 §. 3. La plus grande longueur du lac de Ses dimen- Neufchatel qui félon les auteurs du Dïtlion* llons* naire geograph. hijior. Ç«? polit, de la Suijje. T. 2. p. fi. doit Te trouver entre Saint-Blaife & Yverdun , eft de huit lieues > & fa plus grande largeur qui félon les mêmes auteurs fe trouve entre Cudrebn , Vuilli & Neuf* chatel, eft de deux lieues; ainfi ce lac rela- tivement à fa longueur eft très-étroit ; quant à la profondeur de fes eaux il eft en géné- ral très-variable , & il y- a lieu de croire qu'un, obfervateur attentif & à portée de renouvel- 1er fouvent les expériences néceiiàires à faire pour prononcer avec quelque certitude fur cette matière, trouveroit que fou fonds va- lie feniiblement peut-être d'une année à l'au- tre i quoi qu'il en loit, nous regrettons beau- coup que les circonftances ne nous ayent pas permis de mefurer nous-mêmes fa profon* deur, fur laquelle on n'a encore rien de fatif- faifant : on fait à la vérité que M. de Saujfure ayant fondé à demie lieue du bord au midi de Neufchatel , l'a trouvé dans cet endroit de 325" pieds; mais on ignore s'il n'y en a pas de plus considérables. Quant à la hauteur de ce lac au-deflus de celui de Genève > elle a été déterminée exactement par M. de Luc , Recherches fur les var. de Patm. T. 77. p. 220. de 26 toifes & demie , qui ajoutée à celle du lac de Genève fur la mer, donne pour le tel & de la Reufe entre Boudry , Colombier. Auver* nier & Senières; rien de plus gai, de plus aimable dans Ta gayeté , que le. peuple de ces bords fortunés! Tune IL 'G 9 S Hifioire Naturelle lac de Neufchatel, 214 toifes f d'élévation fur le niveau de la Méditerrannée. §. 4. Les auteurs qui ont parlé du lac de Neufchatel ont tous obferve qu'il a été plus grand autrefois qu'il ne l'cft maintenant , mais aucun d'eux n'a établi cette vérité fur des faits fuffifants, & nous croyons pouvoir dé- montrer non-feulement qu'il eft plus petit qu'il ne l'a été , mais que fon étendue ac- tuelle même continue à diminuer fenfiblement. Faits qui §. j. £n effet, on obferve prefque par- EïT^té tout ^es traces de ^es dépots & du retrait plus grand de fes eaux à différentes époques le long de autrefois. fes bords. Vers fon extrémité méridionnale, on obferve que cette époque n'eft pas même bien reculée & qu'il n'y a pas encore long- tems qu'il s'eft étendu beaucoup plus loin de ce coté qu'il ne le fait aujourd'hui , & les marais qui fe prolongent d'un coté juf- qu'à Entre- roches aux environs de la Sara , à trois lieues de fes bords , & de l'autre prefque jufqu'à Orbe , peuvent faire penfer que les em- bouchures de l'Orbe , du Talent & du Buron , étoient bien plus reculées qu'elles ne le font. M. Bertrand nous apprend : ,, qu'au deffous „ de la ville d'Orbe , le marais a confidéra- „ biement diminué dans ce flèele même & „ les dépots de îa rivière dans fes inonda- 53 tions annuelles y ont bien autant contri- „ bué que les travaux que l'on y a fait. A *> Yverdun par la même raifon , le lac s'eft 35 retiré bien loin des murs de la ville, il les » battoit autrefois , maintenant il en eft éloi- » gné de plus de aco toifes. Rec. de div. du Jorat & defes environs Êfc. 99 a Trait, fur Phi(î. nat. de la terre & des fof- „ [des , ïw-4°. p. 96 £5? 97* w S» 6. Au témoignage refpeclable que nous venons de citer, nous pouvons en ajouter de plus récents. Un obfervateur digne de foi , nous a allure avoir vu lui-même , il y a peu d'années encore, les bords du lac moins éloi- gnés de la ville qu'ils ne font aujourd'hui» • — On a trouvé à un quart de lieue de diftance de les bords à à une douzaine de pieds de profondeur, des reftes de bâtknens & d'anciens murs que l'on croit avoir été enfeveiis par, les dépôts des eaux , & ailleurs, on a trouvé a environ trois pieds fous terre * une efpèce de pavé , & quelquefois à la pro^ fondeur de fix à fept pieds un fécond, & plus rarement un troifièmepavé ou peut-être des reftes d'anciennes chauiïées enfouies fous les atterriflements des eaux. — On obferve auiïi que dans plusieurs anciennes maifons d'Yverdun , les offices font plus bas que le niveau acluel des rues, ce qui dans un pays de plaine ne peut avoir lieu que par l'exhaufc fement du terrein. -i— Enfin une preuve moins équivoque encore de l'ancienne étendue du lac de ce coté, fe tire de la nature même de la plaine qu'il a abandonné ; Gette plaine en général humide & marécageufe, eft Com- pofée de couches d'épailïèurs variables: i°< de terre noire de marais. — 20. Puis de tourbe plus ou moins bonne. — 1-i 50. Puis enfin de limon argiîleux ou glaife ou de fable mèlé9 de graviers & de cailloux roulés & le plus G 2, IOO Hiftoire Naturelle fouvent(a) aufîî des mêmes coquillages que l'on trouve dans le lac. Et qu'il fe §. 7. Ces mêmes atterri (Tements formés comble de «ar ]es rivières à l'extrémité Sud-Oueit du plus en plus F. . r „ , , 111 à fcs extrê- lac qui tendent fans celle a le combler de ce mités & le coté, s'obfervent aufîî dans plufieurs endroits wls?€ CS^e l°ng de fa rive méridionale; au deffous d'Yvonens par exemple, il y a une plaine encore très-marécage ufe à fa furface , dont le fonds eft un limon mêlé de fable, cou- verte en quelques endroits de grands joncs & de rofeaux, ayant environ 6] toifes de largeur fur une demie lieue d'étendue en longueur , qui porte tous les caractères d'un terrein nouvellement abandonné par les eaux dont il eft encore inondé chaque printems , & que l'on fe rappelle en effet en avoir été recouvert il y a feulement trente à quarante ans j il exifte même à Yvonens une tradi- tion confirmée par l'obfervation du local , félon laquelle le lac venoit battre autrefois (a) Défunt M. le Capitaine Roguin, membre auffi zélé qu'éclairé du Confeil d'Yverdun, nous ayant communiqué un relevé exact des actes de la fecretairerie de cette ville, concernant des fondes faites le 12 Septembre 1 7 8 s ' par ordre de la ville pour la recherche des tourbes, & de bonnes terres à briques fous fa direction, nous avons extrait de cet écrit les détails que nous publions ici. Nous aimons à avouer que M. le Capitaine Roguin nous a fourni des fecours fur plufieurs objets relatifs à la ville d'Yverdun , & nous prions fa refpectable famille d'accepter l'hommage public de notre gra- titude que nous n'avons pu lui offrir à lui-même. dit Jorat & de fes environs &c. loi le' pied de la côte fur laquelle le village eft en partie fitué; d'où il réfulte que de ce coté, fes eaux s'étendoient à près d'un quart de lieue plus avant dans les terres qu'aujour- d'hui. Ces comblements font produits fur- tout par la Mantua , qui a fon embouchure près d'Yvonens. Voyez fect. I. §. j. §. 8. Les extrémités feptentrionnales du lac de Neufchatel entre les embouchures de celui- ci dans la Tielle font de | de lieues de Saint- Blaife , & de la Broyé dans ce lac près de la Sau- ge , & fa rive entre la Sauge & Cudrefin , font entièrement formées par les atterriifements de la Broyé , par laquelle le lac de Morat fe décharge dans celui de Neufchatel. Ces atterriifements préfentent entre Cudrefin & la Sauge une plaine d'un quart de lieue de largeur, couverte de marais encore & imbi- bée d'eau à fa furface, & entre les deux em- bouchures mentionnées , des accumulations de fables fi considérables, qu'ils forment une chaîne de petites hauteurs tout-à-fait fembla- bles aux Dunes que l'on obferve le long des Dunes for. côtes de la mer en Hollande & ailleurs, & m^s Par font comme celles-ci une digue naturelle & ^/ments. impénétrable aux efforts de l'eau. Les grandes moules d'eau douce que l'on trouve parmi ces dépots, qui habitent dans le lac de Morat & que nous n'avons rencontré nulle part ail- leurs dans celui de Neufchatel, ne laiifent aucun doute que ces dépots ne foient ceux de la Broyé. §. 9. Outre les terreins d'alluvion actuel- lement à fec dont nous venons de parler, G? 10$ H/floire Naturelle il ett aile de reconnoître en fuivant les bords du lacdel\Teufchatel, qu'il règne tout le long de fa rive orientale , entre Yverdun & la Sauge, une lizière de fable prefque continue , qui peut avoir une étendue d'environ un quart Il y a une de lieue en largeur ; l'eau en prend une teinte fabfed'én. §r'^e 9ui trar»cne fenfiblement avec le verd viton un des eaux avoifinantes, & toute cette partie quart de du lac eft très-peu profonde & fort embar- làrge qui ra^e de joncs & de rofeaux , de forte que peut-être ces fables qui s'exbauflènt chaque année par iera a fec jes inondations annuelles , * fans parler des avant un ,r ,. : S . demi-fiè, accromements extraordinaires produits par cle, des débordements accidentels & momenta- nés après des grandes pluyes & par d'autres çaufes, ces Tables, difons-nous qui s'exhauf- fent continuellement, feront peut-être à fec avant un demi-fiècie. ( Voyez le §. 7. ) §. 10. Ainfi ce lac fe comble fenfiblement fur-tout à fes extrémités, par les dépots des rivières qu'il reçoit dans fon fein ; & ces dépots accumulés d'abord à leurs embouchu- çhures, s'étendent peu à peu tout le long de fa rive orientale , qui fe comble à fon tour . de manière que fes eaux refoulées de tous cotés dans leur baffin & vers fes rives occidentales , gagnent en erfet continuellement & fenfiblement du coté de celles-ci. §. 11. Le fable des bords du lac, entre ^ Cheyre & Eftavayer, & dans beaucoup d'au- ftle^rès" ^res e«droits, s'élève environ de trois ou quatre :nêlés&de pieds au deffus du niveau de fes plus grandes coquilles eai,x , & forme des lits di (lin dis entremêlés ne Ionique^ beaucoup de moules rluviatiles, couchées dit Jovat & de fes environs &c. ioj" à plat ou enfoncées dans celui-ci de diverfes ma- les dépôts nières & en divers fens', briféesou entières, & s^vdeux des cailloux de roches roulées ; fi de pareils durcis. lits de fable viennent à fe durcir avec le tems , ils formeront des grès , des efpèces de brèches ou des couches coquillières rluviati- les comme celles du Jorat, fecl. I. & 2. de cette partie , ou comme celles des environs de ce lac même comme nous le verrons plus bas. §. 12. Le lac de Neufchatel eft renommé , Produo pour l'excellence de fon poiûon qui y eft ^Neîlf-30 très abondant, les efpèces qu'il produit fontchatel. outre toutes celles que l'on trouve dans le lac de Genève, Part. Ire. fecl. IV. les fuivantes: la Lamproie, Petromirzon jliiviatilis Linnaei, Poiflbns Lnmpetra , Lampedra allior. auB. que l'on ^^ pro* nomme en ce pays Perce-Pierre , & qu'il ne faut point confondre avec le vrai Perce- pierre, Alauda non crijlata de Rondelet , qui eft un poiflbn de mer. La Lamproie quoi- qu'habitante du lac fe plaît à remonter les ruifTeaux & les rivières. — L'Anguille, Mu- rena Anguilla Linn. qui à ce que l'on prétend fraye vers le mois d'Août , & fe pèche en Août, Septembre & Octobre. La Lotte , Gadus Lota Linn. qui eft un des poiflbns le plus commun dans ce lac & que Ton pèche fur-tout le long de la côte entre Courtailliod , Auvernier, Neufchatel, &c. La Perche , Perça fluviatilis Linn. dont il y en a félon Wagner une petite efpèce , qu'on tranfporte & vend en grande quantité G 4 104 Hiftoire Naturelle aux villes voifines & jufqu'à Strasbourg après les avoir falées (a) Le Salut, Silùrus Glanis Linn. fans con- tredit le plus grand poilfon d'eau douce que l'on connoifle; on en pèche encore allez iou- vent de petits, mais très-rarement de grands, & l'un des plus gros qu'on ait vu , pris près d'Eftavayer , pefoit I )_o livres. On prétend que d'un coup de queue le Salut fait chavi- rer ou renverfe un bateau. Le Saumon , Salmo Salar Linn. que l'on pèche très-rarement , & qui vient dans le lac par le Rhin , qu'il remonte jufqu'à l'Aar & de l'Aar jufqu'au lac de Bienne, d'où il ar- rive par la Tielle. La PallÉE, qui femble devoir fe rappor- ter au Soilmo Lavaretus de Limiè , qui fraye en Novembre & Décembre & fe pêche en Mai j le teins de cette pèche eft dit-on an- noncé par l'apparition d'une quantité d'éphé- mères qui volent fort bas , & dont ce poif- fon fe nourrit. Le Brochet , Efox Lutins Linn. dont on prétend qu'il y a deux efpèces : l'une nom- mée Brochet gentil, qui habite toujours dans la profondeur , & le Brochet ordinaire plus jaunâtre que le premier , & qui s'approchç des bords. (a) Ex NeocomenJÏ locu if a copiosè extrahun- tur , ut ex fa le conditus £*? lagenulas iis replctas ad vicinasl urbes , Argentoratum quoqve aliaquç loca Rhcnana merçatum vehant. Hijt. Nat. Hcivet* p. 21$, du Jorat & de fes environs &c. lof Le Barbeau , Cyprinus Barbus Litfn. qui paroit très-rare , car il y a iepc à huit ans qu'on n'en a pris. L'Able , Cyprinus Aîburnus ; frayent vers les mois de Juillet & d'Août, paroitlènt & difparoifTent , & fe mêlent avec les Gougeons & fe prennent aux mêmes amorces. — il y a encore quelques autres efpèces de poilîons ou moins eftimées ou moins remarquables , & qu'en conféquence nous parferons fous filence. — L'on obferve , que la pèche du lac de Neufchatel eft en général plus abondante le loii£ de fes côtes occidentales où les eaux font plus profondes , que vers la rive oppofee, & que la plupart des poiflbns de celui-ci fe retrouvent aulfi dans les deux lacs de Morat & de Bienne , avec lefquels il communique, (a) §. i}. La plupart des coquillages du lac Des am% de Neufchatel , font exactement les mêmes mai,x à co- que ceux du lac de Genève, Part lre. fecl Jroduit^èe VI. & même que ceux des deux autres lacs lac. nommés fous le paragraphe précédent, feu- lement l'efpèce de Moule Lacuftre à têt mince & fans charnière , ou la grande moule des étangs de Geojjroi. Trait, des coq. p. I 59. n. I. Mytulus Anatimts Linnaei, y eft beaucoup moins grande que la même Moule obfervée par nous dans le lac de Morat. Nous avons (a~) La plus grande partie du poiffon qui fe pêche dans ce lac va à Neufchatel & à Yverdun, ics deux villes les plus confidérables de cette vallée , comme prefque tout celui du lac de Genève s'exporte à Genève & à Laufanne. 106 Hifloire Naturelle aufîî trouvé dans ce lac , une efpèce de Moule qui ne diffère de la Myn pictorum Part. I. fect. citée , que par fa grandeur , n'ayant que neuf lignes de longueur & cinq de largeur , & fa couleur, qui efl; fauve avec une large bande brune autour de fes bords j intérieu- rement elle offre une belle nacre chatoyante ; la première dent de la charnière eft légère- ment crénelée & (triée ; nous l'appellerons la petite Moule, Mya minima , M. tejia ovata, Jlriata , pojlice parut» rotundata , cardinis dente primario crenulctto. C'e(t cette même efpèce que nous avons vu foffile à Paudex Part. IL fec"t. 2. note du §. 9. ce qui feul feroit déjà préfumer ( comme nous le démontrerons dans la fuite ) que le lac de Neufchatel commu- niquoit un jour avec celui de Genève. Eponges §. 14. Vers la fin de l'automne de 1787» Ucuftres. nous avolls trouvé le pied du rocher qui borde immédiatement le lac vers le Nord-Eft d'tftavayer,en fortantde cette ville par la porte de la Rochette , incrufté tout le long de cette côte, d'une grande quantité d'épongés lacuftres, attachées au rocher par un de leurs cotés , en formes de mafles filamenteufes , parallèles les unes aux autres, plus ou moins inclinées dans la direction apparemment félon laquelle l'eau le portoit dans les petites anfes renfermées entre ceux-ci, de la longueur d'environ deux pouces & demi , trois pouces. — Ces peti- tes maffes qui fe détachent facilement de leurs bafes , examinées attentivement , paroiffent compofées d'une infinité de petites ramifica- tions molles, flexibles cilindriques , fi rap- du Jorat& de fes environs &c. I07 prochées qu'elles s'entre-croifent irrégulière- ment quoique dans leur enfemble elles fem- blent toutes diverger d'un même point en forme d'évantail; même à l'œil nud & mieux avec le fecours d'une loupe, elles paroitfent inégales , tortueufes & comme formées de petits grains pofés bout à bout, & avec le fecours du microlcope, comme des tubes mem- branneux tout parfemés de petits pores ronds. (a) — Cette éponge fraiche eft d'un verd de Conferva, mais elle prend au grand jour une couleur tirant fur le fauve ; (&) elle a une odeur de poilfon à peine fenfible , due félon le célèbre Pal/as à une forte de muco- fité logée dans les interfaces des ramifications. Quand on la met dans l'eau , elle ne s'en charge que difficilement & on n'en exprime qu'une petite quantité, à caufe de l'extrême nneife de les pores. Nous croyons cette pro- duction différente à bien des égards de 1 éponge fluviatile décrite par M. de Reaumnr , dans les Mémoires de l'Académie royale des feiences de Pd qUe ]es b0js non-s naturels au rer aère . . . J i . , , ... dont il eft doivent leurs propriétés principalement au pénétré, fer qui fait la plus grande partie de leur fubf- tance. Ces mêmes faits & une obfervation que nous avions faite peu d'années aupara- vant fur les bois foifiles qu'on trouve aux environs de Morat dont nous parlerons plus au long dans une fection fuivante , qui nous avoit fiftence & fes autres propriétés étoient bien diffé- rentes; fes fibres étoient défumes & fans luifant aux endroits coupés , friables , & en un mot femblables à du bois pourri ou à de la mauvaife tourbe , & répandant en effet au feu une odeur de tourbe très-fenfible; enfin l'aubier confervé encore en par- tie, avoit la même confiftence, manifeftoit au feu la même odeur mais plus foible , & après avoir paffé à l'état de charbon , fe réduifoit enfin en cendres d'un blanc bleuâtre femblables encore à celles de certaines tourbes. du Jorat & defes environs &c. 11$ avoit appris aufîi que ceux-ci fe trouvent dans une terre très-marécageufe & très-mar- tiale, nous donnèrent Heu de préfumer que nos bois noirs naturels, n'étoicnt autre chofe que des bois pénétrés ou raiiiéralifés par le fer, par l'intermède d'un acide, aidé de l'hu- midité des terreins marécageux ; & d'un acide tel que l'air fixe qui comme on fait fe dégage en abondance de femblables terreins , ou même tel que l'acide vitriolique, comme on doit le croire pour les bois foffiles d'illaude connus fous le nom de Suturbrand, que Al Bergmomn nous dit habiter parmi des couches de fchiite alumineux. Troïl, Lettres fur /' Islande , fi'.*. 418 çfj* 4 • 9. D'après ces premiers apperçir- , nous nous fonirnes perfuadés qui! ne feroit pas impolllble à l'art de parvenir à imiter la nature dans la production de ces bois, & nous avons penîé même qu'une pareille imitation ne feroit pas fans queiqu'importance pour les arts & principalement pour ceux qui tiennent auxdiverfes conftructions de marine ; car pre- mièrement, nous avons vu que ces bois font très-flexibles & en même tems tres-denfes & très-folides , propriétés elièmielks d_ r.s de telles couftrudtions, qui exigent des bois fort tenaces & prefqu'indettruetiblcs. , cSc fouvent fufceptibles de recevoir un certain degré de courbure j & fecondement , il cft aifé de pré- voir par la connoirTance de leurs principes minéralifans & par ce qu'enfeigne lVoferva- tion même que de pareils bois reftent inalté- rables dans la terre, tandis que le bois com- mun elfc fouvent rongé & tout vermoulu , il Tome II. H 114 Hijloire naturelle cft aifé de prévoir difons-nous , que de fem- blables bois ne feroient jamais attaqués par les vers comme les bois de conftruclion qu'on emploie ordinairement. En conféquence, & à l'effet de parvenir à l'imitation ci-deffus mentionnée , nous avons tenté des expériences que nous euiîîons défiré pouvoir faire plus en grand & qu'il ne feroit peut-être pas in- digne de la munificence d'un Souverain de faire exécuter. ExpéHen- §. 21. Vers les derniers jours de Juin 178)", pour im'iter nous finies un mélange de parties égales de cette efpè- limaille de fer & de fouffre, au milieu duquel ce de mmé- on introduifit un gros morceau d'écorce de chêne ; la mafle forma bientôt un gâteau dur, 9 qui fut fufnTamment hume&é avec de l'eau prefque chaque jour i le mélange ou le gâteau s'échauffa, le fourfre fut décompofé ; fon acide devenu libre fe porta fur le fer & forma une efpèce de vitriol, qui à la faveur de l'eau fe porta fur le bois. Au bout de peu de jours elle devint d'un bleu foncé tirant fur le noir, & vue à la loupe, fes fibres défunies dans les endroits où elles avoient éprouvées une dé- composition fenfible , avoient déjà un certain Houille U- luifant; le 18 Juillet la minéralifadon étoiti pjeufe arti- entièrement achevée , notre écorce étoit alors ncielle. . , -~ . , , . ,- , , entièrement noire, avoit le luwant du char- bon , donnoit comme celui-ci étant écrafé une poudre noire, & reffembloit en un mot beau- coup au charbon minéral ou à la houille; au feu , cette écorce réduite à cet état a brûlé avec une petite flamme bleue en bouillonnant & fe gonflant un peu comme certains charbons de du Jorat & defes environs &c. 1 1 f terre , & le réfidu de la combuftion a été une cendre rouge martiale entièrement attirable à Vahnant. Tel eft auilî le réfidu de l'inciné- ration du charbon ligneux de Wailèrins Li- thautrax. Ligneus ( vide Obj'erv. 5. Lit. q. circa Lithantraces. T. IL p. Ipô, ) On ne peut méconnoitre auifi dans ce produit de l'art, la même îubftance que nous avons décrit fous le nom de houille ligneufe, fect. 2. §. 27. — §. 22. Notre première expérience que nous venons de rapporter lous le paragraphe pré- cédent, n'avoit eu proprement pour objet, que de reconnoitre (1 l'art pourroit obtenir en effet une minéral tfation telle que nous l'attendions de la théorie fur laquelle nous fondions nos efpérances à cet égard , par l'in- termède du fer uni à l'acide yitrioHque.j mais celles que nous tentâmes depuis , a\ oient en- core pour but nonr- feulement d'obtenir une autre minéralifation du bois par l'intermède du fer aéré , mais auiïi de déterminer avec quelque juftelfe le tems néceifaire à une pa-; reille minéralifation , détermination dont il n'eft pas néceifaire de faire fentir la confé- quence. §. 23. C'eft chofe évidente fans doute, que Moyens in- pour parvenir à pénétrer du bois par le fer f*^* Var aéré, il falloit commencer par produire une pour l'imi- diifolution de fer dans une eau gazeufe; il mion du comme pour bien imiter la nature & faciliter m°lrti«Ua- en même tems les expériences dans le cas turel. qu'on pût & qu'on voulût les faire plus en grand, il falloit opérer dans la terre §§. i>. H 2 116 Hifloire Naturelle & 20. Il eft. évident encore qu'une eau char- gée d'air fixe par les moyens chymiques or- dinaires, y eût bientôt perdu Ton gaz & fes propriétés, ou eût dû être renouvellée pres- que à chaque inftant. On conçoit donc, qu'il fallo.it non-feulement produire le diffblvant dont il s'agit , mais encore frire enforte que celui-ci fut couramment entretenu dans le même état & qu'il trouvât fans ceffe s'il étoit polhble dans le fein de la terre même . le principe qui le conftitueroit eau gazeufe. Quelqu'apparence de paradoxe que cette idée préfente d'abord, quelque difficile qu'elle pa- roiife à mettre en exécution , le raifonnement le plus naturel fondé fur la théorie la plus fimple a fait bientôt difparoitre ces difficultés & ! expérience a confirmé la théorie. — Toute eau terreftre eft déjà chargée d'une portion d'air fixe à la faveur duquel elle tient en dif- folution les parties terreufes que l'analyfe chymique y développe prefque toujours (<»J ; toute terre fort mêlée de parties végétales plus ou moins décompofées telle que le terreau or- dinaire (ou mieux encore la terre des marais ) bien arrofée, le décompofe déplus en plus au moyen de l'humid'té, & doit produire une quantité plus ou moins grande drarr fixe. Ainfi donc en verfant de l'eau commune dans des creux faits dans une pareille terre , il (a) On peut lire à ce fujet un excellent Mé- moire de M. Jlcliardfur la caufe de la feparation de la terre calcaire & de feau par cbullition. Journ. Littcr. de Berlin , T. XIX. du Jorat &defes environs &c. I ï 7 fembloit qu'on devoit obtenir le but que nous nous proposions, & c'elt auifi fur ces prin- cipes qu'ont été dirigées nos expériences. §. 24. Le 9 Février 1787 il a été creufé à Moyens l'extrémité de notre jardin de Vernand & les emPloyes- unes à côté des autres , quatre petites foiLes quatrées de la profondeur à-peu-près de $" pouces , un peu plus longues & plus larges que les morceaux de bois dont nous allons parler. — On a coupé une portion d'une branche de fapin en quatre pièces cilindri- ques, ayant chacune un pouce & demi de longueur & environ 10 lignes de diamètre ou d'épaiflèur. — Chacun des cilindres que nous désignerons par les nos. 1.2. 2. 4. fut enterré dans la foiîè & bien enveloppé d'un mélange de mâchefer grolîiérement pilé & de terre en différentes proportions , mêlés au point d'avoir une teinte d'un gris noir plus ou moins foncé , bien humecté d'eau & le tout recouvert de terre & encore bien arrofé. — Tous les jours la terre au-deiTus de ces folles étoit foigneufement & fortement arro- fée lorfqu'il ne pleuvoit pas, & tous les deux mois les petites folles étoient découvertes & les bois retirés pour fuivre les progrès de la minéralifation , puis remis exactement chacun dans (à propre fofTe avec une nouvelle adi- tion du mélange de terre & de mâchefer en poudre humecté ci-ddîus mentionné lorfqu'il y étoit entré trop, de terre étrangère. — Le 12 Avril ou enterra dans deux folies creufées à côté des autres & ayant les mêmes dimen- sions, deux nouveaux cilindres de bois de H l 118 Hiftoire naturelle chêne d'un pouce & demi de long & 9 lignes de diamètre. §. 25". Le 13 Juin , c'eft-à-dire quatre mois après avoir été enfouies en terre pour la pre- mière fois , les pièces de bois mentionnées fous le paragraphe précédent ayant été dé- terrées & écorcées , on oblerva : que le n°. 4. §. 2ï. étoit celui qui fembloit extérieurement avoir éprouvé la plus grande altération , & étoit en grande partie devenu noir & un peu gris à l'air comme le bois folîile imparfait. Après le n°. 4. les bois nos. 1. & 2. avoient le mieux réuflî ; ils s'étoient fort durcis , mais il n'y avoit de coloré en noir que les bouts jufqu'à la profondeur d'environ deux lignes , & l'aubier en jaune & brun. Les nos. S- & 6. ou les deux pièces de chêne, avoient à peine éprouvé quelque changement & avoient commencé feulement à fe colorer par les bouts & les écorces ; toutes les écorces d'ailleurs étoient colorées en noir vers les bouts & en rouge brun ou violet dans le refte de leur fubftancei ainfi les bois commencent à s'altérer par les écorces & les aubiers. Produits de §• 26. Le 18 Août, c'eft-à-dire iîx mois pçs çxpé. après avoir été enfouis en terre, nos cilindres de bois furent de nouveau déterrés pour la dernière fois , & lorfqu'ils furent fecs on les fendit en deux parties égales dans le fens de leur longueur, & de cette manière on re- connut : — - i°. Qu'aucun de ces bois iravoit été pénétré par le Mars & durci en entier. • — ' 2°. Que le n°. 4. étoit celui qui comme on l'a dit §. 2J. avoit été le plus altéré > il y du Jorat &? defes environs &c. 1 1 9 avoit plus d'un tiers de fon épaiffeur de mi- néralifée & quelques lignes d'épaiileur aux deux bouts de la partie encore blanche. — Ce numéro 4. étoit intérieurement dans fes parties miuéralilées d'un gris noirâtre & non tout-à-fait noir, comme l'eft auffi quelque- fois le bois folîile naturel, & il étoit dur comme ce dernier. — 90. Les autres numéros n'avoient été noircis qu'à une très-petite pro- fondeur, & les n°\ y. '& 6. de bois de chêne coupés à leur circonférence orfroient des vei- nes d'un gris noirâtre plus dures que la fubC tance ambiante blanche. — 4°. Il femble en général , que la minéralifation commence par les extrémités & la circonférence, & ne ga- gne que peu à peu le centre du bois..- — • J°. Qu'elle fe propage & s'étend plus volon- tiers du haut en bas ou félon la direction des fibres ligneufes que de toute autre manière, de là vient que dans les endroits où le prin- cipe minéralifateur n'a pénétré qu'en partie & cà & là, les parties minéralifées fe font voir fous forme de veines oblongues , & la même chofe s'obferve dans les bois foffiies, où il y a fouvent auffi de pareilles veines noires oblongues , fur un fonds moins obf- cur , moins pénétré de Mars. Ç. 27. Quoique nos cilindres de bois ne paroiffent pas au coup d'oeil avoir fourferts tous également des altérations bien fenfibles dans les expériences rapportées fous les pa- ragraphes précédents , il eft certain néanmoins que tous en ont éprouvé de plus ou moins conildérables , & ont été pénétrés par le fer H 4 1 20 Hifiotre Naturelle aéré ; c'eft ce qu'on reconnoit : i°. A leur plus grande dureté; 2°. à leur incinération , qui y décèle p'us ou moins de mars & cela dans Tordre fuivant : — Les cendres du ci- lindre nc.4. étoient fort mêlées de parties bleues & jaunes martiales comme celles de certaines tourbes. — Les cendres du n*. I. étoient d'un- gris rougeâtre mêlées de très-peu de parties jaunes. — Les cendres du n°. f. étoient mê- lées de parties bleuâtres & de moins de par- ties jaunes martiales. — : Les cendres du n°. 6. étoient mêlées de beaucoup de parties bleues & jaunes martiales. — Les cendres du n°. 5. étoient fort mêlées de parties rouges martia- les. — Les cendres du n°. 2. étoient blanches mêlées de parties rougeâtres. Confé- §. 28. Des expériences ci-delfus rapportées qnences jj réfulte : qu'il faut un tems afTez confidé- qui relui- , . , . ^ , . . , . ., tent de ces rabJe a la nature même aidée de lart, pour expçrien» obtenir une minéralifation complette du bois , & à-peu-près autant de tems pour les bois na- turellement durs que pour les bois tendres, puifqu'au bout de quatre mois , nos deux cilin- dres de bois de chêne étoient prefqu'aufii avan- cés que les quatre autres cilindres de fapin qui avoient été pendant fix mois en expérience; & nous fommes perfuadés d'après le fuccès de l'expérience fur le cilindre n°. 4. ( Voyez les paragraphes précédents), que fi nous avions pu opérer dans des terreins marécageux & humides comme ceux où la nature produit les bois noirs fofîiles, nous euiHons obtenus des bois exactement femblables à ces derniers. D'après cette idée, toutes chofes d'ailleurs du Jorat & defes environs &c. 121 étant favorablement difpofées , & fuppofant que dans des expériences en grand on voulût préparer ou minéralifer des pièces de bois de gn-iiéurs raifonnables comme de 2 pieds de diamètre ou un peu plus (a). Voici fondés rur nos expériences le calcul que nous faifons: pour durcir & noircir par l'intermède du fer aéré un cilindrede bois d'un pouce & demi de dia- mètre il a fallu 6 mois; or ce diamètre ( 1 pouce I ) de ce cilindre , étant i t fois moindre que celui du tronc ou de la pièce de bois men- ( a) La longueur des pièces de bois paroit d'une moindre conféquence pour le fuccès de ces expé- riences que le chois d'un terrein favorable & l'em- ploi des matières propres à celles-ci ; & telle pièce de bois d'une longueur confidérable, placée dans un terrein tel que nous le demandons , enveloppée aufiï uniformément que poflible d'un mélange de matières très-martiales & de terre humide & molle de fa nature & propre à hâter la décompofition du fer, une telle pièce de bois difons-nous fubira cer- tainement des altérations plus promptes, plus mar- quées , plus fenfibles ,, que telle autre pièce de bois beaucoup plus courte, mais enfouie dans un terrain plus ou moins fec & aride, & enveloppé d'un mélange peu martial ou dénué de l'humidité néceflaire à fa décompofition. On pourroit nous objecter encore que nos expériences ayant été fai- tes fur des morceaux de branches dont le bois eft toujours moins dur que celui du tronc & du cœur du bois, les conclufions que nous en tirons pour- roient être taxées d'inexactitude; maison a vu ci- devant §. 28. que la minéralifation fait des progrès prefqu'aufTi rapides dans les bois durs que les bois tendres, & dès lors il paroît peu important fur quelle partie du bois on opère. 122 Hijîoire naturelle tionnée ci-deffus ( 2 pieds ou 24 pouces ou 48 demi-pouces ) , il eft évident ( que toutes chofes d'ailleurs égales), il faudra feize fois autant de tems pour minéralifer un pareil tronc qu'un cilindre tel que celui dont nous parlons ; fi donc une épaiffeur d'un pouce & demi de bois a exigée 6 mois à cet effet , une épaifTeur de deux pieds de bois exigera envi- ron y 6 mois ou 8 ansj tems considérable à la vérité; mais on conferye fouvent bien p!us long-tems encore dans les chantiers de la ma- rine les bois deftinés aux conftruclions de celle-ci , & quand on ne retireroit de la pra- tique que nous confeillons, d'autre avantage que de durcir les bois à leur furface ( qui comme on l'a vu eft la première à s'altérer), n'en feroit-ce pas déjà un très-grand, puifque c'eft par leurs liirfaces que les bois font d'a- bord expofés à la piquure des vers & que l'on fait qu'ils attaquent bien moins les bois durs que ceux qui font tendres , & n'Attaquent jamais ceux qui font pénétrés d'une diifolu- tion métallique (a) ? & Ci l'on ne pouvoit de cette manière obtenir des pièces de bois mi- néralrfées en entier telles qu'il les faudroit (a) On fait qu'on a eflayé avec fuccès d'impré- gner les bois d'une difîblution d'alun ou de vitriol de Mars; c'eft apparemment dans la même vue , que les HollandOis en conftruifant leurs vaifleaux, mettent du fel marin par-tout où ils peuvent en placer entre les bois deftinés à cet effet, & en in- troduifent même jufques dans les bouts en y fai- sant des trous à cet effet. du Jorat & de f es environs &c. 123 pour les conftruclions du corps des vaiffeaux, il n'eft pas douteux qu'on n'en pût débiter des planches ou des pièces de bois affez grandes pour le doublage de ceux-ci , les matières qu'on a employé jufqu'ici à cet effet étant ou très-fufceptibles de Te laiiTer décompofer & ronger par les eaux de la iMer, tels que les doublages métalliques (£), ou très-peu folides & durables & très-difpendieux vu qu'on e(l obligé de les renouveller très-fréquemment (c). On pourroit préparer facilement dans les chan- ' Moyens à employer ( b ) Le doublage en cuivre dont fait ufage la marine royale en France & la marine Hullandoife eft fujet aux plus grands inconvénients, fur-tout fi les vailTeaux reftent longtems en mer; non feu- lement fes eaux attaquent & rongent le cuivre , mais les vaiffeaux mêmes s'arcquent, les coutures s'ouvrent , & les dangers deviennent de plus en plus éminents. (c) Il eft remarquable que ce qui fait principa- lement la bonté des doublures des vailTeaux non doublés en cuivre telles qu'on les employé pour les vaiffeaux marchands , c'efl la croûte c'paijfe de rouille qui fe forme à leur furface, par la décom- pofkion des clous de fer fichés dans les planches très-ferrés à grandes têtes plattes dont on fe fert pour les fixer fur le vaiffeau : mais cette forte de doublure impénétrable aux vers , & qui peut durer à ce que l'on prétend plufieurs années, gêne beau- coup la marche du vaiffeau & le rend pefant. Le Docteur Faxe de Carlfcrone , Auteur du Carton- pierre, vient à la vérité de propofer l'emploi de ce même Carton pour le doublage des vaiffeaux, mais feulement comme doublure intermédiaire pour les vaiffeaux qui feroient doublés en cuivre. 124 Hiftoire Naturelle tîans les tiers de marine les bois de conftru&ion par chantiers ia m'méraliJation * (i au lieu de conf.-rver ces prépara- bois comme on eft dans l'ufage de le faire dans tiondes l'eau des rivières, delà Mer, ou des canaux l)01&nt,e comme à Amfterdam, on conferve ceux-ci conitruc- , , . r „, r, , tion noirs, dans de larges toiles , creuies dans une terre naturellement humide ik s'il eft poiïjble balte & marécageufe, placés & difpoles à-peu-près de la même manière que dans les chantiers fur un lit de mâchefer boccardé , ou de limaille de- fer , & d'autres matières martiales prifes dans les forges & les atteliers des Ouvriers en fer , bien mêlées avec la terre de nos fofles & recouverts d'une couche d'un pareil mélange & de terre. Ces bois §. 29. Il eft peu de pays où l'on ne trouve Foffiles ou ^es k0js nojrs naturels, foit aquatiques foie ques confi- roliiles , quel on pourroit lans doute employer de'rés com- avec fUCcès à l'ufage important que nous ve- che de""" llons d'indiquer & pour lequel nous avons commerce, confeillé au défaut de ceux-ci d'en préparer d'artificiels ; mais il eft peut-être aulîi peu de pays où l'on en trouve auffi abondamment qu'ici dans le Lac de Neufchâtel, & même dans celui de Morat & dans la Broyé, §§. if. & 16. Les Puilfanccs maritimes de l'Europe, pourroient donc peut-être s'approvifionner fuflîfamment de bois noirs durs naturels en SuifFe, comme elles s'approvisionnent de bois de conftrudion ordinaire en Allemagne, & fur tout dans le Nord, & cette nouvelle bran- che de commerce ouverte aux habitans de ces Vallées, ne pourroit que leur être infiniment avantageufe. du Jorat & de fes environs &c. I2f §. $o. Jufqu'a préfent , ces fortes de bois tt'cmt gueres été employés que pour les ou- vrages ordinaires de menuiièrie & fur-tout ceux qui fe travaillent au tour & par les Ébémlres (a)\ on en fait des meubles, des Propriétés parquets • des tables de jeu , des cannes, &c. ies. bois & Ton eftime le mieux à cet effet ceux qui font re|'s ie"a d'un beau noir bien également répandu tant pins re- exterïétirerhënt qu'intérieurement, que l'art chercl}ees ne peut jamais obtenir auili parfait en teignant aits. le bois & qui d'ailleurs n'eft jamais auiîi du- rable, & l'on recherche principalement ceux qui font de la même dureté dans toute leur maiTe & de la première qualité ; car quelque- fois quoique bien également noirs par tout, ils ne font cependant pas propres à toutes fortes d'ouvrages, fur-tout aux ouvrages fins tels que filets, motélurés i;S autres en boiferies, parce que n'étant pas d'égale denfité, ils font irrégulièrement entremêlés de veines dures & de veines tendres qui les gâtent. §. ?i. D'après ce que nous avons dit ci- Conieftn- deflus & d'après les expériences que nous res ,.!? avons rapporte, on conçoit allez comment le tjon t|es produit le bois noir folfile dans des terreins bois au marécageux & ferrugineux où on le trouve [P^ de communément , mais on ne conçoit pas d'abord atifli facilement comment a pu être produit ]f; bois noir aquatique que l'on trouve dans le Lac de Neufchatel enfoui dans le fable & ( 6- ) Les Ebéniftes font fur-tout grand cas de l'aulne noir foiiile ou aquatique. 126 Hifioire naturelle au fonds des eaux > aufîî avons-nous d'abord été tenté d'après ce fait de penfer , qu'à la rigueur la nature n'avoit pas befoin de l'adi- tion de matières étrangères pour minéralifee le bois, & qu'elle favoit fans doute dévelop- per le principe martial du bois même plus abondamment que l'analyfe & les procédés chymiques ne peuvent le faire (a)-, mais nous avons abandonné cette idée & fommes reve- nus aux principes & à la théorie de la forma- tion des bois noirs forïïles , lorfqu'ayant re- connu que les bords du Lac de Morat formés de fes dépôts & par conféquent fon lit , étant très-mèlés de parties ferrugineufes comme nous le ferons voir dans une autre fection , nous pûmes croire que ces parties ferrugi- neufes ont dû comme les bois & les troncs d'arbres qu'elle y amène §. lé. , être entraî- nés dans celui de Neufchâtel par la Broyé ; & une fois parvenu à expliquer où le Lac prend le fer que l'on trouve dans nos bois, il a été ailé auffî d'expliquer où fes eaux prennent encore l'air fixe néceiTaire à la dif. fohition de ce fer , en rappellant ce qui a été dit §. 9. qu'en certains endroits le fonds de ce Lac eft garni de plantes & de rofeaux qui fans doute s'y décompofent, s'y putréfient, & donnent naiiiance enfin 3 l'air mentionné. Conjcftu- §. 32. La quantité de fragmens de diverfes (a) Les analyfes faites par les meilleurs Chy- miftes , ont prouvé comme on fait que de 100 li- vres de bois de chêne on ne peut retirer que ioo grains de fer. du Jorat 6? de fes environs &c. 1 27 grandeurs & les troncs d'arbres entiers de ce m fur l'o. bois noir martial qui fe trouvent dans les fa- ri§ine des blés des bords & du fonds de ce Lac, peuvent ÎJS & peut-être lervir à rendre raifon de la quantité des bois de bois foifile également martial, & de foffi,es p* femblables troncs d'arbres renfermés entre j££ les couches de grès les plus dures de ce Pays , qui originairement n'étoit fans doute auffi que du fable, feét 2. §§. 27. & 29. Il eft vrai que ces derniers font en même tems alumineux & vitrioliques & à l'état de char- bon minéral ou de houilles Ugneufes , ou même pyriteux ; mais n'a-t-il pas pu arriver que des bois charriés anciennement comme aujour- d'hui par les eaux , au lieu de fe trouver en- veloppés au milieu des couches de dépôts formés par celles-ci de matières iîmpîement ferrugineufes paflant à l'état de fer aéré par la décompofition, fe fuffent trouvées au con- traire dans ces mêmes couches, environnés de matières pyriteufes ou de mélanges ferru- gineux & fulphureux , auquel cas on conçoit que la nature comme l'art, §. 21. de cette feclion aura pu produire des houilles ligneu- fes, qui félon les circonftances de leur forma- tion auront pu être plus ou moins imprégnées de vitriol & d'alun ? n'a-t-il pas pu arriver enfin , que ces mêmes bois entourés des mêmes matières avant de pafler au dernier degré de laminéralifation, euifent déjàantécédemment été altérés au point que leur principe martial fe trouvât fort développé ou au point de for- mer des bois noirs entièrement femblables à 128 Hifîoire Naturelle nos bois aquatiques, auquel cas on conçoit encore que les {'ubftances ambiantes mention- nées ayant pu fe décompofer parfaitement, l'acide qui fe trouvoit dans ces compofés ou ces mélanges pyriteux ayant pu être enlevés & diilous par l'eau, & le fourïre chalfé en- tièrement de ceux-ci & dégagé par l'erfervef. cence & la chaleur produits par leur décom- position , aura pu enfuite fe porter fur le bois noir , s'unir de nouveau au fer de celui-ci , & régénérer ainfi de la pyrite , qui aura pu conferver le tilîu ligneux qui lui aura fervi en quelque forte de moule? — Non-feulement il nous paroit que les chofes ont pu fe paffer ainfi dans le fein des anciennes eaux de la Suiife , mais qui nous dit qu'elles ne s'y paf. fent point encore ainfi de nos jours, & que fi nous n'y voyons que des bois noirs , ce n'effc que parce que ceux-ci feuls peuvent fe former pour ainfi dire prefqu'à leurs furfaces où les fubftances pyriteufes ne pourroient fubfifter ni fe former même, fins être détruites très- promptement &a meiure'ï' qui nous dit en- fin, que Ci nous pouvions pénétrer dans les profondeurs des dépôts (ous-Iacuftres , nous n'y retrouvions nos mêmes houilles ligneu- fes, & ces mêmes bois pyriteux, que nous ne r-,:n„„„ fauricns rencontrer à leur fur face < Lailloux t i i 1 r i i roulés re- §• 3 j- Les bords du Lac de jNeutchâtel & marqua- fur-tout fa rive orientale font extrêmement trouvent * intéreflànts pour l'amateur de Lythoiogie , par aux envi- la grande beauté & l'abondance des cailloux deNdVaC rou^s qu'011 y trouve, dont les plus remar- chatel. " quables du Jurât & de fes environs &c. 1 29 quables font : de belles ferpentines (a), des roches compofées de ferpentines avec des glan- des blanches irrégulières ferpentimts faxofus (b) , des roches de fchorl Bufaltes folidus , de très-belles ophites (c) , des Porphyres à fonds de jafpe gris parfemé de parallélipipèdes de (a) Toutes les Serpentines de ce pays du moins celles que nous avons vu ou que nous poffedons (& nous en avons vu beaucoup & en poffedons plufieurs), font d'un verd obicur mais d'une teinte qui ne tire nullement au noir; elles ont la même dureté que les Serpentines de Saxe & ne différent point du Serpcnrinus viriJis granularis Wall. Sp. 187. Lit. a. elles fe laifTent toutes entamer non feulement à la lime mais même au couteau ; elles agiffent toutes plus ou moins fortement fur le bar- reau aimanté ; nous n'avons pu cependant diftin- guer nulle particule de mine de fer dans aucune d'elles. (6) Nous ignorons de quelle nature font ces glandes n'ayant pu foumettre cette Serpentine à des expériences. (c) Nous ne reftreignons point ici la dénomi- nation d'Ophytes comme Wallc'rius aux roches compofées de roche de Schorl & de Feldfpath , mais nous entendrons par là toute roche compofée à mafle filiceufe ou argilleufe, folide , renfermant de gros criftaux réguliers de feldfpath, qui par là fe rapproche de l'ophyte des anciens ; dans ce fens , nous ne connoiffons point ici d'Ophytes à bafe de roche de fchorl , mais celles que nous avons ra- maffées préfentent un fonds d'une belle Serpentine verte, avec de gros parallélipipèdes de feldfpath, ou un pétrofilex avec de femblables criftaux de feldfpath. Tome IL I 13 o Hiftoire Naturelle feldfpath opaque blanc (a), des matrices de Grenats, de iuperbes blocs de Jade prefque pur (b). Dans les parties du Canton de Fri- bourg voifines de ce Lac , dans l'intérieur du Pays au bord de la Glane , nous avons trouvé une marie roulée de Quartz laiteux pur du poids d'environ une quarantaine de livres , qui fenible avoir été arrachée de quelque Montagne quartzeufe ; & dans une gorge en- tre le Mont de la Tour de la Molière & haut Mont aux environs d'Eftavayer , nous avons ramafîes une pierre noire , fufceptible d'un beau poli, remplie intérieurement de petites écailles de Schorl & de grains vitreux jaunes, qui eft inconteftablement un bafalte volcani- que ou une lave bafaltique, Faitjas de Saint- Ion à . Minéralogie des Volcans , Chap X.p.34.. ce dont nous nous fommes allures en la com- parant avec des produits volcaniques du même genre que nous polïudons; d'où vient cette lave dans cette Vallée , où l'on n'a pu décou- vrir aucune trace de Volcans éteints non plus que dans tout le refte de la Suifle ? Vient- elle du même endroit que la lave découverte aux environs de Genève aux bords de l'Arve ( a ) Ces porphyres reflemblent beaucoup à une Lave du Vicentin , & ils fe recouvrent à leurs furfaces comme celle-ci d'une écorce brune. (£) La plupart des Jades que nous avons vu dans ce pays , font mélangés de pierre verte aflez tendie, qui paroît tenir de la nature de laStéatite, & d'une Sféatfte très-tendre ou Talc blanchâtre, & quelquefois de pyrite brune. du Jorat & defes environs &c. 1 3 1 par M. Tollod , Voy. dans les Alpes, T. I. Table des mat, p. xxvj ï mais quel eft cet endroit '( Ce que nous pouvons affurer avec certitude & que nous avons obfervé avec fur- prife, c'eft que cette lave de M. Tollod, reilemble parfaitement à la pierre meulière de Nieder- menich non loin des bords du Rhin , mieux connue fous le nom de pierre d'Andernach, comme on peut s'en convaincre dans notre cabinet où l'on verra la pierre Volcanique de Genève à côté de la lave d'Andernaclv I 2 132 Hlfioire Naturelle SECTION IV. Des terres fituéef à l'Orient & au Midi du Lac de Neufchatel. §. I. Jt eut-Être eût-il été convenable de ranger fous une feule & même fedion, tout ce que nous avons dit du Lac de Neuf- chatel confidéré féparément, & ce que nous avons à dire des Terres qui forment en par- tie fes rives , ou fe trouvent fituées dans fes environs ; mais l'étendue que nous avons été obligé de donner aux détails relatifs à ce feul Lac étant déjà très-confidérable , nous avons cru devoir renvoyer tous ceux qui concernent les terres en queftion à une autre feclion. Deux na. §. 2. Le Pays qui forme les rives orientales îîlchers6 du Lac de Neufchatel & le Pays adjacent, bien dif- quoique compofé de dépôts fablonneux & tinftes Je pierre du genre du grès comme le Jorat pavL" & toutes les litières ou chaînes de hauteurs qui conftituent cette Vallée , préfente néan- moins deux natures de rochers affez diftin&es Mollafle & qui nefe mêlent jnmais. En général les par- commune des bailes de ces lifières entre Chevrou , Ef- parties tavayer , Yvonens,&c. & les bords du Lac, baffes. font compofés du même grès plus ou moins argilleux ou marneux & martial, ou de la même mollafle que tout le Jorat, fe i renferme pnetes -. mais encore par la variété & labon- ia pierre dance des corps étrangers & pétrifiés qu'elle du Jorat & de fes environs &c. 14? renferme, qui cependant ne fe rencontrent meulière pas par-tout avec la même profufion. On y du Jurât, trouve entr'autres beaucoup de reftes de co- quilles ou des coquilles entières pétrifiées & converties en fpath calcaire blanc, folide, & plus rarement fïmplement foifiles & con- fervant encore des reftes de têt 5 celles que nous y avons vu , font pour la plupart des Tellinites & des Mufculites , & ces dernières plus petites que les Moules de Mer , ont tant de reifemblance avec la Moule Lacuftre com- mune de ce Lac , qu'il femble qu'il faille la regarder en effet comme la pétrification de celle- ci. Nous y avons vu aulfi une feule fois des Cochlites remplis intérieurement de criftalli- fations fpathiques , le buccin à bouche étroite & cannelé ou à ftries Taillantes de la Médï- terrannée , repréfenté Table XLIX. fig. H. de tlnd. Conchyl. de Gualtiéri , Murex Erinaceas , Lin. Syji. Nat. èdit. If.T. I.p.l 2 1 6. a", jib.i & le petit ftbot auilî de la Méditerranée, repréfenté Table LXL fig. N. de Gualtiéri, Trochus Striants Linnœi^Syjt. Nat. T. L p. 12$ o. n. 5" 97. §. 12. Outre les dépouilles d'animaux teC- tacés dont nous venons de parler, la même pierre renferme encore différentes efpèces de dents & d'os d'animaux marins ou terreftres; parmi les premières , on trouve allez fréquem- ment les efpèces de folfiles connus des Natu- ralinbs fous le nom générique & impropre de Gloiîopètres , & que l'on fait aujourd'hui être des dents depoiflbns de Mer , attribuées toutes gratuitement au Charcariasj nous n'en con- 144 Hiftoire Naturelle noiflbns que deux variétés : la plus commune eft le Gloiïbpètre allongé, quelquefois un peu recourbé vers la pointe , ou même en forme d'S, connue du peuple fous le nom de bec d'oifeau , OrnithoglqJJes Au&or. ( Voyez Scilla , de Corporib. Marin. Tab. XI IL fig. 2. & Tab. VIL & Bourguet, Traité des Pétrifi- cat. PL LVI. fg. ?8)".), qui paroit avoir ap- partenu au périt Chien de Mer habitant éga- lement dans l'Océan & dans la Méditerrannée , auquel M. Broitjjonnet a donné fpécialement le nom de Rouifette. - — La féconde variété beaucoup plus rare, eft le Gloflbpètre trian- gulaire, accompagné de deux petits denti- cules à la bafe ou au-deffous des racines & qui paroit avoir appartenu au Chien de Mer habitant la Mer du Sud, que M. Brouffonnet a défigné fous le nom d'ifabelle. Voyez le Mémoire de cet auteur fur les différentes ef- pèces de Chiens de Mer , Journ. de Phyf. Tom* XXVI. Janvier 1785". §. 15. Les foiîiles les plus curieux que ren- ferme cette pierre du Mont de la Tour de la Molière & des lifières dépendantes, dont on ne rencontre le plus fouvent que des frag- mens & que nous avons fait repréfenter fig. 1. 2. 7,. & 4. font ou des corps prefque plats, ornés de filions profonds, parallèles, obli- ques 5 remplis de la fubftance de la pierre même qui leur fert de matrice, & d'un long fillon lattéral, dans lequel on apperçoit des veftiges de petites cavités ou petits trous fer- vant fans doute à Finfertion de quelque nerf, ou des corps de forme de quarrés longs , ou de du Jorat & defes environs &c. 1 4f de parallélipipèdes à quatre faces, terminés quelquefois aux extrémités de leur longueur par deux plans rhomboïdaux formant par leur rencontre un angle (aillant , dont trois des faees font tranfverfalement creufées de -filions profonds, parallèles, tandis que la quatrième elt unie; on y obferve aufïi un fiJlon lon- gitudinal avec des vertiges de trous ronds. Ces corps , qui par leur (tructure reifemblent beaucoup aux dents de certains poilïbns de Mer tels que quelques raies, avec lefquelles ils ont néanmoins autîi des diffemblances eC- fentiel'es , (emblent n'être en erïet que des pétrifications de dents de quelque poifîbn inconnu, qui fans doute s'engrainoient par leurs côtés & au moyen des filions tranfver- làux dont nous avons parlé ci-deiïlis les unes dans les autres & dans la mâchoire , dans des efpèces d'alvéoles faites fans doute auffi en forme de filions, dont les vides recevoient les parties faillantes des dents ; celles-ci ont beaucoup de rapports avec celles dont on voit les figures dans le Traité des Pétrifient. PL ^9. défignée par uneHrs dans les Mèm. dePAcad. Roy. des Se. de Paris, an. 1721. Pi. 4 .fig. 7. 8.9. 10. 11.; dans POry&ograph. de Bruxelles , PI. 1. fig. T. Z. & pourroient bien avoir ap- partenu à un animal d'une efpèce analogue à celle de ce poiiTon des Indes dont on con- ferve les mâchoires dans la Salle des Sque- lettes du Jardin du Roi à Paris , & dont M. de JuJJku a donné des figures. Voyez les Mé- moires cités de l'Académie, PI. 17. §. 14. Outre les os décrits fous les para- Tome IL K 146 Hlftoire Naturelle graphes précédents, on en trouve un grand nombre d'autres trop peu complets pour pou- voir leur aligner leur véritable place & pou- voir prononcer avec quelque certitude fur l'animal auquel ils ont appartenu. Nous en avons fait repréfenter qui étoient les mieux caradérifés: — Voy. Fig. V. VI. & VIL qui repréfentent des os qui par leur forme ont du rapport avec les omoplattes ou le fternum de quelques poiifons , ils font un peu con- vexes d'un coté & concaves de l'autre -, peut- être aulïi font-cc les os du crâne de quelques poiifons , & quelques filions latéraux irrégu- liers & profonds fig. 6. tenoient-ils lieu des apophyfes des futures des os de la tète des animaux terreftres. — Fig. 7. repréfente un fragment de vertèbre, qui ne diffère de celles reprélèntées par Scilla de Corporib. Marin. Lapidefcent. Tab. XVIIL que parce qu'elle eft plus petite. — Fig. 8. repréfente une portion d'un os arqué, qui femble être un fragment de cote; fon coté intérieur eft arrondi tan- dis que fon coté extérieur bombé fe termine en arrête aiguë. — Fig. 9. repréfente une portion d'os de Quadrupède i il paroit que c'eft une tête de phémur douée de fes deux condyles a. & b. & de fa cavité glénoïde c. avec une portion d. du corps de l'os. — Fig. 10. repréfente un os tronqué d'un côté, du refte aifez bien confervé & allez entier , & qui pourroit bien être un fragment de rotule. — La Fig. 11. repréfente un fragment d'os mince comme ceux des oifeaux, & paroit avoir appartenu en erfet à quelque efpèce du du Jorat ç=? défis environs &c. 1 47 genre des Gallinacés ; nous l'avons comparé avec des tibias de poulets , & l'avons trouvé de même groffeur. — Outre les foffiles & Jeux de les pétrifications que nous venons de décrire, la Nature nous avons trouvé la dernière fois que nous dei1s re- fumes aux carrières de la Molière des acci- marqua- dents linguliers , tels que celui que nous fai- bneJ ll,m ions repreienter jigure 12. & ou Ion vojt tïère à mé- une portion du grès de cette carrière a. ren- ditatioa. fermant un noyau calcaire b. qui paroit avoir été arrondi comme une géode , dont la fubf- tance blanchâtre eif dure comme le marbre & parfaitement femblable à celle de la maife intérieure du jura, & qui renferme eile- mèn.e des noyaux arrondis, allongés ou ir- réguliers , ou en ferme de gouttes, de la groifeur d'une pulpe de noifette ; c. qui offrent à l'extérieur une mince croûte fpathique, en- veloppant une pierre- lablonneufe dure , de la même nature que le grès de la Molière qui fert de matrice au noyau calcaire, Se lorfque ces corps manquent, on trouve leurs empreintes , qui femfclent prouver que la pierre -calcaire étoit molle quand elle a enveloppé ces petites géodes partie fpathiques partie fa- blonneufes , d'où l'on feroit tenté de conclurre : que la fubf lance du grès qui forme cette partie fablonneufe, préexiftoit avant la pierre ca'caire qui l'a enveloppée ; fi d'un autre côté en voyant cette dernière enveloppée à fon tour par le grès avec lequel elle n'a contra&é aucune union , de manière que quand des morceaux du noyau qu'il forme viennent à fe détacher ou y voit également leur em- K 2, 148 Hiftoire Naturelle preinte, on n'étoit également obligé d'en conclure fa préexiilence fur le grès. Comment fe fait-il donc ici que le corps contenant eft aufîi contenu, & vice verfa , & peut-on rai- fonnablement pour expliquer cette fingula- rité , fuppofer que la pierre calcaire plus dure que le grès qui lui fert de matrice, ait été ramolli dans le fein même de celle-ci, au point d'avoir moins de confiftance & d'être plus molle qu'elle fans avoir éprouvé d'al- tération fenfible dans fa fubftance («). (a) Ce n'eft point ici le lieu de nous livrer à la difcuflîon des queftions que préfente ce fingu- lier phénomène; mais nous ne pouvons du moins nous empêcher de remarquer , que nous ne con- cevons qu'une manière plaufible de rendre raifon de ce phénomène, en admettant que les élémens calcaires répandus dans le grès , ont pu fe rappro- cher , fe réunir , & former dans le fein même de celui-ci des corps femblables par leur forme aux cailloux roulés & arrondis par les eaux , & par leur nature à la même fubftance pierreufe qui forme des rochers & des montagnes entières dans le Jura ; & de cette remarque naît naturellement une con- féquence importante: c'eft que fi de la. réunion des parties calcaires, il a pu fe former dans le fein même du grès, des pierres femblables à celles qui conftituent les plus hautes montagnes calcaires , il femble naturel de croire que les élémens fili- ceux & autres tels que le mica & l'argille martiale, qui par leur réunion & leurs combinaifons compo- fent les pierres filiceufes fimples & les roches com- pofées, & fe rencontrent également dans le grès, ont pu former comme les premiers des pierres iem- blables à des cailloux roulés , & de la même na- ture que les roches qui conftituent les montagnes du Jorat £5? de fes environs &c. 1 49 §. 15*. Tous les divers corps étrangers dont Diverfité nous venons de parler , fe trouvent épars de nature r r> or - 1 ' o r j remarqua- contuiement, & louvent mêles & confondus f,ie (je ces les uns avec les autres dans la pierre où on divers les trouve ; & cependant il eft digne d'atten- ^srp^ ^' tion qu'ils diffèrent tous prefqu'aufîi effen- trifiés. tiellement les uns des autres par la nature de la matière ou de la diifolution pierreufe qui les a pénétrée , que par leur orgauifation & le rang que la nature a aliignée à chacun d'eux dans le règne animal. Nous avons vu que la plupart des reftes de coquilles & d'animaux teftacés ont été convertis en fpath calcaire , fouvent criftallifé irrégulièrement à leur fur- face ; tous les Gloifopètres ne paroiffent avoir éprouvé nulle altération dans leur fubftance primitive, & font par conféquent étrangers dans le fens le plus ftricte à la matrice pier- reufe qui les renferme , tandis que tous les os ou parties offeufes d'animaux dont nous avons parlé , paroiffent conitamment avoir été pénétrés d'une diffolution filiceufe mar- tiale & bitumineufe, comme le démontrent les plus élevées comme les plus anciennes du glo- be & d'origine bien plus moderne que celle de ces dernières ; de forte que fouvent les cailloux que renfermenc les grès , devroient être confidérés plu- tôt comme des efpèces de criftallifations man- quées ou imparfaites , ou des coagulations produi- tes dans un fluide hétérogène, épais & boueux, que comme des fragmens détachés des rochers des Alpes auxquels on les attribue , & dont le tranf- port aux lieux où on les trouve feroit prefqu'inex- plicable. Ifo Hifioire Naturelle leurs propriétés & l'expérience. Toutes ces Oltéolithes font bru nés, dures comme lefilex, &lorfqu'elles font douées intérieurement d'une partie ipongieufe, les pores de celle-ci font encore remplis d'ochre de fer ; calcinés au rouge dans un creuiet, les lames qui forment leur partie folide brune , fe féparent & de- viennent fragiles & noires , traverfées de veines rouges , & parfemées qà & là de parties chatoyantes bleues de couleur d'or, ou bron- zées comme l'armature de certaines coquilles foiîiles ou les efflorefeences de certaines py- rites ; leur tiffu fpongieux devient d'un rouge de cholcotar, & dans cet état elles agiifent fenfiblement fur le barreau aimanté , cSc fi on les pulvérife même groiïîèrement, une bonne partie de cette poudre eft attirée par l'ai- mant. Eaux Tof- §. 16. D'après la defeription que nous ve- TufsVii nons ^e donner àe ^a P'erre meulière des fe forment environs du Lac de Neufchâtel, on ne fera centre la pas étonné de trouver par-tout à la furface meulière, ^es hauteurs qu'elle forme des eaux très-tof- feufes , fur-tout entre Eftavayer & Yvonens, & des dépôts de tufs d'une étendue confidé- rable & depuis deux jufqu'à y ou 6 pieds de profondeur , quelquefois tendre , blanc , comme compofé de petites maffes incohéren- tes; d'autre fois & fur-tout vers la profon- deur dur, jaunâtre, & très-propre aux ufa- ges d'architedure auxquels on l'emploie («), & renfermant fouventdes incrustations (û) Ce tuf eft jaunâtre, dur; il eft très-eftimé du Jorat & de fes environs &c. I fi très-bien prononcées de feuilles de bouleau & de noifetier qui croifTent en quantité parmi les brouifaillcs du milieu defquelles on le tire. Mais ces eaux tofeufes & les dépôts qu'elles forment , diminuent de plus en plus a mefure que l'on s'approche des parties méridionales du Lac, les côtes s'abajifent , & la pierre de celles-ci dégénère en mollaiTe pure, qui vers ]es lizières occidentales du Jorat s'appuient fur la pierre calcaire du Jura. §. 17. On reconnoît parfaitement cette fu- I.egrès & rc . , , r r 11 j 'a mollaue perpontion des couches greieuios a celles du ie \on„ des Jura en fuivant le cours de l'Orbe, comme lizières oc- on reconnoit à l'extrémité orientale du Torat ««dentales celle des mêmes couches aux couches calcaires s'appuye du Canton de Fribourg, en fuivant le cours ilirlescou- de la Broyé, fia. i. §. j6. & l'on voit en ^re^du venant de Val-Orbe , entre Ligneroles & Jura. Orbe , la pierre calcaire en bancs inclinés d'environ if degrés, s'enfoncer fous la terre & palfer fous les hauteurs grèfeufes qui rem- plirent en partie l'extrémité de la Vallée de l'Orbe près de la Ville du même nom, & que Ton verroit il fes couches n'étoient cou- pées & interrompues par la rivière, fe pro- longeant en une lizière continue & parallè- lement à la rive orientale du Lac, venir mourir & fe perdre infenfiblement dans cette plaine , où ces hauteurs font fi baffes & fes pour la conft:udtion des murs de bâtimens dans les villages , parce que vu fa porofité il prend très- bien le ciment, & eft d'un ufage plus économique que ia pierre de taille. K4 If2 Hiftoire Naturelle couches Ci peu profondes , qu'on diftingue évidemment en plusieurs endroits dans le lit de l'Orbe (& particulièrement près de la Mine de grès bitumineux dont nous avons parlé fecl 2. §. ^6. ), la pierre calcaire qui leur fert de baie ; la mollaife reparoit encore ap- puyée contre la face Sud-Oueft de lacoline calcaire de Chamblon , compofée de la pierre jaune tendre qui forme l'écorce du Jura. ( Voyages dans les Alpes , T. I. p. 282. ; & qui eft ici remplie de fragments de coquilles & de coralloïdes ; ce grès reparoit encore fur la pierre calcaire aux environs de la Sara , où la ligne de léparation entre les deux na- tures de rochers fe trouve de l'autre coté de la Venoge qui coule près de cette Ville; de- puis la Sara jufqu'à Orbe , la rive gauche tle la rivière eft prefque conftamment calcaire , & fa rive droite grèfeufe ; & vu la proximité de ces deux rives en plufieurs endroits, il n'y a aucun doute que le grès ne paife fous les marais de l'Orbe comme on l'a reconnu aux environs d'Yverdun, & n'en forme en partie le fonds, toujours en recouvrant la pierre calcaire. Gv-ps que §. 18. Cette extrémité occidentale du Jorat menfcèfi e^ remar(luable par le gyps qu'elle contient , lisières, fubftance qui dans la Suilfe en général & les Pays circonvoifins , n'habite guères qu'au fein des couches calcaires & des Montagnes de même nature (a), & dont on ne peut mal- (û) C'eft ainfi qu'on le trouve dans le Gouver- nement d'Aigle Canton de Berne, Voy. Min. dans du Jorat £5? de fes environs &?c. I f ? heureufement tirer aucun parti à caufe du peu d'épaiifeur de fes veines , qui n'eft guères que de 8 à 9 lignes; on en trouve près de Coifonex , la Sara , Morges , & même prefque par-tout entre Yverdun & Genève , où il en exifte jufques dans le fonds du Lac. Ces veines font renfermées comme près de Coifo- nex entre des couches d'une excellente marne toute marcelée qui fitfe d'elle-même à l'air & fans y avoir été entaflee , ou comme dans les côtes de Sermuz & de Grefis près d'Yver- dun , au deifus du Buron, entre des couches de l'épaiifeur d'environ un pied d'une pierre marneufe quelquefois fablonneufe, qui s'ap- puie fur un banc épais de mollalfe friable, après lequel en vient un autre femblable , con- tenant tous deux rarement des noyaux de Turbinites ; le banc marneux mitoyen dont nous venons de faire mention , eft formé d'une pierre grife ou rougeâtre, tendre, fragile, hépathique & bitumineufe comme la pierre des environs de Goumoens, fect. t. §§.40. & 41. & des mines de houilles du Jorat, fe&. 2. poreufe, & toute 'criblée de. caverno- fités irrégulières & de différentes grandeurs , vuides , ou remplies d'une marne rouge ou bleuâtre. §. 19. Quant au Gyps qu'on trouve dans le Gouvernement d'aigle & une partie du V "allais , p. il. dans le bas Valiais/7. 73. de l'ouvrage cité; dans le Canton de Fribourg près de Gruyères ; dans le Faucigni près de Chamouni ; en Savoye près d'Aiguebelle ; en Maurienne, <&c. If 4 Hijîoire Naturelle cette partie du Jorat, c'eft le Gy ps ftrié, Gypfum ftriutum Wall. Syfi. Min. i. p. 167. fpec. 72 . très-beau, demi tranfparent , ou même tranfparent; fes fibres fort ferrées, font verticales ou horifontales , ou ver- ticales & horifontales dans le même échan- tillon, ou d'abord horifontales & devenant Son ori- peu à peu verticales en fe recourbant & s'in- siue- clinant fur elles-mêmes. Ces veines de Gyps, femblent. devoir leur origine à des infiltrations d'une diffolution de chaux par l'acide vitrio- lique entre des fentes minces , mais d'une éten- due confidérable , & à une criftallifation fub- féquente de celle-ci , plutôt qu'aux mêmes dé- pôts fucceflifs des eaux qui ont formées les cou- ches qui les renferment & les accompagnent. Pierre §. ^o. La pierre hépatique & bitumineufe h^T^u tencu*e' accompagnant le Gyps dont nous ve- & ces effets nons de parler plus haut, fe prolonge le long fur les de l'Orbe; on la retrouve à l'endroit nommé eai** Entre-Roches près de la Sara , & elle s'enfonce &pa(fe fous les marais où elle communique fans doute aux eaux qui la traverfent & cou- lent enfuite dans cette Vallée , des propriétés qui les conftituent plus ou moins eaux miné- rales , plus ou moins gazeufes hépatiques «fe favonneufes ; & en effet une perfonne digne de toute confiance , nous a afluré qu'il fufïi- foit d'ouvrir un puits peu profond dans cer- taines terres fortes des environs d'Yverdun , pour trouver des eaux fentant les œufs cou- vés ; les eaux des bains aux environs de la même ville bien connues dans le pays , font encore de la même nature ; nous allons faire du Jorat& de Ces environs &c. Iff connoître ces dernières plus particulièrement, & indiquer une manière facile de les imiter, qui fervira en même tems de confirmation à ce que nous venons d'avancer fur le genre de leur minéralifation ( 1 $ 5 poids de 16 onces ou 24 lots de Laufanne), n'a pas fourni le plus petit atome de foufre à M. Struve , & il n'a obtenu que les prin- cipes fixes falins & terreux ci-dellus, dans les proportions fuivantes : D'Alkali fixe minéral. . 29 \ grains. De Sel commun. . . 80 De Sélénite 3$ £ De Terre calcaire. . . 9f f §. 22. Les réactifs ne donnent non plus aucun indice d'un véritable foye de foufre contenu dans ces eaux, mais y dénotent bien plutôt la préfence d'un gaz-hépatique; les acides n'y forment aucun précipité 3 — la diifolution de mercure ( faite fans doute à chaud ) eft précipitée en blanc. — Quant à l'action de la diifolution de mercure dans l'expérience rapportée fous le paragraphe pré- cédent, elle nous paroit fondée fur la même loi que celle de l'acide nitreux concentrée fur le gaz hépatique, puifque cet acide eft toujours concentré dans les diiTolutions mé- talliques , & que toutes les fois qu'il eft dans cet état , il attire puiifamment le phlogifti- que même dans l'eau , & dégage le foufre" de fes liens dans celles qui font gazeufes- hépatiques comme l'a reconnu le premier l'illuftre Chymifte Suédois que nous avons cité ; il avoit auffi déjà fait la même obfer- If 8 Hifioire Naturelle vation pour la difïblution d'argent, car il S*- dit expreffément : Que la dijjblution nitreufe d'argent produit dans les eaux gazeufes hépa- tiques un précipité qui brunit tiès-promptement , qu'il par oit que l'acide & la bafe métallique fe chargent conjointement de phlogijlique & qu'il ejl certain que le foufre s'unit aujji à l'argent , &c. Opufc. Phyf. & Chym.de Berg- mann. TraduB. de M. de Morveau. Tom. I. p. 2}6. Procédé §. 23. i°. Ayant fait bouillir fur notre FmTter & P*erre nianieufe hépatique des environs d'Y- tonféqiien- verdun, §. iS. pulvérifée, de l'eau diftillée ces qui en ou même de Peau commune bien pure, au découlent, ^QUt ^ qUe]qUes jnftants d'ébullition il s'en exhitloit déjà une foible odeur d'œufs gâtés ou de gaz hépatique, qui au bout de deux ou trois heures d'ébullition étoit très-mar- quée. — 2°. Cette odeur étoit fugace comme celle du gaz nommé; — f°. l'eau qu'on avoit fait bouillir fur cette pierre avoit quelque chofè de gras & d'onctueux au toucher , & on pouvoit la faire moutfer comme une di£ folution de làvon ou mieux encore comme une diffolution de terre à foulons ; ainfi les eaux minérales des bains aux environs d'Y- Verdun, qui ne contiennent point comme nous croyons l'avoir prouvé de véritable foye de foufre , femblent devoir à la pierre dont nous parlons non-leulement le principe aéri- forme qui les conftituent eaux gazeufes hé- patiques, mais encore les particules graffes & on&ueufes dont elles font chargées, & qui du Jorat & defes environs &c. I Ç9 les condiment eaux favonneufes (a). — Mais il eft tems de nous éloigner ( quoiqu'à re- gret ) des bords charmants du Lac de Neuf- chatel , pour nous approcher des rives non moins riantes des Lacs de Morat & de Bienne. (a) Nous ne prétendons point dire par là que les eaux des environs d'Yverdun ne puiflent devoir aufli quelquefois leur principe favonneux à la terre à foulons que l'on y rencontre, & dont on a exploité une veine aflez riche fur le chemin d'Y- verdun à Moudon. Comme les fouilles faites pour fon extraction font comblées aujourd'hui, ce n'eft pas par nous même mais par le rapport du maître fouleur d'Yverdun, que nous favons qu'elle forme en terre des veines de l'épai fleur d'un à deux pieds; 2°. Qu'on la trouve à environ douze pieds de profondeur ; & 3°' Qu'elle eft recouverte de couches marneufes fragiles, colorées, grifes , verdàtres , jaunâtres , & de marne gratte Se favoa» neufe rouge. l6o Hifioire Naturelle SECTION V. Hijioire Naturelle des Lacs de Morat & ds Biemie & pays Circonvoifins. Le Lie de §. i. _L e Lac de Morat eft fitué paral- Morat & Jèlement à celui de Neufchatel, dans le fonds les dimen- ,, '1111/ • 1 fions. d une agréable vallée, encense en partie de hauteurs compofées de grès ; fa rive orien- tale eft formée par les chaînes grèfeufes des Bailliages de Morat & d'Avanches, & fa rive occidenta'e par celles qui forment le petit pays élevé connu fous le nom de Pays de Vuilli qui le fépare du Lac de Neufchatel , & enfin fes rives feptentrionales & méridio- nales font terminées par des marais. §. 2. Ce Lac a environ deux lieues de lon- gueur fur une lieue déplus grande largeur, qui fe trouve entre Motiers & Morat ; fa hau- teur au-delfus de la Méditerranée a été dé- terminée par M. de Luc de 217 toifes , & de 29 au-defius du Lac de Genève. Recherches Jur les-Var. de PAtmofph. T. IL p. 224 & 2f. Or comme il eft connu que le Lac de Neuf- chatel n'eft élevé au-deifus de ce dernier que de 26 toifes & demie , fect. 9. §. 3. il s'enfuit que le niveau du Lac de Morat eft élevé de deux toifes & demie au-deifus de celui du Lac de Neufchatel. Généralement parlant, le fonds comme les bords de ce Lac font com- pofés du Jorat & de fes environs &c. 1 6 1 pofés de mollafTe ou de grès & recouverts de fable & de gravier. Ses profondeurs font variables ; il y en a cependant deux plus con- fîdérables que les autres, toutes deux d'en- viron une ibixancaine de toifes (a) ; l'une fe trouve entre Guévau & Motiers non loin, d'un banc de fable dont nous parlerons bien- tôt, & l'autre, pas tout à fait au milieu du Lac entre^ Motiers & Morat 5 il y a enfui te dans plufieurs endroits des profondeurs de 40, de }0 & de 20 toifes, & même moins. §. j. Au-deiius des profondeurs & des en- phénomè. foncemeuts du lit du Lac dont nous venons ne qu'il de parler , l'eau communément d'un bleu Préfente- très-foncé, préfente de loin comme des raies ou de grandes pJaces en forme de taches ir- régulières, plus obfcures que le refte de fa fur face ; nous avons fort bien obfervé celle qui fè voit au-deifus de la profondeur entre Guévau & Motiers §. précédent du haut du crèt qui s'élève fur ce dernier endroit, & les Bateliers affurent que ces raies & ces places obfcures ne font jamais plus apparentes que lorfqu'il doit y avoir un changement de tems, & fur-tout aux approches de l'orage. Il fem- ble d'après les faits que l'on vient d'énoncer, que ce phénomène qui fert ici de pronoftic pour les variations de Fatmofphère , n'eft pas difficile à concevoir ni à expliquer, & (a") Les auteurs du Diiîionnaire Géographique , Hijiorique £? Politique , ne donnent à ce Lac que 2$ brafles de profondeur. Tome H% L 1 6% Hiftoire Naturelle qu'il en faut chercher les caufes dans les profondeurs mêmes du Lac, dont la colonne d'eau plus confidérable & plus mafîîve en ces endroits qu'ailleurs, ne pouvant être fa- cilement remuée par les vents, refte conk tamment fenfible par l'immobilité des eaux de ces profondeurs , & fur-tout aux appro- ches des orages prefque toujours précédés & annoncés par une légère agitation de l'air qui foulé ve & ride bientôt leur furface. Ce même phénomène ne s'obferve pas feulement dans le Lac de Morat, mais aufli fur ceux de 'Neufchatel & de Genève , & fans doute on ' le retrouvera fur tous les grands Lacs & toutes les maffes d'eaux d'étendue & de profondeurs confidérables, & même dans la Mer. Sa naviga- §. 4. On remarque en général que la na- tion, vigation fur les petits Lacs eft plus périlleufe que fur des Lacs d'une étendue confidérable, parce que les eaux communément moins pro- fondes, font foulevées avec plus de violence & forment des vagues plus courtes & plus multipliées , qui viennent fans celfe fe brifer & fe réfléchir en quelque forte les unes fur les autres ; auffi celle du Lac de Morat n'eft- elle pas fans danger dans les faifons ora- geules ; par la même raifon aufli ( fa petitelfe) , il eft fujet à fe geler en hiver & dans les hivers rudes prefqu'en entier, au point que l'on a vu des chars le traverfer d'un bout à l'autre ; l'épaifleur ordinaire de la glace, n'eft guères de plus de 6 à 8 pouces. Atterrifle- §. 5-. Le Lac de Morat eft formé à fon extrê- Eroycfde mité Sud-Oueft par l'expanfion de la Broyé, du Jorat& de f es environs &c. 16$ qui de concert avec la Glane ( de manière que le Lac paroît avoir été plus reculé vers ion extrémité orientale qu'il ne l'eit aujour- d'hui , & que la Schufs avoit fon embouchure Tome IL M 178 Hifloire Naturelle fituée anfîi plus loin. Ces marais du coté de Nidau font (î bas & encore ii imprégnés d'eau , qu'on aiTur.e que cette petite Ville eft toute bâtie fur pilotis (a). fionTac- $• 2lm Aujourd'hui, le Lac de Bienne qui tuelles du a fa direction environ de l'Occident à l'O* Lac de rient, a environ trois lieues & demie de lon- La^Tielle glieur félon le dire des gens du Pays, une &laSchufs lieue de plus grande largeur entre GlereiTe tendent .a la & Locra (b) , & 70 toifes de plus grande pro- fondeur entre Douane & Gerohngue , ou même félon quelques-uns 80 toifes près de GlereiTe, vis-à-vis de la roche au milieu du Lac. La Schufs dont nous avons déjà touché un mot, qui vient du Val- Saint -Imier & embellit finguliérement la petite Ville de Bienne en la traverfant , forme encore à fou extrémité orientale de grands dépôts de fa- ble; outre cela il y a dans le fond du Lac plufieurs autres bancs pareils qui paroiifenc comme jetés çà & là irrégulièrement & va- rient en étendue, & que les Bateliers du Pays appellent non fans fondement des (a) Ces pilotis doivent être enfoncés en terre jufqu'à la profondeur d'environ douze pieds. ( /; ) Selon les auteurs du DiÛ. Gcograph. Hijl. fcf Polit, de la SuiJJe, le Lac de Bienne a trois lieues de longueur & une petite lieue de plus grande largeur (*). (*) Nous croyons devoir remarquer qu'en citant le Dittionnaire de la Suivie ' nous entendons parler de l'an- cienne édition de ce Dictionnaire j la dernière plus com« plette publiée dernièrement à Genève n'ayant paru qu'af- îez longtemps aprè* çuje mon ouvrage a été compofé. du Jorat & defes environs £?c. 179 Montagnes , aflurant que plufîeurs de ces Montagnes font auflî hautes que celles qui s'élèvent fur la furface de l'eau Ainfi la Tielle & la Schufs, tendent à combler le Lac de Bicnne à fes extrémités & dan? ù largeur, de la même manière que la Tielle & l'Orbe, la Broyé & la Glane, tendent à combler, comme nous l'avons démontré, les Lacs de Neufchatel & de Morat; obfervation d'autant plus importante , que les conféquences qui en découlent naturellement font comme nous ne tarderons pas à le {'aire voir , entièrement différentes de celles qu'on a voit tiré précé- demment d'obfervations incomplètes. §. 22. Un fait bien digne d'actenrion qu'of- Courants fre ce Lac prefqu'en toute faifon & en tout remarqua- tems, mais fur-tout lorfqu'ïl doit y avoir ceeLac!nS quelque changement de tems, ce font deux efpèces de courants qui fe font fentir d'une manière aifez marquée à fa furface , quelque- fois prefque fur toute fa longueur , d'autre fois feulement dans le milieu de celui-ci & toujours dans fa partie feptentrionale , vis- à-vis & fouvent près de la face de rifle de Saint-Pierre qui regarde le Jura; & on ob- ferve que ces deux courants font conftam- ment oppofés l'un à l'autre, de manière que quand l'un remonte l'autre defcend < que quand le premier vient à defcendre le der- nier remonte à fon tour -, que quand l'un fe dirige de l'Orient à l'Occident, l'autre au contraire fe dirige de l'Occident à l'Orient, & vice verfa, & que vers leurs extrémités ou l'endroit qù ils femblent fe rencontrer > •M 2 Igo Hîftôirè Naturelle ils produiTent à la furface de l'eau quelque choie de femblable à un tournant; & ce que ces courants ont encore de particulier , c'eft qu'il y a des moments & des journées en- tières où l'on n'en voit nulle trace. — Il feroit aflez difficile de rendre rai Ton de ce lîngulier phénomène d'une manière fatisfai- fante ; peut-être cependant parviendroit-on à en connoître lescaufes, en obfervant les cir- conftances qui l'accompagnent 3 peut-être pour- roit-on foupçonner avec quelqu'apparence de fondement que comme le flux & lesfeiches, ce phénomène eft lié avec ceux de l'éleclri- cité de l'atmofphère. Phenomè- §. 2j. Le Lac de Bienne offre encore un ne de la autre phénomène non moins remarquable, prétendue ' , r , x, , f.oraiion 9ue nous avons oblerve nous-meme dans le • "ans le Lac droit, le trouve lituee la jolie liie de Saint- tie Bienne. Pierre, Ci intéreflarite pour le Philofophe fen- fible , par le fçjour & les charmantes defcrip- tions de Jean-Jacques Roujjeau. Cette petite lfle , qui n'eft proprement qu'un rocher ifolé de mollaiïè ou pierre fablonneufe tendre &? deftructible à l'air (/>) , s'élève d'environ 24 (a) Ce phénomène eft du même genre que ce- lui dont Walïêrius fait mention dans fon Hydro- logie , Ohfcrvat. I. fur les cailx des Lacs page 6 s. de la traduit. Françoifc , & qu'il attribue à des parties végétales nageant à leur furface; mais il pa- roit afTez évident par ce que nous en avons rap- porté, qu'il a bien plutôt pour caufe une efpèce de decompofition & de fermentation produite dans l'eau même. Nous regrettons beaucoup au refte, de ne nous être plus trouvé à tems pour foumettre à un examen chymique l'eau ainfi altérée , & dont l'analyfe décéleroit fans doute quelque fubftance qui auroit de grands rapports avec l'efpèce de bi- tume qui fe forme dans la mer , par la decompofi- tion des corps organifés des règnes animal &. vé- gétal qui a lieu dans fon fein même. (ô) L'eau battoît & minoit autrefois peu à peu M ; 182- Hijîoire Naturelle pieds au-deiîus de la furface de l'eau , cft de forme allongée & dirigée à-peu-près du Nord-^ord-Eft au Sud-Sud-Oueft ; elle n'a guères plus d'un quart de lieue de longueur quoiqu'on compte communément une demi- heure de marche d'une de les extrémités à l'au- tre, & une largeur un peu moindre. Son fom- met préfente un plateau arrondi , agréable- ment ombragé par un bois d'une fraîcheur délicieufe , qui offre une grande variété d'ar- bres , & dans lequel on a pratiqué de jolies allées qui conduifent à une belle & vafte ro- tonde, & où les habitans des environs vien- nent fe réjouir les Dimanches. La partie mé- ridionale de l'Ifle s'abaiffe en pente douce pref- que jufqu'au niveau du Lac, & cette partie efr. garnie de vignobles d'un grand rapport & d'un petit bout de champ & de pré ; c'eft auiîi de ce coté que fe trouve la maifon du Receveur , que l'on reconnoit par la diftribu- tion intérieure avoir été un couvent dans le tems que ce Pays étoit Catholique , & qui ne pouvoitètre placé dans une fituation plus faite pour des Anachorètes; elle n'offre aujour- d'hui rien d'intéreiîànt que la chambre de Jean-Jacques j non que cette chambre foit le pied de l'Ifle, ce qui indubitablement eût occa- flonné avec le tems l'éboulement & l'affaiflement du rocher & auroit produit fa deftruction; mais, grâces à la précaution dont on s'effc enfin avifé en l'environnant d'un fort mur de pierre, on préfer- vera déformais cette charmante retraite de la ça- taftrpphe qui la menaçait. du Jorat & défis environs &c. ï 8 ? belle , mais parce que notre imagination atinfi que notre cœur, fe plaifent à attacher un ca- ractère [acre aux chofes qui tiennent aux ob- jets d'une vénération méritée. §. 2f. Non loin du féjour enchanté dont nous venons de parler, il y a une autre ifle plus petite, étroite ik nue a Ton fommet, en- vironnée de roieaux , connue fous le nom de la petite Isle , qui n'eft encore qu'un rocher ifolc de même nature que celui de Saint- Pierre. §. 26. En voyant ces fînguliers rochers ainfi ifolés, on ne peut fe refufer aux con- jectures que cette vue Fait naître. On ne peut penfer qu'ils aient étéainfi que plufieurs Ifles de la Méditerraunée & de la Mer du Sud , lancés par les feux fouterreins du fein des eaux, vu qu'ils ne montrent aucune trace d'une pareille origine ; la régularité de leurs couches , feulement un peu dérangées par les éboulements auxquels ils font fujets , ne per- met pas non plus de penfer qu'ils ayent été détachés du continent par quelque révolution violente ; il ne relie donc plus qu'une chofe à fuppofer, favoir; qu'ils ont été détachés du moins en partie de la terre élevée de l'ex- trémité méridionale du Lac, par le creufage lent & graduel des eaux qui les recouvraient jadis s le Cap avancé vers ce côté que forme le Mont de Julimont, & le prolongement de fes couches jufqu'à l'Ifle de Saint Pierre fous l'eau , font des préemptions en faveur de cette opinion , & peut-être auifi que dans des tems poftérieurs à cette époque , où leç M 4 IS4 Hlfioire Naturelle eaux moins reflerrées étoient aufîi moins pro- fondes , ces ifles avec le prolongement du Mont de julimont, formoient une efpèce de digue naturelle ou un grand promontoire, qui divifoit le Lac en deux baflins entiers, ou en deux demi balîîns. Des vents §. 27. Les vents s'engorgent avec violence rçui régnent ^ans cettc petjte vallée ; ceux que l'on y éprouve fians la val- , . r , ' r. ^ 1 ■ j xt J JéedeBieiule plus communément, lont celui du JNorcl ¥??- connu ious le nom de Joran (a) qui dans la vallée du Lac de Neufchatel & celle du Lac de Genève défigne le vent d'Occident , qui le plus fonvent annonce ici le beau tems, niais qui quelquefois foufle avec tant d'im- pétuofité que les bateaux ne peuvent réfifter à la violence ; le vent proprement dit , qui dans les deux vallées citées vient du Sud- Oueft & fe change ici en Oueft; la bize, qui ailleurs défigne un vent de Nord-Eft & qui ici fe change en vent d'Orient ; & l'oubert ou vent de midi, qui paflant en même tems fur des climats chauds & des Montagnes couvertes de glaces & de neiges , eft très - chaud en été & froid en hy ver ; dans la première faifon, il brûle & détruit à ce que l'on prétend la vigne lorfqu'il ioufie avec force , ce qui n'arrive pas bien fouvent. §. 28. Outre cela, il régne encore ici quelquefois des vents qui tiennent de ceux que nous venons de nommer, & qui prem (a) Joran comme qui diroit vent venant du Jura, nom provenant à ce qu'il paroît de Jorat , que l'on, » confond trop communément avec le Jura, du Jorat & de fes environs &c. I8f nent les noms de Joran de bize qui veut dire le Nord-Eft, joran de vent qui eft le Nord- Oueft , &c. & outre cela encore il arrive affez fréquemment , que ces mêmes vents ré- * fléchis contre les deux ifles dont nous avons parlé , donnent lieu à d'autres vents ; que p. e: le Joran ou l'Oubert, fe changent dans le voifinage de ces iflès en bize ou en vent; & la bize ou le vent , en Joran & en Oubert, il arrive enfin, que pluîieurs de ces vents venant à fe croifer , foulévent & remuent les eaux du Lac en divers fens , ce qui doit alors en rendre la navigation très-dangereufe; néanmoins les habitants de cette vallée aifu- rentque ce lac etl beaucoup moins dangereux que celui de Neufchatel , tandis que d'un autre coté les bateliers les plus habiles qui navigent fur ce dernier alfurent le contraire , & nous croyons qu'ils méritent d'autant plus de foi , que de l'aveu même de ceux de la vallée de Bienne , ils font plus entreprenants & par là même plus expérimentés , qu'en gê- né; al ils connoiffent mieux non feulement leur propre Lac, mais même tous les Lacs voifins que ceux de Bienne, leurs pèches étant plus abondantes, le débit de leur poif- fon plus confidérable , & par conféquent fou exportation plus étendue , & que les circonf- tances locales même , femblent venir à l'ap- pui de leur aflertion. §. 29. Quant aux productions du Lac de Produc- Bienne, elles font prefque toutes les memes La"S &"de que celles du Lac de. Neufchatel , & nous y laValléede avons auiïi retrouvé la petite Moule Mya Bienne. 186 Hifioire Naturelle minima que nous n'avions vu que dans ce dernier. La vallée étroite , privée de bois & d'ombrages, reflerrée par des côtés à pentes plus ou moins roides qui offrent plufieurs faillies de roche nue , & font toutes recouvertes de murs de vignes, cette vallée difons-nous eft fort chaude, & produit plu- fieurs infectes intérelfants. Le Taon brun , Tabanus Occidentalis , qui vole au-deffus de la furface de l'eau en fuivant les bateaux qui voguent fur le Lac , y devient d'une groifeur prodigieufe, s'attache aux jambes des rameurs & des paflagers, & les pique cruellement & jufqu'au fang, ainfi qu'une autre efpèce du même genre particulière à ce qu'il paroit à cette partie de la Suiffe, qui n'a été décrite que nous fâchions par aucun Naturalifte & que nous avons nommé à caufe de fa couleur Taon verd, Tabanus viriâis. — On ne trouve peut-être nulle part en auffi grande quan- tité que le long des rives de la Tielle , cette belle Demoifelle d'un bleu doré connue fous le nom de Louife-Libellala Virgo. N?tuJe §. 50. Cette petite vallée eft fort riante de ce Lac. quoiqu'à la longue fes afpects offrent quelque chofe de monotone. Les bords du Lac de Bienne, font formés à fà rive méridionale de côtes peu hautes, grèfeufes ou compofées d'une mollaife femblable à celle du Jorat fect. I. §. 12. dont on exploite des carrières, & qui eft employée à la conftructiori des four- neaux & des fenêtres. Les plus élevées de ces côtes , font le Mont Julimont , fur lequel eft fituée la ville de Cerlier , & la pointe ifolée du Jorat & de fes environs &c. 1 87 qui s'élève non loin de Nidau. Sa rive fep- tentrionale au contraire , eft formée par un bras du Jura , compofé tout le long de ce Lac d'une pierre calcaire dure , compacte , fu£ ceptible du poli, blanche ou jaunâtre, qui s'enlève en gros blocs de forme indéterminée ou en groifes plaques de plus de deux pouces d'épaùfeur qui fe carTent irrégulièrement , & ne fervent qu'aux conitru&ions groiïières , telles que des enclos , & des murs de jardins & de vignes ( a ) ; c'eft cette même côte , qui forme la rive du Lac de Neufchatel , & qui entre Vaumarcus en deçà de Saint -Aubin, & Haute-rive en deçà de Saint-Blaife & en delà de Neufchatel , eft compofée d'une autre pierre calcaire jaune, tendre , remarquable parce qu'elle eft toute criblée de petits pores remplis autrefois par des limaçons d'une peti- tefle extrême , dont on ne retrouve plus guères aujourd'hui que les nowux de même fubf- tance & couleur que la pierre qui les con- tient (&). (a) Ces pierres plattes font toujours plus ou moins martiales & coupées de veines jaunes ochreufes. C'eft peut-être à la décompofition du fer dans les fentes & les fiflures des feuillets perpendiculaires dont font formés les rochers de cette rive, qu'eft due cette féparation des niafles de cette pierre en plaques telles que nous venons de les décrire. (6) On "exploite des carrières de cette pierre près de Bevais , & à Haute-Rive à une lieue de Neuf- chatel; ellefertde pierre à bâtir dans toute la Vallée de Neufchatel & celle de Eienne , & fournit en- core une excellçnte chaux. 188 Hijloire Naturelle §. ji. Nous avons vu que les deux Ifles du Lac de Bienne fituées plus près du Jura que de la rive oppofée , & dont celle de Saint- Pierre n'en eft éloignée que d'environ dix minutes vis-à-vis de Glerefle, font compofées de mollafle. Il y a entre la Neuville & le village de Chavannes , un petit promontoire qu'on nomme les Celliers, qui préfente un fait encore plus fingulierj cette petite langue de terre eft entièrement attenante & contigue à la côte qui s'élève au - delfus & derrière elle , & dont quelques faillies de roc que l'on remarque qa & là, font voir que fa nature eft exactement la même que celle de toute cette portion du Jura qui borde ce Lac , tan- dis que les Celliers entièrement recouverts de vignobles, laiffent appercevoir au moyen de quelques éboulements , qu'ils font formés entièrement de couches horizontales d'une mauvaife mollaffe , comme celle des deux Ifles i ce qui eft d'autant plus digne d'atten- tion, que le long de toute cette rive, cet endroit eft le feul qui faife voir de la mol- laffe; & cependant, on a obfervé que cette pierre forme le fonds du Lac prefque par tout où le fable & les cailloux roulés qui le recouvrent communément ont pu permettre de le reconnoître ; ce qui doit faire préfu- mer que la pointe des Celliers , les deux Ifles & la pointe de Julimont , étoient réunies par leurs extrémités , avant que les eaux de ce baffin , fe fuffent approfondies par leurs creufages continuels & ceux des courants qui y régnent en tout tems j voyez le §. 22. ci- deffus. du Jorat & de fes environs , &c. 189 §. 52. Cette même rive feptentrionale eft Sources très-riche en eaux & en belles îources; on SimSJÏ! obferve qà & là aulfi quelques chuttes d'eau , lent & rf* dont Tune au-deffus du petit Douane village fets remar- fîtué non loin & à l'orient de Glereffe , eft q™iisc«ro. formée par la Douane (en Allemand Douarn dnifent. bach), qui prenant fa fource dans la mon- tagne de Diezz , vient tomber du haut d'un rocher qui s'élève au-deffus du pont de ce village & eft devenue célèbre par les. rava- ges qu'elle a exercée il y a deux ans ( en 1786.); la montagne au-deffus de la chute d'eau , enveloppée d'un nuage noir & épais , vit bientôt fondre fur elle un orage & une pluye terribles, & en très-peu d'inftants , les eaux du torrent ordinairement à fec , groflî- rent prodigieufement , elles charrièrent de groffes pièces de bois qui lui obftruerent bien- tôt le paifage , de manière qu'elles furent obligées de déborder , & fe portant avec vio- lence contre le pont qui étoit de pierre & d'une feule arche ( & auquel on a fubftitué un pont de bois) , elles l'emportèrent, détrui- firent un pan de mur confidérable dont on voit encore les reftes près de ce même pont; puis s'étant portées dans la rue à côté , elles dépofèrent au coin de celle-ci une quantité de grolfcs & de petites pierres & de débris qui ont formés deux tas considérables. Heu- reufement cet accident arriva de jour de forte que les hommes & les animaux ont eu le tems de fe fauver (a). (a) Au-deffus du petit Douane encore eft un ob- Ipo Hiftoire Naturelle §. jj. Les deux rives du Lac de Bienjie font toutes couvertes de riches vignobles, qui furie Jura, font défendus contre les vents du nord par de grands bois de chêne & autres qui régnent au fommet de ces côtes. Comme ces terreins ne font guères fufceptibles d'au- cune autre culture , on y cultive la vigne avec le plus grand foin, & les produits qu'on en Infefte retire f°nt très-confidérables («). nuifibie On fe plaint beaucoup dans ces cantons , va'eîês" "^es légats que caufe dans ces vignes une gnobles. . . . jet bien digne d'attirer les regards ; c'eft un fragment de roc ifolé , qui ne tient aux couches horizontales fur lefquelles il repofe, que par fa bafe ; vers le haut, il eft creufé en demi-voute dont la concavité regarde le rocher inférieur, & dont les bords font arrondis & ufés; il femble que ce foit un refte d'un banc de pierre entier cerné, rongé, & en grande partie emporté par les eaux. (à) Il exjfte bien vers le fommet de cette côte quelques prés naturels & artificiels, mais cela.fe réduit à fi peu de chofe , que les gens du pays n'ont pas feulement, de chevaux pour voiturer le foin qu'ils ont recueilli & font obligés d'en faire venir d'ail- leurs & de payer le charroi à des étrangers. Si nous pouvions groflîr cet Ouvrage de détails éco- nomiques relatifs au produit & au rapport des vi- gnobles de cette contrée fans le rendre volumineux, nous ferions ufage des lumières que nous a fourni M. Lombadi, Pafteur très-inftruit & très-éclairé à Glerefle, chez qui nous avons paiîé des moments bien agréables; nous nous plaifons à témoigner ici à ce digne Eccléfiaftique, notre reconnoilfance pour les bons offices qu'il nous a rendu, & les honnê- tetés dont il nous a comblé pendant notre court féjour dans fa maifon. du Jorat & de fes environs &c. 19 1 cfpèce de petit charenfon connu fous le nom d'Urbec ou Orbec, qu'il faut Tans doute rap- porter aux Urberes des François , ( voyez ce mot dans le Dict. d'Hift. Nat. de Valmontde Bomare), qui roule & deiïeche les jeunes feuilles, attaque même le raifin, & détourne la fève des jeunes tiges qui fe courbent du côté où ces infectes les attaquent, & périf- fent enfuite. Ce qu'il y a de fingulier , c'eft que ces infedes ne s'attachent prefque jamais deux années de fuite au même vignoble, mais fe tranfportent fuccefîivement d'un endroit à l'autre ; il y a quelques années qu'on en étoit fort tourmenté près du Landeron ; l'année paflée ils s'étoient fixés dans les environs de Gléreife , & cette année ( 1788 ) il y en a eu peu du côté de Glérefle , mais toutes les vignes du côté de la Neuville en ont été infectées > ils remontent même jufques dans les hauteurs de la montagne & s'attachent au chêne , quoi- que l'État donne un tant pour chaque Gobelet plein de ces infectes & de leurs larves , quoi- qu'on en détruife beaucoup , on n'a pu encore en extirper entièrement l'efpéce , ce qui feroit rendre un grand fervice à ce pays. §. 54. Nous terminerons ce que nous avons c'in?a*(le dit du Lac de Bienne par quelques confidéra- /e sienne tions fur le climat de ce pays. Il eft certain & Tes in- qu'excepté les environs du pont de la Tielle fltiences* à du Landeron, & ceux de Nidau fnués au milieu des marais , où l'air eft mal fain & humide , où l'automne voit naître fréquem- ment des brouillards épais comme on en ob- ferve en Hollande, & ou l'on fe plaint affez 192 Hifioire Naturelle de fièvres & d'autres maladies inflammatoires j il eft certain dilons nous , que généralement parlant le climat de cette vallée eft fain ; les hommes robuftes, & qu'on y vit long-tems; malgré cela, il eft néanmoins certain auiîi, qu'il y a une différence frappante entre les peuples de la rive feptentrionale du Lac & ceux de fa rive méridionale » les premiers font bien faits, le fexe même quoiqu'ufé de bonne heure par le travail le plus pénible auquel il fe livre comme les hommes , eft allez beau ; tandis que les hommes & fur- tout les femmes de la rive oppofée , font d'une laideur prefque dégoûtante & d'une mal-pro- preté égale à leur laideur. Seroit-ce peut-être que les côtes fort balfes qui bordent cette rive, laifTent ici quelqu'accès aux exhalaifons méphytiques qui s'élèvent des marais fitués de l'autre coté de ces côtes, & dont les in- fluences fe feroient reiîentir fur les habitants de cette partie de la vallée 'i — Le climat de cette vallée eft quelquefois alTez rude en hyver, & alors le Lac fe gelé en entier. Marajsqui §. ff. Vers les extrémités feptentrionales î.°aSedeleS des trois Lacs ne s'allume qu'avec difficulté, répand une légère odeur de bitume & laiife après l'uftion un réiîdu rouge , dont la poudre eft en entier attirable à l'ai- mant > les parties Végétales fe réduifent (û) Nous croyons devoir prévenir ceux qui comme nous feroient dans le cas de vifiter ces marais, de prendre les précautions néceflaires pour une pa- reille entreprife, d'avoir foin de fe faire accompa- gner par des guides fûrs & intelligents , & de fe munir de planches pour franchir les foifés, les fon- drières , & les endroits dangereux 'où l'on rifqueroit de fe perdre , & de longues perches propres à fon- der le terreau N z 196 Hiftoire Naturelle en une cendre jaune ; & cette nature ferrugineufe du fol de ces marais, offre encore un point d'analogie avec le Tonds & les bords du Lac de Morat , §. 9. Mine de §. 37. On trouve l'efpèce de Tourbe dont fer terreufe nous venons ^e parler dans plufieurs endroits , d ori°"inc r r * végétale mêlée quelquefois de veines d'Ochre , d'au- qu'on y trefois de grains de Mine de fer limpnneufe trouve. binera Ferri Subaquofa , & celle-ci forme même à une certaine profondeur de grands animas qui occupent fouvent des étendues d'une circonférence confidérable ; on recon- îioit fur-tout ces ammas , dans les endroits où les eaux courantes ont rongées & empor- tées la terre & les ont mis à découvert. Cette mine de fer limonneufe eft très-remarquable , en ce que les grains qu'elle préfente de dif- férentes groifeurs & qui d'abord paroiflent irréguliers , offrent examinés plus attentive- ment, l'organifation non équivoque du bois, & font indubitablement des fragments de ra- cines d'arbres converties en cette efpèce de mine, & dans lefquels on diftingue encore parfaitement les fînuofités , les nœuds , & les diverfes irrégularités que forment les fibres des racines & leurs rameaux en s'en- trecroifant. §. 38. Les grains de ce fer terreux offrent les particularités fuivantes : ( 1 ) Lorfqu'on vient à les caffer à l'endroit des nœuds dont on vient de parler , on voit qu'ils font com- pofés comme dans le bois de ces parties de couches irrégulièrement concentriques , qui ie plient aux contours bizarres de ces nœuds, du Jorat &T défes environs &c. 197 &c. — ( 20. ) L'on apperqoit fouvent tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de ces grains , des reftes de la fubftance & des fibres ligneufes encore non entièrement décompofées. — (}°.) Les fragmens de racines dont ils retracent encore la forme, femblent avoir éprouvé un commencement de putréfaction & avoir été vermoulus ou rongés par les vers avant leur pétrification ou leur minéraîifation. — (4) Et l'on y reconnoit encore comme dans les bois fraîchement vermoulus, les boyaux de ces infectes avec leurs deux ilïhes ; dont l'une, qui eft celle d'entrée où le ver ou la larve a été dépofée a l'état d'œuf, eft communé- ment plus petite que celle de fortie , où la larve n'eft parvenue qu'aptes avoir pris tout fon accroilîèment. — (>-) Ces boyaux creuiés félon le fil du bois ou un peu obliquement, font ou droits ou formés de deux branches qui fe rencontrent fous des angles peu confi- dérables , & formés par des infe&es creufant en fens contraires ou oppofés qui font venus à fe rencontrer. §. 59. Dans plufieurs endroits de ces ma- Arbres rais, quelquefois à la furface du fol, d'autre- .!es ^ *■ *■ origine de fois à une profondeur de 6 à 7 pieds, on ces° arbres trouve des troncs d'arbres ou des arbres- en- & de la Mi- tiers folliles, noirs, durs & femblables à ces ™s tarais! bois que l'on a trouvé dans les marais du Comté de Lancaftre (.Valmont de Boniare Min. T. IL p. 484.) & ailleurs , & à nos bois noirs aquatiques dont nous avons parlé Sec!:. 5. $. 17. & fuiv. On les a trouvé couchés com- munément dans la direction du Nord- Eft au N 2 198 Hiftoire Naturelle SucLOueft, comme s'ils euffent été renverfés par des vents du Nord-Eft qui font très-vio- lents & fréquents dans ce canton, étant pref- que les feuls auxquels il foit entièrement ouvert. On en a trouvé aufïï qui portent des marques évidentes de la cognée qui les a abbattu 5 nous y avons vu nous-mème un refte de tronc coupé très-près des racines par lefquelles il tenoit encore à la terre ; fou écorce & toutes fes parties étoient bien fai- nes , il ne difteroit du bois non altéré & dansi fon état naturel que par la couleur & la du- reté, & il étoit évident qu'il étoit encore là au lieu de fa naiflance. §. 40. Il eft remarquable que ces bois fof- files font tous des chênes j & cependant non- feulement ou ne voit plus aujourd'hui un feul chêne dans cette plaine , mais même il ne s'y trouve d'autres bois que quelques bou- quets de faules & de vernes répandus ça & là s il n'eftguères douteux néanmoins d'après les faits qu'on vient de faire connoître , que ce terrein n'ait été propre à produire & n'ait produit en effet du chêne , & n'ait même été couvert de bois affez confidérables , que l'on peut préfumer avoir occupés les elpaces aù- deffus des profondeurs de cette plaine que nous avons dit- être remplie de mine de fer limonneufe d'origine Végétale , Minera Suba- qjwfa lignea. Une partie de ces bois renverfés par les tempêtes ou la cognée du bûcheron, fe fera décompofée, aura fubi un commence- ment de putréfaction , & pénétrée par le fer abondamment mêlé au limon , aura été con- du Jorat & défies environs &c. 199 vertie en mine de fer terreufe; une moindre partie reftée faine, n'aura laifïe pafler dans fes pores que les parties martiales les plus tenues, qui unies au principe réfineux ou huileux du bois par l'intermède de l'acide qui les tenoit en diiîblution , auront formé avec le tems notre chêne foiïile noir, & plus dur que le bois naturel ; ( fur les principes compofans & la Théorie de la formation des bois noirs tant fofîiles qu'aquatiques. Voyez la Se&. 3. §. 18-21. & fuiv. de cet ouvrage.) §. 41. De ce qui vient d'être dit ci-deflus §. .. J?ra,n'!e _■«« 1 • t r 11 • //difficulté 3f. que les trois Lacs lemblent avoir ete qi,e font réunis autrefois , & qu'ils le font en quelque naître les forte encore tous les printems par leurs dé- Jjjjj. ^ fJj bordements annuels & la fubmerfion des union de plaines adjacentes , il ne s'enfuit nullement cftte que deviennent ces eaux? N 4 Zoo Hifioire Naturelle §. 42. On ne peut admettre pour réfoudre cette queftion l'évaporation, qui ne fqauroit en difliper une auffi grande quantité , & qui clans l'état actuel du fyitème du globe, rend à la terre & aux eaux à -peu -près ce qu'elle çn reqoit. On ne peut non plus admettre nul écoulement fouterrein , dont on n'a aucune trace & qui cependant pour une diminution auffi marquée, devroit-ètre au moins fenfi- ble. Il nous paroit donc , que les feules opi- nions raifonnables qu'il foit permis d'adopter, font : ou , qu'à mefure que les rochers lavés & menuifés par les eaux fe déterriorent & font réduits en fable , portés au loin par les courants qui refferrent de plus en plus les bords des grands balîîns dont nous parlons; les eaux de ceux-ci toujours concentrées vers leur milieu , les minent & les creufent tou- jours peu-à-peu vers leurs fonds , de manière que ces baffins s'excavent, s'approfondiifent de plus en plus, & forment pour ainfi dire de nouveaux lits plus profonds que les pre- miers aux eaux qu'ils recèlent ; de là peut-être , les différentes profondeurs & les variations de celles-ci dans un fonds plus ou moins mo- bile , & ces efpèces de vallons fous-lacuttres que l'on obferve dans la plupart de ces Lacs & dont nous avons parlé en fon lieu ( Voyez ci-deifus §§. 2 & 5. & §. 21. Ou bien, qu'à mefure que ces eaux forment des atterriffe- ments & fe comblent à leurs extrémités & à celui de leurs bords le moins élevé, ou qui offre le moins de réfiftence à leurs dépôts , çlles fe jettent & s'exhauffent au contraire du Jorat & de Jes environs &c. 20I du côté de leur rive la plus efcarpée. Tous les deux cas même peuvent & doivent être préfumés avoir lieu à la fois , comme cela Exemples paroit confirmé par Pifle allongée de Saint- ^on" de Pierre , qui nous l'avons déjà dit §. 26. fans cette théo- doute réunie autrefois au continent , formoit rie- dans le Lac de Bienne un promontoire ou cap avancé, qui a été rompu par un creufage, femblable à celui que nous avons fuppofé ci- deifus , & recouvert enfuite en partie par l'exhauffement des eaux refoulées dans leur baffin & approfondies , fur-tout du coté des montagnes où elles affluent, & Pifle excavée & minée par le pied. Comme cela paroit en- core confirmé par un fait curieux que nous avons refervé pour ce paragraphe -, il exifte dans le Lac de Neufchatel , exactement dans fa partie moyenne, vis-à-vis de Cortalliod jufques devant les fabriques du Biez , une ifle de fable ifolée nommée la Motte , d'envi- ron trois quarts de lieue de longueur fur un bon quart de lieue de largeur , fur le fommet de laquelle il n'y a tout au plus que 6 braffes de profondeur d'eau , de manière qu'on le diilingue parfaitement lorfque le Lac effc tran- quille, & dont la pente très-rapide du coté de Neufchatel, s'enfonce jufqu'à la profon- deur de 80 braffes -, or cette motte , a été cer- tainement détachée du grand banc de fable dont nous avons parlé Sect. 5. §. 9. & cernée tout à l'entour de fa circonférence par les excavations continuelles du Lac & l'aifaiffe- ment de fon lit en cet endroit, & approfon- die déplus en plus fur-tout du coté du Jura, 2'0Z Hifloire tyaturette où fe porte la plus grande malTe des eaux, refoulées à leurs extrémités & à l'orient de leur baflin. §. 45. D'après ce que nous venons de dire , on conçoit qu'il y a dans les loix du reifer- rement apparent & de la diminution des baf- fins des Lacs, une compenfation de chofes telle , que la raifon nous dit devoir toujours exifter dans la nature ; que ce que ceux-ci perdent d'un côté en volume & en étendue, ils le gagnent de l'autre en maiTe & en hau- teur. Que félon cette théorie , leur hauteur s'accroît en raifon de l'accroiflement de leurs bords les moins élevés ; de manière , que ou les parties élevées de ces bords diminuent à leur tour en hauteur , en proportion de l'é- lévation graduelle des eaux ; ou le fonds mo- bile de celles-ci s'aggrandit, dans la propor- tion de l'accroifTement de ces mêmes b"ords ; d'où il réfulteroit , que les Lacs s'approfon- diffent ou s'exhaufTent, en raifon inverfe de l'accroiflement de leurs bords par leurs atter- rilfements. Nous avouons néanmoins de bonne foi , que Ci il eft beaucoup de faits en faveur de la théorie que nous propofons en folution de la queftion ci-deiîus ennoncée §. 41. il en eft auffi d'autres qui lui paroiflent peu fa- vorables , tel eft par exemple celui fondé fur l'opinion afTez généralement reçue aux envi- rons du Lac de Neufchatel , fur la permanence & l'invariabilité afTez confiante du niveau de ce Lac que l'on prétend avoir remarqué. Mais fi l'on confîdére que les variations que nous avons fuppofées , ne peuvent être auffi que du Jofat Çff de fes environs &c. 205 très-lentes, comme toutes les grandes opéra- tions de la nature ; qu'elles demandent peut- être de très-longues fériés d'années pour s'ef- fe&uer; n'y aura-t-il pas lieu de croire que ces variations fi naturelles , fi bien liées avec les autres phénomènes que nous préfentent les grands Lacs , fi conformes aux loix de l'hydroftatique & du mouvement des eaux, n'ont pas encore étéobfervées par-tout, faute d'Obfervateurs intelligents & attentifs s qui par-tout font rares ? 204 Hlfioire Naturelle SECTION VI. Où ton traite de t Origine & des Époques de la formation des Pays décrits dans cet Ouvrage. »MM.;rwwn.^im Introduc- §• *• A près avoir fait connoitre dans tion. le plus grand détail , les productions & les obfervations relatives à l'hiftoire Naturelle de cette partie du Pays-de-Vaud & pays adja- cents compris entre les Alpes & le Jura, & renfermés entre les quatre Lacs de Genève, de Neufchatel , de Morat & de Bienne , il ne nous relie plus qu'à réfumer & généralifer ces obfervations, & à en déduire les conféquen- ces & les Théories qui en découlent naturel- lement & qui peuvent nous fournir quelques lumières fur l'origine & les époques de la for- mation de cette intéreflante contrée. Dans ce travail nous nous impoferons autant que nous le pourrons la loi conftante, de fuivre dans nos raifonnements & nos conclurions , les faits pour ainfi dire pas-à-pas , & en re- montant fuccefîîvement de ce qui paroit le plus évident , à ce qui femble d'une évidence moindre ; des faits & des tems qui femblent toucher le plus près aux tems modernes , aux époques qui en parohTent les plus éloignées. D'après ce plan , l'origine des couches Co- du Jorat & de fes environs &c. 2Qf quillières plus ou moins bitumineufes du Jorat & du Pays-de-Vaud en général , qui renferment des corps teftacés foffiles dont les analogues parfaitement femblables fe retrou- vent dans nos rivières & nos Lacs , elt le premier objet qui femble devoir fixer notre attention. §. 2. Il paroit clairement démontré par ce Théorie que nous avons dit fous les Sedions 1 & 2. ',e l'origine *■ , 1 ,-* if,. y 1, efesenuches que les couches Coqmlheres que 1 on trouve coqm'iiières prefqu'à la furface de la terre dans les Baillia- du Jorat. ges d'Echallens, de Laufanne, d'Oron , & le canton de Fribourg, vers les extrémités Occidentale , Méridionnale , & Orientale du Jorat, font dans tous ces endroits prefqu'ab- folument de même nature ; il dérive de ce premier appercu , une conféquence toute (im- pie, fçavoir: Que ces couches doivent leur origine à la même époque , & forment par con- féquent une mafTe de dépôts plus ou moins continue, que l'on doit retrouver entre les trois points mentionnés à différentes profon- deurs , félon qu'elle s'enfonce plus ou moins en terre \ & comme nous avons prouvé par les faits, que ces dépôts font non-feulement dus aux eaux terreftres, mais que les corps étrangers au régne minéral & les folîiles qu'ils renferment font exactement femblables à la grandeur près à ceux qui fe trouvent de nos jours dans le Lac de Genève , & que nous avons décrit dans notre première partie i il en réfulte naturellement, que c'eft à ce Lac même qui fans doute a recouvert les hauteurs où on les trouve , que ces couches Coquilliè- 20 6 Hiftoire Naturelle res doivent leur origine \ & fi comme nous l'avons prouvé , les Lacs de la SuiiTe fe com- blent peu-à-peu foit par leurs propres atter- rilTemens . foit ceux des rivières & des tor- rents qui s'y rendent ; fi par ce moyen leurs bords fe reculent & s'exhauffent de plus en plus, fi par conféquent ils gagnent toujours en longueur tandis qu'ils perdent en largeur,- il n'en faut pas davantage pour concevoir, qu'un pareil décroiflement de leurs eaux & accroiifements de leurs bords , ont pu pro- duire dans une longue fuite de fiécles & d'é- poques quife perdent dans la nuit des tems, des dépôts affez confidérables pour former les chaînes de colines élevées remplies de leurs dépouilles qui les bordent de nos jours, deivortâne §' ?• Nous avons fait voir fed. 2. que les des couches plus grands ammas de ces coquilles fofiiles de Charbon fluviatiles fe trouvent fur - tout aux mêmes Jorat.ra d" endroits où l'on rencontre les mines de houille ; de manière , qu'il paroit peu dou- teux que l'origine de ces couches Coquil- liéres ne foit intimement liée avec celle de ce bitume. Depuis que le célèbre Bergmarm a fait voir évidemment, que c'eft à la décom- pofition des animaux marins à la furface de fes eaux, que la mer doit fon odeur nido- reufe & fa nature bitumineufe, qu'on ne lui trouve plus lorfqu'elle a été .puifée à une grande profondeur (Opufcules Phyf. & Chym. T. I. Dijfertation. V. fur Peau de la mer) , on a pu entrevoir aifément , qu'un des grands moyens de la Nature pour la production des bitumes dans le fein de la mer & la produc- du Jorat & dcfes environs &c. 207 tion de ces couches bitumineufes dans les- quelles on trouve les dépouilles de celle-ci , eft la putréfaction , & enfuite l'union des principes défunis des animaux avec les prin- cipes minéraux de l'eau ; & c'eft ce que vient de démontrer tout récemment & l'expérience à la main l'ingénieux & fçavant Auteur d'un mémoire Italien fur l'Alkali Minéral ( M. le Chevalier Lorgna)} qui prouve que les bitu- mes commencent à fe former par un compofé favonneux , que c'eft à ce compofé qu'eft due la couleur , le goût & les autres propriétés des eaux de la mer , & l'écume que Ton ob- ferve fouvent à fa furface, &c. §. 4. Nous avons fouvent obfervé cette même écume & cette couleur & cet on&ueux des eaux de la Mer qui font des indices cer- tains du compofé favonneux dont parle M. Lorgna y dans les eaux douces ftagnantes ou celles courantes dans les endroits où leur cours eft peu marqué ; & fans fortir de l'Italie qui eft le Théâtre des obfervations rapportées dans le mémoire Italien cité ci-deffus, nous avons reconnu les mêmes phénomènes dans les eaux de la Brenta , dans quelques golphes formés parle Pô, & dans plufîeurs rivières, dans les endroits où ils forment des anfes» & même dans la plupart des Lacs de ce Pays comme nous l'avons dit en fon lieu. (Voyez §. 23 de la Section précédente & la note (a) de la même page ) ; & quoique les principes minéraux dont l'eau de la mer eft chargée , ne foyent prcfque jamais fenfibles aux fens dans les eaux terreftres , il n'eu eft pas moins 20 8 Hifioire Naturelle certain cependant qu'ils y exiftent, & c'eft encore une de ces vérités dont on doit la dé- monftration à l'illuftre & infatigable Bergmann Opufc. Phys. & Chym. T. I. page 9f ©96. §. f. Dès que les mêmes fels que contient la mer exiftent aufîî dans les eaux douces; dès que les animaux qu'elles nourriflent peu- vent Te décompofer & fe putréfier dans celles- ci comme dans la première , ce dont on penfe que perfonne ne doute ; & par conféquent , dès que les fubftances falines de ces eaux & les principes huileux & terreux des animaux peuvent s'unir , fe combiner , & former le compofé favonneux que nous y avons obfervé, il eft clair aulïi , qu'il peut & doit fe former des bitumes dans les eaux terreftres réputées douces comme dans le fein de la mer ; feule- ment comme cette dernière eft peuplée d'un nombre prodigieux d'animaux , & que ce nombre eft bien fupérieur à ce qu'en contient toute autre eau terreftre ( quoique fans doute les eaux de nos Lacs plus hautes dans l'an- cien tems que de nos jours , duffent renfer- mer aufîî dans leur fein une plus grande quantité d'animaux); il en doit réfulter nuffi, que la maffe des corps fufceptibles de putré- faction eft bien moins confidérable dans nos Lacs & nos rivières , & les couches bitumi- «eufes qu'elles produiront bien moins abon- dantes , que celles formées & dépofées par la Mer ; & c'eft en effet ce que femblent at- tefter les couches de charbon Minéral du Pays de Vaud & du canton de Fribourg Sec!:. 2. §§. 5-26. , moins foutenues dans leurs épaif- feurs, du Jorat & de fes environs &c. 209 feurs , leur richeiTe, & la qualité du Minéral, que les mines de charbon Minéral de la Flan- dres & d'Angleterre, environnées encore des dépouilles de l'Océan qui les a recouvert, ou même encore enfouies dans fon fein. §. 6. Ainfi il paroit donc que l'on doit regarder les couches de houilles de ce pays , comme formées par les dépôts Lacuftres accu- mulés plus abondamment que par tout ail- leurs dans la partie orientale du Jorat , ou les Alpes Calcaires de Fribourg auxquelles cette partie touche Sect. 2. §, 2. forment entre Chatel-Saint-Denis & Moutru dans le bail- liage de Vevai, une efpèce de Cul-de-fac au fonds duquel les eaux arrêtées & prefque fta- gnantes formoient une anfe ou baye. §. 7. Nous avons déjà démontré dans les feclions précédentes que les eaux du Jorat en général , ont été dans un tems plus hautes que de nos jours; & fi les eaux Lacuftres ont formées comme on n'en peut guères dou- ter d'après ce que nous avons expofé, les cou- ches de houille de Semfale , d'Oron , de Pau- dex ; & les couches coquilliéres en dépen- dantes entre Non- foux , Effertines, Craux , Goumoëns , Seét. 1. §. fô s il faut non feu- lement que ces eaux fe foient élevées autre- fois au-deifus de leur niveau a&uel, mais en- core qu'elles ayent atteint une hauteur de plus de 120 toifes, qui eft félon les obfer- vations de M. de Luc la hauteur de Gou- moëns au-deffus du Lac de Genève; & dès lors on doit retrouver encore d'autres traces de leur ancienne élévation. Tout. IL O 210 Hiftoire Naturelle Nouvelles §. 8. En effet , on retrouve ces traces non preuves de équivoques de l'ancienne élévation du Lac élévation dans plufieurs endroits ; vers l'orient au-def- des eaux du fus de Villette , de Saint-Saphorin, de Char- nève & e" donne > &c« au midi dans les rochers de la théorie de Savoye , au-deffus de Saint-Gingou & Meille- la Forma- riej & à l'occident dans le Jura, Voyages dans Montagne* ^es Atyes T. t. p. 163. & ces traces font par de brèche tout les mêmes que celles dont nous avons déjà fon eeexVtrèS Par^ ' c'eft-a-dire des filions plus ou moins mité orien- horizontaux profondément creufés dans le roc, tale. Sect. i. §. 28. Si à la fuite de ces obfervations concluantes , nous jettons un coup d'œil fur l'enfemble de cette portion du Jorat dans l'enceinte de laquelle font compris les faits importants que nous avons recueillis , nous ne ferons qu'ajouter à la Théorie que nous propofons un degré d'évidence de plus. §. 9. Nous verrons d'abord le pays s'ex- haulfer de plus en plus entre Savigny , Efforts, Oron; enfuite Ci des divers points de ces hauteurs nommés comme depuis Ef- fertes & Chatel-Saint-Dénis , (quoiqu'on ne voye au fortir de Chatel-Saint-Denis qu'une petite portion du Lac & des Montagnes, parce que la vue eft interceptée par les Montagnes du canton de Fribourg qui s'avancent comme un cap ou promontoire au milieu de ce badin), & mieux encore depuis la partie élevée du bailliage d'Oron (par exemple de la hauteur du château de M. le Baillif),- Ci difons-nous de ces points élevés, on porte fes regards au-deffous de foi: on remarquera une grada- tion de côtes ou hauteurs tellement décroif. du Jorat & defes environs &C. 211 fantes jufqu'au Lac, que celui-ci fe préfente comme au tonds d'un immenfe entonnoir j & la potnte compofée de brèche à laquelle fe trouvent les chaiets de Chefeaux, comme une preiqu'lfle allongée vers le Nord , fur une partie du plan apparent du fonds de cet entonnoir ; de manière que cetenfemble même de côtes decruiiiantes dont on vient de par* 1er, leurs formes, leur afpect , viennent en- core à l'appui des faits, & femblent indi* quer ici un ancien & Vafte baffin dont elles iormoient les contours fans laquelle décompofition , on ne fqauroit expliquer la préfence de l'huile de Pétrole dans ces terres ou ces pierres ; or il n'exiite pas de Mines de bitume parfait , plus voifi- nes d'Orbe & de Chavornai que celle de Vallorbe. §. 21. Comme toutes ces matières brûlées, cuites ou calcinées, font dépofées par cou- ches plus ou moins régulières , qui fouvent font voir des traces d'errofion ou de dilîb- lution; il s'enfuit que l'eau & le feu ou la chaleur, & les me n drues développés parcelle- ci lors de la production de ces matières , agif. foient alternativement ou à la fois. §. 22. Mais fi dans le cours de cet ou- Théorie vrage , nous avons fait obferver les traces générale de d'un grand Lac, qui a rempli jadis la Suiffe , JfOI[ord™s" & démontré comme nous nous en flattons, couches que toutes les couches de grès du Pays de grèfeufes Vaud , du cantonne Fribourg , &c. font dues uSlobe- aux dépôts de pareils Lacs , nous croyons qu'il faudra en dire autant de toutes les couches grèfeufes du Globe , renfermées entre des Montagnes, qui certainement ont été produites au fonds de vades bafîins, & ont été les dernières élévations de la terre, au - delfus defquelles ces anciennes eaux ayent féjourné avant de fe frayer une irfue par où elles ayent 224 Hiftoire Naturelle pu s'écouler ; & lorfque ces couches grèfeu- fes ne fe font point trouvées enceintes de tous cotés de Montagnes plus hautes que celles qu'elles forment , elles ont ians con- tredit été les derniers produits des atter- riffemens des Mers décroilfantes & fe font trouvées par conféquent dépofées contre les extrémités des chaines de Montagnes plus anciennes , extrémités qui formoient alors fans doute les derniers promontoires des con- tinents ; aufîî ces couches font-elles les plus baffes de toutes celles de même nature. — ■ Des exemples frappants des traces de ces valtes lacs qui ont formé les dépots grèfeux les plus élevés , fe trouvent comme nous l'a- vons prouvé en Suitfe . où l'on a des Mon- tagnes grèfeufes fort hautes , & où les cou- ches de cette nature fe trouvent renfermées entre les Alpes & le Jura ; dans le pays bas de la Franche-Comté , & de la Lorraine , qui forme en quelque forte une plaine cou- pée ou un plateau finueux confidérable quoi- que moins vafte que celui de SuifTe , ren* fermé du coté de la Lorraine par les Mon- tagnes primitives de la chaîne des Vofges , du coté de la Comté par la haute chaîne Cal- caire du Jura, & du coté de la Champagne encore par des Montagnes calcaires, qui fem- blent être un prolongement des Ardennes. ■ — Des exemples de ces dépots grèfeux plus modernes & les moins élevés , appuyés contre les derniers promontoires des chaines de Montagnes plus anciennes ; fe trouvent dans cette Uzière feptentrionnale de l'Europe, qui s'étend du Jorat ç ne^e retrouventP-us aujourd'hui que dans que l'on y la Méditerraiinée & les Mers du Sud ; & déterre. cependant l'abondance de ces Ofthéolites , doit faire préfumer que ces mêmes animaux: habitoient autrefois au fein des Mers qui recouvroient dans un terrs la Suiiïê §. 17 , & que par conféquent le climat de ce pays a été bien plus chaud qu'il ne l'eft de nos jours. Les ofiements fofliles d'Eléphants &. autres grands animaux déterrés en pluiieurs endroits (<*), (a) On a même dé. erré de pareils os (connus autrefois fous le nom d'Xjniçornes fqfRîes ) dans pluiieurs endroits de I3 iuiffe; feion Sc/icuchtzer , du Jorat & de fes environs , &c. 227 prouvent encore la même chofe ; car de dire que ces reites viennent d'Eléphants amenés par les Romains, c'eft une opinion qu'aujourd'hui aucun Naturalise fenfé ne voudra admettre. --Où faut-il donc chercher les caufes d'un changement (î extraordinaire '{ — Nous ré- pondrons qu'on doit peut-être les chercher , ces caufes dans les principales révolutions mêmes dont l'Hiftoire. Naturelle de tous les pays, & particulièrement celui dont nous traitons nous offre les traces , favoir> Le lé- jour des eaux fur la terre, & leur retrait fubiéquent. 11 faifoit làns doute plus chaud dans les tems très-reculés en Suiife , par la un homme bandant dans le Canton de Berne, à trois heures de Bruk , trouva à une allez grande profondeur une Corne toute ronde, longue de deux aulnes, & grofle d'environ un quart, & préfumée pefer environ 20 livres; en 1^20 aufii près de Bruk au bord de l'Aar, on doit avoir trouvé une Unicorne de deux aunes de long; dans le Canton, de Schwitz à Arth près du fleuve Ax , on a trouvé auflî une pareille Corne; en i68> un Pécheur a trouvé dans la Birfs dans le Canton de Bafle , une Unicorne du poids de S livres & de la longueur du bras; en 1665 il a été trouvé une Unicorne foffile dans la Comte de Baden. Le giflement de ces ofle- ments dans les terres baffes & communément le long des fleuves & des rivières, femble indiquer affez clairement, que pour expliquer lapréfence de ces relies de grands animaux aujourd'hui étrangers à nos climats, il ne faut recourir ni à l'époque re- culée de la formation des couches coquillières cal- caires ou autres marines , ni à une caufe aufli puif- fante que celle des dépôts de la Mer. P 7, ion. 228 Hifioire Naturelle même raifon que nos pays maritimes ou nos ifles environnées par les Mers , jouiliënt d'un climat plus tempéré ou même beaucoup plus chaud que celui des pays enfoncés dans l'in- térieur des continents , & l'abbaiifement des eaux de l'antique Océan & leur retirait de deffus la terre, ont peut-être même autant & plus contribué au refroidiifement des cli- mats , que dans les rems modernes la destruc- tion des bois en plufieurs endroits à leur cha- leur. Peut-être que les feux fouterreins ou la chaleur produite par la fermentation des ma- tières effervefcentes & putrefcibles, qui d'a- près les faits expofés dans cet ouvrage & ré- fumés dans cette fedion , doivent nécessaire- ment être fuppofés avoir eu lieu dans le fein de ces eaux , ont-elles encore beaucoup con- tribuées à cette différence. Conclu- § 2-m Conclusion: Que PHiftoire Na- turelle du Jorat comme celle de toutes les Montagnes grandes ou petites , nous offre les traces non équivoques des révolutions luc- cefïives des fiécles les plus reculés. Chaque pas, nous y préfente ces médaillons, ces mo- numents incontestables des cataftrophes les plus étonnantes. Ces grands & finguliers effets, ont dû varier comme les circonftances qui les ont fait naître ou accompagnés , & comme les lieux où on en obferve les vertiges ; & ils ont varié en effet comme on le voit, même dans des e'paces peu considérables, & des pays peu dilrants îes uns des autres. Quelle témérité n'eft-ce donc point à l'hom- me , de prétendre dans fes fyltemes orgueuil- du Jorat & de je s environs &c. 229 leux, embraffer un champ trop vafte & trop étendu , & raifonner fur des objets trop éloi- gnés de lui ! — C'eft de la réunion d'obfer- vations ifolc.es & partielles , que Ton peut parvenir un jour à former un corps d'obfer- vations générales , & à en déduire des princi- pes fars & conlrants ; & c'eft feulement de l'aifembla^e de Théories particulières ou ap- propriées à telle ou telle contrée, que Ton peut efpérer le valle édifice fondé fur des bafes fblides & inébranlables r d'une théorie générale de la Terre. Dans la vue de con- courir à ce but, il faudroit non- feulement que chaque Empire ou Royaume, chaque République; mais encore chaque Province, chaque Canton , chaque diftrict , eût fou Obfervateur Naturalise , & que cet Ob- fervateur s'il étoit poiiible fût du lieu même, ou du moins établi depuis long-tems dans le pays qu'il auroit à faire connoitre. Mais ce vœu que nous ofons former, n'eft pas. prêt à s'accomplir; & il ell encore bien des endroits , ou foit par ignorance foit par une politique mal-entendue , l'Hiitoire Naturelle & fes Hiftoriens font trop peu encouragés pour qu'il puiife s'erFectuer de fitôt. Fin du fécond & dernier Volume, P 3 ( 210 ) j^.— ■■— h— .,—— , r ir j TABLE Des Matières pour le fécond Volume. SECTION PREMIÈRE. pu Jorat en général, & du Bailliage de Laufannc & pays adjacents en particu- lier. ,.,,,.,,,,. page i. v>e que l'on doit entendre par le Jorat. page i. - — De la direction & étendue du Jorat. page 2. ■ Des différentes pentes du Jorat & du cours de fes eaux. ibid. De la hauteur du point cen- tral du Jorat. page 4. Des bailliages des can- tons de Berne & de Fribourg fitues dans cette portion grèfeufe de la Suiffe & de leurs limita- tions refpe&ives. page <;. Du bailliage de Lau- fanne. page 6. Des principales hauteurs du Jorat. page 7. Des dimenfions du lac de Ge- nève & de fes bords, page 8- De la nature du Jorat près de Laufanne. page 10. — - Des carrières de pierre à bâtir, page 12. Grappes & fouages, ce que c'eft? page 1$. Incruftations. ibid. ■ De la nature des rochers du Jorat. ibid. Terres p potiers & de briques qui fe trouvent aux envi». j-ons de Laufanne. page 14. Des eaux du Jorat # de leur nature, page iç & fuiv. — Eaux mi- nérales martiales près de Laufanne. page 19. Torrents près de Laufanne. page 22. Effets des çaux fur les pierres des rochers des environs de I^aufance. page 2}. - — Traoes évidentes d'une TABLE LES M ATI ERES. 251 plus grande hauteur de l'ancien niveau de ces eaux, page 24. Des blocb ifolés d'une grofleur prodigieufe , de pierres étrangères aux lieux où on les trouve , qui s cbfervent aux environs de Lau- fanne & dans tout le Jorat. page 2ç & Juiv. Fragments de coquilles foffiles trouvées aux envi- rons de Laufanne. page 28- Noyaux fablonneux de limaçons terreltres trouvés aux environs de Lau- fanne. page 29 fè? fuiv. Os foflile. page ?o. Des Oftéocolles fablonneufes & martiales qui fe trouvent dans le grès du Jorat. page Ji. Incruftation ferrugineufe remarquable fur les feuilles du chêne, page 5 2 ^«f fuiv. - — Molaffe d'origine moderne, page 33. Du bailliage de Vevey & de fon fol. page 34. Des traces de l'ancienne élévation des eaux de la Vevaife./>. 3 ç. — Des débor- demens de cette rivière, ibid. Hiftoire Natu- relle du lac de Brai. page 36. Des phénomènes qu'offre ce petit lac. ibid. Conjecture à ce fujet. page 37. De la nature de fes bords & de leur accroiffement. ibid. Son élévation au- deffus du lac de Genève, page 39. IVlaffe de brèche immenfe qui s'appuie fur le Jorat à l'extré- mité orientale du lac de Genève, ibid. Obfer- vation remarquable, page 40. De la nature des ro- chers du bailliage d'Oron. page 41. Des rochers des bailliages de Moudon & de Payerne. ibid. Beaux cailloux de la Broyé, page 42. Concré- tions dans le bailliage d'Echallens. page 4}. Couches de pierre remarquable au milieu de ce fol grèfeux que l'on trouve dans ce bailliage, ibid. Pétrifications & empreintes de coquilles dans cette pierre, page 4c. - — Du bailliage de Morges & de la nature de fon fol. ibid. Eaux minérales près de Morges. page 46. —<— Et à Rolles, ibid. — P 4 232 TABLE SECTION II. Des couches bitumineujes & des Bitumes du Pays-de-Vaud. page 48. ES différents gîtes des bitumes dans le Pays-de- Vaud & des circonstances qui les accompagnent. page 48. Mines de charbon minerai de Pau? dex. page 49. Nombre & puiffance des filons. page $0. Négligence dans leur exploitation. ibid. ■ Productions végétales trouvées dans les fouterreins de ces mines, ibid, & j'uiv. note ( a ). De la nature & du nombre des couches de la colline de Paudex qui renferme ces filons , & de leurs différentes épaiffeurs. page $1 & fuiv. • Relies de teltacés détruits & coqudles foiîîles renfermées entre les couches de cette colline, page <;$. Ces coquilles font évidemment fluviatiles. page <;6. Petite Moule du lac de Neufchatel trouvée parmi ces coquilles foffiles. page ^7. note (a). Faits qui prouvent que le bitume étoit fluide lorfqu'il a enveloppé ces coquilles, page 59. > Nature & propriétés du charbon minéral de Paudex. ibid. Moyens de l'employer fans in- convénients, page 60. Expériences propres à faire connoitre s'il peut être employé par les Chau- fourniers & les ouvriers en fer. page 61 & fuiv. On peut continuer à s'en fervir dans la Ver- rerie de Paudex , qui mérite d'être encouragée. page. 6}. Moyens de rendre l'exploitation de ces mines moins cafuelle & moins hafardeufe. page 64. £çf fuiv. note (a). Mines de houille aban- données de Bémont près de Piudex. page 6ç. Des mines de houille du bailliage d'Oron. ibid. Subitance bitumineufe remarquable qu'elles renfer- ment, page 66. Pierre à chaux du bailliage d'Oron. page 67. — Hauteurs qui contiennent DES MATIÈRES. 233 des veines de charbon minéral couronnées de brèche à Semfale dans le canton deFribourg. ibid &J'uiv. • — Des mines de houille de Semfale. page 68. De la nature & du nombre de leurs couches. ibid. De la qualité du charbon minéral de Sem- fale. page 7 t. Raifons de croire que toutes ces mines de houille appartiennent aux mêmes filons, page 72. Qui ont plufieurs platteurs. ibid. Obfervation importante que ces platteurs n'offrent ni la plus grande épaiffeur ni la meilleure qualité du charbon, page 73. Des nids de houilles ligneufes vitrioliques & alumineufes. page 74. Ce que c'eft que ces houilles ligneufes. page 7ç fèf Juiv. Tronc de chêne entier changé en houille ligneufe , près de Laufanne. page 76. De la nature de ces houilles ligneufes. p. 77. Obfervation importante fur les bitumes du Pays-de-Vaud en général, ibid. Des mines de grès bitumineux de Chavornay dans le bailliage d'Echallens. page 78. Huile de Pétrole qui en découle en abondance, page 79. Des moyens de tirer le meilleur parti poffible de ces mines. page 8o- — ' De la mine de grès bitumineux d'Orbe, ibid. De la fucceffion & de la na- ture des couches de la coline qui renferme cette mine, page 8i- — Crin ou veine plus dure que le roc dans cette mine, page 85. — Étendue de cette couche minérale, & raifons de croire qu'il en exifte d'autres femblables dans la même coline. ibid. Grès bitumineux du Pays-de-Vaud & Afphalte du Val-Travers comparés enfemble. page 84- Des Tourbes du Pays-de-Vaud. page 88- Touibe remarquable de Fribourg. page 89' note (a), la Tourbe ne peut guères être utile que comme en- grais pour les terres dans le Pays-de-Vaud. p. 90. De l'origine des Tourbières du Pays-de-Vaud. page 91. Comment elles fe forment & s'ac- croiffent ? page 92. — — Des fources d'eau gazeufe- inflammable de Grandcourt. page 9$. Ce qu'il faut penfer de ce phénomène moins rare qu'on ne le croit communément, page 94. — ^ 2?4 TABLE - i 111% SECTION III. Hijloire Naturelle du Lac de Neufchatel. page çç, JLJu lac de Neufchatel & de fa direction, p. çç« Ses dimenfions. page 97. Faits qui prou- vent qu'il a été plus grand autrefois, page 98. — ? Et qu'il fe comble de plus en plus à fes extrémi- tés & le long de fes bords, page 100. Dunes formées par ces atterriffements. page 101. Il y a. une lizière de fable d'environ un quart de lieue de large qui peut-être fera à fec avant un demi fiècle. page 102. les brèches & le grès mêlés de coquilles ne font que les dépôts grave- leux des lacs durcis, ibid & fuiv. Productions du lac de Neufchatel. page ioj. Poiflbns qu'il prodoit. ibid. Des animaux à coquilles que produit ce lac. page ioç. Eponges lacuftres. page 106. Bois noirs que l'on trouve en quan- tité au fonds de ce lac. page 108. Diverfes conjectures fur leur origine, page 109. Pro- priétés & nature de ces bois noirs naturels aqua- tiques, page 110. PafTage,du bois noir à l'état de tourbe, page 11 1. note (à). 11 était ces pro- priétés au fer aéré dont il eft pénétré, page 112. — Expériences fûtes pour imiter cette efpèce de minéralifation. p. 114. - — Houille ligneuje artifi- cielle, ibid, — Moyens indiqués par la théorie pour l'imitation du bois noir martial naturel, p. nç. --» Moyens employés, p. 1 17. — Produits de ces expé- riences, page 118 Conféquences qui réfultent de ces expériences, page 120 Moyens à em- ployer dans les chantiers pour la préparation des "bois de conftruction noirs, page 124. — Ces bois fofliles ou aquatiques confidérés comme branche 4e commerce, ibid. — Propriétés des bois noirs na- DES MATIERES. 21f 'turels les plus recherchées dans les arts. p. 12c. — Conjectures fur la minéralifation des bois au fond de l'eau, ibid. — Conjectures fur l'origine des Houilles >ligneufes & des bois faillies pyriteux du Jorat. page 126 fèf fuiv. — Cailloux roulés remar- quables qui fe trouvent aux environs du lac de Neufchatel. page 128. — SECTION IV. Des terres Jîtuées à F Orient & au %&di du lac de Neufchatel. pag. 132. D eux natures de rochers bien diftincles dans ce pays, page 132. — Mollaffe commune dans les parties baffes, page 132. — - Mine de fer fiblon- neufe dans la mollaffe. page 133. — Beau charbon minéral dans cette mollaffe. page 1^4. — Terres colorées qui ne font point des indices de bitume. page tjç. -.- Efpèce de marne à foulons & fes ufa^es. page \\6. — Pierre meulière ou grès caU caire & fcintillant formant les hauteurs de ce pays. page iî7- Mont de la Molière , & fon éléva- tion, page i}8- Carrières de pierre meulière. page 140. Fait remarquable que préfente la carrière de Bollion. ibid. — Corps fofliles ou pé- trifiés teftacés & de la nature des os que renferme la pierre meulière du Jora^. page 142 &? fuiv. Jeux de la nature ou accidens remarquables qui offrent matière à méditation, page 147. — Diverfité de nature remarquable de ces divers corps fofliles & pétrifiés, p. 149..— Eaux toffeufes & tufs qui fe forment contre la pierre meulière, p. iço. — le grès & la mollaffe le long des lizières occiden- tales du Jorat s'appuye fur les couches calcaires du Jura, page ici. — Gyps que renferment ces lizières. p. 153. — Son origine, p. 154. «- Pierr* 2}6 TABLE marneufe hépatique & ces effets fur les eaux. ib. — Eaux minérales des bains à Yverdun. p. i ç ç . — . Procédé pour les imiter & conféquences qui en découlent, p. içg. — SECTION V. Hiftoire naturelle des Lacs de Morat fe? de Sienne 8f pays circonvoijîns. . . page 160. M-je lac de Morat & fes dimenfions. p. 160. — - Phénomène qu'il préfente, p. 161. — la Navigation. page 162. — - Atternffcmeqts de la Broyé, de la Glane & du Noiraigue. ibid & fuiv. — Anciennes limites du lac de Morat. page 164. — Traces d'une plus grande élévation de fes eaux, page xôç. — IVIines de fer en graviers de fes bords & de fon fonds, ibid. — Mine de Tripoli en graviers des environs de Morat. page 166. — Goëtre accom- pagné du Crétinifme obfervé à Don Didier, page 168. — Productions du lac de Morat. page 169. — Efpèce de Tubulaire lacuftre. ibid. — les bords du lac , les rofeaux & les cailloux roules , fond recouverts à fllontalier d'épongés d'eau douce les plus communes, page 170. §. i; le pays de "Vuilli & nature de fon climat , fon fol, fes rochers. page 171. — Squelettes d'humains foffiles trouvés près de Aîotiers. page 17?. — Tourbe de la Broyé près de fa fortie du Jac de Morat. page 17c. — Atterriffements de la Tielle à fon embouchure dans le lac de Bienne. page 177. — Dimenfions actuelles du lac de Bienne; la Tielle & la Schufs tendent à la combler, page 178 Courants remarquables dans ce lac. page 179 Phénomène de la pré- tendue floraifon du lac. page 180 De l'Ule de Saint-Pierre dans le lac de Bienne. page 181. — Des vents qui régnent dans U vallée de Bienne. DES 31 ATI ÈRES. 237 p !f>+, .... Productions du lac & de la vallée de Bienne.' p. 18 v — Nature des bords de ce lac. p. ,§6. Sources & torrents qui découlent , & effets remarquables qu'ils produifent. page 189 — Infecte nuifible qui en ravage les vignobles, p. 1 jo. ... Climat de la vallée de Bienne & fes influences. page 191. — Marais qui bornent les lacs de Neuf- chatel , Morat & Bienne au Nord, page 192. — - Ces trois lacs jadis réunis n'étoient fepares que par des ifles. page 195- — Nature martiale de ces marais, page 194. — Mine de fer terreufe d ori- gine végétale qu'on y trouve, p. 196. — Arbres foflîles & origine de ces arbres & de la mine de fer de ces marais, page 197. Ces bois foflîles font tous de chênes, page 198. — Grande difficulté que font naître les lacs de la Suifle & folution de# cette question, page 199. --Exemples on confirmation de cette théorie, p. 201. — SECTION VI. Où Ton traite de F origine & des époques de la foi motion des pays décrits dans cet ouvrage page 204. Introduction, page 20+ Théorie de l'ori- gine des couches coquillières du Jorat. page 205. — Théorie de l'origine des couches du charbon minéral du Jorat. page 206. — Nouvelles preuves de l'ancienne élévation des eaux du lac de Ge- nève & théorie de la formation de la montagne de Brèche fltuée vers ion extrémité orientale. page 210. — Preuves de l'ancienne jonction des lacs de Genève & de Neufchatel & théorie de l'origine des grands dépôts ou an. as de cailloux roules Bcués vers leurs extrémités occidentales./?. 212. Théorie de l'origine des gros blocs de 258 TABLE, &c< pierres de roches primitives que l'on trouve a la furface du Jorat, page 21.4. Difficulté difficile à réfoudre provenant du mélange de dépôts fluviatiies & marins dans les mêmes cou- ches, page 2iç. -. Confidérations propres à lever cette difficulté & théorie qui en découle. ;;. 216. — le grand baflin que forme la SuitTe Romande rempli fucceflivement par les eaux de la mer & les eaux douces, page 217. — Et deux époques marquées pour la formation des couches de la Suifle. page 219. - — Théorie de l'origine des co- quilles calcinées & des bitumes tant concrets que fluides du Jorat. page 220. -— Théorie générale de la formation des couches grèfeufes du globe. p. 223. — Et des couches minérales qu'elles ren- ferment, p. 22c Théorie préfumable des offe- mens d'éléphans & autres animaux étrangers aux climats de l'Europe , que l'on y déterre, p. 226. .— Conclufion. p. 228. Fin de la Table du fécond Volume. INSERT FOLDOUT HERE INSERT FOLDOUT HERE INSERT FOLDOUT HERE ««* '