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OF PHARMACY UNIVERSITY OF TORONTO THE LIBRARY FACULTY OF PHARMACY UNIVERSITY OF TORONTO Digitized by the Internet Archive in 2010 with funding from University of Ottawa http://www.archive.org/details/histoirenaturell0O3guib HISTOIRE NATURELLE DES DROGUES SIMPLES. TOME TROISIÈME. imprimerie de L, MARTINET, rue Mignon , y Quartier de l'École-de-Médecine. f ; | à L ] Le - + 7 © 1, “ " j HISTOIRE NATURELLE DES DROGUES SIMPLES OÙ COURS D'HISTOIRE NATURELLE Professé à l’École de Pharmacie de Paris PAR N. J.-R. G. GUIRÇOURT . Professeur titulaire de l’École de pharmacie de Paris, membre de l'Académie nationale de médecine, de l’Académie nationale des sciences et belles -lettres de Rouen, ete, QUATRIÈME EDITION, CORRIGÉE ET CONSIDÉRABLEMENT AUGMENTÉE, ACCONPAGNÉE De plus de 600 figures intercalées dans le texte. TOME TROISIÈME. PARIS. CHEL I-b BAILLIÈRE. LIBRAIRE DE L'ACADÉMIE NATIONALE DE MÉDECINE, Rue Hautefeuille , 19. À Lonpres, cuez H. BAILLIÈRE, 219, Recent-Srreer. A NEW-YORK ,; CHEZ H. BAILLIÈRE, LIBRAIRE, À MADRID , CHEZ CH. BAILLY-BAILLIÈRE ; LIBRAIRE, 1550, 32 Led M. de: série à etoiles RER TRS mtamvin, a refh nd à emmbry nd li »1ialmit FLE PL S 2 * LA A! éd es: dote 2 DNA à su waters mebasé/r + su ré | FE 2 Les Ac ha orsatx % “ à MÉRRAMOIA TRÉSLTAAÈTIERON 4 250 “ FR . hi x à : 21009" Ji * | E dE sant P* w gi A ë aus rm mt 08 000 eus é se ; | “ . a b, : | ne Un Fr blem | 4 ! es 7 HMÉIRIONT AMOT MIN a | ANGLE E- 1 ‘4H dira PE MUEAQUIAR À 1U Si 1€ ï As caREE HN «ni sis, ri ‘# à LC AT TI “. Le FD thai cn LA Pris e ORDRE DES MATIÈRES DU TOME TROISIÈME. Pages SUITE DE LA DEUXIÈME PARTIE. — VÉGÉTAUX. . . . . . . . 1 SEPTIÈME CLAssEe. Dicotylédones caliciflores.. . . . . . . . . . . . ib. RE CP NT OR is he Jeter sc, ib. TE ÉPIER DORE ln se D ete Los etats ta ea Ve 2 —"NidBs I0DEHACÉESS 24 0 8 20 HER ISYHANUNÉTENS. : M. à = ste De ee 01 à 10 — —— CPR SU M Une ec A2 == — ÉRRRER . ln pare 16 — —— BÉRÉCIOMMEES. 2: Ua en ie à 31 — — AUDIO -. 2 7 oc lee à 56 = — CDPAIAMAEÉSS: : - - 2 se ee = 58 TES ARBRE. nu à leds ee de 61 D MED 0 à 0 On 7e aus = lacs 63 En NE CURE MR Ta m0 D à ai UuT eo lens de 74 Hé Da en ns nn nue o « e 179 a Sons. CN AE Tes ae oo 181 ET M CE nn nn Loi a lola Vauls @s #68 0 % 182 ES AAEERS ES 0 | ae dar ae aie : 183 RE TE tn Es era D 0 © 188 SAR. 2 LU SU Re ss © ss 230 — des cactées, ficoïdées, crassulacées, etc. . . . . . . . . 231 ONE. SRE TR Tes at: 235 — " des myPaces ."."..".".?. Pr Chr MÈRES - 216 =, OP A Se ee SA 257 SE COMBO LU RS ee D 259 7 MODE HOBACÉES. ee ee SR ES E 0 qe à SC 266 —- ——" " pomacées. : :.:, . : : .* ARR. à 267 — — FOBODR RARE TR, per. dy 271 — — sanguisorbées. . . . . . PV : Le: MD — — dryadées®".".". NE PR. 279 VI ORDRE DES MATIÈRES. Famille des fosacées apiréacées. . . . . . . 2000 121:.0. À — x POMMEMIÉRSS à + I LS + à — des légumineuses. . . . . . . . . .. à — — paDiNonagées. . + Rte —— — césalpiniées. . VC 000 Cure — — MOPTRREESS : à +: 0 NN PS — — SAME. + RTE Fee — — RAMOSHEE 2. © -:: 1 NRRRE Le — — racines. ol tie co cc : — — ÉCORGESE un + y ep SV ne — — DERS. sis à : SRE per Elte — —— fcnmes UE Ve: SANDER. EST — ÉPUISÉ : _— — sucs asfringents. . ... .® . ... Da — — PIED ENSRE CURE RP ES - — — résines.el baumes. . . . ., . — — RO ne fee ue ee — des térébinthacées. . . . . . . . .. 5 : ù — des rhamnées. . . 4e Lu us : : : — desilicinées. . . ... . . ROSE NS | Huirième casse. Dicotylédones thalamiflores. . . . . . . . . . .. Famille des rutacées. . . .. . . . . . | >. Mes — des oxalidées., . . . . .. UE 5 — des géraniacées. LAS SLR). | : — des balsaminées., . . . : a A ——. HE STOPÆUIÉES. .. «de , M Lo ae : — des ampélidées.. . . .. NOT PCR — -desmélaeées. . : . à : à US DR _- — des cédrélacées. . . . . . . sc dat NE RL de = Ernhpo des AÉrEeR.. een à eue os dd. ; Famille des guttifères. . . . . . . . ue PT PATES MYPÉRCMÉES.S. 2 2. 4 à à 4 « de D - — des aurantiacées. . . . . . Vi 00 PARLES “AParIRe des LerHSITOŒMIAEÉES. : - . &... cn ‘ ——" des tiiaCées. . . . . . . DR : — ‘Ues malvagées. . . . . . . . . Do celte LE On DD Æ el par ions Le VOICE ER — des eaniôphyllées. . . . ui... « : ; ae ORDRE DES MATIÈRES. VIL Pages Famille despolygalées. ."..:. . . & 4 2... 4... + . .. 603 PR 1 NON CNT CT RES ARE ae 608 Et EPS RMC ee 611 MR HOW. La CETTE 614 En Ne cu Ne De VMS CON SRE ET 615 => 2 des Cap 1. Lt Dh END. . J.,.0"; 616 51) ES COOP UT Ti eee à se à 617 AS 0 ce SP d'alte e S 637 — des papavéracées. ME St encre 640 2% des nymphæacées. . , . . . . . . . Re LA tee 661 = UPS ET DETIAURS. (eoaur dada lee on à F3 Be Bin 666 —. ‘des ménispermaeées. 2 AM --1. . 4. A 0. K 0, 668 A UN Fes PU DR I OP OO EE 675 2 OERENONACÉESe 0 ME 2 SL us à me 677 — des renonculacées. , . . .. De CREMEN PER RAS RUE PAS 683 TT. ET - Ê s De a a EU ave à OP ft POOOENRMONUT ED, .. £ Li + te, © à L - s æ +. ' … s "3 M L ï un h L k ve Le _ ” # 7 0 « * “ a 2 à | - + 1 : : é : de l 5 | { ; L LT Le \ x 3 pe | j = f Le = T | D. * # ÿ à é F1 . 21 4 + £ PCR & nu D à "€ +6 Pi sa Fe : "x . # P PT LS LT 1,2 n E ù À D Ge ; « à. L7-1E ER “ARS end max $ # ‘f LSRNTS #1 1 ÿ h ï SU *ÿ 1 Fe” M s : Lcd de: re... .# , s + É 6 {y on te M S _.* | LE ä Eee: " MOSITÉ OR ne 7.54 | HISTOIRE NATURELLE DES DROGUES SIMPLES. DEUXIÈME PARTIE. VÉGÉTAUX. + (suire.) SEPTIÈME CLASSE. Dicotylédones caliciflores. Cette classe renferme les végétaux dicotylédonés dont la corolle et les étamines sont portées sur le calice, que ce calice soit libre ou soudé avec l'ovaire ; elle pourrait être scindée naturellement en deux sous-classes , dont la première tiendrait aux corolliflores par ses corolles gamopétales et dont la seconde se lie aux thalamiflores par ses fleurs polypétales. C’est dans la première sous-classe que se trouve l’immense groupe des plantes à fleurs composées ou synanthérées ; mais avant d’y arriver, on rencontre une quinzaine de familles moins importantes , dont trois seulement devront nous arrêter : ce sont les pyrolacées, les éricacées et les lobé- liacées. FAMILLE DES PYROLACÉES. Ce petit groupe démembré des éricacées nous offre deux plantes assez actives dont les caractères feront connaître ceax de la famille. LH. 1 2 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. Pyrole à feuilles rondes. verdure-d'hiver, Cette plante croît dans les bois, à l'ombre, en France, en Allemagne, dans le nord de l'Europe et de l'Amérique. Ses racines produisent plusieurs tiges hautes de 21 à 27 centimètres, munies à la base de feuilles arron- dies longuement pétiolées, persistantes. Les tiges sont nues sur leur longueur, terminées par une grappe simple de fleurs dont le calice est très petit, à 5 divisions aiguës et réfléchies ; la corolle est formée de 5 pétales arrondis, blancs et ouverts ; les étamines sont en nombre double des pétales et non soudées avec eux ; les anthères sont biloculaires et s'ouvrent par deux pores au sommet ; l'ovaire est libre, porté sur un disque hypogyne , à 5 loges, surmonté d'un style long , cylindrique, courbé en S, terminé par % stigmates pourvus d’un anneau à la base ; le fruit est une capsule à 5 côtes arrondies, pourvue du calice réfléchi à sa base, et du style persistant au sommet ; elle est à 5 loges, à 5 valves loculicides , et contient dans chaque loge un grand nombre de semences très menues, renfermées dans un arille celluleux. Cette plante était autrefois très employée en médecine comme vulnéraire et surtout comme astriogente , dans les hémorrhagies, la leucorrhée, la diarrhée. Pyrole ombellée, pyrola umbellataX., chimaphila umbellata Nutt. Cette plante se trouve aussi en Europe ; mais elle est beaucoup plus fréquente dans l'Amérique septentrionale, où on lui donne les noms de winter-green et de pippsisewa, qui sont la traduction ou l'équivalent des noms francais verdure d'hiver et herbe à pisser. Ses tiges sont rou- geâtres, ramifiées, presque lJigneuses, hautes de 8 à 11 centimètres, garnies de feuilles oblongues-lancéolées, atténuées en pointe inférieure ment, dentées en scie, irrégulièrement verticillées par 4 ou 6 ; les fleurs sont rougeâtres, portées en petit nombre à l'extrémité d’un pédoncule terminal, disposées en ombelle ou en corymbe et assez longuement pé- dicellées. Le style en est très court et caché dans l’ombilic de l'ovaire. Les feuilles de infer-green sont astringentes, corroborantes et surtout très diurétiques, étant prises en infusion. On les emploie contre l'hy- dropisie. Elles sont bien représentées dans les illustrations de genres de l'Encyclopédie, pl. 367, fig. 2. FAMILLE DES ÉRICACÉES. Famille très nombreuse et très naturelle, quoique difficile à bien circonscrire en raison de la déhiscence variable des fruits , et de l'ovaire qui peut être libre ou adhérent au calice. Elle renferme des arbrisseaux ou sous-arbrisseaux à feuilles persistantes , souvent roides, entières ou dentées, articulées sur la tige, privées de stipules. Les fleurs sont com- plètes, régulières , pourvues d’un calice à 4, 5 ou 6 divisions, libre ou ÉRICACÉES. 3 adhérent à l'ovaire. La corolle est insérée sur un disque soudé au calice, demi-supère ou supère, gamopétale ou presque polypétale , marcescente ou tombante ; les étamines suivent l'insertion de la corolle et sont en nombre égal ou double de ses divisions, à filets libres ou plus ou moins soudés ; les anthères sont sagittées ou bicornes, à 2 loges s’ouvrant par des pores terminaux ou par des sutures longitudinales, et quelquefois munies à leur base d’un appendice dorsal , filiforme. L’ovaire est pluriloculaire , contenant un grand nombre d’ovules fixés sur une colonne centrale qui se continue en un style indivis, terminé par un stigmate arrondi ou pelté, souvent entouré à la base d’un indu- sium annulaire. Le fruit est charnu dans les genres à ovaire infère, plus souvent capsulaire dans les autres. Les semences sont solitaires ou nom- breuses dans chaque loge, pourvues d’un arille réticulé, d’un volume bien plus considérable que celui de ja semence. M. Endlicher a divisé cette famille en trois sous-familles ou tribus. 1. Éricinées. Anthères mutiques ou pourvues d’un appendice dor- sal; ovaire libre; fruit capsulaire à déhiscence loculicide, rarement bacciforme ; feuilles très souvent dures et piquantes, rarement planes ; bourgeons nus. Genres blæria, erica, andromeda, oxidendron, cle- thra, gaultheria, arbutus , arctostaphylos , ete. 2. Vacciniées. Coroile tombante, anthères toujours bipartites , très souvent appendiculées ; ovaire infère, fruit bacciforme ou drupacé ; feuilles planes ; bourgeons couverts d’écailles imbriquées, rarement nus. Genres oxycoccos, vaccinium, eLC. 3. Rhododendrées. Corolle tombante, aathères mutiques ; ovaire libre; fruit capsulaire à déhiscence septicide; feuilles planes. bour- geons squameux , strobiliformes. Genres azalea, rhododendron, lLe- dum, etc. Le genre le plus important de cette famille est le genre erica : (bruyère), composé de plus de 400 espèces dont le plus grand nombre, originaires de l'Afrique méridionale, sont de très jolis arbrisseaux bien propres à faire l'ornement de nos serrres et de nos jardins. Leur tige, très rameuse, s’élève depuis 1 décimètre jusqu'à 4 où 2 mètres; leurs feuilles sont presque toujours verticillées , très petites , linéaires, dures au toucher, à marges roulées en dessous; leurs fleurs sont axillaires on terminales, pédicellées, presque toujours accompagnées de 3 bractées ; le calice est à 4 parties, la corolle est en cloche , ovale ou cylindrique, à À divisions et marcescente. Les anthères sont au nombre de 8, termi- pales, pourvues de deux soies dorsales, ou mutiques. Le fruit est une capsule à 4 loges , à 4 valves septifères, à graines petites et ordinaire- ment très nombreuses. Les bruyères sont généralement amères et as- h DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. tringentes, quelquefois résineuses el aromatiques, mais complétement inusitées aujourd’hui dans l’art médical. Les andromèdes, très voisines des bruyères, dont elles diffèrent par leurs fleurs pentamères, ont dû leur nom à ce que leurs jolies fleurs, exposées par la nature sur les plages désertes de la Laponie, ont été comparées par Linné à la belle fille de Cassiopé exposée nue sur un ro- cher ; mais ce genre, après avoir contenu plus d’une centaine d'espèces, se trouve aujourd’hui presque réduit à l’andromeda polyfolia de Linné, que sa vertu narcotico-âcre rend très pernicieuse aux moutons. L'andromeda mariana . (leucothoe mariana DC.), de l'Amérique septentrionale, possède la même qualité délétère ; landromeda arborea L. (ozidendrum arboreum DG.), nommée vulgairement en Amérique sorrel-tree ou saur-tree, possède des feuilles acides et un peu austères, usitées en décoction comme antiphlogistiques. Gaulthérie couchée. Gaultheria procumbens L., Lam. //L., t. 367. Peut arbuste dont les tiges sont longues de 16 à 22 centimètres, lisses et couchées; les ra- meaux sont courts, nombreux, légèrement pubescents, garnis de feuilles presque sessiles, alternes , ovales-mucronées, dentées en scie, longues de 27 millimètres, vertes, souvent teintes de pourpre à la base; les fleurs sont rouges, pédonculées, axillaires et pendantes, souvent réunies par bouquets de 3 à 5; les calices sont pourprés à la base, à 5 divisions, entourés de 2 bractées ; la corolle est ovale , à limbe réflé- chi à 5 dents. Les anthères sont au nombre de 10 , incluses, à filets velus, à anthères bifides au sommet, pourvues chacune de 4 soies. L'ovaire est libre, entouré à la base par 10 écailles, et surmonté d’un style filiforme et d’un stigmate obtus. Le fruit est une capsule globuleuse déprimée, à 5 sillons, embrassée par le calice accru et devenu bacci- forme. La capsule s'ouvre en 5 valves septifères; les semences sont nombreuses, petites, à testa réticulé. x La gaulthérie couchée croît abondamment du Canada à la Virginie, sur les montagnes boisées ct sablonneuses. Elle y est nommée commu- nément #0nfain-tea, partridge-berry ou box-berry. Klle est douée d’une odeur très agréable, surtout lorsqu'elle est desséchte, et est em- ployée en infusion théiforme. On en retire par la distillation une huile volatile qui est connue en parfumerie sous le nom d'essence de winter- green, bien que le nom de winter-green soit plus spécialement appli- qué à la pyrole ombellée. Cette essence est plus pesante que l’eau et bout à 22% degrés. M. Cahours l’a trouvée formée de C'SHSOS, ce qui est exactement la composition du salicylate d’éther méthylique, puisque ÉRICACÉES. - 9 CHH505 + C2H50 = CI6H$06, Alors, pour confirmer ce rapproche- ment, M. Cahours a préparé le salicylate d’éther méthylique en distil- lant un mélange d'acide salicylique, d’esprit de bois (alcool méthy- lique) et d'acide sulfurique, et il a vu qu’en effet ce composé était identique avec l’essence de gaultheria procumbens. Tous deux, traités par la potasse ou la soude caustique, se transforment instantanément en cristaux solubles dans l’eau et dans l'alcool, et qui regénèrent l’es- sence par l'addition d’un alcali; mais si on attend vingt-quatre heures, la dissolution aqueuse , traitée par un acide, fournira, au lieu d’essence de gaultheria, de l’acide salicylique (/ourn. de pharm. et chim., t. IL, p. 364). Arbousier. Arbutus unedo L. Petit arbre commun dans les bois arides de l’Europe méridionale et de l'Orient, muni de feuilles alternes, oblongues-lancéolées , dentées en scie, rigides, glabres, brillantes, d’un beau vert et persistantes. Les fleurs sont disposées en grappes panicuices; elles sont formées d’un calice très petit à 5 divi- sions, d’une corolle en grelot, à 5 dents obtuses et réfléchies, de 10 étamines incluses dont les anthères s'ouvrent par deux pores au sommet et sont mu- nies de deux soies réfléchies. Ovaire posé sur un disque hypogyne à 5 loges polysper- mes; À style, 4 stigmate ob- lus. Le fruit est une baie glo- buleuse terminée par le style persistant , divisée intérieure- ment en à loges polyspermes. Ce fruit est tout couvert de granulations d’une belle cou- leur rouge, ce qui lui donne l'apparence d’une fraise et a fait donner à l’arbousier le nom de fraisier en arbre. Ce fruit est assez fade et passe pour indigeste. Les feuilles sont très astringentes et servent en Orient au tannage des peaux. Fig. 232. Busscrole ou Raïisin-d’Ours { fix. 252 ). Arbutus uva-ursi L., arctostaphylos uva-ursi Spreng. Ce petit ar- brisseau croît dans les pays wontagneux , surtout en Italie, en Espagne 6 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. et dans le midi de la France ; ses tiges sont rondes, rougeàtres, cou- chées, longues de 25 à 35 centimètres. Ses feuilles sont alternes, co- riaces, persistantes, obovées, très entières, brillantes, d’une saveur très astringente ; ses fleurs sont disposées en petites grappes inclinées, blanches, légèrement purpurines à l’ouverture. Ces fleurs présentent tous les caractères des arbousiers, à cela près de l'ovaire qui est entouré à la base de 3 écailles charnues. Le fruit est une baie globuleuse, unie, d’un beau rouge, de la grosseur d’un grain de groseille, terminée par le style persistant, divisée intérieurement en 5 loges monospermes. Ce fruit, dont le goût est âpre et un peu acide, est recherché par les oiseaux et par les animaux sauvages, ce qui a fait donner à la plante le nom de raisin-d'ours où d'uva-ursi. Le nom de busserole, qui veut dire petit- buis, lui vient de la ressemblance de ses feuilles avec celles du buis. . Les feuilles de busserole ont joui d’une certaine célébrité contre la gravelle et sont encore usitées aujourd’hui comme diurétiques; mais, ainsi que nous l’a fait remarquer anciennement M. Braconnot, on les remplace souvent dans le com- merce par les feuilles de l’airelle ponctuée (vaccinium vitis-idæa L.), petit arbrisseau de la tribu des vacciniées (fig. 233 )# très abondant dans les Vosges. Voici à quoi on peut les distinguer. Les feuilles de busserole sèches sont toujours d’un beau vert, épaisses, très entières, obovées (1), sans nervures transversales sail- lantes, comme chagrinées sur les deux faces. En examinant la face inférieure à la loupe, on y dis- üngue un réseau très fin, rou- geâtre, dû à Ja division extrême des nervures transversales, Cette face est encore verte et luisante, quoiqu'elle le soit moins que la supérieure. La saveur des feuilles d'uva-ursi sèches est très astringente ; leur odeur est assez forte, dés- I (1) C'est-à-dire ovales, mais plus larges vers la partie supérieure qu’à la base qui est terminée en pointe. ÉRICACÉES. 7 agréable et analogue à celle de la bryone desséchée (1) En les triturant avec un peu d’eau dans un mortier de porcelaine, il en résulte une liqueur trouble jaunâtre, qui, filtrée, forme sur-le-champ un beau précipité bleu par le sulfate de fer au médium; la liqueur reste entièrement dé- colorée. Cet essai y indique la présence de beaucoup d'acide gallique et de tannin ; aussi ces feuilles sont-elles employées dans divers pays pour tanner les peaux. Les feuilles d’airelle sont d’un vert brunâtre, moins épaisses que celles d’uva-ursi, moins entières {c’est-à-dire quelquefois légèrement dentées), à bords toujours repliés en dessous. Leurs nervures trans- versales sont très apparentes, et leur face inférieure qui, à part les nervures , est unie et blanchâtre, est de plus parsemée de points bruns très remarquables , auxquels l’arbuste doit son nom d’airelle ponctuée. Ces feuilles triturées avec de l’eau donnent une liqueur qui, filtrée et essayée par le sulfate de fer, devient d’un beau vert, reste d’abord transparente , forme ensuite un précipité vert et conserve la même couleur. On pourrait encore risquer quelquefois de confondre les feuilles d’uva- ursi avec celles de buis, buxœus sempervirens L. (t. II, p. 343); mais les feuilles de buis sont ovales-oblongues, le plus souvent échancrées au sommet, et non chagrinées ; leur face inférieure est marquée d’une nervure longitudinale et de nervures transversales très nombreuses, parallèles, non ramifiées et non saillantes , mais rendues très apparentes par le duvet blanc très court qui les recouvre. Ces feuilles, triturées avec de l’eau, donnent une liqueur dans laquelle le sulfate de fer ne forme qu’un précipité gris-verdâtre peu abondant. Airelle myrtille, vaccinium myrtillus L. Arbrisseau de 50 à 60 centimètres, croissant dans les bois, en France , en Allemagne, en Angleterre ; il a les rameaux verts et anguleux , les feuilles ovées, den- tées, très glabres, assez semblables à celles du myrte, ce qui lui a valu son nom; elles ne sont pas persistantes ; les pédoncules sont uni- flores et solitaires; les fleurs sont formées d’un calice adhérent à l’o- vaire , dont le limbe est libre et à 5 dents peu marquées ou nulles; la corolle est urcéolée ; les étamines sont au nombre de 10, incluses, insérées comme la corolle sur le limbe du calice; les anthères sont bi- fides par haut et par bas, munies sur le dos de deux arêtes redressées ; le fruit est une baie globuleuse couronnée par le limbe du calice, à (1) Cette odeur est due à un principe volatil qui, lorsque les feuilles sont renfermées dans un bocal avec un papier, jouit de la propriété de colorer ce papier en une couleur bistrée. Le même phénomène a lieu avec un certain nombre de substances qui ne sont pas, à proprement parler, aromatiques, telles sont les feuilles de pyrole , les racines de dentelaire et de carline. 8 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. 5 loges polyspermes. Ces baies sont d’un bleu noirâtre (blanches dans deux variétés), très recherchées des coqs de bruyère. Elles sont aci- dules, rafraichissantes, et servent à faire un sirop et des confitures sèches. On les emploie aussi dans la teinture #t pour colorer le vin. L'airelle canneberge (vaccinium ozicoccos L., oxicoccus palus- tris Pers.) rampe dans les marécages sur la grande espèce de mousse nommée sphaigne ; ses feuilles sont persistantes, ovales, pointues, à bords roulés en dessous, blanchâtres à la face inférieure ; ses baies sont rouges, ovoides, d’une saveur acide. Les rosages, que l’on désigne plus ordinairement sous leur nom linnéen rhododendron, sont des arbrisseaux ou des arbres dont quelques espèces (ZA. ferrugineum, hirsutum, chameæcistus ) croissent sur les montagnes alpines de l’Europe ; les autres appartiennent à l’Asie ou à l'Amérique septentrionale ; presque toutes sont cultivées dans les jar- dins, à cause de la beauté de leurs fleurs. Ce sont des végétaux géné- ralement dangereux et doués d’une vertu narcotico-âcre. On prépare en Piémont, avec les bourgeons du rhododendron ferrugineum , vul- gairement nommé laurier-rose des Alpes, une huile par infusion (élæolé) connue sous le nom d’Auile de marmotte, employée contre les douleurs articulaires. Les feuilles du rhododendron chrysanthum de la Sibérie, sont usitées comme astringentes et narcotiques; à dose trop élevée, elles causent des tremblements et des vertiges. Le /edum palustre L., croissant dans le nord de l’Europe et de l'Asie, nommé vulgairement romarin sauvage, à cause de ses feuilles li- néaires, à bords roulés en dessous, possède une odeur vireuse, un goût amer et astringent et une vertu narcotique, un peu émétique. On en obtient par la distillation une huile volatile plus légère que l’eau, pour- vue d’une saveur aromatique brûlante. Les feuilles du /edum palustre de l'Amérique septentrionale , vulgairement nommées thé du Labra- dor, sont recommandées contre la toux. . FAMILLE DES LOBÉLIACÉES. Les lobéliacées faisaient auparavant partie des campanulacées (1), dont elles diffèrent par leur corolle irrégulière, leurs anthères syngé- (4) Je ne dirai rien de la famille des campanulacées, malgré l’importarce numérique de son principal genre ( campanula) et le nombre assez considé- rable d'espèces qui sont cultivées dans les jardins ; mais leurs propriétés mé- dicales sont à peu près nulles , et l’on ne peut guère citer pour leur utilité que les campanula rapunculus, rapunculoides, edulis, adenophora lilifolia, phy- teuma spicatum, dont les racines, connues sous le nom de ra’ponces, forment une nourriture dure et peu sapide. LOBÉLIACÉES. Q nèses et leur stigmate entouré d’un godet membraneux, entier ou cilié. Ce sont des plantes herbacées, ou sous-frutescentes, ordinaire- ment pourvues d’un suc laiteux , très âcre et fortement vénéneux ; à feuilles alternes, dépourvues de stipules; à fleurs complètes ou très rarement dioïques par avortement , formées d’un calice soudé avec l'ovaire, et d’une corolle insérée sur le calice , gamopétale, à 5 lobes inégaux, souvent fenduc profondément en dessus et comme bilabiée. Les étamines sont au nombre de 5, insérées sur le calice ; les filets sont souvent séparés par le bas, mais toujours soudés par le haut en un tube qui entoure le style ; les anthères sont introrses, biloculaires, réunies de même en un tube qui entoure le style. L’ovaire est infère ou demi- supère, couronné par un disque glanduleux, d’où s'élève un style ter- miné par 2 stigmates entourés par un anneau cilié. Le fruit peut être charnu et indéhiscent, ou capsulaire à 2 ou 3 loges polyspermes et à déhiscence loculicide. Les lobélies, qui ont donné leur nom à cette famille, forment un genre très nombreux dont quelques espèces seulement sont indigènes à l'Europe. Le plus grand nombre des autres vient de l'Amérique septen- trionale , ensuite de la Nouvelle-Hollande, de l'Afrique et de PAsie. Plusieurs d’entre elles ont mérité, par la beauté de leurs fleurs, dispo- sées en une grappe ou épi termina, d’être cultivées pour l’ornement des jardins. Telles sont principalement : La lobélie du Chili, /obelia tupa X., dont les fleurs , longues de 40 à 55 millimètres, sont d’un rouge vif. Toutes les parties de la plante sont fortement vénéneuses, et l'odeur seule des fleurs paraît être très dangereuse. La lobélie à longues fleurs, /obelia longiflora L. Les fleurs sont blanches, longues de 8 à 11 centimètres , solitaires dans l’aisselle des feuilles ; originaire de la Jamaïque et des Antilles. La lobélie eardinale, lobelia cardinalis L. Originaire de la Vir- ginie et de la Caroline; cultivée depuis très longtemps en Europe dans les jardins, où elle peut passer lhiver en pleine terre. Ses fleurs sont grandes et d’un rouge pourpre éclatant. La lohélie de Surinam, /obelia surinamensis L. : arbrisseau de la Guiane, de 2 à 3 mètres de hauteur, d’une végétation vigoureuse et d’un très bel effet lorsqu'il est pourvu de ses grandes fleurs rouges. On le cultive en serre chaude. Une espèce de lobélie très usitée dans la médecine des États-Unis, est le lobelia inflata X., plante annuelle dont la tige est rameuse à la partie supérieure , garnie de feuilles irrégulièrement dentées, un peu velues ; les fleurs sont petites, courtement pédicellées , disposées en grappes spiciformes augmentées de petits rameaux à la base ; le tube du calice 10 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. est glabre -et ovoïde , à lobes linéaires-acuminés égalant la longueur de la corolle qui est d'un bleu pâle ; la capsule est ovoïde et renflée. Cette plante est récoltée, tige, feuilles et fleurs mêlées, par les quakers du New-Lebanon et mise sous forme de carrés longs , fortement comprimés et du poids d’une demi-livre ou d’une livre. Elle est d’un vert jaunâtre, d’une odeur un peu nauséeuse et irritante, et d’un goût âcre et brûlant semblable à celui du tabac. Elle paraît contenir un principe âcre ana- logue à la nicotine, un acide particulier, de la résine, du caoutchouc, de la chlorophylle, de la gomme, etc. On emploie également en Amérique, comme antisyphilitique, la racine du lobelia syphilitica. Gette plante est cultivée depuis assez longtemps en France , où elle est connue sous le nom de cardinale bleue, à cause de la couleur bleue de ses fleurs. Elle s'élève à la hauteur de 50 à 65 cen- timètres. Sa tige est simple, munie de feuilles ovées, pointues des deux côtés, irrégulièrement dentées ; les fleurs sont portées sur des pédicelles axillaires, plus courts de moité que les feuilles, à calice velu , dont les lobes lancéolés acuminés sont auriculés à la base et à bords réflé- chis. La racine de lobélie, telle que le commerce me l’a présentée, mais sans que je puisse assurer si elle était véritablement produite par le /obe- lia syphilitica (À), est grosse comme le petit doigt , d’un gris cendré au dehors, et marquée de stries superficielles, circulaires et longitudi- nales, disposées régulièrement de manière à donner à l’épiderme une certaine ressemblance avec la peau d’un lézard. Sa cassure transversale est jaune , comme feuilletée, et offre beaucoup de cellules rayonnantes ; sa saveur est légèrement sucrée ; son odeur, un peu aromatique, se rapproche de celle des aristoloches. Cette racine a été analysée par M. Boissel { Journ. de pharm., t. X, p. 623 ). FAMILLE DES SYNANTHÉRÉES Ou DES COMPOSÉES. Cette famille, la plus nombreuse et la mieux caractérisée du règne végétal, n’embrasse pas moins du onzième ou du douzième de tous les végétaux connus. Elle comprend des plantes herbacées et quelquefois des arbrisseaux à feuilles alternes, rarement opposées. Leurs fleurs sont très petites, rassemblées plusieurs ensemble dans un involucre commu, et constituant une fleur composée à laquelle on donne plutôt aujourd’hui le nom de calathide où de capitule. ù (1) On m'a dit que cette racine venait des Alpes, ce qui pourrait faire sup- poser qu’elle serait produite par le lobelia laurentia L. (laurentia Micheli; DC). SYNANTHÉRÉES. 11 Chaque capitule est composé de plusieurs parties : 1° D'un réceptacle commun formé par l’épaississement et l'épanouis- sement de l'extrémité du pédoncule. Il est plus ou moins épais et charnu et porte aussi le nom de phoranthe où de clinanthe. 2 De l’involucre commun, nommé aussi périphoranthe où péricline, formé d’écailles ou de bractées oblitérées , généralement nombreuses et imbriquées. 3° Sur le réceptacle même , on trouve d’autres petites écailles ou des poils (bractéoles ou involucelles) , qui sont encore un diminutif des bractées de l’involucre. Quant aux fleurs elles-mêmes, à la première vue , on en distingue de deux sortes : 4° Corolles régulières, infundibuliformes, à 5 lobes réguliers ; on leur donne le nom de fleurons. 2 Corolles irrégulières, prolongées d’un côté en forme de languette ; on les nomme demi-fleurons. Tantôt les capitules sont seulement formés de fleurons : alors les plantes prennent le nom de flosculeuses Tourn., ou de cynarocéphales 3. ; tantôt les capitules ne contiennent que des demi-fleurons : alors les plantes constituent les semi-flosculeuses T., les chicoracées J., ou les liquliflores DE. ; tantôt enfin, les capitules présentent des fleurons au centre ou sur le disque , et des demi-fleurons à la circonférence ou sur le z'ayon : on donne à ces plantes le nom de radiées. En examinant les petites fleurs des synanthérées plus particulière- ment encore et chacune isolément , on y trouve : 4° Un calice adhérent avec l'ovaire, terminé supérieurement par un limbe court et entier qui porte le nom de bourrelet, ou par des écailles ou des lanières er forme de poils. 2° Une corolle épigyne, gamopétale , tubuleuse , régulière ou irré- gulière. 3° 5 étamines à filets distincts, mais dont les anthères, rapprochées et soudées, forment un tube traversé par le style. Cette disposition, que l’on ne retrouve que par exception dans deux autres familles, celles des lobéliacées et des violariées, forme un des caractères les plus tran- chés des plantes à fleurs composées. Cette disposition constitue la syn- génésie de Linné (de £ù, ensemble, et de yé7:: génération), ou la synanthérie de Jussieu , dont le nom signifie anfhères réunies. L'organe femelle se compose d’un ovaire monosperme adhérent avec le calice, d'un stvle cylindrique, rarément renflé par le bas, toujours divisé supérieurement en deux rameaux ou sfigmates, couverts de glandes disposées sur deux séries. Le fruit est un achaine terminé supérieurement par le bourrelet ou 12 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. par l’aigretite plameuse qui constituait le limbe du calice. Dans le pre- mier cas on dit que l’achaine est #u; dans le second il est aigretté. Tels sont les caractères principaux des plantes synanthérées que Tournefort divisait en trois classes, les demi-flosculeuses, les floscu- leuses et les radiées ; que Vaillant et Laurent de Jussieu ont divisées en chicoracées, cynarocéphales et corymbifères, les chicoracées répondant exactement aux demi-flosculeuses , les cynarocéphales ne contenant qu'une partie des flosculeuses , et les corymbifères comprenant le reste des flosculeuses et toutes les radiées. Plus récemment, Aug.-Pyr. De Candolle a'divisé les composées en liguliflores , répondant aux semi- flosculeuses ou aux chicoracées; en tubuliflores, comprenant presque toutes les flosculeuses et les radiées, et en /abiatiflores , nouvelle divi- sion formée pour un certain nombre de plantes américaines non distin- guées dans les classifications précédentes, et qui ent une corolle tubu- leuse partagée en 5 lobes inégaux , disposés en deux lèvres. Le tableau suivant fera mieux comprendre la correspondance des trois classifica- tions. Tournefort... | Demi-flosculeuses. Flosculeuses. | Radiées. De Jussieu. Chicoracées. Cynarocéphales. | Corymbifères. De Candolle, Liguliflores. Labiatiflores. Tubuliflores. 1. Chicoracées. |2. Mutisiacées. h. Cynarées. | 3. Nassauviacées. 5. Sénécionidées. Tribus........ 6. Astéroïdées. | 7. Eupatoriacées. \ 8. Vernoniacées. l = mm meme © TRIBU DES CHICORACÉES. Laitues. Genre lactuca : capitules pauciflores , liguliflores ; involucre cylin- drique formé de deux à quatre rangs de squames imbriquées , les exté- rieures plus courtes; réceptacle plane et nu ; achaines comprimés, striés longitudinalement, surmontés d’un col filiforme terminé par une aigrette. f Laitue officinale , lactuca capitata DC., lactuca sativa capitata X,. Plante herbacée , annuelle, entièrement glabre et sans épines , dont la patrie est inconnue et qu’on suppose avoir pu être produite par la cul- ture de quelque espèce voisine. Elle offre dans son jeune âge une large toufle de feuilles arrondies, concaves, ondulées, bosselées, très succu- SYNANTHÉRÉES — CHICORACÉES. 15 lentes , pressées les unes contre les autres et formant ensemble une tête arrondie ; c’est à cet état qu’elle est usitée comme aliment , en salade ou cuite. Lorsqu'on la laisse croître, elle produit une tige haute de 65 cen- timètres, munie de feuilles embrassantes de plus en plus petites , ter- minée par un corymbe irrégulier de fleurs d’un jaune pâle. La tige présente, dans son écorce fibreuse, un grand nombre de vaisseaux remplis d’un suc laiteux, blanc, d'une saveur très amère et d’ure odeur vireuse analogue à celle de l’opium , ce qui a conduit le docteur Coxe de Philadelphie, André Duncan d'Édimbourg et le docteur Bi- dault de Villiers à Paris, à la proposer comme succédanée de l’opium. Ce suc , obtenu par des incisions transversales faites à la tige, a reçu le nom de Zactucarium ; tel qu’il a été préparé pour être livré au com- wmerce, par M. Aubergier, pharmacien à Clermont, il se présente sous forme de pains orbiculaires aplatis , de 3 à 6 centimètres de diamètre et du poids de 410 à 30 grammes ; il possède une odeur fortement vireuse et une saveur très amère ; il est complétement sec, d’une couleur brune terne ; il se recouvre souvent d’une efflorescence blanchâtre qui est de la mannite. Il contient, suivant l'analyse de M. Aubergier (Bulletin de l'Académie de médecine, t. VIT, p. 259) : Une matière amère cristallisable ; De la mannite ; De l’asparagine ; Un acide libre ; Une matière colorante brune ; Une résine mélangée de cérine et de myricine ; De l’albumine et de la gomme; Du nitrate de potasse et du chlorure de potassium ; Des phosphates de chaux et de magnésie. Suivant d’autres observateurs, le lactucarium contiendrait une quan- tité plus ou moins considérable de caoutchouc (Pharmacopée raisonnée, p. 144). La matière amère que M. Aubergier regarde comme le principe actif de la laitue , est peu soluble dans l’eau froide , facilement soluble dans l’eau bouillante et dans l'alcool fort ou dilué ; insoluble dans l’éther, ni acide ni alcaline. Indépendamment du /actucarium, on emploie très souvent comme calmants un extrait de laitue préparé avec le suc de l'écorce de la tige, connu sous le nom de éhridace , et l’eau distillée de la plante. Les se- mences de laitue faisaient également partie autrefois des quatre petites semences froides. On les a importées d'Égypte à Marseille il y a quelques années , Comme semences oléagineuses. Elles ont à peu près la grosseur el l’aspect des graines de carvi, mais elles sont inodores ; elles sont 14 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. d’un gris brunâtre, aplaties, ovoides-allongées, atténuées en pointe à la base, glabres et striées longitudinalement , d’une saveur grasse. Laïitue romaine, lactuca sativa DC. Cette espèce, exclusivement réservée pour l’usage de la table , a les feuilles allongées, rétrécies à la base, élargies au contraire, arrondies et concaves au sommet , non bosselées ni ondulées , dressées les unes contre les autres et formant un assemblage oblong , obovoïde. Laitue sauvage, lactuca sylvestris Lamk ; lactuca scariola L. Tige haute de 60 à 100 centimètres, ramifiée supérieurement ; feuilles al- ternes, sessiles, embrassantes , allongées , sagittées à la base , aiguës au sommet, souvent pinnatifides, glabres , mais garnies en dessous d’une rangée d’épines sur la nervure médiane ; les feuilles inférieures sont dirigées verticalement. Cette plante habite les lieux incultes et pierreux. Laïitue vireuse, /actuca virosa L. Plante annuelle ou bisannuelle, très analogue à la précédente, dont elle diffère cependant par ses feuilles beaucoup moins découpées, obtuses au sommet ; les inférieures, non lobées et seulement sinuées et dentelées, conservent toujours la posi- tion horizontale. Elle habite les mêmes lieux que la précédente, mais possède des propriétés plus énergiques. Son suc laiteux est âcre , très amer, d’une odeur fortement vireuse et paraît être très narcotique. Il est certain que si l’on veut chercher parmi les laitues une succédanée de l'opium , c’est cette espèce qui devrait être préférée. Scorzonère d'Espagne. salsifis noir d'Espagne; sc07zonera his- panica L. Cette plante croît naturellement dans les pâturages des mon- tagnes, en Espagne , en Italie, dans le midi de la France, et est culti- vée très abondamment dans nos contrées, à cause de sa racine fusiforme, charnue , noire au dehors, blanche en dedans, remplie d’un suc doux et laiteux , qui est très usitée comme aliment. Sa tige est haute de 60 à 100 centimètres, munie de feuilles alternes, amplexicaules , lancéolées- acuminées, ondulées sur le bord; les capitules sont solitaires, portés sur de longs pédoncules fistuleux; linvolucre est oblong , formé d’é- cailles scarieuses , imbriquées ; le réceptacle est nu ; les demi-fleurons sont jaunes, tous hermaphrodites , suivis d’achaines étroits , allongés, cannelés, surmontés d’une aigrette plumeuse, Cette plante ne doit pas être confondue avec le véritable salsifis ({ragopogon pratensis L.), qui croît naturellement dans nos prés et dont la racine est aussi usitée comme aliment ; non plus qu'avec le salsifis blane ({ragopogon porrifolius). Ces deux plantes ont les feuilles sessiles, longues, étroites, aiguës, très glabres, creusées en gouttière à la base; les capitules sont solitaires à l'extrémité d’un long pédoncule, pourvus d’un involucre composé d’un seul rang de folioles très longues et aiguës. Les corolles sont d’un jaune foncé dans la pre- SYNANTHÉRÉES — CHICORACÉES. 15 mière espèce, d’un pourpre violet dans la seconde ; les achaines sont sessiles, surmontés d'un rostre allongé terminé par une aigrette plu- meuse, L'ensemble des aigrettes complétement épanouies, forme une sphère volumineuse et d’un bel effet. Pissenlit. Toraxzacum dens-leonis Desf., leontodon taraxzacum L. Petite plante sans tige dont les feuilles, toutes radicales , sont sessiles , glabres, allon- gées , élargies au sommet et terminées par une grande partie de limbe triangulaire, un peu incisée à la partie inférieure. Le reste de la feuille est profondément pinnatifide et formé de découpures de plus en plus petites en descendant vers la racine, elles-mêmes laciniées et recourbées en crochet vers le bas {feuilles runcinées). Du milieu des feuilles s’é- lève une hampe simple terminée par un capitule à double involucre , à réceptacle nu, à demi-fleurons jaunes, tous hermaphrodites ; les achaines sont oblongs, striés, entourés de côtes épineuses et surmontés d’un rostre allongé terminé par une aigrette très blanche. De même que dans les salsifis, lorsque les achaines approchent de la maturité, l'in- volucre se renverse, le réceptacle Fig. 234. prend une forme convexe, les ai- grettes s’écartent en rayonnant et forment une tête globuleuse que le vent disperse bientôt par parties dans les airs, en laissant le réceptacle dé- pouillé de sa légère parure. Chicorée sauvage (fig. 254 ). Cinchorium intybus L. Car. gén. . Capitule multiflore; involucre dou- ble : l’extérieur court, à 5 folioles, l'intérieur à 8 ou 40 folioles longues, dressées ; réceptacle nu ou garni de quelques poils épars ; achaines obo- vés, un peu comprimés, striés, gla- bres, couronnés par deux séries de squamelles très courtes.—Car. spéc. : Feuilles inférieures runcinées , mu- nies de poils rudes sur la côte du milieu ; feuilles supérieures oblongues, sous-entières ; capitules axillaires presque sessiles , ordinairement géminés. Cette plante croît partout le 16 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES long des chemins; sa tige est haute de 40 à 60 centimètres , très ra- meuse ; les rameaux sont très ouverts et hispides. Les corolles sont d’une belle couleur bleue , quelquefois roses ou blanches. Les feuilles adultes sont très amères, inodores, et fournissent cependant à la distil- lation un hydrolat odorant et doué d’une amertume très marquée. Les feuilles très jeunes sont d’une amertume moins prononcée , tendres , et sont alors mangées en salade ou cuites. Cette même plante, élevée dans les caves, à l’abri de la lumière, s’étiole complétement, devient maigre et effilée , sans perdre son amertume, et est usitée en salade sous le nom de barbe de capucin. La racine de chicorée est longue, blanche, grosse comme le doigt, et fait partie, ainsi que les feuilles, du sirop de chicorée ou de rhubarbe composé. Cette même racine séchée et torréfiée a été proposée, lors du blocus continental, comme succédanée du café, et depuis cette époque on n’a pas cessé d’en consommer des quantités très considérables pour cet usage. Elle forme cependant, à elle seule, un breuvage fort désagréable, laxatif, et sans aucune autre analogie de propriétés avec le café, que sa couleur noire. Uhicorée endive, cichorium endivia L. Espèce supposée par les uns originaire de l'Inde, supposée par les autres être une simple variété de la chicorée sauvage. Cette espèce présente d’ailleurs deux variétés culti- vées, fort différentes par la forme et le goût. L’une est la seariole (Blackw., t. 378), dont les feuilles sont larges, oblongues, un peu charnues, ondulées, crépues sur le bord, d’une amertume peu sen- sible ; l’autre est la chicorée erépue , dont les feuilles sont arrondies, mais très profondément divisées et crépues, et dont l’amertume est très prononcée; toutes deux sont très usitées en salade. TRIBU DES CYNARÉES. Bardane. Genre lappa : capitules homogames (1), multiflores, égaliflores. Involucres globuleux formés d’écailles coriaces, imbriquées, pressées les unes contre les autres, ensuite subulées , enfin terminées par une pointe cornée recourbée en crochet. Réceptacle sous-charnu , plane, (4) Homogames (mariages semblables }, c’est-à-dire ne contenant que des fleurs semblables par rapport à la présence simultanée des étamines et du pistil, et à la fertilité de l'ovaire ; toutes les fleurs sont donc hermaphrodites fertiles ; cette disposition noud : à la syngénésie polygamie égale de Linné. Multiflores , pauciflores, égaliflores, ete.; ces mots n’ont pas besoin d’ex- plication. SYNANTHÉRÉES — CYNARÉES. 17 garni de fibrilles roides et subulées; corolles quinquéfides, régulières, dont le tube présente 10 nervures; filets des étamimes couverts de pa- pilles ; anthères terminées en appendices filiformes , pourvues à la base d’appendices subulés ; stigmates séparés, divergents , recourbés en dehors; achaine oblong, comprimé latéralement, glabre, à rugosités transversales ; aigrette courte formée de plusieurs rangs de poils rudes, caducs. “lrois espèces de lappa, comprises par Linné sous la seule dénomi- nation d’arctium lappa , fournissent la racine de bardane employée en pharmacie. La première, nommée grande bardane Où /appa major (fig. 235), croît à la hauteur de 1 mètre à 1",30. Ses feuilles radicales sont très grandes, pétiolées, cordiformes, vertes-brunes en dessus , blanchâtres et un peu cotonneuses en dessous; celles de la tige sont successivement moins grandes et ovales. Les capitules sont terminaux, solitaires, rougeàtres, analogues à ceux des chardons , reconnaissables à leur involucre globulcux qui, en raison des crochets dont il est armé, s'attache à la toison des troupeaux ou aux habits des passants. Sa racine est pivotante, longue, grosse, charnue, noire au dehors, blanche en dedans, d’une saveur douccâtre, austère, nauséeuse et d’une odeur désagréable qui devient encore plus caractérisée par la dessicea- Te 2 15 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES,. tion. Cette plante croît sur les chemins, dans les haies et dans *$ bois un peu humides. La deuxième espèce , /appa minor, croît dans les lieux pierreux et au bord des routes. Elle est plus petite que la précédente, et ses fleurs, qui sont grosses, au plus, comme des noiseltes , naissent cinq ou six ensemble sur un pédoncule. La troisième espèce , /appa tomentosa , diffère des deux premières par un duvet cotonneux semblable à une toile d’araignée , qui recouvre les écailles de ses involucres globuleux. Du reste elle jouit des mêmes propriétés. La racine de bardane est employée avec succès à l’intérieur, dans les maladies chroniques de la peau et dans les affections syphilitiques et rhumatismales. Elle contient une grande quantité d’énuline , comme je lai reconnu en 1811. Les feuilles de bardane jouissent de propriétés encore plus actives et ne sont usitées qu’à l'extérieur. Artichaut cultivé. Cynara scolymus L. Car. gén. : capitule homogame, multiflore , égaliflore ; squames de l’involucre très nombreuses , imbriquées , larges et charnues à la base , coriaces au milieu , se terminant en une pointe épineuse. Réceptacle charnu, plane, garni de paillettes ; corolles à limbe épaissi à la base , égal en :ongueur à la moitié du tube, à 5 divi- sions très inégales ; filets des étamines couverts de papilles ; anthères terminées par un appendice très obtus; stigmates épaissis et rapprochés ; achaines obovés, comprimés, tétragones, durs, glabres, à aréole large, sous-oblique ; aigrette plumeuse , plurisériée. L’artichaut com- mun croît naturellement dans le midi de l’Europe et est cultivé dans les jardins; sa racine est longue , épaisse , fusiforme ; elle produit une tige droite, cannelée , cotonneuse , garnie de quelques rameaux , haute de 60 à 400 centimètres ; ses feuilles sont très grandes , blanchâtres, pro- fondément découpées, presque pinnées, à découpures pinvatifides et épineuses. Ce sont les capitules non épañouis de cette plante que l'on sert sur les tables sous le nom d’arfichauts. La racine d’artichaut passe pour diurétique ; les tiges sont très amères et contiennent probablement un principe actif dont la médecine pourrait tirer parti. Les fleurons mäcérés dans l’eau lui donnent la propriété de coaguler le lait. Ï Artichaut-cardon, Cynara cardunculus L. Gette espèce est origi- naire des contrées méridionales de l'Europe , et est très commune éga- lement en Algérie. Sa tige est droite, cotonneuse, haute de 1",30 à 2 mètres; ses feuilles sont plus longues que celles de l’artichaut com- mun, pinnatifides, munies d’une longue épine à Pextrémité de chacnne SYNANTHÉRÉES — CYNARÉES. 19 de leurs découpures : elles sont vertes en dessus, très blanches et co- tonneuses en dessous ; les capitules sont moins gros que ceux de l’ar- tichaut , formés d’écailles peu charnues terminées par une épine aiguë ; les fleurons sont bleus et jouissent d’une manière très marquée de la propriété de faire cailler le lait; ce sont eux principalement qui sont employés pour cet usage sous le nom de fleurs de chardonnette. Le prin- cipal mérite de cette plante consiste dans la côte longue et charnue de ses feuilles qui , attendrie par l’étiolement , forme un mets agréable et facile à digérer. On les sert sur les tables sous le nom de cardons. Chardon aux ânes, on0pordon acanthium. Plante commune aux environs de Paris, haute de 60 à 100 centimètres, à feuilles décur- rentes, sinuées-dentées , épineuses. Les réceptacles sont charnus et pourraient être mangés comme les artichauts, si on prenait la peine d’en augmenter le volume par la culture. Les semences, qui sont per- dues, devraient être récoltées et soumises à l'expression pour en retirer l'huile. D’après Murray, ue seul pied d’onopordon peut fournir 12 livres de graines, dont on retirerait 3 livres d’huile. Un pharmacien m'a communiqué anciennement deux échantillons de fleurs vendues comme fleurs de chardonnette, dont un était de la fleur d’onopordon acanthium. Y\ me prévenait que cette fleur formait avec l'eau un infusé d’une saveur très amère, qui ne jouissait pas de la pro- priété de coaguler le lait. Ces fleurs se distinguaient d’ailleurs de celles de chardonnette par leur couleur blanche, leur odeur peu agréable, leur longueur qui ne dépassait pas à centimètres; enfin par leurs achaines mélés, qui étaient oblongs, obovés, tétragones, couronnés par une aigrelte courte. Les véritables fleurs de chardonnette sont longues de h à 6 centimètres, d’une couleur violacée, souvent entourées à la base par une couronne de poils forts longs; celles possèdent une odeur très marquée, agréable, semblable à celle du carthame. Elles sont moins amères que les précédentes , et ont la propriété de coaguler le lait. Cha2rdon-marie ; s/ybum marianum Gærln., carduus marianus L. Plante haute de 60 à 100 centimètres , dont la tige épaisse et rameuse par le haut porte des feuilles fort grandes, larges, sinuées, épineuses, parsemées sur un fond d’un beau vert, de grandes taches blanches. Les capitules sont terminaux , entourés d’un involucre ventru dont les squames extérieures sont dilatées en un appendice renversé, ové et denté, terminé par une longue pointe; les squames intérieures sont lancéolées, très entières. Le réceptacle est charnu, garni de paillettes; les corolles sont inégalement quinquéfides; l’achaine est surmonté d’une aigrette plurisériée, caduque , portée sur un anneau corné, On à attribué à cette plante de grandes propriétés qui n’ont pas été confirmées par l'expérience ; mais ses jeunes feuilles, débarrassées de 20 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. leurs épines, ses tiges cuites, ses réceptacles charnus, penvent être em- ployés comme aliment. Carthame des teinturiers où Safranum (fig. 256 ). Carthamus tinctorius L. Car. gén. : capitule homogame, multiflore, égaliflore ; squames extérieures de l’involucre foliacées , ouvertes ; celles du milieu dressées, élargies en un appendice ové, légèrement épineux à la marge ; les plus intérieures oblongues, entières, terminées par une pointe piquante. Réceptacle pourvu de paillettes linéaires ; corolles à 5 divisions presque régulières, glabres, dont le tube dépasse l’invo- lucre ; filaments des étamines gla- Fig. 236. briuscules ; anthères terminées par un appendice obtus ; stigmates à peine distincts; achaines ovés-tétra- gones, glabres, très lisses ; aigrette nulle. Le carthame est une plante an- nuelle de l'Inde et de l'Égypte, cul- tivée en France et en Allemagne à cause de sa fleur qui est usitée dans la teinture. Sa tige est simple par le bas, rameuse par le haut, garnie de feuilles ovées-lancéolées , plus ou moins dentées-épineuses , et terimi- née par plusieurs capitules globu- leux, surmontés par des fleurons nombreux, d’un beau rouge orangé, plus longs que l'involucre, serrés et rapprochés par l'ouverture rétrécie de l’involucre, mais épanouis en une 7 b tête globuleuse à l'extrémité. Ces | fleurons, que l’on fait sécher seuls, sont composés d’un tube rouge, divisé supéricurement en cinq parties et contenant encore les organes sexuels. Ils ont une odeur assez marquée, qui n’est pas désagréable , et une certaine ressemblance extérieure avec le safran, ce qui est cause qu’on le mêle souvent à ce dernier dans le commerce. J'ai indiqué précédemment le moyen de reconnaître cette fraude (tome II, p. 195). Le carthame conlient deux matières colorantes : l’une jaune , soluble dans l’eau, en est séparée et est rejetée comme inutile ; l’autre ronge, qui ne se dissout qu’à l’aide d’un alcali, en est extraite par ce moyen, et est ensuite précipitée par un acide végétal, ou sur là soie, qu'elle teint SYNANTHÉRÉES — CYNARÉES. 21 en rose, ou sous forme d’une laque nommée communément rouge vé- gétal, dont les dames se servent pour se peindre le visage. Cette couleur rose est une des plus belles que l’on puisse voir, mais c’est aussi une des plus fugaces. On la trouve encore sous deux autres formes : l’une est une laque rouge, dure et compacte, préparée en Égypte ; l’autre est un petit carton, recouvert, en Chine, d’une couche de matière colorante pure. Ce qu’il y à de singulier, c'est que cette couche desséchée offre la couleur verte dorée et l'éclat des élvtres de cantharides ; la couleur rose paraît aussitôt qu’on la touche avec de l'eau. On trouve dans les Annales de chimie, t. XLVIIF, p. 283, une bonne analyse des fleurs de carthame, par Dufour, pharmacien. {Voir également t. L, p. 73.) Les semences de carthame sont dépourvues d’aigrette, blanches, oblongues, lisses ct quadrangulaires ; elles sont émulsives, et fournissent par expression une huile qui est employée en Égypte, mais non en France. Elles entrent dans les tablettes déacarthami, auxquelles elles ont donné leur nom. Chardon bénit (fig. 257 Cnicus benedictus Gært. Plante annuelle, croissant naturellement dans le midi de l'Europe et cul- tivée dans nos contrées; sa tige Fig. 237. est droite, haute de 50 centi- mètres, rameuse , laineuse, gar- nie de feuilles demi-décurrentes, oblongues, sinuées ou dentées et un peu épineuses. Les capitules sont solitaires et terminaux, en- tourés de bractées foliformes ; l'involucre propre est ové, com- posé d’écailles appliquées, coria- ces, prolongées en un long appen- dice dur et épineux, pourvu d’é- pines latérales pinnées et distan- cées; le réceptacle est pourvu de paillettes. Les fleurs sont nom- breuses, presque régulières , hermaphrodites fertiles, excepté celles de la série la plus exté- rieure, qui sont stériles. L'a- chaine est glabre , régalièrement et Jongitudinalement strié, surmonté d'un bourrelet extérieur très 22 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. court et d’une double couronne formée chacune de 10 soies , les exté- rieures plus longues que les intérieures. On lit dans plusieurs ouvrages que le ehardon bénit des Pa- risiens est le carthamus lanatus V. (kentrophyllum lanatum DC. ; Blackwell , t. 468). Je ne sais sur quoi cette assertion est fondée ; mais le chardon bénit de nos officines est bien le cnicus benedictus de Gært- ner, t. 162, et le carduus benedictus de Blackwell, t. 476. On en trouve une analyse, faite par M. Morin, de Rouen, dans le Journal de chimie médicale, année 1827, p. 105. Centaurées. Genre très nombreux de la tribu des cynarées, dont l'involucre est formé de squames variées; les fleurons de la circonférence sont presque toujours stériles et pourvus d’une corolle accrue et rayonnante; les achaines sont comprimés, à hile latéral antérieur ; laigrette est formée de soies rudes, multisériées, celles de la série intérieure étant plus pe- tites et conniventes , plus rarement égaies aux autres ou plus grandes. Ce genre avait été divisé par plusieurs botanistes en un grand nombre d’autres qui n'ont été considérés par de Candolle que comme de simples sections du même genre. Plusieurs des plantes qui le composent ont été employées en médecine, mais sont presque inusitées aujour- d'hui. Grande centaurée, centaurea centaurium L. Tige droite, rameuse, haute de 1 mètre à 1,5; feuilles grandes , alternes, embrassantes , profondément pinnatifides, à lobes dentés en scie ; involucres globuleux à écailles ovales, appliquées, obtuses et privées d’épines ; corolles pur- purines. Cette plante croît en Italie. Jacée des prés, centaurea jacea L. Plante herbacée, haute de 35 à 50 centimètres , munie de feuilles rudes au toucher, éparses , lancéo- lées , les inférieures découpées sur le bord , les supérieures entières. Les capitules sont formés de fleurs purpurines , quelquefois blanches , dont les extérieures sont stériles et plus grandes que celles du disque. Les achaines sont absolument dépourvus d’aigrette. Bluet Où barbeau, cenfaurea cyanus L. Tige droite, rameuse , cotonneuse ; feuilles alternes , cotonneuses , sessiles, linéaires, très en- tières, les inférieures plus larges, pinnatifides ou dentées ; capituies entourés de bractées ; involucre ovale ou sous-globuleux , composé de squames ceintes jusqu'au sommet d’une marge membraneuse, dentée et ciliée. Les corolles de la circonférence sont beaucoup plus grandes que celles du disque ; les stigmates sont libres ; le fruit présente un ombi- lic nu et une aigrette plus courte que l’achaine. Cette plante croit spon- SYNANTHÉRÉES — CYNARÉES. 23 tanément au milieu de nos moissons qui se parent, au mois de juin, de ses fleurs d’un bleu céleste, rarement rouges ou blanches, mélan- gées à celles des coquelicots. La fleur de bluet est peu odorante et fournit peu de principes à la distillation. On en préparait cependant autrefois une eau distillée à laquelle on a attribué de si grandes propriétés contre diverses maladies des yeux que la plante en a pris le nom de casse- l'unette. Chardon étoilé où chausse-trappe, cenfaurea calcitrapa L. Tige très rameuse, diffuse, poilue, munie de feuilles sessiles, pinnatilobées ; capitules ovés, sessiles entre les feuilles extrêmes sous-indivises ; squames extérieures de linvolucre terminées en une longue épine ouverte, avec 2 ou 3 spinules à la base ; squames intérieures scarieuses, obtuses au sommet; achaines dépourvus d’aigrette. Cette plante croît en France sur le bord des chemins et des fossés ; elle est amère et a été vantée comme fébrifuge; on a employé dans ce but les différentes parties de la plante, racines, fleurs ou feuilles. Bchen blane, centaurea beher L. La racine de cette plante, obser- vée par plusieurs voyageurs dans la Perse , en Cappadoce et au pied du mont Liban , en Syrie, est employée par les Arabes comme tonique et pour réparer les forces viriles. Elle ressemble à la racine de réglisse par sa forme et sa grosseur, mais elle est blanche en dedans , d’un goût un peu amer ; suivant d’autres elle serait âcre et odorante. Cette racine à d’ailleurs été toujours tellement rare en Europe qu’on lui substituait celle de quelques plantes caryophyllées de notre pays; telles que celles du si/ene énflata Smith (cucubalus behen L.), du silene armertia L. et du silene behen L. Aujourd’hui les unes et les autres sont oubliées. Pour le behen rouge, voyez t. IE, p. 416. Carlines et Chamæléons. Car. gén. : capitule homogame, multiflore, égaliflore ; squames extérieures de l'involucre ouvertes, foliacées, dentées - épineuses : squames intérieures allongées, rayonnantes , scarieuses , colorées ; ré- ceptacle plane ; paillettes soudées à la base en forme d’alvéoles , inégale- ment multifides au sommet ; corolles glabres, quinquéfides; anthères longuement appendiculées au sommet, à double queue plumeuse à la base ; filets glabres ; achaines cylindriques, couverts de poils soyeux, appliqués, bi-apiculés ; aigrette formée de lamelles plumeuses , uni- sériées, soudées inférieurement par 3 ou 4. La carline oflicinale, corlina subacaulis DC., paraît avoir été connue des anciens sous les noms d’xine où de helxine. Elle a pris son nom moderne de celui de Charlemagne, sous le règne duquel on dit 2h DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. qu’elle fut employée avec succès contre la peste. On en connaît deux espèces que les botanistes considèrent comme deux variétés de la même plante. La première est le carlina subacaulis acaulis DC., le carlinu acaulos magno flore albo de G. Baubin, le chameæleon albus de Clusius, la carline ou le chamcæleon blanc de Lemerv. Cette plante (fig. 238) pousse de sa racine des feuilles grandes , longues, larges, profondément découpées, garnies de pointes rudes et piquantes, comme celles des artichauts. Ces feuilles sont étendues à terre, et il sort du milieu d’elles, sans aucune apparence de tige, un capitule fort large, orbiculaire , entouré d’un double involucre épineux , dont l’intérieur est formé de squames simples , linéaires , rayonnantes, blanches ou purpurines, qui Fig. 238. donnent au capitule l'apparence d’une grande fleur radiée. La racine de cette plante est droite, pivotante, longue de 60 centimètres, grosse comme le pouce, de couleur obscure au dehors, blanche en dedans, d’une odeur forte et aromatique, d’un goût âcre, aromatique, non désagréable. Au dire de Geoffroy, la surface en est ordinairement comme rongée et percée. Cetle variété est fort rare, et ne fournit probable- ment pas la racine de carline du commerce. k L'autre est beaucoup plus commune. C’est le carlina subacaulis caulescens DC. , le carlina elatior où chameæleon albus vulgaris de Clusius; la carline ou le chameæléon noir de Lemerv. Elle diffère de la première en ce que son capitule est moins volumineux, et porté seul à l'extrémité d’une tige qui s'élève d’entre les feuilles, à la hauteur de SYNANTHÈRÉES — CYNARÉES. 25 30 centimètres environ. Sa racine est ordinairement à demi ouverte , dit Lemerv, et ce caractère doit être remarqué, car on le retrouve dans plusieurs racines de la même famille, et c’est lui qui wa servi pour trouver Ja véritable origine de la racine de costus. La racine de carline , telle que le commerce la fournit, est longue de 13 à 46 centimètres, grosse comme le petit doigt, d’une couleur grise, toujours ouverte longitudinalement , ou comme rongée d’un côté, d’une odeur et d’une saveur mixtes d'aunée et de bardane, que quelques personnes comparent à celles du champignon comestible. On vient de voir que la carline acaule à été nommée par Clusius et Lemery chameæléon blanc, et la carline à tige, par Lemerv, chameæ- léon noir. Cette synonvmie, admise par beaucoup d'auteurs, était fondée sur ce que ces auteurs croyaient que leurs racines étaient celles que les anciens nommaient chameæléons ; mais c’est une erreur qui a été reconnue par Pierre Bélon. Ce botaniste a trouvé, en effet, dans l’île de Crète, le vrai ehamæléen blane des anciens, qui laisse découler du collet de sa racine une gomme-résine que les femmes mâchent, comme on le fait du mastic à Scio, et de la gomme-résine de chon- drille à Lemnos. Cette plante, dont la racine est grosse comme la cuisse, et exhale, lorsqu'elle est sèche, une forte odeur de violette, est le car- lina qummifera de Lesson , l’'acarna qummifera de Wildenow, l’afrac- tylis qummifera de Linné, le enicus carlinæfolio, acaulos, quinmu- fer, aculeatus de Tournefort. Le vrai chamæléon noir à été trouvé par le même voyageur dans l’île de Lemnos ; c’est le cardopatium corym- bosum J., le brotera corymbosa W., le carthamus corymbosus X., le chamæleon niger, umbel!atus, flore cæruleo hyacinthino de G. Baubin. Cette plante, dont la tige est droite et haute de 33 centimètres, porte près de sa base de grandes feuilles étalées, pinnaüfides , épineuses , et forme au sommet un corymbe très serré de capitules nombreux , ses- siles, composés de fleurs bleues. Sa racine renferme un suc très âcre et caustique, et Dioscoride la décrit comme étant à demi rongée ; elle ressemble donc par ce singulier caractère aux deux racines de carline ; wais elle en diffère par sa causticité. Racine de Costus. Les anciens auteurs grecs et iatins ont parlé du costus , et en ont distingué plusieurs sortes. Dioscoride, par exemple, en reconnaît trois, à savoir : l’arabique , qui est blanc, léger, et d’une grande suavité d’o- deur ; l’indien, moins estimé, qui est léger, plein, noir comme une férule; enfin le syriaque, qui est pesant, d’une couleur de buis et d'une odeur fatigante. Dioscoride ajoute qu'on sophistique le costus 26 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. en y mélant la racine d’une espèce d’aunée qui croît en Comagène ; mais que cette tromperie est facile à reconnaître, l’aunée n'étant pas brûlante au goût, et n'ayant pas une odeur aussi forte et qui porte à la tête. Au total, d’après Dioscoride, le costus est une racine qui doit avoir de la ressemblance avec celle de l’aunée, et qui doit être blanchâtre, d’une odeur forte et pénétrante et d’une saveur brûlante. Pline ne dit rien autre chose du costus, si ce n’est qu'il a une saveur brûlante et une excellente odeur, et que tout le reste de la plante est inutile. Il ajoute cependant que dans l’île Patale, à l'embouchure de: l'Indus , le costus est de deux sortes : l’une notre et l'autre banchätre , qui est la meilleure. D’autres auteurs distinguenc le costus en doux et amer ; mais, suivant Galien , tout le costus est amer : il semble , d’a- près cela, qu’on peut ajouter l’amertume au nombre des caractères propres au coslus des anciens. Suivant Bontius et Garcias ab horto, deux médecins qui ont long- temps séjourné dans l'Inde, 2/ n'y a qu'une seule espèce de costus, douée d’une odeur très forte et qui n’est ni douce ni amère au goût lorsqu'elle est récente; car alors elle est très âcre; mais elle devient amère en vieillissant. Garcias dit s'être informé de commerçants arabes , turcs et persans, s’il naissait chez eux quelque autre espèce de costus que celle tirée de l'Inde, et que tous lui ont répondu ne con- naître que le costns de l'Inde. On trouve à la vérité dans les ouvrages de plusieurs botanistes , tels que Gaspard Baubhin, Jean Baubin et Chabræus, des figures de costus qui semblent en indiquer plusieurs espèces ; mais c’est parce que ces botanistes voulant retrouver les sortes de costus mentionnées par les anciens , en donnaient le nom à quelques racines aromatiques que ces anciens n'avaient pas décrites ailleurs, et que l’on pouvait supposer, par cela seul, avoir été comprises par eux dans les costus : telles étaient le gingembre sauvage et la zédoaire. Mais si lon consulte les auteurs contemporains qui ont écrit sur la droguerie et la pharmacie pratiques, coinme Pomet, de Meuve, Lemery, de Renou , Charas, on reconnaîtra qu'ils n’ont tous vu qu'une seule et même espèce de costus, qui est celle que nous avons. Je suis entré dans ces détails, afin de montrer qu'il n'existe vérita- blement qu'un seul costus ( nommé par les Arabes cast ou cost), dont la patrie paraît être une contrée presque inculte et inconnue, comprise entre la presqu'île de Guzurate, le royaume de Delhi et le cours de indus. Ce costus à été tiré par Clusius de Portugal, alors que cette puissance dominait seule en Asie et en faisait le commerce exclusif; et la figure qu’il en à laissée, ainsi que la description, se rapportent exac- SYNANTHÉRÉES — CYNARÉES. 27 tement à notre costus actuel. De plus, il faut bien reconnaître que ce costus s'accorde assez bien avec la descripuüion de Dioscoride ; ce qui, joint à la tradition nominale, m’autorise à conclure que c’est le même. En voici maintenant les caractères : Le costus des officines (fig. 259) est une racine qui, lorsqu'elle est entière, paraît napiforme , non articulée ni fibreuse, assez pesante ; elle est ter- minée supérieurement par une tige qui est fibreuse à l'extérieur, et entièrement remplie par une moelle blanche. La grosseur de cette racine varie depuis celle du petit doigt jusqu'à 54 centimètres de diamètre. Elle est grise à l’extérieur, blanchâtre à l'intérieur, d’une odeur ana- logue à celle de liris; mais il s'y mêle une odeur de bouc, qui donne à la pre- mière beaucoup de force et de ténacité. Sa saveur est assez fortement amère et un peu àcre. La racine de costus est rarement entière ; ordinai- rement elle est brisée en tronçons irréguliers devenus aussi gris à l’intérieur qu’à l'extérieur, et qui offrent dans leur cassure un grand nombre de cellules remplies d’une substance rouge transpa- rente, probablement de nature gommo-résineuse. La substance même de la racine est criblée d’une infinité de pores visibles à la loupe, sur- tout après avoir dissous, par l’eau et l’alcoo!, la matière soluble qui les remplit (1). Ce caractère est commun à la racine de turbith, à laquelle d’ailleurs le costus ressemble beaucoup; mais le turbith est inodore, et le costus possède, comme je l'ai dit, une forte odeur d'iris et de bouc mêlés. Enfin la racine de costus offre un caractère remarquable, qui doit nous mettre sur la voie de son origine botanique : la plupart des mor- ceaux sont à moitié ouverts sur le côté, et sont souvent comme rongés Fig. 239. (1) Le costus communique à l’éther, à l'alcool et à l’eau une couleur jaune foncée ; le macéré aqueux est très amer, l'alcoolique l’est beaucoup moins. 28 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. Jusqu'au centre. Ceux des morceaux qui n’offrent pas encore cette so- lution de continuité , sont au moins déprimés d’un côté, ce qui indique un caractère non accidentel et qui tient à l'organisation même du végé- tal. Si l’on ouvre la plupart des auteurs, on y voit que la racine de costus sentant l'iris, costus tridem redolens, costus indicus violæ mar- fis odore, est produite par le ésjana-hua de Van Rhcede, qui est le costus arabicus de Linné, ou mieux le costus speciosus de Willdenow, le costus arabicus KL. se rapportant plutôt à une espèce américaine ; mais la racine du cosfus speciosus est noueuse et articulée, comme presque toutes celles de la famille des amomées, et elle est entourée d’un grand nombre de fibres. De plus, elle a une saveur presque nulle et une odeur peu marquée. Enfin j'ai examiné avec soin tous les genres et toutes les espèces de la famille de scitaminées que l’on trouve dans les magnifiques ouvrages de Roxburgh et de Roscoë, et je puis dire que notre racine de costus n'appartient à aucune plante de cette famille. J'ai prié M. Pereira, professeur de matière médicale à Londres, de soumettre cetle question au docteur Wallich, directeur du jardin de botanique de Calcutta. Ce savant a répondu, comme je l'avais fait, que le costus officinal n’appartenait ni au genre costus, ni à aucun genre de la famille des scitaminées. Cette racine Jui était même tout à fait incon- nue, ce qui tient à ce qu’elle est étrangère au Bengale, et qu’elle ne doit provenir, ainsi que je l'ai dit, que des contrées situées entre la Perse et la presqu'île occidentale de l'Inde. Quant à la plante qui produit la racine de costus officinal, rien ne me paraît encore contredire l'opinion que j'ai émise dans le Journal de chimie médicale, t. VIT, p. 666, que cette plante est voisine des carlines et des chamæléons. On peut voir en effet à l’article carline et chamuæléon, qui a précédé, que les racines de ces plantes sont toutes ouvertes et comme à demi rongées sur le côté. J’v ài rappelé que le chamæléon blanc, trouvé par Belon dans l’île de Crète, produisait une racine si odorante que la pièce où on la conserve en contracte une odeur de violette capable d’entêter. Je dois ajouter qu’en comparant la racine de carline du commerce au costus, on trouve des morceaux tellement semblables entre eux qu’on les dirait produits par la même plante. Je crois pouvoir en conclure encore que le costus officinal provient d’une plante voisine des carlines et des chamæléons , qui diffère de la carline par l'odeur, l’amertume , l’âcreté et le volume plus considérable de sa” racine; du chamæléon blanc, parce qu’elle est à son tour plus petite que lui, et qu’elle porte une tige, tandis que le chamæléon blanc-en est dépourvu ; da chamaæléon noir, parce que celui-ci est âcre et caus- tique, ce qui ne présente pas la racine de costus, au moins dans l’état SYNANTHÉRÉES — CYNARÉES. 29 où nous la connaissons ; enfin de l'agriocynara de Belon, en ce que celui-ci a la racine noire à l’intérieur comme à l'extérieur, J'ai transcrit littéralement ici l’article cosfus de ma précédente 6di- tion, qui n’est que le résumé de deux articles sur le même sujet publiés dans le Journal de chimie médicale, en 1831 ct 1832; parce que je tiens à honneur de montrer que c’est moi qui, en nraidant des seuls caractères physiques de la racine et en repoussant l’opinion généralement admise que cette racine était produite par une plante scitaminée , suis arrivé le premier à en découvrir la véritable origine. M. Falconer, sur- intendant du Jardin botanique de Saharunpore, en trouvant dans un voyage au Cachenire la plante qui produit le costus, n’a fait que con- firmer toutes les données précédentes (1). Cette plante croît en grande abondance sur les pentes découvertes des montagnes qui entourent la vallée de Cachemire, à une élévation de 8 à 9000 pieds au-dessus du niveau de la mer. Sa racine, nommée koot, forme un article important de commerce, et on en récolte an- nuellement environ 2 millions de livres pesant, dont la plus grande partie est importée en Chine, où elle est tenue en grande réputation comme aphrodisiaque. On l’emploie également comme vermifuge chez les enfants, et pour préserver les ballois de châles de l'attaque des teignes. La plante est regardée par M. Falconer comme formant le type d’un nouveau genre de cynarées, voisin des szussurea, auquel il a donné le nom de auklandia, en l'honneur de lord Aukland, gouverneur géné- ral de l'Inde, et lui a imposé le nom spécifique de auklandia costus. Voici les caractères qu’il en donne : Capitule homogame , multiflore ; involucre ové-globuleux , imbriqué multisérié ; squames oblongues, appliquées, avec un sommet endurci, écarté, terminé en soie; réceptacle convexe couvert de squamelles for- mant alvéoles par le bas. Corolles égales, quinquéfides, à tube grêle, allongé , sous-dilaté à la base , renflé à la gorge , à lobes linéaires égaux ; anihères courtement appendiculées au sommet , terminées à la base par 2 queues plumeuses ; filets glabres ; styles à 2 rameaux allongés, libres, divergents; achaines glabres, obovés , épais; paillettes de l’aigrette égales, bisériées ; soies plumeuses cohérentes à la base par 3 ou 4, réunies-en un anneau caduc. Herbe haute d’une toise, vivace ; racine épaisse, sous-fusiforme , ra- meuse , très aromatique ; tige simple , droite, striée, feuillue ; feuilles (4) Le Mémoire de M. Falconer, communiqué le 17 novembre 1840 , par M. Royle, à la Société linnéenne de Londres , a été imprimé par extrait en 1841, dans les Annals and magazine of natural history (t. VE, p. 475) et in extenso dans les Transactions of the linnean Society (1845), t. XIX, p:23. 30 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. alternes, très amples , sous-lyrées, à lobe terminal très grand , hasté- cordé, inégalement denté, à dents terminées par une soie; capitules terminaux sessiles, réunis au nombre de 5 à 8; fleurs d’un pourpre noiratre. Cette même plante, si bien décrite par M. Falconer, avait été trouvée avant lui, en 1831, par Victor Jacquemont, sur les montagnes du Cachemire, à une hauteur de 2600 à 3000 mètres , et a été décrite par M. Decaisne (1) sous le nom de aplotaxis lappa. Le seul caractère différentiel qu'on y trouve c’est que, dans l’aplotaxis lappa (fig. 240), l'aigrette de l'ovaire est unisériée, tandis qu'elle présente deux séries de soies dans l’auklandia. Mais si l’on veut bien remarquer que M. Fal- coner reproche à de Candolle d’avoir séparé son genre aplotaxis du genre saussurea, Sur ce seul ca- ractère que l’aigrette des aplo- Laxis présente une seule série de soies, tandis que, d’après l’ob- servation de M. M.-P. Edge- worth , le plus grand nombre des aplotaxis de l'Himalaya possède réellement un rang extérieur de soies très caduques, qui dispa- raissent fréquemment dans les échantillons desséchés, on sera convaincu de l'identité des deux plantes. Voici ma conclusion der- nière : si la plante possède deux séries de soies à l’aigrette, elle appartient au genre saururea, dont elle ne se distingue par aucun caractère essentiel, et son nom doit être saururea costus ; si l’aigrette est véritablement unisériée, comme l’a vue M. Decaisne, c’est un haplotaxis (2), et je pense que le nom haplotaxis costus, qui rappelle son produit le plus essentiel , doit lui être appliqué préférablement à celui d'aplotaxis lappa. La racine de costus, comme toutes les substances aphrodisiaques, était autrefois très usitée dans les parfums et les pommades odorifé- rantes. Elle n'entre plus guère aujourd’hui que dans la thériaque. Il y à un certain nombre d'années qu’un droguiste de Paris, se trouvant à (4) Voyage dans l'Inde , t. IV, p. 96; atlas, pl. 104. (2) Ce nom étant dérivé de &rds0: simple et de raër série , doit s’écrire haplotaæis et non aplotanis. SYNANTHÉRÉES — SÉNÉCIONIDÉES. 31 Londres, à une vente de la Compagnie des Indes, en à acheté une assez forte partie, sous le nom de racine d'iris, et à vil prix. C’est cette racine qu'on a trouvée pendant quelque temps dans le commerce, à Paris. Malheureusement beaucoup de personnes ne la connaissant pas, la plus grande partie a été employée comme racine de turbith et a été perdue pour la pharmacie. Elle est devenue aujourd’hui presque aussi introuvable qu'auparavant. Souci des jardins. Calendula officinalis L. Cette plante et ses congénères, quoique comprises encore dans la tribu des cynaréces, en diffèrent beaucoup par leur port et par leurs capitules hétérogames, dont les fleurs de la cir- conférence sont ligulées , radiées, femelles et fertiles , tandis que celles du disque sont tubulées, à 5 dents, hermaphrodites mais stériles par l'avortement du pistil, ou mâles ; le réceptacle est nu; l'involucre est formé de un ou deux rangs de folioles égales, lancéolées ; les achaines sont courbés en arc, épineux sur le dos, privés d’aigrette ; les feuilles son! parsemées de points transparents et pourvues d’une odeur dés- agréable. Le souci officinal croît naturellement dans les champs du midi de l'Europe et est cultivé dans les jardins à cause de ses fleurs d'un jaune foncé , radiées et d’un assez bel effet ; ses feuil'es sont pubescentes, les inférieures entières et spatulées , les supérieures cordées-amplexicaules, lancéolées , un peu dentées. Cette plante a été très employée autrefois, dans un grand nombre de maladies diverses ; elle est inusitée aujour- d'hui. Il en est de même du souci des champs (calendula arvensis), qui est assez semblable au précédent, si ce n’est qu'il est plus petit dans toutes ses parties. TRIBU DES SÉNÉCIONIDÉES. Arnica de montagne (fig. 241). Arnica montana L. Car. gén. : capitule multiflore hétérogame ; fleurs du rayon unisériées, femelles, ligulées, présentant parfois des étamines rudimentaires, tube velu ; fleurs du disque hermaphrodites , tubuleuses, à 5 dents; involucre campanulé formé de deux séries de squames linéaires-lancéolées, égaies. Réceptacle couvert de soies fines ; styles du disque à rameaux longs, couverts d’un duvet descendant très bas, tronqués par le haut ou surmontés d’un cône court; achaines sous- cylindriques , atténués à chaque extrémité , à côtes peu marquées, < 32 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. un peu velus ; aigrette unisériée, à poils ramassés, un peu rigides, couverts de petites barbes rudes. L’arnica croît en Ailemagne, en Suisse et dans les Vosges. Il pousse Lie, fi. de sa racine plusieurs feuilles ohovées, en- üères , à 5 nervures, d’entre lesquelles s'élève une tige haute de 35 centimètres, qui porte une ou deux paires d’autres feuilles plus petites, opposées, plus étroites, et qui se termine par une belle fleur jaune radiée, accompagnée plus tard de une ou deux fleurs latérales, portées sur de longs pédoncules sortis de l’aisselle des deux feuilles supé- rieures. La racine, la feuille et la fleur de l'arnica sont usitées, et en France c’est Ja fleur qui l’est le plus. La racine est brune ou rougeâtre à l'extérieur, blanchâtre à linté- rieur, menue , fibreuse, d’une odeur forte et âcre, d’une saveur également âcre, aroma- incl non désagréable. Elle est excitante, antiseptique, résolutive et quelquefois vomitive. La feuille est employée en poudre comme sternutatoire; quant à la fleur, qu'il est facile de reconnaître à ses demi-fleurons d’un jaune doré et aux semences noires couronnées d’une aigrette gris-de-lin qu’elle renferme toujours, elle a une odeur forie , agréable, et jouit à un très haut degré de la propriété sternu- tatoire ; il suffit même pour éprouver de violents éternuments de re- muer les fleurs avec les mains, ce qui est dû à des parties soyeuses extrêmement fines qui s’introduisent dans les narines et les irritent fortement. La fleur d’arnica prise en infusion est excitante, sudorifique et utile dans les affections rhumatismales et la paralvsie. Elle est émétique à trop haute dose, ce qu’il faut éviter. M. Mercier, médecin de Roche- fort, avait cru devoir attribuer ce dernier effet à des larves d'insectes qui se trouvent souvent dans la fleur d’arnica ( Ann. de chim., tu. LXXVIT, p. 137); mais d’après une observation rapportée par MM. Chevallier et Lassaigne , il paraît certain que la fleur d’arnica jouit par elle-même de la propriété vomitive. s Ces mêmes chimistes ont analysé la fleur d’arnica et en ont retiré une résine jaune ayant l'odeur de l’arnica , une matière nauséabonde à la- quelle ils attribuent la propriété vomitive, de l'acide gallique , urie matière colorante jaune, de l’albumine , de la gomme , du chlorure de potassium, du phosphate de potasse, un sel à base de chaux, des traces de sulfate et de silice (Journ. pharm., LV, p. 248). SYNANTHÉRÉES — SÉNÉCIONIDÉES. 33 On trouve sur les montagnes, en Europe, un genre de plantes qui à été longtemps confondu avec les arnicas , auquel il ressemble beau- coup par le port et peut-être aussi par les propriétés. Ce sont les doro- nies (doronicum pardalianches, austriacum , scorpioides, plantagi- neum , etc.), dont les feuilles sont généralement assez grandes, cordiformes ou ovales, dentées sur le bord ; les fleurs sont grandes également, jaunes et radiées; le réceptacle est nu, alvéolé, un peu convexe; les styles du disque ont les rameaux tronqués, couverts de duvet au sommet seulement; les achaines sont turbinés, creusés de sillons longitudinaux ; ceux du rayon sont chauves ; ceux du disque sont pourvus d’une aigrette soyeuse plurisériée. Pendant longtemps les racines de doronic ont passé pour très véné- neuses , sur l'opinion que les anciens s’en servaient pour empoisonner les animaux féroces et principalement les loups et les panthères. On peut croire en effet que le doronicum pardalianches de Linné est l’aco- nilum pardalianches (4) qui, suivant Dioscoride et Pline, servait à cet usage ; mais l’assimilation même que font ces deux auteurs du par- dalianches avec l'aconit permet de croire que c'était plutôt un véri- table aconit qui servait à la destruction des animaux sauvages qu’une racine de doronic. Un certain nombre de médecins modernes ont em- ployé la racine de doronic contre plusieurs maladies, telles que les ver- tiges et l’épilepsie ; elle est aujourd’hui tout à fait inusitée. Fieur de Pied-de-Chat, Antennaria dioica Gærtn., gnaphalium dioicum Y.. Caractères du genre antennaria : capitules multiflores, dioïques ou sous-dioïques ; involucre formé de squames imbriquées, rudes, coloriées au sommet ; réceptacle convexe, pourvu d’alvéoles à bord denticulé ; corolles tubu- leuses à 5 dents égales ; les fleurs mâles ou hermaphrodites ont les an- thères semi-exsertes, pourvues de deux soies à la base, et un ovaire non fertile (?) surmonté d’un style simple au sommet ou à peine bifide, et couronné d’une aigrette unisériée, formée de soies barbues, élar- gies au sommet. Les fleurs femelles sont filiformes , à limbe très petit, sans rudiments d’étamines , pourvues d’un style à sommet bifide, et d’une aigrette unisériée à soies filiforimes ; l’achaine est sous-cylin- drique. Le pied-de-chat est une petite plante qui croît dans les collines expo- sées au vent, surtout en Suisse, dans les Vosges et dans le midi de la France. Elle est traçante , munie de feuilles radicales spatulées et (4) De #aodos panthère, et &yxew étrangler. III, 3 3l4 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. d’une tige qui porte d’autres feuilles linéaires, toutes entières; toute la plante est cotonneuse et blanchâtre ; la tige s’élève à peine à la hauteur de 30 centimètres, et est terminée par un petit nombre de capitules disposés en corymbe. Chaque capitule est muni d’un involucre imbri- qué, dont les écailles extérieures sont cotonneuses et blanchâtres comme les feuilles, et dont les écailles intérieures , plus développées, arrondies et pétaloïdes, sont colorées en rouge sur la plante à capitules mâles, ou en blanc sur la plante femelle. Le centre des capitules est occupé par un duvet très fin et soyeux, composé de l’aigrette plumeuse des achaines. C’est ce duvet arrondi et velouté qui donne à la fleur quelque ressemblance avec la patte d’un chat, et lui a valu le nom de pred- de-chat : la plante a aussi porté les noms de kispidula et de pilosella, qui veulent dire velue. La fleur de pied-de-chat est rouge ou blanche, ce qui dépend de la couleur des écailles pétaloïdes de l’involucre; la rouge est préférée à l'autre, parce qu’elle est plus agréable à la vue ; je la crois aussi plus odorante. C’est au même genre gnaphalium, ou au genre voisin Lelichrysum, qu'appartiennent les énunortelles, plantes dont le nom est d’une si grande ressource pour les poëtes chantants et les flatteurs. On leur a donné ce nom d’éxmortelles à cause de ce que leurs fleurs étant cueil- lies et abandonnées à elles-mêmes, les écailles colorées qui les com- posent presque entièrement se dessèchent sans se flétrir et se conservent ainsi plusieurs années. Les espèces les plus usitées sont l'immortelle blanche (antennaria margaritacea), Timmmortelle argentée (heli- chrysum argenteum) , Vimmortelle jaune (Lelichrysum orientale), et le sfæchas citrin (helichrysum stæchas ). Tanaisie vulgaire (fig. 242). Tanacetum vulgare L. Car. gén. : capitule homogaine , rarement rendu hétérogame à la circonférence, par une série de fleurs femelles tri ou quadridentées; involucre campanulé, imbriqué; réceptacle nu, convexe ; corolles du disque à 4 ou 5 dents; achaines sessiles, glabres, anguleux , pourvus d’un large disque épigyne; aigrette nulle ou réduite à l’état d’une couronne membraneuse entière ou dentée. La tanaisie s'élève à la hauteur de 65 centimètres ; ses tiges sont nombreuses, ramassées en touffe, rameuses, pourvues de feuilles pro- fondément divisées et presque bipinnées, glabres ou un peu velues, d’un vert jaunâtre. Les capitules sont nombreux, rapprochés en co- rymbe, d’une belle couleur jaune, très rarement pourvus d’un rang de fleurs rayonnantes ; les corolles sont un peu plus longues que l'in- SYNANTHÉRÉES — SÉNÉCIONIDÉES. 35 volucre ; les achaines sont presque pentagones , obconiques , couronnés par une membrane à 5 dents, fort petite. Toute la plante est pourvue d’une odeur très forte et d’une saveur très amère ; elle est stimulante et an- thelmintique. On en retire par la distillation une huile volatile jaune ; on en prépare également une eau distillée , un extrait, etc. Armoises et Absinthes. Ce sont des plantes, la plupart très utiles à l’art de guérir, que Tourne- fort avait laissées séparées en deux genres, suivant que leur réceptacle est nu (armoises) ou hérissé de poils (absinthes) ; mais Linné les a réunies en un seul genre sous le nom d’arte- 1 misia , dont voici les caractères : h capitules entièrement tubuliflores , f pauciflores , homogames ou hétérogames ; involucre imbriqué , à squames sèches, rudes à la marge ; réceptacle nu ou garni de soies ; au rayon (c’est-à-dire à la circonférence), un seul rang de fleurs sou- vent femelles , à 3 dents, à style longuement bifide, exserte ; fleurs du disque à 5 dents, hermaphrodites ou mâles par avortement du pistil ; achaines obovés, chauves, à disque épigyne peu apparent. Ce genre est aujourd’hui divisé en quatre sections : 4. Dracunculi : réceptacle nu, capitules hétérogames, fleurs du rayon unisériées, femelles, fertiles ; fleurs du disque bisexuelles, mais stériles par l’avortement des ovaires (syngénésie polygamie nécessaire L..). Espèces principales : Armoise paniculée, Aftemisia paniculata. — des champs. — campestris. Estragon. | — dracunculus. 2. Seriphidia : réceptacle nu, capitules homogames , tous herma- phrodites fertiles (syngénésie polygamie égale L.), Exemples : Semen-contra d'Alep. Artemisia contra L. — de Barbarie. — glomerulata Sicber. Sanguenié ou sanguenita. — gallica. Gina du Volga. — pauctflora. 36 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. Absinthe maritime. Artemisia maritima. Armoise très odorante. — fragrans. 3. Abrotana : réceptacle nu, capitule hétérogame, fleurs du rayon femelles ; celles du disque hermaphrodites ; les unes et les autres fertiles (syngénésie polygamie superflue L.). Exemples : Armoise de Judée. Artemisia judaica. Aurone élevée. — procera. — mâle ou citronelle. — abrotanum. Abeinthe pontique. — pontica. — d'Autriche. — ausfriaca. Armoise vulgaire. — vulgaris. Génipi noir. — spicata. Autre génipi noir. — eriantha. h. Absinthia : réceptacle garni de soies ; capitules hétérogames ; fleurs du rayon femelles ; celles du disque hermaphrodites ; les unes et les autres fertiles ; involucres globuleux. Moxa des Chinois. Artemisia mord. Génipi blanc. — mutellina. — vrai des Alpes. — (ylacialis. — des roches. — rupestris. Grande absinthe ou aluine. — absinthium. Estragon. Artemisia dracunculus TL. Cette plante, cultivée dans les jardins potagers, croît à Ja hauteur de 60 à 100 centimètres ; ses tiges sont grêles et rameuses ; ses feuilles sont très entières , linéaires-lancéolées, vertes et glabres; les fleurs sont très petites, jaunâtres, portées au sommet de la tige ct des rameaux. L’estragon à une saveur âcre, piquante, mais agréable et aromatique. Il est stomachique , emménagogue, antiscorbutique ; il excite l'appétit et on l’emploie comme assaisonnement, surtout allié au vinaigre , avec lequel son goût et son odeur s’associent très bien. On en extrait une huile volatile verte , d’une odeur qu’on peut dire fortifiante, d’une pe- santeur spécifique de 0,935. Cette huile volatile , d’après M. Gerhardt, paraît formée d’un hydrogène carboné liquide et d’une essence oxigénée qui a la même composition et présente les mêmes réactions chimiques que le stéaroptène d’anis (C2°H120?), SYNANTHÉRÉES — SÉNÉCIONIDÉES. 91 Semen-Contra, Cette substance, nommée aussi semencine et barbotine, a longtemps été regardée comme une semence , ainsi que l’indiquent ses deux pre- miers noms; mais il suffit de regarder attentivement les petits corps oblongs qui la composent pour y distinguer un involucre écailleux et des fleurons semblables à ceux des armoises, de sorte que c’est parmi ces plantes qu’il faut en chercher l’origine. On connaît d’ailleurs dans le commerce deux espèces de semen- contra qu’il convient de décrire séparément. Semen-contra du Levant. Cetle espèce est nommée aussi semen- contra d'Alep ou d'Alexandrie , parce qu’elle arrive par la voie de ces deux villes; mais le vrai lieu de son origine paraît être la Perse et le Thibet. Ce semen-contra est verdâtre, lorsqu'il est récent; mais il de- vient rougeâtre en vieillissant. IL est composé de pédoncules brisés , dépourvus de duvet et privés de leurs capitules, dont quelques uns, cependant , à peine formés, sont encore sous la forme de boutons glo- buleux attachés à l'extrémité de ces pédoncules. Mais le plus grand nombre de ces capitules sont plus développés et séparés des tiges. Ils sont ovoides-allongés et composés d’écailles imbriquées, scarieuses, tuberculeuses à leur surface ; à l’intérieur, le réceptacle est nu et les fleurons sont peu nombreux et tous hermaphrodites, ce qui indique la section des seriphidium. Ge semen-contra possède une odeur très forte et très aromatique , surtout Fig. 243. lorsqu'on l’écrase; il a une saveur amère et aro- matique. Le semen-contra du Levant a longtemps été attribué à plusieurs espèces d’armoises qui ne doivent pas le produire, telles sont les artemisia Judaica et santonica L. ; mais il est certainement produit par l'artemisia contra L. où artemisia Sieberi DG. (Prodr., t. VI, p. 101), dont il faut exclure le synonyme, A7é. glomerata seu glomerulata Sieb. Cette plante (fig. 243), en effet, à laquelle je conserve le nom d’arfemisia contra que lui a donné Linné, présente tous les caractères du semen-contra d’Alep : feuilles ri- gides glabres: celles de la tige semi-amplicaules, à 3 ou 5 divisions , dont le lobe moyen est pinna- tifide, et les lobes latéraux à 2 ou 3 segments linéaires ; les panicules sont très ouvertes , à rameaux ascendants ; les 38 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES, capitules sont sessiles, épars sur les rameaux, ellipsoïdes, tuberculeux, contenant des fleurons peu nombreux , tous hermaphrodites. Semen-contra de Barbarie, Ce semen-contra est produit par l'artemisia glomerata de Sieber (fig. 244). IL est composé comme le premier de pédoncules hachés et de fleurs ; Fig. 244. mais on n’y trouve pas de capitules développés 5 et isolés ; ils sont tous sous la forme de petits T.: boutons globuleux réunis plusieurs ensemble à UN l'extrémité des rameaux. Ces boutons sont _. recouverts d’un duvet blanchätre, ce qui donne la même couleur à la masse. Ce semen-contra est sensiblement plus léger que celui d'Alexandrie ; son odeur, lorsqu'on le frotte, me paraît être entièrement sem- blable. On lit dans quelques ouvrages qu’il est plus gros et beaucoup plus chargé de buchettes; le fait est qu'il est plus petit et qu'il y a autant de buchettes dans l’un que dans l’autre. Autres fleurs de semencine, Il est probable qu’on se sert en plu- sieurs pays, en place du véritable semen-contra, des fleurs de plusieurs armoises indigènes, plus ou moins propres à le remplacer ; telles sont probablement les fleurs des arlemisia judaica et santonica , déjà nom- mées ; telles doivent être encore celles de l’artemisia pauciflora, con- nues sous le nom de cina dans les pharmacies russes des contrées voi- sines du Volga; celles de l’artemisia ramosa des îles Canaries, de l'Afrique et d’Espagne, et, en France, celles de l’artemisia gallica, usitées en Provence, sous le nom de sanguenté ou de sanguenita. On à vendu aussi à Paris pour semen- contra, lorsque, par suite de la grande guerre continentale, ce dernier était devenu très rare et d’un prix élevé, les fleurs de quelques armoises indigènes, et surtout celles de l’aurore des champs (artemisia campestris L.), ou de la grande absinthe (arfemisia absinthium). J'ai conservé une substance de ce genre que j’ai soumise ancienne- ment à l'examen de M. Gay. Elle est d’un jaune fauve et beaucoup plus menue que le vrai semen-contra , ce qui tient à ce qu'elle n’est pas formée de capitules entiers comme celui-ci, mais seulement de fleurons isolés, dont la plupart sont hermaphrodites et les autres femelles ; on y trouve peu de pédoncules brisés, mais beaucoup de filaments blancs, qui sont les folioles de l’involucre de l’absinthe. Ainsi, suivant cette descrip- tion , le semen-contra indigène serait produit par la grande absinthe, Artemisia absinthium, plutôt que par l'A. campestris. Cette substance présente une faible odeur d’absinthe qui ne devient pas plus forte par SYNANTHÉRÉES — SÉNÉCIONIDÉES. 39 le frottement ; mais elle est douée d’une amertume si considérable qu’il suffit de l’agiter avec la main devant soi pour en avoir le palais affecté. Ge caractère peut même servir à reconnaître du semen-contra mêlé d'ab- sinthe, car il ne le présente pas du tout lorsqu'il est pur. Quelques personnes aussi s'amusent à teindre le semen-contra en vert. On ne peut concevoir ni cette manie de tromper, ni la sottise de ceux qui achètent une marchandise si évidemmnent falsifiée. Le nom de semen-contra est l'abrégé du mot latin semen contra ver- mes, qui en indique la propriété médicamenteuse. On emploie cette substance en poudre, en infusion aqueuse où en sirop. On en retire, par la distillation , une essence jaune , plus légère que l’eau, d’une odeur forte et pénétrante, qui paraît très active contre les vers. Indépendam- ment de cette essence, lé semen-contra contient une matière Cristalline nommée santonine, qui a été découverte par M. Kahler de Dusseldorf, et étudiée depuis par un grand nombre de chimistes. Tout récemment M. Calloud père , pharmacien à Annecy, a publié un procédé pour l'obtenir, plus avantageux que ceux connus jusqu'ici (Journ. de pharm. et chim.,t. XV, p. 106). Cette substance pure se présente en petits cristaux blancs, brillants , aplatis, sexangulaires' elle est inodore, très peu amère , insoluble dans l’eau froide, soluble dans 250 parties d’eau bouillante. 40 = d'alcool froid. 2,7 — — absolu bouillant, 75 — d’éther froid. L2 — — bouillant, Elle rougit faiblement le tournesol et forme des sels cristallisables avec plusieurs bases alcalines et métalliques. Elle est composée, d’après M. Liebig, de C2H50?; mais la capacité de saturation est beaucoup plus faible que ne l'indique cette formule. La santonine, étant d’une administration très facile, est aujourd’hui usitée comme anthelminthique. Il est seulement fâcheux que pour ob- tenir une substance fort chère et d’une efficacité qui n’est pas très in- tense , on détruise des masses considérables d’une matière première , suffisamment efficace par elle-même, d’uné administration facile égale- ment, et que son bas prix met à la portée du peuple, dont les enfants en ont surtout besoin. Absinthe maritime, Artemisia maritima. L. Cette espèce croît naturellement dans les lieux maritimes de la France, de l'Angleterre, de la Suède et du Dane- mark. Ses tiges sont droites, rameuses, hautes de 50 centimètres, L0 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. couvertes de feuilles toutes cotonneuses, multifides, à segments linéaires et obtus ; ses capitules sont un peu pédicellés, ovoïdes, penchés, à cinq fleurons ; les squames extérieures de l’involucre sont cotonneuses, les intérieures rudes et obtuses. Cette plante a beaucoup de ressemblance avec la grande absinthe , mais les divisions de ses feuilles sont beaucoup plus étroites; elle est beaucoup moins amère, et son odeur, plus agréable, se rapproche de celle de la mélisse ou de l’aurone. On la distingue de l’absinthe pontique parce que ses feuilles sont entièrement cotonneuses. Aurone mâle ou Citronelle. Artemisia abrotanum L. C’est un sous-arbrisseau qui croît dans le midi de la France et de l’Europe, et qui est cultivé dans les jardins. Sa tige est nue par le bas à la manière d’un arbre, ramifiée et touffue par le haut, haute de 60 à 400 centimètres; ses feuilles sont pétiolées, ver- dâtres, découpées en segments linéaires, sétacés; elles sont douces au toucher, pourvues d’une odeur forte, citronnée et camphrée, et d’une saveur âcre et amère ; les capitules sont sessiles, hémisphériques, pen- chés, disposés en grappes menues le loug des rameaux supérieurs ; les écailles de l’involucre sont blanchâtres et lancéolées ; les fleurs sont nues et jaunâtres. On confond souvent avec cette plante, sous le même nom d’aurone mâle , deux plantes frutescentes , de forme et de propriétés très analogues : ce sont l’arfemisia procera de Willdenow et l'artemisia paniculata de Lamark. Quant à la plante qui porte le nom d'aurone femelle , c’est le santolina chamæcyparissus de la même tribu des séné- cionidées, petit arbuste haut de 50 centimètres environ, ramifié et touffu à partir de la racine, pourvu de feuilles cotonneuses, persistantes, tétra- ones et formées d’un axe garni de 4 rangées de dents obtuses. Les capitules sont solitaires au sommet de pédoncules terminaux, presque dénués de feuilles ; l’involucre est pubescent, hémisphérique; le ré- ceptacle est couvert de paillettes; les achaines sont oblongs, tétragones, très glabres, entièrement chauves. Cette plante possède les mêmes pro- priétés que les précédentes. Armoise vulgaire (fig. 245). Artemisia vulgaris L. Plante vivace, herbacée , croissant dans presque toute l’Europe dans les lieux incultes et sur le bord des che- mins; sa racine, qui est longue et! rampante, pousse plusieurs tiges verticales, cannelées, rameuses, rougeâtres, hautes de 1 à 2 mètres ; ses feuilles sont alternes, pinnatifides, grossièrement dentées, assez larges à la partie inférieure des tiges, d’un vert foncé en dessus, SYNANTHÉRÉES — SÉNÉCIONIDÉES. Al blanches et cotonneuses en dessous; les divisions des feuilles supé- rieures sont entières et presque linéaires. Les capitules sont sessiles, ovés, entremêlés de feuilles, formant des épis paniculés à la partie supérieure des tiges ; les squames extérieures de l’involucre sont co- tonneuses et blanchâtres ; les intérieures sont scarieuses ; les corolles sont nues, d’un rouge pâle. Absinthe pontique ou Petite Absinthe (fig. 246), Artemisia pontica L. Cette espèce s'élève à la hauteur de 50 centi- mètres ; ses tiges sont ligneuses par le bas, nombreuses , cylindriques, très rameuses, très garnies de feuilles fort petites, très divisées, à lobes linéaires, cotonneuses en dessous seulement ; les capitules sont disposés le long des ramifications supérieures, globuleux, petits, penchés; les Fig. 245. écailles extérieures de l’involucre sont linéaires, blanches, foliacées ; les corolles sont nues. Cette plante croît naturellement dans les lieux in- cultes de la Romanie, de la Hongrie, de l'Italie, etc. ; on la cultive dans les jardins; elle à une odeur forte, plus douce cependant que celle de la grande absinthe, et une saveur moins amère, Son odeur est moins h2 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. agréable que celle de l’absinthe maritime. On l’emploie souvent simul- tanément avec la grande absinthe. Grande Absinthe ou Aluyne, Artemisia absinthium L. Plante sous-frutescente, haute de 60 à 400 centimètres, à tiges rondes, dressées et rameuses; les feuilles inférieures sont assez grandes, mais elles sont trois fois divisées , à lobes lancéolés obtus; elles diminuent, comme toujours, de grandeur et en divisions à mesure qu'elles s'élèvent sur les rameaux , et finissent par devenir en- tières et linéaires ; elles sont toutes molles, blanchâtres, cotonneuses, très douces au toucher ; les capitules sont globuleux à squames blan- châtres, penchés , disposés en panicule feuillue le long des rameaux su- périeurs; les fleurs sont jaunes. Toute la plante est douée d’une odeur forte et d'une amertume insupportable qui se communique au lait de la femme et des animaux ; elle donne à la distillation une grande quantité d’une essence verte, possédant à un haut degré l’odeur de la plante ; elle est stomachique, fébrifuge, anthelmintique , emménagogue. On l'emploie en extrait ou en teinture aqueuse, vineuse ou alcoolique. Il existe deux variétés d’absinthe, dont l’une à capitules plus grands, dite grandiflora, et l'autre inodore et presque insipide {énsipida). Toutes deux sont d’origine orientale et peu connues. Génipi. Dans toutes les contrées qui avoisinent les Alpes, telles que la Suisse, la Savoie et le Tyrol, on donne le nom de génipi à un certain nombre de petites plantes alpines, croissant vers la limite des neiges perpé- tuelles, appartenant pour la plupart au genre arfemisia, et pourvues des propriétés générales de ces plantes ; mais ces propriétés sont encore rehaussées dans l’esprit des habitants et des voyageurs, par la grandeur des lieux qui les environnent et par la difficulté d'y parvenir ; aussi s’é- tonnent-ils beaucoup que l'usage n’en soit pas plus répandu. Voici la description de ces plantes telles que je les ai reçues en 1838 de M. A. Hu- guenin, à Chambéry. 4. Génipi vrai, arlemisia glacialis L. (fig. 247). On en trouve également une très bonne figure dans Allioni, Ælora pedemontana , t. VIII, fig. 3. Racine ligneuse, ramifiée ; feuilles rassemblées en une touffe presque radicale, longuement pétiolées , tripartites , êt chaque division partagée ensuite en 3 ou 4 lobes lancéolés , pointus; ces feuilles sont entièrement recouvertes par un duvet très fin, d’un blanc argenté, qui couvre également toute la plante. Les tiges, au SYNANTHÉRÉES — SÉNÉCIONIDÉES. L5 nombre de 2 ou 3, sortent du milieu des feuilles , s’élevant à une hau- teur de 8 à 13 centimètres; elles portent un petit nombre de feuilles semblables aux premières, mais très espacées et beaucoup plus petites, et elles sont terminées chacune par | un petit nombre de capitules globu- Fig. 247. leux, volumineux, serrés et rassem- blés en tête. Les fleurs sont jaunes. Cette plante a été cueillie sur le mont Genis, au lieu dit Æonche, elle possède une odeur aromatique agréable. 2. Génipi blane, arfemisia mu- tellina Vill. Cette plante ressemble beaucoup à la précédente par la dis- position et la forme de ses feuilles radicales, par le petit nombre, la forme et la disposition de ses feuilles caulinaires, enfin par la hauteur de ses tiges. Elle en diffère par un duvet moins abondant, moins blanchâtre, non argenté, et par ses capitules qui sont beaucoup plus petits, allongés, solitaires à l'extrémité de longs pé- doncules qui sortent de l’aisselle des feuilles , dans la moitié supérieure des tiges, formant dans leur en- semble une grappe grêle et allongée. Cette plante est fréquente sur le mont Cenis et sur les Alpes du Dauphiné ; elle possède une odeur forte- ment aromatique. 3. Génipi noir, alemisia spicata Jacq., artemisia eriantha Ten., artemisia boccone Al, t. VIT, fig. 2, et t. IX, fig. 14. Cette plante est plus forte que les deux précédentes et s'élève à la hauteur de 22 centimètres ; ses feuilles radicales sont tripartites, multifides; celles de la tige sont multifides, pinnatifides ou trifides, plus rapprochées que dans les précédentes , surtout à la partie supérieure ; les capitules sont assez gros, globuleux, courtement pédonculés , axillaires, for- mant à la partie supérieure de chaque tige un épi non interrompu ; les corolles sont jaunes et velues , ainsi que les ovaires. Cette plante a été cueillie sur le mont Saint-Sorlin-d’Arve. Elle est d’un blanc un peu grisâtre, comme la précédente. L. Autre génipi noir (fig. 248). Cette plante, récoltée sur le mont Cenis, près du gravier des torrents, paraît appartenir à la même espèce Lh DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. que la précédente (1), mais elle est beaucoup plus petite. Ses feuilles radicales sont généralement tripartites et trifides ; les feuilles de la tige sont pinnatifides, celles du sommet sont entières , oblongues-lancéo- Fig. 248. Fig. 249. lées ; les capitules sont axillaires, plus longuement pétiolés que dans la précé- dente , plus petits, contenant un moins \ grand nombre de fleurs; la plus grande tige n’a que 8 centimètres de longueur. 5. Génipi musqué Où iva; pfarmica moschata DC., achillea mos- chata Jacq. Cette plante pousse de sa racine fibreuse plusieurs tiges sim- ples, hautes de 11 à 43 centimètres, parsemées de poils rares; le reste de la plante est glabre. Les feuilles radicales sont petites , pétiolées, profondément pinnatifides ; les feuilles caulinaires sont encore plus pe- tites, sessiles, à divisions écartées, rangées comme les dents d’un peigne; le haut de la tige est nu et terminé sur une tige par une ombelle à 6 rayons, et Sur une autre par un corymbe formé de 7 capitules pé- donculés, L’involucre est campanulé, formé d’écailles imbriquées, ellip- tiques-allongées, à marge brune; les corolles du rayon sont très peu (1) M. Huguenin nomme le n° 3 artemisia eriantha Ten., et le n° 4 arte- misia spicata Jacq. SYNANTHÉRÉES — SÉNÉCIONIDÉES. h5 nombreuses, beaucoup plus grandes que l’involucre, planes, élargies et arrondies à l'extrémité. Cueillie dans les lieux arrosés du col du Bonhoïnme , au sud du mont Joie. 6. enipi bâtard; péarmica nana DC., achillea nana L. (Gg. 249). Très jolie plante, toute couverte d’un duvet laineux, d’une odeur fortement aromatique, trouvée à la limite des neiges sur le mont Cenis. Les feuilles radicales sont pétiolées, profondément pinnatifides, à seg- ments réguliers, rapprochés, linéaires, entiers ou incisés; les tiges sont hautes au plus de 8 centimètres , pourvues de feuilles semblables, sou- vent nues par le haut, terminées par une ombelle de capitules presque sessiles, très serrés et simulant quelquefois un seul capitule très volu- mineux. Cette plante est âcre et très aromatique ; elle porte en Italie le nom d’Aerba-rotta qui lui est commun avec une autre espèce plus grande des mêmes localités (péarmica herba-rota DC., achillea herba-rota Al- lioni). Moxa des Chinois, Les Chinois et les Japonais désignent sous le nom de moza le duvet cotonneux qui leur sert à préparer de petits cônes destinés à l’applica- tion du feu à la surface du corps , dans un très grand nombre de mala- dies. Par suite, ce nom est passé dans la médecine européenne, pour exprimer le cône ou le cylindre lui-même qui sert à cette application, quelle que soit la matière avec laquelle il ait été préparé. D'après Kæmpfer, le moxa chinois n’est autre chose que le duvet de l'armoise vulgaire, séparé par la contusion des feuilles sèches dans un mortier, suivie d’une friction entre les mains qui sépare toutes les par- ties grossières du véritable duvet ; suivant d’autres, c’est l’arfemisia chinensis de Linné qui sert à cet usage, et d’après M. Lindley ce serait une nouvelle espèce d’absinthe nommée artemisia moxa. I est probable d’après cela, et il est d’ailleurs naturel de penser que plusieurs espèces d’armoises peuvent être appliquées au même usage. Un pharmacien de Paris s’est occupé pendant longtemps de préparer des moxas avec le duvet de l’armoise vulgaire. Il paraît cependant que les plus usités se font aujourd'hui avec un troncon de moelle de l’Aelanthus annuus, entouré d’une couche de coton légèrement nitré et maintenu sous la forme d’un petit cylindre par une bande de toile de coton cousue. 6 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. Matricaire officinale (fg. 250). Pyrethrum parthenium Smith, matricaria parthenium L. Car. du genre pyrethrum : capitules multiflores, hétérogames ; fl, du rayon sur une seule série, femelles, ligu- lées ; fl. du disque tubuleuses, her- maphrodites, à 5 dents; tube sou- vent comprimé, bi-ailé; réceptacle plane ou convexe, nu, quelquefois plane , bractéolé. Involucre imbri- qué à squames scarieuses ; styles du disque à rameaux non appen- diculés ; achaines anguleux, non ailés, surmontés d’une couronne dentée, quelquefois auriculiforme, égalant le diamètre du fruit, La matricaire officinale s'élève à 60 ou 100 centimètres; ses tiges sontgrosses, fermes, cannelées, très ramifiées; ses feuilles sont pétiolées, pinnatisectées, à segments pin- patifides et dentés; légèrement velues ; les capitules forment un large corymbe, dont les fleurs du disque sont jaunes et celles de la circonférence ligulées, blanches, deux fois plus longues que l’invo- lucre ; les fleurs ligulées avortent rarement. Toute la plante possède une odeur forte et désagréable. Elle est stomachique et emménagogue ; on en retire une huile volatile jaunâtre , d’une odeur très forte. Fig, 250. Baisamite odorante. Menthe-cog ou cog des jardins, pyrethrum tanacetum DC., balsa- mita suaveolens Pers., tanacetum balsamita L. Cette plante s'élève à la hauteur de 1 mètre; ses tiges sont fermes, légèrement velues, blan- châtres et rameuses ; les feuilles sont ovales-elliptiques, dentées, les inférieures pétiolées , les supérieures sessiles, auriculées à la base ; les capitules sont longuement pédicellés, disposés en corymbe lâche, sans aucune fleur ligulée : toute la plante est pourvue d’une odeur menthée, forte et agréable, et d’une saveur chaude et amère. Elle est douée d’une propriété excitante très active, On la cultive dans les jardins. SYNANTHÉRÉES — SÉNÉCIONIDÉES. 47 Camomille commune ou Camomille d’Allemagne (fg. 251). Matricaria chamomilla L. Le genre matricaria diffère du genre pyrethrum par ses fleurs discoïdes, dont le tube est cylindrique ; le réceptacle est toujours conique et nu ; les achaines sont entièrement nus ou plus rarement pourvus Fig. 251. d’une couronne, La matricaire-camomille pousse des tiges me- _# Le É nues, hautes de 50 centimètres ; ses feuilles * tt |” 4/7 LS sont deux fois pinnati- partites, à lobes linéaires & Ÿe ÿ entiers ou souvent divisés; pédoncules nus au }\ sommet, monocapitulés ; involucre à squames Ai oblongs, blanchâtres à la marge; fleurs ligulées dl blanches, beaucoup plus longues que l’involucre; re [| 2e achaines tétragones , ceux du disque à face exté- L2\ rieure élargie; ceux du rayon à côtés égaux. ŸP Les fleurs de camomille commune ont, surtout g lorsqu'elles sont sèches , une odeur très agréable ; < elles sont fort peu amères, et c’est sans doute une \ 4\ des raisons qui les font préférer, en Allemagne, à 1 celles de la camomille romaine. On les prescrit SN aussi quelquefois en France ; mais faute de les bien connaître, on leur substitue souvent les NA fleurs de la camomille des champs (anfhemis ar- = IS Fe vensis L.). Voici à quoi on peut les distinguer : g 7 les fleurs de l’anthemis arvensis sont plus grandes; À leur réceptacle est garni de paillettes et forme-un à d | cône beaucoup plus aigu; la graine est volumi- neuse et hordée d’une membrane à sa partie RARE l'odeur en est plus faible , désagréable , et la saveur en est ainère. On obtient en Allemagne , par la distillation des fleurs de la camo- mille commune (matricaria chamomilla) une huile volatile assez épaisse, d’un bleu foncé et presque opaque ; par la rectification je l'ai obtenue très fluide, transparente, d’un beau bleu d’indigo, et cette couleur persiste depuis un grand nombre d’années. Cette essence est d’une odeur particulière, moins pénétrante que celle de la camomille romaine , et, quoique très agréable, elle me plaît bien moins que celle de la camomille romaine. : AC Millefeuille. Achillea millefolium TV. Car. gén. : capitules multiflores hétéro- games ; fleurs du rayon peu nombreuses , femelles, fertiles, ligulées, 18 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. à 3 dents ; fleurs du disque hermaphrodites, à tube comprimé , à 5 dents; réceptacle étroit, plane ou rachidiforme, portant des paillettes oblongues, transparentes ; involucre ové, formé de squames imbri- quées ; achaines oblongs, glabres, comprimés, non ailés , pourvus de marges nerviformes, dépourvus d’aigrette. La millefeuille s'élève à la hauteur de 35 à 65 centimètres; ses tiges sont droites, ramifiées vers le sommet, garnies de feuilles pinnatisec- tées , à segments pinnatipartites et à lobes linéaires tri ou quinquéfides ; les fleurs sont très nombreuses , petites, radiées, blanches ou purpu- rines, rapprochées en un corymbe terminal , serré, Elles sont légère- ment odorantes et fournissent une petite quantité d'une essence épaisse, bleue ou verte; on les emploie en infusion comme astringentes ; les feuilles pilées sont appliquées sur les plaies et les coupures, ce qui a valu à la plante le nom d'herbe aux charpentiers. Eupatoire de mesué, achillea ageratum L. Plante haute de 65 centimètres, dont les feuilles sont lancéolées-obtuses , dentées, atténuées à la base, presque sessiles et rassemblées par paquets sur la tige. Les corymbes terminaux sont isolés les uns des autres, composés de capitules nombreux, petits, très serrés, à fleurs jaunes. Elle est inusitée. Ptarmique ou Herbe à éternuer. Ptarmica vulqaris Blackw., t. 276; achillea ptarmica L. Cette plante diffère des millefeuilles plutôt par la disposition de ses fleurs que par de véritables caractères génériques ; ses feuilles sont sessiles , lon- gues , lancéolées, acuminées, finement dentées, assez semblables, sauf leur longueur, à celles de l’eupatoire de mésué. Sa tige se ramifie par le haut, mais chaque rameau ne se divise qu’en un petit nombre de pédoncules ne portant chacun qu’un seul capitule , et tous ces capitules réunis ne forment qu’un corymbe très lâche et peu fourni. Les capi- tules sont globuleux, formés d'écailles à marge scarieuse et noirâtre ; les demi-fleurons sont assez nombreux, étalés, blancs, tridentés, beaucoup plus grands que l’involucre. Les feuilles ont ur goût piquant comme la pyrèthre ; leur poudre est employée comme sternutatoire. Camomille romaine (63. 252). Anthemis nobilis L. Car. gén. : capitules multiflores hétérogames ; fleurs du rayon unisériées, ligulées, femelles ; fleurs du disque her- maphrodites, tubuleuses à 5 dents; réceptacle conique paléacé ; invo- lucre paucisérié, imbriqué; achaines obscurément tétragones, striés ou lisses; aigrette tantôt nulle , tantôt formée d’une membrane entière ou incisée , souvent agrandie et auriculée du côté interne. SYNANTHÉRÉES — SÉNÉCIONIDÉES. 19 La camomille romaine croît naturellement dans les prés et dans les champs, en France, en Espagne, en Italie, mais on la cultive pour l'usage de la médecine; ses fleurs ligulées, d’une belle couleur blanche, déjà nombreuses dans son état naturel, s’augmentent par la culture et finissent par envahir tout le disque. Les Fig. 252. fleurs sont d'autant plus recherchées qu’elles sont plus complétement ligu - lées. La plante est très touffue et ram- pante; ses feuilles sont pinnatisectées, à segments très di- visés en lobes li- néaires et sétacés , un peu velus; les rameaux florifères sont nus au sommet et terminés par un seul capi- tule ; les achaines sont nus. Les feuilles sont odorantes et amères, mais moins que les fleurs, qui sont la seule partie de la plante employée, et que l’on fasse sécher. La dessiccation doit en être faite promptement, si l’on veut leur conserver leur blancheur ; on les emploie alors en infu- sion , comme stomachiques et carminatives. Les fleurs de camomille, malgré leur odeur si caractérisée, ne four- nissent qu'une très petite quantité d’une essence fluide, d’une couleur verte peu foncée qui se perd avec le temps et qui disparaît aussi par la rectification. L'essence devient alors incolore , d’une odeur toujours très agréable ct très franche de camomille romaine. Les auteurs qui, même encore à présent, décrivent l'essence de camomille comme épaisse et colorée en bleu, ont pris pour elle de l'essence de matricaire- camomille. Camomille des champs, anthemis arvensis L. (Fuchsius, (a 14h). Cette plante pousse de sa racine des tiges droites, ramifiées, pourvues de feuilles pinnatisectées, mais à subdivisions moins nombreuses et moins fines que dans l'espèce précédente. Les capitules sont assez grands, terminaux, pourvus d’un seul rang de fleurs ligulées, blan- ches, étalées, plus grandes que le diamètre du disque ; les achaines sont couronnés d’une marge membraneuse , très courte , à peine den- tée. La plante est inodore et inusitée ; c’est par mégarde ou par fraude que ses fleurs sont mélangées à celles du matricaria chamomilla (voyez page A7 ). III. l 30 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. Camomille puante Où maroute, anthemis colulaY,, marula co- tula DC. Cette plante ressemble beaucoup à la précédente, mais elle est très glabre et pourvue d’une odeur très désagréable. Les fleurs du rayon sont complétement dépourvues d'organes sexuels et sont stériles par conséquent. Les corolles tubuleuses sont comprimées , bi-ailées ; les achaines sont dépourvus d’aigrette et tuberculeux. La maroute a été usitée comme anti-hystérique. Pyrèthre d'Afrique. Anacyclus pyrethrum DC., anthemis pyretlrum V. (fig. 253). Le genre anacyclus diffère du genre anthemis par ses fleurs du rayon sté- riles, par ses corolles dont le tube est comprimé et bi-ailé, par ses achaines comprimés, entourés Fig. 253. de 2 ailes larges et entières, et surmontés du côlé interne par une aigrelte courte, irré- gulière, denticulée. Ce même genre ne diffère guère du genre maruta que par les ca- ractères tirés du fruit. La plante qui produit la pyrèthre croit en Turquie, en Asie et surtout en Afrique. Par ses tiges couchées et par ses feuilles à divisions séta- cées, elle ressemble beaucoup à la camomille romaine ; mais ses capitules sont pourvus | d’un seul rang de fleurs lar- | sement ligulées et étalées, blanches en dessus, pourpres en dessous, La racine sèche nous est apportée de Tunis. Elle est cylin- drique, longue et grosse comme le doigt, quelquefois garnie d’un petit nombre de radicules, grise et rugueuse au dehors , grise ou blan- châtre en dedans, d’une saveur brûlante et qui excite fortement la sali- vation. Elle ceffre, lorsqu'on la respire en masse, une odeur forte, irritante et désagréable. Murray cependant ne lui donne aucune odeur, et effectivement celle du commerce manque souvent de ce caractère ; mais cela tient à à sa vétusté, et c’est une raison pour la rejeter, 1] faut également rejeter celle qui est piquée des vers, ce à quoi elle est très sujette. SYNANTHÉRÉES — SÉNÉCIONIDÉES. 51 La racine de pyrèthre contient, suivant les analyses de M. Parisel et de M. Koene : Parisel, Koene, ‘Résine brune. . . . 0,59 Praicipe âcre - . 4, 21m 3 | Huile HOURE. 7. 0 TON Pre IUIE eu Le 0,35 NOUS, JSTOR pi PT ie EL TU DOMME: CPUNREARE 11 PT Us 2e mu: à 9,10 "ADMIN FE et ARTE LE COR perle AE AA ba ETES Matière colorante . . . . 12 le Re » PRO S - : : h5 ee PAR Chlorure de potassium. . | bi one hosl D'NIVS P die ps cd 7,60 Oxide de fer, etc. . , AT TENNIS MOD les Lu mer DU PDO DSr A robin tés ABD;00: M. Parisel s’est presque borné à extraire par l’éther ou l'alcool le principe âcre résinoïde, auquel il a donné le nom de pyréthrine. M. Koene à montré que cette matière élait complexe et formée des trois principes énoncés ci-dessus ; quant aux autres principes qui sont sensiblement les mêmes dans les deux analyses, mais dont les quantités indiquées sont fort différentes, je suis porté à regarder celles données par M. Parisel comune plus exactes. La pyrèthre est souvent employée dans les maladies des denis, dans la paralysie de la langue , et toutes les fois que l’on veut exciter une abondante salivation. Les vinaigriers en emploient pour donner du mordant au vinaigre. . Indépendamment de la pyrèthre que je viens de décrire, et qui est Ja seule que l’on trouve dans le commerce de Paris, Lemery en distingue une seconde espèce, qu'il attribue au pyrethrum umbelliferum de G. Bauhin. Cette racine est longue de 16 centimètres , plus menue que la précédente , d’un gris brun au dehors, blanchâtre en dedans, garnie par le haut de fibres barbues, comme l’est la racine de méum. Lemery lui donne le même goût âcre et brûlant, et ajoute qu’on l’apporte en- tassée par petites bottes de la Hollande et d’autres lieux. M. Théodore Martius, ancien pharmacien à Erlangen, a bien voulu me faire passer une pyrèthre qui offre tous les caractères de la seconde sorte de Lemery et qui l’est indubitablement. Mais cette pyrèthre , qui est connue en Allemagne sous le nom de pyrethrum germanicum, pour la distinguer de celle du Midi, que l’on y nomme pyrethrum roman ; 52 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. cette pyrèthre, dis-je, au lieu d’être produite par une plante ombelli- fère, comme l’a cru Lemery, est due à une espèce d'anacyclus très semblable à l'anacyclus pyrethrum, mais plus petite dans toutes ses parties, qui a été décrite par M. Hayn sous le nom d’anacyclus offici- narum. Ainsi toute la pyrèthre officinale, soit africaine ou romaine, soit germanique, est produite par un anacyclus; mais il n’en est pas de même de celle des anciens, et de Dioscoride en particulier, qui était bien la racine d’une ombellifère. Matthiole à pensé avoir retrouvé cette plante de Dioscoride et en a donné la figure. G. Bauhin l’a vue vivante dans le jardin de Padoue, et l’a nommée pyrethrum umbelliferum. Aujourd’hui cette plante est perdue ou comprise parmi les thapsies ou les saxifrages, mais elle ne fournit aucune racine au commerce. On prétend aussi qu’on mélange dans le commerce, ou qu’on rem- place même la racine de pyrèthre avec celle de diverses plantes, telles que le buphtalmum creticum , Vachillea ptarmica, et surtout avec la racine du chrysanthemum frutescens L., qui est le leucanthemum ca- nariense pyrethri sapore T. ; mais aucune de ces substitutions n’a lieu, et sauf la vétusté, dont il faut se garder, il y a peu de substances que l'on trouve moins mélangées dans le commerce que la racine de py- rèthre. Cresson de Para (fs. 254). Spilanthes oleracea . Car, gén. : capitules multiflores tantôt pourvus Fig. 254. d’un rayon de fleurs ligulées femelles, tantôt entièrement composés de fleurs tubulcuses et hermaphrodites ; involucre bisérié, appliqué, plus court que le disque ; le style des fleurs hermaphrodites est à rameaux tronqués au sommel et pénicillés ; anthères noirâtres ; achaines com- primés, souvent ciliés sur les côtés. Le cresson de Para est originaire du Brésil et n’est encore cultivé en France que dans les jardins. C’est une plante annuelle, haute de 30 centi- mètres, dont les tiges sont rondes, tendres, rameuses, diffuses et tom- bantes ; les feuilles sont opposées, pétiolées, petites, sous-cordiformes, sous-dentées; les capitules sont solitaires à l'extrémité de pédicelles SYNANTHÉRÉES — SÉNÉCIONIDÉES. 33 plus longs que les feuilles; ils sont coniques, entièrement formés de fleurs hermapbrodites tubuleuses, jaunes (brunes sur le milieu du disque dans la variété fusca) ; tous les achaines sont comprimés, ci- liés sur le bord, surmontés de deux arêtes nues. Toute la plante est très âcre; mais les capitules surtout ont une saveur brûlante et caustique, et excitent fortement la salivation. On les emploie en teinture alcoolique contre les maux de dents; ils agissent comme le cochléaria , mais à un degré plus intense, en rubéfiant une étendue plus ou moins considé- rable de la membrane muqueuse et en déplaçant l'irritation. D'autres espèces du même genre jouissent de propriétés sem- blables, et principalement les spilanthes acmella, alba, urens, pseudo- acmella, etc. Grand-Soleil, Helianthus annuus L. Plante annuelle, originaire du Pérou, mais cultivée dans les jardins de presque tous les pays, à cause de sa grande fleur radiée qui représente un soleil entouré de rayons. Sa tige est simple, haute de 2 à 3 mètres, cylindrique, rude au toucher, terminée par un capitule, auquel en succèdent d’autres portés par des rameaux sortis de l’aisselle des feuilles supérieures; les feuilles sont presque opposées, pétiolées , grandes , subcordiformes, pointues à l'extrémité, grossièrement dentées, trincervées, rudes comme la tige. Les capitules, larges quelquefois de 30 centimètres, sont inclinés sur la tige de ma- nière à présenter Jeur disque presque vertical et dirigé du côté du soleil, ce qui a fait aussi donner à la plante le nom de tournesol. Les folioles de l'involucre sont inappliquées, linéaires-aiguës, plus petites à l’intérieur qu’à l'extérieur; le réceptacle est paléacé; les fleurs du rayon sont unisériées, ligulées , étalées, d’une belle couleur jaune, privées d'organes sexuels; les fleurs du disque sont presque innom- brables, tubuleuses , hermaphrodites, à 5 dents, d’un jaune brunûtre ; les achaines sont comprimés, sous-tétragones , noirâtres, un peu rudes au toucher, pourvus ou privés d’une aigrette caduque, formée de deux squamelles en forme d’arêtes : ces fruits sont assez volumineux , faciles à récolter, et fournissent par expression une huile grasse propre à l'éclairage et à la fabrication du savon. On peut s'étonner qu’on ne cultive pas la plante plus spécialement pour cet usage. Topinambour, Helianthus tuberosus L. Cette plante est pourvue d’une racine vivace, fibreuse, traçante, qui donne naissance à un nombre considérable de bourgeons monstrueux, tubéreux, pédiculés, de la grosseur d’une poire ou davantage , pyriformes ou comine formés de plusieurs tuber- 54 DICOTYLEDONES CALICIFLORES. cules réunis, Ces bourgeons monstrueux sont couverts d’un épiderme rouge et vert, dû à la soudure des écailles originelles, et marqué de franges circulaires qui indiquent Ja limite de chaque verticille des mêmes écailles. L'intérieur en est blanc, translucide, formé d’un tissu cellulaire lâche renfermant un suc très aqueux et sucré. Ces tubercules produisent de nouvelles tiges droites, hautes de 2 à 3 mètres, rondes, rudes au toucher, rameuses par le haut, garnies de feuilles alternes, souvent presque opposées ou même ternées, pétiolées, grandes, ovales, pointues, dentées, rudes au toucher, décurrentes sur le pétiole, tripli- nervées. Les capitules sont terminaux, solitaires, non inclinés, petits relativement à ceux de l’espèce précédente et à la grandeur de la plante. Cette plante est originaire du Brésil. Elle fleurit très tard en Europe et ses graines y mürissent difficilement; mais ses tubercules se multi- plient à un tel point, qu'après en avoir enlevé la plus grande partie en automne, pour les usages domestiques , il en reste ordinairement assez pour que les places vides se trouvent remplies l'été suivant. Les topinambours forment une bonne nourriture pour les bestiaux pendant l’hiver, et les hommes peuvent aussi les manger cuits et assai- sonnés de différentes manières. Ils ont un goût un peu analogue à celui du fond d’artichaut ; mais ils sont peu nourrissants, étant presque tota- lement privés d’amidon. Les topinambours ont été analysés par M. Payen et par M. Braconnot ; d’après ce dernier chimiste, 100 parties de tubercules récents con- tiennent : A le nn ee HT 2U Sucre incristallisable . . . . . . . 14,80 Lulu »s0ititér Broad iet pdt 3,00 BODSIEUE TER. . 2. - 1,22 PE RU US Te 1,08 RE 7 A FE. à 0,99 Huile très soluble dans l'alcool . . 0,06 DErtiUOe 60 MS else sé Mnt 0,03 CPE TE pEASSE". . . . . . . 1,07 UE RDS 7. . .. . : 0,12 Chlorure de potassium. . . . . . 0,08 Phosphate de potasse. . . . . .. 0,06 Malafe despotasse. .". . , .'. .. 0,03 à Phosphate de chaux . . . . . .. 0,14 Citwate de chaux 21: 51108 1: 0,08 d Tartrate de chaux . . . . . . . 0,02 Silice. . usb AE + 0,02 100,00 SYNANTHÈRÉES — SÉNÉCIONIDÉES. 2) Ni M. Braconnot ni M. Payen n’ont indiqué d’amidon dans les tuber- cules de topinambour ; cependant ils en contiennent quelque peu que l'on peut découvrir au microscope et au moyen de l’iode , dans le dépôt que le tubercule râpé laisse former après avoir été délayé dans l’eau et jeté sur un tamis. Le suc de topinambour, quoique contenant une assez grande quantité de sucre , éprouve très difficilement par lui-même la fermentation alcoolique, ce qui tient à ce que la glutine transforme le sucre en mucose, ainsi que cela a lieu pour le suc de betterave ; mais il fermente facilement par une addition de levure de bière et fournit alors, d’après M. Payen, 9 pour 100 du poids des tubercules frais d'alcool anhydre (Annales de chimie et de physique, 1. XXY, p. 358, ett. XXVI; p. 98). Madi du Chili. © Madia sativa et madia mellosa Molina, Ce sont deux plantes du Chili, dont la première surtout est cultivée dans son pays natal et aujour- d’hui également en Europe, à cause de l'huile fournie par ses graines. Sa tige est élevée de 1,5, rameuse, garnie de feuilles alternes, linéaires-lancéolées , très entières, assez semblables à celles du laurier- rose ; ses capitules sont presque sessiles, agglomérés à l'extrémité des rameaux ou dans Vaisselle des feuilles, pourvus de fleurs femelles, ligu- lées, très grandes, à 3 dents, et de fleurons hermaphrodites, tubulcux, à 5 dents; le réceptacle est plane et pourvu de une ou deux séries de paillettes, entre les fleurs du rayon et celles du disque, Les achaines sont longs de 9 à 11 millimètres, brunâtres, dépourvus d’aigrette, à 4 ou 5 nervures longitudinales , convexes d’un côté, aplatis de l’autre. Au dire de Molina et du père Feuillée, l'huile de madia sativa serait préférable pour ja table, même à celle de lolivier; mais sa couleur jaune foncée, sa propriété siccative et la facilité avec laquelle elle se rancit, doivent la faire réserver pour l'éclairage ou la fabrication du savon commun, Elle est soluble dans 30 parties d’alcoo! froid et dans 6 parties d'alcool bouillant, ce qui l'éloigne beaucoup de la nature de l'huile d'olives. On cite encore une autre plante de la famille des composéees dont les graines fournissent une assez grande quantité d'huile usitée dans l’Inde et en Abyssinie, pour lusage de la table ou pour l'éclairage. Cette plante porte dans l'Inde les noms de ram-till et de werinnua, et en Abyssinie celui de ook. C'est le quizotia oleifera DC., appartenant à la sous-tribu des hélianthées, et assez voisine par conséquent de l’he/iun- thus annuus, 56 DIGOTYLÉDONES CALICIFLORES. TRIBU DES ASTÉROÏDÉES. Aunée oflicinale, Inula helenium. Car. gén. : capitule multiflore hétérogame ; fleurs du rayon unisériées , femelles, ligulées , rarement tubuleuses, trifides ; fleurs du disque hermaphrodites , tubuleuses, à 5 dents; involucre imbriqué , plurisérié; réceptacle plane, nu; anthères pourvues de 2 soies à la base; achaine cylindroïde pourvu d’une aigrette à une seule série de soies capillaires , rudes. L’aunée officinale (fig. 255) croît dans les lieux ombragés et se cul- tive dans les jardins. Sa tige est droite, velue, haute de 13 à 16 déci- mètres; ses feuilles radi- cales sont très grandes, ovales, atténuées en pétiolc d'un côté et terminées en pointe de l’autre ; celles de À la tige sont demi-amplexi- | caules ; toutes sont dentées, d’un vert pâle, rugueuses en dessus , cotonneuses en dessous ; les capitules sont solitaires au sommet des tiges et des rameaux, larges | de 8 centimètres, pourvus de fleurons ligulés , jaunes et radiés, qui les font res- sembler à ceux des helian- thus ; V'involucre est formé de squames imbriquées , dont les extérieures sont larges et surmontées d’un appendice foliacé, et les intérieures linéaires et ob- tuses ; le réceptacle est large, plane, dépourvu de paillettes; les achaines sont très glabres, tétragones, pourvus d’une aigrette simple. La racine d’aunée est la seule partie de la plante usitée. Elle est vivace, longue, grosse, charnue , roussâtre au dehors, blanchâtre en dedans , d'une odeur forte, d’une saveur aromatique, âcre et amère ; elle conserve ces propriétés par une bonne dessiccation. Fig. 255. / +) < LE LL 5 LL SYNANTHÉRÉES — ASTÉROÏDÉES. 57 D'après l'analyse de John, rapportée par M. Berzélius, la racine d’aunée contient : Huile volatile liquide . . . . . . . . . . . . . . . traces. Welémne:.: 5}: OMR : RIRE 20 Je 0,4 Cireroonalr s SRE 2H. EUUTATIS: POI. 0,6 Résine molle et âcre.. . . . FA FAR 5 0 2 457 Extrait amer soluble duel Péqu"e et a F AS 36,7 COMME RE 0 2 en ete ea letine B,5 RER ns di,» = + + à 36,7 LIDRIR NE RÉMÉLAIEME. 0, .. » « + - + ee à 13,9 ARC I MEUSE. EU ue à à ee vo + à à + à RE Sels potassiques, calciques et magnésiques . . . . » 100,0 Ce que M. Berzélius appelle hélénine n’est autre chose que l'huile volatile concrète et cristallisable qui, depuis longtemps, a été signalée dans la racine d’aunée. Elle doit avoir une grande part à ses propriétés, ainsi que la résine molle et âcre. L’inuline est, comme on le sait, un principe analogue à l’amidon qui a été découvert par Rose dans la racine d'aunée , et qu’on a retrouvé depuis dans les racines de pyrèthre, de dalhia, de topinambour, de chicorée , d’angélique et d’autres plantes synanthérées ou ombellifères. Ce principe tient dans ces racines la place de l'amidon, dont il diffère parce que l’iode le colore en jaune et non en bleu, et parce que sa dissolution, obtenue à l’aide de l'eau bouil- lante, est mucilagineuse et non gélatineuse, et qu’elle laisse déposer l'inuline sous forme pulvérulente, quelque temps après son refroidis- sement. Au reste cette substance demande à être micux définie. On retire de la racine d’aunée, ou on en prépare une huile volatile, une eau distillée, un extrait, une conserve et un vin médicinal. Elle entre en outre dans un grand nombre de médicaments plus composés. Ses propriétés générales sont d’être tonique et diaphorétique. La racine d’aunée jouit d’une autre propriété peu connue, qu'elle partage avec celle de bardane. Sa décoction, employée en lotions, apaise presque instantanément les Cahlinpeisdns dartreuses , et est un des meilleurs topiques dont on puisse se servir pour en atteindre la guérison. Quelques autres espèces d’aunée, anciennement usitées, sont aujour- d’hui tombées dans l'oubli : telles sont, entre autres, l’inula conyza, dont les feuilles, semblables à celles de la digitale, ont été figurées t. II, p. 48 ; les inula suaveolens, bifrons , britannica , graveolens , etc. x 55 DIGOTYLÉDONES CALICIFLORES. Les 2nula dysenterica et pulicaria appartiennent aujourd’hui au genre pulicaria. La tribu des astéroïdées renferme un très grand nombre de plantes d'ornement, généralement connues, auxquelles je crois inutile de m’ar- rêter : telles sont les dalhia (dalhia variabilis), la verge d'or (solidago virga-aurea), les érigérons, les asfer, la reine Marguerite (callis- tephus chinensis ); sans oublier la charmante pâquerette, ornement de nos prairies (be!lis perennis). TRIBU DES EUPATORIACÉES. Tussilage ou Pas-d’Ane (fig. 256). Tussilago farfara L. Le tussilage est une plante qui aime les lieux humides et dont les racines se propagent sous terre à une grande dis- tance. Il en pousse plusieurs petites hampes supportant chacune un capilule qui s’épanouit avant que les feuilles paraissent, ce qui a fait donner à la plante le nom bizarre de filius arte patrem. Les feuilles qui pa- raissent ensuite sont pétiolées, très larges, sous-cordiformes, anguleuses et denticulées. On en a comparé la forme à l'em- preinte du pied de l'âne, d'où est venu le nom de pas-d'äâne ; elles sont vertes en dessus, blanchâtres et cotonneuses en dessous. La hampe est égale- ment cotonneuse et toute cou- verte de bractées rougeûtres qui, parvenues au capitule , en forment l'involucre. Le capi- tule présente, à la circonfé- rence, une grande quantité de demi-fleurons jaunes très étroitement ligulés, femelles, et, au centre, un petit nombre de fleurons herma- phrodites, tubuleux, à 5 dents. Le réceptacle est nu; les styles du disque sont inclus et abortifs ; ceux du rayon sont bifides, à rameaux sous-cvlindriques ; les achaines sont oblongs-cylindriques, glabres, pourvus d’une aigrelte parisériée, à soies très fines; les aigrettes du + mate. tif SYNANTHÉRÉES — EUPATORIACÉES. 09 disque sont unisériées. Tout le capitule est doué d’une odeur forte, agréable, et d’une saveur douce et aromatique. On l’emploie en infu- sion contre la toux : d’où est dérivé le nom de fussilage. Eupatoires, Ce genre de plantes, qui est extrêmement nombreux, présente les caractères suivants : Feuilles opposées ; capitules homogames, dont l'in- volucre est cylindrique, formé de squames imbriquées , appliquées, ovales-oblongues, foliacées; le réceptacle est nu, plane, étroit; les fleurons sont généralement peu nombreux, tous tubuleux et herma- phrodites; le style est long, profondément bifurqué , barbu à la base ; l'ovaire est pentagone et parsemé de glandes; les: achaines sont pour- vus d’une aigrette pileuse, unisériée. Presque toutes les espèces sont américaines ; la suivante seule est commune en France , dans les fossés pleins d’eau et dans les lieux submergés. Eupatoire d’Avicenne OU eupatoire chanvrina, eupatorium can - nabinum L. Gette belle plante croît à la hauteur de 13 à 15 décimètres ; sa tige est un peu quadrangulaire, velue et rameuse ; les feuilles sont opposées, sessiles , à 3 ou 5 folioles lancéolées-allongées et dentées, imitant assez les feuilles de chanvre; les capitules sont terminaux, dis- posés en corymbes un peu serrés, formés d’un involucre cylindrique, glabre, à 10 squames dont les 5 extérieures obtuses et très courtes; les fleurs sont d’un pourpre pâle , au nombre de 5 ou 6, remarquables par leurs styles fort saillants. La racine d’eupatoire est fibreuse et blanchâtre; elle paraît être assez fortement purgative ; les feuilles sont amères et un peu aromatiques lorsqu'on les écrase; elles passent pour détersives et apéritives. Aya-pana, eupatorivin aya-pana Vent. Cette plante , originaire du Brésil, a été transportée à l’ile-de-France. Vantée d’abord à l'excès contre un grand nombre de maladies , elle est aujourd’hui presque tota- lement oubliée ; il semble cependant qu’elle devrait conserver une place dans la matière médicale : au moins peut-on supposer que ses propriétés générales se rapprochent beaucoup de celles du thé. Les feuilles d’aya-pana sont longues de 5,5 à 8 centimètres, étroites, lancéolées-aiguës, entières, marquées de trois nervures principales qui se réunissent à l'extrémité du limbe, et d’un vert jaunâtre. Elles ont une saveur astringente, amère, parfumée , et une odeur agréable qui à quelque rapport avec celle de la fève tonka. Plusieurs autres espèces d’eupatoires sont douées d’une odeur très agréable : telles sont principalement l’eupatorium dalea 1. (critonium dalea DC.) de la Jamaïque , dont les feuilles sèches exhalent une odeur 60 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. de vanille très suave et persistante; ct l’eupatorium aromatisans DC., de l’île de Cuba, qui sert à aromatiser les cigares de la Havane. Virey a fait mention (Journal de pharmacie, t. XIV, p. 306) d’une feuille de trébel servant au même usage, que M. Kunth a reconnue pour appartenir au piquerio trinervia de Cavanilles. Il est probable que cette feuille de Trébel est la même que celle que j'ai décrite dans ma précé- dente édition, et que j'ai cru appartenir à l’expatorium triplinerve de Vahl. Quelle que soit l’origine de cette feuille, voici quels en sont exactement les caractères. Cette feuille est longue de 18 centimètres et doit être considérée comme sessile; mais le limbe est très étroit dans une longueur de 54 millimètres, puis il s'étend peu à peu jusqu’à une largeur de 36 mil- limètres, et se termine à l'extrémité par une pointe arrondie; la ner- vure médiane est forte et très marquée, les nervures latérales sont disposées par paires : les trois premières paires suivent la direction allongée du limbe rétréci en pétiole, et viennent se confondre avec le bord de la feuille ; la quatrième paire parvient seule au sommet, et donne à la feuille, avec la nervure médiane, l'apparence d’une feuille triplinerve ; les nervures latérales supérieures sont beaucoup plus petites et comprises entre la nervure médiane et les nervures de la quatrième paire. La feuille est très entière, assez épaisse, glabre , d’ane couleur verte un peu jaunâtre ; elle a une odeur de fève tonka ou de mélilot beaucoup plus franche, plus forte et plus agréable que l’aya-pana; sa saveur est piquante, âcre et un peu amère ; elle teint l’eau en jaune foncé. Guaco. Mikañia quaco Humb. Bonpl. Cette plante est voisine des eupatoires, dont elle se distingue cependant par plusieurs caractères : Sa tige est grimpante, très longue et rameuse ; ses feuilles sont pétiolées, opposées, ovales-aiguës , hérissées en dessous, à dentelures distantes, longues de 16 à 24 centimètres; linvolucre est formé de A4 folioles seulement, épaisses, aiguës, hérissées en dehors ; les fleurons sont au nombre de 4, hermaphrodites, dont le style et les 2 stigmates sont très longs; les achaines sont pentagones, glabres, surmontés d’une aigrette simple; le réceptacle est nu. Le guaco croît dans la Colombie, sur les bords du fleuve de la Madeleine ; il est célèbre dans ces contrées par la propriété, qu'il paraît posséder en effet, de guérir de la morsure des serpents venimeux. On à également annoncé qu’il était propre à guérir le choléra. On a trouvé dans le commerce la plante entière, tiges, fleurs et feuilles mêlées, DIPSACÉES. 61 Elle est inodore, mais très amère. Elle a été analvsée par M. Fauré, de Bordeaux { Journ. pharm., LU XXII, p. 291). Semences de Calagéri. Vernonia anthelmintica Willd. Plante de l'Inde, de la tribu des vernoniacées, dont les semences sont usitées comme anthelmintiques. Dans une note insérée dans le Jowrnal de pharmacie, & XXI, p. 612, Virey, disant avoir reçu ces semences directement de l'Inde, sous le nom de calagéri ou de calagirah, a proposé de les substituer au semen- contra, dans les préparations pharmaceutiques. Le conseil aurait pu être ben, si les graines présentées eussent été véritablement celles du vernonta anthelmintica ; mais c'étaient des semences de nigelle. Comme celle confusion pourrait se représenter, je dois dire ici ce qui l'avait causée et comment on peut s’en garantir. Les semences-en question avaient été présentées à la douane sous le nom de calagirah que Virey a cru synonyme de calagéri, tandis que ces noms désignent des plantes très différentes. L'une, nommée calagéri par Rheede , ou kÆalie zeerie par Ainslie (4 IT, p.54), est bien le vernonia anthelmintica; Yautre, nommée kala jira (Ainslie, t. T, p. 128), est le nigella sativa V., ou sa variété indienne le négella indica Roxb. Ce sont les semences de cette dernière plante que Virey a prises pour les fruits de vernonta. Les achaines du vernontia anthelmintica sont longs de 5 millimètres, étroits , amincis et coniques par la partie inférieure, élargis par le haut en un petit disque qui présente tout autour les vestiges de l'aigrette simple qui les surmontait ; leur surface est creusée de sillons longitudi- naux et couverte de poils rares et courts; leur couleur est brune, sauf le petit plateau supérieur qui est blanchâtre ; elle est amère et inodore. La semence de nigella sativa est noire, cunéiforme, triangulaire ou quadrangulaire , de la grosseur d’une puce. Les faces comprises entre les angles sont planes et ridées ; la saveur en est aromatique , nullement amère et d’un goût de carotte; l'odeur en est faible en masse, mais devient plus forte par la friction dans le creux de la main, et est sem- blable à celle du daucus. FAMILLE DES DIPSACÉES. Cette famille présente par la réunion de ses fleurs en capitules une assez grande ressemblance avec les composées ; mais elle en diffère par un certain nombre de caractères essentiels. Les feuilles sont opposées, dépourvues de stipules ; les fleurs, réunies en capitules , sont accom- 62 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. pagnées à la base d’un involucre commun composé de plusieurs fo- lioles ; mais chaque fleur est entourée, en outre, d’un involucre propre, caliciforme, différent encore cependant du véritable calice , lequel est soudé avec l'ovaire et terminé supérieurement par un limbe entier ou divisé, La corolle est gamopétale, tubuleuse, à 4 ou 5 divisions inégales ; les étamines sont au nombre de 4, à anthères libres et biloculaires. L'ovaire est infère, à une seule loge contenant un seul ovule pendant. Le style est simple, terminé par un stigmate simple ou légèrement bilobé. Le fruit est un achaine terminé par le limbe calicinal et enveloppé par le calice externe. La graine est pendante et son em- bryon est entouré d’un endosperme assez mince. Cette famille est très peu nombreuse, et je n’en citerai que deux plantes utiles, la cardère cultivée et la scabieuse officinale. Cardère eultivée, communément nommée chardon à fouion (dipsacus fullonum T.). Cette plante porte des capitules cylindriques, pourvus de paillettes très nombreuses , serrées, dures et terminées en crochet à leur extrémité, ce qui les rend propres à peigner les tissus de laine et de coton. Les racines étaient employées autrefois comme diurétiques et sudorifiques. Scabieuse officinale, scabiosa succisa L. (fig. 257). Cette plante est commune en France, dans les bois et dans les pâturages un peu humides. Elle produit une lige droite, cylindrique, haute de 30 à 60 centimètres, garnie de feuilles dont les & inférieures sont pétiolées , chlongues, acumi- nées de chaque côté, très entières, et les supé- N\/Z> y», rieures sessiles, connées, oblongues-lancéolées, @ VW d souvent dentées ; les capitules sont pédonculés, \Ÿ pourvus d’un involucre général à 2 ou 3 séries de folioles ; les involucelles sont formés d’un tube tétraédrique, à couronne très courte, ondulée et à soies courtes et conniventes ; les corolles sont égales, quadrifides, d’une cou- leur bleue ou purpurine. La racine est blanche, cylindrique , courte et comme tronquée par le bas , entourée de radicules descendantes. On l’emploie en décoction contre les maladies de la peau. Les feuilles et les fleurs sont égale- ment usitées. | Pr scabieuse des champs, scabiosa ar- vensis L. ( knantia arvensis DC.) , est aussi Fig. 257. VALÉRIANÉES, 63 usitée. Elle diffère de la précédente par sa tige velue, ses feuilles pinnatifides incisées et ses fleurs à corolles inégales et rayonnantes, FAMILLE DES VALÉRIANÉES. Plantes herbacées, à feuilles opposées, simples ou plus ou moins profondément incisées; les fleurs sont privées d’involucre et de cali- cule, mais sont encore rapprochées en grappes denses ou en cymes terminales ; le calice est simple, formé d’un tube soudé avec l'ovaire et d’un limbe supère, tantôt dressé, à 3 ou 4 dents, tantôt roulé en de- dans et divisé en lanières qui se déroulent en aigrette après la floraison. La corolle est gamopétale, épigyne, à limbe quinquélobé , tantôt régu- lier ou presque régulier (valériane), tantôt irrégulier avec le tube éperonné (centranthe), ou non éperonné { /edia). Les étamines sont insérées au tube de la corolle, quelquefois au nombre de 5, réduites à 3 dans les valérianes , à 2 dans les fédia, à 4 dans les centranthes. L’o- vaire est infère , à 3 loges dont 2 stériles et souvent indistinctes; l’ovule est unique, pendant au sommet de la loge fertile, anatrope; le style est terminé par 2 ou 3 stigmates; le fruit est sec, indéhiscent , cou- ronné par le limbe du calice, tantôt à 3 loges dont 2 beaucoup plus petites et vides (fedia), tantôt à une seule loge (valériane). La graine est inverse, à embryon homotrope, droit, à radicule supère, sans endosperme, Cette famille, séparée des dipsacées par de Candolle, présente encore des analogies frappantes avec le groupe des composées ; les genres peu nombreux qui la composent ont été presque tous formés aux dépens des valérianes dont les racines, diversément aromatiques, ont fait partie de la matière médicale des anciens et sont encore très usitées aujour- d'hui dans toutes les parties du monde. Valériane sauvage (fs. 258). Valeriana officinalis Y. Tige droite, haute de 4 mètre à 4 mètre 1/2, fistuleuse, un peu pubescente, portant dans sa partie supérieure des rameaux opposés sortant de l’aisselle des feuilles. Celles-ci sont oppo- sées, loutes pinnatisectées, à scgments lancéolés dentés, un peu velus en dessous. Les fleurs sont petites, nombreuses, disposées en cyme au haut des tiges, d’une couleur blanche-purpurine, d’une odeur agréable. La racine est très petite, comparée à la grandeur de la plante, formée d’un collet écailleux très court, entouré de tous côtés de radi- cules blanches, cylindriques, de 2 à 5 millimètres de diamètre, Elle possède une saveur légèrement amère, comme un peu sucrée d’abord, et 64 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. une odeur désagréable qui se développe par la dessiccation, au point de devenir très forte et fétide. Cette odeur plaît singulièrement aux chats, qui déchirent les sacs de cette racine, se vautrent dessus et en mangent même avec délices. On trouve dans le commerce deux variétés de racine de valériane qui me paraissent dues à la différence des lieux où on les a récoltées. L'une est formée de radicules blan- ches, cylindriques , qui ont conservé leur plénitude par la dessiccation, en ayant pris sou- vent une apparence cornée. La terre qui s’y trouve attachée est sablonneuse, légère, jau- nâtre et tombe en poussière par la percussion. Il me paraît évi- dent que cette valériane a crû dans des bois assez secs et sa- blonneux. L'autre variété a dû croître au contraire dans un lieu humide et marécageux ; car la terre qui s’y trouve com- prise est nojirâlre , compacte et dure à casser, comme le serait une terre argileuse qui à été détrempée dans l’eau et ensuite desséchée. De même que dans la première variété , le collet est court et écailleux ; mais les radicules sont d’un gris foncé, plus déliées , plus fibreuses et ridées à leur surface , ce qui tient à la plus grande quantité d'eau qu’elles ont perdue par la dessiccation. Cette racine a une odeur très analogue à la première , néanmoins non désagréable ; elle paraît un peu plus amère. J'ai supposé anciennement que cette racine pouvait être produite par le valeriana dioica L., qui croît en effet dans les lieux aquatiques ; mais la seule différence des lieux suffit pour expliquer celle des deux racines. La racine de valériane fournit par la distillation avec de l’eau une huile volatile verte, d’une odeur forte, analogue à la sienne propre, qui a longtemps été usitée comme antispasmodique. Cette essence, de même que la plupart des autres huiles volatiles , est formée de plusieurs principes, dont un, principalement, mérite de fixer l'attention par son caractère acide bien décidé. Ce principe, nommé acide valérianique ou valérique, à été entrevu d'abord par M. Pentz, chimiste allemand, puis déterminé par M. Grotz, Fig. 258. ml VALÉRIANÉES. 65 et étudié ensuite par MM. J.-B. Trommsdorf, Ettling, Dumas et Stas, Cahours et Gerbardt. Pour Pobtenir, on distille la racine de valériane bien privée de terre et additionnée d’ailleurs d’une petite quantité d’acide sulfurique , avec de l’eau, et l’on obtient ainsi, comme à l’or- dinaire, un mélange d’eau distillée et d'huile volatile, auquel on ajoute de la magnésie calcinée. On distille dans une cornue, et l’on obtient une huile volatile légère, non acide, d’une odeur moins fétide qu’aupara- vant. Lorsqu'il ne passe plus d'huile, on ajoute dans la cornue de l'a- cide sulfurique en léger excès et l’on reprend la distillation. On obtient alors un liquide huileux (acide valérianique} qui surnage l’eau saturée du même acide ; car il est soluble dans 30 parties d’eau. L’acide pur est incolore et pèse 0,944; il a une odeur d'essence de valériane très forte et très désagréable et une saveur repoussante. 1l perd presque toute son odeur par sa combinaison avec les bases, et forme des sels, tels que ceux de zinc et de quinine, qui sont aujourd’hui très em- ployés dans la thérapeutique. L’acide valérianique a été analysé par M. Ettling à l’état oléagineux et combiné à la baryte ou à l’oxide d’argent ; sous ce dernier état il est anhydre et formé de C!H°0*; à l’état oléagineux, il est hydraté et contient C'0H°O$ + HO — Ci H!0f. Cet acide peut se former dans un grand nombre de circonstances différentes , et notamment par l’action de la potasse caustique hydratée sur l'essence de pomme de terre ou alcool amylique (C'°H120?). En ajoutant en effet les éléments de 2 molécules d’eau à l'alcool amylique, on en forme de l'acide valérianique hydraté et de l'hydro- gène qui se dégage, provenant pour une moitié de l’eau ajoutée et pour l'autre de l’essence de pomme de terre : El C10H1202 L 9HO — CI0H100$ LE JAH, MM. Grotz, Trommsdorf et Ettling s'étaient bornés à montrer que l’essence de valériane était composée de deux huiles dont l’une est acide et l’autre pas. D’après M. Gerhardt, l'essence de valériane récente ne contiendrait pas d'acide valérianique et serait formée de deux huiles non acides, l'une oxigénée à laquelle il donne le nom de valérol : l’autre non oxigénée, composée de C?H'16, et nommée 4ornéène, parce qu'elle est identique en effet avec l'essence naturelle da dryobanalops camphora (tome IT, p. 387). Quant au valérol , il est liquide à la température ordinaire ; mais il se solidifie à quelques degrés au-dessous de zéro et conserve alors la forme de cristaux jusqu’à 20 degrés au- dessus. Il est composé de C'?H100? et peut se convertir en acide valé- rianique , soil par l’action de l'air sur l'essence de valériane, soit par IL. 5 66 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. l’action de l’hydrate de potasse fondu. Il se dégage de l'hydrogène et le sel de potasse produit est un mélange de valérianate et de carbonate de potasse , ainsi que l'explique l'équation suivante : C12H1002 + 6HO0 — C'0H1004 2e 204 — 6H. Nonobstant l'opinion de M. Gerhardt, je pense que l’essence de valériane, même récente, contient de l’acide valérianique. J'admets cependant que la racine fraîche n’en contient pas, et c’est sans doute une des raisons pour lesquelles elle possède une odeur beaucoup plus faible que la racine sèche. Mais après la dessiccation , lorsque les prin- cipes huileux ont imprégné tout le tissu de la racine et se trouvent en contact avec l’air, il est difficile de croire qu’ils n’éprouvent pas le genre d’altération propre à la production de l'acide valérianique. Il est d’'ail- leurs certain que l'essence de valériane sèche , nouvellement préparée, contient toujours de l’acide valérianique. Racine de Grande Valériane, Valeriana phu L. Cette plante est cultivée dans les jardins; tontes ses parties sont plus grandes que dans la précédente, si ce n’est que sa tige qui n’a que À mètre de haut ; ses feuilles radicales sont entières; sa racine est formée d’une souche longue et grosse comme le doigt , d’une couleur grise et marquée d’anneaux circulaires qui sont des vestiges d'insertion d’écailles foliacéés noirâtres. Cette souche s'étant trouvée placée transversalement dans la terre , est nue du côté qui regardait Ja surface du sol et garnie de l’autre d’un grand nombre de radicules dirigées en bas, grises et ridées à l’extérieur, et d’une couleur foncée en dedans. L’odeur de la racine est analogue à celle de la première espèce , plus faible et cependant plus désagréable , ce qui peut tenir à ce que, étant ordinairement très ancienne dans le commerce , l'essence s'y trouve en plus grande partie convertie en acide valérianique ; sa saveur est manifestement très amère. Elle jouit dans un moindre degré des mêmes propriétés que la valériane officinale, La racine de grande valériane est le Fhu ou nard de Crète, dont il est fait mention dans le douzième livre de Pline. Racine de Valériane celtique ou Nard celtique, Valeriana celtica. Gette espèce (fig. 259) croît sur les montagnes de la Suisse et du Tyrol, pays des anciens Celtes ; de là lui est venu le nom de nard celtique , qu’elle a toujours porté. Elle se compose d’une petite souche ligneuse, toute couverte d’écailles imbriquées , placée Li VALÉRIANÉES. 67 obliquement près de la surface du sol et sous la mousse qui le recouvre, pourvue d’un côté de quelques radicules et terminée supérieurement par une touffe de feuilles trèsentières, obovées, Fig. 239. et par une tige haute de 8 à 20 centimètres ; les fleurs sont d’un rouge pâle, réunies au Re nombre de cinq ou six en petites ombelles Re portées sur des pédoncules axillaires ; celles "Se de l’extrémité sont presque sessiles et comme Ka verticillées. SX | Le nard celtique se trouve dans le com- \ merce sous la forme de paquets ronds et plats ù qui le contiennent mélangé de mousse et de beaucoup de terre sablonneuse. La souche elle-même est très menue, longue de 3 à 5 centimètres, entièrement couverte d’écailles blanchâtres, et munie de quelques radicules brunes. Toute la souche est pourvue d’une saveur très amère et d’une odeur forte qui tient beaucoup de celle de la valériane, Cette substance , quoiqu’elle doive être très active, n’est plus guère em- ployée aujourd’hui que pour la thériaque. Il faut la débarrasser de la mousse , de la terre et des feuilles qu’elle contient. Nard indien ou Spicanard. Cette substance a été célèbre dans l'antiquité et comptée au nombre des aromates les plus précieux ; son odeur passait pour exciter les désirs amoureux ; partant elle était en grand honneur auprès des dames romaines {1}, comme elle lest encore aujourd’hui chez celles du Népaul. Cet usage peut s'expliquer jusqu’à un certain point, maintenant qu’il (4) Un poëte , heureux imitateur des anciens, nous a dit : Et de celle conque azurce Tirons le nard délicieux Dont l'odeur seule fait qu'on aime, Qui prête un charme à Vénus même, Et l'annonce au banqgnel des dieux, 68 DICOTY LÉDONES CALICIFLORES. est reconnu que le véritable nard indien appartient à une plante très voisine des valérianes. Et d’ailleurs une odeur qui nous paraît peu agréable aujourd'hui a pu sembler suave autrefois; de même que le citron dont toutes les femmes se parfument, de notre temps , passait anciennement pour désagréable, et ainsi de plusieurs autres. Pendant longtemps le nard indien à été attribué à l’andropogon nar- dus L., de la famille des graminées , et l’on s'étonne que cette opinion ait pu durer ; car la racine de l’andropogon nardus (ginger-grass Angl.) ressemble pour la forme et la couleur à celles du schænanthe et du vé- tiver : elle‘ offre une odeur mixte de gingembre et d’acore , tout à fait distincte de celle du nard indien. Le docteur Jones, qui a été président de la Société asiatique de Cal- cutta, à le premier fait connaître que la plante qui produit le spicanard est une valériane, qu'il a nommée, de son nom sanscrit, valeriana Jafamanst ; mais il l’a confondue avec le raleriana Hardiwickir de Don on de Wallich , qui ne donne pas de spicanard. I] faut dire , cependant, qu'il nous vient de l’Inde plusieurs espèces de nard, mais dont aucun n’est produit par le valeriana Hardwickii. L'existence de plusieurs espèces de nard indien a été constatée dans tous les temps. Ainsi Dioscoride, à part même les deux nards qu’il nomme syriaque et samplaritique , décrit deux nards de l'Inde : l'un, croissant sur les montagnes, est court, aminci à l'extrémité, d’une couleur rousse, amer, et d’une odeur agréable qui se conserve long- temps; l’autre, venu dans des endroits très humides et nommé gan- gitis, du fleuve Gange, qui coule au pied des lieux où il croît, est plus grand, portant plusieurs épis chevelus sortant d’une même racine, et ces épis sont hérissés de fibres entremêlées, et de mauvaise odeur ; il est moins estimé. On trouve des traces de cette distinction des deux nards de l’Inde dans Pomet et dans Geoffrov; mais nul ne les a mieux décrits que Charas, dans sa Pharmacopée , article THÉRIAQUE RÉFORMÉE. Suivant lui « le véritable nard des Indes à ses épis moindres que l’autre ; il est sans partie ligneuse, d’un jaune tirant sur le purpurin, d’un goût fort aromatique, mêlé d’amertume et d’acrimonie ; il est porté sur une petite racine sujette à tomber en poussière. et qu'il convient d’en sé- parer en secouant les épis sans les briser. Le faux nard est plus gros que le précédent, d’une couleur plus brune, portant une chevelure plus éparpillée et plus hérissée ; il est presque privé d’odeur et de goût ; il offre dans son centre une partie ligneuse qui sert de loin en loin de base à la chevelure. » A la vérité, Charas dit avoir cueilli ce faux nard sur le mont Genèvre, en Dauphiné, ce qui tendrait à le faire regarder comme indigène : VALÉRIANÉES. 69 mais, comme il parle d'autrefois, et que les caractères donnés par d’autres auteurs, à ce faux nard du Dauphiné, ne se rapportent pas à la description précédente , il me parait certain que Charas a confondu deux choses différentes, savoir : le faux nard de l'Inde, dont la des- cription se trouve ci-dessus, et le faux nard du Dauphiné, dont la forme se rapproche beaucoup de celle du vrai nard de l'Inde, et qui est, au dire de Pomet, d'un gris de souris, tourné comme S'il avait été tourné au tour, et composé de filaments fort menus ; ces derniers caractères indiquent suffisamment que ce faux nard du Dauphiné n’est autre que le bulbe allongé et chevelu de la Victoriale (allium victoriu- lis L.). En résumé Charas à parfaitement distingué les deux nards de l'Inde ; il a eu tort seulement de croire que le second venait du Dau- phiné. Voici la description plus précise de ces deux substances. Nard Jatamansi, Vrai nard indien Charas ; nard des montagnes de l'Inde Diosc., I, cap. 6; Valeriana jatamansi Lambert (an Ilust. of the génus cinch., p. 177, fig. ); nardostachys jatamansi DC. Coll. mém. vu, pl 1; Prodromus 1V, p. 624. Cette plante (fig. 260) croît dans les montagnes du Népaul, dans les pro- vinces de Mandou et de Chi- tor, au royaume de Delhi, au Bengale et au Décan. L'excellente figure qu’en à donnée Lambert, et l’échan- tillon que j'en ai vu dans l'herbier de M. Delessert, ne permettent pas de douter que ce soit elle qui produise le vrai nard indien. Cette sub- slance est devenue très rare dans le commerce ; telle que nous l'avons (fig. 261), elle se compose d’un tronçon de racine très court, épais comme le petit doigt, d’un gris noiratre, surmonté d’un paquet de fibres rougeûtres, lines et dressées, qui imitent un épi de la grosseur ei de la longueur du petit doigt, Get épi est ordinairement un peu ovoïde ou 70 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. renflé au milieu et aminci aux extrémités ; les fibres dont il se com- pose sont souvent encore disposées en réseau de feuilles, et ne sont effectivement que le sque- Fig. 261. lette desséché des feuilles qui entourent le collet de la plante, et qui se détruisent chaque année ; l'odeur en est forte et agréable, très per- sistante , analogue à celle du nard celtique ; la saveur en est amère et aromatique. ‘ En coupant l’épi longitudi- nalement, on trouve au centre un corps ligneux, formé d’une écorce grise et d’une partie in- térieure blanche, spongieuse et friable. Ce corps ligneux estsouvent réduit à l’état pul- vérulent par les insectes, ou manque entièrement. Ayant une fois ouvert un épi dont la racine était bien conservée, je lui ai trouvé une odeur très marquée de valériane. Nard radicant de lPIinde (fig. 262 et 265 ). Nard du Gange Diosc. Cette substance est abondante dans le com- merce; elle se compose d’un corps de racine brun , dur, ligneux, gros comme une plume à écrire, tout hérissé de radicules brunes, rudes et chevelues. Cette racine se divise supérieurement en trois ou quatre tiges ou rhizomes, longs quelquefois de 19 à 22 centimètres, entièrement couverts de fibres brunes, dressées, qui sont, comme dans le vrai spicanard , le débris des feuilles radicales ; mais ces trois ou quatre tiges ayant été renfermées sous terre, jusqu’à un paquet de feuilles verdâtres qui les termine supérieurement, les fibres dont je parle sont entremêlées d’autres fibrilles ou radicules semblables à celles de la partie inférieure. Quand on dépouille les rhizomes de leurs fibrilles, on trouve dessous un corps ligneux (fig. 263, «), très dur, mince comme une petite plume, mais renflé et articulé de distance en dis- tance, à la manière des souchets ; au total, ces rhizomes ramifiés , VALÉRIANEÉES. 71 . Fig. 262. longs de 16 à 19 centimètres , tout hérissés d’une chevelure brune, dure, irrégulière, sont très faciles à distinguer du vrai spicanard. Ils ont une odeur analogue à celle du pard celtique, mais beaucoup plus faible et désagréable; leur saveur est terreuse et presque nulle. La plante qui fournit le nard radicant de l'Inde est encore in- connue. Aucune des valérianes de l'Inde que j'ai vues dans les her- biers de M. B. Delessert ne peut le produire. Le seul nardostachys grandiflora DC. ( fedia grandi- flora Wall.), tel qu'il est repré- senté dans le VII® mémoire de de Candolle, pl 2, offre un rhizome long , cylindrique , hérissé de fibres, qui se rapporte assez bien au pard radicant ; mais Pinspection de la plante en nature pourra seule décider la question, par la confor- ination toute particulière que l’on doit trouver à son rhizome ligneux. | Ut 1 = DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. Nard foliacé de lPinde ( fig. 264 et 265 }. J'ai vu cette substance pour la première fois dans le commerce vers l’année 1825 , je ne sais si elle s’y trouvait auparavant ; elle y était assez Fig. 264. abondante. Au premier aspect, elle paraît assez différente de la précé- dente ; mais, après un examen minutieux, je la regarde comme la Fig. 265. même plante recueillie jeune. Au lieu d’être formée d’un long rhizome ramifié, terminé par une faible touffe de feuilles, cette sub- stance est au contraire presque entièrement formée d’un épi foliacé jaunâtre, terminé inférieurement par une courte racine li- gneuse , munie de radicules chevelues et jau- nâtres. L'odeur est plus développée que dans le précédent spicanard, et offre quelque chose d’aromatique et d’agréable. Du reste, on ob- serve dans les épis foliacés la tendance à se ramifier qui se serait développée plus tard ; on voit percer des radicules ligneuses même à travers les feuilles non altérées ; la con- sistance et la forme du rhizome sont les mêmes. Bref , le nard foliacé et le nard ra- dicant de l'Inde ne me paraissent différer, que par l’âge auquel ils ont été récoités. Faux Nard du Dauphiné (fig. 266). Bulbe de la wictoriale longue de Clusius (Bar, À, 189); allium unguënum du Matthiole de Bauhin , p. 422. VALÉRIANÉES. 73 Gette substance n'a été qu’imparfailement décrite par Pomet. Elle a tout à fait la forme du nard jatamansi, c’est-à-dire qu'elle est grosse et longue comme le petit doigt, un peu renflée au milieu et amincic aux extrémités ; mais elle est d’un gris de souris, inodore Fig. 266 et d’une saveur terreuse. La surface de l’épi est générale- ment unie, et les fibres très fines dont il se compose for- ment un réseau régulier , dis- posé en losange. Lorsqu'on coupe l’épi longitudinalement, on voit au centre un Corps blanc cellulaire, arrondi, sé- paré en deux par une ligne rousse horizontale, qui forme la ligne de démarcation de deux bulbes d'années consé- cutives. Au-dessus du bulbe supérieur se trouve le bour- geon de celui qui grossira l’an- née d’après, et au - dessous sont les débris des bulbes des années précédentes. Cette dis- position diffère de celle du colchique en ce que, dans celui-ci, les bulbes se forment latéralement , tandis que dans la victoriale ils se EME dans le sens perpendiculaire, et causent ainsi l'allongement progressif de l’épi. La victoriale croît dans les montagnes du Dauphiné, de la Suisse, de l'Italie, de l'Autriche et de la Silésie, J'ai dû à l’obligeance de M. Chatenay, alors pharmacien à Saint-Ymier, dans l’état de Berne, l'échantillon qui a servi à la description précédente. D’autres substances que les précédentes ont porté le nom de nard ; telles sont la lavande spie, qui se trouve décrite par d'anciens au- teurs sous le nom de nardus italica, et la racine d’asarum , qui à été nommée n0rd sauvage. Mâche Où doucette, valerianella olitoria Mænch. Petite plante commune dans les champs à la fin de l'hiver, mais cultivée dans les jardins potagers pour lPusage de la table. Ses feuilles sont entières, vertes, succulentes, d’un goût doux; ses fleurs sont d’un bleu très 74 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. pâle, pourvues d’un calice à dents droites et de 3 étamines ; le fruit est une capsule à 3 loges dont une seule fertile. Valériane rouge, centranthus ruber ou plutôt le centranthus an- gustifolius DC. Cette plante, remarquable par ses fleurs nombreuses eu d’un beau rouge, croît en France dans les lieux pierreux et sur les vieux murs, et est cultivée pour l’ornement des jardins. Le tube de la corolle est éperonné à la base et ne porte qu’une étamine, Le fruit est uniloculaire et monosperme. La racine sent la valériane. FAMILLE DES RUBIACÉES. Plantes herbacées, arbustes ou arbres à feuilles opposées , accompa- guées de chaque côté de stipules , tantôt soudées et formant une sorte de gaine ; lantôt distinctes et se développant en feuilles semblables aux véritables, et simulant un verticille de feuilles. Les fleurs sont axillaires uu terminales, quelquefois réunies en tête. Le calice est formé d’un tube adhérent à l’ovaire et d’un limbe supère, entier ou partagé en 4 ou 5 lobes, le plus souvent persistants. La corolle est épigyne , gamo- pétale, régulière , à 4 ou 5 lobes; les étamines sont en nombre égal et alternes avec les lobes de la corolle ; l'ovaire est infère, surmonté d’un style simpJe et d’un stigmase qui offre autant de lobes qu’il y a de loges à l'ovaire, Le fruit est tantôt une mélonide ( fruit complexe, charnu, infère, indébiscent) à deux ou à plusieurs loges monospermes ou poly- spermes ; tantôt un carcérule infère ne différant du fruit précédent que par la siccité du péricarpe ; tantôt une capsule à deux ou à un plus urand nombre de loges polyspermes et s’ouvrant en autant de valves qu'il y a de loges; les graines, souvent comprimées et bordées d’une aile membraneuse, contiennent un embryon homotrepe dans un endo- sperme corné où cartilagineux. Malgré les différences observées dans les fruits, la famille des rubia- cées est une des plus naturelles du règne végétal ; c’est aussi une des plus nombreuses et des plus essentielles à connaître, à cause du grand nombre de substances actives qu’elle fournit à l’art de guérir. Elle a été divisée de la manière suivante : re sous-famille, coFFÉACÉES : fruits à loges monospermes (très rarement dispermes ). Tribu I, operculariées : fruits uniloculaires, monospermes, rap- prochés latéralement en capitules, enfin déhiscents et bivalves par le sommet, Genres pornax, operculariu. Tribu IL, stellatées : fruit presque sec, bipartible, rarement RUBIACÉES. 75 charnu et biloculaire ; stigmate en tête. Genres vaëllantia, galium . rubia, crucianella, asperula, etc. Tribu III, anthospermées : fruit presque sec, bipartible, rare- ment charnu et biloculaire ; stigmate allongé , velu. Genres anthosper- mum , etc. 1 Tribu IV, spermacocées : fruit presque sec à 2 ou à 4 noyaux ; stigmate bilamellé. Genres serissa, borreria, spermacoce, richarsonia, perama , etc. ° Tribu V, psychotriées : fruit charnu , biloculaire ; semences con- vexes par le dos, planes et marquées d’un sillon du côté interne ; endo- sperme corné. Genres cephælis, patabea, palicourea, psychotria , ronabea, mapouria, coffea, faramea, pavetra, ixora, chococcu , siderodendron , etc. Tribu VF, pædériées : fruit biloculaire, indéhiscent, à peine charnu ; tube du calice se séparant facilement des carpelles qui sont très comprimés et suspendus à un axe filiforme ; endosperme charnu. Genre pæderia. Tribu VIT, guettardacées : fruit charnu, à 2-10 noyaux, semences cylindriques. Genres morinda, vanqueria, quettarda, malanea, antir- rhœæa , stenostomum , erithalis, etc. Tribu VIH, cordiérées : fruit charnu, multiloculaire. Genres cordiera , tricalysia. 2e sous-famille, cINCHONÉES : fruits à loges polyspermes. Tribu IX, haméliées : fruit charnu, multiloculaire. Genres sabi- cea, hamelia, etc. Tribu X, isertiées : fruit charnu à 2-6 noyaux. Genres #sertia , anthocephalus , etc. Tribu XI, gardéniées : fruit charnu biloculaire (rarement unilo- culaire) ; semences non ailées. Genres castesbæa, bertiera, randia, genipa, oxyanthus, mussænda, amaioua, etc. Tribu XIT, hédyotidées : capsule à 2 loges, semences non ailées. Genres hedyotis, oldenlandia, ophiorrhiza, sipanea, rondeletia. portlandia, macrocnemum , condaminea , etc. Tribu XIIT, einechonées : capsule biloculaire, semences ailées. Genres pinchkneya, manettia, danais, exostemuna, hymenodyction , luculia, lasiostemma , remijia, cinchona, cosmibuena , coutarea, nau- clea , uncaria, etc. Racine de Garance. Hubia tènctorium L. Car. gén. : tube calicinal ové-globuleux, limbe à peine sensible; corolle rotacée , à 4 ou 5 divisions ; 4 ou 5 étamines = 16 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. courtes ; ovaire infère, biloculaire, surmonté d’un style bifide; fruit succulent, sous-globuleux , didyme , à 2 loges cartilagineuses ( mélo- nide). — Herbes ou arbrisseaux ; tiges diffuses, très rameuses, tétragones ; feuilles opposées, accompagnées de stipules intermédiaires foliacées , constituant un verticille de 4 à 8 feuilles, La garance est pourvue d’une racine vivace, très longue et rampante; elle produit des tiges longues , carrées, noueuses, garnies sur les angles de poils très rudes; les feuilles sont verticillées par 4 ou 6, hérissées de poils rudes; les fleurs sont très petites et d’un jaune verdûtre , les fruits sont noirs. La garance croît naturellement en Orient et dans le midi de l’Europe ; on la cultive dans les environs d'Avignon, en Alsace, en Zélande et dans d’autres contrées , à cause de sa racine qui est très employée dans la teinture en rouge ; mais celle qui vient d'Afrique, d'Orient et surtout de Chypre, est la plus estimée. Cette racine est de la grosseur d’une plume à écrire ; elle est formée d’un épiderme rougeâtre, recouvrant une écorce d’un rouge brun foncé, et au centre se trouve un méditullium ligneux, d’un rouge plus pâle et jaunâtre ; elle à une saveur amère et styptique ; adminis- trée en décoction , elle teint en rouge le lait, les urines et les os ; elle entre dans le sirop d’armoise composé. La garance à été le but des recherches d’un grand nombre de chi- mistes, mais surtout de MM. Kuhlmann, Robiquet et Colin. Le premier a montré que cette racine contenait un acide libre, analogue à l’acide malique , une quantité notable de sucre qui donne au macéré aqueux la propriété de pouvoir subir la fermentation alcoolique , de la gomme, une matière colorante rouge, une fauve, divers sels à base de po- tasse , elc.; mais c’est Robiquet et M. Colin qui, les premiers, ont obtenu le principe colorant rouge à l’état de pureté ; ils lui ont donné le nom d’alizarine, du nom izart ou alizarti, que la garance porte dans le Levant. Pour obtenir l’alizarine , on traite la garance pulvérisée par les deux tiers de son poids, ou par partie égale d’acide sulfurique concentré, et l'on empêche le vase de s’échauffer en le plongeant dans un mélange réfrigérant. En opérant ainsi, tous les principes solubles de la racine sont détruits ou charbonnés, hors l’alizarine. On lave le charbon sul- furique à l’eau; on le fait sécher, et il suffit alors de le chauffer très modérément dans un vase sublimatoire, pour obtenir lalizarine sous forme de longues aiguilles, d’un rouge orangé. Ce corps est donc volatil ; il est presque insoluble dans l’eau froide , ! un peu soluble dans l’eau bouillante, et donne avec ce dernier une tein- ture jaune d’or. Il est soluble dans les alcalis qui lui font prendre une couleur pensée magnifique. 11 est insoluble dans les acides, Il donne RUBIACÉES. 77 sur les étoffes, à l’aide des mordants, les couleurs les plus riches, et d’une grande fixité. Robiquet et M. Colin ont également constaté, dans la garance, l'existence d’an autre principe colorant rouge, qu'ils ont nommé pur- purine, plus foncé et plus riche en apparence que l’alizarine , mais fournissant à la teinture des teintes moins abondantes , moins belles et surtout moins fixes. Beaucoup d’autres espèces du genre rubia contiennent dans leurs racines une matière colorante rouge applicable à la teinture : telles sont les rubia angustifolia, longifolia, peregrina, lucida, bocconti, oli- vieri, qui appartiennent à l'Europe ; le rubia munyista de l'Inde, les rubia chilensis et relbum du Chili, les rubia quadalupensis et hypo- carpia des Antilles. Les racines de plantes appartenant à d’autres genres de la famille des rubiacées possèdent la même propriété tinctoriale : telles sont, en Europe , les racines des galium verum et mollugo, dans l'Inde celle de l’o/denlandia umbellata , connue sous le nom de ehaya- vair; dans l’Inde et dans la Malaisie les racines de la plupart des morinda (ML. citrifolia, tinctoria, bracteata , mudia, chachuca, umbellata, etc., dont une, la dernière sans doute, nous est parvenue sous le nom de moona (Ainslie, t. II, p. 253). Celle-ci est une racine ligneuse, tortueuse, grosse comme le doigt, couverte d’une écorce assez mince, offrant une teinte générale jaune orangée , une saveur amère, et teignant la salive en jaune safrané. Chaya-Vair. Saya-ver ou ümburel tam. ; chay-roof des Anglais. Quoique chaya- pair où chaya-ver ne signifie rien autre chose que racine de chaya, il est bon de conserver à ce nom sa forme particulière, afin de ne pas confondre la substance qu’il représente avec la racine de chaya dont il à été fait mention t. II, p. 412. Le chaya-ver est donc la racine de l’oldenlandia umbellata, apparte- nant à la tribu des hédyotidées de la famille des rubiacées. Cette plante croit naturellement dans plusieurs parties de l'Inde ; mais elle est cul- üvée surtout sur la côte de Coromandel, où elle forme une branche de commerce assez importante. Suivant Roxburgh, la racine de l’o/denlandia umbellata est longue de 4 à 2 pieds, mince, produisant peu de fibres latérales, pourvue d’une écorce orangée et d’une partie ligneuse blanche. Cette descrip- tion semble indiquer une racine d’un certain diamètre; mais, tel que j'ai pu me le procurer, le chaya-ver est sous la forme d’un faisceau composé de racines longues de 20 à 22 centimètres, minces comme du 18 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. - gros fil, tortueuses, généralement d’un gris rougeûtre , d’une odeur nulle et d’une saveur peu marquée. La couleur cependant varie beau- coup, suivant celle de l’intérieur de l'écorce qui, tantôt est d’un jaune verdâtre, et tantôt d’un rouge de garance. Beaucoup de racines même présentent les deux couleurs réunies, savoir la couleur jaune verdâtre dans la partie inférieure, et la couleur rouge dans celie qui avoisine la tige et dans l’écorce même de la tige. Le bois de la racine est gris, et celui de la tige blanc. Le tout réuni donne une poudre grise qui com- munique à l’eau froide une couleur jaune foncée devenant d’un beau rouge par les alcalis. La poudre épuisée par l’eau froide donne ensuite à ce liquide bouillant une teinte rougeâtre passant au rouge foncé par les alcalis. On obtient de ces liqueurs, par les procédés de tein- ture, des rouges aussi beaux et aussi solides que ceux de la garance, et Robiquet a montré que le chaya-ver devait ses qualités à celui des deux principes colorants de la garance qui fournit en effet les teints les plus solides (l’alizarine); mais il en contient environ trois fois moins que la garance, ce qui rendra toujours son introduction en Europe peu profitable. (On peut consulter, sur les procédés de teinture applicables au chaya-ver, au munjit et au noona, le Rapport fait à la Société indus- trielle de Mulhouse , le 30 mar 1832.) Caillelait jaune. Galium luteum L. Cette plante est commune en Europe, dans les prés secs et sur le bord des bois ; ses tiges sont faibles, à moitié cou- chées, tétragones, hautes de 27 à A0 centimètres, garnies dans toute leur longueur de feuilles linéaires , glabres, verticillées par 6 ou 8 ; les fleurs sont très petites, jaunes, légèrement odorantes , disposées par petits bouquets le long de la partie supérieure des tiges. Elles sont for- mées d’un calice à 4 dents; d’une corolle en roue à 4 divisions ; de h étamines courtes, de 2 styles courts ; le fruit est formé de 2 coques indéhiscentes, monospermes, accolées. Le nom de cette plante lui vient de la propriété qu’on lui a attribuée, mais qu'elle ne possède pas, de faire cailler le lait. Cependant dans quelques pays, par exemple à Chester en Angleterre, on l’ajoute au lait pour donner une teinte jaune au fromage. En médecine, les sommités sèches sont prescrites en infusion comme antispasmodiques, et son suc, à l’état récent, comme antiépileptique. On emploie au même usage le eaillelait blane (galium mollugo +.) et le gratteron (ga/un aparine L.). RUPIACÉES. 79 Racines d’Ipécacuanhas. L'ipécacuanha a été apporté en Europe vers l’année 1672. II était alors connu sous les noms de béconqguille et de mine d'or ; mais on en fit peu d'usage jusqu’en 1686, époque à laquelle un marchand étranger en apporta de nouveau en France. IL fut alors préconisé et employé avec Succès comme vomitif et antidyssentérique par Adrien Helvétins, médecin de Reims. Cependant la source en restant inconnue, Louis XIV en acheta le secret en 1690, et le publia. L'ipécacuanha a eu le sort de tous les médicaments véritablement utiles et dont la découverte a fait époque dans l’histoire de la médecine : le besoin de s’en procurer en a fait trouver partout , et chaque pays a voulu avoir le sien. Alors le nom en à été étendu non seulement aux racines de quelques plantes voisines de la première découverte, et qui pouvaient , jusqu’à un certain point, se confondre avec elle ; mais en- core à celles de végétaux entièrement différents, et qui n'offraient d'autre ressemblance avec l’ipécacuanha que celle d’être plus ou moins vomitives. On s’imagine facilement quelle confusion cette ma- nière de procéder a dù jeter pendant longtemps sur l’histoire de cette précieuse substance. Aujourd’hui que l’origine des différentes racines qui en ont usurpé le nom est bien connue, il n’est plus permis de compter au nombre des ipécacuanhas que la première espèce employée et deux ou trois autres, d’une forme analogue, produites par des plantes de la même famille; celles qui appartiennent à des familles différentes ne seront considérées que comme des succédanées propres aux seuls pays qui les produisent, et n’ayant plus pour nous qu’une importance très secondaire. Ipécacuanha officinal ou ipécacuanha annelé mineur. C'ephælis ipecacuanha Rich.; callicocca ipecacuanha Gomez et Bro- tero; #pecacuanha fusca Pison: poya do mato des Brésiliens. Cette plante (fig. 267) croît dans les forêts épaisses et ombragées du Brésil. Sa tige, qui est simple et ligneuse, s'élève à la hauteur de 30 centi- mètres environ; elle porte à la partie supérieure 3 ou 4 paires de feuilles opposées, courtement pétiolées , ovales-entières , presque gla- bres, longues de 55 à 80 millimètres; chaque paire de feuilles est accompagnée de 2 stipules réunies à leur base, divisées par le haut en plusieurs lanières étroites. Les fleurs sont petites, blanches, infundi- buliformes , et disposées en un petit capitule terminal, environné à sa base de 4 folioles pubescentes. Le fruit est ovoïde, peu charnu, et ren- ferme 2 nucules qui se séparent à la maturité. La racine est fibrense et s0 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. marquée d’impressions circulaires très rapprochées, Cette racine, telle que le commerce la fournit, présente deux variétés dont voici la des- cription : Première variété : pécacuanha annelé gris noirâtre (fig. 268) ; ipécacuanha brun de Lemery; ipéeacuanha gris ou annelé de M. Mérat (Dictionnaire des sciences médicales, 1. XXVI, p. 10). Racine longue de 8 à 12 centimètres ; tortue ou recourbée en différents Fig. 268. Fig. 267. sens , ordinairement de la grosseur d’une petite plume à écrire, et s’a- mincissant d’une manière remarquable vers son extrémité supérieure. Elle est formée d’un cœur ligneux, blanc-jaunâtre , qui va d’un bout à l’autre de la racine, et d’une écorce épaisse, bouillonnée ou comme disposée par anneaux contre le cœur ligneux, et facile à en séparer. Cette écorce , dont l’épiderme est d’un gris noirâtre , est grise à l’inté- rieur, dure, cornée et demi-transparente. Elle à une saveur âcre manit festement aromatique. L’odeur de la racine respirée en masse est forte, irritante et nauséeuse. Pelletier ayant analysé comparativement et séparément la partie cor- RUBIACÉES. s1 ticale et la partie ligneuse de cette racine (1), en a retiré les produits suivants : lcorce, Méditullinm, Matière grasse odorante . . . . . . .. 9 tracés. D ET RE, . 2 6 » Extrait vomitif propre à l’ipécacuanba, CL NOMIMNÉ ÉPRÉMME EN. … à … he 0 16 4,45 PACE NON VOIE MEL. To » » 2,45 POUSSE. aa - : LU 5 ARNO CR. , 20 RDS. A ed . usa. 08 66,40 LÉ ORPI, ESSOR ER lL h,80 100 100,00 1j à ainsi expliqué et confirmé la croyance où l’on a toujours été, que la partie corticale de lipécacuanha est beaucoup plus active que le meditullium Migneux. Seconde variété : Kpéceacuanha annelé gris rougeñtre ; ipéca- euanha gris rouge de Lemery et de M. Mérat. Il à absolument la même forme que le précédent, mais il en diffère par la couleur de son écorce moins foncée et rougeàtre, par son odeur moins forte lorsqu'il est respiré en masse, par sa saveur non aromatique. M. Mérat, dans son excellent article du Âictionnaire des sciences médicales, le dit plus amer ; mais il faut que ce caractère soit variable, car je n’y trouve pas cette différence, et même l’amertume est si peu prononcée dans les - deux, que je ne crois pas que l’on puisse en faire un caractère princi- pal, et comme exclusif, pour séparer les ipécacuanhas vrais ou faux en deux séries (/oc. cit., page 14). De même que dans l’ipécacuanha gris noirâtre , l'écorce de la variété grise rougeâtre est ordinairement cornée et demi-transparente, et même ce caractère y est plus apparent , en raison de la couleur moins foncte de l'épiderme ; mais quelquefois la section de cette écorce est opaque, mate et farineuse, et alors la racine, offrant en général des propriétés inoins actives, en est moips estimée. Cette manière d’être ne forme pas une nouvelle variété distincte , car on remarque des racines dont une partie de la section transversale est opaque et l’autre cornée, et j’en ai vu beaucoup d’autres dont l’extrémité supérieure était cornée et l'infé- rieure amylacée. (4) C’est par erreur que dans le Mémoire de Pelletier, la racine qui a servi aux deux analyses suivantes se trouve désignée sous le nom de psychotria emetica, (Journ. de pharm.,t. WE, p. 148-451.) it. 6 œ "© DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. Pelletier { Journ. de pharim., t. , p. 57), ayant analysé l'ipéca- cuanbha gris rougeûtre privé de son meditullium Vigneux, l'a trouvé composé de : Matièreigrasse . . . . . . .1Mn 2 EME. L'ONU Ah GOMMÉCSMRGEN SEULE RENTE 16 ADN NU . à 0 18 LIPTOUEE ass + + MAINS Perte. SP ANT. UT 100 Cette analyse rend raison de la propriété vomitive un peu moins forte de l’ipécacuanha gris rougeâtre comparé à la première variété ; mais il n’explique pas l’odeur plus marquée de celle-ci. Enfin je ne vois rien dans ces racines qui justifie les proportions presque inverses de l'ainidon et de la matière ligneuse, Cette anomalie serait-elle due à une simple transposition de nombres (1) ? Ipécacuanha annelé majeur (fig. 269). Ipécacuanha gris blane de M. Mérat. Cet ipécacuanba a été re- gardé jusqu'ici comme une simple variété de forme du précédent: mais la quantité considérable qui en est arrivée il y a plusieurs années, sans aucun mélange d’ipécacuanha gris ordinaire, me fait penser que c’est ‘une sorte distincte provenant d’une partie différente du Brésil et pro- (1) Cette conclusion est d’autant plus probable, que Barruel père et M, Ri- chard ont extrait de l'écorce de l’ipécacuanha gris annelé , sans distinetion de variété , les substances suivantes : Cire et matières grasses . . . . . . . . 0. 1,2 BENe nu +. SR : RS nes EE ee L'oic di Gomme et substances salines . . . . . . . 2,4 ARE DE de OUI Pere LUN À 2,4 Did EN OL Gus : 1 ML ENENAUSS Éasenmihis | Là et 2 ee © At RS F Aeide galliqne.. . . .. 2... 08 CAUREeS: PE ET : . . . . . s LÉ N ÉTREN. 4,3 100,0 Je pense que cette analyse donne une idée plus exacte de la composition de la partie corticale de l’ipécaguanha que celles qui ont précédé, RUBIACÉES. 85 duite sans doute par un autre cephælis que le C. ipecacuanha. Cette racine se trouve mêlée d'une grande quantité de souches supérieures ou de fortes tiges ligneuses qui en diminuent beaucoup la qualité (4) ; mais quand elle en est privée par Fig. 269. le triage, je la crois aussi bonne que l’ipécacuanha annelé ordinaire. Elle est en mor- ceaux rompus , souvent longs de 45 centimètres el épais de 5 à 6 mil- - limèt. ; elle est gé- néralement moins tortueuse que l'i- pécacuanha annelé mineur ; elle est cylindrique el marquée d’an- ueaux plus régu- licrs, moins sail- _ Jants, quelquefois presque nuls ; dans ce dernier cas, la racine peut présenter extérieurement l'apparence d'une petite branche ligneuse, Lorsqu'on brise cet ipécacuanba , on le trouve formé d’une ‘écorce très épaisse, dure, cornée, translucide , dun gris jaunâtre ou rougeâtre, et d’un méditullium ligneux, jaune, très petit, cylindrique. La couleur générale de la racine est le gris rougeâtre ; l'odeur en est forte et irritante et la saveur âcre. Ces carac- tères, joints à cette circonstance que dans la racine privée des tiges ligneuses l'écorce l'emporte de beaucoup en épaisseur sur le méditul- lium , me confirment dans l'opinion que cette racine mondée doit être très active ; cependant l'analyse n’en à pas été faite. st (4) L'ipécacuanha gris ordinaire en sorte, ou tel qu'il arrive dans les balles, contient de même beaucoup de parties ligneuses dont on le prive par le triage ; mais ces parties sont beaucoup plus gréles que dans lipécacuanha annelé majeur. S/i DICOTYLÉDONES CALICIFLORES, Igécacuanha sirié. Ipécacuanba gris cendré glyeyrrhizé de Lemerv; ipéeacuanha noir de quelques auteurs, ipéeacuonha strié de M. Mérat. Cette racine forme une espèce bien distincte des variétés précédentes, tant par ses caractères physiques différents que parce que la plante qui la fournit appartient à un autre genre de rubiacées. Elle est produite par le psychotria emelica L., lequel croît au Pérou et sur les bords de la Madeleine, dans la Nouvelle-Grenade. Cette plante a longtemps passé , sur l'autorité de Mutis, comme la source du véritable ipécacuanha ; nais il est bien reconnu maintenant qu’elle ne produit que l'espèce qui nous occupe. Le psychotria emetica (Mg. 270) est un très petit arbrisseau ligneux dont la tige, haute de 30 à A5 centimèt., porte des feuilles op- posées , lancéolées - aiguës, accompagnées par chaque paire de : deux petites stipules Ÿ, entières, pointues et dressées. Les fleurs sont petites, portées en petit nombre et presque sessiles sur des pédoncules axil- Fig. 270. laires simples ou sous - ramifiés. Le fruit est une petite mélonide à 2 loges osseuses MOonvsper- mes. Les semences sont cartilagineuses , assez semblables à celles du café, mais beaucoup plus petites. L'ipécacuanha strié, tel que le commerce le présente quelquefois fig. 271), varie pour la grosseur entre 2 et 7 ou 9 millimètres, et pour D Le) la longueur entre 3 et 11 centimètres. Il est formé, comme les autres, 2 . . d’un seditullium ligneux et d’une écorce plus ou moins épaisse ; mals RUBIACÉES. 85 cette écorce n'offre que quelques étranglements circulaires fort espacés, et, ce que ne présentent pas les autres espèces , elle est ridée longitu- dinalement. D'ailleurs, elle est d’un gris rougeûtre sale à l'extérieur, d’un gris rougeûtre à l'intérieur, adhé- rente au corps ligneux. Elle a une odeur Fig. 271. mixte d’ipécacuanha gris et de bardane, et une saveur peu marquée. Le meditul- lium est jaunâtre et perforé de beau- coup de trous visibles à la loupe. En vieillissant, l'écorce devient moile et facile à tailler au couteau ou à se laisser pénétrer par l’ongle; elle prend égale- ment une teinte noirâtre, ou même de- vient tout à fait noire à l'intérieur, ce qui a valu à la racine le nom d’ipecacuanha notr, de la part de ceux qui ne l'ont vuc qu’ainsi altérée. Cet ipécacuanha a tou- jours passé pour moins actif que l'offici- nal, car Lemery en fixe la dose, en pou- dre, à 1 gros ou1 gros 1/2, ct en infusion à à gros. Cela s'accorde avec l'analyse de M. Pelletier (Journal de pharm., L VE, p. 265), qui a retiré de cette racine, seulement : Matière vomilive. . . . . .. U ORNE TO 12 Ligneux, gomme et amidon. 79 100 ipécacuanha ondulé. Ipécacuanha blane de Bergius (t. 11, p. 756) ; non l'ipécacuanha biane de Lemery, qui est la racine d’une apocynée ; ipéeacuanha amylacé Où blane de M, Mérat, On à cru pendant longtemps que cette racine était produite par le viola ipecacuanha V., dont nous parlerons ci-après ; mais, ainsi que j'en avais fait observation dans la première édition de cet ouvrage, il était beaucoup plus raisonnable de Pattribuer à une plantelmwbiacée , congénère ou très voisine des cepheælrs. Et, en effet, dès 180T, le doc- teur Gomez, de retour d'un voyage au Brésil, avait publié à Lisbonre 86 DICOTYLÉDONES GALICIFLORES, un Mémoire sur les ipécacuanhas, dans lequel il démontrait que la racine qui fait l’objet de cet article était produite par une plante du genré richardsonia (richardia L.), qu'il a nommée richardsontia bra- siliensis. Cette plante (fig. 272), de la famille des rubiacées , croil dans les prés aux environs de Rio-Janeiro. Elle est couchée sur terre, velue, pourvue de feuilles ovées-oblongues , rudes sur les bords, Fig. 273. accompagnées de stipules en forme de gaîne divisée par le haut. Les fleurs sont disposées en capitules et entourées d’un involucre tétra- phylle; le fruit est une capsule d’abord couronnée par le calice, puis dénudée et se séparant en 3 ou 4 coques monospermes , indéhiscentes. La grosseur de l’ipécacuanha ondulé (fig. 273) varie dans les mêmes limites que celle de l’ipécacuanha officinal, Il est d’un gris blanchâtre à l'extérieur, et d’un blanc mat et farineux à l’intérieur. Il est de même pourvu d’un medifullium ligneux, et son écorce paraît quelquefois annelée au premier coup d'œil; mais, en y regardant avec plus d’at- tention $@ôn s'aperçoit qu’elle est plutôt ordulée, c'est-à-dire qu’une partie creusée ou sillonnée transversalement d’un côté répond de ’autre à une partie convexe, de manière que le sillon n’est que demi- RUBIACÉES. 87 circulaire , au lieu de faire tout le tour de la racine comme dans l'ipé- cacuanha officinal. Lorsqu'on cassé l'ipécacuanha ondulé , et qu’on re- garde un instant après la cassure au soleil, on aperçoit, à la simple vue et surtout vers la circonférence, des points éclatants et perlés, et la loupe fait voir qu’il s’est élevé ‘au-dessus de la cassure un tas de matière blanche et micacée, qu’on ne peut méconnaître pour de l’amidon. Aussi cette racine en contient-elle une énorme quantité, ainsi qu’il résuite de l'analyse qui en à été faite par Pelletier. Elle contient de plus, sur 100 parties, 6 parties de matière vomitive, 2 parties de matière grasse el très peu de ligneux. L’ipécacuanha ondulé est encore reconnaissable par son odeur ; ilen à une de moisi {que je ne crois pas accidentelle), non irritante et tout à fait distincte de celle de l’ipécacuanha officinal. I] jouit de propriétés vomitives bien moins marquées, ce qui est d’accord avec l’analvse ci- dessus. Faux Ipécacuanhas, Je m’étendrai peu sur ces racines, dont l'importance est limitée aux pays qui les emploient comme succédanées de l’ipécacuanha. La plupart ne viennent- pas en France, et il est évident, d’ailleurs, que si l’on voulait remplacer chez nous la racine d’ipécacuanha par quelque autre production végétale analogue , il vaudrait mieux employer à cet effet l'une des racines indigènes qui étaient usitées comme vomitives avant l'inportation de la première (arnica, asarum, etc.) , plutôt que d’au- tres, d’un effet variable, nul ou dangereux, et dont la seule recom- mandation serait de venir de pays fort éloignés. Ces faux ipécacuanhas appartiennent presque tous à l’une des trois familles suivantes : wro/a- rides, euphorbiacées, apocynées. Faux ipécacuanha du Brésil : 2021dtum ipecacuanha Vent., viola ipecacuanha L., pombalia ipecacuanha Nandelli, de la famille des vio- lariées. Racine, ou tige radicante (fig. 274), longue de 46 à 20 centimètres, de la grosseur d’une plume à écrire, un peu tortueuse ou flexueuse, et offrant quelquefois , dans les anses alternatives qu’elle forme, des fentes deni-circalaires qui lui donnent alors une sorte de ressemblance avec l'ipécacuanha ondulé. Cette racive est souvent bifurquée inférieu- rement ct Supérieurement, et elle se termine à la partie qui atteint la surface du sol par un grand nombre de petites tiges ligneuses. _ L'écorce est mince, ridée longitudinalement et d’un gris jaunâtre clair. Le corps figneux est très épais, jaunâtre, composé de paquets de fibres bien distincts à là circonférence, et qui sont tordus comme les fils d'une corde. La cassure récente , examinée à la loupe, paraît cri- 85 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. blée d’une infinité de pores comme la tige d’un jonc. Cette racine est presque insipide et inodore, ct il est douteux qu’elle jouisse de pro- priétés bien marquées. Elle ne contient pas d’amidon, Pelletier en à retiré sur 100 parties : matière vo- Fig. 274. mitive 5, gomme 35, matière azo- tée 1, ligneux 57 (Journ. de pharm., t. LIL, p. 158; (1). Autre faux ipécacuanha du Brésil. Celte racine est produite par l'éonidiun parviflorum Vent. (viola parviflora L.). M. Mérat la décrite sur un échantillon tiré de lherbier de M. de Jussieu. J'ai cru lavoir retrouvée dans une racine prove- nant du droguier de M. Lherminier (4re édition, n° 297); mais cette racine ressemble tellement à celle de l'ionidium ipecacuanha, qu'il n'est impossible de dire maintenant à quelle espèce elle appartient. II est probable que ces deux racines sont confondues dans le peu de faux ipécacuanha qui nous vient du Brésil. On cite également, comme faux ipécacuanha du Brésil, la racine de l'ionidium brevicaule Mart. D’après la description que l’on en donne, cette racine doit pouvoir se confondre avec la suivante. Faux ipécacuanha de Cayenne : /0n1düuon itouboa Vent., viola calceolaria Y., viola itouboa Aublet. La racine de cette plante ressemble encore beaucoup à celle de l’ronidium ipecacuanha ; mais telle que je l'ai, elle est moins longue, beaucoup plus tortueuse, d’un gris plus foncé à l'extérieur, plus blanche à l’intérieur, mêlée de débris de (4) On trouve dans les Annales de chimie et de physique, t. XXX VIN, p. 155, une autre analyse de la racine d'ionidium ipecacuanha, par Vau- quelin, dont on ne peut tirer aucun parti, à cause des erreurs commises dans ! les chiffres. Vauquelin, à Pexemple de Pelletier, donne à la matière vomitive de cette racine le nom d’emétine, bien qu'il soit très probable qu’elle est différente de celle contenue dans l'ipécacuanha oflicinal. RUBIACÉES. 59 feuilles et de tiges entièrement velues, ce qui est un caractère distinctif de lespèce. Les propriétés sont semblables. Suivant Aublet, on emploie également à Cayenne, sous le nom d’ipécacuanha, la racine vomilive et purgative du bocrhaavia dian- dra L. Racine de cuichunchilli, Cette racine est produite par un conidium très abondant à Guayaquil, dans l’Ainérique du Sud ; elle a été décrite et vantée contre la lèpre par le docteur Marcutius, ce qui lui a fait donner le nom d’ionidium mnarcutii. M. Gaudichaud en à rapporté de Guayaquil une certaine quantité, qui ne diffère guère de la racine de l'ionidium ipecacuanha que parce qu’elle est généralement plus petite. Je ne mets pas en doute que ces deux racines ne jouissent des mêmes propriétés, ni plus ni moins (1). Faux ipécacuanha de l'Amérique septentrionale : gillenia tri- foliata Mœnch, spiræa trifoliata X., de la famille des rosacées. La racine de cette plante est formée d’une souche couchée sous terre, du volume d’une grosse plume, portant à la face supérieure un certain nombre de tubercules d’où naissent les tiges, et garnie d’autre part de longues radicules, Cette racine est formée d’un épiderme gris-rougeàtre recouvrant une écorce blanche, un peu spongieuse, très amère, et d’un méditullium blanc et ligneux. La racine en masse a une odeur faible qu'il est difficile de préciser. Autre faux ipécacuanha de l’émérique septentrionale : e4- phorbia ipecacuanha %. Racine fibreuse, cylindracée, blanchâtre, inodore, peu sapide, cependant très émétique. Les racines de plusieurs de nos euphorbes indigènes jouissent des mêmes propriétés. Faux ipécacuanha des Antilles : asclepias curassavica L. Cette racine est fortement émétique et n’est employée que par les Nègres, en place d’ipécacuanha. Faux ipécacuanha de l'Ile-de-France, ipécacuanha blane de Lemery : {ylophora asthnalica Night et Arn., asclepias asthmatica x. , cynanchum vomitorium Lam. Je n'ai pas cette racine ; mais, suivant Lemery, elle est blanche, ni tortue ni raboteuse, et elle ressemble beaucoup à la racine de vincetoxium, dont celle a aussi les feuilles. Dans la première édition de cet ouvrage, j'ai dit que cette racine était probablement celle qui avait été analysée par Pelletier, sous le nom &'épécacuanha blanc ou de vwiola ipecacuanha ; mais j'avais eu (1) Une dame ayant apporté la racine de euichunchilli à la Guadeloupe, en a vendu une once au gouverneur de la colonie pour la somme de 1,000 franes. Je présume que c’est là l'effet le plus merveilleux que cette racine ait jamais produit. 90 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. soin d'ajouter que je ne l’avais pas vue. Depuis, je me suis procuré la racine analysée par Pelletier, à la même source que lui, et je puis assurer que c'était bien ceile da véola ipecacuanha. Je me crois obligé de le répéter, parce que d’autres avaient propagé l'erreur que j'avais commise. Je ne sache pas que la racine de fylophora asthmatica ait été analysée. Faux ipécacuanha de l'ile de Bourbon : periploca mauritiant Poiret, camptocarpus mauritianus Dne. J'ai dû un échantillon de cette plante à Lemaire Lizancourt. Les tiges ressemblent à celles de la douce- ainère ; elles sont blanches à la partie inférieure, brunâtres aux extré- inités. Les feuilles sont glabres, longues de 54 à 80 millimètres, échan- crées en cœur par le bas, ovales-lancéolées. La racine est blanche ligneuse, presque grosse comme le petit doigt , accompagnée de radi- cules filiformes droites et cylindriques. Elle n’a pas de saveur sensible d’abord, mais après quelque temps on ressent une assez forte irritation sur la langue et aux glandes salivaires. Toute la plante, feuilles, tige el racine, est imprégnée d’une odeur forte, semblable à celle de l’arguel ou du séné de la Palte. Racine de Caïnca. Chiococcu anquifuga Martius. Arbrisseau croissant au Brésil, dans les forêts vierges des provinces de Minas-Geraes et de Bahia. IT s'élève à la hauteur de 2 ou 3 mètres ; ses feuilles sont opposées, ovales-acumi- nées, accompagnées de stipules ; ses fleurs sont disposées en grappes panicalées, sortant de Vaisselle des feuilles ; le fruit est une petite mèlo- nide sèche, presque didyme, couronnée par les dents du calice , et contenant deux semences à albumen cartilagineux, comme celui du café. La blancheur remarquable de ce fruit a valu au genre chiococen son nem, dérivé de 7:16, neige, xoxx2<, graine, Le nom anglais snow- berry n’a pas une autre signification. La racine du chiococca anguifuga est connue au Brésil sons le nom de raz preta (racine noire) ; sous celui de cainana, qui est aussi le -nom d'un serpent verimeux contre la morsure duquel la racine à été employée; et enfin sous celui de cainca, qui a prévalu en France, mäis que l’on à écrit de toutes les manières possibles (kakinca, kaïnca | cahinea, cahinca). L'orthographe véritable ct la plus simple est cainca. La racine de-caïnca est rameuse, composée de radicules cylindriques longues de 35 centimètres et plus, et dont la grosseur varie depuis celle d'une plume jusqu’à celle du doigt. Elle est formée d’une écorce bru- nâtre, peu épaisse, entourant un corps ligneux blanchâtre , qui forme + RUBIACÉES. 91 à lui seul presque toute la masse de la racine, et dont la cassure paraît criblée de trous, lorsqu'on l’éxamine à la loupe. L’écorce offre souvent, de distance en distance, des fissures transversales, et se sépare assez facilement du bois. A cet égard, le caïnca se rapproche de l’ipécacuanha gris, et même quelques unes de ses plus petites racines ont pu souvent se trouver mêlées à lipécacuanba, auquel elles ressemblent beau- coup (1); mais le caractère le plus frappant de la racine de caïnca consiste dans des nervures très apparentes qui parcourent longitudina- lement ses gros rameaux, et qui sont formées à l’intérieur d’un méditul- lium ligneifx entouré de son écorce , confondue avec celle du rameau : de sorte que l’on dirait des radicules décurrentes qui se sont soudées par approche avec le tronc principal. En masse, la racine de caïnca offre une odeur assez marquée, ana- logue à celle du jalap. Quant à la saveur, l'écorce en a une très amère et âcre, fort désagréable, auprès de laquelle le bois paraît insipide ; c'est donc dans l'écorce surtout que résident les propriétés de la racine. MM. Pelletier et Caventou ont analyséda racine de caïnca , et en ont retiré : : Es 1° Une matière grasse, verte et nm 7 , dans laquelle réside toute l'odeur de la racine ; * 2° Une matière colorante jaune ; 2 Une autre substance colorée visqueuse ; h° Un principe cristallisable , très amer, auquel la racine doit toute son amertume. Ce principe est blanc , inodore, très amer et âcre, non azoté, peu solubfe dans l'eau, facilement soluble dans l'alcool, fort peu soluble dans l’éther. Ses dissolutés rougissent le tournesol et neutra- lisent les alcalis. C’est donc un acide; les auteurs de l'analyse Pont nommé acide caincique. La racine de caïnca jouit d’une propriété drastique très marquée. Elle est aussi quelquefois vomitive ; mais le plus ordinairement son action se porte à la fois sur les intestins et sur l’appareil urinaire , dont elle augmente considérablement la sécrétion. Elle a été employée avec succès contre l’hydropisie. Autres espèces de caïnea, D’après M. Martius, le éhiôlbré den- sifolia, plante brésilienne également , fournit des racines semblables au caïnca , et qui peuvent lui être substituées. On connaît aussi à la Guadeloupe, sous le nom de petit branda, une espèce de chiococca répandue dans toutes les Antilles ( chïococcu race - mosa L.), dont la racine y est depuis longtemps usitée contre la syphilis 4) Principalement à l'ipécacuanha annelé majeur. 92 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. et les rhumatismes, Cette racine diffère de celle du chiococca anquifuqga par la prédominance de son principe colorant jaune : ainsi, lépiderme est d’un gris jaunâtre au lieu d’être d’un gris foncé et noirâtre ; l’écorce est intérieurement d’une couleur orangée rouge, et le bois est teint de jaune ; du reste, la saveur et l'odeur sont semblables, Enfin, j'ai recu de Guatimala une racine de caïnca très longue , plus noire au dehors que celle du Brésil, formée d’une écorce plus mince ct d’un bois blanc encore plus épais par conséquent. La saveur est semblable à celle de la racine brésilienne ; mais l'odeur est presque nulle. J’ignore quelle espèce a produite cette racine. Café. Le café est la semence d’un petit arbre de l'Arabie qui a été trans- porté à l'ile Bourbon et à la Martinique. Get arbre, nommé coffeu arabica (fig. 275), est toujours vert; ses feuilles sont opposées, oblongues, acumintes, glabres, assez semblables à celles du laurier ; les fleurs sont blanches, odorantes, courtement pédenculées, rassem- blées en certain nombre dans l’aisselle des feuilles ; les fruits sont rouges , bacciformes, oblongs, gros comme une cerise, formés d’une pulpedouceâtre peu épaisse, entourant deux loges accolées, dont la substance à l'aspect d’un parchemin. Chaque loge contient une semence convexe du côté externe, plane et marquée d’un sillon longitudinal du côté interne, composée d’un albumen corné et d’un embryon droit, pourvu de cotvlé- dons foliacés. Le fruit entier nous arrive quelquefois desséché , comme objet de curiosité ; pour le commerce ordinaire, on l’écrase toujours sur une pierre , lorsqu'il est récent, pour en séparer la pulpe et l’en- docarpe ; on lave les semences à l’eau et on les fait sécher au soleil. Telles que le com- merce les présente alors, elles sont nues, et sillonnées de l’autre ; elles ont Ja con- sistance de la corne, l'odeur du foin et la saveur. du seigle: leur couleur varie du blanc jaunâtre au jaune verdâtre, Les principales sortes sont : Le eafé moka, qui est le plus estimé. Il vient de l'Arabie ; il est petit, jaupâtre el sonvent presque rond, ce qui est dû à la fréquence ovales, obtuses, convexes d’un côté, planes . KUBIACÉES. 93 de l'avortement d’une des deux semences; alors celle qui reste prend la forme du fruit. Son odeur et sa saveur sont plus agréables que dans Jes sortes suivantes , surtout après la torréfaction. Le café bourbon, produit par le coffea arabica cultivé à Bourbon, est plus gros et moins arrondi que celui de Moka ; il ne doit pas être confondu avec une espèce particulière de café qui croît naturelle- ment dans cette île, où on le nomme café marron. Gelui-ci est le coffea mauritiana Lamk., dont la baie est obiongue et pointue par la base. La semence est également allongée en pointe et un peu recourbée en corne par une extrémité ; elle a une saveur amère et passe pour être un peu vomitive. | Le eafé martinique est en grains volumineux, allongés, d’une couleur verdâtre, recouverts d’une pellicule argentée (épisperme) qui s’en sépare par la torréfaction ; le sillon longitudinal est très marqué et ouvert. Odeur franche, saveur qui rappelle celle du froment. Le eafé haïti est très irrégulier, rarement pelliculé, d’un vert clair ou blanchâtre, pourvu d’une odeur et d’une saveur moins agréables que le précédent. Analyse du café. Beaucoup de chimistes se sont occupés de lana- lyse du café, et malgré les derniers travaux de M. Payen, peut-être la composition n’en est-elle pas encore parfaitement connue. Cadet y a trouvé une petite quantité d'huile volatile concrète et de la gomme (Ann. chim., 1. LVIIT, p. 266); Armand Séguin, de l’a/bumine , une huile grasse fusible à 25 degrés, blanche, douce et inodore, et un principe amer, soluble dans l'alcool et très azoté, qui renfermait évi- demment la caféine que Robiquet et Pelletier y ont découverte plus tard ( Dict. technol., t. IV, et Journ. pharm., t XI, p. 229). La caféine cristallise en belles aiguilles soyeuses; elle fond à l'aide d’une légère chaleur et se volatilise sans décomposition ; elle est soluble dans 50 parties d’eau froide, beaucoup plus soluble dans l'eau bouillante, assez soluble dans l'alcool à 70 ou 80 centièmes , très peu soluble dans l'alcool absolu et peu soluble dans l’éther. Ses caractères basiques sont très peu marqués ; cristallisée dans l’eau ou dans l'alcool ordinaire, elle est formée de CH°Az?0?; elle perd 8 pour 400 d’eau à la température de 120 degrés et devient opaque et friable. Elle existe également dans le thé et dans les fruits de Guarana (paullimia sorbilis). M. Rochleder, par ses travaux, dont je ne connais que très impar- faitement les résultats , a constaté dans le café la présence de la légu- mine et d’un acide particulier, analogue à l'acide cachutique, auquel il a donné le nom d'acide cafétannique. Ce même acide avait été décou- vert précédemment par M. Pfaff, qui lui avait donné le nom d'ucide 94% DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. caféique. C’est encore le même acide que M. Payen à nommé depuis acide chlorigénique. D'après M. Payen, la caféine existe sous deux états dans le café : une peute partie s’y trouye à l’état de liberté et peut en être extraite par l’éther, mélangée avec l’huile grasse dont le café contient 10 à 43 pour 100; le reste existe à l’état de combinaison avec l'acide chlorigénique et la potasse , formant un sel double nommé chlorigénate de potasse et de caféine ( caféate caféi-potassique Berz.). On obtient ce sel en traitant par de l’alcool à 60 centièmes le café pulvérisé et préalablement épuisé par l’éther ; mais il est mélangé à d’au- tres matières dont on le sépare par plusieurs cristallisations et purifications. Ce sel est très électrique par la chaleur ; il est à peine soluble dans l'alcool anhydre ; mais il se dissout bien, à l’aide de l’ébullition, dans l'alcool à 85 centièmes et cristallise facilement. Ce sel exposé à la chaleur n’é- prouve aucune altération jusqu’à 150 degrés ; mais vers 185 degrés, il se fond, prend une belle couleur jaune, quintuple de volume, et forme une masse spongieuse, jaunâtre , friable. À 230 degrés , la cou- leur brunit ; le sel éprouve une décomposition partielle d’où résultent des vapeurs de caféine et des produits empyreumatiques. C’est au boursouflement de ce sel par la chaleur qu'il faut attribuer l’augmen- tation de moitié de son volume que le café éprouve pendant sa torré- faction. D'après M. Payen, l'acide chlorigénique combiné est égal à C14H$Or. D’après M. Rochleder, l'acide cafétannique cristallisé est égal C'5H°08. A Tétapanhydre, il eSLeompose dé, . 2 4... he, : . . U O0. M. Payen pense que le principe aromatique du café y existe tout formé, inais qu’il y est masqué par sa combinaison avec la matière grasse ; mis en liberté par une torréfaction légère , il se compose de plusieurs prin- cipes volatils inégalement condensables, de telle sorte qu'en distillant une infusion de café dans une cornue munie de plusieurs récipients successifs, on obtient dans le premier, échaulTé à 90 degrés , un liquide aqueux jaune, mélangé d’une huile concrète, blanche, dépourvue de l’arome agréable du café. Le deuxième récipient, qui s’échaufie à 25 ou 30 degrés, condense une essence concrète , blanche, d’une odeur très agréable et très intense de café torréfié ; c’est elle qui paraît être le principe aromatique essentiel du café. Le troisième récipient, qui avañ été refroidi à plusieurs degrés au-dessous de zéro, n’avait condensé que quelques gouttes d’une eau offrant une odeur mixte de café et dp carbures pyrogénés. Cette dernière odeur, qui était peu agréable, se retrouvait encore plus forte que. dans un quatrième récipient et dans les produits gazeux recueillis à la suite. Li RUBIACÉES. 05 Le café paraît avoir été connu d’Avicenne et de Rhasis ; mais ce n’est guère que vers la fin du xt11° siècle que l'usage de le prendre en bois- son, après l'avoir torréfié, se répandit dans l'Orient. On commença d’en boire en Italie vers l’année 1645, et les premiers cafés furent établis à Paris en 1669. On prend le café en infusion sucrée ou non sucrée, surtout après les repas, pour faciliter la digestion. Il stimule les sens et cause des insomnies. Les personnes nerveuses doivent éviter d’en faire usage. Succédanées du café. Lorsque la guerre continentale privait l'Europe presque tout entière de communication avec les colonies, on a cherché si quelques substances indigènes ne pourraient pas remplacer le café ou en diminuer la consommation ; les substances qui ont été le plus vantées à cet égard sont la graine torréfiée de l'iris pseudo-acorus , celle de pistache de terre (arachis hypogea), les pois chiches, la- voine, le seigle, le maïs, le gland de chêne, les semences de gombo {hibiscus esculentus) , celles de l'astragale d'Andalousie (astragalus bœticus), etc. ; mais aucune substance n’a obtenu une aussi grande vogue que la racine de chicorée torréfiée, dont il se fait, même encore à présent, une consommation considérable en France et en Allemagne. Cette racine n’a aucune ressemblance de goût avec le café, mais elle altère peu larome de celui avec lequel on la mélange en quantité plus ou moins considérable, et c’est sans doute ce qui l’a fait survivre au rétablissement de nos relations d'outre-mer, malgré la propriété Jaxa- tive dont elle est pourvue. Écorces de Quinquinas. Le quinquina vient du Pérou, et paraît avoir été apporté pour la première fois en Europe en 1640. On n’est pas d'accord si les Péru- viens en connaissaient ou non l'usage avant cette époque; mais il est certain qu’en 1638 la femme du comte del Chinchon, vice-roi du Pérou, étant attaquée d’une fièvre opiniâtre , un corrégidor de Loxa lui indi- qua le quinquina , dont elle fit usage et qui la guérit. Par la suite, cette comtesse distribua elle-même le quinquina réduit en poudre, ce qui lui fit donner le nom de poudre de la comtesse, et elle en rapporta avec elle à son retour en Europe, qui eut lieu en 4640. Mais ce ne fut guère qu'en 1649 que les jésuites de Rom?, en ayant reçu une grande qüan- tité d'Amérique, la mirent en vogue, et firent changer son nom en celui de poudre des jésuites ; car ils le distribuaient toujours en poudre, afin d’en tenir l’origine cachée ; enfin, en 1679, Louis XIV en acheta le secret d’un Anglais nommé Talbot, et c’est depuis ce temps seule- ment qu'on à reçu en France du quinquina en écorce. 96 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. Mais si l'écorce était connue, on n’avait que des notions très impar- faites sur l'arbre qui la produit ; car celui-ci n’a été décrit pour la pre- mière fois qu’en 1738, par La Condamine, académicien français envoyé au Pérou pour y mesurer quelques degrés du méridien, ei qui s’est rendu également célèbre par deux genres de recherches aussi diffé- rents. Suivant La Condamine, dont le Mémoire sur le quinquina se trouve inséré parmi ceux de l’Académie des Sciences pour 1738, cette pré- cieuse écorce vient de Loxa, ville du Pérou située par 4 degrés de latitude méridionale, et le plus estimé croît sur la montagne de Caja- numa. C’est de là qu'est venu celui employé par la vice-reine du Pérou, et le premier apporté en Europe. Mais, d’après La Condamine, le quinquina de Loxa ne constitue pas une seule espèce ou une seule sorte d'écorce. De son temps même, on en distinguait trois sortes principales , savoir, le Jaune, le rouge et le Yanc. (D'autres en reconnaissaient une quatriènie sorte que l’auteur ne désigne pas.) Le quinquina jaune et le rouge n’ont aucune diffé- rence remarquable dans la fleur, dans la feuille, dans le fruit, ni même dans l'écorce extérieurement, et ce n’est qu’en y mettant-le couteau qu'on reconnaît le quinquina jaune, à son écorce moins haute en couleur. Quant au quinquina blanc, il à la feuille plus ronde , moins lisse et même un peu rude; sa fleur est plus blanche, son fruit plus gros et son écorce extérieurement blanchâtre. Il croît ordinairement sur le haut de la montagne, tandis que le jaune et le rouge croissent à mi-côle , dans les gorges , et surtout dans les endroits les plus cou- verts. Un homme qui s’est acquis une grande réputation comme auteur de la découverte de plusieurs quinquinas, mais qui n’a servi qu'à remplir l’histoire de ces écorces de confusion et d’obscurité, est Mutis, bota- niste espagnol, qui partit, en 1760, pour la Nouvelle-Grenade, où il a séjourné depuis, et auquel le désir de se donner une grande réputa- tion aux dépens des auteurs de la /lore du Pérou, à fait commettre des erreurs que lo? trouve répétées dans les ouvrages les plus récem- ment publiés. Pour justifier ce jugement sévère , il me suffira de dire que Mutis, qui ne pouvait pas ne pas connaître les véritables quinquinas du Pérou, en à cependant donné les noms à des écorces toutes diffé- rentes et de valeur presque nulle, qui croissaient à Santa-Fé. Ainsi, son quinquina orangé, Si vanté, n’est qu'une sorte de calisaya extré- mement fibreuse et de la plus mauvaise qualité ; son quinquina rouge , écorce de son cinchona oblongifolia, n’est autre chose que la mauvaise écorce nommée depuis guinquina nova, et c’est lui qui est cause que tous les botanistes ont cru et répété que le quinquina rouge était pro- RUBHACÉES. 97 duit par le cénchona ohlongifolia ; son quinquina jaune, différent de celui de La Condamine et produit par son cinchona cordifolia, est ce que nous nommons aujourd'hui quinquina Carthagène ; enfin son quinquina blanc, écorce inerte produite par son cinchona ovalifolix, n’a aucun rapport avec le quinquina blanc de Loxa. 11 est donc difficile, je le répète, qu'un homme ait plus nui que Mutis à l'avancement de nos connaissances sur les quinquinas. Le genre cénchona tire son nom de celui de la comtesse de Chinchon. Réduit d'abord à la seule espèce décrite par La Condamine, il a suc- cessivement été porté à 50 ou 60 espèces, qui ont ensuite été divisées en 8 ou 10 genres, dont le plus important par le nombre, et parce qu'il renferme tous les quinquinas officinaux, a conservé le nom de rix- rhona. Ce genre nous offre les caractères suivants : Calice turbiné, soudé avec l'ovaire, à limbe supère , quinquéfide, persistant. Corolle supère, à tube cylindrique, à limbe velu , étalé, divisé en 5 lobes valvaires, obtus. Étamines 5 , insérées dans le tube de la corolle , à anthères oblongues-linéaires, droites, renfermées dans le tube de la corolle ou subexsertes. Ovaire infère, biloculaire, à ovules nombreux insérés sur deux placentas linéaires, de chaque côté de la cloison, et imbriqués en montant. Style simple, terminé par un stig- mate bifide. Capsule oblongue, couronnée par le limbe du calice, se séparant à maturité en deux carpelles, par le dédoublement de la cloison, en apparence unique, qui séparait le fruit en deux loges. Semences nombreuses, imbriquées en remontant sur les placentas devenus libres ; comprimées, ceintes d’une aile marginale membraneuse , irrégulière- ment dentée ou lacérée. Plus récemment, M. Endlicher a partagé ce genre en deux sections, suivant que la déhiscence du fruit se fait de bas en haut ou de haut en bas, et M. le docteur Wedell a formé de ces deux sections deux genres distincts, dont le premier retient seul encore le nom de cinchona, le second prenant celui de cascarilla. Cette distinction , assez légère en apparence, est cependant encore appuyée sur ce fait, que tous les quin- quinas reconnus fébrifuges appartiennent à la première section ou au genre cénchona, tandis que les écorces de propriétés nulles ou douteuses sont produites par des cascarilla. Le genre cosmibuena R. P., ou buena DC., se distingue des cénchona par son calice qui se sépare de l’ovaire et tombe après la floraison ; par le tube de la corolle qui est fort long, renflé à la partie supérieure et un peu courbé; enfin parce que le fruit s'ouvre de haut en bas, comme dans les cascarilla. Le genre exrostemma est caractérisé par ses étamines longuement saillantes hors du tube de là corolle ; par le limbe de cette corolle qui IE. 1 98 DICOTYLÉDONES GALICIFLORES. est glabre et à divisions linéaires ; par un style saillant, terminé par un stigmate en massue; enfin par sa capsule qui s'ouvre de haut en bas. Les autres genres séparés des anciens cinchona sont les genres remijia, pinchneia, hymenodyction, luculia, danais, catesbæa , etc., sur les- quels il est inutile de m'arrêter. Le genre cénchona renferme un certain nombre d’espèces officinales tellement rapprochées qu’on pourrait presque les considérer comme de Fig. 276. simples variétés les unes des autres. Telles sont celles qui ont été nommées : (Juinquina jaune et rouge par La Condamine ( fig. 276 ) ; C'inchona officinalis, Vahl:; — lancifolia, Muts; — condaminea de Humboldt et Bonpland ( fig. 277) ; — lanceolata, nitida, glabra, angustifolia, Ruïz et Pavon ; — lutea et colorada, Pavon; — macrocalyx, Paxon et de Candolle, etc. Ce qui montre la grande affinité de toutes ces espèces ou variétés , ” c’est qu’en les examinant avec autant d’attention qu’en peut le faire sur des planches gravées ou sur des échantillons desséchés dans les her- biers , on serait tenté de les assembler d’une manière différente de celle qu'ont suivie plusieurs botanistes.… Ainsi le cénchona condaminea de Mumboldt et Bonpland (?/ant, mamie RUBIACÉES. 9ÿ equinoz., L 1, pl. X) diffère à plusieurs égards du quinquina décrit et figuré par La Condamine, et se rapproche plutôt du cénchona lancifolia de Mutis (Alibert, Æièvres pernicieuses, pl. 3), dont on a fait une espèce distincte (1). Le quinquina de La Condamine (cinchona academica) se rapporte plutôt aux cinchona lutea et colorada Pay., cités par Laubert dans le Bulletin de pharmacie, t. A, p. 292, ou au cinchona macrocalyx Pav., DC. On lui trouve également de grands rapports avec le cinchona lanceolata R. P., qui est regardé comme une simple variété du /anci- folia. Le cinchona nitida, qui se trouve aussi rangé parmi les variétés du cinchona lancifolia, diffère peu sans doute du cinchona scrobiculata dont on a fait une espèce particulière. On les trouve dans les mêmes lieux ; les auteurs de la Flore péruvienne et des plantes équinoxiales donnent à leur écorce le même nom de casçarilla fina, et disent égale- ment qu’on en fait un grand commerce. Ce cinchona nitida est proba- blement aussi le cinchona officinalis de Vabl. Ces remarques, que l’on pourrait beaucoup multiplier, montrent qu’on est loin d’avoir fixé tout ce qui tient au nombre et à la synonymie des espèces de cinchona ; mais je les abandonne pour arriver à la des- cription des quinquinas du commerce. Il y a lieu d’espérer, d’ailleurs , que M. le docteur Wedell, qui vient de consacrer plusieurs années à parcourir les régions intérieures de l'Amérique du Sud, éclaircira , dans l’ouvrage qu’il est en train de publier, beaucoup de points encore très obscurs de l’histoire des quinquinas. Quant à moi, quelles que soient les recherches auxquelles je me suis livré, je dois avouer que je ne puis, encore aujourd'hui, que donner une histoire incomplète et très peu certaine des quinquinas. En effet, les grandes variations apportées dans les caractères physiques et même dans les propriétés chimiques et médicales des écorces, par les différences de latitude ou d’élévation, de température, d'âge, de (4) La Condamine, qui a décrit avec un soin scrupuleux la feuille de son quinquina, la forme et la couleur rouge de sa nervure médiane, la disposi- tion, l’inclinaison et la distance des nervures secondaires, qui remarque l'absence de tout poil ou cil sur les deux faces, ne fait pas meution cependant des glandes ciliées dont M. de Humboldt a fait le caractère distinctif du cinchona condaminea. De plus, dans la figure des plantes équinoxiales , les divisions de la corolle sont plus obtuses , les anthères plus longues et les filets beaucoup plus courts que dans la figure de La Condamine. Sans prétendre dire que le quinquina décrit par La Condamine doive former une espèce distincte. mais uniquement pour le désigner sans aucune équivoque , il mar- rivera souvent de lui donner le nom de cinchona academica. | 100 DICOTYLÉDONES CALIC'FLORES. sol, ete., permettent de croire que plusieurs écorces, que je suis obligé de décrire comme des sortes commerciales distinctes, parce qu’elles e sont en effet, peuvent appartenir à un même arbre ; de même que je suis persuadé que plusieurs espèces de cinchona , très voisines à la vérité, peuvent fournir des écorces presque semblables, lorsqu'elles ont été prises au même âge et surtout dans le jeune âge. Il sera donc toujours très difficile de connaître avec certitude l’origine spécifique des quinquinas du commerce. Je pense que l’on peut toujours diviser les écorces de quinquinas en cinq groupes principaux, sous les noms de guinquinas gris, rouges, jau- nes, blancs et faux ; non que les caractères indiqués par ces dénomi- nations soient rigoureusement appliqués, mais parce qu'ils donnent une idée générale des sortes comprises dans chaque section. Les quinquinas gris comprennent en général des écorces roulées, médiocrement fibreuses, plus astringentes qu'amères, donnant une poudre d’un fauve grisâtre plus ou moins pâle , contenant surtout de la cinchonine et peu ou pas de quinine. Les quinquinas jaunes peuvent offrir un volume plus considérable, sont d’une texture très fibreuse et d’une amertume beaucoup plus forte et plus dégagée d’astringence. Ils donnent une poudre jaune fauve ou orangée, et peuvent contenir une assez grande quantité de sels à base de chaux et de quinine pour précipiter instantanément la dissolution de sulfate de soude. Les quinquinas rouges liennent le milieu pour la texture entre les gris et les jaunes ; ils sont à la fois très amers et astringents ; leur poudre est d’un rouge plus ou moins vif; ils contiennent à la fois de la quinine et de Ja cinchonine. Les quinquinas blanes se distinguent par un épiderme naturelle- ment blanc, uni, non fendillé, adhérent aux couches corticales (1). Ils contiennent soit un peu de cinchonine ,.soit un autre alcaloïde plus ou moins analogue; ils sont peu fébrifuges et ne peuvent guère compter au nombre des quinquinas médicinaux. Les faux quinquinas sont des écorces produites par des arbres étrangers au genre cénchona où qui en ont été séparés ( cascarilla , ezostemma, portlandia, condaminea, ete.) On n’v rencontre ni qui- nine ni cinchonine, et ils ne diffèrent pas moins des véritables quin-- quinas par leurs propriétés chimiques et médicales que par leurs carac- tères botaniques. 4, L'épiderme ou, plus exactement, la croûte des sortes précédentes est en général fendillée, rugueuse, naturellement brune, et ne devient blanchätre ? la superficie qu'en raison des cryp'ogames qui la recouvrent. RUBIACÉES. 101 QUINQUINAS GRIS. I. Quinquina de Loxa gris compacte. Quinquine rouge de La Condamine, cascarilla colorada (Laubert, Journ. pharm., LUOW, p. 294). Je prends pour exemples de ce quin- quina : 4° L'échantillon de quinquina rapporté par Joseph de Jussieu , col- lègue de La Condamine, comme étant l'écorce de l'arbre décrit par cet académicien ; cet échantillon est aujourd’hui possédé par M. Adrien de Jussieu ; 2° Un échantillon de quinquina exactement semblable, qui m'a été donné par Laubert, sous le nom de qguinquina de Loxa ; 9" Un autre échantillon, encore exactement semblable, formant le reste de la quinzième espèce de quinquina examinée par Vauquelin (1), sous le nom de guinquina ordinaire du Pérou (Ann. de chimie, t. LIX, p. 139); h° Le quinquina de Loxa tiré des branches de deux à quatre ans, du cinchona condaminea, rapporté par M. de Humboldt, et formant la douzième espèce examinée par Vauquelin (page 137). Ce dernier quinquina est très fin, peu rugueux à sa surface, ayant une cassure nette et brune vers l'extérieur, avec un commencement de fibres igneuses à l’intérieur. Il est trop jeune pour servir à établir les carac- tères de l'écorce du cénchona condaminea bien développée; mais voici ceux fournis par les trois premiers échantillons. Écorces de la grosseur du petit doigt , très rugueuses et d’une cou- leur grise assez uniforme à l'extérieur, avec des fissures transversales très marquées, placées à des distances assez rapprochées. Liber mince, très compacte, d’une couleur de rouille foncée et gorgé de suc dessé- ché; cassure nette vers l’extéricur et comme formée de couches con- centriques très serrées; le côté interne présente des fibres ligneuses assez grosses ; la saveur en est amère, très astringente et accompagnée d'un goût aromatique particulier aux bons quinquinas gris. Cette écorce doit être rare, car je ne l'ai jamais vuc constitucr une sorte commerciale. Suivant ce que je pense, le Musée britannique de Londres en possède deux échantillons dans la précieuse collection des quinquinas de Pavon, dont Avmer Bourk Lambert l'a gratifié. Elle v porte le nom de cascarélla crespilla de Jaen (bois n° 4 et 2). (4) J'ai exposé dans le Journal de pharmacie , L X VF, p. 227, la maniere dont je suis devenu possesseur du reste des quinqüinas analysés par Vau- quelin, 102 DICOTYLEDONES CALICIFLORES. Cette synonymie semblerait indiquer que cette sorte de quinquina peut être produite également par le cinchona lanceolata, si d’ailleurs les caractères donnés par les atfteurs de la Flore du Pérou à l'écorce du cinchona lanceolata ne la rapprochaient davantage des quinquinas de Lima, HI, Quinquina de Loxa brun compacte. Cascarilla peruviana (Laubert, Journ. pharm., & 1, p. 295) Cette écorce varie en grosseur depuis celle d’une petite plume à écrire jusqu’à celle du petit doigt. Les plus jeunes écorces (A) sont très fines, d’un gris noirâtre et peu rugueuses à l’extérieur; d’une cassure tout à fait nette et d’aspect résineux , sans aucune apparence de fibre ligneuse. Elles sont à l’intérieur d’une couleur de rouille très vive et rougeûtre. Les écorces moyennes (B) sont à l'extérieur d’un gris foncé, varié par des taches noires ou blanches, dues à des agames parasites; on y trouve également des lichens à thallus foliacé , qui se détachent facile- ment de l'écorce, et des filets blancs, ramifiés, presque capillaires, appartenant à l’usnea barbata (1). Ces écorces sont très rugueuses à l'extérieur, mais d’une rugosité plus uniforme que dans l'espèce pré- cédente et sans fissures transversales aussi marquées ; le liber en est mince et d’une couleur de rouille ou rougeûtre foncée; la cassure en est nette, non fibreuse, formée de couches serrées et comme agglu- tinées par un extrait gommo-résineux. Ces deux variétés d’écorces se distinguent de celles qui leur corres- pondent dans la première espèce par une couleur plus foncée et comme noirâtre à l’extérieur, par une couleur interne plus vive et plus foncée également, par une cassure encore plus nette et plus privée de fibres ligneuses. Elles ont la même saveur amère-astringente et une odeur semblable très développée, analogue à celle que l’on respire dans les forêts humides. Ce quinquina, autrefois abondant dans le commerce, en a presque disparu aujourd’hui. L'âge auquel on récolte le quiaquina brun de Loxa apporte de très grandes variations dans ses propriétés. En choisissant les écorces les plus jeunes et les plus minces, je les ai constamment trouvées d’une saveur très astringente et mucilaginense , formant avec l’eau froide une liqueur jaune foncée, qui précipitait très abondamment la gélatine, et ne précipitait ni l’émétique ni le macéré de tan; tandis que les écorces les plus grosses, qu’on reconnaissait pour appartenir à la même (4) Fée, Essai sur les Cryptogames des écorces exotiques officinales , Paris, 1824, in-4, PI. 32, fig. 4. RUBIACÉES. 103 sorte, à cause de ieurs caractères physiques semblables, étaient bien moins astringentes, plus amères , et donnaient une liqueur moins fon- cée, qui se troublait fortement par la gélatine sans former de précipité, se troublait fortement par la solution d’émétique et précipitait le macéré de tan. Les essais chimiques ne peuvent donc pas toujours servir à la distinction certaine des espèces de quinquina. Quinquina de Loxa inférieur, Pendant longtemps on a regardé l'existence des lichens sur le quinquina comme une preuve de sa bonté, et on l’estimait d’autant plus qu’il en offrait davantage. Le quinquina ne diffère cependant pas à cet égard des autres arbres, qu’une trop grande quantité de cryptogames épuise ou détériore ; et en supposant même que l'arbre entier n’en souffrit pas, l'écorce doit être altérée par l'humidité entretenue à sa surface. Ainsi, à une certaine époque, on à recu dans le commerce une quantité considérable d’un pareil quin- quina (C), à épiderme très brun , très rugueux et couvert d’une grande abondance des lichens foliacés et filamenteux. Ce quinquina, vendu fort cher, était cependant d’une qualité très inférieure : il était contourné ct comme tourmenté par suite de Ja dessiccation , de même que le serait une substance qui aurait été trop gorgée d'humidité ; il était épais, ligneux, fibreux , peu roulé sur lui-même, toutes qualités contraires au bon quinquina de Loxa , qui doit être en longues écorces bien cy- lindriques, bien roulées, mince et peu ligneux. Il n’avait qu’une saveur astringente, peu amère et peu aromatique. Enfin il ne fournissail qu'une très petite quantité d'extrait par l’eau. Ce quinquina (C) était donc d’une mauvaise qualité ; néanmoins je le regarde comme appartenant à la même espèce que le Zoxa brun compacte, et n’en différant que pour avoir crû dans un lieu trop hu- mide. Bergen (1) a été d’un avis différent , et a formé de ce quinquina de Loxa inférieur une sorte particulière qu’il a nommée china pseudo- Loxa ou dunkele ten china, c'est-à-dire quinquina ten foncé. Quant à l'origine botanique du quinquina de Loxa brun compacte, il est difficile de la fixer complétement , en raison du peu de développe- ment des écorces qui le composent, et parce que, ainsi que j'en ai (1) Henri de Bergen est un droguiste de Hambourg qui a publié, en 1826, un-ouvrage fort remarquable, intitulé : Versuch einer monographie der china , où Essai d'une monographie des quinquinas. KW y a rassemblé tout ce qu'il a pu trouver ou acquérir de notions commerciales et scientifiques sur les quinquinas, et son livre fait loi dans toute l'Allemagne et en Angleterre. J'aurai donc soin de joindre sa nomenclature à la nôtre. Bergen a décrit seulement 1 euf espèces de quinquinas, qui sont les quinquinas rouge, hua- nuco, royal, jaune dur, jaune fibreux, huamalies, loæa, ten pâle et ten foncé. 10/ DICOTYLEDONES CALICIFLORES. déjà fait la remarque, les jeunes écorces de plusieurs cénchona peuvent avoir des caractères physiques assez rapprochés pour qu'on les réunisse en une même sorte commerciale. 1} peut même arriver que l'écorce de ces mêmes espèces , récollée à un âge beaucoup plus avancé, constitue des sortes très différentes du commerce, de sorte qu'il ne faudra pas trop s'étonner si, après avoir indiqué une espèce de cénchona pour la source d’un quinquina gris fin roulé, on me voit citer plus tard la même espèce comme la source également probable d’une autre sorte commerciale, Cet avertissement donné de nouveau, voici ce que je puis dire de l’origine du quinquiria de Loxa brun compacte. Je pense toujours que ce quinquina est celui que Laubert a décrit sous le nom de peruviana (Journ. pharm., t. I, p. 295). Le cénchone nitidu qui le produit, d'après Laubert, est un des premiers qui aient été découverts dans la province de Loxa; son écorce, qui est très estimée, y porte le nom de cascarilla fina, et Ruiz la regarde comme la principale sorte officinale. Enfin on trouve au Musée britannique un échantillon de fines écorces (A) du quinquina de Loxa brun compacte, étiqueté cascarilla fina (w° 3 des écorces), et ce nom paraît encore indiquer que l'écorce est produite par le cinchona nitidu. Cependant, je dois dire aujourd’hui qu’une jeune écorce de c/n- chona nitida, que j'ai due anciennement à Laubert, ressemble peu au quinquina loxa brun compacte , et qu’elle se rapproche bien davantage des quinquinas rouges. De plus, le cinchona nitida n’est pas la seule espèce qui porte au Pérou le nom de cascarilla fina. D'après M. de Humboldt, « le cinchona scroliculata forme aussi d'immenses forêts dans la province de Jaen; son écorce, qui est très estimée, y est nommée guina fina, et l'on en fait un grand commerce. Les jeunes écorces ressemblent tellement à celles du cinchona condaminea qu'il est difficile de les distinguer. » 11 est plus probable, d’après cela , que le cinchona scrobiculata est la vraie source du quinquina de Loxa brun compacte. Quinquina de Loxa rouge-marron. Ce quinquina se trouve dans le droguier de la chambre des courtiers, au palais de la Bourse, à Paris, sous le nom de calisaya léger; mais il présente l'aspect sénéral des quinquinas de Loxa, et a beaucoup d’analogie avec le précédent. Il est cependant beaucoup moins uniforme dans son en-. semble, offrant tantôt des tubes simples, cylindriques, de la gros- seur d’une plume; tantôt des écorces beaucoup plus larges, mais toujours minces , dont les deux bords rapprochés se sont séparément roulés en volute ; tantôt des écorces semblables, affectant les formes les plus irrégulières. Ce quinquina est pourvu d'une croûte extérieure plus où moins rugucuse, avec de nombreuses fissures transversales , RUBIACEES. 105 chargée de plus d'un grand nombre de lichens et offrant les teintes les plus variées, depuis le blanc de craie jusqu’au gris presque noir. Cette croûte est souvent détachée, par places, du liber, dont la surface dénudée présente alors une couleur rouge brune plus ou moins foncée ; le liber est à l’intérieur d’un rouge plus clair (1); il est assez com- pacte et casse assez net; cependant sa cassure ne présente pas l’aspect uni et résineux du quinquina précédent ; elle à toujours quelque chose d'inégal ét semble formée de fibres agglutinées. La saveur de l'écorce est très astringente, amère et un peu pâteuse. Il y a longtemps déjà que la couleur rouge assez vive de ce quin- quina m'avait fait penser qu’il pouvait être dû au cinchona scrobiculata H. B., soupconné par de Candolle de produire un des quinquinas rouges du commerce; je n'en ai plus douté après avoir vu les jeunes écorces de cet arbre rapportées par M. Wedell. Nous verrons plus tard les écorces plus âgées et plates du même cenchona former une autre sorte commerciale que l’on substitue souvent au quinquina calisaya. HI, Quinquina de Loxa rouge fibreux du roi d’Espagne. Je nomme ainsi un quinquina que j'ai dû à l’obligeance de Lodibert ; il provenait de la pharmacie du roi d'Espagne à Madrid , et en avait été rapporté par M. Bertrand. Il consiste en un faisceau long de 35 centi- mètres, composé d’écorces roulées isolément et tontes semblables ; 11 est finement rugueux à l'extérieur et d’un gris foncé ; il n'offre pas de fissures transversales profondes , et présente souvent des stries longitu- divales causées par la dessiccation. 11 est érès léger, très fibreux , d’une couleur de rouille vive et foncée, où même presque rouge , à l'inté- rieur, 11 est aride sous la dent, peu astringent , mais finit par dévelop- per une amertume assez marquée. Ce quinquina est semblable à celui dont parle Bergen (p. 310, note 41), qui fut pris par les Anglais sur un galion espagnol , et qui était renfermé dans une caisse doublée en fer- blanc, portant cette suscription : Pour la famille royale. Y'en ai depuis trouvé chez un droguiste à Paris, mais il est fort rare, Ce qui le dis- tingue du loxa ordinaire, c’est sa texture éminemment fibreuse et son peu d’astringence au goût. Peut-être a-t-il été plus amer; mais il est 4) Ilest même très pâle ou presque blanc lorsque l'écorce est récente ; mais elle devient toujours à l'air d'un rouge très prononcé. Cette coloration n'est pas particulière à ce quinquina ; toutes les autres espèces à liber rouge la pré- sentent plus ou moins. On remarque d'ailleurs le même phénomene sur les bois de teinture ; et on peut dire , en général, que la coloration des bois et des écorces est due à l'action de l'air sur un principe primitivement incolore quis y trouyail contenu, 106 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. facile de concevoir qu’une écorce aussi légère puisse perdre ses pro- priétés à la longue. Maintenant ce quinquina est plus remarquable par le choix et l’uniformité des écorces que par sa qualité ; je ne puis rien dire de son origine. Il existe au Musée britannique sous le nom de quina estoposa (filandreux) de Lozxa. IV. Quinquina de Loxa jaune fibreux. Quinquina jaune de La Condamine. Ce quinquina est presque le seul que l’on trouve aujourd’hui dans le commerce français, comme quinquina de Loxa. Je l’ai décrit pour la première fois, en 1826, mais en l’assimilant à tort au cascarilla delgada de Ruïz, et en le supposant produit, en conséquence, par le cénchona hirsuta de la Flore du Pérou. Voici très exactement les caractères qu'il m'a présentés : écorce peu rugueuse à l'extérieur, avec de petites fissures transversales ; elle est généralement recouverte d’une légère couche blanchâtre, moins argen- tée que celle du quinquina brun compacte de Loxa, et qui lui donne une couleur d'un gris clair assez uniforme : elle est donc ainsi générale- ment moins rugueuse et moins brune que le quinquina brun compacte de Loxa. Elle est remarquable par sa finesse , étant souvent très mince et roulée sur elle-même , à la manière de la cannelle de Ceylan , même lorsqu'elle provient de branches d’un fort diamètre. Elle a une texture libreuse, mais très fine, et sa surface interne est presque aussi unie que celle de la cannelle, Dans les écorces qui n’ont pas souffert, cette sur- face est d’une couleur rougeâtre assez vive, tandis que la substance même de l'écorce, nouvellement mise à nu, paraît jaune ou presque blanche. La saveur de l'écorce est astringente et amère, et l’odeur en est assez marquée. Cette écorce n’est pas toujours aussi mince que je viens de le dire, et lorsqu'elle provient du trenc, elle peut acquérir 5 millimètres d’é- paisseur et l'apparence du quinquina calisaya ; mais sa surface à peine rugueuse et souvent ridée longitudinalement , la finesse de sa texture et sa surface interne presque lisse, la font toujours facilement reconnaître. J'ai trouvé mélangées dans ce quinquina trois autres écorces dont la plus abondante était du quinquina blanc de Loxa. Xes deux autres étaient du quinquina jaune du roi d'Espagne et du quinquina de Lima blanc. Ce quinquina, tel qu’il existe aujourd’hui dans le commerce, ne diffère de celui que je viens de décrire que par une plus grande uni- formité dans la longueur, le petit diamètre et le roulage de ses tubes ; au contraire, par une plus grande variation dans sa couleur externe , qui est tantôt blanche, d’autres fois presque noire ; enfin par son mé- lange habituel avec une certaine quantité de quinquina blanc de Jaen. RUBJIACÉES. 107 Je citerai, comme variété, un quinquina acheté à Londres en 1843, composé en partie d’écorces d’une grande finesse, presque toutes noires à l'extérieur ; et en partie de longs tubes roulés, parfaitement cylin- driques, de la grosseur du doigt et plus, uniformément rugueux et d’un gris foncé à la surface. Tous ces quinquinas se ressemblent du reste par leur structure finement et uniformément fibreuse et par leur couleur interne jaunâtre, qui n'acquiert pas à l'air la teinte rouge manifeste des quinquinas de Loxa précédemment décrits. J'ai trouvé dans les collections un certain nombre d'échantillons &e ce quinquina qui ne me laissent aucun doute sur son origine. 1. Loja fina de ma petite collection de Loxa (1). 2. Quina selectissima de Loja; cinchona uritusinga Pav. (Collect. Delessert, lettre N). 3. Quiebro de Loja, amarilla de Loja, cinchona macrocalyx Pav. ( Delessert, lettre T). h. Cascarilla quiebro de Loxa (Musée britannique, bois n° 25). 5. — con hojas un poco villosas ( Ibid., bois n° 27). 6. — amarilla del rey de Loxa (Ibid. , bois n° 20). de — crespilla parecida à la buena de Eoxa (Ibid, bois n° 23). Toutes les espèces de cinchona indiquées ci-dessus, vérifiées dans les herbiers, se rapportent au cinchona macrocalyx de Pavon ou au quinquina figuré par La Condamine (cnchona academica), de sorte que c’est l’un ou l’autre de ces arbres, qui d’ailleurs ne forment vé- ritablement qu’une espèce, qui est la source du quinquina jaune fibreux de Loxa. (4) M. Fortin, ancien pharmacien à Paris, m’a fait don d’une petite collec: tion d’écorces portant cette suscription : « Joctos estos cascarillas vivian de la provincia de Loja, situada como noventa lequas de Payta, carga de doce arrobas rule cinco pesos. M. Hi- genses. » Voici les noms de ces écorces , auxquels j'ajoute la correspondance avec mes espèces : 42 Loje. ANG: Sie à ..... Quinquina loxa jaune fibreux. D Amara s 2202 PES — — cendré. 3. Pato de gallizano. . .. ... — blanc de Loxa." 4. Llamada de provincia. . . .. = — de Jaen. 5. Calasaya, extracto hecho de Chltalireuee oncssusite Parks — — de Loxa, 2‘ espece. 6.. Payama, calidad ordinaria. . — nouveau. Cette petite collection ne contient aucune de mes premières sortes de loxa. . 108 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES, QUINQUINAS DE LIMA. On donue en France le nom de guënquina de Lima à des quinquinas gris récoltés principalement dans la province de Æuanuco où Guanuco , d'où ils sont apportés à Lima pour être embarqués pour l’Europe. En Allemagne, on les nomme china huanuco, et en Angleterre silver bark ou grey bark, à cause de la couleur blanchâtre assez uniforme de leur épiderme ; il y en à certainement plusieurs sortes que je vais faire con- naître, V. Quinquina de Lima gris brun. Cascarilla provinciana où fina provinciunæ. Écorce sous forme de tubes longs, bien roulés, de la grosseur d’une plume à celle du petit doigt, offrant très souvent des rides longitudinales formées par la des- siccalion. La surface extérieure est en outre médiocrement rugueuse, souvent presque privée de fissures transversales, ayant une teinte gé- nérale grise foncée, mais avec des taches noires ou blanches, ét por- tant çà et là les mêmes lichens que les quinquinas de Loxa. Le liber est d’un jaune brunâtre foncé ct comme formé de fibres aggluti- nées. La saveur en est amère, as- tringente , acidule et aromatique ; l'odeur est celle des bons quin- quinas gris. Ce quinquina arrive mêlé avec la sorte suivante, dont il n'a pas été distingué jusqu'ici. J'ai cru devoir len séparer parce qu'il offre une ressemblance tellement entière avec l'écorce du cénchona aicrantha (fig. 278) rapportée par le docteur Pæppig (/ourn. chim. medic., 1857, p. 27 et 50), que l'origine m'en parait bien déterminée (1). Ce quinquina se trouve (4) Cinchona micrantha, Arbre très élevé, dont le tronc droit, épais et cylindrique, estterminé par une tête feuillue. Les feuilles sont cvales, un peu rétrécies du côté du pétiole, qui n’a pas 3 centimètres de longueur : elles sont RU BIACÉES, 109 également dans la collection de M. Delessert, sous le nom de rascarilla fina provinciana y cascarilla crespilla de Jan : cinchona umbelluli- fira Pay. Mss. (lettre Q ). VI. Quinquirna de Lima gris ordinaire, Vrai huanuco des Allemands. Tubes généralement réguliers, longs , cylindriques, de la grosseur d’une plume à celle du petit doigt ; épi- derme fin, légèrement fendillé et d’un gris blanchâtre assez uniforme ; les plus fines écorces sont très minces, compactes, et présentent une cassure nette, rougeâtre, cemme formée de couches agglutinées ; les écorces plus âgées sont plus épaisses et offrent une cassure ligneuse. L’épaisseur et la nature ligneuse de cette écorce sont cause qu’elle con- serve sa forme cylindrique par la dessiccation, et qu’elle offre très rare- ment les rides longitudinales qui caractérisent la sorte précédente. Elle est dure sous la dent, $’y écrase difficilement et présente une saveur amère et astringente. Elle à une odeur assez faible. Quant à la couleur interne , elle est d’un jaune orangé dans les écorces saines et nouvelle- ment livrées au commerce, et cette couleur passe au fauve uniforme dans les droguiers. Les écorces qui vieillissent dans le commerce s’al- tèrent el prennent à l’intérieur une couleur terne et grisâtre. Les caractères du quinquina de Lima gris ordinaire se retrouvant dans les écorces les plus grosses et les plus âgées, il en résulte que ce quinquina est une espèce bien distincte, dont les signes particuliers ne tiennent pas à la jeunesse de l'écorce. Ainsi, je possède des rouleaux de quinquina de Lima offrant un développement de 16 centimètres sur une épaisseur de 4 millimètres, et une partie d’écorce cintrée épaisse de 13 millimètres, qui présentent le même épiderme fin, gris blanchâtre, longues elles-mêmes, pour la plupart, de 20 à 27 cent. et larges de 13 à 16. Elles sont minces, vertes et très glabres en dessus, veineuses en dessous , un peu pubescentes à la base des veines, qui sont pourprées. Les jeunes feuilles sont glauques et un peu pubescentes ; les stipules sont ovales et réunies à la base. La panicule est très grande, munie de fleurs très nombreuses , presque ses- siles et rassemblées par bouquets à l'extrémité des pédoncules secondaires ou tertiaires. Le calice est très petit, à 5 dents aiguës; la corolle est très petite également (longue d'environ 7 millimètres) , tomenteuse et rougeätre en dehors, blanche et laineuse en dedans, terminée par 5 lobes cbtus ; les étamines sont très courtes et incluses; le style ne dépasse pas les étamines, Les fruits sont semblables à ceux du cinchona condaminea, mais ils sont plus petits, plus allongés, presque lisses et à peu près cylindriques; leur longueur varie de 7 à 16 millimètres et leur largeur de 5 à 6. Cette espèce est carac- térisée par la petitesse de ses fleurs et de ses fruits comparée à l'ampleur de ses feuilles. 110 DICOTYLÉDONES GALICIELORES. légèrement fendillé et très adhérent au liber ; le même liber compacte ; dur, ligneux , d’une teinte fauve uniforme; seulement ces grosses écorces présentent une saveur amère bien plus développée et qui ap- proche de celle du calisaya. Voici différentes synonymies de ce quin- quina : Sous le nom de quina negra A* especie, n° 37 des écorces, le Musée britannique possède un bel échantillon de quinquina gris fin de Lima, sans aucun mélange. Le n° 17 bis des écorces, nommé cascarilla provineia de Jaen, de Loxa , est le même quinquina un peu plus gros. Le no 17, nommé cinchona vulgo provinciana, species nova de Loza , est du quinquina gris fin de Lima mêlé de gris pâle ancien. Enfin le n° 50 présente, sous les noms de quina blanca, pata de Gallinazo , À especie, de Loxa, du quinquina gris de Lima mélangé de Lima rouge, de lima blanc et de blanc de Loxa. Le n° 37 ci-dessus, du Musée britannique , pourrait faire supposer que le quinquina gris de Lima est produit par le cinchona glandulifera, dont l’écorce est généralement désignée au Pérou sous le nom de negra ou de negrilla, et cette opinion pourrait être corroborée par les raisons suivantes : 41° Laubert donne à l'écorce du cinchona glandulifera, envovée par Tafalla, des caractères qui s'accordent beaucoup avec ceux du quin- quina gris de Lima (Pull. pharm., & IE, p. 318). 2% D'après le docteur Pæppig, l'écorce du cinchona glandulifera est considérée comme la plus belle de celles qui viennent du Cuchero, et celle qu’il à rapportée, dont je dois un échantillon à M. Reichel, pharmacien à Hohenstein (Saxe), a été comparée ou assimilée à la plus belle sorte de loxa. | Mais l’examen même que j'ai fait de cette écorce me la fait regarder comme étant d’une qualité inférieure et très différente du véritable quinquina huanuco. D'ailleurs, les n°* 17 et 17 bis du Musée britannique , contraire- ment à l'opinion précédente, rapportent le quinquina gris de Lima au cinchona micrantha, et cette conclusion tire une grande force de ce que le premier quinquina de Lima est également produit par cet arbre: car alors les deux quinquinas de Lima que l’on trouve ordinairement mélangés dans le commerce ne seraient que deux variétés d'écorce du mème arbre, où que lécorce de deux variétés de la même espèce de cinchona. A Enfin, le n° 50 du même Musée, quoique mélangé d'écorces étran- oères, el quoique. portant un noni donné communément au c/nchont ovata, ne contredit pas Fopinion précédente, parce que le docteur RUBIACÉES. 11 Pœæppig nous prévient que la jeune écorce du cñchona micrantha porte aussi au Pérou le nom de pata de gallinayo (griffe de vautour). Il est donc possible, en effet, que tout le quinquina de Lima gris soit produit par le cènchona maicrantha. J'ai toujours admis, cependant, que le quinquina de Lima, gris ordi- naire, était produit par le cinchona lanceolala , et je ne vois pas encore de motifs suffisants pour abandonner cette opinion , qui est fondée tant sur les caractères donnés par Ruiz à l’écorce du cinchona lanceolata (caractères entièrement conformes à ceux du quinquina de Lima le plus ordinaire), que sur ce que cet arbre croît abondamment sur les mon- tagnes de Panatahuas, très voisines de celles de Huanuco, de sorte que son écorce doit faire partie de celles qui sont embarquées à Lima. En définitive, je ne puis me décider entre cette origine et la précé- dente. Quinquina de Lima gris, variété ligneuse, Anciennement , j'ai donné spécialement à ce quinquina le nom de Auanuco, parce que je lui trouvais tous les caractères indiqués par Laubert pour cette sorte de quinquina ( Bull. pharm.,t. X1, p. 309); mais, comme on l’a vu, les Allemands appliquent le nom de Auanuco à toutes les sortes de Lima : d’ailleurs celui-ci ne me paraît être qu'une variété du quinquina de Lima ordinaire. Grosseur du pouce; épaisseur de 3 ou 4 millimètres ; forme entière- ment roulée ; surface raboteuse avec des fissures transversales très rap- prochées ; croûte mince, noirâtre, inais recouverte par places d’une matière crétacée. Cette croûte est sans goût; elle se sépare tres facile- ment du liber, par tres petites plaques, et y laisse des impressions rir- culaires très nombreuses. La cassure du liber est compacte et ligneuse : la couleur interne est celle du quinquina calisaya ; la saveur est amère et un peu pâteuse , l'odeur presque nulle. Quinquina de Guayaquil, Sous ce nom, j'ai reçu anciennement de M. Pereira une écorce qui ne me paraît pas difféger de la précédente. Elle possédait , lorsque je l’ai recue, une légère odeur de #yrtus pimenta qu’elle a perdue par l’exposition dans une étuve, ce qui montre que cette odeur était accidentelle. » VIE, Quinquina de Lima blanc. Ce quinquina arrive mélangé aux autres sortes de Lima. Pendant longtemps je n’en ai eu que les grosses écorces, ce qui nr’avait empêché d’en faire une sorte séparée; mais j'en possède aujourd’hui les fines écorces qui assurent la distinction de l'espèce. 112 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES, Écorces fines, longues, roulées, n'offrant presque aucune fissure transversale, et présentant, presque uniquement, des stries ou déchi- rures longitudinales, petites, superficielles et très nombreuses. La sur- face, non usée, est presque entièrement blanche; mais elle devient fauve partout où le frottement a fait disparaître l’efflorescence blanche ; car la croûte, quoique mince, est de nature fongucuse et facile à user. Le liber est mince, compacte, à cassure assez nette, mais fibreuse- agglutinée, et d’une couleur jaunâtre, fauve orangée ou rougeûtre. La saveur en est manifestement amère et astringente. Grosses écorces, souvent grosses comme le pouce ou davantage, ordinairement revêlues d’une couche crétacée ; croûte médiocrement rugueuse, caractérisée par les mêmes déchirures longitudinales que les jeunes écorces , avec très peu de fissures transversales. Cette croûte est le plus souvent mince et adhérente au liber ; mais quelquefois aussi elle est plus épaisse , fongueuse et peut se séparer en plusieurs couches. Le liber est épais, d’un jaune prononcé ou un peu rougeûtre ; la cassure en est compacte et serrée vers l'extérieur, tout à fait d'apparence ligneuse à l’intérieur. Il est plus souvent spongieux que dur sous la dent: d’une saveur manifestement amère, d’une odeur faible. Quoique ce quinquina se rapproche par son aspect extérieur des quinquinas blancs, cependant il conserve de trop grands rapports avec les autres quinquinas de Lima pour pouvoir en être séparé , et je lui ai conservé son ancienne place. Je l'ai trouvé au Musée britannique sous le nom de cascarilla con hoja de Zambo, de Loxa (écorce n° 48), et chez M. Delessert, sous celui de cascarilla boba de hojas moradas ; cascarilla purpurea R. P. (lettre C). VIH. Quinquina de Lima trés rugueux , imitant je Calisaya. Probablement le £ascarilla lagartijada de Laubert (Bullet. pharm., t. IT, p. 298). Les plus petites écorces de ce quinquina ont une teinte grise bleuâtre assez uniforme, due au mélange de la légère couche blanche qui les recouvre avec la couleur brune noirâtre de la croûte. Cette croûte est fine, très adhérente au liber, très rugueuse et très fen- dillée ; dans les gros morceaux , elle acquiert /a dureté et la rugosité de celle du quinquina calisaya. Le liber Ini-même est très dur, pesant, a cassure nette, lorsqu'il provient des jeunes branches ; d’une appa- rence ligneuse, surtout au centre, dans les plus gros morceaux. 1] n’est pas rare que la cassure des écorces roulées laisse apercevoir, vers la partie externe, nn cercle de substance d'apparence résinense, quel- RUBIACÉES. 115 quefois jaune et transparente comme du succin. La saveur de ce quin- quina est à la fois amère, astringente et aromatique ; les grosses écorces imitent tellement le calisava non mondé de son épiderme, qu'il faut les examiner morceau à morceau pour les distinguer. Le premier est gé- néralement d’une couleur plus obscure , d’une dureté plus grande sous la dent, d’une amertume bien moins marquée; cnfin il ne précipite pas la dissolution de sulfate de soude, ce qui forme le caractère essentiel du vrai calisaya. Le quinquina lagartijada n’est pas non plus sans analogie avec le quinquina de Loxa gris compacte de Joseph de Jussieu (1"° espèce) ; mais il en diffère par sa couleur extérieure grise argentée, par son épaisseur et sa cassure ligneuse. Ce quinquina existe au Musée britan- nique sous le nom de cascarilla amarilla fina de urilusinga (n° 42 des bois), et sous celui de cascarilla crespilla de Jaen, de Loxa (écorce n°2), tandis que le cascarilla crespilla de Jaen, de Loxa, n°1 et 2 des bois, m'a paru avoir plus de rapport avec le quinquina gris de Joseph de Jussieu. Je ne crois pas qu’on puisse rien conclure d’une svnonyinie aussi peu certaine. Celle qui suit me paraît mieux assurée. Écorce du cinchona glandulifera. du docteur Pœppig (1). Je dois à l’obligeance de M. Reichel deux échantillons de cette écorce , l’un étiqueté cascarilla negrilla fina o provinciana negrilla , et Vautre (4) Cinchona glandulifera R. P. (fig. 279). Arbuste de 4 mètres environ, produisant plusieurs troncs droits, Fig. 279. de 8 centimètres de diamètre ; feuilles ovées-lancéolées, fermes, épaisses , très écartées de la bran- che, très courtement pétiolées ; limbe glabre et brillant en des- sus, à nervures velues en dessous, ainsi que les jeunes rameaux. Corolle très petite, d’un blanc rosé, velue; élamines courtes et incluses ; capsule petite, trois fois plus longue que large, s’ouvrant de bas en haut. Les feuilles sont pourvues d’une glande à chaque aisselle de nervure secondaire ; mais ce qui distingue celle espèce de toutes les autres à feuilles scrobiculées, c'est que les glandes sont plus apparentes à la face supérieure de la feuille qu'en des- sous. ' DIE $ 11h DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. cascarilla negrilla ordinaria. Ges deux échantillons récoltés par le docteur Pæppig, aux environs de Pampayaco, ne diffèrent que par leur grosseur. Ils ressemblent complétement au quinquina précédent par leur surface extérieure, très raboteuse et d’un gris bleuâtre assez uni- forme ; par leur croûte très brune , dure et comme gorgée de sue; par leur liber dur, plus ou moins épais et ligneux , d’un jaune fauve ; par leur saveur manifestement amère , astringente, aromatique, non vis- queuse ; ils n’en diffèrent que par un caractère assez singulier que j'ai remarqué, il v a déjà longtemps, dans un des quinquinas qui vont suivre. l'est que , lorsqu'on casse l'écorce transversalement , la fibre ligneuse de l’intérieur, mise à découvert, blanchit à l'air, par une sorte d’efflo- rescence blanche qui s’y produit. Je ne pense pas que ce caractère, que j'ai d’ailleurs observé quelquefois sur le /agartijada, puisse séparer ces deux quinquinas ; et leur ressemblance est, quant au reste, tellement entière , que je n’hésite pas à dire que le quinquina de Lima frès ru- gueux où lagartijada de Laubert, est produit par le cascarilla glan- dulifera. IX. Quinquina de Jaen ou de Loxa, ligneux, rougeûtre. Quinqguina rouge de Jaen ou de Loxa. Je possède depuis long- temps un échantillon de ce quinquina, trouvé dans du quinquina de Loxa ; mais je n’en ai fait aucune mention jusqu'ici, de même que je passe encore aujourd’hui sous silence plusieurs autres écorces distinctes que je n'ai encore retrouvées nulle part; de sorte que je ne saurais qu’en dire. Celui dont je parle ici se trouve au Musée britannique sous le nom de cascarilla colorada de Jaen, es buena species, nova, inedita (n 20 des écorces); également au n° 38 de la collection des bois, sous le nom de cascarilla colorada de Loxa. On le trouve aussi chez M. Delessert sous l’indication suivante : Lettre R, cascarilla colorada de Loja, de la provincia de Jaen ; cinchona conglomerata Yax. F'ac- cord des échantillons et le facies si remarquable de cette écorce en fait une espèce distincte, dont voici les caractères qui ne peuvent être énoncés que très imparfaitement. Épiderme gris foncé, uniforme, très adhérent, avec des fissures apparentes, nombreuses en tous sens et très rapprochées. Liber unifor- mément fibreux, rougeâtre ou brunâtre foncé , se divisant facilement sous la dent; saveur très astringente, puis amère, avec un goût de famée. Nota. Cette écorce non altérée par son ancienneté, et ayant une couleur plus vive à l’intérieur, serait peut-être rangée parmi les quin- quinas rouges. RUPRIACÉES. 145 Examen chimique des Quinquinas gris, Jusqu'à l'analyse de ces quinquinas par Pelletier et M. Caventou , nous n'avions rien de complet sur leur composition : on trouvait , à la vérité, dans les Ann. de chim., t. XVI, p. 172, une analyse de Bar- tholdi (ct non Berthollet) qu’on peut supposer avoir été faite sur un quinquina gris; mais les résultats en étaient assez extraordinaires pour qu'il fût permis de les révoquer en doute. Plus tard , M. Armand Séguin à fait des essais sur plus de 600 échantillons de quinquinas ; mais on en tire peu de lumière pour les sortes qui nous occupent , ce chimiste n'ayant publié que les résultats généraux de son travail. Un des plus remarquables cependant, qui se trouve confirmé par les tra- vaux qui Ont suivi, c’est que le principe fébrifuge du quinquina n’est pas astringent, ne précipite pas la gélatine, et précipite au contraire l'infusion de tan (Ann. de chim., t. XCT, p. 276). On peut puiser des connaissances plus positives dans les expériences de Vauquelin sur dix-sept échantillons de quinquina, au nombre desquels il s’en trouve des gris. Voici le tableau des résultats que ce grand chimiste a obtenus en essayant le macéré de ces quinquinas par divers réactifs. Je placerai au-dessous ceux que m'ont donnés plusieurs des quinquinas gris que j'ai distingués. A l'exemple de Vauquelin, jai opéré en faisant macérer, pendant vingt-quatre heures, une partie de quinquina pulvérisé dans 16 parties d’eau. NES CALICIFLORES. OTYLEDO ‘ ‘ BI( ‘14 “otpono"T ‘914 “OJquOuT, HLV'IVXO “JOUR “JUoUA a : ‘0 ‘Ad ‘0 “oronoy |, -0091 HPIOA 1 ‘alojoour onbsoiq “juepuoqe “uvp “nd|, *juepuoqe 91d UdU}IO Ê ? aid no ‘opouoy | : Fc à -U0qe 2110081909, J9 919 SE 10] 1 7: ARILULE A 59. . A t 20 DA ANI[NO’") AOL not 91q -nop no uong [PU AS *21F0 RUN ‘oi] ad] ‘ar8noi ‘JO 9 ‘a[qnou EE Ce BOY ; 1 91d gun gg |-vo8noa 71q [ANOUT a É ue ‘oçpd ouner *ajqnon ‘99 "o|q “aid sues . 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En général le précipité est soluble dans un excès de sulfate et donne une liqueur d’un beau vert foncé : cela est cause que les quinquinas qui contiennent peu du principe précipitant donnent de suite une belle liqueur verte transparente avec le sulfate de fer; d’un autre côté, comme on n’est pas toujours sûr de mettre la même quantité de sulfate dans ses essais, la précipitation et la non-précipitation par le sulfate de fer forment deux caractères peu distinctifs, lorsque toutefois le dernier cas est accompa- gné d’une forte coloration de la liqueur. L° Le quinquina de Lima gris fin contient moins d’acide libre que les autres quinquinas gris ; son macéré précipite à peine la gélatine, mais précipite beaucoup plus le tan et l'émétique. 5° Les mêmes différences sont encore plus marquées dans le quinquina de Lima blanc ; ce qui, joint à sa saveur beaucoup plus amère, le rap- proche des quinquinas jaunes. 6° Le quinquina dit huanuco paraît être altéré par vétusté. 7° Tous ces quinquinas contiennent un sel à base de chaux, indiqué par l’oxalate d'ammoniaque, mais en petite quantité ; car le sulfate de soude n’a aucune action sur leur macéré. En général les quinquinas gris se distinguent des autres, par leur odeur de bois chanci; par leur saveur astringente amère, qui porte avec elle un bouquet particulier; par la petite quantité de sel calcaire qu'ils renferment. Parmi les chimistes qui, depuis Vauquelin, se sont occupés de l'analyse des quinquinas, il faut citer d’abord Laubert, qui, ayant traité du quinquina de Loxa par l'éther sulfurique, en a obtenu une teinture jaune, dont il a retiré une substance molle verdâtre qui lui a présenté quelque ressemblance avec la glu, et une autre substance soluble dans l'alcool, composée elle-même d’une matière huileuse rosée et d’un principe cristallisable (Journ. de pharm., &. 11, p. 289). Gomez avait également retiré du quinquina une substance blanche et cristallisable ; mais, les caractères respectifs de ces deux matières n’é- tant pas alors parfaitement établis, 1! était difficile de rien décider sur leur identité. Le docteur Duncan, d'Édimbourg, paraît aussi avoir 118 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. des droits à la découverte de la cinchonine, ou principe cristallisable du quinquina gris. M. Pfaff, professeur à Kiel, a cherché à vérifier la découverte de Gomez sur le principe blanc cristallisable, sans être parvenu au même résultat. Il a cependant tiré de ses expériences les conséquences sui- vantes, qui sont toutes de la plus grande exactitude : 4° Les matériaux immédiats capables de précipiter l’émétique , la noix de galle et la gélatine animale, sont tous solubles dans l’eau et dans l'alcool. 2° Les principes qui précipitent la noix de galle et l’émétique pa- raissent coexisler constamment sans être identiques. 3° La substance qui précipite l’infusion de noix de galle est la véri- table cause de l’amertume du quinquina , ou le principe amer, quoique le composé qu’elle forme avec la noix de galle soit dépourvu de toute amertume. h° La matière qui se précipite avec la gélatine animale diffère tout à fait de ce principe amer ; elle appartient à cette modification du tannin qui colore en vert les dissolutions de fer, et qui existe dans quelques mauvaises espèces de quinquinas, sans ce principe amer. (/ourn. de pharm., t I, p. 556.) Enfin Pelletier, conjointement avec M. Caventou, ayant porté sur les quinquinas la persévérance et la sagacité auxquelles nous devons de si belles analyses, tant végétales qu’animales, il est permis de croire que nous connaissons aujourd’hui la composition chimique de ces pré- cieuses écorces , aussi bien que celle des substances organiques les plus soigneusement traitées. Le Mémoire de ces deux chimistes se trouve inséré dans le VII° tome du Journal de pharmacie. Suivant eux , le quinquina gris est composé de : 4° Cinchonine unie à l'acide kinique (et aussi en partie, comme on l’a reconnu depuis, au rouge cinchonique) ; 2° Matière grasse verte ; 3° — colorante rouge peu soluble (rouge cinchonique) ; RTS — — soluble et tannante. 5, — — jaune; 6° Kinate de chaux ; 1° Gomme ; 8° Amidon. La cinchonine découverte par Gomez, mais dont ce chimiste wa- vait pi connu la nature alcaline, ni examiné les combinaisons, est une véritable base salifiable. Sa capacité de saturation paraît même l'emporter sur celle de la morphine. Elle est à peine soluble dans l’eau ; aussi sa saveur est-elle longtemps à se développer ; mais, dis- RUBIACEES. 119 soute dans l'alcool, ou mieux dans un acide, elle a une saveur amère en tout semblable à celle du quinquina gris. La cinchonine s’unit à tous les acides et forme des sels parfaitement ueutres. Ces sels ont une saveur très amère; le sulfate, l’azotate et le chlorhydrate sont cristallisables. L’acide oxalique forme avec la cinchonine un sel neutre presque jasoluble à froid : aussi, en versant de cet acide ou mieux «encore de l'oxalate d'ammoniaque , dans un sel soluble de cinchonine , v fait-on naître un précipité très blanc et abondant, qu'on pourrait prendre pour de l’exalate de chaux ; mais ce précipité est soluble dans un excès d'acide oxalique , dans l’alcoo)!, etc. Le tannin ou acide tannique forme , avec la cinchonine, de même qu'avec les autres alcalis végétaux, un composé complétement insoluble dans l’eau, mais soluble dans l'alcool. C’est au tannin que la noix de galle doit la propriété de précipiter les infusés ou décoctés de quinquinas, et l’on peut juger qu’ils sont d'autant plus riches en alcaloïde et d'autant meilleurs, que le précipité est plus abondant. La cinchonine est très peu soluble dans l’éther ; elle se dissout au contraire parfaitement dans l’alcoo!, et cristaHise par l'évaporation Jente de ee menstrue. QUINQUINAS ROUGES. X, Quinquina rouge. blanchissant à l'air. J'ai reçu il y a très lontemps ce quinquina, de M. Auguste Deloudre, sous le nom de qguinquina rouge de Santa-Fé, etje l'ai décrit sous ce nom dans les deux premières éditions de cet ouvrage { 1820 et 4826). Mais ce nom étant devenu tout à fait impropre, depuis qu’il a été prouvé que le quinquina rouge de Santa-Fé ou de Mutis est du quinquina nova , j'ai décrit cette écorce, en 1836, sous le nom de g#inquina rouge de Lima, 'assimilant alors, à tort, au quinquina rouge qui sera déerit immédiatement après. Le fait est que cette écorce constitue une espèce très distincte et fort peu active, malgré sa grande ressemblance avec le \éritable quinquina rouge, Je ne l'ai rencontrée pulle part depuis sa première apparition , et l’origine m'en est inconnue. Écorce entièrement roulée, bien c\lindrique, de la grosseur d’une forte plume à celle du pouce, très rugueuse et dure à l'extérieur , mar- quée en tous sens de nombreuses fissures, et, de distance en distance , d’autres fissures transversales plus apparentes. Elle est tantôt couverte d'une légère couche blanche uniforme , tantôt d'un gris plus ou moins foncé, avec des taches jaunes cryptogamiques. La croûte est. très mince 120 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. el très adhérente au liber, qui est d’un rouge très prononcé. Tous ces caractères se rapportent à ceux des écorces moyennes du quinquina rouge vrai; mais voici ce qui distingue celui qui nous occupe : il est pâteux sous la dent , très peu amer , mais acide et un peu astringent, à peu près comme certains faux sucs d’acacias. Il est comme fragile, et casse ordinairement, sous l’effort des mains, par un plan perpendiculaire à l'axe. Sa cassure est peu fibreuse, et cependant elle n’est pas nette comme celle des quinquinas chargés de résine; elle est 2négale. Enfin cette cassure offre le singulier caractère de blanchir au bout de quelque temps, surtout à la partie interne ; et si alors on l'examine à la loupe, on voit qu’il s’y est formé une sorte d’exsudation blanche grenue. XL Quinquina rouge de Lima. J'ai vu pour la première fois ce quinquina , en 1830, chez M. Au- guste Delondre, droguiste à Paris. Il venait d’en recevoir deux caisses , parmi beaucoup d’autres de quinquine de Lima. Quoique ce quinquina fût d'une qualité supérieure , sa couleur inusitée fut cause que M. De- londre, pour s’en défaire, fut obligé de le mélanger aux quinquinas gris ordinaires, qui ne le valent pas. Ce quinquina, tel que je le possède encore , est en écorces longues et bien roulées, de la grosseur d’une forte plume à celle du doigt. Il est recouvert d’un épiderme gris blan- châtre, avec des parties grises foncées et des taches jaunes cryptogami- ques. Sa surface extérieure est plus ou moins rugueuse et marquée de beaucoup de fissures irrégulières. La croûte est mince , très adhérente, ordinairement dure, quelquefois un peu fongueuse et s’usant par le frottement. Le liber est dur, compacte, d'apparence ligneuse et d’une couleur d’ocre tirant sur le rouge. Il possède une saveur très amère et astringente, aromatique, non désagréable. J'ai trouvé plus récemment, comme étant une sorte de Lima, le même quinquina chez M. Dubail. Il avait cependant un aspect un peu différent du précédent, et il ressemblait tellement au vrai quinquina rouge, que je l'ai, pendant plusieurs années, décrit séparément du précédent, sous le nom de quinquina rouge de Lima, imitant le rouge vrai; mais au- jourd'hui je ne vois pas de raison suffisante pour conserver cette sépa- ration. Voici cependant les caractères particuliers de ce nouveau quin- quina : A. Écorces les plus jeunes roulées , de la grosseur du petit doigt à celle d’un doigt moyen ; épiderme peu rugueux , uniformément blan- châtre , avec des déchirures longitudinales semblables à celles du jeune quinquina lima blanc, et quelques fissures transversales profondes, très espacées ; liber ligneux, épais de 2 à 3 millimètres, de couleur d’ocre tirant beaucoup sur le rouge, de saveur amère, etc. RUBIACÉES. 121 B. Écorces plus âgées toujours roulées, grosses comme le doigt moyen , comme le pouce ou davantage ; surface généralement couverte d’un léger enduit crétacé, dure, inégale. très rude au toucher, offrant des rides, des stries ou des déchirures longitudinales et de nombreuses fissures transversales. La croûte est mince, brune, dure , quelquefois séparée du liber qui est d’un rouge pâle, débarrassé de la couleur ocreuse ordinaire des quinquinas gris. Ce liber est ligneux, épais de 2 à 5 milli- mètres, d’une forte amertume. Ce quinquina , d’après une analyse commencée mais que je n'ai pu terminer, est très riche en cinchonine et en quinine. Tant que j'ai pu en trouver dans le commerce, c’est lui que j'ai employé exclusivement comme quinquina gris, dans mes préparations de pharmacie, tant il est supérieur aux meilleurs quinquinas de Loxa ou de Lima. Le Musée britannique possède sous le n° 4, cénchona nitida del Peru es buena, une écorce tout à fait conforme à celle recue en 1830, par M. Delondre, et comme je ne puis séparer cette écorce de la pré- sente, j'admets que toutes deux sont produites par le cinchona nitida ; trouvant ainsi à employer, pour une écorce éminemment active, une espèce de cenchona que Ruiz et Pavon ont placée au premier rang pour l'efficacité (1). XII. Quinquina rouge vrai, non verruqueux. Cascarilla roxa verdadera, Laubert, Pull. pharm.,t AL, p. 304. A. Les petites écorces de ce quinquina ont l'apparence extérieure du quinquina lima blanc, et ressemblent encore plus au quinquina rouge de Lima, dont il vient d’être question. Elles sont tout à fait roulées, (4) Cinchona nitida, R, P.: arbre élevé de 10 à 145 mêtres, présentant or- dinairement plusieurs troncs divergents et stolonifères. Ecorce rude, d’un brun noirâtre, varié de couleurs brune et cendrée ; intérieurement d’un fauve foncé , très amère , acidulée, non désagréable. Feuilles obovées, quelquefnis cependant ovales-oblongues, longues de 8 à 16 centimètres, très entières, très brillantes, planes, à veines purpurescentes en dessous. Pétioles longs de 27 millimètres, pourpres ; fleurs en panicule étalée; calice petit, pourpre: corolle longue à peine de 15 millimètres, pourprée en dehors, blanche en dedans, à limbe peu velu. Dans les provinces de Huanaco, Tarma, Huama- lies et Xauxa, écorce de cet arbre est vendue comme le véritable quinquina officinal et à un prix plus élevé que les autres espèces. Voici les caractères de deux très jeunes écorces de €. nitida, que Laubert m’a données anciennement : Epiderme gris foncé ou gris noirâtre, rugueux, avec des fissures transversales courtes et assez régulièrement espacées. Croûte dure, compacte, d’un rouge brun foncé, très adhérente ; liber assez dur quoi- que formé de fibres longues et grossières, d’une couleur rouge très marquée. d’une saveur très astringente, amere, aromatique, non désagréable, 122 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. recouvertes d’un épiderme inince, généralement et uniformément blanc, offrant parfois des taches jaunes, dues à un très petit cryptogame grenu implanté sur sa surface. Cet épiderme est fendillé longitudinalement , avec quelques fissures transversales à des espaces assez éloignés. L'é- corce proprement dite est d’un rouge pâle ou orangé, unie à l'extérieur, quelquefois très dure et compacte, assez souvent plus légère et üibreuse; elle jouit d’une saveur amère-astringente très prononcée, aromatique, finissant par être sucrée. La poudre est d’une couleur orangée rouge. B., J'ai wouvéanciennement chez M. Marchand, sous le nom de quin- quina orangé, une écorce qui n’est que la précédente privée de son épiderme. C. Les écorces moyennes diffèrent des précédentes par une surface rude, très rugueuse et d’une couleur grise foncée ; les fissures transver- sales sont plus marquées et plus rapprochées ; l’intérieur est d’un rouge beaucoup plus pur et plus foncé ; l'épaisseur est de 5 à 7 millimètres ; la cassure est nette à l'extérieur, fibreuse à l’intérieur. La dureté et la saveur varient également. L’extérieur est très dur sous la dent, et jouit d’une saveur amère, astringente-aromatique, très prononcée. L'intérieur est un peu spongieux et peu sapide. D. Le quinquina rouge qui a été analysé par Pelletier me paraît ap- partenir à la variété précédente ; mais il offre quelques caractères parti- culiers que j'ai retrouvés dans un certain nombre d'écorces, ce qui fait que je les décris ci. Croûte généralement d’un blanc jaunätre à l'extérieur , très dure, rugueuse, profondément crevassée et se séparant par places du liber. Liber dur, compacte, crevassé, inégal, d’un rouge orangé; saveur acide, amère et astringente. EE’. Grosses écorces munies d’une croûte épaisse, mais dure, marquée de profondes crevasses transversales et ressemblant entièrement à celle du gros calisaya. Elle en diffère cependant : 1° parce qu’on y découvre très peu de ces fibres blanches qui donnent à l’intérieur de la croûte du calisaya une sorte de ressemblance avec une peau chargée d’un poil ras ; 2° par sa belle couleur rouge foncée à l’intérieur, et par la couleur grise des lames qui en séparent les différentes couches ; tandis que, dans le calisaya , les lames de la croûte sont brunes et plus foncées que la substance qu’elles renferment ; 3° cette substance rouge possède une amertume et une astringence marquées, quoique beaucoup moins fortes que celles de la partie ligneuse ; cette même substance est insipide dans le calisaya. Le liber, débarrassé de sa croûte, offre une surface très inégale et bosselée ; il est d’un rouge plus ou moins prononcé , et il ressemble du reste, par sa texture fibreuse el sa grande amertume, à celui du calisaya. RUBIACÉES. 123 X XIII, Quinquina rouge vrai, verruqueux. A. Écorces roulées de la grosseur du doigt ou davantage ; croûte mince, non crevassée, d’un gris-rougeâtre ou gris-verdâtre à l’'exté- rieur, et remarquable par un grand nombre de points proéminents, qui répondent aux parties verruqueuses du liber. Ces points, ayant été plus exposés au frottement que les parties environnantes , sont en général usés et d’une couleur orangée. Le liber est d’un rouge pâle ou orangé et d’une saveur amère-astringente. B. Écorces roulées, à croûte d’un gris rouge, dure, mince, très adhé- rente au liber. Celui-ci est compacte, d’un rouge-brun, et chargé d’une grande quantité de verrues ou d’autres proéminences de formes variées. Cette écorce a une saveur très amère et styptique, teint la salive eu rouge et donne une poudre d’un rouge-orangé foncé. C'. Écorces plates, à épiderme mince, blanchâtre, marqué de très petites fentes irrégulières, offrant quelques portions fongueuses plus élevées ; partie ligneuse rouge, très chargée de verrues. D. Grosses écorces, à croûte blanchâtre à l'extérieur, inais très fon- gueuse à l’intérieur, et formée d’une matière rouge pulvérulente, sé- parée par des lames grises d’un aspect micacé; liber d’un rouge vif, surtout dans les parties qui avoisinent la croûte, et offrant une surface très inégale ; cassure toute fibreuse ; mais la coupe opérée à l’aide de da scie est lisse et très résineuse à l'extérieur. Ce quinquina est recherché à cause de sa belle couleur rouge, et se vend toujours un prix fort élevé. Origine du quinquina rouge officinal. Les deux sortes d’écorces que je viens de décrire, quinquina rouge vrai non verruqueux et quin- quina rouge verruqueux, constituent ensemble le véritable quinquina rouge officinal ; j'ai exposé précédemment comment, d’après les fausses indications de Mutis, ce quinquina a été attribué au cénchona oblongi- folia M. (cinchona magnifolia R. P.). Cette erreur n’a pu être décou- verte que lorsque Humboldt eut rapporté en Europe le prétendu quin- quina rouge de Mutis, ou l'écorce du cinchona oblongifolia ; elle Pa été d’abord en Allemagne par Schrader et de Bergen , qui ont reconnu que le quinquina rouge de Mutis, ou l'écorce du cénchona oblongifo- lia, était celle qui portait en Europe le nom de guinquina nova. Aux preuves irrécusables qu’en ont données ces deux auteurs j’ajouterai : 4° que le quinquina rouge de Mutis, déposé par Humboldt au Muséum d'histoire naturelle de Paris, n’est autre que du quinquina nova ; 2° que trois quinquinas examinés par Vauquelin sous les dénominations sui- vantes : n° 2, guinquina de Santa-Fé ; n° 10, cinchona magnifoliu ; n° 16, quinquina rouge de Santa-Fé, étaient du quinquina nova, re- | 124 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. connaissable aux caractères des écorces et aux propriétés chimiques des macérés (Journal de pharmacie, t. XVI, p. 228). Ainsi rien n’est mieux prouvé que ce fait que le c'nchona oblongifolia, où magnifolia, produit le quinquina nova et non le vrai quinquina rouge. Mais alors quel est le cinchona qui produit cette dernière écorce ? J'ai supposé anciennement que ce pouvait être l'arbre même décrit par La Condamine, ou une espèce très voisine, parce que j’admettais que le quinquina rouge de La Condamine était notre quinquina rouge officinal , et que cet académicien annonce que les quinquinas rouge ct jaune n'’offrent aucune différence remarquable dans la feuille, dans la fleur et dans le fruit ; mais comme il me paraît plus probable aujourd’hui que le quinquina rouge de La Condamine est un de mes deux premiers quinas de Loxa, tandis que son quinquina jaune est le quatrième, la si- militude des arbres indiqués par La Condamine ne peut plus être invo- quée pour fixer l’origine de notre quinquina rouge. Alors voici les seuls indices qui me restent pour arriver à la détermination de l'espèce : 1° Les écorces À et B du quinquina rouge non verruqueux sont telle- ment semblables, sauf la couleur plus foncée du liber, au quinquina rouge de Lima de M. Dubail, qu’il est impossible qu'ils n’appartiennent pas à la même espèce botanique , et comme je pense que c’est le cin- chona nitida qui produit le dernier , il en résulte que je suis obligé d'admettre que c’est également le cinchona nitida qui produit le quin- quina rouge non verruqueux. 29 Il existe dans l’herbier de M. Delessert un spécimen de cinchona innommé, de Jaen de Bracamoros, récolté par Bonpland. Ce spécimen n'a ni fleurs n1 fruits, et se compose seulement de grandes feuilles sem- blabl s à celles du cinchona academica où lanceolata, scrobiculées seule- ment à l'extrémité supérieure, glabres, épaisses, fermes, toutes gorgées d’un suc rouge, ainsi que le pétiole et le rameau. Ce cinchona doit pro- duire le quinquina rouge. 3° On trouve dans les collections de quinquinas du Musée britanni- que et de M. Delessert un grand nombre d'écorces nommées co/orada de Juen, del Rey, de Loxa, de los azoques de Loxa, etc., qui n’ont aucun rapport avec notre quinquina rouge. Une seule écorce se rapporte au quinquina rouge non verruqueux, et elle s’y rapporte exactement; c’est le cascarilla colorada de Huaranda, species nova inedita , Au Musée britannique (n° 20 £er des écorces), et le cascarilla colorada de Huaranda de la collection Delessert (lettre E). De plus, la liste de M. Delessert indique comme nom d'espèce le cinchona succirubra de Pavon MSS. Il est possible, il est même probable que cette espèce se rapporte au cinchona de Jaen indiqué plus haut. Voila les seuls indices que j'aie trouvés sur l'origine du quinquina RUBIACÉES. 125 rouge non verruqueux. Quantau quinquina rouge verruqueux, je ne l'ai va dans aucune collection originale, et comme il n'offre aucun cryp- togame à la surface, je suis porté à croire que c'est seulement l'é- corce de la racine du précédent. On concoit en effet qu’on ne déracine pas un arbre pour en tirer des échantillons d'écorces pour une collec- tion ; tandis que, dans une grande exploitation ou dans un défrichement de forêt, on peut défoncer les racines pour en livrer les écorces au commerce. On doit le faire d’autant mieux que, de même que cela à lieu ordinairement, l’écorce de la racine peut avoir plus de couleur et de propriétés que celle du tronc. XIV. Quinquina rouge orangé verruqueux (1). Ce quinquina, comme tous les autres, est roulé dans ses petites écorces, plus ou moins ouvert dans les moyennes, plat dans les grandes. IF est, à l’extéricur, d’un gris rougeâtre, quelquefois verdâtre où blanchâtre , sans aucune fissure transversale et chargé d’un grand nombre de points proéminents, rangés par lignes longitudinales et répondant aux parties verruqueuses du liber. Ces parties proéminentes sont ordinairement usées par le frottement et d’un rouge orangé assez vif. Le liber est dur, compacte, gorgé de suc et d’un rouge foncé du côté extérieur, finement fibreux et d’un rouge pâle ou d’un rouge orangé du côté interne, d’une saveur astringente et amère. Ce quinquina paraît se confondre quelquefois avec le quinquina rouge verruqueux ordinaire ; et de même que j'ai compris sous le nom de quinquina rouge non verruqueux des écorces d'un rouge plus pâle ou orangé (A et B) et des écorces d’un rouge vif (C, D, E), de même on pourrait penser que j'aurais dû ne faire qu’une espèce des deux quinquinas rouges verruqueux. Mais, indépendamment de la couleur, on trouve ici d’autres différences qui conduisent à séparer ces deux quinquinas. Dans le second, la croûte est toujours très mince et quel- quefois réduite à l’état d’un simple feuillet; le liber est composé de fibres beaucoup plus fines, et il est souvent très uni à l’intérieur ; enfin ce liber n’augmente pas en épaisseur avec la largeur des écorces, et les écorces les plus larges ne dépassent pas 6 millimètres d'épaisseur, tandis qu'il n’est pas rare de voir du quinquina rouge verruqueux épais de 20 millimètres (2). (1) Quinquina rouge orangé plat, 2° et 3° édition. (2) Jai regardé comme probable que le premier quinquina rouge verru- queux provenait de la racine du quinquina non verruqueux. Je dois dire que j'ai trouvé sur une écorce roulée du quinquina rouge orangé verruqueux, deux bourrelets circulaires très espacés, paraissant répondre à deux points d'insertion de feuilles. ; 126 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. XV. Quinquina rouge pâle, à surface blanche. Écorces plates ou peu roulées, ayant dû appartenir à un tronc d'arbre ou à ses principales divisions; épaisses de 3 à à millimètres, d’un rouge pâle, plus dures et plus compactes dans les grosses que dans les petites; à surface intérieure unie ou ligneuse : à surface extérieure inésale et raboteuse , recouverte d’une légère couche cellulaire blan- châtre. Saveur astringente et amère, odeur faible. Ce quinquina offre de grands rapports avec le précédent; il en diffère cependant par sa couleur généralement moins foncée et par son épiderme plus blanc. XVI. Quinquina brun de Carthagéne. Éoiderme blanc, sans fissures, appliqué immédiatement sur un liber inégal, raboteux , dur, compacte, très pesant, pouvant offrir jusqu’à 14 ni:lim. d'épaisseur, prenant sous la scie l'aspect d’un bois marbré, d’une couleur orangée brune. Beaucoup de morceaux, provenant des rameaux, sont contournés et comme tourmentés par la dessiccation. Ceux des plus jeunes branches sont cylindriques, bien roulés, ct ontune surface blanche très unie. Tous sont également durs ef compactes, d'une couleur de chocolat à Y'intérieur, d'une saveur amère et astringente analogue à celle des quinquinas gris, mais plus désagréable et tenant de celle de l'angusture. Ce quinquina est celui qui a été analysé par Pelletier et M. Caventou, sous le nom de quinquina Carthagène, et auquelils ont trouvé une com- poition semblable à celle des quinquiras gris et rouges; c’est-à-dire qu'il est formé de kinates de cinchonine et de quinine, de beaucoup de rouge cinchonique, de kinate de chaux, etc. (Jowrn. de pharm., 1. VW, pag. 101.) XVII. Quinquina rouge de Carthagéène. Écorce épaisse, entièrement couverte d’une couche cellulaire veloutée et douce au toucher. Le liber est tantôt dur, pesant et d’ue amertume très prononcée ; d’autres fois il est peu sapide, fibreux, léger et même spongieux. Les premièresécorces lient, d’une part, ce quinquina au quin- quina rouge vrai, et de l’autre elles ont une si grande ressemblance , sauf la couleur, avec le guinquina de Colombie ligneux, dont il sera question plas loin, qu'il est difficile de ne pas les croire produits par une même espèce de cnchona. Pareillement les écorces spongieuses de ce RUBIACÉES. 127 quinquina rouge se rapprochent beancoup du quinquina de Colombie spongieux, dont il paraît ne différer que par la couleur (1). Examen chimique des quinquinas rouges. Vauquelin, dans son travail sur les quinquinas, n’a examiné qu’un seul quinquina rouge; c'est celui du n° 5, dont une écorce, qui me reste, répond à mon quinquina rouge non verruqueux, lettre C. Les quinquinas n° 2, 10 et 16 de Vauquelin étaient du quinquina nova. Voici le tableau des résultats obtenus par ce chimiste, suivis de ceux présentés par quelques unes des sortes que j'ai décrites. (1) La ressémblance évidente qui existe entre le quinquina rouge vrainon verruqueux et le quinquina rouge de Lima; Entre le quinquina rouge de Carthagène ligneux, et le quinquina de Co- lombie ligneux ; Enfin, entre le quinquina rouge et spongieux de Carthagène et le quinquina de Colombie spongieux, m’a fait naître, il y a déjà longtemps, une idée que je n’ai cependant émise encore que verbalement : c’est que ces quinquinas rouges ne constituent pas des espèces distinctes et ne sont qu’un état parli- culier d'autres espèces, causé probablement par le grand âge des arbres. IFLORES. * 4 DONES CALI( < OTYLI DI( 128 “ad 42897 "ou VOSNOI 9]d ‘Juvp -U0qe 91d | “onberuowuiur p HLVIVXO *o Œ -LO8NOL 9)d ‘528001 SUO09 -0{} 19 249n0"T ‘2pnos 2p aLVAINs gt) ‘0 "0 *aHAIn9 9pP EVANS “1p1drop4d SULS JIPIOA *A[I{ 9P 9] DA {NAN O") “aid 19 ‘oli{ 9p 9] -{2A AN9[N07) “one -IOU SH8 91d ‘19A 9)d “07 2P ALVAINS “14 ‘914 ‘Juepuo([e 91d 1] “anvunel JurI{ 9)d "TAÔLLHNH ‘28001 9]d ‘Juep -u0qe 914 ‘NVE °0 °0 *apono'f 21] -L9onoi 91 V , d “ANILV' IN *“arénoy ‘JUdU] -10J 91800! 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On connaît daus le commerce français sous le nom de quéiquina havane, des écorces de qualité très inférieure ordinairement , qui ont dû être ainsi appelées par suite de leur séjour intermédiaire à l’île de Cuba ; au moins est-ce la seule manière d'expliquer cette appellation singulière. Les Allemands, et Bergen en particulier, donnent à ces quin- quinas le nom beaucoup plus convenable de Auamalies où quamalies, qui est celui de la province du Pérou d’où ils paraissent tirés. 11 en existe d’ailleurs plusieurs espèces ou variétés qui arrivent confondues dans les mêmes caisses, et mélangées d’une petite quantité de quinquina gris de Lima et de quinquina blanc de Jaen, qu'il est facile d’en sépa- rer. Les espèces ou variétés de huamalies, alors isolées, forment un groupe intermédiaire entre les quinquinas jaunes et les quinquinas blancs , mais beaucoup plus rapproché de ceux-ci que des premiers. XXIV. Quinquina huamalies gris terne. À. Jeunes écorces en longs tubes roulés, dont les plus fins n’ont pas plus de 2 millimètres de diamètre. Cette finesse a séduit quelques personnes et a maintenu pendant longtemps le quinquina fin de Hua- malies à un prix peu différent du loxa. Voici à quoi on peut les distinguer : le quinquina huamalies fin a une teinte générale d’un gris terreux ; son épiderme est gris noirâtre, gris foncé ou gris rosé, presque uni, ou seulement ridé longitudinalement ; les fissures trans- versales sont très rares ; l’écorce est très mince, très légère , à cassure blanchâtre , d’une saveur amère , fort désagréable ; sa poudre est presque blanche. B. Ecorces de la grosseur d’une plume à celle du doigt, toujours roulées, toujours très minces et très légères, quelquefois pourvues d'un épiderme gris, finement fendillé en tous sens comme celui des quinquinas gris; mais le plus souvent couvertes de l’épiderme gris ter- reux ou gris rosé des plus jeunes écorces. La cassure du liber, un peu ancienne, est d’un jaune pâle et très finement fibreuse ; la cassure ré- cente paraît plus nette à la vue simple, comme agglutinée et d’une cou- leur plus foncée; la surface interne est unie , très finement fibreuse , d’une couleur cannelle pâle. XXV. Quinquina huamalies mince et rougeatre, A. Ecorce roulée en gros tubes irréguliers, ayant plus d’un déci- mètre de développement, mais offrant tonjours à peu près la minceur IA. 10 446 Ê DICOTYLÉDONES CALICIFLORES, d’une feuille de papier. L’épiderme est tantôt intact, gris blanchâtre ou gris jaunâtre, finement strié en longueur ; tantôt aussi il a été en partie raclé et laisse à nu le liber, dont la surface est d’un fauve brunûâtre et toute marquée, dans le sens de sa longueur , de sillons très fins et ré- guliers. La surface interne est toujours très unie, très finement fibreuse, d’une couleur cannelle. La coupe , opérée à l’aide d’une scie fine, est d’une couleur orangée rouge et comme gorgée de suc du côté externe, finement fibreuse du côté interne, La saveur est à la fois très astrin- gente et amère. B. Ecorces grosses comme le pouce, pourvues de quelques fissures transversales, et offrant seulement quelques débris d’un épiderme gris, rugueux et fendillé, semblable à celui des quinquinas gris. Le reste des écorces se trouve privé de cet épiderme, mais conserve une croûte cel- lülaire très mince , uniformément étendue, d’une teinté rougeâtre pro- noncée et comme polie ou lastrée par le frottement. Le liber varie en épaisseur de 4 à 2 millimètres; il est dur, compacte et présente sous la scie une coupe résineuse d’un rouge orangé ; la saveur en est astrin- gente et amère, désagréable. C. Ecorces cintrées ou plates, larges de 6 ou 7 centimètres, épaisses de 3 ou 4 millimètres, rarement de 5 ou 6, formées d’un liber très dense, finement fibreux, d’un jaune fauve, présentant sous la scie une coupe résineuse d’un rouge analogue à celui du quinquina rouge. La surface externe de ce liber est très inégale, souvent ridée longitudinalement , et recouverte d’une croûte généralement adhérente, mince, foliacée, d’un gris rougeâtre foncé. Cette croûte est en outre parsemée de ver- rues fongueuses d’une couleur ocracée, et, dans les grosses écorces, elle est épaisse, profondément crevassée , formée de plusieurs couches de matière rouge pulvérulente, séparées par des lames blanchâtres. XXVI. Quinquina huamalies blanc. A. Ecorces en longs tubes réguliers, roulés en deux parties qui se rejoignent au milieu; grosseur d’une forte plume à celle du doigt; épiderme blanc jaunâtre et un peu rosé, strié longitudinalement et sans aucune fissure transversale, excepté dans les plus gros tubes qui en présentent quelques unes assez régulièrement espacées. D’autres tubes présentent des lignes verruqueuses longitudinales, en partie usées par le frottement, ce qui leur donne une teinte générale ocracée. Le liber est très mince dans les jeunes tubes; épais de 2 ou 3 millimètres au plus, dans les gros, prenant une coupe orangée rouge sous la scie. B. Ecorce roulée en tubes de 3 centimètres de diamètre, épaisse de k millimètres ; elle est formée d’un liber compacte, très finement fibreux, RUPIACÉES. 147 d’un jaune pâle, et d’un épiderme blanc , ou blanc un peu rosé, feuil- leté, uni ou interrompu par des lignes verruqueuses longitudinales, Les verrues sont très apparentes, formées à l’intérieur d’une matière rouge pulvérulente. Le liber présente sous la scie une coupe rouge oran- gée, d'apparence résineuse; la saveur est amère, astringente, dés- agréable. XXVII, Quinquina huamalies ferrugineux, # Cette écorce est exactement représentée dans Ja V° planche de Ber- gen , fig. 6, 12 et 13. Elle est caractérisée par sa couleur d'ocre , tant à l’intérieur qu’à l'extérieur ; cependant l’épiderme est d’un gris noi- râtre, mais le plus souvent il est usé par le frottement et fait place à la couleur de rouille de l'écorce. Get épiderme est comme tuherculeux ou verruqueux, sans fissures, ou offrant des fentes transversalès assez rap- prochées. L'écorce est grosse comme le pouce, fibreuse ou ligneuse, assez légère, d’une odeur qui rappelle celle de la véritable angusture , d’une saveur amère et nauséabonde. On pourrait douter qu’elle fût un véritable quinquina, si d’ailleurs , d’après l’examen qu’en a fait ancien- nement M. Ossian Henry, elle ne contenait une assez grande quantité de cinchonine. Synonymie botanique des quinquinas huamalies. Je n’ai trouvé aucun des quinquinas de Huamalies au Musée britannique, ni chez M. Delessert, et rien de ce côté ne peut servir à éclairer leur ori- gine spécifique ; tout ce que je puis dire aujourd’hui, c’est que le hua- malies gris terne (n° xXX1IV) se rapporte probablement au cascarilla delgada de Ruïz et de Laubert, produit par le cénchona hirsuta R. P. (Bull. pharm., &. AE, p. 296), lequel n'est qu'une simple variété du cinchona ovata. D'un autre côté, le docteur Pæppig a rapporté du Pérou de jeunes écorces du cinchona purpurea, et ces écorces pré- sentent , suivant que leur épiderme est gris et fendillé, ou blanc jau- pâtre et strié longitudinalement, tantôt une ressemblance frappante avec le huamalies gris (n° Xx1V, B), tantôt une ressemblance non moins marquée avec le huamalies papyracé du n° Xxv, A. Les écorces âgées, que je n'ai pas, présentent, d'après M. Reichel, de nombreuses verrues, et une disette remarquable de lichens , ce qui s'accorde avec les caractères des grosses écorces du quinquina huama- lies dur et rougeâire (xxXv, C). Je reste donc incertain, pour l'origine de ces écorces, entre les cinchona hirsuta et purpurea. Je ne puis rien dire de l’origine du huamalies blanc verruqueux, qui se sépare des au- tres quinquinas de ce groupe par la grande quantité d’alcaloïde que les essais chimiques paraissent y indiquer. Tout ce que je puis dire du hua- malies ferrugineux, c’est que sa très grande ressemblance avec la racine 145 DICOTYLÉHONES CALICIFLORES,. du cinchoñt iicrantha examinée par MM. Deloñdre et Henry (Journ. pharm., t. XXI, p. 510) me fait penser qu'il provient de la racine de ce cinchona ou d’une autre espèce officinale. XXVIHII, Quinquina jaune de Cuença. J'ai décrit dans la 2° édition de l’Æistoire des droques simples, sous le nom de guinquina havane (t. T, p. k23), un mélange de différentes écorces, dont une, grosse comme le pouce, épaisse de 3 à 5 millimètres, assez dure, ligneuse, compacte et pesante, amère et astringente, se faisait remarquer par des fentes circulaires assez régulièrement espa- cées à une distance de 7 à 20 millimètres, Cette écorce , non men- tionnée parmi les précédentes, devra y être reclassée, après le hua- malies rougeûtre , sous le nom de quinquina huamalies dur et compaete. Elle ressemble beaucoup, par l'extérieur, au quinquina jaune de Cuenca, rapporté par M. de Humboldt, ce qui est cause que, dans ma troisième édition, j'ai attribué généralement le quinquina hua- imalies au cinchona ovalifolia des plantes équinoxiales, nom que Rœmer et Schultes ont changé en celui de cénchona humboldtiana. En examinant mieux ces écorces aujourd'hui, je ne les crois pas sem- blables , le quinquina huamalies compacte étant beaucoup plus dense et plus amer. Voici maintenant les caractères de l'écorce du cinchona humboldtiana, vécoltée sur des branches de quatre à six ans, dans les environs de Cuenca, où l'arbre est nommé cascarilla pelluda (à feuilles velues). Ecorces de la grosseur du doigt, roulées, épaisses de 2 millimètres environ, couvertes d’un épiderme gris foncé, assez rugueux, avec des fentes transversales, espacées à la distance de 1 ou 2 centimètres; la croûte est brune, très mince et adhérente ; le liber est d’une couleur de rouille assez vive, fibreux, assez léger , facile à rompre en tous sens, presque insipide. Vauquelin supposait que cette écorce avait été avariée ; mais il est certain au contraire qu’elle est bien conservée et que sa mauvaise qualité tient à sa propre nature. Voici le tableau des résultats obtenus à l’aide des réactifs, sur les macérés des quinquinas qui précèdent. h9 l » RUBIACEES. *‘Juepuoqe Sa] oue{q 91d “914 “Jd "ñd ‘914 "91d *HAÜVINONAV, (I HLV'IVXO *10)14 109414 SUES JPA A *JUCJUEJSUL DAJUITOU 1194 94 “ad 19 AAUOU 2]DA ANONO") ‘açqnoa) sind ‘juoiedsuea JA “914 79 9}0A AN9fN07) *QOUOJ JI0A [NON T, *Q9U0j J0A 9)d *uaa 44 dLVAINS ‘0 +0 ‘juepuoqe Sa], *JUPpUOGL Sy] 914 dd ‘Juepuoqe à RILURR p * ‘a[quor Le SQL *a[qnou x SAL UP} *2[quoir, *uop] . ) e CNE © "OT{NOLL "HAÔdLLANA *NVL 44 AUHOVH ‘luvpuoqe 9ueI{ 91d “ourpedo amonbrf UP] *“oue|q 91d "UP *]uepuoqe xn99s09 ouejq 91914 “ANLLV'TAO *0o *açqnon fquawa)10} Jr8n 0 “UaP] no un J#noy] ‘18004 *L8NOX JUALUATIO *1gnox outod y "IOSYHNHNOL *(L5 où ‘uronbneA) vjuony op ounvf pumnbuime) | “(g) ‘(a 24D9DNOL 19 ANP SAJDUMNI] *(v) d1pa0N OL 79 ANP S2YDWPDN]] *a41P90n04 19 OUTUL SO)D UD] ‘soul snjd fouu0 sub Sayrwupny] “ur QUAI) SUD SOJPWUDNIT ‘SHDUODA | = 150 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. A la suite des quinquinas huamalies, je ferai une mention succincte de quelques écorces non décrites, trouvées en petite quantité dans les quinquinas du commerce. XXIX. Quinquina roulé en gros tubes, couvert d’une croûte brune, mince, rugueuse, fendillée, blanchâtre à la superficie, semblable à celle du gros quinquina Lima, mais peu adhérente au liber. Celui-ci est en grande partie dénudé, d’un jaune brunâtre à sa surface, devenu un peu luisant par le frottement, et parsemé de verrues et de lignes verruqueuses peu élevées. Ce liber est épais de 4 ou 5 millimètres, d’une texture fibreuse fine et uniforme , assez compacte et d’un jaune très pâle, sur- tout à la surface interne qui est unie et comme blanchâtre; saveur très amère, franche, plus forte que celle du calisaya. XXX. Quinquina en un gros tube, très verruqueux, couvert d’une croûte adhérente, mince, dure, brune à l’intérieur, mais entièrement blanchie à sa surface par une couche crétacée, toute parsemée de graphis noirs, Quelques parties du liber dénudées sont d’un rouge brun. Le liber est dur, compacte, fibreux, épais de 4 ou 5 millimètres, d’une cou- leur d’ocre rougcâtre foncée, et d’une saveur amère et astringente de quinquina gris. XXXI, Quinquina en écorce demi-roulée, épaisse de 5 millimètres, non verruqueuse, mais pourvue d’une croûte adhérente dont la sur- face est entièrement couverte de Zecanora atra Ach. (Kunze, Pharma- ceut. waarenkunde, 1. XI, tab. xXXV, fig. 8), ce qui la fait paraître toute perlée. XXXIL Quinquina ligneux, jaune fauve foncé, couvert d’une croûte assez épaisse, fongueuse, crevassée, blanchâtre à sa surface, ocreuse à l’intérieur. Ce quinquina a beaucoup d’analogie avec le huamalies fer- rugineux. XXXIII. Quinquina en écorces roulées, dont le liber ligneux et com- pacte ne paraît pas verruqueux ; Imais la croûte dure et noirâtre qui le recouvre est développée d’une manière très irrégulière et est profondé- ment crevassée comme celle du liége. XXXIV. (uinquina roulé en gros tubes épais, durs, pesants, ridés par la dessiccation. L'épiderme est rugueux , mais non fendillé, seule- ment ridé longitudinalement, d’un gris foncé. Le liber paraît être d’un rouge très prononcé; mais, quand on le scie, il est presque blanc à l'intérieur et devient de nouveau très promptement rouge à l'air. Cette écorce possède une odeur de quinquina gris un peu aigre, et une saveur amère et astringente. RUBIAGÉES, 154 QUINQUINAS BLANCS. Quinquinas blancs de Loxa, de Jaen et de Cusco, Tous ces quinquinas ne paraissent être que des variétés d'une même espèce , et je les crois également produits par le cinchona ovata de la Flore péruvienne (1); car cet arbre est très certainementle quinquina blanc de Loxa dont parle La Condamine ( Mémoires de l'Académie , 1738), qui a la feuille plus ronde que le jaune et le rouge, moins lisse et même un peu rude ; la fleur plus blanche, le fruit plus gros et l'écorce extérieurement blanchâtre. Cette espèce comprend tout aussi sûrement le quinquina de Jaen dont La Condamine parle en ces termes : -« On a aussi découvert l'arbre du quinquina dans les montagnes de Jaen, à 50 ou 70 lieues au sud-est de Loxa. Depuis quelques années, il a passé de ce dernier en Europe; mais soit qu'il ait été reconnu moins efficace ou que ce soit un effet de la prévention, il à mauvais renom à Panama, et il saffit de savoir que la cascarilla a été embarquée au port de Charapa, qui est la route ordinaire du quinquina de Jen, pour qu'on ne puisse en trouver le débit. On d't que tout le quinquina de Jaen est de l'espèce du blanc dont il a été parlé plus haut. » Depuis ce temps, ce quinquina n’a pas cessé de se trouver dans Île __ (1) Cinchona ovata R. P. (fig. 282); Cascarillo pallido Ruiz, Quinol. Arbre élevé de 12 mètres, dont le troncest droit et cylindrique. Écorce d'un gris jaunâtre à l'extérieur, unie, peu compacte, d’un fauve obscur à l’inté- Fig. 282. rieur, d’une saveur très amère, acidule, un peu désagréable. Feuilles rappro- chées, péliolées, ovées, amples, {rès en- tières, ouvertes , planes, très brillantes en dessus, tomenteuses en dessous, à veines pourprées : les plus jeunes sont cotonneuses sur les deux faces. Pétioles pourpres, long d’un demi-pouce. Calice glabre, pourpre, à cinq dents ; corolle longue d’un demi-pouce , pourpre et pubescente au dehors, à limbe ouvert, velu et blanc à l’intérieur ; capsule oblongue, étroite, glabre, légèrement striée, couronnée par le calice, s’ou- vrant de bas en haut. Vulgairement nommé Cascarillo de pata de gallareta (patte de canard, à cause de la couleur extérieure de son écorce). 152 DICOTYLEDONES CALICIFLORES. commerce ; 1! y a toujours été peu estimé et a été désigné généralement sous le nom de guinquina gris pâle ou de loxa femelle. J'en ai vu chez M. Dubail une grande quantité qui était fort ancienne et qui n’é- tait d'aucun usage. En 1839, il en est arrivé une forte partie qui était en surons de peau, comme le quinquina de Lima, et qui était tellement disposée que, tout autour et immédiatement sous la peau, il y avait une couche de vrai quinquina de Lima, tandis que tout l’intérieur était composé de quinquina blanc semblable à celui de Loxa ou de Jaen. Voici maintenant ce qui distingue les diverses variétés de ce quinquina. XXXV, Quinquina de Loxa cendré, Ash bark des Anglais; Plasse ten china (qq. ten pâle) de Bergen; china amarilla de ma petite collection de Loxa. A. Écorces fines, trouvées anciennement dans le quinquina de Loxa, ayant au plus la grosseur du petit doigt, souvent contournées par la des- siccation, recouvertes d’un épiderme uni ou peu rugueux, généralement d’un gris cendré, et portant une grande quantité de lichens (principa- lement les parmelia alba où coronata Fée, et l’usnea barbata Ach.). La cassure est d’un jaune orangé clair, nette dans les plus jeunes écorces , un peu fibreuse et comme feuilletée dans les plus grosses. La saveur en est astringente et amère, l’odeur très développée. B. Il est arrivé plus récemment des surons entièrement composés de loxa cendré , dont les écorces roulées étaient presque toutes parsemées d’un grand nombre de tubercules de nature fongueuse, que l’on aurait pu croire produits par la piqûre d’un insecte. D’autres écorces plus grandes paraissent avoir appartenu à la souche ou aux nœuds de la tige, et ont une forme très irrégulière. L’épiderme est souvent d’un gris fen- dillé ou crevassé , blanchi superficiellement par des lichens, ayant de la ressemblance avec celui des quinquinas gris; d’autres fois il est uni et rosé comme celui du quinquina blanc de Loxa. Le liber est mince, d’une texture fibreuse très fine, d’une couleur assez vive et tournant à l’orangé ; la surface intérieure est très unie, surtout dans les écorces plates. La saveur est bien amère, acidule et astringente, XXXVI. Quinquina gris pâle ancien. Ce quinquina , venant de chez M. Dubail, présente une forme bien caractérisée que j'ai depuis rencontrée un grand nombre de fois. Il est en tubes longs, bien cylindriques, de la grosseur du doigt à celle du pouce et davantage. L’écorce est épaisse de 2 à 5 millimètres ; la surface extérieure est unie et d’un gris blanchâtre uniforme. La cassure est RUBIACÉES, 155 fibreuse, uniforme , et la couleur, sur laquelle il faut peu compter, en raison de l’ancienneté , est d’un fauve foncé uniforme. La saveur est celle d’un quinquina gris. XXXVIL. Quinquina blanc de Loxa. Je nomme ainsi plus particulièrement un quinquina que j'ai trouvé anciennement mêlé en assez grande quantité au quinquina gris fibreux de Loxa (n° 1v), et dont voici les caractères : A. Petites écorces longues et roulées, ne dépassant pas un millimètre d'épaisseur ; épiderme très uni, d’un blanc de craie, d’un blanc grisâtre ou d’un gris rosé ; surface interne presque aussi unie que celle de la cannelle, ou légèrement sillonnée. Dans les écorces qui n’ont pas souf- fert , cette surface offre une couleur rougeâtre assez vive, tandis que la substance même du liber est d’une couleur très pâle. Saveur astringente et amère, pâteuse et désagréable ; odeur assez développée, semblable à celle des quinquinas gris. B. Les plus grosses écorces ont de 2 à 5 millimètres d’épaisseur ; elles sont presque plates, dures, compactes ou à cassure fibreuse, mais d’une texture très fine. La coupe polie a l'apparence du bois d’acajou. La surface extérieure de l’écorce est inégale, raboteuse , blanche dans toutes les parties qui n’ont pas été usées par le frottement. La surface interne est toujours lisse et d’un rouge plus prononcé que le reste. XXXVIH. Quinquina blanc fibreux de Jaen. J'ai trouvé anciennement ce quinquina mélangé dans une caisse de lima gris fin. Plus récemment, ainsi que je l'ai dit plus haut, en 1839, on a présenté à l’acceptation de la pharmacie centrale des hôpitaux de Paris des surons de quinquina qui étaient tellement disposés que, tout autour et immédiatement sous la peau, il y avait une couche de vrai quinquina de Lima, tandis que tout l’intérieur était composé en partie de quinquina gris pâle de M. Dubail (xxxv1), et en partie d’un quinquina qui se distinguait du précédent par une surface plus blanche, par une croûte plus épaisse et un peu fongueuse, et par une texture interne plus grossière et plus fibreuse. Ce dernier quinquina porte, dans ma petite collection de Loxa, le nom de cascarilla [lamada de Provineia. C'est lui principalement qui constitue le quinquina de Jaen que M. Manzini a décrit dans le Journal de pharmacie (tom. XXV, p. 659), sous le nom peu euphonique de quinquina Jean. 151 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. AXXIX. Autre quinquina blanc de Loxa. Ce quinquiva n’est probablement qu’une forme particulière du pré- cédent ; cependant il porte un nom différent, étant désigné de cette ma- nière dans ma petite collection de Loxa : Calasaya extracto hecho de Cola , ce qui veut dire, je pense, Calasaya, nom dérivé de Cola. Je l'avais trouvé anciennement mélangé au premier quinquina blanc de Loxa (xxXVII) , et j'en ai retiré également une certaine quantité du quinquina blanc de Jaen. La courte description que j'en ai donnée dans la 2° édition de l'Æistoire abrégée des drogues simples me paraît très exacte et j'y reviens : Écorces de la grosseur du doigt à celle du pouce et davantage; épaisseur de 2 à 7 millimètres; croûte fout à fait blanche, douce au toucher, velontée, mince et très unie dans certaines écorces, épaisse, fongueuse et crevassée dans d’autres; cassure fibreuse, assez grossière, presque blanche à l'intérieur, mais devenant avec le temps d'un rouge assez vif à l'air. Saveur extrémement amère, suivie d’astriction. XL. Guinquira de Cusco. China rubiginosa Bergen. Ce quinquiua est connu en France depuis l'année 1829. 11 en est arrivé à Bordeaux des surons venant de Cusco et d’Aréquipa. Il se présente sous des formes très variées suivant l’âge des écorces. Les plus jeunes sont très minces, unies à l'extérieur et d’un gris jaunâtre presque uniforme ; à l’intérieur, elles sont jaunâtres et d’une texture fibreuse fine. Les écorces moyennes sont encore recouvertes d’un épiderme blanc non crevassé ; mais cet épiderme manque souvent en tout ou en parlie, et alors le liber dénudé paraît avec une belle couleur orangée rouge. La fibre intérieure est grossière et presque blanche, mais elle rougit à l'air ; l’amertume est très marquée. Enfin les plus grosses écorces, qui sont presque entièrement mondées de leur croûte extérieure, ressemblent jusqu'à un certain point au cali- saya moudé, et l’on a voulules vendre cemme telles. On les en distingue facilement par leur forme plus régulièrement cylindrique et par leur surface extérieure plus unie; par les restes de leur couche fongueuse et blanchâtre ; par leurs deux nuances de couleur, orangée ou brunûtre à l'extérieur, presque blanche ou très pâle à l’intérieur; enfin parce qu'elles ne précipitent pas le sulfate de soude. XLI, Quinquina d’Arica. Pelletier et M. Corriol ont analysé, sous ce nom, en 4829, un quin- quina qui n’avait pas une autre origine que le précédent. Je dois avouer RUBIACÉES. 155 cependant que l'échantillon du quinquina d'Arica , qui m'a été remis par Pelletier, diffère un peu du quinquina de Cusco ordinaire, mais il en faisait partie. 11 se rapproche beaucoup plus, par son aspect, de mon quinquina blanc de Loxa (XxXVI1), mais il s’en distingue par sa fibre plus grossière, dure au toucher et comme agglutinée ; de plus, les par- ties de croûte blanche qui restent sur les écorces mondées présentent souvent une teinte verdàtre. Les quinquinas blancs de Loxa ou de Jaen se trouvent très souvent répétés dans les collections de Payon, mais souvent aussi sous des noms qui ne peuvent leur appartenir. ÉCHANTILLONS DE LOXA CENDRÉ (XXXV). Cascarilla amarilla de ma petite collection de Loxa. Cascarilla con hojas un poco villosas de Loxæa (Mus. brit., écorce n° 25). Ce nom doit être le résultat d’une erreur, parce que le cinchona qu’il indique répond au C. academica ou au lanceolata, et que le n° 27 des bois, qui porte le même nom, est en effet du loxa fibreux (esp. 1v). Quina de hoja redonda y de quiebro {Mus. brit., écorce n° 30), Quinquina de Loxa cendré, chargé de verrues , mélangé de quinquina blanc de Loxa et de quelques écorces de quinquina brun de Foxa (esp. 11, B). QUINQUINA GRIS PALE (XXXVI). Cascarilla amarilla de Juta (Laubert, Bull. pharm., p. 317. Cascarilla amarilla de Juta y de Chito, Cinchona lutea (Delessert, K.). Cascarilla de Chito, de Loxa (Mus. brit., bois n° 7). I existe sous le même nom (1) deux échantillons d’écorces ; l’un est uniquement composé d’ancien gris pâle, l’autre contient quelques écorces de quinquina blanc de Loxa. Cascarilla amarilla de Loxa (Mus. brit., bois n° 37). L’écorce a toute l'apparence du quinquina gris pâle; mais elle est mince comme une carte à jouer ; le bois est grossier et poreux, Cascarilla amarilla de Chito, inedita (Mus. brit., écorce n° 21). Il y en a deux échantillons , dont l’un est de l’ancien gris pâle, sans mélange; l’autre contient du loxa cendré verruqueux. Cascarilla amarilla de Yuta, species nova inedita {Mus. brit., écorce n° 46). Cinchona purpurea (Mus. brit., écorce n° 3%). 11 y en a deux échantillons, dont l’un est du gris pâle ancien, mêlé d’une seule écorce de loxa cendré verruqueux; l’autre est du loxa cendré verruqueux mélangé de gris pâle ancien. QUINQUINA BLANC DE LOXA (XXXVII). Pata de gallinazo (petite collection de Loxa). Pata de gallinazo, cinchona subcordata (Delessert, D). (4) Je pense que ce nom se rapporte au C, purpurea, 156 DICOTYLÉDONES GALICIFLORES. Pata de gallinazo 2* especie (Mus. brit,, écorce n° 53). Il est singulier qu’il existe deux autres quinquinas étiquetés chez M. Delessert cascarilla blanca, pata de gallinazo (lettre O), et au Musée britannique cascarilla blanca pata de gallinazo, 1* especie, (écorce n° 50), dont le premier est du quinquina gris de Lima, et dont le second en est presque entièrement formé. Il n’est pas moins certain qu’on peut accepter comme synonymie du quinquina blanc de Loxa le nom puta de gallinazo, assuré par les trois premiers échantillons. Il est à regretter , pour les lumières que l’on pourrait tirer de cette synonymie, que le nom pata de gallinazo ait été donné à des arbres bien différents; in- dépendamment des jeunes écorces de C. micrantha qui le portent, d’après Pæœppig, on trouve, dans l’herbier du Muséum d'histoire naturelle, à Paris, deux spécimens étiquetés cascarilla pata de gailinazo : Vun est du cinchona lucumæfolia, l'autre du cinchona pubescens de Vahl, tout à fait glabre, QUINQUINA BLANC FIBREUX DE JAEN (XXXVIIL). Cascarilla pagiza, cinchona ovata (Laubert, Bull, pharm., t. VE, p. 311). Cascarilla llamada de provincia (petite collection de Loxa). Quina crespilla de latuna de Loxa (Mus. brit., bois et écorce n° 22). L’échantillon d’écorce contient une petite quantité de quinquina gris de Lima. Cinchona ovata, cascarilla pata de gallareta (Mus. brit., écorce n° 31). Un autre échantillon étiqueté cinchona ovata, FI. per., est du quinquina gris pâle ancien. Cascarilla con hojas de Lucuma, 1° especie (Mus. brit., bois et écorce n° 28). Cascarilla con hojas de Lucuma, 2* especie (Mus. brit., écorce n° 10). Ces deux derniers échantillons sont bien du quinquina blanc de Jaen ; mais les noms qui leur sont donnés sont probablement le résultat de la confusion si- gnalée plus haut. Les seuls résultats probables que l’on puisse tirer de cette longue revue d'échantillons sont que : 4° Le quinquina de Loxa cendré et le gris pâle ancien de M. Dubail ne forment qu'une espèce, qui porte au Pérou le nom de cascarilla amarilla de Yuta ou de Chito, et qui semblerait devoir être produite par le cinchona purpurea, si d’ailleurs il n’était pas plus probable que ces écorces appartien- nent au même cinchona que les suivantes, c’est-à-dire au €. ovata. 2% Le nom espagnol pata de gallareta convient mieux que celui de pata de gallinazo au quinquina blanc de Loxa, et ce quinquina, de même que le quinquina blanc de Jaen, est produit par le cinchona ovata. Quant au quinquina de Cusco et au quinquina d’Arica de Pelletier, j’en ai recu de M. Weddell deux échantillons semblables, dont Pun est attribué par lui au cinchona cordifolia et l’autre à une nouvelle espèce qu’il a nommée cinchona pelletierana, en l'honneur de notre savant et regrettable prédéces- seur. XLII. Quinquina de Carthagène jaune pâle. (Juina amarilla de Mutis; hard Carthagena bark Engl. ; china flava dura Bergen, Monograph., pl. IV, fig. 4 à A. Cette écorce, produite par RUBIACÉES. 157 le cinchona cordifolia Mut. ou par le cénchona pubescens de Vahl (1), a des caractères qui la font facilement reconnaître. Elle est quelquefois roulée et cylindrique, mais le plus ordinairement elle est en morceaux aplatis, ridés longitudinalement et comme tourmentés par la dessic- cation. Elle est d’une apparence ligneuse , assez dure et d’un Jaune pâle ou terne. Elle n’offre que par places des parties d’épiderme blanc, quelquefois recouvert par un reste de matière fongueuse rougeûtre. Elle est un peu spongieuse sous la dent et d’une saveur amère ; elle offre, à la loupe , quelquefois à la simple vue, un grand nombre de petits points perlés, dispersés au milieu de ses fibres. Ce caractère se retrouve d’ail- leurs plus ou moins dans tous les quinquinas à épiderme blanc et mi- cacé. J'ai reçu de M. Goudot deux échantillons d’écorces de cinchona cor- difolia Mut. , qui sont exactement le quinquina jaune pâle de Cartha- gène et en confirment l’origine. Je crois lui devoir aussi un échantillon de quinquina jaune de la province de Mérida (Colombie) , qui est en- core du quinquina ordinaire de Carthagène. Il n’en est pas de même des suivants. (4) Cinchona pubescens Vahl (fig. 283). Rameaux supérieurs pubescents et d’une couleur rousse ; feuilles pétiolées, longues de 19 centimètres, larges de 11,5, ovales, un peu allongées sur le pétiole, terminées à l'extrémité par une pointe mousse ; nervures pubescentes en dessous; pétiole Jong de 55 millimètres, pubes- cent. Panicule terminale, pubes- cente, étalée ; pédoncules partiels bi ou trifides; pédicelles très - courts, munis de petites bractées à la base; calice petit, à cinq dents, petites, ovales, pointues; corolle pubescente au dehors, à divisions obtuses, velues intérieu- rement; étamines presque ses- siles, incluses ; style dépassant les étamines et à stigmate obtus ; capsule oblongue, presque cylin- drique, pubescente , sans côtes marquées. Le cinchona cordifolia de Mu- tis ne diffère guère du précédent que parce que ses feuilles sont quelquefois plus ou moins cordiformes par le bas. Fig. 283. 158 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES,. XLIII. Quinquina Carthagène jaune orangé. Quinquina de Carthagène très fibreux ; quinquina jaune fibreux de Bergen , tab. 1v, fig. 5 à 11. A. J'ai trouvé une première fois ce quinquina, dans le commerce, sous le nom de guënquina cannelle : il était en écorces fines, la plupart roulées en petits tubes imitant assez bien la cannelle de Chine; d’autres demi -roulées , et d’autres encore tout à fait plates; toutes très minces, filandreuses, spongieuses, mondées à l'extérieur et ne présentant que quelques vestiges d’une croûte grise, papyracée , analogue à celle du quinquina de Loxa cendré. Mais la couleur de l'écorce est d’un jaune orangé vif; sa saveur est d’une amertume forte et très désagréable, et l'odeur présente quelque chose d'aigre et d'aromatique, tout à fait dis- tinct de l'odeur habituelle des quinquinas. On la trouve d’abord assez agréable et elle finit par fatiguer et par déplaire. B. Goudot m'a remis un échantillon de quinquina tout à fait conforme au précédent et d’nne très forte amertume, sous le nom de quinquina jaune de Girons. C,. J'ai vu dans le commerce , en 1841 , une grande quantité d’un quinquina dit de Maracaïbo, qui appartient à la même espèce. Il est en écorces roulées, une ou deux fois grosses comme le pouce, épaisses de 3 millimètres environ ; ou en écorces plates, épaisses de 4 à 8 milli- mètres. Il présente à sa surface, et par places seulement, des vestiges d’un épiderme blanc, recouvert d’une substance fongueuse , ocracée , comme dans le quinquina ordinaire de Carthagène. Le liber est très fibreux , d’une couleur orangée rouge à l'extérieur, d’un jaune blan- châtre ou rosé du côté interne (4), et présentant, par ce dernier caractère, une certaine ressemblance avec le vrai quinquina jaune orangé (xx). La poussière qui se forme dans les caisses ou dans les bocaux, par le frottement réciproque des morceaux , est d’une belle couleur orangée ; la saveur est très amère ; l'odeur est très faible, analogue à celle des quinquipas gris. D. J'ai trouvé, dans le commerce également, un quinquina que l’on m'a dit venir des montagnes de San-Pedro , près de Caraccas, qui me paraît encore appartenir à la même espèce. Il est en fragments assez petits, on pourrait presque dire en copeaux, qui auraient été enlevés sur une souche à l’aide d’une doloire. Sa croûte, dont il offre quelques ves- tiges, est tamtôt d’un gris blanchâtre , rugueuse et feuilletée comme celle du quinquina jaune orangé; d’autres fois blanche, spongieuse et (4) La fibre intérieure est presque blanche et rougit promptement à l'air, RUBIACÉES. 159 micacée, comme celle du quinquina de Carthagène. Ce qu'il y a de sin- gulier, c’est que la surface dénudée des premiers morceaux offre la teinte verdâtre que présente souvent le quinquina jaune orangé, tandis que les derniers présentent la couleur jaune du quinquina carthagène, mais plus foncée et toujours orangée. Ce quinquina est spongieux sous la dent et finit par développer une saveur amère, persistante et dés- agréable ; son odeur présente quelque chose d’aromatique, tout à fait distinct de l'odeur habituelle des quinquinas. Je présume que le quinquina de Carthagène jaune orangé est fourni par quelque variété du cinchona cordifolia. XLIV. Quinquina pitayon ou Faux Pitaya des pharmacies de Santa-Fé. Ce quinquina est vendu chez quelques pharmaciens peu consciencienx de Santa-Fé, comme le serait en Europe du quinquina jaune de Cartha- gène en place de calisava. 11 est en écorces plates ou cintrées, peu épaisses, nues ou couvertes d’une croûte spongieuse rougeâtre, séparée en plu- sieurs couches par des feuillets blancs et micacés. 11 est composé de fi- bres longues, dures au toucher, d’un fauve uniforme comme le calisaya. Il se divise facilement sous la dent et présente une amertume médiocre. Cette écorce , dont je dois un petit échantillon à Goudot, présente quel- ques rapports avec lé quinquina d’Arica. XLV. Quinquina payama de Loxa. Écorce filandreuse , rougeûtre, de saveur nulle, tantôt revêtue d’un épiderme gris , fortement chagriné comme celui des quinquinas gris, tantôt recouverte d’un épiderme lisse, feuilleté et d’une teinte rosée. Il présente un grand nombre de lichens blancs foliacés, mélangés du bel hypocnus rubro-cinctus, observé aussi sur le quinquina gris de Lima et sur le quinquina rouge. Cette écorce, dont la valeur est tout à fait nulle, se trouve chez M. Delessert sous le nom de cascarilla cresprlla con hojas rugosas de Loja, cinchona parabolica (lettre J). Le Musée britan- nique la possède également sous le nom de éinchona de hojas rugosas de Loxa (écorce n° 9). | Examen chimique des quinquinas jaunes à épiderme blanc. La com- position chimique de ces quinquinas ne me paraît pas parfaitement connue, À la vérité, plusieurs chimistes ont annoncé avoir retiré de quelques uns d’entre eux un alcaloïde différent de ceux précédemment connus, ct cela n'aurait rien qui pût surprendre; seulement je ne trouve pas que la nature particulière de ces alcalis soit encore suffisamment prouvée. Je commencerai par l'aricine trouvée par Pelletier dans l'écorce d’A- 160 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. rica (XLI), et dont voici, d’après lui, les caractères et la composition. L'aricine est une substance blanche, cristallisée en aiguilles rigides comme la cinchonine, fusible à une chaleur inférieure à celle qui déter- mine sa décomposition, mais non volatile comme la cinchonine ; elle est insoluble dans l’eau, presque insipide d’abord , puis chaude et acerbe ; elle devient très amère par sa dissolution dans les acides. Elle forme avec Pacide sulfurique un sel neutre qui, dissous dans l’eau bouillante en proportion convenable, se prend, en refroidissant, en une masse gélati- neuse opaque. Ce sulfate dissous dans l’alcool cristallise au contraire en aiguilles soyeuses, semblables à celles du sulfate de quinine ; il est insoluble dans l’éther, qui dissout l’aricine. L'acide nitrique concentré dissout l’aricine en la décomposant et en manifestant une couleur verte des plus intenses (1): si l’acide est affaibli, la couleur verte est plus claire; s’il est très étendu d’eau , l’aricine se dissout sans coloration ; alors elle n’est pas altérée et peut en être pré- cipitée par un alcali. Voilà les seules propriétés données par Pelletier et par M. Corriol à l’aricine, dans le Journ. pharm., t. XV, p. 564. Plus tard, Pelletier a remarqué que le sulfate d’aricine ne jouissait des pro- priétés indiquées ci-dessus que lorsque le sel était complétement neutre, peut-être avec excès de base, et que, lorsqu'on y ajoutait un excès d'a- cide , il cristallisait à la manière du sulfate de cinchonine. Pelletier a d’ailleurs représenté de la manière suivante la composition de l’aricine, comparée à celles de la cinchonine et de la quinine. Cinchonine. . ,, — C*H!24z + O. Ouinme Tr. uses me HP Ar EL) OË Aricine. . . . , . — ‘CH£2Az + Of. Il a regardé en conséquence l’aricine comme le troisième degré d’oxi- dation d’un radical dont les deux premiers sont la cinchonine et la qui- nine ; il a même cru pouvoir expliquer par là pourquoi l’aricine exigeail plus d’acide pour sa saturation que les deux autres bases (Ann, chim., phys., & LI, p. 187), tandis qu'il avait annoncé dans son premier mé- moire (page 568) que la capacité de saturation de l’aricine était beau- coup plus faible que celle des deux autres. Quant à moi, ayant été sollicité de faire l'analyse du même quinquina, mais portant à Bordeaux le nom de quinquina de Cusco, landis que Pelletier avait désigné le sien sous le nom d’Arica, je n’y ai trouvé que de la cinchonine, avec toutes ses propriétés et ne se colorant pas en vert par l'acide azotique (Journ. de chim. méd., 1830, p. 353). L'écorce (1) D’après Pelletier, l'écorce d’arica, touchée par l'acide nitrique concen- tré, éprouve la même coloration. RUBIAGÉES. 161 même, analysée par Pelletier, ne se colore pas davantage par le même acide , et je puis dire aujourd’hui que Pelletier, m'ayant redemandé la plus grande partie de l’écorce d’Arica qu’il m'avait anciennement donnée, afin de vérifier les caractères qu'il ne retrouvait plus sur celle qui lui restait, n’est arrivé lui-même qu’à des résultats négatifs, qui lui ont laissé beaucoup de doute sur la nature particulière de l’aricine. M. Manzini a soumis à l'analyse une autre variété de quinquina blanc, que j'ai désignée sous le nom de #anc fibreux de Jaen, où pour mieux dire, le quinquina qu’il a analysé et qui provenait de celui qui avait été refusé à la Pharmacie centrale des hôpitaux, en 1839, était un mélange de gris pâle ancien et de blanc fibreux de Jaen. M. Manzini a retiré de ce quinquina un alcali cristallisé qui lui a paru différent de ceux précé- demment connus, et il lui a donné le nom de cénchovatine. N'ayant pas cherché à vérifier ces résultats, je ne puis les taxer d’inexactitude. Je ferai seulement remarquer qu’il n’y a aucune des propriétés attribuées à la cinchovatine (Journ. de pharm. et de chim., t. 11, p. 96 et 97) qui ne puisse très bien s'appliquer à la cinchonine. Reste donc l'analyse élémentafre qui indique pour la composition de la cinchovatine les nom- bres C#°H27 Az20$, et tend à faire admettre dans cet alcaloïde une plus . grande quantité d’oxigène que dans les trois autres. Sans vouloir sus- pecter en rien l’habileté de M. Manzini, je me bornerai à rappeler que dans les premières analyses de la morphine , la quantité d’oxigène a varié de 15 à 20 ; dans la strychnine, de 6 à 11 ; dans la brucine, de 11 à 17; dans la narcotine, de 18 à 27; de sorte que j'attendrai que les analyses de M. Manzini aient été confirmées par d’autres chimistes pour admettre définitivement Ja nature particulière de la cinchovatine, Je ferai remarquer que le professeur Pfaff a retiré du quinquina jaune de Carthagène, qui a de si grands rapports avec celui de Jaen, de fa cin- chonine et de la quinine. Pelletier et M. Caventou ont aussi retiré de la cinchonine du quinquina de Carthagène ; mais, dans le cas présent, je ne puis tenir compte de ce résultat, parce que le petit échantillon que Pelletier m'a remis, comme reste de celui qu’il avait analysé, est du carthagène brun marron (espèce xXV1), et que ce quinquina est beaucoup plus rapproché par sa nature des quinquinas officinaux que le jaune de Carthagène. FAUX QUINQUINAS. XLVI, Quinquina nova ordinaire, OQuinquina rouge de Mutis, produit par le cénchona oblongifolia Mur. , JL. 11 162 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. cinchona magnifolia R. P., cascarilla magnifolia Weddell (1). Ayant exposé précédemment les preuves de celte origine du quinquina nova, il ne me reste plus qu’à le décrire sous les différentes formes qu’il m’a présentées, A. Quinquina rouge de Mutis déposé au Muséum d'histoire naurelle de Paris. Écorces moins grosses que le petit doigt, roulées, parfaite- ment cylindriques, entièrement mondées et unies au dehors, lisses en dedans, présentant deux couches distinctes : l’extérieure plus rouge et grenue ; l’intérieure plus pâle, formée de fibres courtes et agglutinées , avec indices d’une exsudation transparente, Saveur pâteuse et astrin- gente, suivie d'une légère amertume, B. Quinguina nova ordinaire du commerce, Écorce longue de 35 centimètres, plus où moins, roulée lorsqu'elle est petite, ouverte ou presque plate lorsqu'elle est plus grosse, ayant en général une forme parfaitement cylindrique, ce qui lui à fait donner le nom de quinquina chandelle. L'épiderme est mince, blanchâtre à l’extérieur, uni, offrant à peine quelques cryptogames , dont un entre autres est sous forme de plaques jaunes, cireuses, mamelonnées. 11 n'offre pas d’autres solutions de continuité que quelques déchirures ou fentes transversales répondant à celles de la couche extérieure de l'écorce; et celles-ci ne paraissent (4) Cinchona magnifolia (fig. 284). Arbre élevé de 45 mètres, dont la tête est large et très touffue ; les feuilles sont pétiolées, amples, ovales-oblongues, très entières, d’une couleur pâle, brillantes en dessus, veineuses en dessous ; veines infléchies vers le sommet et por- Fig. 284. tant à la base de nombreux poils fasci- culés, blancs. Les plus grandes feuilles sont longues de 30 à 40 centimètres ; les pélioles sont demi-cylindriques, pour- pres, longs de 3 à 5 centimètres. Le calice est pourpre, petit, à cinq dents ; la corolle est presque longue de 27 mil- limètres, blanche , à limbe ouvert, un peu velu en dedans ; la capsule est oblongue , presque longue de # centi- mètres, faiblement striée, couronnée par le calice. Cet arbre porte le nom de flor de azahar, à cause de l'odeur de fleur d’o- :}\ ranger exhalée par ses fleurs. Indépen- \| damment des sortes commerciales qui © seront décrites dans le texte, j'ai reçu ou vu, comme types d’écorces du cin- chona magnifolia : 1° Échantillon donné par Goudot, formé d’écorces très minces, larges, re- NET 4 Wu RUBIACÉES. 163 être qu’un effet de la dessiccation, tandis que les impressions circulaires observées sur d’autres quinquinas, sur le calisaya principalement, tien- nent à l’organisation même de l’écorce. Quelquefois l’épiderme manque. L'écorce proprement dite est épaisse de 2 à 7 millimètres, d’un rouge pâle incarnat, devenant plus foncé à l'air, surtout à la surface externe qui, lorsqu'elle est dénudée, est toujours d’un rouge brunâtre. La cas- sure est feuilletée à l'extérieur, courtement fibreuse à l’intérieur; lors- qu'on l’examine à la loupe, on découvre entre les fibres, et surtout entre les feuillets, une très grande abondance de deux matières grenues, l’une » rouge et l’autre blanche, ce qui donne à la masse sa couleur rosée. Quelques morceaux offrent dans leur cassure, plus près du bord externe que de l’interne, une exsudation jaune et transparente, ressemblant à une gomme. L'écorce a une saveur fade , astringente, analogue à celle du tan et du quinquina gris. La poudre est d’un rouge assez prononcé. Pelletier et M. Caventou n’ont trouvé dans ce quinquina ni quinine ni cinchonine, et ils en ont retiré 9 principes, savoir : une matière grasse; un acide particulier, analogue aux acides gras et nommé acide kinovique ; une matière résinoïde rouge; une matière tannante; une gomme ; de l’amidon ; une matière jaune; une substance alcalescente en très petite quantité ; du ligneux (Journ. pharm., t. VIT, p. 109). couvertes d’un épiderme gris, uniforme, finement fendillé, et d’autres écorces plates, épaisses de 3 millimètres, dont l’épiderme est varié de larges taches blanches ou jaunes, avec des fentes transversales qui paraissent résulter de la dessiccation. Le liber est d’un rouge un peu jaunâtre, foncé, très finement fibreux, avec la-surface interne très unie ; la saveur en est astringente, un peu aromatique, presque dénuée d’amerltume. 2e Cinchona magnifolia (Mus. brit.). Ecorce cintrée, épaisse de 4 milli- mètres, à fibre rosée, moins serrée que dans les précédents, à épiderme blane, marqué de fissures longitudinales et de fentes transversales. 3° Cascarilla magnifolia, Weddell. Ecorce toute semblable, mais à fibre plus lâche et plus grossière ; surface interne toujours unie. 4 Cascarilla magnifolia, Weddell, n° 4353, Tambopata. Ecorce plate, épaisse de 14 millimètres, à fibre rougeûtre, grossière, spongieuse, disposée par couches contrariées ; croûte mince, feuilletée, blanchâtre, avec des taches noires ; surface interne offrant des déchirures longitudinales, ondulées, dans lesquelles on remarque les fibres contrariées de la couche suivante. Nota. M. Weddell n’aremis, sous lenom de cascarilla rostrata (Ocobaya), une écorce toute semblable à celle du n° 3 ci-dessus, Il m'a remis également, sous le nom de cascarilla carua , une écorce entièrement privée de croûte superficielle, formée de deux couches distinctes, dontlextérieure est presque noire et crevassée transversalement, comme celle de certains quinquinas nova mondés. Par contre, le Musée britannique présente sous le n° 7, cinchona magnifolia; n° 15, quina azahar macho, de Jaen ; n° 18, cascarilla azahar hembra, de Jaen, des écorces qui s'éloignent de celles du cinchona magni- folia et qui ressemblent davantage à celle du cinchona acutifolia R, P, 164 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. C. Gros quinquina nova roulé. Tubes presque complets, de 4 ou 5 centimètres de diamètre, épais de 7 à 9 millimètres, revêtus d’une croûte blanche à l'extérieur, mais brune et dure à l’intérieur, creusée de fissures profondes, espacées, transversales et longitudinale, Le liber est fibreux, d’un rouge pâle, moyennement compacte. Cette écorce répond aux n°% 2 et 3 de la note précédente. On trouve encore des tubes beaucoup plus gros, couverts d’une croûte spongieuse, à lames blanches renfermant une matière pulvérulente rougeûtre, et dont le liber est épais de 18 millimètres, uniformément rougeûtre, fibreux et peu serré. Toutes ces écorces se reconnaissent et se rattachent les unes aux autres par leur liber qui, lorsqu'il est dénudé, est d’un rouge brun foncé et marqué de fentes transversales , formées pendant la dessiccation. D. Gros quinquina nova à fibres contrariées. Écorce demi-cylin- drique, large de 8 centimètres, épaisse de 12 millimètres, composée d’une croûte peu épaisse, dure , blanchâtre à l'extérieur, inégale, peu lissurée, et d’un liber rougeâtre, d’apparence ligneuse, à couches fibreuses contrariées , offrant à la face interne des déchirures longitudi- nales ondulées, dars lesquelles on remarque des fibres dirigées obli- quement en sens contraire. XLVII. Quinquina nova fauve. Écorce trouvée dans le commerce, en morceaux roulés, cylindriques, de la grosseur du pouce, tout à fait mondés et unis à l’intérieur, avec des crevasses transversales causées par la dessiccation. Elle est à l’exté- rieur d'un fauve rougeâtre , avec des taches brunes, linéaires, circu- laires, rapprochées. La surface interne est d’un fauve brunâtre, avec une rayure longitudinale très apparente. La substance de l'écorce est formée de deux couches très marquées : l’extérieure est composée de fibres entremêlées d’une matière grenue , disposée par couches concen- triques ; l’intérieure est formée de fibres longitudinales rayonnantes. La cassure récente de l’écorce est pâle et blanchâtre du côté du centre, rougeâtre du côté externe ; la saveur est assez fortement amère et dés- agréable. XLVII. Quinquina nova colorada. J'appelle ainsi une écorce qui a paru dans le commerce, en 1825, sous le nom de guina colorada et qui, loin d’être analogue aux bonnes espèces de quinquina qui ont été nommées de même, se rapproche des quinquinas nova, malgré son aspect extérieur qui paraît l'en éloigner, Écorces roulées, grosses comme le pouce ou davantage, pourvues d’une croûte très rugueuse, d’un rouge brun à l'intérieur, mais géné- ralement couverte d'un enduit blanc argenté, et offrant en outre , sou- RUBIACÉES. 165 vent, un lichen foliacé, découpé , d’uu beau rouge de carmin sur ses bords et sur toute sa face inférieure { kypochnus rubro-cinctus Fée). Dans les plus jeunes écorces , la croûte est seulement striée longitudi- valement , presque sans fissures transversales, et ressemble beaucoup à la croûte du jeune quinquina rouge non verruqueux (espèce XI, A). Dans les écorces plus âgées , la croûte est plus épaisse et marquée de profondes crevasses tant longitudinales que transversales. Le liber est d’une couleur /ie de vin, assez mince dans les jeunes écorces, épais de 5 à 7 millimètres dans les grosses ; il est compacte, médiocrement fibreux , et présente souvent , vers sa partie interne, une exsudation jaune et transparente. Cette écorce possède une saveur très astringente, plus ou moins amère, et une odeur faible, analogue à celle des quinquinas gris. M. Ossian Henry a constaté qu’elle contenait une petite quantité de cinchonine. Je suis certain que le quinquina que je viens de décrire arrivait du Pérou. Il m’a cependant été présenté depuis sous le nom de qguinquina du Brésil et comme venant de #10-Janeiro, et on l’attribuait en con- séquence au buena hexandra Pol. (Voir De Candolle, Prodr., t. IV, p. 356.) Mais ce quinquina, quoique contenant un certain nombre d’écorces courtes, mondées à l'extérieur, très épaisses et souvent cour- bées en arc (1), ce qui lui donnait un aspect différent du premier, lui ressemble trop par ses écorces non mondées, pour que ce ne soit pas la même espèce. J'ai d’ailleurs cherché plusieurs fois à faire venir direc- tement de Rio-Janeiro ce quinquina, qui aurait dû en être originaire, et je n’ai pu v parvenir. On ne le connaît pas dans les pharmacies de Rio- Janeiro. Mais ce qui est fort singulier, c’est que M. Félix Cadet-Gassi- court m'a remis, pour le droguier de l’École de pharmacie, un échan- tillon de nova colorada envoyé en 1834 de Haïti, par M. Germain Cadet, juge de paix de la commune de Verrette, qui proposait d'en faire des envois commerciaux , ce quinquina étant alors cultivé en assez grande quantité à Haïti, ainsi que la rhubarbe et deux autres espèces de cinchona désignées sous les noms de rubra et de spinosa. Quant au nova co’orada , il est nommé dans la lettre d'envoi guinquina brun ou cinchona cordifolia, ce qui est une erreur, sans aucun doute. Je pré- sume que l’espèce y avait été transportée de la Colombie. (4) Cette écorce est quelquefois épaisse d’un centimètre et tellement compacte, que sa coupe transversale, opérée à l’aide de la scie, présente la dureté et le poli du bois d’acajou. 166 DICOIYLÉDONES CALICIFLORES, XLIX. Guinquina à feuilles aiguës, de Ruiz, Cinchona acutifolia R. P.; cascarilla acutifolia Weddell. Arbre haut de 8 mètres, dont le tronc est solitaire, épais de 60 centimètres, sur- monté d’une tête peu touffue, étalée. L'écorce est mince, d’un brun obseur, rude, variée de taches blanches, astringente, médiocrement amère. Les feuilles sont assez grandes, pétiolées, ovales-lancéolées , glabres en dessus, à nervures velues en dessous. La ‘panicule est tricho- tome, velue; les fleurs sont sous-sessiles, accompagnées de bractées subulées ; le calice est à 5 divisions aiguës ; la corolle est assez grande, à odeur de fleur d’orariger, blanche , glabre au dehors, à tube un peu anguleux et dilaté au milieu , à limbe ouvert, velu sur le bord, à divi- sions lancéolées. Les étamines sont incluses; le style est très court; la capsule est longue de 3 centimètres, un peu comprimée , pubescente. On trouve l'écorce du cénchona acutifolix dans la collection de M. Delessert (lettre A), et au Musée britannique, n° 45 des écorces. Elle est très mince, compacte, fibreuse, d'un rouge prononcé, couverte d’un épiderme gris cendré, rugueux, fissuré à la manière des quinquinas officinaux , enfin parsemé de petites taches blanches dues à une graphi- dée. Je pense que c’est elle également qui se trouve au Musée britan- nique, sous le nom de quina azahar macho de Jaen, n° 15, et sous celui de cascarilla azahar humbra de Jaen, n° 18. L. Quinquina de Californie. J'ai reçu sous ce nom, de M. Reichel, quelques fragments d’un quinquina qui présente d’assez grands rapports avec les deux précédents. Le liber est dur, compacte, gorgé de suc, d’une couleur lie de vin ; la croûte est d’un gris cendré à sa surface, très dure et d’un rouge brun foncé à l’intéricur , très rugueuse ou profondément crevassée, presque semblable à celle du cinchona acutifolia, Un fragment présente le sin - gulier caractère de fortes nervures longitudinales qu’on serait tenté de comparer à celles qui descendent le long des tiges et des racines de chiococca , si elles n'étaient tout à fait superficielles et uniquement for- mées de tissu cellulaire externe, tandis que celles des chiococca ont un centre ligneux. Le quinquina de la Californie à une saveur des plus astripgentes , finissant par devenir faiblement amère. LI, Quinquina de l'ile Bourbon. Cette écorce m'a été donnée par Laubert. Elle est bien roulée, cou- verte d’un épiderme gris noirâtre, un peu cendré par places, très RUBIACÉES . 4167 rugueux et fissuré à la manière des quinquinas gris. Le liber est mince, gorgé de suc à l'extérieur, dur, compacte , d’un rouge brun foncé; il présente une saveur astringente, non amère, aromatique. Ce quinquinà offre de très grands rapports avec le précédent. Je ne sais s’il faut l'at- tribuer au #ussænda landia des îles Maurice , dont l'écorce y porte le nom de quinquina indigène. LII. Guinquina de Muzon, de Goudot. Cinchona muzonensis Goudot ; cascarilla muzonensis Weddell. Espèce très remarquable découverte par Goudot. L’écorce, telle que je l'ai reçue de lui, est bien roulée , à épiderme uni, d’un gris blanchâtre, très adhérent ; la coupe du liber , faite à la scie, est polie , dure et d’un rouge orangé, Cette écorce, ainsi coupée , a donc l'apparence d’un très bon quinquina ; mais elle ne présente qu’une saveur un peu pâteuse , puis un peu astringente, finissant par devenir faiblement amère. Comme toutes les écorces précédentes, ce serait donc une très mauvaise espèce sous le rapport médical. LIT. Écorce de Paraguatan, Nommée socchi au Pérou; cinchona laccifera Tafalla ; macrocnemum tinétorium M. B.; condaminea tinctoria DC. L’écorce, telle qu’elle se trouvé dans le commerce, est en morceaux courts, épais de 5 à 15 mil- limètres, souvent courbés en dehors par la dessictation. Elle est raclée à l'extérieur, on pourvue d'une croûte blanchâtre ou jaunûtre et fon- gueusé , semblable à celle du gros quisquina nova. Elle à une texture grenue du côté externe, un peu fibreuse du côté interne; mais cette parie interné est gorgée d’un suc rouge desséché qui Hui donne une grande compacité et de la dureté. Cette écorce du commerce, étant plus ou moins altérée à sa surface par la lumière ou lhamidité , ne présente qu’une teinte générale d’un rouge rosé terne; mais elle pos- sède à l’intérieur une belle couleur de laque rouge qui est très foncée, surtout du côté interne, où elle est gorgée de suc rouge. Tafalla dit qu’en raclant la surface interne des écorces fraîches, on en tire un suc qui, épaissi au soleil, peut remplacer la laqué ( Pull. pharm., \ IX, p. 307). Cette écorce est propre à la teinture; on la trouve au Musée britannique sous le nom de cénchona laceifera, quina porécida à la cinchont o quina roxa de Mutis [écorce n° 14). LIV. Quinquina blané de Murtis. Cinchona ovalifolia Mat, ; cinéhons macrocarpa Vah}: rascorille 168 DICOTYLEDONES CALICIFLORES. macrocarpa Weddell (1). L'écorce de cet arbre est tout à fait différente du quinquina blanc de Loxa et des autres quinquinas blancs précédem- ment décrits. Telle qu’elle a été apportée par M. de Humboldt, au Muséum d'histoire naturelle, elle se compose de morceaux plats souvent recourbés en arc, en dehors, par la dessiccation. Souvent ils sont épais seulement de 4 ou 2 millimètres, et les plus épais ne dépassent pas 7 millimètres. Ils sont durs, cassants et ont une cassure grossière el grenue., Ils sont composés de deux couches distinctes : l'extérieure rou- geâtre, offrant des fibres transversales blanches, entremêlées d’une matière rouge; l’intérieure formée seulement de fibres longitudinales , dures, demi-transparentes et comme agglutinées. La surface exté- rieure des grosses écorces est souvent déchirée comme celle du gros quinquiva nova , auquel alors elles ressemblent beaucoup. L'épiderme (4) Cinchona macrocarpa Vahl fig. 285 ). Feuilles pétiolées, ovales-oblon- gues , longues de 12 à 14 centim., larges de 7. Elles sont épaisses, glabres et brillantes en dessus, pubescentes en dessous, à côtes saillantes, velues. Pétiole long d’un pouce, plan en dessus, convexe en dessous; stipules plus longues que les pétioles, lancéolées, soudées à la base, glabres en dedans, caduques. Panicule terminale, raccourcie, trichotome, à pédoncules triflores. Fleurs Fig. 285. sous-sessiles, accompagnées chacune à la base d’une bractée subulée. Calice campanulé-urcéolé, à 5 dents trés courtes et obtuses, plus rarement à 6 dents ou plus. Corolle épaisse, longue de 40 millimètres, tomenteuse au dehors. Divisions du limbe lancéolées-obtuses, de la même longueur que le tube, velues à l’intérieur. Filets des étamines très courts ; anthères linéaires dépassant un peu l’ouverture du tube. Capsule glabre, cylindrique , longue de 33 millimètres, un peu rétrécie à la base, s’ouvrant de haut en bas ; se- mences entourées d'une membrane. On en connait une variété à feuilles complétement glabres. RUBIACÉES. 169 manque entièrement. La poudre est d’une teinte rosée , dure sous la dent, d’une saveur peu sensible d’abord, qui devient ensuite d’une amertume forte et désagréable. Elle n’offre rien de savonneux, comme on l’a dit jusqu'ici. On rencontre assez souvent chez les droguistes de petites parties de vieux quinquina blanc de Mutis, dont ils ne connaissent pas la nature. Il est épais de 5 à 9 millimètres, plat, taché de brun noirâtre et de blanc à sa surface ; brunâtre à sa face interne et comme recouvert d’une pellicule formée de fibres agglutinées ; d’une cassure toujours grossière et grenue, rougeâtre du côté externe, plutôt jaunâtre du côté interne. J'ai aussi vu anciennement , chez M. Marchand, une écorce venant de Neybas, dans la Colombie , assez volumineuse, cintrée, en partie cou- verte d’un épiderme blanc et uni, toujours rougeâtre au dehors, jaunâtre en dedans, {res amere , qui me paraît être encore du quin- quina blanc de Mutis. Enfin Goudot m'a remis, comme étant une variété du quinquina blanc de Mutis, une écorce bien cylindrique, roulée en volute, du volume du pouce, épaisse de 2 ou 3 millimètres, couverte d’un épiderme uni et d’un gris un peu rosé; rosée à l’inté- rieur et toujours formée de deux couches distinctes, l’une intérieure à fibres rayonnantes, l’autre extérieure à structure concentrique. LV. Quinquina blane de Valmont de Bomare, Dubuisson, phar- macien de Paris, récemment décédé, m'a remis une écorce trouvée dans le cabinet de Valmont de Bomare, où elle était désignée sous le nom de quinquina du Pérou. Je la regarde comme analogue au quin- quina blanc de Mutis, et je la nomme en conséquence qguinquina blanc de Valmont de Bomare. Elle consiste en un morceau cintré, large de 1 centimètres, épais de 7 millimètres, couvert d’un épiderme gris foncé, adhérent, avec des fissures longitudinales à bords saillants ; Ja cassure est grenue , un peu fibreuse dans sa moitié interne, d’un rouge rosé tout près de la surface intérieure , qui est comme revêtue d’une pellicule fibreuse agglutinée. La saveur est médiocrement amère, sans doute par suite de vétusté. Ce qui différencie surtout cette écorce du quinquina blanc de Mutis, c’est la couleur rouge rosée de sa substance la plus interne, tandis que le quinquina blanc de Mutis est jaune à l’intérieur et rougeûtre près de la surface. LVI. Quinquina blanc compacte et jaunâtre. Écorce d'origine inconnue , cintrée , large de 75 millimètres, épaisse de 12, recouverte d’un épiderme gris-jaunâtre , rugueux , adhérent ; offrant une surface interne noirâtre, toujours formée d’une lame de fibres agglutinées. Cette écorce est pesante, dure, compacte , à cassure grenue ; la coupe opérée par la scie offre presque la dureté et la couleur du bois de chêne. La saveur est très amère. 170 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. LVIL Quinquina azaharite, J'ai trouvé au Musée britannique, sous le nom de cascari!la azaharito de Loxa (n° 4 des écorces) , une écorce qui m'a beaucoup intéressé par une ressemblance tellement frappante avec celle que j'ai décrite dans l’Æistorre abrégée des drogues simples, sous le nom de cosfus amer, que j'ai jugé d’abord que ce devait être la même; cependant n'osant l'assurer aujourd’hui, je dé- crirai ces deux substances séparément. Le quinquina azabarito est une écorce mince, peu compacte, à liber blanchâtre et comme grenu. La surface interne est d’un fauve un peu rougeâtre et comme formée d’une pellicule de fibres agglutinées. La surface externe est recouverte d’une croûte très mince, presque blan- che, avec des déchirures longitudinales et quelques rares fissures transversales. L'amertume de l'écorce est très forte et désagréable. Le nom de azaharito, diminutif de azahar, doit indiquer une certaine ressemblance entre l'arbre qui produit cette écorce et le cènchona ma- gnifolia R. P. LVIII Costns amer de l'Histoire des drogues, Cette écorce est en morceaux de différentes longueurs et grosseurs qui ont dû provenir des gros rameaux et des branches de l'arbre. Les plus gros morceaux sont épais de 7 millimètres, légers, recouverts d’une croûte grise, mince, rugaeuse , légèrement crévassée. Ils ont une cassure médio- crement fibreuse, jaunâtre, et une surface intérieure d'une apparence fibreuse. Quelquefois ils ont été raclés à l'extérieur et alors leur sur- face est unie et d’un blanc rosé. Ils sont inodorcs, et leur saveur amère, plus forte vers la partie interne qu’à l'extérieur, est mêlée d’un goût nauséeux fort désagréable. Les morceaux roulés sont recouverts d’un épiderme gris, moins rugueux, souvent parsemé de taches blanches. La cassure est moins fibreuse que dans les gros morceaux et plutôt grenue ; Ja surface intérne est recouverte d’une pellicule unie, comme formée de fibres aggluti- nées , et d’une couleur plus foncée que l’écorce elle-même, qui est d’un jaune très pâle à l’intérieur. La saveur est semblable à celle des mor- ceaux précédents. LIX. Écorce amère de Madagascar. En 1837, une personne qui résidait à l’île Bourbon a envoyé à Paris une écorce très usitée comme antidyssentérique dans cette île, où elle est apportée de Madagascar. J'ai pensé, d'après cela, que cette écorce pouvait être celle de hé- lahé ou béla-ayé qui vient en effet de Madagascar; mais elle présente une bien plus grande ressemblance avec le costus amer de l'Histoire des drogues, etc'est même cetté grande ressemblance, principalement, qui m'a empêché de confondre en un seul article le costus amer et le quinquina azaharito. Cependant l’écoréé amère de Madagascar présente RUBIACÉES. 171 aussi quelques caractères particuliers ; quoique provenant évidemment de très gros rameaux , puisqu'elle ke quelquefois plus de 30 cen- tüimètres de développement, elle n’a pas 2 millimètres d'épaisseur. Elle est couverte d’un épiderme tantôt gris, un peu rugueux , mais non fen- dillé ; tantôt presque uni, gris blanchâtre et parsemé de taches blanches ; alors l'écorce ressemble tout à fait à celle du costus amer. Cette grande ressemblance se retrouve dans l'essai par les réactifs, ainsi que le montre le tableau suivant. | ÉCORCE AMÈRE REACTIFS. COSTUS AMER. | ‘DE MADAGASCAR, | Tournesol. Rougi. Rougi fortement. | Nitrate de baryte. Précipité. Pté de sulfate assez | abondant. Nitrale d'argent. Pté abondant de chlo- Pté de chlorure très ga rure. abondant. | Emétique. 0. 0. | Sulfate de fer. Pté grisätre. Coloration brunätre ,| | trouble et pté grisâtre. Gélatine. 0. Noix de galle. Léger one. Louche. Eau de chaux. | | = Acide azotique. | Trouble à Le un excès! 0. | | d’acide dissout. —— sulfurique. Précipité. | Louche. Oxalate d’ammoniaque. — Se trouble fortement. | Deutochlorure de mercure. — 0. Quant à l'écorce de bé-lahé, qui est à peine connue, j'ai reçu depuis, sous ce nom, une écorce roulée, assez épaisse , d'apparence ligneuse , jaunâtre, inodore et amère. Cette écorce est revêtue d’une croûte blanche, très mince, comme papyracée. Cette croûte blanche est elle-même recouverte, en grande partie, d’une couche très mince d’une substance noijrâtre, partie pulvérulente, partie filaménteuse, de nature cryptogamique. LX. Écorce d’Asmonich. Cinchona rosea KR. P.; lasionema rosea Don. Arbre d'une grande élévation , très touffu , devenant fort beau au temps de sa floraison. Les fleurs sont roses, petites, à tube légèrement renflé et recourbé; le limbe est très ouvert, à 5 dents obtuses, un peu velues sur le bord. L’écorce se trouve chez M. Delessert (lettre G) et au Muséebritan- nique, n° 8 des écorces. Elle est mince, dure, compacte, cassante, d'une couleur de chocolat à l'intérieur ; couverte d'un épiderme gri- 172 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. sâtre et uni. Elle ne présente qu'une saveur peu marquée. D'après Ruiz, cette écorce est peu amère , mais très astringente. Elle est nulle sous le rapport médical. LXI, Quinquina Piton ou de Sainte-Lucie. Exostemma floribundum Rœw. et Schult. Arbre de 10 à 13 mètres, découvert en 1742, par Desportes, à Saint-Domingue. Il croît égale- ment sur les montagnes des autres Antilles ; et comme dans ces îles le sommet des montagnes se nomme pfon , l'écorce en a pris le nom de quinquina piton (1). A. Cette écorce, telle que je l'ai trouvée anciennement dans le com- merce, est roulée, cylindrique, grosse comme le doigt, recouverte d’un épiderme variable : tantôt cet épiderme est d’un gris foncé, très mince, ridé longitudinalement ; tantôt il est recouvert de plaques cryptogamiques , blanches et tuberculeuses, et marquées de légères fissures transversales ; d’autres fois, enfin, il est épais, fongueux, crevassé , blanchâtre à l'extérieur, jaunâtre à l’intérieur. Dans tous les cas l’écorce elle-même est mince, légère, très fibreuse , sans ténacité, facile à déchirer ou à fendre dans le sens de sa longueur. Sa cassure est d’un gris jaunâtre , mais sa surface interne est d’une couleur plus ou moins noire, entremêlée de fibres blanches longitudinales : son odeur, quoique faible, est nauséeuse ; sa saveur est exces- 1) Exostemma floribundum (fig. 286). Feuilles courtement pétio- lées, toutes glabres, très ouvertes, longues de 14 à 16 centimetres, elliptiques lancéolées ; stipules oblongues, obtuses, engainantes ; panicule terminale très étendue, à rameaux glabres, comprimés ; ca- lice à dents subulées très petites. Corolle glabre. Tube long de 27 centimètres ; limbe à 5 divi- sions longues et linéaires. Filets et style capillaires, aussi longs que les divisions du limbe ; stigmate - ové , indivis. Capsule obovée. glabre. RUBIACÉES. 1 sivement amère et désagréable; elle donne une poudre d'un brun terne ; elle possède une propriété vomitive. B. Je dois à M. Robinet un autre échantillon de quinquina piton dont les caractères physiques sont assez différents de ceux qui viennent d'être exposés, et qui paraît être celui dont il est question dans le Journal de pharmacie, &. XI, p. 508. Ce quinquina se compose de deux sortes d’écorces, Les unes, qui ont appartenu aux rameaux supérieurs de l'arbre , sont presque aussi minces que du papier et néanmoins très larges , ayant une surface presque unie ou faiblement chagrinée, d’un gris sombre et un peu rougeûtre ; la surface intérieure est brunûtre, unie , et offre la même apparence fibreuse que la précédente. La poudre est d’un brun pâle ou blanchâtre ; du reste cette écorce jouit des mêmes propriétés chimiques et médicales que la précédente. _ (©. Les secondes écorces de l'échantillon de M. Robinet paraissent avoir appartenu au tronc de l’arbre, sont épaisses de 2 ou 3 millimètres, et sont recouvertes d’un épiderme jaunâtre, peu épais, un peu spon- gieux et friable. Le liber est compacte , offre une cassure fibreuse à l'intérieur, mais donne sous la scie une coupe polie et orangée. La sur- face intérieure est striée, jaunâtre et noirâtre par places. Toutes ces écorces paraissent avoir une grande tendance à la moisissure, et il est rare que l’intérieur n’en offre pas des traces plus ou moins évi- dentes. Le quinquina piton donne, par la macération dans l’eau, un liquide rouge très foncé , très amer, ne rougissant pas le tournesol, et parais- sant plutôt alcalin qu’acide. Fourcrov en a fait le sujet d’une fort belle analyse que l’on trouve dans les Annales de chimie , t. VIII, p. 1143. Pelletier et M. Caventou l’oni aussi soumis à quelques essais, dans la vue d’y chercher la quinine ou la cinchonine , qu’ils n’y ont pas ren- contrées. EXII. Quinquina Caraïbe. Exostemma caribæum (fig. 286). Arbuste de 3 ou 4 mètres d’éléva- tion , trouvé à la Jamaïque , à Cuba, à Saint-Domingue et à la Guade- loupe ; ses rameaux sont d’un brun pourpre et parsemés de points cendrés; son bois est d’un jaune foncé, très dur, et a reçu par déri- sion le nom de fendre en gomme. D’après Murray, l'écorce sèche du tronc est en fragments un peu convexes, d’une ligne et demie d’épais- seur, composée d’un épiderme profondément gercé, jaunâtre, spon- gieux et friable, et d’un liber plus pesant, dur, fibreux, d’un brun verdâtre. L’écorce des branches est également brune et couverte d’un épiderme mince, grisâtre , recouvert de lichens. Je n’ai que deux faibles échantillons de quinquina caraïbe dont je 474 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. sois certain : l'un m'a été donné anciennement par M. Cap, et l'autre par Pelletier. L'échantillon (A) donné par M. Cap, se compose de fragments d’é- corces plates qui n’offrent que des restes d’une croûte blanche, quelque- fois épaisse de 2 à 5 millimètres, dure et profondément crevassée, mais ordinairement mince et offrant à sa surface une quantité considé- rable de petits cryptogames noirs et tuberculeux, entre autres le ver- rucaria tropica Ach. Le liber est épais de 2 millimètres, formé de libres plates qui se séparent facile- ment Les unes des autres par plaques minces. Sa couleur naturelle paraît être le jaune foncé , mais par la dessiccation ou par l’action prolon- gée de l’air, la plupart des morceaux ont pris une teinte rouge ou brune noirâtre ; l’amertume en est très forte et désagréable, la salive est colorée en jaune orangé ; la poudre ressemble à celle du quinquina jaune. Cette écorce, malgré son caractère fibreux, est très pesante, et semble avoir été plongée dans une dissolution saline et séchée ensuite ; d'autant plus qu’elle offre à la loupe, et même à la simple vue, des points brillants dont plusieurs ont une forme cristalline bien prononcée. Pour m'assurer si ce caractère n'était pas effectivement accidentel , j'ai lavé une écorce dans de l’eau froide, qui n’a offert ensuite aucun indice de chlorure ou de sulfate ; je pense donc que les cristaux doivent être attribués à quelque principe inhérent à l'écorce. L'échantillon (B) donné par Pelletier est en écorces plus jeunes que les précédentes , très minces , cintrées ou à demi roulées, couvertes d’un épiderme blanc jaunâtre ; leur texture est très fine; /eur cassure est nette, non fibreuse, d'un jaune orangé foncé ; la surface interne est irès unie et d’un brun noirâtre. La saveur et la coloration de la salive sont semblables à celles du premier échantillon. LXHI. Écorce d’Exostémma du Pérou. Cette écorce à été trouvée chez André Thouin , professeur au Jardin du Roi, sous le nom de qguinqguina du Pérou. En la comparant aux RUBIACÉES. 175 deux précédentes , on reconnaît facilement qu'elle appartient à un exostemma , et comme elle possède d’ailleurs tous les caractères de l'écorce de l’exostemma peruvianum , arbrisseau de 3 ou 4 mètres, dé- crit dans les Plantes équinoxiales de Humboldt et Bonpland , je ne doute pas qu’elle ne soit produite par cette cinchonée. Gette écorce provient des jeunes branches , et a presque l’apparence de celle du cerisier. Elle est ou lisse, luisante, d'un gris sombre et parsemée de petits tubercules blancs, ou couverte d’un épiderme mince et cendré, sur lequel se dessinent de petits cryptogames noirs, linéaires (opegrapha comma, peruviana, elc., Fée ), et quelques ver- rucaria. Le liber est mince, fibreux, naturellement vert, mais prenant une teinte noire par son exposition à l'air; l’intérieur de l'écorce conserve souvent une couleur verte livide. La poudre est verdâtre; la saveur est très amère, un peu sucrée ; l'odeur, nauséabonde, LXIV. Écorce d’Exostemma du Brésil, On emploie au Brésil, sous le nom de quinquina de Piauhi, l'écorce très amère et fébrifuge de l’exostemma souzanum Martius. C’est cette écorce, très probablement, que j'ai reçue d'Allemagne, sous le nom d'esenbeckia febrifuga Mart. (evodia febrifuga Aug. Saint-Hilaire), arbuste de la famille des Rutacées, qui croît près de la villa de Santo- Amaro. Je pense que cette écorce n’est pas celle de l’esenbeckia febri- fuga, parce qu'elle est tellement semblable au quinquina caraïbe qu'il me paraît bien difficile qu’elle ne soit pas celle d’un exostemma. Elle à tout à fait l’épiderme du quinquina caraïbe ; le liber en est fibreux et brunâtre , ou quelquefois verdâtre comme dans l’exostemuna du Pérou; il est très amer et colore la salive en jaune ; l'écorce à une odeur de moisi. M. Buchner à retiré de cette écorce un alcali organique qu’il a nommé esenbeckine. Si je ne me trompe, ce sera un nom à changer. D'un autre côté, Gomez, qui a le premier travaillé sur l'écorce en question , prétend y avoir trouvé de la cinchonine. LXV,. Quinquina bicolore. Écorce sous la forme de tubes très droits, fort longs, bien roulés en volute ou en double volute; elle est épaisse d’un millimètre à un milli- mètre et demi. Elle est dure, compacte, non fibreuse et cassante. La surface extérieure est très unie, d’une couleur uniforme grise jaunûtre ; ja surface intérieure est d’un brun foncé ou noirâtre , quelquefois grise comme l’extérieure ; et alors l'écorce n'offre véritablement que deux 176 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. couleurs, ce qui lui a valu son nom. La cassure est orangé foncé; la saveur est amère, désagréable, analogue à celle de l’angusture ; l’odeur nulle. La poudre à la couleur des quinquinas gris et rouges mêlés. Cette écorce, répandue il y a vingt-cinq ans en Italie, sous le nom de quina bicolorata, était connue en Angleterre sous celui de pitaya , que nous avons vu appartenir à un vrai quinquina. M. Batka, dro- guiste de Prague, l'avait décrite à tort comme étant le quinquina de Sainte-Lucie ou quinquina piton, En France, on la regardait générale- ment comme une espèce d’angusture ; mais j'ai toujours pensé qu'elle se rapprochait plus des exostemma que des galipea, et j'ai été confirmé dans cette opinion par la manière dont se comporte son macéré aqueux avec les réactifs chimiques. Depuis, L'Herminier père, pharmacien à la Guadeloupe, et M. Batka, ont pensé que le quinquina bicolore était l'écorce d’un grand arbre de la famille des Rubiacées et du genre Walanea, que L’Herminier a nommé malanea racemosa (Journ. de pharm., t XIX , p. 384). Cet arbre est connu à la Guadeloupe sous le nom de bois jaune, à cause de la cou- leur de son bois (1). Son écorce, telle qu’on la trouve dans le commerce, est en morceaux larges, plats, très minces, d’un jaune tirant un peu sur le fauve; la surface extérieure seule est d’un gris jaunâtre ; sa texture est finement fibreuse , sa saveur très amère ; elle communique à l’eau une belle couleur jaune. Cette écorce offre donc, en effet, beau- coup de rapports avec le quinquina bicolore, et je les crois semblables ; cependant l’écorce de ralanea est toujours d’un beau jaune dans l’in- térieur, tandis que la surface intérieure du quinquina bicolore acquiert à la longue la couleur noirâtre des écorces d’exostemmu. Voici les résultats de l’essai par les réactifs de quelques uns des faux quinquinas dont il a été question : (1) Je pense que c’est cet arbre que De Candolle a décrit sous le nom de stenostomum acutatum ( Prodr., t. IV, p. 460). 177 # RUBIACÉES. ‘91009 91d *‘Juepuoqe lo3ueio 914 ( | ( | | °o *)1d jo on -EUIOU IA °0 *91d 19 au| ‘uepuoqe san -VILOU JA “ad on =LAIOU TIA “ado | “luepuoq l-e nod 914 ‘iuepuoq l-e nod 91q UOLULuE p ALV'IVXO 93uUP10 9]d ‘Juepuoq -0 S21] 98n04 a3ue10 91d *91d 39 an! 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Quel que soit le nombre d’écorces que je viens de décrire comme appartenant aux cénchona où à d’autres genres voisins de la famille des rubiacées , le nombre en aurait encore été plus grand si j'y avais ajouté les écorces des portlandia, des coutarea, des remijia, etc., auxquelles on a pareillement donné le nom de guinquina. Quant aux écorces ap- partenant à d’autres familles, et que l’on a nommées quinquina, à cause de leur usage comme fébrifuges, j'en ai décrit deux précédemment, dont l'une, nommée quina de Saint-Paul, est produite par le so/a- num pseudo-china (t. IL, p. 463), et dont l’autre, appelée quina do campo, appartient au strychnos pseudo-china (t. A1, p. 517). À la suite de cette dernière, j’ai décrit suceinctement une écorce mexicaine, du nom de co/pachi, analvsée par M. Mercadieu, et dont je ne pouvais alors indiquer la plante mère. Il me paraît probable aujourd’hui que cette plante est le coutarea latifolia, qui porte au Mexique le nom de copalchi (DC., Prodrom., & IV, p. 350 ). On se plaint dans tous les pays de la rareté toujours croissante des quinquinas médicinaux, et le gouvernement français, en particulier, se préoccupe de la dépense considérable qu’il est obligé de faire en sulfate de quinine pour le service des hôpitaux militaires. Il a demandé aux corps académiques ou à des commissions, s’il n’y avait pas possibilité de remplacer le sulfate de quinine par un autre agent moins coûteux, indigène ou exotique. Il serait véritablement singulier et bien malheu- reux qu'il n’en existât aucun ; mais je suis persuadé, au contraire, que des recherches pharmaceutiques, chimiques et médicales, dirigées avec méthode et persévéranee sur beaucoup d'agents thérapeutiques aujourd’hui délaissés, conduiraient, pour le moins, à circonscrire l’u- sage du sulfate de quinine dans un petit nombre de cas rebelles. Parmi nos végétaux indigènes, sur lesquels je désirerais voir de nouveau se fixer l’attention des médecins et des pharmaciens, je citerai le houx, le chardon-bénit , l’artichaut, l’absinthe , la camomille romaine , la petite centaurée, la gentiane , plusieurs lichens ; et quant aux végétaux exo- tiques, on aurait assez à choisir entre le chiretta de l'Inde, la racine de colombo , la cascarille , le quassia , le sinarouba , l’angusture vraie, le strychnos pseudo-china, Vécorce de pao pereira, et beaucoup d’autres dont le nom m’échappe en ce moment. Pourquoi, d’ailleurs , délaisser le quinquiua bicolore et les écorces si profondément amères des exostemma ? pourquoi, enfin, se res- treindre au seul quinquina calisaya , surtout lorsqu'il ne s'agirait pas de la fabrication du sulfate de quinine, quand nous avons des écorces non moins riches en alcaloïdes, et qui pourraient avec un grand avantage être appliquées aux préparations officinales du quinquina ? Voici l'indi- cation de ces écorces, en tête desquelles je laisse le calisava, afin de CAPRIFOLIACÉES. 179 ne pas rendre incomplet le tableau des quinquinas que je considère comme les plus actifs : 1. Quinquina calisava. . . . . . . . Espèce xIx. -f — Fmeerange - ‘. . . . — XI. 3. — PR à. — AXI. h. — rouge vrai VErTUQUEUX. — XII. S, — — — NON Verug. — XII. 6 — — de Lima .... — Xk tE — er de PM... — + VI, ) — huamalies blanc verrug. — XXVI. Je fais à peine entrer en ligne de compte les quinquinas de Loxa qui, récoltés plus âgés , se rapprocheraient sans doute des sortes pré- cédentes; mais dans l’état où le commerce nous les fournit, ces quin- quinas ne me paraissent pourvus que d’une très faible propriété fébrifuge. Je devrais ne pas terminer la famille des rubiacées sans traiter du gambir, suc astringent aujourd'hui très répandu dans le commerce et retiré des feuilles de l’uncaria gambir, arbuste de l'Inde orientale et des îles Malaises , très voisin des cénchona ; mais l’histoire du gambir se trouye tellement liée à celle des cachous et des kinos, dont le plus grand nombre appartient à la famille des Légumineuses, que je remets à en parler lorsque je traiterai des produits de cette dernière famille. FAMILLE DES CAPRIFOLIACÉES DC. Lonicérées End. Petite famille voisine des rubiacées, offrant encore un calice gamosépale, soudé avec l'ovaire, à 4 ou 5 dents; une corolle gamopétale, à 4 ou 5 divisions, portant 4 ou 5 étamines libres, à anthères introrses. L’ovaire est infère et présente de 2 à 5 loges ; les ovules sont solitaires ou plusieurs, pendants à l’angle in- terne de chaque loge, et anatropes. Le fruit est bacciforme, à 2 ou plu- sieurs loges monospermes ou polvspermes, quelquefois uniloculaire et monosperme par ayortement. Les graines sont pendantes et contiennent un embryon {rès court, à radicule supère , au milieu d'un endosperme charnu. Chévrefeuille des Jardins. … Lonicera caprifolium 1. Arbrisseau sarmenteux, dont les feuilles sont ovales , sessiles, opposées, les supérieures réunies par leur base en une seule feuille perfoliée. Les fleurs sont sessiles et disposées à l'extrémité des tiges en un ou deux yerticilles. Elles sont formées d’un long tube rouge ou blanchâtre au dehors, suivant la variété ; blanc en 150 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. dedans, à 5 divisions irrégulières, et à 5 étamines saillantes. Le fruit es une baie à.3 loges polyspermes. Les fleurs de chèvrefeuille possèdent une odeur très agréable. On les emploie en infusion théiforme , comme béchiques et légèrement sudo- rifiques , et l'on en forme un sirop de la même manière que le sirop de violette. Sureau commun, Sambucus nigra L. Car. gén, : Calice sous-globuleux , à 5 divisions peu marquées ; Corolle supère, rotacée, à 5 divisions; 5 étamines égales. Ovaire infère à 3 loges; ovules solitaires pendant du sommet de l’axe central de chaque loge ; 3 stigmates sessiles et obtus; baie glo- buleuse, couronnée par les vestiges du limbe du calice, pulpeuse, con- tenant 3 semences attachées par un funicule à l'axe du fruit. Car. spée. : Tige arborescente; feuilles pinnatisectées, à segments dentés ; cyme à 5 branches. Le sureau noir est un arbuste dont le bois est très léger et renferme un large canal médullaire , surtout dans les jeunes branches. Son feuil- lage est d’un vert foncé et répand une odeur désagréable. Les fleurs sont blanches , très petites, mais très nombreuses, et sont disposées en cymes touffues d’un très bel effet. Elles sont douces d’une odeur suave lorsqu'elle est affaiblie, mais trop forte et désagréable de près. Séchées, elles sont d’un volume encore moindre, jaunes et conservent une odeur toujours forte, mais agréable. On en prépare alors un hydrolat, un oxéolé et différentes préparations magistrales. Elles sont sudorifiques et résolutives. - Les baies de sureau sont grosses comme de petits pois, d’un brun noir, luisantes , et sont remplies d’un suc rouge brun , qui passe au violet par les alcalis et au rouge vif par les acides. On les nommait autrefois grana actes, ce qui ne veut rien dire autre chose que grains de sureau, oœxzn élant le nom grec de l'arbre. On en prépare un extrait nommé rob de sureau, qui est purgatif à la dose de 12 à 15 grammes. L'écorce de sureau est aussi usitée en médecine et peut être très utile comme purgative, dans l’hydropisie : c’est l'écorce des jeunes branches qui est employée à cet usage ; on la récolte à l'automne, après la chute des feuilles, lorsque son épiderme, qui était vert d’abord, est devenu gris et tuberculeux. On racle légèrement cet épiderme gris avec un couteau ; on enlève par lambeaux l'écorce verte qui est au- dessous, et on la fait sécher. Elle est alors sous la forme de lanières étroites, d’un blanc verdâtre, d’une saveur douccâtre astringente et d’une odeur faible. On l’emploie à la dose de 30 grammes par litre, en décoction, LORANTHACÉES, 181 Hiéble, sanbucus ebulus L. Gette espèce de sureau croît abondam- ment en Europe, sur le bord des chemins, dans les lieux humides. Sa racine , qui est blanchâtre, charnue et vivace , pousse des tiges herba- cées et annuelles, hautes de 100 à 130 centimètres. Ses feuilles sont pinnées avec impaire, comme celles du sureau noir, mais à folioles plus longues et plus aiguës et accompagnées à la base de stipules foliacées. La cyme des fleurs n’a que trois branches ; les baies sont semblables et sont employées concurremment avec celles de sureau, Elles teignent cependant les doigts en un rouge plus vif, FAMILLE DES LORANTHACÉES, Petit groupe de végétaux parasites et ligneux , composé principale- ment des deux genres viscum et loranthus. Je n’en citerai qu’une espèce très répandue en Europe et qui était un objet de grande vénéra- tion chez les Gaulois nos ancêtres : c’est le gui que les druides cueil- laient au commencement de chaque année, avec accompagnement de cérémonies religieuses, et dont ils se servaient pour bénir de l’eau qu'ils distribuaient au peuple , en lui persuadant qu’elle purifait, don- nait la fécondité , détruisait l'effet des sortiléges et guérissait de rlu- sieurs maladies. Le gui, viscum album L. (fig. 288), croît fréquemment sur les pommiers , les poiriers, les tilleuls, les frênes, l’érable , l’orme, les peupliers, les saules, le hêtre, et très rarement sur le chêne, sur lequel les druides le recherchaient principalement. Sa tige est li- gneuse , cylindrique , divisée dès sa base en rameaux dichotomes, d’un vert jaunâtre , ainsi que les feuilles, et formant une touffe “arrondie large de 35 à 45 centi- mètres. Les feuilles sont sessiles , rares, oblongues, entières, épais- ses, glabres et persistantes. Les fleurs sont petites, verdâtres, ra- massées 3 à 6 ensemble, dans les bifurcations supérieures, et dioïques. Leur calice est entier, à bord très peu saillant ; les pétales sont au nombre de 4, caliciformes, réunis par la base. Dans les fleurs mâles, chaque pétale porte, sur le milieu de sa face interne, une 182 DICOTYEÉDONES CALICIFLORES. añthère sessile, oblongue. Dans les femelles, l'ovaire est infère, cou- ronné par le calice, et terminé par un style court, à stigmate arrondi. Le fruit est une baie globuleuce, blanche, remplie d’une pulpe vis- queuse et contenant une seule graine charnue, qui renferme plusieurs embryons. C'est de cette baie d’abord, et ensuite de la plante entière du gui, et du loranthus europæus, que l’on a retiré la gtu, ên les pilant, lés faisant bouillir dans l’eau et les mettant ensuite pourrir à la cave jusqu’à ce qu’elles fussent converties en une masse visqueuse , qu’il ne s’agit plus que de débarrasser par le lavage des débris étrangers , pour Ja livrer au commerce. Aujourd’hui c’est surtout de la seconde écorce du houx qu'on retire la glu par le procédé qui vient d’être décrit. La glu est une bien singulière substance, sur la nature de laquelle on n’est pas encore complétement éclairé. Elle est demi-liquide , très visqueuse, collante et ne se dessèche pas à l’air. Elle a une couleur verdâtre et ne possède ni odeur ni saveur caractérisées. Elle est insoluble dans l’eau , soluble à chaud dans l'alcool, soluble dans l’éther, insoluble dans les alcalis, décomposable par les alcalis minéraux concentrés. Elle paraît contenir de l'azote, à en juger par l’odeur qu’elle dégage en brülant. FAMILLE DÉS CORNÉES. Cette petite famille, qui est la première des dicotylédones caliciflores polypétales, est encore moins nombreuse que la précédente. Elle n’est guère formée que de quatre genres dont un seul, le genre cornus ou cornouiller, offre quelque importance. Voici quels en sont les carac- tères : Fléurs souvent disposées en tête ou en ombelle et pourvues d’un in- volucre, ou disposées en panicule et non involucrées. Calice soudé avéc l'ovaire, à limbe supère, très court, à 4 dents; corolle à 4 pé- tales valvaires, insérés au haut du tube du calice, avec 4 étamines alternantes; ovaire infère, à 2 loges, rarement 3, surmonté d’un disque et d’un style terminé par un stigmate tronqué ; chaque loge de l'ovaire renferme un seul ovule pendant. Le fruit est un caryone ou drupe infère, à un seul novau osseux , à 2 ou 3 loges, mais souvent uniloculaire et monosperme par avortement. La semence est inverse, pourvue d’un embryon orthotrope, dans un albumen charnu. Les feuilles sont entières el opposées, excepté dans une seule espèce où elles sont alternes. | Les cornouillers comprennent une vingtaine d'espèces, dont deux sont indigènes ét communes dans nos bois. L'une est le cornouiïller —— ARALIACÉES. 183 mâle, cornus nus L., grand arbrisseau de 7 ou 8 mètres de hauteur, à feuilles opposées, ovales, pointues, courtement pétiolées. Les fléurs paraissent avant les feuilles, au mois de mars: elles sont jaunes , très petites, disposées en ombelles pourvues d’un involucre à 4 folioles. Les fruits, nommés cornoutlles, sont rouges, de la grosseur et de la forme d'une petite olive; ils ont une saveur aigrelette ou un peu acerbe et jouissent d’une propriété astringente. Le bois de cornouiller est très dur, tenace, d’un grain fin, susceptible d’un beau poli et bon pour les ouvrages du tour. On en fabrique des roues de moulin, des échelons d'échelle, des manches d'outils ; les anciens en faisaient des piques ét des javelots. La seconde espèce est le cornouiller sanguin Où cornouiller femelle (cornus sanguinea L.). C'est un arbrisseau de 4 ou 5 mètres, dont les jeunes rameaux sont colorés en rouge brun. Les fleurs sont blanches et disposées en corymbes dépourvus d’involucre. Les fruits sont arrondis, noirâtres, d’une saveur amère et astringente. L'amande fournit par expression le tiers de son poids d’une huile propre pour l'éclairage et la fabrication du savon. FAMILLE DES ARALIACÉES. Calice soudé avec l’ovaire, à limbe entier où denté, Corolle à 5 pé- tales valvaires, très rarement nuls et remplacés par un nombre égal d’étamines; 5 étamines insérées sous la marge d’un disqué épigyne ; ovaire infère, à 2 ou à un plus grand nombre de loges uni-ovulées. Plusieurs styles simples, divergents, quelquefois soudés en un seul ; stigmates simples. Fruit bacciforme, couronné par le limbe du calice, offrant de 2 à 5 loges (quelquefois 10 à 12) monospermes; semences anguleuses, inverses, contenant un embryon orthotrope, à la base d’un endosperme charnu. La famille des araliacées comprend des arbres, des arbrisseaux et quelques plantes vivaces, à suc aqueux, Les tiges et les rameaux sont cylindriques, souvent grimpants; les feuilles sont alternes, simples, palmées ou pinnées, à pétioles dilatés à la base , privées de stipules. Cette famille offre de grands rapports avec celle des ombellifères , dont elle diffère cependant par son inflorescence souvent imparfaitement ombellée, par la pluralité des styles et par son fruit charnu , très sou- vent pluriloculaire. Lierre commun. Hedéra helix L. Le lierre est un arbrisseau sarmenteux qui s'élève très häut en s’attachant aux arbres où aux murailles, à l’aide de petites 184 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. griffes radiciformes dont ses tiges sont pourvues dans toute leur longueur. Ses feuilles sont alternes, pétiolées, persistantes, d’une consistance ferme, glabres, luisantes, d’un vert foncé; elles varient dans leur forme, celles des jeunes pieds ou des rameaux rampants et stériles des vieux troncs étant anguleuses et partagées en 3 ou 5 lobes; celles des ra- meaux florifères étant entières et à peu près ovales ou ovales-lancéolées, Les fleurs sont petites , verdâtres , disposées à l'extrémité des rameaux en plusieurs ombelles globuleuses; elles sont composées d’un calice campanulé soudé avec l'ovaire, terminé par 5 petites dents; d'une corolle à 5 pétales élargis et se touchant par la base; de 5 étamines et d’un ovaire turbiné, surmonté d’un style court et d’un stigmate simple. Le fruit est une baie globuleuse , d’un vert noirâtre, à 3, A ou 5 loges monospermes. Les fleurs paraissent à l’automne et les fruits mürissent au printemps. Les feuilles de lierre ont longtemps servi pour le pansement des cau- tères ; elles sont aujourd’hui généralement remplacées par un papier couvert d’un enduit résineux ; on les emploie aussi en décoction contre la vermine de la tête. L'écorce fait partie de la tisane de Feltz, suivant la formule de Baumé. Résine de lierre, Dans les pays chauds, les vieux troncs de lierre fournissent naturellement, ou à l’aide d’incisions , un suc résineux qui se durcit à l'air et qui était usité autrefois dans les fumigations, ou comme résolutif et emménagogue ; mais ce suc, tel que le commerce le présente , est loin d’être une substance toujours identique, Tantôt c'est de la résine privée de gomme , tantôt de la gomme pure , d’autres fois un mélange des deux ; je lui conserve cependant le nom de y'ésine , parce que c’est elle et non la gomme qu'il convient d'employer : quoique privée de gomme, ce n’est pas encore cependant de la résine pure. 4. On trouve dans la résine de lierre du commerce des morceaux qui paraissent d’un brun noir et opaques, parce qu'ils sont recouverts d’une croûte jouissant de ces caractères ; mais en les déharrassant de cette enveloppe, ils deviennent transparents, d’une couleur orangée ou rouge, ont une cassure vitreuse, une saveur mucilagineuse , et sont privés d’odeur. Leur poudre, qui est presque blanche, traitée par l’eau, s’y gonfle considérablement sans s’y dissoudre. Quelquefois ce- pendant la liqueur filtrée précipite par l’alcool, ce qui nous montre que ce produit du lierre n’est pas constant, et que, s’il n’est pas le plus souvent qu’une gomme insoluble, comme celle de Bassora , il contient d’autres fois une certaine quantité de gomme soluble comme la gomme du Sénégal. 2, On trouve d’autres morceaux qui sont d’un brun noirâtre, mêlé ARALIACÉES. 185 de taches rougeâtres dues à des portions fongueuses de l'écorce du lierre. Leur cassure est brillante et même vitreuse, sauf les mêmes taches rougeûtres qui se présentent à peu près uniformément dans toute la masse , et qui lui donnent son opacité ; car certaines parties, un peu plus pures , sont transparentes sur les bords. Ces portions transparentes sont de la gomme semblable à celle n° 4. La masse totale est inodore , donne une poudre brune, et brûle comme du bois lorsqu'on l’expose au feu. Indépendamment des parties gommeuses dont je viens de parler, la substance n° 2 présente , surtout à l’aide de la loupe, dans des cavités de l'extérieur ou de l’intérieur, de petits globules rouges, transparents et brillants comme du rubis, qui sont de la résine ; mais, abstraction faite de ces parties résineuses , le reste n’est, en général, formé que de débris d’écorce liés avec une matière gommeuse. 3. La troisième sorte de matière qu’on trouve dans la résine de lierre du commerce est en morceaux d’un brun noirâtre, comme salis extérieurement par une poussière jaunâtre. Elle offre quelquefois des débris d’écorces semblables à ceux de la sorte n° 2, mais le plus souvent elle en est dépourvue. Sa cassure est entièrement vitreuse, sa transpa- rence parfaite à l’intérieur, sa couleur rouge de rubis foncé : elle a, même en morceaux, une odeur très forte de résine tacamaque , mêlée de celle de graisse rance , ce qui la rend désagréable, Sa saveur est analogue à son odeur. Elle donne une poudre jaune très odorante, bien différente de la poudre brune et inodore de la sorte n° 2. Cette substance, qui est celle décrite par De Meuve et Lemery, comme résine de lierre, doit jouir de propriétés médicales assez actives, et doit être seule em- ployée. Pelletier a publié une analyse de la résine de lierre, dont voici les résultats ( Zull. de pharm., t. IV, p. 504): CORRE ne ES 7 ÉD PS dE nis 23 Acide malique,.ete . . ... …. . 0,30 Ligneux très divisé . . . , . . . 69,70 100,00 Pelletier paraît avoir opéré sur la sorte n° 2 ; cependant cette sorte est en général plutôt gommeuse que résineuse, La résine de lierre n° 3, traitée par l'alcool à 40 degrés bouillant, s’y dissout en partie, et donne une liqueur orangée rouge, qui, par son évaporation spontanée , laisse précipiter une matière grenue, moins colorée et moins soluble qu'auparavant, 186 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES,. Environ la moitié de la résine résiste à l’action de l'alcool, et reste sous la forme d’une poudre orangée encore odorante. L’eau n’en dissout rien du tout. La potasse caustique en dissout un peu de principe colo- rant jaune , que l'acide acétique peut en précipiter. La partie insoluble dans l’alcali devient brune, L’acide acétique n’en dissout rien. L’acide nitrique concentré ne l’altère pas à froid ; bouilli dessus pendant long- temps, eten grand excès , il ne paraît pas l’altérer davantage ; car il se colore à peine, La matière orangée conserve toute sa couleur et son odeur ; l’acide n’a qu’une légère teinte jaune ; étendu d’eau et filtré, il n'a aucune saveur amère; l’ammoniaque le colore en jaune, sans en rien précipiter ; le sulfate de chaux et le chlorure de calcium n’y ap- portent aucun changement : il ne s’est donc formé ni principe amer ni acide oxalique. Cette action de l'acide nitrique nous montre que le corps que j'y ai soumis n'est ni une résine, ni une gomme , ni du ligneux. C'est un nouveau principe immédiat des végétaux , dont il conviendrait d’autant plus d'étudier les propriétés avec soin, que son inaltérabilité pourrait le rendre utile à la teinture, si l’on parvenait à le fixer sur les‘étofles. Aralie nudicaule, fausse salsépareille de Virginie, a7alia nu- dicaulis L. La tige rampante de cette plante est employée dans l’Amé- rique du Nord comme succédanée de la salsepareille. ( Voyez tome II, p. 186.) Racine de Ginseng. Panar quinquefolium L. (fig. 289). Cette plante croît dans la Chine el au Canada. Sà racine a été si estimée dans l’Asie orientale , qu'elle s’y est vendue longtemps trois fois son poids en argent, et q#'on cite comme un acte de munificence royale, que les ambassadeurs sia- mois en aient apporté en présent à Louis XIV. Mais depuis que la plante a été trouvée en abondance dans l'Amérique septentrionale, on l'a ren- contrée facilement dans le commerce, et on l’a mênie transportée en Chine, où le prix en est considérablement tombé, et, comme une conséquence presque obligée , la grande estime qu’on en faisait. La racine de ginseng est à peu près longue et grosse comme le petit doigt, quelquefois fusiforme ou cylindrique ; mais le plus souvent ren- flée à la partie supérieure , et marquée de ce côté de nombreuses im- pressions circulaires ; souvent aussi elle se partage par le bas en deux branches qui, ayant été comparées aux cuisses d’un homme , lui ont valu son nom et $a réputation d’être aphrodisiaque. Elle est jaunâtre à l'extérieur : tantôt blanche et farineuse à l’intérieur, et d’autres fois jaune et cornée, suivant qu'elle contient plus de fécule ou plus de principes sucrés et extractifs. Elle a, lorsqu'on la respire en masse, une ARALIACÉES. 187 faible odeur d’angélique, accompagnée d’une âcrelé qui se porte aux glandes salivaires. Sa saveur est à la fois amère , âcre et sucrée. Ces caractères indiquent que si cette substance ne jouit pas de toutes les vertus qui lui ont été altri- buées, elle ne doit pas au Fig. 289, moins être dépourvue de toute propriété tonique el excitante. La racine de ginseng a longtemps été confondue avec une autre racine presque sem- blable , mais moins estimée, qui vient dans la Corée, et est cultivée dans la Chine et au Japon. Gette racine est celle de ninsin (sium ninsi L.), plante ombelli- fère qui paraît être une sim- ple variété du chervi, siwm sisarum L. Mais je ne pense pas avoir jamais vu cette ra- cine dans le commerce. Les deux plantes sont faciles à distinguer : le ninsin poussant un amas de racines tubercu- leuses, d’où s'élèvent plu- sieurs tiges géniculées et rameuses , munies de feuilles pinnées ou ternées, d’ombelles pourvues d’involucres et de fruits formés de deux carpelles qui se séparent à maturité, comme ceux de toutes les ombellifères ; tandis que le pañnar quinquefolium pousse de sa racine une tige unique et nue, términée supérieurement par trois ou quatre feuilles longuement pétiolées, composées chacune dé 5 folioles courtement pétiolulées. Les fleurs sont polygames, presque en tête, dé- pourvues d'involucres, et il leur succède un fruit charnu à 2 loges monospermes. Mais, ce qui fait surtout le caractère de la racine de ginseng, c’est qu’elle est surmontée d’un co/let tortueux , où se trouve marquée obliquement et alternativement, tantôt d’un côté, tantôt d’un autre, l'empreinte de la tige unique que la plante pousse chaque année. J'ai trouvé une fois dans du polygala de Virginie une grande quantité de ces collets de ginseng qui, par leur forme et leur couleur, se con- fondaient assez bien avec la masse de la racine. 11 convient donc d'v regarder. 185$ DICOTYLÉDONES CALICIFLORES,. FAMILLE DES OMBELLIFÈRES. Cette nombreuse et importante famille est une des plus naturelles du règne végétal; mais c’est aussi une de celles où les genres et les espèces sont les plus difficiles à déterminer. Elle comprend des végétaux herbacés ou rarement frutescents, à tige fistuleuse, et à feuilles alternes, engaînantes par la base du pétiole, généralement divisées ou décomposées. Les fleurs sont petites et disposées en ombelles ; c’est-à-dire qu’elles sont portées sur des pédoncules qui partent d’un même point de la tige et qui s'élèvent sensiblement à la même hauteur, ou à la même dis- tance du point de séparation. Quelquefois l’ombelle est simple , lorsque les pédoncules ne se divisent pas et ne portent qu’une fleur ( exemple le genre kydrocotyle) ; mais elle est presque toujours composée, ce qui a lieu lorsque chaque pédoncule partant de la tige se divise lui-même en un certain nombre de pédicelles ombellés. Très souvent les ombelles générales ou les ombelles partielles, qui prennent le nom d’ombellules, portent à leur base une ou plusieurs folioles ou bractées qui composent une collerette où un #nvolucre, lors- qu'elles sont situées à la base de l’ombelle générale ; et un #nvolucelle quand elles se trouvent au point de départ des ombellules. La présence ou l'absence des involucres et des involucelles, ainsi que le nombre plus ou moins grand de folioles dont ils se composent , est un des caractères qui servent à distinguer les genres. Chaque fleur d’ombellifère est composée d’un calice adhérent avec l'ovaire, persistant et formant l’enveloppe extérieure du fruit ; d’une coroile à 5 pétales distincts; de 5 étamines alternes avec les pétales : l'ovaire forme 2 loges contenant chacune 4 ovule renversé. Il est sur- monté de 2 styles, terminés chacun par 4 stigmate. Le fruit est un diakène , formé de deux demi-fruits ({méricarpes DC.) qui se séparent presque toujours à maturité, en emportant chacun la moitié du calice. Ces méricarpes, en se séparant, restent suspendus à la partie supé- rieure d’un support commun simple ou dédoublé , nommé carpophore, et ils sont toujours marqués à la partie extérieure de 5 côtes , qui for- ment la moitié des 10 nervures primitives du calice. Les intervalles qui séparent les côtes saillantes du fruit portent le nom de vallécules. On y observe souvent des vaisseaux résinifères nommés bandelettes (vittæ DC.), dont le nombre et la disposition servent aussi à la distinction des genres. Chaque semence du fruit présente un endosperme volumineux, charnu, corné et souvent huileux. L’embryon est droit , homotrope, petit, situé à la partie supérieure de l’endosperme, OMBELLIFÈRES. 189 M. de Candolle a divisé la famille des ombellifères en trois sous- familles fondées sur la forme différente de l’albumen , et ensuite en dix-sept tribus déterminées par la forme extérieure du fruit. Voici seu- lement les trois sous-familles. ORTHOSPERMES : Endosperme plan du côté interne. Exemples : les genres sanicula, seseli, archangelica, Ssiler, cuminum, thapsia, eryngium , elc. CAMPYLOSPÈRMES : Albumen offrant du côté interne un sillon longi- tudinal, par suite de l’introflexion des bords du fruit. Exemples : les genres caucalis, scandiz, onthriscus, cherophyllum, conium , smyr- nium , lc. COFLOSPERMES : Albumen recourbé en dedans de bas en haut. Exemple : le genre cortandrum. Les ombellifères sont en général des plantes actives, riches en huiles volatiles et en résines, que l’on trouve répandues dans toutes leurs parties et principalement dans leurs racines et dans leurs fruits, dont un très grand nombre sont usités. Quelquefois aussi elles sont pourvues d’un suc très délétère , comme le sont les différentes plantes qui portent le nom de ciqué, l’œnanthe safranée et plusieurs autres. Ce sont elles également qui fournissent la plupart des gommes-résines usitées en pharmacie, telles que l’assa-fœtida, le sagapénum, le galbanum, la gomme ammoniaque et l’opopanax. Je traiterai de ces derniers produits après avoir parlé d’abord des racines d’ombellifères alimentaires et mé- dicinales, des feuilles ou plantes alimentaires ou vénéneuses, et des fruits aromatiques les plus usités. Racine de Carotte. Daucus carotta XL. Cette plante, si intéressante comme plante pota- gère, croit naturellement partout, dans les champs; mais la racine en est grêle, ligneuse, dure, non sucrée, et pourvue d’une saveur âcre et aromatique; les tiges sont chargées d’aspérités et s'élèvent de 60 à 100 centimètres. Les feuilles sont amples , légèrement velues , deux ou trois fois ailées, à folioles très divisées ; les ombelles sont blanches ou un peu rougeûtres , touffues , pourvues d’un involucre pinnatifide, Les fruits sont très petits, arrondis, mais ordinairement séparés en deux carpelles aplatis du côté interne , et recouverts de l’autre de longs poils rudes , blancs, visibles à la simple vue et qui les font paraître hérissés. Ils ont une faible odeur herbacée qui, par la trituration , devient forte et térébinthacée. La saveur en est amère, âcre et camphrée. Cette plante, cultivée dans les jardins potagers, a éprouvé une trausformation complète, quant à sa racine, qui est devenue grosse, charnue , sucrée, propre à la nourriture des hommes et des animanx. 190 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. On en retire assez facilement du sucre cristallisé identique avec celui de la canne et de la betterave, et si nous n'avions pas cette dernière racine, on est fondé à croire que la carotte pourrait la remplacer. Panais cultivé, Pastinaca sativa L. Plante haute de 1400 à 130 centimètres, dont la tige droite, ferme et cannelée, est garnie de feuilles ailées, à folioles ovales, assez grandes, dentées, un peu lobées et incisées, Les fleurs forment une ombelle de 20 ou 30 rayons; elles sont formées d’un calice à peine visible, entier ; d’une corolle à 5 pétales égaux , entiers, roulés en dedans; de 5 étamines et d’un ovaire infère chargé de 2 styles courts, réfléchis, à stigmates obtus. Le fruit est comprimé, elliptique, formé de deux méricarpes aplatis, blanchâtres, avec une teinte rougeätre ; ils sont échancrés au sommet, pourvus, du côté extérieur, de 3 côtes dorsales aplaties, et encadrés tout autour par une membrane margi- nale. Du côté interne, la surface est plane, avec deux fissures en forme de croissants. La racine de panais cultivé est bisannuelle, pivotante, charnue, blanchâtre, d’une saveur un peu aromatique et sucrée. Elle contient 10 à 12 pour 100 de sucre. C’est un aliment sain et nourrissant, mais qu’il faut éviter de confondre avec la racine de grande ciguë, qui lui ressemble un peu par la forme et la saveur. Pour éviter cette méprise, qui a été quelquefois funeste, il faut n’arracher de terre, dans les prés ou dans les champs, que les panais munis de leurs feuilles ; ou mieux encore , il faut ne manger, dans les campagnes, que ceux qu’on a cul- tivés soi-même. | On vend sur les marchés, dans tout l'Orient, une racine de sekakul qui passe pour un aliment très nourrissant et aphrodisiaque : c’est une espèce de panais, nommée pastinaca sekakul Russel (pastinaca dis- secta Vent.). Notre panais lui-même passe pour être légèrement aphro- disiaque, et l'on recommandait autrefois de ne pas en donner aux personnes obligées de garder la chasteté. La racine de ehervi (sum sisarum L.) et le minsin du Japon (sum ninsi L.) jouissent de la même réputation; le céleri, variété cultivée de l’ache des marais ( apium graveolens L.), la partage également. Racine d’Ache. On connaît en pharmacie deux plantes qui portent le nom d’ache : l’une est lache des marais, ou paludapium , ou ache proprement dite; J'autre est l'ache de montagne ou la livèche , toutes deux appartenant à la famille des ombellifères. Pour éviter toute confusion à l'avenir, nous OMBELLIFÈRES. 191 donnerons à la première plante seule le nom d'acke, et à la seconde celui de liveche. Ache des marais, apium graveolens XL, tribu des ammidées. Cette plante (fig. 290) se trouve dans toute l'Europe , sur le bord des ruis- seaux et au milieu des marais. Sa tige est sillonnée , rameuse, haute de 2 pieds. Ses feuilles sont lon- guement pétiolées, une ou deux Fig, 290. fois ailées, à segments cunéi- formes-incisés, lisses et un peu luisantes, Ses fleurs sont d’un blanc légèrement verdâtre, dis- posées en ombelles axillaires ou terminales, presque sessiles et dépourvues d’involucres et d'involucelles ; les pétales sont arrondis et entiers. Le fruit est brunâtre, très menu , globu- leux, composé de deux méri- earpes dont chacun est marqué de 5 côtes saillantes et blan- ches. Ce fruit a une odeur sem- blable à celle de la racine dont nous allons parler, et une saveur amère, âcre, très aromatique. La racine d’ache est grosse comme le pouce, grise au de- hors, blanche en dedans, fusiforme, souvent divisée en plusieurs fortes radieules; elle jouit d’une odeur forte et suave qui a de l’analogie avec celle de l’angélique, et elle présente une saveur aromatique et amère à laquelle succède une assez grande âcreté, Cette racine est une des ‘cinq racines apéritives, et, à ce titre, fait partie du sirop de ce nom. C’est elle qui lui communique son odeur agréable, odeur qui résiste même à la cuisson; mais il faut observer que, très souvent, on lui substitue la racine de livèche, plante assez commune dans nos jardins, et qui est presque la seule dont on récolte la racine à Paris; tandis que la racine tirée d'Allemagne , qui est celle que je viens de décrire, paraît être la vraie racine d’ache : c’est donc elle qu’il faut préférer. * D'après de Candolle, la racine d’ache récente serait vénéneuse , ou au moins très suspecte. Il est vrai qu’elle présente une assez grande âcreté, mais je ne la crois pas dangereuse. Dans tous les cas, la des- siccation et la cuisson doivent lui enlever toute qualité nuisible. La semence d’ache faisait autrefois partie de plusieurs électuaires 192 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. purgatifs et de la poudre chalybée. On ne la trouve plus dans le com- merce , et le seul fruit qu'on débite sous ce nom est celui de la liveche. Les botanistes regardent comme de simples variétés de l’ache des marais deux plantes très usitées dans l’art culinaire , sous le nom de céleri : l’une est le eéleri ordinaire, apium dulce de Miller, remar- quable par la longueur de ses pétioles, qu’on a soin de soustraire à l’action de la lumière , afin de les blanchir et de les attendrir (c’est ce qu'on nomme étioler) ; l’autre est le eéleri-rave, Où apium rapaceum, dont la racine napiforme et succulente égale souvent la grosseur des deux poings. Racine de Livèche. Levisticum officinale Kock; ligusticum levisticum L., de la tribu des angélicées. Cette plante (fig. 291), croît naturellement dans les montagnes du midi de la France, mais elle est cultivée presque partout dans les jardins. Elle s’élève à la hauteur d’un homme. Sesfeuilles sont très grandes, deux ou trois fois ailées et composées de fo- lioles planes, cunéiformes, in- cisées vers le sommet ; elles sont de plus d’un vert foncé, lui- santes et coriaces. Les fleurs sont jaunâtres, terminales, dis- posées en ombelles pourvues d'involucres et d’involucelles polyphylles. La marge du calice est peu marquée ; les pétales sont arrondis, entiers, avec une pointe courte recourbée en dedans, Le fruit est blanchâtre, aplati, formé de deux méri- carpes qui se séparent à la marge. Ces méricarpes sont pourvus de à côtes ailées, dont les 2 marginales sont deux fois plus larges que les autres, mais toujours peu distinctes du fruit ; les vallécules ne présentent qu'un seul vaisseau résinifère , tandis que les commissures en offrent de 2 à 4. La coupe transversale présente une amande aplatie, rectangulaire, entourée d’un péricarpe foliacé , avec Fig. 291. = OMBELLIFÈRES. 193 3 dents triangulaires sur la face extérieure, et 2 dents proéminentes plas développées sur les angles de la face interne. Ces fruits ont une odeur faible en masse, une odeur de térébenthine lorsqu'on les froisse sous les doigts, une saveur très amère et térébinthacée; ce sont les seuls que l’on trouve dans le commerce, sous le nom de semence d'ache. La racine de livèche est épaisse, noirâtre au dehors, blanche en dedans, d’une odeur forte et d’une saveur âcre et aromatique, comme le reste de la plante. Cette racine est celle que l'on emploie générale- ment à Paris sous le nom de racine d'ache. Lorsqu'elle est sèche, ell: est grosse comme le pouce, plus ou moins, grise à l'extérieur, ridée longitudinalement ou transversalement, offrant souvent à sa partie supé- rieure, et à la distance de 3 à 5 centimètres, plusieurs renflements dus à de nouveaux collets qui se forment chaque année. L'intérieur est jaunâtre et spongieux, d’une saveur parfumée , un peu sucrée et un peu âcre. L'odeur est fort agréable ct tient de celle de l’angélique. Racine d’Angélique officinale. Archangelica of- ficinalis Hoffm. , angelica archan- gelica L., tribu des angélicées (fig. 292). L’angélique croit surtout en Lapo- nie, en Norvége, en Bohême , en Suisse , dans les Pyrénées, dans les montagnes de l'Auvergne. On la cultive aussi dans les jardins ; alors , de bisan- nuelle qu’elle est naturellement, elle peut devenir vi- vace. Sa racine es! grosse, charnue, très odorante, et peut fournir au printemps, par une incision faite à la III. 1 194 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. partie supérieure, un suc gommo-résineux , d’une forte odeur de musc. Cette racine se divise en un grand nombre de rameaux qui s’enfoncent perpendiculairement dans la terre. Sa tige s'élève à la hau- teur de 100 à 130 centimètres. Elle est grosse, creuse, cannelée, verte, très odorante ; ses feuilles, également odorantes, sont grandes, deux fois pinnées, à segments sous-cordés, lobés et finement dentés; le lobe extrême est triparti; le pétiole embrasse la tige en formant une coupe ou un sac ouvert; les fleurs sont d'un blanc verdâtre, disposées en une grande ombelle hémisphérique munie d’un involucre fort petit, et d'involucelles partiels dont les folioles égalent les ombellules. Le fruit est blanchâtre , comprimé, elliptique, formé de deux méricarpes à 3 côtes dorsales élevées et rapprochées , et à 2 côtes latérales élargies en une membrane qui double le diamètre du fruit. La semence est volumineuse, en forme de navette, convexe du côté externe , creusée en gouttière du côté interne ; elle est isolée du péricarpe et toute couverte de vaisseaux à suc résineux-balsamique, qui lui commueni- quent une odeur et une saveur très fortes et très agréables d’angélique. La racine d'angélique nous est apportée sèche de la Bohême, des Alpes et des Pvyré- nées. Elle se compose du corps de la racine et de grosses fibres rassemblées en faisceau (fig. 293). Elle est grise à l'extérieur et très ridée , blanchâtre à l’intérieur, d’une odeur forte très agréable, d’une saveur amère, mus- quée, âcre et persistante. Il faut la choisir bien sèche, nouvelle, non vermoulue, et la conserver dans un endroit sec, avec l'attention de la cribler souvent ; car elle attire l’humidité et se laisse très facilement attaquer par les insectes. Peut-être les pharmaciens devraient-ils, en raison de la vétusté ordinaire de la racine d’angélique du commerce, faire sécher eux-mêmes, après la chute des feuilles et à la fin de la première année, celle de la plante cultivée dans nos jardins : je m'en suis procuré de celte manière qui est fort supérieure pour la force et la suavité de son odeur à celle du commerce. L'eau dans laquelle on fait infuser la racine d'angélique.prend une couleur jaune, le goût el l'odeur de la racine, mais dans un faible re PR OMBELLIFÈRES. 195 degré. L'alcool se charge de principes plus actifs, et l’éther en dissout aussi quelques uns. 1000 grammes de cette racine donnent ordinaire- ment 8 gram. d'huile volatile, 200 à 250 gram. d'extrait alcoolique, résineux et balsamique, ou bien 300 à 375 gram. d’extrait aqueux, d’une odeur faible. D’après MM. Mayer et Zeuner, la racire d'angélique contient trois acides volatils, dont un , l'acide valérianique , y aurait été difficilement soupçonné. Peut-être est-il le résultat d’une transformation subie par quelque autre principe volatil. Pour obtenir ces acides, on fait bouillir la racine avec de l’eau tenant en suspension de l’hydrate de chaux. La liqueur brune qui en résulte est concentrée, additionnée d’acide sulfurique en excès et distillée. Le produit distillé consiste dans une eau trouble acide, mélangée d'essence acide. On sature le tout par la potasse, on concentre fortement la liqueur, on l’acidifie de nouveau par l'acide sulfurique et on distille. On obtient ainsi un liquide très acide , trouble, surnagé d'acide valé- rianique buileux et tenant en dissolution une portion de ce même acide mélangé d’acide acétique et du troisième acide, qui a reçu le nom d'acide angélicique. On obtient celui-ci cristallisé par le refroidisse- ment de la liqueur. 1l est blanc , fusible à 45 degrés, volatil à 190 et distillant sans altération. Il a paru composé de C'°H$O4, La racine d’angélique entre dans la composition des alcoolats théria- cal et de mélisse composé, et dans celle du baume du commandeur. Les feuilles récentes font partie de l’eau vulnéraire, simple et spiri- tueuse. Les confiseurs forment un condiment très agréable et stoma- chique avec les tiges. Les fruits, qui étaient aussi employés autrefois, ne le sont plus aujourd’hui. On trouve chez les herboristes, indépendamment de la racine d’angé- lique de Bohême, dont je viens de parler, une autre racine plus grosse, plus blanche , à radicules moins nombreuses. et d’une odeur presque nulle. Beaucoup de personnes ont pris celte dernière racine pour celle de l’angelica sylvestris de Linné ; mais c’est la racine de l’archangelica, cultivée dans les jardins et récoltée à la fin de la seconde année, lorsque la plante à fructifié et est parvenue au terme de son existence ; tandis que celle que l’on peut récolter à la fin de la première année , après la chute des feuilles, est au moins aussi aromatique que celle qui nous arrive de la Bohême et des autres lieux susnommés. Racine de Sambola ou Sambula. - Racine pouvant avoir, dans son entier , la forme et le volume d’une betterave , mais souvent surmontée de plusieurs bourgeons distincts, et 196 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. partagée par le bas en plusieurs grosses radicules. Telle que le com- merce me l’a présentée, il y a une dizaine d'années, elle était coupée en tronçons dont le plus considérable à 11 centimètres de diamètre et h centimètres d'épaisseur. Ces tronçons sont couverts à la circonférence d'un épiderme gris, papyracé , et sont marqués de stries circulaires très nombreuses. La partie supérieure de la racine , qui se rétrécit en un ou plusieurs collets, présente des poils rudes et courts, disposés par rangs circulaires, devant provenir de la destruction d’écailles qui en- touraient les bourgeons radicaux. A l’intérieur, la racine est d’un blanc farineux ; elle contient en effet beaucoup d’amidon et elle devient en peu de temps la proie des insectes. La surface des morceaux coupés depuis longtemps est comme salie par une matière adipo-résineuse jaunâtre , exsudée à l’intérieur. Enfin cette racine est remarquable par une forte odeur de musc, qui fait supposer qu’elle doit être produite par une plante ombellifère voisine des angéliques. Elle à été apportée de Russie, mais elle vient peut-être de l’intérieur de l’Asie. Racine d’Angélique du Brésil. J'ai reçu sous ce nom, de M. Théodore Martius, une racine ligneuse, pivotante , épaisse de 5 à 6 centimètres, longue de 11, et divisée à sa partie inférieure en plusieurs rameaux, les uns perpendiculaires , les autres horizontaux. Cette racine est composée d’un bois dur et com- pacte, d’un gris jaunâtre, lequel est recouvert d’une écorce mince, d’un gris brunâtre, crevassée par place dans sa longueur. Cette racine offre une odeur et une saveur franches de fenouil, plus fortes et accom- pagnées d’amertume dans l'écorce. Un botaniste distingué paraît avoir attribué cette racine à une rutacée; mais il semble qu’elle soit plutôt due à une aralie, dont une espèce ligneuse , l’aralia spinosa L., porte dans l’Amérique septentrionale le nom d’ungelica tree. Racine d’Impératoire. Imperatoria ostruthium L., peucedanum ostruthium Koch ; tribu des peucédanées (fig. 294 ). L'impératoire croît sur les Alpes de la Suisse et de la Savoie. Sa racine, qui est dirigée obliquement près de la surface du sol, donne naissance à une tige haute de 65 centimètres, garnie de feuilles lon- guement pétiolées, à gaîne ample , terminées par trois larges folioles pinnatisectées, ou palmati- lobécs , à segments ovales-oblongs et dentés. Ces feuilles donnent à l’impératoire une assez grande ressemblance avec l'angélique ; mais son ombelle plane la rend très facile à distinguer. L'involucre est nul ; les involucelles sont composées d’un petit nombre OMBELLIFÈRES. 497 de folioles ; le limbe du calice est peu apparent; les pétales sont blancs, terminés par une dent recourbée en dedans et échancrée. Les fruits sont comprimés par le dos, formés de 2 méricarpes pourvus de 3 côtes dorsales filiformes et de 2 marges très élargies. Les vallécules sont à un seul vaisseau résineux ; les commissures en offrent deux. La racine d’impératoire sèche est grosse comme le doigt, un peu aplatie, brune, très rugueuse à l'extérieur et comme mar- quée d’anneaux. Elle à une texture fibreuse et une couleur jaune verdâtre à l'intérieur. Elle possède une odeur analogue à celle de l’angélique, mais moins agréable et plus forte, et une sayeur très âcre et aromatique. Toutes ces propriétés disparaissent AA avec le temps, et il n’est UT pas rare de trouver dans 0 le commerce la racine d’impératoire vermoulue, noirâtre à l’intérieur, tombant en poussière lorsqu'on la casse, et d’une odeur faible. Il faut donc la choisir récente et telle que je l'ai décrite d’abord. Elle entre dans l’eau impériale, l’eau thériacale, l'esprit carminatif de Sylvius. Elle donne de l'huile volatile à la distillation. L’impératoire porte en Savoie, dans les montagnes, le nom d’ofours, soit que ce nom provienne de l’altération du nom latin osfruthrum , soit que le nom botanique ait été formé sur le nom vulgaire. Racine de Méum. Meum athamanticum Jacq., «æthusa meum L., tribu des sésélinées. Cette plante croît dans les Alpes, les Pyrénées et autres montagnes du midi de l’Europe. Sa racine est vivace , allongée, entourée à son collet de fibres nombreuses qui sont les débris des anciens pétioles; sa tige est droite, un peu rameuse, haute de 35 à 50 centimètres ; les 198 DICOTYLÉDONES CALI@FLORES. feuilles sont deux à trois fois ailées, portées sur des pétioles dilatés et ventrus, et composées de folioles très nombreuses, glabres, courtes et capillaires; les fleurs sont blanches , très petites ; les fruits portent sur chaque méricarpe 5 côtes saillantes et aiguës, dont les 2 marginales sont un peu dilatées ; la coupe de chaque semence est demi-circulaire. La racine de méum, telle que le commerce la présente, est grosse comme le petit doigt, longue de 11 centimètres, grise au dehors, blan- châtre en dedans, d’un tissu lâche, d’une saveur et d’une odeur de racine de livèche , mais plus faibles : sa saveur est mêlée d’un peu d’a- mertume. On la reconnaît surtout à son collet, entouré d’un grand nombre de poils rudes et dressés, de même que dans la racine de chardon-roland. On pourrait donc quelquefois la confondre avec cette dernière ; mais la racine de chardon-roland est en général beaucoup plus grosse , plus longue , et, de plus, est d’une odeur désagréable. La racine de méum est très peu usitée maintenant. Racine de Chardon-Roland ou de Panicaut. Eryngium campestre XL, tribu des saniculées. Car. gén. : tube du calice couvert de squamules et de vésicules, à 5 lobes foliacés. Pétales dressés, connivents, échancrés et recourbés en une pointe de la lon- sueur du pétale. Fruit ové, couvert d’écailles épineuses, privé de côtes et de vaisseaux résineux, formé de 2 méricarpes soudés dans toute leur longueur avec le carpophore. Herbes épineuses dont les fleurs sessiles sont réunies en capitules et entourées de brac- tées inférieures en forme d’in- volucre ; d’autres bractées plus pelites et squamiformes se trouvant mélangées aux fleurs. Car. spée. : feuilles radicales amplexicaules, multifides, pin- nées-lancéolées ; feuilles de la tige auriculées ; involucres linéaires-lancéolés surpassant les capitules arrondis ; pail- lettes subulées. Cette plante (fig. 295) est remarquable en ce que, ap- partenant aux ombellifères , elle a néanmoins par ses feuilles et ses involucres épineux , tout le Fig. 295. OMBELLIFÈRES. 199 port d’un chardon. Elle croît dans les champs et le long des chemins. Sa tige se divise en un grand nombre de rameaux qui se terminent par des capitules placés à une égale distance du centre, ce qui donne à la plante une forme arrondie. Sa racine est grosse comme le doigt ou comme le pouce, blanche , sueculente et fort longue. Lorsqu'elle est sèche, elle est grise à l'extérieur, et marquée, comme par anneaux, de fortes aspérités. Elle est blanche ou jaunâtre à l’intérieur, d’un tissu spongieux , d’une saveur douceâtre miellée, ayant quelque analogie avec celle de la carotte, d’une odeur assez marquée et qui n’est pas agréable. Cette racine présente très souvent , à sa partie supérieure, un amas de poils en forme de pinceau, qui est dû au débris des feuilles de l’année qui à précédé sa récolte. On observe ces fibres surtout au prin- temps, avant que la plante ait poussé de nouvelles feuilles : ce sont elles qui lui ont valu le nom d’eryngium , barbe-de-chevre. Quant au nom français de chardon-roland , il paraît résulter de la corruption de l'an- cien nom chardon-roulant , parce que la plante ressemble à un chardon et que, lorsqu'elle se dessèche sur terre vers l’automne , elle est em- portée par les vents et roule au loin au travers des champs, en raison de sa forme arrondie. La racine de chardon-roland est diurétique. Autre espèce usitée : eryngium maritinnun , OU panicaut de mer, Cette plante se distingue de la précédente par ses rameaux courbés ; par ses feuilles radicales longuement pétiolées et à limbe entier, arrondi-cordiforme , denté-épineux ; par ses paillettes à trois pointes. Elle croît sur les bords de la mer. Sanicle. Sanicula europæa L. ; même tribu que la précédente. Car. gén. : ombelle rameuse irrégulière ; ombellules hémisphériques, à fleurs presque sessiles, dont celles du centre avortent souvent par oblitération du pistil. Calice des fleurs fertiles couvert d’aiguillons crochus; celui des fleurs mâles, lisse. Pétales dressés, connivents, échancrés par le haut et recourbés en une longue pointe intérieure ; fruit globuleux non spontanément séparable. Méricarpes privés de côtes et couverts d’ai- guillons crochus ; carpophore indistinct. La sanicle pousse de sa racine des feuilles longuement pétiolées , dures, vertes, luisantes, palmées , à 4 ou 5 lobes profonds, dentés ; incisés ou trifides ; sa tige s'élève à la hauteur de 35 centimètres envi- ron ; toutes ses fleurs sont sous-sessiles et polygames ; elle croît dans les lieux ombragés; elle n’est pas aromatique et est seulement amère et astringente, 200 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. Cerfeuil cultivé. Anthriscus cerefolium Hoffm., chærophyllum sativum Lam., scan- dix cerefolium L., tribu des scandicinées. Le cerfeuil est une plante potagère odorante, à tige rameuse, glabre, haute de 50 à 60 centi- mètres ; ses feuilles sont molles, deux ou trois fois ailées , à folioles un peu élargies et incisées ; les fleurs sont blanches , petites, disposées en ombelles latérales, presque sessiles , à 4 ou 5 rayons pubescents; l’in- volucre est nul; les involucelles sont formés de 2 à 3 folioles tournées d'un même côté ; les pétales sont inégaux, obovés, terminés par une languette repliée en dedans; les fruits sont allongés, comprimés laté- ralement , presque cylindriques , noirs, lisses, terminés par un rostre court, marqué de 5 côtes. Le cerfeuil croît naturellement dans le midi de l’Europe et est cultivé dans les jardins potagers. On l’emploie comme assaisonnement dans les cuisines, à cause de son odeur agréable et de sa saveur parfumée, dé- pourvue de toute amertume ou âcreté. Cerfeuil sauvage, anthriscus sylvestris Hoffm., chærophyllum sylvestre L. Plante à tige fistuleuse, rameuse, striée, velue dans sa partie inférieure, un peu renflée à chaque nœud, haute de 60 à 100 centimètres; feuilles grandes, deux ou trois fois ailées, glabres ou un peu velues; fleurs blanches disposées en ombelles à 8-12 rayons ; fruits lisses, luisants, d’un brun noirâtre à maturité. Cette espèce croît dans les prés et dans les haies : elle a une odeur forte, désagréable et une saveur âcre un peu amère; on la dit malfaisante ; cependant les ânes l’aiment beaucoup, ce qui la fait nommer persil d'âne; on peut se servir de ses tiges pour teindre la laine en vert. Cerfeuii odorant OÙ cerfeuil musqué ; myrrhis odorata SCOP. , chærophyllum odoratum Yam. Tige fistuleuse, cannelée, un peu velue, haute de 60 à 100 centimètres ; feuilles larges, trois fois ailées, légè- rement -velues, à folioles ovales-aiguës, incisées et dentées. Fleurs blanches avortant au centre des ombelles, à involucres nuls, à involu- celles polyphylles ; fruit comprimé latéralement , long de 9 à 14 milli- mètres, profondément cannelé. Toute la plante a une odeur d’anis. C'est un bon fourrage pour les animaux. On l’emploie aussi comme assaisonnement. Cerfeuil peigne-de-Vénus, scandix pecten L. Cette plante, com- mune dans les champs, se reconnaît à ses fruits terminés par un rostre très long et aigu qui les fait ressembler à des dents de peigne. OMBELLIFÈRES. 201 Cigué oflicinale. Conium maculatum XL, cicuta major Lam., tribu des smyrnées. Cette plante (fig. 296) s’élève à la hauteur de 100 à 130 centimètres ; sa tige est cylindrique, fistuleuse, lisse, souvent marquée de taches bruves, rameuse supérieurement; ses feuilles sont grandes, tripinnées, à folioles pinnatifides , pointues, d’un vert noirâtre, un peu luisantes en dessus et douces au toucher. Les fleurs sont blanches et disposées en ombelles très ouvertes, pourvues d’un involucre polyphylle réfléchi, et d’involucelles à 3 folioles placées du côté extérieur de l’ombelle. Le calice est presque entier ; les pétales sont obcordés, un peu échancrés supérieurement, avec une pointe courte recourbée en dedans. Le fruit est ovale, globuleux, com- primé latéralement, formé de 2 mé- ricarpes à 5 côtes égales, crénelées ou tuberculeuses. Les vallécules sont striées longitudinalement, mais privées de vaisseaux résineux. La ciguë est pourvue d’une odeur nauséeuse désagréable. Elle est narcotique, vénéneuse et célèbre par la mort de Socrate et de Phocion qui, condamnés à boire du suc de ciguë, périrent ainsi victimes de l'envie de leurs concitoyens (1). La ciguë est néanmoins très usitée en médecine. On l’emploie souvent dans les engorgements des viscères abdominaux , et dans les affections squirrheuses et cancéreuses. On l’administre alors en poudre, en tein- ture ou en extrait. La ciguë est très aqueuse et demande à être séchée promptement à l'étuve, si l’on veut conserver à ses feuilles leur belle couleur verte. Lorsqu'on la pile récente, elle donne un suc d’un beau vert, qui, filtré, laisse sur le filtre un parenchyme vert très abondant en chloro- phylle. Le suc filtré, étant soumis à l’action du feu, laisse coaguler de Fig. 296. 4) On présume que le breuvage destiné à faire périr les condamnés, à Athènes, contenait, indépendamment du suc de ciguë , de l’opium, dont les propriétés s’accordent mieux avec les symptômes de la mort de Socrate, telie qu'elle est rapportée par les historiens, 202 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. l’albumine et retient tous les sels de la ciguë, qui sont en assez grand nombre , la gomme , le principe colorant, et enfin le principe véné- neux , ou la cicutine, à l’état de combinaison avec un des acides de la plante. Pour obtenir la cicutine, M. Geiger a distillé de la ciguë fraîche avec de la potasse caustique et de l’eau ; le produit distillé a été neu- tralisé par l'acide sulfurique, évaporé en consistance sirupeuse, et traité par l'alcool absolu, qui précipite le sulfate d’ammoniaque et dissout celui de cicutine. On distille l'alcool , on mêle le résidu avec un soluté concentré de potasse caustique et on distille dans une cornue. La cicu- tine passe avec de l’eau, dont on la sépare par décantation. Elle est sous forme d’une huile jaunâtre , dont l'odeur forte rappelle celle de la ciguë et du tabac ; elle est soluble dans l’eau , neutralise les acides, et exerce sur les animaux une action (rès vénéneuse, De même que la nicotine et les autres alcalis organiques obtenus par la distillation , avec l'intermède des alcalis minéraux, elle ne contient pas d’oxigène; sa couposition est représentée par la formule C'5H'6 Az, Fécule d’arracacha, On trouve dans les environs de Santa-Fé ra Bogota, et on y cultive une plante nommée arracacha (arracacha esculenta DC., conium arracacha Hook.), très voisiné de la ciguë offi- cinale, mais à fruits non tuberculeux et à racine tubéreuse, féculente et alimentaire. La fécule en a été importée en Europe. Ciguë vireuse ou Cicutaire aquatique. Fig. 297. Cicuta virosa L., cicutaria aquatica Lam., tribu des am- midées. Cette plante (fig. 297) croit sur le bord des étangs et dans les eaux sta- gnantes. Elle pré- sente souvent une souche ou tubérosité radicale ovoïde , cel- luleuse et cloisonnée dans son intérieur , de laquelle s'élève une tige haute de 40 à 60 centimèt., cylin- drique , fistuleuse et OMBELLIFÈRES. 203 rameuse ; ses feuilles sont deux ou trois fois ailées, à folioles ternées, étroites-lancéolées, dentées en scie. Les fleurs sont blanches , disposées en ombelles privées d’involucre et pourvues d’involucelles polyphylles. Le calice est à 5 dents foliacées; pétales obcordés avec une pointe recourbée en dedans ; fruit arrondi, contracté latéralement, didyme ; méricarpes à 5 côtes égales, un peu aplaties; vallécules remplies par un seul vaisseau ; carpophore biparti ; section de la semence cir- culaire. La ciguë vireuse présente une odeur désagréable et est remplie d’un suc jaunâtre qui est un poison pour l’homme et les animaux ; elle a été employée dans quelques pays aux mêmes usages que la ciguë officinale. Petite Ciguë, Ache des chiens, faux persil Ou ciguë des jardins; @{husa C1- napium L., tribu des ammidées. La petite ciguë (fig. 298) s’élève à la hauteur de 50 centimèt. ; sa tige est rameuse , glabre, cannelée, rougeâtre par le bas ; ses feuilles sont d’un vert foncé, deux ou trois fois aïlées , à folioles poin- tues et pinnalifides. Les om- belles sont planes, très garnies, dépourvues d’involucre, et mu- nies d’involucelles à 3 folioles situées du côté extérieur et pendantes. Le calice est presque entier ; les pétales sont blancs, inégaux, obovés, échancrés par le haut et terminés par une languette recourbée en dedans ; le fruit est globuleux-ovoïde, composé de 2 méricarpes à 5 côtes épaisses, dont les 2 mar- ginales sont un peu plus développées : les vallécules sont à un seul vaisseau et les commissures en présentent deux. Cette plante est très pernicieuse et la ressemblance de ses feuilles avec celles du persil, au milieu duquel elle croît souvent , a plus d’une fois donné lieu à de funestes accidents. On peut la reconnaître , cepen- dant, à sa tige ordinairement violette ou rougeûtre à la base, à ses feuilles d’un vert plus foncé et exhalant une odeur désagréable lorsqu'on les froisse entre les doigts, tandis que celles du persil ont une odeur Los 204 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. aromatique et agréable ; enfin à ses involucelles unilatérales et pen- dantes. Persil, Petroselinum satioum Hoffin., apium petroselinum L., tribu des ammidées (fig. 299). On cultive le persil dans les jardins potagers ; il peut s’y élever à la hauteur de 100 à 130 centimètres. Ses feuilles sont décomposées, à folioles fer- mes, luisantes, cunéiformes et incisées. Les fleurs sont blanchä- tres, disposées en ombelles pé- æ donculées, pourvues d’un invo- + - lucre oligophylle et d’involucelles # polyphylles et filiformes, La racine est simple, grosse comme le doigt, blanche, aromatique. Cette racine, récemment séchée , est légère, d’un gris jaunâtre, ridée à l’exté- rieur, pourvue d’un #meditullium jaune, non ligneux; elle offre une odeur faible, mais agréable, et une saveur de carotte légèrement âcre. Comme elle ne tarde pas à perdre ces propriétés, en même temps qu'elle devient la proie des insectes , il convient de la choisir récente. Cest une des cinq racines dites apéritives. Les feuilles sont résolutives étant appliquées à l’extérieur ; leur plus grand usage est dans l’art culinaire. Le fruit du persil est aussi employé en pharmacie : il entre dans la composition du sirop d’armoise. Il est, comine celui de toutes les om- bellifères, composé de deux carpelles accolés et striés ; il est verdâtre, assez court, arrondi par la partie inférieure, atténué au contraire du côté qui est couronné par le style ; il ressemble à celui de l’anis, mais il est plus petit, plus allongé , non pubescent , d’une couleur plus fon- cée , el marqué sur chaque carpelle de 5 côtes saillantes blanches : il a, lorsqu'on le froisse dans les doigts, l'odeur de la térébenthine. Amani offlicinal. On a employé de tous temps, sous le nom d'ami officinal, un fruit d’ombellifère remarquable par sa petitesse ; âcre et aromalique , OMBELLIFÈRES. 205 dont l'origine n’est pas exactement déterminée ; par la raison que trois plantes du même genre paraissent pouvoir le produire, et qu'il est difficile de décider à laquelle des trois il convient d'attribuer le fruit du commerce. La première de ces plantes , figurée par Lobel sous le nom d'arrani creticum aromaticum ( Observ., p. M4), ammi semine apti de G. Bauhin, anuni Matthioli de Daléchamp, est le pfychotis verti- cillata DC. ; elle croît er Afrique et dans tout le midi de l'Europe. La deuxième, décrite et figurée par J. Baubin sous le nom d'ami odore origani (Hist. plant., & WE, lib. XXVIT, p. 25), paraît être le péy- chotis coptica DC. ; enfin la dernière, qui est regardée par tous les auteurs comme la véritable plante à l’ammi officinal , est l’anunt perpu- sillum (Lob., Observ., p. MA); anmmi fort petit de Daléchamp (p. 596, fig. 4) ; ammi parvun foliis fœnieuli (G. Baub. in Matth, p. 558, fig. 2); sison ammu L. ; ptychotis fœniculifolia DG. Cette plante paraît haute de 30 centimètres ; ses feuilles sont très divisées et semblables à celles de l’aneth ou du fenouil ; ses fleurs sont blanches, remarquables par leurs pétales, dont la lanière interne , au lieu de partir du sommet du limbe, naît du milieu d’un pli transversal. Son fruit, en supposant que ce soit elle qui produise l’ammi du commerce, ressemble beaucoup à celui du persil ; comme lui il est ové, non pubes- cent et marqué sur chaque carpelle de 5 côtes saillantes blanches ; mais il est beaucoup plus petit, d’un gris plus pâle et jaunâtre ; ses carpelles isolés sont moins courbés ; il offre une faible odeur d’ache qui ne devient pas térébinthacée par la friction entre les doigts; il a une saveur amère, aromatique, un peu mordicante. Lorsqu'on le coupe transversalement , il offre une amande épaisse dont la coupe représente les 3/4 d'un cercle, entouré de 5 points blancs qui sont les 5 côtes saillantes du fruit ; et entre ceux-ci on aperçoit 5 autres points noirs, appartenant à 5 canaux oléifères. Une autre espèce d’ammi inodore et non usitée est produite par l'ammi majus L., plante ombellifère également, mais d’un genre différent , qui croît en France dans les champs. Ge fruit est à peu près gros comme le premier, mais cylindrique ou devenu carré par la des- siccation. Il est couronné par- un stylopode très développé, et par 2 styles divergents qui ie font ressembler à un petit coléoptère. 1l a une saveur amère , âcre , très faiblement aromatique. On employait autrefois en médecine , comme digestifs et carminatifs, les fruits d'amome vulgaire (sison amomum L.). Ils se présentent sous la forme de méricarpes isolés, glabres , de la grosseur du fruit de persil entier, ovoïdes-arrondis, un peu terminés en pointe supérieure- ment et un peu recourbés du côté interne. Ils sont d’une couleur brune avec 5 côtes blanchâtres, entre lesquelles on observe un seul 206 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. canal oléifère terminé par un renflement vers le milieu du fruit, et ce renflement se trouve ordinairement déprimé par la dessiccation. Le fruit d'amome vulgaire fournit beaucoup d’essence à la distillation; il présente, lorsqu'on l’écrase, une odeur fortement aromatique; il a une saveur aromatique également , mais ni âcre ni amère , et qui n’est pas en rapport avec son odeur forte. Fruit d’Anis vert. Pimpinella anisum L., tribu des ammidées (fig. 300). Car. gén. : calice entier ; pétales obovés, échancrés au sommet avec une lanière réfléchie en dedans; fruit ové, contracté latéralement, couronné au sommet par le stylopode et par 2 styles réfléchis, à stigmates globuleux. Méricarpes à 5 côtes filiformes égales, vallécules à plusieurs canaux oléifères ; om- belles privées d’involucre et d’involucelles, inclinées avant la floraison. — Car. spée. : tige glabre; feuilles radicales cordiformes-arrondies , à lobes incisés - dentés ; feuilles mi- toyennes pinnati-lobées à lobes cunéiformes ou lancéolés ; feuil- les supérieures trifides, à divi- sions entières et linéaires ; in volucelle peu marqué. Cette plante est herbacée, annuelle, originaire d'Afrique, et cultivée en Europe dans les jardins; son fruit est verdâtre, ové, strié, pubescent, très aromatique , d’une saveur pi- quante, agréable , légèrement sucrée ; les environs de Tours en pro- duisent une très grande quantité; mais le plus estimé vient de Malte et d’Alicante ; il est très employé par les liquoristes, les confiseurs et les pharmaciens. La petite amande qu'il renferme fournit une huile fixe, qu’on peut en retirer par expression , mélangée avec l'essence contenue dans le péricarpe. Celle-ci peut être obtenue par distillation ét cristallise par le moindre froid. L’essence liquide paraît avoir la même composition que le stéaroptène (C2 H!20?). Celui-ci cristallise en OMBELLIFÈRES. 207 larges écailles brillantes ; il est un peu plus dense que l’eau, est fusible à 16°, bout à 220° et distille sans altération. Les racines de plusieurs espèces de pimpinella ont été usitées en médecine sous le nom de saxifrage ou de boucage (fragoselinum). Le premier nom étant fondé sur leur prétendue propriété de briser ou de dissoudre la pierre dans la vessie, et le second leur étant donné à cause de l’odeur de bouc dont ces racines sont pourvues, lorsqu'elles sont récentes ; telles étaient : La racine de grande saxifrage ou de saxifrage blanche; pimpt- nella magna Wild. La racine de saxifrage noire, produite par une variété du prmpt- nella magna, à fleurs rouges et à racine noirâtre. La racine de petite saxifrage, pimpinella saxifraga Wild. ; celle- ci est douée d’une odeur plus forte et d’une âcreté considérable. Car vi. Carum carvi L., tribu des ammidées (fig. 301 ). Cette plante croît abondamment dans les contrées méridionales de la France ; ses tiges sont lisses, striées, hautes de 50 cen- timètres, garnies de feuilles deux fois ailées, à folioles multifides dont les inférieures sont rapprochées et comme verticillées autour de la côte principale. Les fleurs sont blanches, petites, disposées en ombelles privées d'involucelles et dont l'involucre est formé d’une seule foliole linéaire. Le fruit est oblong, contracté latérale- ment, à 10 côtes égales, filiformes ; le carpophore se divise profondé- ment à la séparation des deux car- pelles. Dans le commerce , les méri- carpes sont presque toujours isolés ; ils sont allongés, amincis en pointe aux deux extrémités, courbés en arc du côté de la commissure, à 5 côtes égales , blanchâtres ; les sillons sont brunâtres, n'offrant le plus souvent qu’un canal oléifère , conformément au caractère adopté par les botanistes, mais en présentant aussi, assez souvent, 2 ou 3. Chaque méricarpe, coupé transversalement , présente 208 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. une amande blanche entourée par les 5 côtes saillantes disposées comme’ les rayons d’une étoile. Le carvi est pourvu d’une odeur très forte, analogue à celle du cumin, mais moins désagréable, 11 est stomachique et carminatif; les peuples du Nord en ajoutent très souvent dans leur pain et dans leurs autres aliments. Terre=noix, bunium bulbo-castanum L., carum bulbo-castaneum Koch. Cette plante croît en France dans les champs maigres et dans les terres à vigne. Sa racine produit des tubercules sphériques, de la grosseur d’une cerise, noirâtres au dehors, blancs à l'intérieur, qui sont propres à la nourriture de l’homme. On les emploie à cet usage dans les contrées où la plante est abondante. Les fruits sont âcres, très aromatiques, presque semblables à ceux du carvi. Cumin. Cuminum cyminum L. (fig. 302). Plante annuelle, assez semblable au fenouil par ses feuilles multifides et à divisions sétacées , originaire d'Égypte et d'Éthiopie, mais cultivée en Sicile et surtout à Malte, d’où on exporte presque tout le cumin qui se trouve dans le coinmerce. Le fruit est formé de 2 carpelles qui restent réunis, et, par une suite nécessaire, il est droit et régulier dans sa forme. Il est oblong, aminci aux deux bouts, marqué sur chaque méricarpe de 5 cô- tes primaires et de 4 côtes secondaires , les unes et les autres couvertes de très petits aiguillons qui font paraître le fruit pubescent. De plus , il présente, à l'extrémité supérieure , les 5 dents du calice qui sont lancéolées et persistantes ; il est d’une couleur jau- nâtre ou fauve, terne et uniforme; coupé transversalement , il présente une amande volumi- neuse , blanche et huileuse, entourée d’un péricarpe mince et foliacé. Il a une odeur très forte et fatigante et une saveur très aromatique , agréable ou désagréable , selon le goût ou l'habitude. Les Hollandais en mettent dans le fromage et les Allemands dans le pain. Il entre dans 4 OMBELLIFÈRES 209 plusieurs compositions de pharmacie et il est très usité dans la médecine vétérinaire. Il résulte des expériences de MM. Cahours et Gerhardt que l'essence de cumin est composée, pour un tiers, d’un hydrure de carbone nommé cymène , dont la composition — C#H!"*, et de deux tiers d’une essence oxigénée à laquelle ces chimistes ont donné le nom de cminol, com- posée de C2H!20? et isomérique avec l'essence d’anis. Cette essence oxigénée en absorbaut deux nouvelles molécules d'oxigène se convertit en acide cuminique hydraté dont la composition égale CH 120$ (An. de chim. et de phys., 2° série, t. FT, p. 60). Aneth. Anethumn graveolens L. (fig. 303 }, tribu des peucédanées. Cette plante croit en Égypte et dans l’Europe inéridionale ; elle ressemble beaucoup au fenouil par ses feuilles, mais en diffère par son fruit dont les carpelles se séparent à maturité ; cha- que carpelle est brunûtre, ovale, convexe sur le dos avec à côtes dorsales blan- châtres et aiguës, et 2 côtes < latérales élargies en une membrane blanchâtre , qui encadre complétement le mé- ricarpe et en double le dia- mètre. Ce fruit a une odeur très forte, analogue à celle du cumin, et une saveur très aromatique. On en retire l'huile volatile par la distilla- tion, Li Fenouil officinal (fi, 504). L'histoire du fenouil, quoique ce fruit soit connu de toute antiquité et que ce soit une production de notre pays, est encore remplie d'obscurité. Désirant prouver cette asserlion et cependant ne pas m’élendre trop sur un seul article, je me bornerai à comparer les dires de quatre auteurs principaux avec le résultat de mes propres observations. JE, l/ 210 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. Dioscoride , dans sa Matière médicale , s’est beaucoup étendu sur les pro- priétés d’une plante nommée y4900pc, ; mais la supposant sans doute très con- nue de ceux à qui il s’adressait, il n’en a donné aucune description , de sorte que ce n’est que par la comparaison de son texte avec ceux de Pline et de Galien, que l’on voit que le marathrum doit être un fenouil. Dans le chapitre suivant, Dioscoride traite d’une autre plante nommée irrouapaocs ( hippomarathrum), qui est un grand marathrum sauvage , maïs portant un fruit semblable à celui du Fig. 304. cachrys. Quelques auteurs ont cru voir dans cette plante le fenouil sauvage , le- quel croit naturellement en France et en Allemagne ; mais il est probable qu’il s’agit ici, en effet, d’une espèce de cachrys. Enfin, dans le même chapitre, Dios- coride mentionne une autre espèce d’hippomarathrum à feuilles longues, menues et étroites et à semence pareille à celle de la coriandre, ronde, âcre et odorante. Cette plante possède les pro- priétés du marathrum, mais dans un moindre degré. Îl est difficile de sup- poser que celle plante puisse être un fenouil. Voilà véritablement tout ce qu'on peut ürer de Dioscoride. G. Bauhin, dans son Pinax, men- tionne sept espèces de fenouil. 1. Fœniculum vulgare germanñicum C. B. Fœniculum de Fuchsius ; fœniculum sylvestre cujus semen exilius el acrius, Cæs. ; fœniculum nostrum vulgare, quibusdam hippomarathrum putatum , Cam. De cette espèce se rapproche le fœniculum mediolanense ( F. de Milan), quoique celui-ci soit plus agréable que le vulgaire germanique. 2, Fœniculum vulgare italicum , semine oblongo , gustu acuto C. B. Fœniculum domesticum semine oblongo , qustu acuto, odorato Matth. ; fœniculum vulgare , cujus semen pallidum sive luteum, oblongum Dalech. Lugd.; fœniculum acre Anguill. 3. Fœniculum dulce C. B. Fœniculum hortense , semine dulci et crass:ori Matth. Fœniculum hortense, semine crasso , oblongo , quod anno secundo in syl- vestre transit, Cæsalp. Fœniculum dulce, semine majore, qustu anisi Dalech. Lugd. Fœniculum romanum, cujus semen pallide-luteum, quod tertio anno in commune transit Tabernæm. # Cette semence peut être plus arrondie et porte alors le nom de fenouil de OMBELLIFÈRES, 211 Rome ou de Florence; ou plus oblongue et c’est la plus douce et la plus agréable de toutes ; cette dernière est apportée de Bologne. 4. Fœniculum semine rotundo minore C. B. Fœniculum rotundum Tabern. Cette espèce ne diffère pas du fenouil vulgaire par sa saveur et son odeur ; mais elle est plus basse, à ombelle blanche et à semence plus petite et ayant la forme du carvi. 5. Fœniculum sylvestre C. B. Fœniculum erraticum Matth. Fœniculum sponte virens in agris Narbonensium Lob. ad. 6. Hi pomarathrum creticum C. B. 7. Chaa, herba japonica. A dater de G. Bauhin, la plupart des auteurs n'ont distingué nettement que deux espèces de fenouil : l’un à tige plus élevée, à semences plus petites, âcres et brunes ; l’autre à tige plus basse, à semences plus grosses, pâles et sucrées ; tous les autres caractères paraissent être semblables. A. Pyr. de Candolle, daus son Prodromus, distingue trois espèces de fenouil. 1. Fœniculum vulgare Gœrtn. : tige cylindrique à la base ; feuilles à lon- gues divisions linéaires el subulées ; ombelles à 13-20 rayons, privées d’invo- lucre. 2, Fœniculum dulce C. B. et J. B. : tige comprimée à la base ; feuilles radi- cales subdistiques, à lobes capillaires allongés ; ombelles à 6 ou 8 rayons. Cette espèce diffère de la précédente par sa stature plus petite et qui n’est environ que de 33 centimètres ; par sa floraison plus précoce et par ses turions qui sont comestibles. 3. Fœniculum piperitum DC. : üge cylindrique; feuilles à lobes subulés, très courts, rigides , épais ; ombelles à 8-10 rayons. Plante de l’Europe méridionale, nommée en Sicile finocchio d’asino ou fenouil d'âne. MM. Mérat et Delens (Dictionnaire de matière médicale et de thérapeutique générale, Paris, 1831, t. III, p. 270), distinguent quatre espèces de fenouil. 1. Fœniculum vulgare, graude ombellifère vivace , croissant naturellement * dans toute l’Europe; elle est d’un vert glauque, très glabre, à feuilles décom- posées en folioles capillaires, à fleurs jaunes; ses fruits sont ovoïdes, d’un vert sombre, marqués de lignes blanches et surmontés de 2 styles courts, re: flés à la base en forme de tubercules. Ces fruits, connus sous le nom de fenouillet ou de fenouil noir, sont rejetés comme étant moins aromatiques que les suivants. 2. Fœniculum officinale; fenouil de Florence ou fenouil doux du com- merce. Espèce vivace, particulière au midi de l'Europe, à feuillage plus court que dans l'espèce précédente, mais du reste semblable. Les fruits sont beaucoup plus volumineux, un peu courtés, d’un vert clair, portés sur un pédoncule persistant. On les tire d’Italie et même de Nimes ; ce sont eux qui sont employés comme fenouil officinal, dans toute l'Europe. 3. Fœniculum dulce des Bauhin et de de Candolle. l’lante annuelle, à feuil- lage plus court que dans l'espèce précédente ; les souches sont comprimées vers la base, deviennent tres grosses et peuvent être mangées, crues ou cuites , ainsi que les pétioles élargis des feuilles. On en fait une grande con- sommalion en Îtalie, où la plante est cultivée dans tous les jardins. Les fruits 22 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. sont globuleux-ovoïdes, doubles de ceux du fenouil commun , marqués de grosses côles, ordinairement séparés en deux ; la saveur en est sucrée et très agréable. 4. Fœniculum piperitum DC. Voici les contradictions ou l’obseurité qui existent encore entre les espèces de de Candolle et celles de M. Mérat et que j'ai désiré pouvoir détruire : 1° le fenouil officinal de M. Mérat est très certainement le fenouil doux de Gaspard Bauhin ; dès lors pourquoi M. Mérat en a-t-il fait une espèce sépa- rée? 2 Je fenouil officinal de M. Mérat me parait être tout aussi sûrement celui d’Allioni, qu'Allioni lui-même fait synonyme du fœniculum dulce des frères Bauhin ; comment alors de Candolle a-t-il séparé le /æniculum officinale d'Allioni du fœniculum dulce, pour le joindre au fœniculum vulgare ? Pour m'éclairer à cet égard, j’ai prié M. Chardin, il y a plusieurs années, de me procurer les diverses espèces ou variétés de fenouil que l’on peut trouver dans le commerce ; voici celles qu'il a bien voulu me remettre : 1° Fenouil vulgaire d'Allemagne, Fruit entier, très rarement divisé, cependant privé de son pédoncule , ovoïde-elliptique, long de h millimètres, large de moins de 2, surmonté de 2 styles courts, très épaissis à la base. Ce fruit est très souvent droit; mais souvent aussi il est courbé en arc d’un côté, par l’oblitération partielle ou par lavorte- ment d’un des carpelles. 11 à une teinte générale d’un gris foncé ; mais, à la loupe , il présente 8 côtes linéaires un peu blanchâtres, dont deux doubles et plus grosses que les autres, et 8 vallécules assez larges, noi- râtres et à un seul canal oléifère. Il présente, lorsqu'on l’écrase, une odeur de fenouil forte et agréable, et il possède une saveur fortement aromatique , piquante et menthée. Ce fenouil est, sans aucun doute , le fœnieulum vulqare germanicum de G. Bauhin ; je donnerai plus loin les caractères de la plante. 2° Fenouil âere d'Italie, Fruit presque semblable au précédent , mais d'une couleur beaucoup plus claire ; tout à fait glabre, à côtes blanchâtres étroites et à vallécules verdâtres offrant un canal oléifère développé. Un assez grand nombre de fruits sont pourvus de leur pé- doncule et sont entiers ; mais un grand nombre d’autres sont divisés en 2 méricarpes qui paraissent alors un peu amincis en pointe par le haut et un peu élargis par leurs 2 côtes marginales. Ce fruit écrasé présente une odeur forte qui se rapproche de celle de cajeput ; il a une saveur un peu âcre, non amère, très aromatique, accompagnée d'un senti- ment de fraicheur. 3 Ce fruit me paraît être le fwniculum vulgare italicum , semine oblongo, qustu acuto de G. Bauhin ; n’ayant pu le faire lever, je ne puis dire s’il a quelque rapport avec le fœniculum piperitum de de Candolie. 3° Fenouil doux majeur, C'est le fenouil ordinaire du commerce et le véritable fenonil officinal. On le nomme valgairement fenouil de OMBELLIFÈRES. 215 Florence ; mais je pense que celui que nous employons vient des envi- rons de Nîmes. Il est long de 10 millimètres , quelquefois de 15, large de 3, de forme linéaire, quelquefois un peu renflé à la partie supé- rieure ; il est pourvu de son pédoncule qui forme presque toujours un angle marqué avec l’axe du fruit; il est toujours entier, cylindrique par conséquent, pourvu de 8 côtes, dont 2 doubles, toutes carénées au sommet, élargies à la base, laissant à peine apercevoir la vallécule. Le fruit est, à proprement parler, cannelé ; il est quelquefois droit ; mais le plus ordinairement il est arqué d’un côté par l’avortement d’un des carpelles. Il est d’un vert très pâle et blanchâtre , uniforme ; il pos - sède une odeur douce et agréable qui lui est propre, devenant plus forte par la friction, mais restant toujours pure et très agréable ; il présente une saveur très aromatique, sucrée, fort agréable égale- ment. Ce fruit est le fœniculum dulce de G. Bauhin, avec les différents synonymes indiqués. C’est également le fæniculum dulce , majore et albo semine de J. Bauhin. L° Fenouil doux mineur d'Italie, Fruit long &e 6 à 7 millimètres, épais de 2 et plus, quelquefois entier, droit ou recourbé, comme le précédent; mais le plus ordinairement séparé en 2 méricarpes. Les côtes sont blanches, carénées au sommet, mais plus étroites que dans l'espèce précédente, et laissant apercevoir la vallécule renflée par le canal oléifère. Ce fruit écrasé dégage une odeur forte et franche de fenouil ; il présente une saveur très agréable également de fenouil sucré. Il ressemble beaucoup, à la première vue, au fenouil âcre d'Italie; mais indépendamment des caractères précédents qui l’en distinguent, il est plus large et d’une couleur générale plus pâle ou plus blanchître. Ce fenouil se rapporte très bien au feniculum mediolanense C. B. au fwniculum dulce vulgari simile de J. Bauhin (Æist. IE, p. 2 pag. h ). 5° Fenouil amer de Nimes, Ce fruit est plus petit que tous les précédents et presque semblable au carvi. Il est long de 3 à 4 milli- mètres, très rarement de 5 ; il est entier ou ouvert, droit ou arqué, d’un vert brunâtre assez prononcé. Les côtes sont étroites, filiformes , d’un blanc verdâtre; les vallécules sont assez larges, d’un vert foncé : et offrent quelquefois l’apparence d’un second canal olcifère. Le fruit présente en masse une odeur de fenouil vert, qui devient beaucoup plus forte lorsqu'on l’écrase. Il a une saveur amère manifeste, jointe à un goût aromatique et fort de fenouil. La grande ressemblance de ce fenouil avec le carvi m’avait fait penser que ce pouvait être la 4° espèce de G. Baubin; mais les caractères de la plante ayant détruit cette supposition , il ne reste plus qu’à se demander ’ 214 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. si ce fenouil est celui mentionné par G. Baubin sous le nom de fnicu- lum sylvestre. Indépendamment des fenouils précédents qui m’ont été remis par M. Char- din, j'ai vu un jour chez un droguiste un fruit nommé fenouillet, qui était très petit, arrondi, blanchätre, d’une odeur aromatique forte et agréable, mais différente de celle du fenouil. J'ai pensé que ce fruit pouvait appartenir à un séséli (le glaucum ? ); je n’ai pu m'en procurer depuis. Pour essayer de mieux déterminer les espèces des fruits précédents, je les ai fait semer dans le jardin de l'École de pharmacie ; tous ont levé, à l'excep- tion du fenouil âcre d'Italie , sur lequel, par conséquent, je n’ai rien à dire de plus. Voici les caractères présentés par les autres : 4. Fenouil vulgaire d’Allemagne, fœniculum vulgare Mérat. Plante haute de 2 mètres et plus ; tiges rondes par le bas, d’un vert noirâtre , assez grêles, coudées ; feuilles très grandes, à pétioles médiocrement dilatés, à subdivisions très longues , douces au toucher , peu aromatiques et d’une saveur amère. Ombelles à 21 ou 22 rayons ; ombellules à 30 ou 33 fleurs. Le fruit ne paraît pas changer par la culture. 2. Fenouil doux majeur du commerce , fœæniculum officinale Mérat. Tiges glauques , grosses, droites , hautes de 1 mètre 60 centimètres et plus ; les pé- tioles sont très larges et embrassants ; les feuilles sont {rès grandes, à subdivi- sions longues , molles et douces au toucher ; froissées , elles présentent une odeur forte de fenouil et une saveur un peu âcre. Les ombelles sont très inégales, les rayons extérieurs étant bien plus longs que ceux du centre et redressés, surtout au commencement. Le nombre des rayons varie de 30 à 32, et le nombre des fleurs de 42 à 45 sur chaque ombellule. Dès la première année , les fruits changent de forme et diminuent de volume , ainsi que l'ont remarqué tous les botanistes ; les côtes se rétrécissent , les vallécules devien- nent plus apparentes , le fruit prend en masse une couleur plus foncée , et la séparation spontanée des méricarpes devient plus facile. Au bout de quatre ou cinq ans, le fruit est devenu presque semblable, pour laspect , au fenouil amer de Nimes ; mais il s’en distingue toujours par ses côtes un peu élargies à la base et carénées sur la crête; par ses vallécules plus étroites et plus sèches, enfin par sa saveur sucrée; de sorte que la transformation du fruit est plus apparente que réelle. Il n’en faut pas moins conclure que le volume considé- rable et les caractères particuliers du fenouil doux du commerce tiennent à une yariélé de culture qui ne persiste pas lorsque la plante est transplantée et abandonnée à elle-même. 3. Fenouil doux mineur d'Italie, fœniculum mediolanense C. B. Plante haute de 14 mêtre; tiges comprimées à la base, étalées , coudées, d’un vert glauque foncé et comme noirâtre ; pétioles peu développés ; feuilles courtes à subdivisions fermes et un peu roides, exhalant une odeur de persil lorsqu'on les froisse et ayanï une saveur non sucrée , peu agréable. Cette plante fleurit la première de toutes ; ses fleurs sont très nombreuses, généralement étalées à la hauteur de 1 mètre et d’un jaune foncé. Les ombelles sont planes, à 23 rayons la première année, et à 27 fleurs dans chaque ombel- lule. La deuxième année, la hauteur, le port et tous les autres caractères res- tant les mêmes , les ombelles présentent de 30 à 40 rayons et les ombellules portent 32, 36, 40 et jusqu’à 50 fleurs ; les fruits sont peu sucrés, toujours for- OMBELLIFÈRES. 2145 tement aromatiques. [a quatrième année, les ombelles présentent de 35 à 38 rayons ; les fruits sont petits, noirâtres, non sucrés. Cette espèce présente quelques uns des caractères du fœniculum dulce de de Candolle ; mais quelle différence, dès la première année , pour la taille de la plante et dans le nombre des rayons de l’ombelle ! Peut-être la descrip- tion du célèbre botaniste se rapporte-t-elle à une variété produite par la cul- ture en Italie, dans un but déterminé, variété non permanente que la seule transplantation ferait disparaître. 4. Fenouil amer de Nimes. Tiges très grêles, hautes de 13 à 16 décimètres, droites ; feuilles grêles, molles, d’une odeur de fenouil officinal et d’une saveur sucrée, aromatique, agréable. La plante fleurit trés tard ; les fleurs sont petites, d’un jaune pâle, atrophiées et ont toutes avorté. La deuxième année, la plante a pris plus de force ; les ombelles qui offraient au plus 16 rayons la première année , en ont présenté 18 et 19, et 21 fleurs aux ombel- lules ; les fruits ont encore avorté. La troisième et la quatrième année, l'inflo- rescence n’a pas varié, mais les fruits ont pu être récoltés. Ils sont semblables à ceux qui ont produit la plante ; ils présentent en masse une odeur faible et agréable de fenouil, qui devient beaucoup plus forte par lécrasement ; leur saveur est toujours amère, très aromatique , avec un sentiment de fraîcheur analogue à celui produit par la menthe. De tous les fruits de fenouil qui ont été décrits ci-dessus , le seul qui soit usité en pharmacie est le fenouil doux majeur (fniculum offi- cinale). H faut le choisir gros, d’un vert pâle, et non jaunâtre ni bru- nâtre, comme est celui qui est vieux ou altéré. On en retire par la distillation une essence limpide comme de l’eau, d’une odeur très suave , d’une pesanteur spécifique de 0,983 à 0,985 , se congelant en- viron à 5 degrés au-dessus de zéro. Le stéaroptène paraît avoir la même composition que celui d’anis; mais, d’après M. Cahours, l'essence liquide ne contiendrait pas d’oxigène et aurait la même composition que l’essence de térébenthine. La racine de fenouil est aussi employée en pharmacie. Elle provient soit du fenouil vulgaire (fæniculum vulgare), soit du fenouil doux majeur dégénéré qui, dans la plupart des jardins, prend la place du premier ; elle est formée d’une écorce fibreuse , blanchâtre, quelquefois ocreuse à sa surface, et d’un cœur ligneux, à couches concentriques. Elle à une odeur faible, douce et agréable, et une saveur de carotte. Elle se distingue de la racine de persil par son cœur ligneux. La racine de fenouil est une des cing racines apéritives ; les quatre autres sont la racine de persil et celle d’ache ou de livèche , apparte- nant pareillement à la famille des ombellifères , et les racines d’asperge et de petit-houx, qui font partie des asparaginées. 216 DICOTYLEDONES CALICIFLORES. Phellandrie aquatique. Œnanthe phellandrium Yam., phellandrium aquaticum XL, tribu des sésélinées. Car. gén. : marge du calice à 5 dents persistantes ; pé- tales obovés, échancrés avec une lanière recourbée en dedans; stylo- pode conique; fruit ové-cylindrique , couronné par les dents du calice et par 2 styles droits. Méricarpes à 5 côtes obtuses ; vallécules à un seul canal résinifère ; carpophore indistinct. La phellandrie aquatique (fig. 305) porte aussi les noms de ciqué aquatique et de fenouil aquatique. Elle croît le pied dans l’eau, et s'élève à la hauteur de 65 à 100 cen- timètres. Sa racine cst pivotante el munie d’un grand nombre de fibres verticillées ; sa tige est creuse, ses feuilles sont très divisées, ses fleurs blanches, très petites, disposées en ombelles à 10 ou 12 rayons, privées *%, d'involucre général, mais pourvues d’involucelles à 7 folioles. Les fruits sont ovoïdes-allongés, régulièrement striés, glabres, un peu luisants et rougeâtres, formés de 2 carpelles soudés. Chaque carpelle isolé est dreit, composé d’un péricarpe so- lide et blanc à l’intérieur, et d’une amande brune noirâtre. Le fruit en- tier offre une odeur assez forte qui se développe encore plus par la pulvéri- sation ; Ja saveur en est aromatique. Le fruit de phellandrie aquatique à été administré en poudre, dans la phthisie pulmonaire, à la dose de 2 à 6 décigrammes répétès plu- sieurs fois par jour. Il paraît propre à calmer la toux, diminuer l'expec- toration et supprimer la diarrhée. Mais son emploi demande quelque relenue; car on à vu une dose trop forte causer des vertiges et de l’anxiété. Ces propriétés nuisibles sont beaucoup plus marquées dans le fruit récent et dans la plante verte, qui est dangereuse pour les bes- tiaux, et mortelle même pour les chevaux. ŒÆnanthe fistuleuse., persil des marais ; œnanthe fistulosa B. Cette plante, très commune sur le bord des marais, est une des plus vénéneuses de notre pays. Sa racine est fibreuse, rampante, pourvue de tubercules fusiformes, dont la substance blanche , analogue à celle Lis. 305. OMBELLIFÈRES. 217 du panais, à souvent donné lieu à des méprises funestes, Sa lige est grosse, fistuleuse, glabre, haute de 50 centimètres ; les feuilles sont portées sur des pétioles fistuleux ; les inférieures sont deux fois ailées , à folioles cunéiformes incisées ; celles de la tige sont pinnatisectées à divi- sions linéaires; les fleurs forment des ombelles privées d’involucre, à 3 ou 4 rayons soutenant chacun une ombellule très serrée, à fleurs rayonnantes, d’un blanc rosé, dont les intérieures sont sessiles et fer- tiies , tandis que celles de la circonférence sont pédicellées et stériles. Les fruits forment des capitules globuleux, hérissés par les dents du calice et par les styles persistants. Œnanthe safranée, œ@nanthe crocata V. Cette plante est encore plus vénéneuse que la précédente; sa racine est composée de tuber- cules oblongs, fasciculés, serrés les uns contre les autres et enfoncés perpendiculairement dans la terre. Sa Lige est cylindrique , cannelée , fistuleuse, d’un vert roussâtre, rameuse , haute de 4 mètre environ ; les feuilles sont grandes, deux fois ailées, à folioles sessiles, cunéiformes, incisées au sommet et d’un vert foncé. Les fleurs sont d’un blanc un peu rosé, disposées en ombelles terminales, pourvues d’un involucre polyphylle, et composées d'un grand nombre de rayons portant des ombeilules très denses, à fleurs un peu rayonnantes. Les fruits forment des capitules globuleux ; ils sont courtement pédicellés, oblongs , forte- ment striés, couronnés par les dents du calice et surmontés du stylo- pode et des styles persistants. Cette plante croît dans les lieux marécageux et sur le bord des étangs, en Angleterre, en Bretagne et dans tout l’ouest de la France, en Espagne, elc. ; toutes ses parties sont pourvues d’un suc lactescent, qui prend une couleur safranée au contact de l'air. Ce suc est un poison violent. Les racines ont un goût douceâtre, aromatique, non désagréable, ce qui les rend très dangereuses , rien ne mettant en garde contre le poison qu'elles renferment. Les accidents qui se manifestent lorsqu'on en à mangé, sont une chaleur brûlante dans le gosier, des nausées, des vomissements, de la cardialgie, des vertiges, du délire, des convul- sions violentes et souvent la mort, lorsqu'on n’a pas été secouru à temps. Les meilleurs moyens à opposer à ces terribles accidents, sont d'abord de procurer l'évacuation du poison par des vomissements et des laxatifs ; ensuite l'application de cataplasmes émollients sur l’épigastre, l'administration de boissons abondantes, acidulécs et gazeuses ; des po- tions éthérées, etc. Toutes les espèces d’œnanthe ne partagent pas les propriétés délétères des deux précédentes ; telle est l’œnanthe à feuilles de pimprenelle, œænanthe pimpinelloides X., qui est assez fréquente dans les prairies , dans les environs de Paris, mais que l’on trouve surtout dans les dé- 218 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. partements riverains de la Loire, de Tours à Nantes, où elle est connue sous les noms de navette, jeannette, agnotte , anicot , etc. La racine de celte plante est formée de fibres fasciculées, cylindriques ou ovoïdes , où de tubercules suspendus à de longues fibres, s'étendant plus latéra- lement qu'ils ne pénètrent dans l’intérieur du sol. Ces tubercules ont un goût doux, assez agréable, et peuvent être mangés sans aucun inconvénient ; à Angers, on les vend quelquefois sur le marché. Les tubercules de l'œnanthe peucedanifolia peuvent également servir d’ali- ment; inais Comme c’est presque toujours en confondant avec eux les racines des œnanthes vénéneuses que les empoisonnements reprochés à celles-ci sont arrivés, il est plus prudent de ne jamais manger les ra- cines d'aucune de ces plantes. Séséli de Marseille, On nomme ainsi le fruit du sese/i tortuosum L., plante de la tribu des sésélinées croissant dans le midi de la France et surtout aux environs de Marseille. Elle ressemble un peu au fenouil, dont elle a été long- temps regardée comme une espèce , sous le nom de feñouil tortu. Son fruit est composé de 2 méricarpes d’un gris blanchâtre, ordinai- rement séparés l’un de l’autre, semblables à ceux des autres ombelli- fères, plus petits et plus minces que ceux de l’anis. Ces fruits exhalent, lorsqu'on les pulvérise, une odeur très forte et désagréable. Ils ont une saveur âcre, très aromatique. Ils entrent dans la thériaque. Daucus de Crète. Athamantha cretensis L., tribu des sésélinées. Cette plante croît dans l’île de Candie, en Égypte, dans le midi de la France et en Suisse. Son fruit est composé de 2 carpelles soudés, formant un petit corps cylindrique, atténué en col par la partie supérieure , et couronné parle stigmate bifide de la fleur, qui a persisté. A la loupe, on le voit couronné de poils rudes; il est de plus ordinairement réuni en petites ombellules et mêlé des branches de l’ombelle coupées menu ; ce dont il faut le débarrasser par le triage. Le daucus de Crète a une odeur de panais lorsqu'on le froisse ; il offre une saveur aromatique semblable, mais plus marquée, forte et toujours agréable. Il entre dans la composition du sirop d’armoise, de la thé- riaque et de l’électuaire diaphænix. Daucus vulgaire Où carotte sauvage, daucus carota L. La con- formité de nom à pu seule faire substituer quelquefois le fruit de cette plante au précédent ; car ils n’ont aucun rapport entre eux. Le fruit de OMBELLIFÈRES. 219 carotte est petit, arrondi, mais ordinairement séparé en 2 carpelles aplatis du côté intérieur, et couverts de l’autre de longs poils blancs, visibles à la simple vue, et qui les font paraître hérissés. En masse, ce fruit a une faible odeur herbacée qui, par la trituration, devient forte et térébinthacée. La saveur en est amère, âcre et camphrée. Persil de Macédoine. Athamantha macedonica DC., bubon macedonicum L. Cette plante croît en Turquie et en Afrique, Son fruit est menu, allongé, brunâtre, d’une odeur forte , agréable, et d’une saveur très aromatique. Examiné à la loupe, les carpelles dont il se compose paraissent isolés ; ils sont convexes d’un côté , aplatis de l’autre, d’une forme ovale-allongée, plus amincie à l'extrémité supérieure qu'à l'inférieure, ce qui leur donne la forme d’une petite carafe. Le péricarpe est rougeûtre et demi-transpa- rent; les côtes sont blanches et hérissées de poils (à l'œil nu le fruit paraît glabre). La coupe transversale offre une amande demi-circulaire, issant entièrement un 3 repli ds ‘ Fig. 306. péricarpe mince, membra- E neux, Sans rayons marqués. Fee Es À "ARE Ce dernier caractère le dis- tingue du carvi et du fruit de persil vulgaire. Indépendam- ment de ce que ce dernier est plus arrondi et moins bru- nâtre , il offre à la coupe une amande pentagone, dont le côté interne est beaucoup plus long que les quatre au- tres, et dont chaque angle est marqué par la coupe blanche d’une des côtes du fruit. L’intervalle entre cha- que côte est rempli par un vaste réservoir d’un suc brun d’une apparence mielleuse. (Ajoutez ce caractère essen- tiel à ceux qui ont été donnés pour le persil vulgaire. ) Coriandre (fig. 506). La coriandre, coriandrum sativum L., appartient à la tribu des coriandrées composant seule la sous-famille des cælospermes de la fa- 220 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. mille des ombellifères. Elle s'élève à la hauteur de 35 à 50 centimètres ; ses feuilles radicales sont semblables à celles du persil, mais celles de la tige sont divisées très menu; ses fleurs sont disposées en ombelles à 3 ou 5 rayons, privées d’involucre et pourvues d'involucelles à 2 ou 3 folioles placées d’un seul côté. Les pétales sont blancs ou rosés , dilatés à la périphérie. Le fruit est sphérique et composé de 2 carpelles soudés qui ne se séparent pas à maturité. Toute la plante récente a une odeur fétide insupportable ; mais le fruit desséché n’en conserve qu’une agréable, qui même n’est bien sen- sible que par la pulvérisation ; il est sphérique, jaunâtre et très léger ; il entre dans l’alcoolat de mélisse composé, et on lemploie assez fréquem- ment comme correctif, dans les potions purgatives faites avec le séné. La coriandre est abondamment cultivée aux environs de Paris, dans la plaine des Vertus, et en Touraine. GOMMES-RÉSINES D'OMBELLIFÈRES. Asa-Fœtida. Avant de parler de l'asa-fœtida, je dirai queiques mots d’une plante nommée par les Grecs sig et par les Latins laserpitium, dont le suc, connu sous le nom de laser, était considéré comme un médicament héroïque dans un très grand nombre de maladies. D’après Dioscoride (livre HIT, ch. 78), le silphion croît en Syrie, en Arménie, en Médie et en Libye. Sa tige est semblable à celle de férule , ses feuilles ressem- blent à celles de l’ache et sa graine est large. Le laser sort de la tige et de la racine de la plante, par des incisions. Il est roux, transparent, d’odeur approchant de celle de la myrrhe et non de poireau , de goût agréable, blanchissant lorsqu'on le délaie dans Peau. Celui qui croît en Cyrène a une odeur si douce qu'il ne sent rien, si ce n’est quand on le goûte. Ceux de Médie et de Syrie sont de qualité inférieure et ont une odeur désagréable. Le laser est souvent sophistiqué avec du saga- pénum. Plus loin , en parlant du sagapénum, Dioscoride dit qu’il a une odeur qui üent à la fois du laser et du galbanum , ce qui indique une grande ressemblance entre le premier de ces sucs et l’asa-fœtida. Suivant Pline (livre XIX, ch. 3), «le laserpitium (silphion des Grecs) a été d’abord découvert dans la Cynéraïque, et son suc, nommé laser, est si estimé qu’on le vend au poids de l'argent ; mais depuis bien des années la plante est devenue tellement rare dans cette province d'Afrique, qu’on n’en a trouvé qu’une seule tige qui fut envoyée à l’empereur Néron, et que, depuis très longtemps également, on n’ap- porte en Italie d’autre laser que celui qui est produit en abondance dans GOMMES-RÉSINES D'OMBELLIFÈRES. 221 la Perse, la Médie et l'Arménie. Mais ce laser est très inférieur à celui de Cyrène, et est souvent falsifié avec du sagapénum. » Ajoutons que le laserpitium était tellement vénéré dans la Cyrénaïque que son image y était gravée sur les monnaies ; une Fig. 307. de ces pièces, dont M. Pereira m'a transmis la copie, représente d’un côté une tête de jeune homme ayant une corne de bélier * au-dessus de l'oreille, et de l’autre une plante férulacée à tige ronde et cannelée, pourvue de 3 paires de feuilles presque opposées, à larges pétioles embrassants , et surmontée d'une ombelle compacte (1). Cette plante paraît avoir été retrouvée dans un voyage fait en Libve, en 1817, par le docteur Della Cella; elle a été dé- crite par M. Viviani, dans son Specimen floræ libycæ , sous le nom de {hapsia sil- phium. Il me paraît résulter de ce qui précède que le laser cyrénaïque était un suc très rare, même chez les anciens, et qui déjà, bien avant Pline, était remplacé par un autre suc analogue venant de Perse et de Médie. Ce dernier suc ne peut être que notre asa-fœtida, le seul qui ne soit pas mentionné par Dioscoride sous son nom moderne. D'ailleurs la ressemblance qui existe entre les noms asa et laser semble indiquer que l’an est un dérivé de l’autre. Il est donc possible que la plante qui produit l’asa-fœtida soit le silphion de Dioscoride; mais elle n’a été bien connue que par Ja description et la figure qu’en a données Kæmpfer. Cette plante (ferula asa-fœtida L.; fig. 307), porte en Perse le nom de Æingisek, et son (1) Cette médaille porte sur le champ, du côté du revers, un trépied suivi d’un £ copte , dont la branche supérieure est beaucoup plus longue que l’in- férieure (indiquant probablement le chiffre V), et au-dessous le mot KYPA abrégé de xvpavtwv. La médaille gravée par Viviani, au frontispice de son ouvrage , porte sur la face une tête d’Ammon âgé et barbu , et sur le revers la même plante que ci-dessus, mais avec le seul mot K:IN°N, que l’on trouve sur un grand nombre de monnaies grecques, et qui ne signifie rien autre chose probablement que monnaie commune où monnaie courante. Il me pa- raîit évident que c'est ce mot x2°7 que nous avons traduit par le mot coin appliqué aux matrices des monnaies. 222 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. suc y est nommé Æingh ou lting. Elle présente une racine vivace, volumineuse , fusiforme , souvent partagée par le bas, pourvue d’un collet élevé au-dessus de terre et garnie d’un faisceau de fibres droites , comme les racines de meum, de peucedanum ex d'eryngium. Les feuilles sont toutes radicales, pinnatisectées , à segments pinnati- fides-sinués, et à lobes oblongs et obtus. La tige est simple, haute de 2 à 3 mètres , assez grosse par le bas pour ne pas pouvoir être renfermée dans la main, pourvue sur sa longueur de gaines aphylles , et terminée par un pelit nombre de rameaux qui portent des ombelles nues, à 10, 15 ou 20 rayons, supportant chacun 5 ou 6 fleurs. Les fruits sont ovales, aplatis, d’un rouge brun, marqués de 3 côtes dorsales filiformes, et de 2 côtes latérales s’élargissant en une marge ferme comme un parche- min. Toutes les parties de la plante ont une odeur de poireau et une saveur amère fort désagréable ; mais c’est de la racine principalement qu'on extrait l’asa-fœtida. Suivant le récit de Kæumpfer (Amcæn., fasc. 11), vers la mi-avril, les habitants des montagnes se partagent les lieux où croît la férule à l’asa-fœtda , et commencent à creuser une fosse autour de la racine, alin de la découvrir en partie; ils la dépouilient de sa tige, de ses feuilles et des poils qui entourent le collet, et la recouvrent d’un lit de feuillage pour la préserver des rayons du soleil qui la feraient pé- rir (1). Trente ou quarante jours après, du 25 au 26 mai, les travailleurs retournent à leurs racines, les découvrent, en détachent avec une spa- tule les larmes qui peuvent S'y trouver, et coupent en rond, en le creusant un peu, le sommet de la racine , afin que le suc puisse s'y rassembler. Ils recouvrent la fosse de feuillage et y reviennent deux jours après, pour recueillir le suc épaissi ou les larmes qui s’y trouvent formées, et rafraîchir la surface du disque en en coupant l'épaisseur d’une paille d'avoine ; car il suflit d'ouvrir de nouveau les vaisseaux pour que le suc puisse s'en écouler. Deux jours après, ils font une se- conde récolte, après laquelle ils laissent la racine reposer pendant huit à dix jours. Alurs ils recommencent à la traiter trois fois, comme la première fois, la laissent de nouveau reposer, etc. Kæmpfer indique de la manière suivante les jours de récolte sur une racine préparée, comme il a été dit, vers la mi-avril : mai 26, 28, 30; juin, 11, 13, 15,23, 25, 27; juillet, 4, 6, 8. Il est probable qu'alors la racine se trouve épuisée. (1) Je présume que cette première opération a pour but de concentrer, par une évaporation lente, le suc laiteux de la racine, qui, sans cela, serait trop liquide pour pouvoir être recueilli. GOMMES-RÉSINES D'OMBELLIFÈRES. 223 L'asa-fœtida est quelquefois en larmes détachées ; mais le plus ordi- nairement il est en masses considérables, brunes rougeûtres , parse- mées de larmes blanchâtres , demi-transparentes. Souvent aussi il est en masses très impures et mélangées d’une grande quantité de terre ou de petites pierres; il faut alors le rejeter de l’officine du pharmacien. Lorsqu'on casse le bel asa-fœtida , la nouvelle surface, qui est ordinai- rement d’une couleur peu foncée, rougit promptement à l'air. I répand une odeur alliacée forte et fétide, et possède une saveur amère, âcre et repoussante. Il est beaucoup plus soluble dans l'alcool que dans l'eau et donne une huile volatile alliacée, à la distillation. M. Théodore Lefèvre , droguiste à Paris, a bien voulu me remettre , il y a quelques années, une collection de drogues médicinales de l'Inde, au nombre desquelles se trouvait un échantillon d’asa-fœtida assez re- marquable. Cet asa-fœtida, renfermé dans une boîte de fer-blanc, présentait une odeur d’une fétidité repoussante, infiniment plus forte que celle de l’asa-fœtida du commerce (1); de plus, il formait une seule masse d’une couleur de miel foncé, ne rougissant pas à l’air, uniformément entremêlée d’une grande quantité de fragments coupés de l'écorce striée de la tige, et sans aucune parcelle de terre; de sorte que je suis convaincu que cet asa-fœtida s’est écoulé sous forme de stalagmite le long de la tige, et qu'il a été récolté en enlevant à la fois, avec un couteau, l’écorce et le suc résineux. Au surplus, les anciens auteurs, et Théophraste en particulier (De nat. plant., Gb. 6, cap. 3), ont mentionné deux sortes d’asa-fæœtida ; l’une tirée de la tige, surnom- mée caulias , et l’autre extraite de la racine, nommée rhizias : la chose n’est donc pas nouvelle. Pelletier à trouvé que l’asa-fœtida était composé de : Mésinege colis dons chan voue je don < 65,00 Gomme lines die à LT Gpiié ty ser ge 19,4 MpSoAMe né de radiale pi Gé Au ds fait 11,66 Mile nolatNe: sac Dreb. dus on ton var en S dée, et d’une amande à deux lobes, d’une apparence grasse et onctueuse. A l'extrémité, et entre les deux lobes, se trouve un germe volumineux, ayant la forme d’un phallus. Les lobes ont une saveur douce, agréable, huileuse , légèrement aromatique, et une odeur qui est presque iden- tique avec celle du mélilot. Cette odeur est due à un principe volatil concret qui vient souvent se cristalliser entre les deux lobes de l’amande, qui n’est ni de l'acide benzoïque ni du camphre, et qui doit prendre rang parmi les produits immédiats des végétaux. Cette substance est cristallisée en aiguilles carrées ou en prismes courts, terminés par des biseaux, et d’une assez grande dureté. Elle est beaucoup plus pesante que l’eau, qui ne la dissout pas; est soluble dans l'alcool, m'a paru peu soluble dans les acides ; sa dissolution alcoolique n’altère en rien la teinture du tournesol ni celle des violettes. 352 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. Tels étaient les résultats auxquels j'étais arrivé depuis longtemps au sujet de la matière cristalline de la fève tonka (matière que j'ai nommée coumarime), lorsque M. Vogel, de Munich, publia un examen de la même substance qui le conduisit à la regarder comme de l’acide ben- zoïque (Journ. de pharm., te NT, p. 307); mais ses expériences ne me parurent pas propres à détruire les miennes, et ma manière de voir s’est trouvée confirmée par MM. Boullay et Boutron, dans leur analyse de la fève tonka (Journ. de pharm., & XI, p. 480). La fève tonka n’est pas employée en pharmacie ; elle est usitée pour parfumer le tabac, soit qu’on l’y mêle après l’avoir réduite en poudre, soit qu’on se contente de la mettre entière dans le vase qui contient le tabac. Fenugrec, Trigonella fœnum-græcum L., tribu des lotées. Plante annuelle, haute de 22 à 27 centimètres, munie de feuilles courtement pétiolées, à 3 folioles ovales-oblongues, crénelées en leur bord. Les fleurs sont d’un jaune pâle, presque sessiles , solitaires ou géminées dans l’aisselle des feuilles, Le calice est monosépale, partagé en 5 découpures presque égales; la corulle est papillonacée, ayant l’étendard et les ailes presque égaux et beaucoup plus grands que la carène, de sorte que la fleur paraît être à 3 pétales presque égaux ; les étamines sont au nombre de 10 et diadelphes ; l'ovaire est ovale-oblong, terminé par un style relevé, Le fruit est une gousse longue, un peu aplatie, un peu courbée en arc, terminée par une longue pointe, et contenant plusieurs graines rhomboïdales , jaunes, demi-transparentes , jouissant d’une odeur forte et agréable. Leur parenchyme est amylacé et mucilagineux. Ces se- mences, employées en cataplasmes, sont émollientes et résolutives. Elles entrent dans la composition de l’élæolé de fenugrec (autrefois huile de mucilage), auquel elles communiquent leur odeur. Semences de Lupin, Lupinus albus L., tribu des phaséolées. Car. gén. : Calice profon- dément bilabié ; corolle papillonacée, étendard à côtés réfléchis ; carène acuminée ; élamines monadelphes, à gaîne entière ; 10 étamines, dont 5 à anthènes arrondies, plus précoces, et 5 à anthènes oblongues, plus tardives. Style filiforme; stigmate terminal, arrondi, barbu ; légume coriace, oblong, comprimé, à renflements obliques ; cotylédons tpais, se convertissant en feuilles par la germination ; feuilles cemposées de 5 à 9 folioles digitées. Le Jupin blanc est une plante annuelle, originaire de l'Orient ; on la cultive dans le midi de la France pour en récolter les graines et pour LÉGUMINEUSES. 353 la donner comme fourrage aux bestiaux. 11 pousse une tige droite, haute de 35 à 50 millimètres, munie de feuilles pétiolées et composées de 5 à 7 folioles digitées, ovales-oblongues, velues comme toute la plante. Les fleurs sont blanches, alternes, pédicellées, accompagnées de bractées très caduques, et disposées en grappes terminales; la lèvre supérieure du calice est entière et l’inférieure à 3 dents. Les semences du lupin sont blanches , assez grosses , aplaties, d’une saveur amère désagréable, dont on peut les priver en les faisant tremper dans l’eau chaude; elles peuvent ensuite être mangées comme des pois ou des haricots, mais elles sont peu usitées. La farine de lupin faisait autrefois partie des quatre farines résolutives , avec celles de fève ( faba sativa) et d'orobe (orobus vernus), que l'on remplaçait souvent par celle de l’ers (ervum ervilia) ou de la vesce (vicia sativa). Mais aujourd’hui toutes ces farines sont aussi peu employées les unes que les autres. Les fèves forment un aliment très nourrissant , dont l’usage n’est pas assez répandu en France, où il pourrait être d’un grand secours pour la classe pauvre ou peu aisée. Cette graine, de même que les pois (pisum sativum), les haricots (phaseolus vulgaris) et les lentilles (ervum lens), renferme une proportion assez considérable d’une ma- tière azotée, soluble dans l’eau et coagulable par l'acide acétique (/égu- mine Braconnot) , qui a beaucoup d’analogie avec la caséine animale et qui contribue beaucoup à la qualité nutritive des semences. Ces différentes semences sont d’ailleurs tellement connues, que je crois inutile de m’y arrêter. Je ne m'arrêterai pas davantage à un grand nombre de semences légumineuses exotiques , que leur épisperme poli et peint de vives cou- leurs, faisait employer comme objets d'ornement par les naturels de l'Amérique , avant que les Européens leur eussent donné le désir de bijoux plus coûteux. Je citerai seulement l’erythrina corallodendron, arbre des Antilles, remarquable par ses grappes de fleurs d’un rouge foncé, et par ses semences arrondies , plus grosses que des pois, lisses, d’un rouge vif, avec une large tache noire. Je citerai encore le condori (adenanthera pavonina L. ) dont les fleurs sont petites et d’un blanc jaunâtre; mais dont les semences lenticulaires , lisses, rouges et sans tache, sont d’un poids assez constant pour avoir servi, sous le nom de kuara , à fixer l'unité de poids qui sert, dans l'Inde , à peser l'or, les diamants et les autres pierres précieuses (4 grains poids de marc ou 212 milligrammes). Ces deux végétaux, qui portent également le nom d'arbre au corail, ont un bois blanc et ne doivent pas être confondus avec le pterocarpus draco qui fournit le bois de eorail des ébénistes. LE C9 LIL. 354 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. Pois à gratter ou Pois pouilleux, On donne ce nom vulgaire aux gousses de plusieurs plantes légumi- neuses, recouvertes de poils piquants qui, en s'introduisant dans Ja peau , y causent une dé- mangeaison insupporta- ble. Deux espèces sont particulièrement con- nues. Gros pois pouilleux ; Fig, 349. œil de bourrique , Z00- pPhthalmum Browne ; mu- cuna urens DC. ; doli- chos uréns L., tribu des phaséolées. Cette plante est très commune dans les Antilles et dans l’A- mérique méridionale. Ses tiges sont fort longues et volubiles. Ses feuilles sont composées de 3 fo- lioles ovales, lancéolées, pétiolées. Les fleurs sont aunes, tachées de pour- pre, disposées en grappes longuement pédoncu- lées. Les gousses (fig. 349) sont déhiscentes, longues de 10 à 15 cen- timètres, larges de 5 à 6, comprimées, renflées à l'endroit des semences, plissées transversalement, et couvertes de poils caducs, roux, fins, durs et piquants, qui causent une grande démangeaison en s’attachant à la peau. À l’intérieur, ces gousses sont séparées en plusieurs loges par des cloisons celluleuses, et chaque loge contient une semence cornée, ronde, aplatie, large de 25 à 30 millimètres, épaisse de 18 à 20, brune et chagrinée à sa surface, entourée, sur plus des deux tiers de sa circon- férence, par un hile circulaire sous la forme d’une bande noire, d’au- tant plus remarquable que la couleur brune de l’épisperme s’affaiblit et LÉGUMINEUSES. 355 blanchit dans toute la partie qui touche le hile. Cette semence porte vulgairement le nom d'œil de bourrique, à cause de la ressemblance avec l'œil de l’âne; mais elle représente encore mieux celui d’une chèvre. Petit pois pouilleux, s/2zo/obium Browne ; #ucuna pruriens DC. ; dolichos pruriens L. (fig. 350). Cette plante est répandue dans l'Inde et aux îles Moluques, tout aussi bien qu'aux Antilles. Ses tiges sont très longues, volubiles, munies de feuilles à 3 folioles, dont les deux latérales sont très rétrécies par le côté interne, à cause de la proximité de la Fig. 350. foliole terminale. Les fleurs sont disposées en longues grappes pendantes : elles sont formées d’un calice campanulé, bilabié ; d’un étendard court, droit, à peine relevé, coloré en rouge ; de deux ailes beaucoup plus longues, d’un violet pourpre, enfer- mant la carène et le tube des étamines. Les gousses sont indéhiscentes, à peu près longues et grosses comme le doigt, non plissées transversalement , plus ou moins recourbées en S, munies d’une suture tranchante, et toutes couvertes de poils roussâtres, brillants, qu’on ne peut toucher sans éprouver à l'instant des dé- mangeaisons insupportables aux mains et au visage. Ces gousses sont divi- sées intérieurement en 3 ou A loges obliques , dont chacune renferme une semence ayant la forme d’un petit haricot, brun et luisant; le hile est uni, latéral, très court, entouré par un rebord proéminent, qui à la dureté et la blancheur de l’ivoire. Nota. Les botanistes se fondent sur la présence ou l'absence de plis transverses du péricarpe, pour diviser le genre mucuna en deux sections zo0phthalmum et stizolobium. I me semble qu'un caractère plus impor- tant pourrait être tiré de la forme des semences, de la grandeur du hile et de la présence ou de l’absence de la caroncule qui entoure le hile. Dans tous les cas, deux semences aussi différentes que celles des deux pois à gratter doivent appartenir à deux genres différents. Le pre- mier devra porter le nom de 300phthalmum, et le second celui de séizo- lobium. Arachide ou Pistache de terre. Arachis hypogæa L.:; Mundubi Marcgr., Bras., p. 37, tribu des 356 DICOTYLÉDONES GALICIFLORES. phaséolées? Cette plante (fig. 351), dont la fructification est des plas singulières, paraît être originaire du Brésil, d’où elle a été propagée aux Antilles, en Afrique Fig. 351. et dans les autres contrées chaudes du globe. Elle est annuelle, herbacée, velue et touffue. Quelques uns de ses rameaux s'élèvent droit , tandis que d’autres sont couchés sur la terre. Les uns et les autres sont pourvus de feuilles accom- pagnées de 2 stipules à la base, et formées de 2 paires de folioles , sans impaire. Les fleurs sont toutes her- maphrodites, d’après Tur- pin et M. Poiteau, poly- games suivant Endlicher. Elles naissent 2 à 2, quel- quefois en plus grand nom- à bre, dans l’aisselle des SES 1 feuilles ; elles sont sessiles ; mais le calice, qui ren- ferme l'ovaire à sa base, est pourvu d’un tube filiforme, long de 5 à 8 centimètres, ayant toute l'apparence d’un pédoncule surmonté d’un calice à quatre divisions profondes. La corolle est jaune-orangée, veinée de rouge, composée d’un étendard recourbé en arrière, de deux ailes conniventes et d’une carène recourbée. Les étamines sont au nombre de 10 et diadelphes, mais l’étamine libre est oblitérée et sté- rile. Le style part du sommet de l’ovaire , traverse dans toute sa lon- gueur le tube du calice, et s’élève en dehors un peu au-dessus des étamines ; le stigmate est capité. Toutes les fleurs portées sur les tiges droites avortent ; celles pla- cées sur les tiges couchées, où qui sont peu éloignées de terre, sont les seules qui fructifient, et voici la manière dont s’opère cette fructifi- cation : Après la fécondation, tous les organes floraux tombent, laissant l'ovaire à nu (1), porté sur un torus qui bientôt s’allonge en se recour - (4) Suivant Endlicher, les fleurs fertiles sont privées de calice, de corolle et d’étamines, et se composent seulement de l’oyaire sous-sessile, terminé par un stigmate terminal un peu dilaté. æ LÉGUMINEUSES. 357 bant vers la terre, de manière à y faire pénétrer l'ovaire : et ce n’est que lorsque celui-ci est parvenu à une profondeur de 5 à 8 centi- mètres, qu'il commence à grossir de manière à former une gousse longue de 27 à 36 millimètres, épaisse de 9 à 14, un peu étranglée au milieu. Cette gousse est formée d’une coque blanche, mince , veineuse, réticulée , renfermant ordinairement deux semences d’un rouge vineux à l'extérieur, blanches à l’intérieur, très huileuses et d’un goût de haricot, On en fabrique, dit-on , du chocolat en Espagne , où larachis a été apportée de l’Amérique. On cultive aussi cette plante dans le midi de la France et en Italie, à cause de l'huile qu’elle contient et dont ses semences fournissent près de 50 pour 100. MM. Payen et Heuri fils en ont donné l’analyse (Journ. de chim. méd., t, E, p. 431). Semence de Ben, dite Noix de Ben. Cette semence était connue des Grecs, qui la nommaient Baosos pupebæen , et des Latins, qui l’appelaient g/ans unguentaria. Is la rece - vaient d'Égypte et d'Arabie, comme nous le faisons encore à présent ; il est en conséquence surprenant que l’arbre qui la produit n’ait été bien connu que dans ces dernières années. Cela tient surtout à ce qu’il existe une autre espèce de ben, très répandue dans un grand nombre de pays, et qui a été prise pour la véritable, ce qui a détourné les botanistes de rechercher cette dernière. Le genre moringa, auquel appartient la semence de ben, se distingue des autres légumineuses par des caractères si tranchés, que plusieurs botanistes ont pensé à en former une petite famille particulière , dans laquelle le calice est à 5 divisions sous-égales, imbriquées pendant l’esti- vation ; la corolle est à 5 pétales périgynes , oblongs-linéaires, dont 2 postérieurs un peu plus longs, ascendants, imbriqués pendant l'estiva- tion. Les étamines sont au nombre de 10 , insérées sur un disque cupu- liforme revêtissant la base du calice ; elles sont presque libres par la base, monodelphes vers le milieu des filets, distinctes au sommet, les posté- rieures plus longues; elles sont alternativement fertiles et stériles ; les anthères sont uniloculaires. L'ovaire est uniloculaire , à 3 placentas pa- riétaux , nerviformes, portant des ovules nombreux, unisériés et pen- dants. Le fruit est une capsule siliquiforme , à 3 ou à plusieurs côtes, uniloculaire, trivalve, contenant au centre des valves une seule série de semences séparées par des renflements fongueux du péricarpe. Les se- mences sont trigones-arrondies, pourvues ou dépourvues d'ailes sur les angles. L’embryon est droit, privé d'endosperme ; les cotylédons sont charnus, la radicule très courte et supère, la plumule polyphylle. Semence de ben ailée, M0ringa pterygosperma Gærln.; hyper- 358 DICOTYLÉDONES GALICIFLORES. anthera moringa Wild. ; anoma morunga Lour. L'arbre qui produit la noix de ben ailée (fig. 352) croît aux îles Moluques, dans la Cochinchine, dans l'Inde, à Ceylan et dans les Antilles, où il a probablement été intro- duit. 11 est de grandeur médiocre , avec des rameaux étalés et des feuilles bi- ou tripinnées avec impaire. Les fo- lioles sont opposées, pé- tiolées, ovales, très en- üières, glabres et très petites. Le fruit est jau- nâtre à l'extérieur, long de plus de 30 centi- mètres, épais de 25 mil- limètres environ, trian- gulaire, strié longitu- dinalement, formé par la réunion de 3 valves épaisses, à chair blanche et légère, renfermant au centre et dans autant de cavités qui cependant communiquent entre elles, 12 à 18 semences rangées sur une seule ligne longitudinale. Ces semences sont noirâtres à l'extérieur, grosses comme de gros pois, arrondies, triangulaires et pourvues de 3 ailes blanches et papyracées. L’épisperme est très blanc à l’intérieur, fragile et un peu spongieux ; l’amande en est blanche, huileuse et très amère. Elle pourrait fournir de l'huile par expression ; mais elle n’a pas été appliquée à cet usage, et ce n’est pas elle qui constitue la semence de ben du commerce. On connaît une autre espèce de moringa à semences ailées, dont le fruit, aussi long que le précédent, est presque cylindrique ou sous- octogone, bien qu'il paraisse s'ouvrir également en 3 valves. C’est le moringa polygona DC. , l'hyperanthera decandra Wild. , l'anoma moringa Lour. Semence de ben aptère, 0ringa aplera Gærtn., Decaisne (Ann. se. nat., 1835, t IV, p. 203). Cette espèce n’a pas été compléte- ment inconnue à Linné, qui remarque que si les semences venues d’Asie sont ailées sur les angles, celles d'Afrique sont dépourvues d'ailes, Fig. 352. LÉGUMINEUSES. 359 L'arbre a vécu dans le jardin de Farnèse à Rome, et Aldini en a donné une description et une figure qui se font remarquer par l'avortement ou la caducité des folioles, fait observé également par M. Decaisne sur les échantillons rapportés d'Égypte par Sieber et par M. Bové. Cependant je suis porté à croire qu’il y a deux espèces de ben aptère , la descrip- tion du fruit donnée par M. Decaisne ne s’accordant pas entièrement avec le fruit qui a été trouvé, à différentes époques, dans les semences du commerce. D'äprès M. Decaisne, le fruit est léguminiforme , terminé par un rostre, obscurément trigone, bosselé, sillonné longitudinalement et à 6 côtes, dont 3 répondent aux placentas et 3 aux sutures; il est unilo- culaire , & 3 valves septifères , les cloisons s’accroissant en forme de séparation transversale blanche et fongueuse. Les semences sont ovées ou trigones-turbi- nées, pendantes, marquées d’un hile blanc, subéreux ; le testa est sous - crustacé, d’un gris noirâtre au dehors, revêtu intérieure - ment d’une membrane blanche et épaisse. Enfin, la figure donnée par M. Decaisne in- dique un fruit assez long, trigone, à 3 valves, semblable à celui du moringa pterigosperma, et contenant une série linéaire de 6 à 8 se- mences. Or on trouve quelquefois, dans les se- mences de ben du commerce, un fruit assez différent du précédent, que l’on voit repré- senté dans Pomet, dans le Matthiole de G. Bauhin, dans l’Æistoria plantarum de J. Bauhin et dans les Zcones de Chabræus. Je possède un de ces fruits, et j'en donne ici la figure, faite d’après nature (fig. 353). Ce fruit est long de 45 millimètres, pointu par l'extrémité supérieure ; atténué etse confondant insensiblement avec le pédoncule, par le côté opposé. Il est formé seulement de 2 renflements ovoïdes, dont la coupe horizontale est circulaire et non triangulaire, et il ne renferme que deux semences d'un blanc un peu verdätre , ovoïdes, triangulaires , avec 3 angles sail- lants, mais non ailés, Ces semences, dont le test est assez dur et cassant, sont exactement les noëx de ben blanches du commerce, qui sont les plus estimées, mais qui sont en effet mélangées de noix de ben grises, plus petites et aptères, qui me paraissent être celles décrites par M. Decaisne. Le péricarpe est d’un gris rougeâtre à l'extérieur, solide, fibrenx, strié, avec quelques nervures longitudinales un peu proéminentes, mais qui Fig. 353. 360 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES, ne répondent pas aux 3 sutures, Celles-ci ne sont marquées sur le fruit que par 3 légers sillons blancs, provenant de l'interruption du derme brunâtre , et indiquant un commencement de déhiscence ; cependant je n’oserais dire que le fruit est déhiscent : lorsque j'ai voulu louvrir par l'extrémité supérieure, pour en connaître les semences, il s’est déchiré irrégulièrement en 7 ou 8 parties, sans suivre les sutures, qui sont res- tées intactes. Enfin, le péricarpe est mince et entièrement fibreux dans toute la partie renflée, occupée par les graines , et ne s’épaissit en une cloison transversale que dans leur intervalle. Cette cloison est peréée de 3 trous qui répondent aux 3 trophospermes pariétaux, correspondant eux-mêmes exactement avec les trois sutures extérieures ; l'un de ces trous est plus ouvert que les deux autres, et permet de voir que la se- mence contenue dans la loge inférieure est suspendue par un funicule membraneux au trophosperme qui lui répond. La semence de ben est amère et purgative ; mais on ne l’emploie plus en médecine. Elle fournit, par expression, une huile douce, inodore et difficile à rancir, qui est très propre à se charger, à l’aide de la macé- ration , de l'odeur fugace du jasmin et des fleurs liliacées. Gette huile, au bout de quelque temps, se sépare en deux portions , dont l’une est épaisse et facilement congelable , et dont l’autre reste toujours fluide. C’est de cette dernière huile que les horlogers se servaient pour adoucir le frottement des mouvements de montres, avant qu’on eût trouvé, dans la saponification incomplète de l'huile d’olive, le moyen de se procurer une élaïne beaucoup plus pure, non oxigénable et sans action sur les métaux , notamment sur le cuivre. Il ya une autre semence qui est connue sous les noms de ben magnum et de noisette purgative : c’est le fruit du Jatropha multi fida L. (Voyez t IL, p. 335.) Fruits d’Acacias ou Bablahs, Les arbres de la famille des légumineuses qui composent la tribu des mimosées avaient été séparés, par Tournefort, en deux genres, savoir : les mimosa et les acacia; le premier caractérisé par ses gousses articu- lées, et le second par ses fruits continus. Linné les a tous réunis en un seul genre, sous le nom de mimosa; mais plus tard Willdenow en forma les genres inga, mimosa, schrankia, desmanthus et acacia, aux- quels il faut joindre aujourd’hui les prosopis, algarobia, entada, vache- lia et plusieurs autres. Parmi tous ces genres, nous nous arrêterons au scul genre acacia, et nous nous bornerons encore à décrire les espèces qui nous fournissent la gomme arabique, le cachou et plusieurs fruits astringents usités pour Ja teinture et le tannage. LÉGUMINEUSES, 361 Les acacias gummifères, quoique quelques uns, originaires de l'Orient, aient été connus des anciens, et que les autres, naturels au Sénégal, aient été décrits par Adanson, il y a plus de soixante-dix ans, sont en- core mal définis et plus ou moins confondus par la plupart des botanistes. Ne voulant entrer ici dans aucune discussion à ce sujet, je me bornerai à décrire les espèces d’acacias telles qu’elles me paraissent devoir être établies, en rejetant toutes les synonymies autres que celles que j'indi- querai. I. Acacia vera Willd. Cette espèce comprend deux variétés qui diffèrent par le nombre de leurs pinnules, mais qui ne sont peut-être que deux âges différents du même végétal. ATe VARIÉTÉ, À 4-6 PINNULES, Acacia, Vesling. in Pr, alp., cap. 4; Plukenet, Phytogr., t. 251, fig. 1 ; Blackw., t. 377. Mimosa nilotica , Hasselq., Itin., 475 ; Gommier rouge ou nebneb d’Adanson, Supplément à l’ Encyclopédie botan., t. Ï, p. 80. Acacia d'Égypte, Lamarck., Suppl., t. 1, p.19. Acacia vera, Valmont de Bomare, Dict., t. I, p. 81. Acacia nilotica, Delile. F1. ægypt., p. 79; Th. Fr. Nees, Plant. med., 1. 332. Arbrisseau (fig. 354) de 3 à 6 mètres de hauteur, dont l'écorce est brune, l’aubier jaunâtre, le bois très dur et d’un rouge brun. Ses feuilles sont deux fois ailées et portent 4 à 6 pinnules (quelque- fois davantage ), dont chacune cest pourvue de 15 à 20 paires de folioles, longues de 4 ou 5 milli- mètres, obtuses et imparfaite- ment glabres. Le pétiole com- mun porte une petite glande concave entre la première paire de pinnules et une autre entre la dernière. Il est accompagné à la base , au lieu de stipules, de deux épines droites, écartées horizontalement, et dont l’une est d'un tiers plus courte que l’autre. D'ailleurs ces épines ne sont pas d’égale grandeur sur 7 S 1 DRE COPPI ETES) 362 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. toutes les branches ; celles qui poussent au moment où la séve est près de s'arrêter, sont brunes, coniques, longues de 41 à 15 millimètres ; les branches , au contraire, qui poussent pendant la force de la séve portent des épines longues de 55 à 65 millimètres sur 2 millimètres de dia- mètre , et d’un jaune de bois (Adanson). Les fleurs sont jaunes, disposées en capitules sphériques de 16 mil- limètres de diamètre, qui naissent au nombre de deux (ou plus) dans l’aisselle des feuilles supérieures. Ces capitules sont portés sur des pé- doncules longs de 25 millimètres environ , articulés vers leur milieu , où ils portent une petite gaîne couronnée par 4 denticules. Chaque capitule est composé d’une soixantaine de fleurs très rapprochées, séparées les unes des autres par une écaille plus courte que le calice, figurée en palette orbiculaire , velue, et dont la moitié inférieure forme un pédi- cule très délié: Chaque flenr est hermaphrodite ( Adanson }, composée d’un calice d’une seule pièce , d’un tiers plus long que large, couvert de poils denses, et partagé par le haut en 5 dents triangulaires égales. La corolle est deux fois plus longue que le calice, tubuleuse , terminée par à dents oblongues. Les élamines, au nombre de 70 à 80, sont dis- posées sur 5 rangs circulaires, et naissent d’un disque qui s'élève du fond du calice en touchant à la corolle ; elles sont égales entre elles, deux fois longues comme la corolle , et en sortent sous la forme d’un faisceau un peu divergent. Les anthères sont arron- dies , à deux loges s’ouvrant , du côté interne, par une fissure longitudinale, et surmontées d’un petit appendice blanc, globuleux, denticulé, pédiculé. Le pollen est jaune, pulvérulent et d’une grande ténuité. Du milieu du vide que laisse le disque des étamines, au fond du calice, s'élève l’ovaire, qui est pédiculé, allongé, ter- miné par un long style filiforme, tronqué horizontalement et creusé d'une petite cavité hérissée de pointes visibles seule- ment à la loupe. Le fruit (fig. 355 ) est un légume apiati, long de 6 à 11 ou {4 centimètres, vert brunâtre , /isse, luisant , composé de 6 à 10 articles dis- coïdes, si étranglés qu’ils paraissent comme attachés bout à bout, en forme de cha- pelet, par un collet qui n’a pas souvent LÉGUMINEUSES. 363 2 millimètres de largeur. Ces articulations ne se séparent pas naturellement, mais elles se rompent très facilement par l’embal- lage ou le transport, de sorte que le fruit reçu par la voie du com- merce est presque toujours brisé et séparé en autant de parties qu'il y a de loges et de semences. Le péricarpe renferme un suc desséché rougeâtre, d'une saveur gommeuse et astringente. Les semences sont elliptiques , aplaties, d’un gris brunâtre, marquées, sur chacune de leurs faces, d’un sillon qui enferme un grand espace pareillement ellip- tique. Elles sont attachées au bord supérieur de la loge par un court funicule ; elles portent , en Égypte, le nom de guarat , le même qui est donné dans l'Inde à celles de l'adenanthera pavonina, et probablement pour la même cause. L'arbre est connu sous le nom de sant. La descrip- tion du fruit a été donnée, presque dans les mêmes termes, par Gcoffroi, Adanson, Lamarck et Valmont de Bomare. Ce fruit était connu des anciens, qui l'employaient , au lieu de galle, pour le tannage des peaux, et en retiraient, par le moyen de l'eau, un extrait astringent , très connu sous le nom de sue d'acacia. Mais ce fruit a été complétement oublié pendant très longtemps, et n’a reparu dans le commerce que postérieurement à l’année 1825, époque à laquelle on recut de l'Inde, sous le nom de bablah, les gousses de l’acacia arabica , pour servir au tannage et à la teinture, Alors on fit venir d'Égypte et du Sénégal, pour remplacer ce bablah , ou pour les employer cncurremment avec lui, les gousses de l’acacia vera, et on les vendit aussi seus le nom de bablah : elles sont bien moins riches en principe astringent , et sont peu esti- mées. On les distingue du bablah de l’Inde par leur surface lisse, leur couleur rougeûtre , et par le grand étranglement de leurs articles, qu est cause qu’ils sont presque tous entièrement séparés et réduits à l’état d’une loge lenticulaire et monosperme. 2€ VARIÉTÉ, A PINNULES BIJUGUÉES. Acacia vera, DC. et Willd. Acacia vera seu spina ægyptiaca , subrotundis foliis, flore luteo , siliquà brevi, paucioribus isthmis glabris et cortice nigricantibus donata. Pluk., Almag., p. 3, Phytogr., t. 123, fig. 1. Acacia ægyptiaca , Fab. Col. Lyne. in Hern., Mezx., p. 866, fig. Acacia ægyptiaca , Dalech., t. [, p. 1€0, fig. ; Dodon., Pempt., p. Spina acaciæ , Lobel, Observ., p. 536, fig. 4 22. Cette variété est née une première fois, dans le jardin de Padoue, de fruits envoyés de Syrie (Lobel, Advers., p. 409), et une seconde fois, à Naples, de gousses qui avaient été remises à Fab. Col. Lynceus par l’empereur Ferdinand. Les fruits étaient bien ceux de l’acacia vera, et cependant , dans les deux cas, la plante a paru avec deux paires de 36/ DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. pinnules seulement à chaque feuille. Cette circonstance a conduit Will- denow et Decandolle à regarder ce nombre de pinnules comme un carac- tère essentiel de l'espèce, tandis que, suivant ce que je pense, il était accidentel et dû seulement au jeune âge des deux individus et au peu de développement qu’ils ont dû prendre dans une serre de jardin, C’est dans la description donnée par Adanson de son gommier rouge, et surtout dans celle du fruit, qu'il faut chercher les vrais caractères de celte espèce. II. Acacia arabica Roxb. (Plants of Corom.,t. II, p. 26, tab. 149). Acacia arabica Wild, ; mimosa arabica Lam. Acacia vera altera seu spina mazcatensis vel arabica, foliis angustio - ribus, flore albo (vel luteo), siliqua longa, villosa, pluribus isthmis et cortice candicantibus donata, Pluk., Afm., p. 3. Excluez tous les autres synonymes , et notamment la fig. 1 de la pl. 251 de Plukenet, qui n’est autre que l’acacia de Vesling. Cette espèce est très répandue dans l'Inde et en Arabie. Elle présente presque tous les caractères Fig. 356, de l’acacia vera; cepen- dant ses deux épines sti- pulaires sont plus courtes, ses feuilles sont velues, A et ses fruits (fig. 356), nil y \ an | 1) qui sont longs de 10 à KL, (IL 20 centimètres et larges | | de 11 à 15 millimètres, sont tout couverts d’un duvet court et blanchâtre, et sont partagés, dans leur longueur, en 12 ou 15 lobes arrondis, par des étranglements générale- ment beaucoup: moins étroits que dans l’acacia N ui i Nu vera (4). Ils sont terminés qu 4 dr par une pointe grêle et recourbée de 15 centi- mètres environ. Dans le D sl (1) La figure donnée par Roxburgh, dans les plantes du Coromandel, repré- sente le fruit plus étranglé qu'il ne l’est ordinairement et trop semblable à celui de l’acacia vera. La figure que je donfe ici représente beaucoup mieux le fruit pris dans son ensemble ; seulement elle est un peu plus grande que la généralité des fruits du commerce. LÉGUMINEUSES. 365 fruit sec du commerce, qui porte le nom de bablah (1), l’épiderme de la gousse est noir dans les endroits où le duvet blanc à disparu ; l’espace fort mince compris entre l’épicarpe et l’endocarpe est rempli par-un suc noir desséché qui lui donne plus de consistance que dans l'acacia vera ; la gousse est souvent entr'ouverte par une des sutures , et se sépare facilement en deux valves d’un bout à l’autre, à l’aide d’une lame de couteau. Ces deux valves sont encadrées d’un bout à l’autre par les deux sutures ligneuses et étroites, qui leur donnent, très en petit, une certaine ressemblance avec celles de l’enfada gigalo- bium ; mais elles ne sont pas articulées transversalement. Les semences sont enveloppées d’une pulpe desséchée, réduite à l’état d’une mem- brane blanchâtre ; l’épisperme est dur et corné, d’un gris brunâtre, marqué d’un sillon elliptique comme dans l’acacia vera. Les gousses de l’acacia arabica sont usitées dans l’{nde pour le tan- nage et Ja teinture. Depuis 1825 , il en arrive d'assez grandes quantités dans le commerce sous le nom de bablah. Le bois de l'arbre a été décrit précédemment sous le nom de diababul (p. 326). IL. Acacia Adansonii, Flor. seney., p. 249. Gommier rouge Gonaké d'Adanson, Suppl. à l'Encycl. bot., t p. 53. Arbre du Sénégal, haut de 8 à 10 mètres, dont les jeunes branches sont couvertes d’un duvet très serré ; les épines stipulaires sont droites, écartées, pubescentes et blanchâtres. Les feuilles n’ont que 4 paires de pinnules (Adanson) , composées chacune de 12 à 16 paires de folioles, oblongues-linéaires, très petites, rapprochées. Le pétiole porte 2 glandes, l’une entre la dernière paire de pinnules, et l’autre entre la troisième paire en descendant, Les capitules sortent au nombre de 4 de l’aisselle de chaque feuille. Les fleurs sont jaunes , odorantes , semblables à celles des acacia vera et arabica, de sorte que, ici encore, c’est le fruit sar- tout qui distingue l’espèce. Ce fruit, que j'ai fait représenter fig. 357, est long de 16 à 19 centimètres, large de 48 à 20 millimètres, couvert de duvet, comme les jeunes branches, souvent un peu recourbé, ni articulé ou étranglé, mais seulement un peu rétréci entre les semences, et ayant les bords ondulés. Ce fruit ressemble beaucoup à celui de l'acacia arabica ; mais il est généralement plus grand, plus large, profondément ridé au-dessus des semences, qui n’occupent pas toute la largeur de la gousse , de sorte que celle-ci paraît comme un peu ailée tout autour. Enfin, le duvet qui recouvre le fruit est moins dense que dans l’arabica, et laisse entrevoir la couleur rougeâtre assez claire du péricarpe. Les semences sont semblables. IV. Acacia seyal Delile, Flore d° Égypte, p. 286, fig. 52. té de (4) Ce nom est une altération de l'indien babul ou b 1bulx. 366 DICOTYLÉDONES CALIGIFLORES. grandeur médiocre, armé d'épines faibles et courtes à Ja base des branches, devenant plus fortes et plus longues en montant vers l’extré- mité , où elles acquièrent plus de 3 centimètres de longueur. Les feuilles sont rarement solitaires, et le Fig. 357. plus souvent géminées ou ternées dans laisselle des épines. Elles sont deux fois ailées, à deux paires de pin- nules, quelquefois à une ou à trois paires, portant 8 à 42 paires de petites folioles li- néaires, obtuses. Les fleurs sont jaunes , ramassées en capitules sphériques courte- ment pédonculés, qui sortent sous forme d’ombelle sessile ou de panicule, de l’aisselle des feuilles. Les fruits, bien disuüncts des précédents, sont jaunâtres, longs de 7 centi- mètres, falciformes, termi- nés en pointe , un peu com- primés et un peu renflés par places, renfermant 8 à 10 se- mences dont l’auréole linéaire forme un fer à cheval ouvert vers Je sommet de la graine. L'acacia seyal se trouve dans le désert, entre le Nil et la mer Rouge , et au Sénégal. 11 fournit une gomme blanche, vermi- culée, qui fait partie de celle du commerce. V. Acacia farnesiana Wild. ; mimosa farnesiana L.; vachellia far- ._nesiana Wight et Arnott; acacia indica Aldini, Æort. farn., tab. 2. Blackw., t. 345. Arbre élevé à peine de 5 mètres, qui ne diffère encore presque des précédents que par son fruit (fig. 358), qui est une gousse longue de 5 à 7 centimètres, un peu arquée, cylindrique ou à peine comprimée, avec des renflements nombreux et peu marqués, qui indi- quent la place des semences. Sa surface est d’un brun rougeûtre , lisse très probablement lorsqu'elle est récente, mais marquée de stries fines et assez régulières par suite de la dessiccation. Elle porte 2 sutures presque semblables , formées d’un sillon blanc dû à un commencement LÉGUMINEUSES. 367 de déhiscence du péricarpe, et de 2 nervures parallèles, un peu proémi- nentes et de couleur rouge. A l’intérieur, cette gousse présente un mé- socarpe très mince rempli par un suc desséché, vitreux et très astrin- gent ; l’endocarpe est blanc, spongieux, très mucilagineux et un peu sucré ; il forme, au moyen de replis intérieurs, des loges obliques dont chacune contient une semence elliptique-arrondie, un peu comprimée, marquée sur chaque face d’une sorte d’auréole ou de ligne elliptique qui se prolonge en pointe et's’ouvre du côté du hile, Quand on brise le fruit Fig. 358. transversalement, il arrive souvent que les semences et les loges qui les con- tiennent paraissent placées sur deux rangs parallèles et former deux séries, et c’est probablement ce caractère qui a porté MM. Wight et Arnolt à former de l’acacia farnesiana un genre particulier ; mais ce caractère différentiel n’est qu’apparent, et il serait véritablement singulier qu’un arbre aussi semblable aux autres acacias à fleurs capitulées en différât par uu caractère aussi essentiel. En réalité, de même que dans toutes les légumineuses , les semences de J’acacia de Farnèse ne forment qu’une seule série suturale, mais dont chaque graine est attachée alternativement de chaque côté de la suture ; et comme, dans cette espèce, les semences sont très nom- breuses sur une longueur peu considérable et très rapprochées, elles sont obligées, pour prendre leur développe- ment, de se diriger alternativement à droite et à gauche de la suture qui les supporte. C’est là ce qui les fait paraître opposées ou en série double ; mais elles sont alternes, placées l’une au-dessus de l’autre et en série simple. L’acacia de Farnèse est très commun à l’île Maurice , où il porte le nom de cassier ou de cassie, Ses gousses y sont usitées pour le tannage et la teinture en noir. Elles ont été apportées en France vers l’année 1825, en même temps que le bablah de l'Inde , sous les noms de bali- babulah et de graine de cassier, ce qui est cause que Virey les avait attribuées au cassia sophera (Journ. Pharm., t. XX, p. 313). L’acacia de Farnèse est aussi très cultivé en Italie et en Provence, à cause de ses fleurs, qui ont une odeur très agréable et un peu musquée, et qui 368 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES, sont aujourd'hui usitées dans la parfumerie, sous le nom de fleurs de cassie. VL. Acacia Verek, Klor. Seneg.; acacia Senegal Wild. (excluez les figures citées) ; #7mosa Senegal L.; gommier blanc ou Uerek 4’ Adanson (fig. 359). Arbre peu élevé, couvert de bran- ches tortueuses et de feuilles petites, deux fois ailées, composées de 3 à 5 paires de pinnules à 12 ou 15 paires de fo- lioles glabres, longues de 2 millimètres, étroites, avec une très petite pointe au sommet. À la base de Fig. 359. VE chaque feuille se trou- dy vent 2 ou 3 épines coni- S CA Su, 2 ques, courtes, crochues, Ka ï noirâtres et Juisantes, Les 22) fleurs sont blanches, po- "re a lyandres, disposées en ELLE épis axillaires, pédoncu- 7 4 lés, cylindriques, longs de 8 centimètres. Les fruits sont jaunâtres, très aplatis, linéaires, pointus aux deux bouts, longs de 95 millimètres, larges de 18 à 20 , veinés à l’exté- rieur et chargés de poils courts peu sensibles. Les semences sont au nombre de 6 environ , très aplaties, orbiculaires ou un peu cordiformes. Cet arbre fournit la plus grande partie de la gomme du Sénégal. A Ja suite des fruits d’acacias, utiles pour le tannage et la teinture, je décrirai deux autres fruits importés d'Amérique et qui servent aux mêmes usages. 1]. Gousses de libidibi ou de dividivi, Nacascol, ouatta-pana, On donne ces différents noms aux fruits du cæsalpinia coriaria Willd., arbre très répandu dans les lieux maritimes de la Colombie , des An- tilles et du Mexique. Ses fruits (fig. 360) fortement comprimés, longs de 7 ou 8 centimètres et larges de 45 à 20 millimètres, sont reconnais- LÉGUMINEUSES. 369 sables à leur forme recourbée en G ou en S, qui leur donne une cer- taine ressemblance avec la racine de bistorte. Ils sont indéhiscents et reuferment, sous une enveloppe mince, lisse et d’un rouge-brun , une pulpe desséchée jaunâtre, d’une saveur très astringente et amère. Au centre de cette pulpe se trouve un endocarpe blanc ligneux, qui divise le fruit d’une suture à l'autre et d’un bout à l’autre, sous la forme d’une lame formée de fibres plates, transversales et d’une grande ténacité. Cette lame se dédouble sur sa ligne médiane, de manière à former une série de très petites loges distinctes, contenant chacune une petite semence aliongée dans le sens transversal, un peu aplatie, très unie, lisse et d’un brun clair. Algarobo Ou algarovilla. J'ai trouvé dans le commerce, sous l’un ou l’autre de ces noms, un fruit qui me paraît difficilement pouvoir se rapporter aux arbres qui portent ces noms en Amérique, et qui sont : L'inga Marthæ Spreng. , dit algarovilla ; Le prosopis horrida Kunth., dit algarobo ; Le prosopis siliquastrum DC. , dit algarobo de chile. Le fruit dont il est ici question (fig. 362) est presque droit, long de 25 à 35 millimètres, épais de 40 à 12, arrondi ou terminé en pointe Fig. 361. aux extrémités ; il est tantôt presque cylindrique , d’autres fois inégale- ment renflé, quelquefois encore plus ou moins comprimé. Il est formé d’un épicarpe très mince et ridé, dont la couleur varie du rouge orangé au jaune orangé et au rouge brun. A l’intérieur se trouve un endocarpe HI. 24 370 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. membraneux dont les replis forment de 2 à 4 loges imparfaites, conte- tenant chacune une grosse semence lenticulaire, rouge, unie, assez semblable pour la forme et la grosseur à celle des lupins. Entre les deux enveloppes ci-dessus, se trouve un tissu fort remarquable, consistant en fibres ligneuses assez fortes, qui vont, en s’anastomosant, se réunir à l’une et à l’autre suture, de manière à former une tunique générale, à tissu de dentelle, plongée au milieu du suc amer et très astringent, jaune et d'apparence de succin, qui remplit tout l’intervalie compris entre l’épicarpe et l’endocarpe. Ce suc astringent et vitreux est si fragile qu'il se brise souvent et se réduit en poussière, avec l'épicarpe qui le recouvre; alors la tunique fibreuse dont j'ai parlé subsiste, en formant comme un squelette ligneux que des insectes auraient mis à nu. On trouve souvent mélangés, avec les fruits que je viens de décrire, des masses formées des mêmes légumes entiers ou brisés, incorporés avec le suc astringent qui en est sorti. Je pense que ce fruit est celui dont Virey a parlé dans le Journal de Pharmacie, t. XIX, p. 296, sous le nom d’a/garovilla, et sur l’origine duquel il s’est trompé en l’attri- buant à l’inga Marthe. SUCS ASTRINGENTS DU COMMERCE. Je pense que je ne puis mieux faire que de placer ici l’histoire des sucs astringents du commerce ; d’abord parce que le plus grand nombre d’entre eux appartiennent à la famille des légumineuses, ensuite parce que les autres ont avec les premiers des rapports de composition et d'emploi trop évidents pour qu’on puisse traiter des uns sans parler immédiatement des autres. Suc d’Acacia d'Égypte. Le vrai suc d’acacia est extrait des fruits de l’acacia vera (pag. 362, fig. 355), cueillis avant leur maturité. On les pile dans un mortier de pierre, et on en exprime le suc, que l’on fait ensuite épaissir au soleil. Lorsque ce suc a acquis une consistance convenable, on en forme des boules du poids de 125 à 250 grammes, et on l’enferme dans des mor- ceaux de vessie, où il achève de se dessécher. Le suc d’acacia , suivant les caractères que lui donnent les auteurs, et qui sont exacts, car on les retrouve dans un échantillon qui a été rapporté d'Égypte par Boudet oncle ; le suc d’acacia, dis-je, est solide, d’une couleur brune tirant sur celle du foie , d’une saveur acide, styp- tique, un peu douceâtre et mucilagineuse. J’y ajoute ceux-ci : traité par l’eau froide, il s’y dissout assez promptement, mais donne une LÉGUMINEUSES. 374 dissolution imparfaite , trouble, ayant la couleur et l'apparence d’une décoction de quinquina gris. La liqueur filtrée est rouge, rougit très fortement le tournesol , forme un précipité bleu-noir très abondant par lé sulfate de fer, forme avec la gélatine un précipité tenace et élastique, précipite fortement l’émétique et l’oxalate d’ammoniaque, précipite également par l'alcool et les carbonates alcalins. La portion du suc d’acacia insoluble dans l’eau , se dissout dans l’alcoo!, auquel elle com- munique une couleur très foncée, une saveur très astringente, non amère, et la propriété de précipiter en bleu foncé le sulfate de fer. Ces essais indiquent dans le suc d’acacia un acide libre d’une forte acidité, une espèce de tannin analogue à celui de la noix de galle, et un sel calcaire très abondant. Le vrai suc d’acacia est très rare dans le commerce, ou, pour mieux dire, depuis fort longtemps il ne s’y trouve plus. On donne à sa place une autre matière nommée acacia nostras , extraite en Allemagne des fruits non mûrs du pruniéer sanvage (prunus spinosa L.). On exprime le suc de ces fruits, et on lui donne la forme du vrai suc d'acacia. Suivant Lewis, il est plus dur, plus pesant, plus brun, plus âcre que ce dernier, presque également soluble dans l’eau et dans l'alcool. Voici les caractères de celui que je possède ; il est entièrement sec et dur, d’un brun rouge, d'une saveur de pruneaux. Il est peu soluble dans l'eau , et laisse, après avoir été traité par ce liquide bouillant , une ma- tière abondante qui a l’apparence de l’albumine coagulée; il est inso- luble dans l'alcool. Cette substance doit être, avec d’autant plus de raison , rejetée par les pharmaciens, qu'il leur est très facile de pré- parer aujourd’hui le véritable suc d’acacia avec les fruits de bablah, que l’on trouve abondainment dans le commerce. Cachou. Le cachou est une substance astringente dont l’emploi est très ancien chez les peuples qui habitent les contrées méridionales et orientales de l'Asie, et qui leur sert principalement à composer un masticatoire dont l’usage est aussi général que celui du tabac dans d’autres parties du globe. Ce masticatoire, formé de cachou , de noix d’arec et d’un peu de chaux, le tout enveloppé d'une feuille de bétel, rougit fortement la salive et colore les dents d’une manière désagréable ; mais il paraît être utile dans ces climats, pour remédier au relâchement des gencives et à la débilité des organes digestifs. Le cachou est aussi très utile dans l'Inde comme médicament et pour la teinture. Beaucoup d'auteurs ont admis, après Garcias ab Horto, que le cachou avait été connu des anciens Grecs, et que c’est le /ycium de l'Inde de 372 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. Dioscoride. Malgré l'avis contraire du savant M. Royle (Annales des sciences naturelles, 1834 , Botanique , t. IL, p. 183), il m'est difficile de ne pas partager l'avis de Garcias ; mais quel que soit le parti que l’on prenne dans cette discussion, il convient de reconnaître que le cachou n’a été connu dans l’Europe moderne que vers le milieu du xv: siècle, et qu’il a été mentionné d’abord par Schrader, dans un appendice à sa pharmacopée, sous le nom de £erra japonica ou de catechu. Pendant longtemps il n’a été employé que pour la médecine, et la consommation en était assez bornée; mais en 1829 on a commencé de l’appliquer en France à la teinture des étoffes, et dès lors l'importance s’en est accrue d’une manière tellement extraordinaire que d’une importation moyenne de 282 kilogrammes, pendant les années 4827 à 1831, elle s’est élevée, en 1838 à 548785 kilogrammes; cependant elle a baissé depuis, mais elle était encore, en 1845 , de 225342 kilogrammes. Suivant Murray (Apparatus medic., t. XX, p. 546), le nom catechu, qui a passé presque sans altération dans plusieurs langues européennes, est tiré de cate nom de l'arbre, et de chu qui signifie suc dans la langue du pays. J'ignore de quelle langue Murray a voulu parler, mais je n’ai trouvé ces mots dans aucun des idiomes de l'Inde. Garcias nomme l’arbre au cachou hacchic, et c’est le cachou lui-même qu'il appelle cate (arom. cap. 10). Garcias décrit d’ailleurs très imparfaitement l’arbre au cachou, bien qu’il soit très probable qu'il ait voulu parler d’un acacia. D’après lui, c’est un arbre hérissé d’épines, de la grandeur d’un frêne , à feuilles très petites et persistantes, à bois dur, compacte et incorruptible. Pour en extraire le cachou, on pile les rameaux de l'arbre et on les fait bouillir dans l’eau. On y ajoute quelquefois de la râclure d’un certain bois noir croissant au même lieu et de la farine de nachant, qui est une semence noire et menue de la saveur du seigle et propre à faire du pain (1). Le produit de la décoction , concentré , sert à faire des pastilles ou des tablettes qui constituent le cachou. Je pense qu'il serait inutile de répéter ici tout ce qui a été écrit sur la nature, l’origine et la préparation du cachou, et sur l'espèce d'arbre qui le produit. Je me bornerai à dire qu'après beaucoup de discussions, les opinions parurent fixées par un mémoire d'Antoine de Jussieu (Mémoires de l’Acad. des sciences, 1720 , p. 340), qui, se fondant principalement sur des renseignements fournis par un chirurgien fran- çais résidant à Pondichéry, soutint l'opinion que tout le cachou , quelle que soit sa forme en boules, en manière d’écorce d'arbre , ou en masses aplaties, était extrait par infusion dans l’eau des noix d’arec coupées (1) J’ai trouvé que le nachani est l’eleusine coracana, de la famille des gra- minées. = LÉGUMINEUSES. 373 par tranches. Mais cette opinion a été renversée lorsque Kerr, chirur- gien anglais, eut fait publier dans le Medical observations and enquiries (t. V, p. 151), une description exacte de l’acacia catechu et de la ma- nière d'en extraire le cachou : à partir de ce moment, et surtout à mesure qu’on oubliait davantage ce qui avait été écrit antérieurement, Kerr fut regardé comme l’auteur de la découverte de la véritable ori- gine du cachou. Quant à moi, il ne me paraît pas plus exact de dire que le cachou soit exclusivement tiré de l’acacia catechu que de l’areca. Car si la première extraction est pratiquée dans les provinces septen- trionales de l'Inde, la seconde est incontestablement usitée dans les contrées du midi. Enfin, autant pour donner une idée plus exacte de cette question que pour rendre à chacun la justice qui lui est due, je traduirai ici par extrait un mémoire d’'Herbert de Jager, bien antérieur à ceux de Kerr et d'Antoine de Jussieu. On le trouve dans les Wiscel- lanea curiosa, 1624, p. 7. « On entend dans les Indes , sous le nom de Æhaath ( que les nôtres nom- ment catsjoe et Garcias cate), tout suc astringent retiré par décoction de fruits, racines ou écorces, et épaissi, lequel étant mâché avec du bétel et de l’arec colore la salive en rouge. » Ce suc desséché ne provient pas d’un seul arbre; mais on le retire de presque toutes les espèces d’acacia qui sont pourvues d’une écorce astringente et rougeâtre et de beaucoup d’autres plantes ; et tous portent le nom de khaath, quoiqu'ils différent en vertu et en bonté. ]1 y a cependant un arbre qui produit le meilleur et le plus estimé. On nomme cet arbre kheir en lan- gage hindou et de Decan, et khadira dans la langue sanscrite. Les forts rameaux sont pourvus d’une écorce cendrée , tandis que les pétioles des feuilles ailées sont couverts d'un épiderme rougeâtre, et sortent extérieure- ment du rameau entre deux épines opposées entre elles et recourbées. Les feuilles sont semblables à celles de l’acacia, quoique plus petites, ce qui me le fait ranger parmi les acacias. Suivant ce qui m'a été rapporté, c’est de cet arbre, soit seul, soit mélé à d’autres, que l’on confectionne au Pégqu le khaath, qui est tellement célèbre qu’on le distribue par toutes les Indes. Mais il y a encore un autre arbre épineux du genre de l’acacia, et à feuilles trés petites, qui est nommé en langage tellingoo driemmi et en sanscrit siami, duquel, suivant ce que j’ai entendu dire, le cachou est également retiré par l’intermède du feu. Cet arbre est tout hérissé d’épines courtes et élargies à la base. L'’écorce des forts rameaux est raboteuse et d’une couleur jaune rougeâtre foncée ; les rameaux sont assez disposés sans ordre et entremélés ; deux ou trois rejetons sortent d’une même branche et portent de petites folioles oblon- gues arrondies, d’un vert blanchâtre ; de cà et de là sortent d’entre les feuilles et vers l'extrémité des rameaux, de petits fruits un peu arrondis; à peine oserai-je dire lequel de ces deux arbres a été indiqué par Garcias (1). » Enfin, autour des monts Gate qui, commencant au cap Comorin , enfer- (4) Si, comme on n'en pent guère douter, l’arbre nommé hacchic par Garcias, est un acacia, il est extrémement probable que c'est celui qui sert principalement à la préparation du cachou, 374 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. ment tout le Malabar, le Canara, le Caucan et encore d’autres contrées plus septentrionales, on fabrique une grande quantité de cachou par un autre procédé qui m’a été communiqué par un gymnosophiste qui avait parcouru toutes ces provinces. Suivant cet homme, la noix d’arec , étant encore verte, est coupée par morceaux et mise à bouiliir dans l’eau , avec un peu de chaux, pendant trois ou quatre heures , au bout desquelles 1! se dépose une matière épaisse et féculente comme une bouillie , laquelle seule peut servir à fabriquer le khaath ; mais afin de rendre le produit meilleur, on y ajoute de l'écorce de {sjaanra ou acacia précédemment décrit, et de celle de l'épine noire d'Egypte, toutes deux récentes et macérées pendant trois jours dans de l'eau , laquelle est ensuite versée sur le dépôt précédent et bouillie pendant une heure. La matière épaissie est exposée au soleil , sur des nattes, jusqu'à ce qu’elle devienne presque dure. Alors on la réduit en petites masses qui sont transpor- tées partout sous le nom de haath. Mais ce produit n’est pas toujours pur, et la plupart du temps on y ajoute de l'argile ou du sable pour en augmenter la masse, » Voici maintenant la description donnée par Kerr pour l'extraction du cachou de l’acacia catechu (1). « Le cachou est préparé avec la partie interne du bois qui est d’un brun pâle, ou d'un rouge foncé, et même noir par place; la partie externe , qui est blanche, est rejetée. On divise le bois intérieur en copeaux et on en remplit c'est-à-dire le Æheër où khadira d’Herbert de Jager , on acacia catechu des botanistes, Quant au second acacia épineux nommé par Herbert de Jager driemmi ou siami, je suis tout à fait porté à croire que c'est l’a- Fig. 362. cacia farnesiana, sur l'autorité de Roxburgh qui rapporte à cette L espèce un végétal dont il est ques- tion dans les Recherches asia- Lu tiques sous le nom de sami, Enfin LN) ? Herbert de Jager indique plus bas, sous le nem d’épine noire d'É- gypte, une troisième espèce d’aca- cia qui concourt quelquefois à la fabricalion du cachou de l'arec. Celte epine noire d'Égypte ne peut êlre autre chose que l’acacia arabica. (1) Acacia catechu Willd. Car. spée. : Épines stipulaires d’abord presque droites, mais $e recour- bant avec l’âge; feuilles pinnées à 10 paires de pinnules portant de 40 à 50 paires de folieles linéaires, très petites et pubescentes; une glaude déprimée à la base du pé- tiole commun, et deux ou trois autres entre les dernières pin- uules; fleurs jaunes, polyandres, à b divisions et à 20 étamines , disposées ep épis cylindriques, sortant au nombre de 1 à 5 de l'aissslle des feuilles; légume lanceole, plane, renfermant de 3 à 6 semences. LÉGUMINEUSES. 375 un vase de terre à ouverture étroite, que l’on emplit d’eau jusqu’à la partie supérieure. Cette eau étant diminuée à moitié par la coction, on la verse dans un vase de terre plat, et on l’épaissit jusqu'à ce qu’il en reste seulement la troisième partie. Alors la matière étant reposée pendant un jour, dans un lieu frais, on la fait épaissir à la chaleur du soleil, en l’agitant plusieurs fois pendant le jour. Lorsque la masse a acquis une consistance suffisante , on l’étend sur une natte, ou sur un drap saupoudré de cendre de bouse de vache, et on la divise en morceaux guadrangulaires , dont on achève la dessiccation complète au soleil. Afin que Pextraction se fasse plus facilement , on se sert de fourneaux très simples , consistant principalement en une voûte de terre cuite , placée sur un foyer creusé en terre, et percé de trous qui reçoivent les vases à extraction. Plus le bois est foncé en couleur, plus Pextrait obtenu est noir et de moindre qualité. On prend donc le bois d’un brun pâle, d’où résulte un extrait plus léger et blanchätre. » Cet extrait n’est pas préparé au Japon, d’où l’épithète de japonica ne lui convient pas. Il est apporté du Malabar, de Suratte , de Pégu et d’autres con- trées de l'Inde ; mais sa plus grande provenance paraît être de la province de Bahar. » Beaucoup plus récemment, M. Royle a vu préparer le cachou avec le bois de l’acacia catechu , dans les passes de Xheree et de Doon. Seulement il ajoute que le suc épaissi est versé dans des moules d’argile qui sont généralement d’une forme carrée. Ce cachou est de couleur rouge pâle. 11 suit la voie ordinaire du commerce par le Gange et nous arrive par Calcutta. L’échantillon de ce cachou que M. Royle à rapporté ressemble exactement à celui que j'ai décrit sous le nom de cachou terne et parallélipipède, ou cachou en écorce d'arbre d'Antoine de Jussieu, dont l’origine se trouve ainsi définitivement constatée. Cachou de l’aree, J'ai déja rapporté, d’après Herbert de Jager, la fabrication du cachou de l’areca catechu, qui diffère de celle mentionnée par Antoine de Jussieu, parce que, suivant ce dernier, la noix d’arec servirait seule à la fabrication de l'extrait ; tandis que, suivant Herbert de Jager, on y ajouterait souvent une infusion de bois d’acacia. Voici une nouvelle description de cette fabrication, due au docteur Heyne, qui nous apprend que dans le Mysore on prépare deux sortes de cachou avec la noix d’arec. « Avec les semences de l’arec, on prépare un extrait qui constitue au moins deux des espèces de cachou des pharmacies. Cet extrait est préparé en grande quantité dans le Mysore, aux environs de Sirah, et de la manière suivante, Les noïx d’arec étant prises telles qu’elles viennent sur l'arbre, sont mises à bouillir pendant quelques heures dans un vaisseau en fer. Elles sont alors reti- rées et la liqueur est épaissie en continuant l’ébullition, Ce procédé fournit le 376 DICOTYLEDONES CALICIFLORES. kassu ou le cachou le plus astringent , lequel est noir et mélé de glumes de riz et d’autres impuretés. Après que les noix sont séchées, elles sont mises dans de nouvelle eau et bouillies de nouveau, et cette eau étant épaissie comme la première, fournit la meilleure et la plus chère espèce de cachou , nommée coury. Celui-ci est d’un jaune brun, d’une cassure terreuse, et sans mélange de corps étrangers. (D'après ces caractères , il me paraît certain que le coury et le kassu sont les deux premières sortes de cachou que j'ai décrites sous les noms de cachou en boules, terne et rougeätre , et de cachou brun noirâtré , orbicu- laire et plat.) Gambir. Le gambir est une substance tellement semblable au cachou par sa composition et ses propriétés, qu’on lui en donne le nom dans le com- merce et que je l’ai moi-même décrit comme une sorte de cachou, avant de le connaître sous son véritable nom. Une fois ce nom connu, celui du végétal qui le fournit le devenait également. Il est en effet cer- tain , d’après les renseignements fournis par Kænig, Hunter, Rox- burgh, etc., que le gambir Fig. 363. est extrait des feuilles de l'uncaria gambir Roxb. (1). Je me bornerai aux extraits suivants : 4) Uncaria gambir Roxb. ; nauclea gambir Hunt. (fig. 363). Les uncaria sont des arbrisseaux sarmenteux très répandus dans l'Inde et prin- cipalement dans toutes les iles de la Malaisie. 1ls appartien- nent à la famille des rubia- cées et à la même tribu que les cinchona , dont ils se dis- tinguent principalement parce que leurs fleurs sont sessiles et réunies en cCapilules , sur des pédoncules sortant de l'ais- selle des feuilles. L’uncaria gambir a les feuilles ovées- lancéolées, courtement pélio- lés, lisses sur les deux faces; les stipules sont ovés ; les pé- | doncules florifères sont soli- taires et opposés dans l’aisselle des feuilles supérieures ; ils sont bractéolés au milieu de leur longueur et sont accompagnés, à la base, d’une épine recourbée en crochet, provenant d'un autre pédoncule avorté. LÉGUMINEUSES. 317 Extrait des observations de Hunter sur la plante qui produit le qutta gambeer (Transact, of the Linnean Society , IX , p.218). « Deux procédés sont employés pour extraire le gutta gambeer des feuilles du nauclea gambir. Suivant le premier, on fait bouillir dans l’eau les feuilles complétement privées de tige. On évapore la liqueur en consistance sirupeuse et on la laisse se soli- difier par refroidissement. On la coupe alors en petits carrés que l’on fait sécher au soleil , en ayant soin de les retourner souvent. » Le gambir préparé par ce procédé est de couleur brune; mais on en apporte de la côte malaise et de Sumatra , qui est sous forme de petits pains ronds, presque blancs. Selon le docteur Campbell de Bencoolen, cette sorte de gambir se prépare en faisant infuser dans l’eau, pendant quelques heures, les feuilles et les jeunes rameaux incisés. La liqueur étant passée laisse dépo- ser une fécule qui est épaissie à la chaleur du soleil et fagonnée en petits pains ronds. » Le plus fréquent usage du gambir est d’être mâché avec les feuilles de bétel, de la même manière que le kutt ou cachou, dans les autres parties de l'Inde. On choisit, à cet effet, la sorte la plus belle et la plus blanche. Le gambir rouge étant d’un goût très fort, et abondant, est exporté pour la Chine et Batavia ; où il sert au tannage et à la teinture. » Dans Pile du prince de Galles , les fabricants de gambir l’altèrent souvent avec de la fécule de sagou, qu’ils y mélent intimement; mais on peut décou- vrir celte fraude par la solution du gambir dans l’eau. » Extrait de la Flora indica de Roæburgh (t.1, p. 518). « Uncaria gambier. Gambier est le nom malais d’un extrait préparé avec les feuilles de cette plante , et qui joint à quelque douceur un principe astringent plus prononcé que dans le cachou. La préparation en est simple : les jeunes tiges et les feuilles sont hachées et bouillies avec de l’eau, jusqu’à ce qu’il se dépose une fécule. Celle-ci est évaporée au soleil en consistance de pâle et jetée dans des moules de forme circulaire. C’est ainsi que se fait le gambir, d’après le docteur Campbell ; mais dans d’autres parties du golfe de Bengale , les feuilles et les jeunes pousses sont bouillies dans l’eau , et la liqueur est évaporée sur le feu el à la chaleur du soleil, jusqu’à ce qu’elle soit assez épaissie pour être étendue mince et coupée en petits pains carrés. » Suivant M. Bennett, la méthode usitée à Singapore pour faire le gambir cubique consiste à faire bouillir deux fois les feuilles avec de l’eau, dans un chaudron nommé qualie, fait en écorces d'arbres cousues, avec un fond en fer battu. Les feuilles épuisées et égouttées servent de fumier pour les plan- tations de poivre. La décoction est évaporée en consistance d’extrait ferme, lequel est d’un brun clair, jaunâtre et comme terreux. On place cet extrait dans des moules oblongs dans lesquels il se solidifie. Ensuite on le divise en cubes et on le fait sécher au soleil sur une plate-forme élevée. Hunter dit que cet extrait est quelquefois mélangé de sagou ; mais M. Bennett nie que cette falsification se pratique à Singapore. Le meilleur gambir est apporté de Rhio. dans l’ile de Bintang. Le meilleur ensuite est celui de Lingin. kinos, On donne aujourd’hui le nom de #?n0 à un certain nombre de sucs astringents qui proviennent de végétaux et de pays très différents. Ces 318 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES,. sucs ont avec les cachous et le gambir une assez grande analogie de propriétés ; cependant ils sont généralement plus solubles dans l’alcool et pourvus d'un principe colorant d’un rouge de sang, qui manque aux premiers. J'ai cherché pendant longtemps et sans succès l’origine du mot Ærno. que l’on trouve pour la première fois dans Murray, comme synonyme de la gonume astringente de Gambie, dont là première mention a été faite par Fothergill en 1757. Voici comment on peut expliquer ce nom aujourd’hui : malgré l'importance donnée à la gomme astringente de Gambie par Fothergill, et les démarches faites pour se procurer de nou- veau cette substance , elle n'a jamais reparu dans le commerce; bien qu'on sache parfaitement qu'elle est produite par un arbre d'Afrique nommé pau de sangue, qui est le pferocarpus erinaceus de Lamarck. Néanmoins , par suite du mémoire de Fothergill, la gomme rouge de Gambie n'ayant pas cessé d’être demandée , on a délivré en son lieu et place d’autres sucs analogues arrivés de toutes les parties du monde, de l’Inde, des Moluques, de la Nouvelle-Hollande, de la Jamaïque, du Mexique , de la Colombie, etc., qui tous, jusqu’à ce que leur ori- gine ait été découverte, ont été confondus avec la première, Or, parmi ces substances, il y en a une, produite en abondance par le butea fron- dosa, et qui porte dans l'Inde le nom de Æwent. Il est probable, ainsi que le pense M. Pereira, que c’est là l’origine du nom Æino, que l’on a étendu depuis à tous les sucs rouges et astringents fournis par le commerce. Après avoir donné ces détails préliminaires sur les cachous, les gam- birs et les kinos, je vais décrire les principales sortes que l’on en trouve dans le commerce. Je renverrai pour les autres, ainsi que pour tous les détails dans lesquels je ne puisentrer ici, au mémoire que j'ai publié sur Les sucs astringents, nommés cachous, gambirs et kinos, dans le Journal de pharmacie et de chimie, & XT et XII, année 1847. Ï. cACHOUS DE L’ARECA CATECHU. 4. Cachou en boules, terne et rougeatre, Ce cachou est en masses du poids de 90 à 425 grammes, qui ont dû être arrondies d’abord, mais qui ont pris une forme plus ou moins anguleuse et irrégulière pendant leur dessiccation, ou par leur tassement réciproque. Il est d’un brun rougeâtre à l'extérieur et offre souvent des glumes de riz, reconnaissables à leur épaisseur et à leur face extérieure , marquée d’un réseau à mailles carrées. Ces glumes ont dû servir à empêcher l’adhérence des pains avec le plan qui les supportait pendant leur dessiccation ; mais, en outre, ce cachou présente souvent à sa surface, et quelquefois à l'in- LÉGUMINEUSES. 379 térieur, deux autres enveloppes de graminée. L'une , qui est assez rare, est brunâtre , luisante, et cependant finement rayée longitudinalement. Elle doit appartenir au tégument propre du fruit de l'eleusine coracana. L'autre , qui est bien plus abondante , rouge, très polie et brillante, peut se rapporter à l'enveloppe extérieure du même fruit. A l'intérieur, le cachou en boules offre généralement deux couleurs et deux consis- tances : près de la surface il est dur, d’un brun foncé , un peu brillant dans sa cassure ; au centre , il est d’un gris rougeâtre , friable et d’une apparence terreuse ; et comme la séparation des deux couches n’est ni complète ni régulière , il en résulte que la fracture des pains est souvent veinée et marbrée de gris terne et de brun rougeâtre. La substance ter- reuse étant délayée dans l’eau et examinée au microscope, paraît en- tièrement formée d’aiguilles ou de prismes très aigus, et la partie brune et compacte en offre elle-même une grande quantité. Ce cachou est friable sous la dent , se fond entièrement dans la bouche, et y produit une saveur très astringente et un peu amère, suivie d’un goût sucré fort agréable. La poudre à la couleur de celle du quinquina gris. Le cachou en boules, traité par l'alcool à 90 degrés, fournit les trois quarts de son poids d'extrait. Le résidu, épuisé d’abord par l’eau froide, puis traité par l’eau bouillante , ne cède à cette dernière qu'une minime quantité d’amidon colorable par l'iode. Le même cachou , traité d’abord par l’eau froide , forme une liqueur trouble comme une décoction de quinquina. La liqueur filtrée est peu colorée. Après plusieurs traitements successifs, les liqueurs évaporées ont fourni 55 parties d'extrait pour 100. Le résidu non dissous, traité par l'alcool, a fourni 33 parties d’un nouvel extrait d’un beau rouge, et 7 parties de résidu paraissant formé principalement de glumes de graminées. La nature de ce résidu explique suffisamment la petite quan- tité d’amidon trouvée plus haut , et l’on peut dire que le cachou en boules n’en contient pas dans sa propre substance , qui est principale- ment formée d'acide cachutique cristallisé , et qui est entièrement so- suble dans l’eau et dans l'alcool, employés l’un après l’autre. Le cachou en boules était bien plus commun autrefois qu'aujourd'hui. C'est, sans aucun doute, la seconde sorte que Lemery dit être plus poreuse , moins pesante et plus pâle que la première. C’est le cachou en boules d'Antoine de Jussieu, et le coury de Heyne. C’est lui qui était employé dans les bonnes pharmacies de Paris de 1805 à 4815, et c’est le seul qui fût reçu à cette époque pour le service de la pharmacie centrale des hôpitaux civils de Paris. Mais, à partir de 4816, il a disparu peu à peu, et, depuis longtemps déjà , il est impossible de s'en procurer. Quant à l'arbre qui le produit, il me paraît indubitable que la semence de l'areca catechu est employée à sa fabrication, soit seule , soit avec ad- 380 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. dition d’écorce d’acacia. Je dois dire cependant que je n’ai jamais trouvé dans ce cachou, comme dans les deux sortes suivantes, de débris de bois d’acacia. Une fois j'y ai trouvé un fragment de myrobalan citrin, fruit astringent qui pourrait très bien servir à la fabrication du cachou ; mais comme ce fait ne s’est pas représenté, je suis porté à le croire accidentel. En résumé, je crois que le cachou en boules terne et rou- geûtre , ou coury de Heyne , est tiré des semences de l’areca catechu. 2. Cachou brun noirâtre orbieulaire et plat, de Ceyian. Je ne connais ce cachou que par un fragment qui m’a été envoyé par M. Chris- tison , professeur à Édimbourg. Il est connu en Angleterre sous le nom de cachou de Colombo ou de Ceylan. 1 paraît être en pains ronds et plats de 5 ou 6 centimètres de diamètre , sur 15 à 18 millimètres d’épais- seur. Il est couvert, sur ses deux faces, de glumes de riz, sans mélange de nachani. Il a une cassure nette, brillante et d’un brun noirâtre. Il est translucide dans ses lames minces, et homogène dans sa masse. Il se broie facilement sous la dent , et offre une bonne saveur de cachou. Délayé dans l’eau et examiné au microscope, il paraît tout formé d’ai- guilles agglutinées par une matière gommeuse , dont quelques parties seulement se colorent en bleu par l’iode. Enfin M. Cbristison en a retiré par l’éther 57 pour 100 d’acide cachutique, ce qui justifie l’épithète d'excellente qualité que lui donne M. Pereira. 3. Cachou brun noïirâtre amylacé, On trouve dans le commerce français deux variétés de ce cachou. La première (A), que j'y ai tou- jours vue, a été décrite dans ma troisième édition sous le nom de ca- chou brun noirâtre orbiculaire et plat. Je la désigne aujourd'hui sous le som de cachou brun et plat amylacé. Il est en pains ronds et très plats, de 5 ou 6 centimètres de diamètre et du poids de 30 à 60 grammes. Une des deux faces surtout présente une grande quantité de glumes de riz et de nachani. L'intérieur est brun , compacte, dur et pesant, mais à cassure très inégale et médiocrement brillante. Délayé dans l’eau et vu au microscope, on y découvre encore des aiguilles d’acide cachu- tique, mais en petit nombre. La presque totalité de la matière est sous forme de masses gélatineuses, dont une grande partie se colore en bleu foncé par l’iode. Ce cachou donne par l’eau un extrait gélatineux, évi- demment amylacé. Épuisé par de l'alcool à 56 degrés centésimaux, il laisse 52 pour 100 d’un résidu , partie blanc, partie rouge, dont la dé- coction aqueuse filtrée bleuit très fortement par l’iode. On y trouve quelquefois de petits copeaux de bois d’acacia. B. Cachou brun noirâtre amylacé, intermédiaire (1). J'ai vu pour la première fois ce cachou à Paris, vers l’année 1836. Il est de la (1) Dark catechu in balls, covered with paddy husks, Pererra. LÉGUMINEUSES. 381 même nature que le précédent, et n’en diffère que par sa forme qui le rapproche un peu du cachou en boules n° 1. Ilest en masses dont le poids varie de 30 à 120 grammes. Quelques unes sont plates; mais la plupart sont épaisses et arrondies, où plutôt sont un peu cylindriques, les pains offrant souvent une surface supé- rieure aplatie comme l'inférieure. La face supérieure est généralement propre et privée de balles de riz ou d’autres corps étrangers. Mais la face inférieure en est fortement couverte, et offre souvent , en outre, des éclats de bois d’acacia et des fragments de brique rouge. Ce cachou est du reste dur, compacte, pesant ,.et présente une cassure presque noire , inégale et peu brillante. Cent parties de ce cachou, épuisées par l'alcool rectifié, ont produit 50,8 d'extrait sec et 46 de résidu fortement amylacé. Ce résidu a fourni par la calcination 2,9 d’une cendre rougeâtre principalement formée de sulfate de chaux, d’alumine et d’oxyde de fer, Les sels solu- bles ont dû se trouver dans l’extrait alcoolique. Analyse du cachou brun noirâtre amylacé intermédiaire. Cent grammes de ce cachou pulvérisé ont été traités par de l’éther sulfu- rique dans un entonnoir à déplacement. La liqueur filtrée et verdâtre n’offre pas de séparation de couches; évaporée, elle a fourni 11,70 d’un produit sec, jaune verdâtre , dur et grenu. Ce produit , traité par l’eau , augmente de volume en s’hydratant et forme une masse solide. J’ai étendu d'une plus grande quantité d’eau, passé à travers un linge et exprimé (1). La liqueur filtrée précipite le sulfate de fer en vert noirâtre ; et la gélatine en blanc jaunâtre caséeux; évaporée, elle a fourni 2,95 d’un extrait sec, rouge, transparent, et d’une forte saveur astringente. La matière blanche exprimée , ayant été traitée par 75 grammes d’eau portée à l’ébullition , s’est dissoute incomplétement. La liqueur filtrée , étant renfer- mée dans une fiole bouchée, a fourni en quelques jours un abondant précipité d’une matière grenue et opaque, que l’on doit considérer comme l’acide cachutique pur, mais hydraté, La portion de la matière blanche exprimée, qui ne s’était pas dissoute dans l’eau bouillante , est une substance grasse et cireuse , de couleur verte, qui tache le papier comme un corps gras. Lorsqu'on veut purifier l'acide cachutique en l’altérant le moins possible, il faut prendre une fiole qui contienne environ sept fois autant d’eau que l’on a d'acide. On verse cette eau dans un petit matras avec l'acide , on fait bouillir un instant et l’on filtre au-dessus de la fiole , qui se trouve ainsi parfaitement remplie. On bouche la fiole et on laisse refroidir; après plusieurs jours , on jette le tout sur un linge, on exprime et on fait sécher. L’acide cachutique se dissout avec une grande facilité dans lammoniaque. (4) Le linge qui a servi à l'expression s’est teint en un beau jaune qui paraît résulter de la combinaison directe du tissu avec l'acide cachutique très faiblement oxygéné, 382 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. Le dissoluté , qui est d'abord d’un jaune pur, prend bientôt la couleur d’une forte teinture de safran , c’est-à-dire rouge en masse et jaune sur les bords. A celte époque, elle teint encore en jaune, mais ce jaune passe au nankin rou- geàtre par le contact de Pair. En évaporant le soluté ammoniacal à siccité , le résidu est en partie rouge et en parlie noir, non entièrement soluble dans l’eau et dans l'alcool, mais très soluble dans l’'ammoniaque. La liqueur est d'un rougé très foncé. Après deux nouvelles solutions et deux évaporations à siccité, la matière est deve- nue noire en masse, mais toujours rouge orangé dans ses lames minces. Elle est alors complétement insoluble dans l’eau et dans l’alcool, toujours très soluble dans l'ammoniaque. La potasse caustique en dégage de lammoniaque, ce qui montre que cette matière insoluble est composée d’alcali volatil et de l’un des acides formés par l'oxigénation de l'acide cachutique, peut-être de tous les deux. Les 100 grammes de cachou, qui avaient été épuisés par l’éther, ont été traités par l'alcool rectifié. L’épuisement a été difficile ; l'extrait alcoolique sec pesait 31 grammes et donnait avec l’eau un soluté trouble. La liqueur filtrée forme avec la gélatine un précipité couleur de chair, et avec le sulfate de fer au médium un précipité vert noir. Ce précipité, étendu d’eau distillée, forme une liqueur verte transparente ; étendue d’eau ordinaire, elle prend la couleur bleu-noire du tannate de fer et ne devient pas transparente. Le cachou épuisé par l'alcool a été traité par l’eau, toujours par déplace- ment ; mais l'écoulement du liquide devenant bientôt impossible, on a étendu de beaucoup d’eau, décanté la liqueur trouble et filtré à travers un papier poreux. Le liquide évaporé a fourni 12,8 d’un extrait sec de nature gommeuse et amylacée. Le cachou, après avoir été traité deux fois par l’eau froide, a été étendu de 1 kilogramme d’eau et soumis à l'ébullition. La liqueur forme une couenne à sa surface, comme le ferait de l'amidon. Il est impossible de la passer autre- ment qu'à travers une toile claire et en lexprimant; mais alors presque tout passe au travers. La liqueur évaporée a fourni 31,7 grammes d’un produit sec de nature amylacée. Voici les résultats de l’analyse : i huti rte sa OMSeRUS par FÉLREF : 2 4e pi = 0e ses: Pi Mauère grasse Extrait alcoolique rouge et astringent. . ., ........ 31 Produit gommeux , par l’eau froide. , . . . , . . . . . . . 12,80 Produit amylacé. . . 2... #18 as) AR ENS LIUÎSTE USED Perte sur les deux derniers produits principalement . . . : 12,80 100,00 Origine des trois cachous précédents. 11 me paraît certain que ces trois cachous répondent également au kassu de Heyne; mais il faut établir une grande différence , par rapport à la qualité, entre le premier et les deux autres. Le cachou de Colombo est un produit pur et bien préparé, et qui est tiré exclusivement de l’areca catechu, puisque l'acacia catechu ne croît pas à Ceylan, Mais il est évident que ces deux LÉGUMINEUSES. 383 arbres concourent à la fabrication du cachou brun noïrâtre amylacé ; car, d’une part, la matière grasse que l’on y trouve me paraît une preuve de l'emploi de la noix d’arec; et de l’autre, la présence fréquente d’un bois brun et dur indique l’usage de l’acacia catechu. Alors, résu- mant et comparant tous les documents acquis, voici, suivant ce que je pense , quelle est l’origine du cachou brun noïrâtre amylacé. Ainsi que l'indique Herbert de Jager, dans toutes les provinces occi- dentales de l’Inde on fabrique une grande quantité de cachou avec la noix d’arec. On en fait probablement plusieurs décoctions, et les liqueurs réunies, étant refroidies et reposées, donnent lieu à un abon- dant dépôt d’acide cachutique, qui sert à fabriquer le coury ou cachou en boules terne et rougeûtre ; car il est certain que celui-ci provient des mêmes contrées que le cachou brun amylacé. Mais le dépôt étant séparé, il n’est nullement probable qu’on jette comme inutile la liqueur surna- geante. On peut presque affirmer, au contraire, qu’on cherche à l’uti- liser; et c’est alors sans doute qu’on y fait bouillir du bois d’acacia et qu’on y ajoute, sur la fin, une matière amylacée, afin de donner à l’extrait une consistance qui le rende moins coulant et plus facile à sécher. Je ferai remarquer que l’analyse des cendres de ces deux sortes de cachou s'accorde bien avec le mode de préparation que je leur attribue, Le coury étant fabriqué avec un dépôt qui ne renferme qu’une petite partie du liquide dans lequel il s’est formé , doit contenir très peu de sels solubles; tandis que le Æassu, qui provient de la concentration des liqueurs surnageantes, contient, non seulement les sels solubles du végétal, mais encore ceux de l’eau ; aussi ses cendres contiennent- elles beaucoup de chlorure, de sulfate et de carbonate alcalins. Lh. Faux cachou orbiculaire et plat, Voir le Mémoire cité. IÏ. caAcHOUS DE L’ACACIA CATECHU, 5. Cachou terne et parallélipipède, Ce cachou est en pains carrés de 54 millimètres de côté sur 27 millimètres d'épaisseur ; il est très propre à l'extérieur et non mélangé de glumes de riz; à l’intérieur, il est un peu compacte et brunâtre près de la surface, mais tout à fait terne et grisâtre au centre. De plus, il est presque toujours disposé par couches parallèles comme un schiste, et facile à séparer en deux ou trois parties dans le sens de ses couches. Ainsi rompu, il forme des morceaux plats, noirâtres du côté extérieur, grisâtres à l’intérieur, et qui imitent assez bien l'écorce d’un arbre. Ces caractères méritent quelque attention par leur constance, car le cachou qui les présente est sans aucun doute celui qu’Antoine de Jussieu a désigné par les mots de cachou en manière d'écorce d'arbre. Jussieu l’attribuait comme les 384 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. autres à l’areca catechu ; mais M. Royle ayant rapporté un échantillon du cachou qu’il a vu préparer dans les provinces du nord de l’Inde avec le bois de l’acacia catechu, ce cachou s’est trouvé être exactement conforme à celui dont il s’agit ici. Ce cachou , lorsqu'on l’épuise par l’alcool et par l’eau froide , laisse un résidu évidemment amylacé, ce qui le rend inférieur au cachow en boules terne et rougeûtre (n° 1). Dans le cours de 1820 à 1824, j'ai vu chez un droguiste une partie assez considérable de ce cachou, dont il a eu beaucoup de peine à se débarrasser à cause de sa forme inconnue dans le commerce, Lorsqu’enfin il a été épuisé il n’a plus reparu. 6. Cachou blanc enfaumé, M, Pereira a reçu une seule fois cette substance de l'Inde, sous le nom de katha suffaid, et le docteur Wallich lui a dit que saffaid ou suffaed voulait dire blanc ou pâle. Ce cachou est cependant noir à l'extérieur, dur et pesant comme une pierre ; aussi pourrait-on le prendre, à la première vue, pour une pierre noircie; mais à l’intérieur, il est presque blanc et d'aspect tout à fait terreux. Le plus grand nombre des pains pèsent environ 15 grammes et parais- sent avoir eu la forme de parallélipipèdes carrés, d'environ 27 millimètres de côté sur 15 millimètres de hauteur. Un autre pain du même poid; s’est complétement déformé et a pris une forme lenticulaire. Deux autres du poids de 10 grammes, qui ont été de même carrés et noirs en dessous, paraissent s’être ouverts et déchirés par-dessus par la force de cristallisation de l'acide cachutique , lequel s’est fait jour pour former au dehors des circonvolutions en choufleur. Ce cachou forme pâte avec la salive avant de se délayer dans la bouche; il possède une saveur astringente très manifestement amère, peu sucrée et avec un arrière- goût de fumée. Cette dernière circonstance peut faire présumer que la couleur noire extérieure de ce cachou est due à ce qu’il a été séché à la fumée. 7. Cachou brun rouge polymorphe, Voir le Mémoire cité. $&. Cachou brun en gros pains parallélipipèdes, Ce cachou est sous forme de pains carrés ayant environ 10 centimètres de côté, 6 cen- timètres d'épaisseur et un poids de 6 à 700 grammes; il est d’un brun grisâtre à la surface, ou blanchi par un léger enduit terreux; mais à l’intérieur il est d’un brun un peu hépatique, médiocrement luisant , offrant cà et là de petites cavités, à peine translucide dans ses lames minces : il a une saveur un peu moins astringente que celle du n° 7, un peu amère, suivie d’un goût sucré très agréable. 100 parties de ce cachou fournissent 60 parties d'extrait alcoolique et 38 parties de résidu. Ce résidu calciné produit 40 parties d’une cendre qui fait effervescence avec l'acide nitrique. Il reste 5,5 de résidu siliceux. LÉGUMINEUSES. 385 100 parties du même cachou , traitées par l’eau froide, fournissent. 66 parties d'extrait et 25,5 de résidu. Ce résidu se dissout en grande partie par l’ébullition dans de nouvelle eau. La liqueur est d’un rouge foncé et bleuit faiblement par l’iode ; elle précipite le sulfate de fer en vert noirâtre, passant au bleu noir par l'addition de l’eau commune. Ce cachou, malgré les 10 parties de matière terreuse qu’il contient, peut être considéré comme une bonne sorte; il a paru un instant dans le commerce à Paris vers 1836 ou 1837. Je ne mets pas en doute qu'il ne soit produit par l’acacia catechu; maïs tandis que le cachou terne et terreux du n° 5 est le produit de la dessiccation du dépôt pâteux des décoctions, et que le cachou brun rouge polymorphe provient sans doute de la concentration des liqueurs surnageantes, le cachou en gros pains, qui est d’une opacité beaucoup plus marquée que le précédent, doit pro- venir de l’évaporation directe des liqueurs et sans séparation de parties; à moins qu'on n’aime mieux supposer qu'il provient aussi des liqueurs décantées , et que son opacité est due au mélange de la matière terreuse que l'analyse y fait découvrir. 9. Cachou brun siliceux, Ce cachou est le résultat de la falsifica- tion que l’on a fait subir au précédent , en le mélangeant avec une quan- tité plus ou moins grande de sable siliceux. Il est en pains carrés de 7 centimètres de côté sur 4 centimètres de hauteur et du poids de 500 grammes environ , ou en masses plus ou moins irrégulières, globu- leuses ou aplaties, d’un poids moins considérable. 1] est d’un brun terne à l'extérieur, d’un brun foncé à l’intérieur, à cassure compacte, inégale, terne ou un peu luisante , et laissant briller à la lumière des particules siliceuses; 1l est dur, tenace et très dense; il m’a fourni, après calci- nation, 26 pour 100 de parties terreuses. 10. Extrait de cachou brun siliceux, Lorsque les fabricants eurent commencé , vers l’année 1830, à employer le cachou dans la teinture des tissus, ils eurent bientôt épuisé la petite quantité qui en arrivait annuellement pour l'usage médical, et avant que les arrivages répondissent aux besoins, pendant plusieurs années le cachou devint tellement rare que l’on fut presque réduit au cachou brun siliceux ; mais sa grande impureté s'opposant à son emploi direct, on pensa bientôt à le convertir en un extrait qui pouvait être bon pour la tein- ture, mais qui ne pouvait guère remplacer pour l'usage de la médecine les bonnes sortes qui manquaient. J'ai vu cet extrait mis en pains du poids de 300 à 750 grammes qui, ayant été coulés chauds sur un plan horizontal , avaient pris la forme d’un segment de sphère de 10 à 12 centimètres de diamètre à la base; cet extrait était noir, fragile, à cassure brillante comme celle de l’asphalte , d’une saveur très astrin- gente et amère avec un goût de fumée. Il m'a paru pur, mais MM. Gi- IL, 29 386 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. rardin et Preisser en ont examiné un en 1840 (Journ, de pharm., t. XXVI, p. 50), dans lequel ils ont trouvé une forte proportion de sang desséché. La fabrication de cet extrait a cessé lors de l’arrivage en masse du gambir cubique et du cachou de Pégu. 11. Cachou noir mucilagineux, Voir le Mémoire cité. 12. Cachou du Pégu en masses, On peut admettre, sans crainte de se tromper, que presque toutes les espèces de cachou sont préparées depuis fort longtemps et toujours avec les mêmes caractères particuliers, dans les différentes contrées qui les fournissent ; mais on n’en trouve ordinairement qu’un certain nombre à la fois dans le commerce, et ils se succèdent les uns aux autres après un certain laps de temps. Le ca- chou de Pégu est certainement fort ancien, puisque Herbert de Jager le cite comme un des plus employés dans l'Inde ; mais je l’ai vu pour la première fois vers l’année 1816, dans une fourniture faite à la phar- macie centrale des hôpitaux , et je ne l’ai plus revu qu’en 1835, époque à laquelle il devint très abondant dans le commerce. A partir de ce moment, on n’a pas cessé de l’y trouver ; c’est une des sortes les plus usitées aujourd’hui. Ce cachou est brun rougeûtre ou brun noirâtre, à cassure brillante et d’une saveur très astringente et manifestement amère ; il a l'appa- rence d’un extrait solide, pur et bien préparé, dont on aurait formé des masses rectangulaires longues de 16 à 22 centimètres, épaisses de 5 ou 6 , et qui ont été enveloppées dans une feuille d’arbre. Cela n’a pas empêché ces masses de se réunir et d’en former d’autres plus considéra- bles du poids de 50 à 60 kilogrammes, qui ont été enveloppées de feuilles très grandes et quelquefois d’une natte de jonc. J’avais pris d’abord ces feuilles pour celles du butea frondosa, arbre de l’Inde qui, ainsi qu’on l’a vu précédemment, laisse découler un suc rouge et très astringent qui se solidifie à l'air ; et ces deux circonstances m’avaient fait penser que cette espèce de cachou , dont j'ignorais aiors le lieu d’origine, était extraite du butea frondosa. M. Pereira trouva ensuite que ces feuilles appartenaient plutôt au nauclea cordifolia; et de mon côté, je leur trouvai une assez grande ressemblance avec celles du nauclea Brunonis de Wallich ; mais je suis obligé de convenir aujourd’hui que ces feuilles appartiennent à plusieurs végétaux que je ne puis déterminer. Synonyrie et origine du cachou de Péqu. Ce cachou à été rapporté de l'Inde par M. Gonfreville, sous le nom de cascali, et comme l’ue des substances les plus employées dans ce pays pour la teinture. L'accord de nom et de propriétés qui existe entre lui et le kaskati de Kœnig ou le cashcuttie d’Ainslie, assure tout à fait cette synonymie. Quant au lieu d’origine, c’est le commerce anglais qui l'a. nommé Cachou de Pégu; alors, pour nous éclairer sur le végétal qui le produit, nous LÉGUMINEUSES. 397 n'avons qu'un seul passage d’Herbert de Jager nous disant que, suivant ce qui lui a été rapporté, c'est de l'acacia catechu, soit seul, soit mélé à d'autres, que l'on confectionne au Péqu le kaath que L'on distribue dans toutes les Indes. Cette assertion n’est rien moins-que certaine, comme on le voit; aussi me permettrai-je de dire, en me fondant sur le voisinage des lieux d'extraction, que le cashcuttie, de même que le gambir, est peut-être tiré de l’uncaria gçambir, où d’autres espèces voisines. Hunter, d’ailleurs, nous dit bien que deux procédés sont em- ployés pour obtenir le gambir : le premier par évaporation directe du décocté des feuilles, donnant un extrait brun; le second par inspissatior du dépôt blanchâtre formé au fond des liqueurs, et constituant gambir terne et jaunâtre. Le docteur Campbell dit même que Ze pre- nier procédé est usité dans d'autres parties orientales du golfe de Bengale, ce qui désigne assez positivement le Pégu. 11 serait donc pos- sible, ainsi que je viens de le dire, que le cachou de Pégu fût un produit d’uncaria, comme le gambir. Examen chimique. 100 parties de cachou de Pégu donnent, par le moyen de l’eau , 84 parties d’extrait. Le résidu pèse 14 parties. 100 parties du même cachou , traitées par l'alcool , fournissent 72 parties d'extrait sec. Le résidu pèse 24 parties. Ce résidu calciné produit 2 parties d’une cendre blanche qui ne fait pas effervescence avec les acides, et qui ne parait pas s’y dissoudre. Il se dégage cependant une forte odeur de sulfide hydrique, d’où l’on peut conclure que cette cendre est en grande partie formée de sulfate et de sulfure de calcium. 100 grammes de cachou de Pégu en poudre fine ont été traités par { kilo- gramme d’éther pur, mais non desséché. La matière s’est humectée peu à peu et s’est convertie en une*masse molle que le liquide traversait debout , de sorte qu'un plus long traitement devenait inutile. La liqueur était d’un jaune fauve ; elle a produit 21 grammes d’une substance orangée, demi-transparente et d'apparence cireuse. Cette matière, humectée d’eau, s’hydrate lentement et forme environ 100 grammes d’une masse solide presque transparente et comme demi-géla- üneuse ; chauffée avec un peu plus d’eau , au bain-marie, elle se dissout , à l'exception d’une très petite quantité d’une matière grasse onctueuse et d’un vert pomme. La liqueur refroidie présente, après vingt-quatre heures, des glèbes sphériques et gélatineuses , comme l’eau-mère de l'acide cachutique. Après plusieurs jours , la masse gélatineuse augmente et occupe une grande partie du liquide; au fond se trouve un précipité jaunâtre , opaque et peu abondant , d’acide cachutique ordinaire. Le cachou qui avait été traité par l’éther a été délayé dans un mortier avec de l'alcool, et j'ai essayé de le traiter alors par déplacement, maïs sans succès. L’alcoo!l n’a pu filtrer au travers, et j'ai été obligé de le décanter. Le marc est d’ailleurs très diflicile à épuiser par ce moyen, et les liqueurs sont toujours rouges. Elles ont produit 44,7 d'extrait sec. Le résidu pesait seulement 26 grammes , et offrait 8,3 de perte; traité par l’eau froide, il a formé une 388 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. liqueur rouge très foncée, qui se fonçait encore à l'air, et qui a produit 49,58 d'extrait sec. Il est impossible d’épuiser le marc, qui se présente sous la forme d'un mucus rouge foncé ; ce marc desséché pèse 5,30. Voici les résultats de cette analyse. Acide cachutique anhydre, obtenu par lPéther, . ...., 21 Extrait rouge alcoolique. . . . . ... ......4..... 44,70 Extrait rouge aqueux , de nature gommeuse.. . . , .... 419,58 Réidu IMÉDNDIE. ER eur» siote ounie sis ces 9 © US PERS DT EMRS EN en se 2e es aie tue «ne à 22 9,42 100,00 13. Cachou de Pégu lentieulaire, J'ai vu une seule pièce de ce cachou , remise par M. Soubeiran au cabinet de l'École de pharmacie. Elle consiste en une masse du poids de 205 grammes qui, ayant été posée dans un grand état de mollesse, sur un plan recouvert d’une feuille d'arbre, s'y est étendue en un pain lenticulaire de 11,5 centi- mètres de diamètre, fort peu épais et aminci sur le bord. La face su- périeure est d’un brun terne, privée de tout corps étranger et marquée de stries concentriques ondulées. La substance interne est brune noi- râtre, brillante dans sa cassure, translucide dans ses lames minces, d’une saveur très astringente et amère. La face inférieure est couverte par un fragment d’une grande feuille, différente de celles précédemment décrites, épaisse, consistante, glabre sur ses deux faces, offrant une côte médiane à fibres ligneuses blanchätres, et des nervures transversales très nombreuses , distantes entre elles de 12 à 18 millimètres. 1h. €Cachou de Pégu en boules. Voir le Mémoire cité. 15. Cachou de Siam: en masses coniques. Voir le Mémoire cité. III. Gamers. 46. Gambir cubique clair, ('achou cubique résineux (Hist. drog. simpl., 3° éd., n° 995). Ce gambir vient principalement de Singapore et des îles ou contrées voisines. On l’obtient en faisant sécher à l'air Le dépôt d'acide cachutique qui se forme au fond de décoctés des feuilles de l’unca- ria gambir, et d’autres espèces congénères (unc. ovalifolia, acida, scle- rophylla, eic.). Iest sous forme de pains cubiques, ou à peu près cubi- ques, de 25 à 30 millimètres de côté, et du poids de 12 à 20 grammes. Il est toujours terminé à l’extérieur par une couche très mince d’une substance extractiforme, assez dure, brune jaunâtre ou brune noirâtre; mais l’in- térieur est léger, poreux, tantôt blanchâtre , tantôt d’un jaune fauve ou d’un jaune rougeûtre assez uniforme. Cette substance interne, dé- layée dans l'eau et examinée au microscope, paraît entièrement formée LÉGUMINEUSES. 389 de cristaux aiguillés, et n’offre aucune partie colorable par l’iode. Elle se délaye facilement dans la bouche, après avoir fait un instant pâte avec la salive, et offre une saveur modérément astringente et amère, suivie d’un goût sucré bien moins marqué que celui du cachou de l’arec. Elle se dissout en grande partie dans l’eau froide, employée en quantité suffisante, et laisse une matière insoluble dans l’eau , soluble dans l’alcool et fusible à la température de l’eau bouillante. C’est à cause de cette matière résinoïde que j'ai donné anciennement à ce gambir le nom de cuchou cubique résineux. Il est évident que le nom de gambir cubique est le seul qui lui convienne désormais. Analyse chimique. 35 grammes de ce gambir pulvérisé ont été chauffés dans uné étuve à eau bouillante, et se sont réduits à 30,90 grammes; ou à 88,30 pour 100. Ce gambir desséché a été traité par 150 grammes d’éther sulfurique sec, et on a répété trois autres fois le même traitement. L’éther distillé a laissé 4557 .3 d’un produit jaune rougeâtre qui, traité par 90 grammes d’eau bouil- lante, s’est dissous , à l'exception d’un décigramme environ d’une matière verdâtre. Celle-ci est infusible dans l’eau bouiilante , mais fusible à une tem- pérature plus élevée, en exhalant une fumée blanche très abondante, suscep- tible de se condenser sur un corps froid en un enduit blanc et pulvérulent. La liqueur précédente étant filtrée dans un flacon , qu’elle remplit entière- ment, présente une couleur jaune un peu rougeâtre. Après vingt-quatre heures, elle se trouve entièrement prise en une masse solide, blanche et opaque, d'acide cachutique hydraté. Le gambir, épuisé par l’éther, a été traité par de l’alcool à 90 degrés , trois fois à froid et une fois à chaud. L’alcool évaporé a fourni 15,3 grammes d’ex- trait sec, et le résidu desséché pesait 5,7 grammes. De sorte que les 35 gram. de gambir cubique, qui s'étaient réduits à 30 grammes, 90 par le desséche- ment à 100 degrés , ont produit : Acide cachutique; par l’'éther; ., : .. .::...:,.... 145,3 Exträit rouge äléoolique. : 6.14 212 615 lé aus sus 4: 46,8 Résidiinsolubles 42 ass 28 : aièdo id amas eh nn 21 87 —— 36,3 s Cette augmentation est due à une certaine quantité d’éther reténue opi- niatrément par l’acide cachutique , et à l’eau retenue par l'extrait alcoolique. Si donc de 30 grammes, 9 de gambir desséché nous retranchons 5,7 de résidu, il nous restera 25,2 seulement pour l'acide cachutique anhydre et pour l’ex- trait alcoolique sec. J'admets que ces deux produits sy trouvént en quantité égale, comme l’analyse les a donnés. L’extrait alcoolique est d’un rouge foncé et transparent. Il blanchit et de- vient opaque par le contact de l’eau froide. A laide de la chaleur, il se dis- sout en partie et forme une liqueur rouge orangée qui, renfermée dans un flacon , forme un précipité rouge d’acide rubinique ; et conserve uné couleur très foncée. Quant à la partie de l’extrait alcoolique qui nese dissout pas 390 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. dans l’eau, elle forme une masse molle et coulante tant que le liquide est bouillant ; mais elle se solidifie très promptement par le refroidissement. Pal- vérisée et traitée de nouveau par l’eau, elle s’y divise toujours facilement à froid, mais sans s’y dissoudre ; et lorsqu'on chauffe et que le liquide approche de l’ébullition , la matière rouge se fond et se sépare de l’eau , qui acquiert toujours cependant une couleur rouge orangée; de sorte qu’il faut admettre que la matière rouge est par elle-même un peu soluble dans l’eau bouillante. Elle se dissout dans l’acide acétique concentré, et en est précipitée par l’eau; elle est très soluble dans l’'ammoniaque. Cette substance est l'acide rubinique. M. Nees d'Esenbeck , dans une analyse que je ne connais que par la cita- tion qu’en a faite M. Pereira ( Materia medica, t. IL, p. 1436), a très heu- reusement remarqué que ce produit, auquel il donne le nom de dépôt tannique , est semblable au rouge cinchonique, et l’on peut voir, en effet, que ces deux corps jouissent des mêmes propriétés; et comme l’acide rubinique résulte de loxygénation de l’acide cachutique , il faut bien aussi que, dans le quinquina, le rouge cinchonique soit produit par l’oxygénation du même corps. On a admis, en effet, de tout temps , l'identité du tannin du quinquina et du cachou. Cette opinion se trouve confirmée par l'identité du produit de leur oxygénation. Je reviens à l'analyse du gambir cubique. Le résidu épuisé par l'alcool et séché pesait 5,70 grammes. Traité par l'eau froide, il a produit une liqueur dont la teinte brune noirätre (ranchait fortement avec la couleur rouge des liqueurs alcooliques; mais cette dernière couleur s’est développée pendant l’évaporation au bain-marie, et j'ai obtenu en définitive 2,735 d’un extrait rouge, tenace, demi-transparent, remarquable par une saveur manifeste- ment acide et peu astringente. Le résidu de gambir, insoluble dans l’eau froide, pesait sec 2,95 grammes. Il a formé avec l’eau bouillante une liqueur rouge orangée, devenant d’un bleu foncé par l’iode. II existe donc un peu d’amidon dans le gambir le plus pur ; mais, dans le cas présent, la quantité n’en dépasse pas 2 décigrammes, qui forment la perte éprouvée par le résidu après son ébullition dans Peau. Ce résidu parait alors formé , à la vue simple, de fibre végétale, de petits frag- ments de pierre blanche et de sable quarzeux. Ayant été calciné , il s’est réduit à 4,85 d’une cendre blanche assez légère, insoluble dans l’eau, com- posée de 0,63 de carbonate de chaux décomposable par Pacide acétique ; 0,07 d’alumine et d'oxyde de fer solubles dans l’acide chlorhydrique, et 1,15 d’un résidu formé de silicate d’alumine blanc et opaque, mélangé d’une petite quantité de quarz. Voici les résultats de cette analyse, ramenés à 100 parties : Gambir desséché, Gambir hydraté, Acide cachutique anhydre. . . . . . . . . .. 40,78 36 Extrait rouge alcoolique sec. . . . . . . . .. 40,78 36 — aqueux, rouge et acide. . , » « + « . 8,90 7,86 — rouge amylacé. . . .. rhin ft: 0,65 0,57 Fibre végétale, . . . . . ER. PU 2,91 2,57 Carbonate de chaux , argile et quarz. . . . . 5,98 5,30 Fate nd he En inlere din ble eurivres 0 11,70 100,00 100,00 LÉGUMINEUSES. 391 417. Gambir rectangulaire allongé, Voir le Mémoire cité. 18. Gambir plat rectangulaire, Voir le Mémoire cité. 19. Gambir en aiguilles, de Singapore. M. Christison m’a envoyé un échantillon de cette sorte, sous le nom de gambir jaune de Singa- pore. C’est la troisième sorte de M. Rondot. Il est en prismes carrés , longs de 42 à 45 millimètres, sur 7 à 9 millimètres de côté. Quelque- fois les prismes, au lieu d’être carrés, sont plus ou moins aplatis, et très souvent ils sont un peu plus étroits à une extrémité qu’à l’autre, et sont un peu courbés sur leur longueur. Cette forme , qui offre une cer- laine ressemblance avec celle de l’amidon en aiguilles, m’a fait adopter le nom ci-dessus. Ce gambir est d’un jaune très pâle et terne, même à l'extérieur ; examiné au microscope, il paraît formé d’acide cachutique cristallisé, sans aucun mélange de matière étrangère. 20. Gambir brun hémisphérique, Je n’ai trouvé qu’une seule fois cette substance dans le commerce. Elle est en morceaux de formes diverses et du poids de 60 à 100 grammes, mais qui paraissent tous avoir fait partie de masses hémisphériques ou un peu coniques , de 40 à 12 centimètres à la base. Je suppose que ce gambir, rapproché sur le feu en consistance d'extrait solide, aura été mis en boules et posé encore chaud sur un plan horizontal, sur lequel il sera aplati inférieurement , et qu’il aura ensuite été coupé en plusieurs parties. Il est d’un brun noirâtre , souvent un peu glauque à la surface, mais à cassure noire ct brillante. Il se dissout facilement dans la bouche en développant une saveur très astr:ngente et un goût de fumée. Sa surface est tout à fait privée de débris ou d’empreinte de corps étrangers; mais il offre à l’in- térieur quelques débris atténués de feuilles de palmier, et un morceau présente un fragment assez considérable de gambir cubique. Cette der- nière circonstance me fait penser que cette matière provient, soit de l’évaporation des liqueurs qui surnagent le dépôt cachutique servant à la préparation du gambir cubique , soit de la fonte des débris du même gambir, qui seraient trop brisés pour avoir cours dans le commerce. 21. Gambir brun terne eelluleux, C’est avec hésitation que je comprends ce suc desséché au nombre des gambirs; car il offre une analogie presque égale avec le cachou brun n° 8 et le cachou du Pégu n° 12. Je le place cependant auprès du gambir hémisphérique , surtout parce qu'il résulte comme lui de la fonte imparfaite de produits déjà obtenus , dont on distingue encore souvent les couleurs diverses dans son intérieur. Il est en morceaux de toutes formes et du poids de 80 à 170 grammes, qui ont été coupés ou cassés dans une masse probable- ment considérable , et qui a été contenue , à une certaine époque , dans une toile grossière dont on voit l'empreinte sur un grand nombre de morceaux. À l'extérieur ces morceaux sont d’un brun rougeûtre terne, 392 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. et c’est également leur couleur dominante à l’intérieur ; mais sur ce fond coloré, on distingue un grand nombre de taches dues à des fragments jaunâtres, comme le gambir cubique, ou bruns noirâtres et brillants, comme le cachou de Pégu. On observe, en outre, dans toute la masse, un grand nombre de vacuoles sphériques dues à de l’air interposé ; on peut ajouter que plusieurs morceaux sont traversés par des fragments de feuilles de palmier, et que, lorsqu'on triture la masse elle-même dans un mortier, pour la pulvériser, on en sépare des parcelles d’un bois dicotylédoné. Enfin, Le gambir celluleux possède une saveur très astrin- gente et amère, el laisse ensuite dans la bouche la sensation sucrée des bonnes sortes de cachou. Examen chimique. Cent parties de gambir celluleux fournissent par la cal- cination 8,22 d’une cendre grisâtre, qui dégage une odeur hépatique par l'acide chlorhydrique et sans effervescence sensible. Le résidu, pesant 5,77, est formé de sable quarzeux mélangé d’un peu de mica. Cent parties du même gambir, traitées par l’alcool, fournissent 85 parties d’un extrait see, d’un rouge foncé. Le résidu insoluble, traité par l’eau froide, produit 5 parties d'extrait gommeux. Le résidu bouilli dans l’eau ne donne aucun indice d’amidon. Cent parties du même gambir, traitées d’abord par l’eau froide, forment un soluté rougeûtre, qui s’éclaircit facilement par le repos. L’extrait obtenu pèse 56 parties. Le résidu communique à l’alcoo!l une couleur brune tres foncée, et fournit beaucoup d’extrait, Cette substance n’a pas été soumise à d’autres essais. 29. Gambir cubique noirâtre. Voir le Mémoire cité. 23. Gambir cubique amylacé, Ce gambir est en petits pains cubi- ques ou presquecubiques, de 15 millimètres de côté environ, et du volume de 23, 3 à LÀ grammes. J’en ai deux échantillons qui diffèrent un peu par leur couleur extérieure, l’un étant d'un brun terne et un peu jaunâtre, et l’autre d’un brun rougeûtre foncé et un peu luisant ; mais tous les deux sont à l’intérieur d’un fauve rougeûtre, terne et terreux, et lorsqu'on les délaye dans l’eau pour les examiner au microscope, ils paraissent également composés d’aiguilles d'acide cachutique et d’une grande quantité de granules de fécule de sagou, très reconnaissables à leur forme ovoïde , elliptique ou elliptique allongée, souvent coupée par un plan perpendiculaire à l'axe, et à leur substance dense et compacte. Le hile, qui est très apparent sur un des côtés de l’ellipse et près d’une extrémité, est toujours très'dilaté et déchiré par la cuisson. Il n’est pas douteux que ce gambir ne soit celui que Hunter dit être falsifié, dans l’île du prince de Galles, avec la fécule de sagou. Planche, qui a le premier signalé la présence de ce gambir dans le commerce, a constaté qu'il laisse, lorsqu'on le traite par l’eau froide, un résidu insoluble, en LÉGUMINEUSES. 393 grande partie amylacé, formant les 55 centièmes de son poids. (/ourn. de pharm., t. I, p. 212.) 94. Frochisques de gambir amylacé, M. Pereira décrit, sous le nom de amylaceous lozenge gambir, un gambir mélangé de fécule de sagou et mis sous forme de petites tablettes rondes ou de trochisques, ayant environ 8 millim. de diamètre, 5 millim. d'épaisseur, plats en dessous, un peu convexes en dessus. Ces trochisques sont d’un blanc un peu jaune verdâtre ; iis ont une apparence terreuse et se réduisent facilement en poudre. Examinés au microscope, ils paraissent formés d’une multitude de granules de fécule de sagou mêlés à des cristaux d'acide cachutique. Ils sont donc en réalité de même nature que le gambir précédent , et peuvent être considérés comune le produit d’une falsification ou d’une imitation d’une sorte de gambir naturel. I! n’en est pas de même des sortes suivantes, qui sont des compositions phar- maceutiques dont , à la vérité, le gambir forme toujours la base, mais qui contiennent des substances terreuses et aromatiques, et qui sont destinées , soit à fortilier l’estomac, soit à parfumer l’haleine. Clusius a décrit, sous le nom de sir gata gamber, une composition de ce genre , qui avait la forme de pastilles plates de la grandeur d’une noix vomique , d’un rouge pâle en dessus, blanchâtres à l’intérieur, et d’un goût un peu amer, joint à une certaine âcreté (Æ£xofie., lib. IF, cap. 15). En voici trois autres sortes : 95, Gambir aromatique cylindrique, Gambir cylindrique , Pe- reira. Ce gambir est en pains circulaires ou un peu elliptiques, de 28 à 31 millimètres de diamètre, sur 7 à 9 millimètres de hauteur. Il est plat sur une des faces et un peu bombé sur l’autre. J'en pos- sède un seul pain que je dois à l’obligeance de M. Pereira. La face bombée présente l'empreinte d’un réseau carré formé par une toile sur laquelle le pain a dû être posé. La surface plane offre une impression semblable, mais moins apparente, et qui consiste principalement en lignes serrées et parallèles sans réseau transversal bien distinct. Quant à la tranche circulaire formant l'épaisseur du pain, elle offre des stries linéaires perpendiculaires et très serrées. Ce pain est de couleur nankin un peu rougeâtre et un peu foncée à l'extérieur, et d’un jaune blan- châtre et un peu verdâtre à l’intérieur, avec des taches tout à fait blanches. Il a une apparence terreuse et se pulvérise très facilement. 11 est graveleux sous la dent et possède une faible saveur astringente, accom- pagnée d’un goût ambré-musqué. Enfin, examiné au microscope , il n'offre aucun cristal entier d’acide cachutique ni aucun granule d’ami- don; il paraît formé principalement de particules transparentes et anguleuses mélangées de parties plus grosses et à arêtes tranchantes qui doivent être du quarz. L’acide nitrique ajouté à la matière la dissout en 394 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. grande partie en faisant effervescence çà et là et laisse le quarz. Ces caractères me confirment dans l'opinion que ce gambir est une prépa- ration analogue aux confections des anciennes pharmacopées , principa- lement composées de substances astringentes et aromatiques, jointes à des matières bolaires et siliceuses finement pulvérisées. 26. Cata gambra du Japon. J’ai vu sous ce nom, dans les collec- tions du Muséum d'histoire naturelle de Paris, une composition ana - logue à la précédente, mais beaucoup plus aromatique. Elle est sous forme de trochisques ronds et tout à fait plats, ayant de 30 à 50 milli- mètres de diamètre sur 5 millimètres d'épaisseur à la circonférence , et 3 millimètres seulement au centre, la surface des pains étant un peu concave. Ces trochisques sont comme couverts d’une croûte peu épaisse d’un jaune brun; mais l’intérieur est d’un blanc rosé , d’une apparence terreuse et un peu schisteuse. La saveur en est amère et très aroma- tique (ambrée-musquée). Les poudres employées à celte confection étaient d’ailleurs assez grossières , car la loupe y fait découvrir des par- ties qu’on dirait appartenir à du safran, du girofle, des semences de panicum où d’éleusine, etc. Je n'ai pu soumettre ce gambir à aucun autre essal. 97. Gambir circulaire estampé, Small circular moulted qgambir, Pereira. Je ne connais ce gambir que par la courte description qu’en à donnée M. Pereira. Il est sous forme de petites pastilles plano-convexes, avant environ 13 millimètres de diamètre à la base. La face inférieure est plane et unie; mais la surface supérieure est convexe, un peu dé- primée au sommet, avec une empreinte rayonnée tout autour. Ce gambir est friable et terreux ; M. Pereira ne fait pas mention de sa qua- lité aromatique, mais je doute à peine qu’il en soit pourvu comme les précédents. LV. KINos. 28. Sue astringent du p/erocarpus erinaceus. Je mentionne ici cette substance , pour lui conserver sa place, dans le cas où elle devien- drait plus tard un objet de commerce. Il résulte des descriptions pré- cédemment citées que le suc découlé de l'arbre se dessèche prompte- ment à l’air et forme une substance presque noire et opaque en masse, mais d’un rouge foncé et transparente dans les lames minces ; il est très fragile, brillant dans sa cassure, d’une saveur très astringente et en grande part'e soluble dans l’eau. 29. Sue astringent au bufea frondosa. Cet arbre (fig. 364) est plutôt un irès grand arbrisseau de la famille des papillonacées , très voisin des érythrines. Le tronc en est ligneux, peu épais, tortu et muni d’un branchage trés irrégulier. Les feuilles sont composées de trois larges LÉGUMINEUSES. 395 folioles entières, arrondies au sommet, coriaces , brillantes en dessus, légèrement blanchâtres en dessous. La foliole terminale est obovée et plus grande que les deux latérales. Les fleurs sont grandes, d’une belle couleur rouge ombragée par un duvet orangé et argenté, et disposées en grappes pendantes d’un très bel effet. Le légume est pédi- cellé, linéaire, d’environ 15 centimètres de longueur. I1 ne contient, proche de l’extrémité pendante, qu’une seule semence ovale, très com- primée, douce au toucher, brune, ayant environ 38 millimètres de long sur 25 de large. Le coccus lacca se fixe fréquemment sur les jeunes Fig. 364. branches et sur les pétioles du butea frondosa, et emprunte peut-être sa matière colorante au suc rouge de l’écorce. Suivant Roxburgh , il découle des fissures naturelles ou des blessures faites à l'écorce de cet arbre, un suc du plus beau rouge, qui ne tarde pas à se durcir en une gomme astringente et friable, d’une couleur de rubis. Mais elle perd bientôt cette belle couleur à l’air, et, pour la lui conserver, il faut recueillir la gomme aussitôt qu’elle est durcie et l’en- fermer dans une bouteille que l’on bouche bien. Elle se dissout promp- tement dans la bouche et possède une saveur forte , purement astrin- gente. La chaleur ne la ramollit pas. Elle ‘se dissout facilement dans l'eau pure et forme un soluté d’un rouge vif et foncé. Elle est en grande 396 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. partie soluble dans l'alcool, mais la liqueur est pâle et un peu trouble. Le soluté aqueux se trouble également par l'alcool, tandis que l’alcooli- que, au contraire, devient plus transparent par l'addition de l’eau, L’acide sulfurique étendu trouble l’un et l’autre soluté, L’alcali caustique fait passer la couleur au rouge de sang foncé. Les sels de fer changent le soluté aqueux en une bonne encre durable. Le butea superba, très grand arbrisseau sarmenteux, fournit un suc semblable. Cette description de Roxburgh ne peut s'appliquer qu’à une substance friable, rouge, très astringente, facilement et complétement soluble dans l’eau, en grande partie soluble dans l’alcool. Elle ne convient en aucune manière, comme on le verra, à la seule substance qui m'ait été donnée comme provenant du butea frondosa, et que je décrirai plus loin sous le nom de gone astringente naturelle de butea ; mais elle se rapporte très bien à ube autre substance apportée de l'Inde par M. Beckett, qui a longtemps résidé dans le Doab septentrional. Suivant M. E. Solly, qui en a fait l'analyse ; elle est transparente, fragile, d’une belle couleur de rubis et d’un goût fortement astringent. Elle contient 15 à 20 pour 100 d’itnpuretés, consistant en bois, écorce, sable et petits cailloux. Dans son état brut, ellé contient 50 pour 100 de tannin; mais quand éllé à été pürifiée par simple solution dans l’eau, 100 parties contiennent 73,26 dé tannin, 5,05 d'éxtractif peu soluble et 21 de gomme soluble, mêlée d'un peu d’acide gallique et de quelques autres substances. Au reste, la proportion de tannin varie beaucoup dans divers échantillons, Suivant leur mode d'extraction et le temps de l’année au- quel on ÿ a procédé, et l’auteur recommande de récolter le suc aussitôt qu'il ést devenu dur, €t non après qu'il a été exposé à l'air, à la lumière et à l'humidité , ces dernières circonstances lui faisant perdre, ainsi que l’a vu Roxburgh, beaucoup de sa valeur et des ses propriétés. Cette dérnière observation nous permettra dé concevoir comment la substance suivante peut aussi être produité par le butea frondosa, bien que pourvue de propriétés bien différentes de celles qui viennent d’être exposées. 30. Gomme astringente naturelle de bulea frondosa. Cette sub- stance m’a été envoyée une première fois en 1831, par M. Pereira. On venait de la trouver à Londres, après un oublg de plus de dix ans, dans un magasin de drogueries ; elle y était désignée sous le nom de gomme rouge astringente , et était contenue dans de grandes caisses que l'on présumait avoir élé apportées d'Afrique. Sur ces données, j'ai pensé que cette matière pouvait être la gomme astringente de Gambie anciennement décrite par Fothergill, bien qu’elle n’en offrit pas tous les caractères. Mais en 4838, une substance presque semblable, extraite du bufea fron- dosa, fut apportée de l'Inde en Angleterre par le docteur Beckett (c'est LÉGUMINEUSES. 397 celle dont il a été parlé plus haut), et, au même moment , parmi des échantillons de substances envoyés de Bombay à Londres, on en trouva plusieurs de gomme de bufea qui étaient désignés comme Æno (1). Ceux-ci étaient plus remplis d'impuretés, en morceaux beaucoup plus petits et d’une couleur plus foncée que la substance apportée par M. Beckett; mais ils en étaient bien plus exactement semblables à la gomme astringente trouvée à Londres. C’est principalement sur cette dernière sorte , que tous les pharmacologistes anglais reconnaissent pour un produit du butea frondosa, que je me fonde aussi pour admettre que la substance actuelle est également produite par le même végétal. Cette substance est un produit naturel, ayant la forme de très petites larmes allongées ou de gouttes, qui se sont fait jour spontanément par les fissures de l'écorce et qui s’y sont desséchées. Elle paraît noire et opaque, vue en masse ; mais chaque petite larme placée entre l'œil et la lumière, est en réalité transparente et d’un rouge foncé. Presque tous les fragments offrent, d’an côté, un débris de l'écorce grise d’où ils ont été détachés. Ils sont , au contraire, lisses, ridés et comme can- nelés du côté qui a été exposé à l'air. Cette substance est très dure, non friable, difficile même à pulvériser. Elle est dure, sèche et aride dans la bouche et s’y dissout fort peu. Elle colore faiblement la salive et ne possède qu'une faible saveur astringente. Mise à macérer dans l’eau, elle s’y gonfle très lentement et augmente de trois ou quatre fois son volume ; mais elle ne forme pas de mucilage et se dissout à peine; cependant le liquide se colore lentement en une belle couleur rouge. Si l'on examine alors la substance gonflée, on voit qu’elle est très inégale- ment colorée , souvent même dans l’étendue d’un même petit fragment. Les parties peu colorées ont l'aspect d’une gomme insoluble , tenace et élastique. Les parties colorées , qui sont surtout à l’extérieur, paraissent être une combinaison de la même gomme avec le principe colorant rouge devenu insoluble par une oxvgénation à l’air. Au moins peut-on remarquer que la partie superficielle des larmes résiste à l’eau bien plus que l’intérieure , et qu’elle reste, malgré l'agitation et le broiement, sous forme de membranes rouges et tenaces. L’eau bouillante en dissout beaucoup plus , et forme une liqueur rouge foncée qui se trouble forte- ment par le refroidissement ; mais une grande partie de la substance rouge membraneuse résiste toujours à son action. Je conclus de cet examen que ce kino est formé par le mélange inégal d’une gomme inso- luble et d'un suc rouge astringent qui ont coulé simultanément du végétal; mais je n’ai pu les séparer par aucun moyen. (4) On a vu précédemment que le suc du butea frondosa porte dans l'Inde le nom de kueni. 398 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. La gomme astringente du butea frondosa ne cède à l’éther que 0,83 pour 100 d’une matière complexe qui n’est pas de l'acide cachutique. Elle est peu soluble dans l'alcool froid , plus soluble dans l’alcoo! bouil- lant et lui cède, par des ébullitions réitérées, 36 pour 100 d’une ma- tière colorante rouge d’une nature acide, fort peu soluble dans l’eau et dans l’alcool froid. Cette matière a beaucoup de rapport avec l'acide rubinique , et n’en diffère peut-être que par son mélange avec un peu de matière gommeuse qui donne à ses solutés concentrés la consis- tauce d’un magma demi-gélatineux. Car, indépendamment de la matière colorante rouge, cette exsudation naturelle contient certainement une autre substance que je ne puis désigner autrement que sous le nom de #alière gommeuse, bien qu’elle soit insoluble dans l’eau, et qu’elle jouisse de la singulière propriété de se gonfler et de prendre une consistance gélatineuse dans l'alcool, même absolu. Il est d’ailleurs un fait que je ne puis expliquer : c’est que, tandis que la gomme astringente, traitée par l’eau froide d'abord et ensuite bouillante, ne n’a laissé que 16,84 pour 100 de résidu, cette même substance, épuisée par l'alcool d’abord et par l'eau ensuite , ait laissé 44,8 parties insolubles. Dans tous les cas, les propriétés de cette exsudation naturelle sont trop différentes de celles du suc astringent décrit par Roxburgh et par M. E. Solly, pour qu'il ne faille pas l'en distinguer. 31. Kino de l'Inde orientale, Ce kino, qui est regardé en Angle- terre comme la véritable sorte officinale, y a porté aussi pendant longtemps le nom de kîno d'Amboine , et cette désignation a jeté beaucoup d’obscurité sur son origine. Mais il paraît certain aujour- d'hui qu’il est originaire de la côte de Malabar, parce que toutes les importations dont on a pu suivre la trace sont venues de Bombay et de Tellichery. Ce kino est en très petits fragments d’un noir brillant, noirs et opaques lorsqu'ils sont entiers, mais transparents et d’un rouge de rubis lorsqu'ils sont réduits en lames minces. Il est très friable et se divise facilement en particules très petites sous l'effort des doigts. Il est entièrement inodore , se ramollit dans la boucle, s'attache aux dents, colore la salive en rouge foncé et possède une saveur astringente très marquée. Il est facilement soluble à froid dans l’eau et dans l'alcool, et leur communique une couleur rouge de sang. Sa poudre à la couleur du colcothar. Il paraît avoir été séché en couche mince dans des vases à surface cannelée , car il offre presque toujours, sur une de ses faces , des cannelures parallèles et régulières. Gette substance, toujours iden- tique avec elle-même et bien préparée, est une des plus remarquables de ce groupe. LÉGUMINEUSES. 399 M. Royle, professeur de matière médicale au collége royal de Lon- dres, a récemment publié une notice sur l’origine de cette substance et paraît l’avoir bien déterminée. Ayant trouvé dans la maison de la Compagnie de l'Inde orientale, à Londres, des échantillons de ce kino avec la marque de Angarakandi, il parvint à savoir que ce nom était celui d’une ferme appartenant à la Compagnie et située à quelques milles de Tellichery. Ayant alors dirigé ses investigations de ce côté, il reçut par l'entremise du docteur Wight, botaniste distingué résidant à Coimbatore, une lettre du docteur Kennedy, qui accompagnait des specimen de feuilles, fleurs et fruits de l’arbre qui produit le kino à Anjarakandi, avec un échantillon de ce kino lui-même. L'examen des specimen a démontré à M. Wight que l'arbre était le pterocarpus mar- supium , dont voici d’ailleurs la description abrégée faite sur les lieux mêmes par M. Kennedy : « Arbre très élevé et d’une vaste étendue ; feuilles à 5 ou 7 folioles pinnées, ovales, un peu échancrées au sommet; épis branchus; calice verdätre, un peu tubuleux , à 5 dents; corolle papillonacée ; 10 étamines formant une gaine à la base, mais séparée par le haut ; lécume pédicellé, long de 1 pouce 1/2 à 3 pouces, à une seule semence , entouré d’une aile membraneuse irrégulière- ment arrondie , et terminée par une petite pointe fine à la marge; fleurs jaunes avec des veines rougeâtres. D’après M. J. Brown d’Anjarakandi, lorsque l’arbre est en fleurs, on fait des incisions longitudinales au tronc, et l’on recueille Le suc rouge de sang qui en coule avec abondance. Ce suc est desséché au soleil jusqu’à ce qu’il se fendille et se divise en petis fragments. Alors on en remplit des boîtes de bois pour l'exportation. » Bien antérieurement aux botanistes précédents , Roxburgh avait dé- crit le suc du pferocarpus marsupium et avait émis l'opinion qu’il ne différait pas du kino. « Par les blessures de Pécorce , dit-il, il coule un suc rouge qui se solidifie à l'air en une gomme d’un rouge brun, très friable, fournissant une poudre d’un brun clair comme celle du quinquina. Cette substance se dissout dans la bouche en développant une saveur purement astringente, aussi forte que celle de la gomme de butea, à laquelle elle ressemble beaucoup. Elle teint la salive, mais peu ; la chaleur ne la fond pas. » Ce suc astringent est presque entièrement soluble dans l’eau et dans l'alcool; les solutés sont d’un beau rouge foncé ; le soluté alcoolique est plus transpa- rent, et paraît beaucoup moins astringent avec les sels de fer que celui-ci fait avec l’eau. En cela ce suc diffère de la gomme du butea dont le soluté spiri- tueux, quoique moins parfait en apparence , est bien plus astringent que le soluté aqueux. Les deux solutés peuvent être mélés sans décomposition. En résumé, cependant, celte substance est tellement semblable à la gomme de butea , qu’une même analyse peut servir pour les deux. » Le spécimen de Parbre à la gomme kino, dans l’herbier de Banks, est A0G DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. parfaitement semblable au pterocarpus marsupium. I] est probable que c’est le même, ou un arbre très voisin. » (Roxburgh, Flora indica , t. YET, p. 234.) En présence d’aussi grandes autorités, il est difficile de ne pas con- clure que le péerocarpus marsupium produit le kino de l’Ince. Examen chimique du kino de l'Inde. W résulte d’un échantillon du kino analysé anciennement par Vauquelin , et qui avait été conservé par Robiquet, que ce kino est celui de l'Inde, de sorte que je ne puis inieux faire que de renvoyer au mémoire de ce chimiste, imprimé dans les Annales de chimie, t. XLVI, p. 341. Je me bornerai à remarquer que les propriétés de ce kino, de même que celles des autres espèces, peuvent varier suivant leur ancienneté dans le commerce ou dans les pharmacies. Ainsi Roxburgh annonce que le suc du pferocarpus mar- supium est presque entièrement soluble dans l’eau et l’alcool , et le kino que j'ai vu moi-même, récemment arrivé de l’Inde de 1815 à 1820, était d’une grande transparence , d’une couleur claire, et possédait une grande solubilité, même à froid , dans l’eau et l'alcool; mais depuis ce temps ce suc est devenu d’un rouge brun beaucoup plus foncé , d’une apparence opaque et d'une solubilité moins marquée. Ce kino, de même que celui examiné par Vauquelin, laisse aujour- d'hui beaucoup de matière insoluble dans l'eau froide (0,60 de son poids), et 0,20 seulement dans l'eau bouillante. La partie insoluble dans l'eau est presque entièrement soluble dans l'alcool. Ge même kino est beaucoup plus soluble à froid dans l'alcool que dans l'eau , et forme un liquide épais et d’un rouge brun foncé, qui filtre difficilement. Le ré- sidu insoluble, bien épuisé par l'alcool, ne pèse que 0,19 (0,26 d’après Vauquelin), et consütue une gomme rouge soluble dans l’eau. Le kino entier incinéré produit 0,036 de cendre formée de carbonate de chaux, silice , alumine et peroxyde de fer. 32. Kino de l'ile Maurice, Voir le Mémoire cité. 33. Falkaali de l'ile Bourbon. Voir le Mémoire cité. 3h. Sue astringent naturel de L'eycalyptus resinifera (1). Ce suc, qui n’est pas une résine comine pourrait le faire supposer le nom spéci- fique de l'arbre qui le produit, découle naturellement de larbre et se dessèche sur le tronc, à la manière d’une gomme ; mais on en augmente tellement la quantité au moyen d’incisions faites à l'écorce, qu’un seul arbre, au dire du voyageur White, peut en fournir 60 gallons ( 227 (4) Eucalyptus resinifera , arbre d’une très grande taille qui croit exclusi- vement, ainsi que tous ses congénères, à la Nouvelle-Hollande et à l'ile Diemen. Il appartient à la famille des myrtacées et à la tribu des leptosper- mées. L'eucalyptus robusta est encore plus élevé , et est un des plus grands arbres connus, puisqu'il s'élève, sur un tronc de 8 à 11 mètres de circonfé- rence , à une hauteur de 50 à 58 mètres. LÉGUMINEUSES. h01 litres). ‘el qu’on le trouve naturellement desséché sur l’arbre, il est en masses très irrégulières, dures, compactes, formées de petites lar- mes longues, contournées, agglutinées, et presque confondues ensemble. (Gelui rapporté par M. Lesson formait une masse caverneuse, mé- langée de débris d’écorce , qui ressemblait assez bien extérieurement à du machefer). 11 est noir et opaque à sa surface, mais l’intérieur est vitreux, transparent et d’un rouge foncé. Il est inodore , sauf une seule fois que je lui ai trouvé une légère odeur aromatique, due aux fruits de l'arbre dont il était accompagné; il possède une certaine ténacité, se pulvérise difficilement et donne une poudre d’un rouge brun ; il s’atta- che aux dents et développe une saveur médiocrement astringente. Mis à macérer dans l’eau, il se gonfle et devient mou et gélatineux; il se dissout complétement dans l’eau bouillante, à cela près des parties ligneuses qu’il peut contenir; son dissoluté aqueux est précipité par l'alcool. Toutes ces propriétés indiquent que le suc d’eucalyptus résulte du mélange d’une gomme avec un suc rouge de la nature du kino ; c’est ce mélange qui le rend plus tenace et moins astringent que le kino de l'Inde. Il n’en a pas moins été employé avec succès contre la diarrhée et la dyssenterie. 35. Autre sue astringent de Sidney. Voir le Mémoire cité. 36. Kino en masse de Botany-Bay, Â?n0 de Murray (Apparatus medic., t. VI, p. 203) ; £ino de Botany-Bay de Duncan, (Edinburgh new dispensary, 1830 , p. 448). Je n’ai rencontré qu’une seule fois ce kino dans le commerce à Paris. Il est en morceaux qui ont dû faire partie d’une masse qui aurait été coulée dans un vase en forme de sébille , dont le fond était garni de bandes de feuilles de palmier ; de telle sorte que la masse a pris la forme d’un pain rond, plat en dessus, convexe en dessous, épais de 4 à 6 centimètres au milieu, et aminci à la circonférence. Mais cette masse à été ensuite coupée en morceaux de 500 grammes environ, et plus tard encore ces morceaux, complétement desséchés , fissurés et fatigués par le transport, se sont brisés en plus ou moins de parties. Ce kino présente donc à la surface inférieure des gros morceaux une couche de bandes de feuilles de palmier, affectant la forme arrondie du vase, et souvent, au milieu de la masse , des lanières étroites du pétiole aiguillonné des mêmes feuilles. La surface des morceaux, qui a vieilli à l'air, est souvent recouverte d’une sorte d’efflorescence qui lui donne la couleur grise un peu violacée du lak-dye; d'autres fois le frottement réciproque des morceaux les recouvre d’une poussière d'un rouge brun, ce qui est aussi la couleur de fa poudre ; mais une fracture récente est toujours brillante et d’un brun noir. La substance fracturée n’est cepen- dant ni vitreuse ni transparente ; elle est au contraire opaque, inégale JL. 26 L3 h02 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. et rude au toucher, comme le produirait une poudre sablonneuse mé- langée à la masse. Ce kino se broïe facilement sous la dent, sans être ni pâteux ni sablonneux, et développe une saveur astringente médiocre. Il est inodore. Il paraît se dissoudre complétement dans l’eau , et forme une liqueur rouge très foncée, mucilagineuse et se troublant par l’aicool. La liqueur évaporée à siccité se détache en écailles très fragiles, comme un suc gommeux desséché. L’extrait sec pèse autant que le kino em- ployé, et il reste en plus 2 pour 100 d'un résidu insoluble dans l'alcool. Lorsqu'on traite ce kino par lalcool d’abord , il parait se dissoudre en grande partie; mais les liqueurs, réunies et conservées pendant quelque temps , laissent déposer une substance rouge-brune et grenue, qui se dissout à l’instant dans l’eau, La liqueur alcoolique filtrée de nouveau et évaporée, fournit 55,6 pour 100 d'extrait. Le dépôt formé dans l'alcool, réuni au résidu insoluble, pèse 47 pour 400; total : 102,6. Ces résultats concordent tellement avec les caractères du suc naturel de l’eucalyptus resinifera, que je ne doute pas que le kino qui les présente ne soit un produit artificiel obtenu , à une certaine époque , par l’éva- poration du suc provenant d'incisions faites à ce même arbre; mais d’après le docteur Thompson, il n’en serait pas arrivé dans le commerce depuis l’année 1810 environ. 37. Kino de la Jamaïque, Si le lieu d’origine indiqué par ce nom est exact, ce kino serait extrait du coccoloba wvifera, grand et bel arbre à bois très dur et de la famille des polygonées, qui croît aux Antilles. Ses fruits sont disposés en grappes, de la grosseur d’une petite cerise, rouges et d’une saveur aigrelette. Son bois est rougeûtre, et fournit par décoction dans l’eau un extrait qui doit faire partie des kinos du commerce, et qui est très probablement celui qui fait le sujet de cet article ; mais j'en ai deux qualités que je vais décrire séparément. Kino Jamaique À, Ce kino est le premier que j'aie connu, et, autant que je me le rappelle, le seul qui existât dans le commerce français de 1808 à 4820. Il est en fragments de 4 à 12 grammes, provenant d'une masse qui a dû être coulée sur une natte d’écorce, et sur une épaisseur de 28 millimètres au plus ; car un certain nombre de morceaux portent l'empreinte d'un réseau rectangulaire qui paraît dû à une natte d’é- corce , et aucun morceau n'offre une épaisseur plus grande que 28 milli- mètres. L'extérieur est d’un brun foncé, devenant rougeâtre par la poussière qui le recouvre. La cassure est noire, brillante, un peu inégale, et offre çà et là quelques petites cavités; quelques lamelles très minces qui s’en détachent paraissent jouir d’une demi-transparence , mais Ja masse est complétement opaque. La poudre est d’une couleur de bistre ou de chocolat. Ce kino paraît inodore ; mais lorsqu'on le pulvé- rise ou qu’on le traite par l’eau bouillante , il offre une légère odeur LÉGUMINEUSES, : : 403: bitumineuse., Il se pulyérise facilement sous la dent, et présenté une, saveur astringente et un peu amère, Il est peu soluble à froid dans l'eau, et dans l’alcool; mais il se dissout presque entièrement dans l'eau bouillante, et aux trois quarts dans l'alcool chaud. Il ne se ramollit pas par la chaleur. Ayant une fois transmis cette sorte de kino à M. J. Pereira, à Londres, un de ses amis qui avait été médecin à la Jamaïque la recon- nut pour être le kina préparé dans cette île avec le coccoloba wvifera. C’est également le troisième kino en extrait de Duncan (Edinb. new. disp., p. 489, auquel le docteur Wright attribue la même origine ; de sorte que, après beaucoup d’hésitation, je me suis arrêté à cet avis. Kino Jamaique B. Je n'ai trouvé qu'une fois ce kino chez un dro- guiste à Paris. Il est en fragments semblables au précédent, mais moins volumineux et sans aucune espèce d’empreinte. Il a dû être un peu mou , et la surface des fragments s’est un peu arrondie avec le temps ; il a une cassure tout à fail vitreuse et ses lames minces sont entièrement transparentes el d’un rouge foncé. La poussière qui se forme à la sur- face, par le frottement des morceaux , est d’un rouge plus prononcé et lui donne presque l'aspect de l'extrait de ratanhia du Pérou. Je pense que ce kino ne diffère du précédent que par une préparation plus soignée. 38. Kino brun terne, E 39. Kino brun yiolacé. Lh0. Kino celluileux du Mexique, L1. Kino noir, à poussière verdâtre. Voir pour ces quatre sorles , qui ne se présentent que très accidentellement dans le com- merce, le Mémoire cité. L2. Kino de 1a Colomhie. En 1835, un droguiste de Paris me consulta sur l'achat d’une quantité assez considérable d’un suc desséché qui ayait été apporté de Colgmbie comme étant du sangdragon , mais que sa solubilité dans l’eau et sa saveur astringente faisaient facilement distinguer de cette substance. Trouyant à ce suc desséché toutes les propriétés du kino de l’Inde, je copseillai au droguiste de l'acheter et de le vendre comme kino. J’ignorais cependant l’origine précise de cette substance lorsque, quelques années plus tard, un négociant fran- Çais (M. Anthoine) en rapporta une nouvelle quantité complétement identique à la première , et m’assura que la totalité avait été préparée par lui-même dans un établissement situé près de la rivière d’Arco, à l’ouest du golfe Triste, dans la Colombie: il me dit avoir obtenu cette matière en faisant des incisions à l'écorce des mangliers ou palétuviers (æhizophora mangle) qui sont très communs sur toute cette côte , et h0% DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. en faisant concentrer au soleil le suc rouge et très abondant qui en découle, Cette origine me paraît donc tout à fait certaine. Ce kino est sous la forme de pains aplatis, du poids de 4000 à 1500 grammes , et qui gardent à l'extérieur l'empreinte d’une feuille de palmier ou de canne d’Inde. Il est recouvert d’une poussière rouge qui lui donne l'aspect d’un sangdragon commun ; il se divise très facile- ment en fragments irréguliers , à cassure brune , brillante et inégale. Les fragments sont transparents sur les bords et d’un rouge un peu jaunâtre, La saveur est très astringente et amère; la poudre est d’un rouge orangé. Ce kino présente en masse une odeur faible et indéfinis- sable, mais qui peut le faire reconnaître ; il est en grande partie soluble dans l’eau froide, plus soluble encore dans l’eau bouillante qui se trouble en refroidissant, presque complétement soluble dans l’alcool. Tous les solutés sont d’une belle couleur rouge. Le kino de la Colombie étant dissous par infusion dans l’eau, con- centré en consistance sirupeuse et desséché à l’étuve sur des assiettes , fournit un extrait d’un rouge très foncé, brillant et fragile, qui ne se distingue du véritable kino de l’Inde que par l'absence des cannelures parallèles que l’on observe sur un certain nombre de fragments de celui-ci. 43. Kino à feuilles de balisier, Voir le Mémoire cité. hh. Kino de New-York ou du Brésil, Ce kino a été apporté de New-York en 1837. Il était contenu dans un sac de toile étiqueté sangdragon, et ce sac était renfermé dans une balle d’ipécacuanha gris du Brésil, dont le kino a conservé l’odeur très longtemps ; mais main- tenant je lui trouve une odeur presque semblable à celle du kino de la Colombie (n° 42). Il a été brisé, par le transport probablement , en fragments anguleux généralement fort petits, et dont les plus gros n’at- teignent pas la grosseur du pouce. Il est recouvert d’une poussière rouge terne ; mais la cassure en est noire et très brillante, et les petites lamelles qui s’en détachent sont rouges et transparentes. L'absence totale de bulles d'air dans l’intérieur des fragments, et la forme arrondie, mamelonnée ou stalactiforme de quelques gros fragments qui n’ont été qu'en partie brisés, me portent à croire que cette substance est un produit d’exsudation naturelle. Et comme d’ailleurs elle présente tous les caractères du kino de la Colombie , je pense qu’elle peut être attri- buée également au rhizophora mangle. Le kino de New-York , traité par l’alcool à 90 degrés, ne laisse que 9,8 pour 100 de matière insoluble, La dissolution est d’un rouge brun très foncé, épaisse, et filtre très difficilement. Traité par l’eau, il donne seulement moitié de son poids d'extrait et laisse un peu moins de résidu qui est presque complétement soluble dans l'alcool, On voit LÉGUMINEUSES. 05 que ces propriétés sont celles du kino de la Colombie et du kino de l'Inde. L5. Kino de la Vera-Craz, Cette substance a été apportée de la Vera-Cruz en 1837. Elle est en fragments généralement plus petits que la semence de psyllium , mélangés de beaucoup de poussière rouge et de débris atténués d’une écorce blanchâtre. Elle possède une saveur très astringente et une odeur d'iris ou de campêche très marquée. Les petits fragments, examinés à la loupe, sont presque transparents, d’un rouge hyacinthe, et paraissent tous avoir fait partie de petites larmes arrondies ou stalactiformes ; de sorte que cette matière est très certai- nement un produit d’exsudation naturelle. Le kino de la Vera-Cruz ne se dissout qu’en partie dans l’eau froide. La liqueur est rouge et présente des réactions qui ont été comprises dans le tableau suivant, présentant l’essai comparé des principales sortes de cachou, de gambir et de kino; j'y ai compris également l'extrait de ratanhia , qui peut bien être considéré comme une espèce de kino. Les liqueurs ont été préparées en traitant une partie de suc astringent par 24 parties d’eau bouillante. DICOTYLÉDONES GALICIFLORES. Eau de chaux Couleur jaune, Couleur CACHOU CACHOU GAMBIR “IR G : RÉACTIFS. EN BOULES ; DE PÉGU, GUBIQUE; DE. L'INDE , n° 1. u° 12, n° 16; ue #1: Couleur. Rouge jaunâtre. Rouge jaunâtre.|Rougé jaunâtre.| Rouge foncé. Tournesol. 0, 0. Rougi. 0. | Re Pté très abon-| 5,: Alcool. Pté floconneux. | qant Pté floconneux. 0. jaunà-|Pté jaune rou-|Pté6 brunâtfe tre pté. tre ; pté. geatre. abondant: Acide nitri- Louche plus mär-|Fortement trou- : 08. Louche. qué. blé. Pté abondant. 2808 Pté glutineux, Pté glutineux|/Pté gélatineux Nu ou (rélatine. rougeâtre. | rouge cendré. | rougeâtre. Pté violacé. Sulfate dePté vert-noi- Pté gris verdä-|Pté vert noirâä-Magma gélat || fer. râtre. tre. tre. neux vert fonce | Emétique. 0. he lonehe 1e 0. Pté rougeûtre. AE defense 2 né Pté gris - fauv 2h. Ptégris jaunâtre.| Pté jaune. Pté jaune. One Oxalate : 3 : d'ammoniag. Pté. Pté. Pté. 0. Nitrate de ba- ' Rien d’abord ,|Pté coloré tre ryte. Louche léger. Trouble. | puis trouble. | abondant. OgsEeRvATIONs. 14° La dissolution chaude du cachou n° 1 présente une légère odeur d’ambre gris. Le résidu insoluble est peu considérable, en partie blanchätre , et contient de la chaux ; mais il ne fait pas effervescence avec les acides. 2° La solution chaude du cachou de Pégu n'offre qu'une odeur très LÉGUMINEUSES. 107 SUC KINO KINO KINO À É EXTRAIT de l'Eucalyptus “au F “ d resinifera , ins LA COLOMBIE, LA VERA-CRUZ, $ n° 54, n° 57, n° 42, ne 45. RATANHIA. Rouge de vin de B Rouge fon- Rouge de sang.| Rouge brun. Bourgogne; dar cée. Rougit. 0 0 Rourgit Troublé forte- 5 4 0: 0. 0. pape: Pté floconneux ; Pié rougeâtre Pté. Pté brunâtre. Pté couleur de! ps Jie de vin. | trés abon- chair. dant Pté abondant|/Pté abondant ,|Pté abon- Pté abondant. orangé rouge. orangé rouge. dant. Pté rouge - cen- Pté rougeâtre/Pté couleur dré, Pté rougeâtre. | bondant. de chair, bi » Panda 44 .. [Pté vert- noi-|Pté gris noi- Pté noirâtre. |Pte gris noirâtre. Pté vert noir. rALre. râtre. 0. 0. Pté rougeûtre. Pté rougeä- Pté rougeûtre Dté ars-faut Pté rosé trés|Pté gris rosé très|Pté très abondant. EBTISTAUVE. | abondant. abondant, rosé: 0 Pté Très trouble Pté rougeâtre | Pté - 4 ° | abondant. , 0. Pté. Pté coloré très abondant. Pté rougeûtre. faible et désagréable. Le résidu est fort peu considérable et d’un brun noirâtre. 3° Toutes les liqueurs précipitées par le sulfate de fer, étant étendues d’eau aérée , passent au bleu , surtout celles des n°’ 12 et 34, L08 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. GOMMES DE LÉGUMINEUSES. Gomme arabique, On nomme ainsi une gomme à cassure vitreuse, transparente , entiè- rement soluble dans l’eau , qui était autrefois apportée d'Arabie ou tout au moins d'Égypte; mais depuis très longtemps on la tire en très grande partie du Sénégal, qui en fait un commerce considérable. 11 en vient toujours cependant des deux pays que j'ai nommés d’abord, qui se distingue de celle du Sénégal par quelques caractères particuliers. Cette gomme découle naturellement de plusieurs espèces d’acacia dont les principales sont : 4° L’acacia vera. Cet arbre croît en Arabie et dans toute l'Afrique , depuis l'Égypte jusqu'au Sénégal; c’est lui qui produit le bablah d'Afrique, le véritable suc d’acacia, la vraie gomme arabique et une partie de celle du Sénégal ; 2° L'acacia arabica, arbre de l'Arabie et surtout de l'Inde, où il produit le bablah de l’Inde et la gomme de l’Inde; 3° L’acacia Adansonii de la Flore de Sénégambie, qui produit une gomme rouge, assez abondante, qui fait partie de celle du Sénégal; L° L'acacia seyal de Delile et de la Flore de Sénégambie , produi- sant une gomme en larmes blanches, dures, vitreuses et vermiculées , qui fait également partie de celle du Sénégal ; 5° L’acacia verek de la Flore de Sénégambie, qui habite l'Afrique occidentale , depuis le Sénégal jusqu’au cap Blanc; c’est lui surtout qui constitue la forêt de Sahel, la plus voisine du Sénégal, et qui fournit la vraie gomme du Sénégal, en larmes vermiculées, ovoïdes ou sphé- roïdes , ridées à Ja surface, mais transparentes et vitreuses à l’intérieur ; 6° L’acacia qummifera de Willdenow, dont le fruit submoniliforme, cotonneux et blanchâtre, paraît ressembler à celui de l’acacia arabica. Cet arbre croît en Afrique , près de Mogador, et fournit très probable- ment la gomme de Barbarie ; 7° L’acacia decurrens de Willdenow, croissant aux environs du port Jackson, dans la Nouvelle-Hollande , et fournissant une gomme soluble, différente de celle du Sénégal. Caractères particuliers des gommes du commerce. Gomme arabique vraie, Cette gomme est blanche ou rousse; mais on ne trouve guère à Paris que la blanche ; elle y porte le nom de gomme turique, et est en petites larmes blanches et transparentes, qui, jouis- sant cependant de la propriété de se fendiller en tous sens à l’air, pa- LÉGUMINEUSES. 409 raissent opaques étant vues en masse. Elle se divise très facilement en petits fragments; elle est entièrement et facilement soluble dans l’eau, d’une saveur pour ainsi dire nulle. Pomet et Lemery donnent le nom de gomme turique à la gomme ara- bique récoltée dans le temps des pluies, qui s’est agglutinée en masses plus ou moins considérables, claires et transparentes. Ce nom de gomme turique , appliqué ainsi à deux variétés de la gomme arabique, paraît tiré de celui de Tor, ville et port d'Arabie, non loin de l’isthme de Suez. Plusieurs auteurs font également mention d’une gomme ?edda ou gedda , du nom d’un port appelé Gidduk , situé proche de la Mecque ; mais je n’ai jamais pu savoir au juste ce que c'était que la gomme gedda, Gomme du Sénégal, On connaît dans le commerce deux sortes de gomme du Sénégal : 1° celle du bas du fleuve Ou du Sénégal propre- ment dite; 2° celle du haut du fleuve ou de Galam, La gomme du bas du fleuve est la plus estimée. Lorsqu'elle est privée par le triage d’une petite quantité de gommes particulières et de quelques autres substances qui s’y trouvent mélées, elle se compose, soit de larmes sèches, dures, non friables, peu volumineuses, rondes , ovales ou vermiculées, ridées à l'extérieur, vitreuses et transparentes à l’intérieur; d’une couleur jaune très pâle ou presque blanche ; soit de morceaux plus gros, sphé- riques ou ovales , pesant quelquefois jusqu'à 500 grammes ; moins secs, moins cassants, toujours transparents et d’une couleur jaune ou rouge. Les uns et les autres ont une saveur douce , qui paraît un peu sucrée ou moins fade dans les grosses boules rouges, et ils sont entièrement solubles dans l’eau. Leur soluté, peu épais, en comparaison de celui des gommes d’acajou et de prunier, rougit le tournesol, se trouble abondamment par l’oxalate d’ammoniaque et est entièrement précipité par l'alcool. La gomme du haut du fleuve ou gomme de Galam , est en mor- ceaux beaucoup moins réguliers que la précédente , souvent anguleuse ou brisée, mêlée de menus fragments, et offrant à cause de cela un brillant que n’a pas la gomine du bas du fleuve. Souvent aussi les mor- ceaux, vitreux et transparents à l’intérieur, sont recouverts d’une couche fendillée et opaque. Tous ces caractères sont dus à ce que cette gomme se rapproche de la nature de celle d'Arabie, et se fendille et devient friable à l'air, quoiqu’à un moindre degré. Elle est probable- ment produite par l’acacia vera , tandis que celle du bas du fleuve est due presque exclusivement à l’acacia verek. La gomme du Sénégal offre constamment un certain nombre de sub- stances étrangères , qui sont : 1° des semences et quelquefois des fruits entiers du balanites ægyptraca de Delile, arbre qui paraît accompagner 410 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. les acacias, des bords du Nil au Sénégal ; 2° du bdellium, gomme-résine dont il sera parlé plus tard ; 3° de la gomme kutera ; h° une petite quan- tité d’une gomme molle, d’une acidité bien marquée ; 54 de la gomme pelliculée ; 6° de la gomme verte; 7° de la gomme luisante et mame- lonnée ; 8° de la gomme lignirode. Je dirai quelques mots de ces quatre dernières substances. Gomnre pelliculéc, Je désigne ainsi une gomme quelquefois blan- che , le plus souvent d’un jaune rougeâtre et d’une transparence moins parfaite que la gomme du Sénégal. Ce qui la distingue surtout est une pellicule jaune, opaque, qui recouvre presque toujours quelques points de sa surface. Cette pellicule, examinée au microscope, présente des cellules hexagones et doit être considérée comme un épiderme végétal. Cette gomme se fond difficilement dans la bouche et s’attache fortement aux dents; un gramme ayant été traité par 50 grammes d’eau, s’y est dissous moins promptement que les sortes précédentes, et a laissé un résidu insoluble ayant conservé la forme des morceaux de gomme, et cependant peu considérable. La liqueur filtrée rougissait faiblement le tournesol , et précipitait abondamment par l’oxalate d’ammoniaque. Gomme verte, Cette sorte est d’un vert d’émeraude qui se détruit à la lumière ; alors elle devient d’un blanc jaunâtre. Sa surface est ordi- nairement luisante et mamelonnée ; et l'intérieur vitreux et transparent. Elle jouit des mêmes propriétés que la gomme pelliculée, c'est-à-dire qu’elle est tenace sous la dent, difficilement et incomplétement soluble dans l’eau. Gomme luisante et mamelonnée, J'ai vu quelquefois dans le com- merce des quantités considérables d’une gomme à peine colorée et de belle apparence, que l’on vendait comme gomme du Sénégal, et dont le bon marché séduisait. Mais cette gomme était en général en mor- ceaux irréguliers, allongés, souvent creux à l’intérieur, toujours d’une apparence glacée et à surface mamelonnée. Or, ces deux caractères indiquent presque avec certitude une gomme en partie insoluble dans l'eau, et qui doit être rejetée du laboratoire du pharmacien. Il me paraît probable que ces trois gommes, pelliculée, verte et mamelonnée, ont une origine commune , différente de celle de la vraie gomme du Sénégal. Gomme lignirode. Cette substance est commune dans la gomme du Sénégal et porte dans le commerce le nom de #arrons. Elle mérite quelque attention par la singularité de sa formation. Elle est quelquefois jaunâtre, mais généralement d’une couleur brune foncée ct noirâtre ; elle est assez terne dans son aspect, opaque et raboteuse à la surface. Traitée par l’eau, elle lui cède de la gomme soluble semblable à la gomme arabique, et laisse un résidu du bots rongé. Or, en examinant ces LÉGUMINEUSES. mA ‘marrons, j'ai obsérvé dans la plupart une large cellule ovoïde qui avait sérvi dé demeure à la larve d’un insecte ; d’où j'ai conclu qué cette sorte de mastic avait été pétrie par l’insécte lui-mêmé, éomine on ait que lé font plusieurs espèces dés ordres dés névroptères et des hymé- noptèrés. La gomme de l'Inde présente des marrons semblables, qui ont l'apparence du galipot, jointe à une couléur rouge assez prononcée. Gônimé dé Bafbarie, Celle gomme vient de Mogador, dans le royaume de Maroc. Elle est sans doute produite par lacacia qummafera Willd. Telle que je l’ai, élle est en larmes irrégulières, assez chargécs d'impuretés, d’une couleur terne et un peu verdâtre. d’uné trañspa rencé imparfaite. Elle pâraîtrait souvent luisante et glacée à sa surface, sans la poussière grise qui la recouvre. Elle est très tenace sous la dent , imparfaitement soluble dans l’eau , ét de la même nature par conséquent que les gommes insolublés du Sénégal. Gomme de Sicile, On m'a donné sous ce nom ühe gomme qui à tous les caractères dé celle de nos arbres fruitiers et qui doit provenir dés mêmes végétaux. Ellé est en larmes généralement globuleuses, agglu- tinées ensemble et chargées d’impurétés. Elle se divise dans l’eau ei particules isolées, anguleuses ét qui occupent uñ volume considérable. Le liquide filtré est coloré , mais né contient qué des traces de goinme. Gomme de Franée, Cette gomme est produité par les arbres frui- tiers de notre pays, qui appartiennent à la tribu des amygdalées , de la famille des rosacées. Elle a été décrite pagé 294. Gomme de l'inde, M. Pereira, dans sa Matière médicale, dit avoir recu de Bombay trois sortes de gomme : une marquée #aculla best gum arabic, très semblable à la gomme de Galam; une seconde, éti- quetée miocha and Barbary qum, en grosses larmes roûgés et rugueuses; une troisième, dénommée swrat inferior gum arabie , en petites larmés brunâtres. Quant à moi, la seule chose que j'aie connue pendant longtemps , sous le nom de Gomme de Finde , est une gominé brune , formée de larmes molles qui se sont soudées èn uné seule masse , laquelle ensuite a été cassée en morcéaux anguléux, à peu près dé la grosseur de là gomme du Sénégal (1). Cette gomme, paraissant avoir conservé long - temps sa mollésse à l'air, s'est chargéé d'impuretés ét de sable ; mais les parties pures sont transparentes, et offrent une grañde variation de couleur, dépuis lé jaune pâle jusqu’au rouge foncé ; effet dû à ce que le suc coloré dé l'arbre , qui à coulé en méme temps que la gommé, s'v est inégalement réparti. Cette gomme est molle et glütinéusé sous la 4) Cetté Sorniñé répond assez bien à la déséription de là gomme turique dôhnée par Pomet et Leméry h12 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. dent, et d’une saveur douce; à part les impuretés qu’elle contient, elle est entièrement et facilement soluble dans l’eau. Je suppose que cette gomme est produite par l’acacia arabica. Gomme de l'Inde pelliculée, Il est arrivé de l’inde, en 1843, une quantité considérable d’une gomme fort distincte de la précédente et composée de trois substances différentes : 1° Une petite quantité d’une gomme résine aromatique , assez semblable à l’oliban, en petites larmes demi-opaques et jaunâtres ; 2° une quantité plus considérable d’une gomme pure, entièrement soluble dans l’eau , en larmes presque blanches, rondes ou vermiculées, comparables à la plus belle gomme du Sénégal ; 3° une gomme pelliculée , formant la plus grande partie de la masse. Cette dernière gomme est en larmes le plus souvent irrégulières, stalactiformes, ou convexes d’un côté , aplaties ou concaves de l’autre, et munies, très souvent, sur les deux faces, d’un feuillet d’épiderme jaune et opaque. Cette gomme est généralement d’un jaune de miel, brillante et transparente dans sa cassure : mais elle se ternit à l'air et pré- sente un aspect général nébuleux et comme un peu nacré. Elle est dure, tenace, difficile à fondre et en partie insoluble dans l’eau, comme la gomme pelliculée du Sénégal ; mais elle s’en distingue par une odeur d’oliban qui la suit dans les préparations où on la fait entrer ; de sorte qu’elle est tout à fait impropre aux usages de la pharmacie. Gomme éléphantine, Cette gomme, dont je dois un échantillon à M. le docteur Pereira, est produite dans l’Inde et dans l’île de Ceylan, par des incisions faites à l'écorce du féronia elephantum , arbre de la famille des aurantiacées. Elle recouvre l'écorce sous la forme d’un en- duit brillant, comme vernissé, devenu très fragile par la dessiccation , et se brisant facilement en fragments brillants et transparents. Elle est incolore ou d’un jaune doré, très facilement soluble dans la bouche et dans l’eau. Enfin, elle ressemble beaucoup, par son apparence et ses propriétés, à la véritable gomme arabique , produite par l’acacia vera. Elle ne paraît pas être très abondante. Gomme de l'Australie méridionale , south australian Gum Pereira. Cette gomme paraît être produite par l’acacia decurrens Willd. Il en est arrivé 50 caisses à Londres en 1844; et c’est probablement la même que M. Ménier a présentée à la Société de pharmacie de Paris, en 4849, et sur laquelle il a fait quelques essais d'application. Elle est en larmes assez volumineuses, tantôt stalactiformes et à surface luisante, tantôt globuleuses et à surface très rugueuse ou comme gercée. Cette gomme présente une teinte générale violacée qui la fait reconnaitre. Cette teinte violacée est surtout bien apparente dans les larmes globu- leuses, qui présentent, en outre, une poussière blanche dans le fond des gerçures. Cette gomme se dissout très facilement dans l’eau ; mais LÉGUMINEUSES. 113 la dissolution est trouble et laisse déposer une matière floconneuse inso- luble. Enfin , à poids égal, cetté gomme communique à l’eau une con- sistance bien moins épaisse et moins visqueuse que la gomme arabique. Elle est donc de nature différente, et pourra difficilement la remplacer, même dans les arts. Gomme de Madagascar, Il est arrivé en France, il y a quelques années, une quantité assez considérable de cette gomme, qui m’a paru être de la nature de la gomme d’acajou dont il sera parlé plus loin (famille des térébenthacées ). Gomme du cap de Bonne-Espérance, Depuis plus de vingt ans, cette gomme forme l’objet d’une importation considérable en Angleterre. D'après M. Burchell, elle est produite par une espèce d’acacia fort ressemblante à l'A. vera, et qu’il nomme A. capensis. M. Pereira ayant bien voulu m'envoyer le fruit de cet acacia, venu du cap avec la gomme, j'en donne ici la figure de grandeur naturelle (fig. 365), de laquelle il résulte que cet acacia a de très grands rapports avec l’acacia Fig. 365. seyal de Delile. Nonobstant l’assertion de M. Burchell, qui prétend que la gomme du Cap n’est pas inférieure à celle de l’acacia vera, il paraît qu’elle est considérée par les marchands de Londres comme une sorte très inférieure; mais ceux qui s’attachent plus à la qualité réelle des choses qu’à leur extérieur, donneront probablement raison à M. Burchell. La gomme du Cap possède, en effet , tous les caractères de la gomme du Sénégal, dite du haut du fleuve, produite par l’acacia vera, laquelle, malgré sa friabilité qui la brise pendant le transport, doit être considérée comme une gomme pure et de la meilleure qualité. Gomme sapote du Chili, Importée au Havre, en 1841. Le nom que porte cette gomme ne prouve pas qu'elle soit due à un arbre de là Ah DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. famille des sapotées , ce nom étant donné, au Chili et au Pérou, à des arbres de familles différentes. La gomme est en larmes arrondies, sou- vent d’un volume considérable, d’un brun noirâtre et opaque vue en masse , mais brune , vitreuse et transparente dans l’intérieur, Souvent la larme brune et transparente est recouverte d’une couche de grains de gomme, d’une couleur moins foncée, qui paraissent s’y être agglutinés. Le caractère principal de cette gomme consiste dans une odeur et dans une saveur assez fortes, animalisées , que l’on peut comparer à celles d’un jus de viande un peu altéré. Mise à tremper dans l’eau, elle s’y gonfle beaucoup et s’y divise par agitation en particules anguleuses insolubles. Une petite partie seulement de la gomme se dissout et peut être préci- pitée par l'alcool. Sous ce rapport , elle ressemble beaucoup à la gomme de prunier, mais elle est un peu plus soluble. Gomme adragantie. La gomme adragante exsude dans l’Asie mineure , ‘en Arménie et dans les provinces septentrionales de la Perse, d’une espèce d’astragale Fig. 366. qui a été décrite, par Olivier, sous le nom d’astragalus verus. Cet arbrisseau (fig. 366) appartient à la section des astragales dont les LÉGUMINEUSES. 15 stipules sont soudées avec le pétiole, et dont le pétiole persiste et durcit après la chute des folioles, en prenant la forme d’une longue épine. Les fleurs sont sessiles et rapprochées au nombre de 2 à 5, dans l’aisselle des feuilles ; les folioles sont linéaires, velues , disposées sur 8 à 9 rangs. Cet arbrisseau, cependant, n’est pas le seul qui produise de la gomme adragante. L'astragalus creticus Lam., observé par Tournefort sur le mont Ida de Crête, et par Sibtorp en Ionie, en produit également, Sieber indique aussi l’aséragalus aristatus; mais l’astragalus traga- cantha L., qui est last. massiliensis Lam., n’en produit pas. Quant à l'astragalus qummifer, que Labillardière à vu exploité sur le mont Liban , il ne produit qu'une gomme de qualité inférieure qui sera dé- crile ci-après sous le nom de gomme pseudo-adragante. La gomme adragante existe dans les astragales dans un grand état de concentration; car sa forme indique qu’elle a peine à se faire jour à travers l'écorce. Elle est en lanières ou en filets minces, contournés ou vermiculés. Elle est blanche ou jaune , et opaque. Elle est peu soluble dans l’eau ; mais elle s’y gonfle considérablement, en absorbe une grande quantité, et forme un mucilage tenace et très épais. Elle est très usitée pour donner de la consistance aux loochs, et pour lier les pâtes que l’on destine à la préparation des pastilles. On trouve dans le commerce deux sortes de gomme adragante, dont l’une est en filets ou en rubans déliés et vermiculés, plus sou- vent jaunes que blancs. L'autre sorte, plus récemment connue, est en plaques blanches, assez larges, marquées d’élévations arquées ou concentriques. La différence entre ces deux sortes tient peut-être à ce qu'elles ne proviennent pas du même astragale (1) ; mais elle doit aussi être attribuée, au moins en partie, au mode d’extraction : la gomme vermiculée s'étant fait jour naturellement à travers l'écorce, tandis que la gomme en plaques doit avoir été obtenue par des incisions. Pour n'assurer d’ailleurs si, indépendamment de la forme, il existait quel- que autre différence entre elles, j'ai mis une partie de chacune en contact avec A8 parties d’eau. La gomme vermiculée s'est gonflée presque aussitôt et a bientôt occupé tout le volume de l’eau. Le lende- main la gomme en plaques, quoique gonflée, avait conservé sa forme, et n'était pas mêlée à l’eau ; mais par l'agitation, elle n’a pas tardé à former un mucilage presque aussi épais que l’autre. Cependant il y a une différence entre les deux : le mucilage de la gomme en plaques est presque transparent, plus lié et plus tremblant que l’autre, comme s'il (4) D’après M. Th. Martins , la gomme vermiculée viendrait de Morée et serait produite par l’astragalus creticus ; la gomme en plaques serait tirée de Smyrne et serait due à l'astragalus verus. 16 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. contenait plus de gomme soluble ; enfin, il se colore à peine par l’iode : tandis que le mucilage de gomme vermiculée prend une teinte bleue très manifeste par ce même réactif. Du reste, les deux mucilages étendus de 3 fois plus d’eau, conservent encore une certaine consis- tance gélatineuse uniforme, et les liqueurs filtrées jouissent des pro- priétés suivantes : Teinture de tournesol ; rien. Teinture,d'iode ; rien. Oxalate d'ammontiaque ; trouble. Alcool ; y forme un précipité floconneux qui se rassemble en une seule masse opaque et muqueuse. Ce précipité, tout à fait distinct de celui que présente en pareil cas la gomme du Sénégai, montre que c’est bien de la gomme adragante elle-même qui s’est dissoute dans l’eau, et non une portion analogue à la gomme Sénégal qu'elle pourrait con- tenir, comme cela a lieu pour la gomme d’acajou. Eau de chaux ; rien. Eau de baryte ; la gomme est précipitée en flocons distincts et privés d’eau. Acétate de plomb ; rien. Sous-acétate de plomb ; il se forme deux précipités : l’un pulvéru- lent , l’autre muqueux comme celui formé par l'alcool. Proto-nitrate de mercure ; précipité muqueux. Quelle que soit la quantité d’eau froide que l’on emploie pour dé- layer la gomme adragante vermiculée, il en reste toujours environ la moitié qui ne se dissout pas, et cette partie insoluble bleuit fortement par la teinture d’iode. A la chaleur du bain-marie on obtient encore le même effet, c’est-à-dire une liqueur qui ne bleuit pas par l’iode et un résidu qui bleuit fortement ; à l’aide de l’ébullition on obtient une dis- solution plus avancée, mais non complète de la gomme ; la liqueur alors bleuit par l’iode, mais la partie insoluble conserve toujours la même propriété dans un degré très intense. Quant à la gomme adragante en plaques, une ébullition suffisante dans une grande quantité d’eau la dissout presque en totalité. Le microscope peut nous donner une idée encore plus exacte de la nature de ces deux gommes adragantes, La gomme fine et vermieulée, divisée dans l’eau, additionnée d’iode et examinée au microscope , présente : 4° Une glaire sans limites visibles, parsemée de granules bleus d’amidon, sphériques et généralement d’un très petit volume; à la lumière diffuse , cette glaire ne se manifeste que lorsqu'on imprime un tremblement à la table qui supporte l'instrument ; alors tous les grains d’amidon qui appartiennent à une même glaire éprouvent un mouve- LÉGUMINEUSES. 17 ment oscillatoire, en conservant leurs positions respectives, ce qui est un indice du lien invisible qui les unit; ” 2 Un grand nombre de granules d’amidon isolés et libres au milieu de la liqueur, par suite de l'entière division de la matière gélatineuse ; 3° Des membranes gélatineuses, transparentes, légèrement colorées en jaune par l’iode, à contour fini et distinct, et représentant assez exactement un pétale de renoncule âcre, Ces membranes, que je sup- pose former un sac dans leur intérieur, sont parsemées de granules d’amidon réunis par groupes irrégulièrement disposés ; h° Des membranes plus compactes, épaisses, colorées en jaune, déchirées en parcelles distinctes , mêlées de granules d’amidon rassem- blées en masses compactes; 5° Des fibres ligneuses. Ces fibres ligneuses et les membranes compactes me paraissent acci- dentelles dans la gomme adragante. L’amidon lui-même, qui en fait partie nécessaire , Comme corps végétal organisé, doit être isolé de la gomme proprement dite, lorsqu'on veut considérer celle-ci sous le point de vue chimique. Car il est évident que ce n’est pas lui, qui est inatta- quable par l’eau, qui donne au mucilage de gomme adragante ses caractères particuliers ; la partie essentielle de la gomme adragante, celle à laquelle je donne, avec M. Desvaux, le nom d’adragantine, est la glaire gélatineuse du n° 1 , et celle du n° 2, qui, plus divisée encore dans le liquide, passe même à travers le filtre, et communique à la liqueur filtrée les propriétés que l’on a vues ci-dessus. L’amidon de la gomme adragante diffère de ceux des céréales et des racines féculentes, en ce que ceux-ci sont composés d’un tégument plus ou moins insoluble et d’une substance interne très facilement soluble, tous deux colorables par l’iode; tandis que l’amidon de l'adragante paraît entièrement formé d’une matière dense organisée, qui cède à peine quelque peu de matière soluble à l’eau bouillante ; aussi le résidu de l’ébullition dans l’eau de la gomme adragante vermi- culée est-il formé d’une grande quantité d'amidon, de fibres et de plaques ligneuses. La gomme adragante en plaques, examinée au microscope dans les mêmes circonstances, ne laisse apercevoir que quelques grains d'amidon isolés (n° 2), et quelques glaires gélatineuses (n° 1) parse- mées d’amidon; les parties les plus nombreuses, sans l'être encore beaucoup, sont des membranes pétaloïdes (n° 3), amincies , peu visi- bles , et offrant à peine quelques granules noirs imperceptibles ; tout le reste a disparu par l’eau. (Journ. de chim. méd., t. VIII, p. 422.) Suivant Bucholz, dont les résultats sont encore admis par beaucoup de chimistes, Ja gomme adragante est composée de 0,57 de gomme Nil. 27 » h18 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. ; soluble , semblable à la gomme arabique, et de 0,43 d’une gomme insoluble à froid , mais soluble dans l’eau bouillante. (Jowrn. de pharm., tu II, p. 87.) é Ce que j'ai dit précédemment montre combien ces résultats sont fau- tifs, et l’on est étonné qu'ils aient été admis si généralement , quand on voit que Bucholz a traité cent grains de gomme adragante par seize livres d’eau, que le traitement à duré au moins quinze jours, et que la masse du liquide à été évaporée sur le feu ; toutes circonstances qui ont dû altérer profondément le principe gommeux. Plus récemment un chimiste français, dans un travail très étendu sur les gommes, à également admis que la gomme adragante était composée d’arabine, c'est-à-dire de gomme identique avec celle d’Ara- bie, et de bassorine, ou de gomme insoluble identique avec celle de Bassora ; mais ces résultats sont encore inexacts. La gomme adragante né contient ni arabine ni bassorine, et est essentiellement formée par une matière organisée, gélatiniforme , qui se gonfle et se divise dans l'eau au point de pouvoir passer en partie à travers le filtre, et qui diffère beaucoup par ses caractères physiques et chimiques de la gomme ara- bique. Quant à la partie de la gomme adragante qui résiste même à l’ébullition dans l’eau. c’est, ainsi que je l'ai dit, un mélange d’amidon et de ligneux qui n’a rien de commun avec la bassorine, Gomme pseudo-adragante et Gomme de Sassa. Vers l’année 1830, je vis pour la première fois chez nn commerçant ue quantité considérable d’une gomme toute particulière, en masses mamelonnées, assez volumineuses, ou en forme d’ammonites ; il y en avait aussi des morceaux qui représentaient presque exactement d’énor- mes limacons retirés de leur coquille. Cette gomme est de couleur _ roussâtre ; sa surface est un peu luisante, et elle jouit d’une transpa- rence plus marquée que la gomme adragante: elle en offre la saveur, mais mêlée d’âcreté; mise dans l’eau, elle y blanchit complétement , augmente de quatre à cinq fois son volume, y conserve à peu près sa forme et se dissout fort peu; la solution d’iode lui communique une couleur bleue très intense. Bruce, dans son voyage en Abyssinie, a décrit un arbre nommé sassa ( ]nga sassa, Willd.), qu'il dit avoir vu chargé d’une si grande quantité de boules de gomme, qu’il en paraissait monstrueux. Cette gomme est rousse , d’un grain uni et serré; elle se gonfle dans l’eau et y devient blanche ; mais elle v conserve sa forme, ce qui la distingue de la gomme adragante, avec laquelle elle a d’ailleurs beaucoup de rapports. Les habitants s’en servent pour empeser les étoffes. Cette LÉGUMINEUSES. h19 description se rapporte si exactement à la gomme dont je viens de donner les caractères, qu'il est bien difficile de ne pas croire que celle-ci ne soit la gomme de sassa de Bruce. En cherchant depuis cette gomme dans le commerce, j'ai trouvé une caisse entière d'une substance étiquetée gomme adragante (1), et vendue comme telle, qui m'a frappé d’abord par plusieurs morceaux en forme d'ammonites. Cette gomme, triée à la main, se laissait séparer en deux parties. La plus grosse, qui comprenait tous les ammonites, était plus rougeûtre , se dissolvait à peine dans l'eau, et se colorait par l’iode presque à l’égal de l'amidon. Cette gomme ressemblait encore beauconp à la gomme de sassa. La seconde portion, comprenant la gomme la plus petite et la plus blanche, ressemblait tout à fait à la gomme adragante, Cependant elle n'était pas aussi petite que peut l’être cette dernière, et voici comment je me suis assuré qu'elle en différait : quand on fait tremper dans 48 parties d’eau 4 partie de chacune des gommes adragante et pseudo-adragante (je nomme ainsi la petite gomme blanche dont je viens de parler), toutes deux se gon- flent et forment mucilage, quoique à des degrés différents. Mais si, lorsque les deux gommes sont aussi bien divisées que possible, on y ajoute encore 96 parties d’eau et une quantité convenable de soluté d’iodhydrate ioduré de potasse , alors la gomme adragante continue de former un mucilage épais et bien lié, coloré uniformément en bleu pâle, et qui ne se sépare pas par le repos ; tandis que la fausse adragante se - précipite et forme un dépôt bleu foncé , surnagé par une liqueur aqueuse et incolore. Or, comme ce résultat a été obtenu avec la gomme la plus fine et la plus semblable à la gomme adragante, et que les morceaux plus volumineux et plus colorés participaient encore plus de l’insolubilité de la grosse gomme de sassa, j'en ai conclu que toute cette gomme n’en constituait originairement qu’une seule, qui avait été triée dans la vue de tirer meilleur parti de celle qui simulait le mieux la gomme adra- gante. En conséquence, dans ma précédente édition, de même que dans mon Mémoire inséré dans le Journ. de chim. méd. (1832, p. 419), j'ai donné indifféremment à cette gomme le nom de gomme de sassa où de pseudo-adragante, et je l'ai toute supposée tirée de l’inga sassa. Aujourd’hui, je me crois obligé de séparer ces deux substances , et de donner le nom de gomme de sassa seulement à la grosse gomme brune, semblable à celle décrite par Bruce, et le nom de gomme pseudo-adragante à la petite gomme nommée coinmunément , dans le commerce, gomme de Bassora, et qui sert à falsifier la gomme adra- (4) Cette gomme porte en réalité , dans le commerce , le nom de gomme de Bassora. h20 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. gante. Je suis porté à faire cette séparation, parce que, après avoir lu le Mémoire de Labillardière sur l’aséragalus qummifer {Journ. phys., t. XXXVI, p. 46), et avoir retrouvé au Muséum d'histoire naturelle une portion de tige chargée de gomme, semblabie à celle qui se trouve représentée dans la figure jointe au mémoire, je reste convaincu que la gomme pseudo-adragante est produite par l'aséragalus qummifer. Cette opinion est d’ailleurs conforme à celle émise par Delens et M. Mérat, dans leur Dictionnaire universel de matière médicale (t. VIT, p. 403, ett. I, p. 80). La gomme pseudo-adragante, délayée dans l’eau et colorée par l'iode , présente au microscope : 1° La même glaire gélatineuse n° 1, parsemée de granules d’ami- don, qui forme la majeure partie de la gomme adragante vermicu- léc ; seulement la glaire gélatineuse est plus dense et visible à la lu- mière diffuse, et les granules d’amidon sont plus rapprochés et plus nombreux ; 2 D'autres glaires gélatineuses bien visibles, non transparentes, offrant quelquefois la densité d’une membrane, et alors colorées en jaune par l'iode ; 3° Quelques membranes pétaloïdes jaunes, semblables à celles de la gomme adragante ; h° Des amas d'amidon, des fibres ligneuses et des débris de tissus transparents. La grosse gomme de sassa offre au microscope : 1° Des masses gélatineuses bien visibles , non transparentes, colorées en jaune , parsemées de grains innombrables d’amidon ; 2° Des débris de membranes compactes, transparentes, fortement colorées en jaune par l’iode ; 3° Des membranes pétaloïdes jaunes, privées de rules d’amidon, et d’autres qui en offrent encore ; h° Des amas compactes d’amidon colorés en bleu. Si, comme on le voit, l'examen microscopique fournit quelques caractères pour distinguer les deux gommes précédentes de la gomme adragante; d’un autre côté, il nous montre que ces gommes résultent d'une organisation semblable , que je crois consister dans un sac mem- braneux renfermant de la matière gélatiniforme et des groupes de gra- nules d'amidon ; de telle sorte qu’arrivant la rupture du sac, la matière gélatineuse devient susceptible de le diviser et de se dissoudre en partie dans l’eau , et l’amidon de s’y disperser. Du reste, la gomme de sassa et la gomme pseudo-adragante diffèrent de la gomme adragante, exactement comme l’amidon et les diverses parties du grain d'orge diffèrent des parties correspondantes du blé, par une organisation plus LÉGUMINEUSES. 421 forte et plus compacte, qui les rend moins attaquables par l’eau et nuit aux usages auxquels on pourrait les appliquer. J'ai dit plus haut que les droguistes nomment la gomme pseudo- adragante gomme de Bassora. Je crois, en effet, que cette substance est la première qui ait porté le nom de gomme de Bassora. Mais j'ai toujours pensé que la gomme examinée par Vauquelin sous le même nom (£ull. de pharm., t. II, p. 56) était celle qui fait le sujet de l’article suivant, caractérisée par le volume considérable qu’elle acquiert sous l’eau, et par la complète insolubilité de la substance qui la con- stitue presque en totalité. Dans cette persuasion, je conserverai à la gomme de Bassora des droguistes le nom de gomme pseudo-adragante, et je continuerai à donner à la gomme suivante le nom de gomme de Bassora , jusqu’à ce que je lui en connaisse un plus convenable, Gomme de Bassora. L Cette substance se rencontre constamment en petite quantité dans la gomme du Sénégal, et j'ai vu chez un droguiste une caisse d’origine indienne et étiquetée bdellium de l'Inde, qui était composée de gomme lignirode (p. M0), mélangée d’une grande quantité de notre gomme de Bassora. M. Théodore Martius l’a décrite sous le nom de gomme kutera, et lui donne pour origine l’acacia leucophlæa de Roxburgh (1). Virey a pensé qu'elle était produite par un mesembryanthemum , et MM. Desvaux et Damart par un cactus, Je suppose du moins que ces savants, en émettant cette opinion, ont eu en vue la présente gomme, et non la précédente, à laquelle elle ne peut convenir. Ce qui me paraît probable aujourd’hui, c’est que la présente gomme de Bassora, ou la gomme kutera de M. Martius, est, en effet, produite par une plante grasse, crassulacée , ficoïde ou cactée. Cette gomme est blanche, ou de couleur de miel, comme farineuse et argentée à sa surface, en morceaux plutôt plats et allongés qu’ar- rondis, quoiqu’on en trouve aussi de cette dernière forme. Ces, mor- ceaux sont de toutes grosseurs, depuis la plus petite jusqu'à 55 à 80 millimètres de diamètre ou de longueur. Elle est moins opaque que la gomme adragante, insipide, et se divise sous la dent en produisant une espèce de cri. La gomme de Bassora mise dans l’eau se gonfle considérablement, et (1) Niemann, avant M. Martius , a également attribué la gomme kutera à l'acacia leucophlæa ( Pharm. batav., t. A, p. 158). Je ne sais sur quoi celte opinion est fondée, Roxburgh n'ayant mentionné aucun produit gommeux de cet arbre. * 1h22 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. se convertit en une yelée transparente dont les parties n'ont aucune liaison entre elles; de sorte qu’elle ne forme pas, à proprement parler, de mucilage. Lorsqu'on y ajoute une plus grande quantité d’eau, toutes les particules gélatineuses se séparent et se suspendent par l'agitation dans le liquide ; mais elles retombent au fond , de suite après. Cet état d'isolement et l’insolubilité complète des particules gélatineuses for- ment le caractère propre de la gomme de Bassora, et la rendent im: propre à tous les usages. Cependant la gomme de Bassora n’est pas entièrement formée de cette substance insoluble ; l’eau qui sert à la laver dissout environ 0,08 d’une gomme semblable à la gomme arabique. C’est bien cette gomme qui est véritablement formée d'arabine et de bassorine , et non la gomme adragante, La gomme de Bassora sur laquelle l’eau a puisé son action, traitée par l'acide acétique, ne s’y dissout pas sensiblement, mais lui cède de la chaux en plus grande quantité que l’eau n’en avait dissous d’abord. L'iode ne la colore pas en bleu; et bien que, au microscope, ce caractère ne soit pas absolu, cependant, comme la coloration paraît nulle à l'œil nu, ce caractère peut servir à distinguer sur-le-champ la gomme de Bassora des gommes adragante , pscudo-adragante et de sassa. La potasse caustique , les acides faibles et froids, ne lui font éprouver aucune altération ; mais ces corps la dissolvent à l’aide de la chaleur, après l’avoir altérée très probablement. La gomme de Bassora est naturellement inodore; mais celle offre quelquefois une odeur, soit d'acide acétique , telle que M. Boullay l’a remarquée (Bull. de phar,, t V, p.166), soit d’acide sulfurique chaud et musqué, telle qu’on l’observe dans la décomposition du borax par cet acide. Dans tous les cas, l’eau par laquelle j'ai traité cette gomme odorante n’ayant pas sensiblement rougi le tournesol , je suis fondé à croire que son acidité n’était que superficielle et due à un commencement d’altération occasionné par l'humidité, La gomme de Bassora divisée par l’eau, additionnée diode et exa- minée au microscope, paraît principalement formée d’une matière gélatiniforme , dense, mamelonnée, insoluble , uniformément grise ou très faiblement bleuâtre, qui est proprement ce que je nomme la bassorine. On y voit çà et là quelques grains de fécule isolés, sphé- riques et volumineux. On y voit également d’autres parties gélatineuses qui offrent une structure fibreuse ramifiée, et qui paraissent formées par la réunion, sous forme de chapelets, de petits grains sphériques, jaunes et transpa- rents La liqueur offre beaucoup de ces petits grains jaunes isolés , quelques grains de fécule volumineux, des fragments de membranes denses et des fibres ligneuses; on n’v trouve rien qui ressemble aux £ LÉGUMINEUSES. 423 membranes pétaloïdes des gommes adragante, pseudo-adragante et de sassa. Gomme de nopal (cactus cochinillifer L.). Je mentionnerai ici cette gomme, à cause de ses rapports avec la précédente , et pour en montrer également la différence. Elle exsude en très grande abondance, au Mexique, des cactus qui portent la cochenille; mais elle ne peut être d’aucune utilité, Elle est sous la forme de concrétions vermiculées ou mamelonnées, d’un blanc jaunâtre ou rougeûtre, translucides ou demi-opaques, d'une saveur fade mêlée d'un peu d’âcreté; elle crie sous la dent, Mise à tremper dans l’eau , cette gomme se gonfle, blan- chit, mais n’acquiert aucun liant. Quelques portions détachées nagent divisées dans la liqueur ; mais la presque totalité forme une masse résis- tante, non mucilagineuse , que la pression sépare eu parties non liées, et qui prennent en se desséchant sous les doigts un aspect farineux. L'iode la colore superficiellement en bleu noirâtre. Divisée par l’eau, et vue au microscope, elle a la forme d'une sub- stance gélatineuse, plissée, à bords finis, d’une épaisseur et d’une consistance très marquées. En y ajoutant de l’iode, la substance géla- tineuse principale ne paraît pas se colorer ; mais on y observe une grande quantité de points colorés en bleu noir, opaques, très petits, devant être une espèce particulière d’amidon, Enlin, que la substance soit ou non additionnée d'iode , elle offre constamment, et disséminés à distance, des groupes de cristaux bien finis, terminés par des biseaux aigus , et exactement semblables à ceux que Tarpin a observés dans le tissu même du cereus peruvianus, et que M. Chevreul a reconnus pour être de l’oxalate de chaux. ( Voy. Ann. des scienc. nat. , L XX, p. 26, pl 1, et Journ. de pharm., t. XX, p. 526.) Ges cristaux caractérisent la gomme de nopal et serviront toujours à la faire recon- naître. PRODUITS RÉSINEUX ET BALSAMIQUES DE LÉGUMINEUSES. Résines animé et Copal. Le nom de résine animé a été inconnu aux anciens, à moins qu’on ne veuille le croire dérivé de celui de smyrna aminnea donné par Dioscoride à une sorte de myrrhe très inférieure. Ce qui est plus cer- tain, c’est que, vers le commencement du xvi° siècle, les Portugais tiraient de Guinée et de la côte orientale d'Afrique une résine nommée antimuin , et que ce nom à été presque immédiatement traduit dans presque toutes les langues par le mot indéclinable animé. Jean Rodriguez de Castel-Blanco , beaucoup plus connu suus le nom L24 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. d’Amatus Lusitanus, est le premier qui ait fait mention de l’aniimum, et il en distinguait de deux sortes : une b/anche, qu'il croyait être le cancame de Dioscoride, et une notrâtre et odorante, qu’il assurait être le myrrha aminnea. Il est à peu près certain que cette dernière espèce n’est autre chose que le bdellium d'Afrique. Quant à la première , qui a bientôt pris le nom d’animé orientale , pour la distinguer d’une résine presque semblable apportée d'Amérique, elle venait de la côte orien- tale d'Afrique ; et en comparant tout ce qu’en ont écrit les auteurs du temps, on reste convaincu que cette résine orientale n’était autre chose que celle qui porte aujourd’hui dans le commerce français le nom de copal dur, mais à laquelle les Anglais ont toujours conservé le nom de gomme ou de résine animé (1). Je viens de dire que l’animé blanche d’Amatus Lusitanus avait pris le surnom d’ortientale lorsqu'il avait fallu la distinguer d’une résine presque semblable ( animé occidentale) apportée d'Amérique, où elle découle en très grande abondance du courbaril ou du 7efaiba de Pison (Bras., p. 60). Je dois expliquer maintenant comment l’animé orientale a perdu son nom pour prendre celui de copal, et comment , au con- traire , divers autres produits d'Amérique ont usurpé le nom d’animé. C’est Monardès qui est le premier auteur de ce changement et des graves erreurs qui ont ensuite été commises sur l’origine de l’animé orientale. En effet, ce médecin de Séville , dans son ouvrage intitulé Simplicium medicamentorum historia, etc., ayant décrit la résine de courbaril sous le nom de copal (2) , et ayant nommé animé une autre résine beaucoup plus aromatique et plus huileuse (3) , cette nomencla- ture a été acceptée par la plupart des auteurs , et même le nom de copul a fini par s'étendre de l’animé d'Amérique à l’animé orientale. Alors voici ce qui est arrivé : L’animé orientale ayant pris le nom de copal ( mot mexicain), on a supposé qu’elle venait du Mexique, et l'on s’est efforcé d’en trouver l’origine dans un des nombreux végétaux résineux, très imparfaitement décrits par Hernandez, rhus, elaphrium où autres. Secondement, on a cru avoir perdu l’animé orientale d’Amatus Lusitanus et de Garcias (il est évident qu’elle ne l’a jamais été), et, assez récemment encore, (4) On trouvera les preuves de ce qui précède , avec des détails plus éten- dus, dans un Mémoire sur les résines dammar , copal et animé , imprimé dans la Revue scientifique , t. XVI, février 184%, p. 177. (2) Les Mexicains donnaient généralement le nom de copal aux résines usitées en fumigations dans les temples. (3) Cette résine est une tacamahaca ou tacamaque, que je décrirai plus tard sous le nom de tacamaque jaune huileuse. LÉGUMINEUSES, h25 on s’est-efforcé de la retrouver dans le dammar puti ou dans le dammar selan des îles Moluques. Enfin , quand on à cru savoir que le prétendu copal du Mexique venait de l’Inde , on en a cherché la source dans un des arbres résineux de l'Inde, tel que le vateria indica. Ce n’est qu’à la suite de recherches plusieurs fois répétées que je suis parvenu à rétablir la véritable origine de l’animé orientale ou copal dur ; origine qui, suivant ce que je pense , ne trouvera plus aujourd’hui de contradicteurs. Animé dure orientale, Copal dur du commerce français. Ainsi que je viens de l’exposer, cette résine, après avoir été supposée venir du Mexique , a été consi- dérée comme originaire de l’Inde , parce que, en effet , elle nous arrive presque toute par la voie de Calcutta. Mais M. Ad. Delessert et M. Blanchard , négociant français établi à Calcutta, ont appris à M. Perrottet que le copal dur (gum animi des Anglais), transporté de cette ville en Europe, y était apporté de Maskate, sur des navires arabes qui vont le chercher à Zingibar, sur la côte d'Afrique. Vers le même temps, une personne qui a longtemps habité l’île de France me disait que les trois sortes de copal, dites de Madagascar, de Bom- bay et de Calcutta, ne sont qu’une seule et même résine recueillie à Madagascar et vendue sur la côte d’Afrique, notamment à Bombetec, aux Arabes qui la transportent à Surate , d’où elle est ensuite portée à Bombav, à Calcutta et jusqu’en Chine. La même personne ajoutait, en confirmation de ce que j’ai annoncé le premier dans l’Æistoire abrégée des drogues simples, que la résine copal est produite par l’Aymenæa verrucosa (1), qui porte à Madagascar le nom de fanrouk-rouchi (tan- roujou, suivant de Jussieu ) et qui est cultivé à l’île de France sous le nom de copalier. On y cultive aussi l’hymenæa courbaril de Cayenne, lequel y produit une résine qui à beaucoup de rapports avec le copal, Mais moins dure et moins estimée. D'après ce qui vient d’être dit, il serait oiseux ou contraire à la vérité de distinguer aujourd’hui des résines copal de différentes prove- nances ; il faut se contenter de dire que le copal affecte différentes formes suivant qu'il a été récolté suspendu aux arbres, à l'abri de toute impureté, ou suivant qu’il a été recueilli sur terre ou enfoui dans (1) Hymenœa verrucosa Lam., Illustr., pl. 330, fig. 7. Cet arbre diffère de l'hym. courbaril principalement par son fruit, qui est long au plus de 45 mil- limètres, large de 20, d’un brun noirâtre, tout couvert de verrues, et vernissé par la résine qui exsude de sa surface. 426 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. le sable ; ce dernier pouvant présénter encore plusieurs aspects, suivant qu'il est brut ou mondé à l’aide du couteau ou autrement. On trouve donc dans le commerce du copal en larmes ou en stalactites, quelque- fois longues et grosses comme le bras, telles que la belle larme recueillie par un voyageur sur l’hyrnenæa verrucosa, dans la vaste forêt d’Ivoudho, à Madagascar, et dont M. Bonastre à fait don à l'École de pharmacie. Ce copal, dit de Madagascar, est lisse et poli à sa surface, transparent, d’un jaune foncé uniforme ; il a une cassure Lout à fait vitreuse , et est tellement dur, que la pointe d’un couteau l'entame avec peine ; il est insipide et inodore à froid ; il se ramollit au feu et y devient un peu élastique , mais sans pouvoir se tirer en fils. Il ne se fond qu’à une chaleur très élevée et exhale alors une odeur aromatique, analogue à celle du bois d’aloès ou mieux du copahu de Maracaïbo. Le copal trouvé à terre ou enfoui dans le sable , indépendamment de la terre ou du sable qui peuvent y adhérer, présente ordinairement une croûte extérieure blanche , opaque et friable , due à une altération de la résine par Pair et l'humidité. On le monde de cette croûte à l’aide d’un instrument tranchant, lorsque les morceaux sont assez volumi- ueux pour se prêter à cette opération : tel est le copal dit de Bombay. Dans le cas contraire , on débarrasse le copal de sa croûte , en le faisant tremper dans un soluté de carbonate de potasse : on le lav: ensuite et on le fait sécher. Le copal, ainsi purifié, nommé copal de Calcutta, se présente ordinairement sous la forme de morceaux plats, d’un jaune très päle ou presque incolures, très durs, vitreux et transparents à l'intérieur, mais offrant urie surface terne et fortement chagrinée par l'impression du sable grossier qui s’y trouvait fixé. L’animé dure, ou copal dur, ressemble beaucoup au succin, mais peut s’en distinguer aux caractères suivants : , 4° L'animé dure s’enflamme à la flamme d’une bougie, s’y fond complétement et tombe goutte à goutte. Le succin, beaucoup moins fusible , brûle en se boursouflant et sans couler, 2 L’'animé dure, éteinte et encore chaude, exhale une odeur que j'ai comparée anciennement à celle du bois d’aloès , mais qui se rap- porte encore mieux à celle du copahu de Cayenne ou de Colombie. Le succin chauffé exhale une odeur plus forte, désagréable même et de nature bitumineuse. Cette odeur devient même sensible par le frotte- ment du succin, ou lorsqu'on le tient renfermé dans un bocal; le copal dur non frotté est tout à fait inodore à froid. 3° L'animé dure , mouillée avec de l'alcool à 80 degrés centésunaux, devient poisseuse, et l’alcool évaporé laisse sur Ja résine une tache blanche qui lui ôte sa transparence. Le succin, soumis à la même épreuve, reste sec el transparent. | LÉGUMINEUSES, h27 4° L'animé dure, soumise à la distillation, donne à peu près les mêmes quantités d’eau, d'huile et de charbon que le succin, et fournit aussi, sur la fin, une grande quantité de Ja matière jaune obtenue du succin ; Mais on né trouvé aucune quantité d’acide succinique dans ces produits , et cette différence est des plus remarquables entre deux corps qui ont presque la même constitution physique. L'animé dure pulvérisée , traitée par de l'alcool à 92 degrés centési- maux, laisse un résidu considérable , d'abord pulvérulent , mais for- mant au bout de quelque temps une masse peu cohérente facile à diviser par l'agitation. L'alcool bouillant en dissout un peu plus; mais, quelle que soit la quantité de liquide employée , la résine insoluble desséchée forme toujours de 61 à 66 pour 100 de la résine primitive. L'animé dure, traitée par l’éther, s’y gonfle et y devient un peu molle , comme dans l'alcool ; mais les parties gonflées se divisent tou- jours facilement par l'agitation. Après plusieurs traitements par l’éther, il reste environ 61 pour 100 de résine insoluble. L'animé dure, traitée par l’essence de térébenthine , s’v gonfle et y; devient un peu cohérente, mais ne s’y dissout pas, même à l’aide de la chaleur, La résine, séchée par une longue exposition à l'air, pèse 123 parties au lieu de 100. Pulvérisée et exposée pendant plusieurs heures à une température de 100 degrés, elle se réduit seulement à 114 parties; de sorte qu'il s'est formé une véritable combinaison d’aniné et d'essence, qui est insoluble dans l'essence. L’animé dure, ou copal dur, a été le sujet des recherches d’un grand nombre de chimistes, parmi lesquels il faut citer Unverdorben et Berzelius :; mais les résultats obtenus par ces deux savants sont tels qu’il est perinis de croire qu’ils n'ont pas toujours agi sur la véritable animé dure. J’accorde beaucoup plus de confiance aux résultats publiés par M. Filhol dans une thèse sur le copal (1), dont j’extrairai seulement ce qui est relatif à la composition élé- mentaire de la résine et à son oxigénation par l’air. Le copal dur le plus pur est éomposé, sur 100 parties, de : ET ET RARE de RE tnt 80,42 HYATOP CREER PRE EPP TRE 10,42 CIRIRBRE. er da ee GS 9,15 Ce copal, pulvérisé et soumis à un courant d’air chaud , ou bieu porphy- risé à l’eau et conservé à l’air, en absorbe assez rapidement l'oxigène , et finit par arriver à la composition suivante : CPMO RS cie lot ee 71,34 RENNOMENR SL ES RL 9,29 sn. ht rique RE 2 pete Rgé 19,41 1) Journ. de pharm, et chim,,\, XL. p. SUI et 507, 428 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES, 1 Le copal ainsi oxigéné est devenu complétement soluble dans l'alcool et dans l’éther ; et M. Duroziez , pharmacien à Paris , qui, sans avoir cherché à en déterminer la cause, avait trouvé ce moyen de rendre le copal soluble, assure que ce nouvel état ne nuit en rien à la qualité des vernis. Je crois, en effet, que des vernis à l'alcool ou à l’essence , fabriqués avec ce copal, peuvent être supérieurs, pour la durée, à ceux faits avec le mastic ou la san- daraque ; mais il est permis de douter, jusqu'à preuve contraire , que les vernis gras fabriqués avec le copal rendu soluble soient de la même qualité. On sait que ceux-ci se font en fondant le copal dur, sur un feu vif, dans une sorte de cucurbite ou de matras en cuivre ; aussitôt que la résine est complétement fondue et bien liquéfiée, on y ajoute de l'huile de lin cuite, qui s’y méle bien, et ensuite de l'essence de térébenthine , et on laisse refroidir. Animé tendre orientale. On trouve constamment dans l’animé dure orientale une certaine quantité d’une résine qui présente tous les caractères de celle du courbaril , de même qu’on trouve dans la résine du cuurbaril d'Amérique une certaine quantité de résine semblable à l’animé dure orientale ; il paraît raisonnable d’en con- clure que ces deux résines peuvent, dans certaines circonstances , passer de l’une à l’autre. L’animé tendre orientale se présente sous la forme de larmes globuleuses, quelquefois du volume du poing, qui, étant privées de la croûte opaque qui les recouvre, sont presque aussi incolores et aussi transparentes que du cristal. En vieillissant, elle prend une teinte jaune à sa surface ; elle jouit d’une odeur faible mais agréable ; sa friabilité est assez grande, et elle se laisse facilement entamer par la pointe d’un couteau. Exposée à la chaleur, elle devient molle, élastique et se laisse tirer en fils aussi déliés que la soie; elle se dissout en partie dans l'alcool , et la partie insoluble y prend la consistance et l'aspect du gluten humide : elle se dissout en très grande partie dans l’éther. Cette résine forme des vernis gras moins colorés que l’animé dure , mais beaucoup moins durables , ce qui est cause qu’elle est moins estimée. Dans le commerce parisien, on lui a donné pendant longtemps, de même qu’à l'animé tendre d'Amérique, le nom de copal tendre ; mais depuis que le dammar tendre (t. IE, p.290) a été nommé par les commercçants copal tendre, la résine animé tendre a pris le nom de copal demi-dur, qu’elle porte aujourd’hui. Animé tendre d’Amérique. Cette résine , suivant ce qui a été dit précédemment, est produite par l'hymenæa coùrbaril L., arbre très élevé , qui croît dans toutes les contrées chaudes de l'Amérique (page 332). Elle se présente sous un très grand nombre de formes, dont les principales demandent à être décrites. 4. Ambre blane de Cayenne, J’ai vu sous ce nom une quantité assez Consi- dérable d’une animé tendre en larmes ovoïdes, du poids de 10 à 25 grammes, ternes et blanchâtres à leur surface ;, mais vitreuses, transparentes et presque incolores à l’intérieur. Cette sorte ne diffère de la suivante que par la pureté et la régularité de ses larmes. LÉGUMINEUSES. 429 2. Ambre blanc du Brésil, Ou animé tendre du Brésil en sorte, Celte sorte, qui est celle que Guillemin a rapportée de Rio-Janeiro , comme résine de courbaril, se compose, pour la moitié environ, de larmes semblables à la précédente , mais beaucoup plus petites, moins pures et moins régulières, On y trouve ensuite d’autres larmes semblables, mais couvertes d’une couche plus ou moins épaisse d’une résine opaque, presque entièrement soluble dans l'alcool, et enfin un sixième environ de larmes jaunes d’animé dure. 3. Animé tendre de Hollande, Lorsque, il y a trente -six ans environ, Henry pére fit venir de Hollande , pour le droguier de la pharmacie centrale des hôpitaux, de la résine animé , la substance qui fut envoyée sous ce nom se composait de trois quarts environ de résine animé de Monard (tacamaque jaune huileuse) et d’un quert d’animé tendre , de laquelle nous séparâmes encore une certaine quantité de petites larmes d’animé dure. L’animé tendre offrait cela de particulier, qu’elle se composait de deux résines qui, isolées dans certaines larmes , paraissaient n’avoir rien de commun, tandis qu’elles se trouvaient réunies dans d’autres. Ainsi, on voyait des morceaux;(A) qui étaient blanchâtres au dehors, d’un jaune orangé en dedans, tout fendillés, opaques, friables , presque entièrement solubles dans l’alcool. On en rencon- trait d’autres (B) semblables en apparence aux précédents, mais contenant au centre un noyau dur, jaune ou incolore, et transparent. Enfin, on y trou- vait des larmes (C) entièrement vitreuses et transparentes , à l'exception d’une légère couche opaque superficielle. Cette résine vitreuse et transparente jouissait de toutes les propriétés indiquées plus haut pour l’'animé tendre orien- tale , à l'exception qu’elle se tirait difficilement en fils à l'aide de la chaleur, ce qui tenait sans doute à sa grande ancienneté, jointe à la petitesse des larmes , qui avait permis à la résine de se dessécher complétement. Quant à la résine jaune , friable et soluble dans l'alcool , des morceaux A et B, il faut la considérer comme produite par l’oxigénation de la précédente. 4. Copal tendre du Brésil. Cette résine vient sous la forme de larmes irré- gulières et allongées, et quelquefois en morceaux qui paraissent avoir fait partie de larmes ou de masses d’un volume considérable. Elle est compléte- ment mondée au dehors , vitreuse, transparente et d’un jaune pâle; elle res- semble donc beaucoup à l’animé tendre orientale , décrite précédemment ; cependant elle présente dans sa masse des variations de couleur et une sorte de nébulosité vague qui n’existent pas dans la résine orientale, Ses propriétés sont du reste exactement semblables. 5. Résine animé de Carthago. En 1816, Chaussier remit à Henry pére un morceau de résine, du poids de 500 grammes , qui lui avait été donné quelques années auparavant par M. Palois, médecin à Nantes. Ayant eu besoin, en 1823, d'étudier de nouveau cette résine, je m’adressai à M, Palois, qui eut l’extrème obligeance de m'en faire remettre un morceau de 300 gram- mes , avec les renseignements suivant(s : Cette résine, dont la masse entière pouvait peser 3,500 à 4 kilogrammes, avait été donnée à M. Palois par un contre-maître revenant de Carthago au Mexique, et qui l'avait détachée lui-même du tronc d’un arbre ayant à peu près 3 mètres d’élévation de tronc, des branches très élevées et des feuilles petites, d’un vert foncé et en forme de lance aiguë. Cette masse résineuse est généralement d’un blanc laiteux et à moitié opaque: mais elle offre cà et là des ondes transparentes qui augmentent avec le temps, et L30 - DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. qui sont entremélées de stries rouges comme du sang. Elle a la cassure vitreuse et comme glacée du copal , ce qui fait que la pointe du couteau glisse dessus, à moins qu’on n’appuie un peu fortement ; alors elle paraît douée d’une certaine mollesse , et cède au couteau , caractère que n’a pas le copal dur. Sa pesan- teur spécifique est de 1,047 , la même trouvée par Brisson au copal trans- parent. Cette résine a une faible odeur lorsqu’elle est en masse. Elle se pulvérise facilement dans un mortier de porcelaine , et alors Podeur devient plus mar- quée. Elle se réduit en poudre sous la dent, et est insipide, quoique légère- ment aromalique. Cette résine, mise sur un fer chaud, s’y ramollit, devient élastique, tenace, et peut être tirée en fils très déliés , qui redeviennent cassants par son refroi- dissement. Tandis qu'elle est chaude, elle exhale une odeur aromatique assez agréable, (Les stries rouges exhalent, au contraire, par la chaleur, une odeur fécale (4).) La résine , chauffée'dans une fiole, se fond, devient transparente, d’un jaune d’or, et forme des bulles dues à la volatilisation d’une huile qui vient se condenser contre la paroi supérieure de la fiole. Cette huile est jaune , trans- parente et grasse au toucher. La fiole brisée a offert une odeur fortement aromatique ; pesée avant sa fracture , elle n’avait rien perdu de son poids, c'est-à-dire que le poids de l'huile , plus celui de la résine restée au fond de la fiole, reformaient exactement celui de la résine employée. Cette résine , mise dans l'alcool à 92 degrés , s’y ramollit , s’y gonfle, et se réunit en une seule masse remarquable par son volume, sa ténacité et sa grande élasticité. Cette masse devient brillante et nacrée par le frottement réitéré de ses parlies. Cette résine paraît être dans l'alcool ee que le gluten est dans l’eau. Elle doit , à l’interposition de ce liquide , sa ténacité et son élasticité : dessécheée , elle redevient cassante et friable , ce qui ne permet pas de la confondre avec le caoutchouc. L'alcool que l'on a fait bouillir +ur cette résine se trouble en refroïdissant, et, après cela , précipite encore fortement par l’eau. Une nouvelle ébullition dans d’autre alcool proeure une dissolution beaucoup moins chargée; une troisième l’est encore moins , se trouble à peine par le refroidissement, et ne se trouble plus par l’eau. Cependant il reste encore beaucoup de matière insoluble, ce qui montre que celte résine est au moins formée de deux prin- cipes immédiats , dont l’un est soluble dans l’acool, et l'iutre y est insoluble, mais peut s’y dissoudre à la faveur du premier. La résine de M. Palois, traitée par l’ether, s’en pénètre de suite, s’y gonfle, y devient molle et gluante. Elle s'y dis-out visiblement en plus grande quan- tité que dans l'alcool , mais elle ne s’y dissout j'as entièrement. La même résine , traitée par l'essence de (érébenthine , s’y gonfle et s'y divise en petites glébes peu cohérentes. Chaulfée à 400 degrés, puis refroidie (4) Ce euvaciere me donnerait à penser que la résine de M, Palois pourrait être produile par le vouapa bifolia d'Aublet, arbre très rapproché de l'hymenæa courbaril, dont le bois rougcâlre el loul imprégné d’un sue résineux exhale une odeur féeale lorsqu'il est récent, ou même ancien ; quand on le râpe. Ce bois se lrouve dans le commeree , où il est connu sous le nom de bois caca. LÉGUMINEUSES. h34 et exprimée , elle a laissé une résine molle et transparente qui , desséchée à l'air, pesait 113,6 au lieu de 100, maïs qui s’est réduite à 75,76 par une expo- sition de plusieurs heures dans une étuve chauffée à 100 degrés. En comparant cette résine , et les autres sortes d'animé tendre qui jouissent des mêmes propriétés , à l’animé dure ou copal dur, on trouve que 100 parties de chacune fournissent de parties insolubles : Dans l'alcool. Dans l’éther, Dans l'essence. Animé dure orientale . . . 65,71 60,83 111 Animé tendre occidentale. 43,33 27,50 75,76 Malgré ces différences , il me paraît certain que toutes ces résines sont de nature semblable, et qu'elles ne différent que par la proportion de leurs résines soluble et insoluble, D'ailleurs, il me reste à montrer que les deux résines animé , dure et tendre , peuvent être produites par le même arbre, soit immédiatement, soit par suite d’une modification que l’animé tendre éprouverail à l’aide du temps, Ainsi : t 1° On trouve toujours dans l’animé tendre d'Amérique une certaine quantité d’animé dure , de même que nous ayons vu qu'il existait une petite quantité d’animé tendre dans l'animé dure de Madagascar. 2° Il est arrivé une fois du Brésil six caisses de copal dur, dont je possède un échantillon ayant la forme d’un large gâtean épais de 3 centimètres, mondé au couteau de la croûte opaque qui a dû le recouvrir. Ce copal est d’une transparence nébuleuse , ayec des taches ou des stries rougeâtres, et il dégage une odeur désagréable quand on le fond. On peut dire que c’est de la résine de M. Palois, durcie par une longue exposition à l'air. 3° On trouve dans les terrains d’alluvion, en plusieurs lieux de l'A mérique, ainsi que l’a dit Lemery, une résine qui parait avoir découlé des courbarils, mais qu’un long séjour dans cette sorte de terrain et sous un climat brûlant a convertie en animé dure. Il existe au Muséum d'histoire naturelle des quan- tités assez considérables d’animé dure d'Amérique qui me paraissent avoir cette origine , et, en 1843, un pharmacien du Havre m’a présenté un échan- üllon d'animé dure, trouvée par un capitaine de navire dans les alluvions d’un fleuve de la province de Choco. Au dire de ce capitaine , ces allavions couvrent une forêt d'arbres renversés, parmi lesquels se trouve une trés grande quantité de résine semblable. Enfin, soit que différents arbres des pays chauds puissent produire une résine semblable à celle des courbarils, soit que ces arbres aient été transpor- tés dans beaucoup de contrées chaudes du globe, je possède : 1° une masse d'animé tendre, en partie opaque et en partie transparente , venant de la côte des Graines, à l'entrée du golfe de Guinée ; 2° un échantillon de copal tendre transparent, d’un jaune de miel, mélangé d’impuretés, venant de la Cafrerie ; 3° un échantillon de copal tendre de Nubie en larmes rondes, parfaitement vitreuses et transparentes à l’intérieur, maisentièrement couvertes d’une croûte très mince, et comme pelliculaire, d’une substance noirâtre et opaque. J'en ai encore beaucoup d'autres, mais de localités inconnues (1). (4) 1Lest faitmention dans {a Pharmacopée de Wurtemberg, dans Apparatus de Murray, elce., de quelques résines que je rapporte à l’animé teudre ou dure. Ainsi, Murray décrit sous le nom de gomme look une résine apportée du Japon, qui, à la première vue , ressemble an succin; 32 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. Oléo-Résine de Copahu. Cette substance résineuse, connue vulgairement sous le nom de bauine de copahu, est retirée de plusieurs arbres de Ja tribu des cæsalpinices et du genre copaifera, qui croissent en Amérique, depuis le Brésil jus- qu’au Mexique et aux Antilles; mais c’est le coparfera officinalis qui paraît être l’espèce la plus répandue et qui en fournit le plus. Quand cet arbre est dans sa force , il donne facilement 6 kilogrammes de suc oléo-résineux par une seule incision, et l’on en fait deux ou trois par an. Les autres espèces ou variétés sont les copaifera quyanensis, Langs- dorfii, coriacea, cordifolia, Sellowii, Martii et oblongifolia. Le suc qui découle de ces arbres varie par sa couleur plus ou moins foncée, par sa consistance et par la proportion d'huile volatile qu’il renferme, par son odeur plus ou moins forte, par sa saveur ou plus âcre, ou plus amère, et sans doute enfin par ses propriétés chimiques ; ce qui permet d'expliquer les différences observées entre les différents copahus du commerce. 1. Copahu ordinaire da Brésil. Ce baume résineux est à peu près aussi liquide que de l'huile ; il est transparent, d’une couleur jaune peu foncée , d’une odeur forte et désagréable, d’un goût âcre, amer et repoussant. Il fournit à la distillation avec l’eau 40 à 45 pour 100 d’une huile volatile incolore ; il se dissout entièrement dans l’alcool bien rectifié, Cependant la dissolution reste ordinairement un peu laiteuse, et laisse précipiter par le repos tantôt un peu d’une résine molle ana- logue à celle de la résine animé, tantôt une très petite quantité d’une huile fixe. Ce copahu, mélangé avec un seizième de magnésie calcinée, se durcit quelquefois dans l’espace de plusieurs jours, de manière à prendre une bonne consistance pilulaire ; mais d’autres fois il reste coulant comme une térébenthine. J'ai remarqué que c'était le copahu qui contenait de assez dure pour ne pouvoir être enlamée par l’ongle, transparente, jaunâtre, à cassure vilreuse, offrant souvent une forme hémisphérique : tous ces caractères couvieunent à l'anime tendre orientale. Pareillement, la Pharmacopée de Wurlemberg parle d'une résine Kikekunentalo , apportée d'Amérique, qui passe pour une espèce de copal et qui l'emporte sur le copal ordinaire pour la pureté, l'élégance et la transparence; qui se dissout plus facilement et quiest plus propre que loule autre pour faire des vernis très blancs : cette description semble désigner l'anime tendre du Brésil; tandis que Murray, en disant (t. VI, p. 208) qu'il trouve dans la résine kikekunemalo des glèhes peliles, ttansÿarentes, euveloppées d’une autre masse opaque, parle, à n'en pas donter, de l'anime du Brésil en sorte, nos 2et5. C’est aux deux mêmes résines qu’il faut rapporter la gomme olampii de quelques auteurs. En effet, Lemery, qui définit la gomme olampi une résine d'Amérique, dure, j une lirant sur le blanc, transparente, ressemblant au copal, paraît désigner le copal du Bresil; tandis qu'on reconnail la seconde et la troisième sorte d’animé tendre dans la résine jauvâtre, grumeleuse, dure, friable, quelquefois transparente, quelquefois blanchâtre et un peu opaque, que Valmout de Bomare décrit comme de l'olamyi, LÉGUMINEUSES. L33 l'huile fixe qui durcissait le moins par la magnésie ; mais la quantité de cette huile est si minime , que je ne la crois ni ajoutée au baume par fraude, ni capable de s’opposer par elle-même à sa solidification. Je la donne seulement comme une marque distinctive du baume qui ne se solidifie pas. 2. Copahu de Cayenne. J'ai reçu deux échantillons de ce baume : l’un, qui m'a été donné par M. Fougeron , d'Orléans, était renfermé dans une calebasse et portait la date de 1721; l'autre à été remis à M. Baget par une personne qui revenait de la Guyane. L’échantillon de M. Fougeron était d’une transparence parfaite, d'un jaune foncé, d’une consistance un peu plus épaisse que le copahu ordinaire du commerce ; mais ce qui l’en distingue surtout, c’est une odeur assez agréable, ana- logue à celle du bois d’aloès, et une saveur plus amère, non repoussante et bien moins persistante. Ce copahu, qui est sans doute la première sorte de Geoffroy, offre un grand avantage sur l’autre pour l’adminis- tration intérieure, et l’on devrait s’efforcer de le faire venir en Europe. Celui de M. Baget est de la même qualité et joint au goût et à l’odeur du premier la liquidité et la faible coloration du copahu récent. 3. Copahu de Ia Colombie, Depuis plusieurs années déjà , il arrive de Colombie, par Maracaïbo, une quantité considérable de copahu pourvu de la même odeur que les deux précédents, et qui se distingue, en outre, da copabu du Brésil par un dépôt assez considérable d’une matière résineuse cristallisée qui se forme dans les tonneaux qui le contiennent. Lorsque ce copahu est arrivé pour la première fois en Europe, on a supposé qu’il avait été additionné d’une résine étrangère, et il a donné lieu à des contestations entre commerçants ; mais il y a tout lieu de pen- ser que cette résine, qui n’est peut-être qu’un hydrate de l’essence, est naturelle au copahu de Maracaïbo , et tient à l’espèce de copaifera qui le produit ; de même, par exemple, que l’abies excelsa fournit une téré- benthine épaisse et chargée de résine, au lieu de la térébenthine liquide et transparente de l’abres pectinata. Le copahu de Maracaïbo est, je crois, celui qui domine aujourd’hui dans le commerce. Propriétés chimiques et composition. L’oléo-résine de copahu est soluble en toutes proportions dans l’éther et dans l'alcool anhydre , mais sa solubilité diminue rapidement avec la force de ce dernier liquide, et celui à 80 cen- tièmes n’en dissout plus que un neuvième ou un dixième de son poids. Elle se combine facilement avec les bases salifiables. Lorsqu'on mêle, par exemple, 3 parties de copahu avec 1 partie de solution alcaline contenant un huitième d’hydrate de potasse, il en résulte, après quelque temps d’agitation, une combinaison complète et limpide. Si l’on ajoute une plus grande quantité de potasse , la combinaison du copahu avec l'alcali se sépare et vient à la sur- face. Ce composé se dissout dans l'eau pure, dans l'alcool et dans l'éther. La soude et lammoniaque se conduisent de même : ainsi, en agitant 3 parties ou JT. 28 L3h DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. 2 parties et demie de copahu avec 1 partie d’ammoniaque liquide à 0,923 de pesanteur spécifique (22 degrés de Baumé), le mélange redevient presqueaussitôt transparent, mais se trouble ensuite lorsqu'on y ajoute un gxcès d’alcali. La magnésie se combine aussi au copahu : un trentième de magnésie calcinée s’y dissout complétement et forme avec lui un liquide transparent ; un seizième de magnésie s’y dissout encore, mais la combinaison reste opaline et acquiert quelquefois une consistance pilulaire. Cette combinaison, traitée par l’éther, s’y dissout, à l'exception d’une très petite quantité d’un résinate formé par la résine insoluble dans l'alcool. (Pour le carbonate de magnésie, voyez plus loin.) Dans toutes ces combinaisons du copahu avec les alcalis et avec les autres bases salifiables , c’est la résine seule qui agit ; l'huile volatile y estétrangère, et ne fait que s’interposer dans la masse. C’est ce que prouve d’ailleurs un procédé donné par M. Ader pour obtenir l'huile volatile sans avoir recours à la disüllation. A cet effet, on agite bien 100 parties d’alcool à 83 degrés centésimaux avec 100 parties de copahu; on y ajoute 27 parties et demie de soude caustique liquide à 35 degrés, puis 150 parties d’eau; la résine sapo- nifiée reste dissoute dans le liquide hydro-alcoolique, et huile volatile vient nager à la surface. Cette huile volatile, purifiée par la distillation sur du chlorure de calcium , présente la même composition que l'essence de citron, soit C'° H8, Falsification du copahu. La liquidité du baume de copahu, qui le rend semblable à une huile, est cause qu’on a pensé à le falsifier avec des huiles grasses communes ; mais l’insolubilité de ces huiles dans l'alcool rendant la fraude trop facile à reconnaître, on a bientôt falsifié le copahu avec de l'huile de ricin : cette altération condamnable a excité les recherches de Planche, de Henry père et de M. Blondeau, qui nous ont fait connaître des moyens certains de la découvrir. 4 Par l'ébullition. 5 grammes de copahu pur mis à bouillir dans 1 litre d’eau jusqu'à réduction presque entière du liquide se réduisent en une ré- sine sèche et cassante; lorsque le copahu est mélé d'huile, le résidu est d'autant plus mou et liquide que la quantité d'huile est plus considérable. (Henry.) 9» Par la potasse caustique. 8 grammes de copahu pur et 4 grammes de potasse liquide contenant un quart de potasse à alcool, mélangés dans une capsule, prennent l'aspect et la consistance du cérat; mais après quelques heures de repos, la séparation des deux liquides s'opère presque entière- ment ; le copahu saponifié surnage , et la potasse en excès tombe au fond. Lorsque le copahu contient un quart , ou seulement un huitième d'huile de ricin , le mélange alcalin ne se sépare pas; il perd peu à peu son opacité, et se convertit en une masse gélatineuse et transparente. (M. Blondeau.) Avec la soude caustique (lessive des savonniers), résultats analogues: le savon de copahu pur se sépare ; celui qui contient de lhuile de ricin forme un savon homogène , d'autant plus consistant et plus opaque que la portion d'huile est plus considérable. (Henry.) 3 Par l’hydro-carbonate de magnésie. 4 parties de copahu pur et 1 partie d’hydro-carbonate pulvérisé, agitées dans une capsule, puis abandonnées à elles-mêmes , forment un mélange qui prend en quelques heures la transpa_ rence , l'aspect et la consistance d’une forte dissolution de gomme arabique, LÉGUMINEUSES. L35 Lorsque le copahu est mélé d'huile de ricin , le mélange reste d’autant plus opaque qu’il y a plus d'huile. (M. Blondeau.} 4° Par l’ammgmiaque. En agitant dans une bouteille bouchée une goutte d'ammoniaque à 22 degrés avec trois gouttes de copahu, ou 4 partie en poids de la première sur 2,5 du second, le mélange devient en peu d’in- stants parfaitement transparent lorsque le copahu est pur, et il reste d’autant plus opaque qu'il contient plus d'huile. ( Planche. ) Cette expérience, faite à une température de 10 à 15 degrés centigrades , offre des résultats certains, et peut faire découvrir un vingtiéme ou un trentième d’huile ajouté au co- pahu ; mais à une température de 20 à 25 degrés, le copahu qui contient un huitième d'huile redevient presque aussi transparent que le copahu pur, de même qu’à une température de 0 à 5 degrés, le copahu le plus pur reste trouble avec l’ammoniaque ; cet essai doit donc être fait à une température de 10 à 15 degrés , et cela est toujours facile. On a aussi proposé l'acide sulfurique pour reconnaitre la pureté du baume de copahu, mais ce moyen est moins sûr que ceux dont je viens de parler. Maintenant qu’il est connu que la térébenthine de Bordeaux donne au copahu la propriété de se solidifier par la magnésié, on trouve dans le com- merce beaucoup de copahu falsifié avec cette térébenthine: on le reconnait à sa plus grande consistance et à son odeur. Ce dernier caractère devient sen- sible, surtout en laissant évaporer un peu de copahu falsifié sur du papier. DES BAUMES DU PEROU ET DE TOLU. Les sucs balsamiques connus sous ces deux noms sont produits par des arbres appartenant au genre #yrospermum , de la tribu des sopho- rées, dans la sous-famille des papillionacées. Ces arbres ont un calice largement campanulé, à 5 dents peu marquées et persistantes ; les pétales sont au nombre de 5, dont 4 réguliers, étroits, presque linéaires, et le 5° (l’étendard) terminé par un limbe très élargi et orbiculaire. Les éta- mines sont au nombre de 40, à filets libres et subulés ; l'ovaire est sti- pité, oblong, membraneux, à un petit nombre d’ovules, terminé par un style filiforme un peu latéral. Le légume est stipité, bordé dans la plus grande partie de sa longueur par ane aile membraneuse, et terminé par une loge un peu renflée qui contient une ou deux semences. Les feuilles sont imparipinnées ; les folioles alternes, très courtement pétiolées, marquées de points et de lignes translucides ; les grappes sont axillaires et terminales. Les fleurs sont blanches ou roses. Fe Les espèces de ce genre ne sont pas toutes bien déterminées ; les sui- vantes sont généralement admises : 1. Myrospermum frutescens Jacq. (Amer., p.120, tab. 174, fig: 34; Kunth., Nova genera, t. VI, p. 370, tab. 570 et 571). Cette espèce se distingue de toutes les autres par ses filets d’étamines persistants et par son légume qui semble sortir du calice sans être stipité. L'arbre est peu élevé. Ses feuilles sont caduques, composées de 11 à,14 folioles alternes, L36 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. glabres, oblongues-elliptiques, très entières, arrondies et échancrées au sommet, Elles sont longues de 25 à 27 millimètres et larges de 14 à 16 ; les pétales sont d’un blanc rosé et inodores. Le suc résineux qui remplit la loge du fruit, d’après Jacquin, est d’une odeur forte et désagréable. Cet arbre est très abondant dans les environs de Carthagène en Colombie , sur la pente australe des montagnes de Caracas, et sur les bords humides du rio Guarico. 2. Myrospermum peruiferum DC. ; myrospermum pedicellatui Lam., Dict. AV, p. 491 ; Zlust., tab. 341, fig. I; myrorylum perur- ferum Mutis et Linn. fils, Suppl., p. 233. Ce myrosperme (fig. 367) est un grand arbre dont le tronc, couvert d’une écorce épaisse, ru- gueuse et cendrée, acquiert jusqu'à 65 centimètres de diamètre. Le bois en est blanchâtre à l'extérieur, mais d’un rouge brunâtre intérieu- rement , d’une grande dureté et très estimé pour la construction des édifices et des moulins à sucre. Les feuilles sont composées de 7 à 15 folioles alternes, ovales-oblongues, entières , quelques unes un peu pointues, mais la plupart un peu échancrées au sommet ; ces folioles sont longues de 27 à 45 millimètres, larges de 16 à 23, vertes, fermes, coriaces, glabres, saufla partie infé- rieure de la nervure principale qui est un peu pubescente , ainsi que les pétioles partiels et le pétiole com- mun. Les filets d’étamines sont longtemps persistants. Le fruit est une gousse pédicellée, glabre , jaunâtre , linéaire , très aplatie et membra- neuse sur toute la longueur , qui varie de 5,5 à 11 centimètres, excepté à l’extrémité, qui présente un renflement oblong, rugueux, ne contenant qu’une seule graine fauve et réniforme. Cet arbre croît au Pérou, où il porte le nom de qguino-quino , et d’où les échantillons en ont été rap- portés par Joseph de Jussieu. Il paraît varier par la forme de ses folioles, que Ruiz a décrites comme étant ovées-lancéolées et pointues, quoique l'extrémité en soit toujours un peu obtuse et incisée (1). Fig. 367. (4) Le myrospermum veruife-um de Ruiz, dont malheureusement la des- cription manque à la Flore du Pérou, croit dans les montagnes des Pana- LÉGUMINEUSES, 437 Suivant Ruiz , le baume de quino-quino s’extrait par des incisions faites à l'écorce, à l'entrée du printemps, c’est-à-dire quand les pluies sont courtes et fréquentes. Lorsqu'on le reçoit dans des bouteilles, il se maintient liquide pendant quelques années, et, dans ce cas, on lui donne le nom de baume blanc liquide (1); mais quand on le renferme dans des calebasses;, comme on le pratique communément à Carthagène et dans les montagnes de Tolu, au bout de quelque temps il se durcit comme une résine et prend les noms de baume blanc sec ou de baume de Tolu, sous lesquels il est connu chez les pharmaciens et les dro- guistes. 3. Myrospermum pubescens DC. ; myrozylum pubescens Kunth. ; myrospermum peruiferum Lamb., 2n Ilust. cinch., p. 92, fig. 1. Feuilles alternes, pétiolées, composées de 10 à 13 folioles alternes, cour- tement pétiolulées, quelquefois presque opposées à l’extrémité, oblon- gues ou ovales-oblongues, à pointe obtuse et émarginée , arrondies et quelquefois légèrement cordiformes à la base, très entières, etc. La nervure médiane et les pétioles propres sont velus et brunûtres ; les folioles ont de 64 à 70 millimètres de long, sur 23 à 29 de large ; les filets des étamines sont caducs. Les fruits sont semblables aux précé- dents ; longs de 9 à 10 centimètres, larges de 18 à 20 millimètres. Cet arbre est cultivé dans les environs de Carthagène et dans la province de Popayan. Le myrospermum peruiferum de Lambert, que l’on fait synonyme du pubescens, offre des dimensions plus considérables. Les folioles ont de 7 à 10 centimètres de long sur 4 de large, et les fruits sont longs de tahuas , dans les bois de Puzuzu, de Muna , de Cuchero et autres lieux voisins du cours du Maragnon. Celui que M. Weddell a trouvé dans la Bolivie a les folioles conformes à la description de Ruiz, toutes étant oblongues-lancéo- lées, et terminées par une pointe mousse, divisée en deux par une petite échancrure. Le contour des feuilles est légèrement ondulé, et leur limbe, placé entre l’air et la lumière, parait tout criblé de points et de petites lignes transparentes, dirigées parallèlement aux nervures secondaires. Les plus grandes ont 44 millimètres de long sur 20 de large, et les plus petites ont 32 millimètres sur 15. Le bois du même arbre, rapporté par M. Weddell, est aromatique, tres dur, compacte et d’une assez belle couleur rouge. Sa coupe horizontale pré- sente un pointillé blanchätre très serré, et des lignes radiaires très nom- breuses, sans aucunes lignes concentriques ; l’aubier est jaunâtre et peu épais ; l'écorce est blanchâtre, inégale, crevassée, imprégnée de suc résino- balsamique. (1) Ce baume du Pérou, blanc et liquide, n’est peut-être jamais venu dans le commerce. D’après Lemery, ce qu’on donnait sous ce nom, de son temps, était du baume liquidambar. L38 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. 12 à 14 centimètres sur 3 de large. Je pense que c’est à cette espèce, et surtout au #yrospermum de Lambert, qu’il faut rapporter l’hoëtzi- lozitl d'Hernandez ( Wezx., p. 51), dont la figure se rapporte presque exactement à celle donnée dans l'illustration du genre cinchona. D'après Hernandez, en quelque temps de l’année qu'on incise l'écorce de l’ar- bre, mais surtout à la fin de la saison pluvieuse, on en-obtient ce noble baume d'Inde qu'on ne saurait assez louer, qui est liquide, d’une cou- leur fauve inclinant au noir, d’une saveur âcre , un peu amère , d’une odeur véhémente et cependant de la plus grande suavité. h. Myrospermum toluiferum DC.; myrozylon toluiferum ou tolui- fera Ach. Rich. et Kunth. Arbre très vaste, dont le bois du tronc est rouge au centre et pourvu d’une odeur de baume où plutôt de rose. Les feuilles sout composées de 7 à 8 folioles alternes, courtement pétiolées , acuminées, très entières sur la marge, mais sous ondulées, réticulées, veineuses, membraneuses, très glabres et brillantes , toutes parsemées de linéoles et de points transparents. La foliole terminale est longue de S0 centimètres et large de 34 ; celles intermédiaires ont de 63 à 77 mil- limètres sur 25 à 27; les plus inférieures, qui sont les plus petites, sont encore longues de 54 millimètres. Les fleurs et les fruits sont inconnus. Le myrospermum toluiferum croît dans les environs de Turbaco, et principalement dans les hautes savanes , proche de Tolu, de Corozol et de la ville de Tacasuan ; on le trouve aussi à l'embouchure du fleuve Sinu, proche e/ Zapote, et cà et là sur les bords de la Magdelaine, aux environs de Garapatas et de Montpox. Cet arbre avait été nommé par Linné {oluifera balsamum , et avait été rangé par Jussieu dans la fa- mille des térébinthacées , par suite d’une erreur de Miller , qui avait joint à la description des feuilles un fruit étranger à l'espèce. C’est Ruiz qui a le premier émis l’opinion que le fo/uifera de Linné devait être réuni en un seul genre avec les myrozylon et les myrospermum (Appen- dice à la Quinologie, p. 97). Ge célèbre botaniste pensait même, ainsi qu’on l’a vu plus haut, que le baume de Tolu ne différait pas du baume du Pérou sec (p. 100). La première opinion a été confirmée par M. Ach. Richard (Ann. sciences nat., 4. IL, p. 168, 1824) ; nous allons voir que la seconde est aussi bien près d'être une vérité. Baume de Tolu. ! Ce baume est produit en très grande quantité dans les diverses parties de la Colombie qui viennent d’être indiquées par le myrospermum to- luiferum. West see ou mou. - Le baume de Folu see arrivait autrefois dans des calebasses d’une pétité dimension, qui sont devenues très rare aujourd’hui ; il est venu 2 LÉGUMINEUSES. 139 ensuite dans des potiches de terre d’un volume et d’un poids considé- rables Aujourd’hui on le renferme presque exclusivement dans des boîtes de fer-blanc du poids de 3 kilogrammes environ. Il est solide et cas- sant à froid, mais il coule facilement et se réunit en une seule masse, comme le fait la poix. Il est fauve ou roux, d’une transparence impar- faite, d’une apparence grenue ou cristalline. 11 possède une odeur douce et très suave, moins forte que celle du storax et du baume du Pérou. Il est ductile sous la dent et présente une saveur douce et parfumée, seulement accompagnée d’une légère âcreté à la gorge, due aux acides qu'il contient. 11 fond au feu en répandant une fumée très agréable; il est très soluble dans l'alcool, moins soluble dans l’éther. Il cède à l’eau bouillante une assez grande quantité d'acide cinnamique et d'acide benzoïque mélés. Le baume de Tolu mou se trouve toujours en boîtes de fer-blanc ; il a une consistance de poix molle ou de térébenthine épaisse ; il est plus transparent que le premier, plus foncé en couleur et contient souvent des impuretés. Il possède une odeur suave et aromatique, plus marquée peut-être ; mais il a une saveur peu marquée et contient moins d’acides benzoïque et cinnamique. Je me suis convaincu que cette différence te- pait à ce que le baume était plus récent: en exposant pendant longtemps ce baume mou à l'air, sur une assiette, il est devenu sec et cristallin, sans rien perdre de son poids; et l'ayant alors traité par l'eau, j'ai constaté, au moyen de la saturation par un alcali, que le baume soli- difié à l'air contenait plus d’acide que lorsqu'il était récent. Il à été évident pour moi que cette augmentation d’acidité était due à l’oxygé- nation de l'essence. Il faut prendre garde, en achetant du baume de Tolu, de prendre en place du liquidambar mou, ou un mélange des deux, ou du baume de Tolu qui ait déjà été traité par l’eau. Le baume de Tolu ne doit pas être opaque, ne doit pas contenir d’eau, doit avoir une odeur el un goût marqués, très agréables et tout à fait distincts du styrax et du liqui- dambar. Le baume de Tolu, distillé avec de l’eau, fournit une essence liquide composée de trois corps volatils : 1° de to/ène, essence liquide bouillant à 170 degrés, formée de C#H'8; 2° d'acide benzoïque ; 3° de cinnaméine bouillant à 340 degrés. Les acides dissous par l’eau, ou qu’on peut en extraire par un carbonate alcalin, sont un mélange d'acide benzoïque et d'acide cinnamique. Quant à la résine, on peut l'obtenir en dissolvant dans la potasse caustique étendue le baume épuisé d'essence et d'acides par l’ébullition dans l’eau ; on précipite ensuite la résine en faisant passer dans la liqueur un courant d'acide carbonique , on la lave et on la fait sécher, Elle est rouge , fusible à 103 degrés et composée de G'ÉH100:. 40 DICOTYLÉDONES GCALICIFLORES. Baume du Pérou sec. Nous avons vu précédemment que, d’après Ruiz, le myrospermum peruiferum, au moins celui qu’il nomme ainsi, fournit, par incision , un baume liquide et blanchâtre qui, lorsqu'il est solidifié à l'air, ou dans des calebasses, porte le nom de baume blanc sec ou de baume de Tolu. Je suis heureux de devoir à M. Weddell un échantillon de ce vrai baume sec du Pérou, recueilli par lui dans le sud de la Bolivie, au pied du myrospermum, dont il a rapporté les feuilles et le bois. Ce baume est tout à fait solide, d’un blond rougeûtre, seulement translucide, dur, très tenace et d’une cassure esquilleuse ou cristalline. Il possède une odeur très aromatique, analogue à celle du baume de Tolu ordinaire, mais beaucoup plus forte sans cesser d’être très agréable ; il se ramollit entre les dents et présente le même goût très parfumé , accompagné d’une âcreté marquée, mais non désagréable. En un mot, le baume du Pérou sec et le baume de Tolu doivent être considérés comme deux sortes d’une même substance dont la première l’emporte beaucoup en qualité sur la seconde. Baume du Pérou brun. Baume du Pérou en cocos de ma 3° édition. Je laisse encore à cette substance le nom de baume du Pérou, quoique j'aie lieu de penser qu’elle soit originaire du Brésil et qu’elle ne soit autre chose que le cabureicica de Pison (Bras., p. 57), produit par le cabureiba , arbre très vaste el aromatique, à feuilles petites, semblables à celles du myrte, croissant dans les districts de Saint-Vincent et du Saint-Esprit, ainsi que dans la province de Pernambouc. Ce qui me fait croire qu’il en est ainsi, c’est que M. Fr. Ph. Martius nous apprend que ce baume, qui est d’une fragrance extraordinaire et semblable à celui du Pérou, est ren- fermé par les Indiens dans les fruits non mûrs d’une espèce d’eschwer- lera ou de lecythis, et que le fruit dans lequel le baume du Pérou brun est ordinairement renfermé et que j'avais pris anciennement pour un petit coco, est en effet le fruit d’une lécythidée, Quoi qu'il en soit, ce baume est demi-liquide, grumeleux et d’une couleur assez foncée. Il n’est pas transparent, si ce n’est étendu mince sur une lame de verre. Il paraît formé de deux sortes de matières; une plus fluide et une autre plus solide, grumeleuse et comme cristalline. II a une saveur très douce et parfumée, et il jouit d’une odeur forte et des plus suaves qui se rap- proche beaucoup de celle du stcrax calamite. Ce baume vient aussi quelquefois en calebasses, comme le baume de Tolu. J’en possède une de ce genre, haute de 9 centimètres, large LÉGUMINEUSES. hhA de 7,5, à moitié pleine d’un baume dont une partie est encore un peu coulante, unie, lisse, transparente et d’un rouge brun ; tandis que l’autre présente une masse de petits cristaux étincelants, imprégnés de la pre- mière substance. Ces cristaux n’ont aucune saveur âcre et ne doivent pas être de l’acide benzoïque ; la calebasse, renfermée dans un bocal de verre, le recouvre en peu de temps d’un sublimé blanc qui le rend com- plétement opaque. Baume de San-Salvador. Baume du Pérou noir, ou Baume du Pérou liquide du commerce. On a cru pendant très longtemps que ce baume venait du Pérou, et que sa seule différence avec les précédents provenait de ce qu’il était obtenu par décoction dans l’eau des rameaux de l'arbre. Mais d’abord un baume qui serait obtenu par décoction dans l’eau, au lieu d’être plus liquide et plus aromatique que celui par incisions, serait plus consistant et moins pourvu d'huile volatile, et c’est le contraire qui a lieu. Seconde- ment, ce baume ne devrait pas contenir d’acide benzoïque ou cinna- mique, et le baume noir du Pérou en contient beaucoup : ainsi ce baume n’est pas obtenu par décoction. D'un autre côté, un pharmacien français qui a exercé pendant plu- sieurs années à Lima n’y a pas vu de baume du Pérou noir, et deux voyageurs qui ont parcouru le Paz, pour y chercher les quinquinas, n’y ont rencontré pi baume, ni fruit semblable à celui des myrosper- muun (4). Ces deux circonstances me faisaient déjà fortement douter que le baume du Pérou noir (et l’autre de même) vint du Pérou, lorsqu'un négociant français (M. Bazire), revevant de la république de Centre- Amérique, me remit ce même baume qui est obtenu en abondance sur la côte de San-Sonaté, dans l'État de San-Salvador, par des incisions faites à un #yrospermum dont il m'a rapporté le fruit. Ce fruit, que j'ai décrit dans le Journ. de pharm.,t. XX, p. 552, manquait de l'aile membraneuse qui distingue les myrospermum , et j'avais cru m'être as- suré, par l'inspection des bords du fruit, que cette absence n’était pas accidentelle; mais la figure de l’arbre que j'ai vue depuis dans Her- nandez (Mex., p. 51) m'a montré qu’il ne différait pas à cet égard des autres-#1yrospermum , et qu'il était probablement le même que le M. peruiferum L. Quoi qu'il en soit , il ne pouvait rester aucun doute que le prétendu baume noir du Pérou ne fût le même que le baume d'Inde d'Hernandez, auquel j'ai cru pouvoir restituer son véritable nom en l'appelant Baume de San-Salvador, J'ai donc été assez étonné de voir cette année M. Recluz, pharmacien à Vaugirard, donner comme 1) Cet arbre y existe cependant, ainsi qu’on l’a vu. L42 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. nouveau dans le Journal de pharmacie (août 1849), ce que j'ai dit en 1834 sur l’origine de ce baume. Je n’en aurais pas fait l'observation si M. Recluz n'avait reproduit en même temps, comme fait nouveau, une erreur de Jacquin, répétée par tous les botanistes qui Font même inscrite au nombre des caractères du genre #myrospermum : c’est que les loges séminifères et les semences elles-mêmes sont remplies de suc balsamique, d’où Jacquin a même formé le nom générique myrosper- mum (semence-parfum), et d’où Chaumeton d’abord, mais avec doute, dans la Flore médicale, et M. Recluz ensuite, sans aucune hésitation, ont supposé que le baume du Pérou étail retiré des semences, et non du LE hr tronc ou des gros rameaux de l'arbre. Or les semences des myro- + sperimes sont formées d’un épisperme membraneux, bianc et très mince, et de deux cotylédons jaunâtres, huileux et d’un faible goût de mélilot, - qui ne contiennent aucune portion de baume ; la loge elle-même en est complétement dépourvue, et ce n’est qu'en dehors de l’endocarpe et dans plusieurs lacunes formées par le mésocarpe que l’on trouve une petite quantité de baume résineux, jaune et transparent, liquide à l'état récent, mais sec et cassant dans les fruits parvenus par la voie du com- merce. Il est impossible que cette faible quantité de suc résineux soit l'origine de celui du commerce; et d’ailleurs les autorités réunies d'Her- nandez , de Pison , de Ruiz, de M. de Humboldt pour le baume de Tolu, de M. Bazire pour celui de San-Salvador, et de M. Weddell pour celui de la Paz, ne laissent aucun doute sur ce fait, que tous ces baumes sor- tent naturellement, ou par suite d’incisions, du tronc des arbres qui les fournissent. Je reviens maintenant au baume de San-Salvador. Ce baume a la consistance d’un sirop cuit; il est d’un rouge brun très foncé et transparent ; il a une odeur forte, tirant un peu sur celle du styrax liquide, mais toujours très agréable, et une saveur dcre et amère presque insupportable. W brûle avec flanime lorsqu'il est chaud, et se dissout entièrement dans l'alcool ; mais la liqueur est toujours louche, et laisse déposer une petite quantité d’une matière fauve, pul- vérulente ; il cède de l’acide à l’eau bouillante et en contient quelque- fois assez pour en former à la longue une belle cristallisation aiguillée et prismatique, au fond des flacons qui le renferment ; il est employé dans plusieurs compositions pharmaceutiques et dans la parfumerie. Le baume noir du Pérou est très sujet à être falsifié avec de l'alcool rectifié, différentes huiles fixes, du baume de copahu, etc. L'alcool rec- tifié se reconnaît par la diminution que le baume éprouve après son mé- lange avec l’eau ; les huiles grasses, hors celle de ricin, se reconnais- sent en dissolvant le baume dans l'alcool ; le copahu est signalé par son odeur ; en général, la pureté et la force de l'odeur, jointe à la transpa- rence parfaite du baume, sont des indices assez certains de sa bonté. æ k- LÉGUMINEUSES. 43 sf - Le baume du Pérou noir a été le sujet de recherches de M. Stolze _ dourn. de chim. méd.,t, I, p. 137), mais c'est M. Frémy principa- æ * jeu qui nous à éclaie sur la nature des principes qui le consti- £ _ D’après M. Frémy, le baume de San-Salvador (du Pérou noir) est ‘principalement formé d’une résine, d’une huile liquide à laquelle ïl . donne le nom de cinnaméine et d’un acide cristallisable que l'on avait pris jusqu’à lui pour de l’acide benzoïque ; mais qui est de l'acide cin- pamique. Pour analyser le baume de San-Salvador, M. Frémy le dissout dans _ de l’alcool rectifié, puis y ajoute un soluté alcoolique de potasse, la- quelle forme avec la résine un composé insoluble qui se précipite. Le namate de potasse et l'huile restent en solution. On y ajoute de l’eau “qui précipite l’huile, mêlée d’un peu de résine; on purifie la première : . en la faisant dissoudre dans le naphte et évaporant dans le vide. L'huile ainsi obtenue est liquide, peu colorée, presque inodore (1), pourvue d'une saveur âcre , plus pesante que l’eau qui la dissout à peine. Elle tache le papier comme une huile grasse ; elle se volatilise cependant à une température élevée, mais en se décomposant partiellement à la ma- nière des huiles grasses. Cette huile, ou cinnaméine, est composée, sui- vant M. Frémy, de G5##H?60S8, ou, suivant M. Mudler, de C1 #08. Cette dernière formule, dont le quart est de GHH7O?, à l'avantage de mieux représenter les rapports qui existent entre la cinnaméine, l’es- sence d'amandes amères (C#H60?) et l'acide benzoïque (C'H60#). En effet, quand on traite la cinnaméine par l'acide nitrique ou le sur - oxyde plombique, on la convertit en essence d'amandes amères; et quand on la traite par le chlore, on la convertit en chlorure de benzoïle que l'eau décompose en acides chlorhydrique et benzoïque. De l’Indigo. L'indigo est une matière colorante que l’on retire des feuilles d’un certain nombre de plantes appartenant presque toutes à un genre de la famille des légumineuses , qui à été nommé à cause de cela ëndigofera. Les principales espèces qui en fournissent sont : 1° l'indigofera argen- . tea, ou indigotier sauvage, qui fournit le plus beau, mais en petite quan- _ tité; 2° l’éndigofera disperma, où Guatimala; 3° l'indigofera anil , ou l’anil (fig. 368) ; 4° l'indigofera tinctoria, où l'indigotier français , (1) IL manque alors quelque chose à l'analyse de M. Frémy : c'est de faire connaitre le principe auquel est due l'odeur si forte et si caractérisée du baume, | hhl DICOTYLEDONES GALICIFLORES. qui le donne moins beau que les autres espèces, mais en plus grande quantité, ce qui est cause de la préférence qu’on lui accorde pour la culture. (Edward.) Le genre 2ndigofera appartient à la tribu des lotées, de la sous- famille des papillonacées. Le calice est à cinq dents aiguës ; l’étendard est arrondi; les ailes sont de la Jongueur de la carène , qui est gibbeuse ou éperonnée de chaque côté; les étamines sont diadelphes; le style est filiforme et glabre. Le légume est cylindroïde ou tétragone , droit ou falciforme , bivalve, polysperme ou monosperme par avortement, séparé par des étranglements entre cha- que semence. Les semences sont ovoïdes, tronquées aux deux extrémités, ce qui leur donne une forme à peu près cubique. Les feuilles sont im- paripinnées, rarement à une Seule paire de pinnules, et quelquefois unifoliées. Les indigotiers sont indi- gènes aux Indes et au Mexi- que, d’où ils ont été pro- pagés dans les deux Amériques et aux îles. Il paraît que la manière d'en retirer l’indigo et celle d'appliquer cette couleur aux tissus ont été très anciennement connues dans l’Inde ; mais ces procédés ont été ignorés en Europe jusque vers le xvi° siècle, que les Hollandais commencèrent à faire connaître l'importance de l’indigo. Néanmoins l'usage en fut restreint jusqu’au milieu du siècle suivant. Alors sa supé- riorité sur tous les autres produits tinctoriaux fut généralement recon- nue ; on cultiva les indigotiers au Mexique et dans les îles, et avec assez de succès pour faire oublier l’indigo de l'Inde. Enfin, depuis un cer- tain nombre d’années, les Anglais ont fait recouvrer à l’indigo de l'Inde son ancienne réputation, et maintenant ils pourraient à eux seuls en approvisionner toute l'Europe. La plante qui fournit l'indigo est bisannuelle , mais elle est ordinai- rement épuisée dès la première année. On la sème tous les ans au mois de mars; deux mois plus tard on en fait une première récolte , deux Fig. 368. LÉGUMINEUSES. h45 mois après une autre , et quelquefois une troisième et une quatrième dans le courant de la même année, selon le pays. Mais la première coupe est la meilleure, et les autres vont en déclinant : au Mexique et dans les îles on en fait ordinairement trois ; dans l'Amérique méridionale on en fait deux au plus, la première ne pouvant avoir lieu que six mois après l’ensemencement de la terre. On coupe la plante avec des faucilles et on la dispose par couches dans une très grande cuve appelée #rempoir ; on en remplit cette cuve aux trois quarts, et l’on charge la plante de poids, pour l'empêcher de sur- nager l’eau que l’on verse ensuite dessus, de manière à ce qu’elle en soit surpassée d’un pied environ. On laisse fermenter le tout jusqu'à ce qu'on voie se former sur la surface de la liqueur une écume irisée; alors on soutire l’eau et on la laisse couler dans une autre cuve inférieure nom- mée batterie. Là on l’agite fortement pendant quinze ou vingt minutes, à l’aide de quatre ou cinq grandes perches disposées en bascules sur un des côtés de la batterie, et munies à leur extrémité d’une auge sans fond. Lorsque la liqueur, de verdâtre et de trouble qu’elle était d’abord, devient bleue et se caillebotte, on y ajoute une certaine quantité d’eau de chaux, qui facilite beaucoup la précipitation de la matière colorante et qui préserve la liqueur de la putréfaction. On laisse reposer , on dé- cante l’eau, on lave le précipité, on le met égoutter sur des toiles ; après quoi on en remplit de petites caisses carrées en bois munies d’un fond de toile, et l'on en achève la dessiccation en suspendant ces carrés à l'ombre. L’indigo , considéré sous le rapport du commerce et par ses proprié- tés physiques, est une substance sèche, d’une couleur bleue foncée, qui varie cependant du bleu au violet etau bleu cuivré. Il est facile à casser, d’une cassure uniforme et très fine. Une de ses propriétés les plus carac- téristiques est celle de prendre un éclat cuivré par le frottement de l’ongle. On préfère celui qui prend le plus d'éclat par ce moyen, qui est le plus léger et d’une belle nuance bleue-violette foncée. On distingue les sortes d’indigo par le nom du pays qui les fournit. Ainsi, on à l’Indigo de l'Inde, qu'on distingue en Bengale, Madras, Coromandel, etc. ; l'Indigo Guatimala, ou Indigo flore, qui est le plus estimé ; l’indigo de la Louisiane, et d’autres encore, L'indigo flore est le plus léger de tous ; il a une belle couleur bleue- violette. L'indigo du Bengale est celui qui s’en rapproche le plus. L'in- digo de la Louisiane est plus compacte, plus foncé, et a une cassure cui- vreuse ; il doit fournir beaucoup à la teinture. Les indigofera ne sont pas les seules plantes qui puissent fournir de l'indigo ; le nerium tinctorium L. (Wrightia tinctoria R. Br.), arbre très commun dans l'Inde, en contient une grande quantité : pour l'en h46 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. extraire, on traite les feuilles à chaud au lieu de les traiter à froid : mais: du reste on agit de même. La Guède, Vouède , ou Pastel (/safis tinctoria L., tétradynamie siliqueuse, famille des cruciféres), fournit aussi de l’indigo. Pendant la grande guerre continenta'e, la France étant privée de produits coloniaux, on à essayé d'extraire cet indigo, et quelques uns de ces essais ont eu lieu à la pharmacie centrale des hôpitaux civils. On y a traité le pastel de la manière précédemment exposée, et l’on a observé les mêmes phé- pomènes ; seulement on a été obligé d'ajouter une plus grande quantité d'eau de chaux pour opérer la précipitation de Ja matière bleue : il s’en est suivi que la grande quantité de carbonate de chaux formée, jointe à la matière verte de la plante, qui s’est précipitée également, a telle- ment étendu la couleur bleue, que l'indigo ainsi préparé n’a pu soutenir la concurrence avec celui du commerce ; mais on à pu, en traitant cet indigo, alternativement par la potasse, qui dissout la matière verte, et par l'acide chlorhydrique, qui décompose et dissout le carbonate de chaux, en obtenir de l’indigo très pur, identique en tout aux meilleurs indigos exotiques ; seulement la quantité en était peu considérable. On emploie en Chine, depuis un temps immémorial, pour la tein- ture en bleu, une plante de la fanille des polygonées, nomnée poly- gonum tinctorium. Cette plante, ayant été introduite en France, devint l'objet d’un certain nombre de recherches, à la suite desquelles, en 1839, la Société de pharmacie de Paris proposa un prix pour lextrac- tion de l’indigo du polygonum finctorium. Ce prix fut remporté par Osinin HERYY , préparateur à l’école de pharmacie, qui périt bientôt après, victime du plus funeste accident (1). Il résulte de son mémoire et de celui de MM Girardin et Preisser, imprimés dans le Journal de pharmacie de 1840, qu’il serait possible, dans des circonstances don- nées, et si cela devenait nécessaire , d'extraire de l’indigo du polyg0- num. Je passe sous silence plusieurs autres plantes qui en contiennent également, mais en trop petite quantité pour qu’il soit possible d’en tirer un parti utile. L'indigo du commerce, considéré chimiquement, ne doit pas être regardé comme un principe immédiat des végétaux. C’est une pâte colorante dont une grande partie , à la vérité, est formée d’un principe immédiat particulier, mais qui contient en outre une résine rouge , soluble dans l’alcool , une autre matière rouge verdâtre soluble dans l'eau, du carbonate de chaux, de l’alu- mine , de la silice, et de l’oxyde de fer en assez grande quantité. Ce n’est (4) Le 30 décembre 1840, Hervy, préparant de l’acide carbonique liquide dans un des laboratoires de l’école, fut renversé par l'explosion de l’appa- reil ; il avait les deux jambes brisées. Il est mort le 3 janvier suivant, empor- tant les regrets des professeurs et des élèves , ses condisciples et ses amis. LÉGUMINEUSES. h47 qu’en épuisant lindigo flore successivement par les différents agents capables de dissoudre ces corps (1), qu'on obtient le principe immédiat pur, ou l'in digotine , dont alors voici les propriétés : Il a une couleur bleue violette superbe; il est inaltérable à l'air; chauffé dans un vase clos , il se fond et se volatilise, partie décomposé, partie non altéré , sous la forme de belles vapeurs pourpres qui se condensent en aiguilles cuivrées : chauffé avec le contact de l’air, à la chaleur strictement nécessaire à sa sublimation, l’indigotine se volatilise entièrement et sans décompo- sition. L’indigotine est une substance azotée, dont la composition est de C!5 H5 Az O?, Elle est tout à fait insoluble dans l’eau, l'alcool, les alcalis et les acides faibles. L’acide sulfurique concentré la dissout et forme ce qu’on nomme le bleu en liqueur, que Berzélius considère éomme formé de deux acides analogues à l'acide sulfo-vinique, et qu’il nomme acide sulfo-indigo- tique et acide hyposulfo-indigotique. I se produit aus:i un composé pourpre insoluble dans la liqueur acide étendue, mais soluble dans l'eau pure , qui a reçu le nom d’acide sul/o-purpurique. L’indigotine, traitée par un mélange d’acide sulfurique et de bichromate de potasse , donne naissance à un composé oxygéné nommé #satine, cristal- lisable en prismes rhomboïdaux, d’une couleur aurore foncée et très écla- tante , et dont la composition égale C'6 H5 47 Ox. Ce corps, découvert par M. Laurent, a été transformé par lui en une foule de composés chlorés, bromés , iodés , sulfurés, etc. L’acide nitrique agit de deux manières différentes sur l’indigo ; lorsqu'il est en petite quantité et étendu d’eau, il le convertit en acide indigotique cristallisable, incolore et volatil, dont la composition est C1+ H5 47 O1, que l’on représente plutôt par G1* H* 47 O4 HO, une molécule d’eau se trouvant remplacée, dans les sels , par une molécule d'oxyde métallique. L’indigo , traité par dix à douze fois son poids d'acide nitrique concentré , donne naissance à un acide jaune , cristallisable, très amer et détonant , (4) L'indigo Gualimala a fourni à M. Chevreul : | Ammoniaque,. , ., Matière verte, , ., © Parent. Mia taie «nel Indigo blanc, peu. . ExIRaelii 245. Gomme, 47.750 2 LH de LE 1) | dériiciciicrat On Résine rouge.. , . Indigo bleu, peu. Résine rouge.. . , . Carhonaté de AE D, ie, | ) Matière verte. . ., l lé Par l’acide chlorhydrique. . TOR 2 Alumine, ,.,. 5 Résidu non dissous. , , « »« ; 3 Indigo bleu, . ... | 43 7100 M. Berzelius a signalé dans les indigos du commerce la présence d'un brun d'indigo, soluble dans les alcalis, qui paraît avoir de l'analogie avec l'acide ulmique , et celle d’un rouge d’in- digo , qui est probablement le même corps que la résine rouge de M, Chevreul, LS DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. nommé acide nitro-picrique, acide picrique, carbazotique, nitro-phénisique , amer de Welter, lequel se forme également par l’action de l'acide nitrique sur un grand nombre d’autres corps, tels que la salicine, la coumarine, la soie , etc. Cet acide cristallisé égale C'? H° Az3 O'*, desquels HO sont remplacés , dans les sels, par M O. Ces sels détonent par l’action de la chaleur. L’indigo bleu , mis en contact à la fois avec un alcali et avec un corps avide d'oxygène , tel que du miel , du glucose, du proto-sulfate de fer, du sulfure jaune d’arsenic , etc., se change en un corps incolore ou verdâtre , nommé indigo réduit ou indigo blanc, qui est très soluble dans les alcalis , et suscep- tible de s’oxygéner de nouveau à l'air , ce qui lui rend sa couleur bleue et son insolubilité, La manière la plus simple d'expliquer ces faits serait de supposer que l'indigo blanc est de l’indigo bleu désoxygéné, et de représenter sa com- position par C5 H5 A7 O ; mais comme ce corps contient en plus HO , et que sa composition est en réalité C!% H5 Az O?, M. Dumas préfère le regarder comme de l'indigo hydruré ; ce qui s’explique d'ailleurs facilement, en admet- tant que, dans la décoloration de l'indigo , c’est l’eau qui se trouve décom- posée et qui cède , d’une part son oxygène au corps réductif, de l'autre l'hy- drogène à l’indigo. Pareillement, dans la réapparition de l'indigo bleu au contact de l’air , Poxygène ne ferait qu’enlever à l’indigo blanc 4 équivalent d'hydrogène. On admet généralement que l’indigo existe dans les plantes à l’état d’in- digo blanc, parce que, en effet, il y est privé de couleur, et que le contact de l'air paraît indispensable à son extraclion ; mais, comme l’a supposé Robi- quet, il serait possible que le corps primitif qui existe dans la plante fût non seulement incolore, mais encore privé d’azote , et que l’indigo se formât par la fixation des éléments de lammoniaque et d’une petite quantité d’oxy- gène sur ce corps primitif (Journal de pharm., t. XIE, p. 281). Quoi qu'il en soit, c’est sur la propriété que possède l’indigo d’être dissous après avoir été hydrogéné ou désoxygéné, qu'est fondée la manière de lappliquer aux tissus de laine et de coton. On le met d’abord en contact, soit avec des matières végétales qui, par un commencement de fermentation putride, s'emparent de son oxygène , soit avec des sels métalliques au minimum , ou avec des sulfures, que l’on accompagne d’alcalis ; de sorte que l’indigo, désoxygéné et dissous par ces différents moyens, donne un bain de teinture verte; cette couleur passe ensuite au bleu par exposition à l’air ; en dernier lieu on lave le tissu, et on le fait sécher. L'indigo n’est employé en pharmacie que pour colorer quelques onguents. FAMILLE DES TÉRÉBINTHACÉES. Arbres ou arbrisseaux souvent résineux, ayant les feuilles alternes, généralement composées , non stipulées. Les fleurs sont hermaphrodites ou uni-sexuelles, généralement petites et disposées en grappes. Chacune d'elles présente un calice composé de 3 à 5 sépales quelquefois soudés à la base; la corolle, qui manque quelquefois, est régulière et se com- pose d’un nombre de pétales égal aux lobes du calice. Les étamines sont TÉRÉBINTHACÉES. hh9 en nombre égal aux pétales et alors alternes avec eux, quelquefois en nombre double, ou très rarement quadruple. Le pistil se compose de 3 ou 5 carpelles distincts ou plus ou moins soudés, entourés à leur base d’un disque périgyne. Quelquefois plusieurs carpelles avortent et il n’en reste qu’un surmonté de plusieurs styles. Chaque carpelle est à une seule loge contenant tantôt un ovule porté au sommet d’un podo- sperme filiforme, tantôt un ovule renversé, ou deux ovules renversés et collatéraux. Les fruits sont secs ou drupacés, contenant généralement une seule graine, sans endosperme. Aujourd’hui plusieurs botanistes regardent les térébinthacées telles qu’elles ont été définies par de Jussieu et Decandolle, comme un groupe ou une alliance à laquelle on réunit d’abord les rutacées, et qu’on di- vise ensuite en un assez grand nombre de familles. Mais je préfère suivre M. Richard, qui laisse ces deux groupes séparés, et qui divise celui des térébinthacées en cinq tribus dont voici les caractères : I. ANACARDIÉES. Pétales et étamines insérés sur le calice ou sur un disque calicinal; ovaire uniloculaire et monosperme ; graine portée sur un podosperme basilaire; radicule repliée sur des cotylédons épais. — Genres anacardium, semecarpus, mangifera, pistacia, astrontum, comocladia, picramnia, rhus, schinus. II. SPONDIACÉES. 5 pétales insérés sous un disque dentelé, entou- rant l'ovaire ; 10 étamines ; ovaire quinquéloculaire ou bi-quadriculaire par avortement ; loges uniovulées ; drupe à noyau bi-quinquéloculaire ; cotylédons plano-convexes ; feuilles imparipinnées. — Genres spondius, poupartia. IL. BURSÉRACÉES. 3 à 5 pétales insérés sous un disque calicinal ; étamines en nombre double des pétales ; ovaire 2-5 loculaire , à loges bi-ovulées. Style simple ou nul. Autant de stigmates que de loges à l’ovaire, Drupe à noyau bi-quinquéloculaire; cotylédons chiffonnés ou charnus ; radicule droite, supère, — Genres boswellia, balsamoden- dron, elaphrium, icica, bursera, marignia, colophonia, canartum , hedwigia, garuga. IV. AMYRIDÉES. Fleurs hermaphrodites ; 4 pétales imbriqués ; 8 éta- mines ; torus épais et proéminent ; ovaire uniloculaire, biovulé; stigmate sessile, en tête ; drupe à noyau chartacé, monosperme, indéhiscent ; se- mence sans endosperme à cotylédons charnus , à radicule supère, très courte; feuilles composées, marquées de points transparents ; péricarpe glanduleux. — Genre amyris. V. CONNARACÉES. 5 pétales insérés sur le calice ; 10 étamines ; 5 car- pelles à un style, distincts, ou en nombre moindre par avortement ; biovulés, monospermes par avortement. Semences élevées du fond du carpelle, souvent arillées, pourvues ou privées d endosperme , à cotvlé- LLLR 29 h50 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. dons foliacés ou charnus ; radicule située au sommet ou près du som- met de la graine ; courie et épaisse ; feuilles composées, non ponctuées. — Genres comarus, omphalobium. La famille des térébinthacées fournit un très grand nombre de ma- tières résineuses, plusieurs gommes-résines, un certain nombre de fruits alimentaires ou médicinaux , et plusieurs bois usités dans la teinture ou l'ébénisterie. Quelques espèces sont vénéneuses , ou pourvues d’un suc caustique. Sumac des corroyeurs. Roure des corroyeurs, 7hus coriaria L. Tribu des anacardiées. Car. gén. : Fleurs souvent dioïques ou polygames; calice monophylle à 5 divisions persistantes ; corolle à 5 pétales ovales, étalés; 3 étamines à filaments très courts ; ovaire uniloculaire, pourvu de 3 styles très courts où de 3 stiginates sessiles. Le fruit est un drupe uniloculaire et monosperme. . Le sumac des corroyeurs croît naturellement dans les lieux secs et pierreux du midi de l'Europe. C’est un arbrisseau de 3 à 4 mètres de hauteur, dont les rameaux sont revêtus d’une écorce velue. Les feuilles sont imparipinnées , à 5 ou 7 paires de folioles velues , à pétiole nu, un peu marginé au sommet; les folioles sont elliptiques et grossièrement dentées. Les fleurs sont petites, verdâtres, disposées en grappes serrées à l'extrémité des rameaux; les stigmates sont sessiles. Le fruit est un petit drupe aplati, verdâtre, d’un goût acide et très astringent, contenant une semence de forme lenticulaire. Ce fruit était usité autrefois dans les cuisines comme assaisounement. Les feuilles, séchées et pulvérisées gros- sièrement, servent au tannage et à la teinture. Du temps de Clusius, la province de Salamanque en faisait un commerce considérable. Sumae de Virginie, 7 us fyphinum L. Arbrisseau originaire de l'Amérique septentrionale, cultivé depuis longtemps en Europe pour l’ornement des jardins. Ses jeunes rameaux sont couverts d’un poil ras, épais, roussâtre et doux au toucher, ce qui les fait ressembler aux jeunes andouïillers de cerf. Ses feuilles portent, sur un pétiole très pubescent, 8 à 46 paires de folioles avec impaire, glabres en dessus, pubescentes en dessous, lancéolées, très aiguës, finement dentées en scie. Les fleurs forment des épis veloutés et rougeâtres au sommet des rameaux ; les fruits sont rouges, arrondis, pressés les uus contre les autres, pubes- cents, d’une saveur acide et astringente très marquée. Le sumac de Virginie peut servir aux mêmes usages que le précé- dent ; il découle de son écorce incisée un suc lactescent qui se concrète en une gomime-résine. On caltive dans les jardins un autre sumac originaire de l'Amérique, TÉRÉBINTHACÉES. h51 nommé Sumae glabre, z4us glabrum L., qui diffère du précédent parce que ses rameaux et ses feuilles sont glabres et ses fleurs verdà- tres. On peut citer encore Je Sumace vernis, Aus verniz L., arbris- seau du Japon, qui fournit par incisions un suc laiteux qui se con- dense et noircit à l'air, et qui sert à faire un vernis noir, après avoir été dissous dans une huile siccative ; le r/us copallinum du Mexique, qui fournit une résine que l’on a crue être le copal dur ou animé dure du commerce, dont l’origine est bien différente , ainsi que nous l’avons vu; enfin, le »hus metopium L., arbrisseau de la Jamaïque, dont les feuilles ont deux paires de folioles avec impaire, dont les fleurs sont her- maphrodites, et dont l'écorce incisée laisse découler une gomme-résine purgative, émétique et diurétique, nommée Log-qum ou doctor-qum. Celte gomme- résine est en larmes ou en masses demi-opaques, friables, d’un jaune assez prononcé, ainsi que le serait de la gomme ammo- niaque teinte avec de la gomme gutte. Elle est inodore et faiblement amère, Sumacs vénéneux. Deux espèces de sumacs, peu distinctes l’une de l'autre, se font remarquer par une forte qualité vénéneuse. Ce sont les Aus radicans et {ozicodendron (fig. 369), ori- ginaires tous deux de lAmé- rique septentrionale, et cultivés depuis longtemps dans les jar- dins. Ces arbrisseaux ont des tiges nombreuses, faibles et flexibles, pouvant s'attacher aux arbres par des radicules qui s’enfoncent dans leur écorce. Leurs feuilles sont composées d’une seule paire de folioles avec impaire. Lesfleurs sont dioïques, disposées en petites grappes ver- dâtres dans l’aisselle des feuilles. Les fruits sont de petits drupes blancs, arrondis, ayant presque l'apparence du poivre blanc. Le rhus radicans a les folioles ovales, pointues, vertes, gla- bres, très entières’ le r4us foxicodendron a les siennes pubescentes, anguleuses, quelquefois incisées, Fig. 369. h52 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. Le toucher de ces deux plantes, et suivant beaucoup d'auteurs, la seule exhalation d’un principe âcre qui s’en dégage, suffit pour causer la tuméfaction et l’inflammation des paupières et du visage, et une caisson brûlante des mains, suivie d’inflammation et d’éruption de petites vésicules pleines de sérosité. Mais ces propriétés dangereuses disparaissent par l’action du feu, et l'extrait des feuilles a pu être admi- nistré à des doses assez considérables sans produire aucune action délétère. | Fustet. Bihus cotinus L. ‘Les tiges de cet arbrisseau sont hautes de 2 à 3 mètres, divisées en rameaux glabres comme toute la plante, garnis de feuilles simples, ovales, d’un vert gai et luisantes en dessus, d’un vert blanchâtre en dessous. Les fleurs sont petites, verdâtres, disposées au sommet des rameaux en panicules très rameuses, dont les divisions filiformes s’allongent beaucoup, quand les fleurs sont stériles, et se char- gent de poils glanduleux et rougeâtres, qui leur donnent l'aspect de grosses houppes de duvet. Le bois de fustet, tel que le commerce le présente ordinairement, est formé de souches et de branches tortueuses de 3 centimètres de dia- mètre environ ; 1l est pourvu d’un aubier blanc, poreux, que les vers attaquent facilement, et d’un cœur assez dur, d’un jaune foncé, à la fois branâtre et verdâtre. Les grosses souches, sciées et polies, offrent, comme la racine de buis, des dessins de couleurs variées, qui les font rechercher des -tourneurs et des tabletiers ; mais le plus grand usage du fustet est pour la teinture. 1 teint les étoffes en jaune orangé, mais qui est trop altérable pour être appliqué seul. On l’emploie tou- jours avec une autre couleur, qu'il modifie par le mélange de la sienne propre. On trouve aussi du fustet provenant de troncs cylindriques et régu- liers dépourvus d’aubier, et ayant cependant encore 6 centimètres de diamètre; il est moins riche en principe colorant que le précédent. Noix d’acaijou., Cassuvium pomiferum L.; anacardium occidentale L., tribu des anacardiées (fig. 370). Arbre de moyenne grandeur, répandu dans presque toutes les contrées chaudes de la terre, comme aux îles Molu- ques, aux Indes, au Brésil, dans la Guyane et aux Antilles. Ses feuilles sont simples, entières, ovales, un peu atténuées à la base, très obtuses et échancrées au sommet. Ses fleurs sont disposées eh panicules termi- nales, et sont accompagnées de bractées nombreuses. Le calice est par- TÉRÉBINTHACÉES. L53 tagé jusqu’à moitié.en divisions aiguës ; la corolle est à 5 pétales linéaires- lancéolés , trois fois plus longs que le calice et réfléchis au sommet ; les anthères sont au nombre de dix, soudées par la partie inférieure des filets, libres par le haut; de ces dix étamines, ordinairement une seule est exserle et pourvue d’une anthère biloculaire fertile; les autres, plus courtes et renfer- mées dans la corolle,ne , Fig. 370. portent que des an- thères atrophiées et sté- riles ; l'ovaire est sim- ple, uniloculaire, porté sur un torus charnu, qui remplit la partie non divisée du calice. Il est pourvu d’un long style latéral, terminé par un stigmate arrondi. Le fruit, provenant de l’o- vaire développé, est composé d’un péricarpe en forme de rein, lisse et grisâtre, qui, sous une première enveloppe coriace , présente des alvéoles remplis d’un suc huileux, visqueux, brun noirâtre, âcre et caustique ; ces alvéoles sont bornés à l’inté- rieur par une seconde membrane coriace, semblable à Ja première, et renfermant une amande réniforme, à deux lobes, blanche, huileuse, douce, bonne à manger et d’une saveur agréable. Cette amande est encore recouverte immédiate- ment par une pellicule rougeûtre. Ce fruit, dans son état naturel, est suspendu par le plus gros de ses deux lobes, à l'extrémité d’un corps charnu, présentant presque le volume et la forme d’une poire, et provenant du développement du torus calicinal. On donne à cette partie le nom de Pomme d'acajou ; elle est acide, sucrée, un peu âcre, non désagréable, La noix d’acajou n'est plus usitée, Si les médecins voulaient l’em- ployer, ils ne sauraient trop avoir l'attention de prescrire s’ils désirent le péricarpe seul ou l’amande, ou les deux ensemble, vu les propriétés h5k DICOTYLÉDONES GALICIFLORES. tout à fait opposées de ces deux parties. Le suc huileux du péricarpe a quelquefois été employé pour ronger les cors, les vieux ulcères, et pour dissiper les dartres. La noix d’acajou n’est pas produite par l’arbre qui fournit le bois de même nom, si recherché pour les meubles. Gelui-ci provient du Swie- tenia Mahogoni L., de la famille des méliacées; mais c’est l'arbre à la noix d'acajou qui donne la Gomme d'acajou dont il va être parlé. Gomme d’acajou. Cette gomme arrive en quantité assez considé- rable des divers pays où croît le cassuvium pomiferum, et pourrait être utilisée pour les arts, en raison de la gomme soluble qu'elle con- tent. Elle est en larmes stalactiformes, souvent très longues, jaunes, trans- parentes, dures, à cassure vitreuse , el ressernblant au succin. Elle se dissout difficilement dans la bouche et s'attache fortement aux dents. Traitée à froid par 48 par- ties d’eau, elle s'y gonfle et s’y dissout en partie, La portion non dissoute pré- sente les propriétés de la bas- sorine, La liqueur surna- geante, qui passe facilement à travers un filtre, en raison de son peu de consistance, ne rougit pas le tournesol, se trouble par l’oxalate d’amme- niaque , et forme par l’alcool un précipité blanc, abondant, _floconneux, que je regarde comme de larabine , ou gomme soluble d’Arabie ou du Sénégal. Fig. 371. Anacarde orientale. Anacardium longifolium Lam. ; senecarpus anacar- dium L. f. (fig. 371). Arbre des montagnes de l'Inde, à feuilles simples, elliptiques- oblongues, pourvu de fleurs petites, disposées en panicules axillaires et terminales ; le calice est à cinq divisions aiguës, Ja corolle à cinq pétales oblongs, très ouverts ; les étamines sont au nombre de cinq, libres, égales, alternes et insérées avec les pétales, sur un disque urcéolé; ovaire uni- TÉRÉBINTHACÉES. h55 que, libre, uniloculaire , uniovulé, surmonté de trois styles terminaux. Le fruit est cordiforme, un peu aplati, porté sur un torus épaissi, qui peut être mangé impunément. Ce fruit, tel que le commerce l'apporte, est noir, lisse, cordiforme, et présente souvent à sa base son récep- tacle entier, plus petit que le fruit lui-même, fortement ridé et durei par la dessiccation, On observe souvent en outre, à l'extrémité atténuée de ce réceptacle, un pédoncule ligneux, qui était le véritable pédoncule de la fleur, A l’intérieur, l’anacarde est entièrement disposée comme la noix d’acajou : première enveloppe coriace et élastique ; alvéoles rem- plis d’un suc oléo-résineux, noir, visqueux, caustique, d’une odeur fade (ce suc y paraît plus abondant que dans Ja noix d’acajou) ; seconde enveloppe coriace, semblable à la première; amande blanche, douce au goût, encore recouverte immédiatement par une pellicule rougeûtre. . Comme on le voit, les différences entre l’anacarde et la noix d’acajou sont toutes superficielles ; et si une chose peut étonner, c’est que des arbres qui produisent des fruits aussi intimement semblables, diffèrent autant par leurs organes sexuels : aussi sont-ils séparés dans le système de Linné, l’anacardier ayant été rangé dans la pentandrie, et le pommier d’acajou dans l’ennéandrie ou la décandrie. L’anacarde a les mêmes propriétés que la noix d’acajou ; cependant elle paraît moins dangereuse prise à l’intérieur, et elle a été plus souvent prescrite comme purgative. Fruit et Semence de Mango. «Mangifera indica L.; mangifera domestica Gærtn. , tab. 100. Le mango est un arbre des Indes orientales, qui a été propagé dans les Antilles, où il a formé un grand nombre de variétés. Il s'élève à la hauteur de 12 à 14 mètres. Ses feuilles sont simples, entières, oblongues-lancéolées. Les fleurs sont en panicules droites, et accompa- gnées de bractées. Le calice est à 5 divisions ; la corolle a 5 pétales plus longs que le calice: les étamines sont au nombre de 5 , alternes avec les pétales, soudées à la base ; il n’y en a qu’une seule exserte et fertile, les autres sont raccourcies et stériles. L’ovaire est libre, sessile, oblique, uniloculaire , à un seul ovule ascendant ; le style est latéral, courhé en arc, exserte , terminé par un stigmate obtus. Le fruit est un gros drupe un peu réniforme , très variable dans ses dimensions , sa couleur et son goût, mais généralement très recherché pour sa saveur parfumée , aci- dule et sucrée. Le noyau est plus ou moins volumineux , comprimé, un peu réniforme, formé d’un endocarpe ligneux , tout couvert de fibres blanches et chevelues. La semence présente deux enveloppes complètes, membraneuses , tout à fait distinctes et isolées l’une de l'autre; la pre- mière, qui est un arille, puisqu'on trouve à l’intérieur le funicule qui 456 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. conduit au hile , a la blancheur et la finesse d'une baudruche. Le tégu- ment propre de la semence est lui-même formé de deux tuniques sou- dées : Pune, extérieure, blanche et lustrée ; l’autre, intérieure, d’un rouge foncé. L'amande est formée de deux cotylédons tournés en spirale et comme formés de pièces articulées. Cette amande présente un goût fortement astringent, et contient, suivant l'observation de M. Avequin, une forte proportion d'acide gallique libre , qu’on peut en extraire par un procédé beaucoup plus facile et plus expéditif que celui qui sert à extraire cet acide de la noix de galle {/ourn. de pharm.,t. XNIT, p. 421). On donne en Amérique le nom de prunier d'Espagne, de mombin ou de #7yrobolan mombin, à deux espèces de spondias, qui sont les spon- dias purpurea et lutea X. Le premier surtout produit des fruits très recherchés pour la table; ils sont ovales, revêtus d’une peau colorée de jaune et de pourpre , et sont formés, à l’intérieur, d’une chair parfumée, un peu acide et sucrée. Le noyau est volumineux, à 5 loges monospermes, tout hérissé de crêtes ligneuses à l'extérieur. Pistachier et Pistaches, Pistacia vera L., tribu des anacardiées (fig. 372). Car. géo. : Fleurs dioïques. F1. m. : calice petit à 5 dents; corolle nulle; étamines 5, op- posées aux divisions du calice ; filaments très courts, réunis en disque à la base ; ovaire rudimentaire. FI. fem. : calice à 3 ou 4 divisions pressées contre l'ovaire; corolle, étamines et disque nuls ; ovaire unique, ses- sile, uniloculaire , offrant très rarement les rudiments de 2 loges avor- tées; style très court; 3 stigmates ; drupe sec. | ; Le pistachier croît naturellement de- puis la Syrie jus- qu’au Bokhara et au Cabul. Selon Pline, ses fruits furent ap- portés pour la pre- mière fois à Rome par Lucius Vitellius, pendant qu'il était gouverneur de Svy- rie, sur la fin du règne de Tibère, et, vers le même temps, Flaccus Pompeïus, chevalier romain, les porta en Espagne. Le pistachier Fig. 372. TÉRÉBINTHACÉES. h57 est très répandu d’ailleurs dans les îles grecques et en Sicile, et est cultivé jusque dans la Frovence et le Languedoc, en France. Le pistachier s'élève à la hauteur de 7 à 10 mètres. Ses feuilles sont composées de 2 à 3 paires de folioles glabres, un peu coriaces , ovales ou ovales-lancéolées, avec une impaire. Dans une variété, les feuilles n’ont que 3 folicles. Les fruits, nommés pistaches , sont gros comme des olives, et composés : 4° d’un brou tendre, peu épais, ordinaire- ment humide, rougeâtre, très rugueux, légèrement aromatique ; 2° d’une coque ligneuse, blanche, qui se divise facilement en deux valves; 3° d’une amande anguleuse, recouverte d’une pellicule rou- geâtre , d’un vert pâle à l’intérieur et d’un goût doux et agréable. Ces amandes nourrissent beaucoup ; elle donnent de l'huile par l'expression, servent à faire des loochs qui sont verdâtres, et sont très employées par les confiseurs, qui en font des dragées, et par les glaciers, qui en mettent dans leurs crèmes. Lentisque et Mastic. Le lentisque, pistacia lentiscus L., est un petit arbre, haut de 4 à 5 mètres, divisé en rameaux nombreux et tortueux, garnis de feuilles ailées sans impaire , composées de 8 à 10 folioles lancéolées-obtuses, coriaces , persistantes , d’un vert foncé en dessus , plus pâles en dessous. Les fleurs mâles ou femelles , sur des individus différents, sont très pe- ttes, purpurines, et disposées en petites grappes axillaires. Les fruits sont arrondis, brunâtres, et peuvent être mangés. On en retire par expression une huile propre à léclairage et pour l’usage de la table, Mais le produit principal du lentisque , celui pour lequel il est cultivé avec soin dans l'Orient, et surtout dans l’île de Cho ou Scio, est sa résine, connue sous le nom de mastic. La chaleur du climat influe beau- coup sur la production de cette résine ; car bien que le lentisque soit abondant dans le midi de l’Europe et en Provence, il n’y fournit au- cune quantité de mastic. C’est donc de l’île de Scio principalement que nous vient cette ré- sine. Pour l'obtenir, on fait, dans le courant de l'été, de nombreuses et légères incisions au tronc et aux branches principales de l'arbre. Le suc liquide qui en découle s’épaissit peu à peu, et prend la forme de larmes d’un jaune pâle, dont les plus grandes sont aplaties et de forme irrégulière, et les plus petites souvent sphériques. La surface de ces larmes est matte et comme farineuse, à cause de la poussière provenant du frottement continuel des morceaux ; leur cassure est vitreuse ; leur transparence un peu opaline, surtout au centre. Leur odeur est douce et agréable ; leur saveur aromatique ; elles se ramollissent sous la dent, et y deviennent ductiles. 158 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. Le mastic est légèrement tonique et astringent. On en fait une grande consommation en Orient, comme masticatoire , pour parfumer l’haleine et fortifier les gencives : c’est de cet usage que lui est venu le nom de mastic. Le mastic n’est pas entièrement soluble dans l'alcool. La partie inso- luble, qui est tenace et élastique tant qu’elle contient de l'alcool inter- posé , et sèche et cassante lorsqu'elle n’en contient plus , paraît anaiogue à celle que nous avons précédemment trouvée dans la résine animé. Le mastic est soluble en toutes proportions dans l’éther, et il se dissout faci- lement à chaud dans l’essence de térébenthine. La résine sandaraque , produite par le fhuya articulata (famille des conifères, t. II, p. 243), ressemble beaucoup à celle du lentisque; on l'en distingue facilement, cependant , à la forme allongée de ses larmes, à sa grande friabilité sous la dent , à sa complète solubilité dans Palcool, et à sa solubilité beaucoup moins grande dans l’éther et l'essence de térébenthine, Pistachier atlantique, Pistacia atlantica Delf. Grand et bel arbre de l’état de Tunis, qui s'élève à une hauteur de plus de 20 mètres, sur 65 à 100 centimètres de diamètre, au bas du tronc. Ses feuilles sont caduques, composées de 7 à 9 folioles lancéolées, un peu ondulées, glabres, sur un pétiole un peu ailé. Il découle du tronc et des rameaux de cet arbre un suc résineux, d’un jaune pâle , qui a beaucoup de res- semblance avec le mastic, et qui sert aux mêmes usages. Térébenthine de Chlo. Chez les anciens, le mot térébenthine n’était d’abord qu'un nom ad- jectif et spécifique, qui, joint au nom générique résine, s'appliquait exclusivement au produit du térébinthe (pistacia terebinthus L.). Mais, plus tard , ce nom a été appliqué génériquement à tous les pro- duits résineux mous ou liquides, composés, comme le premier , d’es- sence et de résine. Alors il a fallu désigner plus particulièrement la té- rébenthine du térébinthe par le nom de l'arbre qui la produit, ou par le lieu de sa provenance la plus habituelle. Le térébinthe croît naturellement dans le Levant, dans la Barbarie el dans l’île de Chio, d’où nous vient la térébenthine la plus estimée. C’est un arbre assez élevé, dont les feuilles sont caduques, composées de 7 à 9 folioles ovales-oblongues, vertes , luisantes, portées sur un pétiole un peu ailé. Le suc résineux s’en échappe naturellement. pendant l'été, par les fissures de l'écorce; mais on en obtient davamtage à l'aide d’in- cisions, faites au printemps, au tronc et aux principales branches ; le suc résineux en découle pendant tout l'été, et tombe sur des pierres TÉRÉBINTHACÉES. 459 plates placées au pied de l’arbre, où on le ramasse tous les matins, quand il a été épaissi par la fraîcheur de la nuit. On le purifie en le faisant couler à travers de petits paniers exposés aux rayons du soleil. Les térébinthes fournissent fort peu de résine; car un arbre de soixante ans, dont le tronc a 13 à 16 décimètres de circonférence, n’en produit ordinairement que 300 à 350 grammes par an. Aussi cette té- rébenthine-est-elle toujours rare dans le commerce , et d’un prix élevé. Elle est toujours très consistante et souvent presque solide ; elle est pour le moins nébuleuse et quelquefois presque opaque. Elle est d’un gris verdâtre ou jaune verdâtre. Son odeur paraît très faible à l'air ; mais quand elle est renfermée dans un vase de verre, elle en conserve une assez forte, agréable , analogue à celle du fenouil ou de la résine élémi. Elle offre une saveur parfumée, privée de toute amertume et d’âcreté, et qui rappelle tout à fait celle du mastic. Comme le mastic également, la térébenthine de Chio se dissout en toutes proportions dans l’éther , et laisse, quand on le traite par l’alcool, une résine gluti- neuse, Cette coïncidence de propriétés n’a rien qui doïve étonner, en raison de lé troite parenté. des arbres qui produisent les deux résines. Aussi suis-je tout à fait de l’avis des moines éditeurs de Mésué ; qui disent que, à défaut de la térébenthine de Chio , la substance la plus propre à Ja remplacer est le mastic, et non les résines de conifères. Le térébinthe présente dans son organisation un fait très singulier. D’après Théophraste, cet arbre est mâle et femelle, Chez les anciens, ces qualifications n’ont souvent aucun rapport avec le sexe des plantes; mais ici elles se trouvent justement appliquées. Seulement Théophraste distingue deux arbres femelles : un, portant des fruits rouges, de la gros- seur d’une lentille, non mangeables ; l’autre, produisant des fruits verts d’abord, puis rouges, enfin noirâtres, et de la grosseur d’une fève. Dühamel nous a donné l'explication de ce fait, d’après Cousineri: c’est que l'espèce du ‘térébinthe comporte trois sortes d'individus ; les uns mâles , les seconds femelles et les troisièmes androgynes, c’est-à-dire portant à la fois des fleurs mâles et des fleurs femelles. Ce sont ces der- niers qui produisent les fruits les plus petits, ligneux et presque privés d'amandes. Les arbres véritablement femelles fournissent seuls un fruit complet et susceptible de germination. Ce fruit peut être mangé comme lespistaches, quoiqu’ilsoit moins agréable et qu'il ne serve guère qu'aux pautres gens. a Galles de Térchinthe. On trouve , dans les observations de Lobel (p. 538, fig. 2), dans les Rariorum plant. de Clusius, et dans plusieurs autres ouvrages posté- rieurs, une seule et mêne figure de térébinthe , portant, à l’extrémité du rameau, une galle en forme de corne allongée et contournée, qui est h60 DICOTYLÉDONES CALIGIFLORES. connue sous le nom de €aroub de Judée, soit qu’on l'ait comparée, pour la forme, au fruit du caroubier, soit qu'on ait tiré son nom direc- tement du mot hébreu kerwb, qui signifie corne, Fig. 373. SS Mais cette galle, en forme de corne, n’est pas la seule que produise le térébinthe, puisque Clusius lui-même mentionne une autre galle vésicu- leuse, adhérente aux feuilles ou aux branches de l'arbre, et semblable à la galle des feuilles de l’orme. Belon, les moines éditeurs de Mésué, J. Bau- hin et Kæmpfer, ont aussi parlé de ces différentes galles du térébinthe, dont la plus connue est toujours ce- pendant celle en forme de corne, ou la caroub de Judée (1). Cette galle, représentée fig. 373 et 374, a la forme d’une vésicule longue et aplatie, élargie au milieu et amincie en pointe aux deux extré- mités. Elle est généralement repliée sur elle-même près du pédoncule, et souvent dirigée en sens contraire vers l’autre extrémité. J'en possède (4) Consultez, pour plus de détails , mon Mémoire sur les galles du téré- binthe et sur la galle de Chine , inséré dans la Revue scientifique, t. XXIV, p. 409. TÉRÉBINTHACÉES. A61 une entière, longue de 7 centimètres sur 17 millimètres delarge, et de plus grands échantillons non entiers de 30 à 35 millimètres de large, et dont la longueur peut avoir été de 16 à 18 centimètres. CeLte galle est d’une couleur rouge décidée, surtout à l'extérieur, qui est strié longitudina- lement et doux au toucher. Elle est épaisse de 1 millimètre seulement , et vide en dedans, excepté une petite quantité de dépouilles des puce- rons (aphis pistaciæ L. ) qui ont été cause de son développement. La substance même de la galle est compacte , translucide, mêlée de fibres ligueuses blanches, qui vont d’une extrémité à l’autre. Elle est chargée d’un suc résineux qui exsude par places, à l'extérieur ou à l'intérieur, et elle possède une saveur très astringente , accompagnée d’un goût aro- matique semblable à celui de la térébenthine de Chio. Enfin, on peut observer que cette galle, étant formée par la piquûre d’un bourgeon ter- minal, est toujours simple et terminée par une pointe unique. Galle noire et cornue du pistachier. J'ai attribué cette galle à un pistachier, parce qu’elle m’a paru être la galle corniculée, qui, dans les Adversaria de Lobel (p. 412), accompagne la figure du péstacia narbo- nensis L., lequel n’est qu’une simple variété du pestacia vera. Cepen- dant, comme la galle du térébinthe, en séjournant longtemps sur l'arbre après la sortie des pucerons, ou en restant sur la terre exposée à l'humi- dité, peut acquérir les caractères de cette nouvelle galle, je n'oserais dire aujourd’hui que cette galle est certainement produite par un pistachier. Dans tous les cas, elle diffère beaucoup de la première espèce , étant longue seulement de 4 à 6 centimètres , épaisse de 8 à 15 millimètres, plus ou moins recourbée et terminée par une pointe aiguë. Elle est souvent comme toruleuse dans sa longueur ; elle est d’un gris noirâtre à la surface, et offre souvent de petites glandes plates et circulaires, d’où exsude une résine jaune. La substance même de la galle est entièrement noire, légère, fragile, épaisse de 1/3 à 1/2 millimètre. La saveur en est mucilagineuse , sans astringence, mais avec un goût aromatique. Galle de pistachier, de Boukhara (fig. 375). D'après M. Royle, on importe dans l'Inde, de Boukhara, les fruits du pistachier, conjoin- tement avec une petite galle, nommée gool-i-pista (fleur de pistache), reconnue pour appartenir à cet arbre, ainsi qu’une résine appelée a/uk-columbat. Les plus grosses de ces galles ne dépassent pas le volume d’une petite cerise ; elles sont rougeâtres ou brunâtres extérieure- ment, vides à l'intérieur, quelquefois lobées ou didymes, d'un faible goût de térébenthine de Chio ; elles sont mélangées de très petites larmes rondes semblables au mastic. Cette galle paraît Fig. 375. 462 DICOTYLÉDONES GALICIFLORES. être la même que la petite galle de pistachier figurée par Lobel ( Advers., p. M2). Galle de Chine ou où-poey-lse. Cette galle jouit d'une grande célébrité en Chine, non seulement comme substance propre à Îa teinture, mais encore comme un puis- sant astringent dont les médecins savent tirer parti dans un grand nombre de maladies, La description de cette substance et de ses pro- priétés a été empruntée par Duhalde au célèbre livre chinois le Pen- tsau (1). Geoffroy l’a très bien décrite également dans les Mémoires de l’Académie des sciences (année 1724, p. 320), et il paraît qu’on la recevait alors par la voie du commerce; mais, depuis longtemps, il n’en restait plus que des échantillons brisés et inconnus dans les droguiers, lorsque le commerce anglais l’introduisit dé nouveau en Europe, où elle peut être appelée à partager les divers emplois de la noix de galle, des bablahs, du libidibi, du cachou, du gambir et des au- tres astringents d’un arrivage facile. D'après Duhalde, la grosseur des ow-poey-tse varie depuis celle d’une châtaigne à celle du poing ; la plupart sont d’une forme ronde ou oblon- gue ; mais il est rare qu'ils se ressemblent entièrement par la configura- tion extérieure; leur couleur est d’abord d’un vert obscur, qui jaunit ensuite. Alors cette coque , quoique ferme, devient très cassante. Les paysans chinois recueillent les ou-poey-tse avant les premières gelées. Ils font mourir les insectes que les coques renferment en les exposant pen- dant quelque temps à la vapeur de l’eau bouillante. J'ai donné, dans le mémoire que j'ai cité précédemment (/ev. scient., t. XXIV, p. 418), la description des différentes galles de Chine que j'ai en ma possession : l’une, que j'avais depuis longtemps sans la connaître, et qui se trouve ici représentée [fig. 376 a), paraît résulter du développement monstrueux d’un bourgeon, retenant encore à sa base des vestiges d’écailles imprégnées d’un sûc gommeux. Dès sa base, ce bourgeon se trouvait partagé en trois ou quatre branches, dont chacune produisait une galle ; mais, de ces galles, il n’ea reste qu’une entière et une petite partie d’une seconde, Ea galle entière, à parür du pédoncule, s’élargit rapidement en forme d’éventail, et se sépare en deux parts inégales, sur lesquelles paraissent des points proé- minents, qui indiquent d’autres divisions moins marquées, où d’autres parties plus complétement soudées et confondues. Cette galle, étant ré- (4) Pen-isao ou pun-tsao cong mou, ou herbier chinois en 52 hvres. — Description géographique et historique de la Chine , par Duhalde, Paris, 1738 ,t. II, p. 496. — Description de la Chine, par Grosier, t. I, p. 6M, TÉRÉBINTHAGÉES. h63 cente, devait être couverte d’un duvet jaunâtre, qui persiste dans les endroits creux, tandis que les parties proéminentes sont devenues brunes et polies par le frottement. La substance de la galle à plus d’un Fig. 376. millimètre d'épaisseur ; elle est blanchâtre, translucide et si gorgée de suc, qu'elle présente, quand on la coupe, l'apparence d’une gomme ré- sine desséchée. Elle possède un goût très astringent, sans aucune odeur ni saveur résineuse. La galle de Chine, importée récemment en Angleterre, e4 dont M. Morson, de Londres, a bien voulu m'envoyer une assez forte quan- üté, est d’un gris blanchâtre, d’où il me paraît certain que la première ne doit sa couleur brunâtre qu’à son ancienneté. Elle est d’ailleurs en- tièrement couverte d’un duvet blanc, velouté; elle a la même substance translucide et cornée, et la même astringence, sans goût aromatique ou résineux. D’après M. Pereira, ces galles sont ordinairement revêtues à l’intérieur d’une matière d'apparence crétacée et contiennent des débris de pucerons ; leur forme est très sujette à varier, quelques unes étant arrondies et presque unies ; mais la plupart offrent des protubérances ou des cornes semblables à des andouillers de cerf. (Voir la figure 316,bet c.) J'ai donné, dans le mémoire cité, une figure grossière de l’arbre qui fournit la galle de Chine, tirée du Pen-fsao, et quelques détails fournis par des commerçants anglais, qui ne suffisent pas pour en reconnaître le genre, ni même la famille. | h64 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. Eaume de la Mecque. L’arbuste qui produit ce suc résineux portait chez les Grecs le nom de Bahcapoy, et les trois substances qu'il fournit au commerce étaient connues sous ceux de Omobahsapoy (suc de baumier), E5a06%cauoy (bois de baumier), et Kapæoéasauss (fruit de baumier). Chez les Latins, le Baume portait simplement le nom de Bal/samum, comme étant la seule substance qui le méritât, par l'excellence de son odeur et de ses pro- priétés. Ce n’est qu'après la découverte de l'Amérique et lorsque diverses parties de ce vaste continent nous eurent donné les bawmes d'Inde, de Tolu, du Pérou, de Copahu, etc., qu'il devint nécessaire d’ajouter une désignation spécifique au baume de l’ancien monde, et alors on lui donna les noms de Baumé de Judée, Baume de la Mecque. Baume de Giléad, Baume du Caire: elc., des différentes contrées ou villes qui le fournissaient au commerce. Aujourd’hui, ce- pendant, que les chimistes sont convenus de ne donner le nom de baume qu'aux composés résineux naturels, pourvus d’acide benzoïque ou cinnamique, le baume de la Mecque est menacé de perdre son nom primitif, pour prendre celui d’oléo-résine ou de férébenthine de Judée, de la Mecque, etc., à l'exemple des autres produits végétaux formés comme lui de principes résineux Fig. 377. rendus plus ou moins fluides par la pré- sence d’une huile volatile. L’arbuste au baume de la Mecque ap- partient au genre balsamodendron (tribu des burséracées) dont voici les caractères : Fleurs polygames ; calice campanulé à k dents persistantes ; corolle à 4 pétales insérés sous un disque annulaire, pourvu de 8 glandes. Les étamines sont au nombre de 8, insérées sous le disque annulaire. Ovaire sessile, biloculaire, surmonté d’un style très court et d’un stigmate quadri- lobé. Drupe gobuleux ou ové, à noyau osseux à deux loges, ou uniloculaire et monosperme par avortement. Feuilles non ponctuées. Deux espèces très voisines, et qui ne sont plutôt que deux variétés d’une même espèce, fournissent le baume de la Mecque : a l’une, nommée balsamodendron gileadense Kunth (amyris gileadensis L., fig. 377), est un petit arbuste à rameaux grêles et divergents, dont TÉRÉBINTHACÉES. h65 les feuilles sont alternes, pétiolées, très petites, composées seulement de trois folioles très rapprochées, glabres, entières, ovales ou obovées, dont celle du milieu est plus grande que les deux autres. Les pédoncules sont uniflores, portés à l’extrémité de petits rameaux, seuls ou plusieurs ensemble. L'autre espèce, ou variété, nommée balsamodendron opobalsamum, ne diffère de la première que par ses feuilles composées de une ou deux paires de folioles sessiles , avec une impaire. Ces arbustes sont très rares, difficiles à cultiver, et ont successive- ment disparu de diverses contrées qui ont été indiquées pour le possé- der. C’est ainsi que la Judée, qui le produisait anciennement, aux dires de Théophaste, de Dioscoride, de Pline, de Justin et de Strabon, en est complétement privée depuis longtemps. De la Judée, qu'il ait été trans- porté en Égypte, ou qu'il y ait été apporté d'Arabie comme cela est beaucoup plus probable, toujours est-il qu’à partir du x1° siècle, jus- qu’au xvI° ou au XVII‘, l’arbre du baume était cultivé auprès du Caire, dans un lieu nommé Watarée, enclos de murs et gardé par des janis- saires. Mais, lors du voyage de Belon au Caire (en 1550), et malgré plusieurs importations successives de baumiers de la Mecque, il n’en restait que neuf à dix pieds, presque privés de feuilles et ne donnant plus aucune quantité de baume; le dernier pied est mort en 1615, dans une inondation du Nil. Ce n’est donc plus dans la Judée, ni en Égypte, qu’il faut chercher l’origine du baume de la Mecque; c’est dans l'Arabie Heureuse, et dans les environs de Médine et de la Mecque, où l'arbre croît naturellement et où il n’a pas cessé d’exister, Abd-Allatif, médecin de Damas, qui a vécu de 1161 à 1231, a donné sur l'extraction du baume, au jardin de la Matarée, des détails que je crois devoir reproduire ici. « Le baumier a deux écorces : l’une, extérieure, qui est rouge et mince ; l'autre, intérieure, verte et épaisse. Quand on mâche celle-ci, elle laisse dans la bouche une saveur onctueuse et une odeur aromatique. On recueille le baume vers le lever de la canicule , de la manière suivante : après avoir arra- ché de l'arbre toutes ses feuilles, on fait au tronc des incisions avec une pierre aiguë, en prenant garde d’attaquer le bois. Lorsque le suc en découle, on le ramasse avec le doigt que l’on essuie sur le bord d’une corne. Quand la corne est pleine , on Ja vide dans des bouteilles de verre ; ce qu’on continue sans interruplüion, jusqu’à ce qu’il ne coule plus rien de l'arbre. Plus l'air est humide, plus la récolte est abondante ; au contraire , elle est médiocre dans les années de sécheresse. On prend à mesure les bouteilles et on les enfouit dans la terre, jusqu’à ce que l'été soit dans toute sa force ; alors on les retire de terre et on les expose au soleil. Chaque jour on les visite et l’on trouve l'huile qui surnage sur une substance aqueuse mélée de parties terreuses. On retire l’huile surnageante et l’on remet les bouteilles au soleil, ce qui se répète IIL. 30 h66 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. alternativement jusqu'à ce qu’il ne se sépare plus d'huile. Alors on prend toute l'huile , et l'homme qui est chargé de ce soin la fait cuire secrètement, sans souffrir que personne assiste à cette opération; ensuite il la transporte dans le magasin du souverain. La quantité d’huile pure que l’on retire du suc monte, quand elle est passée, à un dixième du total. On m’a assuré qu’on recueillait annuellement environ 20 rotls d'huile (7 kil., 250 gram.) (1). » Si j'osais modifier quelque chose à la description précédente, je dirais qu’il me paraît peu probable que le baume huileux, épuré par le procédé décrit par Abd-Allatif, et qui était réservé pour le souverain, fût soumis à une cuisson quelconque, qui ne pouvait qu’en altérer la qualité. Je suppose que cette cuisson était appliquée plutôt au produit impur ét mêlé d’eau, d'où le premier avait été séparé, et qu'il pouvait en résulter un baume de qualité inférieure, destiné à être versé dans le commerce. Augustin Lippi, cité dans la Matière médicale de Geoffroy, indique un autre procédé usité pour obtenir deux autres qualités de baume de la Mecque. Ce procédé cousiste à remplir une chaudière de feuilles et dé rameaux de baumier, à y verser de l’eau jusqu’à ce qu'elle les sur-- passe, et à chauffer jusqu’à l’ébullition. Lorsque le liquide commence à bouillir, il vient surnager une huile limpide et suave que l'on re- cueille à part et qui est réservée pour l'usage des dames turques ; en continuant l'ébullition, il s'élève à la surface de l’eau une huile plus épaisse et moins odorante, qui est destinée au commerce. Pendant longtemps, ainsi que je l'ai dit ailleurs (2), je n'ai pu énon- cer que d’une manière vague ou douteuse les véritables caractères du baume de la Mecque, faute d’en avoir eu à ma disposition un échan- tillon authentique ; mais en 1838, M. Benjamin Delessert, ayant bien voulu me permettre de puiser dans un flacon qui avait été rapporté d'Égypte par M. le professeur Delile, j'ai pu dire alors à quels carac- tères on peut reconnaître la pureté de ce produit célèbre, et qui est d’un prix très élevé, même dans les contrées qui nous le fournissent. Le baume de la Mecque de M. Delessert était renfermé dans un flacon sphérique, bouché en cristal ; il pouvait ÿ en avoir 900 grammes. Renfermé dans ce vase depuis la glorieuse expédition d'Égypte, ce baume s'était séparé en deux couches : une supérieure, liquide, mobile et presque transparente ; une inférieure, opaque, épaisse el glutineuse. (4) Le jardin d’Ain-Schems, ou de la Matarée , avait 7 feddans d’étendue (plus de 9 arpens). Extrait de la Relation de l'Égypte, par Abd-Allatif, traduite par Sylvestre de Sacy. Paris , 1510. (2) Observations de pharmacie, de chimie et d'histoire naturelle, Paris, 1838. TÉRÉBINTHACÉES. h67 Ayant mêlé le tout par l'agitation, le baume à pris la consistance uni- forme et la demi-opacité qu’il doit avoir lorsqu'il est récent. Ce baume offre alors la consistance et presque l'aspect du sirop d’or- geat, mais avec une leinte fauve que ne doit pas avoir le sirop. Il a une odeur très forte, analogue à celle de quelque plante labiée que je ne puis déterminer ; cette odeur s’affaiblit promptement à l'air, et alors elle devient suave , tout à fait particulière et ne peut plus être comparée qu’à elle-même. La pureté et la suavité de cette odeur affaiblie forment déjà un bon caractère du baume de la Mecque. Sa saveur est très aro- matique, amère et finit par devenir âcre à la gorge. Une goutte de baume de la Mecque liquide, que l’on fait tomber dans un vase plein d’eau, pénètre d’abord dans le liquide à une certaine profondeur, puis remonte à la surface et s’y étend aussitôt instantané ment et complétement , en une couche très mince et nébuleuse, qu, vue à la loupe , présente une infinité de petits globules uniformément répartis sur toute la surface. Cette couche de baume , touchée avec un poinçon , s’y attache et s’enlève avec lui, comme le ferait une térében- thine. En attendant quelques instants, le baume devient assez solide, à cause de la prompte évaporation de son essence, pour que le tout s’enlève en une seule masse consistante. Ce caractère indiqué par Prosper Alpin, dans son Dialoque du baume (1), est d’une grande exactitude et un des meilleurs pour reconnaître la pureté du baume. J’ai pu l’observer sur un baume très ancien, presque épaissi en con- sistance de térébenthine, et d’une couleur un peu brunâtre ; seulement le baume reste un peu longtemps sous l’eau et est un peu plus de temps à s'étendre à la surface. Une goutte de baume liquide, versée sur un papier collé, s’y étend un peu, mais ne pénètre pas le papier et ne le rend pas translucide. Après douze heures d’exposition à l’air, le baume est devenu assez con- sistant et assez tenace pour que, en pliant le papier en deux , on ait peine ensuite à le séparer sans déchirure. 5 grammes de baume, traités par 30 grammes d’alcool à 90 degrés, forment un liquide blanc comme du lait, qui ne devient transparent qu'après un repos de huit à dix jours. Alors on trouve au fond du liquide un dépôt glutineux, formé par une résine insoluble dans l'alcool et qui est analogue à celle de l’'hymenœæa courbaril. Cette résine se dessèche promptement sur un papier collé, sans le traverser et sans le rendre transparent. Enfin le baume de ja Mecque, trituré avec un huitième de son poids de magnésie calcinée, ne se solidifie pas comme le font la téré- (1) Traduction d'Antoine Colin , Lyon , 1619, p. 61. h68 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. benthine des pins et des sapins et plusieurs baumes de copahu, Tels sont les caractères du vrai baume de la Mecque. Ce baume, à l’état de pureté, est rare, mais n’est pas introuvable. J’en avais vu antérieurement chez plusieurs pharmaciens et droguistes, et, après avoir connu celui de M. B. Delessert, j’en ai acheté deux fois de semblable, renfermé dans des bouteilles carrées en plomb, de la contenance de 250 gram. environ. Mais il faut dire que la plupart des droguistes n'en ont que de falsi- lié, et que plusieurs même vendent, de bonne foi, de la térébenthine de Chio ou du baume du Canada pour du baume de la Mecque. Antérieurement à 1838, j'avais moi-même acheté d’un brocanteur une grande bouteille en plomb de baume de la Mecque, que je regardais comme bon et qui était cependant altéré avec de l'huile , ainsi que je l'ai reconnu depuis. Comme il peut être utile d’en exposer les caractères, les voici : Ce baume est semblable , pour la consistance sirupeuse et la demi-opacité , à celui de M. Delessert; mais il a une teinte jaune verdätre que n'offre pas ce dernier. Dans le vase en plomb qui le renferme, il présente une odeur forte qui tient un peu du romarin. En vieillissant dans un flacon de verre en vidange, fermé en liége et quelquefois ouvert, l'odeur s’affaiblit et se rapproche beaucoup de celle du baume vrai; cependant on y découvre quelque chose de rance, et le bouchon blanchit, comme cela a lieu avec les huiles rances. La saveur en est aromatique , âcre et amère. Une goutte versée sur l’eau s’y étend inégalement comme le fait l'huile ; et les yeux ou les dessins formés sur l’eau sont miroitants et transparents, au lieu d’être nébuleux et opaques. La couche résineuse ne peut être soulevée avec un poincon , même après vingt-quatre heures d'exposition à l'air. Une goutte versée sur du papier collé le pénètre aprés quelque temps et le rend translucide. Le baume ne s’y dessèche pas, même après plusieurs jours d’exposition à l'air, et les deux moitiés du papier, pliées et appliquées l’une contre l'autre , se séparent sans effort et sans déchirure. Ce baume, traité par l'alcool rectifié , le blanchit comme le véritable ; mais le dépôt qui s’y forme à la longue est un liquide épais, gras au tou- cher, et qui tache le papier à la manière d’une huile grasse. Cette huile n’existe dans le baume qu’en petite quantité, mais elle suffit pour lui imprimer des caractères bien tranchés de celui qui est pur de tout mélange (1). Fruit du Baumier de la Mecque, ou Carpobalsarnum. Ce fruit est d’un gris rougeâtre , gros comme un petit pois, allongé , pointu par les deux bouts, et marqué de quatre angles plus ou moins apparents. 11 est composé d’un brou desséché et rougeâtre , d’une saveur très faiblement amère etaromatique ; d’un noyau blanc, osseux, convexe d’un côté, marqué d’un sillon longitudinal de l'autre, etinsipide ; enfin, (4) I est possible que celte petite quantilé d'huile provienne de l'imanude du fruit du baumier, On lit dans quelques auleurs, qu'on al:ère le baume de la Mecque en y mêlant le produit oléo-résineux et aromalique provenant de l’expression du carpobalsamunr, TÉRÉBINTHACÉES. 69 d’une amande huileuse d'un goût agréable et aromatique. Ce frait entier p’a pas d’odeur sensible ; il ressemble un peu aux cubèbes, ou poivre à queue; mais celui-ci est plus arrondi, plus foncé en couleur, plus ridé, non ligneux , et jouit d’une saveur âcre, amère, très aromatique, tout à fait différente. Le fruit du baumier entre dans la thériaque. Bois de Eaumier, ou Xylobalsamum, Ce bois, tel qu’on le trouve dans les droguiers, se compose de petites branches longues de 16 centimètres, épaisses comme de petites plumes à écrire, marquées alternativement de tubercules ligneux qui sont un reste des petites branches secondaires fort courtes , qui portent les fleurs mâles (fig. 377 «). L'écorce est d’un brun rougeâtre et marquée de stries longitudinales régulières; le bois en est blanchâtre, dur, d'une odeur douce très faible et d’une saveur nulle, ce qui ne doit pas surprendre, vu l’ancienneté de cette substance dans les dro- guiers, et la facilité avec laquelle elle perd son odeur première, d'après Prosper Alpin (traduction du Dialogue du baume, p. 76). Cette substance est exactement représentée dans l'édition de Matthiole de G. Baubin, p. 60. J'ai trouvé dans le commerce deux autres substances vendues comme zylobalsamum. La première est formée de petits bouts de branches longs seulement de 41 à 14 millimètres, épais de 2 millimètres au plus, couverts d’une écorce rougeàtre, très rugueuse et à stries transver- sales et non longitudinales. Cette substance a une saveur aromatique un peu amère et une odeur douce et agréable, lorsqu’elle est en masse. Froissée dans la main, elle développe une odeur forte, analogne à celle du romarin. Cette substance appartient aux petites branches secon- daires de l'individu mâle (fig. 379 a). Elle est évidemment préférable aux rameaux inodores que j'ai décrits d’abord. L'autre dernière substance, trouvée dans le commerce, est composée de petits fragments grisâtres, anguleux, d’une odeur de genièvre, et sont en effet l'extrémité des rameaux du genévrier commun. Myrrhe. La myrrhe est une gomme-résine dont l'usage, comme aromate et comme médicament, remonte à la plus haute antiquité. Elle est pres- crite dans l’'£xode, ch. xxx, 23, sous le nom de ur, la première des substances aromatiques les plus exquises qui doivent composer l'huile sainte, Les Grecs la nommaient sxyrna où myrrha, et la sup- posaient produite par les pleurs de la mère d'Adonis, après que les dieux compatissants l’eurent changée en arbre, pour la soustraire à Ja vengeance de son père Cyniras. h70 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. La myrrhe découle en Arabie et en Abyssinie d’un arbuste épineux que l’on a longtemps pensé pouvoir être un acacia, mais que Forskal ayait regardé antérieurement comme un végétal térébinthacé, voisin de son amyris kataf. Cette dernière opinion a été confirmée par MM. Ehren- berg et Hemprich , naturalistes prussiens, qui, dans un voyage dans le Dongolah et l’Arabie, ont décrit l'arbre à la myrrhe et en ont rapporté des specimens. Cet arbre se trouve figuré et décrit dans les Plantes médicinales de M. Nees d’Esenbeck sous le nom de ha/samodendron myrrha. W pré- sente des rameaux épars, très ouverts, terminés en épine aiguë. Les feuilles sont petites, presque sessiles, composées de 3 folioles obovées, dont les 2 latérales sont peu développées et manquent souvent. La foliole terminale est souvent irrégulièrement dentée à l'extrémité. Le fruit ressemble beaucoup au carpobalsamum, à cela près qu'il est ter- miné par le style persistant et recourbé. La myrrhe choisie, et telle que les pharmaciens doivent l’employer, est sous forme de larmes pesantes, d’un volume très variable, rou- geâtres, irrégulières, comme efllorescentes à leur surface, demi- transparentes, fragiles, brillantes et comme huileuses dans leur cas- sure. Les plus gros morceaux offrent, dans leur intérieur, des stries opaques et jaunâtres, demi-circulaires, qui paraissent dues à une des- siccation moins parfaite, et que l’on a comparées à des coups d’ongle, d’où est venu à cette myrrhe le surnom de unguiculée. Les uns et les autres ont une saveur amère, âcre, très aromatique, et une odeur forte et aromatique toute particulière. On doit rejeter la myrrhe qui est en masses agglomérées , noirâtres , mélangées d’écorces de l'arbre qui la produit ou d’autres impuretés. On prépare avec la myrrhe plusieurs teiutures alcooliques. Elle entre dans la thériaque, la confection de safran composée (ci-devant d’hyacinthes ), le baume de Fioraventi, et dans l’élixir de Garus, auquel elle communique l’odeur qui y domine. Suivant l'analyse de Brandes, la myrrhe est composée de : ERA. : 122 GRETA 2,60 Ééaine molle. . . .. . . rm :… .. 22,2h EL de Sd ae L 27:80 Came solubles. : . 24. . 4.00 38 ER ES Loin dés lobt M Ne 9,32 Sels à base de potasse et de chaux. . . . 1,36 Dur C A MES 1,60 Perte. PSS a: déc ile 2,94 100,00 TÉRÉBINTHACÉES. 471 M. Bona:tre, dans une note insérée dans le Journal de pharmacie , t XV, p. 281, a signalé l'existence de plusieurs substances qu’il nomme myrrhe nouvelle où fausse myrrhe, mais qu’il ne me paraît pas avoir nettement distinguées. L'une de ces substances est celle qui sera décrite tout à l'heure sous le nom de bdellium de l'Inde, caractérisée par sa couleur brunâtre, sa cassure inégale , résineuse, molle et collante par places, sa saveur très amère et térébinthacée. Une autre est celle que je nomme bdellium opaque , reconnaissable à son opacité blanchâtre et cireuse , et à sa saveur amère, un peu gommeuse , nullement âcre à la gorge. La troisième est une espèce de myrrhe jaunâtre , en grosses larmes d’une transparence imparfaite, toujours amère, mais surtout d'une très grande âcreté à la gorge. Toutes ces substances peuvent être attribuées, sans invraisemblance , à diverses espèces de ha/samo- dendron , voisines de celles que j'ai déjà nommées. Parmi les autres espèces de balsamodendron croïssant en Arabie, j'en citerai deux qui ont beaucoup de ressemblance avec le balsamodendron myrrha. Lune est l'amyris kataf de Forskal, qui diffère cependant du balsamodendron myrrha par ses folioles quatre fois plus grandes et presque égales entre elles, et par ses rameaux non épineux. L'autre espèce , l’amyris kafal Forsk., a les rameaux épineux et les feuilles composées de 3 folioles sessiles, desquelles les 2 latérales sont plus petites que la terminale ; de sorte que cette espèce a beaucoup plus de rapports avec l'arbre à la myrrhe et que je ne puis même en indiquer les différences. Ce balsamier kafal produit un bois rouge et aromatique, qui est un objet considérable de commerce pour l’Arabie. Bdellium. Suivant Dioscoride, le bdellium est une larme produite par un arbre du pays de Saracène, en Arabie, qui est amère, translucide , ayant l’aspect de la colle de taureau , grasse en dedans , se liquéfiant au feu, et répandant une fumée odorante. On en connaît une autre sorte apportée de l'Inde, qui est noire , sale , agglomérée en gros morceaux, d’une odeur d’aspalathe. Enfin, on en trouve une dernière espèce qui tient le second rang pour la bonté , qui est résineuse , livide, venant de Pétra ( Arabie ). Le commerce d'aujourd'hui nous offre aussi trois sortes de bdellium, qui paraissent être les mêmes que celles de Dioscoride. Bdellium d'Afrique. Ce bdelliam est probablement la première sorte de Dioscoride. Je lui donne le nom de 4dellium d'Afrique, parce qu'on le trouve toujours mêlé en petite quantité à la gomme du Séné- gal, et qu’on l’a quelquefois fait venir séparément de cette contrée et de 172 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. la côte de Guinée; mais ilen vient aussi d'Arabie qui paraît être de même nature. Il est en larmes arrondies, de 25 à 30 centimètres de diamètre, d'un gris jaunâtre, ou rougeâtre, ou verdàtre, demi- transparent, d’une cassure terne ct cireuse ; en vieillissant il devient tout à fait opaque et comme farineux à sa surface. Il a une odeur faible qui lui est particulière et une saveur amère. M. Pelletier l’a trouvé composé de : RES OMEOS DOTE CNEPORERI 59,0 Gomme soluble, . . . . . . .. 9,2 DONNE PUMA, CONSOREUN, NE 30,6 Huile volatile et perte. . . . . . 7,2 100,0 Ce bdellium est produit au Sénégal par un arbrisseau épineux haut de 3 mètres, et de la famille des térébinthacées, qu’Adanson avait désigné sous le nom de xioftout, et que M. Richard et Guillemin ont décrit, dans la Ælore de Sénégambie, sous le nom de heudelotia afri- cana. I appartient au genre balsamodendron, et porte aujourd’hui le nom de balsamodendron africanum. La seule circonstance qui parais- sait contraire à cette origine, c’est que les larmes de bdellium recueil- lies par M. Perrottet sur cet arbrisseau n'étaient guère plus grosses que des pois, et il fallait, ou que le bdellium du commerce fût produit par une espèce différente, ou que le niottout pût devenir un arbre plus fort et plus élevé que M. Perrottet ne l'avait vu. Cette objection a été levée par M. Caillé, qui a trouvé le niottout dans l’intérieur de l'Afrique, sous la forme d’un arbre élevé et d’une grosseur proportionnée. Il à également été trouvé dans le royaume d’Adel; d’où il est probable qu'il traverse l'Afrique de part en part, et rien n'empêche de penser qu'il ne croisse également en Arabie. Bdellium de inde, Cette substance est en masses noirâtres, sou- vent salies de terre à l'extérieur, et mélangées de tiges ligneuses et d’une écorce feuilletée comme celle du bouleau ; elle a une cassure terne ou brillante, et presque toujours l’une et l’autre à la fois, offrant comme un suc résineux, poisseux el brillant, qui exsude par gouttes d’une masse gommo-résineuse terne. Exposée entre l'œil et la lumière, elle paraît translucide et d’un gris brunâtre ; elle a une odeur assez forte et une saveur très amère et âcre, accompagnée tantôt d’un léger arome de myrrhe, tantôt d’un goût fortement térébinthacé. Cette substance se rapproche de la myrrhe et est vendue par les droguistes sous le nom de myrrhe de l'Inde. C’est elle également que M. Bonastre a décrite sous TÉRÉBINTHACÉES. 473 le nom de #yrrhe nouvelle première espèce, dans le Journal de phar- macie, t. XV, p. 283. Il est extrêmement probable, ainsi que l’a pensé M. Royle, que le bdellium de l’Inde est produit par l'amyris commiphora Roxb. (balsa- modendron Roxburghii Arnott), qui porte dans l’Inde le nom de googool , googul ou gooqula. On lit en effet, dans la #lora indica, t. IL, p. 245, que le tronc et les principaux rameaux de cet arbre sont couverts d’une pellicule légère et colorée, comme celle du bouleau, qui s’exfolie de temps en temps, en laissant à nu une enveloppe verte et unie qui, successivement, produit de nouvelles exfoliations : on vient de voir que le bdellium de l’Inde présenté un débris d’écorce tout à fait semblable. Bdellium opaque, Je désigne ainsi un suc gommo-résineux, d’ori- gine inconnue, que j'ai sous forme d’une larme ovoïde, large de 4 centi- mètres et longue de près de 8 centimètres; il est jaunâtre comme de la cire jaune à moitié décolorée , uniformément laiteux, presque opaque , d'une saveur très amère un peu aromatique, ct nullement âcre à la gorge. Oliban, ou Encens, L'oliban est une gomme-résine qui a été apportée de tous temps de l'Arabie, où elle est produite par un arbre encore inconnu , assez sem- blable au lentisque. On à cru pendant longtemps, mais à tort, que cet arbre était le juniperus lycia L. ; il est plus que probable que c’est un balsamodendron, ou au moins un arbre de la tribu des burstracées. Cette opinion se trouve en effet appuyée par la découverte qui a été faite au Bengale d’un arbre burséracé qui produit de l'encens, et qui maintenant fournit abondamment au commerce la plus belle sorte qui s'y trouve. Cet arbre est le hoswellia serrata (Decand., Prodr., t. IT, p. 76) ; mais il est difficile de décider si c’est lui qui fournit également l’encens d’Arabie, et celui qui, moins beau, vient de l’Abyssinie et de l’Éthiopie , par la voie de Marseille. Quelle que soit la solution de cette question, on connaît aujourd’hui deux sortes d’encens, dans le commerce : celui d'Afrique, venu par Marseille, comme il vient d’être dit, et celui de l'Inde, apporté direc- tement de Calcutta en Europe. Encens d'Afrique. Cet encens est formé d’un certain nombre de larmes jaunes, mêlées d’une quantité plus considérable de larmes et de marrons rougeâtres. Les larmes les plus pures sant oblongues ou arron- dies, la plupart d’un petit volume, d’un jaune pâle, peu fragiles, à cassure terne et cireuse, non transparentes. C’est ce défaut de transpa- rence qui les distingue du mastic, auquel elles ressemblent beaucoup. h74 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. Mises dans la bouche , elles se ramollissent sous la dent comme le mastic, et offrent une saveur aromatique faiblement âcre; elles jouissent d'une odeur assez marquée, analogue à celle de la résine de pin et de la résine tacamaque réunies. Les marrons sont rougeâtres , faciles à ramollir entre les doigts, d'une odeur et d’une saveur beaucoup plus fortes que les larmes, sou- vent mêlés de débris d’écorce, et, ce qui les distingue surtout, con- lenant une quantité assez considérable de petits cristaux de spath calcaire (carbonate de chaux) dont plusieurs sont d'une régularité parfaite (M. Marchand). On trouve également de ces cristaux isolés dans le menu des ballots; il est très probable qu’ils ont été ajoutés par fraude à la résine. Les larmes rougeâtres tiennent le milieu pour la couleur, la saveur et l'odeur, entre les larmes jaunes et les marrons; elles ne sont pas à dédaigner sous le rapport des propriétés où de l'usage qu’on en peut faire comme aromate. Encens de l'Inde. Cel encens arrive en caisses d’un poids considé- rable; il est presque entièrement formé de larmes jaunes, demi- opaques, arrondies, généralement plus volumineuses que celles de l'encens d'Afrique ; les plus grosses larmes sont à peine rougeûtres et contiennent peu d’impuretés ; il jouit d’une saveur parfumée et d'une odeur forte qui tient beaucoup plus de la tacamaque que de la résine de pin. Cet oliban est, avec raison, plus estimé que le pre- mier. L’oliban n’est qu’en partie soluble dans l’eau et l'alcool ; il se fond difficilement et imparfaitement par la chaleur, brûle avec une belle flamme blanche lorsqu'on l'approche d’une bougie, enfin donne une petite quantité d’huile volatile à Ja distillation. | D'après l'analyse de M. Braconnot , 100 parties d’oliban sont compo- sées de : résine soluble dans l’alcool, 56,0 ; gomme soluble dans l’eau, 30,8 ; résidu insoluble dans l’eau et dans se contenant probable- ment une résine insoluble dans ce dernier, ; huile volatile et perte, 8,0 (Ann. chim., t. LVIIT, p. 60). On distingue dans les anciens traités de drogues simples deux sortes d'oliban ou d’encens : l’un méle , l’autre femelle. Le premier se com- pose des larmes les plus nettes, les mieux détachées , les plus pures; le second, des larmes moins sèches, ordinairement irrégulières et soudées ensemble. Ces noms ridicules peuvent être oubliés. L’oliban a, de toute antiquité , été brûlé dans les temples, en l’hon- ueur de la divinité. Cet usage, qui a passé dans l’église catholique, tire son origine de l'habitude où ont été presque tous les peuples de sacri- fier des animaux, ce qui remplissait leurs temples d’émanations TÉRÉBINTHACÉES. h75 désagréables, souvent putrides, et nécessitait l'emploi des vapeurs aro- matiques, le seul moyen qu’ils connussent d’y remédier. En pharmacie, l'oliban fait partie de la thériaque de l'alcoolat de Fioraventi, de différents emplâtres, etc. Résine élémi, On a donné d’abord le nom d’é/émi à plusieurs résines d'Amérique, jaunes et très odorantes, produites par différents arbres de la tribu des burséracées et de celle des amyridées. Ensuite et assez récemment, lorsque la résine élémi est sortie du domaine de la matière médicale pour entrer dans celui des arts industriels, on a fait venir des résines p'us ou moins analogues de toutes les parties du monde, et notamment de la côte occidentale d'Afrique, de Madagascar, de l'Inde, des îles Malaises et des Philippines. Enfin, on apporte des mêmes pays, et sur- tout d'Amérique, un grand nombre d’autres résines nommées chrbou ou cachibou, tacamahaca où tacamaque, alouchi, aracouchint, ca- ragne, elc., toutes retirées d'arbres des mêmes tribus et jouissant de propriétés plus ou moins semblables, ce qui rend l’histoire de ces pro- duits et leur distinction fort difficiles à faire. Geoffroy distinguait deux sortes d’élémi : une vraie ou d'Éthiopie , en masses cylindriques , souvent enveloppées de feuilles de roseau ou de palmier ; et une fausse ou d'Amérique, en masses considérables, de couleur blanchâtre, jaunâtre, verdâtre’, etc., produite par un arbre du Brésil, nommé #cicariba. Ces deux sortes d’élémi existent toujours dans le commerce , mais toutes deux viennent d'Amérique ; et celle du Brésil , que Geoffroy nommait fausse, est aujourd’hui la plus estimée et est considérée comme le vrai type de la résine élémi. Il ne vient pas d’élémi d’Éthiopie ; l’erreur de Geoffroi était causée par l’idée que l’on avait eue d’abord que cette résine n’était autre chose que la gomme d’olivier mentionnée par les anciens, et qui avait disparu du commerce. Il est possible même que ce soit là l’origine du mot é/émi , dont la racine paraît être £\œoc , nom grec de l'olivier. ÏJ. Résine élémi du Brésil, L'arbre qui produit cette résine a été décrit par Pison et Marcgraff sous le nom d’écicariba (icica icica- riba DC.). La résine en découle abondamment , à la suite d’incisions faites au tronc. On la récolte vingt-quatre heures après , el on la ren- ferme dans des caisses qui peuvent en contenir 400 à 150 kilogrammes. Elle est molle et onctueuse , mais elle devient sèche et cassante par le froid ou par la vétusté. Elle est demi-transparente , tantôt d’un blanc jaunâtre assez uniforme, mêlé de points verdâtres ; tantôt formée de parties larmeuses dont la couleur varie du blanc jaunâtre au jaune et h76 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. au vert jaunâtre. En vieillissant elle prend une teinte jaune plus foncée et plus uniforme. Elle à une odeur forte, agréable, analogue à celle du fenouil, et due à une essence qu'on peut en retirer par la distillation. Comme elle doit en partie ses propriétés à cette essence, il faut la choisir récente , pas trop sèche et bien odorante. Elle a une saveur très parfumée, douce d’abord, mais devenant très amère après quelque temps de mastication. Elle est soluble , en partie seulement , dans l’al- cool froid, entièrement soluble dans l'alcool bouillant, à l'exception des impuretés qu’elle peut contenir, et la dissolution bouillante et con- centrée laisse déposer, par le refroidissement , une résine aiguillée, blanche, opaque, très légère, inodore et insipide, qui a recu le nom d’élémine. La résine élémi contient , suivant M. Bonastre : Résine transparente , soluble dans l'alcool froid. . 60 Fini OT) ME 0 2 DRE ANT Kf ESSCRE SERA: EN ART CPP ORNNRENN HE SAN 12,50 EX ANT ere LE SITES EUR 0 ET I PRIT de ansliole se ete ae 1,50 100,00 La résine élémi du Brésil est quelquefois falsifiée avec du galipot ou de la poix résine, qui se reconnaissent à leur odeur propre , et par la solubilité beaucoup plus grande du mélange dans l'alcool. IT. Résine élémi en pains, Cette résine est en masses triangu- laires et aplaties, du poids de 500 à 1000 grammes, enveloppées dans une feuille de palmier. Elle paraît avoir été plus molle ét plus coulante que l’élémi du Brésil ; elle est d’une substance plus homogène, d’une transparence plus marquée , et d’une teinte verdâtre uniforme. Elle offre çà et là des parcelles de matière ligneuse rougeâtre. Son odeur ct son amertume sont celles de l’élémi du Brésil. J'ai trouvé dans le commerce, à deux fois différentes, une résine semblable à la précédente, non en pains et venue probablement dans des caisses. Elle était tout à fait récente, très huileuse , presque cou- lante, mélangée d’une assez grande quantité de petites écailles rou- geàtres. S'il faut s’en rapporter à l'autorité de Lemery, la résine élémi en pains serait apportée du Mexique ; mais il est possible qu’elle provienne de la Colombie ou de la Guiane. Dans tous les cas , cette résine diffère d’une autre sorte d’élémi importée de Mexico en Angleterre, et qui paraît due à une espèce d’elaphrium. La résine élémi en pains ressemble TÉRÉBINTHACÉES. 477 trop à celle du Brésil pour n'être pas due à un 2cca Voisin de l’icica- riba. IL], Résine élémi du Mexique, Cette résine a été importée direc- tement de Mexico en Angleterre, avec des parties de l'arbre qui ont permis à M. Royle d’y reconnaître une espèce d’elaphrium qu'il a nommée elaphrium elenuferum (4). La résine porte au Mexique le nom de copal, qui est appliqué, suivant ce que j'ai déjà dit (page 424), à toutes les résines odoriférantes usitées comme parfums. Cette résine, iorsque je l’ai reçue il y a quelques années , était très molle , presque transparente et d’un gris verdâtre ; elle est devenue aujourd’hui dure, sèche et friable, tandis que la résine élémi en pains, et la même résine reçue en caisse, conservent leur mollesse depuis beaucoup plus long- temps; de plus, l’élémi du Mexique présente, sous la friction des doigts, une odeur plus forte que celle de l’élémi en pains ou du Brésil, tenace, peu agréable et tenant de celle du cumin. Elle est dépourvue d’amertume. Cette résine diffère donc véritablement des deux précédentes. IV. Copal de Santo de Guatimala, Résine sous forme d’une boule brune, luisante, vernissée, ayant une odeur et une saveur de galipot : elle est produite par un sumac voisin du 7hus copallina (Journ. pharm., & XX, p. 523). V. Résine élémi de Manille, En 1824, M. Maujean , pharma- cien , fut chargé d'examiner, pour la Société linnéenne de Paris , une résine récoltée par M. Perrottet, aux îles Philippines, sur un grand arbre térébinthacé. Cette résine était molle , verdâtre , faiblement amère, d’une odeur de fenouil très prononcée et très analogue à celle de l’élémi du Brésil. Elle a fourni à M. Maujean la même résine cris- tallisable que M. Bonastre a retirée de l’élémi (Journ. pharm., L& IX, p. 47). La résine élémi de Manille est arrivée depuis, plusieurs fois, dans le commerce & elle est en masses molles et d’un vert noirâtre à l'extérieur ; grises, opaques, et d’une consistance de cire à l’intérieur ; l’odeur et la saveur sont semblables, VI. Résine de la Nouvelle-Guinée, à odeur d'élémi, Cette sub- stance a été rapportée par M. Lesson, de son voyage autour du monde : elle est en une masse d’un blanc jaunâtre , recouverte d’une efflores- cence blanche , qui est de nature résineuse comme le reste. Cette masse est solide, mais paraît avoir été molle pendant longtemps, et se ramollit encore facilement dans les doigts , en acquérant une élasticité très mar- quée. Elle a une odeur peu sensible à froid ; mais par la chaleur ou la (4) A Manual of materia medica. London , 1847. 478 DICOTYLÉDONES CALIGIFLORES. simple trituration , elle en acquiert une presque semblable à celle de la résine élémi. Cette odeur et la mollesse habituelle de cette substance pourraient faire croire que c’est celle que Rumphius a décrite sous le nom re , produite par le canarium zephyrinum , Vequel appartient à un genre térébinthacé très voisin des zc?ca. Sans oser déci= der la question , je rapporterai ici la description de Rumphius : « Ces arbres (les canarium commune et zephyrinum), qui croissent » à Céram et dans les autres grandes îles environnantes ; produisent » une résine si abondante, qu’elle pend'en gros morceaux et en grosses » larmes coniques , du tronc et des principales branches. Cette résine. » est d’abord blanche, liquide, visqueuse ; ensuite elle jaunit et se » durcit comme de la cire. Elle ressemble tellement , par son odeur et » sa couleur, à la résine élémi, qu’ellé pourrait passer pour elle. » Au reste , la résine de la Nouvelle-Guinée ne ressemble pas autant à l’élémi d'Amérique que la résine rapportée des Philippines par M. Per- rottet:; car, lorsqu'on la traite par l'alcool, elle laisse pour résidu une substance molle très élastique, soluble de l’éther, et qui conserve longtemps à l'air de la molesse et de lélasticité; on pourrait presque considérer cette substance comme une sorte de-caoutchouc (4). VII. Résine élémi du Bengale. Cette résine a été importée en France, de Calcutta, antérieurement à l’année 1830. Elle est blan- châtre, molle et douée d’une odeur forte qui devient très suave lors- qu’elle est affaiblie à l'air ; mais cette odeur est tout à fait distincte de celle de l’élémi du Brésil. Quand elle se dessèche à l'air, la résine devient jaune et friable. Elle est contenue dans des retos de tige de bambou; longs de 33 centimètres et de 68 millimètres de diamètre. Cette résine ayant été présentée par M. Pereira au docteur Wallich , cé savant botaniste crut ÿ reconnaître une résine molle , nommée dans l'Inde j quyqul où ooggula, produite par l'amyris Tnt Roxb. Mss.; mais maintenant qu'il paraît certain que le guggul est le bdellium de l'Inde , produit par l'amyris commiphora R., qui paraît être le même que l’amyris agallocha, Roxb. Mss., il vaut mieux considérer cette synonymie comme non avenue et déclarer que nous ne connaissons pas l’origine de la résine élémi du Bengale. M. Pereira dit avoir reçu de M. Christison la résine odoriféranté du canarium balsamiferum W. (boswellia glabra Roxb. ), cultivée à Ceylan. Je ne sais si cette résine se rapporte à celle qui fait le sujet de cet article. (4) On trouvera d’assez longs détails , extraits de Rumphius, sur les nom- breuses résines des canarium, dans mon Mémoire sur les résines dammar, ele, (Revue scientifique ,t. XVI, 1844). à © TÉRÉBINTHACÉES. h79 Résines de Gommart, £ Le gommart, bursera qummifera L. (lg. 378), est un grand arbre d'Amérique, répandu depuis là Guyane jusqu’au Mexique et dans toutes les Antilles. Il fournit une inst quantité “srl résine jaunâtre et aromatique qui arrive sou- vent sous des noms diffé- , Fig. 378. rents et avec des caractères = particuliers, ce qui m'’o- blige à en donner plusieurs descriptions. x I. Résine chibou ou cachibou, Cette résine ar- rivait anciennement de la Guyane ou de la Colom- bie , en masses aplaties du poids de 430 à 440 gram- mes , enveloppées chacune dans une feuille de ma- ranta lutea, entière et plu- sieurs fois roulée sur elle- même ; et comme ce ”74a- ranfta porte, en langage caraïbe, le nom de chibou ou caehibou , le même nom a été donné à la résine et même à l'arbre qui la produit. Cette résine , telle que je l’ai, et fort ancienne, est en masses aplaties, dures, sèches, un peu translucides, d’un blanc jaunâtre, d’une odeur très forte et peu agréable , d’une saveur immédiatement amère, L'étiquette en carte blanche , que j'ai renfermée dans le bocal , a pris une teinte brunâtre. La résine , traitée par l'alcool, est composée d élémine et de résine soluble , de même que la résine élémi. IT. 11 y a quelques années qu’il est arrivé une quantité considérable d’une résine en masses assez volumineuses , à la Surface desquelles on aperçoit des restes de feuilies d’une plante monocotylédone , différente du maranta lutea. J'ai reçu deux échantillons de cette résine : l'un sous le nom de résine élémi de l'Aquyara , l’aatre sous la désignation de résine d'un arbre nommé tacamahaca, à Caracas. Tous deux étaient vendus comme résine élémi. Cette résine présente à l’intérieur l'aspect uniforme , translucide et d'un blanc un peu verdâtre de l’élémi en pains. Cependant on y trouve quelques larmes jaunes et opaques. Elle 80 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. a une odeur forte, moins désagréable que celle de la résine précédente et se rapprochant un peu plus de celle de l'élémi. Elle à une saveur amère ; elle se durcit promptement ; enfin, l’unet l’autre échantillon, enfermés dans deux bocaux séparés, ont également communiqué au papier de l'étiquette une couleur brune très marquée. III. Tacamaque jaune terne de l'Aistoire abrégée des drogues simples. Cette résine est en larmes ou en plaques opaques, d'un jaune blanchâtre assez uniforme , et ressemble assez à du galipot. Beaucoup de larmes sont volumineuses, aplaties, creuses à l’intérieur et comme formées d’une lame résineuse mal roulée sur elle-même. Cette résine, lorsque je l'ai eue, était vendue sous le nom de facamaque ; je l'ai trouvée dans l’ancien droguier de l’École sous celui de résine de gom- mier, bursera gunmifera, et le papier de l'étiquette était bruni et tombait par parcelles, comme s’il avait été altéré par un acide. Enfin, ayant placé de cette même résine dans une des montres de l'École , et deux étiquettes sur là résine, le papier en a êté promptement bruni, et cet effet s’est étendu , jusqu’à une certaine distance , aux étiquettes des substances voisines. Cette coloration, due à un principe volatil émané de la substance, forme donc un caractère propre à distinguer la résine du bursera de l’élémi , qui ne le possède pas. IV. Tecomajaca de Guatimala, Cette résine , apportée en 1834, par M. Bazire, a la forme d’une masse aplatie, jaune , à demi opaque, à cassure en partie terne , en partie brillante , recouverte d’une couche mince tout à fait opaque, blanche du côté de la résine et noire au dehors; elle acquiert par la friction une odeur forte, peu agréable. Cette résine présente la plus grande analogie avec les précédentes. On peut raisonnablement l’attribuer au fecomahaca d'Hernandez (p. 55), qui pourrait bien être une espèce de bursera à feuilles simples , ovales- lancéolées et dentées, non connue des botanistes. V. Résine de gommart d'Afrique, En 1840, le navire francais Le Brésilien a rapporté de la côte occidentale d’Afrique une partie con- sidérable d’une résine à laquelle je trouve tous les caractères de celle de bursera. Elle est en stalactites ou en morceaux de toutes formes, couverts d’une couche noire, opaque , en partie blanchie par le frotte- ment, ce qui lui donne l'aspect de morceaux de plâtre noireis. Elle est à l’intérieur d’une teinte uniforme, d’un blanc verdâtre ou jaunâtre , translucide et d’un aspect un peu glacé. Elle se durcit promptement à l'air. Elle a la saveur amère et l'odeur forte et fatigante de la résine de bursera ; enfin elle brunit le papier qui se trouve renfermé avec elle. VI. Résine de Madagasear, On à trouvé en 4844, dans une caisse de copal dur de Madagascar, une quantité assez considérable d’une résine stalactiforme, formée de couches superposées de différentes TÉRÉBINTHACÉES. AS1 nuances de jaune et de transparence ou d’opacité variables. Cette résine présente une saveur très amère et une odeur forte, non désagréable , qui tient un peu du citron. Je dois à l’obligeance de M. Ménier une stalactite de cette résine qui, quoique rompue, est encore longue de 35 centimètres , large de 10 à 12 et pèse 1200 grammes. Cette résine brunit le papier de son étiquette. Je suppose qu’elle peut être produite par une des deux espèces de bursera trouvées par Commerson à l’île de France, où ils portent le nom de bois de colophane, et qui doivent habiter également Madagascar. L'un de ces arbres est le bursera pani- culata Law. (colophonia mauritiana DC.) ; l’autre est le bursera obtu- sifolia Lam. (marignia obtusifolia DC.). VII. Résine de gommart balsamifère, On trouve dans les Antilles un grand arbre très voisin des bursera, dont Persoon à fait une espèce sous le nom de bursera balsamifera , mais qui avait été décrit précédemment par Swartz sous celui d’Ledwigia balsamifera, aujour- d’hui adopté, Get arbre diffère du gommart par son bois rougeâtre , par ses feuilles à folioles longues et étroites ; par ses fleurs dont les 4 pétales sont soudés dans leur moitié inférieure , et par son fruit drupacé , à 2, .3 ou 4 osselets volumineux, renfermant une amande grasse et amère (1). Cet arbre porte dans les Antilles le nom de sucrier de montagne , soit à cause de la pulpe sucrée de son fruit, soit parce que son bois sert à faire des douves pour les tonneaux à sucre. On le nomme aussi bois cochon , d’après l’opinion que les cochons marrons entament son écorce avec leurs défenses, dans la vue de frotter leurs plaies avec le suc balsa- mique qui en découle , lorsqu'ils ont été blessés par les chasseurs. Ce suc, quand il n’a pas été solidifié à l’air, est liquide, rougeâtre, d’une consistance semblable à celle du copahu, dont il offre aussi un peu l'odeur et la saveur. Il a été analysé par M. Bonastre, qui en a retiré : Hude vole. co és , -, 12 Résine soluble dans l'alcool froid. . . . . 74 — insoluble dans l'alcool (bursérine) . . 5 Extra Les AROr diugits its inf 2,8 Matière organique combinée à la chaux. . 5 Sels à base de potasse et de magnésie. . . !\ Pertéralaiel té s'alliiore sta 5 100,0 (4) Le gommart ( bursera qummifera) a le bois blanc, les folioles ovales, pointues, cordiformes par le bas; les pétales distincts, le fruit drupacé, ovale, triangulaire , arrondi , assez semblable à une pistache , ordinairement réduit à un seul noyau monosperme par l'avortement des deux autres. III, 31 4A 182 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. On trouve dans les forêts de la Guyane un grand arbre à bois rouge foncé , qu’Aublet a décrit sous le nom de houmiri balsamifera , inter- médiaire pour les caractères entre la famille des méliacées et celle des aurantiacées, et qui fournit par incisions un suc résineux rouge et liquide, qui doit avoir beaucoup d’analogie avec le précédent. Cepen- dant Aublet dit qu’on ne peut mieux en comparer l'odeur qu’à celle du styrax et qu'il est dépourvu d’âcreté, ce qui suflira pour le distinguer du suc résineux de l’hedwigia. a Résines tacamaques ou Tacamahaca. Suivant Monardès (chap. 2), on apporte de la Nouvelle-Espagne une résine nommée facamahaca par les Indiens, et par les Espagnols qui lui en ont conservé le nom. On l’obtient par incisions d’un arbre grand comme un peuplier, très aromatique , à fruit rouge comme la semence de pivoine. La résine a la couleur du galbanum avec des larmes blan- ches; elle est douée d’ane saveur et d’une odeur fortes, au point qu’elle calme sur-le-champ les femmes qui ont des suffocations de matrice, étant jetée sur des charbons ardents et approchée des narines. Cette description, la plus ancienne de toutes, à porté Linné à croire que la résine tacamaque était produite par un peuplier, et il a indiqué son populus balsamifera , croissant dans l'Amérique septentrionale et en Sibérie, dont les bourgeons laissent découler une résine liquide , très odorante, Cette opinion avait cependant contre elle deux fortes objections, tirées de la différence de contrées et de celle des fruits ; aussi est-elle tout à fait abandonnée aujourd’hui. Jacquin est venu ensuite, qui a cru pouvoir attribuer la résine taca- maque à son elaphrium tomentosum (fagara octandra Y,.). Cet arbre cencorde avec la description de Monardès par son fruit , qui consiste en une petite capsule verdâtre, presque globuleuse, contenant une semence enveloppée à sa base par une pulpe rouge; mais il ne s'élève qu’à la hauteur de 6 à 7 mètres, et, sous ce rapport, ne peut être comparé à un peuplier. Nonobstant cette objection, l'opinion de Jacquin a été adoptée par Bergius et par Murray. Bergius décrit d’ailleurs deux espèces de résine tacamaque : une solide, en morceaux volumineux , à peine transparente, brune , marbrée de taches jaunâtres ou rougeûtres, fragile, friable, à cassure plane et brillante ; une molle, verdûtre, sous-diaphane, un peu grasse, tenace aux doigts, renfermée dans des calebasses. Beaucoup plus récemment, MM. de Humboldt, Bonpiand et Kunth, ont décrit dans leur Vova genera, sous le nom d’icica tacamahaca, ua arbre térébinthacé peu différent de l’icica heptaphylla d'Aublet , Po TÉRÉBINTHACÉES. - 83 qui s'élève à plus de 40 mètres, et dont le fruit , capsulaire et déhis- cent , renferme de 2 à 4 osselets entourés d’une pulpe rouge. On pour- rait croire encore que cet arbre est celui dont a voulu parler Monardès, d'autant: plus qu’on ne peut douter qu'il ne fournisse, conjointement avec ses congénères, la plus grande partie des résines lacamaques que l’on trouve aujourd’hui dans le commerce ; mais il faut remarquer que ces tacamaques ne répondent pas aux descriptions de la tacamaque donnée par Monardès et Bergius, et qu’elles ont été décrites, au con- traire, par ces deux auteurs, sous le nom d’animeé ; il reste donc dou- teux qu'aucun des iciquiers qui les produisent soit l'arbre de Monardès. Au reste, voici mes conclusions : 4° la résine tacamaque décrite par Monardès et Bergius , et attribuée par ce dernier à l’elaphrium tomen- tosum , ne fait pas habituellement partie de celle du commerce ; 2° la tacamaque du commerce actuel a été décrite par Monardès et Bergius sous le nom d’animé : et est produite par les iciquiers d'Amérique ; 3" il existe dans les droguiers d’autres résines tacamaques dont l’origine est moins certaine, et qu'il convient peut-être de rapporter à des calo- plyllum. Je vais décrire successivement toutes ces résines. Résines tacamaques provenant des iciquiers. I. Tacamaque jaune huileuse, Cette résine est celle que nous avons reçue de Hollande comme facamaque et comme antmé , et que presque tous les auteurs ont décrite comme résine animé (1) ; elle se présente sous deux formes qu'il convient de distinguer. (4) L’animé est de couleur blanche, tournant à celle de l’encens, plus huileuse que le copal ; ses larmes ressemblent à celles de l’encens, mais sont plus grosses, et d’un jaune de résine à l’intérieur : elles ont une odeur très agréable et très suave, et sont facilement consumées sur les charbons. (Monardèés.) Il faut choisir la gomme animé blanchâtre ou jaunâtre , en larmes, huileuse, jaune en dedans, d’une odeur très excellente et d’un goût fort agréable. Elle doit se fondre facilement sur les charbons : elle se dissout dans l’huile et dans l’esprit-de-vin bien rectifñié. ( De Meuve.) Résine blanche, sèche, friable, de bonne odeur, se consumant facilement sur les charbons. ( Lemery.) Geoffroy répète la description de Monardés. L’animé est une résine d’un jaune blanchâtre, comme farineuse à sa surface, mais brillante et transparente dans sa cassure ; elle est en morceaux isolés et friables ; elle a une odeur résineuse et une saveur presque nulle. Elle se ramollit entre les dents, s’enflamme par l'approche d’une bougie, brûle presque entièrement sur les charbons , en répandant une odeur agréable ; elle se dissout en entier dans l’esprit-de-vin : elle donne un peu d’huile vola- tile par sa distillation avec l’eau. ( Murray.) Toutes ces descriptions se rapportent à la tacamaque jaune huileuse. h8li DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. A. La première est en larmes ou en morceaux irréguliers, qui varient en grosseur depuis celle d’une aveline jusqu'à celle de 55 à 80 millimètres en tous sens. Ces morceaux sont ou un peu opaques, ou transparents, souvent recouverts d’une poussière blanch ; ils sont jaunes, quelquefois un peu rougeätres; leur odeur, que je trouve très agréable, quoique forte, acquiert par la chaleur quelque chose du cumin. La résine a une saveur douce et agréable, devenant cependant un peu amère par une mastication prolongée ; elle se fond très facile- ment par la chaleur, donne de l'huile volatile à la distillation ; enfin se dissout promptement dans l'alcool, à l'exception d’un petit résidu blanc, composé d’une gomme soluble dans l’eau et d’une résine insoluble dans l'alcool et l’éther. B. Cette résine ne diffère de la précédente que parce qu’elle paraît avoir fait partie de bâtons cylindriques de 45 millimètres de diamètre. Ces bâtons sont généralement opaques , friables et comme micacés à la circonférence, transparents et mous à l’intérieur; de sorte que leur friabilité et leur opacité paraissent dues à l’évaporation de l’huile vola- tile qui primitivement imbibait la résine. Aussi la résine a t-elle une odeur un peu moins forte que la précédente ; mais c’est absolument la même, Cette résine doit cristalliser avec une grande facilité. II. Tacamaque huileuse incolore, Vers l’année 1832 ou 1833, il est arrivé une résiae qui a été vendue comme élémi, bien qu’elle eût une forme et une odeur toutes différentes. Cette résine était en bâtons demi-cylirdriques, longs de 16 à 22 centimètres, larges de 27 à 34 millimètres, amincis aux extrémités ; elle était incolore, opaque à l'intérieur par l’interposition d’un peu d'humidité naturelle , mais elle devenait transparente et s’agglutinait à la surface. Elle avait une odeur très forte, semblable à celle de la résine précédente, et elle contenait une si grande quantité d'huile volatile, que ce principe se condensait en gouttelettes tout autour du vase qui la renfermait. Sa saveur était très parfumée et devenait un peu amère par une mastication prolongée. Cette même résine m'a été remise par un employé supérieur de la colonie de Cayenne, sous le nom d’encens de Cayenne, Elle est donc produite par l’icica heptaphylla ou par l’icica quianensis d’Aublet, qui paraissent devoir constituer une seule espèce à laquelle on réunira pro- bablement l’icica tacamahaca H. B. Ces arbres laissent en effet couler un suc limpide, d’une odeur de citron, qui se dessèche promptement en une résine blanchâtre connue sous le nom d’eneens ( Aublet). Quant à la tacamaque jaune huileuse, elle doit être produite par les mêmes arbres, à moins qu’on ne préfère l’attribuer à l’icica decandra, dont le suc résineux, balsamique, blanchâtre, liquide, d’une odeur qui approche de celle du citron, devient, en se desséchant, une résine TÉRÉBINTHACÉES. 185 jaune , transparente, qu’on trouve en morceaux plus ou moins gros sur l'écorce et au bas du tronc (Aublet). III. Tacamaque jaune terreuse, Cette résine est abondante dans le commerce, où elle se vend presque seule aujourd’hui comme résine animé. Elle est en masses assez considérables , la plupart aplaties, ayant à l'extérieur l’apparence de morceaux de plâtre noirci; ce qui tient encore plus à une sorte d’efflorescence résineuse qui les recouvre qu’à une vraie matière terreuse. L'intérieur est jaune, de différentes nuances disposées par couches, et ayant assez l’apparence de l’arsenic jaune artificiel, à la couleur près, qui est beaucoup plus pâle. Cette résine est opaque, friable , ayant une odeur analogue à celle de la racine d’ar- nica , et une saveur peu sensible, qui ne devient un peu amère que par une mastication prolongée. Elle est entièrement soluble dans l'alcool, et se fond facilement par la chaleur. Cette résine partage avec la tacamaque du Mexique de M. Bazire , et la résine d'Afrique attribuée à un bursera, la propriété de se couvrir à l'air d’une couche noire, pulvérulente et opaque. Il est évident d’ail- leurs qu’il existe une grande ressemblance entre toutes ces résines , el que leur distinction en élémi, résines de gommart, tacamaques , etc., est quelquefois assez incertaine. IV. Tacamaque rougeâtre, Je n’ai pas encore décrit cette résine que j'ai trouvée, postérieurement à l’année 1836 , mélangée en assez grande quantité à la tacamaque jaune huileuse. Je ne suis pas éloigné de croire que c’est elle qui est la tacamaque de Monardès et la pre- mière tacamaque de Bergius, attribuée par lui à l’elaphrium tomento- sum. Elle est en larmes détachées, dont les plus petites ressemblent encore un peu, par leur couleur jaune un peu rougeâtre , à la taca- maque jaune huileuse ; mais elles ressemblent encore plus, par cette même couleur et par leur cassure terne, à l’oliban d'Afrique. Les grosses larmes sont très irrégulières et les plus volumineuses ont été réduites, par la cassure, au volume de lextrémité du pouce. Ces larmes sont grisâtres et farineuses à leur surface, brunâtres à l’intérieur, non transparentes et d’une cassure terne. Au total, cette résine res- semble beaucoup, soit à l’oliban d'Afrique, soit au bdellium , et je présume qu’elle doit contenir une quantité notable de matière gom- meuse, Elle a une odeur forte, agréable cependant, analogue, mais non semblable à celle de la tacamaque jaune huileuse, Tacamaques non produites par les iciquiers. V. Tacamaque angélique: tacamaque en coque OÙ sublime. Suivant Pomet, cette résine viendrait de Madagascar, où les habi- 186 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. tants auraient coutume de mettre la première qui sort de l'arbre dans de petites gourdes coupées en deux, qu'ils recouvriraient ensuite d’une feuille semblable à cellé d’un palmier. Bergius la fait venir du Brésil et de la Guyane; Geoffroy, de la Nouvelle-Espagne et de Madagascar. On voit que rien n’est moins certain que son origine; c’est tout ce que nous pouvons faire que d'en indiquer les propriétés. J'ai trouvé dernièrement dans les collections du Muséum d'histoire naturelle un bel échantillon de cette résine. Il consiste en un fond de calébasse ayant la forme d’un segment de sphère très peu profond , rempli de résine et recouvert d’une feuille mince, appartenant à une monocotylédone, adhérente à la surface de la résine. Cette substance est tout à fait semblable à celle que j'ai depuis longtemps et dont j'ai vu un reste de calebasse en la possession de M. Bonastre. Elle est d’un gris blanchâtre à l'extérieur, d’un gris jaunâtre ou rougeûtre à l’inté- rieur, à demi opaque, d’une cassure terne et d’une saveur amère; sa poudre est d’un gris jaunâtre. Son principal caractère réside dans son odeur , qui est une des plus suaves que je connaisse, et presque sem- blable à celle de la racine d’angélique. Elle n’est pas entièrement so- Juble dans l'alcool rectifñié, même à l’aide de l’ébullition. VI. Tacamaque ordinaire, OU baume focot, Celte sorte est en masses jaunâlres ou rougeâtres, formées par l’agglomération de petites larmes molles et transparentes, et mêlées des débris d’une écorce jaune, très mince, à fibres apparentes très serrées, droites et paral- lèles. Cette résine est amère, inodore en masse, donne une poudre blanchâtre lorsqu'on l'écrase, et exhale alors une odeur analogue à la précédente ; mais moins suave, faible et disparaissant bientôt, Il existe une dernière résine, verte, molle, gluante, nommée taea- maque de lile Bourbon, baume vert OU baurme Marie, produite par le calophyllum tacamahaca Wild. Elle sera décrite à la famille des guttifères, Résine alouchi. Pomet et Lemery supposent que l'arbre à l'écorce de Winter ou à la cannelle blanche, qu’ils confondent ensemble ct qu’ils confondent aussi avec un arbre de Madagascar nommé /impt, fournit la résine alouchi. Du reste , ils ne donnent aucune description de cette résine, Pomet dit seulement que la résine alouchi ne peut être confondue avec le bdellium ni avec la résine de lierre, parce qu’elle est mollasse, de différentes cou- leurs et fort vilaine. En 1822, M. Bonastre à fait l'analyse d’une résine alouchi qui se trouvait en fragments de 4 à 32 gramines, mais qui provenait d’une masse cylindrique de 3 à 4 centimètres de diamètre, laquelle s'était TÉRÉBINTHACÉES. 487 desséchée après avoir. été moulée et enfermée, à l’état mou, dans une grande feuille de dicotylédone. Cette résine est d’ungris noirâtre, terne, presque opaque , à cassure sub-luisante , et offre dans son intérieur des parties lamelleuses blanchâtres, qui la font paraître marbrée. Elle pos- sède une odeur forte et agréable, analogue à celle des résines d’écica, dont sa composition la rapproche également ; car elle est formée de : Résine soluble dans l'alcool froid, . ... . , . 68,2 - — cristallisable, insoluble dans l’alcool froid. 20,5 Hule-volbsile 45 una are ter bre De 100 3 1,6 Exiraitamer: soma sa éo:faos lon 249 < 4,1 Acide libre, sel ammoniacal. . . . . . . . .. 0,6 Enbareééoine gris tar 0015085 di L,1 Petlasceneourén teroetentilr ja) some 5h35 de 3,9 100,0 Je ne mets pas en doute que cette résine n’appartienne à un 2cica, et je ne suis pas éloigné de penser que son nom ne soit une altération du nom aracouchint, que porte à Cayenne l’?cica aracouchini d’Aublet ; de sorte que je la suppose produite par cet arbre. Je possède dans mon droguier deux résines semblables pour la forme à la résine alouchi de M. Bonastre. Elles sont toutes deux noirûtres, opaques, avec des larmes blanchâtres entremélées, et sont formées en cylindres de 4 centimètres de diamètre ; mais l’une est enveloppée d’une feuille de canne d’Inde, et l’autre d’une écorce fibreuse, qui lui sert d’étui. Toutes deux ont une odeur distincte , différente de la résine de M. Bonastre, de sorte que ce sont encore deux espèces différentes de résines d'arbres burséracés, Résine caragne, Suivant Monardès (chap. 3), on apporte de la partie intérieure du continent d'Amérique et des environs de Carthagène, ou du Nom-de- Jésus, une résine de la couleur de la tacamaque, nommée caranna chez les Indiens et par les Espagnols. Cette résine a une odeur de taca- maque , mais plus forte; elle est brillante, oléagineuse et tenace ; elle à été apportée pour la première fois vers l'année 1560. Tout ce qu'on a ajouté depuis à l'histoire de fa caragne, c’est de l'attribuer à un arbre du Mexique nommé par Hernandez arbor insaniw, caragna nuncupata, et de dire qu'elle nous est apportée en masses enveloppées dans des feuilles de roseau, Peut-être pourrait-on la croire produite par l’icica carana DG,; mais, suivant le docteur Hancock, elle est produite par L88 DICOTYLÉDONES GALICIFLORES. un autre arbre térébinthacé , qui est l’aniba guranensis d'Aublet (ce- drota longifolia Willd.). La description la plus pr écise qui ait été donnée jusqu'ici de la résine caragne est celle de la Pharmacopée de Wirtemberg : résine tenace , ductile comme de la poix lorsqu'elle est récente, devenant dure et fra- gile en vieillissant. Elle est d’un vert noirâtre, d’une saveur amère et d’une odeur forte et agréable, principalement lorsqu'on la brûle. On l’apporte de la Nouvelle-Espagne , sous forme de morceaux cylindriques enveloppés dans des feuilles de roseau. N'ayant pas recu d’échantillon authentique de résine caragne , je ne puis que décrire ceux qui sont en ma possession. A. Le premier: est en morceaux de la grosseur d’une noix, diverse- ment comprimés à leur surface, durs, mais paraissant avoir été d’une certaine mollesse. Cette résine est d’un noir grisâtre, opaque, à cassure rne, couverte dans les sillons de la surface d’une poussière fauve. Elle présente , lorsqu'on l’écrase, une odeur mixte de tacamaque et de résine de pin. Elle se fond facilement au feu et se dissout complétement dans l'alcool. B. Le second échantillon constitue une masse du poids de 500 gram- mes environ , un peu aplatie et paraissant avoir été enveloppée dans une feuille dont l'impression ressemble à celle d’une feuille de maïs. Elle est d’un vert noir, opaque, à cassure grenue et brillante, et elle offre une odeur mixte d’élémi et de résine de pin ; je ne serais pas étonné quand ce produit serait artificiel. C. La troisième résine caragne que je possède est en larnies grosses comme des fèves, plus ou moins, et elle est généralement aplatie, comme à pu le faire une résine molle qui serait tombée sur un corps dur. La surface des larmes est inégale, souvent plissée, brillante et d'un vert noir foncé. Elles sont très fragiles et leur cassure est inégale, mais très brillante et vitreuse, et les parcelles qui s’en détachent paraissent transparentes. L’odeur de la résine est forte, analogue à celle des résines tacamaques , mais beaucoup moins agréable. Elle se ramollit en partie sous la dent et présente une saveur résineuse peu inarquée, ni âcre ni amère. Elle forme avec l'alcool une teinture rougeàtre et ie un résidu composé de deux sortes de parties : 1° un peu de matière terreuse accidentelle ; 2° une substance pulvérulente, d’un vert foncé, qu’on doit considérer comme la matière colorante de la résine. Cette matière verte est insoluble dans lalcool bouillant ; elle fond imparfaite- ment à l’aide de la chaleur, en dégageant nne fumée blanche aroma- tique ; elle finit par brûler sans flamme, et laisse une cendre grise, faisant effervescence avec les acides. D, Résine caragne d'Ambhoince, Rumphius, dans son Æerbariuru TÉRÉBINTHACGÉES. L89 amboinense , décrit une espèce de canarium (canarium sylvestre DC.) dont la partie inférieure du tronc produit une grande quantité d’une résine noirâtre, liquide, mais non visqueuse, et devenant fragile. Cette résine, que Rumphius dit être presque semblable à la caragne d’Ainé- rique , est arrivée en 4843, en même temps que le dammar sélan. Elle ressemble en effet beaucoup à la résine caragne ; mais sa couleur est moins foncée, d’un fauve verdâtre , et elle est translucide sur les bords. Elle se pulvérise entre les dents, et ne présente qu'un goût peu sensible. Elle a une odeur analogue à toutes les résines de ce genre, moins forte que celle de la caragne, dont elle peut être regardée comme une espèce inférieure. Je possède un nombre assez considérable d’autres résines de térébin- thacées , dont les suivantes m'ont été communiquées avec leur nom. Résine curucay de la Colombie (Journ. pharm.,t. XVI, p.136). Résine fauve , translucide, d’une odeur très forte et peu agréable. Résine sandaraque de Guatimala (Journ. pharm., t. XX, p. 524). Copal de Santo (Journ. pharm.,t. XX, p. 523). Résine eaciearita de la côte de Terre-Ferme, employée contre les affections du foie ; donnée par M. Aug. Delondre. Résine grise, ayant aggloméré un grand nombre de petites larmes blanches et opaques, et beaucoup d'impuretés. Cette résine, par son odeur, se rapproche de la tacamaque angélique. Bois de Citron des ébénistes, On donne dans le commerce le nom de bois de citron à plusieurs bois de couleur jaune ct d’odeur analogue à celle du citron, mais qui n'ont aucun rapport avec le bois de citronnier, lequel est blanc et inodore. ’est ainsi que déjà, en traitant des laurinées (t. II, p. 370), j'ai décrit le bois de licari de Cayenne, qui porte aussi les noms de bois de rose mâle et de bois de citron de Cayenne, et, à son occasion, j'ai mentionné un autre bois de Cayenne nommé bois de rose femelle et bois de cèdre blanc, lequel me paraît dû à l’un des icica d'Aublet, soit peut-être à son antba yuianensis, qui porte également à Cayenne le nom de bois de cèdre. Quoique les bois de citron dont je dois traiter en ce moment soient bien plus anciennement employés que les deux précédents , et qu'ils soient l’objet d’un commerce considérable, ils sont encore moins connus sous le rapport de leur origine ; ayant été attribués , tantôt à l’ercthalis fruicosa L. (rubiacées), tantôt aux amyris sylvatica ou toxifera L., qui ne paraissent pas pouvoir les produire, à cause de leur peu d’élé- h90 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES, vation et du petit volume de leur tige. Un seul arbre, parmi ceux dont l'espèce est déterminée , pourrait être supposé en produire un : c’est le zanthozylum emarginatum de Swartz, que Sloane a défini : Lauro affi- nis arbor, terebenthi folio alato, ligno odorato candido, flore albo ; mais on ignore si cet arbre croît à Saint-Domingue, d’où nous arrivent les bois en question. Le premier de ces bois est celui que Pomet et Lemery ont décrit sous les noms de boïs de citron, bois de jasmin et bois de chan- delle , et ce sont ces noms mêmes, donnés aussi à l'eriéhalis frubicosa, qui ont fait supposer que cet arbrisseau devait produire le bois de citron. Ce bois porte aussi, dans le commerce , le nom d’hispanille, parce qu'il vient surtout de l’ancienne partie espagnole de l'île de Saint- Domingue, qui a porté elle-même, pendant longtemps, le nom d’Æespa- niola. I arrive sous la forme de madriers équarris et privés d’aubier, longs de 2 à 4 mètres, larges de 33 à 50 centimètres, épais de 16 à 22 centimètres , et d’un poids considérable. Il est assez tendre et facile à travailler, susceptible d’un beau poli satiné, et fait de fort beaux meubles. 11 est d’un jaune pâle et d'une odeur persistante, mixte et très agréable, de citron et de mélilot. Je lui trouve une saveur rance due sans doute à l’altération de l'huile qu’il contient. Sa coupe, perpendi- culaire à l’axe, présente des lignes circulaires nombreuses, régulière- ment espacées, et des lignes radiaires très serrées , très apparentes, non continues, et longuement amincics à leurs extrémités. Les points ligneux sont dispersés également partout, sur les lignes radiaires comme dans leur intervalle (1). En 1846, il est arrivé en France une partie de bois d’hispanille de Porto-Rico, et jen possède depuis longtemps une bûche apportée de Cayenne. Cette bûche est cylindrique, épaisse de 15 centimètres, pourvue d’une écorce grise peu épaisse , assez compacte, amère et non aromatique, L’aubier est épais de 2 centimètres. Le canal médullaire existe encore au centre. Petit bois de citron, Ce bois arrive en poutres carrées de 11 à 19 centimètres d'épaisseur ; il est plus dur et plus pesant que le précé- dent, d’un jaune plus prononcé, avec des veines concentriques plus marquées et des restes d’aubier blanc sur les angles. 11 a une odeur analogue à celle de l’hispanilte, mais beaucoup plus faible et disparais- (1) Les Anglais nomment le bois d’hispanille satin-wood ; mais ils distin- guent deux bois satinés, l'un de Saint-Domingue et l’autre de Pinde. Ce der- nier est produit par le chloroxylum swielenia , de la famille des cédrélées. En France, c’est principalement le bois de Féroles (ferolia quianensis d'Au- blet) qui porte le nom de bois satiné, Il est d’un rouge jaunâtre veisé de rouge, et susceptible d’un beau poli satiné, TÉRÉBINTHACÉES. h91 sant à l'air. Lorsqu'on le râpe, cette odeur devient plus sensible , peu agréable et acquiert quelque chose de l’odeur des bêtes fauves. Ce bois constitue certainement une espèce différente du précédent. Je ne sais si c’est lui que Nicholson à décrit sous le nom de bois de chandelle dans son Histoire de Saint-Domingue (p. 167) : « Bois de chandelle, Taouia et alacoaly. On en distingue de deux sortes, le blanc et le no:r. Le premier est un arbre de moyenne grandeur. Son trone ne s'élève guère au-dessus de 12 à 15 pieds ; son diamètre est tout au plus de 3 à 4 pouces; son écorce est lisse et d’un brun cendré ; son bois jaunâtre, dur, odorant , résineux, pesant. Ses feuilles sont pointues, en forme de lance, fermes, odorantes , sans dentelure, paraissant percées lorsqu'on les regarde au soleil, luisantes , disposées par trois à l'extrémité des branches, qui sont toujours terminées par une impaire ( feuilles pinnées, à 3 folioles, dont une impaire ). Les fleurs sont petites, blanches, et produisent de petites baie: noires d’un goût aromatique et de très bonne odeur. On fait avec le bois de cet arbre des flambeaux pour s’éclairer la nuit : c’est de là que lui vient son nom. » La description qui précède convient très bien à un emyris. Bots de Citron du Mexique, Ce bois porte au Mexique le nom de /2gnaloe ou linalué (bois d’a- loès )}; trompé par ce nom, il y a plusieurs années, un négociant français en rapporta une assez grande quantité à Bordeaux ct fut fort désappointé qu’on ne voulût pas le lui acheter au prix de 48 ou 20 francs le kilogramme. Ce bois aurait cependant une certaine valeur pour la parfumerie, Il est blanc à l’intérieur, avec des veines longitudi- nales très irrégulières, légèrement brunâtres. Il est très léger, poreux et pourvu d’une très forte odeur de citron. Il contient une si grande quantité d'essence, qu’on dirait qu’il en a été imprégné par immersion, et que celte essence se condense par gouttelettes , contre le vase qui le renferme , et pénètre entièrement la carte de l'étiquette. Ce bois se trouve décrit et attribué à un amyris, dans un petit ouvrage intitulé : Znsayo para la materia medica mexicana, Pucbla, 1832. Bois de Gonzalo-Alvés, Ce bois, qui est un des plus beaux que l’on puisse employer pour l’ébénisterie , est confondu en France avec le courbaril, dont il porte le nom dans le. commerce, Il vient de Rio-Janeiro et est produit par un arbre de la tribu des anacardiées, nommé astrontum fraxinifoliumn. H vient en bûches ou en gros madriers carrés, Il est très dur, compacte, Le 492 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. susceptible d’un beau poli, et présente , sur un fond qui varie du rouge de feu au rouge foncé, de larges veines noires du plus bel effet. Il exhale une légère odeur désagréable lorsqu’on le râpe, et est astringent au goût. Ce bois porte en Angleterre le nom de bois de zebre, et dans plu- sieurs contrées de l'Amérique celui de gateado , ce qui veut dire bots de chat, toujours à cause de sa rayure noire que l’on a comparée à celle du zèbre, du chat ou du tigre. Indépendamment de celui qui vient du Brésil, j'en ai de fort beaux échantillons venus de la Nouvelle- Grenade et de la Vera-Cruz. Le Brésil en fournit d’ailleurs plusieurs qualités, qui doivent être produites par plusieurs espèces d’as/ronium. FAMILLE DES RHAMNÉES. Arbres ou arbrisseaux , à feuilles simples et alternes , très rarement opposées, accompagnées de 2 stipules caduques ou persistantes, et épi- neuses. Les fleurs sont petites, hermaphrodites ou unisexuées, pourvues d’un calice gamosépale, plus ou moins tubuleux par la partie inférieure, où il adhère plus ou moins avec l'ovaire ; le limbe est évasé, à 4 ou 5 lobes valvaires. La corolle est formée de 4 ou 5 pétales très petits, souvent voûtés. Les étamines sont en même nombre que les pétales , placées devant eux , insérées à leur base et souvent renfermées dans la conca- vité du limbe. L’ovaire est tantôt libre , tantôt demi-infère, quelquefois complétement adhérent, à 2, 3 ou 4 loges contenant chacune 1 ovule dressé. Les styles sont en nombre égal aux loges de l'ovaire, mais soudés entre eux el terminés par autant de stigmates soudés ou distincts. Le fruit est charnu et indéhiscent , contenant ordinairement 3 nucules, ou sec et s’ouvrant en à coques. La graine est dressée et contient dans un endosperme charnu , qui est quelquefois très mince, un embryon homotrope, à cotylédons planes et appliqués. La famille des rhamnées, depuis qu’on en a séparé les staphyliers, les fusains et les houx, pour en former les familles des célastrinées et des ilicinées, ne se recommande plus guère à nous que par les genres ziziphus et rhamnus, qui nous fournissent les jujubes et les baies de nerprun. Juiubier et Juijubes. Ziziphus vulgaris Lam. ; rhamnus ziziphus L. (fig. 379). Le juju- bier est un arbrisseau très rameux qui s'élève à la hauteur de 5 à 7 mètres. Ses rameaux sont garnis d’aiguillons géminés, dont l’un est droit et l’autre recourbé. Ses feuilles sont alternes, lisses, très ferme , RHAMNÉES. 193 ovales-allongées, légèrement dentées, avec trois nervures longitudinales. Les fleurs sont très petites, jaunâtres , réunies en paquet dans l’aisselle des feuilles. Elles sont formées d'un calice à 5 divisions ouvertes et caduques ; d’une corolle à 5 pétales très petits , alternes avec les divi- sions du calice; de 5 étamines opposées aux pétales et d’un ovaire biloculaire surmonté de 2 styles. Le fruit est un drupe ovoïde ou ellip- tique, du volume d’une grosse olive, recouvert d’une peau rouge, lisse, coriace, et renfermant une pulpe jaunâtre, douce, sucrée, assez agréable lorsque le fruit est récent. Au centre se trouve un noyau osseux , allongé , surmonté d’une pointe ligneuse, et divisé intérieure- ment en deux loges dont l’une est ordinairement oblitérée. La loge développée contient une amande huileuse. Ce noyau n’est d’au- cun usage ; on le rejette lors- qu’on emploie les jujubes. Le jujubier est originaire de Syrie, d'où il a été apporté en Italie sur la fin du règne d’Auguste. Il est depuis longtemps natura- lisé dans le midi de la France, el principalement aux îles d’Hyères, d’où les jujubes nous arrivent sèches avec les autres fruits du Midi. On en fait une tisane , un sirop et une pâte qui porte son nom, mais d’où on les retranche à tort, le plus ordinairement. On trouve en abondance, sur les côtes d'Afrique, princi- palement dans la régence de Tunis, et dans l’île de Zerbi, pays habité autrefois par les Lotophages, une espèce de jujubier (ziziphus lotos Desf.) haut de 13 à 16 décimètres, dont les fruits jouissaient, sous le nom de /otos , d’une grande réputation chez les anciens. Ces fruits sont rougeâtres, presque ronds, de la grosseur de ceux du prunier sauvage : ils contiennent, sous une chair pulpeuse, d’une saveur agréable, un noyau globuleux à 2 loges. Homère suppose que ce fruit avait un goût si délicieux, qu'il faisait perdre aux étrangers le souvenir de leur patrie, et qu'Ulysse fut obligé d'enlever de force ceux de ses compagnons qu’il avait envoyés pour reconnaître le pays. 49% DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. Baies de Nerprun. Éhannus catharticus L.— Car. gén. : Calice à 4 ou 5 divisions, dont la base persiste souvent après l’anthèse, sous la base du fruit ; 4 ou 5 étamines opposées aux pétales; style bi- on quadrifide; fruit bacci- forme ou presque sec, à 2, 3 ou 4 loges monospermes, s’ouvrant intérieurement par une fente longitudinale. Semence cblongue , mar- quée, du côté extérieur, d’un sillon profond plus large à la base. Arbrisseaux ou petits arbres dont les rameaux sont souvent spi- nescents à l'extrémité. Fleurs souvent unisexuelles. Fruits non comes- tibles. Le nerprun (fig. 380) croît à la hauteur d’un petit arbre; son écorce est lisse; ses branches sont garnies d’épines terminales. Ses feuilles sont ovées, glabres, assez larges et dentées sur leurs bords. Ses fleurs sont petites, verdâtres, dioiques Fig. 380. ou polygames, munies d’un ca- lice et d’une corolle quadrifides. Ses fruits sont gros comme ceux du genévrier, verts d’abord, noirs quand ils sont mûrs. Ces fruits contiennent au centre quatre nucules accolées, et sont remplis d’ailleurs d’un suc rouge-violet très foncé ; ce suc devient rouge par les acides, vert par les alcalis, et offre un bon réactif pour reconnaître la plus petite quantité de ces corps à l’état de liberté. C’est en com- binant le suc de nerprun avec la chaux que l’on obtient la couleur . connue sous le nom de vert de vessie. On récolte les baies de nerprun dans les mois de septembre et octobre ; on les choisit grosses, luisantes et abondantes en suc. On en fait un extrait et un sirop qui sont purgatifs ; on ne les fait pas sécher ordinairement. L'écorce du nerprun peut servir à teindre en jaune. Le bois du tronc est formé d’un aubier blanchâtre peu épais, et d’un cœur d’un rouge rosé, devenant satiné et comme transparent à la surface lorsqu'il ILICINÉES. h95 est poli. On en ferait de très jolis meubles s’il offrait des dimensions plus considérables. Autres espèces : Nerprun des teinturiers, 7hamnus infectorius L. Cette espèce croît surtout dans le midi de la France et de l’Europe. Ses fruits, con- nus sous le nom de graine d'Avignon, sont usités dans la teinture , à laquelle ils fournissent une belle couleur jaune, mais peu solide. D'autres nerpruns, plus ou moins analogues, produisent dans l'Orient des graines jaunes plus estimées que celles d'Avignon, et connues sous les noms de graine de Perse, d'Andrinople, de Morée, etc., suivant le pays d’où elles proviennent. Ces nerpruns paraissent être surtout les rhamnus amygdalinus, oleoides et saxatilis. La graine &e Perse est la plus estimée de toutes; elle est grosse comme un petit pois, arrondie, formée d’un brou mince, d’un vert jaunâtre , appliqué immédiatement sur 3 ou 4 coques jaunes, mono- spermes, réunies au centre, ce qui donne au fruit une forme trigone ou tétragone régulière; elle a une saveur amère très désagréable, et une odeur nauséeuse assez forte. La graine d’Avignon est beaucoup plus petite, plus verte, quelque- fois noirâtre, et paraît avoir été cueillie avant sa maturité. Elle offre rarement 3 coques réunies, et n’en à ordinairement que 2 , par l’avor- tement des autres; elle a une odeur moins forte et une saveur beaucoup moins marquée. On prépare avec la graine d'Avignon et la craie unc sorte de laque jaune , connue en peinture sous le nom de séil de grain. La hourgène Ou aune noir, 7hamnus frangula L. Cet arbrisseau non épineux est commun dans les bois ; son écorce peut servir à teindre en jaune, comme celle du nerprun ; ses fruits sont également purgatifs et peuvent être employés à faire du vert de vessie. Le bois, qui est tendre et poreux, donne un charbon très léger qui sert à la fabrication de la poudre à canon. L'alaterne , 7/amnus alaternus L. Arbrisseau toujours vert, à feuilles luisantes, très souvent panachées, très employé pour la décora- tion des jardins paysagers. FAMILLE DES ILICINÉES. Très petit groupe de végétaux arborescents, confondu d’abord avec les rhamnées, puis avec les célastrinées , lorsque celles-ci ont été sépa- rées des rhamnées, formant enfin aujourd’hui une petite famille qui se distingue des rhamnées par ses étamines qui alternent avec les pétales, et par ses ovules pendants du sommet de chaque loge ; et des célastri- 196 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. nées, par l'absence d’un disque entourant l'ovaire , par sa corolle sou- vent gamopétale, par ses étamines insérées au réceptacle et par ses evules pendants. Le principal genre est celui des houx (/eæ L.), dont voici les carac- tères : Calice à 4 dents, persistant ; corolle hypogyne, à 4 pétales con- tigus à leur base ; À étamines alternes avec les pétales, réunies à eux par leur base et servant à établir la connexité qui existe entre eux ; un ovaire supère surmonté de 4 stigmates sessiles ; un drupe arrondi con- tenant 4 osselets monospermes, à semence inverse. Moux commurs, {/ex aqguifolium L. (fig. 381). Grand arbrisseau ou petit arbre haut de 7 à 8 mètres. Son tronc est droit, garni de rameaux souvent verticillés, souples, à écorce lisse et verte. Les feuilles sont alternes, pétiolées, ovales, coriaces , luisantes , d’un beau vert, le plus souvent ondulées , angu- leuses, dentées et épineuses. Les fleurs sont blanches , petites, disposées en bouquets serrés et axillaires. Les fruits sont globuleux, de la grosseur d’un grain de groseille, d’un rouge vif, d’une saveur douceâtre , désagréable. Cet arbuste croît naturellement dans les bois montagneux de l’Europe tem- pérée. On le cultive dans les jardins paysagers, où il produit un bel effet par la persistance de ses feuilles pendant l'hiver, et par ses fruits d’un rouge écla- tant, qui restent sur l'arbre presque jusqu’au printemps. La culture en à produit un grand nombre de variétés, dont une à feuilles panachées de blanc ou de jaune. Les feuilles de houx ont été usitées en médecine comme diaphoré- tiques et fébrifuges. M. Deleschamps, pharmacien, en a extrait un principe cristallisé et amer, nommé #/licine, qui a été proposé comme propre à servir de succédanée à la quinine. L'écorce de houx contient beaucoup de glu et c’est elle surtout qui sert à la préparation de cette singulière substance (page 181). Le bois de houx est très blanc dans les jeunes arbres, très dur, très pesant, susceptible d’un beau poli et prenant très bien la teinture noire , ce qui le fait servir à contrefaire l’ébène. IL est très recherché pour les ouvrages de tour et de marqueterie. Houx apalachine Où thé des Apalaches, let vomitoria Ait. Fig. 381. RUTACÉES. 197 Arbrisseau des lieux humides et ombragés de la Floride , de la Caroline et de la Virginie. Les sauvages de ces contrées en emploient les feuilles en manière de thé, et leur attribuent une grande vertu tonique , dia- phorétique et diurétique ; mais à forte dose elles purgent et excitent le vomissement. La célèbre herbe maté ou thé du Paraguay, dont on fait un grand usage dans toute l'Amérique méridionale, jouit des mêmes propriétés. C’est l’i/ex paraquariensis de Lambert. Le cassine gouguba de Martius possède des propriétés à peu près semblables et lui est quel- quefois substitué. * HUITIÈME CLASSE. Dicotylédones thalamiflores. FAMILLE DES RUTACÉES. Cette famille, telle qu’elle a été établie par M. Adrien de Jussieu, forme un groupe très important de végétaux, dont voici les principaux caractères : Feuilles opposées ou alternes, souvent marquées de points translucides. Fleurs hermaphrodites, ou très rarement unisexuées ; calice d’une seule pièce, à 3, 4, ou, plus ordinairement, 5 divisions ; pétales en nombre égal aux divisions du calice, altcrnes avec elles, insérés sous l'ovaire, ordinairement distincts, quelquefois soudés en une corolle monopétale, rarement nuls ; étamines en nombre égal aux pétales et alternes avec eux, ou en nombre double, dont celles qui leur sont opposées avortent quelquefois ; ovaire libre et supère , à loges opposées aux pétales et en nombre égal, réunies autour d’un axe cen- tral ou plus ou moins séparées, et contenant chacune un ou plusieurs ovules attachés à leur angle interne; autant de styles et de stigmates que de loges, distincts ou réunis en tout ou en partie. Fruit tantô! simple, capsulaire, à plusieurs loges quelquefois indéhiscentes , s’ou- vrant le plus ordinairement en autant de valves septifères, ou se sépa- rant en plusieurs coques souvent bivalves ; tantôt composé de plusieurs drupes ou de plusieurs capsules distinctes. Les loges du fruit sont revê- tues d’un endocarpe mince ou quelquefois solide, quelquefois détaché du mésocarpe, sous forme de deux valves internes recouvrant les graines. Celles-ci contiennent un endosperme charnu ou cartilagineux qui manque rarement ; l'embryon est pourvu dune radicule droite dirigée vers l’'ombilic. IT. 32 95 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. Les rutacées se partagent en cinq tribus que beaucoup de botanistes con- sidèrent comme autant de familles distinctes. - 4" tribu : zyGopuyLLées. Fleurs hermaphrodites , régulières ; pétaies distincts ; étamines en nombre double, à filets hypogynes , nus ou accompä- gnés d’une écaille, Ovaire entouré de glandes ou d’un disque lobé ; à plu- sieurs loges pluri-ovulées, indiquées par des sillons ; style simple. Fruit cap- sulaire se partageant en plusieurs coques ou en plusieurs valves septifères ; endocarpe ne se séparant pas du mésocarpe ; embryon à radicule montante, entouré d’un endosperme (le genre tribulus excepté . Tiges herbacées ou ligneuses. Feuilles opposées, stipulées , le plus souvent composées ; pédon- cules axillaires. Genres tribulus, fagonia, zygophyllum, porliera, quaja- cum , elc. 2e tribu : RUTÉES. Fleurs hermaphrodites régulières ; 4 ou 5 pétales ; éta- mines distinctes en nombre double (triple dans le peganum), portées sur le support de l'ovaire ; ovaire simple, à moitié divisé en 4 ou 5 lobes et partagé en autant de loges pluri-ovulées ; style simple ou divisé par le bas pour com- muniquer avec les loges. Fruit capsulaire, dont les loges, écartées par le haut, s’ouvrent intérieurement en forme de coques, ou extérieurement par leurs valves cloisonnées ; embryon endospermé à radicule montante. Tiges herbacées ou peu ligneuses. Feuilles alternes , souvent simples et couvertes de points glanduleux transparents. Genres peganum , ruta , haplophyl- lum , etc. 3° tribu : piosmées. Fleurs hermaphrodites, régulières ou irrégulières ; calice à 4 ou à divisions ; corolle à 4 ou 5 pétales distincts ou quelquefois soudés, rarement nuls; élamines en nombre égal ou double, hypogyues, rarement périgynes; pisüil nu à sa base, ou entouré d’un disque libre ou adhérent au fond du calice; plusieurs ovaires réunis ou distincts , dont les styles sont réunis entiérement ou seulement à leur sommet, pour former un seul stigmate divisé en autant de lobes. Fruit tantôt simple, composé de capsules réunies, mono- ou dispermes; plus souvent formé de capsules séparées ; l’endocarpe se détache intérieurement du mésocarpe, à l’époque de la maturité, et se sépare en deux valves qui recouvrent les graines ; embryon privé ou pourvu d’endosperme. Tiges presque toujours ligneuscs. Feuilles opposées ou alternes, simples ou pennées, sans stipules , souvent parsemées de points glanduleux. Genres galipea , ticorea, esenbeckia , diosma , dictamnus, etc. ? 4e tribu : ZANTHOXYLÉES. Fleurs régulières, diclines par avortement ; calice à 3, 4 ou 5-divisions; pétales en nombre égal , rarement nuls ; fleurs mäles pourvues d'étamines en nombre égal ou double , insérées autour du support d’un pistil rudimentaire ; fleurs femelles portant autour du pistil des filets stériles, très courts; plusieurs ovaires réunis et surmontés d’un seul style, ou plus ou moins séparés et portant autant de styles plus ou moins réunis ; 2 ou 4 ovules dans chaque ovaire. Fruit tantôt simple, charnu ou capsulaire, à plusieurs loges ; tantôt composé de plusieurs drupes ou capsules mono- ou dispermes, dont l’endocarpe se détache en partie ; embryon endo- spermé, à radicule montante et à lobes aplatis. Tiges ligneuses. Feuilles alternes ou opposées, non stipulées , simples ou souvent pennées , souvent ponctuées. Genres brucea, zanthoæylum , blackburnia , toddalia, pte- lea , elc. RUTACÉES. h99 3° tribu : simaruBÉEs. Fleurs régulières, hermaphrodites ou diclines par avortement ; corolle à 4 ou 5 pétales hypogynes , alternant avec les divisions du calice ; étamines en nombre égal ou double , insérées sur un disque placé sous l'ovaire; 4 ou 5 ovaires implantés sur un disque commun, contenant chacun un seul ovule attaché au sommet de la loge, et portant chacun un style, lequel, d'abord séparé , se réunit bientôt avec les autres , en un seul style, terminé par 4 ou 5 stigmates. Le fruit se compose de 4 ou ÿ drupes séparés , quelquefois réduits à un nombre moindre par avortement ; Lous secs et indéhiscents, contenant uné seule graine pendante , privée d’endosperme et contenant un embryon à lobes épais , entre lesquels s’enfonce la radicule. Tiges ligneuses. Feuilles alternes, non stipulées, simples ou plus souvent composées. Genres quassia , simaruba , simaba , samadera , etc. Gayac oflicinal (fig. 582). Guajacum officinale L. Arbre très élevé, dont le tronc acquiert quelquefois 1 mètre de diamètre, et dont la croissance est si lente, qu'il lui faut plusieurs siècles pour acquérir cette dimension. 11 croît dans les Antilles, et principalement à la Jamaïque, à Saint-Domingue, à Cuba et à la Nouvelle-Providence, une des îles Lucayes. Les divisions des rameaux sont souvent dichotomes. Les feuilles sont opposées, pinnées sans impaire, à 2, souvent à 3, très rarement à 4 rangs de folioles sessiles, ovales ou obovées, fermes, glabres , d’un vert clair. Les folioles extrêmes ont 3 ou 4 centimètres de long sur 2 de large; les folioles d’en bas sont plus petites et plus arrondies. Fig. 382. Toutes ont une nervure médiane très apparente qui les divise en deux parties à peu près égales, plus une nervure secon- daire extérieure, partant comme la première du point d'insertion. Les nervures latérales, nais- sant de la médiane , sont opposées ou alternes. Les fleurs sont bleues, pédon- culées, presque dispo- sées en ombelles au som- met des rameaux. Le calice est à 5 lobes obtus; la corolle est à 5 pé- tales; les étamines sont en nombre double , à filets élargis à la base. Le fruit est une capsule charnue, réduite à 2 loges par avortement, presque en cœur, élargie et amincie sur les deux côtés , tronquée au sommet, 500 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. avec une petite pointe courbe. Chaque loge renferme une semence osseuse (une avorte le plus souvent) suspendue à l’angle interne, pour- vue d’un endosperme crevassé et corné, entourant un embryon droit, formé de 2 cotylédons foliacés et d’une radicule supère. Bois de gayae officinal. Ce bois arrive en troncs d’un fort dia- mètre, ou en bâches assez droites, recouvertes quelquefois de leur écorce. Il est très dur, bien plus pesant que l’eau (pes. spéc. : 1,33), formé d’un aubier jaune plus ou moins épais et d’un cœur brun ver- dâtre. Il est pourvu d’une structure santaline difficile à observer, à cause de sa grande compacité, mais qui consiste en ce que ses couches sont alternativement dirigées à droite et à gauche, et se croisent en formant avec l'axe un angle de 30 degrés environ. La coupe perpendi- culaire à l'axe, étant polie, présente à la loupe une rayure rayonnante très fine et très serrée, parsemée çà et là de gros vaisseaux coupés, remplis de résine verte; mais la plus grande partie des vaisseaux ligneux sont tout à fait inapercevables. Ce bois n’a pas d’odeur sen- sible à froid ; mais lorsqu'on le râpe, il prend une légère odeur balsa- mique et sa poussière fait éternuer. Sa râpure a une saveur àcre et strangulante ; elle est jaunâtre et devient verte au contact de l’air et de la lumière, ou lorsqu'on l’expose à la vapeur nitreuse. Toutes ces propriétés sont dues à la résine dont le bois est imprégné. Le bois râpé est usilé en teinture alcoolique ou en décoction dans l’eau ; il fournit, à l’aide de ce dernier moyen, un extrait gommo-résineux, d’une odeur balsamique très marquée. Ce bois râpé est acheté par les pharmaciens, dans le commerce de la droguerie, où il est versé par les tourneurs, qui emploient une grande quantité de gayac pour faire des mortiers ou des pilons, des roues de poulies, des roulettes de lits, et beaucoup d’autres objets pour lesquels la dureté est une qualité essentielle. Comme alors ce bois peut être mêlé à de la râpure de buis, il con- vient de s'assurer de sa pureté , soit en l’exposant pendant un jour ou deux à la lumière, soit en l’exposant, sous une cloche, à la vapeur nitreuse qui le verdit presque instantanément, On trouve dans le commerce plusieurs variétés de bois de gayac, également supposées appartenir au gayacum officinale, et dont je ne puis indiquer la différence d’origine. La première , que je regarde comme le gavac le plus ordinairement employé, est en bûches cylin- driques assez régulières qui, pour un diamètre de 18 centimètres, offrent un onbier de 20 à 23 millimètres, régulier et bien séparé du bois. Cet aubier est d’un jaune de buis avec des mouchetures vertes, du côté interne, dues à des vaisseaux résineux ouverts. Le cœur cst d'un vert noirâtre foncé , ou en acquiert la teinte à la lumière. Ce bois est inodore, comme le suivant, | RUTACÉES. 501 Je nomme le second bois gayae à couches irrégulières, Il cst irrégulièrement cylindrique et souvent sa coupe transversale repré- sente la section d'une poire, faite du pédoncule à l'ombilic {Geoffroy ); l’aubier est proportionnellement plus épais que dans le premier, et la matière résineuse , qui donne au cœur sa couleur verdâtre, est très inégalement répartie et ne suit pas la régularité des couches ligneuses, Enfin , la résine est moins ‘abondante et laisse voir par intervalles la couleur jaune naturelle du bois, qui, par suite également , n’acquiert pas une couleur aussi foncée par l’action prolongée de l'air et de la lumière. Je nomme la dernière sorte de bois gayae à odeur de vanille, J’en possède un tronçon de 22 à 25 centimètres de diamètre, complétement privé d’aubier, soit naturellement, soit par la main de l’homme. Il est excessivement dense, serré et d’un vert noirâtre uniforme tellement foncé, qu’on a peine à en distinguer les couches. IT est onctueux et gras au toucher, et il conserve, même entier, une odeur balsamique très analogue à celle de la vanille. Écorce de gayae officinal. Il y à une dizaine d'années qu’il est arrivé une quantité considérable de cette écorce dans le commerce. Comme elle différait beaucoup de celle que j'y avais vue plus ancienne- ment , je la considérai comme une fausse écorce de qayac, jusqu’à ce que je l’eusse retrouvée sur un tronc de gayac à couches irrégulières. Ainsi c'est une écorce de vrai gayac. Elle est en morceaux plats ou cintrés, très durs, très compactes , épais de 3 à 5 millimètres, couverts d’une croûte cellulaire un peu fongueuse et jaunâtre, se séparant sou- vent par plaques de dessus le liber et y laissant des taches vertes ou brunes. Le liber est jaune, amer, très uni à l’intérieur. Cette écorce fournit avec l’alcool une teinture jaune qui ne verdit pas par l’acide nitrique, ce qui indique que sa matière résincuse n’est pas de même nature que celle du bois. Voici, d’après Trommsdorff, la composition comparée du bois et de l'écorce de gayac : : Bis. Écorce. RÉSTRR 2205 EX OCR LE POMERUS TE 26 25 Extrait piquant et amer. . . . . . .. 0,8 L,8 Matière colorante jaune brunâtre . . . 1 lh,1 Extrait muqueux avec sulfate de chaux. 2,8 12,8 Dadière hénense Lin AU D eus 69,4 7 6 100,0 100,0 Ainsi que je l'ai dit plus haut, la résine de l'écorce est différente de celle du bois. 502 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. Résine de gayac officinal. On peut obtenir cette résine, dans les pharmacies, en traitant le bois de gayac râpé par l’alcool rectifié ; mais celle du commerce est obtenue , soit en faisant des blessures à l'arbre , soit à l’aide de la chaleur, en réduisant le tronc et les principaux rameaux en bûches que l’on perce d’un large trou suivant l’axe du bois ; on place ces bûches sur le feu, de manière que la résine liqué- fiée par la chaleur du bois qui brûle à l'extérieur puisse couler par le trou et être reçue dans des calebasses. La résine de gayac du commerce est en masses assez considérables, d’un brun verdâtre, friables et brillantes dans leur cassure. Ses lames minces sont presque transparentes et d’un vert jaupâtre. Conservée dans un bocal de verre, elle devient d’une assez belle couleur verte par les surfaces qui regardent le jour. Elle renferme ordinairement des mor- ceaux d'écorce et d’autres débris du végétal ; elle se ramollit sous la dent, a une saveur d’abord peu sensible, qui se change bientôt en une âcreté brûlante dont l’action se porte sur le gosier ; elle a une légère odeur de benjoin qui devient très sensible par la pulvérisation ou par le feu : sä poussière excite fortement la toux. La résine de gayac donne avec l'alcool une dissolution brune foncée, qui devient blanche par l’eau. L’acide chlorhydrique y forme un pré- cipité gris cendré ; l'acide sulfurique un précipité vert pâle ; le chlore un précipité bleu pâle. L'acide azotique n’y produit d’abord aucun changement ; mais, au bout de quelques heures , le liquide devient vert, puis bleu, enfin brun, et forme alors un précipité brun. En arrêtant à temps l’action de l’acide avec de l’eau, on obtient de même un précipité vert ou bleu. L'action de l’acide azotique légèrement ruti- lant sur la teinture de gayac peut fournir un caractère distinctif et journalier de cette résine avec les autres. Si l’on expose un papier imbibé de teinture de gayac dans un bocal au fond duquel on a versé un peu d’acide azotique jaunâtre , la vapeur qui s’en exhale suffit pour colorer le papier en bleu. ; La résine de gayac a été le sujet des recherches d’un grand nombre de chimistes. Suivant M. Unverdorben , elle est formée de deux prin- cipes résineux, dont l’un est très soluble dans l’ammoniaque aqueuse, et dont l’autre forme avec cet alcali un composé goudronneux qui ne se dissout que dans 6000 parties d’eau. D’après Thierry, ancien pharmacien de Paris, la résine de gayac contient un acide particulier nommé acide qua- jacique, qu'il a obtenu en dissolvant la résine dans de l’alcool à 56 degrés centigrades , et distillant la teinture pour obtenir les 3/4 du liquide employé. 11 reste dans le bain-marie une liqueur acide et jaunâtre surnageant la résine. On sature la liqueur par de l’eau de baryte, on évapore à moitié, on filtre, et l’on y ajoute de l'acide sulfurique en quan- RUTACÉES. 503 tüité exactement nécessaire pour précipiter la baryte. On évapore en consistance sirupeuse et l'on traite le produit par l’éther sulfurique, qui dissout l'acide guajacique et le donne cristallisé , après son évapo- ration. On le purifie par sublimation. Cet acide est donc volatil, soluble dans l’éther, lalcool et dans l’eau; il diffère des acides benzoïque et cinnamique par une beaucoup plus grande solubilité dans l’eau et par ses combinaisons salines. M. Deville l’a trouvé composé de C'2H$ Of. Enfin ce dernier chimiste a obtenu, par la distillation à feu nu de la ré- sine de gayac, une huile essentielle analogue par ses propriétés et sa com- position à l'essence d’ulmaire ou Lydrure de salicyle. Cette essence, que M. Deville nomme Aydrure de quajacyle, est composée de CH#H*O$, Gayac à fruit tétragone. Guajacum sanctum L. Cet arbre croît en abondance dans l'île de Saint-Domingue , aux environs du port de la Paix, dans l'île de Porto- Rico et au Mexique ; c’est lui, très probablement, qui se trouve figuré par Hernandez sous le nom de Aoazacan. Decandolle lui donne des feuilles à 5 ou 7 paires de folioles ovales-obtuses, mucronées ; des pétioles et des jeunes rameaux sous-pubescents. Des auteurs plus anciens lui donnent un bois couleur de buis, presque privé de cœur plus foncé; des feuilles d’un vert foncé, longues de 8 ou 9 lignes, larges de 3 ou 4, et des fruits rouges, tétragones, semblables à ceux du fusain. D’après ces caractères, je ne doute pas que ce ne soit celte espèce de gayac qui ait été rapportée de Guatimala par M. Bazire, en 1834 ( Journ. de pharm., t. XX, p. 520). Les échantillons qu'il m'en a laissés, tous faibles qu’ils sont, me permettront de faire con- naître cette espèce plus complétement qu'on ne l’a fait jusqu'ici. Rameaux supérieurs et pétioles sous-pubescents ; pétioles très grêles, de la grosseur d’un fil, offrant les marques de 3 à 5 paires de folioles, v compris la terminale ; folioles sessiles, épaisses, d’un vert foncé, très entières et mucronées ; elles sont presque linéaires , un peu élar- gies cependant par le haut et un peu recourbées en sabre, à cause de l'inégalité de leurs deux moitiés: la moitié intérieure étant dressée contre le pétiole et presque droite, et la moitié extérieure se développant en une courbe ellipsoïde. La nervure médiane est à peine visible, rappro- chée du bord interne de la feuille et presque semblable à d’autres ner- vures qui partent comme elle du point d'attache, pour se diriger vers l'extrémité. Longueur des folioles, 12 à 45 millimètres; largeur, 5 ou 6. Les fruits sont rouges, formés de 4 coques monospermes opposées en croix, élargies ct amincies sur le bord, terminées chacune par une pointe aiguë. Les semences ont à peu près la forme et la grosseur d'une 504 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. graine de citron; elles présentent sous un épisperme assez mince, blanc et peu consistant, un endosperme épais, corné, demi-transpa- rent , d’une grande dureté, renfermant un embryon jaunâtre, à coty- lédons foliacés. Le bois, dont je n’ai qu’un simple éclat, est d’une couleur fauve uniforme ; il à une structure fibreuse et éminemment santaline ; néan- moins il est excessivement dur et compacte. Il a un aspect corné et il est translucide sur les bords. 11 ne change pas à la lumière. Sa coupe transversale polie présente la même rayure fine et rayonnante que le gayac officinal, mais parsemée d’un très grand nombre de points blan- châtres, provenant de la coupe des vaisseaux ligneux. L’écorce est recouverte d’un périderme crevassé noirâtre, recouvert par place d’une couche blanche crétacée. Le liber est très dur et formé de couches serrées, d’un gris noirûtre et livide. Cette écorce est toute couverte d’une résine transparente et d’un jaune verdâtre, dont il existe également quelques larmes détachées. Je pense avoir trouvé dans le commerce l'écorce et la résine de cet arbre. Ancienne écorce de gayae. Celle écorce se trouve assez bien décrite dans la Matière médicale de Geoffroy, qui l’attribue aussi au gayac à fruit tétragone. Elle est en larges morceaux cintrés, épais de h à 8 millimètres. Elle est pourvue à l'extérieur d’un périderme jau- nâtre, fongueux et crevassé, qui s’enlève naturellement par petites plaques, en laissant des impressions en forme de coquille de différentes couleurs, et quand c'est le liber qui est mis à nu, il apparaît avec une couleur verte noirâtre. Le liber est aussi dur et aussi compacte que du bois, d’une couleur noirâtre ct livide à l'intérieur. Sa surface interne est tantôt grise, tantôt noirâtre; offrant l'impression des fibres ligneuses de l’aubier, et quelquefois sillonnée de rides réticulaires , ainsi que le dit Gcoffroy. Cette écorce est amère, peu résineuse et colore à peine l'alcool rectifié. Un papier trempé dans la liqueur et desséché ne se colore ni à l’air ni à la lumière. Résine de gayac en larmes, J'ai trouvé quelquefois cette résine dans le commerce, sous la forme de larmes détachées, arrondies, presque transparentes ct d’un jaune verdâtre. Écrasée sur le papier, elle devient à l'air d’un vert d'émeraude. Elle est si parfaitement sem- blable à celle rapportée par M. Bazire, que je ne doute pas qu’elle ne soit produite par le guajacum sanctum. Gayacan de Caracas, M. Authoine , négociant français que j'ai déjà cité ( page 403 ) , m'a fait don d’un morceau de bois de gayacan (quajacum arboreum DC.). RUTACÉES. 505 Il provient d’un tronc tortueux, dépourvu d’'écorce, qui, pour un diamètre de 26 centimètres, ne présente que 5 millimètres d’un aubier blanc et très régulier. Le bois est d’un fauve verdâtre, très nuancé par couches concentriques , avec un second cœur intérieur plus foncé. Il se fonce lentement à l’air et tend à se rapprocher de la couleur du gayac officinal. 11 est beaucoup plus âcre que les autres lorsqu'on le travaille, et l’ouvrier qui l’a poli l’a gratifié du nom de gayac pique-nez. Sa coupe transversale présente une rayure fine et rayonnante , en lignes droites, non ondulées, et d'innombrables vaisseaux ligneux très petits, blanchâtres, disposés par petites lignes tremblées, dirigées dans le sens des rayons. Ce dernier caractère , qui est exceptionnel dans les bois de zygophyllées, forme au contraire le caractère distinctif et presque géné- ral des bois de sapotées (t. II, p. 543). Gayac du Chili, Porliera hygrometricu R. P. Guillemin m'a remis sous ce nom une tige d’arbre de 5 centimètres de diamètre, pourvue d’une écorce très rugueuse, grise à la surface, mince, dure, compacte ct d’une couleur noirâtre à l’intérieur, L’aubier est d’un jaune pâle et très dur. Le cœur est également très dur et très pesant ; il est d’un vert noirâtre, devenant presque noir à l'air; la teinture alcoolique, séchée sur un papier, verdit à la lumière, comme celle du gayac. Je mentionnerai , à la suite des bois de gayac , trois bois d’ébénisterie qui s’en rapprochent par leur dureté et leur grande densité , mais dont l’origine m'est inconnue. Le premier porte le nom de bois d’éeaille, Je lai vu en mor- ceaux équarris de 15 centimètres d'épaisseur, offrant sur les angles un reste d’aubier blanc, très dur et prenant le poli de l'ivoire. Le bois lui-même est fauve, noucux, très dur, très pesant, translucide lorsqu'il est en lame mince ; le tronc de l'arbre devait être torlueux et épineux. Le second bois portait, dans l’ancien droguier de l'École, le nom de bois de gayac ; maïs j’en avais, de mon côté, un morceau également fort ancien, étiqueté vrai grenadille, Ce bois est fort différent du grenadille ordinaire du commerc:, que j'ai attribué au brya ebenus (p. 329). L’échantillon de l'Ecole représente un tronc de 10 centimètres de diamètre, très irrégulier dans sa forme et ayant des angles rentrants. Il porte les débris d’une écorce noire au dehors, jaunâtre en dedans, mince, légère et fibreuse. L’aubier est épais de 15 millimètres , de couleur de bois de noyer clair. Le cœur est de couleur de noyer foncé, avec des veines brunes irrégulièrement dessinées. Le mérite de ce bois consiste moins dans sa couleur que dans sa grande dureté et dans la beauté de son poli. L'ancien échantillon que j'en ai pèse 1,201 ; l’aubier en est très mince et de couleur de buis ; le cœur est de couleur de noyer très foncé ; le poli est égal à celui de Pivoire; ce bois est amer. La coupe transversale présente une rayure rayonnante de la plus grande finesse sans aucune apparence de tubes ligneux. Le dernier bois porte dans le commerce le nom de grenadille et est supposé être de même origine que le grenadille de Cuba. Je le nommerai grenadille jaune. Je l’ai sous la forme d’une petite bûche de 7 centimètres 506 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. de diamètre , pourvue d’une écorce dure et compacte, assez semblable à celle du gayac, mais beaucoup moins dure. L’aubier est jaune et épais de 15 millimètres ; le cœur est d’un jaune brun. La Coupe transversale présente une rayure trés fine et rayonnante, parsemée de points blanchâtres très petits et très nombreux. Ce bois est susceptible d’un poli moins parfait que les deux précédents. Rue officinale (£g. 585 ). Auta graveolens L., tribu des rutées. — Car. gén. : Calice à 4 di- visions ; Corolle à 4 pétales concaves ; 8 élamines ; 8 pores nectarifères à la base de l'ovaire; 1 style: 4 capsule polvsperme à 4 lobes et à L loges (la fleur terminale à une cinquième partie de plus. — Car. spéc. : Feuilles décomposées ; lobes oblongs, le terminal obové ; pétales entiers ou sous-dentés. La rue est cultivée dans les jardins, où elle s'élève jusqu’à 4 2 ou 16 décimètres; elle répand une odeur forte, aromatique et dés- agréable. Elle est sudorifique, anthelmintique eteminénagogue. On l'emploie verte ou sèche ; on en retire l’huile volatile ; on en fait une eau distillée, une huile et un vinaigre par macéra- tion, etc. | L’essence de rue est d’un jaune verdâtre , un peu épaisse, d’une odeur très désagréable et d'une saveur âcre et amère. Elle pèse 0,887; elle ne rougit pas le tournesol ; elle distille à 220 degrés. Sa composition répond à Ja for- mule C25H?8 O$, Fig. 383. Feuilles de Buchu. Les feuilles de buehu. buneco Où boceco, sont produites par plu- sieurs espèces de diosma, arbrisseaux aromatiques du cap de Bonne- Espérance, qui appartiennent à la tribu des diosmées; mais c’est principalement le diosma crenata L. (barosma crenata Wild.) qui paraît fournir les feuilles que l’on trouve dans le commerce. Le diosma crenata (fig. 384) est un arbrisseau haut de 60 à 100 centimètres, garni de feuilles alternes très courtement pétiolées , RUTACÉES. 507 longues de 25 millimètres, ovales- oblongues , finement crénelées , entièrement glabres, rigides, d’un vert sombre en dessus, plus pâles en dessous, avec quelques nervures obliques peu apparentes. Ces feuilles sont couvertes de glandes transparentes, indépendamment d’une étroite marge transparente tout autour. Les pédoncules sont à peu près aussi longs que les feuilles ; le calice est à 5 divisions vertes et un peu pour- prées ; la corolle est à 5 pétales bleuâtres, ou- verts, courtement ongui- culés, Les étamines sont au nombre de 10, dont 5 fertiles, alternes avec les pétales, et 5 opposées stériles, plus courtes de moitié, pétaloïdes, ciliées, obscurément glanduleuses au sommet. Il y à 5 ovaires réunis etauriculés au sommet, uniloculai- res, contenant 2 ovules superposés, suspendus à Paxe central. Le style est unique, central, plus long que les étamines , atténué au sommet, terminé par un stigmate à 5 lobes. Le fruit est une capsule pentacoque , à coques un peu com- primées, auriculées au sommet du côté extérieur, couvertes de points glanduleux ; l’endocarpe est cartilagineux , séparé du mésocarpe , s’ou- vrant en 2 valves élastiques, monosperme. Les feuilles de buchu du commerce sont mélangées de pétioles et de fruits. Elles sont douces au toucher, un peu brillantes, finement cré- nelées et chargées, principalement vers le bord et à la face inférieure , de glandes pleines d'huile volatile. Leur odeur est très forte et analogue à celle de la rue ou de l'urine de chat ; leur goût est chaud, âcre et aromatique. L’essence est d'un brun jaunâtre, plus légère que l'eau, d’une édeur semblable à celle des feuilles. Les feuilles de buchu sont toniques, stimulantes, diurétiques et diaphorétiques. Elles paraissent exercer une influence particulière sur les organes urinaires. Fig. 384. 508 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. Racine de Dictame blanc ou de Fraxinelle, Dictamnus albus L. (fig. 385). Tribu des diosmées. Cette belle plante croît surtout dans le midi de la France et en Italie. Ses tiges simples, rondes, flexibles et fermes cependant, s'élèvent à la hauteur de 65 centimètres. Ses feuilles sont alternes, impari-pinnées, vertes, luisantes et fermes ; elles ressemblent, pour la forme, à celles du frêne, ce qui a valu à la plante son nom de fraxinelle. Ses fleurs sont disposées en grappes à l'extrémité des tiges ; elles sont pourvues d’un calice à 5 divisions et tombant ; d’une Fig. 385. corolle à 5 pétales irréguliers, déve- LÈ loppés, blancs ou purpurins, et AN marqués de lignes rouges plus fon- \pl cées; les étamines sont au nombre RILX de 10, à filets abaissés et couverts de poils glanduleux ; le style est décliné, le stigmate est simple. Le fruit est formé de 5 carpelles réunis au-des- sous du centre , et dispermes. Toute la plante est très odorante, et l’on assure que l’émanation d'huile vola- tile qui s’en échappe, dans les pays méridionaux et par les soirées chaudes de l'été, est assez concentrée pour être quelquefois enflammée par l’ap- proche d’un flambeau ; de sorte que la plante s’enveloppe pour un instant d’une aurévle de feu. M. Biot, qui a voulu s'assurer de la réalité du fait, n’a pu qu’enflammer succes- sivement , par l'approche immédiat d’un corps en ignition, les nom- breuses utricules huileuses qui recouvrent toutes les parties supérieures de la plante, sans que cet effet soit devenu général, et surtout sans que jamais l’émanation odorante qui entoure naturellement le végétal ait pu s’enflammer par l'approche d’un flambeau (Ann. chim. phys., t. L, p. 386). D’autres personnes pensent cependant que le fait a pu être observé dans des contrées plus méridionales. La racine de dictame est usitée en pharmacie, et seulement encore l'écorce mondée de la racine. On nous l’envoie toute préparée du Midi: elle est blanche, roulée sur elle-même , d’une odeur presque nulle ct d’une saveur amère. Elle fait partie de la poudre de Guttète. On donne RUTACÉES. 509 souvent en place, dans le commerce, le meditullium même de la racine privée de son écorce. C’est une petite tromperie facile à recon- naître. Écorce d’Angusture vraie. L'emploi de cette écorce, en Europe, ne remonte pas au delà de l’année 1788. Elle fut d’abord apportée en Angleterre de l’île de la Trinité, où l'arbre qui la produit avait été transporté des environs d’Angostura , ville de Terre-Ferme. De même que la plupart des drogues exotiques , elle a été attribuée successivement à différents arbres, et entre autres au #agnolia glauca L.: mais il a été reconnu par MM. de Humboldt et Bonpland qu’elle était produite par un arbre de la famille des rutacées, qui a reçu d'eux le nom de cusparia febrifuga, et qu'ils ont trouvé formant d'immenses forêts sur les bords de l’Orénoque. C’est ce même arbre qui a été nommé depuis par Willdenow bonplandia trifoliata, et par Decandolle galipea cusparia (Prodromus I, 731). Cependant , d’après le docteur Hancock, ce ne serait pas le galipea cusparia qui produirait l'écorce d’angusture vraie; ce serait une espèce voisine, qu'il a décrite et nommée galipea officinalis. Voici les caractères du genre galipea : Calice court, cupuliforme, à 5 divisions. Corolle à 5 pétales, hypogynes, linéaires, inégaux , très souvent réunis par le bas en un tube pentagone. 5 étamines, rarement plus ou moins, plus ou moins adhérentes aux pétales, très rarement toutes fertiles ; 5 ovaires insérés sur un disque déprimé , à 10 dents peu marquées, libres ou soudés par leur angle central, uniloculaires. Ovules doubles, superposés, attachés à la suture centrale, le supérieur ascendant, l’inférieur pendant; 5 styles distincts par la base, soudés au sommet. Capsule réduite à une ou deux coques monospermes, par avortement, bivalves, à endocarpe séparable et s’ouvrant avec élasti- cité ; semence réniforme , à test coriace ; embryon privé d’endosperme, homotrope, pourvu de deux grands cotylédons auriculés à la base, plissés, roulés l’un sur l’autre. Le galipea cusparia DC. (fig. 386), est un arbre majestueux , de 20 à 25 mètres d’élévation. Ses feuilles sont composées d’un pétiole long de 30 centimètres environ, terminé par trois folioles sessiles , ovales-lancéolées, aiguës, très aromatiques , dont celle du milieu égale la longueur du pétiole. Les fleurs forment des grappes pédonculées vers l'extrémité des rameaux ; elles sont blanches et pourvues, à l'extérieur, de fascicules de poils situés sur des corps glanduleux. Les étamines sont mona- 510 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. delphes, au nombre de 5, dont une ou deux seulement sont fertiles et les autres privées d’anthères. Le galipea officinalis Hanc. est un arbrisseau haut de 4 à 5 mètres, le plus ordinairement , et dont la taille n’excède jamais 10 mètres. 11 a les feuilles trifoliées, et les folioles oblongues, pointues aux deux extrémités, longues de 15 à 25 centimètres, por- tées sur un pétiole de même longueur. Les fleurs sont blanches et poilues ; les éta- mines distinctés, au nombre de 1 ou 2 fertiles, et de 1 à 5 stériles. Les caractères extérieurs de l'écorce d’angusture sont variables, et on la trouve sous trois formes dans le commerce : 1° Il y en a des morceaux courts, plats, minces, plus ou moins larges, recouverts d’un périderme gris - jaunâtre , "h mince et peu rugueux ; leur cassure est d’un brun jaunâtre, nette, compacte et résineuse ; leur surface intérieure est d’un jaune fauve souvent rosé, et se divise faci- lement par feuillets ; lear odeur et leur saveur sont un peu moins fortes que celles des variétés suivantes. 2° On en trouve d’autres morceaux qui sont longs de 16 à 40 centi- mètres ; qui ont une odeur forte, animalisée, très désagréable ; qui sont roulés et recouverts d’un périderme épais, fongueux , blanc et comme limoneux. Dessous ce périderme est l'écorce proprement dite, qui est brune, dure, compacte, et qui casse net sous la main. Cétte écorce à une saveur amère, sur laquelle domine le principe odorant et nauséeux ; celte saveur passée, il reste à l'extrémité de la langue une impression mordicante qui excite la salivation. 3° Enfin, on trouve des morceaux d’angusture qui tiennent le milieu entre les précédents, c’est-à-dire qu’ils sont plus longs, moins plats et plus épais que les premiers ; que leur enveloppe extérieure est grise , peu épaisse et peu fongueuse , et qu’ils ont la même saveur et la même odeur que les derniers. Toutes ces écorces peuvent provenir du même arbre croissant dans des expositions différentes. Fig. 386. RUTACÉES. 511 La poudre d’angusture à une couleur presque semblable à celle de la poudre de rhubarbe; son infusion dans l’eau est très colorée, amère, odorante et nausécuse, comme l'écorce. Ses propriétés médicales sont d’être fébrifuge et antidyssentérique. M. Saladin à constaté dans l'écorce d’angusture la présence d’un principe amer cristallisable, auquel il a donné le nom de cusparin. Ce corps est blanc, non acide ni alcalin , insoluble dans l’éther et dans les huiles fixes ct volatiles, très peu soluble dans l’eau, très soluble dans Palcoo!l à 0,835 de densité. Le cusparin, quoique non alcalin, se dissout avec facilité dans les acides affaiblis; l'acide sulfurique concentré le colore en rouge brun et le nitrate acide de mercure en rouge pourpre, propriétés qu'il partage avec la salicine et qui les distinguent l’une et l’autre de la quinine (Journ. chim. méd., 1. IX, 1833, p. 388), J'ai raconté, dans le volume précédent { page 514), comment, vers l’année 1807 ou 4808, de graves symptômes d’empoisonnement s'é- tant manifestés à la suite de l'usage de l'écorce d’angusture, on décou- vrit que cette écorce avait été mélangée d’une autre écorce fort dange- reuse, qui fut désignée sous le nom de fausse angusture, et qui fut reconnue plus tard pour être celle du strychnos nux-vomica. Cette écorce, qu'il importe beaucoup de distinguer de la véritable angusture, est beaucoup plus épaisse que celle-ci ; elle est compacte, pesante et comme racornie par la dessiccation. Sa substance intérieure est grise et son épiderme varie : tantôt il est peu épais, non fongueux, et est d’un gris jaunâtre, marqué de points blancs proéminents ; tantôt il est fon- gueux et d’une couleur de rouille de fer, Du reste, cette écorce est inodore, et sa saveur, qui est infiniment plus amère que celle de Ja véritable angusture , persiste très longtemps au palais sans laisser d'âcreté à l’extrémité de la langue. Sa poudre a une couleur bien dif- férente de l'autre , car elle est d’un blanc légèrement jaunâtre. Pour mettre encore mieux à même de distinguer ces deux écorces, je rappellerai la comparaison de leurs infusés aqueux que je fis il y a déjà beaucoup d'années. Elle pourra être utile, nonobstant des travaux plus récents faits sur ces mêmes écorces. J'ai fait macérer pendant dix-huit heures 4 grammes dépoudre de chacune des deux angustures dans 90 grammes d’eau, et j'ai filtré. Le résidu de l’angusture vraie avait encore une odeur et une saveur très fortes ; l’autre était toujours très amer. 512 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES, lOxalate d’ammo- niaque. Nitrate d'argent. Rens Deulochlorure mercure. Sulfate de fer. de Cyanure ferroso- potassique. Noix de galle. Gélatine. |Potasse caustique. Eau de chaux. Acide nitrique. Acide sulfurique. ANGUSTURE VRAIE. De l'écorce. De l’écorce. Orangée. Couleur détruite. Rien. Grand trouble. Précipité très abon- dant qu'un grand excès d’acide nitrique ne dis- sout pas. Précipité très abon- dant, blanc jaunâtre, Précipité très abon- dant. Précipité gris blan- châtre, très abondant. Rien : acide chlorhy- drique y forme ensuite] un précipité jaune tres abondant. Précipité jaunâtre tres abondant. Rien. En petite ou en grande quantité, la liqueur se fonce en orangé avec une teinte verdâtre et préci- pite ; l'acide nitrique ré- tablit la couleur primi- tive. En pelite ou en grande quantité, couleur plus foncée , lévèrement ver- dâtre et grand trouble ; leur jaune légérement ver- l'acide nitrique rétablit/dâtre et léger trouble. L’a- la couleur primitive. Une petite quantité trouble fortement la li-laffaiblie , liqueur transpa- queur ; couleur affaiblie;/rente; en grande quantité, en grande quantité, li- queur rouge transpa- rente. ù En petite quantité, trouble fortement ; un excès redissout le préci- pité sans rougir la li- queur. FAUSSE ANGUSTURE. aofragpuse M von l'écorce. Nulle. Orangée; moitié moins fon- cée. Paraît très faiblement rou- gle. Rien. Grand trouble. Trouble qu’un excès d'a- cide nitrique ne fait pas dis- parailre. Précipité blanc. Trouble. Couleur vert - bouteille ; trouble léger. | Trouble léger, qui n’aug- mente pas par l'acide chlorhy- drique ; la liqueur prend un aspect verdâtre. Précipité blanc extrême- ment abondant. Rien. Une petite quantité donne une couleur vert-bouteille ; une grande quantité , une çouleur orangée foncée avec une teinte verdâtre ; la liqueur. reste transparente. L’ acide, nitrique ajouté peu à peu ré- tablit la couleur vert - bou- teille, puis celle de l’infusion. En petite quantité, couleur vert - bouteille transparente ;| en plus grande quantité, cou- cide nitrique rétablit d’abord la couleur vert-bouteille, puis la couleur de l’infusion , mais affaiblie. En petite quantité, couleur liqueur rouge transparente. Rien. RUTACÉES. 513 La teinture de tournesol, le sulfate de fer, le cvanure ferroso-potas- sique, aidé de l’acide chlorhydrique, ct les alcalis, offrent les meilleurs moyens pour distinguer la véritable angusture de la fausse. On emploie au Brésil, comme fébrifuges et comme succédanées des quinquinas et de l’angusture , les écorces de plusieurs arbres ou arbris- seaux de la tribu des diosmées : tels sont le éicorea febrifuga St-Hil., dit tres folhas brancas ; V'esenbeckia febrifuga Mart., nommé fres folhas vermelhas, larangeira do mato, quina et angostura ; V'hortia brasi- liana Vell., dit quira do Campo , etc. J'ai dit précédemment (p. 175) que j'avais reçu d'Allemagne , sous le nom d’esenbeckia febrifuga, une écorce tellement semblable à celle des exostemma, qu'il me paraît bien difficile qu’il n’y ait pas eu confusion entre elles. ‘ Écorce de Clavalier jaune ou d’Épineux jaune des Antilles, Zanthozylum clava-Herculis L., zanthoxylum caribæum Lamk. ; tribu des zanthoxylées. Cette écorce a plusieurs traits de ressemblance avec la véritable angusture; elle est mince, pourvue d’une odeur semblable, et elle offre une saveur amère très désagréable, qui laisse une impression d’âcreté au bout de la langue et qui porte à la salivation. Elle s’en dis- tingue facilement cependant, parce qu’elle est d’un jaune serin et qu’elle colore la salive en jaune ; enfin elle est formée à l’intérieur de lames fibreuses qui l’empêchent de casser net. L’écorce de clavalier jaune a été analysée par MM. Chevallier et G. Pelletan, qui en ont retiré le principe amer et colorant à l’état cristal- lisé, et l’ont nommé zanthopicrite. L'écorce est fébrifuge et tinctoriale, mais peu usitée. On a longtemps confondu avec l'espèce précédente le zanthozylum fraxineum W., qui croît dans Amérique septentrionale. Si les carac- tères botaniques ont permis cette confusion , ceux de l'écorce auraient suffi pour distinguer les deux arbres. L’écorce du zanthozylum fraxi- neum est formée d’un épiderme gris, ridé transversalement par la des- siccation , et d’un liber presque blanc , d’une saveur faiblement muci- lagineuse d’abord , qui se termine par une forte âcreté et qui excite la salivation. Les Américains nomment l'arbre {0oth-ache tree (arbre au mal de dent), et prickly ask, ou frêne épineux. La plupart des autres espèces de zanthoxylum , et principalement celles qui appartenaient au genre fagara L., à présent réuni au premier, sont pourvues, dans toutes leurs parties, d'un goût de poivre aroma- tique et brälant, qui les fait servir d'épice dans les différents pays où elles croissent. Les plus connues sont : le fagara d’Avicenne, dont [LE 33 514 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. Clusius à figuré les fruits dans ses Zxoticæ (lib. FT, cap. xxu ); le fagara heterophylla Lamk., croissant à l’île Bourbon , et le fagara pipe- rita L., que l’on trouve décrit et figuré par Kæmpfer, dans ses Am«- nitates (p. 892 et 893). Tous les fruits de ces espèces paraissent être de petites capsules charnues , de la grosseur d’un grain de poivre à celle d’un très petit pois, tuberculeuses à leur surface , simples ou didymes, contenant une semence noire, luisante et peu aromatique, le principe acuf résidant surtout dans l’enveloppe glanduleuse de la capsule. Mais j'en possède une espèce différente, faisant partie d’une collection de plantes de la Chine, que je décrirai aussitôt que le temps me le permettra, mais dont j’extrais ce qui a rapport au fruit en ques- lion. Hoa-1sia0 ({leur-poivre). Ce fruit, dans son état normal , me parait com- posé de 4 capsules sessiles à l'extrémité d'un pédoncule; mais il est rare que ces Capsules se développent complétement toutes les quatre, et le plus que j'en aie trouvé, c’est trois avec une quatrième moitié moins grosse que les autres. Le plus ordinairement il n’y en a que deux et souvent une seule ; mais la différence que je trouve entre cette capsule solitaire et célles qui ont été décrites par d’autres auteurs, c'est qu’elle est constamment accompagnée à la base de 1, 2 ou 3 iubercules , qui représentent autant de capsules avor- tées. i Les capsules développées sont de la grosseur d'un grain de poivre. Elles sont formées d’un mésocarpe tuberculeux , rougeâtre, translucide , äcre et tres aromatique, enveluppant une coque blanche, de la consistance d’un parchemin, soudée avec le mésocarpe dans la plus grande partie de son éten- due. Tous deux s'ouvrent par une fente qui part du point d'attache interne, où les ovaires se touchaient, s’élève et se prolonge du côté externe, jusqu'aux trois quarts de la circonférence, el se termine vers la partie inférieure externe, par une pelite couronne qui indique la place de l'insertion du style. L’ovaire était cependant formé de 4 carpelles accolés, dont les styles devaient partir de leur sommet et plutôt du côté interne ; mais chaque carpelle, en se déve- loppant, a éprouvé une évolution qui a porté le point d'insertion du style tout à fait au dehors du fruit. Dans chaque capsule ouverte, l'endocarpe pré- sente seulement un commencement de séparalion du côté interne. La semence est noire, luisante, portée sur un funicule qui, en s’allongeant, a porté la base de la graine à la parte supérieure de la capsule, ainsi que le représente le zanthozylum carolinianum figuré par Gærtner (tab. LX VIII). La semence est dure sous la dent et n’a qu’un léger goût huileux. Ce fruit, qui justifie la réunion opérée entre les fagara et les zanthozylum, me parait appartenir au jamma sansjo de Kæmpfer, p. 895. Bois de Quassi amer ou Bois amer de Surinam, (Quassia amara L., tribu des simaroubées, Ce végétal a pris le nom d’un nègre de Surinam, nommé Quassi , qui, touché des bons procé- dés de Charles-Gustave Dahlberg , officier de la milice hollandaise, lui RUTACGÉES. 515 fit connaître les propriétés de la racine de Parbre, qu'il appliquait depuis longtemps, en secret, à la guérison des fièvres pernicieuses. Dahlberg communiqua cette découverte à Linné, qui en fit le sujet d’une dissertation imprimée dans le sixième volume des Ameænitates academicæ , p. 416. Le quassi ou quassia (fig. 387) est un arbrisseau de la Guyane, à feuilles alternes , pétiolées, composéés de une ou deux paires de folioles avec impaire. Les folioles sont sessiles, oblongues , pointues aux deux extrémités, glabres et entières; les pétioles sont ailés et articulés à l'endroit de l'insertion des folioles. Les fleurs sont hermaphrodites, disposées en grappes allon- gées, presque unilatérales ; le calice est fort petit, à 5 divisions profondes ; la corolle est assez grande et formée de 5 pétales rouges, contournés avant l’anthèse. Les élamines sont au nom- bre de 10, accompagnées d’une écaille à la base in- terne des filets, qui sont fort longs et contournés. L’o- vaire est formé de 5 car- pelles surmontés d’un style “simple. Le fruit est formé de 5 drupes ovoïdes isolés , portés sur un disque, con- tenant une semence pen- dante, privée d’endosperme. Le bois de quassia que Von trouve dans le com- merce provient de la ra- cine; il est sous forme de bâtons cylindriques, de 35 à 95 millimètres de dia- mètre, couverts d’une écorce unie, très mince, très légère, très amère, blanchâtre, tachetée de gris, peu adhérente au bois. Celui-ci est d’un blanc jaunâtre, léger, d’une texture assez fine cependant et susceptible d’un assez beau poli. Il est inodore, pourvu d’une amer- tume forte et franche, due à un principe cristallisable, nommé quassine, qui en a été extrait par M. Winckler et examiné par M. Wiggers. La quassine est fort peu soluble dans l’eau, plus soluble dans l'alcool et Fig. 387. 516 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. dans l’éther, fusible par l’action de la chaleur ; elle parait composée de C2H 12 D$. k J'ai trouvé à Londres un morceau de tronc de quassia ayant 9 centi- mètres de diamètre, et pourvu d’une écorce toujours très mince, blanche à l’intérieur, couverte d’un épiderme d’un gris noirâtre ; le bois est d’un jaune très pâle, un peu moins serré que celui de la racine, mais susceptible encore d’un beau poli et satiné. Il ferait un joli bois d’ébénisterie (1). Quassia de la Jamaïque. Picræna excelsa Lindley, simaruba excelsa DC., quassia excelsa Swartz. Arbre d’une grande dimension, pourvu de feuilles pinnées avec impaire. Les fleurs sont petites, d’un jaune verdâtre, polygames ; le calice est petit, à 5 divisions; la corolle a 5 pétales plus longs que le calice ; les étamines sont au nombre de 5, aussi longues que la corolle, velues; 3 ovaires placés sur un réceptacle charnu; 3 fruits drupacés, globuleux, bivalves, implantés sur le réceptacle. Le bois de cet arbre a été introduit dans le commerce, pour être substitué au quassia de Surinam. Il arrive en bûches qui ont souvent 35 centimètres de diamètre. Il est couvert d’une écorce très amère, épaisse de 1 centimètre environ, blanche et fibreuse à l’intérieur, mais cependant dure et compacte ; l’épiderme est mince et noirâtre. La sur- face extérieure présente des stries longitudinales et souvent des ner- vures proéminentes, formant une sorte de réseau lâche, longitudinal ; la surface intérieure, qui est blanche, présente souvent aussi des nervures longitudinales et un peu ailées qui pénètrent dans le bois. Celui-ci est d’un jaune plus prononcé que le bois de quassia de Surinam; mais il est d’une fibre beaucoup plus grossière , et moins susceptible de poli. Cependant comme il est satiné, qu'il présente des dimensions considé- rables et que sa grande amertume le rend inattaquable par les insectes, il pourrait être très utile dans la menuiserie, Il a une amertume au moins aussi forte que celle du quassia de Surinam et ne paraît pas lui être inférieur sous le rapport de l'application médicale. (1) M. Théodore Martius m'a envoyé , sous le nom de quassia de tupurupo ou quassia pardensis , une racine qui ressemble beaucoup au quassia amara, mais que son frère pense être la racine d’un arbrisseäu grimpant nommé tachi (tachia quianensis Aubl.), de la famille des gentianées, Cette racine diffère de celle de quassia par son écorce plus épaisse et adhérente au bois ; par une teinte plus grise à l’intérieur et par des taches bleuâtres offertes par la coupe transversale ; enfin par une structure rayonnée que ne présente pas le quassia. RUTACÉES. 517 Écorce de Simarouba. Simaruba officinalis DC., simaruba amara Aubl., quassia sima- ruba L. Le simarouba (fig. 388) s'élève à 20 mètres de hauteur et plus, sur un tronc de 8 décimètres de diamètre. Son écorce est assez épaisse, blanche, fibreuse, légère et poreuse à l'intérieur, rugueuse à sa surface et couverte d’un épiderme mince, noir, couvert de taches grises et blanches. Le bois est blan- châtre, fibreux, léger, à peu près semblable à celui du quassia de la Jamaïque. Les feuilles sont ailées, formées de 2 à 9 rangs de folioles alternes, presque sessiles, oblon- gues, terminées à chaque extrémité par une pointe courte. Les fleurs sont monviques, disposées en pani- cules rameuses et éparses. Elles sont fort petites, formées d’un calice à 5 divisions, de 5 pétales un peu plus grands que le calice. Les fleurs mâles ont 10 étamines accompagnées à la base d’une écaille velue, et un ovaire stérile, à 5 lobes, entouré par les écailles staminales. Les fleurs fe- melles ne diffèrent des fleurs mâles que par l'absence des étamines et parce que l'ovaire est surmonté d’un style à 5 cannelures , terminé par un stigmate à 5 divisions disposées en étoile, Le fruit est composé de 5 capsules drupacées, écartées les unes des autres, ayant à peu près la forme et le volume d’une olive. Le simarouba croît dans les lieux humides et sablonneux de l’île de Cayenne et de la Guyanc. Ses racines sont fort grosses , et s'étendent au loin, près de la surface de la terre, qui les laisse souvent à moitié décou- vertes. C’est l'écorce de ces racines que l’on enlève pour la faire sécher et la livrer au commerce. Elle est en morceaux longs de plus de 1 mètre, repliés sur eux-mêmes ; elle est d’un gris blanchâtre , très fibreuse, légère , sans consistance , facile à déchirer dans le sens de sa longueur, mais très difficile à rompre transversalement et à pulvériser. Elle est très amère, fébrifuge et antidyssentérique. Son principe amer paraît être le même que celui du quassia. Fig. 388. 518 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. FAMILLE DES OXALIDÉES. Petit groupe de 1égétaux à feuilles très variées, dont les fleurs sont régulières, hermaphrodites, pourvues d’un calice à 5 sépales un peu soudés par la base. La corolle est à 5 pétales alternes , contournés dans le bouton, un peu réunis par la base ; les étamines sont monadelphes par la base des filets, au nombre de 40, dont 5 alternes plus petites. Le pistil est composé de 5 carpelles unis entre eux dans toute leur lon- gueur, portant chacun un style terminé par un stigmate simple. Le fruit est tantôt une capsule pentagone, à 5 valves, tantôt une baie oblongue , à 5 sillons et à 5 loges; les semences, en nombre variable, sont insérées à l'axe du fruit; elles sont pendantes, souvent pourvues d’un arille charnu, s’ouvrant avec élasticité par le sommet. Elles contiennent un embryon axile et homotrope, dans un endosperme charnu. Cette petite famille, qui était comprise autrefois dans celle des géra- niacées, ne renferme que les deux genres oxalis et averrhoa. Celui-ci ne contient que deux arbres de l’Inde ( averrhoa carambola et averrhoa bilimbi) dont les fruits, très acides, servent à l’assaisonnement des mets ; l’autre (oxalis) comprend environ 150 espèces, dont 3 seule- ment crojssent naturellement en France (oxalis acetosella, corniculata, stricta). La plupart des autres appartiennent à l’Amérique ou au cap de Bonne-Espérance. Surelle, Alléluia ou Pain de Coucou. Oxalis acetosella X. (fig. 389). Racine écailleuse, comme articulée, rampante; tige nulle. Feuilles longuement pétiolées, composées de 3 folioles en cœur renversé, d’un vert pâle ; plusieurs hampes longues de 8 à 11 centimètres, garnies vers leur partie moyenne de deux petites bractées opposées, et terminées par une seule fleur blanche veinée de violet. Le fruit est une capsule pentagone , à 5 valves qui s'ouvrent longitudinalement sur les angles, avec élasticité; les semences sont ovales, couvertes par un arille qui s'ouvre par le soinmet. Les feuilles de cette espèce ont une saveur acide et assez agréable. On en faisait autrefois usage en médecine, comme rafraîchissantes et antiscorbutiques. En Suisse et en Allemagne, où la plante est assez commune, elle concourt, avec les rumex acetosa et acetosella, à la préparation du sel d’oseille (suroxalate de potasse). Parmi les espèces exotiques, il faut citer l’oxalide erénelée (ozalis GÉRANIACÉES. 519 crenata Jacq.), originaire du Pérou , que l'on peut cultiver en pleine terre, avec quelques précautions pour la garantir du froid de l'hiver. Ses racines fibreuses donnent naissance à des tubercules amy- lacés, jaunes, trans- lucides , ovoïdes , et de la grosseur d’une noix, qui ont quelque ressemblance de for- me avec ceux de la pomme de terre. Ces tubercules paraissent doués d’une acidité faible qui les rend un mets sain et assez agréable ; mais ceux récoltés en France ne m'ontprésenté qu’une saveur fade et assez insignifiante. Il est douteux qu ‘ils soient pourvus d’une propriété nutritive bien marquée. Fig. 389. FAMILLES DES GÉRANIACÉES , DES BALSAMINÉES ET DES TROPÉOLÉES. Les GÉRANIACÉES sont formées de plantes herbacées ou sous-frutes- centes, à feuilles simples ou composées, opposées ou alternes, munies de Stipules. Les fleurs sont complètes, régulières ou irrégulières , formées d’un calice libre, à 5 sépales souvent soudés par leur base. Les pétales sont au nombre de 5, égaux ou inégaux, insérés à la base du gynophore , libres ou légèrement soudés à la base , alternes avec les divisions du calice. Les étamines sont insérées avec les pétales, ordinai- rement en nombre double. plus ou moins réunies par la base des filets, portant des anthères versatiles, à 2 loges; l’ovaire est composé de 5 carpelles verticillés , attachés par leur suture ventrale à la base d’un gynophore allongé en colonne; les ovules sont au nombre de 2, super- posés et fixés à la suture ventrale ; les styles sont continus aux carpelles, distincts à la base, mais bientôt agglutinés à la colonne centrale qu'ils dépassent , et terminés chacun par un stigmate simple. Le fruit se com- pose de à capsules uniloculaires, monospermes par avortement, se séparant à maturité de la base au sommet de la colonne centrale, et supportées chacune par leur style qui se relève en spirale et reste adhé- 520 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. rent à l'axe par son sommet, Les graines contiennent un embryon sans endosperme , à cotylédons grands , foliacés , plissés et s’emboîtant mu- tuellement ; la radicule est allongée, renfermée dans une gaîne vaginale et dirigée vers le bas de la loge. La famille des géraniacées se composait presque uniquement d’abord du genre geranium L., qui est devenu tellement nombreux en espèces que, pour en faciliter l'étude, on s’est décidé à le partager en trois, formant les genres erodium, geranium et pelargonium. Le genre geranium est caractérisé par ses fleurs régulières, à 5 sépales égaux, 5 pétales réguliers, et 10 étamines, dont 5 alternativement plus grandes, toutes fertiles ; une glande nectarifère à la base des grandes étamines. Les arêtes ou les styles des capsules son glabres en dedans. Ce genre comprend plus de 60 espèces, dont la moitié croît naturellement en Europe. Plusieurs de ces dernières ont été usitées autrefois en médecine comme astringentes, vulnéraires et diurétiques. Herbe à Robert, bec-de-grue, herbe à l’esquinaneie , geranium robertianum L. (Blackw., t. 480). Plante annuelle, à pédoncules bi- flores, herbacée, haute de 22 à 32 centimètres; à tiges rameuses, pubescentes , redressées, souvent rougeûtres, garnies de feuilles oppo- sées, à 3 ou à lobes pinnatifides. Les pétales sont entiers , d’un rouge incarnat , deux fois plus longs que le calice, qui est anguleux et terminé en pointes dures ; les carpelles sont glabres, et les semences lisses. Géranium des prés, geranium pratense L. Plante vivace, à pédon- cules biflores. La tige s’élève à la hauteur de 65 à 100 centimètres ; elle est ronde, velue , ramifiée, garnie de feuilles opposées , assez grandes, hérissées de poils, profondément partagées en 5 ou 7 lobes pinnatifides ; les pétales sont entiers, arrondis, assez grands et d’une couleur bleue. Cette plante croît naturellement dans les lieux humides, en France ct en Allemagne , et est cultivée pour l’ornement des jardins. Géranium sanguin, geranium sanquineum L. (Clus. ar. CIX). Plante vivace, à pédoncules uniflores. Tige ramifiée dès la base. Feuilles opposées, pétiolées, arrondies, partagées en 5 divisions trifides, à lobes linéaires. Les fleurs sont grandes, d’un rouge pourpre , portées sur de longs pédoncules axillaires, bi-bractéolés au milieu, de leur longueur. Le genre erodium ne diffère du précédent que par ses étamines, dont 5 opposées aux pétales sont stériles, et 5 alternes fertiles, et par les arêtes des capsules qui sont barbues en dedans. Ce genre comprend une quarantaine d'espèces qui avoisinent presque toutes le bassin de la Méditerranée. Une espèce répandue dans les lieux sablonneux du midi de la France exhale une odeur de musc très prononcée : c’est l’ercdium moschatum Wild. BALSAMINÉES. 5 El Le genre pelargonium, qui est le plus nombreux des trois, comprend près de 400 espèces, la plupart originaires du cap de Bonnc-Espérance et cultivées dans les jardins, à cause de l’élégance et de la beauté de leurs fleurs. Ce genre ne diffère pas des précédents par le nombre et la disposition des ovaires , non plus que par la déhiscence du fruit; mais il s’en distingue par l’irrégularité de toutes les parties de la fleur. Le calice est à 5 divisions, dont la supérieure se termine inférieurement en un éperon tubuleux soudé avec le pédoncule ; les pétales sont au nombre de 5, rarement de 4, plus ou moins irréguliers; il y a 10 étamines monadelphes , inégales, dont 4 à 7 seulement sont fertiles ; les styles, persistants et roulés en dehors, sont barbus du côté intérieur, comme dans le genre erodèium. La plupart des pelargontum sont pourvus d’une odeur aromatique que son intensité rend quelquefois fatigante ou désagréable, mais dans laquelle domine souvent les odeurs du musc, de la térébenthine , du citron et de la rose. Les espèces les plus aromatiques sont les pelargo- num zonale, odoratissimum, fragrans , pellatum, cucullatum , capi- tatum, graveolens, radula, roseum Willd., balsameum , suaveolens. Trois de ce; espèces fournissent à la distillation une essence dont l'odeur se rapproche beaucoup de celle de la rose et qui sert à falsifier l’es- sence de roses : ce sont les pelargonium capitatum Aït., roseum Willd. (variété du pelargonium radula), et odoratissimum W. (Voyez pré- cédemment p. 277.) Les BALSAMINÉES sont décrites différemment par les botanistes : les uns, leur donnant un calice diphylle caduc, et 4 pétales disposés en croix, irréguliers et dont l’inférieur se prolonge en éperon, leur trouvent de l’analogie avec les famariacées et les papavéracées; mais les autres, se fondant sur leurs rapports beaucoup plus marqués avec les géraniacées , leur accordent un calice à 5 sépales inégaux , dont un se prolonge en éperon à la base ; une corolle à 5 pétales inégaux , dont un plus grand, concave et quelquefois bilobé, embrasse tous les autres dans la préfloraison. Les étamines sont au nombre de 5, alternes avec les pétales , ordinairement soudées par leurs anthères, qui sont biloculaires et introrses. Ovaire libre, oblong, cylindrique ou prismatique, à 5 loges, contenant un grand nombre d’ovules redressés , attachés aux angles internes, et terminé par un stigmate sessile, conique, entier ou à 5 lobes. Le fruit est une capsule à 5 loges, s’ouvrant avec élasticité en 5 valves qui se détachent par la partie inférieure et se roulent de la base au sommet, en abandonnant l'axe central et une partie des cloisons. Les semences se composent d’un gros embryon homotrope, sans endo- sperme , à cotylédons planes et charnus, à radicule très courte, obtuse et supère. 522 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. La famille des BALSAMINÉES est presque uniquement formée du genre 2mpaliens L., que plusieurs botanistes divisent en deux genres balsamina et impatiens, le premier comprenant des plantes asiatiques annuelles, dont les fleurs se doublent facilement par la culture et qui sont cultivées pour l’ornement des jardins. Dans ces plantes, les 5 an- thères sont biloculaires, les 5 stigmates sont distincts et les cotylédons sont épais. Dans le genre impatiens, 3 des anthères seulement sont biloculaires et les 2 antres, placées devant le pétale supérieur, sont uni- loculaires; les stigmates sont soudés et les cotylédons sont planiuscules. Une espèce très commune dans nos bois est l’impafiens noli-tangere X,., dont les fruits mûrs ne peuvent être touchés sans s'ouvrir avec élasticité et sans lancer au loin leurs semences. Cette plante passe pour être forte- ment diurétique. Les TROPÉOLÉES forment encore une annexe très peu nombreuse de la famille des géraniacées, dont le type se trouve dans la grande capucine, {ropæolum majus L. Cette plante, originaire du Pérou, est d’une culture très facile et devenue populaire en Europe. Elle est annuelle et pousse de sa racine fibreuse des tiges nombreuses, déliées , cylindriques, succulentes , vertes et lisses, qui s'élèvent, au moyen de supports, à la hauteur de plus de 2 mètres. Ses feuilles sont alternes , dépourvues de stipules, longuement pétiolées, ombiliquées , arrondies et entières , larges de 6 à 8 centimètres, lisses et un peu glauques. Ses fleurs sont axillaires, très longuement pédonculées, solitaires, mais très nombreuses et se développant successivement , grandes , d’une forme élégante et d’un jaune ponceau très éclatant. Elles sont pourvues d’un calice coloré profondément divisé en cinq parties, dont la supérieure se prolonge à la base en un cornet creux, qui s'ouvre au fond de la fleur. Les pétales, au nombre de 5, paraissent attachés au calice et sont alternes avec ses divisions. Les deux supérieurs sont sessiles et éloignés du pistil, à cause de l'ouverture de l’éperon qui les en sépare. Les trois inférieurs, portés sur des onglets, de l’autre côté du pistil, sont plus rapprochés de lui et presque hypogynes ; leur limbe est cilié inférieure- ment. Les étamines, au nombre de 8, à filets distincts, à anthères allongées , entourent l'ovaire et sont insérées sur le disque qui le sup- porte. L'ovaire est trigone, libre, surmonté d’un style persistant, terminé par 3 stigmates aigus. Le fruit se compose de 3 coques soudées, charnues, fongueuses , toruleuses à leur surface, se séparant à maturité, mais indébiscentes et renfermant une seule semence pendante , volumi- neuse , dont le test est presque soudé avec l’endocarpe. L’emkryon est dépourvu d’endosperme ; les cotylédons sont droits, soudés en une masse charnue, et pourvus à leur base de deux oreillettes qui cachent la tigelle ; la radicule est supère. AMPÉLIDÉES. 523 Les fleurs de la grande capucine ont un goût piquant et agréable qui, joint à leur belle couleur orangée , les fait rechercher pour mêler dans les salades. Toute la plante participe du même goût, qui approche de celui du cresson , et la fait regarder comme antiscorbutique et diuré- tique. Ses fruits , confits dans le vinaigre , sont employés comme assai- sonnement. FAMILLE DES AMPÉLIDEES. Arbres ou arbrisseaux souvent grimpants , à feuilles inférieures opposées, simples ou composées, accompagnées de stipules; les feuilles supérieures sont alternes , très souvent opposées à des pédoncules con- vertis en vrilles rameuses. Les fleurs sont disposées en grappes oppo- sées aux feuilles ; le calice est très court, libre, à 4 ou 5 dents peu marquées, revêtu intérieurement d’un disque hypogyne, annulaire, lobé sur son contour. La corolle est formée de 4 ou 5 pétales valvaires, libres ou adhérents entre eux par la partie supérieure; les étamines sont au nombre de 4 ou 5, opposées aux pétales ; l'ovaire est appliqué sur le disque, le plus souvent à 2 loges, contenant chacune 2 ovules dressés, anatropes; le style est simple, court, terminé par un stigmate en tête. Le fruit est une baie à 2 loges, lorsque l'ovaire n’en a que 2, ordinairement monospermes. Les semetices Sont dressées, couvertes d’un épiderme membraneux , d’un test osseux , et, à l’intérieur, d’un troisième tégument rugueux; l'embryon ést droit, placé à Ja base d’un endosperme cartilagineux ; la radicule est infère. En mettant à part le genre /eea, qui se distingue des’autres ampé- lidées par ses pétales soudés à la base, par ses étamines monadelphes et par son ovaire à 3-6 loges, cette famille se trouve presque réduite aux trois genres CiSsus , ampelopsis et vitis. Le premier est caractérisé par ses fleurs à 4 pétales s’ouvrant de-haut en bas, à la manière ordinaire, par ses étamines au nombre de 4, et par son ovaire à 4 loges (de Can- dolle). Le genre wifis, le plus important des trois , puisque c’est lui qui comprend la vigne, présente 5 dents au calice, 5 pétales à la co- rolle, 5 étamines, un ovaire et un fruit à 2 loges ; mais ce qui le dis- tingue particulièrement, ce sont ses pétales qui sont soudés par le haut et qui se séparent du calice par le bas, formant une sorte de coiffe qui recouvre pendant quelque temps le pistil et les étamines. Enfin , le genre ampelopsis ent le milieu entre les deux précédents, étant pourvu de 5 pétales et de 5 étamines comme les vignes ; mais ses pétales s’ouvrant du sommet à la base , comme dans les «issus. C’est à ce genre qu’appar- tient la vigne vierge (ampelopsis quinquefolia Mich.), arbrisseau à 52h DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. tiges sarmenteuses et radicantes de l'Amérique septentrionale, cultivé depuis longtemps en Europe, où on l’emploie pour former des berceaux et cacher la nudité de murs élevés, exposés au nord. Vigne cultivée et Raisin. Le raisin est le fruit de la vigne, vifis vinifera L, (fig. 390), arbris- seau sarmenteux, originaire de l'Asie, mais cultivé de temps immé- morial dans le midi de l'Europe, et formant depuis longtemps une des principales richesses de . Fig. 390. la France. Ses caractères génériques sont d’avoir un calice très petit, une corolle à 5 pétales ca- ducs, rapprochés en voûte et s’ouvrant de la base au sominet ; pas de style; un stigmate; une baie polysperme. Son caractère spécifique est a Sp d’avoir les feuilles lo- bées, sinuées - dentées, nues ou cotonneuses ; de plus, le port en est très facile à reconnaître : la tige est noueuse, tor- tueuse et recouverte d’une écorce très fibreuse et crevassée ; il en sort tous les ans, au prin- temps , des rameaux ou sarments très vigoureux, qui bientôt surpasseraient la hauteur des plus grands arbres si on les laissait croître ; mais on a le soin d'arrêter cette force d’ascension en taillant ces rameaux à des époques déterminées par la culture, et cela dans la vue de forcer la séve à se porter vers les bourgeons que l’on suppose devoir donner du fruit. Ces rameaux sont garnis de nœuds d’es- pace en espace, et de vrilles à l’aide desquelles ils s’attachent aux arbres voisins ou aux supports qu'on leur présente. Les fruits sont des baies pédicellées et disposées en grappe sur un pédoncule commun ; ils sont d’abord verts et acerbes, mais ils deviennent acidules et plus ou moins doux et sucrés. Ces fruits sont ronds ou ovales, plus ou moins gros, plus AMPÉLIDÉES, 525 ou moins savoureux, vercâtres, dorés, rouge pourpre ou presque noirs, selon les pays, les procédés de culture, et les variétés qui sont extrêmement nombreuses. Je ne citerai qu'une seule de ces variétés, en raison du produit particulier qu’elle donne à la pharmacie : c’est le verjus, ainsi nommé parce que son fruit mûrit difficilement dans nos climats ou mürit fort tard : aussi l'emploie-t-on vert, ct lorsque ce fruit, ayant cessé d’être acerbe, mais n'étant pas encore sucré , a acquis une acidité franche. Le suc qu'on en retire porte également le nom de verjus ; on en fait un sirop, et on l’emploie comme assaisonnement dans les cuisines. Tout le monde connaît les usages du raisin et les produits qu'il fournit à la vie domestique , aux arts et à la chimie : il nous donne le vin, le vinaigre , l’alcool et le tartre, dont je traiterai séparément ; en outre, on le fait sécher dans beaucoup de pays, soit pour l’usage de la table, soit pour la pharmacie. Raisins de Damas, Ces raisins étaient autrefois la principale sorte officinale ; ils sont rares aujourd’hui dans le commerce. Suivant la des- cription qu’en fait Pomet, ils sont très grands, aplatis, de la grosseur et de la longueur du bout du pouce, secs , fermes, d’un goût fade et peu agréable, et ne contiennent ordinairement que deux pepins. Ils viennent dans des boîtes demi-rondes, nommées bustes, On leur substi- tue souvent les raisins de Calabre, qui sont gras, mollasses et d'un goût sucré, aussi bien que les jubis. Raisins de Malaga, Ces raisins sont employés aujourd’hui, dans les pharmacies, sous le nom de raisins de Damas et sont aussi très usités pour les desserts. Ils viennent en caisses du poids de 7 à 30 kilo- grammes. Ils sont en grappes entières , dont la rafle est anguleuse et d’un jaune rougeûtre; les plus gros grains sont longs de 24 à 27 milli- mètres, larges de 15 à 17 ; ils ont une teinte violacée et sont glauques à leur surface , excepté sur les points proéminents, qui sont rougeâtres et luisants. Ils sont presque transparents à la lumière , qui permet d'y distinguer deux semences rapprochées du centre. Ils ont une saveur de muscat fort agréable et sucrée. Raisins au soleil, Ces raisins viennent également d’Espagne. Ils sont plus petits que les précédents, les plus volumineux n'ayant que 15 à 48 millimètres de longueur sur 8 à 10 d'épaisseur. Ils sont privés de leur rafle, mais sont munis chacun de leur pédoncule propre. Ils sont assez généralement terminés en pointe du côté du pédoncule , et sont profondément ridés et sillonnés en tous sens; ils ont une couleur rouge assez prononcée sur toutes les parties saillantes et polies par le frottement ; tandis que les sillons sont d’une couleur bleuâtre et glauque : les pepins manquent très souvent. Tels que je les ai vus, et un peu 526 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. anciens déjà, ils sont presque opaques et ont un léger goût de fermenté, qui est en outre sucré et un peu aigrelet. Raisins de Provence, raisins de caisse. raisins aux jubis. D’après Pomet, ces raisins viennent surtout de Roquevaire et d’Ouriol. Lorsqu'ils sont mûrs, on les cueille en grappes, on les trempe dans une lessive chaude de carbonate de soude, et on les fait sécher au soleil , sur des claies. Quand ils sont secs, on les renferme dans des caisses de bois blanc, plus longues que larges, ct du poids de 9 à 20 kilogrammes. Ces raisins sont en partie pourvus de leurs rafles et en partie égrenés. Ils sont arrondis, un peu aplatis, d’un jaune blond, presque transparents à la lumière, lorsqu'ils sont récents ; mais ils deviennent promptement opaques, par la cristallisation du glucose qu’ils contiennent, et qui sou- vent vient s’eflleurir à leur surface. Ils ont une saveur sucrée et aci- dule , et contiennent de deux à quatre semences volumineuses. Raisins de Samos, Ces raisins, que je n’ai vus que très altérés, ont beaucoup de ressemblance avec ceux de Provence. Ils sont comme eux en grappes ou égrenés , arrondis et d’une couleur jaunâtre ; mais ils sont plus petits et plus serrés sur la grappe et sont pourvus de deux semences. Ils ont une saveur très sucrée et musquée. Le vin que ces raisins produisent , dans l’île de Samos, est célèbre sous le nom de malvoiste. Raisins de Smyrne, Pomet ne parle pas de ces raisins qui parais- sent être assez nouveaux dans le commerce. Ils sont extrêmement propres et réguliers, pourvus de leur petit pédoncule, mais privés de rafles. Ils sont généralement ovales ou elliptiques, el un peu aplatis ; ils sont longs de 12 à 14 millimètres, larges de 7 à 10, d’un blond pâle, presque transparents à la lumière et complétement privés de semences, ce qui les rend très agréables à manger et très appropriés pour les pâtisseries, Ils sont très sucrés et ont un goût de raisin muscat. Raisins de Corinthe. Ces raisins sont très anciennement connus. Ils doivent leur nom, moins à ce qu'ils proviennent véritablement de Corinthe qui en produit peu, qu'a leur provenance d’Anatolico , de Missolonghi, de Lépante, de Patras et de l’île Céphalonie, qui entourent l'ouverture de l’ancien golfe de Corinthe. Depuis longtemps ils viennent principalement de l'ile de Zante, dont ils portent aujourd’hui le nom dans le commerce. Ils sont égrenés avec soin , d’un brun noirâtre, arrondis, fort petits, et incomplétement privés de semences, qui sont d’ailleurs peu perceptibles, en raison de leur petit volume. Ils ont un goût sucré et_un peu astringent. Ils viennent entassés et pressés en une seule masse , dans des tonneaux d’un poids considérable. Les Anglais en cousomment une grande quantité pour en composer différents mets et des pâtisseries dont l’usage s’est également répandu en France. AMPÉL.IDÉES. 527 Raisins de Maroc, Pomet fait aussi mention de ces raisins qui sont égrenés , noirs, arrondis, de la grosseur de nos raisins noirs ordinaires qui seraient desséchés. Ils sont bien sucrés et contiennent de une à trois semences qui les rendent peu agréables pour la bouche. Vin. Le vin se retire du raisin. Lorsque ce fruit est mûr, on le cueille et on le réunit dans de grandes cuves, où on le foule avec les pieds. Le suc qui en sort se nomme #704/. On l’abandonne sur son marc pendant trois ou quatre jours, durant lesquels la fermentation s'établit. On reconnaît qu’elle commence lorsqu'on voit se former à la surface de la liqueur des bulles qui vont rapidement-en augmentant. Ces bulles, qui sont de l'acide carbonique, soulèvent les débris solides du fruit, et une écume épaisse composée surtout de ferment altéré. Cette écume et ces débris soulevés au-dessus du liquide en forment ce qu’on nomme /e chapeau. Peu à peu l’effervescence se calme et le chapeau s’affaisse. Alors on soutire le liquide dans des tonneaux. 11 porte déjà le nom de vin. Le vin continue de fermenter dans les tonneaux, mais lentement, parce que la plus grande partie des agents de la fermentation est déjà détruite, La combinaison des autres principes devient aussi plus intime; la quantité d'alcool auginente , et cet alcool opère la précipitation d’une partie du fartre contenue dans le vin, et celle de la /2e qui se compose encore de débris atténués de fruits et de ferment, combinés avec de la matière colorante du vin. Telle est la manière générale dont on obtient les vins rouges. Les vins blancs se font avec les raisins blancs. On peut cependant aussi en faire avec les raisins rouges; mais alors, au lieu de laisser fermenter le moût sur son marc, au moyen de quoi il se colore en rouge en dis- solvant la matière colorante de l’épiderme du raisin , on le soutire dès que le grain est écrasé , et on le laisse fermenter dans les tonneaux. Pour obtenir les vins blancs mousseux , on les met en bouteilles peu de temps après qu'ils sont dans les tonneaux , et bien avant que la fer- mentation lente dont on vient de parler soit achevée. Par ce moyen, lacide carbonique est forcé de se dissoudre dans le vin, et s’y dissout d'autant plus que la résistance qu’on oppose à son échappement est plus forte. Lorsque la pression qu’il exerce sur le liquide est parvenue à un certain terme , la fermentation s'arrête , et le vin forme un dépôt qui se rassemble dans le cou des bouteilles qu’on a l'attention de tenir renver- sées. On débouche un peu la bouteille pour soutirer ce dépôt, et on l'abandonne de nouveau à elle-même. On la débouche de même plusieurs 528 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. fois, et tant qu'il se rassemble de la lie dans le cou ; enfin on assujettit fortement le bouchon : un reste de fermentation ramène bientôt le vin à une complète saturation d’acide carbonique, et alors il en contient une si grande quantité en dissolution , qu’on ne peut le verser dans un verre sans le remplir aussitôt de cette mousse petillante qui plaît tant aux buveurs. On fait encore des vins de liqueur ou vins sucrés. On les prépare en Espagne, en Italie, dans le midi de la France et dans tous les pays chauds, où le suc de raisin reçoit une plus grande élaboration et se charge d’une très grande quantité de sucre : alors une partie de ce prin- cipe résiste à la fermentation, et le vin reste sucré. Pour augmenter encore la quantité proportionnelle du sucre dans le raisin, on a soin, lorsqu'il est mûr, de tordre la grappe et de la laisser quelqué temps sur pied dans cet état, ce qui agit surtout en concentrant le suc par l’action du soleil; on peut encore faire évaporer le moût sur le feu, mais ce procédé est bien inférieur au premier. Le pharmacien emploie trois sortes de vin : le rouge , le blanc, et le sucré, qui est ordinairement celui d’Alicante ou de Malaga, ou-ces mêmes vins simulés que l’on fabrique dans le midi de la France. II est assez difficile de leur assigner des caractères de choix , qui dépendent beaucoup du goût particulier de chacun ; il est plus facile d'indiquer les moyens de reconnaître quelques unes des falsifications auxquelles ils sont sujets. Le vin rouge contient neuf substances principales qui sont : de l'eau, de l'alcool, de l'acide acétique, des surtartrates de potasse et de chaux, du sulfate de potasse, une matière dite extractive, un principe colorant rouge soluble dans l'alcool, du sucre et du ferment. Le vin blanc ne diffère guère du précédent que par l’absence de Ja matière colorante rouge. De là nous voyons déjà que les vins doivent donner de l'alcool à la distillation , laisser cristalliser du tartre par l’évaporation , rougir le tournesol, précipiter le nitrate de baryte, l’oxalate d’'ammoniaque et les dissolutions métalliques. Mais il faut observer : 4° Que l'acide acétique du vin étant hors de sa nature, quoiqu'il y existe toujours, moins un vin en contiendra, et par suite moins il rougira le tournesol, meilleur il sera. 2 Que, bien que le vin précipite l’oxalate d’ammoniaque en raison du tartrate de chaux qu'il contient, cependant le précipité est peu abon- dant, et un vin dont on aurait saturé l’acide avec de la chaux ou son carbonate , se reconnaîtra toujours facilement, en comparant la quantité de précipité qu'y forme l’oxalate avec la quantité formée dans un vin naturel. 3 Que si, par une mesure coupable, un marchand de vin avait saturé AMPÉLIDÉES,. 529 cet excès d’acide acétique avec de la litharge, le meilleur moyen à employer pour le reconnaître, ne sera pas l'acide sulfhydrique ou les sulfhydrates, qui forment des précipités plus ou moins abondants et diversement colorés avec les vins : il faudra user de préférence d’une dissolution de carbonate ou de sulfate de soude; on formera ainsi un précipité blanchâtre de carbonate ou de sulfate de plomb , qu’on lais- sera bien déposer, qu’on lavera et qu’on traitera par l'hydrogène sulfuré : alors la moindre. quantité de plomb existante dans ce précipité sera décelée par la couleur noire qu’il prendra. L° Que le sucre n’existe qu’en très petite quantité dans le vin rouge de France, et en quantité d'autant moindre que la fermentation a été plus parfaite. Si donc, après avoir fait évaporer un vin rouge à siccité, et avoir traité à froid le produit par de l’alcool très rectifié pour dissoudre la matière colorante, on s’aperçoit qu'il reste, outre le tartre, une matière molle , visqueuse et sucrée , on en conclura que le vin examiné a été altéré par l'addition d’une certaine quantité de sucre, de mélasse, ou même de sirop de raisin , et, quel qu'’ait été le but de cette addition, un vin qui n’en offrira pas le caractère sera préférable, 5° Quant à la coloration des vins blancs ou peu foncés en rouge, à l'aide de baies de sureau ou d’autres matières analogues, il y a peu de moyens de la reconnaître. Mais il paraît certain que cette falsification est bien moins commune qu’on ne l’a supposé, et que la coloration des vins blancs ou peu colorés de Champagne et de la Basse-Bourgogne, est opé- rée principalement au moyen de vins du Midi très foncés. Les vins ont une valeur commerciale bien différente et qui dépend souvent moins de la proportion de leurs principaux éléments que d’un arome particulier ou bouguet , dont la nature est peu connue; car il ne paraît pas que cet arome doive être confondu avec l’huile essentielle découverte par M. Deleschamps, que MM. Liebig et Pelouze ont reconnue être un éther (éther œænanthique) composé d’éther hydratique et d’un acide gras nommé acide œnanthique. Malgré cette valeur commerciale - si différente, on ne peut se dissimuler que l'alcool ne soit l'élément principal du vin, et celui qui servira tôt ou tard de base à la perception de l'impôt. 11 n’est donc pas hors de propos d'indiquer les movens qui sont employés pour déterminer la richesse des vins en alcool. Le moyen le plus direct est la distillation, pour laquelle M. Gay-Lussac a proposé un petit appareil que l’on trouve chez tous les fabricants d’ap- pareils et de produits chimiques, et qui peut être d’ailleurs facilement remplacé par un très pelit alambic ordinaire, muni de son serpentin. On introduit dans la cucurbite de l’alambic trois mesures quelconques de vin, soit trois demi-décilitres ou 300 demi-centimèires cubes, eton distille jusqu’à ce qu’on ait obtenu exactement le tiers du volume du III. 34 5650 DICOTYLÉDONES CALICIFLORES. vin, où un demi-décilitre. On amène ce prodait à la température de 15 degrés centigrades, et on y plonge un alcoomètre centésimal. Sup- posons que ce produit marque 36 degrés à l’alcoomètre ; comme il est évident qu'il est trois fois plus alcoolique que le vin, on prend le tiers de 36, et on en tire la conclusion que le vin contient 12 centièmes de son volume d'alcool pur ou anhydre. Il est utile, en faisant l'opération précédente , de prendre pour réci- pient un tube cylindrique de verre contenant de 120 à 150 demi-centi- mètres cubes, et gradué par demi-centimètres; parce que si, par mégarde, on avait recueilli une quantité de produit supérieure à 400 divisions, on ne serait pas obligé de recommencer l'opération ; il suffirait, au lieu de 100 , 7. : prendre le tiers ou les a du degré alcoométrique du produit, de mul- pie use ADMET D og done ses Liplier ce degré par hong: bi Supposé, par exemple, qu’en distillant le même vin que ci-dessus, on ait retiré 110 mesures de produit, qui ne marquera plus que 32°,75 ; pour trouver le degré alcoométrique du Lines Wet 410 vin, il faudra multiplier 32,75 par 300” et l’on trouvera encore le nombre 42, pour le degré alcoométrique cherché. On a proposé d’autres procédés fondés, soit sur la dilatabilité de l'alcool , plus grande que celle de l’eau . par action de la chaleur, soit sur le point d’ébullition du liquide. On concoit, en effet, que l’eau se dilatant, en passant de zéro à 100 degrés, de 0,0466 de son volume primitif, tandis que l'alcool, dans les mêmes circonstances, se dilate de 0,1254 , les divers mélanges de ces deux liquides se dilateront d’au- tant plus qu'ils contiendront plus d'alcool, et d'autant moins qu'ils contiendront plus d’eau. C’est sur ce principe qu'est fondé le dilato- mètre alcoométrique de Silbermann, décrit dans le Journal de phar- macie et de chimie, &. XV, p. 100. Pareillement, l’eau bouillant à 100 degrés et l'alcool pur à 78 degrés, sous une pression barométrique de 76 centimètres, on conçoit qu’un mélange d’eau et d’alcool entrera en ébullition à une température d’au- tant plus rapprochée de 100 degrés, qu'il contiendra plus d’eau , et d'autant plus rapprochée de 76 degrés qu'il renfermera plus d'alcool, et qu'il est facile de déterminer, par expérience, à quelle température doit bouillir un mélange quelconque d’eau et d'alcool. C’est après avoir déterminé ces températures, auxquelles les principes fixes du vin n’ap- portent pas de variation appréciable, que M. Conati a proposé l'emploi d’un ébullioscope qui fait connaître immédiatement , d’après la tempé- rature d’ébullition du vin, la quantité réelle d'alcool qu'il contient, (Voir le Journ. de pharm. et chim., & XV, p. 95.) AMPÉLIDÉES, Voici, d’après M. Gay-Lussac, la quantité d'alcool pur, en volume, contenue dans 100 parties d’un assez grand nombre de vins : PER. + 1 in eue RARE IE Madère très vieux. . . . .. 16,0 MT rene nu 15,1 Jurançon blanc ( Basses-P y- DÉRÉBS) STE. Le SEM : ..4B;2 Jurançon rouge . . . .,... 13,7 . Banyuls-sur-Mer (P yrénées- OUneñtales. 2 . 18,03 Collioure (Id.). ......, Rivesaltes (1d.)........ Pyrénées-Orientales (1). . . redhat! 2808 ru D. Saint-Georges (Hérault). . . Frontignan (1d.). . ... + Bagnols (Gard). . . . .. “e ECTS ONE CS NE Ermitage rouge . ..... Côte-Rôtie Rhône). . . .. Vins de poids du Midi. . . . — communs du Midi. ... Sauterne blanc (Gironde). . Bomme blanc (1d.)...... Saint-Pierre-du-Mont (Id.). Barsac blanc, premier cru. — -- deuxième cru. . . .. — — troisième Cru, . . . . Poudensac blanc, prem. cru. -— — deuxième cru. . . .. — — troisième ru. . . . « Château-Laffitie . Château-Margaux Château-Latour Château-Haut-Brion. . . . . Château-Destournel. . . ., Brannes-Mouton. . . .... Léoville Grave-Larose-Kirwan. . . . DAMTAC. es ee ee erthé Giscours Lalagane! 7, 9, 09 15,59 14,50 14,68 16 15 11,8 17 . 13,3 . 113 11,3 Therme-Cantenac Tronquoy-Lalande. . . . . . . . Samt-Estéphe,!: . . . , . .... Phelan(2). . : 2... Tokai (Hongrie). . .. Bons vins de Bourgogne. . . . Volnay { Côte-d'Or) . . . . . .. Mâcon Champagne mousseux . . . . . . Vins'du Cher. ..... Ed 6 Côteaux d'Angers . ....... Sadmor -721%1 .1: À Vins de l'Ouest. . .. CC -- blancs de la Vendée, . . . .. Wachenheim (Rhin)....... RSR dun sé ciel à Ur Scherwiller (Bas-Rhin) CR EC a Westhoffen ( Westphalie). . . . Molsheintius er, vu. us Éreershelme ss 240 12 à Chäullon (près de Paris) . . .. Verrières ( Seine-et-Oise ). . Vin de la Société œnophyle . . . Id. en bouteilles Vin au détail (à Paris). . . . . — de lies pressées ( Paris) . . Cidre le plus spiritueux — le moins spiritueux. . . .. Poiré Ale de Burton — d'Edimbourg Porter de Londres. . syst on en vie ce Petite bière de Londres , . . .. Bière vieille de Strasbourg. , . . — nouvelle. . , rouge de Lille. . . .. Eggs EDS MU ee ee sn e VE de Paris. : . . - 551 (4) Les quatre résultats relalifs aux vins des Pyrénées-Orientales sont empruntés à M. Bouis fils, de Perpignan. Le premier nombre appartient à un vin de 1816, d'une alcoolicité excep- tionnelle ; les deux suivants sont des moyennes de plusieurs années ; le dernier nombre est la moyenne de 86 vins de toutes localités, analysés par M. Bouis. (2) Les résultats relatifs aux vins de la Gironde sont empruntés à M, Fauré, 532 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. Le CIDRE est une liqueur vineuse que l’on fait surtout en Normandie et en Picardie, avec le suc de petites pommes agrestes (#nalus acerba) qui y sont fort communes (voir précédemment, page 269). On récolte ces pommes depuis septembre jusqu’en novembre. On les laisse en tas pendant quelque temps pour achever de les faire mürir et y développer plus de principe sucré. On les écrase, on y mêle ordinairement une certaine quantité d’eau, et on les exprime. On recoit le suc dans une grande cuve, d’où il est ensuite versé dans des tonneaux où il fermente lentement; ce n’est guère que vers le mois de mars qu’il est bon à mettre en bouteilles et à boire. La BIÈRE se prépare avec de l'orge, à l’aide de plusieurs opérations indispensables pour en déterminer et en régler la fermentation. On commence par faire tremper le grain d’orge dans l’eau , afin de le ramollir et de le disposer à la germination ; on l’étend ensuite sur un plancher en une couche uniforme d’environ 50 centimètres, et on le remue de temps en temps pour empêcher qu’il ne s’échauffe trop. Au bout de quelques jours on voit le germe paraître. Lorsqu'il a acquis de 3 à » millimètres de longueur, on arrête l’opération en desséchant l'orge dans une étuve chauffée à 60 degrés. La germination a pour but de développer dans l’orge une plus grande abondance de principe sucré : mais il faut l’arrêter à temps par la dessiccation, car autrement le sucre se détruirait, L’orge germé, séché et privé de ses germes, se nomme dréche ou malt. On moud la drèche grossièrement, et on la met dans une grande cuve à double fond, dont on laisse l’intervalle des deux fonds vide. On y fait arriver de l’eau presque bouillante par le bas, de manière à cou- vrir la drèche, et on brasse fortement le tout; deux ou trois heures après on soutire l’eau , et on la remplace par de nouvelle, afin de mieux épuiser la drèche. On réunit les liqueurs qui contiennent tous les agents de la fermentation, et on les fait évaporer pour les concentrer. Sur la fin on y ajoute de la fleur de houblon, dont le principe amer et astrin- gent doit déterminer la fermentation qui va suivre à être alcoolique plutôt que acéteuse; car on a remarqué que le moût d’orge, mis à fer menter sans houblon, ne donnait guère que du vinaigre. Après que celte plante a bouilli pendant un instant dans la liqueur, on passe celle-ci et on la reçoit dans une grande cuve, où l’on ajoute assez de levure délayée pour y établir une prompte fermentation. Cette fermentation est des plus tumultueuses, et donne naissance à une écume abondante, très riche en ferment. C’est cette écume qui forme la levure dont je viens d'indiquer l'emploi, et qui, en outre, étant lavée à grande eaü pour Jui enlever son amertume, est employée par les boulangers pour faire lever le pain. AMPÉLIDÉES. 58 Lorsque la fermentation est apaisée, on distribue la bière dans de petits tonneaux , où elle continue de fermenter et de jeter de l’écume pendant plusieurs jours; alors on ferme le tonneau et on la livre au commerce. La bière demande à être bue promptement, à cause de sa facilité à s’aigrir. Elle contient moins d’alcool que le cidre, et à plus forte raison que le vin. : La bière est quelquefois employée à composer une bière antiscorbu- tique, pour laquelle on suit la même formule que pour le vin. Il faut seulement y ajouter une certaine quantité d'alcool, en même temps que les plantes, afin d'empêcher qu’elle ne s’aigrisse. C’est au surplus ce que l’on fait, même en employant le vin blanc qui sert à la préparation du vin antiscorbutique. Alcool. L'alcool est un des produits de la fermentation vineuse ou alcoo- lique (1) : ainsi, tous les liquides qui ont subi cette fermentation en contiennent plus ou moins et peuvent en donner par la distillation. Le vin est celui de tous qui en contient le plus et qui donne l’alcoo! de meilleure qualité : le cidre en contient plus que la bière; en en retire en outre des marcs de raisin, des graines céréales fermentées, de la pomme de terre et de sa fécule préalablement convertie en glucose ; de différents fruits, et notamment des cerises écrasées et fermentées avec leur noyau; de la mélasse, du vesou, du riz, etc. Tous ces alcools portent différents noms, comme ceux d’eaux-de-vie ou d’esprits-de-vin, de marc, de grains, de pommes de terre, de fécule, et ceux de kirch- wasser, taffia, rhum, rack, etc. Tous ont un goût particulier ou bou- quet qui les fait reconnaître et différemment estimer des connaisseurs. Le rhum est quelquefois prescrit au pharmacien en place d’eau-de-vie de vin. On retire l'alcool du vin par la distillation : le plus ancien procédé - consiste simplement à mettre du vin dans la cucurbite d’un très grand alambic muni d’un serpentin, et à le soumettre à l’action immédiate du feu. On obtient par ce moyen un liquide alcoolique qui marque de L6 à 56 degrés à l’alcoomètre centésimal ; on le nomme communément eau-de-vie. Ce liquide est incolore et peu agréable lorsqu'il vient d’être distillé; mais en le laissant vieillir dans des tonneaux de chêne, il acquiert une couleur ambrée et un goût plus parfait. Lorsqu'on veut convertir l’eau-de-vie en esprit plus fort, on la distille de nouveau , et (4) Je renvoie aux traités de chimie et à ma Pharmacopée raisonnée, p. 73. pour la théorie de la fermentation alcoolique. 534 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. on obtient un liquide marquant environ 75 degrés à l'alcoomètre, nommé eau-de-vie double. Enfin, cette eau-de-vie double, distillée de nouveau, acquiert de 82 à 85 degrés et prend le nom d’esprit-de-vin. Dans le com- merce, on y ajoute le terme technique frois-six , qui se marque comme la fraction ?, et qui indique que cet alcool , coupé avec moitié de son volume d’eau, reforme de leau-de-vie à 56 degrés. Les autres degrés ont également d’autres fractions qui les désignent , comme ?, fr, et d’autres. Depuis longtemps déjà, le procédé qui vient d’être indiqué à été remplacé par des appareils plus compliqués , dont la première exécution est due à Édouard Adam , et qui se trouvent décrits dans un mémoire de M. Duportal sur la distillation des vins (Annales de chimie, t. LXXVII, p. 178). Dans ces appareils, la vapeur alcoolique qui se dégage de la cucurbite est reçue successivement dans deux vases contenant du vin qu’elle échauffe et fait entrer en ébullition; toute la vapeur qui part du dernier de ces vases est reçue dans d’autres vases vides qu’on laisse échauffer à différents degrés , suivant la force que l’on veut donner au produit, et est enfin reçue dans un grand serpentin rafraîchi avec du vin, Comme on le pense bien , ce vin échauffé est porté , soit dans les deux premiers récipients , soit dans la cucurbite , où il exige moins de temps et de combustible pour entrer en ébullition pour la première fois. ë Outre cet avantage, qui est déjà considérable, outre la meilleure qualité et la plus grande quantité du produit, on peut encore, comme je viens de le dire , en laissant plus ou moins échauffer les vases inter- médiaires (ce qui y condense d'autant moins ou d’autant plus d’alcool faible}, obtenir celui qui coule du serpentin à un degré différent , et jusqu’à 90 degrés, point que l’on ne pouvait atteindre par le moyen de l'ancien alambic , qu'après trois ou quatre distillations successives. Ces résultats, qui sont immenses et qui ont donné une si grande extension au commerce des esprits, auraient dû mériter à leur auteur une récom- pense nationale : il est mort dans le dégoût. L'alcool doit avoir un goût franc et être peu coloré. Anciennement on reconnaissait facilement celui retiré du vin, dit esprit de Montpellier, de celui qui était extrait des marcs de raisin ou des grains. Ces derniers, mêlés à partie égale d’acide sulfurique, brunissaient fortement en raison de la carbonisation d’une matière huileuse qu’ils contenaient, et qui résultait du mauvais procédé suivi pour leur préparation , tandis que l'alcool du vin restait presque incolore ; mais depuis qu’on a appliqué aux esprits de marcs et de grains les procédés d'Édouard Adam , cette différence n'existe plus, et il n’y a qu’un odorat et un goût exercés qui puissent les faire distinguer. AMPÉLIDÉES. | 595 L'alcool, à ses différents degrés, est très employé par les pharma - ciens, comme excipient des teintures et des esprits aromatiques, et pour préparer les éthers. Il sert aussi au chimiste dans ses analyses, ayant la propriété de dissoudre certains corps à l'exclusion d’autres; tels sont, parmi les minéraux, les sels déliquescents, et, parmi les végé- taux, les huiles volatiles, les résines, quelques huiles fixes, et différents acides et prince pes colorants. Vinaigre. Le vinaigre, comme l'indique son nom, est du vin aigri ou acidifié. La fermentation qui le produit $e nomme fermentation acétique ; elle peut s'exercer sur tous les corps qui ont d’abord subi la fermentation alcoolique ; ainsi; le cidre et la bière peuvent également donner une sorte de vinaigre, qui est bien moins agréable que celui du vin. Pour changer le vin en vinaigre , on construit une longue étuve dont on entretient la température entre 20 et 25 degrés; on dispose dans cette étuve plusieurs rangées de tonneaux dont on laisse la bonde ou- verte, et qu’on a percés d’un autre trou, latéralement et à la partie supérieure, afin d’y augmenter le renouvellement de l’air ; on remplit ces tonneaux aux deux tiers de vin rouge ou blanc, mais plus ordinai- rement de vin blanc : tous les huit ou dix jours on change le vin de tonneau , et au bout de trente jours environ , l’opération est terminée. C’est l'habitude qui apprend à connaître, en le goûtant , quand le vin est autant aigri que possible ; il ne faut pas dépasser ce terme , car l’air continuant d’agir sur le vinaigre le détruirait, (Voir, dans ma Phar- macopée raisonnée, p. 75, la théorie de la transformation de l’alcool en acide acétique.) Le vinaigre est blanc ou rouge selon le vin employé. Il diffère du vin surtout parce qu'il contient beaucoup d’acide et peu d’alcool : on y trouve , du reste, le principe colorant de vin, une matière muqueuse et des surtartrates de potasse et de chaux. Le meilleur vinaigre blanc nous vient d'Orléans ; mais on en fabrique de très grandes quantités à Paris avec de l’orge ou de la bière, de la mélasse, du glucose et d’autres substances susceptibles d’éprouver les fermentations alcoolique et acé- tique ; de plus, l'acidité de ces différents vinaigres est souvent rehaussée par une addition d'acide acétique retiré du bois, et quelquefois au moyen d’une petite quantité d’acide sulfurique ou chlorhydrique. A part l'addition de ces deux derniers acides, qui constitue une fraude très répréhensible, je ne crois pas qu’il faille condamner, sans examen, les autres mélanges; je regarde, au contraire, comme un progrès utile, lorsque la chimie est parvenue à produire des corps tels que l'acide acétique retiré du bois, la 536 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. dextrine et le sucre de dextrine, l'application de ces corps à quelque grande fabrication, et la concurrence qu’ils viennent faire à d’autres matières pre- mières d’un prix plus élevé. Il faut y mettre deux conditions cependant : la première est que le produit fabriqué ne contiendra rien de nuisible à la santé ; la seconde est qu'il ne sera pas vendu sous le nom, ou comme provenant d’une autre fabrication. Cette dernière condition est d'autant plus équitable dans le cas présent , que le vinaigre de vin conserve une grande prééminence de qualité sur les autres, et qu'il y aurait perte pour l’acheteur à prendre comme vinaigre de vin du vinaigre de bois ou de glucose. Je n’entrerai pas ici dans le détail de toutes les expériences à faire pour arriver à la distinction de ces différents vinaigres. Je renvoie, à cet égard, aux différents Mémoires de M. Chevallier, ainsi qu’à celui que j'ai publié dans le Journal de pharmacie et de chimie, t. X, p.407, et je me bornerai à donner les caractères princi- paux d’un bon vinaigre de vin. Ce vinaigre, provenant du vin blanc, est limpide, d’un jaune un peu fauve et assez foncé ; d’une densité de 1018 à 1020 (2°,50 à 2°,75 au pèse-liqueur de Baumé ). Il possède une saveur très acide, mais dépourvue d’âcreté, et ne rend pas les dents rugueuses au toucher de la langue ; il se trouble un peu par le nitrate de baryte et l'oxalate d'ammoniaque , et très faiblement par le nitrate d'argent. Il sature de 6 à 8 cenlièmes de son poids de carbonate de soude pur et desséché, et doit être d’autant plus estimé que son acidité est plus forte, entre ces deux limites. Il prend , par la saturation, une couleur de vin de Malaga et acquiert une légère odeur vineuse, sans mélange d’odeur empyreumalique. H contient environ 2sr.,5 de bitartrate de potasse par litre et ne renferme ni matière gommeuse, ni dextrine , ni glucose. Il ne contient également aucune substance métallique qui puisse prendre une couleur brune noirâtre par un sulfhydrate alcalin , ou rouge-brique par le cyanure ferroso- potassique. Tout vinaigre qui s'écartera beaucoup des caractères précédents, c’est-à- dire qui sera trouble , d’un jaune très pâle, d’une densité inférieure à 1016, d’une faible acidité et qui saturera moins de 6 centièmes de carbonate de soude ({) ; Ou qui sera acide au point de corroder les dents et qui précipitera instan- tanément et abondamment par le nitrate de baryte ou le nitrate d'argent ; Ou qui aura une saveur âcre qu une odeur désagréable ; Ou qui se colorera en brun-noirätre par le sulfhydrate de potasse, ou en rouge par le cyanure ferroso-potassique ; Ce vinaigre devra être regardé comme suspect et soumis à un examen ulté- rieur qui permette de statuer définitivement sur sa qualité. Tartre brut et Crème de Tartre. Le tartre est une croûte saline qui se forme contre la paroi interne des tonneaux dans lesquels on conserve le vin; il est composé d’un peu de lie, de matière colorante, et surtout de bitartrate de potasse (1) Pour opérer la saturation par le carbonale de soude, consultez spécialement le Journal de pharmacie et de chimies t.X, p. 415. MÉLIACÉES. 537 mêlé ou combiné à une certaine quantité de tartrate de chaux ; il est rouge ou blanc, selon le vin qui l’a fourni ; il a une saveur aigrelette et vineuse, et brûle sur les charbons en répandant une odeur qui lui est propre. Il est employé en pharmacie pour préparer les boules de Mars ou de Nancy. On purifie le tartre en grand à Montpellier. Pour cela on le fait fondre dans l’eau bouillante , on y délaie quatre ou cinq pour cent d’une argile pure, qui ne tarde pas à s'emparer de la matière colorante et à la pré- cipiter ; on passe, on évapore à pellicule et on laisse cristalliser ; les cristaux séchés portent le nom de crème de tartre. C’est du bitartrate de potasse assez pur, à cela près du tartrate de chaux qu'il contient. 11 est cristallisé en prismes obliques:à base rhombe ; mais on y trouve aussi une assez grande quantité de petits tétraèdres isolés. On doit choisir la crème de tartre en cristaux bien prononcés, blanes, et d’une saveur acide assez marquée. Il faut la conserver dans un endroit sec, car elle s’altère à l'humidité : elle acquiert alors une forte odeur d’acide acétique. La crème de tartre sert à préparer tous les autres tartrates et l’acide tartrique. On peut la considérer soit comme un tartrate double d’eau et de potasse — C#H205,H0 + C#H205,KO ; soit comme un tartrate simple bibasique, dont une des bases est l’eau et l’autre la potasse ; on le représente alors par la formule CSH#01° (HO, KO), qui est plus simple que la première. FAMILLES DES MÉLIACÉES ET DES CÉDRÉLACÉES, La famille des MÉLIACÉES comprend des arbres et des arbrisseaux à feuilles alternes, non stipulées, simples ou composées. Les fleurs ont un calice gamosépale , à 4 ou 5 divisions ; une corolle à 4 ou 5 pétales valvaires ; des étamines en nombre double des pétales, rarement en même nombre ou en nombre supérieur au double ; les étamines sont toujours monadelphes et forment, au moyen de leurs filets soudés, un tube qui porte les anthères. L’ovaire est placé sur un disque annulaire, et présente 4 ou 5 loges contenant le plus souvent 2 ovules coilatéraux ou superposés. Le style est simple et terminé par un süigmate plus ou moins divisé en 4 ou 5 lobes. Le fruit est tantôt sec, capsulaire , s’ou- vrant en 4 ou 5 valves septifères ; tantôt drupacé et parfois uniloculaire par avortement. Les graines sont dépourvues d’ailes, mais souvent accom- pagnées d’un arille charnu. L'embrvon est pourvu d’endosperme dans la tribu des méliées, et privé d’endosperme dans celle des trichiliées. Les. méliacées, malgré leurs propriétés très actives, sont à peine 558 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. connues des médecins, en Europe. L’azédarae bipinné (meliu aze- derach L.) est un grand arbrisseau de Perse et de Syrie, depuis long- temps naturalisé dans le midi de l'Europe, dont toutes les parties sont amères , fortement purgatives et anthelmintiques ; mais il peut devenir vénéneux à une dose trop élevée, En Amérique, les quarea trichi- lioides L., Swartzii DC., purgans Saint-Hilaire, cathartica Mart. ; de même que les frichilia cathartica Mart. et havanensis Jacq., sont remarquables par leur forte qualité purgative et émétique. L'écorce de earapa de la Guyane esi vantée comme fébrifuge. Sui- vant la description qu’en ont donnée MM. Pétroz et Robinet (Journ. pharm., t VII, p. 351), elle est épaisse de 5 millimètres, couverte d’un épiderme gris et rugueux, d’un rouge brun foncé à l’intérieur et d’une saveur amère. Sa cassure est assez nette et présente des couches concentriques de couleur alternativement plus claire et plus foncée ; sa surface interne est moins foncée en couleur que la masse même de l'écorce, et présente plusieurs couches de fibres. L'examen chimique de cette écorce, fait par MM. Petroz et Robinet, permet de croire qu'elle contient un alcaloïde amer et fébrifuge qu'il serait très intéressant d’y rechercher de nouveau. Le fruit du carapa de la Guyane est une capsule ligneuse , ovoïde, longue. de 8 à 10 centimètres, marquée de 4 côtes arrondies et de A sillons, s’ouvrant en 4 valves et contenant de 7 à 8 semences assez volumineuses, pressées les unes contre les autres, fixées à l’axe da fruit et diversement anguleuses , suivant la place qu’eiles occupent dans amas globuleux formé par leur réunion. Ces semences sont pourvues d’un test rougeâtre et coriace; l’amande est formée de 2 cotylédons épais dont on retire par expression une huile jaunâtre, en partie liquide et en partie solide, dans les pays chauds, mais entièrement figée à la température moyenne de nos climats. Cette huile est très amère et sert à un grand nombre d’usages , en Amérique. Non seulement elle est généralement appliquée à l'éclairage, mais les Indiens la mêlaient autrefois au rocou et s’en peignaient le corps, le visage et les cheveux, dans un but de parure et pour se mettre à l'abri de la piqûre des insectes; les Nègres chasseurs s’en frottent encore les pieds, dans le même dernier but, et on en frotte également les meubles que lon veut préserver des insectes. Gette huile est aujourd’hui apportée à Marseille , avec beaucoup d’autres , pour la fabrication du savon. Le bois de carapa est fibreux, assez léger, rougeâtre , inattaquable par les insectes. Semences de touloucouna; Carapa touloucouna Guill, , carapa quineensis Sweet. Le touloucouna est un grand arbre de la Sénégambic CÉDRÉLACÉES. 539 qui diffère de celui de la Guyane par ses fleurs pentamères et par ses fruits pentagones et s’ouvrant en 5 valves. Les semences forment au milieu du fruit un amas globuleux, et sont composées d’un test rougeâtre, dur, presque ligneux, tuberculeux à sa surface, et d’une amande un peu rosée, dure, très grasse, fournissant par expression une huile amère , d’un jaune pâle et ayant la consistance de l’huile d’olives figée. Ces semences sont souvent très aplaties, ayant été superposées les unes aux autres suivant la hauteur du fruit ; mais on en trouve aussi qui ont la forme d’un cinquième de sphère et qui ont dû être disposées circu- lairement autour de l'axe, et quelques autres, arrondies, qui paraissent avoir été isolées au milieu du fruit. Ces semences et leur huile sont importées à Marseille pour la fabrication du savon. La famille des CÉDRÉLACÉES se distingue de celle des méliacées , de laquelle elle a été distraite par M. R. Brown, par ses ovales plus nom- breux , insérés en double série, dans chaque loge de l'ovaire, sur des trophospermes soudés à l'axe, et par ses graines ailées, ordinairement pourvues d’endosperme. Elle comprend des arbres exotiques, la plupart très élevés, dont les écorces sont employées comme fébrifuges, et dont les bois, très estimés pour l'ébénisterie, forment un objet de commerce considérable. Parmi les écorces fébrifuges , je citerai celles du soymida febrifuga de l'Inde, du cedrela febrifuga de Java, du swietenia Maho- goni des Antilles et celle du Æhaya senegalensis de la Sénégambie , de laquelle M. Eugène Caventou a retiré un principe amer, résinoïde, neutre aux réactifs, qui paraît jouir de la propriété fébrifnge de l'écorce. Celle-ci, telle que M. E. Caventon l’a eue , paraît ressembler beancoup à celle da carapa de la Guyane. Elle est large, cintrée, épaisse de 7 à 8 millimètres, couverte d’un épiderme gris-blanchâtre, à surface peu rugueuse. Dessous l’épiderme, l'écorce est d’une couleur rouge qui diminue d'intensité en allant de l'extérieur à l’intérieur ; la cassure est grenue vers l'extérieur, ensuite nn peu lamelleuse et se termine, sur le bord interne, par une série simple de fibres ligneuses aplaties. La coupe transversale rendue nette, à l’aide d’un bon instrument tranchant, et vue à la loupe, donne l'explication des caractères précédents. On trouve, en effet, que cette écorce est formée d’une matière rougeâtre presque pulvérulente , entremêlée de grosses fibres blanches, rangées comme par cercles concentriques , et dont les cercles sont beaucoup plus ntinus et plus rapprochés du côté intérieur de l'écorce. La sur- face interne est formée par l’agglutination des fibres ligneuses dont il a été parlé plus haut et assez unie. La saveur de l'écorce est très amère. Le bois du zÆhaya senegalensis est connu dans le commerce sous les noms d’acajou du Sénégal ct de eaïleedra. Il ressemble beaucoup à l’acajou Mahogoni, mais il est d’une texture plus grossière, garde 540 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. plus difficilement le poli et présente souvent une teinte vineuse peu agréable. 11 est beaucoup moins estimé. Acajou Mahogoni, swietenia Mahogoni L. Cet arbre est très abon- dant dans les Antilles et principalement à Saint-Domingue, à Cuba, et dans la province de Honduras au Mexique. Il a une croissance rapide et parvient à des dimensions considérables. Son bois est compacte , d’une texture fine et serrée, d’une couleur rougeâtre claire qui devient à l'air d’un rouge plus foncé nuancé de brun. Il est facile à travailler et sus- _ceptible d’un beau poli satiné, On en fait une consommation considé- rable pour la fabrication des meubles, quoiqu’on ne l’emploie le plus souvent que plaqué sur chêne cu bois blanc, après l'avoir réduit en feuilles d’une grande minceur, "à l’aide d’une scierie mécanique. Le bois d'acajou dont on fait le plus d’usage en France est celui de Haïti Ou Saint-Domingue ; il provient surtout de la partie espagnole de l’île; il est d’une couleur vive, d’une fibre fine et serrée, pesant de 28 à 34 kilogrammes le pied cube. Il vient en poutres équarries, nom- mées billes, qui ont le plus communément de 40 à 68 centimètres d’équarrissage et de 2",3 à 3,3 de longueur ; mais on en trouve aussi de petites billes de 32 à 49 centimètres d’équarrissage et 65 à 130 centi- mètres de longueur, proverñant de rameaux fourchus dont le bois est recherché sous le nom d’acajou ronceux. L'acajou de Cuba est un peu plus lourd que celui de Haïti et d’une couleur moins brillante; les billes ont de 32 à 54 centimètres d'équar- rissage sur 4 à 6 mètres de longueur, avec une des extrémités taillée en pointe et percée d’un trou. L'acajou de Honduras paraît être d’une espèce différente ; il a la fibre plus grosse et moins serrée et ne pèse que 20 à 25 kilogrammes par pied cube. Il parvient à une grosseur telle qu’on en fait des billes de 13 à 16 décimètres d’équarrissage sur 3 à 5 mètres de longueur ; il a une couleur plus pâle et tirant quelquefois sur le jaune, On trouve pourtant un acajou de Honduras dont le grain est fin, et dont la cou- leur rosée ne brunit pas avec le temps, ce qui lui donne du prix. Acajou femelle, acajou à planches, Où cedrel odorant (ce- drela odorata X.). Grand et bel arbre de l'Amérique quise distingue des swietenia par ses étamines qui sont libres et au nombre de cinq seule- ment (1). Le fruit, de même que celui de Mahogoni, est une capsule ligneuse , pentagone , à 5 valves, contenant un placenta ligneux ,,libre, central, chargé de semences imbriquées , comprimées et munies à leur bord d’une aile membraneuse. Seulement ce fruit est bien plus petit (4) Les swietenia ont 10 étamines réunies en un tube denté au sommet, et portant les anthères du côté interne. CÉDRÉLACÉES. 5h1 que celui du Mahogoni, et pourvu d’une odeur fétide et alliacée , qui passe dans la chair des perroquets qui s'en nourrissent. L'écorce de l’arbre est aussi imprégnée d’une odeur fétide insupportable. Quant au bois, il est très léger, poreux, rougeâtre, amer, inattaquable par les insectes, et pourvu, quand il est sec, d’une odeur aromatique agréable, analogue à celle du genévrier de Virginie. Il sert avec avantage à faire des charpentes de maisons, des meubles communs, ou des intérieurs de meubles d'ornement, des barques très légères et pouvant soutenir de lourdes charges sur l’eau. On en fait aussi des caisses pour le sucre et des boîtes pour les cigarres. Bois d’Amboine, Bois fort rare et fort cher provenant des loupes d'un arbre des Moluques. Ces loupes et les portions de bois qui les accompagnent ressemblent beaucoup au bois d’acajou de Honduras, de sorte qu’il ne me paraît pas douteux que ce bois ne soit produit par un arbre voisin des swretenia. Peut-être est-ce par la flindersia amboi- nensis de Poiret, arbor radulifera de Rumphius, quoique ce dernier ne parle aucunement de l'utilité de son bois. Bois satiné de l'Inde, eus{ indian satin-100d du commerce anglais. Ce bois est comparable pour la forme, le volume, la couleur et le poli satiné au bois d’hispanille décrit page 490 ; mais il est inodore et sa coupe perpendiculaire à l’axe présente, à la loupe, des lignes radiaires continues, très serrées , ne contenant généralement entre clles qu'une rangée de petits points blanchâtres, disposés par petits groupes inter- rompus. Je ne sais si c’est par suite d’une erreur d’origine, mais on m'a donné comme venant du Brésil, sous le nom de satiné jaune de Para, une bûche cylindrique de 41 centimètres de diamètre, dont le bois ne diffère pas du safin-wood de l'Inde que j'ai acheté à Londres en 1843. Endlicher cite encore, comme bois de cédrélacées connus dans le commerce anglais, un bois rouge de l'Inde (7ed-wo0d) fourni par le soymida febrifuga, et un bois jaune de PAustralasie ( Aus/ralia yellow-wood), dû à l'oxleya xanthozyla. GROUPE DES ACÉRÉES. Endlicher comprend sous ce nom un assemblage de sept familles appartenant aux dicotylédones polypétales hypogynes ou thalamiflores. Ces familles étant peu nombreuses et peu importantes pour la matière inédicale proprement dite, je me dispenserai d’en donner les caractères, qui se trouveront d’ailleurs suflisamment indiqués dans la description particulière des articles. Voici le tableau de ces familles et des espèces les plus utiles. 542 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. SAPINDACÉES. Savonnier des Antilles. . . . . . Sapindus saponaria L. Boa-tam-paijang. . . . . . . . . — rubiginosa Roxb. ÉÉMMET T . à eo à se + + 'ONEPREIR IUT EE Guarana. . . . . . . . . . . . . Paullinia sorbilis Mart. M due Deus ee ee CNE Bois de reinette. . . . . . . . . Dodonæa salicifolia DC. HIPPOGASTANÉES. Marronnier d'Inde. . . . , . .. _Æsculus hippocastanum L. ÉRROFOREE = .. ,. à so + J'ODIU JO RHIZOBOLÉES. Saouari. . . . . .. . , ., . . Caryocar villosum Pers. Pekea butyreux . . . . . . . , . — butyrosum Willd. — tuberculeux.. . ... , . . . . — tomentosum Willd. ÉRYTHROXYLÉES. Coca du Pérou. . . .. . . . . . Ærythroxylum coca Lam. CORIARIÉES. Redoul: . 2 7,2, ,°. 2, . .nCoriaria myrtifolia MALPIGHIACÉES. Cerisier des Antilles. . . . . . . Malpighia glabra. ACÉRINÉES. Érable à sucre. . . . . . . . . . Acer saccharinum L. — plane . . . . . . . . . . . . — platanoides L. — champêtre. .….. su us noi pes tele — sycomore. . . . . . . , « « .« — pseudo-platanus L. Negundo. . . . . . . . . . . . . Negundo fraxinifolium Nutt. Savonnier des Antilles, Sapindus saponaria L. Les savonniers sont des arbres ou des arbris- seaux croissant entre les tropiques, par toute la terre ; à feuilles alternes, privées de stipules, pétiolées, composées-pinnées, à folioles alternes ou opposées, très entières, souvent ponctuées ; à fleurs poivgames , ACÉRÉES. 543 pourvuües d’un calice à 4 ou 5 divisions égales, d’une corolle à 4 ou 5 pétales insérés à la base extérieure d’un disque annulaire, de 8 ou 10 étamines libres, insérées entre le disque et l'ovaire. L’ovaire est central, sessile, à 3 loges contenant un seul ovule droit. Le fruit est composé de une, deux ou trois capsules charnues, indéhiscentes, mono- spermes. Le savonnier des Antilles.est un grand arbre dont le bois, la racine et les fruits sont empreints d’un principe amer qui communique à l’eau la propriété de mousser fortement et de produire sur le linge un effet ana- logue à celui du savon. Ce sont les fruits surtout qui servent à cet usage ; ils sont de la grosseur d’une cerise, globuleux, luisants, d’un roux jaunâtre, contenant sous une pulpe gluante et très amère un noyau noirâtre , arrondi, fort dur, renfermant une amande huileuse, Les fruits des sapindus arborescens et frutescens de la Guyane, divaricatus du Brésil , senegalensis du Sénégal , rigida de l'ile Bourbon , sont presque semblables aux premiers et servent aux mêmes usages. J'ai reçu par M. Gaetano Ambrosioni celui du sapindus divaricatus, dit pao de subao au Brésil. 11 est composé de 1 , 2 et rarement 3 baies lisses et luisantes, de la grosseur d’une petite cerise et d’un roux jaunâtre. Les baies avortées sont toujours représentées par un ou deux tubercules à la base de celles qui se sont développées. Le péricarpe de celles-ci est mince , formé d’un suc gluant desséché, assez transparent pour qu’on voie la semence au travers, ainsi que l’a mentionné Marcgraff ( p. 113). Cetie semence adhéraïit à la partie inférieure de la graine au moyen d’un plexus filamenteux ; mais elle s’en détache par la dessiccation et on l'entend sonner dans l’intérieur de la loge, lorsqu'on agite le fruit, Cette semence est noire, lisse, formée d’un test épais et très dur, à structure rayonnée, el d’une amande jaune, huileuse, non amère, mais peu agréable à manger. Le fruit entier, tel que je l’ai, possède une odeur d’acide acétique assez prononcée, Cette semence sert à faire des colliers et des chapelets. Quant au péricarpe, quand on le fait tremper dans l’eau, on voit la matière mielleuse qu'il contient se dissoudre, et l’eau en acquiert une saveur très amère et très âcre , el la propriété de mousser comme de l’eau de savon, Cette eau ne se trouble pas lorsqu'on l’étend de beaucoup d’al- cool et ne contient pas de gomme, par conséquent, Boa-lam-paijang. Ce fruit, nommé aussi boochgaan-tam-paijang, à été rapporté de l'Inde, il v a une dizaine d'années, par un officier belge. I] Jui attri- buait de grandes propriétés médicinales, et spécialement celle d’être un 5h44 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. spécifique certain contre la diarrhée et Ja dyssenterie. Ce fruit ayant été présenté à l'Académie de médecine, dans la vue d’obtenir une récompense du gouvernement , il a été essayé à l'hôpital Beaujon, par M. Martin-Solon, qui ne lui a trouvé aucune propriété, dans les deux affections précitées, qui ne puisse être expliquée par l'action réunie du repos, de la diète et d’une boisson mucilagineuse. La conclusion du rapport fut donc négative ; ce qui n’empêche pas que plusieurs méde- cins, entraînés par l'attrait de l'inconnu, ne prescrivent ce fruit à leurs malades, qui ont l'avantage de payer fort cher un médicament dont les équivalents indigènes (racine de grande consoude, semences de lin et de psyllium) ne coûtent presque rien. Ce fruit a généralement une forme ovoïde, un peu renflée au milieu, quelquefois amincie en pointe aux deux extrémités. Mais le plus ordi- nairement il est aminci seulement du côté du pédoncule, où il offre une cicatrice oblique, souvent partagée en deux par une ligne proé- minente, ce qui indique l’adjonction latérale de 1 ou 2 carpelles sur le même réceptacle. Cette disposition, qui est celle des sapindacées, jointe à l'indéhiscence des carpelles, à l’absence de toute suture ct de tout vestige de style ,-enfin à la présence d’une semence unique , formée de 2 cotylédons sans endosperme, et pourvus d’une radicule rétractée à la base de la graine, tous ces caractères réunis m'ont fait admettre que ce fruit était celui d’une sapindacée , et j'ai même ajouté que c’était celai du sapindus rubiginosus de Roxburgh (apport à l'Acadéinie et Jèevue scientifique, t. XIX, p. 435). Le boa-tan-paijang ressemble en effet beaucoup au fruit du sapindus rubiginosus ; mais étant mieux examiné, je trouve aujourd’hui qu'il diffère assez des fruits de sapindus décrits plus haut, pour qu’il doive appartenir à un genre différent , et si son identité avec le fruit du sapindus rubiginosus doit être confirmée , il en résultera que le sapindus rubiginosus lui-même devra être séparé des autres espèces de ce genre, Le boa-tam-paijang, indépendamment de la forme décrite plus haut, est long de 25 à 27 millimètres et épais de 12 à 14. Sa surface est plus ou moins ridée par la dessiccation et d’un gris jaunâtre ou brunûtre, avec une teinte verdâtre. Dessous l’épiderme, se trouve une partie charnue desséchée , brune-noirâtre, mince, légère, brillante par places dans sa fracture, soudée avec une pellicule interne blanchâtre que je regarde comme le test de la graine; car les cotylédons ne me paraissent avoir aucune autre enveloppe. Ainsi donc, si je ne me trompe, dans ce fruit, l'enveloppe blanche et pelliculaire de la graine scrait soudée avec le mésocarpe. Les cotylédons sont droits, ovoïdes, épais, charnus, mais réduits par la dessiccation à l’état de deux lames concaves, laissant entre elles un assez grand espace vide; ils sont alors fort durs, difficiles ACÉRÉES. 545 à rompre et comme gorgés d’un suc desséché ; ils offrent à la partie inférieure une radicule très courte et turbinée. Le boa-tam-paijang diffère autant des fruits de savonniers par ses propriétés chimiques et médicales que par son organisation. Loin d’être âcre et amer, il est éminemment gommeux et très faiblement astringent. Le fruit entier surnage l’eau ; quand on le laisse macérer dans ce liquide, la substance du mésocarpe se gonfle, déchire l’épicarpe , et paraît au dehors sous la forme d’une gelée transparente que l’on peut comparer à celle qui recouvre la glaciale, et qui est de même nature. Après quelques heures de séjour dans l’eau , on trouve l’épicarpe compléte- ment lacéré et le fruit a disparu au milieu de la masse gélatiniforme. Le test et l’'amande n’ont pas sensiblement varié de volume. D'après l'analyse que j'en ai faite, le fruit de boa-tam-parjang est composé des substances suivantes : Dans l'amande : Dan PURE ne nn D is 2,96; Euretéaleet, Aer. «5. éme: 1 021 | d 35,10 An lin arte senc M 1 | issu celine, à: 2 cnsliauare ge mec « 4 Dans le péricarpe : HR UP Me fe NB 0 Matière brune astringente. . . . . . . . 1.60 64,90 A RAR PE Lieneux eE ÉPIDerME.. s 1,0 0 eo de 3,20 Li-tehi, euphorbia litchi Desf, ; scytalia chinensis Gærtn., t. 42. Le li-tchi est compté au nombre des fruits les plus estimés de la Chine. L'arbre qui le produit s’élève à la hauteur de 5 à 6 mètres et porte des feuilles alternes , ailées sans impaire , à 2 ou 3 paires de folioles. Ses fleurs sont petites, disposées en panicules Tâches, et sont pourvues d’un calice à 5 dents, de 5 pétales réfléchis, de 6 à 8 étamines et d’un ovaire didyme , surmonté d’un style et de deux stigmates. Un des deux ovaires avorte constamment et le fruit est formé d’une seule baie tuber- culeuse, presque sphérique et d’un rouge ponceau, contenant, sous une enveloppe coriace, une semence entourée d’un arille épais et pul- peux , d’une saveur que l’on dit exquise et comparable à celle du meil- leur raisin muscat. Les Chinois mangent cet arille à l’état récent, ou desséché au four, à la manière de nos pruneaux. Guarana, On nomme ainsi une pâte préparée au Brésil avec les IL. 39 516 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. semences de paullinia sorbilis. Les semences étant pulvérisées gros - sièrement, sont mises en pâte avec de l’eau et formées en inasses cylindriques, qui ont la forme d’un saucisson et qui ressemblent, pour la couleur et pour l'aspect, à de la pâte de cacao grossièrement broyée. Cette matière possède une saveur faiblement astringente ; au Brésil les voyageurs en emportent ävec eux et l’emploient délayée dans de l’eau et sucrée, comme rafraîchissante et antifébrile. Elle contient de la caféine. Une autre espèce de paullinia (paullinia cururu L.), décrite par Pison , sous le nom de cururu-ape , produit des fruits-avec lesquels on enivre les poissons, et dont les sauvages de la Guyane se servaient éga- lement pour enduire leurs flèches d’un poison narcotico-âcre. Les paullinia pinnata L. et australis Saint-Hilaire, sont encore plus véné- neuses et sont employées par les Nègres dans leurs empoisonnements. Marronnier d’Inde, Æsculus hippocastanum. Le marronnier d’Inde est un grand et bel arbre originaire de l'Asie tempérée , d’où il a passé d’abord à Constan- tinople , on ne sait à quélle époque. C’est de cette ville que des échan- tillons en ont été envoyés pour la première fois à Matthiole, en 1569; mais ce n’est qu’en 1576 qu’un jeune arbre en fut adressé à Clusius , à Vienne, où il n'avait pas encore fleuri en 1588, époque à laquelle ce botaniste le quitta. Il n’a été cultivé en France qu’en 1615, et en Angleterre en 1633. A partir de cette époque, il s’est promptement répandu partout, peu de nos arbres indigènes pouvant lui être comparés pour la beauté du feuillage et l'élégance des fleurs. Le marronniér s'élève à une hauteur de 20 à 27 mètres, sur un tronc de 3 à A mètres de circonférence. 11 perd ses feuilles de bonne heure et se reconnaît pendant l'hiver à ses gros bourgeons ovoïdes et pointus, dont les écailles sont enduites d’un suc gluant, de nature résineuse, Il se couvre de feuilles à la fin du mois de mars, fleurit au commence- ment de mai et donne ses fruits en septembre. Ses feuilles sont oppo- sées, longuement pétiolées et composées de 5 à 7 folioles palmées, dentées , inégales et augmentant de grandeur en allant du pétiole à l'extrémité, Ses fleurs sont blanches, panachées de rouge, assez grandes, nombreuses et disposées en belles grappes pyramidales , redressies à l'extrémité des rameaux et sur toute Ja circonférence de l’arbre , ce qui lui donne un fort bel aspect. Ces fleurs sont composées d’un calice monosépale, à 5 dents inégales ; d’une corolle à 5 pétales inégaux, ondulés et ciliés en leurs bords , rétrécis en onglet à la base ; de 7 éta- mines à filaments subulés, inégaux , attachés sous l'ovaire ; enfin d’un ovaire libre et supère, arrondi, à trois loges bi-ovulées, porté sur un ACÉRÉES. 547 disque et surmonté d'un style subulé , terminé par un stigmate simple. Le fruit est une capsule charnue , globuleuse, hérissée de pointes, s’ou- vrant en trois valves septifères, et divisée en trois loges pouvant con - tenir chacune deux graines ; mais la plupart avortent et on n’en trouve ordinairement qu’une ou deux. Ces graines sont grosses, glabres , lui- santes, arrondies ou diversement anguleuses , et d’un brun clair avec un large hile basilaire, de couleur cendrée. Elles ont une singulière ressemblance extérieure avec celles du châtaignier cultivé, connues sous le nom de marrons; mais elles en diffèrent beaucoup à l’intérieur par leurs cotylédons amers, recourbés et soudés, pourvus d’une radi- cule conique dirigée vers le hile, et d’une plumule très apparente, diphylle. Le bois de marronnier est très blanc, léger, tendre et facile à tra- vailler. On en fabrique divers ouvrages à l’usage des dames, tels que vases, corbeilles , coffrets et tables de travail, sur lesquels on exécute des peintures à l'huile. L'écorce du marronnier d’fnde a été prônéc à différentes époques comme fébrifuge et comme succédanée du quinquina ; mais il ne paraît pas qu’on en ait obtenu beaucoup de succès. Celle des branches de deux à trois ans, que l’on doit préférer, est brune et rugueuse à l'extérieur, de couleur de chair dans sa cassure, qui est plutôt grenue que fibreuse ; elle est inodore , et jouit d’une saveur amère, astringente , très dés- agréable. L'infusion aqueuse d'écorce de marronnier rougit le tournesol , pré- cipite la gélatine, verdit et forme un précipité vert par le sulfate de fer ; ne précipite pas l’émétique ; précipite par les acides, par la baryte et la chaux, ne précipite pas par la potasse , qui lui donne une couleur bleue intense (Annales de chimie, t. LXVII, p. 210). La même infusion forme, avec le nitrate d'argent, un précipité gris, passant de suite au noir, ce qui la distingue de l'infusion de quinquina, qui pro- duit avec le même réactif un précipité blanc permanent ( Bulletin de pharmacie, t. X, p. 35). Depuis que le marronnier d'Inde est cultivé en Europe, on voit avec regret que la-grande quantité de fruits amylacés qu'il produit chaque angée n'ait pas été utilisée pour la nourriture de l’homme ou des ani- maux; on à prétendu que les vaches , les chèvres, les moutons et les cochons les nangeaient avec plaisir ; mais , ainsi que l’a remarqué Baumé, ils en mangent peu, par exception, et préfèrent leur nourri- ture ordinaire. Cependant les procédés pour extraire du marron d'Inde une farine pure eL nutritive sont connus depuis longtemps, et ceux qui ont été préconisés dans ces dernières années n’en sont que la répétition. Ils consistent dans une division parfaite de la pulpe du fruit, expres- 548 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. sément recommandée par Baumé, et dans son lavage répété au moyen de l’eau , soit pure, soit additionnée d’une petite quantité de carbonate alcalin. Dans tous les cas, la transformation de la fécule du marron d'Inde en glucose et en alcool, fournirait un moyen très simple d’uti- liser ce fruit, et il faut espérer qu’on ne Île laissera plus perdre à l'avenir. Ea composition du marron d'Inde n’est pas encore parfaitement connue. Baumé n’a fait qu'y indiquer un principe très amer soluble dans l'alcool, une substance particulière qu'il désigne sous le nom de gomme-résine, de l'huile, une matière sucrée et une autre azotée, analogue au gluten du froment. Il fait également mention de la pro- priété fortement mousseuse et savonneuse que le marron d'Inde com- munique à l’eau. D'après M. Frémy, la matière savonneuse du marron d’Inde est identique avec la saponine retirée de la saponaire du Levant, par M. Bussy, et toutes deux, traitées par l'acide chlorhydrique , se trans- forment en un acide très peu soluble dans l’eau , mais toujours très soluble dans l'alcool, auquel M. Frémy donne le nom d’acide esculique (Ann. chim. phys., t LVII, p. 101 ). On cultive dans les jardins, sous le nom de pavia rouge, un arbre peu élevé et très ‘élégant, qui ressemble au marronnier d'Inde par la forme de ses feuilles et par la disposition de ses fleurs ; mais il en diffère par ses folioles pétioluiées et non sessiles sur leur pétiole commun , par sa corolle à 4 pétales redressés , et par ses fruits pyriformes, dépourvus d’aiguillons. Les sommités des tiges, les pétioles et les principales ner- vures des feuilles sont d’une couleur rougeûtre, et les fleurs sont d'un rouge éclatant. Coca, Erythrozylum coca Lam. Arbrisseau originaire du Pérou, devenu célèbre par l'usage que l’on fait de ses feuilles. Il s'élève à Ja hauteur de 40 à 13 décimètres, et se divise en rameaux nombreux et redressés. Les feuilles sont alternes, courtement pétiolées, entières, ovales, aiguës , presque à 3 nervures et longues de 40 millimètres sur 27 milli- mètres de large. Les fleurs sont petites, nombreuses, portées sur des tubercules dont sont couverts les jeunes rameaux. Elles portent un calice persistant, à à dents; 5 pétales à large onglet, munis d’une écaille à leur base ; 10 étamines monadelphes par le bas; un ovaire supère, à 3 loges et surmonté de 3 styles. Le fruit est un drupe rouge , oblong, à une loge monosperme , accompagnée de 2 loges avortées ; la semence est pendante, pourvue d’un embryon droit dans l’axe d’un endosperme cartilagineux ; radicule supère. ACÉRÉES. 519 Les feuilles de coca paraissent exercer sur Le système nerveux une action analogue à celle du vin. Mâchées en petite quantité par les voya- geurs et par les ouvriers mineurs , elles soutiennent leurs forces et leur permettent de supporter la faim et la soif pendant une journée presque entière. Mâchées en plus grande quantité, avec mélange de feuilles de tabac, elles procurent une ivresse dont les effets paraissent assez sem- blables à ceux du chanvre indien. On en fait au Pérou un commerce considérable. Redoul (fi. 591). Coriaria myrtifolia L. Get arbrisseau , nommé aussi redon, eor- royère, herbe aux tanneurs, appartient à la décandrie pentagyni de Linné et sert de type à la petite famille de coriariées qui a beauc de rapports avec celle des malpighiacées. Il croît na- Fig. 391. turellement dans le midi de la France, en Espagne et en Italie. Ses rameaux sont tétragones, ses feuilles opposées, ovales -lancéo- lées, glabres, très entières, larges de 7 à 27 milli- mètres et longues de 20 millimètres à 54. Elles offrent, outre la nervure du milieu, deux autres nervures très saillantes , qui partent comme la pre- mière du pétiole, s'é- cartent et se courbent vers le bord de la feuille et se prolongent jusqu’à la pointe. Les fleurs sont disposées en grappes simples, pourvues de bractées. Elles présen. tent un calice à 5 sépales distincts, uvés, pointus, concaves à l'in térieur ; une corolle à 5 pétales petits, charnus , élargis par le bas. 10 étamines libres; un ovaire sessile, libre, quinquéloculaire, surmonté de 5 styles filiformes, velus et couverts de papilles. Le fruit est composé de 5 coques soudées, en partie couvertes par les pétales persistants. Les coques sont crustacées, indéhiscentes et monospermes ; les semences sont pendantes et privées d’endosperme. 550 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. Les fleurs de cet arbuste présentent un caractère particulier ; quoi- qu'elles contiennent toutes des étamines ct un pistil, elles sont cependant de deux sortes. Les unes (a) ont des étamines longues et des anthères fertiles et sont véritablement hermaphrodites; les autres (4) ont des élamines très courtes et les anthères stériles et sont considérées comme simplement femelles. Le fruit du redoul est vénéneux : des militaires français en ayant mangé en Espagne, trois en moururent, et l’on cite d’autres exemples aussi funestes. Les feuilles sont également très dangereuses et causent des vertiges aux bestiaux. Ces feuilles, par une coupable cupidité, sont quelquefois mêlées à celles du séné et ont causé à plusieurs reprises des accidents très fâcheux. J’ai indiqué ARS les moyens de les distinguer ( page 343 ). Le redoul, en raison de l'abondance de son principe astringent, est employé avec avantage pour le tannage des peaux. On le trouve, pour cet usage , dans le commerce , préparé à la manière du sumac, et sous la forme d’une poudre verte, inodore , très astringente. Érables, Les érables sont des arbres ou de grands arbrisseaux dont les feuilles sont opposées , longuement pétiolées et partagées en plusieurs lobes palmés. Leurs fleurs sont pêtites, d’une couleur verdâtre, disposées en grappes ou en bouquets dans l’aisselle des feuilles ou au sommet des rameaux ; elles sont polygames, les unes étant hermaphrodites et fer- iles, et les autres mâles, sur le même individu ou sur des individus différents. Elles sont formées d’un calice à 5 divisions, d’une corolle à 5 pétales, de 8 étamines (rarement de 5 à 12) insérées sur un disque hypogyne. L'ovaire est libre, bilobé, formé de deux carpelles soudés à une colonne centrale qui se termine par un style et par un stigmate bifide. Le fruit est formé de deux capsules indéhiscentes, comprimées , réunies à leur base et du côté interne, terminées du côté opposé par une aile membraneuse, et formées intérieurement d'une seule loge monosperme. Les graines sont arrondies, pourvues d’un double tégument dont l'intérieur est charnu ; l'embryon est dépourvu d’endosperme et formé de 2 cotylédons foliacés, irrégulière ment contournés ; la radicule est cylindrique, descendante et dirigée vers le hile. | On connait une trentaine d'espèces d’érables qui croissent dans les parties tempérées de l'Amérique et de l’ancien continent , et dont voici les principales espèces. ACÉRÉES. 591 Érable sycomore (1), acer pseudc-platanus L., nommé vulgairement sycomore et faux platane, Il croît naturellement en France, daus les bois des montagnes, er s'élève à la hauteur de 10 à 20 mètres. Ses feuilles sont larges, portées sur un pétiole creusé en gouttière, décou- pées en 5 lobes pointus et dentés, d’un vert foncé en dessus, blanchâtres en dessous ; ses fleurs sont petites, d’une couleur herbacée , disposées en grappes longues, très garnies et pendantes. Son bois est estimé pour faire des planches, pour les ouvrages de tour et pour les montures d’armes à feu. Il est excellent pour brûler et donne plus de chaleur que la plupart des autres bois indigènes. Son tronc renferme une sève sucrée dont on peut retirer par évaporation une quantité assez considérable de sucre cristallisé , ainsi qu’on le fait en Amérique, avec la sève de l’érable à sucre. Érable plane, acer platanoides L. Cette espèce, connue sous les noms de plane et de faux sycomore, est un arbre élevé dont les feuilles sont glabres, d’un vert jaunâtre , portées sur des pétioles cylin- driques, et découpées en 5 lobes pointus, bordés de dents longues et “étroites ; ses fleurs sont jaunes, terminales et disposées en corymbe. Quelquefois les feuilles se couvrent, pendant les chaleurs , de petits grumeaux blancs et sucrés, dont les abeilles font une ample récolte. Cet arbre contient donc du sucre, comme plusieurs de ses congénères. Érable champêtre , acer campestre L. Arbre peu élevé, très rameux, dont l’écorce est rude ou crevassée ; ses feuilles sont pubes- centes en dessous, à 3 ou 5 lobes obtus ; ses fleurs sont petites, d’un vert jaunâtre, disposées en grappes courtes et paniculées;, ses fruits sont pubescents, à ailes très divergentes ; son bois est dur et propre pour les ouvrages du tour et pour ceux des arquebusiers. Érable à sucre, acer saccharinum L. Arbre très élevé, originaire du nord des États-Unis d'Amérique ; ses feuilles sont longuement pétio- lées, larges de 14 centimètres, partagées en 5 lobes entiers et aigus, lisses et d’un vert clair en dessus, blanchâtres en dessous ; ses fleurs sont petites, jaunâtres, disposées en corvmbes peu garnis; ses fruits sont munis de deux ailes courtes, redressées et rapprochées. Le bois de l’érable à sucre est blanc, très serré , et prend, quand il est poli, une apparence lustrée et soyeuse. Il est souvent parsemé d’une infinité de petits nœuds qui le font rechercher pour la confection des meubles de prix. Dans ce cas, on l’emplouie en placage très mince, à la manière de l’acajou. (4) Il ne faut pas confondre cet arbre, non plus que le suivant, avec le sycomore des anciens, ficus sycomorus L., dont il a été question tome IT, page 303. ” 552 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. Le sucre qu'on fabrique avec la sève de cet érable est d’une assez grande importance dans les parties centrales des États de l’Union améri- caine, elil est d’une grande ressource pour les habitants qui vivent à une grande distance des ports de mer, dans des contrées où cet arbre abonde. ‘Le procédé qu’on suit pour obtenir ce sucre est très simple : dans les premiers jours de mars, on fait aux arbres, à l’aide d’une tarière de 2 centimètres de diamètre et à un demi-mètre de terre, deux trous parallèles, obliques de bas en haut et à 12 ou 14 centimètres de dis- tance l’un de l’autre. I faut avoir l'attention que la tarière ne pénètre que de 15 millimètres dans l’aubier. Le suc qui coule-par ces deux ouvertures est conduit, au moyen de tuyaux en sureau, dans des augets placés au pied de l'arbre, d’où on le transporte directement dans les chaudières où se fait l’évaporation. Celle-ci se fait sur un feu très actif ; on écume avec soin la liqueur, et, lorsqu'elle est arrivée en consistance sirupeuse, on la passe à travers une étoffe de laine ; on verse le sirop dans une autre chaudière , où on le concentre au point nécessaire pour le faire cristalliser. Le sucre d'érable est employé le plus souvent à l’état brut; mais on peut le purifier et l’amener à l’état de sucre en pains aussi blanc et aussi bon que celui qui sort des raffineries de l’Europe. Lorsque le temps est beau et sec, un arbre donne facilement de 8 à 12 litres de sève sucrée en vingt-quatre heures, et le temps de son écoulement dure environ six semaines. On estime que trois personnes suffisent à l’exploitation de 250 pieds d'arbres, qui donnent environ 500 kilogrammes de sucre. Les mêmes arbres peuvent être travaillés pendant trente années de suite, et donner des récoltes annuelles semblables, sans diminuer de vigueur ; parce que, comme on évite de perforer le tronc aux mêmes endroits, il se forme un nouvel aubier aux places qui ont été entamées, et les couches ligneuses qu’ils acquièrent successivement mettent les arbres dans le même état que ceux qui n’ont pas encore été soumis à cette opération. On exploite aussi l’érable noir, acer nigrum Mich., qui n’est peut- être qu’une variété du précédent, appartenant à une latitude un peu plus méridionale. On exploite également l’érable blane , acer eriocar- pum Mich., ct l’érable rouge Ou érable de Virginie, acer ru- brum L. ; mais il faut le double de sève de ces deux derniers arbres pour produire la même quantité de sucre. FAMILLE DES GUTTIFÈRES (Jussieu ). . Arbres ou arbrisseaux quelquefois parasites, à rameaux opposés, souvent tétragones et articulés. Les feuilles sont opposées en croix, GUTIIFÈRES. 553 pétiolées, articulées sur les rameaux, dépourvues de stipules ; elles sont simples, très entières, coriaces, brillantes, penninervées, à nervures secondaires transversales, rapprochées. Les fleurs sont hermaphro- dites ou unisexuelles par avortement , munies d'un calice coloré à 2, h ou 6 sépales imbriqués , quelquefois à 5 ou 6 parties. La corolle est insérée sur un torus charnu , formée de pétales en nombre égal ou plus rarement supérieur aux divisions du calice, alternes ou opposés avec elles, non persistants. Les étamines sont nombreuses, libres ou réunies en anneaux ou en phalanges, plus rarement en tube. L’ovaire est libre, sessile, à 4, 2, 5 ou un plus grand nombre de loges. Les ovules sont solitaires ou géminés dans chaque loge, quelquefois au nombre de quatre das l'ovaire uniloculaire et dressés sur sa base, ou attachés en grand nombre à l’axe central des loges. Le style est simple, souvent presque nul, portant un stigmate pelté et radié, ou à plusieurs lobes, Le fruit est tantôt capsulaire , tantôt charnu ou drupacé, s’ouvrant quelquefois en plusieurs valves dont les bords rentrants sont fixés à un placenta unique ou à plusieurs placentas épais. Les semences sont souvent pour- vues d’un arille charnu ; l'embryon est droit, formé de 2 cotylédons épais, soudés en un corps charnu; la radicule est très petite. Les arbres guttifères habitent les contrécs intertropicales de l'Asie et de l’'Amé- rique ; ils sont presque tous pourvus d’un suc résineux ou gommo- résineux, jaune ou vert, noircissant souvent à l’air, et qui sert à divers usages dans les pays qui les produisent. Plusieurs portent des fruits très recherchés pour la table. Mammei d'Amérique OU abricotier de Saint-Domingue, 714- mea Americana L. Grand et bel arbre des Antilles, dont les fleurs sont blanches, odorantes, de 4 centimètres de diamètre; le calice est à 2 folioles caduques; les pétales sont au nombre de quatre, arrondis, concaves ; les étamines sont nombreuses, très courtes, à anthères pe- tites et oblongues; l’ovaire est libre, arrondi, surmonté d’un style court et d’un stigmate en tête. Le fruit est un gros drupe charnu, tétra- gone, couvert d’une première enveloppe coriace et astringente, d’une seconde pellicule amère, et contenant un noyau cartilagineux, à 4 loges monospermes, souvent réduites à 3, 2 ou 1 loge, par avortement. Ce fruit a une saveur particulière, douce et très agréable, moyennant Ja précaution qu’il faut avoir d'enlever soigneusement la seconde enveloppe amère. Les fleurs, distillées avec de l’alcool, fournissent une liqueur très vantée dans les Antilles sous le nom d’eau des créoles. Mangoustan cultivé, garcinia mangostana L. Car. gén, : Calice persistant, tétraphylle , à folioles imbriquées; corolle à 4 pétales hypo- gynes, alternes avec les sépales. Fleurs mâles : étamines nombreuses, insérées sur un réceptacle charnu cet quadrangulaire, libres ou réunies 554 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. à la base ; filaments filiformes, courts ; anthères introrses, biloculaires, dressées, à loges longitudinalement déhiscentes ; un rudiment d'ovaire. Fleurs femelles : étamines stériles, de 8 à 30, à filaments distincts, movadelphes ou tétradelphes ; ovaire libre, offrant de 4 à 8 loges; ovules solitaires, dressés, anatropes ; style terminal très court ou nul; stigmate largement pelté, sous-lobé. Drupe charnu , portant à la base le calice persistant, couronné par le stigmate , enfermé dans une enve- loppe solide, à 4-8 loges ; semences solitaires, dressées, entourées d’une pulpe charnue , à test coriace. Le mwangoustan cultivé est un arbre originaire des îles Moluques, d’un très beau port, pourvu de feuilles opposées , pétiolées , épaisses , fermes et lisses, ovales-aiguës et très entières. Les fleurs sont terminales, solitaires , pédonculées, rouges et d’une grandeur médiocre. Les fruits, représentés par Gærtner (tab. 105), forment une baie sphérique , de la grosseur d’une orange, d’un vert jaunâtre au dehors, à épicarpe épais et fongueux, divisé intérieurement en 6 loges ou plus, remplies d'une pulpe blanche , succulente , à demi transparente-et d’une saveur délicieuse. Ce fruit est un des meilleurs de l'Inde. Le mangoustan du Malabar, garcinia malabarica Lam., est un arbre de l’Inde qui s'élève à plus de 27 mètres, sur un tronc de 5 mètres de circonférence ; ses fruits sont assez semblables aux précédents, mais moins estimés. Son bois est blanc et très dur. Le qürnicia cornea des îles Moluques produit un bois d’une dureté considérable, d’une couleur rousseâtre et ayant la demi-transparence de la corne. Gomme-Gutte, La gomme-gutte est un suc gommo-résineux qui forme avec l’eau une émulsion d’une magnifique couleur jaune, et dont le principal usage, en raison de cette propriété, est de servir à Ja peinture à l’eau. Elle est aussi employée en médecine comme purgative et fait partie des pilules hydragogues de Bontius. La gomme-gutte a été mentionnée pour la première fois par Charles de l'Écluse, dit Clusius, qui la reçut en 1603 , alors qu’elle venait d’être apportée de Chine par l’amiral hollandais Van Neck. « C’est un suc très pur, dit-il (Zxotic., p. 82), plutôt qu’une résine, qui, pour peu qu’on le touche avec de l’eau ou de la salive , se colore fortement en jaune. Il est privé de toute amertumeÿ mais il laisse, après quelques instants, une forte âcreté à la gorge. Ce suc se nomme ghitta jemou. Les naturels s’en servent, à la dose de 15 à 20 grains, pour évacuer l’eau des hydropiques , et sans aucun accident. » Suivant Murray, la gomme-gutte fut bientôt connue dans la pein- GUTTIFÈRES. 555 ture; mais elle fut longtemps négligée dans la pratique médicale et n’obtint une place dans les pharmacopées européennes qu'après le commencement du siècle suivant. Ce fait n’est pas exact, car je trouve le ghitta jemou où quitta gamba mis au nombre des médicaments simples dans la petite Pharmacopée d'Amsterdam de 1639 ; dans celle de Zwel- fer, publiée en 1653, et dans celle de Toulouse , de 1695. Il est vrai cependant que beaucoup de médecins voyaient alors dans la gomme- gutte un médicament très dangereux, ce qui en restreignait beaucoup l'emploi. Aujourd’hui, quoiqu’on la regarde toujours comme une sub- stance très active et irritante, on reconnaît généralement qu’elle peut être , dans plusieurs cas, un purgatif salataire. L'origine de la gomme-gutte a longtemps été un sujet de doute et de controverse. Clusius, d’après son odeur et son âcreté, soupconnait que ce pouvait être le suc d’une euphorbe. Bontius , qui exercait la méde- cine à Batavia, au commencement du xviT' siècle, supposait aussi qu’elle était produite par une plante semblable à l’esula indica dont il a donné la figure et la description. Mais en 1677, Paul Hermann , dans une lettre à Syen, insérée dans l'A/ortus malabaricus, annonça que a gomme-gutte était produite par deux arbres appelés carcapulli, qui ont été nommés par les botanistes modernes garcinia cambogia et qar- cinia morella, et faisait l’observation que la gomme produite par ce dernier était plus estimée (1) ; de sorte que Hermann doit être reconnu pour le premier qui ait indiqué la véritable source de la gomme-gutte. (1) Voici la note de Syen ajoutée à l’article coddam-pulli de Rheede (1. I, p.43) : « Cet arbre (le coddam-pulli) est le même que le fructus malo aureo æmulus de G. Bauhin, ou carcapulli d'Acosta; mais Bauhin confond à tort ce carcapulli d’Acosta avec celui de Lynschoten, ce qui deviendra manifeste pour quiconque examinera la description de chacun; car Acosta dit que le fruit de son arbre ressemble à une orange, et Lynschoten décrit le sien comme ayant la grosseur d’une cerise. Afin que cette distinction devienne encore plus évidente, je transcrirai ici les propres paroles d'Hermann, qui, dans une lettre envoyée l’année dernière , de Colombo , me dit : « [ei sont » les feuilles et les fleurs de larbor indica que gummi gottæ fundit, fructu » acido , sulcato, aureo, mali magnitudine, carcapulli Acostæ, ghoraka » Cingalensibus dicta. Je joins à ces objets les feuilles et les fleurs de l’autre »espèce , qui est l’arbor indica quæ qummi gottæ fundit, fructu duler, ro- » tundo, cerasi magniludine, carcapulli Linschotii. Bauhin , dans son Pinax, » confond à tort ces deux arbres en une seule espèce , à savoir le carcapulli » d’Acosta et le carcapulli de Lynschoten, Ils diffèrent entre eux par la fleur » et le fruit, mais se ressemblent dans le reste. Le dernier est nommé par les » Chingalais kanna ghoraka, c’est-à-dire ghoraka doux. Le tronc de ces » deux arbres, étant incisé , laisse découler de la gomme-gutte ; mais celle » du kanna ghoraka l'emporte sur l’autre. » 556 DICOLYLÉDONES THALAMIFLORES, À partir de ce moment, il semble que presque chaque essai qui ait été fait pour rendre, sur ce sujet, notre instruction plus correcte et plus précise, ait eu ur résultat contraire. Ainsi Linné, publiant en 1747, sous le titre de }lora zeylanica, une liste des plantes de Ceylan, com- mit l'étrange erreur de confondre sous le même nom spécifique { cam- bogia qutta) les deux arbres si bien distingués par le botaniste hollan- dais; et cette confusion a duré jusqu'à Gærtner, qui, d'un côté, réunissant en un seul genre #7angostana les deux genres garcinia et cambogia de Linné, et distinguant, de l’autre, comme Hermann, les deux carcapulli d’Acosta et de Lynschoten, nomma le premier man- gostana cambogia et le second #angostana morella ( Fruct., tab. 105). Enfin Desrousseaux , préférant le nom générique garcinia, nomma le carcapulli d’Acosta garcinia cambogia et le carcapulli de Lynschoten garcinia morella ; telle est la synonymie de ces deux végétaux. Mais dans l'intervalle de Linné à Gærtner, un fait assez singulier s'était passé. Des deux végétaux confondus par Linné, un seul ayant été figuré par Rhecde, sous le nom de coddam- pulli, ce fut lui seul, bientôt, qui fut cité comme synonyme du cambogia qutta, et l’autre fut complétement oublié. De sorte que Kænig crut faire une découverte, en écrivant à Retz, le 16 octobre 1782 : « La vraie gomme- gutte ne provient pas du cambogia qutta; elle est produite par un autre arbre polygame, à fruit cérasiforme , mangeable, que je décrirai une autre fois. » La description promise fut envoyée à Banks et se trouve rapportée par Murray, dans son Apparatus medicaminum, 1. IV, p. 654. L'arbre avait recu de Kœænig le nom de quftæfera vera; Murray lui imposa plus tard celui de stalagmilis cambogioides ( Comun. Soc. Gotting., 1788, vol. IX, p. 169), et les botanistes en ont fait une espèce et un genre séparés du garcinia morella ; mais les propres paroles de Kænig, si semblables à celles d'Hermann, et la patrie semblable, ne permettent pas de douter que le stalagmitis gambogioides et le garcinia morella ne forment qu’une seule et même espèce. IL est vrai de dire, cependant, que la description du sfalagmaitis cambogioides , insérée dans les Commentaires de Gottinque, paraissant avoir été faite sur des échantillons de parties provenant de plusieurs plantes , quelques uns des caractères donnés par Murray au sfalagmitis cambogioides ne semblent pas lui appartenir, et que la similitude des deux espèces résulte plutôt de la propre description de Kænig, insérée dans l’Apparatus medicaminum. Enfin, un caractère déjà faiblement indiqué par Kœuig (séamina clavata, subquadrangularia), mais bien déterminé per M. R. Graham, professeur de botanique à l'Université d'Édimbourg, a conduit ce GUTTIFÈRES. 557 savant à former de cet arbre un genre particulier auquel il donne le nom d’Aebradendron , fondé sur ce que les anthères sont terminales, operculées , et s'ouvrent par une fissure circulaire que l'auteur compare à une sorte de circoncision. Voici donc, en définitive , la synonvmie et la description de cette espèce. Hebradendron cambogioides Grah. (Comp. to the Botan. mag., n° 49, p. 193 ). Stalagmitis cambogioides Murr., App. med., t. IV, p. 654 ; Moon’s Cat. of plants in Ceyl., part. 1, p. 73. Garcinia morella Desrousseaux, Dicf eneycl., 1. TI, p. 701. Mangostana morella Gærtn., t. 105. Guttæfera vera Kænig Mss. Kanna ghoraka Herm. Carcapulli de Eynschoten , etc. Arbre de médiocre grandeur, à feuilles opposées, pétiolées, obovées- elliptiques, coriaces, lisses, brillantes. Fleurs unisexuelles, monoïques ou polygames. Fleurs mâles (fig. 392), ramassées dans les aisselles des feuilles et portées sur de courts pédoncules uniflores ; calice à 4 sépales, dont les deux extérieurs un peu plus petits. Corolle à 4 pétales coriaces, deux fois plus longs que le calice, caducs. Étamines réunies en colonne par le bas, divisées plus haut en 4 faisceaux ; libres par Fig. 392. la partie supérieure. Filets courts, claviformes ; anthère terminale en forme de tête arrondie, s’ouvrant par la cir- concision d’un couvercle plat et ombiliqué (a). Pollen ellip- tique ; ovaire nul. Fleurs fe- melles (Kænig), hermaphro- dites (Murray), ramassées dans l’aisselle des feuilles : calice, corolle et étamines semblables. Ovaire globuleux ; style court ; stigmate à 4 lobes ouverts et persistants. Baie globuleuse , glabre, deux fois grosse comme une cerise, couronnée par les lobes du stigmate ; 4 loges monospermes ; semences réniformes-elliptiques, com- primées latéralement, couvertes d’un tégument brunâtre, aisément séparable en deux parties ; cotylédons épais ; radicule centrale, filiforme, légèrement courbée. L’hebradendron cambogioides croît abondamment dans l'île de Ceylan 558 DICOTYLÉDONES ‘TNALAMIFLORES. et fournit par incision un suc jaune qui jouit de presque toutes les pro- priétés de la gomme-gutte. Cependant cemme ce suc n’est arrivé jus- qu’ici en Europe que comme objet de recherche ou de curiosité; que toute la gomme-gutte du commerce paraît provenir de Camboge et de Siam, par la voie de Chine et de Singapore, et que la contrée qui la pro- duit n'a pas encore été explorée par les botanistes, on voit que, en réalité, personne ne peut affirmer que nous connaissions l'arbre qui produit cette substance, quoique tout porte à croire qu’il doive peu différer de celui cultivé à Ceylan. La gomme-gutte de Ceylan, suivant la description qu'en a donnée M. Christison (Companion to the Bot. mag., n° 20, p. 233), paraît avoir été mise sous la forme d’une masse arrondie et aplatie , du poids de 400 grammes environ, non homogène et formée de larmes très irrégulières et celluleuses , laissant entre elles des intervalles où la sur- face des larmes est couverte d’une matière pulvérulente, obscure et d'apparence terreuse. Cette substance n’a d’ailleurs été soumise à aucune purification ni préparation, analogues à celles subies par la gomme- gutte de Siam, et elle pourrait difficilement être appliquée à la pein- ture, dans- l’état où elle se présente. Elle est d’un jaune orangé foncé , assez semblable à celui de la gomme-gutte de Siam ; mais, ainsi que l'a remarqué Duncan, elle ne forme pas aussi facilement une émulsion avec l’eau, et cette émulsion me paraît être d’un jaune moins pur, moins brillant et tirant un peu sur la couleur orangée, Suivant l’ana- lyse faite par M. Christison, cette substance est composée de : Résine jaune, obtenue par l’éther et desséchée. 68,8 71,5 72,9 Gomme soluble ou arabine . . . . . . . . . 20,711 41880 - 490 Far rase etc." Sn - © 0 6,8 5,7 L,3 JE USSR RS h,6 ind, ind. 100,9 400,0 100,0 Composition peu différente de celle de la gomme-gutte de Siam. Gomme-gutte du commerce en canons OU en bâtons (pipe camboge Engl.). Ainsi qu'il a été dit tout à l'heure, cette substance paraît tirée des royaumes de Siam et de Camboge, et elle est importée de Chine en Angleterre par la voie de Singapore; mais d’après les ren- seignements fournis à M. Christison, par M. J.-B. Allan, il paraît qu'il en vient aussi de Bornéo, qui est envoyée par les Malais à Singapore , où les Chinois la purifient et la faconnent pour les marclés européens. La plus belle sorte de gomine-gutte se trouve sous la forme de rouleaux de 3 à 6 centimètres de diamètre, dont les uns ont été roulés à la main, pendant que la matière était encore ductile , tandis que les autres ont GUTTIFÈRES. 559 emprunté leur forme cylindrique à des tiges de bambou dans lesquelles la substance gommo -résineuse a été coulée, ainsi que l'indique l'impression de fibres longitudinales et parallèles dont est marquée sa surface (1). Elle est d’un jaune orangé, tirant un peu sur le fauve, quelquefois pâle et laiteux, le plus souvent assez foncé ; mais par suite du frottement des morceaux, elle est souvent recouverte à sa surface d’une poussière d’un jaune verdâtre, ou d’un jaune doré , ce qui est aussi la couleur de sa poudre. Elle à une cassure conchoïdale , très fine , unie, sub- luisante, et une demi-opacité uniforme. Enfin tout indique que c’est une substance d’une grande homogénéité , qui n’a pu être amenée à cet état que par une préparation très soignée. Elle est complétement inodore ct d’une saveur presque nulle d’abord , suivie d’une légère âcreté dans l’arrière-bouche. 11 suffit de la toucher avec de l’eau ou de la salive, pour en former aussitôt une émulsion homogène, d’un jaune magnifique. D’après M. Braconnot , la gomme-gutte traitée par l’alcooi lui cède 0,80 de résine, et laisse 0,20 d’une gomme presque entièrement soluble dans l’eau. La résine fondue est rouge, transparente, insipide, et donne une belle poudre jaune. Elle est soluble dans les alcalis qu'elle neutra- lise; elle est décolorée par le chlore, qui s’y combine et forme un composé dans lequel la présence du chlore ou de l'acide chlorhydrique ne devient sensible que par la destruction du composé au feu ( Ann. chim., t LXVIIE, p. 33). En extrayant la résine par le moyen de l’éther, M. Christison est arrivé à des proportions un peu différentes de résine et de gomme , ct qui, d’ailleurs, ne sont pas toujours les mêmes. Deux analyses lui ont donné : ï. [LA Résine séchée à 204 degrés centigrades. . . . . . . 74,9 11,6 Gomme soluble ou arabine , séchée à 100 degrés. . 21,8 24,0 Humidité chassée par une chaleur de 132 degrés. . h,8 h,8 100,8 100,4 Gomme-gutte du commerce, en masses OU en gâteaux (cake camboge Eng].). Il ne faut pas confondre cette sorte inféricure de (1) Quelquefois les cylindres sont creux ou repliés sur eux-mêmes et adhé- rents. Plusieurs de ces tubes ou cylindres peuvent aussi être soudés ensemble et former des pains ou gâteaux irréguliers, de 1000 à 1500 grammes, dans lesquels on peut encore voir le reste des cavités très aplaties. Il paraît que , dans ce cas, la masse est habituellement enveloppée dans de grandes feuilles qui paraissent appartenir à une plante bombacée ou malvacée ; mais je n'ai pas été à même de voir ces feuilles. 560 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. gomme-gulte avec les masses formées par l’agglutination des cylindres de la première sorte, quoiqu'on les trouve souvent réunies dans une même caisse. La gomine-gutte en gâteaux est en masses informes , du poids de 4000 à 1500 grammes, et qui paraissent très variables en qualité, de sorte qu'il est difficile d’en donner une description générale ; mais voici les caractères de celle que je possède. Elle est en masse informe, non celluleuse, et d’une teinte brunâtre très marquée. Les parties voi- sines de la surface ont une cassure assez brillante, plutôt esquilleuse que conchoïdale, et une transparence plus marquée que dans la première sorte de Camboge ; tandis que, au contraire, les parties centrales ont une cassure tout à fait terne et cireuse. Elle renferme quelques débris de branches et de pétioles, qui ne me paraissent pas tous appartenir au végétal qui la produit ; mais l’action de l’eau iodée ne m'y a pas fait découvrir d'amidon. Elle forme avec l’eau une émulsion jaune très gluante, et qui me paraît être plus gommeuse que celle provenant de la première sorte. Cetic gomme-gutte me paraît différer de celle que M. Christison a analysée sous le nom de cake Camboge, et encore plus d’une autre sorte tout à fait inférieure que les Anglais nomment coarse Camboge (1). Voici le résultat de ces analyses : ‘4) En dehors de toutes les sortes plus ou moins impures de gomme-gutte, j'ai trouvé une fois, dans une caisse de gomme-gutte , une bien singulière substance que je désignerai sous le nom de résine rouge de gomme-gutte. Cette substance forme un pain aplati du poids de 130 grammes, enveloppé dans une feuille de plante monocotylédone. Elle est opaque , d’un rouge assez vif, vue en masse, et d’une odeur forte, peu agréable, A l'intérieur, elle est marbrée et présente trois sortes de matières : 1° la matière résineuse rouge el opaque, qui communique sa couleur à la masse ; elle a une cassure luisante, donne une poudre rouge-orangée, et exhale, quand on la pulvérise, une vdeur de citron, bien différente, par conséquent, de celle présentée par la masse entière ; 2° une matière ayant l'apparence de petites taches noires disséminées, mais formée d’une résine vitreuse et d’une couleur brune fon- cée ; 3° une troisiéme matière mélangée à la premiére, sous forme de larmes ou de fragments bacciformes. Cette dernière a une cassure terne et cireuse et une couleur blanchätre ou quelquefois jaunätre. Lorsqu'on mouille la sur- face cassée, avec de l’eau ou de la salive, la dernière substance est la seule qui prenne l'aspect d’un lait jaune et opaque, comme la gomme-gutte. II me semble possible que celte matière soit une résine séparée de la gomme- gutte, pendant la purification que je suppose qu’on lui fait subir, et qu’elle se trouve en excès de celle qui peut rester émulsionnée dans le suc purifié. RESTE : 7. - : ATOME 2 eme - : Ligncux. Humidité . GUTTIFÈRES. 561 … Cake gamhboge. Course gambhuge, RAS TS (moyenne). 1. I. 64,7 61,4 33,0 20,2 11,7 1h,2 5,6 7,8 19,0 2,9 7,8 22 h,2 7,9 10,6 100,0 401,4 100,8 Gomme-gutte du garcinia cambogia. Je ne puis passer com- plétement sous silence cet arbre qui a été regardé pendant si longtemps comme la source de la gomme-gutte du commerce. Cet arbre est le man- gostana cambogia de Gærtner, le cambogia qutta de Linné, le coddam pulli de Rheede, le carcapulli d’Acosta. Son véritable nom indien paraît être ghorka ou corca-pulli etson nom chingalais ghoraka, quoique, suivant Roxburgh , le ghoraka de de l'Inde; celui- ci avant les fleurs terminales et s0- litaires, et celui de Ceylan les ayant axillaires, les fleurs mâles sous — ternées et pédonculées , et les fleurs femelles sous-sessiles. Le corca-pulli de l'Inde (fig. 393) est un grand et bel arbre dont le tronc peut avoir 3 et 4 mètres de circonférence ; les feuilles sont lancéolées ; les fleurs terminales, sous - sessiles et solitaires , peu Ceylan ne doive pas être confondu avec celui Fig. 393. nombreuses ; l’ovaire est arrondi, à 8 côtes et couronné par 1 stigmate à 8 lobes. Le fruit est une baie arrondie, de la grosseur d’une orange, III, 36 562 DISOTYLÉDONES THALAMIFLORES. jaune à maturité, à huit côtes obtuses, et partagée intérieurement en S loges membraneuses, renfermant chacune une semence brune , oblongue, contenue dans une double enveloppe et enfoncée dans une substance pulpeuse. La chair de ce fruit est un peu acide et se mange. L'écorce du tronc, étant incisée, laisse découler un suc laiteux qui reste longtemps visqueux à l'air, mais qui se présente enfin sous forme de larmes d’un jaune de citron clair, presque sans odeur ni saveur, d’une nature résineuse très apparente, et non susceptible de former une émulsion sous le doigt mouillé. Cette substance ne pent donc pas être confondue avec la gomme-gutte du commerce. Suivant l'analyse qu’en a faite M. Christison, elle est composée de : RÉSIAENE M: APE OS NU, se dr Sr dée CADET 9e DRM EEE, POMPES Al OS WO Rate ee AUS, Dean sg DOPANE e 12 RIDE NonICA Ier QE LION DRE MTS < Pertes Ie QUE AT se À a : 3 100 Cette substance diffère de la vraie gomme-gutte par la présence de l'huile volatile et par la nature de sa résine qui est moins soluble dans l'éther, et d’une couleur jaune plus pâle et non rouge ni orangée. Enfin, d’après les expérimentations de M. Christison, elle ne paraît pas être purgative à la dose de 15 grains, quantité trois fois plus forte que celle à laquelle la résine de gomme-gutte peut être utilement employée. Gomme-résine du zonthochymus pictorius. Roxburgh et M. Royle ayant exprimé l'opinion que cet arbre produisait une espèce de gomme-guite, M. Christison a été désireux de vérifier celte asser- tion sur un échantillon dù à lobligeance de Me Walker. Le suc con- cret de cet arbre diffère encore plus de la vraie gomme-gutte que celui du corca-pulli, X forme de petites larmes d’un vert grisâtre ou d’un vert jaunâtre pâle, transparentes comme de la résine, ct ne pouvant se réduire en émulsion par le frottement du doigt mouillé. Elle est assez dure, se ramollit à la chaleur et ne peut être pulvérisée que par un temps froid. Un essai d'analyse, fait avec une très petite quantité de matière, a donné environ 0,765 de résine; 0,176 de gomme soluble et 0,059 de fibres ligneuses. Résine de mani, Celle résine est produite par le mant (moronobea coccinea Aubl. }, grand arbre de la Guyane; elle en découle sous forme d’un suc jaune très abondant, qui noircit et se solidifie à l'air. Les créoles l’emploient pour goudronner les barques et les cordages, et pour faire des flambeaux. Elle varie de forme suivant la manière dont elle a été obtenue : celle qui a découlé naturellement de l'arbre GUTTIFÈRES, 563 est en morceaux très irréguliers, secs ct cassants, grisätres à lexté- rieur, noirs et brillants à l’intérieur, insipide et d’une odeur faible- ment aromatique; celle qui a été obtenue par incisions et qui a été renfermée , avant son entière solidification , par masse de 500 à 1000 grammes, dans des feuilles de palmier, est d’un noir un peu jaunâtre, moins sèche, plus fusible, plus aromatique que la première. Elle brûle avec une flamme très blanche et très éclairante , sans répandre ni beaucoup d’odeur ni beaucoup de fumée. Cette résine existe chez quelques droguistes qui la vendent comme résine caragne. Calaba Où galba des Antilles, colophyllum calaba Jacq. Cet arbre, nommé aussi bois Marie à Saint-Domingue, et ocuje à Cuba, s'élève à une hauteur de 7 à 40 mètres, Ses feuilles sont avales-obtuses, très entières, lisses, douces au toucher, remarquables par leurs innom- brables nervures latérales, très fines, très serrées, droites et parallèles, presque perpendiculaires à la nervure médiane. C’est pour exprimer l'aspect agréable de ces feuilles que Linné a formé le nom calophyllum (de xov €t w9))), qui veut dire belle feuille. Les fleurs sont dispo- sées en petites grappes opposées et axillaires, sur les jeunes rameaux ; elles sont très petites, odorantes, hermaphrodites et mâles sur le même individu. Le calice a 2 sépales et la corolle 4 pétales ; les étamines sont nombreuses, libres ou polyadelÿhes par le bas. Le fruit est un drupe sphérique , du volume d’une grosse cerise. Il est formé d’une première enveloppe charnue, peu épaisse, se ridant par la dessiccation ; facile à détruire par le temps, et laissant à nu un noyau sphérique, obscuré- ment trigone à la partie supérieure, jaunâtre, ligneux, mais très mince. Dessous cette enveloppe ligneuse s’en trouve une seconde d’un tissu beaucoup plus lâche et rougeûtre , lisse et lustrée à l’intérieur. Au centre se trouve une amande jaune ou rougeâtre, arrondie , formée de deux cotylédons droits, épais et olécgineux, pouvant fournir une grande quantité l'huile par expression. En iacisant l'écorce du tronc et des branches du calaba, on en obtient un suc résineux verdâtre, d’une odeur forte, non désagréable, qui s'épaissit à l'air en acquérant une couleur verte foncée, mais qui y reste très longtemps gluant et tenace. Ce suc résineux est employé comme vulnéraire aux Antilles, sous ie nom de baume de Marie. Je possède quelques autres fruits de calaba qu’il est difficile de rap- porter aux espèces admises par les botanistes, la description des fruits manquant à ces espèces. Le premier fruit est celui figuré par Gærtner (tab. XLHII), sous le nom de calophyllum inophyllum , avec la seule différence que le noyau ligneux jaunâtre est plus épais que dans la figure, quoique toujours moins épais que l’endocarpe intérieur, spongieux et rougeâtre. L’amande est turbinée, avec un petit tubercule radiculaire à 564 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. la base. Le noyau est ovoïde, un peu pointu aux deux extrémités, non trigonc et non sphérique comme dans le calophyllum calaba; chacune des deux parties de l'endocarpe est beaucoup plus épaisse que dans ce dernier. Le fruit est aussi plus volumineux. Le second fruit me paraît appartenir au bitangor maritèma de Rum- phius (Amb. IT, tab. 71). 11 consiste en une capsule ligneuse, jaunâtre, sphérique et de la grosseur d'une petite pomme, n’offrant à l'extérieur que quelques débris d’une pellicule blanchâtre, assez mince, représen- tant la partie charnue des fruits précédents. La coque ligneuse est très mince; l’endocarpe spongieux et rougeâtre est très épais à l’une des extrémités du fruit et sur les côtés ; mais il est très mince vers l’autre extrémité, de manière que la loge séminifère, au lieu d’être centrale, touche à cette extrémité. La semence manque. Le troisième fruit présente , à l’état sec , le volume d’un petit œuf de poule ; il contient, sous un épiderme grisâtre , une pulpe épaisse, jau- nâtre et mélangée de fortes fibres ligneuses , longitudinales et anasto- mosées, qui persistent après la destruction du parenchyme. La coque ligneuse que l’on trouve dessous est blanchâtre, compacte, assez épaisse. L'endocarpe intérieur est grossièrement fibreux et d’une épais- seur égale à la coque ligneuse. La surface interne de la loge est unie. L'amande a la grosseur et la forme d’une olive récente, avec un petit tubercule radiculaire à la base. Ce fruit, au contraire des précédents qui sont inodores , est pourvu d’une odeur analogue à celle du vétiver, mais qui lui a peut-être été communiquée. Il porte, dans le droguier de l’École de pharmacie, le nom de facamahaca de Bourbon. Je possède un quatrième fruit conformé comme le précédent, mais noir, de la grosseur d’une petite prune et inodore. Résine tacamaque de Bourbon, Cette résine, nommée aussi baume vert et baume Marie, découle par des incisions du calophyllum tacamahaca Wild. , grand arbre de l’île de la Réunion (Bourbon), auquel appartient sans doute le troisième fruit décrit ci-dessus. Suivant un ancien échantillon que j'en ai, cette substance forme une petite masse cylindrique, portant à sa surface l'impression des feuilles de l'arbre ; vue en masse, elle paraît d’un vert noirâtre et opaque; mais elle est d'un vert jaunâtre et translucide dans les lames minces; son odeur, qui se trouve affaiblie par le temps , est analogue à celle du tacamahaca des Antilles et présente quelque chose de celle de la conserve d’ache. Elle ne se dissout qu’en partie dans l’alcool rectifié et laisse un résidu gru- melé, blanc, assez considérable, de nature gommeuse et soluble dans l'eau, Le dernier résidu, qui est encore très marqué, est formé de débris ligneux. J'ai décrit anciennement, comme facamaque de Bourbon, une substance que je tiens de M. Boutron-Charlard, mais qui est plutôt GUTTIFÈRES. 565 une sorte d’onguent préparé avec la résine que la résine elle-même, Cette substance, qui a été coulée, à l’état de fusion, dans un bocal de verre, est molle, gluante, se solidifiant lentement à l'air, d’une couleur vert- bouteille foncée, d’une odeur très forte, onguentacée, qui, affaiblie à l'air, devient assez agréable et semblable à celui du fenu-grec. Elle ne se dissout que très imparfaitement dans l'alcool froid, davantage dans l’al- cool bouillant, sur lequel surnage alors une substance grasse, fondue, qui est étrangère à la résine découlée de l'arbre. Elle ne se dissout pas entièrement dans l’éther et laisse un peu d’une substance floconneuse que je n’ai pas examinée. On trouve à Madagascar, un arbre nommé fouraha , qui paraît être un calophyllum et qui pourrait bien être la source de la taeamaque angélique et du baume focot, décrits pages 485 et 486. Les débris d’une prétendue écorce très mince, à fibres parallèles , trouvés dans le baume focot, ne sont en effet que des débris de feuille de calophyllum. Cannelle blanche, Canella alba Murr. (fig. 394). La cannelle blanche vient des Antilles et surtout de la Jamaïque ; elle a longtemps été confondue avec l'écorce de Winter, ainsi que les arbres qui les produisent, et cette confusion a été commise par Linné lui-même, lorsqu'il a nommé l’arbre à la can- nelle blanche winterania canella, et qu'il luï a donné pour synonyme le cortex winteranus de Clusius. La confusion n’a véritablement Fig. 394. cessé que lorsque Forster eut nommé l’arbre à l’écorce de Win- ter drymis Winteri, et queMurray eut rendu à celui de la cannelle blanche son premier nom de ca- nella alba. Le cannellier blanc a d’abord été rangé dans la famille des gutti- fères; mais il s’en distingue par des caractères assez tranchés pour qu’on puisse en former une petite famille distincte, sous le nom de canellacées. Ce petit groupe com- prend quelques arbres d’Amé- rique, à feuilles alternes, très entières, privées de stipules. Le cannellier blanc, en particulier, a les fleurs disposées en corymbe terminal et pourvues des parties suivantes : calice persistant, à 3 folioles 566 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. imbriquées, concaves ; corolle à 5 pétales hypogynes, oblongs, con- caves: étamines soudées en un tube renflé à la partie supérieure et portant 24 anthères linéaires, parallèles, bivalves, fixées extérieure- ment, au-dessous du sommet; ovaire libre, enfermé dans le tube stami- nal, triloculaire ; plusieurs ovules dans chaque loge, insérés à l'axe central; style cylindrique ; stigmate exserte , à 2 lobes courts et.obtus. Le fruit est une baie globuleuse, charnue, réduite à une ou deux loges par avortement; les semences sont noires, brillantes, globuleuses , avec un_-petit bec recourbé , superposées au nombre de 2 ou 3 dans chaque loge ; l'embryon est renfermé dans le bec de la semence, petit, cylin- drique, recourbé, pourvu de 2 cotylédons linéaires et accompagné d'un albumen charnu. La cannelle blanche est en morceaux roulés de 1/2 mètre à 1 mètre de longueur, de 1 5 à 40 millimètres de diamètre et de 2 à 5 millimètres d'épaisseur. Quelquefois aussi on en trouve des morceaux provenant du tronc, qui sont plus larges, plus épais et recouverts d’un épiderme fon- gueux , rougeûtre , crevassé, souvent d’un blanc de craie à l'extérieur. L'écorce ordinaire est ràclée, d’un jaune - orangé pâle et comme cendré à l'extérieur; sa cassure est grenue, blanchâtre , comme mar- brée ; sa surface intérieure paraît revêtue d’une pellicule beaucoup plus blanche que tout le reste; elle a une saveur amère, aromatique et piquante ; une odeur très agréable, approchant de celle du girofle mêlé de muscade; sa poudre est blanche; elle donne une huile volatile à la distillation. La cannelle blanche est souvent substituée dans le commerce à l'écorce de Winter. Aussi quelques auteurs Jui ont-ils donné le nom de fausse écorce de Winter. Elles sont faciles à distinguer, comme on le verra à l’article de cette dernière. On peut consulter aussi le Journal de pharmacie (t. V, p. 482 et suiv.), où l'on trouve une analyse com- parée de ces deux écorces , faite par E. Henry. Écorce à odeur de museade, de Cayenne, Je trouve dans mon droguier, sous le nom d’écorce de‘giroflier de Cayenne, une écorce qui présente une grande analogie avec la cannelle blanche et qui doit être produite par un arbre très voisin. Cette écorce est épaisse de 5 milli- mètres et formée de deux couches distinctes. La couche extérieure (périderme), qui est plus mince que l’autre, est assez dense, d’un gris rougeâtre, et parsemée de nombreux tubercules ronds et aplatis ; la partie intérieure est encore plus dense, d’un gris blanchâtre , offrant une surface interne unie et d’une couleur plus blanche que le reste. Cette écorce est pourvue d’une odeur de muscade mélangée d’acore, aussi forte que celle de la noix muscade et très agréable. Elle présente une saveur très aromatique semblable , jointe à une grande âcreté. GUTTIFÈRES. 567 Ecorce de Paratudo aromatique. Ainsi que je l’ai dit précédemment (t. IL, p. 523}, le nom para- tudo, qui signifie propre à tout, a été donné au Brésil à plusieurs substances auxquelles on attribue de grandes propriétés médicales : telles sont la racine du gomphrena officinalis, plante de la famille des amarantacées , et deux écorces très amères, dont une, au moins, paraît appartenir à la faille des apocynacées. Quant à l'écorce de paratudo aromatique , dont il est ici question, elle est due au canella axillaris de M. Martius, dont Endlicher a formé un nouveau genre cénnamo- dendron, caractérisé par sa corolle à 5 pétales, accompagnée d’un nombre égal d’écailles obovées et ciliées ; par son tube staminal court et portant 10 anthères sessiles, dressées, contiguës, ovées et bilocu- laires. Les pédoncules floraux sont axillaires et triflores. L'écorce de paratudo aromatique , telle que je lai reçue ancienne- ment de Rodolphe Brandes, est épaisse de 5 à 7 millimètres, formée d’un périderme gris foncé, profondément crevassé, et d’un liber jau- pâtre, très uni intérieurement, très compacte, et à cassure grenue. Il est un peu huileux sous la scie, et peut acquérir le poli et l'apparence d’un bois dense et d’un tissu très fin. Cette écorce possède une odeur grasse, un peu analogue à celle du poivre , et une saveur amère telle- ment âcre et brûlante que le poivre et la pyrètre n’en approchent pas. Ecorce âe Malambo. Cette écorce vient des provinces de Choco, d’Antioquia et de Popayan, dans la Colombie. C’est M. Bonpland qui l’a fait connaître le premier, mais il n’a pu que former des conjectures sur l'arbre qui la produit. Il pensait qu’elle pouvait provenir d’un arbre voisin des cusparia , tandis que Zéa conjecturait qu'elle était due à un drymis; ensuite plusieurs personnes ont pensé qu'elle était produite par le drymis granatensis des plantes équinoxiales (1. I, p. 205); mais cette opinion ne peut être vraie, puisque c’est M. Bonpland qui nous à fait connaître le drymis granatensis et l'écorce de Malambo ; puisqu'il n’établit aucun rapport entre eux, et qu’il a émis, au contraire, l'opinion que l'écorce était due à un végétal différent. Je trouve, quant à moi, que l'écorce de Malambo a plus de rapport avec la cannelle blanche et surtout avec celle de pa- ratudo aromatique qu'avec l'écorce de Winter, et c’est la raison pour laquelle je la place ici. Pour aider dans les recherches qui pourront être faites, afin d'en connaître la véritable origine, je dirai que l'écorce de Malambo est arrivée de Maracaïbo, sous le nom d’écorce de palo T6 DICOTYLÉDONES TIHALAMIFLORES. uutras, et qu'en 1843, le docteur Mackci l’a présentée à l'Association britannique sous le nom de matias bark. L’écorce de Malambo, telle que je l'ai connue d’abord, par un échan- tillon que j'ai dû à l’obligeance de M. Morin, pharmacien de Paris, est en morceaux longs de 50 à 65 centimètres, larges de 8 centimètres, presque plate, ayant appartenu à un tronc d’un diamètre considérable. Elle est épaisse de 14 à 15 millimètres, d’un gris un peu rougeûtre , fi- Jandreuse et cependant pesante, compacte et grasse sous la scie, en raison de la grande quantité d'huile et de résine dont elle est imprégnée. Elle à une odeur analogue à celle de l’acore vrai, mais beancoup plus forte, et une saveur très amère, âcre et aromatique. Le périderme est mince, foliacé, peu adhérent au liber, généralement blanc, avec des taches rosées et d’autres noirâtres de nature byssoïde ; il est en outre parsemé d’un grand nombre de petits tubercules non proéminents. L'écorce de Malambo du commerce, venue sous le nom de palo matras, provient de troncs plus jeunes ou des gros rameaux de l'arbre. Elle est cintrée ou demi-roulée , épaisse de 9 à 10 millimètres dans le premicr cas, et de 5 à 6 dans le second. Le périderme est très mince , adhérent au liber, plus ou moins tuberculeux, presque blanc, parsemé de petits opégraphes noirs, semblables à l’opegrapha heterocarpa de Fée. Le liber est dur’, pesant, ligneux, non huileux, d’un gris un peu rou- geâtre, semblable à un bois dur et compacte , lorsqu'il est poli. Cette écorce est toujours très amère, mais moins aromatique et moins âcre que la première ; elle est évidemment de qualité inférieure. FAMILLE DES HYPÉRICINÉES. Arbres, arbrisseaux ou plantes herbacées, souvent résineux, à feuilles opposées, entières, très souvent parsemées de glandes transparentes, immergées dans l'épaisseur du limbe ; privées de stipules. Fleurs com- plètes, régulières, souvent terminales et disposées en cymes nues ou bractéolées ; le plus souvent jaunes, rarement rouges ou blanches. Calice libre, persistant, à 5 divisions profondes et inégales, rarement à L parties. Corolle à 5 ou 4 pétales contournés en spirale avant leur évo- lution. Etamines très nombreuses, réunies en 3 ou 5 faisceaux par la base des filets , très rarement libres ou monadelphes. Ovaire libre, sur- monté de plusieurs styles quelquefois plus ou moins soudés. Il offre au- tant de loges polyspermes que de styles ; très rarement les loges ne con- tiennent qu’un ovule. Le fruit est une capsule on une baie à plusieurs loges polyspermes, très rarement monospermes ; les graines contiennent un embryon homotrope, sans endosperme. HYPÉRICINÉES. 569 Cette petite famille diffère de celle des guttifères, dont elle se rap- proche beaucoup , par ses fleurs presque toujours pentamères , par ses styles séparés, par ses semences très souvent indéfinies ct privées d’arille, et par ses feuilles qui sont comme percées à jour par des points trans- parents, Plusieurs espèces arborescentes des pays chauds, fournissent, par incision de l'écorce , un suc résineux jaune , analogue à celui des guttifères ; tel est surtout le caopia de Pison et Marcgraff (vrsmia quia- nensis Pers., hypericum quianense Aubl., hypericum bacciferum 1, f.), dont le suc desséché, jaune rougeûtre, assez semblable à la gomme-gutte, purge à la dose de 7 à 8 grains. En Europe, on employait autrefois comme vulnéraire , résolutive et vermifuge , une plante nommée androsème Ou toute-saine (/ypericum androsæmum L., androsæ- mu officinale AM.), qui diffère des millepertuis par son fruit en forme de baie arrondie, noirâtre et uniloculaire. La seule plante qui soit encore aujourd’hui usitée en médecine est le millepertuis vulgaire dont voici la figure et la description. Millepertuis vulgaire, /ypericum perforatum L. (fig. 395). Cette plante, haute de 50 à 60 centimètres, est commune dans les lieux dé- couverts des bois ; sa tige est droite , très rameuse , légèrement angu- leuse et marquée de petits points noirs, glanduleux, que l’on retrouve sur toutes ses parties vertes. Les feuilles sont sessiles , ellip- Fig. 395. tiques-oblongues, obtuses, par- semées sur le disque d’une infinité de petites glandes trans- parentes, qui ont valu à la plante le nom de millepertuis, et sur le bord d’une rangée de points noirs, également glan- duleux. Les fleurs sont très nombreuses , d’un jaune écla- tant, rapprochées en corymbe au sommet de la tige et des rameaux. Elles présentent un calice persistant, à 5 divisions profondes ct lancéolées ; une corolle à 5 pétales étalés, plus grands que le calice; des éta- mines nombreuses, dont les an- thères sont noirâtres et dont les filets capillaires sont réunis en 3 faisceaux. L'ovaire est supère, surmonté de 3 styles, d’un rouge foncé, divergents, terminés par un petit stigmate globuleux. Le fruit est une capsule y DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. ovale, empreinte d’un suc rouge, à 3 lobes arrondis et à 3 valves: les bords rentrants des valves, prolongés jusqu’au centre, divisent la capsule en 3 loges et portent de nombreuses semences brunes , très menues, d’une odeur et d’une saveur résineuses. La racine est dure, ligneuse et vivace. Les sommités d’hypéricum entrent dans la thériaque , le baume du commandeur, l'huile d'hypéricum, etc. Elles contiennent deux principes colorants: l’un qui est jaune , soluble dans l’eau, et dont le siége est dans les pétales; l’autre qui est rouge, de nature résincuse, soluble dans l'alcool et dans l'huile, qui réside surtout dans les stigmates et dans le fruit. FAMILLE DES AURANTIACÉES. Arbres ou arbrisseaux assez souvent épineux , à feuilles alternes , or- divairement pinnées avec impaire, mais souvent reduites à la foliole ter- minale, qui est alors articulée directement sur un pétiole souvent pourvu de deux ailes foliacées. Les feuilles sont fermes, très glabres, longtemps persistantes, et pourvues de glandes vésiculeuses transparentes, remplies d'huile volatile. Ces vésicules se retrouvent sur toutes les parties du végétal, et principalement sur le calice , les pétales, les stigmates et le derme du fruit. Les fleurs sont régulières et présentent un calice court, à 4 ou 5 divisions ; une corolle à 4 ou 5 pétales libres ou légèrement adhérents par le bas, insérés à la base d’un disque ou torus qui sup- porte l'ovaire, Les étamines sont insérées sous le disque, en nombre double ou multiple de celui des pétales ; elles sont libres ou polyadel- phes. L’ovaire est libre, à plusieurs loges , contenant un ou plusieurs ovules fixés à l’angle interne. Le style est simple, terminé par un stigmate en tête , indivis ou lobé. Le fruit est une baie sèche ou-le plus souvent charnue, pluriloculaire, dont les loges renferment une ou plu- sieurs semences pendantes, à tégument cartilagineux, parcouru par un raphé saillant. L’embryon est droit, privé d'endosperme, formé de deux cotylédons charnus, souvent inégaux et auriculés à la base; la radicule est très courte et supère, placée près du hile ; la plumule est manifeste. Tous les arbres de la famille des aurantiacées sont originaires des contrées intertropicales de l’Asie; mais leur port élégant, l’arome agréa- ble dont leurs différentes parties sont pourvues, et le suc acide ou sucré de leurs fruits, en ont fait propager un certain nombre dans toutes les contrées chaudes du globe. Ceux du genre cifrus, particulièrement, sont depuis longtemps cultivés en Europe et jusque sous le climat de Paris, moyennant le soin qu’il faut avoir de les rentrer dans une serre, AURANTIACÉES. 571 aussilôt que la température s’abaisse à 6 ou 7 degrés centigrades. Ce sont les seuls arbres de cette famille dont nous neus occuperons. Les citres sont caractérisés par un calice persistant, urcéolé, à 3 ou 5 divisions (fig. 396) ; une corolle ayant de 5 à 8 pétales elliptiques, con- caves , ouverts ; 20 à 60 étamines à filets élargis, réunis à Ja base en plusieurs faisceaux et : , disposés circulairement Fig. 396. en cylindre; un ovaire supère , arrondi, sur- monté d’un style simple et d’un stigmate hé- misphérique ; une baie pluri - loculaire conte- nue dans une enve- loppe celluleuse, plus où moins épaisse, dont ja substance intérieure est généralement blan- che, charnue et peu sapide, tandis que la couche extérieure est d'une belle couleur jaune ct toute parsemée de vésicules pleines d’une essence dont l’o- deur est très agréable. Au-dessous de cette enveloppe celluleuse se trouve la baie proprement dite, qui est formée de plusieurs carpelles ou de plusieurs loges ver- ticillées (de 7 à 12), pourvues chacune d’une enveloppe propre, très mince, séparable sans déchirement. L'intérieur de chaque loge est rempli de vésicules pulpeuses et très succulentes, disposées perpen- diculairement à l'axe; enfin, vers le milieu de l'angle interne de chaque loge, se trouvent fixées un petit nombre de semences horizontales, mu- nies d’un test membraneux. Lés citres sont des arbres peu élevés ou des arbrisseaux armés d’épines axillaires, et dont les feuilles sont réduites à la foliole terminale, articulée sur le pétiole, qui est souvent ailé. Ceux qui sont cultivés en Europe avaient été partagés, par Linné, en deux espèces seulement, sous les noms de citrus medica et de citrus aurantium ; mais Gallesio, de Savone, ayant scindé chacune de ces espèces en deux, en a formé quatre espèces, sous les noms de cifrongier, limonier , oranger e bigaradier ( Traité du citrus, Paris, 4811). Je suivrai cette division , 572 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. moyennant que je donnerai à la première espèce le nom plus signi- ficatif de cédratier. M. Risso, dans un mémoire imprimé deux années plus tard (1), a formé, sous le nom de /#mettier, une cinquième espèce qui n’est pas généralement admise. , I. CÉDRATIER, citrus cedra Gall. (Ferrari, Æesperides tab. 59, 61, 63). Arbre de 4 à 5 mètres, à branches courtes et raides, dont les jeunes rameaux sont anguleux et violéts, avant de devenir arrondis et verdâtres. Les feuilles sont ovales-oblongues, trois fois plus longues que larges, et, d’après Gallesio, continues avec le pétiole, qui est court et non ailé, Les fleurs sont blanches en dedans, violettes en dehors, portées sur de courts pédicelles, réunis plusieurs ensemble sur un pé- doncule quelquefois axillaire, mais le plus souvent terminal. Les éta- mines sont au nombre de 30 à 40; le pistil manque souvent, de sorte que l'espèce est polygame. Les fruits sont volumineux, oblongs, mame- lonnés à l'extrémité, à surface raboteuse et souvent tuberculeuse, d’un rouge violet dans leur jeunesse, d’un beau jaune à maturité. La partie jaune extérieure, qui porte le nom de zeste, fournit par expression, ou par distillation, une essence d’une odeur très suave ; l’écorce intérieure est très épaisse, blanche, tendre, charnue et forme la partie la plus con- sidérable du fruit. On en fait une confiture qui est délicieuse. La baie est très petite, à 9 ou 10 loges, contenant un suc acide, non usité ; les semences sont oblongues , à pellicule rougeûtre. Le cédratier est originaire de Perse et de Médie et a été connu en Europe après les guerres d'Alexandre. Théophraste, le premier auteur qui en ait parlé, nomme le cédrat pomme de Perse ou de Médie, et Virgile, pomme de Médie, ce qui donne l’origine du nom linnéen citrus medica, que quelques personnes traduisent à tort par céfronnier médi- cinal, Le cédratier a été nommé aussi citronnier des Juifs, parce que, dès que les Juifs ont connu et jusqu’à nos jours, ils l'ont consacré à la fête des tabernacles, afin de se conformer à la loi de Moïse, qui leur prescrit de présenter au Seigneur, le premier jour de cette solennité, leur plus beau fruit, des feuilles de palmier et des rameaux de myrte et de saule, Les cédrats acquièrent souvent un poids considérable. Suivant Ferrari, ceux de Calabre pèsent de 6 à 9 livres et vont quelquefois jusqu’à 30 livres, ce qui est le poids connu du cédrat de Gênes. Le cédrat de Salo pèse de 4 à 16 livres, et, s’il faut en croire quelques uns, jusqu’à 40 livres. Ceux de Rome pèsent ordinairement 20 livres (2). (4) Annales du Museum d'histoire naturelle. Paris, 1813, t. XX, p. 169. (2) Je présume qu'il s’agit ici de la livre romaine de 3218r,24, suivant laquelle 6 livres — 1kil,927 gram. ; 9 livres — 2kil,891 gram. ; 30 livres — 9kil,637 gram. ; 40 livres — 12kil,849 gram. AURANTIACÉES. 573 IT. LIMONIER, cétrus limon Gall. (Ferrari, tab. 189, 193). Arbre plus élevé que le cédratier, à branches longues et flexibles, qui se prêtent de préférence à l’espalier. Ses jeuves pousses sont anguleuses et violettes ; ses feuilles sont ovales, deux fois plus longues que larges, pointues , articulées sur un pétiole nu ou très faiblement ailé. Ses fleurs sont un peu moins grandes que celles du cédratier, et un peu plus grandes que celles de l’oranger. Elles sont en partie hermaphrodites et en partie privées de pistil, rouges en dehors, blanches en dedans, à 30 ou A0 étamines polyadelphes. Le fruit est ovoïde et terminé par un mamelon ; l'écorce extérieure ou le zeste, est mince, ct pourvue d’un arome pénétrant ; l'écorce inté- rieure est mince, blanche, coriace et très adhérente à la baie, qui est volumineuse, à 9, 10 ou 11 loges remplies d’un suc abondant, fortc- ment acide ; les semences sont jaunâtres et très amères. Le limonier paraît être originaire de l’Inde, ainsi que le bigaradier. Les croisés les ont trouvés cultivés en Palestine et les ont fait connaître à l'Europe; mais déjà les Arabes les avaient naturalisés en Afrique et dans le midi de l'Espagne, d’où ils ont pu également se répandre dans le midi de la France et en Italie. L'espèce du limonier est riche en variétés et plus encore en hybrides. Elle à pour type un fruit oblong , à écorce très odorante , mince et très adhérente à la baie, et on en trouve des variétés qui renchérissent encore sur le type par la finesse et l’odeur de l'écorce, et l'abondance du jus acide, jointes à la forme arrondie du fruit : telles sont le /usfrato de Riome, le bugnetta de Gênes et le balotin d'Espagne ; mais on en connaît beaucoup d'autres dans lesquelles l'écorce s’épaissit et rapproche le fruit du cédrat. Gallesio n’admet pas cependant que ces variétés soient des hybrides du cédrat ; tel est principalement le /imonier ordinaire de Gênes (Gallesio n° 8; Ferrari, tab. 199) qui: est cultivé presque sur toute la côte de la Ligurie , depuis la Spezzia jusqu’à Hières. C’est la variété qui fournit le plus de fruits au commerce, parce que l'écorce étant plus épaisse et plus charnue, ils résistent davantage dans les envois qu’on en fait pour le Nord. Ce sont ces fruits qui sont connus à Paris sous le nom de citrons. Quant aux variétés qui sont des hybrides du cédrat et qui sont nommées communément poncires où poncines , on en trouve un grand nombre figurées dans Ferrari (tab. 219, 249, 255, 301, 303, 307, 337, etc.). Le suc acide des citrons sert à faire le sirop de limons. Ce même suc, saturé par de la craie, sur les lieux mêmes de sa production, donne naissance à du citrate de chaux, d’où on extrait l’acide citrique par l’intermède de Pacide sulfurique. Le zeste jaune des citrons, récent , fait partie de l’alcoolat de mélisse composé et de l’alcoolat ammoniacal aromatique de Sylvius, Ce même ! 574 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. zeste fournit par expression ou disüllation , l'huile volatile ou-essence de citrons. Celle par expression est jaune, fluide, d’une pesanteur spécifique de 0,85, d’une odeur très suave ; mais elle est légèrement louche, à cause d’un peu d’eau et de mucilage qu’elle contient , et elle s’altère plus prompte- ment que l’autre. L’essence obtenue par distillation est incolore , très fluide, d’une odeur moins suaye et moins estimée pour la parfumerie ; mais elle est préférable pour détacher les étoffes. Ces deux huiles sont sujettes à être falsi- fiées avec de l'alcool. On peut reconnaitre la fraude, soit en les agitant avec de petits morceaux de chlorure de calcium sec, qui s’unit à l’alcool et forme une couche liquide que surnage l’essence ; soit en les agitant avec de l'eau qui devient et reste laiteuse , dans le cas de la présence de l'alcool , et diminue le volume de l'essence ; tandis qu'elle redevient limpide en très peu de temps, lorsque l’essence est pure , et sans en diminuer le volume. A cet effet, l'essai doit en être fait dans un tube gradué. L’essence de citrons ou de limons, et celle de cédrat, sont composées de carbone et d'hydrogène, sans oxygène, et leur formule est C'°H$ pour 4 vo- lumes. Cette composition est la même que celle de lessence de térébenthine, mais avec une condensalion moilié moindre des éléments. Ces huiles exercent d’ailleurs une action bien différente sur la lumière polarisée ; car tandis qu l'essence de térébenthine fait éprouver au rayon lumineux une déviation à gauche de 43 degrés, l'essence de citron détermine une déviation à droite de 80 degrés. Ces mêmes huiles en se combinant au chloride hydrique , volume à volume , donnent naissance à un camphre artificiel, qui diffère , par consé- quent, de celui de lessence de térébenthine , parce qu’il contient moitié moins d'hydrogène et de carbone. Ces mêmes essences, exposées à Pair, en absorbent l'oxygène, s’épaississent et forment différents produits, tels que de l’eau, de l'acide acétique, une résine cristallisable, etc. Jai fait connaitre précédemment ( page 268 ) les raisons qui portent aujour- d’hui les savants à penser que les célèbres pommes d’or des Hespérides n’é- taient ni des oranges , ni même des citrons ou des cédrats , fruits inconnus en Europe aux temps d'Hercule. Je ferai l'observation pareillement, que les bois de citrus d'Afrique , dont on faisait, du temps de Cicéron à Pline, des tables d’un prix si considérable, n'étaient pas du bois de citronnier, comme beaucoup de traducteurs l'ont pensé. Ces tables étaient si follément recherchées que le prix en dépassait - souvent 100000 francs de notre monnaie; et cependant, la plus grande de toutes, qui appartenait à Tibère, n'avait que 4 pieds 2 pouces de diamètre (4,226). Mais cette dimension est considérable, si l’on fait attention que la table était ordinairement formée d’une seule racine ou d'un seul nœud de racine. Cette grande dimension, jointe à une couleur de vin miellé, montre bien que l'arbre ne pouvait être un citronnier. D’ailleurs le nom même citrus qui est peut-être employé ici par erreur, en place de cedrus , sa correspon- dance avec le nom grec thya ou thyon, la grande ressemblance de Parbre avec le cyprès mentionnée par Pline, etc., tout indique que le citrus d’A- frique était un arbre conifère du genre des genèvriers, des (huyas ou des cypres. Donnons, pour terminer, les caractères des bois de nos citres acluels : je ne connais pas le bois du cédratier, mais je le suppose peu différent de celui du citronnier-limonier. Celui-ci est inodore , très dense, d’un jaune serin, AURANTIACÉES. 515 veiné, susceplible d’un beau poli, et peut être employé sur le (our, aux mêmes usages que le buis ; mais il est moins beau. Le bois de bigaradier est dur, d’un blanc grisätre fort peu agréable ; enfin, le bois d'oranger est blanc, quelquefois lavé de rouge au centre, sans veines apparentes , sans rien qui le rende utile ou remarquable. Tous ces bois sont inodorcs. IT, J'ai dit que Risso a établi sous le nom de LIMETTIER (citrus limetta ) une espèce de citre dont le type paraît être le /imonter à fruit doux où la lime douce de Gallesio (p. 112), qui se trouvait assez embarrassé sur sa classification, cet arbre se rapprochant des hybrides de l'oranger, dont il n’offre cependant aucune trace dans sa feuille, dans sa fleur (sauf la couleur), ni dans son fruit. Risso lui donne, comme caractères distinctifs, des pétioles ailés, une corolle très blanche, 30 étamines réunies 3 par 3, un fruit globuleux, d’un jaune pâle et verdâtre, couronné d’un mamelon obtus; une écorce de fruit ferme, assez épaisse , insipide ; une baie à 9 loges, à suc doux et fade. Il y com- prend comme variétés : le /imettier limoniforme (Ferrari, tab. 230); le limettier à fruit étoilé (Ferrari, 315), que Gallesio met au nombre des hybrides de bigaradier , et le lemettier bergamottier que Gallesio regarde aussi comme un hybride, mais qui offre les caractères propres aux Hmettiers. Le bergamottier a les rameaux épineux, et les feuilles grandes, ovales-arrondies, portées sur de longs pétioles ailés. Les fleurs sont blanches, pourvues de 20 à 26 étamines; les fruits sont petits, arrondis, pyriformes, un peu mamelonnés au sommet ; l'écorce en est mince, d’un jaune doré, unie, remplie d’une essence suave et piquante, dont l'odeur particulière fait tout le mérite ; car sa pulpe aigre et amère n'est d'aucun usage. L'écorce était très usitée autrefois pour faire de jolies bonbonnières qui portaient aussi le nom de bergamottes. L’essence de bergamotte n’est guère obtenue que par l'expression des zestes ; elle est jaune et d’une densité plus considérable que celle de citrons , car elle pèse 0,880. Elle s’altère aussi beaucoup plus vite dans les flacons où on la conserve, et y forme un dépôt plus où moins mar- qué. D'après les expériences de M. Olme et celles de MM. Soubciran et Capitaine, elle aurait une composition différente et contiendrait une certaine quantité d'oxygène; ou, tout au moins, elle serait le résultat d'une hydratation de l'essence C'H$ (Journ. pharm., & XXVI, p. 509). IV. BIGARADIER (citrus bigaradia Nouv. Duham. ; citrus vulgaris Risso; aurantium vulqare acre Ferrari, tab. 377, f. 1). Cet arbre (fig. 396) s'élève jusqu'à 8 mètres et porte une tête arrondie et touffue. Ses jeunes pousses sont anguleuscs , épineuses, et d’un vert très clair ; ses feuilles sont ovales-lancéolées, une fois plus longues que larges, articulées sur un pétiolé fortement ailé. Les fleurs sont entièrement 576 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. blanches, très odorantes, à 20 étamines. Les fruits sont globuleux, recouverts d’un zeste jaune rougeätre, raboteux et pourvu d’un arome très pénétrant; l’écorce interne est peu épaisse, blanche et très amère ; la baie est composée de 8 à 12 loges contenant chacune deux graines ou plus, et remplies d'un suc acide et très amer. Cette espèce, de même que les précédentes, a formé un assez grand nombre de variétés et d’hybrides. Parmi les premières, je citerai le bigaradier à fleurs semi- doubles (Kerr., 391), le #ultiflore, dit aussi bouquettier ou riche. dépouille (Ferr., 389), l'oranger nain ou petit chinois (Ferr., 433), le bigaradier à feuilles de myrte, le bigaradier cornu (Kerr., 409, A5); parmi les hybrides, il faut distinguer ceux qui participent du limon ou du cédrat, tels que ceux représentés par Ferrari, tab. 311, 313, 315, 321, 423, dont plusieurs portent les noms de lumue , de ponune d'Adam, de pompoleon, et ceux qui participent de l’oranger, qui sont le bigaradier à fruit doux (Ferr., 374) et le bigaradier à écorce douce ( Ferr., fig. 433, 435 ). Le bigaradier est une des espèces les plus utiles du geure et celle dont la médecine fait le plus d'usage. Il est vrai que l’amertume de sa baie empêche qu’on ne la mange comme fruit d'agrément; mais on s’en sert comme d’assaisonnement sur les tables et on en fait des confitures très estimées; enfin c’est cet arbre, et non l’oranger vrai, qui fournit à la pharmacie les fuilles d'oranger, les fleurs d'oranger qui servent à faire l'eau de fleur d'oranger et l'essence de néroli, les orangettes et l'écorce d'orange amère ; parce que toutes ces parties sont , chez lui, plus sapides et pourvues d’une odeur plus vive et plus pénétrante que dans l’oranger vrai. C’est pour cette raison que le bigaradier est presque le seul cultivé dans les serres des climats froids ou tempérés , sous le nom d'oranger. Feuilles d'oranger. Il faut les choisir entières, d’une belle couleur verte, fermes, très aromatiques et d’une saveur amère. Petit grain OU orangettes, On nomme petit grain, tes petits fruits tombés de l'arbre, peu après la floraison. On en retire par la distillation une huile volatile qui porte le même nom. Il est vrai que, suivant M. Risso et d’autres, l'essence de petit grain est obtenue , en tout ou en partie, par la distillation des feuilles du bigaradier ; mais c'est par une substitution semblable à celle qui fait remplacer souvent les fleurs par les feuilles, dans la préparation de l’eau de fleur d'oranger du commerce, Le nom d'essence de petit grain suffit d’ailleurs pour indiquer que cette essence doit être préparée avec le jeune fruit. On donne le nom d’orangettes aux fruits recueillis avant qu'ils n'aient atteint le volume d’une cerise. On en prépare une teinture amère qui est très stomachique : mais leur plus grand usage est pour la fabrication AURANTIACÉES. 577 des pois d’oranges pour les cautères. Car ces pois, qui sont bruns et aromatiques, sont faits avec les orangeltes dont on retrouve la struc- ture dans leur intérieur, et non avec le bois de l'arbre, qui est fort dur, blanc et inodore. Écorce d’orange amère, L'écorce d'orange amère la plus estimée vient de la Barbade et de Curaçao, et porte le nom de curacao des îles ou de Hollande. Le premier, provenant de fruits non mûrs, est en petits quartiers verts à l’extérieur, épais, durs, compactes, d’une odeur forte ct persistante, d’une saveur amère très parfumée ; le second, provenant de fruits mûrs ct ayant été mondé en Hollande de sa pulpe blanche interne, est sous forme d’écorces très minces, presque réduites à leur zeste d’un jaune rougeâtre, chagriné à l'extérieur et très aroma- tique. On apporte d'Italie et de Provence des écorces semblables , ou petites et verdâtres, ou plus âgées ct jaunâtres, mais non mondées de leur partie blanche interne. Les unes et les autres, mais principalement le curaçao de Hollande mondé, servent à faire une liqueur de table très estimée , une teinture alcoolique et un sirop, qui sont d’excellents sto- machiques et vermifuges. Essence de hbigarade, Cette essence est d’une odeur vive et péné- trante, et pèse 0,855. Elle a la même composition moléculaire que les essences de citron et de cédrat; mais elle agit beaucoup plus fortement sur la lumière polarisée, qu’elle fait dévier de 120 degrés vers la droite. Essence de néroli, Cette essence est moins fluide que les précé- dentes, d’une couleur jaune qui brunit à l'air, et d’une pesanteur spé- cifique de 0,888. D’après MM. Soubeiran et Capitaine, elle se compose de deux huiles dont l’une est d’une odeur très agréable et se dissout en grande quantité dans l’eau de fleur d'oranger, tandis que l’autre est presque insoluble dans l’eau et ne se rencontre que dans l'essence. La première rougit par l'acide sulfurique et communique cette propriété à l’eau distillée, V. ORANGER VRAI, cérus aurantium Risso. L'oranger de Portugal s'élève à la hauteur de 6 à 7 mètres et porte une large tête ronde sur un tronc droit et cylindrique. Ses feuilles sont ovales-oblongues, aiguës, lisses, luisantes, légèrement crénelées, d’un vert foncé, portées sur un pétiole moyennement ailé. Les fleurs sont axillaires, d’un beau blanc, à pédicule court, et réunies deux à six ensemble, sur un pédoncule commun ; elles ont de 20 à 22 étamines et sont toutes hermaphrodites et fertiles. Les fruits sont globuleux , quelquefois un peu déprimés, revêtus d'un zeste lisse ou peu rugueux, d’un jaune safrané , recouvrant une pulpe mince, blanche, filamenteuse , d'un goût fade, peu adhérente à II. 37 578 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. Ja baie. Celle-ci, qui forme la presque totalité du fruit, est à 8 ou 10 loges occupées par des vésicules oblongues, pleines d'un suc jau- nâtre, doux, sucré, et d’un goût fort agréable. Les graines sont blan- ches, oblongues, arrondies, volumineuses. On distingue parmi les variétés de l’oranger celui dit de Portugal, qui est le plus commun ; celui de Chine (Ferrari, tab. 427); l'oran- ger à suc rouge, V'oranger à écorce douce, celui à écorce épaisse (Ferrari, 379), l’oranger à fruit nain, l'oranger à fleurs doubles, dont les fruits en renferment souvent un second dans leur intérieur, l’oranger pompelmous d'Amboine (cètrus aurantium decumarum) qui est peut-être une espèce distincte, remarquable par la grandeur de toutes ses parties, etc. Parmi les hybrides, on compte l’oranger à figure de limon ou lime orangée (Ferrari, tab. 385), l'oranger à fruit panaché de blanc (Ferrari, 399), l'oranger à fruit strié (Ferrari, L01), etc. Ainsi que je l'ai dit précédeinment, l’oranger à fruit doux se recom- mande par son fruit, qui est un des plus beaux et des plus agréables que l’on connaisse ; mais il le cède , pour toutes scs autres parties, au bigaradier, ses feuilles et ses fleurs étant pourvues d’une saveur et d’une odeur beaucoup plus faibles, et l'écorce de son fruit, que l’on vend quelquefois comme écorce d'orange amere, s'en distinguant par sa nature spongieuse et par son goût fade ou faiblement amer. L'essence retirée du zeste est la plus légère de celles des aurantiacées : elle pèse 0,844 non distillée, et 0,835 lorsqu'elle cst bien rectifiée. C'est aussi celle qui agit le plus sur la lumière polarisée, qu’elle dévie de 127 de- grés vers la droite. FAMILLE DES TERNSTROËEMIACÉES. Arbres ou arbrisseaux à feuilles alternes, sans stipules, souvent coriaces et persistantes. Galice à 5 sépales concaves, inégaux ct imbri- qués; corolle à 5 pétales ou plus, imbriqués et contournés , quelque- fois soudés à la base; étamines nombreuses, souvent réunies par la base de leurs filets et soudées avec la corolle. Ovaire libre, placé sur un disque hypogyne, divisé en 2 à 5 loges contenant plusieurs ovules fixés à leur angle interne. Les styles sont en nombre égal à celui des loges , plus ou moins soudés ensemble, terminés chacun par un stigmate simple. Le fruit présente de 2 à 5 loges ; il est tantôt coriace ou un peu charnu et indéhiscent ; d'autres fois sec, capsulaire, s’ouvrant en autant de valves qu'il y a de loges ; l'embryon est nu ou pourvu d’endo- sperme. c : Les ternstræmiacées présentent d'assez grands rapports avec les gutti- fères. On les divise en six tribus dont une, qui a reçu le nom de TERNSTROEMIACÉES. 579 camelliées ou de théacées, était d’abord comprise dans les aurantiacées, puis a formé une petite famille distincte , avant d’être réunie aux ternstræmiacées. Une autre tribu , celle des cochlospermées, plus rap- prochée des malvacées, ne comprend que le seul genre cochlospermum que je cite ici, parce que, une des deux espèces dont ilse compose , le cochlospermum gossypium (bombazx gossypium L.), est indiqué par Endlicher dans son Ænchiridion botanicum, ouvrage sk concis et si plein de faits exacts et d’érudition, comme la source de la gomme kutera Ou kuteera (kufira) de l'Inde, à laquelle j'ai conservé jus- qu'ici, provisoirement, le nom de gomme de Bassora (page 121), mais qu’il faut définitivement appeler gomme kutira. Ce même arbre (cochlospermum gossypium) porte, dans une capsule ovale, à 5 loges polyspermes et à 5 valves, de petites semences réniformes , couvertes d’un duvet blanc, que l’on peut employer aux mêmes usages que le coton. Les semences elles-mêmes, écrasées avant leur maturité, four- nissent un suc qui a là couleur de la gomme-gutte. Je ne dirai rien des camellia , arbrisseaux si connus pour l’élégance de leur feuillage et la beauté de leurs fleurs , mais qui ne sont d’aucune utilité pour la méde- cine, et je me bornerai à parler du thé, dont l’importance commerciale est si grande et dont l'importation procure au fisc, dans plusieurs pays de l’Europe , une ressource assez considérable. Thé (fig. 597). Le thé se nomme #sja/au Japon et #cha en Chine (1), ce qui ne forme probablement qu’un seul et même nom. C’est un arbrisseau rameux , toujours vert, qui croît jusqu’à la hauteur de 2 mètres envi- ron, Il a les feuilles alternes, non stipulées, pétiolées, légèrement coriaces, ovales-oblongues, pointues, fincment dentées. Ses fleurs sont axillaires, solitaires, pédonculées, munies d’un calice à 5 sépales imbriqués , dont les extérieurs sont plus petits ; tous sont un peu sou- dés par la base, Les étamines sont nombreuses, plurisériées, à fila- ments filiformes, portant une anthère appliquée, oblongue, biloculaire. L’ovaire est libre, triloculaire, surmonté d’un style trifide et de 3 stig- males aigus. Le fruit est une capsule formée de 3 coques arrondies, à déhiscence léculicide , ne contenant chacune ordinairement qu’une grosse semence ronde. Celle-ci est formée d’un embryon sans endo- sperme, à cotylédons charnus et oléagineux, et à radicule très courte et centripète. On trouve dans le commerce un grand nombre de sortes de thés que lon rapporte toutes à deux arbustes dé la Chine, qui ont été nommés (4) D'après Kæmpfer, cependant, le thé se nommerait thèh en chinois. 580 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. par Linné thea bohea et thea viridis, le premier ayant les feuilles plus courtes et les fleurs hexapétales, et le second les feuilles plus longues et les fleurs à 9 pétales. Mais d’après les observations de Lettsom, le nombre des pétales peut varier Fig. 397. dans les deux arbustes de 3 à 9, de sorte qu’on ne les regarde plus que comme deux variétés d’une même espèce nommée fhea chinensis. I faut admettre alors que les diffé- rences remarquées entre les sortes de thé proviennent en partie de l’âge auquel on a cueilli les feuilles et du mode de leur dessiccation. On fail la récolte des feuilles plusieurs fois par an, et on les fait sécher sur des plaques de fer chaudes, où elles se crispent et se roulent comme on Île voit dans le thé du commerce. Les feuilles des thés de choix sont, en . outre , roulées une à une dans la main. Enfin, je suis porté à croire que la différence qui existe entre les deux sortes principales de thés du commerce, désignées sous les noms de {hé vert et de thé noir, est due à ce que ce dernier a subi une préparation particulière avant sa dessiccation. On distingue ensuite un grand nombre de variétés de thés verts et noirs. On compte parmi les premiers ceux dits {hé vert ou tonkai , thé songlo, thé hayswen-skin , thé hayswen où hyson, thé perlé ou tmpé- rial , thé poudre à canon , thé chulan, ete. On désigne au nombre des seconds , le {hé bouy, le congou, le campout , le souchong ou sactchon, le pekao, le thé en boules, etc, ; je n’en décrirai que six variétés, Le thé hayswen est en feuilles roulées longitudinalement , d’un vert sombre un peu noirâtre et bleuâtre, d’une odeur agréable et d'une saveur astringente. Lorsqu'on le fait infuser dans l’eau , les feuilles se développent, acquièrent de 30 à 50 millimètres de longueur, de 15 à 20 millimètres de largeur, et une teinte plus verte. Ces feuilles sont ovées-lancéolées, glabres d’un côté, légèrement pubescentes de l'autre, dentées de petites dents aiguës sur leurs bords ; plusieurs feuilles sont brisées. La liqueur est jaune, transparente, a une saveur amère, rougit le tournesol, ne précipite ni le nitrate de baryte ni l'oxalate d’ammo- TERNSTROEMIACÉES. 581 niaque; forme, avec le nitrate de plomb, un précipité blanchâtre ; avec le nitrate d'argent, un précipité noir, ou blanc passant au noir, par la réduction de l’argent; elle réduit de même la dissolution d’or et celle de protonitrate de mercure, ce qui indique dans ce thé un principe avide d’oxigène (le tannin ). | Thé chulan, Ce thé ressemble entièrement, par ses caractères physiques et par les propriétés de son infusion , au thé hayswen ; sa seule différence consiste en une odeur infiniment plus suave, qui passe également dans son infusion, et en rend l'usage très agréable. Cette odeur n’est pas naturelle au thé; elle lui est communiquée par la fleur de l’olea fragrans X., lanhoa des Chinois. Ce thé est un des plus recherchés. ! D'autres sortes de thés paraissent devoir de même leur odeur parti- culière à d’autres substances aromatiques , telles que les fleurs du camellia sesanqua , celle du mongorium sambac de la famille des jasmi- nées , etc. Le thé perlé diffère extérieurement du thé hayswen , par sa forme ramassée , comme arrondie, et par sa couleur plus brune et néanmoins cendrée; son odeur est plus agréable. Lorsqu'on le fait infuser dans l’eau , il s’en pénètre et se développe plus difficilement. Alors on recon- naît que sa forme arrondie provient de ce que les feuilles de thé entières, après avoir été roulées longitudinalement, sont en outre replies et tordues sur elles-mêmes; opération qui a dû se faire à la main , et à laquelle ce thé doit d’être moins accessible à l'humidité , et de con- server plus longtemps son parfum et ses autres propriétés. Les feuilles de thé perlé développées sont entièrement semblables à celles du thé hayswen, seulement elles sont un peu plus petites. L'infusion est un peu plus foncée et légèrement trouble; du reste, elle jouit des mêmes propriétés. Thé poudre à canon, Ce thé paraît roulé encore plus fin que le thé perlé ; cependant il provient de feuilles plus grandes et semblables à celles du thé hayswen; mais ces feuilles ont toutes été coupées trans- versalement en trois ou quatre parts avant d’être roulées, ce qui est la seule cause de la petitesse de son grain. Son infusion ressemble entière- ment à celle du thé perlé. Thé noir, thé bouy. thé souchong, Ces sortes de thés sont d’un brun noirâtre, d’une odeur agréable, d’une saveur moins astringente que le thé hayswen. Il sont beaucoup plus légers, plus grêles, et, comme lui, seulement roulés dans leur longueur, Le thé noir, infusé dans l’eau, se développe facilement ; ses feuilles sont elliptiques ou lancéolaires, dentées, brunes, plus épaisses que le thé hayswen , comme membraneuses et élastiques, mêlécs de pétioles. 582 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. L’infusion a une odeur agréable , une saveur moins amère que celle du thé hayswen , une couleur orangée brune. Cette infusion rougit le tour- nesol, ne précipite pas le nitrate de barvte, et réduit la dissolution d’or ; précipite en fauve le nitrate de plomb; précipite de même sans les réduire les nitrates d'argent et de mercure, ce qui indique l'absence presque totale du principe avide d’oxigène contenu dans les précédentes sortes. Le thé pekao me paraît n’être que la sorte précédente plus choisie. Il a la même couleur brune , la même forme, la même saveur ; seule- ment son odeur est plus agréable , et il est mêlé de petits filets argentés, qui ne sont autre chose que les dernières feuilles de la branche non encore développées, et plus pubescentes que les autres : son infusion est entièrement semblable à celle du thé bouv. Ce que je viens d'exposer sur ces six sortes de thés ne contredit en aucune façon lopinion émise précédemment , qu’elles ne proviennent que d’une espèce végétale : en effet, le {hé chulan n’est que du thé hayswen aromatisé artificiellement ; le {hé poudre à canon n’est que du thé vert haché et roulé ; le {hé perlé ne me semble différer du thé hayswen que parce que ses feuilles sont un peu plus petites, ce qui peut tenir à ce qu'on les a récoltées dans un âge moins avancé ; enfin, l'infusion de ces quatre sortes exerce une même action réductive sur les dissolutions d’or, d'argent et de mercure. Quant au {hé bouy et au thé pekao , qui diffèrent des autres par leur couleur brune, et par l'absence du principe avide d’oxigène , on pour- rait les croire produits par une espèce distincte; mais il est possible aussi que leur différence résuite de ce que les feuilles récoltées auraient été traitées par l’eau, ou par la vapeur de l’eau, ou soumises à un com- mencement de fermentation avant leur dessiccation ; car l’une ou l’autre de ces opérations aurait en effet pour résultats la coloration en brun des feuilles et l’altération du principe oxigénable : ce qui me semble appuyer cette opinion, c’est que le thé bouy n’est pas toujours entière- ment privé de la propriété de réduire les dissolutions d'argent et de mercure. C'est en 1666 qu’on a commencé à faire usage du thé en Europe; depuis il est devenu d’un usage si général, qu’on en importe annuelle- ment plus de 20 wnillions de livres. C’est à l'occasion d’une taxe sur le thé que les États-Unis d'Amérique se sont séparés de l'Angleterre. L'in- fusion de thé est stimulante, stomachique, très bonne pour les indiges- tions et pour arrêter le vomissement. Succédanées du thé, L'usage presque universel du thé est cause que dans plusieurs pays on en.a donné le nom aux feuilles de diverses plantes susceptibles d’être prises en boisson théiforme. L'une d’elles a même TILIACÉES, 583 acquis une grande importance commerciale dans l'Amérique méridio- nale : c’est le #é du Paraguay, dont la recherche à coûté pendant si longtemps la liberté à notre célèbre botaniste Bonpland. Cette plante est une espèce de huoux, {ex paragariensis, que M. Auguste Saint- Hilaire a trouvé au Brésil sous le nom de arvore de mate ; de sorte que les nations qui en font usage pourront se soustraire au monopole du gou- vernement du Paraguay en la tirant du Brésil. d Les feuilles de cet arbrisseau, telles qu’on les trouve dans le com= merce, sont toujours brisées et même présque pulvérisées, afin d’en déguiser la nature. Ces feuilles ont une odeur assez prononcée et une saveur un peu astringente ; on les emploie en infusion comme le thé. Dans l’Amérique septentrionale on fait usage des. feuilles de l’ilex vorritoria, sous le nom de #hé des Apalaches. Au Pérou, on fait un commerce fort considérable des feuilles de coca, erythrozylum coca, de la petite famille des érythroxylées. Ces feuilles, qui n’ont qu’une saveur faiblement aromatique et amère, jouissent d’une propriété excitante qui peut aller jusqu’à causer l'ivresse, Les Indiens et les mineurs, surtout, en mâchent continuellement et paraissent trouver dans cet usage un puissant remèdé contre la fatigue. On a donné aussi le nom de {hé du Mexique au chenopodium ambrosioides, et celui de thé d'Europe à la véronique et à la sauge. Cette dernière plante à même pendant quelque temps été envoyée en Asie en échange du thé de la Chine; mais l'usage en à été passager, tandis que ce dernier est devenu un objet de nécessité en Europe. FAMILLE DES TILIACÉES. ’ Arbres, arbrisseaux, très rarement plantes herbacées, à feuilles alter- nes, accompagnées de deux stipules le plus souvent caduques. Fleurs complètes, pourvues d’un calice à 4 ou 5 sépales libres ou plus ou moins soudés ; corolle à 4 ou 5 pétales insérés à la base d’une glande ou d’une squamule, entiers ou lacérés au sommet, rarement nuls, Étamines le plus souvent indéfinies, insérées sur le torus ; à filaments filiformes, libres ou légèrement soudés à la base. Anthères biloculaires, s’ouvrant par une fente longitudinale ou par un pore terminal. L'ovaire présente de 2 à 10 loges, contenant chacune un ou plusieurs ovules attachés à leur angle interne. Le style est simple, terminé par un stigmate lobé. Le fruit est une capsule à plusieurs loges et polysperme , ou un drupe monosperme par avortement. Les graines contiennent un embryon droit ou un peu recourbé, dans un endosperme charnu. Les tiliacées forment deux sous-familles, les #i/ices et les é/æocar- pées : les premières ont les pétales entiers ou rarement nuls, et les an- 584 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. thères à déhiscence longitudinale ; les secondes ont les pétales incisés et les anthères s’ouvrant au sommet par une valvule transversale. Les unes et les autres se recommandent à différents litres dans les contrées qui les produisent ; mais je n’en citerai que deux espèces appartenant aux tiliées. L'une est la eorette potagère , OU mélochie ( corchorus olitorius L.), plante égyptienne cultivée dans plusieurs parties de l'Asie, de l'Afrique et d'Amérique, à cause de ses feuilles que l’on mange cui- tes et assaisonnées. L'autre espèce, qu’il nous importe davantage de connaître, est notre tilleul d'Europe, Tilleul d'Europe. Tilia europæa X.. Les tilleuls sont des arbres élevés, à feuilles alternes, simples, cordiformes , dentées, ct dont les fleurs sont disposées en corymbes sur un pédoncule commun qui sort du milieu d’une bractée longue et linéaire. Le calice est à 5 divisions caduques ; la corolle est à 5 pétales oblongs, alternes avec les sépales, nus intérieure- ment ou accompagnés à la base d’une /igule staminifère. Les étamines sont nombreuses, libres et insérées sur le réceptacle, ou partagées en cinq groupes portés par les ligules ; l'ovaire est libre, globuleux, velu, terminé par un style et par un stigmate en tête, à cinq lobes. L’ovaire est divisé intérieurement en cinq loges dispermes. Le fruit est un car- cérule globuleux, coriace ou li- gneux, à cinq loges monospermes, dont quatre avortent ordinairc- ment. L'embryon est droit, formé de deux cotylédons foliacés, dans l'axe d'un endosperme cartilagineux. Le tilleul d'Europe a les pétales dépourvus de ligules et les étamines libres, par conséquent. Il présente un assez grand nombre de variétés dont plusieurs ont été élevées au rang d'espèces : tels sont le tilleul à larges feuilles, dit Gileul &e Hollande (tilia platyphylla Scop. ) ; le tilleul à petites feuilles OU à feuilles d'orme, Nommé aussi! tilleul sauvage où tillot (/ilia microphylla Vent.) ; le tilleul rouge (tilia rubra DC. ), dont les jeunes branches flexibles sont colorées en Fig. 398. TILIACÉES. 585 rouge , etc. Quant au tilleul argenté de Hongrie qui se trouve repré- senté figure 398, il se distingue des précédents par ses feuilles glabres et d’un vert foncé en dessus, revêtues en dessous d’un duvet court et serré ; el par ses fleurs d’une odeur analogue à celle de la jonquille , et dont les pétales sont pourvus d’une ligule staminifère, comme les üilleuls de l'Amérique septentrionale, ce qui avait fait supposer d’abord qu'il était originaire de cette partie du monde. Le bois de tilleul est blanc, assez léger, facile à travailler, 11 est em- ployé par les menuisiers, les boisseliers, les tourneurs, les sculpteurs et les sabotiers. La seconde écorce de tilleul (ou le liber) est très fibreuse, difficile à rompre et sert à faire les cordes à puits. Les feuilles de tilleul se couvrent ; pendant l'été, d’une exsudation mielleuse et sucrée, ré- coltée par les abeilles, et la sève de l'arbre, obtenue par incision du tronc, peut fournir du sucre cristallisé, ou, mise à fermenter, elle produit une liqueur vineuse assez agréable au goût. Les fleurs de tilleul sont pourvues d’une odeur douce et agréable, qui parfume l'air vers la fin de juin ; elles attirent les abeilles qui vien- nent y puiser un miel abondant. On en fait un fréquent usage en méde- cine, comme antispasmodiques, étant employées sèches, en infusion théiforme. Gette boisson, qui est très agréable, peut aussi, jusqu’à un certain point, remplacer le thé. Les fleurs récentes, distillées avec de l'eau, fournissent une essence liquide et incolore qui est peu connue. L'hydrolat préparé avec les fleurs sèches est très usité comme anti- spasmodique dans les potions. DIPTÉROGARPÉES. Petite famille très voisine des tiliacées , composée d'arbres de la première grandeur, habitant l'Inde et les îles de l’archi- pel Indien, ct pourvus de sucs huileux ou résineux, d’une grande uti- lité pour les pays qui les produisent ; mais ils arrivent peu jusqu’à nous. Au nombre de ces arbres se trouve d’abord le dryobalanops camphora, nommé aussi camphrier de Bornéo Ou de Sumatra, dont j'ai dé- crit le camphre naturel, t. IT, p. 385. Plusieurs dipterocarpus, arbustes très voisins des dryobalanops, fournissent une résine balsamique uti- lisée comme poix navale, comme encens dans les temples, ou comme médicament vulnéraire et cicatrisant. Le premier de tous est le dipferocarpus trinervis de Java, arbre immense dont la résine fail partie d’onguents employés contre les ul- cères invétérés, et remplace le copahu dans tous ses usages, lorsqu'elle est dissoute dans Palcool. Le dipterocarpus lævis, arbre de l’Inde, étant incisé à la hache et approché d’un feu doux, fournit une grande quan- tité d’une huile balsamique, dite wood oùl , très usitée comme vulné- raire et en place de vernis. Le shorea robusta de l'Inde également pro- duit une résine qui passe pour une espèce de dammar, et le vateria indica 586 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. a été regardé, pendant un certain temps, pour la source de la résine animé orientale ou copal dure, lorsqu'on s’imaginait que cette résine provenait de l'Inde (page 425). GROUPE DES MALVACÉES. La famille des malvacées , telle qu’elle à été établie par Laurent de Jussieu, forme un groupe très important de végétaux dont voici les ca- raclères communs. Les feuilles sont alternes, stipulées, très souvent palmatilobées. Les fleurs sont régulières , pourvues d’un calice gamosépale à 5 divisions, souvent doublé d’un calice extérieur mono- ou polysépale. La corolle est à 5 pétales égaux, contournés dans la préfloraison , tantôt distincts et hypogynes, tantôt insérés sur une gaîne formée par les étamines ; alors la corolle paraît être monopétale. Les étamines sont définies ou indéfinies, insérées sous l'ovaire, tantôt presque entièrement soudées en un tube qui entoure l'ovaire, tantôt réunies seulement à la base, en forme de godet. L'ovaire est simple en apparence, le plus souvent ses- sile, surmonté de un ou de plusieurs stigmates. Fruit lantôt composé de plusieurs capsules disposées circulairement, mono- ou polyspermes, ou formé d’une seule capsule sèche ou charnue, à plusieurs loges. Les graines sont fixées à l'angle intérieur des loges ou à un réceptacle cen- tral qui supporte les capsules et leurs loges. La graine est formée d’un embryon homotrope, arqué, contenu dans un albumen mucilagineux ou charnu, souvent très mince, et suivant les contours des cotylédons qui sont foliacés, repliés sur eux-mêmes et chiffonnés. La radicule est droite ou recourbée, regardant le hile. Les botanistes divisent aujourd’hui le groupe des malvacées, qui prend alors le nom de columniferes ou de malvoïdées, en trois ou quatre fa- milles, maisils ne le font pas de la même manière. Ainsi De Candolle divise les malvacées de Jussieu en trois familles, sous les noms de malvacées, de bombacées et de byttnériacées, et cette dernière famille comprend comme tribus, les sferculiées et les hermannicées , dont quelques bota- pistes font encore deux familles particulières ; tandis que Endlicher, réunissant les sterculiées aux bombacées, donne à la seconde famille le nom de s{erculiacées. Enfin, M. Adrien de Jussieu divise le groupe des-malvactes en mal- vacées, bombacées, sterculiacées et byttnériacées, dont voici les carac- tères distinctifs.. I. MaLvacées. Calice quinquéfide , souvent doublé par des bractées verticillées; étamines réunies en un tube qui entoure l'ovaire et le MALVACÉES. 587 style, et qui paraît porter au sommet un grand nombre de petits filets munis chacun d’une anthère uniloculaire. Ovaire sessile, composé de 5 carpelles ou plus, disposés circulairement autour d’un axe central stylifère ; ovules solitaires ou en plus grand nombre, fixés à l'angle cen- tral des carpelles. Fruit composé de coques verticillées, presque libres ou plus où moins soudées en une capsule polycoque, ou entièrement soudées et formant une capsule à 5 loges ou plus, à déhiscence loculicide ou plus rarement indéhiscente. — Genres : lavatera, althæa, malva, hi- biscus, malvaviscus, abelmoschus, gossypium, sida, abutilon, etc. IT. BomBAcées. Fleurs complètes, à calice quinquéfide, irrégulière- ment divisé ; corolle régulière ; étamines indéfinies, soudées en un tube qui surpasse les ovaires. Anthères solitaires ou réunies par groupes, à loges distinctes ou confluentes ; ovaire sessile ou stipité ; carpelles sou- dés en un fruit capsulaire ou distinct. — Genres : adansoniu, pachira, bombazx, eriodendron, cheirostemon, helicteres, etc. III. STERCULIACÉES. Fleurs diclines ; calice régulier ; corolle nulle; filets des étamines réunis en un tube soudé au carpophore, Anthères biloculaires. Fruit composé de follicules verticillés, déhiscents on indé- hiscents. Arbres à feuilles simples ou palmées-composées, à pétiole ren- flé au sommet. — Genres : Leritiera, sterculia, etc. IV. BYTINÉRIACÉES. Fleurs complètes, régulières, à calice quadri- ou quinquéfide ; pétales souvent soudés par le bas avec le tube anthérifère, et souvent ligulés à la partie supérieure. Tube staminal fendu au som- met en plusieurs lanières, dont les unes alternent avec les pétales et sont stériles, et dont les autres, opposées aux pétales, portent de une à trois anthères biloculaires. Ovaire quinquéloculaire ; fruit capsulaire à déhiscence loculicide ou septieide. Embryon nu ou entouré d’un en- dosperme charnu.— Genres : abroma, byttneria, theobrama, quazuma, hermanna, pentapetes, pterospermun, etc. Aucun des végétaux compris dans le groupe entier des malvacées n’est vénéneux, €L presque tous sont empreints d’un mucilage qui les rend adoucissants et souvent nutritifs. La guimauve, la mauve et leurs con- génères, les Aibiscus, les cotonniers, les bombax, le baobab, et le cacao, fixeront plus particulièrement notre attention. Guimauve oflicinale (fig. 599). Altluea officinalis L. — Car. gén. : Calice double, l'extérieur offrant de 6 à 9 divisions ; un grand nombre de carpelles capsulaires monospermes, disposés circulairement, — Car. spéc. : Carpelles pri- vés de marge membraneuse ; calice extérieur à 8 ou 9 divisions. Feuilles simples, couvertes d’un duvet doux sur les deux faces, cordées 588 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES, ou ovales, simplement dentées ou sous-trilobées ; pédoncules axillaires mulüflores, beaucoup plus courts que les feuilles. Cette plante est vivace; elle pousse des tiges hautes de 1 mètre, dures, cylindriques et velues. Ses feuilles sont pétiolées, à 3 ou 5 lobes peu marqués, blan- Fig. 399. châtres, molles et douces au toucher. Sa racine est longue, cylindrique , bran- chue, charnue , très mucilagineuse , amy- lacée, blanche en de- dans, recouverte d’un épiderme jaunûtre. Dans le commerce, on la trouve mondée de son épiderme, d’une belle couleur blanche, d'une odeur faible et d’une saveur très mu- cilagineuse et légère- ment sucrée. Il faut Ja choisir bien nourrie et peu fibreuse; on l'emploie en poudre, en infusion et en dé- coction; elle entre dans les sirops de guimauve et d’althæa de Fernel. Elle contient un principe cristallisable qui a d’abord été regardé comme lui étant particulier, et qui avait en conséquence été nommé u/théine ; mais on a reconnu depuis qu'il était identique avec l'asparagine de l'asperge, de la réglisse et de quelques autres racines. Les feuilles de la plante sont aussi employées comme émollientes , et les fleurs comme pectorales. Celles-ci, outre leur double calice cotonneux, à neuf divi- sions extérieures, qui les distingue, ont 5 pétales d’un blanc rosé ct d’une odeur faible et agréable. Elles sont, comme le reste de la plante, mucilagineuses et adoucissantes. Rose trémière, Ou passe-rose, althæa rosea Cav., alcea rosea X. Cette plante, réunie aujourd’hui au genre althæa, diffère de la gui- mauve par ses carpelles bordés d'une marge membraneuse sillonnée , ct par son involucre ou calice extérieur à 6 divisions. Elle produit de sa racine une ou plusieurs tiges hautes de 16 à 26 décimètres, droites, MALVACÉES. 589 velucs, garnies de larges feuilles rugueuses, cordiformes-arrondies, à 5 ou 7 lobes crénelés, couvertes de poils des deux côtés. Ses fleurs sont grandes, belles et de couleurs variées , depuis le blanc et le jaune jus- qu’au rouge ct au pourpre noirâtre le plus foncé. Elles sont presque sessiles dans l’aisselle des feuilles supérieures, où elles forment, par leur rapprochement, un long épi terminal. Cette plante croît naturelle- ment dans les lieux montagneux du midi de la France, ct est cultivée pour l’ornement des jardins. Ses fleurs sont employées en médecine , et sa racine est quelquefois substituée dans le commerce à celle de gui- mauve. Elle est plus ligneuse que celle-ci, d’une couleur moins blanche, d’une saveur moins douce, et ordinairement hérissée à sa surface de fibres courtes et emmélées. Mauve sauvage, Malva sylvestris L. — Car. gén. : Calice à 5 divisions, doublé d’un involucre triphylle; carpelles capsulaires nombreux, monospermes , disposés circulairement. — Car. spéc. : Tige droite, feuilles à 5 ou 7 lobes pointus et dentés, pédicelles et pétioles poilus. Racine vivace, pivotante, blanchâtre. Tiges cylindriques, un peu pu- bescentes, rameuses, hautes de 6 à 10 décimètres, garnies de feuilles vertes longuement pétiolées, arrondies, échancrées en cœur à la base, découpées en 5 ou 7 lobes peu profonds , munis de poils sur les ner- vures. Les fleurs sont d’une couleur rose, rayées de rouge plus foncé, portées en certain nombre, dans l’aisselle des feuilles, sur des pédon- cules inégaux. Le fruit est formé d’une douzaine de capsules glabres ct monospermes. Les feuilles de mauve sont très mucilagineuses et sont usilées comme émollientes, en fomentations et en cataplasmes. Les fleurs changent de couleur en séchant et deviennent d’un bleu pâle, qui se détruit promp- tement à la lumière et à l'humidité. Depuis plusieurs années-déjà, on Jeur substitue à Paris les fleurs d’une autre mauve, cultivée dans les jardins, qui paraît originaire de Chine et dont les fleurs sont beaucoup plus grandes, d’un rouge plus prononcé, et acquièrent en séchart une couleur bleue très intense , qui se conserve beaucoup mieux que celle de la mauve sauvage. Cette mauve cultivée est le #alva glabra de Des- rousseaux, à tige très glabre ct dont les feuilles présentent 5 lobes obtus. On emploie dans les campagnes, comme émollientes, les feuilles d’une autre espèce nommée petite mauve On mauve à feuilles rondes (malva rotundifolia L.). Celle-ci a les tiges couchées, les feuilles ve- lues, échancrées en cœur à la base, orbiculaires, avec 5 lobes très peu 590 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. marqués. Les pédoncules fructifères sont déclinés et pubescents. Les fleurs sont petites, d’un rose très pâle, et se colorent à peine en bleu par la dessiccation. Aussi ne sont-elles pas récoltées séparément de la plante. Semence d’Abelmosch , ou Graine d’Ambrette (fig. 400 ). Abelmoschus communis Medik., libiscus abelmoschus L. — Car. gén. : Involucre à 5 ou 10 folioles et caduc; calice à 5 divisions caduques. Corolle à 5 pétales obovés, ouverts, soudés à la base avec le tube staminal. Ovaire sessile, simple, à à loges, contenant un grand nom- bre d’ovules insérés sur deux séries, à l’angle central des loges. Fruit cap- sulaire pentagone et pyramidal, 5 loges et à 5 valves septifères. Se- mences nombreuses, sous-réniformes, à testa crustacé, ombiliquées au fond de l’échancrure. L’abelmosch doit être originaire de l'Inde, mais il a été transporté en Égypte et dans les Antilles. Sa tige est hérissée de poils un peu roïdes et s'élève à la hauteur de 10 à 13 déci- mètres. Ses feuilles sont cordiformes, divisions aiguës (1) et dentées ; les pédoncules sont droits, solitaires dans l’aisselle des feuilles, uniflores. Les fleurs sont grandes, jaunes, avec le fond pourpre. Les capsules sont velues, longues de 55 millimètres ; les semences sont grises, réniformes, comprimées près de l’ombilic, mar- quées sur leur surface d'une rayure fine et régulière qui suit la courbure du test. Ces semences sont pourvues d’une odeur de musc très prononcée, et sont très employées par les parfumeurs. Les plus estimées viennent aujourd’hui de la Martinique. Gombo ou Bamia, qbe/moschus esculentus Medik., hihiscus escu- lentus L. Cette plante a beaucoup de rapport avec la précédente, et est (4) Dans la figure 400, les feuilles sont trop profondément incisées , et les semences devraient offrir la rayure mentionnée au texte, MALVACÉES. 591 cultivée dans les mêmes contrées. Elle est annuelle, herbacée, haute de 65 centimètres, munie de feuilles velues, cordiformes, à 5 lobes palmés, élargis et dentés, Les fleurs sont axillaires, grandes, campanulées, d’un jaune de soufre , avec le fond pourpré. Le calice extérieur est velu, à 9 ou 40 folioles et caduc. Les capsules, sont pyramidales, pentagones , longues de 7 centimètres, à 5 loges et à 5 valves scptifères dont les bords se roulent en dehors. Les semences sont globuleuses, du volume de la vesce, d’un gris verdâtre, à surface unie. On fait dans les contrées chaudes de l'Asie, de l'Afrique et de l’Amé- rique, une grande consommation des fruits verts du gombo, soit pour cn tirer, au moyen de l’eau bouillante, un mucilage abondant qui sert à donner de la consistance aux aliments liquides ; soit pour les manger en nature, cuits et assaisonnés de diverses manières. Le genre hibiscus où ketmie, dont les deux plantes précédentes ont été séparées, comprend un grand nombre d’espèces dont les fleurs sont d’une grande beauté et font l’ornement des jardins : telles sont surtout la rose de Chine (/ibiscus rosa sinensisL.), la mauve en arbre (hibis- cus syriacus L.), la ketmie rouge (Aibiscus phæniceus L.), etc. } Coton. Le coton est un long duvet floconneux et très fin que l’on trouve fixé après les semences d’arbrisseaux de la famille des malvacées, auxquels Linné a conservé le nom de gossypium, qui leur avait été donné par Pline. Ces végétaux sont caractérisés par un calice cyathiforme à 5 dents ob'uses, ceint d’un involucre à trois larges folioles soudées à la base, profondément dentées ou incisées à la circonférence (fig. h01). La corolle est formée de 5 pétales obovés, contournés, soudés avec la base du tube sta- minifère. Celui-ci est dilaté en forme de dôme à la partie infé- rieure, qui recouvre l'ovaire, rétréci au-dessus, et recouvert de nombreux FenEe simples à ou bifurqués, portant des anthères réniformes et bivalves. IL" ovaire est sessile, à 3, A ou 5 loges, surmonté d’un style et de 3 à 3 stigmates: La 592 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. capsule est à 3, 4 ou 5 loges, et à autant de valves septifères. Les semences sont nombreuses, ovoïdes, couvertes d’un épiderme spon- gieux, auquel adhère une laine dense et très fine, le plus souvent très blanche "quelquefois jaune, très rarement rouge. Les cotonniers sont quelquefois annuels et herbacés, comme le coton herbaeé ({055/Dium herbaceum 1), qui paraît originaire de la haute Égypte et qui est cultivé à Malte, en Sicile, dans les îles grecques, en Égypte et en Barbarie ; mais la plupart des autres sont des arbrisseaux qui s'élèvent à une hauteur de 4 à 4 mètres. Ils sont munis de feuilles alternes, pétiolées, cordécs, palmatinervées , à 3 ou 5 lobes pointus, et souvent parsemées de points noirs , ainsi que les jeunes rameaux et les involucres. Les contonniers sont indigènes aux contrées les plus chaudes de l'Asie, de l'Afrique et de l'Amérique ; mais on en a peu à peu étendu la culture vers le Nord, jusqu’à la latitude à laquelle ils ont entièrement refusé de produire. Dans l’ancien continent, on trouve les cotonniers dans les îles de l'archipel Indien, à Siam, dans les deux Indes, en Perse, dans la Natolie, la Turquie, la Grèce, l'Italie et l'Espagne. Dans le nouveau continent, ils sont répandus depuis le Brésil jusqu’au Mexique, aux Antilles et dans les provinces méridionales des États-Unis, qui en font un commerce très considérable. Les principales espèces cultivées sont le gossypium herbaceum , cité plus haut; le G. indicum (fig. 401), le G. arboreum et le G. religiosum, originaires de l’Inde ; les G. peru- vianum hirsutum et racemosum , trouvés en Amérique, etc. Lorsque leurs fruits sont mûrs, les capsules s'ouvrent spontanément, et le coton, qui se trouvait comprimé à l’intérieur, en sort en grande partie et s'élève au-dessus des valves. On le sépare des semences au moyen d'un moulin approprié. Les semences, loin d’être inutiles, sont recueil- lies et fournissent par expression une huile assez abondante qui sert à l'éclairage ct pour la fabrication du savon. Les semences d’un certain nombre de plantes de la sous-famille des bombacées sont pourvues d’un duvet analogue au coton , mais beaucoup plus court, ce qui doit rendre très difficile leur application à la fabri- cation des tissus. Deux arbres de ce genre sont surtout cités pour leurs fruits cotonneux. L'un est l'ochroma lagopus de Swartz (bombaz pyra- midale Cavan.), arbre élevé des Antilles dont les capsules sont cylindri- ques, à 5 cannelures, longues de 30 centimètres et plus, s’ouvrant en 5 valves septilifères linéaires. Celles ci, en se roulant en dehors sur elles- mêmes, se trouvent entièrement recouvertes par le duvet court et fauve sorti des loges, de sorte que le fruit, ainsi modifié, présente une res- semblance assez grande avec un pied de lièvre, d’où lui est venu le nom de lagopus, qui signifie pied de lièvre. Le second est un arbre des îles Moluques, nommé capock, qui a été décrit par Rumphius sous le nom MALVACÉES. 593 d'eriophorus javana, nommé par Linné bombaz pentandrum , par Gærtner ceiba pentandra, et par Decandolle eriodendron anfractuosum . Le fruit est une capsule ovoïde, amincie en pointe aux extrémités, longue de 12 à 16 centimètres, à 5 loges, et s’ouvrant du côté du pé- doncule en 5 valves septifères. Les loges sont remplies par un nombre considérable de semences arrondies, un peu terminées en pointe d’un côté, entassées régulièrement les unes sur les autres, et entourées d’un duvet soyeux et lustré formant autour de chaque semence un globule à peu près sphérique. Il est fâcheux que ce duvet soit trop court pour être filé, car on en ferait des étoffes qui imiteraient la soie. Mais il peut remplacer l’édredon, duvet d’un prix très élevé, enlevé, dans les con- trées du Nord, aux nids de l’eider (anus mollissima L.). Baobab (1), Adansonia digitata L. Le baobab est un arbre monstrueux qui croit au Sénégal et dans les pays environnants. Son tronc, à partir de terre jus- qu’aux branches, n’a que 4 à 5 mètres de hauteur; mais il acquiert jusqu'à 25 mètres et plus de circonférence, ou 8 à 9 mètres de diamètre. Ce tronc se divise à son sommet en un grand nombre de rameaux fort gros , longs de 10 à 20 metres, dont les plus inférieurs s'étendent horizontalement et touchent quelquefois, en raison de leur poids, jusqu’à terre ; de manière que, cachant la plus grande partie de son tronc, cet arbre paraît former de loin une masse hémisphérique de verdure, de 40 à 50 mètres de diamètre sur une hauteur de 20 à 24 mètres. Aux branches de cet arbre répondent des racines aussi considérables et beaucoup plus longues : celle du milieu forme un pivot qui s'enfonce per- pendiculairement à une grande profondeur ; les autres s’étendent horizonta- lement à fleur de terre, et Adanson en a mesuré une qui avait 35 mètres de longueur dans sa partie découverte, et qui pouvait se prolonger encore de 43 à 16 metres sous le sol, Les feuilles du baobab ressemblent, pour la forme et la grandeur, à celles du marronnier d'Inde ; mais elles sont alternes, accompagnées de 2 stipules à la base , lisses et sans aucune dentelure sur le contour des folioles. Les fleurs répondent par leurs dimensions à celle de l'arbre qui les porte; elles sont larges de 16 centimètres, solitaires et pendantes à l'extrémité d’un pédoncule cylindrique long de 30 et quelques centimètres. Le calice est évasé en forme de soucoupe, à 5 divisions recourbées en dessous et caduques. La corolle est à 5 pétales blancs , orbiculaires, très étalés, soudés entre eux par le bas des onglets et avec le tube des étamines. Ce tube est épais, cylindrique, divisé à la partie supérieure en un nombre très considérable de filets filiformes (plus de 700 d’après Adanson), très élalés, terminés chacun par une anthère réni- forme. L’ovaire est sessile, libre, velu, à 10 ou 15 loges, surmonté d'un style longuement exserte , flexueux, terminé par 10 à 15 stigmates rayonnants. Le (1) Foy., pour les figures, le Mémoire d'Adanson, dans les Mémoires de l'Académie des sciences, année 1761, et la Flore des Antilles de M. de Tussue, t. IF, pl, 55 et 51. IT, 38 594 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. fruit, d’après Adanson, est une capsule ligneuse , ovoïde, amincie en pointe aux deux extrémités , longue de 35 à 50 centimètres, large de 41 à 16 centi- mètres, marquée de 10 à 14 sillons dans le sens de sa longueur ; maïs tous ceux de ces fruits que j'ai vus, venant des Antilles, étaient plus arrondis, longs de 18 à 29 centimètres seulement, épais de 12 à 15 centimètres, et à surface très unie. Ce fruit est revêtu extérieurement d’un duvet dense, un peu rude et de couleur verdâtre , formé de poils courts et couchés. Dessous ce duvet se trouve une coque noire, ligneuse, épaisse de 5 à 7 millimètres, divisée intérieurement en 10 à 14 loges , toutes remplies d’une pulpe fibreuse et aigrelette, qui est bonne à manger et très rafraichissante. Cette pulpe, en se desséchant, devient friable et se sépare d’elle-même en petites masses polyédriques renfermant chacune une semence réniforme , portée à l’extré- mité d’un long funicule. Toutes les parties du baobab abondent en mucilage et ont une vertu émol- liente. Les nègres font sécher ses feuilles et les réduisent en une poudrenommée lalo, dont ils font un usage journalier dans leurs aliments , et à laquelle ils attribuent la propriété d'exciter une transpiration abondante et de calmer la trop grande ardeur du sang. Adanson lui-même en a éprouvé les bons effets, et la tisane de ces mêmes feuilles l'a préservé des diarrhées, des fièvres in- flammatoires et des ardeurs d'urine , maladies auxquelles sont fréquemment en proie les Français qui résident au Sénégal. En 1848, M. le docteur Duchassaing , médecin à la Guadeloupe, a préconisé l'écorce de baobab comme succédanée du quinquina et du sulfate de quinine. Il ne paraît pas douteux que la qualité émolliente de cette écorce ne puisse la rendre utile dans les cas spécifiés par A danson, et dans d’autres qui prendraient également leur source dans un état phlegmasique des intestins ; mais il est moins certain qu'on doive reconnaître à l’écorce de baobab une propriété antipériodique analogue à celle du quinquina. Combien d'illusions de ce genre n’ont-elles pas été détruites par un examen ultérieur ! Cacao. Le cacao est la semence d’un arbre peu élevé de l'Amérique, nommé theobroma cacao L, (fig. L02), appartenant à la sous-famille des bytiné- riacées. Ses caractères génériques, assez différents de ceux des mal- vacées propres et des bombacées, consistent dans des feuilles simples ct entières, dans un calice coloré, à cinq divisions profondes, régulières, aiguës, tombantes. Corolle à 5 pétales hypogynes, formés par une sorte de cornet ou de capuchon qui se termine en une languette élargie en spatule au sommet. Le tube staminal est très court et à 10 divisions, dont cinq, alternes avec les pétales, sont linéaires-subulées et stériles, et donc les 5 autres, plus courtes et opposées aux pétales, portent cha- cune une anthère biloculaire cachée sous le capuchon du pétale. L’ovaire est sessile, à 5 loges, terminé par un style simple, portant 5 stigmates disposés en étoile. Le fruit est ovale ou oblong, coriace ou ligneux, in- déhiscent, à 5 loges remplies par un nombre considérable de semences MALVACÉES. 595 nichées dans une pulpe peu abondante, aigrelette. Les semences sont pourvues d’un épisperme chartacé, fragile, et contiennent un embryon formé de 2 cotylédons épais, bruns, huileux, plissés et lobés, entre les plis et les lobes duquel on n’apercoit que des traces d’endosperme, sous Fig. 402, forme d’une membrane blanche, très mince et lustrée. La radicule est cylindrique, placée à l’extrémité la plus grosse de la semence, proche du hile. Plusieurs espèces de f{heobroma, distinguées par la forme et le vo- lume de leurs fruits, paraissent propres à fournir leurs semences au commerce. Telles sont les suivantes : I. T'heobroma cacao V.. (de Tussac, FT. ant., vol. I, pl. 13; Nces F1. medie., tab. 419). Get arbre croît au Mexique et dans les provinces de Guatimala et de Nicaragua; cultivé également dans la Colombie et dans les Antilles, il paraît produire la plus grande partie du cacao du com- merce. Il a le fruit ovale, glabre, jaune, long de 14 à 18 centimètres, épais de 9 à 10 centimètres ; il est un peu piriforme du côté du pédon- 596 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. cule, et s’amincit en une pointe obtuse du côté opposé. Il est obscuré- ment pentagone, ct présente, à l’état récent, dix côtes un peu proémi- nentes qui laissent souvent, après sa dessiccation, dix bandes assez également espacées, légèrement tuberculeuses. Le péricarpe, qui paraît être charnu à l’état récent, présente, à l’état sec, la forme d’un paren- chyme demi-ligneux, recouvrant un endocarpe ligneux, solide, mais très mince. II. Cacao minor de Gærtner, tab. 122, Tournefort (/as£., tab. 44h ; Blackw. , tab. 373). Fruitglabre, fusiforme, long, à l’état sec, de 20 cen- timètres sur 6,5 à 7 centimètres d'épaisseur. La pointe du côté du pé- doncule est arrondie ct un peu piriforme; celle de l'extrémité opposée est prolongée en forme de rostre pointu, souvent recourbé. Le fruit est obscurément pentagone, et présente, très près des angles, deux bandes tuberculeuses qui, ainsi rapprochécs, paraissent n’en former que cinq à la première vue. Le péricarpe est moins épais que dans l’espèce ou la variété précédente, mais il est formé des mêmes parties. HI. Theobroma sylvestris Aub]., Guian., pl. 276. Fruit ovoïde, un peu allongé en poire du côté du pédoncule; uni, sans arêtes, cou- vert d’un duvet roussâtre. Il est long de 14 centimètres sur 8 centi- mètres d'épaisseur. IV. Theobroma quianensis Aubl., pl 275. Fruit ovoïde-arrondi, couvert d’un poil ras et à surface unie, à l'exception de cinq arêtes arrondies et saillantes. Dimensions, 12 centimètres sur 7. V. Theobroma bicolor H, B., Plant. équin., vol. I, pl. 30. Fruit ovoide, long de 16 à 22 centimètres, épais de 11 à 14, offrant extérieu- rement dix côtes peu marquées. Il est formé d’un brou soyeux au dehors, n’ayant pas plus de 2 mil- limètres d'épaisseur, appliqué et modelé sur une capsule épaisse de 9 à 14 millimètres, ayant la dureté du bois ct marquée à l'extérieur de cavités oblongues et irrégulières. La récolte du cacao se fait de la manière suivante : À mesure que les fruits sont mûrs, on les abat avec de petites gaules, on coupe les cap- sules en deux (ces capsules portent le nom de cabosses), et l'on en retire la pulpe et les semences que l’on dépose dans des auges en bois, cou- vertes de feuilles de balisier. Sous vingt-quatre heures, la pulpe entre en fermentation et se liquéfie. On la remue tous les jours pendant qua- tre jours, ou jusqu'à ce que l’épisperme, de blanc qu'il était, soit devenu rouge, et que le germe soit mort. Vers le cinquième jour, on sépare les semences de la pulpe et on les fait sécher au soleil, sur des nattes de jonc. Dans quelques contrées, et principalement dans la pro- vince de Caraccas, on fait subir aux semences de cacao une autre pré- paration qui consiste à les enfouir pendant quelques jours dans la terre, MALVACÉES. 597 afin de leur donner un goût moins âpre et moins désagréable. On les fait sécher de nouveau avant de les livrer au commerce. On distingue dans le commerce un grand nombre de sortes de cacaos, qui diffèrent par le pays d’où ils proviennent et par le tcrrage qu'ils ont ou n’ont pas subi. Les principales sortes sont : Le cacao earaque, provenant de la côte de Caraccas. Il à été terré, ce qui lui donne une couleur terne et grisâtre à l’extérieur, et rend l'épisperme facile à séparer de l’amande. Il est d’ailleurs gros et arrondi, violacé à l'intérieur, d’anc saveur douce et agréable ; mais il est sujet à sentir le moisi. Le cacao Trinité cst apporté de l'île de ce nom, à l’est de la côte de Caraccas et de Cumana. Il est terré moins exactement que le cacao ca- raque, et est généralement plus petit et plus aplati. Le cacao Soconuseo vient de la république de Guatimala. Il est très gros, non terré, d'un brun clair à l'intéricur, a peu d’arome, est très estimé. Les autres cacaos non terrés sont ceux de Maragnar, de Para, de Saint-Domingue, de Ia Martinique, C1C.; ils sont généra- lement petits, aplatis, à épisperme adhérent, plus rouges à l'extérieur comme à l’intérieur , et d’une saveur un peu âcre et amère. On les em- ploie seuls pour la fabrication des chocolats communs, ou mélangés avec les cacaos terrés pour les chocolats de bonne qualité. Ils servent pré- férablement au cacao caraque pour l'extraction du beurre de cacao , d'abord à cause de linfériorité de leur prix, ensuite par ce qu'ils en fournissent un peu plus. La composition des semences de cacao n’est pas encore parfaitement connue. Elles contiennent environ moitié de leur poids d'huilesolide, un principe colorant rouge, soluble dans l'alcool, un principe tannant qui précipite les dissolutions de fer en vert, de la gomme, pas d’amidon, en- fin un principe azoté cristallisable, analogue à la caféine et qui a recu le nom de #hécbromine. Pour obtenir ce principe, on épuise les semences pulvérisées, au moyen de l’eau bouillante; après le refroidissement des liqueurs, on sépare le beurre ; on filtre, on précipite avec précaution le liquide filtré par l’acétate de plomb. On prive la liqueur de l'excès de plomb par l'hydrogène sulfuré, et l’on évapore à siccité, à la tempéra - ture du bain-marie. On traite le produit par l'alcool bouillant qui laisse déposer par refroidissement, ou concentration, une poudre cristalline qui est la théobromine. Cette substance est faiblement amère, peu soluble dans l'eau, l’al- cool et l’éther, inaltérable à l'air; elle brunit et se volatilise en par- tie à une température supérieure à 250 degrés; elle paraît composée de CTHfAz20?. À froid, le beurre de cacao est solide et cassant comme de la cire; il 598 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. se fond par la seule chaleur des mains, et, lorsqu'il a été liquéfié au feu, il redevient solide entre le 26° et le 21° degré centigrade. Il a une couleur jaune pâle, une odeur agréable et une saveur très douce. Sui- vant MM. Pelouze et Boudet, il consiste en une combinaison de stéa- rine et d’oléine, et se convertit uniquement, par la saponification , en acides stéarique et oléique. - ILest arrivé une fois dans le commerce, venant de Cayenne ou de Caraccas, du beurre de cacao en pains, ayant la forme d’un tiers de troncon de cylindre, pesant chacun 500 grammes, et enveioppés dans des feuilles de maranta, comme la plupart des productions de ces con- trées. Il est remarquable que ce beurre n’offre pas la moindre rancidité depuis dix ans ct plus qu'il existe dans mon droguier et dans celui de l'École ; tandis que le beurre de cacao préparé dans nos pharmacies se rancit avec une grande promptitude, à moins qu'on ne le soumette au mode de conservation que j'ai indiqué ailleurs (1). On connaît à la Guadeloupe, sous le nom d’orme des bas, un arbre de la tribu des byttnériacées que Linné avait compris dans le genre theobroma, sous le nom de thcobroma ulmifolia, mais dont Lamarck a formé un genre différent, sous le nom de guazuma ulmifolia. L'écorce de cet arbre a été quelquefois employée, sous le nom d’écorce d'orme, à la clarification du sucre. FAMILLE DES LINÉES. Cette petite famille a été établie par Decandolle pour le genre /inum de Linné, que Jussieu avait associé aux caryophyllées, mais qui se trouve presque intermédiaire entre cette famille et celles des malvacées et des géraniacées. Les lins sont des plantes annuelles ou vivaces, à feuilles linéaires, très entières, dépourvues de stipules. Fleurs complètes, régulières, ter- minales, souvent paniculées; calice persistant à 5 sépales; corolle à 5 pétales onguiculés, contournés, quelquefois un peu soudés par la base avec l’anneau formé par les étamines. Étamines au nombre de 5, alternes avec les pétales, monadelphes par la base, entremêlées de dents opposées aux pétales, qui doivent être considérées comme des étamines avortées. Ovaire globuleux, le plus souvent à 5 loges, rarement moins. Styles en nowbre égal aux loges, libres, terminés par un stigmate sim- ple. Capsule globuleuse, souvent surmontée par la base persistante des styles, formée de carpelles verticillés, à marges induplicatives, bivalves au sommet, divisés en deux petites loges par une cloison incomplète, née du centre du fruit. Une semence dans chaque petite loge, ovale, (4) Pharmacopée raisonnée, ou Traité de pharmacie. Paris, 1847, p. 133. LINÉES. 599 comprimée, inverse, pourvue d’un tégument extérieur, coriace et bril- lant, et'd’üné endoplèvre charnue simulant un endosperme. Embryon nu, à cotylédons plans, elliptiques, oléagineux ; radicule supère, conti- guë au hile. On connaît plus de cinquante espèces de lins dont le plus grand nombre habitent l’Europe et l’Asie tempérée. L'espèce principale est le lin enitivé, linum usitatissimum L. (fig. 403), dont la tige est simple, glabre, ronde, menue, haute de 65 centimètres , garnie de feuilles longues, étroites et pointues. Ses fleurs sont disposées en un corymbe paniculé , terminal ; les sépales sont ovales-aigus, membraneux à la marge ; les pétales sont bleus, crénelés à la partie su- périeure, trois fois plus longs que le calice. Les semences sont petites, aplaties, brillantes, et contiennent, sous un épisperme coriace très riche en principe gommeux, une amande hui- leuse. On en retire l'huile très en grand pour le besoin des arts; mais cette huile, obtenue par la torrefaction de la semence, est âcre, irritante ct nauséabonde : on peut en obtenir une beaucoup plus douce, et qui est quelque- fois prescrite à l’intérieur, par la seule expres- sion à froid de la farine de Jin; mais il faut pour cela employer de la farine que l’on ait préparée soi- même ; car celle du com- merce contient somvent du son ou d’autres matières amylacées, ou tout au moins du tourteau provenant de l'extraction de l'huile; et ces mélanges rendent impossible l'extraction de celle que l’on désire obtenir. La farine de lin est emplovée en cataplasme, et la graine entière l’est en infusion ou en décoction. La tige du lin, soumise aux mêmes ap- prêts que le chanvre, peut être convertie en fil et en tissu. Le plus beau lin vient du Nord. Vauquelin a fait l’analyse du mucilage de graine de lin, obtenu par la décoction des semences dans l’eau. Il y a trouvé de la gomme, une matière azotée, de l’acide acétique libre, des acétates de potasse et de chaux, du sulfate et du chlorure de potassium , des phosphates de potasse et de chaux, enfin de la silice (Ann. de Chim., LXXX, 314). FAMILLE DES CARYOPHYLLÉES DC. Plantes herbacées à tiges noueuses et articulées, à feuilles simples, 600 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. opposées ou verticillées, privées de stipules. Fleurs terminales ou axil- laires ; calice à 4 ou 5 sépales distincts ou soudés entre eux ; corolle à 5 pétales onguiculés, manquant rarement. Étamines en nombre égal à celui des pétales, ou double. La corolle et les étamines sont insérées sur un {orus plus ou moins élevé qui porte l'ovaire ; ovaire ovoïde ou oblong, présentant de 2 à 5 loges et surmonté d’autant de styles libres, couverts intérieurement de papilles stigmateuses. Ovules nombreux attachés à l'angle interne de chaque loge. Le fruit est une capsule le plus souvent uniloculaire (1), à 2-5 valves qui s'ouvrent le plus souvent seulement par le sommet, sous forme de dents; d’autres fois complétement de haut en bas. Les semences sont plus ou moins nombreuses, portées sur un trophosperme central, tantôt planes et membraneuses, tantôt arrondies ; elles contiennent un embryon périphérique , roulé autour d’un endo- sperme farineux. La famille des carvophyllées peut se diviser en deux tribus dont voici les caractères, les genres et quelques unes des espèces principales. I. ALSINÉES. Calice à sépales libres ; pétales courts ou ans onglet, Céraiste des champs. . . . . . . . Cerastium arvense. Stellaria media Smith. l s oiseaux, s ; Morgeline ou mouron des oiseaux nn. II. SILÉNÉES. Calice gamosépale, tubuleux , à 5 dents ; pétales lon- guement onguiculés. Lychnide visqueuse . . ...... Lychnis viscosa L. Croix de Jérusalem. . . .. .... — chalcedonica L. Nielle des blés, . ......... — githago Lam. Re: inflata Smith. | Cucubalus behen L.. Silenévisquenrx er Cac Silene viscosa Pers. Cornillet baccifère. . . . . . . . . Cucubalus bacciferus L. Saponaire oflicinale . . . . . . . . Saponaria officinalis A. — d'Espagne. . ........,.. Gypsophylla struthium L. Behén-nostrasss les. or. sé are DR RSA 2" RL, LÉ dé EL: sucté OEillet de poëte . ......... Dianthus barbatus L. — mignardise. .......... — plumarius L. — giroflée. ............ — caryophyllus L. — rouge ou à ratafia. . . . . . .. — — ruber. oEillet rouge. Dianthus caryophyllus 1. Les œillets sont caractérisés par un calice tubuleux à 5 dents, entouré à la base de 2 ou de plusieurs bractécs (4) Très rarement une baie. CARYOPHYLLÉES. 601 imbriquées. Les 5 pétales sont longuement onguiculés, crénelés ou in- cisés au sommet ; les étamines sont au nombre de 10 ; l'ovaire est sur- monté de 2 styles ; la capsule est uniloculaire ; les semences sont com- primées, peltées, convexes d’un côté, concaves de l’autre ; l'embryon est à peine courbé. L’æillet rouge (dèanthus caryophyllus ruber) croît naturellement dans le midi de la*France, en Espagne ct en Italie, Sa racine, qui est ligneu, : M2 Matière mousseuse, soluble dans l’eau et dans l’alcool ( saponine impure). . . . .. . . . 34,00 Gomme:seluble dans l'Eau. |. . . 7.6. . 33,00 Fibre ligneuses.. : :. . . 20e fige Apothèté d'eKffait. . . . . . . . . . «ou 2 1005 Fa 2 RAC LL . . . . . pnliunt sto00 102,75 Racine de Saponaire d’Orient. Cette racine se trouve dans le commerce en morceaux longs de 12 à 50 centimètres , et épais de 25 à 40 millimètres ; elle est cylindrique , assez droite , el couverte d’un épiderme jaunâtre , interrompu par quelques lignes transversales blanches. La partie corticale qui se trouve sous l’épiderme est blanche, d'une saveur fade et mucila- gineuse, qui devient ensuite âcre et persistante. La partie centrale est jaunâtre , dure , compacte, d’une structure rayonnée. La poudre de la racine est blanche; elle fait éternuer, même à distance; la teinture POLYGALÉES. 603 d’iode ne la colore pas (la racine de saponaire officinale se comporte de même); elle devient gluante par la macération dans l’eau, et le liquide filtré, qui est presque incolore, mousse très fortement par l'agitation. La racine qui nous occupe paraît être le sérufhion de Dioscoride, qui, déjà de son temps, était employé au dégraissage des laines. Cet usage, qui s’est perpétué dans l'Orient et dans quelques parties de l'Europe , paraissait cependant ignoré, lorsque, il y a une trentaine d'années, on commença à nous rapporter cette substance, d’abord pul- vérisée, puis entière. Elle fut prise d'abord pour la racine du bryonia abyssinica Lamk. ; mais M. Théodore Martius à rencontré plus juste en l'attribuant à une gypsophylle , genre de plantes très rapprochées des saponaires , soit le gypsophylla struthium T., connu sous le nom de saponaire d’Espagne, soit quelque autre espèce orientale (G. paniculata, altissima, elc.). Depuis un savant à prétendu, contre toute espèce de raison, que la saponaire d'Orient était produite par le /eontice leonto- petalum L., de la famille des berbéridées. Or la racine de cette plante est figurée et décrite partout comme un tubercule noirâtre, en forme de pain ‘orbiculaire aplati, semblable à celui du cyclamen europæum , mais plus volumineux. Quel rapport le savant en question pouvait- il trouver entre un semblable tubercule et la racine blanchâtre, pivotante , longue de plus de 60 centimètres, qui forme la saponaire d'Orient ? M. Bussy a retiré de la saponaire d'Orient, par le moyen de l'alcool, une substance blanche, pulvérulente, douée d’une saveur âcre, très soluble dans l’eau , à laquelle elle communique, même en dissolution très étendue, la propriété de mousser fortement par l'agitation. Cette substance, à laquelle la saponaire d'Orient doit évidemment ses pro- priétés , a recu le nom de saponine. Elle est neutre, non volatile, et formée seulement de carbone , d'hydrogène et d'oxygène. ( Voy., pour plus de détails, le Journal de pharmacie, t. XIX, p. 1.) FAMILLE DES POLYGALÉES. Petit groupe très naturel, mais d’affinités douteuses ; compris d’abord dans les pédiculaires de Jussieu, puis comparé aux papillonacées dont il diffère beaucoup , il présente plus de rapports avec les droséracées, les violarites et les fumariacées. Herbes ou arbrisseaux à feuilles éparses, simples, entières, sans sti- pules. Fleurs complètes irrégulières ; calice ordinairement à 5 sépales, dont 3 extérieurs petits et égaux, et 2 intérieurs latéraux, beaucoup plus 60! DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. grands et pétaloïdes, mais persistants. La corolle est à 3 ou 5 péta'es insérés sur le réceptacle, alternes avec les folioles du calice, soudés par la base avec le tube des étamines ; 2 pétales postérieurs sont rapprochés eu répondent à l’étendard des papillonacées ; le pétale opposé où l’anté- ricur (carène) est plus grand, concave, unilobé et pourvu d’appendiecs au sommet, ou trilobé etnu; il renferme les organes sexuels. Les deux pétales latéraux sont très petits, squamiformes ou tout à fait nuls (genre polygala). Les étamines sont au nombre de 8, divisées en deux groupes égaux, et portées sur un tube fendu , formé par la soudure des filets. Chaque partie du tube porte donc 4 anthères, lesquelles sont droites , uniloculaires ct s'ouvrent par un pore terminal ou par une petite fente courte. L'ovaire est libre, comprimé, biloculaire ; le style est terminal, simple, courbé, terminé par un stigmate creux, irrégulier. Le fruit est une capsule comprimée, biloculaire, s’ouvrant par la marge des loges (souvent uniloculaire par avortement), contenant dans chaque loge une semence pendante, souvent accompagnée d'une sorte d’arille ou de caroncule ; endosperme charnu, peu développé ou nul. Embryon homo- trope, droit, axile, de la longueur de l’endosperme. Le genre polygala , qui est le plus nombreux et le plus important de cette petite famille, renferme des espèces très nombreuses répandues par toute la terre, et principalement dans les contrées tempérées de l'hémisphère boréal. Ce sont des plantes à suc laiteux , très actives, abandonnées aujourd’hui comme la plupart des médicaments ; mais que leur action éméto-cathartique , diurétique, sudorique et fortement sti- mulante, devrait pouvoir rendre utiles dans plusieurs maladies graves dont on sait fort bien suivre et constater les progrès sans tenter souvent beaucoup d'efforts pour les arrêter. Polysala de Virginie (fig. 405) Polygala senega L. Cette plante croît dans l'Amérique septentrionale, Sa racine est vivace, formée de grosses fibres tortucuses; elle produit plusieurs tiges un peu couchées à la base, puis dressées, hautes de 30 à A0 centimètres, pubescentes, garnies de feuilles alternes , lancéolées, sessiles, glabres. Les fleurs sont blanchâtres, tachetées d’un peu de rouge, disposées en grappes lâches à l'extrémité des rameaux ; leur pétale inférieur {carènc) n’est pas frangé. La racine de polygala de Virginie, telle que le commerce nous la présente, varie depuis la grosseur d’une plume jusqu’à celle du petit doigt. Elle est toute contournée, remplie d’éminences calleuses, et terminée supérieurement par une tubérosité difforme. On y remarque POLYGALÉES, 605 une côte saillante qui, suivant toutes les sinuosités de la racine, va du sommet à l'extrémité. L’écorce en est grise, épaisse, comme rési- neuse ; le meditullium ligneux est blanc. La saveur de la racine, Fig. 405. d'abord fade et mucilagineuse , de- vient âcre, piquante , excite la toux et la salivation ; son odeur est nau- sécuse , sa poussière très irritante, La racine de polygala, récente, est cmployée en Amérique contre la morsure des serpents venimeux ; telle que nous l'avons, c’est encore un médicament très actif, qui a été reconnu utile contre l’hydrothorax, le catarrhe pulmonaire, le croup, l'ophthalmie purulente, le rhuma- tisme aigu, etc. On peut l’admi- nistrer en poudre à la dose de quelques décigrammes à 1 gramme, ou en décoction aqueuse, à celle de & à 8 grammes. Il est émétique et purgatif à la dose de 8 à 16 grammes. PR D’après une analyse de Gehlen, faite en 1804 et rapportée par Berzelius , la racine de polygala senega contient , sur 100 parties : ae eue can 2 2 He, 'e 7.50 Principe âcre nommé sénégine. ,..........,... 6,13 Matière extractive douceâtre et âcre. . .. ......... 26,8b Gomme mêlée d’un peu d’albumine . , ,.4,,:.,.., 9,50 Mtière Mimehse 41 os Aa or dore st he 4 46 Perlali. ts snrodo rreséoliiihés sutténul 1 dits anûts 4 — — 100,00 Pour procéder à cette analyse, on épuise la racine pulyérisée par de lal- cool rectifié et l’on disülle l'alcool jusqu’à siccité. On traite le résidu pulvérisé par l’éther, jusqu'à ce que celui-ci ne dissolve plus rien. L’éther dissout là résine molle, qui est d’un rouge brun, onclueuse, très fusible, odorante, amère , de nature complexe et contenant un acide qui rougit le tournesol. La partie de lextrait alcoolique non dissoute par léther est traitée par l’eau froide, qui dissout la matière extractive douceätre et un peu âcre. Le nou- veau résidu est la sénégine que Gehlen aurait dû purifier par une nouvelle solution alcoolique, et alors on ne peut guère douter qu’il ne l’eût obtenue tout à fait semblable à l'acide polygalique de M. Quevenne (Journ. pharm., 606 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. t. XXIT, p. 460), que l’on doit considérer comme le principe âcre du poly- gala amené à l’état de pureté. Cet acide polygalique est blanc , pulvérulent, inodore, d’abord peu sapide , mais devenant bientôt d’une âcreté strangu- lante. Sa poudre irrite fortement le nez et la gorge et excite l’éternument. J1 est peu soluble dans l’eau froide, mais facilement soluble dans Peau tiède, soluble dans l'alcool , plus à chaud qu’à froid , et s’en précipite en partie par le refroidissement. Il est complétement insoluble dans lPéther et dans les huiles fixes et volatiles: Sa dissolution aqueuse mousse fortement par l’agita- on, et il est évident que ce corps est de même nature que la salseparine et la saponine ; mais il est acide, puisqu'il rougit le tournesol et neutralise les bases salifiables. Poiygala vulgaire. Polygala vulgaris L. Cette plante est commune en France, dans les lieux herbeux, montagneux, non cultivés. Ses tiges sontgrêles, simples, étalées à leur base, un peu redressées à leur partie supérieure, longues de 16 à 27 centimètres, garnies de feuilles lancéolées-linéaires. Ses fleurs sont petites, ordinairement bleues, quelquefois rougeâtres ou blanches, disposées en une grappe serrée dans la moitié supérieure des tiges. A la première vue, la plante ressemble à une véronique. Le commerce nous offre sa racine €t sa tige non séparées et séchées. La tige est menue, cylindrique et d’une couleur verte; la racine est longue de 25 à 30 millimètres, de 2 à 3 millimètres de diamètre, figurée comme le poly- gala de Virginie, mais moins contournée, plus unie, et n’offrant pas la côte saillante qui distingue l’autre espèce : sa couleur est plus foncée à l'extérieur, et son intérieur, presque entièrement ligneux, a une saveur très faiblement aromatique, puis un peu âcre, sans amertume bien sen- sible ; elle a une odeur faible non désagréable. Gette racine est très peu usitée. Racine de polygala amer, polygala amara L. Cette espèce ne diffère guère de la précédente que parce qu’elle est plus petite dans toutes ses parties et que ses feuilles radicales sont obovées et plus grandes que celles de la tige. Elle s’en distingue aussi par sa saveur amère très marquée : on lui attribue également plus de propriétés médicales, mais il est rare de trouver le polygala amer dans le commerce, et ce qu’on donne sous ce nom n’est ordinairement que du polygala vulgaire. Racine de Ratanhia. Krameria triandra R. P. (fig. 406). Les Ærameria sont mis à la suite des polygalées dont ils ne peuvent être séparés; mais ils en dif- fèrent assez cependant pour qu’on doive au moins en former une tribu distincte. Ces plantes ont un calice à 4 divisions, rarement à 5, soyeuses POLYGALÉES. 607 en dessus , colorées en dedans; les pétales sont au nombre de 5, dont 2 postérieurs orbiculaires, sessiles, un peu épais, et 3 antérieurs, séparés des premiers, allongés, soudés par leurs onglets. Les étamines sont au nombre de 3 ou 4, sous-monadelphes à la base, à anthères terminales, biloculaires, s’ouvrant par un double pore. Le fruit est globuleux , indé- hiscent, couvert de poils terminés en aiguillon; il ne présente à l’inté- rieur qu’une loge et une semence inverse, à test membraneux et à ombilic nu. L’embryon est dépourvu d’endosperme , et formé de 2 coty- lédons bi-auriculés à la base, em- brassant une radicule supère. L’es- pèce qui nous fournit la racine de ratanhia croît au Pérou. Ses fleurs sont pourvues de 4 sépales d’un rouge foncé à l’intérieur, et n’ont que 3 élamines. La racine de ratanhia est ligneuse, et divisée en plusieurs radicules cylindriques , longues, ayant de- puis la grosseur d’une plume jusqu’à celle du pouce; elle est composée d’une écorce rouge-brune, un peu fibreuse, ayant une saveur très astringente, non amère, et d’un cœur entièrement ligneux, très dur, d’un rouge pâle et jaunâtre. Comme ce cœur à moins de saveur et de propriétés médicales que l'écorce, il con- vient de choisir les racines les plus petites, ou au moins les moyennes, parce qu’elles contiennent proportionnellement plus de cette écorce que les grandes. D'après l'analyse de M. Vogel, la racine de ratanhia contientun principe rouge, résinoïde, astringent, de la gomme et de l’amidon; plus, quel- ques sels de chaux, de la magnésie et de la silice, qui résultent de son incinération. Le commerce nous fournit quelquefois l'extrait de ratanhia tout préparé. Il est sec, cassant, à cassure vitreuse, présque noire, d’ane saveur très astringente, donnant une poudre d'une couleur de sang. Ces propriétés le rapprochent beaucoup du kino, dont il est assez difficile de le distinguer, même à l’aide des réactifs chimiques (voy. page 407). Le ratanhia et son extrait sont employés comme astringents et (oni- ques, dans les hémorrhagies, les écoulements vénériens, etc. Fig. 406. 608 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. FAMILLE DES VIOLARIÉES. Herbes ou arbrisseaux à feuilles alternes (très rarement opposées) et stipulées. Fleurs axillaires, pédonculées, irrégulières ou régulières; ca- lice à 5 sépales libres ou légèrement soudés ; corolle à 5 pétales irrégu- liers ou réguliers, dont le pétale inférieur se prolonge à sa base, dans le premier cas, en un éperon plus ou moins allongé. Les étamines, au nombre de 5, sont presque sessiles, à anthères biloculaires contiguës latéralement; les 2 étamines correspondantes au pétale inférieur sont souvent pourvues d’un appendice lamelliforme recourbé, qui s'enfonce dans l'éperon. L’ovaire est globuleux, uniloculaire, contenant un grand nombre d’ovules attachés à 3 trophosperme;: pariétaux. Le style est simple, coudé à sa base, renflé à sa partie supérieure qui se termine par un stigmate couvert de g'andes et percé latéralement. Le fruit est une capsule uniloculaire, s’ouvrant en 3 valves portant chacune un trophosperme chargé de graines, pourvues à la base d’une petite ca- roncule charnue, L’embryon est droit, placé dans l’axe d’un endo- spcrme charnu. Les violariées passent pour être plus ou moins vomitives. Cette pro- priété est surtout manifeste dans les racines de plusieurs violettes d’Amé- rique, dont on a formé le genre tonidiun, et qui sont usilées comme succédanées de l'ipécacuanha. Les ayant mentionnées à la suite de cette dernière racine, pages 87 à 89 de ce volume, je crois inutile d'y reve- nir, Parmi les espèces d'Europe, il n’y en a guère que deux qui soient usitées en médecine. Violette odorante (lis. 407). Viola odorata L. Car. gén. : Calice à 5 divisions presque égales , prolon- gées au-dessous du point d'insertion, dressées après l’anthèse ; 5 pétales inégaux, dont le plus inférieur est prolongé à la base en un éperon creux ; 5 Cramines à anthères rapprochées, surmontécs d’un appendice membra- neux , les deux antérieures étant pour- vues d’un appendice dorsal qui s’en- fonce dans l’éperon. La violette odorante creîl dans les bois et se cultive dans les jardins. Sa racine est cylindrique, horizontale, munie de Ébees menues. Elle donne naissance à des jets traçants, VIOLARIÉES. 609 semblables à de petites tiges couchées, garnics à leur extrémité supé- ricure de plusieurs feuilles pétiolécs, cordiformes, glabres, crénelées sur le bord, plutôt obtuses qu’aiguës, Les fleurs naissent immédiate- ment des rejets, portées sur des pédoncules aussi longs que les feui:les ; les divisions du calice sont ovées-obtuses; l’éperon est très obtus ; le sligmate est crochu et nu; la capsule est renflée et velue ; les semences sont turbinées et blanchâtres ; les pétales sont d’un bleu pourpre, sauf l'onglet, qui est d’un blanc verdâtre. Une variété a les fleurs blanches. Les fleurs de violettes paraissent au mois de mars et durent peu. 1l faut les récolter dans les premiers moments de leur épanouissement, parce qu’elles sont alors d’une plus belle couleur bleue, et que plus tard elles deviennent pourpres. Elles sont douées d’une odeur très douce et très agréable; elles se doublent par la culture. On a cru pendant longtemps, sur l’autorité de Lemery et de Baumé, que les violettes simples étaient préférables aux doubles , pour la couleur et l'odeur ; mais en 1840, M. Mouchon ayant annoncé que les pharmaciens de Lyon se servaient exclusivement de violettes doubles, dont ils avaient reconnu la supériorité, j'ai pris des renseignements sur les violettes que l’on peut se procurer à Paris, el j'ai appris qu'on en trouve de quatre sortes : 1° Une variété de viola odorala, nommée violette des quatre saisons, parce qu’elle fleurit plusieurs fois dans l’année; on la cultive sous châssis, pendant lhiver ; les fleurs paraissent à la fin de février, et sont les premières que l’on vende dans la ville, sous forme de petits bouquets. 2° La seconde variété est la violette simple cultivée (viola odorata), qui donne vers le milieu de mars et vient principalement de Montreuil. Elle est bien odorante et d’une belle couleur bleue. 3° A Ja fin de mars, arrive la vioiette &es bois que l’on attribue au viola canina L. (1), apportée par les gens de la campagne. Les pétales sont inodores et d’un pourpre un peu pâle et rougeätre. Ces pétales se vendent à Paris moitié du prix des fleurs précédentes, ce qui engage beaucoup de personnes à les employer. 4° Enfin , dans le courant d'avril, paraissent les violettes cultivées doubles (variété du viola odorata), fournies par les jardiniers de Paris et des envi- rons. Elles sont d’une belle couleur bleue , très odorantes , et Pessai que j'en ai fait m'a prouvé qu’elles sont préférables à la violette cultivée simple ; la plus inférieure est la violette des bois. (Voy. le Journal de chimie médicale de 1842, p. 464.) Quelques personnes recommandent , pour faire sécher la fleur de violette, de l'arroser préalablement d’eau chaude, afin d'enlever une matière mucila- gineuse qui fermente pendant ou après la dessiccation, et détruit très promp- tement la couleur ; mais cette méthode est défectueuse, car les pétales, (1) Fiola canina L. — Sligmate sous-réfléchi, couvert de papilles. Tige ascendante, rameuse , glabre. Feuilles cordées; stipules”"acuminées, légèrement découpées en dents de peigne ; sépales subulés ; pédoncules glabres. Capsule allongée, à valves acuminées ; szmences pirifurmes, brunes, III. 39 610 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. mouillés et collés les uns contre les autres, sèchent moins promptement et s’altèrent davantage que lorsqu'on ne leur a fait subir aucune préparation. On obtient de la fleur de violette fort belle en étendant simplement les pétales en couches minces dans une étuve , et en la renfermant, lorsqu’elle est bien sèche, dans des bocaux de petite dimension et hermétiquement fermés. ( Pharmacopée raisonnée , p. 746.) Les pharmaciens jaloux de donner véritablement de la fleur de violette sèche à ceux qui le désirent doivent la faire sécher eux-mêmes ; car tout ce qu’en trouve dans le commerce comme fleur de violette n’est que de la fleur de pensée tricolore (viola tricolor L.) récoltée dans le Midi, et séchée avec son calice. La racine de violettes a quelquefois été employée comme émétique ou purgative. Elle est de la grosseur d’une plume , tortueuse, irrégulière, munie d’un grand nombre de radicules chevelues ; formée d’une écorce fongueuse facilement détruite par les insectes, et d’un méditullium dur et ligneux : elle est d’un jaune blanchâtre , d’une odeur faible , indéterminée, et d’une saveur peu sensible. Les semences de violette ont aussi quelquefois été prescrites comme purgatives, et font partie de l’électuaire de rhubarbe composé, dit catholicum double ; elles ont à peu près le volume et l’apparence du millet, mais elles sont huileuses à l’intérieur. M. Boullay a retiré des différentes parties de Ja violette (racines, feuilles, fleurs et semences) un principe alcalin, amer, âcre, vireux et même vénéneux , auquel il a donné le nom de violine. (Journ. de pharm., t. X, p. 23.) Violette tricolore ; ou Pensée. Herbe de la Trinité, v20/a tricolor L. Car. spéc. : Stüigmate ur- céolé, couvert de poils fasciculés, à ouverture grande et munie d’un labelle ; style atténué du sommet à la base ; capsule obscurément hexa- gone; 3 pétales inférieurs à onglet barbu ; éperon court et obtus; semences oblongues-ovales. Racine sous-fusiforme. Tige triangulaire diffuse. Feuilles oblongues incisées ; stipules pinnatifides. La pensée vient naturellement dans les champs de l’Europe, de la Sibérie et de l’Amérique septentrionale. Elle présente de très grandes variations dans la forme de ses feuilles, dans la couleur et la grandeur de ses fleurs, suivant les lieux où elle croît, et ses variétés cultivées ont encore été modifiées presque à l'infini. Les deux variétés principales, pour nous, sont celles qui portent en France les noms de pensée sauvage et de pensée eultivée. La première, dite viola tricolor ar- vensis, croît dans les champs, les terres cultivées et les jardins. Sa tige est raineuse, redressée, glabre, haute de 16 à 22 centimètres. Ses fleurs sont axillaires et portées sur des pédoncules plus longs que les feuilles ; les pétales sont à peine plus longs que le calice, d’un blanc jaunâtre mélangé de violet pâle; la capsule est globuleuse, glabre, s’ouvrant en 3 valves et remplie d’un grand nombre de petites semences blanches. CISTINÉES. 611 Toute la plante a une saveur mucilagineuse. non désagréable, et est em- ployée comme dépurative. La pensée eultivée (viola tricolor hortensis) diffère de la précédente par l’ampleur et la beauté de ses pétales, dont les deux supérieurs sont d’un violet foncé et velouté, et les trois autres d’un jaune vif, taché de violet à l'extrémité, et de lignes rougeûtres à la base; la culture les a d’ailleurs parés des dessins les plus riches et les plus variés. Il y a une variété de pensée dont les pétales sont entièrement teints d’un violet pourpre foncé, et servent à faire un sirop d’une couleur magnifique, mais inodore. La pensée tricolore croît aussi naturellement dans les Alpes et les Cévennes : on la récolte pour le commerce de l'herboristerie, où elle remplace la fleur de violette; elle conserve mieux sa couleur que celle-ci, quoiqu’elle la perde également lorsqu'elle reste exposée à la lumière du soleil ou à l’humidité. FAMILLE DES CISTINÉES. Les cistes et les hélianthèmes, qui composent principalement la famille des cistinées, sont des herbes ou des arbrisseaux, à feuilles opposées entières, accompagnées ou dépourvues de stipules. Leurs fleurs sont généralement terminales, grandes, élégantes, pourvues d’un calice à 5 sépales persistants, dont deux extérieurs plus petits. La corolle est à 5 pétales réguliers, hypogynes, sessiles, étalés en rose, contournés en sens opposé des sépales du calice, et très caducs. Les étamines sont nom- breuses, libres, à anthères biloculaires ; l'ovaire est à 5 ou 40 loges dans les cistes, à une seule loge dans les hélianthèmes, surmonté d’un style et d’un stigmate. Le fruit est une capsule à 5 ou 10 loges dans les cistes, à 5 ou 10 valves septifères; ou bien uniloculaire, à 3 valves et à 3 trophospermes pariétaux dans les hélianthèmes. Les semences sont nombreuses, petites, pourvues d’un embryon plus ou moins recourbé ou roulé en spirale, dans un endosperme farineux. Les cistes et les hélianthèmes habitent pour la plupart le bassin de la Méditerranée. Je ne citerai que deux espèces du premier genre à cause du produit résineux qu’elles fournissent au commerce, où ce produit est connu sous le nom de /adanum. Ladanum de Crète. L Cette substance exsude spontanément, sous la forme de gouttes, des feuilles et des rameaux d’un arbrisseau de l’île de Candie, nommé cis- tus creticus. Autrefois on récoltait le ladanum en peignani la barbe des chèvres qui broutent les feuilles du ciste ; mais aujourd’hui on l’obtient 612 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. en promenant sur les arbrisseaux des lanières de cuir attachées ensemble et disposées comme les dents d'un peigne. On racle ensuite ces lanières avec un couteau, et l’on renferme la résine dans des vessies, où elle ac- quiert plus de consistance. Le ladanum ainsi obtenu est rare dans le commerce. J'en ai cepen- dant vu une masse de 12 à 13 kilograinmes renfermée dans une vessie. H était noir, solide, mais tenace et peu sec. Sa cassure était grisatre, noircissant promptement à l'air ; il se ramollissait avec la plus grande facilité sous les doigts, et y adhérait comme de la poix. Il dévelonpait alors une odeur toute particulière, très forte et balsamique. Un mor- ceau de ce ladanum conservé dans mon droguier a perdu beaucoup de son poids, en raison surtout de l’eau qu'il contenait. Maintenant il est très sec, poreux, assez léger, d’une cassure grisàtre permanente. Il se ramollit moins facilement dans les doigts, et y adhère un peu moins. Son odeur est toujours forte, et présente une analogie assez grande avec celle de l’ambre gris. Il se fond très facilement et entièrement par l'action de la chaleur. Ladanum d'Espagne, J'ai reçu, sous ce nom, un ladanum massif, noir, coulant et s’arrondissant un peu comme de la poix noire, dont il n'offre pas cependant la cassure nette et vitreuse. Il ressemble plutôt au storax noir, dont il se distingue par son odeur semblable à celle du lada- num de Crète. On dit que ce ladanum est obtenu en Espagne, en fai- sant bouillir dans l’eau les sommités du cistus ladaniferus XL. Le ladanum ordinaire du commerce est bien différent de ceux que je viens de décrire. Il est tout à fait sec, dur et formé en rouleaux que l'on a tournés en spirales, ce qui lui a fait donner le nom de /adanum in tortis, Du reste, il est impossible de lui assigner des propriétés, parce ique chaque fabricant a sa recette. J'en ai vu deux sortes venant de Hol- ande : l’une est encore un peu résineuse, mais ne contient pas un atome de ladanum, et n’est qu’un mélange de résine ordisaire et de cendres ou de sable; l’autre, dans laquelle l'odeur indique une petite quantité de ladapum, est tellement chargée de terre, qu’elle se réduit en poudre sous les doigts, fume à peine sur les charbons, ct qu’on ne conçoit même pas comment on a pu la malaxer à l’aide de la chaleur : il faut avoir une conscience bien cuirassée pour donner à de pareilles prépa- rations le nom de ladanum. Pelletier a publié uneanalyse de ladanum, que voici (Bull. de pharm., t. IV, p. 505) : à CISTINÉES, 613 sine. Se ls à: : 200 Gomme contenant un peu de malate de chaux. . . 3,60 ACNIC maine 1.2 2 Ne ee ei à 60 CGR. à nn te de ons ddéis); 1,90 Dalle ICLTHPINEUT. 4. oh ouuoit. 72 Higié volaiie et. pelle.) tx nb coméihéas & 1,90 100,00 Il est évident qu'il a opéré sur un ladanum très impur. J'ai traité 100 grains de celui que j'ai décrit d’abord, par lalcoo! à 40 degrés, bouillant. Le liquide filtré s’est presque pris en masse par le refroidis- sement. Éteadu d'alcool et filtré de nouveau, il m'est resté 7 grains de cire sur le filtre. La dissolution alcoolique a laissé, par son évaporation, 86 grains d’une résine rouge, transparente, molle, très odorante, don- nant de l'huile volatile par sa distillation avec l’eau. La portion de lada- num jinsoluble dans l'alcool n’a cédé à l’eau qu’un grain d’une sub- stance dont le soluté ne rougissait pas le tournesol, ne précipitait pas par l'alcool, se troublait à peine par l’oxalate d'ammoniaque, et ne précipi- tait le sous-acétate de plomb qu’au bout d’un certain temps. Ces divers résultats n’indiquent que peu ou pas de gomme, d'acide malique et de malate de chaux. Le résidu insoluble dans l’eau n’était composé, à ce qu’il m’a semblé, que de terre et de poils. Il pesait 6 grains. Cet essai d’analyse donne, pour la composition du ladanum : eee Nuls VOALE . . à. : -. . "ML . : 90 nu mt oies OS: JE 7 MAD AIUEUX. . . . . ._,. .… . . OS 1 Matière lerreuse et poils. . 7. . . #e 6 100 La présence de la cire dans le ladauum est sans doute une suite de la manière dont il est récolté. Beaucoup de végétaux, indépendamment des sucs propres contenus à l'intérieur, et qui souvent, en raison de leur surabondance, transsudent au dehors, présentent à leur surface un grand nombre d’utricules remplies de cire. Le ciste de Crète est probablement dans ce cas ; alors les lanières de cuir que l’on promène sur ses rameaux et sur ses feuilles doivent déchirer ces utricules, dont le suc se mêle à celui fourni par les vaisseaux résineux. Le ladanum n'est plus usité en médecine, quoiqu'il paraisse doué de propriétés assez actives. Pourquoi faut-il aussi qu'on l'ait presque tou- jours falsifié? 614 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. FAMILLE DES PIXACÉES. Cette petite famille, réunie aujourd’hui aux flacourtiacées de Richard, forme un petit groupe de végétaux à placentation pariétale, qui a été séparé, pour ce caractère , des tiliacées auxquelles il avait été joint d’abord, afin de le rapprocher des autres familles de dicotylédones po- lypétales hypogynes à placentation pariétale, telles que les {mariscinées, les droséracées, les violariées, les cistinées, les résédacées, les cappa- ridées, etc. Ce sont des végétaux ligneux, indigènes aux contrées chaudes de l'Amérique et aux îles Maurice, et dont un seul produit, connu sous le nom de Rocou, est usité en Europe comme matière tinctoriale ; ce sera le seul aussi dont nous parlerons, Rocouier et Rocou (fig. 408). Bisa orellana L. Le rocouier est un élégant arbuste de 4 à 5 mètres d’élévation, dont la tige est droite, divisée par le haut en branches qui forment une cime touffue. Les feuilles sont alternes, pétiolées, cordi- formes par le bas, acuminées, entières et glabres. Les fleurs sont disposées en panicules terminales. Le calice est en- touré à sa base de 5 tubercules et se compose de 5 folioles orbiculaires, colorées en rose, caduques. La corolle est formée de 5 pétales oblongs, blancs, lavés de rose; les étamines sont très nombreuses, insérées sur le réceptacle. L'ovaire est supère, surmonté d’un style filiforme et d’un stigmate à 2 lobes. Le fruit est une capsule assez volumi- neuse, d’un rouge pourpre, hérissée d’aiguillons mous, un peu creusée en cœur par le bas, pointue à l'extrémité, s’ouvrant en deux valves dont chacune porte un trophosperme linéaire. Les semences sont nombreuses, moins grosses qu’un pois, entourées d’une matière gluante, d'un rouge vif, qui colore fortement les mains, et qui constitue le rocou. L'embryon est droit, dans l’axe d’un endo- sperme charnu; les cotylédons sont foliacés; la radicule supère , placée près de l’ombilic. Pour obtenir le rocou on détache et l’on rejette la première enveloppe Fig. 408. BIXACÉES. 615 du fruit. On écrase les graines dans des auges de bois et on les délaie dans l’eau chaude. On jette le tout sur un tamis peu serré. L'eau passe, entraînant avec elle la matière colorante et quelques débris. On la laisse fermenter sur son marc, ce qui atténue et divise davantage la matière colorante ; on la décante et l’on fait sécher la matière à l'ombre. Lors- qu’elle a acquis la consistance d’une pâte solide, on en forme des pains de 1 à 2 kilogrammes, que l’on enveloppe dans des feuilles de balisier. On doit choisir le rocou d’un beau rouge de colcotar. Dans le com- merce, on entretient sa mollesse en le malaxant de temps en temps avec de l’urine. Il offre alors, comme l’orseille, des points blancs et brillants dus à lPefllorescence d’un sel ammoniacal. Il serait préférable de faire sécher complétement la pâte de rocou et de la conserver à l’état sec. On à proposé également de livrer au commerce les semences de rocou simplement séchées à l'air. Il est certain qu'elles fournissent alors à la teinture une magnifique matière colorante ; mais elles ont l’inconvé- nieut de se décolorer à la lumière et de noircir à l'humidité, et deman- dent par conséquent à être abritées de ces deux agents destructeurs. Le même inconvénient n’a pas lieu pour la pâte d’orseille préparée ct des- séchée. Le rocou paraît être de nature résineuse. Il se ramollit au feu, s’enflamme et brûle avec beaucoup dé fumée, en laissant un charbon léger et brillant. Il est à peine soluble dans l’eau, qu’il colore seulement en jaune pâle; mais il est facilement soluble dans l’alcool et dans l’éther, qu'il-colore d’une belle couleur orangée. Les alcalis caustiques ou car- bonatés le dissolvent en très grandes proportions et forment des solutés d’un rouge foncé, d’où les acides le précipitent sous forme de flocons très divisés. En traitant ainsi le rocou par une dissolution alcaline, et en le précipitant sur la soie non alunée par le moyen de l’acide acétique , on en obtient une teinture d’un jaune doré magnifique, qui, à cause de son éclat, ne peut être remplacée par aucune autre ; mais elle est mal- heureusement très fugace. On se sert du rocou pour colorer le beurre et la cire. On l’a aussi quelquefois employé en médecine comme purgatif. Les anciens Ca- raïbes s’en servaient pour se peindre le corps, surtout lorsqu'ils allaient en guerre. Les RÉSÉDACÉES ont les feuilles alternes , simples, entières, trifides ou pinnatifides. Les fleurs forment des épis simples et terminaux ; elles sont pourvues d’un calice à 4 ou 6 sépales persistants, et d’une corolle à un même nombre de pétales, généralement composés de deux parties : la partie inférieure est entière, et la supérieure divisée en un nombre variable de lanières. La corolle manque quelquefois. Les étamines sont nombreuses, libres, hypogynes, entourées à la base, entre les filets et les 616 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. pétales, par un anneau glanduleux, plus élevé du côté supéricur. Le pistil , légèrement stipité à la base, paraît composé de trois carpelles soudés bord à bord, dans les deux tiers de leur hauteur, etse continuant sous la forme de trois cornes qui portent chacune un stigmate à leur sommet. Le fruit est ordinairement une capsule un peu allongée, ouverte au sommet, uniloculaire et contenant des graines réniformes, fixées à trois trophospermes pariétaux. L'embryon est recourbé en forme de fer à cheval, nu ou entouré d’un endosperme très mince. Cette petite famille doit son nom au genre reseda dont une espèce, origi- naire d'Égypte et nommée reseda odorata, esttrès recherchée dans nos jar- dins pour l'odeur suave de ses fleurs. Une autre espèce, le reseda luteola, est très employée dans la teinture en jaune sous le nom de gaude. Elle croît naturellement en France, dans les terrains incultes; mais on la eul- tive aussi en grand pour l’usage des teinturiers. Elle produit une tige droite, effilée, haute de 50 centimètres à 1 mètre, et pouvant atteindre 2 mètres; mais celle de hauteur moyenne paraît plus riche en matière colorante. Ses feuilles sont linéaires-lancéoléces, un peu obtuses, légère- ment ondulées, glabres comme toute la plante. Les fleurs sont très petites, verdâtres, courtement pédonculées, disposées en un long épi terminal. Le calice est quadrifide et la corolle à 4 pétales. On récolte la plante entière, dans les mois de juillet et d’août ; on la fait sécher et on la met sous forme de bottes qu’on livre au commerce. Le principe colo- rant de la gaude à été obtenu par M. Chevreul et par M. Preisser (Journ. pharm. et chim., &. V, p. 254). I a reçu le nom de lutéoline. Les CAPPARIDÉES sont des plantes herbacées ou des végétaux ligneux qui portent des feuilles alternes, simples ou digitées, accompagnées à leur base de 2 stipules foliacées ou transformées en aiguillons. Leurs fleurs sont solitaires ou disposées en grappes; leur calice est à 4 sépales caducs ; la corolle est formée de A pétales et manque rarement. Les élamines sont souvent au nombre de six ou de huit, quelquefois indéfi- nies, insérées à la base d’un disque irrégulier; l'ovaire est simple, sou- vent élevé sur un support plus ou moins allongé, nommé podogyne, à la base duquel se trouvent le disque, les étamines et les pétales. 11 est uniloculaire et pourvu de plusieurs trophospermes pariétaux. Le fruit est sec ou charnu. Dans le premier cas, le fruit est une silique assez semblable à celle des crucifères (tribu des cléomées) ; dans le second (cap parées), le fruit est une baie dont les semences, quoique pariétales, paraissent éparses dans la pulpe qui remplit le fruit, Les graines sont réniformes et renferment un embryon recourbé , dépourvu d’endo- sperme. Les capparidées présentent de très grands rapports avec les crucifères et s’en rapprochent également par un principe âcre et volatil qu’elles CRUCIFÈRES. 617 présentent dans plusieurs de leurs parties. Le c/eome yiganteaL. est em- ployé vulgairement comme rubéfiant , dans les contrées intertropicales de l'Amérique. Les gynandropsis pentaphylla et triphylla DC., des mêmes contrécs chaudes, jouissent des mêmes propriétés que les /epi- dium et les cochlearia, et leurs semences.oléifères possèdent l’âcreté de la moutarde, Les cleome heptaphylla et polygama L., herbes améri-' caines, sont pourvues d’une odeur balsamique et sont usitées comme vulnéraires et stomachiques ; le polanisia graveolens Raf,, de l'Amé- rique du Nord, présente au contraire une fétidité repoussante, et pos- sède les propriétés de la vulvaire et de l’ansérine anthelmintique. Parmi les capparidées baccifères, nous devons nommer d’abord le càpricr commun OU càprier épinceux (capparis spinosa L.), arbris- seau que l’on suppose originaire d'Asie où d'Égypte; mais qui est répandu et cultivé dans tous les pays qui entourent la Méditerranée. Cet arbuste a les feuilles alternes , pétiolées , accompagnées de 2 stipules épineuses que la culture peutfaire disparaître. Ces feuilles sont arrondies, lisses, épaisses et très entières ; les fleurs sont solitaires et longuement pédonculées dans l’aisselle des feuilles. On les récolte lorsqu'elles sont encore en boutons fermés, ct on les vend confites dans le vinaigre sous le nom de cpres ; elles servent d’assaisonnement dans les cuisines. Les fleurs développées sont grandes et d’un aspect très agréable. Elles sont formées d’un calice à 4 sépales, d’une corolle à 4 pétales, blancs et très ouverts ; d’un nombre considérable d’étamines dont les filets, très longs, sont terminés par des anthères de couleur violette. Le fruit est une baie ovoïde, amincie en pointe aux deux extrémités, portée sur un long podogyne. L'écorce de racine de câprier a été usitée autrefois en médecine comme apéritive et désobstruante. On la trouve encore chez les dro- guistes en morceaux roulés, d’une teinte grise un peu vineuse à l’exté- rieur, blancs en dedans, d’une saveur amère et piquante, inodores. FAMILLE DES CRUCIFÈRES. Cette famille , l’une des plus grandes et des plus naturelles du règne végétal, se compose de plantes herbacées dont la plupart croissent en Europe. Leurs feuilles sont alternes, privées de stipules, entières ou plus ou moins profondément divisées. Leurs fleurs sont disposées en épis ou en grappes simples ou paniculées. Leur calice est formé de 4 sépales caducs, dont deux , un peu extérieurs, sont dits placentaires, parce qu'ils répondent aux sutures du fruit et aux trophospermes ; tandis que les deux autres, un peu intéricurs, mais quelquefois bossus à la base, ce qui les fait paraître extérieurs, sont latéraux ou valvaires, c’est-à- 618 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. dire opposés aux valves du fruit. La corolle se compose de 4 pétales onguiculés; insérés sur le réceptacle, alternes avec les sépales. Les lames de ces pétales, étant étalées, forment la croix, ce qui a fait donner de- puis longtemps aux fleurs le nom de cruciformes, où aux plantes qui les portent celui de cruciferes. Les étamines sont au nombre de six, dont deux plus courtes, écartées des autres et insérées un peu plus bas, sont opposées aux sépales latéraux. Les quatre autres étamines sont plus longues, égales entre elles, et rapprochées par paires qui répondent aux sépales placentaires. C’est sur ce caractère de six étamines, dont quatre sont plus grandes et semblent dominer les autres, qu'est fondée la fétra- dynamie de Linné. A la base des étamines, on trouve 6, 4 ou 2 glandes vertes et calleuses, diversement disposées. Le pistil est formé de deux carpelles intimement soudés, formant un ovaire biloculaire, dont les ovules sont fixés à deux trophospermes suturaux, réunis par une lame de tissu cellulaire qui forme la cloison. Le style est simple , terminal et semble être une continuation de la cloison ; il est surmonté de 2 stig- mates étalés ou soudés, répondant aux trophospermes. Le fruit est une silique où une silicule (voy. t. IE, p. 21) ordinairement déhiscente , bivalve et biloculaire , mais d’autres fois indéhiscente ; quelquefois aussi la silique est divisée en plusieurs loges transversales, et se sépare en articles dont chacun renferme une graine. La graine est formée d’un tégument moyennement épais, quelquefois entouré d’une aile membra- peuse ; l’endosperme est nul; l’embryon présente, dans la disposition relative de ses cotylédons et de sa radicule, des différences qui ont servi de base à la division de la famille des crucifères en cinq sous-familles. Tantôt, en effet, la radicule est recourbée de manière à venir s’appli- quer sur le bord ou la commissure des cotylédons , qui sont dits alors accombants, et qui, dans ce cas, sont toujours planes. On indique cette position respective des cotylédons et de la radicule par ce signe (0—). Les crucifères qui la présentent forment une première sous-famille , sous le nom de pleurorhizées. Tantôt la radicule est opposée à la face des cotylédons qui sont dits incombants, mais qui peuvent l'être de quatre manières différentes. 4° Les cotylédons incombants peuvent être planes et parallèles à l’axe de la radicule qui se trouve appliquée sur le dos de l’un d'eux. On les représente ainsi (O/{). Les crucifères qui présentent ce caractère portent le nom de noforhizées. 2° Les cotylédons incombants peuvent être courbés longitudinale- ment, de manière à former une gouttière qui embrasse la radicule. Ces cotylédons sont dits conduplicés , et s'expriment ainsi (0 > >). Les plantes qui les portent ont été nommées orthoplocées. 3° Les cotylédons peuvent être roulés en crosse ou en spirale, et sont CRUCIFÈRES. 619 désignés par ce signe (O | ||), qui aurait pu être mieux choisi. Les plantes portent le nom de spirolobées. - h° Les cotylédons peuvent être deux fois pliés transversalement et sont ainsi représentés (O | || || |.). Les plantes se nomment diplé- colobées. Si l’on voulait parler de toutes les plantes crucifères qui pourraient être utiles à la médecine ou à l’économie domestique , il faudrait les nommer presque toutes ; car il en est bien peu qui ne soient pourvues d’un principe sulfuré, âcre et stimulant , qui peut les faire employer comme antiscorbutiques. Ce principe disparaît par la cuisson et elles deviennent alors alimentaires ; aucune n’est vénéneuse. Un très grand nombre produisent des semences oléagineuses, et plusieurs sont culti- vées en grand pour cet objet. Ne pouvant décrire toutes ces plantes, je donnerai d’abord, ainsi que je l’ai déjà fait plusieurs fois, un tableau systématique et nominatif des principales espèces, et je me restreindrai ensuite à la description de celles qui ont été plus spécialement appl:- quées à l’art médical. Ir° sous-famille : PLEURORHIZÉES. Cotvlédons plans, accombants à la radicule ascendante (O—\, Giroflée des jardins. . . . . . . .. Matthiola incana Brown. Quarantaine, . . .. ........ — annua Sweet. Giroflée des murailles . . . . . . . — jaune ou violier jaune. . . . . . Cresson officinal. . ........ Nasturtium officinale Brown. == SAUVASE. = -..… …. - TE — sylvestre Br: Herbe de Sainte-Barbe. . . . . .. Barbarea vulgaris Br. Tourette glabre. . . . . ...... Turritis glabra L. Arabette prin{anière. . . . . . . . Arabis verna Br. Cardamine des prés . . . ..... Cardamine pratensis L. Dentaire. . . ... . . ...... .7 Dentaria pinnata Lamk. Alysson jaune, ou corbeille d’or . Alyssum saæatile L,. Lunaire vivace. . . . .... . ... Lunaria rediviva L. Cochléaria officinal, . :...... Cochlearia officinalis L. Cran de Bretagne. . . . . . .. .. L Raifort sauvage. . . .. ......f "moracja L. Thlaspi des champs. . . . . .. Thlaspi arvense L. Jbéride ombellée. . . . . . . . : . Thlaspi des jardiniers . , . .. . Rose de Jéricho . . ........ Anastatica hierochuntina L. Cheiranthus cheiri L. ms Iberis umbellata L. II° sous - famille : NOTORHIZÉES. Cotylédons plans, exactement incombants par le dos sur la radicule (0 || ). Julienne des jardins . . ......" Hesperis matronalis L. Erysimum officinal, ou vélar . . . Sisymbrium officinale Scop. 620 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. Sophie des chirurgiens, . . . . . . Sisymbrium sophia L.. Alliaire oflicinale. . . . . . . . . , Alliaria officinalis Andrz. Cameline cultivée, . . . . . . . . . Camelina sativa Crantz. Nasitort, ou cresson alénoiïis, . . . Lepidium sativum K.. Passeraper enr 5, + = latifoliumnt.. Thlaspi officinal , . . . ...... — campestre L. Bourse à pasteur, . . . . . .... Capsella bursa-pastoris Mœnch. Pastel, ou guède . .......,.. Isatis tinctoriaL, Cameline perfoliée. . . ...... Myagrum perfoliatum L. IIIe sous-famille : ORTHOPLOCÉES. Cotylédons incombants , pliés longitudinalement, renfermant la radicule dorsale dans la plicature (O0 > >). Chougulivé, sms). 2 .... Brassica oleracea L. Et MER. 2 à dass se <4cephal. ne ATARI Lente 02 sente de sin — | CONS fGG. — — dit chou-fleur. ..... .. — — botrytis. — — chou-rave . . . .. s.... — — caulo-rapa. — — champêtre... .. ...... — — campestris L. — — ditcolza. .. + . . 4... —-—.0leifera. — — chou-nayet. . . ......,. — — napo-brassica. Rabioule, ou turneps. . ...... — rapa L. Navet..… pitt nous otatlinlt— opus Li — cultivé. . > + opinion a —— ciculenid. — agreste, ou navetle . . . . .æ . —- —- oleifera. Roquette sauvage F. . . . . . . . . — erucastrum .. Moutarde noire, . ......... Sinapis nigra L. — sauvage. « ss. glatmer -— arvensis L, — blanche... 4 santisemeumné "alba EE Roquette cultivée. . . . ..,... Æruca sativa DC, Chou marin. ............ Crambe maritimaL.. Radtfs cullivé, issues ttes Pete Ave: Eddie Ven Radis api 075. De si — — niger. — sauvage . . se. ee — raphanistrum L. mt Raphanus sativus L, IV: sous-famille : SPIROLOBÉES. Cotylédons linéaires, incombants, roulés en cercle (O | |). Masse de bedeau. . . . . . . . . . Bunias erucago I.. Ve sous famille : DIPLÉCOLOBÉES. Cotylédons linéaires incombants, deux fois plissés longitudinalement (0 | | | |). | Senchière pinnatifide. . . . . . . . Senebiera pinnatifida DC. — corne-de-cerf. ......... —- coronopus DC. CRUCIFÈRES. 621 Cresson de fontaine (fig. 409). Nasturtium officinale Br., DC. ; sisymbrium nasturtium L. Tribu des arabidées ou des pleurorhizées siliqueuses (0—). Car. gén. : Silique presque cylindrique , raccourcie, un peu recourbée. Stigmate sous-lobé ; calice égal par la base , 4rès ouvert ; semences petites, irrégulièrement bisériées, pourvues d’une marge. — Car. spéc. : Feuilles pinnatisectées ; segments ovés sous-cordés, à sur- face irrégulièrement ondulée. Le cresson croît dans les lieux humides , au bord des fontaines, ou même au fond de leur lit; on le cultive aussi à Senlis et dans les envi- rons de Rouen, dans les jardins à demi inondés, nommés cresson- nières. 11 pousse des tiges hautes de 6 pouces à 1 picd, rameuses, Fig. 409. creuses, vertes ou rougeâtres. Ses feuilles sont ailées avec impaire , et sont composées de folioles obrondes, ovales ou elliptiques, d’un vert foncé , lisses et succulentes ; la foliole terminale est plus grande que les autres. Les fleurs sont petites, blanches et disposées en une sorte de corymbe très court. Les siliques sont courtes, horizontales, un peu courbées , à peine aussi longues que le pédoncule. Cette plante contient beaucoup d’eau de végétation, est un peu odo- rante etd’une saveur piquante non désagréable ; elle est excitante, diurétique et antiscorbatique. On la mange en salade. M. Chatin, professeur de bôtanique à l'École de pharmacie, a fait récemment l'observation que le cresson et toutes les plantes d'eau douce renfermaient de l'iode, le plus souvent en quantité minime, 622 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. quelquefois en dose très apparente. Il a vu, de plus, que celles de ces plantes qui vivent dans les eaux courantes contiennent plus d’iode que celles placées dans les eaux stagnantes ; d’où il suit que le cresson qui croît naturellement dans les eaux de source en contiendrait plus que celui qui est cultivé dans des marais artificiels. Autres plantes qui portent le nom de cresson : Cresson sauvage , nosturtium sylvestre Br., DC. ; eruca sylvestris Fuchs., 263. Feuilles pinnatisectées, à segments lancéolés , dentés ou incisés; pétales jaunes plus longs que le calice. Cette plante croît sur le bord des rivières et dans les ruisseaux ; on la substitue quelquefois à la première. Cresson des prés, Cardamine pratensis L. ; cardamine altera simplici et pleno flore (Clus., IX, p.128, fig. 2, et 429, fig. 4). — Car. gén. : Siliques linéaires, valves planes s’ouvrant avec élasticité ; semences ovées, non marginées ; funicules ténus. — Car. spéc. : Feuilles pinnatisectées; segments des feuilles radicales arrondis, ceux de la tige linéaires ou lancéolés, entiers ; style très court, à peine plus mince que la silique; stigmate en tête. Cette plante croît dans les prés humides de toute l'Europe. Cresson alénois , cresson des jardins, nasitort , /epidium sativum L. (Blackwell, Herb., t. 23). Tribu des lépidinées ou des notorhizées à cloisons très étroites. — Car. gén. : Silicule ovée ou sous- cordée , à valves carénées où plus rarement ventrues ; déhiscentes, à loges monospermes; grappes terminales, fleurs blanches. — Car. spéc. : Silicules orbiculaires ailées. Feuilles diversement divisées ou incisées ; rameaux non spinescents. Fleurs très petites. Plante origi- naire du Levant, maintenant cultivée dans tous les jardins. Elle est âcre , antiscorbutique et sternutatoire ; on la mange en salade dans sa jeunesse. Cresson de Para, spilanthus oleracea XL. Plante bien différente des précédentes, appartenant à la famille des synanthérées. {Voy. pré- cédemment , page 52.) Cochléaria officinal ( Gg. 410). Herbe aux euillers , cochleartia officinalis L. Tribu des alyssinées siliculeuses ou à cloison élargie. — Car. gén. : Silicule sessile ou cour- tement stipitée, globuleuse ou oblongue , à valves ventrues ; plusieurs semences non marginées ; calice ouvert, égal à la base ; pétales à onglet très courts, très entiers au sommet ; étamines privées de dent. Fleurs blanches. — Car. spéc. : Silicules ovées-globuleuses, moitié plus courtes que le pédicelle. Feuilles radicales pétiolées, cordées , celles de la tige ovées-anguleuses. CE CRUCIFÈRES. 623 Le cochléaria est une plante annuelle qui vient naturellement dans les lieux humides, sur les bords de la mer, et près des ruisseaux dans les montagnes. Sa tige est haute de 20 à 30 centimètres, tendre, faible, quelquefois inclinée. Les feuilles ra- eu dicales sont nombreuses , arrondies, Fig. 410. cordiformes à la base, lisses, vertes, épaisses, succulentes, un peu con- caves ou creusées en cuiller, et por- tées sur de longs pétioles; celles de la tige sont sessiles, oblongues , si- nuées et anguleuses ; les supérieures sont embrassantes. Les fleurs sont blanches et disposées en bouquet ter- minal peu étalé. Les silicules sont grosses et globuleuses. Cette plante est dans sa plus grande vigueur au commencement de sa floraison : alors ses feuilles sont remplies d’un suc âcre et piquant, et elles exhalent, lorsqu'on les écrase, des parties vo- latiles très irritantes. Elle est émi- nemment antiscorbutique : elle con- tient la même huile âcre, soufrée, qui existe dans le raifort, et s’em- ploie presque toujours simultanément avec lui. Raifort sauvage (fig. 411). Cran de Bretagne, cochlearia armoracia L. Cette plante diffère totalement de la précédente par la forme et par la grandeur de sa racine et de ses feuilles. Elle est vivace et croît dans les lieux humides et monlueux. Sa racine est longue de 35 à 70 centimètres, grosse coinme le pouce, cylindrique, blanche, charnue , d’un goût très âcre et brûlant. Ses feuilles radicales sont très grandes, longuement pétio- lées, oblongues, sous-cordiformes par le bas, crénelées sur le bord ; celles de la tige sont également très grandes d’abord, longuement pétiolées , lancéolées-aiguës, dentées en scie, assez semblables à celles de certaines patiences , mais reconnaissables à leur âcreté. Les feuilles supérieures sont petites, presque sessiles , lancéolées, incisées. La tige est haute de 70 centimètres, droite, ferme, cannelée , ramifiée supé- rieurement. Les fleurs sont blanches , nombreuses, disposées en pani- 62 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. cules à l'extrémité de la tige et des rameaux ; le style est court ct fili- forme , terminé par un stigmate en tête ct presque discoïde. La silicule est elliptique. La racine de raifort sauvage est un des plus puissants excitants ct antiscorbutiques que nous ayons. Jointe au cochléaria, elle forme la base de l’alcoolat de cochléaria ; réunie au cochléaria, au cresson et à d’autres substances toniques ou excitantes , elle concourt puissamment aussi aux proprié- Fig. 411. tés du sirop et du vin antiscorbuti- ques. Elle est com- plétement inodore lorsqu'elle est en- tüière, ct présente peu d'odeur lors- qu'on l’ouvre lon- gitudinalement ou lersqu’on la coupe immergée dans de l'alcool rectifié. Mais par la section transversale ou par la contusion opé- rées à l'air, elle développe un prin- cipe volatil d’une telle âcreté que les yeux ne peuvent le supporter. Cette circonstance indique que ce principe âcre, volatil, n’est pas tout formé dans la racine et qu’il ne prend naissance que lorsque, par la rupture des vaisseaux ct par l’intermède de l’eau, des principes différents, isolés dans des vaisseaux particuliers, viennent à se mêler et à réagir les uns sur les autres. Einhoff a fait anciennement l'analyse de la racine de raifort et en a retiré l'huile volatile produite par la réaction précédente , de j’albumine , de l'amidon, de la gomme, du sucre, une résine amère , de l’acétate et du sulfate de chaux, du ligneux. L'huile volatile est liquide, épaisse, d’un jaune clair, plus pesante que l’eau, d’une odeur insupportable et qui provoque la sécré- tion des larmes. Cette huile est âcre, caustique, un peu soluble dans l’eau , à laquelle elle communique la propriété de rubéfier la peau ; elle est soluble dans l'alcool; ses dissolutions sont neutres ct précipitent en noir les sels de plomb et d'argent; elle contient du soufre au nombre re CRUCIFÈRES. 625 de ses éléments. C’est à la présence de ce corps que le raifort doit la propriété de noircir les vaisseaux de métal dans lesquels on le distille, et Baumé a vu des cristaux de soufre se former dans un esprit de cochléaria très chargé, qu'il avait préparé à ce dessein. Jérose hygrométrique, Rose de Jéricho, anastatica hierochuntina L. Petite plante fort curieuse, haute de 8 à 41 centimètres , croissant dans les lieux sablon- neux et maritimes de la Syrie, de l'Arabie et de la Barbarie. Elle pousse , d’une racine pivotante et ramifiée , une tige divisée dès sa base en plusieurs rameaux ouverts, subdivisés eux-mêmes en rameaux plus petits, garnis de feuilles alternes, spathulées, légèrement dentées, parse- mécs de poils blancs fasciculés, de même que les rameaux. Les fleurs sont blanches , petites, placées sur des épis sessiles , axillaires, courts et velus. Le fruit est une silicule arrondie, surmontée du style persis- tant , recourbé en forme de crochet. 11 s'ouvre en deux valves munies chacune d’un appendice dorsal arrondi , et pourvues à l’intérieur d’un diaphragme incomplet qui n’atteint pas la cloison. Les semences sont au nombre de deux dans chaque loge, séparées par le diaphragme, sous-orbiculaires , un peu aplaties. Lorsque cette plante à terminé sa végétation annuelle , et que ses fruits ont mûri, toutes ses feuilles tombent ; ses rameaux alors se des- sèchent, se rapprochent, s’entrelacent, se courbent en dedans et se contractent en un peloton arrondi, moins gros que le poing, que les vents de l’automne arrachent de terre et portent sur les rivages de la mer. On la recueille en cet état et on l’apporte en Europe , comme un objet de curiosité, sous le nom très impropre de rose de Jéricho. Placée dans un air humide, ses rameaux s'ouvrent et s'étendent ; elle se resserre de nouveau et se remet en boule, à mesure qu’elle se dessèche. Des charlatans profitaient autrefois de cette propriété pour prédire aux femmes enceintes un heureux accouchement, si, mettant cette rose tremper dans l’eau, pendant leurs douleurs, elles la voyaient s’épanouir : c'est ce qui avait presque toujours lieu. Erysimum ou Vélar (fig. 412), Nommé aussi tortelle et herbe aux chantres ; sesymbrium of, ficr- nale DC, ; erysimum officinale L. Tribu des sisymbriées ou des noto- rhyzées siliqueuses ( © || ). Caractères du genre sisymbrium : Calice à À sépales Jâches, égaux par la base : corolle à 4 pétales onguiculés, indivis ; étamines privées de LE h0 626 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. 6 dents ; stigmaté simple ; silique bivalve, cylindrique-hexagone, à valves convexes , à 3 nervures; semences nombreuses, pendantes, unisériées, non marginées, lisses, à funicules filiformes. — Car. spécifiques : Feuilles roncinées, velues ; tige velue ; siliques subulées , terminées en style très court , appliquées contre la tige. L'érysimum croît dans les lieux incultes, contre les murs et sur le bord des champs , dans toute l’Europe. Il est annuel et s’élève à fa hau- teur de 60 à 100 centimètres. Ses tiges sont cylindriques, dures, rameuses , étalées. Ses fleurs sont jaunes et très petites. Ses siliques grêles et anguleuses, amincies en pointe de la base au sommet, et s’ouvrant en deux valves. L'érysimum n'est ni âcre ni piquant, comme un grand nombre d’autres plantes crucifères ; ses feuilles sont seulement acerbes et astringentes. On les emploie en infusion théiforme dans le catarrhe pulmonaire, et elles forment la base du sirop d’érysimum composé. On emploie encore quelquefois en médecine deux autres plantes que Linné avait comprises dans le genre erysi- mum, Mais qui s’en trouvent aujour- d'hui séparées. L'une est l’alliaire (erysimum alliaria L., alliaria offi- cinalis DC. , sisymbrium alliaria Endl.). Cette plante est vivace, croît le long des haies et s'élève à la hau- teur de 50 à 60 centimètres. Sa racine est longue, blanche et menue, pourvue d’une odeur d'ail , ainsi que les feuilles. Les feuilles sont cordiformes. Les fleurs sont blanches, petites, terminales, pourvues d’un calice lâche. Les siliques sont grêles, prismatiques, plusieurs fois plus longues que le pédoncule et longues de 50 à 80 millimètres ; les semences sont sous-cylindriques. Toute la plante est diurétique et antiscorbutique. L'autre plante porte le nom de barbarée ou d'herbe de Sainte- Barbe (erysimum barbarea X., barbarea vulgaris Brown.) ; elle appar- tient à Ja tribu des arabidées ou des pleurorhyzées siliqueuses. Elle croît en France, dans les prairies humides et sur le bord des ruisseaux. Sa racine est fusiforme, ligneuse, vivace. Sa tige est striée, glabre, rameuse à la partie supérieure, garnie de feuilles glabres, dont les inférieures sont pétiolées et lyrées, et les supérieures sessiles et irrégu- lièrement dentées. Les fleurs sont d’un jaune d’or, disposées en grappes Fig. 412. CRUCIFÈRES, 627 FE 74 à l'extrémité de la tige et des rameaux. Les siliques sont courtes, redressées, terminées par le style persistant sous la forme d’une longue corne, Ars de quatre angles peu sailanss 8 pre cylindriques. Cameline cultivée. Camelina sativa Crantz. Cette plante croît dans les champs et est cultivée dans le nord de la France pour retirer de ses semences, par expression , une huile propre à l'éclairage. Elle est annuelle , et pousse une tige ramifiée , haute de 30 centimètres, garnie de feuilles amplexi- caules, auriculées par le bas, ‘molles, un peu velues, à dentelure espacée. Les fleurs sont jaunes, disposées en grappes terminales pani- culées. Ses siliques sont très courtes, biloculaires, polyspermes, ren- flées supérieurement en forme de coin ou de poire, à 4 côtes, et termi- nées par le siyle persistant, Les semences sont très petites et rougeâtres. Thlaspi oflicinal. Lepidium campestre Br. Le nom de {Alaspi, comme tous les anciens noms grecs ou latins de plantes imparfaitement décrites , a été appliqué à un très grand nombre de crucifères que l’on trouve aujourd’hui dis- persées dans les différentes tribus de cette vaste famille ; mais il a été principalement donné au plus grand nombre de celles qui forment les genres {klaspi, hutchinsia, iberis, biscutella de la tribu des thapsidées ou pleurorhyzées à cloison rétrécie , et les genres capsella et lepidium de la tribu des lépidinées ou notorhizées à cloison étroite. Il était cepen- dant intéressant de connaître à laquelle de ces plantes il faut rapporter la semence de thlaspi qui doit faire partie de la thériaque , semence que j'ai trouvée plusieurs fois chez les droguistes, où elle se trouve pro- bablement encore, Cette semence, d’abord , ne peut pas appartenir au thlaspi des champs (///aspi arvense L.) dont la graine, bien repré- sentée par Gærtner (tab. CXL1), est orbiculaire, un peu aplatie, brune, luisante, marquée, Sur toute sa surface, d’une rayure fine et régulière, parallèle à son contour, Mais elle appartient au lepidium campestre Br. (thlaspr campestre L.), qui est indiqué par les meilleurs auteurs comme la plante dont les semences doivent entrer dans la thériaque, tklaspi verum cujus semine n theriacà utimur, dit Camerarius (1). La racine (1) Le thlaspi arvense L,. et le lepidium cam estre Br. ont été souvent con- fondus par les botanistes, et Decandolle lui-même, dans son Systema naturale, a commis à leur Sujet cnclcel erreurs de synonymie, On est tout d'aboré étonné qu’il ait indiqué également , comme synonymes des deux plantes, le thlaspi latifolium de Fuchsius et le thlaspi secundum de Matthiole. Voici, quelques uns des synonymes les plus certains : Thlaspi arvense L., thlaspi or treacle mustard de Blackwell (pl. 68 ) ; 628 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. de cette plante est annuelle, pivotante, peu divisée. Sa tige est droite, pubescente, rameuse dans sa partie supérieure, haute de 22 à 27 centi- mètres. Ses feuilles radicales sont ovales ou en lvre , pétiolées , glabres, ou presque glabres; celles de la tige sont lancéolées, pubescentes , plus ou moins dentées , sessiles et prolongées à la base en fer de flèche. Ses fleurs sont blanches, petites, d’abord resserrées en corymbe, ensuite allongées en grappes. Les silicules sont ovales, entourées d’un rebord distinct, tronquées au sommet , planes d’un côté, convexes de l’autre, contenant dans chacune des deux loges une seule semence ovoide, noirâtre , suspendue à la cloison par un funicule, et un peu terminée en pointe à l'extrémité supérieure. Examinée à la loupe, cette semence paraît toute couverte de petites aspérités rangées par lignes parallèles très serrées, et elle offre comme un commencement de séparation à la partie supérieure , de sorte qu’elle présente d’une manière moins mar- quée, il est vrai, et sauf sa forme ovoïde , les mêmes caractères que celle du éklaspi arvense. Elle possède une saveur âcre et piquante, analogue à celle de la moutarde. On l’apporte de la Provence et du Langucdoc. Pastel des Teinturiers (fig. 415). Guède ou vouëde , ?satis tinctoria 1. Tribu des isatidées ou notorhyzées nuca- mentacées (0 ||). Cette plante croît naturellement dans les contrées méridionales et tempérées de l'Europe, mais on l'y cultive aussi pour l'usage de la teinture. Elle est bisannuelle, Sa racine est un peu ligneuse et pivotante. Sa tige, haute de 60 à 100 centimètres, est simple inférieurement , ramifiée par le haut , garnie de feuilles dont les plus infé- rieures sont lancéolées et rétrécies en pétiole à la base, tandis que celles de la tige sont hastées et amplexicaules ; elles sont glabres ou un peu poilues, suivant que la plante est cultivée ou sauvage. Les thlaspi drabæfolio de Lobel (obs. 108, fig. 1); thlaspi cum siliquis latis J.-B., (Hist. WE, p. 923); thlaspi I de Matthiole (lib, 2, cap. 150). Lepidium campestre Br. ; thlaspi campestre L. ; thlaspi vulgare or mithri- date mustard Blackw. (t. 407 ) ; thlaspi vulgatissimum vaccariæ folio Lobel (obs. 108, fig. 2); thlaspi vulgatius J.-B. (Hist. IL, p. 921) ; thlaspi de Lemery et thlaspi X des différentes éditions de Matthiole, CRUCIFÈRES. 629 fleurs forment à l'extrémité de la tige et des rameaux une panicule très garnie. Les silicules sont pendantes, comprimées, oblongues, obtuses à l'extrémité, terminées en pointe du côté du pédoncule, indéhiscentes, uniloculaires et monosperimes. L'usage du pastel, comme plante tinctoriale , remonte à une époque très reculée ; les anciens Bretons l’employaient pour se peindre le corps en bleu , et avant la connaissance de l’indigo en Europe le pastel était devenu un objet de culture et d'industrie très importantes. J'ai exposé précédemment ( page 446; comment , pendant la grande guerre conti- nentale , on est parvenu à en extraire une certaine quantité d’indigo pour le commerce ; mais dans les circonstances ordinaires , celui des indigofera obtiendra toujours la préférence, tant pour le prix que pour la qualité. Choux. PBrassicæ. Car. gén. : Calice à 4 folioles droites, conniventes , un peu bossues à la base ; 4 pétales longuement onguiculés, à lame entière ; h glandes sur le réceptacle, dont 2 entre les petites étamines et le pistil, et 2 entre les grandes étamines et le calice. Silique allongée, cylindracée , un peu comprimée ou tétragone, s’ouvrant par deux valves longitudinales convexes, portant au milieu une nervure droite , et deux autres latérales peu marquées; semences globuleuses , unies, disposées sur une série. Cotylédons conduplicés , renfermant la radicule ascen- dante (OZ >). Espèces principales : I. Le CHOU POTAGER , brassica oleracea L. Cette espèce est connue de tout le monde par l'usage général qu’on en fait comme aliment; mais cultivée depuis un temps immémorial, elle a produit un si grand nombre de variétés, qu'il est difficile de reconnaître au milieu d'elles le type primitif et d'en donner les caractères. Tout ce qu’on peut dire du chou cultivé, c’est qu’il est pourvu d’une racine caulescente et char- nue, qui donne naissance à une tige rameuse, glabre, haute de 35 centimètres à 2 mètres, garnie de feuilles glabres et d’un vert glauque, dont les inférieures sont amples, pétiolées , roncinées à leur base, plus ou moins sinueuses, tandis que les supérieures sont plus petites, entières et amplexicaules. Les fleurs sont assez grandes, jaunes ou presque blanches, disposées en grappes lâches et terminales ; les siliques sont presque cylindriques. Les principales variétés sont : 1° Le chou vert (brassica oleracea acephala), doni les feuilles larges et vertes, écartées les unes des autres, ne pomment jamais. On en connaît un grand nombre de sous-variétés cultivées pour la nourriture de l’homme et des animaux. 630 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. 2° Le chou bouillonné (brassica oleracea bullata), dont les jeunes feuilles sont un peu rapprochées en tête, puis étalées, bouillonnées ou crispées : telles sont les variétés nommées chou pommé frisé, chou de Milan, chou de Hollande, chou pancalier , et la variété si curieuse nommée chou de Bruxelles ou chou à mille têtes, toute garnie le long de sa tige et des rameaux de petites têtes de la grosseur d’une noix. 3° Le chou pommé ou chou cabus (hrassica oleracea capitata), dont la tige est raccourcie, et dont les feuilles concaves , non bouil- lonnées , et peu découpées, se recouvrent les unes les autres avant la floraison , de manière à former une grosse tête arrondie et serrée, dont le centre est étiolé. C’est dans cette variété que l’on trouve le chou rouge employé en pharmacie pour faire le sirop qui en porte le nom. h° Le chou-fleur (brassica oleracea botrytis). Dans cette variété, une surabondance de séve se porte sur les rameaux naissants de la véritable tige, et les transforme en une masse épaisse, charnue, tendre, mamelonnée ou grenue. Quand on laisse pousser cette tête, elle s’al- longe, se divise, se ramifie, et porte des fleurs et des fruits comme les autres choux. Les brocolis, compris dans cette variété, diffèrent des choux-fleurs proprement dits, parce que les jeunes rameaux, au lieu de former une tête arrondie, sont longs de plusieurs pouces et terminés par un groupe de boutons à fleurs. 5° Le chou-rave (brassica oleracea caulo-rapa). Dans cette variété, la surabondance de nourriture se porte sur la souche ou fausse tige de la plante, et y produit un renflement remarquable , tubéreux, succu- lent et bon à manger. IT. Le CHOU CHAMPÊTRE (brassica campestris L.). Cette espèce diffère de la précédente par ses jeunes feuilles inférieures sous-hispides ou ciliées, et lvrées-dentées ; les autres sont cordées-amplexicaules, acu- minées. On en connaît deux variétés principales : 4° Le eokza (brassica campestris oleifera), dont la racine est grêle et fusiforme, la tige allongée, les feuilles sinuées étroites, les fleurs jaunes, les semences sphériques, noires, non chagrinées à leur surface, ternes cependant, d’un goût de navet. Cette plante est cultivée en grand , dans le nord de la France et en Belgique, pour l'extraction de l'huile contenue dans ses semences, qui est très employée pour l’éclai- rage. 2% Le chou-navet (brassica campestris napo-brassica). Dans cette variété , la racine devient renfléc près du collet, tubéreuse , presque ronde, de 8 à 11 centimètres de diamètre. Elle se distingue du véritable navet, dont il va être question, par une chair plus ferme , une peau dure et épaisse et par une saveur de chou. III. La RABIOULE, GROSSE RAVE OU TURNEP (brassica rapa L.). Cette CRUCIFÈRES. 631 espèce a la racine caulescente, orbiculaire, déprimée , charnue, quel- quefois aussi grosse que la tête d’un enfant ; on l’emploie comme ali- ment pour l’homme ou les animaux. Les feuilles radicales sont lvrées, inégalement dentées , d’un vert foncé , rudes au toucher, munies de poils courts. Celles du milieu de la tige sont incisées, et les supérieures sont lancéolées, amplexicaules, très entières, lisses et glauques. Les fleurs sont d’un jaune pâle, à sépales ouverts. La silique est longue de 27 millimètres ; les semences sont sphériques, brunes-rougeàtres, âcres, plus petites que celles du chou cultivé. IV. La NAVETTE et le NAVET, brassica napus L. (fig. k1k). Gar. spéc. : Feuilles glabres, glauques, les radicales Ivrées, les caulinaires pinnatifides crénelées, les supé- rieures cordées-lancéolées, am- plexicaules. Siliques très écar- tées. Cette espèce présente deux variétés très distinctes. L'une, nommée navette ( brassica napus oleifera DC.) , croît naturellement dans les champs ; mais on la cultive aussi en plein champ, dans plusieurs endroits, comme fourrage ou pour récol- ter sa graine, dont on retire l'huile par expression. Sa racine est oblongue, fibreuse , à peine plus épaisse que la tige, non charnue ; elle donne naissance à une tige glabre, rameuse, haute de 60 centimètres, dont les feuilles inférieures sont rudes au toucher ; les feuilles supérieures sont très glabres. Les fleurs sont petites, jaunes, et ont leur calice à demi-ouvert. Les semences sont plus petites que le colza, sphériques ou un peu oblongues, luisantes, paraissant chagrinées à la loupe, d’une saveur un peu âcre et mordicante. Le navet, brassica napus esculenta DC., paraît avoir été très ancien- nement produit par la culture. Sa racine est épaisse, charnue , orbicu- laire ou fusiforme, d’une saveur sucrée, un peu piquante et agréable. Elle est très usitée comme aliment pour l’homme et les bestiaux , et quelquefois aussi comme médicament. V. La ROQUETTE SAUVAGE, brassica erucastrum L. (Bulliard, t. 331). Plante annuelle, commune dans les champs et dans les vignes, pourvue de tiges grêles, rameuses, hautes de 60 centimètres, un peu rudes au Fig. 414. 632 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. toucher. Les feuilles sont roncinées, à lobes inégalement dentés ; les sépales du calice sont rapprochés ; les pétales sont jaunes , à limbes un peu spathulés, étalés horizontalement, formant par leur opposition une croix de Saint-André, Les siliques sont très grêles, longues de 30 centi- mètres , portées sur des pédoncules de même longueur, terminées par un rostre court et conique, contenant des semences unisériées. Plusieurs autres plantes crucifères ont porté le nom de roquette sauvage; la plus connue est le sisymbre brülant de la flore fran- çaise (sésymbrium tenuifolium L.), devenue aujourd’hui le diplotaris tenuifolium DC. Roquette cultivée. Eruca sativa Lamk., brassica eruca L. (Bulliard, t. 313; Blackwell, t. 242). Cette plante est annuelle. Sa tige est simple , un peu velue, ramifiée à sa partie supérieure. Ses feuilles sont lyrées, vertes, presque glabres. Ses fleurs sont blanches ou d’un jaune pâle, striées par des veines brunes, semblables du reste à celles du hrassica erucastrum ; mais les siliques sont bien différentes. Elles sont courtement pédoncu- lées, rapprochées de la tige, courtes et épaisses, terminées par un ample style conique et ensiforme ; elles sont bivalves, bitoculaires et renferment des semences globuleuses, disposées sur deux séries. La roquette croît naturellement en Espagne , en Suisse, en Autriche et dans le midi de la France. Il faut la cultiver sous le climat de Paris. Elle a une odeur forte et désagréable et une saveur âcre et piquante, On la regarde comme antiscorbutique et très stimulante, Les Italiens l'aiment beaucoup, et l'emploient comme assaisonnement dans leurs salades. Moutarde noire ou Sénevé (fig. 415). Sinapis nigra X. — Car. gén. : Calice ouvert; onglets des pétales dressés ; glandes entre les étamines les plus courtes et le pistil et entre les plus longues et le calice. Silique sous-cylindrique, biloculaire , bivalve, polysperme, terminée par le style tantôt court et aigu, tantôt rostriforme, asperme ou monosperme. Semences globuleuses, unisé- riées; cotylédons conduplicés (0 >>>). — Car. spéc. : Feuilles infé- rieures lyrées ; celles du sommet lancéolées, entières, pétiolées. Siliques glabres, lisses, sous-tétragones , dressées contre la tige. La moutarde noire croît dans les lieux pierreux ct dans les champs d'une grande partie de l'Europe, et on la cultive sur une grande échelle dans plusieurs contrées, à cause de l'usage que l’on fait de sa semence en médecine et pour la fabrication de la moutarde des vinai- griers. Elle est annuelle et porte une tige rameuse , haute de 1 mètre à 4,5, chargée de quelques poils qui la rendent rude au toucher, Ses CRUCIFÈRES, 633 fleurs sont jaunes, assez pelites, disposées en grappes qui s’allongent beau- coup à mesure que la floraison s’avance. Les semences sont très menues, rouges, mais quelquefois recouvertes d’un enduit blanchâtre; elles sont douées d’une saveur très âcre, ct n’ont aucune odeur, à moins qu’on ne les pile avec de l’eau, alors elles en exbalent une très pénétrante. Examinée à la loupe, cette semence, dans son état parfait, est presque ronde ou elliptique-arrondie, et marquée d’un ombilic à une des extrémités de l’ellipse ; l’épisperme est rouge , translucide et très chagriné à sa surface ; l’amande est d’un jaune vif; des grains moins Fig. 415. parfaits, ou moins mûrs , sont plus allongés et offrent des rides longi- tudinales ; les grains blancs ne diffèrent des autres que par une sorte d'enduit crétacé qui adhère à leur surface. La semence de moutarde nous vient surtout d'Alsace, de Flandre ct de Picardie; la première est plus grosse que les deux autres, et offre beaucoup de grains anguleux ou comprimés en différents sens. Elle est pourvue d’une saveur plus forte, et est plus estimée. Elle donne une farine presque jaune, el tout à fait jaune lorsqu'on en sépare l’épi- sperme. La moutarde de Picardie est la plus petite des trois ; elle donne une farine d’un gris noirâtre mêlé de jaune verdâtre ; elle est moins forte ct moins estimée. Moutarde blanche , snapis alba L. (fig. 416). — Car. spéc. : Siliques hérissées, étalées, étroites; corne longue et ensiforme, Feuilles lyrées ; feuilles et tiges presque glabres. ©. 63h DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. La semence de moutarde blanche est beaucoup plus grosse que la moutarde noire et d’une couleur jaune; elle est formée de grains ellip- tiques-arrondis, qui renferment une amande jaune sous une coque mince , demi-transparente. L'ombilic est à une des extrémités de l'el- lipse ; la surface de l’épisperme n’est pas parfaitement lisse ; elle paraît légèrement chagrinée à la loupe. Moutarde sauvage OÙ sanve, snapis arvensis L. — Car. spéc. : Tige et feuilles munies de poils. Siliques horiz ntales, glabres, multan- gulaires, renflées, trois fois plus longues que la corne terminale. Gette plante croît trop abondamment dans les champs, qu’elle couvre quelquefois entièrement d’un magnifique tapis de fleurs jaunes. Sa graine, mélangée au millet, sert à la nourriture des oiseaux de volière. Elle est tout à fait sphérique, luisante et d’un brun noir à maturité : c’est elle, plutôt que la moutarde officinale , qui devrait porter le nom de moutarde noire. Elle est plus grosse que la moutarde officinale, moins volumineuse que la blanche, offrant à la loupe une surface à peine chagrinée, et pourvue d’un goût de moutarde assez prononcé, mais beaucoup plus faible cependant que la moutarde officinale ; ce qui montre le tort que font ceux qui la mélangent à cette dernière. D'autres, plus blämables encore, y ajoutent de la navette (brassica napus oleifera) ou du colza (brassica campestris) ; la fraude est difficile à découvrir lorsque la moutarde est pulvérisée, ce qui doit engager les pharmaciens à préparer eux-mêmes leur poudre de moutarde. Le eolza entier ne peut pas d’ailleurs être confondu avec la moutarde noire : il est plus gros que la sanve même, sphérique comme elle, noir, non chagriné, mais terne à sa surface et d’un goût de navet. La navette, beaucoup plus rapprochée de la moutarde, est un pea plus grosse que la sanve , un peu allongée, souvent ridée, chagrinée à sa surface, mais moins que le sénapis nigra; d’une saveur un peu âcre et mordicante. Composition chimique de la moutarde officinale. Quoique la semence de moutarde noire ait été l’objet des recherches d’un grand nombre de chimistes, la composition n’en est peut-être pas encore complétement connue. Boerhaave, et, sans doute , d’autres avant Jui, avaient reconnu que cette semence fournit deux espèces d'huiles : une par expression, parfaitement douce et usitée contre les douleurs néphrétiques; l’autre, par distillation , d’une qualité âcre et caustique. M. Thibierge, pharmacien, a indiqué l’existence du soufre dans l'huile distillée de moutarde, et celle de l’albumine dans le macéré aqueux ; il a vu que ni l’éther ni l'alcool ne dissolvaient le principe âcre de la moutarde ; l'huile exprimée avait une très légère odeur que l'alcool lui a enlevée aisé- ment ; cette huile est soluble dans 4 parties d’éther, dans 1200 parties d’alcool, et forme un savon solide avec la soude caustique. M. Thibierge supposait que l'huile volatile existait toute formée dans la semence de moutarde, mais CRUCIFÈRES. 635 qu’elle avait besoin de la température de l’eau bouillante pour se développer ; et il admettait qu’elle se développait aussi bien par l’action du vinaigre que par celle de l’eau (Journ. pharm., t. V, p. 439). C'est moi qui ai dit le premier, dans la seconde édition de cet ouvrage, que la semence de moutarde ne contenait pas d'huile volatile toute formée En effet, disais-je, la semence de moutarde pilée à sec n’a aucune odeur ; la poudre traitée par l'alcool et l’éther ne cède à ces deux menstrues aucun principe âcre ni volatil : ce principe n’y existe donc pas en quantité appré- ciable ; mais le contact de l’eau suffit pour le développer en très grande abon- dance, et, une fois formé, on peut l'obtenir par la distillation, sous forme d’un liquide huileux, plus pesant que l’eau , très volatil , très âcre, caustique, soluble dans l’alcool et l’éther, donnant du soufre par sa décomposition élé- mentaire. Quant à l'influence de la chaleur sur la formation de l'huile, j’ajou- tais que , suivant M. Thibierge , une température élevée était nécessaire à son développement ; mais que c’était une erreur : que le contact de l’eau suffisait, et que seulement une chaleur modérée rendait le développement plus considé- rable. Enfin, pour ce qui regarde l'action des acides, et spécialement du vinaigre , sur Ja moutarde, c’est encore moi qui ai dit le premier, dans la Pharmacopée raisonnée, que si l’on se plaignait si souvent du peu d’action des sinapismes , cela tenait , d’une part, à ce qu’on employait de la farine de moutarde du commerce , qui est presque toujours altérée ; et de l’autre , à ce qu’on se servait de vinaigre pour la réduire en pâte. Car, disais-je, bien que cette addition ait été faite dans la vue de rendre le sinapisme plus actif, il est remarquable qu’elle neutralise presque tout l'effet de la moutarde, comme on peut s’en convaincre par le goût et l'odorat, et par l'application sur la peau. En examinant à leur tour la moutarde noire, Robiquet et M. Boutron ont cru reconnaitre que le tourteau de celte semence, traité par l’alcool, se con- duisait comme celui d'amandes amères; c’est-à-dire qu’il ne cédait à ce véhi- cule aucun principe âcre, et que l’eau ne pouvait plus ensuite y développer d'huile volatile, preuve que cette huile n’y existait pas toute formée (Journ. pharm., t. XVIX, p. 294). Dans un premier travail sur la moutarde noire, M. Fauré ainé, pharmacien à Bordeaux, a reconnu comme woi que l'huile volatile ne préexiste pas dans celle semence et que le vinaigre s’oppose à son développement ; mais il a supposé, à l'exemple de M. Thibierge, que ce développement de l'huile volatile dans l’eau èst d'autant plus prompt que la température est plus” élevée (Ibid., p. 300). M. Fauré a constaté dans la moutarde noire la présence de la sinapisine. {l a cru voir, comme MM. Boutron et Robiquet, que la farine épuisée d’huile grasse par l’éther conserve la propriété de devenir âcre et rubéfiante avec l’eau , tandis que l’alcool lui enlevait cette propriété. Dans un travail plus récent sur la moutarde noire, M. Fauré est arrivé à un résultat beaucoup plus important et qui n’a pas été sans influence pour la découverte de la véritable manière dont sé forme l'huile volatile dans les amandes amères. M. Fauré a constaté que l’eau chauffée au-dessus de 70 degrés centigrades , l'alcool , les acides , certains sels métalliques , le chlore, la noix de galle, tous corps qui coagulent l'albumine, mutent la poudre de moutarde ou s'opposent à la formation de l'essence, et il en a conclu que cette albumine, à l'état de dissolution, est indispensable à la production de l'essence, et qu’elle 636 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. perd cette propriété en se coagulant. Enfin M. Bussy est venu découvrir ce qui restait encore à connaître sur cette réaction. Jusqu'à lui on s'était bien aperçu que l'alcool enlevait au tourteau de moutarde noire la propriété de produire de l'essence, mais on supposait que cet effet était dû à ce que l’al- cool enlevait au tourteau un corps très complexe et sulfuré, trouvé dans la moutarde blanche et nommé sulfosinapisine ou sinapisine, et le séparait ainsi de l’albumine qui restait dans le résidu. Les deux points importants du travail de M. Bussy sont : 1° d’avoir montré que l'alcool laisse, au contraire, dans le résidu, le principe sulfuré propre à produire l'essence; 2° que, à la vérité, ce résidu ne développe pas immédiatement d’odeur àâcre par l’eau ; mais que, par un séjour dans l’eau de vingt-quatre à quarante-huit heures , l’albumine recouvre la propriété d’agir sur le principe sulfuré. Pour obtenir ce principe, il suffit done de traiter brusquement par l’eau le tourteau épuisé par l'alcool. On fait évaporer en consistance sirupeuse , et l’on traite par Pal- cool, qui fournit ensuite , par l’évaporation , des cristaux d’un sel à base de potasse, dont l’acide, nommé acide myronique, est positivement le corps qui forme l'essence de moutarde lorsqu'il se trouve mis en contact avec l’al- bumine particulière de la moutarde noire et blanche. Cette albumine, qui jouit seule de la propriété d’opérer cette transformation, a reçu le nom de myrosine , de même que celle des amandes a été nommée émulsine. L'essence de moutarde est composée de carbone, d'hydrogène, d’azote et de soufre, et a pour formule CH*Az$?, Cette composition représente un sulfo- cyanure d’allyle (t. IE, p. 162), ainsi que le montre l'équation suivante : C2 Az S? _ C5 H5 — C8 H5 4AzS?, LS, D, Te Sulfocyanogène Allyle Essence de moutarde L’essence de moutarde présente d’ailleurs un grand nombre de réactions des plus intéressantes. Elle se combine avec un équivalent d’ammoniaque pour former une base organique cristallisable nommée thiosinammine : C3 H5 Az S? + H 42 = CS H8 Az? S?, Re. CAS) CT — Essence de moutarde Ammoniaque Thiosinsmmine Cette base alcaline forme des sels complexes en se combinant aux chlorures de platine , de mercure et d'argent. La thiosinammine traitée par l’oxide de mercure (ou par l’oxide de plomb) devient noire, liquide , perd son soufre et forme une nouvelle base alcaline puissante et cristallisable, nommée sinammine, composée de C8 H7 Az?0 lors- qu'elle est hydratée , et de CS H5 47? à l’état anhydre. Enfin l'essence de mou- tarde traitée par l’oxide de plomb hydraté forme du sulfure de plomb, du carbonate de plomb et une troisième base salifiable , cristallisable et non sul- furée , composée de C!*H!? Az? 02, On la nomme sinapoline. La moutarde blanche n’a pas été l’objet de moins de recherches chimiques que la noire; mais on est loin d'être aussi éclairé sur sa composition. Il est probable que l'intermède de l’eau est également nécessaire à la production de son principe âcre ; mais ce principe n’est pas volatil; aussi les pédiluves pré- parés avec la moutarde blanche, quoique très âcres au goût et très actifs , sont-ils presque imodores et n’exercent-ils pas à distance, sur les yeux, lac- tion irritante des pédiluves de moutarde noire. FUMARIACÉES. 637 MM. Ossian Henry et Garot, en traitant d’abord par l'alcool Phuile expri- mée de moutarde blanche, en ont extrait un corps cristallisable , azoté et sulfuré , jouissant de la propriété de colorer les sels de sesquioxide de fer en rouge cramoisi et qui paraissait acide ; aussi les auteurs l’ont-ils nommé acide sulfosinapique. Mais M. l'elouze ayant contesté l'existence de cet acide, les deux premiers chimistes ont repris leur travail, et en traitant la moutarde blanche par l’eau, puis l'extrait aqueux par l'alcool, ils ont obtenu un corps cristallisé, jouissant des propriétés précédemment reconnues à l’acide sulfo- sinapique , hors l'acidité, ce qui les a engagés à changer ce nom d’acide en celui de sulfosinapisine (Journ. pharm., t. XVI, p. 1). Robiquet et M. Boutron se sont aussi occupés de la moutarde blanche. Cette semence, pulvériséeiet presque épuisée d’huile fixe par expression, a été traitée par l’éther, et a fourni un produit huileux d’une âcreté très prononcée, d’où l’alcool a extrait un principe âcre, non volaül, rougissant les sels de fer, et une matière cristallisée. La moutarde blanche, épuisée par l’éther, traitée ensuite par lalcool, a produit de la sulfosinapisine rougissant les sels de fer, comme celle de MM. Henry et Garot. Robiquet et M. Boutron ont ensuite traité directement le tourteau de moutarde blanche par l'alcool. Cette fois toute âcreté a disparu, non seule- ment dans le tourteau , mais encore dans la liqueur et la matière cristalline qui en est provenue. Cette matière différait de la sinapisine de MM. Henry et Garot par plusieurs propriétés, entre autres par celle de ne pas rougir les persels de fer, et par sa composition élémentaire ( ibid., p. 279 et suiv.). On peut voir par ces résultats, qui sont, je crois, les derniers obtenus, que nous sommes encore loin d’être éclairés sur la composition chimique de la moutarde blanche, FAMILLE DES FUMARIACÉES. Cette petite famille a été formée pour le genre fumaria L., que Laurent de Jussieu avait réuni aux papavéracées, dont il se rapproche par son calice diphylle caduc , et par sa corolle tétrapétale ; mais cette corolle est irrégulière et forme comme une gueule profonde à deux mâchoires, et les étamines sont en nombre de six et diadelphes : ces deux caractères suffisent pour les en séparer. Le genre fumaria L., une fois constitué en famille, a bientôt été divisé en plusieurs genres ; aujourd’hui il en forme six, dont voici les noms et les caractères : 1. Diclytra. k pétales, dont 2 extérieurs également gibbeux ou épe- ronnés à la base. Silique bivalve polysperme, 2. Adlumia. h pétales soudés en une corolle monopétale, gibbeuse à la base , fongueuse et persistante. Silique bivalve polysperme. 3. Cysticapnos (1). 4 pétales, dont un seul gibbeux à la base. Cap- sule vésiculeuse polysperme. (4) Cysticapnos de xvsr1:, vessie, et xarvo:, fumeterre. De capnos sont aussi dérivés les noms capnoides, capnites , capnorchis , sarcocapnos , sphærocap- 638 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. h. Corydalis. L pétales, dont un seul éperonné à la base. Silique bivalve, comprimée, polysperme. 5. Sarcocapnos. L pétales, dont un seul éperonné à la base. Capsule bivalve, indéhiscente, disperme. 6. Fumaria. k pétales, dont un seul gibbeux ou éperonné à la base. Fruit capsulaire , indéhiscent , monosperme ( cariopse ). Fumeterre oflicinale (fig. 417). Fumaria officinalis L. Cette plante paraît être originaire de l'Orient ; elle était très rare en Europe du temps de Conrad Gesner (mort en 1565); mais elle y est très commune aujourd’hui dans les jardins, dans les champs et Fig. 417. dans les vignes culti- _ vées. Sa racine est fu- siforme et menue; ses tiges sont rameuses, dressées ou diffuses , hautes de 16 à 27 cen- timètres, carrées ou pentagones; les feuilles radicales sont pinnati- sectées, celles de la tige deux ou trois fois tripartites, à segments multifides, dilatés et incisés au sommet, d’un vert glauque. Les fleurs sont petites, d'un rose foncé mêlé de noir, disposées en grappes simples, op- posées aux feuilles. Le calice est formé de 2 folioles latérales, caduqués. La corolle réésente À pétaies dont l’antérieur est caréné, et le postérieur un peu éperonné à la base et soudé aux deux pétales latéraux et intérieurs. Les: ptamines sont divisées en deux faisceaux opposés aux deux pétales anté- nos, platycapnos, que l’on rencontre dans les ouvrages descriptifs de bota- nique. FUMARIACÉES. 639 rieur et postérieur. Chaque faisceau se compose d’un support élargi à la base, portant au sommet trois anthères, dont celle du milieu est à 2 loges et les deux latérales à une loge. L’ovaire est uniloculaire, à un senl ovule pariétal; il est surmonté d’un style terminal tombant, et d’un stigmate biparti. Les fruits sont des cariopses sous-globuleux , portés sur des pédicelles deux fois plus longs que les bractées, conte- nant une semence réniforme à ombilic nu. La fumeterre possède une amertume prononcée et désagréable; elle est employée comme stomachique et dépurative. Elle entre dans la composition du vin antiscorbutique. M. Winckler a retiré du suc de fumeterre un acide qui s’y trouve combiné à la chaux et qui est cristallisable, volatil, soluble dans l'alcool et dans l’éther, inattaquable par l'acide nitrique. Cet acide, nommé d’abord acide fumarique, a ensuite été trouvé semblable à l'acide paramaléique obtenu par M. Pelouze de la distillation de l’acide malique (Hor. Demarçay, Annales de chimie et de physique, t. LVI, p. 81 et A29). On trouve dans le midi de la France et de l’Europe une fumeterre grimpante (fumaria capreolata XL. ), dont la tige est rameuse , haute de 60 à 100 centimètres , et susceptible de s'attacher aux corps qui sont dans le voisinage, au moyen des pétioles de ses feuilles qui s’entor- tillent en manière de vrilles. Ses feuilles sont deux fois pinnatisectées , un peu glauques, divisées en lobes cunéiformes, tripartis. Ses fleurs sont longues de 41 à 44 millimètres, blanchâtres, d’un pourpre noi- râtre à l'extrémité. ; On trouve fréquemment dans nos contrées, dans les mêmes lieux que la fumeterre officinale, une fumeterre moyenne (fumaria media Lois.) , intermédiaire entre les deux espèces précédentes. Elle est plus élevée que la fumeterre officinale, à tiges droites, moins rameuses, moins diffuses ; à feuilles plus grandes et plus glauques, dont les pétioles cherchent à s’entortiller autour des corps environnants. Les fleurs sont également plus grandes. Cette plante est employée concurremment avec la fumeterre officinale et ne paraît pas lui être inféricure en propriétés. Il n’en est pas de même d’une autre espèce qui croît également dans nos champs, où elle fleurit en mai et juin, qui ressemble beaucoup à la fumeterre officinale, mais qui n’en a pas l’amertume, suivant l’ob- servation qu’en a faite M. Chatin, de sorte qu'il faut éviter de les con- fondre. Cette espèce, dite fumeterre de Vaïllant (fumaria Vaillantit), a les pédicelles fructifères plus longs que les bractées, les grappes courtes, les fleurs roses , les feuilles surdécomposées, à lobes linéaires et planes entièrement glauques. 640 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. Les corydales se distinguent des fumeterres par leurs fruits en forme de silique, uniloculaires, bivalves, polyspermes. Un assez grand nombre ont une racine tubéreuse, une tige simple, des feuilles alternes plus ou moins divisées. Les plus communes sont la eorydale à racine creuse ( corydal is tuberosa DC.), la eorydale à racine solide (corydalis bulbosa DC.), la eorydale à fleurs jaunes (corydalis capnoides DC.), etc. M. Wackenroder a retiré des racines des deux premières un alcali organique cristallisable , dépourvu de saveur, nommé corydaline. FAMILLE DES PAPAVÉRACÉES, Plantes herbacées , très rarement sous-ligneuses , à feuilles alternes, entières ou plus ou moins profondément découpées. Leurs fleurs sont pourvues d’un calice à 2, très rarement à 3 sépales concaves, très caducs; la corolle est à 4 pétales (très rarement 6) planes, chiffonnés avant leur épanouissement. Les étamines sont libres et très nombreuses (très rarement définies); l'ovaire est libre, ovoïde ou linéaire , à une seule loge , contenant un grand nombre d’ovules attachés à des tropho- spermes pariélaux , saillants à l’intérieur sous forme de lames ou de fausses cloisons. Le style, très court ou presque nul, se termine par autant de stigmates qu'il y a de trophospermes. Le fruit est une capsule ovoïde , couronnée par les stigmates, ou une capsule linéaire , siliqui- forme , s’ouvrant en deux valves ou se rompant transversalement par des articulations. Les graines sont ordinairement fort petites el accom- pagnées d’une caroncule charnue ; l'embryon est très petit, placé à la base d’un endosperme charnu. Les papavéracées sont pourvues d’un suc laiteux, blanc ou jaune, âcre, amer, d’odeur vireuse, et de propriétés diverses. Dans les pavots, ce suc se fait remarquer par une propriété fortement narcotique, et c'est lui qui, obtenu par des incisions faites aux capsules d’une des espèces, constitue l’opium. Nous traiterons de ce produit d’une manière toute spéciale, après avoir décrit quelques plantes moins importantes, mais pouvant cependant rendre des services à l’art médical. Sanguiraire du Canada, Sanquinaria canadensis L. Cette jolie plante fait l’ornement des bois dans l'Amérique septentrionale, depuis le Canada jusqu’à la Floride. Elle est pourvue d’une racine de la grosseur du doigt, presque horizon- tale, d’un rouge sanguin. Du collet de la racine sort une feuille, quelque- fois deux , entourées par la base de plusieurs spathes membraneuses. Ces feuilles sont longuement pétiolées, arrondies, profondément échan- r di PAPAVÉRACÉES. (QUE crées en cœur du côté du pétiole, incisées sur leur contour à la manière des feuilles de figuier. Elles sont vertes en dessus, d’un blanc bleuâtre en dessous , avec des veines rouges. Les fleurs sont blanches, solitaires à l'extrémité d’une ou de deux hampes de la même longueur que les pétioles. Ces fleurs présentent un calice diphylle très caduc, une corolle à 8 pétales dont les 4 intérieurs, alternes et plus étroits, ne sont sans doute que des anthères transformées. Les étamines sont au nombre de 24, à anthères linéaires. Le fruit est une capsule ovale- oblongue , amincie en pointe aux deux extrémités, couronnée par le stigmate persistant. Les semences sont portées sur deux trophospermes épais et persistants. Elles sont rouges , accompagnées d’une caroncule blanche. La racine de sanguinaire est nommée par les Indiens puccoon, et par les Anglo-Américains furmerie, c'est-à-dire curcuma. Elle est pourvue d’un suc rouge sanguin, qui teint la salive de la même couleur ; elle a une saveur âcre, brûlante, et agit comme émétique, étant desséchée et pulvérisée, à la dose de 10 à 20 grains (0s'2",647 à 1s:2m,295). Le docteur Dana en a extrait en 1824 une substance alcaline qui a reçu le nom de sanguinarine, mais qui paraît être de même nature que la chélérythrine extraite de la chélidoine. Dans tous les cas, le nom de sanquinarine , étant le plus ancien, devra être préféré (voir le 7raité de chimie organique de M. Liebig , t. III, p. 503). Grande Chélidoine, ou Éclaire. Chelidonium majus L. (fig. 418). Cette plante se rencontre fré- quemment dans les haies et au pied des murs, par toute l'Europe. Sa racine est fibreuse et donne naissance à plusieurs tiges rameuses, hautes de 35 à 60 centimètres. Ses feuilles sont pinnatisectées, à segments arrondis , dentés-lobés. Ses fleurs sont jaunes et portées sur des pédi- celles qui sont réunis en nombre variable et comme ombellés à l’extré- mité d'un pédoncule opposé aux feuilles. Les pétales sont jaunes et cruciformes ; les étamines sont très nombreuses. Le fruit est une silique bivalve, s'ouvrant de bas en haut, pourvue de deux trophospermes qui se réunissent à l'extrémité en un stigmate bilobé, et dont l'intervalle est libre de fausse cloison. Les semences portent sur l’ombilic une crête glanduleuse , comprimée. Toutes les parties de la grande chélidoine exhalent une odeur forte et nauséeuse, et il en découle, à la moindre blessure, un suc propre abondant , d’un jaune foncé, amer, âcre et même caustique. On s’en sert pour détruire les verrues ; il a même été usité autrefois pour faire disparaître les taies qui se forment sur les yeux, et c'est de là que lui IL. hi 642 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. est venu le nom d’éclaire; mais son application doit exiger les plus grandes précautions. , . M. Probst paraît avoir découvert dans le suc de grande chélidoine un acide particulier auquel il a Fig. 418. donné le nom d'acide chéli- donique, et deux alcaloïdes azotés nommés chélidonine et chélérythrine ( Traité de chimie de M. Liebig, t. IE, p. 603 et 605, et t. II, p. 503). On donne à la plante que nous venons de décrire le nom de grande chélidoine pour la distinguer d’une autre plante plus petite, mais d’ap- parence assez semblable, nommée ficaire ou petite chélidoine ( ficaria ranun- culoides Mœnch., ranuncu- lus ficaria L., famille des renonculacées ), Pavot cornu, ou Glaucier jaune. =" Glaucium flavum Crantz (chelidonium glaucium 1). Racine fusi- forme, vivace. Tige cylindrique, lisse, rameuse dans sa partie supé- rieure , haute de 35 à 50 centimètres, glauque comme toute la plante. Feuilles radicales allongées, pinnatifides, dentées, rétrécies en pétiole à leur base ; les supérieures sont amplexicaules, simplement sinuées en leurs bords. Les fleurs sont d'un beau jaune d’or, larges de 30 à 55 milli- mètres, solitaires sur de courts pédoncules opposés aux feuilles supé- rieures. Le fruit est une silique linéaire, tuberculeuse, un peu rude au toucher ; il est long de 44 à 22 centimètres, courbé en forme de corne, s’amincissant insensiblement en allant vers l'extrémité et terminé par un stigmate épais et glanduleux. Cette silique s’ouvre en deux valves, en allant du sommet à la base, et présente des semences nues, scrobi- culées, nichées dans les cellules de la cloison spongieuse qui sépare le fruit en deux loges. Le pavot cornu croît dans les lieux caillouteux et sablonneux des rivages de la mer, des lacs et des fleuves, dans l’Europe moyenne et méridionale, Par sa couleur glauque et par la forme de ses feuilles PAPAVÉRACÉES. 643 supérieures, il a tout à fait le port d’un pavot; mais il s'en distingue par la couleur jaune de ses pétales et par la forme si remarquable de son fruit. Il est rempli d’un suc jaune, âcre, caustique et vénéneux. Sa racine contient, d’après M. Probst, les deux mêmes alcaloïdes dont il à constaté la présence dans la chélidoine. On trouve dans les mêmes lieux une autre espèce de pavot cornu ou de glaucier, assez semblable au précédent, mais en différant par ses pétales d’un rouge pâle: c’est le glaucium fuloum Smith. Une troisième espèce plus petite, le glaucium corniculatum, a les feuilles pinnatifides- incisées, les fleurs d’un rouge écarlate et les siliques couvertes de poils, ainsi que toute la plante. Pavot blane (fig. 419). Papaver album Lob.; papaver somniferum « L. (L). — Car. gén. 2 sépales concaves, très caducs; 4 pétales ; étamines indéfinies ; ovaire ovoïde, stipité ; style nul ; stigmates au nombre de 4 à 20, sessiles, appli- qués sur l'ovaire comme un disque terminal, radié et persistant. Capsule oblongue ou arrondie, uniloculaire, offrant à l’intérieur, sous forme de cloisons incomplètes, autant de tro- phospermes ‘pariétaux qu'il y a de stigmates rayonnés. Semences très nombreuses, très petites, réniformes, à surface réticulée. Le pavot blanc est une plante annuelle, haute de 4 à 2 mètres, dont la tige est ronde, lisse, rami- fiée à la partie supérieure, et munie de feuilles amplexicaules oblongues, ondulées, irrégulièrement divisées en lobes dont les dents sont obtuses, Les fleurs sont solitaires à l'extrémité de la tige et des rameaux. Elles sont (4, Regardant les caractères différentiels du pavot blanc et du pavot noir comme suflisants pour en former deux espèces, et ne sachant pas qu'on ait pu les faire passer de l’un à l’autre par le semis ou la culture , je les désignerai spécifiquement par leurs noms communs , déjà employés par Lobel, papaver album et papaver nigrum. Les noms de papaver officinale Gmel. et de papaver 6GAl DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. penchées tant qu’elles sont renfermées dans leur calice diphylle ; mais elles se relèvent en s’épanouissant. Les pétales sont d’une belle couleur blanche, grands, étalés, orbiculaires avec un onglet très court , quei- quefois laciniés et doublés par la culture. La capsule est ovoïde, com- plétement indéhiscente . d’abord verte et succulente , puis sèche, blan- châtre et très légère. Elle est séparée par un stipe court d’un bourrelct formé par le torus qui portait les étamines, et couronnée par un disque sessile, assez étroit, offrant de 10 à 18 rayons étalés, dont les extré- wités sont moins élevées que le centre (fig. 419 et 420). Les dimen- sions de ces capsules sont très variables; les plus ordinaires ayant 8 centimètres de longueur sur 5 centi- mètres de diamètre, et d’autres acquérant 11 centimètres sur 7. A l’intérieur, les capsules sont spongieuses, très blanches et présentent des trophospermes parié- taux, sous forme de lames longitudinales, régulièrement espacées , minces, jau- nâtres, et dont chacune répond à un des stigmates linéaires du disque rayonné. Ces trophospermes portent un nombre très considérable de semences très petites, réniformes, d’un blanc jaunûtre, translu- cides, dont la surface est marquée d’un réseau proéminent ( voir la figure 420 a, qui représente la semence grossie). Linné a trouvé qu’une forte tête de pavot pou- aait contenir 32000 graines, et comme un pied donne un certain nombre de têtes, on a calculé qu’au bout de peu d’années, si toutes les semences pro- duisaient, la descendance d’une seule plante couvrirait la surface de la terre, Les semences de pavot blanc ont été usitées de tout temps comme aliment, en Perse, dans la Grèce et en Îtalie. Tournefort rapporte qu’à Gênes les dames mangent ces graines recouvertes de sucre. Suivant Matthiole, on les mêle en Toséane à des pâtisseries qui portent le nom de paverata. Les oiseaux en sont très friands. Ces semences n'ont rien Fig. 420. somniferum L., admis par M. Nees dans ses plantes médicinales, sont moins exacts : d’abord parce que le pavot blanc n’est pas la seule espèce oflicinale ; ensuite parce que le nom papaver somniferum KL, appartient également aux deux espèces, et convient d'autant moins au pavot noir que ce n’est pas lui qui est usité comme somnifère, PAPAVÉRACÉES. 645 de narcotique, et l'on pourrait en extraire l’huile (1), pour la table, comme on le fait avec la semence de pavot noir. Mais leur usage alimentaire et médicinal s’y oppose pour la plus grande partie. Les têtes de pavot blanc sont d’un usage excessivement commun en médecine, comme calmantes; mais elles doivent être employées avec prudence, surtout pour les jeunes enfants qui ont été plusieurs fois victimes de l’abus qu’en font les nourrices pour les endormir. Elles contiennent évidemment de la morphine, puisqu'elles sont susceptibles de fournir de l’opium par incision ; mais elles ont une activité très variable suivant l’âge auquel elles ont été récoltées. C’est lorsqu'elles sont encore vertes et qu’elles ne font que commencer à jaunir qu’il faut les cueillir, et non lorsqu'elles ont blanchi et séché sur la plante. Pavot blanc à capsules déprimées (papaver album depressum). Les pavots blancs que l’on emploie en médecine, à Paris, provenaient déjà, du temps de Pomet, de la plaine d’Aubervilliers ; non seulement celte culture n’a pas cessé depuis, mais elle a pris une grande exten- sion et s’est propagée jusqu’à Gonesse, dont le territoire contribue aussi aujourd’hui à l’approvisionnement du commerce d’herboristerie de Paris. Mais depuis un certain nombre d’années, il s’est opéré dans la forme et la grosseur des capsules du pavot un changement remarquable qui, ayant été adopté par le commerce, tend à devenir de plus en plus général, les cultivateurs n’employant plus que la semence de la nouvelle Fig. 421, variété (2), à laquelle je donne le nom de papaver album depressum (Big. 421). La plante porte des pé- tales complétement blancs, comme a variété première. La différence réside dans la capsule, qui est plus ou (1) Elles en fournissent de 42 à 45 pour 100 de leur poids. (2) Cette variété n’est nouvelle que relativement au commerce de Paris; car c'est elle qui se trouve figurée dans l’Herbarium de Blackw ell, t. 483, HA que la capsule ne présente pas toute la dépression qu’elle est sisbeptible d'acquérir. 646 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. moins déprimée, de manière à devenir souvent beaucoup plus large que haute. Le bourrelet inférieur, formé par le torus, est très gros et le plus souvent rentré dans un sinus proford, creusé à la base de la capsule. Celle-ci présente souvent des sillons longitudinaux répondant aux trophospermes de l’intérieur, et la capsule offre alors une singu- lière ressemblance avec le fruit de l’Aura crepitans. Les capsules ont souvent, dans ce cas, 10 centimètres de diamètre sur 5 centimètres seulement de hauteur ; mais elles ont plus ordinairement 9 centimètres de diamètre sur 6 de hauteur. De même que la base, le sommet en est déprimé et creusé en un sinus qui renferme plus ou moins les stigmates, et ceux-ci présentent un centre très déprimé et creusé , tandis que les rayons sont au contraire redressés en forme de couronne , parallèlement à l’axe. Les capsules me paraissent plus épaisses, plus compactes, plus chargées de suc que celles de la première variété. Les trophospermes sont plus larges, d’un jaune plus foncé, et sont munis de chaque côté, à la base , d’une petite aile plus marquée que dans la variété oblongue. Les semences ne présentent aucune différence appréciable. Petit pavot blanc d'Arménie, Dans une note sur la culture de l’opium en Arménie (Journ. pharm. et chim., 1. XIE, p. 105), M. Gaultier de Claubry fait mention de quatre espèces ou variétés de pavots qu’il distingue par leurs semences blanches, jaunes, noires ou bleu de ciel. Les graines blanches produisent des fleurs d’un blanc de lis; les jaunes donnent des fleurs rouges, les noires des fleurs noires ; enfin les semences bleu de ciel donnent des fleurs d’un pourpre foncé assez vif. Les graines blanches ou bleu de ciel produisent de grosses capsules oblongues ; les graines jaunes ou noires produisent des têtes petites et complétement rondes. Les fabricants d’huile se servent souvent des graines blanches qui sont très oléagineuses, quoique de médiocre grosseur. Elles sont préfé- rées par les cultivateurs. Ces quatre espèces ou variétés de pavots paraissent servir à l'extrac- tion de l’opium , quoique la note ne soit pas explicite à cet égard ; mais les capsules qui ont été remises à M. Gaultier de Claubry, avec une incision circulaire qui indique qu’elles ont servi à l'extraction de l’opium, étant des capsules de pavot blanc, il est probable que c'est cette espèce surtout qui sert à l'extraction de l’opium en Arménie, Les semences sout très petites, blanches et translucides ; les capsules sont fort petites, très blanches, très minces et probablement très peu productives en suc. J’en ai fait représenter une ici de grandeur natu- relle (fig. 422 ). PAPAVÉRACÉES. 647 Pavot noir. Papaver nigrum Lob. Ce pavot ressemble au précédent , sauf qu’il ne s'élève qu’à 1 mètre ou 1°,20 ; que ses feuilles sont d’un vert plus prononcé , que ses pétales sont d’un rouge violacé pâle, avec une tache noirâtre à la base, et que ses capsules sont arrondies, plus petites, plus nombreuses, couronnées par un large disque rayonné, et contiennent des semences noires, opaques, réniformes, dont un des lobes est mani- festement plus petit que l’autre et un peu aigu. Mais le caractère prin- cipal de ce pavot résulte de ce que, au moment de la maturité des graines , le disque stigmatifère se sépare de Ja capsule et s'élève à une petite distance, par suite de l'allongement des lames qui unissent les trophospermes aux stigmates. H en résulte, dans l’intervalle de deux sligmates, une petite fenêtre répondant à une fausse loge de l’intérieur, et par laquelle les semences s’échappent et se dispersent (voir la figure 423, qui représente une capsule de pavot noir de grandeur natu- relle ). Le pavot noir est cultivé dans les jardins , où il se sème de lui-même à l'automne, pour paraître au printemps suivant, en quantité considé- rable qu’on a beaucoup de peine à détruire, On en cultive aussi des Fig. 422. variétés à grandes fleurs, simples ou-doubles , à pétales entiers ou laci- niés, Enfin, en Allemagne, dans le nord de la France ct dans la Belgique, on cultive très en grand, dans les champs, le pavot noir, pour l'extraction de son huile, qui est très usitée sous le nom d'huile 648 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. d'æilletée (1) dans la peinture, comme siccative , et dans le commerce de l'épicerie, pour falsifier ou pour remplacer l'huile d'olive. On a cru pendant longtemps en France que cette huile était narcotique, et des peines sévères menaçaient, sans beaucoup les atteindre, ceux qui la substituaient à celle d'olive. Aujourd'hui celte substitution se fait presque partout; si elle ne nuit pas à la santé de ceux qui usent de l'huile comme aliment, elle n’en constitue pas moins une tromperie à leur égard, puisqu'ils paient comme huile d'olive un produit d’une valeur bien inférieure. Cette substitution est encore plus préjudiciable à ceux qui voudraient appliquer l'huile, sans le savoir, à la fabrication des savons et des emplâtres; les savons et les emplâtres formés avec l'huile d’œillette étant d’une grande mollesse et siccatifs à l'air, en même temps qu'ils y acquièrent une rancidité fort désagréable. J’ai indiqué précédemment (t. II, p. 537 et suiv.) les moyens de recon- naître la pureté de l’huile d'olive. Pavot rouge sauvage , ou Coquelicot, Papaver ras L. Racine annuelle, fibreuse, pivotante. Tige droite, feuillue, plus ou moins rameuse , haute de 35 à 60 centimètres, char- gée, ainsi que les feuilles , de poils rudes. Feuilles d’un vert foncé, étroites, profondément pinnatifides, à lobes allongés, incisés-dentés, aigus. Les fleurs sont larges de 8 centimètres et plus, portées à l’extré- mité de la tige et des rameaux sur de longs pédoncules. Les sépales du calice sont velus; les pétales sont d’un rouge éclatant, avec ou sans tache pourpre-noirâtre à la base. La culture peut doubler les coquelicots, et les faire passer par toutes les nuances depuis le rouge pourpre jusqu’au blanc. Les capsules sont fort petites, glabres, obovées ou turbinées, couronnées ou plutôt cou- vertes par un large disque à 10 rayons; elles s'ouvrent par des trous qui se forment au-dessous du disque. Les semences sont très petites et presque noires. Le coquelicot croit par toute l’Europe dans les champs de blé, où il produit un bel effet en juin et juillet, par le rouge éclatant de ses pétales, Ceux-ci sont récoltés et séchés pour l’usage de la médecine. Ils doivent être conservés dans un endroit très sec ; car ils sont très hygro- métriques et se détériorent promptement. Ils sont mucilagineux , adou- (4) Ce nom est la traduction du mot italien ol'etto (petite huile). La semence vendue par les grainetiers de Paris, sous le nom de semence d’œil- lette, n'est cependant pas celle du pavot noir figuré ci-dessus. Cette semence est plus grosse, toujours opaque, mais d’un gris bleuâtre, et non noire. Elle se rapporte probablement aux semences bleu de ciel d'Arménie. PAPAVÉRACÉES. 649 cissants et calmants ; ils sont très utiles dans la coqueluche, les rhumes, les irritations intestinales , etc. On les emploie en infusion aqueuse, sous forme de sirop ou en extrait. Pavot d'Orient, papaver orientalis L. Cette belle espèce de pavot a été découverte dans l'Arménie par Tournefort, et depuis ce temps elle est cultivée dans les jardins de l’Europe. Sa racine est grosse comme le doigt, pivotante, très vivace et peut durer, à ce qu’il paraît, un grand nombre d'années. Elle produit tous les ans une ou plusieurs tiges hautes de 50 à 70 centimètres, munies de feuilles pétiolées, grandes, profondément pinnatifides, à lobes oblongs, dentés et pointus ; elles sont toutes couvertes de poils rudes, ainsi que les tiges, les pédoncules et les calices. Chaque tige est terminée par une fleur longuement pédon- culée , d’abord renfermée dans un calice à 2 ou 3 sépales; les pétales développés sont au nombre de 4 ou 6 , très grands, d’un rouge foncé, avec une tache pourpre noirâtre à la base ; les étamines sont très nom- breuses, terminées par des anthères d’un violet noirâtre ; l'ovaire est turbiné, vert, lisse, terminé par un large disque à 12 ou 16 stigmates linéaires, d’un violet foncé, Capsule turbinée, déhiscente ; semences noires. Le nom de pavot d'Orient, que porte cette plante, a fait supposer à quelques personnes que c'était elle qui produisait l’opium. Mais Tourne- fort dit positivement que les habitants n’en tirent pas d’opium , quoi- qu’ils lui en donnent le nom {aphion), et que ses capsules, qui sont d’une grande âcreté, soient mangées par les Turcs, probablement dans le but de‘produire un effet narcotique analogue à celui de l’opium. On doit à M. Petit, pharmacien à Corbeil, un bon mémoire sur le pavot d'Orient. Il en résulte que ce pavot contient de la morphine dans ses différentes parties, et surtout dans sa capsule. 100 parties d'extrait alcoolique de ces capsules vertes en ont fourni 5 de morphine (Journ. Pharm., t. XIIT, p. 183). On cultive dans les jardins un pavot presque semblable au précédent, mais plus grand dans toutes ses parties, à folioles plus nombreuses et plus aiguës, à fleurs accompagnées de bractées, ce qui lui a fait donner le nom de papaver bracteatum. X paraît originaire des contrées asiatiques et méridionales de l'empire russe. Opium, L'opium est un suc épaissi fourni par les capsules du pavot blanc. Cclui que nous employons est tiré surtout de la Natolie et de l'Égypte ; mais il en vient aussi de la Perse et de l'Inde ; enfin, on peut récolter de l'opium dans beaucoup d’autres pays, et plusieurs personnes en ont 650 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. obtenu en France et en Angleterre, par l’incision des capsules de pavot, qui élait peu inférieur à celui du commerce. Cependant les essais tentés jusqu'ici n’ont guère servi qu’à constater l'identité des produits, le prix du terrain, la main-d'œuvre et la petite quantité du suc obtenu , faisant revenir l'opium indigène à un prix au moins aussi élevé que celui du commerce. L'opium est connu depuis un grand nombre de siècles. Les anciens en distinguaient de deux sortes : l’un extrait par des incisions faites aux capsules de pavots, qu'ils nommaient proprement opium (1) ; l'autre, beaucoup plus faible, obtenu par la contusion et l'expression des capsules et des feuilles de la plante : ils l’appelaient mecontum ( Dioscoride , lib. 1V, cap. 60 ). Beaucoup d’auteurs modernes ont pré- tendu qu'on n’en préparait plus de la première sorte, et que le seul Opium que nous eussions élait le meconium. D’autres, en admettant que l’on prépare encore de l’opium par incision, pensent que cet opium est entièrement consommé par les riches du pays, et que, par consé- quent, nous n'avons toujours que le méconium des anciens ; mais il n'en est pas ainsi : non seulement parce qu’un extrait obtenu avec le suc de la plante, évaporé au feu, n'aurait en aucune manière l’odeur vireuse de l’opium du commerce, mais encore parce que tous les voyageurs s'accordent à faire récolter l’opium par incision, comme l'indique Dioscoride. Ainsi, d’après cet ancien auteur, le matin, après que la rosée s’est évaporée, on fait aux capsules des pavots des incisions obliques et superficielles ; on ramasse avec le doigt le suc qui en découle et on le recoit dans une coquille. Peu de temps après on y retourne pour ramasser le nouveau suc écoulé. On mêle dans un mortier le suc obtenu tant de cette fois que le jour suivant, et l’on en forme des tro- chisques. D’après Kæmpfer (Amænit., p. 643), en Perse, la récolte de l’opium se fait dans le courant de l’été, en incisant superficiellement les capsules des pavots proches de leur maturité (il remarque, comme Dioscoride, que les incisions ne doivent pas pénétrer dans l'intérieur de la capsule). On se sert à cet effet d’un couteau à cinq lames, qui fait d’un seul coup cinq incisions parallèles, Le suc est enlevé le lende- main avec un racloir et reçu dans un vase suspendu à la ceinture de l'opérateur. Alors on incise une autre face de la capsule , afin d’en recueillir le suc de la même manière. Cette opération se répète plusieurs fois sur le même champ, à mesure que les pavots arrivent au point convenable de maturité. (1) Omuov, de ère: > SUC. PAPAVÉRACÉES. 651 La préparation de l’opium en Perse consiste principalement à l’hu- mecter d’un peu d’eau, afin de pouvoir l’agiter et le pétrir dans un vase de bois aplati, jusqu’à ce qu'il acquière la consistance et la ténacité de la poix ; alors on le malaxe dans les mains, et l’on en forme de petits cylindres qui sont exposés en vente. Suivant Belon (Singularités, liv. 1, ch. 15), l’opium se récolte principalement dans la Paphlagonie, la Cappadoce , la Galatie et la Cilicie, provinces de l’Asie Mineure. Là on sème des champs de pavots blancs, comme nous faisons pour le blé; et, quand les têtes sont venues, on y fait de légères coupures, d’où sortent quelques gouttes de lait qu’on laisse un peu épaissir, Tel paysan en recueille 5 kilogrammes, l’autre 3, plus ou moins. Un marchand assura à Belon qu'il n’y avait pas d’années qu’on n’en enlevât la charge de cinquante chameaux, pour transporter én Perse , aux Indes et en Europe. Le meilleur opium, dit toujours Belon, est fort amer, chaud, et âcre au goût; il est de couleur fauve et formé de petits grains de diverses couleurs ; car ces grains ne sont autres que les larmes recueil- lies sur les pavots, lesquelles se sont soudées ensemble en une seule masse. Olivier, dans son Voyage dans l'empire ottoman , rapporte l’extrac- tion de l'opium de la même manière que Belon. D’après lui, à Aphioum Kara-Hissar, ville de l'Asie Mineure, on obtient l’opium en faisant des incisions successives aux capsules de pavot blanc, avant leur maturité. Ces incisions ne doivent pas pénétrer dans l’intérieur du fruit. On recueille le suc à mesure qu'il s'échappe et se concrète. Enfin, plus récemment, un autre voyageur français, M. Charles Texier, a encore décrit l'extraction de l’opium presque dans les mêmes termes (Journ. de pharm., t. XXI, p. 197). Seulement M. Texier ajoute qu’on pile le suc épaissi en crachant dessus, les paysans assurant que l'eau le fait gâter. Comme on le voit, les auteurs les plus recommandables s'accordent à dire que l’opium du commerce est obtenu par des incisions faites aux capsules des pavots ; mais.de ces auteurs, trois, Dioscoride, Kæmpfer et M. Texier, font piler ou malaxer l'opium, ce qui doit en former une masse homogène ; tandis qu'Olivier, et Belon surtout, font sécher le suc directement, puisque ce dernier décrit l’opium comme formé par l’as- semblage des petites larmes recueillies sur les capsules. Nous allons retrouver ces deux caractères dans les différents opiums du commerce, ce qui en montrera à la fois l'origine et l’exactitude des descriptions citées. On trouve dans le commerce français trois sortes d’opiums qu'il importe de savoir distinguer, à raison de leur valeur bien différente en 652 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. morphine et en propriétés médicales : ce sont les opiums de Smyrne, de Constantinople et d'Égypte. J'y joindrai la description des opiums de Perse et de l’Inde. Quant à ceux qui ont été récoltés à différentes reprises à Naples, en France, en Suisse et en Angleterre, à part l'odeur forte et vireuse et la saveur amère des opiums du Levant, is n’ont pas de caractère de forme particulière qui puisse les faire reconnaître. Opium de Smyrne, Cet opium est en masses presque toujours déformées et aplaties, à cause de leur mollesse primitive, Sa surface est tout à fait irrégulière, grossièrement granuleuse, et offre des fissures qui indiquent la réunion de plusieurs masses en une seule. Elle présente quelques restes de feuilles de pavot, mais elle est surtout couverte de semences de rumez, qui souvent sont passées à l’intérieur par la sou- dure et la confusion en une seule de masses plus petites et d'abord isolées, Cet opium , d’abord mou et d’un brun clair, noircit et se durcit à l'air; il a une odeur forte et vireuse, et une saveur amère, âcre et nauséeuse. L’opium de Smyrne est, à n’en pas douter, l’opium de Belon, qui a été tiré par incision des capsules, et séché sans aucune opération inter- médiaire ; car, lorsqu'on le déchire avec précaution quand il est encore mou, et qu’on l’examine à la loupe, on le voit tout formé de petites larmes blondes ou fauves, transparentes, agglutinées ensemble comme celles du sagapénum , dont elles présentent l'aspect. C'est donc là l’opium le plus pur que l'on puisse trouver ; c’est aussi celui qui donne le plus de morphine et qui est le plus estimé. Je pense que c’est à l’opium de Smyrne qu’il faut rapporter les prin- cipaux travaux chimiques qui ont été faits sur cette substance et les résultats qui en ont été obtenus. Quelles que soient la simplicité du pro- cédé par lequel on se l’est procuré, et l’homogénéité apparente de la matière , sa composition est des plus compliquées ; puisque, en réunis- sant les travaux des chimistes qui s’en sont occupés à plusieurs reprises , tels que Derosne , Séguin, Sertuerner, Robiquet, Pelletier, Couerbe, elc., on ne trouve pas moins d’une vingtaine de principes, dont six cristallisables, azotés et plus ou moins alcalins, ont recu les noms de morphine, codéine, pseudomorphine, paramorphine , narco- tine, narcéine; un autre, également cristallisable , non azoté , nommé méconine; deux acides, les acides acétique et méconique ; une huile fixe, une huile volatile, une résine, du caoutchouc, une matiere cætractive , de la gomme , des sulfates de potasse et de chaux , etc. On peut croire cependant, en raison de la facilité bien reconnue aujour- d’hui avec laquelle les principes organiques se transforment les uns dans les autres, que tous ces corps n’existent pas simultanément dans PAPAVÉRACÉES. 655 un même suc végétal, et que plusieurs d’entre eux résultent du procédé qui a servi à les en extraire. De toutes les analyses quantitatives d’opium qui ont été publiées et qui varient considérablement, je n’en rapporterai qu'une, due à M. Mulder, qui me paraît présenter assez bien la composition moyenne des opiums du commerce : MARINE. = ee » + s'en o + ee LUO INCSEMIE . « . à. 5e elle + 7 US Cine... 5 1 ets et O0 Nareëinezst ns. Ines 20r0 et 04 60H Méconipe. sud san states ion (0:804 Acide méconique. . . . . . «+ + + + 5,121 Caouichote. 5... +, re ... ren 0 012 Re 7 «à à e. DUO Matieremerasse - . « . . « À. + 2,166 FR ELTACIIVE AVE EU AS, LE 95,200 Gomes, ue GE NT 3h . . 41,042 Mucihige le S'odanute at: de ler ud9:086 ane à NDS EU PS ONE PT 9,846 Pete es de NN Eu oppe 2,148 Cette analyse n’est cependant pas complétement satisfaisante, puis- qu’elle ne fait pas mention des sulfates dont la présence a été con- statée dans l’opium. Je remarquerai, de plus, que , bien qu’elle ait été donnée coinme se rapportant à la première sorte d’opium de Smyrne, je la considère comme ayant été opérée sur de l’opium de Smyrne inférieur ou sur de l’opium de Constantinople. L'opium de Smyrne bien divisé, traité par l’eau froide, donne une liqueur fauve rougeâtre, qui s’éclaircit facilement par le dépôt de son résidu insoluble , lequel possède une propriété glutineuse très marquée lorsqu'on le malaxe entre les doigts. La liqueur filtre avec une grande facilité : elle rougit fortement le tournesol, devient d’un rouge de sang par l'addition d’un sel de sesquioxide de fer (réaction due à l'acide méconique ), et forme avec l’ammoniaque un abondant précipité blan- châtre caillebotté, principalement composé de morphine. Elle produit avec le nitrate de baryte un précipité abondant de sulfate de barvyte, et devient seulement louche par l’oxalate d’ammoniaque, en raison de ce que l’acide sulfurique se trouve combiné dans l’opium , principale- ment à la morphine et à la potasse, et fort peu à la chaux, qui n’y existe qu'en minime quantité, L'opium de Smyrne, devenu sec à l'air, bien épuisé par l’eau froide, fournit de 58 à 61 pour 100 d'extrait sec et cassant ; mais cet extrait, étant redissous dans 15 parties d’eau froide et ramené à siccité , se trouve réduit à 55 ou 57. Le résidu insoluble desséché, réuni à celui Le al 654 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. du premier traitement , pèse 37 ou 38 pour 100; d’où l’on voit qu’en moyenne , l’opium de Smyrne sec fournit : Extrait aqueux purifié. . . . . . 56,0 Résidu insoluble. . : . . . . . . 37,5 Pau gt perte: «4 Soeurs perte 6,5 100,0 L’extrait purifié qui précède, étant redissous de nouveau dans l’eau froide et additionné d’ammoniaque en léger excès, fournit de 23 à 26 de précipité sec, pulvérulent et de couleur fauve, de morphine impure. Ce précipité, lavé d’abord avec de l'alcool à A0 degrés centé- simaux, puis traité deux fois par de l'alcool à 90 degrés bouillant, fournit facilement de 15 à 17 pour 100 du poids de l’opium brut, de morphine cristallisée. Ce qui revient à 28 pour 100 du poids de l'extrait purifié. Opium de Constantinople, Je présume que cet opium est tiré des parties les plus septentrionales de la Natolie et qu'il est apporté des ports de Ja mer Noire à Constantinople. Il y en a deux sortes bien distinctes. L'un, que je nommerai epium de Constantinople en boules ou en gros pains, est en pains assez volumineux dont les plus gros, pesant de 250 à 350 grammes, ont été mis sous forme de boules; mais ils ont pris, en se tassant réciproquement , la forme de pains carrés et un peu coniques. Les autres , du poids de 150 à 200 grammes, sont aplatis, allongés et déformés à la manière de l’opium de Smyrne, mais ils le sont beaucoup moins. Tous sont entourés d’une feuille de pavot presque entière , ont une surface propre et assez unie, et ne présentent qu'un petit nombre de semences de rumex. Ces pains ayant été formés avec un opium beaucoup moins mou que l’opium de Smyrne, ne se soudent pas entre eux; à l’intérieur ils sont formés de petites larmes agglutinées, comme l’opium de Smyrne, mais d’une couleur plus foncée, quelquefois pures, d’autres fois. mélangées , surtout dans les gros pains arrondis , de raclures de têtes de pavot. Cet opium se rapproche donc beaucoup de l'opium de Smyrne, et bon nombre de commerçants à Paris l’achètent ou le vendent sous ce nom ; mais il lui est inférieur, en qualité. Traité de la même manière que l’opium de Smyrne, il m'a donné, après que l'extrait a été redissous dans l’eau el ramené à siccité : ee. PAPAVÉRACÉES. 655 Extrait aqueux purifié. . . . . . . . 51,98 Résidu insoluble desséché. . . . . . 38,05 PAR GR DÉFI. eee = mecs « 10,07 100,00 L'extrait, redissous dans l’eau et précipité dans l’ammoniaque , a fourni 16,37 de morphine brute, d’où j'ai retiré 40,9 de morphine cristallisée. Opium de Constantinople en petits pains, Cet opium est en petits pains aplatis, assez réguliers, de forme lenticulaire, larges de 55 à 80 millimètres et du poids de 80 à 90 grammes. Il est recouvert d’une feuille de pavot dont la nervure médiane partage le disque en deux par- ties ; il a une odeur semblable aux deux opiums précédents , mais plus faible. Quelques personnes pensent que cet opium a été remanié et altéré à Constantinople; mais peut-être a-t-il été préparé en Asie même, en ajoutant au produit de l’incision celui de l'expression des pavots. Ce qu'il y a de certain, c’est qu'il est plus mucilagineux que l’opium de Smyrne et qu’il contient beaucoup moins de morphine. Dans un essai fait anciennement , cet opium, traité par infusion dans l’eau, m'a donné 60,94 d'extrait non purifié, lequel, redissous dans l’eau et précipité par l'ammoniaque, n’a produit que 11,68 de morphine impure, répondant, d’après les essais précédents, à 7 ou 8 pour 100 de morphine cristal- lisée. Opium d'Égypte. 1l est probable qu'autrefois l’opium venait prin- cipalement d'Égypte, comme l'indique le nom d’opéum thébaïque qu’on lui donne encore aujourd’hui dans la pratique médicale. Mais cette sorte avait pendant très longtemps disparu du commerce, lorsqu'elle y reparul il ÿ à de vingt à vingt-cinq ans. Je me rappelle avoir assisté à l'ouverture de la première caisse qui en vint à Paris. Cet opium me surpril par son aspect tout particulier ; je le crus cependant de bonne qualité, et j'en pris.une certaine quantité ; mais, l'ayant essayé, com- parativement avec l’opium de Smyrne, je vis qu’il contenait moins de morphine : on doit donc le rejeter. L'opium d'Égypte est en pains orbiculaires aplatis , larges de 8 centi- mètres environ, réguliers, très propres à l'extérieur, et paraissant avoir été recouverts d’une feuille dont il ne reste que des vestiges. Cet opium se distingue de celui de Smyrne par sa couleur rousse permanente, analogue à celle de l’aloès hépatique ; par une odeur moins forte, mêlée d'odeur de moisi; parce qu’il se ramollit à l'air libre au lieu de s’y dessécher, ce qui lui donne une surface luisante et un peu poisseuse sous les doigts ; enfin, parce qu’il est formé d’une substance unie et non 656 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES, grenue , ce qui indique qu’il a été pisté ou malaxé avant d’être mis en masses, comme l'ont indiqué trois des auteurs précités. Je n'ai fait anciennement qu’un seul essai sur l’opium d'Égypte, qui, tout en montrant que cet opium était inférieur à celui de Smyrne, le plaçait au-dessus de celui de Constantinople. J'avais trouvé, en effet, que 100 parties de cet opium fournissaient, par infusion dans l'eau, 61 parties d'extrait non purifié, et cet extrait, redissous dans l’eau et précipité par l’ammoniaque , m'avait donné 14,72 de précipité que je supposais contenir proportionnellement la même quantité de morphine que les autres, ce qui faisait environ 9,5 pour 100 du poids de l’opium. Ce résultat a été contredit implicitement par d’autres chimistes, D'après M. Berthemot, la solution aqueuse d’opium d'Égypte contien- drait de l'acide acétique libre qui dissoudrait toute sa narcotine ; de sorte que ce principe, au lieu de rester en grande partie dans le marc, conne cela a lieu avec l’opium de Smyrne , se trouverait dans la liqueur et ferait partie du précipité formé par l’ammoniaque. D’autres n'ad- mettent que 3 ou 4 pour 400 de morphine dans l’opium d'Égypte; mais M. Merck en a retiré 6 à 7, et M. Christison a obtenu du même opium 10,4 de chlorhydrate de morphine très pur, ce qui répond à 8,43 de morphine cristallisée. A l’occasion de l’opium d'Égypte, je vais revenir sur l'espèce de pavot qui doit fournir l’opium. Il est remarquable que tous les auteurs, jusqu'à Belon, aient annoncé que l’opium était tiré du pavot noir. Dioscoride et Pline le disent pour l’opium en général ; Avicenne, Abd- Allatif, Ebn-Beitar, et Prosper Alpin l’énoncent spécialement pour l'opium d'Égypte. j'avais cru trouver là la cause de l’infériorité de cet opium; mais il paraît, d’après un renseignement qui m'a été fourni par M. Hassan-Hachim, élève égyptien de notre école, que c’est le pavot blanc qui sert aussi à l’extraction de l'opium d'Égypte. M. Hassan- Hachim m'a dit avoir vu au Caire les capsules de pavot qui y sont apportées en très grande quantité de la haute Égypte, à cause de l'usage que l’on fait de leurs semences comme aliment. Ces semences sont blanches, et les capsules portent l'empreinte des incisions qui ont servi à l'extraction de l’opium. Opium de Perse, Cet opium paraît venir par la voie de Trébizonde : tel que je l'ai reçu de M. Morson, de Londres, il est en bâtons cylin- driques ou devenus carrés par leur pression réciproque ; il est long de 95 millimètres, épais de 41 à 14 , enveloppé d’un papier lustré, main- tenu avec un fil de coton. Chaque bâton pèse environ 20 grammes ; la pâte en est fine, uniforme , offrant cependant encore à la loupe l'aspect de petites larmes agglutinées, mais bien plus petites et plus atténuées que dans l'opium de Smyrne. Cet opium est bien celui dont la prépara- PAPAVÉRACÉES. 657 tion a été décrite par Kæmpfer : il a la couleur hépatique de l’opium d'Egypte, une odeur semblable, c'est-à-dire vireuse, mêlée de l'odeur de moisi, une saveur très amère. 11 se ramollit également à l'air humide. Cet opium diffère beaucoup par sa nature de celui de Smyrne ; il ne contient pas de sulfate de chaux et ne renferme que très peu d’un autre sulfate soluble. Il fournit par l'eau froide 80,55 d'extrait, qui se réduisent à 78,76 par une seconde solution dans l’eau. Les deux résidus insolubles réunis ne pèsent que 18,26 : il ne reste que 2,78 pour l’eau et la perte. L'extrait, redissous dans l’eau ct additionné d’ammoniaque, n'a fourni que 4,95 de précipité contenant de la morphine; mais le temps m'a manqué pour terminer l'essai, et je n'ai pu le reprendre depuis. M. Merck a obtenu avec peine, du même opium, 4 pour 100 de mor- phine et une trace de narcotine. Lorsqu'on évapore la solution d’opium de Perse, elle forme pendant l'évaporation un dépôt blanc cristallin , et, vers la fin, elle se présente comme un miel grenu , de couleur orangée. Opium de inde, On lisait dans plusieurs ouvrages que l'Inde fournit à l'Angleterre une immense quantité d’opium; mais quand je me suis adressé à M. Percira, à Londres, pour avoir de l’opium de l'Inde, il m'a répondu que cet opium était extrêmement rare en Angle- terre , et que le seul échantillon qu'il en eût (et qu'il voulut bien par- tager avec moi) lui avait été envoyé de Bombay par un de ses élèves (Journ. de pharm., & XVII, p. 716). L'Inde cependant produit une grande quantité d’opium; mais celui qui n’y est pas consommé passe tout entier aux îles de la Sonde, en Chine et dans les autres contrées orientales de l'Asie, où l'usage de fumer l’opium est généralement répandu (1). On connaît d’ailleurs dans l’Inde trois sortes principales d’opiums, savoir ceux de Malwa, de Patna et de Bénareés. L'opium de Malwa passe à Bombay, ceux de Patna et de Bénarès sont transportés à Calcutta et constituent l’opium de Bengale des commerçants anglais. Ces deux derniers opiums, récoltés dans deux contrées limitrophes, sur le bord du Gange, sont en effet presque semblables ; l’opium de Malwa seul cst différent et paraît se rapprocher de celui de Perse , par sa nature et sa préparation. Opium de Malwa (Percira). Masse uniforme, ovale -allongte, aplatie, pesant moins de 30 grammes; extéricur projre , sans fouilles ni semences; intérieur d’un brun noirâtre, assez.mou, luisant comme (1) En {827 ou 1828, l'exportation de l'opium de l'Inde pour la Chine a été de 330763 kilogrammes ; en 1833 elle était de 1397887 kilogrammes. Il est probable qu'elle est encore plus forte anjourd’hui. ITL. h2 658 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. un extrait; Saveur piquante, très amère, laissant un goût nauséeux. Odeur de fumée un peu vireuse, bien différente de celle de l'opium du Levant. Cet opium, traité par infusion dans l’eau, m'a donné 57,12 pour 100 d'extrait, lequel, redissous dans l’eau et précipité par l’am- moniaque, à produit 8,33 de morphine impure, répondant à 5,5 de morphine cristallisée. C’est ce même opium qui, traité anciennement par le professeur ‘Thompson, lui a fait dire que l’opium de l’fnde ne contenait que le tiers de morphine de celui de Turquie. C’est lui encore qui à fourni à M. Smyttan, inspecteur de l’opium à Bombay, de 3 à 5 centièmes de son poids de morphine. Un opium de qualité supérieure, mais non commercial, obtenu dans le jardin de culture , a fourni de 7,75 à 8,25 de morphine pour 100 (Journ. pharm., t. XXI, p. 54h). Depuis l'envoi de cet opium, M. Pereira a décrit dans la seconde édition de sa Matière médicale, une autre sorte d’opium de Malwa , consistant en un pain rond et aplati, du poids de 10 onces, qui semble avoir été enveloppé dans une poudre grossière faite de pétales de pavot brovés. La consistance de cet opium est celle de l’opium de Smyrne moyennement dur; son odeur est semblable ; sa substance intérieure paraît homogène. Opium de Patna Ou de Bénarès, Cet opium, dont je dois un bel échantillon à M. Christison , est sous forme d’une boule grosse comme une tête d'enfant, pesant 3 livres 1/2 avoir-du-poids, ou 4587 grammes. Cette boule est enfermée dans une enveloppe solide, épaisse de près de 1 centimètre, formée de pétales de pavot serrés et agglutinés entre eux, et pesant à elle seule une demi-livre (227 grammes) comprise dans les 3 livres 1/2 ci-dessus. Dans l’état d’altération où sont ces pétales, il est difficile de décider s'ils appartiennent au pavot blanc ou noir. Cependant beaucoup paraissent blancs, ce qui s'accorde avec un passage de Roxburgh, qui se borne à dire que la variété blanche de papaver somniferum ; à semences blanches, est cultivée sur une très grande échelle dans plusieurs parties de l'Inde (Ælora indica, IE, 571). A l’intérieur, la masse est molle, d’un brun très foncé , possédant une odeur et un goût forts et purs d’opium. M. Smyttan annonce n'avoir retiré de l’opium du Bengale que 2 ou 3, et jamais plus de 3,5 de morphine pour #00. Mais d’après M. Morson, chimiste et pharmacien très distingué de Londres, l’opium de Bénarès contiendrait environ moitié de la quantité de morphine trouvée dans les bonnes sortes d’opium de Turquie. Opium du jardin de Patna, Cet opium na été donné par M. Christison sous le nom d’opium de Malwa , et je l'ai décrit sous ce norn dans ma dernière édition, tout en le distinguant soigneusement de l'opium de Malwa envoyé par M. Pereira. Postérieurement, M. Chris- PAPAVÉRACÉES. 659 tison m’a appris que cet opium, non commercial, avait été préparé dans le jardin de Patna , par les ordres de M. Fleming, dans la vue de trouver les moyens de remédier à la mauvaise qualité des opiums de l'Inde; on peut donc considérer ce nouveau produit comme indiquant le degré de supériorité que l’opium de Finde peut acquérir. Ce produit présente la forme d’un pain carré, de 7 centimètres de côté et de 1°,5 d’é- paisseur. Il est enveloppé dans une lame très mince et transparente de mica, et a l’aspect lisse et homogène d’un extrait pharmaceutique bien préparé. Traité par l’eau froide, il a produit 63,89 d'extrait sec, qui se sont réduits à 61,11 par une nouvelle solution à froid. Le marc insoluble pesait 36,11 ; il était huileux et graissait le papier. L’extrait, redissous dans l’eau, lui donnait la couleur rouge d’un bain de bois de teinture. Précipité par l’ammoniaque, il a fourni 40,07 de morphine impure, de laquelle j'ai retiré 6,7 de morphine cristallisée. M. Cbristison a obtenu du même opium 9,5 pour 100 de chlorhydrate de morphine très pur, une quantité considérable de narcotine , et, sui- vant M. Pereira , 8 pour 100 de codéine; mais ce dernier nombre est sans doute entaché d’erreur. M. Merck a retiré du même opium 8 de morphine, 3 de narcotine , 0,5 de codéine, 1 de thébaïne, des traces de méconine et 0,5 d’un nouvel alcaloïde auquel il à donné le nom de porphyroxzine. Enfin, c'est encore le même opium qui a fourni à M. Mou- chead 10,5 de morphine, et 10,7 à M. Payen (Comptes rendus de F Aca- démie des sciences, t. XVII, p. 849). Opium indigène. C’est Belon qui a conseillé le premier de préparer en Europe, "et spécialement en France, de lopium, en employant le procédé usité dans l’Anatolie. Ceux qui s’en sont le plus occupés sont MM. Cowley et Staines en Angleterre, Young en Ecosse, Petit et le général Lamarque en France, Hardy et Simon en Algérie. Le plus beau de ces opiums m’a été envoyé d'Angleterre par M. Pereira : il a la forme d’un pain aplati, dont la cassure est très homogène , luisante et de couleur hépatique brune; il offre une odeur assez forte d’opium de Smyrne et une saveur très âcre et très amère. Je ne doute pas qu’il ne soit d’une excellente qualité et supérieur à celui de MM. Cowley et Staines, qui n’a fourni à M. Hennel que 7,37 de morphine pour 100. Un opium préparé aux environs de Provins a donné à M. Peut, de Corbeil, 16 à 18 pour 100 de morphine (Journ. pharm.,t. XIE, p- 183), ce qui le montré égal au meilleur opium de Smyrne, et M. Caventou parait avoir obtenu un résultat analogue. L’opium récolté par le général Lamarque , à Eyrés, dans le département des Landes , w’a pas la belle apparence de l’opium anglais décrit plus haut, étant en grumeaux agglomérés auxquels on n’a pas cherché à donner la forme d’une masse homogène ; mais il est également d’une très bonne qualité. M. Caventou annonce, en effet, en avoir extrait, en 1828, plus de 14 de morphine pour 100 (Comptes rendus, t. XVII, p. 1075); et Pelletier, en employant la précipitation à chaud par le carbonate d’ammoniaque (ce qui est 660 - DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. un mauvais procédé), en a retiré 10,3 de morphine. Le résultat le plus singu- lier de l'analyse faite par Pelletier, c’est qu'il n’a pas trouvé de narcotine dans l’opium d'Eyrés (Journ. pharm.,t. XXI, p. 571). : Je ne puis passer sous silence les tentatives faites de 1843 à 1848 , par M. Hardy et par M. Simon, pour récolter de Popium en Algérie, tentatives qui ont été l’objet de plusieurs rapports faits par M. Payen à l Académie des sciences ( Comptes rendus, t. XVIE, XVII, XX et XXIT). L’opium récolté en 4843 par M. Hardy, directeur de la pépinière d'Alger, paraissait être de bonne qualité; mais il n’a rendu que 5 de morphine pour 100, ce qui n’est que la moitié de la quantité fournie par les opiums moyens du commerce et le tiers de ce que produisent les qualités supérieures. : M. Simon, directeur du Jardin des Plantes de Metz , a eu l’idée de ren- fermer lopium recueilli par lui à Alger dans des capsules de pavot vides, ce qui donne au produit une forme spéciale qu’il serait facile de faire admettre dans le commerce. Cet opium , analysé par M. Herpin, pharmacien en chef de la Pharmacie centrale, à Alger, a fourni 12 pour 100 de morphine, qui s’est réduite à 10,75 par la purification que M. Payen lui a fait subir. Mais cette bonne qualité ne s’est pas soutenue en 1845, où l’opium récolté par M. Simon n’a offert que 3,74 à 3,8% de morphine, et celui de M. Hardy 4,84 à 4,94. On ne voit pas la raison, cependant, pourquoi on n’obtiendrait pas en Algérie un opium aussi bon que celui récolté en France, à moins que la chaleur du climat ne soit nuisible à sa qualité. Enfin, on trouve publié dans les Comptes rendus de l'Académie PR ee t. XXII, p. 838, l'extrait d’un mémoire de M. Aubergier sur la récolte de lopium, qui mérite une sérieuse attention, à part les faits que l’auteur a crus nouveaux et qui étaient connus depuis longtemps. Ainsi son couteau à quatre lames, pour abréger l'opération de l’incision des payots, est surpassé par celui à cinq lames décrit‘ par Kæmpfer et rappelé par Geoffroy et par moi- même dans l’ Histoire des drogues simples. Pareillement Kæmpfer et Geoffroy, d’après lui, ont fait connaitre que « la larme que l’on recueille la première, nommée gobaar, est d’un jaune pâle et la plus calmante ; que la seconde, qui est le plus souvent d’un roux noirâtre, n’a pas autant de vertu et n’est pas aussi chère ; enfin que quelques uns font une troisième opération , de laquelle on retire une larme très noire et de peu de vertu. » Il n’en est pas moins intéressant de voir ce fait confirmé par l’analyse chimique. Ainsi le pavot blanc à capsule ronde (var: depressa) ayant été exclusivement cultivé par M. Aubergier en 1845, le premier opium qu'il én a obtenu a donné 6,63 de morphine, le deuxième 5,53, le troisième 3,27. Un autre fait important à mentionner et à vérifier, consiste en ce que le-premier opium récolté en 1844, ayant fourni 8,75 de morphine, au lieu de 6,63 donné par le premier opium de 1845, M. Aubergier attribue cette différence à ce que l’opium de 4844 provenait d’un mélange de pavots à têtes longues et à têtes rondes, tandis que celui de 1845 avait été fourni exclusivement par cette dernière variété; d’où il résulterait que la variété à tête longue, quoique donnant moins de suc, devrait être préférée, en raison de la supériorité du produit. M. Aubergier mentionne également un pavot pourpre qui a fourni, en 1844 et 1845, un opium variant de 10,5 à 11,2 de morphine; et un pavot blanc à graine noire, très productif pour la semence, mais à coque tellement mince, qu'on ne peut linciser sans pénétrer dans l'intérieur. Celui-ci a fourni un NYMPHÉACGÉES. 661 opium de première récolte, produisant 17,83 pour 100 de morphine très pure, et un opium de seconde récolte produisant 14,78. Nous retrouvons encore là la richesse des opiums de Smyrne de la première qualité. Opium falsifié, Selon plusieurs auteurs, Popium du Levant, quand il arrive à Marseille, y est ramolli, incorporé avec des substances étrangères et remis ensuite dans le commerce. Je n’ai vu, quant à moi, que quelques morceaux d’opium qu'on pouvait supposer avoir subj une semblable falsifica- tion , reconnaissable à leur cassure qui n'offrait pas la netteté et la pureté des bons opiums de la Natolie, et qui présentait, au contraire, des aspérités dues au mélange d'une substance étrangère. Mais j'ai été à même d'examiner deux opiums falsifiés d'une nature différente , et dont voici la description. Le premier, qui n'aurait pu être vendu seul, en raison‘de sa dureté-et de sa densité comparables à celles d’une pierre, a été 'ouvé mélangé dans de l’opium de Smyrne dont il représente exactement Paspéect extérieur ; mais à l'intérieur il était composé d'une matière siliceuse pulvérisée et de marc d’opium épuisé par l’eau , le tout incorporé au moyen d'un mucilage, Le second opium faux parait avoir été fabriqué à Londres en 1836 ou 1837, sur une grande échelle , avec le résidu glutineux de Fopium qui avait servi à extraction de la morphine. Cet opium faux présentait si bien, à l'extérieur, l'apparence de lopium de Smyrne ou de celui de Constantinople en gros pains , et, à l’intérieur, l'aspect de petites larmes brunes , agglutinées , mais non entièrement confondues, ainsi que les offrent les bons opiums, qu’il était très difficile de l’en distinguer ; mais il avait , sous la pression des doigts, une consistance élastique qui appelait sur. lui Pattention ; alors voici ce qu’on découvrit. Cet opium n’offrait qu’une faible odeur vireuse et une saveur mucilagineuse dépourvue d’amertume et d’âcreté; il blanchissait par le contact de l’eau ou de la salive , comme le fait la scammonée ; traité par l’eau froide ou chaude, il s'y F3 RE facilement et formait une sorte d’émulsion mucilagineuse , qui filtrait très difficilement, Le liquide évaporé fournissait un peu plus de la moitié du poids de la substance employée, de même que cela a lieu avec le bon opium ; mais cet extrait, redissous dans l’eau, ne rougissait pas le tourne- sol, précipitait fortement par l'alcool et ne se troublait pas par l’ammoniaque, toutes propriétés contraires à celles du véritable opium. Enfin, le résidu inso- luble dans l'eau était gras au toucher et tachait comme une huile le papier sur lequel on le faisait sécher, Tous ces essais m'ont convaincu que ce prétendu opium était un mélange de marc d’opium, d’un extrait végétal quelconque, de gomme, et d’une petite quantité d’huile qu’on y avait ajoutée trés habile- ment pour rompre la continuité de Pextrait et lui donner l'apparence de petites larmes à moitié agglutinées. Par suite du rapport qui fut fait sur ce faux opium , des quantités considérables en ont été saisies chez plusieurs commerçants de Paris et dans la maison entrepositaire du Havre qui-le leur expédiait. Par suite d’une condamnation prononcée , toute la quantité saisie a été détruite par le feu, FAMILLE DES NYMPHÉACÉES. Grandes et belles plantes qui nagent à la surface des eaux et dont la üge forme une souche souterraine de forme variée, Leurs feuilles sont . L 662 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. alternes, entières, orbiculées, portées sur de très longs pétioles. Leurs fleurs sont grandes, solitaires, portées également sur de longs pédon- cules qui les élèvent jusqu’à la surface de l’eau. Leur périanthe est composé d’un grand nombre de parties disposées sur plusieurs rangs ; les plus extérieures, au nombre de 4 ou 6, sont de la nature des sépales, vertes au dehors et consistantes: les intérieures sont péta- loïdes et diversement colorées. Les étamines sont très nombreuses, insérées sur plusieurs rangs au-dessous de l'ovaire, ou même sur le contour de l'ovaire, de même que les pétales les plus intérieurs, qui ne sont sans doute que des étamines transformées. L’ovaire est libre et sessile au fond de la fleur, ou soudé avec le calice ; il est surmonté d’un disque sessile à stigmates rayonnants , et divisé intérieurement en autant de loges qu’il y a de stigmates sur le disque. Le fruit est charnu, indéhiscent, à plusieurs loges polvspermes. Les graines sont formées d’un tégument épais, contenant un gros endosperme farineux, sur- monté d’un deuxième endosperme beaucoup plus petit, qui renferme un embryon à deux cotylédons. La nature, en formant les êtres organisés, paraît n’avoir eu qu’un but, celui deles pourvoir d'organes propres à les faire vivre; ou plutôt, peut- être, parmi le nombre infini d'êtres qu’elle a pu créer, ceux-là seuls ont vécu dont les parties se sont prêtées à la permanence de la vie. Or que sont nos classifications auprès de l’innombrable variété des combi- naisons nées de la fécondité de la nature? Les nymphéacées sont un des nombreux exemples de l'impuissance de nos méthodes. Les botanistes ne peuvent s’accorder sur la place qu’elles doivent occuper dans la méthode dite naturelle. Les uns , se fondant sur les deux cotylédons de l’embryon, les rangent dans les dicotylé- dones, et alors leur place doit être auprès des papavéracées; les autres, considérant la structure endogène du rhizome et le port général des plantes, les mettent dans les monocotylédones, auprès des hydrochari- dées. Le fait est qu’elles participent des caractères de ces deux grandes divisions du règne végétal, et qu’elles ne peuvent appartenir exclusive- ment ni à l’une ni à l’autre. Les nymphéacées ne comptent qu’un petit nombre de genres partagés en trois tribus. Dans la première, composée des genres euryala et victoria, l'ovaire est adhérent au calice et les pétales sont distincts. Dans la seconde tribu, formée des genres nymphœæa et nuphar, le calice est libre et les pétales distincts. Dans la troisième, ne contenant que le seul genre barclaya , ie calice est libre et la corolle est gamopétale, portée sur le sommet d’un torus. Le genre victoria, dédié par M. Lindley à la reine d'Angleterre, ne comprend que deux espèces, dont une nommée victoria regina, est NYMPHÉACGÉES. 663 une plante magnifique et tout à fait extraordinaire par l'énorine gran- deur de ses feuilles et de sa fleur, qui viennent s’étaler sur les bords du fleuve des Amazones et de la rivière Berbice, dans la Guyane anglaise, Les genres nymphæa et nuphar, autrefois réunis et formant aujourd’hui la tribu des nymphées, comprennent ensemble une tren- taine d'espèces dont deux croissent naturellement en Europe et deux autres en Égypte, où elles ont été l’objet d’une sorte de culte religieux, comme tout ce qui tenait au Nil, à titre de produit ou d’attribut. Nénuphar blanc (fg. 424). Nymphœa alba L. — Car. gén. : Calice coloré à 4 folioles ; corolle à 16-28 pétales , insérés surtout autour de l'ovaire et sur plusieurs rangs ; étamines nombreuses insérées sur l'ovaire au-dessus des pétales ; ovaire oyvoïde, couronné par un stigmate large, orbiculaire, étoilé ; capsule sphérique, couverte de cicatrices, charnue, divisée en 16 à 20 loges, contenant chacune plusieurs graines attachées aux cloisons. — Car. spéc. : Feuilles en cœur , arrondies , très entières; stigmate à 16 rayons ascendants. Le nénuphar blanc croît dans les étangs et dans les eaux tranquilles. Son rhizome est cylin- drique, un peu com- primé, charnu , jaune à l’intérieur, moins gros que le bras, couché horizonta- lement au fond de l’eau; il est muni de radicules fibreuses qui s’enfoncent dans le sol, et est presque complétement recouvert par des écussons de cou- leur noire. Ses feuilles sont flottantes à la surface de l’eau, très grandes, cordiformes-arrondies, ou mieux peltées-orbiculaires, mais échancrées d’un côté jusqu’au pétiole. Lesfleurs, qui viennent aussi s’épa- nouir sur l’eau, sont larges de 8 à 11 centimètres, très belles, d’un blanc éclatant, et lui ont mérité 664 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. le nom de lis d'eau ou de lis des étangs. Ces fleurs sont usitées pour faire un sirop que l’on croit être calmant et réfrigérant. Le rhizome passe pour avoir la même propriété; mais il n’est pas usité, parce que l'idée qu'on se fait de sa blancheur prétendue est cause qu’on emploie à sa place le rhizome du nénuphar jaune (#uphar lutea), qui est blanc, tandis que celui du nénuphar blanc est jaune à l'intérieur et rendu presque noir à l'extérieur , par la grande quantité de tubercules foliacés ou radicaux qui le recouvrent. Ces deux plantes étaient connues des anciens, et Dioscoride les a bien décrites. Mais elles n'ont pas égalé en réputation les deux nymphæas du Nil, dont l’un, nommé lofos, à la racine tubéreuse, oblongue, grosse comme un œuf de poule, noirâtre extérieurement, jaune en dedans, d'une saveur douce. Scs feuilles sont cordiformes, ovales, dentées sur le bord, Ses fleurs sont blanches, roses sur le bord, à 16 ou 20 pétales. Ses fruits sont arrondis, de la grosseur d’une petite pomme, entourés à la base par les divisions du calice, un peu allongés en pointe à l’extré- mité. Les Égyptiens mangent encore aujourd'hui la racine de cette plante, après l'avoir fait cuire dans l'eau ou autrement, et font une sorte de pain avec ses graines, ainsi que l'usage en existait déjà , au temps d'Hérodote et de Théophraste. Cette plante est le nymplua lotus L. L'autre nymphæa du Nil (nymphæa cærulea Sax.) à la racine tubé- reuse , piriforme; les feuilles arrondies, échancrées à la base, et les fleurs d’une belle couleur bleue. On la cultive en France en la tenant toute l’année dans la serre chaude, placée dans une terrine , au milieu d’un grand baquet d’eau. Elle y fleurit très bien. Cette plante porte en arabe le nom de /énoufar ou niloufar, d'où nous avons fait nénuphar, Nénuphar iaune. Nuphar lutea DC., nymphæa lutea XL. Cette plante croît dans les mêmes licux que le nénu- phar blanc et dans les eaux courantes. Elle se distingue du nénuphar blanc par son rhizome blanc à l'intérieur, jaunâtre à l'extérieur, por- tant à sa surface, sous forme d'écussons, des écailles tra- pézoïdales brunâtres, assez régulièrement espacées et disposées en spirale. Ses feuilles sont oblongues , Fig. 425. NYMPHÉACÉES. C65 échancrées du côté interne jusqu’au pétiole, qui est triangulaire, Ses fleurs sont formées d’un calice à 5 sépales et de 10 à 18 pétales, beau- coup plus petits que les sépales, jaunes, tous insérés sur le réceptacle, ainsi que les étamines, de sorte que l'ovaire est complétement libre, et que le fruit (représenté figure 425 ) est lisse à sa surface et dépourvu de cicatrices. Il est aminci en pointe à la partie supérieure et terminé par le disque qui porte les stigmates; il est divisé intérieurement en loges rayonnantes remplies par une pulpe au milieu de laquelle sont nichées les semences. Ainsi que je l'ai dit plus haut, c’est cette plante qui fournit la racine de nénuphar employée en pharmacie; de sorte que les parties connues en médecine sous les noms de fleur et de racine de nénuphar appartiennent à deux plantes différentes : la fleur appar- ticngau »ymphœæa alba, la racine au nuphar lulea. M. Morin, de Rouen, qui a fait l’analyse de cette racine, en a retiré beaucoup d’amidon , du muqueux, du tannin, du sucre incristallisable, de la résine, une matière azotéce, différents sels, etc. (Journ. de pharm., t. NE, p. 450). La quantité de tannin est assez grande pour que la racine puisse servir à la teinture en noir. NÉLUMBIAGÉES. On a établi cette famille pour un genre de plantes , très peu nombreux en espèces, dont le type a été fourni par une plante qui croissait autrefois dans le Nil, d’où elle a complétement disparu aujourd'hui; mais elle a été retrouvée dans l'Inde par Rheede, et dans les îles Moluques par Rumphius, ce qui a permis de vérifier l'exactitude des descriptions que les anciens , et principalement Théo- phraste, nous en ont laissées. Cette plante est la fève d'Égypte (xdauos aœiyorruws Théoph. ; nelumbium speciosum Willd. ; nelumbo nucifera Gærtn. ; nymphæa nelumbo L.). C’est autrement le lofos sacré qui surmonte la tête d’Isis et d'Osiris, et le famarara de la mythologie indienne, qui sert de conque flottante à Vichnou et de siége à Brama. Pour les modernes, c’est toujours une des plus belles plantes qui ornent la surface des eaux. Sa racine est longue, charnue, rampante, munie de distance en distance de nodosités d’où s'élèvent les longs pétioles des feuilles ou les pédoncules des fleurs , les uns et les autres couverts d’épines courtes. Ses feuilles sont peltées ou en forme de bou- clier, creustes au centre, larges de 60 à 70 centimètres. Les fleurs sont deux fois grandes comme celles d’un pavot, formées d’un calice à k ou 5 sépales et d'une corolle à 16 28 pétales roses. Les étamines sont très nombreuses, multisériées, insérées sur le réceptacle, à fila- ment prolongé en appendice au-dessus de l’anthère. Au centre de la fleur se trouve un torus charnu, turbiné, tronqué supéricurement et creusé, à la face supérieure, de 20 à 20 alvéoles dans chacun desquels 666 DICOTYLÉDOUNES THALAMIFLORES. est placé un ovaire uni-ovulé , surmonté d’un style court et d’un stig- mate, Les fruits sont des askoses ovoïdes, de la grosseur d’une petite noisette, dont le sommet excède un peu la surface du torus accru et présentant la forme conique d’un guêpier ou d’une pomme d’arrosoir (fig. 426). Chaque askose contient, sous un double tégument, un embryon sans endosperme , épais, charnu, renversé, entier par la Fig. 426. partie supérieure, divisé en deux parties inférieurement, contenant, sous une membrane mince, une plumule descendante , diphylle, ger- mant dans l’intérieur du fruit. Les anciens mangeaient ce fruit récent ou desséché et réduit en farine ; ils mangeaient aussi la racine cuite. FAMILLE DES BERBÉPRIDÉES. Herbes ou arbrisseaux à feuilles alternes, accompagnées de stipules souvent persistantes et épineuses. Fleurs ordinairement jaunes, en épis ou en grappes; calice à 4 ou 6 sépales, accompagné extérieurement de plusieurs écailles; pétales en nombre égal et opposés aux sépales ; étamines en même nombre , également opposées aux pétales ; anthères sessiles ou portées sur un filet, mais offrant toujours deux loges dont chacune s’ouvre de bas en haut par une sorte de panneau. Ovaire uni- loculaire renfermant plusieurs ovules. Fruit sec ou charnu, uniloculaire, indéhiscent. Semences contenant un embrvon droit au milieu d’un endosperme charnu. Cette famille, composée d'un petit nombre de genres, ne fournit à la pharmacie que le berbéris ou épine-vinette , dont nous employons les fruits ou les semences. La racine sert à la teinture. BERBÉRIDÉES. 667 Berbéris + ou Épine-Vinette. Berberis vulgaris L. (fig. 427). Arbrisseau hant de 2 à 3 mètres, divisé en branches rameuses, armées d’épines simples ou tripartites. Ses feuilles sont assez petites, ovales - oblongues, rétrécies en pétiole à la base, glabres, bordées de dents très aiguës et presque épineuses. Elles sont pourvues d’une saveur acide agréable. Les fleurs sont petites, jaunâtres, pédoncu- lées, disposées en grappes simples et pendantes, quisont entourées à leur base d’une roselle de 8 à 10 feuilles d'inégale grandeur. Elles ont une odeur désagréable et comme spermatique. Elles sont à 6 pétales et à 6 éta- mines insérées entre deux glandes à la base de chaque pétale. Lors de la fécondation, les étamines, qui sont cachées dans la concavité des pétales, se redressent l’une après l’autre pour venir répandre leur pollen sur le stigmate. Ces étamines présentent d’ailleurs une irritabilité analogue à celle de la sensitive ; lorsqu'on irrite le filament par le contact d’une aiguille, elles se rejettent sur le pistil ; l'électricité et la chaleur d’un verre ardent produisent le même phénomène, d’après Kæklrenter. Les insectes qui vont puiser le miel sécrété par les glandes situécs à Ja base des pétales le produisent également et favorisent ainsi l’éjaculation. du Fig. 427. pollen. Les fruits ont Ja forme d'une baie allongée, d’un rouge de corail (1), d’une acidité forte, mais agréable, due à l’acide malique. On en fait un sirop et une confiture qui sont très agréables. Les semences entrent dans l’électuaire diascordium. Elles sont petites, longues, rougeûtres , inodores, d’une saveur astringente et comme vineuse. (1) Il y a des variétés dont les fruits sont jaunes, violets, pourpres, noi- râtres ou blancs ; une autre n’a pas de semences. 668 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. La racine de berbéris est ligneuse, d'un jaune pur, à structure rayonnée, comme celle des ménispermées. Elle est usitée pour la tcin- ture en jaune , ainsi que son écorce, qui est quelquefois substituée à celle de grenadier. J'ai fait connaître précédemment (p. 259) les moyens de les distinguer. Le principe colorant de la racine de berbéris a Cté obtenu à l'état de pureté par MM. Buchner père et fils, qui lui ont donné le nom de Lerbérine { Journ. pharm., | XXT, p. 408 ). FAMILLE DES MÉNISPERMACÉES. Plantes ligneuses , sarmenteuses et grimpantes des pays chauds, dont les feuilles sont alternes, privées de stipules, et les fleurs le plus souvent dioïques. Le calice se compose de plusieurs sépales disposés par séries de 3 ou 4; il en est de même de la corolle, qui manque quelquefois. Les étamines sont libres ou monadelphes, en nombre égal, double eu triple de celui des pétales, ou indéterminé. Les carpelles sont peu nombreux, libres ou soudés, contenant un seul ovule amphitrope ; d'autres fois uniques mais excentriques, d’abord dressés, puis recourbés de manière à rapprocher le sommet de la base. Le fruit est une baic ou un drupe droit ou réniforme , contenant une semence inverse, droite ou courbée en fer à cheval, pourvue ou dépourvue d'endosperme, contenant un embryon homotrope , à radicule courte, éloignée du hile. La famille des ménispermacées, quoique peu nombreuse, renferme beaucoup de plantes actives, usitées dans les contrées qui les produisent. Il y en à trois surtout dont les produits viennent jusqu'à nous. Ces produits sont la racine de Colombo, celle de pareira-brava et la coque du Levant. Racine de Colomb. Cocculus palmatus DG. — Car. gén. : Fleurs dioïques; calice à 6 sépales, rarement à 9, disposés par séries ternaires; 6 pétales disposés sur deux séries : fleurs mâles à 6 étamines opposées aux pétales ; fleurs femelles offrant de 3 à 6 ovaires libres, uniloculaires , surmontés d’un stigmate sessile, simple ou bifide au sommet. Fruits composts de drupes presque secs, à noyau réniforme renfermant une semence con- forme , dont l'embryon présente deux cotylédons séparés ct parallèles, iuterposés dans un endosperme huileux {voir la figure 428 qui repré- sente la coque du Levant, dont la semence est conformée de la même ianière). — Car. spéc. : Feuilles cordées à la base, à 5 lobes palmés, profondément divisés, acuminés, très entiers, velus. MÉNISPERMACÉES. 669 La plante qui fournit la racine de colombo à passé pendant long- temps pour croître dans l’île de Ceylan, et surtout dans les environs de la ville de Colombo, d’où la racine a d'abord été transportée en Europe, ct qui lui a donné son nom; mais des renseignements plus certains ont appris que le cocculus palmatus, qui la produit, était commun à Mada- gascar et sur la côte orientale de l'Afrique, d’où la racine était portée sèche à Ceylan. Maintenant que ce fait est bien connu, on tire directe- ment la racine de colombo de l'Afrique australe. La plante qui la fournit est vivace et à Lige grimpante, comme toutes les ménispermées. La racine de colombo, telle que le commerce la présente, est en rouclies de 3 à 8 centimètres de diamètre, ou en tronçons de 5 à 8 centimètres de long. Elle est recouverte d’un épiderme d’un gris jaunâtre ou brunâtre, quelquefois presque uni, le plus souvent profon- dément rugueux ; les rugosités sont irrégulières et n’offrent aucune apparence de stries circulaires parallèles. Les surfaces transversales sont rugueuses, déprimées au centre de la racine par suite de la dessiccation, ou offrent plusieurs dépressions concentriques comme la bryone desséchée. Dans quelques morceaux dont la végétation paraît avoir souffert et qui sont presque entièrement ligneux , les fibres ligneuses offrent d’une manière frappante la disposi- tion rayonnée des racines de pareira-brava. On observe la même dispo- sition, mais plus difficilement, dans les morceaux mieux nourris et plus amylacés. La racine de colombo à une teinte générale jaune-verdätre ; cette couleur, observée dans la coupe transversale, va en s’affaiblissant de la circonférence au centre, à l'exception d’un cercle plus foncé qui se trouve à la limite des couches ligneuses et des couches corticales. Elle a une saveur très amère et une odeur désagréable, mais qui ne devient sensible que lorsque la racine est rassemblée en masse. Sa poudre est d’un gris verdâtre. La racine de colombo ne colore pas l'éther, et forme avec l'alcool une teinture jaune-verdâtre foncée ; humectée et touchée avec la teinture d’iode, elle prend tout de suite une couleur noirâtre due à la présence de l’amidon ; elle forme avec l’eau un macéré brun qui n’exerce aucune action sur le tournesol, la gélatine et le sulfate de fer. Elle a été analysée par Planche, qui en a retiré : 1° le tiers de son poids d’amidon : 2° une matière azotée très abondante; 3° une matière jaune amère, non précipitable par les sels métalliques ; 4° des traces d'huile volatile ; 5° du ligneux ; 6° des sels de chaux et de potasse , de l’oxide de fer et de ia silice. ( Bulletin de pharmacie , &. VIT, p. 289.) M. Witistok a retiré en outre de la racine de colombo une substance particulière cristallisable, à laquelle il a donné Je nom de co/ombine. 670 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. Pour l'obtenir, on épuise la racine par l’éther et l’on abandonne la disso- lution à l’évaporation spontanée; ou bien on évapore aux trois quarts la teinture alcoolique et on la laisse’ cristalliser. 100 grammes de racine de colombo ne fournissent que 15':,56 de colombine, Cette substance est inodore , fortement amère , non acide ni alcaline , non azotée. La racine de colombo a été vantée contre les indigestions, Jes coliques, les dyssenteries et les vomissements opinitres. Elle paraît douée en effet de propriétés très actives. On l'emploie surtout en poudre, en extrait aqueux ou en teinture alcoolique. Racine de faux colombo., Vers les années 1820 à 18% , la racine de colombo avait entièrement disparu da commerce français, et on lui substituait presque partout, sans la moindre contradiction , une racine toute différente , mais d’un prix bien inférieur. Cette fausse racine de colombo est en roueélles ou en tronçons comme la précédente, mais elle est bien moins régulière dans sa forme. Elle a une teinte générale jaune fauve, une saveur faiblement amère et sucrée, une faible odeur de racine de gentiane. Elle offre un épiderme gris fauve, très souvent marqué de stries circulaires, parallèles et serrées. Les surfaces transversales sont irrégu- lièrement déprimées, comme veloutées, d’un fauve sale ou d’un jaune pâle et blanchâtre. La couleur intérieure est d’un jaune orangé avec un cercle plus foncé vers la limite des couches ligneuses ; la racine de gen- tiane offre exactement le même caractère. La poudre est d’un jaune pâle tirant sur le fauve. La fausse racine de colombo n’éprouve aucune coloration par le contact de l'iode, ce qui indique qu’elle ne contient pas d’amidon ; elle communique à l’éther une couleur peu foncée d’un jaune pur; en faisant évaporer la teinture éthérée et reprenant le produit par l'alcoo!, il reste une matière jaune, solide, qui se lustre par le frottement comme de la cire. Cette racine colore l'alcool en jaune fauve, et l’eau en jaune orangé. Le macéré aqueux rougit la teinture de tournesol, se colore en vert noirâtre par le sulfate de fer, et se trouble légèrement par la colle de poisson ; de plus, la potasse caustique en dégage de l’ammoniaque sensible à lodorat, et par l'approche d'un bouchon mouillé d'acide acétique. Rien de semblable n’a lieu avec le vrai colombo. J'ai signalé Ja substitution du faux colombo au véritable dans Île Journal de chimie médicale , 1. I, p. 334; mais sur une fausse indi- cation qui m'avait été donnée, je supposai alors qu'il venait d'Afrique, par la voie de Marseille, Il y a longtemps que j'ai rectifié cette erreur en faisant connaître que celte racine provenait des États-Unis d’Amé- rique , où elle porte effectivement le nom de colombo, et où elle est produite par le frasera Walteri Mich. , plante de la famille des gentia- MÉNISPERMACÉES. 671 nées. Au moins avais-je signalé sa ressemblance avec la racine de grande gentiance, et avais-je conclu qu’elle devait appartenir à une plante voisine, mais différente. Le faux colombo ne pourrait pas wême remplacer notre racine de gentiane, dont il n’est que la pâle copie. On l'en distinguera facile- ment à sa faible saveur amère , à son odeur peu marquée, et par son collet arrondi supérieurement et terminé par un bourgeon central écail- leux; tandis que la gentiane possède une saveur et une odeur des plus caractérisées, et offre un large bourgeon qui occupe tout le disque de la racine. Enfin, la racine de gentiane contient une matière analogue à la glu et une grande quantité de principe gélatineux (grossuline ou pectine ), dont le faux colombo paraît être dépourvu. Racine de Butua ou de Pareira-Brava. La racine connue dans les officines sous le nom de pareira - brava est produite par une /iane ou plante sarmenteuse du Brésil, dont les tiges, en se tordant autour du tronc et des branches des arbres voisins, finissent par en atteindre le sommet, quelque élevé qu'il soit. Son nom pareira-brava veut dire vigne sauvage. Sa racine est ligneuse, très fibreuse, dure , tortueuse, quelquefois de la grosseur du bras. Elle est brunâtre à l'extérieur et d’un jaure fauve et grisâtre à l’intérieur, Elle présente, sur sa coupe transversale, plusieurs cercles concentriques d’une couleur brunâtre , dont les intervalles sont traversés par une infi- nité de lignes radiaires très apparentes. Gette racine , bien nourrie, est gorgée de suc desséché, compacte et pesante ; mais dans des circon- stances moins favorables, les faisceaux ligneux dont elle se compose se séparent facilement les uns des autres , suivant les lignes concentriques et radiaires ci-dessus, et la racine étant légère, presque ligneuse et de qualité moindre , doit être rejetée. On trouve souvent mêlée à la racine de pareira la tige de la plante qui, étant moins active , doit être également rejetée. Elle est couverte d’un épiderme grisâtre, ridé longitudinalement par la dessiccation. Elle est ordinairement ronde, mais marquée d’un angle obtus très près duquel se trouve situé le canal médullaire , lequel est ainsi tout à fait excentrique, les couches ligneuses ne S’étant développées que du côté extérieur de la tige volubile, La racine de pareira=brava cest inodore et pourvue d’une amertume très marquée, mêlée d’un goût un peu semblable à celui de la réglisse, Elle paraît être fortement diurétique et a été recommandée contre la colique néphrétique, la suppression d’urine, l'empoisonnement par la morsure des animaux venimeux. On l’a même conseillée, mais avec 672 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. peu de succès sans doute, pour dissoudre les calculs des reins ou de la vessie, Elle a Cté analysée par M. Feneulle, qui y a reconnu la présence de l’azotate de potasse, sel que l’on trouve dans la plupart des substances ligneuses qui ont vieilli dans les droguiers. La quantité de ce sel est d'ailleurs trop petite pour expliquer la qualité diurétique de la racine, qui doit être attribuée plutôt à quelque principe organique particulier. La racine de pareïra-brava est communément attribuée au crssam- pelos pareira L. (4), qui croit principalement dans les bois montueux des Antilles; mais elle est plutôt produite par le cocculus platiphylla St.-Hil., croissant au Brésil, ou par l’abuta rufescens d’Aublet {cocculus rufescens Endl.), dont la racine, au dire d’Aublet, est transportée cn Europe sous le nom de pareira-brava. 11 paraît d’ailleurs que plusieurs espèces de céssampelos ou de cocculus produisent des racines presque semblables et de propriétés très analogues. Tels sont : 1° Le cissampelos glaberrima St.-Hil., qui est le caapeba de Pison et de Marcgraff, que Linné a eu tort de confondre dans son cissampelos pareira. 2° Les cissampelos chracteata St.-Hil., et ovalifolia DC., qui portent €galement au Brésil le nom de orelha de onça. 3" Le cissampelos caapeba L., croissant dans les Antilles, et le cissampelos mauritiana Petit-Thouars, dont les racines sont beaucoup plus grêles que le pareira-brava du Brésil, mais d'organisation et de propriétés semblables. Coque du Levant (fig. 428 \, Anamirta cocculus Arnott ; cocculus suberosus DC. ; menispermum cocculus L., Gærtn., Roxb. La coque du Levant est connue depuis très longtemps sous le nom de cocculi indi ; mais l'arbre qui la produit n'est peut-être pas encore parfaitement déterminé. Gærtner, qui à figuré et décrit le fruit avec une grande exacti- tude , n’a connu l'arbre que par la description de Linné. Roxburgh est le premier qui ait vu cet arbre vivant, davs le Fig. 498. (4) Cissampelos pareira L. — Car. gén. : Fleurs dioïques : fleurs mâles à % sépales ouverts et cruciformes ; corolle nulle ; disque sous-charnu ; élamines MÉNISPERMACÉES. 673 jardin de Calcutta, provenant de semences reçues du Malabar en 1807; mais à la fin de 4812, quoique la plante surpassät en hauteur des arbres élevés, elle n'avait pas encore fleuri. Je ne sais si cet arbre est celui qui, ayant fleuri plus tard , a été figuré dans les plantes médicinales de M. Nees d'Esenbeck, sous le nom de #enispermum cocculus Wal- lich, et dont l'individu femelle scul se trouve représenté ; mais il est probable que c’est lui dont l'individu mâle se trouve décrit, d'après M. Walker-Arnott, dans les Annales des sciences naturelles de 1834, t. II, p. 65; de sorte qu’il faudrait réunir les deux descriptions pour avoir une connaissance complète de l'espèce. M. Walker-Arnott admet comme synonymes l'anamirta racemosa Colebr. et le menispermum heleroclitum de Roxburgh. Voici les caractères du genre anamirta : Fleurs diviques. Fleurs mâles offrant un calice court, tripartite ; une corolle à 6 pétales bisériés, réfléchis ; des étamines nombreuses réunies en un tube central, cylin- drique, dilaté et arrondi au sommet, lequel se trouve couvert d’anthères sessiles , adnées, quadriloculaires. Fleurs femelles à calice triphylle, très caduc; corolle nulle ; 3 ovaires libres et sessiles au sommet d'un gynophore cylindrique ; styles très courts, stigmates arrondis sur le côté. Le fruit est formé de 3 drupes charnus, dont un seul persiste le plus souvent; ce drupe persistant et un peu recourbé en forme de rein, renferme un noyau incomplétement séparé en deux loges par un repli de la suture ; la semence est inverse et contient un embryon droit, au milieu d’un endosperme charnu. La coque du Levant, telle que le commerce la fournit, est plus grosse qu’un pois, arrondie et légèrement réniforme; elle est formée d’un brou desséché, mince, noirâtre, rugueux, d’une saveur faible- ment âcre el amère , et d’une coque blanche, ligneuse, à 2 valves, au milieu de laquelle s'élève un placenta central rétréci par le bas, élargi par le haut et divisé intérieurement en deux petites loges. Tout l'espace compris entre ce placenta central et la coque est rempli par une amande creuse à l’intérieur et ouverte sur le côté pour recevoir le placenta. L'embryon cst formé d’une radicule cylindrique , supère , et de deux cotylédons foliacés , écartés et recourbés comme les branches d’un forceps , et plongeant, de chaque côté du placenta, dans une réunies en une colonne monadelphe à 4 anthères uniloculaires. Fleurs femelles à un seul sépale unilatéral; corolle à un seul pétale opposé au sépale ; ovaire ové surmonté de 3 stigmales ; drupe monosperme, réniforme, les stigmates s'étant rapprochés de la base. Endosperme nul; embryon long, cylindrique, périphérique — Car. spéc. : Feuilles peltées, sous-cordées, soyeuses en dessous ; grappes femelles plus longues que les feuilles. Fruits hispides. RER h5 67h DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. loge plate et longitudinale , pratiquée dans lendosperme (voir la figure 429). L'amande de la coque du Levant est grasse el très amère. M. Boullay en à extrait un principe vénéneux cristallisable, qu’il a nommé picrotoæine. Cette amande se détruit avec le temps, de même que cela a lieu pour les ricins et les grains de Tilly, et il n’est pas rare de voir les vieilles coques du Levant presque entièrement vides. Il faut donc les choisir récentes, si l’on veut obtenir quelque résultat de leur analyse chimique. La coque du Levant est usitée dans l’Inde pour la pêche du poisson, qui, après avoir avalé l’appât contenant cette substance, vient tournoyer et mourir à la surface de l’eau. D’après les expériences du docteur Goupil, cet emploi peut être suivi de graves inconvénients lorsqu'on n’a pas le soin de prendre et de vider le poisson aussitôt qu’il paraît sur l’eau; car alors la chair devient vénéneuse et agit sur l’homme et les animaux comme la coque du Levant même (Bulletin de pharmacie, t. Il, p. 509). d Cette action vénéneuse réside dans l’amande du fruit, et l’enve- loppe ligneuse est purement vomitive. M. Boullay n’en à retiré, en effet, qu'une matière jaune extractive, sans picrotoxine. Cependant MM. Pelletier et Couerbe , qui l'ont soumise à un examen plus appro- fondi, y ont découvert une base alcaline cristallisable nommée méni- spermine ; mais cette base est insipide et sans action marquée sur l’économie animale. D'après M. Boullay, l'amande de la coque du Levant contient moitié de son poids d’une huile concrète, formée d’élaïne et de stéarine ; de l’albumine, une matière colorante particulière, 0,02 de picrotoxine, des surmalates de chaux et de potasse, du sulfate de potasse, etc. Sui- vant MM. Lecanu et Casaceca, le corps gras se trouve dans la coque du Levant en partie à l’état d'acides margarique et oléique ; mais il est probable que la présence de ces acides tient à l’état de détérioration dans lequel se trouve ordinairement le fruit. Quant à la picrotoxine, qui a passé quelque temps pour une base alcaline , elle paraît douée plutôt d’un faible caractère d’acidité ; on l’obtient d’ailleurs facilement, d’après MM. Couerbe et Pelletier, en traitant la coque du Levant con- cassée par de l'alcool à 36 degrés bouillant ; filtrant, distillant , et trai- tant l'extrait par l’eau bouillante, afin de dissoudre la picrotoxine , qui cristallise par le refroidissement de la liqueur préalablement et faible- ment acidulée. La picrotoxine est blanche, brillante, inodore, d’une amertume insupportable ; elle cristallise en prismes quadrangulaires très fins ; elle demande pour se dissoudre 150 parties d’eau froide et 25 parties seule- ANONACÉESe 675 ment d’eau bouillante; elle est soluble dans 3 parties d'alcool rectifié el dans 2 parties 1/2 d’éther sulfurique. Projetée sur les charbons ardents, elle brûle sans se fondre ni s’enflammer, en répandant une fumée blanche et une odeur de résine. Elle ne contient pas d’azote, et n'est pas alcaline , ainsi que je l'ai déjà dit : exception remarquable aux autres principes vénéneux Lirés des végélaux, qui, jusqu’à présent, sont tous rangés dans la classe des bases alcaloïdes azotées. FAMILLE DES ANONACÉES. Les anonacées} sont des arbres ou des arbrisseaux dont les feuilles sont simples, entières, alternes, dépourvues de stipules. Leurs fleurs sont hermaphrodites, munies d’un calice persistant à 3 sépales, et d’une corolle à 6 pétales disposés sur deux rangs ; les étamines sont libres, quelquefois en nombre égal ou double de celui des pétales; mais le plus ordinairement elles sont indéfinies , insérées en séries nombreuses, sur un torus; les filaments sont très courts ei les anthères presque sessiles. Les ovaires sont plus ou moins nombreux, libres ou en partie soudés, sessiles sur le sommet du torus ; ils deviennent autant de fruits tantôt distincts, et offrant une seule loge qui contient un ou plusieurs ovules attachés à leur suture interne ; d’autres fois les fruits se soudent tous entre eux et forment une sorte de cône charnu et écailleux. Les graines sont ordinairement accompagnées d’un arille et contiennent , sous un double tégument, un endosperme corné et profondément sil- lonné. L’embryon est très petit, placé vers le point d'attache de la graine. Les anonacées habitent presque exclusivement Ja zone torride ; elles sont pourvues d’écorces plus ou moins aromatiques et stimulantes, de fleurs odorantes et de fruits très aromatiques et poivrés lorsqu'ils sont formés de baies séparées (sarcochorizes), ou seulement savoureux et comestibles lorsque les baies sont soudées en syncarpide. L'uvaria odorata Lamk. (cananga Rumpb. ), eroissant aux îles Moluques, est renommé par l'odeur suave de ses fleurs, semblable à celle du narcisse. On en fabrique avec de l'huile coco, en y joignant des fleurs de maichelia champacca, et du curcuma, une pommade dei - liquide nommée borri-borri ou borbori, dont on se frictionne le corps dans la saison froide et pluvieuse pour se mettre à l'abri des fièvres, et dont les femmes aiment à inonder leur chevelure noire et pendante, au sortir du bain. C’est cette huile, sans aucun doute , qui est connue ou initée en Europe, et vendue sous le nom d'huile de Macassar. L'unona æthiopica produit un fruit dont le premier est connu depuis très longtemps sous le nom de poivre d'Éthiopie. Les zylopia d’Amé- 676 DiCOTYLÉDONES THALAMIFLORES. rique jouissent des mêmes propriétés. Les corossoliers ou anones, répandus dans toutes les contrées chaudes du globe, mais originaires peut-être d'Amérique, sont recherchés pour leurs fruits formés par la soudure d’un grand nombre de baies monospermes , dont les sommets seuls paraissent souvent à l'extérieur, sous forme de lobes imbriqués, d'écailles, d’aiguillons ou de réseaux. Les plus connus sont l'anone écailleuse (anona squamosa Gærln., t. 138), dont le fruit a reçu les différents noms de ate, quanabane, pomme-cannelle, etc. ; lanone hérissée ou cachiman (anona muricata), l'anone réticulée (anona reticulata), le cherimolia du Pérou (anona cherimolia Mill.) , etc. Poivre d'Éthiopie. Unona æthiopica Dunal, habzelia æthiopica À. DC. Atbre élégant , à feuilles alternes, épaisses et luisantes, qui habite les contrées les plus chaudes de l’Afrique, depuis Sierra-Leone jusqu’à l’'Abyssinie. Ses fleurs pré- sentent un calice à 3 divi- sions, une corolle à 6 pé- tales , disposés sur deux rangs ; des étamines très nombreuses insérées sur les côtés d’un torus convexe ; une vinglaine d’ovaires grêles, cylindriques, pressés les uns contre les autres, terminés chacun par un sligmate aigu et portés sur le torus. Ces ovaires de- viennent autant de baies charnues, Courtement stipi- tées sur le torus, grosses comme une plume à écrire, | longues de 27 à 55 milli- mètres, devenant un peu moniliformes par la dessiccation (fig. 429). Ces baies contiennent de 4 à 10 semences lisses, noirâtres, pourvues d’un arille formé de deux membranes blanches, obcordées , inégales. Ces semences sont disposées obliquement en une seule série longitudi- nale , et sont fortement attachées à la pulpe fibreuse, desséchée , qui les entoure. Je trouve à la baie une saveur ct une faible odeur de curcuma Fig. 429. MAGNOLIACÉES, 677 ou de gingembre, Les semences ont une saveur beaucoup moins piquante el rance. Le poivre d’Éthiopie paraît avoir été mentionné pour la première fois par Sérapion, tant sous ce nom que sous celui de abzeli ou de grana zelim. Aublet a trouvé dans la Guyane une espèce de canang aromatique, dont les nègres se servent en place de poivre , et qui diffère peu du précédent : c’est l’unona aromatica Dunal (habzelia aromatica A. DC.). Le fruit de l’unona musaria représenté dans Rumphius , t. V, p. 42, s’en rapproche aussi beaucoup. PACOVA. M. Théodore Martius n’a fait parvenir sous ce nom un fruit aromatique , usité comme épice au Brésil, et qui ressemble pour la forme aux anciens sébestes (cordia mixa L.). Comme eux il est oblong, aminci en pointe aux deux extrémités, obscurément quadran- gulaire, mais souvent déformé cet ridé par la dessiccation. Ce fruit se distingue des sébestes par sa petitesse, n'ayant guère que de 40 à 15 millimètres de long; par sa surface lisse et rougcâtre, par son odeur et sa forte saveur de poivre, enfin par la disposition de ses parties inté- ricures , étant formé d’une baie capsulaire desséchée , à une seule loge, renfermant deux semences ovales, noires , lisses, pourvucs d’un arille très court. Souvent la capsule est ouverte par la partie supérieure , et séparée en deux parties dont les bords se roulent en dedans. Tous ces caractères appartiennent au fruit du zylopia fruftescens d’Aublet, qui sert d'épice à la Guyane, et qui d’ailleurs paraît être le même que l'embira ou le pindaiba de Pison (zylopia grandiflora À. St-Hil.). On cite comme une autre espèce moins active le zylopia sericea A. St-Hil. FAMILLE DES MAGNOLIACÉES. Arbres ou arbrisseaux élégants, dont les feuilles alternes, souvent coriaces et persistantes, sont accompagnées de stipules tombantes. Fleurs grandes, d'une odeur suave, pourvues d’un calice caduc à 3 ou 6 sépales, et d’une corolle à 6 ou 27 pétales disposés par verticilles ternaires et imbriqués. Étamines fort nombreuses et libres, disposées en spirale sur le même réceptacle qui porte les pétales. Pistils nombreux, verticillés sur une seule rangée, ou disposés en capitules allongés; ovaires unilo- culaires à 2 ovules , surmontés d'un style peu distinct et d’un stigmate simple. Fruit multiple {carpochorize), c'est-à-dire composé de carpelles distincts, provenant d'ovaires distincts contenus dans une même fleur ; carpelles indéhiscents ou s’ouvrant par une suture longitudinale ; graine assez souvent portée sur un trophosperme filiforme qui s’allonge au dehors. Embryon droit placé à la base d’un endosperme charnu. 678 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. La famille des magnoliacées se divise en deux tribus, de la manière suivante : I MAGNOLIÉES. Carpelles disposés en épi ou en capitule sur un torus allongé ; feuilles non ponctuées, Genres : falauma, aromadendron, magnolia , michelia, liriodendron, etc. IT. ILLICIÉES. Carpelles verticillés sur une seule série ; feuilles ponc- tuées. Genres : fasmania, drimys, illicium, etc. Les magnoliacées se rapprochent beaucoup des anonacées par la dis- position de leurs fleurs et de leurs fruits, ainsi que par leurs qualités anères et aromatiques, qui s’y trouvent même généralement plus déve- loppées. J'ai déjà mentionné le michelia champacca L. (tsjampacca } dont les fleurs récentes répandent une odeur des plus suaves et dont les Malais des deux sexes aiment à parfumer leurs maisons, leurs bains, leur corps et leurs vêtements. L'écorce est douée d’une saveur amère et d’une âcreté aromatique qui la rend excitante , fébrifuge, emména- gogue, utile contre les rhumatismes, etc. Le michelia montana et l'aromadendron elegans de Java, le magnolia gracilis du Japon, jouissent des mêmes propriétés. Les magnolia de l'Amérique septen - trionale font l’ornement des forêts par leur beau feuillage, leurs superbes fleurs, et ne sont pas moins remarquables par leurs semences pendantes hors des capsules, à l'extrémité d’un long funicule. On en cultive un grand nombre d'espèces dans les jardins, principalement les magnolia grandiflora, glauca, acuminata , macrophylla , etc. Le liriodendron tulipifera (tulipier de Virginie), arbre de 30 mètres d’élévation dans son pays natal, se fait aussi remarquer dans nos jardins par sa tige droite , ses rameaux largement étalés, ses feuilles longuement pétiolées, tronquées au sommet, à 4 lobes aigus ; ses fleurs grandes, terminales, en forme de tulipe, et d’un jaune verdâtre. L’écorce de tulipier est jaunâtre, fibreuse, peu compacte, d’une saveur amère et faiblement aromatique. Elle a obtenu en Amérique une grande réputation comme fébrifuge et comme succédanée du quinquina. On en a retiré une substance cristalline, non azotée, non alcaline, amère, cristallisable , nommée /iriodendrine, qui paraît avoir quelques rapports avec la salicine. La tribu des illiciées nous fournit un fruit connu depuis longtemps sous le nom de badiane ou d’anis étoilé, et une écorce aromatique nommée écorce de Winter, mais dont l’origine me paraît encore très obscure. MAGNOLIACÉES. 679 Badiane , ou Anis étoilé. Illicium anisatum L. (fig. 430). Arbrisseau toujours vert, haut de h mètres environ, dont les feuilles sont lancéolées, éparses sur les rameaux ou rapprochées en rosette vers leur sommet. Les fleurs sont jaunâtres, présentant un ca- lice à 6 folioles caduques, dont 3 extérieures ovales et concaves, et 3 intérieures plus étroites et pétaliformes. 16 à 20 pétales disposés sur trois rangs ; 10 à 20 étamines plus courtes que les pétales ; 10 à 20 ovaires supères, re- dressés et ramassés en un faisceau conique, et se Ler- minant chacun par un style très court, au sommet du- quel est un stigmate oblong et latéral. Le fruit présente, sous la forme d’une étoile, la réunion de 6 à 12 capsules épaisses, dures, ligneuses, brunâtres, renfermant chacune une semence ovale, rougeûtre, lisse et fragile, qui contient elle-même une amande blanchâtre et huileuse. Tout le fruit a une odeur très analogue à celle de l’anis, mais plus douce et plus suave. Il est stimulant et stomachique. Les liquoristes en font un grand usage. On en retire aussi par la distillation une huile volatile liquide , un peu plus légère que l’eau et d’une odeur très agréable. Le bois de l’éllicium anisatum paraît participer de l'odeur du fruit, et beaucoup d’auteurs ont pensé qu’il produisait le bois d’anis du com- merce ; mais celui-ci vient d'Amérique, où il est tiré très probablement de l’ocotea pichurim H. B. (voir t. II, p. 364). On trouve à la Floride deux autres espèces d’il//icium (illicium flori- danum et illicium parviflorum) , dont les fruits aromatiques peuvent être substitués à l’anis étoilé de la Chine. Fig. 430. Écorce de Winter. Cette écorce a pris son nom de celui de Jobn Winter, commandant de vaisseau, parti avec Drake , en 1577, pour faire le tour du monde, 6S0 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. et qui, obligé par la tempête de séjourner au détroit de Magellan, aban- donna le chef de l'expédition, et revint en Angleterre en 1579, appor- tant avec lui cette écorce, dont il fit usage , comme d'épice, durant la traversée. Il crut pouvoir attribuer à son emploi la guérison du scorbut dont son équipage fut attaqué, et lui donna par là une sorte de célé- brité. C’est Charles de l’Écluse, généralement connu sous le nom de Clusius, qui a décrit le premier cette écorce et qui lui a donné le nom qu'elle porte. C'est donc à sa description qu'il faut recourir pour éclaircir les doutes que l'on peut élever sur l'origine de la substance qui porte aujourd'hui le nom d'écorce de Winter. D'après la description de Clusius ( £xofic., p. 75), l'écorce de Winter est assez semblable à de la cannelle commune, tant pour la substance que pour la couleur; mais elle est plus épaisse que la cannelle, d'une couleur cendrée ou brune à l'extérieur, rude au toucher comme l'écorce d'orme, quelque- fois comme disséquée à l'intérieur et entr'ouverte par des gercures nombreuses , à la manière de l'écorce de tilleul ; quelquefois aussi elle est très solide et dure, d'une odeur non désagréable, mais d'une saveur très âcre, qui brûle la langue et le palais non moins que le poivre. A cette description se trouve jointe la figure d’une écorce très épaisse et compacte , reçue de Londres en 1605, qui se rapporte évidemment à la dernière partie de la description et à notre écorce de Winter actuelle. D'après un capitaine de navire, nommé Sebalde de Wert, dont Clusius rapporte une lettre écrite en 1601, l'arbre qui produit cette écorce croit sur toute l'étendue des terres qui bordent le détroit de Magellan. Il est toujours vert et pourvu de feuilles aromatiques ; il est très élevé, et son tronc, acquérant quelquefois deux ou trois fois la grosseur du corps de l'homme, peut fournir plusicurs fortes planches de 2 pieds 1/2 de largeur. Solander lui donne également 50 pieds d'élé- vation ; mais d'après Georges Forster, cet arbre est d’une grandeur très variable, sa bauteur variant de 6 à 40 pieds, suivant les lieux et Je sol où il croît. Cet arbre a été nommé par Solander #nterana aro- matica, par Murray wintera aromatica ; mais le nom drimys Winteri qui lui a été donné par Forster est le seul admis aujourd'hui. I! pré- sente des feuilles simples, oblongues, obtuses, épaisses, persistantes , très glauques en dessous ; des pédoncules axillaires ou presque termi- naux, simples, uniflores, réunis en faisceau : un calice à 2 ou 3 sépales; une corolle à 6 pétales oblongs ; des étamines nombreuses, très courtes, épaissies au sommet, portant chacune deux anthères adnées , à loges latérales écartées et presque séparées; le pistil se compose de 4 à 8 ovaires dressés, terminés chacun par un stigmate sous forme de MAGNOLIACÉES. 681 point. Le fruit se compose de 4 à 6 baies uniloculaires renfermant plu- sieurs semences. Maintenant il me reste à dire que les échantillons d'écorces de diffé- rents drimys que je possède sont tellement différents de l'écorce de Winter du commerce, qu’il en résulte pour moi un doute très grand que cette écorce appartienne au drimys Winteri. Le premier échantillon m’a été donné par M. Robert Brown : il porte écrit sur le bois même, Port -Famine, capitaine P. King. Drimys Winteri. I consiste en un tronçon de tronc ou de branche large de 8 à 9 centimètres, formé d’un bois un peu rougeâtre et peu compacte, et d'une écorce épaisse de 3 millimètres, couverte par un épiderme gris blanchâtre très mince et assez uni. Cette écorce est d’un rouge brun foncé à l’intérieur et d'apparence spongieuse , surtout dans la partie qui touche au bois, laquelle paraît formée de lames ligneuses Jongitudinales et rayonnantes , isolées les unes des autres. Cette écorce possède une odeur forte, un peu analogue à celle de la cannelle et un peu camphrée, et une saveur également très aromatique, accompagnée d’une âcreté assez grande, mais non comparable à celle de l'écorce du commerce. Le second échantillon faisait partie de celui qui a été rapporté de la terre de Magellan, en 1840 , par M. Le Guillou (Voyage de l’'Uranie). Les feuilles qui l’accompagnent sont très remarquables, et répondent bien à la figure du drimys punctata de Lamarck (//lusf., t. 494, fig. 1). Elles sont longues de 8 centimètres environ, larges de 3,5, presque noires et luisantes à la face supérieure, d’un gris bleuâtre à la face inférieure , avec une seule nervure médiane noire. Examinée à la loupe, la face supérieure présente un réseau noir d’une extrême finesse, et la face inférieure une infinité de petits points glanduleux , blanchâtres et très serrés, sur un fond bleuâtre. Ces feuilles ont une consistance solide et leur cassure présente l'apparence d’une pâte brune, desséchée. L’écorce est roulée, de la grosseur du petit doigt, épaisse de 2 milli- mètres, formée d’un épiderme mince ct uni, dont Ja couleur blanche tranche beaucoup avec la couleur brune rougeâtre de l’intérieur. Des- sous l’épiderme se trouvent un certain nombre de couches concen- triques très serrées ; mais la plus grande partie de l'épaisseur de l'écorce cst formée de lames ligneuses rayonnantes ct distinctes, tout à fait sem- blables à celles de l'échantillon précédent , et répondant bien à la pre- mière description de Clusius. Cette écorce possède, comme la première, une odeur et une saveur de cannelle camphrée, et son âcreté est très inférieure à celle de l'écorce du commerce. Écorcc de palo piquanté du Mexique, En 1849, il a été apporté du Mexique , sous le nom d’écorce de chachaca où de palo piquante , 682 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. une écorce tellement analogue à la précédente, qu’il n’est pas douteux qu'elle n’appartienne à un drimys, que je suppose être le drimys mezicana DG. Cette écorce est en fragments de la grosseur du petit doigt, formée d’un périderme blanchâtre, un peu fongueux, et d’un liber rougeâtre , peu serré, grossièrement fibreux , offrant à l’intérieur des rides on des replis proéminents. Elle possède une odeur douce, indéfinissable, et une saveur très aromatique et un peu astringente, accompagnée d’une âcreté véritablement brûlante. Écorce du drimys granatensis. J'ai dit précédemment (page 567) que plusieurs personnes avaient regardé le drimys granatensis comme la source de l'écorce de Malambo; mais j'ai montré combien cette opinion était peu fondée. J'ajoute à présent que l'écorce du drimys granatensis que j'ai reçue de Goudot est tout à fait différente de celle de Malambo, et qu’elle présente au contraire de grands rapports avec les trois précédentes. Elle est grosse comme le doigt, épaisse de {4 à 5 millimètres, couverte d’un périderme rougeûtre, très rugueux à l'extérieur. Le liber est peu dense et présente de larges fibres ligneuses blanches et rayonnantes , sur un fond rougeâtre. Ces fibres ligneuses forment à l’intérieur de l'écorce des côtes ou des-arêtes longitudinales proéminentes. L'écorce possède une odeur aromatique un peu analogue à celle de la cannelle, et une saveur aromatique semblable, accompa= gnée d’une grande âcreté. Écorce de Winter du commerce, Cette écorce est en morceaux roulés, durs, compactes et pesants, longs de 30 à 60 centimètres, ayant de 20 à 55 millimètres de diamètre et de 2 à 7 millimètres d'épaisseur. Quelques morceaux présentent un reste de périderme blanchâtre, peu épais, spongieux, crevassé, tendre et facile à détruire; de sorte que, soit que celte partie ait disparu par le frottement réci- proque des écorces, soit qu’elle ait été enlevée à dessein , la presque totalité des morceaux en est privée. Alors l'écorce présente une surface presque unie, grise ou d’un gris rougeâtre sale; de plus , elle offre çà et là de petites taches rouges elliptiques, qui sont ou un vestige de l’insertion des pétioles, ou celui de tubercules qui, dans l’état naturel , s’élevaient au-dessus de l’épiderme. La surface interne de l'écorce est très unie dans les jeunes écorces, un peu moins unie et marquée de quelques arêtes proémiuentes dans les grosses ; d’une couleur rougeûtre comme l'écorce, ou d’une teinte noirâtre développée pendant la dessicca- tion. La cassure transversale présente , à la simple vue, deux couches concentriques différemment colorées : la couche extérieure est très mince et blanchâtre; la couche intérieure est rougeâtre. Cette même cassure est grenue , ou présente de petites lignes proéminentes, concen- triques et très serrées. La coupe transversale polie présente , au con- RENONCULACÉES. 683 traire, à la loupe, de petites lignes rayonnantes ondulées et blanchâtres, sur un fond brun. L'écorce possède une odeur très forte et très agréable de basilic et dé poivre mélés. Sa saveur est âcre et brûlante ; sa poudre a la cou- leur de celle de quinquina gris. Cette écorce diffère beaucoup, comme on le voit , par sa compacité et par son odeur, de toutes celles qui ont précédé. I en résulte d’abord qu’elle ne me paraît pas due au drimys Winteri ; secondement, qu'elle est peut-être produite par un arbre d’un genre différent. Je pense cependant que cette écorce est celle qui a été figurée par Clusius; je pense également que c’est elle sa Lemery a décrite sous le nom d’’écorce caryocostine. L'écorce de Winter entre dans le vin diurétique amer de la Charité. Elle est rare dans le commerce, et on lui substitue souvent la cannelle blanche. Celle-ci s’en distingue par sa couleur extérieure jaune cendré, sa cassure grenue et marbrée, sa surface intérieure très blanche , son odeur d’æillet, sa saveur piquante et amère. Écorce dite eanello. M. Marchand , droguiste, m'a remis ancien- nement, sous ce nom, une écorce qui, par ce nom même et par sa qualité aromatique, me paraît être celle du drimys chilensis DC. Cette écorce est en longs morceaux aplatis, larges de 25 millimètres environ, cintrés, épais de 2 à 3 millimètres seulement ; elle est formée d’un périderme gris, marquée à sa surface de nombreux tubercules blan- châtres, arrondis et aplatis; le liber est léger, très fibreux, d’un gris rougeâtre , formé de longues fibres aplaties, qui se séparent facile- ment sous forme de lames difficiles à rompre transversalement. Sous ce rapport , cette écorce diffère beaucoup de toutes les précédentes. Elle est pourvue d’une odeur de cannelle camphrée faible, et d’un goût semblable accompagné d’âcreté. Cette écorce paraissait avoir été détériorée par l'humidité. Je possède encore trois autres écorces aromatiques, dont deux rouges et pourvues d’une âcreté brûlante, qui ne peuvent se confondre avec aucune de celles que j'ai décrites jusqu'ici. Je crois inutile de les décrire. FAMILLE DES RENONCULACÉES. Plantes généralement herbacées, portant des feuilles embrassantes à la base, le plus souvent divisées en un grand nombre de segments ; oppo- sécs dans le seul genre clematis, alternes dans tous les autres. Fleurs très variables, régulières ou irrégulières, quelquefois privées de corolle. Étamines nombreuses, libres, hypogynes , à anthères termi- nales, biloculaires. Ovaires plus ou moins nombreux, surmontés cha- 684 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. cun d'un style et d’un stigmate simple ; ils sont quelquefois soudés en un seul, le plus souvent isolés, ne contenant qu’un seul ovule ou en renfermant plusieurs. Dans le premier cas, les ovaires sont réunis en tête et deviennent un fruit multiple, composé d’askoses disposés en tête ou en épi (xérochorize askosaire). Dans le second, les ovaires deviennent des follicules rapprochés ( xérochorize folliculaire ), distincts ou par- tiellement soudés. Les graines renferment un embryon très petit, placé à la base d’un endosperme corné. La famille des renonculacées, quoique formant un greupe très naturel , peut cependant être divisée en cinq tribus faciles à distinguer par le port et les caractères. En voici le tableau comprenant, comme exemples, un grand nombre de plantes, ou très communes dans notre pays, ou cultivées pour l'ornement des jardins, ou renommées par leurs propriétés médicales ou vénéneuses. Ie tribu, CLÉMATIDÉES. Calice coloré; corolle nulle ou formée de pétales plus courts que le calice et planes. Fruits libres, monospermes, indéhiscents (askoses), surmontés par le style barbu coudé à la base ; semence inverse. Herbes ou arbrisseaux grimpants, à feuilles opposées, toutes caulinaires. | Clématite droite. . . .., ....,. Clematis erecta DC. — odorante. ............ — flammula I]. —des/haies. 1... 2008... a — val. ="bletes 22. A re RS ee -—oihcelir IS IT° tribu, ANÉMONÉES. Calice très souvent coloré ; corolle nulle ou à pétales planes. Askoses surmontés d’un style barbu et coudé ; semence inverse. Herbes droites , à feuilles toutes radicales, ou alternes sur la tige. Fleurs souvent accompagnées d’un involucre. Pigamon jaune, ou rue des prés. . . Thalictrum flavum L. Anémone pulsatille , ou coque - lourde. ... ….. oc detare Sheet ANeMgne pulsatilla L. Anémone des prés. . . . . . .... — pratensis L. — des fleuristes. . . . . . . .... — coronaria I. -— des bois, ou sylvie . . . . . . . — nemorosa L. Hépatique des jardins. . . . . . . . Hepatica triloba Chaix. Adonis printanier. . . ....... Adonis vernalis L. — d'automne. ........... — autumnalis L. Queue de souris. . . ........ Myosurus minimus L. ILE tribu, RENONCULÉES. Calice et corolle ; pétales à onglet tubu- leux , pourvus à la base d’une petite lèvre intérieure squamiforme, on pulle ; askoses secs; semence droite. Plantes herbacées, à feuilles radi RENONCGULACÉES. 685 cales ou alternes sur la tige; à fleurs solitaires à l’extrémité de la tige ou des rameaux , non accompagnées d’involucre. Renoncule des jardins. . . . . . . . Ranunculus asiaticus F. Don srl crue Syrie 25 thon. Grande douve. . ....4. .... — linguaL. Petite douxye. . . . . . . ...... — flammula L. Renoncule scélérate. . . . . . . .. — sceleratus L. — àcre', ou bouton d’or.. . . . .. — acris L. — bulbeuse. .,........... — bulbosus L. — des champs. . . ...... ... — arvensis L. Ficaire , ou petite chélidoine . . . . Ficaria ranunculoides Mœnch. IV° tribu, HELLÉBORÉES. Calice corolloïde ; corolle nulle ou formée de pétales irréguliers, souvent bilabiés ; capsules folliculeuses , poly- spermes , libres ou plus ou moins cohérentes, déhiscentes par une suture longitudinale ventrale. Plantes herbacées, à feuilles toutes radi- cales ou caulinaires et alternes. Populage, ou souci des marais . . . Caltha palustris L, Ellébore d'hiver. . . . .. ..... Eranthis hyemalis Salisb. OR Len ee sneie state M EllebOnS: niGOfiE.: — d'Oriént . : . . .. . se se x OreGUNE. Te DA a ee qe à see se .. — viridis L. —— fétide , ou pied-de-griffon, . . . — fœtidus L. Nigelle des champs. . . . ..... Nigella arvensis 1. FACE radar chine © © à + etais Li. — — à semences jaunes . . . . . . — — cilrina. de Pindess.. .. .. .: …... — — indica. AnGohé ee le... . . « «et. sdquilegiamvulgaris Pied-d’alouette des jardins . . . . . Delphinium Ajacis. des ‘champs . 0, .«..h, —.consolida. Staphisaigre . . . . ..,.....,. — staphisagria. Aconit anthore., . ... :..... Aconitum anthora L, = tue loup... SRE = ycbctonum:L, — paniculé .4,.,.,..,,...,... — paniculatum. — de Stoerk..,,...,....., — — stærkianum. = ‘napel: OU QUE napellus. = féroce: 4 UN 50, 4600 ji, 27700 Wall. V° tribu, PÆONIÉES. Calice très souvent corolloïde, rarement coriace et foliacé: corclle nulle ou à pétales planes; ovaires multi- ovulés; capsules déhiscentes ou charnues, souvent monospermes par avortement. Herbes ou arbrisseaux. Actée en épi, ou herbe de Saint: Ghristophe.: "4 res +... Actœa spicata L. Chasse-punaise. . . . ., +... Cimicifuga fœtida L. 686 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. à Zanthorhiza apüfolia. Pivoine mâle. . .......,.... Pæonia corallina Retz. — femelle. . ............ Pœonia officinalis Retz. 2, CN. Arbre, fente cts énlasséirentt— Mmoutan Sims, Les renonculacées sont des plantes généralement dangereuses, dont un certain nombre même sont des poisons très actifs, mais qui n’en ont pas moins été préconisées contre les maladies les plus rebelles, Je ne décrirai toujours que les principales, soit à cause de l’usage que l’on en fait encore en médecine, soit pour que l'on reconnaisse en elles des poisons dont il est nécessaire de se garantir. Clématite des haies , ou Vigne blanche. Clematis vitalba L. (fig. 431). — Car. gén. : Calice à 4 ou 5 sé- pales ; corolle nulle; étamines nombreuses ; ovaires plus ou moins nom- breux, chargés d’un Fig. 431. style persistant, ordi- nairement soyeux ou plumeux. Feuilles op- posées. — Car. spéc. : Tige grimpante ; feuilles pinnées, composées de 5 folioles un peu en cœur, pointues, plus ou moins dentées ; pé- tioles grimpants. Cette plante, très commune dans les haies, pousse des sarments \ nombreux , anguleux , grimpants, longs de 2 mètres et plus. Ses fleurs sont d’un blanc sale, petites et disposées en une pauicule forinée par dés pédoncules plusieurs fois trifides. Ses fruits sont composés d’un grand nombre d’askoses ramassés, qui forment, par leurs aigrettes, des plumets blancs, soyeux, très élégants. Toutes les parties de la plante ont une saveur âcre et brûlante ; ses feuilles vertes, écrasées et appliquées sur la peau, la rougissent , l'enflamment, et y produisent des ulcères superficiels et peu dangereux, dont les mendiants se couvrent quelquefois les membres pour exciter la commisération publique : de là lui est venu le nom d'Aerbe aux queux. On à, dit-on, fabriqué d'assez beau papier avec les aigrettes plumeuses de ses fruits. Du reste, elle n’est pas employée, Autres espèces : | Clématite droite, clematis recta L. ; clematis erecta DC. Gette RENONCULACÉES. 687 espèce diffère de la précédente par ses tiges cylindriques, droites, non grimpantes, hautes de 4 à 2 mètres tout au plus. Ses feuilles sont formées de 5 à 9 folioles longuement pétiolulées, glabres, glaucescentes, ovales-lancéolées , très entières. Les fleurs sont blanches , disposées en panicule terminale, à 4 ou 5 sépales. Les fruits sont orbiculaires, comprimés, glabres, surmontés d’un long style plumeux. Ciématite oderante , clematis flammula L. Sa tige est grimpante, longue de 4 à 7 mètres. Ses feuilles sont une ou deux fois ailées , à folioles ovales-lancéolées. Ses fleurs sont blanches, plus petites que dans la première espèce et d’une odeur très agréable ; elles sont dispo- sées sur des pédoncules rameux, de manière à former une petite pani- cule. Les styles deviennent des aigrettes plumeuses. Cette plante croît naturellement dans le midi de la France, et on la cultive dans les jar- dins pour en couvrir des berceaux, des murs, etc. Clématite bleue, clematis viticella L. Ses tiges sont des sarments anguleux, longs de 3 à 4 mètres ou plus. Feuilles composées de 5 pin- nules, divisées elles-mêmes en 3 folioles ou 3 lobes ovales ou lancéo- lés, glabres; les pétioles s’entortillent comme des vrilles autour des objets environnants. Fleurs bleues, longuement pétiolées , solitaires à l'extrémité des rameaux ou dans leur bifurcation ; les pétales sont élargis au sommet et les pistils sont glabres. J'ai distillé autrefois, sur l'invitation de Chaussier, une certaine quantité de fleurs de clématite odorante, et j'en ai obtenu une eau distillée limpide et incolore, qui, en quelques jours, a formé un dépôt blanc, pulvérulent, très abondant. Ce dépôt avait une saveur d’abord amylacée, puis âcre. Il était insoluble dans l’eau , l'alcool et l’éther. En redistillant dessus l’eau qui l'avait laissé précipiter, l’eau passait seule et la matière restait dans la cornue , ayant acquis par l’ébullition une couleur jaune sale, et s'étant rassemblée en une masse , comme l’albu - mine ou le gluten. Mais cette matière diffère essentiellement de ces deux corps en ce qu’elle redevient pnlvérulente par la dessiccation. Elle est un peu soluble dans l’animoniaque et dans la potasse caustique bouillante ; enfin elle brûle à une chaleur inférieure à la chaleur rouge, sans se fondre ni se contracter, el en scintillant comme le ferait de l’amadou imprégné d’une très petite quantité de nitre. Cette singulière substance m'a paru azotée. Je n'ai pas eu lieu de m'en occuper depuis. Anémones, Car. gén. : Involucre distant de la fleur, à 3 feuilles diversement incisées ; calice à 5-15 sépales pétaloïdes; corolle nulle ; étamines nom- breuses ; carpelles nombreux, monospermes, tantôt surmontés d’une 688 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. longue queue barbue , tantôt nus. Plantes vivaces herbactes , à souche tubéreuse à la manière des cylamen , tantôt horizontale et rampante , d'autres fois fibreuse. Feuilles radicales , pétiolées, simples, plus ou moins divisées. Tige destituée de vraies feuilles, portant l'involucre foliacé au-dessous du sommet. Toutes les anémones sont âcres et rubéfantes à l’état récent ; mais elles perdent leur qualité dangereuse par la dessiccation ; ce qui permet de croire qu'elles doivent cette qualité à un principe qui se volatilise pendant la préparation de leur extrait, ou passe à la distillation avec l'eau. Les principales espèces sont : L'anémone des fleuristes, anemone coronaria L. Feuilles à trois divisions multifides et à lobes linéaires et mucronés; celles de l’involucre sont sessiles, mulufides ; les sépales sont au nombre de six, ovales, rapprochés, souvent multipliés par la culture. Les fruits sont dé- pourvus de plumet. Cette plante fait l'ornement des parterres , mais elle est inusitée en médecine. La pulsatille, ou coque- Fig. 432, lourde , anemone pulsa- tilla L. (fig. 432). Feuilles pinnées-divisées, à segments multipartites. Fleur pen- chée, à 6 sépales ouverts ; fruits munis d’une queue plumeuse. Cette plante fleu- rit au printemps, dans les terrains secs et montagneux. L'anémone des prés, : anemone pratensis L. Cette plante diffère de la précédente, par sa fleur plus petite, foncée en couleur et penchée ; par ses sépales plus aigus , connivents à la base et réfléchis au sommet. Toutes deux, distillées avec de l’eau, donnent une eau limpide ou laiteuse qui laisse déposer, après quelque temps de préparation , une substance blanche, cristalline, volatile et inflammable, pourvue d’une assez grande âcreté, ni acide ni alcaline { Journ. de pharm., t. NE, p. 229). L'anémone des bois, ou sylvie (anemone nemo- rosa L.), donne un produit semblable, auquel on a cru reconnaître une RENONCULACÉES. 6389 propriété acide, et qui a été nommé acine anémonique (ibid., XAT, p. 222). Renoncules, Car, gén. : Calice à 5 sépales herbacés, tombants; corolle à 5 pétales, rarement à 40, arrondis, portant une petite écaille à la base de l'on- glet. Étamines ct ovaires très nombreux. Fruits comprimés , secs, indé- hiscents, monospermes (askoses) , disposés en capitule globuleux ou cylindrique, terminés chacun par une corne à peine plus longue que l'askose. Les renoncules sont des plantes herbacées , vivaces ou annuelles, à racines fibreuses, fasciculées ou grumeuses. Leurs tiges sont cylin- driques, dressées ou couchées, ou quelquefois radicantes. Leurs feuilles sont entières, dentées ou multifides, la plupart radicales, les autres situées sur la lige, à l’origine des rameaux ou des pédoncules. Les fleurs sont jaunes ou blanches, très rarement pourpres , presque toutes inodores. Les plantes fraîches sont presque toutes âcres et rubéfiantes à l’extérieur et plus ou moins vénéneuses à l’intérieur ; mais elles perdent la plus grande partie de leurs propriétés dangereuses par la dessiccation. Les principales espèces sont : La renoncule des jardins, ronunculus asrtaticus L.— Car. spée. : Feuilles découpées-ternées ou biternées ; segments dentés ou incisés- trifides. Tige droite, simple ou rameuse par le bas. Calice ouvert et ensuite réfléchi. Les fruits sont disposés en épi cylindrique. Originaire d'Orient ; cultivée dans les jardins. La grande douve, ranunculus lingua XL. — Car. spée. : Feuilles indivises , lancéolées, sous-dentées , sessiles, demi-amplexicaules. Tige droite et glabre. Fleurs jaunes ; racine fibreuse et vivace. Cette plante croît sur le bord des étangs et des fossés aquatiques, parmi les roseaux. La renoneule=flamme, OU petite douve, 7anunculus flammula 1. — Car. spéc. : Feuilles glabres, linéaires-lancéolées , les inférieures pétiolées. Tige déclinée un peu radicante; pédoncules opposés aux feuilles. Fleurs jaunes. Fruits lisses. Croît dans les prés humides. La renonenle scélérate , ranuneulus sceleratus L. — Car. spéc. : Feuilles découpées, glabres : les radicules tripartites, à lobes trilobés, sous-incisés ; les supérieures tripartites, à lobes oblongs - linéaires entiers; les florales chlongues. Fleurs jaunes. Fruits très petits, disposés en épis oblongs. ©. Croît dans les marais, par toute l’Europe ; très vénéneuse. La renonenle âcre, Où bouton d’or, ranunculus acris L. — Car. spée. : Feuilles un peu pubescentes, à divisions palmées, à lobes incisés-dentés, aigus ; celles du sommet lintaires, Tige droite, sous- LL : A 690 DICOTYLÉDONES THALAMIFLORES. pubescente ; pédoncules cylindriques. Fleurs jaunes; calice un peu velu, Fruits terminés par une pointe roide. Z. Croît dans les prés et les pâturages. La renoncule bulbeuse , OU grenouillette, ranunculus bulbosus. — Car. spéc. : Feuilles radicales pétiolées , partagées en trois parties, à segments trifides, incisés-dentés, celui du milieu comme pétiolé. Tige droite, à collet bulbeux. Fleurs jaunes ; calices réfléchis. Z. Commune dans les prés, le long des haies et dans les jardins. Ellébore noir. Les anciens ont donné le nom d’ellébore à plusieurs plantes très dangereuses ou suspectes qui appartiennent à deux familles très diffé- rentes, celle des colchicacées ou mélanthacées, et celle des renoncula- cées. Ils en distinguaient deux espèces, le blanc et le noir. Il n’y a aucun doute à élever sur le premier, qui est le veratrum album de la famille des colchicacées (t. If, p.155); mais on est incertain si l'ellé- bore noir des anciens était l’Lelleborus niger L., de la famille des renonculacées, ou une espèce voisine trouvée par Tournefort dans l’île d’Anticyre, et nommée Lelleborus orientalis ; ou si, enfin, cet ellé- bore noir n’était pas plutôt la racine du veratrum nigrum L., dont la propriété fortement drastique peut seule expliquer celle qui avait été attribuée à la racine des Lelleborus. Quoi qu'il en soit, l’ellébore noir de Dioscoride, auquel il donne aussi le nom de #elampodium, est certainement une racine d’helleborus. Le nom de #7elampodium lui a sans doute été donné à cause de la couleur noire de sa racine : suivant d’autres, ce nom serait celui d’un berger nommé Melampus , qui, ayant observé que ses chèvres étaient purgées Jorsqu'il leur arrivait de mauger de l’ellébore , imagina de s’en servir pour guérir de leur folie les filles de Prœtus, roi d’Argos. Le meilleur ellébore noir croissait dans l’île d’Anticyre et sur la côte de Thessalie. Tournefort, qui a parcouru ces contrées, n’y a trouvé que l'espèce d’ellébore nommée depuis helleborus orientalis, dont Ics feuilles radi- cales sont très larges , épaisses , à 7-9 divisions pédalées ; les feuilles de la tige sont plus petites, à 3-5 divisions palmées. La tige est haute de 35 à 50 centimètres, simple par le bas, rameuse daus sa partie supé- rieure, terminée par un petit nombre de fleurs larges de 40 à 55 milli- mètres, pédonculées, penchées, d’un vert brunâtre. La racine est grosse comme le pouce, dure, ligneuse, placée transversalement dans la terre et munie de radicules à sa pare inférieure. On ne peut douter que cette espèce ne constituàt une des sortes d’e//ébore noir des anciens. Nous possédons, quant à nous, et nous employons sous le même nom, la racine de deux ellébores indigènes qui sont l’helleborus niger € l’helleborus viridis L. Voici leurs caractères respectifs : RENONCULACÉES, 691 Helleborus niger L. (fig. 433). Cette plante croît dans les lieux rudes et montagneux d’une partie de l’Europe; elle est cultivée dans les jardins, où elle porte le nom de rose de Noël, à cause de la forme de sa fleur et de l’époque de l’année où elle fleurit ordinairement. Elle pousse de sa racine des feuilles longuement pétiolées, à divisions très profondes et pédalées, fermes, luisantes et d’un vert très foncé. Fig. 433. Ses fleurs, d’une belle couleur incarpate, sont portéesau nombre de 4 ou 2 sur une hampe de 16 à 19 centimètres. Ces fleurs sont composées d’un calice persistant à 5 sépales arrondis, de 8 à 10 pétales très courts et formés en cornet, cachés entre le calice et les étamines ; de 30 à 60 éta- mines, et de 6 à 8 ovaires su- pères qui deviennent autant de capsules folliculeuses , poly- spermes. La racine del’Lel/leborus niger est entièrement noire au dehors et blanche en dedans. Elle se compose d’un tronçon principal très court, muni d’un certain nombre de radicules tendres et succulentes, noires au dehors également, blanches en dedans, n'offrant aucun meditullium ligneux , devenant très cassantes par la dessiccation. Toute la racine a une saveur astringente, douceâtre, amère, un peu âcre, nauséeuse , fort désagréable. Suivant beaucoup d'auteurs, cette racine , séchée et pulvérisée, purge à la dose de 30 centigrammes à 1 gramme, mais cause de violentes irritations qui doivent en faire proscrire l’usage. J'ai dit que ces propriétés appartiennent seulement aux racines de veratrum , tandis que la racine de l’e/leborus niger, séchée et pulvérisée, ne pos- sède presque aucune propriété purgative , ainsi que M. Rayer s’en est assuré. , La racine de l’helleborus niger ne se trouve pas dans le commerce à Paris; pour