Jnte . 2 uleiele PET _ Q = RCE . Press. ele lee" Curie " te = Li are ne ae tee : 5 ASE 4 pes * [ + f 1. HI … 4e" e- Mi lee s ee ee eme eee ne IDC . Cr Sr ren DCR rares 25e 302 L/ den 27! / 1e7 4 *. ti HT CA OCE GE RIT aie à HS HAUTE CAT IERET c: - » - ° 4 CHI TORA … CCC EC CA sotosi rer + on ajarisisiete 4 TE ÿ pe HS 14 . - RB 217432 Library of the University of Toronto THE LIBRARY FAÇULTY OF PHARMACY UNIVERSITY OF TORONTO ii1Z LiIBRARY FACULTY OF PHARMACY UNIVERSITY OF TORONTO Digitized by the Internet Archive in 2010 with funding from University of Ottawa http://www.archive.org/details/histoirenaturell04guib +, + r en NT C7 CET (UNE re F3) à HISTOIRE NATURELLE DES DROGUES SIMPLES. TOME QUATRIÈME, La é L Éd + À Li à * - né + Lé , su + ( Û 4 ‘ à F4 - à . ; er @ 1. f 1 en. & : LL je" ve E” * Mit LP hr "+ F er S. - LÉ x 5e à +. ‘ , * , sr « . £ à - À 7" K° , Æ amants MMÉrm -. À D. Ls É à +. $ | 4 TE . "A PA FE Ta re SM. " AAAMEE CA RIOAUQ VUE 8 M a ES Er” Dei ER , RARE. a rec r : lens. . MAAF IG MT | + e u À - | , . # | e x e . | Le P > “ 4 -@ DL + + . , . « . s-4 + ‘ ° NES he ; id .. : ; 4 ‘ Paris. — He ie de L, MARTINET, rue Mignon, 2, « "7 {Quartier de l'École-de-Médecine. à # HISTOIRE NATURELLE DES DROGUES SIMPLES OÙ COURS D'HISTOIRE NATURELLE Professé à l’École de Pharmacie de Paris PAR N. J.-B. &G. GUIBOURT , Professeur titulaire à l'École de pharmacie de Paris, membre de l'Académie nationale de médecine , de l’Académie nationale des sciences et belles lettres de Rouen , etc. QUATRIÈME ÉDITION, CORRIGÉE ET CONSIDÉRABLEMENT AUGMENTÉE, ACCOMPAGNÉE De plus de 800 figures intercalées dans le texte, - 22600 — TOME QUATRIÈME. —_—— 400—— PARIS, CHEZ J.-B. BAILLIÈRE, LIBRAIRE DE L'ACADÉMIE NATIONALE DE MÉDECINE, Rue Hautefeuille, 19. A Loxpres, cuez H. BAILLIÈRE, 219, Recexr-Srneer. A NEW-YORK, CHEZ H. BAILLIÈRE, LIBRAIRE, 290, BROADWAY, À MADRID , CHEZ CH; BAILLY-BAILLIÈRE , LIBRAIRE, CALLE DEL PRINCIPE, N° 1H. 1851, 2, % > PR. roma ve Vineni ) an deté à , +. st he ANR AS RACE TUE ; * L À 16) Le ; © é | stade ser aus À se à \ Lx De ' 1: Me ie ‘de da Fe DS à WA LAUY aor Le Der: ru A OP fe, DA ER PNA TT Hat bare PAU | ORDRE DES MATIÈRES DU TOME QUATRIÈME. l'ascs QUATRIÈME PARTIE, — ANIMAUX. . . 2 LG PA Tableau des divisions et classes du règne animal. . . . n Premier embranchement. — ANIMAUX VERTÉBRÉS. , « + + : 4 PREMIÈRE CLASSE. Les Mamwirèes . . . . RS 4 Tableau des ordres de mammifères. . . . . . . Le 9 OnDRE DES Bimanes, l'homme. . : 3 — DES QUADRUMANES, Singes. . . . . . . SRE 13 S—— LDER) CARNASSE RS. | ls « « gachdimaht : À à : 14 + — CHOSE 2: 0 Li CAS _ — IRON C RS ERA Lis ct. 16 == — CIrMINOreS,, de me HART TMS 16 — — — plantisrades. 4 4." 497 — — -— MSUsrades. . ns. rûau 18 = = — aMphibies.. - , rnruno sec 428 DES RONEENRS 0) Le 0 oeuuete QU Se 2 = DEN DDENTÉS. - 5. 0 aug aule.n M d' SM Tan = DES M ARSUPIAUSS AL. Le eee de te 0e te ul Juice 41 =— INDES PACHYDERMES, Lou deeuls ON ONE NUS NS 42 = — prohoscliens. pe untate rares à — — RES US + Un EX — — sobipédes 2 ec + ie: 1 48 HN LDES AUMINANTS.. . ... +de lens nr zpaen due o1 — —— sans cOnReS: Te - OS © «à ss ie 53 — — à cornes osseuses et caduques. . . . . « . 66 pat — à cornes creuses non Caduques. . . . « + 71 mn DES CÉTAGÉS. Lens Dion CU ES 4 ve 0 — —. herbiveress. - . : . ANR Se — + souleurs. : . .. 4 OUR CL DAUXIEME CEASSE. DÉbrs'orsgaux. . . . : +. .à D its OBaE-DES narACES NT 2 2. COR LR — NU RNB Le , M. : ONE _— NS Ne RREEME" LE — DES PASSEREAUX, , , , , . , AIS Yi URDRE DES MATIÈRES. Pages Onphg'pss PassenrAux déntirobtres . . : 245. 4 à à 4 2 148 = 2 FÉMININ. 2414 HAMBETEMS. . . . . 4118 — — BRAMREITeS. - : , . OO. AO — — iénuisostressh., :scerwr. SE à” . . à . . . 419 — — ÉNAPAUIEE sn . c'e M 0x: SAND =" IDESGRIMPEURSE : 200 Er. SU 00 A9 = DES GAËDIMAUES. . 2:10 ee LA 0 EE *UDES PORASSIERS. … ue CPE A RAR TA — — brévipennes. . — — pressirosires, — — cultrirostres. == _— longirostres . — — macrodactyles. . — DES PALMIPÈDES. — — plongeurs. — _ longipennes. -- — totipalmes. — — lamellirostres. TROISIÈME CLASSE. — Les REPTILES. PROS CROSS A. . . . .. . . . .. . .© Ni +, DES SADMENS SU RE D 0 else ele «la medlido — = +2 49 9 99 19 19 19 19 19 19 Q © LE 19 ag 19 = > = > >= >= = ee © [=] ER DES OPMIDIENS AE ee Pen se à ces eutuv at d ele ja le lee DUO AA CRE 2 US ES EE a lara ua UE) QUATRIÈME CLASSE. — Les poissons. . . . . . . . . . . . . 153 ane. bits SPP EN CTE. Juèamdur TES ; PROSMPRETANEMNSS LS DS ie de CN le oc Us RTE Mazacôrréayerens abdominaux. PP, . 7. . . : . 61 _— subrachiens. : ee Le MC ADR — RE. Un D Se eur te el CHONDROPTÉRYGIENS OU CARTMAGINEUX. *. :. "0 0e à « « « 11 SR A OT ns sn © 0 on Ml SORT RE se à s on 02 0 LT9 CCI OR OPEL 6. où ce sn 61 Pcuxièmé embhrancheiment, — ANIMAUX ARTICULÉS. . . . . . . 182 Eos AS ARE : 0 2 ne à à + + « 182 Tableau dés ObE 0 "2 5: 204 Se de OP © 2. « . à: S 186 COPORE. 2e 20 Re SP TT PES HMMOPMRQUE: 2: 0 TS STAR RE SE MTS LEIMETREES. : : 0 2 CR M et en CAVE HÉROS DB di 4 SARA PR TRS ORDRE DES MATIÈRES, YIL APHANIPTÉBES OÙ SUGEURAL 0 ST, 2, . Me 219 ANOPLOURES OU PARASITES. CLASSE DES ‘ARAGENIDES, _ 1 #7 20 . ©: — — pulmonaires. . . .. — — trachépnÿes: #2 à ». + .. CRASSRIDES CRUMAES “MR. à O0 4... Lo. LARGES OS... . ….. 5... 7, PRACÉS dECRpOdee 2 ue es ue us. PUR À — — brachyures. — _ A NON RS PC DL — — macroures, . . . . CRE DES DOME RU AUS HN AUOT. Banbhdes hirudinés. .: … ut …: . 2: 27... Ÿ Ÿ + © © CO © GO CO CO CD 4 ID © t LE LE QE 19 10e LD QUES 1 © © So Co CLASSE DES ENTOZOAIRES. 19 49 1O 19 t9 49 09 29 19 9 19 19 À Z Troisième emhranchement., — MoLLUSQuEs. an de in) 2 CHAR tn muse 0 x 7 268 MOLRUBODES CÉPHALODOBE SMS dE es mr, 1. , , 4 288 — CASRELDAODER. CORRE. « nuSt ee er eee ave, Pepe ce à SDS Tableau dos ordres. : . . . : : - APE | js tes » CO MOLLUSQUES ACÉPHALES. . . … . + . + OR. CR Did 7 07 Quatrième embranchement. — ZOOPHYTES. . . . . . . . . . . 303 ADOPRNTER RADIAIBRS. ! :- . u . desc à Me à eue ce SUD DT AT CNRS RUE ASS RE SE A ee anne à 0 SUD à Os Le De URSS SN ÉMPARR et Ce LS D rar oi À eee ere 2 013 0x AUD PRE Penn de its GUrane e de Hilo WIN QU à OV PTT U date nue D ne at M RUOE à Se PU 0 nie to-e LOU FORPMETES NON RADIAIRES à 20 ee et sn ee OU PR En in CU TA DR à Gate lle sd sos UN DODITIONS OÙ CORRECTIONS. / . ee AA | L 1... . : “30 > ÉPRPUT bp, “Au FR . à ne, 5 LAPS SN Hi RAT, S it Je LM EPP CEE) ee n x L A SRE SAN rer Sr ie Eu te ERA, ER DR ete > LE u 4 \ ne A LE HISTOIRE NATURELLE DES DROGUES SIMPLES. TROISIÈME PARTIE. ANIMAUX. Les végétaux ont des organes nutritifs extérieurs, se reproduisent par génération , et vivent où ils sont nés. Les animaux ont en général une organisation beaucoup plus compli- quée ; ont des organes nutritifs intérieurs ; peuvent se mouvoir et cher- cher leur nourriture; exécutent leurs mouvements selon leur volonté ; enfin ont des sens dont les végétaux sont totalement dépourvus. Pendant longtemps on a partagé les animaux en deux grandes divi- sions fondées sur la présence ou sur l'absence d’un corps central osseux, nommé colonne épinière ou vertébrale. Les animaux qui offraient cette colonne étaient nommés vertébrés, et les autres 2nvertébrés. Les pre- miers renfermaient les mammiferes , les oiseaux, les reptiles et les poissons ; les seconds les mollusques, les vers, les crustacés, les insectes et les zoophytes. Mais, comme l’a observé Cuvier, cette classi- fication , qui semble établir une égale distance entre les mammifères et les oiseaux, par exemple, qu'entre les mollusques, les vers ou les insectes, est loin d’être satisfaisante ; il convient d’en chercher une qui fasse mieux ressortir le plus ou moins de différence qui existe entre ces différentes classes. Si donc , « on considère le règne animal (1) en se débarrassant des préjugés établis sur les divisions anciennement admises, et n'ayant (1) Le règne animal distribué d’après son organisation, par Cuvier. Paris, 1817 et 1829. IV. | 2 ANIMAUX. égard qu’à l’organisation et à la nature des animaux, et non pas à leur grandeur, à leur utilité, au plus ou moins de connaissance que nous en avons, ni à toutes les autres circonstances accessoires , on trouvera qu'il existe quatre formes principales, quatre plans généraux, si l’on peut s'exprimer ainsi , d’après lesquels tous les animaux semblent avoir été modelés , et dont les divisions ultérieures, de quelque titre que les naturalistes les aient décorées, ne sont que des modifications assez légères, fondées sur le développement ou l'addition de quelques parties qui ne changent rien à l'essence du plan. » [. Dans la première de ces formes, qui est celle de l’homme et des animaux qui lui ressemblent le plus, le cerveau et le tronc principal du système nerveux sont renfermés dans une enveloppe osseuse qui se compose du crâne et des vertèbres ; aux côtés de celte colonne mitoyenne s’attachent les côtes et les os des membres, qui forment la charpente du corps; les muscles recouvrent en général les os qui les supportent, et les viscères sont renfermés dans la tête et dans le tronc. » Nous appellerons les animaux de cette forme les animaux vertébrés. » Ils ont tous le sang rouge, un cœur musculaire; une bouche à deux mâchoires placées l’une au-dessus et au-devant de l’autre ; des organes distincts de la vue, de l’ouie, de l’odorat et du goût, placés dans les cavités de la face ; jamais plus de quatre membres, des sexes toujours séparés, et une distribution à peu près la même des masses médullaires et des principales branches du système nerveux. » En examinant de plus près chacune des parties de cette grande série d'animaux, on y trouve toujours quelque analogie , même dans les espèces les plus éloignées l’une de l’autre , et l'on peut suivre les dégradations d’un même plan, depuis l'homme jusqu’au dernier des poissons. » IT. Dans la deuxième forme, il n’y a point de squelette; les muscles sont attachés seulement à la peau, qui forme une enveloppe molle, contractile en divers sens, dans laquelle s’engendrent, en beau- coup d'espèces, des plaques pierreuses, appelées coquilles, dont la position et la production sont analogues à celles du corps muqueux ; le système nerveux est avec les viscères dans cette enveloppe générale, et se compose de plusieurs masses éparses, réunies par des filets nerveux, dont les principales, placées sur l’œsophage , portent le nom de cer- veau. Des quatre sens propres on ne distingue plus que les organes de celui du goût et de celui de la vue; encore ces derniers manquent-ils souvent. Une seule famille montre des organes de l’ouïe. Du reste, il y a toujours un système complet de circulation , et des organes particu- liers pour la respiration. Ceux de la digestion et des sécrétions sont à peu près aussi compliqués que dans les animaux vertébrés. . ANIMAUX. 3 » Nous appellerons ces animaux de la seconde forme, animaux mol- lusques. » Quoique le plan général de leur organisation ne soil pas aussi uniforme, quant à la configuration extérieure des parties, que celui des animaux vertébrés, il y a toujours entre ces parties une ressem- blance au moins du même degré dans la structure et dans les fonctions. » III. La troisième forme est celle qu’on observe dans les insectes , les vers, etc. Leur système nerveux consiste en de longs cordons régnant le long du ventre , renflés d'espace en espace en nœuds ou ganglions. Le premier de ces nœuds, placé au-dessus de l’œsophage et nommé cerveau, n’est guère plus grand que les autres. L’enveloppe de leur tronc est divisée par des plis transverses en un certain nombre d’an- néaux, dont les téguments sont tantôt durs, tantôt mous, mais où les muscles. sont toujours attachés à l’intérieur. Le tronc porte souvent à ses côtés des membres articulés ; mais souvent aussi il en est dépourvu. » Nous donnerons à ces animaux le nom d'animaux articulés. » C'est parmi eux que s’observe le passage de la circulation dans des vaisseaux fermés à la nutrition par iwbibition , et le passage correspon - dant de la respiration dans des organes circonscrits à celle qui se fait par des trachées ou vaisseaux aériens répandus dans tout le corps. » Les organes du goût et de la vue sont les plus distincts chez eux : une seule famille en montre pour l’ouie. Leurs mâchoires, quand ils en ont, sont toujours latérales. » IV. Enfin la quatrième forme, qui embrasse tous les animaux connus sous le nom de z00phytes, peut aussi porter le nom d'animaux rayonnés. » Dans tous les précédents, les organes du mouvement et des sens étaient disposés symétriquement aux deux côtés d’un axe: il y a une face postérieure et une face antérieure dissemblables. Dans ceux-ci, ils le sont comme des rayons autour d’un centre, et cela est vrai même lorsqu'il n’y à que deux séries, car alors les deux faces sont semblables. » Ils approchent de l’homogénéité des plantes ; on ne leur voit ni système nerveux bien distinct, ni organes de sens particuliers ; à peine aperçoit-on dans quelques uns des vestiges de circulation ; leurs organcs respiratoires sont toujours à la surface de leur corps; le plus grand nombre n’a qu’un sac sans issue pour tout inlestin, et les dernières familles ne présentent qu'une sorte de pulpe homogène, mobile et sensible. » Voici le tableau de ces quatre grandes divisions d'animaux avec les classes qu'elles renferment, telles qu’elles ont été disposées et modifiées par M. Milne-Edwards dans ses Zléments de zoologie : l ANIMAUX VERTÉBRÉS. EMBRANCHEMENTS. CLASSES. Mammifères. ........ 1 2 L2 LL L A L2 e . L1 2 I. Vertébrés. } Revtles: ! | . : oi 3 PRIS au ce 4 / TANSOCIES Le. - sole ce 5 MYFApOdES 76. Ne PEN EE Arathnides.. . sicns al 7 Crustacés . . . .. Rare LE II. Articulés. Cirrhipodes Ê Hd M, Annelides. 2 : 10 IVOIALENT ST. An ete re 11 \WWMEmtozouresememreRmer 42 | ANIMAUX. / Céphalopodes. ....... 13 Gastéropodes . . . . . Dee 1 \ Rs À mot at ec -3 45 Aéeéphalese Shih auf 46 HIT. Mollusques. * Brachiopodes . . . . . . .. 17 sien d'a rm PIYOZDAMNES ss coidis 419 | Rchnodernes: SEE 1) CHÉDHES e « + « = #8 ce 21 IV. Basopnés Mfiypesrèr ui. Le rnhee 38 22 | Zoophytes. | Inusoires, "0: . 2 | \ Spongiaires . 1... 5 24 | PREMIER EMBRANCHEMENT. ANIMAUX VERTÉBRÉS. PREMIÈRE CLASSE : LES MAMMIFÈRES. « Les mammifères doivent être placés à la tête du règne animal , non seulement parce que c’est la classe à laquelle nous appartenons nous- mêmes, mais encore parce que c’est celle de toutes qui jouit des facultés les plus multipliées , des sensations les plus délicates, des mouvements les plus variés, et où l’ensemble de toutes les propriétés paraît combiné pour produire une intelligence plus parfaite et plus susceptible de per- fectionnement. » Les mammifères sont en général disposés pour marcher sur la terre, et pour y marcher avec force et continuité : quelques uns cependant peuvent s'élever dans l’air au moyen de membres prolongés et de mem- MAMMIFÈRES. J branes étendues ; d’autres ont ies membres tellement raccourcis, qu’ils ne se meuvent aisément que dans l’eau, mais ils ne perdent pas pour cela les caractères généraux de la classe. » Ils ont tous — la mâchoire supérieure fixée au crâne, l’inférieure composée de deux pièces seulement , articulée par un condyle saillant à un temporal fixe ; — le cou de sept vertèbres, hors une seule espèce quien a neuf ; — les côtes antérieures attachées en avant , par des par- Lies cartilagineuses , à un s{ernum formé d’un certain nombre de pièces à la file. Leur extrémité de devant commence par une omoplate non articulée, mais seulement suspendue dans les chairs, s'appuyant sou- vent sur le sternum par un os intermédiaire nommé clavicule ; cette extrémité se continue par un bras, un avant-bras et une main formée elle-même de deux rangées d’osselets appelés poignet ou carpe ; d'une rangée d'os nommée métacarpe , et de doigts composés chacun de deux ou trois os nommés phalanges. » Si l’on excepte les cétacés, ils ont tous la première partie de l’ex- trémité postérieure fixée à l’épine et formant un bassin qui, dans la jeunesse, se divise en trois paires d’os , l’i/éon qui tient à l’épine, le pubis qui forme la ceinture antérieure, et l’éschion qui forme la posté- rieure. Au point de réunion de ces trois os est Ja fosse où s'articule la cuisse, qui porte elle-même la jambe, formée de deux os, le #béa et le péroné ; cette extrémité est terminée par le pied , lequel se compose de parties analogues à celles de la main, savoir : d’un farse, d’un mé- tatarse et de doigts. » La tête des mammifères s’articule toujours par deux condyles sur leur atlas ou première vertèbre. Leur cerveau se compose toujours de deux hémisphères, réunis par une lame médullaire dite corps calleux, renfermant deux ventricules, et enveloppant les quatre paires de tuber- cules appelées corps calleux , couches optiques , nates ct testes. Entre les couches optiques est un troisième ventricule qui communique avec le quatrième situé sous le cervelet; les jambes du cervelet forment toujours sous la moelle allongée une proéminence transverse appelée pont de Varole. » Leur œil, toujours logé dans un orbite, préservé par deux pau- pières et le vestige d’une troisième, a son cristallin fixé par le procès ciliaire et sa sclérotique simplement ccliuleuse. » Dans leur oreille, on trouve toujours — une cavité nommée caisse, qui communique avec l’arrière-bouche par un canal nommé frompe, est fermée au dehors par une membrane nommée fympmn , et contient une chaîne de quatre ossclets appelés marteau, enclume, Lenticulaire et éfrier ; — un vestibule sur l'entrée duquel appuie l'étrier et qui communique avec trois canaux semi-circulaires ; — enfin un /#macon 6 ANIMAUX VERTÉBRÉS. qui donne par une de ses rampes dans la caisse, par l’autre dans le vestibule. » Leur crâne se subdivise comme en trois ceintures formées : l’an- térieure par les deux os frontaux et l’ethmoïde ; l'intermédiaire par les pariétaux et le sphénoïde ; la postérieure par l’occipital. Entre l’occi- pital, les pariétaux et le sphénoïde, sont intercalés les temporaux dont une partie appartient à la face. » Leur face est essentiellement formée par les deux os maxillaires, entre lesquels passe le canal des narines, et qui ont, en avant, les deux intermaxillaires, en arrière les deux palatins ; entre eux descend la lame impaire de lPethmoïde, nommée vomer ; sur les entrées du canal nasal sont les os propres du nez; à ses parois externes adhèrent les cornets antérieurs; les cornets supérieurs appartiennent à l’ethmoïde; le jugal unit de chaque côté l'os maxillaire au temporal et souvent au frontal: enfin le lacrymal occupe l’angle interne de l'orbite et quelque- fois une partie de la joue. Ces os, de même que ceux du crâne, présen- tent des subdivisions plus nombreuses dans l’état du fœtus. » Leur langue est toujours charnue et attachée à un os appelé hyoïde, composé de plusieurs pièces, et suspendu au crâne par des ligaments. » Leurs poumons, au nombre de deux , divisés en lobes, composés d'une infinité de cellules, sont toujours renfermés sans adhérence dans une cavité formée par les côtes et le diaphragme , et tapissée par la plèvre ; l'organe de la voix est toujours à l'extrémité supérieure de Ja trachée-artère; un prolongement charnu, nommé voile du palais, établit une communication directe entre leur larynx et leurs arrière- narines, » Leur cœur présente quatre cavités dont deux nommées ventricules et deux vreillettes. Ts ent la circulation du sang complète, c’est-à-dire que la totalité du sang qui revient des extrémités du corps passe par le poumon avant de retourner aux extrémités pour les vivifier de nouveau. » Les mammifères, à l'exception des cétacés qui vivent entièrement dans l’eau , ont la peau garnie de poils; leur cavité abdominale est tapissée d'une membrane nommée péritoine, et leur canal intestinal est suspendu à un repli de ce péritoine nommé mésenfere ; l'urine, retenue pendant quelque temps dans une vessie, sort dans les deux sexes, à un très petit nombre d’exceptions près, par les orifices de la génération. » Dans la presque totalité des mammifères , la génération est essen- ticllement vivipare, c'est-à-dire que le fœtus, immédiatement après la conception , descend dans la matrice, enfermé dans ses enveloppes , dont la plus extérieure est nommée chorion, et intérieure ammnios ; il se fixe aux parois de la matrice par un ou plusieurs plexus de vais- seaux, appelés placenta, qui établissent entre lui et sa mère une com- MAMMIFÈRES. 7 munication d’où il tire sa nourriture. La conception exige toujours un accouplement effectif, pendant lequel le sperme du mâle est lancé dans la matrice de la femelle, Les petits se nourrissent pendant quelque temps, après leur naissance , d’une liqueur particulière nommée /ait , produite par les mamelles. Ce sont ces mamelles qui ont valu à la classe le nom de mammiferes, attendu que lui étant exclusivement propres, elles la distinguent mieux des autres classes qu'aucun autre caractère extérieur (1). » Division des mammifères en ordres. « Les caractères qui établissent les diversités essentielles des mammifères entre eux sont pris des organes du toucher, d'où dépend leur plus où moins d’habileté ou d'adresse , et des organes de la manducation , qui déterminent la na- ture de leurs aliments, et entraînent après eux non seulement tout ce qui à rapport à la fonction digestive , mais encore une foule d’autres différences, relatives même à l’intelligence. » La perfection des organes du toucher s’estime d’après le nombre et la mobilité des doigts, et d’après la manière plus ou moins profonde dont leur extrémité est enveloppée dans l’ongle ou le sabot. Un sabot qui enveloppe tout à fait la partie du doigt qui touche à terre y émousse le tact et rend le pied incapable de saisir. L’extrême opposé a lieu quand un ongle, formé d’une seule lame , ne couvre qu’une des faces du bout du doigt et laisse à l’autre face toute la délicatesse du toucher. » Le régime se juge par les dents mâchélières ou molaires, à la forme desquelles répond toujours l'articulation des mâchoires. » Pour couper de la chair il faut des mâchelières tranchantes comme -une scie, et des mâchoires serrées comme des ciseaux qui ne puissent . que s'ouvrir et se fermer. » Pour broyer des grains ou des racines, il faut des mâchelières à couronne plate, et des mâchoires qui puissent se mouvoir horizontale- ment; il faut encore , pour que la couronne de ces dents soil toujours inégale comme une meule, que sa substance soit formée de parties iné- galement dures, et dont le$ unes s’usent plus vite que les autres. » Les animaux à sabot sont tous de nécessité herbivores ou à cou- ronnes de mâchelières plates, parce que leurs pieds ne leur permet- traient pas de saisir une proie vivante, ® » Les animaux à doigts pourvus d'ongles, ou onguiculés, étaient sus- ceptibles de plus de variétés : il y en a de tous les régimes, et outre la forme des mâchelières , ils diffèrent encore beaucoup entre eux par la mobilité et la délicatesse des doigts. On a surtout saisi à cet égard un (1) Tous ces caractères et les suivants sont extraits presque textuellement du Bèqne animal de Cuvier. 8 ANIMAUX VERTÉBRÉS. caractère qui influe prodigieusement sur l'adresse et multiplie leurs moyens d'industrie : c’est la faculté d’opposer le pouce aux autres doigts pour saisir les plus petites choses, ce qui constitue la main proprement dite; faculté qui est portée à son plus haut degré de perfection dans l’homme, où l'extrémité antérieure tout entière est libre et peat être employée à la préhension. » Ces diverses combinaisons, qui déterminent rigoureusement la nature des divers mammifères , ont donné lieu à distinguer les ordres suivants : » Parmi les onguiculés , le premier , qui est en même temps privi- légié sous tous les autres rapports, l’omme, a des mains aux extrémités antérieures seulement ; ses extrémités postérieures le soutiennent dans une situation verticale. » L'ordre le plus voisin de l’homme, celui des qguadrumanes, à des mains aux quatre extrémités. » Un autre ordre, celui des carnassiers, n’a point de pouce libre et opposable aux extrémités antérieures. Ces trois ordres ont d’ailleurs chacun trois sortes de dents, savoir : des mâchelières, des canines et des incisives. » Un quatrième ordre, celui des rongeurs, dont les doigts diffèrent peu de ceux des carnassiers, manque de canines et porte en avant des incisives disposées pour une sorte toute particulière de mandu- cation. » Viennent ensuite des animaux dont les doigts sont déjà fort gênés, fort enfoncés dans de grands ongles le plus souvent crochus, et qui ont encore cette imperfection de manquer d’incisives. Quelques uns manquent même de canines, et d’autres n’ont pas de dents du tout. Nous les comprenons tous sous le nom d’édentés. » Cette distribution des animaux onguiculés serait parfaite et for- merait une chaîne très régulière, si la Nouvelle-Hollande ne nous four- nissait pas une petite chaîne collatérale, composée des animaux à bourse ou marsupiauxz , dont tous les genres se tiennent entre eux par l’en- semble de l’organisation, et dont cependant les uns répondent aux car- nassiers , les autres aux rongeurs et les troisièmes aux édentés, par les dents et par la nature de leur régime. » Les animaux à sabots ou ongulés, moins nombreux, ont aussi moins d’irrégularités. » Les ruminants composent un ordre très distinct par ses pieds fourchus, sa mâchoire supérieure sans vraies incisives, et ses quatre estomacs. » Tous les autres quadrupèdes à sabots se laissent réunir en un seul ordre que j’appellerai pachydermes ou jumenta, excepté l'éléphant, qu BIMANES. 9 pourrait faire un ordre à part, et qui se lie par quelques rapports éloi- gnés avec l’ordre des rongeurs. » Enfin viennent des mammifères qui n’ont point du tout d’extré- mités postérieures, et dont la forme de poisson et la vie aquatique pourraient engager à faire une classe particalière, si, pour tout le reste, leur économie n’était pas la même que dans la classe où nous les lais- sons. Ce sont les poissons à sang chaud des anciens, ou les céfacés, qui, réunissant à la force des autres mammifères l'avantage d’être soutenus par l’élément aqueux, comptent parmi eux les plus gigantesques de tous les animaux. » Voici le tableau de cette division des mammifères en neuf ordres : MAMMIFÈRES ! Des mains aux mem- Ayant bres thuraciques seule- { BIMANES. des mains et) ment; station verlicale. un système Des mains aux mem- Véritablemendl dentaire | bres thoraciques et ah- { QUADRUMANES, LR: FRERE complet. | dominaux. latte - Système dentaire P | complet, ou trois sortes { CARNASSIERS. naissant avec | Faro leurs organes Fr Ayant déià formés / Manque des ongles, J , des RONGEURS. et ne se . ou à N'ayant pas canines. - greffant pas à TE onguicules de muins, Manque la tétine Système Ayant le pouce des s de leur mère, ee dentaire 4 deux paires v'élant pasg Complet. | incisives de membres opposable P el quel- ÉDENTÉS. et la peau aux autres quefois couverte 7, doigts, \ We autres poils. dents. Imparfaitement vivipares; les petits Lars dans uu grand état d’imperfection, el, en général, se déve- loppant dans une poche extérieure, où ils soût fixés à MARSUPIAUX. la tetine de la mère. Ayaut Mode de digestion directe : les aliments parvenus des sabots À dans l'estomac, qui est simple, ne remontent pas ; PACHYDERMES. 2 ongulés dans la bouche pour subir une secunde mastication. Mode de digestion compliqué : les aliments, tombés dans un premier estomac, remontent dans la bouche EummAnTsS pour êlre ruminés, el redescendent ensuite dans les d d | autres caviles stomacales. Ayant les membres tout à fait oblitérés ; nageoire horizontale à l’extrémité de } rien la queue ; peau nue, ORDRE DES BIMANES. — L'homme, L'homme forme à lui seul tout l’ordre des bimanes ; son organisation diffère très peu de celle d’un grand nombre d’autres mammifères; mais il est placé bien au--dessus de tous par l'intelligence admirable dont il a été doué par la nature. Le corps entier de l’homme est disposé pour la station verticale. Son pied , bien différent de celui des singes, est large et muni d’un talon renflé, sur lequel porte verticalement la jambe ; les doigts en sont courts et peuvent à peine se ployer ; le pouce, plus long et plus gros que les 40 MAMMIFÈRES. autres, est placé sur la même ligne et ne leur est pas opposable; les muscles qui retiennent le pied et la cuisse dans l’état d’extension sont plus vigoureux que chez aucun autre mammifère, et forment les saillies du mollet et de la fesse; le bassin est plus large, ce qui écarte les cuisses et les pieds, élargit la base du corps et en facilite l'équilibre ; la tête, dans cette situation verticale, est en équilibre sur le tronc, parce que son articulation est alors sous le milieu de sa masse. Quand l’homme le voudrait, il ne pourrait marcher commodément sur ses quatre membres; sa cuisse, trop longue, ramènerait toujours le genou contre terre; les épaules écartées et ses bras jetés trop loin de la ligne médiane soutiendraient mal le devant du corps; sa tête, plus pesante à cause de la grandeur du cerveau, et non soutenue par un liga- ment disposé à cet effet, tomberait sur sa poitrine et pourrait tout au plus être soutenue dans la ligne de l’épine dorsale ; alors les yeux seraient dirigés contre terre et il ne verrait pas devant lui. La situation de ces organes est au contraire parfaite, en supposant qu’il marche debout (1). L'homme doit done se tenir sur ses pieds seulement; il conserve l'entière liberté de ses mains pour les arts, et ses organes des sens sont situés le plus favorablement pour l'observation. « Aucun animal n’approche de l’homme pour la grandeur relative et les replis des hémisphères du cerveau, c’est-à-dire de la partie de cet organe qui sert d’instrument principal aux opérations intellectuelles ; la partie postérieure du même organe s'étend en arrière de manière à recouvrir le cervelet; la forme même du crâne annonce cette grandeur du cerveau, comme la petitesse de la face montre combien la partie du système nerveux affectée aux sens externes est peu prédominante. » L'homme a une prééminence particulière dans les organes de la voix ; seul des mammifères, il peut articuler des sons; la forme de sa (4) Enlin l’homme naquit : soit qu'un être divin L’ait animé d’un souffle émané de son sein ; Soit que la terre encor de jeunesse parée, Des rayons de l’éther à peine séparée, Eût imprégné de vie un linon plus parfait ; Et qu’alors un Titan, savant fils de Japet, A l’image des dieux modérateurs du monde, Eût pétrit sous ses doigts cette argile féconde. Sous le joug de linstinct les animaux penchés, Tous baissent leurs regards à la terre attachés ; » L'homme lui seul, debout, la tête redressée , Élève jusqu’au ciel sa vue et sa pensée. Le limon ennobli, changeant ses vils destins, Recçut ainsi les traits du premier des humains. De Saivranxce, Métamorphoses d'Ovide. BIMANES. 11 bouche et la grande mobilité de ses lèvres en sont probablement les causes : il en résulte pour lui un moyen de communication bien pré- cieux , car des sons variés sont, de tous les signes que l’on peut cm- ployer commodément pour la transmission des idées, ceux que l’on peut faire percevoir le plus loin et dans plus de directions à la fois. » L'homme paraît fait pour se nourrir principalement de fruits, de racines et d’autres parties succulentes des végétaux; ses mains lui donnent la facilité de les cueillir ; ses mâchoirés courtes et de force mé- diocre , d’un côté, ses canines égales aux autres dents , et ses molaires tuberculeuses , de l'autre , ne lui permettraient guère ni de pañtre de l’herbe ni de dévorer de la chair, s’il ne préparait ses aliments par la cuisson ; mais une fois qu’il a possédé le feu, et que ses arts l'ont aidé à saisir ou à tuer de lo'n les animaux, tous les êtres vivants ont pu servir à sa nourriture, ce qui lui a donné les moyens de multiplier infi- niment son espèce. » Ses organes de la digestion sont conformes à ceux de la mastication; son estomac est simale, son canal intestinal de longueur médiocre , ses gros intestins bien marqués , son cœcum gros et court, augmenté d'un appendice grêle ; son foie est divisé seulement en deux lobes et un lobule; son épiploon pend au-devant des intestins jusque dans le bassin. » Pour compléter l’idée abrégée de la structure anatomique de l’homme , nous ajouterons qu’il a 32 vertèbres, dont 7 cervicales, 12 dor+ales, 5 lombaires, 5 sacrées et 3 coccygiennes. De ses côtes, 7 paires s'unissent au sternum par des allonges cartilagineuses, et se nomment vraies côtes ; les 5 paires suivantes sont nommées fausses côles. Son crâne (fig. 439), à l’état adulte, a huit o$, savoir : un occipito-basi- laire , deux temporaux , deux pariétaux, un frontal, un ethmoïde et un sphénoïdal. Les os de la face sont au nombre de quatorze : deux maxillaires, Fig. 439 (1). deux jugaux, dont chacun joint le temporal au mMaxillaire du même côté par une espèce d'anse nommée arcade zygomatique ; deux pasaux, deux palatins en arrière du palais, un vomer entre les narines, deux cornets du nez dans les narines, deux lacrymaux aux côtés internes des orbites, et l'os unique de la mâchoire inférieure. Chaque mà hoire à 46 dents, à savoir : 4 incisives tranchantes, au milieu ; (4) Fig, 439. Tête d'homme : 0 os occipital ; £ gs temporal ; p 0s pariétal : [os frontal ; n os nasal; j os jugal, ou os de la pommelte ; ms os de la mä- choire supérieure ; mi 0s de la mâchoire inférieure, 12 MAMMIFÈRES. deux canines pointues, à la suite ; et 10 molaires à couronnes tubercu- leuses aux extrémités, 5 de chaque côté : en tout 32 dents, qui sont de longueur sensiblement égale. L’omoplate a, au bout de son épine ou arête saillante, une tubérosité dite acromion, à laquelle s’attache la clavicule , et, au-dessous de son articulation, une pointe nommée bec coracoïide, pour l’attache de quelques muscles, Le radius (os antérieur de l’avant-bras) tourne complétement sur le cubitus, à cause de la ma- nière dont il s'articule avec l’humérus. Le carpe a huit os, quatre pour chaque rangée ; le tarse en a sept. Ceux du reste de la main et du pied se comptent aisément d’après le nombre des doigts. » Quoique l'espèce humaine paraisse unique, puisque tous les individus peuvent se mêler indistinctement et produire des individus féconds, on y remarque cependant , suivant les pays et les climats, des différences qui se transmettent indéfiniment par la génération , tant que les races ne se mêlent pas : aussi ne peut-on pas se refuser à admettre dans cette espèce unique plusieurs variétés distinctes. Les peuples qui habitent l’ancien monde paraissent appartenir à trois variétés principales, désignées sous les noms de race blanche où cauca- sique , race jaune où mongolique, et race noire où éthiopique. La race eaueasique se distingue par la beauté de l’ovale que forme la tête, par le développement de son front, la position horizontale de ses yeux , le peu de saillie de ses pommettes et de ses mâchoires, ses cheveux longs et lisses, et la couleur blanche rosée de sa peau. Elle occupe toute l’Europe, l'Asie occidentale jusqu’au Gange et la partie septentrionale de l’Afrique; mais on la croit originaire des montagnes du Caucase, ce qui lui a valu son nom. La race mongolique à la face aplatie, le front bas, oblique et carré, les pommettes saillantes, les yeux étroits et obliques, la barbe grêle, les cheveux droits et noirs, et la peau olivätre. Elle paraît originaire des monts Altaï, d’où elle a envahi toute la Sibérie orientale, le Kamtschatka, les îles Aleutiennes, l'Amérique russe, la Chine, la Corée, le Japon, les îles Mariannes et les Philippines. Elle s’est étendue aussi dans les régions glacées de l’ancien hémisphère, depuis l'embouchure de la Léna jusqu’au cap Nord, et paraît avoir produit les peuples abâtardis connus sous les noms de Samoïèdes et de Lapons. Répandue au midi dans les îles Moluques, mais mélangée sans doute à la race blanche, elle a pro- duit la grande famille malaise qui diffère à quelques égards de l’une et de l’autre. La variété nègre , ou éthiopique, est caractérisée par son crâne comprimé, son nez écrasé, ses mâchoires saillantes, ses lèvres lippues, ses cheveux laineux et crépus, et sa peau plus ou moins noire. Elle est confinée en Afrique au midi de l'Atlas, et paraît se composer de plu- QUADRUMANES, 15 sieurs races distinctes, telles que la mozambique, la boschimanne et la hottentote. La population primitive de l’Australasie et d’une partie des archipels de l'Océanie est aussi une race noire qui a beaucoup de rapports avec la mozambique. Enfin les peuples indigènes de l’Amérique , quoique généralement remarquables par leur teint cuivré, leur nez saillant, leurs yeux grands et ouverts, leurs cheveux longs et leur barbe rare, paraissent dérivés de deux races différentes, dont l’une, provenant de la Mongolie, aurait suivi, du nord au sud, la côte occidentale du nouveau continent jusqu’au centre de l’Amérique méridionale, et dont l’autre, arrivée par le nord- est, et plus rapprochée de la race caucasique , se serait étendue du fleuve Saint-Laurent à la Floride et de l’océan Atlantique jusqu'aux montagnes Rocheuses, à travers le vaste bassin du Mississipi (1). Les médicaments que l’on tirait autrefois de l’homme sont tombés en désuétude. On employait le crâne pulvérisé contre l’épilepsie, et la graisse dans les douleurs arthritiques. Le lait de femme est encore quelquefois recommandé comme analeptique ; l'urine sert dans l’art de ja teinture et pour la préparation de l’orseille et des tournesols. ORDRE DES QUADRUMANES. Les quadrumanes se rapprochent beaucoup de l’homme par leur cerveau à trois lobes de chaque côté, dont le postérieur recouvre le cer- velet; par leur fosse temporale séparée de l'orbite au moyen d’une cloison osseuse (fig. 440); par leurs yeux dirigés en avant, leur sys- tème dentaire, leur canal intestinal , leurs mawnelles au nombre de deux seulement et placées sur la poitrine; enfin par leur verge pendante; mais ils s’en distinguent par leurs pieds de derrière dont le pouce est libre et opposable à Fig. 440 (2). des doigts longs et flexibles comme ceux de la main, ce qui leur permet de monter sur les arbres avec une grande facilité , tandis qu'ils ne se tiennent et ne marchent debout qu'avec peine, leur pied ne posant alors que sur le tranchant extérieur et leur bassin étroit ne favorisant pas l'équilibre. Ils s'éloignent d’ailleurs de notre forme par degrés, en prenant un museau de plus en plus allongé, une queue, une (4) Pour plus de développement sur l’histoire des races, voyez l’ouvrage de J.-C. Prichard, Histoire naturelle de l'homme, traduite par Roulin. Paris, 1843, 2 vol. in-8, figures. (2) Fig. 440. Tête de guenon callitriche : 0 os occipital ; { os temporal ; p os pariétal ; f os frontal ; j os jugal ; ms os de la mâchoire supérieure ; mi os de la mâchoire inférieure. Le MAMMIFÈRES, marche plus exclusivement quadrupède ; néanmoins la liberté de leurs avant-bras et la conformation de leurs mains leur permettent à tous beaucoup d'actions et de gestes semblables à ceux de l’homme. On les divise en trois familles comprenant les singes, les ouistitis et les makis. Les SINGES ont à chaque mâchoire 4 dents incisives droites , et des ongles plats à tous les doigts ; leurs molaires n'on!, comme les nôtres, que des tubercules mousses, et ils vivent essentiellement de fruits; mais leurs canines, dépassant les autres dents, leur fournissent une arme qui nous manque , et exigent un vide dans la mâchoire opposée , pour s'y loger quand la bouche se ferme. On les divise en deux tribus, sous la désignation de singes de l'ancien continent et de singes du nouveau continent. Les premiers ont le même nombre de molaires que l’homme, ont presque toujours des callosités aux fesses, jamais de queue prenante, et souvent des abajoues ou poches creusées dans les joues et communi- quant avec la bouche. Cette tribu comprend les singes qui ressemblent le plus à l'honime , comme le ehimpansé du Congo et de la Guinée, l'erang-outang de la Cochinchine et de Bornéo, et le gibhbon de l'archipel Indien. On y trouve également les guenons, ou singes à queue non prenante, à fesses calleuses, à abajoues ; les macaques, les magots, les cynocéphales et [es mandrilles, Les singes du nouveau continent ont # mâchelières de plus que les autres, ou trente-six dents en tout, la queie longue, pas d'abajoues, les fesses velues et sans callosités, les narines percées aux côtés du nez et non en dessous. Les uns ont la queue prenante, c'est-à-dire que son extrémité peut s’entortiller autour des corps pour les saisir comme le ferait une main, ce qui leur permet de se suspendre aux branches des arbres, de s’y balancer et de se lancer d’un arbre à un autre, On leur donne le nom général de sapajous. Ceux dont la queue n'est pas pre- naute portent les noms de sagouins et de sahkrs. Les ouisriris forment une petite famille longtemps confondue avec les makis, dont ils offrent la tête ronde , le visage plat, les narines laté- rales, les fesses velues, etc. ; mais ils n’ont que 20 molaires comme les singes de l'ancien continent, et leurs pouces de devant s’écartent si peu des autres doigts qu’on hésite à leur donner le nom de quadrumanes. Les MAKIS ou LÉMURIENS ont les quatre pouces bien développés et opposables aux autres doigts; mais ils présentent dans leur système den- taire des caractères qui les rapprochent des insectivores ou des édentés, lis comprennent les #akis proprement dits, les loris et les tarsiers. ORDRE DES CARNASSIERS. Les carnassiers forment une réunion considérable et variée de mammifères onguiculés, qui possèdent, comme l’homme et les quadru- CHÉIROPTÈRES. 45 manes, trois sortes de dents, mais qui n'ont pas de pouce opposable à leurs pieds de devant. Ils vivent tous de matières animales et d'autant plus exclusivement que leurs molaires ou mâchelières sont plus tran- chantes. Ceux qui les ont en tout ou en partie tuberculeuses, prennent aussi plus ou moins de substances végétales, et ceux qui les ont héris- sées de pointes coniques se nourrissent principalement d'insectes. L’ar- ticulation de leur mâchoire inférieure, dirigée en travers et serrée comme un gond, ne lui permet aucun mouvement horizontal ; elle ne peut que se fermer et s’ouvrir. Leur cerveau, encore assez sillonné, n’a point de troisième lobe et ne recouvre point le cervelet, non plus que dans les ordres suivants. Leur orbite n’est point séparé de leur fosse temporale, dans le squelette ; leur crâne est rétréci, et leurs arcades zygomaliques sont écartées et rele- vées, pour donner plus de volume et de force aux muscles de leurs mâchoires. Le sens qui domine chez eux est celui de l’odorat, et leur membrane pituitaire est généralement étendue sur des lames osseuses très multipliées. On les divise en trois familles fort distinctes : les chéiroptères, les insectivores et les carnivores. Les CHÉIROPTÈRES ont encore quelques affinités avec les quadru- manes par leur verge pendante et par leurs mamelles placées sur la poitrine. Leur caractère distinctif consiste dans un repli de la peau qui prend aux côtés du cou, s'étend entre leurs quatre pieds et leurs doigts, les soutient en l'air et leur permet même de voler. Ils ont quatre grandes canines ; mais le nombre de leurs incisives varie. On les divise en deux tribus, d’après l’étendue de leurs organes du vol. La première tribu ne renferme qu'une espèce de la Malaisie, nommée galéopithèque, on maki volant, dont les quatre membres et la queue sont réunis par un man- teau velu qui sert de parachute à l'animal lorsqu'il s’élance d’un arbre sur un autre, mais qui ne peut lui servir à s'élever dans l’air. Son sys- 1ème dentaire le rapproche des makis, Dans la seconde tribu , qui com- prend les vrais chéiroptères (1), les bras , les avant-bras et les doigts, à l'exception du pouce, sont excessivement allongés et forment, avec la membrane qui en remplit les intervalles, de véritables’ailes, aussi étendues en surface que celles des oiseaux. Leurs muscles pectoraux ont une épaisseur proportionnée aux mouvements qu'ils doivent exécuter, et leur sternum est pourvu d'une arête pour leur donner attache, comme celui des oiseaux. Leur pouce est court et armé d’un ongle crochu qui sert à ces animaux à se suspendre, dans l’état de repos, aux murs ou aux rochers; car ils ne posent guère à terre, où ils ne rampent qu'avec peine. Leurs pieds de derrière sont faibles, divisés en 5 doigts (1) De stp, main, et r+tpov, aile : main ailée. 16 MAMMIFÈRES. égaux et armés d'ongles aigus. Leurs yeux sont très petits, mais leurs oreilles sont généralement très grandes , et forment avec leurs ailes une énorme surface membraneuse et sensible, qui leur sert à se diriger dans l'obscurité par la diversité des impressions de l'air. Ce sont des animaux nocturnes et qui passent l'hiver de nos climats en léthargie. On les divise d’abord en roussettes et en chawves-souris : les premières, qui appartiennent à l’archipel Indien, se nourrissent en grande partie de fruits; les secondes, qui sont répandues dans les autres parties du monde, se nourrissent principalement des insectes qu’elles prennent au vol, et quelquefois, comme le vampire, du sang des animaux. Les INSECTIVORES ont, comme les chéiroptères, des mâchelières hérissées de pointes coniques , et une vie le plus souvent nocturne et souterraine : ils se nourrissent principalement d'insectes, et, dans les pays froids, beaucoup d’entre eux passent l’hiver en léthargie. Ils n’ont pas de membranes latérales propres au vol; leurs pieds sont courts et leurs mouvements faibles. Leurs mamelles sont placées sous le ventre et la verge est enfermée dans un fourreau. Aucun n’a de cœcum et tous appuient la plante entière du pied sur la terrre en marchant. Les uns ont de longues incisives en avant, suivies d’autres incisives et de canines toutes moins hautes que les molaires, ce qui les rapproche des tarsiers, parmi les quadrumanes, et un peu des rongeurs. Les autres ont de grandes canines écartées , entre lesquelles sont de petites incisives, ce qui est la disposition la plus ordinaire aux quadrumanes et aux carnivores. Cette famille comprend les hérissons , les tenrecs, les musaraignes , les desmans , les taupes, les scalopes , etc. Famille des CARNIVORES. Quoique l’épithète de carnassiers convienne à tous les mammifères onguiculés à trois sortes de dents et non quadru- manes, puisque tous se nourrissent plus ou moins de matières ani- males, cependant il en est beaucoup, spécialement ceux des deux familles précédentes, que leur faiblesse Fig. 441 (1). et les tubercules coniques de leurs dents mâchelières réduisent presque à vivre d'insectes. C’est dans la famille actuelle que lappétit sanguinairé se joint à la force nécessaire pour y sub- venir, et, comme toujours, les ani- maux qu'elle renferme sont d’autant plus essentiellement carnivores que leurs dents sont plus complétement tranchantes. Ils ont tous quatre grosses et longues canines écartées, entre lesquelles sont six incisives à chaque mâchoire (fig. 441). Les premières molaires sont les plus tran- (4) Fig. 41. Tête de chien. CARNASSIERS. 41 chan'es et sont désignées sous le nom de fausses molaires ; vient à la suile, à chaque mâchoire, une molaire plus grosse que les autres, pourvue d’un large talon tuberculeux, et servant surtout à briser les cs des animaux : on lui donne le nom de carnassière. Derrière elle se trouvent une ou deux molaires plus faibles et à tubercules mousses, nommées molaires tuberculeuses. Dans cette famille, les membres antérieurs ne servent plus guère qu'à supporter le poids du corps et à la locomotion sur terre ; aussi la clavicule, ne devant plus tenir les épaules écartées, est-elle réduite à l'état rudimentaire et suspendue dans les chairs. Les membres posté- ricurs présentent, dans leur terminaison, des différences très marquées, qui influent beaucoup sur les habitudes ct sur le régime des carnivores où qui en sont la conséquence, et qui les ont fait partager en trois tribus, sous les noms de plantigrades, de digitigrades et d’am- plibies. Les PLANTIGRADES, de même que les quadrupèdes des familles pré- cédentes, appuient la plante entière du pied de derrière sur la terre, lorsqu'ils marchent ou qu'ils se tiennent debout, et l’on s’en aperçoit aisément par l'absence des poils sous toute cette partie. Ils participent à la lenteur et à Ja vie nocturne des insectivores et manquent comme eux de cœcum ; la plupart de ceux des pays froids passent l'hiver en léthargie. Ils ont tous cinq doigts à tous les pieds. Cette tribu comprend les ours, les ratons, les coafis, les blaireaux, les gloutons, les ratels, etc. Les ours sont Ge grands animaux dont le corps est généralement trapu, les membres épais, la queue très courte; leurs allures sont lourdes, mais ils ont beaucoup d'intelligence et sont doués d’une grande force. j L'ours brun habite les hautes montagnes couvertes de forêts de toute l’Europe et d’une partie de l’Asie ; il aime la solitude et établit sa demeure dans quelque caverne naturelle, ou dans un antre qu’il creuse avec ses ongles forts et crochus; il vit principalement de fruits, de racines succulentes, de jeunes pousses d’arbres, et recherche le miel avec passion. Ce n’est guère que lorsque la faim le presse qu'il attaque les animaux ; aussi ses dents molaires sont-elles moins tranchantes que celles de tous les autres carnassicers. Il est d’une grande prudence et s'éloigne de tout ce qu’il ne connaît pas; mais ce n’est pas manque de courage, et ses efforts deviennent terribles lorsqu'il est attaqué. La fourrure de l'ours brun est très épaisse , surtout en hiver, et se compose de poils longs et brillants; sa chair est bonne à manger quand il est jeune; sa graisse a joui d’une grande réputation pour la guérison des douleurs rhumatismales, pour faire croître les cheveux et IV. 2 18 MAMMIFÈRES. pour s’opposer à leur chute. Elle est demi-fluide, d’une couleur légère- ment citrine, d’une odeur assez forte, et se conserve longtemps sans rancir. L'’ours blane des mers polaires diffère du précédent par sa forme générale plus allongée, son pelage tout blanc et son habitude de vivre par troupes plus ou moins nombreuses. Il nage et plonge avec une grande facilité et poursuit les poissons, les phoques et les jeunes cétacés. Il est aussi très dangereux pour les navigateurs égarés sur les mers polaires; cependant son régime exclusivement animal est une consé- quence forcée du climat où il vit ; lorsqu'on le tient en captivité, il s’habitue facilement au régime végétal des autres ours. Le blaireau d'Europe à la taille d’un chien de médiocre grandeur. Sa queue est courte, et au-dessous se trouve une poche d’où suinte une humeur grasse et fétide; ses jambes sont très courtes et ses poils si longs que son ventre paraît presque toucher à terre. Ses ongles de devant sont forts, allongés et très propres à fouir; aussi se creuse-t-il facilement des terriers tortueux où il passe solitaire la plus grande partie de sa vie. Il n’en sort guère que la nuit pour chercher sa nourriture, qui consiste en jeunes lapins, mulots, lézards, miel, œufs, etc. On le chasse à l’aide du basset qui pénètre dans son gîte , l’accule et facilite le moyen de le prendre avec des pinces, en ouvrant le terrier par dessus. La fourrure du blaireau est épaisse, rude, peu brillante et peu estimée ; mais les poils de sa queue sont très recherchés pour la fabri- cation des pinceaux et des brosses à barbe. La graisse de blaireau res- semble Beaucoup à celle de l’ours et était autrefois employée aux mêmes usages. Les DIGITIGRADES , qui forment la seconde tribu des carnivores, ne marchent que sur le bout des doigts en relevant le tarse ; leur course en devenant plus rapide, ils sont essentiellement chasseurs et carnas- siers ; leurs pattes sont armées d'ongles puissants pour saisir leur proie, et leurs mâchoires robustes ne présentent que des dents plus ou moins tranchantes, On les divise en trois petits groupes comprenant : 4° Les martes et les loutres, dites guadrupèdes vermiformes ; 2° Les chiens et les civettes ; 3° Les hyènes et les chats. Les animaux du premier groupe ont reçu le nom de vermiformes, à cause de la forme allongée et comme cylindrique de leur corps et de la brièveté de leurs pieds, qui leur permettent de passer par de très petites ouvertures. Ils n’ont qu’une dent tuberculeuse en arrière de la carnassière d’en haut ; ils manquent de cæcum, comme les insectivores et les plantigrades, mais ils ne tombent pas en léthargie pendant l'hiver. Quoique petits et faibles, ils sont très cruels, vivent surtout de sang CARNASSIERS. 19 et sont la terreur des poulaillers et des garennes. Ils répandent presque tous une odeur infecte. Ils comprennent les genres pufors, marte, mouffette et loutre. Parmi les putois, se trouvent notre pufois commun, le furet , la belette , l'hermine dont le pelage, brun et rosâtre pendant l'été, devient tout blanc pendant l'hiver ; le mink de Russie , et diffé- rents putois de Pologne , de Sibérie, des États-Unis, du Cap, etc. Les martes comprennent la marte commune , la fouine, le vison de l’Amé- rique du Nord, et la marte zibeline dont la fourrure est si belle et si estimée, et que l’on chasse, au milieu de l’hiver, sur les montagnes glacées de la Sibérie. Les loutres habitent les rivières , dans toutes les parties du monde, et même les bords de la mer dans le nord de l'océan Pacifique ; leurs pieds sont palmés , leur queue est aplatie, et elles se nourrissent exclusivement de poisson. Les Indiens savent les employer pour la pêche, comme nous nous servons des chiens pour la chasse. Le deuxième groupe des carnivores digitigrades, comprenant les chiens et les civettes, est caractérisé par deux dents tuberculeuses apla- ties derrière la carnassière supérieure, qui elle-même présente un talon assez large. Ils sont carnassiers , mais sans montrer un courage propor- tionné à leurs forces , et vivent souvent de charognes. Ils ont tous un petit cœcum. « Le chien domestique varie à l'infini pour la taille, la forme , la couleur et la qualité du poil. C’est la conquête la plus complète que l'homme ait faite sur le règne animal ; toute l’espèce est devenue notre propriété ; chaque individu est tout entier à son maître , prend ses mœurs, connaît et défend son bien , et lui reste attaché jusqu’à la mort. La vitesse, la force et l’odorat du chien en ont fait pour l’homme un allié puissant contre les autres animaux. Il est le seul qui ait suivi l’homme par toute la terre. » Quelques naturalistes pensent que lé chien est un loup, d’autres que c'est un chacal apprivoisé : les chiens redevenus sauvages dans les contrées désertes, tout en ayant les oreilles droites, ne ressemblent cependant ni à l’un ni à l’autre, et conservent la queue recourbée du chien domestique. On a pensé aussi que le chien de berger était la race domestique la plus voisine du type primitif ; mais la comparaison des crânes en rap- proche davantage le métin et le danois, après lesquels viennent le chien courant, le braque et le basset. Le lévrier est plus élancé et a les sinus frontaux plus petits et un odorat plus faible ; le chien de berger et le chien-loup reprennent les oreilles droites des chiens sauvages, mais avec plus de développement dans le cerveau, qui va croissant encore ainsi que l'intelligence , dans le barbet et l'épagneul. Le dogue, 20 MAMMIFÈRES. d’un antre côté, se fait remarquer par le raccourci-sement et la vigueur de ses mâchoires, sa force et quelquefois sa férocité ; le chien de Terre- Neuve se distingue entre tous par sa grande taille, son poil long ct ondulé , généralement noir et blanc; sa queue Cpaisse, son museau élargi et son front élevé. Il a les doigts palmés, nage avec plaisir ct vigueur, et est porté par son instinct à se jeter à l’eau pour sauver l’homme qui se noie. Le loup à la même organisation que le chien ct peut produire avec lui des métis féconds ; mais au lieu d’être éminemment sociable comme le chien, il vit habituellement solitaire et ne se réunit à d’autres loups que pour mettre leur force en commun, lorsque la faim les presse. 11 a la taille et la physionomie du mâtin, dont les orcilles seraient droites , le pelage fauve et la queue droite. Il attaque tous nos animaux domes- tiques , et ne montre pas cependant un courage proportionné à sa force. Ses habitudes et son développement physique ont beaucoup de rapport avec ceux du chien. Le chacal, Où loup doré, à plus de rapport encore avec nos chiens. 11 habite les contrées chaudes de l’Asie et de l'Afrique, et vit en troupes nombreuses dont les membres chassent en commun et se défendent mutuellement. 11 est plus petit que le loup, a le museau plus pointu, gris brun, les cuisses et les jambes fauve clair, la queue droite n’attei- gnant guère qu’au talon. Les renards sont distingués des chiens et des loups par une queue plus longue et plus touffue, par un museau rétréci et plus pointu, par leurs pupilles qui, de jour, sont contractées en ligne verticale, comme celles des chats ; enfin par leurs incisives supérieures moins échancrées. Ils répandent une odeur fétide, se creusent des terriers, sont très rusés et n’attaquent que les animaux faibles. On en connaît un grand nombre d'espèces répandues dans toutes les parties du monde. La sous-tribu des CIVETTES présente trois fausses molaires en haut, quatre en bas, dont les antérieures tombent quelquefois ; deux tubercu- leuses en haut, une seule en bas. Leur carnassière inférieure est pourvue en avant et du côté interne de deux tubercules saillants, le reste de celte dent étant plus ou moins tuberculeux ; leur langue est hérissée de papilles aiguës et rudes ; leurs ongles se redressent plus ou moins dans la marche, et près de leur anus est une poche plus ou moins pro- fonde , où des glandes particulières font suinter une matière onctueuse et odorante, Cette sous-tribu renferme plusieurs genres ou sous-genres : les civettes proprement dites, les genettes, les mangoustes, elc. Le genre propre des civettes comprend deux espèces, la vraie civette (viverra civetta I.) , et le zibeth (viverra zibetha X.). La première (fig. 44%) habite les contrées les plus chaudes de l'Afrique , depuis la CARNASSIERS. 21 Guinée et le Sénégal jusqu’en Abyssinie. Elle a environ 75 centimètres de long, non compris la queue, sur 27 à 32 centimètres de hauteur au garrot. Son museau est moins pointu que celui du renard et garni de longues moustaches; son poil cst assez long, un peu grossier, et celui qui règne le long du dos et de la queue forme une sorte de cri- nière que l’animal relève lorsqu'on l’irrite; il est d’un gris variable, Fig. 442, irrégulièrement rayé et tacheté de brun noirâtre. Les quatre jambes sont d’un brun noirâtre uniforme, ainsi que la moitié postérieure de Ja queue; le haut des membres et le commencement de la queue sont marqués d’anneaux tigrés; la tête et le cou sont blanchätres avec de larges bandes brunes. Ce qui cafactérise particulièrement la civette, c’est une bourse qui s’ouvre au dehors par une fente située entre l’anus et les organes de la génération. Cette fente est pareille dans l’un et l’autre sexe, ce qui les rend assez difficiles à distinguer extérieurement. Cette fente conduit dans deux cavités de la contenance d’une amande, dont la paroi interne est percée de plusieurs trous conduisant dans autant de follicules glan- duleux dans lesquels se produit la substance odoriférante. Tous ces follicules sont enveloppés par une tunique qui recoit beaucoup de vais- scaux sanguins, et le tout est recouvert d’un muscle qui peut comprimer les follicules et la bourse commune, et en faire sortir le parfum. Mais pour se le procurer plus facilement , dans plusieurs parties de l'Afrique on élève les civettes en captivité, et, suivant des voyageurs, en Abys- sinie, il y a des marchands qui en ont plus de 300. Tous les huit jours on vide leur poche avec une petite cuiller qu’on y introduit après avoir fixé l'animal de manière à ce qu'il ne puisse nuire à l'opérateur, ni faire de mouvements capables de le faire blesser lui-même, et l’on ren- ferme le parfum dans un vase qu’on bouche bien , ou micux, à ce qu'il paraît, dans une corne creuse où la matière se dessèche en partie et acquiert un parfum plus agréable. 22 MAMMIFÈRES. La civette-parfum est une matière onctueuse de nature adipo-rési- neuse ; elle est d’abord jaunâtre et demi-fluide ; mais elle brunit et devient très épaisse en vieillissant. Telle que je l'ai, elle possède une odeur très forte et ammoniacale, qui participe du musc et de la matière fécale, et qui est certainement fort désagréable ; mais le papier qui recouvre le bouchon du flacon ne conserve qu’une odeur de musc pure et adoucie, qui explique la confusion qui a si longtemps existé, quant au nom et à la matière, entre le musc et la civette (1). La civette a été usitée en médecine comme stimulante , nervale et antispasmodique ; mais elle n’est plus guère employée aujourd’hui que dans la parfumerie. M. Boutron en a donné une bonne description et un essai d'analyse dans le Journal de pharmacie, t X, p. 537. Le zibeth a beaucoup de ressemblance avec la civette; mais il a le poil plus court et touffu, pas de crinière, la queue ronde, à poil court et épais, blanchâtre, avec des demi-anneaux noirs sur toute sa longueur (Buffon, ist. nat., t. 1X, pl. 31 et 32). Il habite les deux presqu’îles de l'Inde, les îles Moluques et les Philippines. On l'élève captif dans des cages, comme la civette d'Afrique, et on lui enlève sa substance odorante de la même manière, à l'aide d’une petite cuiller ou d’une tige creuse de bambou. On étale la matière sur des feuilles de poivre pour lui enlever les poils qui s’y trouvent mélangés, et on la lave, dit-on, avec de l’eau salée et du suc de limon, avant de la renfermer dans des boîtes de plomb. Une troisième espèce de civette, propre à l’île de Java, nommée viverra rasse, et qui est probablement l'animal au musc de La Peyronic (Académie des sciences, 1731, p. 43), produit un parfum compa- rable aux précédents; mais là genette commune, qu'on trouve depuis la France méridionale jusqu’au cap de Bonne-Espérance, n’en fournit pas, sa poche à parfum se réduisant à un enfoncement très léger presque sans excrétion. Cet animal diffère en outre des civettes par ses pupilles qui prennent à la lumière la forme d’une fente verticale, et par ses ongles qui se retirent entièrement entre les doigts, comme ceux des chats. Les mangoustes ont la forme et les habitudes carnassières des fouines et des belettes, le poil et la dentition des civettes, dont elles diffèrent par leur poche simple et volumineuse, au fond de laquelle s'ouvre l’anus. Il en existe un assez grand nombre d’espèces ou de variétés, répandues dans toute l'Afrique, dans l'Inde et aux îles Malaises. (1) C'est une espèce de civette qui se trouve décrite dans les Mémoires de l'Académie, année 1731, sous le nom de musc ; d’un autre côté , les boites de musc de Chine contiennent, sous le couvercle, une représentation de la chasse d’un animal qui est une civette, et non un chevrotaiu porte-musc, CARNASSIERS. 23 Celle d'Égypte était connue des anciens sous le nom d’échneumon et à été nommée plus tard rat de Pharaon. Elle est longue de 50 centi- mètres, mesurés depuis le bout du museau jusqu’à l'origine de la queue, et cette dernière partie est d’une longueur à peu près égale ; la hauteur du corps n’atteint pas 20 centimètres. Les anciens Égyptiens élevaient la mangouste en domesticité et lui rendaient une sorte de culte; elle leur rendait des services réels en détruisant les rats et les souris, les petits reptiles, et surtout en se nourrissant d'œufs de crocodile qu’elle sait très bien trouver dans le sable où ils ont été déposés. Mais elle détruit la volaille et les lapins, étrangle les chats, attaque même les chiens, et sera d’autant moins utile et d'autant plus nuisible que le pays deviendra plus peuplé et plus civilisé. Elle y est plus rare qu’autrefois, et n’y est plus nulle part à l’état de domesticité. La mangouste de l'Inde et celle de Java décrite par Ramphius ( Amboïn. auctuar., p. 69, tab. 28) ne sont pas moins célèbres par leur instinct qui les porte à attaquer les serpents les plus venimeux, et par l’usage qu’elles font, dit-on, de certaines racines pour se guérir de leurs morsures. Ces racines, connues dans les Indes, ainsi que l'animal, sous le nom de #"ngo (dont Buffon a fait #angouste), sont surtout celle de l’ophiozylum serpentinum que j'ai décrite tome IF, page 526, et celle de lophiorhiza mungos Rich., de la famille des rubiacées. La dernière subdivision des digitigrades manque complétement de petites dents derrière la grosse molaire d’en bas. Elle contient les ani- maux les plus cruels et les plus carnassiers de la classe ; on les divise en deux genres, les Ayènes et les chats. Les hyènes ont trois fausses molaires en haut, quatre en bas, toutes coniques et singulièrement grosses ; leur carnassière supérieure a un petit tubercule en dedans et en avant, mais l’inférieure n’en a pas et présente deux fortes pointes tranchantes. Cette armure vigoureuse leur permet de briser les os des plus fortes proies; leur langue est rude, leur train de derrière est beaucoup plus bas que celui de devant, et tous leurs pieds n’ont que quatre doigts. Au-dessus de l'anus est une poche profonde et glanduleuse. Les muscles de leur cou et de leur mâchoire sont si robustes, qu'il est presque impossible de leur arracher ce qu’elles ont saisi, et qu’elles peuvent emporter dans leur gueule des proies énormes, sans les laisser toucher au sol. Malgré cette grande force, ce sont des animaux lâches et nocturnes, qui attaquent rarement les ani- maux vivants et se nourrissent plutôt de cadavres, qu’ils vont chercher jusque dans les tombeaux. Les ehats sont de tous les carnassiers les plus fortement armés : 2! MAMMIFÈRES. leur museau court et rond, leurs mâchoires garnies de dents fortes ct tranchantes, et surtout leurs ongles rétractiles qui, cachés entre les doigts, dans l’état de repos, ne perdent jamais leur pointe ni leur tranchant, en font des animaux très redoutables, surtout es grandes espèces. Ils sont très nombreux, presque tous semblables pour la forme du corps, la souplesse et lélégance des mouvements, la force jointe à l’agilité, etc. Ils ne se distinguent guère que par la taille, la couleur et la longueur du poil ou par d’autres caractères aussi peu importants. Les espèces principales sont, en Europe, le chat ordinaire et le lynx ; en Asie, le tigre, le quépard et le mélas; en Afrique, le Zion, la panthère, le léopard et le caracal ; en Amérique, le yaguar, le couquar , V'ocelot, ie serval, etc. CARNASSIERS AMPHIBIES. Cette troisième famille de l’ordre des car- nassiers se compose d'animaux essentiellement aquatiques , qui passent la plus grande partie de leur vie dans la mer, qui ne viennent sur la plage que pour se reposer ou pour allaiter leurs petits, et qui sont par conséquent organisés pour la nage et non pour la marche. Leurs pieds sont si courts et tellement enveloppés dans la peau du corps, qu’ils ne peuvent, sur terre, leur servir qu'à ramper; mais ils sont larges, aplatis, palmés et constituent d'excellentes rames. Leur forme générale se rapproche même un peu de celle des poissons ; leur corps est très allongé et flexible; leur bassin très étroit, leur queue courte et cachée entre les pattes postérieures, qui sont dirigées en arrière dans le sens de l'axe du tronc; enfin leur poil est ras et serré contre la peau. Les carnassiers amphibies se divisent en deux tribus : les phoques et les morses. Les PHOQUES ont six ou quatre incisives en haut, quatre ou deux incisives en bas, des canines pointues et des mâchelières au nombre de 20 à 24, toutes tranchantes ou coniques , sans aucune partie tubercu- leuse; cinq doigts à tous les pieds. Ils vivent de poisson, mangent toujours:dans l’eau, et peuvent fermer leurs narines, quand ils plongent, au moyen d'une valvule. On les divise en phoques proprement dits, ou sans oreilles extérieures, et en phoques à oreilles extérieures ou ofaries. On leur donne vulgairement les noms de veau marin, lion marin, ours marin, selon que leur tête a paru ressembler à celle de ces animaux terrestres. Les MORSES ressemblent aux phoques par les membres et par Ja dis- position générale du corps ; mais ils en diffèrent beaucoup par la tête et par les dents. Leur mâchoire inférieure manque d'incisives et de canines et se trouve comprimée en arrière par deux énormes canines ou défenses qui sortent de la mâchoire supérieure et se dirigent en bas, ayant quelquefois 60 centimètres de long sur une épaisseur propor- RONGEURS. 25 tionnée. On n’en distingue encore qu’une espèce habitante des mers glaciales, et vulgairement nommée vache marine, à cause de sa taille qui surpasse celle des plus forts taureaux, et de son poil jaunâtre ct ras. On la recherche pour son huile et pour ses défenses, dont l'ivoire, quoique grenu, peut être employé dans les arts. On fait avec sa peau d'excellentes soupentes de carrosses. ORDRE DES RONGEURS. Les rongeurs sont des mammifères onguiculés, vérilablement vivi- pares, dont le système dentaire consiste en deux incisives à chaque mâchoire, séparées des molaires par un espace vide dû à l'absence des dents canines (fig. 443). Ces dents peuvent difficilement saisir une proie vivante et déchirer de la chair ; mais elles peuvent, par un travail continu, réduire les corps durs en particules déliées, en un mot les ronger. Pour mieux remplir cet objet, les incisives n’ont d’émail épais qu’en avant, en Fig. 443 (1). sorte que leur bord postérieur s’usant plus que l’antérieur, elles restent toujours taillées en biseau. En outre, la mâchoire inférieure s'articule par un condyle longitudinal, de & manière à n'avoir de mouvement horizontal V que d’arrière en avant, et vice versé, comme il convient pour l’action de ronger. Enfin les molaires ont des cou- ronnes plates, dont les éminences d’émail sont toujours transversales, pour être en opposition au mouvement horizontal de la mâchoire, ct mieux servir à la trituralion. | Les genres où ces éminences sont de simples lignes et où la couronne est bien plane, sont plus exclusivement frugivores ; ceux dont les dents ont leurs éminences divisées en tubercules mousses sont omnivores ; enfin, le petit nombre de ceux qui ont des pointes attaquent plus volon- tiers les autres animaux et se rapprochent un peu des carnassiers. La forme des rongeurs est en général telle que leur train de derrière surpasse celui de devant, en sorte qu’ils sautent plutôt qu’ils ne mar- chent; leurs intestins sont fort longs ; leur intestin est simple ou peu divisé, et leur cœcum souvent très volumineux. (Il manque dans le sous-genre des loirs. Dans tout cet ordre, le cerveau est presque lisse et sans circonvolu- tions ; les orbites ne sont pas séparées des fosses temporales ; les yeux sont tout à fait dirigés de côté; les arcades zygomatiques, minces et TRE. (4) Fig. 443. Tête d'écureuil. 26 MAMMIFÈRES. courbées en bas, annoncent la faiblesse des mâchoires ; les avant-bras ne peuvent presque plus tourner, et leurs deux os sont souvent réunis : en un mot, l'infériorité de ces animaux se montre dans la plupart des détails de leur organisation. Cependant les genres qui ont de plus fortes clavicules jouissent d’une certaine adresse et se servent de leurs pieds de devant pour porter les aliments à leur bouche. On s’est servi de ce caractère pour diviser les rongeurs en deux sections, celle des RONGEURS CLAVICULÉS et celle des RONGEURS A CLAVICULES IMPARFAITES. La première renferme les tribus, genres ou sous-genres suivants : SCIURIENS : Écureuils, polatouches, aye-aye. MUSÉIDES : Warmottes, loirs, hydromys, rats, hamsters, gerbilles. GERBOISIENS : Mérions, gerboises. HÉLAMIENS : Zélämys du Cap. ARVICOLIENS : Campagnols, lemmings, ondatras. CASTORIENS : Casfors, coccias. RATS-TAUPES : Zemni ou rat-taupe aveugle, oryctères. CHINCHILLIENS : Chinchillas, lagostomes, lagotis. Les rongeurs à clavicules imparfaites comprennent les genres porc- épie, pacca, lièvre, cabiai, cobaye, agouti. Les rongeurs de petite taîlle, tels que les souris, les rats, les hamsters, les loirs et les campagnols, ne présentent aucune utilité sous le rapport de leur fourrure, et ne peuvent guère être cités que par les dommages que nous cause leur voracité ; ceux de taille moyenne, comme les écureuils et les chinchillas, fournissent au commerce des pelleteries estimées ; quart aux plus gros, tels que les castors, les lièvres et les lapins, on se sert de leurs dépouilles moins pour en faire des pelleteries proprement dites, que pour en séparer le poil avec lequel sont fabriqués les chapeaux de feutre. Les castors, dont nous traiterons seuls en particulier, nous offrent un intérêt plus direct par la substance odorante qu'ils four- nissent à l’art médical, où elle est connue sous le nom de castoréum. Castor et Castoréum. Le castoréum est une sécrétion particulière au castor, castor fiber, L. (fig. 444), mammifère rongeur qui habite, rassemblé en société, les les contrées incultes du Canada et de la Sibérie. Il paraît avoir été commun autrefois en Europe, et l’on en trouve encore quelques uns en France, où on les nomme bievres (1}, en Allemagne, dans la Prusse (1) Le castor se nommait de même en grec (x#r}wp) ; mais toutes les nations occidentales de l'Europe l’appellent de noms qui ont une origine commune, toute différente de la première. Ainsi les Latins le nommaïient fiber, les Alle- mands l’appellent encore biber, les Italiens et les Espagnols bivaro, bevaro ou RONGEURS. 27 et dans la Pologne ; mais ils y deviennent de plus en plus rares. Ils y sont fugitifs et solitaires, et n’y montrent pas celle industrie si vantée, qu’une vie plus tranquille leur permettrait sans doute de développer, comme dans le nord de l'Amérique ou de l'Asie. Les plus gros castors ont de 40 à 13 décimètres de longueur , du mu- seau à l'extrémité de la queue, et de 34 à AO centimètres de largeur vers la poitrine. La tête ressemble assez à celle d’une marmotte, et est presque aussi large que longue, ayant 13,5 centimètres dans le premier sens et 15 dans le second. Chacune des mâchoires est garnie de dix dents, dont deux incisives sur le devant et quatre molaires de chaque côté. Les incisives inférieures sont longues de 27 millimètres et plus, mais celles d'en haut n'ont guère que 23 Fig. 444. millimètres ; elles sont toutes d’un jaune sa- frané au dehors, blan- ches en dedans, et fort tranchantes à l’extré- mité qui est taillée en biseau , de dedans au dehors. Les molaires sont directement op- posées les unes aux autres , à couronne = = —@— plate, ayant Pair d’être faites d’un ruban osseux replié sur lui-même, en sorte qu’elles présentent une échancrure au bord interne et trois à l’externe dans les supérieures, et l'inverse dans les inférieures. Toutes ces dents croissent pendant toute la vie de l'animal , et ne sont limitées dans leur longueur que par l'usure résultant de leur action sur les bois et les écorces, que les castors coupent ou dont ils se nourrissent. Les mamelles sont au nombre de quatre , dont deux placées près du cou, entre les pattes antérieures, et deux sur la poitrine. La peau du castor est revêtue de deux sortes de poils : lun gris, biverio , les Francais bièvre, les Anglais beaver, les Suédois baeffwer, les Polonais bobr., On pense que la petite rivière de Bièvre, qui se jette dans la Seine, à Paris, doit son nom à ce qu’elle a été autrefois habitée par des castors ; mais ils ont été plus abondants dans les îles du Rhône et dans ses affluents. Je crois que le dernier exemple d'un castor trouvé en France est celui pris sur les bords du Gerdon, dans le Dauphiné, qui a vécu au Muséum d’histoire naturelle, Il paraît qu’il en existe toujours sur le parcours du Danube , et M. Théodore Martius compte le castoréum de Bavière au nombre de ceux qui servent à l'usage médical , en Allemagne. 28 MAMMIFÈRES. court, très fin et bien fourni ; l’autre brun, plus long, plus ferme et grossier, Les doigts des pieds de devant sont au nombre de cinq, courts, bien séparés, et garnis d'ongles très forts ; les doigts des pieds de derrière sont en nombre égal, mais beaucoup plus longs, réunis par une membrane parcille à celle des oiseaux palmipèdes, et des- tinés de même à la natation. Ja queue est aplatie, ovale, épaisse, et couverte d’écailles comme le serait celle d’un poisson ; on a même prétendu qu'elle en avait le goût ; mais il paraît qu’on s’est exagéré la différence que son séjour habituel dans l’eau pou- vait apporter à sa conslilulion intime. Cette queue sert à l’ani- mal de gouvernail, et aussi de masse pour gâcher la terre qu'il emploic à construire son habita- tion. Les parties de la génération et l'anus (fig. 445) s'ouvrent dans une poche commune qui aboutit à la naissance de la queue ; la verge, qui ne paraîl pas au VI dehors, se dirige en arrière, et PL A les testicules sont cachés dans les aines : de chaque côté du conduit commun se trouvent deux paires de glandes, dont la paire inférieure, située près de l'anus et souvent accompagnée de quelques autres glandes plus petites, renferme Fig. 445 (1). (1) Parties de la génération et poches au castoréum du castor mäle. a Partie de la queue ; c ouverture de l'anus. d d Ouverture des glandes anales ee, qui sécrètent une matière huileuse jaune, différente du castoréum. Chacune de ces glandes est ordinairement accompagnée de une ou plusieurs glandes plus petites renfermées avec elles dans un même tissu cellulaire et dans une enveloppe musculaire commune, de sorte que , ayant que cette enveloppe soit ouverte, les glandes anales paraissent être au nombre de deux seulement. [f Ouvertures des petites glandes anales. g Ouverture du canal préputial dans lequel viennent s'ouvrir les deux RONGEURS. 29 une matière huilcuse jaune, ct d’odeur désagréable, qui n'est pas la sécrétion nommée casloréum. Celle-ci est contenue dans les deux glandes supérieures, que leur figure piriforme et leur communication par leur partie la plus étroite font assez bien ressembler à une besace dont les deux poches seraient dirigées en haut. Dans l’animal adulte, ces poches n’ont pas moins de 8 centimètres de long, et elles peuvent en avoir jusqu’à 13. Elles sont bien différentes des testicules, qui sont pla- cés dans les aines, comme je viens de le dire : d’ailleurs la femelle porte également ces glandes au castoréum , quoique moins développées que chez le mâle. Ces détails montrent l’absurdité de l'opinion anciennement répandue, que le castor, poursuivi par les chasseurs, s’arrache les testicules, et les leur abandonne comme sa rançon (1), puisque les glandes au castoréum ne sont pas les testicules, et que les uns et les autres sont situés à l’intérieur du corps, et hors de toute atteinte de la part de l’animal, Au Canada, et probablement aussi en Sibérie, les eastors vivent solitaires pendant l'été, dans des terriers qu'ils se creusent dans le voisinage des rivières ; mais, aux approches de l'hiver, ils se rassemblent en grand nombre et choisissent un lieu propice pour y établir leurs communes demeures : c’est toujours sur le bord d’un lac ou d’une rivière assez profonde pour ne pas geler jusqu’au fond. Si l’eau est tranquille et dormante , ils élèvent immédiatement leurs cabanes sur le rivage; si au contraire c’est une eau courante et sujette à des crues, ils commencent, avant tout, par bâtir au travers une forte digue composée d'arbres renversés, de branches, de pierres ct de limon, le tout crépi glandes au castoréum, dont l’une À est entière, et dont l’autre, A’ est repré- sentée coupée longitudinalement, afin de montrer les replis membraneux de sa surface interne, d’où sécrète la substance du castoréum. t Prépuce cylindrique ; il est couvert de petites papilles noirâtres, Énties, dirigées en arrière ; à l’extrémité du gland se trouve l’orifice de l’urètre, l Verge ; elle contient dans toute sa longueur un os cartilagineux triangu- laire, — m Prostate. — nn Glandes de Cowper. — p p Vésicules séminales. — 4q Vaisseaux différents. — r r Testicules. — v Vessie. (1) Comparant à la conduite du castor celle de Catulle faisant jeter à la mer ses effets les plus précieux , pour alléger son navire battu par la tempête , Juvénal a dit : Imilatus Castora qui se Eunuchum ipsée fucil, cupiens evadere damno Testiculorum; adeo medicatum intelligit inquen (*). (*) Ou unguen, Imitant le castor qui se fail eunuuque lui-même , trop heureux de se sauver ( de son aïne médicamenteuse, par la perte de ses leslicules ; si bien il comprend le prix UT ( de son parfum médicinal, (Satire XII, ) 30 MAMMIFÈRES. et recouvert d’un enduit solide. Cette digue est toujours perpendiculaire du côté du courant, et taillée en talus ou en dos d’âne du côté opposé, de manière qu'elle a au plus 60 centimètres d'épaisseur à la partie supé- rieure, mais qu’elle en a 3 à 4 mètres à la base, ce qui lui donne une grande solidité. Dès qu’elle est élevée, les castors y adossent leurs cabanes, composées des mêmes matériaux , à plusieurs étages, et assez grandes pour loger chacune huit ou dix individus. Tous ces travaux ne se font que la nuit, et avancent avec une rapidité surprenante; les castors n’ont cependant pour outils que leurs dents, leurs ongles et leur queue. Lorsqu'ils ont terminé, ils s’approvisionnent d’écorces pour l'hiver, et se renferment chez eux. La chasse des castors se fait ordinairement en hiver, époque à laquelle leur fourrure est le mieux fournie et la plus belle. Lorsqu'ils entendent l’arrivée des chasseurs , ils fuient sous l’eau ; mais le besoin de respirer les force à remonter dans des endroits où l’on a cassé la glace, et c’est alors qu’on les prend. Leur fourrure est recherchée, surtout à cause du duvet fin dont elle se compose en partie, lequel est très estimé pour la fabrication des chapeaux de feutre. Mais la consommation en est consi- dérablement diminuée, soit parce qu’on lui substitue presque entière- ment le poil de lièvre ou de lapin, soit parce que la fabrication des chapeaux de soie a remplacé en grande partie celle des chapeaux feutrés. Le castoréum, quoique beaucoup moins usité aujourd’hui qu’autrefois pour l'usage médical, reste encore cependant un objet de commerce assez important. On en distingue deux espèces principales, celui de Russie et celui d'Amérique. Ce dernier est le seul qui soit employé en France et en Angleterre, et c’est lui que je décrirai principalement. Castoréum d'Amérique. On distingue encore dans le commerce auglais deux sortes de castoréum d'Amérique, celui du Canada et celui de la baie d'Hudson ; wais je pense que cette distinction est plutôt nominale qu’effective, et que la presque totalité, si ce n’est la totalité du castoréum d'Amérique , est importée aujourd’hui par la compagnie de la baie d'Hudson. Je pense enfin que les castoréums de ces deux contrées peuvent offrir, chacun de leur côté, de grandes variations dans leur volume et dans leur qualité, suivant l’âge de l’animal, la nature et l'abondance plus ou moins grande de sa nourriture, l’époque de l’an- née, etc.; de sorte qu'il doit être fort difficile de leur assigner une origine certaine : c’est pourquoi je les comprends tous deux sous le seul nom de castoréum d'Amérique. Ce castoréum est onctueux et presque fluide dans l’animal vivant, mais le commerce nous le présente desséché dans ses deux poches, encore unies ensemble, à la manière d’une besace, et plus ou moins ridées et aplaties. 11 a encore une odeur très forte et même fétide ;"une . RONGEURS. 31 couleur brune noirâtre à l'extérieur ; brune , fauve ou jaunâtre à l’inté- rieur; une cassure résineuse entremêlée de membranes blanchâtres ; une saveur âcre et amère. Souvent aussi, au lieu d’être tout à fait sec, le castoréum, étant plus nouveau, conserve une certaine mollesse, et alors son odeur et sa saveur sont encore plus fortes ; mais il faut prendre garde de confondre cette force avec celle résultant de l’altération qu'é- prouve le castoréum conservé dans des lieux humides, et, dans tous les cas, il faut préférer le castoréum sec, et pourvu de l'odeur forte qui lui est propre. Il donne avec l'alcool et l’éther des teintures brunes très foncées, qui blanchissent fortement par l’eau et laissent précipiter une matière résineuse brune, odorante, molle et tenace. Ainsi que je l’ai dit ci-dessus, le castoréum d'Amérique varie beau- coup en qualité suivant l’âge de l'animal, l'abondance et la nature de sa nourriture, et surtout, probablement, suivant l’époque plus ou moins éloignée du temps du rut à laquelle il a été tué. Tantôt, en effet, l'appareil membraneux et glanduleux qui forme l’intérieur des poches est presque vide de matière résinoïde odorante, et tantôt il en est entiè- rement gorgé. Dans le premier cas, le castoréum desséché présente une cassure ou une déchirure toute fibreuse, et dans le second il en pré- sente une nette et résineuse, qui ne laisse apercevoir les fibres et les membranes interposées que lorsque la matière résineuse a été dissoute par l'alcool. Je donne ici, entre beaucoup d’autres, trois figures remarquables de castoréum d'Amérique. Dans la première (fig. 446), les deux poches, longues de 8 à 9 centimètres, sont accompagnées de la verge a dont le gland osseux et couvert de papilles épineuses, se termine en 2. Fig. 446. La deuxième (fig. 447) présente la réunion de quatre poches dont les deux supérieures, longues de 13 cen- timètres, sont les poches ordinaires du castoréuin. Les deux autrespoches, plus petites et plus étroites, semble- raicnt ne pouvoir être que les glandes anales, destinées à la sécrétion de la matière grasse el onctueuse qui sert probablement au castor à enduire sa queue et sa fourrure ; et cependant Îles sont conformées comme les pre- mières et Ja matière qu’elles ren- ferment est semblable à celle contenue dans les grandes poches. La dernière figure (fig. 448) représente les quatre poches d’un jeune T2 MAMMIFÈRES. castor. La verge © était collée contre l'une des poches 4, qui sont épaisses, charnues, d’une couleur brune noirâtre à l’intérieur, et rem- plies d’un suc résineux de même couleur. Ces poches paraissent être les vraies poches au castoréum non encore développées. Les deux poche: sont beaucoup plus sèches à l’intérieur et Fig. 447. d’un jaune rougeâtre. Ce sont les poches dites infé- rieures où anales, qui sécrètent une liqueur jaune, fétide, de nature adipeuse, différente du castoréum. Castoréum rouge orangé. résineux. J'ai trouvé quelquefois dans le commerce une sorte de castoréum beaucoup plus belle en apparence Fig. 448. que celle que je viens de décrire, mais qui lui est certainement inférieure en qualité : les poches sont très volumineuses et arron- dies, remplies d’une matière quelquefois molle, souvent sèche et cassante , toujours d’une assez belle couleur rouge, et donnant une poudre aurore, tandis que la poudre du bon castoréum est couleur de terre d'ombre. Cette matière est de nature résincuse, demi-transpa- rente , peu entremélée de membranes, d’une odeur faible , d’une saveur de cire qui serait aromatisée avec du castoréum : elle est presque entiè- rement soluble dans l'alcool ct dans l’éther. Quelques "personnes ont pensé que ce castoréum avait été altéré par l'introduction frauduleuse d’une matière résineuse dans les poches qui le contiennent ; mais, ainsi qu'on le verra plus loin, je suis porté à croire que sa nature particu- lière a été déterminée par celle des végétaux dont l'animal à fait sa nourriture habituelle. M. Delime, pharmacien à Paris, m'a montré tout récemment un très bel échantillon de ce castoréum, qui lui a été envoyé d'Allemagne sous le nom de castoréum de Russie, et qui se rapporte en cffet aux RONGEURS. 33 descriptions et aux analyses de cette sorte de castoréum qui ont été faites en Allemagne ; mais il diffère beaucoup par sa nature des castoréums de Russie que j'ai pu voir, et cette même nature purement résineuse, jointe à son odeur, le rapproche davantage du castoréum du Canada. L’échantillon de M. Delime se compose de deux poches pyriformes- arrondies, longues de 8 centimètres, larges de 6, terminées brusque- ment et unies l’une à l’autre par un conduit desséché, large de 1 centi- mètre, long de 7, ayant au milieu une ouverture commune longue de 2 centimètres. Le poids total des poches est de 215 grammes; la mem- brane qui les recouvre est mince et noirâtre, comme celle du casto- réum du Canada ; la substance interne est complétement résineuse, d’un rouge orangé, d’une odeur assez forte de castoréum du Canada, et d’une saveur amère jointe au même goût aromatique. Elle se ramollit sous la dent comme une résine huileuse ou comme de la cire. Castoréum de Russie. La plupart des auteurs ont distingué deux sortes de castoréum, ceux de ÆRussie et du Canada, et plusieurs d’entre eux , tels que les continuateurs de Geoffroy et Valmont de Bomare, se bornent à dire que le castoréum qui nous vient de Russie et de Pologne, par la voie de Dantzick, est estimé meilleur que l’autre. Des auteurs plus modernes donnent des caractères pour distinguer ces deux produits ; iwais je pense qu'ils se sont généralement trompés en présentant le castoréum de Russie comme celui dont on fait principalement usage en médecine, et en décrivant comme tel le castoréum d'Amérique qui est presque le seul que l’on trouve dans le commerce. Quant à moi, jusqu’à l'année 1831, je n'avais vu et décrit que le castoréum d'Amérique (1). En cette année seulement, un négociant français, revenant de Moscou , rapporta 40 onces (1250 grammes) de castoréum de Sibérie; mais comine il ne voulait le livrer qu’au prix de 80 francs l’once, la vente ne put en être effectuée, et je ne sais ce que l’homme et la marchandise sont devenus. Ce castoréum, montré à un médecin polonais , fut reconnu par lui pour le castoréum de Sibérie, usité en Pologne et en Gallicie, où il est très estimé et fort cher. Il paraissait probable cependant qu'il avait subi une préparation qui l’éloignait de son état naturel. Voici les caractères que je lui ai trouvés. Au lieu d’être en poches isolées, allongées, pyriformes et ridées, comme le castoréum du Canada, celui de Sibérie était en poches pleines, arrondies, plus larges que longues, et comme formées de deux poches confondues en une seule. Un échantillon unique sur les 40 onces offrait (1) En supposant toujours que le castoréum rouge orangé résineux soit d’origine américaine. IV. 3 ok MAMMIFÈRES. deux poches ovoïdes aux trois quarts séparées (fig. 449), et la forme de quelques autres indiquait une division intérieure (fig. L50) ; mais la presque totalité offrait une fusion complète de deux poches en une seule (fig. 451). Les dimensions naturelles de ces trois échantillons étaient, Fig. 449. Fig. 450. non compris le collet , pour le premier, 73 millimètres de largeur totale sur 55 millimètres de hauteur; Fig. 451. pour le deuxième, 67 milli- mètres sur A5; pour le troi- sième, 84 millimètres sur 40. Ce castoréum a une odeur d’empyreume aromatique, ana- logue à celle du cuir de Russie, très forte et susceptible d’une grande expansion. Ce n’est que lorsque cette odeur s’est dis- sipée que les doigts qui Pont touché laissent apercevoir l'odeur propre au castoréum du Canada. 11 à une consistance solide, presque sèche et friable ; il est jaunâtre, graveleux sous la dent, d’une saveur peu sensible d’abord, puis très amère et aromatique. Il forme avec l'alcool une teinture à peine colorée , non seulement parce qu’il lui fournit peu de matière soluble, mais encore parce qu’il manque du principe colorant rouge du casto- réum du Canada. Il fait une vive effervescence avec les acides, et contient une forte proportion de carbonate de chaux. Castoréum de Russie de M. Pereira (4). Dans cette sorte de casto- réum (fig. 452), les poches sont accolées deux à deux, mais sont com- plétement distinctes, comme celles du castoréum d'Amérique; elles ne paraissent pas atteindre le volume des plus grandes poches d'Amérique ; (1) London medical Gazette, t. XVIT, p. 206. RONGEURS. 35 elles sont plus courtes et plus arrondies, diversement comprimées par la dessiccation , longues de 6 centimètres, larges de 3,5 à À centi- mètres (1). La pellicule extérieure est sèche , transparente et d’un gris brunâtre. On trouve au-dessous une membrane fibreuse, opaque, blanche et nacrée, dont les plis pé- pètrent dans l’intérieur de Fig. 452. la poche et paraissent la diviser en plusieurs cham- bres. Par la dessiccation, ces plis intérieurs se con- tractent et forment des | brides , entre lesquelles la substance du castoréum se boursoufle au dehors et donne à la surface de la poche une apparence ma- melonnée. La substance même du castoréum est d’une couleur rougeûtre, d’une apparence terne et grumeleuse, n'ofrant pas la cassure résineuse du bon casto- réum du Canada; elle ne se ramollit pas non plus sous la dent, mais s'y réduit en poudre. Elle répand dans la bouche un goût très fort, analogue à celui de la créosote, et finit par devenir amère. Elle offre une odeur mixte de castoréum et de cuir de Russie; enfin elle fait une vive effervescence avec l'acide chlorhydrique, quoique ce caractère soit moins marqué que dans le castoréum de Sibérie apporté en 1831. Composition chimique. De toutes les analyses de castoréumn qui ont été publiées, je ne rapporterai que les deux suivantes, dues à Rudolph Brandes. (4) Les deux poches figurées ci-dessus, appartenant à M. Pereira, ne pèsent que 557 grains troy (36 grammes). Une poche isolée du même castoréum , conservée dans le droguier de l'Ecole, pèse 28 gram.,5, ce qui fait 57 grammes pour deux. J’ai pesé un certain nombre de hesaces de castoréum d'Amérique , très beau et très sec : les plus légères pesaient 36 gram.,5 ; la plus lourde 86 grammes ; la moyenne de toutes était de 60 grammes. 36 MAMMIFÈRES. Caustoréum de Russie, du Canada. Has voile: ere diantaria sens. Bts 20 40 Résieide castorénm. te eo ses 4 eds DIVDSS 122,5 — avec urate et benzoate de chaux. . . . .. . . . » 16 CRE ren ee Da à ere sin 2 12 » Castoninen. MM. DENTS ARMES ER 25 7 — avec carbonate, urate et benzoate de chaux. . . » 13,8 Albumine avec un peu de phosphate de chaux. . . 16 0,5 Matière gélatineuse . . . . . . . Ms... : - «ef 20 » Osmazome soluble dans l’eau et Palcool. . . . . . . 24 2 Matière gélatineuse obtenue par la potasse. . . . . 84 » —Famimale ins te « Tele DNS « » 23 — — soluble dans l’alcool et extraite par la po- tasse ee 1 PR Ne Cet eee teen cn: 46 » Mucilage albumineux analogue à la corne . . . . . » 23 Carbonate d'ammoniaque. . .. .. .... «. .. 8 8,2 Phosphateïde chaux 020. . :. . OERN. . . 14 14 Carbon tete ee OU ES eo « 26 336 — de na ERP e nr 2. Le 2 4 Sulfate de potasse, sulfate et phosphate de chaux. . » 2 MGmbTANES:. ! 7. Me = en 6 à de à © EE 33 192 Ediet perte, are, ai boie atatdtads 2e 114 296,3 1000 1000 La seule observation que je ferai sur ces analyses , c’est que Brandes a pu se tromper sur la nature des castoréums qui en font le sujet, et que celui qu’il nomme castoréum de Russie pouvait être du castoréum du Canada, et réciproquement. Ilest certain , d’un autre côté, que ces analyses doivent être refaites, surtout depuis que M. Woehler a reconnu dans l’essence de castoréum l'existence de l’acide carbonique, et celle de la salicine et de l’acide salicylique dans le résidu de la distil- lation. La présence de ces deux derniers corps dans cette excrétion con- firme d’ailleurs l’idée que j'ai émise que la différence d’odeur et de composition des castoréums d'Amérique et de Sibérie devait être attri- buée principalement à celle des végétaux dont les castors se nourrissent, ceux d'Amérique paraissant vivre en partie d’écorces de pins, et ceux de Russie ou de Sibérie d’écorces de bouleau (Revue scientifique, tt XIV, p. 22). Hyracéum. L'hyracéum est l'urine desséchée du daman d'Afrique (hyraz capensis Buff.) , animal fort singulier de la grandeur d’un fort lièvre, que plusieurs naturalistes ont rangé parmi les rongeurs, mais que Cuvier a placé dans les pachydermes, à la suite des rhinocéros, eu raison de la conformité de structure de leurs dents mâchelières. Cependant le daman du Cap diffère des rhinocéros, non seulement par sa très petite taille et par l’adjonction de deux petites canines à la RONGEURS. 37 mâchoire supérieure, il en diffère encore parce qu'il a quatre doig aux pieds antérieurs, et que le plus interne de ses trois doigts de der- rière, au lieu d’être recouvert d’un petit sabot arrondi, est armé d’un ongle crochu et oblique. « Les Hottentots , dit Buffon (Supplém., t. VI, p. 280), estiment beaucoup une sorte de remède que les Hollandais nomment pissat de blaireau (1). C’est une substance noirâtre et d’assez mauvaise odeur qu'on trouve dans les fentes des rochers et des cavernes. On prétend que c’est à l'urine de ces bêtes qu’elle doit son origine, Ces animaux, dit-on, ont l'habitude de pisser toujours dans le même endroit, et leur urine dépose cette substance qui, séchée avec le temps, prend de la consis - tance ; cela est assez vraisemblable. » L'hyracéum paraît avoir été utile en Allemagne comme agent théra- peutique, mais il est encore inconnu en France. Il se présente sous la forme d’une masse brune foncée, dure, pesante, quelque peu semblable au bdellium de l'Inde ou à de la myrrhe noire; il se laisse entamer au couteau et se ramollit entre les doigts. L’odeur en est urineuse, un peu analogue à celle du castoréum ; la saveur en est amère et un peu astringente. Il est un peu soluble dans l’éther sulfurique et dans l'alcool pur, plus soluble dans l'alcool faible et encore plus dans l’eau. Les acides en dégagent de l'acide carbonique, et les alcalis fixes de l’ammoniaque. On en a publié une analyse qui ne peut être exacte (voir le Journal de pharmacie et de chimie,t. XNIT, p. 138). On trouve dans les Annales du Muséum d'histoire naturelle, 1. IX, p. 321, la description et l’analyse faite par Laugier d’une excrétion animale que l’on à trouvée tapissant les parois de la grotte de l'Arc, dans l’île de Caprée, sur l’origine de laquelle on n’a pu faire que des conjectures, mais qui doit en avoir une analogue à celle de l’hyracéum. Gelte substance avait une odeur mixte de tan, de castoréum et de fiente de vache ; elle était en grande partie soluble dans l’eau et renfer- mait, indépendamment d’une matière brune, extractive, azotée, du nitrate de potasse, du chlorure de potassium, du benzoate de potasse et du sulfate de chaux. L’extrait aqneux, chauffé dans une cornue, avec un peu d’acide sul- furique affaibli, formait un sublimé d’acide benzoïque. Le castoréum du Canada, essayé comparativement, a donné lieu au même résultat. Ondatra , ou Rat musqué du Canada. L'ondatra (Buffon, Æist. nat., t. X, pl. 1) est un quadrupède (4) L'animal a aussi porté les noms de blaireau des rochers et de marmotte du Cap, 38 MAMMIFÈRES. rongeur, du genre des campagnols, qui habite en grand notbre le Canada. De même que le castor , il se réunit aux approches de l'hiver; sur le bord des eaux, pour $e construire des huttes en terre, où il habite en commun. Il se nourrit de plantes aquatiques et principale- ment de racines de nymphæi et d’acorus, dont la dernière ne paraît pas être étrangère à la production du parfum qui le caractérise. Mais il est vorace et se nourrit de chair à défaut dé végétatix ; on dit niême que les ondatras se dévorent entre eux, pendant l'hiver, lorsque toute autre nourriture vient à leur manquer, et que les chasseurs ne trouvent plus :lors dans les huttes que les débris des animaux qui les avaient construites. L'ondatra, de même que les rats, n'a que trois molaires de chaque côté , à chaque mâchoire ; mais ces molaires n’ont pas de racine ct sont comme formées, sur toute leur hauteur, de prismes triangulaires placés alternativement sur deux lignes. Il a cinq doigts à tous les membres et ceux de derrière sont demi-palmés ; la queue est écailleuse comme celle du castor, mais couverte aussi d’un assez grand nombre de poils courts qui sortent au nombre de 1, 2 ou 3, de dessous chaque écaille. Elle est aussi plus étroite , aplatie dans le sens vertical, et comme à deux tranchants. La femelle a six mamelles abdominales , et l’ouverture de l'urètre distincte de celles du vagin et de l’anus, situées plus près de la queue. Il n’en est pas de même chez le mâle qui n’a qu’une seule ouverture pour l’urètre et pour la verge, située au-devant de l'anus. La verge est dirigée en arrière, et est accompagnée de deux glandes pvri- formes écartées en forme de V, comme dans le castor, et dont le canal excréteur se prolonge le long du pénis et vient s'ouvrir sous le prépuce. La femelle porte deux glandes semblables, mais plus petites, qui vien- nent s'ouvrir à l’entrée de Purètre. Ces follicules excrètent une liqueur blanche ct opaque comme du lait, et d'une forte odeur de musc, qui se communique au pelage de l'animal (1) et à sa queue. Je représente ici une de ces queues (fig. 453) prises, il y a nombre d'années , dans le commerce de la parfumerie , et qui conservent toujours une forte odeur de musc. Celle qui est ici représentée a 47 centimètres de lon- gueur sur 2,5 centimètres dans sa plus grande largeur ; &’autres ont 49 centimètres de longueur sur 1,5 à 2 centimètres seulement de largeur. On connaît deux autres animaux sous le nom de rats musqués : l'un est le rat musqué des Antilles cu pilort; C'est ün vrai rat, long de hA centimètres, non compris la queue qui est encore plns longue, écail- (1) De même que le castor, l'andatra possède deux sortes de poils, dont le plus fin à été usité pour la fabrication des chapeaux, Sa peau ferait de belles fourrures, mais on ne l'emploie pas à cause de sa forte odeur musquée, ÉDENTÉS. 39 leuse et cylindrique comme celle des rats ; il est très vorace et très nui- sible. L’autre est le raf musqué de Russie ou desman (Buffon, ist. nat., 1. X, pl. 2 ; atlas du Dictionnaire des sciences naturelles, MaM- MIFÈRES , pl. 23), mammifère insectivore dont le museau s’allonge en une petite trompe très flexible , dont tous les membres ont cinq doigts palmés et dont la queue est longue, écailleuse et aplatie sur les côtés Fig. 453. comme celle de l’ondatra. Il est presque grand comme un hérisson, et fort commun le long des rivières ct des lacs de la Russie méridionale. Il s'y nourrit de vers, de larves d'insectes et surtout de sangsues qu’il retire aisément de la vase avec son museau mobile ; son terrier, creusé dans la berge, commence sous l’eau et s'élève de manière que le fond se trouve placé au-dessus du niveau des plus grandes eaux. Son odeur musquée provient d’une matière onguentacée sécrétée dans de petits follicules placés sous la queue. Gette odeur se communique même à la chair des brochets qui mangent les desmans. La queue du desman , par ses dimensions et par sa forme, paraît devoir ressembler beaucoup à celle de l'ondatra. ORDRE DES ÉDENTÉS. Les mammifères de cet ordre manquent d'incisives et sont pourvus d'ongles très gros qui embrassent l'extrémité des doigts et se rappro- chent de la nature des sabots ; ils sont peu nombreux et ne composent que deux familles, les fardigrades et les édentés vrais. Les tardigrades ou paresseux ont la tête courte, deux mamelles pectorales et des membres tellement disproportionnés que leurs mouve- ments sont d’une extrême lenteur. Ils ressemblent à des singes difformes et engourdis. Marchant difficilement sur la terre, ils se tiennent presque toujours sur les arbres, qu'ils ne quittent guère qu'après les avoir dépouillés de leurs fruits et dé leurs feuilles, Leur estomac est divisé en quatre sacs assez analogues aux quatre estomaes des ruminants, mais L0 MAMMIFÈRES. sans feuillets à l’intérieur et ne servant pas à une véritable rumination. On n’en compte que deux ou trois espèces, dont l’une, nommée unau (Buffon, XIII, pl. 1), a des dents canines triangulaires très saillantes, des molaires cylindriques, les bras médiocrement plus longs que les jambes, sept vertèbres cervicales comme la généralité des mammifères, pas de queue , deux doigts seulement aux extrémités antérieures et trois aux postérieures. L'autre espèce , nommée aï (Buffon, XIII, pl. vi), manque de canines et présente une molaire de plus à chaque côté des mâchoires; il a neuf vertèbres au cou, une queue très courte, les membres antérieurs deux fois plus longs que les postérieurs, et trois doigts pourvus d’ongles très forts à tous les pieds. Les édentés ordinaires ont un museau pointu et sont dépourvus de dents incisives (1) et canines ; mais les uns ont encore des mâchelières, comme les fatous, les chlamyphores et les oryctéropes; les autres n’ont aucune espèce de dents, comme les fourmiliers et les pangolins. Les tatous sont très remarquables par leur test écailleux et dur, composé de compartiments semblables à de petits pavés qui recouvre leur tête , leur corps et souvent leurs membres et leur queue. Ils ont de grandes oreilles, de grands ongles , dont tantôt quatre, tantôt cinq devant, toujours cinq derrière. Leur museau est assez pointu; leurs mâchelières cylindriques, séparées les unes des autres , au nombre de sept à neuf partout, sans émail dans l’intérieur ; la langue est lisse, peu extensible. Ils se creusent des terriers et vivent de végétaux, d’in- sectes et de cadavres. Leur estomac est simple et leur intestin sans cœæcum, Ils sont tous originaires des parties chaudes de l'Amérique. Les fourmiliers sont des animaux velus, à long museau terminé par une petite bouche sans aucune dent, d’où sort une langue filiforme, qui peut s’allonger beaucoup, et qu’ils font pénétrer dans les fourmi- lières et les nids des termites, où elle retient ces insectes au moyen de la salive visqueuse dont elle est enduite. Ils vivent tous dans les parties chaudes et tempérées du nouveau monde. Les pangolins ont l’organisation et les habitudes des fourmiliers ; mais tout leur corps est revêtu de grosses écailles tranchantes, qu'ils relèvent en se mettant en boule, lorsqu'ils veulent se mettre en défense. Tous leurs pieds ont cinq doigts ; leur estomac est légèrement divisé par le milieu ; ils manquent de cœcum. Ils habitent l'Afrique et les Indes orientales. L'ordre des édentés, si faible et si restreint aujourd’hui, comptait, avant l'époque actuelle, des animaux monstrueux, dont un, nommé mégathe- rium , a laissé ses ossements dans le terrain diluvien du Paraguay. Cet animal , dont j'ai fait représenter le squelette et la forme restituée (1) Une seule espèce de tatou (le tutou encoubert), a des dents incisives. MARSUPIAUX, LU (tome I, pages 16 et 17), était long de 6 mètres environ, haut de 3 mètres 4/2, et tenait à la fois des paresseux , des fourmiliers et des tatous. Une autre espèce, nommée mégalonyx , dont on a trouvé quelques os et des doigts entiers dans des cavernes de la Virginie, et dans une île près de la côte de Géorgie, était un peu moindre dans ses dimensions. Une troisième espèce, dont on a trouvé une seule phalange onguéale dans une sablonnière du pays de Darmstadt, non loin du Rhin, devait avoir près de 8 mètres de longueur, et se rapprochait sans doute beaucoup des pangolins. ORDRE DES MARSUPIAUX. Ainsi que nous lavons indiqué dans le tableau de la division des mammifères en neuf ordres (page 9), les marsupiaux sont des mammi- fères onguiculés qui sont imparfaitement vivipares, leurs petits naissant dans un état de développement à peine comparable à celui auquel les fœtus ordinaires parviennent quelques jours après la conception. Inca- pables de mouvement, montrant à peine des germes de membres et d’autres organes extérieurs, ces petits s’attachent aux tétines de leur mère , et y restent fixés jusqu’à ce qu'ils aient atteint le degré de déve- loppement auquel les animaux naissent ordinairement. A cet effet, presque toujours la peau de l’abdomen est disposée en forme de poche autour des mamelles, et les petits y sont contenus comme dans une seconde matrice (1). Longtemps même après qu’ils ont commencé à marcher, ils y reviennent quand ils craignent quelque danger. Deux os particuliers, attachés au pubis, et interposés dans les muscles de l’abdo- men , donnent appui à la poche et se trouvent cependant aussi dans les mâles et dans les espèces où le repli qui forme la poche est à peine sen- sible. On donne à ces deux os, qui sont tout à fait caractéristiques , le nom d'os marsupiaux. La matrice des animaux de cet ordre n’est pas ouverte par un seul orifice dans le fond du vagin; elle y communique par deux tubes latéraux en forme d’anse. Les mâles ont le scrotum pendant en avant de la verge, au contraire des autres mammifères, et la verge, dans l'état de repos, est dirigée en arrière. Une autre particularité des marsupiaux, c’est que malgré une res- semblance générale tellement frappante qu'on n’en a fait longtemps qu’un seul genre , ils diffèrent tellement par les dents, par les organes de la digestion et par les pieds, qu'ils passent, à cet égard , par des nuances insensibles, des carnassiers aux rongeurs , et de ceux-ci aux (1) De là vient le nom de didelphis ( deux fois frères) que Linné leur a donnés. Le nom marsupiaux est dérivé du mot latin marsupium ( bourse ou gibecière ). 42 MAMMIFÈRES. édentés. On dirait, en un mot, qu'ils forment une classe distincte, parallèle à celle des quadrupèdes ordinaires et divisible en ordres sem- blables; en sorte que si l’on plaçait ces deux classes en regard, sur deux colonnes, les sariques , les dasyures et les pérameles , seraient vis-à-vis des carnassiers insectivores à longues canines, tels que les tenrecs et les taupes ; les phalangers et les potoroos vis-à-vis des hérissons et des musaraignes ; les £anguroos ne se laisseraient guère comparer à rien ; mais les phascolomes prendraient place vis-à-vis des rongeurs. Enfin, si l’on n'avait égard qu'aux os propres de la bourse , et si l’on regardait comme marsupiaux tous les animaux qui les possèdent, les ornttho- rinques et les échidnés, qui forment aujourd’hui un petit ordre parti- culier sous le nom de monotrèmes, offriraient, dans la série des marsu- piaux, un groupe parallèle à celui des édentés. Quel que soit l'intérêt qui s'attache à ces animaux, tous habitants de l'Amérique et de la Nouvelle-Hollande, à cause même de leurs caractères anormaux , leur complète inutilité sous le rapport de la matière médi- cale m’autorise à passer sous silence leur description particulière. ORDRE DES PACHYDERMES. Les édentés qui terminent là série ordinaire des mammifères ongui- culés , nous présentent des espèces dont les ongles enveloppent tellement l'extrémité des doigts, qu'ils se rapprochent jusqu’à un certain point des animaux à sabots. Cependant ils ont encore la faculté de ployer ces doigts autour des divers objets et de saisir avec plus ou moins de force. L'absence entière de cette faculté caractérise les animaux à sabots. Se servant de leurs pieds uniquement comme de soutiens , ils n’ont jamais de clavicules ; leurs avant-bras restent toujours dans l’état de prona- tion , et ils sont réduits à paître les végétaux. Leurs formes comme leurs habitudes offrent beaucoup moins de variétés que celles des onguiculés, et l'on ne peut guère v établir que deux ordres, ceux qui ruminent ou les ruminants, et ceux qui ne rutinent pas, que nous désignerons en commun sous le nom de pachydermes (1). Ces derniers forment trois familles : les proboscidiens ou pachydermes à trompe, les pachydermes ordinaires et les solipèdes. Les PROBOSCIDIENS ne comprennent que les seuls éléphants: ils ont cinq doigts à tous les pieds, bien complets dans le squelette, mais tellement encroûtés dans la peau calleuse qui entoure le pied , que ces doigts n'apparaissent au dehors que par les ongles attachés sur Je bord de cette espèce de sabot, Les fents mâchelières sont au nombre (4) Do maybs, épais, et de Séoua, peäu; la plupart des animaux dé get ordre étant remarquables par l'épaisseur et la dureté de leur peau, PACHYDERMES. A3 de quatre seulenient , une de chaque côté des mâchoires ; mais elles se renouvellent sept ou huit fois d’arrière en avant, à mesure qu’elles s’usent par la trituration ; de telle manière qu'aux époques de la crue des houvelles dents, elles se trouvent doublées ou au nombre de huit. Toutes les autres dents manquent ; mais dans les os incisifs supérieurs sont implantées deux fortes défenses qui sortent de la bouche et peuvent prendre un accroissement considérable, La grandeur nécessaire aux alvéoles de ces défenses rend la mâchoire si haute et raccourcit telle- nent les os du nez que les narines se trouvent dans lé squelette vers le haut de le face : mais elles se prolongent dans lanimal vivant en une trompe cylindrique , flexible en tous sens, d’une force considérable , et terminée pär un appendice en forme de doigt. Cette trompe donne à l'éléphant presque autant d'adresse que la main peut en donner au singe. Il s’en sert pour saisir tout ce qu'il veut porter à sa bouche ct pour pomper sa boisson qu’il lance ensuite dans son gosier, suppléant ainsi à un long cou qui n'aurait pu porter sa grosse tête et ses lourdes défenses. Les éléphants sont les plus grands ct les plus massifs des animaux terrestres aujourd’hui vivants. On en distingue deux espèces, celui des Indes et celui d'Afrique. Le premier à la tête oblongue, le front con- cave ét les oreilles plus petites que l’autre. Les couronnes de ses dents mâchelières présentent des rubans transverses, ondoyähts, qui sont ls coupes des lames qui les composent , usées par la trituration. L'éléphant d'Afrique a le front convexe, les oreilles très grandes, la couronne des mâchelières dessinée en lozanges. Les femelles ont des défenses presque aussi grandes que les mâles, et cette arme est en général plus volumineuse que dans l'espèce des Indes ; on en voit qui ont plus de 2 mètres 1/2 de longueur et une grosseur proportionnée, La matière de ces défenses constitue l’ivoire. Ces défenses sont recouvertes d’un épiderme grisâtre, mais à l’intérieur elles sont blanches, d’un tissu compacte disposé en réseau, et susceptibles de recevoir un très beau poli. Elles ne sont pleines qu'à partir de l’extrémité jusqu’à la moitié de leur longueur ; le reste est creux, ce qui en allége beaucoup le poids , mais rend les pièces d'ivoire d’un certain volume difficiles à trouver. L'ivoire est très employé dans la tabletterie. Calciné dans un creuset fermé, ïl laisse un charbon d’un noir velouté très beau, usité dans la peinture, et tiommé noir d'ivoire; calciné fortement avec le contact de Pair, il donne le spode, qui n’est composé, pour la plus grande partie, que dé phosphate de chaux. On trouve par toute Ja terre, dans le terrain de transport où dilus vien contemporain de la dernière grande catastrophe qui à donné aux continents leur forme actuelle, une quantité considérable d'ossements Ll MAMMIFÈRES. que leur grandeur avait fait supposer appartenir à une race d'hommes- géants aujourd’hui détruite; mais ces ossements sont dus à un éléphant nommé #ammouth, haut de 5 à 6 mètres, dont un individu tout entier a été découvert en 1799 sur les bords de la mer Glaciale ; il avait été saisi vivant par la glace, à une époque antérieure à l'existence de l'homme , et se trouvait conservé depuis un temps incalculable et cer- tainement depuis plus de 6000 ans, avec sa chair, ses défenses et sa peau. Celle-ci était couverte de crins noirs et d’un poil laineux, indi- quant que le mammouth pouvait habiter un pays froid, au contraire des éléphants actuels qui ne peuvent vivre que dans les climats les plus chauds. Cet éléphant a laissé des milliers de ses cadavres, par toute l'Europe et l’Asie, depuis l'Espagne jusqu'aux limites les plus éloignées de la Sibérie; on le trouve aussi dans l'Amérique septentrionale. Ses défenses sont encore si bien conservées, dans les pays froids, qu’on les emploie aux mêmes usages que l’ivoire récent. On trouve dans les mêmes terrains, mais principalement dans l’Amé- rique septentrionale , les ossements d’un autre animal nommé le grand mastodonte , qui avait les pieds, les défenses et la trompe de l’élé- phant; mais il en diffère par ses mâchelières dont la couronne est hérissée de grosses pointes coniques qui les rapprochent de celles des hippopotames et des cochons. L'Europe et l'Amérique méridionale con- tiennent les restes d’une espèce plus petite et à dents plus étroites, le mastodon angustidens Cu. Les PACHYDERMES ORDINAIRES OU SANS TROMPE nous présentent sept genres à espèces peu nombreuses encore vivantes , les rhinocéros, les damans , les tapirs, les hippopotames, les cochons, les phacochæres et les pécaris ; et huit genres complétement éteints, les genres anoplote- rium, palæoterium, chœropotame, adapis, anthracotherium, elasmothe- rium, lophiodon et dinotherium. Je ne reviendrai pas sur ce que j'ai dit de ces derniers dans mon introduction (t. I, p. 14 à 16). Les rhinocéros sont de grands animaux à formes lourdes et trapues dont les os du nez, très épais et réunis en une sorte de voûte, portent sur la ligne médiane une corne solide, adhérente à la peau et de nature cornée ou comme formée de poils fortement agglutinés. Dans quelques espèces, il existe une seconde corne de même nature, placée également sur la ligne médiane. Leurs pieds sont tous divisés en trois doigts garnis de sabots; leur queue est très courte et leur peau sèche, rugueuse et dépourvue de poils, est si épaisse et si dure qu’elle constitue une sorte de cuirasse, souvent pourvue de plis profonds, sur le cou, les épaules et les cuisses. Ils ont tous 28 dents mâchelières, mais ils ont tantôt deux fortes incisives à chaque mâchoire, accompagnées ou non de deux autres très petites, et quelquefois ces dents manquent complétement, PACHYDERMES. 45 Ils aiment les lieux humides et fangeux, vivent d’herbes et de jeunes branches d'arbres, ont l'estomac simple ct les intestins fort longs. Ils sont d’un naturel stupide et féroce. Le plus anciennement connu est le rhinocéros unicorne de linde, qui est presque de la taille et de la force d’un éléphant. Le rhinocéres d'Afrique est un peu plus petit, porte deux cornes sur le nez et manque d’incisives. On connait égale- ment un petit rhinocéros de Java à une corne, et un de Sumatra à deux cornes, dont la taille égale celle d’un petit bœuf. On a trouvé sous terre , en Sibérie et en différents lieux de l’Alle- magne , les ossements d’un grand rhinocéros à deux cornes, dont le crâne , beaucoup plus allongé que ceux des rhinocéros vivants, se dis- tinguait encore par une cloison verticale qui soutenait les os du nez. Un cadavre presque entier, trouvé en 1771, enseveli dans le sable, sur les bords du Willuji, par 64 degrés de latitude, était pourvu de sa chair, de sa peau et de poils assez longs et épais comme ceux du mammouth de la mer Glaciale, et a montré que ces deux animaux ont vécu ensemble dans les mêmes contrées, et ont disparu par l'effet d’une même révolution subite éprouvée par le globe. D’autres espèces fossiles ont été découvertes en Allemagne et en Italie. On en à trouvé une en France dont la taille était à peine supérieure à celle d’un cochon. Les tapirs se rapprochent des cochons par la forme générale de leur corps; mais leur nez est prolongé en une petite trompe mobile qui a quelque rapport avec celle de l'éléphant, quoiqu’elle manque de l’espèce de doigt qui fait de la trompe de l'éléphant un organe de préhension. Les pieds de devant ont quatre doigts armés de petits sabots courts et arrondis, et ceux de derrière n’en ont que trois. Ils ont à chaque mâchoire six incisives et deux canines séparées des mâchelières par un espace vide. On en connaît deux espèces, celle d'Amérique qui est de la taille d’un petit âne et qui a sept mâchelières de chaque côté des deux mâchoires, et le fapir de l'Inde qui a sept mâchelières de chaque côté, à la mâchoire supérieure, et six seulement à l’inférieure. On trouve dans la terre les ossements d’un grand nombre d'animaux fossiles très voisins des tapirs, qui sont les lophiodons et les dinothériums. J'ai parlé précédemment du daman d'Afrique (page 36 ). Le monde actuel n'offre plus qu'une espèce d'hippopotame qui s’avançait autrefois jusqu’en Égypte, mais qui est aujourd’hui reléguée dans les rivières du milieu et du sud de l'Afrique. C'est un animal stupide , redoutable par sa force et sa férocité, dont le corps est massif et couvert d’un cuir très épais, dur et presque dépourvu de poils. Ses jambes sont très courtes, son ventre traîne presque à terre, et son énorme tête est terminée par un large museau renflé. Son estomac est divisé en plusieurs poches comme celui des ruminants; il porte à tons 46 MAMMIFÈRES. les pieds quatre doigts presque égaux, terminés par de petits sabots ; il a six dents mâchelières partout , dont les trois antérieures coniques et les trois postérieures hérissées de deux paires de pointes qui prennent en s'usant la forme d’un trèfle; quatre incisives à chaque mâchoire, dont les supérieures courtes, coniques, recourbées en bas, et les infé- rieures longues, cylindriques, dirigées en avant; les deux du milieu sont beaucoup plus fortes que les autres. De chaque côté des incisives on trouve, à chaque mâchoire, une dent canine; la supérieure est droite, assez courte; l’inférieure est beaucoup plus longue, cannelée, recourbée vers le haut, et vient s'user en forme de biseau contre la canine qui lui est opposée. Ces dents ont quelquefois 30 centimètres de longueur ; elles constituent une espèce d'ivoire fort dure et qui ne jaunit pas. On les tourne comme l’ivoire et on en fabrique des dents artificielles. Les cochons ont à tous les pieds deux doigts mitoyens, grands et armés de forts sabots (ce qui leur donne le pied fourchu), et deux doigts latéraux beaucoup plus courts et ne touchant pas à terre; leurs incisives sont en nombre variable, mais les inférieures sont toujours couchées en avant; les canines sont très fortes, privées de racines, croissent pendant toute la vie et sortent de la bouche en se recourbant l’une et l'autre vers le haut; elles forment des défenses redoutables; le museau est terminé par un boutoir tronqué, propre à fouiller la terre ; l'estomac est peu divisé. L'espèce principale pour nous est le sanglier, qui est la souche de nos cochons domestiques. 11 a six incisives à chaque mâchoire, les canines prismatiques, s’usant en un biseau tranchant par leur frottement réciproque, mais de telle manière que l’inférieure reste plus longue que la supérieure et constitue la principale défense de l’animal. Les mâche- lières sont au nombre de sept de chaque côté des deux mâchoires. Il a le corps trapu, les oreilles droites, la peau épaisse et dure , le poil gros- sier, noir et hérissé. Il habite les forêts, où il se nourrit principalement de racines ct de fruits; mais le manque de cette nourriture peut le rendre carniyore, et il attaque même alors les animaux vivants. Les vieux sangliers vivent seuls, dans un fourré épais nommé beauge, où ils ont établi leur retraite. Les femelles, qui portent le nom de ares, se réunissent avec leurs portées de deux à trois ans, pour se défendre en commun. Le cochon commun (1) diffère du sanglier par ses oreilles allongées et pendantes , ses défenses plus faibles et plus courtes , ses poils plus faibles, plus rares et généralement d’un blanc sale : plusieurs races (1) On l'appelle aussi porc ; la femelle se nomme truite, et le mâle non châtré verrat. PACHYDERMES. L7 cependant ont gardé le poil noir du sanglier, et d’autres sont pres. Cesont des animaux remarquables par leur malpropreté et par leur glouton- nerie qui leur fait accepter presque toute espèce de nourriture. On leur donne , suivant les circonstances, des fruits abattus par le vent, des glands, des faînes, des châtaignes, des pois, des fèves, du maïs, de l'orge, du son trempé, toutes sortes de débris d’animaux , des résidus de cui- sines, de sucreries, de brasseries , etc. En France , il n'y a guère de ménage de paysan qui n’engraisse un ou deux cochons chaque année, pour les besoins de sa famille. A Paris, on mange plus de 80 000 cochons par an, tirés de la plupart des départements, sans compter la viande salée ou fumée, consommée sous un grand nombre de formes particu- lières. Le poil du sanglier et du cochon est connu sous le nom de soces, et sert à la fabrication des brosses et des balais. Le plus estimé , en raison de sa force et de sa raideur, est le poil de Russie , dont on im- porte annuellement en France plus de 200 000 kïogrammes. Le porc fournit deux espèces de graisse : l’une, qui est beaucoup moins ferme que l’autre, se nomme Zard, et se trouve immédiatement sous la peau; l’autre, plus solide , nommée panne , est placée près des côtes, des intestins et des reins. C’est elle qui, fondue et purifiée, con- suitue la graisse de porc dite aussi azonge ou saindoux. La graisse de porc est blanche, solide, grenue, d’une légère odeur qui lui est propre, et d’une saveur agréable; elle se fond dans les doigts, se solidifie à environ 27 degrés lorsqu'elle a été fondue au feu ; 100 parties d'alcool froid, à 95 centièmes, en dissolvent, d’après M. Boullay, 1,04 ; 100 parties d'alcool bouillant, 1,743; et 100 parties d’éther froid , 25 parties. Cette graisse est employée en pharmacie comme excipient des pommades , ou comme partie constituante des onguents et des em- plâtres. 11 faut autant que possible la préparer soi-même; et lorsque, eu raison de la grande consommation qu’on en fait, on est obligé de la prendre dans le commerce , il faut la choisir blanche, ayant le moins d'odeur possible, privée d’eau et non battue à l'air, moyen par lequel on lui procure de la blancheur, mais qui la rancit très promptement. La graisse de porc à été regardée anciennement comme un produit immédiat simple, de même que les autres corps gras végétaux ou ani- maux. M. Chevreul nous à appris le premier qu’elle était formée de deux et peut-être de trois substances grasses inégalement fusibles, nom- mées o/éine, margarine et stéarine. La première est encore liquide à 0, et se convertit par la saponification en acide oléique et en glycérine ; la seconde fond à 38 degrés et forme de l'acide margarique fusible à 60 degrés; la troisième fond à 62 degrés et forme de l’acide Stéarique fusible à 70 degrés. M. Braconnot à également reconnu la nature complexe des corps LS MAMMIFÈRES. gras, et a employé, pour les analyser, un moyen qui a généralement frappé par sa simplicité. Il consiste à soumettre le corps gras à une forte presse, enveloppé de plusieurs doubles de papier non collé, et sous une température déterminée et d’autant plus basse que le corps contient plus de graisse fluide : celle-ci s’imbibe dans le papier, l’autre reste en masse solide : on la fond avec un peu d’essence de térébentine bien rectifée, et on l’exprime de nouveau ; enfin on la débarrasse de l’essence de téré- benthine par la chaleur. La graisse fluide se retire du papier , soit par l'expression avec un peu d’eau, soit par l'alcool bouillant. M. Braconnot a retiré, par ce moyen, de la graisse de porc : huile liquide ou oléine 62, graisse solide 38 : total 100. Les PACHYDERMES SOLIPÈDES ne forment qu’un seul genre (celui des chevaux) , caractérisé surtout par la disposition insolite de leurs membres qui sont Fig. 454 (4). Fig. 455 (2). terminés par un seul doigt et un seul sabot ( fig. L5h). Ils portent six incisives à chaque mâchoire, et par- tout six molaires à couronne carrée, marquées par des lames d’émail d’un dessin irrégulier. Les mâles ont de plus deux petites canines à la mâchoire supérieure et quelquefois aux deux mâchoires (fig. 455). Ces canines manquent presque toujours aux femelles. Entre les canines et la première molaire se trouve un espace vide répondant à l’angle des lèvres , où l’on place le mors au moyen duquel l’homme est parvenu à dompter ces vigoureux quadrupèdes. Leur estomac est simple et médiocre, mais les intestins sont très longs et leur cœæcum est énorme. Les mamelles sont entre les cuisses. Le cheval proprement dit (eguus caballus L.) est le plus beau et le (4) Fig. 434. Pied de devant du cheval : a b partie de los de l’avant-bras ; c' première rangée des os du carpe; €” deuxième rangée de cet os; ” os du métacarpe ou canon ; s veslige d’un second os du métacarpe , nommé stylet ; p première phalange du doigt, dite paturon ; pi deuxième phalange ou pha- langine , dite couronne; pt troisième phalange ou phalangette, enveloppée par le sabot. (2) Fig. 453. Tête de cheval mâle : 0 os occipital; p pariétal ; f frontal ; j jugal; n nasal; ms mâchoire supérieure ; # m os intermaxillaire portant les incisives supérieures ; # ? mâchoire inférieure. PACHYDERMES. A9 mieux soigné de nos animaux domestiques. Il se distingue des autres espèces du genre par sa couleur uniforme et par sa queue garnie dans toute son étendue de longs poils très solides nommés crens, et par la cri- pière longue et tombante qui lui recouvre aussi le cou, depuis le sommet de la tête jusqu'au garrot. Il paraît originaire des grandes plaines de l'Asie centrale; mais devenu le compagnon de l’homme à la guerre, dans les voyages et dans les travaux de l’agriculture, du commerce et des arts, il a été transporté dans tous les pays où la civilisation a pénétré, et l'espèce tout entière a subi l'influence de la domesticité. Dans les vastes steppes de la Tartarie, berceau de leur race , on trouve encore des chevaux sauvages, mais allérés probablement par leur mélange con- tinuel avec des individus échappés à la domesticité. Dans toute l’Amé- rique, où il n’existait aucun cheval avant l’arrivée des Espagnols, on trouve aujourd’hui des troupes immenses de chevaux sauvages que l’on chasse au /asso, et qui redeviennent domestiques avec une grande facilité. La durée de Ja vie du cheval est d'environ trente ans, et celle de sa gestation de onze mois. Le poulain naît les yeux ouverts et peut presque tout de suite courir après sa mère, qui l’allaite pendant six à sept mois. L'époque de la puberté arrive à deux ans ou deux ans et demi pour les étalons, et un peu plus tôt chez les femelles; mais ils ne donnent de beaux produits qu’à l’âge de quatre ou cinq ans. On commence à les faire travailler à trois ou quatre ans. On peut jusqu’à un certain point recon- naître leur âge à leurs dents incisives. Celles de lait commencent à pousser quinze jours après la naissance ; à deux ans et demi celles du milicu, nommées pinces, sont remplacées ; à trois ans et demi, les deux suivantes; à quatre et demi, les deux extrêmes nommées /es coins. Toutes ces dents, à couronne creuse d’abord , perdent peu à peu cet enfoncement par la détrition. A sept ans et demi ou huit ans, tous les creux sont effacés : alors on dit que le cheval ne marque plus. Les canines inférieures ne viennent qu’à trois ans et demi , les supé- rieures à quatre; elles restent pointues jusqu’à six; à dix, elles com- mencent à se déchausser. Les chevaux les plus sveltes et les plus rapides sont les chevaux arabes, qui ont aidé à perfectionner la race espagnole, et contribué avec celle-ci à former la race anglaise, si estimée aujourd’hui pour sa vigueur et la rapidité de sa course. La France ne présente presque partout, dans les campagnes, que des chevaux abâtardis et ché- üfs , usés avant l’âge par le travail; on y trouve cependant quelques races plus soignées, recommandables à divers titres : telle est la race boulonnaise qui produit des chevaux de haute taille, à muscles très développés, à formes empâtées, très forts, mais lourds et propres à tirer IV. l 50 \ MAMMIFÈRES. lentement de grosses charges. On la rencontre dans la Picardie et la haute Normandie , et elle forme ce qu’on appelle à Paris les chevaux de brasseur et de roulage. La Franche-Comté et le Poitou en fournis- sent également. La Bretagne, le Perche et le Maine produisent d’autres chevaux gros et vigoureux, qui , sans avoir les formes élégantes, galo- pent longtemps avec facilité ; on en fait des chevaux de poste et de mes- sageries. Enfin la Normandie, le Limousin, l'Auvergne et la Lorraine, fournissent des chevaux de selle et de carrosse très estimés, mais dont le nombre est loin de répondre aux besoins du pays, ce qui nous force à en acheter tous les ans pour une somme considérable à l'étranger. C’est le Hanovre, le Brunswick et Oldembourg principalement, qui nous fournissent ceux qui nous manquent. La chair du cheval, lorsqu'il est jeune et bien nourri, est saine, de fort bon goût et très nourrissante. On assure qu’elle est vendue publi- quement à Copenhague comme viande de boucherie. Quelles que puis- sent être ses bonnes qualités, il n’est pas à désirer que cet usage s’éta- blisse en France, où le manque de chevaux est déjà très nuisible à l’agriculture. Mais on utilise avec raison, dans les grandes villes, la chair des chevaux usés par la vieillesse., le travail ou les maladies, pour la transformer en engrais, leurs os pour la fabrication du noir animal , et leur peau pour faire des cuirs tenaces, propres aux tiges de bottes et aux empeignes de souliers. Le crin de cheval est aussi d’une grande utilité pour la fabrication des sommiers , des meubles, des tamis et de divers tissus employés dans les arts. Il n’y a pas jusqu’au fumier de cheval qui ne soit un engrais précieux, dont 6n fait principalement usage pour la culture des jardins et la composition des couches. L’äne (eguus asinus L. ) se distingue du cheval par ses longues oreilles, par la houppe de poils dont l'extrémité de sa queue est garnie , par sa crinière plus courte et non tombante, et par la croix noire qu’il présente sur les épaules. De même que le cheval , il est originaire des grands déserts de l’intérieur de l'Asie, où il vit encore à l’état sauvage et en troupes innombrables. Sa voix rauque et bruyante tient à plusieurs cavités spacieuses placées près du larynx et dans l’intérieur desquelles l'air résonne. Il paraît avoir été réduit à l’état de domesticité avant le cheval , mais il supporte moins facilement les climats froids; il n'a pas reçu les mêmes soins, et dans presque tous les pays sa race a dégénéré. Il rend en France des services importants à la petite culture par sa sobriété et sa patience. L’âne et le cheval produisent facilement des métis, nommés zzulets, qui participent des formes et des qualités des deux espèces, mais qui sont toujours stériles, de sorte que leur race ne peul se perpétuer. Ceux qui proviennent d’un âne et d’une jument sont mieux faits et plus grands que ceux portés par une RUMINANTS. 51 ânesse. Ceux-ci, qui sont plus rares, portent le nom particulier de bardeaux. Le lait d’ânesse est souvent ordonné comine aliment aux personnes maladives et particulièrement aux phthisiques : il contient plus de sucre de lait et moins de matière grasse que celui de vache. On apporte de Chine une sorte de gélatine préparée avec la peau d’âne, et qui est con- nue sous le nom de eelle de peau d'âne où de hockiak. Telle que je l'ai vue anciennement , elle était sous forme de petites tablettes carrées, très épaisses, d’un gris terne et demi-opaques. Elle était recommandée comme analeptique. On trouve dans les déserts de l’Asie centrale une troisième espèce de cheval nommée hémione Ou dzigguetai, qui tient le milieu, pour les proportions, entre le cheval et l'âne, mais de formes très élégantes et d’une vitesse à la course supérieure à celle du cheval. Il est de couleur isabelle (jaune fauve clair) avec la crinière et la ligne dorsale noires, ainsi que la houppe de crins qui termine sa queue. En hiver, son pelage devient épais et frisé. Il vit en troupes composées d’une vingtaine de juments, de poulains et d’un mâle qui en est le chef. L'Afrique possède trois autres espèces du genre cheval. Le plus an- ciennement connu est le zèbre, qui a la forme d’un âne, mais qui a tout le corps et les membres couverts de bandes transversales d’un brun noirâtre sur un fond jaune. On le rencontre depuis l’Abyssinie jusqu’au cap de Bonne-Espérance. Le couagga ressemble davantage au cheval et ne présente de bandes transversales que sur les épaules et le dos. Le dauw Où onagga n’est connu que depuis peu de temps; il est plus petit que l’âne, et porte sur la tête, le cou et le tronc, des raies noires alternativement plus larges et plus étroites sur un fond isabelle. ORDRE DES RUMINANTS. Cet ordre est peut-être le plus naturel et le mieux déterminé de la classe des mammifères; car les ruminants ont l'air d’être presque tous construits sur le même modèle, les chameaux seuls présentant quelques exceplions aux caractères communs. Le nom de ruminants indique la faculté singulière que possèdent ces animaux de mâcher une seconde fois leurs aliments , qu’ils ramènent dans la bouche après une première déglutition , faculté qui tient à la structure de leurs estomacs. Ils en ont toujours quatre (fig. 456), dont les trois premiers sont disposés de facon que les aliments peuvent entrer à volonté dans l’un des trois, parce que l’œsophage aboutit au point de communication. Le premier et le [plus”grand se nomme /a panse; il \ 52 MAMMIFÈRES. recoit en abondance les herbes grossièrement divisées par une première mastication. Elles se rendent de là dans le second, appelé bonnet, dont les parois ont des lames semblables à des rayons d’abeilles. Cet estomac, ort petit et globuleux, saisit l'herbe, l’imbibe et la comprime en petites elotes qui remontent ensuite successivement à la bouche, pour y être emâchées, L'animal se tient en repos pour cette opération, qui dure jusqu’à ce que toute l'herbe, Fig. 456 (1). avalée d’abord et remplissant | la panse , l'ait subie. Les ali- ments, ainsi remâchés, des- cendent dans le troisième es- tomac nommé feuvllet, parce que ses parois ont des lames longitudinales semblables aux feuillets d'un livre, et de là dans le quatrième ou cail- Lette, dont les parois n’ont que des rides, ef qui est le véri- table organe de la digestion , analogue à l'estomac simple des animaux ordinaires. Pendant que les ruminants tettent et ne vivent que de lait, ja caillette est le plus grand de leurs estomacs. La panse ne se développe etne prend son énorme volume qu’à mesure qu’elle reçoit de l'herbe. Le canal intestinal est fort long et peu boursouflé ; le cæcum est de même long et assez lisse. Les ruminants n’ont d’incisives qu'à la mâchoire inférieure, presque toujours au nombre de huit. Elles sont remplacées en haut par un bour- relet calleux. Entre les incisives et les molaires est un espace vide où se trouvent, seulement dans quelques genres, une ou deux canines. Les molaires, presque toujours au nombre de six partout, ont leur cou- ronne marquée de deux doubles croissants dont la convexité est tournée en dedans dans les supérieures, en dehors dans les inférieures. Les quatre pieds sont terminés par deux doigts et par deux sabots qui se regardent par une face aplatie, en sorte qu’ils ont l'air d’un sabot unique qui aurait été fendu. Derrière le sabot sont quelquefois deux vestiges de doigts latéraux. Les deux os du métacarpe et du métatarse (os de Ja main et du pied) sont réunis en un seul qui porte le nom de canon. Quelques espèces présentent des vestiges des mélacarpiens et métatar- siens latéraux. Les ruminants forment quatre familles dont les caractères distinctifs (1) Fig. 456. Estomac de mouton. RUMINANTS. 03 se lirent de l’absence ou de la présence des cornes, qui sont deux proémi- nences plus ou moins longues des os frontaux, et qui ne se trouvent dans aucune autre classe d'animaux. A. Les ruminants sans cornes ; ils ont des canines aux deux mâchoires. Ils comprennent les chameaux, les lamas et les chevrotains, au nombre desquels est l’animal qui porte le musc. B. Les ruminants à cornes rameuses et osseuses , caduques chaque année : par exemple , les cerfs. C. Les ruminants à proéminences coniques persistantes, toujours recouvertes d’une peau velue; cette section ne comprend que la girafe. D. Les ruminants à cornes creuses, non caduques, élastiques, crois- sant par couches sur des proéminences osseuses. Ex. : les bœufs, les moutons, les chèvres et les antilopes. Les chameaux ont non seulement deux canines aux deux mâchoires, mais encore deux dents pointues implantées dans l’os incisif supérieur. Ils n’ont que six incisives à la mâchoire inférieure et dix-huit ou vingt molaires seulement. Au lieu du grand sabot fendu et aplati du côté in- terne, qui enveloppe la partie inférieure de chaque doigt et détermine la forme fourchue ordinaire du pied des ruminants, ils ont deux petits sabots distincts, renfermant seulement la dernière phalange des doigts, et ceux-ci sont réunis en dessous (à l'exception de cette dernière pha- lange qui reste libre) par une semelle commune, de nature cornée, qui pose à terre dans toute son étendue. Ce sont des animaux de haute taille que leur lèvre supérieure fendue , leurs yeux saillants, leur long cou arqué , leur dos chargé de une ou deux énormes loupes graisseuses , leur train de derrière affaibli, rendent difformes et très disgracieux ; mais leurs membres sont loin d’être aussi faibles qu'ils le paraissent. Les chameaux sont très robustes; ils ont les sens délicats et sont renommés par leur extrême sobriété et par la faculté qu’ils ont de pouvoir passer plusieurs jours sans boire, ce qui les rend d’une extrême utilité, comme bêtes de somme et de transport, pour voyager à tra- vers les déserts sablonneux de l’Asie et.de l’Afrique. On connaît deux espèces ou deux races de chameaux : celle & deux bosses, qui porte plus spécialement le nom de chameau, et qui est originaire du centre de l'Asie; celle à une bosse, ou dromadaire, qui est plus répandue dans les contrées d’Asie voisines de l'Arabie et dans toute l'Afrique, depuis la Méditerranée jusqu’au Niger. La chair des jeunes chameaux paraît être très bonne à manger. Leur poil, qui est fin et moelleux, sert à faire des étoffes; il se renouvelle tous les ans par une mue complète, Les Ilamas représentent les chameaux dans le nouveau monde, comme le tapir y est un diminutif de l'éléphant et du rhinocéros. Mais s'ils n’ont 5h MAMMIFÈRES. pas la force et la taille des chameaux, ils n’en offrent pas non plus la laideur. Ce sont, au contraire, des animaux assez sveltes, sans bosse sur le dos, et dont les doigts, n'étant pas réunis par une semelle cornée, conservent leur mobilité, ce qui leur permet de gravir les rochers avec agilité. On en connaît deux espèces, le guanaco et la vigogne. Celle-ci est grande comme une brebis et couverte d'une laine fauve d’une finesse et d’une douceur admirables. On en fabrique des étoffes précieuses. L'autre espèce est de la taille d’un cerf et présente deux variétés , le lama proprement dit et l’a/paca. Le premier sert de bête de somme au Pérou, mais son poil grossier est peu estimé; le second est convert de poils laineux fort longs et d’une grande finesse, qui servent à la fabrica- tion des étoffes. Le troisième genre de ruminants sans cornes est celui des CHEYRO- TAINS. Ces animaux , indépendamment de l’absence des cornes, diffè- rent des ruminants ordinaires par une longue canine , qui, dans les mâles , sort de la bouche de chaque côté de la mâchoire supérieure; et parce qu’ils ont dans le squelette un péroné qui n’existe pas même dans les chameaux. Ils habitent tous les pays chauds de l’ancien continent. L'espèce la plus importante est le ehevrotain porte-muse ( 70sc/us moschiferus L.), qui fournit à la pharmacie et à la parfumerie la sub- stance connue sous le nom de #usc. Cet animal habite les montagnes les plus escarpées du Thibet et de la Chine. Il est très craintif, très agile, et vit presque isolé, si ce n’est à l’automne où il se rassemble par troupes. Il se nourrit d’écorces d'arbres, de racines et de feuilles. Il produit spécialement les muses les plus estimés, nommés use de la Chine et muse tonquin. C’est lui pareillement, ou une variété peu distincte, qui, parcou- rant tout le vaste plateau de la grande Tartarie jusqu'aux frontières de la Sibérie, fournit le musc inférieur nommé musc de Russie où musc kabardin. Le porte-musc est de la grandeur d’une chè- vre. Celui dont je donne ici la figure (fig. 457) d’après Buffon (Suppl., t. VI, pl. 29) a vécu trois ans en France, dans un parc, auprès de Versailles. Il avait 73 centimètres de longueur, 54 centi- Fig. 457. RUMINANTS. 55 mètres de hauteur au train de derrière et 53 centimètres au train de devant. « Il est vif, très léger à la course et dans tous ses mouve- ments; ses jambes de derrière sont considérablement plus longues et plus fortes que celles de devant, et il saute en courant à peu près comme un lièvre, Il est armé, à la mâchoire supérieure, de deux défenses dirigées en bas et recourbées en arrière, tranchantes sur leur bord postérieur et finissant en pointe; elles sont de couleur blanche et leur substance est une sorte d'ivoire. Les yeux sont grands à proportion du corps; le bord des paupières et les naseaux sont noirs; les oreilles sont longues de 4 pouces (41 centimètres), larges de 2 pouces 4 à 5 lignes (63 à 65 millimètres), garnies en dedans de longs poils d’un blanc grisâtre, et au-dessus de poils noirs rous- sâtres mêlés de gris, comme celui du front et du nez. Le poil du corps est noirâtre, mélangé de fauve et de roussâtre et de couleur variable d’ailleurs, suivant le sens dont on le regarde , parce que les poils ne sont colorés en brun ou en fauve qu’à l'extrémité, et que le reste est blanc et paraît plus ou moins, sous différents aspects. Ses pieds sont petits; ceux de devant ont deux ergots qui touchent à terre. Les sabots des pieds de derrière sont inégaux, l’intérieur étant beau- coup plus long que l’autre; il en est de même des ergots, dont l'in- terne est aussi bien plus long que l’externe. Les uns ct les autres sont de couleur noire. Il n’a pas de queue apparente. » La poche qui contient le musc est particulière au mâle , située sur la ligne médiane du ventre, entre l’ombilic et la verge, et beaucoup plus près de celle-ci. La figure et la description que j'en donne ici (fig. 458) sont extraites de la Zoolagie médicinale de Brandt et Ratzburg (Berlin , 1829). Dans l'état de repos, la verge (a) est en grande partie renfermée dans le ventre et repliée sur elle-même; elle n’a qu'un seul corps caverneux et un gland mince et aplati (e), au delà duquel se prolonge l'urètre fliforme (c), formant une saillie de 14 millimètres. Sur le devant, la verge est entourée d’un canal pré- putial, garni à son orifice (:) de poils nombreux, de couleur rousse, saillants sous la forme d’un pinceau. Ce canal est appliqué contre la face postérieure de la poche au muse et semble faire corps avec elle, étant renfermé sous la même peau velue, et se reconnaissant seulement quelquefois, dans les poches desséchées du commerce, à un léger sillon qui occupe, d’arrière en avant, la moitié environ de la longueur de la poche, et se termine par le pinceau de poils roux dont il vient d’être parlé. La poche au musc est ronde ou ovale, presque plane et nue par sa face supérieure, qui est appliquée contre les muscles abdominaux ; sa face inférieure, ou celle qui regarde le sol, est convexe et couverte de poils. Chez les adultes, cette poche atteint 56 MAMMIFÈRES. de 55 à 68 millimètres de longueur sur 35 à 47 millimètres de largeur et 14 à 20 millimètres de hauteur. A la partie la plus basse, un peu en avant de l’orifice préputial, se trouve un canal fort court (4), un peu oblique, large de 2 millimètres, se terminant à l'extérieur par une ou- verture semi-lunaire. Ce canal s'ouvre directement dans la poche au musC, et son orifice intérieur est entouré par un certain nombre de Fig. 458 (1). ï° poils semblables à ceux qui recouvrent la peau à l'extérieur, Ce sont ces poils que l’on trouve toujours mêlés au musc extrait de la poche. En enlevant la peau (épiderme et derme) qui recouvre la poche à l’ex- térieur, on distingue deux faisceaux musculaires (4Æ) qui, d’après Pallas, partent des aines et se contournent autour de la poche. Sous ces couches musculaires, on découvre l'enveloppe propre du muse, laquelle forme un sac complet qui entoure le musc de toutes parts, à l’exception du petit canal (4), et qui se compose de trois membranes. La première (enveloppe fibreuse, Pereira) présente à l'extérieur quelques plis longi- tudinaux , et à l’intérieur des dépressions nombreuses en forme de mailles, entourées de plis et dans lesquelles se portent les ramuscules de vaisseaux sanguins que Pallas regarde comme dérivés de l'artère iliaque. Cette membrane n’est autre chose que le derme de la peau, dont l’organisation a été modifiée, et qui, en se continuant en dedans (4) Fig. 458 : bb fourreau préputial en partie ouvert; ddd partie de la peau du ventre; f serotum; g ouverture donnant passage aux cordons spermatiques ; y position de l'anus. RUMINANTS. 57 du sac, à travers l’ouverture (4) , est devenu apte à sécréter et projette encore quelques poils isolés. Sous cette membrane, il s’en trouve une seconde (enveloppe nacrée, Pereira), délicate, blanchâtre et na- crée, dont la face extérieure offre des saillies correspondantes aux exca- vations de la première membrane et de nombreux sillons répondant aux plis ramifiés. Enfin, la troisième membrane (enveloppe épidermoïdale, Pereira), analogue à l’épiderme et encore plus délicate que la seconde, se laisse diviser en deux couches, dont l’extérieure est argentée, tandis que l’intérieure est d’un brun rouge jaunâtre. Cette couleur ne doit pas être seulement attribuée au musc contenu à l’intérieur, car elle persiste après une longue macération dans l’eau et dans l’esprit-de-vin. Les excavations et les plis y sont encore plus prononcés que dans les autres membranes, et chaque excavation contient deux corpuscules ou plus, aplatis, généralement ovales et d’un brun rouge jaunâtre. Ces corpus- cules sont formés par une membrane très mince, renfermant une petite masse brunâtre qui est considérée comme l'organe glandulaire qui sécrète le musc. , Le musc de bonne qualité présente, à l’état récent, une consistance de miel, une couleur rouge brunâtre, et une odeur tellement forte, que les chasseurs ont peine à la supporter. Par la dessiccation il devient presque solide, grumeleux et d’un brun noirâtre. Il a une saveur amère aromatique, une odeur encore très forte et difficile à supporter, lors- qu’elle est concentrée ; mais susceptible d’une grande expansion et de- venant fort agréable lorsqu'elle est suffisamment affaiblie. On ne distingue communément dans le commerce que deux sortes de musc, le #usc tonquin et le muse kabardin ; mais il ÿ en à un bien plus grand nombre de sortes que je ne connais pas toutes et sur les- quelles je n’ai pu avoir que des données incomplètes. Voici ce que je puis dire de plus certain sur les sortes que j'ai vues. I. Muse de Chine, première sorte. Ce musc est apporté dans de petites boîtes rectangulaires en carton, d'environ 20 centimètres de long, 11 centimètres de large et 11,5 de haut. Ces boîtes sont revêtues exté- rieurement d’une étoffe de soie et sont doublées à l’intérieur par une autre boîte en feuilles de plomb exactement soudées. Sur les boîtes qui renferment le musc de première qualité, on lit ces mots: /ingchong musk, et sur le couvercle de la boîte de plomb on voit un dessin grossier représentant une chasse au musc dans laquelle des chasseurs tirent l'animal, tandis qu’un autre est occupé à couper la poche à ceux qui sont abattus. Mais ce qu’il y à de singulier, c’est que, par tradition sans doute , l'animal ainsi chassé est une civette, reconnaissable à ses cinq doigts à tous les pieds, à sa longue queue hérissée, enfin à sa forme gé- nérale, et qu'on y a seulement ajouté sous le ventre un petit cercle 58 MAMMIFÈRES. figurant la poche au musc; ce qui montre au moins que lauteur pri- mitif de cette gravure supposait que le musc était produit par une espèce de civette. On trouve dans la boîte environ vingt-cinq poches dont chacune est enveloppée dans un papier fin portant cette inscrip- tion rouge, en anglais : Musc collected in Nankin by Tung-t-hin- chung-chung-Kee ; au-dessus de l'étiquette se trouve un médaillon qui représente une divinité chinoise ayant à ses pieds une civette et portant une banderole qui indique qu'on vend dans ce magasin le muse le plus précieux. Enfin les poches mêmes portent sur leur surface plane et nue une inscription chinoise en encre rouge, mais illi- sible (1). Les poches de musc de Chine sont arrondies ou quelque peu ovales, larges de 5 à 6 centimètres , généralement peu épaisses et aplaties (fig. 459)3 les poils qui les recouvrent se dirigent de tous Îles points de la circonférence vers l'ouverture au muse, qui est toujours située entre le centre Fig. 459. et le bord antérieur de la poche. Ces poils se dirigent vers l’ou- verture, non directe- ment, mais en s'ar- rondissant en forme de tourbillon ; ils sont généralement grisà- tres, courts (2), gros- ZAR siers et cassants à Ja circonférence, et prennent plus de finesse, plus de longueur, et une couleur fauve brunâtre en s’approchant de l'ouverture au muse, où ils forment une sorte de pinceau brunâtre. Aux endroits où les poils sont détachés de la peau, celle-ci paraît d’un brun foncé. Le côté de la bourse qui touchait au ventre est formé par une peau sèche, brunâtre, unie, peu épaisse et sans ouverture. Ce muse, étant d’an prix très élevé, n’est jamais desséché qu'en partie, et les commerçants ont soin de le renfermer dans des vases exactement fermés, afin qu’il (4) Quelques personnes pensent que ces inscriptions et dessins ne sont d'aucune importance, et qu’ils sont fabriqués en Angleterre. Cela pourrait être, mais les inscriplüions anglaises ont pu tout aussi bien être faites en Chine, où les Chinois n’ont guêre affaire qu’à des commerçants anglais. Il est certain d’ailleurs que le musc de Chine qui présente ces marques extérieures est de la meilleure qualité, et que celui qui en est dépourvu, quoique renfermé dans des boites de même forme et de même volume , est moins estimé. (2) Parce qu’ils ont été coupés. RUMINANTS. 59 ne perde rien du poids qu’il avait lorsqu'ils l’ont acheté. Il conserve donc à l’intérieur la consistance d’une pâte grumeleuse, et il éprouve une fermentation ammoniacale, qui exalte considérablement son odeur et la rend fort difficile à supporter. Cette odeur, cependant, n'offre rien de l’odeur fécale de la civette. IT. Muse tonquim. Ce musc arrive par la voie de Canton. Tel que je l'ai vu récemment chez M. Charles Garnier, négociant à Paris, il est en poches moins larges, plus épaisses et plus également bombées sur les deux faces que ne l’est communément le musc de Nankin ; enfin il présente une forme lenticulaire-arrondie presque régulière. Il est cou- vert d’un poil très court, et blanchâtre et toute sa surface est comme couverte d’une fine efflorescence blanche. Il est plus sec que le musc de Nankin, non ammoniacal, mais il me paraît doué d’une puissance odoriférante plus faible ; peut-être tous ces caractères tiennent-ils à ce que ce musc élant plus sec, n’a pas fermenté et n'a pas imprégné ses enveloppes de son suc brunâtre intérieur. Il serait donc en réalité plus naturel que le musc de Nankin ; mais est-ce un avantage, s’il est moins odoriférant ? | M. Garnier m'a montré un autre musc d’une forme très remar- quable, mais que je regarde comme une simple variété du précédent. Iest en petites poches presque rondes en tous sens, et de 35 milli- mètres de diamètre. I est recouvert d’un poil très ras et présente par- tout une teinte blanchâtre ‘uniforme. Il est généralement percé d’un trou rond assez considérable, formé par l'agrandissement de l’ouverture naturelle de la poche , et obstrué avec un petit bouchon de papier gris tortillé. III. Muse d'Assam. Assam 6st un royaume d'Asie assez étendu, situé au nord du Bengale, et dont les Anglais ne se sont pas encore emparés, sans doute par la raison qu’il v a temps pour tout. Il nourrit dans les montagnes une grande quantité de porte-muscs, dont les poches arrivent par la voie du Bengale, contenues au nombre de deux cents environ dans un sac de peau, lequel est lui-même renfermé dans une caisse de bois ou de fer-blanc. Ce musc présente les formes les plus variées et les plus irrégulières. On y trouve des poches plates presque identiques avec celles du musc de Nankin ; des poches qui étaient forte- ment proéminentes au dehors de l'animal, et dont la partie nue, qui les unissait au ventre , présente un diamètre beaucoup moins grand que celui de la poche extérieure ; enfin des poches tellement rétrécies par le haut, qu’elles paraissent n'avoir tenu au ventre que par un pédi- cule (1), et qu'on les prendrait pour des scrotums, si l’on n’y observait (1) Plusieurs de ces poches paraissent avoir été étranglées par une ligature, 60 MAMMIFÈRES. d’ailleurs l’ouverture ordinaire du muse et la disposition tourbillonnte des poils qui caractérise les poches au musc. Ces poils sont hérissés, très grossiers, blancs et très cassants. Toutes ces poches sont très pleines et très dures, ce qui semblerait indiquer qu’elles ont été remplies arti- ficiellement , quoiqu’elles ne soient pas cousues ; mais on a pu les rem- plir par l’ouvérture naturelle de la poche. La substance intérieure est brune noirâtre , consistante, d’une odeur très forte de musc, mêlée de l'odeur fécale de la civette, ce qui donnerait à penser que ce musc a pu être additionné de civette. Nonobstant ce mélange réel ou supposé, ce musc se vend facilement en France et paraît être d’un bon emploi pour la parfumerie, l’odeur fécale disparaissant par la dessiccation, ainsi que je l'ai dit pour la civette. IV. Autres muses venus par le Bengale. On trouve quelquefois dans le commerce des muscs venus par la voie de Calcutta, qui sont garnis d’un morceau considérable de peau poilue ou de poils fort longs. L'École de pharmacie possède deux échantillons de ces musces. Le pre- mier, qui se rapproche par sa nature du musc de la Chine , cest pourvu d’un large morceau de peau du ventre, couvert d’un poil assez mince, long de 6,5 à 7 centimètres, d’un blanc sale à la base, ensuite d’une teinte brunâtre dans une assez grande partie de son étendue, enfin terminé par une petite pointe blanche. D’autres fois, après la couleur blanche de l'extrémité, revient une coloration noire, et la pointe est noire ; enfin ce poil offre un caractère tout particulier, qui consiste en ce qu'il est ondulé dans toute son étendue et qu’il ressemble à une ligne #remblée (1). L'autre poche, qui me paraît se rapprocher du musc tonquin, est de forme à peu près ronde et présente 3,5 centimètres de largeur sur 4 d'épaisseur verticale. La moitié supérieure, qui touchait au ventre de l’animal, est nue, très renflée et rétrécie à l'endroit où commence le poil. Il n’y a aucun vestige de peau du ventre, ct tous les poils sont fixés circulairement autour de la face inférieure de la poche, formant une boule de 8,5 à 9 centimètres de diamètre. Ces poils sont longs de 6 à 6,5 centimètres, très gros à la base , d’un blanc opaque et nacré dans la plus grande partie de leur longueur, puis ils prennent une teinte fauve brunâtre qui se fonce de plus en plus en approchant de l'extrémité; mais cette coloration cesse brusquement un peu avant l'extrémité, et la pointe cst toujours blanche. Ces poils sont très cassants, ainsi qu’on le trouve recommandé dans quelques livres chinois (Mémoires des missionnaires de Pékin ,t. IV, p. 497); mais ce procédé ne peut-être prati- cable qu'autant que la poche au muse est déjà très rétrécie elle-même par la partie supérieure ; il ne pourrait être appliqué au musc de Nankin. (4) Voy. les figures 460 et 461, au bas desquelle son a représenté deux poils de musc de grandeur naturelle, RUMINANTS. 61 de même que ceux de la poche précédente ; ils me paraissent moins ondulés , plus durs, mais ne méritent guère encore, cependant , d’être comparés à des épines. Cette poche m'a paru tellement remarquable que je l'ai fait représenter ici par sa face supérieure (fig. 460 ) et par sa face inférieure (fig. 461). Sa substance intérieure est presque sèche Fig. 460, Fig. 461. et sort facilement par une déchirure faite à la pellicule supérieure, sous forme de grumeaux brunâtres, d’une odeur musquée facile à supporter. Cette poche est d’ailleurs fort ancienne et a été piquée. V. Muse de Sibérie, OU muse kabardin. (fig. 462). Ce musc paraît venir des monts Altaï par la voie de Saint-Pétersbourg. Les bourses qui le composent sont généralement plus pe- lites que celles de Chine, ais elles sont surtout plus allongées d’arrière en avant, plus sèches, plus plates et marquées d’un sillon longi- tudinal plus apparent répon- dant au fourreau de la verge. Le poil extérieur est propre, sec, blanchâtre et comme argenté ; la peau nue, qui touchait au ventre, res- semble à un parchemin jaune brunâtie, recouvert par une légère fleur blanchâtre. La substance même du muse est plus sèche, d’un brun Fig. 462. 62 MAMMIFÈRES. chocolat clair, non ammoniacale, d’une odeur musquée moins forte, moins tenace et comme se rapprochant d’une odeur D végé- tale. Il est aussi beaucoup moins estimé. Enfin on distingue dans le commerce, indépendamment de toute origine, le muse en poche ou en vessie de celui qui est hors vessie. Le mieux est d'acheter le musc en vessie et de le vider soi-même, en pratiquant une incision circulaire à la peau qui touchait au ventre. Car s’il est déjà assez difficile d’avoir du musc en vessie qui n'ait pas été falsifié, on conçoit qu’il n’y a plus guère moyen d’être assuré de l'espèce et de la pureté de celui qui a été retiré des poches, et qui peut être mélangé soit de muse kabardin , soit de toute autre matière étrangère. Quant à la quantité de musc hors vessie que l’on peut retirer des poches, elle est extrêmement variable. M. Pereira, dans sa matière médicale , donne , d’après un droguiste de Londres , les poids de six poches de musc de Chine qui pesaient ensemble 37 drachmes et 15 grains (poids - troy), où 144 grammes 71 centigräammes , et qui ont fourni 64 gram. 13 centigr. de musc hors vessie (1), ou 43,61 pour 400 ; tandis que six poches de muse de Chine, que j'ai vidées à différentes époques , m'ont donné les résultats suivants : Entières, Muse hors vessie. gr gr 2 poches ensemble 67,06 PTT PR 43,95 2 — — 49,80 PTT 37,70 D — 32,23 Fe Ed CE 23,44 14 — 42,31 rs Me ee à 31,25 Total::. … + 19140 RE PR EP ETAT Moyenne .. 31,90 ie ER 929,73 Rapports : 100 : 71,27 ou 7 : 5. Ces poches étaient plus fortes que celles mentionnées par M. Pereira et m'ont offert un produit beaucoup plus avantageux. 11 est vrai que tout en ayant soin de ne prendre que des poches de très bonne qualité, je choisissais celles qui devaient m'être le p'us prolitables. | Muse falsifiée. Le musc, en raison de son prix élevé, est très sujet à être falsifié, même en Chine : on y introduit des grains de plomb ou de petits morceaux de fer, ou bien on y mêle du sang desséché, du sel ammo- niac et un peu de potasse, quelquefois même du tabac à priser. Tantôt ce muscfalsifé est introduit dans des poches vides, dont on recoud toutautour la peau ventrale avec un fil fin; et je pose pour première règle qu'il ne (4) Moyenne pour une poche: entière, 245,42 ; — hors vessie , 10:",52. Rapport approché , 7 : 3. RUMINANTS, 63 faut acheter que des poches qui n’aient pas été recousues sur le bord ; tantôt le musc falsifié est renfermé dans une fausse poche, fabriquée avec un morceau de la peau du chevrotain (fig. 463). Alors ces poches n’offrent pas la disposition centripète des poils des poches véritables, ni le pinceau roux cachant l'ouverture naturelle du musc. On trouve enfin quelquelois des po- ches de musc ovoïdes ou presque globuleuses , for- mées par un morceau de peau noirâtre, n'offrant que des vestiges de poils de porte-musc, replié sur lui-même et cousu suivant une ligne sinueuse qui parcourt sa surface , enfin ne présentant aucune distinction de face supérieure ni inférieure. Ce musc est toujours de très mauvaise qualité et doit être rejeté. Le musc de Chine sorti de sa poche est mou, grumeleux, d’un brun noirâtre , mélangé de quelques poils courts, qu’il faut en retirer avec uue petite pince avant de l’employer comme médicament. Il possède une odeur très forte, toujours un peu ammonjacale (1) ; il ne doit pas être trop humide et ne doit présenter aucun corps dur sous le doigt, ou lorsqu'on l’écrase sur une feuille de papier, qu’il colore en brun rou- geâtre ; il est aux trois quarts soluble dans l’éau et lui donne une cou- leur brune rougeâtre. La teinture de noix de galle et l’acétate de plomb précipitent la dissolution , mais non le deuto-chlorure de mercure. L'acide nitrique affaibli la rend presque incolore. Analyse chimique. M. Blondeau et moi avons fait, en 1820, une analyse du musc tonquin dont voici les résultats : Fig. 463. (4) C’est un fait assez remarquable, que l'odeur du musc disparait par l'ad- dition de quelques substances , telles que le soufre doré d’antimoine et les amandes amères. Elle disparaît aussi complétement lorsqu'il est entièrement desséché au moyen du chlorure de calcium fondu. Je regarde plutôt comme nuisible qu’utile cette disparition d’odeur, dans l'application médicale. 6! MAMMIFÈRES. Produits obtenus DE OR a Rs ne L'2 Par la dessiccation. A Are CRUE SAN EL RENE 0,325 re solide (stéarine). MST liquide (élaïine). 4 Cholestérine. RE Huile acide combinée à l'ammo- 13,000 Huile volatile. Une trace d’un acide soluble dans l’eau ? / niaque. | [ Cholestérine. k uile acide combinée à pas à niaque, 5 Huile volatile, Par Palcoo!l . . Chlorhydrates d’ammoniaque , de potasse et de chaux. Acide indéterminé en partie sa- \turé par les mêmes bases. eee rates d’ammoniaque de potasse et de chaux. Acide indéterminé en partie sa- turé par les mêmes bases ? Gélatine. Par l'eau, . . . . . Matière très carbonée , très so- luble dans l’eau, insoluble dans l'alcool. lsel calcaire soluble, à acide \ combustible. \Phosphate de chaux. Albumine. Par l'ammoniaque . a de chaux. Carbonate de chaux. Résidu. . .. . . . Phosphate de chaux. Poils mêlés au musc. Sable. A5: ébseit 0:0b 100,000 Fibrine. | « En partant des résultats de cette analyse, dans quel genre de fluides animaux convient-il de ranger le musc ? Sera-ce parmi les sécrétions propre- ment dites, c’est-à-dire, parmi les fluides destinés à être réabsorbés, et à rem- plir un rôle ultérieur dans l’économie animale? ou bien le mettra-t-on au nombre des excrétions qui, séparées des premières sous l’influence du prin- cipe vital, ne peuvent plus servir à la nutrition des individus, et sont constam- RUMINANTS. 65 ment repoussées à l'extérieur ? M. Berzelius admet que toutes les sécrétions sont alcalines et toutes les excrétions acides ( Ann. de chim., t. LXXXVI, p. 115). Cette règle ne peut être appliquée au muse dont plusieurs principes ont évidemment subi une altération profonde pendant l'intervalle de temps qu’il met à parvenir jusqu’à nous. I] faut donc s’appuyer sur d’autres considé- rations. Il semble que les excrétions doivent être privées de gélatine et d’albu- mine, landis que les sécrétions peuvent contenir l’un ou Pautre de ces prin- cipes, ou tous les deux. C'est ainsi que l’humeur de la transpiration humaine ne conlient qu’une petite quantité d’acide acétique ou lactique, quelques sels et une huile odorante fétide ; et que la lymphe, l'humeur des articulations et la bile, contiennent de l’albumine. Or le musc se refuse encore à cette classi- fication ; car s'il a, d’une part, une grande analogie avec l'humeur dela transpi- ralion, par son huile odorante qui nous a quelquefois offert l'odeur même du boue, d’une autre il se rapproche du sang et des parties solides organiques par la fibrine, la gélatine et l’albumine que son analyse nous présente, ou tout au moins par l’albumine, si l’on suppose que la fibrine et la gélatine, qu’il ne contient d’ailleurs qu’en petite quantité, proviennent des membranes renfer- mées dans son intérieur. D'un troisième côté, enfin, il touche aux concrétions morbifiques par son phosphate de chaux, son carbonate de chaux, ct sa cholestérine, matière composante des calculs biliaires de l’homme, et que M. Lassaigne a déjà trouvée dans une concrétion cérébrale tirée d’un cheval. » (Ann. de phys. et de chim., t. IX, p. 327.) « Cette même analyse nous conduit à une autre remarque, qui est l’altéra- lion que le muse éprouve à l’aide du temps, avant d’être appliqué à Pusage médical ; altération que l’on peut assimiler à celle qu’éprouvent les cadavres enfouis en masse dans la terre, et qui a été si bien décrite par Fourcroy. » Le muse étant d’un très haut prix, les marchands ont intérêt à ce qu'il augmente de poids , plutôt que d’en perdre. Ils le conservent donc alternati- vement dans des lieux humides, et dans des vases hermétiquement bouchés, qui retiennent l'humidité dont il s’est chargé. Mais on concoit que le muse, placé dans de pareilles circonstances, éprouve bientôt une altération qui porte surtout sur les principes azotés, et que l'ammoniaque, qui est un des produits de cette altération, étant forcée de rester dans la masse, réagit à son tour sur le suif, et le convertit en partie en graisse acide, formant avec elle une com- binaison semblable au gras des cadavres. Tous les muscs n’offrent pas cette altération au même degré, mais ils la présentent cependant, et les médecins doivent compter employer, non le musc naturel, mais bien celui qui a été ainsi altéré. Nous ne croyons pas que cette connaissance doive les éloigner d'employer un médicament énergique dans plusieurs circonstances ; car l’alté- ration dont nous parlons ne porte que sur lalbumine, la gélatine et la fibrine, substances inertes, et les remplace en partie par de l'ammoniaque réduite à l'état savonneux, dont l'effet, d’ailleurs, a dû entrer de tout temps dans les propriétés médicales qui ont été reconnues au muse. Nous pensons que l’autre produit de la décomposition des matières azotées ci-dessus nommées est la matière très carbonnée et non azotée précédemment décrite : celte matière est probablement inerte comme celles qui lui ont donné naissance, et ne doit rien changer aux propriétés du muse. » (Journ. de pharm., t. VI, p. 105.) Le musc est un puissant tonique et excitant, Les parfumeurs aussi en font un très grand usage. IV. à 66 MAMMIFÈRES. \ Les RUMINANTS A CORNES OSSEUSES ET CADUQUES ne composent qu’un seul genre, qui est celui des cerfs. Ces animaux sônt en général remarquables par l’élégance de leurs formes et la rapidité de leur course. Les mâles ont la tête armée de cornes rameuses nommées boës, qui tombent et se renouvellent chaque année. Les femelles en sont dépour- vues, excepté dans la seule espèce du renne. Le imode de formation et de renouvellement de ces cornes est très simple. À un certain âge, ordinairement lorsque le jeune animal cesse de teter sa mère, il se forme, de chaque côté de l’os frontal , une proémi- nence légère recouverte de la peau, et où un grand nombre de vaisseaux se répandent, car on y sent une vive chaleur. Bientôt cette proéminence s'accroît, en soulevant avec elle la peau qui la recouvre; mais quelques mois plus tard , il se forme à la base du prolongement osseux un cercle de tubercules qui, en grossissant, comprime les vaisseaux nourriciers et les oblitère. D'abord la peau se dessèche et se déchire en lambeaux ; le bois mis à nu se détache à son tour de la base et tombe. Une petite hémorrhagie suit ordinairement, mais après vingt-quatre heures les vaisseaux qui répandaient le sang sont fermés, une mince pellicule recouvre toute la plaie et la production d’un nouveau bois commence immédiatement. Ce nouveau bois acquiert généralement de plus grandes dimensions que celui auquel il succède, et le nombre des branches est aussi plus considérable ; mais sa durée n’est pas plus grande et il se renouvelle toujours chaque année. On peut diviser les cerfs en deux tribus, suivant que les divisions de leur bois sont rondes ou aplaties. Trois espèces seulement les ont apla- ties: ce sont l'élan , le renne et le daim. Tous les autres, parmi lesquels se trouvent les vrais cerfs et les chevreuils, ont les bois arrondis. L'élan (cervus alces L.) est le plus grand des animaux de ce genre; il égale presque la taille du cheval. Il manque de dents canines et de mufle ; ses bois s’écar- tent de la tête et for- ment deux grandes lames aplaties et pro- fondément dentelées (fig. 464), dont le poids s'élève quelque- Fig. 464. fois à 25 kilogrammes. Pour supporter un tel poids, l'élan à reçu un ; É . cou plus court ct plus robuste que les autres cerfs, et qui lui donne un air beaucoup moins élancé, moins noble et même disgracieux. Il à les jambes élevées, RUMINANTS. 67 surtout celles de devant, ce qui le force à les écarter ou à se mettre à genoux lorsqu'il veut paître à terre. Son poil est grossier et cassant ; celui de la nuque et du garrot est beaucoup plus long et forme une épaisse crinière, et l’animal porte sous la gorge une proéminence ou pendeloque couverte de longs poils noirs. L'élan habite les forêts marécageuses dans le nord des deux conti- nents. Il est très sauvage et paisible, à moins qu’il ne soit irrité ; alors sa force le rend très dangereux. Comme il lui arrive quelquefois de tomber en fuyant les chasseurs, et qu’alors on a cru voir qu’il s’in- troduisait le bout du pied gauche dans l'oreille, on en à conclu qu’il était sujet à des attaques d’épilepsie dont il se délivrait par ce moyen, et par suite que le sabot de ce pied gauche, pris à l’intérieur, était efficace pour guérir l’homme de cette terrible maladie. L'origine des propriétés médicales d’un grand nombre de substances autrefois usitées n’est souvent pas mieux fondée. On trouve encore dans le commerce le sabot de l'élan , avec le bas du pied de derrière de l'animal, réduit aux deux grands doigts moyens ongulés, accompagnés par derrière et de chaque côté d’un doigt beau- coup plus court qui ne posait pas à terre, ainsi que cela a lieu dans toute la famille des ruminants. Le poil des doigts est assez court et roussâtre; les ongles sont noirs, de la nature de la corne, et celui du côté intérieur est constanment plus allongé que l’autre. Le remme (cervus tarandus L.) manque de dents canines et de mufle. La femelle, ainsi que le mâle, porte des bois ramifiés dont les andouillers et les empaumures sont palmés (fig. 465 ). Ilest à peu près de la taille du cerf; mais il est plus trapu, pourvu Fig. 465. de jambes plus fortes et plus courtes, et son poil laineux, qui est brun foncé au commencement de l’année, devient pres- que blanc aux jours ca- niculaires. Il habite les contrées glacées des deux continents et constitue la principale richesse des Lapons, auxquels il sert de bête de somme et de trait, et quitrouvent dans son lait et dans sa chair une nourriture substantielle, et dans sa peau un vêtement chaud et solide. La nourriture des rennes consiste 68 MAMMIFÈRES. principalement en une espèce de lichen nommé à cause de cela lichen rangiferus V. (cenomyce rangiferina Ach.), qui est presque la seule production végétale qui se développe pendant le long hiver des régions polaires. Le daim (cervus dama TL.) habite l’Europe tempérée et méridionale, une grande partie de l’Asie et se trouve aussi en Abyssinie. Il présente, chez le mâle seulement, des bois divergents, à base ronde avec un andouiller pointu, aplatis et dentelés en dehors dans le reste de leur longueur (fig. 466). C’est le platyceros de Pline, et non son dama, qui Fig. 466 Fig. 467. appartient aux antilopes. Il n’a pas de dents canines, mais il est pourvu d’un mufle comme le cerf. Le daim est un peu plus petit que le cerf; il est en été d’un brun fauve tacheté de blanc, et en hiver d’un brun foncé uniforme, Cependant les fesses sont blanches en tout temps, avec une raie noire de chaque côté, et le ventre ct l’intérieur des cuisses sont blanchâtres. La queue est plus longue que celle du cerf, noire en dessus, blanche en dessous. Les mœurs du daim sont analogues à celles du cerf. On en connaît une variété d’un brun noirâtre presque uniforme. Le éerf commus (cervus elaphus L.) habite les forêts de toute l’Europe et de l'Asie tempérée, jusqu’au Japon. Le mâle est pourvu de dents canines à la mâchoire supérieure, et de bois ronds et ramifiés. Le mâle et la femelle adultes ont en été le dos, les flancs et le dehors des cuisses d’un fauve brun, avec une ligne noirâtre régnant tout le long de l’épine , et garnie de chaque côté de petites taches fauve pâle. En hiver, ces parties -sont d’un gris brun uniforme. La croupe et la queue RUMINANTS. 69 sont , en tout temps, d’un fauve beaucoup plus pâle. Le petit, àgé de moins de six mois, nommé fuon, à tout le corps parsemé de petites taches blanches. A six mois environ, deux bosses commencent à se montrer sur le front du mâle; mais ce n’est que pendant la seconde année que les bois se développent, sous la forme de tiges simples qui portent le nom de dagues. L'année suivante les branches ou andouillers se forment sur la face antérieure de la tige principale, nommée perche ou nerrain ; enfin, pendant la quatrième année, les bois se couronnent d’une empaumure un peu élargie, divisée en plusieurs pointes (fig. 467). C’estau printemps qu’a lieu la chute de ces bois ; les vieux cerfs les mettent bas les premiers, vers le mois de février, et les plus jeunes en mars, avril ou mai. Tous se cachent alors dans les taillis, d’où ils ne sortent que lorsqu'ils ont la tête ornée d’un bois nouveau qui n’est compléte - ment développé et durci que dans le courant d'août. Peu après com- mence la saison du rut, qui est pour le cerf un temps d’excitation et de fureur presque incroyable. Après cette époque, le cerf est d’une fai- blesse extrême et se retire dans les lieux abondants pour se refaire. Pendant l'hiver, les mâles et les femelles se réunissent en graudes troupes. La biche porte huit mois et met bas en mai ou juin. Elle à le plus grand soin de son faon, et si des chiens le poursuivent, elle se présente et se fait chasser elle-même pour les éloigner, et vient ensuite le rejoindre. La chasse du cerf a fait de tout temps l'exercice des guerriers et l’'amusement des hommes puissants. Sa chair est peu estimée, mais sa peau est recherchée pour la chamoiserie : ses bois constituent une sorte d'ivoire commun dont la coutellerie fait un assez grand usage. Ces bois, principalement composés, comme les os, de phosphate de chaux, de carbonate de chaux et de gélatine, mais sans graisse, sont aussi usités en pharmacie sous le nom de corne de cerf. On les râpe et on les fait bouillir dans l’eau pour en faire des gelées, ou bien on les calcine au blanc, on les porphyrise ensuite, et l’on en forme des tro- chisques. On emploie également lhuile empyreumatique et l'esprit ammoniacal qui proviennent de leur décomposition dans une cornue. Le commerce nous offre la corne de cerf sous deux formes : 1° sous celle de cornichons, qui sont les extrémités des andouillers ; on les des- tine à la calcination ; 2° répée : celle-ci est sujette à être falsifiée avec des os de bœuf, Cette substitution est même tellement reçue, qu’on distingue deux sortes de corne de cerfràpée : /a grise, qui est la véri- table, et /a blanche, qui n’est formée que d’os râpés. A moins donc que d’insister pour avoir de la corne de cerf grise , on vous donnera des os râpés avec autant d'assurance et de repos de conscience qu’on vous livrera une autre fois du sulfate de soude sur une demande de sel 710 MAMMIFÈRES. d'Epsom, par la raison qu'à force de substituer le premier au second, on a fini par lui donner le nom absurde de se! d'Epsom de Lorraine, et qu'il est devenu par là, aux yeux de bien des gens, une espèce de sel d’'Epsom. On employait dutrefois la graisse et la moelle de cerf; on pourrait le faire encore, si l’on était certain de les avoir pures et en bon état ; faute de cette assurance, il n’y a pas d’inconvénient à les remplacer par de la graisse et de la moelle de bœuf, On employait également ce qu’on nommait l’os de cœur de cerf, qui n’est autre chose que la crosse de l'aorte endurcie et presque ossi- liée dans les vieux cerfs ; elle est tout à fait oubliée. Le cerf du Canada n’est probablement qu’une variété de notre cerf commun ; il est d’un quart plus grand, et ses bois, qui sont très déve- loppés, n’offrent pas d’empaumure élargie à l'extrémité. Le eerf de Ia Louisiane est au contraire plus petit que le nôtre; il a les bois plus courts el courbés en arc de cercle en dedans et en avant. L'Inde pos- sède aussi plusieurs espèces de cerf dont une très élégante, nommée axis. ressemble beaucoup au daim par sa taille, sa livrée de taches blanches répandues sur tout le corps, et la longueur de sa queue ; d’un autre côté, l’axis se rapproche du cerf par ses bois ronds, mais il s’en distingue parce qu'il ne porte jamais qu’un andouiller à la base de la perche et un second vers l'extrémité, Ces bois se trouvent dans le com- merce et peuvent être employés comme ceux du cerf. Le ehevreuil est le plus petit des cerfs d'Europe. Ses bois, peu dé- veloppés, s'élèvent perpendiculairement sur la tête, sont ronds et ne portent qu’un andouiller très court aux extré- mités (fig. 468). Il est ordinairement d’un brun roux. Il vit par couples dans les forêts élevées de l'Europe tempérée, entre en rut en novembre, perd son boisen décembre, et se refait pendant l'hiver. La chevrette porte cinq mois et demi, et met bas deux petits, l’un mâle, l'autre fe- melle, qui restent avec leurs parents jusqu'à ce " qu'ils aient eux-mêmes une famille. La chair du chevreuil est très estimée. La girafe (camelopardalis girafa XL.) con- stitue à elle seule une des divisions de la famille des ruminants, caractérisée par deux petites cornes coniques, per- sistantes et toujours recouvertes par une peau velue. Leur noyau osseux est d’abord articulé par une suture sur l'os frontal; mais il finit par s’y souder. Au milieu du chanfrein est un tubercule que l'on doit considérer comme une troisième corne, plus large et beaucoup plus Fig. 468. RUMINANTS,. 7i courte que les deux autres. Cet animal est d’ailleurs un des plus remar- quables qui existent, par la bauteur disproportionnée de ses jambes de devant et la longueur de sou cou, qui élèvent sa petite tête à environ 6 mètres du sol. Son pelage est ras, lisse et de couleur grise, tout par- semé de taches anguleuses fauves. Il porte sur le cou une petite cri- nière grise ou fauve. 11 habite les déserts de l'Afrique, où il se nourrit de feuilles d’arbres. Il est d’un naturel fort doux et vit par petites trou- pes de cinq ou six individus. Il fuit avec une grande vitesse devant le danger, mais se défend par des ruades vigoureuses si la fuite lui est impossible. Les RUMINANTS A CORNES CREUSES NON CADUQUES sont {rès noin- breux et renferment ceux dont l'homme civilisé fait sa principale nour- riture. Leurs cornes sont principalement composées d’une gaîne élas- tique, formée de poils agglutinés, de même que le sabot de leurs pieds, et constituant la substance qui porte spécialement aussi le nom de corne. Ces cornes se développent sur deux protubérances de l'os frontal, et la principale différence d'organisation observée dans cette famille dépend de la structure de ces protubérances qui, dans le genre antilope, sont solides et sans cavités apparentes, tandis que dans les genres ou sous- genres chèvre, mouton et bœuf, ces protubérances ou chevilles osseuses présentent des cavités qui communiquent avec les sinus frontaux. Les antilopes ressemblent pour la plupart aux cerfs, par l'élégance de leur taille et la vitesse de leur course, On en connaît un grand nom- bre d’espèces répandues par toute l’Afrique et dans une grande partie de l'Asie, où elles servent de pâture au lion, à la panthère, au tigre et aux autres forts carnassiers. Les principales espèces sont : La gazelle commune d'Afrique (antilope dorcas L.; Buff., & XII, pl. 23). Elle a la forme élégante du chevreuil, et la douceur de son re- gard fournit une comparaison sans cesse renaissan{e à la poésie galante des Arabes. Elle a les cornes rondes, grosses, noires, annelées, pointues et à double courbure. La corinne , le kevel et l’ahu de Kæmpfer en diffèrent très peu. Le saïga (antilope saïga Pall., colus de Strabon), habite Ja Sibérie méridionale, la Russie, la Pologne, la Hongrie, la Moldavie et la Vala- chie. 11 est grand comme un daim et a les cornes de la gazelle, mais jau- pâtres et transparentes. Son museau cartilagineux, gros et bombé, le force à brouter en rétrogradant, comme l'élan. Il se réunit quelquefois en troupes de plus de dix mille. L’antilope des Indes (ant. cervicapra Pall.; Buff., Suppl, t. VI, pl. 48 et 19). Elle est très semblable à la gazelle, mais grande comme un daim et pourvue de cornes rougeâtres, à 3 ou 4 courbures. La fe- melle n’en porte pas. 72 MAMMIFÈRES. Le bubale des anciens (ant. bubalis L.; Buff., Suppl, & VI, pl. 14). ILest commun en Barbarie. Il est de la taille d’un cerf, mais il a les proportions plus lourdes, la tête plus longue et plus grosse, le pelage fauve, excepté le bout de la queue, qui est terminé par un amas de poils noirs. Ses cornes sont annelces, à double courbure dirigée en sens con- traire des précédentes, avec la pointe brusquement tournée en arrière. Le eaama, ou cerf du Cap des Hollandais, en diffère peu. L'antilope à longues cornes droites (Buff., Suppl, t. VE, pl. 47). Cet animal habite l'Afrique, au nord du cap de Bonne-Espérance. Il est grand comme un cerf. Ses cornes sont noires, grêles, presque droites, longues de 60 à 100 centimètres, annelées en spirales interrompues dans leur moitié inférieure, presque unies dans l’autre moitié, et très aiguës à la pointe. Ce doit être une arme fort dangereuse. La femelle en porte de semblables, mais plus petites. Le même animal ou une espèce très voisine, décrite par Pallas sous le nom d’anfilope oryx, se trouve au Thibet. C’est lui qui, ayant perdu accidentellement une de ses cornes, a été décrit par les anciens naturalistes sous Je nom de licorne. L'antilope à longues cornes courbes, Où l’algazel (ant ilope ga- sella X.3 ant. leucoryx Lichtenst.). Cette espèce habite l'Afrique sep- tentrionale, depuis la Nubie jusqu’au Sénégal. Ses cornes ne diffèrent de celles de la précédente que parce qu’elles sont courbées en un arc de cercle tel que, pour une corde de 73 centimètres, la distance de la corde au milieu de l'arc est de 12 centimètres (4). Get animal est proba- blement l'oryx des anciens. Le coudous (antilope strepsiceros Pall.). Ce bel animal se trouve re- présenté par Buffon, dans son Supplément, t&. VI, pl. 13. Il est grand comme un cerf, d'un gris brun rayé de blanc, et le mâle seal porte une paire de cornes longues de 4 mètre (Buff., //esf. nat., t. XII, pl. 359), lisses, à triple courbure, avec une seule arête longitudinale légèrement spirale. 1l a une petite barbe sous le menton et une crinière le long de l’épine. Il vit isolé au nord du cap de Bonne- Espérance. Le nylgau (ant. picta Gimel.; Bull, Suppl., t VI, pl. 40 et 11) Grand comme un cerf et plus; des cornes très courtes, unies, coniques, courbées en avant; un bouquet de barbe sous le milieu du cou; des doubles anneaux noirs et blancs fort tranchés aux quatre pieds, immé- diatement au-dessus des sabots. La femelle n’a pas de cornes. Il habite les Indes. Le gnou (antilope ynu Gmel. ; Buf., Suppl. , & VE, pl 8 et9). (4) Une autre corne d’algazel, dont la corde a 88 centimètres, pré- sente 45 centimètres de perpendiculaire au milieu; une corne d’oryx du Cap, dont la corne a 99 centimètres, ne présente que 6',7 de perpendicu- laire. RUMINANTS. 75 Animal fort singulier, vivant dans les montagnes, au nord du Cap. Il à le corps et la croupe d’un petit cheval, avec une queue garnie de longs poils blancs, une crinière redressée sur le cou, une autre crinière sous la gorge et sous le fanon, un cercle de cils blancs autour des yeux et une garniture de longs poils tout autour du museau. Les deux sexes ont des cornes dirigées d’abord en avant, puis brusquement recourbées vers le haut. Le chamois (antilope rupicapra L.; Buf., t. XII, pl. 16). C’est le seul ruminant propre à l’Europe que l’on puisse assimiler aux antilopes ; car le saïga, qui en habite les parties orientales, paraît y être venu de la Sibérie. Le chamois est de la taille d’une grande chèvre; il a le pelage brun foncé, avec une bande noire descendant de l'œil vers le museau. Ses cornes sont droites avec une pointe subitement recourbée en ar- rière comme un hamecon (fig. 469). Il habite les Alpes et les Pyrénées, - où il porte le nom d’ysard. Il court avec la plus grande facilité sur les pentes les plus escarpées, et franchit les préci- pices en bondissant de rocher en rocher. Aussi sa chasse est-elle très pénible et souvent dange- reuse, Sa chair passe pour être bonne à manger, tandis qu’elle serait malsaine, suivant d’autres. Il fournit un suif de bonne qualité, et sa peau débourrée, parée et foulée à l'huile, dans l’art du chamoïiseur, présente quelques qualités par- ticulières et une grande souplesse. Elle est sur- tout propre à passer le mercure que l’on veut débarrasser de ses impuretés, ou séparer des amalgames produits dans l'exploitation des mé- laux précieux. Les chèvres et les moutons constituent non seulement un seul genre, mais sont formés d'espèces tellement voisines, que celles-ci peu- vent toutes produire ensemble des métis féconds, ce qui, joint à l’état de domesticité où la plupart ont été réduites, en multiplie beaucoup les variétés et rend la filiation des races difficile à établir. Quatre espèces primitives et sauvages, particulières à certaines contrées, paraissent ce- pendant avoir produit toutes les races de chèvres et de moutons. Ce sont, pour les chèvres, l’&gagre et le buuquetin, et, pour les moutons, l'er- gali et le mouflon. Les ehèvres on pour caractères particuliers : des cornes comprimées, dirigées en haut et en arrière, ridées transversalement ; le chanfrein droit ou concave (1); le menton généralement garni d’une longue barbe. Fig. 469. (4) Le chanfrein est le devant de la tête, depuis les yeux jusqu'aux naseaux. 74 MAMMIFÈRES. L'ægagre (capra wqugrus Gm.) paraît être la souche de nos chèvres domestiques, dont il offre la taille et les allures; mais il est d’un gris roussâtre en dessus, avec une ligne dorsale noire et la queue noire. La tête est pareillement noire en avant et rousse sur les côtés. La gorge et la barbe sont brunes, Le mâle, ou le bouc, a les cornes très grandes et fortement arquées en arrière, sans retour sur les côtés. Elles sont tran- chantes par-devant, arrondies sur leur face postérieure, avec des an- neaux transversaux très marqués. La femelle a des cornes très petites ou nulles. Cet animal habite par troupes les montagnes du Caucase, de l'Arménie, de la Perse et du Thibet. Les Persans le nomment pasèn et altribuent de grandes propriétés à une concrétion résineuse formée dans ses intestins; je la décrirai plus loin sous le nom de bézoard ‘oriental. Quelques personnes ont pensé que l'ægagre se trouvait également sur les montagnes d'Europe, et l’on voit souvent en effet, à la tête des trou- peaux de chèvres qui paissent sur les Alpes et les Pyrénées, quelques individus d’une espèce plus grande, qui offrent les caractères de l'æ- gagre; mais il y a lieu de croire que ce sont des métis nés du bouquetin et de la chèvre. * La chèvre domestique (capra hircus L.), bien représentée par Buf- fon (t. V, pL 8 et 9), diffère de l'ægagre par ses cornes qui, après s'être élevées en se courbant en arrière, comme dans l'ægagre se recourbent horizontalement en dehors et un peu en avant, de manière à figurer un commencement de spirale (fig. 470). Elles sont arrondies sur chaque face et sur le bord postérieur et extérieur ; mais le bord antérieur est tranchant, inégal et quelquefois tuberculeux d’espace en espace. La sur- Fig. 470. Fig. 471. face de ces cornes est marquée sur presque toute leur fongueur d’an- nelures transversales, ondoyantes et très rapprochées. La femelle, ou la RUMINANTS. 75 chèvre proprement dite, a souvent des cornes comme Le bouc, mais elle les a moins fortes et moins grandes, et elle peut en manquer compléte- went (fig. 471). Les couleurs les plus ordinaires du bouc et de la chèvre sont le blanc et le noir, et il y en. a de blancs et de noirs en entier ; mais le plus grand nombre sont en partie noirs et blancs. Le poil est dur et de longueur inégale sur les différentes parties du corps. Ces animaux, malgré leur état de domesticité, ont conservé les allures de l’état sau- vage ; ils sont vifs, alertes, capricieux, vagabonds, et aiment à grimper sur les endroits élevés. Ils ne prospèrent pas dans les pays de plaine et recherchent les pâturages secs et montueux ; ils ébourgeonnent aussi les arbres et leur causent un grand préjudice. La chèvre, lorsqu'elle est bien nourrie, donne. beaucoup de lait proportionnellement à sa gros- seur. Ge liquide a un goût particulier et ne produit qu’un beurre d’une qualité médiocre; mais on l’emploie avec avantage à la fabrication des fromages. On ne mange guère que la chair du chevreau; la peau de chèvre sert à faire du maroquin et du parchemin. Les outres dont on se sert dans les pays chauds pour contenir de l’eau, du vin et de l'huile, se . font ordinairement en peau de bouc. La domesticité et le croisement des races ont apporté de grands chan- gements chez ces animaux. La chèvre commune a conservé les oreilles droites et mobiles ; mais la chèvre mambrine ou de Syrie les a très allongées et pendantes, avec les cornes très courtes et le poil fauve et court. La chèvre d'Angoraa les oreilles pendantes également ; mais le mâle a les cornes très grandes et contournées en spirales cylindriques (en tire-bourre) qui s'écartent horizontalement de la tête, et la femelle les a plus courtes, réduites à former un seul cercle ou tour de spire, qui vient se terminer en avant, tout auprès de l'œil (Buffon, t. V, pl. 40 et 11). Mais ce qui donne du prix à cette variété, c’est son poil très long, très fin, ondoyant et lustré comme la soie, et dont on fait de très belles étoffes. Les chèvres du Thibet, dites de Cachemire, et celles du pays des Kirgis, qui ont été introduites en France en 1819, par les soins de M. Amédée Jaubert, sont encore plus précieuses sous ce rapport. Il ne paraît pas, malheureusement, que ces chèvres se soient répandues en France, ni qu'elles aient exercé une influence avantageuse sur notre race indigène. Le bouquetin, ou bouc-estain (1) (capra tbex L..), habite les sommets les plus escarpés des Alpes. Il est de la taille d'un bouc ordinaire, cou- vert d’un poil gris fauve sur le dessus du corps, avec une bande noire sur toute l’épine du dos, jusqu'au bout de la queue; le dessous du corps est d’un blanc sale. Le mâle se distingue par la grandeur de ses cornes (4) Bouc-estain signifie bouc des rochers ; en allemand, stein-bock. 76 MAMMIFÈRES. comparée à la sienne propre. Buffon en à fait figurer une paire ayant 89 centimètres de longueur ; mais celles qui existent à l’École n’ont que 72 centimètres pris suivant la courbure dr l’arête interne de la face, et h2 centimètres pour la longueur de la corde. Elles ne sont guère séparées sur Je front que de l'épaisseur d’un doigt; mais elles s’écartent insensi- blement, en se recourbant en arrière et faiblement en dehors, de manière à offrir à l'extrémité une ouverture de 69°,5. Elles ont 23c,5 de tour à la base. Elles sont comprimées latéralement, plus en arrière qu’en avant, et présentent une face antérieure rectangulaire, dont l'angle interne est bien marqué par une arête saillante, et l'angle externe ar- rondi. Elles présentent des plis circulaires très nombreux et très rap- prochés, qui, de distance en distance, prennent un plus grand dévelop- pement et forment des saillies transversales, et plus haut, des tubercules très proéminents. On compte ainsi 49 fortes saillies transversales tuber- culeuses. La face postérieure des cornes est plus étroite que l’anté- rieure, beaucoup plus unie, arrondie des deux côtés, et finit en s’amin- cissant par former une seule arête arrondie. Les deux cornes pèsent en- semble plus de 3 kilogrammes. Le bouquetin de Crète, observé par Belon, diffère très peu du pré- cédent, ainsi que le bouquetin du Caucase, dont les cornes sont cepen- dant plutôt triangulaires que carrées, obtuses par-devant, mais du reste semblables. Le sang du bouquetin desséché était autrefois usité en médecine comme avtipleurétique. On le trouve encore dans le commerce, enfermé dans de petites vessies qui ont la forme d’un saucisson. 11 est noir, lui- sant, cassant et sans saveur. Il n’est plus employé. Les moutons ont le chanfrein bombé, les cornes arrondies, ridées et annelées, le menton non barbu. On les croit tous descendus de deux races primitives, l’argali de Sibérie et le mouflon de Corse. L'argali de Sibérie (ovis ammon L.; Pall., Spicilegia, X1, 1,) porte chez le mâle de très grosses cornes à base triangulaire, arrondies aux angles, aplaties en avant, striées en travers, courbées en arrière et en dchors, de manière à former un tour de spire presque complet, et à venir se terminer près de l'œil. La femelle les a comprimées et en forme de faux. Le poil d’été est ras et gris fauve; celui d’hiver est épais, dur, gris roussâtre. Cet animal habite les montagnes de toute l'Asie; il est grand comme un daim, et se rapproche plus par ses allures et son agi- lité du bouquetin que du mouton domestique. Le moufton de Corse (ovis musimon Pall.) était nommé par les Latins musmon ou musimon; les Sardes l'ont appelé mufione, et c'est de l’une ou l’autre de ces appellations qu'est dérivé son nom actuel. Sa taille est un peu plus grande et plus élancée que celle de nos moutons RUMINANTS. 77 domestiques. Sa toison de laine est courte et grisâtre, et disparaît sous un poil plus long, analogue à celui de la chèvre, fauve ou noirâtre; il a la queue courte, une crinière sous le cou, des cornes très grosses el ar- rondies qui se recourbent en demi-cercle et n’atteignent pas le garrot (le haut de l'épaule). La femelle n’a des cornes que rarement, et fort petites. Le mouton domestique (1) (ouës aries L., fig. 472), au lieu d’avoir les formes sveltes et gracieuses et l’agilité des races sauvages, est lourd, indolent et presque dénué d'intelligence. Il présente un très grand nombre de variétés qui diffèrent par leur taille grande ou petite, par leurs cornes plus ou moins grandes, manquant chez la femelle ou dans les deux sexes; par leur laine commune ou fine, etc. Les variétés les plus recherchées pour leur toison sont celle du #érinos d'Espagne , à laine fine et crépue et à grandes cornes spi- rales chez le mâle, et celle d'Angleterre, à laine fine et longue. Les moutons des Indes et < de Guinée sont privés de cornes et ont la queue longue, lesjambes élevées, le chanfrein très convexe, les oreilles pendantes, le poil ras. La race de Perse et de Tartarie a la queue entièrement transformée en un double globe de suif. Celle de Syrie et de Barbarie a la queue semblable, mais plus longue et quelquefois d’un poids si considérable, qu’on est obligé d’atteler l’animal à une brouette destinée à la supporter. Dans toutes deux, les oreilles sont pendantes, les cornes grosses aux béliers et la laine mêlée de poils. Le mouton est précieux par sa chair, son suif, son lait, sa laine et son fumier. Les troupeaux qui en sont formés, étant bien employés, portent la fertilité partout. Sa peau, dépouillée de sa laine, a aussi d'importants usages. C’est avec elle que l’on prépare, suivant le procédé de fabrica- tion, la basane qui couvre les livres reliés et les chaussures légères; la peau blanche qui sert à la confection des gants et à la doublure des sou- liers; le parchemin, le vélin et les peaux chamoisées et maroquinées, substituées souvent au chamoïs et au vrai maroquin. (1) Le mouton est plus particulièrement le mâle châtré : mais comme c’est lui qui forme la plus grande partie des troupeaux, il a donné son nom à l’es- pèce ; de même que la chèvre, composant la presque totalité des troupeaux de chèvres, a donné également son nom à l'espèce. Le mouton au-dessous d’un an porte le nom d’agneau ; d’un an à deux, on le nomme antenoïs ; le mâle adulte se nomme bélier, et la femelle brebis. 78 MAMMIFÈRES, Les bœufs sont de grands animaux à muflé large, à taille trapue, à jambes robustes, dont les cornes sont dirigées de côté et reviennent en- suite, sous forme de croissants, en haut, en avant ou en arrière, suivant les variétés. Le bœuf commun (1) (bos faurus L.) paraît avoir été naturellement répandu autrefois dans toutes les parties tempérées de l’ancien conti- nent, mais il n'y existe plus aujourd’hui à l’état sauvage. Les anciens l'ont cependant connu à cet état et l'ont décrit sous le nom d’urus. Il a le front plat, plus haut que large, et les cornes rondes et coniques, pla- cées aux deux extrémités de la ligne la plus élevée qui sépare le front de l'occiput. Dans les crânes fossiles qui paraissent avoir appartenu à la race sauvage, les cornes se‘recourbent en avant et vers le bas; mais dans les nombreuses variétés produites par la domesticité, elles ont des directions et des grandeurs bien différentes, quelquefois même elles manquent tout à fait. Le bœuf commun a treize côtes et six vertèbres lombaires, comme la plupart des ruminants; sa tête est terminée par un large mufle, et Ja peau inférieure du cou, lâche et pendante, forme un grand pli, nommé fanon, qui se prolonge jusqu'à l'intervalle qui sépare les jambes de de- vant. Il a le poil ras et couché sur la peau, à l'exception d’une petite cri- nière placée entre les cornes et sur la partie supérieure du cou. Il est le plus ordinairement de couleur fauve rougeâtre; mais il est souvent taché de noir et de blanc ou de couleur 7e, et quelquefois tout noir ou tout blanc. Le bœuf domestique s’est propagé en abondance dans les quatre par- ties du monde. Il s’est prodigieusement multiplié en Amérique, où il a été importé par les Espagnols, et il y est même retourné en partie à la vie sauvage. On en trouve dans l’Inde, dans la Perse, l'Arabie ct dans dans toute l’Afrique au sud de l'Atlas, une variété nommée zébu, re- marquable par une forte loupe graisseuse portée sur les épaules, et ces zébus peuvent différer considérablement par la taille, qui tantôt égale presque celle de notre bœuf, et tantôt ne dépasse pas celle du co- chon. Tantôt également ils ont des cornes très grandes et solides, et d’autres fois ils en ont qui sont très petites, adhérentes seulement à la peau et mobiles, parce que l'axe osseux ne s’est pas développé. Les bœufs de nos climats diffèrent moins entre eux, quoiqu'ils offrent en- (1) Le bœuf est proprement le mâle coupé; mais comme c’est lui qui domine dans les troupeaux , il a donné son nom à lespèce et même à tout le genre. Le mâle se nomme taureau, la femelle vache , et, quand elle n’a pas encore élé couverte, génisse ; le petit se nomme veau, RUMINANTS. 79 core de grandes variations sous le rapport de la taille, de la grandeur et de la direction des cornes, etc. Le bœuf ordinaire peut avoir de 2",20 à 2,45 de longueur en ligne droite, depuis l'extrémité du mufle jusqu'à l’origine de la queue ; 1",25 à 1®,30 de hauteur aux épaules, 2 mètres de circonférence derrière les jambes de devant, et il pèse, terme moyen, 350 kilogrammes. Mais, en France, les bœufs ne pèsent souvent que 250 kilogrammes, et l'on en a vu d’autres peser 1500 kilogrammes cu davantage. Les bœufs sont en général lents dans leurs mouvements et faciles à conduire, mais leur force est considérable ; la colère les rend furieux, et leurs cornes, dont ils se font une arme puissante, les rendent alors très dangereux. La vache est plus douce et susceptible d’attachement pour les personnes qui la soignent; mais le taureau est toujours farouche et très irascible. Aussi ne conserve-t-on entiers que ceux que l’on destine à la propagation de l’espèce ; tous les autres sont châtrés à l’âge de dix- huit mois ou deux ans, puis employés aux travaux de l’agriculture pen- dant quelques années, et enfin engraissés pour être livrés au boucher. Les vaches peuvent servir aux mêmes usages; mais, en général, on les consacre exclusivement à la multiplication de l'espèce et à la production du lait. Dans l’état demi-sauvage où elles se trouvent en quelques pays, dans la Colombie, par exemple, les mamelles sont peu développées et le lait se tarit aussitôt que le petit cesse de teter ; mais dans l’état de do- mesticité, les mamelles prennent un volume considérable et continuent à fournir du lait jusqu’au moment où la vache est près de vêler de nouveau. La quantité qu’elle peut en fournir varie suivant l’âge, la race, l'abondance de la nourriture, etc. C’est à l’âge de ciuq ou six ans, et dans les premiers mois qui suiventle part, qu’elle en donne le plus. Les vaches ordinaires de nos campagnes en donnent près de 6 litres par jour ; les belles vaches suisses en fournissent de 10 à 41 litres, et celles de la Frise jusqu’à 43 litres. La vache paraît n'avoir qu’une seule ma- melle à quatre tetins (fig. 473), éloignée de la vulve de 60 centimètres environ. Mais ces tetins sont disposés de manière que les deux d’un même côté ne sont distants l’un de l’autre que de 5°,5, tandis que les deux postérieurs sont éloignés entre eux de 8 centimètres et les deux antérieurs de 12 centimètres, ce qui indique la connexion de deux mamelles col- latérales portant chacune deux mamelons. Cette distinction devient encore plus cer- taine à l’intérieur , où l’on trouve deux glandes mammaires collatérales, réunies par du tissu cellulaire, chaque glande mammaire présentant à sa partie inférieure deux cavités qui répondent chacune à 80 MAMMIFÈRES. un tetin, et se terminent par un petit canal.de 2 millimètres de diamètre (fig. 474). L'auroehs, nommé par les anciens bonasus et bison, a passé pendant longtemps pour être la souche sauvage de nos bœufs domestiques; d’au- tant plus que le nom wrus que les anciens donnaient au bœuf sauvage, aujourd'hui disparu, paraît être l’origine du nom aurochs. Mais les osse- ments fossiles du vrai bœuf sauvage , qui ont été trouvés en divers en- droits de l’Europe, joints aux différences essentielles qui existent entre les squelettes du bœuf et de l’aurochs, montrent que celui-ci est une espèce très distincte du premier. L’aurochs à le front bombé, plus large que haut, et ses cornes * sont attachées au-dessous de la crête occipi- tale. Il a une paire de côtes de plus et une vertèbre lombaire de moins; il a les jambes plus hautes, les cornes petites, la queue longue, et une crinière laineuse qui lui couvre la tête, toute l’encolure jusqu'aux épaules et le dessous de la mâchoire, le cou et le poitrail. Le mâle répand une forte odeur de musc. C’est un animal farouche, qui vivait autrefois dans toute l’Europe tempérée, mais qui n'existe plus aujourd'hui que dans les forêts marécageuses de la Lithuanie, de la Hongrie et du Caucase, C’est le plus grand des quadrupèdes propres à l'Europe; sa peau a deux fois l’épaisseur de celle du bœuf. Le bison d'Amérique (buf/alo des Américains) a beaucoup de rap- port avec l’aurochs par sa grande taille (2), par sa tête couverte d’une longue laine crépue, ainsi que tout le cou, le poitrail et les épaules. Mais il a quinze paires de côtes, et quatre vertèbres lombaires seule- ment ; il a le dos plus élevé et comme bossu à l'endroit des épaules, la croupe plus faible et la queue plus courte. Le buffie est originaire de l'Inde, d’où il a passé, pendant le moyen Fig. 474 (4). (1) Fig. 474. Tetin de vache ouvert, présentant une des cavités inférieures de la glande mammaire. Celle-ci est composée d’un nombre infini de granules mous d’une teinte jaunâtre ou rougeâtre, renfermant les dernières ramifica- tions des vaisseaux sanguins et les premières des conduits lactiféres. Ces conduits se réunissent peu à peu pour former huit ou dix conduits princi- paux aa a , qui viennent s'ouvrir dans la cavité du tetin. ccc, Granules glanduleux ; dd, tube conique du tetin, présentant un cer- tain nombre de plis à sa surface interne ; e, ouverture du telin. (2) Il a 3®,30 de longueur du bout du museau à l’origine de la queue, et pèse de 800 à 1000 kilogrammes, RUMINANTS. s1 âge, en Arabie, en Grèce et en Italie. IL a le front bombé, aussi large que haut, très épais. Ses cornes sont placées, comme dans le bœuf, aux deux extrémités de l’arête cervicale ; mais elles sont dirigées de côté et en arrière, et marquées en avant d’une arête longitudinale saillante. IL à le même nombre de côtes que le bœuf, la peau très épaisse et le poil très ras, excepté aux joues ct à la gorge. Il aime les terrains marécageux et se nourrit de plantes grossières qui ne pourraient suffire au bœuf. Il est d’une force considérable, et très difficile à dompter. Le bufle du Cap a les cornes très grandes, dirigées de côté et en avant, remontant de la pointe, aplaties, et tellement larges à leur base qu’elles recouvrent presque tout le front. C’est un très grand animal, d’un naturel excessivement féroce, qui habite les bois de la Cafrerie. Le bœuf musqué d'Amérique (Dos moschatus Gm.) à les cornes rapprochées et dirigées comme le précédent, mais se rencontrant sur le front par une ligne droite. Son front est bombé et le bout de son mu- seau est garni de poils. Il est couvert d’un poil touffa qui pend jusqu'à terre. Il répand avec plus de force que tous les autres l’odeur musquée commune à tout le genre. On ne le voit que dans les parties les plus froides de l’Amérique septentrionale; mais on en à trouvé quelques os- sements en Sibérie. L'espèce du bœuf domestique ne se recommande pas seulement par les services qu’elle rend à l’agriculture, par le lait qu’elle fournit, et par sa chair qui, appliquée à la nourriture des nations européennes, est peut-être la cause première de leur suprématie numérique, intellectuelle et industrielle (1). Toutes les parties du bœuf sont utiles, et leur exploi- tation a créé un grand nombre d'industries que je ne puis qu’indiquer. La peau de bœuf tannée, ou rendue imputrescible par la combinaison de l’acide tannique de l’écorce de chêne ou du sumac avec la substance gélatineuse qui la constitue presque entièrement, se change en cwr fort, qui forme la semelle de nos chaussures, et que l’on applique également à la carrosserie et à une multitude d’autres usages. Les peaux de vache et de veau fournissent des cuirs plus minces qui sont œuvrés, assouplis, imbibés de suif ou d’huile, teints en noir à l’aide du sulfate de fer, ou colorés de toute autre manière, ou laissés dans leur couleur naturelle, et appliqués de même à la confection des chaussures, à la carrosserie, à la sellerie, à la reliure des livres, etc. A Paris seulement, on tanne chaque année plus de 50000 peaux de bœufs ou de vaches, et plus de 60000 peaux de veaux. On évalue à plus de 36 millions la valeur des peaux employées annuellement en France par les tanneurs, et on estime que (1) Il est évident que les Anglo-Aïéricains font partie de la grande famille européenne. IV. 6 82 MAMMIFÈRES. leur conversion en cuir plus ou moins ouvré en double le prix ; mais toutes ces peaux ne proviennent pas du sol; on en importe une grande quantité du Brésil, de Buenos-Ayres, de Russie, etc. Les poils dont on dépouille ces peaux sont employés à divers usages : après les avoir filés, on en fait une étoffe grossière nommée {hibaude, dont les rouliers se servent comme de manteau, et qui sert aussi à la doublure des tapis de pied, La corne des bœufs, qui est formée d’une substance fibreuse, élas- tique, demi-transparente, de la même nature que les poils, est employée à faire des peignes et d’autres ouyrages de tabletterie. On la colore avec des sels métalliques pour lui donner l'apparence de l’écaille, ou bien on la décolore par le moyen du chlore, on la ramollit par une longue ébullition dans l’eau, on la soude et l'on en forme des masses com- parables à l’agate, que l’on moule cu que l’on tourne pour en faire une foule d’ustensiles et d'objets d'ornement. La membrane musculaire des petits intestins sert äux boyaudiers pour faire des cordes pour les instruments de musique, et la membrane séreuse qui fixe ces intestins aux parois de l'abdomen, étant convenable - nent préparée , devient de la baudruche. La graisse de bœuf, à laquelle on donne le nom de suif, est moins consistante à froid et un peu plus fusible que celle du mouton; mais comme elle est beaucoup plus abondante, en raison du poids de l’ani- mal, c’est elle qui forme la majeure partie du suif consommé par l’art du chandelier et aujourd’hui par le fabricant d’acide stéarique. Le sang de bœuf récent est employé, à l'instar de l’albumine de l'œuf, pour la clarification des sirops de sucre, ou bien étant desséché, mélangé avec de la terre, il constitue un excellent engrais. Les os de bœuf n'ont pas des applications moins variées ni moins im- portantes. Les plus gros, après avoir servi dans les cuisines, à la prépa- ration du bouillon, sont livrés aux tourneurs et aux tabletiers qui en font des spatules, des manches de couteau , des étuis, des dominos, etc. C’est l’ivoire du peuple, comme la corne en est l’écaille. Les débris qui proviennent de cette fabrication, bien loin d'être perdus, servent à toutes les fabrications suivantes. Les os ordinaires servent à la préparation de la gélatine, A cet effet, ils sont lavés, cassés ou broyés grossièrement , puis portés à l’ébullition dans l’eau, afin d’en extraire la graisse qui vient nager à la surface. On les traite ensuite par l'acide chlorbydrique affaibli, qui les prive de phosphate de chaux et les réduit à leur partie cartilagineuse. On soumet celle-ci à une forte ébullition dans l’eau qui la convertit en gélatine susceptible de se prendre en gelée ferme par le refroidissement. Cette gelée est ensuite coupée par plaques minces que l’on pose sur des cordes RUMINANTS. 83 tendues sur des châssis, et dont on opère la dessiccation dans dé vastég séchoirs. On peut également extraire la gélatine des 6s én les traitant directement par l’eau, à une température supérieure à 100 degrés, däns uu autoclave ou marmite de Papin; mais oh n'obtient par ce procédé qu'une gélatine de qualité inférieure. Les os qui ont subi cette 6jéra- tion et tous ceux qui ne servent pas à la fabrication de la gélatiié, sont décomposés par le feu, dans des vases fermés, et convertis en charbon animal, noir animal où noir d'os; très usité dans la peinture coii- mune, et dont les raffineuts de sucre font aussi un grand usage pour la décoloration de leurs sirops. La gélatine animäle n'est pas toute extraile des os ét prénd diffé- reots noms dans le commerce, suivant qu’elle ést destinée à l’alimonta- tion où aux arts Celle qui est presque incolore, inodore, insipide; réduite en plaques très minces et de la plus belle transparence, s'appelle grenétine, du nom du fabricant de Rouen qui l’a préparée d’abord. On l'extrait des os traités par l'acide chlorhydrique, ou mieux encore de peaux récentes de jeunes animaux et de cartilages de veaux. La colle de Flandre ordinaire est en plaques un peu plus épaisses, longues de 18 centimètres, larges de 5 à 6; jaunes et d’üne transpa: rence un peu nébuleuse, Elle cst quelquefois sèche et inodôre, et c'est la meilleure, le plus souvent hygrométrique et d’une odeur désagréable. On l'emploie dans uné foule d'arts et en pharmacie, pour là composition des bains gélatineux. Enfin la co/le-forte des nienuisiers 6ù colle de Givet ; est sous forme de plaques carrées, de 16 à 18 centimètres du côté, épaisses de 1 centimètre, plus où ioins brunés et en pattic solubles dans l'eau. Du Lait. Le lait est un liquide blanc, opaque, d’ane saveur douce et sucrée , sécrété du sang par les glandes mainmaires, dans les animaux qui ont pris de cétle Conformation le nom de mammifères , et destiné à servir dé prétière nourriture à leurs petits qui naissent vivants, mais hors d'état de se suffire à eux-mêmes. Ce liquide, considéré dans les animaux herbivores qui sont les seuls dent le lait suit appliqué à la nourriture de l'homnie,; et même dans d’autres animäux qui ne se nourrissent pas exclusivément de matières aniniales, comme est l'homme lui même, est à peu près identique dans sa composition et ne varie guère que par la Proportion de ses matériaux. Cette composition , qui est d’ailleurs assez simple, est telle qu’elle forme un aliment complet et qui suffit au déve- loppement des jeunes animaux. Elle leur présente , dans la caséine, ue matière azotée organisable , capable de produire tous les tissus de l’éco- nomie ; dans le beurre et le sucre de lait 6ü lactose, les éléments 8h MAMMIFÈRES. combustibles qui deviennent la principale source de calorification ; enfin dans ses sels inorganiques, ceux qui doivent faire partie du sang et ceux qui doivent concourir au développement de la charpente osseuse. La nature pourvoit à tout ce qui est nécessaire aux êtres qu’elle a créés. Les chimistes et les physiologistes ne sont pas encore d’accord sur la manière dont les éléments qui viennent d’être énumérés sont réunis dans le lait ; mais en m'en tenant à l'expérience la plus simple , Fobser- vation microscopique , la seule qui n’apporte aucune modification à la constitution du lait, je suis porté à regarder comme seule vraie, l'opinion d’abord émise par M. Donné (1), que le lait tient à l’état de dissolution complète tous ses principes, caséine , lactose et sels, et à l’état de sus- pension seulement le beurre ou la bufyrine, sous la forme de très petits globules sphériques qui nagent dans le liquide , sans être pourvus d’au- cune enveloppe , comme se trouve l'huile dans une émulsion d’a- mandes (2). Mais ce beurre, en raison de sa moins grande densité, tendant à se séparer peu à peu du lait conservé en repos, se ras- semble à sa surface et forme une couche plus ou moins épaisse et jaunâtre, qui porte le nom de crème. À cette époque, la caséine est encore presque entièrement dissoute ; mais déjà le lait, dont l’état nor- mal est de montrer une faible réaction alcaline , en manifeste une sensi- blement acide. Si le liquide reste plus longtemps abandonné à lui-même, avec le contact de l'air, il s’aigrit par la formation de l’acide lactique, et alors la caséine, devenant insoluble , forme un coagulum nommé caséum ou fromage. Ce coagulum nage au milieu d’un liquide jaune- verdâtre, nommé sérum ou petit lait, qui contient le sucre de lait et les sels. Il arrive souvent que cette altération du lait n’est pas assez avancée pour que le caséum en soit visiblement séparé; mais la coagula- (4) Cours de microscopie , Paris , 1844, p. 347 et suiv. (2) I y a probablement dans le lait deux variétés de caséine, inégalement solubles, comme il y a dans la gomme arabique soluble plusieurs gommes qu’on peut séparer par l’addition de substances plus solubles, qui précipitent les unes et pas les autres. Mais ces deux variétés de caséine sont également dissoutes dans le lait ; seulement, l’addition de l’éther, même très pur, suffit pour rendre insoluble l’une de ces caséines et pour la précipiter autour des globules butyreux, de manière à s'opposer à leur complète dissolution par l’'éther. Quant au filtre de papier qui retient, indépendamment du beurre, une partie de la caséine, qui ne comprend que le lait ne peut être filtré sans être altéré ? que l’on passe en revue tous les cas où le microscope a montré aux observateurs autre chose que des globules huileux, transparents et sphériques, nageant au milieu d’un liquide parfaitement limpide, et lon verra que , dans tous, le lait avait été altéré, soit par maladie, soit par une opération anté- rieure , telle que la filtration. RUMINANTS. 85 tion s'effectue aussitôt qu'on met le liquide sur le feu ; alors on est obligé de le réjcter. Pour s'opposer à cette altération du lait, qui est souvent présentée par celui que lon apporte de la campagne dans les grandes villes, on le soumet préalablement à l’ébullition et on y ajoute souvent une petite quantité de bicarbonate ou de carbonate de soude, C'est en battant la crème dans une sorte de tonneau fait exprès et nommé baratte, qu’on prépare le beurre. Dans cette opération, le sérum s'acidifie assez fortement pour redissoudre la caséine qui aurait pu se coaguler d’abord , et les molécules huileuses restant presque seules en présence les unes des autres, se réunissent peu à peu en une seule masse. | Le beurre, à part la petite quantité de caséum et de sérum qu'il contient encore, est composé de deux corps gras, la margarine et l’'oléine ou l’oléobutyrine, et d’une petite quantité de quelques autres corps que la saponification change en acides odorants et volatils qui ont été nommés par M. Chevreul acides butyrique, caprique et caproique. D’après M. Broméis, le beurre frais est composé de : DÉPRONNRE.. + Mr) À 4 4 au IE ST TS OlÉsbminer, Le 20: PORN (39 Butyrine, caprine, caproïne. . . . . . . 2 100 Le easéum sert à la fabrication des différents fromages. A cet effet on le sale et on lui fait subir différentes préparations qui le font varier à l'infini pour la consistance , la saveur et les autres caractères phy- siques. Le sérum purifié donne le per lait, que l’on prépare dans les phar- macies, en coagulant le lait par un acide qui est ordinairement le vinaigre ou l'acide tartrique, ou bien en se servant de pr'ésure qui est un lait caillé que l’on trouve dans l’estomac des jeunes veaux, salé et séché. Le même sérum, évaporé convenablement, fournit par le refroidissement une matière cristalline que l’on fait redissoudre et cristalliser de nouveau pour l’avoir plus blanche et plus pure, et qui est la Zactine ou le sucre de lait, dont la composition relative (G?H 1202) est semblable à celle du sucre liquide, du glucose séché à 100 degrés, de l'acide lactique liquide et de l’acide acétique hydraté (1). Le sucre de lait est ordinairement en masses assez épaisses ou en bâtons cylindriques et stalactiformes, durs, demi-transparents, sans odeur, d’une saveur douce et faiblement sucrée. Il est inaltérable à l’air, (4) L’acide lactique liquide égale C°H505; l'acide acétique hydraté — C'H*Ot. 86 MAMMIFÈRES. soluble dans 5 à 6 parties d’eau froide et dans 2 parties 4/2 d’eau bouil- lante; il est insoluble dans l’éther et l'alcool; il n’est précipité ni par les dissolutions métalliques ni par la noix de galle; les acides minéraux étendus le transforment en sucre de raisin ; l’acide nitrique concentré le convertit en acide mucique et ensuite en acide oxalique. Il n’est pas susceptible d'éprouver par lui-même la fermentation alcoolique ; cepen- dant il est reconnu qu’il peut fermenter dans le lait, mais après qu'une partie a été convertie en acide lactique, qui paraît alors opérer la con- yersion de la partie non altérée en sucre de raisin fermentescible, Pour en revenir au lait, ce liquide est toujours plus pesant que l’eau, et, ce qui est facile à comprendre, il est plus dense lorsqu'il est écrémé que lorsqu'il ne l’est pas. Sa densité varie inême, pour le même animal, d’une traite à l'autre, et du commencement d’une traite à la fin (4). Cependant ces variations ne sont pas aussi fortes qu'on pourrait le croire, et on peut se servir de la densité pour estimer la pareté et la bonne qualité des laits les plus usuels. Voici, d’après Brisson, ces laits rangés suivant l'ordre de leur plus grande densité moyenne : Bar de brebis. . : .:. . . .". . ‘HO00n H'ANÉSSE 2. : -: . - - - : « an DUR de jument . mia - cite LS De EMENTES. 2 2 « D. e cd LUS He: VAE, 22 © 1 0 er 0 de femmes + , #7. 0202 (2) Le lait étant d'autant plus nutritif qu’il contient plus de beurre, de caséine , de lactose, de sels, et moins d’eau, on est souvent appelé à déterminer la proportion de ces divers principes : je pense que le pro- cédé suivant est à la fois le plus facile à suivre et le plus exact. On prend un poids déterminé de lait récent et non écrémé; on le chauffe presque jusqu’à l'ébulliion, et on y verse par très petite quan- tité, et à la fin goutte à goutte, de l'acide acétique étendu de deux fois son poids d'eau. Lorsque la coagulation est bien opérée ; on passe à tra- vers un linge fin pour recueillir le caséum, on filtre le sérum au papier, et on l'évapore à la chaleur du bain-marie jusqu'à réduction des deux üers. On filtre de nouveau pour séparer une petite quantité de caséum qu'on lave et que l’on réunit au premier. On réunit l'eau de lavage au (1) Contrairement à ce qu'on aurait pu croire, le lait de la fin de la traite est plus dense et plus chargé de principes solides, que celui du commence- ment. (2) M. EF. Simon, ayant examiné quatorze fois le lait d’une femme, dans l'espace de quatre mois, a trouvé que la densité de son lait variait de 1,0300 à 10345 ; la moyenne était de 1,0324, comme pour le lait de vache, RUMINANTS. 87 sérum filtré, on évapore à siccité, et on termine la dessiccation dans une étuve chauffée à 100 degrés. Considérant le résidu comme formé de lactose et de sels inorganiques (ce qui suffit pour le but qu'on se propose) , on le pèse et on le calcine dans un creuset jusqu’à inciné- ration complète, On pèse le résidu salin, et la perte donne le poids du lactose. D'un autre côté, on fait dessécher le caséum de la même manière qu'on a fait sécher le sérum , et on le pèse. En réunissant son poids à celui du sérum desséché, et en défalquant la somme de la quantité de lait employée, en connaît la quantité d’eau du lait. Enfin, en traitant le caséum desséché par l’éther pour lui enlever la matière grasse, le poids du résidu desséché donne la caséine, et Féther évaporé fournit le beurre. C’est en opérant d’une manière semblable que MM. Chevallier et Ossian Henry ont obtenu les résultats suivants : | LAITS de brebis.{de chèvre,! de vache, | d'ânesse, |de en | | Caséine sèche. . . .. 4,50 | 4,20 | Sucre de lait 5,00 Sels inorganiques, . . . 0,68 Sn res - 85,62 en ol 2 = CO à QE Or QE Q0 Qù © ©: 19 - D © Co à Q Qt 19 © © © CO 1 LD n - (ee) Co MoTrAËS". . . | 400,00 | Substances sèches. . . 14,38 Ces analyses tiennent à peu près le milieu entre celles qui ont été faites par beaucoup d’autres chimistes, à l'exception de ce qui reçarde le lait d’ânesse qui contient certainement moins de matière grasse que les autres laits, mais qui cn renferme plus que n'en ent obtenu MM. Henry et Chevallier : M. Péhigot en a extrait 1,28 pour 100. Le lait de femme contient plus de beurre que le lait d’ânesse, autant de sucre de lait et aussi peu de caséum. 11 ne forme pas de coagulum isolé par les acides, quoique le caséum paraisse séparé au microscope; mais il reste divisé dans le liquide, Ce lait est plus manifestement alcalin que ceux des animaux ; il est d’ailleurs très sujet à varier, en raison des causes morales qui agissent sur les femmes. Le lait de vache éprouve beaucoup moins de variations; mais en raison de la grande consommation que l'on en fait dans les villes, indé- pendaniment de ce qu'il est presque toujours privé de sa crème, il est 8S MAMMIFÈRES. toujours plus ou moins altéré par une addition d’eau (4). Pour recen- naître si un lait a été privé de sa crème, ou si on l’aime mieux, pour apprécier la bonne qualité d’un lait, qui est toujours en raison directe de la quantité de crème qu'il peut fournir, on remplit de ce lait, bien mêlé, un tube de verre de la contenance de 100 centimètres cubes, gradué par centimètres, et on le laisse en repos, pendant vingt-quatre heures, dans un lieu frais. Sur 87 laits essavés de cette manière, par M. Quevenne, 18, c’est-à-dire plus du cinquième, ont donné de 7 à 9 centièmes de crème ; ce sont les laits faibles : 51 (ou 58 pour 100) ont donné de 10 à 12 centièmes de crème ; ce sont les bons laits : 12 ont fourni de 13 à 14 centièmes de crème ; ce sont les laits forts : 2 ont fourni 45 centièmes de crème, 3 en ont donné de 17 à 18, 1ena fourni 21; ce sont là des faits tout à fait exceptionnels. Pour reconnaître si un lait a été coupé avec de l’eau, il faut en déterminer la densité, soit au moyen d’un aréomètre-densimètre dont la longue tige marque les densités de 1044 à 4040 : soit avec le pèse-sel de Baumé offrant les degrés de 0 à 6 ; soitenfin avec le galactomètre cen- tésimal de Dinocourt, fabriqué sur les indications de MM. Chevallier et Henry, pour la température de 15 degrés centigrades, et qui porte une double échelle pour le lait écrémé et non écrémé. Voici quelques unes des indications fournies par cet instrument , que l'on peut regarder comme approchant beaucoup de la vérité, moyen- nant l'attention d'opérer à la température de 15 degrés. LAIT NON ÉCRÉMEÉ. LAIT ÉCRÉMÉ. brise, x . ùse-s | MELANGE DE I Pèse-sel || MÉLANGE DE ce Pèse-sel —, Densimèt, de Densimël. de Lait, |Eou. mètre. Baumé.|l Lait. | Eau. mètre. Baumé, degres TEA degrés. degres. 100 0 1029 4,0 100 0 400 1032,2 4,5 90 | 10 1026 3,6 90 | 10 90 1029 4 80 | 20 1023 3.2 £0 | 20 80 1025,8 | 3,5 70 | 30 1020 2,8 70 | 30 70 4102230103 | 60 | 40 1017 2,4 60 | 40 60 1019 PE CAM 50 1014 2,0 50 | 50 50 1045:2 | 2,15 | (4) On a indiqué un assez grand nombre d’autres falsifications du lait ; mais il en est très peu qui aient été constatées. Le sucre se reconnaît facilement à la saveur et par la prompte fermentation que le lait éprouve, étant additionné d'un peu de levure. On constaterait la présence de la gomme , en coagulant le caséum par l’acide acétique, filtrant le sérum, et y ajoutant le double de son volume d’alcool rectifié qui y forme, dans ce cas, un précipité très marqué, blanc-mat et opaque. L’amidon et la farine se reconnaissent facilement par RUMINANTS. 89 Consultez sur le lait les mémoires de MM. Payen, 1828, Journ. chim. méd., t. IV, p. 118. — Lassaigne , 1832, Ann. chim. phys.; t. XLIX , p. 31. — Péligot, 1836, Ibid., t. LXIT, p. 61. — Lecanu, 1839, Journ. pharm., tu. XXV, p. 201. — Chevallier et Henry, 1839, Journ. chim. méd.,t. V, p. 143 et 195. — Quevenne, 1841, Ann. d'hygiène, t. XXVI. — Donné, Cours de microscopie , Paris, 1844. — Boussingault, Annales de chimie et de physique, t. LXXI , etc. Bile de Bœuf . ou Fiel de Bœuf, La bile ou le fiel est une sécrétion qui paraît essentielle à la fonction des organes digestifs d’un très grand nembre d'animaux, car on la trouve dans tous les vertébrés, dans les mollusques et dans une partie des animaux articulés. Dans le bœuf, qui nous fournit celle que nous employons, comme dans tous les mammifères, ce fluide ne paraît pas être sécrété directement du sang artériel, mais paraît résulter de l’ac- tion d’un organe nommé foie , sur le sang qui y est apporté de l’appa- reil intestinal par des veines réunies en un gros tronc, nommé veine- porte. Ce vaisseau, partagé en deux branches, pénètre dans le foie, et s’y divise à l'infini. Là, dans ses dernières ramifications, le sang se sépare en deux parties, dont l’une, qui est la bile, est portée par des conduits particuliers dans une poche nommée vésicule du fiel, lors- qu’elle existe (ex. dans le bœuf), ou est versée directement dans l’in- testin duodenum , lorsque la vésicule manque (ex. dans le cheval ) : l’autre partie du sang, qui n’a pas servi à la confection de la bile, est rendue à la circulation par les veines hépatiques. La bile de bœuf est donc contenue dans une vésicule ; elle est d’un jaune verdâtre, plus ou moins épaisse et visqueuse; d’une odeur nau- séabonde qui lui est propre, d’une saveur amère repoussante. Elle pré- sente une faible réaction alcaline; elle se mélange avec l’eau en toutes proportions et donne un liquide qui mousse comme de l’eau de savon et en possède la propriété décrassante, La bile a été examinée par un grand nombre de chünistes, parmi lesquels on doit citer M. Thénard, Berzelius, Gmelin, M. Demarcay, M. Liebig, M. Redtenbacher, etc. Mais ce sont les résultats obtenus l’iode, auquel on joint, s’il est nécessaire, l’usage du microscope. On constate Ja présence des œufs battus, en filtrant le lait au papier, et soumettant le liquide filtré à l’ébullition. Il se trouble plus ou moins lorsqu'il contient de l’albumine en dissolution. La cervelle de mouton, que l’on dit aussi avoir été quelquefois ajoutée au lait, doit pouvoir se reconnaitre par le même moyen, et aussi par l'usage du microscope qui ne doit montrer dans le lait de bonne qualité que des globules transparents de matière grasse, disséminés dans un liquide par- faitement transparent lui-même. } 90 MAMMIFÈRES. par M, Demarçay, principalement, et par M. Liebig, qui ont fixé l'opi- nion sur la nature de cette sécrétion, et qui la font regarder comme une sorte de savon à base de soude (choléate où bilate de soude), coloré par une matière qui n’est pas essenticlle à sa composition ; quoiqu'il faille reconnaître, cependant, que cette matière colorante, jaune, vert- jaunâtre ou fauve, accompagne la bile et la caractérise dans toutes les classes d’animaux où celte sécrétion peut se montrer. La bile de bœuf, desséchée au bain-marie, se dissout aisément dans l'alcool rectifié , avec une couleur verte jaunâtre foncée, et en laissant une substance insoluble azotée, de la nature du mucus. On peut obtenir la bile parfaitement incolore en mettant la solution alcoolique en diges- tion sur du charbon animal , ou en y ajoutant avec précaution de l’eau de barvte qui forme une combinaison insoluble avec la matière colo- rante. Celte matière peut offrir différentes couleurs, qui paraissent dépendre de plusieurs degrés d’oxigénation. Indépendamment de celle qui est dissoute dans la bile de bœuf et qui lui communique sa couleur verte-jaune , ce liquide en contient quelquefois une certaine quantité à l’état de suspension, qui est d’un jaune foncé, et la vésicule du fiel présente aussi quelquefois des concrétions de même couleur, qui sont presque entièrement formées de la même matière et qui sont usitées dans la peinture. La bile de bœuf renferme de la cholestérine dont on peut la priver en mélangeant sa dissolution alcoolique, décolorée avec le charbon et concentrée , avec deux fois son volume d’éther. L'éther dissout la cho- lestérine et précipite la bile sous forme sirupeuse. La bile ainsi purifiée, étant desséchée , forme une masse solide, transparente et friable, sem- blable à la gomme arabique, entièrement soluble dans l'eau et dans l'alcool. C’est sous cet état que la bile est considérée comme formée par la combinaison de la soude avec un acide organique azoté et proba- blement sulfuré, que M. Demarçay a nommé acide choléique et M. Liebig acide bilique. Cet acide, obtenu à l'état de pureté (1), a lui- même l'aspect de la gomme arabique ; il est très amer, rougit forte- mept le tournesol, est très soluble dans l’eau et dans l'alcool et insolub'e dans léther. I éprouve, de la part des acides et des alcalis, des réac- tions très intéressantes, dont la principale est celle-ci : traité par Pacide chlorhydrique affaibli, à la température de l’ébullition, il se dédouble en une substance solide, d'apparence résineuse , insoluble dans l’eau, uni- quement composée de carbone, hydrogène et oxigène , se combinant aux oxides métalliques, et nommée acide choloïdique , {ten une suh- stance neutre , soluble dans l’eau , insoluble dans lalcool, cristallisant (4) Traité de chimie de M. Liebig , t. FAT, p. 294. RUMINANTS. 91 en gros prismes incolores, d'une saveur fraîche, inaltérables à l'air, Cette substance très remarquable a été découverte par Gmelin, qui la croyait partie constituante de la bile et lui a donné le nom de faurine. Des analyses faites par plusieurs chimistes la faisaient considérer comme formée de carbone, hydrogène, azote et oxigène, lorsque M. Redten- bacher a constaté qu'elle contenait une proportion considérable de soufre, ce qui force à conclure que ce corps est aussi un des éléments de l'acide choléique. Jaune indien, Je pense que cette magnifique couleur n’est autre chose que la sub- stance décrite par Kæmpfer sous le nom de masang de vaca (1). Seu- lement Kæmpfer suppose que cette substance vient d'Afrique, tandis que l'odeur très forte de cuir de Russie ou de castoréum de Sibérie , qu’elle possède, jointe au nom de naypaul kupur sous lequel je lai trouvée à la douane du Havre, m'a fait supposer qu’elle devait provenir du nord de l'Asie, ou au moins des contrées septentrionales de l'Inde. Ainslie méntionne également un bézoard de bœuf trouvé dans la vési- cule du fiel d’une vache commune dans le Népaul, et un bézoard de chameau retiré de la vésicule de cet animal, et très estimé comme cou- leur par les peintres hindous (Wat. indica, t. T, p. 36). Me fondant encore sur l'odeur de cette concrétion , je la croirais plutôt produite par un chameau que par un bœuf ou une vache, dont toutes les concrétions intestinales sont empreintes d'une faible odeur ambrée musquée. Le jaune indien, tel que je me le suis procuré à la douane du Havre, en 4841, est sous forme de concrétions on de masses arrondies d’un volume-variable, mais pouvant avoir jusqu’à 5 ou 7 centimètres de dia- mètre. Ces masses sont couvertes à la surface d’une sorte d’enduit noi- jâtre; mais, à l'intérieur, elles ‘sont d’un jaune doré et d’un aspect uniforme et pulvérolent, Elles ont un toucher un peu gras et s’écrasent avec une grande facilité entre les doigts. Enfin elles ont l'odeur forte indiquée plus haut et une saveur faiblement amère. Ce jaune indien, examiné au microscope, paraît entièrement formé de cristanx plats, jaunes, transparents, ayant la forme de fer de lance. J’en ai une seconde (1) Masang de vaca. On nomme ainsi une concrétion biliaire qui se forme dans la vésieule des vaches. Elle a quelquefois la grosseur d’un œuf de poule, est de forme ronde, d’une couleur jaune, d’une substanee légère, friable et sèche , non formée de couches, mais d’une seule masse compacte et d’une saveur amère. On la trouve principalement sur la terre d'Afrique, aux ensi- rons de l'ile Mozambique, d'où les Portugais l'apportent dans l'Inde. (Kæmpfer, Amæn. exot., p. 392.) : 92 MAMMIFÈRES. qualité qui est d’un jaune plus pâle et un peu verdàtre, d’une odeur moins forte, d’un aspect plus sec et comme terreux , qui paraît formé au microscope de particules cristallines brisées, mélangées d’une matière amorphe. D'après M. Stenhouse, le jaune indien, connu dans le commerce sous le nom de purree , est essentiellement composé de magnésie en combinaison avec un acide organique non azoté, qu’il a nommé acide purréique, et auquel M. Erdmann a donné ensuite le nom d’acide euxanthique. Get acide est peu soluble dans l’eau froide, plus soluble dans l’eau bouillante qui le laisse cristalliser en longues aiguilles jau- nâtres; il est soluble dans l'alcool bouillant et dans l’éther. 11 forme des combinaisons jaunes avec les alcalis et la plupart des oxides métalliques. Chauffé au-delà de 100 degrés, il donne lieu à un produit cristallin neutre qui à reçu le nom de purréon. D'après M. Stenhouse, l'acide purréique — C*H°0f!, le purréate de plomb — C#H°Off + PbO, le purréon — C#H{0f, M. Stenhouse pense que le purree, au lieu d’être une matière animale comme on l’a cru, est un suc végétal saturé artificiellement par la magnésie et évaporé à siccité. J'ai de la peine à croire qu'il en soit ainsi, et d’ailleurs la composi- tion du jaune indien est plus compliquée qu’on ne vient de le dire. Celui que j’ai décrit d’abord est à peine attaquable par l'alcool ; mais il est en partie soluble dans l’eau et communique à ce liquide, surtout à l’aide de l’ébullition, une couleur jaune un peu brunâtre et un peu ver- dâtre, assez semblable à celle de la bile ; il lui cède de cette manière un composé magnésien soluble, d’où l'acide chlorhydrique précipite immé- diatement l'acide sous forme de flocons grisâtres très abondants. La partie du jaune indien, insoluble dans l’eau, est d’un jaune magni- fique et forme 60 pour 400 de la substance primitive. Cette partie insoluble, traitée par l’éther, lui cède une petite quantité d’une matière jaune, cristallisable en belles aiguilles rayonnées, pouvant supporter une assez forte chaleur sans éprouver aucune altération, mais finissant par se fondre et par se dissiper en une fumée blanche, inodore. Le jaune indien qui a été traité par l’eau et par l’éther, étant délayé dans l’eau et additionné d’un peu d’acide chlorhydrique , éprouve une effervescence manifeste et perd aussitôt sa couleur jaune. Il se forme dans la liqueur un magma grisâtre très volumineux. Si l’on fait chauffer la liqueur, il se produit une seconde effervescence tres prolongée, et qui paraît due plutôt à quelque réaction organique qu’à la décomposition d’un carbonate. La liqueur filtrée laisse précipiter, en se refroidissant, des flocons faiblement jaunâtres ; mais la plus grande partie de l'acide organique paraît ne pas se dissoudre dans l’eau. Il est très soluble au RUMINANTS. 93 contraire dans l'alcool bouillant, et se prend presque en masse formée de mamelons rayonnés, par le refroidissement. La liqueur dans laquelle on a décomposé le jaune indien par l’acide chlorhydrique retient la magnésie en dissolution. Égagropiles. Les égagropiles (1) sont des concrétions trouvées dans la caillette des animaux ruminants, qui sont principalement formées de poils que ces animaux ont avalés en se léchant, et que les mouvements de leur estomac ont rassemblés en boules feutrées. On en trouve aussi quelquefois dans les intestins du cheval. Les anciens altribuaient à ces concrétions des pro- priétés analogues à celles des bézoards ; mais elles ne sont plus aujour- d’hui que de simples objets de curiosité. On se procure facilement dans les abattoirs de Paris les égagropiles de veaux, de bœufs et de moutons. Les premiers sont d’une forme sphé- rique ou cylindrique, et sont uniquement composés de poils feutrés d’une manière très dense, et tous couchés en tourbillonnant autour de l'axe. Ils ne sont recouverts d'aucun enduit et acquièrent quelquefois des dimensions considérables ; j’en ai un arrondi et un peu ovoïde, qui a 8,5 centimètres de diamètre, et un autre cylindrique, long de 11,5 centimètres el épais de 5. Les égagropiles de bœuf sont feutrés d’une manière toute différente, les poils qui les forment étant entremêlés sans aucun ordre et dans toutes sortes de directions. Ils sont de plus parfaitement sphériques, du volume d’une grosse coloquinte , et couverts, seulement à leur surface, d’une couche de mucus brun, poli et brillant. C’est un fait très remarquable que ce mucus, qui n’a pas concouru à la formation de la concrétion, soit sécrété à un moment donné par l'estomac, pour envelopper cette masse qui le gêne et l'empêcher de s’accroître davantage. L’égagropile de bœuf que je possède a 7 centimètres 1/2 de diamètre. Les égagropiles de mouton présentent une forte odeur de bouc ; ils sont plus ou moins sphériques, couverts, comme ceux du bœuf, d’un enduit noirâtre, poli et brillant. Le plus gros que j'aie a 3,5 centimètres de diamètre et ressemble à un gros biscaïen. A l’intérieur, ceux que j'ai ouverts sont formés de poils feutrés sans ordre, comme ceux de bœuf; mais ils offrent au centre une sorte de noyau dont les poils sont plus courts et plus serrés que ceux de la couche extérieure, avec une ligne de séparation très nette entre les deux feutrages. On trouve sur les rivages de l'Océan et de la Méditerranée, vers (4) De xiyaypres, chèvre sauvage , et de #1)0;, balle de laine, 94 MAMMIFÈRES. Marseille surtout, dans les anses ou criques , des pelotes composées de fibres végétales feutrées par le ballottage des flots, et qui ont une forme exactément Sphérique , avec le volume d’une orange ou plus. On donne à ces pelotes le nom de pelotes de mer, Où d'égagropiles marins. Elles peuvent être formées par les débris de plusieurs plantes marines ; mais celle dont elles sont le plus habituéllement composées est la zosfère marine, de la famille des nayadées , dont les fouilles desséchées servent à faire des emballages et dés matelas douës d'uné odeur iodée, qui ont été recommandés pour les enfants rachitiques et scrofu!eux. Ces pelottes de mer, par leur volume, leur forme et le feutrage de leurs fibres, ressemblent tellement à des égagropiles de bœuf qui seraient privés de leur énveluppe de mucus, qu’on aurait peine à les distinguer à la vue. Où reconnaît facilement leur origine à leur odeur iodée et à ce que leurs fibres chauffées sur une capsule de platine se charbonnent sans se ramollir, cn dégageant une Gdeur végétale toujours mêlée de l'odeur d’iode, tandis que les fibres des égagropiles aniniaux se ramollissent en se charbonnant au feu et exhalent une fumée blanclié qui a l'odeur de la coruc brûlée. Bézoaras animaux. On employait autrefois en médecine, sous le nom de bézoards, des calculs retirés des intestins de plusieurs mammifères ruminants, aux- quels on attribuait la propriété toute merveilleuse et si banale de résister à la maliguité des humeurs, à la peste , aux venins, etc. On les distin- guait en orientaux et en occidentaux. Les premiers, qui étaient les plus estimés, étaient attribués généralement à lægaigre de Perse où pasèn , que l’on croit être, ainsi que nous l'avons vu, la souche de nos chèvres domestiques. Les seconds, que l’on supposait venir d'Amérique, étaient attribués aux lamas et aux vigognes; mais je n’ai jamais pu t'as- surer qu'aucun bézoard du commerce vint véritablement d'Amérique ; et tout porte à croire au contraire qu'ils étaient tous apportés d'Asie. Dans un Mémoire sf Les concrétions intestinales d'animaux, connues sous le nom de bézoards, inséré dans la /evue scientifique de 1843, j'ai donné un extrait des amænitates de Kæmpfer, sur les différentes espèces de bézoards, parmi lesquels il compte le masang de vaca , la pierre de porc, celle de serpent, un calcul résineux bézoardique , le vrai bézoard oriental produit par la chèvre pasèn , celui provenant de l’antilope ahu, la pierre bugie où pierre de singe, et enfin le bézoard artificiel ou pierre de Goa. De tous ces produits je n’ai que le masang de vaca, décrit plus haut sous le nom de Jaune indien, le vrai bézoard du Pasèn , le faux bézoard ou pierre de Goa, et, suivänt ce que jé crois, RUMINANTS. 95 là pierre de pore et le bézoard de l'Ahu. Je vais les décrire succcssi- vement. Bézoard de l'Ægagre. Cette concrétion porte aussi [cs noms de vrai bézvard oriental, bézoard résineux vert, et j'y ai ajouté celui de bézoard lithofellique, qui le caractérisé par le nom de l'acide que MM. Gœbel et Wælér en ont retiré. Celui que je possède m'a été donné par M. Périnet, ancien pharmacien major à l'hôtel des Invalides : il a une forme ovoïdé triangulaire, et il pèse encore aujourd'hui 33 grammes, malgré la perte d’une partie de substance qui en à été retirée autrefois pour l'usage médical. Celui qui à servi aux expériences de M. Wæbler pesait 40 grammes ; enfin celui conservé dans le Müsée de Rénnes devait peser dans son entier près de 200 grammes, si j'en juge par le mürceau assez cofisidérable que m'en a montré M. Malaguti. Ce bézoard est d’uri vert sale à l'extérieur et à l'apparence d’un mor- ceau de cire polie. À l’intérieur, il est formé d’un très grand nombre dé couches concentriques très minces, alternativement d'un vert clair et d’un vert foncé, sans aucune texture cristalline. Y n'a pas même la cassure grenue de la cire: il présente plutôt la cassure nette et luisaite de la résine. Il est très fragile et éclaté en parcelles soûs la scie. Il est pourvu d’une saveur amère et d’une odeur aromatique végétale toute particulière, Il pèse spécifiquement 4,132 ; il laisse sur un papier blanchi avec de la céruse une trace verte. Il fond très facilement à la chaleur, et se laisse pénétrer par uné aiguille chauffée à la flammic de l'alcool et refroidie au point de n'être plus lumineuse ; il brûle avec l'éclat d’une résine ; enfin il est facilement soluble, même à froid, dans l'alcool à 95 centièmes, et se dissout encore plus facilement dans l'alcool chaud, et presque sans résidu. La liqueur filtrée est d’un vert brunâtre ét laisse déposer en refroidissaut quelques flocons noirâtres ; mais elle ne cristal- lisé pas, à moins qu'elle ne soit très concentrée ou qu'on ne l’ait éva- porée au tiers où au quart de son volume. Alors il se forme au fond uñe couche cristallisée, blanche et brillante d'acide lithofellique. Cet acide Cristallisé, qui avait été obtenu anciennement par Fourcroy ét Vauquelin, se fond à 205 degrés ; mais si on le chauffe un peu au-dessus de son point de fusion , il se prend en refroidissant en uné masse claire et vitretise, fusible à 105 ou 110 degrés. 11 se dissout en grande quan- tité dans l'acide acétique concentré el y cristallise par l’évaporation spoblanée. IT se dissout aussi facilement dans l’ammoñiaque, et la liqueur évaporée spontanément laisse l'acide exempt d'alcali, ce qui dénote une bien faible acidité. Il forme avec là potasse un composé soluble dans l’éau, mais précipitable par un excès d’alcali, comme cela à leu avec lé savon et la bile ordinaire ; l’acide lithofellique est un acide ternaire dont la formule paraît être CH %60$ où CH#$07 L HO, 96 MAMMIFÈRES. D'après Kæmpfer, la production du bézoard par la chèvre ægagre ou pasèn , est subordonnée à la présence de quelques plantes très rési- neuses et aromatiques que les chèvres broutent avec excès, et qui croissent principalement sur le mont Baarsi , dans l’Aar et dans le Kora- san, en Perse. Ce rapport entre les végétaux dominants d’une contrée et certaines sécrétions animales m'a également frappé, et il y a longtemps que je suis persuadé que les castoréums du Canada et de Sibérie, tout aussi bien que les muscs de Chine, Tonquin et Kabardin, doivent leurs différences d’odeur et de composition à la nature diverse des végétaux dont se nourrissent les castors et les porte-muscs. Bézoard fauve, OU bézoard ellagique. Je pense que ce bézoard est celui dont Kæmpfer et beaucoup d’autres auteurs ont parlé sous le nom de pierre de porc, ou de porc-épic, ou de pierre de Malaca. En 1808, le schah de Perse en envoya trois en présent à Napoléon, ce qui montre que ces concrétions , quoique très différentes de celles de l'Ægagre, sont d’un très grand prix en Perse. Berthollet, qui fut chargé de les examiner, les confondit cependant avec les précédents, dont Fourcroy et Vauquelin les avaient bien distingués. Le bézoard fauve n’est pas aussi rare que je l’avais cru d’abord : l’École en possède plusieurs, dont un ovoïde-allongé, d’un fauve clair et de la grosseur d’une petite noix, enfermé dans deux cercles d’argent, surmontés d’un anneau destiné à suspendre le bézoard en forme d’amu- lette, ou à le plonger dans l’eau pour en composer une boisson douée des propriétés les plus merveilleuses, ainsi que l'indique Kæmpfer (p. 394). Un autre est cylindrique, arrondi aux deux bouts, inégal et mamelonné à sa surface, long de 38 millimètres, épais de 10, à surface polie et d’un vert noir très foncé. Quatre autres sont de la grosseur d’une ave- line, de couleur noirâtre ou fauve verdâtre, arrondis, mais de forme très irrégulière , et mamelonnés à leur surface. Ayant brisé un de ces calculs, je l'ai trouvé formé d’un globule excrémentitiel (1) occupant la plus grande partie du bézoard, et recouvert d’un certain nombre de couches mamelonnées , très compactes, d’un vert brunâtre et jaunâtre, foncé. Plusieurs de ses eouches réunies se séparent souvent facilement des autres, et simulent , quant à la forme, celles de la malachite ou de l'arsenic natif testacé. Indépendamment de leur forme testacée, ces couches présentent presque toujours à la loupe une structure finement rayonnée, Enfin l’École possède aujourd’hui un fort beau bézoard , évi- (1) Ce globule excrémentitiel, dont la forme irrégulière détermine celle du calcul , est fauve rougeâtre et formé d’un détritus végétal finement broyé. Il ne ressemble nullement à celui des ruminants ni des pachydermes ; il a plus de rapport avec celui des rongeurs dont le porc-épic fait partie. RUMINANTS. 97 demment semblable aux précédents, qui à appartenu à Baumé et dont M. Ménier lui à fait présent en 1846. Ce bézoard est ovoïde, un peu réniforme, du poids de 29,9 grawmes , à surface polie et brillante, d’un brun foncé, fauve el un peu verdâtre à l’extérieur, mais fauve rou- geàtre à l’intérieur. J'ai dans mon droguicer trois bézoards fauves ou ellagiques : l'an d’eux a la forme d’un cône arrondi aux deux bouts; il est long de 57 millimètres, épais de 45 millimètres à la base, et pèse 15 grammes. Il à une surface très unie, brillante et d’un fauve verdâtre et brunâtre foncé. Le second , qui m'a été donné par M. Pelletier, a été décrit sépa- rément dans la Æevue scientifique , tome XIV, p. 29 , sous le nom de bézoard noirâtre rayonné ; mais il est de même nature que les précé- dents. Il est cylindrique, arrondi aux deux bouts, et du poids de k grammes. Le dernier m'a été donné par M. O. Henry; il est elliptique, un peu aplati d’un côté, très brillant à sa surface et d’un fauve un peu verdâtre. On trouve au centre une cavité en forme de croissant, propre et nette comme l'intérieur d’un noyau de fruit. C’est probablement cet état de vacuité apparente, dont Boèce de Boot a même fait une marque de qualité supérieure, qui a fait dire à Fourcroy et Vauquelin que ces sortes de calculs avaient presque toujours pour noyau une coque de fruit. Mais en réalité cette cavité est remplie par une matière peu co- hérente, qui disparaît par le mouvement de va-et-vient de la scie, ou est emporlée par le lavage. Il résulte de ce qui précède que le bézoard fauve peut affecter toutes sortes de formes , mais qu’il ne paraît guère pouvoir dépasser le volume d’une noix. Il se distingue d’ailleurs du bézoard lithofellique par les caractères suivants : Il pèse de 1,595 à 1,661. Il est dur, non fusible et ne se laisse pas pénétrer par la pointe d’une aiguille rougie au feu ; il est insipide, mais il exhale quand on le scie ou quand on le pulvérise une odeur nauséeuse et débilitante qui m'a paru semblable à celle dégagée du sang de porc par l'acide sulfurique. Il est très peu soluble dans l'alcool, même bouil- lant. J'ai montré du reste que l’alcool sépare le bézoard fauve en trois parties : 4° une matière résineuse brune, qui se dissout presque com- plétement par le premier traitement alcoolique ; 2° une matière peu soluble dans l'alcool bouillant, mais facile à obtenir par plusieurs traite- ments successifs, qui la laissent cristalliser par refroidissement. Toute celte matière étant redissoute dans l’alcool bouillant et cristallisée de nouveau, constitue l’acide. bézoardique de MM. Merklein et Wæbler, mais plus pur probablement que ces chimistes n’ont pu l'obtenir en faisant agir la potasse caustique sur la totalité du calcul; 3° le bézoard fauve épuisé par l'alcool laisse un résidu assez considérable formé de IV. 1 98 MAMMIFÈRES. Matière jaune unie à l'acide bézoardique qu’elle soustrait à l’action du liquide. On peut les séparer par l’ammoniaque qui forme avec la ma- tière jaune un composé jaune-brun très soluble dans l’alcali, et avec l'acide bézoardique un sel insoluble dans l’ammoniaque , dans l’eau et dans l'alcool. L’acide bézoardique cristallisé se présente sous forme de pyramides quadrangulaires très aiguës, ou de prismes à quatre pans, plus étroits à une extrémité qu'à l’autre el terminés par un ou deux biseaux très allongés. Il est infusible au feu et se décompose dans un tube fermé, en dounant naissance à des cristaux jaunes d’une substance volatile anciennement obtenue par Fourcroy et Vauquelin et présentée par eux comme le caractère distinctif du bézoard fauve. Enfin MM. Merklein et Wéæbler, en comparant toutes les propriétés de l’acide bézoardique avec celles de l’acide ellagique de la noix de galle, regardent ces deux acides comme identiques. Ce résultat me paraît d'autant plus probable que, de même que l'acide bézoardique, dans le bézoard fauve, est accom- pagné d’un acide jaune très altérable à l’air dans ses dissolutions alca- lines, de même l'acide ellagique est accompagné, dans la noix de galle, d’un acide jaune que j'ai fait connaître sous le nom d'acide lutéc- gallique, et qui jouit de la même altérabilité (ARevue scientifique, Lu XIII, p. 61). Cette coïncidence ne fait d’ailleurs que confirmer la proposition de Kæmpfer, que j’ai étendue à toutes les productions ana- logues, à savoir que les bézoards, le castoréum, le muse, la civette, etc., tirent principalement leurs principes huileux , résineux, salins et odo- rants, des végétaux qui servent à la nourriture des animaux qui les fournissent (1). | Bézoard factice, OU pierre de Goa. Cette pierre, destinée à être substituée aux vrais bézoards, est ainsi nommée du nom de la ville où elle est fabriquée. On la compose avec des espèces cordiales au nombre desquelles est la vraie pierre bézoard (Kæmpfer}). Elle est de forme ovale ou ronde, grise intérieurement, noirâtre à l’extérieur, luisante, souvent recouverte d'une feuille d’or. Aujourd’hui, ajoute Kæmpfer, le révérend père icolas Monilius en fabrique qui se distinguent par les lettres N M gravées à la surface, le côté opposé portant le signe d’une chèvre ou d’un autre animal. L'École de pharmacie possède une pierre de Goa qui porte ces deux indications. J'ajoute que ces pierres sont formées, pour la plus grande (4) Consultez , sur les espèces et la nature des bézoards, les Annales du Muséum d'histoire naturelle, t. LV, p. 329; la Revue scientifique et indus- trielle , t. XIV, p. 5; le Journal de p'armacie, t. XX VIE, p. 678, et le Journ. de pharm. et chim., t. IX, p. 59, et t. X, p. 87. RUMINANTS, 99 païtie, d’une argile plastique qui leur donne la douceur de toucher qu’on y recherche ; qu’elles ont généralement une cassure terreuse, säns apparence de couches concentriques. Quelquefois cependant les fabricants sont parvenus à leur donner cette structure; mais la pierre artificielle se reconnaît toujours à la loupe qui fait apercevoir un mélange de différentes substances pulvérisées et de petites vacuoles d'air inter- posé. Bézoards orientaux. de phosphate caleaire. Au nombre des bézoards qui existent dans la collection de l'École de pharmacie, il s'en trouve une espèce bien caractérisée, malgré ses différences de forme et de volume. Ces bézoards varient en effet, depuis le volume d’un pois jusqu'à celui d’une petite noix ; ils offrent Je plus souvent pour noyau quelques débris grossiers d'aliment végétal, comme de la paille ou des fragments de tige; quelquefois aussi de petites pierres ou de petits éxcréments semblables à ceux de chèvre; quelquefois enfin le noyau ne paraît pas différer du reste du calcul. Quant à la forme, elle est très variable, Beaucoup sont arrondis et formés de couches concentriques autour d’un noyau central; un certain nombre ont la forme conique d’une noix d'’arec ; d’autres sont didymes ou sont formés de deux calculs accolés, autour desquels se sont ensuite déposées des couches communes enveloppantes. Un de ces calculs a la forme d’un agaric comestible pourvu de son pédicule, d’autres sont lenticulaires. Enfin un dernier à la forme d’un tétraèdre sphérique dans lequel on entend sonner un noyau mobile. Ces bézoards sont généralement d’un blanc jaunâtre à l’exté- rieur; mais ils sont souvent recouverts, par places, d’un enduit noi- râtre. La substance même du calcul est blanche, assez peu dense, tantôt male, tantôt brillante et nacrée. Dans ce dernier cas, la matière offre une structure cristalline et divergente, partant de différents centres, ce qui la fait ressembler à de la mésotype. Dans la collection de l'École, ces bézoards portaient le nom de bézoards occidentaux de l'antilope rupicapra ou du chamois ; mais je les avais dans ma collection particulière sous le nom de bézoards orien- laux, et je crois cette désignation plus exacte, parce que ces bézoards me paraissent être ceux que Kæmpfer attribue à l’antilope au, bézoards qu'il dit être jaunes, roux ou de plusieurs couleurs, inégaux, difformes ou formés de un ou deux tubercules arrondis. Ces calculs, traités par l'acide azotique concentré, se colorent en rouge, et l'acide prend lui-même la même couleur. Par la soude caus- tique, les calcuis pulvérisés ne dégagent pas d’ammoniaque, et ne formentni coloration ni dissolution apparentes. Après avoir été calcinés, ils se dissolvent sans effervescence dans l'acide azotique étendu ; la liqueur précipite par l’oxalate de potasse, et on obtient ensuite, par 400 MAMMIFÈRES. l'addition de l’ammoniaque, une cristallisation peu abondante de phos- phate ammoniaco-magnésien. Enfin ces calculs, pulvérisés et soumis à l’ébullition dans l'eau, forment un soluté de surphosphate de chaux mélangé de surphosphate de magnésie. Ils sont donc formés des phos- phates neutres de ces deux bases, décomposables par l'eau bouillante, ainsi que je lai reconnu, en surphosphates solubles et en sousphosphates insolubles. Dans mon Mémoire sur les bézoards , inséré dans le tome XIV de la Revue scientifique, j'ai fait connaître la composition de plusieurs autres concrétions animales, dont j'indiquerai seulement les résultats. Le n° Iv, que j'avais dans ma collection , sous le nom de bézoard occr- dental, consiste en un fragment de calcul qui devait être ovoïde et d’un volume considérable. 11 était composé de phosphate de chaux mélangé de phosphate ammoniaco-magnésien. C’est en analysant ce calcul que j'ai reconnu la propriété que possèdent les deux phosphates neutres de chaux et de magnésie et le phosphate ammoniaco-magnésien, de se transformer à l’aide de l’ébullition dans l’eau en surphosphates de chaux et de magnésie solubles et en sous-phosphates insolubles; propriété qui avait échappé à Vauquelin et à Berzélius, et qui avait conduit le premier » à admettre l'existence peu probable de calculs de phosphate acide de chaux. J'ai fait connaître également la composition d’un magnifique calcul intestinal donné par M. Dubail à l'École de pharmacie, qui m’a présenté le résultat le plus inattendu : il était composé d’oxalate de chaux presque pur. Ce bézoard est d’un blanc grisâtre et d’une forme ovoïde un peu aplatie; son plus grand diamètre est de 15 centimètres, et il pesait 1088 grammes. Il était formé d’un très grand nombre de couches superposées , et offrait au centre un espace de 4 centimètres sur 2,5, occupé par une masse de fibres végétales. Ce calcul entier offrait une faible odeur d’ambre gris, commune à beaucoup de calculs intestinaux de ruminants; mais par la pulvérisation l'odeur devenait semblable à celle du crottin de cheval. On suppose que ce calcul a pu provenir d’un chameau. Voici quelle en était la composition : Otalate défaite. à 190128, 15 USE A AR AE LOT ATASGEEU Huile résineuse ) Chlorure alcalin l Sel calcaire soluble) Phosphate de chaux. Sulfate de chaux, . Mucus animal. . Eau (4 . . . (quantité indéterminée) CÉTACÉS. 101 Un autre calcul de même nature, de la grosseur d’un œuf de cygne et du poids de 125 grammes, se trouvait dans ma collection. Il est d’un gris jaunâtre assez foncé, d’une odeur d’ambre gris et offre un noyau composé de fibres végétales entremêlées. La sciure du calcul, mélangée de celle de la substance ligneuse interne, a donné 90,33 pour 100 d’oxalate de chaux. Le calcul seul en contient par conséquent da- vantage. Un dernier calcul (celui n° 111), que j'ai présenté comme étant un calcui intestinal de cheval, avait probablement une origine différente, les calculs intestinaux de chevaux étant presque exclusivement formés de phosphate ammoniaco-magnésien (Lassaigne ). Ce calcul est com- posé de : Carbone "de chaux.) 20,706 eine Que 100) 11855 OMRte den. 72 .EANES 2er, 28.00 nana SO SHHAle Me CHAUX. : : ... . 20170 0h in 2m « 2,85 Carbonate de magnésie, . . . . . . BRIE TS 2,34 Extrait alcoolique formé de rie, résine et dhlo- rure de sodium . . . . . . AS CNE CITE 1,34 Matière extractive obtenue par l'éctt SENS | BE 1A7 — ligneuse, matière colorante et mucus animal. . 43,02 EADAET er R ARRET ASSIS JD AT 10, J 4,43 100,00 ORDRE DES CÉTACÉS. « Les cétacés sont des mammifères sans pieds de derrière ; leur tronc se continue avec une queue épaisse que termine une nagcoire cartila- gineuse horizontale, et leur tête se joint au tronc par un cou si court et si gros qu’on n’y aperçoit aucun rétrécissement. Enfin leurs membres antérieurs ont les premiers os raccourcis, et les suivants aplatis et enve- loppés dans une peau tendineuse qui les réduit à l’état de nageoires. C’est presque en tout la forme des poissons , exceplé que ceux-ci ont la nagcoire de la queue verticale. Les vrais cétacés se tiennent constam- ment dans les eaux; mais comme ils respirent par des poumons, ils sont obligés de revenir souvent à la surface pour y prendre de l'air. Leur sang chaud , leurs oreilles ouvertes à l’extérieur, quoique par des trous fort petits et sans conque externe; leur estomac divisé en quatre poches comme celui des ruminants, ou en un plus grand nombre de cavités ; leur génération vivipare, les mamelles au moyen desquelles les femelles allaitent leurs petits, et tous les détails de leur anatomie , les distinguent d’ailleurs suffisamment des poissons. » 102 MAMMIFÈRES. Cet ordre se compose de deux familles qui se distinguent par leur régime , leurs dents et plusieurs autres particularités d'organisation : ce sont les céfacés herbivores, dont les narines s'ouvrent au dehors à l'extrémité du museau, et les céfacés souffleurs , äont les narines sont percées au sommet de la tête. Les CÉTACÉS HERBIVORES comprennent deux genres d'animaux, les manates et les dugongs, qui ont été longtemps confondus avec les phoques, dont ils ont la forme, moins les pieds de derrière, et dont ils partagent la vie amphibie. Ils ont des dents mâchelières à couronne plate, les membres antérieurs flexibles et propres à ramper sur terre, ce qui leur permet de venir paître sur le rivage. Ils ont des moustaches sur le mufle et des poils épars sur le reste du corps. Enfin ils portent deux mamelles sur la poitrine, ce qui de loin, lorsqu'ils font sortir verticalement leur partie antérieure hors de l’eau, a pu les faire prendre pour des femmes ou des hommes marins, et a pu donner lieu à l’an- cienne fable des sirènes et des tritons. Les VRAIS CÉTACÉS, OU CÉTACÉS SOUFFLEURS, ont tout à fait la forme des poissons et sont constitués pour vivre uniquement dans l’eau; mais pour faciliter l’arrivée de l’air aux poumons , sans qu'ils aient besoin de sortir la tête ou la bouche hors de l’eau, leurs narines s'ouvrent au sommet de la tête. Mais elles leur servent encore à un autre usage : ces animaux engloutissant avec leur proie de grands volumes d’eau, il leur fallait une voie pour s’en débarrasser ; cette eau passe donc à travers les narines, au moyen d’une disposition particulière du voile du palais, et s’amasse dans un sac placé près de l’orifice extérieur de la cavité du nez, d’où elle est chassée avec violence par la compression de muscles puissants. C’est ainsi qu'ils produisent ces jets d’eau qui les font remar- quer de loin des navigateurs. Ils n’ont aucun vestige de poils, et tout leur corps est couvert d’une peau lisse sous laquelle est un lard épais et abondant en huile, principal objet pour lequel on leur fait une chasse meurtrière. Leurs mamelles sont près de l'anus et ils ne peuvent rien saisir avec leur nageoires antérieures. Leur estomac a cinq et quelque- fois jusqu’à sept poches distinctes ; ceux qui ont des dents les ont toutes coniques et semblables entre elles; ils ne mâchent pas leur nourriture, mais l’avalent rapidement. Plusieurs ont sur le dos une nageoire verti- cale , de substance tendineuse, et non soutenue par des os. Leurs yeux petits et aplatis en avant ont une sclérotique épaisse et solide ; leur langue n’a que des téguments lisses et mous. Les principaux genres compris dans cette famille sont les dauphins, les marsourins, les nar- vals , les cachalots et les baleines. Les dauphins ont des dents aux deux mâchoires, toutes simples et presque toujours coniques ; ils ont une nageoire dorsale, le front bombé, CÉTACÉS. 103 et leur museau forme en avant une espèce de bec plus mince que le reste, Ils sont très carnassiers et manquent de cœcum. Les marsouins ne diffèrent des dauphins que parce que leur museau est court et uniformément bombé. Le marsouin ordinaire (delphinus phocæna L.\, est le plus petit des célacés a” pas plus de 1°,3 à 1°,6 de longueur; mais une autre espèce , nommée épaulard , acquiert souvent 7 à 8 mètres et est l’ennemi le plus cruel de la baleine. Il se réunit en troupe pour la harceler jusqu’à ce qu’elle ouvre la gueule, et alors il lui-dévore la langue. Les narvals n’ont pas de dents proprement dites, mais seulement une longue défense droite et pointue implantée dans los intermaxillaire et dirigée dans le sens de l’axe du corps. L'animal a bien le germe de deux défenses, mais d'ordinaire celle du côté gauche est la seule qui se développe et sorte de son alvéole,. On ne connaît bien qu’une seule espèce de narval dont la défense est longue de 2 mètres 1/2 à 3 mètres et plus. Elle est formée d’un bel ivoire blanc, mais ne peut être utilisée pour les ouvrages du tour, étant creuse à l'intérieur et composée de grosses fibres distinctes, tordues en spirale à la manière d’une corde. Le corps du narval est assez gros, ovoïde allongé, marbré de brun et de blanc, et n’a guère que le double ou le triple de la longueur de la défense. Les eachalots sont d'énormes cétacés dont la tête très volumineuse égale presque le tiers de leur longueur totale ; mais le crâne ni le cer- veau ne participent à cette disproportion, due tout entière à un énorme développement des os de la face. Leur mâchoire supérieure est large, élevée, privée de dents ; leur mâchoire inférieure est beaucoup plus petite, étroite, allongée et est armée de chaque côté de grosses dents coniques qui se logent, lorsque la bouche se ferme, dans des cavités correspondantes de la mâchoire supérieure. L'évent est unique et non double comme celui de la plupart des autres cétacés souffleurs, ct placé vers l'extrémité supérieure du museau, dont la face antérieure est large et comme tronquée. La partie supérieure de leur énorme tête ne consiste presque qu’en grandes cavités séparées par des cartilages, et remplies d’une huile qui se fige en refroidissant et dont la partie solide a été longtemps nommée b/anc de baleine ou sperma-ceti, mais porte aujourd'hui le nom plus convenable de céline. Cette substance fait le principal profit de la pêche des cachalots, leur corps n'étant pas garni de beaucoup de lard. Les cavités qui la renferment sont très différentes du véritable crâne qui est assez petit, placé sous la partie postérieure, et qui contient le cerveau, comme à l'ordinaire. La plupart des naturalistes ont admis plusieurs espèces de cachalots, el quelques uns d’entre eux les ont même partagés en trois genres, sous 104 MAMMIFÈRES. les noms de cachalots proprements dits, dé physales et de physéteres, Il est possible , en effet, que ces plusieurs espèces existent, il est même probable qu’il n’y en a pas qu’une seule ; mais jusqu’à présent elles ne sont rien moins que prouvées, ainsi que le montre le passage suivant tiré des Ossements fossiles de Georges Cuvier, t. VIII, 2° part., p. 208- 213 : : « Ne sera-ce pas maintenant une grande témérité, à moi, aprés avoir exposé les idées de tant de savants hommes, de prétendre qu’il n’y a encore aujour- d’hui qu’une seule espèce de cachalot qui puisse être considérée comme vrai- ment connue, je veux dire le cachalot vulgaire , l'animal du sperma-ceti ? » Et cependant lorsqu'on a fait justice des mauvaises combinaisons de syno- uymes et des doubles emplois, lorsqu'on a éliminé le beliga et le grampus ou le globiceps, confondus mal à propos dans ce genre, que reste-t-il, sinon des célacés de très grande taille, à tête énorme, en grande partie remplie de sperma-celi, à dents coniques plus ou moins arquées, plus ou moins émous- sées, au nombre de quarante à cinquante environ, mais le plus souvent très mal comptées, dont le dos est muni d'une proéminence peu saillante, que les uns ont appelée nageoire, les autres arête longitudinale, et les autres bosse ou tubercule, et que quelques autres, comme Clusius (1) , n’ont pas vue du tout, parce qu’ils n’ont observé qu’un animal échoué sur le dos, et que l’on ne retourne pas facilement un cadavre de 60 ou 70 pieds de long sur 20 pieds d'épaisseur ? A peine est-il sur le rivage, que la populace accourt et le dépèce ; heureux si le naturaliste en trouve encore quelques os intacts …. » Quant à son extérieur, il parait, d’après ce qu’il y a de plus authentique dans les rapports que l’on en a, que c’est un des plus grands cétacés, qu'il atteint 70 à 80 pieds de longueur, que sa tête est très grande, très grosse , et que l’on n’a pas beaucoup exagéré sa longueur en disant qu’elle fait le tiers du total ; que son museau est très obtus et comme tronqué; que son étroite mâchoire inférieure est reçue entre les lèvres supérieures comme dans un sillon ; que ses dents entrent, quand sa gueule est fermée, dans des trous des bords du palais (quelques uns pensent même qu’il y a dans ou entre ces trous d’autres pelites dents qui ne restent pas dans le squelelte) ; que son évent est sur l'extrémité de son museau ; que ses pectorales sont petites et obtuses; qu’il a une dorsale très peu saillante vers l'arrière du dos, quelquefois réduite à une protubérance, ou à deux ou trois; que sa caudale, fort large, est échancrée au milieu et pointue de chaque côté ; que ses yeux sont non seule- ment fort petits, mais inégaux, et même qu’il ne voit pas de l’œil gauche ; que sa cou'eur est en dessus d’un gris plus ou moins noirâtre et quelquefois verdâtre, et en dessous blanchâtre ainsi qu’autour des yeux ; que l'immense concavité du dessus de son crâne , recouverte par une voûle simplement ear- tilagineuse ou tendineuse , est divisée intérieurement en concaméralions éga- lement tendineuses communiquant les unes avec les autres, et en cellules rem- plies d’une huile qui est fluide tant que l'animal est chaud, et qui, en se refroidissant , prend la forme concrète sous laquelle on l’emploie. C’est cette (1) Clusius a le premier donné une figure assez exacte et nne bonne description du cachalot, dans le Ge livre de ses Exoticorum , p. 151. CÉTACÉS. 105 huile à laquelle on donne le nom assez ridicule de sperma-ceti, et que plus ridiculement encore on a regardée pendant longtemps comme la cervelle de l'animal ; mais la véritable cervelle n’occupe dans l’intérieur du eräne qu’un fort petit espace. Cette substance du sperma-celi est répandue aussi le long du dos et dans plusieurs parties du corps d’une Ft qui n’est pas encore clairement expliquée. C’est dans les intestins de la même espèce que l'on trouve l’ambre gris; mais on n’a point encore bien fait connaître dans quelle partie du corps il se forme, ni quelles sont les causes accidentelles de sa for- mation. » Ce cachalot vit en grandes troupes, et à moins qu’il n’y ait entre ceux des divers parages des différences qui n’ont point été indiquées, on doit croire qu’il se trouve dans toutes les mers. Aujourd’hui c’est dans les mers méridio- nales et des deux côtés de l'Amérique que l’on en prend le plus. » Existe-t-il en outre des cachalots à haute dorsale? en existe-t-il dont l’évent soit percé près du front sur le milieu de la tête ? en existe-t-il où les branches de la mâchoire inférieure ne soient pas réunies sur la plus grande partie de leur longueur en une symphyse cylindrique ? Voilà ce qui reste à chercher, ce qui reste à prouver autrement que par des figures tracées par des matelots. Ce n’est qu'après que des hommes éclairés auront observé ces êtres avec soin, et en auront déposé les parties osseuses dans des collections où elles puissent être vérifiées par des naturalistes, qu'il sera possible à la critique de les admettre dans le catalogue des animaux. » Les baleines sont plus exactement connues. Elles égalent les cacha- lots pour la taille et pour la grandeur proportionnelle de la tête, mais elles n’ont aucunes dents. Leur mâchoire supérieure , en forme de carène, ou de toit renversé, a ses deux côtés garnis de lames transverses minces et serrées, appelées fanons , formées d’une espèce de corne fibreuse, effilées à leurs bords, et servant à retenir les petits animaux dont ces énormes cétacés se nourrissent. Leur mâchoire inférieure, soutenue par deux branches osseuses arquées cn dehors et vers le haut, sans aucune armure, loge une langue charnue fort épaisse, et enve- loppe, quand la bouche se ferme, toute la partie interne de la mâchoire supérieure et les lames cornées dont elle est revêtue. Ces organes ne permettent pas aux baleines de se nourrir d'animaux aussi grands que leur taille pourrait le faire croire. Elles vivent de harengs , de maque- reaux, de sardines, el principalement de crustacés, de mollusques et de zoophytes d’une extrême petitesse, mais dont les légions innombrables, une fois entrées avec l’eau, dans leur énorme gueule, s’y trouvent rete- nues par les barbes de leurs fanons. Elles ont un cæcum très court. Les baleines ont été divisées en trois sous-genres : le premier com- prend la baleine franche {balæna mysticetus L.), qui manque de nageoire sur le dos et n’a pas la gorge plissée. Elle peut avoir 22 mètres de lon - gucur el surpasse toutes les autres baleines par la grosseur de son corps, dont le poids équivaut presque à celui de 300 bœufs gras. Son 106 MAMMIFÈRES. lard forme sous la peau une couche épaisse de plusieurs pieds, dont on retire environ 120 tonneaux d'huile, et qui est la cause de la chasse active qu'on lui fait tous les ans. Autrefois la baleine franche se mon- trait dans nos mers et était assez commune dans le golfe de Gascogne ; mais elle s’est retirée peu à peu jusqu’au fond du Nord, où le nombre en diminue chaque jour. Outre son huile, elle fournit encore au com- merce ses fanons noirâtres et flexibles, longs de 2",60 à 3",25, qui sont connus sous le nom vulgaire de baleines ; chaque individu en a huit ou neuf cents de chaque côté du palais. On dit que ce monstrueux cétacé ne se nourrit que de très petits mollusques qui fourmillent dans les mers qu’il habite. Ses excréments sont d’un jaune safrané ou rou- geâtre qui teint assez bien la toile. Les balénoptères se rapprochent de la baleine franche par leur gorge dépourvue de plis, mais en diffèrent par une nageoire dorsale. On n’en connaît qu’une espèce nommée gibbar par les basques (ba- lœæna physalus L.), et encore n'est-il pas certain que ce gibbar ne soit pas une jubarte mal observée. Le gibbar est aussi long , mais bien plus grèle que la baleine franche ; il est très commun dans les mêmes parages, mais les pêcheurs l’évitent parce qu'il donne peu de lard et qu'il est difficile à prendre et dangereux pour les embarcations, à cause de la violence de ses mouvements quand il est attaqué. Les roquals ont une nageoire dorsale et la peau du dessous de la gorge et de la poitrine plissée longitudinalement, et susceptible, en consé- quence, d’une grande dilatation. On en connaît plusieurs espèces dont une, nommée Jubarte des basques (1), balæna boops L. , surpasse par sa longueur la baleine franche, mais présente, pour Ja pêche, les mêmes inconvénients que le gibbar. Le roqual de la Méditerranée n’en diffère que par quelques caractères peu importants. Huiles de Cétacés. Ces huiles sont produites principalement par la baleine, le cachalot, les dauphins et les marsouins. Mais elles sont souvent mélangées d'huiles de phoques, de morses et même d'huiles de poissons, ce qui rend l'exposition de leurs caractères distinctifs difficile à faire. L'huile du marsouin à tête ronde (delphinus globiceps Gux.) a été examinée par M. Chevreul, dans le cours de ses savantes recherches sur les corps gras. Cette huile est d’un jaune citrin, d’une odeur forte et d’une pesanteur spécifique de 0,9178 à la température de 20 degrés. Elle est très soluble dans l'alcool, puisque 100 parties d’alcool à 0,812 (4) Par corruption sans doute du mot gibbar. CÉTACÉS. 107 de densité en dissolvent 110 à la température de 70 degrés, et que 100 parties d'alcool anhydre en prennent 123 parties à la température de 20 degrés. Cette huile, exposée pendant longtemps à des températures décrois- santes de 10 à 3 degrés, laisse déposer des cristaux de cétine. L'huile privée de cétine est plus foncée en couleur, d’une odeur plus forte, et elle est encore plus soluble dans l'alcool ; elle se convertit par la saponi- fication en glycérine et en acides oléique, margarique et phocénique. Ce dernier, dont la composition est C10H703,HO, est un acide volatil analogue à l'acide butyrique. Il se produit en outre deux huiles non acides et plus fusibles que l’éthal, ce qui semble indiquer dans l'huile de marsouin la présence de corps gras différents de l’oléine, de la mar- garine, de la phocénine et de la céfine, qui la composent principalement. Huile de baleine. Aussitôt qu’une baleine est morte d’épuisement, par suite de la perte de sang causée par la profonde blessure que lui a faite le harpon dont elle a été frappée, les pêcheurs la fixent comme une ceinture autour de leur navire; puis, armés d'énormes couteaux et d’un instrument qui ressemble à une grande bêche, ils descendent sur son corps, enlèvent par tranches le lard qui le recouvre, et le déposent dans des barils pour être fondu à leur plus prochaine relâche. L'huile qui en résulte est plus ou moins brune , d’une odeur de poisson rance , épaisse et congelable à la température de zéro. Elle contient une plus grande quantité de cétine que l'huile de marsouin, beaucoup moins de phocénine, de l’oléine, de la margarine et d’autres corps bien moins déterminés. Huile de cachalot et blane de baleine. Ainsi que nous l'avons vu, l'huile de cachalot, peu abondante dans le tissu graisseux sous-cutané, est principalement contenue dans de vastes chambres qui occupent la partie supérieure et antérieure de leur énorme tête, Cette huile, qui est à l’état liquide, dans l'animal vivant, se fige en refroidissant et se présente sous la forme de lames cristallines, tenues en suspension dans une huile d’un jaune ambré. On lui donne en cet état le nom de #lanc de baleine brut. En séparant par la filtration les deux parties dont elle se compose, on obtient une partie liquide qui est considérée comme huile de baleine, et une partie grenue, d’une couleur brune, d’une odeur forte et de la consistance d’un miel épais, qui est connue sous le nom de blanc de baleine filtré, et qui contient encore 60 pour 100 d'huile liquide. Cette: matière, soumise à une forte pression , forme le blanc de baleine pressé, qui est de couleur beaucoup moins foncée, sec , sonore et de structure cristalline, Pour obtenir le blanc de baleine purifié, on traite celui qui a été exprimé par une faible solution de potasse , on le lave et on le fond dans l'eau bouillante. On le coule enfin 108 MAMMIFÈRES. sous la forme de pains carrés, du poids de 15 à 16 kilogrammes, qui sont d’un blanc éclatant, translucides, presque inodcres, formés de cristaux brillants, nacrés, onctueux au toucher, un peu flexibles entre les doigts, se divisant, par une pression plus forte, en lames minces, transparentes et nacrées. À cet état, le blanc de baleine fond à 44 degrés, et n’est pas encore un produit simple. L'alcool froid , à 0,821 de den- sité, en extrait une huile incolore, qui se saponifie en donnant les mêmes produits que la partie cristallisée, de sorte qu’on peut considérer ces deux parties comme deux états différents du même corps. La matière cristalline, ou la céfine pure, fond alors à 49 degrés ; à la température de 360 degrés, elle entre en ébullition et peut être distillée sans altéra- tion; à une température plus élevée, elle se décompose en partie en produisant de l'acide margarique et de l'acide oléique. Elle brûle avec une belle flamine blanche, comme la cire ; 100 parties d’alcool anhvdre bouillant en dissolvent 15,8; mais l’alcool à 0,834 n’en dissout que 3, dont la plus grande partie se précipite par le refroidissement. Elle se dissout dans les huiles fixes et volatiles. La cétine se saponifie beaucoup plus difficilement que les autres corps gras et laisse presque la moitié de son poids d’un corps neutre auquel M. Chevreul à donné le nom d’éfhal (1), et qui paraît jouer, par rapport à la cétine, le rôle de la glycérine pour les corps gras ordi- naires. Seulement M. Chevreul avait pensé que l’autre produit de la saponification de la cétine était un mélange d'acides oléique et marga- rique , tandis que M. Laurence Smith a montré que ce produit est un acide particulier que M. Dumas avait déjà obtenu en faisant réagir la potasse caustique solide sur l’éthal, et qu’il avait nommé acide éthalique. Cet acide est également le même que l'acide palmitique résultant de la saponification de l'huile de palme; le nom d'acide cétique est celui qui lui conviendrait Ie mieux. D'après M. Laurence Smith, la composition de la cétine — CS#H510#, et, de même que pour les corps gras ordinaires, cette composition (4) M. Chevreul, qui a parfaitement déterminé la composition de l’éthal hydraté (C*2H %*0?), lui a donné ce nom, à cause des rapports de composition et de propriétés qui unissent ce corps à l’éther et à l'alcool. L’éthal, traité par l'acide phosphorique anhydre, se réduit en effet à l’état d’un carbure d’hydro- gène liquide, nommé cétène, isomère du gaz oléifiant (C*H*), mais dont la composition , pour 4 volumes de vapeur, — C**H3%?, Alors l’éthal hydraté C2? H #?,H 20?) est un bihydrate de cétène, de même que alcool (C*H*,H?,0?) est un bihydrate de carbure hydrique. Pareillement l’éthal anhydre (C*?15*0 ou C#21132 10), tel qu’on le suppose exister dans la cétine, est le représentant de l’éther hydratique (C‘H°0 ou C#*,HO). L’éthal est solide, cristallisable , insipide , inodore, fusible à 48 degrés, soluble dans l'alcool et l’éther, volatil et pouvant être distillé sans altération. CÉTACÉS,. 109 correspond à celle de l’acide cétique et de l'éthal anhydres, de sorte qu'il faut y ajouter 2 équivalents d’eau, pour en retirer ces deux corps cristallisés et hydratés. CS:H65*0* = ‘ C#H410: 22 C'2H530 cétine — acide cétique anh. + éthal anhydre. CS:H6:0: — H?20? — GEAR + C°°H3:0° céline + 2eau — ac. cétique hydr. + éthal hydraté. On doit choisir le blanc de baleine le plus récent possible, car il se rancit très facilement, ce qu’il doit sans doute à la graisse liquide qu’il retient toujours. On l’emploie en pommade cosmétique, uni à l’haile d'amandes douces, mais son plus grand usage est pour la fabrication des bougies, Fourcroy avait cru que le blanc de baleine, le gras des cadavres et la matière grasse des calculs biliaires, étaient un seul et même corps gras, et avait proposé de leur donner également le nom d’apocire, M. Che- vreul a prouvé que ces trois substances étaient essentiellement diffé- rentes, et a proposé, pour le blanc de baleine pur, le nom plus conve- nable de cétine, tiré de x%75: ou de cefus. Ambre gris. L'anbre gris est une matière solide, plus légère que l'eau, se ramollissant et se fondant comme de la cire à l’aide de la chaleur ; d’une couleur grise jaunâtre ou noirâtre, qui disparaît souvent sous une cfflorescence blanche formée à sa surfaces; il a une odeur assez douce, suave, susceptible d’une grande expansion ; il est presque insi- pide. , . e La LE! A L4 . . L'ambre gris est en masses irrégulières, tantôt formé de petits grains blancs jaunâtres arrondis, dispersés dans une pâte grise uniforme ; le plus souvent composé de couches concentriques superposécs, comme un calcul ou un bézoard animal. Ses morceaux pèsent ordinairement moins de 500 grammes; mais on en cite des masses de 5 et de 10 kilo- grammes, et quelques unes même de 50 à 100 kilogrammes. On le trouve flottant sur la mer, aux environs du Japon, des îles Moluques, de l'Inde, de Madagascar, du Brésil, des Antilles et des îles Lucaves , ou bien on le retire des intestins de plusieurs grands cétacés. On a formé bien des hypothèses sur l’origine de l’ambre gris ; on l’a successivement regardé comme un bitume, comme des excréments d'oiseaux, des rayons de cire, des résines végétales provenant des terres voisines, et ensuite bituminisées par l’action simultanée de l’eau salée, de l'air et du soleil. Plus récemment, Virey a émis l'opinion que 110 MAMNIFPÈRES. l’ambre gris était une espèce d'adipocire où de gras des cadavres, résultant de la décomposition spontanée des poulpes odorantes qui abondent dans la Méditerranée et entre les tropiques; il est inutile que je reproduise ici les raisons que j'ai opposées à cette hypothèse, que rien ne justifie. On fait généralement honneur à Schwédiawer ou Swédiaur, de l’opi- nion admise aujourd'hui que l’ambre gris est produit par un cétacé. Pour être juste, il faut que je rapporte ce qu'a écrit L'Écluse ou CZu- sius sur l’origine de cette substance, bien avant Schwédiawer, et avant bien des opinions erronées émises sur le même sujet. Voici ce que dit L'Écluse dans ses Zxotiques, p. 148, 149 : « Quant à ce que peut être lambre gris, je dirai ce que m’a rapporté , en 1593, un homme d’une bonne foi éprouvée, Servat Marel, Bourguignon, qui avait parcouru un grand nombre de pays pour faire le commerce de ambre, du muse et des pierres précieuses. Lui ayant dit que je ne connaissais de l’ambre que ce qu’en avaient décrit Gareias ab horto et Nicolas Monard, il me répondit : Je les ai Jus l'un et l’autre, mais que rapportent-ils autre chose que des témoignages douteux d’auteurs qui s’'égarent ? Croyez-moi, l’ambre n'est autre chose qu’un résidu d’aliment amassé pendant longtemps dans l’estomac (ou l'intestin) de la vraie baleine. Je dis vraie, parce que la plupart donnent à d’autres cétacés , tels que l’orque, le physeter et autres pourvus de dents, le nom de baleine, tandis que la baleine légitime n’a pas de dents, dévore les poissons entiers, et aime surtout à se nourrir de mollusques, tels que poulpes, seiches et autres. Cette nourriture étant mal digérée, il en résulte beaucoup de matière épaisse, qui se coagule et se trouve rejetée chaque année, ou à des intervalles plus courts, lorsque l'estomac en est trop surchargé. Cette matière ainsi gardée pendant longtemps dans l'estomac, rejetée ensuite et nageant sur la mer, est l’ambre gris, dans lequel on trouve quelquefois les becs des poulpes dévorées (Swiédiaur et Romé de l'Isle se sont disputé, deux cents ans après, la découverte de ce fait). Lorsque la baleine est prise, étant récemment débar- rassée de cette matière, on n’y trouve pas d’ambre gris ; quand on la prend quelque temps après, on y trouve un peu d’ambre, mais d’une qualité infé- rieure ; mais la matière croit peu à peu , acquiert de la qualité en vieillissant, et si l’on prend la baleine avant qu’elle ne lait rendue, c’est alors qu’on y trouve la plus grande quantité et la meilleure qualité d’ambre. On en cher- cherait en vain dans les autres cétacés que j'ai nommés. Il n’y a donc rien d'étonnant si ceux qui les ont ouverts, les prenant pour des baleines, n’y ont pas trouvé d’ambre gris. » Kæmpfer, dans ses Aménités, p. 635, après avoir vengé , suivant son expression , l’ambre gris des ridicules hypothèses du Journal des Savants , nous apprend qu’on trouve très souvent de l’ambre gris dans les intestins d’un cétacé nommé #0k0s, long de 3 à 4 brasses, que l'on prend aux environs du Japon. L’ambre est commun au Japon, tant celui trouvé dans les entrailles des baleines que celui qu’elles ont rejeté CÉTACÉS. 111 à la mer, avec leurs excréments, pendant leur vie; d’où les Japonais appellent l’ambre kusura no fuu, c’est-à-dire excrément de baleine. Suivant Swédiaur, cependant (Journal de physique, t. XXN, p. 278; 1784), l’ambre gris est l’excrément du cachalot, physeter macro- cephalus L., endurci contre nature, et mêlé avec quelques parties de sa nourriture qui n’ont pu être digérées. Les raisons qu'il donne pour attribuer l’ambre à ce cétacé, et non aux autres, -sont : 1° que les pêcheurs américains sont tellement convaincus de ce fait, que lorsqu'on leur parle d’un parage où l’on trouve l’ambre gris, ils en concluent de suite qu’il doit être fréquenté par le cachalot, qui est également l'animal dont on retire le blanc de baleine ; 2° les gens qui sont employés à la pêche de la baleine ne prennent que le cachalot macrocéphale , et l’exa- minent d’abord pour s'assurer s’il contient de l’ambre gris, à moins que l'animal n'ait vomi et rendu ses excréments après avoir été harponné ; car alors il est inutile de rechercher l’ambre dans ses intestins ; 3° les sèches font la nourriture principale du cachalot, et les becs de sèches noirs et cornés, que l’on trouve dans l’ambre gris, sont encore une ‘preuve qu’il provient de ce cétacé. Cette opinion de Swédiaur est tellement accréditée depuis longtemps que j'ai peine à croire qu’elle ne soit pas fondée (1) ; cependant deux des trois raisons sur lesquelles il l’appuie sont tout à fait inexactes : car il est faux que les gens qui vont à la pêche de la baleine ne prennent que des cachalots, et il est faux également que ce cétacé se nourrisse principalement de mollusques, puisqu'il a des dents dures et aignës , et qu’il poursuit avec acharnement les phoques, les baleinoptères, les dauphins et les requins (Sonnini, Æistoire des cétacés, p. 304). La baleine franche, au contraire, comme l’a très bien remarqué Servat-Marcl (que Swédiaur a eu le tort de ne pas citer), n'ayant pas de dents, est obligée &e se nourrir principalement de mollusques, et celte observation, qui montre que l'homme qui l’a faite n’était pas un simple marchand d’ambre gris, mérite que l’on examine de nouveau si son opinion ne serait pas fondée , et si la baleine franche, plutôt que le cachalot ou , tout au moins, tout aussi bien que lui, ne produirait pas l’ambre gris. Différents chimistes ont concouru à nous faire connaître là nature de l'ambre gris, entre autres Geoffroy, Bucholz, et MM. Pelletier et Caventou. Geoffroy nous apprend , dans Matière médicale, t. I, p. 287, que (1) Un cachalot trumpo mâle, échoué en 1741 près de Bayonne, fournit dix tonneaux d’adipocire , et on trouva dans ses intestins une masse d’ambre gris du poids de 13 livres. Ce fait prouve au moins que le cachalot peut pro- duire de l'ambre gris. 112 MAMMIFÈRES. l’esprit-de-vin ne dissout pas entièrement l’ambre gris; qu'il reste un peu d’une matière noire sur laquelle il n’agit pas; que sa dissolution forme, après quelque temps, un sédiment blanc très abondant, qui, desséché, devient folié et brillant, et qui n’est pas différent du blanc de baleine. Suivant Bucholz ({ Ann. de chim., t. LXXITE, p. 95), l’ambre gris, à part la petite quantité de matière noire insoluble dans l'alcool, est une substance sui generis, qui tient le milieu entre la cire et la résine, et qu’il a nommée principe ambré. I a reconnu son insolubilité presque complète dans les alcalis, et a donné cette propriété comme un carac- tère distinctif de l’ambre gris. Pelletier et M. Caventou sont partis de l’opinion de Gcoffroy, que le principe cristallisable de l’ambre gris était du blanc de baleine; ils en ont démontré la fausseté, et ont prouvé que ce principe, qu'ils ont nommé ambréine , était différent des autres connus jusque là, et que celui dont il se rapprochait le plus était la cholestérine, ou principe cristallisable des calculs biliaires humains. Les auteurs du mémoire, s'appuyant sur ce rapprochement, discutent ensuite la question de l’origine de l’ambre gris. I1s admettent, avec Swé- diaur, que cette matière se forme dans les intestins du cachalot; mais ils combattent son opinion qu’elle est un excrément endurci, et la regardent plutôt comme une sorte de bézoard ou de calcul biliaire (Journ. de pharm., t VI, p. A9). En résumant les opinions les plus probables émises sur l’origine de l'ambre gris, on voit que Servat-Marel l’attribuait à la baleine franche, et Swédiaur au cachalot ; que celui-ci le considère comme un excrément endurci, et MM. Pelletier et Caventou comme un calcul biliaire. Je puis éclaircir cette dernière question et montrer que l’ambre gris parti- cipe à la fois de la nature de l’un et de l’autre. En 1832, j'ai vu chez M. Chardin-Hadancourt, parfumeur, de l’ambre gris récent , qui était formé d’excrément de cétacé recouvert de couches concentriques adipocireuses. L'excrément avait la forme du crottin de cheval, était mou et jaune, et avait l'odeur de la matière fécale humaine. Il était tantôt isolé, et d’autres fois réuni au nombre de 3 ou 4, au milieu des couches concentriques. Des masses plus considé- rables étaient formées de masses partielles ayant chacune leur noyau de 1,2, 3 ou 4 excréments globuleux, puis réunies et enveloppées ensemble dans de nouvelles couches adipocireuses. C’est alors que l’ambre gris doit nuire aux fonctions des intestins et à la santé des individus qui le portent. Alors aussi on conçoit comment sa masse s’accroit promptement jusqu’à un poids considérable. La masse d’ambre du poids de 182 livres, qui appartenait à la compagnie hollandaise des Indes Orientales, et qui OISEAUX. 113 se trouve figurée dans le 7esaurus cochlearum de Vander (Zugd. Bat., 4711, tab, Litt et L1V), est formée, comme je viens de l'indiquer, de masses partielles rapprochées et enveloppées dans un certain nombre de couches superficielles générales. Le 31 octobre 1832, j'ai soumis à la dessiccation lente, dans une boîte de carton, un fragment d’ambre gris mou et récent, pesant 54,69 grammes. Il s’est desséché ou plutôt durci, sans perdre de son poids, et le 31 janvier 1836 il avait encore exactement le même poids ; cependant il était tout à fait dur, d’une forte odeur d’ambre, et n’offrait plus d'indice de son odeur primitive qu’au centre du noyau excrémenti- tiel (4). Ce noyau est d’une pâte grise uniforme, parsemée de petites taches jaunes’; les couches concentriques sont noires, comme huileuses, et constituent la variété d’ambre que lon nomme ambre noir, moins estimé que le gris, quoique très odorant (d’autres fois les couches sont grises, plus sèches et forment alors l’ambre le plus estimé) ; le tout s’est recouvert d’une efflorescence très blanche d'ambréine. L'ambre gris est employé en médecine comme excitant et aphrodi- siaque ; mais son plus grand usage est pour les parfums. Il est sou- vent falsifié dans le commerce : on reconnaîtra le bon en s’attachant aux caractères que J'ai indiqués au commencement, et encore plus peut-être par l’habitude d’en manier. -——e— DEUXIÈME CLASSE : LES OISEAUX, Les oiseaux sont des animaux vertébrés, ovipares, à sang chaud, à circulation et respiration doubles, éminemment bipèdes et destinés à vivre dans l'air, où ils se soutiennent au moyen de leurs membres anté- rieurs développés en ailes. « Leurs poumons non divisés, fixés contre les côtes, sont enveloppés d’une membrane percée de grands trous, et qui laisse passer l’air dans plusieurs cavités de la poitrine, du bas-ventre, des aisselles et même de l’intérieur des os, en sorte que ce fluide baigne, non seulement la surface des vaisseaux pulmonaires, mais encore celle d'une infinité de » vaisseaux du reste du corps. Ainsi les oiseaux respirent, à certains (4) Aujourd'hui 4 septembre 1850, ce morceau d’ambre pèse 54,30 grammes, Comme il est toujours resté, depuis l’année 1836, renfermé dans une conserve de verre, il possède une forte odeur d’ambre toujours mélangée d’une odeur d’étable, qui le rend moins agréable en nature que s’il était resté exposé à l'air; ais je suis persuadé que cet ambre aurait, pour la parfumerie, une puissance odoriférante beaucoup plus grande. IV, 8 114 OISEAUX. égards, par les rameaux de leur aorte comme par ceux de leur artère pulmonaire, et l'énergie de leur irritabilité, de même que l'augmentation de leur caloricité, sont une conséquence de la grande étendue et de la quantité de leur respiration. » Les extrémités antérieures, destinées au vol, ne pouvant servir à la station ni à la préhension, les oiseaux sont bipèdes et prennent les objets à terre avec leur bouche ; alors leur corps devant être penché en avant de leurs pieds, les cuisses se portent aussi en avant, et les doigts s’allongent pour former au corps une base suffisante. Le bassin est très étendu en longueur pour fournir des attaches aux muscles qui supportent le tronc sur les cuisses ; il existe même une suite de muscles allant du bassin aux doigts, en passant sur le genou et le talon, de manière que le simple poids de l’oiseau fléchit les doigts. C’est ainsi qu'ils peuvent dormir perchés sur un pied. » Le cou et le bec s’allongent pour pouvoir atteindre jusqu’à terre, et le premier a la mobilité nécessaire pour se reployer en arrière dans la station tranquille. 11 a donc beaucoup de vertèbres. Au contraire, le tronc qui sert d'appui aux ailes a dû être peu mobile; le sternum sur- tout, auquel s’attachent les muscles qui abaissent l'aile pour choquer l'air dans le vol, est d’une grande étendue et augmente encore sa sur- face par une lame saillante, dans son milieu, qui porte le nom de bréchet. La fourchette produite par la réunion des deux clavicules et les deux vigoureux arcs-boutants formés par les apophyses coracoïdes, tiennent les épaules écartées, malgré les efforts que le vol détermine en sens contraire, L’aile soutenue par l’humérus, par l’avant-bras, et par la main qui est allongée et montre un doigt et les vestiges de deux autres, porte sur toute sa longueur une rangée de pennes élastiques qui étendent beaucoup la surface qui choque l'air. Les pennes adhérentes à la main se nomment primaires, et il y en a toujours 10; celles qui tiennent à l'avant-bras s'appellent secondaires et leur nombre varie; des plumes moins fortes attachées à l’humérus s'appellent scapulaires ; l'os qui représente le pouce porte encore quelques pennes nommées bätardes ; sur la base des pennes règne une rangée de plus petites plumes nom- mées couvertures. » La queue osseuse est très courte, mais elle porte aussi une rangée de fortes pennes qui, en s’étalant, contribuent à soutenir l'oiseau; leur nombre est ordinairement de 12, quelquefois de 14; dans les gallina- cées, il va jusqu’à 18. » Les membres postérieurs ont un fémur, un tibia et un péroné qui tiennent au fémur par une articulation à ressort dont l'extension se maintient sans effort de la part des muscles. Le tarse et le métatarse y sont représentés par un seul os terminé vers le bas en trois poulies. OISEAUX. 145 » Il y a le plus souvent trois doigts en avant et le pouce en arrière ; celui-ci manque quelquefois. Le nombre des articulations croît à chaque doigt, en commençant par le pouce qui en à deux, et en finissant par le doigt externe qui en a cinq. » L’œil des oiseaux est disposé de manière à distinguer également bien les objets de loin et de p'ès ; une membrane vasculeuse et plissée, qui se rend du fond du globe au bord du cristallin, y contribue proba- blement en déplaçant cette lentille. La face antérieure du globe est d’ail- leurs renforcée par un cercle de pièces osseuses ; et, outre les deux paupières ordinaires, il y en a toujours une troisième placée à l'angle intezae, et qui, au moyen d’un appareil musculaire remarquable, peut couvrir le devant de l'œil comme un rideau. La cornée est très convexe : mais le cristallin est plat, et le vitré petit. » L'oreille des oiseaux n’a qu’un osselet, formé d’une branche adhé- rente au tympan, et d’une autre terminée par une platine qui s'appuie sur la fenêtre ovale; leur limaçon est un cône peu arqué ; mais leurs canaux semi-circulaires sont grands et logés dans une partie du crâne, où ils sont environnés de toutes parts de cavités aériennes qui commu niquent avec la caisse. Les oiseaux de nuit ont seuls une conque exté- rieure , qui cependant ne fait point de saillie comme celle des quadru- pèdes. L'ouverture de l'oreille est généralement recouverte de plumes à barbes plus effilées que les autres. » L'organe de l’odorat, caché dans la base du bec, n’a d'ordinaire que des cornets cartilagineux, au nombre de trois, qui varient en com- plication ; il est très sensible, quoiqu'il n’ait pas de sinus creusés dans l'épaisseur du crâne. La langue à peu de substance musculaire et est peu délicate dans la plupart des oiseaux. » Les plumes, ainsi que les pennes, qui n’en diffèrent que par la gran- deur, sont composées d’une tige creuse à la base, et de barbes latérales qui en portent elles-mêmes de plus petites ; elles tombent deux fois par an. Dans certaines espèces, le plumage d’hiver diffère par ses couleurs de celui d'été, et dans le plus grand nombre la femelle diffère du mâle par des teintes moins vives. Dans ce cas, les petits des deux sexes res- semblent à la femelle. Lorsque les adultes mâles et femelles sont de même couleur, les petits ont une livrée qui leur est propre. » La trachée des oiseaux à ses anneaux entiers ; à sa bifurcation est une glotte le plus souvent pourvue de muscles propres, et nommée larynx inférieur : c’est là que se forme la voix des oiseaux. L’énorme volume d’air contenu dans les sacs aériens contribue à la force de cette voix, et la trachée, par ses diverses formes et par ses mouvements, à ses modifications. Le larynx supérieur, fort simple, y entre pour peu de chose. 116 OISEAUX. » La face ou le bec supérieur des oiseaux, formée principalement de leurs os intermaxillaires, se prolonge en arrière de deux arcades, dont l'interne se compose des os palatins et ptérygoïdiens, et l’externe des os maxillaires et des jugaux, et qui s'appuient l’une et l’autre sur un os tympanique mobile, vulgairement dit os carré, répondant à l'os de la caisse. En dessus, cette même face est articulée ou unie au crâne par des lames élastiques; ce mode d'union lui laisse toujours quelque mobilité. La substance cornée qui revêt les deux mandibules tient lieu de dents et est quelquefois hérissée de manière à en représenter. Sa forme, ainsi que celle des mandibules qui la soutiennent, varie selon le genre de nourriture que prend chaque espèce. » La digestion des oiseaux est en proportion avec l’activité de leur vie et la force de leur respiration. L’estomac est composé de trois par- lies : le Jabot, qui est un renflement de l’œsophage ; le ventricule suc- centurté, sac membraneux garni dans l'épaisseur de ses parois d’une multitude de glandes dont l'humeur imbibe les aliments; enfin le gésier, armé de deux muscles vigoureux, et dans lequel les aliments se broient d'autant plus aisément que les oiseaux ont soin d’avaler de petites pierres pour augmenter la force de la trituration. » Le cloaque est une poche où aboutissent le rectum, les uretères et les canaux spermatiques, ou, dans les femelles, l’oviducte. Il est ouvert au dehors par l'anus. Dans la règle, les oiseaux n’urinent pas au dehors, parce que leur urine, peu abondante, se mêle aux excréments solides. Les autruches ont seules le cloaque assez dilaté pour que l'urine s’y accumule à l’état liquide. » Dans la plupart des genres, laccouplement se fait par la seule juxtaposition des anus ; les autruches et plusieurs palmipèdes ont cepen- dant une verge creusée d’un sillon, par où la semence est conduite. Les testicules sont situés à l’intérieur, au-dessus des reins et près du poumon. Il n'y à qu’un oviducte de développé ; l’autre est réduit à une petite bourse, » L'œuf détaché de l'ovaire, où l’on n’y aperçoit que le jaune, s’en- toure dans le haut de l’oviducte de la liqueur nommée le blanc ou l'albumen, et se garnit de sa coque calcaire dans le bas du même canal. C'est dans cet état que l'œuf est pondu ; mais le germe placé sur un point blanchâtre (cicatricule ) de la surface du jaune, ne s’y développe que moyennant un certain degré de chaleur que communique la mère à ses œufs, en les recouvrant de son corps, après les avoir déposés dans un nid propre à les abriter. Entre tous les oiseaux, les autraches seules, vivant au milieu des déserts sablonneux de l'Afrique, paraissent se dis- penser de couver leurs œufs et peuvent les abandonner à Ja chaleur des rayons solaires, après les avoir rassemblés dans un creux pratiqué dans OISEAUX. y le sable ; mais elles les couvent dans les climats moins chauds. Après un temps d’incubation qui est constant pour chaque espèce, le petit, qui a épuisé la nourriture contenue dans l'œuf et qui est suffisamment déve- loppé pour pouvoir en recevoir du dehors, fend la coquille au moyen d’une pointe cornée qu’il a sur le bout du bec et qui tombe peu après sa naissance. On divise les oiseaux en six ordres, qui sont : les rapaces , les passe- reaux , les grimpeurs, les yallinacés, les échassiers et les palmi- pèdes. « I. Les RAPACES, ou OISEAUX DE PROIE (accipitres L.), se reconnaissent à leur bec et à leurs ongles crochus, armes puissantes au moyen desquelles ils poursuivent les autres oiseaux et même les qua- drupèdes faibles et les reptiles. Ils sont parmi les oiseaux ce que sont les carnassiers parmi les quadrupèdes. Les muscles de leurs cuisses et de leurs janibes indiquent la force de leurs serres ; leurs tarses sont rarement allongés ; ils ont tous quatre doigts ; l’ongle du pouce et celui du doigt interne sont les plus forts. » Ils forment deux familles : les diurnes et les nocturnes. » Les RAPACES DIURNES ont les yeux dirigés sur les côtés, une mem- brane, appelée cère, couvrant la base du bec et dans laquelle sont per- cées les narines; trois doigts devant, un derrière, sans plumes ; les deux antérieurs externes presque toujours réunis à leur base par une courte membrane. Ils ont le plumage serré, les pennes fortes, le vol puissant. Leur estomac est presque entièrement membraneux , leurs intestins peu étendus , leurs cæcums très courts, leur sternum large et complé- tement ossifié pour donner aux muscles des ailes des attaches plus éten- dues , et leur fourchette demi-circulaire est très écartée , pour mieux résister dans les abaissements violents de l’humérus qu’un vol rapide exige. » Les principaux genres ou sous-genres compris dans cette famille sont les vautours, les griffons, les faucons, les aigles, les harpies, les autours , les milans , les buses, les busards et les messagers ou secré- taires. « Les RAPAGES NOCTURNES ont la tête grosse, de très grands yeux dirigés en avant , entourés d’un cercle de plumes effilées, dont les anté- rieures recouvrent la cire du bec, et les postérieures l'ouverture de l'oreille. Leur énorme pupille laisse entrer tant de rayons qu’ils sont éblouis par le plein jour ; aussi volent-ils surtout pendant le crépuscule et le clair de lune. Leur crâne épais, mais d’une substance légère , a de grandes cavités qui communiquent avec l’orcille et renforcent proba- blement le sens de l’ouïe ; mais l’apparcil relatif au vol n’a pas une grande force ; leur fourchette est peu résistante ; leurs plumes à barbes douces, 118 OISEAUX. finement duvetées, ne font aucun bruit en volant. Le doigt externe du pied se dirige à volonté en avant ou en arrière. Leur gésier est assez musculeux, quoique leur proie soit tout animale, consistant en souris, petits oiseaux et insectes; il est précédé d’un grand jabot et leurs cœcums sont longs et élargis à leur fond. Les petits oiseaux ont contre eux une antipathie naturelle et se réunissent de toutes parts, pendant le jour, pour les assaillir, ce qui fait qu’on les emploie pour attirer les oiseaux au piége. Les rapaces nocturnes comprennent plusieurs sous-genres nommés Abou , choucttes , effraies, chats-huants, ducs, chevêéches et sCcops. » IL. L'ordre des PASSEREAUX est le plus nombreux de toute la classe, Son caractère semble d’abord purement négatif, car il embrasse tous les oiseaux qui ne sont ni nageurs, ni échassiers, ni grimpeurs, ni rapaces, ni gallinacés. Cependant, en les comparant, on saisit bientôt entre eux une grande ressemblance de structure, et surtout des passages tellement insensibles d’un genre à l’autre, qu'il est difficile d'y établir des subdivisions. » Ils n'ont ni la violence des oiseaux de proie , ni le régime déterminé des gallinacés ou des oiseaux d’eau ; les insectes, les fruits , les grains, fournissent à leur nourriture : les grains, d’autant plus exclusivement que leur bec est plus gros ; les insectes, qu’il est plus grêle. Ceux qui sont forts poursuivent même les petits oiseaux. » Leur estomac est en forme de gésier musculeux ; ils ont générale- ment deux très petits cæœcums; c’est parmi eux qu’on trouve les oiseaux chanteurs et les larynx inférieurs les plus compliqués. » Une première division peut être établie entre les passereaux, fondée sur la disposition de leurs deux doigts externes, qui tantôt sont inégaux et réunis par une ou deux phalanges seulement, et tantôt sont presque égaux et réunis jusqu’à l’avant-dernière articulation. On donne à ces derniers, qui sont peu nombreux, le nom de syndactyles. Les autres ont été divisés en quatre familles, d’après la forme de leur bec, et ont reçu les noms de dentirostres, controstres, fissirostres et ténuirostres. On trouve dans les DENTIROSTRES , dont le bec est échancré aux deux côtés de la pointe, les pres-grièches (pies-grièches propres, cas- sicans, choucaris, etc.), les gobe-mouches (tyrans , moucherolles, gobe-mouches propres, cotingas, etc.) , les /anguras, les merles, les martins, les loriots, les lyres, les becs-fins (rubicttes, fauvettes et rossignols, roitelets, hochequeues, etc.), etc. Les FISSIROSTRES sont peu nombreux, mais très distincts par leur bec court, large, aplati horizontalement, légèrement crochu , sans échancrure et fendu très profondément; en sorte que l'ouverture de leur bouche est très large, et qu’ils engloutissent aisément les insectes OISEAUX. 119 qu’ils poursuivent au vol. Telles sont les hirondelles. charmants oiseaux qui nous quittent à l’automne pour aller jusqu’en Afrique cher- cher la nourriture dont la mauvaise saison les priverait chez nous, mais qui reviennent au printemps nous annoncer les beaux jours, et reprendre à nos fenêtres, sous l’abri de nos toits ou sur nos cheminées, le nid qu’ils y avaient laissé l’année précédente. Parmi les hirondelles répandues dans les autres parties du monde, il faut remarquer la salangane. très petite espèce de l’Archipel indicn (Rumphius, Amboin., VI, p. 183, tab. 75), célèbre par ses nids construits à l’aide d’une substance gélatineuse très estimée en Chine comme aliment, et dont il s’y fait un commerce considérable. J'ai décrit ces nids précédemment (tome 11, p. 57). Les CONIROSTRES comprennent les genres à bec fort, plus ou moins conique et sans échancrure ; ils vivent d'autant plus exclusivement de grains que leur bec est plus fort et plus épais. On y trouve : Les alouettes, les mésanges, les bruants, les moineaux (tisserins, moineaux francs, pinçons, linottes et chardonnerets, serins ou tarins, veuves, gros-becs, etc. ), les bouvreuils, les becs-croisés, les cassiques, les étourneaux, les corbeaux (corbeaux propres, pies, geais, casse- noix, etc.) , les ro/liers , les oiseaux de paradis, etc. Les TÉNUIROSTRES renferment le reste des oiseaux du premier groupe des passereaux, ceux dont le bec est grêle, allongé, tantôt droit, tantôt plus ou moins arqué, sans échancrure. Ils sont à peu près aux coni- rostres ce que les becs-fins sont aux autres dentirostres. On y trouve les sittelles, les grimpereaux , les colibris et oiseaux-mouches, dont une espèce (#rochilus minimus) n’excède pas la grosseur d’une abeille, les Luppes , etc. Les SYNDACTYLES, dernière famille des passereaux dans laquelle le doigt externe, presque aussi long que celui du milieu, lui est uni jusqu’à l’avant-dernière articulation , nous offrent les quépiers, les martins-pêcheurs, les ceyx, les todiers et les calaos. Ces derniers sont de grands oiseaux d’Afrique et des Indes, remarquables par leur énorme bec dentelé, surmonté d’une proéminence quelquefois aussi grande qu’eux-mêmes et qui les lie aux toucans, tandis que leurs habitudes les rapprochent des corbeaux, et leurs pieds des martins-pêcheurs. III. Le troisième ordre des oiseaux, ou les GRIMPEURS , se com- pose de ceux dont le doigt externe se dirige en arrière, comme le pouce, d’où il résulte pour eux un appui plus solide, que quelques genres mettent à profit pour se cramponner au tronc des arbres et y grimper. Ces oiseaux nichent d'ordinaire dans les trous des vieux arbres ; leur vol est médiocre ; leur nourriture, comme celle des passereaux , consiste en insectes ou en fruits, selon que leur bec est plus ou moins robuste, Le 120 OISEAUX. sternum de la plupart des genres a deux échancrures en arrière ; mais dans les perroquets il n’a qu'un trou, et souvent il est absolument plein. Les principaux genres compris dans cet ordre sont les Jacamars, les pies, les torcols, les coucous , les barbus , les couroucous , les toucans, les perroquets (aras, perruches, cacatoës, perroquets propres, loris, psittacules , ‘perroquets à trompe, etc.) ; on y a joint deux oiseaux de genres différents nommés fouraco et musophage, qui ont de l’analogie avec les gallinacés. «IV. GALLINACÉS. Les oiseaux de ce quatrième ordre sont ainsi nommés, à cause de leur affinité avec le coq domestique. Ils ont géné- ralement, comme lui, la mandibule supérieure voûtée, les narines percées dans un large espace membraneux de la base du bec, et recou- vertes par une écaille cartilagineuse. Ils ont le port lourd, les aïles courtes, le sternum diminué par deux échancrures si larges, qu’elles en occupent presque les deux côtés ; la crête en est tronquée obliquement en avant , en sorte que la pointe aiguë de la fourchette ne s’y joint que par un ligament; toutes circonstances qui, en affaiblissant les muscles pectoraux, rendent le vol difficile. Leur queue a le plus souvent 14 et quelquefois jusqu’à 18 pennes. Leur larynx inférieur est très simple, aussi n’en est-il aucun qui chante agréablement. Ils ont un jabot très large et un gésier fort vigoureux. Si l’on excepte les alectors, ils pondent et couvent leurs œufs à terre, sur quelques brins de paille ou d'herbes grossièrement étalés. Chaque mâle à ordinairement plusieurs femelles et ne se mêle point du nid ni du soin des petits, qui sont généralement nombreux, et qui, le plus souvent, sont en état de courir au sortir de l’œuf. » Cet ordre se compose d’abord d’une famille très naturelle (les gallinacés propres), à laquelle se rapportent spécialement les caractères précédents et qui nous fournit la plupart de nos oiseaux de basse-cour. Les genres qu’elle contient ont les doigts antérieurs réunis à leur base par une courte membrane, et dentelés le long de leurs bords. Pour ne pas trop multiplier les ordres, on leur à réuni la famille des pigeons, quoiqu'’ils soient monogames , qu’ils aient un vol élevé, qu’ils nichent sur les arbres, que leurs doigts soient entièrement divisés et que leur queue nait presque toujours que 12 pennes, tous caractères qui les rapprochent des passereaux. » Les principaux genres admis dans la famille des gallinacés sont les alectors, les paons , les dindons , les pintades, les faisans (coq et poule ordinaires , faisans propres, tragopans, etc. ), les /é/ras (coqs de bruyère, perdrix, cailles, tridactyles , etc.). La famille des pigeons ne comprend qu'un genre divisé en trois sous-genres : les colombr-yal- lines, que leur manière de vivre, leur taille, et d’autres caractères, OISEAU X. 121 rapprochent des vrais gallinacés ; les pigeons propres comprenant les tourterelles, et les colombars d’Afrique, à bec plus gros, solide et com- primé sur les côtés. « V. Les ÉCHASSIERS , qui forment le cinquième ordre des oiseaux, ürent leur nom de la nudité du bas de leurs jambes , et le plus souvent de la longueur de leurs tarses, deux circonstances qui leur permettent d'entrer dans l’eau jusqu’à une certaine profondeur, sans se mouiller les plumes, d’y marcher à gué et d’y pêcher, au moyen de leur cou et de leur bec, dont la longueur est généralement proportionnée à celle des jambes. Ceux qui ont le bec fort vivent de poissons ou de reptiles ; ceux qui l'ont faible, de vers et d'insectes. Très peu se contentent de graines ou d’herbages, et ceux-là seulement vivent éloignés des eaux. Le plus souvent le doigt extérieur est uni par sa base à celui du milieu, au moyen d’une courte membrane ; quelquefois il y a deux membranes semblables ; d’autres fois elles manquent entièrement, et les doigts sont tout à fait séparés ; il arrive aussi, mais rarement, qu'ils Sont palmés jusqu’au bout ; le pouce enfin manque à plusieurs genres , toutes cir- constances qui influent sur leur genre de vie. Presque tous ces oiseaux, si l’on excepte les autruches et les casoars, ont les ailes longues et volent bien. Ils étendent leurs jambes en arrière, lorsqu'ils volent, au contraire des autres oiseaux, qui les reploient sous le ventre. On établit dans cet ordre cinq principales familles et quelques genres isolés. » Les BRÉVIPENNES, qui forment la première famille, quoique sem- blables, en général, aux autres échassiers, en différent beaucoup par la brièveté de leurs ailes qui leur ôte la faculté de voler ; mais leurs extrémités postérieures ont acquis en force ce que les ailes ont perdu ; aucun d’eux n’a de pouce ; leur bec et leur régime leur donnent d’ail- leurs de nombreux rapports avec les gallinacés. On en à fait deux genres , les autruches et les casoars. Les autruches ont les ailes revêtues de plumes lâches ct flexibles , encore assez longues pour accélérer leur course. On connaît l'élégance des panaches formés de ces plumes à tige mince, dont les barbes, quoique garnies de barbules, ne s’accrochent point ensemble; comme celles de la plupart des oiseaux. Leur bec est déprimé horizontalement, de longueur médiocre, mousse au bout ; leur œil est grand et les paupières sont gar- nies de cils. Leurs jambes et leurs tarses sont très élevés, munis de muscles d’une grande force, qui leur permettent de dépasser tous lesautres animaux à la course, et lorsqu'on les poursuit elles savent lancer des pierres en arrière, avec beaucoup de vigueur. Elles vivent d’herbages et de graines, mais ont un goût si obtus, qu’elles avalent à peu près indifféremment des cailloux , des morceaux de fer, etc. Elles ont un énorme jabot, un ventricule considérable entre le jabot et le gésier, 122 OISEAUX. des intestins volumineux , de longs cœcums, et un vaste réceptacle où l'urine s’accumule comme dans une vessie : aussi sont-elles les seuls oiseaux qui urinent. Leur verge est très grande et se montre souvent au dehors. On en connaît deux espèces, dont une (séruthio camelus 1.) habite les déserts sablonneux de l'Afrique et de l'Arabie, et atteint 2 à 3 mètres de hauteur; elle n’a que deux doigts à chaque pied, et le doigt externe, plus court de moitié que l’autre, manque d’ongle. Elle vit en grandes troupes, pond des œufs qui pèsent jusqu’à 1500 grammes, qu’elle se borne à exposer dans le sable, à la chaleur du soleil, dans les pays les plus chauds, mais qu’elle couve sous la lati- tude des tropiques, et qu’elle soigne et défend partout avec courage. L'autruche d'Amérique (struthio rhea L.) est de moitié plus petite, a les plumes moins fournies, d’un gris uniforme, et trois doigts à chaque pied, tous munis d’ongle. On n’emploie ses plumes que pour faire des plumeaux. Les easoars ont les ailes encore plus courtes que les autruches, et totalement inutiles pour la course ; leurs pieds ont trois doigts, tous munis d’ongle ; leurs plumes ont des barbes si peu garnies de barbules qu'elles ressemblent, de loin, à des poils ou à des crins tombants. On en connaît deux espèces, le casoar à casque où emeu, qui habite le grand archipel indien, et le casoar à tête nue, qui est propre à l’Aus- tralasie. La famille des PRESSIROSTRES comprend des genres à hautes jambes, sans pouce, ou dont le pouce est trop court pour toucher le sol; le bec est médiocre, assez fort pour percer la terre et y chercher des vers. Les espèces qui l'ont le plus faible parcourent les prairies et les terres frai- chement labourées pour y recueillir cette nourriture; celles qui l’ont plus fort mangent en même temps des grains et des herbes. Les genres de cette famille sont les outardes, les pluviers, les vanneaux , les huï- triers, les coure-vile et les cariama. La troisième famille, ou celle des CULTRIROSTRES, se reconnaît à son bec gros, long et fort, le plus souvent même tranchant et pointu; dans un grand nombre d’espèces le mâle a la trachée diversement repliée; les cœcums sont courts et même les hérons proprement dits n’en ont qu'un. Linné avait réuni tous ces oiseaux dans son genre ardea, mais on en forme aujourd’hui trois tribus et dix genres qui sont les grues (agamis, numidiques, grues propres, courlans et caurales), les sava- cous, les hérons (crabiers, onorés, aigrettes, butors et bihoreaux), les cigugnes , les jabirus, les ombrettes, les becs-ouverts, les dromes, les tantales et les spatules. La famille des LONGIROSTRES, qui vient ensuite, est caractérisée par un bec grêle, long et faible, qui ne leur permet guère que de fouiller OISEAUX. 123 dans la vase pour y chercher des vers et de petits insectes. Tous ont à peu près les mêmes formes, les mêmes habitudes, et souvent même presque les mêmes distributions de couleurs, ce qui les rend très diffi- ciles à distinguer entre eux. À l'exception des avocettes, dont le bec eflilé est fortement courbé en haut, dont le pouce est beaucoup trop court pour toucher à terre, et dont les autres doigts sont palmés presque jusqu’au bout, tous les autres peuvent être rangés dans le seul genre bécasse (scalopax), qui renferme les oiscaux nommés bis, courlis, bé- casses propres, barges, maubèches, alouettes de mer, cocorlis, combat- tants, tourne-pierres, chevaliers, échasses, etc. La dernière famille des échassiers, celle des MACRODACTYLES, a les doigts des pieds fort longs et propres à marcher sur les herbes des ma- rais et même à nager ; cependant il n’y a pas de membranes entre leurs doigts. Le bec, plus ou moins comprimé sur les côtés, s’allonge ou se raccourcit selon les genres, sans arriver jamais à la minceur ni à la fai- blesse de celui de la famille précédente. Le corps de ces oiseaux est aussi singulièrement comprimé, conformation déterminée par l’étroitesse du sternum ; leurs ailes sont médiocres ou courtes, et leur vol faible. Ilsont tous un pouce assez long. Les principaux genres de cette famille sont les Jacanas , les râles, et les foulques comprenant les poules d’eau, les poules sultanes, les foulques propres, etc. On place à la suite les vagi- nales, les glaréoles et les flammants. VI. Les PALMIPÉDES, qui forment le sixième et dernier ordre des oiseaux, ont les pieds complétement faits pour la natation, c’est-à-dire, implantés à l'arrière du corps, portés sur des tarses courts el compri- més, et palmés entre les doigts. Is sont pourvus d’un plumage serré, lustré, imbibé d’un suc huileux qui les garantit de l’eau sur laquelle ils vivent. Ce sont aussi les seuls oiseaux où le cou dépasse, et quelquefois de beaucoup, la longueur des pieds, ce qui leur permet de chercher leur nourriture au fond de l’eau, tout en nageant à sa surface. Leur sternum est très long, propre à garantir la plus grande partie de leurs viscères, et n’ayant de chaque côté qu’une échancrure ou un trou ovale garni de membranes. Ils ont généralement le gésier musculeux, les cæ- cums longs, et le larynx inférieur simple. Cet ordre se laisse assez net- tement diviser en quatre familles, qui sont celles des plongeurs, des longipennes, des fotipalmes et des lamellirostres. Les PLONGEURS ont les jambes implantées plus en arrière que tous les autres oiseaux, ce qui leur rend la marche pénible et les oblige à se tenir sur terre dans une position verticale. La plupart d’ailleurs sont mauvais voiliers et plusieurs même ne peuvent pas voler du tout, ce qui les force à vivre presque dans l’eau : aussi leur plumage est-il des plus serrés et à surface lisse et lustrée. Ils nagent sous l’eau en s’aidant de 124 OISEAUX. leurs ailes presque comme de nageoires. Leur gésier est assez muscu- leux et leurs cœcums médiocres. On en forine trois genres: les plon- geons, les pingouins et les manchots. Les LONGIPENNES Où GRANDS VOILIERS, Sont au contraire des:oiscaux de haute mer, qui au moyen de leur vol étendu se sont répandus par- tout, Ils ont le pouce libre ou nul, les ailes très longues, le bec sans dentelures , crochu dans les premiers genres, simplement pointu dans les autres. De même que dans les précédents, le larynx inférieur n’a qu’un muscle propre de chaque côté ; leur gésier est musculeux et leurs cœcums courts. Cette famille comprend les pétrels, les albatros, les goëlands, les: hirondelles de mer et les becs-en-ciseaur. Les TOTIPALMES ont cela de remarquable que leur pouce est réuni avec les autres doigts dans une seule membrane, et que, malgré cette organisation qui fait de leurs pieds des rames plus parfaites, presque seuls parmi les palmipèdes , ils se perchent sur les arbres. Tous sont bons voiliers et ont les picds courts. On y compte les pélicans ( péli- cans propres, cormorans, frégates, fous), les ankingas et les paille-en- queue. Enfin, les LAMELLIROSTRES ont le bec épais, revêtu d’une peau molle plutôt que d’une véritable corne ; les bords du bec sont garnis de lames ou de petites dents ; la langue est large, charnue , dentelée sur les bords ; les ailes sont de longueur médiocre. Ils vivent plus sur les eaux douces que sur la mer. Dans le plus grand nombre, la trachée-artère du mâle est renflée près de sa bifurcation en capsules de diverses formes. Leur gésier est grand, très musculeux, leurs cœcums longs. Ces oiseaux ne forment pour ainsi dire qu’un seul genre, celui des canards, dans lequel se trouvent compris les cygnes, les oies, les bernaches et les canards propres, comprenant eux-mêmes les macreuses, les ciders, les souchets et les tadornes. Les harles forment un genre peu nombreux qui a le port des canards, mais dont le bec est plutôt cylindrique qu'a- plat, et armé tout le long de ses bords de petites dents pointues comme celles d’une scie. Je n’ai donné presque aucune description particulière des oiseaux, malgré la place importante qu'ils occupent dans la création, la variété et la vie qu’ils répandent dans l’immensité de l’air, les agréments qu'ils procurent à l’homme par leurs mélodies ou les vives couleurs dont ils sont souvent parés. Je dois en effet me restreindre , surtout, aux êtres qui apportent quelque secours à la thérapeutique, et si un certain nombre d'oiseaux ou de leurs produits ont autrefois fait partie de la matière médicale, depuis longtemps ils en ont été bannis par les progrès de la science et de la raison. Faut-il rappeler d’ailleurs que dans nos temps d'égalité et de recher- OISEA X. 195 che du bien-être général, où les êtres ne sont plus estimés que par l’uti- lité réelle dont ils sont pour nous, un certain nombre d’oiseaux chas- seurs dont l’usage et la possession étaient devenus l'apanage et la marque distinctive d’une caste privilégiée, ont perdu toute leur importance et ne sont plus guère cités que pour le soin que nous apportons à nous garantir de leurs déprédations. Alors aussi, l’aigle, le roi des airs, était rangé parmi les oiseaux 2gnobles, faute par lui d’avoir pu se plier au service des grands; tandis que les faucons, les hobereaux, l’émerillon et le gerfault, plus faibles, mais plus dociles, étaient qualifiés d'oiseaux nobles. Qui pourrait rendre aux faucons le rang qu’ils ont perdu ? D'autres oiseaux encore, considérés au point de vue de l’homme, peuvent être regardés comme des animaux nuisibles, par le dommage qu'ils causent aux poissons, dont ils dépeuplent les rivières, les lacs et les étangs : tels sont l’orfraie et le balbusard (f4/co ossifraga et falco halicætus Y.), le pélican et le cormoran (pelicanus onocrotalus et pel. carbo V..), le héron (ardea major L.), le cygne lui-même, qui fait l’'ornement des eaux tranquilles par la grâce et la majesté de son allure; tandis que les oiseaux qui se nourrissent d'animaux nuisibles méritent notre reconnaissance, C’est à ce titre que les anciens Égyptiens ren- daient une espèce de culte à l’ibis du Nül (24?s religiosa Cav.) et à la cigogne (ceconia alba Briss.), qui les délivraient des petits reptiles qui abondaient sur les bords du Nil. C’est à ce titre que plusieurs rapaces nocturnes, telsquele grand-due {s{riz bubo L.), le hibou{s/rix otus L.), la chouette (strix aluco XL.) et l’effraie (strix flammula L.), au licu d’être un sujet d’effroi pour les crédules habitants de nos campagnes, et d’être cloués morts à Ja porte des fermes, devraient être ménagés et honorés pour la destruction des rats, souris, mulots, taupes et musa- raignes qui nuisent tant à l’agriculture. Les gobe-mouches, tous les bees-fins, les hirondelles, les engoulevents , les mésanges, les étour - neaux, les rolliers, les pies, les coucous et beaucoup d’autres, qui vi- vent exclusivement d'insectes, en détruisent une immense quantité et nous en délivrent d'autant. La mollesse et le luxe se sont emparés des plumes des oiseaux pour en faire des fourrures, de moelleux coussins ou des ornements. Le du- vet de l'eider (anas mollissima L.) et celui du cygne, servent à faire des fourrures, des manchons et des couvrepieds aussi chauds que légers. Les petites plumes qui revêtent le corps de l’oie nous procurent, par leur élasticité, des lits et des coussins où nous trouvons réunies la chaleur et la souplesse. Le peuple, pour qui les plumes de l’oie sont trop chères, les remplace par celles du canard, de la poule ou d’autres, et en retire des avantages proportionnés à ses forces moins énervées. De tous temps aussi, chez les nations sauvages, tout aussi bien que chez les plus 126 OISEAUX. policées, les plumes ont servi à la parure des femmes, des chefs et des guerriers ; celles qui sont le plus usitées sont fournies par les autruches, les hérons-aigrettes (ardea garzetta alba), es paons, les faisans, les coqs, les toucans, les colibris, sans oublier les oiseaux de paradis (paradiswæa apoda, rubra et magnifica), originaires de la Nouvelle-Guinte et des îles voisines, que les naturels fort barbares de ces contrées préparent pour en faire des panaches, en leur arrachant les pieds et les ailes ; en sorte qu’on a cru pendant quelque temps, en Europe, que ces oiseaux manquaient réellement de membres, et vivaient toujours dans l'air, soutenus par les longues plumes de leurs flancs. Ces oiseaux vivent de fruits et principale - ment de ceux des muscadiers. Ils appartiennent aux passereaux conirostres. La chair des oiseaux esten généralun alimentsain et agréable. Celle des oiseaux de proie est maigre et peu agréable, maïs n’a rien de malsain. En général, les oiseaux qui se nourrissent de graines, d’herbes et de fruits, sont plus faciles à digérer que ceux qui vivent d'insectes, de chair ou de poisson. Les oiseaux le plus en usage sur les tables, en Europe, sont l'oie, le canard, la macreuse, la sarcelle, la pintade, le faisan, la poule et le coq, le coq de bruyère, la gelinotte, la perdrix, la caille, le pigeon, l’outarde, le pluvier, le vañneau, la bécasse, la poule d’eau, l’alouette, l'ortolan , la grive, etc. Les paysans mangent volon- tiers le paon, la pie, le geai et tous les petits oiseaux. Les œufs de presque tous les oïseaux seraient une bonne nourriture si nous étions maîtres de les avoir à temps en notre possession ; la diffi- culté de se les procurer est cause que nous n’employons guère que ceux de poule, dont la fécondité est si grande qu’elle nous en donne assez pour satisfaire à nos besoins et à la propagation de son espèce. Les œufs de poule sont le premier aliment que les médecins permettent aux con- valescents, un de ceux qu'ils conseillent aux personnes faibles, dont l'estomac digère mal la viande et les mets ordinaires ; ils conviennent également aux hommes en état de santé. Le coq et la poule sont soumis depuis si longtemps à l'empire de l’homme, qu’on ignore le lieu de leur origine. On présume cependant qu’ils descendent d’une espèce sauvage trouvée à Java par Lechenault et nommée gallus bankiva. La domesticité en a produit un grand nombre de variétés. Le coq est assez connu par sa fierté, son courage, ses amours et ses combats ; la poule par sa patience, sa vigilance et sa tendre solli- citude pour ses petits. Le chapon, objet des mépris de l’un et de l’au- tre, est recherché sur nos tables, à cause de la succulence de sa chair. Une poule produit communément plus de cinquante œufs par an; après en avoir pondu un certain nombre, au printemps, elle éprouve le besoin de couver et le manifeste par un cri particulier. L'incubation dure vingt et un jours, pendant lesquels les organes se forment et se dévelop- OISEAUX. 421 pent successivement ; car il n’est pas vrai, comme on le supposait autre- fois, que le poulet existe en miniature, avec tous ses organes, dans le gerthe placé sur l’un des points de la surface du jaune (1) ; il est cer- tain, au contraire, que ce germe ne présente d’abord, aux plus forts grossissements, qu’une ligne médiane blanchâtre, arrondie au sommet, qui marque la place où se développera le cordon cérébro-spinal. Vers la dix-huitième heure de l’incubation, le germe se dessine davantage et prend à peu près la forme d’un fer de lance, arrondi à l'extrémité anté- rieure, vers laquelle se forme un pli transversal qui est le premier in- dice de la séparation de la tête et du tronc; vers la vingt-quatrième heure, on voit apparaître, le long de la ligne médiane, trois paires de points arrondis, qui sont les premiers rudiments des vertèbres, dont le nombre augmente ensuite rapidement. Vers la vingt-septième heure, apparaît le premier vestige de l'oreillette gauche du cœur; vers la trente- sixième heure l'oreillette devient distincte du ventricule, et le cœur com- mence à battre; alors aussi on commence à apercevoir les yeux, puis l'extrémité pointue qui correspond au bec, ensuite les premiers vestiges des membres supérieurs, enfin successivement tous les autres. Lorsque le petit poulet est prêt à naître, il brise sa coquille et peut presque im- médiatement chercher sa nourriture. L'œuf de poule, considéré en lui-même, est un corps d’une forme elliptique, rétrécie à une extrémité, ce qui constitue proprement la forme ovale. Il est composé d’abord d’une coquille blanche et dure, de nature calcaire, sous laquelle s'étend une membrane mince, opaque, assez Consistante, qui enveloppe deux liquides albumineux de viscosité différente, et des ligaments visqueux destinés à suspendre je jaune au centre de l'œuf, et disposés de telle manière que la partie du jaune où se trouve la cicatrice est toujours tournée vers le haut et reçoit direc- tement la chaleur de la mère, pendant l’incubation. La coquille de l'œuf est composée, d’après l'analyse qu’en a faite Vauquelin ( Annales de Chimie, t. LXXXI, p. 304), de carbonate de chaux, qui en fait la plus grande partie, de carbonate de magnésie, de phosphate de chaux, d'oxyde de fer, et d’une matière animale probable- ment de la nature du mucus, qui sert de liant à ses parties. Pour l’usage de la pharmacie, on lave les coquilles d'œufs, on les prive le plus exac- tement possible de leur pellicule intérieure, et on les fait sécher, pour ensuite les pulvériser et les tamiser ; enfin on les broie sur le porphyre à l’aide de l’eau et l’on en fait des trochisques. La pellicule de l'œuf est composée d’albumine coagulée, et pro- bablement aussi d’un peu des principes fixes qui se trouvent dans la (1) Cette observation s’étend au germe de tous les animaux. 128 OISEAUX. coquille. On Ini attribuait autrefois la propriété de guérir la fièvre in- termittente, étant appliquée sur le bout du petit doigt au commence- ment de laccès. La fièvre ne guérissait pas; mais il paraît, d’après Lemery, qu'il en résultait une douleur assez vive, dont les causes et les effets pourraient être examinés de nouveau. Le blanc d'œuf est composé, d’après les expériences de Bostock, d’al- bumine 15,5 ; mucus 4,5 ; eau contenant quelques sels de soude, 80,0 : total, 100,0. M. Couerbe, en abondonnant pendant un mois le blanc d'œuf à une température de 0° à 8 degrés, en a extrait un réseau membraneux non azoté, et qui diffère par conséquent de l’albumine et de la fibrine. Ce principe, qu'il a nommé Oenin, est insoluble dans l’eau, solide, blanc, inodore, soluble dans l'acide chlorhydrique (Journal de phar- macie, 1. XV, P. h97 ). Le blanc d’œuf sert à clarifier les sirops et un grand nombre d'autres liqueurs; cet usage est fondé sur la propriété que possède l’albumine , qui en forme la majeure partie, de se coaguler par la chaleur ; de sorte que, lorsqu'on mêle le blanc d'œuf battu avec de l'eau et contenant beaucoup d'air interposé, à une liqueur en ébullition , ou près d’y en- trer, les molécules albumineuses, en se solidifiant et en se contractant, forment comme un réseau qui enveloppe l'air et les impuretés de la liqueur, et les fait monter à sa surface. La coagulation de l’albumine, par les liqueurs alcooliques et acides, eu par le vin qui est un mélange des deux, opère le même effet et produit la clarification de ces liqueurs ; la seule différence est que la matière coagulée, au lieu d’être portée à la surface par l’ébullition, en raison de la dilatation de l’air interposé, tombe au fond-du liquide clarifié. Le jaune d'œuf contient aussi de l’albumine (1), ce qui est cause qu'il se durcit par la chaleur ; mais il acquiert moins de consistance que le blanc, en raison de ce qu’il contient en outre de l’huile et une ma- tière visqueuse brune, de nature complexe, qui se trouvent intimement mêlées à la première (2). Lorsqu'on délaie un jaune d’œuf dans de l’eau, (4) Les chimistes admettent aujourd’hui que lalbumine du jaune d’œuf dif- fère par sa composition élémentaire de lalbumine du blanc , et lui donnent le nom particulier de vitelline. (2) D’après les recherches très intéressantes de M. Gobley, cette matière visqueuse est composée d’acides oléique, margarique et phosphoglycérique, saponifiés par l'ammoniaque, et mélangés d’une substance organique azotée qui en dissimule la nature. Cette matière visqueuse est sans action sur le tournesol ; mais elle laisse, après sa calcination, un charbon acide qui ne peut être incinéré à cause de l’acide phosphorique qui le recouvre. L'acide phosphoglycérique du jaune d’œuf existe également dans la cervelle du poulet et dans celles de l'homme et du mouton. (Journ. pharm. chim., t. IX, p. 5, 81 ; XE, 409; XI, 5.) OISEAUX. 129 ses différents principes s’y divisent parfaitement et forment une liqueur jaune, émulsive, nommée lait de poule. Gette propriété du jaune d'œuf fait qu'on s’en sert comme d’intermède pour suspendre dans l'eau du camphre, des huiles ou des résines. L'huile de jaune d'œuf est très estimée pour la guérison des ger- cures au sein, On l’obtient, soit par l'expression à chaud des jaunes d'œufs desséchés au bain-marie, soit par l’action directe de l’éther sul- furique sur les jaunes d'œufs récents (Pharmacopée raisonnée, p. 136). Cette huile est d’une belle couleur jaune, d’une saveur très douce, peu soluble a froid dans l’alcool, soluble en toutes proportions dans l’éther. Elle est composée, indépendamment de-sa matière colorante, d’oléine, de margarine et d’une petite quantité de stéarine et de cholestérine. Ces trois dernières substances s’en séparent en partie par le froid et lui don- nent la consistance de l'huile d'olive figée. Pour les voyages sur mer, et pour la mauvaise saison où les poules ne pondent que très rarement, il est très utile de pouvoir conserver les œufs dans leur état de fraîcheur. Le moyen d’y parvenir est d’obstruer d’une manière quelconque les pores de la coquille, par lesquels l’eau de l'intérieur s’évapore, et l'air de l’extéricur pénètre à l’intérieur. Un ver- nis résineux ou un léger enduit d'huile, de graisse ou de cire, produit ce résultat. On à aussi conseillé de remplir des vases de terre, lit par lit, avec des œufs et de la cendre. Il paraît même qu’on peut, en dépo- sant simplement les œufs produits dans le mois d’août, dans des lieux frais et obscurs, les conserver assez bien pour les livrer au commerce, à mesure du besoin, pendant l'hiver. Mais le meilleur procédé de conser- vation consiste à remplir aux trois quarts d'œufs récents, dans le mois d’août, des pots en terre étroits et profonds, nommés pots de tannevanne,. Chacun de ces pots peut contenir 200 œufs. On les place à la cave et on les remplit avec un lait de chaux préparé en faisant éteindre, pour cha- cun, environ 1 kilogramme de chaux vive dans suffisante quantité d’eau, et refroidi. On couvre chaque pot avec un couvercle de terre qui le ferme bien. La coquille des œufs ainsi conservés est beaucoup plus unie, plus compacte, et est devenue cependant manifestement moins opaque, à cause de la continuité qui s’est opérée entre ses parties. Ces œufs ne peuvent pas être couvés, la coquille n'étant plus propre à laisser péné- trer l'air dans l'intérieur. Lorsqu'on veut conserver les œufs pour les faire couver , il faut les recouvrir d’un vernis résineux à l'alcool, que l'on dissout par le même menstrue, lorsque ïe moment est venu de les employer. IV. Ü 130 REPTILES. TROISIÈME CLASSE : LES REPTILES. « Les reptiles ont le cœur disposé de manière qu’à chaque contrac- tion il n’envoie dans le poumon qu’une portion du sang qu’il a reeu des diverses parties du corps, et que le reste de ce fluide retourne aux par- ties sans avoir passé par le poumon, et sans avoir respiré. » Il résulte de Rà que l’action de l’oxigène sur le sang est moindre que dans les mammifères, et que, si la quantité de respiration de ceux-ci, où tout le sang est obligé de passer par le poumon, s'exprime par l'unité, la quantité de respiration des reptiles devra s'exprimer par une fraction d'autant plus petite que la portion de sang qui se rend aux poumons, à chaque contraetion du cœur, sera moindre. » Comme c’est la respiration qui donne au sang sa chaïeur,-et à la fibre musculaire sa susceptibilité pour l'irritation nerveuse, les reptiles ont le sang froid et les forces musculaires moindres, en totalité, que les quadrupèdes, et, à plus forte raison, que les oiseaux; et quoique plu- sieurs sautent et courent fort vite en certains moments, généralement leurs habitudes sont paresseuses ; ils n’exercent guère que les mouve- ments du ramper et du nager; leur digestion est excessivement lente, et dans les pays froids ou tempérés ils passent presque tous l'hiver en léthargie. Leur cerveau est très petit et ne paraît pas être aussi néces- saire que dans les deux premières classes à l'exereice de.leurs facultés animales et vitales; leurs sensations semblent moins se rapporter à un centre commun; ils continuent de vivre et de montrer des mouvements volontaires, un temps très considérable après avoir perdu le cerveau ; leur chair conserve également son irritabilité longtemps après avoir été séparée du reste du corps ; leur cœur bat plusieurs heures après qu'on l'a arraché, et sa perte n’empêche pas le eorps de se mouvoir encore longtemps. La petitesse des vaisseaux pulmonaires permet aux reptiles de suspendre leur respiration sans arrêter le cours du sang ; aussi plon- gent-ils plus aisément et plus longtemps que les mammifères et les oi- seaux ; les cellules de leurs poumons sont moins nombreuses, beaucoup plus larges, et ces organes ont quelquefois la forme de simples sacs à peine celluleux. » Les reptiles, n’ayant pas de sang chaud, n'avaient pas besoin de téguments propres à retenir la chaleur, et ils sont couverts d’écailles on simplement d’une peau nue. » Les femelles ont un double ovaire et deux oviductes; les mâles de plusieurs genres ont une verge fourchue ou double; ceux du dernier ordre (les batraciens) n’en ont pas du tout. » Les reptiles sont ovipares comme les oiseanx, mais aucun ne couve CUÉLONIENS. 151 ses œufs; dans quelques genres, notamment dans les couleuvres, le petit est déjà formé et assez avancé au moment où la mère fait sa ponte ; dans quelques espèces, œuf se déchire à ce moment même, et le petit naît vivant. | Les reptiles ont été partagés en quatre ordres, fondés sur la quantité de respiration, sur la forme générale du corps et sur la présence ou l'absence de membres. I. Cœur à deux oreillettes ; corps arrondi, enveloppé de deux plaques cornées et porté sur quatre pieds. Ce sont les chéloniens, ou tortues. IL. Cœur à deux oreillettes; corps fusiforme, revêtu d’écailles, porté sur quatre ou sur deux pieds. On les nomme sauriens, où lézards. III. Cœur à deux oreillettes; corps très long, cylindrique, couvert d’écailles, dépourvu de pieds. Ce sont les ophidiens, où serpents. IV. Cœur à une orcillette; -corps nu; la plupart passent, avec l’âge, de la forme d’un poisson privé de membres et respirant par des branchies, à celle d’un quadrupède respirant par des poumons. On les nomme hw- traciens. I. CHÉLONIENS. Les reptiles qui composent ce premier ordre ont une forme tellement semblable et caractérisée, que tout le monde leur donne, en comman, le nom de fortues, et que Linné n’en à formé qu'un seul-genre sous le nom latin festudo. Tous ont un cœur composé de deux oreillettes et d’un ventricule à deux chambres inégales qui communi- quent ensemble. Le sang du corps entre dans l’orcillette droite; celui du poumon, dans la gauche ; les deux sangs se mêlent plus ou moins en passant par le ventricule. « Ges animaux se distinguent au premier coup d'œil par le double bouclier dans lequel leur corps est renfermé, et qui ne laisse passer au dehors que la tête, le cou, la queue et les quatre pattes. » Le bouclier supérieur, nommé carapace, est formé par leurs côtes, au nombre de huit paires, élargies et réunies par des sutures dentées, n'étant unies entre elles qu'avec des plaques adhérentes à la portion an- nulaire des vertèbres dorsales, en sorte que toutes ces parties sont pri- vées de mobilité. Le bouelier inférieur, nommé plastron , est formé de pièces qui représentent le sternum , et qui sont ordinairement au nombre de neuf, Un cadre compost de pièces osseuses auxquelles on a cru trou- ver quelque analogie avec la partie sternale ou cartilagineuse des côtes, entoure la carapace et réunit toutes les parties qui la composent. Les vertèbres du cou et de la queue sont les seules mobiles, et les deux enveloppes osseuses étant recouvertes immédiatement par la peau ou par les écailles qui la représentent , l'omoplate et tous les muscles du bras et du cou, au lieu d'être attachés sur les côtes et sur lépine, comme dans les antres animaux, le sont par-dessous; il en est de même 132 REPTILES. des os du bassin et des muscles de la cuisse, ce qui fait que la tortue peut être appelée, à cet égard, un animal retourné. » Les poumons sont fort étendus ct dans la même cavité que les autres viseères. Le thorax étant immobile dans le plus grand nombre, c’est par le jeu de la bouche que la tortue respire, en tenant les mâchoires fer- mées el cn abaissant et élevant alternativement son os hyoïde. Le pre- mier mouvement laisse entrer l'air par les narines; ct la langue, fermant ensuite leur ouverture intérieure, le deuxième mouvement contraint cet air à pénétrer dans le poumon. » Les tortues n’ont point de dents; leurs mâchoires sont revêtues de corne comme celles des oiscaux, excepté dans les chélides, où elles ne sont garnies que de peau ; leur estomac est simple; leurs intestins sont de longueur médiocre ct dépourvus de cæœcum. Elles ont une fort grande vessie, Le mâle a une verge simple et considérable ; la femelle produit des œufs revêtus d’une coque dure, qu'elle enfonce dans le sable, où la chaleur du soleil suffit pour les faire éclore. Les tortues sont très vivaces ; on en à vu se mouvoir sans tête pendant plusieurs semaines. Il leur faut très peu de nourriture , et elles peuvent passer des mois entiers sans manger. Les tortues de Linné, ou les chéloniens, ont été divisés en cinq genres, qui sont : les /ortues de terre, où tortues proprement dites; les fortues d'eau douce, où émydes ; les tortues de mer, ou chélonées ; les tortues molles, où trionyx ; et les tortues à queule, ou chélides. Les TORTUES DE TERRE, OU VRAIES TORTUES, ont la carapace bombée, toute solide et soudée par la plus grande partie de ses bords au plas- tron. Les jambes sont comme tronquées, à doigts fort courts et réunis de très près jusqu'aux ongles; elles peuvent, ainsi que la tête, être reti- rées entièrement entre les boucliers. Les pieds de devant ont cinq ongles gros et coniques; ceux de derrière, quatre. L'espèce la plus commune en Europe est la tortue greeque (/es/udo græca X.). Elle viten Grèce, en Italie, en Sardaigne et tout autour de la Méditerranée. Sa carapace est large, également bombée, à écailles relevées, granulées au centre, striées au bord, marbrées de jaune et de noir. Elle atteint ra- rement 30 centimètres de long ; elle vit de feuilles, de fruits, d'insectes, d’escargots et de vers; elle se creuse un trou pour y passer l'hiver, s’ac- couple au printemps et pond quatre ou cinq œufs semblables à ceux des pigeons. Elle se confond , sous le rapport alimentaire ou médical, avec la tortue bourbeuse et la tortue ronde ; mais elle passe pour donner un bouillon préférable, et c’est elle principalement que l’on tire de Barbarie pour cet usage. Diverses parties de la tortue, telles que la bile, le sang, les œufs, la graisse, étaient autrefois préconisées contre un grand nombre de maladies, Le bouillon seul, faitavec la chair, est encore nsité comme CHÉLONIENS. 133 aualeptique, restaurant, dépuratif, sudorifique, rafraîchissant, etc., etc. On connaît un grand nombre d’espèces ou de variétés de tortues ter- restres : telles sont la tortue géométrique, qui atteint à peu près la grandeur de la tortue grecque, et qui a la carapace noire et chacune de ses écailles régulièrement ornée de lignes jaunes rayonnantes, partant d’un disque de même couleur ; et la tortue de Finde, qui à plus de 1 mètre de longueur, et dont la carapace, comprimée en ayant, a le bord antérieur relevé au-dessus de la tête. Les TORTUES D'EAU DOUCE, ou les ÉMIDES, ont la carapace généra- lement plus aplatie que celle des tortues de terre; leurs doigts sont plus séparés, mobiles, terminés par des ongles plus longs, et leurs inter- valles sont occupés par des membranes. On leur compte de même cinq ongles aux pieds de devant et quatre à ceux de derrière. La forme de leurs pieds accuse des habitudes plus aquatiques. Ce genre, qui est très nombreux en espèces, a été divisé en deux sections : dans la première, le plastron est d’une seule pièce et immobile, de même que dans les tortues de terre ; dans la seconde, le plastron est divisé par une char- nière en deux battants, dont un seul ou tous les deux sont mobiles. Je citerai la fortue ronde et la tortue bourbeuse, comme exemples de la première section, et la fortue close, comme exemple de la seconde. La tortue ronde , OU émyde d'Europe (em yS europæa Dum.; {es- tudo orbicularis L.; testudo europæa Schn.), est répandue dans tout le midi et l’orient de l’Europe, jusqu’en Prusse, dans les eaux bourbeuses et les marais. Sa carapace est ovale, peu convexe, longue de 22 centi- wètres, large de 14 ; elle est assez lisse, noirâtre, toute semée de points jaunûtres disposés en rayons; elle a cinq doigts onguiculés aux pieds de devant et quatre à ceux de derrière. Elle vit dans les eaux bour- beuses et dans les marais, où elle se nourrit d’insectes , de mollusques, de petits poissons et d'herbes. On la vend sur quelques marchés en Al- lemagne, à cause de l’usage que l’on fait de sa chair, soit comme nourri- ture, soit pour l’usage de la médecine. La tortue bourbeuse (e71ys lutaria Dum. ; testudo lutaria L.) est assez commune dans les eaux marécageuses de l’Europe méridionale, et on l'élève en domesticité dans beaucoup de jardins du midi de la France, qu’elle purge de limacons, de vers de terre et d’insectes nuisibles. Sa carapace est un peu aplatic, noirâtre, longue de 22 centimètres, large de 11. Les plaques dorsales sont irrégulièrement sillonnées et faible- ment pointillées dans Je centre. La plupart des individus n’ont pas d’ongle au doigt extérieur des pieds de devant. La peau du cou est nue, plissée et épaisse ; celle des pattes est écailleuse ; la queue est longue et comme annelée, toujours roide et dirigée horizontalement en arrière. L'émyde close (emys clansa) (fig. 475) habite les marais de 154 REPTILES. l'Amérique septentrionale, et principalement de fa Caroline. Elle à la carapace très solide, et-l'on dit qu’elle peut supporter un poids de 500 livres sans cesser de marcher; mais il y a probablement erreur ou exagéralion dans le fait, car l'animal n'a guère que 46 à 19 centimètres de longueur. Il a les doigts presque palmés , cinq ongles aux pieds de devant, quatre seulement à ceux de derrière ; la carapace brune, mar- brée de jaune , fortement carénée. Le plas- tron est divisé en deux parties, dont l’anté- rieure seule est mobile, ct peut être serrée avec assez de force contre la carapace pour étouffer les serpents, dont l'animal se nourrit en partie. Les TORTUES DE MER, OU CHÉLONÉES, ont leur enveloppe trop petite pour recevoir leur tête et leurs pieds, qui sont très allongés (surtout ceux de devant), aplatis en na- geoires, et dont tous les doigts sont réunis ét enveloppés dans une même membrane, Les deux premiers doigts de chaque picd ont seuls des ongles pointus, les autres sont terminés par dés lances écailleuses aplaties. Les pièces de leur plastron ne forment pas une plaque continue , mais sont dentelées et Jaissent entre elles de grands intervalles oc- cupés par du cartilage. La queue est fort courte, conique, obtuse, couverte d’écailles ; l'œsophage est armé de pointes cartilagineuses dirigées vers l'estomac. Elles se nourrissent de plantes marines et de mollusques. L'espèce la plus commune est la tortue franche, OU tortue verte, qui surpasse toutes les autres par la grandeur de sa taille et par son poids, car elle a souvent plus.de 2 mè- tres de long, et elle pèse de 350 à 400 kilogrammes, Sa carapace est formée d’écailles verdâtres, ni imbriquées, ni carénées, dont celles du iwilieu figurent à peu près des hexagones réguliers. Sa chair fournit un aliment précieux et salutaire aux navigateurs, dans tous les parages de la zone torride , et leur graisse, qui est liquide et très abondante, sert d'huile à brûler, Cette tortue paît en grandes troupes les algues au fond de la mer et vient rarement à terre. L’accouplement à lieu dans la mer, et dure , d’après Catesby, plus de quatorze jours. Les femelles viennent faire leur ponte sur le rivage eu déposent leurs œufs, en nombre consi- dérable, dans un trou creusé dans le sable, au-dessus de la Hgue de la SAURIENS. 135 plus baute marée. C’est alors qu’on s’en empare facilement en les ren- versant sur le dos. Les œufs sont ronds, volumineux, enveloppés d’une membrane molle, semblable à du parchemin mouillé; ils sont très bons à manger. L'écaille est peu estimée et n’est pas employée. ‘Une autre espèce non moins importante est le earet (chelonia tm- bricata Brongn.; testudo imbricata L.), quoiqu'il soit moins grand que la tortue franche (il pèse rarement plus de 400 kilogrammes), et que sa chair soit désagréable et malsaine ; mais ses œufs sont très bons à man- ger et sa carapace fournit la plus belle écaille dont on se sert, de temps immémorial, pour fabriquer des coffrets, des étuis, des peignes, des inanches de couteaux , des garnitures de meubles, etc. Le caret a le museau plus allongé que la tortue franche, les deux mâchoires dentelées, les écailles du dos lisses et se recouvrant par leur bord postérieur comme les tuiles d'un toit, Ces écailles sont transparentes, brunes-noi- râtres, avec des taches irrégulières, blondes ou roussâtres. On les dé- tache de la carapace en mettänt du feu par-dessous ; elles se soulèvent d’elles-mêmes. Elles peuvent prendre le plus beau poli, et on leur donne la forme que-l’on veut en les soumettant à la presse, entre des moules, dans l’eau chaude. On peut même en fondre les fragments et les rognures, de manière à en former de l’écaille fondue, que l'on emploie aux mêmes usages que la naturelle, mais qui est moins belle, non transparente, et difficile à polir. Le caret se trouve principalement dans l'océan Atlantique, proche des côtes de l’Amérique, et dans tout le golfe du Mexique. On le ren- contre aussi sur les côtes de Guinée et dans la mer des Indes. Dans le SECOND ORDRE de la classe des reptiles, celui des SAURIENS, le cœur est composé, comme celui des chéloniens, de d'ux oreillettes ct d’un ventricule quelquefois divisé par des cloisons imparfaites. Leurs côtes sont mobiles, en partie attachées au sternum, et peuvent se sou- lever ou s’abaisser pour la respiration. Le poumon s'étend plus ou moins vers l'arrière du corps et pénètre souvent fort avant dans le bas- ventre; leur bouche est toujours armée de dents; leurs doigts portent des ongles, à très peu d’exceptions près ; leur peau est revêtue d’écailles ou au moins dé petits grains écailleux. Ils s’accouplent par une ou deux verges, suivant les genres; tous ont une queue plus ou moins longue, presque toujours fort épaisse à la base; le plus grand nombre a quatre jambes , quelques uns seulement n’en ont que deux. On les divise en six familles, qui sont : les crocodiliens, les lacertiens, les iquaniens, les geckotiens, les caméléontiens et les scincoidiens. Les GROCODILIENS sont de grands et puissants reptiles qui habitent les parties les plus chaudes de l’ancien et du nouveau continent, et se tiennent d'ordinaire dans les fleuves et les lacs d’eau douce. Ils sont 156 REPTILES. très carnassiers et redoutables, même pour l'homme. Hs ont les mà- choires armées d’un seul rang de dents fortes et pointues , une langue plate et charnue, la queuc aplatie sur les côtés, cinq doigts plus ou moins palmés aux pieds de devant, quatre aux pieds de derrière, sur lesquels les trois internes de chaque pied sont seuls armés d'ongles. Le dos et la queue sont couverts d’écailles carrées très fortes et surmontées d’une pointe conique ou d’une arête au milieu. Les poumons ne s’en- foncent pas dans l'abdomen, ce qui, joint à leur cœur divisé en trois loges, et où le sang qui vient du poumon ne se mêle pas avec celui du corps aussi complétement que dans les autres reptiles, rapproche un peu plus les crocodiliens des quadrupèdes à sang chaud (1). Leurs œufs sont durs, de la grosseur des œufs d’oie ; les femelles les surveillent et soignent leurs petits pendant quelques mois après leur naissance. Les crocodiliens se divisent en trois sous-genres : les gavials, qui ont le mu- seau très allongé et les dents à peu près égales; les crocodiles, qui ont le museau oblong et déprimé et les dents inégales ; enfin les caëmans, qui ont le museau large et obtus, les dents inégales, et dont les quatrièmes d'en bas entrent dans des trous et non dans des échancrures de la mà- choire supérieure, Les LACERTIENS ont une langue mince, extensible et terminée en deux filets comme celle des couleuvres; leur corps est allongé, leur marche rapide; tous leurs pieds ont cinq doigts armés d'ongles, séparés, inégaux , surtout ceux de derrière; leurs écailles sont disposées sous le ventre et autour de la queue par bandes transversales et parallèles. On compte parmi eux les lézards de nos pays et d'assez grands sauriens des pays chauds, qui ont recu les noms de monitors et de sauve- gardes, sur l'opinion, que l’on avait anciennement, qu'ils avertissaient de l'approche des crocodiles : ils sont en réalité très utiles à l’homme, en détruisant beaucoup d’autres reptiles et en dévorant les œufs des crocodiles. Les CAMÉLÉONIENS ne comprennent qu’un seul genre, les caméléons, animaux disgracieux, bien distincts des autres sauriens par plusieurs de leurs caractères. Ils ont toute la peau chagrinée par de petits grains écailleux; le corps comprimé et le dos comme tranchant; la queue ronde et prenante; cinq doigts à tous les pieds, mais divisés en deux paquets opposables l’un à l'autre, l’un de deux, l’autre de trois, chaque paquet réuni par la peau jusqu'aux ongles : cette disposition des doigts, jointe à leur queue prenante, en fait des animaux grimpants destinés 4) La disposition du cœur est telle que toute la partie postérieure du corps recoit un mélange de sang artériel et de sang veineux , tandis que la tête recoit du sang artériel pur. SAURIENS. 137 à vivre sur les branches d'arbres. Leur langue est charnue, cylindrique et extrêmement allongeable ; les dents sont trilobées ; les veux très grands, mais presque couverts par la peau, excepté un petit trou vis-à- vis de la prunelle, et mobiles indépendamment l’un de l'autre; l’occiput est relevé en pyramide; les premières côtes se joignent au sternum, les suivantes se continuent chacune à sa correspondante pour envelopper l'abdomen par un cercle entier. Leur poumon est si vaste que, lorsqu'il est gonflé, leur corps paraît comme transparent. Ils vivent d'insectes qu'ils prennent avec l'extrémité gluante de leur langue, qu’ils meuvent avec unc grande vitesse. Ces animaux, déjà si singuliers, le sont encore plus par la faculté qu'ils ont de changer de couleur presque subite- ment, et si lon en croyait d'anciens écrivains, ils pourraient prendre successivement la teinte de tous les objets dont ils se trouvent environ- nés, afin de mieux se dérober à la vue-de leurs ennemis. Aussi ont-ils été pris de tout temps pour l’emblème des courtisans , des flatteurs et des revireurs politiques. Les observations des modernes, tout en dé- pouillant l'histoire des caméléons des fables dont on l'avait chargée, ont en effet constaté qu’ils peuvent, sous l'impression des variations de température , de la crainte ou de la colère, éprouver des changements très remarquables, et être tantôt blancs, tantôt jaunâtres, d’autres fois verts, rougeàtres ou presque noirs. Pendant longtemps on a attribué ces changements à la distension plus ou moins grande des poumons et à des modifications correspondantes dans la quantité de sang envoyé à la peau; mais il faut en chercher la cause dans la structure particulière de cette membrane qui renferme plusieurs ma- Fig. 476. tières colorantes, dont les unes peuvent tantôt se montrer à la surface ct masquer les autres, et d’autres fois se retirer en dessous et laisser à découvert le pigment superficiel. Le caméléon le plus connu est celui d'Égypte, que l’on trouve bien représenté dans l'atlas in Règne animal de Cuvier (AÆept., pl. 21). Cclui qui est ici gravé (fig. 476) est le caméléon à nez bifide des îles Moluques. La sixième famille des sauriens est celle des SCINCOÏDIENS, qui sont reconnaissables à leurs pieds très courts, à leur langue non extensible, el aux écailles égales et imbriquées qui leur couvrent tout le corps. Les uns ont la forme d’un fuseau; d’autres, cylindriques et très allongés, 158 REPTILES. resscibblent à des serpents; chez plusieurs , les pieds sont trop courts pour servir à la locomotion, et il en est même chez lesquels l’une des deux paires de membres , soit l'antérieure, soit la postérieure, manque complétement. Aussi les scincoïdiens Ctablissent-ils «un passage évident entre les sauriens et les ophidiens. Le scinque officinal (/acerta scincus Li ; scincus officinalis Schn.) a été autrefois usité en médecine. 11 habite l'Égypte, l’Abyssinie ct l'Arabie. Ilest long de 19 à 22 centimètres, a les pieds courts (fig. 477), la queue presque d’ane venue avec le corps et plus courte que lui; le 7 corps jaunâtre , Fig. 477. argenté , traversé de bandes noirà- tres, couvert d'é- cailles uniformes, luisantes , dispo- sées comme Îles tüiles d’un toit. Pour le conserver, on en retire les ititestins que l’on remplace par des plantes aromatiques; on le fait sécher et on l'enveloppe de feuilles d’absinthe sèches. C’est ainsi qu’on nous l'envoie encore quelquefois ; on le croit äphrodisiaque; il entre dans l’électuaire de mithridate, On à vanté comme sudorifiques et antivénériens quelques autres reptiles sauriens mangés crus. Ce sont le petit anolis des Antilles ; OÙ roquet (anolis bullaris), l'iguane (iguana delicatissima Latreille) (1), IC lézard commun (/acerta agilis L.), et d’autres. Ils né sont plus employés, du moins en France. III. Les OPHIDIENS sont des reptiles sans pieds, et par conséquent ceux de tous qui méritent le mieëx la dénomination de reptiles (2); leur corps, très allongé, sé meut a moyen des replis qu'il fait sur le sol. On donne communément à tous le nom de serpents ; mais ce nom s’ap- plique plus spécialement aujourd'hui à ceux qui présentent une organi- sation intérieure propre, distincte à la fois de celles des sauriens et des (1) Ces deux genres de reptiles appartiennent à la famille des iguaniens, avec les stelliôns, les aÿames, les dragons, les basilics, etc., dont j’ai cru pou- voir me dispenser de parler, On trouve également dans les anciennes touches calcaires du globe , depuis le lias jusqu’au terrain wealdien qui a précédé la craie, les restes fossiles d’un assez grand nombre de sauriens d’ane taille gi- gantesque ; j'en ai suffisamment parlé dans mon introduetion (tome F, p. 12) pour qu'il ne soit pas besoin d’y revenir. (2) Reptile vient de replare, ramper; ophidien est dérivé d'opt:, serpent ; chéloniens, de ye}6yn, tortue; sauriéns, de axÿpos, lézard; batraciens, de Gärpayo: ; grenouille. OPHIDIENS. , 159 batraciens, ét.on les divise en trois familles, sous les noms d’orvets, de vrais serpents et de cccilies. Les ORVETS, ou anguis, se rapprochent des sauriens, ét particulière ment des scincoïdiens, par leur tête osseuse, leur langue charnue et peu extensible, leur œil muni de trois paupières, et leur corps tout recouvert d'écailles imbriquées. Enfin, on trouve chez plusieurs d’entre eux les vestiges d’un bassin et des os de l'épaule. D'un autre côté, ils ressem- blent aux vrais serpents par leur forme très allongée et par la petitesse de l’un de leurs poumons. Ce sont des animaux très doux et qui ne cherchent pas même à nerdre quand on les saisit. Ils vivent de mollus- ques terrestres et d'insectes. Nous en avons une espèce fort commune en Europe, nomméeproprement orvet (anguis fragiles L.), qui est jaune argenté en dessus , noirâtre en dessous, long de 35 à 40 ecntimètres, Sa queue est très fragile, comme celle des lézards; et l’on dit même que son corps peut se rompre quand il se roidit; il fait ses petits vivants. La famille des VRAIS SERPENTS, qui est de beaucoup la plus nom- breuse, comprend les genres sans sternum ni vestiges d’épaules, mais dont les côtes entourent encore une grande partie de la circonférence du tronc, et où le corps des vertèbres s'articule encore par une facette convexe dans une facette concave de la suivante, Ils manquent de troi- siéme paupière et de tympan, mais l’osselet de l’orcille existe sous la peau et son manche passe derrière l'os tympanique. Plusieurs ont en- core sous la peau un vestige de membre postérieur qui se montre même au dehors, dans quelques uns, sous forme de petit crochet. On les divise en deux tribus : 1” celle des DOUBLES-MARCHEURS, qui a la mâchoire inférieure portée , comme dans tous les reptiles précé- dents, par un os tympanique immédiatement articulé au crâne, les deux branches de cette mâchoire soudées en avant, et celles de la mâchoire supérieure fixées au crâne et à l’os intermaxillaire. Cette disposition est cause que leur gueule ne peut se dilater comme dans la tribu suivante, que leur tête est tout d’une vevue avec le reste du corps, et qu’elle se confond facilement, à la première vue, avec leur extrémité postérieure, qui est obtuse et à peu près aussi volumineuse, Cette forme leur permet de marcher également bien en avant et en arrière, ce qui leur à valu le nom de doubles-marcheurs, où d'amphishènes (1). Les anciens leur croyaient même deux têtes. Ils ne sont pas venimeux. « La seconde tribu, ou celle des SERPENTS proprement dits, a l'os tym panique, ou pédicule de la mâchoire inférieure, mobile et presque tou- (4) En grec, cupri@asya : dé ä:y1*, des deux côtés, et dé Batrw, ic marche. 140 REPTILES. jours suspendu lui-même à un autre os analogue au mastoïdien (fig. h78), attaché sur le crâne par des muscles et des ligaments qui lui laissent de la mobilité. Les branches de cette mâchoire ne sont aussi unies l’une à l’autre , et celles de la mâchoire supérieure ne le sont à l’inter- maxillaire, que par des ligaments, en sorte qu’elles peuvent s’'é- carter et donner à ces animaux la faculté d'ouvrir Jeur gueule au point d’avaler des corps plus gros qu'eux. » Leurs arcades palatines par- ticipent à cette mobilité, el sont armées de dents aiguës et recourbées en arrière; leur trachée-artère est très longue; leur cœur placé fort en arrière; la plupart n’ont qu’un grand poumon avec un petit vestige d’un second. » Ces serpents se divisent en non venimeux el venimeux, el ceux-ci se subdivisent en venimeux à plusieurs dents maxillaires, et ventrieux à crochets mobiles et isolés. » Dans les NON VENIMEUX, les branches des deux mâchoires ainsi que les branches palatines, sont garnies tout du long de dents fixes et non percées. Il y a donc quatre rangées de ces dents dans le dessus de la bouche, et deux dans le dessous. » Ceux d’entre eux qui ont les os mastoïdiens compris dans le crâne, l'orbite incomplet en arrière, la langue épaisse et courte, ressemblent encore aux doubles-marcheurs ; ils ont été autrefois réunis avec les orvets, et portent le nom de rouleaux. Ceux des serpents non venimeux qui ont au contraire les mastoïdiens détachés, et dont les mâchoires peuvent beaucoup se dilater , ont l’occiput plus ou moins renflé et la langue fourchue et très extensible. On en fait deux genres principaux, les hoas et les couleuvres, distingués par les plaques du dessous de la queue, qui sont simples dans les premiers, doubles dans les seconds. C’est parmi les boas qu’on trouve les plus grands de tous les ser- pents; car il y en a qui atteignent de 10 à 13 mètres de longueur, et qui, quoique non venimeux, sont à redouter à cause de leur force prodigieuse et de leur agilité. Tapis sous l'herbe ou suspendus par la queue aux branches des arbres, ils attendent le moment de s’élancer Fig. 478 (1). 77E- (1) Fig. 478. Squelette d’une tête de crotale : ma l'os mastoïdien qui s’ar- ticule avec le crâne et porte à l'extrémité opposée l’os tympanique t{ ; mi mà- choire inférieure suspendue à l'os tympanique ; n vomer et os nasaux ; ” Os maxillaire supérieur mobile ; pi et pe os ptérygoïdiens dont l’interne se con- tinue en ayant avec les arcades palatines. OPHIDIENS. fat sur leur proie, qu'ils entourent de leurs plis et qu'ils serrent si forte- ment , que l'animal est bientôt étouffé et a les os broyés. Alors, après l'avoir enduit de sa bave et avoir énormément dilaté ses mâchoires et son gosier , le boa l’avale lentement, On assure qu’ils se nourrissent ainsi de chiens, de cerfs et même de bœufs qu'ils mettent plusieurs jours à avaler. Après un repas semblable , les boas demeurent immo- biles, dans un endroit écarté , jusqu’à ce que leur digestion, qui est fort longue, soit terminée. C’est alors qu’on peut les tuer avec le moins de danger. Les couleuvres comprennent un nombre très considérable de serpents dépourvus de crochets mobiles, venimeux , et dont les plaques de des- sous la queue sont divisées par deux ou rangées par paires ; on les divise en-un grand nombre de sous-genres ou de tribus, sous les noms de p7y- thons, cerbères, hétérodons, hurrias, oligodois, couleuvres propres, acrochordes, etc. Je n’en mentionnerai que deux espèces de notre pays, la couleuvre à collier et la couleuvre vipérine. La couleuvre à collier (coluber natrix XL.) est très commune en France , dans les prés qui bordent des eaux et sur la lisière des bois ; elle est longue de 7 à 14 décimètres, a la tête oblongue et ovale (fig. 479), déprimée, couverte d'un petit nombre d’écailles_ (ordinairement 9) beaucoup plus grandes que celles du cou et du dos. Les écailles sont carénées, c’est-à-dire, relevées d’une arête au milieu; celles de dessus le cou sont blanchâtres ou jaunâtres , ; et lui forment un demi-collier qui HOME tranche avec la couleur de deux grandes taches noires triangulaires sur la partie postérieure de la tête , et de deux taches semblables en arrière du cou. Le corps est cendré avec des taches noires sur le dos, devenant plus larges le long des flancs. Du reste , il en existe beaucoup de variétés qui diffèrent par leur couleur, Cette couleuvre, comme toutes ses congénères, vit exclusivement d'animaux vivants, tels que insectes, vers, mollusques, poissons, oiscaux, petits quadrupèdes, etc. Jamais celle ne mange de fruit dans les jardins, ni ne vient sucer le lait des vaches, comme le préjugé en a été répandu. Elle nage avec une grande facilité, et grimpe avec agilité sur les arbres pour aller surprendre les jeunes oiseaux. Elle est inoffensive pour les animaux dont elle ne peut se nourrir, ne cherche à les mordre que lorsqu'elle est très irritée, et sa morsure n'est pas dangereuse. On peut l’élever en domesticité; on la mange dans quelques pays et l’on en prépare des bouillons qui ont été 1h12 REPTILES. recommandés contre les scrofules, les rhumatismes et les maladies de la peau. Elle pond de 45 à 10 œufs dans des trous sur le bord des eaux, dans le fumier, dans les meules de foin ; ils sont ovales, gros comme le doigt, attachés en chapelet, et éclosent au milieu de Fété. La couleuvre vipérine (coluber viperinus Latr.) est longue senle- ment de 50 centimètres, d’un gris brun ayec une suite de taches noires qui forment un zigzag le long du dos, et une autre de taches plus petites sur les côtés; le ventre est tacheté en damier, de noir et de grisâtre ; les écailles sont carénées. Cet animal habite la France et peut se-ren- contrer dans les environs Fig. 480. de Paris. Il est vivipare comme la vipère, el sa grande ressemblance avec ce dangereux reptile lui a valu son nom. On peut Pen distinguer à la forme de sa tête qui, de même que celle de la couleuvre commune, est ovale-oblonguc, obtuse en avant (fig. A80), couverte de grandes plaques carénées ; à labsence des crochets venimeux et à sa queue plus longue et moins brusquement rétrécie. Le serpent d'Eseulape est une espèce de couleuvre beaucoup plus grande (coluber Æsculapii Shaw), qui habite Pitalie, la Hongrie et PHI- lvrie. Il est brun en dessus, jaune-paille aux flancs et en dessous, à écailles du dos presque lisses. C’est lui que les anciens ont représenté dans leurs statues du dieu de la médecine. Les SERPENES VENIMEUX par excellence, ou 4 CROCHETS ISOLÉS, ont une Sstrueture très particulière dans leurs organes de manducation. Leurs os maxillaires supérieurs sout très petits, portés sur un long pédi- cule, et très mobiles ; il s'y fixe une dent aiguë, percée d’un petit canal, qui denne issue à une liqueur sécrétée par une glande considérable si- tuée sous l'œil. C’est cette liqueur qui, versée dans la plaie par la dent, porLe le ravage dans le corps des animaux et y produit des effets si fu - nestes. Cette dent se cache daus un repli de la gencive quand le serpent ne veut pas s’en servir, et il y a derrière elle plusieurs germes destinés à la remplacer lorsqu'elle se casse dans une plaie. L'os maxillaire supé- rieur ne porle pas d'autres dents, en sorte que, dans ces serpents, on ne voit, dans le haut de là bouche, que les deux rangées de dents pala- lines, qui sont aiguës et recourbées en arrière, conformation nécessairé pour retenir et faire avancer la proie, souvent très volumineuse, qui pourrait s'échapper par le manque de points d'appui et de force des mâchoires. (Voy. la fig. 478.) OPHIDIENS. 145 Toutes ces espèces venimeuses, dont on connait bien la reproduction, font leurs petits vivants; on les divise en deux genres principaux, les crotales et les vipères. . | Les erotales sont célèbres, entre tous les autres SCrpents VCRIMEUX, par l'atroeité de leur venin. Ils ont, comme les boas, des plaques trans- versales simples sous la queue ; mais ce qui les distingue le mieux, c'est l'instrument bruyant qu'ils portent au bout de la queue (fig. AS1), et qui est formé de cornets écailleux emboîtés âchement les uns dans les autres, qui résonnent quand l'animal rampe ou quand il remue k Fig. 481. queue. Toutes les espèces viennent d'Amérique, et sont d'autant plus dangereuses que la contrée ou la saison sont plus chaudes; mais leur naturel est en général tranquille, et ils ne merdent que lorsqu'ils sont provoqués ou que la faim les y pousse. Les trigonocéphales sont aussi dangereux que les crotales, et ont comme eux une petite fossette arrondie derrière chaque narine ; mais ils manquent de l'appareil écailleux et sonore de la queue, dont les écailles peuvent être doubles où simples. Le plus connu est le #/gon0- céphale jaune des Antilles, qui atteint 2 mètres et plus de longueur, vit dans les champs de cannes, où il se nourrit de rats; mais il fait aussi périr beaucoup de nègres. Les vipéres ont été confondues par Linné avec les couleuvres, comme ayant les plaques ventralés simples, et celles de la queue presque tou- jours doubles; mais elles ont dû en être séparées à eause de leurs cro- chets à veniu. Elles se distinguent, d’un autre côté, des erotales et des trigonocéphales, par l'absence de fossettes derrière les narines, Voici, du reste, les caractères principaux auxquels on peut les reconnaître : Reptiles de l’ordre des ophidiens ou des serpents, à mwâchoires supé- rieures mobiles et armées de deux crochets à venin ; tête raccourcie, élargie postérieurement, eeuverte en dessus d’écailles granulées ou de plaques ; dessous de l'abdomen couvert de grandes plaques enuères et transversales ; queue ronde, conique, pointue, garnie cu dessous d'un double rang de plaques disposées par paires. On peut les diviser en plu- 144 REPTILES. sieurs sous-genres, tels que les viperes propres, les najas, les élaps, les oplocéphales, les langahas, etc. L'espèce la plus redoutable pour nous, parce qu’elle habite la France et toute l'Europe tempérée, est la vipére commune (vipera Berus Daud.; coluber Berus 1.) (fig. 82). Lorsqu'elle a pris tout son accrois- sement, elle est longue de 65 centimètres et épaisse de 22 à 24 milli- mètres, par le milieu du corps ; seulement la femelle est plus volumineuse quand elle approche du moment de mettre au jour ses vipéreaux. La vipère a la tête déprimée ou aplatie supérieurement, plus large à la partie Fig. 482. postérieure que le cou, qui est rétréci. Elle présente à l'avant une es- pèce de mufle un peu retroussé, formé par un repli de la peau, et elle a une forme générale triangulaire, quoique arrondie aux angles. Elle dif- fère en cela de la couleuyre, qui a la tête ovoïde, non aplatie, et terminée en avant par un contour émoussé el arrondi. La tête de la vipère (fig. 483) a en tout 27 millimètres de long, 16 à 18 millimètres de large à la partie postérieure, 9 à 14 millimètres à la Fig. 483. hauteur des veux, et 5 à 6 milli- mètres seulement de largeur à l'extrémité du museau. Crtte De extrémité est couverte par Six D: vd écailles un peu plus grandes que les autres, ou petites plaques, dont les latérales sont percées par les narines. Entre cette extrémité et les OPHIDIENS. 445 veux se trouvent plusieurs rangs d’écailles ordinaires arrondies et imbri- quées, dont plusieurs sont noirâtres et forment une ou plusieurs taches en cet endroit. Chaque œil se trouve surmonté par une plaque allongée et saillante, qui lui sert comme de sourcil, et entre ces plaques s’en trouvent cinq autres dont celle du milieu est la plus grande; mais aucune de ces plaques n’est comparable pour la grandeur à celles de la cou- leuvre ; leur nombre est plus considérable, et tout le reste de la tête et couvert de petites écailles ovoïdes, imbriquées. Le fond de la couleur de la vipère est variable, et il y a des vipères blanchâtres, grises, noirâtres, jaunâtres et rougeâtres ; mais celte teinte générale est interrompue par des taches qui ont une certaine régularité, et qui peuvent encore servir à caractériser le reptile. Ainsi, sur le sommet de la tête et en arrière des yeux, on trouve tou- jours deux taches linéaires noirâtres qui s’écartent d'avant en arrière, sous forme de V, et qui comprennent entre elles, et plus en arrière encore une tache ronde assez étendue, qui est la première des taches souvent disposées en zigzag que l’on observe tout le long du dos (1). Pareillement, en arrière de chaque œil et sur la même ligne horizontale, se trouve unc longue tache linéaire qui est la première des taches arron- dies et isolécs qui se trouvent tout le long des flancs. Enfin, les plaques ventrales et les plaques doubles de la queue sont d’une teinte uniforme plus ou moins foncée, mais toujours ardoisée. Les vipères changent de peau tous les ans, au printemps, et quelque- fois en automne. Sous la peau écailleuse qu’elles quittent, il s’en trouve une autre toute formée, qui paraît d’abord bien plus belle que l’an- cienne, et qui se ternit ensuite à mesure qu’il s’en forme une autre par- dessous. Les yeux de la vipère sont très vifs, et son regard est fixe et menaçant ; sa langue est renfermée dans une gaine d'où elle sort lorsque l'animal esL irrité. Alors il la darde et la retire par des mouvements successifs et très rapides. Elle est linéaire, bifide à l'extrémité, et semble être une arme menaçante; mais elle ne pique pas et n’a rien de venimeux. Elle sert probablement à la vipère pour attraper de petits insectes, quoique sa nourriture principale consiste en mulots, taupes, lézards. grenouilles, (1) Ces taches ne sont pas toujours disposées de la même manière sur le dos: tantôt elles forment des lignes transversales, parallèles et distinctes, comme dans la vipère de Charas (coluber berusT..); d’autres fois elles ne forment toutes ensemble qu’une ligne longitudinale ployée en ziszag, comme dans la vipère- aspie (coluber asp's L.) qui s'était beaucoup multipliée, il ÿ a un certain nombre d'années, dans la forêt de Fontainebleau. On trouve aussi des vipères qui sont presque noires. Îl ne faut pas confondre la vipèrc-aspic avec l'aspie des anciens ou aspie de Cléopätre, qui est un naja. IV. 10 146 REPTILES. crapaux, salamandres et jeunes oiseaux. Elle ne mange pas en captivité, et, de même que beaucoup d’autres reptiles, elle peut supporter un jeûne de plusieurs mois, et même, dit-on, de plusieurs années, Les vi- pères passent tout l'hiver engourdics, le plus souvent réunies en société el entrelacées les unes dans les autres, sous des pierres ou dans des troncs d'arbres cariés, où la gelée ne peut les atteindre. Elles s’accou- plent au printemps et restent, pendant un temps fort long, embrassées dans une copulation dont le résultat est de vivifier de 12 à 25 œufs, qui éclosent dans le ventre de la femelle, où le vipéreau, roulé sur lui- même, alteint la taille de 8 à 11 centimètres avant de paraître au jour. On doit au célèbre Fontana ce qu’on sait de plus exact sur le venin de la vipère, contenu, ainsi que nous lavons vu, dans deux glandes qui communiquent par un canal avec les deux crochets mobiles de l'animal. Ce venin a une consistance qui tient le milieu entre celles de l'huile d'olive et d’une solution de gomme arabique; il n’est ni acide, ni alca- lin, et n’a pas de saveur bien marquée; il jaunit par la dessiccation et se concrète à la manière du mucus ou de l’albumine ; il se conserve pen - dant longtemps sans altération dans la cavité de la dent, séparée ou non de l'os qui la supporte, et il est dangereux d’être blessé par les crochets d’une vipère morte. Le venin de la vipère est innocent pour quelques animaux, tels que la vipère elle-même, l’orvet, la sangsue et le colimaçen. Parmi les autres animaux, il n’est constamment mortel que pour ceux de petite taille, qui servent de nourriture ordinaire au reptile; un chat résiste quel- quefois et un mouton échappe très souvent à ses suites. L'homme éprouve, à la suite d’une morsure de vipère, des accidents formidables, qui se terminent souvent par la mort, à moins qu’on n’applique à temps les moyens curatifs que l'expérience a fait connaître. Ces symptômes sont ordinairement une douleur aiguë dans la partie mordue, qui devient gonflée, luisante, rouge, chaude, violette, puislivide, froide, et comme insensible; la douleur et l’inflammation se propagent le long des gros troncs nerveux et des vaisseaux lymphatiques; les veux rouges et ardents versent des pleurs en abondance ; bientôt se manifestent des lipothymies, des nausées, de la gastralgie, de la dyspnée, de la car- dialgie, des vomissements bilieux, une sueur froide et colliquative, de la tympanite, des tranchées aiguës, nne vive douleur lombaire, un relà- chement du sphincter de l’anus, une sorte de paralysie du col de la vessie, et par suite des selles et des évacuations d'urine involontaires. Alors aussi le pouls est petit, serré, concentré, intermittent, convulsif; la peau acquiert la pâleur jaunâtre de la cire, et un sang noir, liquide et sanieux découle de la plaie en apparence gangrenée. Si un ensemble d'accidents aussi graves n’est pas bientôt calmé par les forces de la na- OPHIDIENS. 147 ture ou par les secours de l’art, ils s’'augmentent encore, et les parties du corps envahies par l’æœdème se couvrent de phlyctènes, qui annoncent le prochain développement d’un sphacèle précurseur de la mort. La première précaution à prendre, lorsqu'un homme a été mordu par une vipère, est, lorsque la disposition des parties le permet, d'établir une ligature au-dessus de l'endroit blessé, et d'appliquer immédiatement une ventouse à pompe sur Ja plaie, pour en faire sortir le venin avec le sang ; mais à défaut de cet instrument, il faut que le patient lui-même, si per- sonne ne consent à le faire, suce la plaie avec persévérance; car cette opération est absolument sans danger pour l'opérateur, pourvu qu'il n'ait pas d’excoriation aux lèvres ou dans la bouche. La succion opérée, si bien faite qu’on le suppose, ne dispense pas de recourir ensuite à la cautérisation, et à l'usage interne de l’ammoniaque; seul remède trouvé efficace; l'expérience ayant appris que la thériaque, l’orviétan, la pou- dre de vipère et tous les autres arcanes de l’ancienne polypharmacie, sont complétement inefficaces pour arrêter les effets du terrible venin. Les expériences de Fontana ont démontré que le venin de la vipère, si dangereux lorsqu'il est porté dans le sang par une plaie faite à la peau, pouvait être introduit impunément dans la bouche et dans l’esto - mac, pourvu que la surface de ces organes fussent sans excoriations, et l’on a pu supposer que l’innocuité du poison, dans ce cas, provenait de ce qu'il était digéré, c’est-à dire altéré dans sa nature par l'action du fluide digestif. Mais indépendamment de ce que l’application inoffensive du venin de la vipère sur la conjonctive de l’œil et sur la membrane pi- tuitaire d’une grenouilie, avaient antérieurement démontré que l’action du suc gastrique n’entrait pour rien dans ce phénomène , les expériences toutes récentes de M. Claude Bernard sur le eurare, poison très analogue à celui de la vipère, paraissent démontrer que cette inno- cuité des venins dans l’estomac est dû seulement à la propriété que possède sa membrane muqueuse de repousser ces poisons, et de les tenir en dehors de l’économie, jusqu’à ce qu'ils soient sortis de la cavité intestinale. La vipère est très commune dans nos départements méridionaux ; on la prend avec de petites pincettes de bois, et on la garde dans des ton- neaux ou dans des boîtes garnies de son et percées de quelques trous. Elle peut vivre ainsi très longtemps, sans manger, à cause du peu de mouvement qu'elle se donne alors et de la perte extrêmement petite qu’elle fait par la transpiration. Lorsqu'on veut en faire usage, on la saisit avec des pincettes près de la tête, on coupe celle-ci avec des ci- seaux, et on la reçoit dans un vase rempli d'alcool, afin de la faire mou- rir et d’en éviter Ja morsure, qui scrait encore dangereuse. On dépouille le corps de sa peau, on rejette les intestins et l'on fait sécher le reste, ou 148 REPTILES. bien on l’emploie récent et coupé par morceaux pour en faire des gelées ou des bouillons, auxquels on à attribué les propriétés restaurante, su- dorifique, aphrodisiaque, etc., accordées également autrefois à la poudre de vipère. La vipère sèche entre dans la thériaque. Vipère rouge Où Æsping (vipera Chersæa; coluber Chersœa Y., fig. ASA). Gette vipère est très répandue en Suède, dans le nord de l'Allemagne, en Suisse et dans les Pyrénées ; mais celle de Suède ne dépasse guères 16 centimètres de longueur, Fig. 48%. tandis qu’elle atteint 50 à 60 centimètres en Suisse et dans Îles Pyrénées. On la dit encore plus dangereuse que la vipère com- mune; elle a la tête comme tronquée en avant, ct le mufle un peu redressé ; le dos est d’un gris rougeûtre et orné d’une bande longitudinale brune, garnie alternativement sur ses bords de petites taches semi-lunaires et noiràtres. Le ventre est blanchâtre, pointillé de brun noirâtre. Les NAJAS sont des serpents venimeux très rapprochés des vipères, par la disposition de leurs plaques ventrales et caudales; mais qui peu- vent redresser en avant leurs côtes antérieures, de manière à dilater Fig. 485. cette partie du tronc en un disque plus ou moins large. L'espèce la plus célèbre est le naja de l'Inde, serpent à lunettes, Où Cobra capello des Portugais (coluber naja 4, naja tripudians Merr), (fig. 485). Ceser- pentest ainsi nommé à cause d’un trait noir, en forme de lunettes, dessiné sur la partie élargie du disque. Il est très venimeux ; mais on prétend que la racine de l'ophiorhyza mungos, de la famille des rubiacées, est un spé- cifique certain contre sa morsure. Les bateleurs indiens apprivoisent ce BATRACIENS. 149 serpent et savent Île faire danser et jouer pour amuser le peuple, après, toutefois, lui avoir arraché les crochets à venin. On en trouve une autre espèce en Égypte, nommée haje et qui n’est autre cho;e aussi que l’aspie des anciens dont Cléopâtre s’est servie pour se donner la mort. Son cou s’élargit un peu moins (fig. 486), et ne porte pas le signe noir en forme de lu- Fig. 486. nettes de l’espèce in- dienne. L’habitude qu'a l’haje de se re- dresser, quand on l'approche , avait fait croire aux anciens Égyptiens qu'il gar- duit les champs qu’il babite ; ils en fai- saient l'emblème de la divinité protectrice du monde, ct c’est lui qu'ils placaient sur le portail de tous leurs temples, des deux côtés d’un globe. « Les BATRACIENS , qui forment le quatrième ordre des reptiles, n’ont au cœur qu’une seule oreillette et un seul ventricule. Ils ont tous deux poumons égaux, auxquels se joignent, dans le premier âge, des branchies qui ont quelque rapport avec celles des poissons, et que portent des arceaux cartilagineux qui tiennent à l'os hyoïde (fig. ASS). La plu- part perdent ces branchies et l'appareil qui les supporte, en arrivant à l’état parfait; Les syrènes, les protées et les ménobranches les conser- vent toute leur vie. » Tant que les branchies subsistent, laorte, en sortant du cœur, se parlage en autant de rameaux, de chaque côté, qu’il y a de branchies. Le sang des branchies sort par des veines qui se réunissent vers le dos en un seul tronc artériel, comme dans les poissons; c’est de ce tronc que naissent la plus grande partie des artères qui nourrissent le corps et même celles qui conduisent le sang pour respirer dans le pou- mon. Mais, dans les espèces qui perdent leurs branchies, les rameaux qui s’y rendent s’oblitèrent, excepté deux qui se réunissent en une artère dorsale et qui donnent chacun une petite branche au pou- mon. C’est une circulation de poisson métamorphosée en une circulation de reptile. Les batraciens n’ont ni écailles ni carapace; une peau nue revêt leur corps; à un seul geure près, ils manquent d'ongles aux doigts. Leurs œufs sont couverts d’une simple membrane; le mâle dispose la femelle à les pondre par des embrassements très longs et, dans plusieurs 150 __ REPTILES. espèces, ne les féconde qu’à l'instant de leur sortie. Toutefois il y a aussi des espèces vivipares. On a divisé les batraciens en trois familles sous les noms de 2. anoures, urodeles et branchiferes. Les premiers n’ont ni queue ni branchies à à l’état parfait, et sont pourvus de quatre membres, ex. : les grenouilles et les crapauds ; les seconds ne perdent que leurs branchies, conservent leur queue et acquièrent des membres, par exemple les sa/amandres ; les troisièmes conservent toujours leurs branchies et leur queue qui, amincie et aplatie latéralement, leur donne une forme générale ana- logue à celle de poissons qui seraient pourvus de membres; tels sont l’axolot du Mexique, les protées ct les sirènes. Plusieurs naturalistes retirent les cécilies ou serpents nus de l'ordre des ophidiens et en forment une quatrième famille de batraciens. Les GRENOUILLES (fig. 487) ont quatre jambes et point de queue dans leur état parfait; leur tête est aplatic, leur gueule très fendue; leur langue est molle et ne s’attache pas au fond du gosier, mais au bord Fig. 487. de la mâchoire inférieure et se reploie en dedans ; la mâchoire supérieure est garnie tout autour d’un rang de petites dents fines, et il y en a une rangée transversale interrompue, au milieu du palais. Leur corps est effilé et couvert d’une peau lisse; leurs pieds de devant n’ont que quatre doigts; ceux de derrière, qui sont très longs et pourvus de cinq doigts palmés, leur permettent de faire des sauts considérables sur terre, et de ager avec vitesse dans l’eau. Leur squelette est dépourvu de côtes ; une plaque cartilagineuse à fleur de tête tient lieu de tympan et fait recon- paître l'oreille par dehors. L'œil a deux paupières charnues et une troi- sième cachée sous l’inférieure, transparente et horizontale. Le mâle a de chaque côté, sous l’ereille, une poche à membrane mince qui se gonfle d’air quand il crie. « L'inspiration de l’air ne se fait que par les mouvements des muscles de la gorge, laquelle, en se dilatant , reçoit de l'air par les narines, et en se contractant, pendant que les narines sont fermées au moyen de la langue , oblige ce fluide à pénétrer dans le poumon. L’expiration , au céntraire, s'exécute par les muscles du bas-ventre ; aussi quand on BATRACIENS. 151 ouvre le ventre de ces animaux vivants, les poumons se dilatent sans pouvoir s’affaisser, et si l’on en force un à tenir la bouche ouverte, il s’asphyxie, parce qu’il ne peut plus renouveler l'air de ses poumons. « Les embrassements du mâle sont très longs. Ses pouces ont un renflement spongieux qui grossit au temps du frai et qui l’aide à mieux serrer sa femelle. Il féconde les œufs au moment de la ponte; Ces œufs tombés au fond de l’eau y restent quelques jours , après lesquels ils montent à sa surface. Nommés alors /rat ou sperniole, on les employait autrefois comme rafraîchissants. On y distingue une infinité de points noirs qui sont les germes, entourés chacun d’une matière glaireuse analogue à l’albumen de l'œuf, Peu à peu ces points noirs grossissent, s’allongent ct sortent de leur enveloppe : à cet état on les nomme téfards. Dans les premiers temps le tétard reste encore logé dans la liqueur glaireuse, qui a beaucoup augmenté de volume en absorbant de l'eau, et qui nage au milieu de la masse de liquide comme un nuage ; il en sort seulement de temps en temps pour se fortifier par l’exercice : enfin il s’en sépare tout à fait. Le tétard ressemble d’abord à un petit poisson et ne peut vivre que dans l’eau. Sa tête est très grosse, et son corps, dépourvu de membres, se termine par une queue comprimée qui, dans les jours Suivants, s’allonge beaucoup. Sa bouche n’est encore qu’un trou à peine percep- tible, et ses branchies ne consistent qu’en un tubercule placé de chaque côté à la partie postérieure de la tête. Bientôt ces appendices s’allongent et se divisent en lanières ; les yeux sc dessinent à travers la peau. Un peu plus tard, les branchies se ramifient (fig. 488) et les lèvres se recouvrent d’une sorte de bec corné, à l’aide duquel l'animal se fixe aux végétaux dont il fait sa principale nourriture, Au bout de quelques jours, les franges branchiales, qui flottaient de chaque côté du cou, s’enfoncent sous la peau pour y former les branchies (fig. 489). GCelles- ci sont de petites houppes très nombreuses, attachées aux quatre arceaux Fig. 488. Fig. 489. cartilagineux placés de chaque côté du cou et adhèrent à los byoïde. L’eau arrive à ces bran- chies par la bouche, en passant par l'intervalle des arceaux et, après les avoir baignées, en sort par une ou deux fentes extérieures. L'appareil respiratoire présente alors la 152 REPTILES. plus grande ressemblance avec celui des poissons. Quelque temps après, les pattes postérieures se montrent el se développent petit à petit (lg. 490); leur longucur est déjà assez grande, qu'on ne voit pas Fig. 490. Fig. 491. encore les pattes antérieures. Celles-ci se développent sous la peau qu'elles percent plus tard (fig. 491) ; la queue est résorbée par degrés (fig. 492); le bec tombe et laisse paraître les véritables mâchoires ; les branchies s'anéantissent et laissent les poumons exercer seuls la fonction de respirer qu'elles venaient de par- lager avec eux; la queue disparëit complétement (fig. 493) et le petit animal prend la forme qu'il doit tou- jours conserver. Alors aussi il change de régime ; d'herbivore qu'il était d’a- bord il devient peu à peu exclusivement carnivore, el à mesure que sa métamorphose s'achève, son canal intes- tinal, de long, mince et contourné en spirale qu'il était, devient court ct presque droit. Les grenouilles se tiennent d'ordinaire sur le bord des mares ct des ruisseaux et se précipitent dans l’eau au moindre danger ; elles ne se nourrissent que de proie vivante, comme larves d'insectes, vers, mouches et petits mollusques. Elles s’enfoncent pendant l'hiver sous terre, ou daus la vase, sous l’eau, et peuvent y vivre sans manger et sans respirer, tandis que , dans la belle saison , elles périssent si on les empêche de respirer, en leur tenant la bouche ouverte pendant quelques minutes. L'espèce la plus commune dans les eaux dormantes de nos contrées est là grenouille verte (ana esculenta L.), qui est d'un beau vert tacheté de noir, avec trois raies jaunes sur le dos et le ventre jaunâtre (fig. 487). Elle est très incommode en &té par la continuité de ses clameurs noc- turnes. Elle fournit un alimentsain et agréable. Les Allemands la mangent tout entière, la peau et les intestins exceptés ; mais en France on ne fait usage que du train de derrière, On en forme aussi des bouillons médicinaux. En 1789, Galvani, professeur d’anatomic à Bologne, en faisant des recherches sur l'irritabilité des cadavres de grenouilles par l'électricité, a reconnu les premiers faits d'électricité animale, qui ont Fig. 492. Fig. 493. POISSONS. 155 conduit Volta à la découverte de la pile qui porte son nom, et qui ont été le point de départ de toutes les brillantes découvertes dues à l'élec- tricité dynamique. Les rainettes ne diffèrent des grenouilles que parce que l'extrémité de chacun de leurs doigts est arrondie en une pelotte visqueuse, qui leur permet de se fixer aux corps et de grimper aux arbres. Elles s'y tiennent en effet tout l'été et y poursuivent les insectes ; mais elles pondent dans l'eau et s’enfoncent dans la vase en hiver, comme les grenouilles. Le iwâle a sous la gorge une poche qui se gonfle quand il crie. Les erapauds ont le corps ventru, couvert de verrues ou papilles qui laissent suinter-un enduit visqueux , et, derrière l'oreille, un gros bourrelet percé de pores qui sécrètent une humeur laiteuse ct fétide. Ils mauquent complétement de dents, ont les pattes de derrière peu allongées, sautent mal et se tiennent cependant plus généralement éloignés de l’eau. Ce sont des animaux hideux et dégoûtants, mais qui ne sont en aucune façon venimeux. LC erapaud commun (7474 bufo L.) est gris roussâtre ou noirâtre, couvert de tubercules arrondis; ses pieds de derrière sont demi-palmés. Il se tient dans les lieux obscurs et étouffés et passe l'hiver dans des trous qu’il se creuse. Son accouple- ment se fait dans l’eau, au printemps; la femelle produit des œufs innombrables, réunis par une gelée transparente en deux cordons très longs , que le mâle traîne avec les pieds de derrière. Le crapaud jouissait autrefois d’une grande réputation en médecine ; on l’appliquait tout vivant contre lo céphalalgie, la gastralgie, les scro- fules, le cancer, etc, ou bien desséché et réduit en poudre contre la fièvre quarte, l’épilepsie, etc. Il faisait partie du baume de Leictour et du baume tranquille, de même que les grenouilles figuraient encore daus le dernier siècle au nombre des ingrédients de lemplâtre de Vigo, simple ou mercuriel. OUATRIÈME GLASSE : LES POISSONS. La classe des poissons, qui est la dernière des animaux vertébrés, se compose des vertébrés ovipares organisés pour vivre toujours dans l’eau. Leur circulation est complète, c’est-à-dire qu'aucune portion de sang veineux ne retourne au Corps sans avoir été changé en sang arté- riel; mais leur respiration s'opère uniquement par l’intermède de l'eau. A cet effet , ils ont aux deux côtés du cou un appareil nommé #ranchies, lequel consiste en feuillets suspendus à des arceaux tenant à l'os hyoïde, ct composés chacun d’un grand nombre de lames recouvertes par d’in- nombrables vaisseaux sanguins. L'eau que le poisson avale s'échappe 154 POISSONS. entre ces lames par des ouvertures nommées oufes, el agit, au moyen de Pair qu’elle contient , sur le sang continuellement envoyé aux bran- chies par le cœur, qui ne représente que l'oreillette et le ventricule droits des animaux à sang chaud. Ce sang, après avoir respiré, ne repasse donc pas par le cœur, et se rend directement dans un tronc artériel situé sous l’épine du dos, et qui, faisant fonction de ventricule gauche, l'envoie par tout le corps, d’où il revient au cœur par les veines. La structure entière des poissons est aussi évidemment disposée pour la natation que celle des oiseaux pour le vol. Suspendus dans un liquide presque aussi pesant qu’eux-mêmes, les premiers n'ont pas besoin de grandes ailes pour se soutenir, et la plupart sont pourvus d’une vessie pleine d’air, dite vessie natatoire, placée immédiatement sous l'épine, et qui en se comprimant ou ense dilatant, fait varier la pesanteur spécifique de l'animal, et l’aide à monter ou à descendre. La progression s'exécute en partie par les mouvements de la queue qui choque l’air alternative- ment à droite et à gauche ; les branchies peuvent y contribuer aussi , en poussant l’eau en arrière; le reste de l’action progressive est produit par les membres qui, se trouvant ainsi aidés, n’ont pas besoin d’être bien puissants et sont en général fort réduits. Les pièces analogues aux os des bras et des jambes sont très raccourcies, où même entièrement cachées; des rayons plus ou moins nombreux, soutenant une lame membraneuse , représentent grossièrement les doigts des mains et des pieds, et forment les nageoires. Celles qui répondent aux membres antérieurs se nomment pectorales ; celles qui répondent aux postérieurs, centrales. D'autres rayons, attachés à des os placés sur ou entre les extrémités des apophyses épineuses , soutiennent des nageoires supplé- mentaires qui sont situées verticalement sur le dos, sous la queue ou à son extrémité. On appelle les nagcoires supérieures dorsales, les infé- rieures anales et celle du bout de la queue caudale. On observe dans les poissons autant de variétés que parmi les reptiles pour le nombre des membres (nageoires pectorales et ventrales). Le plus souvent, il y en a quatre ; quelques uns n’en ont que deux ; d’autres en manquent tout à fait. Dans la plupart, les vertèbres sont pourvues de longues apophyses épireuses qui soutiennent la forme verticale du corps; les côtes sont souvent soudées aux apophyses transverses. On désigne communément ces côtes et ces apophyses par le nom d’aréfes. La tête des poissons varie beaucoup quant à la forme, et cependant elle se laisse presque toujours diviser dans le même nombre d'os que celle des autres ovipares ; les narines sont de simples fossettes creusécs au bout du museau, presque toujours percées de deux trous et tapissées d’une pituitaire plissée très régulièrement. Leur œil à la cornée très POISSONS. 155 plate, peu d'humeur aqueuse, mais un cristallin sphérique et très dur. Leur oreille est presque toujours logée tout entière dans la cavité du crâne , sur les côtés du cerveau, et ne consiste guère qu’en un vestibule surmonté de trois canaux semi-circulaires, auxquels les ondes sonores n'arrivent qu'après avoir mis en vibration les téguments communs et les os du crâne. Les poissons sont très voraces, mais ils ont le goût peu développé et ils paraissent avaler sans choix tous les petits animaux qui sont à leur portée. Il y en à fort peu qui se nourrissent de matières végétales. Leur langue est en partie osseuse ct souvent garnie de dents ou d’autres enveloppes dures ; il peut v avoir aussi des dents à l’intermaxillaire , au maxillaire, à la mâchoire inférieure, au vomer, aux palatins, aux arceaux des branchies et jusque sur des os situés en arrière de ces arceaux, tenant comme eux à l’os hyoïde et nommés os pharyngtiens (fig. 494). Outre l'appareil des arcs branchiaux, l'os hyoïde porte de chaque côté des rayons qui soutiennent la membrane branchiale. Une sorte de Fig. 494 (1). 4) Fig. 49%. Tête osseuse de la perche dont on a enlevé , d’un côté, les mächoires, la cloison jugale et l’opercule, pour montrer l'intérieur de la bouche et l'appareil hyoïdien : € crâne ; or orbite; v vomer (armé de dents) ; im mâchoire supérieure ; dp dents implantées sur l’arcade palatine ; mi mä- choire inférieure ; { os lingual; 6 branches latérales de l'appareil hyoïdien ; s stylet servant à suspendre ces branches à la face interne des cloisons jugales ; r rayons branchiostèges ; à anneaux branchiaux ; p h os pharyngiens supé- rieurs ; 0 à À ceinture osseuse supportant la nageoïire pectorale p ; o et 0’ omo- plate divisée en deux pièces ; À humérus ; a b os de l’avant bras; ca os du carpe ; C0 os coracoïdien. 156 POISSONS. battant, composé de trois pièces osseuses, l’opercule, le subopercule et l’énteropercule, se joiut à cette membrane pour fermer la grande ouver- ture des ouïes; il s'articule à l'os tympanique et joue sur une pièce nommée le préopercule. Plusicurs poissons cartilagineux manquent de cet appareil. L'estomac et les intestins varient beaucoup pour l’ampleur, la figure et les circonvolulions ; les reins sont fixés le long des côtés de l’épine; mais la vessie est au-dessus du rectum et s'ouvre derrière l'anus et derrière l'orifice de la génération, ce qui est l'inverse des mammi- fères. Les testicules sont deux énormes glandes appelées communément lailes ; et les ovaires, deux sacs à peu près correspondants aux laites pour la forme et la grandeur, et dans les replis internes desquels sont logés une quantité souvent innombrable d'œufs. Quelques poissons seu- lement peuvent s’accoupler et sont vivipares; tous les autres n’ont pas d’accouplement et pondent des œufs sur lesquels le mâle ne fait que passer pour y répandre sa laite et les féconder. La peau des poissons est quelquefois nue, mais presque toujours elle est couverte d’écailles. Quelquefois ces écailles ont la forme de grains rudes, de tubercules très gros, ou de plaques épaisses ; mais en général ce sont des lamelles fort minces, se recouvrant comme des tuiles et enchàssées dans des replis du derme. Quant aux couleurs dont elles peuvent être ornées, elles étonnent par leur variété et leur éclat ; tantôt elles ne peuvent être comparées qu'à l'or ou à l'argent ; tantôt ce sont les teintes les plus riches du vert, du bleu , du rouge ou du noir. La matière argentée, qui leur donne souvent un éclat métallique si beau, est sécrétée par le derme et se compose d’une multitude d® très petites lames polies. La classe des poissons est celle qui offre le plus de difficultés, quand on veut la diviser en ordres, d’après des caractères fixes et sensibles. Après bien des efforts, Cuvier s’est déterminé pour la classification dont voici le tableau : POISSONS. 157 POISSONS. Des rayons osseux à la nageoire dorsale au! dieures quelques rayons osseux à la nag seoire anale, et ordi- nairemenut un à chaque nageuire ventrale, ACANTHOPTÉRYGIENS, | } nles | | Tous / ; nm en 2. MALACOPTÉRYGIENS Branchies mous, PERE NET en furme des exceple PT ch: peignes, quelque- Des fois le pre- \ nageoires LA 3 /. Michoie mier des } veutrales, QUE à \ Ire SERIE, | supérieure nageoires l'appa met MALACOPTÉRYGIFN: mobile. doréales NE 64 SUBRANCHIENS. POISSONS ou peclo- lévante OSSEUX. rales (Ma- Û : lacopte- Squelette rygiens), | Point de nageoires ven- } MALACOPTÉRYGIFNS osseux, trales. APODES, Miächoire \ supérieure | Branchies disposées en houppes rondes. | LOPHOBRANCHES, complète, \Mâchoire supérieure engrénée au crâne. | PLECTOGNATHES. CHONDROPTÉRYGIENS A BRANCHES LIBRES, où STURIONIENS, Ile SÉRIE, Branches libres par leur bord externe ; un seul orifice pour chaque opercule. POISSONS GARTILAGINEUX OU CHONDROPTÉRYGIENS. Branchies adhérentesf Mâchoire iuféricure } RE Squelelte cartilaginenx. } par leursdeux bords; plu-} mobile, ] Rent MIA Os de la mâchoire supé-f sieurs ouvertures bran- rieure remplacés par les\ chiales ( Chondroptery- Mûchoires soudées en CACTOSTONES palalins, giens à branchies fixes). | un cercle immobile. + és A ne voir que le tableau précédent, on prendrait une idée bien peu exacte de la valeur numérique relative des neuf ordres qui composent la méthode ichthyologique de Cuvier : les acanthoptériques qui parais- sent ne former que le neuvième de la totalité de la classe des poissons, composent à eux seuls la moitié des familles et près des deux tiers des genres ou sous-genres (1). Ils forment, si l’on peut s'exprimer ainsi, le peuple ou la tourbe de l'immense nation des poissons, dont les individus se mangent bien un peu les uns les autres, mais qui deviennent, en définitive la proie des dominateurs de l’eau. sans compter l'homme qui leur fait une guerre active dans toutes les parties du monde, et qui les om Familles, Genres on sous-genr,. (1) Acanthoptérygiens. . . . ..... 45 243 Malacoptérygiens abdominaux. . 5 86 — subrachiens . . 3 23 — apodes. . ... 1 17 Lophobhranches... . 1... 1 # MAMEINPRAIES. . « . se « « ee à + 2 9 Lu 0 OISE OMAN PA ENER 1 4 MÉAPIOUS RMS der le bidons 1 23 su à 1 5 30 417% 158 POISSONS. sacrifie par légions à la nécessité de pourvoir à sa propre nourriture, Je sorlirais tout à fait du cadre que je me suis tracé, si je citais sculement tous les poissons qui servent à la nourriture de homme; je ne dirai quelques mots que des principaux, en y joignant ceux qui offrent quel- que particularité remarquable dans leur organisation, ou qui fournis- sent des produits utiles aux arts ou à la médecine. En tête des ACANTHOPTÉRYGIENS, et dansla famille des percoïdes, nous trouvons d’abord les PERCHES qui ont le corpsoblong et couvert d’é- cailles dures; les nageoires ventrales attachées sous les pectorales; le préo- percule dentelé , l’opercule osseux et terminé en deux ou trois pointes aiguës ; la langue lisse. L'espèce principale qui est la perche commune (perca fluviatilis L.), vit dans les lacs, les rivières et les ruisseaux d’eau vive d'Europe et d’Asie ; elle atteint ordinairement 40 à 50 centimètres de longueur, avec un poids de 2 kilogrammes à 2 Kl-, 500, et quelque- fois plus de 65 centimètres avec un poids de 45 kilogrammes. Elle est d'un vert doré. avec trois bandes verticales noirâtres, ct les nagcoires ventrales et l’anale rouges; elie se nourrit de vers, d'insectes et de petits poissons : c’est un des plus beaux et de nos meilleurs poissons d’eau douce. Le bars commun (/abraz lupus Guv.) est un grand poisson des côtes de France, commun surtout dans la Méditerranée et très estimé pour la table. I est de couleur argentée. avec des reflets d'un bleu céleste sur le dos ; ses deux nageoires dorsales sont d’un rose tendre, les pectorales et les ventrales jaunâtres. Une tache noire marque la pointe de ses opercules. Sa grande voracité lui a fait donner le nom de loup de mer : il peut arriver au poids de 30 kilogrammes. Les VIVES diffèrent des percoïdes précédents par la position de leurs nageoires ventrales qui, au lieu d’être attachées sous les pectorales, le sont sous la gorge, en avant des pectorales (1). Elles ont la tête com- primée , les yeux rapprochés, la bouche cblique , là première dorsale très courte, la deuxième très longue, les pectorales très amples et un fort aiguillon à l’opercule. Elles habitent près des côtes de l'Océan et de la Méditerranée, et se tiennent le plus souvent cachées dans le sable ; on redoute beaucoup la piqûre des aiguillons de leur première dorsale: leur chair est agréable. Les MULLES ont deux dorsales très séparées ; tout leur corps et leurs opercules sont couverts d’écailles larges qui tombent facilement ; leur préopercule n’a point de dentelures; leur bouche est peu ouverte. fai- blement armée de dents, et ils se distinguent surtout par deux longs 4) On leur donne, à cause de cela, le nom de percoïdes jugulaires ; les autres portent celui de percoïdes thoraciques. ACANTHOPTÉRYGIENS. 159 barbillons qui leur pendent sous la mâchoire inférieure. On en connaît surtout deux espèces , dont une, nommée mulle barbu , OU rouget barbu (ullus barbatus L.), était recherchée des Romains débauchés de l'Empire, qui faisaient cuire le rouget tout vivant sur leur table, dans des canaux de cristal remplis d’eau lentement chauffée, afin de jouir du barbare plaisir de voir le rouge éclatant du poisson se changer successivement en pourpre, en violet, çn gris bleuâtre et en blanc, à mesure qu’il approchait du terme de son existence. Le goût de cet affreux spectacle devint même une telle fureur, qu’un ancien consul, nommé Celer, paya un rouget 8000 sesterces (1558 francs), et que, sous Tibère, trois autres furent achetés 30000 sesterces (5844 fr.); Tibère lui-même en vendit un qui fut acheté par Octavius pour 5000 sesterces. IL est vrai que ces mulles étaient d’un poids peu ordinaire, et que le dernier pesait à peu près 5 livres romaines (1606 grammes). Le rouget barbu est très répandu sur les côtes de la Méditerranée et se trouve également sur celles d'Espagne, de Portugal et du golfe de Gascogne ; on le vend quelquefois à Paris. Ilest long de 22 à 27 centi- mètres , a le corps et la queue rouges, même après avoir été dépouillé de ses écailles ; il a la queue fourchue, la tête comme tronquée en avant , et la mâchoire inférieure accompagnée de deux barbillons aussi longs que les opercules. Il à la chair blanche, ferme et d’un goût exquis, On lui substitue souvent le surmulet (zullus surmuletus X.) qui est plus grand, à profil moins vertical, rayé en longueur de jaune, et qui, étant plus commun sur les côtes de l'Océan, arrive plus facile- ment à Paris. On vend encore à Paris, sous ie nom de rougets plusieurs autres poissons du genre #rigla, de la famille des joues cuirassées, qui sont le rouget commun (friqla pini BL), le rouget camard (#71la léneata L.), le perlon ({rigla hirundo L.), la 1yre (érigla lyra L.), le gurnard ({riglaqurnardus L.) et surtout le grondin rouge (/iqla cuculus BI.), Tous ces poissons ont la tête très grosse, comme cubique, dépourvue de barbillons en dessous; mais ils portent plusieurs rayons libres en avant de leurs nageoires ventrales, et leurs nageoires pectorales sont très développées quoiqu’elles ne le soient pas assez pour leur per- mettre de s'élever au-dessus de l’eau, comme peuvent le faire les daety- loptères si Connus sous le nom de poissons volants. Les épinoehes sont de très petits poissons d’eau douce, appartenant aux joues cuirassées comme les précédents, dont les épines dorsales sont libres et non réunies en nageoires, et dont le bassin, réuni à des os huméraux très larges, garnit leur ventre d’une sorte du cuirasse osseuse ; de R vient leur nom générique gasterosteus. Leurs ventrales, placées en arrière des pectorales, se réduisent presque à une seule épine. L’es- pèce la plus commune de nos ruisseaux est celle nommée épinarde ou 160 POISSONS. escharde (gasterosteus aculeatus L.); elle est longue de 8 à 9 centi- mètres; elle a la bouche grande, les yeux saillants, la ligne latérale du corps recouverte de plaques osseuses, formant de chaque côté une espèce de cuirasse; deux forts aiguillons allongés et un troisième plus petit en avant de la nageoire du dos, une forte épine double rempla- çant les nageoires ventrales et une autre petite en avant de l’anale. Elle a le dos d’un brun verdâtre parsemé de points noirs; le ventre argenté, la gorge souvent rouge de rubis ct les nageoires dorées. Sa chair est fade et sans saveur ; aussi ne l’aurais-je pas citée, sans l'instinct particulier qui porte le mâle à construire un nid au fond de l’eau, dans lequel il appelle successivement plusicurs femelles dont il féconde les œufs, dont il se constitue le gardien, ct qu'il défend avec courage contre l’attaque des autres poissons. Ces faits, déjà signalés en partie par Val- mont de Bomare, ont été étudiés et complétés par M. Coste. (Voir les Comptes rendus de l’Académie des sciences, t. XXII, p. 814.) La famille des SCOMBÉROÏDES se compose d’une multitude de pois- sons à petites écailles, à corps lisse, à cœcums nombreux, souvent réunis en grappes, dont la queue et la nageoïire caudale sont très vigou- reuses. Le genre des seombres, qui la commence , présente une pre- mière nageoire dorsale entière , tandis que les derniers rayons de la seconde, ainsi que ceux qui leur correspondent à l'anale, sont au con- traire divisés en plusieurs petits groupes formant ce qu'on nomme de fausses nageoires. Ce genre se subdivise en plusieurs sous-genres com- prenant les maquereaux, les tons, les germons, les sardes, etc. Le maquereau commun (scomber scombrus L.) a le corps en forme de fuseau, long de 40 à 80 centimètres, couvert d’écailles uniformé- ment petites et lisses. Il a le dos bleu, marqué de raies ondées noires, et le ventre argenté, nuancé de jaune, de vert et de violet. La deuxième dorsale est séparée de la première par un espace vide, et il porte cinq fausses nageoires en haut et en bas; sa chair est ferme et très estimée. Ce poisson arrive en abondance en été sur nos côtes de l'Océan, et y donne lieu à des pêches et à des salaisons presque aussi importantes que celles du hareng. Il est remaquable qu’il n’ait pas de vessie natatoire, et que cet organe se trouve cependant dans plusieurs espèces très voisines. Les thons ont autour du thorax une sorte de corselet formé par des écailles plus grandes et moins lisses que celles du reste du corps, et leur première dorsale se prolonge presque jusqu’à la seconde. Le thon commun (scomber thinnus L.) a neuf fausses nageoires au-dessus et au-dessous de la queue. Il peut acquérir des dimensions considérables, telles que 2,25 à 3",25 de longueur, 1°,8 de circonférence. et un poids de 450 à 200 kilogrammes. On le pêche depuis la plus haute MALACOPTÉRYGIENS ABDOMINAUX. 161 antiquité dans la Méditerranée, et il forme une des richesses de Ja Provence et de la Sardaigne, par son abondance extraordinaire. Sa chair est très délicate et a beaucoup de rapports avec celle du veau. On la mange fraîche , salée, marinée ou conservée dans l'huile. La honite des Tropiques est une espèce de thon à quatre bandes longitudinales noirâtres, sur chaque côté du ventre. L'espadon (ziphias gladius L. ) appartient encore à la famille des scombéroïdes et se rapproche particulièrement des thons, par ses écailles infiniment petites, par les carènes des côtés de sa queue, par la force de sa caudale, et par toute son organisation intérieure. 11 manque de nageoires ventrales et n’a qu’une longue dorsale très élevée de l’avant ; ses branchies , au lieu d’être divisées en dents de peigne , sont formées chacune de deux grandes lames parallèles réticulées ; son caractère distinctif le plus apparent consiste dans le bec ou la longue pointe en forme d’épée qui termine sa mâchoire supérieure et lui fait une arme offensive très puissante, avec laquelle il attaque les plus grands animaux marins. Il a souvent lui-même plus de 6 mètres de long, et nage avec une vitesse qui ne le cède à celle d’aucun autre habitant des mers. Il est très commun dans la Méditerranée et se rencontre aussi dans l’océan Atlantique et dans la mer des Indes. Sa chair est excellente à manger. Les MALACOPTÉRYGIENS ABDOMINAUX , ou le second ordre des poissons osseux, sont formés de ceux abat tous les rayons des nageoires sont mous, excepté quelquefois le premier rayon des nageoires dorsales ou pectorales, et dont les nageoires ventrales sont situées en arrière de l'abdomen. Cet ordre est encore très nombreux, et comprend, indépendamment de plusieurs poissons marins , la plupart des poissons d’eau douce. Je citerai seulement les plus connus. La carpe vulgaire . . . . . . . . . . Cyprinus carpio L. La dorade de la Chine. . . .. . . . — auratus |. Le barbeau commun. , . . . . . . .« — barbus E,, Le goujon ... «su one és ee — gobio L. La tanche vulgaire. . . . .. .... — tinca L. La brême commune. . ....... — brama L. L’ablette meunier . . . .. . . . . . — dobula L. L’ablette commune . ........ — alburnus L. Édvéréni.ss 14... 0, Je =rposinis L: La loche franche. . . ... ., . . . Cobitis barbatula H.. mAl'étans sut -« ein sictr foie. LOGE. . de se ee» pes E30z luciusL. L’exocet volant. . : . . « . .. . .. Exocetus volitans BI. Le saluth des Suisses. . . ...... Silurus glanis I. IV. 11 162 POISSONS. Le saumun. à 4e 6 eus «ue à 1: Salmo,solard, La truite de mer. . .. . . . . +. . -- schiefermulleri B}. La grande truite du Léman. . . : . — lemanus Cuv. La truite saumonée . . . . . . . . . -— frutta L. 2 commane pis L 2080 SAR RTL. L'éperlan. : :........: .. — eperlanus L. Le hareng commun . . . . . . . . . Clupea harengus.. Étblanquette”: : . ....:...." +" Tatulus Cuy. Hé sardiné. à 2.4, 4 20 sardina Cav. h'aloie:! 3e ee 010 4e ga 04028408 E° L'anchois vulgaire. . 4 . . . . . . « — encrasicholus L. Essence d'Orient. On nomme ainsi la matière nacrée qui entoure la base des écailles de l'ablette, et dont on se sert pour fabriquer les fausses perles. Pour l'obtenir, on écaille les poissons de cette espèce au-dessus d’un baquet plein d’eau. Lorsque le fond du baquet est cou- vert d'une certaine épaisseur d’écailles, on frotte celles-ci entre les mains, on laisse reposer et on décante l’eau qui est salie par du sang et des mucosités; on délaie le précipité dans l’eau et l’on jette le tout sur un tamis fin, au-dessus d’un autre baquet : essence d'Orient passe seule ct tombe au fond de l’eau. On la lave plusieurs fois et on l'obtient enfin ‘ous forme d’une masse boueuse d'un blanc bleuâtre , très bril- lante et nacrée. On la iivre au commerce délayée dans suflisante quan- té d'ammoniaque liquide qui la préserve de la putréfaction , et ren- fermée dans des flacons bouchés. Les MALACOPTÉRYGIENS SUBRACHIENS sont caractérisés par leurs ventrales attachées sous les peciorales et par leur bassin immé- diatement suspendu aux os de l'épaule, His présentent d’abord la famille des GADOÏDES, composée presque entièrement par le genre gadus de Linné, qui a les ventrales attachées sous la gorge el aiguisées en pointe, le corps médiocrement allongé, peu comprimé, couvert d'écailles molles peu volumineuscs ; la tête bien proportionnée, sans écailles; toutes les nagcoires molles ; les mâchoires ct le devant du vomer armés de petites dents pointues, faisant la carde ou hrâpe ; Iles ouîes grandes, à sept rayons. Presque tous portent deux ou trois nageoires sur le dos, une ou deux derrière l'anus et une caudale distincte. Ils ont une vessie aérienne grande, à parois robustes, souvent dentelée sur les côtés. La p'upert vivent dans les mers froides ou tempérées, et forment d’impor- tants articles de pêche ;-ils ont la chair blanche, aisément divisible par couches et généralement saine, légère et agréable. On les divise aujour- d'hui en plusieurs sous-genres qui sont les morues, les merlans , les merluches, les loftes, les motelles, les brosmes, etc. Les malacoptéry- giens subrachiens comprennent encare les POISSONS PLATS, ou PLEURO- MALACOPTÉRYGIENS SUBRACHIENS. 163 NECTES de Linné, caractérisés par le défaut de symétrie de leur tête, où les deux yeux sont d'un seul côté, lequel reste supérieur quand l'animal nage, ét est toujours fortement coloré, tandis que le côté où les veux manquent est toujours blanchâtre. La bouche est aussi irrégulière , le cürps est très comprimé ; muni d’une dorsale qui règne tout le long du dos; l'ânale occupe pareillement tout le dessous du corps et s’unit presque, eh avant, avec les ventrales ; il y a des rayons aux ouïes et pas de vessie natatoire, Les pleuronectes fournissent le long des côtes de présque tous les pays une nourriture agréable ét saine; on les divise en plies, flétants, turbots, soles, etc. Les principales espèces sont : La plie franche, ou carrelet. . : . . Platesia platessa Cux. Le flet , ou picaud ; : . , : . , . : . — flesus. La sr ou limandelle. . . . .... — pola. bal nn: ——.lininndu; ns Le 2 à > .. Rhombus maximus. La bärbue . . . . . .. RMS à — barbatus. CASDIS PP SPNAENQET 28 | ..+... Solea vulgaris, etc. De tous les poiss ns de cet ordre, je fe traiterai en particulier que de là morue, dont lé foie fournit une haile aujourd’hui universellement üsitée contre toutes les formes de la dégénérescence scrofuleuse , el principalement contre la phthisie tuberculeuse, La môtue fränéhe Où cabelliau (m0rrhua vulgaris Cloq. ; gadus morrhua L:) est un poisson de la famille des gadoïdes, qui habite toutes les parties de l'Océan septentrional comprises entre le 40° et le 70° degré de latitude; et qui se rassemble tous les ans, vers le mois de mars, en nombre véritablement incalcalable, sur une montagne sous- Fig. 495. marine nommée le yrand banc de Terre-Neuve , lequel occupe en avant dé l'île du même nom un espace de 150 lieues. Ce poisson, lorsqu'il à pris tout son accroissement , est long de 100 à 130 centimètres , large de 30 Centimètres environ, et pèse de 7 à 9 on 40 kilogrammes, On en a 164 POISSONS. vu cependant de beaucoup plus grands. Il à la tête forte et comprimée, la bouche grande et la mâchoire inférieure munie d’un barbillon (fig. 495) ; les yeux grands et voilés par une membrane transparente ; le corps lisse et fusiforme, d’un gris jaunâtre, tacheté de brun sur le dos ; une large ligne blanche de chaque côté, allant de l’angle supérieur des ouïes à la queue ; le ventre blanchâtre. Les anciens, à cause de cette couleur comparée à celle de l’âne ou du cloporte, donnaient à la morue le nom d’asellus. Elle a trois nageoires dorsales, deux nageoires anales et la caudale non fourchue. Le premier rayon de la première anale est court et épineüx. L’estomac de la morue est vaste et robuste, et il est suivi, vers le pylore, de six cœcums branchus ; le canal intestinal est assez court, le foie très gros et divisé en trois lobes allongés; la vésicule du fiel est d’un volume médiocre , les ovaires renferment une énorme quantité d'œufs, qui peut s’élever , d’après Leuwenhoëch , à 9.344.000 par individu. La vessie natatoire, qui est grande, a des parois robustes et fortifiées encore par un plan musculaire à fibres prononcées ; elle est profondément lobée sur les bords ; elle peut fournir une bonne ichthyocolle et est d’ailleurs considérée comme un manger délicat. La morue est très vorace et se nourrit de poissons, de harengs surtout , de mollusques et de crustacés. Elle digère très vite et paraît avoir une croissance très rapide. On la pêche quelquefois sur les côtes de la Manche, davantage sur celles de la mer du Nord , et principale- ment sur le banc de Terre-Neuve, qui est tous les ans, au printemps, le rendez-vous des pêcheurs de toutes les nations maritimes; ceux-ci, année commune, ne versent pas moins de 36.000.000 de morues, salées ou séchées, dans le commerce de l’Europe. Le foie de morue est très volumineux et fournit une grande quantité d'huile qui est employée depuis longtemps, pour l'éclairage, dans les pays maritimes , el qui est très usitée surtout sous le nom d'huile de poisson, et préférablement à l'huile de baleine , pour la préparation des peaux chamoisées. Mais on conçoit que tant que cette huile n’a pas été recom- mandée pour l’usage médical, on se soit peu inquiété de l'avoir pure; de sorte que, en réalité, ce qu’on nommait hwle de poisson , il y a une dizaine d'années encore, quoique formé principalement peut - être d'huile de foie de morue , contenait aussi l'huile des foies d’anarrhique, de lotte, de thon, de congre , de raie, de pastenague , de requin , etc. Aujourd’huique l’Auile de foie de morue est d’un si grand usage en méde- cine , je pense qu’on la livre à l’état de pureté au commerce , quoique j'avoue ne pouvoir dire à quels caractères certains on peut reconnaître qu’elle se trouve à cet état. J’admets d’ailleurs que l’on puisse employer indifféremment l'huile des autres espèces de gades , telles que l’égrefin MALACOPTÉRYGIENS SUBRACHIENS. 165 ( gadus œglefinus L.), le dorseh (gadus callarias L.), le merlan noir gadus carbonarius L.), la merluehe (gadus merlucius L.), la lingue, ou morue longue { gadus molus L.), la lotte ( gadus lota L.), etc. Huile de foie de morue. À Paris, on se procure cette huile en la tirant de nos ports de mer et principalement de Dunkerque, —d’Ostende, d'Angleterre et de Hollande. M. le docteur de Jongh, qui a fait en 1842 et 1843 l'analyse des diverses huiles de morue du commerce, et qui depuis s’en est fait marchand, tire la sienne de Bergen en Norwége, et la donne pour de l'huile pure de foie de dorsch, ou petite morue des mers du Nord , vendue quelquefois à Paris sous le nom de faux merlan. On trouve dans le commerce trois variétés d’huile de foie de morue, et ces trois variétés peuvent se retirer également du foie de tous les poissons. L'huile blanche est celle qui se sépare la première, par le simple tassement des foies rassemblés dans une cuve, et qui forme environ la moitié de leur poids. L'huile brune se sépare plus tard, lorsque le parenchyme hépatique commence à s’altérer ; l'huile noire est obtenue en faisant bouillir dans l’eau la matière plus ou moins putride qui a fourni les deux huiles précédentes. 11 y a peu d’années encore, ces trois huiles ne se trouvaient dans le commerce que telles qu’elles étaient sorties des opérations précédentes, c’est-à-dire troubles, épaisses et dégoûtantes à boire; mais aujourd’hui on les trouve tout à fait transparentes, souvent même décolorées par quelque procédé chi- mique , et plus ou moins privées de leur odeur caractéristique, ce qui peut diminuer beaucoup leurs propriétés dans l'application médicale. J'ai trouvé chez M. Ménier, pharmacien-droguiste à Paris quatre qua- lités différentes de ces huiles purifiées. La première est celle qui est vendue par M. Jongh, comme véritable huile de foie de morue, pré- parée aux îles Lofodes en Norwége (1). Elle est transparente, de couleur de vin de Malaga, de consistance onctueuse, d’une odeur très forte d'huile de poisson , d’un goût supportable et privé de rancidité. La seconde , vendue sous le nom d'huile de foie de morue brune, est de couleur semblable à la première, mais plus fluide, d’une odeur moins forte et d’un goût moins désagréable ; c’est celle qui est le plus employée. La troisième, nommée Auile blonde, est à peu près de la couleur du vin de Madère, d’une odeur encore plus faible que la précé- dente , et peut être employée au début , pour accoutumer les malades au goût de poisson. Quant à la dernière, vendue sous le nom d'huile de foie de morue blanche, et qui vient d'Angleterre, elle est presque inco- (1) Ces îles sont situées près de la côte de Norwége , au delà du cercle polaire. Elles sont en hiver le rendez-vous de près de 400 bateaux montés par 20.000 pêcheurs. On en exporte par an 16 millions pesant de morue sèche. 166 POISSONS. lore, d'un goût très faible, et doit avoir été décolorée, au moms à l'aide du charbon. Je la crois peu active, dans la persuasion où je suis que le principe aromatique particulier aux huiles de poisson doit entrer pour beaucoup dans leur propriété tonique et restaurante. M. de Jongh a publié les analyses des trois huiles de foie de morue, blanche, brune et noire. Je suppose qu'il s'agissait alors des huiles brutes du commerce, et que ce qu’il nomme huile blanche est l'huile blonde d'à présent. M. de Jongh commençait par traiter l'huile par l’eau, pour en extraire les parties solubles, qui se composent principalement des éléments de la bile; ensuite il saponifiait l’huile et examinait tous les produits de eette opération ; le soufre et le phosphore ont été déterminés en détruisant l'huile au moyen de l'acide nitrique. | HUILE HUILE HUILE noire. brune. | blanche. A cide oléique , gaduine et deux autres matières indéterminées . . . . . .. 69,785 71,757 74.033 Acide margarique.. . . :. ... ... 16,145 15,421 41,757 Glycérine. : , ... . . NE: PNR 7e 9,711 9,075 10,177. ss À ve rare 0,159 » 0,074 | = agéliques . 04 Lui U4 ACTA RE 0,125 » 0,046 Acides fellinique et cholinique. , . . . 0,299 0,062 0,043 ilifulvine et acide bilifellinique, . . . 0,876 0,445 0,263 Matière soluble dans l'alcool à 30 degr. 0,038 0,015 0,006 — insoluble dans l’eau, alcool et lé- ANERE Se m/s cu ne Gun es es 0,005 0,002 0,001! oder PTT 28 SES LD een 0,0295 0,041 0,037 Chlore avee un peu de brème jh Dé ns. 0,084 0,159 0,149 Acide phosphorique . ........, 0,054 0,079 0,091 : — sulfurique. . ... . . : .. LPRELE 0,010 0,086 0,071 | Hhesphore: sms etes ils (dis 0,0075 0,0114% 0,021 AUS ES - M ous ve de ec aus ie 0,082 0,012 0,009 Magnésie : 9 sc nés ne 0,004 0,012 0,009 dés iuss oh té : dde 0,068 0,055 . Page. es . 2,569 | 2,603 3,009 | 100,000 100,000 100,000 | Plusieurs autres chimistes ont cherché à déterminer la composition de Fhuile de foie de morue. En France, MM. Girardin et Preisser se sont plutôt occupés de la comparer à l'huile de foie de raie, et d'appuyer sur la supé- riorité de cette dernière pour l'usage médical ; mais cette supériorité était en partie fondée sur ce que l'huile de foie de raie, transparente et d’un jaune doré , préparée avec soin par des pharmaciens , répugnait beaucoup moins aux malades que celle de foie de morue du commerce, qui était trouble et noïrâtre. On doit peu compter d'ailleurs sur les caractères qui ont été donnés pour distinguer ces deux huiles, MALACOPTÉRYGIENS SUBRACHIENS. 167 D'après MM. Girardin et Preisser, l'huile de foie de morue se colore rapi- dement en brun foncé par un courant de chlore , tandis que celle de foie de raie conserve sa couleur jaune , même après une demi-heure d’action. L'huile de foie de morue prend rapidement une teinte noire par l’action d’un peu d’acide sulfurique froid. Le même acide colore l'huile de raie en rouge clair, et le mélange agité après un quart-d’heure de contact acquiert une couleur violette foncée. Les deux huiles contiennent l’iode à l’état d’iodure de potassium ; 1 litre d'huile de foie de raie en a fourni 18 centigrammes et celle de foie de morue 15. (Journ. de pharm. et chim.,t, Y, p, 504.) D’après M, Gobley, l'huile de foie de raie, préparée par l'action directe de la chaleur sur le foie, est d’un jaune doré et présente une propriété carac- térislique qui consiste à développer immédiatement une belle couleur violette, lorsqu'on mêle 1 gramme d'huile avec une goutte d’acide sulfurique con- centré. Celle couleur passe au rouge après quelques instants. L'huile pré- parée par ébullition dans l'eau ne présente pas celte propriété. Un litre d’huile de foie de raie, préparée par l'action directe du feu, a fourni à M. Gobley 23 centigrammes d’iodure de potassium. Ce chimiste n’a pu y découvrir la présence du phosphore, (Journ. pharm. et chim., t. V, p. 306.) D’après M. Personne, préparateur de chimie à l'Ecole de pharmacie (1), les huiles de foie de morue et de raie contiennent l’iode à l’etat de combinaison quaternaire avec les éléments ordinaires de l'huile, et non à l’état d'iodure de potassium ; l'huile de foie de morue en contient plus que celle de raie ; Phuile de foie de morue brune en contient plus que la blanche. Le foie de raie, résidu de l'extraction de l'huile, contient beaucoup plus d’iode que l'huile qui en a été retirée. M. Personne pense que l’iode se trouve dans le foie à l’état d’iodure de potassium, et que c’est par l’action réunie de l'air et des acides gras résultant de laltération d'une partie de l'huile, que l'iode est mis en liberté et réagit sur le corps gras, à la manière du-chlore et du brome, en s'ÿ combinant par sub- stitution à l'hydrogène. M. Personne a été conduit par cette théorie à propo- ser de remplacer les huiles de morue et de raie, dans l'usage médical, par de l'huile d'amandes douces combinée artificiellement avec une dose déterminée d’iode , plus considérable et plus eflicace que celle qui existe dans les huiles naturelles. Suivant M. Personne , les huiles de foie de morue et de foie de raie pures ne renferment aucune trace de phosphore. Les huiles dans lesquelles ce corps a été trouvé, le contenaient à l'état de phosphate de chaux, inhérent au parenchyme hépatique tenu en suspension dans le liquide. Quant aux caractères de coloration développés par des agents chimiques , les expériences suivantes , comparées à celles de MM. Girardin et Gobley, montrent que ces caraclères sont trop variables pour pouvoir servir à la dis- tinction des huiles. J'ai opéré sur huit sortes d’huiles : | N° 1. Huile de foie de morue du docteur Jongh. Ne 2... — — + brune, Ménier. N°3 — — — blonde , Ménier. 1) Mémoire présente a l'Academie uationale de medecine, le 50 avut 180, el encore inédit 168 POISSONS. N° 4. Huile de foie de morue blanche, anglaise, Ménier. N°5. — — — purifiée, de MM. Cabaret et Rivet, à Bruxelles. N°6. — — _ de raie, de M. Gobley. Ne Zun—5 7 — — de M. Faucher, à Batignolles. N° 8 — de poisson ordinaire du commerce. Première expérience. J'ai versé sur un verre de montre 4 gramme de cha- cune des huiles ci-dessus, 3 gouttes d’acide sulfurique concentré, et j’ai agité immédiatement avec un tube de verre. N° 1. Couleur pensée un peu claire, passant au rouge et s’éclaircissant de plus en plus, Après dix minutes, couleur jaune brunûtre. N° 2. Couleur pensée magnifique, s’éclaircissant peu à peu et passant au rouge cerise. Après dix minutes, couleur jaune noirâtre. N° 3. Couleur peusée claire et rougeâtre, s’affaiblissant et passant au rouge par l’agitation. Elle devient ensuite hyacinthe brunûâtre. N° 4. Couleur vineuse devenant promptement terne et finissant par devenir noirâtre. N° 5. Couleur vineuse violacée, s’éclaircissant après quelques instants, passant ensuite au rouge brunâtre et au noirâtre. N° 6. Couleur vineuse violacée foncée, passant promptement au brunâtre et finissant par devenir presque noire. N° 7. Couleur pensée claire , passant au rouge vineux , puis au rouge jau- nâtre. N° 8. Couleur jaune brunâtre passant promptement au noir. Deuxième expérience. Huile 6 gouttes, acide sulfurique concentré 2 gouttes; agitation immédiate, N° 1. Couleur pensée rougeâtre, passant au rouge et à l'hyacinthe. N° 2. Belle couleur pensée foncée, passant au rouge , puis à l’hyacinthe. N° 3. Couleur vineuse un peu violacée , passant presque immédiatement à lhyacinthe. N° 4. Couleur rouge hyacinthe. N° 5. Rouge violacé, passant immédiatement à l’hyacinthe. N° 6. Couleur brune foncée, devenant immédiatement brune hyacinthe, puis noire jaunätre. N° 7. Couleur jaune hyacinthe, avec une nuance violacée sur les bords, devenant ensuite brunäâtre , puis noire jaunâtre. N° 8. Couleur hyacinthe jaunâtre devenant noirâtre. Après vingt-quatre heures , tous les essais précédents présentent une cou- leur noirâtre avec un mélange de rouge ou de jaune verdätre. La même huile peut présenter tantôt une nuance, tantôt l’autre. Troisième expérience. — Traitement par le chlore. N° 2. Huile de foie de morue brune. Prend promptement une couleur noirâtre et se trouble. N° 4. Huile de foie de morue blanche. Se trouble aussitôt et paraît se déco- lorer. En continuant le courant de gaz, le liquide redevient transparent et d’un jaune obscur ou noirâtre. N° 6. Huile de foie de raie, Gobley.. Brunit beaucoup, mais reste transpa- MALACOPTÉRYGIENS APODES. 169 rente. Abandonnée à elle-même pendant plusieurs jours, on ne la distingue plus du n° 2. N° 8. Huile de poisson commune. Brunit moins que la précédente, con- serve une teinte jaune et reste transparente. Après plusieurs jours de repos, elle est devenue d’un brun noir. Si lon considere la coloration en violet par l’acide sulfurique comme le caractère distinctif de la meilleure huile de foie de morue, on mettra au pre- mier rang l'huile brune du commerce ; au deuxième rang, l'huile vendue par le docteur Jongh ; au troisième rang, l'huile blonde du commerce, qui est peut-être la même que celle de MM. Cabaret et Rivet. L’huile blanche anglaise paraît être de mauvaise qualité ; peut-être n'est-ce pas de l’huile de foie de morue. L'huile de foie de raie paraît être très inférieure à lhuile de foie de morue brune. On a voulu expliquer l’action restaurante de l’huile de foie de morue, dans les cas de consomplion rachitique et de phthisie tuberculeuse, par la présence de l’iode et du phosphore ; mais nous venons de voir que ce dernier corps n'existe pas dans l’huile brune purifiée, qui est certaine- ment la plus active. Quant à l'iode , on ne peut douter qu'il ne con- tribue pour quelque chose à l’action médicatrice de l'huile. Mais le principe huileux par lui-même, en fournissant à la respiration l’élé- ment combustible propre à entretenir la chaleur animale, sans qu’il en coûte rien à un corps amaigri, peut contribuer beaucoup à la restau- ration presque immédiate, mais malheureusement souvent passagère , de l’individu. Le principe aromatique et âcre de l'huile de poisson ne doit pas être étranger non plus à son action sur l’économie ; aussi suis-je persuadé que l'huile simplement additionnée d’iode , proposée par M. Personne comme succédanée de l’huile de foie de morue, pourra rendre de grands services à la médecine , sans cependant rem- placer complétement l'huile de foie de morue. Les MALACOPTÉRYGIENS APODES, ou qui manquent de na- geoires ventrales, ont tous une forme allongée, une peau épaisse et molle qui laisse peu paraître leurs écailles ; on les divise en plusieurs genres principaux, sous les noms de anguilles, gymnotes, donzelles , équilles, etc. Les anguilles ont les opercules petits, entourés concentriquement par les rayons, et recouverts, aussi bien qu'eux, par la peau qui ne s'ouvre que fort en arrière par un trou, ce qui, abritant mieux les branchies, permet à ces poissons de rester plus ou moins longtemps hors de l’eau, sans périr. Leur corps est long et grêle ; leurs écailles, comme encroûtées dans une peau grasse et épaisse, ne se voient bien qu'après la dessiccation de celle-ci ; ils manquent tous de nageoires ventrales et de cœcums, et ont l’anus placé assez loin en arrière. Ou 2 170 POISSONS, les divise encore en auguilles proprement dites, ophisures, murenes , synbranches , ec. Les anguilles proprement dites ont des nageoires pectorales et ont la dorsale et la caudale sensiblement prolongées autour du bout de la queuc, de manière à y former, par leur réunion, une caudale pointue. Où y trouve d’abord nos anguilles communes, dont la mâchoire supé- rieure est plus courte que l’inférieure et dont la nageoire dorsale com- :mence à une assez grande distance en arrière des pectorales. Ces pois- sons, longs d'environ 55 centimètres, mais que l’on dit pouvoir acquérir une taille beaucoup plus grande, habitent pendant la plus grande partie de lcur vic les eaux douces de presque tous les pays, les mares ct les étangs , aussi bien que les rivières ; cependant ils viennent de la mer, et tous les ans, au printemps, on observe à l'embouchure des rivières des myriades de petites anguilles auxquelles on donne le nom de #ontée, qui viennent remplacer celles que la pêche ou la vora- cité des autres poi:sons ont détruites, et qui ne paraissent retourner à la mer que pour y déposer leur frai. Les anguilles nagent également bien en arrière et en avant , et leur peau est si glissante qu'on les saisit très difficilement. Elles peuvent quitter l’eau et traverser les prairies, soit pour y chercher des limaces ou des vers, soit pour gagner d’autres | cours d'eau ou pour se glisser dans les fontaines, les puits, les ci- ternes , etc, Elles ont la vie fort dure, ct on les voit remuer et palpiter pendant un certain (emps, après avoir été écorchées et coupées par tronçons ; leur chair est blanche , grasse, d’un goût très agréable, mais elle est difficile à digérer. Les congres diffèrent des anguilles communes par leur mâchoire supérieure plus longue que linférieure et par leur dorsale qui com- mence assez près des pectorales. Le eongre commun, que l’on vend à Paris sous le nom d’anguille de mer, atteint 2 mètres de longueur et la grosseur de la cuisse. Les murènes manquent tout à fait de pectorales, mais ont encore la dorsale et l’anale bien visibles ; leurs branchies s'ouvrent par un petit trou de chaque côté ; leurs opercules sont très minces et leurs rayons branchiostèges complétement cachés sous Ja peau ; l’espèce la plus célèbre est la murène commune, poisson très répandu dans la Médi- terranée et dont les anciens faisaient grand cas. Ils en élevaicnt dans des viviers, et l’on à souvent cité la cruauté de Védius Pollion, qui faisait jeter aux siennes ses esclaves fautifs. Les gymnotes ont, comme les anguilles, les ouïes en partie fer- mées par une membrane ; mais cette membrane s'ouvre au-devant des nageoires pectorales, L’anus est placé fort en avant; la nageoire anale règne sous la plus grande partie du corps et le plus souvent jusqu'au CHONDROPTÉRYGIENS. 171 bout de la queue ; mais il n’y a pas du tout de nageoire dorsale. Il y en a une espèce fort célèbre qui habite les rivières de l'Amérique méridio- nale : c’est le gymnote électrique, à qui sa forme allongéc et tout d’une venue , et sa têle et sa queue obtuses, ont fait donner aussi le nom d'anguille électrique. I atteint 28,5 à 3 mètres de longueur et donne des commotions électriques si violentes qu'il abat les hommes 1 les chevaux. L'organe qui produit ces effets règne tout le long du des- sous de la queue, dont il occupe la moitié de l'épaisseur. 11 est formé de quatre faisceaux longiludinaux , composés d'un grand nombre de lames parallèles, très rapprochées, aboutissant d’une part à la peau, de l’autre au plan vertical moyen du poisson, et recevant un très grand nombre de nerfs. Les POISSONS CHONDROPTÉRYGTENS , où CARTILAGINEUX, forment une série (1) peu nombreuse, mais très remarquable par ses formes variées et son organisation. Ils ont le squelette essentiellement cartilagineux , c'est-à-dire qu'il ne s'y forme pas de fibres osseuses, mais que la matière calcaire s’v dépose par petits grains discontinus; ils n'ont pas de sutures à leur crâne, qui est toujours formé d’une seule pièce. Ils mançuent d'os maxillaires et intermaxillaires , dont les fonctions sont remplies par les os analogues aux palatins, ou par le vomer. La substance gélatineuse qui, dans les poissons ordinaires, remplit les intervalles des vertèbres et communique de l'une à autre seulement par un petit tron, forme, dans plusieurs chondroptérygiens, une corde qui enfile toutes les vertèbres, sans presque varier de diamètre. Les chondraptérygiens se divisent en deux ordres: ceux dom les bran- chies sont libres, comme dans les poissons ord'naires, et eeux dont les branchies sont fires, ou attachées à la peau par leur bord extérieur , en sorte que l’eau n’en sort que par des trous de la surface. Le premier ordre ne forme qu'une famille dite des stuiontiens ; le second ordre for- me deux familles les sélaciens et les cyclostones. Les STURIONIENS tiennent encore d'assez près aux poisson ordinaires, par leurs ouïes, qui n’ont qu'ua seul orifice très ouvert et garni d'un opereule, mais sans rayons à la membrane, Ils ne forment que trois genres dont le Rriseni pa est celui des esturgeons. Les esturgeons ont aussi la forme générale des poissons osseux et établissent par la conformation de leur squelette, le passage entre ceux-ci et les vrais chondroptérygiens; car plusieurs os de leur tête et tous ceux de l'épaule sont complétement durcis ; leur mâchoire supérieure se com- pose des palatins soudés aux maxillaires, et lon trouve dans l'épaisseur des lèvres des vestiges des intermaxillaires. Leur corps est plus ou moins :1) Voir le tableau de la elassification des poissons , page 137. 492 POISSONS. garni d'écussons implantés sur la peau en rangées longitudinales; leur bouche est petite et dépourvue de dents; leur nageoire dorsale est si- tuée en arrière des ventrales et au-dessus de l’anale ; enfin la caudale en- toure l'extrémité de la queue et présente en dessous un lobe saillant. Ces poissons sont en général de grande taille et sont doués d’une force mus- culaire considérable ; maisils ont des habitudes paisibles et ne sont guère redoutables que pour les petits poissons. Au printemps, les esturgeons remontent par troupes nombreuses de la mer dans les fleuves, pour y déposer leurs œufs, et les jeunes paraissent gagner promptement la mer et y rester jusqu’à l’âge adulte, Leur fécondité est très grande, car-on assure avoir trouvé près de 1500 mille œufs dans une femelle du poids de 139 kilogrammes, et dans une autre, pesant 1400 kilogrammes, les œufs seuls en pesaient 400. Nous avons dans toute l’Europe occidentale l’esturgeon commun (acipenser sturio L.), long de plus de 2 mètres, à museau pointu , et pourvu «le 5 rangées d’écussons forts et épineux. On le rencontre également dans les fleuves qui se jettent dans la mer Noire et dans la Caspienne, mais il y est accompagné d’autres espèces, et prin- cipalement du grand esturgeon (acipenser huso L.) (fig. 495), dont les boucliers sont plus émoussés, les barbillons plus courts et la peau plus lisse que dans l’esturgeon ordinaire. Il atteint souvent 4 à 5 mètres Fig. 495. de longueur et plas de 600 kilogrammes de poids. C’est avec ses œufs pressés et salés que l’on prépare le eaviar, mets très recherché dans les pays du Nord, et avec sa vessie natatoire que l'on fait l’ichfhyocolle ou colle de poisson. Ichthyocolle, Ou colle de poisson. Cette substance se prépare surtout en Russie, avec la vessie aérienne du grand esturgeon. On nettoie ces ves- sies, on les roule sur elles-mêmes, on les fait sécher, et, sur la fin de leur dessiccation , on leur donne la forme d’unelvre ou d’un cœur , com- me on leur voit dans le commerce: d’autres fois aussi on se contente, après qu’elles ont été nettoyées et séchées en partie, mais non roulées, de les plier en carré, à peu près comme nous faisons d’une serviette , et l’on en achève la dessiccation après les avoir rapprochées à la manière des feuillets d’un livre, et fixées à l’aide d’un bâton qui les traverse. Ges trois modes de préparation, qui constituent les trois sortes de colle de CHONDROPTÉRYGIENS. 473 poisson du commerce, en lyre, en cœur el en livre, donnent toujours des produits plus ou moins colorés ; on les blanchit en les exposant à la vapeur du soufre. On doit les choisir blanches, demi-transparentes , sans odeur, se dissolvant dans l’eau bouillante presque sans résidu, et lui donnant , par le refroidissement, une forte consistance gélatineuse. Lors- qu’on les interpose en feuille mince entre l’œil et la lumière, elles pré- sentent un chatoiement irisé semblable à celui de la nacre de perle. Des trois sortes de colle de ‘poisson que je viens de nommer, la plus chère et la plus estimée dans le commerce est celle en lyre, dite aussi petit cordon, à cause de sa petitesse, comparativement à celle en cœur que l’on nomme communément gros cordon ; après vient le gros cordon etenfin la colle de poisson en livre, qui est la moins estimée. Je ne crois pas que cette gradation soit bien raisonnée , car j'ai éprouvé, par expé- rience, que le gros cordon se dissolvait bien plus facilement dans l’eau que le petit, qu’il fournissait au moins autant de gélatine , et laissait plutôt moins de résidu qu’ autant. Quant à la colle en livre, elle m’a paru moins facilement soluble que le petit cordon ; mais, en définitive, elle ne laisse pas plus de résidu, et sa qualité est presque égale. La colle de poisson est très usitée pour faire des gelées, et pour clari- fier différentes liqueurs, comme la bière et le vin blanc. Elle possède à cet égard une propriété beaucoup plus marquée qu'aucune des colles ou gélatines obtenues par décoction de diverses substances animales. Cela tient à ce que, au lieu d’être un produit désorganisé, soluble dans l’eau, l’ichthyocolle est formée d'un tissu organique qui se gonfle et se divise seulement dans l’eau , en formant un réseau qui se resserre par suite de sa combinaison avec quelque principe astringent des liqueurs, entrai- nant toutes les impuretés dans sa précipitation. Autres colles de poisson : Colle de poisson anglaise, Cette colle est en lanières filiformes, lon- gues de 55 millim. environ, qui paraissent avoir été coupées dans de l’ichthyocolle en feuilles, d'une qualité supérieure. Elle est presque trans- parente, très chatoyante à la lumière , très facilement et complétement soluble dans l’eau , donnant une gelée transparente et incolore. C’est la plus belle et la meilleure des ichthyocolles naturelles. Colle de poisson vitreuse, Cette substance, fabriquée probablement avec de véritable ichthyocolle, est la plus belle des colles artificielles que j'aie vues. Elle est en lames très minces, incolores et transparentes com- me du verre, à surface r'esplendissante, rayée de lignes parallèles rap- prochées. Elle a la consistance et presque la ténacité de la corne, est quelque temps à se dissoudre dans la bouche, mais se dissout compléte- ment dans l’eau bouillante, et forme une gelée aussi belle et aussi consi- stante que l’ichthyocolle, I ne faut pas la confondre avec les gélatines de 47h POISSONS. quadrupèdes, que l’on prépare aujourd’hui très minces et fort belles, mäis qui ne produisent jamais avec l’eau une gelée aussi abondante ni aussi tremblante. Fausse ichthyocolle en lyre. Celte substance a tout à fait la forme de l'ichihyocole en lyre, et est fabriquée comine elle avec une membrane dé poisson roulée, contournée et desséchée; mais ils est douteux qu’elle provienne de l’esturgeon. Elle est plus grosse que le petit corcon, d’une couleur terne, grise ou jaune sale, d’un aspect corué, à peine chatoyante, très difficile à diviser , et ne se dissolvant tout au plus qu’à moitié dans l'eau, I convient de la rejeter. Fausse colle de poisson en feuilles. Cette substance paraît être une membrané intestinale de veau ou de monton. Elle est en feuilles très minces, longues de 22 à 27 centimètres, larges de 6 à 8; elle est bosselée, opaque, d’un blanc terne et non chatoyante ; elle se déchire facilement en tous sens, tandis que la véritable colle de poisson ne se déchire que dans le sens de ses fibres. Elle offre une saveur salée. Elle se ramollit dans l'eau , se tuméfie et s’y divise en grumeaux. Elle laisse un résidu considérable lorsqu'on la traite par l’eau bouillante, et la liqueur nese prend pas en gelée en refroidissant. On trouve souvent de cette fausse colle Ge poisson chez les épiciers de campagne. Colle dé machoiran de Cayenne, J'ai recu anciennement, d’une personne qui occupait uu poste supérieur à Cayenne, trois vessies de imachoirans (1), qui sont très épaisses, comme musculeuses et formées d’une cavité supérieure cordiforme, plus large que haute, séparée par un étranglement d’une seconde cavité oblongue ou fusiforme. La plus petite de ces vessies, à l’état de dessiccation , est longue de 22 centi- mètres , large de 10 à sa partie supérieure, et pèse 102 graminés. La seconde vessie présente une cavité supérieure large de 13 centimètres, haute de 11, une cavité inférieure longue de 15, large de 7, êt est d’un poids total de 278 grammes. La troisième, dont je n'ai que la cavité cordiforme , volumineuse et très déformée, pèse 460 grammes. Cette ichthyocolle m'a paru peu soluble dans l’eau ‘et ressembler beaucoup, pour la qualité, à la fausse colle en lyre, décrite ci-dessus. Mais on trouve dans le commerce une très belle colle fabriquée à Cayenne, que l'on suppose appartenir à la vessie natatoire d’un machoiran ; et qui, si elle est tirée de ce poisson, ne peut provenir que de sa peau même, pré- parée et blanchie. Cette colle, telle qu’elle se trouve dans la collection de l'Ecole, est en une feuille très mince, incolore, presque transpa- rente, Inisante à sa surface, faiblement nacrée, non irisée, longue de 90 (1) Ces poissons appartiennent à la famille des siluroïdes. de l'ordre des malacoptérygiens abdominaux. SÉLACIENS. 475 centimètres, large de 14, offrant la forme générale d’an poisson. Dans la substance même de la feuille se trouvent imprimés, en lettres lrans- parentes, les mots : P. Pouget, à Cayenne. Cette ichthyocolle, de même que la fausse colle en feuille ci-dessus, se déchire facilement en tous sens; mise à tremper dans l’eau , elle s’y gonfle considérablement et se dissout en grande partie par l'ébullition, en laissant cependant un résidu floconneux et opaque assez abon- dant. Les SÉLACIENS forment plusieurs genres principaux qui sont les squales , les marteaux , les anges, les scies, et les raies. Les squales ont un corps allongé, des pectorales médiocres, des ventrales situées en ar- rière de l'abdomen ct des deux côtés de l'anus; une queue grosse et char- nué; leurs yeux sont placés aux côtés de la tête , et leurs branchies aux côtés du cou; au total, leur forme générale est celle des poissons ordi- naires. Leurs os de l'épaule sont suspendus dans les chairs en arrière des branchies , sans s’articuler ni au crâne, ni à l'épine ; leurs petites côtes branchiales sont apparentes, et ils en ont aussi de petites le long de l’épine qui est entièrement divisée en vertèbres. Chez un grand nombre de ces poissons , il existe à la partie supérieure de la tête deux ouvertures nom- mées évents, qui servent à porter aux branchies l’eau nécessaire à la respiration , lorsque la gucule est remplie par une proie trop volumi- neuse, Plusieurs sont vivipares, les aatres font des œufs revêtus d’une coque dure et cornée; aussi la fécondation a-t-elle toujours lieu avant la ponte. On divise les sguales en plusieurs sous-genres, tels que les roussettes, les requins , les milandres, les grisets, les pélerins ; les hrnantins, les aiguillats , es leiches , etc. Les roussettes ont le museau court et obtus, les narines percées près de la bouche, continunées en un sillon qui règne jusqu’au bord de la lèvre, et plus on moins fermées par un ou deux lobules cutanés ; leurs dents sont formées d’une pointe au milieu et deux plus petites sur les côtés. Elles ont des évents et une nagcoire anale répondant à l'intervalle des deux dorsales, qui sont elles-mêmes placées fort en arrière. La grande roussetté, Où chien de mer (scyllium canicula) atteint près de 1",5 de longueur , est très vorace, et suit les vaisseaux pour saisir tout ce qui en tombe. Sa peau desséchée est connue dans le commerce sous les noms de peau de roussette , de chien de mer, où de chagrin, elle est toute couverte de petits tubercules cornés, qui lui donnent la dureté d’une rape, et qui la rendent propre à polir le bois, F ivoire et même les métaux. Le foie de roussette cause dé graves accidents à ceux qui en mangent. Il fournit, à l’aide du feu, une grande quantité d'huile. 176 | POISSONS. Les requis ont en dessous de leur museau proéminent des narines non prolongées en sillon, et une large gueule demi-circulaire, munie de dents tranchantes et pointues, dentelées sur leurs bords. Ils man- quent d’évents, ont la première dorsale bien avant les ventrales, et la deuxième à peu près vis à vis l’anale. Le requin vrai (carcharias verus) a huit ou dix mètres de long, une gueule fortement fendue au-dessous du museau, et d’un contour égal environ au tiers de la longueur de l'animal. Il est d’une force et d’une voracité extrêmes, et est l’effroi des navigateurs dans presque toutes les mers. Il avale les hommes tout entiers et fait sa nourriture habituelle des thons, des phoques et des morues. La peau du requin sert aux mêmes usages que celle de la roussette. On en couvre aussi des malles, et l’on en fait des liens, des courroies, des outres à contenir de l'huile, etc. Les seïes ont la forme allongée des squales ; mais leur corps est aplati en avant, leurs branchies sont ouvertes en dessous, comme däns les raies, et leur museau se prolonge en un long bec osseux, déprimé en forme de lame d'épée, et armé, de chaque côté , d’une serie de grandes pointes tranchantes, implantées comme les dents d’une scie. Ce bec, qui leur a valu leur nom, est une arme puissante avec laquelle ces poissons ne craignent pas d'attaquer les plus gros cétacés. Les vraies dents de leurs mâchoires ont la forme de petits pavés. Les raies forment un genre non moins nombreux que celui des squales. Elles se reconnaissent à leur corps aplati horizontalement et semblable à un disque, à cause de son union avec des pectorales très amples et char- nues , qui se joignent en avant avec le museau , et qui s'étendent en ar- rière jusque vers la base des ventrales. Les yeux et les évents sont à la face dorsale ; la bouche, les narines et les orifices des branchies à la face ventrale. Les nageoires dorsales sont presque toujours sur la queue. On les divise en rhinobates, torpilles, raïes proprement dites, pastena- ques, elc. Les torpilles (fig. 496 et 497) ont la queue courte et encore assez charnue ; le disque de leur corps est à peu près circulaire, le bord antérieur étant formé par deux productions du museau qui se rendent de côté pour atteindre les pectorales. L'espace entre ces pectorales , la tête et les branchies, est rempli de chaque côté par un appareil extraordinaire (fig. 497), formé de petits tubes membraneux serrés les uns contre les autres, comme des rayons d’abeilles, subdivisés par des diaphragmes horizontaux en petites cellules pleines de mucosités, et animés par des nerfs abondants venant de la huitième paire. C’est dans cet appareil que réside la puissance électrique qui a rendu ces poissons si célèbres et qui leur a valu leur nom. Ils ne sont pas cependant aussi SÉLACIENS. 177 redoutables que le gymnote électrique dont j'ai parlé précédemment (page 170). On connaît un troisième genre de poisson électrique appar- tenant aux malacoptérygiens abdominaux et à la famille des siluroïdes : Fig. 496 (1). Fig. 497. c'est le silure où malaptérure électrique, le raasch ou tonnerre des Arabes, qui habite le Nil et le Sénégal. Les aies proprement dites ont le disque rhomboïdal, la queue mince, garnie en dessus, vers la pointe, de deux petites dorsales, et quelquefois d'un vestige de caudale. Nos mers en fournissent beaucoup d’espèces encore mal déterminées; l’une des plus estimées pour la table est la raie bouelée (raja clavata L.) qui se distingue par son âpreté et par les gros tubercules osseux, ovales et garnis chacun d’un aiguillon re- courbé, qui hérissent irrégulièrement et en nombre très variable ses deux surfaces. L'huile de foie de raie, telle qu’on la prépare dans les pharma- cies, est d’un jaune doré, transparente et de propriétés analogues à celles de l'huile de foie de morue; elle paraît contenir moins d'iode (voyez page 166). Les pastenagues diffèrent des raies par leur queue armée d’un long aiguillon dentelé des deux côtés, ce qui en fait une arme très dange- reuse. C’est àce genre qu’appartient le sephen de la mer Rouge et de (4) Fig. 496, 497. Torpitie commune. torpodo narke Risso ; raja tor- pedo L. 1 IY. 12 178 POISSONS. la mer des Indes, qui fournit à l’industrie celte peau dure et tubercu- leuse appelée galuchat , du nom d’an ouvrier de Paris qui paraît l'avoir mise en usage. La plupart des sélaciens, tels que les roussettes, les requins, les kumantins , les aiguillats, les leiches, etc., sont d’ailleurs pourvus d'une peau rude et tuberculeuse, dont on se sert-pour faire des courroies, couvrir des malles, des étuis , des boîtes à bijoux, des garnitures d'armes, ou pour polir le bois, livoire et les métaux. La plus grande confusion régnant dans le commerce entre ces peaux, chaque commerçant leur appliquant à sa fantaisie les noms de peau de requin, de chien de mer, de chagrin et même de galuchat, je me suis procuré celles que j'ai pu, afia de les décrire et d'en déterminer l'espèce autant que possible. 1. Peau de requin. Je n'ai pas trouvé cette peau dans le commerce : celle d’un jeune requin desséché, qui fait partie de la collection de l'Ecole, est mince, couverte partout de très petites écailles imbriquées, d’une couleur grise uniforme, à demi translucides, rayées dans le sens longitudinal, et à bord enticr et circulaire. Ce bord est libre sur le corps de l'animal, ce qui donne à la peau de la rudesse au toucher, mais il est soudé sur les nageoires, qui offrent un toucher très doux. Cette peau pourrait servir à couvrir des malles, des meubles ou des étuis; mais fort peu à polir les ouvrages de bois ou d'ivoire; c’est pour cela sans doute qu’on ne la trouve pas dans le commerce. 2. Penu de reussette mouchetée. Celle peau est ouverte par le ventre ; elle a le museau court et arrondi; les évents placés tout près des yeux, un peu au-dessous et en arrière. Les branchies ont cinq ou- vertures dont les deux dernières sont placées au-dessus des pectorales; cell:s-ci sont coupées carrément et les ventrales le sont obliquement. Les deux dorsales sont placées bien en arrière des ventrales, et l’anale répond à l'intervalle des deux dorsales. La caudale se compose de deux parties presque distincies : une inférieure, grande et triangulaire, obscu- rément lobée en arrière; une terminale, courte, élargie, coupée carré- ment à l'extrémité, arrondie aux angles, faib'ement échancrée au milieu, et formant deux lobes arrondis, peu marqués. Tous ces caractères appartiennent à la première section des roussettes (scylliuim de Cuvier), mais j'en ignore Pespèce. Ces peaux sont longues de 70 à 73 centimètres, larges de 14 à 16 centimètres un peu en avant des pectorales, ce qui est le point de leur plus grande largeur. Foute la peau du dos, comprise entre les nageoires, et depuis l'extrémité du mu- seau jusqu’à celle de la queue, cst couverte d'une infinité de taches rébdes et brunâtres, sur un fond blaschâtre. Le ventre, en étant dé- pourvu, est blanc. Les taches sout assez grandes ct distinctes sur les côtés du corps, principalement à la face supérieure des pectorales, qni SÉLACIENS. 179 présente la disposition des taches du guépard ou deserval. Ces tâches dimi- nuent de grandeur, se rapprochent et finissent presque par se confondre sur da ligne médiane du dos, qui est, à cause de cela, d’un gris noirâtre plus foncé que le reste du corps (1). Toute cette peau est couverte d'écuilles tuberculeuses imbriquées, très fines et très serrées ; cornées, très dures, transparentes. Chacune de ces écailles est triangulaire et comme for- mée de trois pointes épineuses soudées, dont les deux latérales sont courtes et élargies, et celle du milicu proéminente, plus longue et ter- minée par une pointe aiguë. Toutes ces écailles, dont la pointe est diri- gée en arrière, donnent à la peau un reflet velouté et lui communiquent la rudesse d’une râpe. Cette peau est d’un très grand usage pour polir ; on en forme aussi, à ce qu'on m'a assuré, ce que je nomme du faux galuchat , en usant par le frottement les écailles, qui laissent sur le derme l’impression d’un réseau carré, lequel devient très apparent en collant la peau ainsi préparée sur ua papier vert, recouvrant lui-même les objets de gaînerie auxquels on veut donner cette couverture. Mais je suis persuadé que ce faux galuchat est obtenu plutôt avec la peau d’ai- guillat dont il sera question ci-après. 3. Peau de leiehe. Cette peau e:t celle que l’on vend le plus com- munément sous le nom de peau de chien de mer, aux ébénistes, pour polir le bois. Elle est ouverte par le dos, longue de 1,45, large de 0",46 en arrière des pectorales , et présente, dans sou état de dessiccation, une forme à peu près rhomboïdale. La tête a dû être fort obtuse et le museau court; les narines sont placées à l'extrémité du n'useau et éloignées de la bouche; l'ouverture des yeux cst placée en arrière de chaque narine : elle est assez grande et ovale -oblongue. Les évents en sont assez éloignés; les ouvertures branchiales sont au nombre de cinq; les deux dernières sont très rapprochées, et la der- nière touche aux nageoires pectorales. Toutes les nageoires, à l’excep- tion de la caudale, qui est plus grande, sont sensiblement égales et ont 15 à 14 centimètres de longueur, Les nageoires pectorales commencent à 24 centimètres de l'extrémité du museau; la première dorsale à 48, les deux ventrales à 86, la deuxième dorsale à 90 , et la caudale à 1,10; il n’y a pas d’anale. La caudäle est entière, plus large au com- mencement, en dessous qu’en dessus, en formc de fer de lance et longue de 35 ceutimètres. Toute cette peau est d’un gris brunâtre uniforme ct présente l’aspect (1) Une peau de roussette , un peu différente des précédentes , est longue de 55 centimètres, large de 14, d’une teinte grise à peu près uniforme, offrant des taches très nombreuses peu distinctes, à peu près également réparties partout , cependant toujours plus rapprochées sur le dos que sur les flancs. 180 POISSONS. et le toucher d'une râpe. Elle est toute couverte d’écailles tubercu- leuses, disposées en quinconce, très rapprochées, mais laissant cependant un espace distinct entre elles. Ces écailles sont toutes égales, comme rhomboïdales, fixées au derme par l'angle antérieur, libres et terminées en pointe aiguë à l’angle postérieur. Elles sont demi-transparentes , de nature cornée, et présentent à leur surface 3 ou 4 sillons qui convergent \ers la pointe. h. Peau d’'aiguillat. Elle est ouverte par le ventre, longue de 90 centimètres, mais l'extrémité de la tête et la queue manquent. Les évents sont situés de chaque côté, vers le sommet de la tête ; les bran- chies ont 4 ou 5 ouvertures transversales, placées en avant des pecto- rales. La première nageoire dorsale est placée peu en arrière des pecto- rales, et la seconde dorsale est très éloignée de la première, en arrière des ventrales. Il n’y a pas d’anale. Chaque nagcoire dorsale est précé- dée par un aiguillon aplati, corné et aigu, long de 4 centimètres. La sur- face de la peau est comme polie et luisante, marquée d’un grain très fin et uniforme; elle est d’un gris brunâtre sur le dos et d’un gris blanchâtre sur le ventre. Cette peau appartient évidemment au spinax acanthias (Guv.), qui est assez commun sur nos marchés, mais dont la chair est dure, filandreuse et peu agréable au goût. La peau, vue à la loupe, paraît toute couverte de petites écailles épaisses , carrées, dispo- sées en quinconce , d’une transparence opaline et nacrée, incisées ou dentéces comme une petite coquille du côté antéricur ; terminées à l’angle postérieur par une pointe très obtuse, non redressée, ce qui prive celte peau de la rudesse qui distingue les précédentes, et fait dire aux ou- vriers qu'elle ne mord pas. Mais la régularité de son grain et son éclat nacré la font rechercher des gaîniers et des armuriers, pour faire des étuis et des fourreaux d'épées. Je pense que c’est avec elle également que l’on fabrique le faux galuchat, dont j’ai parlé plus haut. 5. Peau de sagre {spinax niger Cuv.). Je n'ai qu’un très petit carré de cette peau avec un de ses aiguillons ; la peau entière n’a pu être retrouvée. Elle ne diffère de la précédente que par ses tubercules plus gros, par une rudesse plus marquée et par une couleur grise plus foncée ; l’aiguillon est arrondi à la base , aplati seulement à l'extrémité, long de 6,5 centimètres. Ge qui me fait attribuer cette peau au sagre, c’est que ce poisson a les tubercules du ventre plus gros et plus colorés que ceux du dos, et que l’aiguillon que j'en ai, ayant été détaché du bord de la peau, celle-ci était par conséquent ouverte par le dos, qui en est, en effet, la partie Ja moins estimée. Cette peau sert aux mêmes usages que la précédente, mais elle est beaucoup plus belle et plus rare. 6. Gainchat Où peau de sephen. Cette peau, tirée du dos du éry- gon sephen Cloq., se trouve dans le commerce en morceaux roulés, SUCEURS, 181 longs de 40 à 60 ct quelquefois 65 centimètres. Elle présente, sur un fond gris foncé, un nombre infini de tubercules très serrés, proéminents, arrondis, blanchis par le frottement, et qui sont à l’intérieur blancs, opaques et nacrés. Ces tubercules grossissent en allant vers le milieu de la peau, dont le centre est toujours occupé par un amas de quelques tubercules beaucoup plus volumineux que les autres. On couvre, avec la peau de sephen, des poires à poudre; on en fait des fourreaux ou des poignées de sabres et de poignards, etc. Quelques fabricants la blan- chissent complétement ou la teignent de différentes couleurs ; mais elle est, à mon avis, plus belle avec sa couleur naturelle, étant simplement à moitié polie par le frottement, qui met à découvert la blancheur nacrée de ses tubercules. La dernière famille des poissons, celle des SUCEURS ou des CY- CLOSTOMES, comprend les plus imparfaits des animaux vertébrés ; ils n'ont ni pectorales, ni ventrales; leur corps allongé se termine en avant par une lèvre charnue et circulaire ou demi-circulaire; tous les corps des vertèbres sont traversés par un seul cordon tendineux, rempli intérieurement d'une substance mucilagineuse non étranglée. On n’y voit pas de côtes ordinaires; mais les petites côtes branchiales, à peine sensibles dans les squales et les raies, sont ici fort développées et unies les unes aux autres, pour former comme une espèce de cage, tandis qu’il n’y a point d’arcs branchiaux solides. Le principal genre est celui des Iamproies dont l’anneau maxillaire est entièrement circulaire et armé de fortes dents. La langue a deux rangées longitudinales de petites dents, et se porte en avant et en arrière comme un piston ; ce qui sert à l’animal à opérer la succion qui le distingue. Ils ont une dorsale en avant de l'anus, et une autre en arrière, qui s’unit à la nageoire de la queue. Ils vivent dans l’eau des mers, des fleuves et des rivières, et doivent à leur forme cylindrique et à leur peau nue, lisse et visqueuse, une srande ressemblance avec les anguilles et les serpents nus. Ils sont privés de vessie natatoire et tombent au fond dé l’eau, aussitôt qu'ils cessent dé mouvoir. Ils ont l'habitude de se fixer, comme les sangsues, aux pierres (1) et aux autres corps solides, à l’aide du disque concave de leur ventouse. Ils attaquent par le même moyen de grands poissons et par- viennent à les percer ct à les dévorer. La Ilamproïe marine (petromi- zon marinus L.), qui atteint une longueur de 70 à 100 et même 160 centimètres, est très estimée dans quelques pays, tandis qu’elle passe ailleurs pour être perniciense. (4) De là le nom de petromyzon qui leur a été donné par Artédi. Le nom de lamproie a la même signification, et vient de lambere petras. 152 INSECTES. DEUXIÈME EMBRANCHEMENT. ANIMAUX ARTICULES (1). sr PREMIÈRE CLASSE : LES, INSECTES. Les insectes ont constamment six pieds; leur corps, dont le nombre des segments ne dépasse jamais douze, est partagé en trois portions pincipales : la téte, le thorax et l'abdomen; quelques uns n’ont pas d'ailes, conservent toute leur vie la forme qu'ils avaient en naissant, et ne font que croître et changer de peau. Les autres ont des ailes, mais ces organes et souvent même les pieds, ne paraissent pas d’abord, et ne se développent qu’à la suite de changements plus ou moins remar- quables, nommés métamorphoses. La tête porte les antennes, organes du tact et peut-être de l’ouie, les yeux et la bouche. La bouche est en général composée de six pièces principales, dont quatre latérales, dis- posées par paires, se meuvent transversalement; les deux autres, oppo- sées l’une à l’autre, dans un sens contraire à celui des précédentes, remplissent les vides compris entre elles : l’une est située au-dessus de la paire supérieure, el l'autre au-dessous de l'inférieure. Dans les insectes broyeurs où qui se nourrisent de matières solides, les quatre pièces latérales font l'office de mâchoires, et les deux autres sont considérévs comme des lèvres. Les deux mâchoires supérieures ont recu le nom de mandibules, et les deux inférieures, qui ont conservé celui de mu- choires, portent chacune un ou deux filets articulés, appelés palpes. La lèvre supérieure se nomme labre et l'inférieure lévre ; celle-ci est formée de deux parties : l’une, plus solide et inférieure, est le menton ; la supérieure, qui porte le plus souvent deux palpes, est la languette. Dans les insectes suceurs, où qui ne prennent que des aliments fluides, les divers organes de la manducation présentent deux sortes de modifications générales : dans la première, les mandibules et les mà- choires sont remplacées par des petites lames en forme de scies ou de lancettes, composant, par leur réunion, une sorte de suçoir reçu dans une gaine, soit cylindrique ou conique, et articulée en forme de rostre ; soit membraneuse ou charnue, inarticulée et terminée par deux lèvres, et formant une trompe, Le labre est triangulaire, voûté, et recouvre la 4) Voir, à la pate 3, les caracières généraux des animaux articulés, INSECTES. 183 base du suçoir, Dans le second mode d'organisation, le labre et les man- dibules sont presque oblitérés; la lèvre n’est plus un corps libre, et ne se distingue que par la présence de deux palpes dont elle est le support; les mâchoires ont acquis une longueur extraordinaire, et sont transfor- mées en deux filets tubuleux, réunis par leur bords et forment une trompe roulée en spirale. A la base de chacun des filets est un palpe très petit et peu apparent. Le thorax ou corselet, qui fait suite à la tête, se compose de trois anneaux appelés prothorax, mésothorax et métathorax, presque tou- jours soudés entre eux et portant chacun une paire de pattes. Lorsqu'il existe des ailes, c’est sur l’arceau dorsal des deux derniers anneaux thoraciques qu’elles sont insérées. Les ailes sont des pièces membraneuses, sèches, transparentes, atta- chées sur les côtés du dos du thorax. Les premières, lorsqu'il y en a quatre, ou lorsqu'elles sont uniques, sont fixées sur le mésothorax, et les secondes sur le métathorax, Elles sont composées de deux mem- branes appliquées l’une sur l’autre, et parcourues par des nervures qui sont des tubes trachéens, Dans les papillons, les ailes sont couvertes de très petites écailles, semblables à de la poussière, qui leur donnent les couleurs dont elles sont ornées. Celle poussière s’enlève facilement avec le doigt; examinée au microscope, elle présente les formes les plus variées. Beaucoup d’ sosie tels que les hannetons, les cantharides, etc., ont, au lieu des ailes antérieures ou supérieures, deux écailles plus ou moins solides et opaques, qui s'ouvrent et se ferment, et sous lesquelles les ailes sont repliées transversalement, dans l’état de repos. Ces écailles, formant étuis, ont reçu le nom d’élytres; les insectes qui les portent ont reçu le nom de coléoptères (1'. Dans d'autres insectes, l'extrémité de ces étuis est membraneuse comme les ailes; on les nomme demi-étuis où hémélytres , et les’ insectes qui les portent kémuiptères. Les pieds sont composés d'une hanche de deux articles, d'une cuisse, d'une jambe d'un seul article, et d'un doigt nommé habituellement larse, divisé en 3 à 5 articulations, dont la dernière est ordinairement terminée par deux crochets. L'abdomen, qui forme la troisième et dernière partie du corps, ren- ferme les viscères, les organes sexuels, et présente 9 à 10 segments plus ou moins mobiles les uns sur les autres. Les parties de la génération sont situées à son extrémité Postérieure et sortent par l’anus. Les der- niers anneaux de l’abdomen forment, dans plusieurs femelles, un ovi- (4) Coléoptères , de xodis, élui, et nrspèr, aile ; élytres, de # Évtpoy, gaine ou enveloppe. 184 INSECTES. ducte plus ou moins compliqué et leur servant de tarière. Il est rem- placé par un aïguillon dans les femelles de beaucoup d’hyménoptères. Des crochets ou des pinces accompagnent presque toujours l'organe fécondateur du mâle. Les deux sexes ne se réunissent ordinairement qu’une seule fois, et cet accouplement suffit, dans quelques genres, pour plusieurs générations successives. La femelle fait sa ponte et dé- pose ses œufs de la manière la plus favorable à leur conservation, et de telle sorte que les petits, venant à éclore, trouvent à leur portée les ali- ments convenables. Il arrive très souvent, par exemple dans les papil- lons, que le petit animal sorti de l'œuf ne ressemble en rien à un papil- lon, et présente seulement un corps très allongé, partagé en anneaux, à tête pourvue de mâchoires et de plusieurs petits yeux , ayant des pieds très courts, dont six écailleux et pointus, placés en avant, et d’autres, en nombre variable, membraneux , attachés aux derniers anneaux. Ces animaux, nommés chenilles, vivent un certain temps dans cet état, et changent plusieurs fois de peau. Enfin il arrive une époque où, de cette peau de chenille, sort un être tout différent, de forme oblongue, sans membres distincts, et qui cesse bientôt de se mouvoir, pour rester long- temps, avec une apparence de mort et de desséchement, sous le nom de chrysalide. Après un temps plus ou moins long, la peau de la chrysalide se fend, et le papillon en sort humide et mou, avec des ailes flasques et courtes; mais en peu d’instants ses ailes croissent et se raffermissent, et il est en état de voler. Il a six pieds, des antennes, une trompe en spirale, des yeux composés; en un mot il ne ressemble en rien à la chenille d’où il est sorti. Voilà ce qu’on appelle les métamorphoses des insectes. Leur pre- mier état se nomme, d'un nom plus général, /arve; le second, nym- phe; le dernier, état parfait. Ce n’est que dans celui-ci qu'ils peuvent se reproduire. Tous les insectes ne passent pas par ces trois états : ceux qui n'ont pas d'ailes sortent généralement de l'œuf avec la forme qu'ils doivent toujours garder ; et parmi ceux qui ont des ailes, un grand nombre ne subissent d'autre changement que de les recevoir : on lesnomme #nsecles à demi-métamorphoses. Les yeux des insectes sont de deux espèces : à facettes où composés, simples ou lisses. Les premiers, situés d'ordinaire sur les côtés de la tête, sont très volumineux et présentent une cornée convexe, divisée en une multitude de petites facettes, dont chacune représente un œil com- plet, pourvu d’un enduit de matière colorée ordinairement noire, d’une choroïde fixée par son contour à la cornée, et d’un filament nerveux particulier, Le nombre de ces yeux est quelquefois prodigieux , car on en compte près de 9000 dans le hanneton, plus de 17000 chez les pa- INSECTES, 185 pillons, et l’on connaît des insectes (les mordelles, par exemple) qui en ont plus de 25000. Plusieurs insectes ont, outre ces yeux composés, des yeux simples ou lisses, nommés aussi ocelles, dont la cornée est tout unie. Ces yeux sont ordinairement au nombre de trois, et disposés en triangle sur le sommet de la tête. Dans la plupart des insectes aptères et des larves de ceux qui sont ailés, ils remplacent les précédents et sont souvent réunis en groupe. Le système nerveux des insectes est généralement composé d’un cer- veau formé de deux ganglions opposés, réunis par leurs bases, donnant huit paires de nerfs et deux nerfs solitaires, et de douze ganglions inférieurs réunis entre eux par des cordons longitudinaux. Les deux pre- miers de ces ganglions sont situés près de la jonction de la tête au thorax, et sont contigus longitudinalement. L’antérieur donne des nerfs à la lèvre inférieure et aux parties adjacentes; le second et les deux suivants sont propres à chacun des trois segments du thorax; les autres ganglions appartiennent à l'abdomen, de manière que le dernier ou douzième correspond au septième anneau de l'abdomen, suivi immé- diatement de ceux qui composent les organes sexuels. La circulation du sang dans les insectes paraît être très incomplète et est peu connue. On voit bien, près de la surface du dos, un tube lon- gitudinal qui exécute des mouvements alternatifs de contraction et de dilatation, analogues à ceux du cœur chez les animaux vertébrés; mais ce vaisseau dorsal ne fournit aucune branche. Le fluide nourricier y pé- nètre par des ouvertures latérales garnies de valvules qui empêchent le sang de refluer au dehors. Le vaisseau dorsal lui-même paraît être partagé en plusieurs chambres par d’autres valvules qui s'opposent au retour du sang vers les parties postérieures, ct le poussent, au contraire, dans une artère unique qui le transporte dans la tête. De là, on suppose qu’il repasse dans l'abdomen par une sorte d’imbibition générale, et qu’il rentre dans le vaisseau dorsal par les ouvertures latérales dont il a été parlé. Ce fluide nourricier, quelle que soit d’ailleurs sa nature, a besoin d'être vivifié par le contact de l’oxigène atmosphérique, ou par la respi- ration. Celle-ci s'opère par desfouvertures nommées stigmates, situées de chaque côté de l'abdomen, et communiquant par un canal avec deux vaisseaux aérifères principaux, nommés frachées, qui s'étendent paral- lèlement lun à l’autre dans toute la longueur du corps. Ces deux tra- chées principales se subdivisent à l'infini en d’autres trachées de plus en plus petites, qui portent l'air dans toutes les parties du corps, et le mettent en contact avec le sang dont ces parties sont imbibées. Il n'y a aucune classe d'animaux qui soit aussi nombreuse en espèces que celle des insectes: on en connaît plus de soixante mille, et la vie 186 INSECTES. d'un homme suffirait à peine pour en faire une étude approfondie. Leur division en ordres repose principalement sur des considérations tirées de leur appareil buccal, de leurs organes de locemotion et de leurs métamorphoses. Le tableau suivant, emprunté aux Z/éments de z00l0- gte de M. Milne Edwards, donnera une idée exacte des principaux ca - ractères employés dans cette classification. INSECTES /. Métimor n phoses complètes. | Ailes de la deuxième paire ployces {ransversalement pendant le repos, COLÉOPTERES. ! Ailes / Aïles de, & / : la deuxième autorieures / | 1 - | coms'itnant paire” ployéés dés élyirés transversale- etes ment el en éventail, pend: int ls d ep» Meétameor- FARESS corlor- | hoses x srl : Ailes de mces | \ incomplètes. lu deuxième pour Ja / LE maslica- \ paire ployées longitudina- lion. 4 lement en éventail, EVE ars, pendant le À repos, ORTHOPT ERES. | \ Renesaro | / \ | ; un | armée Les ailes de la première paire membPra- 1 de er. | neuses et reliculées , comme celles de la : NEVROPTÈRES. dibules \deuxième paie.  prébeu- siles et /_ Quatre ailes bien dév:loppées, membhia-) |! neuses, lransparentes et divisées en grandes FRERES ccHules, Bouche conformeée pour la succion ; K 4 Subissant ip vi mandibules dentiformes. } des mel. RIRES mor- musotie Ailes antérieures rudimentaires et ely-\ cation. | v < 3 pheses troïdes; les posterientes membraneuses et htétéd es: et'ayant \ plissées en éventail ; mandibules ie presque \ \ formes, loujours des Bouche 1 Ailes membranensese! couvertes d'écailles ailes. dépour- A qui simulent une poussière colorce. Buuche ? LÉPIDOPTERES. vue de ; garnie d'une trompe en spirale. j mandi- Quatre bules ailes, Ailes antérieures ordinairement en forme” piehou- le deimi-elyires et toujours, aiusi que les l Hé rriss: siles et ailes postérieutes, nues. Bouche armée d’un confor- bec conique divil ou coudé, | mee pour la Deux ailes seulement ; bouche en forme de l\ompe } Mare succion. | ou de suçoir. Point d'ailes. | APHANIPTÈRES Abdomen dépourva d'appendices. ANOPLOURES, Ne subissant pas de métamorphoses ( el ayant jamais d'ailes, (l Abdomen garni de fausses paltes ou d'appendices propres au saut, ! RARES. ORDRE DES COLÉOPTÈRES, L'ordre des coléoptères comprend tous les insectes pourvus d'élytres COLÉOPTÈRES. 187 et subissant une métamorphose complète. Leur tête offre deux antennes de formes variées, mais dont le nombre des articles est presque toujours de onze ; deux yeux à facettes et pas d'yeux lisses; une bouche com- posée d’un labre, de deux mandibules de consistance cornée, de deux mâchoires portant chacune un ou deux palpes, et d'une lèvre com- posée de deux pièces, le menton et la languette, et accompagnée de deux palpes insérés sur cêtte dernière pièce. Le segment antérieur du thorax, nommé profhorax ou plus com- munément corselet, porte la première paire de pieds et surpasse de beaucoup en étendue les deux autres segments. Ceux-ci s'unissent étroitement avec l'abdomen, et leur partie inférieure, ou la poitrine , sert d'attache aux deux autres paires de pieds, tandis que leurs bords latéraux et supérieurs donnent naissance aux élytres et aux ailes. Les élytres sont crustacées et, dans l’état de repos, se joignent sur la ligne médiane, par une ligne droite. Presque toujours elles cachent les ailes, qui sont grandes et plissées transversalement. Quelquefois les ailes manquent , mais les élytres existent toujours. L'abdomen est largement uni au tronc ; il est composé de 6 à 7 anneaux, membraneux en dessus, solides en dessous. Le nombre des articles des tarses varie depuis trois jusqu’à cinq. Les coléoptères subissent une métamorphose complète: leur larve ressemble à un ver, ayant une tête écailleuse, une bouche analogue à celle de l’insecte parfait et ordinairement six pieds. La nymphe est inactive et ne prend pas de nourriture. Elle est recouverte d’une peau membraneuse qui s'applique sur les parties situées au-dessous et les laisse apercevoir, On divise cet ordre en quatre sous-ordres, de la ma- nière suivante : cinq articles aux tarses des quatre pattes anté- rieures, et quatre seulement aux pattes &@e / cinq articles à tous les tarses. . . . . . . , . . PENTAMÈRES. COLÉOPTÈRES | ayant dérfibrepis tuner sata 61.14 ot 0 ee + + + HÉTÉROMEÈRES, quatre arlicles aux tarses de Lous les pieds. . . TÉTRAMÈRES. \ trois articles ou moins aux tarses, . . . . . « + TRIMÈRES. Les habitudes des coléoptères varient trop pour que nous puissions en rien dire de général. Le nombre en est immense, puisqu'on en connaît plus de cinquante mille espèces ; mais ce nombre même m'’au- torise à les passer tous sous silence, à l'exception de ceux qui sont usités comme vésicants en médecine. Cantharide oflicinale, Le nom de cœntharide est d'origine grecque (xœ0aprs) ; mais il est 188 INSECTES. fort douteux que les anciens le donnassent à l'insecte qui le porte au- jourd’hui. Ainsi Dioscoride , en conseillant de récolter les cantharides qui se trouvent dans les froments, et en disant que les meilleures de toutes sont celles qui ont des raies jaunes en travers de leurs ailes, dé- signe assez clairement le #ylabre de la chicorée; et lorsqu'il ajoute que celles qui sont d’une seule couleur sont inertes, il est évident qu’il veut parler d’un insecte différent de notre cantharide officinale. Il est probable que ce sont ces considérations qui ont déterminé Linné à donner le nom de cantharide à un autre genre de coléoptères, qui a formé depuis les deux genres malachie et téléphore, et à comprendre la can- tharide officinale dans son genre meloe, sous le nom de meloe vesi- catortus, Fabricius, divisant ensuite le genre #e/0e, donna à la can- tharide le nom de /ytta vesicatoria ; enfin Geoffroy lui a rendu son nom officinal, cantharis vesicatoria , aujourd’hui généralement adopté. La cantharide (fig. 498) est un insecte coléoptère, hétéromère, tra- chélide ; autrement, insecte à quatre ailes, dont les deux supérieures, nommées élytres, en forme d’étuis; à cinq articles aux quatre premiers tarses et seulement quatre aux deux derniers ; à tête en cœur séparée du corselet par un rétrécissement brusque en forme de cou. Chacun des deux crochets des tarses est profondément divisé ou double; les antennes sont filiformes, atteignant au moins la longueur de la moitié du corps, et sont compo- sées de onze articles dont le premier est ovoïde et renflé, le second annulaire et très petit, et les autres allongés; les élytres sont longueset flexibles. Le genre cantharide comprend plusieurs espèces qui diffèrent par leur grandeur, leur couleur et d’autres caractères peu importants: toutes sont vésicantes, mais à des degrés différents. Gelle que nous employons, qai est la plus commune et la plus active, est d’un vert doré, sauf les neuf derniers articles des antennes et les tarses, qui sont d’un violet noirâtre. Elle a de 44 à 23 millimètres de longueur et 5 à 7 de largeur ; son odeur est forte, vireuse et très désagréable : cette odeur annonce le voisinage des essaims, et aide à les découvrir lorsqu'on veut en faire la récolte. Les cantharides paraissent sous le climat de Paris vers le solstice d’été ; elles se rassemblent ordinairement en troupes sur les peupliers , les troënes, les rosiers et par préférence sur les frênes dont elles dévorent les feuilles ; il est dangereux de reposer sous les arbres qu’elles habitent, La récolte des cantharides se fait le matin avant le lever du soleil, et lorsqu'elles sont encore engourdies par la fraîcheur et l'humidité de la nuit. Une personne masquée el gantée secoue les Fig. 498. COLÉOPTÈRES. 189 arbres, au - dessous desquels on a étendu des draps où tombent les cantharides: on les fait mourir à la vapeur du vinaigre, contenues dans des nouets de linge ou étendues sur des tamis ; enfin on les fait sécher dans une étuxe. Elles perdent beaucoup de leur poids dans cette opération, au point que, après, il en faut environ 13 pour peser 1 gramme. Les cantharides sont éminemment âcres et corrosives, et sont à présent presque le seul épispastique usité ; elles sont poison prises intérieurement, même à une très petite dose, ce qui fait qu’on ne doit administrer ainsi quelques unes de leurs préparations qu'avec une extrême prudence. Leur action se porte surtout sur les voies urinaires, el est si intense qu'il suffit pour la produire de la simple application des cantharides sur le bras. Malgré ces propriétés si énergiques , les cantharides deviennent avec le temps la proie de plusieurs espèces de mites qui en détruisent les parties les plus actives, et ne Jaissent guère que les élytres et les autres parties vertes. Le moyen de les préserver de cette altération con- siste à les renfermer , après les avoir entièrement desséchées, dans des vases hermétiquement fermés (Jour. de chim. méd.,t. 111, p. 49 et 435). Robiquet s’est occupé de l’analvse des cantharides, et nous a éclairés sur le siége de leur propriété vésicante. Voici quelques uns de ses ré- sultats (Ann. de chim., t. LXXVI, p. 302) : 4° Le principe vésicant des cantharides se dissout dans l’eau à l’aide de l’éballition.. 2° Les cantharides, épuisées par l’eau et desséchées, donnent dans l'alcool une teinture qui produit par son évaporation une huile verte nullement vésicante. 3° La décoction aqueuse évaporée donne un extrait que l’alcool sé- pare en deux parties : l’une noire et insoluble ; l’autre jaune, visqueuse, très soluble ; toutes deux vésicantes. h° La matière noire, parfaitement privée de matière jaune par l’action réitérée de l'alcool employé bouillant, ne conserve rien de vésicant. 5° La matière jaune, caractérisée par sa solubilité dans l'alcool et dans l'eau, perd sa propriété vésicante au moyen de l’éther sulfurique, qui en sépare une substance particulière, insoluble dans l’eau ct dans l'alcool froid, dissoluble dans l'alcool bouillant, et qui s’en précipite, par le re- froidissement, en paillettes cristallines. 6° Cette dernière substance, absolument séparée de toutes les autres qu’elle a laissées inertes , se trouve soluble en toutes proportions dans les huiles, qu’elle rend éminemment caustiques. On doit la considérer comme le véritable principe vésicant des cantharides. {Depuis on lui a donné le nom de cantharidine ; elle n’est pas azotée et a pour formule CH0H6O$.) 190 INSECTES. 7° L'infusion des cantharides fraiches contient du phosphate de ma- gnésie qui s’y trouve dissous par deux acides : l’un lPacide acétique, l'autre l'acide nrique. Substitutions. Quoiqu'il existe un assez grand nombre de coléoptères parés d’une couleur verte dorée, plus ou moins semblab'e à celle des cantharides, il y en a peu qui puissent être confondus avec elles, à cause de leur grandeur ou de leur forme différente, et des caractères tirés de leurs antennes ou de leurs pattes. Si l’on admet cependant que ces insectes soient privés de leurs appendices, alors la confusion deviendra possible et l’on pourra prendre, par exemple, un eallichrôme musqué (Atlas du Æegne animal de Cuvier, pl. 65, fig. 8) pour une cantharide un peu forte. Cet insecte est commun sur les saules vers le mois de mai; il appar- tient aux coléoptères tétramères et à la famille des longicornes; il est long de 27 millimètres, a les antennes filiformes et plus longues que le corps, les cuisses des pieds postérieurs allongées, les jambes très comprimées. Il exhale une odeur de rose très marquée. Privé de ses appendices et comparé à une cantharide, il en diffère encore par son thorax beaucoup plus volumineux et arrondi, presque du même diamètre que l'abdomen, et par ses élytres un peu coniques et plus larges à la partie antérieure qu'à l’autre extrémité, tandis que les élytres de Ja cantharide sont d'égale largeur partout, et présentent la forme d’un rectangle long, arrondi aux angles. L'euchlore de la vigne ( /4id., pl. 43, fig. 7), le &iphucéphale soyeux (/hid., fig. 3), le mélyre vert (Jbid., pl. 32, fig. 18), n'ont qu’une ressemblance plus éloignée avec les cantharides, et d’ailleurs ne s'y trouvent jamais mêlés; mais la cétoine dorée (/bid., pl. 45, fig 6) s'y rencontre souvent et en quantité assez considérable, quoique sa forme ramassée et ovalaire la rende très facile à distinguer. Elle est longue de 16 à 22 millimètres et large de 10 à 12. Sa tête est très pelite, unie immédiatement à un corselet conique dont la base est aussi large que les élytres, et est accompagnée d’un écusson triangulaire très apparent. Les élvtres portent une nervure saillante près de leur bord interne, et sont marquées de quelques petites lignes transversales blanches dans leur partie postérieure. Le test vert qui recouvre Ja tête, le corselet et les élytres, est partout marqué de très peuites piqûres ou de petites cica- trices, qui me paraissent analogues à celles qui, sur les anneaux du ventre et sur les membres, donnent naissance aux poils roux dont ces parties sont garnies. Cet insecte, qui n’est nullement vésicant, appartient à la famille des lamellicornes des coléoptères pentamères ; on le voit par toute l'Europe sur les fleurs de rosier, de sureau, de sorbier, d’ombelli- fères, etc. ; lorsqu'on le saisit, il laisse échapper par l’anus une liqueur fétide. : COLÉOPTÈRES. 491 Mylabre de la Chicorée (fig. 499), Il est d'autant plus probable que cet insecte est celui qui a été désigné par Dioscoride comme la meilleure espèce de cantharide, qu'il n'a pas cessé d’être employé comme épispastique dans tout l'Orient et jusqu’en Chine. Il appartient, comme la cantharide, aux coléoptères hétéromères trachélides, 11 se dis- tingue génériquement des cantharides par ses antennes un peu terminées en massue, et par ses couleurs ternes où non métalliques, et variées. Le mylabre de la chicorée est long de 14 à 16 millimètres , large de 5 ; son corps est cylin- drique, bombé et comme bossu, couvert d'élytres jaunes, avec trois bandes transversales, faites en zigzag et de couléur noire. La première bande est assez près du corselet et est quelquefois réduite à l’état de taches isolées ; la seconde dépasse la moitié des élytres, et la troisième est placée à l'extrémité. Les autres espèces de mylabre sont peu différentes de celle-ci. Fig. 499. Méloé proscarabée (fig. 500), Meloe proscarabæus L. Insecte coléopière, hétéromère, trachélide, pourvu d'antennes à articles grenus et arrondis comme des grains de chapelet, et amincies en pointe à leur extrémité. La tête est plus large que le corsclet, qui est carré; les élytres sont molles, courtes et ne recouvrent qu’une petite partie de l'abdomen qui est renflé; les ailes manquent. Cet insecte est long de 28 millimètres, large de 41, de forme ovoïde cblongue, d’un hoir vio- let ; il marche péniblement, à cause du poids de son abdomen. Il serait très exposé, en raison de sa nudité presque complète, à la voracité des oiseaux et de quelques mamunifères ou reptiles, s'il ne faisait suinter de ses articulations, au moment du danger, une hu- meur onctueuse, probablement caustique et d’une odeur repoussante, qui éloigne ses ennemis par le dégoût qu'elle leur inspire, Celte espèce et le méloé de mai Ont élé autrefois employés en médecine, On en composait des exutoires et on les administrait à l’inté- rieur. Quoique moins actifs que les cantharides, leur action ne laissait pas d'être dangereuse, On à prétendu qu'ils étaient efficaces contre la rage. Fig. 500. 192 INSECTES, + ORDRE DES HYMÉNOPTÈRES, Les hyménoptères (1) ont une bouche composée de mandibules et de mâchoires avec deux lèvres, el quatre ailes membraneuses et nues. Les deux ailes supérieures, toujours plus grandes, ne présentent que des nervures longitudinales peu nombreuses, et les inférieures suivent, en s’écarlant du corps, les mouvements des supérieures auxquelles elles s’accrochent. Les femelles ont l'abdomen terminé par une tarière ou un aiguillon. Ils ont tous des yeux composés et trois petits yeux lisses ; des antennes variables selon les genres et même selon les sexes de la même espèce, néanmoins filiformes ou sétacées dans la plupart. Les mâchoires ét la lèvre inférieure sont généralement étroites, allongées, attachées dans une cavité profonde de la tête par de longs muscles ; formées en demi-tube à leur partie inférieure, souvent repliées à leur extrémité, plus propres à conduire des sucs nutritifs qu’à la mastication, et réunies dans plusieurs en forme de trompe mobile, maisnon susceptible de s’enrouler. Il y a quatre palpes, dont deux maxillaires et deux labiaux. Le premier segment du thorax est très court, et les deux autres sont confondus en un; les ailes sont croisées horizontalement sur le corps; l'abdomen est suspendu le plus souvent à l'extrémité du corselet par un étranglement; tous les tarses ont cinq articles non divisés ; la tarière ou l’oviducte et l'aiguillon sont ordinairement composés de trois pièces longues et grêles, dont deux servent de fourreau à la troisième, et dont la supérieure a une coulisse en dessous pour emboîter les deux autres. Les hyménoptères subissent une métamorphose complète ; la plupart de leurs larves ressemblent à un ver et sont dépourvues de pattes; mais dans la famille des porte-scie, les larves ont six pattes à crochet, et sou- vent douze à seize autres simplement membraneuses; on a donné à ces larves le nom de fausses chenilles. Les unes et les autres ont la tête écailleuse, avec des mandibules, des mâchoires et une lèvre à l’extré- mité de laquelle est une filière pour le passage de la matière soyeuse qui doit former la coque de la nymphe. Le régime de ces larves varie beau- coup; plusieurs ne peuvent se passer de secours étrangers, et sont élevées en commun par des individus stériles réunis en société. Dans leur état parfait, les hyménoptères vivent sur les fleurs. La durée de leur vie, depuis leur naissance , est bornée au cercle d’une année. On divise les hyménoptères en deux sous-ordres, celui des {érébrants, dont les femelles portent une tarière, et celui des porte-aiquillon , où (4) De ôuhy, . à L dites ( Podophthalmes ). ÉTAT extérieures, Pattes en nombre } Gba 1 / / Apperdices! Abdomen [ | flabelli- très AMPHIPODES, formes des | développe. a 5 tho- Pattes thora- pee : ho Abd ; ciques ambu- ES or dE Les a nehes Noicires 7 Re a Lo ( ÆMODIPODES, remplacées ( Edrio- SPRIS 1 EME 7 par certaines } phthalmes ). portions mem-{ Ayant les yeux Thraneuses des Appendices flabellifor-\ É ul ab- mes des fausses pultes a ISOPODES. ; ; dominales, servant à la presque tou- |patles on des NET jours sessiles. / fausses palles. NOPRPLE x Point de Pattes thora- / Corps uu où garni d’une ciques lamel- | carapace simple. leuses et nata- loires ( Bran- Corps renfermé entre chiopodes ). \deux valves. branchies | proprement dites, | CLADOCERES, PHYLLOPODES. Corps renferme dans un 1 Ni branchies proprement COPEPODFES, dites, ni organes particuliers, conformes de manière à pa- | raitre en tenir lieu. Respira- Corps sans carapace ni) ; lion cutance (Entomostraces).| enveloppes, en forme de * OsTRAPODES, | coquille bivalve. | bouclier composé de deux valves latérales, Lu Les CRUSTACÉS DÉCAPODES forment trois tribus distinguées par la conformation de l’abdomen et par la position des ouvertures destinées au passage des œufs. La première tribu, qui a reçu le nom de DÉCA- PODES BRACHYURES, se compose des crustacés connus vulgairement sous le nom de cancres où de crabes, dont l'abdomen est presque rudimen- taire, et qui ne ont en apparence composés que d’un large thorax en forme de gâteau aplati, portant, à la partie antérieure, les veux, la bouche et les antennes, ct renfermant l'estomac, le foie , les branchies, le cœur et les organes de la génération qui sont doubles dans les deux sexes, et qui s'ouvrent par deux ouvertures percées dans le bouclier inférieur. Ils ont cinq paires de pattes, dont celles de la première paire se terminent par une forte pince très solide, en forme de main. Les crabes les plus communs sur nos côtes sont le erabe commun (can- cer mœærus L.), et Ie tourtean Où poupart ( Cancer pagurus L, ), dont La chair est assez estimée ; il pèse quelquefois 2 kilog. 500 gram, DÉCAPODES. 233 La deuxième tribu, celle des DÉCAPODES ANOMOURES, lient le mi- lieu entre les brachyures et les macroures , par leur abdomen qui, sans être un organe puissant de natation , comme cela a lieu dans la dernière tribu, n’est cependant pas réduit à un état aussi rudimentaire que chez les brachyures. On y trouve des animaux fort singuliers, du genre des pagures, généralement connus sous les noms de Zernard-l'Ermite, de soldat , etc. Is ont l’abdomen gros, contourné sur lui-même et tout à fait membraneux, tandis que le reste de leur corps est revêtu d’un té- gument crustacé, comme à l'ordinaire. Cette conformation, quirend leur abdomen très sensible et facile à blesser, les détermine à se loger dans Ja coquille vide de divers mollusques gastéropodes ; ils s’y cramponnent à l’aide de leurs pattes postérieures qui sont courtes, et traînent partout avec eux cette demeure, dans laquelle ils peuvent à volonté se retirer en entier. Les DÉCAPODES MACROURES qui forment la troisième tribu , se re- connaissent au grand développemert de leur abdomen qui se termine toujours par une grande nageoire composée de cinq lames disposées en éventail. Ils sont essentiellement nageurs, et en frappant l’eau avec leur puissante queue ils se lancent en arrière avec une grande vitesse. Leur corps est allongé et presque toujours comprimé latéralement. Ils ont des antennes très longues, et le dessous de leur abdomen est garni de fausses pattes natatoires. Nous y trouvons le genre des /angoustes et celui des écrevisses. Les langoustes sont de très gros crustacés macroures, caractérisés par deux antennes extérieures très fortes, beaucoup plus longues que le corps tout entier, sétacées, hérissées de poils et de piquants, et portées chacune sur un grand et gros pédoncule formé de trois articles épineux. Elles ont en outre deux antennes intérieures beaucoup plus faibles , mais cependant encore assez longues, formées de trois articles, ct terminées par deux petites branches multi-articulées. Toutes leurs pattes sont monodactyles ; seulement celles de la première paire sont plus grosses et plus courtes que les autres. La carapace est hérissée de pointes ; les yeux sont ronds et portés sur des pédoncules étroits , transversaux, qui semblent partir du même point au milieu du front. Ces animaux se tiennent dans les profondeurs de la mer, et se rap- prochent des rivages rocailleux dans les mois de mai, juin, juillet, pour s’accoupler et déposer leurs œufs. L'espèce la plus connue sur nos côtes est la Ilangouste commune (palinurus locusta Oliv.), qui atteint jusqu’à 50 centimètres de longueur avec un poids de 3 à 6 kilo- grammes, lorsqu'elle est chargée d'œufs. Son test est épincux, garni de duvet, avec deux fortes dents dentelées au-devant des veux. Le 234 CRUSTACÉS, dessus du corps est d’un brun verdâtre ou rougeâtre, et la queue est tachetée de jaunâtre ; sa chair est très estimée. Les éerevisses ont les antennes extérieures aussi longues que le corps, sétacées, portées sur un pédoncule formé de trois gros articles, et les antennes intérieures beaucoup plus courtes, bifides et sétacées. Leur bouche est garnie de six paires de membres non développés ou atro- phiés, dont ceux de la première paire portent le nom de mandibules et ceux de la dernière le nom de pieds-mâchoïires, à cause de leur confor- mation plus rapprochée de celle des autres pieds, et de leur dentelure intérieure, qui en fait de véritables organes masticateurs. Les pieds tho- raciques sont au nombre de dix, dont ceux de la première paire sont beaucoup plus forts que les autres, inégaux, terminés par une forte pince osseuse, en forme de tenailles dentelées , dont le mordant extérieur est fixe et l’intérieur plus petit et mobile. Ces pieds étant très lourds et beaucoup plus gros à l'extrémité qu'à leur point d'attache, sont très su- jets à se rompre, principalement un peu au-dessus de la seconde articu- lation, et ils peuvent se reproduire, surtout lorsqu'ils sont rompus en cet endroit. On a même cru remarquer que, lorsque les pattes sont coupées plus près de l'extrémité , la partie qui excède le point où doit se faire la reproduction tombe avant que celle-ci commence à s'apérer. Les quatre dernières paires de pieds sont plus minces et à peu près égales ; cependant la seconde et la troisième sont encore terminées par de petites pinces dont le doigt extérieur est mobile. La quatrième et la cinquième paire ne portent qu'un ongle simple, pointu et crochu; la carapace est allongée, demi-cylindrique, atténuée en avant en un rostre pointu, tronquée en arrière ct marquée au milieu d’un sillon trans- versal, L'abdomen est grand, formé de six articles, recourbé en dessous, muni de cinq paires de fausses pattes servant à la natation, et ter- miné par cinq grandes lames ciliées, dont les deux latérales sont formées chacune de deux pièces distinctes, transversales. Leurs yeux sont demi-sphériques, et d’un diamètre qui ne dépasse pas celui de leur pédoncule, L'écrevisse de mer. OU homard (astacus marinus Fabr.; cancer gammarus L. ), acquiert jusqu'à 50 centimètres de longueur. Il se tient sur les côtes de l'Océan, de la Manche et de la Méditerranée, dans les lieux remplis de rochers. Sa carapace est unie, terminée antérieurement par un rostre pourvu de trois pointes de chaque côté; ses pinces sont très grosses, de nature calcaire, inégales, l’une ovale avec des dents fortes et mousses, l’autre oblongue avec de petites dents nombreuses, Il est d’une couleur brune-verdâtre avec les filets des antennes rougeà- tres. Son test devient d’un beau rouge par la cuisson, comme ceux de la langouste et de l’écrevisse : sa chair est très estimée. DÉCAPODES. 235 L'éerevisse de rivière (astacus fluviatilis Fabr. ; cancer astacus L.) (fig. 518) se tronve dans les eaux douces de l’Europe et du nord de D Asie. Elle se tient ordinairement sous les pierres, dans les cavités des berges, et ne paraît en sor- tir que pour chercher sa proie. Elle vit de mollus- ques, de petits poissons , de larves d’insectes et de chairs corrompues qui flot- tent dans les eaux. Son existence peut se prolonger vingt ans et au delà, et sa taille augmente proportion- F nellement à son âge. Chaque année, vers la fin du printemps, elle se dépouille de son test, et, quelques jours après . la nouvelle enveloppe crustacée est presque aussi solide que la précédente et plus grande, quelquefois d'un einquième. C'est aux approches de la mue qu'on trouve dans l'estomac de l’écrevisse les deux concrétions calcaires nom- mées pierres ou yeux d'écrevisse ; ct comme elles disparaissent peu après, à mesure que le nouveau test se durcit, on croit avec fondement qu'elles servent à sa reproduction (1). Les plus belles pierres d’écrevisse nous viennent d'Astracan sur la mer Caspienne. Pour se les procurer, on met les écrevisses pourrir en tas, ou mieux on les pile grossièrement et on les agite dans l’eau afin d'en séparer les pierres qui tombent au fond. On lave ces pierres et on les fait sécher. Les pierres d'écrevisse sont formées de couches concentriques super- posées ; elles sont convexes d’un côté, creuses de l'autre, avec un rebord saillant tout autour, ce qui leur donne une sorte de ressemblance avec un œil, et leur à valu le nom vulgaire d’yeux d'écrevisse. Leur dia- mètre varie de 9 à 18 millimètres, et leur poids de 5 à 45 décigrammes. Elles sont formées de couches concentriques de carbonate de chaux, dont les parties sont liées à l'aide d’un mucus animal. On les emploie comme absorbantes en pastilles, et comme dentifrices en opiat. On dit qu'on fabrique de fausses pierres d'écrevisse. Quoique je n’en Fig. 518. (1) J'ajoute à cette raison l'observation que les pierres d’écrevisse plongées dans l’eau bouillante prennent une couleur rosée qui est une dégradation de la couleur rouge que leur test acquiert par le même moyen. Souvent , cepen- dant, la première , au lieu d'être rosée, est violette, bleue ou verdâtre ; mais j'attribue eet effet à ce que, la plupart du temps, on sépare les pierres d'écrc- visse de l'animal par la putréfaction de celui-ci, et que cette opération doit nécessairement influer sur la matière co!orante contenue dans les pierres, 236 CRUSTACÉS. aie jamais vu , il me semble qu’il doit être facile de reconnaître les véri- tables, en raison de la difficulté d’imiter leur texture lamelleuse , jointe à leur aspect éclatant, qui a quelque chose de la porcelaine sans en avoir la transparence. De plus, les véritables pierres d’écrevisse se dis- solvent dans le vinaigre , et laissent à leur place une matière gélatineuse qui garde leur forme. Cloporte (fig. 519). Oniseus asellus L.; oniscus murarius et oniscus asellus Guv. Crus- - tacé isopode grisâtre, aplati, ovalaire, convexe en dessus, concave en dessous, Son corps est formé de quatorze articles, en y comprenant la tête : celle-ci porte deux yeux granulés , deux grandes Fig. 519. antennes à sept ou huit articles, deux mandibules sans palpes et trois paires de mâchoires ; les sept articula- tions qui suivent la tête portent chacune une paire de pieds terminés par un crochet simple; les cinq qui viennent après supportent des écailles membraneuses sous lesquelles sont déposés les œufs dans la femelle , et les organes respiratoires dans les deux sexes ; le der- nier anneau porte deux appendices plus ou moins allongés qui laissent suinter, quand on y touche, une humeur gluante dont on ignore l'usage. La femelle garde ses œufs sous les écailles de la queue et entre les pattes; ils y éclosent, et les petits ne paraissent au jour qu'avec la forme qu'ils conservent toute leur vie; seulement ils n'ont que dix ou douze pattes et changent plusieurs fois de peau. Le cloporte habite les caves et les autres lieux humides de nos mai- sons. On l’emploie le plus habituellement à l’état récent pour les pré- parations magistrales, et on le prend à mesure du besoin. Il passe pour diurétique, et peut l'être en effet, en raison des particules salpêtrées au milieu desquelles il vit, et qui s’attachent à son corps. On peut aussi employer l'espèce des bois, qui est peu différente de Fig. 520. celle des caves. Quant aux cloportes que l’on trouve desséchés dans le commerce, et qui viennent surtout d'Italie, ce sont des armadilles (oniscus armadillo V..) (fig. 520), qui diffèrent des cloportes par leur corps poli, brillant, très convexe, susceptible de se rouler en boule lorsqu'on les touche, et ayant les appendices de la queue à peine distincts. La poudre de cloporte V7 entre dans les pilules balsamiques de Morton. ES C’est aux crustacés isopodes que l’on rapporte les animaux fossiles auxquels on a donné le nom général de triholites , qui ANNÉLIDES. 237 devaient cependant différer des isopodes que nous connaissons par des pattes membraneuses propres à Ja natation. C’est seulement dans les couches de sédiment les plus anciennes du globe, composant les terrains dits cambriens et siluriens, et principalement dans les schistes argileux, que l’on trouve les tribolites. C’est à peine si l’on en rencontre quelques traces dans le terrain houiller : ils avaient tous cessé d'exister avant l'apparition des premiers animaux vertébrés. CLASSE DES ANNÉLIDES. « Les annélides, dits aussi vers à sang rouge, ont leur sang générale- ment coloré cn rouge, comme celui des animaux vertébrés, et circu- lant dans un système double et clos d’artères et de veines. Ils respirent par des organes qui tantôt se développent au dehors, tantôt restent à la surface de la peau ou s’enfoncent dans son intérieur. Leur corps, plus ou moins allongé, est toujours divisé en anneaux nombreux, dont le premier, qui se nomme tête, est à peine différent des autres, si ce n’est par la présence de la bouche ct des principaux organes des sens. Jamais ces animaux n'ont de pieds articulés ; mais le plus grand nombre portent, au lieu de pieds, des soies ou des faisceaux de svies roides et mobiles. Ils sont généralement hermaphrodites, et quelques uns ont besoin d’un accouplement réciproque. Leurs organes de la bouche présentent tantôt des mâchoires plus ou moins fortes, tantôt un simple tube ; ceux des sens extérieurs consistent en tentacules charnus et en quelques points noirâtres que l’on regarde comme des yeux, mais qui n'existent pas dans toutes les espèces. » Cuvier a divisé la classe des annélides en trois ordres, d’après les différences observées dans leurs organes respiratoires. Les premiers ont des branchies en forme de panaches ou d’arbus- cules , attachées à la tête ou sur la partie antérieure du corps, dont la partie postérieure est renfermée dans un tube solide qui leur sert d'habitation; aussi leur donne-t-on le nom de TUBICOLES. Les uns, comme les serpules , habitent un tube calcaire homogène, résultant pro- bablement de leur transsudation, comme la coquille des mollusques, mais auquel ils n’adhèrent point par des muscles; d’autres se construisent un tube en agglutinant des grains de sable, des fragments de coquilles, ou des parcelles d'argile, au moyen d’une membrane qu’ils transsudent sans doute aussi ( par exemple les érébelles) ; d’autres enfin ont un tube entièrement membraneux ou corné, Les annélides du secoud ordre ont sur la partie moyenne du corps, ou tout le long de ses côtés, des branchies en forme d'arbres, de houppes, 238 ANNÉLIDES. de lames ou de tubercules. On leur a donné le nom de DORSIBRANCHES. Ilshabitent dans la vase ou nagent librement dans la mer. Tel est l’aré- nicole des pécheurs, très commun dans le sable des bords de la mer, où les pêcheurs vont le chercher pour s’en servir comme d’appât ; il est long de 30 centimètres, de couleur rougeâtre, avec treize paires de branchies. Les annélides du troisième ordre n’ont pas de branchies apparentes, ct respirent , ou par la surface de la peau , ou par des cavités intérieures. On les nomme ABRANCHES, et on les divise en deux familles, suivant qu'ils sont pourvus de soies ou que leur corps est entièrement nu. Les premiers, sousle nom d’ABRANCHES SÉTIGÈRES, comprennent les /om- bries et les naïdes ; les autres, nommés ABRANCHES NUS Où HIRUDINÉS , renferment les sangsues, dont nous nous occuperons plus particulière ment. Ver de terre, ou Lombric. Lumbricus terrestris L., annélide abranche sétigère , dépourvu d'yeux, de tentacules et de cirrhes. Il a le corps mou, rouge , cylindri- que, quelquefois long de 30 centimètres, composé de plus de cent vingt anneaux contractiles, et muni en dessous de huit rangées de petites pointes , à l’aide desquelles il rampe sur la terre. Il est hermaphrodite avec rapprochement d'individus. Un bourreletou renflement placé vers le tiers antérieur du corps, sensible surtout au temps de l'amour, sert à deux individus à se fixer l’un à l’autre pendant la copulation. Les œufs descendent entre l'intestin et l’enveloppe extérieure, jusqu’autour du rectum où ils éclosent, les petits sortant vivants par l'anus (Montègre). M. Léon Dufour dit au contraire que les lombrics font des œufs ana- logues à ceux des sangsues. Le ver de terre perce en tous sens l’humus humide dont il avale beau- coup. Il mange aussi des racines, des fibres ligneuses, des parties animales, etc. Au mois de juin , il sort de terre la nuit, pour s’accoupler. Le ver de terre était employé autrefois en pharmacie pour préparer une huile médicinale par décoction. Cette composition est complétement tombée en désuétude. ANNÉLIDES HIRUDINÉS (1). Les annélides qui composent la famille des hirudinés ont le corps nu, très rarement appendiculé, contractile , formé d’un très grand nombre (4) De hirudo , sangsue. Cette famille répond au genre hirudo de Linné. Jusqu'ici tous les auteurs ont écrit hèrudinées ; mais le genre féminin ayant été affecté, d’un accord unanime , aux familles du règne végétal, et le mas- culin à celles du règne animal ( édentés|, cétacés, gallinacés, crustacés, etc.), ANNÉLIDES. 239 d’anneaux, et terminé à chaque extrémité par une ventouse dilatable et préhensible. La ventouse buccale est étroitement unie avec le corps ou en est séparée par un étranglement. La bouche, située dans la ventouse anté- rieure, avec ou sans mâchoire, est quelquefois munie d’une petite trompe cylindrique et extensible. Les mâchoires sont au nombre de trois, ra- rement de deux, denticulées on non; des points oculaires, au nombre de deux à dix, sont placés à la partie supérieure de la ventouse buccale. La ventouse anale est simple, nue, rarement armée de petits crochets, tantôt oblique , tantôt exactement terminale. Les branchies sont nulles. M. Moquin-Tandon, auquel on doit une excellente monographie des hirudinés (1), les a partagés en quatre sections, de la manière suivante : 1. Corps à anneaux très distincts, opaque, à sang rouge. Ventouse buccale unilabiée: A/biontens. 2. Corps à anneaux très distincts, opaque, à sang rouge. Ventouse buccale bilabiée : Pdelliens. 3. Corps à anneaux peu distincts, transparent , à sang incolore : Siphoniens. h. Corps sans anneaux distincts , transparent , à sang incolore : Pla- nériens. 2° section. HiRUDINÉS BDELLIENS. Les annélides de cette section comprennent la sangsue officinale , et les genres qui s’en rapprochent le plus. Ils ont le corps généralement opaque, composé d’anneaux plus ou moins distincts; la ventouse buccale n’est pas séparée du corps par un étranglement ; elle est en forme de bec de flûte et bilabiée ; leur sang est rouge et leurs œufs sont multiples. M. Moquin-Tandon le divise en sept genres, de la manière suivante : hulles. . Néphélis. deux. 4, Branchiobdelle, Mächoires / rudimentaires, 3. Trochète, . foblus. h. Aulastome, plus ou moins : trois = peu nombreux. . Hæmopis. \ développées, € pointus) x très nombreux. . Sangsue. Denticules 2 : nuls, 7. Limnatis. 1. Branchiobdelle de léecrevisse, Cet annélide est le plus petit de tous les hirudinés. On le trouve sur les branchies de lécrevisse; il marche à la manière des chenilles arpenteuses ; il a le corps un peu j'ai cru pouvoir écrire hirudinés. Ce nom n’est d’ailleurs, en effet, qu’un des adjectifs du nom de classe annélides, auquel il peut être nécessaire de le joindre. (4) Monographie de la famille des Hirudinées. Paris, 1846, 1 vol. in-8°, avec un bel atlas de 14 planches coloriées, 240 ANNÉLIDES,. transparent. Il construit, pour ses œufs, une capsule pédiculée qu’il fixe aux branchies de l’écrevisse. 2. Néphélis octoculée. Où sangsue vulgaire (fig. 521). — Hirudo octoculata Bergm.; — irudo vulgaris Mull. ; — erpobdella vulgaris Lam. ; — nephelis tessulata Savigny; — nephelis vulgaris Moquin. Corps allongé, assez déprimé, rétréci graduellement en avant, com- posé de 96 à 99 anneaux égaux , très peu distincts , portant les orifices sexuels entre le 30° et le 32° anneau ct entre le 34° et le 35°, ces ori- fices étant situés non sur les anneaux, mais dans leurs intervalles. — Ventouse antérieure peu concave, à lèvre supérieure formée de trois segments, le terminal grand et obtus. — Points oculaires très distincts, au nombre de huit, les quatre antérieurs disposés en croissant sur le premier segment, les quatre postérieurs rangés sur les côtés du troi- sième segment (fig. 522). Dans l’état d'extension de la lèvre supérieure, la disposition des points oculaires change et devient telle que la repré- Fig. 521 (1). Fig. 523. Fig ov* 522. À sente la figure 523. — Bouche grande, mà- choires nulles, œsophage à trois plis (fig. 524 ). — Estomac tubulaire, droit, sans brides ni poches latérales; intestin et rectum semblables, à peine distincts de l’estomac. — Anus assez grand, semi-lunaire, très apparent, placé sur le côté dorsal du dernier anneau, — Ventouse anale moyenne , obliquement terminale, Cet annédide habite l'Europe, dans les fon- taines, les ruisseaux et les fossés qui contiennent de l’eau. 11 ne peut quitter l’eau sans mourir au bout de quelques minutes. Il ne se contracte pas en olive comme les sangsues; mais roule son corps à peu près comme les lombrics. II ne peut sucer le sang d'aucun animal vertébré, la nature lui ayant refusé les (4) Fig. 321. — À, néphélis octoculée, d’après M. Moquin-Tandon (Atlas de la Monographie des hirudinées). — B, la même, d’après l'Atlas du Dic- tionnaire des sciences naturelles. HIRUDINÉS. 211 organes propres à entamer la peau. Il se nourrit de planaires, de monocles et d'animaux infusoires. On en connaît un grand nombre de variétés distinguées par leurs couleurs. Il est tantôt d’un brun noir et presque opaque, tantôt rougcâtre, couleur de chair, cendré, gris ou verdâtre. Quand Ja couleur m'est pas trop obscure, on voit, à travers la peau, le vaisseau abdominal et les deux vaisseaux latéraux, ainsi que leurs branches transversales. Il dépose ses capsules depuis le mois de mai jusqu’au mois d'octobre, sur des plantes aquatiques ou sur des corps solides submergés. La manière dont se forment ces capsules est très singulière. De même que les lombrics, les hirudinés sont andro- gynes , mais ont besoin du rapprochement de deux individus pour devenir féconds. Dans les néphélis, particulièrement, : l'organe mâle est situé entre le 31° etle 32° anneau, Pig 525. et l'organe femelle entre le 34° et le 35% Au temps de l’amour, cette partie du corps, qui porte le nom de ceinture (1), se gonfle et se couvre d’une matière visqueuse servant à l’adhérence des individus. Deux individus se rapprochent ainsi ventre à ventre et en sens inverse, de telle sorte que l'organe mâle antérieur de l’un correspond à lorgane femelle postérieur de l’autre. Après la fécondation, la ceinture se gonfle encore plus en son milieu, se rétrécit à ses extrémités, et exsude, par toute sa surface, une matière visqueuse qui se condense en une capsule ovoïde (fig. 525), Lorsque cette capsule est formée, la sangsue la remplit d'une matière gélatineuse, demi-transparente, dans laquelle aucun germe n’est encore visible; puis elle cherche à s’en séparer. A cet effet, elle se fixe par sa ventouse anale, rétrécit fortement toute la partie de son corps comprise dans la capsule et antérieurement , et en sort à reculons , au moyen des mouvements qu’elle imprime à ses anneaux. Aussitôt qu'elle a quitté la capsule, les deux ouvertures se ferment et l’on voit à leur place un épaississement brunâtre qui tombera plus tard, comme un opercule, pour laisser sortir les jeunes sangsues. D'après M. Moquin-Tandon, chaque néphélis peut produire succes- sivement cinq à huit capsules pareilles ; mais je ne puis admettre qu’on dise qu’elle les ponde , tant leur formation diffère de la ponte d'un œuf proprement dit. Les capsules de néphélis sont longues de 4 à 6 millimètres, larges de (4) La ceinture comprend un plus grand nombre d’anneaux que ceux qui séparent les organes sexue!s ; dans la néphélis octoculée, la ceinture comprend 15 à 47 anneaux, dont 8 avant l'ouverture de Porgane mâle et 9 après. IV. 16 242 ANNÉLIDES. 3 à 4. M. Raver les a représentées comme étant parfaitement ovoides (fig. 526), et M. Moquin comme étant aplaties et ayant les bords irré- guliers et sinués. L’enveloppe en est transparente , de nature cornée, Fig. 526 (1). : Fig. 527. Fig. 5 d’abord assez claire, puis d’une couleur jaune ou roussâtre. Elle est enduite d’une humeur visqueuse qui la fait adhérer aux corps sur lesquels elle a été déposée. Aux deux extré- mités du grand diamètre, on voit une petite callosité brune, l’une ronde et déprimée, l’autre saillante et formant quelquefois une sorte de pédicule. On sait que ces capsules avaient d’abord été prises par Linné pour un insecte hémiptère (1) Fig. 526. — A, capsule de néphélis fortement grossie, dans laquelle les ovules ne sont pas encore visibles, — B, autre capsule dans laquelle trois ovules sont visibles, — C, autre capsule contenant plusieurs petites sangsues déjà développées. HIRUDINES. 245 aquatique qu’il avait désigné sous le nom de coccus uqualicus, et que c'est Bergmann qui lui en à fait connaître l’origine et l'espèce. 3. Trochète verdâtre, frocheta subviridis Dutrochet (fig. 527). Corps allongé , déprimé, très extensible (1), composé de 440 anncçaux fort étroits, inégaux, peu distincts, portant les orifices sexuels entre le 32° et le 33° et entre le 37° el le 38° anneau, — Ventouse orale très concave , à lèvre supérieure formée de trois segments, dont le terminal est grand et obtus. — Points oculaires peu apparents, les quaire anté- rieurs disposés en lunule sur le premier segment, les quatre autres rangés en lignes transverses, sur les côtés du troisième segment (fig. 527, A). Bouche grande, offrant trois mâchoires très petites, tranchantes , non denticulées. — OEsophage allongé , tubulaire, à trois plis — Estomac tubulaire, membraneux , divisé par quatre replis intérieurs , en cinq compartiments placés bout à bout (fig. 528). — Intestin dilaté en avant, séparé de l'estomac et du rectum par des replis semblables aux précédents. — Anus très grand et très apparent, ouvert sur le dos du dernier anneau. — Ventouse anale moyenne, obliquement terminale. La trochète verdätre a le dos d’un gris olivâtre un peu velouté, avec deux bandes lon;itudinales noirâtres , peu apparentes , rapprachées de la ligne médiane, Le ventre est un peu plus pâle que le dos, sans bandes ni taches. Il y en a plusieurs variétés dont une brune , une d'un rouge brun très vif, et une couleur de chair, toutes trois sans bandes. A l’é- poque de la reproduction , la ceinture se gonfle beaucoup (fig. 529) et paraît plus pâle que le reste du corps; elle commence au 23° anneau et en comprend 18. La trochète forme ses capsules comme les néphélis et en sort de la même manière. La capsule isolée est d’un brun foncé, assez épaisse, non transparente, pointue aux deux extrémités , longue de 9 à 44 millimètres, large de 6 à 8. Les trochètes habitent les rigoles des prairies, les petites sources, et, dans les lieux humides, des canaux souterrains où elles poursuivent les lombrics qu’elles dévorent. Elles sortent également de l’eau pour déposer leurs capsules, comine la plupart des autres genres. Elles sont impropres à la succion. h, Aulastome vorace, aulastoma qulo Moq.-Tand. — Æirudo sanguisuga Muller, — AHirudo voraz Johns. — Hæwmopis nigra Sax. — Pseudobdella nigra Blainvy. — Hirudo voraz Huzard |Journ. pharm., & XE, pl 1, fig. 5, 6, 7, 42, et pl. 11, fig. 16 (2). Pseudo- (1) Fortement tendu, il peut acquérir jusqu'à 20 centimètres de longueur. (2) La description et l’anatomie de l’Airudo voraæ, faites par M. Huzard fils, sont très exactes ; seulement il faut remarquer que le nom de sangsue de 24h ANNÉLIDES. bdella nigra Blainville. Corps allongé, se contractant difficilement en olive, composé de 95 anneaux très distincts et égaux (fig. 530), portant les orifices sexuels entre le 24° et le 25° an- Fig. 530 (1). neau, et entre le 29° et le 30°. Points oculaires au nombre de 10, disposés, comme dans la sangsue officinale, sur une ligne elliptique , les Fig. 531. Fig. 532, quatre postérieurs plus isolés et plus petits (fig. 531). Ventouse antérieure peu concave, à lèvre supérieure avancée en demi-ellipse. Bouche grande, pourvue à la gorge de trois mâchoires égales, très petites, ovales, non comprimées, à denticules peu nombreux, distincts et émoussés (fig. 532 (2) et 533). — OEsophage en forme de sac oblong (fig. 532 et 534), sillonné par douze plis longitudinaux. — Estomac cheval faussement donné dans le commerce à cet annélide, est cause que M. Huzard l’a d'abord confondu avec un ou deux autres annélides , qui sont lhæmopis sanguisorba Say., et une variété noire de la sangsue médicinale. (1) Fig. 530. — A, aulostome vorace, d’après l’atlas de M. Moquin- Tandon.— B, la même, d’après l’atlas du Dictionnaire des sciences naturelles. (2) Fig. 532. Ventouse buccale et œsophage ouverts, très grossis. a lèvre supérieure vue en dessous ; d d d mâchoires; e e e gros plis œsophagiens placés en arrière des mâchoires; ffff petits plis œsophagiens. -— Fig, 533. Une mâchoire considérablement grossie, garnie de ses denticules. — Fig. 534. Canal digestif; a orifice de la ventouse buccale ; b c œsophage; c d estomac ; ee appendices filiformes de l'estomac; {g intestin ; À rectum. HIRUDINES. 245 avant la forme d’un long tube à peine marqué de légers renflements, muni inférieurement de deux appendices très étroits, en forme de cæcums, et terminé par une sorte d’entonnoir {f) qui s'ouvre dans l'in- testin (1). — Anus semi- lunaire, très apparent. — Ventouse anale assez petite, obliquement terminale. L'aulastome vorace habite dans toute l'Europe et est commune dans les étangs de Gentiily, à la porte de Paris. Elle est d’un brun noir foncé ou d’un noir olivâtre uniforme, velouté, marqué çà et là de quelques points noirs peu apparents. Le ventre est olivâtre, quelquefois cendré ou jaunâtre , le plus souvent sans taches, toujours plus clair que le dos. Les ventouses sont très lisses en dessous, l’antérieure médiocrement grande , très dilatable. Ventouse anale petite, d'un gris d’ardoise , sur- tout quand elle se dilate. Les aulastomes sont demi-terrestres ; elles sortent fréquemment de l’eau et vont se cacher sous les pierres qui sont autour des mares et des étangs. Elles aiment beaucoup les lombrics qu’elles avalent tout entiers avec une grande voracité ; elles peuvent les prendre par la moitié du corps et les engloutir en une seule fois , les deux moitiés rapprochées, ou bien elles les coupent par morceaux, lorsqu'ils sont trop volumineux. Elles avaient de même les naïs, les larves aquatiques, les petits poissons, les néphélis, les trochètes, les sangsues, et même les individus de leur propre espèce. Elles ne peuvent mordre la peau humaine. Elles déposent dans la terre humide des cocons à tissu spongieux , très lâche, sem- blables à ceux des sangsues, mais un peu plus petits (fig. 535). 5. Hsæmopis chevaline . /@mopis sanguisuga Moq.-Tand. — Hirudo sançguisorba Lam. — Hæmopis sanguisorba Sav. — Hippo- bdella sanguisuga Blainv. ! fig. 536). Corps allongé, composé de 95 à 97 anneaux égaux, peu distincts, portant entre le 24° et le 25° l'organe mâle, et entre le 29° et le 30° l'organe femelle. — Ventouse orale peu concave, à lèvre supérieure très avancée, formée de 3 segments. — 10 points oculaires disposés sur une ligne elliptique (fig. 537), de la même manière que dans l’aulastome et dans la sangsue officinale. — Bouche grande; 3 mâchoi- res égales, petites, ovales, non comprimées, à denticules-peu aigus (fig. 538) (2). — OEsophage très court communiquant sans étranglement (4) Dans les embryons le tube de l'estomac est lobé sur toute sa longueur, et les deux appendices inférieurs sont de véritables poches, comme dans le: hœmopis et les sangsues. (2) Fig. 538. — A, une mächoire très grossie. — B, portion de mâchoire considérablement grossie, présentant sa carène et plusieurs denticules place: sur elle comme à cheval. 246 ANNÉLIDES ; à la première et à la seconde poche de l'estomac (fig. 539) (1), dont les autres poches sont séparées par des étranglements, et de plus divi- Fig. 334. Fig. 536. Fig. 539. B L A a À = ec Re € NI DANS pr (A) Fig. 539. Canal digestif de l’hæmopis sanguisuga. bc æsophage ; ce d premier compartiment stomacal; dee second compartiment; f gg troi- sième, quatrième…, dixième compartiments ; h 4 k onzième et dernier com- partiment; i#,ik ses deux grandes poches en forme de cœcums; m sou en- tonnoir ; n 0 inteslin ; 0p rectum ou cloaque. HIRUDINÉS. 247 sées en deux lobes principaux; la dernière poche est très grande et terminée par deux sacs qui se prolongent jusqu'à l'extrémité du corps; l'intestin est tubulaire et terminé par un rectum court et ovoïde. — Aus petit, arrondi , à peine visible. — Ventouse anale assez grande, obliquement terminale. L'hæmopis chevaline a le dos roussâtre ou olivâtre, avec ou sans rangées de petites taches noirâtres; les bords sont à peine saillants, avec une bande étroite orangée, jaunâtre ou brune-rougeûtre , rare- ment de la couleur du dos; le ventre est d’un noir d’ardoise ordinaire- ment plus foncé que le dos (1). Ventouses lisses, l'antérieure peu grande, l’anale de moitié plus grande que l’autre, mince et de la cou- leur du ventre. A l’époque de la reproduction, la ceinture est assez marquée; elle commence au 23° anneau et finit au 37° ou 38°. Les cocons sont ovoides, plus petits et plus courts que ceux de la sangsue médicinale (fig. 540). L'hæmopis chevaline habite les eaux vives de l’Europe, principale- ment en Espagne et en Portugal. Elle est très abondante aussi sur tout le littoral de l'Afrique. Elle suce le sang des vertébrés ; inais ne pouvant attaquer que leurs membranes muqueuses, elle s'introduit dans le pharynx et les fosses nasales des chevaux, des bœufs, des cha- meaux, de l’homme même, et les tourmente cruellement. Elle est longue de 8 à 10 centimètres et large de 10 à 15 millimètres. 6. Sangsue médicinale. Hirudo medicinalis L. Le corps d’une sangsue médicinale, dans un état d'extension moyenne, est allongé , plus convexe du côté du dos que de celui du ventre, qui est déprimé ou un peu aplati ; il s’at- ténue sensiblement en avant et beaucoup moins en arrière où il est arrondi : il en résulte que sa plus grande épaisseur est vers leïtiers ou le quart postérieur ; mais il peut devenir presque linéaire par une grande extension, de même qu’il prend la forme d’une olive ou d’une amande , dans sa plus grande contraction. La facilité avec laquelle la sangsue médicinale prend cette forme, surtout quand on la comprime (4) On en connait un certain nombre de variétés, dont une, fauve, a le dos avec six ligues longitudinales interrompues , ou formées de petites taches noirâtres , les bords orangés et le ventre gris foncé (fig. 536, B) : une autre olivâtre, ayant le dos et le ventre vert-olive , sans aucune tache et les bords jauuâtres (fig. 536, A ) ; une autre noire , ayant le dos noir olivâtre , unico- lore ; les bords semblables et le ventre un peu plus foncé ; une quatrième très noire, dont le dos est très noir, unicolore, les bords à peine plus elairs et le ventre olivatre foncé ; etc. 248 ANNÉLIDES. modérément en tous sens, dans le creux de la main , st à la fois un caractère spécifique propre à la faire reconnaître et un indice de bonne santé. Le corps d’une sangsue est composé de 95 anneaux égaux, bien distincts, saillants sur le côté. L'extrémité supérieure est terminée en une pointe obtuse, et présente , du côté de la face ventrale , Un orifice ovale et oblique, dit ventouse buccale, couvert supérieurement par trois segments ou anneaux incomplets (non compris dans le nombre des anneaux du corps), qui en constituent la lèvre supérieure ; landis que la lèvre inférieure est formée par le premier anneau complet du corps, sans qu'il y ait aucun étranglement marqué au-dessous. Les points ocu- laires sont au nombre de dix, dont six rapprochés sur le premier seg- ment de la lèvre supérieure, deux sur le troisième segment et deux sur le troisième anneau: les quatre points postérieurs sont plus petits que les autres (fig. 541). Le fond de la ventouse présente trois petites fentes disposées en étoile (fig. 542), au fond desquelles se trouvent trois mâchoires égales, grandes, bombées, dont le sommet est hérissé Fig. 541. Fig. 542. Fig. 343 (1). Fig. 544. de denticules très nombreux et très aigus (fig. 543 et 54h). Le tube digestif sera décrit plus tard. L’organe mâle est situé entre le 24° et le 25° anneau, et l'organe femelle entre le 29° et le 30°. L’anus est très petit et à peine visible. La ventouse anale est moyenne, oblique- ment terminale. L'utilité incontestable des sangsues, pour le traitement d’un grand nombre de maladies ; la grande consommation qu'on en fait toujours, malgré l'abandon presque complet de la doctrine dite physiologique ; leur prix élevé, enfin la nécessité pour le pharmacien de ne rien igno- rer d’important dans ce qui regarde la vie, les fonctions, les maladies, la reproduction et la conservation de ces précieux annélides, m'engage à les considérer ici sous ces divers points de vue. Ge que je vais en (1) Fig. 543.— Ventouse buccale ouverte pour montrer les trois mâchoires. -— Fig. 54%. Coupe longitudinale d’une mâchoire isolée , considérablement srossie, montrant les denticules qui la couronnent. | HIRUDINÉS. 2h9 dire sera tiré en partie de l’excellente monographie qu'en à publiée M. Moquin-Tandon (1). SYSTÈME CUTANÉ. La peau des sangsues est molle, extensible dans toutes ses parties el adhérente aux couches musculaires sur lesquelles elle repose; elle se compose de trois parties, qui sont : l'épiderme, le pigment et le derme. L'épiderme est mince, lisse, transparent, blanchâtre et unicolore. ]l se renouvelle à des intervalles de temps très rapprochés, s’il faut en juger par le nombre et la fréquence des dépouilles que l’on trouve dans l’eau où l’on conserve les sangsues en captivité. Ces dépouilles ont été prises, par la plupart des auteurs, pour des mucosités exsudées du corps des sangsues, et qui leur causaient une grande mortalité en corrompant l’eau; mais j'ai montré que ces prétendues mucosités étaient l'épiderme même de l’annélide, sur lequel on observe très faci- lement l'impression de ses anneaux (2). « Cet épiderme se détache d’abord de l'extrémité antérieure, et la sangsue en sort comme d’un fourreau, en le repoussant peu à peu vers l’autre extré- mité. Souvent même cette enveloppe forme anneau au milieu du corps de la sangsue et paraît l’étrangler. Cet épiderme, détaché de tout le corps, adhére encore quelque temps à l'extrémité postérieure ; la sangsue le traine avee elle en nageant, et paraît éprouver un vif sentiment de douleur, lorsqu'on l'en détache brusquement. Ainsi cette mucosité qui nage dans Peau, au lieu d’être le produit d'une exsudation morbide des sangsues, est le résultat d’une fonc- tion inhérente à leur constitution. Seulement il est probable que cette fonc- tion ne s’accomplit pas aussi facilement dans les conditions où nous placons les sangsues que dans l’état de nature, et que plusieurs y succombent. Déjà plusieurs pharmaciens, sans s’être rendu compte de la nature de ces débris, mais pensant qu’il importait aux sangsues d’en être débarrassées, ont proposé de mettre dans l’eau de la mousse, du sable de rivière , ou différents corps durs, dont le frottement en facilitât la séparation. » Le pigment est situé sous l’épiderme ; il est traversé probablement par les extrémités nerveuses qui viennent s'épanouir à sa surface, car il possède une. sensibilité très vive; examiné au microscope, il paraît formé d’un tissu granuleux peu épais et diversement coloré. Dans la sangsue médicinale, sa couleur est loujours plus foncée sur le dos que du côté du ventre. Le derme est la partie la plus épaisse de l'enveloppe cutanée; il re- çoit des ramifications nerveuses, ainsi que des petits vaisseaux sanguins (1) Monographie de la famille des hirudinées. Varis , 1846, avec atlas de 14 planches gravées et coloriées. (2) Journal de chimie médicale, 1832, p. 611. Antérieurement, cependant, Carena ayait fait la même observalion. 250 ANNÉLIDES. dont une grande partie le traversent pour aller former une sorte de réseau à sa surface; à des intervalles égaux, le derme s’amincit, devient peu apparent, et présente comme des interruptions circulaires très étroites. Ces solutions de continuité imparfaites, recouvertes seulement par l’épiderme, facilitent beaucoup les mouvements de l’annélide et en forment les articulations. L'espace compris entre ces interruptions en constitue au contraire les anneaux. Cryptes mucipares. On trouve dans le derme une infinité de très petites cellules folliculaires, formant à l'extérieur de petites éminences disposées par bandes circulaires, avec plus ou moins de régularité. Selon la volonté de l'animal, ces petites éminences paraissent un mo- ment d’une manière très sensible, et bientôt après elles s'aplatissent et ne sont plus appréciables. Ces petites cellules intérieures, auxquelles on donne le nom de cryptes, s'ouvrent à l’extérieur par un pore véri- tablement microscopique, destiné à donner issue à l'humeur visqueuse et transparente qui lubrifie toute la surface de la peau. Mais, indépen- damment de ces cryptes, il existe, sur les deux côtés du ventre, des glandes beaucoup plus volumineuses et plus compliquées, qui ont été prises, tantôt pour une dépendance des organes spermatiques , tantôt pour des organes respiratoires, mais qui paraissent en réalité ne sécréter qu'un liquide muqueux plus clair et plus aqueux que celui des cryptes mucipares; aussi leur donne-t-on le nom de glandes de la mucosité. Ces glandes sont au nombre de 34 (17 de chaque côté du corps), situées au-dessous des couches musculaires et entre les poches de l’esto- mac (1). Leur partie la plus profonde consiste en une ou deux anses plus ou moins sinueuses, communiquant par un conduit avec une po- che arrondie située immédiatement sous le derme ; cette poche s'ouvre à son tour, à l'extérieur, par une pelite cuyerture, et toules ces ouver- tures sont régulièrement éloignées les unes des autres, d’un intervalle de 5 anneaux. MUSCLES. Immédiatement au-dessous de la peau, se trouvent trois couches musculaires placées l’une au-dessous de l’autre. La première couche (muscles circulaires) est composée de fibres circulaires, réu- nies au nombre de 5 ou 6 par anneau; elle paraît être une dépendance de la peau, La seconde couche (muscles diagonaux) est composée de deux plans de faisceaux de fibres obliques, qui forment par leur entre- croisement une sorte de grillage régulier. La troisième couche (mus- cles longitudinaux) est composée de fibres longitudinales, parallèles et fasciculées, unies entre elles par un mince tissu cellulaire, et qui s’éten- dent d’une extrémité à l’autre de l'animal. On remarque en outre, en (1) Voir la fig. 546, rrrr. HIRUDINÉS. 251 dedans du plan formé par les fibres longitudinales, des fibres trans- verses qui, nées du côté du dos, par une partie élargie, se portent vers la ligne ventrale, en formant des brides qui séparent et supportent les sinus de l’estomac. A l'extrémité antérieure du corps, les deux plans de fibres , diago- nales et longitudinales, semblent se confondre, et il en résulte un tissu contractile, non distinct du derme, et qui constitue les deux lèvres ou les bords de l'ouverture antérieure, susceptibles de prendre toutes les formes. A l'extrémité postérieure, il y a aussi une sorte de confusion des deux plans de fibres musculaires, mais elles prennent une nouvelle disposition, En effet, les fibres longitudinales, rapprochées à cause de l'absence des viscères , partent d’un point central pour s’irradier à la circonférence du disque; tandis que les fibres diagonales , devenues tout à fait circulaires, forment le disque lui-même, dont toutes les parties peuvent s'appliquer exactement et sans aucun vide à la surface des corps étrangers (fig. 545). SYSTÈME NERVEUX. Le système nerveux de la sangsue est, à peu de chose près, ce qu'il est dans les lombrics et dans les entomozvaires. Placé sur la ligne médiane abdominale, dans le tissu cellulaire qui sé- pare l'intestin de la couche musculaire sous-cutanée, il est composé d’un certain nombre de ganglions placés à la file, et fournissant , outre lc double cordon de communication en avant et en arrière des uns avec les autres, des filets transverses pour l'enveloppe extérieure. Ces gan- glions sont au nombre de 21 ou 22, non compris un grand ganglion œsophagien contenu dans la lèvre inférieure, ayant la forme d’un anneau qui entoure le commencement de l’æsophage, et paraissant formé de quatre ganglions réunis, dont deux postérieurs et un peu supérieurs dits sus-æsophagiens, et deux antérieurs et un peu inférieurs dits sous- æsophagiens. Cesdeux derniers réunis, ayant la forme d'un très gros ganglion un peu échancré en avant, sont accolés postérieurement à un troisième renflement arrondi, qui doit être considéré comme le premier ganglion de la chaîne médullaire (Moquin-Tandon). Chacun des ganglions suivants est de forme losangique, les deux angles antérieur et postérieur fournissant le double cordon qui continue le système nerveux d’une extrémité à l’autre, et les deux angles latéraux donnant naissance aux filets qui vont se distribuer aux diverses parties du corps. Tous ces ganglions diminuent progressivement de grosseur, au point de finir par être peu apparents; le dernier, seul, qui fournit des filets au disque 252 ANNÉLIDES. postérieur, est sensiblement plus volumineux que ceux qui le précè- dent (voir la figure 546, empruntée à l'Atlas de M. Moquin-Tandon). Fig. 546 (4). SENSIBILITÉ , SENS DU’ TOUCHER. La peau des sangsues jouit d'une vive sen- sibilité : au moindre attouchement, l’ani- mal se contracte; le plus léger frottement avec la barbe d’une plume fait roidir les cryptes granuleux du derme, et l'animal paraît Lout couvert de tubercules ; l’acide le plus faible, le vinaigre affaibli, l’eau salée, leur occasionnent des impressions très vives, altestées par des mouvements épergiques et subits; quelque peu de ni- traite d'argent dissous dans l’eau, dont la présence serait à peine soupçonnée par notre langue, détermine chez les sang- sues la plus violente agitation. Plusieurs auteurs, qui se sont spécia- lement occupés de l'histoire naturelle des sangsues, n'ont admis dans ces apné- lides d'autre sens du toucher que celui qui vient d’être décrit, lequel n'étant que l'effet de la sensibilité du système cutané, est un sens purement passif , ou une Sortie d'irritabilité dont aucun animal n’est dé- pourvu. Mais il est un autre toucher, un toucher explorateur , qui consiste dans la faculté de diriger, par un acte de la (1) Fig. 546. Anatomie de la sangsue médi- cinale ; individu de trés forte taille, couché sur le dos et ouvert : a ventouse buccale ; b premier ganglion de la chaine médullaire; eee ganglions intermédiaires ; d ganglion anal ; ff f chaine médullaire ; ggg nerfs qui -partent des ganglions; à œsophage ; k#, kk compartiments de l’estomac ; "” dernier com- partiment; mn, mn ses grandes poches en forme de cœcums ; pp intestin ; q rectum ou cloaque; rrr poches de la mucosité; s bourse de la verge ; x fourreau de la verge ; z verge; { un épididyme; A A A, A A cor- dons spermatiques; B BB testicules; D ma- trice ; E E ovaires; # vulve. HIRÜDINÉS. 253 volonté, un organe spécial vers les objets extérieurs, dans la vue de les reconnaître ou de les saisir : tels sont la main de l'homme, la trompe de l'éléphant, les tentacules des mollusques, etc. La même faculté existe dans les sangsues, dont l'organe explorateur est la lèvre supérieure. En effet, cet organe leur sert de palpe, pour reconnaître les nouveaux lieux où clles se trouvent, les individus de leur espèce qui les avoisinent, la peau des animaux qu’elles peuvent attaquer et l'endroit le plus propice pour y mordre. Cet organe supplée, chez les sangsues , à l’absence ou à l’imperfection des autres sens. SENS DE L’OUIE, DE L'ODORAT ET DU GOUT. L’anatomie la plus déli- cate n'ayant fait découvrir aucun organe qui-pât remplir la fonction de l'ouïe, on est d'accord pour refuser aux sangsues la faculté de percevoir les sons. On à cru remarquer cependant que ces annélides prenaient la fuite lorsqu'un bruit d’une certaine intensité se produisait dans leur voisinage ; mais rien n'empêche de croire que l'ébranlement de l’air et de l’eau suffise pour les avertir qu’un danger peut les menacer. Le sens de l’ouïe, ainsi considéré, ne serait qu’une modification du tou- cher ou de la sensibilité générale dont le siége se trouve sur toute la surface cutanée. On ne connaît de même aux sangsues aucun organe spécialépour le sens de l’odorat, et il est très probable qu'elles en sont privées, Quel- ques expériences, qui ont montré que les sangsues pouvaient vivre sans inconvénient dans un air chargé des émanations du musc, du castoréum , de l'ail et de l’assa fœtida , tandis que la vapeur de l'acide chlorhydrique ou de l’ammoniaque les tue, ne prouvent en aucune façon qu’elles soient pourvues de la faculté de distinguer les odeurs (1). Nous admettons plus facilement que les sangsues aient le sens du goût , parce qu'il nous semble que cette faculté doit appartenir à tous les animaux pourvus d'organes d’appréhension ou de succion, pour leurs aliments. La membrane qui tapisse l’intérieur de la bouche nous paraît d’ailleurs très appropriée à la perception des saveurs. Ce qui démontre, du reste, que les hirudinés possèdent, en général, le sens du goût, c’est leur préférence marquée pour tel ou tel aliment : les glossiphonies recherchent le sang des mollusques fluviales ; la péscicole, celui des poissons d’eau douce ; les pombdelles, celui des poissons de (1) On a remarqué cependant que les sangsues ont de la répugnance à piquer, chez l’homme malade, les régions qui ont été couvertes par des em- plâtres odorants , et que les sangsues d’un étang se dirigent de tous les côtés vers les jambes d’une personne qui vient d’entrer dans l’eau. On attribue ces faits et quelques autres au sens de l’odorat, et l’on suppose que la peau elle- même , les cryptes cutanés ou la lèvre supérieure , peurent être le siége de l'olfaction. 254 ANNÉLIDES. mer ; une auire attaque de préférence la torpille, celle-là leseyprins, ete. La sangsue médicinale , posée sur la peau de l'homme qui vient d’ex- pirer, s'arrête le plus souvent sur le point de mordre, ou bien com- mence à sucer, mais se détache bientôt de la blessure , jugeant sans doute que le sang ne peut plus lui convenir (1). SENS DE LA VUE. La sangsue médicinale porte sur la lèvre supé- rieure, et sur les anneaux qui en sont le plus rapprochés, dix points noirs disposés en fer à cheval, qui sont considérés comme des yeux rudimentaires. M. de Blainville, n'ayant pu y découvrir au micro- scope, ni vaisseaux, ni nerfs, a pensé qu'ils étaient impropres à la vision. C’est aussi l’opinion généralement adoptée. - Cependant M. Charpentier (2) a remarqué que les sangsues évitent la lumière, surtout lorsqu'elle est vive et qu’elles recherchent les endroits les plus obscurs. Lorsque le soleil donne, elles s’abritent derrière tous les objets propres à donner de l'ombre, ou se creusent des trous dans la terre, et s’y tiennent cachées pendant J'ardeur du jour. Au contraire, pendant la nuit ou le matin, quand il fait frais, on les voit en grand nombre sortir de leurs trous; mais elles y rentrent précipitamment lorsqu'on s'approche du bassin. Comment expliquer ces faits si les sangsues étaient privées de la vue ? Suivant Thomas, si l’on présente une chandelle allumée devant un vase rempli de sangsues livrées au repos ou au sommeil, à peine ont- elles ressenti l'influence de la lumière qu’elles se détachent du vase, et s'agitent en tous sens. M. Dusaux a fait une autre expérience : il a entouré de papier noir un bocal contenant des sangsues, à lexception d’un seul point par où la lumière pénétrait. Toutes sont venues se fixer autour de l'ouverture , et y sont retournées après en avoir été détachées. M. Dusaux a pensé que les sangsues étaient attirées par la lumière, et il en a conclu qu’elles voyaient. M. Dusaux supposait donc aux sangsues une tendance pour la lumière opposée à ce que pensait M. Charpentier, mais il en tirait la même conséquence, J'ai montré que le résultat obtenu par M. Dusaux était conforme à ceux observés par M. Charpentier, parce que, dans une chambre éclairée par une seule petite ouverture , la partie la plus obscure est évidemment la paroi même où se trouve placée l'ouverture, Seulement la tendance qu'ont les sangsues à fuir la lumière qui les fatigue est un phéoomène du même genre, en sens inverse à celui qui porte la plupart des êtres organisés, et notamment les végétaux, à se diriger vers elle, qui les vivifie sans que la présence ou l'absence des (4) Vitet, Traité de la sangsue médicinale. Paris , 1809 , in-8. (2) Monographie des sangsues médicinales et officinales, Paris , 1838. HIRUDINÉS. 255 veux y soit pour rien. J’ai fait d’ailleurs une expérience qui, favorable d'abord, en apparence , au sens de la vue chez les sangsues, a fini par montrer qu’elles en sont dépourvues. « Un bocal contenant des sangsues se trouvant placé le soir dans une pièce peu éclairée , elles se tenaient presque toutes dans un repos parfait , la ventouse buccale attachée à la paroi supérieure du vase, la partie inférieure du corps plongée dans l’eau. En approchant une lumière très près du groupe immobile , toujours, au bout d’une minute environ, on voyait les sangsues détacher leur ventouse supérieure et s'éloigner de l'endroit éclairé (c’est Vexpérience de Thomas). En placant ensuite une carte, servant d’écran, devant la moitié supérieure de la sangsue, et en n’éclairant que la partie postérieure, l’animal restait en repos. En faisant l'inverse, toujours, au bout d’un minute, extrémité supérieure se détachait ; mais en éloignant la lumière à la distance de 10 à 12 centimètres, l’effet n'avait plus lieu. C’était la chaleur communiquée au verre par la proximité de la flamme qui avait agi sur les sanigsues. J’en ai acquis la preuve en éloignant la lumière de 7 décimètres à 1 mètre, et en réunissant les rayons lumineux seuls sur lPextrémité supé- rieure de la sangsue , à l’aide d’une large lentille : bien que, de cette manière, les points prétendus oculaires fussent plongés dans une vive lumière, les sangsues y furent toutes successivement insensibles. » SYSTÈME CIRCULATOIRE. Les sangsues n’ont pas de cœur propre- ment dit : leur système circulatoire se compose principalement de quatre troncs longitudinaux qui vont d’une extrémité à l'autre; l'an ventral et un autre dorsal, séparés par le tube digestif, et deux autres latéraux. Il présente de plus des vaisseaux courts et des branches spéciales, fournis par les quatre troncs principaux , et qui produisent des rameaux, des ramuscules et des anastomoses. Les anatomistes ne se sont pas accordés sur la désignation particulière de ces vaisseaux : les uns ont considéré le vaisseau dorsal comme une veine et les deux vaisseaux latéraux comme des artères. Cuvier, de Blainville et Brandt ont adopté l'opinion contraire, et regardent le vaisseau dorsal comme une artère, et les autres comme des veines. De Blainville pense que le sang, puisé par lgs radicules veineuses dans toutes les parties du corps, doit passer dans les troncs latéraux pour se porter de là dans le vaisseau dorsal, d’où ensuite, par ses ramifica- tions, il est dirigé vers tous les points du corps. D’autres concoivent la circulation d'une manière différente; mais tous regardent comme une preuve qu’elle existe les pulsations lentes et régulières que l’on peut observer, même à l'œil nu, dans les quatre gros vaisseaux (1). Cette circulation continue lorsque la sangsue est coupée en deux tronçons, (1) Ces pulsations sont au nombre de 8 à 10 par minute. 256 ANNÉLIDES. état sous lequel elle peut vivre assez longtemps, mais sans pouvoir régénérer la partie manquante. Le sang des sangsues est d’une couleur rouge, et présente au micro- scope des globules d’une extrême petitesse (0,0004 de millimètre ). D'après M. Derheims, il contient une quantité à peine appréciable de fibrine et plus de matière colorante que le sang des mammifères. RESPIRATION. Un assez grand nombre d’auteurs ont regardé les glandes muqueuses placées sur les côtés de la face ventrale et le long des deux gros vaisseaux latéraux comme des organes respiratoires ana- logues aux trachées des insectes ; mais on s’accorde à penser aujourd’hui que la respiration a lieu à travers la peau, sur toute la surface du corps. Il est prouvé d’ailleurs que les sangsues ont besoin pour vivre de la présence de l’oxigène. Thomas, auteur d’un traité estimé sur les sang- sues, ayant mis un Certain nombre de ces annélides sous l’eau , dans un vase qui contenait à sa partie supérieure un certain volume d’air, reconnut, au bout de deux jours, que le volume de cet air était diminué, et qu’il était devenu impropre à la combustion. On remarque aussi que les sangsues retenues captives dans un vase plein d’eau restent volontiers au fond de ce liquide lorsqu'il vient d’être renouvelé et qu’il est pourvu de toute la quantité d’oxigène qu'il contient habi- tuellement, mais qu’elles se tiennent en très grande partie hors de l'eau lorsque cet oxigène à été absorbé par la respiration ou par la dé- composition putride de leurs excrétions (1). On sait enfin que les sang- sues meurent en très grande quantité, étant tenues en captivité dans l’eau, dans les temps orageux ; ce que j'ai toujours attribué à la putré- faction immédiate des substances animales qu’elles répandent dans l’eau, et à la suppression complète de l’oxigène qui en est la suite. Quelque indispensable que soit l’oxigène à la respiration des sang- sues, on conçoit cependant que, dans des animaux aussi imparfaits, cette fonction puisse être momentanément suspendue sans leur causer un dommage considérable, Thomas rapporte avoir conservé pendant deux jours des sangsues plongées dans du gaz azote, de l'hydrogène ou de l'acide carbonique ; mais ce qui est plus singulier, c’est que la sangsue médicinale puisse vivre plus d’un jour sous la cloche d’une machine pneumatique. Elle s'y meut comme à l'air libre, fixe tour à tour son disque et sa lèvre supérieure sur les parois de la cloche, et peut même, d’après Thomas, v sucer le sang des animaux (2). (4) Parce que ces substances en fermentation dans l’eau absorbent Pair qui y était contenu, et privent par là ces animaux d’un principe qui leur était nécessaire. ( VATQTELIN, dans Essai médical sur les sangsues, par G Ro- chette , Paris, 1803, p. 18.) (2) J'ai tenu , une fois, pendant vingt-quatre heures, quatre sangsues sous HIRUDINÉS. 257 SYSTÈME DIGES1IIF. Les organes digestifs des sangsues s'étendent, sans aucune circonvolution, depuis la ventouse antérieure jusqu’à l'anus, qui est situé sur la face dorsale du dernier anneau, tout près du disque postérieur. On y compte la bouche, l'œsophage , l'estomac, l'éntestin et l'anus. L'ouverture de la bouche se confond avec la ventouse antérieure qui est formée , ainsi que nous l'avons déjà dit , d’une lèvre supérieure oblongue, obtuse à l'extrémité , à trois segments ou anneaux incom- plets, et d’une lèvre inférieure constituée par le premier anneau com- plet du corps. La paroi interne de cette ventouse est légèrement sillonnée (fig. 542). Tout au fond, se trouvent trois plis longitudinaux qui, à l’état de repos, ont leurs bords rapprochés et cachent les mâ- choires. Mais lorsque la sangsue veut mordre, ces plis s’effacent et laissent paraître les mâchoires, qui sont égales, rapprochées par leurs extrémités postérieures , très divergentes par devant, comme trois rayons partant d'un même point; leur bord, convexe et tranchant, présente une rangée de soixante denticules environ (fig. 543, 54h), qui, vues perpendiculairement , par un très fort grossissement, res- semblent à des équerres placées comme à chéval sur le bord tranchant de la mâchoire. L'œsophage commenceimmédiatement aprèsles mâchoires (fig. 547, a); il est petit, resserré et membraneux, pourvu de quelques rides longitu- dinales peu marquées. L’estomac, qui vient après, est composé de onze chambres séparées par des diaphragmes presque entiers, et mu- nies , à commencer par la seconde , de deux poches latérales (b, b,b) moins sinueuses que celles des hæmopis. Dans l’état de plénitude, ces poches s'appuient les unes sur les autres. La dernière chambre pré- le récipient d’une machine pneumatique : deux étaient placées sans eau, dans un petit vase de terre; les deux autres étaient mises dans un vase contenant de l’eau préalablement bouillie. Les quatre sangsues ont paru souffrir de cette opération, mais elles l’ont supportée et elles ont vécu ensuite comme si elles n’y avaient pas été soumises. Une des sangsues placées dans l’air a rendu de l'air par la bouche pendant le jeu des pompes. Les deux sangsues placées sous l’eau n’ont rendu aucune bulle d’air, ni par leurs ouvertures naturelles, ni par la surface du corps : ce qui m’a paru montrer que ni les vésicules mu- queuses , ni les cryptes du derme ne peuvent être considérées comme des organes pulmonaires. Mais ces deux sangsues, qui étaient suspendues par leur disque postérieur, la tête en bas, et qui ont conservé, tout le temps, la même position, ont offert, dans la partie la plus élevée du dos et dans un en- droit répondant à l’extrémité d’un des cœcums , une bosse considérable qui était due à la dilatation d’un gaz intérieur ; car elle a disparu immédiatement par la rentrée de l’air dans la cloche. Cette expérience me parait montrer que les sangsues peuvent renfermer de l'air dans lear canal intestinal. IV. 17 258 ANNÉTIDES, sente une partie moyenne (7), en forme d'’entonnoir, qui communique avec le commencement de l'intestin, et deux poches latérales Ad en forme de cœæcums ; qui se prolongent presque jusqu’à l'extrémité de la sangsue. L’intestin (e, e) a la forme d’un tube sinueux, qui se con- tinue avec le rectum (f) et aboutit à l'anus. - Succion, déglutition, digestion. Dans l'état de repos, lorsqu'une Fig. 547. Fig. 548. Fig. 549. Fig. 550, sangsue licnt sa ventouse buccale appli- quée contre une surface plane, cette ven- Fig. 551 (1). touse présente un cercle parfait (fig. 548), du centre duquel partent trois lignesrayon- nantes formant entre elles trois angles de 120 degrés, et répondant à l'entrée des plis dans lesquels sont cachées les mâchoires, Mais si les mouvements du corps étranger, la chaleur, le toucher où l’odorat, éveillent dans la sangsue le sentiment de la faim, on la voit allonger la partie antérieure du corps, donner à (1) Fig, 551. — Portion du corps d’une sangsue où se trouvent les organes générateurs : a orifice mâle; b verge ; c orifice femelle. HIRUDINÉS. 259 sa ventouse la forme d’unc lance émoussée à l'extrémité (fig. 542) ct palper la surface du corps qui excite sa convoitise , afin de choisir l’en- droit où il lui convient le mieux de pratiquer sa triple morsure. Le choix fait, la sangsue applique sa ventouse, en l’arrondissant un peu (fig. 549), opère un mouvement de succion qui donne à la partie de la peau circonscrite par les lèvres, et forcée de suivre le mouvement, la forme d'un mamelon, écarte les plis du pharynx, dresse ses mâ- choires, et les faisant jouer à la manière de trois scies, parvient à faire trois incisions linéaires, convergeant en un centre commun (fig. 550). Dès lors, le sang afflue dans l’œsophage d'où, par des mouvements ondulatoires , alternatifs et réguliers, la sangsue le fait passer dans son estomac ; elle ne s'arrête que lorsqu'elle en à épuisé la source; et si c'est sur l’homme qu'elle agit et qu’on lui laisse toute liberté, elle ne che prise ordinairement que lorsqu'elle a rempli de sang tous les compartiments de son estomac. Alors elle tombe dans une sorte de torpeur, et meurt quelquefois de cet excès de réplétion (4). Les sang- (1) Voici le résultat d'expériences faites par M. Alphonse Sañson, pour déterminer la quantité de sang que peuvent prendre les sangsues médicinales. Dans le commerce , on distingue , d’après leur grosseur, ces annélides en cinq catégories , dont on fixe ainsi le poids : EE 6 POIDS Ce POUR 1060. POUR L'UNITÉ. kil. grammes. Sangsues vaches ,. ., , .: ,..... | 4,500 à 12 4,50 à 12 — ‘grosses, ou de 1°r choix . .. . . .. 2,500 à 3 2,50à 3 —— grosses moyennes, ou de 2° choix. . | 1,125à 1,250 | 1,12à 1,25 — petites moyennes, ou de 3° choix . . | 0,625à 0,750 | 0,62à 0,75 UT a lié LOUS GR Le 0,385 à 0,450 | 0,38à 0,45 Les sangsues vaches élant peu aclives et rejetées du service médical, M. Sanson a pris dix sangsues de chacune des autres sortes, et en a déter- miné le poids avant et après leur avoir laissé librement sucer le sang des malades : RE ED RAPFORT ‘ POIDS POIDS SANG SANG du sang 10 SANGSUES. avant après pour au poids absuibé. de la succion. | la succion. une sangsue la sangsue. grammes. grammes. grammes. grammes, Grosses . . . . . . | 30 190 160 Grosses moyennes. | 12,50 96 83,50 Petites moyennes . 11 40 33 Filet. Situsuh à 5 24 detagr Il 'est essentiel qu'un médecin connaisse ces résullats, afin de pouvoir 260 ANNÉLIDES. sues, dans cet état, meurent même presque toujours, lorsqu'elles sont réunies en grand nombre dans une petite masse d’eau, qui se corrompt par le sang qu’elles y répandent ; mais rendues à la liberté, dans des marais naturels , elles dégorgent , si cela leur est nécessaire, une partie du sang qu’elles ont pris, et en digèrent le reste lentement, dans un espèce de temps qui paraît s'étendre de six à douze mois. REPRODUCTION. Les sangsues sont hermaphrodites, ou plutôt andro- gynes, c'est-à-dire qu’elles sont pourvues des deux sexes, mais que le concours de deux individus est nécessaire à la fécondation, l'organe mâle de l’un s’unissant à l'organe femelle de l’autre , et réciproquement. Ces organes s'ouvrent au dehors, assez près de l’extrémité antérieure, dans un renflement particulier analogue à celui qu’on voit chez les lombrics; mais ce renflement n'apparaît dans les sangsues qu’à l’époque de la reproduction. Vers celte époque, on voit souvent sortir par l’orifice de l'organe mâle, situé à la partie inférieure du vingt-quatrième anneau, un corps filiforme, très extensible et blanchâtre, qui n’est autre chose que la verge (fig. 551). A l’intérieur, cet organe est renfermé dans un four- reau qui, après être descendu, en se rapprochant de l’axe du corps (fig. 546, m), se recourbe vers le haut et se termine par une bourse piriforme placée vis-à-vis du cinquième ganglion ventral , et qui a été comparée à la prostate. A droite et à gauche de cet organe, que M. Moquin-Tandon nomme bourse de la verge, on observe deux corps ovoïdes d’un blanc assez mat, marqués de dépressions et d’anfractuo- sités (£), que l’on considère aujourd’hui comme des épididymes ; à la partie postérieure de ceux-ci, sont deux cordons spermatiques, sous forme de canaux filiformes (AAA, AA), sinueux et très déliés, qui descendent jusqu'aux deux tiers du corps, ét qui portent du côté intérieur , à une distance régulière de cinq en cinq anneaux, de petites poches pédiculées (B, BH, B), que l’on regarde comme des testicules. L'organe femelle est beaucoup moins étendu et moins compliqué. L'ouverture extérieure, ou la vulve (1), est située entre le vingt-neu- vième et le trentième anneau. A l'intérieur, cet orifice communique avec un canal très court (vagin), qui se termine par un renflement assez considérable (D), qui est la matrice. A l’autre extrémité, cet apprécier, d’après le nombre et la qualité des sangsues demandées ou four- nies, la quantité de sang qu’elles doivent tirer. Il faut tenir compte d’ailleurs du sang qui coule après la chute des sangsues, et dont on facilite le plus sou- vent l'écoulement par l'application de cataplasmes. La quantité en est très variable ; on estime qu’elle égale, en moyenne, le sang dont les sangsues se sont gorgées. HIRUDINES. 261 organe porte un conduit dirigé vers le haut et partagé ensuite en deux rameaux , dont chacun porte un ovaire (E, E). Dans l’accouplement, deux individus se rapprochent, ventre contre ventre et en sens inverse, de telle sorte que la verge de l’un rencontre la vulve de l’autre, L'accouplement dure plus de trois heures, pen- dant lesquelles ces annélides demeurent dans un repos absolu. On sup- pose que le temps de la gestation est de trente à quarante jours, et c’est ordinairement dans les mois de juillet et d’août qu’on peut en observer les produits; mais on en trouve également dans d’autres saisons. M. Le Noble, médecin de Versailles, qui le premier nous a fait con- naître les cocons de la sangsue médicinale, raconte que, au mois de novembre 1820, 2,000 sangsues ayant été mises dans un réservoir dis- posé à cet effet, sur la fin du printemps et au commencement de l'été suivant, on commença d’y apercevoir de jeunes sangsues accolées au dos et au ventre des anciennes et nager avec elles, et que, dans le cou- rant d'août, on remarqua des trous, à parois très lisses, pratiqués dans J’argile dont on avait garni les côtés du réservoir, et qu’on trouva dans chacun d’eux un cocon de forme ovoïde et du volume d’un petit cocon de ver à soie. À cette même époque , M. Collin de Plancy fit connaître qu’en Bretagne, les paysans repeuplent leurs réservoirs de sangsues, en y déposant des cocons qu'ils vont chercher, dans les mois d'avril et de mai, dans la vase des marais fangeux. M. Charpentier, phar- macien à Valenciennes, a récolté ces mêmes cocons sur les bords de ses réservoirs, vers la fin du mois de juillet, et surtout dans le mois d’août. Chacun des cocons de la sangsue médicinale (fig. 552) représente un ovoide dont le plus grand diamètre varie de 44 à 28 millimètres, et le plus petit de 11 à 18. On y distingue : 1° une enveloppe extérieure fauve , d'apparence spongieuse, épaisse de 3 à 4 millimètres, composée de fibres déliées, assez régulièrement entrelacées, de manière à former des espèces de prismes creux, très perméables à l'air et à l’eau ; 2° une capsule blanchâtre, formée d’un tissu mince, mais dense et assez résistant , offrant à chaque extrémité du grand diamètre une petite saillie brune, par l’une desquelles la capsule devra s'ouvrir pour livrer passage aux petites sangsues. Les deux enveloppes paraissent être de même nature et se rapprocher beaucoup de la composition du mucus animal. La plupart des observateurs, qui ont suivi le développement des cocons de sangsues, s'accordent à dire que l'enveloppe spongieuse est d’une formation postérieure à celle de la capsule membraneuse, qui serait d’abord formée ou même pendue par l'annélide; car plusicurs ont cru que cette capsule sortait toute formée de la vulve de l'animal. 262 ANNÉLIDES. Mais il n’est pas probable que les choses se passent ainsi, d'après M. Charpentier (1). « Quand la sangsue va former son cocon, elle commence par préparer une substance qui ressemble à de la glaire d'œuf battue , et qui doit se convertir en lissu spongieux et entourer la capsule. Cette substance s'échappe sans doute par les parties génitales (2) à l’état de mucus, et est convertie en mousse écumeuse au fur et à mesure qu’elle sort. Pendant que dure l'opération, animal a constamment la tête penchée vers les parties génitales. » Cette opération terminée, la capsule se forme avec un mélange de mucus et d'albumine qui est sans doute aussi sécrété , à l’état liquide , par les organes générateurs. Les premières portions s’infiltrent et se répandent tout autour dans la mousse extérieure , et la convertissent en tissu spongieux ; le reste sert à former la capsule. Celle-ci recouvre tout l’espace occupé par la cein- ture, et la sangsue en est enveloppée , comme d'un corselet. » Le tissu spongieux et la capsule étant formés, la sangsue remplit celle-ci de Ja pulpe gélatineuse qui contient les germes encore imperceptibles des êtres qui en sortiront. Alors, au moyen de la contraction et de l'extension succes- sive de ses anneaux , elle se débarrasse de son cocon et en sort à reculons, la tête la dernière. Au même moment les deux bouts de la coque se ferment à la manière d’une bourse à cordons ; mais non hermétiquement. Il y reste tou- jours une ouverture d’un millimètre environ, que l’on peut reconnaitre à l’aide d’une épingle. » Les sangsucs, pour fabriquer ct déposer leurs cocons, se retirent dans des trous qu’elles pratiquent elles-mêmes dans la berge des ruis- sceaux ou des étangs, ou dans d'anciennes galeries de taupes ou de rats, où l’on trouve quelquefois plus de trente cocons réunis. Suivant M. Charpentier, c’est dans les premiers jours du mois d’août, c’est-à- dire trente à quarante jours après la formation des cocons, que l’on voit sortir les premières petites sangsues; de sorte que, à partir de l'accouplement, qui a lieu vers la fin de mai ou dans les premiers jours de juin, il s’est écoulé environ soixante-dix jours. Le nombre des sangsues produit par chaque cocon varie considérablement ; on eu trouve depuis trois jusqu’à vingt-quatre ; la moyenne paraît être de onze à douze. Les jeunes sangsues, au moment de l’éclosion , sont longues de 2 centimètres, filiformes, transparentes, d’une couleur un peu cendrée ou rougeâtre : les veux se distinguent très bien sur la ventouse orale. Au bout de quelques jours paraissent les bandes colorées du dos, et peu à peu celles prennent la livrée qui les caractérise. VARIÉTÉS DE L’ESPÈCE. La sangsue médicinale présente un très (4) Monographie des sangsues médicinales. Paris, 1838. (2) D'après Wedecke, cité par M. Moquin-Tandon, la mousse écumeuse sortirait de la bouche et serait déposée sur la capsule après sa formation, ce qui exp'iquerait pourquoi M. Rayer a vu des capsules de sangsue qui n’en étaient pas entièrement recouvertes, Telle est celle représentée fig. 552, À, HIRUDINÉS. 263 grand nombre de variétés qui résultent d'une coloration différente de son pigment et de la disposition des lignes ou des taches que l’on observe sur le dos ou sur le ventre, Quelques unes de ces variétés ont été élevées au rang d’espèces par plusieurs naturalistes: mais elles Fig. 553 (1). Paraissent se mélanger toutes indistinctement , pour la fécondation ; elles fournissent alors des va- riétés intermédiaires de plus en plus difficiles à déterminer. 1. Sangsue médici- pale grise (kirudo med i- einalis grisea, fig. 553). Dos olivâtre, plus ou moins gris et plus ou moins foncé, avee quatre bandes bien distinctes, deux de chaque côté, outre une bande plus latérale en- core, bordée de noir ou de brun; ventre vert foncé, tout maculé de noir. On en rencontre un grand nombre de sous-variétés qui diffèrent par leurs lignes continues ou inter- rompues, sans taches ou marquées de taches noi- râtres (fig. 554 à 557), Ces sangsues habitent la Fig. 558. Fig. 556. Fig. 557, (4) Fig. 533. A, sangsue médicinale vue par le dos; — B, une autre vue par le ventre. (2) Fig 554, 555, troncons de variétés de sangsues médicinales, vus par le dos. — Fig. 836,557, tronçons de variétés de la même, vus par leventre. Voir pour plus de détails, le bel atlas de M, Moquin-Tandon, pl. VIH, fig. 1 à 9, 264 ANNÉLIDES. plus grande partie de l’Europe, et principalement la France, l'Allemagne et la Hongrie. Elles sont les plus estimées de toutes. 2. Sangsue médicinale verte (/irudo medicinalis viridis). Fond d’un vert plus ou moins clair, avec six bandes de couleur très variable, quelquefois décomposées en taches assez régulières. Ventre vert jau- nâtre, bordé par une ligne noire, sans aucune tache intermédiaire (fig. 558 à 561 ). 3. Sangsue médicinale noire (Airudo medicinalis nigrescens). Dos noirâtre ou olivâtre noir, présentant des bandes réduites à des mouchetures noires et brunes à peine visibles (1), ou des bandes noires interrompues par des taches plus claires, en forme de crois- sant (Moquin-Tandon, pl. VII, fig. 19). Le ventre est d’un vert noir très foncé, sans ta- ches. Cette variété de sangsue est très active et attaque fréquemment, dans les marais, les jam- bes des bœufs et des che- vaux. Il est très facile de la confondre avec l’hæmopis noire et l’au- lastome vorace, dont on ne la distingue guère que parce que celles-ci ne se contractent pas en olive, n’offrent aucun indice de bandes dor- sales et ne montrent aucune aptitude pour mordre la peau de l'homme. L. Sangsue médicinale jaune (hirudo medicinalis flava ). Dos olivâtre plus ou moins jaune ; ventre d’un jaune très pâle et verdâtre. On en connaît deux sous-variétés : l'une, nommée kirudo chlorogastra, a des bandes dorsales roussâtres très apparentes ; l’autre (Airudo chlo- rina) a les bandes dorsales presque nulles, et le ventre et le dos éga- lement d’un jaune verdâtre pâle { Moquin-Tandon , pl. VIT, fig. 16 et 17). 5. Sangsue médicinale pâle OU blanchâtre. Dos couleur de chair, ou mieux , d’un fauve un peu rosé et très pâle, n’offrant ni bandes ni taches, ou présentant quelques taches linéaires disposées en séries longitudinales ( Moquin-Tandon , pl. VIII, fig. 4, 2). Ventre très pâle. 6. Sangsue médicinale fauve (\oquin-Tandon, pl. VIIT, fig. 3, 4). Dos fauve, marqué de six bandes longitudinales de couleur brunâtre, quelquefois simples ; d’autres fois les bandes les plus latérales com- prennent entre elles une série de taches oblongues, de même couleur, Ventre pâle, quelquefois un peu verdâtre , sans taches. 7. Sangsue médicinale obscure. Dos brun, tantôt clair ct rosé Fig. 559. Fig. 560. Fig. 561. (1) Huzard, Journ. de pharm., 1. XI, pl. 2, fig. 15. — Moquin Tandon, pl. VIL fig. 18. HIRUDINÉS. 265 avec de larges lignes brunes, tantôt plus foncé et obscur, avec des bandes composées de mouchetures noirâtres , disposées en séries longi- tudinales. 8. Sangsue médicinale truitée. OU marquetée (Airudo medici- nalis tessellata Blainv. ; — hirudo troctina ou Hi LCR Moquin- Tandon ). Dos d’un beau vert ou quelquefois sali par une teinte roussâtre ; bandes remplacées par Fig. 562. des taches isolées , arrondies ou carrées, placées de cinq en cinq anneaux. Ces taches sont noires avec un bord orangé , ou orangées avec un bord noir ; quelquefois celles du milieu sont toutes jaunes et les intermédiaires tout à fait noires (fig. 562), etc. Les bords sont d’un jaune orangé ou d’un roussâtre brillant. Le ventre est verdûtre, ou gris jaunâtre, rarement roussâtre, tantôt im- maculé , tantôt marqué de larges taches noires : ses bords sont ornés d’une bande longitudinale disposée en zigzag. M. Moquin-Tandon forme de cette sangsue une espèce particulière. Elle est employée depuis longtemps en Angleterre ct dans les hôpitaux de Paris. M. Huzard, qui l’a décrite le premier, la croyait originaire d'Amérique; mais elle vient de l'Algérie et de toute la Barbarie. On lui donne dans le commerce le nom de sangsue dragon ; on la regarde comme médiocre pour l'usage médical. 9. Sangsue de Verbano (hirudo verbana Car. ). Corps déprimé ; dos d’un vert sombre avec des bandes brunes transverses, nombreuses, terminées par une tache ferrugineuse , dont la réunion constitue de chaque côté une ligne longitudinale interrompue. Ventre vert, peu ou pas tacheté. Cette sangsue se trouve sur les bords du lac Majeur et dans les envi- rons de Nice. Elle est employée en médecine. 10. Sangsue du Sénégal (/irudo mysomelas). Corps plus aplati que celui de la sangsue médicinale ; dos d’un vert olivâtre, ou d’un noir jaunâtre, avec trois bandes longitudinales jaunâtres, bordées de noir ; bords jaunes ; ventre jaune avec des taches noires irrégulières ; bouche et ventouse anale noires. Points oculaires peu apparents. On regarde cette sangsue comme une espèce distincte ; elle ne prend guère que la moitié du sang que sucerail la sangsue médicinale. On trouve d’autres espèces de sangsues dans les eaux de l’Amérique septeu- trionale, en Chine, au Japon, à Cevlan, etc. 266 ANNÉLIDES. Commerce des sangsues, [l y a quarante ans , le prix des sangsues variait de 15 à 60 francs le 1 000 ; la France en produisait une quantité plus que suffi- sante pour sa consommation ; le superflu passait à l'étranger. Mais bientôt après, la consommation dépassa tellement la production, que la France fut obligée d’en faire venir de Belgique, d'Espagne, d’Italie, de Bohéme et d'Afrique. En 1835, époque à laquelle les renseignements suivants m’ont été fournis par Gallois , qui était alors le premier de nos négociants 'en sangsues, bien que le prix des sangsues se füt élevé de 150 à 250 francs le 1 000, la pêche active avait cessé en France , excepté dans l’ancienne Bretagne et dans la Sologne qui fournissaient encore une pelite quantité de sangsues au com- merce. Partout ailleurs la pêche était purement locale, et son produit n’atteignait pas les besoins de la population. L'Espagne était également épuisée; la Toscane en fournissait encore, mais d’une qualité inférieure; la Bohéme ne nous en envoyait plus; les marais de la Hongrie eux - mêmes commencaient à être dégarnis, et la maison Gallois, dont les vastes réservoirs étaient établis aux Vertus, près de Paris, et qui avait une succursale à Palota, près de Pest, en Hongrie, était obligée de tirer ses sangsues des frontières de la Russie et de la Turquie. Les sangsues qui arrivaient de ces contrées étaient rassemblées d’abord dans des réservoirs élablis à Palota, et y restaient jusqu'aux demandes transmises de Paris, Alors on les péchait dans les réservoirs ; on les renfermait dans des sacs de toile qui en contenaient de 25 à 30 kilogrammes ; on rangeail ces sacs les uns à côté des autres sur des hamacs superposés, placés dans une voiture de la forme d'une tapissière, et la poste les transportait jusqu'à Paris, en douze ou quinze jours de temps. Jamais cependant les sangsues n’arrivaient directement à Paris: dans les temps chauds et orageux , on était obligé de les rafraîchir deux fois pendant la route, et on le faisait toujours au moins une fois. A cet effet, on avait établi à Kehl de grands baquets dans lesquels on en plaçait de plus petits. Les uns et les autres étant remplis d’eau, c’est dans les petits baquets que l’on yidait les sacs. Toutes les sangsues saines s’échappaient des petits baquets el tom- baient dans les grands; toutes celles qui restaient au fond des baquets inté- rieurs élaient mises de côté comme ne pouvant supporter le reste du voyage. On lavait les sacs, on les remplissait de nouveau et on les transportait aux Vertus , où était fondé le principal établissement de Gallois. Là les sangsues étaient distribuées dans de grands réservoirs à eau cou- rante, dont les bords étaient plantés de roseaux. Elles y séjournaient ordi- nairement pendant un mois ; mais à l’époque où je les ai visitées, les demandes excédant les arrivages, elles étaient repêchées après cinq ou six jours de repos seulement, ce qui nuisait à leur qualité, beaucoup étant encore ma- lades par suite de la fatigue du voyage. Je me suis informé auprès de Gallois si les sangsues se reproduisaient dans ses réservoirs ; si elles s’y nourrissaient et s’y développaient; enfin s’il tirait parti de leur reproduction. Il m'a répondu que très rarement il avait aperçu de jeunes sangsues que l’on pouvait ervoire nées dans son établissement ; que ces peliles sangsues meltaient au moins huit ans pour parvenir à l’état adulte; que cependant il ne pouvait pas dire que ce fût là la vraie durée de leur croissance, parce que les sangsues adultes, apportées du dehors , au lieu de se nourrir el d'augmenter dans ses réservoirs , y maigrissaient et y perdaient HIRUDINÉS. 267 de leur poids. Enfin , 1l m’a dit que, quant à lui, il jugeait impossible de compter sur la reproduction et la nourriture des sangsues , dans des réservoirs artificiels, pour servir aux besoins du commerce; parce que les frais d’en- tretien et de nourriture, jusqu’au moment où les sangsues seraient propres à l'usage médical , l'emporteraient de beaucoup sur le prix de celles qui sont apportées de l’étranger (1). Depuis que ces renseignements m'ont élé donnés , et malgré une diminu- tion considérable dans le nombre des sangsues employées (2), l'épuisement des marais, en Europe, n’a pas cessé d'augmenter ; les pêcheries dela Hongrie, de la Bosnie, de la Valachie et du bas Danube sont devenues de jour en jour plus insuflisantes, et mainterant c’est la Turquie d'Europe et l'Asie Mineure , la Russie méridionale, la Géorgie, l'Arménie, qui fournissent la plus forte partie des sangsues du commerce. Ces sangsues sont expédiées par les bateaux du Levant, principalement à Trieste et à Marseille, qui recoit en outre les sangsues d'Afrique. Kehl et Strasbourg reçoivent toujours celles qui viennent de la Hongrie ; Hambourg transmet à la Hollande et à l'Angleterre un cerlain nombre de sangsues originaires de la Russie propre et de la Pologne. Gorgement des sangsues. 11 y a quelques années , le commerce des sang- sues était entaché d’une fraude très préjudiciable à la santé publique. Ces annélides étaient tous plus ou moins gorgés de sang. Cet abus avait p:is nais- sance d'abord , parce que les sangsues devenant de plus en plus rares dans les marais, il ne suffisait plus, pour obtenir une pêche productive, que les pêcheurs agitassent la vase et entrassent dans l’eau, les jambes nues ou entou- rées de flanelle, ou jetassent dans l’eau de petites couvertures de laine, auxquelles les sangsues s’attachent volontiers; alors on a eu recours à des appäts de. chair saignante ou à des linges imbibés de sang caillé. Ensuite le commerce en gros des sangsues s’élant fait au poids, et, dans la vente au détail , les grosses sangsues ayant une valeur plus grande que les petites, les commerçants ont eu tout bénéfice à augmenter le poids et la grosseur des sangsues en les gorgeant de sang. La fraude était arrivée au point que, en 1345, il était presque impossible de trouver à Paris des sangsues vierges, c'est-à-dire qui ne fussent pas gorgées. L'Ecole de pharmacie se préoccupa de cet état de choses, et malgré les (1) Extroit d'un rapport sur une lettre de M. Fleury, fait à l'Acadtmie de médecine le 29 septembre 1855. (2) D'après les labieaux d'importation publiés par l'administration, il serait entré en France, appr uximalivement : En 1827, 55.655.000 sangsues, Eu 1841, 17.479,700 sangsues. 1829, 44.581.000 1845, d .608.000 1851, 56.444.000 1844, 15.225.000 1852, 57.491.000 1545, nes 1855, 41.651.000 1846, 12.721.500 4455, 22 560,000 1847, 14,790.800 1857, 25.768.090 1848, 9.683,600 4859, 22.411.000 1849, 11.109.000 J1 est curieux de remarquer l'énorme différence qui a eu lieu dans Ja consommation des sangsues en 1852 et 1849, Est-on mort du choléra plus en 1852 qu'en 1849? en est-on mort moins ? Je lisse à de plus habiles à le décider, — Voyez Chevallier, Note sur Le commerce des sangsues ( Auniles d'hygiène , 1845, t. XXXIV, p, 41) — Soubeiran, Rapport sur le commerce des sangsues ( Bulletin de l'Académie de médecine, 1848, 1, XI, p- 615). 268 ANNÉLIDES. réclamations des marchands en gros, qui prétendaient que le gorgement des sangsues se faisait naturellement dans les marais, ou qu’il était nécessaire pour que les sangsues pussent supporter la fatigue du transport, elle saisit, à plusieurs reprises, des quantités considérables de sangsues gorgées et fit condamner les détenteurs. Aujourd’hui il est parfaitement établi : 4° Que les sangsues naturelles ne contiennent que très rarement une petite quantité de sang rouge, et que la seule chose que l’on trouve habituellement dans leur estomac est un liquide verdâtre provenant de la digestion de leur nourriture antérieure, et qu'elles rejettent quelquefois dans l’eau où on les conserve ; 2° Que le gorgement des sangsues, loin d'être utile pour leur transport, est une cause de mortalité et de perte pour le commerce ; 3° Que, quelle que soit l’origine du sang contenu dans l'estomac des sangsues, on ne doit délivrer, pour l’usage médical, que celles qui en sont privées; on doit conserver les autres dans des marais ou réservoirs artifi- ciels, jusqu’à ce qu’elles aient digéré le sang qu'elles renferment. Il suffit d’ailleurs, pour reconnaitre si une sangsue est pure ou gorgée, de la serrer fortement , entre le pouce et l'index, par l’étranglement qui sépare le corps de la ventouse postérieure ; au besoin , on la maintient plus sûrement, en entourant cette partie d'un linge. On presse alors le corps de la sangsue entre deux doigts de l’autre main, et on l’y fait glisser doucement, comme dans une sorte de laminoir, à partir de la ventouse anale jusqu’à extrémité antérieure. Lorsque la sangsue ne contient pas de sang, on ne voit rien appa- raitre à celle extrémité ; mais lorsqu'elle a été gorgée , le sang contenu dans les cavités de l'estomac reflue vers l’œsophage et forme un renflement qui s'étend quelquefois du quart jusqu à la moitié de la longueur de l'animal. Une pression plus forte le fait même sortir par la bouche. Conservation des sangsues. Les pharmaciens, les herboristes, les médecins dans les localités où il n’existe pas de pharmaciens, les hôpitaux, les commer- çants en gros, ont besoin de conserver chez eux une provision de sangsues proportionnée à leur consommation. À Paris, qui est devenu un des centres principaux de ce commerce, les détaillants trouvent un grand avantage à ne tenir chez eux qu’un petit nombre de sangsues, et alors ils se contentent de les mettre dans un vase de verre ou de grès, couvert d’une simple toile, et conte- nant 5 ou 6 litres d’eau pour cent ou deux cents sangsues. On place ce vase dans un lieu frais, à l'abri de la gelée, des rayons du soleil, des odeurs fortes ou des émanations de laboratoire, et l’on change l’eau tous les jours en été, et tous les deux jours en hiver, en prenant les précautions suivantes : 4° L'eau doit être de source, de rivière ou de pluie, et non de l’eau de puits ou citerne, quiest en grande partie privée de l’air nécessaire à la res- piration des sangsues. % L'eau doit être à la même température que celle où se trouvent les sang- sues ; elle peut être un peu plus élevée lorsque la température est basse ; elle ne doit pas être plus froide. 3° On vide complétement le vase aux sangsues, en en versant le contenu sur un tamis de crin lâche, ou sur une passoire dont les trous soïent assez petits pour que les sangsues ne puissent pas s’y engager. On lave exactement le vase à l'intérieur ainsi que le linge qui le recouvre. 4° On sépare avec soin des sangsues saines celles qui sont mortes , el même HIRUDINÉS. 269 celles qui paraissent malades, ce qu’on reconnait à l’enflure et au changement de couleur des extrémités, ou à des nodosités séparées par plusieurs étran- glements,. 3° On remplit le vase d’eau nouvelle et on y remet les sangsues saines, à la main ; cela vaut mieux que de remettre d’abord les sangsues dans le vase et de verser brusquement l’eau par-dessus. J’ai vu plusieurs fois périr un grand nombre de sangsues, rien que pour les avoir soumises au choc de l’eau sortant d’un robinet, à une température de quelques degrés plus basse que celle de l'air ambiant. Pour éviter cet inconvénient, et pour remédier aussi à la mortalité des sangsues, provenant de beaucoup d’autres causes , principalement durant les chaleurs de l'été, je me suis bien trouvé, pendant lon;temps, de l'emploi d’un grand vase de faïence contenant, au fond, une couche de sable de rivière, recevant un courant d’eau modéré mais continuel, par un tuyau plongeant dans ce sable, et perdant l’eau par un autre tube placé à la partie supérieure. (Journ. pharm., t. XIL, p.19.) Les sangsues, ainsi que je l'ai dit précédemment (p. 249), changent trés souvent d’épiderme, et cette opération, qui ne se fait pas sans peine lorsque les sangsues sont conservées dans de l’eau pure, en fait périr un grand nombre, Pour y remédier, M. Chatelain (1) a conseillé de mettre au fond des vases où on les conserve de l’argile plastique réduite en pâte, dans laquelle les sangsues aiment beaucoup à s’introduire et à séjourner ; MM. Derheims et Desaux ont employé la mousse, d’autres le charbon, la tourbe, etc. Le sable de rivière, que j'ai conseillé plus haut, me parait préférable pour les pharmaciens. Les sangsues, tenues en captivité, sont sujeltes à plusieurs autres maladies qui paraissent causées par l'accumulation en trop grand nombre dans une petite quantité d’eau, le renouvellement insuffisant de l'eau ou de la terre argi- leuse qui les renferme, le défaut de propreté des vases ou des sacs, l’état de plénitude ou de gorgement, principalement en été, le transport prolongé, surtout à l’époque de la gestation, enfin le contact de celles qui sont mortes ou déjà affectées de maladie. On remédie à ces maladies et à la mortalité qui en est la suite, en prenant le contre-pied des circonstances défavorables qui viennent d’être énumérées. On s’est très bien trouvé, en pareil cas, d’ajouter à l’eau dans laquelle on conserve les sangsues du charbon pulyérisé. On a également conseillé de désinfecter les vases et les toiles à l’aide du chlorure de chaux, et de passer les sangsues, une ou deux fois, dans une eau additionnée d'une très faible quantité du même chlorure. Les sangsues peuvent aussi mourir d’inanition. Que l’on suppose, dans une pharmacie, des sangsues non gorgées, déjà éminemment propres au service médical, et mises {ous les jours au seul régime de l’eau. Au commencement, (1) Un grand nombre de pharmacieus se sont occupés de l'histoire naturelle , de la repro= duction et de la conservation des sangsues, et ont publié des observations importantes qui ont formé peu à peu un corps de doctrine dont tous ont profité, Je citerai entre autres M. Brossat à Bourgoin (Isère), M. Desaux à Poitiers, M. Trémolière à Marseille » M. Chatelain, pharma- cien en chef de la marine à Toulon, M. Derheims à Saint-Omer, M. Fleury à Rennes, M. Char- pentier à Valenciennes, MM. Chevallier, Bouchardat et Soubeiran à Paris. Je ne dois pas oublier M. Joseph Marlin, négociant en sungsues à Paris el possesseur de vastes réservoirs à Gentilly, qui s’est honoré par la résistance qu’il a opposée au gorgement franduleux des sang- sues , et qui a publié le résullat de ses observations sur le commerce de ces annélides dans un ouvrage intitulé Æistoire pratique des sangsues : Paris, 4845, 270 ANNÉLIDES. elles sont grosses autant que le comporte leur âge, vigoureuses, fermes et ra- massées en olive ; peu à peu elles diminuent de volume, s’allongent, deviennent plates, flasques et presque sans force. C’est un peu avant de parvenir à cet état, qu’elles étonnent par la grande différence observée entre leur peu de volume, lorsqu'on les applique sur la peau, et celui qu'elles acquièrent après la succion: Enfin, l'abstinence continuant, la sangsue tombe au fond de l’eau et ne se relève plus. On la distingue de celles qui sont mortes de maladie par l'absence de toute nodosité et par sa flaccidité. C’est ordinairement vers le deuxième mois que les sangsues non gorgées sont réduites au seul régime de l’eau, que celle mort commence à se montrer. Quelques pharmaciens ont proposé de remédier aux effets de l’abstinence en ajoutant à l’eau du sucre pur ou cara- mélisé, ou même du sang ; mais M. Derheims et M. de Blainville ont montré l'inuülité de ces addi'ions, la sangsue adulte n’empruntant aucune nourriture au liquide au milieu duquel elle se trouve. (Voir également Journ, chim. méd., t. VIII, p.606,1832.) On peut dire encore que le sang ajouté à l’eau dans laquelle on conseï ve les sangsues s’y putréfie rapidement et cause la mort de ces anné- lides. Mais si les sangsues ne se nourrissent pas de sang étendu d’eau, elles boivent avec avidité le sang pur et récent avec lequel on les met en contact. (Journ. pharm.,t NXIV, p.314.) C'est même un des moyens dont on se sert pour les gorger. Tout en condamnant fortement ce moyen de fraude, j'admets cependant que, dans le cas d'inanilion complète, on puisse fournir aux sangsues un peu de sang pour les ranimer. J’ai conseillé anciennement de les mettre dans de largile humectée, où elles paraissent trouver quelques par- lies nutritives, J'ai dit précédemment que les temps orageux étaient très défavorables aux sangsues, ce que j’attribuais à la putréfaction instantanée des matières orga- niques et à la disparition de l'oxygène contenu dans l’eau (page 236). Je me suis assuré qu’on soustrayait les sangsues à l’influence désastreuse de l’élec- tricité atmosphérique, en plaçant le vase qui les contient dans une cave sou- terraine ; mais lorsqu'on les y laisse longtemps, elles deviennent flasques; molles et peu actives, de sorte que leur séjour dans une cave humide et obscure ne doit être que momentané. A Paris, les marchands de sangsues en conservent des quantités considé- rables dans des magasins frais, profonds, mais aérés, dallés, abondamment pourvus d’eau, et où l'on ne voit que des baquets couverts de toile et des sacs suspendus à l'air. | La toile qui recouvre les baquets présente au milieu une large ouverture circulaire qui permet de voir l’intérieur, et par laquelle cependant les sang- sues ne peuvent sortir ; celte ouverture étant garnie tout autour d'une bande de toile pendante et effilée par le bas, ce qui empêche les sangsues de s’y fixer. Les sangsues qui arrivent dans ces magasins sont d’abord versées dans les baquets pleins d'eau pour faire le triage des mortes, des malades, et faire la séparation des grosseurs. Les sangsues reconnues bonnes et marchandes sont enfermées dans des sacs qui en contiennent deux ou trois kilogrammes, et suspendues à Pair libre; mais il faut, à tour de rôle, les remettre à l’eau pen- dant un jour sur deux ou trois. Les sangsues malades ou gorgées sont placées dans de l'argile détrempée, où elles doivent être examinées tous les deux ou trois jours et changées tous les quinze ou vingt jours, en été (Martin). Enfin les principaux négociants en sangsues, plusieurs pharmaciens éloignés HIRUDINÉS, 271 de Paris et obligés de conserver chez eux un grand nombre de sangsues, et divers hôpitaux, ont pris le parti de faire établir des bassins, des réservoirs ou canaux, traversés par un courant d’eau modéré, couverts d’une couche d’ar- gile au fond, et plantés sur le bord de plantes aquatiques, où les sangsues, se trouvant presque revenues à leur état naturel, se conservent en bon état de santé, et peuvent même se multiplier, ainsi que je le dirai plus loin. Application des sangsues. À l’exception de la plante des pieds et de la paume de Ja main, les sangsues peuvent être appliquées sur toute la surface du corps. Cependant comme leurs morsures laissent des traces apparentes, il faut, autant que possible, surtout chez les femmes, ne pas les poser sur les parties découvertes, comme le visage, le cou, la partie supérieure de la poitrine, l'avant-bras et le dos de la main, Il faut éviter aussi le trajet des gros vaisseaux et des gros troncs nerveux. On peut encore appliquer les sangsues sur quelques membranes muqueuses facilement accessibles, comme les gencives, la vulve ou le col de Putérus; mais il faut user de grandes précautions pour empêcher ces animaux de se glisser trop ayant dans les organes. La place sur laquelle on veut poser les sangsues doit être rasée, si elle est couverte de poils, et elle doit être privée de sueur par le lavage à l’eau chaude ou par un bain local, Si elle a été couverte de cataplasmes, on la lave pareille- ment à l’eau tiède; si, d’embrocalions huileuses où d’emplätres résineux et odorants, on la lave au savon ou à l'alcool rectifié d'abord, puis à l’eau. Quelques personnes ont conseillé d'humecter la peau avec de l’eau sucrée, du jaune d'œuf ou du lait; ces précautions sont non seulement superflues, mais elles peuvent être contraires. D'autres prescrivent de faire jeüûner les sangsues en les laissant deux ou trois heures hors de l'eau avant de les appli- quer. Je conseille, au contraire, de les laisser dans l’eau, et de les laver même dans l’eau pure, au moment de les appliquer. La seule précaution à prendre, c'est que les sangsues et la peau soient très propres. Quelques personnes prétendent encore activer la morsure des sangsues, en les roulant dans la main ou dans un linge chaud, en leur pincant la ventouse anale, en les renfermant dans une pomme creuse, etc. Tous ces moyens sont plus nuisibles qu’utiles. La meilleure manière de faire mordre les sangsues, lorsque la surface est étendue, consiste à les poser en tas sur la place même, et à les recouxrir d'un linge sec dont on maintient les bords appliqués sur la peau, avec la paume de la main. Lorsque la place est plus circonscrite, on prend un verre à palle, de dimension convenable; on pose dessus un linge sec, dans le creux duquel on met les sangsues, et l’on renverse le tout sur la place où celles-ci doivent prendre. Les sangsues ne pouvant s’attacher au linge sec, se fixent immédiatement sur la peau, et aussitôt qu’une a mordu, toutes les autres suivent. Pour placer les sangsues, une à une, dans la bouche ou dans l’intérieur de la vulve, on a imaginé un grand nombre de petits instruments dont le meilleur parail être un pelit tube de verre poli aux deux bouts, dans lequel on place la sangsue. Celle-ci est poussée par l'extrémité postérieure, à l’aide d’un piston, el est forcée de s'approcher de l'endroit où elle doit mordre. Sans ce piston, la sangsue pourrait rester très longtemps immobile dans le tube. Les Chinois se servent, pour le même usage, d’un tube de bambou, que l'on pourrait sup- pléer par une tige de sureau évidée de sa moelle. 272 ANNÉLIDES. Lorsque les sangsues ont mordu, il faut les laisser tranquilles et se borner à les suppporter avec une serviette, pour empêcher que leur poids ne fatigue les plaies. 1] faut aussi les laisser tomber naturellement, Si cependant il était utile d’en arrêter la succion, par exemple lorsqu'il n’en reste plus qu’une ou deux, qui s'opposent aux soins subséquents réclamés par le malade, on les fait tomber en leur mettant sur le milieu du corps une pincée de sel. Après la chute des sangsues, on entretient ordinairement l'écoulement du sang pendant une heure ou deux, en étuvant continuellement les plaies avec une éponge imbibée d’eau tiède, ou en les recouvrant toutes d’un large cata- plasme de farine de lin, ou mieux encore, lorsque l'indication s’y trouve, en mettant le malade dans un bain. Au bout du temps indiqué, il ne reste guère que deux ou trois piqüres saignantes, que l’on peut abandonner à elles-mêmes, si le malade peut supporter cet accroissement de perte de sang sans inconvé- nient; ou que l’on arrête en appliquant exactement sur chaque piqûre mise à découvert un petit morceau d’agaric de chène épais et velouté , et en exer- cant une compression par-dessus, à l’aide d’une compresse de linge et d’un bandage. La poudre de Lycoperdon bovista, une couche de gomme arabique pulvérisée, de poudre de tan, de cachou ou de quinquina, recouvertes d’une compresse, peuvent conduire au même résultat ; la colophane, le sangdragon, les terres absorbantes sont moins efficaces. Il faut le moins possible avoir recours aux sels et acides minéraux, tels que le nitrate d'argent, qui est cependant tres efficace, les sulfates de cuivre et de fer, l’eau de Rabel, etc. (1). Dégorgement et réapplication des sangsues. Une fois gorgées de sang; les sangsues tombent dans un état de somnolence qui les rend impropres, pendant longtemps, à rendre de nouveaux services. Anciennement on les jetait presque toujours comme inutiles ; aujourd'hui qu’elles sont devenues rares et d’un prix élevé, on néglige encore trop souvent de les conserver. Toutes les sangsues qui ont servi devraient être cédées, à prix modique, à des personnes chargées de les recueillir et de les livrer à d’autres, qni s’occuperaient, sous la surveillance de l'autorité, des moyens de les rendre propres de nouveau à ss de la médecine. Il n’y a rien de nouveau dans cette pratique. Péptiis longtemps, dans les campagnes et dans les petites villes, on a vu des ménages conserver les sang- sues qui leur avaient servi, sans autre soin que de les changer d’eau très souvent, et, au bout d’un certain temps, les employer de nouveau pour eux ou les louer à leurs voisins. Cet usage est surtout très répandu au Brésil et dans les colo- nies, où les sangsues, qui sont apportées d'Europe, sont partout d’un prix très élevé. On cite comme un exemple déjà ancien de l’utilité de cette pratique, que, en 1825, dans l'hôpital militaire de Bayonne, la réapplication des sang- sues a réduit à 1 212 francs la dépense pour l’achat des sangsues, qui s’était élevée à 3 000 francs en 1824. En 1826, à l'hôpital de Pampelune, la réappli- cation des sangsues a produit une économie de 3 056 francs. En trois années, de 1844 à 1847, l’Hôtel-Dieu de Paris, tout seul, a produit de cette manière, à l'administration des hôpitaux, une économie de 61 690 francs. Deux manières de procéder peuvent être employées pour atteindre cette (4) J'ai souvent été appelé auprès de malades chez lesquels l'écoulement du sang n'avait pu être arrêté ; je suis toujours parveuu à l'arrêter immédialement avec l’agaric de chêne et la compression, HIRUDINÉS, 273 économie, et pour diminuer d’autant la consommation des sangsues et les craintes que l’on a pu concevoir sur leur complète disparition. On peutrendre, autant que possible, les sangsues à leur vie naturelle et attendre qu’elles aient digéré le sang qu’elles ont pris ; ou bien on peut, par des moyens particuliers, opérer le dégorgement immédiat des sangsues et les appliquer de nouveau, presque sans retard , à l'usage médical. Le procédé du dégorgement naturel peut certainement être employé, même sur une assez grande échelle, ainsi que le prouvent les faits suivants : En 1825, les officiers de santé de l'hôpital militaire de Bayonne ont placé dans un bassin 9243 sangsues, provenant des applications de juin et juillet. Vers la fin de l’année, ils ont pu remettre en service 7145 sangsues, qui ont été jugées de bonne qualité. Le 1° avril 1831, dans un bassin alimenté par un filet d’eau et où se trou- vaient plusieurs plantes aquatiques, M. Chatelain a fait jeter 12000 sangsues gorgées de sang. Après quatre mois et demi de séjour, le bassin fut vidé, et l'on en retira 4600 individus se contractant en olive et très propres à faire un bon service ; cependant leur digestion n’était pas encore terminée. Dans un bassin de 2",50 carrés, et de 30 centimètres de profondeur, en partie rempli d'argile blanche onctueuse, mise en consistance de pâte molle, MM. Bouchardat et Soubeiran ont déposé successivement 6500 sangsues. Le sol et l'argile avaient une pente convenable, pour que l’eau, coulant par intervalle à la surface, pût s’écouler par un trop plein grillé, placé à la partie la plus déclive : de cette manière, l’argile était humectée mais non couverte d’eau, excepté dans la partie basse. Chaque jour on enlevait les sangsues qui étaient venues mourir à la surface. L'expérience commencée au mois de décembre fut terminée au mois de juin ; les sangsues retirées de l'argile étaient très vives ; elles teignirent l’eau immédiatement en vert. Après deux ou trois jours, elles étaient supérieures en qualité aux meilleures sangsues du com- merce ; elles prenaient toutes três promptement et restaient plus longtemps attachées sur les malades. Cependant ce procédé a été abandonné pour le dégorgement immédiat. (Journal de pharm. et de clim., t. XE, p. 345.) Bien des procédés ont été conseillés pour le dégorgement immédiat des sangsues : MM. Petit-Ferdinand et Olivier ont proposé de pratiquer une petite ouverture sur le dos (vers l’origine des deux grandes poches digestives, après le soixante-deuxième anneau), et de faciliter la sortie du sang par une légère pression. Ce procédé me paraît peu praticable, surtout en grand, et doit être préjudiciable pour les sangsues. M. Tournal, de Narbonne, a imaginé de dégorger les sangsues en les retour- nant comme un doigt de gant à l’aide d’un petit stylet, à pointe mousse , en bois, que l’on appuie contre la ventouse anale et que l’on pousse de bé en haut jusqu’à le faire sortir, toujours revétu de la ventouse, par la bouche. En continuant encore de rabattre la sangsue sur le petit morceau de bois, on finit par la retourner entièrement, la peau revêtant à l’intérieur, dans toute sa lon- gueur, le morceau de bois, et le canal intestinal se trouvant tout à fait à l’exté- rieur : On lave alors l’animal, et on replace les organes dans leur situation normale. Suivant M. Tournal, la sangsue ne parait pas être très affectée par celle curicuse opération, el elle est propre à servir immédiatement, M. Mo- quin-Tandon pense, au contraire, que les sangsues ne peuvent être retour- nées sans déchirures profondes, dont elles doivent souffrir pendant long- IV. 18 274 ANNÉLIDES, temps. Il est évident, d'ailleurs , que ce procédé ne serait pas praticable en grand. D'autres personnes ont conseillé de faire dégorger les sangsuesenles plaçant sur de la cendre, du charbon, de la sciure de bois, du sel ; dans de l’eau salée, dans de l'eau mélée de vin rouge ou blanc, etc. On les lave ensuite dans de l'eau pure, et on les change d'eau tous les jours, ainsi qu’il a été dit précédem- ment pour les sangsues vierges. M. Joseph Martin prescrit de faire dégorger les sargsues en les pressant entre les doigts, depuis l'extrémité postérieure jusqu’à Pantérieure, ainsi qu’on le pratique lorsqu'on veut reconnaitre le gorgement des sangsues. Seu- lement il faut pousser la pression jusqu’à faire sortir le sang par la bouche. Maisil est difficile d'arriver à ce résultat sans causer des déchirures intérieures, auxquelles les sangsues succombent tôt ou tard. C’est cependant ce procédé qui est usilé aujourd'hui dans les hôpitaux de Paris; mais combiné avec l'immersion dans de l’eau salée chaude, qui donne au sang plus de fluidité, et dispose les sangsues à le rendre plus facilement. A l'Hôtel-Dieu de Paris, un homme est chargé spécialement de la pose des sangsues dans les salles d'hommes, et une femme remplit la même fonction dans les salles de femmes. Les sangsues prescrites sont envoyées de la phar- macie, au lit de chaque malade, dans un pot de terre couvert d’une toile percée d’un trou, duquel part un petit conduit de toile ouvert, et qui n'arrive pas au fond du pot. Les sangsues retirées du pot sont appliquées tout de suite, puis, le pot ayant été recouvert, a mesure qu’elles tombent, on les remet dans le pot par le conduit de toile resté ouvert. C’est dans ces mêmes potsqu'’elles retournent à la pharmacie, où elles sont complées, puis soumises au dégorgement. Pour assurer la régularité de ce service et intéresser les employés à sa réussite, on accorde une prime de 1 centime aux infirmiers, par chaque sangsue gorgée qu'ils rendent en bon état, et une autre prime de 2 centimes à l’homme chargé du dégorgement, pour chaque sangsue rendue au service et qui produit un effet utile. Le dégorgement a lieu le jour même que les sangsues ont été posées. A cet effet, on en prend une douzaine que l’on jette dans une eau salée faite avec seize parlies de sel marin et cent parties d’eau, chauffée à 40 ou 45 degrés. On presse successivement ces sangsues légèrement entre les doigts ; elles rendent ainsi sans effort tout le sang qu’elles ont pris. Les sangsues dégorgées sont mises en repos dans des pots avec de l’eau fraiche que l’on renouvelle tous les jours. Au bout de huit à dix jours, elles sont très aptes à être appliquées de nouveau; elles prennent aussi vite que les meilleures sangsues du commerce et tirent autant de sang. Les sangsues qui ont ainsi fourui une seconde piqûre sont dégorgées encore une fois; si elles sont en bon état, on les fait servir de nouveau ; si elles paraissent fatiguées, on les porte dans de petits marais (Bou- chardat et Soubeiran). On a pu craindre que l'application de sangsues qui ont sucé, il y a peu de temps, le sang d’une personne malade, aurait de graves inconvénients ; mais depuis que l'emploi des sangsues dégorgées a lieu dans les hôpitaux de Paris, sur une grande échelle, on n’a eu aucun exemple d'accident produit par leur emploi. Antérieurement, le docteur Pallas avait démontré, par des essais entre- pris sur lui-même, linnocuilé des blessures de sangsues déjà employées, qui avaient été lavées et conservées pendant quelques jours dans de la terre HIRUDINÉS. 275 humide. {1 na même pas craint de s'appliquer des sangsues qui s'étaient re- pues sur un bubon de laine et sur les bords d’un ulcère syphilitique : ces annélides prirent très bien , et leurs piqûres guérirent avec facilité comme des morsures ordinaires. Néanmoins l'administration des hôpitaux de Paris, pour prévenir toute récrimination, n’a jamais fait employer au dehors des hôpitaux établis spécialement pour les maladies cutanées et syphilitiques , les sangsues qui avaient été appliquées sur les malades de ces établissements. Multiplication des sangsues en France. On se plaint depuis très longtemps de la disparition des sangsues en France, et l'on attribue avec raison cette disparition à la pêche immodérée qui en a été faite depuis trente ans; mais lorsque nous tirions annuellement de l'étranger 30, 40 ou 50 millions de sangsues, était-il donc possible de mettre des restrictions à la pêche inté- rieure. Aujourd’hui que l'importation se trouve réduite à 40 millions, il sera certainement plus facile d'imposer des conditions à la pêche et d'arriver à repeupler nos marais. En 1835, M. Fleury, pharmacien à Rennes, avait proposé au ministre du commerce : 4° De probhiber la pêche des sangeues dans le temps de la ponte; 20 De ne laisser prendre que celles qui auraient atteint une grosseur et un poids déterminés ; 3° De mettre les lieux où vivent les sangsues sous la surveillance des gardes champêtres ; 4° D’exiger des pêcheurs une légère rétribution pour la permission qui leur serait accordée. Chargé de faire un rapportsur ces propositions, à l'Académie de médecine, mes conclusions, adoptées par l’Académie, ont été : 4° Que les moyens proposés par M. Fleury, pour s'opposer à la destruction des sangsues et pour en repeupler nos marais, paraissaient insuffisants, n’étant appliqués qu’au petit nombre de celles qui y restent, et qu’ils étaient d’ail- leurs d’une exécution difficile; 2° Que la meilleure manière de s’opposer eflicacement à cette destruction, serait de rendre à leur vie naturelle en France , dans des lieux désignés à cet effet , les sangsues qui sont importées de l'étranger, après leur usage dans les hôpitaux , qui les livreraient presque pour rien à l'administration. La question ayant été soumise de nouveau à l'Académie, par suite d’une communication de M. Joseph Marun et de lettres de renvoi émanées de M, le ministre de l’agriculture et du commerce et de M. le préfet de police, l'Académie a adopté, sur un Rapport trés approfondi de M. Soubeiran, les proposilions suivantes : 1° Défendre la vente des sangsues gorgées dans toute la France et sou- mettre les vendeurs à une pénalité sévère. 2° Obliger ceux qui font le commerce des sangsues à désigner sur leurs fac- tures la variété de sangsues dont ils font livraison. 3° Interdire la pêche des sangsues pendant les mois de l’accouplement et de la ponte , en laissant à chaque préfet le soin de fixer l'époque de la pêche dans son département. 4° Interdire la pêche et la vente des sangsues pesant moins de 2 grammes ou plus de 6 grammes, 5° Autoriser cependant la vente ou la pêche de ces sangsues, par exception, 276 ANNÉLIDES. quand elles seront destinées à peupler les réservoirs ; mais ne l’autoriser que sur une décision du préfet, faisant eonnaître la quantité de ces sangsues et leur destination, 6° Par une mesure transitoire , interdire la pêche des sangsues, en France, pendant six ans, 7° Faire une obligation aux hôpitaux de déposer les sangsues qui ont servi, dans des réservoirs assez vastes pour qu’elles puissent s’y dégorger et s’y mulüplier (1). Je me permettrai quelques observations sur ces conclusions. à 1. Il est évident d’abord que la défense de vendre les sangsues gorgées ne peut s'entendre que de celles destinées à être appliquées immédiatement , car il est utile au contraire d’encourager la vente des sangsues qui ont servi, puisque c’est sur elles principalement que l’on doit compter pour la repro- duction des sangsues en France. Il devrait donc être permis à des hommes pourvus d’une médaille, de parcourir les villes pour y acheter les sangsues gorgées et les livrer aux éleveurs. | 2, Le minimum etle maximum de poids fixés pour les sangsues marchandes sont l’un et l’autre trop élevés. Il résulte en effet du tableau du poids des sangsues emprunté à M. Martin, que les grosses sangsues, dites de premier choix , pèsent de 2 à 3 grammes, et qu’au-dessous se trouvent les moyennes dont le poids varie de 15,12 à 2 grammes, et qui peuvent être d’une grande utilité en médecine; puis les petites sangsues, pesant de 05,60 à 4 gram.; enfin les sangsues filet, dont le poids est inférieur à 5 décigrammes. J’ajoute que si l’on empéchait la vente de toutes les sangsues au-dessous de 2 grammes, on relirerait plus de la moitié des sangsues du commerce, et que le prix de celles qui resteraient s’en trouverait nécessairement doublé : je dis enfin qu’au- dessus de 3:",5 les sangsues commencent à être moins estimées, et que celles de 4 gram. sont déjà considérées comme inférieures pour la succion. Le résultat de ces observations est que l’on devrait défendre la vente et la pêche, par conséquent, des sangsues au-dessous de 1 gramme et au-dessus de 5 gramines, Si ces dernières sont peu estimées pour l’usage médical , elles paraissent être les plus propres à la reproduction. Il y a donc une double raison pour les laisser dans les marais. 3. Je trouve très diflicile d'admettre que l’on proscrive dans une loi la pêche et la vente des sangsues au-dessous et au-dessus d’un poids donné, et qu’on en permette cependant la pêche et la vente pour peupler les réservoirs. Je pense qu’il vaut mieux les laisser où elles sont; elles grossiront certaine- ment plus vite et produiront davantage. Il vaut mieux fonder la population des réservoirs el marais artificiels, au moyen des sangsues de bonne qualité qui ont servi à l’usage médical, 4. Je ne trouve ni juste, ni politique, d'interdire complétement la pêche des sangsues en France pendant un nombre quelconque d’années, de priver la population qui s’y livre du salaire que cela lui procure et de lui faire perdre l'habitude d'une occupation qu'il faudra ensuite rétablir. Je pense que ce sera bien assez de limiter la pêche aux sangsues comprises entre les poids de 1 à 5 grammes. (1) Bulletin de l'Acadé:nie de médecine, 1. XI, p. 618.— Journ. pharm. et chim., \, XWI, p. 180, 277, HIRUDINÉS. 277 5. Quant aux hôpitaux, dont un certain nombre ont organisé un service pour faire resservir immédiatement leurs sangsues une ou deux fois, je ne crois pas qu’on doive les priver du bénéfice immédiat qui en résulte pour eux; mais je crois qu’on peut exiger que les sangsues qui auront servi trois fois, ou peut-être seulement deux fois (1), soient livrées par les hôpitaux aux éle- veurs de sangsues. Voici les conseils que l’on peut donner à ces derniers. Je les extrais du rapport de M. Soubeiran (Bulletin de l’Académie de médecine, t. XIIL, p. 629) : « Les réservoirs , pour la multiplication des sangsues, doivent avoir de 60 à 70 mètres carrés ( Faber) ; l'encombrement les fait périr ; il faut d’ailleurs qu’elles puissent y trouver une nourriture suffisante. » On préférera les réservoirs naturels, si l’on peut y installer les sangsues à peu de frais. Il est cependant plus difficile d'empêcher les sangsues d’en sortir, et leurs ennemis d’arriver jusqu’à elles. En tous cas , il faut commencer par les mettre à sec, afin d’enlever avec grand soin les aulastomes voraces qui peuvent s’y trouver. » Le fond de l'étang doit être formé par une terre douce et argileuse , pour que les sangsues puissent s’y enfoncer. Les fonds de tourbe sont aussi favora- bles. On peut encore avoir recours aux prairies basses ; après avoir creusé le sol, on en couvre le fond avec 30 centimètres de terre des marais. » L’eau doit être assez peu profonde pour que le soleil puisse la réchauffer ; cependant il est nécessaire d’avoir sur quelques points des endroits profonds de 2 à 3 mètres, qui servent de refuge aux sangsues pendant les gelées de l'hiver et pendant les sécheresses de l’été. Sur d’autres endroits, le sol doit se relever en iles couvertes d’herbes sur lesquelles les sangsues puissent se promener. » Une eau trop courante ne vaut rien ; mais il est bon qu’elle se renouvelle lentement. Les sangsues peuvent également réussir dans une eau stagnante, pourvu qu’il y pousse en abondance des plantes aquatiques qui la purifient. Ce qu’il faut surtout chercher à réaliser, c’est un niveau constant , sans lequel les cocons déposés sur les bords sont détruits par la sécheresse ou les inon- dations. » Les bords de l’étang doivent s'élever en un talus peu incliné, afin que les sangsues puissent librement sortir de l’eau pour déposer leurs cocons. M. Faber conseille d'établir sur le bord du marais, au niveau des plus basses eaux, un terrain plat de 1 à 2 mètres de largeur ; de charger ce terrain d’une couche de terre tourbeuse sur laquelle on cultive des plantes aquatiques. C’est là que les sangsues iront se loger au moment de la ponte. » Îl est utile que la partie occupée par l’eau soit le siége d’une abondante végétation. Les plantes purifient l’eau par l'oxigène qu’elles exhalent au soleil ; elles abritent les sangsues et leur facilitent le moyen de se débarrasser de leur épiderme, aux époques de Ja mue. Les massettes, l’acore, les iris, la prèle des marais , la phellandrie , le caltha, sur les bords ; les potamogeton , les myriophylles, les chara, au milieu des eaux, sont les végétaux les plus favorables. » Il reste une dernière précaution à prendre, c’est d’empécher l’arrivée des (1) Il est douteux qu'une sangsue qui a été dégorgée deux fois par la pression, puisse faire immédiatement une troisième piqüre bien ulile, 278 ENTOZOAIRES. ennemis des sangsues; s’il est à peu près impossible de leur venir en aide contre ceux qui habitent les marais, au moins faut-il les garantir des ennemis du dehors, qui sont principalement les canards domestiques et sauvages, les hérons , les taupes, les musaraignes. A cet effet , les réservoirs doivent étre entourés d’un petit mur ou d’une enceinte de planches enfoncées en terre de soixante centimètres. [Il faut également faire la chasse aux oiseaux sauvages dans la saison où ils se montrent. » Enfin se présente la question de la nourriture. Siles marais ont été peuplés avec des sangsues gorgées, on peut se dispenser, pendant quatre ou cinq mois, de leur donner aucune nourriture ; mais ce terme passé, et lorsque le marais contient des sangsues jeunes ou non gorgées, principalement au printemps, lorsqu’on veut pousser à la reproduction, il est nécessaire de jeter aux sangsues de petits poissons, des salamandres , des grenouilles surtout dont elles sont très friandes. On peut aussi , avec mesure , étendre du sang coagulé sur des planches que l’on fait flotter sur l’eau. On cesse au mois de juillet et d'août, lorsque les cocons sont formés, et, deux mois plus tard, on peut livrer une partie des sangsues adultes, non les jeunes, à la consommation. CLASSE DES ENTOZOAIRES. Cette dernière classe des articnlés se compose d'animaux dont la plus grande partie ne peuvent se propager que dans l'intérieur du corps d’autres animaux. Il n’est presque aucun animal qui n’en nourrisse de plusieurs sortes, et rarement ceux qu'on observe dans une espèce s’étendent-ils à beaucoup d’autres espèces. Il s’en trouve non seule- ment dans le canal alimentaire et les canaux qui y aboutissent , mais jusque dans le tissu cellulaire et dans le parenchyme des viscères les mieux revêtus, tels que le foie et le cerveau. La difficulté de concevoir comment les entozoaires y parviennent, jointe à l’observation qu'ils ne se montrent pas hors des corps vivants, a fait penser à quelques naturalistes qu’ils s’engendrent spontanément ; mais comme la plupart produisent manifestement des œufs ou des petits vivants, et que beaucoup ont des sexes séparés et s’accouplent comme les animaux ordinaires, on doit croire plutôt qu'ils se propagent par des germes assez petits pour être transmis par les voies les plus étroites. On n’aperçoit aux vers intestinaux ni trachées, ni branchies, ni aucun autre organe respiratoire ; ils doivent donc éprouver l'influence de l’oxygène par l'intermédiaire des animaux qu'ils habitent, et proba- blement par la surface de tout leur corps. Ils n’offrent aucune vraie circulation , et l’on n’y voit que des vestiges de nerfs assez obscurs pour que plusieurs naturalistes en aient nié l'existence. Lorsque ces caractères se trouvent réunis dans un animal, avec une forme semblable à celle de la classe, on lv range, quoiqu'il n’habite pas l’intérieur d’une autre espèce. . G. Cuvicr, auquel les caractères ci-dessus ont été empruntés, a ENTOZOAIRES. 219 divisé les vers intestinaux en deux ordres principaux, sous les noms de CAVITAIRES @t PARENCHYMATEUX. Les premiers sont pourvus d’un canal intestinal flottant dans une cavité abdominale distincte, et terminé par bouche et un anus (ex. les filaires , les trichocéphales , les trichostomes, les cucullans , les ophiostomes , les ascarides, les strongles, etc.). Les seconds ont des viscères mal terminés , ressemblant le plus sou- vent à des ramifications vasculaires contenues au milieu du parenchyme. On y trouve les echinorhynques , les douves, les planaires, les tœænix, les botryocéphales, les cysticerques, etc. M. Milne Edwards divise les Entozoaires en six ordres, qui sont les planariés, les nématoïdes, les acanthocéphales , 1es trématodes, les tænioides et les cistoïdes. Les PLANARIÉS sont des vers dont le corps est mou, déprimé, sans divisions annulaires , dépourvus d'appendices latéraux quelconques et de ventouses. Ces animaux Jais, I, 118. | Jalap faux, 11, 484, 374 372 TABLE GÉNÉRALE Jalap fusiforme, Il, 483. Kageneckia oblonga, I, 286. — à odeur de rose, Il, 485. Kajuput, H, 220. — officinal, II, 479. Kala-jira, WI, 61, 695. — tubéreux, IL, 479. Kali, II, 409. Jambonneaux, IV, 306. Kaneelslein, 1, 361. Jambose, Ill, 247. Kanguroos, IV, 42. Jamesonite, 1, 192, 194. Kaolin, 1, 3710, 486. Janipha manihot, 11, 328: Karabé, I, 128. Japicanga, W, 184. Karsténite, 1, 412. Jaquamarts, IV, 119. Kaskati, 1, 386. Jargon de Ceylan, I, 328. Kassu, II, 376, 383. Jasmin d'Arabie, IE, 531. Katha-suffaid, II, 384. — d'Espagne, IL, 531. Kalou inschi Kua, NX, 204. — jonquille, IE, 531. Katran rouge, Il, 417. — officinal, I, 531. Kauri, IL, 259. — de Virginie, IE, 500. Keil ou Khil, IN, 217. Jasmnées, II, 530. Kentrophyllum lanatum, HT, 22. Jasminum grandiflorum, WE, 531. Kerargyre, 1, 176. — odoratissimum, AE, 531. Kérasine, 1, 204. — officinale, IE, 531. Kératite, [, 104. — sambac, IE, 531. Kermès animal, IV, 216. Jaspe, 1, 99. — natif, I, 150. — schisteux, [, 506. — végétal, Il, 276. Jatamansi, NI, 69. Ketmie rouge, HI, 591. Jatropha curcas, Il, 334. Khaath, II, 373. — gossypifolia, I, 333. Khadira, II, 373. — mullifida, 11, 335. Khaya senegalensis, HI, 539. Jaune indien, IV, 90. Kheir, LL, 373. Jayet, I, 118. Kieselschiefer, 1, 501, 506. Jérose hygrométrique, IT, 625. Kilbrickénite, 1, 191, 192. Jetaïba, NE, 424. Kikekunemalo, XX, 432. Jonc aromatique, I, 112. Killinite, I, 479. Joubarde des toits, HI, 233. King-wood, WE, 325. — (petite), IE, 234. Kinos, IIL, 377, 394. Joues cuirassées, 1V, 159. — d'Amboine, III, 398. Josse, IV, 330. — de Botany-Bay, HI, 401. Jubarte des Basques, IV, 106. — du Brésil, IE, 404. Jugeoline, IL, 499. — de la Colombie, III, 403. JucLanDÉes, Il, 287. — de l'Inde, HE, 398. Juglans cinerea, I, 289. — de la Jamaïque, IE, 402. — regia, II, 288. — de New-York, IL, 404. Jujube, IE, 492. __ de la Vera-Cruz, I, 405; IV, 332. Juniperus bermudiana, I, 235. Kirschenwasser, I, 291, 533. — communis, Il, 233. Kirwanite, Ï, 438. — lycia, I, 493. Klaprothine, [, 348. — oæicedrus, II, 234. Knantia arvensis, I, 62. — sabina, Il, 235. Knébélite, I, 398, 399. — virginiana, I, 235. Kobellite, 1, 208. Jurema, I, 306. Koboldine, I, 263. de s Jusquiame blanche, Il, 458. Korarima, H, 217. — dorée, Il, 458. Koss, IV, 330. — noire, I, 457. Kouri-gum, IE, 259. Juvia, WI, 248. Krameria triandra, M, 606. Krisuvigite, 1, 250. Kua, II, 210. Kueni, Il, 378. Kupfer-nickel, 1, 255. K Kadoukai, 11, 264. Kusura no fuu, IV, 111. Kutira, 1, 579. L LABiées, Il, 421. Labradorite, [, 436, 478, 487. Labrax lupus, IV, 158, Lac-dye, Il, 306. Lac-laque, Il, 306. Lacerta agilis, IV, 138. — scincus, IV, 138. LACERTIENS, IV, 136. Lactuca capitata, WI, 12. — sativa, UE, 14. — sylvestris, II, 14. — virosa, IE, 14. Lactucarium, IE, 13. Ladanum de Crète, III, 611. — d'Espagne, III, 612. Læmoptpones, IV, 232. Laîche des sables, II, 408. Lait, IV, 83. — d’ânesse, IV, 86. — de brebis, IV, 86. — de chèvre, IV, 86. — de femme, IV, 86. — de jument, IV, 86. — de vache, IV, 86. Laitier, I, 306. Laitue officinale, ILE, 12, — romaine, III, 14. — sauvage, III, 14. — vireuse, II, 14. Lagenaria vulgaris, IX, 241. Lagostomes, IV, 26. Lagotis, IV, 26. Lamas, IV, 53. LAMELLIROSTRES, IV, 124. Laminaire saccharine, II, 48. Laminaria digitata, IL, 48. — saccharina, II, 48. Lamium album, II, 437. Lamproie marine, IV, 181. Lampujum majus, I, 204, Lanarkite, E, 204. Langoustes, IV, 233. — commune, IV, 233. Languas chinensis, Il, 200. Lanhoa, WI, 581. Lanthane, I, 322. Lapis lazuli, I, 480. Lappa major, etc., III, 17. Laque en bâtons, II, 305. — en écailles, IE, 305. — en grains, Il, 305. — de Guatimala, IT, 306. DES MATIÈRES. Lard, IV, 47. Larix cedrus, 1, 241. — europæa, I, 241. Larves, IV, 184. Laserpitium Chironium ; UT, 229. Lasionema rosea, WI, 171. Latrobite, I, 437. Laumonite, I, 438. LAURACÉES, Il, 361. Lauréole, II, 359. Laurier alexandrin, IE, 173. — -amande, HE, 293. — -cerise, III, 293. — commun, Il, 363, — -rose, [, 525. — — des Alpes, IE, 8. LaAURINÉES, IL, 361. Laurus Burmanni, IL, 379. — camphora, , 384. — cassia, I, 377. — cinnamomum, I, 373. — Culilawan, W, 382. — multiflora, I, 379. — nobilis, II, 363. — sassafras, I, 363. Eavdete femelle, II, 423. — mâle, II,422. — officinale, IL, 423. — spic, II, 422. Lavandula, spica, W, 422. — stæchas, Il, 423. — vera, II, 493. Lave vitreuse du Cantal, I, 479. Laves, [, 501. Lazulite, I, 348, 480. Leadhillite, I, 204. Lecanora affinis, W, 556. — parella, U, 79. — tartarea, XX, 79. LECYTHIDÉES, III, 247. Lecythis grandiflora, WI, 248. — ollaria, II, 248. Ledum palustre, UL, 8. Légume, I, 22. LÉGUMINEUSES, III, 295. Lemmings, IV, 26. Lemon-grass, I, 114. LÉMURIENS, IV, 14. Lentille, IT, 353. Lontisque, IT, 457. Lenzinite, I, 369. Leontice leontopetalum, IX, 603. Leontodon taraxacum, WE, 15. Léopard, IV, 24. Lepidium campestre, UT, 627, 628. Lepidium sativum, WI, 622. Lépidomélane, [, 477. $7h TABLE GÉNÉRALE LépinoprÈres, IV, 186, 202. — diurnes, IV, 204. — crépusculaires, [V, 204. — nocturnes, IV, 204. Lepte rouget, IV, 226. LEPTOSPERMÉES, III, 247. Leptynite, 1, 502. Leucite, I, 478. Leucophane, I, 337. Leucostine, I, 502. Levisticum officinale, WI, 192. Levyne, I, 437. Lézard commun, IV. 138. * Liber, IL, 9. Libéthénite, I, 244. Libidibi, III, 368. Lichen d'Islande, IT, 74. — des murailles, Il, 77. — pixidé, Il, 77. — pulmonaire, Il, 76. — pustuleux, IL, 77. Lichen cocciferus, U, 77. — esculentus, H, 535, 556. — islandicus, Il, 74. — parellus, I, 79. — parielinus, K, 77. — pividatus, XE, 77. — plicatus, I, 77. — pulmonarius, Il, 76. — rangifera, IV, 68. — saæatilis, I, 77. — vulpinus, Il, 78. Licuens, Il, 73. Lichens tinctoriaux, I, 77. Liége, II, 275. Lierre commun, Il, 1483. — terrestre, Il, 432. Lièvre, IV, 26. Liévrite, I, 304. Lignaloé, IL, 491. Lignite, 1, 417. — fibreux, I, 119. — piciforme, 1, 118. — terreux, I, 119. Ligusticum levisticum, WI, 192. Lilas, IL, 532. Linracées, Il, 159. Lilium candidum, IX, 161. Limaces, IV, 295. Limacçon, IV, 295. Limandelle, IV, 163. Limandes, IV, 163. Lime douce, IIT, 575. Limettier, LT, 575. — bergamotier, II, 575. Limonier, IE, 573. Linaire, IT, 449. Linalué, IX, 494. Linaria vulgaris, I, 449. Lin cultivé, IT, 599. — fossile, [, 442. Liées, IL, 598. Lingue, IV, 165. Linottes, IV, 119. Linoufar, HI, 664. Linum usitatissinvum, IT, 599. Lion, IV, 24. Lippia citriodora, 1, 441. Liquidambar blane, IE, 293. — liquide, If, 292. — mou, II, 293. Liquidambar altingia, W, 292. — orientale, Il, 292, 294. — styraciflua, II, 292. Liriodendrine, III, 678. Liriodendron tulipifera, I, 678. Liroconite, I, 242. Lis blanc, Il, 164. — d’eau, IE, 664. — des étangs, IL, 664. — superbe, etc., IE, 160. Lit-Chi, UT, 545. Lithine, I, 452. Lithospermum tinctorium, IE, 474, 475. Litsæa zeylanica, Il, 374. Livèche, III, 192. LoasÉes, III, 246. Lobaria pulmonaria, IL, 76. Lobelia inflata, VX, 9. — laurentia, VI, 10. — syphilitica, IL, 10. LOBÉLIACGÉES, III, 8. Lobélie cardinale, ete., TEL, 9. — du Chili, I, 9. — syphilitique, II, 10. Loche d’étang, IV, 161. — franche, IV, 161. Loddu puttay, W, 409. LoGanTACÉES, II, 507. Loge, IT, 14. Loirs, IV, 26. Loligo, IV, 294. Loliwm temulentum, IE, 109. Lombric, IV, 238. LoNGIPENNES, IV, 124. # LonGIRosTRES, IV, 122. Lonicera caprifolium, HT, 479. Lophiodons, I, 14. LoPHoBRANCHES, IV, 157. LoranTHACÉES, LIL, 181. Loriots, IV, 118. Lorées, IIL, 296. Lotos sacré, ILT, 665. Lottes, IV, 162, 165, DES MATIÈRES. Loup, IV, 20. — doré, IV, 20. — de mer, IV, 158. Lucuma mammosa, I, 545. Lumachelle, I, 421. Lumbricusterrestris, IV, 238. Lupin, II, 352. Lupinus albus, I, 352; IV, 331. Lupuline, IE, 316. Lychnis githago, UL, 696, Lycium, IX, 371. Lycoperdon, I, 60. Lycopersicum esculentum, 1, 466. Lycopodiacées, IE, 95. Lycopode officinal, ibid. Lycopodium clavatum, W, 95. Lycoses, IV, 224. Lydienne, I, 502. Lymnées, IV, 297. Lynx, IV, 24. Lyres, IV, 118, 159. MI Maboobo, II, 219. Macaques, IV, 14. Mâche, IIL, 73. Machoiran, IV, 174. Macis, II, 387. Macle, I, 355. Maclura aurantiaca, , 308. — tinctoria, Il, 309. MAGRODACTYLES, IV, 123. Macrocnemum tinctoriwm, WA, 167. Madi du Chili, II, 55. Madia sativa, UE, 55. Madrépores, IV, 310. Magnésie, I, 386. — boratée, I, 392. — carbonatée anhydre, I, 390. — — silicifère, 1, 390. — — terreuse, I, 390. — fluo-phosphatée, I, 397. — fluo-silicatée, 1, 397. — hydratée, I, 389. — hydrocarbonatée, I, 391. — native, [, 386. — silicatée, [, 397. Magnésite, I, 402. Magnésium, 1, 386. Magnétisme, [, 77. Magnoc, II, 328. Magnolia glauca, WU, 678. — gracilis, II, 678. — grandifloræ, etc., HI, 678. MAGNOLIACÉES, ILE, 677. MaGwoLiées, III, 678. Magots, IV, 14, Maguey, Il, 185. Mahaleb, III, 292. Maïs, IE, 198. Makis, IV, 14. Malabathrum, I, 381. Malaccône, II, 28. Malachite, I, 248. Malacolite, I, 439. Malacon, I, 330. 375 MALACOPTÉRYGIENS ABDOMINAUX, IV, 157, 161. — APODES, IV, 157, 168. — SUBSACHIENS, IV, 162. — SUCEURS, IV, 181. Malambo, Il, 567. Malanea racemosa, UT, 176. Malaptérure électrique, IV, 177. Malherbe, II, 418. Malicorium, TI, 258. Malléabilité, I, 32. MALPiGHiACÉES, II, 542. Malt, III, 532. Malthe, I, 123. Malus acerba, TT, 269. — sativa, II, 269, Malva glabra, HI, 589. — rotundifolia, TE, 589. — silvestris, WT, 589. Mazvacées, III, 585. Mammea americana, I, 333. Mammey d'Amérique, IT, 552. MammirÈères, IV, 4. — onguiculés, IV, 7. — ongulés, IV, 8. — à sabot, IV, 7. Mammouth, 1, 16; IV, 44. Mancenillier, II, 325. Manchots, IV, 124. Mandelstein, 1, 495. Mandica, IE, 328. Mandiiba, I, 328. Mandragore, II, 459. Mandragora officinalis, , 459. Mandrills, IV, 14. Manganèse, I, 308. — bi-oxidé, [, 312. — — alcalifere, I, 314, — Carbonaté, I, 319. — et fer fluo-phosphatés, I, 316. — hydraté, I, 312, — oxidé, I, 310. — phosphaté,fl, 314. — silicaté, I, 320. — sulfuré, I, 309. — tantalaté, I, 317. — tungstaté, I, 316. 5176 TABLE GÉNÉRALE Mangifera doinestica, LL, 455. Maroute, IL, 50. — indica, WE, 455. Marronnier d'Inde, HI, 546. Mango, II, 455. Marrons cultivés, Il, 273. Mangostana cambogia, I, 556, 561. | Marrube blane, IL, 435. — morella, II, 556, 557. — noir, Il, 436. Mangoustan cultivé, ILE, 553. Marrubium vulgare, I, 435. — du Malabar, I, 554. Manrsupraux, IV, 8, 9, 41. Mangoustes, IV, 23. Marsouins, IV, 103. — de l'Inde, IV, 23. Marteau commun, IV, 306. — de Java, IV, 23. Martins, IV, 418. Mani, III, 562. Martins-pécheurs, IV, 119. Maniguette, II, 218. Marum, Il, 438. — (petite), IE, 222. Masang de vaca, IV, 90. — (grande) de Démérari, IL, 222. Massigno, I, 502. Manihot utilissima, I, 328. Massoy de la Nouvelle-Guinée, II, 383. Manioc ou manihot, I, 328. Mastic, TI, 47. Manne, II, 533. Mastodon angustidens, IV, 44, — d’Alhagi, IL, 534. Mastodontes, I, 16 ; IV, 44. — de Briançon, Il, 534. Maté, TT, 497.. — tombée du ciel, Il, 535, 355. Matias bark, NI, 568, Maquereaux, IV, 160. Matico, IV, 330. Maranta arundinacea, I, 223, Matricaire officinale, WI, 46. — galanga, WI, 202. Matricaria camomilla, VX, 47. — indica, II, 223. — parthenium, WE, 46. MaARanNTACÉES, IL, 199. Maubèches, IV, 123. Marathrum, WI, 210. Maurelle, II, 324. Marbre, 1, 420, 502. Mauve en arbre, IT, 591. — de Bergame, Ï, 413. — à feuilles rondes, III, 589. — bleu de Wurtemberg, I, 413. — sauvage, II, 589. — bleu turquin, I, 420. Méandrines, IV, 310. — brèche, I, 421. Mechoacan, II, 487. — campan, [, 421, 504. Meconium, WII, 650. — de Carrare, I, 421. Médicinier, II, 334. — cipolin, I, 420. — d'Espagne, Il, 335. — de Florence, I, 421. — multifide, Il, 335. — griotte, I, 421. — sauvage, II, 333. — jaune de Sienne, I, 421. Mégalosaure, I, 13. — de Languedoc, I, 421. Mégathérium, I, 16. — Jumachelle, I, 421. Méduses, IV, 309. — noir, I, 421. Méionite, L, 437, 479. — de Paros, I, 420. Melaleuca minor, WE, 256. — portor, I, 421. — leucadendron, I, 256. — ruiniforme, [, 421, Melampodiwm, UE, 690. — Sainte-Anne, I, 421. Mélanite, I, 361. — sarancolin, I, 421. Melanozylum brauna, W, 549 ; IL, 33. — vert antique, I, 504, MéÉLanTHACéES, Il, 150. Marceline, I, 311. Melanthicum, WE, 694. Marékanite, I, 502. Mélaphyre, I, 503. — opaque, |, 479. Mélas, IV, 24. Maringouins, IV, 217. Mélèze d'Europe, Il, 241. ‘ Marjolaine vivace, Il, 427. Melia azederach, NI, 538. — vulgaire, IE, 427. MéLracées, III, 537. Marmite de singe, III, 248. Mélilot des champs, IL, 335. s Marmolite, 1, 403. — officinal, IT, 335. Marmottes, IV, 26. : Melilotus arvensts, II, 335, Marne, I, 502. — officinalis, IE, 335. — argileuse, |, 18. Mélique bleue, II, 109. Melissa calamintha, 11, 429, — officinalis, IT, 429. Mélisse de Moldavie, LL, 435. — officinale, II, 429. Mellite, I, 343. Melocactus communis, II, 231, Mélochie, II, 584. Méloé de mai, IV, 191. — proscarabée, IV, 191. Meloe vesicatorius, IV, 187. Melon, III, 241. — d’eau, III, 241. Mélonide, II, 18. Mélongène, IL, 464. Mélyre vert, IV, 190. Ménakanite, I, 298. Ménianthe, II, 506. Ménilite, I, 102. MÉNISPERMACÉES, III, 668. Menispermum cocculus, UT, 673. — heteroclitum, TI, 673. Ménobranches, IV, 149. Mentha aquatica, I, 425. — arvensis, II, 425. — crispa, I, 425. — gentilis, II, 425. — hirsuta, 11, 495. — piperita, II, 424. — pulegium, I, 426. — rotundifolia, I, 424. — sativa, II, 425. — Sylvestris, Il, 424. — viridis, II, 424. Menthe aquatique, II, 425. — -baume, II, 425. — des champs, Il, 425. — -c0q, III, 46. — crépue, Il, 425. — cultivée, II, 425. — poivrée, II, 425. — -pouliot, Il, 426. — romaine, Il, 424. — ronde, II, 424. — sauvage, Il, 424. — velue, Il, 425. — verte, IL, 424. Mercure, I, 182. — (son extraction), I, 186. — argental, I, 182. — chloruré, I, 184. — sulfo-sélénié, I, 184. — sulfuré, [, 183. Mercuriale annuelle, II, 323. — vivace, II, 324. Mercuralis annua, X, 323. — perennis, II, 324. + Mère de girofle, IE, 252. DES MATIÈRES. gl sJ Méricarpe, Il, 25. Mérinos d’Espagne, LV, 76. Mérions, IV, 26. Merisier, UE, 291. — à grappes, ILE, 293. — de Virginie, IT, 293. Merlan, IV, 162. — noir, IV, 165. Merles, IV, 118. Merluche, IV, 162, 165. Mésanges, IV, 119. Mesembryanthemum cristallinum, 111 , 232. Mésocarpe, Il, 14. Mésole, 1, 437. Mésoline, !, 438. Mésolite, 1, 437. Mésotype, I, 478. Mespilodaphne preliosa, I], 372. Mespilus germanica, WI, 271. Messagers, IV, 117. Météorites, I, 270. Méthode de de Candolle, IE, 40, 42. — de Jussieu, IT, 35, 37. Méum, II, 197. Meum athamanticum, HI, 197. Mézéréon, IL, 359. Miargyrite, I, 175. Micas, I, 478, 479, 482. Micaschiste, I, 503. Michelia champacca, WE, 675, 678. — montana, IX, 678. — tsjampacca, WI, 314. Miel, IV, 198. Mikania quaco, I, 60. Milans, IV, 117. Mil-homens, 11, 350. Millefeuille, III, 47. Millepertuis, II, 569, Millepores, IV, 310. Mimophyre, J, 503. Mimosa arabica, I, 364. — cochliocarpos, IT, 306. — farnesiana, II, 366. — nilotica, HI, 361. — Senegal, II, 368. Mimosées, III, 300. Mimusops balata, IX, 543, — dissecta, I, 543. Mine d'acier, 1, 215. — d’étain blanche, L, 433, — de fer blanche, I, 285. — de plomb, 1, 109. Mirabilis dichotoma, I, 413. — jalapa, Il, 412, 484. — longiflora, , 412. Mite de la farine, IV, 226. 318 JABLE GÉNÉRALE Mite de la gale, IV, 229. — domestique, IV, 226. — rhomboïdale, IV, 227. Mites, IV, 225. Mithridate mustard, TI, 628. Moelle, IT, 10. — de Cuba, Il, 309, Mohica, Il, 544. Moineaux, IV, 119. Molasse, I, 503. Molène, II, 450. Molesse, 1, 32. Molinia cœrulea, II, 109. MozLuscoïpes, IV, 297. MoLLusQues, IV, 3, 286, — ACÉPHALES, IV, 288, 297. — BRACHIOPODES, IV, 288. — CÉPHALOPODES, IV, 288. — GASTÉROPODES, IV, 288. — PTÉROPODES, IV, 288. Molybdène oxidé, I, 224. — sulfuré, I, 223. Mombin, III, 456. Momordica elaterium, II, 238. Monazite, 1, 323, Monesia, IT, 544. Mongorium sambac, LE, 581. Monotrèmes, IV, 42. Monstera pertusa, IL, 104. Montain-tea, II, 4. Morées, IH, 299. Morelle noire, Il, 462. Morgeline, II, 419. Moringa aptera, II, 358. — disperma, WE, 360 ; IV, 331. — plerigosperma, TI, 357. MoriNGéEs, III, 299. Moronobea coccinea, NI, 562. Morphil végétal, IH, 150: Morpion, IV, 221. Morrhua vulgaris, IV, 163. Morses, IV, 24. Morue, IV, 162. — franche, IV, 163. — longue, IV, 165. Morus nigra, 11, 307. — papyrifera, Il, 308. — tinctoriay I, 309. Morvénite, 1, 450. Mosasaurus, I, 13. Moschus moschiferus, IV, 54. Motelles, IV, 162. Mouche domestique, IV, 217. Moucherolles, IV, 118. Mouflon de Corse, IV, 76: Moule commune, IV, 307. — des peintres, IV, 306. Moules, IV, 306. Mouron bleu, II, 419. — des oiseaux, Il, 419. Moussache, II, 329. — des Barbades, II, 225. Mousse de Ceylan, IL, 55. — de Corse, II, 52. —- d'Irlande, II, 54. — perlée, 257 — de Jafna, IT, 53. | Moustiques, IV, 217. Mou-tan, IT, 702. Moût de raisin, III, 527. Moutarde blanche, INT, 633. — noire, III, 632. — sauvage, IIT, 634. Moutons, IV, 76. — domestiques, IV, 77. Moutouchi, IT, 322. — suberosus, HI, 322. Moxa, III, 45: Mozambrum, I, 167. Mucuna pruricus, IE, 355. Mudar, X, 521. Mufle de veau, II, 449. Muflier des jardins, IE, 449. Muguet, II, 171. Mulet, IV, 50. Mulette du Rhin, IV, 306. Mullérine, I, 167. Mulle barbu, IV, 159. Mulles, IV, 158. Mullus barbatus, IV, 159. — surmuletus, IV, 159. Mundubi, TT, 355: Mungo, IV, 23. Murenes, IV, 170. Murex, IV, 297. Muriate d'ammoniaque, I, 490. Mürier blane, II, 308. — noir, Il, 307. — à papier, II, 308. Musa paradisiaca, IE, 197. — sapientium, I1,°197. Musacées, IT, 197. Musaraignes, IV, 16. Musc d’Assam, IV, 59. — du Bengale, IV, 60. — de Chine, IV, 57. — de Sibérie, IV, 61, — falsifié, IV, 62. —en-poche, [VS 61% — en vessie, IV, 62. — hors vessie, IV, 62. — kabardin, IV, 61. — tonquin, IV, 59. Muscade de Cayenne, II, 389. DES MATIÈRES, 379 Muscade des NE 11, 387. N — longue, II, 389. | — sauvage, Il, 389. : Nacascol, IE, 368. Muscadier aromatique, Il, 387. Nacre bâtarde, IV, 304. Muséines, IV, 26. — noire de Californie, IV, 305. Musimon, IV, 76. — de Nankin, IV, 304. Musophages, IV, 120. — de perle, IV, 302. Mussænda landia, WE, 167. — vraie de Ceylan, IV, 303. Mygale aviculaire, IV, 223. Nacrite, I, 478, 479. . Mylabre de la chicorée, IV, 191. Nadelerz, 1, 192, 208. Myriarones, IV, 222. Nagelflue, X, 508. Myrica cerifera, W, 269. Naïdes, IV, 238. — gale, II, 269. Naja, I, 513. — pensylvanica, I, 269. — tripudians, IV, 148, Myricées, Il, 268. Najas, IV, 148. Myricine, IV, 202. Nandhirobe, IT, 242. MYRISTAGÉES, Il, 387. Napel, IIL, 700. Myristica aromatica, W, 388. Naphte, I, 424. : — dactyloides, Il, 389. Narcisse des prés, Il, 189. — fatua, II, 389.- Narcissus jonquilla, I, 189. — moschata, I, 387. — odorus, If, 189. — officinalis, II, 387. — poeticus, II, 189. — sebifera, I, 390. — pseudo-narcissus, IL, 189. — tomentosa, I, 389. Nard celtique, II, 66. Myrmica, IV, 195. — de Crète, IT, 66. Myrobalan bellérie, 1 Ill, 563. — du Dauphiné, II, 72. — Chébule, IT, — du Gange, III, 70. — citrin, II, PE — foliacé de l’Inde, HE, 72. — d'Amérique, IL, 265. — indien, IE, 67. — d'Egypte, II, 265. — jatamansi, IL, 69. — emblic, Il, 340. — radicant, IT, 70. — indien, III, 263. — sauvage, Il, 352. Myrobolans, III, 260. Nardostachys jatamansi, WI, 69. Myrosine, III, 636. — grandiflora, UE, 71. Myrospermum balsamiferum, IV, 333. | Narval, IV, 103. — de Son Sonaté, IV, 334. Nasturtium officinale, UE, 621. — frutescens, IL, 435 ; IV, 332. — sylvestre, IT, 622. — pedicellatum, WI, 436; IV, 332. Natron, I, 461. — peruiferum, XI, 131, 436, 437. Natrospodumen, [, 487. — pubescens, IE, 437; IV, 332. Nauclea gambir, UE, 376. — toluiferum, WI, 438 ; IV, 333. Nautile, IV, 292. Myroxocarpine, IV, 335. Nautilus pompilius, IV, 292: Myroxylum peruiferum, IV, 332, 333. | Navet, III, 631. — pubescens, III, 437; IV, 332! Navette, III, 634, 634. — toluiferum, II, 438. Naypaul Cupur, IV, 91. Myrrha aminnea, I, 424. Nebneb, II, 3614. Myrrhe, II, 469. Nectandra cymbarum, 11, 368. — de l'Inde, LE, 472. — puchury major, IL, 368. Myrrhis odorata, IH, 200. — Rodei, I, 369. Myrracées, II, 246. Nèfles de Maurice, IH, 247. Myrte bâtard, II, 269. Néflier, III, 271. MyrrTées, III, 247. NéLuMBIACÉES, IL, 665. Myrtus acris, XL, 254. Nelumbium speciosum, IH, 665. — communis, IE, 249. Nelumbo nucifera, HE, 665. — pimentoides, HE, 254, Némate, I, 504. Mysorine, I, 247. NÉMATOÏIDES, IV, 279. Mytilus edulis, IN, 307. Nénuphar blanc, III, 688. 380 Néoctese, 1, 294. Néoplase, I, 288. Nepela cataria, WI, 434. — glechoma II, 434. Néphéline, I, 477. Néphélis octoculée, IV, 240. — tessulala, IV, 240. — vulgaris, IV, 240. Néphrite, I, 405. Nephrodium filix-mas, I, 85. Nerium antidysentericum, I, 525. — oleander, Il, 525. — tinctorium, I, 445. Néroli, IT, 579. Nerprun, III, 494. — des teinturiers, IL, 495. NÉvVROPTÈRES, IV, 186. Nickel (son extraction), I, 260. — antimonial, E, 256. — arsenical, I, 255. — arséniaté, I, 259. — arsénité, I, 259. — bi-arséniuré, I, 256. — glanz, [, 257. — gris, [, 257. — hydro-silicaté, [, 260. — natif, 1, 257. — sulfo-antimonié, EL, 258. — sulfo-arséniuré, [, 257. — sulfuré, I, 257. Nickeline, 1, 255. Nicotiane, If, 452. Nicotiana tabacum, H, 452. — rustica, 11, 452. Nicotine, I, 453. Nids de salangane, Il, 56. Nielle, IIT, 694. — des blés, II, 696. — fausse, IT, 696. Nigella arvensis, II, 694. — damascena, NX, 695. — sativa, II, 695. Nigellastrum, II, 696. Nigelle cultivée, IIE, 695. — des champs, IE, 694. — de damas, II, 695. — fausse, IT, 696. — romaine, IL, 695. Nigrine, I, 298. Niloufar, IT, 664. Nitrate de magnésie, |, 387. Nitre, I, 468. — cubique, I, 464. Noir animal, IV, 83. — de fumée, IE, 257. — d'ivoire, IV, 43. — d'os, IV, 83. TABLE GÉNÉRALE Noisette purgative, Il, 335. Noisetier, IL, 271. Noix d’acajou, IIT, 452. — de Bancoul, II, 338. — de cyprès, II, 232. — de galle, IL, 276. — de girofles, Il, 371. — igasur, II, 509. — des Moluques, II, 338. — pacanes, Il, 288. — de palmier, II, 150. — de ravendsara, II, 371. — de sassafras, Il, 366. — de serpent, II, 243. Nontronite, [, 303. NororizÉes, III, 619. Noyer commun, II, 288. — de la Guadeloupe, II, 310. Nuculaine, IT, 18. Nummulites, IV, 293. Nunnari, I, 521. Nunnari-vayr, I, 186. Nuphar lutea, WE, 664. NyYcTAGYNÉES, II, 411. Nylgau, IV, 72. Nymphœa alba, NI, 663. — cœrulea, UT, 664. — lotus, II, 664. — lutea, WI, 664. — nelumbo, I, 665. Nymphe, IV, 184. NYMPHÉACÉES, III, 661. Obsidienne, I, 479, 404. Ocelot, IV, 24. Ochroma Lagopus, HI, 592. Ochrosia borbonica, IL, 525. Ocimum basilicum, 1, 422. Ocotea cymbarum, 1, 365, 368. — pichurim, Il, 367. Ocre, I, 504. — jaune, [, 374. Octaëdre aigu, I, 44. — obtus, I, 44, 45. — régulier, etc., I, 43. Octopus moschatus, IV, 290. — vulgaris, IV, 290. Ocuje, HI, 563. Oculina virginea, IV, 314. Oculine, IV, 314. Œil de bourrique, IE, 354. OEillet rouge, IE, 600. Œnanthe crocata, IE, 217. | — fistulosa, II, 216. je peucedanifolia, WI, 218. DES MATIÈRES. 381 Œnanthe phellandrium, WI, 216. Opium, IIE, 649. — pimpineloides, HE, 217. — de l'Algérie, III, 660. OEnanthe à feuille de pimprenelle, IN, | — de Bénarès, III, 658. 217. — de Constantinople, LI, 654, 653. — fistuleuse, IE, 216. — d'Egypte, I, 655. — safranée, III, 217. — de l'Inde, IE, 657: OEstre, IV, 218. — de Malwa, IT, 657. — du bœuf, IV, 218. — de Patna, III, 658. — du cheval, IV, 218. — de Perse, IT, 656. — hémorrhoïdal, IV, 218. — de Smyrne, IIL, 652. — du mouton, IV, 218. — falsifié, IT, 660. Œstrus, IV, 218. — indigène, II, 659. OEufs de poule, IV, 127. Opobalsamum, IE, 464. Oignon, II, 163. Opopanax, III, 229. Oisanite, I, 221. Opoponax chironium, IE, 229. Oiseaux, IV, 113. Opuntia cochinillifera, NE, 231. — -mouches, IV, 119. Or blanc, I, 140. — de Paradis, IV, 119, 126. — de chat, I, 483. — de proie, IV, 117. -— graphique, I, 140, 166. — — diurnes, IV, 117. — de Nagyag, I, 167. — — nocturnes, IV, 117. — natif, 1, 160. Olampi, IT, 432. — palladié, I, 166. Oldenlandia umbellata, I, 77. — problématique, E, 140, Olea europæa, 1, 535. — telluré, I, 166. — fragrans, UE, 58. Orang-outang, IV, 114. OLÉaAcées, Il, 530. Orange amère, I, 577. Oleo-résine de copahu, IIE, 432. Orangettes, III, 576. Oliban d’Afrique, IIL, 473. Oranger (feuilles d’), IE, 576. — de l'Inde, HI, 474. — (fleurs d’), IL, 576. Oligodons, IV, 141. — vrai, HI, 577. Oligoklase, 1, 479, 487. Orcanette, II, 474. Olivenite, 1, 241. Orcéine, orcine, Il, 80.” Olives et olivier, Il, 535. Orchidées, II, 225. Olives, IV, 297. Orchis mascula, etc., Il, 226. Olivine, I, 397, 398. Oreille d'homme, IE, 352. OuseLirÈres, III, 288. — d'ours, Il, 419, Ombilic, IL, 28. Orelha de onça, I, 672. Ombrettes, IV, 122. Orfraies, IV, 195. Onagga, IV, 51. Orge, II, 125. Ondatras, IV, 26, 37. — mondé, 11, 126. Oniscus armadillo, IV, 236. — perlé, IH, 126. — asellus, IV, 236. Origan de Tournefort, II, 428. — murarius, IV, 236. — vulgaire, IE, 427. Ononis spinosa, II, 301. Origanum dictamnus, I, 497. Onopordon acanthium, I, 19. — majorana, IT, 427. Onosma echioides, I, 475. — majoranoides, IL, 427. Onyx, I, 99. — Tournefortii, I, 428. Opale, I, 101. — vulgare, Il, 427. Opercule, IE, 15. Oriza sativa, If, 127. Ophelia chirata, , 504. Orme champêtre, I, 298. Ophicalce, I, 504. — fauve d'Amérique, I, 299. OPuipiens, IV, 138. Ornithorhynques, IV, 42. Ophiolite, I, 504. Oronge fausse, II, 64. Ophiorhiza mungos, IV, 23, 148. — vraie, Il, 64. Ophioxylum serpentinum, IV, 23. Orpiment, 1, 143 Ophite, I, 504. — faux, I, 146. Ophris anthropophora, I, 226. Orpin, IT, 234. 382 TABLE GÉNÉRALE Orseille des Canaries, LE, 78. — de mer, II, 78. — deterre, II, 78. Orthite, 1, 324. ORTHOPLOCÉES, III, 620. ORTHOPTÈRES, IV, 186. Orthose, I, 479, 485. Ortie blanche, LL, 437. — brülante, II, 312. — dioïque, II, 312. — grièche, II, 312. Orvale, IL, 432. Orvets, IV, 138. Oryctères, IV, 26. Os marsupiaux, IV, 41. — de sèche, IV, 294, Oseille, II, 393. Osier blanc, Il, 296. — rouge, Il, 296. OsTRACÉS , IV, 298. OsTrAPODES, IV, 232. Ostrea edulis, IV, 300. — malleus, LV, 306. Osyris alba, II, 352. Ouattapana, HI, 368. Ou-pei-tse, III, 704. Ou-poey-tse, III, 462. Ouisitis, IV, 14. Ours brun, IV, 47. — blanc, IV, 18. Oursins, IV, 309. Outardes, IV, 122: Outremer, 1, 477, 480. Ouvwarovité, I, 362. Ovaire, IL, 12. Ovis ammon, IV, T6. — musimon, IV, 76. Oxalide crénelé, HI, 518. OxaLidées, III, 518. Oxalis acetosella, IX, 518. — crenala, HI, 518. Oxavérite, 1, 437. Oxicoccus palustris, HE, 8. Oxide d’antimoine sulfuré, L, 452. — noir de Manganese, 1, 3142. Oxleya xanthoæyla, WE, 544. Oxure mangano-manganique, 1, 310. — manganique, I, 311. Oxvyunes, IV, 281. Oxyuris vermicularis, IV, 281. Ozokérite, 1, 125. Pr PACHYDERMES, IV, 8, 4 42. — ordinaires, IV, 44. — solipèdes, IV, 48, Pœonia corallina, UE, 702. — moutan, IH, 7092, — officinalis, IX, 703. — papaveracea, HI, 702. — peregrina, ete, IE, 703. Pxoniées, III, 685. | Pagodite de Nagyag, I, 477. — de Chine, I, 478. Paille-en-queue, IV, 124. Pain de coucou, III, 518. — de pourceau, II, 419. Palæothériums, I, 14. Palatouches, IV, 26. Palissandre, III, 323. Palladium, I, 159. Palma Christi, I, 330: Palmiers, Il, 136. Palmier avoira, IE, 140. Palmipèdes, IV, 128. Palo matras, WU, 568. Paludines, IV, 297. Panabase, I, 235. Panaces heracleum, HI, 229. Panacoco, IL, 330, 331. Panais, III, 190. Panax quinquefolium, HI, 186. Pangolin primitif, 1, 16. Pangolins, IV, 40. Panicaut, IT, 198. — de mer, LIT, 199. Panicum dactylon, Il, 110. Panthère, IV, 24. Pao de aguila, UK, 314. — d'arco, I, 500. — Pereira, I, 523. — piquante, II, 681. Paon de nuit (grand), IV, 204. Paons, IV, 126. Papaver album, WI, 643. bracteatum, KE, 649. — nigrum, WE, 647. — orientale, II, 649. — rhœæas, II, 648. — somniferum, Il, 643. PAPAvÉRAGÉES, Il, 640. PaApayACÉES, ILE, 245. Papayer commun, III, 246. PAPILLONACÉES, III, 295. Papyrus, IL, 107. Pâquerette, IIL, 58. Paradisea apoda, IV, 426. — magnifica, IV, 126. — rubra, IV, 126. Paragatan, II, 167. Parallélipipède, [, 41, Paranthine, I, 437. Paratudo, IE, 523, DES MATIÈRES. 383 PÉpiPaLrEs, IV, 224, Péganite, I, 346. Pegmatite, I, 505. Pélagies, IV, 309. Pelargonium capitatum, I, 277. — fragrans, I, 524. — odoralissimum, HI, 277, 521. — roseum, II, 277, 524. — zonale, IE, 524. Pélicans, IV, 124, 195. Pelicanus onocrotalus, IV, 495: — carbo, IV, 195. 1 Pelletierite, 1, 4314. pri Paratudo amer, IL, 524. — aromatique, Il, 567. Pareira brava, WI, 671. Parelle, II, 392. — d'Auvergne, II, 79. Parenchyme, IE, 2. Paresseux, IV, 39. Pariétaire, parietaria, I, 313. Parigline, Il, 183. Pari parobo, II, 267. Parmacelles, IV, 295. Parmelia esculenta, 11, 556, — parietina, I, 77. — saxatilis, I, 77. Partridge-berry, MI, 4. Partridge-wood, II, 332. Pas-d’âne, II, 58. Paspalum dactylon, W, 110. PASSEREAUX, IV, 118. Passe-rose, III, 588. PASSIFLORÉES, III, 245. Pastel, III, 446. — des teinturiers, IN, 628. Pastenagues, IV, 177. Pastèque, HI, 241. Pastinaca opoponaæ, WI, 229. — sativa, TI, 190, Pastisson, III, 242. Pau de sangue, WT, 378. Paullinia cururu, Ni, 546. — pinrala, II, 546. — sorbilis, III, 546. Patate purgative, Il, 488. Patchouly, IL, 423. Patience sauvage, II, 392. Pavia rouge, III, 548. Pavot blanc, III, 643. — à graine noire, II, 660. — Cornu, HI, 642, — d'Arménie, IH, 646. — déprimé, IN, 645. — d'Orient, III, 649. — noir, II, 647. — pourpre, II, 660. — rouge, III, 648, Peau d’aiguillat, IV, 180. — de chien de mer, IV, 179. — de leiche, IV, 179. — de requin, IV, 178. — de roussette mouchetée, IV, 178. — de sagre, IV, 180. — de séphen, IV, 180. Pechblende, 1, 295. Pechstein, 1, 505, 510. Péchurane, 1, 2925. Péchurim, Il, 366, Pectolite, F, 477. Pélopium, I, 218. Pelote de mer, IV, 94. Penœa sarcocolla, IX, 541. Pennine, 1, 409. Pensée cultivée, ITE, 611. — sauvage, ILE, 610. Pen--tsao, IL, 462. Pépérine, I, 505. Peramèles, IV, 42. Perca fluviatilis, IV, 158, Perche, IV, 158. Perches, IV, 1455. Perdrix, IV, 120. Péricarpe, IL, 44. Périclase, I, 389. Péricline, 1, 479. Péridot, [, 397. — calcaire, I, 398. — ferreux, I, 398. — hydraté, IL, 399. — manganésien, 1, 398. Périphéride, II, 27. Periploca indica, IL, 186. — mauritiana, TI, 90. Périsperme, IE, 29. Perles, IV, 302, 305. Perlite, 1, 479, 505. Perlon, IV, 159. Perlstein, 1, 505. Perroquets, IV, 120. Persea gralissima, I, 372. Persil cultivé, IF, 204. — de Macédoine, IIE, 219. — des marais, III, 216. Pervenche, Il, 526. Pesanteur spécifique, E, 67. Pesse, IL, 240. Pétalite, I, 453. Pétiole, Il, 41. Petite centaurée de l'Amérique, I, 504, Petit chêne, IF, 438. Petit-grain, IE, 576. Petit houx, II, 172. Petit-lait, IV, 84, 38h TABLE GÉNÉRALE Petit pignon d'Inde, II, 335. Petiveria alliacea, 11, 413. — telrandra, I, 413. Pétrelles, IV, 124. Pétrole, [, 123. Petromizon marinus, IV, 181. Petroselinum sativum, II, 204. Pétrosilex, [, 479, 488. Pétunzé, I, 486, 505. Pencedanum ostruthium, WA, 196. Peuplier blanc, II, 298. — d'Italie, etc., II, 297. Phakolite, I, 437, 438. Phalangers, IV, 42. Phalangites, IV, 295. Phalène, IV, 204. Pharbitis hispida, WW, 477. Pharmacolite, 1, 431. Pharmacosidérite, 1, 293. Phascolomes, IV, 42. PHaASÉOLÉEs, IIL, 298. Phaseolus vulgaris, I, 353. Phellandrie aquatique, IE, 216. Phellandrium aquatium, WI, 216. Phénakite, 1, 334. Phillipsite, 1, 233. Phitecollobium avaremotemo, WF, 306. Phlorizine, IT, 269. Phœnix dactylifera, I, 137. Pholérite, 1, 369. Phonolite, I, 502, 506. Phoques, IV, 24. Phormium tenax, XI, 160. Phosphate ammoniaco - magnésien, [, 493. Phosphore de Bologne, I, 449. Phosphorite, 1, 430. - Phrines, IV, 224. Phtanite, I, 506. Phtora, II, 699. Phu, IL, 66. Phyllade, I, 506. Phyllanthus emblica, IL, 340. PayLzrorones, IV, 232. Physalis alkekengi, 1, 467. Physalles, IV, 309. Physcia islandica, W, T4. Physsophores, IV, 309. Phytelephas macrocarpa, U, 150. Phytolacca decandra, I, 412. PayTOLACCACÉES, Il, 411. Picaud, IV, 163. Picrœæna excelsa, HI, 16. Ficrolite de Taberg, I, 405. Picropharmacolite, 1, 432. Pics, IV, 120, 336. Pictite, 1, 434. Pied-d’alouette, III, 697. Pied-de-chat, III, 33. Pied-de-griffon, HI, 692. Pied-de-veau, Il, 101. Pies grièches, IV, 118. Pierre à bâtir de Paris, 1, 423. — à dresser, I, 509, — à faux, 1, 509. — à rasoir, I, 511. — d'asperge, I, 429. — de Bologne, I, 449. — de bugie, IV, 94. — de croix, I, 356. — de Goa, IV, 98. — de Labrador, 1, 487. — de lune, I, 505. — de Malacca, IV, 96. — de Marmarosch, [, 430. — de porc, IV, 94, 96. — de porc-épic, IV, 96. — de serpent, IV, 94. — de singe, IV, 94. — de touche, [, 164, 506. — hématite, I, 283. — lithographique, I, 422. — lydienne, J, 506. — meulière, [, 100. — ollaire, [, 404, 504. — pesante, I, 433. — d’écrevisse, IV, 235, Pigeons, IV, 121. Pignon des Barbades, 11, 334. — d'Inde, II, 334. Pilori, IV, 38. Pimélite, I, 260. Piment de Cayenne, Il, 467. — couronné, IE, 254. — de l’île Maurice, IL, 468. — de la Jamaïque, IT, 252. — des jardins, IE, 467. — royal, I, 269. — Tabago, HI, 254. Pimpinella anisum, II, 206. — magna, NI, 207. — saxifraga, II, 207. Pimprenelle commune, II, 279, — (petite), III, 278. — d'Italie, IL, 279. — des montagnes, III, 279. Pin austral, II, 238. — cembro, II, 238. — de Corse, II, 237. — laricio, II, 237. — maritime, II, 237. — à pignons, Il, 237. — sauvage, Il, 236. — de Weymouth, II, 238. DES MATIÈRES. 389 Pindaiba, Ii, 677. Pingouins, IV, 124. Pinguit de Wolkenstein, I, 302. Pinite d'Auvergne, I, 478. — de Saxe, 1, 356. Pinna nobilis, IV, 306. Pinne noble, IV, 306. Pinus abies, II, 240. — australis, II, 238. — balsamea, I, 240. — canadensis, Il, 240. — cembro, II, 238. — laricio, Il, 237. — marilima, IL, 237. — picea, I, 239. — pinea, Il, 237. — rigida, Il, 238. — Sstrobus, Il, 238. — sylvestris, IL, 236. Pinsons, IV, 119. Pintades, IV, 120. Pintadine, IV, 306. Pintadina margaritifera, IV, 302. Pipe-Camboge, II, 558. Piper angustifolium, IV, 330. — belel, Il, 267. — cubeba, IT, 265; IV, 329. — elongatum, IV, 330. — longum, Il, 266; IV, 329. — methysticum, IL, 267. — nigrum, Il, 263; IV, 329. — umbellatum, I, 267. PIPÉRITÉES, Il, 262. Pipi (racine de), II, 413. Piptostegia Pisonis, II, 488. Piqueriatrinervia, TT, 60. Piratinera guianensis, Il, 311. Piretro, II, 196. Piscicole, IV, 233. Pisselæon, II, 256. Pissenlit, III, 15. Pistache de terre, IL, 355. Pistaches, pistachier, III, 456. Pistacia atlantica, III, 458. — lentiscus, IL, 457. — terebinthus, TII, 458, — vera, II, 456. Pistil, II, 12. Pisum sativum, II, 353. Pivoine, II, 701. — en arbre, IT, 702, — femelle, III, 703. — mâle, If, 702. Pixide, II, 24. Placentaire, II, 15. Plagionite, I, 192, 194. PLANARIÉES, IV, 279, IV. | Plane, Ili, 551. | Planériens, IV, 239. Planorbes, IV, 297. PLANTAGINÉES, IL, 414. | Plantago arenaria, WU, 415. = lanceolata, W, 4153. |— major, I, 414, — media, NH, 415. | — psyllium, 11, 415. | Plantain, Il, 414. | PLANTIGRADES, IV, 17. Platanées, II, 291. | Platesia flesus, IV, 163. | — limanda, IV, 163. — platessa, IV, 163. i— pola, IV, 163. ! Platine, [, 154. Platinides, I, 153. | Plâtre, I, 413. | Platyceros, IV, 68. Plectonathes, IV, 157. Pléonaste, I, 396. Plésiosaures, 1, 13. PLEURONECTES, IV, 162. PLEURORHIZÉES, III, 619. Pleurotomes, IV, 297. Plie franche, IV, 163. Plomb (son extraction), 1, 191. — antimonité, I, 187. — arséniaté, I, 200. — carbonaté, 1, 202. — Chloro-carbonaté, I 204. — chloro-arséniaté, I, 200. — chloro-phosphaté, I, 200. — chloruré, I, 204. — chromaté, I, 198. — chromé, I, 199. — corné, I, 204. — gomme, I, 205. | — hydro-aluminaté, I, 205. | — jaune de Carinthie, 1, 197. — molybdaté, I, 197. :— muriaté, I, 204. — natif, I, 187. — oxidé, I, 196. — phosphaté, I, 200. — rouge de Sibérie, 1, 198. — sélénié, I, 188. — — cuprifère, 1, 189. :— — hydrargyrifere, 1, 188. !— sélénité, I, 187. i — sulfaté, I, 201. — sulfo-arsénié, I, 191. — sulfuré, I, 189. |— — antimonifère, 1, 191. {— — bismuthi-argentifère, 1, 192. — — bismuthi-cuprifère, 1, 192. 25 386 TABLE GÉNÉRALE | Plomb sulfuré stibio-argentifère, L, 192. | Polygonum tinctorium , WA, 146. _— — stibio-cuprifère, 1, 192. — telluré, I, 188. — — aurifère, I, 168. — tungstaté, I, 197. — vanadaté, I, 197. Plombagine, I, 109. PLOMBAGINÉES, Il, 415. Plombago europæa, I, 417. Plongeons, IV, 124. Plongeurs, IV, 125. Plumule, Il, 29. Pluviers, IV, 122. Podosperme, II, 28. Pogostemon patchouly, IE, 424. Poireau, II, 162. Poirée, II, 406. Poiriers, IL, 268. Pois à gratter, II, 354. — cultivé, I, 353. — pouilleux, IX, 354. — (petit), I, 355. Poissons, IV, 154. _— CARTILAGINEUX, IV, 171. — prATS, IV, 162: — voanTs, IV, 159. Poivre à queue, II, 265; IV, 329. — bétel, Il, 267. — blanc, Il, 264. — cubèbe, II, 265; IV, 329. — d Éthiopie, I, 675, 676. — de la Jamaïque, TH, 252. — Jong, IL, 266 ; IV, 329. — de Thévet, II, 254. — noir, Il, 263. Poix blanche, Il, 249. — de Bourgogne, Il, 249. — de houille, I, 257. — jaune, Il, 249. — minérale, I, 123. — noire, I, 256. — résine, II, 255. — des Vosges, II, 249. Polanisia graveolens, M, 617. Pole, IV, 163. Pollen, Il, 12. Polyanthes tuberosa, I, 160. Polybalite, [, 175. Polycrase, 1, 327. Polygala amer, II, 606. — senega, HI, 604. — de Virginie, IT, 604. — vulgaire, II, 606. PorxeALées, II, 603. Polygonatum vulgare, A, 172. PoLyconées, Il, 390. Polygonum bistorta, I, 391. Polyhalite, 1, 460. Polymignite, 1, 327. Pocyres, IV, 309. Polypes à bras, IV, 311. _— d’eau douce, IV, 311. Polypier, IV, 309. | Polypode commun, Il, 86. — de chêne, IT, 86. Polypodium calaguala, KE, 87. — crassifolium, I, 87. — filix-mas, I, 85. — vulgare, I, 86. Polypore, polyporus, IL, 65. Polypore amadouvier, I, 65. — du mélèze, Il, 64. — ongulé, Il, 65. ; Polyporus dryadeus, I, 66. — fomentarius, I, 65. — igniarius, WE, G5. — laricis, Il, 64. — officinalis, Il, 64. Polyrrhizos, I, 346. Polysiphonia atro-rubescens, WE, 48. Pomacées, Il, 266, 267. Pombalia ipecacuanha, I, 87. Pombdelles, IV, 253. Pomme d'Adam, III, 576. — d'amour, L, 463, 466. — de chêne, II, 284. — de Perse, IL, 572. — de Médie, IE, 572. — de terre, Il, 464. — épineuse, IE, 455. Pommier, III, 268. — à cidre, HE, 269. Pompoléon, II, 576. Ponce, I, 479, 507. Poncires, IL, 573. Populine, Il, 298. Populus alba, IE, 298. — balsamifera, H1, 482. — fastigiata, I, 298. — nigra, etc., Il, 298. Porc, IV, 46. Porc-épic, IV, 26. Porcelaines, IV, 297. Pores corticaux, Il, 5. Porliera hygrometrica, WE, 505. Porphyre, 1, 507. —.noir,.L, 503. __ orbiculaire de Corse, 1, 510. — vert, 1, 504: RP, Porte-muse, IV, 54. Portulaca oleracea, MX, 235. Portulacées, IT, 235. Potasse nitratée, I, 468. DES MATIÈRES. 387 Potasse silicatéé, 1, 477. — sulfatée, I, 472. Potassium, chloruré, I, 468. Potentilla anserina, UI, 281. — reptans, I, 281. — tormentilla, XII, 281. Poterium sanguisorba, HI, 278. Potiron, IlT, 241. Potoroos, IV, 42. Poudingue calcaire, 1, 499, Poudingues, I, 508. — porphyroïdes, I, 503. Pou de la tête, IV, 220. — du corps humain, IV, 221. — du pubis, IV, 221. Pouliot de montagne, Il, 439. Pouliot vulgaire, Il, 426. Poulpe musqué, IV, 290. Poulpés, IV, 290. Pourpier cultivé, III, 235, Pouzzolané, 1, 508. Poya do mato, II, 79. Prase, [, 99. Prehnite, I, 437. Prêle, IL, 99. PRESSIROSTRES, IV, 122. Prickley-ash, U, 513. Primevère, Il, 419. Primula veris, IL, 419. PrimuLacées, II, 418. Prisme droit à base carrée, I, 41. — — à base rectangle, I, 42. — — rhomboïdal, I, 42. — hexaèdre, I, 45. — quadrangulaire oblique, I, 42. PRrOBOSCIDIENS, IV, 42. Propolis, IV, 198. Prosopis horrida, II, 369. — siliquastrum, IX, 369. Protées, IV, 149. Protogyne, I, 509. Proustite, I, 172. Prune d'Amérique, 11, 265. Pruneaux, IIT, 290. Prunellier, III, 290. Pruuier cultivé, II, 290. — d'Espague, LI, 456. — épineux, IT, 290. — _mombin, I, 456. — sauvage, II, 290. Prunus armeniaca, IX, 289. — domestica, III, 290. — insililia, IT, 290. — lauro-cerasus, HF, 293. — spinosa, II, 290 371. Psammite, I, 509. Psaturose, 1, 174, Pséphite, 1, 509. Pseudo-albite, I, 478. Pseudobdella nigra, IV, 243. Pseudocarpe, IL, 28. Psilomélane, [, 311. Psylle, IV,-214° Psyllium, IL, 415. Plarmica herba-rota, LL, 45. — moschala, UE, 44. — nana, U, 45. Ptarmica vulgaris, TI, 48. Pterocarpus angolensis, II, 324. — draco, I, 321. — erinaceus, II, 378, 394; IV, 331. — indicus, IE, 319. — marsupium, II, 399. — santalinoides, IT, 321. — santalinus, II, 319. — suberosus, II, 322, Ptérodactyle (fig. 3), I, 14. Pierygium coslalum, IX, 385. Ptycholis fœniculifolia, HI, 205. — werlicillata, HI, 205. Puce commuue, IV, 219. Puces, IV, 219. "| Puceron, IV, 211. Pudingsione, 1, 508. Pulassari, I, 525. Pulex, IV, 219. — penetrans, IV, 220. Pulmonaire officinale, 11, 474. Pulmonaria officinalis, I, 471. Pulsatille, IT, 688. Pumite, I, 507. Punaise d’eau, 1V, 210. — des lits, IV, 210. Punica granalum, M, 257. Purple-wood, WI, 322. Purree, IV, 92. Purreon, IV, 92. Pycnite, I, 350. Pyrale de la vigne, IV, 204. Pyrèthre, III, 50. Pyrethrum germanicum, WI, #1. — parthenium, WE, 46. — lanacelum, WI, 46. Pyrite arsenicale, I, 278. — blanche, I, 276. — capillaire, 1, 257. — commune, Ï, 272. — cuivreuse, 1, 232. — jaune, 1, 272. — magnétique, I, 274. — martiale, [, 272. Pyrola rotundifolia, IV, 330, — uwmbellata, UX, 2. PyroLAcéEs, IT, 1, 388 TABLE GÉNÉRALE Pyrole à feuilles rondes, I, 2. — ombellée, HI, 2. Pyrolusite, I. 312. Pyroméride, I, 510. Pyrophysalite, 1, 350. Pyrorthite, I, 324. Pyroxène, I, 436, 439. Pyrus acerba, LI, 269. —"aria, Il, 270: — aucuparia, HE, 270. — cydonia, I, 267. Pythons, 1V, 141. @ Quä-leu, IL, 216. Quanrumaxes, IV, 8, 9, 13. Quadrupèdes vermiformes, IV, 19. Qual, IV, 307. Quamoclit vulgaris, I, 477. Quarat, HE, 363. Quarz, I, 95. — agate, I, 98. — améthyste, I, 97. aventuriné, I, 98. blanc laiteux, I, 98. enfumé, I, 98. hématoïde, I, 98. hyalin, I, 95. hydraté, I, 102. jaspe, I, 99. jaune, I, 98. nectique, 1, 101. résinite, 1, 102. rose, 1, 98. silex, I, 100. terreux, Ï, 101. thermogene, 1, 102. Quarzite, I, 510. Quassi amer, IF, 514. | Quassia de la Jamaïque, I, 316. — de Para, II, 503. — de Tupurupo, IE, 516. — amara, HI, 514. — excelsa, HI, 516. — paraensis, I, 516. — simaruba, NX, 517. Quatelé de la Guyane, III, 248. Quatre semences froides, IT, 241. Quercitron, II, 276. Quercus ægylops, I, 274. — coccifera, I, 276. — infectoria, I, 276. — pedunculata, HI, 273. — racemosa, I, 273. — robur, Il, 273. — sessiliflora, I, 273. — suber, I, 275. CARS rRsUres sn | Quercus tincloria, 1, 276. | Quillai savonneux, III, 285. Quillaja Molinæ, WI, 286. — saponaria, IX, 286. — smegmadermos, II, 286. Quina amarilla, WI, 152, 156. — — de Loja, HI, 107. — azahar macho, I, 163. — calasaya de Loxa, NE, 107, 154. — colorada, I, 164. — de Hoja redonda, WI, 155. — de Saint-Paul, Il, 463. — do Campo, W, 517. — estoposa, TI, 106. — flava dura, WI, 156. — huanuco, II, 108. — llamada de Provincia, MI, 107. | — Loja fina, II], 107. — naranjada (orangé), IT, 142. — negra, WI, 110. — parecida à la Q. amarilla, I, 141. — parecida à la Q.roxa M. I, 167. — palo de jallinazo, HE, 107. — payama, HT, 107. — pseudo-lora, NX, 103. — Quiebro de Loja, IX, 107. — Tubiginosa, I, 154. — selectissima de Loja, NX, 107. Quinaquina, HI, 131. Quincyte, I, 403. Quinoa, I, 408. Quinquina aromatique, Il, 340. — à feuilles aiguës, III, 166. — asmonich, IE, 171. — azaharita, II, 170. — bicolore, IT, 175. — blanc compacte et jaunâtre, II, 169. — — de Loxa, IL, 153, 154, 155. — — de Muitis, III, 167. — — de Valmont de Bomare, Ill, 169. — blanc fibreux deJaën, IT, 153, 156. — brun de Carthagène, IT, 126. — Calisaya, III, 131. — — léger, II, 104, — cannelle, II, 139. — Caraïbe, II, 173. — carthagène jaune päle, II, 156. — — jaune orangé, II, 158, — — jaune très fibreux, III, 158.° — — spongieux, Il, 142. — d’Antioquia, II, 140. — d’Arica, ILE, 154. — de Bourbon, II, 166. — du Brésil, IE, 165. | — de Californie, IL, 166. — de Colombie, IT, 140. DES MATIÈRES. 389 Quinquina dé Colombie ligneux , HI, | Quinquina rouge orangé verruqueux , 140. IT, 195. — de Cusco, IE, 154. — — päle, IE, 126. — de Girons, I, 158. — — de Santa-Fé, IE, 119. — de Guayaquil, HI, 111. — — vrai, non verruqueux, III, 121. — de Jaën ligneux rougeätre, IE, 114. |— — vrai, verruqueux, III, 123. — de Lima blanc, II, 111. Quixquinas, ILE, 95. — — gris brun, III, 108. — blancs, II, 151. — — gris ligneux, I, 111. — faux, III, 161. — — gris ordinaire, II, 109. — gris, II, 101. . — — très rugueux, IL, 112. — huamalies, IL, 145. — de Loxa brun compacte, ILE, 102. | — huanuco, III, 108. — — cendré, II, 155. — innomés, II, 150, — — femelle, II, 152. — jauues, II, 129. — — gris compacte, IE, 101. — de Lima, II, 108. — — inférieur, LI, 103. — de Loxa, III, 101. — — jaune fibreux, II, 106. Quintefeuille, III, 281. — — rouge fibreux, ILE, 105. — — rouge marron, III, 104. R — de Maracaïbo, II, 158. — de Muzon, II, 167. Raasch, IV, 177. — de Piauhi, II, 175. Rabioule, III, 630. — de Rio-Janeiro, II, 165. Racine, If, 6. — de Sainte-Lucie, II, 172. Racines annuelles, IL, 6. — gris pâle, IE, 152, 155. — bisannuelles, etc., IL, 6. — huamalies blanc, III, 146. Racine amére de la Chine, II, 526. — — dur et compacte, III, 148. — de Colombo, IIT, 668. — — ferrugineux, IE, 147. — de Drake, IT, 301. — — gris terne, III, 145. — de femme battue, If, 187. — — mince, rougeûtre, III, 145. — de giroflée, II, 282. — huanuco, III, 108, 109, 111. — de Jean Lopez, IT, 529. — jaune de Carthagène, II, 156. — de mangouste, Il, 526. — — de Cuença, III, 148. — de mungo, Il, 526. — — de Mérida, IL, 137. — d'or, II, 526. — — fibreux, III, 458. — jaune de la Chine, Il, 526. — — de la Condamine, Il, 106. — vierge, II, 187. — — du roi d'Espagne, HI, 129. Rack, III, 533. — — orangé, III, 139. Radicule, IE, 29. — — royal, II, 131. Raie bouclée, IV, 177. — Jean, II, 153. Raies, 1V, 176. — nova colorada, II, 164. Raifort sauvage, IIT, 623. — — fauve, II, 164. Rainettes, IV, 153. — — ordinaire, III, 161. s Raisin aux Jubis, III, 526. — orangé de Mutis, III, 142. — au soleil, II, 5925. — paraguatan, III, 167. — de caisse, II, 526. — pareil au Calisaya, III, 140. — de Calabre, III, 525. — payama de Loxa, III, 159. — de Corinthe, IT, 626. — Pitaya, IL, 140. — de Damas, II, 595. — Pitayon, IT, 159. — de Malaga, II, 525. — Piton, IT, 172. — de Maroc, III, 527. — rouge blanchissant à l'air, IL, 119. | de mer, IV, 291. — — de Carthagène, II, 126. — d'ours, Il, 5. — — de la Condamine, IT, 101. — de Provence, III, 526. — — de Jaën, III, 114. — de Samos, III, 526. — — de Lima, LIL, 120. — de Smyrne, IL, 526. — — de Loxa, III, 114. | Raiz de mungo, U, 327. — — orangé plat, IT, 125. | Raja clavata, IV, 177. 390 TABLE GÉNÉBALE Râles, LV, 123. Ram-till, NI, 55. Rana esculenta, V, 152. — bufo, IV, 153. | Ranuneulus acris, I, 689. — asialicus, I, 689. — bulbosus, LE, 690. — ficaria, III, 642. — flammula, XX, 689. — lingua, III, 689. _— sceleratus, IE, 689. — thora, HI, 699. Rapacrs, IV, 113. Raphilite, I, 436. Raquette, IE, 231; IV, 212. Rassa-mala, 1, 294. Ratanhia, I, 606. Ratels, IV, 17. Rat musqué des Antilles, IV, 38. =. — du Canadaÿ IV, 37. _ — de Russie, IV, 39. — de Pharaon, IV, 23. _— -taupe aveugle, IV, 26. Rats, IV, 26. Ratons, IV, 17: Ravensara aromatica, 1, 371. Réalgar, 1, 142. eus: 1; 136: Bed-wood, I, 541. Redon, IT, 549. Redoul, IE, 343, 549. Réfraction simple et double, I, 75. Réglisse de Russie, JIE, 303. _— officinale, HT, 302. Règne ingrganique, 1,2 — organique, [, 2. Reine des prés, Il, 283. Renard, IV, 21. Renne, IV, 67. RexoxcuLACéES, ILE, 683. Renoncule àcre, II, 689. _— bulbeuse, HI, 690. _— flamme, II, 689. _— des jardins, II, 689. _— gscélérate, IE, 689. RenoxCuLÉEs, IL, 684. Renoncules, IE, 689. Reprise, II, 234. Repries, IV, 130. Requin, IV, 176. Résépacées, II, 615. Reseda Luteola, IX, 616. _— odorata, WE, 616. Résine alouchi, IL, 486. _— animé, I, 423, 483. __ cacicarita, UE, 489. __ eanarine, TE, 478. Résine cachibou, LL, 479. — chibou, I, 479. — copal, LE, 423, — de Curucay, IX, 489. — Dammara, I, 258. é — Elemi, IN, 475 (voyez Élémi). — à odeur d’élémi, HE, 477. — de Gommart, II, 479. — — d'Afrique, HI, 480. — balsamifère, IT, 481. de Gommier, III, 480. de Highgate, 1, 128. jaune commune, Il, 255. kikekunemalo, WE, 432. — Jactée, IT, 260. — laque, If, 304. — de lierre, II, 184. — de Madagascar, I, 480. — de mani, II, 562. — mastic, I, 457. — olampi, I, 432. _— sandaraque, IL, 243. Résines tacamaques ou tacamahaca, IIL, 482. — de Xanthorrhæa, I, 169. Résinite, 1, 102, 510. Rétinasphalte, I, 127. Rétinite, 1, 127, 479, 510. Réveille-matin, Il, 323. Raamnées, II, 492. Rhamnus alaternus, IX, 493. — amygdalinus, HI, 495. — çatharticus, WE, 494. — frangula, M, 495. — infectorius, SH, 495. — oleoides, I, 495. —.saxalilis, WI, 495. — ziziphus, II, 492. Rhapontie, IE, 393. — nostras, I, 395. Rheum australe, I, 400. — compactum, W, 396. — palmatum, WE, 397. _— rhaponticum, T1, 393. — ribes, Il, 396. _— tataricum, H, 396. __ undulalum, WE, 3935. __ webbianum, Y, 402. Rhinobate, IV, 176. Rhinocéros, IV, 44. S — d'Afrique, IV, 45. _—— de Jaya, 1Y,45. __ de Sumatra, 1V,45. Fr __ unicorne, [V, 45. RaueTeses, IV, 186. Rhizanthées, Il, 100. | RmiZoBOLÉES, II, 542, DES MATIÈRES. 391 Rhizome, 11, 8. Rhizophora mangle, A, 403, 404. Rhizostomes, IV, 309. Rhodium, 1, 160. Rhododendron, III, 3. Rhododendron chrysanthum, WA, 8. — ferrugineum, WU, 8. Rhodonite, 1, 320. Rhombus barbatus, IV, 163. — maximus, IV, 163. Rhubarbe, Il, 395. — d’Alexandrette, II, 401. — de Chine, IF, 400. — de France, Il, 403. — de l'Himalaya, I], 401. — des moines, I, 395. — de Moscovie, Il, 400. — de Perse, II, 401. — de Turquie, II, 404. Rhum, III, 533. Rhus copallina, IX, 477. — copallinum, I, 451. — coriaria, HI, 450. — colinus, I, 452. — glabra, II, 451. — melopium, WI, 451. — radicans, NI, 451. — toxicodendron, WI, 451. — typhinum, UT, 450. — vernix, III, 451. Ribes nigrum, WE, 230. — rubrum, NI, 230. — uva-crispa, II, 234. Richardsonia brasiliensis, I, 85. Ricin, IV, 221. Ricins, II, 330. Ricinus, IV, 295. — communs, Il, 330. Rima, Il, 310. Ripidolite, 1, 408, 409. Riz, Il, 127. Fobinia panacoco, HI, 330. — pseudo-acacia, IH, 335. Robinier faux acacia, IIL, 333. Rocambole, II, 1462 Roccella flaccida, H, 78. — fuciformis, WI, 78. — Monlagni, I, 78. — phycopsis, IL, 78. — linctoria, IL, 78. Rocceline, II, 84. Roche de topaze, I, 350. Rochers, IV, 297. Rocou, II, 614. Rolliers, IV, 449. Romarip, H, 433. — sauvage, l, 8. Roméine, 1, 433, Ronce herbacée, IIL, 280. — odorante, IE, 280. — sauvage, IIF, 279. Rowçeurs, IV, 8, 9, 25. RONGEURS A CLAVICULES JMPARFAITES , 1V,,/26: S — CLAVICULÉS, IV, 26. Roquals, IV, 106. Roquet, IV, 138. Roquette cultivée, ILE, 632. — sauvage, II, 631, 632. Rosa alba, I, 274. — canina, II, 272. — centifolia, II, 272. — damascena, IX, 275. — eglanteria, II, 272. — gallica, WE, 272. — -mallos, II, 294. — moschala, UX, 275. — multiflora, IX, 274. — semperflorens, AI, 275. — sulfurea, UE, 274 Rosacées, III, 266. Rosages, III, 8. Rosaliba du Brésil, IE, 321. Roseau commun, IE, 111. Rose à cent feuilles, HE, 274. — de chien, II, 272. — de Chine II, 591. — de Damas, IT, 275. — de Hollande, IIT, 274. — de Jéricho, IT, 625. — de Milet, III, 273. — mousseuse, IT, 274. — de Noël, IIT, 691. — päles, IT, 275. — des peintres, IT, 274. — de Provins, II, 273. — des quatre-saisons, III, 275. — rouge, III, 273, 275. — de tous les mois, IT, 275. —- trémière, HI, 588. Rose-wood, II, 323. RosÉEs, III, 266, 271. Rosier blanc, III, 274. — du Bengale, HI, 275. — jaune, II, 274. — multiflore, III, 274. — musqué, II, 275. — sauvage, II, 272. — toujours fleuri, IE, 275. Rosmarinus officinalis, I, 433. Rossignols, IV, 118. Rotation de la terre, [, 23. Rouge végétal, IIT, 21. : Rouget barbu, IV, 159. l 302 TABLE GÉNÉRALE Rouget camard, IV, 159. — commun, IV, 159. Rouleaux, IV, 140. Roure des corroyeurs, BL, 450. Roussette (grande), IV, 175. Roussettes, IV, 175. Rubellite, I, 365. Rubia mungista, ete., IE, 77. — tinctorum, WE, 75. RuBIACÉES, III, 74. Rubis de Bohême, I, 98. — oriental, [, 341. Rubus chamæmorus, HI, 280. — fruticosus, TL, 279. — idœus, IX, 279. — odoratus, I, 280. Rue des murailles, Il, 92. — officiuale, IT, 506. Ruibarbo do Campo, I, 196. Rumex acetosa, IE, 393. — acutus, IL, 392. — alpinus, H, 393, 395. — palientia, 1, 393. — seulatus, IL, 393. Rummanrs, IV, 8, 9, 51. Ruscus aculeatus, IL, 172. — hypoglossum, IF, 173. — hypophyllum, 1, 173. Ruta graveolens, UE, 506. RuraAcées, HE, 497. RutTÉEs, IT, 498. Ruthénium, [, 160. Rutile, !, 220. — Jamelliforme, 1, 221. Ryacolite, [, 479. s Sabbatia angularis, H, 504. Sabine, I, 235. Sable vert du Pérou, !, 250. Sablier élastique, IL, 326. Saccharum officinarum, W, 116. Safran, Il, 195. — bâtard, IE, 195. -— faux du Brésil, 11, 196. Safranum, WU, 193; I, 20, Safre, I, 260. Sagapenum, LL, 224. Sagou, IE, 145. — -tapioka, IL, 149. Sagouins, IV, 14. Sagus genuina, 1, 146. -— farinaria, WE, 147. — ftumphii, I, 147. Sahlite, 1, 439. Saïga, IV. 71. Sain-bois, Il, 358. Saindoux, IV, 47. | Sakis, IV, 14. | Salangane, IV, 119 Salep, IT, 225. | Salicine, IT, 296. | Salicinées, II, 295. | Salicor, IL, 410. | Salix alba, W, 296. — amygdalifolia, I, 296. |— babylonica, I, 297. — capræa, I, 297. — præcox, I, 296. — viminalis, IL, 296. :— vitellina, I, 296. | Salmo eperlanus, IV, 162. — fario, IV, 162. | — lemanus, IV, 162. |— Schiefermuleri, IV, 162. — solar, IV, 162. — trutta, IV, 162. | Salpêtre, I, 468. | Salsepareille, Il, 177. — aiguillonnée, Il, 182. — d'Allemagne, IL, 108. — du Brésil, 11, 181. — caraque, Il, 180. i— des côtes, II, 480. |— fausse de Virginie, II, 186. — grise d'Allemagne, Il, 185. — grise de Virginie, Il, 186. — de l'Inde, Il, 186. !— ligneuse, IL, 183. — de Maracaïbo, II, 181. | — -du Pérou, II, 182. |— de Portugal, II, 181. — rouge de la Jamaïque, If, 179 — de la Vera-Cruz, IT, 178. Salséparine, IL, 183. Salsifis blanc, IE, 14. — noir d'Espagne, IE, 14. Salsola soda, Il, 410. — tragus, UN, 410. Saluth, IV, 161. Salvia hispanica, T1, 433. — officinalis, I, 431. — pralensis, Il, 432. — sclarea, II, 432. Samare, II, 21. Sambola, NI, 195. Sambucus ebulus, VI, 181, — nigra, UT, 180. Sambula, IT, 195. Sandaraque, IT, 243. — de Guatimala, III, 489. | Sangdragon des Antilles, TT, 324. — du dracæna draco, I, 145, te DES MATIÈRES. Sangdragon des Moluques, Il, 143. — du plerocarpus draco, IN, 145 ; INT, 321. Sanglier, IV, 46. Sangsue dragon, IV, 265. Sangsue médicinale, IV, 247. blanchâtre, IV, 264, fauve, IV, 264. grise, IV, 263. jaune, IV, 264. marquetée, IV, 265. noire, IV, 264. obscure, IV, 264. pâle, IV, 264. truitée, IV, 265. verte, IV, 264. du Sénégal, IV, 265. de Verbano, IV, 265. vulgaire, IV, 240. Sanguenié, III, 38. Sanguenita, II, 38. Sanguinaire du Canada, III, 640. Sanguinaria canadensis, IL, 640. Sanguine, I, 283. Sanguisorba officinalis, IL, 279. SANGUISORBÉES, III, 266, 277. Sanicle, IT, 199. Sanicula europæa, XL, 199. Sant, III, 363. SANTALAGÉES, Il, 352. Santal à odeur de muse, IT, 357. — — de rose, Il, 356. citrin du Malabar, IL, 354. — de Sandwich, IE, 356. — de Timor, IE, 355, — faux, II, 357. — pâle, Il, 355. rouge, Il, 319. — d'Afrique, IE, 321. — tendre, LE, 321. Santalum album, W, 353. — freycinetianum, 1, 354. — myrlifolium, Il, 353. Santonine, lII, 36. Sapajous, IV, 14. Saphir blanc, I, 341. — d'eau, I, 341, 405, — oriental, I, 341. Saphirine, I, 98. Sapin argenté, II, 239. — du Canada, II, 240. — élevé, II, 240. — faux, Il, 240. — vrai, Il, 239. SAPINDAGÉES, III, 542. Sapindus arborescens, WI, 542. Sapindus divaricatus, ete., UT, 543. ROSE SIENS RP eee El Sapindus rubiginosus, UX, 543, — saponaria, I, 542. Saponaire d'Espagne, IIL, 603. — d'Orient, ILE, 602. — officinale, IT, 601. Saponaria officinalis, WI, 601. Saponine, III, 548, 603. SAPOTÉES, Il, 542. Sapotille, II, 544. — mammée, II, 545. Sarcocarpe, Il, 14. Sarcochorize, Il, 26. Sarcocolle, IL, 541. Sarcolite, I, 436. Sarcopte de Galès, IV, 228. Sardes, IV, 160. Sardine, IV, 162. Sardoiue, I, 99. Sariette, Il, 429, Sarigues, IV, 42. Sassafras de Guatimala, IL, 366. — de l’Orénoque, Il, 364. — inodore, If, 364. Sassafras officinarum, 1, 363. Satin-wood, HI, 490. Satureia hortensis, X, 429. Saturnia pavonina, IV, 204. Sauge du port de la Paix, IE, 340. Sauge des prés, IT, 432. — officinale, Il, 431. — sclarée, Il, 432. Saule blanc, IT, 296. — jaune, etc., Il, 296. Saumon, IV, 162. SAURIENS, IV, 135. Sauve, III, 634. — -vie, II, 93. Savacous, IV, 122. Saveurs, [, 72. | Savonnier des Antilles, IE, 542. Saxifrage blanche, IT, 207. — (grande), IE, 207. — (petite), IT, 207. Scabieuse des champs, III, 62. — officinale, IT, 62. Scabiosa arvensis, UL, 62. — succisa, II, 62. Scalopes, IV, 16. Scammonée, II, 491. — d'Alep, IT, 494. — d’Antioche, IT, 494. — de Montpellier, IE, 494, — de Smyrne, Il, 493. — de Trébisonde, IT, 493. Scandis cerefolium, WI, 200. — peclen, II, 200, | Scapolite, [. 437. 394 TABLE GÉNÉRALE Sceau de Notre-Dame, IL, 187. Sel marin, 1, 454. Sceau de Salomon, IE, 172. SÉLACIENS, [V, 157, 174. Schéelin calcaire, I, 433. Sélagite, I, 512. Schéelite, I, 433. Sélénite, I, 413. Schéelitine, I, 197. Selenium, I, 139. Schéerérite, I, 126. Semecarpus anacardium, WI, 434. Schelot, I, 459. À Séméline, I, 434. Schilfglasers, 1, 192, 196. Semen-contra de Barbarie, II, 38. Schiste, I, 510. — — du Levant, I, 37. Schænanthe des Indes, H, 113. Semence de Ben, I, 557. — officinal, Il, 112. Semencine, IL, 37. Schænocaulon officinale, KL, 158. Sempervivum teclorwm, HI, 233. Schorl bleu, I, 221, 352. Séné, IIL, 336. | — rouge, I, 220. — d'Alep, II, 340. Schwartzgulligerz, 1, 238. — d'Amérique, IE, 342. Scies, IV, 176. — de l’Inde, IT, 342. Scilla maritima, I, 163. — Moka, III, 342. Scille, Il, 163. — de la palte, IH. 389. Scincus officinalis, IV, 138. — du Sénégal, IX, 340. Scinque officinal, IV, 138. — de Syrie, III, 340. SCIURIENS, IV, 26. — de Tripoli, II, 344. SCLÉROMYCÈTES, II, 60. SÉNÉCIONIDÉES, Il, 31. Scolexérose, 1, 436. Sénégine, III, 603. Scolézite, I, 437. Sénevé, INT, 632. Scolopendre, 11, 94. Sephen, IV, 177. Scolopendres, IV, 222. Sepia octopodia, IV, 290 Scolopendrium officinale, NH, 94. — officinalis, IV, 290, Scomber scombrus, IV, 160. Serins, IV, 1149. — thinnus, IV, 460. Serpent d’Esculape, IV, 142. Scombres, IV, 160. — à lunettes, IV, 148. Scops, IV, 118. Serpentsdouble-marcheurs, IW, 139. Scordium, Il, 438. — nus, IV, 150. Scorodite, L, 294. — non venimeux, IV, 140. Scorodone, Il, 439, — venimeux, IV, 142. Scorpion d'Afrique, IV, 224. — vrais, IV, 139. — d'Europe, IV, 225. Serpentaire commune, Il, 103. — roussätre, IV, 224. — de Virginie 1, IL 346. Scorzonera hispanica, HI, 14. — — 2°, Il, 347. Scorzonère d'Espagne, III, 44. — — à feuilles hastées, II, 348. Serophulaire, I, 449. — — fausse, II, 348. Scrophularia nodosa, H, 449. Serpentin, |, 504. SCROPHULARIACÉES, U, 443. Serpentine; I, 404, 504. Scyllium canicula, IN, 175. Serpolet, II, 429. Scytalia chinensis, I, 545. Sérum, 1V, 84, 85. Sebastiano d'arruda, IH, 324. Serval, IV, 24. Sébeste, Il, 469. Sésame, IT, 498. Sebipira-guaçu, II, 305. Sesamum orientale, I, 498. Secale cereale, II, 124. Séseli de Marseille, HI, 218. Sèches, IV, 291. Seseli tortuosum, I, 218. Secrétaire, [V, 117. Shorea robusta, IE, 583. Sedum album, IH, 234. Siami, II, 373. — acre, III, 234. Sidérocriste, 1, 512. — telephium, IH, 234. Sideroxæylon inerme, 1, 543. Seigle, 11, 124. Silene armeria, WX, 23. — ergoté, IE, 67. | — behen, II, 23. Sel] ammoniac, I, 499. 1 — inflata, M, 25. — gemme, I, 454. SILENÉES, HI, 600. DES MATIÈRES. Silex corné, I, 100. — molaire, 1, 100. — pyromaque, I, 100. Silice, I, 95. — hydratée terreuse, I, 103. Silicule, IL, 24. Siliqua dulcis, UT, 349. Silique, IE, 23. Sillimanite, I, 353. Silphion, IT, 220. Silure électrique, IV, 177. Silurus glanis, IV, 161. Silybum marianum, UE, 19. Simaba cedron, IV, 335. Simaruba amara, IX, 517. — excelsa, I, 516. — officinalis, IT, 517. SIMARUBÉES, III, 499. Sinammine, III, 636. Sinapisine, HE, 636. Sinapis alba, II, 633. — arvensis, HI, 634. — nigra, I, 632. Singes, IV, 14. Siphonia elastica, 11, 326. Sirènes, IV, 149. Sison ammi, III, 205. — amomum, I, 205. Sisymbrium nasturtium, UE, 621. — officinale, I, 625. — tenuifolium, HI, 632. SitteHes, IV, 119. Smalt, I, 260. Smaragdite, I, 400. Smaridié des moineaux, IV, 224. Smegmadermos emarginatus, II, 286. Smilacine, Il, 183. Smilax aspera, I, 186. — China, I, 175. — japicanga, I, 184. — medica, I, 177. obliquata, II, 182. officinalis, IE, 177. papyracea, I, 482. — pseudochina, HE, 176. sarsaparilla, W, 477. syphililica, H, 177. syringoides, Il, 184, — zeylanica, I, 186. Smithsonite, I, 380. Smyrna aminnea, WI, 428. Sodalite, I, 477. Sodium, [, 453. — chloruré, I, 454. SOLANACÉES, Il, 451, Solanum dulcamara, 1, 463. — lycopersieum, W, 466. 395 Solanum melongena, 11, 464. — nigrum, I, 462. — ovigerum, Il, 464. — pseudo-capsicum, IT, 463. — pseudo-quina, I, 463. — tuberosum, I, 464. Solea vulgaris, IV, 163, Soleil (grand), I, 53. Solenostemma arghel, HI], 338. Soles, IV, 163. Solidago virga aurea, WU, 58. SororéEs, III, 298. Sorbier commun, INT, 270. — des oiseaux, IT, 270, — hybride, II, 270. Sorbus aucuparia, WE, 270. — domestica, II, 270. Sorose, II, 27. Souche, IL, 8. Souchet comestible, Il, 407. — long, If, 406. — à papier, IL, 107. — rond, Il, 106. — sultan, Il, 107. Souci des champs, II, 34. — des jardins, IL, 31. soude, Il, 409. — d'alicante, IT, 410. d’Aiguemortes, IE, 410. artificielle, II, 410. épineuse, IE, 410. boratée, I, 465. carbonatée, I, 461. nitratée, I, 464. - sulfatée anhydre, E, 458. hydratée, I, 458. Soufre, I, 133. — végétal, Il, 96. : Soulèvements de montagnes, 1, 20, 27. Souline, LI, 526. Soymida febrifuga, WE, 539, 541. Spargelstein, I, 429. Spartium junceum, II, 334. Spath brunissant, 1, 424. — en tables, I, 435. — fluor, I, 410. — jaunissant, I, 424. — perlé, I, 424. Spatule fétide, IT, 192. Spatules, IV, 122. Speckstein, EL, 401. Speerkies, 1, 276. Spermaceli, IV, 103. Spermædia, I, 70. Spermoderme, H, 28. Sperniole, [V, 150. | Spessartine, |, 359. 396 TABLE GÉNERALE Sphacelia segeltum, H, 70. Stilbite, 1, 438. Sphærococcus lichenoides, I, 58. Stillingia sebifera, 11, 337. Sphærostilbite, I, 438. Stipe, IL, 8. Sphène, I, 434. Stizolobium, III, 353. Sphérolite, 1, 479. STOMAPODES, IV, 232. Sphinx, IV, 204. Stomates, IL, 5. Spicanard, IIL, 67. Storax, II, 551. Spigélie anthelmintique, Il, 508. — amygdaloïde, Il, 553. — du Maryland, If, 508. — blanc, Il, 552. Spilanthus oleracea, WI, 52, 622. — de Bogota, IT, 554. Spillite, 1, 495, 512. — en pains, Il, 554. Spina acaciæ, I, 363. — en sarilles, Il, 554. — ægypliaca, WI, 363. — liquide, Il, 553. Spinacia oleracea, I, 405. {— noir, II, 554. Spinax niger, IV, 180. — rouge brun, Il, 553. Spinellane, I, 482. Stramen camelorum, I, 112. Spinelle vert, I, 396. Stramonium, II, 455. — zincifere, I, 396. : Strelitzia regina, NH, 197. Spinelline, I, 434. Strobile, IT, 28. Spinthèere, 1, 434. Strongle du cheval, IV, 283. Spiræa filipendula, NH, 282. — géant, IV, 283. — trifoliata, UE, 89. Strongylus equinus, IV, 283. — ulmaria, I, 283. — gigas, IV, 283. SPirÆACÉES, JL, 267, 282. Strontiane carbonatée, I, 446. SPIROLOBÉES, III, 620. — sulfatée, I, 444. Spode, IV, 43. Structure des cristaux, [, 48. Spodumen à base de soude, 1, 487. — des minéraux, I, 65. SPONDIACÉES, III, 449. Struthio camelus, IV, 122. Spondias lutea, WE, 456. — rhea, IV, 122. — purpurea, HI, 456. Strychnos colubrina, IL, 512. SPONGIAIRES, IV, 311. — ligustrina, I, 512. Spongodium bursa, W, 57. — nux-vomica, I, 510; III, 311. Squales, IV, 175. — potatorum, I, 516. Squine, Il, 175. — pseudo-quina, Il, 517. — fausse, Il, 176. — ticute, IE, 516. — de Maracaïbo, etc., Il, 177. Stryphnodendron barbatimäo, HI, 306. Stactè, II, 293. Stryx aluco, IV, 195. Stæchas arabique, IE, 423. | — bubo, IV, 195. — citrin, II, 34. — flammula, IV, 195. Stalactites, I, 423. — otus, IV, 195. Stalagmites, I, 423. STURIONIENS, IV, 157, 171. Slalagmitis cambogioides, I, 556. Style, Il, 13. Staphisaigre, III, 698. STYRACINÉES, II, 549. Statice latifolia, I, 417. Styrax liquide, II, 293. — limonium, I, 416. Styrax benzoin, IL, 550. Staurotide, I, 356. — officinale, II, 552. Stéaschiste, I, 512. Suc astringent du plerocarpus erina- Stéatite, I, 401. ceus, HIT, 394 ; IV, 331. Stellite, I, 437. Suc d’acacia d'Egypte, IIT, 370. Stenostomum acutatum, HL, 176. — d’'hypociste, II, 400. Stephensia elongata, IV, 330. Succin, I, 128. STERCULIACÉES, III, 587. Succinite, I, 361. Stercus diaboli, IL, 224. | Sucre, IT, 120. ui Stibine, F, 148. |— de lait, IV, 85. Sticta pulmonaria, W, 76. : Sucrier de montagne, II, 481. Stigmate, IL, 12. Suif de montagne, I, 127. Stigmite, 1, 510, 515. Sulfate de magnésie, !, 387. DES MATIÈRES. 39; Sulfosinapisine, Ili, 637. Tacamahaca, Ill, 479. Sulfuraire, 1, 519. Tacamaque angélique, I, 485, 565. Sumac des corroyeurs, Ii, 450. — de Bourbon, IT, 564. — glabre, IN, 451. — en coques, IE, 485. — vyénéneux, HI, 451. — huileuse incolore, III, 484. de Virginie, II, 450. — jaune huileuse, IIL, 483. Sureau, III, 180. — jaune terne, HI, 483. Surelle, IE, 518. — — terreuse, III, 485. Surmulet, IV, 159. — ordinaire, III, 486. Swartzia tomentosa, II, 330. — rougeâtre, III, 485. SWwARTZIÉES, III, 300. — sublime, TI, 485. Swietenia mahogoni, II, 539, 540. Tacca pinnalifida, I, 188. Sycomore, III, 551. Tachi, LE, 516. Syénite, I, 513. — de la Guyane, If, 503. Sylvane, I, 166. Tachia guianensis, W, 303; If, 516. Sylvie, III, 688. Tænia de l’homme, IV, 283. Symphytum officinale, 11, 472. Tœnia solium, IV, 283. SYNANTHÉRÉES, III, 10. Tzænioïnes, IV, 283. Syncarpide, Il, 27. Taffia, IL, 533. Syndactyles, IV, 119. Tagua, XX, 150. Synsporées, Il, 45. Tale écailleux, I, 401. Syphophorus cocciferus, I, 77. — granulaire, I, 401. — pividatus, Il, 77. — Jlaminaire, I, 400. Syringa vulgaris, IN, 532. — de Venise, I, 400. Système bino-singulaire, I, 53. Talschiste, I, 513. — cubique, I, 52. Tamarara, WI, 665. — hexagonal, 1, 57. Tamarin, III, 348. — isoaxique, I, 52. Tamarindus indica, WI, 348. — monoclinique, [, 63. Tamier, taminier, II, 187. — octaédrique rectangulaire, 1, 55. Tamus communis, II, 187. — du prisme droit à base carrée, 1, 53. | Tanacetum balsamita, II, 46. — — — rectangulaire, I, 55. Tanacetum vulgare, IX, 34. — — — rhomboïdal, I, 55. Tanaisie vulgaire, II, 34. — du prisme oblique symétrique, 1,63. | Tanche vulgaire, IV, 161. — — — non symétrique, I, 65. Tangaras, IV, 118. —- du prisme rectangulaire oblique , | Tanghinia venenifera, I, 522. 1,,63: Tanguin, Il, 522. — régulier, I, 52. Tanikai, II, 264. — rhombique, I, 55. Tanroujou, II, 425. — rhomboctaèdre, I, 55. Tanrouk-rouchi, III, 4925. — rhomboédrique, I, 57. Tantale, I, 217. — singulaxe binaire, E, 55. Tantales, IV, 122. — terno-singulaxe, I, 57. Tantalite de Bavière, 1, 319. — tétragonal, I, 53. — de Suëde, I, 318, — triclinique, I, 65. Taons, IV, 218. — de Linné, Il, 30, 34. Taouia, TI, 491. Systèmes de cristallisation, 1, 51. Tapada, IV, 297. Tapioka, II, 330. T Tapir, IV, 44. — d'Amérique, IV, 44. Tabac, II, 452. — de l’Inde, IV, 44. Tabanus, IV, 218. Taraæacum dens-leonis, NII, 15. Tabasheer, tabaxir, II, 112, Tarentule, IV, 224. Tableau des acides, I, 88. Tardigrades, IV, 39. — des bases, I, 88. Tartre, IN, 527. — des corps simples, I, 86. — brut, IIT, 536. — des lauracées, IT, 362. Tatai-iba, W, 309. 398 TABLE GÉNÉRALE Tatous, 1V, 40. Taupes, IV, 46. Taureau, IV, 78. Taurine, IV, 99. Taxinées, Il, 230. Tazæus baccala, H, 231. Tcha, WI, 579. Tecoma leucoxylon, IH, 500. — radicans, I, 500. Tecomajaca de Guatimala, III, 480. Tectona grandis, I, 442. Tek, II, 442. Teka grandis, Il, 442. Tellure, I, 139. Tellure graphique, I, 166. Ténacité, I, 33. Tendre-en-gomme, II, 173. Tendreté des corps, 1, 32. Tennantite, I, 237. Tenrecs, IV, 16. TENUIROSTRES, IV, 119. Téphrine, I, 513. Terbium, 1, 321, 326. Térébelles, IV, 237. TÉRÉBINTHACÉES, LI, 448. Térébinthe, Ill, 458. Térébenthine, Il, 243. — au citron, Il, 246. — au soleil, I, 252. — d'Alsace, Il, 246. — de Bordeaux, II, 251. — de Boston, IE, 253. — de Chio, ILE, 458. — du mélèze, II, 244. — du sapin, Il, 246. — de Strasbourg, II, 246. — des Vosges, Il, 246. — Suisse, II, 245. Téréniabin, 11, 534. Terminalia cilrina, WI, 264. — chebula, II, 264. TERNSTROEMIACÉES, III, 578. Terra merita, I, 205. Terrain clysmien, |, 20. Terrains de sédiment inférieurs, 1, 12. — — supérieurs, I, 14 — de transition, I, 10. — intermédiaires, I, 10. — primitifs, 1, 10. — secondaires, I, 12. — tertiaires, Ï, 14. — thallasiques, I, 14. Terre à foulon, I, 373. Terre à porcelaine, I, 370. — de Chypre, 1, 477. — de Cologne, I, 119. — d'ombre, I, 375. | Terre de Sienne, 1, 478. | — de Vérone, I, 477, 418. — sigillée, I, 374. è — verte de la craie, I, 478. — — d'Unghvar, I, 301. Terre-noix, IIT, 208. Terreau, I, 121. Terres comestibles, 1, 375. Testacelles, IV, 295. Testudo europæa, IV, 133. — græca, IV, 132. — imbricata, EV, 135. — lularia, IV, 133. — orbicularis, IV, 133. Têtard, IV, 151. Tétraèdre, I, 41. Tétraphylline, 1, 316. Tétras, IV, 120. Teucrium aureum, II, 439. — bolrys, II, 438. — chamædrys, I, 438. — chamæpilys, IE, 440. — flavescens, II, 139. — iva, Il, 440. — marum, U, 438. — montanum, Il, 439. — polium, II, 439. — scordium, IE, 438. — scorodonia, II, 439. Thallite, I, 436. Thé, IIL, 579. — bouy, IIT, 581. — chulan, II, 581. — des Apalaches, III, 496, 3583. — d'Europe, IH, 583. — du Labrador, IL, 8. — du Mexique, II, 407 ; LIL, 383. — du Paraguay, II, 497, 583. — hayswen, II, 580. — noir, I, 581. — pekao, III, 582. — perlé, IT, 584. — poudre à canon, III, 581. — souchong, IT, 581. Thea bohea, HI, 580. — viridis, II, 580. Théliphone, IV, 2214. Thénardite, I, 458. Theobroma bicolor, TI, 596. — cacao, III, 594. — guianensis, III, 596. — silvestris, NI, 596. — ulmifolia, I, 299. Théobromine, II, 597. Thevelia ahouai, II, 522. — neriüfolia, II, 522. | Thiosinammine, III, 636. DES MATIÈRES. 396 Thiaspi des champs, LI, 627. — officinal, II, 627. Thlaspi arvense, HI, 627. — campestre, IT, 627, 628. — drabæfolio, II, 628. — latifolium, TI, 627. — vulgare, II, 628. — vulgalius, III, 628. Thomsonite, I, 438. Thonporphyre, I, 513. Thons, IV, 160. Thonschiefer, 1, 513. Thora, III, 699. Thorium. I, 321. Thraulite de Bodémaïs, I, 302. — de Riddarhytta, I, 302, Thulite, I, 437. Thuya articulata, IL, 245. Thym, Il, 428. THYMELÉES, II, 359. TaymÉLÉACÉES, IL, 357. Thymus serpillum, 1, 429. — vulgaris, 1I, 498. TaysanoURES, IV, 186. Tige, II, 8. | Tigre, IV, 24. Tilia europæa, II, 584. — microphylla, II, 584. — platyphylla, I, 584. — rubra, IE, 584. Tiracées, III, 583. Tillandsia usneoides, II, 190. Tilleul d'Europe, III, 584. — de Hollande, III, 584, — rouge, JIT, 584. — sauvage, III, 584. Tilliot, II, 584. Tinckal, I, 465. Tique des chiens, IV, 221, 295. Tissu cellulaire, II, 9. — fibreux, IL, 2. — utriculaire, II, 4. Tilan-cotie, I, 516. Titane anatase, 1, 221. — fluoruré ferrifère, 1, 220. — oxidé, I, 220. — rutile, 1, 220. Titanides, I, 216. Todiers, IV, 119. Toldliegende, 1, 510. Tolomane, II, 224. Toluifera balsamum, WE, 438. Tomate, II, 466. Tommon, IL, 205. — bezaar, II, 211. Tommon primum, WE, 214. Tonka, III, 248. Tonnerre des Arabes, IV, 177. Tooth-ache tree, XII, 513. Topasfels, 1, 350. Topaze, I, 349. — de Bohême, I, 345. — du Brésil, I, 341. — d'Inde, I, 98. — orientale, [, 341. Topazolite, I, 361. Topinambour, ILE, 53. Torcols, IV, 120. Tormentilla erecta, I, 281. Tormentille, II, 281. Torpilles, IV, 176. Tortelle, LI, 625. Tortue bourbeuse, IV, 133. — franche, IV, 134. — géométrique, IV, 133. — grecque, 1V, 132. — de l'Inde, IV, 133. — ronde, IV, 133. — verte, IV, 134. Tortues d’eau douce, V, 132. — de mer, IV, 134. — de terre, IV, 132. TorTipamEs, LV, 124. Toucans, IV, 119. Toucher, 1, 75. Touloucouna, IT, 538. Tournesol, II, 324. Toupies, IV, 297. Touraco, IV, 120. Tourbe, I, 121. Tourmaline, 1, 363. Tourue-pierres, IV, 123. Tournesol en drapeaux, Il, 324. — en pains, IL, 82. Tourterelles, IV, 121. Toute-bonne, Il, 432. Toute-épice, III, 252. Toute-saine, ILE, 569. Trachées, IL, 4. Trachyte, I, 513. Tragopogon porrifolium, I, 134. — pralensis, III, 14. Transparence, I, 74. Trapézoëdre, I, 47. Trapp, I, 495, 514. Trappite, 1, 514. Trapporphyre, I, 503. Trasi, 11, 107. Travertin, 1, 423. Treacle mustard, IE, 627. Trébel, ILE, 60. Trèfle d’eau, II, 506. Tremblements de terre, 1, 21, 96. Trémolite, [, 436. 441. :00 TABLE GÉNÉRALE Trichocéphales, IV, 280. Trigla, IV, 159. — cucullus, IV, 159. — guinardus, IV, 159. — hirundo, IV, 159. — lineata, IV, 159. — lyra, IV, 159. — pini, IV, 159. Trigonella fenum-græcum, W, 352. | Turbith, il, 489. | Turbot, IV, 163. | Turion, II, 11. Turmeric, U, 205 ; III, 641. Turnep, II, 630. Turquoise, I, 347. | Turrilites, IV, 293. Turritelles, IV, 297. Tussilage, IL, 58. Trigonocéphale jaune des Antilles, LV, | Tussilago farfara, I, 58. 143. Trigonocéphales, IV, 143. Trilobites, 1, 10; IV, 236. Tringibin, Il, 534. Triphane, I, 452. Triphylline, EL, 315. Triplite, 1, 314. Tripoli, 1, 103. Trique-madame, Il, 234. Triticum æœstivum, II, 123. — hybernum, I, 123. — repens, I, 110. — sativum, IT, 123. — turgidum, IE, 123. Trocheta subviridis, IV, 243. Trochète verdätre, IV, 243. Trochilus minimus, IV, 119. Trochisques de Gambir, III, 392. Trochus, IV, 297. Trombolite, I, 245. Trona, 1, 461. Tronc, IL, 8. TroPxoLées, III, 522. Tropæolum majus, I, 522. Trophosperme, II, 15. Truffe, Il, 59. Truie, IV, 46. Truite commune, IV, 162. — de mer, IV, 162. — du Léman, IV, 162. — saumonée, IV, 162. Trygon sephen, IV, 180. Tsao-keou, I, 214. — -keu, IL, 215. — -quo, I, 215. Tschewkinite, I, 324. Tsjampacca, II, 678. TuBÉRAGÉES, II, 59. Tubéreuse, II, 160. Tuf basaltique, I, 505. Tufaïte, I, 505. TuriPacées, II, 159. Tulip-wood, IE, 324. Tulipier de Virginie, II, 678. Tungstein, 1, 433. Tungstène, I, 87. Turban ture, II, 242, Tylophora asthmatica, TI, 89. | Tyrans, IV, 118. | U | Uerek, 11, 368. | Ulmacées, II, 298. Ulmaire, III, 283. Ulmite, 1, 119. Ulmus campestris, IL, 298. | — fulva, II, 298. | Uncaria gambir, II, 376. | Unio margaritifera, IV, 306. | Unona æthiopica, WI, 675, 676. | — aromalica, III, 677. | — musaria, III, 677. | Urane, I, 224. Æ oxidulé, I, 295. | — hydroxidé, I, 226. — phosphaté, 1, 227. Uranite, [, 227. Urao, I, 461. Urtica dioica, I, 312. |— urens, II, 312. | UrTICAGÉES, II, 312. | Upas tieule, II, 516. | Urupariba, I, 500. | Usnea plicata, WI, 77. | Usnée du crâne humain, IL, 77, | Utricule, IF, 1. ! Utricule (fruit), IL, 21. | Uva ursi, IL, 5. Uvaria odorata, I, 675. | v | Vaccinium myrtillus, U, 7. | — oæicoccos, I, 8. | — vitis-idæa, I, 6. | Vache, IV, 78. | Vaginules, IV, 295. | Vaisseaux, IT, 3. :— laticifères, IE, 4. | — en spirale, IE, 4. | Valeriana celtica, WI, 66. — dioica, LE, 63. — jatamansi, HT, 69, # DES MATIÈRES. LU Valeriana officinalis, HI, 63. | Véronique, 414. — phu, HE, 66. Verre d’antimoine, |, 152, Valériane celtique, IT, 66. Vert de Corse, 1, 498, — grande, IL, 66. | — de montagne, [, 249. — rouge, II, 74. :— de vessie, TTL, 494. — sauvage, ILE, 63. | Verveine odorante, Il, 441. VALÉRIANÉES, LE, 63. | — officinale, Il, 441. Valerianella olitoria, HI, 73. Vesse de loup, Il, 60. Vallesia, I, 523. Vésuvienne, [, 437. Valves, Il, 16. Vétiver, IE, 145. Vampire, IV, 16. Veuves, IV, 119. Vanilla aromatica, H, 227. Viciées, III, 297. — planifolia, I, 229. Victoria regina, NX, 662. — pompona, IL, 229. Victoriale, Il, 163. — sativa, II, 228. — longue, IT, 72, Vanille, II, 227. Vigne blanche, IE, 237, 686. Vanillon, Il, 229. Vigne cultivée, IT, 524. Vanneau, IV, 122. Vigogne, IV, 54. Vare, 1, 259. VioLaniÉEs, II, 608, Varec vésiculeux, IE, 46. Violette odorante, III, 608. Variolaria corallina, H, 79. — tricolore, III, 610. — dealbata, XX, 79. Viola calceolaria, II, 88. — lactea, IX, 80. — canina, IX, 609. — orcina, H, 80. — ipecacuanha, IT, 87. Variolite, 1, 495, 514. — ilonboa, TE, 88. — de la Durance, [, 514. — odorata, IH, 608. — du Draec, I, 512. — parviflora, UX, 88. Vateria indica, I, 585. — tricolor, I, 610. Vautours, IV, 117. Vipera berus, IV, 144. Veau, IV, 78. — chersæa, IV, 148. VÉGÉTAUX, I, 6; IL,1. Vipère aspie, IV, 145. — (classification des), IE, 43. — commune, IV, 144. — endogènes, If, 9. — rouge, IV, 148. — exogènes, Il, 9, Vipères, IV, 143. Vélar, IT, 625. Vipérine commune, I, 470. Ver à soie, IV, 205. — de Virginie, Il, 346, — de Guinée, IV, 279. Villarsite, I, 399. — de terre, IV, 238. Vin, JL, 527. — solitaire, IV, 283. Vins (tableau des), LE, 531. Vermiculaire brûlante, If, 234. Vinaigre, IL, 535. Vernicia montana, I, 338. Vinca major, ete., Il, 526. Vérat, IV, 46. Vinceloæicum officinale, 1, 520. Vératrées, Il, 154. Virola sebifera, I, 390. Vératrine, Il, 153. Viscum album, I, 181. Veratrum album, I, 155. | Vilex agnus-castus, IL, 441. — nigrum, I, 156. Vitis vinifera, II, 524. — officinale, I, 157. Vitriol bleu, [, 251. — sabadilla, I, 157. Vittie-vayr, U, 115. Verbaseum thapsus, If, 450. Viverra civetta, IV, 20. Verbena officinalis, I, 444. | — ras, IV, 22. — triphylla, W, 441. — 3sibelha, IV, 20. VERBÉNACÉES, Il, 440. | Vives, IV, 158. Verge d’or, IE, 58. Volcans, I, 20. Fernonia anthelmintica, WE, G1, 695. Volutes, IV, 297. Véron, IV, 161. Vouacapou, HE, 331. Veronica beccabunga, W, 444. Vouacapoua americana, IE, 313, 331. — officinalis, M, 444, Vouapa bifolia, I, 430, IV. 26 402 Vouède, If, 446, 628. Vulvaire, 11, 408. 11 Wacke, I, 514, Wackite, I, 514, Wagnérite, I, 397. Webstérite, 1, 345. Weissgulligers, 1, 192, 195. Wernérite, 1, 437. Wild cabbaye-tree, NA, 308. JVinter-green, UK, 4. JFintera aromatica, HX, 689. JVinterana aromatica, I, 680. Winterania canella, HE, 565. [Vismuth bleiers, 1. 192. Wolfram, I, 316. Wollastonite, 1, 435, 430. IFoo-pei-tsze, IL, 704, JVood-vil, IT, 585. JVrightia antidysenterica, , 52%. — tincloria, IX, 445. x Xanthochyinus pictorius, HE, 562. Xanthorrhæa arborea, H, 170. — hastilis, HW, 170. Xanthozylum emarginatum, WE, 490. Xantite, 1, 436. Xénolithe, I, 354. Xérochorize, II, 26. Xiphias gladius, IV, 161. Xylobalsamum, WE, 469. Xylopia frutescens, I, 677. — grandiflora, HE, 677. — sericea, UT, 677. " Yen-fou-lsze, 11, 704. Yénite, 1, 304. Yeux d’écrevisses, IV, 235. Ypoléime, I, 245. Yttro-cérite, I, 326. — -tantalite, 1, 326. Yttrium, I, 325. — et cérium fluorurés, Î, 326. — phosphaté, I, 328. — silicaté, I, 327, 328, —- tantalaté, I, 326. — titano-tantalaté, [, 327. | | + TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES. Yttrium titanaté zirconifère, 1, 327. — tungsto-tantalaté, 1, 326. l % | Zanthopicrite, Hl,254 35 ZaxtHoxyLées, III, 498. Zanthoxylum caribœum, WA, 513. — carolinianum, UL, 514. — clava-Herculis, UE, 513, — fraxineum, I, 513. Zea mais, I, 128, Zèbre, IV, 51. Zédoaire jaune, Il, 211. — longue, II, 209, : — ronde, 210. Lemimi, IV, 26. Zéolite, I, 438. Zérumbet, 11, 209, 210. Zibeth, IV, 21, 22. Zinc (extraction), 1, 383. — arséniaté, IV, 327. — carbonaté, I, 380. :— hydro-carbonaté, 1, 381. .— hydro-silicaté, 1, 382. — oxidé, I, 378. — sélénié, [, 376. : — sulfaté, 1, 379. — sulfuré, 1, 376. Lingiber cassumuniar, W, 204 — latifolium, IE, 204. — melequetta, 1, 218. — nigrum, H, 214. _— officinale, IE, 202. — sylvestre, 11, 222. — zerumbet, I, 204. ZiNGIBÉRACÉES, IE, 198. Zinkénite, [, 192, 194. Zircon, 1, 328. — hydraté, I, 330. , Zircone hydro-silicatée, 1, 330. | — silicatée, {[, 328. — — alcaline, !, 331. :Zisiphus vulgaris, UE, 492. ZLoANTHAIRES, IV, 310. Zoïsite, 1, 436. Zoophthalmum, WE, 354. Zoopayres, IV, 3, 308. — GLOBULEUX, IV, 309. — RADIAIRES, IV, 309. — NON RADIAIRES, IV, 311. Zoosporées, Il, 45. ZxcopuyLLées, IL, 498. FIN DE LA TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES. THE LIBRARY FACULTY OF PHARMACY UNIVERSITY OF TORONTO THE LIBRARY FACULTY OF PHARMACY UNIVERSITY OF TORONTO : ue ss » RARE rt ‘ a 4stetet # 1 * HÉSIE De HE sat, sans 2 Hi