j DUIN (BR FYY : RATER Ra AU ve A wŸ di ji Ni vin a À ae CE | Mu à MAN FA ein dus AC A EM EM k ui EU RPRNENGEURTE AN Nue " . LM M Lu À | A | da do LUUUU RAY Cu VEUM UE ue ‘ EU MU en ne ' MAX 14 NA dy V W en | JEU EU EX 1 NN Da AA RMAEERARERE © SE ds sv A ARE Pire pe MW A EN nor VV vi WMA Us NTI EU Aa Lu NAME ne EX CHANNEL vus AR M Ÿ | | LE SUUVUV VUU N A Fu ue sn, M da VAVIVA AE FR è ÿ Ÿ NTM VEN A \ LU JEUN UË MAN pa MER 6": | A LA ju ja WW ai van rar AM Fe Men MAN ne SN no AVL à ss M AU f Ù A VU VU MN. V \Ww ; A MUMUUUUE y | AMV PMU ee LE Un YY! VU k v iv V VV VX MAMUUPERE AN on A ‘ HUE UUUE Que Vs . Dos Du Ny MALE LE NU LC \W Jo UC EMVUNE” Wu MY VEN MU M RE ne pa WAAUAM un ne _— Ms AAA ne \ " nu VV Lt ae * er Re te My APN Ÿ MA MA NO UP UE M JS Ÿ tan A MAT. \N MN V nn VE PA JEMY Ÿ NA NAN UV N UM VU ERA ÿ LAN h LC] n + … | Are 2 | L POS : : [a LS [EPA m2 . L DR 0 *i . 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Le scombre alatunga, 21. Le scombre albacore, 48. Le scombre chinois, 23. TABLEAUu des espèces du genre des scombéroïdes, 50. Le scombéroïde noël, 5r. Le scombéroïde sauteur, 55. Le scombér. commersonnien, 53. TABLEAU des espèces du genre des caranx, 57. Le caranx trachure, 60. Le caranx daubenton, 7r. Le caranx amie, et le caranx Le caranx très-beau , 72. queue-jaune, 64. Le caranx carangue , 74. Le caranx glauque, 66. Le caranx ferdau, le caranx gæss, Le caranx blanc, et le caranx le caranx sansun, et le caranx queue-rouve , 68. korab , 75. Le caranx filamenteux , 70. Tasceau des espèces du genre des trachinotes, 78. Le trachinote faucheur , 70. = TOME III 2 TABEE TABLEAU des espèces du genre des caranxomores, 82. Le caranxomore pélagique , 83. Le caranxomore plumiérien, 84e TagLeau des espèces du genre des cæsio, 85. Le cæsio azuror, 86. Le cæsio poulain, go. TABLEAU des espèces du genre des cæsiomores, 92. Le cæsiomore baillon , 93. Le cæsiomore bloch, 095. TagLrau des espèces du genre des coris, 06. Le coris aigrette, 97. Le coris anguleux, 99. TAgLEAU des espèces du genre des gomphoses, 100. Le gomphose bleu, 1or. Le gomphose varié, 104. TABLEAU des espèces du genre des nasons, 108. Le nason licornet, 106. Le nason loupe, 111. TaBLEAU des espèces du genre des kyÿphoses, 114. Le kyphose double-bosse, 115. TABLEAU des espèces du genre des osphronemes, 116. L’osphronème goramy, 117. L’osphronème gal, 122. TaBLEAU des espèces du genre des trichopodes, 125. Le trichopode mentonnier, 126. Le trichopode trichoptère, 12g. TABLEAU des espèces du genre des monodactyles, 131. Le monodactyle falciforme, 132. TABLEAU des espèces du genre des plectorhinques, 134. Le plectorhinque chétodonoïde, 135. TaBLeaAu des espèces du genre des pogonias, 137. Le pogouias fascé, 138, d/ C3 Es = DE SE AU TAC EUENS. TABLEAU des espèces du genre des bostryches, 140. Le bostryche chinois, 141. Le bostryche tacheté, 143. Tage AU des espèces du genre des bostrychoïdes , 144. Le bostrychoïde œillé, 145. TaBLEAU des espèces du genre des échénéis, 146. L'échénéis rémora, 147. L’échénéis rayé, 167. L’échénéis naucrate, 162. TaBLeaAu des espèces du genre des macroures, 169. Le macroure berglax, 170. TagLrrau des espèces du genre des corÿphènes, 173. Le coryphène hippurus, 178. Le coryphène rasoir, 203. Le coryphène doradon , 184. Le coryphène perroquet, 205. Le coryphène chrysurus, 166. Le coryphène camus, 207. Le coryphène scombéroïde, 192. Le coryphène rayé, 208. Le coryphène ondé, 196. Le coryphène chinois, 209. Le coryphène pompile, 198. Le coryphène pointu, 217. Le coryphène bleu , 200. Le coryphène verd, et le cory- Le coryphène plumier, 2er. phène casqué , 212. TABLEAU des espèces du genre des hémiptérogotes, 214. L'hémiptéronote cinq-taches, 215. L'hémiptéronote gmelin, 218. TaBLeAU des espèces du genre des eoryphénoïdes, 219. Le coryphénoïde hottuynièn, 220. TaBLEAU des espèces du genre des aspidophores, 22r. L’aspidophore armé ,. 222. L’aspidophore lisiza, 225. TaëLEaAu des espèces du genre des aspidophoroïdes, 527. L'aspidophoroiïde tranquebar, 228. 4 TABLE TABLEAU des espèces du genre des cottes, 230. Le cotte grognant , 232. Le cotte insidiateur, 247. Le cotte scorpion, 236. Ê Le cotte madégasse, 248. Le cotte quatre-cornes , 241. Le cotte noir, 250. Le cotte raboteux, 244. Le cotte chabot, 252. Le cotte austral, 246. TagLEAU des espèces du genre des scorpènes, 258. La scorpène horrible, 261. La scorpène rascasse, 275. P ; » 27 La scorpène africaine , 266. La scorpène mahé, 278. La scorpène épineuse , 267. La scorpene truie, 280. La scorpène aiguillonnée, 268. La scorpène plumier, 282. La scorpène marseilloise, 260. La scorpène américaine , 284. P , ; La scorpène double-filament, 270. La scorpène didactyle, 285. } ; yie, La scorpène brachion, 272. La scorpene antennée, 287. La scorpène barbue, 274. La scorpène volante, 289. TaBceaAu des espèces du genre des scombéromores, 292. Le scombéromore plumier, 293. # TaBLEaAU des espèces du genre des gastérostées, 295. Le gastérostée épinoche, le gastérostée épinochette, et le gastérostée spinachie, 296. TaBLEAU des espèces du genre des centropodes , 303. Le centropode rhomboïdal, 304. TaBLEAU des espèces du genre des centrogastères, 306. Le centrogastère brunâtre , et le centrogastère argenté , 307. TABLEAU des espèces du genre des centronotes, 309. Le centronote pilote, 3171. lyzan , 316. Le centronote acanthias, et le Le centionote carolinin, le cen- centronote glaycos, 315. tronote gardénien, et le centre Le centronote argenté, le centro- note vadigo, 318. L note ovale , et le centronote D ENS MYANR TT GUIC ENS: o TABLEAU des espèces du genre des Kpisacanthes, 520. Le lépisacanthe japonois, 327. TABLEAU des espèces du genre des céphalacanthes, 32 ?. Le céphalacanthe spinarelle , 324. TABLE AU des espèces du genre des dactyloptères, 325. Le dactyloptère pirapède, 326. Le dactyloptère japonois, 335. TABLE AU des espèces du genre des prionotes 3 290. Le prionote volant, 337. TABLE AU des espèces du genre des trigles, 339. La trigle asiatique, 342. La trigle gurnau, et la trigle gron- La trigle lyre, 345. din, 358. La trigle caroline, la trigle porc- La trigle milan, 362. tuée, et la trigle lastoviza, 349. La trigle menue , 365. La trigle hirondelle, 353. La tigle cavillone , 366. La trigle pin, 356. TABLEAU des espèces du genre des péristédions, 368. Le péristédion malarmat, 3609. Le péristédion chabrontère, 375, TABLEAU des espèces du genre des istiophores, 374. L'’istiophore porte-glaive, 375. TABLEAU des espèces du genre des gymnètres, 570. Le gymnètre hawken, 380. TABLEAU des espèces du genre des mulles, 382. Le mulle rouget , 385. cyclostome, le mulle trois-ban- Le mulle surmulet , 394. des, et le mulle macronème, Le mulle japonois, 399. 404. Le mulle auriflamme, 400. Le mulle barberin , le mulle rou- Le mulle rayé, 401. geâtre, le mulle rougeor, et le Le mulle tacheté, 402. mulle cordon-jaune , 406. Le mulle deux-bandes, le mulle 6 AFAPE PL E TaBLEAU des espèces du genre des apogons, 4rr. L’apogon rouge, 412. TaBLeaAU des espèces du-genre des lonchures, 413. Le lonchure dianème, 414. TABLE AU des espèces du genre des macropodes, 416. Le macropode verd-doré, 417. NOMENCLATURE des labres, cheilines, cheilodiptères, ophicéphales, hologymnoses, scares, ostorhinques, spares, diptérodons, lutjans, centropomes, bodians, tænianotes, sciènes, microptères, holocentres, et persèques, 419. TasLeAU des espèces du genre des labres, 424. Le labre hépate , 456. Le labre operculé , le labre aurite, le labre faucheur, le labre oyène, le labre sagittaire, le labre cap- pa, le labre lépisme, le labre unimaculé, le labre bohar, et le labre bossu, 463. Le labre noir, le labre argenté, le labre nebuleux, le labre grisâtre, le labre armé , le labre chapeltt, le labre long-museau, le labre thunberg , le labre grison , et le labre croissant , 467. Le labre fauve , le labre ceylan , le labre deux-bandes, le labre mé- Jlagastre , le labre malaptère, le Jabre à demi rouge, le labre té- tracanthe, le labre demi-disque, Je labre cerclé, et le labre hé- rissé 472. Le labre fourche, le labre six- bandes, le labre macrogastère, le labre filamenteux , le labre anguleux, le labre huit-raies, le labre moucheté, le labre comuwersonnien , le labre lisse, et le labre macroptere , 477. Le labre quinze-épines, le labre macrocéphale , le labre plumié- rien, le labre gouan, le labre ennéacanthe , et le labre rouges- raies, 480. Le labre kasmira, 483. Le labre paon , 484. Le labre bordé, Ie labre rouillé, le labre œillé, le labre mélops, le labre nil, le labre louche, le labre triple-tache , le labre cen- dré, le libre cornubien. le labre mélé, et le labre jaunâtre, 487. Le labre merle, le labre rône , le labre fuligineux , le labre brun, Di EST VA"R-T I CL ES: De le Jabre échiquier, le labre mar- labre à gouttes , le labre boisé, bré, le labre large-queue, le ét le labre cinq-taches, 513. labre girelle, le labre parotique, Le labre microlépidote , le labre et le labre bergsniltre, 492. vieille , le labre karut, le labre Le labre guaze, le labre tancoïde, anéi, le labre ceinture , le labre le labre double-tache , le labre digramme, le labre hololépi- ponctué, le labre ossifage , le dote, le labre tænioure, le labre labre onite , le labre perroquet, parterre, le labre sparoïde, le le labre tourd, le labre cinq- Jabre léopard, et le labre ma- épines, le labre chinois, et le laptéronote , 517. labre japonois, 5or. Le labre diane, le labre macro: Le labre linéaire , le labre lunulé, donte, le labre neustrien, le le labre varié, le labre maillé, labre calops, le labre ensanglan- le labre tacheté, le labre cock, té, le labre perruche , le labre le labre canude, le labre blan- keslik , et le labre combre, 522. ches-raies, le labre bleu, et Le Le labre brasilien , le labre verd, labre rayé, 508. le labre trilobé , le labre deux- Le labre ballan, le labre bergylte, croissans, le labre hébraïque, le labre. hassek , le labre arisié, le labre large-raie, et le labre le labre birayé, le labre grandes- anuelé, b26. écailles, le labre tête-bleue, le TABLE AU des espèces du genre des cheilines, 5209. Le cheiline scare, 530. Le cheiïline trilobé, 537. TagLEeAU des espèces du genre des cheïlodiptères, 539. Le cheïlodiptère heptacanthe, le cheïlodiptère boops , et le chei- cheilodiptère chrysoptère, et le lodiptère acoupa, 546. cheilodiptére rayé , 542. Le cheilodiptère macrolépidote, Le cheilodiptère maurice, 545. et le, cheilodiptère tacheté, Le cheilodiptère cyanoptère , le 540. TagLEAU des espèces du genre des ophicéphales, 551, L’ophicéphale karruwey, et l’ophicéphale wrahl, 552. Tagceau des espèces du genre des hologymnoses, 556. L'hologymnose fascé, 557. ANVISE CRIME SENTE ANERe C£ troisième volume de l'Histoire des poissons renferme la description de deux cent quatre-vingt-dix-huit espèces , dont cent sont encore inconnues. Elles sont réparties dans quarante- huit genres, parmi lesquels on devra en compter trente-quatre qu'aucun naturaliste n’avoit encore établis. Les trois premiers volumes de l'Histoire des poissons com- prennent done des articles relatifs à six cent dix espèces, dont cent cinquante-quatre n’avoient été décrites par aucun auteur, avant notre travail sur ces animaux, et que nous avons distri- buées dans quarante - neuf genres connus depuis long -temps, et dans soixante autres genres que nous avons formés. Le nombre des planches du troisième volume est moindre que nous ne l’avions cru, parce que l'histoire de plusieurs espèces de poisson auxquelles ces planches sont relatives, ne paroîtra que dans le quatrième, ou dans le cinquième et der- nier volume. Elle a été ainsi reculée pour faire place à celle d’un grand nombre d’espèces qui devoient la précéder d’après l’ordre méthodique suivi dans cet ouvrage, et au sujet desquelles nous avons recu de nos correspondans des notes très-multipliées et tres-étendues, depuis l’impression du second volume. Ce second volume renferme la figure d’une espèce décrite dans le troisième ; c’est celle du labre 1é/racanthe, représenté pl. XIIT, fig. 3. On trouvera dans le quatrième, dont l’impression est presque terminée, Particle relatif au //jan trilobé, dont on peut voir la figure au 7° 3 de la planche XVI du second volume. SAULT Bo DURE A BARREAU DU DIX-NEUVIÈME ORDRE DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, ou DU TROISIÈME ORDRE DE LA PREMIÈRE DIMISRONLDES OISSEU X *. Genres. Une plaque très-grande, ovale, composée 78. ÉCHÉNÉIS. de lames transversales, et placée sur la tête, qui est déprimée. Deux nageoires sur le dos; la queue deux 79- MACROURE. { à fois plus longue que le corps. Le sommet de la tête très - comprimé et comme tranchant par le haut, ou tres- élevé et finissant sur le devant par un plan presque vertical, ou terminé anté- 80. CORYPHÈNE. rieurement par un quart de cercle, ou garni d’écailles semblables à celles du dos ; une seule nageoire dorsale, et cette na- geoire du dos presque aussi longue que le corps et la queue. Le sommet de la tête très-comprimé, et Sr. HÉMIPTÉRONOTE. comme tranchant par le haut, ou très- élevé.et finissant sur le devant par un plan * Voyez le tableau qui est à la tête du premier volume, et celui qui est à la tête du second. TOME III. b 30 8r Œ Geures. _ A BE E 4 D presque vertical, ou terminé antérieure- ment par un quart de cercle, ou garni d’écailles semblables à celles du dos; une seule nageoire dorsale, et la longueur de cette nageoire du dos ne surpassant pas ou surpassant à peine la moitié de la lon- gueur du corps et de la queue pris en- semble. Le sommet de Ja tête foase comprimé, et 82. CORYPHÉNOIÏDE, 83. 86. ASPIDOPHORE. serons | E SCORPÈNE: comme tranchant par le haut, ou très- élevé et finissant sur le devant par un plan presque vertical, ou terminé anté- rieurement par un quart de cercle, ou garni d’écailles semblables à celles du dos; une seule nageoire dorsale; louverture des branchies ne consistant que dans une fente transversale. Le corps et la queue couverts d’une sorte de cuirasse écailleuse ; deux nageoires sur le dos; moins de, quatre rayons aux na- geoires-thoracines. Le corps et la queue couverts d’une sorte de cuirasse écailleuse ; une seule nageoire sur le dos; moins de quatre rayons aux nageoires thoracines. La tête plus large que le corps; la forme ÉigE un peu conique; deux nageoires r le dos; des aiguillons ou des tuber- in sur la tête ou sur les opercules des branchies; plus de trois rayons aux na- geoires thoracines. La tête garnie d’aiguillons , ou de protubé- rances , ou de barbillons , et dépourvue de petites écailles ; une seule nageoire dor- sale. DES GENRES. TI Genres. Une seule nageoire dorsale ; de petites na- ; geoires au- dessus et au-dessous de’ Ja 87. SCOMBÉROMORE. : Re ee SUR queue ; point d’aiguillons isolés au- devant de la nageoire du dos. Une seule nageoire dorsale ; des aiguillons isolés ; ou presque isolés , au-devant dela : ; nageoire du dos; une carène Jlongitudi- 88. GASTÉROSTÉE. sue nale de chaque côté de la queue ; un ou deux rayons au plus à chaque nageoire thoracine ; ces rayons aiguillonnés. Deux nageoires dorsales; un aïguillon et cinq ou six rayons articulés très- petits à chaque nageoire thoracine ; point de pi- 8). CENTROPODE. quans isolés au-devant des nageoires du dos, mais les rayons de la premitre dor- sale à peine réunis par une membrane; point de carène latérale à la queue, Quatre aiguillons et six rayons articulés à 99. CENTROGASTÈRE. 6 c chaque nageoire thoracine. Une seule nageoire dorsale; quatre rayons au moins à chaque thoracine ; des pi- ' quans isolés au-devant de la nageoire du 91. CENTRONOTE. D: . 0 dos; une saillie longitudinale sur chaque côté de la queue, ou deux aiguillons au- devant de la nageoire de l'anus. Les écailles du dos, grandes, ciliées et ter- minées par un aiguillon ; les opercules den- 92. LÉPISACANTHE. telés dans leur partie postérieure , et dé- nués de petites écailles ; des aiguillons isolés au-devant de la nageoire dorsale. Le derrière de la tête garni , de chaque côté, d3 nn be more de deux piquans dentelés et très-longs ; point d’aiguillons isolés au-devant de la nageoire du dos. 12 TMANBALUE, AU CRE Une petite nageoire composée de rayons 94 DACTYLOPTÈRE. soutenus par une membrane, auprès de la base de chaque nageoire pectorale. Des aiguillons dentelés, entre les deux na- geoires dorsales ; des rayons articulés et 95. PRIONOTE. 6 se : non réunis par une membrane , auprès de chacune des nageoires pectorales. nageoires dorsales; des rayons articulés et 96. TRIGLE. : s non réunis par une membrane, auprès de ee d’aiguillons dentelés entre les deux chacune des nageoires pectorales. membrane, auprès des nageoires pecto- L J rales ; une seule nageoire dorsale; point 97. PÉRISTÉDION. Sr d’aiguillons dentelés sur le dos; une ou plusieurs plaques osseuses au-dessous du ï rayons articulés et non réunis par une corps. des nageoires pectorales, ni de plaques osseuses au-dessous du corps ; la première 98 ISTIOPHORE. à A AE nageoire du dos, arrondie, très-longue , et le] ? d’une hauteur supérieure à celle du corps; £ de rayons articulés et libres auprés deux rayons à chaque thoracine. 99: GYMNÈTRE. Point de nageoire de l’anus; une seule na- geoire dorsale ; les rayons des nageoires thoracines très-alongés. détachent aisément ; deux nageoires dor- d corps couvert de grandes écailles qui se 100. MUELE. Û : é w . sales; plus dun barbillon à la mâchoire inférieure. Les éeailles grandes et faciles à détacler ; le soumet de la tête élevé ; deux nagcoires 101+ APOGON. dorsales; point de barbillons au-dessous de la màchoire inférieure. DES GENRES. 13 HS La nageoïre de la queue lancéolée ; cette na- geoire ct les pectorales aussi longues, au moins , que le quart de la longueur totale de l’animal ; Ja nageoire dorsale Jonoue , et profondément échancrée; deux barbillons à la mâchoire inférieure. 102, LONCHURE. Les thoracines au moins de la longueur du corps proprement dit ; la nageoire caudale très-fourchue , et à peu près aussi longue que le tiers de la longueur totale de Pani- 103. MACROPODE, F k mal; Ja tête proprement dite et les oper- cules revêtus d’écailles semblables à celles du dos; l’ouverture de la bouche très- petite. | lèvre supérieure extensible ; point de dents incisives ou molaires ; les opercules des branchies, dénués de piquans et de dentelure; une seule nageoire dorsale; cette dir ARS naocoire du dos très-séparée de celle de la queue , ou très-éloignée de la nuque, ou composée de rayons lerminés par un fila- ment, dentelure; une seule nageoire dorsale; cette nageoire du dos très-séparée de celle de la queue, ou trés-éloignée de la nuque, ou composée de rayons termi- nés par un filament ; de grandes écailles ou des appendices placés sur la base de Ja nageoire caudale, ou sur les côtés de Ja ueue. Sie l La lèvre supérieure extensible; les opercules La lèvre supérieure extensible; point de des branchies dénués de piquans et de 109 CHE LI NF. à dents incisives ni molaires; les opereules . HOSENrODNET EE des branchies dénués de piquans et de den- telure ; deux nageoires dorsales, e 14 Geures: 107. OPHICÉPHALE. 108. HOLOGYMNOSE. 109. SCARE. 110, OSTORHINQUE. III. SPARE. T | | BMPMENEPANU Point de dents incisives ni molaires ; les oper- cules des branchies dénués de piquans et de dentelure; une seule nageoire dorsale ; la tête aplatie, arrondie par-devant , sem- blab'e à celle d’un serpent , et couverte d’écailles polygones, plus grandes que celles du dos, et disposées à peu près comme celles que l’on voit sur la tête de la plupart des couleuvres ; tous les rayons des nageoires articulés. Toute la surface de l’animal dénuée d'’é- cailles facilement visibles; la queue re- présentant deux cônes tronqués ,appliqués le sommet de l’un contre le sommet de l’autre , et inégaux en longueur ; la cau- dale très-courte ; chaque thoracine compo- sée d’un ou plusieurs rayons mous et réu- nis ou enveloppés de manière à imiter un barbillon charnu. Les mâchoires osseuses, très-avancées, et tenant lieu de véritables dents ; une seule nageoire dorsale. Les mâchoires osseuses, très-avancées , et tenant lieu de véritables dents ; deux na- geoires dorsales. Les lèvres supérieures peu extensibles, ou non extensibles ; ou des dents incisives, ou des dents molaires disposées sur un ou plusieurs rangs; point de piquans ni de dentelure aux opercules ; une seule na- geoire dorsale ; cette nageoire éloignée de celle de la queue, ou la plus grande hau- teur du corps proprement dit, supérieure, ou égale , ou presque égale à la longueur de ce même corps. DE SIG EN RES. 19 Genres. Les lèvres supérieures peu extensibles, ou non extensibles ; ou des dents incisives, ou des dents molaires disposées sur un ou plusieurs rangs; point de piquans ni de dentelure aux opercules; deux nageoires 12. DIPTÉRODON. dorsales ; la seconde nageoire du dos éloi- gnée de celle de la queue, ou la plus grande hauteur du corps proprement dit, supérieure , ou égale, ou presque égale à la longueur de ce même corps. de chaque opercule; point de piquans à IIS -LUTJAN. ces pièces; une seule nageoire dorsale; un seul barbillon ou point de barbillons aux mâchoires. Une dentelure à une ou à plusieurs pièces de : chaque opercule; point d’aiguillons à ces 114 CENTROPOME. piéces ; un seul barbillon ou point de bar- billons aux mâchoires; deux nageoires dorsales. Un ou plusieurs aïguillons et point de den- telure aux opercules; un seul barbillon TTOe BODIAN. ; Ï ee er ou point de barbillons aux mâcloires; É dentelure à une ou à plusieurs pièces une seule naceoire dorsale. telure aux opercules; un seul barbillon ou point de barbillons aux mâchoires; une 116. TÆNIANOTE. nageoire dorsale étendue depuis lentre- deux des yeux jusqu’à la nageoire de la queue, ou très-longue et composée de plus | ou plusieurs aiguillons et point de den- de quarante rayons. telure aux opercules; un seul baibillon où 7 S'CHPUSEe point de barbillons aux mâchoires ; deux ; ou plusieurs aiguillons et point de den- nageoires dorsales, 16 FA BIL.E AU DS CG LONIREIS. Échee: Un ou plusieurs aiguillons et point de den- telure aux opercules ; un barbillon ou point 5 de barbillons aux mâchoires; deux na- 118 MICROPTÉÈRE. pee : . geoires dorsales ; la seconde très-basse, très-courte, et comprenant au plus cinq rayons. Un ou plusieurs aiguillons et une dentelure aux opercules; un barbillon ou point de Ro OL OC ENACRE barbillons aux mâchoires; une seule na- geoire dorsale. Un ou plusieurs aiguillons et une dentelure aux opercules; un barbillon ou point de = . LROURE ER QUE barbillons aux mächoires ; deux nageoires dorsales. HISTOIRE NATURELLE D'ENS PS OT STS ONNTS-: DES EFFETS DE L'ART DE L'HOMME SUR LA NATURE DES POISSONS. C'esT un beau spectacle que celui de l'intelligence humaine, disposant des forces de la Nature, les divi- sant, les réunissant, les combinant, les dirigeant à son gré, et, par l'usage habile que l'expérience et l’obser- vation lui en ont appris, modifiant les substances, TOME IIL À 1j EFFETS DE L'ART DE L'HOMME transformant les êtres , et rivalisant, pour ainsi dire, avec la puissance créatrice. L'amour propre, l'intérêt, le sentiment et la raison applaudissent sur-tout à ce noble spectacle , lorsqu'il nous montre le génie de l'homme exerçant son empire, non seulement sur la matière brute qui ne lui résiste que par sa masse, ou ne lui oppose que ce pouvoir des affinités qu’il lui suffit de connoître pour le mai- triser, mais encore sur la matière organisée et vive, sur les corps animés, sur les êtres sensibles, sur les propriétés des espèces, sur ces attributs intérieurs, ces facultés secrètes , ces qualités profondes qu'il domine, sans même parvenir à dévoiler leur essence. De quelques êtres organisés et vivans que l'on veuille dessiner l'image, on voit presque toujours sur quel- ques uns de leurs traits l'empreinte de l’art de l’homme. Sans doute l'histoire de son industrie n'est pas celle de la Nature : mais comment ne pas en écrire quelques pages , lorsque le récit de ses procédés nous montre jusqu'a quel point la Nature peut être contrainte à agir sur elle-même, et que cette puissance admi- rable de l'homme s'applique à des objets d’une haute importance pour le bonheur public et pour la félicité privée ? Parmi ces objets si dignes de l'attention de l’économe privé et de l’économe public, comptons, avec les sages de l'antiquité, ou, pour mieux dire, avec ceux de tous les siècles qui ont le plus réuni l'amour de SUR LA NATURE DES POISSONS. ii} l'humanité à la connoissance des productions de la Nature, la possession des poissons les plus analogues aux besoins de l’homme. Deux grands moyens peuvent procurer ces poissons que l'on a toujours recherchés, mais auxquels, dans certains siècles et dans certaines contrées, on a attaché un si grand prix. Le premier de ces moyens, résultat remarquable du perfectionnement de la navigation, multipliant chaque jour le nombre des marins audacieux, et accroissant les progrès de l’admirable industrie sans laquelle il n’auroit pas existé, obtiendra toujours les plus grands encouragemens des chefs des nations éclairées : il consiste dans ces grandes pêches auxquelles des hommes entreprenans et expérimentés vont se li- vrer sur des mers lointaines et orageuses. Mais l'usage de ce moyen, limité par les vents, les courans et les frimas, et troublé fréquemment par les innombrables accidens de l'atmosphère et des mers, exige sans cesse une association constante, prévoyante et puissante, une réunion difficile d'instrumens variés, une sorte d'alliance entre un grand nombre d'hommes que l'on ne peut rencontrer que très-rarement et rapprocher qu'avec peine. Il ne donne à nos ateliers qu'une partie des produits que l’on pourroit retirer des animaux poursuivis dans ces pêches éloignées et fameuses, et ne procure pour la nourriture de l'homme que des préparations peu substantielles, peu agréables, ou peu salubres, iv EFFETS DE L'ART DE L'HOMME Le second moyen convient à tous les temps, à tous les lieux, à tous les hommes. Il ne demande que peu de précautions, que peu d'efforts, que peu d'instans , que peu de dépenses. Il ne commande aucune absence du séjour que l'on affectionne, aucune interruption de ses habitudes, aucune suspension de ses affaires ; il se montre avec l'apparence d'un amusement varié, d'une distraction agréable, d'un jeu plutôt que d'un travail; et cette apparence n'est pas trompeuse. H doit plaire à tous les âges; il ne peut être étranger à aucune condition. Il se compose des soins par lesquels on par- vient aisément à transporter dans les eaux que l'on veut rendre fertiles, les poissons que nos goûts ou nos besoins réclament, à les y acclimater , à les y conserver, à les y multiplier, à les ÿ améliorer. Nous traiterons des grandes pèches dans un discours particulier. Occupons-nous dans celui-ci de cet ensemble de soins qui nous rappelle ceux que les Xénophon, les Oppien, les Varron, les Ovide, les Columelle, les Ausone, se plaisoient à proposer aux deux peuples les plus illustres de l'antiquité, que la sagesse de leurs préceptes , le charme de leur éloquence, la beauté de leur poésie et l'autorité de leur renommée inspiroient avec tant de facilité aux Grecs et aux Romains, et qui étoient en tres-grand honneur chez ces vainqueurs de l'Asie et de l'Europe, que la gloire avoit couronnés de tant de lauriers. SUR LA NATURE DES POISSONS. 4 L'homme d'état doit les encourager, comme une seconde agriculture : l'homme des champs doit les adopter, comme une nouvelle source de richesses et de plaisirs. En rendant en effet les eaux plus productives que la terre, en répandant les semences d'une zbondante et utile récolte, dans tous les lacs, dans les rivières, dans les ruisseaux, dans tous les endroits que la plus foible source arrose, ou qui conservent sur leur surface le produit des rosées et des pluies, ces soins que nous allons tâcher d'indiquer, n’augmenteront-ils pas beau- coup cette surface fertile et nourricière du globe, de laquelle nous tirons nos véritables trésors? et l'accrois- sement que nous deyrons à ces procédés simples et peu nombreux, ne sera-t-il pas d'autant plus considé- rable, que ces eaux dans lesquelles on portera, en- tretiendra et multipliera le mouvement et la vie, offriront une profondeur bien plus grande que la couche sèche fécondée par la charrue, et à laquelle nous confions les graines des végétaux précieux ? Et dans ses momens de loisir, lorsque l'ami de la Nature et des chämps portera ses espérances , ses sou- venirs, ses douces rêveries , sa mélancolie même, sur les rives des lacs, des ruisseaux ou des fontaines, et que, mollement étendu sur une herbe fleurie, à l'ombre d'arbres élevés et touftus, il goûtera cette sorte d'ex- tase, cette quiétude touchante, cette volupté du repos, cet abandon de toute idée trop forte, cette absence v} EFFETS DE L'ARTDE L'HOMME de toute affection trop vive, dont le charme est si grand pour une ame sensible , n'éprouvera -t- il pas une jouissance d'autant plus douce qu'il aura sous ses yeux, au lieu d'une onde stérile, déserte, inanimée , des eaux vivifiées, pour ainsi dire, et embellies par la légéreté des formes, la vivacité des couleurs, la variété des jeux, la rapidité des évolutions ? Voyons donc comment on peut transporter, accli- mater, multiplier et perfectionner les poissons; ou, ce qui est la même chose, montrons comment l'art modifie leur nature. Tächons d'éclairer la route, élevée du physiologiste par les lumières de l'expérience, et de diriger l'expé- rience par les vues du physiologiste. Disons d’abord comment on transporte les poissons d'une eau dans une autre. De toutes les saisons, la plus favorable au transport de ces animaux est l'hiver, à moins que le froid ne soit très-rigoureux. Le printemps et l'automne le sont beaucoup moins que la saison des frimas; mais il faut toujours les préférer à l'été. La chaleur auroit bientôt fait périr des individus accoutumés à une température assez douce; et d’ailleurs ils ne résisteroient pas à l'influence funeste des orages qui règnent si fréquem- ment pendant l'été. C'est en effet un beau sujet d'observation pour le physicien, que l’action de l'électricité de l'atmosphère sur les habitans des eaux, action à laquelle ils soné + SUR LA NATURE DES POISSONS. vi) soumis non seulement lorsqu'on les force à changer de séjour, mais encore lorsqu'ils vivent indépendans dans de larges fleuves, ou dans des lacs immenses, dont la profondeur ne peut les dérober à la puissance de ce feu électrique. Il ne faut exposer aux dangers du transport que des poissons assez forts pour résister à la fatigue, à la contrainte, et aux autres inconvéniens de leur voyage. À un an, ces animaux seroient encore trop jeunes; l'âge le plus convenable pour les faire passer d'une eau daws une autre, est celui de trois ou quatre ans. On ne remplira pas entièrement d’eau les tonneaux dans lesquels on les renfermera. Sans cette précaution, les poissons, montant avec rapidité vers la surface de l'eau , hlesseroient leur tête contre la partie supérieure du vaisseau dans lequei ils seront placés. Ces tonneaux devront d’ailleurs présenter un assez grand espace. Bloch, qui a écrit des observations très-utiles sur l'art d'élever les animaux dont nous nous occupons, demande qu'un tonneau destiné à transporter des poissons du poids de cinquante kilogrammes (cent livres, où à peu près) contienne trois cent vingt litres ou pintes d'eau. Il est mème nécessaire que vers la fin du printemps, ou au commencement, de l'automne , c'est-à-dire, lors- que la chaleur est vive au moins pendant plusieurs heures du jour, cette quantité d'eau soit plus grande, et souvent double; et quelle que soit la température de l'air, il faut qu'il y ait toujours une communication vii) EFFETS DE L'ART DE L'HOMME libre entre l'atmosphère et l’intérieur du tonneau, SOIÉ pour procurer aux poissons , Suivant l'opinion de quel- ques physiciens, l’air qui peut leur être nécessaire, soit pour laisser échapper les miasmes malfaisans et les gaz funestes qui, ainsi que nous l'avons déja dit dans cette histoire, se forment en abondance dans tous les endroits où les habitans des eaux sont réunis en très-grand nombre, même lorsque la chaleur n'est pas très-forte, et leur donnent la mort souvent dans un espace de temps extrèmement court. Mais comme ces soupiraux si nécessaires aux pois- sons que l'on fait voyager , pourroient , s'ils étoient faits sans attention, laisser à l’eau des mouvemens trop libres et trop violens qui la feroient jaillir, pous- seroient les poissons les uns contre les autres, les frois- seroient et les blesseroient mortellement, il sera bon de suivre, à cet égard, les conseils de Bloch, qui recommande de prévenir la trop grande agitation de l'eau par une couronne de paille ou de petites planches minces introduites dans le tonneau, ou en adaptant à l’orifice qu'on laisse ouvert, un tuyau un peu long, terminé en pointe, et percé vers le haut de plusieurs trous qui établissent une communication suflisante entre l'air extérieur et l'intérieur du vaisseau *. Toutes les fois que la distance le permettra, on emploiera aussi des bêtes de somme tranquilles, ou * Jntroduction à l'histoire naturelle des poissons, par Bloch. SUR LA NATURE DES POISSONS. IX même des porteurs attentifs, plutôt que des voitures exposées à des cahots rudes et à des secousses brusques et fréquentes. On prendra encore d'autres précautions, suivant les circonstances dans lesquelles on se trouvera, et les espèces dont on voudra porter des individus vivans à un assez grand éloignement de leur premier séjour. Si l’on veut, par exemple, conserver en vie, malgré un long trajet, des truites, des loches, ou d’autres poissons qui périssent facilement, et qui se plaisent au milieu d’une eau courante, on change souvent celle du tonneau däns lequel on les renferme, et on ne cesse de communiquer à celle dans laquelle on les tient plongés , un mouvement doux, mais sensible, qui sub- siste lors même que la voiture qui les porte s'arrête, et qui, bien inférieur à une agitation dangereuse, représente les courans naturels des rivières ou des TuisseaAUX. Pour peu que l’on craigne les effets de la chaleur ; on voyagera la nuit ; et l'on évitera avec le plus grand soin, en maniant les poissons, de les presser, de les froisser , de les heurter. On ne les laissera hors de l’eau que pendant le temps le plus court possible, sur-tout lorsqu'un soleil sans nuages pourroit, en desséchant promptement leurs organes et particulièrement leurs branchies, les faire périr très-promptement. Cependant, lorsque le temps sera froid, on pourra transporter des anguilles, des TOME 111. B x EFFETS DE L'ART DE L'HOMME carpes, des brèmes, et d'autres poissons qui vivent assez long-temps hors de l'eau, sans employer ni tonneau ni voiture, en les enveloppant dans de la neige et dans des feuilles grandes, épaisses et fraîches, telles que celles du chou ou de la laitue. Un moyen presque sem- blable a réussi sur des brèmes que l’on a portées vi- fantes à plus de dix myriamètres (vingt lieues), On les avoit entourées de neige , et on avoit mis dans leur bouche un morceau de pain trempé dans de l'eau-de- vie. C'est avec des précautions analogues que dès le. seizième siècle on a répandu dans plusieurs contrées de l'Europe, des espèces précieuses de poisson, dont on y étoit privé. C'est en les employant, qu’il paroît que Maschal a introduit la carpe en Angleterre en 1514; que Pierre Oxe l'a donnée au Danemarck en 1550; qu'à une époque plus rapprochée on a naturalisé l’acipensère strelet en Suède, ainsi qu'en Poméranie ;, et quon a peuplé de cyprins dorés de la Chine les eaux non seulement de France, mais encore d'Angleterre , de Hollande et d'Allemagne. fais il est un procédé par le moyen duquel on par- vient à son but avec bien plus de sûreté, de facilité et d'économie, quoique beaucoup plus lentement. Il consiste à transporter le poisson, non pas déve- loppé et parvenu à une tailie plus ou moins grande, mais encore dans l'état d'embryon et renfermé dans son œuf. Pour réussir plus aisément, on prend les SUR LA NATURE DES POISSONS. x) herbes ou les pierres sur lesquelles les femelles ont déposé leurs œufs, et les mâles leur laite, et on les porte dans un vase plein d'eau, jusqu'au lac, à l'étang, à la rivière, ou au bassin que l’on desire de peupler. On apprend facilement à distinguer les œufs fécondés, d'avec ceux qui n'ont pas été arrosés de la liqueur pro- lifique du mâle, et que l’on doit rejeter : les premiers paroissent toujours plus jaunes, plus clairs, plus dia- phanes. On remarque cette différence dès le premier jour de leur fécondation, si lon se sert d’une loupe; et dès le troisième ou le quatrième jour on n’a plus besoin de cet instrument, pour voir que ceux qui n'ont pas été fécondés par le mâle, deviennent à chaque instant plus troubles, plus opaques, plus ternes: ils perdent tout leur éclat, s'altèrent, se décomposent; et dans cet état de demi-putréfaction, ils ont été come parés à de petits grains de grèle qui commencent à se fondré *. Pour pouvoir employér ce transport des œufs féton- dés, d’uné eau dans une autre , il faudra s'attacher à connoître dans chaque pays le véritable temps de la ponte de chaque espèce, et du passage des mâles au- dessus des œufs; et comme dans presque toutes les espèces de poissons on compte trois ou quatre époques du frai, les jeunes individus pondant leurs œufs plus tard que les femelles plus avancées en âge, ét celles-ci RE * Bloch, Zztroduction à l’histoire naturelle des poissons. ? je xi) EFFETS DE L'ART DE L'HOMME plus tard que d’autres femelles plus âgées encore, que ces époques sont ordinairement séparées par un inter- valle de neuf ou dix jours, et que d’ailleurs il s'écoule toujours au moins près de neuf jours entre l'instant de la fécondation et celui où le fœtus brise sa coque et vient à la lumière, on pourra chaque année, pendant un mois ou environ, chercher avec succès des œufs fécondés de l'espèce qu'on voudra introduire dans une eau qui ne l’aura pas encore nourrie. Si le trajet est long, on change souvent l'eau du vase dans lequel les œufs sont transportés. Cette pré- caution a paru nécessaire même dans les premiers jours de la ponte, où l'embryon contenu dans l'œuf ne peut être supposé respirer en aucune manière, puisque, dans ces premiers jours, non seulement le petit animal est renfermé dans ses enveloppes et dans la membrane qui entoure l'œuf, mais encore montre au microscope le cours de son sang , dirigé de manière à circuler sans passer par des branchies qui ne sont ni développées ni visibles. Elle ne sert donc dans ce pre- mier temps qu'a préserver les œufs et les embryons, de l'action des gaz ou miasmes qui se produiroient dans une eau que l’on ne renouvelleroit pas, et qui, péné- trant au travers de la membrane de l'œuf, agiroient d'une manière funeste sur les nerfs ou sur d’autres organes encore extrêmement délicats des jeunes pois- sons. La nécessité de ce changement d’eau est donc une nouvelle preuve de ce que nous avons dit dans ce SUR LA NATURE DES POISSONS xii Discours , et dans celui que nous avons publié sur la nature des poissons, au sujet du besoin que lon a pour conserver ces animaux en vie, d'entretenir une communication très-libre entre l'atmosphère et le fluide dans lequel ils sont plongés. On favorise le développement de l'œuf et la sortie du fœtus, en les plaçant après le transport dans un endroit éclairé par le soleil. On les hâte même par cette attention; et Bloch nous apprend dans l'introduction que nous avons déja citée, qu'ayant fait quatre paquets d'herbes chargées d'œufs de la même espèce, ayant exposé le premier au soleil du midi, le second au soleil levant, le troisième au couchant, et ayant fait mettre le quatrième à l'abri du soleil, les œufs du premier paquet furent ouverts par le fœtus deux jours avant ceux du quatrième, et les œufs du second et du troi- sième un jour plutôt que ceux du quatrième paquet, que la chaleur du soleil n'avoit pas pénétrés, Cependant les eaux dans lesquelles vivent les pois- sons, peuvent être salées ou douces, troubles ou lim- pides, chaudes ou froides, tranquilles ou agitées par des courans plus ou moins rapides. Elles doivent tou- jours présenter ces qualités combinées quatre à quatre, la même eau devant être nécessairement courante ou tranquille , froide ou chaude, claire ou limoneuse, douce ou salée. Mais ces huit modifications réunies quatre à quatre peuvent produire seize combinaisons : l'eau qui nourrit les poissons peut donc ofirir seize xiv EFFETS DE L'ART DE L'HOMME manières d’être très-différentes l’une de l’autre, et très-faciles à distinguer. Nous en trouverions un nombre immense si nous voulions faire attention à toutes les nuances que chacune de ces modifications peut mon- trer, et à toutes les combinaisons qui peuvent résulter du mélange de tous ces degrés. Néanmoins ne tenons compte que des seize caractères bien distincts qui peuvent appartenir à l’eau; et voyons l'influence de la nature des différentes eaux sur la conservation des poissons que l’on veut acclimater. Il est évident que si l’on jette les yeux au hasard sur une des seize combinaisons que nous venons d'indi- quer, on ne la verra pas séparée des quinze autres par un égal nombre de difiérences. Que l’on dépose donc les poissons que l'on viendra de transporter, dans les eaux les plus analogues à celles dans lesquelles ils auront vécu ; et lorsqu'on sera embarrassé pour trouver de ces eaux adaptées aux in- dividus que l’on voudra conserver, que l'on préfère de les placer dans des lacs, où ils jouiront à leur vo- lonté des eaux courantes qui s'ÿ jettent ou en sortent, et des eaux paisibles qui y séjournent, où ils ren- contreront des toufles de végétaux aquatiques et des rochers nuds, des fonds de sable et des terrains vaseux, où ils jouiront d'une température douce en s'enfonçant dans les endroits les plus profonds, et où ils pourront se réchauffer aux rayons du soleil en s'élevant vers la surface. SUR LA NATURE DES POISSONS. XV Que l’on choisisse néanfmoins les lacs dont les rives sont unies, plutôt que ceux dont les rivages sont tres- hauts; et si l’on est obligé de se servir de ces lacs à bords très-exhaussés, et où par conséquent les œufs déposés sur des fonds trop éloignés de l'atmosphère ne peuvent pas recevoir l'heureuse influence de la lumière et de la chaleur, qu'on supplée aux côtes basses et aux pentes douces , en faisant construire dans ces lacs et auprès de leurs bords des espèces de parcs ou de viviers en bois, qui présenteront des plans incli- nés très-voisins de la surface de l’eau , et que l’on gar- nira, dans la saison convenable, de branches et de rameaux sur lesquels les femelles puissent frotter leur ventre et se débarrasser de leurs œufs. Aura-t-on à sa disposition des eaux thermales assez abondantes pour remplir de vastes réservoirs, et y couler constamment en si grand volume, que dans toutes les saisons la chaleur y soit très-sensible? On en profitera pour acclimater des espèces étrangères, utiles par la bonté de leur chair, ou agréables aux yeux par la vivacité de leurs couleurs, la beauté de leurs formes et l'agilité de leurs mouvemens , et qui n'auront vécu jusqu'à ce moment que dans les contrées renfermées dans la zone torride ou très-voisines des tropiques. Lorsque les poissons ne sont pas délicats, ils peuvent néanmoins supporter très-facilement le passage d'une eau à une eau très-difiérente de la première. On l'a xv) EFFETS DE L'ART*DE L'HOMME remarqué particulièrement sur l’anguille; et le citoyen De Septfontaines, observateur très-éclairé, que nous avons eu le plaisir de citer très-souvent dans nos ou- vrages, nous a écrit dans le temps, qu'il avoit fait transporter des anguilles d’une eau bourbeuse dans le vivier le plus limpide, d’une eau froide dans une eau tempérée , d'une eau tempérée dans une eau froide, d’un vivier très-limpide dans une eau limoneuse, etc. ; qu'il avoit fait supporter ces transmigrations à plus de trois cents individus ; qu'il les y avoit soumis dans différentes saisons ; qu’il n'en étoit pas mort la ving- tième partie; et que ceux qui avoient péri, n’avoient succombé qu'à la fatigue et à la gêne que leur avoit fait éprouver un séjour très-long dans des vaisseaux très-étroits. On pourroit croire, au premier coup d'œil, qu'une des habitudes les plus difficiles à donner aux poissons seroit celle de vivre dans l’eau douce après avoir vécu dans l’eau salée , ou celle de n'être entourés que d’eau salée après avoir été continuellement plongés dans de l'eau douce. Cependant on ne conservera pas long-temps cette opinion , si l'on considère qu'à la vérité l'eau salée, comme plus pesante , soutient davantage le poisson qui nage , et dès-lors lui donne, tout égal d'ailleurs, plus d'agilité et de vitesse dans ses mouvemens, mais que lorsqu'elle se décompose dans les branchies pour en- tretenir par son oxygène la circulation du sang, ou SUR LA NATURE DES POISSONS. xvi} seulement dans le canal intestinal pour servir par sou hydrogène à la nourriture de l'animal, le sel dont elle est imprégnée, n’altère ni Fun ni l’autre produit de cette décomposition. L’oxygène et l'hydrogène reti- rés de l’eau salée, ou obtenus par le moyen de l'eau douce , offrent les mèmes propriétés, produisent les mêmes effets. Si le poisson est plus gèné dans ses mou- vemens au milieu d'un lac d'eau douce que dans le sein de l'océan, il tire de l’eau de la mer et de celle du lac la même nourriture; et il peut, au milieu de l'eau douce, n'être privé que de cette sorte de modification qu'impriment la substance saline et peut-être une matière particulière bitumineuse ou de toute autre nature, contenues dans l’eau de l'océan, et qui l'envi- ronnant sans cesse, lorsqu'il vit dans la mer, peuvent traverser ses tégumens, pénétrer sa masse, et s’'iden- tifier avec ses organes. De plus, un très-grand nombre de poissons ne passent-ils pas la moitié de l'année dans l'océan , et l’autre moitié dans les rivières ainsi que dans les fleuves? et ces poissons voyageurs ne paroissent-ils pas avoir absolument la mème organisation que ceux qui, plus sédentaires, n'abandonnent dans aucune saison les rivières ou la mer? Quant à la température, les eaux, au moins les eaux profondes, présentent presque la même, dans quelque contrée qu'on les examine. D'ailleurs les ani- maux s’accoutument beaucoup plus aisément qu’on ne TOME Ill. G Xvij EFFETS DE L'ART DE L'HOMME le croit, à des températures très-différentes de celle à laquelle la Nature les avoit soumis. Ils s'y habituent même lorsque, vivant dans une très-grande indépen- dance, ils pourroient trouver dans des contrées plus haudes ou plus froides que leur nouveau séjour, une sûreté aussi grande, un espace aussi libre, une habita- tion aussi adaptée à leur organisation, une nourriture aussi abondante. Nous en avons un exemple frappant dans l'espèce du cheval. Lors de la découverte de l'Amérique méridionale, plusieurs individus de cette espèce, amenés dans cette partie du nouveau conti- nent, furent abandonnés, ou s'échappèrent dans des contrées inhabitées voisines du rivage sur lequel on les avoit débarqués : ils s’y multiplièrent; et de leur postérité sont descendues des troupes très-nombreuses de chevaux sauvages, qui se sont répandus à des dis- tances très-considérables de la mer, se sont très-éloignés de la ligne équinoxiale, sont parvenus très-près de l'extrémité australe de l'Amérique, y occupent de vastes déserts, n’y ont perdu aueun de leurs attributs, ont été plutôt améliorés qu’altérés par leur nouvelle manière de vivre, y sont exposés à un froid assez rigoureux pour qu'ils soient souvent obligés de chercher leur nourriture sous la neige qu'ils écartent avec leurs pieds; et néanmoins on ne peut guère disconvenir que le cheval ne soit originaire du climat brülant de l'Arabie. Il n'y a que les animaux nés dans les environs des cercles polaires, qui ont dès leurs premières années SUR LA NATURE DES POISSONS. xIX supporté le poids des hivers les plus rigoureux, et dont la nature, modifiée par les frimas, non seule- ment dans eux, mais encore dans plusieurs des géné- rations qui les ont précédés, est devenue, pour ainsi dire, analogue à tous les effets d'un froid extrême, qui ne paroissent pas pouvoir résister à une tempéra- ture très-différente de celle à laquelle ils ont toujours été exposés. Il semble que la raréfaction produite dans les solides et dans les liquides par une grande éléva- tion dans la température, est pour les animaux un changement bien plus dangereux que l'accroissement de ton, d'irritabilité et de force, que les solides peuvent recevoir de l’augmentation du froid; et voilà pourquoi on n’a pas encore pu parvenir à faire vivre pendant long-temps dans le climat tempéré de la France les rennes qu'on y avoit amenés des contrées boréales de l'Europe. On doit done, tout égal d’ailleurs, essayer de trans- porter les poissons du midi dans les lacs ou les rivières du nord, plutôt que ceux des contrées septentrionales dans les eaux du midi. Lors mème que les rivières ou les lacs dans lesquels on aura transporté les poissons méridionaux, seront situés de manière à avoir leur sur- face glacée pendant une partie plus ou moins longue de l’année, ces animaux pourront y vivre. Ils se tien- dront dans le fond de leurs habitations pendant que l'hiver règunera; et si dans cette retraite profonde ils manquent d'une communication suflisante avec l'air xx EFFETS DE L'ART DE L'HOMME de l'atmosphère, ou si la gelée, pénétrant trop avant, leur fait subir son influence, descend jusqu'à eux et les saisit, ils tomberont dans cette torpeur plus ou moins prolongée, qui conservera leur existence en en ralentissant les principaux ressorts", Combien d’indi- vidus et même combien d'espèces cet engourdisse- ment remarquable ne préserve-t-il pas de la destruc- tion en concentrant la vie dans l’intérieur de l'animal, en l'éloignant de la surface où elle seroit trop forte- ment attaquée, en la renfermant , pour ainsi dire, dans une enveloppe qui ne conserve de la vitalité que ce qu'il faut pour ne pas éprouver de grandes décom- positions, et en la réduisant, en quelque sorte, à une circulation si lente et si limitée, qu'elle peut être in- dépendante des objets extérieurs *! S'il ne répare pas, comme le sommeil journalier, des organes usés par la fatigue, il maintient ces organes ; s'il ne donne pas de nouvelles forces , il garantit de l'anéantisse- ment; s'il ne ranime pas le souffle de la vie, il brise les traits de la mort. Quelles que soient la cause, la force ou la durée du sommeil, il est donc toujours un grand bienfait de la Nature; et pendant qu'il charme les ennuis de l'être pensant et sensible, non seulement il guérit ou suspend les douleurs, mais il prévient et écarte les maux de l'animal , qui, réduit à un instinct ? Voyez l’article du scombre maguerean. 2 Voyez le Discours sur la nature des quadrupèdes ovipares. SUR L'A NATURE) DESWPOHSSONS. Xx) borné , n'existe que dans le présent, ne rappelle aucun souvenir , et ne conçoit aucun espoir. La qualité et l'abondance de la nourriture, ces grandes causes des migrations volontaires de tous les animaux qui quittent leur pays, sont aussi les objets auxquels on doit faire le plus d’attention, lorsqu'on cherche à conserver des animaux en vie dans un autre séjour que leur pays natal, et par conséquent lorsqu'on veut acclimater des espèces de poisson. L’aliment auquel le poisson que l’on vient de dé- payser est le plus habitué, est celui qu'il faudra lui procurer ; il retrouvera sa patrie par-tout où il aura sa nourriture familière. Par le moyen d'herbes, de feuilles, d'amas de végétaux, de fumiers de toute sorte, on donnera un aliment très-convenable aux espèces qui se nourrissent de débris de corps organisés ; on cher- chera , on rassemblera des larves et des vers pour celles qui les préférent ; et lorsqu'on aura transporté des bro- chets ou d’autres poissons voraces , il faudra mettre dans les eaux qui les auront reçus, ceux dont ils aiment à faire leur proie, qui se plaisent dans les mêmes habitations que ces animaux carnassiers, ou qui sont peu recherchés par les pêcheurs, comme des éperlans, des cyprins goujons, des cyprins gibèles, des cyprins bordelières, etc. On trouvera , en parcourant les différens articles de cette histoire, un grand nombre d'espèces remarquables par leur beauté, par leur grandeur et par le goût exquis XX] ) EFFETS DE L'ART DE L'HOMME de leur chair, qui manquent aux eaux douces de notre patrie, et qu'on pourroit aisément acclimater en France, avec les précautions ou par les moyens que nous venons d'indiquer, ou en employant des procédés analogues à ceux que nous venons de décrire, et qu'on préféreroit d'après la longueur du trajet , la nature du voyage, le climat que les poissons auroient quitté, la saison que l'on auroit été obligé de choisir, et plusieurs autres circonstances. De ce nombre seroient, par exemple, le centropome sandat de [a Prusse, l'holocentre post des contrées septentrionales de l'Allemagne ; et on ne devroit même pas être effrayé par la grandeur de la distance, sur-tout lorsque le transport pourroit avoir lieu par mer, ou par des rivières, ou des canaux. On peut en effet, lorsqu'on navigue sur l'océan, sur des canaux ou sur des fleuves, attacher à l'arrière du bâtiment une sorte de vaisseau, ou, pour mieux dire, de grande caisse, que l'on rend assez pesante pour qu'elle soit presque entièrement plongée dans l'eau, et dont les parois sont percées de manière que les poissons qui ÿ sont renferimés reçoivent tout le fluide qui leur est nécessaire, et communiquent avec l'atmosphère de la manière la plus avantageuse, sans pouvoir s'échapper et sans avoir rien à craindre de la dent des squales ou des autres animaux aquatiques et féroces. Nous indi- quons donc à la suite du post et du sandat , et entre plusieurs autres que les bornes de ce discours ne nous permettent pas de rappeler ici, l’osphronème goramy, SUR LA NATURE DES POISSONS. xxii) déja apporté de la Chine à l'Isle de France, le bodian aya des lacs du Brésil, et l'holocentre s0g0 des grandes Indes , de l'Afrique et des Antilles. Quand on n'aura pas une eau courante à donner à ces poissons arrivés d’une terre étrangère, et princi- palement lorsque ces nouveaux hôtes auront vécu , jus- qu'à leur migration, dans des fleuves ou des rivières, on compensera le renouvellement perpétuel du fluide environnant que le courant procure, par une grande étendue donnée à l'habitation. Ici, comme dans plu- sieurs autres phénomènes, un grand volume en repos tiendra lieu d’un petit volume en mouvement; et dans un espace de temps déterminé, l'animal jouira de la mème quantité de molécules de fluide, différentes de celles dont il aura déja recu l'influence. Sans cette précaution, les poissons que l’on voudroit acclimater éprouveroient les mêmes accidens que ceux de nos contrées que l’on enlève aux petites rivières, et particulièrement à la partie de ces rivières la plus voi- sine de la source, et qu'on veut conserver dans des vaisseaux ou même dans des bassins très-étroits. On est obligé de renouveler très-souvent l’eau qui les entoure; sans cela , les diverses émanations de leur corps, et l'ef- fet nécessaire du rapprochement d'une grande quan- tité de substances animales, vicient l’eau, la corrompent par la production de gaz que lon voit s'élever en petites bulles, et la rendent si funeste pour eux, qu'ils périssent s'ils ne viennent pas à la surface chercher XXIY) EFFETS DE L'ART DE L'HOMME le voisinage de l'atmosphère, et respirer, pour ainsi dire, des ES HCHEe de fluide plus pures. Ces faits sont conformes à de belles expériences faites par mon confrère le citoyen Silvestre le fils , et à celles qui furent dans le temps communiquées à Buflon par une note que ce grand naturaliste me remit quelques années après, et qui avoient été tentées sur des gades lotes, des cottes chabots, des cyprins gou- jons, et d’autres cyprins , tels que des gardons, des vérons et des vaudoises, Les poissons que l'on veut acclimater sont plus ex- posés que les anciens habitans des eaux dans lesquelles on les a placés, non seulement aux altérations dont nous venons de parler, mais encore à (outes les ma- ladies auxquelles leurs diverses tribus sont sujettes. Ces maladies assaillent ces tribus aquatiques, même lorsque les individus sont encore renfermés dans l'œuf, On a observé que des embryons de saumon, de truite et de beaucoup d'autres espèces, périssoient lorsque des substances grasses, onctueuses, et celles que l’on désigne par le nom de saletés et d’ordures, s’attachoïent à l'enveloppe qui les contenoit, et qu'une eau courante ne nettoyoit pes promptement cette membrane. On suppléera facilement à cette eau courante par une attention soutenue et divers petits moyens que les cir- constances suggéreront. Lorsque les poissons sont vieux, ils éprouvent sou- vent une altération particulière qui se manifeste à La SUR LA NATURE DES POISSONS. xXxY surface de l'animal ; les canaux destinés à entretenir ou renouveler les écailles s’obstruent ou se déforment; les organes qui filtrent la substance nourricière et répa- ratrice de ces lames, s’oblitèrent ou se dérangent ; les écailles changent dans leurs dimensions ; la matière qui les compose n'a plus les mêmes propriétés; elles ne sont plus ni aussi luisantes, ni aussi transparentes, ni aussi colorées ; elles sont clair-semées sur la peau de l'animal vieilli ; elles se détachent avec facilité ; elles ne sont pas remplacées par de nouvelles lames, ou elles cedent la place, en tombant, à des excroissances dif- formes, produites par une matière écailleuse de mau- aise qualité, mélangée avec des élémens hétérogènes, et mal élaborée dans des parties sans force, et dans des tuyaux qui ont perdu leur première figure. Cette alté- ration est sans remède; il n’y a rien à opposer aux effets nécessaires d'un âge très-avancé. Si dans les poissons, comme dans les autres animaux, l'art peut reculer l'é- poque de la décomposition des fluides, de l'afoiblisse- ment des solides, de la diminution de la vitalité, il ne peut pas détruire l'influence de ces grands change- mens , lorsqu'ils ont été opérés. S'il peut retarder la rapidité du cours de la vie, il ne peut pas la faire remon- {er vers sa source. Mais les maux irréparables de la vieillesse ne sont pas à craindre pour les poissons que l'on cherche à acclima- ter : dans la plupart des espèces de ces animaux, ils ne se font sentir qu'après des siècles, et l'éducation des TOME III D ; XXv) EFFETS DE L'ART DE L'HOMME individus que l’on transporte d'un pays dans un autre, est terminée lopg-temps avant la fin de ces nombreuses années. Leurs habitudes sont d'autant plus modifiées, leur nature est d'autant plus changée avant qu'ils ap- prochent du terme de leur existence, qu'on a com- mencé d'agir sur eux pendant qu'ils étoient encore très- jeunes. C'est d’autres maladies que celles de la décrépitude qu'il faut chercher à préserver ou à guérir les poissons que l'on élève. Et maintenant nous agrandissons le sujet de nos pensées ; et tout ce que nous allons dire doit s'appliquer non seulement aux poissons que lon vent acclimater dans telle ou telle contrée, mais encore à tous ceux que la Nature fait naître sans le secours de l'art. Ces maladies qui rendent les poissons languissans et les conduisent à la mort, proviennent quelquefois de la mauvaise qualité des plantes aquatiques ou des autres végétaux qui croissent près des bords des fleuves ou des lacs, et dont les feuilles, les fleurs ou les fruits sont saisis par l'animal qui se dresse, pour ainsi dire, sur la rive, où tombent dans l'eau, y fottent, et vout ensuite former au fond du lac ou de la rivière un sédiment de débris de corps organisés. Ces plantes peuvent être, dans certaines saisons de l’année, viciées au point de ne fournir qu'une substance mal-saine, non seulement aux poissons qui en mangent, mais encore à ceux qui dévorent les petits animaux dont elles ont SUR LA NATURE DES POISSONS. XXVi} composé la nourriture. On prévient ou on arrête les suites funestes de la décomposition de ces végétaux en détruisant ces plantes auprès des rives de l'habitation des poissons , et en les remplaçant par des herbes ou des fruits choisis que l’on jette dans l'eau peuplée de ces animaux. La plus terrible des maladies des poissons est celle qu'il faut rapporter aux miasmes produits dans le fluide qui les environne. C'est à ces miasmes qu'il faut attribuer la morta- lité qui régna parmi ces animaux dans les grands et nombreux étangs des environs de Bourg, chef-lieu du département de l'Ain, lors de l'hiver rigoureux de la fin de 1768 et du commencement de 1789, et dont l'estimable Varenne de Fenille donna une notice très- bien faite dans le Journal de physique de novembre 1709. Dès le 26 novembre 1788, suivant ce très-bon observateur, la surface des étangs fut profondément gelée; la glace ne fondit, que vers la fin de janvier. Dans le moment du dégel, les rives des étangs furent couvertes d'une quantité prodigieuse de cadavres de poissons, rejetés par les eaux. Parmi ces animaux morts, on compta beaucoup plus de carpes que de perches, de brochets et de tanches. Les étangs blancs, c'est-à-dire ceux dont les eaux reposoient sur un sol dur, ferme et argilleux, n'ofirirent qu'un petit nombre de signes de’cette mortalité ; ceux qu'on avoit récem- ment réparés et nettoyés, montrèrent aussi sur leurs xxviij EFFETS DE L'ART DE L'HOMME bords très-peu de victimes : mais presque tous les poissons renfermés dans des étangs vaseux, encombrés de joncs ou de roseaux, et surchargés de débris de végétaux, périrent pendant la gelée. Ce qui prouve évidemment que la mort de ces derniers animaux n'a pas été l'eflet du défaut de l'air de l'atmosphère, comme le penseroient plusieurs physiciens , et qu'elle ne doit être rapportée qu'à la production de gaz délé- tères qui n'ont pas pu s'échapper au travers de la croûte de glace, c'est que la gelée a été aussi forte à la superficie des étangs blancs et des étangs nouvelle- ment nettoyés, qu'à celle des étangs vaseux. L'air de l'atmosphère n'a pas pu pénétrer plus aisément dans les premiers que dans les derniers; et cependant les poissons de ces étangs blancs ou récemment réparés ont vécu, parce que le fond de leur séjour, n'étant pas couvert de substances végétales, n'a pas pu pro duire les gaz funestes qui se sont développés dans les étangs vaseux. Et ce qui achève, d'un autre côté, de prouver l'opinion que nous exposons à ce sujet, et qui est importante pour la physique des poissons, c'est que des oiseaux de proie, des loups, des chiens et des cochons manoërent les restes des animaux rejetés après le dégel sur les rivages des étangs remplis de jones, sans éprouver les inconvéniens auxquels ils auroient été exposés s'ils s'étoient nourris d'animaux morts d'une maladie véritablement pestilentielle. Ce sont encore ces gaz mallaisans que nous devons SUR L'A:NATURE DES; PO:LSSONS. XX!xX regarder comme la véritable origine d’une maladie épizootique qui fit de grands ravages, en 1757, dans les environs de la forêt de Crécy. M. de Chaignebrun, qui a donné dans le temps un très-bon traité sur cette épizootie, rapporte qu'elle se manifesta sur tous les ani- maux ; qu'elle atteignit les chiens, les poules ,et s’éten- dit jusqu'aux poissons de plusieurs étangs. Il nomme cette maladie fièvre épidemique contagieuse, inflamma- toire, putride et gangréneuse. Un médecin d'un excel- lent esprit, dont les connoïissances sont très-variées , et qui sera bientôt célèbre par des ouvrages importans, le citoyen Chavassieu-Daudebert, lui donne, dans sa No- sologie comparée, le nom de charbon symptomatique. Je pense que cette épizootie ne seroit pas parvenue jus- qu'aux poissons, si elle n’avoit pas tiré son origine de gaz délétères. Je crois, avec Aristote, que les poissons revêtus d'écailles, se nourrissant presque toujours de substances lavées par de grands volumes d'eau, res- pirant par un organe particulier, se servant, pour cet acte de la respiration, de l'oxygène de l'eau bien plus fréquemment que de celui de l'air, et toujours envi- ronnés du fiuide le plus propre à arrêter la plupart des contagions, ne peuvent pas recevoir de maladie pestilentielle des animaux qui vivent dans l’atmo- sphère. Mais les poissons des environs de Crécy n'ont pas été à l'abri de l'épizootie, au-dessous des couches d'eau qui les recouvroient, parce qu'en même temps que les marais voisins de la forêt exhaloient me XXX EFFETS DE L'ART DE L'HOMME miasmes qui donnoient la mort aux chiens, aux poules, et à d’autres espèces terrestres, le fond des étangs produisoit des gaz aussi funestes que ces miasmes. Il n'y a pas eu de communication de maladie; mais deux causes analogues, agissant en mème temps, l'une sous l'eau, et l’autre dans l'atmosphère, ont produit des effets semblables. On peut prévenir presque toutes ces mortalités que causent des gaz destructeurs, en ne laissant pas dans le fond des étangs ou des rivières, des tas de corps organisés qui puissent, en se décomposant, produire des émanations pestilentielles, en les entraînant par de l’eau courante que l'on introduit dans ces étangs, et par de l'eau très-pure et très-rapide que l’on con- duit dans ces rivières pour en renouveler le fluide, de la même manière que l’on renouvelle celui des temples, des salles de spectacle et d'autres grands édifices par les courans d'air que l'on y dirige, et enfin en brisant pendant l'hiver les glaces qui se forment sur la surface des étangs et des rivières, et qui retiendroient les gaz pernicieux dans l'habitation des poissons. Il paroît que lorsque la chaleur est très-grande, elle agit sur les poissons indépendamment des fer- mentations , des décompositions et des exhalaisons qu'elle peut faire naître. Elle influe directement sur ces animaux, sur-tout lorsqu'ils sont renfermés dans des réservoirs qui ne contiennent qu'un petit volume SUR LAINATURE DES POISSONS. XxX) d'eau. Elle parvient alors jusqu'au fond du réservoir, qu'elle pénètre , ainsi que les parois; et réfléchie en- suite par ce fond et ces parois très-échauffés, elle attaque de toutes parts les poissons, qui se trouvent dès-lors placés comme dans un foyer , et elle leur nuit au point de leur donner des maladies graves. C’est ainsi qu'on a vu des anguilles mises pendant l'été dans des bassins trop peu étendus, gagner une maladie qu'elles se communiquoient, et qui se manifestoit par des taches blanches. On dit qu'on les a guéries par le moyen du sel, et de la plante nommée srratioïrdes aloïdes. Mais quoi qu'il en soit, il vaut mieux empêcher cette maladie de naître, en préservant les poissons de l'excès de la chaleur, en pratiquant dans leur habita- tion des endroits profonds où ils puissent trouver un abri contre les feux de l’astre du jour, en plantant sur une partie du rivage des arbres touffus qui leur donnent une ombre salutaire. Et comme il est très-rare que tous les extrêmes ne soient pas nuisibles, parce qu'ils sont le plus éloignés possible de la combinaison la plus commune et par conséquent la plus natureile des forces et des résis- tances ; pendant que les eaux trop échauffées ou {trop impures donnent la mort à leurs habitans, celles qui sont trop froides et trop vives les font aussi périr, ou du moins les soumettent à diverses incommodités, et particulièrement les rendent aveugles. Nous trouvons à ce sujet, dans les Memoires de l'Académie des sciences XXXÿ EFFETS DE L'ART DE L'HOMME pour 1748, des observations curieuses du général Montalembert, faites sur des brochets ; et le comte d’Achard en adressa d’analogues à Bufion, en 1779, dans une lettre, dont mon illustre ami m'a remis dans le temps un extrait. « Dans une terre que j'ai en Nor- » >» » » » » » » » » h mandie, dit le comte d'Achard, il existe une fon- taine abondante dans les plus grandes sécheresses. Je suis parvenu, au moyen de canaux de terre cuite, à amener l'eau de cette source dans trois bassins que jai dans mon parterre. Ces bassins sont murés et pavés à chaux et à sable; mais on n’y a mis l’eau qu'après qu'ils ont été parfaitement secs. Après les avoir bien nettoyés et fait écouler la première eau, on y a laissé séjourner celle qui y est venue depuis, et qui coule continuellement. Dans les deux premiers bassins, jai mis des carpes de la plus grande beauté, avec des tanches; dans le troisième, des poissons de la Chine (des cyprins dorés) : tout cela existe depuis trois ans. Aujourd'hui les carpes , précieuses par leur beauté et leur grandeur vraiment prodigieuse, sont attaquées d'une maladie cruelle et dont elles meurent journellement. Elles se couvrent peu à peu d'un limon sur tout le corps, et sur-tout sur les yeux, où il y a en sus une espèce de taie blanche qui se forme peu à peu, comme le limon; jusqu à l'épaisseur de deux ou trois lignes. Elles perdent d'abord un œil, puis l’autre, et ensuite crèvent. ..... Les tanches et les poissons chinois ne sont pas attaqués de cette SUR LA NATURE DES POISSONS. xxxii} » maladie. Est-elle particulière aux carpes? quel en » est le remède? d'où cela peut-il venir? de la vivacité » de l’eau ? etc. etc. etc.» Cette dernière conjecture nous paroît très-fondée ; et ce que nous venons de dire devra faire trouver aisé- ment le moyen de garantir ces poissons de cette cécité que la mort suit souvent. Ces poissons sont aussi quelquefois menacés de périr, parce qu’un de leurs organes les plus essentiels est attaqué. Les branchies par lesquelles ils respirent, et que composent des membranes si délicates et des vaisseaux sanguins si nombreux et si déliés, peuvent être déchirées par des insectes ou des vers aquatiques qui s'y attachent, et dont ils ne peuvent pas se débar- rasser. Peut-être, après avoir bien reconnu l'espèce de ces vers ou de ces insectes, parviendra-t-on à trouver un moyen d'en empêcher la multiplication dans les étangs, et dans plusieurs autres habitations des pois- sons que l’on voudra préserver de ce fléau. Les poissons étant presque tous revètus d'écailles dures et placées en partie les unes au-dessus des autres, ou couverts d’une peau épaisse et visqueuse, ne sont sensibles que dans une très-petite étendue de leur surface. Mais lorsque quelque insecte, ou quelque ver, s’acharne contre la portion de cette surface qui n'est pas défendue, et qu'il s'y place et s'y accroche de manière que le poisson ne peut, en se frottant coutre des végétaux, des pierres, du sable, ou de la TOME III, E XXXIV EFFETS DE L'ART DE L'HOMME vase, l'écraser, ou le détacher et le faire tomber, la grandeur, la force, l'agilité, les dents du poisson , ne sont plus qu'un secours inutile. En vain il s’agite se secoue, se contourne, va, revient, s'échappe, s'en- fuit avec la rapidité de l'éclair; il porte toujours avec lui l'ennemi attaché à ses organes; tous ses efforts sont impuissans; et le ver ou l’insecte est pour lui au milieu des flots ce que la mouche du désert est dans les sables brülans de l'Afrique, non seulement pour la timide gazelle, mais encore pour le tigre sanguinaire et pour le fier lion, qu'elle perce, tour- mente et poursuit de son dard acéré, malgré leurs bonds violens, leurs mouvemens impétueux et leur rugissement terrible. Mais ce n’est pas assez pour l'intelligence humaine de conserver ce que la Nature produit: que, rivale de cette puissance admirable, elle ajoute à la fécondité ordinaire des espèces; qu'elle multiplie les ouvrages de la Nature. On a remarqué que, dans presque toutes les espèces de poissons, le nombre des mâles étoit plus grand et même quelquefois double de celui des femelles; et comme cependant un seul mâle peut féconder des millions d'œufs, et par conséquent le produit de la ponte de plusieurs femelles, il est évident que l’on favorisera beaucoup la multiplication des individus, si on a le soin, lorsqu'on pêchera, de ne garder que les mâles, et de rendre à l’eau les femelles. On distinguera SUR IL A: NATURE, D'ES : P'O! SISG/N!S. XXXV facilement, dans plusieurs espèces, les femelles des mâles, sans risquer de les blesser, ou de nuire à la reproduction, et sans chercher, par exemple, dans le temps voisin du frai, à faire sortir de leur corps quel- ques œufs plus ou moins avancés. En effet, dans ces espèces, les femelles sont plus grandes que les mâles; et d’ailleurs elles offrent dans les proportions de leurs parties, dans la disposition de leurs couleurs, ou dans la nuance de leurs teintes, des signes distinctifs qu’il faudra tâcher de bien connoître , et que nous ne né- gligerons jamais d'indiquer en écrivant l'histoire de ces espèces particulières. Lorsqu'on ne voudra pas rendre à leur séjour natal toutes Les femelles que lon pêchera, on préférera de conserver pour la reproduction les plus longues et les plus grosses, comme pondant une plus grande quan- tité d'œufs. De plus, et si des circonstances impérieuses ne s'y opposent pas, que l'on entoure les étangs et les viviers de claies ou de filets, qui, dans le temps du frai, retiennent les herbes ou les branches chargées d'œufs, et les empêchent d’être entraînées hors de ces réservoirs par les débordemens fréquens à l'époque de la ponte. Que lon éloigne, autant qu'on le pourra, les fri- ganes, et les autres insectes aquatiques voraces qui détruisent les œufs et les poissons qui viennent d'éclore. Que l’on construise quelquefois dans les viviers dif- férentes enceintes, l’une pour les œufs, et les autres XXXYJ) EFFETS DE L'ART DE L'HOMME pour les jeunes poissons, que l'on séparera en plusieurs bandes, formées d'après la diversité de leurs âges, et renfermées chacune dans up réservoir particulier. Il est des viviers et des étangs dans lesquels des poissons très-recherchés , et, par exemple, des truites, vivroient très-bien, et -parviendroient à une grosseur considérable : mais le fond de ces étangs étant très- vaseux, c'est en vain que les femelles le frottent avee leur ventre avant d'y déposer leurs œufs; la vase repa- roît bientôt, salit les œufs, les altère, les corrompt, et les fœtus périssent avant d'éclore. ' Cet inconvénient a fait imaginer une manière de faire venir à la lumière ces poissons, et particulière- ment les saumons et les truites, qui d’ailleurs ne ser- vira pas peu, dans beaucoup de circonstances, à multi- plier les individus des espèces les plus utiles ou les plus agréables. M. de Marolle, capitaine dans le régi- ment de la Marine, tempérant les austérités des camps par le charme de l'étude des sciences utiles à l'huma- nité, écrivit la description de ce procédé à Hameln en Allemagne, pendant la guerre de sept ans. Il rédigea cette description sur les mémoires de M. J. L. Jacobi, lieutenant des miliciens du comté de Lippe -Detmold, et l'envoya à Buflon, qui me la remit lorsqu'il voulut bien m'engager à continuer l'Histoire naturelle. On construit une grande caisse à laquelle on donne ordinairement quatre mètres de longueur, un demi- mètre de largeur, et seize centimètres de hauteur. DA OMIS tn. 1e. SUR LA NATURE DES POISSONS. Xxxvi) A un bout de cette longue caisse, on pratique un trou carré, que l'on ferme avec un treillis de fer dont les fils sont éloignés les uns des autres de cinq ou six millimètres. On ménage un trou à peu près sembl:ble dans la planche du oué opposé, et vers le fond de la caisse. Et enfin on en perce un troisième dans le couvercle de la caisse; et on le garnit, ainsi que le second, d'un treillis pareil à celui du premier. Ces trous servent et à soumettre-_les fœtus ou 1 es jeunes poissons à l'influence des rayons du soleil, et a les préserver de gros insectes et de czmp:gnols aquatiques, qui et les œufs et les poissons éclos. Un petit tuyau fait entrer l'eau d'un ruisseau ou d'une source par le premier treillis ; et cette eau courante s'échappe par la seconde ouverture. _ On couvre tout le fond de la caisse d'un gravier bien lavé de la häuteur de deux ou trois centimètres , et on étend sur ce gravier de petits cailloux bien serrés, de dimensions STATE a celles d'une noisette. et parmi lesquels on place d'autres cailloux de la grosseur d'une noix. - A l'époque da fai de l'espèce dont on veut multi- plier les individus, on se procure un mâle et une femelle de cette espèce, et, par exemple, de celle du ssumor. On prend un vase bien net. dns lequel on met deux [s] ou trois litres d'eau bien claire. On tient ls scumo XxxViij) EFFETS DE L'ART DE L'HOMME femelle dans une situation verticale, et la tête en haut au-dessus du vase. Si les œufs sont déja bien dévelop- pés. ou bien murs, ils éoulent d'eux-mêmes ; sinon, on facilite leur chûte en frottant le ventre de la femelle doucement de Baut en bas , et avec 2 paume de la main. Dans plusieurs espèces de poissons, on peut voir un organe particulier que nous avons remarqué avec soin, qui n'a été observé que par un petit nombre de natu- ralistes , dont très-peu de zoologues ont connu le véri- table usage , et que lesayant Bloch a nommé r7ombril. Cet organe est ue sorte d'appendice d'une forme alon- gée et un peu conique, et dont la place la plus ordinaire est auprès et au-delà de l'anus. Cet appendice creux et percé par les deux bouts, communique avec les réser- voirs de la laite dans les mâles, et les ovaires dans les femelles. Ce petit tuyau est le conduit par lequel les œufs sortent et la liqueur séminale s'échappe : nous le nommons'en conséquence appendice génital. L'urine du poisson sort aussi par cet appendice; ce qui donne à cet organe une analogie de plus avec les parties sexuelles et extérieures des mammifères. Il ne peut pas servir à distinguer les sexes, puisqu'il appartient au mâle aussi- bien qu'a la femelle : mais sa présence ou son absence, et ensuite ses proportions et sa figure particulière, peuvent ètre employées avec beaucoup d'avantage pour établir une ligne de démarcation exacte et constante entre des espèces voisines, ainsi que nous le montre- rons dans la suite de l'histoire que nous écrivons. SUR LA NATURE DES POISSONS. XxxxIx C’est par cet appendice génital que, de la méthode de reproduction, en quelque sorte artificielle, que nous décrivons, les femelles qui sont peurvues de cet organe extérieur, laissent couler leurs œufs. Lorsque les œufs sont tombés dans l'eau, on prend le mâle, on le tient verticalement au-dessus de ces œufs ; et pour peu que cela soit nécessaire, on aide par un léger frottement l'épanchement de la liqueur pro- lifique , dont on peut arrêter l'écoulement au moment où l'eau est devenue blanchätre par son mélange avec cette liqueur spermatique. Il est des espèces de poissons, et notamment de cyprins, comme le nase, le roethens, dans lesquelles on peut choisir avec facilité un mâle pour la fécondation des œufs que l'on a obtenus. Dans ces espèces, les mâles, sur-tout lorsqu'ils sont jeunes, présentent des taches, de petites protubérances , ou d'autres signes extérieurs qui annoncent qu'ils sont déja surchargés d'une laite abondante. On met dans la grande caisse les œufs fécondés ; on les y distribue de manière qu'ils soient-toujours cou- verts par l'eau courante ; on empèche que le mouve- ment de cette eau ne soit trop rapide, afin qu'il ne puisse pas entrainer les œufs. On écarte soigneusement avec des plumes, ou par tout autre moyen, les saletés qui pourroient s'introduire dans la caisse; et au bout d'un temps qui varie suivant les espèces, la tempéra- ture de l’eau, et la chaleur de l'atmosphère, on voit éclore les poissons que l’on desiroit, xl ÉFFETS2DE L'ART DE*: L'HOMME Au reste, la sorte de fécondation artificielle opérée avec succès par M. Jacobi, peut avoir lieu sans la pré- sence de la femelle:il suffit de ramasser les œufs qu’elle dépose dans son séjour naturel; il seroit mème possible de connoître, à l'instant où on les recueilleroit, s'ils auroient été déja fécondés par le mâle, ou s'ils n’au- roient pas reçu sa liqueur prolifique. M. Jacobi assure en effet que lorsqu'on observe avec un bon microscope des œufs de poisson arrosés de la liqueur séminale du mâle, on peut appercevoir très-distinctement dans ces œufs une petite ouverture qui ne paroissoit presque pas ; ou étoit presque insensible avant la fécondation, et dont il rapporte l'extension à l'introduction dans l'œuf d'une portion du fluide de la laite. Quoi qu'il en soit, on peut aussi, en suivant le pro- cédé de M. Jacobi, se passer de la présence du mâle. On peut n'employer la liqueur prolifique que quelque temps après sa sortie du corps de l'animal, pourvu qu'un froid excessif ou une chaleur violente ne des- sèchent pas promptement ce fluide vivifiant ; et même la mort du mâle, pourvu qu'elle soit récente, n'em- pêche pas de se servir de sa laite pour la fécondation des œufs. On a écrit que les digues par le moyen desquelles on retient les eaux des petites rivières, diminuoient la multiplication des poissons dans les contrées arrosées par ces eaux. Cela n'est vrai cependant que pour les poissons qui ont besoin, à certaines époques, de SUR L'AU N AU RE) D E S'\ PIO ESISONNIS: xl} remonter dans les eaux courantes jusqu'à une distance très-orande des lacs ou de la mer, et qui ne peuvent pes, comme les saumons, s'élancer facilement à de grandes hauteurs, et franchir l'obstacle que les digues opposent à leur voyage périodique. Les chaussées trans- versales doivent, au contraire, être très-favorables à la multiplication des poissons sédentaires, qui se plaisent dans des eaux peu agitées. Au-dessus de chaque digue, la rivière forme naturellement une sorte de vivier ou de grand réservoir, dont l'eau tranquille, quoique sufh- samment renouvelée, pourra donner à un grand nombre d'individus d'espèces très-utiles le volume de fluide, l'abri, l'aliment et la température le plus con- venables. Quelle est, en effet, la pièce d'eau que l’art ne puisse pas féconder et vivifier ? On a vu quelquefois des poissons remarquables par leur grosseur vivre dans de petites mares. Nous avons déja dit dans cet ouvrage * , que le citoyen De Sept- fontaines s’'étoit assuré qu'une grande anguille avoit passé un temps assez long, sans perdre non seulement la vie, mais même une partie de sa graisse, dans une fosse qui ne contenoit pas une moitié de mètre cube d'eau; et il est des contrées où des cyprins, et par- ticulièrement des carassins, réussissent assez bien dans de petits amas d'eau dormante, pour y donner * Article de l’arguille. AOME ill, F xli) EFFETS DE L'ART DE L'HOMME une nourriture abondante aux habitans de la cam- pagne. On a bien senti les avantages de cette grande multi- plication des poissons utiles , dans presque tous les pays où le progrès des lumières a mis l'économie publique en honneur, et où les gouvernemens, profi- tant avec soin de tous kes secours des sciences perfec- tionnées , ont cherché à faire fleurir toutes les bran- ches de l’industrie humaine. C'est principalement dans quelques états du nord de l'Europe , et notamment en Prusse et en Suède, qu'on s'est attaché à augmenter le nombre des individus dans ces espèces précieuses ; et comme un gouvernement paternel ne néglise rien de ce qui peut accroître la subsistance du peuple dont le bonheur lui est confié, et que les soins en apparence les plus minutieux prennent un grand caractère dès le moment où ils sont dirigés vers lutilité publique, on a porté en Suède l'attention pour l'accroissement du nombre des poissons jusqu'à ne pas sonner les clo- ches pendant le temps du frai des cyprins brèmes, qui y sont très-recherchés, parce qu'on avoit cru s’apper- cevoir que ces animaux, effrayés par le son de ces clo- ches, ne se livroient pas d'une manière convenable aux opérations nécessaires à la reproduction de leur espèce. Aussi y a-t-on souvent recueilli de grands fruits de cette vigilance étendue aux plus petits détails, et, par exemple, en 1749, a-t-on pris d’un seul coup de filet, dans un lac voisin de Nordkiæping, cinquante : SUR LA NATURE DES POISSONS. xlii mille brèmes, qui pesoient plus de neuf mille kilo- grammes. Et comment n’auroit-on pas cherché, dans présque tous les temps et dans presque tous les pays civilisés, à multiplier des animaux si nécessaires aux jouissances du riche et aux besoins du pauvre, qu'il seroit plus aisé à l'homme de se passer de la classe entière des oiseaux, et d’une grande partie de celle des’ maimmi- fères, que de la classe des poissons ? En effet, il n’est, pour ainsi dire, aueune espèce de ces habitans des eaux douces ou salées, dont la chair ne soit une nourriture saine et très-souvent copieuse. Délicate et savoureuse lorsqu'elle est fraîche , cette chair, recherchée avec tant de raison, devient, lorsqu'elle est transformée en gear, un assaisonnement piquant ; fait les délices des tables somptueuses, même très-loin du rivage où le poisson a été pêché, quand elle à été marinée ; peut être transportée à de plus grandes distances , si on a eu le soin de l'imbiber d'une grande quantité de sel ; se conserve pendant un temps très- long, après qu'elle a été séchée, et, ainsi préparée , est la nourriture d’un très-grand nonibre d'hommes peu fortunés , qui ne soutiennent leur existence que par cet aliment abondant et très-peu cher. Les œufs de ces mêmes habitans des eaux servent à faire ce caviar qui convient au goût de tant de nations; et les nageoires des espèces que l’on croiroit les moins propres à satisfaire un goût délicat, sont xliv BE FET $ D EN LT AMETY D EE HOMME regardées à la Chine et dans d’autres contrées de l'Asie comme un mets des plus exquis”. Sur plusieurs rivages peu fertiles , on ne peut com- pléter la nourriture de plusieurs animaux utiles, et, par exemple, celle des chiens du Kamtschatka que la nécessité force d’atteler à des traîneaux , ou des vaches de Norvège, destinées à fournir une grande quantité de lait, que par le moyen des vertèbres ct des arêtes de plusieurs espèces de poissons. Avec les écailles: des animaux dont nous nous oceu- ‘pons , on donne le brillant de la nacre au ciment destiné à couvrir les murs des palais les plus magni- fiques , et on revêt des boules légères de verre, de l'éclat argentin des perles les plus belles de l'Orient. La peau des grandes espèces se métamorphose dans les ateliers en fortes lanières , en couvertures solides et presque imperméables à l'humidité , en garnitures agréables de bijoux donnés au luxe par le goût *. Les vessies natatoires et toutes les membranes des poissons peuvent être facilement converties, dans toutes les contrées, en cette colle précieuse sans laquelle les arts cesseroiént de produire le plus grand nombre de leurs ouvrages les plus délicats. L'huile qu'on retire de ces animaux, assouplit, amé- : Relation de l'ambassade de lord Macartney à la Chine. 2 Voyez les articles de Za raie sephen, du squale requir, du squale rous- sette, des acipensères ; etc. SUR LAON AUTAU"REE", ‘D'L'S'MP'ONM'SSFONS. xlv liore , et conserve dans presque toutes les manufac- tures , les substances les plus nécessaires aux produits qu'elles doivent fournir ; et dans ces contrées boréales où règnent de si longues nuits, entretenant seule la lampe du pauvre, prolongeant son travail au-delà de ces tristes jours qui fuient avec tant de rapidité, et lui donnant tout le temps que peuvent exiger les soins nécessaires à sa subsistance et à celle de sa famille, elle tempère pour lui horreur de ces climats téné- breux et gelés, et l’affranchit lui et ceux Gui lui sont chers des horreurs plus grandes encore d'une extrême misère. Que l'on ne soit done pas étonné que Bellon, parta- geant l'opinion de plusieurs auteurs recommandables, tant anciens que modernes, ait écrit que la Propontide étoit plus utile par ses poissons, que des champs fer- tiles et de gras pâturages d’une égale étendue ne pour- roient l'être par leurs fourrages et par leurs moissons. Et douteroit-on maintenant de l'influence pro- digieuse d'une immense multiplication des poissons sur la population des empires ? On doit voir avec facilité comment cette merveilleuse multiplication soutient, par exemple, sur le territoire de la Chine, l'innombrable quantité d'habitans qui y sont, pour ainsi dire, entassés. Et si des temps présens on remonte aux temps anciens, on peut résoudre un grand problème historique ; on explique comment lantique Égypte nourrissoit la grande population sans laquelle les xlv) EFFETS DE L'ART DE L'HOMME admirables et immenses monumens qui ont résisté au ravage de tant de siècles, et subsistent encore sur cette terre célèbre, n'auroient pas pu être élevés , et sans laquelle Sésostris n'auroit conquis ni les bords de l'Euphrate, du Tigre, de l'Indus et du Gange, ni les rives du Pont-Euxin, ni les monts de la Thrace. Nous counoissons l'étendue de l'Égypte : lorsque ses pyra- mides ont été construites, lorsque ses armées ont soumis une grande partie de l'Asie, elle étoit bornée presque autant qu'à présent, par les déserts stériles qui la circonserivent à lorient et à l'occident ; et néanmoins nous apprenons de Diodore que dix-sept cents Égyp- tiens étoient nés le même jour que Sésostris : on doit donc admettre en Égypte, à l'époque de la naissance de ce conquérant fameux, au moins trente-quatre mil- lions d'habitans. Mais quel grand nombre de poissons ne renfermoient pas alors et le fleuve et les canaux et les lacs d'une contrée où l'art de multiplier ces ani- maux étoit un des principaux objets de la sollicitude du gouvernement, et des soins de chaque famille? Il est aisé de calculer que le seul lac Myris ou Mœæris pouvoit nourrir plus de dix-huit cent mille millions de poissons de plus d'un demi-mètre de longueur. Cependant, que l'homme ne se contente pas de trans- porter à son gré , d’acclimater, de conserver, de multi- plier les poissons qu'il préfère; que l’art prétende à de nouveaux succès ; qu'il se livre à de nouveaux eflorts ; qu'il tente de remporter sur la Nature des victoires SUR LA NATURE DES POISSONS. xlvi) plus brillantes encore; qu’il perfectionne son ouvrage ; qu’il améliore les individus qu'il se sera soumis. On sait depuis long-temps que des poissons de la même espèce ne donnent pas dans toutes les eaux une chair également délicate. Plusieurs observations prouvent que, par exemple, dans les mèmes rivières, leur chair est très-saine et très-bonne au-dessus des villes ou des torrens fangeux, et au contraire insa- lubre et très-mauvaise au-dessous de ces torrens vaseux et des amas d’immondices, souvent inséparables des villes populeuses. Ces faits ont été remarqués par plu- sieurs auteurs, notamment par Rondelet. Qu'on pro- fite de ces résultats; qu'on recherche les qualités de l'eau les plus propres à donner un goût agréable ou des propriétés salutaires aux différentes espèces de pois- sons que l'on sera parvenu à multiplier ou à conserver. Qu'on n'oublie pas qu'il est des moyens faciles et peu dispendieux d'engraisser promptement plusieurs poissons , et particulièrement plusieurs cyprins. On augmente en très-peu de temps leur graisse, en leur donnant souvent du pain de chènevis, ou des fèves et des pois bouïllis, ou du fumier , et notamment de celui de brebis. D'ailleurs une nourriture convenable et abondante développe les poissons avec rapidité, fait jouir beaucoup plutôt du fruit des soins que l'on à pris de ces animaux, et leur donne la faculté de pondre et de féconder une très-grande quantité d'œufs pendant un trèsgrand nombre d'années, xlvi) EFFETS DE L'ART DE L'HOMME On a observé dans tous les temps que le reposetun ali- ment très-copieux engraissoient beaucoup les animaux. Où s’est servi de ce moyen pour quelques poissons;et on l'a employé d'une manière remarquable pour les carpes: on les a suspendues hors de l'eau, de manière à leur interdire le plus foible mouvement denageoires; et elles ont été enveloppées dans de la mousse épaisse qu'on a fréquemment arrosée, Par ce procédé, ces cyprins ont été non seulement réduits à un repos absolu, mais plongés perpétuellement dans une sorte d'humidité ou de fluide aqueux qui, parvenant frès-divisé à leur sur- face, a été facilement pompé, absorbé, décomposé, combiné dans l'intérieur de lenimal , assimilé à sa substance, et métamorphosé par conséquent en nour- riture très-abondante. Aussi ces carpes maintenues en l'air, mais retenues au milieu d'une mousse humectée presque continuellement, ont-elles bientôt acquis une graisse copieuse, et de plus un goût très-agréable. Dès le temps de Willughby, et même de celui de Gesner, on savoit que l'on pouvoit ouvrir le ventre à certains poissons, et sur-tout au brochet et à quelques autres ésoces, sans qu'ils en périssent , et même sans qu'ils en parussent long-temps incommodés. Il suflit de séparer les muscles avec dextérité, de rapprocher les chairs et les tégumens avec adresse, et de les recoudre avec précaution, pour qu'ils puissent plus facilement se réunir. Cette facilité a donné l'idée d'em- ployer, pour engraisser ces poissons , le mème moyen SUR LA NATURE DES POISSONS. xlix dont on se sert pour donner un très-grand surcroît de graisse aux bœufs, aux moutons, aux chapons, aux poulardes, ete. On a essayé, avec beaucoup de succès, d'enlever aux femelles leurs ovaires, et aux mâles leurs laites. La soustraction de ces organes , faite avec habi- leté et avec beaucoup d'attention, n'a dérangé que pen- dant un temps très-court la santé des poissons qui l'ont éprouvée; et toute la partie de leur substance qui se portoit vers leurs laites ou vers leurs ovaires , et qui ÿ donnoit naissance ou à des centaines de milliers d'œufs, ou à une quantité très-considérable de liqueur fécon- dante , ne trouvant plus d'organe particulier pour l’éla- borer ni même pour la recevoir, a reflué vers les autres portions du corps, s'est jetée principalement dans le tissu cellulaire , et y a produit une graisse non seulement d'un goût exquis, mais encore d'un volume extraordinaire. Mais que l'on ait sur-tout recours, pour l'amélioration des poissons, à ce moyen dont on a retiré de si grands avantages pour accroître les bonnes qualités et les belles formes de tant d'autres animaux utiles, et qui produit des phénomènes physiologiques dignes de toute l'attention du naturaliste : c’est le croisement des races , que nous recommandons. On sait que c'est par ce croisement que l’on est parvenu à perfectionner le belier, le bœuf, l'âne et le cheval. Les espèces de poisson , et principalement celles qui vivent très-près de nous, qui préfèrent à la haute mer les rivages de TOME Ill G 1 EFFETS DE L'ART DE L'HOMME l'océan, les fleuves, les rivières et les lacs, et qui, par la nature de leur séjour, sont plus soumises à l’in- fluence de la nourriture, du climat, de la saison , ou de la qualité des eaux, présentent des races très-dis- tinctes, et séparées l’une de l’autre, par leur grandeur, leur force, leurs propriétés ou la nature de leurs or- ganes. Qu'on les croise; c'est-à-dire, qu'on féconde les œufs de l'une avec la laite d’une autre. Les individus qui proviennent du mélange de deux races , non seulement valent mieux que la race la moins bonne des deux qui ont concouru à les former, mais encore sont préférables à la meilleure de ces deux races quise sont réunies. C'est un fait trèsremarquable, très- constaté, et dont on n'a donné jusqu'à présent aucune ‘explication véritablement satisfaisante , parce qu’on ne J'avoit pas considéré dans la classe des poissons, dont l'acte de la génération est beaucoup plus soumis à l'examen dans quelques unes de ses circonstances , que celui des mammifères et des oiseaux qui avoient été les objets de l'étude et de la recherche des zoologues. Rapprochons donc ce qu'en peut dire de ce curieux phénomène. Premièrement , une race qui se réunit à une seconde, éprouve, relativement à l'influence qu'elle tend à exer- cer, une sorte de résistance que produisent les disparités €t les disconvenances de ces deux races : cette résistance est cependant vaincue, parce qu'elle est très-limitée. Et l'on ne peut plus ignorer en physiologie, qu'il n’en SUR LA NATURE DES P OEÉS:S OGN:s. l est pas des corps organisés et vivans comme de la matière brute et des substances mortes. Un obstacle tend les ressorts du corps organisé, de manière que son énergie vitale en est augmentée , au point que lors- que cet obstacle est écarté, non seulement la puis- sance du corps vivant est égale à ce qu'elle étoit avant la résistance, mais même qu'eile est supérieure à la force dont il jouissoit. Les disconvenances de deux races qui se rapprochent, font donc naître un accrois- sement de vitalité, d'action et de développement, dans le produit de leur réunion. Secondement, dans un mâle et une femelle d'une race, il n’y a que certaines portions analogues les unes aux autres, qui agissent directement ou indirectement pour la reproduction de l'espèce. Lorsqu'une nouvelle race s'en approche, elle met en mouvement d'autres portions qui, à cause de leur repos antérieur, doivent produire de plus grands effets que les premières. Troisièmement, les deux races mèêlées l’une avec l'autre ont entre elles des rapports desquels résulte un grand développement dans les fruits de leur union, parce que ce développement ne doit pas être considéré comme la somme de l'addition des qualités de l’une et de l’autre des deux races, mais comme le produit d'une multiplication, et, ce qui est la même chose, comme l'effet d'une sorte d'intus-susception et de com- binaison intime, au lieu d'une simple juxta-position et d'une jonction superficielle. dj EFFETS DE L'ART DE L'HOMME C'est un fait semblable à celui qu'observent les chi- mistes, lorsque, par une suite d'une pénétration plus ou moins grande, le poids de deux substances qu'ils ent combinées l’une avec l’autre, est plus grand que la somme des poids de ces deux substances avant leur combinaison. Le résultat du croisement de deux races n'est cepen- dant pas nécessairement, et dans toutes les circons- tances, le perfectionnement des espèces : il peut arriver et il arrive quelquefois que ce croisement les dété- riore au lieu de les améliorer. En effet, et indépen- damment d'autre raison, chacun des deux individus qui se rapprochent dans l'acte de la génération, peut être regardé comme imprimant la forme à Fêtre qui provient de leur union, ou comme fournissant la ma- tière qui doit être faconnée , ou comme influent à la fois sur le fond et sur la forme: mais nons ne pouvons avoir aucune raison de supposer qu'après la réunion de deux races, il y ait nécessairement entre la matière qui doit servir au développement et le moule dans lequel elle doit être figurée, plus de convenance qu'il n'y en avoit avant cette mème réunion, dans les individus de chacune de ces deux races considérées séparément. Il y a done dans l'éloignement des races l'une de l’autre, c’est-à-dire, dans le nombre des différences qui les séparent, une limite en decà et au-delà de laquelle le croisement est par lui-même plus nuisible qu'’avan- tageux. SUR LA NATURE DES POISSONS. li] L'expérience seule peut faire connoître cette limite : mais on sera toujours sûr d'éviter tous lesinconvéniens qui peuvent résulter du croisement considéré en lui- même, si dans cette opération on n'emploie jamais que les meilleures races, et si, par exemple, en mêlant les races des poissons , on ne cesse de rechercher celles qui offrent le plus de propriétés utiles, soit pour obte- nir les œufs que l'on voudra féconder, soit pour se procurer la liqueur active par le moyen de laquelle on desirera de vivifier ces œufs. Voilà à quoi se réduit ce que nous pouvons dire du croisement des races, après avoir réuni dans notre pensée les vérités déja publiées sur cette partie de la physiologie, les avoir dégagées de tout appareil scien- tifique, les avoir débarrassées de toute idée étrangère, les avoir comparées , et y avoir ajouté le résultat de quelques réflexions et de quelques observations nou- velles. Considérons maintenant de plus haut ce que peut l'homme pour l'amélioration des poissons. Tâchons de voir dans toute son étendue l'influence qu’il peut exer- cer sur ces animaux par l'emploi des quatre grands moyens dont il s'est servi, toutes les fois qu'il a voulu modifier la Nature vivante. Ces quatre moyens si puis- sans sont, la nourriture abondante et convenable qu'il a donnée, l'abri qu'il a procuré, la contrainte qu'il a imposée, le choix qu'il a fait des mâles et des femelles pour la propagation de l'espèce. liv EFFETS DE L'ART DE L'HOMME En réunissant ou en employant séparément ces quatre instrumens de son pouvoir, l'homme a modifié les poissons d'une manière bien plus profonde qu'on ne le croiroit au premier coup d'œil. En rapprochant un grand nombre de germes, il a resserré dans un espace assez étroit les œufs de ces animaux, pour que plusieurs de ces œufs se soient collés l’un à l’autre, comprimés, pénétrés, entièrement réunis, et, pour ainsi dire, identifiés; et de cette introduction d'un œuf dans un autre, si je puis parler ainsi, il est résulté une confusion si grande de deux fœtus, que l'on a vu éclore des poissons monstrueux, dont les uns avoient deux têtes et deux avant-corps, pendant que d'autres présentoient deux têtes, deux corps et deux queues liés ensemble par le ventre ou par un côté qui appartenoit aux deux corps, et attachés même quelquefois par cet organe commun, de manière à représenter une Croix. Mais laissons ces écarts que la Nature contrainte d'obéir à l’art de l'homme peut présenter, comme lorsqu'indépendante de cet art elle n’est soumise qu'aux hasards des accidens : les produits de cette sorte d'accouplement extraordinaire ne constituent aucune amélioration ni de l'espèce, ni mème de lindi- vidu; ils ne se perpétuent pas par la génération; ils n'ont en général qu'une courte existence; ils sont étrangers à notre sujet. Examinons des effets bien différens de ces phéno- mènes, et par leur durée, et par leur essence. SUR LA NATURE DES POISSONS. lv Voici tous les attributs des poissons que la domesti- eité a déja pu changer : Les couleurs ; elles ont été variées et dans leurs nuances et dans leur. distribution. Les écailles; elles ont acquis ou perdu de leur épais- seur et de leur apacité; leur figure a été altérée ; leur surface étendue ou rétrécie; leur adhésion à la peau affoiblie ou fortifiée ; leur nombre diminué ou aug- menté. Les dimensions générales ; elles ont été agrandies ou rapetissées. Les proportions des principales parties de la tête, du corps, ou de la queue ; elles ont montré de nouveaux rapports. La nageoire dorsale; elle a disparu. La nageoire de la queue ; elle a offert une nouvelle forme, et de plus elle a été ou doublée ou triplée, comme on à pu le voir, par exemple, en examinant les modifications que le cyprin doré a subies dans les bassins d'Europe, et sur-tout dans ceux de la Chine, où il est élevé avec soin depuis un grand nombre de siècles. L'art a donc déja remanié, pour ainsi dire, non seu- lement les tégumens des poissons, et même un des plus puissans instrumens de leur natation, mais encore presque tous leurs organes, puisqu'il en a changé les proportions ainsi que l'étendue. C'est par ces grandes modifications qu'il a produit 1vj EFFETS DE L'ART DE L'HOMME: des variétés remarquables. A mesure que l'influence a été forte, que l'impression a été vive, qu'elle a pé- nétré plus avant, le changement a été plus profond et par conséquent plus durable. La nouvelle manière d'être, produite par l'empire de l'homme, à été assez intérieure, assez empreinte dans tous les organes qui concourent à la génération, assez liée avec toutes les forces qui contribuent à cet acte, pour quelle ait été transmise, au moins en grande partie, aux indivi- dus provenus de mâles et de femelles déja modifiés. Les variétés sont devenues des races plus ou moins durables; et lorsque, par la constance des soins de l’homme, elles auront acquis tous les caractères de la stabilité, c'est-à-dire, lorsque toutes les parties de l'animal qui, par une suite de leur dépendance mu- tuelle, peuvent agir les unes sur les autres, auront recu une modification proportionnelle, et que par conséquent il n'existera plus de cause intérieure qui tende à ramener les variétés vers leur état primitif, ces mêmes variétés, au moins si elles sont séparées par d'assez grandes différences, de la souche dont elles auront été détachées, constitueront de véritables espèces permanentes et distinctes: C’est alors que l'homme aura réellement exercé une puissance rivale de celle de la Nature, et qu'il aura conquis l'usage d'un mode nouveau et bien important d'améliorer les poissons. Mais il peut déja avoir recours à ce mode, d'une SUR LA NATURE DES POISSONS. [vi manière qui marquera moins la puissance de son art, mais quigera bien plus courte et bien plus facile. Qu'il fasse pour les espèces ce que nous avons dit qu'il devoit faire pour les races : qu’il mêle une espèce avec une autre; qu'il emploie la laite de l’une à fécon- der les œufs de l’autre. Il ne craindra dans ses tenta- tives aucun des obstacles que l’on a dû vaincre, toutes les fois qu'on a voulu tenter l'accouplement d'un mâle ou d'une femelle avec une femelle ou un mäle d'une espèce étrangère, et que l'on a choisi les objets de ses essais parmi les mammifères, ou parmi les oiseaux. On dispose avec tant de facilité de la laite et des œufs! En renouvelant ses efforts, non seulement on obtiendra des mulets, mais des mulets féconds, et qui transmettront leurs qualités aux générations qui leur devront le jour. On aura des espèces métives, mais durables, distinctes , et existantes par elles-mêmes. On sait que la carpe produit facilement des métis avec la gibèle, ou avec d’autres cyprins. Qu'on suive cette indication. Pour éprouver moins de difficultés, qu'on cherche d'abord à réunir deux espèces qui fraient dans le même temps, ou dont les époques du frai arrivent de manière que le commencement de l’une de ces deux époques se rencontre avec la fin de l’autre. Si l'on ne peut pas se procurer facilement de la liqueur séminale de l’une des deux espèces, et l'ob- tenir avant qu'elle n'ait perdu, en se desséchant ou en TOME III, H lvij EFFETS DE L'ART DE L'HOMME s’altérant, sa qualité vivifiante, qu'on place des œufs de la seconde à une profondeur convenable et à une exposition favorable , dans les eaux fréquentées par les mâles de la première. Qu'on les ÿ arrange de manière que leur odeur attire facilement ces mâles, et que leur position les invite, pour ainsi dire, à les arroser de leur fluide fécondant. Dans quelques circonstances, on pourroit les y contraindre, en quelque sorte, en détruisant autour de leur habitation ordinaire, et à une distance assez grande, les œufs de leurs propres femelles. Dans d'autres circonstances, on pourroit essayer de les faire arriver en grand nombre au-dessus de ces œufs étrangers que l’on voudroit les voir vivi- fier, en mélant à ces œufs une substance composée, factice et odorante, que plusieurs tentatives feroient découvrir, et qui, agissant sur leur odorat comme les œufs de leur espèce, les détermineroit aussi eflica- cement que ces derniers à se débarrasser de leur laite, et à la répandre abondamment. Voudra-t-on se livrer à des essais plus hasardeux, et réunir deux espèces de poissons dont les époques du frai sont séparées par un intervalle de quelques jours? Que l’on garde des œufs de l'espèce qui fraie le plutôt; que l’on se souvienne que l'on peut les préserver du degré de décomposition qui s’opposeroit à leur fécon- dation ; et qu'on les répande, avec les précautions né- cessaires , à la portée des mâles de la seconde espèce, lorsque ces derniers sont arrivés au terme de la matu- rité de leur laite. SUR LA NATURE DES POISSONS. lix Au reste, les soins multipliés que l’onest obligé de se donner pour faire réussir ces unions que l’on pour- roit nommer artificielles, expliquent pourquoi des réunions analogues sont très-peu fréquentes dans la Nature, et par conséquent pourquoi cette Nature, quelque puissante qu'elle soit, ne produit cependant que très-rarement des espèces nouvelles par le mé- Jange des espèces anciennes. Cependant, depuis que l'on observe avec plus d'attention les poissons, on remarque dans plusieurs genres de ces animaux, des individus qui, présentant des caractères de deux espèces différentes et plus ou moins voisines, paroissent ap- partenir à une race intermédiaire que l’on devra regarder comme une espèce métive et distincte, lors- qu'on l'aura vue se maintenir pendant un temps très- long avec toutes ses propriétés particulières, et du moins avec ses attributs essentiels. Nous avons com- mencé de recueillir des faits curieux au sujet de ces espèces, pour ainsi dire, mi-parties, dans les lettres de plusieurs de nos savans correspondans , et notam- ment du citoyen Noël de Rouen. Ce dernier naturaliste pense, par exemple, que les nombreuses espèces de raies qui se rencontrent sur les rives françoises de la Manche, lors du temps de la fécondation des œufs, doivent, en se mêlant ensemble, avoir donné ou donner le jour à des espèces ou races nouvelles. Cette opinion du citoyen Noël rappelle celle des anciens au sujet des monstres de l'Afrique. Ils croyoient que Ix EFFETS DE L'ART DE L'HOMME les grands mammifères de cette partie du monde, qui habitent les environs des déserts, et que la chaleur et la soif dévorantes contraignent de se rassembler fréquemment en troupes très-nombreuses autour des amas d'eau qui résistent aux rayons ardens du soleil dans ces régions voisines des tropiques, doivent sou- vent s’accoupler les uns avec les autres ; et que de leur union résultent des mulets féconds ou inféconds, qui, par le mélange extraordinaire de diverses formes remarquables et de différens attributs singuliers , mé- ritent ce nom imposant de zzonstres africains. Cependant ne cessons pas de nous occuper de ces poissons mulets que lart peut produire ou que la Nature fait naître chaque jour par l'union de la carpe avec la gibèle, ou par celle de plusieurs autres espèces, sans faire une réflexion importante relativement à la génération des animaux dont nous écrivons l'histoire, et même à celle de presque tous les animaux. Des auteurs d’une grande autorité ont écrit que, dans la reproduction des poissons, la femelle exerçoit une si grande influence, que le fœtus étoit entièrement formé dans l'œuf avant l'émission de la laite du mâle, et que la liqueur séminale dont l’œuf étoit arrosé , imbibé et pénétré. ne devoit être considérée que comme une sorte de stimulus propre à donner le mou- vement et la vie à l'embryon préexistant. Cette opinion a été étendue et généralisée au point de devenir une théorie sur la génération des animaux , SUR LA NATURE DES POISSONS. Is} et même sur celle de l’homme. Mais l'existence des métis ne détruit-elle pas cette hypothèse? Ne doit-on pas voir que si la liqueur fécondante du mâle n'étoit qu'un fluide excitateur, n'influoit en rien sur la forme du fœtus , ne donnoit aucune partie à l'embryon, les œufs de la même femelle, de quelque laite qu'ils fussent arrosés , feroient toujours naître des individus semblables ? le stimulus pourroit être plus ou moins actif; l'embryon seroit plus fort ou plus foible; le fœtus écloroit plutôt ou plus tard; l'animal jouiroit d'une vitalité plus ou moins grande ; mais ses formes seroient toujours les mêmes ; le nombre de ses organes ne varieroit pas ; les dimensions pourroient être agran- dies ou diminuées; mais les proportions, les attributs, les signes distinctifs, ne montreroient aucun change- ment, aucune modification; aucun individu ne présen- teroit en mème temps et des traits du mâle et des traits de la femelle ; il ne pourroit, dans aucune cir- constance, exister un véritable métis. Quoi qu'il en soit, les espèces que l'homme produira, soit par l'influence qu'il exercera sur les individus soumis à son empire, soit par les alliances qu'il établira entre des espèces voisines ou éloignées, seront un grand moyen de comparaison pour juger de celles que la Nature a pu ou pourra faire naître dans le cours des siècles. Les modifications que l'homme im- prime, serviront à déterminer celles que la Nature impose. La connoissance que l'on aura du point où Ii) EFFETS DE L'ART DE L'HOMME aura commencé le développement des premières, et de celui où il se sera arrêté, dévoilera l'origine et l'étendue des secondes: Les espèces artificielles seront la mesure des espèces naturelles. On sait, par exemple; que le cyprin doré de la Chine perd dans la domes- ticité, non seulement des traits de son espèce par l’altération de la forme de sa nageoire caudale, mais encore des signes distinctifs du groupe principal ou du genre auquel il appartient, puisque la nageoire du dos lui est ôtée par l'art, et même des caractères de la grande famille ou de l’ordre dans lequel il doit être compris, puisque la main de l'homme le prive de ces nageoires inférieures dont la position ou l'absence indiquent les ordres des poissons. À la vérité, l’action de l’homme n'a pas encore pé- pétré assez avant dans l’intérieur de ce cyprin doré, pour y changer ces proportions générales de l'estomac, des intestins, du foie, des reins, des ovaires, etc., qui constituent véritablement la diversité des ordres, pendant que l'absence ou la position des nageoires inférieures n'est qu'un signe extérieur qui, par ses relations avec la forme et les dimensions des organes internes, annonce ces ordres sans en produire la diversité. Mais que sont quelques milliers d'années, pendant lesquels les Chinois ont manié, pour ainsi dire, Jeur cyprin doré , lorsqu'on les compare au temps dont la Nature dispose ? C'est cette lenteur dans le travail, c'est SUR LA NATURE DES POISSONS. lxiij cette série infinie d'actions successives, c'est cette accu- mulation perpétuelle d'efforts Mise, dans le même sens, c’est cette constance et dans l'intensité et dans la tendance de la force, c'est cet emploi de tous les instans dans une durée non interrompue de milliers de siècles , qui, survivant à tous les obstacles qu'elle n’a pu ni dissoudre ni écarter , est le véritable principe de la puissance irrésistible de la Nature.En ce sens, la Nature est le temps , qui règne sans contrainte sur la matière qu'elle façonne et sur l’espace dans lequel elle distribue les ouvrages de ses mains immortelles. Ce sera donc toujours bien au-delà de la limite du pouvoir de l'homme, qu'il faudra placer celle de la force victorieuse qui appartient à la Nature. Mais les juge- mens que nous porterons de cette force d’après l'étendue de l'art, n'en seront que plus fondés ; nous n'aurons que plus de raison de dire que les espèces artificielles, excellentes mesures des espèces naturelles produites dans la suite des âges, sont aussi le mètre d'après lequel nous pourrons évaluer avec précision le nombre des espèces perdues, le nombre de celles qui ont disparu avec les siècles. Deux grandes manières de Rs l'univers animé sont dignes de toute l'attention du véritable naturaliste. D'un côté, on peut voir, dans les temps très-anciens, tous les animaux n'existant encore que dans quelques espèces primitives, qui, par desmoyens analogues à ceux Ixiv EFFETS DE L'ART DE L'HOMME que l’art de l'homme peut employer, ont produit, par la force de la nature , des espèces secondaires , les- quelles par elles-mêmes, ou par leur union avec les primitives , ont fait naître des espèces tertiaires , etc. Chaque degré de cet accroissement successif offrant un plus grand nombre d'objets que le degré précédent, les a montrés séparés les uns des autres par des inter- valles plus petits, et distingués par des caractères moins sensibles ; et c'est ainsi que les produits animés de la création sont parvenus à cette multitude innombrable et à cette admirable variété qui étonnent et enchantent l'observateur. _ D'un autre côté, on peut supposer que, dans les pre- miers âges, toutes les manières d'être ont été employées par la Nature, qu'elle a réalisé toutes les formes , déve- loppé tous les organes , mis en jeu toutes les facultés, donné le jour à tous les êtres vivans que l'imagination la plus bizarre peut concevoir ; que dans ce nombre infini d'espèces, celles qui n'avoient recu que desmoyens imparfaits de pourvoir à leur nourriture, à leur con- servation , à leur reproduction , sont tombées succes- sivement dans le néant ; et que tout s'est réduit enfin à ces espèces majeures , à ces êtres mieux partagés, qui figurent encore sur le globe. Quelque opinion qu'il faille préférer sur le point du départ de la Nature créatrice, sur cette multiplication croissante, ou sur cette réduction graduelle, l'état actuel des choses ne nous permet pas de ne pas consi- SUR LA NATURE DES POISSONS. Ixv dérer la Nature vivante comme se balançant entre les deux grandes limites que lui opposeroient à une extré- mité un petit nombre d'espèces primitives, et à l’autre extrémité l'infinité de toutes les espèces que l’on peut imaginer. Elle tend continuellement vers l’une ou vers l'autre de ces deux limites, sans pouvoir maintenant en approcher, parce qu'elle obéit à des causes qui agissenit en sens contraire les unes des autres, et qui, tour-à- tour victorieuses et vaincues, ne cèdent lors de quel- ques époques, que pour reparoiître ensuite avec leur première supériorité. Quel spectacle que celui de ces alternatives ! quelle étude que celle de ces phénomènes ! quelle recherche que celle de ces causes! quelle histoire que celle de ces époques ! Et pour les bien décrire, ou plutôt pour les con- noître dans toute leur étendue , il faut les contempler sous les différens points de vue que donnent trois suppositions, parmi lesquelles le naturaliste doit choi- sir, lorsqu'il examine l'état passé, présent et futur du globe sur lequel s’opère ce balancement merveilleux. La température de la terre est-elle constante, comme on l’a cru pendant long-temps? ou la chaleur dont elle est pénétrée, va-t-elle en croissant, ainsi que quel- ques physiciens l'ont pensé? ou cette chaleur décroît- elle chaque jour, comme l'ont écrit de grands natu- ralistes et de grands géomètres, les Leibnitz, les Buffon, les Laplace ? TOME lIIl. I | Ha HG dir (5 LA TE "4 DNA Late nt enr a MA PAIE ni ARTE fe jh; | FE AE AU LE Le a Par ( me. A. Pro PR A OR CRE + Et ls! ke Die il D \ HAE VET ns ALL in ap PR 2 | AT NT er [4 : û 14 a SIDE. CT LL i OA “A te 7 er | . L. … Rs | apogaos ee : 144 aien ca äraroat LR vu f 4 L n (L ' L 4 à | 1 Wir À { ’ L " i À f Le " 1 fu 4 \ à % Hu À À Va do l Li Ne er É La AU NO at HISTOIRE NATURELLE D'E SH PLO LS S OUNS; PA RMLEUCHRTONYEN LA CEPÉDE, Membre du Sénat, et de l’Institut national de France ; l’un des Professeurs du Muséum d'Histoire naturelle; membre de l'Institut national de la République Cisalpine ; de la société d’Arragon; de celle des Curieux de la Nature, de Berlin; des sociétés d'Histoire naturelle, des Pharmaciens, Philotechnique, Philomatique, et des Observateurs de l'homme, de Paris; de celle d'Agriculture d'Agen; de la société des Sciences et Arts de Montauban; du Lycée d’Alencon; de l'Athénée de Lyon, etc, DONNIEUER ONSINEMIE ANNP AURAS CHEZ PLASSAN, IMPRIMEUR-LIBRAIRE, S Rue de Vaugirard, N° 11095. L'AN X DE LA RÉPUBLIQUE VE . . re : É | dd nn pt her PT10) on pes r, RE DE AGE *\ 9h at: ERP TETE “utile epifinte . 4 ENT ET ne Fe A DHL IE santai EEE sh, TILL 5h HE + sh PAPE ru filles 4 1 18e, ssitisanstil he klisll 1} Dane June rl Que, 2j en | 4e hé input: BH: PAPE 7 uen bad ti qi { k M D sb 4e di raliott " Au à pes CURE 1 a aus taf sb. one “ou se} ei + S A NSCUER -. ï . n 7 Le CARRE : 140 | L RE, TT. Nr, LÉ a (on ut À L DENT | A AMONT à < 1 5-2 (YARUU É: 4 dl « r 4 : . UE : , | (Dre LUN | = l ie pie = : pr | 27 £ mL +1 ed ko ME L'ELO.A CE ER QNXT ALL A Hu fe au +4 LE mn Fe f ue NCA Aria 1%. Éo dx. l = | L me ENS LOTUS. DETIRCEÈTE La tu d AN MOME °R HISTOIRE NATURELLE MASUBLOESSO NS ESS COMPBRE"CERMONS C£Tre espèce de scombre a été jusqu'à présent con- fondue par les naturalistes , ainsi que par les marins, avec les autres espèces de son genre. Elle mérite cependant à beaucoup d'égards une attention particu- lière, et nous allons tâcher de la faire connoître sous ses véritables traits, en présentant avec soin les belles observations manuscrites que Commerson nous a lais- sées au sujet de cet animal. Le germon, dont la grandeur approche de celle des thons , a communément plus d’un mètre de longueur ; et son poids presque toujours au-dessus d'un myria- gramme , s'étend quelquefois jusqu'à trois. Sa couleur * Scomber germo. Scomber (germo) pinnis pectoralibus ultra anum productis, pinnulis dorsalibus novyem, ventralibusque totidem. Manuscrits de Commerson, déja cités. j Germon , par plusieurs navigateurs francois, Longue oreille, par d'autres navigateurs, TOME IL 4 2 H ISSUE OT RE TN A ST URRE TIME ns est d'un bleu noirâtre sur le dos , d'un bleu très-pur et très-beau sur le haut des côtés, d’un bleu argenté sur le bas de ces mêmes côtés , et d'une teinte argentée sans mélange sur sa partie inférieure. On voit, sur le ventre de quelques individus , des bandes transversales; mais elles sont si fugitives , qu'elles disparoissent ayec rapidité lorsque le scombre expire, et même lorsqu'il est hors de l'eau depuis quelques instans. L'animal est alongé et un peu conique à ses deux extrémités ; la tête revètue de lames écailleuses, grandes et bril- lantes ; le corps recouvert, ainsi que la queue, d’'é- cailles petites , pentagones , ou plutôt presque arron- dies. Un seul rang de dents garnit chacune des deux mâchoires , dont l’inférieure est d'ailleurs plus avancée que la supérieure. L'intérieur de la bouche est noirâtre dans son con- tour ; la langue courte , un peu large , arrondie par-devant, cartilagineuse et rude ; le palais raboteux comme la langue ; l'ouverture de chaque narine réduite à une sorte de fente ; chaque commissure marquée par une prolongation triangulaire de la mâchoire supérieure ; l'œil grand et un peu convexe ; l’opercule branchial , composé de deux pièces dénuées d’écailles semblables à celles du dos, resplendissantes de l'éclat de l'argent , et dont la seconde s'étend en croissant autour de la première , et en borde le contour postérieur, Dé SS PONT LS SDS. d On peut voir au-dessous de cet opercule une mem- brane branchiale blanchâtre dans sa circonférence , et noirâtre dans le reste de sa surface ; un double rang de franges compose chacune des quatre branchies : l'os demi-circulaire du premier”de ces organes respi- ratoires présente des dents longues et fortes , arran- gées comme celles d'un peigne ; l'os du second n’en offre que de moins grandes ; et l'arc du troisième ainsi que celui du quatrième, ne sont que raboteux *. Les nageoires pectorales ont une largeur égale au douzième , ou à peu près, de la largeur totale du scombre ; leur longueur est telle, qu'elles dépassent l'ouverture de l'anus , et parviennent jusqu'aux pre- mières petites nageoires du dessous de la queue. Elles sont de plus en forme de faux , fortes, roides, et, ce qu'il faut sur-tout ne pas négliger d'observer , placées chacune au-dessus d’une fossette , ou d’une petite cavité imprimée sur le côté du poisson, de la même grandeur et de la même figure que cet instrument de natation, et dans laquelle-cette nageoïre est reçue en partie lorsqu'elle est en repos. Un appendice charnu occupe %* A la membrane des branchies 7 rayons, à la premiere nageoire du dos 14 à la seconde 12 à chacune des pectorales 35 à chacune des thoracines 7 à celle de l'anus 12 à celle de la queue 30 + 4 HISTOIRE NATURELLE d'ailleurs , si je puis employer ce mot, l’aisselle supé- rieure de chaque pectorale. Une fossette analogue est, pour ainsi dire, gravée au-dessous du corps , pour loger les nageoires thora- cines, qui sont situées’au-dessous des pectorales, et qui, presque brunes à l'intérieur, réfléchissent à l'extérieux une belle couleur d'argent, ’ La première nageoire dorsale s'élève au-dessus d'un sillon longitudinal dans lequel l'animal peut la cou- cher ; et elle s’avance comme une faux vers la queue. La seconde, presque entièrement semblable à celle de l'anus , au-dessus de laquelle on la voit, par sa rigidité, ses dimensions , sa figure et sa couleur, est petite et souvent rougeàtre ou dorée. Les petites.nageoires du dessus et ‘du dessous de la queue sont triangulaires, et au nombre de huit ou de neuf dans le haut , ainsi que dans le bas. Ce nombre paroît être très-constant dans les individus de l'espèce que je décris, puisque Commerson assure l’avoir tou- jours trouvé ,.et cependant avoir examiné plus de vingt germons. La nageoire de la queue , découpée comme un crois- sant , est assez grande pour que la distance, en ligne droite , d’une extrémité du croissant à l’autre , soit quelquefois égale au tiers de la longueur totale de l'animal. Le thon a également et de même que presque tous les scombres, une nageoire caudale très-étendue ; et nous avons vu, dans l’article précédent, les effets très- DE dy BLOUT 5. SNOTNMES: 5 curieux qui résultent de ce développement peu erdi- naire du principal instrument de natation. La ligne latérale , fléchie en divers sens jusqu'au-des- sous de la seconde nageoire du dos , tend ensuite direc- tement vers le milieu de la nageoire caudale. On voit enfin , dé chaque côté de la queue, la peau s'élever en forme de carène longitudinale ; et cette forme est donnée à ce tégument par un carti- lage qu'il recouvre , et qui ne contribue pas peu à la - rapidité avec laquelle le germon s’élance au milieu ou à la surface des eaux. Jetons maintenant un coup d'œil sur la eonforma- - tion intérieure de ce scombre. Le cœur est triangulaire , rougeâfre, assez grand, à un seul mais très-petit ventricule ; l'oreillette grande et très-rouge ; le commencement de l'aorte blanchätre, et en forme de bulbe; le foie d'un rouge pâle, tra- pézoïde, convexe sur une de ses surfaces , hérissé de pointes vers. une extrémité, garni de lobules à l’extré- mité opposée, creusé à l'extérieur par plusieurs cise- lures, et composé à l’intérieur de tubes vermiculaires, droits, parallèles les uns: aux autres , et exhalant une humeur jaunâtre par des conduits communs ; la rate alongée comme une languette , noirâtre , et suspendue sous le côté droit du foie; la vésicule du fiel conformée presque comme un lombric, plus grosse par un bout que par l'autre ; égale en longueur au tiers de la longueur totale du poisson , appliquée contre la rate, v F o H IS MELON RUE ANLANT UNR ERIAL E et remplie d'un suc très-verd ; l'estomac sillonné par des rides longitudinales ; le canal intestinal deux fois replié; le péritoine brunâtre; et la vessie natatoire longue, large , attachée au dos et argentée. Commerson a observé le germon dans le grand Océan austral , improprement appelé 7er Pacifique , vers le vingt-septième degré de latitude méridionale, et le cent troisième de longitude. Il vit pour la première fois cette espèce de scombre dans le voyage qu'il fit sur cet océan , avec notre célèbre navigateur et mon savant confrère Bougain- ‘ville. Une troupe très-nombreuse d'individus de cette espèce de scombre entoura le vaisseau que montoit Commerson ; et leur vue ne fut pas peu agréable à des matelots et à des passagers fatigués par l'ennui et les privations inséparables d’une longue naviga- tion. On tendit tout de suite des cordes garnies d'hamecons ; et on prit très-promptement un grand nombre de ces poissons, dont le plus petit pesoit plus d’un myriagramme , et le plus gros plus de trois. A peine ces thoracins étoient-ils hors de l'eau, qu'ils mouroient au milieu des tremblemens et des soubre- sauts. Les marins , rassasiés de l'aliment que ces ani- maux leur fournirent, cessèrent d'en prendre : mais les troupes de germons , accompagnant toujours le vaisseau , furent, pendant les jours suivans, l'objet de nouvelles pêches, jusqu'à ce que, les matelots se dégoü- tant de cette sorte de nourriture, les pècheurs man- D'EMSW Pr /ONr Si $ O'NuS. 7 quérent aux poissons, dit le voyageur naturaliste, mais non pas les poissons aux pècheurs. Le goût de la chair des germons étoit très-agréable, et comparable à celui des thons et des bonites ; et quoique les matelots en mangeassent jusqu'a satiété, aucun d’eux n’en éprouva l'incommodité la plus légère. Commerson ajoute à ce qu'il dit des germons, une observation générale que nous croyons utile de rap- porter ici. Il pense que tous les navires ne sont pas également suivis par des colonnes de scombres ou d'autres poissons analogues à ces légions de germons dont nous venons de parler; il assure mème qu’ona vu, lorsque deux ou plusieurs vaisseaux voguoient de con- serve, les poissons ne s'attacher qu'a un seul de ces bâti- mens, ne le jamais quitter pour aller vers les autres, et donner ainsi à ce bâtiment favorisé une sorte de privi- lége exclusif pour la pêche. Il croit que cette préférence des troupes de poissons pour un navire dépend du plus ou moins de subsistance qu'ils trouvent à la suite de ce vaisseau , et sur-tout de la saleté ou de l’état exté- rieur du bâtiment au-dessous de sa ligne de flottaison. Il lui a"semblé que les navires préférés étoient ceux dont la carène avoit été réparée le plus anciennement, ou qui venoient de servir à de plus longues navigations: dans les voyages de long cours, il s'attache sous les vaisseaux , des fucus , des goémons , des corallines, . des pinceaux demer, et d’autres plantes où animaux marins qui peuvent servir à nourrir les poissons et re H I S TO 1 REV NA T U R ELLE. doivent les attirer avec force. Au reste, Commerson remarque, ainsi que nous l'avons observé à l’article du thon, que parmi les causes qui entraînent Îles poissons auprès d’un vaisseau , il faut compter l'ombre que le corps du bâtiment et sa voilure répandent sur la mer ; et dans les climats très-chauds , on voit, dit-il, pen- dant la plus grande chaleur du jour , ces animaux se ranger dans la place plus ou moins étendue que le gavyire couvre de son ombre. LENS COMNRER'E. LT EAP RD" CE nom de hazard a été donné à des ésoces, à des clupées , et à d’autres scombres que celui dont nous allons parler : mais nous avons cru devoir, avec Commerson, Ôter cette dénomination à toute espèce de scombre , excepté à celle que nous allons faire con- noiître. La description de ce poisson n’a encore été publiée par aucun naturaliste. Nous avons trouvé dans les papiers du célèbre compagnon de Bougainville, une figure de ce thazard, que nous avons fait graver, et une notice des formes et des habitudes de ce tho- racin , de laquelle nous nous sommes servis pour com- poser l'article que nous écrivons. La grandeur du thazard tient le milieu entre celle de la bonite et celle du maquereau ; mais Son Corps, quoique très-musculeux, est plus comprimé que celui du maquereau , ou celui de la bonite. Sa couleur est d’un beau bleu sur la tête , le dos; et la portion supérieure des parties latérales ; elle se change en nuances argentées et dorées, mêlées de tons * Scomber thazard. T'azo. Tazard, = Scomber immaculalus, pianulis dorsalibus octo, ventralibus septem, pinnis pectoralibus ventrales vix excedentibus. Commerson, manuscrite déja cités. TOME Ill. 2 Le 10 HT ST ION RER À T UIOO ADE fucitifs d'acier poli, sur les bas côtés et le dessous D KT 2 de l'animal. Au-dessous de chaque œil, on voit une tache ovale l ; petite, mais remarquable, et d'un noir bleuätre. Les nageoires pectorales et les thoracines sont noi- râtres dans leur partie supérieure, et argentées dans l'inférieure ; la première nageoire du dos est d’un bleu 2 O brunâtre , et la seconde est presque brune*. Au reste, on ne voit sur les côtés du thazard, ni bandes transversales , ni raies longitudinales. La tête, un peu conique, se termine insensiblement en un museau présque aigu. La mâchoire supérieure, solide et non extensible, est plus courte que linférieure , et paroît sur-tout Ï moins alongée , lorsque la bouche est ouverte. Les dents qui garnissent l’une et l’autre de ces deux mâ- ui £ choires , sont si petites , que le tact seul peut en quelque sorte les distinguer. L'ouverture de la bouche est communément assez étroite pour ne pouvoir pas admettre de proie plus volumineuse que de petits Î Ï poissons volans, ou jeunes exocets. * 6 rayons à la membrane des branchies. 9 à la première dorsale. 12 à la seconde dorsale. 1 ou 2 aiguillons et 22 ou 23 rayons articulés à chacune des pecto- rales. 1 aiguillon et 5 rayons articulés à chacune des thoracines, ; 12 rayons à la nageoire de l'anus. 3o à Ja nageoire de la queue. #3 d D''EASMAP ON S' SMOGNDS: IE Les commissures sont noirâtres; l’intérieur de la gueule est d’un brun argenté ; la langue , assez large, presque cartilagineuse , très-lisse, et arrondie par- devant, présente, dans la partie de sa circonférence qui est libre , deux bords dont l’un est relevé, et dont l'autre s'étend horizontalement ; deux faces qui se réunissent en formant un angle aigu , composent la voûte du palais, qui, d'ailleurs, est sans aucune aspé- rité. Chaque narine a deux orifices : l’antérieur est petit, et arrondi ; le postérieur plus visible et alongé. Les yeux sont très-grands et sans voile. L’opercule, composé de deux lames, recouvre quatre branchies, dont chacune comprend deux rangs de franges, et est soutenue par un os circulaire dont la partie concave offre des dents semblables à celles d’un peigne , très-longues dans le premier de ces organes, moins longues dans le second et le troisième , très- courtes dans le quatrième, La tête ni les opercules ne sont revêtus d'aucune écaille proprement dite : on ne voit de ces écailles que sur la partie antérieure du dos et autour des nageoires pectorales ; et celles qui sont placées sur ces portions du scombre , sont petites et recouvertes par l'épiderme. La partie postérieure du dos, jes côtés, et la partie inférieure de l'animal , sont donc dénués d'écailles, au moins de celles que l’on peut apperce- voir facilement pendant la vie du poisson. Les pectorales , dont la longueur excède à peine celle 12 H IS TOR E* IN À T'UNUR EIAL E des thoracines , sont recues chacune, à la volonté du thazard , dans une sorte de cavité imprimée sur le côté du scombre. L Nous devons faire remarquer avec soin qu'entre les nageoires thoracines se montre un cartilage æiphoïde , ou en forme de lame , aussi long que ces nageoires, et sous lequel l'animal peut les plier et les cacher en partie. La première dorsale peut être couchée et comme renfermée dans une fossette longitudinale ; la caudale, ferme et roide , présente la forme d'un croissant très- alongé. Huit ou neuf petites nageoires triangulaires et peu flexibles sont placées entre cette caudale et la seconde dorsale ; on en compte sept entre cette même caudale et la nagcoire de Fanus. De chaque côté de la queue, la peau s'élève en carène demi-transparente, renfermée par-derrière entre deux. lignes presque parallèles ; et la vigueur des muscles de cette portion du thazard, réunie avec la rigidité de la nageoire caudale, indique bien clairement la force de la natation et la rapidité de la course de ce scombre. On ne commence àidistinguer la ligne latérale qu’à l'endroit où les côtés cessent d'être garnis. d'écailles proprement dites : composée vers son origine de petites écailles qui deviennent de plus en plus clair-semées, à mesure que son cours se prolonge elle tend par den foibles ondulations , et toujours plus voisine du dos. ci DPERTS, PL ONTSSASMONMNIESE To que de la partie inférieure du poisson, jusqu'à l'appen- dice cutané de la queue. L’individu de l'espèce du thazard, observé par Com- merson, avoit été pris, le 30 juin 1768, vers le septième degré de latitude australe, auprès des rivages de la Nouvelle-Guinée, pendant que plusieurs autres scom- bres de-la même espèce s'élançoient, à plusieurs re- prises, à la surface des eaux, et derrière le navire, pour y saisir les petits poissons qui suivoient ce bâà- timent. Le goût de cet individu parut à Commerson aussi agréable que celui de la bonite; mais la chair de la bonite est très-blanche, et celle de ce thazard étoit jaunâtre. Nous allons voir, dans l’article suivant, les grandes différences qui séparent ces deux espèces l’une: de l’autre. PA LH: 9 C'ONDB REED ONE La bonite a été aussi appelée pélamide; mais nous avons dû préférer la première dénomination. Plusieurs siècles avant Pline, les jeunes thons qui n’avorent pas encore atteint l’âge d'un an, étoient déja nommés pé- lamides ; et il faut éviter tout ce qui peut faire con- fondre ure espèce avec une autre. D'ailleurs, ce mot pélamide employé par plusieurs des auteurs qui ont écrit sur l'histoire naturelle, est à peine connu des marins, tandis qu'il n’est presque aucun récit de 0 0 * Scomber pelamides. Bonnet. Pélamide. Scomber pelamis. Zinné, édition de Gmelin. Scombre pélamide. Daubenton, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Scomber... lineis utrinque quatuor nicris. Zæ//. II. 102. Bonite. Valmont-Bomare , Dictionnaire d'histoire naturelle. Scomber pelamis, pinnulis superioribus octo, infericribus septem , tæ- niis ventralibus lonoitudinalibus quatuor nigris. Commerson, manuscrits déja cilés. Scomber , 2, variet. 8. Ariedi, gen. 31, syn. 49. Scomber pulcher, sex bonite. Osbeck, Ir, 67. Pelamis Plinii. Felon. Pelamis Bellonii. Z'illughby, p. 180. Ra: 9 3; PDO 72120 Pelamis cærulea. 4/drov. lib, 3, cap. 18, p. 315. Jousion, tab, 3, fig. 3. HISTÔIRE NATURE L LE. 15 lequel le nom de ponite ne navigation lointaine dans se retrouve fréquemment. Ayec combien de sensations agréables ou fortes cette expression n'est-elle donc pas liée! Combien de fois n'a-t-elle pas frappé l imagination du jeune homme avide de travaux, de découvertes et de gloire, assis sur un promontoire escarpé, dominant sur Ja vaste étendue des mers, parcourant l'immensité de l'Océan par sa pensée, et suivant autour du globe, par ses desirs enflammés, nos immortels navigateurs ! Combien de fois la mémoire fidèle ne l'a-t-elle pas retracée au marin intrépide et fortuné, qui, forcé par l'âge de ne plus chercher la renommée sur les eaux, rentré dans le port paré de ses trophées, contemplant d'un rivage paisible l'empire des orages qu'il a si sou- vent affrontés, rappelle à son ame satisfaite le charme des espaces franchis, des fatigues supportées, des obs- tacles écartés, des périls surmontés, des plages décou- vertes, des vents enchaînés, des tempêtes domptées! Combien de fois n'a-t-elle pas ému, dans le silence d'une retraite champêtre , le lecteur paisible, mais sensible , que le besoin heureux de s'instruire, ou l'envie de répandre, les plaisirs variés de l'occupation de l'esprit sur la monotonie de la solitude , sur léfcalme du repos, sur l'ennui du désœuvrement, attachent, pour ainsi dire , et par une sorte d’enchantement irrésistible, sur les pas des hardis voyageurs! Que de douces et de vives jouissances ! Et pourquoi laisser échapper un seul des moyens de les reproduire, de les multiplier, 16 HISTOIRE NATURE LTL'E de les étendre, d'en embellir l'étude de la science que nous cultivons ? De” Cette bonite dont le nom est si connu, est cependant encore assez mal connue elle-même : heureusement Commerson, qui l'a observée en habile naturaliste dans ses formes et dans ses habitudes, nous a laissé dans ses manuscrits de quoi compléter l'image de ce scombre. L'ensemble formé par le corps et la queue de l'a- nimal, musculeux, épais et pesant, finit par-derrière en cône. Le dessus de la tête, le dos, les nageoires supérieures, sont d'un bleu noirâtre ; les côtés sont bleus ; la partie inférieure est d'un blanc argentin: quatre raies longitudinales un peu larges, et d'un brun noirâtre, s'étendent de chaque côté au-dessous de la ligne latérale, et sur ce fond que nous venons d'indiquer comme argenté, et que Commerson a vu cependant brunâtre dans quelques individus ; les na- geoires thoracines sont brunes ; celle de l'anus est ar- gentée; l'intérieur de la gueule est noirâtre ; et ce qui est assez remarquable, c'est que l'iris, le dessous de la tête, et même la langue, paroissent, suivant Com- mers , revêtus de l'éclat de l'or. Parlons maintenant des formes de la bonite. La tête, ayant un peu celle d’un cône est d'ailleurs lisse, et dénuée d'écailles proprement dites. Un simple rang de dents très-petites garnit la mâchoire supérieure, qui n'est point extensible, et l'inférieure, qui est plus D) ES PROMIS SAOÏPNENS: 177 avancée que celie d’en-haut. L'ouverture de la bouche a la grandeur nécessaire pour que la bonite puisse avaler facilement un exocet. La langue est petite, étroite, courte, maigre, demi- cartilagineuse, relevée dans ses bords; la voûte du pa- lais très-lisse ; l'orifice de chaque narine voisin de l'œil, unique, et fait en forme de ligne iongue très-étroite et verticale ; l'œil très-grand, ovale, peu convexe, sans voile; lopercule branchial composé de deux lames arrondies par- derrière, dénuées de petites écailles, et dont la postérieure embrasse celle de devant. Des dents arrangées comme celles d’un peigne gar- nissent l'intérieur des arcs osseux qui soutiennent les branchies ; elles sont très-longues dans les arcs anté- rieurs. Les écailles qui recouvrent le corps et la queue, sont petites, presque pentagones, et fortement attachées les unes au-dessus des autres. Chacune des nageoires pectorales, dont la longueur est à peine égale à la moitié de l’espace compris entre leur base et l’ouverture de l'anus, peut être reçue dans une cavité gravée, pour ainsi dire, sur la poitrine de l'animal, et dont la forme ainsi que la grandeur sont semblables à celles de la nageoire. On voit une fossette analogue propre à recevoir chacune des thoracines, au-dessous desquelles on peut reconnoître l'existence d'un cartilage caché par la peau. La nageoire de l'anus est la plus petite de toutes. La DOM ENT TS 5 EG HISTOIRE, NATURELLE première du dos, faite en forme de faux, et composée uniquement de rayons non articulés, peut être couchée à la volonté de la bonite ; et, pour ainsi dire, entièrement cachée dans un sillon longitudinal ; la seconde dorsale; placée presque au-dessus de celle de l'anus, est à peine plus avancée et plus grande que cette dernière. La nageoire de la queue paroît très-forte, et représente un croissant dont les deux cornes sont égales et très- écartées *. Entre cette nageoire et la seconde du dos, on voit huit petites nageoires; on n'en trouve que sept au- dessous de la queue : mais il faut observer que, dans quelques individus, le dernier lobe de la seconde dorsale , et celui de la nageoire de l'anus, ont pu être conformés de manière à ressembler beaucoup à une petite nageoire ; et voilà pourquoi on à cru devoir compter neuf petites nageoires au-dessus et huit au- dessous de la queue de la bonite. Les deux côtés de cette même queue présentent un appendice cartilagineux, un peu diaphane, élevé en * 7 rayons à la membrane branchiale. 15 rayons non articulés à la premiére nageoïre du dos. 12 rayons à la seconde dorsale. 1 ou z aiguillons et 26 ou 27 rayons articulés à chacune.des pecto- rales. 1 ateuillon et à rayons articulés à chacune des thoracines. 12 rayons à celle de l’anus. 30 rayous.à celle de la queue, 4 ps ed DILESS PLOMT S'ESMOLENES: ré carène, et suivi de deuxstries longitudinales qui tendent à se rapprocher vers la nageoire caudale. La ligne latérale, à peine sensible dans son origine, léchie ensuite plus d’une fois, devient droite, et s'a- vance vers l'extrémité de la queue. La bonite a presque toujours plus de six décimètres de longueur : elle se nourrit quelquefois de plantes merines et d'animaux à coquille, dont Commerson a trouvé des fragmens dans l’intérieur de plusieurs indi- vidus de cette espèce qu'il a disséqués ; le plus souvent néanmoins elle préfère des exocets ou des triures. On la rencontre dans le grand Océan, aussi-bien que dans l'Océan atlantique; mais on ne la voitcommunément que dans les environs de la zone torride : elle y est la victime de plusieurs grands animaux marins ; elle y périt aussi très-fréquemment dans les rèts des navigateurs, qui trouvent le goût de sa chair d'autant nlus agréable, que, lorsqu'ils prennent ce scombre, ils ont été communé- ent privés depuis plusieurs jours de nourriture fraiche ; et, poisson misérable, pour employer l'expres- sion de Commerson, elle porte dans ses entrailles des ennemis très-nombreux ; ses intestins sont remplis de petits zænia et d’ascarides ; jusque sous sa plèvre et sous Son péritoine, sont logés des vers cucurbitains très- blancs, très-petits et très-mous ; et son estomac ren- ferme d'autres animaux sans vertèbres, que Commerson a cru devoir comprendre dans le genre des sangsues. VAvant de terminer cet article, nous croyons utile / 20 H I SIT'OTPRME ANÇAUT U R'ECAPLES de bien faire connoître quelques-unes des principales diflérences qui séparent la bonite du thazard, avec lequel on pourroit la confondre. Premièrement, la bo- nite a sur le ventre des raies noirâtres et longitudinales qui manquent sur le thazard. Deuxièmement, son corps est plus épais et moins arrondi. Troisièmement , elle n’a pas, comme le thazard, une tache bleue sous chaque œil. Quatrièmement, elle est couverte, sur tout le corps et la queue, d'écailles placées les unes au-dessus des autres : le thazard n’en montre d'analogues que sur le dos et quelques autres parties de sa surface. Cinquiè- mement, sa membrane branchiale est soutenue par sept rayons ; celle du thäzard n'en comprend que six. Sixièmement, le nombre des rayons est différent dans les pectorales ainsi que dans la première dorsale de la bonite, et dans les pectorales ainsi que la première dorsale du thazard. Septièmement, le cartilage situé au-dessous des thoracines est caché par la peau dans le thazard; il est à découvert dans la bonite. Huitième- ment, la queue est plus profondément échancrée dans Ha bonite que dans le thazard. Neuvièmement, la ligne latérale diffère dans ces deux seombres, et par le lieu de son origine, et par ses sinuosités. Dixièmement, enfin la couleur de la chair du thazard est jaunätre. Que l'on considère avec Commerson qu'aucun de ces caractères ne dépend de l’âge ni du sexe, et l’on sera convaincu avec ce naturaliste que la bonite est une espèce de scombre très-différente de celle du thazard décrite pour la première fois par ce savant voyageur. LESCOMBRE ALXBUNCA C£& scombre, dont les naturalistes doivent la première description au savant Cetti, auteur de l'Histoire des poissons et des amplhibies de la Sardaigne, vit dans la Méditerranée comme le thon. On l'y voit, de même que ce dernier poisson, paroître régulièrement à cer- taines époques; et cette espèce se montre également en troupes nombreuses et bruyantes. Sa chair est blanche et agréable au goût. L’alatunga a d’ailleurs beaucoup de rapports dans sa conformation avec le thon; mais il ne parvient ordinairement qu'au poids de sept ou huit kilogrammes. Il n'a que sept petites nageoires au-dessus et au-dessous de la queue; et ses nageoires pectorales sont sialongées, qu'elles atteignent jusqu'à la seconde nageoire dorsale. Au reste, il est aisé de voir que presque tous ses traits, et particu- lièrement le dernier, le séparent de la bonite et du thazard , aussi-bien que du thon; et la longueur de ses pectorales ne peut le faire confondre dans aucune cir- constance avec le germon, puisque le germon a huit ou neuf petites nageoires au-dessus ainsi qu'au-dessous * Scomber alatunga. Ïd, Linné, édition de Gmelin. Cetti, Pesc. e anf. di Sard. p. 198. Scombre alatunga. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique, 22 H'TLS TO TRE SNA EU R ETAT. de la queue, pendant que l'alatunga n'en a que sept au-dessous et au-dessus de cette même partie. Il est figuré dans les peintures sur vélin que l'on possède au Muséum national d'histoire naturelle, et qui ont été faites d’après les dessins de Plumier, sous le nom de thon de l'Océan (thynnus occanicus), vulgairement £er- 772071. < Sa mâchoire inférieure est plus avancée que la supé- rieure, et sa ligne latérale tortueuse. LE SCOMBRE CEHPNOES F CE scombre n'a encore été décrit par aucun natura- liste européen. Nous en avons trouvé use image très- bien peinte dans le recueil chinois dont nous avons déja parlé plusieurs fois : il est d'un violet argenté dans sa partie supérieure, et rougeâtre dans sa partie inférieure. Sept petites nageoires sont placées entre la caudale et la seconde du dos : on en voit sept autres au-dessous de la queue. Les pectorales sont courtes; la eaudale est très-échancrée. La ligne latérale est saillante, sinueuse dans tout son cours; et indépen- damment de son ondulation générale, elle descend assez bas après avoir dépassé les pectorales, et se relève un peu ensuite. On n'apperçoit pas de raies longitudi- nales sur les côtés de l'animal. L . . * Scomber sinensis. LE SCOMBRE MAQUEREAU *. Lorsque nous avons voulu parcourir, pour ainsi dire, toutes les mers habitées par les légions nombreuses et rapides de thons, de germons, de thazards, de bonites, etdesautres scombres que nous venons d'examiner, nous n'avons eu besoin de nous élever, par la force de la pensée, qüu'au-dessus des portions de l'Océan qu'envi- * Scomber scombrus. Auriol, sur plusieurs côtes mérigionales de France. Verrat, 1bid. Makrill, ex Suède. Id. er Danemarck. Makrel, en Allemagne. Macarel, en. Angleterre. Macarello, à Rome. Scombro, à F’enise. Lacerto, à Naples. Cavallo, cn Espagne. | : Horreau, dans quelques contrées européennes, Scomber scomber. Linné, édition de Gmelin. Scombre maquereau. Daubenton, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnuterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Maquereau. Duhamel, Traité des péches, part. 2 ,sect.7,chap.x , pla, Jig. I. Bloch, pl. b4. Scomber pinnulis quinque. l'aun. Suecie. 339. Müll. Prodrom. Zuolog. Danic. p: 47, n. 395. Scomber pinnulis quinque in extremo dorso, spinâ brevi ad anum. Artedi, gen. 30, spec. 68, syn, 48. HS T'ONR EN À PURE ELLE. 29 ronnent les zones torride et tempérées. Pour connoitre maintenant, observer et comparer tous les climats sous lesquels la Nature a placé le scombre maquereau, nous devons porter nos regards bien plus loin encore. Que notre vue s'étende jusqu'au pole du globe, jusqu’à celui autour duquel scintillent les deux ourses. Quel spectacle nouveau, majestueux, terrible, va paroître à nos yeux! Des rivages couverts de frimas amoncelés et de glaces éternelles, unissent , sans les distinguer, 0° TuopGpos, Arist. lib. 6, Cape 17; lib, 8 > CAP: 12. Ælian. lib. 14, cap. 1, p. 798. Aihen. lib. 3, p. 121. Oppian. Halieut. lib. x, fol. 108 et 109 ; et lib. 3. Scomber. Ovid. Halieut. ». 94. Scomber. Columell. lib. 8, cap. 17. Scomber. Plin. lib. 9, cap. 15 ; lib. 31, cap. 83 et lib, 32, cap. 11. Maquereau. Rondelet, part, 1, liv. 8, chap. 7. Scombrus. Zd. ibid. Scomber. Gesner, 841, 10123 et (germ.) fol. 57. Scombrus. Zd, Schonev. p. 66. Aldrov. lib. 2, cap. 53, p. 270. Jonston, lib.1,tit. 3, cap. 3, a. +, punct. 6, p. 92, tab. 21 , fig. 9, x1< Willughby, p. 181. Mackrell. Raj. p. 58. Scomber, scombrus. Charlet. p. 147. WMotton, lib. 8, cap. 188 , p.166, b, Salvian. fol. 239 , b, 241, 242. Pelamis corpore castigato, etc. Klein, Miss. pise. 5, p, TER D) tab. 4, fig. 1° Gronov. Mus. 1, p. 34, n. 81 ; et Zooph. p. 93, n. 304. Brit, Zoolog. 3,p.221, n.1. TOME Ill. 4 26 HISTOIRE NATURELLE une terre qui disparoit sous des couches épaisses de neiges endurcies, à une mer immobile, froide, gelée, solide dans sa surface, et surchargée au loin d'énormes glacons entassés en montagnes sinueuses, ou élevés en pics sourcilleux. Sur cet Océan endurci par le froid, chaque année ne voit régner qu'un seul jour; et pen- dant ce jour unique, dont la durée s'étend au-delà de six mois, le soleil, peu exhaussé au-dessus de la surface des mers, mais paroissant tourner sans cesse autour de l'axe du monde, élevant ou abaïissant perpétuellement ses orbes, mais enchainant toujours ses circonvolutions, commencant, toutes les fois qu'il répond au même méridien, un nouveau tour de son immense spirale, ne lançant que des rayons presque horizontaux et faci- lement réfléchis par les plans verticaux des éminences de glace, illuminant de sa clarté mille fois répétée les sommets de ces monts en quelque sorte crystallins , resplendissant sur leurs innombrables faces, et ne pénétrant qu'à peine dans les cavités qui les séparent, rend plus sensible par le contraste frappant d’une lu- mière éclatante et des ombres épaisses, cet étonnant assemblage de sommités escarpées et de profondes anfractuosités. Cependant la même année voit succéder une nuit presque égale à ce jour. Une clarté nouvelle en dissipe les trop noires ténèbres : les ondes congelées ren- voient, dispersent et multiplient dans l'atmosphère , la lueur argentée de Ïa lune , qui a pris la place du DE MS MPLONTr IT SPSYOMNES: 27 soleil ; et la lumière boréale étalant, au plus haut des airs, des feux variés que n’efface ou ne ternit plus l'éclat radieux de l’astre du jour, répand au loin ses gerbes, ses faisceaux , ses flots enflammés, ses tourbillons rapides , et, dans une sorte de renverse- ment remarquable , montre dans un ciel sans nuages toute l'agitation du mouvement, pendant que la mer présente toute l'inertie du repos. Une teinte extraor- dinaire paroit et dans l'air, et sur les eaux , et sur de lointains rivages ; un demi-jour, pour ainsi dire mys- térieux et magique, règne sur un vaste espace immo- bile et glacé. Quelle solitude profonde! tout se tait dans ce désert horrible. À peine, du moins , quelques échos funèbres et sourds répètent-ils foiblement et dans le fond de l'étendue, les gémissemens rauques et sau- vages des oiseaux d’eau égarés dans la nuit , affoiblis par le froid , tourmentés par la faim. Ce théâtre du néant se resserre tout d'un coup; des brumes épaisses se reposent sur l'Océan ; et la vue est arrêtée par de lugubres ténébres. Cependant la scène va changer en- core. Une tempête d'un nouveau genre se prépare. Une agitation intestine commence ; un mouvement violent vient de très-loin, se communique avec vitesse de proche en proche, s'accroît en s'étendant, soulève avec force les eaux des mers contre les voûtes qui les com- priment ; un craquement affreux se fait entendre; c'est l’épouvantable tonnerre de ces lieux funestes ; les eflorts des ondes bouleversées redoublent; les monts 26 H I S TOR EUEN AIT U RECRUE de glace se séparent , et, flottant sur l'Océan qui les repousse, errent, se choquent , s’entr'ouvrent, s'écrou- lent en ruines, ou se dispersent en débris. C’est dans le sein même de cet Océan polaire, dont la surface vient de nous présenter l’efrayante image de la destruction et du chaos , que vivent , au moins pendant une saison assez longue, les troupes innombrables des scombres que nous allons décrire. Les diverses cohortes que forment leurs réunions, renferment dans ces mers arctiques d'autant plus d'individus, que, moins grands que les thons et d’autres poissons de leur genre, n’at- teignant guère qu'à une longueur de sept décimètres , et doués par conséquent d’une force moins considé- rable , ils sont moins excités à se livrer les uns aux autres des combats meurtriers. Et ce n’est pas seule- ment dans ces mers hyperboréennes que leurs légions comprennent des milliers d'individus. On les trouve également et mème plus nombreuses dans presque toutes les mers chaudes ou tempérées des quatre parties du monde, dans le grand Océan, auprès du pole antarctique, dans l'Atlantique , dans la Méditerranée , où leurs rassemblemens sont d'autant plus étendus, et leurs agrégations d'autant plus dura- bles , qu'ils paroissent obéir avec plus de constance que plusieurs autres poissons , aux diverses causes qui dirigent ou modifient les mouvemens des habitans des eaux. Les évolutions de ces tribus marines sont rapides, DIRES PRO T-SESMOMRNEES 29 et leur natation est très-prompte , comme celle de presque tous les autres scombres. La grande vitesse qu'elles présentent lorsqu'elles se transportent d'une plage vers une autre , n’a pas peu contribué à l'opinion adoptée presque universellement jusqu'à nos jours, au sujet de leurs changemens pério- diques d'habitation. On a cru presque généralement d'après des relations de pêcheurs rapportées par Anderson dans son Histoire naturelle de l'Islande , que le maquereau étoit soumis à des migrations régulières; on a pensé que les individus de cette espèce qui pas- soient l'hiver dans un asyle plus ou moins sûr auprès des glaces polaires, voyageoient pendant le printemps ou l'été jusque dans la Méditerranée. Tirant de fausses conséquences de faits mal vus et mal comparés , on a supposé la plus grande précision et pour les temps et pour les lieux, dans l'exécution de ce transport successif et périodique de myriades de maquereaux depuis le cercle polaire jusqu'aux environs du tro- pique. On a indiqué l’ordre de leur voyage ; on a tracé teur route sur les cartes ; et voiei comment la plupart des naturalistes qui se sont occupés de ces animaux, les ont fait s’avancer de la zone glaciale vers la zone torride , et revenir ensuite auprès du pole , à leur habi- tation d'hiver. On a dit que, vers le printemps , la grande armée des maquereaux côtoie l'Islande, le Hittland , l'Écosse et l'Irlande. Parvenue auprès de cette dernière isle, do HLS/T OIR E NN AÏT UREDILE elle se divise en deux colonnes : l’une passe devant l'Espagne et le Portugal, pour se rendre dans la Médi- terranée, où il paroît qu’on croyoit qu'elle terminoit ses migrations ; l’autre paroissoit, vers le mois de floréal , auprès des rivages de France et d'Angleterre, s’enfonçoit dans la Manche , se montroit en prairial devant la Hollande et la Frise, et arrivoit en messidor vers les côtes de Jutland. C'’étoit dans cette dernière portion de l'Océan atlantique boréal que cette colonne se séparoit pour former deux grandes troupes voya- geuses : la première se jetoit dans la Baltique, d'où on n’avoit pas beaucoup songé à la faire sortir ; laseconde, moins déviée du grand cercle tracé pour la natation de l'espèce, voguoit devant la Norvége, et retournoit jusque dans les profondeurs ou près des rivages des mers polaires, chercher contre les rigueurs de l'hiver un abri qui lui étoit connu. Bloch et le citoyen Noël ont très-bien prouvé qu’une route décrite avec tant de soin ne devoit cependant pas être considérée comme réellement parcourue ; qu'elle étoit inconciliable avec des observations sûres, précises , rigoureuses et très-multipliées , avec les épo- ques auxquelles les maquereaux se montrent sur les divers rivages de l'Europe, avec les dimensions que présentent ces scombres auprès de ces mêmes rivages, avec les rapports qui lient quelques traits de la con- formation de ces animaux à la température qu'ils éprouvent, à la nourriture qu'ils trouvent, à la qualité de l'eau dans laquelle ils sont plongés. DÉS PUONILS MAC NES: JE On doit être convaincu , ainsi que nous l'avons annoncé dans le Discours sur la nature des poissons, que les maquereaux { et nous en dirons autant, dans la suite de cet ouvrage , des harengs , et des autres osseux que l’on a considérés comme contraints de faire pério- diquement des voyages de long cours), que les maque- reaux, dis-je, passent l'hiver dans des fonds de la mer plus ou moins éloignés des côtes dont ils s'ap- prochent vers le printemps ; qu'au commencement de la beile saison , ils s’avancent vers le rivage qui leur convient le mieux , se montrent souvent, comme les thons , à la surface de la mer, parcourent des chemins plus ou moins directs, ou plus ou moins sinueux, mais ne suivent point le cercle périodique auquel on a voulu les attacher, ne montrent point ce concert régulier qu'on leur a attribué, n'obéissent pas à cet ordre de lieux et de temps auquel on les a dits assu- jettis. On n’avoit que des idées vagues sur la manière dont les maquereaux étoient renfermés dans leur asyle sou- merin pendant la saison la plus rigoureuse, et parti- culièrement auprès des contrées polaires. Nous allons remplacer ces conjectures par des notions précises. Nous devons cette connoissance certaine à l'observation suivante qui m'a été communiquée par mon respec- table collègue, le brave et habile marin, le sénateur et vice-amiral Pléville-le-Peley. Le fait qu'il a remarqué, est d'autant plus curieux, qu'il peut jeter un grand. 5) 02 H..1 STNONMR EVANTA EU VRUE CMP. jour sur l'engourdissement que les poissons peuvent éprouver pendant le froid , et dont nous avons parlé dans notre premier Discours. Ce général nous apprend, dans une note manuscrite qu'il a bien voulu me remettre, qu'il a vérifié avec soin les faits qu'elle con- tient, le long des côtes du Groenland, dans la baie d'Hudson , auprès des rivages de Terre-Neuve, à l'épo- que où les mers commencent à y être navigables, c'est-à-dire, vers le tiers du printemps. On voit dans ces contrées boréales, nous écrit le vice-amiral Plé- ville , des enfoncemens de la mer dans les terres, nommés barachouas , et tellement coupés par de petites pointes qui se croisent , que , dans tous les temps , les eaux y sont aussi calmes que dans le plus petit bassin. La profondeur de ces asyles diminue à raison de la proximité du rivage, et le fond en est généralement de vase molle et de plantes marines. C’est dans ce fond vaseux que les maquereaux cherchent à se cacher pen- dant l'hiver , et qu'ils enfoncent leur tête et la partie antérieure de leur corps jusqu'à la longueur d'un décimètre ou environ , tenant leurs queues élevées verticalement au-dessus du limon. On en trouve des milliers enterrés ainsi à demi dans chaque barachoua, hérissant, pour ainsi dire, de leurs queues redressées le fond de ces bassins, au point que des marins les appercevant pour la première fois auprès de la côte, ont craint d'approcher du rivage dans leur chaloupe, de peur de la briser contre une sorte particulière de DArL SPP ON S.S ICONS 30 banc ou d'écueil. Le citoyen Pléville ne doute pas que la surface des eaux de ces barachouas ne soit gelée pendant l'hiver, et que l’épaisseur de cette croûte de glace, ainsi que celle de la couche de neige qui s’'amon- celle au-dessus , ne tempèrent beaucoup les eflets de la rigueur de la saison sur les maquereaux enfouis à demi au-dessous de cette double couverture , et ne contribuent à conserver la vie de ces animaux. Ce n’est que vers messidor que ces poissons reprennent une partie de leur activité, sortent de leurs trous , s'élan- cent dans les flots , et parcourent les grands rivages. Il semble même que la stupeur ou l'engourdissement dans lequel ils doivent avoir été plongés pendant les très- grands froids , ne se dissipe que par degrés : leurs sens paroissent très-afloiblis pendant une vingtaine de jours ; leur vue est alors si débile, qu'on les croit aveugles , et qu'on les prend facilement au filet. Après ce temps de foiblesse , on est souvent forcé de renon- cer à cette dernière manière de les pècher ; les maque- reaux recouvrant entièrement l'usage de leurs yeux, ne peuvent plus en quelque sorte être pris qu'a 'hame- con : mais comme ils sont encore très-maigres , et qu'ils se ressentent beaucoup de la longue diète qu'ils ont éprouvée , ils sont très-avides d'appâts, et on en fait une pèche très-abondante. C'est à peu près à la même époque qu'on recherche ces poissons sur un grand nombre de côtes plus-ou moins tempérées de l'Europe occidentale. Ceux qui TOME 111. J 94 HISTOIRE NATURELLE paroissent sur les rivages de France , sont communé- ment parvenus à leur point de perfection en foréal et prairial ; ils portent le nom de chevillés, et sont moins estimés en thermidor et fructidor, lorsqu'ils ont jeté leur laite ou leurs œufs. Les pècheurs des côtes nord-ouest et ouest de la France sont de tous les marins de l'Europe ceux qui s'occupent le plus de la recherche des maquereaux, et qui en prennent le plus grand nombre. Ils se servent, pour pècher ces animaux, de haims , de libourets”, de mancets® faits d'un fil très-délié , et que l’on réunit quelquefois de manière à former avec ces filets une tessure de près de mille Prasses ( deux mille cinq cents mètres } de longueur. Les temps orageux sont très- souvent ceux pendant lesquels on prend avec le plus de facilité les scombres maquereaux , qui, agités par la tempête , s'approchent beaucoup de la surface de la mer , et se jettent dans les filets tendus à une très-petite profondeur ; mais lorsque le ciel est serein et que l'océan est calme , il faut les chercher entre deux eaux , et la pèche en est beaucoup moins heureuse. C’est parmi les rochers que les femelles aiment à déposer leurs œufs ; et comme chacun de ces individus en renferme plusieurs centaines de mille, il n'est pas. surprenant que les maquereaux forment des légions : Voyez l'explication du mot Zibouret, à l’article du scombre thon. * L'article de la srachine vive renferme une courte description du maner.. D'Æ SC bPiLO 1 S''SLOUNUS. 95 très-nombreuses. Lorsqu'on en prend une trop grande quantité pour la consommation des pays voisins du lieu de la pêche , on prépare ceux que l’on veut conserver long-temps et envoyer à de grandes distances, en les . vidant , en les mettant dans du sel, et en les entassant ensuite, comme des harengs, dans des barils. La chair des maquereaux étant grasse et fondante, les anciens l’exprimoient, pour ainsi dire, de manière à former une sorte de substance liquide ou de prépa- ration particulière, à laquelle on donnoit le nom de garumm. Pline dit * combien ce garum étoit recherché non seulement comme un assaisonnement agréable de plusieurs mets, mais encore comme un remède efficace contre plusieurs maladies. On obtenoit du garum, dans le temps de Bellon et dans plusieurs endroits voisins des côtes de la Méditerranée, en se servant des intestins des maquereaux; et on en faisoit une grande consom- mation à Constantinople ainsi qu'à Rome, où ceux qui en vendoient, étoient nommés piscigaroles. C’est par une suite de cette nature de leur chair grasse et huileuse, que les maquereaux sont comptés parmi les poissons qui jouissent le plus de la faculté de répandre de la lumière dans les ténèbres *. Ils luisent dans l’obscu- rité, lors même qu'ils sont tirés de l’eau depuis très-peu * Hist. mundi, lib. 31, cap. 8. ? Voyez la partie du Discours préliminaire relative à la phosphores- cence des poissons. 36 HISTORRE: NATURELLE de temps; et on lit dans les Transactions philosophiques de Londres (an. 1666, pag. 116 ), qu'un cuisinier, en re- muant de l’eau dans laquelle il avoit fait cuire quelques- uns de ces scombres, vit que ces poissons rayonnoient vivement, et que l'eau devenoit très -Iumineuse. On appercevoit une lueur phosphorique par-tout où on laissoit tomber des gouttes de cette eau, après l'avoir agitée. Des enfans s'amusèrent à transporter de ces gouttes qui ressembloient à autant de petits disques lumineux. On observa encore le lendemain , que, lorsqu'on imprimoit à l'eau un mouvement circulaire rapide , elle jetoit une lumière comparable à la clarté de la lune : cette lumière égaloit l'éclat de la flamme, lorsque la vitesse du mouvement de l'eau étoit très- accélérée ; et des jets lumineux très-brillans sortoient alors du gosier et dé plusieurs autres parties des ma- quereaux. Mais avant de terminer cet article, montrons avec précision les formes du poisson dont nous venons d’in- diquer les principales habitudes. En général, le maquereau a la tète alongée, l'ou- verture de la bouche assez grande, la langue lisse, pointue, et un peu libre dans ses mouvemens ;le palais garni dans son contour de dents petites, aiguës, et semblables à celles dont les deux mâchoires sont héris- sées ; la mâchoire inférieure un peu plus longue que la supérieure, la nuque large, l'ouverture des bran- chies étendue, un opercule composé de trois pièces, DUPS PHO" FE: 5: SR OURS: c le tronc comprimé; la ligne latérale voisine du dos, dont elle suit la courbure; l'anus plus rapproché de la tête que de la queue; les nageoires petites, et celle de: la queue fourchue *. Telles sont les formes principales du scombre dont nous écrivons l'histoire : ses couleurs ne sont pas tout- à-fait aussi constantes. Le plus fréquemment, lorsqu'on voit ce poisson nager entre deux eaux, et présenter au travers de la couche fluide qui le vernit, pour ainsi dire, toutes les nuances qu’il peut devoir à la rapidité de ses mou- vemens et à la prompte et entière circulation des liquides qu'il recèle, il paroît d’une couleur de soufre, ou plutôt on le croiroit plus ou moins doré sur le dos: mais lorsqu'il est hors de l'eau, sa partie supérieure n'offre qu'une couleur noirâtre ondulée de bleu; de grandes taches transversales, et d'une nuance bleuâtre sujette à varier, s'étendent de chaque côté du corps et de la queue, dont la partie inférieure est argentée, ainsi que l'iris et les opercules des branchies : presque toutes les nageoires sont grises ou blanchâtres. Plusieurs individus ne présentent pas de grandes * A la première nageoire dorsale 12 rayons, à la seconde 12 à chacune des pectorales 20 : 3 à chacune des thoracines 6 à celle de anus 13 à celle de la queue 20 38 HISTOIRE NATURELLE taches latérales ; ils forment une variété à laquelle on a donné le nom de rarchais dans plusieurs pêcheries françoises , et qui est communément moins estimée pour la table que les maquereaux ordinaires. Au reste, toutes ces couleurs ou nuances sont pro- duites ou modifiées par des écailles petites, minces et molles. Ajoutons que les vertèbres des scombres que nous décrivons, sont grandes, et au nombre de trente ou trente-une, et que l’on compte dans chacun des côtés de l’épine dorsale onze ou douze côtes attachées aux vertèbres par des cartilages. On peut voir par les détails dans lesquels nous venons d'entrer, que les formes ni les armes des maquereaux ne les rendent pas plus dangereux que leur taille, pour les autres habitans des mers. Cependant, comme leurs appétits sont très-violens, et que leur nombre leur inspire peut-être une sorte de confiance , ils sont voraces et même hardis : ils attaquent souvent des poissons plus gros et plus forts qu'eux; et on les a même vus quelquefois se jeter avec une audace aveugle sur des pêcheurs qui vouloient Îles saisir, ou qui se baignoient dans les eaux de la mer. Mais s'ils cherchent à faire beaucoup de victimes, ils sont pérpétuellement entourés de nombreux ennemis. Les grands habitans des mers les dévorent ; et des poissons en apparence assez foibles , tels que les murènes et les murénophis , les combattent avec D'E:S | P;-0 I S:S ON S 95 avantage. Nous ne pouvons donc écrire presque aucune page de cette Histoire sans parler d'attaques et de défenses , de proie et de dévastateurs, d'actions et de réactions redoutables , d'armes , de sang, de carnage et de mort. Triste et horrible condition de tant de: milliers d'espèces condamnées à ne subsister que par la destruction, à ne vivre que pour être immolées ou prévenir leurs tyrans , à n'exister qu'au milieu des angoisses du foible, des agitations du plus fort, des embarras de la fuite, des fatigues de la recherche, du trouble des combats, de la douleur des blessures, des inquiétudes de la victoire, des tourmens de la défaite! Combien tous ces affreux malheurs se seroient sur-tout accumulés sur la foible espèce humaine, si la sensibilité éclairée par l'intelligence, et l'intelligence animée par la sensibilité, n'avoient pas, par un heureux accord, fait naître la société, la civilisation, la science, la vertu! Et combien ils peseront encore sur sa tête infortunée, jusqu'au moment où la lumière du génie, plus géné- ralement répandue, éclairera un plus grand nombre d'hommes sur leurs véritables intérêts, et dissipera les illusions de leurs passions aveugles et funestes ! C'est au maquereau que nous croyons devoir rap- porter le scombre qu’Aristote, Athénée, Aldrovande, Gesner et Willughby, ont désigné par le nom de colias”, * Scomber colias. Linné, édition de Gmelin. KoMes. Aristot. Hist, anim. V, 9 ; VIII; 13; es IX, 2: Hd. Athenœus, Deipnosoph, UI, 118,120; VII, 32r. 40 HP ST IO MGR IE ANR ANTIUT RME LE que l’on pêche près des côtes de la Sardaigne, qui est souvent plus petit que le maquereau , qui en diffère quelquefois par les nuances qu’il offre, puisque, sui- vant le naturaliste Cetti, il présente un rerd gai mêlé à de l’azur, mais qui d’ailleurs a les plus grands rapports avec le poisson que nous venons de décrire. Le profes- seur Gmelin Jui-même, en l’inscrivant à la suite du maquereau , demande s'il ne faut pas le considérer comme ce dernier scombre encore jeune, Au reste, quelques auteurs, et particulièrement Rondelet *, ont appliqué cette dénomination de colias à d’autres scombres que l’on nomme coguoils auprès de Marseille, qui habitent dans la Méditerranée, qui s'y plaisent sur-tout, dans le voisinage des côtes d'Espagne, qui sont plus grands et plus épais que le maquereau ordinaire, et que néanmoins Rondelet regarde comme n'étant qu'une variété de ce dernier poisson, avec lequel on le confond en effet très-souvent. Peut-être est-ce plutôt aux coguoils qu'aux maque- reaux verds et bleus de Cetti, qu’il faut rapporter les passages des anciens naturalistes, et principalement celui d’Athénée que nous venons de citer. Quoi qu'il en soit, les coguoils ont la chair plus gluante Colias. Aldrov. Pise. p. 274. Gesn. Aquat. p. 256, JV illughby, Ichthyol. p. 182. Lacertus. Klein, Miss. pisc.b, p. 122. Scomber læ&tè viridis et azureus. Certi, Pesce e anf. di Sard. p. 196. * Rondelet, première partie, Liv. 8, chap. 8. DPESSINPPRORESESNOMRNEAS. AT et moins agréable que le maquereau ordinaire. Ils sont couverts d'écailles petites et tendres : une partie de leur tète est si transparente, qu'on distingue , comme au travers d'un verre, les nerfs qui, du cerveau , abou- tissent aux deux organes de la vue. Rondelet ajoute que, vers le printemps, ils jettent du sang aussi res- plendissant que la liqueur de la pourpre. Ce fait nous rappelle un phénomène analogue, qui nous a été attesté par un voyageur digne d'estime, et sur lequel nous croyons utile d'appeler l'attention des observateurs. Le citoyen Charvet m'a instruit, par deux lettres, datées de Serrières, département de Ardèche, l’une le 19 vendémiaire, l’autre le 16 brumaire, de Tan IV de l'ère françoise, qu’en 1776 il étoit occupé dans l'isle de la Guadeloupe , non seulement à faire une collection de dessins coloriés de plantes, qu'il destinoit pour le jardin et Le cabinet d'histoire naturelle-de Paris, et qui furent entièrement détruits par le fameux oura- gan de septembre de cette même année 1776, mais encore à terminer avec beaucoup de soin des dessins de différentes espèces de poissons pour M. Barbotteau, ha- bitant du Port-Louis, connu par un ouvrage intéressant sur les fourmis, et correspondant de Duhamel, qui publia plusieurs de ces dessins ichthyologiques dans le Traité général des péches. Les liaisons du citoyen Charvet avec les Caraïbes, chez lesquels il trouvoit de l’ombrage et du repos TOME III 6 42 HT ST OMR EN ANEIU RE EE lorsqu'il étoit fatigué de parcourir les rochers et Les profondeurs des anses, lui procurèrent, de la part de ces insulaires', des poissons assez rares. Ces Caraïbes le dirigèrent, dans une de ses courses , vers une partie des rivages de l’isle, sauvage, pittoresque et mélanco- lique, appelée Porte d'enfer. Ce fut auprès de cette côte qu'il trouva un poisson dont il m'a envoyé un dessin colorié. Cet animal avoit l'air si familier et si peu effrayé des mouvemens du citoyen Charvet, qui se baiguoit, que cet artiste fut tenté de le saisir. À peine le tenoit-il, qu'une fente placée sur le dos du poisson s’entr'ouvrit, et qu'il en sortit une liqueur d’un pourpre vif, assez abondante pour teindre l'eau environnante, en troubler la transparence, et donner à l'animal la facilité de s'échapper, au moment où l'étonnement du citoyen Charvet l'empèêcha de retenir le poisson qu'il avoit dans les mains. Cet artiste cependant prit de nouveau le poisson, qui répandit une seconde fois sa liqueur; mais ce fluide étoit bien moins coloré et bien moins abondant qu’au premier jet, et cessa de couler, quoique l'animal continuât d'ouvrir et, de fermer la fente dorsale, comme pour obéir à une grande irrita- tion. Le poisson, rendu à la liberté, ne parut pas très- afNoibli. Un second individu de la même espèce , placé promptement sur une feuille de papier, la teignit de la mème manière qu’une eau fortement colorée avec de la laque; néanmoins après trois jours, la tache rouge étoit devenue jaune. Des affaires imprévues , une 2e D ENSMIP VO!ÉT: 8. S OURS! 43 maladie grave, les suites funestes du terrible ouragan de septembre 1776, et l'obligation soudaine de répar- tir pour l'Europe , empèchèrent le citoyen Charvet de dessiner et mème de décrire, pendant qu'il étoit encore à la Guadeloupe, le poisson à liqueur pourprée : mais sa mémoire, fortement frappée des traits, de l’allure et de la propriété de cet animal, lui a donné la facilité de faire en France une description et un dessin colorié de ce poisson, qu'il a eu-la bonté de me faire parvenir. Les individus vus par ce voyageur avoient un peu plus de deux décimètres de longueur. Leurs nageoires pectorales étoient assez grandes. La nageoire dorsale étoit composée de deux portions longitudinales, char- nues à leur base, terminées dans le haut par des filamens qui les faisoient paroître frangées, et appliquées l’une contre l’autre de manière à ne former qu'un seul tout, lorsque l'animal vouloit tenir fermée la fente propre à laisser échapper la liqueur rouge ou violette. Cette fente, située à l'origine et au milieu de ces deux por- tions longitudinales de la nageoire dorsale, ne parois- soit pas s'étendre vers la queue aussi loin que cette même nageoire ; mais le fluide coloré, en sortant par cette ouverture, suivoit toute la longueur de la nageoire du dos, et obéissoit à ses ondulations. La peau étoit visqueuse, couverte d'écailles petites et fortement adhérentes. La couleur d'un gris blanc plus ou moins clair faisoit ressortir un grand nombre de petits points jaunes, bleus, bruns, ou d'autres nuances. 44 HISTOIRE NATURELLE. L'ensemble des formes de ces poissons, et les teintes qu'ils présentoient, étoient agréables à la vue. Ils se nourrissoient de petits mollusques et de vers marins, qu'ils cherchoient avec beaucoup de soin parmi les pierres du fond de l'eau, sans se détourner ni dis- continuer leurs petites manœuvres avant l'instant où on vouloit les saisir; et la contraction qu'ils éprouvoient lorsqu'ils faisoient jaillir leur liqueur pourprée , étoit apparente dans toute la longueur de leur corps, mais principalement vers l'insertion des nageoires pecto- rales. Ces teinturiers de la Guadeloupe, car c'est ainsi que les nomme le citoyen Charvet, cherchent un asyle lorsque la tempête commence à bouleverser les flots : sans cette précaution , ils résisteroient d'autant moins aux agitations de la mer et aux secousses des vagues impétueuses qui les briseroient contre les rochers, que leurs écailles sont fort tendres, leurs muscles très- délicats, et leurs tégumens de nature à se rider bien- tôt après leur mort. Ces faits ne suffisent pas pour déterminer l'espèce ni le genre, ni même l’ordre de ces poissons. Plusieurs motifs doivent donc engager les naturalistes qui par- courent les rivages de la Guadeloupe, à chercher des individus de l'espèce observée par le citoyen Charvet, à reconnoître leur conformation , à examiner leurs habitudes, à constater leurs propriétés. : nu = LE SCOMBRE JAPONOIS: C& scombre n'est peut-être qu'une variété du maque- reau , ainsi que l’a soupçonné le professeur Gmelin. Nous ne l'en séparons que pour nous conformer à l'opinion de plusieurs naturalistes , en annonçant aux voyageurs notre doute à cet égard , et en les invitant à le résoudre par des observations. Ce poisson vit dans la mer du Japon. Sa longueur n'est quelquefois que de deux décimètres ; ses mâchoires sont hérissées de petites dents ; sa couleur générale est d’un bleu clair ; sa tête brille de la couleur de l'argent; ses écailles sont très-petites ; et l’on a comparé l’en-. semble de sa conformation à celle du hareng*. Houttuyn l'a fait connoître. 2 Scomber japonicus: Id. Zinné, édition de Gmelin. Scomber cærulescens, pinnulis quinque spuriis. Howtuyn, Act. Haarl, 30 2;De J915 7e T0: Scombre du Japon. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. # À chacune des deux nageoires dorsales 8 rayons, à chacune des pectorales 18 à chacune des thoracines 6 à celle de l’anus II à.celle de la queue 20 LES COMBRE D'ORME Lx nom de ce poisson annonce la riche parure que la Nature lui a accordée, et la couleur éclatante dont il est revêtu. Il est en effet resplendissant d'or sur une très-grande partie de sa surface, et particulièrement sur son dos. Peut-être n'est-il qu'une variété du maque- reau. Le professeur Gmelin a témoigné de l'incer- titude au sujet de l'espèce de ce scombre , aussi-bien qu'à l'égard de celle du japonois. Le doré s'éloigne cependant du maquereau beaucoup plus que ce japo- nois, non seulement par ses nuances, mais encore par quelques détails de sa conformation , et notamment par le nombre des rayons de ses nageoires. Quoi qu'il en soit, on trouve le doré dans les mers voisines du Japon, ainsi qu'on y voit le scombre précédent ; et il a été également découvert par Hout- tuyn. Il n’a au-dessus et au-dessous de la queue que cinq petites nageoires comme le japonois et le maquereau ; * Scomber aureus. {d. outtuyn, Act. Haarl, 20 — 2, p. 831, n. 19. Scomber auratus. Zinné, édition de Gmelin. Scombre doré. Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique. MAD SIT OMERT EN, À ICU*RAP DIE 47 et on ne compte que six rayons à sa nageoire de Fanusee Nous avons trouvé dans un des manuscrits de P/u- nier , déposés à la Bibliothèque nationale , la figure d'un scombre nommé, par ce naturaliste, très-petit scombre d'Amérique fscomber minimus americanus), et * qui tient, à beaucoup d'égards, le milieu entre le doré et le maquereau. Des raies ondulent en divers sens sur le dos de ce poisson. Il n’a que cinq petites nageoires au-dessus et au-dessous de la queue , onze rayons à la première dorsale, neufà la seconde, et cinq à la nageoire de l'anus. * A la première nageoire dorsale 9 rayons, à chacune des pectorales 18 à chacune des thoracines 6 à celle de l’anus 6 LE:SCOMPBRE ALR AGO RE Le nom d’elbacore ou d'albicore a été donné, ainsi que ceux de germon , de thazard , et de bonite ou péla- mide , à plusieurs espèces de scombres ; ce qui n’a pas jeté peu de confusion dans l'histoire de ces animaux. Nous l’appliquons exclusivement , pour éviter toute équivoque , à un poisson de la famille dont nous trai- tons, et dont Sloane a fait mention dans son Histoire de la Jamaïque. Ce scombre , qui habite dans le bassin des Antilles ; est couvert de petites écailles. L'individu décrit par Sloane avoit seize décimètres de longueur, et un mètre de circonférence à l'endroit le plus gros du corps. Ses mâchoires, longues de deux décimètres, ou environ, étoient garnies chacune d’une rangée de dents courtes et aiguës. On pouvoit voir, au-dessus des opercules, deux arêtes cachées en partie sous une peau luisante. On comptoit , au-dessus et au-dessous de la queue , plu- sieurs petites nageoires séparées l’une de l’autre par un intervalle de cinq centimètres ou à peu près. La na- geoire de l’anus se terminoit en pointe, et avoit trente- CRE ER VA RO LE DEN ONE PR re La Lué * Scomber albacorus. Sloane, Hist. of Jamaïc. vol. 2, p. 11. Scombre albacore. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Scomber albacares. Zd, ibid. HAE S TOPREMEN AT UR ELLE: 4% deux centimètres de long et huit centimètres de haut. Celle de l'anus étoit en croissant. Les deux saillies laté- rales et longitudinales de la queue avoient plus de deux centimètres d'élévation. Plusieurs parties de la surface de l'animal étoient blanches, les autres d’une couleur foncée. “a TOME jf: SOIXANTE-UNIÈME GENRE. LES SCOMBÉROIDES. De petites nageoires au-dessus et au-dessous de la queue; une seule nageoire dorsale; plusieurs aiguillons au- devant de la nageoire du dos. ESPÈCES, CARACTÈRES. Gis Dix petites nageoires au - dessus et quatorze 1, LE SCOMBÉROÏDE NOEL. 6. di au-dessous de la queue; sept aiguillons (Scomberoides Noelii.) 1 8 recourbés au-devant de la nageoire du dos, Douze petites nageoires au- dessus et au- 2, LE SC, COMMERSONNIEN. } dessous de la queue; six aïiguillons au- (Scomb. commersonnianus.) devant de la nageoire du dos. ; Sept petites nageoires au-dessus ef huit au- 3. LE SCOMBÉR. SAUTEUR. POI 5 x dessous de la queue ; quatre aïguillons au- (Scomberoides saltator.) devant de la nageoire du dos. LE SCOMBÉROIÏIDE NOEL *: Aucune des espèces que nous avons cru devoir com< prendre dans le genre dont nous allons nous occuper, n'est encore connue des naturalistes. Nous ayons donné à la famille qu'elles composent , le nom de scombc= roïde , pour désigner les rapports qui la lient avec les scombres. Elle tient, à quelques égards , le milieu entre ces scombres, auxquels elle ressemble par les petites nageoires qu'elle montre au-dessus et au-dessous de la queue ,etentre les gastérostées, dont elle se rapproche par la série d’aiguillons qui tiennent lieu d'une pre- mière nageoire dorsale. Nous nommons scombéroïde noël la première des trois espèces que nous avons inscrites dans ce genre, pour donner une marque solemnelle de reconnoissance et d'estime au citoyen Noël , de Rouen, qui mérite si bien chaque jour les remercimens des naturalistes par ses travaux, et dont les observations exactes ont enrichi tant de pages de l’histoire que nous écrivons. Nous l'avons décrite d’après un individu desséché et bien conservé qui faisoit partie de la collection cédée à la France par la Hollande , et envoyée au Muséum d'histoire naturelle. * Scomberoides Noelii. 52 HIS T'OTR E NATUREL LT Ce poisson avoit dix petites nageoires au-dessus de la queue , et quatorze au-dessous de cette mème partie Sept aiguillons recourbés en arrière et placés longitu- dinalement au-delà de la nuque , tenoient lieu de pre- mière nageoire du dos; deux aiguillons paroissoient au devant de la nageoire de l'anus. Six taches ou petites bandes transversales s’étendoient de chaque côté de l'animal, et lui donnoient , ainsi que l’ensemble de sa conformation ,; beaucoup de ressemblance avec le maquereau. La nageoire de la queue étoit fourchue *. % A la nageoire du dos 9 rayons. à chacune des pectorales 18 à chacune des thoracines 1 rayon aiguillonné et à rayons articulés, à la nageoire de l’anus 26 à celle de la queue 26 LE SCOMBÉR. COMMERSOL NIEN :. CE scombéroïde , que nous avons décrit et fait graver d'après Commerson, est un poisson d’un grand volume. Sa hauteur et son épaisseur , assez grandes relativement à sa longueur, doivent lui donner un poids considé- rable. On voit à la place d’une première nageoire dorsale, six aiguillons recourbés, pointus , et très- séparés l’un de l'autre. On compte douze petites na- geoires au-dessus et au-dessous de la queue *. La nageoire caudale est très-fourchue. Deux aiguillons très-distincts sont placés au-devant de la nageoire de l'anus ; chaque opercule est composé de deux pièces. Les deux mâchoires sont garnies de dents égales et aiguës : l'inférieure est plus avancée que la supérieure. De chaque côté du dos, paroissent des taches d’une : Scomberoïdes commersonnianus. Scomber pinnulis dorsi et ani duodecim circiter vix distinctis, spinis in anteriore dorso sex discretis, ponè anum duabus; — vel maculis obicularibus supra lineam lateralem utrinque sex ad octo , cæruleis. Com- merson, manuscrits déja cités, > Ce nombre douze est expressément indiqué dans la description ma- nuscrite de Commerson, à laquelle nous avons dû conformer notre texte, plutôt qu’au dessin que ce naturaliste a laissé dans ses papiers, que nous avons fait graver, et d’après lequel on attribueroit au scombéroïde que nous faisons connoître, dix petites nageoires supérieures et {reize petites nageoires inférieures, 5h HTSTOTREMNAITURET EE nuance très-foncée , rondes , ordinairement au nombre de huit, et inégales en surface ; la plus grande est le p'us souvent située au=dessous de la nageoire dorsale, et le diamètre des autres est d'autant plus petit qu'elles sont plus rapprochées de la tête ou de la queue. Les nageoires pectorales ne sont guère plus étendues que les thoracines. On trouve le commer- sonnien dans la mer voisine du fort Dauphin de l'isle de Madagascar, om LE SCOMBÉROIDE SAUTEUR *. Nous avons trouvé dans les manuscrits de Plumier, que l’on conserve à la Bibliothèque nationale, un dessin de ce poisson , que nous avons fait graver. Ce naturaliste le nommoit petite pélamide ou petite bonite, vulgairement /e sauteur. Nous avons conservé au scom- béroïde que nous décrivons, ce nom distinctif ou spé- cifique de sauteur , parce qu'il indique la faculté de s’élancer au-dessus de la surface des eaux , et par conséquent une partie intéressante de ses habitudes, Cet animal a sept petites nageoires au-dessus de la queue ; et huit autres nageoires analogues sont placées au-dessous. La dernière de ces petites nageoires , tant des supérieures que des inférieures , est tres-langue, et faite en forme de faux. La ligne latérale est un peu ondulée dans tout son cours : elle descend d’ailleurs vers le ventre, lorsqu'elle est parvenue à peu près au-dessus des nageoires pec- torales. Deux aiguillons réunis par une membrane sont situés au-devant de la nageoire de l'anus. Deux lames composent chaque opercule. La mâchoire infé- rieure s’avance au-delà de la supérieure. On compte * Scomberoïdes saltator. Pelamis minima, vulod sauteur. Plumier, manuserits déposés à la Bi- Bliothèque nationale, 56 HISTOIRE NAT U RE LILE: neuf rayons à la nageoire du dos et à chacune des pectorales *. Cette nageoire dorsale et celle de l'anus sont conformées de manière à représenter une faux. Au lieu d'une première nageoire du dos, on voit quatre aiguillons forts et recourbés qui ne sont pas réunis par une membrane commune de manière à composer une véritable nageoire, mais qui étant garnis chacun d'une petite membrane triangulaire qui les retient et les empêche d'être inclinés vers la tête, donnent à l'animal un nouveau rapport avec les scombres pro- prement dits. * A chacune des thoracines 7 rayons. à la nageoire de J’anus 13 S SOIXANTE-DEUXIEME GENRE. LES CARANX. Deux nageoires dorsales; point de petites nageoires au- dessus ni au-dessous de la queue; les cotés de la queue relevés longitudinalement en carène, où une petite nageoire composée de deux aiguillons et d'une mem- brane, au-devant de la nageoire de l'anus. PREMIER SOUS-GEN RE. Point d'aiguillon isolé entre les deux nageoires dorsales. ESPÈCES. CARACTÈRES. Trente-quatre rayons à la seconde nageoire du dos; trente rayons à la nageoire de 1. LE CARANX TRACHURE. : c : : EAU Panus; la ligne latérale garnie de petites Caranx trachurus. 3 (ee ) plaques dont chacune est armée d’un ai- guillon. Trente-quatre rayons à la seconde nageoire 2. LE CARANX AMIE. du dos; le dernierrayon de cette nageoire, (Caranx amia.) trés-long; vingt-quatre rayons à la na- geoire de l’anus. Vingt-six rayons à la seconde nageoire dor- 3. LE CAR. QUEUE-JAUNE.) sale; trente rayons à celle de l’anus; de (Curanx chrysurus.) trés-petites dents, ou point de dents, aux mäâchoires. TOME III 8 Le HISTOIRE NATURELLE ESPÈCES. CARACTÈRES. Vingt-six rayons à la seconde nageoire dor- 4. LE CARANX GLAUQUE. sale ; le second rayon de cette nageoire, (Caranx glaucus.) très-long ; vingt-cinq rayons à la nageoire de l’anus. dos; vingt rayons à celle de l’anus; la 5. LE CARANX BLANC. £ queue non carence latéralement ; la cou- … (Caranæ albus.) leur générale blanche ; les côtés de la queue et Ja nageoire caudale jaunes, Fe rayons à la seconde nageoire du dos: quarante rayons à celle de lanus; 3 y 3 une tache noire sur la partie postérieure Vingt-deux rayons à la seconde nageoire du 6. LE CAR. QUEUE-ROUGE. (Caranx erythrurus.) de chaque opercule. dos; dix-huit à celle de l’anus; des fila- 7. LE CAR. FILAMENTEUX. mens à la seconde nageoire du dos et à Vingt-deux rayons à la seconde nageoire du (Caranx filamentosus.) celle de l’anus. dos ; quatorze à celle de l’anus; les deux 8. LE CARANX DAUBENTON. mâchoires également avancées ; la ligne Vingt-deux rayons à la seconde nageoire du (Caranx Daubentonit.) latérale rude, tortueuse , et dorée. dix-sept rayons à celle de l’anus; un: grand nombre de bandes transversales et noires sur uu fond couleur d’or. 9. LE CARANX TRÈS-BEAU. Vingt rayons à la seconde nageoire dorsale ; £ (Caranx speciosus.) Fe DREPS Pr 0 1.55 O)MNISE 59 SECOND ST OIE Sr GCEMNPIONE. Un ou plusieurs aiouillons isolés entre les deux nagcoires dorsales. ESPÈCES, CARACTÈRES. Trois aiguillons garnis chacun d’une petite 10. LE CARANX CARANGUE.) membrane, et placés entre les deux na- (Caranx carangua.) geoires dorsales; les pectorales alongées “ jusqu’à la seconde nageoire du dos. 7# dorsale ; vingt-quatre à celle de l’anus; la 11. LE CARANX FERDAU. (Caranx ferdau.) couleur générale argentée ; des taches do- rées; cinq bandes transversales brunes; un seul aiguillon isolé entre les deux na- Eee rayons à la seconde nageoire geoires du dos. sale; vingt-cinq à celle de l’anus; une 12. LE CARANX GÆZ7. (Caranx gæzz,) membrane luisante sur la nuque; la cou- leur générale bleuâtre ; des taches dorées; un seul aïguillon isolé entre les deux na- E rayons à la seconde nageoire dor: geoires dorsales. dos ; seize à celle de lPanus; les carènes 13. LE CARANX SANSUN. (Caranx sansun.) latérales de la queue, très-relevées; la couleur générale argentée, éclatante, et sans taches ; un seul aiguillon isolé entre = rayons à la seconde nageoire du les deux nageoires du dos. Vingt rayons à la seconde nageoire dorsale ; dix-sept à celle de l'anus; la couleur gé- 14 LE CARANX KORAB, nérale argentée ; le dos bleuâtre ; un seul (Caranx korab.) aiguillon isolé entre Jes deux nageoires du dos, 0 LE CARANX TRACEHURE" Les caranx sont très-voisins des scombres ; ils leur ressemblent par beaucoup de traits ; ils présentent presque toutes leurs habitudes : ils ont été confondus % Caranx trachurus. Saurel, duns plusieurs départemens méridionaux de France. Sieurel, ibid. Sicurel, zbid. Gascon, sur plusieurs rivages de France. Gascanet , 10id. Chicharou, sur plusieurs côtes voisines de l'embouchure de la Garonne, et de celle de la Charente. Maquereau bâtard, dans plusieurs départemens de France, Sauro, aux environs de Rome. Pesce di Spagna, dans la Ligurie. Paramia, zbid. Strombolo , zbid. Scad , en Angleterre. Horse mackrell, :4:4. Müseken, en Allemagne. Stocker, dans quelques contrées du Nord. Scomber trachurus. Zinné, édition de Gmelin. Scombre gascon. aubenton, Encyclopédie méthodique. Id. Zonnaterre, planches de l Encyclopédie méthodique. Bloch, pl. 56. Sieurel, ox sicurel. 7almont-Bomare , Dictionnaire d'histoire natu- relle. Mus. Ad. Frid. x, p.893 et 2, p. 90. Hasselquist, T1. 363 et 407, n. 84. Will. Prodrom. Zoolog. Danic. p. 47, n 397 HISTOLRE NATURELLE Gi avec ces osseux, par le plus grand nombre des natu- ralistes ; et il est cependant très-aisé de les distinguer des poissons dont nous venons de nous occuper. Tous les scombres ont en effet de petites nageoires au-dessus et au-dessous de la queue : les caranx en sont entiè- rement privés. Nous leur avons conservé le nom géné- rique de caranx, qui leur a été donné par Conmerson, et qui vient du mot grec xapæ, lequel signifie zéte. Ce Amaænit. academ. 4, p. 249. Scomber lineâ laterali acuminatä, etc. Artedi, gen. 31, syn. bo. Tpayepos. Athen. lib. 7, p. 326. Id. Oppian. Hal. lib. 1, p. 5. Galen. class. 2, fol. 30, b. Saurus. P. Jov, c. 19, p. 86. Salvian. fol. 79, a. b. ad iconem. Lacertus, sive trachurus. Bellon. Lacertorum genus , quod trachurum Græci vocant , etc. Gesner, p. 467 et bb2. Trachurus, aut lacertus privatim. 74. (germ.) fol. 56, b. Sieurel. Rondelet, première partie, liv, 8, chap. 6. Trachurus. Schonev. p. 75. Id. A/drov. lib. 2, cap. b2, p. 268. Id. Jonston, lib. 1 , tit. 3, c. 3, art. 1, punct. b, tab. 21, fig. 8. Charlel. p. 143. Trachurus. Willughby, p. 290, tab. S, 12; S, 22. Id. Raj. p.92, n. 8. Scomber lineà laterali... omnino loricatâ, etc. Gronov. Mus. +1 ,p. 34, n, 80; et Z’ooph. p. 94, n. 308. ÂAra. ÆAœmpfer, Jap. 1 ,1ab.11, fig. 5, Marcgrav. Brasil. p. 150. Pis. Ind. p. 51. Brit. Zoolog. 3,p.225, n. 3. Scomber... line laterali.. loricat4, etc, dec. Helvet. IV, p, 264, n, 156, 62 FUI ST OR E) N'AUT U RETLE voyageur les a nommés ainsi à cause de l'espèce de proéminence que présente leur tête, de la force-de cette partie, de l'éclat dont-elle brille, et d'ailleurs pour annoncer la sorte de puissance et de domination que plusieurs osseux de ce genre exercent sur un grand nombre de poissons qui fréquentent les rivages. Parmi ces animaux voraces et dangereux pour ceux des habitans de la mer qui sont trop jeunes ou mal armés, on doit sur-tout remarquer le trachure. Sa dénomination, qui signifie queue aiouillonnée, vient du grand nombre de piquans dont sa ligne latérale est hérissée sur sa queue, aussi-bien que sur son corps : chacun de ces dards est recourbé en arrière , et attaché à une petite plaque écailleuse , que l'on a comparée, pour la forme, à une sorte de bouclier; et la série longitudinale de ces plaques recouvre et indique la ligne latérale. Lorsque l'animal agite vivement sa queue, et en frappe violemment sa proie, non seulement il peut l'étourdir, l'assommer, l'écraser sous ses coups redou- blés, maïs encore la blesser avee ses pointes latérales, la déchirer profondément, lui faire perdre tout son saug. D'ailleurs ce caranx parvient à une grandeur assez considérable, quoiqu'il ne présente jamais une longueur égale à celle du thon: il n'est pas rare de le voir long d'un mètre. On le trouve dans l'Océan atlantique , dans le grand Océan ou mer Pacifique, dans la Méditerranée : par- DES PNO'I S'SN1O0 NES 63 tout il s’avance par grandes troupes, lorsqu'il s’ap- proche des rivages pour déposer ses œufs ou sa liqueur fécondante. Sa chair est bonne à manger, quoique moins tendre et moins agréable que celle du maquereau. Du temps de Bellon , les habitans de Constantinople recher- choient beaucoup le garum fait avec les intestins de ce poisson. Les écailles qui couvrent le trachure, sont petites, rondes et molles. Sa couleur générale est argentée. Un bleu verdâtre règne sur sa partie supérieure. L'iris brille d’un blanc rougeâtre. Une tache noire est placée sur chaque opercule. Les nageoires sont blanches ; et une teinte noire distingue les premiers rayons de la seconde dorsale *. La caudale est en croissant; l’ensemble de l'animal comprimé ; la tête grande ; la mâchoire inférieure recourbée vers le haut, plus longue que la supérieure, et garnie, ainsi que cette dernière, de dents aiguës ; le palais rude ; la langue lisse; chaque opercule com- posé de deux lames; et la nageoire de l'anus précédée d’une petite nageoire composée de deux rayons et d’une . membrane. # A la première nageoïire du dos & rayons. à la seconde 34 à chacune des pectorales 20 à chacune des thoracines 6 à celle de anus ÿ 30 à celle de la queue 20 Lie. CABANE AVES Hess LE CARANX QUEUE-JAUNE:. LE nombre des rayons que présentent les nageoires du caranx amie, peut servir à le distinguer des autres poissons de ce genre, indépendamment des caractères * Caranx amia. Scomber amia. Linné, édition de Gmelin. Scomber dorso dipterygio, ossiculo ultimo pinnæ dorsalis secundæ prælongo. Artedi, gen. 31, syn. br. Scombre amie. Daubenton, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Nota. Il est utile d'observer que les passages des auteurs et les figures des dessinateurs , rapportés par Artédi, et d’après lui par Daubenton, à leur scombre amie, sont relatifs, non pas à ce poisson , mais au caranx glauque, ou au centronote lyzan, ainsi que nous lindiquerons en détail dans la synonymie des articles dans lesquels nous traiterons du glauque et du lyzan. Cette fausse application faite par Artédi, a tiompé aussi le pro- fesseur Bonnaterre, qui a fait graver, pour son scombre amie, une figure que Salvian a publiée pour un poisson nommé amia, mais qui cependant ne peut appartenir qu’à un centronote lyzan. 2 Caranx chrysurus. Scomber chrysurus. Zinné, édition de Gmelin. Yellow tail (queue jaune). Garden. Scombre queue jaune. Daubenton, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnalerre, planches de l'Encyclopédie méthodique. HISTOÏLRE'"N À TU R FIL LE 65 particuliers à cette espèce que nous venons d'exposer dans le tableau des caranx ‘. La queue-jaune habite dans la Caroline; elle y a été observée par Garden. Son nom vient de la couleur de sa queue , qui est d'un jaune plus ou moins doré, ainsi que quelques unes de ses nageoires. Ses dents sont très- petites, très-difficiles à voir. On a même écrit que ses mäâchoires étoient entièrement dénuées de dents. Une petite nageoire à deux rayons est placée au-devant de celle de l'anus”, * A la première nageoire du dos du caranx amie, 5 rayons. à la seconde 34 à chacune des pectorales 20 à chacune des thoracines 6 à celle de l’anus 24 # A la première nageoire dorsale du caranx queue-jaune, 9 rayons. à la seconde 29 à chacune des pectorales 19 à chacune des thoracines 6 à celle de l’anus 3a è celle de la queue 22 En pq RS D “ TOME if. | 9 LE CAMMNX QGPAUCOLUE Y Ce poisson , qu'Osbeck à vu dans l'Océan atlantique ; auprès de l’isle de l'Ascension, a été observé par Com- mersôn dans le grand Océan, vers les rivages de Mada- gascar, et particulièrement dans les environs du fort Dauphin élevé dans cette dernière isle. I habite aussi dans la Méditerranée, où il étoit très-connu du temps de Pline, et même de celui d’Aristote, qui avoit entendu dire que ce caranx se tenoit caché dans les profondeurs * Caranx glaucus. Leccia , sur les côtes de la Ligurie. Polanda, en esclaron, Taavxos, en grec Derbio , dans plusieurs départemens méridionaux de France, Biche, zbid. Cabrole, ibid. Damo, 214. Scomber glaucus. LZinné, édition de Gmelin. Scombre glauque. Daubenton , Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l Encyclopédie méthodique. Scomber dorso dipterygio, ossiculo secundo pinnæ dorsalis altissimo. Ariedi, gen. 32, Syn, 51. Mus. Ad. Frid. 2, p. 89. Scomber Ascensionis. Osbeck, It. 296. / Derbio. Rondelet, première partie, liv.8, chap. 15. Glaucus. Plin. lib. 9, cap. 16. Caranx lineä Jaterali inermi, maculisque signatä quatuor nigris, ante- rioribus duabus majoribus. Commerson, manuscrits déja cités. Glaucus (derbio.) Falmont-Bomare , Dictionnaire d'histoire naturelle. #._ HISTOIRE NATURELLE 67 de la mer pendant les très-grandes chaleurs de l'été. La couleur générale de cet osseux est indiquée par le nom qu'il porte : elle est en effet d’un bleu clair mélé d'une teinte verdâtre; quelquefois cependant elle paroît d'un bleu foncé et semblable à celui que présente la mer agitée par un vent impétueux. La partie inférieure de l’animal est blanche. On voit souvent une tache noire à l'origine de la seconde nageoire dorsale et à celle de la nageoire de l'anus; et quatre autres taches noires, dont les deux premières sont les plus grandes, sont aussi placées ordinairement sur chaque ligne latérale. Le second rayon de la seconde nageoire du dos est très-haut, et le premier aiguillon de la première na- geoire dorsale est tourné, incliné, et mème couché vers la tête. Une petite nageoire à deux rayons précède celle de l'anus *. La chair du glauque est blanche, grasse, et commu- nément de bon goût. ER RER * A la nageoire du dos 7 rayons, à la seconde 26 à chacune des pectorales 20 à chacune des thoracines 5 à celle de Panus 25 à celle de la queue, qui est très-fourchue, 20 ÊE: CAR AN X LB EL ASNNCS EVE LE CARANX QUEUE-ROUIGES LA mer Rouge nourrit le caranx blanc, que Forskael a décrit le premier, et dont la couleur générale blanche ou argentée est relevée par le jaune qui règne sur les côtés de l'animal et sur la nageoire caudale. Un rang de petites dents garnit chaque mâchoire. Chaque ligne latérale est revêtue, vers la queue, de petites pièces écailleuses. Les écailles proprement dites qui recou- vrent le caranx , sont fortement attachées. La pre- mière nageoire du dos forme un triangle équilatéral ?. — —— 3 Caranx albus. Scomber albus. Linné, édition de Gmelin. Forskael, Faun. Arab. p. 56, n. 9h. Scombre sufnok. Bonnaterre, planches de l’ Encyclopédie méthodiques 2 Caranx erithrurus. Scomber hippos. Zinné, édition de Gmelin. Scombre queue-rouge. Daubenton, Encyélopédie méthodique, Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. ? A la membrane des branchies du caranx blanc, 8 rayons. à la première nageoire dorsale 8 à la seconde 25 à chacune des pectorales 22 à chacune des thoracines 5 à celle de l’anus à celle de la queue 17 HISTOIRE NATURELLE. 69 On voit une petite nageoire composée de deux rayons au-devant de l'anus du blanc, aussi-bien qu’au-devant de l'anus du caranx queue-rouge. Ce dernier a été observé dans la Caroline par Garden, et à l'isle de Tahiti par Forster. IL montre une tache noire sur chacun de ses opercules. Sa seconde nageoire du dos est rouge, comme celle de la queue; les thoracines et l'anale sont jaunes. La partie postérieure de chaque ligne latérale est comme hérissée de petites pointes. Les deux dents de devant sont, dans chaque mâchoire, plus grandes que les autres *, * A la première nageoire dorsale du caranx queue-rouge, à la seconde à chacune des pectorales à chacune des thoracines à celle de l’anus à celle de la queue 7 rayons. 22 22 6 40 30 LE CARANX FILAMENSREUReE C'esr au célèbre Anglois Mungo Park que l'on doit la description de ce caranx, que l'on trouve en Asie, auprès des rivages de Sumatra. Le nom de f/amenteux que Mungo Park lui a donné , vient des filamens qui garnissent la seconde nageoire dorsale, ainsi que celle de l'anus. La couleur générale de ce poisson est argentée, et son dos est bleuâtre ; ses écailles sont petites , mais fortement attachées. Le museau est arrondi ; l'œil grand ; l'iris jaune ; chaque mâchoire hérissée de dents courtes et serrées ; chaque opercule formé de trois lames dénuées d’écailles semblables à celles du dos ; la nageoire caudale fourchue ; la petite nageoire qui précède celle de l'anus , composée de deux rayons, dont l'antérieur est le moins grand. Les pectorales sont en forme de faux ; la première du dos peut être reçue dans une fossette longitudinale :. ? Caranx filamentosus. Scomber filamentosus. Mungo Park, Transact. de la société linnéenne de Londres, vol. 3. 2 A la membrane des branchies 7 rayons. à la première nageoire dorsale 6 rayons aiguillonnés. à la seconde nageoire du dos 22 rayons, à chacune des pectorales 19 à chacune des thoracines 5 à celle de l’anus 18 à celle de la queue 22 L'ENCEAR ANX D AUBENTON :. Nous consacrons à la mémoire de notre illustre ami Daubenton, ce beau caranx représenté d'après Plumier dans les peintures sur vélin du Muséum d'histoire naturelle. Ce caranx a ses deux nageoires dorsales très-rap- prochées : la première est triangulaire , et soutenue par six rayons aiguillonnés ; la seconde est très-alongée et un peu en forme de faux”. Deux aïguillons sont placés au-devant de la nageoire de l'anus. Les deux mâchoires sont également avancées. On voit, à chaque opercule branchial, au moins trois pièces, dont les deux dernières sont découpées en pointe du côté de “Ja queue. La ligne latérale est tortueuse , rude et dorée. Des taches couleur d’or sont répandues sur les nageoires. La partie supérieure du corps est bleue, et l'inférieure argentée. 5 Caranx Daubentonii. Trachurus argento-cæruleus, aureis maculis notatus. Manuscrits de Plumier. ‘ ? 3 rayons aiguillonnés et 19 rayons articulés à la seconde nageoire du dos. x rayon aiguillonné et 13 rayons articulés à celle de Vanus, La nageoire de la queue est fourehue. LE' CARANX TRÉES-BIEAUr Ce poisson mérite son nom. Ses écailles, petites et foiblement attachées, brillent de l'éclat de l'or sur le dos , et de celui de l'argent sur sa partie inférieure. Ces deux riches nuances sont variées par des bandes transversales , ordinairement au nombre de sept, d’un beau noir, et dont chacune est communément suivie d'une autre bande également d’un beau noir et trans- versale, mais beaucoup plus étroite. Les nageoires du dos sont bleues , et Les autres jaunes. Trois lames composent chaque opercule. Les na- geoires pectorales, beaucoup plus longues que les thoracines , sont en forme de faux. Celle de la queue est fourchue. Forskael a vu ce caranx dans la mer Rouge. Com- merson, qui l’a observé dans la partie du grand Océan qui baigne l'isle de France et la côte orientale d’Afri- que, rapporte dans ses manuscrits, que les deux indi- vidus de cette espèce qu'il a examinés, n’avoient pas * Caranx speciosus. Scomber speciosus. Linné, édition de Gmelin. Forskael, Faun. Arab. p. b4, n.7o. Scombre rim. Bonnaterre, planches de l Encyclopédie méthodique. Caranx fasciis transversis nigris alternatim angustioribus, caudæ apici- bus atralis. Commerson, manuscrits déja ctiés, TZ 3. orne ns AE Ë ; Pl. Page 72 | (ALL ut oo Ji il ai Il . ni ji NL \ . ! W 1 | il (il SE TS \\\ \ A ill 9 7 RER js \L L AS du Le NAN NS Dehive filiwr de 1 CARANX tres beau.2.ZABRE" Digramme 8 HOLO CYMNOSE Facce " AUS EU SU ENRES Lo D. J po RAT EST PUE TOP ACER A | MURS LOT ul au % QAR OU EEE 172 PE TNT CE à TANT eÙ : HIT STORE) N'ATUR ET EE. 73 plus de six ou sept pouces { deux décimètres ) de lon- gueur, que les deux pointes de la nageoire caudale étoient très-noires , que les deux mâchoires étoient à peu près également avancées , et qu’on ne sentoit aucune dent le long de ces mâchoires. Indépendamment de ces particularités, dont les deux dernières ont été aussi indiquées par Forskael, Com- merson dit que la membrane branchiale étoit soutenue par sept rayons ; que la partie concave de l'arc osseux de la première branchie étoit dentée en forme de peigne ; que la partie analogue des autres trois arcs ne présentoit que deux rangs de tubercules assez courts ; et que la ligne latérale étoit, vers la queue , hérissée de petits aiguillons , et bordée, pour ainsi dire, d’écailles plus grandes que celles du dos *. OC D * A la première nageoire dorsale 7 rayons aiguillonnés. à la seconde nageoire dorsale 21 rayOnS à chacune des pectorales 22 à chacune des thoracines 6 ou 6 à celle de l’anus, qui est précédée d'une u petite nageoïre à 2 rayons, 21 d à celle de la queue 17 TOME Ill 10 pr VOA RA MX CARANGUE: Nous avons conservé à ce caranx le. nom spécifique de caranoue , qu'il a porté à la Martinique , suivant Plumier. La première nageoire du dos est soutenue par sept ou huit aiguillons. Deux aiguillons paroissent au-dévant de celle de l'anus. La ligne latérale est courbe et rude; la partie supérieure du poisson bleue ; l'inférieure argentée ; et presqué toutes les nagéoires resplendissent de l'éclat de L'or. * Carahx carangua. Carangue. Peintures sur vélin, faites d’après les dessins de Plumier, et déja citées, PP LPC À RAëNIX FE RD "AU", wi LE CARANX CESSE Lun IC AR ANUS ANS U N'% ENT LE: CAR AN,X, K OR AB Ces quatre caranx composent un sous-genre parti- culier et distingué du premier sous-genre par la pré- sence d'un aiguillon isolé placé entre les deux nageoires dorsales. On les trouve tous les quatre dans la mer Rouge ou mer d'Arabie : ils y ont été observés par 1 Caranx ferdau. Scomber ferdau. ZLinné, édition de Gmelin. Ÿ Forskael, Faun. Arabic. p. 55, n. 71. Scombre ferdau. Bonnaterre , planches de l Encyclopédie méthodique, 2 Caranx gæss. Scomber fulvo guttatus. Linné, édition de Gmelin. Forskael, Faun. Arabic. p. 56, n. 73. Scombre gæss. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique: 3 Caranx sansun, Scomber sansun. Linné, édition de Gmelin. Forskael, Faun. Arab. pe 56, n. 74. Scombre bockos. Bonnaterre, pianches de l Encyclopédie méthodique. 4 Caranx korab. Scomber ignobilis. Zinné, édition de Gmelin. Forskael, Faun. Arabic.p. 55, n. "72. Scombre korab. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 76 HISTOIRE) NATURELLE Forskael. Le tableau méthodique du genre caranx expose les différences qui les séparent l’un de l'autre ; il nous suffira maintenant d'ajouter quelques traits à ceux que présente ce tableau. Le ferdau montre un grand nombre de dents petites; déliées et flexibles ; le sommet de la tête est dénué d'écailles proprement dites , et osseux dans son milieu ; l’opercule est écailleux ; la ligne latérale presque droite ; la nageoire caudale fourchue et glauque. Les pectorales, dont la forme ressemble à celle d’une faux, sont blanchätres ; et une variété de l'espèce que nous déerivons, les a transparentes. On voit au-devant des narines un petit barbillon conique. è Le gæss, qui ressembie beaucoup au ferdau, a une petite cavité sur la tête ; il peut baisser et renfermer dans une fossette longitudinale sa première nageoire dorsale ; sa nageoïre caudale est très-fourchue ; et sa ligne latérale est courbe vers la tête et droite vers la queue ?. Le sansun, qui a beaucoup de rapports avec le gæss et avec le ferdau , présente des ramifications sur le FE A la première naveoire dorsale 6 rayons aiguillonnés. à chacune des pectorales 21 rayons. à chacune des thoracines 1 rayon aiguillonné et 5 ray. articulés, à celle de la queue r5 ou 16 rayons. 2 À Ja premiere nageoire dorsale 7 rayons aiguillonnés. à chacune des pectorales 1 rayon aiguillonné et 20 ray. articulés. à chacune des thoracines 1 rayon aiguillonnéet 5 ray. articulés, à eclle de Ja queue 18 où 19 rayons. DATE SAP O0" T-S SON ri sommet de la tête ; une rangée de dents arme chaque mâchoire ; la mâchoire supérieure est d'ailleurs garnie d'une grande quantité de dents petites et flexibles , placées en seconde ligne. Les nageoires pectorales et les thoracines sont blanches ; celle de l'anus et le lobe inférieur de la caudale sont jaunes ; le lobe supérieur de cette mème caudale est brun comme les dorsales, qui, d'ailleurs , sont bordées de noir ”. Le korab a chaque mâchoire hérissée d’une rangée de dents courtes , et comme renflées ; la ligne latérale est ondulée vers la nuque, et droite ainsi que marquée par des écailles particulières auprès de la queue..Les nageoires pectorales et les thoracines sont roussâtres ; les dorsales glauques ; l'anale transparente et comme bordée de jaune ; le lobe inférieur de la caudale jaune, et le supérieur d’un bleu verdâtre *. : À Ja premiére nageoiïre dorsale du sansun rayons aiguillonnés. ! 5 > } à chacune des pectorales 1 rayon aiguillonné et 26 rayons articulés, à chacune des thoracines 1 rayon aiguillonné et à rayons articulés. à celle de la queue 17 où 18 rayons. * À la membrane branchiale du korab, 8 rayons. à la premiére nageoire dorsale 7 rayons afguillonnés. à chacune des pectorales 1 rayon aiouillonné et 20 rayons articulés. à chacune des thoracines x rayon aiguillonné et 5 rayons articulés. à celle de la queue 17 ou 18 rayons. mr SOIXANTE-TROISIÈME GENRE. É HS MR AN CEHINOMPES: Deux nageoires dorsales; point de petites nageoires au- dessus ni au-dessous de la queue; les cotés de la queue relevés longitudinalement en carène, où une petite nageoire composée de deux aiguillons et d'une mem- brane , au-devant de la nagceoire de l'anus; des aisuil- ons cachés sous la peau, au- devant des nageoires dorsales. ESPÈCE. CARACTÈRES. LE TRACHIN. FAUCHEUR. {La seconde nageoire du dos, et celle de ( Trachinotus falcanis.) \ Janus, représentant la forme d’une faux, LE MRACHINOTENF AUCHEUR * C'esr dans la mer d'Arabie qu'habite ce poisson, qué. Forskael, en le découvrant , crut devoir comprendre parmi les scombres, mais que l’état actuel de la science ichthyologique et nos principes de distribution métho- dique et régulière nous obligent à séparer de ces mêmes scombres, et à inscrire dans un genre parti- culier. Nous donnons à cet osseux le nom générique de trachinote, qui veut dire aiguillons sur le dos , pour désigner l'un des traits les plus distinctifs de sa con- formation. Cet animal a toujours en effet auprès de la nuque, des aiguillons cachés sous la peau, et au-devant desquels un piquant très-fort, couché horizontalement, est tourné vers le museau, et quelquefois recouvert par le tégument le plus extérieur du poisson. La pre- mière nageoire dorsale, dont la membrane n'est sou- tenue que par des rayons aiguillonnés, et dont la peau recouvre quelquefois le premier rayon, peut se baisser et se coucher dans une fossette. * Trachinotus falcatus. Scomber falcatus. Zinné, édition de Gmelin. Scomber rhomboïdalis, pinnâ secundâ dorsi et ani, falcatis. Forskuel, Fauna Arabic. p. 57, n. 76. Scombre hogel. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie mé hodique. 80 HISTOIRE. NATURELLE La seconde nageoire dorsale et celle de l'anus “ ont la forme d'une sorte de faux; et voilà d'où vient le nom spécifique que nous avons conservé au trachinote que nous décrivons. Ce faucheur , dont la hauteur égale souvent la moitié de la longueur, est revêtu, sur le corps et sur la queue, d'écailles minces et fortement attachées ; on ne voit pas d’écailles proprement dites sur les opercules ; on n'apperçoit pas de dents aux mâchoires , mais on remarque des aspérités à la mâchoire inférieure; la lèvre supérieure est extensible ; la ligne latérale est un peu ondulée ; les thoracines, plus longues que les pec- torales , sont comme tronquées obliquement ; il y a au - devant de l'anus une petite nageoire à deux rayons. La couleur générale de ce trachinote est argentée avec une teinte brune sur le dos. Une nuance jaunâtre paroîit sur Île front. La nageoire caudale est peinte de trois couleurs ; elle montre du brun, du glauque et du jaune : les thoracines sont blanchâtres en dedans, et dorées ou jaunâtres en dehors, ce qui s'accorde avec les principes que nous avons exposés au sujet des * A Ja première nageoire dorsale 5 rayons aiguillonnés. à la seconde 1 rayon aiguilonné et 19 ray. articulés. à chacune des pectorales 18 rayons. à chacune des thoracines 6 rayons. à celle de l’anus 1 rayon aiguillonné et 17 ray. articulés. à celle de la queue, qui est fourchue , 6 rayons. D FES P O I SÈS O NES. BE couleurs des poissons et même du plus grand nombre d'animaux ; et les pectorales ne présentent qu'une nuance brune. IL paroit par une note très-courte que j'ai trouvée dans les papiers de Commerson , que ce naturaliste avoit vu auprès du fort Dauphin de Madagascar, notre trachinote faucheur, qu'il regardoit comme un caranx, et auquel il attribuoit une longueur d’un demi-mètre. TOME Ill 11 SOIXANTE-QUATRIÈME GENRE. LES. «CARANXOMORES,. Une seule nagcoire dorsale; point de petites nageoires au-dessus ni au-dessous de la queue; les cotés de la queue relevés longitudinalement en carène, ou une petite nageoire composce de deux aiguillons et d'une membrane au-devant de la nageoire de l'anus, ou la nageoire dorsale trés-prolongée vers celle de la queue; la lèvre supéricure 1rés-peu extensible, où non exten- sible; point d'aivuillons isolés au-devant de la nagcoire du dos. ESPÈCES. CARACTÈRES,. 1. LE CARANX. PÉLAGIQUE. Quarante rayons à la nageoire du dos, (Caranxomorus pelagicus.) k Les pectoralesune fois plus longues que les 2. LE CAR. PLUMIÉRIEN. | ‘ “ps thoracines ; la dorsale et l’anale en forme ( Caranxom. plumierianus.) de faux. LI LE CARANXOMORE PÉLAGIQUE: Les caranxomores diffèrent des carant , en ce qu'ils n'ont qu'une seule nageoire dorsale ; ils leur ressem- blent d'ailleurs par un très-erand nombre de traits, ainsi que leur nom l'indique. Le nombre des rayons de la nageoire du dos dis- tingue le pélagique, auquel on ne doit avoir donné le nom qu'il porte, que pour désigner l'habitude de se tenir fréquemment en pleine mer”. # Caranxomorus pelagicus. Scomber pelagicus. Linné, édition de Gmelin. Mus. Ad. Frid. 1, p. 72, tab. 30 , fig. 3. Scombre monoptere. Daubenton, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnuaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. ? A la nageoire dorsale du pélagique, 40 rayons à chacune des pectorales 19 à chacune des thoracines 5 à celle de l’anus 22 à celle de la queue , qui est très-fourchue, 2e LE CARANXOMORE PLUMIÉRIEN *. Parmi les peintures sur vélin du Muséum d'histoire naturelle , se trouve l'image de ce poisson , dont on doit le dessin au voyageur Plumier. Ce caranxomore parvient à une grandeur considérable, et n’est cou- vert que d’'écailles très-petites. La nageoire dorsale ne commence que vers le milieu de la longueur totale de l'animal ; elle ressemble presque en tout à celle de l'anus, au-dessus de laquelle elle est située. La nuque présente un enfoncement qui rend le crâne convexe ; la ligne latérale est courbe et rude ; trois lames com- posent chaque opercule ; les mâchoires sont aussi avan- cées l’une que l'autre ; le dessus du poisson est bleu , et le dessous d’un blanc argenté et mêlé de rougeûtre. * Caranxomorus plumierianus. Trachurus maximus , squamis minutissimis, Manuscrits de Plumier, Tome I. PL.2 Page 227 1z CARANXOMORE flumierien 2. LABRE Fluncerten 8 LA BRE'Ensan glante MA ES SE Fr >) ct EE AURTE Le: RENUT nf Pre DANS Ar SOIXANTE-CINQUIÈME GENRE, BES CÆSIO,. Une seule nageoire dorsale; point de petites nageoires au- dessus ni au-dessous de la queue; les côtés de la queue releyés longitudinalement en carène, ou une petite na- geoire composée de deux aiguillons et d'une membrane au- devant de la nageoire de l'anus, ou la nageoire dorsale trés-prolongée vers celle de la queue; la lévre supérieure trés-extensible; point d'aiguillons isolés au- devant de la nageoire du dos. ESPÈCES. CARACTÈRES, L’opercule branchial recouvert d’écailles . LE CÆSIO AZUROR. * semblables à celles du dos, et placées les (Cæsio cæœrulaureus.) unes au-dessus des autres, 2, LE cÆSs1O pouLAIN.fUne fossette calleuse et une bosse osseuse (Cæsio equulus.) au-devant des nageoires thoracines, ÉETC AS LOC ZDRORE Cxzsro est le nom générique donné par Commerson au poisson que nous désignons par la dénomination spécifique d’azuror, laquelle annonce l'éclat de l'or et de l’azur dont il est revêtu. Le naturaliste voyageur a tiré ce nom de cæsio , de la couleur bleuâtre , en latin casius , de l'animal qu’il avoit sous ses yeux. En recon- noissant les grands rapports qui lient les cæsio avec les scombres , il a cru cependant devoir les en séparer. Et c'est en adoptant son opinion que nous avons établi le genre particulier dont nous nous occupons, que nous avons cherché à circonscrire dans des limites précises , et auquel nous avons cru devoir rapporter non seulement le cæsio azuror décrit par Commerson, mais encore le poulain placé par Forskael, et d’après lui par Bonnaterre , au milieu des scombres, et inscrit par Gmelin parmi les centrogastères. L’azuror est très-beau. Le dessus de ce poisson est d'un bleu céleste des plus agréables à la vue , et qui, s'étendant sur les côtés de l'animal, y encadre , pour ainsi dire, une bande longitudinale d'un jaune doré * Cæsio cærulaureus. Cæsio dorso cæruleo, tænià lineæ laterali superduetä , flavescente deau- ratà, corpore subteriore argenteo, caudæ marginibus undique rubentibus. LCommerson, manuscrits déja cités. HISTOIRE NATURELLE. 07 qui règne au-dessus de la ligne latérale, suit sa courbure, et en parcourt touté l'étendue. La partie inférieure du cæsio est d’un blanc brillant et argenté. Une tache d’un noir très-pur est placée à la base de chaque nageoire pectorale, qui la cache en partie, mais en laisse paroître une portion, laquelle pré- sente la forme que l’on désigne par ke nom de chevron brisé. La nagcoire de la queue est brune, et bordée dans presque toute sa circonférence d'un rouge élégant. L'anale est peinte de la mème nuance que cette bor- dure. On retrouve la mème teinte au milieu du brun des pectorales ; la dorsale est brune , et les thoracines sont blanchâtres. L'or, l'argent, le rouge, le bleu céleste, le noir , sont donc répandus avec variété et magnificence sur le cæsio que nous considérons ; et des nuances brunes sont distribuées au milieu de ces couleurs brillantes, comme pour les faire ressortir , et terminer l'effet du tableau par des ombres. Cette parure frappe d'autant plus les yeux de l'ob- servateur, qu'elle est réunie avec un volume un peu considérable, l’azuror étant à peu près de la grandeur du maquereau, avec lequel il a d’ailleurs plusieurs rapports. Au reste, n'oublions pas de remarquer que cet éclat et cette diversité de couleurs que nous admirons en 08 HT ST OR EN AIT URIEMRIE tàchant de les peindre , appartiennent à un poisson qui vit dans l'archipel des grandes Indes , particuliè- rement dans le voisinage des Moluques , et par consé- quent dans ces contrées où une heureuse combi- paison de la lumière, de la chaleur , de l'air , et des autres élémens de la coloration, donne aux perro- quets, aux oiseaux de paradis, aux quadrupèdes ovi- Dore , aux serpens, aux fleurs des grands arbres , et à celles des humbles végétaux, l'or resplendissant du soleil des tropiques , et les tons animés des sept cou- leurs de l'arc céleste, L'azuror brilloit parmi les poissons que les naturels des Moluques apportoient au vaisseau de Commerson; et le goût de sa chair étoit agréable. Le museau de ce casio est pointu ; la lèvre supé- rieure très-extensible ; la mâchoire inférieure plus avancée que celle de dessus, lorsque la bouche est ouverte ; chaque mâchoire garnie de dents si petites, que le tact seul les fait distinguer ; la langue très-petite, cartilagineuse, lisse, et peu mobile; le palais aussi lisse que la langue ; l'œil ovale et très-grand ; chaque oper- cule composé de deux lames , recouvert de petites écailles, excepté sur ses bords , et comme ciselé par des rayons ou lignes convergentes ; la lame postérieure de cet opercule conformée en triangle ; cet opercule branchial placé au - dessus du rudiment d'une cin- quième branchie ; la concavité des arcs osseux qui SOU D''ETSOMP NO: L'SFSTONNIS 89 tiennent les branchies , dentée comme un peigne ; la nageoire dorsale très-longue ; et celle de la queue pro- fondément échancrée *. * À la membrane branchiale 7 rayous. à la nageoire du dos 9 rayons aiguillonnés et 15 ray. articulés. à chacune des pectorales 24 rayons. à chacune des thoracines 6 rayons. à celle de l’anus 2 rayons aiguillonnés et 13 ray. articulés, à celle de la queue 17 rayons. 12 TOME Ille LE, C8 FO POUPEE NES Ce poisson a une conformation peu commune. Sa tête est relevée par deux petites saillies alongéés qui convergent et se réunissent sur le front ; un ou deux aiguillons tournés vers la queue sont placés au-dessus de chaque œil; les dents sont menues, flexibles , et , pour aivsi dire, capillaires où sétacées ; Vopercule est comme collé à la membrane branchiale ; on voit une dentelure à la pièce antérieure de ce même opercule ; une membrane lancéolée est attachée à la partie supé- rieure de chaque nageoire thoracine ; la dorsale et la nageoire de l'anus s'étendent jusqu'à celle de la queue, qui est divisée et présente deux lobes distincts ; et enfin , au-devant des nageoires thoracines , paroît une sorte de bosse ou de tubercule osseux, aigu, et suivi d'une petite cavité linéaire , et également osseuse ou calleuse. Ces deux callosités réunies, cette éminence, et cet enfoncement , ont été comparés à une selle de cheval ; on à cru qu'ils en rappeloient vaguement la forme ; et voila d'où viennent les noms de petit cheval, * Cæsio equulus. Centrogaster equula. Zinné, édition de Gmelin. Forskael, Faun. Arabic. p. 58, n.77. Scombre petite jument. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie métho- dique. HIS TINOER EN A D'URR IRD RE OT de petite jument, de poulain et de pouline, donnés au poisson que nous examinons ". Au reste, ce cæsio est revêtu d'écailles très-petites ; mais brillantes de l'éclat de l'argent. Il parvient à la Jongueur de deux décimètres. Forskael l’a vu dans la mer d'Arabie , où il a observé aussi d’autres poissons * presque entièrement semblables au poulain, qui n'en diffèrent d'une manière très-sensible que par un ou deux rayons de moins aux nageoires dorsale , pecto- rales et caudale , ainsi que par la couleur glauque et la bordure jaune de ces mêmes nageoires, des thora- cines , et de celle de l'anus, et que nous considérerons , quant à présent et de même que les naturalistes Gmelin et Bonnaterre , comme une simple variété de l'espèce que nous venons de décrire. * A la membrane des branchies 4 rayons. à la nageoire du dos 8 rayons aiguillonnés et 16 ray. articulés. à chacune des pectorales 18 rayons. à chacune des thoracines 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés. à celle de l’anus 3 rayons aiguillonnés et 15 ray. articulés. à celle de la queue 17 rayons, ? Scomber pinnis glaucis, margine flavis. Forskael, Faun. Arabic. p. 58: Scombre meillet, Bonnaterre, plunclies de l Encyclopédie méthodique SOIXANTE-SIXIÈME GENRE. LES: CÆSIOMORES. Une seule nageoire dorsale; point de petites nageoires au-dessus ni au-dessous de la queue; point de carène latérale à la queue, ni de petite nageoire au-deyant de celle de l'anus; des aïguillons isolés au-devant de la nageoire du dos. ESPÈCES. CARACTÈRES. Deux aïguillons isolés au-devant de la na- 1. LE CÆSIOMORE BAILLON. . $ a eoire dorsale ; le corps et la queue revétus (Cæsiomorus Baïllonii.) ë 0 P 1 d’écailles assez grandes. Lx CON ORS DCR Cinq aiguillons isolés au-devant de la na- 2. LE . : eoire dorsale ; le corps et la queue dénués (Cæœsiomorus Blochi.) 5 Æ ; P queue d d’écailles facilement visibles, 21 3. Page. 93 | 1 CŒOSIOMORE Ballon 2 CŒSIOMORE Blocs LABRE Chapebt LE CÆSIOMORE. BAILLON*. N ous allons faire connoître deux cæsiomores ; aucune de ces deux espèces n’a encore été décrite. Nous en avons trouvé la figure dans les manuscrits de Com- merson ; et elle a été gravée avec soin sous nos yeux. Nous dédions lune de ces espèces au citoyen Baillon,; l’un des plus zélés et des plus habiles correspondans du Muséum national d'histoire naturelle , qui rend chaque jour de nouveaux services à la science que nous cultivons, par ses recherches, ses observations ; et les nombreux objets dont il enrichit les collections de la république, et dont Buffon a consigné le juste éloge dans tant de pages de cette Histoire naturelle. Nous consacrons l’autre espèce à la mémoire du savant et célèbre: ichthyologiste le docteur Bloch de Berlin , comme un nouvel hommage de l'estime et de l'amitié qu'il nous avoit inspirées. Le cæsiomore baïllon a le corps et la queue couverts d'écailles assez grandes , arrondies, et placées les unes au-dessus des autres. On n’en voit pas de semblables sur la tête ni sur les opercules , qui ne sont revêtus que de grandes lames. Des dents pointues et un peu séparées les unes des autres garnissent les deux * Cæsiomorus Baillonii. 94 HT S'T OMR ET N'ANTAUMRENEMIE. mächoires, dont l’inférieure est plus avancée que Ix supérieure. On voit le long de la ligne latérale, qui est courbe jusque vers le milieu de la longueur totale de l'animal, quatre taches presque rondes et d'une cou- leur très-foncée. Deux aiguillons forts, isolés, et tournés en arrière, paroissent au-devant de la nageoire du dos, laquelle ne commence qu'au-dela de l'endroit où le poisson montre la plus grande hauteur, et qui, con- formée comme une faux , s'étend presque jusqu'à la nageoire caudale. La nageoire de l'anus, placée au-dessous de la dor- sale, est à peu près de la même étendue et de la mème forme que cette dernière, et précédée, de même, de deux aiguillons assez grands et tournés vers la queue. La nageoire caudale est tres-fourchue ; les thora- cines sont beaucoup plus petites que les pectorales. LE/CÆ STOMORE PB LO\CAH *. CE poisson a beaucoup de ressemblance avec lebaillon: la nageoire dorsale et celle de l'anus sont en forme de faux dans cette espèce , comme dans le cæsiomore dont nous venons de parler; deux aiguillons isolés hérissent le devant de la nageoire de l'anus ; la nageoïire caudale est fourchue , et les thoracines sont moins grandes que les pectorales dans les deux espèces : mais les deux lobes de la nageoire caudale du bloch sont beau- coup plus écartés que ceux de la nageoire de la queue du bailon ; la nageoire dorsale du bloch s'étend vers la tête jusqu'au-delà du plus grand diamètre vertical de l'animal ; cinq aiguillons isolés et très-forts sont placés au-devant de cette même nageoire du dos. La nuque est arrondie; la tête grosse et relevée ; la mächoire supérieure terminée en avant, comme l'infé- rieure, par une portion très-haute , très-peu courbée, et presque verticale ; deux lames au moins composent chaque opercule ; on ne voit pas de tache sur la ligne latérale , qui de plus est tortueuse; et enfin, les tégu- mens les plus extérieurs du bloch ne sont recouverts d'aucune écaille facilement visible. * Cæsiomorus Blochii, SOIXANTE-SEPTIÈME GENRE. LES-:ÉORIS. La tête grosse et plus élevée que le corps; le corps com- primé et trèés-alongé; le premier ou le second rayon de chacune des nageoires thoracines, une ou deux fois plus alongé que les autres; point d'écailles semblables à celles du dos sur les opercules ni sur la tête, dont la couverture lamelleuse et d'une seule pièce représente une sorte de casque. ESPÈCES. CARACTÈRES. Le premier rayon de la nageoire du dos, une ou deux fois plus long que les autres; (Coris aygula) l’opercule terminé par une ligne courbe ; 1, LE CORIS AIGRETTE. une bosse au-dessus des yeux. Le premier rayon de la nageoire du dos un eu plus court que les autres, ou ne les 2. LE CORIS ANGULÉ. es q ? ; surpassant pas en longueur ; l’opercule ter- (Coris angulatus.) miné par une ligne anguleuse; point de bosse au-dessus des yeux, Zome 3 ZTCOORMTS ÆAgrele 2NCORMIS Angqude 3 ZABRE Trilobe LE CORIS. À IGREHTE". Querres obligations les naturalistes n'ont-ils pas au célèbre Commerson! Combien de genres de pois= sons dont ses manuscrits nous ont présenté la des- cription ou la figure, et qui, sans les recherches multipliées auxquelles son zèle n’a cessé de se livrer, seroient inconnus des amis des sciences naturelles! Il a donné à celui dont nous allons parler, le nom de coris, qui, en grec, signifie soumet, téte, etc., à cause de l'espèce de casque qui enveloppe et surmonte la tête des animaux compris dans cette famille. Cette sorte de casque, qui embrasse le haut, les côtés et le dessous du crâne, des yeux et des mâchoires, est formée d’une substance écailieuse, d’une grande lame, d’une seule pièce , qui même est réunie aux opercules, de manière à ne faire qu'un tout avec ces couvercles des organes respiratoires. L'ensemble que ce casque renferme, ou la tète proprement dite, s'élève plus haut que le dos de lanimal, dans tous les coris; mais dans l'espèce qui fait le sujet de cèt article, il est un peu plus exbaussé encore : le sommet du crâne s’arrondit de manière à produire une bosse ou grosse loupe au- dessus des yeux; et le premier rayon de la nageoire PAR" 2" NRORRE ER EN AU A SA PR PT NE UC EURE CAPOTE X Coris aygula. TO ME IL 13 98 HISTOTREN NATURELLE. dorsale, une ou deux fois plus grand que les autres, étant placé précisément derrière cette loupe, paroît comme une aigrette destinée à orner le casque du. poisson. Chaque opercule est terminé du côté de la queue: par une ligne courbe. La lèvre supérieure est double; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure; chacune des deux mâchoires, garnie d'un rang de dents fortes, pointues, triangulaires et inclinées. La ligne latérale suit de très-près la courbure du dos. Le premier rayon de chaque thoracine, qui en ren- ferme sept, est une fois plus alongé que les autres. La nageoire dorsale est très-longue, très -basse, et de la même hauteur, dans presque toute son étendue. Celle de l'anus présente des dimensions bien diffé- rentes ; elle est beaucoup plus courte que la dorsale: ses rayons, plus longs que ceux de cette dernière, lui donnent plus de largeur; sa figure se rapproche de celle d’un trapèze. Et enfin la nageoire caudale est rectiligne, et ses rayons dépassent de beaucoup la membrane qui les réunit”. * A la nageoire du dos 21 rayons. à chacune des pectorales 11 à chacune desthoracines 7 à celle de l’anus 14 à celle de la queue 10 LE 51C'O RORS AIN D'EAU C& coris diffère du précédent par six traits princi- paux : son corps est beaucoup plus alongé que celui de l’aigrette ; le premier rayon de la nageoïre dorsale ne dépasse pas les autres ; la ligne latérale ne suit pas dans toute son étendue la courbure du dos, elle se fléchit en en-bas, à une assez petite distance de la nageoire caudale, et tend ensuite directement vers cette nageoire ; le sommet du crâne ne présente pas de loupe ou de bosse ; chaque opercule se prolonge vers la queue, de manière à former un angle saillant, au lieu de n'offrir qu’un contour arrondi; et les deux mâchoires sont également avancées *. : Coris angulatus. : A la nageoire du dos 20 rayons. à chacune des pectorales 15 à la nageoire de l’anus 15 à celle de la queue 10 SOIXANTE-HUITIEME GENRE: ‘LES GOMPHOSES. Le museau alongé en forme de clou ou de masse, la 1éte et les opercules dénués d'écailles semblables à celles du, dos. ESPÈCES: CARACTÈRES. 1, LE GOMPHOSE pont la surface du poisson, d’une couleur (Gomphosus cœæruleus.) bléue foncée. 2. LE GOMPHOSE VARIÉ, ie couleur générale mélée de rouge , de (Gomphosus varius.) jaune et de bleu. ‘ts "1.2 L'e 1 Tv LE «2 u 4 1 % pre geme : . LE ed er LES À Fr LT RS ” Be 2 Ta à -=Defete- del vulerey, Soul 1 GOMPHOSE Blu 2 GOMPHOSE Varé 3 LABRE Marbre LE GOMPPA OS ES BPM”. Le CoumersoN a laissé dans ses manuscrits la descrip- tion de ce poisson qu'il a observé dans ses voyages, que nous avons cru, ainsi que lui, devoir inscrire dans un genre particulier, mais auquel nous avons donné le nom générique de gomphos, plutôt que celui d’elops, qui lui a été assigné par ce naturaliste. Le mot gomplos désigne , aussi-bien que celui d'elops, la forme du museau de ce poisson, qui représente une sorte de clou ; et en employant la dénomination que nous avons préférée, on évite toute confusion du genre que nous décrivons, avec une petite famille d’abdo- minaux connue depuis long-temps sous le nom d'élops. Le gomphose bleu est, suivant Commerson, de la grandeur du cyprin tanche. Toute sa surface présente une couleur bleue sans tache, un peu foncée ou noi- râtre sur les nageoires pectorales, et très-claire sur les autres nageoires. L'œil seul montre des nuances diffé- rentes du bleu; la pruvelle est bordée. d'un cercle blanc, autour duquel l'iris présente une belle couleur d'émeraude ou d’aisgue-marine. * Gomphosus cæruleus. Elops, totus intensè cæruleus; rostro subulato, capite et operculis- branchiostegis, alepidotis. Commerson, manuscrits déja cités. . 1092 HA STORE N’A TU REF DIE Le corps est un peu arqué sur le dos, et beaucoup plus au-dessous du ventre. La tête. d’une grosseur médiocre, se termine en devant par une prolongation du museau, que Commerson a comparée à un clou, dont la longueur est égale au septième de la longueur totale de l'animal, et qui a quelques rapports avec le boutoir du sanglier. La mächoire supérieure est un peu extensible, et quelquefois un peu plus avancée que l'inférieure ; ce qui n'empêche pas que l'avant- bouche, dont l'ouverture est étroite, ne forme une sorte de tuyau, Chaque mâchoire est composée d'un os garni d'un seul rang de dents très-petites et très- serrées l’une contre l’autre ; et les deux dents les plus avancées de la mâchoire d'en-haut sont aussi plus grandes que celles qui les suivent. Tout l'intérieur de la bouche est d'ailleurs lisse, et d'une couleur bleuâtre. Les yeux sont petits et très-proches des orifices des 1arines, qui sont doubles de chaque côté. On ne voit aucune écaille proprement dite, ou sem- blable à celles du dos, sur la tête ni sur les opercules du gomphose bleu. Ces opercules ne sont hérissés d’au- eun piquant. Deux lames les composent : la seconde de ces pièces s'avance vers la queue, en forme de pointe; et une partie de sa circonférence est bordée d’une membrane. On voit quelques dentelures sur la partie- concave des arcs osseux qui soutiennent les branchies. h L LU 6 lase TE de feve filius del 5 1 VARIE T'E du Gomphose Bleu 2. LABRE Miro. Renou Seul demr-ds que 3 LABRE Grc& 102 DE SPL OL SL SOL ENS 109 La portion de la nageoire dorsale qui comprend des rayons aiguillonnés, est plus basse que la partie de cette nageoire dans laquelle on observe des rayons. articulés. La nageoire caudale forme un croissant dont les deux pointes sont très-alongées *, La ligne latérale, qui suit la courbure du dos Jusqu'à la fin de la nageoire dorsale, où elle se fléchit vers le- bas pour tendre ensuite directement vers la nageoire gaudale, a son cours marqué par uue suite de petites raies disposées de manière à imiter des caractères chi-- nois. Les écailles qui recouvrent le corps et la queue du goruphose bleu, sont assez larges ; et les petites lignes qu'elles montrent, les font paroître comme ciselées. LT RS OR PERS RIRE 2 LE ER AISNE RP * Grayons à la membrane des branchies. 8 rayons aiguillonnés et 14 rayons articulés à la nageoire du dos. 14 rayons à chacure des pectorales. 6 rayons à chacune des thoracines. ( Le second se prolonge en un fila-- ment.) 2 rayons aiguillonnés et 12 rayons articulés à la nageoire de l’anus.. x4 rayons à celle de ja queue, LÉ :GOMPIOSE VARIÉS Sur les bords charmans de la fameuse isle de Taïti , Commerson a observé une seconde espèce de gom- phose , bien digne, par la beauté ainsi que par l'éciat de ses couleurs, d'habiter ces rivages embellis avec tant de soin par la Nature. Elle est principaiement distinguée de la première par ces riches nuances qui la décorent; elle montre un brillant et agréable mé- lange de rouge, de jaune et de bleu. Le jaune domine dans cette réunion de tons resplendissans ; mais l’azur y est assez marqué pour être un nouvel indice de la parenté du varié avec le gomphose bleu. * Gomplosus varius. Elops rubro, cæruleo et flavo variegatus. Commerson, manuscrits déja cilés. RE = SOIXANTE-NEU VIÈME GENRE. LES NASONS. Une protubérance en forme de corne ou de orosse loupe sur le nez; deux plaques ou boucliers de chaque cûte de l'extrémité de la queue; le corps et la queue recou- verts d'une peau rude et comme chagrinée. ESPÈCES. CARACTÈRES. Une protubérance cylindrique, horizontale æz. LE NASON LICORNET. P } AUS ; s É $ “et en forme de corne au-devant des yeux; (Naso fronticornis.) une ligne latérale très-sensible. Une proéminence en forme de grosse loupe, £& LE NASON LOUPE. au-dessus de la mâchoire supérieure; point (Naso tuberosus:) de ligne latérale visible, TOME 11. 14 mm te Ds LE:N ASOINMETE ORNE TE « Saxs les observations de l'infatigable Commerson, nous ne connoîtrions pas tous les traits de l'espèce du Hcornet, et nous ignorerions l'existence du poisson loupe, que nous avons cru, avec cet habile voyageur, devoir renfermer, ainsi que le licornet, dans un genre particulier, distingué par le nom de zason. La première de ces deux espèces frappe aisément les regards par la singularité de la forme de sa tête; elle attire l'attention de ceux mème qui s'occupent le moins des sciences naturelles. Aussi avoit-elle été très- remarquée par les matelots de l'expédition dont Com- merson faisoit partie : ils l'avoient examinée assez sou- vent pour lui donner un nom ; et comme ils avoient facilement saisi un rapport très-marqué que présente son museau avec le front des animaux fabuleux aux- quels l'amour du merveilleux a depuis loug-temps attaché la dénomination de licorne, ils l'avoient appelée CRE" * Naso fronticornis. Naseus fronticornis fuseus. Commerson, manuscrits déja cités. Licornet des matelots. Zd. 1h:d. Chætodon unicornis. Linné, édition de Gmelin. Forskael, Faun. Arabic. p.63, n. 88. Chétodon unicorne. Bonnuterre, planches de l’Encyclnpédie métho= dique, Z e 206. Zome 3. P2 7 Dufeue flous del LES Te Diuos z BALISTE Bowse. 2. NASONZromet 3. NASON Z oupre jure FA 1 PRET VE AADEMAUE HIS! TO MRME EN AN DIU RUE TATNE. TO la petite licorne, ou le licornet, appellation que j'ai cru devoir conserver. En eilet, de l'entre - deux des yeux de ce poisson part une protubérance presque cylindrique, renflée a son extrémité, dirigée horizontalement vers le bout du museau, et attachée à la tète proprement dite par une base assez large. C'est sur cette mème base que l'on voit de chaque côté deux orifices de narines, dont l’antérieur est le plus grand. Les yeux sont assez gros. Le museau proprement dit est un peu pointu ; l'ou- verture de la bouche étroite ; la lèvre supérieure foi- blement extensible; la mâchoire d'en-haut un peu plus courte que celle d'en-bas , ét garnie, comme cette dernière, de dents très-petites, aiguës, et peu serrées les unes contre les autres. Des lames osseuses composent les opercules, au- dessous desquels des arcs dentelés dans leur partie con- cave soutiennent de chaque côté les quatre branchies *. Le corps et la queue sont très-comprimés, carenés en haut, ainsi qu'en bas, et recouverts d'une peau * 4 rayons à la membrane des branchies. 6 aiguillons et 30 rayons articulés à la nageoiïre du dos, 17 rayons à chaque nageoire pectorale. 1 aiguillon et 3 rayons articulés à chacune des thoracines. 2 aiguillons et 30 rayons articulés à la nageoïire de l’anus, 20 rayons à la nageoire de la queue. 106 HI ST O REX UN AXTUR ELLE rude, que l'on peut comparer à celle de plusieurs car- tilagineux, et notamment de la plupart des squales. La couleur que présente la surface presque entière de l'animal, est d'un gris brun ; mais la nageoire du dos, ainsi que celle de l'anus, sont agréablement variées par des raies courbes, jaunes ou dorées. Cette même nageoire dorsale s'étend depuis la nuque jusqu'à une assez petite distance de la nageoire cau- dale. La ligne latérale est voisine du dos, dont elle suit la courbure ; l'anus est situé très-près de la base des thoracines, et par conséquent plus éloigné de la nageoire caudale que de la gorge. La nagcoire de l'anus est un peu plus basse et presque aussi longue que celle du dos. La caudale est échancrée en forme de croissant, et les deux cornes qui la terminent sont composées de rayons si alongés, que lorsqu'ils se rapprochent, ils représentent presque un cercle parfait, au lieu de ne: montrer qu'un demi-cercle. De plus, on voit auprès de la base de cette nageoire, et de chaque côté de la queue, deux plaques osseuses, que Commerson nomme de petits boucliers, dont cha- cune est grande, dit ce voyageur, comme l'ongle du petit doigt de l'homme, et composée d’une lame un peu relevée en carène et échancrée par-devant. On doit appercevoir d'autant plus aisément ces deux pièces qui forment un caractère remarquable, que la. * D'ERIS PUOML- SESMOPMNESS JC+} longueur totale de lanimal n'excède pas quelquefois trente-cinq centimètres. Alors le plus grand diamètre vertical du corps proprement dit, celui que lon peut mesurer au-dessus de l'anus, est de dix ou onze cen- timètres ; la plus grande épaisseur du poisson est de quatre centimètres; et la partie de la corne frontale et horizontale, qui est entièrement dégagée du front, a un centimètre de longueur. Commerson a vu le licornet auprès des rivages de l'isle de France; et si les dimensions que nous venons d'indiquer d'après le manuscrit de ce naturaliste, sont celles que ce nasoïr présente ke plus souvent dans les parages que ce voyageur a fréquentés, il faut que cette espèce soit bien plus favorisée pour son dévelop- pement dans la mer Rouge ou mer d'Arabie. En effet, Forskael, qui l'a décrite, et qui a cru devoir la placer parmi celles de la famille des chétodons, au milieu desquels elle a été laissée par le savant Gmelin et par le citoyen Bonnaterre, dit qu'elle parvient à la longueur de cent dix-huit centimètres (une aune ou environ). Les licornets vont par troupes nombreuses dans cette même mer d'Arabie; on en voit depuis deux cents jusqu'a quatre cents ensemble; et l'on doit en être d'autant moins surpris, que l'on assure quils pe se nourrissent que des plantes qu'ils peuvent rencon- trer sous les eaux. Quoiqu'ils n'aient le besoin ni l’ha- bitude d'attaquer une proie, ils usent avec courage des avantages que leur donnent leur grandeur et la: 110 HIS TO DRE" NAT U R\YP ITALIE. conformation de leur tête ; ils se défendent avec suc- cès contre des ennemis dangereux; des pêcheurs arabes ont mème dit avoir vu une troupe de ces thoracins entourer avec audace un aigle qui s’étoit précipité sur ces poissons comme sur des animaux faciles à vaincre, opposer le nombre à la force, assaillir l'oiseau carnas- sier avec une sorte de concert, et le combattre avec assez de constance pour lui donner la mort. LE 'NIAUSTOPN':2E OPEN CETTE espèce de nason, observée, décrite et dessi- née, comime la première, par Commerson, qui l'a vue dans les mêmes contrées, ressemble au licornet par la compression de son corps et de sa queue, et par la nature de sa peau rude et chagrinée ainsi que celle des squales. Sa couleur générale est d'un gris plus ou moins mèlé de brun, et par conséquent très-voisine de celle du licornet; mais on distingue sur la partie supérieure de l'animal, sur sa nageoire dorsale et sur la nageoire de la queue, un grand nombre de taches petites, len- ticulaires et noires. Celles de ces taches que l'on remarque auprès des nageoires pectorales, sont un peu plus larges que les autres; et entre ces mêmes nageoires et les orifices des branchies, on voit une place noirâtre et très-rude au toucher. La tête est plus grosse, à proportion du reste du corps, que celle du licornet. La protubérance nasale ne se détache pas du museau autant que la corne de ce dernier nason : elle s'étend vers le haut ainsi que vers les côtés ; elle représente une loupe ou véritable % Naso tuberosus. Licorne à loupe. Commerson, manuscrits déja cités. Naseus, naso ad rostrum connato , tuberiformi. /d, ibid. 1 I H'L:S UT. OLI0R EE INRA TURF ALAL UE bosse. Un sillon particulier, dont la couleur est très- obscure, qui part de l'angle antérieur de l'œil, et qui règne jusqu'à l'extrémité du museau, circonserit cette grosse tubérosité; et c’est au-dessus de l'origine de ce sillon, et par conséquent très-près de l'œil, que sont situés, de chaque côté, deux orifices de narines, dont lantérieur est le plus sensible. Les yeux sont grands et assez rapprochés du sommet de la tète; les lèvres sont coriaces ; la mâchoire supé- rieure est plus avancée que l'inférieure, la déborde, lembrasse, n'est point du tout extensible, et montre, comme la mâchoire d’en-bas, un contour arrondi, et un seul rang de dents ircisives. Le palais et le gosier présentent des plaques héris- sées de petites dents. Chaque opercule est composé de deux lames. Les arcs des branchies sont tuberculeux et dentelés dans leur concavité. Les aisuillons de la nageoire du dos et des thora- cines sont très - rudes * ; le premier aiguillon de la nageoire dorsale est d’ailleurs très-large à sa base ; la nageoire caudale est en forme de croissant, mais peu échancrée. On n’apperçoit pas de ligne latérale; * 4 rayons à la membrane des branchies. 5 rayons aiguillonnés et 30 rayons articulés à la nageoire du dos. 17 rayons à chacune des pectorales. 2 aiguillons et 28 rayons articulés à la nageoire de l’anus. z6 rayons à la nageoire de la queue. D'ESSLI OI S'STVOLN-S A mais on trouve, de chaque côté de la queue, deux plaques ou boucliers analogues à ceux du iicornet. Le nason loupe devient plus grand que le licornet; il parvient jusqu'à la longueur de cinquante centi- mètres. nu © TOME. IIT. SOIXANTE-DIXIÈME GENRE. LES KYPHOSES. Le dos trés-élevé au-dessus d'une ligne tirée depuis le bout du museau jusqu'au milieu de la nageoire cau- dale; une bosse sur la nuque; des écailles semblables. a celles du dos, sur la totalité ou une grande partie des opercules qui ne sont pas dentelés. ESPÈCE. CARACTÈRES: LE KYPHOSE DOUBLE-BOSSE.] Une bosse sur la nuque ; une bosse entre les. (Æyphosus bigibbus.) yeux; la nageoire de la queue fourchue.. « à RL à, # Û Tome 3. 218. Fage 1775. EL Morg Reno feuÿr z KÀYPHOSE Double Bosse. 2. OSPHRONEME Corarmy 3. TRICHOPODE Mentonnier . LE KYPHOSE DOUBLE-BOSSE. Coumerson nous a transmis la figure de cet animal. La bosse que ce poisson a sur la nuque, est grosse, arrondie, et placée sur une partie du corps tellement élevée, que si on tire une ligne droite du museau au milieu de la nageoire caudale , la hauteur du sommet de la bosse au - dessus de cette ligne horizontale est au moins égale au quart de la longueur totale de ce thoracin. La seconde bosse, qui nous a suggéré son nom spécifique, est conformée à peu près comme la première, mais moins grande, et située entre les yeux. La ligne latérale suit la courbure du dos, dont elle est très-voisine. Les .nageoires pectorales sont alongées et terminées en pointe. La longueur de la nageoire de l'anus n'égale que la moitié, ou environ, de celle de la nageoire dorsale. La nageoire de la queue est très-fourchue. Des écailles semblables à celles du dos recouvrent au moins une grande partie des oper- cules *. : Kyphosus bigibbus. Nota Le nom générique Kyphose, KYPHOSUS, que nous avons donné à ce poisson, vient du mot £yphos , qui en grec signifie bosse, aussi-bien que Ækyrios, expression dont Bloch a fait dériver le nom d’un genre de jugu- laires, ainsi que nous l’avons vu. : : 13 aiguillons et 12 rayons articulés À la nageoïre dorsale. 13 ou 14 rayons à chacune des pectorales. 5 ou 6 rayons à chacune des thoracines, 14 ou 15 à celle de l’anus. TOME lil. 1 Ur LE SOIXANTE-ONZIÈME GENRE. LES OSPHRONÈMES. Cing ou six rayons à chaque nageoire thoracine ; le premier de ces rayons aiguillonné, et le second terminé par un filament très-lons. ESPÈCES. CARACTÈRES, La partie postérieure du dos tres-élevée ; la ligne latérale droite; la nageoire de la queue, arrondie. 1. L’OSPHRONÈME GORAMY. - (Osphronemus goramy.) ; LE La levre inférieure plissée de chaque côté; 2. L'OSPHRONÈME GAL. (Osphronemus gallus.) les nageoires du dos et de l’anus très= basses ; celle de la queue, fourchue, L'OSPHRONÈME GORAMY: Nous conservons à ce poisson le nom générique qui lui a été donné par Commerson, dans les manuscrits duquel nous avons trouvé la description et la figure de ce thoracin. Cet osphronème est remarquable par sa forme, par sa grandeur, et par la bonté de sa chair. Il peut par- venir jusqu’à la longueur de deux mètres; et comme sa hauteur est très-grande à proportion de ses autres dimensions, il fournit un aliment aussi copieux qu'a- gréable. Commerson l'a observé dans l'Isle de France, en février 1770, par les soins de Seré, commandant des troupes nationales. Ce poisson y avoit été apporté de la Chine, où il est indigène, et de Batavia, où on le trouve aussi, selon l'estimable citoyen Cossigny *. On l’avoit d’abord élevé dans des viviers; et il s’étoit * Osphronemus goramy. Osphrogemus olfax. Commerson, manuscrits déja cités, Poisson gouramie , ou gouramy. ( I] faut observer que ce nom de poisson gouramie, Où gouramy, Où goramy, à Été aussi donné, dans le grand Océan, au trichopode mentonnier.) ? Devectus è Sina, educatus primüm in piscinis, etc. Manuscrits de Commerson. « Le poisson n’est pas extrémement commun dans le Bengale, Il ÿ à » beaucoup d’étangs dans le pays; on pourroit en former des viviers: Il » seroit à propos d’y transplanter le goramy, cet excellent poisson que 110 HISTOIRE NATURELLE ensuite répandu dans les rivières, où il s'étoit multi- plié avec une grande facilité, et où il avoit assez conservé toutes ses qualités, pour être, dit Commer- son, le plus recherché”des poissons d’eau douce. Il seroit bien à desirer que quelque ami des sciences na- turelles, jaloux de favoriser l'accroissement des objets véritablement utiles, se donnât le peu de soins néces- saires pour le faire arriver en vie en France, l'y accli- mater dans nos rivières, et procurer ainsi à notre patrie une nourriture peu chère, exquise, salubre, et très-abondante. Voyons quelle est la conformation de cet osphro- ème goramy *. . 2 Le corps est très-comprimé et très-haut. Le dessous du ventre et de la queue et la partie postérieure du dos présentent une carène aigue. Cette même extrémité postérieure du dos montre une sorte d'échancrure, qui diminue beaucoup la hauteur de l'animal, à une petite distance de la nageoire caudale ; et lorsqu'on n’a sous les yeux qu'un des côtés de cet osphronème, >» nous avons transporté de Batavia à l’Isle de France, et qui sy est » naturalisé ». Voyage au LBengad:, etc. par le citoyen Charpentier Cos- signy , fome JT, page 181. * 6 rayons à la membrane des branchies. 13 aiguillons et 12 rayons articulés à la nageoire du dos. 14 rayons à chacune des pectorales. 1 aiguillon et 5 rayons articulés à chacune des thoracines, 10 aiguillons et 20 raisons articulés à la nagcoire de l'anus. 16 rayons à celle de la queue. DrFLS PAOMTESUS AOINIES: 119 on voit facilement que sa partie inférieure est plus arrondie, et s'étend au-dessous du diamètre longitu- dinal qui va du bout du museau à la fin de la queue, beaucoup plus que sa partie supérieure ne s'élève au- dessus de ce même diamètre. De larges écailles couvrent le corps, la queue, les opercules et la tête; et d'autres écailles plus petites revêtent une portion assez considérable des nagcoires du dos et de l'anus. Le dessus de la tête, incliné vers le museau, offre d'ailleurs deux légers enfoncemens. ‘La mâchoire supérieure est extensible ; l'inférieure plus avancée que celle d'en-haut : toutes les deux sont gar- nies d'une double rangée de dents; le rang extérieur est composé de dents courtes et un peu recourbées en. dedans; l'intérieur n'est formé que de dents plus petites et plus serrées. On apperçoit une callosité au palais ; la langue est blanchätre, retirée, pour ainsi dire, dans le fond de la gueule, auquel elle est attachée; les orifices des narines sont doubles ; chaque opercule est formé de deux lames, dont la première est excavée vers le bas par deux ou trois petites fossettes , et dont la seconde s'avance en pointe vers les nageoires pectorales , et de: plus est bordée d'une membrane, On apperçoit dans l'intérieur de la bouche, et au- dessus des branchies , une sorte d'os ethmoïde, laby- rinthiforme, pour employer l'expression de Commerson, et placé dans une cavité particulière. L'usage de cet. os, 120 HISTOIRE NATURELLE a paru au voyageur que nous venons de citer, très- digne d'être recherché, et nous nous en occuperons de nouveau dans notre Discours sur les parties solides des poissons. La nageoire du dos commence loin de la nuque, et s'élève ensuite à mesure qu'elle s'approche de la cau- dale, auprès de laquelle elle est très-arrondie. Chaque nageoire thoracine renferme six rayons. Le premier est un aiguillon très-fort; le second se termine par un filament qui s'étend jusqu'à l'extrémité de la nageoire de la queue, ce qui donne à l’osphronème un rapport très-marqué avec les trichopodes : mais dans ces derniers ce filament est la continuation d’un rayon unique , au lieu que, dans l'osphronème, chaque thoracine présente au moins cinq rayons. L’anus est deux fois plus près de la gorge que de l'extrémité de la queue: la nageoire qui le suit a une forme très-analogue à celle de la dorsale ; mais, ce qui est particulièrement à remarquer, elle est beaucoup plus étendue. On ne compte au-dessus ni au-dessous de la cau- dale, qui est arrondie, aucun de ces rayons articulés, très-courts et inégaux, qu'on a nommés aux rayons, ou rayons bätards, et qui accompagnent la nageoire de la queue d’un si grand nombre de poissons. Enfin la ligne latérale, plus voisine du dos que du yentre, n'offre pas de courbure très-sensible. Au reste, le goramy est brun avec des teintes DE TS PROS US TO NAS. IOT rougeâtres plus claires sur les nageoires que sur le dos; et les écailles de ses côtés et de sa partie infé- rieure, qui sont argentées et bordées de brun, font paroître ces mêmes portions comme couvertes de mailles. TOME III. 16 ni L’.0 8 PH RON ENLE).G AE * ForskAEL a vu sur les côtes d'Arabie cet osphro- nème, qu'il a inscrit parmi les scares , et que le pro- fesseur Gmelin a ensuite transporté parmi les labres, mais dont la véritable place nous paroïit être à côté du goramy. Ce poisson est regardé comme très-veni- meux par les habitans des rivages qu'il fréquente ; et dès-lors on peut présumer qu'il se nourrit de mol- lusques, de vers, et d’autres animaux marins, impré- gnés de sucs malfaisans ou même délétères pour l’homme. Mais s’il est dangereux de manger de la chair du gal, il doit être très-agréable de voir cet osphro- nème : il offre des nuances gracieuses, variées et bril- lantes; et ces humeurs funestes, dérobées aux regards par des écailles qui resplendissent des couleurs qui émaillent nos parterres, offrent une nouvelle image du poison que la Nature a si souvent placé sous des fleurs. Le gal est d’un verd foncé; et chacune de ses écailles étant marquée d'une petite ligne transversale violette * Osphronemus gallus. Scarus gallus. Furskael, Faun. Arab. p. 26, n. 11. Labrus gallus. Linné, édition de Gmeln, HIS TOMMRUE ÉNAA T UIR EL LE, 199 ou pourpre, l'osphronème paroît rayé de pourpre ou de violet sur presque toute sa surface. Deux bandes bleues règnent de plus sur son abdomen. Les nageoires du dos et de l’anus sont violettes à leur base, et bleues dans leur bord extérieur; les pectorales bleues et vio- lettes dans leur centre; les thoracines bleues ; la cau- dale est jaune et aurore dans le milieu, violette sur les côtés, bleue dans sa circonférence ; et l'iris est rouge autour de la prunelle, et verd dans le reste de son disque. Le rouge, l'orangé, le jaune , le verd, le bleu, le pourpre et le violet, c'est-à-dire, les sept couleurs que donne le prisme solaire, et que nous voyons briller dans l’arc-en-ciel, sont donc distribuées sur le ga}, qui les montre d’ailleurs disposées avec goût, et fondues les unes dans les autres par des nuances très- douces *. Ajoutons, pour achever de donner une idée de cet osphronème, que sa lèvre inférieure est plissée de chaque côté; que ses dents ne forment qu'une rangée; que celles de devant sont plus grandes que celies qui FS rayons à la membrane des branchies. 1 5 8 aiguillons et 14 rayons articulés à la nagcoire du dos. 4 rayons à chacune des pectorales. I aiouillon et 5 rayons articulés à chacune des thoracines, El J € 3 aiguillons et 12 rayons articulés à celle de l'anus. 15 rayons à celle de la queue. 124 H' IESNINOMARÉE NATURELLE. les suivent, et un peu écartées l’une de l’autre; que la ligne latérale se courbe vers le bas, auprès de Ha fin de la nageoire dorsale; et que les écailles sont striées, foiblement attachées à l'animal, et membra- neuses dans une grande partie de leur contour. SOIXANTE-DOUZIÈME GENRE. LES TRICHOPODES. Un seul rayon beaucoup plus long que le corps, à chacune des nageoires thoracines; une seule nageoire dorsale. ESPÈCES, CARACTÈRES. La bouche dans la partie supérieure de Ja £. LE TRICHOPODE MENTONNIER. (Trichopodus mentum.) tête; la mâchoire inférieure avancée de manière à représenter une sorte de men- ton. a. LE TRICHOPODE La tête couverte de petites écailles ; Îles TRICHOPTÈRE. rayons des nageoires pectorales prolongés (Trichopodus trichopterus.) en très-longs filamens, LE TRICHOPODE MENTONNIER . C'EesT encore le savant Commerson qui a observé ce. poisson, dont nous avons trouvé un dessin fait avec beaucoup de soin et d’exactitude dans ses précieux manuscrits. La tète de cet animal est extrêmement remarquable; elle est le produit bien plutôt singulier que bizarre d’une de ces combinaisons de formes plus rares qu'ex- traordinaires, que l’on est surpris de rencontrer, mais que l’on devroit être bien plus étonné de ne pas avoir fréquemment sous les yeux, et qui n'étant que de nouvelles preuves de ce grand principe que nous ne cessons de chercher à établir, fout ce qui peut être, existe, méritent néanmoins notre examen le plus attentif et nos réflexions les plus profondes. Elle présente d'une manière frappante les principaux caractères de la plus noble des espèces, les traits les plus recon- noissables de la face auguste du suprême dominateur des êtres; elle rappelle le chef-d'œuvre de la création ; elle montre en quelque sorte un exemplaire de Îa figure humaine. La conformation de la mächoire in- férieure, qui s'avance, s'arrondit,-se relève et se recourbe, pour représenter une sorte de menton; le * Trichopodus mentum. Gouramy, o4 pouramie. H 1,S TO: R x N À T UR ELLE 127 léger enfoncement qui suit cette saillie; la position de la bouche, et ses dimensions; la forme des lèvres ; la place des yeux, et leur diamètre ; des opercules à deux lames , que l’on est tenté de comparer à des joues ; la convexité du front ; l'absence de toute écaille propre- ment dite de dessus l’ensemble de la face, qui, revètue uniquement de grandes lames, paroît comme couverte d'une peau; toutes les parties de la tète du menton- nier se réunissent pour produire cette image du visage de l'homme, aux yeux de ceux sur-tout qui regardent ce trichopode de profil. Mais cette image n’est pas complète. Les principaux linéamens sont tracés : mais leur ensemble n’a pas reçu de la justesse des propor- tions une véritable ressemblance ; ils ne produisent qu'une copie grotesque, qu'un portrait chargé de détails exagérés. Ce n'est donc pas une tête humaine que l'imagination place au bout du corps du poisson mentonnier ; elle ÿ suppose plutôt une tête de singe ou de paresseux; et ce n'est même qu'un instant qu'elle peut être séduite par un commencement d’illusion. Le défaut de jeu dans cette tête qui la frappe, l'absence de toute physionomie, la privation de toute expression sensible d’un mouvement intérieur, font bientôt dispa- roître toute idée d'être privilégié , et ne laissent voir qu'un animal dont quelques portions de la face ont dans leurs dimensions les rapports peu communs que nous venons d'indiquer. C'est le plus saillant de ces rapports que jai cru devoir désigner par le nom 126 HISTOIRE NATURELLE, spécifique de 17entonnier, de même que j'ai fait allusion par le mot zrichopode (pieds en forme de filamens) au caractère de la famille particulière dans laquelle j'ai pensé quil falloit l’inscrire. Chacune des nageoires thoracines des poissons de cette famille, et par conséquent du mentonnier, n’est composée en effet que d'un rayon ou filament très- délié. Mais cette prolongation très-molle, au lieu d’être très-courte et à peine visible, comme dans les mono- dactyles, est si étendue , qu’elle surpasse ou du moins égale en longueur le corps et la queue réunis. Le mentonnier a d'ailleurs ce corps et cette queue très-comprimés, assez hauts vers le milieu de la lon- gueur totale de l'animal; la nageoire dorsale et celle de l'anus, basses, et presque égales l’une à l'autre; la caudale rectiligne ; et les pectorales courtes , larges et arrondies *. Se ————————————————— “2 * A la nageoire du dos 18 rayons, à chacune des thoracines x à Ja nageoire de l’anus 18 LE TRICHOPODE TRICHOPTÈRE *. Ce trichopode est distingué du précédent par plu- sieurs traits que l’on saisira avec facilité en lisant la description suivante. Il en diffère sur-tout par la forme de sa tête, qui ne présente pas cette sorte de masque que nous avons vu sur le mentonnier. Cette partie de l'animal est petite et couverte d’écailles semblables à celles du dos. L'ouverture de la bouche est étroite, et située vers la portion supérieure du museau pro- prement dit. Les lèvres sont extensibles. La nageoire du dos est courte, pointue, ne commence qu'à l'en- droit où le corps a le plus de hauteur , et se termine à une grande distance de la nageoiïre de la queue. Il est à remarquer que celle de l'anus est, au contraire, très-longue ; qu’elle renferme, à très-peu près, quatre fois plus de rayons que Ia dorsale ; qu'elle touche pres- que la caudale; qu’elle s'étend beaucoup vers la tête, et que, par une suite de cette disposition, l'orifice de l'anus, qui la précède, est très-près de la base des tho- racines. * Trichopodus trichopterus. Labrus trichopterus. Linné, édition de Gmelin. Pallas, Spicil. zoolog. 8, p. 45. Sparus, etc. Xoelreuter, Nov. Comm. Petrop. IX, p.452, n1, 7, tab. 1e. Labre crin. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. TOME Ill. 17 130% HISTOILRE NAÀTURETLE. Ces dernières nageoires ne consistent chacune que dans un rayon ou filament plus long que le corps et la queue considérés ensemble *; et de plus, chaque pectorale, qui est très-étroite, se termine par un autre filament très-alongé, ce qui a fait donner au poisson dont nous parlons le nom de srichoptére, ou d’'aile à Jilament. Nous lui avons conservé ce nom spécifique ; mais au lieu de le laisser dans le genre des labres ou des spares , nous avons cru, d’après les principes qui nous dirigent dans nos distributions méthodiques, devoir le comprendre dans une petite famille parti- culière, et le placer dans le même genre que le men- tonnier. Le trichoptère est ondé de diverses nuances de brun. On voit de chaque côté sur le corps et sur la queue, une tache ronde, noire, et bordée d'une couleur plus claire. Des taches brunes sont répandues sur la tête dont la teinte est, pour ainsi dire, livide ; et la nageoire de la queue, ainsi que celle de l'anus, sont pointillées de blanc. Ce trichopode ne parvient guère qu'à un décimètre de longueur. On le trouve dans la mer qui baigne les grandes Indes. C3 4 aiguillons et 7 rayons articulés à la nageoire du dos, 9 rayons à chacune des pectorales. x rayon à chacune des thoracines. 4 rayons et 38 rayons articulés à la nageoire de l’anus. «6 rayons à celle de la queue, qui est fourchue.. SOIXANTE-TREIZIÈME GENRE. LES MONODACTYLES. Un seul rayon trés-court et à peine visible à chaque nagcoire thoracine ; une seule nageoire dorsale. ESPÈCE. CARACTERES. à veoir 6 ] , c a neveo ] E MONOD. FALCIFORME. L geoire du dos, et celle ue l'anus, en (Monodactylus falciformis.) forme de faux; celle de la queue en crois- sant. Een LE MONODACTYLE FALCIFORME*. Nous donnons ce nom à une espèce de poisson dont nous avons trouvé la description et la figure dans les manuscrits de Commerson. Nous l'avons placé dans un genre particulier que nous avons appelé #0onodactyle, c'est-à-dire, 4 un seul doigt, parce que chacune de ses nageoires thoracines, qui représentent en quelque sorte ses pieds, n'a qu'un rayon très-court et aiguil- lonné, ou, pour parler le langage de plusieurs natu- ralistes, n'a qu'un doigt très-petit. Le nom spécifique par lequel nous avons cru devoir d’ailleurs distinguer cet animal, nous a été indiqué par la forme de ses nageoires du dos et de l'anus, dont la figure ressemble un peu à celle d'une faux. Ces deux nageoires sont de plus assez égales en étendue, et touchent presque la nageoire de la queue, qui est en croissant. L'anus est presque au-dessous des nageoires pectorales , qui sont pointues. La ligne latérale suit la courbure du dos, dont elle est peu éloignée. L'opercule des branchies est composé de deux lames, dont la postérieure paroît irrégulièrement festonnée. Les yeux sont gros. L’ou- verture de la bouche est petite : la mâchoire supérieure * Monodactylus falciformis. Psettus spinis pinnarum ventralium loco duabus, Commerson, manus- crits déja cités, HIS T'OILR FE CN À TU R FI. 199 présente une forme demi-circulaire, et des dents courtes, aiguës et serrées; elle est d’ailleurs exten- sible et embrasse l'inférieure. La langue est large, arrondie à son extrémité, amincie dans ses bords, rude sur presque toute sa surface. On voit, de chaque côté du museau, deux orifices de narines, dont l’anté- rieur est le plus petit et quelquefois le plus élevé. La concavité des arcs osseux qui soutiennent les bran- chies , présente des protubérances semblables à des dents; et plus sensibles dans les trois antérieurs. Le corps et la queue sont très-comprimés, couverts d'écailles petites, arrondies et lisses, que l’on retrouve avec des dimensions plus petites encore sur une par- tie des nageoires du dos et de l'anus, et resplendis- sans d’une couleur d'argent , mêlée sur le dos avec des teintes brunes. Ces mêmes nuances obscures se montrent aussi sur la portion antérieure de la nagcoire de l'anus et de celle du dos, ainsi que sur les pecto- rales, qui néanmoins offrent souvent une couleur incar- nate. Le monodactyle falciforme ne parvient ordinai- rement qu'à une longueur de vingt-six centimètres *. ——————————————————————————————_—_—_—_—_—_—_——_————pZ2 ne * 7 rayons à la membrane des branchies, 33 rayons à la nageoire du dos. 17 rayons à chacune des pectorales. 1 rayon aiguillonné à chacune des thoracines, 3 aiguillons et 30 rayons à celle de l'anus. SOIXANTE-QUATORZIÈME GENRE. LES PLECTORHINQUES. Une seule nageoire dorsale; point d'aiguillons isolés au- devant de la nageoire du dos, de carène latérale, ni de petite nageoire au-devant de celle de l'anus; les levres plissées et contournées; une ou plusieurs lames de l'oper- cule branchial, dentelées. ESPÈCE. C'A RAC TEARIES, Treize aiguillons à la nageoire du dos; de LE PLECT. CHÉTODONOIDE. grandes taches irrégulières chargées de (Plectorhin. ren taches beaucoup plus foncées, inégales, et presque rondes. LE: PLECTORE/ CHÉTODONOIDE © Le mot plectorhinque désigne les plis extraordinaires que présente le museau de ce poisson, et qui forment, avec la dentelure de ses opercules, un de ses principaux caractères génériques. Nous avons employé de plus, pour cet osseux, le nom spécifique de chétodonoïde, parce que l’ensemble de sa conformation lui donne de très-grands rapports avec les chétodons, dont l'histoire ne sera pas très-éloignée de la description du plecto- rhinque. Ce dernier animal leur ressemble d’ailleurs par la beauté de sa parure. Sur un fond d’une cou- leur très-foncée, paroissent, en effet, de chaque côté, sept ou huit taches très-étendues, inégales, irrégu- lières, mais d’une nuance claire et très-éclatante, variées par leur contour, agréables par leur disposi- tion, relevées par des taches plus petites, foncées, et presque toutes arrondies, qu'elles renferment en nombre plus ou moins grand. On peut voir aisément, par le moyen du dessin que nous avons fait graver, le bel effet qui résulte de leur figure, de leur ton, de leur distribution, d'autant plus qu’on apperçoit des taches qui ont beaucoup d'analogie avec ces pre- mières, à l'extrémité de toutes les nageoires, et sur- de PRET A APS A MT * Plectorhinchus enætodonoïdes. 126 LL SET IO ISR > 142 HI ST TAO TRIE NAT TOUR EME. nageoires. Ajoutons que cette remarque relative à l'absence de nageoires inférieures et au déplacement qui en seroit le seul résultat, s'applique au genre des bostrychoïdes dont nous allons parler. Le bôstryche chinois est d'une couleur brune. On voit de chaque côté de la queue, et auprès de la nageoire qui termine cette partie, une belle tache bleue, entourée d'un cercle jaune vers le corps et rouge vers la nageoire. L'animal ne paroît revêtu d'aucune écaille facile à voir. Sa tète est grosse; l’ou- verture de sa bouche arrondie; l’opercule branchial d’une seule pièce ; la première nageoire dorsale très- courte relativement à la seconde; celle de l'anus, semblable et presque égale à la première dorsale , se montre au-dessous de la seconde nageoiïire du dos; celle de la queue est lancéolée. Les mouvemens et les habitudes du bostryche chinois doivent ressembler beaucoup à ceux des murènes. LEMBOS PRNCEPEL TA CEREME Ce bostryche diffère du chinois par quelques unes de ses proportions > par plusieurs de ces traits vagues de conformation que l'œil saisit et que la parole rend difficilement , et par les nuances ainsi que la disposi- tion de ses couleurs. Il est, en effet, parsemé de très- petites taches vertes. + Bostrychus maculatus. SOIXANTE-DIX-SEPTIÈME GENRE. LES BOSTRYCHOÏDES. Le corps alongé et serpentiforme; une seule nageoire dorsale; celle de la queue séparée de celle du dos; deux barbillons à la mächoire supérieure; les yeux assez grands et sans Toile. ESPÈCE. CARACTÈRES: La nageoire de l’anus basse et longue; celle LE ROSTRYCHOÏDE ŒILLÉ. du dos, basse et tres-longue ; une tache (Bostrychoides oculatus.) verte entourée d’un cercle rouge, de chaque côté de l'extrémité de la queue. LE BOSTRMCHOIDE ŒIBELÉ"* Cr poisson est figuré dans les dessins chinois arrivés par la Hollande au Muséum d'histoire naturelle de France. Sa tète, son corps et sa queue sont couverts de petites écailles; sa tète est moins grosse que la partie antérieure du corps. Les nageoires pectorales sont petites et arrondies ; celle de la queue est lan- céolée. La couleur de l'animal est brune, avec des bandes transversales plus foncées, et un très-grand nombre de petites taches vertes. Une tache verte plus grande, placée dans un cercle rouge, et semblable à une prunelle entourée de son iris, paroît de chaque côté de l'extrémité de la queue. La conformation générale de ce poisson doit faire présumer que sa manière de vivre, ainsi que celle des bostryches, a beaucoup de rapports avec les habitudes des murènes. * Bostrychoïdes oculatus. TOME IT. 19 SOIXANTE-DIX-HUITIÈME GENRE. LES TÉCHENELS Une plaque trés-orande, ovale, composée de lames trans- versales, et placée sur la 1éle, qui est déprimée. ESPÈCES. CARACTÈRES. 1. L'ÉCHÉNÉIS RÉMORA. pe de vingt et plus de seize paires de Echeneis remora. lames, à la plaque de la tête. > plaq 2. L'’ÉCHÉNÉIS NAUCRATE. te de vingt-deux paires de lames à la. (Echeneis naucrates.) plaque de la tête. 3. L’'ÉCHÉNÉIS RAYÉ. tie de douze paires de lames à la plaque (Echeneis lineatu.) de la tête. Tome 3 Æ LU 0. Jage 247. Eu = = : D du il 2 V4 ’ ’ ". y. y ECUHENEIS Remora. 2. WC HENEIS .Naucrate . 3. LABRE Large-Queue L'ÉCHÉNÉIS RÉMORA* L'risToirE de ce poisson présente un phénomène relatif à l'espèce humaine, et que la philosophie ne dédaignera pas. * Echeneis remora. Rémore. Sucet. Arrête-nef. Pilote. Remeligo. Sucking fish, en Angleterre. Sugger, dans plusieurs endroits de la Belgique et de la Hollande. Piexe pogador , er Portugal. Piexe pioltho, bia. Echeneis remora. Zinné, édition de Gmelin. Échène rémore. Daubeuton, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Echeneis remora. Commerson, manuscrits déja cités. Id. Forskael, Faun. Arabic. p. 19. Bloch, pl. 172. Artedi, gen. 15, syn, 28. Sucet ou rémore. Duhamel, Traité des péches, seconde partie, quatrième section, chap. 4, art. 6,p.b6, pl. 4, fig. 5. Rémore ou rémora. Valmont-Bomure, Dictionnaire d'histoire naturelle. "Eyerme. Arist. lib. 2, cap. 14. Id. Ælian. lib. 2, cap. 17, p. 95. Id. Oppian. Hal. lib. x, p. 9. Echeneis. Plin. lib. 9, cap. 25 ; et Lib. 32, cap. x. Id. otton, lib. 8, cap. 166 , fol. 149, a. Echineis. Cuba, lib. 3, cap. 24. 140 HISTOIRE NATURELDE Depuis le temps d'Aristote jusqu'a nos jours, cet animal a été l'objet d'une attention constante; on la examiné dans ses formes, observé dans ses habitudes, considéré dans ses effets : on ne s’est pas contenté de Jui attribuer des propriétés merveilleuses, des facultés absurdes, des forces ridicules ; on l'a regardé comme un exemple frappant des qualités occultes départies par la Nature à ses diverses productions; il a paru une preuve convaincante de l'existence de ces qualités secrètes dans leur origine et inconnues dans leur essence. Il a figuré avec honneur dans les tableaux des poètes, dans les comparaisons des orateurs, dans Achandes. 74. lib. 3, cap.x, fol. 71, a. Echeneis. Gesner, Aquat. p. 440. Remora. A/drovand. lib. 3, cap. 22, p. 336. Id. Ray. p. 71. Id. Rondelet, Hist. des poissons, part. 1, lib. 15, chap. 17. Echeneisremora. Appendix du Voyage à la Nouvelle-Galles méridionale; par Jean While, premier chirurgien de l’expédition commandée par Le capitaine Philipp, p. 296, pl. 64, fig. 3. Tillughby, Ichthyol. append. p. 5, tab. 0, fig. 2. Echeneis, Amæœnit, academic. 1, p. 603. Gronov. Mus.1,p.12,7. 383; et Zooph.p. 75, n. 256, Echeneis cærulescens , ore retuso. K/ein, Miss, pise. 4, p. 51,7. 7. Remora corpore tereti. Petiver, Gazoph. l. 44, tab. 12. Adam Olearii, Gottorfische kunsthkammer, p. 42, tab..25. Bellon, Aquat. p.440. Sloan. Jamaic. 1, p. 8.. ’atesb. Carolin, 2, tab. 26. Du Tertre, Antill, 2, p. 209, 222: Remora. Edwards, tab. 210, fig. infer: DES POSE. St S'ONN S: 149 les récits des voyageurs, dans les descriptions des naturalistes; et cependant à peine, dans le moment où nous écrivons, l'image de ses traits, de ses mœurs, de ses effets, a-t-elle été tracée avec quelque fidélité. Écoutons, par exemple, au sujet de ce rémora, l’un des plus beaux génies de l'antiquité. « L'échénéis, dit Pline, est un petit poisson accoutumé à vivre au milieu des rochers : on croit que lorsqu'il s'attache à la carène des vaisseaux, il en retarde la marche; et de là vient le nom qu'il porte, et qui est formé de deux mots grecs, dont l’un signifie Je retiens, et l'autre navire. I sert à composer des poisons capables d'amortir et d’éteindre les feux de l'amour. Doué d'une puissance bien plus étonnante, agissant par une faculté morale, il arrête l'action de la justice et la marche des tribunaux : compensant cependant ces qualités funestes par des propriétés utiles, il délivre les: femmes enceintes des accidens qui pourroient trop hâter la naissance de leurs enfans ; et lorsqu'on le conserve dans du sel, son approche seule suffit pour retirer du fond des puits les plus profonds l'or qui peut y être tombé * », Mais le naturaliste romain ajoute, avant la fin de la célèbre histoire qu'il a écrite, une peinture bien plus étonnante des attributs du rémora; et voyons comment il s'exprime au commencement de son trente-deuxième livre. * Pline, Zi. 9, chap: 25. 150 HISTOIRE: N À TU REILLE « Nous voici parvenus au plus haut des forces de la Nature, au sommet de tous les exemples de son pouvoir. Une immense manifestation de sa puissance occulte se présente d'elle-même; ne cherchons rien au-delà, n'en espérons pas d'égale ni de semblable : ici la Nature se surmonte elle-même, et le déclare par des effets nombreux. Qu'y a-t-il de plus violent que la mer, les vents, les tourbillons et les tempêtes ? Quels plus grands auxiliaires le génie de l'homme s'est-il donnés que les voiles et les rames? Ajoutez la force inexprimable des flux alternatifs qui font un Heuve de tout l'Océan. Toutes ces puissances et toutes celles qui pourroient se réunir à leurs efforts , sont enchainées par un seul et très- petit poisson qu'on nomme échénéis. Que les vents se précipitent, que les tempêtes bouleversent les flots, il commande à leurs fureurs, il brise leurs efforts, il contraint de rester immobiles des vaisseaux que n'auroit pu retenir aucune chaine, aucune ancre précipitée dans la mer, et assez pesante pour ne pouvoir pas en être retirée. Il donne ainsi un frein à la violence, il dompte la rage des élémens, sans travail, sans peine , sans chercher à retenir, et seulement en adhérant: il lui suffit, pour surmonter tant d'impétuosité, de défendre aux navires d'avancer. Cependant les flottes armées pour la guerre se chargent de tours et de remparts qui s'élèvent pour que l'on combatte au milieu des mers comme du haut des murs. O vanité humaine! un poisson très -petit D ÆST PA O 1.5 SO NS 15f contient leurs éperons armés de fer et de bronze, et jes tient enchaînées! On rapporte que, lors de la bataille d'Actium , ce fut un échénéis qui, arrêtant le navire d'Antoine au moment où il alloit parcourir les rangs de ses vaisseaux et exhorter les siens, donna à la flotte de César la supériorité de la vitesse et l'avantage d’une attaque impétueuse. Plus récemment , le bâtiment monté par Caïus lors de son retour d'Andura à Antium, s'arrêta sous l'effort d'un échénéis : et alors le rémora fut un augure ; car à peine cet empereur fut-il rentré dans Rome, qu'il périt sous les traits de ses propres soldats. Au reste, son étonnement ne fut pas long, lorsqu'il vit que, de toute sa flotte, son quinquérème seul n’avançoit pas : ceux qui s'élancèrent du vaisseau pour en rechercher la cause, trouvèrent l'échénéis adhérent au gouvernail, et le montrèrent au prince indigné qu'un tel animal eût pu l'emporter sur quatre cents rameurs, et très-surpris que Ce poisson, qui dans la mer avoit pu retenir son navire, n'eût plus de puis- sance jeté dans le vaisseau. Nous avons déja rapporté plusieurs opinions, continue Pline, au sujet du pouvoir de cet échénéis que quelques Latins ont nommé emoru. Quant à nous, nous ne doutons pas que tous les genres des habitans de la mer n'aient une faculté semblable. L'exemple célèbre et consacré dans le temple de Gnide ne permet pas de refuser la même puissance à des conques marines”. Et de quelque manière que tous ces * Voyez, au sujet de ces coquilles, le chap. 25 du liv. a de Pline. 192 H ÉS TOI R E T'IN'AST URL IE effets aient lieu, ajoute plus bas l'éloquent naturaliste que nous citons, quel est celui qui, après cet exemple de la faculté de retenir-des navires, pourra douter du pouvoir qu'exerce la Nature par tant d'effets spontanées et de phénomènes extraordinaires? » Combien de fables et d'erreurs accumulées dans ces passages, qui d'ailleurs sont des chefs - d'œuvre de style! Accréditées par un des Romains dont on a le plus admiré la supériorité de l'esprit, la variété des connaissances et la beauté du talent, elles ont été presque universellement accueillies pendant un grand nombre de siècles. Mais lon n'attend pas de nous une mythologie; c'est l'histoire de la Nature que nous devons tâcher d'écrire. Cherchons donc uniquement à faire counoître les véritables formes et les habitudes du rémora. Nous allons réunir, pour ÿ parvenir, les observations que nous avons faites sur un grand nombre d'individus conservés dans des collections, avec celles dont des individus vivans avoient été l’objet, et que Commerson a consignées dans les manuscrits qui nous ont été confiés dans le temps par Buflon. La longueur totale de l'animal égale très-rarement trois décimètres. Sa couleur est brune et sans tache ; et Ce qu'il faut remarquer avec soin, la teinte’ en est la même sur la partie inférieure et sur la partie supé- rieure de l'animal. Ce fait est une nouvelle preuve de ce que nous avons dit au sujet des couleurs des poissons ; dans notre Discours sur la nature de ces DARISIME O IS SAONNAS: 159 animaux : en effet, nous allons voir, vers la fin de cet article, que, par une suite des habitudes du rémora, et de Ja manière dont cet échénéis s'attache aux rochers, aux vaisseaux ou aux grands poissons, son ventre doit être aussi souvent exposé que son dos aux rayons de la lumière. Les nageoires présentent quelques nuances de bleuâtre. L'iris est brun, et montre d’ailleurs un cercle doré. Une variété que l’on rencontre assez fréquemment, suivant Commerson , et que l’on voit souvent attachée au même poisson, et, par exemple, au même squale que les individus bruns , est distinguée par sa couleur blanchâtre. Le corps et la queue sont couverts d’une peau molle et visqueuse, sur laquelle on ne peut appercevoir aucune parcelle écailleuse qu'après la mort de l'animal, et lorsque les tégumens sont desséchés ; et l'ensemble formé par la queue et le corps proprement dit, est d’ailleurs très-alongé et presque conique. La tête est très-volumineuse, très-aplatie, et chargée dans sa partie supérieure d’une sorte de bouclier ou de grande plaque. Cette plaque est alongée, ovale, amincie et mem- braneuse dans ses bords. Son disque est garni ou plutôt armé de petites lames placées transversalement et atta- chées des deux côtés d’une arête ou saillie longitudinale qui partage le disque en deux. Ces lames transversales TOME lil. 20 194 HISTOIRE: NA DUREDLE et arrangées ainsi par paires, sont ordinairement a nombre de trente-six, ou de dix-huit paires : leur lon- gueur diminue d'autant plus qu’elles sont situées plus près de l’une ou de l'autre des deux extrémités du bou- clier ovale. De plus, ces lames sont solides, osseuses, presque parallèles les unes aux autres, très-aplaties, couchées obliquement, susceptibles d’être un peu rele- vées, hérissées, comme une scie, de très-petites dents, et retenues par une sorte de clou articulé. Le museau est très-arrondi, et la mâchoire infé- rieure beaucoup plus avancée que celle d'en-haut, qui d'ailleurs est simple, et ne peut pas s'alonger à la volonté de l'animal : l’une et l’autre ressemblent à une lime, à cause d'un grand nombre de rangs de dents très-petites qui y sont attachées. D'autres dents également très-petites sont placées autour du gosier, sur une éminence osseuse faite en forme de fer à cheval et attachée au palais, et sur la langue, qui est courte, large, arrondie par-devant, dure , à demi cartilagineuse, et retenue en deffous par un frein assez court. Au reste, l'intérieur de la bouche est d’un incarnat communément très-vif, et l'ouverture de cet organe a beaucoup de rapports, par sa forme et par sa grandeur proportionnelle , avec l'ouverture de la bouche de la lophie baudroie. L'orifice des narines est double de chaque côté. Les yeux, placés sur les côtés de la tète, et séparés - D'EMSUENO TI SS Or 15 par toute la largeur du bouclier, ne sont ni voilés ni très-saillans. Deux lames composent chaque opercule des bran- chies, et une peau légère le recouvre. La membrane branchiale est soutenue par neuf rayons *. Les branchies sont au nombre de quatre de chaque côté, et la partie concave de leurs arcs est denticulée. Les nageoires thoracines offrent la mème longueur, mais non pas la mème largeur, que les pectorales : elles comprennent chacune six rayons; le plus extérieur cependant tauche de si près le rayon voisin, qu'il est très-difhcile de lappercevoir. La nageoire du dos et celle de l'anus présentent à peu près la même figure, la même étendue et le même décroissement en hauteur, à mesure qu'elles sont plus près de celle de la queue, qui est fourchue. L’orifice de l'anus consiste dans une fente dont les bords sont blanchätres. La ligne latérale est composée d'une série de points saillans; elle part de la base des nageoires pectorales, s'élève vers le dos, descend auprès du milieu du corps, * A la nageoire du dos 22 TayONS, à chacune des pectorales 25 à chacune des thoracines 6 à celle de anus 22 à celle de la queue 17 Vertébres dorsales, 12. Vertèbres caudales, 15. 156 H 1 ST. O LR FE) UN AT U REMÈT:E et tend ensuite directement vers la nagcoire de la queue. Telle est la figure du rémora, tracée d'après le vivant par Commerson, et dont j'ai pu vérifier les traits principaux, en examinant un grand nombre d'individus de cette espèce conservés avec soin dans diverses collections. Ce poisson présente les mêmes formes dans les diverses parties, non seulement de la Méditerranée, mais encore de l'Océan, soit qu'on l'observe à des latitudes élevées, ou dans les portions de cet Océan comprises entre les deux tropiques. Il s'attache souvent aux cétacées et aux poissons d'une très-grande taille, tels que les squales, et par- ticulièrement le squale requin. Il ÿ adhère très-forte- ment par le moyen des lames de son bouclier, dont les petites dents lui servent, comme autant de cro- chets, à se tenir cramponné. Ces dents, qui hérissent le bord de toutes les lames, sont si nombreuses, et multiplient à un tel degré les points de contact et d'adhésion du rémora, que toute la force d'un homme très-vigoureux ne peut pas suffire pour arracher ce petit poisson du côté du squale sur lequel il s’est accroché, tant qu'on veut l'en séparer dans un sens opposé à la direction des lames. Ce n'est que lorsqu'on cherche à suivre cette direction et à s’aider de l’incli- naison de ces mêmes lames, qu'on parvient aisément à détacher l'échénéis du squale, ou plutôt à le faire D ES@} "ON S SO) NUS: 157 glisser sur la surface du requin, et à l'en écarter ensuite. Commerson ra pporte ki qu'ayant voulu approcher son pouce du bouclier d’un rémora vivant qu'il obser- voit, il éprouva une force de cohésion si grande, qu'une stupeur remarquable et même une sorte de paralysie saisit son doigt, et ne se dissipa que long- temps après qu'il eut cessé de toucher l'échénéis. Le même naturaliste ajoute, avec raison, que, dans cette adhésion du rémora au squale, le premier de ces deux poissons n'opère aucune succion, Comme on l'avoit pensé ; et la cohérence de l'échénéis ne lui sert pas immédiatement à se nourrir, puisqu'il n'y a aucune communication proprement dite entre les lames de la plaque ovale et l'intérieur de la bouche.ou du canal alimentaire, ainsi que je m'en suis assuré, après Com- merson, par la dissection attentive de plusieurs indi- vidus. Le rémora ne s'attache, par le moyen des nom- breux crochets qui hérissent son bouclier, que pour naviguer sans peine, profiter, dans ses déplacemens, de mouvemens étrangers, et se nourrir des restes de la proie du requin , comme presque tous les marins le disent, et comme Commerson lui-même l’a cru vrai- semblable. Au reste, il demeure collé avec tant de constance à son conducteur, que lorsque le requin est pris, et que ce squale, avant d'être jeté sur le pont, * Manuscrits déja cité. 158 HISTOIRE NATURELLE éprouve des frottemens violens contre les bords du vaisseau , il arrive très-souvent que le rémora ne cherche pas à s'échapper, mais qu'il demeure cramponné au corps de son terrible compagnon jusqu'à la mort de ce dernier et redoutable animal. Commerson dit aussi que lorsqu'on met un rémora dans un récipient rempli d'eau de mer plusieurs fois renouvelée en très-peu de temps, on peut le conserver en vie pendant quelques heures, et que l'on voit pres- que toujours cet échénéis privé de soutien et de corps étranger auquel il puisse adhérer, se tenir renversé sur le dos, et ne nager que dans cette position très-extraor- dinaire. On doit conclure de ce fait très-curieux, et qui a été observé par un naturaliste des plus habiles et des plus dignes de foi, que lorsque le rémora change de place au milieu de l'Océan par le seul effet de ses propres forces, qu’il se meut sans appui, qu'il n'est pas transporté par un squale, par un cétacée ou par tout autre moteur analogue , et qu'il nage véritablement, il s’'avance le plus souvent couché sur son dos, et par conséquent dans une position contraire à celle que presque tous les poissons présentent dans leurs mou- vemens. L’inspection de la figure générale des rémora, et particulièrement la considération de la grandeur, de la forme , de la nature et de la situation de leur bouclier, doivent faire présumer que leur centre de gravité est placé de telle sorte qu'il les détermine à voguer sur le dos plutôt que sur le ventre; et c'est ainsi DÉS gr Out SSI E 159 que leur partie inférieure étant très - fréquemment exposée, pendant leur natation, à une quantité de lumière plus considérable que leur partie supérieure, et d’ailleurs recevant également un très-grand nombre de rayons lumineux, lorsque l'animal est attaché par son bouclier à un squale ou à un cétacée, il n'est pas surprenant que le dessous du corps de ces échénéis présente une nuance aussi foncée que le dessus de ces poissons. Lorsque les rémora ne sont pas à portée de se coller contre quelque grand habitant des eaux, ils s'accrochent a la carène des vaisseaux; et c'est de cette habitude que sont nés tous les contes que l’antiquité a imaginés sur ces animaux, et qui ont été transmis avec beaucoup de soin, ainsi que tant d'autres absurdités, au travers des siècles d'isnorance. Du milieu de ces suppositions ridicules , il jaillit cependant une vérité : c'est que dans les instans où la carène d'un vaisseau est hérissée, pour ainsi dire, d'un très-grand nombre d'échénéis, elle éprouve, en cinglant au milieu des eaux, une résistance semblable à celle que feroient naître des animaux à coquille très-nom- breux et attachés également à sa surface ,- qu'elle glisse avec moins de facilité au travers d’un fluide que choquent des aspérités, et qu'elle ne présente plus la même vitesse. Et il ne faut pas croire que les circons- tances où les échénéis se trouvent ainsi accumulés contre la charpente extérieure d'un navire , soient 160 HIS MORE /N A MPURELLE extrémement rares dans tous les parages : il est des mers où l’on a vu ces poissons nager en grand nombre autour des vaisseaux, et les suivre ainsi en troupes pour saisir les matières animales que l'on jette hors du bâtiment, pour se nourrir des substances corrom- pues dont on se débarrasse , et mème pour recueillir jusqu'aux excrémens. C'est ce qu'on a observé particu- lièrement dans le golfe de Guinée ; et voilà pourquoi, suivant Barbot', les Hollandois qui fréquentent la côte occidentale d'Afrique, ont nommé les rémora poissons d'ordures. Des rassemblemens semblables de ces éché- néis ont été appercus quelquefois autour des grands squales, etsur-tout des requins, qu ils paroissent suivre, environner et précéder sans crainte, et dont on dit qu'ils sont alors les pilotes; soit que ces poissons redou- tables aient, ainsi qu'on l'a écrit, une sorte d’antipathie contre le goût ou l'odeur de leur chair, et dès-lors ne cherchent pas à les dévorer; soit que les rémora aient assez d'agilité, d'adresse ou de ruse, pour échapper aux dents meurtrières des squales, en cherchant, par exemple, un asyle sur la surface mème de ces grands animaux, à laquelle ils peuvent se coller dans les instans de leur plus grand danger, aussi-bien que dans les momwens de leur plus grande fatigue. Ce sont encore des réunions analogues et par conséquent nombreuses e ces échénéis, que l’on a remarquées sur des rochers * Hiet. générule des voyages, lis, 3, p, 242. D'E:SNMBAOUT SESMONNN SON à 161 auxquels ils adhéroiïient comme sur la carène d'un vaisseau, ou le corps d'un requin, sur-tout lorsque l'orage avoit bouleversé la mer, qu'ils craignoient de se livrer à la fureur des ondes, et que d'ailleurs la tempète avoit déja brisé leurs forces. TOME TIT 21 L'ÉCHÉNÉIS NAUCRATIES OK trouve, dans presque toutes les mers, et particu- lièrement dans celles qui sont comprises entre les deux tropiques, cette espèce d'échénéis, qui ressemble beaucoup au rémora, et qui en diffère cependant non seulement par sa grandeur, mais encore par le nombre des paires de lames que son bouclier comprend, et par quelques autres traits de sa conformation. On lui a donné le nom de naucrate, où de naucrates, qui en grec signifie pilote, où conducteur de vaisseau. Les. * Echeneis naucrates. Id. Linné, édition de Gmelin. Échène succet. Daubenton , Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Bloch, pl. 175. Echeneis caudà integrà , striis capitis viginti-quatuor. Æasselquist. If. Palest. 324, n. 68. Gronov, Zooph. p.75, n. 2525 et Mus.T, p.13, n. 34, Echeneis fuscus, pinnis posterioribus albo marginatis. Brown. Jamaic, P- 445: Echeneis, capite striis viginti quinque, etc. Commerson, manuscrits déja cités. Echeneis in extremo subrotunda, Seba, Mus. 3, 1ab 39 y Jess 2e Echeneis ve/ remora. Æ/drovand. de Piscib. p. 335, Jonst. de Piscibus, p. 16, tab. 4, fig. 3. Iperuquiba , et piraquiba. Marcgrav. Brasil. p. 180. Willughby, Ichthyol, p. 119, tab. G,8, fig. 2. Remora imperati. Raj. Pise. p, 7, mn. 12. Remora. Petiv. Gazoph. tab. 44, fig. 12: H L'S TOM RE CN À T'UR EL ILE. 163 individus qui la composent, parviennent quelquefois jusqu'à la longueur de vingt-trois décimètres , suivant des mémoires manuscrits cités par le professeur Bloch, ct rédigés par le prince Maurice de Nassau, qui avoit fait quelque séjour dans plusieurs contrées maritimes de l'Amérique méridionale. Le bouclier placé au-dessus de leur tète présente toujours plus de vingt-deux et quelquefois vingt-six paires de lames transversales et dentelées. D'ailleurs la nageoire de la queue du nau- crate, au lieu d'être fourchue comme celle du rérmora, est arrondie ou rectiligne. De plus, les nageoires du dos et de l'anus, plus longues à proportion que sur le rémora, montrent un peu la forme d'une faux *. La figure de l’une de ces deux nageoires est sem- blable à celle de l’autre. L'ouverture de l'anus est alongée, et située, à peu près, vers le milieu de la longueur totale de l’échénéis; et la ligne latérale, com- posée de points très-peu sensibles, s'approche d'abord du dos, change ensuite de direction, et tend vers la queue, à l'extrémité de laquelle elle parvient. Le naucrate offre des habitudes très-analogues à celles du rémora ; on le rencontre de même en assez A * A la membrane des branchies 9 rayons. à la nageoire du dos 40 à chacune des pectorales 20 à chacune des thoracines 4 où 5 à celle de lanus 40 à celle de la queue 16 164 HISTOIRE NATURELLE grand nombre autour des requins. Ses mouvemens re sont pas toujours faciles : mais comme il est plus grand et plus fort que le rémora, il se nourrit quelquefois d'animaux à coquille et de crabes ; et lorsqu'il adhère à un corps vivant ou inanimé, il faut des eflorts bien plus grands pour l'en détacher que pour séparer un rémora de son appui. Commerson, qui l’a observé sur les rivages de l'isle de France, a écrit que ce poisson fréquentoit très- souvent la côte de Mozambique, et qu'auprès de cette côte on employoit pour la pèche des tortues marines, et d’une manière bien remarquable, la facilité de se cramponner , dont jouit cet échénéis. Nous croyons devoir rapporter ici ce que Commerson a recueilli au sujet de ce fait très-curieux, le seul du même genre que l’on ait encore observé. On attache à la queue d’un naucrate vivant, un anneau d'un diamètre assez large pour ne pas incom- moder le poisson, et assez étroit pour être retenu par la nageoire caudale. Une corde très-longue tient à cet anneau. Lorsque l'échénéis est ainsi préparé, on le renferme dans un vase plein d'eau salée, qu'on renou- velle très-souvent; et les pêcheurs mettent le vase dans leur barque. Ils voguent ensuite vers les parages fréquentés par les tortues marines. Ces tortues ont l'habitude de dormir souvent à la surface de l’eau sur laquelle elles flottent; et leur sommeil est alors si léger, que l'approche la moins bruyante d’un bateau D'ENSIIPÉO I 5 570 NS 165 pêcheur suffiroit pour les réveiller et les faire fuir à de grandes distances, ou plonger à de grandes pro- fondeurs. Mais voici le piége que Fon tend de loin à la première tortue que lon apperçoit endormie. On remet dans la mer le naucrate garni de sa longue corde : l'animal, délivré en partie de sa captivité, cherche à s'échapper en nageant de tous les côtés. On lui lâche une longueur de corde égale à la distance qui sépare la tortue marine, de la barque des pêcheurs. Le naucrate, retenu par ce lien, fait d'abord de nou- veaux eflorts pour se soustraire à la main qui le mai- trise ; sentant bientôt cependant qu'il s’agite en vain, et qu'il ne peut se dégager, il parcourt tout le cercle dont la corde est en quelque sorte le rayon, pour rencontrer un point d'adhésion, et par conséquent un peu de repos. Il trouve cette sorte d'asyle sous le plas- tron de la tortue flottante, s’y attache fortement par le moyen de son bouclier, et donne ainsi aux pêcheurs, auxquels il sert de crampon , le moyen de tirer à eux la tortue , en retirant la corde. On voit tout de suite la différence remarquable qui sépare cet emploi du naucrate, de l'usage analogue auquel on fait servir plusieurs oiseaux d’eau ou de rivage , et particulièrement des cormorans , des hérons et des butors. Dans la pèche des tortues faite par le moyen d'un échénéis, on n’a sous les yeux qu'um poisson contraint dans ses mouvemens, mais conser- yant la même tendance, faisant les mêmes efforts, 166 HTSTOTRE | NATURE RTE répétant les mèmes actes que lorsqu'il nage en liberté, et n'étant qu'un prisonnier qui cherche à briser ses chaînes , tandis que les oiseaux élevés pour la pêche sont altérés dans leurs habitudes, et modifiés par l'art de l'homme , au point de servir en esclaves vo- lontaires ses caprices et ses besoins. On a pu entrevoir dans deux de nos Discours généraux *, la cause de cette différence, qui mérite toute l'attention des phy- siciens. * Discours sur la nature des poissons, et Discours sur la durée des espèces. 0 — L'É CHÉ NÉE RS. RAM. Le naturaliste anglois Archibald Menzies a donné, dans le premier volume des Transactions de la société linnéenne de Londres, la description de ce poisson, qui diffère des deux échénéis dont nous venons de parler, par le nombre des lames qui composent sa plaque ovale. En effet, cet osseux n'a que dix paires de stries transversales, dans l'espèce de bouclier dont sa tête est couverte. D'ailleurs sa nageoire caudale, au lieu d'ètre fourchue comme celle du rémora, ou rectiligne, ou arrondie comme celle du naucrate, se termine en pointe. Sa mâchoire inférieure est plus longue que la supérieure. Les dents des deux mâchoires sont petites, ainsi que les écailles qui revêtent l'animal. La cou- leur générale est d'un brun foncé, et relevée de chaque côté par deux raies blanches qui s'étendent depuis les yeux jusque vers le bout de la queue, L'échénéis rayé se trouve dans le grand Océan, connu sous le nom de 1er Pacifique : on l'y a vu adhérer à * Echeneis lineata. Id. Archibald Menzies, Transact. de la société linnéenne de Londres, vol, 3. 168 HISTOIRE NATURELLE. des tortues. L'individu décrit par l'auteur anglois avoit treize centimètres de long *. * A ja membrane branchiale To raÿOs. à la nageoire dorsale 33 à chacune des pectorales 18 à chacune des thoracines 5 à celle de l’anus 3 à celle de la queue 14 SOIXANTE-DIX-NEUVIÈME GENRE. LES MACROURES. Deux nageoires sur le dos; la queue deux fois plus longue que le corps. ESPÈCE. CARACTÈRES. Le premier rayon de la premitre nageoire dorsale, dentelé par-devant ; les écailles aiguillonnées , et relevées en carène. LE MACROURE BERGLAX. (Macrourus berglax.) TOME III, 22 LE MACROURE BERGELEAX*. Aurrés des rivages du Groenland et de l'Islande, habite ce macroure que Bloch et Gunner ont cru, aves raison, devoir placer dans un genre particulier. La longueur de sa queue sépare sa forme de celle des. autres poissons thoracins, et donne un caractère particulier à ses habitudes, en accroissant l'étendue de son principal instrument de natation, et en douant cet osseux d’une force particulière pour se mouvoir avec vitesse au milieu des mers hyperboréennes. Long d'un mètre, ou environ, il fournit un aliment utile: et quelquefois même abondant aux peuplades de ces côtes groenlandoises et islandoises, si peu favorisées par la Nature, et condamnées pendant une si grande partie de l’année à tous les effets funestes d’un froid excessif. Son nom de berglax vient des rapports qu'il a paru présenter avec le saumon que l'on nomme * Macrourus berglax. Macrourus rupestris. Bloch, pl. 177. Coryphænoïdes rupestris. Gunner, Act. Nidros. 3, p. 43, 1ab, 3, fig, x; Müller, Prodrom. Zoolog. Danic. p.43, n. 363. Coryphæna rupestris. Linné , édition de Gmelin. Id. Or. Fabrice. Faun. Groenland. p.154, n. 111. Ingmingoak. Zd. ibid. Fiskligen brosme. Ingminniset. Cranz, Groenland. p. 140: Berglax. Stom. Sondm. 1 , p. 267. AC AN. LAS L'fO LÉ zMACROURE Berglas 2 CORYPHÈNE Doradon 3. CONDUCTEUR nb onole UPPER ee LU: A TA esp Le AR: 75 Da ce 5 7 HP LS TAIOMAR AE AN À QT RCE MEALERS 171 Tachs, où lax, dans plusieurs langues du Nord, et des rochers au milieu desquels il séjourne fréquemment. Sa tète est grande et large; ses yeux sont ronds et saillans; les puvertures des narines doubles de chaque côté; et les deux mâchoires proprement dites, à peu près égales. Cependant le museau est très-avancé au- dessus de la mâchoire supérieure, qui est armée ordi- nairement de cinq rangées de dents; et la mâchoire inférieure, qui n'en montre que trois rangées, est gar- nie d'un filament ou barbillon semblable , par sa forme, sa nature et sa longueur, à celui de plusieurs gades. La langue est courte, épaisse, cartilagineuse, blanche, et lisse comme le palais. Un opercule d’une seule pièce couvre une grande ouverture branchiale. L'anus est plus près de la tête que de l'extrémité de la queue. La ligne latérale se rapproche du haut du corps, dans une grande partie de sa direction. Deux nageoires s'élèvent sur le dos; la seconde est réunie avec celle de la queue, qui touche aussi celle de l’anus *; et les écailles qui recouvrent ce rrzacroure, ou , ce qui est la même chose, ce poisson 4 longue queue, sont relevées par une arèête qui se termine en pointe ou en aiguillon. A ————— —————— — ————————— —— —— * À la membrane des branchies 6 rayons. à la première nageoire du dos 71 à la seconde 124 à chacune des pectorales 19 à chacune des thoracines 7 à celle de anus 148 172 HISTOIRE NATURELLE! Présentant d’ailleurs un éclat argentin, ces écailles donnent une teinte très-brillante au berglax, dont la partie supérieure montre néanmoins une couleur plus foncée ou plus bleuâtre que l'inférieure; et les na- geoires ajoutent quelquefois à la parure de l'animal, en offrant une nuance d'un assez beau jaune, et une bordure bleue qui fait ressortir ce fond presque doré. Le berglax fraye assez tard. On le pêche avec des lignes de fond * : lorsqu'il est pris, il se débat violem- ment, agite avec force sa longue queue, anime ses gros yeux, et se gonfle d’une manière assez analogue à celle que nous avons observée en parlant des tétro- dons. * Voyez ce que nous ayons dit des lignes de fond, dans l’histoire de IMUTÈNE CONTE, QUATRE-VINGTIÈME GENRE. LES CORYPHÈNES. Le sommet de la tête trés-COMmprié et comme tranchant par le haut, ou trés-élevé et finissant sur le devant par ur plan presque vertical, ou terminé antérieurement par un quart de cercle, où garni d'écailles semblables à celles du dos; une seule nageoire dorsale, et cette nageoire du dos presque aussi longue que le corps et la queue. PREMIER SONU S-GENRE La nageoire de la queue, fourchue. ESPÈCES, CARACGTÈRES. Soixante rayons, ou environ, à la nageoire du dos; plus de six rayons à la membrane des 1. Le coryrx. HippuruSs.) branchies ; plus d’un rang de dents à (Coryphœna hippurus.) chaque mâchoire ; une seule lame à chaque opercule; des taches sur la plus grande partie du corps et de la queue. ns rayons , ou environ, à la nageoire- 2. LE CORYPH. DORADON. du dos; six rayons à la membrane bran- (Coryphœna aurata.) chiale ; des taches sur la partie supérieure du corps et de la queue, 174 HISTOIRE NATURELLE 3. LE CORYPH. CHRYSURUS. / (Coryphæna chrysurus.) | 4. LE COR. SCOMBÉROIDE. | (Coryphæna scomberoïdes. (Coryphwna undulata.) $. LE CORYPH. POMPILE, (Coryphæra pompilus.) | | 5, LE CORYPHÈNE ONDÉ. | CARACTÈRES. Cinquante-huit rayons à la nageoire du dos; six rayons à la membrane des branchics ; la langue osseuse dans le milieu , et car- tilagineuse dans les bords; un seul rang de dents à chaque mâchoire; deux lames à chaque opercule; des taches sur la plus grande partie du corps et de la queue. Cinquante-cinq rayons, ou environ , à la na. geoire du dos ; cette nageoire dorsale très- festonnée au-dessus de la queue; la langue bisanguleuse par-devant , osseuse dans son milieu, et cartilagineuse dans ses bords ; point de dents sur Je devant du palais; point de taches sur le corps nisur la queue. Cinquante-quatre rayons, ou environ, à la nageoire du dos ; la ligne latérale droite ; des bandes transversales placées sur la pageoire dorsale, et s'étendant sur le dos et les côtés, où elles ondulent et se réu- nissent les unes aux autres. Trente-cinqrayons, ou environ, à la nageoire du dos; la mâchoire inférieure plus avan- cée que la supérieure; la ligne latérale courbe; des bandestransveérsaleset étroites. DES PO TI s:sr'Oo NS: 175 SE CON DUL'S "NOUS SG BNARUE La nageoire de la queue en Croissant. ESPÈCES. CARACTÈRES. £ Dix-neuf rayons, ou environ, à la nageoire 7. LE CORYPHÈNE BLEU. C "y æœ?r CŒTU - Q , (rer ere ) face du poisson, d’une eouleur bleue. du dos ; les écailles grandes ; toute la sur- Quatre-vingts rayons, ou environ, à Ja na- geoire du dos; un grand nombre de raies étroites, courbes et bleues , situées sur le dos. 8. LE CORYPH. PLUMIER. (Coryphœna Plumieri.) ER OS br M ES ONU SC RIN/PARE La nageoire de la queue rectilione.. Le ESPÈCES. CARACTÈRES. La partie supérieure terminée par une aréte 9: LE CORYPHÈNE RASOIR, vote : A ne aigue; des raies bleuâtres , et croisées sur (Coryphæna novacula.) la tête et sur les nageoires. La nageoire dorsale commençant à l’occi- put, composée de trente rayons, ou en- viron, et très-basse, ainsi que celle de (Coryphœna psittacus.) l'anus; la ligne latérale interrompue ; des 10. LE CORYPH,PERROQUET. raies longitudinales et. vivement colorées: sur les nageoires, , Trente-deux rayons à la nageoire du dos : x1. LE CORYPHÈNE CAMUS; la lèvre inférieure plus avancée que la (Coryphæna sima.) supérieure. 176 HISTOIRE, NATURELLE. Q U-A T'RTE:M ES OUIS=GEN IR E La nageoire de la queue arrondie. ESPÈCES. CARACTÈRES. L’extrémité antérieure de chaque mâchoire garnie de deux dents aiguës, très-longues, 12. LE CORYPHÈNE RAYÉ. et écartées l’une de l’autre ; les écailles (Coryphœna lineata.) grandes; la tête dénuée d’écailles sem- blables à celles du dos, et présentant plu- sieurs bandes trans: crsales. La nagcoire du dos très-longue; celle de l'anus assez courte ; la mâchoire inférieure x3. LE coRYPrH. CHINOIS. plus avancée que la supérieure, et relevée; (Coryphœna sinensis.) de grandes écailles sur le corps et sur les opercules ; la couleur générale d’un verd arsentin. CINQUIÈME SOUS-GENRE. La nagceoire de la queue lancéolée. ESPÈCE. CARACTÈRES. ad. LE CORYPH. POINTU. fQuarante-cinq rayons à la nageoire du dos; (Corypliæna acuta.) la ligne latérale courbe. DEC ISMMPENORS SPORNES, D Espéces dont la forme de la nageoire de la queue n'est pas encore connue. ESPÈCES. CARACTÈRES. {La nageoire du dos, celle de l'anus, et les 15. LE CORYPHÈNE VERD. x : d thoracines, garnies chacune d’un long fila- (Coryphœna viridis.) ire 36. Le coryru. casQué, fTrente-deux rayons à la nagcoire du dos; une lame osseuse sur le sommet de la tête. {Coryphæna galeuta.) 5 TOME NI. « LE CORYPHENE,HIPPURUS”" DE tous les poissons qui habitent la haute mer, aucun ne paroît avoir recu de parure plus magnifique que: les coryphènes. Revêtus d’écailles grandes et polies, réfléchissant avec vivacité les rayons du soleil, bril- lant des couleurs les plus variées, couverts d'or, pour ainsi dire, et resplendissant de tous les feux du dia- mant et des pierres orientales les plus précieuses, ils ajoutent d'autant plus, ces coryphènes privilégiés, à la beauté du spectacle de l'Océan, lorsque, sous un ciel sans nuages, de légers zéphyrs commandent seuls aux ondes, qu'ils nagent fréquemment à la surface * Coryphæna hippurus. Dorade. Rondanino , sur la côte de Gênes, Lampugo, en Espagne. Dolphin, er Angleterre. Dorado, dans plusieurs autres endroits de l'Europe: Coryphæna hippurus. Ziiné , édition de Gmelin. Bloch, pl. 174. Coryphène dofin. Daubenton, Encyclopédie méthodique: Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Osbeck, It. 307. Coryphæna caudà bifurcâ, etc. Artedi, gen. 15, syn, 28. l'omx@. Arist. lib. 8, cap. 1. : Id. Oppian. lib. 1, p. 8. Ld. Aihen. lib. 7, p. 304, HIS TONRENN A DURIELTE 179 des eaux, qu'on les voit, en quelque sorte , sur le som- met des vagues, que leurs mouvemens très-agiles et très-répétés multiplient sans cesse les aspects sous lesquels on les considère , ainsi que les reflets éclatans qui les décorent, et que, voraces et audacieux, ils en- tourent en grandes troupes les vaisseaux qu'ils ren- contrent, et s'en approchent d'assez près pour ne rien dérober à l'œil du spectateur, de la variété ni de la richesse des nuances qu'ils étalent. C’est pour indiquer cette prééminence des coryphènes dans l'éclat et dans la diversité de leurs couleurs, ainsi que dans la vélocité de leur course et la rapidité de leurs évolutions, et pour faire allusion d’ailleurs à la hauteur à laquelle ils se plaisent à nager, que, suivant plusieurs écri- vains, ils ont reçu le nom générique qu'ils portent, et qui vient de deux mots grecs, dont l’un, xopupy, veut Hippurus, Orid. v. 05. Id. Plin. lb. 9, cap. 16; et Lib. 33, cap. x. Lampugo. Rondelet, première partie, liv. 8 , chap, 18 , édition de Lyon, 1558. Hippurus. Id. ibid. Id. Gesner, p. 5or et 423. — (Germ ) fol. 44 , a. — Icon. animal. p.75. Aldrov. lib. 3, cap. 17, p. 306. Jonston. lib.x, tit. 1, cap. 1, a. 6, tab. 1. Charlet. p.124. Prillughby, Ichthyol. p. 213, tab. O , x, fig. 5. Raj. p.100 , 11. T. Jquisele. Gaz. Arist. lib. 4, cap. 103 et lib: 8, cap. 15. Equiselis. Zd. ibid. Hippurus pionis branchialibus deauratis, etc. Æleën, Miss. pise. 5, 7e 00» lle TZ y 2e 180 FINS MMONIR SE CENTA NT UURMENPELEE dire sommet, et l'autre , re, signifie je rage. On a éga- lement prétendu que la dénomination de coryphène, employée dès le temps des anciens naturalistes, dési- gnoit une des formes les plus remarquables des pois- sons dont nous parlons, c’est-à-dire, la position de leur nageoire dorsale, qui commence très-près du haut de la tête. Quelque opinion que l'on adopte à cet égard , on ne peut pas douter que le nom particulier d'hip- purus, Où de gueue de cheval, donné à l’une des plus belles espèces de coryphène, ne vienne de la confor- mation de cette mème nageoire dorsale, dont les rayons très-nombreux ont quelques rapports avec les crins du cheval. Cet hippurus, qui est l'objet de cet article, parvient quelquefois jusqu'à une longueur d'un mètre et demi. Son corps est comprimé aussi-bien que sa tête; l'ouverture de sa bouche très-orande; sa langue courte; ses lèvres sont épaisses; ses mächoires garnies de quatre rangs de dents aiguës et recourbées en arrière. Un opercule composé d'une seule pièce couvre une large ouverture branchiale; la ligne laté- rale est fléchie vers la poitrine , et droite ensuite jus- qu'à la nageoire caudale, qui est fourchue *; les écailles sont minces, mais fortement attachées. * A la membrane des branchies 10 rayons. à la nageoire du dos Go à chacune des peetorales 20. à chacune des thoracines 6 à celle de l’anus 26 à celle de la queue 20 D'IECM BI ONL SISMNONNS 188 A l'indication des formes ajoutons l'exposition des nuances, pour achever de donner une idée de ce superbe coryphène. Lorsqu'ileest vivant, dans l’eau , et en mouvement, il brille sur le dos d’une couleur d'or très-éclatante, mêlée à une belle teinte de bleu ou de verd de mer, que relèvent des taches dorées et le jaune doré de la ligne latérale. Le dessous du corps est argenté. Les nageoires pectorales et thoracines présentent un jaune très-vif, à la splendeur duquel ajoute la teinte brune de leur base; la nageoire cau- dale, qui offre la mème nuance de jaune, est d’ailleurs bordée de verd; celle de l'anus est dorée; et une dorure des plus riches fait remarquer les nombreux rayons de la nageoire dorsale , au milieu de la mem- bra: e d’un bleu céleste qui les réunit. C’est ce magnifique assortiment de couleurs d’or et d'azur qui trahit de loin le coryphène hippurus, lors- que, cédant à sa voracité naturelle , il poursuit sans relâche les trigles et les exocets, dont il aime à se nourrir, Contraint ces poissons volans à s’élancer hors de l’eau, les suit d'un regard assuré, pendant que ces animaux effrayés parcourent dans l'air leur demi-cercle, et les recoit, pour ainsi dire, dans sa gueule, à l’ins- tant où, fatigués d'agiter leurs nageoires pectorales, et ne pouvant plus soutenir dans l'atmosphère leur corps trop pesant, ils retombent au milieu de leur Auide natal sans pouvoir y trouver un asyle. Non seulement les hippurus cherchent ainsi à satis- 182 HISTOTRE NATURELLE faire le besoin impérieux de la faim qui les presse, au milieu des bandes nombreuses de poissons moins grands et plus foibles qu'eux ; mais encore, peu difli- ciles dans le choix de leurs alimens, ils voguent en grandes troupes aufour des vaisseaux, les accom- pagnent avec constance, et saisissent avec tant d'avi- dité tout ce que les passagers jettent dans la mer, qu'on a trouvé dans l'estomac d’un de ces poissons jusqu'à quatre cloûs de fer, dont un avoit plus de quinze centimètres de longueur. On profite d'autant plus de leur gloutonnerie pour les prendre, que leur chair est ferme, et très-agréable au goût. Pendant le temps de leur frai, c'est-à-dire, dans le printemps et dans l'automne, on les pêche avec des filets auprès des rivages, vers lesquels ils vont . déposer ou féconder leurs œufs; et dans les autres saisons, cü ils préfèrent la haute mer, on se sert de lignes de fond“ que la voracité de ces coryphènes rend très-dangereuses pour ces animaux. Ce qui fait d’ailleurs que leur recherche est facile et avantageuse, c’est qu'ils sont en très-grand nombre dans les parties de la mer qui leur conviennent, parce qu'indépendam- went de leur fécondité, ils croissent si vite , qu'on les voit grandir d’une manière très-prompte dans Îles nasses où on les renferme après les avoir pris en vie. * Voyez, sur les liones de fond, l’article de la raie bouclée, et celui de Ja murère congre. D ES: PrO:TI $ SO NAS 183 Ils vivent dans presque toutes les mers chaudes et même tempérées. On les trouve non seulement dans le grand Océan équatorial, improprement appelé er Pacifique, mais encore dans une grande portion de l'Océan atlantique, et jusque dans la Méditerranée. D en nes ; ; LE CORYPMENE DORADONT Nous conservons ce nom de doradon à un coryphène qui a plusieurs traits communs avec lhippurus, mais qui en diffère par plusieurs autres. Il en est séparé par le nombre des rayons de la nageoire dorsale, qui n'en renferme que cinquante ou environ, par celui des rayons de la membrane des branchies, qui n'en com- prend que six, pendant que la membrane branchiale de lhippurus en présente sept et quelquefois dix, et de plus par la disposition des taches couleur d'or qui ne sont disséminées que sur la partie supérieure du corps et de la queue. D'ailleurs, en jetant les yeux sur une peinture exécutée d'après les dessins coloriés et origi- naux du célèbre Plumier, laquelle fait partie de la belle collection de peintures sur vélin déposées dans le Muséum d'histoire naturelle, et qui représente avec autant d'exactitude que de vivacité les brillantes * Coryphæna aurata. Coryphæna equiselis, Linné, édition de Gmelin. Coryphène doradon. Daubenton, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Dorado. Osbeck, T1. 308. Guaracapema. Marcsrav. Brasil, p. 160. Id. Piso, Ind. p. 160. Eataf Pr'illughby, Iclithyol, p.214. Ray. Pise. p.100. n IS T'OMRIES N°À TR PE CULIE: 185 nuances du doradon, on ne peut pas douter que ce dernier coryphène n'ait chacun des opercules de ses branchies composé de deux lames, pendant que l’oper- cule Fi. Ne est formé d'une seule pièce. On pourra s'en assurer, en examinant la copie de cette peinture, que nous avons cru devoir faire graver *. Au reste, l’agilité, la voracité et les autres qualités du doradon , ainsi que les diverses habitudes de ce pois- son, sont à peu près les mêmes que celles de l'hip- purus; et on le trouve également dans un grand nombre de mers chaudes ou tempérées. * A la membrane desbranchies 6 rayons, à la nageoire dorsale 5 à chacune des pectorales 19 à chacune des thoracines 6 à celle de lanus 23 à celle de la queue 20 TOME Ill 24 LE CORYPHEÈNE CHRYSURUS. C'EsT dans la mer Pacifique, ou plutôt dans le grand Océan équatorial, que ce superbe coryphène a été vu par Commerson, qui accompagnoit alors notre célèbre navigateur Bougainville. Il l'a observé sur la fin d'avril de 1768, vers le 16° degré de latitude aus- trale, et le 170° de longitude. Au premier coup d'œil, on croiroit devoir le rapporter à la même espèce que lhippurus; mais en le décrivant d'après Commerson, nous allons montrer aisément qu'il en diffère par un grand nombre de caractères. Toute la surface de ce coryphène et particulière- ment sa queue brillent d’une couleur d’or très-écla- tante. Quelques nuances d'argent sont seulement répendues sur la gorge et la poitrine; et quelques teintes d'un bleu céleste jouent, pour ainsi dire, au milieu des reflets dorés du sommet du dos. Une belle couleur d'azur paroît aussi sur les nageoires, princi- palement sur celle du dos et sur les pectorales : elle est relevée sur les thoracines par le jaune d’une partie * Coryphæna chrysurus. Coryphus chrysurus. — Undique deauratus; dorso, pinnis, guttulisque lateralibus, cæruleis, caudâ ex auro flayescente. Commerson, manuscrits déja cités. Dorat de la mer du Sud, Zd, ibid, RDS T'OMRE !N ATURÆMELLE., CL107 des rayons, et sur celle de l'anus, par les teintes dorées avec lesquelles elle y est mêlée; mais elle ne se montre sur la nageoire de la queue que pour y former un léger liséré, et pour y encadrer, en quelque sorte, l'or resplendissant qui la recouvre, et qui à indiqué le nom du coryphène *. Ajoutons, pour achever de peindre la magnifique parure du chrysurus, que des taches bleues et lenti- culaires sont répandues sans ordre sur le dos, les côtés et la partie inférieure du poisson, et scintillent au milieu de l'or, comme autant de saphirs enchâssés dans le plus riche des métaux. L'admirable vêtement que la Nature a donné aw chrysurus , est done assez diflérent de celui de lhip- purus, pour qu'on ne se presse pas de les confondre dans la même espèce. Nous allons les voir séparés par des caractères encore plus constans et plus remar- quables. Le corps du chrysurus, très-alongé et très-compri- mé , est terminé dans le haut par une sorte de carène aiguë qui s'étend depuis la tête jusqu'à la nageoire de la queue; et une semblable carène règne en-dessous, depuis cette même nageoire caudale jusqu'à l'anus. La partie antérieure et supérieure de la tête repré- sente assez exactement un quart de cercle, et se termine dans le haut par une sorte d’arète aiguë. * Chrysurus signifie queue d'or. 166 HISTOIRE, NATURELLE La mâchoire inférieure, qui se relève vers la supé- rieure, est un peu plus longue que cette dernière. Toutes les deux sont composées d’un os qu'hérissent des dents très-petites, très-courtes, très-aigués, assez écartées l'une de l’autre, placées comme celles d’un peigne, et très-différentes, par leur forme, leur nombre et leur disposition, de celles de l'hippurus. On voit d’ailleurs deux tubercules garnis de dents très-menues et très-serrées auprès de Fangle inté- rieur de la mâchoire supérieure, trois autres tuber- cules presque semblables vers le milieu du palais, et un sixième tubercule très-analogue presque au-dessus du gosier. La langue est large, courte, arrondie par-devant, osseuse dans son milieu, et cartilagineuse dans ses bords. L'ouverture de la bouche est peu étendue : on compte de chaque côté deux orifices des narines ; une sorte d'anneau membraneux entoure l’antérieur. Les opercules des branchies sont, comme la tête, dénués de petites écailles ; ils sont de plus assez grands, et composés chacun de deux pièces, dont celle de devant est arrondie vers la queue, et dont celle de derrière se prolonge également vers la queue, en appendice quelquefois un peu recourbé. Six rayons aplatis soutiennent de chaque côté une membrane branchiale, au-dessous de laquelle sont placées quatre branchies très-rouges, formées chacune de deux rangées de filamens alongés : la partie concavye DEN S MAPONT:S SADRN 169 de l'arc de cercle osseux de la première et de la seconde est garnie de longues dents arrangées comme celles d'un peigne; la concavité de l’are de la troisième et de la quatrième ne présente que des aspérités. La nageoire du dos, qui commence au-dessus des yeux, et s'étend presque jusqu'à celle de la queue, comprend cinquante-huit rayons * : les huit premiers sont d'autant plus longs qu'ils sont situés plus loin de la tête; et la longueur des autres est au contraire d’au- tant moindre, quoiqu'avec des différences peu sen- sibles, qu'ils sont plus près de la nageoiïre caudale. L’anus est placé vers le milieu de la longueur totale de l'animal ; et l'on voit entre cet orifice et la base des nageoires thoracines , un petit sillon longitudinal. La nageoire de la queue est fourchue, comme celle de tous les coryphènes du premier sous-genre; la ligne latérale serpente depuis le haut de l'ouverture bran- chiale, où elle prend son origine, jusqu'auprès de l’ex- trémité des nageoires pectorales, et atteint ensuite la nageoire de la queue en ne se fléchissant que par de légères ondulations; et enfin les écailles qui recouvrent le poisson, sont alongées , arrondies à leur sommet , lisses, et fortement attachées. * A la membrane des branchies 6 rayons. à la nageoire du dos 58 à chacune des pectorales 20 à chacune des thoracines 5 à la nageoire de l’anus 28 à celle de la queue 1b 190 H TS 'MOFRE LIN AT UR ENLMIE On a donc pu remarquer sept traits principaux par lesquels le chrysurus diffère de l'hippurus: première- ment, le nombre des rayons n’est pas le même dans la plupart des nageoires de ces deux coryphènes ; secon- dement, la membrane branchiale du chrysurus ne ren- ferme que six rayons, il y en a toujours depuis sept jus- qu'a dix à celle de l'hippurus; troisièmement, le dos du premier est carené, celui du second est convexe; qua- trièmement, l'ouverture de la bouche est peu étendue dans le chrysurus, elle est très-grande dans l'hippurus; cinquièmement, les dents du chrysurus sont confor- mées et placées bien différemment que celles de l'hip- purus; sixièmement, l'opercule branchial du chrysu- rus comprend deux lames, on ne voit qu’une pièce dans celui de lhippurus; et septièmement, nous avons déja montré une distribution de couleurs bien peu semblable sur l’un et sur l’autre de ces deux cory- phènes. Ils doivent donc constituer deux espèces dif- férentes , dont une, c’est-à-dire , celle que nous décri- vons, est encore inconnue des naturalistes; car elle est aussi très- distincte du coryphène doradon, ainsi qu'on peut facilement s'en convaincre, en comparant lies formes du doradon et celles du chrysurus. Au reste, les habitudes du coryphène qui fait le sujet de cet article, doivent se rapprocher beaucoup de celles de l'hippurus. En effet, Commerson ayant ouvert un chrysurus qui avoit plus de sept décimètres de longueur, il trouva son estomac, qui étoit alongé D ES EMOBMTANSESMONNASE TOI et membraneux, rempli de petits poissons volans, et d’autres poissons très-peu volumineux. IL vit aussi s'agiter au milieu de cet estomac, et dans une sorte de pâte ou de chyme, plusieurs vers filiformes, et de la longueur de deux ou trois centi- mètres. Ce voyageur rapporte d'ailleurs dans les manuscrits qui m'ont été confiés dans le temps par Buflon, que lorsque des matelots exercés à la pèche ont pris un chrysurus, ils l’attachent à une corde, et le suspendent à la proue du vaisseau , de manière que l'animal paroît être encore en vie et nager à la surface de la mer. Ils orand O nombre d’autres chrysurus , qu'ils peuvent alors percer attirent et réunissent, par ce procédé , un assez facilement avec une /ouine”. Commerson ajoute que les chrysurus l'emportent sur presque tous les poissons de mer par le bon goût de leur chair, que l'on prépare de plusieurs manières et particulièrement avec du beurre et des câpres. * La Journe est un peigne de fer attaché à un long manche. On donne aussi ce nom, ainsi que celui de foène et de fouanne, à une broche terminée par un dard. Quelquefois on ajuste ensemble deux, trois ou un plus grand nombre de James, pour former une fouanne, ou foène, où fouine. D’autres fois on emploie ces noms pour désigner une simple fourche. On attache l’instrument au bout d’une perche, et l’on s’en sert pour percer les poissons que l’on appercoit au fond de l’eau, ou qui sont cachés dans la vase, les enfiler et les retirer. LE CORYPHÈNE SCOMBÉROÏDE *. Nous avons trouvé dans les manuscrits de Commer- son la description de cette espèce de coryphène, que ce savant voyageur avoit vue, au mois de mars 1766, dans la mer du Sud, ou, pour mieux dire, dans le grand Océan équatorial, vers le 16° degré de latitude australe, et le 134° degré de longitude , et par consé- quent à une distance de la ligne très-peu différente de celle où il:observa, un ou deux mois après, le coryphène chrysurus. Le scombéroïde est d'une longueur intermédiaire entre celle du scombre maquereau et celle du hareng. Sa couleur totale est argentée et brillante; mais elle n'est pure que sur les côtés et sur le entre. Une teinte brune mêlée de bleu céleste est répandue sur le dos ; cette teinte s'étend aussi sur le sommet de la tète, où elle est plus foncée, plus noirâtre, et mêlée avec des reflets dorés que l'on voit également autour . des yeux et sur les lames des opercules. * Coryphæna scomberoïdes. Coryphus argenteus. — Coryphus pinnâ dorsali Jongissimâ radiorum quinquaginta quinque, osse quadratulo in media lingua. — Et coryphus argenteus , immaculatus, pinnis fuscis, dorsali radiorum quinquaginta quinque , auali viginti quinque, caudä bifurcà fuscescente. Commerson, manuscrits déja cités. Osteoglossus, ostéoglosse , ox languosseux de la mer du Sud. Zd. ibid. Petite dorade. 7d, ibid, HR 1S TONRE, NATURELLE. 190 Toutes les nageoires sont entièrement brunes, ex- cepté les thoracines, dont la partie extérieure est blanche, et les pectorales, qui sont un peu dorées. La mâchoire supérieure est plus courte que l'inté- rieure. Les os qui composent l'une et l’autre, sont hérissés d'un si grand nombre de petites dents tour- nées en arrière, qu'ils montrent la surface d'une lime, et qu'ils tiennent l'animal facilement suspendu à un doigt, par exemple , que l’on introduit dans la cavité de la bouche. La langue a une figure remarquable ; elle ressemble en quelque sorte à un ongle humain : elle est large, un peu arrondie par-devant, et néanmoins terminée par un angle à chaque bout de son arc antérieur; de plus, elle présente dans son milieu un os presque carré, et couvert de peiites aspérités dirigées vers le gosier ; sa circonférence est formée par un cartilage qui s’amincit vers le bord; et un frein large et épais la retient par-dessous. La voûte du palais est entièrement lisse, excepté l'endroit le plus voisin du gosier, où l'on voit de petites élévations osseuses et denticulées. Deux lames arrondies par-derrière, grandes et lisses, composent chaque opercule; six rayons soutiennent la membrane branchiale ; et les branchies sont assez semblables, par leur nombre et par leur conformation, à celles du chrysurus. æ La ligne latérale offre plusieurs sinuosités qui TOME IL 25 104 ESUTVOST IR EAN AUTOUR F'DTE décroissent à mesure qu’elles sont plus voisines de Ia nageoire caudale. Les nägeoires thoracines sont réunies à leur base par une membrane qui tient aussi à un sillon longi- tudinal placé sous le ventre , et dans lequel le poisson peut coucher à volonté ces mêmes nageoires. Elles renferment chacune cinq ou six rayons. Le dessons de la queue est terminé par une carène très-aigue. La nageoire dorsale règne depuis l’occiput jusque vers l'extrémité de la queue; elle est festonnée dans sa partie postérieure, de manière à imiter les très- petites nageoires que l'on voit sur la queue des scombres : la nageoire de l'anus offre une conforma- tion analogue ; et ces traits particuliers au poisson que nous décrivons, ne servant pas peu à le rappro- cher des scombres, avec lesquels d’ailleurs on peut voir, dans cette histoire, que les coryphènes ont beau- coup de rapports, j'ai cru devoir nommer scombéroïde, l'espèce que nous cherchons, dans cet article, à faire connoiître des naturalistes *. Commerson vit des milliers de ces scombéroïdes * À la membrane des branchies 6 rayons. à la nageoire du dos ; 55 à chacune des pectorales 18 à chacune des thoracines 6 à celle de anus 25 . à celle de la queue, qui est fourchue, 15 D'ÉENTET ON S1S DIN 199 suivre les vaisseaux francois avec assiduité, et pendant plusieurs jours. Ils vivoient de très-jeunes ou très- petits poissons volans, qui, pendant ce temps, volti- geoient autour des navires comme des nuées de pa- pillons qu'ils ne surpassoient guère en grosseur ; et c’est à cause de la petitesse de leurs dimensions, qu’ils pouvoient servir de proie aux scombéroïdes, dont la bouche étroite n’auroit pas pu admettre des animaux plus gros. En effet, l’un des plus grands de ces cory- phènes observés par Commerson n'avoit qu'environ trois décimètres de longueur. Cet individu étoit cepen- dant adulte et femelle. Au reste, les ovaires de cette femelle, qui avoient une forme alongée, occupoient la plus grande partie de l'intérieur du ventre, comme dans les cyprins, et contenoient une quantité innombrable d'œufs; ce qui prouve ce que nous avons déja dit au sujet de la grande fécondité des coryphènes. LE, CORNMPMENE 0 N DE Parcas a décrit le premier cette espèce de cory- phène. L’individu qu'il a observé et qui avoit été pêché dans les eaux de l'isle d’'Amboine, n'étoit long que de cinq centimètres ou environ. Les formes et les cou- leurs de cet animal étoient élégantes : très-alongé et un peu comprimé, il montroit sur la plus grande partie de sa surface une teinte agréable qui réunissoit la blancheur du lait à l'éclat de l'argent; une nuance grise varioit son dos ; la nageoire dorsale et celle de l'anus étoient distinguées par de petites bandes trans- versales brunes; les bandelettes de la première de ces deux nageoires s'étendoient sur la partie supérieure de Fanimal, y onduloient, pour ainsi dire, s’y réu- nissoient les unes aux autres, disparoissoient vers la partie inférieure du poisson; et la nageoire de la queue, qui étoit fourchue, présentoit un croissant très-brun. D'ailleurs ce coryphène avoit des yeux assez grands; l'ouverture de sa bouche, étant très-large, laissoit voir * Coryphæna undulata, Coryphæna fasciolata. Zinné, édition de Gmelin. Puallas, Spicil. zoolog. 8, p.23, tab. 3, fig. 2. Coryphène ondoyant, Bonuaterre, planches de l’Encyclopédie métho- dique, ‘ HI /S'T OR RAE) °N A'FUIR'E LPNE, 197 facilement une langue lisse, et arrondie par-devant ; un opercule composé de deux lames non découpées couvroit de chaque côté un grand orifice branchial ; la ligne latérale étoit droite et peu proéminente *. * A la membrane des branchies 6 rayons, à la nageoire du dos 54 à chacune des pectorales 19 à chacune des thoracines Œ à celle de l’anus 27 à celle de la queue 17 1 AU CORYPHÈNE POMPIERBE DE tous les coryphènes du premier sous-genre , le pombpile est celui dont la nageoire caudale est la moins fourchue; et voilà pourquoi quelques naturalistes, et particulièrement Artedi, le comparant sans doute à l'hippurus, ont écrit que cette nageoire de la queue n'étoit pas échancrée. Cependant, lorsqu'on a sous les yeux un individu de cette espèce, non altéré , on s'ap- percuit aisément que sa nageoire caudale présente à son extrémité un angle rentrant. Les anciens ont nommé pornpile, le coryphène dont nous traitons dans * Coryphæna pompilus. id. Linné, édition de Gmelin. Corypliène lampuge, Daubenton, Encyclopédie méthodique. d. Bonnaterre, planches de l Encyclopédie méthodique. Coryphæna.... lineä laterali curvä. Artedi, gen. 16, syn. 29. Houmos. Ælian. lib. 2, cap. 15; et lib. 15, cap. 23. Td. Aihen. lib. 7, p. 282, 283 et 284. Id. Oppian. Hal. lib. x, p. 8. Pompilus. Ovid. Pompilus. Plin. Hist. mundi, lib. 82, cap. 17. Pompile. Rondelet, première partie, liv. 8, chap. 13. Xpvoo@pus , par plusieurs anciens auteurs. Gesner, p. 881, 703 ; et (germ.) fol. 60. a, b. Aldrovand. lib. 3, cap. 19, p. 325. Jonsion, HP: IT; Lil, Cap2; a 2) 140.33 fig. D. Charlet. p. 124, Willughby, p. 215. Raj. p. 101. HITS T'OPRE" NATURE DMME, 199 cet article, parce que se rapprochant beaucoup par ses habitudes de l’hippurus et du doradon, on diroit qu'il se plaît à accompagner les vaisseaux, et que pompe sigbifie en grec pompe, ou cortége. Au reste, il ne faut pas être étonné qu'ils aient assez bien connu la manière de vivre de ce poisson osseux, puisqr'il habite dans la Méditerranée, aussi-bien que dans ;lu- sieurs portions chaudes ou tempérées de l'Océan atian- tique et du grand Océan. | L'ouverture de la bouche-du pompile est très-grande ; sa mâchoire inférieure plus avancée que la supé- rieure, et un peu relevée; les côtés de la tête pré- sentent des dentelures et des enfoncemens ; la ligne latérale est courbe; les nageoires pectorales sont poin- tues *; des bandes transversales, étroites, et commu nément jaunes, règnent sur les côtés. La dorure qui distingue un si grand nombre de corÿphènes, se ma- nifeste sur le pompile, au-dessus de chaque œil; et voilà pourquoi on l’a nommé sourcil d'or, en grec XPUTOPPUG. * À la nageoire dorsale 35 rayons. à chacune des pectorales 14 à chacune des thoracines 6 à celle de l'anus 24 à celle de la queue 16 IE :@O RIM P ERON DU BIC DUR L'or, l'argent et l’azur brillent sur les coryphènes que nous venons d'examiner; la parure de celui que nous décrivons est plus simple, mais élégante. Il ne présente ni argent ni or; mais toute sa surface est d'un bleu nuancé par des teintes agréablement diver- sifiées , et fondues par de douces dégradations de clarté. On le trouve dans les mers tempérées ou chaudes qui baignent les rivages orientaux de l'Amérique. Ses écailles sont grandes ; celles qui revêtent le dessus et les côtés de sa tête, sont assez semblables aux écailles du dos. Une seule lame compose l'opercule des bran- chies, dont l'ouverture est très-large ; la ligne latérale est plus proche du dos que de la partie inférieure de l'animal ; les yeux sont ronds et grands ; et une rangée de dents fortes et pointues garnit chaque mâchoire *?. : Coryphæna cærulea. Id. Linné, édition de Gmelin. Bloch, pl. 176. Novacula cærulea. Catesby, Carol. tab, 18. Coryphène rasoir bleu. # A la membrane des branchies 4 rayons. à la nageoire du dos 19 à chacune des pectorales 14 à chacune des thoracines 5 à celle de l’anus IT à celle de la queue 19 EE —_—_—_—— LESCORYPHENE PLUMMIER Ce coryphène, que le docteur Bloch a fait connoître, et quil a décrit d'après un manuscrit de Plumier, habite à peu près dans les mêmes mers que le bleu : on le trouve particulièrement, ainsi que le bleu , dans le bassin des Antilles. Mais combien il diffère de ce dernier poisson par la magnificence et la variété des couleurs dont il est revêtu! C'est un des plus beaux habitans de l'Océan. Tâchons de peindre son portrait avec fidélité. Son dos est brun; et sur ce fond que la Nature semble avoir préparé pour faire mieux ressortir les nuances qu'elle y a distribuées, on voit un grand nombre de petites raies bleues serpenter, s'éloigner les unes des autres , et se réunir dans quelques points. Cette espèce de dessin est comme encadré dans l'or qui resplendit sur les côtés du poisson, et qui se change en argent éclatant sur la partie inférieure du coryphène. La tête est brune ; mais chaque œil est situé au-dessous d’une sorte de tache jaune, au-dessus d'une plaque * Coryphæna Plumieri. Id. Zinné, édition de Gmelin. Bloch, pl. 175. Coryphene paon de mer. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie mé- thodique. TOME Ill. 26 202 HITS TOTRIE N AMTUUR EN PTE: argentée, et au centre de petits rayons d'azur. Une bordure grise fait ressortir le jaune des nageoires pectorales et thoracines. La nageoire de la queue, qui est jaune comme celle de l'anus, présente de plus des teintes rouges et un liséré bleu; et enfin une longue nageoire violette règne sur la partie supérieure du corps et de la queue *. Le coryphène plumier est d’ailleurs couvert de petites écailles ; il n’a qu'une lame à chacun de ses opercules; il parvient ordinairement à la longueur d’un demi-mètre; et sa nageoire caudaie est en croissant, comme celle du bleu. * A la membrane des branchies 4 rayons. à la nageoire du dos 77 à chacune des pectorales 11 à chacune des thoracines 6 à celle de l'anus 55 à celle de la queue 16 LE LC ORPI EN E RASOIR | Ce poisson a sa partie supérieure terminée par une arête assez aiguë, pour qu'on nait pas balancé à lui donner le nom que nous avons cru devoir lui con- server. Il habite dans la Méditerranée ; et voilà pour- quoi il a été connu des anciens, et particulièrement de Pline. Il est très-beau; on voit sur sa tète et sur plusieurs de ses nageoires, des raies qui se croisent en différens sens, et qui montrent cette couleur bleue que nous avons déja observée sur les coryphènes : mais il est le premier poisson de son genre qui nous pré- sente des nuances rouges éclatantes , et relevées par * Coryphæna novacula. Pesce pettine, sur les côtes de la Ligurie. Rason, sur plusieurs côtes d’Espagne. Coryphæna novacula. Zinné, édition de Gmelin. Coryphène rason. Daubenton, Encyclopédie méthodique, Id. Bonnaterre, planches de lP Encyclopédie méthodique. Coryphæna palmaris pulchré varia , dorso acuto. Artedi, gen. 15,537. 20. Novacula piscis. Pin. Hist. mundi, lib. 32, cap. 2. Rason. Rondelet, première partie, Liv. b, chap. 17. Novacula. Gesner, p. 628 , 629 et 721; et (germ.) fol, 32, a. Pesce pettine. Salvian. fol. 217. Pecten Romæ, novacula Rondeletii. Æ/drovand. lib. 2, cap. 27, p. 205. Pecten Romanorum. Jonston, lib. 1 , tit. 3, cap. 1, a. 15. Pesce pettine Salviani, novacula Rondelet. Gesner, Paralipom. p. 24.7 Willughby, Ichthyol. p. 214. Raj.p. 101, 20% HIS T'ON RTE CIN ANTTUNRME EME, des teintes dorées. Ce rouge resplendissant est répandu sur la plus grande partie de la surface de l'animal ; et il y est réfléchi par des écailles très-grandes. La chair du rasoir est tendre, délicate, et assez recherchée sur plusieurs rivages de la Méditerranée. Sa ligne latérale suit à peu près la courbure du dos, dont elle est très- voisine ; chacun de ses opercules est composé de deux lames ; et sa nageoire caudale étant rectiligne , nous l'avons placé dans le second sous-genre des coryphènes. Au reste, l'histoire de ce poisson nous fournit un exemple remarquable de l'influence des mots. On l'a nommé 7asoir long-temps avant le‘siècle de Pline : à cette époque, où les sciences physiques étoient extrè- mement peu avancées, cette dénomination a suffi pour faire attribuer à cet animal plusieurs des propriétés d'un véritable rasoir, et même pour faire croire , ainsi que le rapporte le naturaliste romain, que ce cory- phène donnoit un goût métallique et particulièrement un goût de fer à tout ce qu'il touchoit. el LE CORYPHÈNE PERROQUET:. LA forme rectiligne que présente la naseoiïre caudale de ce poisson, détermine sa place dans le troisième sous-genre des coryphènes. Sa ligne latéraie est inter- rompue ; et sa nageoire dorsale, assez basse et com- posée de trente rayons, ou environ, commence à l'occiput*. Il a été observé par le docteur Garden dans les. eaux de la Caroline. La beauté des couleurs dont il brille , lorsqu'il est animé par la chaleur de la vie, ainsi que par les feux du soleil, a mérité qu'on le comparât aux oiseaux les plus distingués par la variété de leurs teintes, la vivacité de leurs nuances, la ma- gnificence de leur parure, et particulièrement aux perroquets. Les lames qui recouvrent sa tête, montrent la diversité des reflets des métaux polis et des pierres précieuses ; soniris, couleur de feu, est bordé d'azur; : Coryphæna psittacus. Id. Zinné, édition de Gmelin. Coryphene perroquet. Daubenton, Encyclopédie méthodique.. Id. Bonnaterre, planches de l’ Encyclopédie méthodique, : A la nageoire du dos 30 rayons, à chacune des pectorales 11 à chacune des thoracines 6 à celle de l’anus 16 à celle de la queue 14 206 H IS TOR E NA TU PR ET LUE des raies longitudinales relèvent le fond des nageoires ; et l'on apperçoit vers le dos, au milieu du tronc, une tache remarquable par ses couleurs aussi- bien que par sa forme, faite en losange, et présentant, en quelque sorte, toutes les teintes de l'arc-en-ciel, puis- qu'elle offre du rouge, du jaune, du verd, du bleu et du pourpre. RE L'ÉICORMPMENE CAMMUS: LE nombre des rayons de la nageoire dorsale, et la prolongation de la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure, servent à distinguer ce coryphène, qui habite dans les mers de l'Asie, et qui, par la forme rectiligne de sa nageoire caudale, appartient au troi- sième sous-genre des poissons que nous considérons *, * Coryphæna sima. Id. Linné} édition de Cmelin. Coryphène rechigné. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie métho- dique. 3 À la nageoire dorsale 32 rayons, à chacune des pectorales 16 à chacune des thoracines 6 à celle de Panus 9 à celle de la queue 16 LE CORYPHENEURUANE Le docteur Garden a fait connoître ce poisson, qui habite dans les eaux de la Caroline. Ce coryphène a la tête rayée transversalement de couleurs assez vives: d’autres raies très-petites paroissent sur la nageoire du dos, ainsi que sur-celle de l'anus”. Les écailles qui revêtent le corps et la queue, sont très-grandes. La tête n’en présente pas de semblables ; elle: n’est cou- verte que de grandes lames. L’extrémité antérieure de chaque mâchoire est garnie de deux dents aiguës, très- longues, et écartées l'une de l'autre; et la forme de la nageoire caudale, qui est arrondie, place le rayé dans le quatrième sous-genre des coryphènes. 1 Coryphæna lineata. Id. Linné, édition de Gmelin. Coryphène rayé. Bonnaterre, planches de l’ Encyclopédie méthodique. 2 À la nageoire du dos 21 l'AYONSe à chacune des pectorales 4x à chacune des thoracines 6 à celle de l’anus 15 à celle de la queue 12 L'E COR M PALE NE AC'EHIN En" Ce coryphène n'a pas encore été décrit. Nous en avons trouvé une figure coloriée et faite avec beaucoup de soin, dans ce recueil de peintures chinoises qui fait partie des collections du Muséum d'histoire natu- relle, et que nous avons déja cité plusieurs fois. Nous lui avons donné le nom de coryphène chinois, pour désigner les rivages auprès desquels on le trouve, et l'ouvrage précieux auquel nous en devons la connois- sance. Sa parure est riche, et en même temps simple, élégante et gracieuse. Sa couleur est d’un verd plus ou moins clair, suivant les parties du corps sur les- quelles il paroît ; maïs ces nuances agréables et douces sont mêlées avec des reflets éclatans et argentins. Au reste, il n'est pas inutile de remarquer qu’en rapprochant par la pensée les diverses peintures chi- noises que l'on peut connoître en Europe, de ce qu'on a appris au sujet des soins que les Chinois se donnent pour l'éducation des animaux, on se convaincra aisé- ment que ce peuple n’a accordé une certaine atten- tion, soit dans ses occupations économiques, soit dans ies productions de ses beaux arts, qu'aux animaux utiles à la nourriture de l’homme, ou propres à DER NME Re AU RUE Ts CUS TAN EEE * Coryphæna sinensis, TOME Jil. 27 TO HISTOTREN NATURELLE. charmer ses yeux par la beauté de leurs couleurs. Ce trait de caractère d'une nation si digne de l'observa- tion du philosophe, né devoit-il pas être indiqué, même aux naturalistes? Le beau coryphène chinois montre une très-longue nageoire dorsale ; mais celle de l’anus est assez courte. La nageoire caudale est arrondie. De grandes écailles couvrent le corps, la queue et les opercultes. La mâ- choire inférieure est relevée et plus avancée que la supérieure; ce qui ajoute aux rapports du chinois avec le coryphène camus. St EE CORMBARENESRONRNEU Le nom de pointu, que Linné a donné à ce coryphène, vient de la forme lancéolée de la nageoire caudale de ce poisson ; et c'est à cause de cette même forme , que nous avons placé cet osseux dans un cinquième sous- genre. Cet animal, qui habite dans les mers de l'Asie, a quarante-cinq rayons à la nageoire du dos, et sa ligne latérale est courbe *. : Coryphæna acuta. Id. Linné, édition de Gmelin. Coryphèene pointue. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie métho= dique. 3 À la nageoire du dos 45 rayons. à chacune des pectorales 16 à chacune des thoracines 6 à celle de l’anus 16 à celle de la queue 14 Lt CONRAD EMEAIN ERNNNE RD" FELT LE CORYPHÈNE CASQUÉ:. Nous avons divisé le genre que nous examinons, en ciniq sous-genres; et nous avons placé les coryphènes dans l'un ou l'autre de ces groupes, suivant le degré d'étendue relative, et par conséquent de force pro- portionnelie, donnée à leur nageoire caudale, ou, ce qui est la même chose, à un de leurs principaux ins- trumens de natation, par la forme de cette même nageoire, ou fourchue, ou en croissant, ou rectiligne, ou arrondie, ou pointue. Nous n'avons vu aucun indi- vidu de l'espèce du coryphène verd, ni de celle du coryphène casqué; aucun naturaliste n’a décrit ou figuré la forme de la nageoire caudale de l’un ni de l’autre de ces deux poissons : nous avons donc été obligés de les présenter séparés des cinq sous-genres 3 Coryphæna viridis. Cor; phæna virens. Linné, édition de Gmel'n, Coryp'iène verte. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 2 Coryphæna galeata. Cor; phæna elypeata. Zinné, édition de Gmelin. Cotyphène à bouclier, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie métho= dique. ALT ST OT RCE N'AÏT UIR El IÉDIELN 9 le que nous avons établis; et de nouvelles observations pourront seules les faire rapporter à celle de ces petites sections à laquelle ils doivent appartenir. Tous les deux vivent dans les mers de l'Asie; et tous les deux sont faciles à distinguer des autres coryphènes: le premier, par un long filament que présente chacune des nageoires du dos et de l'anus , ainsi que des tho- racines"; et le second, par une lame osseuse située au-dessus des yeux, et que lon a comparée à une sorte de bouclier, ou plutôt de casque. On ignore la couleur du casqué; celle du verd est indiquée par le nom de ce coryphène *. 5 A Ja na eoire du dos 26 rayons, à chacune des pectorales 13 : à chacune des thoracines 6 à celle de l’anus 13 à celle de la queue 16 2 À la nageoire du dos 32 à chacune des pectorales 14 à chacune des thoracines 6 à celle de l’aous 12 QUATRE-VINGT-UNIÈME GENRE. LES HÉMIPTÉRONOTES. Le sommet de la téte très-comprimé, et comme tranchant par le haut, ou trés-éleyé et finissant sur le devant par un plan presque vertical, où terminé antérieure- ment par un quart de cercle, ou garni d'écailles sem- blables à celles du dos; une seule nageoire dorsale; et la lonsueur de cette nagcoire du dos ne surpassant pas, ou surpassant à peine, la moitié de la longueur du corps et de la queue pris ensemble. ESPÈCES. CARACTÈRES. Vingt rayons, ou environ, à la nageoire du dos; l’opercule branchial composé de deux lames ; cinq taches de chaque côté. 3. L’HÉMIPT. CINQ-TACHES. (Hemipt.quinque-maculatus.) 2. L'HÉMIPTÉRON. GER Re rayons à la nageoire du dos; huit ( Hemipteronotus Gmelini.) rayons à chacune des thoracines, L'HÉMIPTÉRONOTE CINQ-TACHES, LA briéveté de la nageoire dorsale et sa position à une assez grande distance de l'occiput, distinguent le cinq-taches , et les autres poissons qui appartiennent au genre que nous décrivons, des coryphènes propre- ment dits. Le nom générique d’hémiptéronote* désigne ce peu de longueur de la nageoire dorsale, et son rapport avec la nageoiïire du dos des coryphènes, qui 1 Hemipteronotus quinque-maculatus. Coryphæna pentadactyla. Linné, édition de Gmelin. Coryphène cinq-tache$. Duubenton, Encyclopédie méthodique. Id. Bonraterre, planches de P Encyclopédie méthodique. Coryphæna caudä æquali, pinnâ dorsi, radiis uno et viginti. Floch, pl. 173. Blennius, maculis quinque utiinque versùs caput nigris. Act. Stockh. 1740 , p. 460, tab. 3, fix. 2. Jkan bandan jang swangi. Valent. Amboin. 5, p. 308, fis. 67. Bardasche cacatorha. 4, ibid. p. 388 , fi. 123, Ricvier dolfjn. 74, ibid. p. 435 , fig. 292. Oranje visch met vier vlakken. Renurd, Pise, MANDINZS Banda. /d. 1, /ab. 14, fig. 84. Ican banda. /d. 2, 14b. 2, fig. 6. #dcan potou banda. /4, tab. 23, fig. 112. can banda. Ruysch, Theat. antmal. p. 40, n. 8, 1ab. 20, fig. 8. © Vif venger visch, £Z est, piscis pentadactÿlos, /Fillughby, Append. P:7s1a6. 8, fig, 2. Riy-UPisc. 150 2123, 2 Hémintéronote vient de trois mots grecs qui signifient moitié, ra= geotre, CL dos. - DO > H1:S TIOVE-RI EM UN AUD U R FUME est presque toujours une fois plus étendue. Les osseux que nous examinons maintenant, ressemblent d’ail- leurs, par beaucoup de formes et d'habitudes, à ces mêmes coryphènes avec lesquels on les a confondus jusqu'à présent. Le cinq-taches, le poisson le plus connu des hémiptéronotes , habite dans les fleuves de la Chine, des Moluques et de quelques autres isles de l'archipel indien. Il y parvient communément à la longueur de six décimètres ; sa tête est grande; ses yeux sont rapprochés l’un de l'autre, et par consé- quent placés sur le sommet de la tête; l'ouverture de la bouche est médiocre ; les deux mâchoires sont gar- nies d’une rangée de dents aiguës, et présentent deux dents crochues plus longues que les autres ; l’orifice branchial, qui est très-grand, est couvert par un oper- cule composé de deux lames ; la ligne latérale s'éloigne moins du dos que du ventre; l'anus est plus près de la gorge que de la nageoire caudale, qui est fourchue ; des écailles très-petites couvrent les joues, et d’autres écailles assez grandes revêtent presque tout ie reste de la surface du cinq-taches. Voici maintenant les couleurs dont la Nature a peint ces diverses formes, * A la membrane des branchies 4 rayons. à la nagcoire du dos 21 à chacune des pectorales 13 à chacune des thoracines 6 à celle de l'anus 15 à celle de la queue 12 DES PAOMIOSASTHOMNES: 217 La partie supérieure de l'animal est brune; les côtés sont blancs ainsi que Îa partie inférieure ; une raie bleue règne sur la tête; l'iris est jaune : des cinq taches qui paroissent de chaque côté du corps, la première est noire, bordée de jaune, et ronde ; la seconde est noire, bordée de jaune, et ovale ; les trois autres sont bleues et plus petites. Une belle couleur d'azur distingue la nageoire caudale et celle du dos, qui d’ailleurs montre un liséré orangé ; et deux taches blanches sont situées à la base des nageoires thoracines, lesquelles sont , comme les pectorales et comme ceile de l'anus, orangées , et bordées de violet ou de pourpre. Du brun, du blanc, du bleu, du jaune, du noir, de l’orangé, et du pourpre ou du violet, composent donc l’assortiment de nuances qui caractérise le cinq- taches, et qui est d'autant plus brillant qu'il est ani- mé par le poli et le luisant argentin des écailles. Mais cette espèce est aussi féconde que belle; aussi va-t-elle par très-grandes troupes ; et comme d’ailleurs sa chair est agréable au goût, on la pèche avec soin ; on en prend même un si grand nombre d'individus, qu'on ne peut pas les consommer tous auprès des eaux qu'ils habitent. On prépare de diverses manières ces indi- vidus surabondans ; on les fait sécher ou saler; on les emporte au loin; et ils forment, dans plusieurs contrées orientales, une branche de commerce assez analogue à celle que fournit le gade morue dans les régions septentrionales de l'Europe et de l'Amérique. TOME TIR 20 en L'HÉMIPTÉRONOTE GMELIN*. Cir hémiptéronote a la nageoire dorsale encore plus courte que le cinq-taches; ses mâchoires sont d’ailleurs à peu près également avancées. On le pêche dans les mers d'Asie; et nous avons cru devoir lui donner un nom qui rappelât la reconnoissance des naturalistes envers le savant Gmelin, auquel ils ont obligation de la treizième édition du Systéme de la Nature par Linné. * Hemipteronotus Gmelini. Coryphæna hemiptera. Linné, édition de Gmelin. Coryphène à demi-nageoire. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. hé + QUATRE-VINGT-DEUXIÈME GENRE. LES CORYPHÉNOÏDES. Le sommet de la tête trèés-comprimé, et comme tranchant par le haut, ou trés-élevé et finissant sur le devant par VID plan presque vertical, ou terminé antérieurement par un quart de cercle, ou garni d'écailles semblables a celles du dos; une seule nageoire dorsale; l'ouverture des branchies ne consistant que dans une fente trans- versale. ESPÈCE. CARACTÈRE. LE CORYPH. HOTTUYNIEN. 1 … 4 Vingt-quatre rayons à la nageoire du dos. (Coryphenoëides pe 84 } SET LE CORYPHÉEN, HOTTUYNIENT Ox trouve dans la mer du Japon, et dans d’autres mers de l'Asie, ce poisson que l'on a inscrit parmi les coryphènes, mais quil faut en séparer, à Cause de plusieurs différences essentielles , et particulièrement à cause de la forme de ses ouvertures branchiales, qui ne consistent chacune que dans une fente transver- sale. Nous le nommons coryphénoïde pour désigner les rapports de conformation qui cependant le lient avec les coryphènes proprement dits; et nous lui donnons le nom spécifique d'hottuynien, parce que le natura- liste Hottuyn n'a pas peu contribué à le faire connoître. Il n'a communément que deux décimètres de lon- gueur; les écailles qui le revètent sont minces; sa couleur tire sur le jaune*. * Coryphænoïdes Hottuynii. Coryphæna branchiostega. Linné, édition de Gmelin. Coryphæna japonica. Zbid. Hottuyn. Act. Faarl. 20, 2, p. 315. Coryphène branchiostege. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie mé- ihodique. 2 A la nageoire du dos 24 rayons. à chacune des pectorales 14 à chacune des thoracines 6 à celle de l'anus 10 à celle de la queue 16 QUATRE-VINGT-TROISIÈME GENRE. LES ASPIDOPHORES. Le corps et la queue couverts d'une sorte de cuirasse écailleuse ; deux nageoires sur le dos; moins de quatre rayons aux nageoires thoracines. ERP NE IÉRERGES ONU SECTE NORCE: Un ou plusieurs barbillons à la mächoire inférieure. ESPÈCE. CARACTÈRES. . . {Plusieurs barbillons à la mâchoire inférieure; 3. L’ASPIDOPHORE ARMÉ. L la cuirasse à huit pans ; deux verrues (Aspidophorus armatus.) échancrées sur le museau. S E:C'O N'DIES O'US=GE'N'R'E. Point de barbillons à la mächoire inférieure. ESPÈCE. 2. L’ASPIDOPHORE LISIZA. (Aspidophorus lisiza.) CARACTÈRES. La cuirasse à huit ou plusieurs pans, et gar- nie d’aiguillons, L'A SP 1DOPHOREMARMP"S Nous avons séparé des cottes, les poissons osseux et thoracins dont le corps et la queue sont couverts de plaques ou boucliers très-durs disposés de manière à former un grand nombre d'anneaux solides, et dont l'ensemble compose une sorte de cuirasse, ou de * Aspidophorus armatus. À pogge , duns le nord de l’ Angleterre. Cottus cataphractus. Zinné, édition de Gmelin. Cotte armé. Daubenton, Encyclopédie méthodique. Id, Bonnaterre, planches de l’ Encyclopédie méthodique. Bloch, pl..38, fig. 3 et 4. Cottus cirris plurimis, corpore octogono. Artedi, gen. 49, spec. 87, SIRET Te Cottus cataphractus. Schonev. p, 30. Jonston, Uib,2,tit.1, cap. 9, tab. 46 , fig. 5 et 6. Charlet. Onom. p. 152. TVillughby, Ichihyolog. p. 217. Ray: p.77: J'aun, Suecic. 324. Brinn, Pise. Massil. p. 33, n. 43. Müll. Prodrom.Zoolas. Danic. p. 44, n. 43. C. T'abrie. Faun. Groenland. p. 1b5, n. 112. Bus. Adol. F7.x1, p. 70. Cronov. Mus. 1, p. 46, n. 10b; et Zooph. p. 79, n. 271. Act. Helv, 4, p. 262, 1,340, Cottus cataphractus, rostro resimo , etc. X/ein, Miss. pisc. 4, p. 42) Fi Te Cottus cataphractus. Seba, Mus. 3, p. 8r, tab. 28, fig. 6. Pogge. Pennant, Brut. Zoolog. 3, p. 178, n. 2, tab.1t. HIS T'ON RE !/N'À T'UVREÏNLILE. 229 fourreau à plusieurs faces longitudinales. Nous leur avons donné le nom générique d'aspidophore, qui veut dire porte-bouclier, et qui désigne leur conformation extérieure. Ils ont beaucoup de rapports, par les traits extérieurs qui les distinguent, avec les syngnathes et les pégases. Nous ne connoissons encore que deux espèces dans le genre qu'ils forment; et la plus an- ciennement ainsi que la plus généralement connue des deux, est celle à laquelle nous conservons le nom spécifique d'armé, et qui se trouve dans l'Océan atlan- tique. Elle y habite au milieu des rochers voisins des sables du rivage ; elle y dépose ou féconde ses œufs vers le printemps; et c'est le plus souvent d'insectes marins, de mollusques ou de vers, et particulière- ment de crabes, qu'elle cherche à faire sa nourriture. La couleur générale de l’armé est brune par-dessus et blanche par-dessous. On voit plusieurs taches noi- râtres sur: le dos ou sur les côtés ; d’autres taches noires et presque carrées sont répandues sur les deux nageoires du dos, dont le fond est gris; les nageoires pectorales sont blanchâtres et tachetées de noir; et celte même teinte noire occupe la base de la nageoire de l'anus. Une sorte de bouclier ou de casque très-solide, écailleux, et même presque osseux, creusé en petites cavités irrégulières et relevé par des pointes ou des tubercules, garantit le: dessus de la tête: Lies deux mâchoires et le palais sont hérissés de plusieurs rangs 294 HAS T'ON REV INTASTAUMRMENT LE. de dents petites et aiguës; un grand nombre de bar- billons garnissent le contour arrondi de la mâchoire inférieure, qui est plus courte que la supérieure ; lopercule branchial n'est composé que d'une seule lame; un piquant recourbé termine chaque pièce des anneaux solides dont se forme la cuirasse générale de l'animal; cette même cuirasse présente huit pans lon- gitudinaux, qui se réduisent à six autour de la partie postérieure de la queue; la ligne latérale est droite ; l'anus situé à peu près au-dessous de la première nageoire du dos; la nageoire caudale arrondie ; les pectorales sont grandes, et les thoracines longues et étroites. L'aspidophore armé parvient communément à une longueur de deux ou trois décimètres. Nous pensons que l'on doit rapporter à cette espèce le poisson auquel Olaflen et Muller ont donné le nom de cotte brodame*, et qui ne paroît différer par aucun trait important, du thoracin qui fait le sujet de cet article. CE MUST ROLE LUI ER IEC LR EIE L'EREP PRE PER EE RO EE ? 5 rayons non articulés à la première nageoire du dos. 7 rayons articulés à la seconde. 15 rayons à chacune des pectorales. 3 à chacune des thoracines. 6 à celle de l’anus. 10 à celle de la queue. 2 Cottus brodamus. Oluffen, Isl. 1om.x, p. 589. id. Müll. Zoolog. Danic. Prod:om. Cotte brodame. Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique: EL ASPTIDOPEÉHORES RE NSAZ TANT. PazLas a fait connoître ce poisson , qui vit auprès du Japon et des isles Kuriles, et qui a beaucoup de rap- ports avec l'armé. La tête de cet aspidophore est alongée, comprimée, et aplatie dans sa partie supérieure, qui présente d'ail- leurs une sorte de gouttière longitudinale. De chaque côté du museau, qui est obtus, et partagé en deux lobes , on voit une lame à deux ou trois échancrures, et garnie sur le devant d’un petit barbillon. Les bords des mâchoires sont hérissés d’un grand nombre de dents ; les yeux situés assez près de l'extrémité du museau, et surmontés chacun par une sorte de petite corne ou de protubérance osseuse ; et les opercules dentelés ou découpés. Une pointe ou épine relève presque toutes les pièces dont se composent les anneaux et par conséquent l'ensemble de la cuirasse, dans lesquels le corps et la queue sont renfermés. Ces pièces offrent d'ailleurs des stries disposées comme des rayons autour d'un centre; * Aspidophorus lisiza. Cottus japonicus. Pallas, Spicileg.z0olog. 7, p. 30. Id. Linné, édition de Gmelin. Cotte lisiza. Daubenton, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique. TOME Ill. 2æ LE S26 HISTOIRE NATURELLE. et les anneaux sont conformés de manière à donner à la cuirasse ou à l'étui général une très-grande ressem- blance avec une pyramide à huit faces, ou à un plus grand nombre de côtés, qui se réduisent à cinq, six, ou sept, vers le sommet de la pyramide. La première nagecire du dos correspond, à peu près, aux pectorales et aux thoracines, et la seconde à celle de l'anus. Chacune des thoracines ne comprend que deux rayons ; ceux de toutes les nageoires sont, en général, forts et non articulés ; et l’orifice de l'anus est un peu plus près de la gorge que de la nageoire caudale *. Le fond de la couleur de l'aspidophore que nous décrivons, est d'un blanc jaunâtre ; mais le dos, plu- sieurs petites raies placées sur les nageoires, une grande tache rayonnante située auprès de la nuque, et des bandes distribuées transversalement ou dans d’autres directions sur le corps ou sur la queue , offrent une teinte brunâtre. La longueur ordinaire du lisiza est de trois ou quatre décimètres. * A Ja membrane des branchies 6 rayons. à la première nageoire du dos 6 à la seconde nageoire dorsale 7 à chacune des nageoires pectorales 12 à chacune des thoracines 2 à celle de Panus 8 à celle de la queue 12 2 ie QUATRE-VINGT-QUATRIÈME GENRE. LES ASPIDOPHOROÏDES. Le corps et la queue couverts d'une sorte de cuirasse écaïlleuse; une seule nageoire sur le dos; moins de quatre FaYons aux nageoires thoracines. ESPÈCE. CARACTÈRES. aa el AUS SAN UE rayons à chacune des nageoires pec- (Aspidophor. tranquebar.) torales , et deux à chacune des thoracines. L'ASPIDOPHOROÏDE TRANQUEBAR :. Les aspidophoroïdes sont séparés des aspidophores par plusieurs caractères, et particulièrement par l'unité de la nageoire dorsale. Ils ont cependant beau- coup de rapports avec ces derniers; et ce sont ces ressemblances que leur nom générique indique. Le tranquebar est d’ailleurs remarquable par le très-petit nombre de rayons que renferment ses diverses na- geoires ; et ce trait de la conformation de ce poisson est si sensible, que tous les rayons de la nageoire du dos, de celle de l'anus, de celle de la queue, des deux pectorales, et des deux thoracines , ne montent en- semble qu'à trente-deux *. Cet aspidophoroïde vit dans les eaux de Franquebar, ainsi que l'annonce son nom spécifique. Sa nourriture : Aspidophoroïdes tranquebar. Bloch, pl. 178, fig. 1 et 2. Cottus monopterygius. Linné, édition de Gmelin. Cotte, chabot de l’Inde. Bounaterre, planches de l'Encyclopédie métho- dique. 3 A la membrane des branchies 6 rayons. à la nageoire du dos o à chacune des peetorales 14 à chacune des thoracines celle de Panus celle de la queue B- Sun > Æ 2 + HAL SSMIONIERTE Nr ANTUNRSEFLIRES 229 ordinaire est composée de jeunes cancres, et de petits mollusques, ou vers aquatiques. Il est brun par-dessus; gris sur les côtés; et l'on voit sur ces mêmes côtés des bandes transversales et des points bruns, ainsi que des taches blanches sur la partie inférieure de l’ani- mal, et des taches brunes sur la nageoire de la queue et sur les pectorales. Sa cuirasse est à huit pans longitudinaux, qui se réunissent de manière à n'en former que six vers la nageoire caudale ; les yeux sont rapprochés du som- met de la tête; la mâchoire supérieure, plus longue que l'inférieure, présente deux piquans recourbés en arrière ; une seule lame compose l'opercule des bran- chies, dont l'ouverture est très-grande ; on apperçoit sur le dos une sorte de petite excavation longitudi- nale ; la nagcoire dorsale est au-dessus de celle de l'anus, et celle de la queue est arrondie, QUATRE-VINGT-CINQUIÈME GENRE, L'EISTIC'ONMTES:. La tête plus large que le corps ; la forme générale un peu conique; deux nageoires sur le dos; des aiguillons ou des tubercules sur la tête ou sur les opercules des bran- chies; plus de trois rayons aux nageoires thoracines. PREMIER SOUS-GENRE. Des barbillons à la mächoire inférieure. CARACTÈRES. ESPÈCE. Plusieurs barbillons à la mâchoire inférieure; x. LE COTTE GROGNANT. SRE : cette mâchoire plus avancée que la supé- (Cottus grunniens.) : rieure, SE CO N DAS OUS-G E NR E. Point de barbillons à la maächoire inférieure. CARACTÈRES. Plusieurs aiguillons sur la tête; le corps par- semé de petites verrues épineuses. ESPÈCES. 2. LE COTTE SCORPION. { (Cottus scorpius.) 3. LE coT. Hoi dns protubérances osseuses sur le som- (Coutus quadricornis.) met de la tête. . LE COTTE RABOTEUX. : ; 2 LE #L e {La ligne latérale garnie d’aiguillons. (Coutus scaber.) HÉESTOLRE CN A TU REED EE, 231 ESPÈCES. ; CARACTÈRES. 5. LE COTTE AUSTRAL. re aiguillons sur la tête; des bandes trans- (Cottus australis.) versales , et des raies longitudinales. 6. LE COTTE INSIDIATEUR, fDeux aiguillons de chaque côté de la tête; (Coitus insidiator.) des stries sur cette même partie de l’animal. ie aiguillons recourbés de chaque côté de 7- LE COTTE MADÉGASSE. la tête; ‘un sillon longitudinal, large et (Cortus madagascariensis.) profond , entre les yeux ; des écailles assez grandes sur le corps et sur la queue. mâchoire inférieure plus avancée que la 3 LE COTTE Norr. supérieure ; le corps couvert d’écailles {Cottus niger.) Un aiïguillon de chaque côté de la tête ; la rudes ; la couleur générale noire, ou noi- râtre. g. LE COTTE CHABOT. 4 cule ; le corps couvert d’écailles à peine {Cottus gobro.) Deux aiguillons recourbés sur chaque oper- visibles, LE COMPARE M CRNO CINE ANNEE Presque tous les cottes ne présentent que des cou- leurs ternes , des nuances obscures, des teintes mono- tones, Enduits d’une liqueur onctueuse qui retient sur leur surface le sable et le limon, couverts le plus souvent de vase et de boue, défigurés par cette couche sale et irrégulière , aussi peu agréables par leurs pro- portions apparentes que par leurs tégumens , qu'ils dif- fèrent, dans leurs attributs extérieurs, de ces magni- fiques coryphènes sur lesquels les feux des diamans, de l'or, des rubis et des saphirs, scintillent de toutes parts, et auprès desquels on diroit que la Nature les a placés, pour qu'ils fissent mieux ressortir l'éclatante parure de ces poissons privilégiés! On pourroit être * Cottus grunniens. : Ya. Linné, édition de Gmelin, Bloch, pl. 1709. Cotte grognard. Daubenton, Encyclopédie méthodique. Id. Bounaterre, planches de l’ Encyclopédie méthodique. Mus. Adolph. Frid. 2, p. 65. pr Gronov. Mus. 1, p.46, n. 106; et Zooph. p.79, n. 269. Seba, Mus. 3, p. 80,7. 4, tab. 23, fig. 4. Corystion capite crasso, ore ranæ amplo, etc. Klein, Miss, pisc, 4, p.46, n. 8. Marcgr. Brasil. p. 78. Willughby, Ichthyol, p. 280, tab. S,11, fig. 13 Append.p. à, tab.4, fr, À. At De Nioui. Ray, Pisc. p.92, 7. ; elpe TOO 71e 4e 1 Ù P:9257.7 7 3 7 HS TON RE AN A TU RCEIL ME) 233 tenté de croire que s'ils ont été si peu favorisés lors- que leur vêtement leur a été départi, ils en sont, pour ainsi dire, dédommagés par une faculté remar- quable et qui n'a été accordée qu'à un petit nombre d'habitans des eaux, par celle de proférer des sons. Et en effet, plusieurs cottes, comme quelques balistes, des zées, des trigles et des cobites, font entendre, au milieu de certains de leurs mouvemens, une sorte de bruit particulier. Qu'il y a loin cependant d’un simple bruissement assez foible , très-monctone , très- court, et fréquemment involontaire, non seulement à ces sons articulés dont les nuances variées et légères ne peuvent être produites que par un organe vocal très-composé, ni saisies que par une oreille très- délicate, mais encore à ces accens expressifs et si diversifiés qui appartiennent à un si grand nombre d'oiseaux, et même à quelques mammifères! Ce n'est qu'un frôlement que les cottes, les cobites, les trigles, les zées, les balistes, font naître. Ce n’est que lorsque, saisis de crainte, ou agités par quelque autre affection vive, ils se contractent avec force , resserrent subite- ment leurs cavités intérieures, chassent avec violence les différens gaz renfermés dans ces cavités, que ces vapeurs sortant avec vitesse, et s'échappant principa- lement par les ouvertures branchiales, en froissent les opercules élastiques , et, par ce frottement toujours peu soutenu, font naître des sons, dont le degré d’élévation est inappréciable , et qui par conséquent, TOME Ill 30 534 HISTOÎRE NATURELLE n'étant pas une voix, et ne formant qu'un véritable bruit, sont mème au-dessous du sifflement des reptiles”. Parmi les cottes, l’un de ceux qui jouissent le plus de cette faculté de frôler et de bruire , a été nommé £rognant, parce que l'envie de rapprocher les êtres sans discernement et d'après les rapports les plus vagues, qui l’a si souvent emporté sur l'utilité de comparer leurs propriétés avec convenance, a fait dire qu'il y avoit quelque analogie entre le grogne- ment du cochon et le bruissement un peu grave du cotte. Ce poisson est celui que nous allons décrire dans cet article. On le trouve dans les eaux de l'Amérique méridio- male, ainsi que’ dans celles des Indes orientales. Il est brun sur le dos, et mêlé de brun et de blanc sur les côtés. Des taches brunes sont répandues sur ses na- geoires , qui sont grises, excepté les pectorales et les thoracines, sur lesquelles on apperçoit une teinte rougeâtre ‘. La surface du grognant est parsemée de pores d'où découle cette humeur visqueuse et abondante dont ik est enduit, comme presque tous les autres cottes. ANA PRE ET Une NE ENT USE RER ERRERAUIRNE EEE VE ME : Voyez le Discours sur 1 nature des poissons. 2 À la première nageoire du dos 3 rayons. à la seconde 20 à chacune des nageoires pectorales 22 à chacune des thoracines 4 à celle de l'anus 16 D'EXS VPI OT SESTDEN 5 288 Malgré la quantité de cette matière gluante dont il est imprégné, sa chair est agréable au goût; on ne la dédaigne pas:on ne redoute que le foie, qui est regardé comme très-malfaisant, que l'on considère même comme une espèce de poison; et n'est-il pas à remar- quer que, dans tous les poissons, ce viscère est la por- tion de l'animal dans laquelle les substances huileuses abondent le plus ? La tête est grande, et les yeux sont petits. L'ouver- ture de la bouche est très-large ; la langue lisse, ainsi que le palais; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure, et hérissée d'un grand nombre de bar- billons, de mème que les côtés de la tète ; les lèvres sont fortes ; les dents aiguës, recourbées , éloignées l'une de l'autre, et disposées sur plusieurs rangs. Les opercules, composés d'une seule lame, et garnis chacun de quatre aiguillons, recouvrent des orifices très- étendus. L'anus est à une distance presque égale de la gorge et de la nageoire caudale, qui est arrondie. LE, GO EDR) SCO RP T'ON C'est dans l'Océan atlantique, et à des distances plus: où moins grandes du cercle polaire, que l’on trouve ce cotte remarquable par ses armes, par sa force, par son agilité. Il poursuit avec une grande rapidité, et am * Cottus scorpius. Caramassou , à l'embouchure de lu Seine. Scorpion de mer, durs plusieurs départemens de France. - Rotsimpa, ex Suède, | Skrabba, zbid. Skjalryta, z6id. Skialryta, ibid. Skiolrista, ibid, Pinulka, 5b:d, Fisksymp, ez Norvége. Vid-kieft, 2b:d. Soë scorpion, 1brd. Kaniok kanininak, dans le Groenland: Kurhaln, dans la Poméranie. Donner krote, dans la Livonie. Kamtscha, dans la Sibérie. Ulk, er Danemarck. Ulka, ibid. ns Wulk, dans quelques contrées du nord de l'Eurove.. Donderpad, ex Æollande. Posthoest, dans la Beloique. Posthoofdt, z6id, Father-lasher, sur plusieurs côtes d'Angleterre. Scolping, à Terre-Neuve. Cottus scorpius. Linné, édition de Gmelin.. HISTOIRE NATURELLE. 257 par conséquent avec un grand avantage, la proie qui fuit devant lui à la surface de la mer. Doué d’une vigueur très-digne d'attention dans ses muscles cau- daux, pourvu par cet attribut d’un excellent instru- ment de natation, s'élançcant comme un trait, très- vorace, hardi, audacieux même, il attaque avec promptitude des blennies, des gades, des clupées, des saumons ; 1l les combat avec acharnement, les frappe Cotte scorpion de mer. Daubenton, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Autre espèce de scorpion marin. Va/mont-Bomare, Dictionnaire d'his- toire naturelle. Faun. Suecic. 323. Ulka. 1. Scan. 32. Cottus alepidotus, capite polyacantho, etc. Mus. Adolph. Frid.1, p. 70, Cottus alepidotus, capite polyacantho, etc. Artedi, gen, 49, spec. 86, SYR, 77e Scorpio marinus, vel scorpius nostras. Schonev, p. 67. Scorpius marinus. Jonston, tab. 47, fig. 4 et 5. Cottus scorpænæ Bellonii similis. #Vi/lughby, p. 1383 et Append. p. 25, tab. 26à 10e Id. et scorpius virginius. Raj. p. 145, n. 125 et 142,7. 3. Aldrovand. lib. 2, cap. 27 (pro 25), p.202. Gronov. Mus. 1, p. 46, n. 1043 Act. Helyetic. 4, p. 262, n. 139; es Zooph. p. 78, n. 268. à Bloch, pl. 39. Corystion capite maximo, et aculeis valde horrido, Klein, Miss. pise. 45 D- 47» 1ly400. 13) fige 2.643, Fisk sympen. Act. Nidros. 2, p. 345, tab.13, 14 Sea-scorpion. Edw. Glean. tab. 284. Seba, Mus. 3, p. 81, 1ab. 28, fig. 5. Father-lasher, Brit. Zoolog. 3 ,.p. 179, n. 3, 230 HISTOIREUN A TURELLE vivement avec les piquans de sa tête, les aiguillons de ses nageoires, les tubercules aigus répandus sur son corps, et en triomphe le plus souvent avec d'autant plus de facilité, qu'il joint une assez grande taille à l’im- pétuosité de ses mouvemens , au nombre de ses dards et à la supériorité de sa hardiesse, En eflet, nous devons croire, en comparant tous les témoignages, et malgré l'opinion de plusieurs habiles naturalistes, que dans les mers où il est le plus à l'abri de ses ennemis, le cotte scorpion peut parvenir à une lon- gueur de plus de deux mètres : ce n’est qu'auprès des côtes fréquentées par des animaux marins dangereux pour ce poisson, qu'il ne montre presque jamais des dimensions très-considérables. L'homme ne nuit guère à son entier développement, en le faisant périr avant le terme naturel de sa vie. La chair de ce cotte, peu agréable au goût et à l'odorat, n'est pas recherchée par les pêcheurs; ce ne sont que les habitans peu délicats du Groenland, ainsi que de quelques autres froides et sauvages contrées du Nord, qui en font quelquefois leur nourriture ; et tout au plus tire-t-on parti de son foie pour en faire de l'huile, dans les endroits où, comme en Norvége, par exemple, il est très-répandu. Si d'ailleurs ce paisson est jeté par quelque accident sur la grève, et que le retour des vagues , le reflux de la marée, ou ses propres efforts, ne le ramènent pas promptement au milieu du fluide nécessaire à son existence, il peut résister pendant assez long - temps D ES PO" TS ON ES: 29€ au défaut d'eau, la nature et la conformation de ses opercules et de ses nrembranes branchiales lui don- nant la faculté de clore presque entièrement les orifices de ses organes respiratoires , d'en interdire le contact à l'air de l'atmosphère, et de garantir ainsi ces organes essentiels et délicats de l'influence trop active, trop desséchante, et par conséquent trop dangereuse, de ce même fluide. atmosphérique. C’est pendant l'été que la plupart des cottes scor- pions commencent à s'approcher des rivages de la mer; mais communément l'hiver est déja avancé, lorsqu'ils déposent leurs œufs, dont la couleur est rougeûtre. Tout leur corps est parsemé de petites verrues en: quelque sorte épineuses, et beaucoup moins sensibles dans les femelles que dans les mâles. La couleur de leur partie supérieure varie; elle est ordinairement brune avec des raies et des points blancs: leur partie inférieure est aussi très-fréquem- ment mêlée de blanc et de brun. Les nageoires sont rouges avec des taches blanches ; on distingue quel- quefois les femelles par les nuances de ces mêmes nageoires, qui sont alors blanches et rayées de noir, et par le blanc assez pur du dessous de leur corps. La tête du scorpion est garnie de tubercules et d’ai- guillons; les yeux sont grands, alongés, rapprochés l'ün de l'autre, et placés sur le sommet de la tête: les: mächoires sont extensibles, et hérissées, comme le palais, de dents aigués ; la langue est épaisse, courte, 240 H 1, ST'OMN RE NATURE NET ES et dure; l'ouverture branchiale très-large ; l'opercule composé de deux lames; la ligne latérale droite, for- mée communément d'une suite de petits corps écail- leux faciles à distinguer malgré la peau qui les recouvre, et placée le plus souvent au-dessous d'une seconde ligne produite par les pointes de petites arêtes: la nageoire caudale est arrondie, et chacune des tho- racines assez longue *. * A la première nageoire du dos 10 rayons. à la seconde 16 à chacune des pectorales 17 à chacune des thoracines 4 à celle de l’anus 12 à celle de la queue 18 Vertébres dorsales, 8. Vertèbres lombaires, 2. Vertèbres caudales, 15. LE COTTE QUARE-CORNES *. QUATRE tubercules osseux , rudes , poreux, s'élèvent et forment un carré sur le sommet de la tête de ce cotte ; ils y représentent , en quelque sorte, .quatre cornes, dont les deux situées le plus près du museau sont plus hautes et plus arrondies que les deux pos- térieures. Plus de vingt apophyses osseuses et piquantes, mais recouvertes par une légère pellicule, se font aussi remarquer sur différentes portions de la tête ou du corps: on en distingue sur-tout deux au-dessus de la membrane des branchies , trois de chaque côté du carré formé par les cornes, deux auprès des narines, deux sur la nuque, et une au-dessus de chaque na- geoire pectorale. Le quatre-cornes ressemble d’ailleurs par un très- * Cottus quadricornis. Horn simpa, er Suède. Cottus quadricornis. Linné, édition de Gmelin. Cottus scaber tuberculis quatuor corniformibus, etc. Artedi, gen. 48, SpPCCe 84. Cotte quatre-cornes. Daubenton, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Fuun. Suecic. 327. Mus. Adolph. Frid.x, p.7o, tab. 32, fig. 4. Cottus scorpioides. Or. Fabric. Faun. Groenland. p. 157, n. 114. TOME Ill. 31 2129 HI S'TOÏMRE EN ATUMRM ELLE grand nombre de traits au cotte scorpion : il présente presque toutes les habitudes de ce dernier ; il habite de même dans l'Océan atlantique septentrional , et particulièrement dans la Baltique et auprès du Groen- land; également armé, fort, vorace , audacieux, impru- dent , il nage avec d'autant plus de rapidité, qu'il a de très-grandes nageoires pectorales *, et qu'illes remue très-vivement: il se tient quelquefois en embuscade au milieu des fucus et des autres plantes marines , où il dépose des œufs d’une couleur assez pale; et dans cer- taines saisons il remonte les fleuves pour y trouver avec plus de facilité les vers, les insectes aquatiques et les jeunes poissons dont il aime à se nourrir. On dit, au reste, que sa chair est plus agréable à manger que celle du scorpion; il ne parvient pas à une grandeur aussi considérable que ce dernier cotte ; et les couleurs brunes et nuageuses que présente le dos du quatre-cornes, sont plus foncées, sur-tout lorsque l'animal est femelle, que les nuances distribuées sur la partie supérieure du scorpion. Le dessous du corps du cotte que nous décrivons , est d'un brun jauuâtre. Lorsqu'on ouvre un individu de cette espèce, on * A la première nageoire dorsale grayons. à la seconde 14 à chacune des pectorales 17 à chacune des thoracines 4 à celle de l’anus 14 à celle dela queue, qui est arrondie, 12 DE NP 10° DLSMS OÙ NS: 243 voit sept appendices ou cæcum auprès du pylore ; quarante vertèbres à l'épine dorsale ; un foie grand, jaunâtre , non divisé en lobes , situé du côté gauche plus que du côté droit, et adhérent à la vésicule du fiel qu'il recouvre ; un canal intestinal recourbé deux fois ; un péritoine noirâtre ; et les poches membra- neuses des œufs sont de la même couleur. L'E CO DAME) RO /RE URSS \ Cx poisson habite dans le grand Océan, et particu- lièrement auprès des rivages des Indes orientales , où il vit de mollusques et de crabes. C’est un des cottes dont les couleurs sont le moins obscures et le moins mouotones: du bleuâtre règne sur son dos; ses côtés sont argentés ; six ou sept bandes rougeâtres forment comme autant de ceintures autour de son corps ; ses nageoires sont bleues ; on voit trois bandes jaunes sur les thoracines *; et les pectorales présentent à leur base la même nuance jaune. Les écailles sont petites, mais fortement attachées, dures et dentelées ; la ligne latérale offre une rangée longitudinale d'aiguillons recourbés en arrière ; quatre piquans également recourbés paroissent sur la tête ; : Cottus scaber. Id. Linné, édition de Grnelin. Cotte raboteux. Daubenton, Encyclopédie méthodique. Yd. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique, Bloch, pl. 180. * A la membrane des branchies 6 rayons. à la première nageoire du dos 8 à la seconde 12 à chacune des pectorales 18 à chacune des thoracines 6 à celle de Panus 12 à celle de la queue 16 HP ISNT OLRÉBPIN AMTUIR E DIE re "245 et indépendamment des rayons aiguillonnés ou non articulés qui soutiennent la première nageoire dorsale, voilà de quoi justifier l'épithète de raboteux donnée au cotte qui fait le sujet de cet article. D'ailleurs la tête est alongée , la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure , la langue mince, Fou- verture de la bouche très-grande , et l’orifice branchial très-large. LE COTE RAMU"S RIRES Nous plaçons ici la notice d’un cotte observé dans le grand Océan équinoxial , et auquel nous conservons le nom spécifique d'austral , qui lui a été donné dans l'Appendix du Voyage de l'Anglois Jean White à la Nou- velle-Galles méridionale. Ce poisson est blanchätre ; il présente des bandes transversales d'une couleur livide, et des raies longitudinales jaunâtres; sa tête est armée d’aiguillons. L'individu de cette espèce dont on a donné la figure dans le Voyage que nous venons de citer, n'avoit guère qu'un décimètre de longueur. * Cottus australis. Id. Appendix du Voyage à la Nouvel'e-Galles méridionale, par Jean White, premier chirurgien de l'expédition commandée par le capitaine Philipp, p. 265, pl. 52, fig. 1. LE CORTE ÆNSLD TAMMEUR : Ce cotte se couche dans le sable; il s'y tient en embus- cade pour saisir avec plus de facilité les poissons dont il veut faire sa proie; et de là vient le nom qu'il porte. On le trouve en Arabie ; il y a été observé par Forskael, etily parvient quelquefois jusqu’à la longueur de six ou sept décimètres. Sa tète présente des stries relevées , et deux aiguillons de chaque côté. Il est gris par-dessus et blanc par-dessous ; la queue est blanche : l'on voit d’ailleurs sur cette mème portion de l'animal une tache jaune et échancrée , ainsi que deux raies iné- gales, obliques et noires; et de plus le dos est parsemé 2 de taches et de points bruns *. ? Cottus insidiator. Id. Zinné, édition de Gmelin. Forskacl, Faun. Arab. p. 25, n. 8. Cotte raked. Bonnaterre, planches de l Encyclopédie méthodique. 2 À la membrane des branchies 8 rayons. à la première nageoire dorsale 8 à la seconde 13 à chacune des pectorales 19 à chacune des thoracines 6 à celle de l’anus 14 à celle de la queue 15 LE COMTESMADÉGASSEE LA description de ce cotte n’a point encore été publiée; nous en avons trouvé une courte notice dans les manuscrits de Commerson, qui l'a observé auprès du fort Dauphin de l’isle de Madagascar, et qui nous en a laissé deux dessins très-exacts, l’un représentant l'animal vu par-dessus, et l’autre le montrant vu par- dessous. : Ce poisson, qui parvient à quatre décimètres ou environ de longueur , a la tête armée, de chaque côté, de deux aiguillons recourbés. De plus, cette tête, qui est aplatie de haut en bas, présente dans sa partie supérieure un sillon profond et très-large, qui s'étend longitudinalement entre les yeux , et continue de s'avancer entre les deux opercules , en s'y rétrécissant cependant. Ce trait seul sufhiroit pour séparer le ma- dégasse des autres cottes. D'ailleurs son corps est couvert d'écailles assez grandes ; son museau arrondi , et la mâchoire infé- rieure plus avancée que la supérieure. Les yeux, très- rapprochés l'un de l’autre, sont situés dans la partie supérieure de la tête ; les opercules sont pointillés ; RP TE EE * Cottus spinis quatuor lateralibus retroversis, caudâ variegatâ; ve capite retrorsum tetracantho, sulco inter oculos longitudinali lato et pros fundo. Commerson, manuscrits déja cités. 1" ) Jome. à TE LL y. Page COTTE Madegasse vu par dessus. 2. COT'TE Madegasre vupar dessous J. CYPRIN Commersonnien ?. re # æ L HL ST ONTIRAE NATURE ES 2210 la première nageoire du dos est triangulaire * ; l'anus plus proche de la gorge que de la nageoiïre caudale ; et cette dernière nageoire paroît, dans les deux figures du madégasse réunies aux manuscrits de Commerson, et que nous avons fait graver , paroît, dis-je, dou- blement échancrée, c'est-à-dire, divisée en trois lobes arrondis ; ce qui donneroit une conformation extrè- mement rare parmi celles des poissons non élevés en domesticité. * 8 rayons aiguillonnés à la première nageoire du dos. 13 rayons articulés à la seconde. 12 à chacune des pectorales. 5 ou 6 à chacune des thoracines. La nageoire de l’anus est très-étroite. TOME III. 32 LUE CNO RP CE ANR OT ARTE Vorci le précis de ce que nous avons trouvé dans les manuscrits de Commerson au sujet de ce cotte, qu'il a observé , et qu'il ne faut confondre avec aucune des espèces déja connues des naturalistes. La grandeur et le port de ce poisson sont assez semblables à ceux du gobie noir; sa longueur ne va pas à deux décimètres. La couleur générale est noire, ou d'un brun noirâtre : la seconde nageoïire du dos, celle de l'anus et celle de la queue sont bordées d'un liséré plus foncé, ou pointillées de noir ; la première nageoire dorsale présente plusieurs nuances de jaune, et deux bandes longitudinales noirâtres ; et le noir ou le noirâtre se retrouve encore sur l'iris. La tête épaisse, plus large par-derrière que la partie antérieure du corps, et armée d'un petit aiguillon de chaque côté , paroît comme gonflée à cause des dimen- sions et de la figure des muscles situés sur les joues, e’est-à-dire , au-dessus de la région des branchies. Le museau est arrondi ; l'ouverture de la bouche très- grande; la mächoire inférieure plus avancée que la * Cottus niger. Le petit cabot noir. Cottus nigricans, squamosus, scaber, aculeo obseuro in eapite utrin- que. Commerson, manuscrits déja cités, HISTOIRE NATURELLE. 951 supérieure ; celle-ci facilement extensible ; chacune de ces deux mäâchoires garnie de dents courtes, serrées, et semblables à celles que l'on voit sur deux éminences osseuses placées auprès du gosier ; le palais très- lisse, et tout le corps revêtu, de même que la queue, d’écailles très-rudes au toucher. LE COR SE IC EL ABB OMS x trouve ce cotte dans presque tous les fleuves et tous les ruisseaux de l’Eu rope el de FAsie septentrionale dont le fond est pierreux où sablonneux. Il y parvient * Cottus gobio. Sten simpa, en Suède. Sten lake, ibid. Bull-head , en Angleterre. Millers thumb , #4id. Messore , dans plusieurs contrées de l'Italie. Capo grosso, 1bi7. Tête d’âne, duns plusieurs départemens méridionaux de France. Ane, ibid. Cottus gobio. Linné, édition de Gmelin. Cotte chabot. Daubenton, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l’ Encyclopédie méthodique. Bloch, pl. 38, fig. x et 2. Müll. Prodrom. Zoolog. Danic. p. 44, n. 368. Ot. Fabrice. Faun. Groenland, p. 159, n, 115. Cottus alepidotus , glaber, capite diacantho. Artedi, gen. 48, spec. 82, syn 76. Boirac, El xosroc. Arist. lib. 43 Cap. 8. Cottus. Gaza, Artist. Chabot, Rondelet, des poissons de rivière, chap. 22. Cottus, seu gobio fluviatilis capitatus. Gesz. p. 400, 407, et 477; c# (germ.) fol. 162, a. Capitatus auctorum. Cuba, lib. 3, cap. 38, fol. 79, à. Citus. Salviun. Aquat. fol. 216. FV'illughby, p. 137, tab. H,3, fig. 3. Gobius fluviatilis, sive capitatus, A4rovand, lib, 5, cap. 28, p. 613. HISTOIRE NATURELLE. 253 Jusqu'à la longueur de deux décimètres *. Il s'y tient souvent caché parmi les pierres, ou dans une espèce de petit terrier; et lorsqu'il sort de cet asyle ou de cette embuscade , c'est avec une très-grande rapidité qu'il nage , soit pour atteindre la petite proie qu'il pré- fère, soit pour échapper à ses nombreux ennemis. Il aime à se nourrir de très-jeunes poissons, ainsi que de vers et d'insectes aquatiques ; et lorsque cet aliment lui manque , ilse jette sur les œufs des diverses espèces d'animaux qui habitent dans les eaux qu'il fréquente. Il est très-vorace ; mais la vivacité de ses appétits est trop éloignée de pouvoir compenser les effets de la petitesse de sa taille, de ses mauvaises armes et de Gobius fluviatilis Gesneri. Ray. p. 76, n. A. Gobius capitatus. Jonston, lib. 3, 11. 1, cap. 10, a. 2, tab. 29, fig. 11. Gobio capitatus. Charl. p. 157. Chabot. Zalmont-Bomure, Dictionnaire d'histoire naturelle. Cottus alepidotus, capite plagioplateo , lato, obtuso , etc. Gronov. Mus, 2, Pe I4 s, 1e 166. Percis capite lævi, et brevis , etc. Klein, Miss. Pise. p.43, n. T7. Gobius fluviatilis alter. Bel/on, Aquat. p. 321. . Gobio fluviatilis capitatus. Marsigli, Danub. 4, p. 73, tab. 24, fig. 2. Bull-head. Brit. Zoolog. 3, p. 177,111. Rotz kolbe. Meyer, Thierb.2, p. 4, tab. 12. % Ala membrane des branchies 4 rayons, à la premiére nageoire dorsale 7 à la seconde 17 à chacune des pectorales 14 à chacune des thoracines 4 à celle de l’anus 12 à celle de la queue 13 254 HISTOIRE NATURELLE son peu de force ; et il succombe fréquemment sous la dent des perches, des saumons, et sur-tout des brochets. La bonté et la salubrité de sa chair, qui devient rouge par la cuisson comme celle du saumon et de plusieurs autres poissons délicats ou agréables au goût, lui donnent aussi l'homme pour ennemi. Dès le temps d’Aristote, on savoit que pour le prendre avec plus de facilité, il falloit frapper sur les pierres qui lui servoient d'abri, qu'à l'instant il sortoit de sa retraite, et que souvent il venoit, tout étourdi par le coup, se livrer lui-même à la main ou au filet du pêcheur. Le plus souvent ce dernier emploie la zasse*, pour être plus sûr d'empêcher le chabot de s'échapper. Il faut saisir ce cotte avec précaution lorsqu'on veut le retenir avec la main: sa peau très-visqueuse lui donne en effet la faculté de glisser rapidement entre les doigts. Cependant, malgré tous les piéges qu'on lui tend, et le grand nombre d'ennemis qui le pour- suivent , on le trouve fréquemment dans plusieurs rivières. Cette espèce est très-féconde. La femelle, plus grosse que le mâle, ainsi que celles de tant d'autres espèces de poissons, paroit comme gonfiée dans le temps où ses œufs sont près d'être pondus. Les protubérances formées par les deux ovaires, qui se tuméfient, pour ainsi dire , à cette époque, en se remplissant d'un 000 * Voyez la description de la nasse dans l’article du pétromyzon lam- proic. Di EM PL OT SN S'omUE! 855 trés-grand nombre d'œufs, sont assez élevées et assez arrondies pour qu'on les ait comparées à des ma- meiles; et comme une comparaison peu exacte conduit souvent à une idée exagérée, et une idée exagérée à une erreur, de célèbres naturalistes ont éerit que la femelle du chabot avoit non seulement un rapport de forme , mais encore un rapport d'habitude, avec les animaux à mamelles , qu'elle couvoit ses œuis , et qu’elle perdoit plutôt la vie que de les abandonner. Pour peu qu'on veuille rappeler ce que nous avons écrit * sur la manière dont les poissons se reproduisent, on verra aisément combien on s'est mépris sur le but de quelques actes accidentels d’un petit nombre d'in- dividus soumis à l'influence de circonstances pas- sagères et très - particulières. On a pu observer des chabots femelles et mème des chabots mâles se retirer, se presser , se cacher dans le même endroit où des œufs de leur espèce avoient été pondus , les couvrir dans cette attitude, et conserver leur position malgré un grand nombre d'efforts pour la leur faire quitter. Mais ces manœuvres n'ont point été des soins attentifs pour les embryons qu'ils avoient pu produire; elles se réduisent à des signes de crainte, à des précautions pour leur sûreté ; et peut-être mème ces individus auxquels on a cru devoir attribuer une tendresse constante et courageuse, n'ont-ils été surpris que prèts * Voyez le Discours sur lu nature des poissons, 356 HISTOIRE NATURELLE à dévorer ces mêmes œufs qu'ils paroissoient vouloir réchauffer, garantir et défendre. Au reste , les écailles dont la peau muqueuse du chabot est revêtue, ne sont un peu sensibles que par le moyen de quelques procédés ou dans certaines circonstances : mais si la matière écailleuse ne s'étend pas sur son corps en lames brillantes et facilement visibles , elle s'y réunit en petits tubercules ou verrues arrondies. Le dessous de son corps est blanc : le mâle est, dans sa partie supérieure , gris avec des taches brunes ; etla femelle brune avec des taches noires. Les nageoires sont le plus souvent bleuâtres et tachetées de noir ; les thoracines de la femelle sont communément variées de jaune et de brun. Les yeux sont très-rapprochés l’un de l'autre. Des dents aiguës hérissent les mäâchoires, le palais et le gosier ; mais la langue est lisse. Chaque opercule ne présente qu'une seule pièce et deux aiguillons recour- bés. La nageoire caudale est arrondie. On voit de chaque côté les deux branchies intermé- diaires garnies, dans leur partie concave, de deux rangs de tubercules. Le foie est grand, non divisé, jau- nâtre, et situé en grande partie du côté gauche de l'animal ; l'estomac est vaste. Auprès du pylore sont attachés quatre cæcum ou appendices intestinaux ; le canal intestinal n’est plié que deux fois ; les deux laites des mâles et les deux ovaires des femelles se réunissent vers l'anus , et sont contenus dans une membrane DAENSIMELIOR TS US ONNES 257 dont la couleur est très-noire , ainsi que celle du péri- toine ; les reins et la vessie urinaire sont très-étendus et situés dans le fond de l'abdomen. On compte dans la charpente osseuse du chabot trente-une vertèbres ; et il y a environ dix côtes de chaque côté. TOME lil JY QUATRE-VINGT-SIXIÈME GENRE. F L L'ESÆSICORPENIES La téte garnie d'aiguillons, ou de protubérances, ou de | barbillons, et dépourvue de petites écailles ; une seule & nageoire dorsale. ‘à PR E MA E RS OU S-G'EN RE: Point de barbillons. PE RE RU . ESPÈCES. CARACTÈRES. _ 4 À 1. LA SCORPÈNE HORRIBLE. ; \ : Le corps garni de tubereules gros et calleux, n (Scorpæna horrida.) t 2. LA SCORPÈNE A N aiguillons aupres de éhaque œil; la. "1 (Scorpæna africana.) nageoire de la queue presque rectiligne. É 3, LA SCORPENE ÉPINEUSE. A UTE : ÿ {Des aiguillons le long de la ligne latérale. (Scorpæna spinosa.) Quatre aiguillons recourbés et très-forts au- . tP. NÉE. 4: LA SCORP-AIGUILLONNÉ dessous des yeux ; les deux lames de chaque , (Scorpæna aculeata2.) Ê : E opercule garnies de piquans. 5. LA SCORP. MARSEILLOISE. (Plusieurs aiguillons sur la tête; un sillon ou: (Scorpæna massilicnsis.) Ü enfoncement entre les yeux, La mâchoire inférieure repliée sur la m4- 6. LAS. DOUBLE-FILAMENT.) choire supérieure; un filament double et (Scorpæna bicirrata.) très-long, à l’origine de la nageoire dor- sale. “ EUX S'T'ONRE MN AVUTRIENE BE, 2009 ESPÈCE. CARACTÈRES. La mâchoire inférieure repliée sur la supé- 7. La scoRrèNE racmion.| "ieure; point de filament ; les nageoires (Scorpæna brachion.) pectorales basses, mais très-larges , atta- chées à une grande prolongation charnue, et composées de vingt-deux rayons. SECOND PS O/U"S = GE N'R IE Des barbillons. ESPÈCES. CARACTÈRES. 8 ; Deux babillons à la mâchoire inférieure ; + LA SCORPÈNE BARRUE. des élévations et des enfoncemens sur la (Scorpæna barbata.) tête 9: LA SCORPÈNE RASCA nes barbillons auprès des narines et des yeux ; (Scorpæna rascassa.) la langue lisse. x0. LA SCORPÈNE MAHÉ.) {rs ou six barbillons à la mâchoire supé- (Scorpæna male.) rieure ; deux barbillons à chaque opercule. k Des barbillons à la mâchoire inférieure , et 11. LA SCORPÈNE TRUIE. 2 4 le long de chaque ligne latérale ; la lanoue (Scorpæna scrofa.) bérissée de petites dents. le barbillons frangés à la mâchoire su- périeure ; quatre autres entre les yeux ; d’autres encore le long de chaque ligne latérale; des piquans FRERES sur la tête et les opercules. 12. LA SCORPÈNE PLUMIER. (Scorpæna Plumiert.) Deux barbillons à la mâchoire supérieure ; cinq ou six à l’inférieure ; la partie pos- térieure de la nageoire du dos, la nageoire de l’anus, celle de la queue, et Le pec- 13. LA SCORP. AMÉRICAINE. (Scorpæna americana.) torales, très-arrondies. 74. LA SCORP. DIDACTYLE. he rayons séparés l’un de l’autre, auprès (Scorpæna didactyla.) de chaque nageoire pectorale. 260 HISTOIRE NATURELLE. ESPÈCES. CARACTÈRES: (Des appendices articulés, placés auprès des 15. LA SCORP. ANTENNÉE. yeux ; les rayons des nageoires pectorales, (Scorpæœna antennata.) de. la longueur du corps et de la queue. 16. LA SCORPÈNE VOLANTE. { Les nageoires pectorales plus longues que le (Scorpæna volitans.) corps. = LA SCORPENE HORRIBEET: OX diroit que c'est dans les formes très-composées, singulières , bizarres en apparence, monstrueuses , horribles, et, pour ainsi dire, menacantes, de la plu- part des scorpènes, que les poètes, les romanciers, les mythologues et les peintres ont cherché les modèles des êtres fantastiques, des larves, des ombres évoquées et des démons, dont ils ont environné leurs sages enchanteurs , leurs magiciens redoutables et leurs sorciers ridicules ; ce n'est même qu'avec une sorte de peine que l'imagination paroît être parvenue à sur- passer ces modèles, à placer ses productions menson- gères au-dessus de ces réalités, et à s'étonner encore plus des résultats de ses jeux que des combinaisons par lesquelles la Nature a donné naissance au genre que nous examinons. Mais si en façonnant les scorpènes la Nature a donné un exemple remarquable de l'infinie * Scorpæna horrida. Scorpæna horrida. Zinné, édition de Gmelin, Bloch, pl. 183. Scorpène crapaud. Daubenton, Encyclopédie méthodique. Id. Borinaterre, planches de P Encyclopédie méthodique. Perca alepidota , dorso monopterygio, capite cavernato tuberculato, ete. Gronov, Zooph. p. 88, n. 292, tab.11 , 12, 13, fig. 1. Tkan swangi bezar, de groote tovervisch. Jalent. nd. 3, p.309, fig. x7o.. Ikan swangi touwa. Renard, Poiss, 1, pl. 39, fig. 199. 262 HISTOIRE NATURELLE variété que ses ouvrages peuvent présenter, elle a montré d'une manière bien plus frappante combien sa manière de procéder est toujours supérieure à celle de l’art; eile a imprimé d'une manière éclatante sur ces scorpènes, comme sur tant d'autres produits de sa puissance créatrice , le sceau de sa prééminence sur l'intellisence humaine : et cette considération n'est-elle pas d'une. haute importance pour le plhitosophe? Le génie de l'homme rapproche ou sépare, réunit ou divise, anéantit, pour ainsi dire, ou reproduit tout ce qu'il conçait : mais de quelque manière qu'il place à côté les uns des autres ces êtres qu'il transporte à son gré, il ne peut pas les lier complétement par cette série infinie de nuances insensibles, analogues et inter- médiaires, qui ne dépendent que dela Nature ; le grand art des transitions appartient par excellence à cette na- ture féconde et merveilleuse. Lors même qu'elle associe les formes que la première vue considère comme les plus disparates, soit qu'elle en revète ces monstruosités passagères auxquelles elle refuse le droit de se repro- duire, soit qu'elle les applique à des sujets constans qui se multiplient et se perpétuent sans manifester de changement sensible, elle les coordonne , les grouppe et les modifie d'une telle manière, qu'elies montrent facilement à une attention un peu soutenue une sorte d'air général de famille, et que d'habiles dégrada- tions ne laissent que des rapports qui s’attirent, à la place de nombreuses disconvenances qui se repousse- roient. | p' ESP Oo I ss OUNTS. 263 La scorpène horrible offre une preuve de cette ma- nière d'opérer, qui est un des grands secrets de la Nature. On s’en convaincra aisément, en examinané la description et la figure de cet animal remarquable. Sa tête est très-grande et très-inégale dans sa sur- face : creusée par de profonds sinus, relevée en d’autres endroits par des protubérances très-saillantes, hérissée d'aiguillons, elle est d'ailleurs parsemée, sur les côtés, de tubercules ou de callosités un peu arrondies, et cependant irrégulières et très-inégales en grosseur. Deux des plus grands enfoncemens qu'elle présente, sont séparés, par une cloisen très-inclinée, en deux creux inégaux et irréguliers, et sont placés au-dessous des yeux, qui d'ailleurs sont très-petits, et situés chacun dans une proéminence très-relevée et un peu arrondie par le heut; sur la nuque s'élèvent deux autres protu- bérances comprimées dans leur partie supérieure , an- guleuses , et qui montrent sur leur côté extérieur une cavité assez profonde ; et ces deux éminences réunies avec celles des yeux, forment, sur la srande tête de l'horrible, quatre sortes de cornes très-irréoulières , très-frappantes, et, pour ainsi dire, hideuses. Les deux mâchoires sont articulées de manière que lorsque la bouche est fermée, elles s'élèvent presque verticalement, au lieu de s'étendre horizontalement : la mâchoire inférieure ne peut clore la bouche qu'en se relevant comme un battant ou comme une sorte de pont-levis, et en dépassant même quelquefois en: 264 HISTOIRE NATURELLE arrière la ligne verticale, afin de s'appliquer plus exac- tement contre la mâchoire supérieure; et quand elle est dans cette position, et qu'on la regarde par-devant, elle ressemble assez à un fer-à-cheval : ces deux mâ- choires sont garnies d’un grand nombre de très-petites dents, ainsi que le gosier. Le palais et la langue sont lisses; cette dernière est, de plus, large, arrondie, et assez libre. On la découvre aisément, pour peu que la scorpène rabatte sa mâchoire inférieure et ouvre s1 grande gueule; l'orifice branchial est aussi très-large. Les trois ou quatre premiers rayons de la nageoire du dos, très-gros, très-diflormes, très-séparés l'un de l’autre, très-inégaux, très-irréguliers , très-dénués d'une véritable membrane, ressemblent moins à des piquans de nageoire qu'à des tubérosités branchues, dont le sommet néanmoins laisse dépasser la pointe de l'aiguillon *; la ligne latérale suit la courbure du dos. Le corps et la queue sont garnis de tubercules calleux semblables à ceux qui sont répandus sur la tête ; et l'on en voit d'analogues, mais plus petits, non seule- ment sur les nageoires pectorales, qui sont très-longues, mais encore sur la membrane qui réunit les rayons de la nageoire dorsale. * 5 rayons à Ja membrane des branchies. 13 rayons non articulés et sept rayons articulés à la nageoire du dos. 16 rayons à chacune des pectorales. 6 rayons à chacune des thoracines. 3 rayons non articulés et 6 articulés à celle de l’anus. 22 rayons à celle de la queue. D 4 SUMPHONTISTSNONMNT SE 265 La nageoire de la queue est arrondie et rayée; la couleur générale de l'animal est variée de brun et de blanc; et c'est dans les Indes orientales que l’on ren- contre cette espèce, qui se nourrit de crabes et de mollusques, sur laquelle, au milieu de rapprochemens bizarres en apparence et cependant merveilleusement concertés, des formes très-disparates au premier coup d'œil se liant par des dégradations intermédiaires et bien ménagées, montrant des parties semblables où l'on n'avoit d'abord soupconné que des portions très- différentes, paroissent avoir été bien plutôt préparées les unes pour les autres que placées de manière à se heurter, pour ainsi dire, avec violence , mais dont l’en- semble, malgré ces sortes de précautions, repousse tellement le premier regard, qu'on n'a pas cru la dégrader en la nommant Lorrible, en l'appelant de plus crapaud de mer, et en lui donnant ainsi le nom d'un des animaux les plus hideux. TOME III. 94 LA SCORPENE APRAIC AIN OXx rencontre auprès du cap de Bonne-Espérance et de quelques autres contrées de l'Afrique, cette scorpène dont la longueur ordinaire est de quatre décimètres ; elle est revètue d'écailles petites, rudes, et placées les unes au-dessus des autres comme les ardoises des toits. Les yeux sont situés sur les côtés de la tête, qui est grande et convexe; une prolongation de l'épiderme les couvre comme un voile transparent; l'ouverture de la bouche est très-large; les deux mâchoires sont également avancées ; deux lames composent chaque opercule ; quatre pointes garnissent la supérieure ; l'inférieure se termine en pointe du côté de la queue; et le dos est arqué ainsi que carené *. co ES EN Se PTT NE ae Pfhe CARS Den JT SNA OM pe ce * Scorpæna africana. Scorpæna capensis. Linné, édition de Gmelrn. Gronov. Zooph. p.88 , 1. 293. 3 6 rayons à la membrane des branchies. 74 rayons non articulés et 12 rayons articulés à la nageoire du dos. 18 rayons à chacune des pectorales. 1 rayon non articulé et 5 rayons articulés à chacune des thoracines.. 3 rayons non articulés et 6 rayons articulés à celle de Panus. 12 rayons à celle de la queue. LA.SCORPENE NE PEINEURSET. Le corps de ce poisson est comprimé; des aiguillons paroissent sur sa tête; sa ligne latérale est d’ailleurs hérissée de pointes, et sa nageoire dorsale, plus étendue encore que celle de la plupart des scorpènes, règne depuis l'entre-deux des yeux jusqu'à la nageoire cau- dale. * Scorpæna spinosa. Id. Linné, édition de Gmelin. Tnd. Mus. Linck, 1,p. 41. LA SCORPÈNE AIGUILLONNÉE:. : D description de cette espèce n'a encore été publiée par aucun auteur; nous en avons vu des individus dans la collection de poissons secs que renferme le Muséum national d'histoire naturelle. Quatre aiguil- lons recourbés vers le bas et en arrière paroissent au- dessous des yeux; ces pointes sont d’ailleurs très-fortes, sur-tout la première et la troisième; des piquans garnissent les deux lames de chaque opercule : la partie des nageoires du dos et de l'anus, que des rayons articulés soutiennent, est plus élevée que Fautre por- tion; elle est de plus arrondie comme les pectorales , et comme la nageoire de la queue *. CP PQ CUP A EN" MARS ONE SE 218 FIRE 9 RL Se RE EE 1 Scorpæna aculeata. * 10 rayons non articulés et 18 rayons articulés à la nageoire dorsale. 17 rayons à chacune des pectorales. x rayon non articulé et à rayons articulés à chacune des thoracines.. 2 rayons non articulés et 14 rayons articulés à celle de l’anus.. 16 rayons à celle de la queue. pu LA SCORPÈNE MARSEILLOISE :. Ce poisson a beaucoup de rapports avec les cottes, parmi lesquels il a même été inscrit, quoiqu'il n'offre pas tous les caractères essentiels de ces derniers, et qu'il présente tous ceux qui servent à distinguer les scorpènes. Il ressemble particulièrement au cotte scor- pion, dont il diffère néanmoins par plusieurs traits, et notamment par l'unité de la nageoire dorsale, qui est double au contraire sur le scorpion. La tête du marseillois est armée de plusieurs piquans; un sillon est creusé entre ses deux yeux, et son nom indique la contrée arrosée par la mer dans laquelle on le trouve :. © ——————————————— —————————— ———————"——— "—" ——— ——— ————— ——_—————"—— —— 1 Scorpæna massiliensis. Cottus massiliensis. Zinné, édition de Gmelin. 12 rayons non articulés et ro rayons articulés à la nageoire dorsale. 17 rayons à chacune des nageoires pectorales. 1 rayon non articulé et 5 rayons articulés à chacune des nageoires thoracines. 3 rayons non articulés et 6 rayons articulés à celle de l'anus. 22 rayons à la nageoire de la queue. LA SCORPÈNE DOUBLE-FILAMENT * Nous devons la connoissance de ce poisson au voya- geur Commerson, qui nous en a laissé une figure très-exacte que nous avons cru devoir faire graver. Cet animal est couvert d'écailles si petites, que l'on ne peut les voir que très-diflicilement. La tête est grosse, un peu aplatie par-dessus, garnie de protubé- rances; et la mâchoire inférieure est tellement relevée, repliée et appliquée contre la supérieure, qu'elle dépasse beaucoup la ligne verticale , et s’avance du côté de la queue au-delà de cette ligne, lorsque la bouche est fermée. Au reste, ces deux mâchoires sont arrondies dans leur contour. Les yeux sont extrême- ment petits et très-rapprochés; les nageoires pectorales très-larges , et assez longues pour atteindre jusque vers le milieu de la longueur totale de la scorpène. La nagcoire de la queue est arrondie; celle de l'anus l'est aussi, et d'ailleurs elle est à peu près semblable à la portion de la nageoire du dos au-dessous de laquelle elle est située, et qui est composée de rayons articulés. Les autres rayons de la nageoire dorsale sont au nombre de treize, et comme très-séparés les uns des autres, parce que la membrane qui les réunit est * Scorpæna bicirrata. HU °SF OO, FRE TN À°F UE EME. 27% profondément échancrée entre chacun de ces aiguil- lons, qui, par une suite de cette conformation, pa- roissent lobés ou lancéolés. Au-dessus de la nuque on voit s'élever et partir du même point deux filamens très-déliés, d'une si grande longueur qu'ils dépassent Ja nageoire caudale , et c’est de ce trait particulier que j'ai cru devoir tirer le nom spécifique de la scor- pène que je viens de décrire *. : RE RP nr Nue ne ons Re ci) * 13 rayons aiguillonnés et 7 rayons articulés à la nageoïre du dos. 17 rayons à chacune des pectorales. 7 à celle de l’anus. 14 à celle de la queue. LA. SCORPENE BRACHION”* Nous allons décrire cette scorpène d'après un dessin très-exact trouvé dans les papiers de Commerson, et que nous avous fait graver; elle ressemble beaucoup à la scorpène double-filament par la forme générale de la tête, la petitesse et la position des yeux, la conformation des machoires, la place de louverture de la bouche, la situation de la mâchoire inférieure qui se relève et s'applique contre la supérieure de manière à dépasser du côté de la queue la ligne ver- ticale, la nature des tégumens qui ne présentent pas d'écailles facilement visibles, et l'arrondissement de la nageoire caudale. Mais elle en diflère par plusieurs caractères, et notamment per les traits suivans : pre= mitrement, elle n'a sur la nuque aucune sorte de fila- ment; secondement, l’échancrure que montre la mem- brane de la nageoire du dos, à côté de chacun des rayons aiguillonnés qui composent cette nageoire, est irès-peu sensible relativement aux échancrures ana- logues que leon voit sur la scorpène à laquelle nous comparons le brachion ; troisièmement, chacune des nageoires pectorales forme comme une bande qui s'étend depuis le dessous de la partie antérieure de * Scorpæna brachion. Tome d PI. 72 Zage 272 . 2 SCORPENT Bracluon 1. PLEUR ONE C1 Æ Commerronnien 3. A CHIRE Marbre M'ÉTRAND RE) Etes ps + 1% RUES NE: | HN LAN SRE A NET PU AURAI tS 2 PER TAN jt Hi SYROYMRÉENT NA T'UYRÉENRNENE, 979 l'opercule branchial jusqu'auprès de l'anus, et qui, de plus, est attachée à une prolongation charnue et lon- gitudinale , assez semblable à la prolongation qui soutient les nageoires pectorales de plusieurs gobies ; et c'est de cette sorte de bras que nous avons tiré le nom spécifique du poisson qui fait le sujet de cet article *. * 12 rayons aiguillonnés et 7 rayons articulés à Ja nageoire du dos. 22 rayons à chaque nageoire pectorale. 9 rayons à la nageoire de Panus. LES TOME HIT 9) LA :SCOORE ENEUB À RB'UEE la tête de ce poisson est relevée par des protubé- rances, et creusée dans d’autres endroits, de manière à présenter des cavités assez grandes. Deux barbillons garnissent la mâchoire inférieure ; les nageoires thora- cines sont réunies l’une à l’autre par une petite mem- brane ; la nageoiïire caudale est presque rectiligne*. : Scorpæna barbata. # Scorpène barbue. Bonnaterre , planches de lEncyc'opédie méthodique. Scorpæna capite cavernoso, cirris gemiuis in maxilla infericre. Gronov. Mus. ichthyolog. x , p. 46. ? 12 rayons aiouillonnés et 10 rayons articulés à la nageoire du dos. 15 rayons à chacune des pectorales. 6 rayons à celle de l’anus. 13 rayons à celle de la queue. LA'SCORPENERASE RSR" La rascasse habite dans la Méditerranée et dans plusieurs autres mers. On l’y trouve auprès des rivages, où elle se met en embuscade sous les fucus et les autres plantes marines, pour saisir avec plus de facilité les poissons plus foibles ou moins armés qu'elle ; et lors- que sa ruse est inutile, que son ettente est trompée, et que les poissons se dérobent à ses coups, elle se jette sur les cancres, qui ont bien moins de force, * Scorpæna rascassa. Scrofanello, dans plusieurs contrées de l'Italie. Scorpæna porcus. Linné, édition de Gmelin. Scorpène rascasse. Daubenton, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l Encyclopédie méthodique. Bloch, pl, 181. Zeus cirris supra oculos et nares. Mus. Adolph. Frid. 1, p. 68. Scorpæna pinnulis ad oculos et nares. Artedi, gen. 47, syn. 75. O'cxoym@. Aristot, lib. 2, cap. 173 et lib. 5, cap. 9,10; et lib. 8, cap. 13, Id. Athen. lib. 7, p. 320. Scorpeno. Rondelet, première partie, liv. 6, chap. 19, éd. de Lyon, 1558 Scorpius Rondeletii. 4/Zrovand. lib. 2, cap. 24, p. 196. Scorpius minor. Jonston, De piscibus, p.74, tab. 19, fig. 10. Scorpius minor. Villughby, Ickthyolog. p.331, tab. X, 13, fig. 1. Scorpæna. 7d. Raj. p.142, 7.7. Scorpæna. P. Jov. p. 23, p. 9x. Sualvian. fol. 201 ad iconem, et fol. 202. Scorpæua. Plin. Lib. 32, cap. 11. Scorpio. Cuba, lib.3, cap. 85, fol. go, a. 276 HISTOIRE NATURELLE. d'agilité et de vitesse pour échapper à sa poursuite. Si dans ses attaques elle trouve de la résistance, si elle est obligée de se défendre contre un ennemi supé- rieur, si elle veut empêcher la main du pêcheur de Ia retenir, elle se contracte, déploie et étend vivement ses nageoires, que de nombreux aiguillons rendent des armes un peu dangereuses, ajoute par ses efforts à l'é- nergie de ses muscles, présente ses dards, s'en hérisse, pour ainsi dire, et frappant avec rapidité, fait péné- trer ses piquans assez avant pour produire quelque- fois des blessures fâcheuses, et du moins faire éprouver une douleur aiguë. Sa chair est agréable au goût, mais ordinairement un peu dure. Sa longueur ne dépasse guère quatre décimètres. Les écailles qui la recouvrent sout rudes et petites. La couleur de sa partie supérieure est brune, avec quelques taches noires; du blanc mêlé de rougeâtre est répandu sur sa partie inférieure. Les nageoires sont d'un rouge ou d’un jaune foible et tacheté de brun, om TPotton, lib. 8 ,; cap. 178 , fol. 158, b. Scorpio, vel scorpis, ve/ scorpæna, id est, scorpius minor. Gesner, pe 847, 1018, et (germ.) fol. 45. ' Scorpides, seu scorpæna. Charlet. p.142. À Scorpène, ou scorpion de mer, ou rascasse, J’almont-Bomare, Dic- tionnaire d'histoire naturelle. Hasselquist. It. 330. Scorpæna... cirris ad oculos naresque. Brünn. Pise, Massil. p. 32, n. 44. Corystion sordidè flavescens, etc. Klein, Miss, pise, 4, p.47, n. 13, Scorpæna, Bellon, Aquat. p. 148. D'MEPSS PMORTNSESMONMNIURMS 277 excepté les thoracines, qui ne présentent pas de tache, et les pectorales, qui sont grises. La tête est grosse; les yeux sont grands et très- rapprochés ; l'iris est doré et rouge; l'ouverture de la bouche très-large ; chaque mâchoire hérissée , ainsi que le palais, de plusieurs rangs de dents petites et aigués; la langue courte: et lisse; l'opercule branchial garni d’aiguillons et de filamens; et la partie antérieure de la nageoire dorsale, soutenue par douze piquans très- forts et courbés en arrière *. Huit appendices intestinaux sont placés auprès du pylore; l'estomac est vaste ; le foie blanc; la vésicule du fiel, verte; le tube intestinal large. Du temps de Rondelet, on croyoit encore, avec plu- sieurs auteurs anciens, à la grande vertu médicinale du vin dans lequel on avoit fait mourir une rascasse ; et l’on ne paroissoit pas douter que ce vin ne produisit des effets très-salutaires contre les douleurs du foie et la pierre de la vessie. * 12 aiguillons et 9 rayons articulés à la nageoire du dos. 16 rayons à chacune des pectorales. 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines, 3 rayons aiguillonnés et 5 rayons articulés à celle de l’anus. 18 rayons à la nageoire de la queue. LA! SCORNPLNE "NA CoMMERSON a laissé dans ses manuscrits une des- cription de ce poisson. Toutes les nageoires de cette scorpène sont variées de plusieurs nuances; et le corps ainsi que la queue présentent des bandes transver- sales, qui ont paru à Commerson jaunes et brunes, sur l'individu que ce voyageur a observé. Mais cet individu étoit mort depuis trop long-temps pour que Commerson ait cru pouvoir déterminer avec précision les couleurs de ces bandes transversales. Le mahé est revêtu d'écailles petites, finement den- tlées du côté de la nageoire caudale, serrées et placées les unes au-dessus des autres, comme les ardoises qui recouvrent les toits. La tête est grande et garnie d'un grand nombre d'aiguillons. Les orbites relevées et dentelées forment comme deux crêtes au milieu desquelles s'étend un sillon longitudinal assez profond. Les deux mächoires ne sont pas parfaitement égales; l'inférieure est plus avancée que la supérieure, qui est extensible à la volonté de l'animal, et de chaque côté de laquelle on voit pendre trois ou quatre barbillons * Scorpæna mahe. Scorpæna cirris pluribus ori cireumpositis, corpore transversim fasciato, pinnis omrnibus variegatis. Commerson, maniscrits déja cités. HIS MO MRRMEAINPA NS IOUNRMENENENE 279 ou filamens mollasses. Des dents très-petites et très- rapprochées les unes des autres donnent d'ailleurs aux deux mâchoires la forme d'une lime. Un filament marque, pour ainsi dire, la place de chaque narine. L'opercule branchial est composé de deux lames : la première de ces deux pièces montre vers sa partie inférieure deux barbillons, et dans son bord posté- rieur, deux ou trois piquans ; la seconde lame est triangulaire , et son angle postérieur est très-prolongé. Le dos est arqué et carené; la ligne latérale se courbe vers le bas. La nageoire dorsale présente des largeurs très-iné- gales dans les diverses parties de sa longueur. Les pectorales sont assez longues pour atteindre jusqu'à l'extrémité de cette nageoire dorsale. Celle de la queue est arrondie *. Commerson a vu cette scorpène dans les environs des isles Mahé, dont nous avons cru devoir donner le nom à ce poisson; et c'est vers la fin de 1768 qu'il l'a observée. * Jrayons à la membrane des branchies. 13 rayons aiguillonnés et 11 rayons articulés à la nageoire du dos. 17 rayons à chacune des pectorales. 1 aiguillon et à rayons articulés à chacune des thoracines. 3 aiguillons et 9 rayons articulés à celle de l'anus, 12 rayons à celle de la queue. LA 4S'C'ORR PEN E UFR UE CETTE scorpène est beaucoup plus grande que la rascasse ; elle parvient quelquefois jusqu'a une lon- gueur de plus de quatre mètres : aussi attaque-t-elle avec avantage non seulement des poissons assez forts, # Scorpæna scrofa. Crabe de Biaritz. Bezugo, dans la Ligurie. Pesce cappone, bid. Scrofano , dans d’autres contrées de l Talie. Scorpæna scrofa. Zinné, édition de Ginelin, Scorpène truie. Daubenion , Encyclopédie méthodique. Id. Zonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Scorpæna tota rubens, cirris plurimis ad os. Artedi, gen. 47, syn. 6. Scorpio, ec scorpio marinus. Salvian. fol. 197, a. ad iconem, et fol, 199, 200. Scorpius major. Gesner, (germ.) fol. 44 b. Id. Hillughby, p. 337. Id. Raj. p.142, 7. 2. Scorpio. Charlet. p. 142, Bloch, pl. 182. Autre scorpion de mer, etc. Valmont-Bomare , Dictionnaire d'histoire naturelle. Perca dorso monopteryaio, capite subcavernoso , aculeato , alepidoto , : etc. Gronov. Zooph. p. 07, 1. 297. Scorpæua corpore rubro, etc. Brünn. Pise. Massil,p. 32, n° 45. Trigla subfusca nebulata, etc. Brown, Jamaic.p.4b4, n. 3. Cottus squamosus, varius, etc. Seba, Mus. 3570 1 23 LC 0h20 fige 2. Scorpius major. Jonston, De piscibus, p. 74, tab, 19, fig. 9e HIS PFOLRE N'À T'URE L'ILE. 281 mais des oiseaux d’eau foibles et jeunes, qu'elle saisit avec facilité par leurs pieds palmés, dans les momens où ils nagent au-dessus de la surface des eaux qu'elle habite. On la trouve dans l'Océan atlantique et dans d'autres mers, particulièrement dans la Méditerranée, sur les bords de laquelle elle est assez recherchée. Les écailles qui la couvrent sont assez grandes; elle présente une couleur d’un rouge blanchâtre, plus foncée et même presque brune sur le dos, et relevée d’ailleurs par des bandes brunes et transversales. La membrane des nageoires est bleue, et soutenue par des rayons jaunes et bruns. La tête est grande; les yeux sont gros; l'ouverture de la bouche est très-large; des dents petites, aiguës et recourbées , hérissent la langue , le palais, le gosier, et les deux michoires, qui sont également avancées ; des barbillons garnissent les environs des yeux, les joues, la mâchoire inférieure , et la ligne latérale, qui suit la courbure du dos; deux grands aiguillons et plusieurs petits piquans arment, pour ainsi dire, chaque opercule; et l'anus est plus près de la nageoire ‘audale que de la gorge *. *__6 rayons à la membrane des branchies. 12 aiguillons et 10 rayons articulés à la nageoire du dos. 19 rayons à chacune des pectorales. 1 aiguillon et à rayons articulés à chacune des thoracines, 3 aiguillons et 5 rayons articulés à la nageoire de l'anus. 12 rayons à celle de la queue. TOME Ill D L'A LS CORRE NOURRI D MARIEMRE Les manuscrits de Plumier, que l’on conserve dans la Bibliothèque nationale de France, renferment un dessin fait avec soin de cette scorpène , à laquelle j'ai cru devoir donner un nom spécifique qui rappelât celui du savant voyageur auquel on en devra la connois- sance. Le dessus et les côtés de la tète sont garnis, ainsi que les opercules , de piquans triangulaires , plats et aigus. Quatre barbillons ou appendices /rangés s'élèvent entre les yeux ; quatre autres barbillons d'une forme semblable , mais un peu plus petits, paroissent au-dessus de la lèvre supérieure : un grand nombre d'appendices également frangés sont placés le long de la ligne latérale ; les écailles ne présentent qu'une grandeur médiocre. La première partie de la nageoire dorsale * est soutenue par des rayons non articulés , et un peu arrondie dans son contour supérieur; celle de 1: Scorpæna Plumieri. Scorpius niger cornutus. Manuscrits de Plumier, déposés à la Biblio- thèque nationale. * 12 rayons aiguillonnés et 7 rayons articulés à la nageoire du dos. 9 rayons à chacune des pectorales. 5 ou 6 rayons à chacune des thoracines. 2 aiguillons et 5 rayons articulés à la nageoire de l’anus.. 10 rayous à celle de la queue. FPT STORE SN AOUR enr: 008 la queue est aussi arrondie ; on voit quelques taches petites et rondes sur les thoracines. La couleur générale est d'un brun presque noir, et dont la nuance est à peu près la mème sur tout l'animal. LA SCORPÈNE AMÉRICAINE: LA tête de ce poisson présente des protubérances ct des piquans ; d’ailleurs on voit deux barbillons à la mâchoire supérieure , et cinq ou six à Ja mâchoire inférieure. Les quinze derniers rayons de la na- geoire dorsale forment une portion plus élevée que la partie antérieure de cette mème nageoire ; cette portion est, de plus, très-arrondie, semblable par la figure ainsi qu'égale par l'étendue à la nageoire de l'anus, et située précisément au-dessus de ce dernier instrument de natation. Les nageoires pectorales et la caudale sont aussi très-arrondies. Lorsque la femelle est pleine , son ventre paroît très-gros ; et c'est une suite du grand nombre d'œufs que lon compte dans cette espèce, qui est très-féconde, ainsi que presque toutes les autres scorpènes Pa ? Scorpæna americana. Diable de mer. Duhamel, Traité des pêches, 1.3, part. 2, p.09, n. 7, pl. 2, fig. 9. = Ala nageoire dorsale 33 rayons. à chacune des pectorales 13 | à celle de l’anus 16 à celle de la queue 13 = LAYSCORPENE: D'ED'A CHERE" LA tête de cet animal, que Pallas a très-bien décrit, présente les formes les plus singulières que lon ait encore observées dans les poissons; elle ressemble bien plus à celle de ces animaux fantastiques dont l'image fait partie des décorations bizarres auxquelles on a donné le nom d'arabesques, qu'a un ouvrage régulier de la sage Nature. Les yeux gros, ovales el saillans , sont placés au sommet de deux protubérances très- rapprochées ; on voit deux fossettes creusées entre ces éminences et le bout du museau ; des rugosités an- guleuses paroissent auprès de ce museau et de la base des opercules. Des barbillons charnus, découpés, aplatis et assez larges , sont dispersés sur plusieurs points de la surface de cette tête, que l'on est tenté de considérer comme un produit de l’art ; deux de ces filamens, beaucoup plus grands que les autres, pendent, l’un à la droite, et l’autre à la gauche de la mâchoire inférieure : cette mâchoire est plus avancée que celle d’en-haut; l’une * Scorpæna didactyla. Pallas, Spicileg. zoolog. 7, p. 26, tab. 4, fig. 1, 3. Scorpæna didactyla. Zinné , édition de Gmelin. Scorpene à deux doigts. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie mé thodique, 2686 IT STORE (N AUTO RUE D LUE. et l’autre sont garnies de dents, ainsi que le devant du palais et le fond du gosier ; la langue montre des raies noires et de petits grains jaunes : on apperçoit de plus , auprès de chaque nageoire pectorale , c'est-à- dire , de chacune de ces nageoires que l'on a com- parées à des bras, deux rayons articulés, très-longs, dénués de membranes , dans lesquels on a trouvé quelque analogie avec des doigts ; et voilà pourquoi da scorpène dont nous parlons , a été nommée 4 deux doiots, ou didactyle.La nageoire de la queue est arrondie; toutes les autres sont grandes ; celle du dos règne le long d'une ligne très-étendue; plusieurs de ses rayons dépassent la membrane proprement dite, et sont garnis de lambeaux membraneux et déchirés ou découpés. La peau de ce poisson, dénuée d’écailles facilement visibles , est enduite d'une humeur visqueuse. Cette scorpène parvient d'ailleurs à une longueur de trois ou quatre décimètres. Elle est brune avec des raies jaunes sur le dos, et des taches de la même couleur sur les côtés , ainsi que sur sa partie inférieure. Des bandes noires sont distribuées sur la nageoire de la queue, ainsi que sur les pectorales. Cet animal remarquable habite dans la mer des Indes *. a ——————————————— * 16 rayons aiguillonnés et 8 rayons articulés à la nageoire du dos. 19 rayons à chacune des pectorales. G rayons à chacune des thoracines, 32 rayons à celle de l’anus. 2 rayons à celle de la queue. LA SCORPÈNE ANTENNÉE*. - Ox pêche dans les eaux douces de l'ile d'Amboine, une scorpène dont Bloch a publié la description, et dont voici les principaux caractères. La tête est hérissée de filamens et de piquans de diverses grandeurs; au-dessus des yeux, quisont grands et rapprochés , s'élèvent deux barbillons cylindriques, renflés dans quatre portions de leur longueur par une sorte de bourrelet très-sensible , et qui, paroissant articulés et ayant beaucoup de rapports avec les an- tennes de plusieurs insectes , ont fait donner à l'animal dont nous parlons, le nom de scorpène antennce. Au- dessous de chacun des organes de la vue , on compte communément deux rangées de petits aiguillons. Chaque narine a deux ouvertures situées très-près des yeux. Les mâchoires, avancées l’une autant que l'autre, sont garnies de dents petites et aiguës. Des écailles semblables à celles du dos revêtent les opercules. Les onze ou douze premiers rayons de la nageoire du dos sont aiguillonnés , très-longs, et réunis uniquement * Scorpæna antennata. Bloch, pl. 185. Scorpæna antennata. Zinné, édition de Gmelin. Scorpène à antennes. Zonnaterre , planches de l'Encyclopédie métho= dique. 2600 EL LS IT OR EN ANT UMR IEUL LE. près de leur base, par une membrane très-basse, qui s'étend obliquement de lun à l’autre, s'élève un peu contre la partie postérieure de ces grands aiguillons, et s'abaisse auprès de leur partie*antérieure. La mem- brane des nageoires pectorales ne s'étend pas jusqu’au bord antérieur de la nageoire de l'anus; mais les rayons qui la soutiennent, la dépassent , et se prolongent la plupart jusqu'à l'extrémité de la nageoire caudale, qui est arrondie. / Une raie très-foncée traverse obliquement le globe de l'œil. On voit d'ailleurs des taches assez grandes et irrégulières sur la tête, de petites taches sur les rayons des nageoires, et des bandes transversales sur le corps , ainsi que sur la queue. La scorpène antennée vit communément de poissons jeunes ou foibles. Le goût de sa chair est exquis *. REA EN EE PILE RL M ON PR 11 ITA Al 4 * 6 rayons à la membrane des branchies. 12 aiguillons et 12 rayons articulés à la nageoiïre du dos. 17 rayons à chacune des pectorales. ù 6 rayons à chacune des thoracines. 3 aieuillons et 7 rayons articulés à la nagcoire de l’anus, 32 rayons à la nageoire de la queue. LA :SCORP NE. MOIL ANNE Cerre scorpène est presque le seul poisson d'eau douce qui ait des nageoires pectorales étendues ou conformées de manière à lui donner la faculté de. s'élever à quelques mètres dans l'atmosphère , à s'y soutenir pendant quelques instans , et à ne retomber dans son fluide natal qu'en parcourant une courbe très- longue. Ces nageoires pectorales sont assez grandes dans la scorpène volante pour dépasser la longueur du corps ; et d'ailleurs la membrane qui en réunit les rayons , est assez large et assez souple entre chacun de ces longs cylindres , pour qu'ils puissent être écartés et rapprochés l'un de l’autre très-sensiblement ; que * Scorpæna volitans. Id. Zinné, édition de Gmelin. Scorpene volante. Bonnaterre, planches de l’ Encyclopédie méthodique. Gasterosteus volitans. Linn. System. naturæ, XIT, 1, p.491, n.q. Bloch, pl. 164. Gronov. Mus. 2,p. 33, n.1913 et Zooph. 1, p. 89, 1. 294. Pseudopterus, etc. Alein, Miss. pise. 5, p.70, n. 1. Cottus squamosus rostro bifido. Scha, Mus. 3, p.79, tab. 28, fie. +. Tkan svangi. Ruysch, T'heatr. anatomic. 1, p. 4, n. 1, tab. 3, fig. 1. Louw. fenard, Poissons, 1, pl. 6, fig. 41, p.123 p.43, n. 215. Kalkoeven visch. Jalent. Ind. 3, p.415, fig. 213. Amboynsche visch. Nieuk. Ind. 2,p. 268, fig. 4. Villughby, Ichthyolog. append. p. 1, tab. 2, fig. 3. Perca amboinénsis. Raÿj. Pise. p. 98, 71. 26. TOME 111. L3 “Q 290 HT ST O PRMEMMN PAT EF AUPROENCALEE l'ensemble de la nageoire qu'ils compesent, s'étende où se rétrécisse à la volonté de l'animal; que le poisson puisse agir sur l'air par une surface très-ample ou très- resserrée; qu'indépendamment de l'inégalité des efforts de ses muscles , la scorpène emploie une sorte d’aile plus développée, lorsqu'elle frappe en arrière contre les couches atmosphériques , que lorsque, ramenant en avant sa nageoire pour donner un nouveau coup d’aile ou de rame, elle comprime également en avant une partie des couches qu'elle traverse ; qu'il y ait une su- périorité très-marquée du point d'appui qu'elle trouve dans la première de ces deux manœuvres, à la résis- tance qu'elle éprouve dans la seconde ; et qu'ainsi elle jouisse d'une des conditions les plus nécessaires au vol des animaux. Mais si la facilité de voltiger dont est douée la scorpène que nous décrivons, lui fait éviter quelquefois la dent meurtrière des gros poissons qui la poursuivent, elle ne peut pas la mettre à l'abri des pècheurs qui la recherchent , et qui s'efforcent d'autant plus de la saisir, que sa chair est délicieuse ; elle la livre même quelquefois entre leurs mains , en la faisant donner dans leurs piéges , ou tomber dans leurs filets, lorsqu'attaquée avec trop d'avantage, ou menacée de trop grands dangers au milieu de l’eau , elle s’élance du sein de ce fluide dans celui de l'atmosphère. C'est dans les rivières du Japon et dans celles d'Am- boine que l'on a particulièrement observé ses précau- tions heureuses ou funestes, et ses autres habitudes, DFE TS ARE NOTES MTS 201 Ïl paroît qu’elle ne se nourrit communément que de poissons très-jeunes, ou peu redoutables pour elle. Sa peau est revètue de petites écailles placées avec ordre les unes au-dessus des autres. Elle présente, d’ailleurs, des bandes transversales alternativement orangées et blanches, et dont les unes sont larges et les autres étroites. Les rayons aiguillonnés de la nageoire dorsale sont variés de jaune et de brun ; les autres rayons de la même nageoire, noirs et tachés de jaune *; et les pectorales et Les thoracines, violettes et tachetées de blanc. Des points blancs marquent le cours de la ligne latérale. L'iris présente des rayons bleus et des rayons noirs. Et quant aux formes de la scorpène vo- lante, ilsuflira de remarquer que la tête, très-large par- devant , est garnie de barbillons et d’aiguillons ; que les deux mâchoires, également avancées, sont armées de dents petites et aiguës ; que les lèvres sont extensibles ; que la langue est petite , pointue , et un peu libre dans ses mouvemens; que de petites écailles sont placées sur les opercules ; et que la membrane qui réunit les rayons aiguillonnés de Ja nageoire du dos, est très- basse, comme la membrane analogue de la scorpène antennée. * 6 rayons à la membrane des branchies. 12 aiguillons et 12 rayons articulés à la nagcoire dorsale, 14 rayons à chacune des pectorales. 6 rayons à chacune des thoracines. 3 rayons aivuillonnés et 7 rayons articulés à la nageoire de l'anus, 12 rayons à la nageoiïre de la queue, qui est arrondie. QUATRE-VINGT-SEPTIÈME GENRE. LES SCOMBÉROMORES. Une seule nageoire dorsale; de petites nageoires au- dessus et au-dessous de la queue; point d'aivuillons isolés au-deyant de la. nageoire du dos. ESPÈCE. CARACTÈRES, Huit petites nageoires au-dessus et au-des- LE SCOMBÉROM. PLUMIER. \ ; sous de la queue; les deux mâchcires éxa- (Scomberomorus Plumierii.) ] ; É ement avancées. - LE SCOMBEROMORE PLUMIER *. Les peintures sur vélin qui font partie de la collec- tion du Muséum d'histoire naturelle, renferment la figure d'un poisson représenté d'après un dessin de Plumier, et qui paroît avoir beaucoup de rapports avec la bonite. Le savant voyageur que nous venons de citer, l'avoit même appelé honite ou pélamis, petite et tachetée, vulgairement tézard. Mais les caractères génériques que montrent les vrais scombres, et particulièrement la bonite, ne 5e retrouvant pas sur le poisson plumier, nous avons dû le séparer de cette famille. Les principes de distribution méthodique que nous suivons, nous: ont mème engagés à l’inscrire dans un genre particulier que nous avons nommé scombéromore, pour désigner les ressemblances qui le lient avec celui des scombres, et dont nous aurions placé la notice à la suite de l'his- toire de ces derniers, si quelques circonstances ne s’y étoient opposées. Le scombéromore plumier vit dans les eaux de la Martinique. Sa nageoire dorsale présente deux portions si distinctes par leurs figures, que l’on croiroit avoir sous les yeux detix nageoires dorsales très-rappro- chées. La première de ces portions est triangulaire, et * Scomberomorus Plumierii, L 204 HIS T'OTR/E NAMUR IEMCPRTE composée de vingt rayons aiguillonnés ; la seconde est placée au-dessus de celle de l'anus, à laquelle elle ressemble par son étendue, ainsi que par sa forme comparable à celle d'une faux. Huit petites nageoires paroissent au-dessus et au-dessous de la queue. Les couleurs de l'animal sont d’ailleurs magnifiques : azur de son dos, et l’argenté de sa partie inférieure, sont relevés par les teintes brillantes de ses nageoires, et par l'éclat d’une bande dorée qui s'étend le long de la ligne latérale, et règne entre deux rangées longitudi- nales de taches irrégulières et d’un jaune doré. QUATRE-VINGT-HUITIÈME GENRE. LES" GIAS TÉROSTÉES. Une seule nageoire dorsale ; des aïguillons isolés, ou presque isolés, au-devant de la nageoire du dos; une carène lon- gitudinale de chaque côté de la queue; un où deux rayons au plus à chaque nageoire thoracine: ces ravons . © ? aisuillonnés. ESPÈCES. CARACTÈRES. 1. LE GASTÉR. RE A aiguillons au-devant de la nageoire du (Gasterosteus teraculeatus.) dos. 2. LE GAST. Et es aiguillons au-devant de la nageoire du (Gasterosteus pungitius.) dos. 3. LE GASTÉR. pe Die aiguillons au-devant de la nageoire- du dos. (Gasterosteus spinachia.) LE GASTÉROSTÉE ÉPINOCHE;, LE GASTÉROSTÉR PPINOCHETTES ET.LE GASTÉROSTÉE SPINACHIE:. C'est dans les eaux douces de l'Europe que vit l'épi- noche. Ce gastérostée est un des plus petits poissons * Gasterosteus teraculeatus. Skittspigg, en Suède. Skittbär den stôrre, 7414. Steckle back , ez Angleterre. Banslickle, bi. Sharpling, ibid. Épinarde, dans quelques départemens méridionaux de France. Gastré trois épines. Daubenion, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre , planches de l Encyclopédie méthodique. Bloch, pl. 53, fig. 3. Gasterosteus aculeatus.Zinné, édition de Gmelin. Faun. Suecic. 336. Gasterosteus in dorso tribus. Ærtedi, gen. b2, spec. 26, syn. 80. Müller, Proërom. Zoolog. Danic. p.47, n. 3. Gronos. Mus, 1, p.40, 2.111; Zooph. p. 134, n. 40b. Centriscus duobus in dorso armato aculeis, totidem in ventre. K/ein, Miss. pisc. 4, p. 48, n. 2, tab. 14, fig. 4 et 5. Spinarella. Bellon, Aquat. p. 327. Brit. Zoolog. 3, p. 217, n. x. TTillughby, Ichthyol. 341. Raj. Pisc. 145. Épinoche. Rondelet, Les poissons de rivière, chap. 27. Stichling es stachelfisch. 774lf, Ichthyolog. Épinoche. T'almont-Bomare , Dictionnaire d'histoire naturel!e, HISÆOWREr N AT UR FELE. 297 que l’on connoisse ; à peine parvient-il à la longueur d'un décimètre : aussi a-t-on voulu qu'il occupât dans = Gasterosteus pungitius. Skittspigg den mindre, er Suède. The lesser stickleback, ez Angleterre. The lesser sharpling, bd. Gasterosteus pungitius, Linné, édition de Gmelin. Gastré épinoche. Daubenton, Encyclopédie méthodique, Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Bloch, pl. 33, fig. 4. Faun. Suecic. 337. Gasterosteus aculeis in dorso tribus. Ar/edé, gen. 52, spec.97, syn. 0, Gronov. Mus.1,p. 5o, n. 112; Zooph. p.134, n. 406. Centriscus spinis decem vel undecim, etc. K/eïn, Miss. pisc. 4,p.48, n.4. Spinarella pusillus. Be/lon, Aquat. p. 227. Gesner, Aquat. p. 8; Icon. anim. p. 284; Théerb. p. 160, @ Pungitius, alterum genus. A/dros. Pise. p. 628. Raj. Pisc. p.145 , 11. 4, Lessler stickleback. Wzllughby, Ichthyolog. p. 342. Ten spined stickleback. Brit, Zoolog. 3,p. 219, n. 2. 3 Gasterosteus spinachia. Steinbicker, dans plusieurs contrées de l’ Allemagne. Ersskraper, dans plusieurs pays du Nord. Gastré quinze-épines. Daubenton , Encyclopédie méthodique. Id. Ponnaterre, planches de l Encyclopédie méthodique. Gasterosteus spinachia. Linné , édition de Gmelin. Faun. Suecic. 338. Gronov. Mus. 1, p. 50, n.113; Zooph. p. 134, n. 407. Bloch, pl. 53, fig. 1. Gasterosteus pentagonus. Mus. Ad. Frid. p. 34. Centriscus aculeis quindecim in dorso. Klein, Miss. pisc. 4,p. 48, n. 1. Aculeatus vel pungitius marinus longus. #illughby, Lhihyol. p. 340, tab. X, 13, fig. 2; Append. p. 23. Ray. Pise. p: 145, n.15. Fifteen spined stickleback, Brzt. Zoolog, 3, p. 220, n. 3, TOME Lili. 38 298 HI ST'OT RE NA T'UR FLILE l'échelle de la durée une place aussi éloignée des pois- sons les plus favorisés, que sur celle des grandeurs. On a écrit qu'il ne vivoit tout au plus que trois ans. Quelque sûres qu'aient pu paroître les observations sur lesquelles on a fondé cette assertion, nous croyons qu'elles ont porté sur des accidens individuels plutôt que sur des faits généraux; et nous regardons comme bien peu vraisemblable une aussi grande briéveté dans la vie d'un animal qui, dans ses formes, dans ses qua- lités, dans son séjour, dans ses mouvemens, dans ses autres actes, dans sa nourriture, ne présente aucune différence très-marquée avec des poissons qui vivent pendant un très-grand nombre d'années. Et d'ailleurs ne reconnoit-on pas dans l'épinoche la présence ou l'influence de toutes les causes que nous avons assignées à la longueur très-remarquable de la vie des habitans des eaux, et particulièrement des poissons considérés en général ? C'est dans le printemps que ce petit osseux dépose ses œufs sur les plantes aquatiques, qui les main- tiennent à une assez grande proximité de la surface des lacs ou des rivières, pour que la chaleur du soleil favorise leur développement. Il se nourrit de vers, de chrysalides, d'insectes que les bords des eaux peuvent lui présenter, d'œufs de poissons; et, malgré sa foi- blesse, il attaque quelquefois des poissons, à la vérité, extrêmement jeunes, et venant, pour ainsi dire, d'éclore. Les aiguillons dont son dos est armé, et le bouclier + D E S PAONT'S STONNFS 299 ainsi que les lames dont son corps est revêtu , le dé- fendent mieux qu'on ne le croiroit au premier coup d'œil, de l'attaque de plusieurs des animaux qui vivent dans les mêmes eaux que lui: mais ils ne le garantissent pas de vers intestinaux dont il est fréquemment la vic- time ; ils ne le préservent pas non plus de la recherche des pêcheurs. On ne le prend pas cependant, au moins le plus souvent, pour la nourriture de l'homme, parce que son goût est rarement très-agréable : mais comme cette espèce est grasse et féconde en individus, il est plusieurs contrées où l’on répand les épinoches par milliers dans les champs, sur lesquels elles forment en se corrompant un excellent fumier ; ou bien on les emploie à engraisser dans les basses-cours voisines des lacs qui leur ont servi d'habitation, des canards, des cochons, et d’autres animaux utiles dans l'économie domestique. On peut aussi exprimer de milliers d'épinoches une assez grande quantité d'huile bonne à brûler; et nous ne devons pas oublier de faire remarquer qu'il est un grand nombre d'espèces de poissons, dédaignées à cause du goût peu agréable de leur chair, dont on pourroit tirer, comme de l'épinoche, un aliment convenable à plusieurs animaux, un engrais très-propre à fertiliser nos campagnes, ou une huile très-utile à plusieurs arts. Les yeux de l'épinoche sont saillans, et ses mâ- choires presque aussi avancées l’une que l'autre: Soc HISTOIRE NATURELLE chaque ligne latérale est marquée ou recouverte par des plaques osseuses placées transversalement, plus petites vers la tête ainsi que vers la queue, et qui, au nombre de vingt cinq, de vingt-six ou de vingt-sept, forment une sorte de cuirasse assez solide. Deux os alon- gés, durs, et affermis antérieurement par un troisième , couvrent le ventre comme un bouclier; et de là vient le nom générique de gastérostée que porte l’'épinoche. Chaque thoracine est composée de deux rayons : le premier, orand, pointu, et presque toujours dentelé, frappe aisément la vue; le second, blanc, très-court, très-mou , est difficilement apperçu. Trois aiguillons alongés, et séparés l’un de Fautre, s'élèvent au-devant de la nageoire du dos : les deux premiers sont dentelés des deux côtés ; le troisième l’est quelquefois, mais il est presque toujours moins haut que les deux premiers. On compte trois lobes au foie, qui est très-étendu, et dont le lobe droit est particulièrement très-long. On ne voit pas de cæcum auprès du pylore; et le canal intestinal se recourbe à peine vers la tête, avant de s’avancer en ligne droite vers l'anus, ce qui doit faire présumer que les sucs digestifs de l'épinoche sont très-actifs. La vésicule natatoire est épaisse, simple , grande, et attachée à l'épine du dos, dont cependant on peut la séparer avec facilité. Au reste, l'iris, l'opercule branchial et les côtés de D ES pi O À S:S OO NIS. OI l'épinoche brillent de l'éclat de largents/ses nageoires de celui de l'or; et sa gorge , ainsi que 'sa poitrine ; montrent souvent celui du rubis”. L'épinochette vit en troupes nombreuses dans les lacs et dans les mers de l'Europe ; on la voit pendant le printemps auprès des embouchures’ des fleuves ; et suivant le citoyen Noël, on la pèche dans la Séine, jusqu'au-dessus de. Quillebœuf. La spinachie ne se trouve ordinairement que dans la mer. Elle est plus grande du double, ou environ, que lépinocke, pen- dant que l’épinochette ne parvient communément qu'à la longueur d’un demi-décimètre. Cette épinochette est d'ailleurs dénuée de lames osseuses et mème d’é- cailles facilement visibles; sa couleur est jaune sur son dos, et blanche ou argentée sur sa partie infé- rieure ‘. La spinachie offre à peu près le même ton et la même * A la membrane des branchies de l’épinoche, 3 rayons. à la nageoire du dos 12 à chacune des pectorales 10 à chacune des thoracines 2 à celle de Panus 9 à celle de la queue, qui est rectiligne, 12 ? A la nageoire du dos de l’épinochette, 1I rayons, à chacune des pectorales 10 à chacune des thoracines, dont la mem- brane est très-blanche, 2 à celle de l'anus IT à celle de la queue 13 302 H 1 S'T:O I KSE* NA TUR ELLE. disposition dans ses nuances que l'épinochette ; mais ses côtés sont garnis de lames dures. Elle a de plus le museau avancé en forme de tube, l'ouverture de la bouche petite, et l'opercule ciselé en rayons *. * A la nageoire du dos de la spinachie, 6 ou 7 rayons. à chacune des pectorales 10 à chacune des thoracines 2 à celle de anus Gou7 à celle de la queue, qui est arrondie, 12 QUATRE-VINGT-NEUVIÈME GENRE. LES OCENTROPODES: Deux nageoires dorsales; un aiguillon et cinq ou six rayons articulés trés-petits à chaque nageoire thoracine ; point de piquans isolés au-devant des nageoires du dos, mais Les rayons de la premiére dorsale à peine réunis par une membrane; point de caréne latérale à la queue. ESPÈCE. LE CENTROP. RHOMBOÏDAT. . ; : Le corps revêtu de petites écailles. (Centropodus rhombeus.) CARACTÈRE. LE CENTROPODE RHOMBOÏDAL :. LA conformation de ce poisson nous oblige à le placer dans un genre particulier. Il a été observé par Fors- kael dans la mer Rouge. Les petites écailles {dont il est revètu, brillent comme des lames d'argent. Les nageoires sont blanches, excepté celle de la queue, qui est d’un verd bleuâtre; et la seconde dorsale est noire dans sa partie la plus élevée. Cette seconde rageoire du dos est d'ailleurs triangulaire et écailleuse dans sa partie antérieure, comme celle de l’anus, et basse, ainsi que transparente, dans le reste de son étendue. Les cinq rayons articulés qui, réunis avec un aiguillon, com- posent chacune des nageoires thoracines , sont à peine visibles’. Une membrane assez peu large soutient les quatre ou cinq piquans qui forment la première dor- * Centropodus rhombeus. Forskacl, Faun. Arab. p. 58, n. 78. Centrogaster. Linné, édition de Gmelin. Scombre tabak. Bonnaterre , planches de l’ Encyclopédie méthodique. : À Ja membrane des branchies 6 rayons. à la première nageoire du dos 4 ou 5 à la seconde 32 àchacune des pectorales 15 à chacune des thoracines 6 à celle de l'anus 94 à celle de la queue, qui est un peu arrondie, 16 HISTOIRE NATURELLE, 30 sale. Les dents sont déliées et nombreuses; et au-dessus du bout de la langue, on voit une callosité ovale et rude. La queue proprement dite est très-courte ; ce qui donne à chaque côté de l'animal une figure rhomboïdale. M TOME III 9 QUATRE-VINGT-DIXIÈME GENRE. LES CENTROGASTÈRES. : Quatre aiguillons et six rayons articulés à chaque nageoire thoracine. ESPÈCES. CARACTÈRES. La nageoire dorsale très-longue; celle de la queue très-peu fourchue; la couleur du dessus du corps, brune. 1. LE CENTROG. BRUNATRE. (Centrogaster fuscescens.) 2. LE CENTROG. ARGENTÉ. fLa nageoire de la queue, fourchue ; la cou- (Centrogaster argentatus.) leur du dessus du corps, argentée. LE CENTROGASTÈRE BRUNATRE,, ET LE CENTROGASTÈRE ARGENTÉ:. Les mers qui arrosent le Japon , nourrissent ces deux centrogastères , dont on doit la connoiïissance au savant Houttuyn , et dont le nom générique vient des aiguil- lons que l'on voit au-dessous de leur corps, et qui com- posent une partie de leurs nageoires inférieures. Ces poissons ne parviennent qu'à une longueur très-peu considérable : le brunâtre n’a pas ordinairement deux décimètres de long , et l’argenté n'en a qu’un. La mâchoire supérieure du premier est garnie de dents aiguës ; le second a sur la nuque une grande tache brune, et communément arrondie. Les notes suivantes * * Centrogaster fuscescens. Id. Linné, édition de Gmelin. Houttuyn, Act. Haarl. XX, 2,p.333, n. 21. : Centrogaster argentatus. Id. Linné , édition de Gmelin. Houttuyns Act. Haarl. XX, 2, p. 334, n. 22. 3 33 aiguillons et 11 rayons articulés à la nageoire du dos du brunûtre, 16 rayons à chacune des pectorales. 7 aiguillons et 9 rayons articulés à la nageoire de l’anus. 20 rayous à la nageoire de la queue. 208 HIS T'O NRIE CC N'AUTIU RE DIE et ‘, et le tableau de leur genre, indiquent leurs autres traits principaux. 4 & aiguillons à la partie antérieure de la nageoire dorsale de largenté, 2 aiguillons et 12 rayons à la nageoire de l’anus. QUATRE-VINGT-ONZIÈME GENRE. LES CENTRONOTES. Une seule nagcoïre dorsale; quatre rayons au moins à chaque thoracine ; des piquans isolés au-devant de la nageoire du dos; une saillie longitudinale sur chaque coté de la queue, ou deux aïguillons au-devant de la nageoire de l'anus. ESPÈCES. CARACTÈRES. Quatre aïguillons au-devant de la nageoire 1. LE CENTRONOTE PILOTE.) du dos; sept rayons à la membrane des (Centronotus conductor.) branchies ; vingt-sept rayons au moins à la nageoire dorsale, Quatre aiguillons au-devant de Ja nageoire dorsale; trois rayons à la membrane des branchies. 2. LE CENTR. ACANTHIAS. (Centronotus acanthias.) Cinq aiguillons au-devant de la nageoire du 3. LE CENTRON. GLAYCOS. dos; le premier tourné vers le museau, et (Centronotus glaycos.) les autres inclinés vers la queue ; la ligne latérale ondulée par petits traits. 4. LE CENTRON. ARGENTÉ. fSept aiguillons au-devant de la nageoire du (Centronotus argenteus.) dos ; onze rayons à cette nageoire. : Sept aiguillons au-devant de la nageoire du 5. LE CENTRONOTE OVALE. : dos; vingt rayons à cette nageoire ; six (Centronotus ovalis.) 8 8 ; rayons à la membrane des branchies. {Sept aiguillons au-devant de la nageoire du 6. LE CENTRONOTE LYZAN.; dos; vingt-un rayons à cette nageoire ; (Centronotus 1yzan.) | huit rayons à la membrane des branches, 391Q0 HISTOIRE NATURELLE. ESPÈCES. CARACTÈRES. Huit aiguillons au-devant de la nageoire du 7. LE CENTR. CAROLININ. d : : s FR 5 os ; vingt-six rayons à Cette nageoire dor- (Centronotus carolinus.) - : sale; la ligne latérale droite. Huit aiguillons au-devant de la nageoire du : dos ; trente-trois rayons à cette nageoire Gribs; CENTER: SAGE EP dorsale; point d’aiguillons au -devant de (Rartronoius Gardenii.) celle de Vanus; deux rayons seulement à chacune des pectorales, Huit aiguillons au-devant de la pageoire du 9. LE CENTRONOTE VADIGO- x dos; plus de deux rayons à chacune des C ot digo. : : (Cenironosus vadigo) pectorales ; la ligne latérale tortueuse, LESCE NT RONOTE PTEOMRE ?. PRESQUE toutes les espèces du genre des centronotes, ainsi que celui des gastérostées et celui des centro- podes, ne renferment que d’assez petits individus. Le centronote dont nous traitons dans cet article, parvient très-rarement à la longueur de deux décimètres. Mal- gré les dards dont quelques parties de son corps sont hérissées, il ne pourroit donc se défendre avec succès que contre des ennemis bien peu redoutables, ni attaquer avec avantage qu'une proie presque invisible, Son espèce n'existeroit donc plus depuis long-temps, * Centronotus conductor. Gasterosteus conductor. Linné, édition de Gmelin. Gastré pilote. Daubenton, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique, Mus. Ad. Frid. 2, p. 88, *. Pilot fish. illughby, Ichthyol. tab. append. 8 , fig. 2. Glaucus aculeatus, fasciatus, ete. Klein, Miss. pisc. 5, p. 31, n. 5. Le pilote. Duhamel, Traité des péches, part. 2, sect. 4, chap. 4, art. 5, p.55, pl.4, fig. 4, et pl. 9, fig. 3. Scomber ductor. Hasselquist, It. 336. Osbeck, Ii.73, tab. 12, fig. 2; et Act. Siockh. 1755, p. 7r. Scomber fasciis quatuor cæruleo-argenteis, aculeis quatuor ante pinnam dorsalem. Zæf?. It Scomber dorso monopterygio, pinnulis nullis, etc. Gronov. Zooph. 309. Pilote piscis. Raj. Pise. 156. Lootsmannekens. Brünn, 11. 325 , 1ab. 190. SIAV HISTOIRE NATURELLE s’il n'avoit reçu l’agilité en partage : il se soustrait par des mouvemens rapides aux dangers qui peuvent le menacer, D'ailleurs sa petitesse fait sa sûreté, et com- pense sa foiblesse. Il n'est recherché ni par les pêcheurs, ni par les grands habitans des mers; l'exiguité de ses membres le dérobe souvent à leur vue; le peu de nourriture qu'il peut fournir, empêche qu'il ne soit l'objet des desirs des marins, ou des appétits des squales. Il en est résulté pour cette espèce, cette sorte de sécurité qui dédommage le foible de tant de pri- vations. Pressée par la faim, ne trouvant pas facile- ment à certaines distances des rivages les œufs, les vers, les insectes, les mollusques qu'elle pourroit saisir, elle ne fuit ni le voisinage des vaisseaux, ni même la présence des squales, ou des autres tyrans des mers ; elle s'en approche sans défiance et sans crainte ; elle joue au-devant des bâtimens, ou au milieu des ter- ribles poissons qui la dédaignent; elle trouve dans les alimens corrompus que l'on rejette des navires, ou dans les restes des victimes immolées par le féroce requin, des fragmens appropriés par leur ténuité à la petitesse de ses organes ; elle précède ou suit avee constance la proue qui fend les ondes, ou des troupes carnassières de grands squales ; et frappant vivement l'imagination par la tranquillité avec laquelle elle habite son singulier asyle , elle a été bientôt douée, par les amis du merveilleux, d’une intelligence parti- eulière ; on lui a attribué un instinct éclairé, une D EVE Or st s'en TE prévoyance remarquable, un attachement courageux; on l'a revètue de fonctions très-extraordinaires ; et on ne s'est arrêté qu'après avoir voulu qu'elle partageât vec les échénéis , le titre de conducteur du requin, de pilote des vaisseaux. Nous avons été bien aises de rap- peler cette opinion bizarre par le nom spécifique que nous avons conservé à ce centronote avec le plus grand nombre des auteurs modernes. Celui qui écrit l’his- toire de la Nature, doit marquer les écueils de la raison, comme l'hydrographe trace sur ses cartes ceux où ont péri les navigateurs. On voit sur le dos de ce petit animal, dont on a voulu faire le directeur de la route des énormes requins, ces aiguillons aui appartiennent à tous les poissons compris dans le quatre-vingt-onzième genre, et dont la présence et la position sont indiquées par le nom de centronote * que nous avons cru devoir leur donner : mais on n'en compte que quatre au-devant de la nageoire dorsale du pilote. Les côtés de la queue de ce poisson sont relevés longitudinalement en carène. La ligne latérale est droite. Plusieurs bandes transver- sales et noires font ressortir la couleur de sa partie supérieure , qui présente des teintes brunes et des reflets dorés. If paroît que le nombre de ces bandes varie depuis quatre jusquà sept. Les mâchoires, la *Karçow, en grec, signifie aiguillon ; et 20, signifie dos. T'O M EN LI 40 * JI4 HISTOIRE NATURELLE. langue, et la partie antérieure du palais, sont garnies de très-petites dents *. * A la nageoire du dos 28 rayons. + à chacune des pectorales 20 à chacune des thoracines 6 à celle de l’anus 17 LE CENTRONOTE ACANTHIAS, ET LEACENTRONOTENGLAYCOSE Les mers qui arrosent le Danemarck, nourrissent, selon Pontoppidan, l’acanthias; et la Méditerranée est la patrie du glaycos. Nous avons conservé ce nom grec glaycos, qui veut dire glauque (d'un bleu de mer), à un centronote décrit et figuré par Rondelet, et auquel, suivant ce naturaliste, les anciens avoient donné cette dénomination. Cette espèce a le corps alongé, les dents très-pointues, la ligne latérale ondée à petits traits ; la partie supérieure du corps d'un bleu obscur, l'inférieure très - blanche; la chair grasse, ferme, et de bon goût. : Centronotus acanthias. Pontoppid. Naturg. Danaem. p. 188 , n. 3. Gasterosteus acanthias. Zinné, édition de Gmclin. 3 Centronotus glaycos. Troisième espèce de glaucus. Rondelet, Des poissons, Liv. 8, chap. 17. DS 7 LE CENTRONOTE ARGENTÉ;, LE CENTRONOTE OVALE!, EE) LE NC EN TRONOTE L'YZAN: Ox pêche auprès des côtes de l'Amérique équinoxiale À l'argenté, dont la couleur est désignée par le nom écifique que nous avons cru devoir lui donner * : Centrouotus argenteus. . Gasterosteus occidentalis. Zinné, édition de Gmelin. Gastré saure. Üaubenton, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, plunches de l'Encyclopédie méthodique. Saurus argenteus caudà longitudinaliter striatä. Brown, Jum. 452, taë. 46 ? SZ. 2 2 Centronotus ovalis. Gasterosteus ovatus. Linné, édition de Gmelin. Gastré ovale. Daubenton, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l’ Encyclopédie méthodique, 3 Centronotus lyzan. Gasterosteus lyzan. Zinné, édition de Gmelin. Scombre lÿzan. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Amia. Salvian. fol. 121, 122. Forskael, Faun. Arabic. p. 54, n. 60. # 7 rayons à chacune des nageoires pectorales de l’argenté. 6 rayons à chacune des thoracines. 2 aiguillons au-devant de la nageoire de l’anus, 1 aiguillon et 6 rayons articulés à la nageoire anale, 16 rayons à la nageoire de Ja queue, HISTORRE N À DURELUME) 7 pendant que c’est dans les mers de l’Asie que vit l'ovale, dont l'aiguillon dorsal le pius antérieur est couché vers la tête, dont les mâchoires sont hérissées de petites dents, et dont le corps très-comprimé, comme celui des chétodons, a indiqué par sa figure la dénomination spécifique de ce centronote *. Forskael a vu le lÿzan sur les côtes de l'Arabie. Ce poisson est couvert d'écailles petites, lancéolées, et resplendissantes comme des lames d'argent; ses lignes latérales sont ondées vers l'opercule et droites auprès de la queue; son dos est d'un brun mèlé de bleu. 3? 16 rayons à chacune des nageoires pectorales de l’ovale, 6 rayons à chacune des thoracines. 2 aisuillons au-devant de la nageoïre anale. 1 aigüillon et 16 rayons à la nageoire de l'anus. 20 rayons à la nagevire caudale. 3 57 rayons à chacune des pectorales du lyzan. 1 aiguillon et 5 rayons à chacune dés thoracines, 2 aiguillons au-devant de la nageoire de l'anus. x aiguillon et 18 rayons à cette même nageoire de l'anus. LE CENTRONOTE CAROLININ, LE CENTRONOTE GARDÉNIEN?, ET LE CGENTRONOTE VADIGOK Le carolinin et le gardénien habitent la Caroline : le nom du premier indique leur pays; celui du second, l'observateur qui les a fait connoître. C’est en eflet le docteur Garden qui en envoya, dans le temps, la description à Linné. Ces deux poissons, et le vadigo, qui se trouve dans la Méditerranée, se. ressemblent par la forme de leurs nageoires du dos et de l'anus, qui présentent la figure d’une faux, et par celle de la nageoire de la queue, qui est fourchue: mais, * Centronotus carolinus. Gasterosteus carolinus. Linné, édition de Gmelin. sastré crevaile, Daubenton, Encyclopédie méthodique. Gastré crevalle. Daubenton, Encyclopéd. thodiq 14. Bonnaterre, planches de l Encyclopédie méthodique. ? Centronotus Gardenii. Gasterosteus canadus. Linné, édition de Gmelin. Gastré canade. Daubenton, Encyclopédie méthodique. {d. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 3 Centronotus vadigo. Liche, dans plusieurs départemens méridionaux de France. Pélamide, ‘bi. Licne, on seconde espèce de glaucus. Rondelet, Des poissons, parLT, lv, 8, chap. 16. LR HISTOIRE NAT U-RÆELLE. .Wéfrg indépendamment des dissemblances que nous n'avons pas besoin d'énumérer, Île carolinin n'a que vingt-six rayons à la nageoire du dos’, et le gardénien yena trente-trois*; celui-ci n'a que deux rayons à chacune des pectorales, et le vadigo y en présente un nombre bien plus grand, pendant que ses lignes latérales sont tortueuses et courbées vers le bas, au lieu d'être droites comme celles du carolinin. Au reste, l'aiguillon dorsal le plus antérieur du vadigo est incliné vers le museau. * 18 rayons à chacune des pectorales du carolinin. 5 rayons à chacune des thoracines. 3 aiguillons et 24 rayons articulés à la nageoire de l’anus. 27 rayons à celle de la queue. * 7rayons à la membrane des branchies du gardénien. 2 à chacune des nageoires pectorales. 7 à chacune des thoracines. 26 à la nageoire de l’anus. 20 à celle de la queue. QUATRE-VINGT-DOUZIÈME GENRE. LES LÉPISACANTHES. Les écailles du dos, grandes, ciliées, et terminées par un aiguillon; les opercules dentelés dans leur partie posté- rieure, et dénués de petites écailles; des aiguillons isolés au-devant de la nageoire dorsale. ESPÈCE. CARACTERE: LE LÉPISACANTHE di va aiguillons au- devant de la na- (Lepisacanthus japonicus.) geoire du dos. * # # A LE LÉPISACANTHE JAPONO Le nom générique de cet animal désigne la forme particulière de ses écailles *; et sa dénomination spé- cifique , les mers dans lesquelles on l’a vu. Houttuyn l’a fait connoître , et nous avons cru devoir le séparer des centronotes, et des autres poissons avec lesquels on l’avoit placé dans le genre des centrogastères, afin d'être fidèles aux principes de distribution métho- dique que nous avons préférés. Le museau de cet osseux est arrondi; ses mâchoires sont hérissées de petites aspérités, plutôt que garnies de dents propre- went dites. Une fossette longitudinale recoit et cache, à la volonté de l'animal , les piquans épais, forts, iné- gaux et isolés, que l’on voit au-devant de la nageoire du dos. Les rayons de chacune des thoracines sont réunis et alongés de manière à former unaiguillon peu mobile, rude, et égal en longueur aux trois dixièmes, ou à peu près, de la longueur totale du poisson. Le japonois ne parvient d'ailleurs qu'a de très-petites * Lepisacanthus japonicus. Gasterosteus japonicus. Linné, édition de Gmelin. Gastré du Japon. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Houtiuyn, Act. Haarl. XX, 2, p. 329. ? Arms signifie écaille , et axx90s, aiguillon. TOME Ili, A1 399 HISTOIRE NATURELLE, dimensions; il n’a pas un double décimètre de long ; et sa couleur est jaune *. X À la membrane des branchies 5 rayons. à la nageoire du dos 10 à chacune des pectorales 2 à celle de Panus 9 à celle de la queue 22 pen, QUATRE-VINGT-TREIZIÈME GENRE. LES CÉPHALACANTHES. Le derrière de la tête garni, de chaque côté, de deux piquans dentelés et très-longs ; point d'aisuillons isolés au-deyant de la nageoire du dos. ESPÈCE. CARACTÈRE. LE CÉPHALAC. SPINARELLE. . : uatre rayons à ch thoracines. (Cephalacanthus no te ayons à ChRSACCES OGFS CR NTEN LL LE:CÉPHALACANTHE SPINARELLE * Cr céphalacanthe ne présente qu'une petite longueur. Sa tête plus large que le corps, est striée sur toute sa surface, et gavnie par É de quatre grands aiguil- lons. Les deux supérieurs sont plus « den tete plus larges et plus courts que les deux inférieurs. La spi- narelle, qui vit dans l'Inde, a été placée dans le même genre que les Br oStTeS et les centronotes : mais elle en difière par trop de traits pour que nous n'aÿons pas dû l'en séparer. L'absence d’aiguillons isolés au- devant de la nageoire dorsale auroit suffi pour l'éloi- oner de ces osseux. Nous l'avons donc inscrite dans un. genre particulier qui précède immédiatement celui des dectyloptères, parmi lesquels on compte la pirapède + dont la tête ressemble beaucoup à celle de la spina- relle *. LE PRG 0 ee DR Re RE gene ‘ : Cephalacanthus spinarella. (Nota. K:paro; veut dire 1é1e, et xx, aiguillon où piquant.) Gasterosteus spinarella. Zinné , édition de Gmelin. Pungitius pusillus. Mus. Adolph. Frid. 1, p.74, tab. 32, fig. 5. Gastré spinarelle. Daubenton, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique, 3 rayons. 4 à la nageoiïre du dos 16 2 À la membrane des branchies à chacune des pectorales 20 à chacune des thoracines 4 à celle de l'anus 8 PC nee * A7 ‘w * QUATRE-VINGT-QUATORZIÈME GENRE. LES DACTYLOPFÉRES. # Une petite nageoire composée de rayons soulenus par une membrane, auprés de la base de chaque nageoire pectorale. ESPÈCES. CARACTÈRES. r. LE DACTYLOPr. A pe yr ie rayons réunis par une membrane auprès (Dactylopterus pirapeda.) de chaque nageoire pectorale, 2. LE DACTYLoP. se pi rayons réunis par une membrane au- (Dacrylopterus japonicus.) LU près de chaque nageoire pectorale.. +> LE DACTYLOPTÈRE PIRAPÈDE* Parmi les traits remarquables qui distinguent ce grand poisson volant et les autres osseux qui doivent appartenir au même genre, il faut compter particu- lièrement les dimensions de ses nageoires pectorales. Elles sont assez étendues pour qu'on ait dû les dési- gner par le nom d'ailes ; et ces instrumens de nata- tion, et principalement de vol, étant composés d’une * Dactylopterus pirapeda, Volodor, en Espagne. Fondire, aux environs de Rome. Rondola, ou rondela, sur les bords de l’Adriatique, Falcone, à Malte et en Sicile. Flygande fisk, ez Suède. Swallowv fish, ez Angleterre. Kite fish, r01d. Arondelle, dans plusieurs départemens méridionaux de France. Rondole, zhid. Chauve-souris, ibid. Ratepenade, zbid. Trigla volitans. Zinné, édition de Gmelin, Trigle pirapède. Daubenton et Haïy, Encyclopédie méthodique, Id. Boanaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique, Bloch, pl. 357. Trigla capite parèm aculeato, pinnulâ singulari ad pinnas ventrales, Artedi, gen, 44, syn. 73. * Gronos, Mus. 1,7. 102, Trigla capite quatuor spondylis armato, Brown, Jam. 453, Seba, Mus. 3, tab, 28, fig. 7. HISTOIRE NATURELLE. 927 large membrane soutenue par de longs rayons arti- culés que l'on a comparés à des doigts comme les rayons des pectorales de tous les poissons, les ailes de la pirapède ont beaucoup de rapports dans leur conformation avec celles des chauve -souris, dont on leur a donné le nom dans plusieurs contrées; et nous avons cru devoir leur appliquer la dénomination géné- rique de dactylopiere, qui à été souvent employée pour ces chauve-souris, aussi-bien que celle de cheiroptére, et qui signifie aile attachce aux doists, ou Jormée par les doigis*. ER EL RE LRU ENS PEL CPP Milivipira, et pirabelle. Marcgr. Hist. Brasil. lib. 4, cap. 11, p. 162. Hirundo, Plin. Hist. mundi, lib. 9, cap. 43, édit. de Deux-Ponts. Milvus cirratus. S/oan. Jamaic. vol. 2, p. 288. Mugil alatus Rondeletii. Jacob. Mus. reg. p.x , fig. 3, De piscib. parag. 39, tab. 2, n. 30. Uligende vise. Valent. Amboin. pise. tom. 3, 1ab. 52, E. Omopteros. Klein, Miss. pisc. 4, p. 44, n 11. Hirundo aquatica. Bout. Ind. orient. p. 78. Hirundo Plinii. Vorm. Mus. 1, p. 266. Gesner, p. 434, d14 3 (germi.) fol. 17, b. Pellon, Aquat. 192. Salyian. fol. 187. Aildrovand. lib. 2, cap. 5, p. x4r. Jonston, lib. x, tit. 3, cap. 1, a. 3, tab. 17, fig. 12. Willughby, p. 283, 1ab. S, fig. 6. Raj. p. 89. Xemdu. Arist. lib. 4, cap. 9. Arondelle de mer. Rondelet, première partie, liv. 10, chap. x. Hirondelle de mer, ow rondole. Valmont-Bomare, Dictionnaire d’'his= toire naturelle. * Auxrvos veut dire doigt, et wo, aile, v wwe 326 HIS T'OTR EU N'AÏT'TNRIEUNTIE La pectorale des pirapèdes est d’ailleurs double, et présente par conséquent un caractère que nous n'avons encore vu que dans le lépadogastère gouan. A la base de cette aile, on voit en effet un assemblage de six rayons articulés réunis par une membrane, et con:po- sant par conséquent une véritable nageoire qu'il est impossible de ne pas considérer comme pectorale. De plus, l'aile des poissons que nous examinons offre une grande surface; elle montre, lorsqu'elle est déployée, une figure assez semblable à celle d'un disque, et elle atteint le plus souvent au-delà de la nagcoire de l'anus et très-près de celle de la queue. Les rayons qu'elle renferme étant assez écartés l’un de l'autre lorsqu'elle est étendue, et n'étant liés ensemble que par une membrane souple qui permet facilement leur rapprochement, il n’est pas surprenant que l'ani- mal puisse donner aisément et rapidement à la surface de ces ailes, cette alternative d'épanouissement et de contraction, ces inégalités successives, qui, produisant des efforts alternativement inégaux contre l'air de l'atmosphère, et le frappant dans un sens plus violem- ment que dans un autre, font changer de place à l'animal lancé et suspendu, pour ainsi dire, dans ce fluide, et le douent véritablement de la faculté de voler *. Voilà pourquoi la pirapède peut s'élever au-dessus # Voyez le Discours sur la nature des poissons, DE TS LOUIS) FOR: 329 de la mer, à une assez grande hauteur, pour que la courbe qu’elle décrit dans l'air ne la ramène dans les flots que lorsqu'elle a franchi un intervalle égal, sui- vant quelques observateurs, au moins à une trentaine de mètres ; et voila pourquoi encore , depuis Aristote jusqu'a nous, elle a porté le nom de faucon de la mer, et sur-tout d’hirondelle marine. Elle traverseroit au milieu de l'atmosphère des espaces bien plus grands encore , si la membrane de ses ailes pouvoit conserver sa souplesse au milieu de l'air chaud et quelquefois même brûlant des contrées où on la trouve : mais le fluide qu’elle frappe avec ses grandes nageoires , les a bientôt desséchées, au point de rendre très-difliciles le rapprochement et l’écarte- ment alternatifs des rayons; et alors le poisson que nous décrivons, perdant rapidement sa faculté dis- tinctive , retombe vers les ondes au-dessus desquelles il s'étoit soutenu, et ne peut plus s'élancer de nouveau dans l’atmosphère que lorsqu'il a plongé ses ailes dans une eau réparatrice » et que, retrouvant ses attri- buts par son immersion dans son fluide natal, il offre une sorte de petite image de cet Antée que la mytho- logie grecque nous représente comme perdant ses forces dans l'air, et ne les retrouvant qu’en touchant de nouveau la terre qui l’avoit nourri. Les pirapèdes usent d'autant plus souvent du pou- voir de voler qui leur a été départi, qu'elles sont poursuivies dans le sein des eaux par un grand nombre TOME lil 42 3930 HISTOIRE NATURELLE d'ennemis. Plusieurs gros poissons, et particulière- ment les dorades et les scombres, cherchent à les dévorer; et telle est la malheureuse destinée de ces animaux qui, poissons et oiseaux, sembleroient avoir un double asyle, qu'ils ne trouvent de sûreté nulle part, qu'ils n'échappent aux périls de la mer que pour être exposés à ceux de l'atmosphère , et qu'ils n'évitent la dent des habitans des eaux que pour être saisis par le redoutable bec des frégates, des phaétons, des mauves, et de plusieurs autres oiseaux ? Lorsque des circonstances favorables éloignent de la partie de l'atmosphère qu'elles traversent, des ennemis dangereux, on les voit offrir au-dessus de la mer un spectacle assez agréable. Ayant quelquefois un demi- mètre de longueur, agitant vivement dans l'air de larges et longues nageoires, elles attirent d'ailleurs V'attention par leur nombre, qui souvent est de plus de mille. Mues par la même crainte, cédant au même besoin de se soustraire à une mort inévitable dans l'Océan, elles s’envolent en grandes troupes ; et lors- qu'elles se sont confiées ainsi à leurs ailes au milieu d'une nuit obscure, on les a vues briller d'une lumière phosphorique , semblable à celle dont resplendissent plusieurs autres poissons , et à l'éclat que jettent, pen- dant les belles nuits des pays méridionaux, les insectes. auxquels le vulgaire a donné le nom de vers luisans. Si la mer est alors calme et silencieuse, on entend le DLETSUE OM Si SIOYReS SI petit bruit que font naître le mouvement rapide de leurs ailes et le choc de ces instrumens contre les couches de l'air; et on distingue aussi quelquefois un bruissement d'une autre nature, produit au travers des ouvertures branchiales par la sortie accélérée du gaz que lanimal exprime, pour ainsi dire, de diverses cavités intérieures de son corps, en rappro- chant vivement leurs parois. Ce bruissement a dieu d'autant plus facilement, que ces ouvertures bran- chtales étant (rès-étroites, donnent lieu à un frôlement plus considérable ; et c'est parce que ces orifices sont très-petits, que les pirapèdes, moins exposées à un desséchement subit de leurs organes respiratoires , peuvent vivre assez long-temps hors de l’eau *. On rencontre ces poissons dans la Méditerranée et dans presque toutes les mers des climats tempérés; mais c’est principalement auprès des tropiques qu'ils habitent, C'est sur-tout auprès de ces tropiques qu'on a pu contempler leurs manœuvres et observer leurs évolutions. Aussi leur nom ét leur histoire ne sont- ils jamais entendus avec indifférence par ces voÿa- geurs courageux qui, loin de l'Europe, ont affronté les tempêtes de l'Océan, et ses calmes souvent plus funestes encore. Ils retracent à leur souvenir leurs peines, leurs plaisirs, leurs dangers, leurs succës: Hs nous ramènenf, nous qui fàehons de dessiner leurs « . * Discours sur la ralure deS poissons. 289 UÉISTOIRE NATURELLE traits, vers Ces compagnons de nos travaux, qui, dévoués à la gloire de leur pays, animés par un ardent amour de la science , dirigés par un chef habile, con- duits par le brave navigateur Baudin, et réunis par les liens d'une amitié touchante ainsi que d'une estime mutuelle, quittent, dans le moment même où mon cœur s’épanche vers eux, les rivages de leur patrie, se séparent de tout ce qu'ils ont de plus cher, et vont braver sur des mers lointaines la rigueur des climats et la fureur des ondes, pour ajouter à la pros- périté publique par l'accroissement des connoiïssances humaines. Noble dévouement, généreux sacrifices ! la reconnoissance des hommes éclairés, les applaudisse- mens de l’Europe, les lauriers de la gloire, les em- brassemens de l'amitié, seront leur douce et brillante récompense. Cependant quelles sont les formes de ces poissons ailés dont l’image rappelle des objets si chers, des entreprises si utiles, des efforts si dignes d’éloges? La tête de la pirapède ressemble un peu à celle du céphalacanthe spinarelle. Elle est arrondie par-devant, et comme renfermée dans uñe sorte de casque ou d'en- veloppe osseuse à quatre faces, terminée par quatre aiguillons larges et alongés, et chargée de petits points arrondis et disposés en rayons. La mâchoire supé- rieure est plus avancée que l'inférieure. Plusieurs rangs de dents très - petites garnissent l’une et l’autre de ces deux mâchoires; et l'ouverture de la bouche D'IBLS APN O TS SNONNEUIS 339 est très-large, ce qui donne à la pirapède un rapport de plus avec une hirondelle. La langue est courte, épaisse, et lisse comme le palais. Le dessous du corps présente une surface presque plate. Les écailles qui couvrent le dos et les côtés, sont relevées par une arête longitudinale”. Le rougeâtre domine sur la partie supérieure de l'animal, le violet sur la tête, le bleu céleste sur la première nageoire du dos et sur celle de la queue, le verd sur la seconde nageoire dorsale; et pour ajouter à cet élégant assortiment de bleu très-clair, de violet, de verd et de rouge, les grandes ailes ou nageoires pectorales de la pirapède sont couleur d'olive, et par- semées de taches rondes et bleues, qui brilient, pour ainsi dire, comme autant de saphirs, lorsque les rayons du soleil des tropiques sont vivement réfléchis par ces larges ailes étendues avec force et agitées avec vitesse. On compte plusieurs appendices ou cœcums auprès du pylore; et les œufs que renferment les doubles * A Ja membrane branchiale 7 Yayous. à la première nageoire du dos 6 à la seconde 8 à chacune des grandes nageoires pectorales 20 à chacune des petites 6 . à chacune des thoracines 6 à celle de Panus IL # à celle de la queue 12 DHBAT AUS TOÎRE- NA TAUR EL ES ovaires des femelles, sont ordinairement très-rouges. La chair des pirapèdes est maigre; elle est aussi un [el peu dure, à moins qu'on ne puisse la conserver pen- dant quelques jours. LE DACTYLOPTÈRE JAPONOIS :. Ox trouve dans les mers du Japon ce dactyloptère, qui, de même que la pirapède, a été inscrit jusqu'à présent dans le genre des trigles. Il a été déerit par Houttuyn. Il ne parvient guère qu'à la longueur d'un décimètre et demi. On voit deux aiguillons longs et aigus à sa mâchoire inférieure et au bord postérieur de ses opercules. On compte onze rayons à chacune de ses petites nageoires pectorales ?, * Dactylopterus japonicus. L Houttuyn, Act. “aarl. XX , 2, p. 3836, n. 2b. Trigla alata. Linné, édition de Gmelin. = A Ja premiere nageoire du dos 7 rayons. à chacune des petites nageoires pectorales 11 à chacune des thoracines 6 à celle de l’anus 14 à celle de la queue 14. QUATRE-VINGT-QUINZIÈME GENRE. LES PRIONOTES. Des aiguillons dentelés, entre les deux nageoires dorsales; des rayons articulés et non réunis par une membrane, auprés de chacune des nageoires pectorales. ESPÈCE, GARACTÈRE. Trois rayons articulés et non réunis par une LE PRIONOTE VOLANT. : membrane, auprès de chacune des na- (Prionotus evolens.) geoires pectorales. EE LESPRIONOMRE "M OL 'ANTEE EN comparant les caractères génériques des dacty- loptères et des prionotes, on voit qu'ils diffèrent assez les uns des autres pour que nous ayons dû les séparer; et cependant ils se ressemblent assez pour qu'on ait placé les prionotes, ainsi que les dactyloptères, parmi les trigles dont nous allons nous occuper. Ils sont liés particulièrement par la forme de leur tête et par une habitude remarquable. Le prionote que nous décri- vons, a la surface de sa tète ciselée de manière à repré- senter des rayons; et de plus il a la faculté de s'élever dans Fatmosphère, et de s’y soutenir pendant quelque temps , comme les dactyloptères. C'est cette dernière faculté qui lui a fait donner le nom spécifique de rolant; et nous avons cru d'autant plus devoir le dési- gner par le nom générique de prionote*, qu'indépen- damment de trois aiguillons dentelés qui s'élèvent entre les deux nageoires de son dos, le premier rayon de la seconde dorsale et les deux premiers de la pre- : Prionotus evolans. Trigla volitans minor. Brown, Jamaic. 453, tab. 47, fig. 3. Trigla evolans. Linné, édition de Gmelin. Trigle le volant. Daubenton, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l Encyclopédie méthodique. * Ip signifie scie, et vures veut dire dos. TOME Ill. 4 (wr] 338 HISTOIRE NATURELLE, mière sont un peu dentelés par-devant. Les pectorales sont assez longues pour atteindre à la moitié de Ia longueur du corps; et étant d'ailleurs très-larges, elles forment des ailes un peu étendues, que leur couleur noire fait souvent distinguer à une grande distance. La nageoire de la queue est fourchue *. * A la membrane des branchies 8 rayons. à la première nageoire du dos 8 à la seconde IL à chacune des pectorales 13 à chacune des thoracines 6 à celle de l'anus IL à celle de la queue 13 QUATRE-VINGT-SEIZIÈME GENRE. EES TRIGLES; Point d'aiguillons dentelés entre les deux nageoires dor- sales; des rayons articulés et non réunis par une mem- brane, auprès de chacune des nageoires pectorales. P'REM TER ESNO'U'S-COTE:NTRIE. Plus de trois rayons articulés, auprés de chaque nageoire pectorale. ESPÈCE. CARACTÈRE. 1. LA TRIGLE ASIATIQUE. Quatre rayons articulés, auprès de chaque (Trigla astatica.) ll nageoire pectorale. SECOND SOUS;-GENRE. Trois rayons articulés, aupres de cläque nageoire J / 7 5 pectorale. ESPÈCES. CARACTÈRES. Les nageoires pcctorales longues; la m4- hoire supérieure prolonvée en deux lobes 2. LA TRIGLE LYRE. £ supé P gée (Oral re) dentelés ; les orifices des narines tubuleux; la nageoire de la queue un peu en crois- sant, DAC TH LS NO DRIVE INA TOUR ENTRE ESPÈCES. CARACTÈRES. Les nageoires pectorales longues ; onze 3. LA TRIGLE CAROLINE. rayons à celle de l'anus ; celle de la queue (Trigla carolina.) - arrondie; six rayons à la membrane des branchies. Les nageoires pectorales longues ; celle de la queue arrondie; la tête alongée ; le corps parsemé de petites taches rouges. 4. LA TRIGLE PONCTUÉE. (Trigla punctata.) Les nageoires pectorales longues ; les écailles 8 P gues; 5. LA TRIGLE LASTOVIZA.) qui garnissent le corps, disposées en ran- (Trigla lastoviza.) | gées transversales; la ligne latérale garnie d’aiguillons à deux pointes. 6,LA TRIGLEHIRONDELLE. ayons à la nascoire de l’anus; celle de la (Zrigla hirundo.) queue fourchue, ou en croissant ; la ligne de nageoires pectorales larges; quatorze latérale garnie d’aiguillons. 7. LA TRIGLE PIN. chées le long de la ligne latérale; la na- (Trigla pini.) Des lames ou feuilles minces et étroites atta- geoire de la queue en croissant. es nageoires pectorales courtes; celle de Ja 8. LA TRIGLE GURNAU. queue fourchue; la ligne latérale large, et (Trigla gurnardus.) | garnie d’aiguillons; des taches noires , et des taches rouges sur le dos. Les nageoires pectorales courtes; celle de la 9. LA TRIGLE GRONDIN. queue fourchue; la ligne latérale dénuée (a Trigla grunniens.) de larges écailles. LA TRIGLE MILAN. ueue fourchue; la ligne latérale divisée (Trigla milrus.) ; î Fi Les nageoires pectorales courtes ; celle de la en deux vers la nageoire caudale. La nageoire de la queue, arrondie; deux arêtes ou saillies longitudinales sur le dos; 41. LA TRIGLE MENUE. les nageoires pectorales et thoracines très- (Trigla minuta.) pointues; huit rayons à chacune de ces nageoires pectorales; vingt-quatre à ls seconde nageoire du dos, DIEM PE NOT TS NSTOMNIS O4 TROISTÉEME SQUS-GENRE Moins de trois rayons articulés, auprès de chaque nageoire pectorale. ESPÈCE. CARACTÈRE. 12. LA TRIGLE CAVILLONE. à À {La nageoire de la queuc lancéoleée. (Z'rigla cavillone.) LA GIRL GE EN LAPS DAMIO UE Les tableaux génériques montrent les différences qui séparent les trigles des prionotes et des dactyloptères. Mais si leurs formes extérieures ressemblent assez peu à celles de ces deux derniers genres, pour que nous ayons dû les en séparer, elles s'en rapprochent beau- coup par leurs habitudes ; et presque toutes ont, comme la pirapède, le pouvoir de voler dans l’atmo- sphère, lorsque la mer ne leur offre pas un asyle assez sûr. Elles sont d’ailleurs, comme les dactyloptères et les prionotes, extrêmement fécondes : elles pondent souvent jusqu'à trois fois dans la même année; et c'est cette reproduction remarquable que plusieurs anciens Grecs ont voulu désigner par le nom de 77, rpryh@, Ty > Tpiy A0 ; COTTOM pu de Tpiy0vos, EN latin cer pariens (qui produit trois fois)‘. De mème que les pirapèdes, elles volent et nagent en troupes nombreuses; elles montrent une réunion constante; et quoique la simul- tanéité des mouvemens et des manœuvres de milliers d'individus ne soit pour ces animaux que le produit d'un danger redouté à la fois par tous, ou d'un besoin ? Trigla asiatica. Id. Linné, édition de Gmelin. 2 Voyez Oppien, 1, 90; et Élien, X, chap, x. HISTOIRE NATIURELLIE 943 agissant sur tous dans les mêmes momens, elles n'en présentent pas moins l’apparenceëde cette société tou- chante et fidèle, qu’un sentiment mutuel fait naître et conserve. Peintes d'ailleurs de couleurs très-vives, très= variées, très-agréables, elles répandent souvent l'éclat du phosphore. Resplendissantes dans leurs tégumens, brillantes dans leur parure, rapides dans leur natation, agiles dans leur vol, vivant-ensemble sans se combattre, pouvant s’aider sans se nuire, on croiroit devoir les comprendre parmi les êtres sur lesquels la Nature a répandu le plus de faveurs. Mais les dons qu'elles ont reçus ne sont presque tous que des dons funestes ; et comme si elles avoient été destinées à donner à l'homme des lecons de sagesse et de modération, leur éclat les trahit et les perd; la magnificence de leur parure les empèche de se dérober à la recherche active de leurs ennemis ; leur grand nombre les décèle lors- qu'elles fendent en troupes le sein des eaux salées ; leur vol les livre plus facilement à l'oiseau de proie ; et leurs attributs les plus frappans auroient bientôt amené la destruction de leurs espèces, si une fécon- dité extraordinaire ne réparoit sans cesse, par la pro- duction de nouveaux individus, la perte de ceux qui périssent victimes des tyrans des mers, ou de ceux de l'atmosphère. La premiere de ces trigles condamnées par la Nature à tant de périls, à tant d'agitations , à {ant de traverses, est, dans l'ordre que nous nous sommes prescrit, celle OABMACHAIS TO RE NA TU IR EC ICIE) à laquelle j'ai donné avec Linné le nom d'asiatique: On la trouve en général dans l'Océan, mais particu- lièrement dans les mers de l’Asie. Son corps est mince; sa couleur argentée; son museau proéminent; l'inté- rieur de sa bouche hérissé d’aspérités ; la première pièce de l’opercule branchial, dentelée; et chaque na- geoire pectorale conformée comme une sorte de faux”. *X A la première nageoire du dos 7rayons. à la seconde 16 à chacune des pectorales 18 à chacune des thoracines 6 à celle de l’anus 17 à celle de la queue 18 EEE LARGE EN ENTREE Hsvr&ux nom que celui qui rappelle et le beau ciel et les beaux jours de la Grèce, et sa riante mythologie, et sa poésie enchanteresse, et l'instrument favori du dieu du génie, et cet Homère à qui le dieu avoit remis sa lyre pour chanter la Nature! Non, je ne supprime- rai pas ce nom magique, qui fait naître tant d'idées * Trigla lyra. Gronau, dans plusieurs départemens de France. Rouget, :bid. Boureau, sur Les rivages voisins des Pyrénées occidentales. Organie, à Gènes. Pesce organo, à Naples, Piper, en Angleterre. Meer leyer, ou see leyer, ex Allemagne. Trigla lyra. Linné, édition de Gmelin. Trigle gronau. Daubenton, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Trigla rostro longo diacantho, naribus tubulosis. 4rtedi, gen. 46, syn. 74e Gronau et lyre. Rondelet, première partie, liv. 10 , chap. 6. Gesner, p. 516; et (germ.) fol. 20, b. Jonston, lib. x ,tit. 3, cap.t1,a. 3. Lyra prior Rondelet. A/drosand. lib, 2 , cap. 7 Pe 146. Piper. aj.p. 89- Bloch, pl. 350. Willughby, Ichthyol. p. 282. Brit. Zoolog. 3, p.234, n. 3, Lab. 14. Gronau , ou grognaut. Vzlmont-Bomare, Dictionnaire d'histoire natu- elle. TOME Il1k 44 SA HISTOIRE NATUREL élevées, qui retrace tant de doux souvenirs, pour le remplacer par un nom barbare. Le dieu qui inspire le poète est aussi celui des amans de la Nature; et son emblême ne peut jamais leur être étranger. Une ressemblance bien foible, je le sais, a déterminé Îles naturalistes grecs à décorer de ce nom l'être que nous allons décrire ; mais toutes les fois que la sévérité de l'histoire le permet, ne nous refusons pas au charme de leur imagination agréable et féconde. Et d’ailleurs le poisson que nous voulons continuer d'appeler /yre, a été revêtu de nuances assez belles pour mériter de paroître à jamais consacré, par sa dénomination, pour ainsi dire, mythologique, au dispensateur de la lu- mière qui colore en mème temps qu’elle éclaire et vivifie. Un rouge assez vif règne en effet sur tout le corps de la trigle que nous desirons de faire connoître ; il se diversifie dans la partie inférieure de l'animal, en se mêlant à des teintes blanches ou argentées; la sorte de dorure qui distingue les rayons par lesquels la membrane des nageoires est soutenue, ajoute à l’écla de ce rouge que font ressortir d’ailleurs quelques nuances de verd ou de noir répandues sur ces mêmes nageoires ; et ainsi les couleurs les plus brillantes, celles dont la poésie a orné le char radieux du dieu des arts et de la lumière , resplendissent sur le poisson que l’ingénieuse Grèce appela du nom de l'instrument qui fut cher à ce dieu. D ENS PONT ES NS ON: 347 Au bout du museau de la trigle que nous examinons, s'avancent deux lames osseuses, triangulaires et den- telées ou plutôt découpées, de manière à montrer une image vague de cordes tendues sur une lyre antique. La tête proprement dite est d'ailleurs arrondie et comme emboîtée dans une enveloppe lamelleuse, qui se termine par-derrière par quatre ou six aiguillons longs , pointus et très-forts, qui présente d'autres piquans au-dessus des yeux, ainsi qu'à la pièce anté- rieure de chaque opercule, et dont presque toute la surface est ciselée et agréablement rayonnée. De petites dents hérissent le devant du palais, et les deux mâchoires, dont l'inférieure est la plus courte. Le corps et là queue sont couverts de petites écailles ; et des aiguillons courts et courbés vers l'arrière gar- nissent les deux côtés de la fossette longitudinale dans laquelle l'animal peut coucher ses nageoires dorsales ”. La trigle lyre habite dans l'Océan atlantique, aussi- bien que dans la Méditerranée. Elle y parvient quel- quefois à la longueur de six ou sept décimètres. Sa chair est trop dure et trop maigre pour qu’elle soit très-recherchée. On la pèche cependant de temps en * A la membrane des branchies #7 rayons, à la premiére dorsale 9 à la seconde 16 à chacune des pectorales 12 à chacune des thoracines 6 à celle de l’anus 16 à celle de la queue 19 348 HISTOIRE NATURELLE, temps ; et lorsqu'elle est prise, elle fait entendre, par un mécanisme semblable à celui que nous avons exposé en traitant de plusieurs poissons, une sorte de bruis- sement que l’on a comparé à un sifflement proprement dit, et qui l’a fait nommer dans plusieurs pays, et par- ticulièrement sur quelques côtes d'Angleterre, poisson siffleur (the piper, the fish piper) *. * La vessie natatoire est longue et simple. E ARE GE PACA OMEAPNRE Ld L'ASTRIGLES BONIC QU EE DRE TATEER TS CIS EMLEPAIS HONTE ZAR Ces trois trigles ont les nageoires pectorales très- longues et assez grandes pour s'élever au-dessus de la surface des eaux. Nous devons donc les inscrire parmi 2 Trigla carolina. The smaller flying fish, dans quelques contrées angloises. Trigla carolina: Linné, édition de Gmelin. Pal Trigle caroline, Bonnaterre, planches de l Encyclopédie méthodique. Trigle carolin , ou caroline. Bloch, pl. 352, 2 Trigla punctata. Rubio volador, en espagnol. Trigle ponctuée. Bloch, pl. 353. Lyra alata. Plumier, peintures sur vélin du Muséum d'histoire natu- réelle. \ 3 Trigla lastoviza. Trigla adriatica. Linné, édition de Gmelin. Trigla lineata. 7d. PBrinn, Pise. Massil. p. 99. Trigle lastoviza. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Brit. Z'oolog. 3, p.236, n.5. Raj. Pise. p. 165, f. 11. Imbriago. Bloch, pl. 354. Autre espèce de surmulet-imbriaco. Rondelet, première partie, liv. 10, “ chap. 4. 990 HISTOIRE "NA MURELLE les véritables poissons volans. Voyons rapidement leurs traits principaux. Dans ces trois espèces, la tête est comme ciselée, et parsemée de figures étoilées ou rayonnantes qui ont un peu de relief, L'enveloppe lamelleuse qui la recouvre, montre , dans la caroline, deux petits pi- quans dentelés au-dessus de chaque œil, deux plus grands à la nuque, trois ou quatre à chaque opercule, et un à chaque os claviculaire. Les écailles qui revêtent le dos, sont petites et dentelées. La ligne latérale est droite et lisse; et le sillon longitudinal dans lequel l'animal peut coucher ses nageoires dorsales, est bordé, de chaque côté, d’aiguillons recourbés. Une tache noirâtre qui occupe la moitié supérieure de l'œil, donne à cet organe une apparence singu- lière. Une autre tache noirâtre paroît vers le haut de la première nageoire dorsale. Le corps et la queue sont jaunâtres avec de petites taches violettes, et les na- geoires pecto rales sont violettes avec quatre bandes transversales brunes et arquées *. On trouve cette trigle, dont la chair est dure et maigre , et la longueur d'un ou deux décimètres, aux * À la membrane branchiale de la caroline, 6 rayons. à la premiere nageoire du dos 9 à la seconde 12 à chaeune des pectorales 13 à chacune des thoracines 6 à celle de Panus 1E à celle de la queue 15 NO environs de la Caroline et des Antilles. C’est dans les DAETRS PMOMTMSISTONMNES, mêmes mers qu'habite la ponctuée, dont les couleurs sont plus vives, plus variées et plus gaies. Nous décri- vous ces nuances d’après une peinture qui fait partie de celles du Muséum d'histoire naturelle, et dont on a dû à Plumier le dessin original. La partie supérieure de l’animal est d’un rouge clair, et la partie inférieure d'un beau jaune. Les côtés et le dos sont parsemés de taches rondes, petites, et d’un rouge foncé. Ces mêmes taches rouges se montrent sur les nageoires du dos et de l'anus, qui sont lilas ; sur celle de la queue, qui est bleue à sa base et jaune à son extrémité; et sur les ailes, qui sont également jaunes à leur extrémité et bleues à leur base. La tête de la ponctuée est plus alongée que celle de la caroline *. Quant à la trigle lastoviza, elle est ronge par-dessus et blanchätre par-dessous, avec des taches et des bandes couleur de sang, ou noirâtres, placées sur le dos. Les ailes offrent souvent par-dessus quelques taches brunes, et par-dessous une bordure et des points bleus sur un fond noir. Les thoracines et l'anale sont blanches, et quelquefois noires à leur sommet. Au reste, la ligne latérale de ce poisson est hérissée de piquans à deux pointes ; la mâchoire supérieure presque aussi avancée CREER * A chacune des nageoires pectorales de la ponctuée, 13 rayons, à chacune des thoracines 6 à celle de la queue 12 DD MART.S TO LSREU NA TURF EE que l'inférieure ; le dessus des yeux garni de petites pointes ; la nuque hérissée de deux aiguillons dente- lés ; chaque opercule armé de deux aiguillons sem- blables ; l'os claviculaire étendu , pour ainsi dire, en épine également dentelée, et, de plus, longue , aiguë à son sommet et large à sa base; et la fossette dorsale bordée, de chaque côté, de piquans à trois ou quatre pointes. Ce beau poisson parvient quelquefois à la longueur d'un demi- mètre, et habite dans la Méditerranée et dans l'Océan atlantique ”. #* 10 rayons aiguillonnés à la première nageoire dorsale de la trigle lastoviza. 17 rayons à la seconde. 10 rayons à chacune des pectorales. + 1 aiguillon et 5 rayons articulés à chacune des thoracines, 16 rayons à celle de Panus. 13 rayons à celle de la queue. LA TRIGLE HIRONDELLE*. La partie supérieure de ce poisson est d'un violet mêlé de brun, et l’inférieure d’un blanc plus ou moins pur et argentin. Il vit dans la Méditerranée, et dans * Trigla hirundo, Cabote, en France. Galline, ibid. Gallinette, rbid. Linette, ibid, Perlon , zbid. Grondin, zbid. Tigiega, à Malte. Corsano, et corsavo, dans lu Ligurie: Capone, à Rome. Tub fish, ex Angleterre. Sappbhirine gurnard , #bid. Kaurr-habn, ex Allemagne. Soe-hane, ou knurr-hane , ex Danemarck. Riot, ouskarriot, knorrsoehane, soekok, ez Norrégei Knorrhane , knoding , knot, ou schmed, en Suède, Trigla hirundo. Linné, édition de Gmelin. Trigle hirondelle de mer. Daubenton, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Mus. Ad. Frid. 2, p. 93 *. Müll. Prodrom. Zoolog. Danic. p. 47, n. 400. Faun. Suecic. 340 *, It. Wgoth. p.176. Trigla capite aculeato, appendicibus utrinque tribus, ete. Artedi, gen, 44 , sy 7L, 7è- TOME II 45 , S54--H1ST-O-FR E' NA TUIR EBRIE les eaux de l'Océan. Il y devient assez grand, puisque sa longueur surpasse quelquefois deux tiers de mètre. Il nage avec une grande rapidité, ses pectorales pou- vant lui servir de rames puissantes. Comme il habite les fonds de la pleine mer pendant une grande partie de l’année, on le prend ordinairement avec des lignes de fond; et quoique sa chair soit dure, il est assez recherché dans plusieurs pays du Nord, et particu- lièrement sur les rivages du Danemarck, où on Île sale et le sèche à l'air pour l'approvisionnement des vaisseaux ”. Le bruissement qu'il fait entendre lorsqu'on le KopæË£. Athen. lib. 1, fol. 177. Hirundo prior. Æ/drovand. lib. 2, cap. 3, p. 135. Hirundo. Y7illughby, p. 280. R.y. Pisc. p. 68. Corvus. Plin. lib. 32, cap. 11. Salriun. fol. 194, 195. Perlon. Bloch, pl. 60. Corystion ventricosus. K/eën, Miss. pise. 4, p. 4b, n. 8. Corax. Gesner, Aquat. p.299; T'hierb:p, 21. Brit. Zoolcg. 3, p.235, n. 4. Corbeau de mer. Rondelet, première partie, lis. 10, chap. 6. * A la membrane des branchies 7 rayons. à la premiére nagcoire du dos 8 à la seconde 15 à chacune des pectorales 12 à chacune des thoracines 6 ; à à celle de l’auus 14 à celle de la queue 19 pi D'ES TPIONI S"S O0 NES: 9359 touche , a paru aux anciens naturalistes grecs et ro- mains avoir quelque rapport avec le croassement des corbeaux; et voilà pourquoi ils l'ont nommé corbeau de 1er, e LA TER TG ESNE M'OPETPINSE Les lames ou feuilles minces, étroites, et semblables à des feuilles de pin, qui garnissent les deux côtés de chaque ligne latérale, ont suggéré à Bloch le nom spécifique qu'il a donné à cette trigle, lorsqu'il l'a fait connoître. Le museau de ce poisson est un peu échan- cré et terminé par plusieurs aiguillons ordinairement au nombre de six ou de huit. De petites dents hérissent les mâchoires. On apperçoit un os transversal et rude sur le devant du palais, et quatre os rudes et ovales auprès du gosier. On voit un piquant au-dessus de chaque œil, ou à la pièce antérieure de chaque oper- cule, deux à la pièce postérieure , et un aiguillon presque triangulaire et dentelé à chaque os clavicu- laire. La fossette longitudinale du dos est bordée d'épines inclinées vers la queue *. Les écailles sont très- 2 Trigla pini. Id. Bloch, pl. 355. = À la membrane des branchies "7 rayons. à la première nageoire dorsale 9 à la seconde 19 < à chaque nageoiïre pectorale ro à chacune des thoracines 6 à celle de l’anus 16 à celle de la queue 18 HE SEROMRIEUN A DUR EMILE... 307 petites ; et toute la surface de l'animal réfléchit un rouge un peu foncé, excepté le dessous du corps et de la queue, qui est jaunûâtre, et les nageoires du dos, de la poitrine, de la queue et de l'anus, qui sont d'un verd tirant sur le bleu. L A TD RC L'ELGU; RAIN AE CAT L'ALDR IG L'EGR ON DHNE LA première de ces trigles présente une faculté sem- blable à celle que nous avons remarquée dans la lyre. Elle peut faire entendre un bruissement très-sensible : Trigla gurnardus. Bellicant , dans plusieurs contrées de France. Gourneau , zbid. Schmiedknecht , dans le Holstein, See-hahn, ox kurre, où kuwre-fish, à Æeiligelund, Knorhaan, en Hollunde. Tigiega , à Malte, Kirlanidsi-baluck, ex Turquie. Trigla gurnardus. Linné, édition Ze Gmelin. Trigle grondin. Daubenton, Encyclopédie méthodique. Trigle grondeur, Bonnaterre, planches de l Encyclopédie méthodique. Trigla varia, rostro diacantho, aculeis geminis ad utrumque oculum. Artedi, gen. 40, 5Y7.74. Gronov. Mus. 1, p. 44, n. 101; Zooph. p. 84, n. 283, Brünn. Pise. Massil. p. 74, n. 90. | Gurneau. Bloch, pl. 58. Charlet. Onom. p. 130. Corystion gracilis griseus, etc, Æleën, Mis$® pise. 4, p. 40, n. 5, tab. 74, fig: 3- Coccyx alter. Bellon, Aquat. p. 204. Grey gurnard. Brit. Zoolog. 3,p. 231, n. 7. Willughby, Ichthyol, p. 279, tab. S, 2, fig. x. Ray. Pise. p. 66. | HISTOIRE N'ATUREMEE. 389 par le frôlement de ses opercules, que les gaz de Fin- térieur de son corps font, pour ainsi dire, vibrer, en s'échappant avec violence lorsque l'animal comprime ? Trigla grunniens, Moriude, dans plusieurs départemens de France. Rouect , shid. Rouget grondin, rbid. Perlon, 4bid. Galline, 1bid. Rondela , sbid. x Hunchem , dans [2 nord de la France, Sehe-hanen, dans plusieurs contrées du nord de l'Europe. The red gurnard , er Angleterre. Rot chet, ibid. Cocchou, aux environs de Nuples. Cabriggia, dans la Ligurie. Organt, sur plusieurs côtes de l Adriatique. Tirigla cuculus. Linné, édition de Gmelin. Tiigle perlon. Daubenion, Encyclopédie méthodique. Id. Pounaterre, planches de l Encyclopédie methodique. Mus. Adolph. Frid. 2, p. 93 *. Trigla tota rubens, rostro parüm bicorni, operculis branchiarum striatis, Arteli, gen. 45, syn. 74. Rouget, et rouget grondin. Block, pl. bo. O‘ xommcé. Arist. lib. 4, cup. 95 et lib. 8, cap, 13. Æilian. lib. 10, cap. 11. Oppiun. lib. 1, p. 5. Athen. lib. 7, p. 309. Cuculus. Gaz. Aristot, Morrude , o” rouget. Rondelet, première partie, liv, 10, chap, 2, Gesner, p. 305 et 306, et (germ.) fol. 17, b, Aldrovand. Lib. 2, cup 4. p. 130. Jonston, Pise. p. 64, 1ab. 17, fig. 13. IVillughby, p. 287. Raj. p. 89. 360 "HISTOIRE NATURELLE ses organes internes ; et voilà d'où lui vient le nom de gurnau qu'elle porte. Ce gurnau a d'aiileurs plusieurs rapports de conformation avec la lyre, et, de plus, il ressemble beaucoup au grondin, qui est doué, comme la lyre, de la faculté de siffler ou de bruire. Mais, indé- pendamment des différences indiquées sur le tableau du genre des trigles, et qui séparent le grondin du gurnau , le grondin a la tête et l'ouverture de la bouche plus petites que celles du gurnau: celui-ci peut parvenir à la longueur d'un mètre’; celui-là n'atteint ordinai- rement qu’à celle de trois ou quatre décimètres”. Les écailles qui revêtent le gurnau, sont blanches ou grises, et bordées de noir; des taches rouges et noires sont D ER OR EE SENTE OL 17 DT ES AVES T US MSIE MERDE ELLE A SOLDE LA DO TT TT pe Cuculus minor. Bellon, Aquat. p.104: Cuculus lyræ species. Schonep. p. 32, Lyra. Charlet. p.139. Corystion capite conico, etc. Klein, Miss, pise, 4, p. 46,n. 6, 1ab.4, Jig+ 4. Red gurnard. Brit. Zoolog. 3, p.233, n. 2. ? A Ja première nageoire dorsale du gurnau, 7 rayons, à la seconde 19 à chacune des pectorales 10 à chacune des thoracines 6 à celle de l’anus 17 à celle de la queue 9 z À la première nageoire dorsale dugrondin, 10 rayons. à la seconde 18 à chacune des pectorales 10 à chacune des thoracines 6 à celle de l’anus 12 à celle de la queue 15 D'ÆETS IE VO 1 SISLOUN HS 361 souvent répandues sur son dos; ses nageoires de la poitrine et de la queue offrent une teinte noirâtre ; celles de l'anus et du dos sont d’un gris rougeâtre ; la première dorsale est parsemée de taches blanches ; les lames épaisses et larges qui recouvrent la ligne laté- rale, sont noires et bordées de blanc. Le grondin a les lames de ses lignes latérales blanches et bordées de noir ; la partie supérieure de son corps et de sa queue, rouge et pointillée de blanc; la partie inférieure argentée; les nageoires caudale et pectorales, rou- geûtres ; celle de l'anus, blanche; et les deux dorsales, blanches et pointillées d’orangé. Au reste, le gurnau et le grondin ont tous les deux les thoracines blanches. Leur chair est très-agréable au goût : celle du grondin est même quelquefois exquise. Hs habitent dans la Méditerranée ; on les trouve aussi dans l'Océan atlantique, particulièrement auprès de l'Angleterre ; et c'est vers le commencement ou la fin du printemps que l’un et l'autre s’'avancent et se pressent, pour ainsi dire, près des rivages , pour y déposer leurs œufs , ou les arroser de la liqueur fécon- dante que la laite renferme *. ARTE ASE PEN PA AR PRET CE PR PRO SP RE PRES EU * On voit deux aïguillons aupres de chaque œil du grondin, TOME Ill 46 EL ARSPRS TE GE CET NL EME A TINE Piusieurs trigles ont reçu des noms d'oiseaux ; on les a appelées Lirondelle, coucou, milan, ete. I étoit en effet assez naturel de donner à des poissons ailés qui s'élèvent dans latmosphère, des dénominations qui rappelassent les rapports de conformation, de facultés et d'habitudes, qui les lient avec les habitans de l'air. Aussi ces noms spécifiques ont-ils été imposés par des observateurs et adoptés assez généralement, mème dès le temps des anciens naturalistes; et voilà * Trigla milvus. Belugo, c’est-à-dire, étincelle, dans plusieurs départemens méridionaux de France. Galline, zbid. Organo , dans la Ligurie. Cocco, dans les deux Siciles. Trigla lucerna. Linné, édition de Gmelin. Trigle milan. Daubenton, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Trigla rostro parüm bifido, lineä laterali, ad caudam bifurcâ. A4rtedi, gen. 45, Syn. 73. Milan marin. Rondelet, première partie, Liv. 10, chap. 7. Aldrov. lib. 2, cap. 58, p. 276. Lucerna, milvus, es milvago. Gesner, p. 497 ; et (germ.) fol. 17, a. Lucerna Venetorum. /V1llughby, p. 28r. Raj. p. 08. Cuculus. Salrian. fol. 190, 197. Gronoy, Mus. 1, #. 100; Zooph, p, 84, n, 284. HISTOIRE NATURELLE, 363 pourquoi nous avons cru devoir en conserver deux. La trigle milan a été aussi appelée, et mème par plu- sieurs célèbres naturalistes, /anterne, ou fanal, parce qu’elle offre d'une manière assez remarquable la pro- priété de luire dans les ténèbres, qui appartient non seulement aux poissons morts dont les chairs com- mencent à s’altérer et à se décomposer, mais encore à un nombre assez grand d'osseux et de cartilagineux vivans *. C’est principalement la tête du milan, et par- ticulièrement l’intérieur de sa bouche, et sur-tout son palais, qui brillent dans l'obscurité, de l'éclat doux et tranquille que répandent, pendant les belles nuits de l'été des contrées méridionales, tant de substances phosphoriques vivantes ou inanimées. Lorsque dans un temps calme, et après le coucher du soleil, plu- sieurs centaines de trigles milans, exposées au même danger , saisies du même eflroi, emportées hors de leur fluide par la même nécessité d'échapper à un ennemi redoutable, s’élancent dans les couches les plus basses de l'air et s'ÿ maintiennent pendant quel- ques instans, en agitant leurs ailes membraneuses, courtes à la vérité, mais mues par des muscles puis- sans, c'est un spectacle assez curieux que celui de ces lumières paisibles qui montant avec vitesse au-dessus des ondes, s’avançant, retombant dans les flots, des- sinant dans l'atmosphère des routes de feu qui se * Voyez le Discours sur la nature des poissons. DOM TH I STORE NATURE DU: croisent, se séparent, se réunissent , ajoutent une illu- mination aérienne , mobile, et perpétuellement variée, à celle qui repose, pour ainsi dire , sur la surface phos- phorique de la mer. Au reste, les milans volant ou nageant en troupes, oflrent pendant le jour un coup d'œil moins singulier, mais cependant agréable par la vivacité, la disposition et l'harmonie de leurs cou- leurs. Le rouge domine fréquemment sur leur partie supérieure; et l’on voit souvent de belles taches noires, bleues ou jaunes, sur leurs grandes nageoires pecto- rales. Leur ligne latérale est garnie d’aiguillons, et divisée en deux vers la queue. On les trouve dans l'Océan atlantique, aussi-bien que dans la Méditerra- née. Leur chair est presque toujours dure et sèche *; et il se pourroit que ces milans ne fussent qu’une variété des trigles hirondelles. % A la première nageoire du dos ro rayons. à la seconde 17 à à chacune des pectorales 10 à chacune des thoracines 6 à celle de l’anus 15 EAU EURTE Ga 4 MB eNSURR. Le nom de cette trigle désigne sa petitesse : sa lou gueur n'égale ordinairement que celle du doigt. Les deux saillies longitudinales qui forment la fossette propre à recevoir les nageoires du dos lorsque l'ani- mal les incline et les plie, sont composées de petites lames un peu redressées et piquantes. Le museau est échancré et dentelé, On compte deux aiguillons au- dessus des yeux ; deux autres aiguillons, et deux piquans plus forts que ces quatre premiers, auprès de l'occiput; et une épine assez grande à proportion des dimensions de l'animal, garnit la partie postérieure de chaque opercule *. On trouve la trigle menue dans les mers de l'Inde. * Frigla minuta. Id. Linné, édition de Gmelin. La petite trigle. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodiques ? b rayons aiguillonnés à la première nageoire du dos, 24 rayons à la seconde. 8 à chacune des pectorales. 6 à chacune des thoracines. 34 à celle de l’anus. 10 à celle de la queue. ns L'AFRICEE"CANILEO NE: Roxoezer a décrit cette trigle, dont il a aussi publié une figure gravée. N'ayant que deux rayons articulés et isolés à chaque nageoire pectorale, non seulement elle est séparée des espèces que nous venons de décrire, mais elle appartient même à un sous-genre particulier. On la appelée cayillone dans plusieurs départemens francois voisins de la Méditerranée, à cause de sa ressemblance avec une cheville, que l’on y nomme ca- ville. L'animal est en effet beaucoup plus gros vers la tête que vers la nageoire de la queue. IL est couvert d'écailles petites, mais dentelées, âpres et dures. La ligne latérale est très-droite et très-voisine du dos. On voit un piquant au-dessus de chaque œil, et six aiguil- lons très - grands et un peu aplatis à la partie posté- rieure de cette sorte de casque ou d’'enveloppe lamel- leuse et ciselée, qui défend la tête. La cavillone est d'un très-beau rouge, lequel fait ressortir la couleur de ses ailes, qui sont blanches par-dessus , et d'un verd noirâtre par-dessous *. Ses : Trigla cavillone. Autre espèce de surmulet, dite cavillone. Rondelet, première partie, Liv. 10, chap. b. Mullus asperus. Zd. 7bid, : 7ravons aiouillonnés à la première nageoire du dos, qui est triangulaire, FILS TOMATE SUR RÉ DNTEE-2;- 0 GX dimensions sont ordinairement aussi petites que celles de la menue. Son foie est très-long ; mais son estomac est peu étendu, et son pylore garni d'un petit nombre d'appendices où cœcums. La chair de cette trigle est dure , et peu agréable au goût. QUATRE-VINGT-DIX-SEPTIÈME GENRE. LE St PE PISTE DLO'NSS. Des rayons articulés et non réunis par une membrane, auprès des nageoires pectorales; une seule nageoïre dorsale; point d'aisuillon dentelé sur le dos; une ou plusieurs plaques osseuses au-dessous du Corps. ESPÈCES. CARACTÈRES. 3. LE PÉRIST. MALARMAT. 5 d É À Tout le corps cuirassé. { Peristedion malarmat.) 2. LE PÉR. CHABRONTÈRE. se plaques osseuses garnissant le dessous {Peristedion chabrontera.) du corps. LE PÉRISTÉDION MALARMAT *. Les plaques osseuses qui garnissent le dessous du corps des péristédions, et y forment une sorte de * Peristedion malarmat. Pesce capone, ez Lialie. Pesce furca , ibid. Forchato , 1brd. Pesce forcha , ibid, Scala feno, dans la Ligurie. Gabel fisch, ex Allemagne. Panzerhalm, ibid. Roode duyvel visch, ez Hollande. Rochet , ez Angleterre. Ïkan seytan mera, es ikan paring, dans les Tndes orientales. “Onorte) elu grec. Trigla cataphracta. Linné, édition de Gmelin. Block, pl. 349. Trigle malarmat. Daubenton, Encyclopédie méthodique, Id. Bonnaterre, planches de l Encyclopédie méthodique. Mus. Adolp. Fr. 2, p. 92 *. Trigla... corpore octogono. Artedi, gen. 46, syn. 75. Lyra altera Rondeletii., Æ/drov, léb, 2, cap. 7, p. 147. Id. Millughby, p. 283. Id. Raj. p. 89. Lyra. Salvian. fol. 192, b, ad iconem, et 193. Malarmat. Rondelet, première partie, liv. 10, chap. 9. 1‘ Gesner, p. 517, 610; et (germ.) fol. 20, b. Gronov. Mus. 1, 11. 90. Malarmat. Duhamel, Traité des pêches, part. 2, sect. 5, chap. D: 119, Pl 9, Jig- L'eb 2- Id. Zalmont-Bomare, Dictionnaire d'histoire naturelle. TOME II1 47 970 HISTOIRE NATURELLE plastron, séparent ces poissons des trigles proprement dites, et nous ont suggéré le nom générique que nous leur donnons”. Cette cuirasse est très-étendue sur la partie inférieure du malarmat; elle la couvre en entier; elle se réunit avec celle qui défend la partie supérieure; ou, pour mieux dire, la totalité du corps et de la queue de cet osseux est renfermée dans une sorte de gaine composée de huit rangs de lames, qui la font paroître octogone. Chacune de ces lames est plus large que longue, irrégulièrement hexagone, et relevée dans son milieu par un piquant recourbé vers l'arrière. Ces plaques ou lames dures sont d'autant moins grandes qu'elles sont placées plus près de la queue, et l'on compte quelquefois plus de querante pièces à chacune des rangées longitudinales de ces lames aiguillonnées. La tête est renfermée, comme celle de presque toutes les trigles, dans une enveloppe à quatre faces, dure, un peu osseuse, relevée par des arêtes longitudinales, et parsemée de piquans dans sa partie supérieure. Le museau se termine en deux os longs et plats, dont l’ensemble ressemble assez à celui d’une fourche. Les mâchoires sont dépourvues de dents proprement dites; le palais et la langue sont lisses. On voit à la mâchoire inférieure plusieurs barbillons très-courts, et deux autres barbillons longs et ramifiés. Chaque opercule est composé d’une seule lame, et * Hpsrdew, en grec, siguifie pectoral, plastron. DE SU PONT S SON IE 971 terminé en pointe. L'anus est plus près du museau que de la nageoire caudale, qui est en croissant; et on ne compte auprès de chaque nageoire pectorale que deux rayons articulés et libres, ce qui donne au malarmat un rapport de plus avec la trigle cavillone*. Presque tout l'animal est d’un rouge päle, comme plusieurs trigles ; les thoracines sont grises, et les pec- torales noirâtres. Le malarmat habite non seulement dans la mer Méditerranée, mais encore dans celle qui baigne les Moluques. Il ne parvient guère qu'à la longueur de six ou sept décimètres. Et l’on doit croire que si le pois- son nommé cornuta par Pline est le malarmat, il faut lire dans cet auteur, et avec Rondelet, que les cornes ou appendices du museau de cet osseux ont un demi- pied (cornua semipedalia), et non pas un pied et demi (sesquipedalia ). Nous devons même ajouter quil y auroit encore de l'exagération dans cette évaluation des appendices du malarmat, et que des corzes de deux décimètres de longueur supposeroient, dans les di- mensions générales de ce poisson, une grandeur bien au-dessus de la réalité. * 7 rayons à la membrane branchiale. 7 à la premiere partie de la nageoiïre du dos, dont la mem- brane est plus basse que ces mêmes rayons. 26 à la seconde partie de cette même nagcoire. 12 à chaque pectorale. 20 à celle de l'anus. 13 à celle de la queue. 372 HISTOIRE NATURELEE. Le péristédion que nous décrivons, se nourrit de mol- lusques , de vers marins et de plantes marines. Il se tient souvent au fond de la mer; et quoique sa chair soit dure et maigre, on le pèche dans beaucoup d’en- droits pendant toute l’année, particulièrement pen- dant le printemps. On le prend communément avec des filets. Il nage avec beaucoup de rapidité; et comme il est très-vif dans ses mouvemens, il brise fréquem- ment ses appendices contre les rochers ou d'autres corps durs. La vessie natatoire est grande ; ce qui ajoute à la facilité avec laquelle le malarmat peut se soutenir dans l'eau, malgré la pesanteur de sa cuirasse. Le pylore est entouré de six petits cœcums. ——— = LE PÉRISTÉDION CHABRONTÈRE : La chabrontère n'a, comme le malarmat, que deux rayons libres et articulés, auprès de chaque nageoire pectorale. Son museau est fourchu, comme celui du mälarmat ; mais elle n’est pas renfermée dans une gaine octogoue. Deux plaques osseuses défendent cependant la partie inférieure de son corps : elles s’etendent depuis la poitrine jusqu’à l'anus. On compte plusieurs aiguil- lons droits ou recourbés au-dessus du museau; et on en voit trois au-dessus et trois autres au-dessous de la queue. Toutes les nageoires, excepté la caudale, sont très-longues, et d’un rouge éclatant”. On trouve la chabrontère dans la Méditerranée. * Peristedion chabrontera. Osbeck, Fragm. ichthyol. Hispan. Trigle chabrontère. Bonnaterre, planches de l’ Encyclopédie méthodique, 3 À la membrane des branchies 7 rayons. à la nageoire du dos 26 à chacune des thoracines 6 à celle de l’anus 20 QUATRE-VINGT-DIX-HUITIÈME GENRE. LES ISTIOPHORES. Point de rayons articulés et libres, auprès des nageoires pectorales, ni de plaques osseuses au-dessous du corps; la première nageoire du dos, arrondie, très-longue, et d'une hauteur supérieure à celle du corps; deux rayons à chaque thoracine. ESPÈCE. CARACTÈRES. L’iSTIOPH. A de mâchoire supérieure prolongée en forme (Istiophorus gladifer.) de lame d'épée ; deux nageoires de l’auus. L'ISTIOPHORE PORTE-GLAIVE *. MarceRAvE, Pison, Willughby, Ray, Jonston, Ruysch, mon savant confrère Broussonnet, et feu le célèbre Bloch, ont parlé de ce poisson très-remarquable par sa forme, sa grandeur et ses habitudes. En eflet, sa tête ressemble beaucoup à celle des xiphias; il par- vient, comme ces derniers , à une longueur de plus de trois mètres : comme ces derniers encore, il jouit d’une grande force, d'une grande agjilité, d'une grande audace ; il attaque avec courège, et souvent avec avantage, des ennemis très-dangereux. Cependant les xiphias appartiennent à l'ordre des apodes de la cin- quième division; et le porte-glaive doit être inscrit dans la même division, à la vérité, mais dans l’ordre des thoracins. La mâchoire supérieure de l'istiophore que nous * Istiophorus gladifer. Voilier, par plusieurs auteurs ou voyageurs francois. Brochet volant, 14. Bécasse de mer, £1. Schwerdt-makrebe, par Les Al/emands. Ola, ez sword-fish, par les Arglois. Zeyl-visch , par les Hollandois des Indes orientales. Layer, id. Zee-snipp, id. kan tsjabelang jang terbang , aux Indes orientales. Voilier, scomber gladius. Z/och, pl, 345, 370 H 1 STORE INA TU RFA décrivons, est trois fois plus avancée que l’inférieure : très-étroite, très-longue, convexe par-dessus, et poin- tue, elle ressemble à une épée, et a indiqué le nom spécifique de l'animal. Elle est garnie, ainsi que le palais et la mâchoire inférieure, de dents très-petites dont on ne trouve aucun vestige sur la langue. La tête est menue ; chaque opercule composé de deux lames ; le corps alongé, épais, et garni, ainsi que la queue, d'écailles difficiles à voir au-dessous de la membrane qui les couvre; la ligne latérale courbe, et terminée par une saillie longue et dure; le dos noir; chaque côté bleu; le dessous du corps et de la queue , argen- tin; la couleur des pectorales et de l’anale, noire ; et celle de la première nageoire dorsale, d'un bleu céleste parsemé de taches petites et d'un rouge brun”. Les pectorales sont pointues ; la caudale est four- chue; chaque nageoire thoracine ne présente que deux rayons longs, larges et un peu courbés : on compte deux nageoires de l'anus; elles sont toutes les deux triangulaires , et à peu près de la même surface que nn en qe CR * À la membrane branchiale 7 rayons, à la premiére nageoire dorsale 45 à la seconde 7 à chaque pectorale 15 à chaque thoracine 2 à la premiere de anus 9 à la seconde de l’anus 5 à celle de la queue 29 pDMELSIN Pro I. S SON. 977 la seconde dorsale, au-dessous de laquelle la seconde nageoire de l'anus se trouve placée. Quant à la première dorsale, sa forme et ses dimen- sions sont très-dignes d'attention. Elle s'étend depuis la nuque jusqu'à une petite distance de l'extrémité de la queue : elle est donc très-longue. Elle est aussi très- haute, sa hauteur surpassant la moitié de sa longueur. Son contour est arrondi; et elle s'élève comme un demi-disque, ou plutôt comme une voile, qui a fait nommer l'animal, voilier, et d'après laquelle nous lui avons donné le nom générique de porte-voile (istio- phorus, istiophore *). Le porte-glaive nage souvent à la surface de l'eau, au-dessus de laquelle sa nageoire dorsale paroît d'assez loin, et présente une surface de-quinze ou seize décimètres de long, sur huit ou neuf de haut. Il habite les mers chaudes des Indes orientales aussi- bien que des occidentales. Le célèbre chevalier Banks l'a vu à Madagascar et à l'Isle de France. Il a pris à Surate un individu de cette espèce, qui avoit plus de trois mètres de longueur, dont le plus grand diamètre du corps étoit d'un quart de mètre, et qui pesoit dix myriagrammes. Dans sa natation rapide, l'istiophore porte-glaive s'avance sans crainte, se Jette sur de (rès-gros pois- sons, ne recule pas devant l'homme, et se précipite * lv, en grec, sionifie voile de narire. LOME Jill 48 978 HIS ER OLR IE HN À TIU/R PCA ES contre les vaisseaux, dans le bordage desquels il laisse quelquefois des tronçons de son arme brisée par la violence du choc. Il lutte avec facilité contre les ondes agitées , ne se cache pas à l'approche des orages, paroît même rechercher les tempêtes, pour saisir plus promptement une proie troublée, fatiguée, et, pour ainsi dire, à demi vaincue par le boulever- sement des flots ; et voila pourquoi son apparition sur l'Océan a été regardée par des navigateurs comme le présage d'un ouragan. IL avale tout entiers des poissons longs de trois ou quatre décimètres. Lorsqu'encore jeune il ne pré- sente qu'une longueur d'un mètre, ou environ, sa chair n'est pas assez imbibée de graisse pour être indigeste ; et de plus elle est très-agréable au goût. QUATRE-VINGT-DIX-NEUVIÈME GENRE. LES GYMNÈTRES. Point de nageoire de l'anus; une seule nageoire dorsale; les rayons des nageoires thoracines trés-alongés. ESPÈCE. CARACTÈRE. LE GYMNÈTRE HAWKEN. ; ; . | 74 {Deux rayons à chaque nageoire thoracine, (Cymnetrus [lawkenii.) LE GYMNÊTRE HAWKEN* Les poissons renfermés dans ce genre n'ayant pas de nageoire de l'anus, nous aurions inserit les gym- nètres à la tête des thoracins de la cinquième divi- sion, si l'espérance de recueillir de nouveaux rensei- gnemens au sujet de ces animaux ne m'avoit fait dif- férer jusqu'à ce moment l'impression de cet article. Les gymnètres ont beaucoup de rapports avec les régalecs ; mais indépendamment de plusieurs diffé- rences qu'il est aisé d'appercevoir, et sahs considérer, par exemple, que les régalecs ont deux nageoires dorsales , et que les gymnètres n'en ont qu'une, ces derniers appartiennent à l'ordre des thoracins, et les régalecs à celui des apodes. Le hawken a été ainsi nommé par reconnoissance pour l'ami des sciences naturelles (M. Hawkes) qui à envoyé dans le temps un individu de cette espèce à Bloch de Berlin. Chaque nageoire thoracine de ce poisson est com- posée de deux rayons séparés lun de l’autre, et pro- longés en forme de filament jusque vers le milieu de la longueur totale de l'animal. A son extrémité, chacun %* Gymnetrus Hawkenii. Id. Block, pl. 428. HISTOIRE NATURELLE: 81 de ces rayons s'épanouit, s’élargit, se divise en six ou sept petits rayons réunis par une membrane, et forme comme une petite palette arrondie. L'ensemble du hawken est d’ailleurs serpentiforme, mais un peu comprimé ; la mâchoire inférieure dépasse la supérieure ; l'ouverture branchiale est grande; on voit un petit enfoncement au-devant des yeux; la nagcoire dorsale commence au-dessus de ces derniers organes , et s'étend jusqu'a la caudale, comme une bande à peu près également élevée dans tous ses points; la caudale est en croissant; toutes les nageoires sont couleur de sang ; le corps et la queue sont d'un gris bleu avec des taches et de petites bandes brunes, disposées assez régulièrement. L'individu décrit par Bloch avoit été pris auprès de Goa. Il avoit plus de huit décimètres de long, et pesoit près de cinq kilogrammes. » C'ÉNVLCIEME:'GENRIE: LES MULLES. Le corps couvert de grandes écailles qui se détachent SAYA « 1 . . aisément; deux nageoires dorsales; plus d'un barbillon a la machoire inferieure. ESPÈCES. , CARACTÈRES. Le corps et la queue rouges, même lorsqu'ils 14 LE MULLE ROUGET. sont dénués d’écailles; point de raies lon- (Mullus ruber.) gitudinales ; les deux mâchoires également avancées. Le corps et la queue rouges; des raies lon- 2. LE MULLE SURMULET. gitudinales jaunes; la mâchoire supérieure (Mullus surmuletus.) MID un peu plus avancée que l’inférieure. 3. LE MULLE JAPONOIS. Le corps et la queue jaunes ; point de raies (Mullus japonicus.) longitudinales. l | Le dos comme bronzé; une raie longitudi- nale large et rousse, de chaque côté de 4. LE MULLE AURIFLAMME.) l'animal; une tache noire vers l’extrémité (Mullus auriflamma.) de la ligne latérale ; Ja nageoire de la queue , jaune et sans tache; les barbillons blancs; des dents petites et nombreuses. Blanchâtre ; cinq raies longitudinales de chaque côté, deux brunes et trois jaunes; 8. LE MULLE RAYÉ. la nageoire de la queue rayée obliquement (Muilus vittatus. de brun; les barbillons de Ja longueur des opereules; les écailles légèrement dentées. 44: 1e 12184 HISTOIRE NATURE 389 ESPÈCES. CARACTÈRES. La tête, le corps, la queue et les nageoires ; 1 rouges ; trois taches grandes, presque 6. LE MULLE TACHETÉ. 4 : b ë , . rondes ,; et noires, de chaque côté du (Mullus maculatus.) 5 ï Fa : corps ; huit rayons à la première nageoire: du dos ; dix à celle de l'anus. mière nageoiïre du dos ; une bande presque 7. LE MULLE DEUX- B ? Pres BANDES. (Mullus bifasciatus.) Une bande très-foncée, transversale, et ter- minée en pointe, à l’origine de la pre- semblable vers l’origine de la queue ; la nageoire caudale divisée en deux lobes très-distincts; la tête couverte d’écailles semblables à celles du dos; les barbillons épais à leur base, et déliés à leur extrémité. Point de raies , de bandes ni de taches ; l’ex- trémité des barbillons atteignant à l'origine 8. LE MULLE CYCLOSTOME. (Mullus eyclosiomus.) des thoracines; l’ouverture de la bouche représentant une trés-grande portion de cercle ; la ligne latérale, parallèle au dos; huit rayons à la première dorsale. Trois bandes transversales, larges, très-fon- LE MULLE TROIS-{1 cées, et finissant en pointe ; la tête cou- C0 ) 5 BANDES. (Mullus trifasciatus.) verte d’écailles semblables à celles du dos ; Pextrémité des barbillons atteignant à f'ex- trémité des nageoires thoracines. Une raie longitudinale de chaque côté du corps ; une tache noire vers l’extrémité de 10. LE MULLE EAPLIRUR (Mullus macronemas) la ligne latérale; sept rayons à la premiere : dorsale; l’extrémité des barbillons attei- gnant à l’extrémité des nageoires thora- cines, Une raie longitudinale de chaque côté du 11. LE MULLE BARBERIN. (Mullus barberinus.) corps; une tache noire vers l'extrémité de: Ja ligne latérale ; huit rayous à la premiere dorsale ; l'extrémité des barbillons n’attei- BBA HIS TONRE. NATUREL ES ESPÈCES. CARACTÈRES. gnant que jusqu’à la seconde pièce des 11. LE MULLE BARBERIN. opercules ; cette secontie pièce garnie d’un (Mullus barberinus.) _ piquant recourbé. Le corps et la queue rongeâtres ; une tache noire vers Pextrémité de la ligne latérale ; 12. LE MULLE ROUGÉATRE. la seconde dor:ale parsemée , ainsi que (Mullus rubescens.) la nageoire de l’anus et celle de la queue, de taches brunes et faites en forme de lentilles. ” Le corps ci la queue rouges; une grande tache dorée entre les nageoires dorsales et celle de la queue; des rayons dorés aboutissant à l’œil comme à un centre; les 13. LE MULLE ROUGEOR. à les 4 ; : LE (Mullus chryserydros.) opercules dénués de piquans , et non d’é cailles semblables à celles du dos; les bar- billons atteignant jusqu’à la base des tho- racines, et se recourbant ensuite ; quatre rayons à la membrane des branchies. Le dos bleuâtre; une raie latérale et lon- gitudinale , dorée; la nageoire de la queue et le sommet de celles du dos, jaunâtres; trois pièces à chaque opercule; un petit z4. LE MULLE CORDON- JAUNE: opercules dénués d’écailles semblables à (Mullus flavolineatus.) celles du dos; quatre rayons à la mem- ! piquant à la seconde pièce opereulaire ; les brane des branchies ; les barbillons recour- bés , et n’atteignant pas tout-à-fait jusqu’à la base des nageoires thoracines. LEAMULLE ROUGES A vec quelle magnificence la Nature n'a-t-elle pas décoré ce poisson ! Quels souvenirs ne réveille pas ce mulle dont le nom se trouve dans les écrits de tant * Mullus ruber, Barbet, dans plusieurs contrées de France. Petit surmulet, 161. Red surmulet , ex Angleterre. Smaller red-beard, ibid. Der kleine roth-bart, ex Allemagne. Die rothe see barbe, ibid. Nagarey, par les Tamules. Tekir, par les Turcs. Triglia, en Italie. Triglia verace, sur Les rivages de la Ligurie. Barboni, à Venise. Barbarin, ex Portugal, Mullus barbatus. Zinné, édition de Gmelin. . Mus. Adolph. Frid. 2, p. gr *. Bloch, pl. 348, fig. 2. Mulet rouget. Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches del Encyclopédie méthodique. Trigla capite glabro, cirris geminis in maxilla inferiore. Artedi, gen. 43, SYIL« 73. | H° suyne. Aristot. lib. 2, cap. 175 lib. 4, cap. 11; kb. D, cap: 93 lib. 6, cap. 173 Lib. 8, cap. 2,13; et Lib. 9, cap. 2, 87. on Tayan. Ælian, lib. 2, cap. 41, p. 118; Pb. 9, cap. x, 65, p. 557; et lib. JO, Cap. 2.: vai) Athen. lib. 7, p. 324, 325. Oppian. lib, x, p. 5, 6. : TOME LIL 49 ” Ve { { ; { SOC CHISTOIRE NA TURETEE d'auteurs célèbres de la Grèce et de Rome! De quelles réflexions, de quels mouvemens , de quelles images son histoire n’a-t-elle pas enrichi la morale, l’'éloquence et la poésie ! C’est à sa brillante parure qu'il a dû sa célébrité. Et en effet, non seulement un rouge éclatant le colore en se mêlant à des teintes argentines sur ses côtés et sur son ventre, non seulement ses nageoires resplendissent des divers reflets de l’or, mais encore le rouge dont il est peint, appartenant au corps propre- ment dit du poisson, et paroissant au travers des écailles très-transparentes qui revêtent Fanimal, reçoit par sa transmission et le passage que lui livre une substance diaphane, polie et luisante, toute la vivacité que l’art peut donner aux nuances qu'il emploie, par le moyen d'un vernis habilement préparé. Voilà pourquoi le rou- Plin. lib. 9, cap. 17,18, b13 et Lib. 32, cap.10, 11. Votton, lib. 8, cap. 169, fol. 151, &. P. Jov. cap. 18, p. 83. Mullus minor. Sa/vian. Schoner. p. 47. TTillughby, p.285. Mullus. Raj. p. go. Mulus, ve! mullus. Cuba, lib. 3, cap. 60, fol. 84, D. Mullus baxbatus. Furron, Rustic, lib. 3, cap. 17. Rondelet, première partie, liv. 10, chap. 3. Muillus barbatus. Gesner, Aquat. p. 565. Mullus Gesneri, qui minor Salviani dicitur, 4/drovand. lib. 2, cap. +, Ps 191. Bellon, Pise. p. 170. Red-surmulet. Brit. Zoolog. 3, p. 227, n. 1. Surmulet, Valmont-Bomare , Dictionnaire d'histoire naturel!e. EN D'UEN SN UE O Æ 'STSNGANAS 987 get montre encore la teinte qui le distingue lorsqu'il est dépouillé de ses écailles ; et voilà pourquoi encore les Romains du temps de Varron, gardoient les rougets dans leurs viviers, comme un ornement qui devint bientôt si recherché , que Cicéron reproche à ses com- patriotes l’orgueil insensé auquel ils se livroient, lors- qu'ils pouvoient montrer de beaux mulles dans les eaux de leurs habitations favorites. La beauté a donc été l'origine de la captivité de ces mulles ; elle a donc été pour eux, comme pour tant d’autres êtres dignes d’un intérêt bien plus vif, une cause de contrainte, de gène et de malheur. Mais elle leur a été bien plus funeste encore par un effet bien éloigné de ceux qu’elle fait naître le plus souvent ; elle les a condamnés à toutes les angoisses d'une mort lente et douloureuse ; elle a produit dans lame de leurs possesseurs une cruauté d'autant plus révoltante qu’elle étoit froide et vaine. Sénèque et Pline rapportent que les Romains fameux par leurs richesses, et abrutis par leurs débauches ; mèloient à leurs dégoûtantes orgies le barbare plaisir de faire expirer entre leurs mains un des mulles rougets, afin de jouir de la variété des nuances pourpres, violettes ou bleues, qui se suc- cédoient depuis le rouge du cinabre jusqu'au blanc le plus päle, à mesure que l'animal passant par tous les degrés de la diminution de la vie ; et perdant peu à peu les forces nécessaires pour faire circuler dans les ramifications les plus extérieures de ses vaisseaux DOME IS TO TIRE IN AÏTOU RE L'PE le fluide auquel il avoit dû ses couleurs en même temps que son existence *, parvenoit enfin au terme de ses souffrances longuement prolongées. Des mou- vemens convulsifs marquoient seuls , avec les dégra- dations des teintes, l'approche de la fin des tourmens du rouget. Aucun son , aucun cri plaintif, aucune sorte d'accent touchant, n’annoncoient ni la vivacité des douleurs, ni la mort qui alloit les faire cesser. Les mulles sont muets comme les autres poissons ; et nous aimons à croire pour l'honneur de l'espèce humaine, que ces Romains , malgré leur avidité pour de nouvelles jouissances qui échappoient sans cesse à leurs sens émoussés par l'excès des plaisirs, n’auroient pu résister à la plainte la plus foible de leur malheureuse victime: mais ses tourmens n’en étoient pas moins réels; ils n'en étoient pas moins les précurseurs de la mort. Et cepen- dant le goût de ce spectacle cruel ajouta une telle fureur pour la possession des muiles au desir rai- sonnable , s’il eût été modéré , de voir ces animaux animer par leurs mouvemens et embellir par leur éclat les étangs et les viviers , que leur prix devint bientôt excessif : on donnoit quelquefois de ces osseux leur poids en argent *. Le Calliodore , objet d'une des satires de Juvénal , dépensa quatre cents sesterces pour 1 Voyez le Discours sur la nature des poissons. : Des rougets ont pesé deux kilogrammes. Le kilogramme d’argent vaut à peu près 200 francs. DES bMOET-S SION 369 quatre de ces mulles. L'empereur Tibère vendit 4000 sesterces un rouget du poids de deux kilogrammes, dont on lui avoit fait présent. Un ancien consul nommé Célère en paya un 8000 sesterces ; et selon Suétone, trois mulles furent vendus 30,000 sesterces. Les Apicius épuisèrent les ressources de leur art pour parvenir à trouver la meilleure manière d’assaisonner les mulles rougets ; et c’est au sujet de ces animaux que Pline s'écrie : « On s’est plaint de voir des cuisiniers » évalués à des sommes excessives. Maintenant c'est » au prix des triomphes qu'on achète et les cuisiniers et » les poissons qu'ils doivent préparer ». Et que ce luxe absurde, ces plaisirs féroces., cette prodigalité folle , ces abus sans reproduction , cette ostentation sans goût, ces jouissances sans délicatesse, cette vile dé- bauche , cette plate recherche, ces appétits de brute, qui se sont engendrés mutuellement , qui n'existent presque jamais lun sans l’autre , et que nous rap- pellent les traits que nous venons de citer, ne nous étounent point. De Rome républicaine il ne restoit que le nom ; toute idée libérale avoit disparu ; la servitude avoit brisé tous les ressorts de l’ame ; les sentimens généreux s'étoient éteints ; la vertu , qui n’est que la force de lame, n'existoit plus ; le goût, qui ne consiste que dans la perception délicate de convenances que la tyrannie abhorre, chaque jour se dépravoit ; les arts, qui ne prospèrent que par l'élévation de la pensée, la pureté du goût, la chaleur du sentiment, éteignoient 898 HISTOIRE NATURELTE leurs flambeaux ; la science ne convenoit plus à des esclaves dont elle ne pouvoit éclairer que les fers ; des joies fausses, mais bruyantes et qui étourdissent , des plaisirs grossiers qui enivrent, des jouissances sen- suelles qui amènent tout oubli du passé , toute con- sidération du présent, toute crainte de l'avenir, des représentations vaines de ces trésors trompeurs en- tassés à la place des vrais biens que l'on avoit perdus, plusieurs recherches barbares , tristes symptômes de la férocité, dernier terme d'un courage abâtardi, devoient donc convenir à des Romains avilis, à des citoyens dégradés, à des hommes abrutis. Quelques philosophes dignes des respects de la postérité s'élevoient encore au milieu de cette tourbe asservie : mais plusieurs furent immolés par le despotisme ; et dans leur lutte trop inégale contre une corruption trop générale , ils éternisèrent par leurs écrits la honte de leurs contem- porains, sans pouvoir corriger leurs vices funestes et contagieux. Les poissons dont le nom se trouve lié avec l'histoire de ces Romains dégénérés, ont fixé l’attention de plu- sieurs écrivains : mais comme la plupart de ces auteurs étoient peu versés dans les sciences naturelles, comme d’ailleurs le surmulet a été, ainsi que le rouget , l’objet de la recherche prodigue et de la curiosité cruelle que nous venons de retracer , et comme ces deux osseux ont les mêmes habitudes, et assez de formes et de qualités communes pour qu'on ait souvent appliqué les mêmes Le] DE Sir Où s'stON St 091 dénominations à l’un et à l’autre, on est tombé dans une telle confusion d'idées au sujet de ces deux mulles, que d'illustres naturalistes très-récens les ont rapportés à la même espèce, sans supposer même qu'ils formassent deux variétés distinctes. En comparant néanmoins cet article avec celui qui suit , il sera aisé de voir que le rouget et le mulet sont différens l’un de l’autre. Le devant de la tête du rouget paroît comme tronqué, ou, pour mieux dire, le sommet de la tête de cet osseux est très-élevé. Les deux mâchoires, également avancées, sont, de plus, garnies d'une grande quantité de petites dents. De très-petites aspérités hérissent le devant du palais, et quatre os placés auprès du gosier. Deux bar- billons assez longs pour atteindre à l'extrémité des opercules ; pendent au-dessous du museau. Chaque narine n'a qu'une ouverture. Deux pièces composent chaque opercule, au -dessous duquel la membrane branchiale peut être cachée presque en entier *. La ligne latérale est voisine du dos ; l'anus plus éloigné de la tête que de la nageoire de la queue ; qui est fourchue ; * A Ja membrane branchiale 3 rayons. à la premiére nageoire dudos 7 à la seconde 9 à chacune des pectorales 15 à chacune des thoracines 6 à celle de anus 7 à celle de la queue 17 392 HISTOURE NÀFURELÉE et tous les rayons de la première dorsale, ainsi que le premier des pectorales , de l'anale et des thoracines, sont aiguillonnés. Les écailles qui recouvrent la tête, le corps et la queue, se détachent facilement *. Le rouget vit souvent de crustacées. Il n'entre que rarement dans les rivières ; et il est des contrées où on le prend dans toutes les saisons. On le pèche non seu- lement à la ligne, mais encore au filet. On ne devine _pas pourquoi un des plus célèbres interprètes d’Aris- tote, Alexandre d'Aphrodisée , a écrit que ceux qui tenoient ce mulle dans la main, étoient à l’abri de la secousse violente que la raie torpille peut faire éprouver *?, On trouve le rouget dans plusieurs mers , dans le canal de la Manche, dans la Baltique près du Dane- marck , dans la mer d'Allemagne vers la Hollande, dans l'Océan atlantique auprès des côtes du Portugal, de l'Espagne, de la France, et particulièrement à une petite distance de l'embouchure de la Gironde, dans la Méditerranée aux environs de la Sardaigne, de Malte, du Tibre et de l'Hellespont, et dans les eaux qui baignent les rivages des isles Moluques. : L'’estomac est composé d’une membrane mince ; vingt-six cœcums sont placés auprés du pylore; le foie est divisé en deux lobes, et la vésicule du fiel petite, 2: Voyez l'Histoire naturelle ct liltéraire des poissons, par le savant professeur Schneider, page 111. DR ST PO D SSNONNT Se 393 Quoique nous ayons vu que l'empereur Tibère ven- dit un rouget du poids de deux kilogrammes, ce mulle ne parvient ordinairement qu'a la longueur de trois décimètres. IL a la chair blanche , ferme, et de très- bon goût, particulièrement lorsqu'il vit dans la partie de l'Océan qui recoit les eaux réunies de la Garonne et de la Dordogne. TOME Ill 5 mm me LE MUDLLE SUPRMUL LOS Des raies dorées et longitudinales servent à distin- guer ce poisson du rouget. Elles s'étendent non seu- lement sur le corps et sur la queue, mais encore sur la tête, où elles se marient, d’une manière très-agréable à l'œil, avec le rouge argentin qui fait le fond de la x Mullus surmuletus. -Barbarin , dans plusieurs contrées de France. Rouget barbé, bia. Mulet barbé , 18rd. Tekyr, en Turquie. Rothbart, ez /llemagne. Peter mænnchen, dans Le Holstein. Goldecken , zbid. Schmerbutten, es baguntken, près d'Eckernfærde. Konig van de haaring, ez Hollande. Byenaneque, e/ baart-maonetje, duns les Moluques hollandoises, Ikan tamar, à la Chine. Mullus surmuletus. Liiné, édition de Gmelin. Mulet surmulet. Bonraierre , planches de l’ Encyclopédie méthodique. Bloch, pl 57. Trigla capite glabro, lineis utrinque quatuor luteis, ete. Artedi, gen. 43 n SY/1. 72 Mullus major. Su/vian. Mullus major ex Hispauia missus. Æ/dror. lib. 2, cap. 1, p. 123. Mullus major noster et Salviani. ÆVi/lughby, p. 285, 1ab.S, 7, fig. x. Raj. p.91, 1. 2. Brünn. Pise. Vassi’. p.7r,n. 88. Surmulet. Bellon, Aquat. p. 375. Striped surmulet. Brit. Zoolog. 3,p. 229, n. 2, 1ab, 13. HISTOIRE! N AYTUIR ELMENE, 909 couleur de cette partie. Il paroît que ces nuances dis- posées en raies appartiennent aux écailles, et par conséquent s'évanouissent par la chûüte de ces lames, tandis que le rouge sur lequel elles sont dessinées, provenant de la distribution des vaisseaux sanguins près de la surface de l'animal , subsiste dans tout son éclat, lors même que le poisson est entièrement dé- pouillé de son tégument écailleux. Le brillant de l'or resplendit d'ailleurs sur les nageoires; et c'est ainsi que les teintes les plus riches se réunissent sur le surmulet, comme sur le rouget, mais combinées dans d’autres proportions, et disposées d’après un dessin différent. L'ouverture de la bouche est petite ; la mâchoire supérieure un peu plus avancée que l’inférieure ; et la ligne latérale parallèle au dos, excepté vers la nageoire caudale. Les deux barbillons sont un peu plus longs à proportion que ceux du rouget *. Le surmulet vit non sculement dans la Méditerra- née et dans l'Océan atlantique boréal, mais encore dans la Baltique, auprès des rivages des Antilles, et dans les eaux de la Chine. Il ÿ varie dans sa longueur * 3 rayons à lamembrane des branchies. 7 rayons aiguillonnés à la première nagcoire dorsale. 9 rayons à la seconde. 15 à chacune des pectorales, 6 à chacune des thoracines. à celle de l’anus, re 1 ä celle de la queue. Û SOIT HIS TOTR PIN ATURELTE depuis deux jusqu'à cinq décimètres ; et quoique Juvénal ait écrit qu'un mulle qui paroît devoir être rapporté à la mème espèce que notre surmulet, a pesé trois Kilogrammes, on ne peut pas attribuer à un sur- mulet, ni à aucun autre mulle, le poids de quarante kilogrammes, assigné par Pline à un poisson de la mer Rouge, que ce grand écrivain regarde comme un mulle, mais qu'il faut plutôt inscrire parmi ces silures si communs dans les eaux de l'Égypte, dont plusieurs deviennent très-grands, et qui, de même que les mulles, ont leur museau garni de très-longs bar- billons. Le mulle surmulet a la chair blanche , un peu feuil- letée, ferme, très-agréable au goût, et, malgré l'au- torité de Galien, facile à digérer, quand elle n’est pas très-grasse. Nous avons vu dans l'article précédent, qu'il étoit, comme le rouget, pour les Romains qui vivoient sous les premiers empereurs, un objet de recherche et de jouissance insensées. Aussi ce poisson -avoit-il donné lieu au proverbe, Ne Le mange pas qui le prend. Les morceaux que l’on en estimoit le plus, étoient la tète et le foie. . Il se nourrit ordinairement de poissons très-jeunes, de cancres, et d'animaux à coquille. Galien a écrit que l'odeur de ce poisson étoit désagréable, quand il avoit mangé des cancres ; et suivant Pline, il répand cette mauvaise odeur, quand il a préféré des animaux à coquille. Au reste, comme le surmulet est vorace, il DJ ES PO L''SSHO'NTIS: 997 se jette souvent sur des cadavres, soit d'hommes, soit d'animaux. Les Grecs croyoient mème qu'il poursuivoit et parvenoit à tuer des poissons dangereux; et le regardant comme une sorte de chasseur utile, ils l'avoient consacré à Diane. Les surmulets vont par troupes, sortent, vers le commencement du printemps, des profondeurs de la mer, font alors leur première ponte auprès des em- bouchures des rivières, et, selon Aristote, pondent trois fois dans la mème année, comme d'autres mulles, et de même que plusieurs trigles. On les pêche avec des filets, des louves *, des nasses, et sur-tout à l'hamecon; et dans plusieurs contrées, lorsqu'on veut pouvoir les envoyer au loin sans qu'ils se gâtent, on les fait bouillir dans de l’eau de mer aussitôt après qu'ils ont été pris, on les saupoudre de farine, et on les entoure d'une pâte qui les garantit de tout contact de l'air. | Nous ne rapporterons pas le conte adopté par Athénée, au sujet de la prétendue stérilité des sur- mulets femelles, causée par de petits vers qui s'en- gendrent . dans leur corps lorsqu'elles ont produit trois fois. Nous ne réfuterons pas l'opinion de quel- ques auteurs anciens qui ont écrit que du vin dans lequel on avoit fait mourir des surmulets, rendoit incapable d'engendrer , et que ces animaux attachés RESTE CE PPT ARE PU RP AENE. TONTAER FEAR MARNE M TETE * Voyez, relativement à la louve, l’article du pétromyzon lamprois: 398 HISTOIRE NATURELLE. cruds sur une partie du corps, guérissoient de la jau- nisse ; et nous terminerons cet article en disant que ces poissons ont le canal intestinal assez court, et vingt-six cœcums auprès du pylore. LEIMULTE:,;JA'P'O N'OMS*: CE poisson qu'Houttuyn a fait connoître, ressemble beaucoup au rouget et au surmulet; mais il en diffère par la petitesse des dents dont ses mâchoires sont gar- nies, si même elles n'en sont pas entièrement dénuées : et d'ailleurs il ne présente pas de raies longitudi- nales ; et sa couleur est jaune, au lieu d'être rouge. Il habite dans les eaux du Japon, ainsi que l'indique son nom spécifique *. # Mullas japonicus. Id. Linné, édition de Gmelin. Houttuyn, Act. Huarl. XX, 2,p. 334, n. 23. * A la première nageoire du dos 7 rayons. à la seconde 9 LE MUEBP AURIFE L ANNE": ForskAEL a vu ce poisson dans la mer d'Arabie. Ajoutons à ce que nous en avons dit dans le tableau de son genre, que les côtés de sa tète sont tachés de jaune; que deux raies jaunes ou couleur d'or sont placées au-dessous de sa queue ; que la même nuance distingue ses dorsales ; que ses pectorales, son anale et ses thoracines sont blanchâtres; et enfin que les écailles dont il est revêtu , sont membraneuses dans une partie de leur circonférence *. Un des dessins de Commerson, que nous avons fait graver, présente une variété de l’auriflamme. * Mullus auriflamma. Id. Linné, édition de Gmelin. Forskacl, Faun. Arab. p. 30, n. 19. Mulet ambir. Bonnaterre , planches de l’ Encyclopédie méthodique, # 3 rayons à la membrane des branchies. 7 rayons aiouillonnés à la première nageoire du dos, 1 rayon aiguillonné et 9 rayons articulés à la seconde dorsale, 17 rayons à chaque pectorale. 6 rayons à chaque thoracine. 2 rayons aiguillonnés et 7 rayons articulés à celle de l’anus, 75 rayons à celle de la queue. £o0 P'ÉATET Laye Marg . Renou | fcubp eve « Barbertr ; LE Macroneème. 3. MU LLE - MT 2 À e ZOMUTIPRE. Abri lumme a ï GULIARTI Me mt) An à AU 10 k Fe TE SRE PE: {2 M na mue ART bre msn Zez. LU 14. Page MULLE Cyclestorne * nl Bandes : 3. deu: æ .MULLIE 2 Raye . r 4 7 z MULT LE MULLE, RANRÉ Les petites dents qui garnissent les mâchoires de ce mulle, sont serrées les unes contre les autres. Ses nageoires pectorales, thoracines , et anale, sont blan- châtres ; les dorsales présentent des raies noires sur un fond blanc. On peut voir les autres traits du rayé, dans le tableau de son genre. Ce poisson habite la mer d'Arabie :. ? Mullus vittatus. Id. Zinné , édition de Gmelin. Forskael, Faun. Arabic.p.31, n. 20. Mulet rayé. Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique. = 3 rayons à la membrane des branchies. 7 rayons aïiguillonnés à la première nageoire du dos. 1 rayon aiguillonné et q rayons articulés à la seconde, TOME Ill. £3 LE. MULLPBMACHETE MarcGrave, Pisou, Ruysch, Klein, et le prince Maurice de Nassau, cité par Bloch, ont parlé de ce mule, que le professeur Gmelin ne regarde que comme une variété du surmulet. On trouve le tacheté dans la mer des Antilles; et on le pêche aussi dans les lacs que le Brésil renferme. Ce poisson a dans certaines eaux, et particulièrement dans celles qui sont peu agitées, la chair tendre, grasse et succulente. Les deux mächoires sont également avancées ; l'ouverture de l'anus” est placée vers le milieu de la longueur totale; une belle couleur rouge répandue sur pres- que tout l'animal est relevée par la teinte dorée ou * Mullus maculatus. Salmoneta , en Espagne et en Portugal. Pirametara, au Frésil. Bloch, pl. 348, fig. 1. Mullus surmuletus, var. 2. Linné, édition de Cmelin. Marcgr. Brasil. 181. Piso. Ind. p. 60. * A la première nageoire du dos 8 rayons. à la seconde 10 à chaque pectorale 15 à chaque thoracine 6 à celle de l'anus 10 à celle de la queue 19 HISTOIRE NATURELLE 405 jaune des barbillons, ainsi que du bord de la nageoire caudale, et par trois taches noires, presque rondes et assez grandes, que l’on voit de chaque côté sur la ligne latérale. LE.MULR® DEUX-RBANDES: LE MULLE CYCLOSTOME, ÊÉE MULLE TROIS-B'A'ND-ES ;, ET LE MULLE MACRONEME‘. \ C’EST d'après les observations manuscrites de Com- merson, qui mont été remises dans le temps par Buffon, que j'ai inscrit parmi les mulles ces quatre espèces encore inconnues des naturalistes, et dont j'ai fait graver les dessins exécutés sous les yeux de ce célèbre voyageur. Le tableau des mulles présente les traits principaux de ces quatre poissons : disons uniquement dans cet article , que le deux-bandes a les écailles de sa partie supérieure tachées vers leur base, et ses mâchoires garnies de petites dents‘; que le cyclostome‘ a sa : Mallus bifasciatus. 2 Mullus cyclostomus. 3 Mullus trifasciatus. + Mullus macronemus. 5 7 rayons aiguillonnés à la premiére dorsale du mulle deux-bandes, 1 rayon aïguillonné et 9 rayons articulés à la seconde. 6 ou 7 rayons à celle de l’anus. # La dénomination de cyclostome désigne la forme de la bouche : xvwñcs signifie cercle; et oroux, bouche, Vème 3 Dédfeue filur la Lulerei Z MUEL. £ Trois=Bandes 2. SPARE Zepisure 3: SPARE Herusphere HS TOTRIEN N'AMUINRE LIL. 409 nageoire caudale non seulement fourchue comme celle de presque tous les mulles, mais encore très-grande, et de petites dents à ses deux mâchoires'; que les opercules du trois - bandes sont composés chacun de deux pièces, et ses deux nageoires dorsales très-rap- prochées*; que le macronème ? a les thoracines beau- coup plus petites que les pectorales, et une bande longitudinale et très-foncée sur la base de la seconde dorsale *; et enfin que de petites dents arment les mâchoires du macronème et du trois-bandes, qui l'un et l’autre ont, comme le cyclostome, la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure. * 8 rayons aiguillonnés à la première dorsale du cyclostome. 1 rayon aiguillonné et 8 rayons articulés à la seconde, 7 ou 8 rayons à celle de l’anus. ? 7 rayons aiguillomnés à la première dorsale du trois-bandes. 9 rayons à la seconde. 6 ou 7 rayons à celle de l'anus. 3 Max: veut dire long; et mux, fil, filament, barbillon. # 7 rayons aiguillonnés à la première dorsale du macronème. 8 ou 9 rayons à la seconde. 7 ou 8 rayons à celle de l'anus. LE MULLE BARBERIN, LE MULLE ROUGEATRE;, LE MULLE ROUGEOR;, ET LE MULLE CORDON-JAUNE:+. Voici quatre autres espèces de mulles, encore incon- nues des naturalistes, et dont nous devons la descrip- tion à Comimerson. Le barberin parvient jusqu'a la longueur de quatre ou cinq décimètres. Sa partie supérieure est d’un verd : Mullus barberinus. Mullus binis in mento cirris, tænià longitudinali nigrâ , ocelloque caudæ ) 5 gra, ulrinque nigricante , elc, Commerson, muruscrils déja cités, 2 Mullus rubescens. Surmulet, Commerson, manuscrits déja cilés, Mullus rubescens, maculä supra caudæ basin nigrä, pinnâ dorfsecundä, anali, et caudà fuscä ,lenticulatis. Zd. ibid, 3 Mullus chryserydros, Es NT ; ; 8 1. a Mallus rubens, dorso inter pinnam cagrominem et caudæ basin flaves- cente , lineis aureis cirea oculos radiatis, Commerson, manuscrits déja cités. # Mullus flavo Jineatus. Mullus line laterali flavo deauratâ, caudà apicibusque pinnarum superiorum sublutescentibus, Commerson, manuscrits déju cités. A IISÉEMONRSENS AMOR ELLE. 467 foncé, mélé de quelques teintes jaunes ; du rougeitre et du brun règnent sur la portion la plus élevée de la tête et du dos; une raie longitudinale et noire s'étend de chaque côté de l'animal, dont la partie inférieure est blanchâtre; une tache noire, presque ronde, et assez grande, paroît vers l'extrémité de chaque ligne latérale ; et une couleur incarnate distingue. les nageoires *. La mâchoire supérieure extensible, et un peu plus avancée que l'inférieure, est garnie, comme celle-ci, de dents aiguës, très-courtes et clair-semées:; la langue est cartilagineuse et dure; quelques écailles semblables à celles du dos sont répandues sur les opercules, au-dessous de chacun desquels Commerson a vu le rudiment d'üne cinquième branchie; la ligne latérale qui suit la courbure du dos, dont elle est voi- sine, est composée , comme celle de plusieurs mulles, d'une série de petits traits ramitiés du côté du dos, et semblables aux rais d’une demi-étoile ; et enfin, les écailles qui revètent le corps et la queue, sont striées æo rayons vers leur base, et finement dentelées à leur extrémité, de maniere à donner la même sensation * 3 rayons à la membrane des branchies. à la premiere nageoire du dos. à la seconde (le dernier est beaucoup plus long que les autres), à chacune des pectorales. à chacune des thoracines. à celle de l’anus. à celle de la queue , qui est tres-fourchue. [1 GR I S 408 ‘ HISTOMURE IN ANT URL DIE qu'une substance assez rude, à ceux qui frottent le poisson avec la main, en la conduisant de la queue vers la tête. k Le barberin habite la mer voisine des Moluques, dont les habitans apportoient dans leurs barques un grand nombre d'individus de cette espèce au vaisseau sur-lequel Commerson naviguoit en septembre 1766. Le rougeâtre, dont les principaux caractères sont exposés dans le tableau générique des mulles, parvient communément, selon Commerson, à la longueur de trois décimètres ou environ. Il paroît que le rougeor ne présente pas ordinaire- ment des dimensions aussi étendues que celles du rougeâtre, et que sa longueur ne dépasse guère deux décimètres. On le trouve pendant presque toutes les saisons, mais cependant assez rarement, auprès des rivages de l'Isle de France, où Commerson l'a observé en février 1770. Ses couleurs brillantes sont indiquées par son nom. Il resplendit de l'éclat de l'or, et de celui du rubis ou de l'améthyste. Un rouge foncé et assez semblable à celui de la lie du vin paroît su presque toute sa surface. Une tache très - grande, très-remarquable, très-dorée,. s'étend entre les na- geoires dorsales et celle de la queue, descend des deux cotés du mulle, et représente une sorte de selle ma- gnifique placée sur la queue de l'animal. Les yeux sont d’ailleurs entourés de rayons dorés et assez longs; et des raies jaunes ou dorées sont situées obliquement LEP P] D'AETS MP AO SESMONNESS 409 $ur la seconde dorsale et sur la nageoire de l'anus *. La mächoire supérieure est extensible ; et un peu plus longue que l’inférieure; les deux mâchoires sont garnies de dents courtes, mousses, disposées sur un seul rang, et séparées l’une de l'autre; la langue est attachée à la bouche dans tout son contour: des dents semblables à celles d'un peigne :garnissent le côté concave de l'arc osseux de la première branchie; à la place de ces dents, on voit des stries dans la concavité des arcs osseux des autres trois organes respiratoires. Sa chair est d'un goût agréable; mais celle du cordon- jaune est sur-tout très-recherchée. Ce dernier mulle paroît dans différentes saisons de l'année. Sa grandeur est à peu près égale à celle du rougeor. Sa partie supérieure est d'un bleu mêlé de brun, sa partie inférieure d’un blanc argentin; et ces nuances sont animées par un cordon ou raie longitu- dinale d’un jaune doré, qui règne de chaque côté de l'animal. Ajoutons que le sommet des deux nageoires dorsales présente des teintes jaunâtres; qu'on voit quelquefois * 4 rayons à la membrane des branchies du rougeor {le quatrième est très-éloigné des autres ). à la première nageoire dorsale. à la seconde, à chacune des thoracines. 7 ° 6 à chacune des pectorales. 6 8 à celle de l’anus. 5 à celle de la queue, qui est très-fourchue. Gt tà TOME IL. 41O HI ST ORR Er N'A RU R'ENMIL FE. au-devant des yeux une ou deux raies obliques jaunes ou dorées; et que lorsque les écailles ont été détachées du poisson par quelque accident, les muscles montrent un rouge plus où moins vif. Les formes du cordon-jaune ont beaucoup de rap- ports avec celles du rougeor; mais ses dents sont beau- coup plus petites, et mème à peine visibles ”. * À la membrane des branchies du eordon-jaune, ÿ 4 Tayons. à la première nageoire dorsale 7 à la seconde 8 à chaque pectorale 16 à chaque thoracine 6 à celle de l'anus ; à celle de la queue, qui est fourchue, 15 CENT UNIÈME GENRE. BE,S-7'AP'O CONS: Les écailles grandes et faciles à détacher; le sommet de la tête élevé; deux nageoires dorsales; point de bar- billons au-dessous de la mächoire inférieure. ESPÈCE. CARACTÈRE. L’APOGON ROUGE. fSix rayons aiguillonnés à la première na- (Apogon ruber.) geoire dorsale. LA PO G'OIN PO GET. CE poisson vit dans les eaux qui baignent les rochers de Malte. Il est remarquable par sa belle couleur rouge. L'ouverture de sa bouche est grande; son palais et ses deux mâchoires sont hérissés d'aspérités”. On ignore pourquoi on l'a nonmimé roi des mulles, des 1rigles, ou es. ; LE) des rougets *. * Apogon ruber. Re ditriglia, à Malle. Mullus imberbis. Zinné, édition de Gmelin. Mulet, roi des rougets. Daubenton ; Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de lEncyclopédie méthodique. Trigla capite glabro, tota rubens, cirris carens, 4rtedi, gen. 43, Sy 72. Mullus imberbis, sive rex mullorum. }Fllughby, p. 286. Raj. pe 97. > 6 rayons à la premiére dorsale. 2 rayons aiguillonnés et 8 rayons articulés à la seconde. 12 rayons à chaque pectorale. 6 rayons à chaque thoracine. 2 rayons aiguillonnés et 8 rayons articulés à la nageoire de l'anus. 20 rayons à celle de la queue, qui est échancrée. 3 "Arwyur signifie imberbe, sans barbe, sans barbillons. CENT DEUXIÈME GENRE. LES LONCHUREÆS. La nageoire de la queue lancéolée; cette nageoire et les pectorales aussi longues, aw moins, que le quart de la longueur totale de l'animal; la nageoire dorsale longue; et proforidément échancrée; deux barbillons & la: ma- choire inférieure. ESPÈCE. LE LONCHURE DIANÈME. { (Zonchurus dianema.) CHAR ACID È RE. Le premier rayon de chaque thoracine ter- miné par un long filament, » ot LE: LCONCHURE DIANEÈME: . C'esr Bloch qui a fait connoître ce genre de poisson, auquel nous n'avons eu besoin que d’'assigner des caractères précis, véritablement distinctifs, et ana- logues à nos principes de distribution méthodique. La seule espèce que l'on ait encore inscrite parmi ces lonchures, où poissons d longue queue, est remarquable par la longueur du filament qui termine le premier rayon de chaque thoracine*; et voila pourquoi nous l'avons nommée dianëme, qui veut dire deux fils ou deux filamens. L'individu que Bloch a vu, lui avoit été envoyé de Surinam. Le museau étoit avancé au-dessus de la mâchoire d'en-haut ; la tête comprimée et cou- verte en entier d'écailles semblables à celles du dos; la mâchoire supérieure égale à l'inférieure, et garnie, comme cette dernière, de dents petites et pointues ; PORN PRREIRES EEE RER PROPRES SPP ER RTE MR AR TRE RE 9SS : Lonchurus dianema. Lonchurus barbatus. Bloch, pl. 260. * Ala membrane branchiale à rayons. à la nageoire dorsale 46 à chacune des pectorales 15 à chacune des thoracines 6 à celle de l’anus 9 à celle de la queue 19 HISTOIRE NATURELLE 415 l'os de chaque côté des lèvres, assez large ; la pièce antérieure des opercules, comme dentelée ; la ligne latérale, voisine du dos; et presque toute la surface de l'animal, d'une couleur brune mêlée de rougeâtre. ce CENT TROISIÈME GENRE LES MACRORODES,. Les thoracines au moins de la longueur du corps propre- ment dit; la nageoire caudale trés-fourchue, et à peu prés aussi longue que le tiers de la longueur totale de l'animal; la tête proprement dite et les opercules revétus d'écailles semblables à celles du dos; l'ouverture de la bouche très-petite. ESPÈCE. CARACTÈRES. . [Les écailles variées d’or et de verd ; toutes les LE MACROPODE VERD-DORÉ. (Macropodus A sur chaque opercule ç e pageoires rouges; une petite tache noire "LS NVEr EH Nr Ti | on F'aE: Î ne. (0 A É à [ 1 | PR nm DL 772 eéerire EL “ii We FL tu c'é is A VA Tome. Ÿ LV 16. Lage 417. zMACROPODE Fert-dre 2. LABREK Lerruche 3. CHEZL ODIPTERE C yanoptere 7 LE MACROPODE VERD-DORE*, 7e Le verd-doré ne parvient qu’à de petites dimensions ; il n’a ordinairement qu'un ou deux décimètres de long : mais il est très-agréable à voir; ses couleurs sont magnifiques, ses mouvemens légers, ses évolutions variées ; il anime et pare d'une manière charmante l'eau limpide des lacs; et il n'est pas surprenant que les Chinois, qui cultivent les beaux poissons comme les belles fleurs, et qui aiment, pour ainsi dire, à faire de leurs pièces d'eau, éclairées par un soleil brillant, autant de parterres vivans , mobiles, et émaillés de toutes les nuances de l'iris, se plaisent à le nourrir, à le multiplier, et à multiplier aussi son image par une peinture fidèle. Les petits tableaux où peintures sur papier, exécutés à la Chine avec beaucoup de soin, qui représentent la Nature avec vérité, qui ont été cédés à la France par la république batave, et que l'on conserve dans le Muséum national d'histoire naturelle , renferment l'image du verd-doré vu dans quatre positions, ou plutôt dans quatre mouvemens différens. Le nom spécifique de ce poisson indique l'or et le verd fondus sur sa. surface et relevés par le rouge des nageoires. Ce * Macropodus viridi-auratus. TOME 111, J9 ADON HIS TOTRE N'AÏTIUR FIRE. rouge ajoute d'autant plus à la parure de l'animal, que ses instrumens de natation présentent de grandes dimensions, particulièrement la nageoire caudale et les thoracines ; et la longueur de ces thoracines, qui sont comme les pieds du poisson, est le trait qui nous a suggéré le nom générique de yracropode, lequel signifie long picd, Au reste, le verd-doré n’a pas de dents, ou n'a que des dents très-petites. Chaque opercule n'est COMpPOosÉ que d'une pièce; et sur la surface de cette pièce on voit une tache petite, ronde, très-foncée, faisant de loin l'effet d'un vide ou d’un trou, et imitant l’orifice de l'organe de l'ouie d'un grand nombre de quadrupèdes oyipares. N O:M2E N: CA 4, GyRutE Des LABRES, CHEILINES, CHEILODIPTÈRES, OPHICÉPHALES, HOLOGYMNOSES, SCARES, OSTORHINQUES, SPARES, DIPTÉRODONS, LUTJANS, CENTROPOMES, BODIANS, TÆNIANOTES, SCIÈNES, MICROPTÈRES, HOLOCENTRES, &r PERSÉQUES. Les poissons renfermés dans les dix-sept genres que nous venons de nommer, forment bien plus de deux cents espèces, et composent par leur réunion une tribu, à l'examen, à la description, à l'histoire de laquelle nous avons dû apporter une attention toute particulière. En effet, les caractères généraux par les- quels on pourroit chercher à la distinguer, se rap- prochent beaucoup de ceux des tribus ou des genres voisins. De plus, les espèces qu'elle comprend, ne sont séparées l’une de l’autre que par des traits peu pro- noncés, de manière que depuis le genre qui précéde- roit cette grande et nombreuse tribu en la touchant immédiatement dans l’ordre le plus naturel, jusqu'à celui qui la suivroit dans ce même ordre en lui étant aussi immédiatement contigu, on peut aller d'espèce en espèce en ne parcourant que des nuances trés- rapprochées. Et comment ne S'avanceroit-on pas ainsi, 420 H'L'S-T ORNE UN) AMOU RUEMCANE en ne rencontrant que des différences très-peu sen- sibles, puisque les deux extrêmes de cette série se ressemblent beaucoup , sont placés, par conséquent, à une petite élévation l’un au-dessus de l’autre, et cependant communiquent ensemble, si je puis em- ployer cette expression, par plus de deux cents degrés ? Les divisions que l’on peut former dans cette longue série, ne peuvent donc être déterminées qu'après beau- coup de soins, de recherches et de comparaisons; et voilà pourquoi presque tous Îles naturalistes, même les plus habiles, n'ayant pas eu à leur disposition assez de temps, ou des collections assez nombreuses, ont établi pour cette tribu, des genres caractérisés d’une manière si foible, si vague, si peu constante, ou si erronée , que, malgré des efiorts pénibles et une patience soutenue, il étoit quelquefois impossible, en adoptant leur méthode distributive, d’inserire un indi- vidu de cette tribu, que l’on avoit sous les yeux, dans un genre plutôt que dans un autre, de le rapporter à sa véritable espèce, ou, ce qui est la même chose, d'en reconnoître la nature. Bloch avoit senti une partie des difficultés que je viens d'exposer: il a proposé, en conséquence, pour les espèces de cette grande famille, plusieurs nouveaux genres, dont j'ai adopté quelques uns : mais son tra- vail à l'égard de ces animaux m'a paru d'autant plus insuffisant, qu'il n’a pas traité de toutes les espèces de cette tribu connues de son temps ; qu'il n'avoit pas à DE SELON SASHO NAS: 421 classer les espèces dont je vais publier, le premier, la description; que les caractères génériques qu'il a choisis, ne sont pas tous aussi importans qu'ils doivent l'être pour produire de bonnes associations géné- riques ; et enfin, qu'ayant composé plusieurs genres pour la tribu qui nous occupe, long-temps après avoir formé pour cette même famille un assez grand nombre d’autres genres, sans prévoir, en quelque sorte, le besoin d'un supplément de grouppes, il avoit déja placé dans ses anciens genres, des espèces qu'il devoit rapporter aux nouveaux genres qu'il vouloit fonder. Profitant donc des travaux de mes prédécesseurs, de l'avantage de pouvoir examiner d'immenses collec- tions , des observations nombreuses que plusieurs naturalistes ont bien voulu me communiquer, et de l'expérience que j'ai acquise par plusieurs années d'étude et par les différens cours que j'ai donnés, j'ai considéré dans leur ensemble toutes les espèces de la tribu que nous avons dans ce moment sous les yeux; je l'ai distribuée en nouveaux grouppes ; et recevant certains genres de Linné et de Bloch, mo- difiant les autres ou les rejetant, y ajoutant de nou- veaux genres, dont quelques uns avoient été indiqués par moi dans mes cours et adoptés par mon savant ami et confrère le citoyen Cuvier dans ses Elémens d'histoire naturelle, donnant enfin à toutes ces sections, des caractères précis, constans et distincts, j'ai terminé l'arrangement méthodique dont on va voir le résultat, 422 H FS T'O'T RES NN ASIPU RNEMAPRE J'ai employé et circonscrit d’une manière nouvelle et rigoureuse les genres des labres, des scares, des spares, des lutjans, des bodians, des holocentres, et des persèques. J'ai introduit parmi ces associations particulières le genre des ophicéphales, proposé récem- ment par Bloch. Séparant dans chaque réunion Îles poissons à deux nageoires dorsales, de ceux qui n'en offrent qu'une, j'ai fait naître le genre des cheilodip- tères dans le voisinage des labres, celui des diptéro- dons auprès des spares, celui des centropomes à la suite des lutjans, celui des véritables sciènes, que lon a eu jusqu'ici tant de peine à reconnoître, à une petite distance des bodians, J'ai placé entre ces sciènes et les bodians, le nouveau genre des tænianotes, qui forme un passage naturel des unes aux autres ; j'ai inscrit le nouveau grouppe des cheïlines entre les labres et les cheilodiptères, celui des Lologymnoses entre les ophicé- phales et les scares, celui des ostorhinques entre les scares et les spares, celui des sicropiéres entre les sciènes et les holocentres ; et j'ai distribué parmi les labres, parmi les lutjans, ou parmi les holocentres , les espèces appliquées par Bloch à ses genres des johnius, des anthias, des épinéphéles, et des gymnocé- phales, qui n'ont paru caractérisés par des traits spé- cifiques plutôt que par des caractères génériques, et que, par conséquent , je n'ai pas cru devoir admettre sur mon tableau général des poissons. Toutes ces opérations ont produit les dix-sept genres Fr À DLEMS NEO T'SHSNON NS: 493 des labres, des cheilines, des cheilodipteres, des ophicé- plales, des holosymnoses, des scares, des ostorhinques, des spares, des diptérodons, des lutjans, des centropomes, des 2odians, des tænianotes, des sciènes, des microptéres, des holocentres, et des perséques, dont nous allons tâcher de présenter les formes et les habitudes. CENT QUATRIÈME GENRE. LES LABRES. La lèvre supérieure extensible; point de dents incisives ni nolaires; les opercules des branchies, denués de piquans et de dentelure; une seule nageoire dorsale; cette na- geoire du dos trés-séparée de celle de la queue, où trés- éloignée de la nuque, ou composée de rayons terminés par un filament. P RE MY ER. SOU S-G:EN'R°E La nagceoire de la queue, fourchue, ou en croissant. ESPÈCES, CARACTÈRES. Dix aiguillons et onze rayons articulés à la nageoire du dos; la mâchoire inférieure 1. LE LABRE HÉPATE. plus avancée que la supérieure; une tache (Labrus h:patus.) noire vers le milieu de la longueur de la nageoire dorsale; des bandes transversales noires, Treize aiguillons et sept rayons articulés à 2. LE LABRE OPERCULÉ, la nageoire du dos; une tache sur chaque (Zabrus operculatus.) opercule, et neuf ou dix bandes transver- sales brunes. Chaque opercule prolongé par une membrane 3. LE LABRE AURITE. er P SP : alongée , arrondie à son extrémité et noi- (Labrus auritus.) râtre. 4 St : » *+ D FA ” F + Le L - L ES (Labrus lepisma.) HI S'TOLR E UN À TUREI-L'E; 42 ESPÈCES, CARACTÈRES, Sept aiguillons à la nageoire dorsale ; les 4. LE LABRE FAUCHEUR. premiersrayons articulés de cette pageoire, (Labrus falcatus.) et de celle de l’anus » prolongés de manière à leur donner la forme d’une faux. 5. LE LABRE ovÈKe. L À (Labrus oyena.) pageoire du dos; les deux lobes de Ja na- geoire caudale, lancéolés; les deux mä- | Neuf aiguillons et dix rayons articulés à la choires égales; la couleur argentée. thoracines réunies l’une à l’autre par une 6. LE LABRE SAGITTAIRE. (Labrus jaculatrir.) membrane; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure ; cinq bandes transversales. nl vageoire du dos éloignée de la nuque; les Mdr Care Onze aiguillons et douze rayons articulés à (DE 5x) la nageoire du dos; un double rang d’é- cailles sur les côtés de la téte. nageoire du dos; une pièce ou feuille 8. LE LABRE LÉPISME, écailleuse , de SRER côté du sillon lon- gitudinal, dans lequel cette pageoire peut E aiguillons et neuf rayons articulés à la être her en g. LE LABRE UNIMACULÉ. ; nageoire du dos ; une tache bruse sur (Labrus unimaculatus.) Onze aiguillons et dix rayons articulés à la chaque côté de l'animal. nageoire dorsale ; les thoracines réunies l’uve à Pautre par une membrane ; deux 1e. LE LABRE BOH4R. dents de la mâchoire supérieure assez s bohar.) _* MER (Eabræs"t longues pour dépasser Pinférieure ; la cou- leur rougeitre | avec des raies et des Dix aiguillons et quinze rayons articulés à la taches irrégulières blanchätres. TOME Ill. PT A26 H L'S'T°O MR'É' NA TU.-R EUAILE ESPÈCES. 1. LE LABRE BOSSU. (labrus g'bbrs.) LE LABRE NOIR. (Labrus nig Le 13. LE LABRE ARGENTÉ. (Labrus argentatus.) 14. LE LABRE NÉBULEUX. (Labrus nebulosus.) 15. LE LABRE GRISATRE. (Labrus cinerascense) 16, LE LABRE ARMÉ. (Labrus armatus.) 17. LE LABRE CHAPELET, {Labrus catenulu.) | | | | CARACTÈRES. Le dos élevé en bosse; les écailles rouges à leur base, et blanches à leur sommet; deux dents de la mâchoire supérieure une fois plus longues que les autres. Dix rayons aiouillonnés et point de rayons articulés à la nageoire du dos; les pecto- rales falciformes , et plus longues que les thoracines ; la pièce antérieure de chaque opercule profondément échancrée. Dix rayons aiguillonnés et quatorze rayons le) articulés à la nageoire dorsale ; la lèvre inférieure plus longue que la supérieure ; la pièce postérieure de chaque opercule an- guleuse du côté de la queue. Dix rayons aiguillonnés et dix rayons arti- culés à la nagcoire dorsale; trois rayons aiguillonnés et sept rayons articulés à celle de l’anus; les rayons des nageoires terminés par des filamens. Onze rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la nageoire du dos; cette na- geoire et celle de l'anus, prolongées et anguleuses vers la caudale;, une seule rangée de dents très-menues. {Un aiguillon couché horizontalement vers la | tête, àu-devant de la nageoire du dos; la nel atérale droite; la couleur argentée. Onze rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la nageoire du dos; la mâ- choire inférieure plus avancée que la su- périeure ; huitséries de taches tres-petites, rondes et égales, sur chaque côté de l’ani- mal; deux bandes transversales sur la tête ou la nuque; le dos élevé, D'ÉENS PIMOMIL SES RO INNS: 427 ESPÈCES. CARACTÈRES. Neuf rayons aiguillonnés et dix rayons arti- 18. LE LABRE LONG- MUSEAU. (Labrus longirostris.) culés à la nageoire dorsale ; le museau très-avancé ; chaque opercule composé de deux pièces dénuces d’écailles semblables à celles du dos. Douze rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la nageoire dorsale; tous ces rayons plus hauts que la membrane; la &g. LE LABRE THUNBERC mâchoire inférieure un peu plus avancée (Labrus Thunbere.) que la supérieure ; la courbure du dos, et celle de la partie inférieure de l'animal, diminuant à la fin de la nageoïire dorsale et de celle de l'anus. Onze rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la nageoïire du dos ; celle de la LE LABRE GRISON. queue en croissant tres-peu échancré; deux (Labrus griseus.) grandes dents à chaque mâchoire ; la cou- leur grisätre. 21. LE LABRE CROISSANT. (Labrus lunaris.) articulés à la nageoire du dos; celle de la queue en croissant ; une teinte violette sur plusieurs parties de l'animal. fVingt-trois rayons à la nageoire du dos; 22. LE LABRE FAUVE. (Labrus rufus.) douze à celle de l’anus; celle de la queue ‘en croissant; tout le poisson d’une cou- leur fauve ou jaune. Neufrayons aiguillonnés et treize rayons ar- ticulés à Ja nageoire dorsale; celle de la +23. LE LABRE CEYLAN. (Labrus zeylanicus.) queue en croissant ; la couleur générale de J’animal verte par-dessus , et d’un pourpre blanchâtre par-dessous ; des raies pourpres Le rayons aiguillonnés et quinze rayons swr chaque opercule. 428 H'ISIT © BRIE IN AËT ORNE MILLE ESPÈCES. C'AYR A CIDÈIREIS: Neuf rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la dorsale ; trois rayons aiguil- 24 LE LABRE DEUXx- ; 3 5 BANDES. (Labrus bifasciatus ) lonnés et onze rayons erticulés à celle de l'anus; la caudale en croissant; deux bandes brunes et transversales sur le corps pro- prement dit. Quinze rayons aiguillonnés et dix rayons A Ti articulés à la nageoire du dos; les thora- Lo cines alongées ; la pièce antérieure de (Labrus melagaster.) | l’opercule seule garnie d’écailles semblables à celles du dos. . É rayons articulés et point de rayons . aiguillonnés à la nageoiïre dorsale ; douze 26. IE LAPBRE MALAPTERE. rayons articulés à celle de l’auus; la tête (Zabrus malapterus.) } à dénuée d’écailles semblables à celles du dos. Douze rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la nageoire du dos ; le sixième I rayon articulé de la dorsale, beaucoup plus long que les autres; Ja base de la 27. LE LABRE A DEM ROUG E. (Labrus semiruber.) pattie postérieure de la dorsale, garnie d’écailles; quatre dents plus grandes que les autres à la mâchoire supéiieure ; la païtie antérieure de l'animal, rouge, et la postérieure jaune. supérieure Jarge, épaisse et plissée; dix- huit rayons articulés à celle de l’anus; ces derniers rayons, et les rayons articulé 28. LE LABRE ) 2 } : TÉ TIRAC AN THE: (Zabrus tetracanthus.) de la dorsale, terminés par des filamens ; trois rangées longitudinales de points noirs sur la dorsale ; une rangée de points semblables sur la partie postérieure de la nageoire de l’anus; la caudale eu crois- uatre rayons aiguillonnés et vingt-un rayons articulés à Ja nagsoire dorsale ; la lèvre sant, (Labrus semidiscus.) 30. LE LABRE CERCLÉ. (Labrus doliatus.) 81, LE LABRE HÉRISSÉ. (Lubrus hirsutus.) $2 LE LABRE FOURCHE. (Lubrus furcu.) 29. LE LABRE OL SES ORNE: 429 CARACTÈRES. Vingt-un rayons à la nageoire dorsale ; cette nageoire festonnée , ainsi que celle de l’a- nus ; la tête et les opercules dénués d’écailles semblables à celles du dos ; la seconde pièce de chaque opercule, angu- leuse ; dix-neuf bandes transversales de chaque côté de l’animal ; une tache d’une nuance trés claire, et en forme de demi- disque , à l'extrémité de la nageoire cau- dale , qui est en croissant. Neuf rayons aïiguillonnés et treize rayons ariiculés à la nageoire du dos; la tête et les opercules dénués d’écaiiles semblables à celles du dos; la seconde pièce de chaque. opercuie , anguleuse ; la caudale en crois- sant; vingt tro:s bandes transversales , de chaque coté de l’animal. Onze rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la dorsale ; la nageoire en crois- sant; six grandes dents à la mâchoire supérieure ; la ligne latérale hérissée de petits piquans; douze raies longitudinales de chaque côté du poisson ; quatre autres raies longitudinales sur la nuque; le dos parsemé de points, Neuf rayons aiguillonnés et dix rayons arti- culés à la nageoire du dos; Le dernier rayon de la dorsale et le dernier rayon de Pauale, trés longs; les deux lobes de la caudale pointus et très-prolongés ; la mâchoire in- férieure plus avancée que la supérieure ; de trés-petites dents à chaque méchoire. 430 HISTOIRE NATURELLE ESPÈCES. CARACTÈRES. Treize rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la dorsale ; le museau avancé; 19 39. LE LABRE SIX-BANDES, l’ouverture de la bouche trés-petite; la (Labrus sexfasciatus.) mâchoire inférieure plus longue que la supérieure; six bandes transversales ; la cauda'!e fourchue. Treize rayons aiguillonnés et quinze rayons aT . articulés à la dorsale; le ventre très-oros ; 34. LE LABRE MACROGASTÈRE, gros ; 3 : des écailles semblables à celles du dos, sur (Labrus macrogaster.) la tête et les opercules; la caudale en croissant ; six bandes transversales. uinze rayons aiguillonnés et garnis chacun De d’un filament, et neuf rayons articulés, à 35. Le LABRE FILAMENTEUX. (Latine à ? la dorsale; l’ouverture de la bouche , en Labrus filimentosus. : R forme de demi-cercle vertical; quatre ou 2? cinq bandes transversales sur le dos. Douze rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à la dorsale ; les rayons articulés \ de cette dorsale beaucoup plus longs que les aiguillonnés de cette même nageoire; HET ER Ts les lèvres larges et épaisses ; des lignes et (Labrus angulosus.) des points représentant un réseau sur la première pièce de l’opercule ; la seconde pièce échancrée et anouleuse; cinq ou six rangées longitudinales de petits points de chaque côté de Panimal. Onze rayons aiguillonnés et douze ray ons ar- ticulés à la dorsale ; trois rayons aïguillon- 37. Le LABRE HUIT-RAIES. (Zabrus octo-vittatus.) , : de Janus; la caudale en croissant; les | nés et sept rayons articulés à la naseoire dents de la mâchoire supérieure beaucoup D'ENS ESPÈCES. LE (Labrus octo-vittatus.) LABRE HUIT-RAIES. 38. LE LABRE Moucurté, (Labrus punctulatus.) Le LABRE 39. COMMERSONNIEN. (Labrus Commer:onnir.) LE (Labrus lœvis.) LADBRE 40. L'TSSE. # OUI TS ISMOMNES: CARACTÈRES. plus longues que celles de l’inférieure ; la piece postérieure de Vlopercule, angu- Jleuse; la tête et les opercules dénués d’écaïlles semblables à celles du dos; quatre raies un peu obliques, de chaque côté du poisson. qu est très- longue ; cette dorsale, Mt et les thoracines, pointues; la Atédle en croissant ; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure ; l'ouverture de la bouche , très-grande ; cinq ou six grandes dents à la mâchoire d’en-bas, et deux dents également grandes à celle d’en- haut ; toute la surface du poisson parsemée de bte taches rondes. Neuf rayons aiguillonnés et seize 1 rayons arti- culés à la nageoire du dos; les dents des deux mâchoires presque égales ; un rayon aiguillonné et dix-sept rayons articulés à la nageoïire de l’anus; le dos et une grande . des côtés du poisson, parsemés de tackes égales, rondes et petites. Quinze rayons aiguillonnés et treize rayons Treize rayons aiguillonnés s à la dorsale, ur see articulés à la dorsale; les rayons articulés de cette nageoire, plus longs que les aiguillonnés ; la mâchoire inférieure un peu plus avancée que la supérieure ; les dents grandes, recourbées et égales; la ligne latéiale presque droite; la caudale un peu en croissant ; les écailles très-diff- cilement visibles; cinq grandes taches ou bandes transversales. 439 HISTOIRE EN A TU RENE ESPÈCES. 4T. LE LABR£ MACROPTÈRE. (Labrus macr opter. us.) 42. LE LABRE QUINZE- -ÉPINES, (Labrus quindecim- -aculea- 1us.) 43. LELABRE MACROCÉPHALEF, ( Labrus macrocephalus.) 44. LE LABRE PLUMIÉRIEN. (Labrus Plumierir.) CARACTÈRES. Vingt-huit rayons à la dorsale; vingt-un à le; presque tous les rayons de ces V’ana deux nageoires, longs , et garnis de fila- mens ; la caudale en cioissant ; une tache noire sur Panole postérieur des opercules, qui sont couverts, ainsi que la tête , d’é- cailles semblables à celles du dos, FREE rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à la nageoire doisale; trois rayons aiguillonnés et neufrayons articulés à celle de Panus; la mâchoire supérieure plus avancée que linférieure ; les dents petites et égales ; lopercule neuleue six bandes transversales sur le dos et la nuque. Onze rayons aiguillonnés et neuf rayons arti- culés à la dorsale ; trois rayons aiguillon- nés et neuf rayons articulés à l’anale ; tête grosse ; la nuque et l’entre-deux des yeux, très-élevés; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure; les dents crochues, égales, et très-séparées l’une de l’autre ; la nageoire de Ja queue divisée en deux lobes un peu arrondis ; les pectorales ayant la forme d’un trapèze, Dix rayons aiguillonnés et onze rayons arti- eulés à la dorsale; un rayon aisuillonné et neuf rayons articulés à la nagcoire de l'anus; des raies bleues sur la tête; le corps argenté et parsemé de taches bleues et de taches couleur d’or; les nageoires dorées ; une bande transversale et courbée sur Ja caudale, D ES ESPÈCES. 45. Lr LABRE GOUAN. (Labrus Gouanii.) 46. LE LABRE ENNÉACANTHE. (Labrus enneacanthus.) 47. LE LABRE ROUGES-RAIES, (Labrus rubro lineatus.) TOME 411, POM SS ON 483 CARACTÈRES, Huit rayons aiguillonnés et onze rayons arti- culés à Ja dorsale; trois rayons aiguillon- nés et treize rayons articulés à la nageoire de l'anus; chaque opercule composé de trois pièces dénuées d’écailles semblables à celles du dos, et terminé par une prolongation large et arrondie; la ligne latérale insensible; un appendice pointu entre les thoracines ; la caudale en crois- sant. Neuf rayons aïguillonnés et dix rayons arti- culés à la dorsale; la ligne latérale inter- rompue; six bandes transversales; deux autres bandes transversales sur la caudale, qui est en croissant; deux ou quatre dents grandes, fortes et crochues, à l’extré- mité de chaque mâchoire; les écailles grandes, Douze rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la nageoire du dos; trois rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à celle de l’anus ; les dents du bord de chaque mächoire, alongées , séparées l’une de l’autre , et seulement au nombre de quatre; Ja mâchoire supérieure un peu plus avan- cée que l’inférieure; onze ou douze raies rouges et longitudinales de chaque côté du poisson ; une tache œillée à l’origine de la dorsale ; une autre tache tres-grande à la base de la caudale qui est un peu en croissant. €? 494 HISTOIRE NATURELLE ESPÈCES, CARACTÈRES. Dix rayons aiguillonnés et quinze rayons articulés à la dorsale ; trois rayons aiguil- Jonnés et neuf rayons articulés à l’anale; la lèvre inférieure plus courte que la 48. Le LABRE KAsMinA./ supérieure; les dents coniques; la pièce (Zabrus kasmira.) antérieure des opercules, échancrée; la caudale en croissant ; sept raies petites et bleues sur chaque côté de la tête; quatre raies plus grandes et bleues, le long de chaque côté du corps. EYC'O!N DS ONU SE GE INTER La nagcoire de la queue rectiligne, ou arrondie, ou lancéolée. ESPÈCES. CARACTÈRES. nee rayons aiguillonnés et dix-sept rayons articulés à la dorsale; le corps et la queue d’un verd mélé de jaune, et parsemé, 49. LE LABRE PAON. ainsi que les opercules et la nageoire cau- (Labrus payro.) dale, de taches rouges et de taches bleues; une grande tache brune aupres de chaque pectcrale , et une tache presque semblable de chaque côté de la queue. eux rayons aiguillonnés et vingt - deux DUR RIRE OT rayons articulés à la vageoire du dos; la (Labrus mar. ginulis.) couleur générale brune ; la dorsale et l’a- nale bordées de roux. Deux rayons aiguillonnés et vingt-six rayons Mt Are re articulés à la nageoire du dos; trois aiguil- lons et quatorze rayons articulés à celle de lanus ; le corps et la queue couleur de rouille et sans tache, (Labrus ferrugineus.) DES 1H 6 1 S SON 435 ESPÈCES, CARACTÈRES. Quatorze rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguil- ; lonnés et dix rayons articulés à l’anale ; 52. LE LABRE O1LLzÉ. j les dents égales ; les rayons de la nageoire (Zabrus ocellaris.) Pr } = du dos, terminés par un filament; une tache bordée , auprès de la nageoire cau- dale. articulés à la nageoire du dos ; les oper- 53. LE LABRE MÉLOPS, cules ciliés ; anale panachée de if ntes (Labrus melops.) couleurs ; un croissant brun derricre les yeux; des filamens aux rayons de la na- £ rayons aiouillonnés et neuf rayons veoire du dos. Dix-sept rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la dorsale; les dents très-petites b4. LE LABRE N1r. et échancrées; la couleur générale blan- (Labrus nilotieus.) châtre ; la dorsale, l’anale et la caudale, nuagcuses. Dix-huit rayons aiquillonnés et treize rayons articulés à la dorsale ; trois rayons aiguil- LE TO NUICHYES F . Fe 55. LE LABRE lonnés et onze rayons articulés à lanale ; - (Jabrus luscur. | le dessus de l'œil, noir; toutes les na- geoires jaunes ou dorées, Dix-sept rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la nageoire du dos ; trois aiguil- A 56. Le Laere TRirre-rAcur,} Jons et neuf rayons TOPPAIPA à celle de (Labrus trimaculatus.) l'anus ; le corps et la queue rouges et couverts de grandes écailles ; trois grandes taches. uatorze rayons aiguillonnés ét onze rayons 57. LE LABRE CENDRÉ. articulés à la dorsale; trois rayons aiguil- (Zabrus cinereus.) lonnés et dix rayons articulés à la nagcoire de Panuss; l’ ouverture de la bouche étroi Les 4960 HISTOIRE. N A TIU RIEL TE ESPÈCES. CARACTÈRES les dents petites; celles de devant plus 57. LE LABRE cENDRé. longues ; des raies bleues sur les côtés de (Labrus cinereus.) Ja tête; une tache noire auprès de la cau- L dale. Seize rayons aiguillonnés et neufrayons arti- culés à la nageoire du dos; trois rayons aiguilonnés et huit rayons ile à celle 58. LE LABRE CORNURIEN. (Labrus cornubius.) de l’anus ; le museau en forme de boutoir; les premiers rayons de la dorsale tachetés de noir; une tache noire sur la queue, dont la nageoire est rectiligne. La partie inférieure de Panel , jaune; la 59. LE LABRE MÈLÉ. RARE bleue , avec des nuances brunes (Labrus mixtus.) ou jaunes ; bi dents antérieures plus grandes que les autres. mâchoire supérieure; de petites dents au palais; la mâchoire inférieure plus avan- 60. L'ouverture de la bouche large; trois ou quatre grosses dents à l’extrémité de la LE LABRE JAUNATRE, (Labrus fulvus.) cée que la supérieure, et garnie d’une double rangée de petites dents ; un fort aiguillon à la caudale ; les écailles minces; la couleur fauve ou orangée. Dix rayons aiguillonnés et garnis d’un fila- ment, et quinze rayons articulés à Ja dorsale; la caudale rectiligne ; l'ouver- 61, LE LABRE MERLE, ture de la bouche médiocre; les dents (Labrus merula.) grandes et recourbées ; les mâchoires éga- lement avancées; les écailles grandes; la couleur générale d’un bleu tirant sur le noir. 62. LE LARRE nr culés à la nageoire du dos ; trois rayons (ZLabrus rone.) aiguillonnés et six rayons articulés à celle rs rayons aiguillonnés et neuf rayons arti- de l’anus; la caudale rectiligne ; la na- DAMES ESPÈCES, 62. LE LABRE RÔNE. (Labrus Tone.) 63. LE LABRE FULIGINEUX. (Zabrus fuliginosus.) 64. LE LABRE BRUN. (Labrus fuscus.) 65, LE LABRE ÉCHIQUIER, (Labrus centiquadrus.) PA ir SSH ONU s: 437 CARACTEÈRES, geoire du dos s’étendant depuis la nuque jusqu’à une petite distance de la caudale ; les rayons de cette nageoire garnis d’un ou deux filamens; la partie supérieure du poisson, d’un rouge foncé, avec des taches et des raies vertes; la partie inférieure d’un rouge mélé de jaune. Neufrayons aiguillonnés et onze rayons ar- ticulés à la dorsale; deux rayons aiguil- Jonnés et neuf rayons articulés à l’anale ; la mâchoire supérieure un peu plus courte que l’inférieure ; les deux premières dents de chaque mâchoire, plus alongées que les autres; la tête variée de verd, de rouge et de jaune; quatre ou cinq bandes trans= versales. Sept rayons aiguillonnés et filamenteux et treize rayons articulés à la dorsale; deux rayons aiguillonnés et onze rayons arti- culés à l’anale; les deux dents de devant de chaque mâchoire, plus longues que les autres; des rugosités disposées en rayons, aupres des yeux ; deux raies vertes, larges et longitudinales de chaque côté du corps; des écailles sur une partie de la caudale, qui est rectiligne ; des traits colorés et semblables à des lettres chinoises , le long de la ligne latérale, Neuf rayons aiguillonnés et filamenteux et treize rayons articulés à la dorsale ; deux rayons aiguillonnés et douze rayons arti- culés à la nageoire de l’anus; les quatre dents antérieures de la mâchoire supé- rieure et Îles deux de devant de la mA- choire inférieure, plus alongées que les ADN HLSITOIRE NAMUR ELIE ESPÈCES. CARACTÈRES. autres ; la tête variée de rouge; {oute la 65. Le LAPRE ÉCHIQUIER. surface du corps et de la queue, peinte (Zabrus centiquadrus.) en petits espaces alternativement blan- ‘ châtres et d’un noir pourpré. Dix rayons aiguillonnés, et treize rayons arti- culés plus longs que les aiguillonnés, à la dorsale ; deux rayons aïguillonnés et six rayons articulés à lanale; les dents égales SMTP ANSE SP ee et écartées June de Pautre; la naoeoire (res Ms caudale rectiligne; la tête et les opercules dénués d’écailles semblables à celles du dos; presque toute la surface de l’animal parsemée de petites taches foncées, et de taches moins petites et blanchâtres, de manière à paroître marbrée. f Vinot-six rayons à la nageoire du dos; dix- neuf à celle de lanus; le museau petit et avancé; les dents grandes , fortes er trianeulaires; dix rayons divisés chacun en quatie où cinq ramifications, À la cau- 67. LE LABRE LARGE-QuEUr. | dale , qui est rectiligne et très-large, ainsi (Labrus macrourus.) que très-longue, relativement aux autres nageoires ; un grand nombre de petites raies longitudinales sur le dos ; une tache sur la dorsale, à son origine; presque toute la queue , Panale, et Pextrémité de la nageoire du dos, d’une couleur foncée, Neuf rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la dorsale ; les deux dents de devant de la mâchoire supérieure, plus grandes que les autres; une large raie lon- : LE LADRE cIRELLE. gitudinale, dentelée, et d’un blanc jau- (Labrus julis.) nâtre, de chaque côté du corps; le plus souvent, une raie bleue, étroite et lon- gitudinale , au-dessous de la raie dentelée ; la caudale arrondie, D'HEN SU BRON TL SHST ON: 439 ESPÈCES. CARACTÈRES. articulés à la dorsale ; les dents de devant JE 1 AROTIQUE à GDA EE REA SRE ES OEM plus grandes que les autres ; les nageoires / je » n1i e / x us. - (lxénus perotious:) roussés ; une tache d’un beau bleu sur E rayons aiguillonnés et douze rayons chaque opercule. culés à la nageoire du dos; trois rayons aiguillonnés et sept rayons articulés à celle de l'anus; les rayons de la dorsale garnis 79. LE LABRE BERGSNYLTRI. (Labrus bergsnylirus.) E rayons aiguillonnés et huit rayons arti- de filamens; une tache noire sur la queue. articulés à la dorsale ; la caudale arron- 71. LE LABRE GUA die, et composée de rayons plus longs (Labrus guaza. que la mémbrane qui les réunit ; la couleur brune. Onze rayons aiguillonnés et seize rayons 2F. articulés à la dorsale ; trois rayons aïguil- lounés et dix rayons articulés à l’anale ; le 72. LE LABRE TANCOÏDE museau recourbé vers le haut ; la caudale (/'abrus 1ancoides.) : seu à arrondie ; la couleur générale d’un rouge nuageux, ou des raies nombreuses, rouges, bleues et jaunes. | inze rayons aiguillonnés et onze rayons des filamens aux rayons de la nageoire du 73. LE LABRE DOUBLE-TACHE, dos, et aux deux premiers rayons de chaque (Labrus bimaculatus.) thoracine ; l’anale lancéolée; lextrémité de la dorsale en forme de faux ; une grande tache sur chaque côté du corps et sur Quinze rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la dorsale ; quatre rayons ai- guillonnés et huit rayons articulés à Panale; chaque côté de la queue de l’animal, 440 HIS OTRE "NATURELPE ESPÈCES, CARACTÈRES. Quinze rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la nageoire du dos; quatre rayons aiguillonnés et huit rayons articu- lés à celle de l’anus; toutes les nageoires pointues, excepté la caudale, qui est arron- die; la piéce postérieure de chaque oper- cule couverte d’écailles semblables par 74. Le ramne roxcrué.) leur forme, et égales par leur grandeur, (Labrus punctatus.) à celles du dos; la ligne latérale interrom- pue; de petites écailles sur une partie de la dorsale et de l’anale ; plusieurs rayons articulés de la dorsale beaucoup plus alongés que les aiguillons de cette na- geoire; un grand nombre de points, neuf raies longitudinales, et trois taches rondes, sur chaque côté du poisson. Dix -sept rayons aiguillonnés et quatorze 75. Le LABRE OssIFAGr. (Labrus ossifagus.) rayons articulés à la dorsale ; trois rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la nageoire de Panus. Dix-sept rayons aiguilonnés et dix rayons articulés à la dorsale ; trois rayons aiguil- Dr raz Gwirr. lonnés et huit rayonÿ articulés à l’anale; (nn out) la caudale arrondie et jaune; la couleur générale brune ; la partie inférieure de l'animal tachetée de gris et de brun; des filamens aux rayons de la nageoire dorsale, Dix-huit rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la dorsale ; trois rayons aiguil- lonnés et dix rayons articulés à la nageoire 77. LE LABRE PFRROQUET. x 1 de l’anus ; la couleur générale verte; le (labrus psittacus.) pe dessous du corps jaune ; une raie longitu- dinale bleue, de chaque côté du corps; a td A quelquefois des taches bleues sur le ventre, DRE IS PAOI SAS YOPNLE: 441 ESPÈCES, 78 LE LABRE TOURD, (Labrus turdus.) 79. LE LABRE CINQ-ÉPINES, (Labrus pentacanthus.) 80. LE LABRF CHINOIS, (Z abrus chinensis.) 81. LE LABRE : (Labrus japonicus 82, L£e LABRE LINÉAIRE. (Labrus linearis.) TOME III. CARACTÈRES. Dix-huit rayons aiguillonnés et quinze rayons articulés à la nageoire du dos; trois rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à l’anale; le corps et la queue alongés; la partie supérieure de l’animal jaune, avec des taches blanches ou vertes, et quel- quefois avec des taches blanches et bor- dées d’or au-dessous du museau. Dix-neufrayons aiguillonnéset six rayons arti- culés à la dorsale ; cinq rayons aiguillonnés et huit rayons articulés à l’anale; des fila- mens aux rayons de la nageoire du dos; le corps et la queue bleus, ou rayés de bleu. Dix-neuf rayons aiguillonnés et cinq rayons articulés à la dorsale; cinq rayons aiguil- lonnés et sept rayons articulés à l’anale; des filamens aux rayons de la nageoire du dos ; le sommet de la tête très-obtus; la couleur livide. Dix rayons aïguillonnés et onze rayons arti- culés à la dorsale ; trois rayons aiguillonnés et cinq rayons articulés à la nageoire de l'anus; des filamens aux rayons de la nageoire du dos; les opercules couverts d’écailles semblables à celles du corps; des dents petites et aiguës aux mâchoiress la couleur jaune. Vingt rayons aiguillonnés et un rayon arti- culé à la nageoire du dos; quinze rayons à celle de l’anus; la dorsale très-longue ; le corps alongé; la tête comprimée; la couleur blauche ou blanchâtre. 26 HAS HS TONRE INA TUR EME ESPÈCES. 83. LE LABRE LUNULÉ: (Labrus lunulatis.) 84. LE LABRE VARI É, (Labrus variegatus.) 85, LE LABRE MAILLÉ. (Labrus reticulatus.) CARACTÈRES. Neuf rayons aiguillonnés et onze rayons arti- culés à la dorsale; trois rayons aiguillon- nés et neuf rayons articulés à la nageoire de l'anus; les écailles larges et striées en creux ; les pectorales et la caudale arron- dies; la ligne latérale interrompue ; la cou- leur générale d’un brun verdâtre , avec des bandes transversales plus foncées ; le plus souvent un croissant jaune et bordé de noir, sur le bord postérieur de chaque opercule; deux taches jaunes sur la mem- brane branchiale, qui est verte. Dix-sept rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguil- lonnés et douze rayons articulés à Panale; les levres larges et doubles ; la caudale un peu arrondie; le corps et la queue alongés; la couleur générale rouge; quatre raies longitudinales olivâtres, et quatre autres bleues, de chaque côté du poisson; la dorsale bleue à son origine, ensuite blanche , ensuite rouge ; la caudale bleue en haut, et jaune en bas. Quinze rayons aïguillonnés et dix rayons articulés à la nageoire du dos; trois rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à celle: de l’anus; l’ensemble du poisson compri- mé et ovale; la couleur verte avec un réseau rouge ; une tache noire sur chaque opercule et sur la dorsale; des bandes et des filamens rouges, à la nageoire du: dos. DEMSR TPAOBI ISUS TONI! 443 ESPÈCES, CARACTÈRES. articulés à la dorsale ; trois rayons aiguil- lonnés et onze rayons articulés à l'anale ; Quinze rayons aiguillonnés et douze rayons 86, Le LABRE TACHETÉ. (Labrus guttatus. N ù S ) nombre de points blancs disposés avec ordre; des taches noires; une tache au milieu de la base de la caudale, La caudale arrondie ; la partie supérieure 87. LE LABRE cocx. base) nuancée de pourpre et de bleu foncé; | la couleur générale rougeâtre; un grand l’inférieure d’un beau jaune. Des rayons aiguillonnés à la dorsale ; qui 6 te = > ET SIDelna men Noos s’étend depuis la nuque jusqu’à la caudale ; (Z abrus cinædus.) la gueule petite; les dents crénelées, ou lobées ; la couleur générale jaune ; le dos d’un rouge pourpre. Neuf rayons aiguillonnés et onze rayons arti- culés à la dorsale ; trois rayons aignillon- nés et dix rayons articulés à lPanale ; une seule rangée de dents petites et aiguës à chaque mâchoire ; les lèvres très-épaisses ; 89. LELABREBLANCHES-RAïES. ] ] £; Ja coule Enérale jau- (Zabrus alborittatus.) RE dns en etAu nätre ; deux raies longitudinales blanches et très -Jlongues, et une troisième raie supérieure semblable aux deux premières, mais plus courte, de chaque côté de l’a- nimal; la caudale arrondie. articulés à la nageoire du dos ; deux rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la E LABRE BLEU, Ê OPERA nageoire de Janus; la couleur générale CRC bleue, avec des taches jaunes et des raies bleuâtres; une grande tache bleue sur É rayons aiguillonnés et douze rayons le devant de la dorsale; les thoracines, 442" H LSIT OMR EIPN AE UÈRE CIE ESPÈCES, CARACTÈRES. l’anale et la caudale, bordées de la même o.. LE LABRE BLEU. 9 couleur ; les dents de devant plus longues (Zabrus cœruleus.) quels attre. Dix-sept rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguil- lonnés et douze rayons articulés à avale; les dents de devant plus longues que les g1. LE LABRE RAYÉ. autres; le museau long ; la nuque un peu (Labrus lineatus.) relevée et convexe; le corps alongé; la caudale arrondie ; le dos rougeâtre; les sue bleus ; la poitrine jaune; le ventre d’un bleu pâle; quatre raies vertes et lon- gitudinales de chaque côté du poisson. Vingt rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la dorsale ; trois rayons aiguil- lonnés et neuf rayons CRT à Vavele, 92. LE LABRE BALLAN, (Labrus ballan.) la caudale arrondie; un sillon sur la tête; une petite cavité RAR sur chaque opereule; la couleur jaune, avec des taches couleur d’orange. Vingt rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la dorsale ; trois rayons aïguil- lonnés et six rayons articulés à l’anale ; la caudale arrondie ; la tête alongée; les 93. LE LABRE BERGYLTE, écailles grandes; re derniers rayons de la (Labrus bergylta.) dorsale et de anale , beaucoup plus longs que les autres ; des taches sur les nageoires; des raies brunes et bleues, disposées alter- nativement sur la poitrine. Point de rayons aiguillonnés aux nageoires ; 94. LE LABRE HAGSER le corps très-alongé; la ligne Then (Labrus hassek.) droite. ou presque droite; une raie lon- gitudinale et mouchetée de noir, de chaque côté de l’animal. DAENSA APNO TS FSNO NES. 445 ESPÈCES. 41 95. LE LABRE ARISTÉ: (Labrus aristatus.) N 96. LE LABRE BIRAYÉ. (Labrus bivittatus.) 97: LE LABRE GRANDES- RCPANT DILIEIS. (Labrus macrolepidotus.) N 98. LE LABRE TÈÊTE-BLEUE. (Labrus cyanocephalus.) CARACTÈRES. rente-deux rayons à la dorsale; vingt-cinq à l’anale ; le corps comprimé et ovale ; les écailles courtes, et relevées chacune par deux arêtes ; les dents éloignées l’une de Pautre; les deux de devant de la mâchoire inférieure , plus avancées que les autres. euf rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguil. lonnés et onze rayons articulés à l’anale ; toutes les nageoires pointues , excepté celle de la queue, qui est arrondie; le dos rouge ; les côtés jaunes; deux raies Jongi- tudinales et brunes, de chaque côté du poisson ; la supérieure placée sur l’œil ; des taches jaunes sur la caudale, qui est violette ; le ventre rougeâtre. Neuf rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la nageoire du dos; trois rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à celle de l'anus ; les écailles grandes et lisses ; les mâchoires aussi avancées l’une que l’autre ; la tête courte et comprimée; deux demi-cercles de pores muqueux au- dessous des yeux ; la caudale arrondie; la coujeur générale jaune. euf rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la nageoire du dos ; deux rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à celle de l'anus; la caudale arrondie; la ligne latérale interrompue ; les écailles grandes, rondes et minces ; les opercules terminés en pointe du côté de la queue ; le dos bleu; les côtés argentés ;. la tête bleue, AAGNVN CH ES T'O\TRIE ENSA MU NRIENMIDIE ESPÈCES. 69. LE LABRE A GOUTTES. (Labrus guttulatus.) 100. LE LABRE BOISÉ. (Labrus tessellatus.) TOI. LE LABRE CINQ-TACHES. (Labrus quinque-maculatus.) CARACTÈRES. Point de rayons aiguillonnés; dix - neuf ‘rayons à la dorsale, neuf à l’anale; la caudale arrondie ; les écailles dures et couvertes d’une membrane; le dos brun; les côtés bleus; le dessous blanchâtre; la tête bleue; des taches argentées sur la tête, les côtés et l’anale ; des taches jaunes sur la nageoire du dos. articulés à la dorsale; trois rayons aiguil- lonnés et neufrayons articulés à la nageoire de l’anus; la tête et les opercules presque entiérement dénués d’écailles semblables à celles du dos, excepté dans une petite Ê rayons aiguillonnés et onze rayons ‘Quinze rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la dorsale ; trois rayons aiguil- place auprés des yeux; les deux mâchoires également avancées; plusieurs pores mu- queux au-dessous des narines; quatre rayons à la membrane branchiale, qui est étroite; les écailles petites et molles; le corps alonoé; la caudale arrondie ; le dos violet ; les côtés argentés; des taches imitant des compartimens de boiserie. Le] lonnés et neuf rayons articulés à l’anale; la tête garnie d’écailles semblables à celles du dos; un demi-cercle de pores mu- queux au-dessous de chaque narine; la couleur générale d’un jaune mélé de vio- let; une tache sur le nez ; une tache sur l’opercule; deux taches sur Ja dorsale, et une cinquieme sur la nageoire de l’anus. DVUERS PÈCES. 102. MVL EVDARBRE MICROLÉPIDOTE. (Labrus microlepidotus.) 103: LE LABRE VIEILLE, (Labrus vetula.) 104. LE LABRE KARUT. (Labrus caruttas) 205. LE LABRE ANËEI. (Labrus aneus.) EMOËT: SSMONN ES 447 CARACTÈRES. Dix-sept rayons aiguillonnés et treize rayons Seize rayons aïiguillonnés et treize rayons at: DL rsale oi : ET CRE" . : tee ‘cailles su Le 1 la 1e 1 arrondie a fête rouveñt: a 4 ; igeÂtre; rd omb ; les côtés jaunes et Le lac nos e 2 TE ; è JS) ? dale et la dorsale. articulés à la nageoire du dos; trois rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la nageoire de l'anus; les opercules garnis d’écailles semblables à celles du dos; les écailles très-petites; la partie supérieure de l’animal d’un une brun et sans tache ; l’inférieure ; la caudale Ones articulés à la dorsale ; trois lonnés et onze rayons art a six rayons à la membrane t jale ; le museau dénué d’écaill du dos; de petites écailles sur la caudal qui est arrondie ; Ja tête roi e; le dos couleur de plomb; les côtés ; s et ta- chés ; les thoracines , l’anale et la caudale bleuâtres et bordées de noir; des taches arrondies eb petites sur l’anale, la cau- nze rayons aiguillonnés et vingt - neuf tayons articulés à la dorsale, qui pré- sente deux parties très-distinctes ; toute la tête couverte d’écailles semblables à celles du dos; la caudale arrondie; la partie supérieure du museau plus avancée que l’inférieure. euf rayons aiguillonnés et vingt-quatre rayons articulés à la dorsale, qui présente deux parties très-distinctes; toute la tête couverte d’écailles semblables à celles du dos ; la caudale arrondie; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieures. 448. HISTOIRE NATURELLE ESPÈCES. CARACTÈRES. Neuf rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la nageoire du dos; seize rayons à celle de l’anus ; les deux dents de devant 4 1 H sr 9 de chaque mâchoire , plus grandes que les RSS PMU APTE autres ; le museau pointu; la partie anté- - rieure de l’animal livide, la postérieure (Labrus cingulum.) ne P brune ; ces deux portions séparées par une bande ou ceinture blanchâtre; des taches ? petites, lenticulaires, et d’un noir pour- pré, sur la tête, la dorsale, l’anale , et la caudale , qui est arrondie. > Onze rayons aiguillonnés et huit rayons arti- culés à la nageoire du dos; un rayon aiguillonné et dix rayons articulés à celle de l’anus; la mâchoire inférieure un peu plus avancée que la supérieure ; les deux 107. LE LABRE DIGRAMME. dents de devant plus grandes que les (Labrus digramma.) autres ; deux lignes latérales; la supérieure se terminant un peu au-delà de la dorsale, et s’y réunissant à la latérale opposée; linférieure commençant à peu pres au- dessous du milieu de la dorsale, et allant jusqu’à la caudale, qui est arrondie. Jusq , Onze rayons aiguillonnés et vingt-sept rayons À articulés à la dorsale ; deux rayons aiguil- lonnés et dix rayons articulés à l’anale; , les dents de la mâchoire inférieure à peu zo8. LEZ ABRE HOLOLÉPIDOTF. P F \ es égales; la tête et les opercules garnis Labrus hololepidotus. Es Oo RRe ere é ) d’écailles semblables à celles du dos; chaque opercule terminé en pointe; la caudale très-arrondie. Vingt rayons à la nageoire du dos; trois 1 NIOURE, . . - . pop ARE TNT rayons aiguillonnés et onze rayons articulés (Labrus tæniourus.) à la nageoire de Janus; les dents des deux D'ÆEYS PAOËT "SYSNOMNNMES 449 ESPÈCES. C'A R'ANCITIE RES: mâchoires, grandes et séparées ; la tête et les opercules dénués d’écailles semblables à celles du dos; les écailles grandes et 109. LE LABRE TAENIOURE, | : rdé l’un u ; ï (Labrus tœæniourus.) bordées d’une couleur foncée; point de ligne latérale facilement visible ; une bande transversale à la base de la caudale, qui est arrondie. Cinq rayons aiguillonnés et quinze rayons articulés à la dorsale, qui est basse; deux rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à l’anale ; le museau avancé; les dents de la mâchoire supérieure, presque horizon- tales ; deux lignes latérales se réunissant en 10. LE LABRE PARIERRE, une vers le milieu de la nageoire du dos; Ja caudale arrondie ; des taches sur la tête | et les opercules, qui sont dénués d’écailles (Labrus hortulunus.) semblables à celles du dos; une ou deux taches à côté de chaque rayon de la dorsale et de l’anale; la surface du corps et de la queue, divisée par des raies obliques, en losanses dont le milieu présente une tache. et seize rayons articulés à l’anale, qui est très-orande; la hauteur du corps égale, ou à peu prés, à la longueur du corps et de la queue pris ensemble ; une concavité Dix rayons aiguillonnés et douze rayons arti- | culés à la dorsale; dix rayons aiguillonnés 111. LE LABRE SPAROÏDE, ERA TS (Labrus sparoides.) au-dessus des yeux ; la MAENONE inférieure plus avancée que la supérieure ; la tête et les opercules garnis d’écailles semblables à celles du dos ; la caudale arrondie; des taches irrégulières , ou en croissant, ou en larmes , répandues sans ordre, sur chaque côté de l'animal, TOME IL 57 450 HESTONRE NATURELLE ESPÈCES. CARACTÈRES, po rayons aiguillonnés et quatorze rayons (Labrus leopardus). 112. LELABRE 4 ; | 113. LE LABRE MALAPTÉRONOTE. (Labrus malapteronotus.) (Labrus diana, | 114. LE LABRE ri articulés à la nageoire du dos; deux rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la pageoire de l’anus; l'ouverture de Ja bouche assez grande; les deux dents de devant de chaque mâchoire, plus grandes que les autres; deux pièces à chaque oper- cule ; la caudale et les pectorales arron- dies; les rayons aiguillonnés de la dor- sale plus hauts que la membrane; point d’écailles facilement visibles; une raie noire s'étendant depuis l’œil jusqu’à Ja pointe postérieure de l’opercule; une bandé très-foncée placée sur la caudale ; destaches composées de taches pluspetites, et répandues sur la tête, le corps, la queue , la dorsale et lanale, de manière à imiter les couleurs du léopard. Vingt-un rayons articulés à la nageoire du dos; treize rayons à celle de lPanus; la mâchoire inférieure un peu plus avancée que la supérieure; les dents de devant de la mâchoire inférieure inclinées en avant; la tête et les opercules dénués d’écailles semblables à celles du dos; une tache fon- cée sur la pointe postérieure de lopercule; la ligne latérale fléchie en en-bas, et for- mant ensuite un angle, pour se diriger vers la caudale, qui est arrondie; trois bandes blanchâtres de chaque côté du poisson. Douze rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la dorsale ; deux rayons aiguil- Jonnés et Lreize rayons articulés à la na- geoire de l'anus ; la nageoire dorsale pré- D'ENSAUPIOUT. SASAOENTSL 451 ESPÈCES, CARACTÈRES, sentant trois portions distinctes; la caudale arrondie ; la tête et les opercules dénués d’écailles semblables à celles du dos; quatre grandes dents au bout de la mä- XI4 LE LABRE DIANE. choire supérieure; deux grandes dents au (Z abrus diana.) bout de la mâchoire inférieure ; une dent grande et tournée en avant, à chaque coin de Pouverture de la bouche; un petit croissant d’une couleur foncée sur chaque écaille. Treize rayons aïguillonnés et huit rayons articulés à la nageoire du dos; trois rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à la nageoire de l’anus ; la caudale arrondie; p es derniers rayons de la r LA JE FOIRE ] erni rayons de dorsale et de RE D D NILIES lanale, plus Jongs que les premiers; les (Labrus macrodontus.) écailles assez grandes ; la partie postérieure de la tête relevée; quatre dents fortes et crochues, à l’extrémité de chaque mä- choire; une dent forte, crochue, et tour- née en avant, auprès de chaque coin de l'ouverture de la bouche. Vingt rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la nageoïire du dos ; trois rayons de. aiguillonnés et sept rayons articulés à celle de l'anus; sept rayons à la membrane 116. LE LABRE NEUSTRIEN. : branchiale ; la caudale arrondie ; les dents (Labrus Neustricæ.) égales, fortes et séparées l’une de l’autre ; le dos marbré d’aurore, de brun et de verdâtre; les côtés marbrés d’aurore , de brun et de blanc. {Douze rayons aiguillonnés et huit rayons x17. LE LABRE caLops. : j ; articulés à Ja dorsale ; treize rayons à (Labrus calops.) ; : Panale ; le premier et le dernier des rayons A HOME 1 'S'TIO TRE NU PAU RENLUE ESPÈCES. 117, LE LABRE cALopPs. (Labrus calops.) hi 1:18. LE LABRE ENSANGLAN' (Zabrus cruentatus.) | CARACTÈRES. de la nageoire de l’anus articulés ; l'œil très-grand et très-brillant ; la ligne laté- rale droite ; les écailles fortes et larges; la tête dénuée d’écailles semblables à celles du dos ; -une tache grande et brune au- delà mais auprès de chaque nageoire pec- torale, | Neuf rayons aïouillonnés et quinze rayons articulés à la nageoire du dos; les dents courtes, égales et séparées l’une de l’autre; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure; l’œil tres-grand; la ligne laté- rale très-voisine du dos ; la hauteur de Pextrémité de la queue, très-inférieure à celle de sa partie antérieure; la caudale arrondie; la couleur générale argentée, avec des taches très-srandes , irrégulières, et couleur de sang. fa ; : : Dix-huit rayons à la dorsale, qui est très- 119: LE LABRE PERRUCHE, (Labrus psittaculus.) | basse, et à peu près de la même hauteur dans toute sa longueur ; l'ouverture de la bouche tres-petite; les deux mâchoires presque égales ; le corps alongé ; la caudale arrondie ; la couleur générale verte ; trois raies longitudinales et rouges de chaque côté de l'animal ; une raie rouge et longi- tudinale sur la dorsale, qui est jaune; une bande noire sur chaque œil; une bande rouge et bordée de bleu, de lœil à l’ori- gine de la dorsale, et sur le bord posté- rieur de chacune des deux pièces de Poper- cule. À D ES POI S'$ O:N'S 458 ESPÈCES. CARACTÈRES. Huit rayons aïiguillonnés et treize rayons arti- culés à la nageoire du dos; trois rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la nageoire de anus ; la caudale rectiligne ; lPopercule terminé par une prolongation 120. LE LABRE KESLIK. (Labrus keslik.) arrondie à ‘son extrémité ; la ligne longi- tudinale qui termine le dos, droite, ou les presque droite; des raies longitudina jaunâtres, et souvent festonnées; une tache bleue auprés de la base de chaque pectorale. Vingt rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la dorsale ; trois rayons aiguil- lonnés et quatre rayons articulés à l’anale; 1, LE LABRE COMBRF. ARE FAX la caudale lancéolée; l’opercule terminé Labrus comber. ; Sas p (Zaë ) par une prolongation arrondie à son extré- mité ; le dos rouge ; une raie longitudinale et argentée de chaque côté de l’animal. ARNO TES RME E STOMULS 2 GTRENIRNE La nageoire de la queue divisée en trois lobes. ESPÈCES, CARACTÈRES. Neuf rayons aiguillonnés et quatorze rayons articulés à la nageoïre du dos; trois rayons aiguillonnés et vingt-deux rayons articulés à la nageoire de l’anus; le premier et le 122. LE LABRE BRASILIEN, dernier rayon de la caudale, proloñgés en (Zabrus brasiliensis.) arriére ; deux dents recourbées et plus longues que les autres, à la mâchoire supérieure; quatre dents semblables à la mâchoire inférieure; deux ou trois lignes longitudinales à la dorsale et à l’anale, 4540 HISTOIRE NATURELLE ESPÈCES. C'AR/A CITÉ R'EIS. Huit rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la dorsale; treize rayons à lPanale; le premier et le dernier rayon de la caudale très-prolongés en arrière ; les F à 5 323. LE LABRE VERD. deux dents de devant de chaque mâchoire (Labrus viridis.) plus longues que les autres; les écailles vertes et bordées de jaune; presque toutes les nageoires jaunes, et le plus souvent B } ? E bordées ou rayées de verd. y lingt-neuf rayons à la nageoire du dos; dix-sept à celle de l’anus ; la dorsale longue et basse; les dents D AL fortes , et presque égales les unes aux autres ; la tête 124. LE LABRE TRILOBÉ et les opercules dénués d’écailles sem- (Zabrus trilobatus.) blables à celles du dos; la ligne latérale not droite, fléchie ensuite vers le bas, et enfin droite jusqu’à la caudale ; des taches nuageuses. À Treize rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la dorsale, qui présente deux portions distinctes; la tête dénuée d'é- | cailles semblables à celles du dos; quatre Tab IE SLA BRIE grandes dents à chaque mâchoire ; la mà- DEUX-CROISSANS. choire inférieure un peu plus avancée que (Zabrus Lilunulatus.) Ja supérieure; une petite tache sur un grand nombre d’écailles ; une grande tache de chaque côté de An nl auprès de Pextrémité de la dorsale, Vingt-un rayons articulés à la nageoire du dos ; treize rayons à la nageoire de l'anus; 126. LE LADRE HÉEBRAÎQUE, des raies imitant des caractères hébraÿ (Zabrus hebraïcus. ) ques ou orientaux, sur la tête et les oper- cules, qui sont dénués d’écailles sem- D ENS OPEORI-SPETOUNNSI 45 PÈCES. 126. LE LABRE HÉBRAIQUE. (Labrus hebraicus.) 127. LE LABRE LARGE-RAIE. (Labrus latovittatus.) | CARACTÈRES. blables à celles du dos; une petite tache à la base d’un très-grand nombre d’é- caïlles ; les pectorales d’une couleur très- claire ou très-vive, ainsi qu'une bande transversale située auprès de chaque oper- cule. Quarante-deux rayons presque tous articu- lés à la dorsale; quarante-un rayons arti- culés à l’anale ; la dorsale et l’anale très- longues; le corps alongé; la tête très- alongée, et dénuée, ainsi que les oper- cules, d’écailles semblables à celles du dos; un grand nombre de dents très- petites et égales; une raie longitudinale sur la base de la nageoire du dos; une raie longitudinale, large et droite , depuis la base de chaque pectorale jusqu’à la cau- dale. quinze rayons à celle de l'anus; les dents petites et égales; l’opercule terminé un peu en pointe; les écailles très- difficiles à voir; dix-neuf bandes transversales, étroites, régulières , semblables, et ee de chaque côté du poisson, de manière à se réunir avec les bandes analogues du Vingt-un rayons à la nageoire du dos; 128. LE LABRE ANNELÉ. (Labrus annulatus.) côté opposé, ee me ——s L'END'ÆBIRENEP'ATE* {,a Nature n’a accordé aux labres ni la grandeur, ni la force, ni la puissance. Ils ne règnent pas au milieu des'ondes en tyrans redoutables. Des formes singu- lières, des habitudes extraordinaires, des facultés ter- ribles, ou, pour ainsi dire, merveilleuses, un goût exquis, une qualité particulière dans leur chair, n'ont point lié leur histoire avec celle des navigations loin- taines, des expéditions hardies, des pèches fameuses, du commerce des peuples, des usages et des mœurs des différens siècles. Ils n’ont point eu de fastueuse célébrité. Mais ils ont reçu des proportions agréables, des mouvemens agiles, des rames rapides. Mais toutes les couleurs de l'arc céleste leur ont été données pour leur parure. Les nuances les plus variées, les tons les plus vifs, leur ont été prodigués. Le feu du diamant , du rubis, de la topaze, de l'émeraude, du saphir, de laméthyste, du grenat, scintille sur leurs écailles polies ; il brille sur leur surface en gouttes, en * Labrus hepatus. Id. Linné , édition de Gmelin. Labre hépate, Daubenton et Haïty, Encyclopédie méthodique. id. Bonuaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique. Labrus maxillà inferiore longiore, caudà bifure& , etc, Artedi, gen. 85, <972, SE À HI STOMRE NATURELLE), 457 É OiSanes en raies, en bandes, en anneaux, en cein- tures, en zones, en ondes ; il se mêle à l'éclat de l'or et de l'argent qui y resplendit sur de grandes places, ou il relève les reflets plus doux, les teintes obscures, les aires pâles, et, pour ainsi dire, décolorées. Quel spectacle enchanteur ne présenteroient-ils pas, si appelés, de toutes les mers qu'ils habitent, et réunis dans une de ces vastes plages équatoriales, où un océan de lumière tombe de l'atmosphère qu'il inonde, sur les flots qu'il pénètre, illumine, dore et rougit, ils pressoient, mêloient, confondoient leurs grouppes nombreux, émaillés et éclatans, faisoient jaillir au travers du crystal des eaux et de dessus les facettes si multipliées de leur surface luisante , les rayons abondans d’un soleil sans nuages, et présentoient dans toute la vivacité de leurs couleurs , avec toute la magie d'une variété presque infinie, et par le pouvoir le plus étendu des contrastes, la richesse de leurs vêtemens, la magnificence de leurs décorations , et le charme de leur parure! C'est en les voyant ainsi rassemblés, que l'ami de la Nature, que le chantre des êtres créés, rappelant dans son ame émue toutes les jouissances que peut faire naître la contemplation des superbes habitans des eaux, etenvironné, par les prestiges d’une imagination animée, de toutes les images riantes que la mythologie répandit sur les bords fortunés de l'antique Grèce, voudroit entonner de nouveau un hymne à la beauté. TOME IIL 56 458 HI S T'OJIR E ! MA T UR FIVPE Une philosophie plus calme et plus touchante suspen- droit cependant son essor poétique. Un présent bien plus précieux, diroit-elle à son cœur, a été fait par La bienfaisante Nature à ces animaux dont la splendeur et l'élégance plaisent à vos yeux. Ils ont plus que de l'éclat, ils ont le repos; Fhomme du moins ne leur déclare presque jamais la guerre; et si leur asyle, où ils ont si peu souvent à craindre les filets ou les lignes des pècheurs, est quelquefois troublé par la tempête, ils peuvent facilement échapper à l'agitation des vagues, ct aller chercher dans d'autres plages, des eaux plus tranquilles et un séjour plus paisible. Tous les climats peuvent en effet leur convenir. IL n’est aucune partie du globe où on ne trouve une ou plusieurs espèces de labres ; ils vivent dans les eaux douces des rivières du Nord, et dans les fleuves voisins de l'équateur et des tro- piques. On les rencontre auprès des glaces amoncelées de la Norvége ou du Groenland, et auprès des rivages brüûülans de Surinam ou des Indes orientales; dans la haute mer, et à une petite distance des embouchures des rivières; non loin de la Caroline, et dans les eaux qui baignent la Chine et le Japon; dans le grand Océan, et dans les mers intérieures , la Méditerranée, le golfe de Syrie, l’Adriatique, la Propontide, le Pont- Euxin, l’Arabique; dans la mer si souvent courroucée d'Écosse, et dans celle que les ouragans soulèvent contre les promontoires austraux de l'Asie et de l'Afrique. FE D'ELS PO S SO NS 459 De cette dissémination de ces animaux sur le globe, de cette diversité de leurs séjours, de cette analogie de tant de climats diflérens avec leur bien-être, il résulte une vérité très-importante pour le naturaliste, et que nous avons déja plusieurs fois indiquée : c'est que les oppositions d’un climat à un autre sont presque nulles pour les habitans des eaux; que l'influence de l’atmo- sphère s'arrête, pour ainsi dire, à la surface des mers; qu'à une très-petite distance de cette même surface et des rivages qui contiennent les ondes, l'intérieur de l'océan présente à peu près dans toutes les saisons et sous tous les degrés d’élévation du pole, une tem- pérature presque uniforme, dans laquelle les poissons plongent à volonté et vont chercher, toutes les fois qu'ils le‘desirent, ce qu'on pourroit appeler leur prin- temps éternel; qu'ils peuvent, dans cet abri plus ou moins écarté et séparé de l'inconstante atmosphère, braver et les ardeurs du soleil des tropiques, et le froid rigoureux qui règne autour des montagnes congelées et entassées sur les océans polaires; qu'il est possible que les animaux marins aient des retraites tempérées au-dessous même de ces amas énormes de monts de glace flottans ou immobiles; et que les grandes diver- sités que les mers et les fleuves présentent relativement aux besoins des poissons, consistent principalement dans le défaut ou l'abondance d’une nourriture néces- saire, dans la convenance du fond ,'et dans les qualités de l'eau salée ou douce, trouble ou limpide, pesante 460 HISTOIRE NATURELLE ou légère, privée de mouvement ou courante, presque toujours paisible ou fréquemment bouleversée par d'horribles tempètes.. Il ne faut pas conclure néanmoins de ce que nous venous de dire, que toutes les espèces de labres aient absolument la même organisation : les unes ont le dos élevé, et une hauteur remarquable relativement à leur longueur, pendant que d’autres, dont.le corps et la queue sont très-alongés, présentent dans cette même queue une rame plus un plus étendue en surface, plus susceptible de mbouvemens alternatifs et préci- pités. La longueur, la largeur et la figure des nageoires offrent aussi de grandes différences, lorsqu'on les con- sidère - diverses espèces de labres. D'ailleurs plusieurs de ces poissons ont les yeux beaucoup plus gros que ceux de leurs congénères, et conformés de nanière à leur donner une vue plus fine, ou plus forte, ou plus délicate, et plus exposée à être altérée par la vive lumière des régions polaires, ou par les rayons plus éblouissans encore que le soleil répand dans les contrées voisines des tropiques. De plus, la forme, les dimensions, le nombre et la disposition des dents varient beaucoup dans les labres, suivant leurs différentes espèces. Ceux-ci ont des dents très-grandes, et ceux-là des dents très-petites; dans quelques espèces ces armes sont égales entre elles, et dans d’autres très-inégales ; et enfin, lorsqu'on examine successive- ment tous les labres déja connus, on voit ces mèmes DES! LPO A SES OL NUS 461 dents tantôt presque droites et tantôt très-crochues, souvent implantées perpendiculairement dans les os desmâchoires, et souvent inclinées dans un sens très- oblique. Il n'est donc pas surprenant qu'il y ait aussi de la diversité dans les alimens des différentes espèces que nous allons décrire rapidement; et voilà pourquoi, tandis que la plupart des labres se nourrissent d'œufs, de vers, de mollusques, d'insectes marins, de poissons très-jeunes ou très-petits, quelques uns de ces osseux, et particulièrement le tancoide, qui vit dans la mer Britannique, préfèrent des crustacées ou des animaux à coquille, dont ils peuvent briser la croûte, ou con- casser l’écaille. Au reste, si les naturalistes qui nous ont précédés, ont bien observé les couleurs et les formes d’un assez grand nombre de véritables labres, ils se sont peu attachés à connoître leurs habitudes générales, qui ne présentant rien de différent de la manière de vivre de plusieurs genres de thoracins osseux, n'ont piqué leur curiosité par aucun phénomène particulier et remar- quable. Nous n'avons donc pu tirer de la diversité des mœurs de ces poissons, qu'un petit nombre d’indica- tions pour parvenir à distinguer les espèces auxquelles ils appartiennent. Mais en combinant les traits de la conformation extérieure avec les tons et les distri- butions des couleurs , nous avons obtenu des carac- tères spécifiques d'autant plus propres à faire éviter toute équivoque, que la nuance et sur-tout les dis- 462 HISTOIRE NATURELLE. positions ‘de ces mêmes couleurs m'ont paru cons- tantes dans les diverses espèces de labres, malgré les différences d'âge, de sexe et de pays natal, que les individus m'ont présentées dans les nombreux exa- mens qué j'ai été à portée d'en faire; et c'est ainsi que nous avons pu composer un tableau sur lequel on dis- tinguera sans peine les signes caractéristiques des cent vingt-huit espèces de véritables labres que l'on devra compter d’après les recherches que j'ai eu le bonheur de faire. La première de ces cent vingt-huit espèces qui se présente sur le tableau méthodique de leur genre, est l'hépate. Ajoutons à ce que nous en avons dit dans ce tableau , que l’on trouve ce poisson dans la Méditer- rance , et dans quelques rivières qui portent leurs eaux au fond de l'Adriatique, que son museau est pointu, que son palais montre un espace triangulaire hérissé d'aspérités, et que ses mâchoires sont garnies de petites dents “. * 13 rayons à chaque pectorale. 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 3 rayons aiguillonnés et 6 rayons articulés à la nageoire de l’anus, L'EVEMAB R'EMONREMRCNMME LE LABRE AURITE, LE LABRE FAUCHEUR:, LE LABRE OYÈNE #, LE LABRE SAGITTAIRE®, LE LABRE CAPPA6, LE LABRE LÉPISME’, LE LABRE UNIMACULÉ:, LE LABRE BOHAR?, sr LE LABRE BOSSU *. L'orercuLÉ et le sagittaire habitent les mers qui baignent l'Asie, et particulièrement le grand golfe de l'Inde; la mer d'Arabie nourrit l’oyène, le bohar ? Labrus operculatus. Id. Linné, édition de Gmelin. Amænit. academie. 4, p. 248. Labre mouche. Daubenton et Haïy, Encyclopédie méthodique, Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. > Labrus auritus, Id. Linné, édition de Gmelin. Labre aurite. Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique. 3 Labrus falcatus, Id. Linné, édition de Gmelin. Labre faucheur. Daubenton et Haïy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 4 Labrus oyena. Id. Linné , édition de Gmelin. Forskael, Faun. Arab. p. 35, n. 209. Labre oyène, Bonnaterre, planches de Encyclopédie méthodique: 464 HISTOIRE NATUREPEILE et le bossu; la Méditerranée est le séjour du cappa et de l’unimaculé ; et c’est dans les eaux douces ou dans les eaux salées de l'Amérique septentrionale que vivent l’aurite et le faucheur. Les dents du fau- cheur sont aiguës; celles de l’oyène nombreuses et très-courtes ; l'unimaculé a quatre dents à la mâchoire s 5 Labrus jaculatrix. Sciène sagittaire. Bonnaterre, planches de l Encyclopédie méthodique. Transact. philosoph. vol. 56, p. 187. 6 Labrus cappa. Sciæna cappa. linné, édition de Gmelin. Mus.. Ad, Frid. 2, p: 81, *. Sciène daine. Bonnaterre, planches de l’ Encyclopédie méthodique. Id. Daubenton et Ilaiïy, Encyclopédie méthodique. ? Labrus Jepisma. Sciæna lepisma. Linné, édition de Gmelin. Sciène lépisme. Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique. Id. Daubenton et Haïy, Encyclopédie méthodique. 8 Labrus unimaculatus. Sciæna unimaculata. Linné, édition de Gmelin, Sciene mouche. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Id. Daubenton et Huity, Encyclopédie méthodique. 9 Labrus bohar. Sciæna bohar. Linné, édition de Gmelin. Forshael, Faun. Arab. p. 46, n. 47. Sciène bohar. Bonnaterre, planches de P Encyclopédie méthodique, 10 Labrus oibbus. Sciæna gibba. Linné, édition de Gmelin. Forskacl, Faun. Arab. p.46, n. 48. Sciene vagil. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique, Zhme. » LL 27 Lage 46. HÉDeSeLe fins del. 1 VARIETE du Labre unimacule. 2 LABRE Mouchete 3. VARIETE du Jpare brunatre + D'MSL) #P: OgleS STONES. 465 . d'en-haut, et six dents un peu grandes, ainsi que quelques autres plus petites, à la mâchoire d’en-bas. D'ailleurs l'opereulé * présente de petites taches noires sur le derrière de la tète; le faucheur, une couleur argentée; l'oyène, des nageoires d’un verd de mer, et * 16 rayons à chaque nageoire pectorale de l’operculé. z rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 15 rayons aicuillonnés et 13 rayons articulés à la nageoire de l’anus. 16 rayons à celle’ de la queue. 10 rayons aiguillonnés et 11 rayons articulés à la nageoire dorsale de l’aurite. à 15 rayons à chacune des pectorales. 6 rayons à chacune des thoracines. 3 rayons aisuillonnés et 10 rayons articulés à l’anale, 17 rayons à la caudale. 20 rayons articulés à la nageoire dorsale du faucheur, 17 rayons à chacune des pectorales. s 5 rayons à chacune des thoracines. 3 rayons aiguillonnés et 17 rayons articulés à l’anale. 20 rayons à la caudale. 15 rayons à chacune des pectorales de l’oyène. 1 rayon aignillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines. 3 rayons aiguillonnés et 7 rayons articulés à l’anale. 16 rayons à la caudale. 4 rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la nageoire dorsale du sagittaire. x2 rayons à chacune des pectorales. 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines. 3 rayons aiguillonnés et 15 rayons articulés à l’anale. 17 rayons à la caudale. TOME 1M, 59 466 "#H LSTOTIR EX NAT URELEE. quelquefois des raies rouges ; et le sagittaire, des nuances d’un jaune doré *. * 16 rayons à chacune des pectorales du cappa. 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines. 3 rayoës aiguillonnés et 10 rayons articulés à l’anale. 17 rayons à la caudale. x1 rayons à chaque nageoire pectorale du lépisme. 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines. 3 rayons aiguillonnés et 8 rayons articulés à l’anale.. 13 rayons à la caudale. 15 rayons à chacune des nageoires pectorales de l’unimaculé. 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines. 3 rayons aiguillonnés et 9 rayons articulés à l’anale. 17 rayons à la caudale. 7 rayons à la membrane branchiale du bohar. 16 rayons à chacune des pectorales. 3 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines. 3 rayons aiguillonnés et 9 rayons articulés à l’anale. 17 rayons à la caudale. 6 rayons à la membrane branchiale du bossu. 10 rayons aiguillonnés et 5 rayons articulés à la nageoïre du dos. 16 rayons à chacune des pectorales. + 1 rayon aiguillonné et à rayons articulés à chacune des thoracines. 3 rayons aiguillonnés et 9 rayons articulés à l’anale. 17 rayons à la caudale. mm pren Eee nl LA BR EAN ORNE", LEABABRE ARGENTES LE LABRE NÉBULEUX;:, LE. LABRE GRISATRE*, LE LABRE ARMÉ" LE LABRE CHAPELET!:, LE LABRE LONG-MUSEAU’, LE LABRE THUNBERG", LE LABRE GRISON», sr LE LABRE CROISSANT". ON peut remarquer aisément que l'extrémité de chaque mâchoire du labre noir est dépourvue de dents, et que son gosier est garni d’un très-grand * Labrus niger. Sciæna nigra. Linné, édition de Gmrlin. Forskacl, Faun. Arab. p. 47, 7. 49. Sciène gatie. Bonnaterre, planches de Encyclopédie méthodique. 2 Labrus argentatus. Sciæna argentata. Zinné, édition de Gmelin, Forskael, Faun. Arab. p. 47, n. 5o. Sciène schaafen. Bonuaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 3 Labrus nebulosus, # Sciæna nebulosa. Linné, édition de Gmelin. Forskael, Faun. Arab. p. 52 ,n. 6r. Sciène bonkose. Bonuaterre, planches de l’ Encyclopédie méthodique. # Labrus cinerascens. Sciæna cinerascens. Zinné, édition de Gmelin. Fcrshael, Faun. Arab. p. 53, n. 66. Sciène tahme!. Zonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique. 468% "HISTOIRE NATURELLE nombre de dents petites et eflilées; dans l'argenté, les dents sont d'autant plus grandes qu'elles sont plus éloignées du bout du museau; six grandes dents armenñt la mâchoire supérieure du chapelet; et Îles deux mäâchoires du thunberg en présentent chacune quatre plus grandes que les autres. La ligne latérale du ‘croissant n'est courbe que jusqu'à la fin de la naceoire du dos. L'armé montre un aiguillon presque horizontal, tourné en avant, et situé entre la tête et la dorsale ; ce qui lui donne un rapport assez grand avec les cæsiomores, dont il diffère néanmoins par 2 oo 5 Labrus armatus. .Sciæna armata. Zinné, édition de Gmelin. Forskael, Faun. Arab. p. 53, n. 68. Sciène galenfish. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique, 6 Labrus catenula. 7 Labrus longirostris. 8 Labrus Thunberg. Sciæna fusca. Thunberg, Voyage au Japon. ° Labrus griseus. Ge 14.5, Linné, édition de Gmelin. : | Mur) Catesb. Carolin. 2 ;p. 9, tab. 0. Fan Labre grison. Daubenton et Haïy, Eneyclopédie RO UIq RES EL Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique, ‘0 Labruslunaris” & Id. Linné, édition de Gmelin. Gronov. Mus.2, n. 180, tab. 6, fig. 2. Labre croissant, Paubenton et Haïy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie mélodique. pit PT ne FEI OICSE % Tome 3 2 10. Page 69 2 EARIETE du Labre Argent 2.11.1BRE Pilamentux 3. SPARE Brachron PL DE HS PLO:TTSMSIONNES 469 plusieurs traits, et avec lesquels il seroit impossible de ont au moins deux piquans entre le confondre, par cela seul aue les cæsiomores | q x Le la dorsale et le derrière de la tête *. * 7 rayons à la membrane branchiale du labre noir. 16 rayons à chaque nageoire pectorale, 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines. 3 rayons aiguillonnés et 9 rayons articulés à l’anale. 17 rayons à la caudale, 7 rayons à la membrane branchiale de l’argenté. 37 rayons à chaque nageoire pectorale, 1 rayon aïguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines, 3 rayons aiguillonnés et 9 rayons articulés à l’anale. 18 rayons à la caudale. 13 rayons à chaque nageoire pectorale du nébuleux. 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines. 17 rayons à Ja caudale. 7 xayons à la membrane branchiale du grisätre. 10 rayons à chaque nageoire pectorale. 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines, 3 rayons aiguillonnés et 11 rayons articulés à l’anale, 15 rayons à la caudale. 3 rayons aiguillonnés et 7 rayons articulés à la nageoire de l’anus du long-museau, 6 rayons à la membrane branchiale du thunbers. 15 rayons à chaque nageoire pectorale, Te à DUR , x rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines, 3 rayons aiguillonnés et 8 rayons articulés à l’anale. 19 rayons à la caudale, 17 rayons à chaque nageoire D oiale du croissant. G rayons à chacune des thoracines. 3 rayons aiguillonnés et 4 rayons articulés à l’anale. 16 rayons à la caudale, 470 HESTOIRE NA TUR E LWSE Au reste, complétons ce que nous avons à faire connoître relativement aux couleurs des dix labres nommés dans cet article, en disant que le noir tire son nom d'un noir ordinairement foncé qui règne sur sa partie supérieure, et dont on voit des teintes au milieu des nuances blanchâtres et brunes de son ventre; que les écailles de l'argenté sont brunâtres et bordées d'argent, et qu’une bandelette bleue paroît au-dessous de chaque œil de ce poisson; que le nébuleux offre des taches nuageuses bleues et jau- nâtres, et quelquefois des raies longitudinales inégales en largeur, et de diverses nuances de rouge ou de violet; que le grisâtre est d'un gris tirant sur le verd, avec des raies longitudinales jaunes, et un liséré blane autour des pectorales; que la dorsale et l'anale de l'armé sont blanches et bordées de noir, pendant que sa caudale est brune et lisérée de blanc; que l'on peut compter, sur chaque côté du long-museau , quatre ou cinq petites raies longitudinales, et trois ou quatre séries de taches très-petites et éloignées l’une de l’autre; et enfin, qu'une couleur brune, ainsi qu'une bordure blanche, distinguent les écailles du thanberg. De ces dix labres, il en est deux, le chapeler et le lons-museau, qui ne sont pas encore connus des natu- ralistes, et dont nous avons fait graver la figure d’après des dessins de Commerson. Ou les trouve dans Je grand golfe de l'Inde et dans les mers voisines de ce golfe. C'est aussi dans ces mèmes mers, et particu- ti, 2 LED Jome. 3 RE = - TT en 7) Marg. Renouw Jeulp De Jeve Del Macrogastere ’ /] 3. LAB ÆE Six-Bandes ZABR 2 14 LABRE Longmuseau «eh DIE S- F0 1-°S SÉONS: 471 lièrement dans celle d'Arabie, qu'habitent le noir, l'argenté, le nébuleux, le grisâtre et l'armé ; les eaux salées qui mugissent. si souvent autour des rivages orageux du Japon, nourrissent le thunberg, auquel nous avons cru devoir, par reconnoissance , donner le nom de l'habile voyageur qui l'a observé et décrit ; le grison vit dans l'Amérique septentrionale; et le croissant préfère les eaux de l'Amérique méridionale, ainsi que celles des grandes Indes. ER "ERA RARPP UT AU VER LE LABREl COMUL ANS 1 LE, 'L'ABRE:DEUN-B'AINIDE SONIA ARBRE MÉLAGASTRE:, LE LABRE MALAPTÈRE; à LE LABRE A'DEMIDROUGESNLEMLEANB RE .# TÉTRACANTEHE’, LE LABRE DEMI-DISQUE®, LE LABRE CERCLÉ»?, sr LE LABRE HÉRISSÉ *. 4 k | LE fauve, qui parvient communément à la longueur ‘4 . AU 5 + à ‘4 de trois ou quatre décimètres, est, sur toute sa surface, d'un roux plus ou moins mêlé de jaune ou d'orangé. PR PR NP RAS ORNE AMOUEE, Ps RER Et à ttes # Labrus rufus. | Id. Zinné, édition de Gmelin, Catesby, Carol. 2, p. 11, tab, T1. Labre fauve. Daubenton et Haiy, Encyclopédie méthodique, Id. Bonnaterre, planches de l’ Encyclopédie méthodique. 2 Labrus zeylanicus. Dschirau-malû , par Les Chingulais. Papegaay-visch, à Pataria. id. Linné, édition de Gmelin. JT. R. Forster, Ind. zoolog. tab. 13, fig. 3. 3 Labrus bifasciatus. Labre à deux bandes. Z/och, pl, 283. Te | } | | | # Labrus melagaster. Labre mélagastre. Bloch, pl. 206, fig. x. HISTOIRE NATUREDLE., 47à Ice ceylan, dont les dimensions sont ordinairement plus gran-les que celles du fauve, a la tête bleue, Ia dorsale et l’anale violettes et bordées de verd, et la caudale jaune , rayée de rouge, et bleue à la base. La partie supérieure du labre deux-bandes est grise; sa tête violette ; sa poitrine blanehe; sa dorsale rougeâtre et bordée de bleu, ainsi que son anale; chacune de ses pectoräles jaune, de même que les thoracines; et la caudale brune avec une grande tache bleue. Les écailles qui recouvrent le mélagastre, sont varices de brun et de noir, excepté celles qui revètent le ventre, et qui sont noires comme les nageoires. La couleur générale du malaptère est d’un blanc-bleuâtre , avec cinq taches noirâtres de chaque côté, et les nageoires nuancées de jaune et de bleu. Quatre rangées de taches presque rondes, à peu près égales, et très-rapprochées J'une de l'autre, paroissent sur chaque côté du tétra- canthe, qui d’ailleurs a des points noirs répandus sur 5 Labrus malapterus. Labre à nageoires molles, Block, pl. 296, fig. 2. 6 Labrus semiruber. Labrus semiruber , semiflavus. Commerson, manuscrits déja cités Labrus hemichrysus. Z4. ibid, . 7 Labrus tetracanthus, 5 £.abrus semidiscus, LS ? Labrus doliatus. 0 Labrus hirsutus. TOME ILE 6o 474 HISTOIRE NATURELLE sa caudale. Le hérissé montre sur sa queue une large bande transversale. Voilà ce que nous devions ajouter au tableau géné- rique, pour bien faire connoître les couleurs des dix labres que nous considérons maintenant. Les trois derniers de ces labres, c'est-à-dire, le hérissé , le cerclé et le demi-disque, dont nous avons fait graver la figure d'après les dessins de Commerson, et dont la description n'avoit pas encore été publiée, habitent dans le grand golfe de l'Inde ou dans les mers qui communiquent avec ce golfe. Nous ignorons la patrie du tétracanthe, que nous avons fait dessiner d'après un individu conservé dans de l'alcool, et qui faisoit partie de la collection cédée par la Hollande à la France. Le demi-rouge, dont nous avons trouvé une description étendue dans les manuscrits de Commer- son, fut vu par ce voyageur, en juin 1767, dans le marché au poisson de la capitale du Brésil. Surinam est la patrie du mélagastre; la Caroline, et en général l'Amérique septentrionale, celle du fauve; Ceylan, celle du labre qui porte le nom de cette grande isle, et que l'on dit bon à manger; les eaux des grandes Indes nourrissent le labre deux-bandes, et celles du Japon le malaptère”. * 17 rayons à chaque nageoire pectorale du labre fauve. 6 rayons à chaque thoracine. x6 rayons à la caudale. RaLre Tome. 3 ‘ = PL.10. Page. 4 7 2 1 $ 1. LABRE -Herwse. 2 BODIAN Grovse-Tête 8. B ODIAN Cyclostome ; D\RESYU POI S IS PONS! 475 Finissons cet article en parlant de quelques traits de la conformation de ces animaux, que nous n'avons pas encore indiqués. La mâchoire inférieure du fauve est plus longue que la supérieure; les dents antérieures de la mâchoire d'en haut sont plus longues que les autres, dans ce même poisson, dans le deux-bandes*, dans le malaptère; *__ 5 rayons à la membrane branchiale du labre deux-bandes. 12 rayons à chaque nageoire pectorale. x rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 13 rayons à la caudale. 5 rayons à la membrane branchiale du mélaoastre. 12 rayons à chaque nageoire pectorale. 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 3 rayons aiguillonnés et 7 rayons articulés à l’anale. 19 rayons à la caudale. 32 rayons à ghaque nageoire pectorale du malaptère. 6 rayons à chaque thoracine. 16 rayons à la caudale. " 5 rayons à la membrane branchiale du labre à demi rouge. 16 rayons à chaque nageoïire pectorale. 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 3 rayons aiguillonnés et 13 rayons articulés à l’anale. 14 rayons à la caudale. 18 rayons articulés à la nageoire de l’anus du tétracanthe. 14 rayons à la nageoire de l'anus du demi-disque. 13 rayons à Ja caudale. 14 rayons à la nageoire de l’anus du cerclé: x1 rayons à la caudale. 4 rayons aiguiflonnés et 9 rayons articulés à la nageoire de l'anus du hérissé. 13 rayons à la caudale. 476 HISTOIRE NATURELLE. les dents des deux mächoires sont presque égales les unes aux autres en longueur et en grosseur, dans le mélagastre, dans le demi-disque, dans le cerclé. La ligne latérale du mélagastre est interrompue; celle du tétracanthe est peu sensible; celle du cerclé très-droite pendant la plus grande partie de sa longueur; et la base de la nageoire de l'anus du labre à demi rouge est revêtue d’écailles, comme une partie de la base de la nageoire du dos de ce même poisson *. * Commerson , dans la description manuscrite et latine que nous avons sous Les yeux, dit que l’opercule du demi-rouge est composé de deux pièces, et que le bord de la pièce antérieure est très légerement dentelé, Les différentes comparaisons que nous avons été à même de faire des expressions employées par ce voyageur dans son manuscrit latin, avec les dessins exécutés sous sa direction, ou avec des individus des espèces qu’il avoit décrites, nous ont portés à croire que ce naturaliste n’avoit pas voulu indiquer autour de la lame antérieure de l’opercule du demi-rouge, une dentelure proprement dite et telle que celle qui caractérise le genre de nos lutjans. Si cependant des observations ultérieures faisoient recon- noître dans ce poisson mi-parti de rouge et de jaune une véritable den- telure operculaire, il seroit facile de le retrancher du genre de nos labres, et de le transporter dans celui des lutjans, dont nous nous occuperons bientôt. ace 1 Page 4 2 PL JZbme. 3 PE De Jeve del 2 ZLABRE Fourche 2. LABRE Æololpidete . 3. C4AKIL ODIPTHERE Leptacan le L/5S BEA BeR EAP OUR:C HE : LE. LABRE SIX-BANDES: LE LABRE MACROGASTÈRE®S LE LABRE FILAMENTEUX!, LE LABRE ANGULEUX:, LE LABREA HUIT -RAIESLE L'ABRE MOUCHETÉ’, LE LABRE COMMERSONNIEN?:, LE LABRE LISSE”?, &r LE LABRE MACRO- PTÈRE *. Aucun de ces dix labres n’est encore connu des naturalistes; nous en avons fait graver la figure d'après des dessins trouvés parmi les manuscrits de Commerson ,; que Buflon nous remit lorsqu'il nous : Labrus furca, z Labrus sexfasciatus. 3 Labrus macrogaster. #4 Labrus filamentosus. 5 Labrus angulosus. $ Labrus octovittatus. 7 Labrus punctulatus. 5 Labrus Commersonnii. 9 Labrus lævis. 4 Labrus macropterus: ADR LH LS T'O DRE ANVAMNIUPR ET ONE engagea à Continuer l'Histoire naturelle; et voilà pour- quoi nous avons donné à l'un de ces poissons le nom de labre commersonnien. La patrie de ces dix espèces est le grand golfe de l’Inde ; et on peut aussi les trouver dans la partie du grand Océan qui est comprise entre la Nouvelle-Hollande et le continent de l'Amérique, ainsi que dans cette mer si souvent bouleversée par les tempètes, et qui bat la côte sud-est de l'Afrique et les rives de Madagascar. Leur forme et leurs carac- ières distinctifs sont trop bien représentés dans les: planches que nous joignons à cette Histoire, pour que nous ayons besoin d'ajouter beaucoup de détails à ceux que renferme le tableau générique. On peut voir aisément que le macroptère, qui tire son nom de la grandeur de ses nageoires du dos et de l'amus”, a la mâchoire inférieure un peu plus avancée que la supé- rieure, et vraisemblablement garnie, ainsi que cette dernière, de dents très-petites ; que l'anguleux et le six-bandes doivent avoir des dents très-fines; que celles du filamenteux et du macrogastère sont très- courtes et presque égales les unes aux autres ; que la ligne latérale de ce même macrogastère * est inter- rompue ; qu'une tache irrégulière et foncée, et cinq ou six petits points blanes, sont placés sur chaque RENE SR PE LA ON Pit CPR UN RETIRE TN NES 1 Mzxços veut dire /o7g ou grand ; et me , aile où nageoire. * Taosp signifie ventre. On peut voir sur le tableau générique, que le macrogastère a en effet le ventre très-gros, Pl 22 . ge 476. Zome 3. ——— DU ps ztLABRE Anguleux. 2 LABRE Hiut-Rares. 3 TARIETE du ZLabre fine. r. " oi Le purge po Se û . m4 Fam en 4 4 F hi erpais TT D M ch À, A Tome LÉ 20: Lage 479 JEDe Jeve fils del, Villrey Jeulp 1 LABRE Commersonmen à LABRE Lise #3 LUT LAN Cymnocephale DIRE SMS ROMIMSESEOMNIES, 479 côté de la nageoire dorsale de l'anguleux; et que la dorsale du huit-raies est bordée de noir ou de brun *. * 2 rayons-aiguillonnés et 10 rayons articulés à la nageoire de l’anus du labre fourche. _ 12 rayons à chaque pectorale du six-bandes. 10 rayons à l’anale. 10 rayons à chaque nageoire pectorale du macrogastère, 14 rayons à l’anale. 11 rayons à la caudale. 15 rayons à la nageoire caudale du filamenteux. 6 où 7 rayons un peu éloignés l’un de l’autre à chaque naceoire pectorale de l’anguleux. £ 3 rayons aiguillonnés et 6 rayons articulés à l’anale, 14 rayons à la caudale. 16 rayons à la nageoire caudale du huit-raies. 12 ou 13 rayons à la nageoire caudale du moucheté. 12 rayons à chaque nageoire pectorale du lisse, 11 rayons à l’anale. 16 ou 17 rayons à la caudale. L” . LE LABRE QUINZE-ÉPINES; LE LABRE MACROCÉPHALE);, LE LABRE PLUMIÉRIEN:, LE LABRE GOUAN, LE LABRE ENNÉACANTHE:, cr LE LABRE ROUGES-RAIESS. - Ces six labres sont encore inconnus des naturalistes; le premier sous-genre de la famille des véritables labres en renferme donc, sur quarante-huit espèces, vingt-trois dont la description n'a pas encore été publiée. C'est une nouvelle preuve de ce que nous avons dit dans l’article intitulé, De la nomenclature des labres, des cheilines, des cheilodiptères , etc. 1 Labrus quindecim-aculeatus. : Labrus macrocephalus. 3 Labrus Plumierii. Turdus aureo-cæruleus. /’lwmicr, peintures sur vélin, conservées dans Le Muséum d’hestoire naturelle. 4 Labrus Gouanii. (Un individu de cette espèce, conservé dans de Falcool, faisoit partie de Ja collection hollandoise dopé à la France.) 5 Labrus enneacanthus, 6 Labrus rubro lineatus. Labrus Jineis lateralibus plurimis rubris variegatus, ocello pinnæ dor- galis, latissimoque ad basim eaudæ, cingulo, nigris. Commerson, manus- crits déja citése Tome 3 FL 24 age z LABRE AHacroptere 2. LABRE Jrarerde 3. LUT'IAN Triangle Ne, + ne dre Meme mie Là amor dot om Tom. 3. LL. 25 Zaye 4 OL: 1 1l | | \ “4 NL k AAA AA A \ : LABRE Cruinxe Æpines 2 ŒIL TODON Thetracanthe. 3 HE T'ODON Zébre HISTOIRE NATURELLE. AI Le rouges-raies, que Commerson a décrit avec beau- coup de soin dans son recueil latin et manuscrit, habite au milieu des syrtes et des rochers de corail qui environnent les isles de Madagascar et de la Réu- nion. Nous ignorons la patrie de lennéacanthe ‘ et du gouan, que nous faisons connoître d'après des indivi- dus de la collection hollandoiïse cédée à la France. Le plumiérien vit en Amérique; et Le macrocéphale”, ainsi que le quinze-épines, représentés dans nos planches d'après les dessins de Commerson, se trouvent vrai- semblablement dans le grand golfe de l'Inde, et auprès des isles dites de la mer du Sud. Les dents du labre gouan sont crochues, et d'autant moins longues que leur place est plus éloignée du bout du museau. La ligne latérale est interrompue dans le quinze- épines *, dorée dans le plumiérien, et garnie, vers la : Ennéacanthe désigne les neuf aiguillons de la dorsale, F'ex veut dire neuf. ? Marpis signifie /ong ou grand, et «gr veut dire tête. 3 12 rayons à la nageoïire caudale du labre quinze-épines. 8 rayons à chaque nageoire pectorale du macrocéphale. 6 ou 7 rayons à la membrane branchiale du plumiérien. 5 rayons à la membrane branchiale du gouan. 12 rayons à chaque nageoire pectorale, 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines. 14 rayons à la caudale, TOME I11. 61 A8) HISTOIRE NAMUR ELITE tête, de petites ramifications dans le rouges-raies. Ce dernier labre a le fond de ses couleurs d'un brun plus ou moins foncé, et ses nageoires pectorales d'un rouge incarnat ; et la caudale du macrocéphale est bordée, à , . 4 L) . ? ’ Li . x son extrémité, d'un liséré d’une nuance vive ou très- claire *. * 13 rayons à chaque nageoire pectorale du labre ennéacanthe. 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines. 3 rayons aiguillonnés et 9 rayons articulés à l’anale. 15 rayons à la caudale. 6 rayons à chacune des thoracines du rouges-raies. 4 02 PI 26 Page Tom < lerroquel 7 3 SPARE Wy lo » fe ÿ 1 z LABRE Macrocephale 2. #Z224R LE LABRE RASMIRA: C£ beau poisson a le sommet de la tête blanc, et la couleur générale jaune. Quelquefois sa queue montre © de chaque côté une tache grande et brune. Il vit dans la mer Rouge, auprès des rivages de l'Arabie *. * Labrus kasmira. Sciæna kasmira. Linné , édition de Gmelin. Forskael, Faur. Arab. p. 46, n. 46. Sciéne tyrki. Bonnaterre, planches de l’ Encyclopédie méthodique. 5 7rayons à la membrane branchiale. 16 rayons à chaque nageoire pectorale. 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines. 17 rayons à la caudale, IL ET EP ATDAR ET A0 NE Cr labre habite dans la Méditerranée, et particulière- ment auprès des côtes de Syrie. A l'époque où on commença à l'examiner, à le distinguer, à le désigner par un nom particulier, l'histoire naturelle avoit fait peu de progrès; le nombre des animaux déja connus n'étoit pas encore très-grand ; on n'avoit pas décou- vert la plupart de ces poissons richement colorés qui vivent dans les mers de l'Asie ou de l'Amérique méridionale : le labre paon dut par conséquent frapper les observateurs par la magnificence de sa parure; et il n'est pas surprenant qu'on lui ait donné le nom de * Labrus pavo. Papagallo, dans plusieurs contrées de l'Talie. Labrus pavo. Linné, édition de Grislin. Labre paou. Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l’ Encyclopédie méthodique. Labrus pulchre varius, etc. 4rtedi, gen. 34, syn. bë. Pavo. Salvian. fol. 223, a. ad iconem, et fol. 94 et 234. Id. Aldrosand. lib. x, cap. 4, p. 29. Id. Jonston. lib. +, tit. 2, cap. 1, & 3,,4.13, 7: 12; Charlet. p.132. Seconde espèce de tourd, nommée paon. Rondelet, première partie,. iv. 6, chap. 6. Turdus secundus pavo,, etc. Gesner, p, 1016. Turdus perbella dictus, etc. 77 z/lughby, Ichthyol. p. 322. Raj. p. 137-1000 Labrus pavo. Hasselquist, It. 344, n, 77. HISTOIRE NATURELLE 408 l'oiseau que l’on regardoit comme émaillé des nuances les plus vives et les plus variées. Ce labre présente en cifet presque toutes les couleurs de l’'arc-en-ciel, que Fon se plaît à retrouver étalées avec tant de pompe sur la belle queue de l'oiseau paon; et d’ailleurs le poli de ses écailles, le contraste éclatant de plusieurs des tons dont il brille, et les dégradations multipliées par lesquelles ses autres nuances s'éteignent les unes dans les autres, ou s'animent pour se séparer et res- plendir plus vivement , imitent les reflets rapides qui se jouent, pour ainsi dire, sur les plumes chatoyantes du -paon, et les feux que l'on croiroit en voir jaillir. Lorsque le soleil éclaire et dore la surface de la Méditerranée, que les vents se taisent, que les ondes sont paisibles, et que le labre paon nage sans s'agiter au-dessous d'une couche d'eau mince et lim- pide, qui le revêt, pour ainsi dire, d’un vernis transparent, on admire le verd mèlé de jaune que montre sa surface supérieure, et au milieu duquel des taches rouges et des taches bleues scintillent, en quelque sorte, comme les rubis et les saphirs de l'oiseau de Junon. Des taches plus petites, mais égale- ment bleues ou rouges, sont répandues sur les oper- cules, sur la, nageoire de la queue, et sur celle de l'anus , qui est violette ou indigo ; et un bleu mêlé de pourpre distingue le devant de la nageoire dorsale, pendant que deux belles taches brunes sont placées sur chaque côté du poisson, que les thoracines offrent A 486 HISTOIRE NATURELLE un rouge très-vif, et que des teintes d'or, d'argent, rouges , orangées et jaunes, éblouissantes ou gra- cieuses, constantes ou fugitives, étendues sur de grandes places, ou disséminées en traits légers, com- plètent un des assortimens de couleurs les plus splen- dides et les plus agréables. Au reste, ces beaux reflets se déploient sur un corps et sur une queue alongés et comprimés ; il n'y a qu'un seul rang de dents aux mâchoires ; les nageoires pec- torales sont arrondies; les rayons de la dorsale et de la nageoire de l'anus ont une longueur plus considé- rable, à mesure qu'ils sont placés plus loin de la tête; et communément le labre paon a trois ou quatre déci- mètres de longueur totale *. Re RICE EE CR TEEN RE PRO RE PPT *__b rayons à la membrane branchiale du labre paon, 14 rayons à chaque nageoire pectorale. 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines. 3 rayons aiguillonnés et 11 rayons articulés à l’anale. 13 rayons à la caudale. qq rte ho mm ÉD AE NB RE CO RER LE LABRE ROUILLÉ?, LE LABRE ŒILLÉS®, LE LABRE MÉLOPS#, LE LABRE NIL', LE LABRE LOUCHE®, LE LABRE TRIPLE-TACHE’, LE LABRE CENDRÉ!, LE LABRE CORNUBIEN?, LE LABRE MÉLÉ”, Er LE LABRE JAUNATRE*. LA couleur générale du louche est jaunätre; la dor- sale, lanale et la caudale du triple-tache sont quel- quefois lisérées de bleu. La nourriture ordinaire de ? Labrus marginalis. Id. Linné, édition de Gmelin. À Labre bordé. Dauberton et Haëüy , Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. TETE. To Le = Labrus ferrugineus. Id. Zinné, édition de Gmelin. Labre rouillé. Daubenton et Haïy, Encyclopédie niélliodique, Id. Bonnaterre, planches de l’ Encyclopédie méthodique. 3 Labrus ocellaris. Id. Linné, édition de Gmelin. Mus. Ad. Frid, 2, p. 78 *. , Labre œillé. Daubenton et Haïüy, Encyclopédie méthodique, Id. Bounaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique, EE ABB - HISTOMURE :N AE UIRIE DIRE ce dernier labre, dont les écailles réfléchissent diffé- rentes nuances d'un beau rouge, consiste dans des animaux à coquille, dont il brise l'enveloppe calcaire par le moyen de ses dents antérieures, plus longues et plus fortes que les autres ; nouvel exemple de ces rapports de la qualité des alimens avec la vivacité des couleurs, que nous avons fait remzrquer dans notre —————_——__—_—_——— “ # Labrus melops. Id. Zinné, édition de Gmelin. Mus. Ad. Frid. 2, p.78 *. Labre mélope. Duubenton et Haïy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique. 5 Labrus niloticus. © Id. Zinné, édition de Ginelin. Mus. Ad. Frid. 2.,.p. 79 *. Labrus niloticus. #asselquist, Ti. p.346, n. 78. Labre nébuleux. Daubenton et Huïy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de P Encyclopédie méthodique. 6 Labrus lusous. Id. Linné, édition de Gmelin. Mus. Ad. Frid. 2, p.80 *. Labre louche. Daubenton et Hoiy, Encyélopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. £ ? Labrus trimaculatus. Sudernaal, e2 Norvége. Red wrasse, er Angleterre. Id. Zinné, édition de Gmelin. Labre triple-tache. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Paon rouge, labrus carneus. Bloch, pl. 2809. Labrus ruber, ve/ carneus. Ascagne, 2 cah. p. 6, pl. 13. Trimaculated wrasse. Pennant, Brit. Zoolog. 3, p. 206, n. 3. DWE:S: !/P O4I, SYSÉ OMR: 489 Discours sur la nature des poissons, qu'il ne faut jamais négliger d'observer, et qui ont été très-bien saisis par le naturaliste Ascagne. Le cendré a sa partie supérieure grise et pointillée d'un gris plus foncé, et les nageoires rougeâtres avec des taches d’un jaune obscur. La tête du mêlé et la partie supérieure de sa caudale sont d'un beau bleu. Ce labre mêlé habite dans la Médi- terranée , ainsi que le cendré ; le jaunâtre vit dans 8 Labrus cinereus. Labrus griseus. Id. 64. Linné, édition de Gmelin. ( Nota. Le nom spécifique de griseus a été employé par Gmelin pour son cinquieme et pour son soixante-quatrième labre.) Brünn. Pise. Massil. p. 58, n. 75. Labre cendré. Bonnaterre, planches de l Encyclopédie méthodique. ? Labrus cornubius. Id. Zinné, édition de Gmelin. Labre goldsinny. Ponnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Goldsinny Cornubiensium. Pennant, Brit. Zoolog. 3, p. 209, n. 6. Raj. Pise. p. 163, fig. 3. & 4 “0 Labrus mixtus. 3 Id. Zinné, édition de Gmetin. Labrus ex flavo et cæruleo varius, dentibus anterioribus majoribus. Artedi, gen. 34, syn. b7. bte Turdus major varius præcedenti similis. WilluhOI322. Raj.p. 137. Labre mélangé. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 1 Labrus fulvus. Id. Linné, édition de Gmclin. Catesby, Carol. 2, p.10, tab. 10, fige 2. Labre jaunâtre. Daubenton et flaëy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l’ Encyclopédie méthodique. TOME 114 62 NE 490 H I S'MOÏTR'EN ON ACTU/R EAILNE l'Amérique septentrionale; le rouillé, dans les Indes; le mélops, dans l'Europe australe; le nil, en Égypte; le triple-tache, en Norvége; le cornubien, dans la mer Britannique : on ignore la véritable patrie du. bordé, de l'œillé, et du louche *. * 17 rayons à chaque nageoire pectorale du labre bordé. 6 rayons à chaque thoracine, 3 myons aiguillonnés et 9 rayons articulés à l’anale, 17 rayons à la caudale. 7 16 rayons à chaque nageoïre pectorale du rouille, 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 17 rayons à la caudale. 5 rayons à la membrane branchiale de l’œillé. 15 rayons à chaque nageoïre pectorale. 1 rayon aïguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 13 rayons à la caudale. 6 rayons à la membrane branchiale du mélops. 13 rayons à chaque nageoire pectorale, 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 3 rayons aiguillonnés et 10 rayons articulés à l’anale. 12 rayons à la caudale. 15 rayons à chaque nageoire pectorale du nil. 1 rayon aïguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine, 3 rayons aiguillonnés et 9 rayons articulés à l’anale. 20 rayons à la caudale. 14 rayons à chaque nageoire pectorale du louche. 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 14 rayons à la caudale. 6 rayons à la membrane branchiale du triple-tache. 15 rayons à chaque nageoire pectorale. 1 rayon aiguillonné et à rayons articulés à chaque thoracine. d' sy dit DES PTOTL S SO" NS: 491 Que devrions-nous ajouter maintenant à ce que nous disons dans les notes ou dans le tableau générique, au sujet des onze labres renfermés dans cet article"? * 5 rayons à la membrane branchiale du cendré. 13 rayons à chaque nageoire pectorale. 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 13 rayons à la caudale. 14 rayons à chaque nageoire pectorale du cornubien. 6 rayons à chaque thoracine. LE TA BRE- M ER EEE, LE IHASBIR E RO NE LE LABRE FULIGINEUX*:, LE LABRE BRUN"*, LE LABRE ÉCHIQUIER;, LE LABRE MARBRÉS LE LABRE LARGE-QUEUE’ LE LABRE GIRELLE", LE LABRE PAROTIQUE?, rt LE LABRE BERGSNYLTRE *. LE noir bleuâtre que présente Île labre merle, lui a fait donner, dès le temps d’Aristote, le nom spécifique qu'il porte. Il offre en effet les mêmes nuances et les * Labrus merula. Tordo d’Alga, dans la Ligurie. Labrus merula. Zinné, édition de Gmelin. Labre merle. Daubenton ct Huïy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Labrus cæruleo-nigricans. Artedi. ‘O xorrupes. Arist. lib. 8, cap. 15 et 30. Id. Aihen. lib. 7, fol. 152, 35. Id. Oppian. Üb. 1, p. 19, et Lib. 4. /ÆElian, lib. 1, cap. 14. Merula. Celumell. lib. 8, cap. 16. Id. Plin. lib. 9, cap. 15 ; et lib. 32, cap. xr. [d. Jov. cap. 20, p. 87, 88. Merle. Rondelet, première partie, Liv. 6, chap. 5. Merula. Salvian. fol. 220 b. ad iconem, 87; et 223, b. 224 «. Id, Gesner, p. 543, et (germ.) fol. 8 b. + 414 H HS'MONERIE, NATURELLE 499 mêmes reflets que l'oiseau si commun en Europe et connu sous le nom de srerle; et il n’est pas indiflérent de faire remarquer que les premiers observateurs, Id. Jonston, lib. 1, tit. 2,cap.r,a.4,t 14,70 2. Id. Charlet. p. 133, Ældrovand. lib. 1, cap 6, p. 35. Turdus niger, merula Salviani et Rondeletir. Wzlughby, p. 320. Raj. p.137. Merle ou merlot. F’almont-Bomure, Dictionnaire d'histoire naturelle. * Labrus rone. Straud karasse, en Danemarck. Ascagne, cah.2,p.6,pl.x4 Müll. Zoolog. Danic. Prodiom. p. 46. Labre rône. Bornaterre, planches de l’ Encyclopédie méthodique. 3 Labrus fuliginosus. Id. capite ex viridi, rubro, luteoque , variegato ; fasciis transversis qua- tuor vel quinque , è fusco decoloribus. Commerson, manuscrits déja cités. 4 Labrus fuscus. Id. tæniis utrinque duabus, longitudinalibus, pinnarumque margini- bus extimis viridibus. Commerson, manuscrits déja cités. $ Labrus centiquadrus. Id. capite et pinnis posterioribus rubro variegatis, toto corpore areolis atro-purpureis et exalbidis tessellato, Commerson, manuscrits déja cités. 6 Labrus marmoratus, 7 Labrus macrourus. 8 Labrus julis. Donzella, dans la Ligurie. Zigorella , rbid. Jurella ou jula, dans plusieurs contrées d'Italie. Donzellina , rhid. Menchina dire , ibid, 494 HIS TO: RE EN A TÉULRMENLENCNE frappés des grands rapports qu'ils trouvoient entre les écailles et les plumes, la parure des oiseaux et le vête- ment des poissons, les ailes des premiers et les nageoires des seconds, le vol des habitans de l'atmosphère et la natation des habitans des eaux, aimoient à indiquer Zillo, dans l'isle de Rhodes. Afdelles, dans l’isle de Cand'e. Dovella , dans quelques départemens méridionaux de France. Haruza, à Mulie. Arusa, en Arabie. See fraulein , meerjunker, et regenbogenfisch, ez Allemagne. Sea junkerlin es rainbow fish , ex Angleterre. Jonkervisch, er Æollande. Labrus julis. Zinné, édition de Gmelin. Mas: AdFrid Na") ponte Bloch, pl. 287, fig. 1. Labre girelle, Daubenton et [aïy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l Encyclopédie-méthodique. Labrus palmaris varius, dentibus duobus majoribus maxillæ superioris Art. gen. 34, syn. 35. Ho. Arist. lib. 9, cap. 2. Id. Athen. lib. 7, cap. 304. “jeu. AElian., lib. 2, cap. 44, p. 123. Id. Oppian. lib. 1, p. 6; et lib. 2, fol. 127, 36. Id. Galen. class. 2 , fol. 29, D, E. Julia ou julis. Salvian. fol. 217, ad iconem, et fol, s19. Julis. Plin. lib. 32, cap. 9. ' Girella. Rondelet, seconde partie, liv. 6, chap. 7. Julis. Gesner, p. 464 et 549; et (germ.) fol. 14, a Aldrov. lib. x, cap. 7, p. 39. Jonston, Lib ,\til. 251cap.it a: bEM T4 à, FWillughby, Ichthyolog. p. 324. Raj. p. 138. Girelle. 7ulmont-Bomare, Dictionnaire d'histoire naturelle. DANS Me OI SSIO NNS. 495 ces ressemblances curieuses par des noms d'oiseaux donés à des poissons. Cette intention adoptée par plusieurs naturalistes modernes, leur a fait employer les noms de yzerle et de tourd ou de grive, pour le geure des läbres, dont cependant ils connoissoient à peine quelques espèces; et comme, lorsqu'on a fait valoir une ressemblance, on aime à l’étendre de même que si elle étoit devenue son propre ouvrage, on a voulu trouver des individus blancs parmi les merles labres, comme on en voit quelquefois parmi les merles oiseaux. On est ensuite allé plus loin. On a prétendu que ce passage du noir au blanc étoit régulier, pério- dique, annuel, et commun à toute l'espèce pour le labre qui nous occupe, tandis que, pour le merle oiseau, il est irrégulier, fortuit, très-peu fréquent, et propre à quelques individus de la couvée dans laquelle on compte d'autres individus qui ne présen- tent en rien celte sorte de métamorphose. Aristote a ° Labrus paroticus. Id, Linné, édition de Gmelin. Mus. Ad. Frid. 2, p. 76%. Labre parot. Daubenton, Encyclopédie méthodique, Id. Bonnaterre, planches de l’ Encyclopédie méthodique. Labrus bergsnyltrus. Labrus suillus. Zinné, édition de Gmclin. Labre berosnyltre. Daubenton et Haëüy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Faun. Suecic. 330. Sparus bergsnyltra, 7. goth. 179. 496 H MST ON RE AN ADO R EE écrit que les merles, ainsi que les tourds, se montroient au printemps, après avoir passé l'hiver dans les pro- fondeurs des rochers des rivages marins, qu’ils étoient alors revêtus de leur beau noir chatoyant en bleu, et que pendant le reste de l'année ils étoient blancs. Il faut tout au plus croireque, dans certaines contrées, le défaut d’aliment, la qualité de la nourriture, la pature de l'eau, la température de ce fluide, ou toute autre cause semblable, affoiblissent l'éclat des écailles du labre merle, en ternissent les nuances, en altèrent les tons, au point de les rendre plutôt pâles et un peu blanchâtres que d’un bleu foncé et presque noir. Quoi qu'il en soit, il ne faut pas passer sous silence une autre assertion d'Aristote, analogue à des idées que nous exposerons dans un des discours que doit offrir encore l'histoire que nous écrivons. Ce philosophe a dit que les merles poissons fécondoient les œufs d’autres espèces de labres, et que ces autres labres rendoient féconds les œufs des poissons merles. Ce fait n'est pas impos- sible : mais il en a été de cette remarque comme de beaucoup d’apperçus d'homme de génie; l'idée d’Aris- tote a été dénaturée, et Oppien, par exemple, l'a altérée jusqu'a écrire que les merles n'étoient que les mâles des tourds. Au reste, l'iris du merle labre est d’un beau rouge, comme celui de plusieurs oiseaux dont le plumage est d'un noir plus ou moins foncé. L'iris n'est pas rouge dans le labre fuligineux, mais d'un jaune doré. Ce fuligineux a d'ailleurs la dorsale DYEMSLU BIO PL SISNOE NS 497 d'un pourpre noir avec quelques points bleuâtres ; Les pectorales rougeâtres avec une tache noire à leur base; les thoracines variées de bleu, de pourpre, de noir et de verdätre; l’anale, d'un noir tirant sur le bleu; la caudale, d’un verd mêlé de brun; et une petite tache noire à l'extrémité de chaque ligne latérale. Le nom du labre brun vient de la teinte de son dos et de sa tête, qui est brune; sa dorsale, son anale et sa caudale sont bordées de verd, ses thoracines légè- rement verdâtres, et ses pectorales jaunes à leur base, et brunes à leur extrémité. Nous n'avons besoin d'ajouter à ce que nous avons dit, dans le tableau générique, des couleurs du labre échiquier, que quelques mots relatifs aux nuances de ses nageoires. On voit des points et des lignes rouges sur la dorsale et sur l'anale; une tache noire paroît sur chacune des pectorales ; et la caudale estjaunâtre. Une couleur bleuâtre ou d'un verd foncé, répandue sur la partie supérieure de la girelle, relève avec tant de grace les raies larges et longitudinales que le tableau générique nous montre sur chacun des côtés de ce labre, qu'il n’est pas surprenant qu'on le regarde comme un des poissons de l'Europe dont la parure est la plus belle et la plus agréable. La dorsale et l'anale offrent une bande jaune, une bande rouge et une bande bleue placées l’une au-dessus de l’autre, et l’on croit que les mâles sont distingués par deux taches, dont la supé- rieure est rouge et l'inférieure noire, et que l'on voit TOME lil, 63 498 HISTOIRE NATURELLE en effet ainsi disposées sur les premiers rayons de la nageoire du dos de plusieurs individus. Une variété de cette espèce a sa partie supérieure rouge, l’inférieure blanche, la caudaie verte, et le bout des opercules bleu. Des couleurs vives, gracieuses, brillantes, va- riées , et distribuées de manière à se faire ressortir sans aucune dureté dans les tons, appartiennent donc à tous les individus que l’on peut compter dans cette espèce de la girelle. Ce labre vit souvent par troupes, etse plaît parmi les rochers. Elien a écrit que ces troupes nombreuses atta- quoient quelquefois les hommes qui nageoïent auprès d'elles, et les mordoient avec plus ou moins de force. est possible que quelques accidens particuliers aient donné lieu à cette opinion, que Rondelet a confirmée par un témoignage formel; mais lorsqu'Élien ajoute que leur bouche, pleine de venin, infecte toutes les substances alimentaires qu'elles reucontrent dans la mer, et les rend nuisibles à l'homme, il faut relé- guer son assertion parmi les erreurs de son siècle; et tout au plus, doit-on croire que, dans quelques cir- constances de temps ou de lieu, des girelies auront pu avaler des mollusques ou des vers marins vénéneux, et avoir été ensuite funestes à ceux qui s'en seront nourris sans précaution *, et peut-être sans les avoir * Voyez le savant ouvrage de J. G. Schneider, intitulé, Pctri Artedi Synonymiu piscium, ete. p. 80: RE DUÉ %S UP SONT, SSI OT NES! 499 vidées avec soin. Passons aux couleurs du parotique. Ce labre a le dos gris et le ventre blanchâtre, Le violet paroît être la couleur dominante du berg- snyltre, dont la mâchoire inférieure et les pectorales sont quelquefois d’un beau jaune. Quant aux formes principales des dix labres nommés dans cet article, nous ne pouvons que renvoyer au tableau générique. Le merle *, le premier de ces dix labres , habite dans les mers de l'Europe; le rône se trouve particulièrement dans celle de Norvége; le fuligineux , le brun et l'échiquier vivent parmi les rochers qui environnent les isles de Madagascar, de EEE * x rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine du labre merle. 5 rayons à la membrane branchiale du rône. 14 rayons à chaque nageoire pectorale. 1 rayon aiguillonné et à rayons articulés à chaque thoracine. 14 rayons à la caudale. 14 rayons à chaque nageoire pectorale du fuligineux, 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine, 14 rayons à la caudale. 16 rayons à chaque nageoire pectorale du brun. 6 rayons à chaque thoracine. 12 Ou 14 rayons à la caudale. 14 rayons à chaque nageoïre pectorale de l’échiquier, 6 rayons à chaque thoracine. 12 rayons à la caudale. 13 rayons à chaque nageoire pectorale du marbré. 6 rayons à chaque thoracine. 15 rayons à la caudals. 5oo HISTOTREUNATUR ELITE France et de la Réunion; le marbré et le large-queue appartiennent au grand Océan équatorial : ces cinq der- niers labres ont été observés par Commerson, auquel nous devons les descriptions et les figures de ces ani- maux, que nous publions aujourd'hui, et qui sont encore inconnues des naturalistes. On pèche la girelle dans la Méditerranée, ainsi que dans la mer Rouge ; les Indes sont la patrie du parotique; et le bergsnyltre paroît préférer l'Océan atlantique boréal *. * 14 rayons à chaque nageoire pectorale du laree-queue. sl 5 P 5 6 rayons à la membrane branchiale du girelle. 13 rayons à chaque nageoire pectorale. 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à l’anale. 13 rayons à l’anale. 12 rayons à la caudale. 12 rayons à chaque nagcoire pectorale du parotique. 6 rayons à chaque thoracine. 14 rayons à l’anale. 14 rayons à la caudale. 13 rayons à chaque nagcoire pectorale du bergsnyltre. Le LA 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque nageoire (horacine, 44 rayons à la caudale, er APENBIEE ui HER DAC Pa PAT 1H METRE = 4 Le Mere Pl:27 SS us 2 02 3. SR À À pr A 14 5» \| | \ | LE \\ A NA \|\LL \\ \\\\ Le x # \ 7 / = = = \ \\ = | = À\LLALLLAEA = = D Nl Se ll NL \ \ ù // D 2 LAIBRE oue lon do vratremblablement rapporter au Guaxe 2. HOLOCENTRE Gymnove. 3 HOLOCENT'RE Pantherin L E EAP REC M OMURANZIRE ! BÉ LABRE FANCOÏIDE;, LE LABRE DOUBLE-TACHE:;‘LE LABRE PONCTUELLE DABRE OSSTEWGEMULE LABRE ONITES, LE LABRE PERROQUET\, LE LABRE TOURD!', LE LABRE CINQ-ÉPINES?, LELABRE CHINOIS" sr LE LABRE JAPO- NOIS". Le guaze et l’onite vivent dans les hautes mers; lossi- fage et le tourd, dans l'Océan atlantique ou dans, la Méditerranée; le perroquet se trouve dans cette même * Labrus guaza. Id. Zinné, édition de Gmelin. Laœfl. Ir. 104, Labre guaze., Daubenion et Haïüy, Encyclopédie méthodique, Id. Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique. z Labrus tancoïdes. Wrasse, old wife, ec gwrach, er Angleterre. Labrus tinca. TLinné, édition de Gmelin, Labre tanche de mer, Daubenton et Haïy, Encyclopédie méthodique, Id. Bonnaterre, planches de l Encyclopédie méthodique. Labrus rostro sursum reflexo , caudâ in extremo cireulari, 4rtedi, ge. 33, syn. 56. Turdus vulgatissimus ; tinca marina Venetis. Willughby, p.319. The wrasse. Pennant, Brit. Zoolog. 1. 3, p. 203. Tanche de mer. Palmont-Bomare, Dictionnaire d'histoire naturelle é: 502 HT SOL R ETINAN EUR PILE Méditerranée, où l'on pêche également le labre double- tache, qu'on a observé aussi dans les eaux salées qui 5 Labrus bimaculatus. Id. Zinné , édition de Cmelin. Labre double-tache, Daubenton et Haïüy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l Encyclopédie méthodique. Sciæna maculà fuscä in medio corporis et supra basim caudæ. Mus. Ad. Frid. 1, p. 66. Brit. Zoolog. 3, p. 205, n. 2. # Labrus punctatus. Prick snylta, en Suède. Labrus punctatus. Linné, édition de Gmelin. Labre ponctué. Daubenton et {{aïy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonraterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Sciæna lineis lonsitudinalibus plurimis fusco punctatis. Mus, Ad, Frid.1, p. 66. Gronov. Mus. 1, n. 87. Bloch, pl. 295, fig. x. 5 Labrus ossiphagus. Id. Zinné, édition de Gmelin. Labre ossifage. Daubenton et Haïy, Encyclopédie méthodique, Jd. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 6 Labrus onitis. Ïd. Linné, édition de Gmelin. Mus. Ad. Frid. 2, p.79. Labre onite. Daubenton et Faïy, Encyclopédie méthodique. 14. Bonnaterre, planches de l Encyclopédie méthodique. 7 Labrus psittacus. Labrus viridis. Linné, édition de Gmelin. Labrus viridis, lineâ utrinque cæruleâ. Artedi, gen. 34 Dixième espèce de tourd. Rondelet, première partie, Liv. 6, chap. 6. Turdus viridis, seu decimus Rondeletii. Æ{llughby, Ichthyol. p. 320, Labre perroquet. Daubenton et Haïy, Encyclopédie méthodique. Jd. Eonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique, °? DEN S |H OUT SUSTONNES biots entourent la Grande-Bretagne; le tancoïde habite pen- dant une grande partie de l'année dans les profondes anfractuosités des rochers qui ceignent les rivages bri- tanniques, ou qui sont peu éloignés de ces rivages ; le cinq-épines a été rencontré dans cette mer si sou- vent hérissée de montagnes de glace, et qui sépare la 8 Labrus turdus. Id. Linné, édition de Gmelin. Labrus oblongus viridis, iride luteâ, Artedi, gen. 34, syn. 57. Turdus viridis major. 7Villughbhy, p. 322. Turdus oblongus, fuseus, maculosus. 24. p. 323. Raj. p- 137. Labre tourd. Daubenton et Haïy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique. Labrus oblongus, viridescens , maculatus, etc. Brünn, Pise. Massil. p. br, 7. 67. ? Labrus pentacanthus. Labrus exoletus. Zinné, édition de Gmelin. Faun. Suecic. 331. Müll. Prodrom. Zoolog. Danic. 386. Ot. Fabric. Fuun. Groenland. p. 166, 1. 120. Strom: Sondm. 267, n. 3. Labre cinq-épines. Maubenton et aïy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique. 1 Labrus chinensis. Id. Linné, édition de Gm>lin. Labre livide. Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique. Id, Bonnaterre, planches de l Encyclopédie méthodique. 1 Labrus japonicus. Id. Linné, édition de Gmelin. Houttuyn, Act. Haarl. XX, 2, p. 324 Labre du Japon. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique, 5o4 H LS D'OTRMÆENN A DU REINE Norvége du Groenland; les eaux de la mer équatoriale qui baigne Surinam, paroissent au contraire préférées par le ponctué; le chinois a été vu près des côtes de la Chine; et Houttuyn a découvert le japonois auprès de celles du Japon. Nous croyons que quelques naturalistes ontété induits en erreur par des accidens ou des altérations que leur ont présentés des individus de l'espèce du tancoiïde , lorsqu'ils ont écrit que la lame supérieure de l'opercule de ce labre étoit dentelée; nous pensons que la confor- mation qu'ils ont apperçue dans l'opercule de ces indi- vidus, étoit une sorte d'érosion plus ou moins irrégu- lière, et bien différente de la véritable dentelure, que nous regardons comme un des principaux caractères du genre des lutjans : mais si notre opinion se trouvoit. détruite par des observations constantes et n ombreuses, il seroit bien aisé de transporter le tancoïde dans ce senre des lutjans, et de l'y inscrire dans le second sous- genre. Les dents antérieures du tourd sont plus grandes que les autres. Ilest facile de voir, en parcourant le tableau sénérique, que ce labre tourd peut présenter, relati- vement à ses couleurs, trois variétés plus ou moins a à permanentes. Lorsqu'il est jaune avec des taches blan- ches, sa tète montre communément, et indépendam- ment des taches blanches, quelques taches noires vers son sommet, et quelques filets rouges sur ses côtés; son ventre es! alors argenté avec des veines rouges » IN ! DA SP OJI SES OPNUS 5ob et ses nageoires dorsale, thoracines, anale et caudale, sont rouges et tachées de blanc. Si ce même tourd a sa couleur générale verte, ses pectorales sont d’un jaune pâle, ses thoracines bleuâtres, et sa longueur est un peu moins grande que lorsqu'il offre une autre variété de nuances. Et enfin, quand il a des taches dorées ou bordées d’or au-dessous du museau, avec la partie supérieure verte, il parvient aux dimensions ordinaires de son espèce, il est long de trois décimètres ou environ; il a le ventre jaunâtre et parsemé de taches blanches, irrégulières, bordées de rouge; une raie formée de points blancs et rougeâtres règne avec la ligne latérale, et est placée au-dessus de plusieurs autres raies longitudinales, composées de petites taches blanches et vertes *. DE TER ENT RAP TT TR CERTES PER MANN" MP de * 16 rayons à chaque nageoire pectorale du labre guaze, 6 rayons à chaque thoracine, 13 rayons à l’anale. 15 rayons à la caudale, 5 rayons à la membrane branchiale du tancoïde. 14 rayons à chaque nageoire pectorale. 6 rayons à chaque thoracine. 13 rayons à la caudale. 6 rayons à la membrane branchiale du doupiesauhe. 15 rayons à chaque nageoire pectorale. 1 rayon aiguillonné et cinq rayons articulés à chaque thoracine. 6 rayons à la membrane branchiale du ponctué. 15 rayons à chaque nageoire pectorale. x rayon aiguillonné et à rayons articulés à chaque thoracine. 18 rayons à la caudale. TOME III 64 506 H 1. ST © DRIEXL.N À MUR ELITE Quelle différence de ces couleurs variées et vives qui grivélent, pour ainsi dire, le tourd, et lui ont fait donner le nom spécifique qu'il porte, avec les nuances sombres et peu nombreuses du ponctué! Ce dernier labre est brun, et cette teinte obscure n’est relevée que par des points d'un gris très-foncé ou noirâtres, qui composent les raies longitudinales indiquées dans le tableau générique, et par d’autres taches, ou points, 15 rayons à chaque nageoire pectorale de l’ossifage. 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 13 rayons à la caudale. 15 rayons à chaque nageoire pectorale de l’onite. 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 14 rayons à la caudale. 14 rayons à chaque nageoire pectorale du perroquet. 6 rayons-à chaque thoracine. 14 rayons à la caudale. 5 rayons à la membrane branchiale du tourd, 14 rayons à chaque nageoire pectorale. d 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 13 rayons à la caudale. 13 rayons à chaque nageoire pectorale du cinq-épines. 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 18 rayons à la caudale. 13 rayons à chaque"nageoire pectorale du chinois. 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 12 rayons à la caudale. 6 rayons à la membrane branchiale du japonois, 16 rayons à chaque pectorale. x rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 18 rayons à la caudale. D'E 45. *-p'O NT SENOD Nr S! 507 ou petites raies transversales ou longitudinales, du mème, ton ou à peu près, et épars sur la queue ainsi que sur une partie de la dorsale et de la nageoire de l'anus. L'EAU ROBIN ARR LE LABRE LUMULE;, LE LABRE VARIÉ:, LE LABRE MAILLÉ*# LE LABRE TACHERÉ:, LE LABRE COCK° LE LABRE CANUDE’, LE LABRE BLANCHES- RAIES*, LE LABRE BLEU* er LEVLABRE RAI En Le linéaire a, comme plusieurs autres labres, et particulièrement comme le bleu et le rayé, les dents de devant plus grandes que les autres; le lunulé a la * Labrus linearis. Id. Zinné, édition de Gmelin. Amaæn. acaderñr. 1, p. 31b. Labre linéaire. Daubenton et Haïy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de Encyclopédie méthodique. ? Labrus lunulatus. Id. Zinné , édition de Gmelin. Forskacl, Faun. Arab. p. 37, n. 34, Labre lunulé. Bonnatcrre, planches de l'Encyclopédie méthodique... 3 Labrus variegatus. Id. Zinne , édition de Gmelin. Striped wrasse. Brit. Zoolog. 3, p.207, n.4. # Labrus reticulatus. Labrus venosus. Linné, édition de Gmelin. Brünn. Pise. Massil. p. 58, n. 74. Labre maillé. Bonnaterre, planches de l Encyclopédie méthodique. éme ge A mn on “ge re Eh nn HISTOTRE N'AMURELLE. 509: tête et la poitrine parsemées de taches rouges, les pec- torales Jaunes, les autres nageoires vertes avec des M 5 Labrus guttatus. Id. Zinné, édition de Gmelin. Brünn. Pise. Massil. p.59, n. 76. Labre tacheté, Bonnaterre, planches de P Encyclopédie méthodique. 6 Labrus coquus. Id. Zinné, édition de Gmelin. Cock Cornubiensium. Brit. Zoolog. 3, p.210 , n. 8. Raj. Pise. p. 163, f. 4. 7 Labrus cinædus. Rochau, dans plusieurs départemens méridionaux de France. Canus, zbid. Canudo, ibid. Rosa, dans la Tigurie. Labrus cinædus, /inné, édition de Gmelin. Labrus luteus, dorso purpureo, pinnä à capite ad caudam continu. Artedi, syn. 56. "Angusai. Aihen. lib. 7, cap. 281. Cinædus, Pin. Canus. Rondelet, première partie, .liv. 6, chap. 4. Cinædus Rondeletii. A/drovand. lib. 1, cap.14, p. 67. Jornston, lib. 1, 1it. 2, cap. 1, @. 10, tab.15, nr. 1. Alphestes, vel cinædus. Gesner, p.36, 40, et (germ.) fol.15, Alphestes. Charlet. p. 135. Alphestes, sive cinædus. Willughby, p. 323. Raj. p. 137. Labre canude, Daubenton et Haïy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 8 Labrus albo vittatus. Labre rayé de blanc. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie métho-- dique. Koelreuter, Nov. Com. Petrop. 1om.9, p. 458. # 10 HIST O lRÉMNA TUREELE taches rouges ou rougeâtres, et quelquefois des rayons rouges autour des yeux. Les opercules du varié sont gris et rayés de jaune; ses pectorales tachées d'olivâtre à leur base; et ses thoracines, ainsi que son anale, bleues à leur sommet. Le rayé présente un liséré bleu au bout des thoracines, de l’anale et de la caudale; les rayons de cette dernière nageoire sont jaunes à leur base, et une tache bleue est placée sur la partie antérieure de la dorsale. Ce labre rayé vit dans les mers de la Grande-Bre- tagne, ainsi que le bleu, qui fréquente aussi les rives de la Norvége et du Danemarck, le cock et le varié, que l'on rencontre particulièrement près des isles Skerry; le linéaire se trouve dans les Indes et près des rivages de l'Amérique méridionale ; le lunulé , près des côtes de l'Arabie; et le maillé, le tacheté et le canude sont pêchés dans la Méditerranée, où ce canude étoit connu dès le temps d’Athénée et même de celui d’Aristote, et où on l’avoit nommé a/phestas et cinædus, parce qu'on voyoit presque toujours les individus de cette espèce nager deux à deux à la queue l’un de ? Labrus cæruleus. Blaastaal es blaustak, ex Danemarck. Paon bleu. Ascagne, cah. 2, p. 5, pl, 12. Labre bleu. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. # Labrus lineatus. Pennant, Brit. Zoolog.3, p. 240. Labre rayé. Bonnalerre, planches de l'Encyclopédie méthodique, DIE 4S ViPNoT ISO) KE! LIÉE l’autre *. La chair de ces Can Tes présente les mêmes qualités que celle de la plupart des autres poissons qui vivent au milieu des rochers, et qu'on a nommés saxatiles; elle est, suivant Rondelet, molle, tendre, * 6 rayons à la membrane branchiale du labre linéaire. 12 rayons à chaque nageoire pectorale. 6 rayons à chaque thoracine. 12 rayons à la caudale. 5 rayons à la membrane branchiale du lunulé. 12 rayons à chaque nageoire pectorale, 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine, 13 rayons à la caudale. 5 rayons à la membrane branchiale du varié. 15 rayons à chaque nageoire pectorale. : . PE . 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 5 rayons à la membrane branchiale du maillé. . 13 rayons à chaque nageoire pectorale. 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine, 13 rayons à la caudale. 5 rayons à la membrane branchiale du tacheté. 14 rayons à chaque nageoire pectorale. 1 rayon aigvillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 17 rayons à la caudale, 15 rayons à chaque nageoire pectorale du blanches-raies. 6 rayons à chaque thoracine. 12 rayons à la caudale. 5 rayons à la membrane branchiale du bleu. 14 rayons à chaque nageoire pectorale. x rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine, 14 rayons à la caudale, 512 HIS T-O MR UNATURELLE: friable , facile à digérer , et fournit une nourriture convenable aux malades ou aux convalescens. 5 rayons à la membrane branchiale du rayé. ? 15 rayons à chaque nageoire pectorale. « z rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. LB L AD REP UILIE AN LE LÆBREBERGYLTE,, LE, EABRE HASSEK® LE LABRE ARISTÉE LE LABRE BIRAYÉ’, LE LABRE GRANDES- ÉCAILLESS, LE LABRE TETE -PLEUES LE LABRE À GOUTTES!, LE LABRE BOISÉ?, ET LE LABRE CINQ-TACHES", Querres nuances devons-nous décrire encore, pour compléter l'idée que nous donne le tableau générique des couleurs de ces labres ? La teinte générale du : Labrus ballan. Pennant, Brit. Zoolog. 3, p. 246. Labre ballan. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. > Labrus bergylta. Berg-galt, ex Norvége. Berg-gylte, 1bid. Sea-aborne, zbid. See carpe (carpe de mer), ez Danemarck. Labrus bergylta. Ascagne, pl. 1. Labre tacheté. Bloch, pl. 294. Labre bergylte. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 3 Labrus hassek, Labre hassek. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Labrus inermis. /d. 1bi«, Forskuel, Descript. animal. p, 34. TOME 111. 65 bi4 HISTOIRENATURELLE. bergylte est brune, et ce brun est mêlé de jaune sur les opercules; le hassek est verd, avec le dos brun, et des À taches blanchâtres sur des côtés ; presque toutes les nagcoires du birayé sont d'un violet mêlé de jaune; le labre grandes-écailles présente des nageoires colo- rées de même, des taches violettes sur ses opercules, et quelques taches bleues à l'origine de la dorsale ; un gris tirant sur le verd distingue les nageoires du labre tète-bleue; presque toutes les taches que l'on voit sur le labre à gouttes, sont ordinairement rondes comme des gouttes de pluie; le boisé a les thoracines noires, . les pectorales et la caudale bleues, la dorsale et l'anale . : variées de bleu, de jaune et de brun; et le cinq-taches # Labrus aristatus. Labre aristé. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Sparmann, Amœn.academ. vol. 7, p. 5oë, Wi 5 Labrus bivittatus. Bloch, pl. 284, fig. x+ # Labrus macrolepidotus. Bloch, pl. 284, fig. 2. 7 Labrus cyanocephalus. » Bloch, pl. 286. 8 Labrus guttulatus. Bloch, pl. 287, fig. 2. 9 Labrus tessellatus. | Bloch, pl. 291, jig. 2. 3° Labrus quinque-maculatus. | Bloch, pl. 291, fig. 1. D FES POISSONS. b15 a les nageoires jaunes, bordées de violet. Nous devons à Bloch la connoissance des six derniers labres que nous venons de nommer, €t nous Savons par ce naturaliste que le cinq-taches vit, ainsi que le boisé, dans la mer de Norvége, d'où M. Spengler, de Stockholm, avoit reçu des individus de ces deux espèces. C’est dans les mers de la Grande-Bretagne, ou à une distance assez peu considérable de la Norvége, que l’on trouve le bergylte et Le ballan *. On pêche le hassek dans la mer d'Arabie; * -4 rayons à la membrane branchiale du labre bailan. 14 rayons à chaque nageoire pectorale, 1 rayon alguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 5 rayons à la membrane branchiale du bergylte. 14 rayons à chaque nageoïire pectorale. 1 rayon aiguillonné et 4 rayons articulés à chaque thoracine. -18 rayons à la caudale. 12 rayons à chaque nageoire pectorale de l’aristé. 6 rayons à chaque thoracine. 5 rayons à la membrane branchiale du birayé. 14 rayons à chaque nageoire pectorale. 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 13 rayons à la caudale. 5 rayons à la membrane hranchiale du grandes-écailles. 12 rayons à chaque nageoire pectorale. 6 rayons à chaque tlioracine. 19 rayons à la caudale. 5 rayons à la membrane branchiale du tête-bleue. 12 rayons à chaque nageoïre pectorale. 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 12 rayons à la caudale. 516 HISTOIRE NATURELLE. pa et M. Sparmann dit que le labre aristé a pour patrie les eaux de la Chine. Les mâchoires du labre grandes-écailles n’offrent qu'un seul rang de dents, dont les antérieures sont les plus longues; la ligne latérale de ce poisson est interrompue ; une seule rangée de dents petites et aigués garnit les deux mâchoires du labre boisé. 13 rayons à chaque nageoire pectorale du labre à gouttes. 6 rayons à chaque thoracine. 16 rayons à la caudale. 4 rayons à la membrane branchiale du boisé. 16 rayons à chaque nageoire pectorale. 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 16 rayons à la caudale. 5 rayons à la membrane branchiale du cinq-taches. 15 rayons à chaque nageoire pectorale. 1 rayon aiguillonné et à rayons articulés à chaque thoracine. 16 rayons à la caudale. mn JF in NEA Û Et 3 Ov LE AE à: i4," LS hé x DO ER V0 MORT TE RUE ER 2 © ml Ne "Le PL 26. Page 517 y. LABRE Cinture 2 LABRE Large Tate À LABRE Annele LEALAPBRE MICROLÉPIDOTE:, LE LABRE VIEILLE, LE LABRE KARUT:, LE LABRE ANÉI* LE LABRE CEINTURE", LE LABRE DIGRAMMES, LE LABRE HOLOLÉPIDOTE’, LE LABRE DANIQOURE",. LE LABRE PARTERRE? DE LABRE SPAROIDE“*, LE LABRE LÉOPARD", ET LE LABRE MALAPTÉRONOTE", Brocwm, qui le premier a publié la description du microlépidote, du labre vieille, du karut et de l’anéi, ignoroit quelle est la patrie du microlépidote. Le labre vieille est pèché près des côtes de Norvége, d'où on * Labrus microlepidotus. . Bloch, pl. 292. >? Labrus vetula. Carpe de mer, sur quelques côtes occidentales de France. - Bloch, pl. 293. 3 Labrus karut. Johnius carut. Bloch, pl, 356. 4 Labrus aneus. Anéi kattalei, par les Malais. Johnius aneus. Bloch, pl. 357. 5 Labrus cingulum. Labrus saturnio anticà medietate lividus , postic fuscus , cingulo inter- medio exalbido, punctis atro-purpureis capiti inspersis. Commerson, ma- nuscrits déja cités 518 ETS TO TRES CN A LOL RIDIL DE avoit faitrparvenir des individus de cette espèce à M. Spengler; on le trouve aussi auprès des rivages occidentaux de France, Le karut et l'anéi, que Bloch avoit cru pouvoir comprendre dans un genre parti- culier, qu'il avoit consacré à son ami John, voyageur et missionuaire dans les Indes, en donnant à ce grouppe le nom de johnius, nous ont paru devoir être inscrits avec les véritablés Tabres, d’après les principes de dis- tribution méthodique que nous suivons; et, en effet, ils n'offrent aucun caractère qu'on ne retrouve dans une ou plusieurs espèces, considérées, par presque tous les naturalistes et par Bloch lui-même, comme des labres proprement dits. Ce Karut et cet anéi vivent dans Îles eaux salées des Indes orientales, et particu- liérement dans celles qui baignent la grande presqu'isle de Flnde, tant au levant qu'au couchant de cette immense péninsule. Quant aux autres huit labres nommés dans cet ar- ticle, nous en dannons les premiers la description, a —————————— ———— ———_———— 6 Labrus digramma. Labrus hololepidotus. 8 Labrus tæniourus. 9 Labrus hortulanus. Labrus sparoïdes. : " Labrus leopardus. © Labius malapteronotus, S ll Nate tout 'à h * 1177 L Ce LÉ perl ne OÙ] LI à Rat D rh Re 4 are AE PTENT Ere ré " PAL Pau: af: TRS ; DTA Ar: : : M 11 _ ) a PPT tn : A \ Ed CORAN ARE N L vu ei AUUNN a ke at AM EM Marg € Renou veu : Hébraique £ LABR J a lerre > l L Æ ZABR 7 Taæroure 7 fi z LABRE D'ERSEDI OT ESMNOIUNLS. 519 d'après les manuscrits de Commerson ou les dessins qui faisoient partie de ces manuscrits, et que nous avons fait graver. Ces huit labres habitent le grand Océan équatorial, ou les mers qui en sont voisines ; et le labre ceinture à été observé particulièrement auprès de l'Isle de France. Les deux mâchoires du microlépidote et du labre vieille sont aussi longues l’une que l’autre ; elles sont de plus garnies de dents pointues et peu serrées; et le karut et l'äanéi n'offrent que des dents petites et pointues. Disons encore quelques mots des couleurs des douze labres que nous examinons. La dorsale du microlépidote * est presque entière- ment brune ; ses autres nageoires sont blanchâtres. Le dos et les flancs du karut réfléchissent un bleu d'acier; une nuance d'un beau jaune distingue son ventre et ses lignes latérales; ses nageoires offrent un brun rougeâtre, excepté la dorsale et la caudale, qui sont bleues. L’anéi a le dos noirâtre, les côtés blancs, les pectorales et les thoracines rougeâtres; la partie postérieure de la dorsale, l’anale et la caudale rouges * Microlépidote désigne les petites écailles, digramme la double ligne latérale, hololépidote les écailles placées sur toute la surface de l'animal, tænioure le ruban ou la bande que l’on voit sur la nageoire caudale, et malaptéronote les rayons mous qui composent seuls la nayeoire dorsale. Muxpes signifie perif, Aems écaille, du deux fois, ypauuæ line, &\o; entier, Taie ruban Où bande, vx queuc, maanos mou, nlepoy nageoire, €t wwros dos. 520 HIS TO MREN N'A TURIN E LF à leur base et bleuâtres à leur sommet. Le bord de la dorsale et de l’anale du labre ceinture est souvent blanchâtre *, et l’on voit ordinairement sur l'angle postérieur de l’opereule de ce poisson une tache noire, * 12 rayons à chaque nageoire pectorale du labre microlépidote. 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 18 rayons à la caudale. x4 rayons à chaque nageoire pectorale de la vieille. 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 16 rayons à la caudale. 5 rayons à la membrane branchiale du karut. 16 rayons à chaque nageoire pectorale. 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 2 rayons aiguillonnés et 7 rayons articulés à l’anale. 18 rayons à la caudale. 5 rayons à la membrane branchiale de l’anéi. x4 rayons à chaque nageoire pectorale. 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 2 rayons aïguillonnés et 7 rayons articulés à l’anale. 18 rayons à la caudale. 13 rayons à chaque nageoire pectorale de la ceinture. 6 rayons à chaque thoracine. 14 rayons à la caudale. 11 rayons à chaque nageoïre pectorale da digramme. ; EU £ 6 rayons à chaque thoracine. 12 rayons à la caudale, 20 rayons à la caudale du labre hololépidote. | 13 rayons à la caudale du tænioure, 12 rayons à chaque nageoire pectorale du païterre. 16 rayons à la caudale, RE Te ES M Ve. Vis LS ) 5 L ÿ d Der Gen arme un onde om pau den pe à nl 3 Jom. à L à 11 30. Zage 821 JE deJeve filus er Ce hausse) Jeub ZT ABRE Leopard 2. DIPTERODON Aexa canthe 8 HOLOCENT RE ser bua- D EST TP OT SES OÙ NS: LPS: remarquable par un point blanc ou blanchâtre, qui lui donne l'apparence d'un iris avec sa prunelle. 17 räyons à la caudale du sparoïde, 12 rayons à la caudale du léopard. 11 rayons à la caudale du malaptéronote. TOME Ill. 66 1,6 ABS RONDE DAMON LE LABRE MACRODONTE/, LE LABRE-NEUSTRIEN: LE LAPBRE: CAPOPS* LE LABRE ENSANGLANTESVCLE LABRE PERRUCHE®,:- LE LABRE KESEIK/\ er LE LABRE COMBRE®*. LA description comparée des six premiers de ces huit labres n’a encore été publiée par aucun naturaliste. Suivant le citoyen Noël, qui nous a fait parvenir des notes manuscrites au sujet du labre neustrien et du 3 Labrus diana/ z Labrus macrodontus. 3 Labrus Neustriæ. é Grande vieille, auprès de Fécamp. Bandoulière marbrée. ( Note manuscrite communiquée par le citoyen Noël de Rouen.) 4 Labrus calopse La brune, par les pécheurs de Dieppe. Bandoulière brune. ( Note manuscrite communiquée par le citoyen Noël de Rouen.) 5 Labrus cruentatus. Lupus minimus, argenteus, maculis purpureis tessellatus. Perztures sur yélin faites d'après les dessins de Plumier, et déposées dans la biblio- ihèque du Muséum national d'histoire. naturelle. LL. 31. Fage. 522 dr. | 7) {/ DeJeve,del, F, Trilobe CZLIN. 3. CH 2 LABRE Deux -Croissants 2. LABRE Halapteronote.. ; Te RL Pre] «es APPLE UM NUL, CPE " ak AUFLON f 4. FPE \ PA TA 1 TONER ES NI OR APE + 1 PI. 32 Lage 523. J Tome NTRE Diadème » u leurreu 3. HOLO CE. TE Æ HIN QT 2 [s OX 2.087 P'iare + 1 LABR H LS T'ON HE E ÆN À TU RÉEL LUE. 523 calops, ce dernier poisson a les deux mâchoires gar- nies d'une rangée de dents doubles et pointues. La dorsale du neustrien présente des nuances et une disposition de couleurs assez semblables à celles que l'on voit sur les côtés de cet animal, et les pectorales, les thoracines, l’anale et la caudale, offrent des tons et une distribution de teintes pareils à ceux que montre le dos. L'iris du calops, qui est très-grand, ainsi que l'œil considéré dans son ensemble, est d’un noir si éclatant, que j'ai cru devoir tirer de ce trait de la physionomie de ce labre le nom spécifique de calops que j'ai donné à ce poisson, et qui siguifie bel æil'. Le dos du labre calops est brunâtre; mais cet osseux est revêtu sur toute sa surface, excepté celle de sa tête, d’écailles fortes, larges et très-brillantes*, L'éclat des 6 Labrus psittaculus. Turdus marinus varius, vulgd perit perroquet. Peintures sur vélin faites d’après Les dessins de Plumier, ct déja citées. 7 Labrus keslik. Labrus perdica. Linné, édition de Gmelin. Forskael, Descript. anim. p. 34, n. 26. Labre keslik. Ponnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique. 3 Labrus comber. Id. Linné, édition de Gmelin. Labre combre. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Comber. Brit. Zoolog. 3, p.210, n. 74 Raj. Pise. p. 163, fig. 5. : Karos veut dire beau, et &L œil. * Le citoyen Noël, qui a disséqué le calops , nous écrit que ce posson Sa) ‘HISTOIRE NATURELLE diamans et des rubis, qui charme les yeux des obser- vateurs sur l'ensanglanté, est relevé par les nuances des nageoires, qui sont toutes dorées. L’anale du labre perruche est jaune avec une bordure rouge, et sa cau- dale est également jaune, avec quatre ou cinq bandes courbes, concentriques, inégales en largeur, et alter- nativement rouges et bleues. Le keslik a la tète brune, et la dorsale, ainsi que l’anale, rouges. Le combre a souvent le ventre d’un jaune clair, et les nageoires rougeâtres : il habite dans les mers britanniques ; le keslik, dans celle qui baigne les murs de Constanti- nople; les beaux labres ensanglanté et perruche vivent dans l'Amérique, où ils ont été dessinés et observés avec soin par Plumier; le neustrien et le calops, près des rives de l’ancienne Neustrie; et le labre diane *, dont nous devons la figure à Commerson, se trouve n’a point d’appendices ou cœæcums auprès du pylore; que la vessie nata- toire est d’une grande capacité; qu’elle est située au-dessous de l’épine dorsale ; que cette épine est composée de vingt-deux vertébres, dont dix répondent à la capacité du ventre, et que la chair de cet animal est blanche, et ferme comme celle d’une jeune morue. * 12 rayons à la caudale du Jabre diane. 5 rayons à la membrane branchiale du labre macrodonte, 15 rayons à chacune des pectorales. x rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines, 14 rayons à la caudale. 7 rayons à la membrane branchiale du neustrien. 15 rayons à chacune des pectorales. x rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines. 15 rayons à la caudale, Ce minis 7» D'B:S ++ PHONE SNS IONNIUS. 525 dans le grand Océan équatorial : quant au macrodonte, que nous 2vons décrit d’après des individus de la col- lection cédée à la France par la Hollande, nous ignorons sa patrie. 4 rayons à la membrane branchiale du ealops. 17 rayons à chacune des pectorales. 1 rayon aivuillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoraciues. 22 rayons à la caudale, 12 rayons à la nageoire de l’anus de la perruche. 12 rayons à la caudale. 14 rayons à chacune des pectorales du keslik. 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines.. 14 rayons à la caudale. 14rayous à chacune des pectorales du combre. 5 rayons à chacune des thoracines. LE, L'ABERIE -D'RAIS PIE TIENNE LE L'ABRENNIE RIDE LÉ LABRE TRILOBÉ A LENLAPBREMDEUS CROISSANS*, LE LABRE HÉBRAIQUE;, LE LABRE LARGE-RAIES er LE LABRE ANNELÉ7. BLocn a publié la description et la figure des deux premiers de ces labres*; nous allons faire connoître les cinq autres, dont nous avons trouvé des dessins : Labrus brasiliensis. Tetimixira, au Brésil, Block, pl, 280. 2 Labrus viridis. Bloch, pl. 282. 3 Labrus trilobatus. # Labrus bilunulatus, 5 Labrus hebraïcus. 6 Labrus latovittatus, 7 Labrus annulatus. ë# La belle gravure enluminée du brasilien, que l’on trouve dans l’ou- vrage de Bloch, me paroît donner une fausse idée de la caudale de ce poisson, en ne la représentant pas comme trilobée. Si mon opinion à cet égard n’étoit pas fondée , il faudroit ôter le brasilien du troisième sous= genie des labres, et le placer dans le premier, AUS TN OIT/RÔE UN'A TU REINE. 007 parmi les manuscrits de Commerson. La ligne latérale des deux derniers de ces cinq labres, c'est-à-dire, du labre large-raie et de l’annelé, est courbe à son origine, et droite vers la nageoire caudale : une grande tache, ayant à peu près la forme d'un croissant, est d’ailleurs placée sur la base de la caudale de ce labre annelé, et occupe presque toute la surface de cette nageoïre; om voit de plus une ou deux raies longitudinales sur l’anale de ce même poisson, et une raie oblique passe au-dessus de chacun de ses yeux. La dorsale et l’anale du trilobé sont bordées d’une couleur vive ou foncée. Le brasilien brille*, sur presque toute sa surface, de l'éclat de l'or, et cette dorure est relevée par quelques * 11 rayons à chacune des nageoires pectorales du labre brasilien. 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoraciness 18 rayons à la caudale. 12 rayons à chacune des pectorales du labre verd, 6 rayons à chacune des thoracines, 14 rayons à. la caudale. 13 rayons à chacune des pectorales du trilobé. 13 rayons à la caudale. 13 rayons à chacune des pectorales du labre deux-croissans:; 15 rayons à l’anale, 9 rayons à la caudale. 10 rayons à chacune des pectorales du labre hébraïque. 16 rayons à la caudale. 11 rayons à la caudale du large-raie. 7 rayons à chacune des pectorales de l’anuelé, 13 rayons à la caudale.. : 028 HT'S TO IR EN ATIU RER CHE traits bleus, par le bleu des raies longitudinales qui s'étendent sur la dorsale et sur l’anale, et par la cou- leur également bleue des pectorales, des thoracines et de la caudale : ce beau poisson vit dans les eaux du Brésil ; il est recherché à cause de la bonté de sa chair, et sa longueur excède quelquefois un tiers de mètre. Le verd habite dans les eaux du Japon; le trilobé, le deux-croissans, l'hébraïque, le large-raie et l’annelé ont été vus dans le grand Océan équa- {orial. CENT (CINQUIÈME GENRE. MES CCHPBLEDNES. La lèvre supérieure extensible ; les opercules des bran- chies dénués de piquans et de dentelure; une seule nageoire dorsale; cette nageoire du dos très-séparée de celle de la queue, où très-éloignée de la nuque, ou composée de rayons terminés par un flament; de grandes écailles ou des appendices placées sur la base de la nageoire caudale, ou sur les cotés de la queue. ESPÈCES. CARACTÈRES. 1. LE CHEILINE SCARE. . Lo QE {Des appendices sur les côtés de la queue. a (Cheilinus scarus.) 2. LE CHEILINE TRILOBÉ. he lignes latérales ; la nageoire caudale (Cheilinus trilobatus.) trilobée. TOME I. 67 LE CHEMTETINE:S CARE LL est peu de poissons, et mème d'animaux, qui aient été, pour les premiers peuples civilisés de l'Europe, l'objet de plus de recherches, d'attention et d'éloges , que le scare dont nous allons parler. Nous avons cru devoir le séparer des labres proprement dits; et le mettre à la tête d’un genre particulier dont le nom cheiline * "indique la conformation des lèvres, qui : 5 Cheilinus scarus. Ÿ Sargo, dans le midi de l'Europe. & Cantheno, zbid. Denté, dans quelques départemens méridionaux de France. Labrus scarus. Zinné , édition de Grelin. Labre scare. Daubenton et Haiy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Scarus autorum. Artedi, syn. b4, Oo‘ oxapx. Aristot. lib. 2, cap.17; lib. 8, cap. 23 et lib. 9, cap. 37. Id. Ælian. lib. x, cap. 2, p. 5; et lib. 2, cap. 54. Oppian. lib.1,p.5,6; et lib. 2, p.53. Athen. lib. 7, pe 319. Scarus. Plin. lib. 9, cap. 17. Aldrovand, lib. +? , cap. 2, p.17. Scare. Rondelet, première partie, liv. 6, chap. 2. Jonston, lib. Fil. 2, C@p.1,@.T)t. 13. Scarus piscis. Jos. cap. 13 P+ 7: YVillughby, p. 306. Raÿ. p+ 129. Scarus. Petri Artedi Syn. piscäem, auctore J. G. Schneider, p. 85 et 328, Scare. l’almont-Bomare, Dictionnaire d'histoire naturelle, 2 xEA0G signifie lèvre, “it HISTOIRE NATURELLE. 531 rapproche des labres cette petite famille, pendant qu'elle s’en éloigne par d’autres caractères. Mais il ne faut pas sur-tout le coufondre avec les osseux connus des naturalistes modernes sous le nom de scares, qui forment un genre très-distinct de tous les autres, et qui diffèrent de notre cheiline par des traits très- remarquables, quoique plusieurs de ces animaux habitent dans la Méditerranée, comme le poisson dont nous écrivons l’histoire. La dénomination de scare est générique pour tous ces osseux qui composent une famille particulière ; il est spécifique pour celui que nous décrivons. Nous aurions cependant, pour éviter toute équivoque, supprimé ou ce nom générique ou ce nom spécifique , si le premier n’avoit été générale- ment adopté par tous les naturalistes récens, et si le second n'avoit été consacré et par tous les écrivains anciens, et par tous les auteurs modernes qui ont traité du cheiline que nous examinons. Ce poisson non seulement habite dans la Méditerra- née, ainsi que nous venons de le dire, mais encore vit dans les eaux qui baignent et la Sicile , et la Grèce, et les isles répandues auprès des rivages fortunés de cette Grèce si fameuse, IL n'est donc pas surprenant que les premiers naturalistes grecs aient pu observer cet osseux avec facilité. Ce cheiline est d’une couleur blanchâtre ou livide mêlée de rouge. Il ne parvient guère qu'a la longueur de deux ou trois décimètres. Les écailles qui le recouvrent sont grandes et très. B3% Hrs TOrR:Et K A TU RELTLE transparentes. II montre, sur les côtés de sa queue, des ‘appendices transversales, dont la forme et la position ont frappé les observateurs. La conformation de ses dents n'a pas été moins remarquée : eiles sont émous- sées, au lieu d'être pointues, et par conséquent très- propres à couper ou arracher les algues et les autres plantes marines que lé scare trouye sur les ‘rochers qu'il fréquente. Ces végétaux marins paroissent être l'alimeut préféré par ce cheiline, et cette singularité n'a pas échappé aux naturalistes d'Europe les plus anciens. Mais ils ne se sont pas contentés de rechercher les rapports que présente le scare entre la forme de ses dents, les dimensions de son canal intestinal, la qualité de ses sues digestifs , et la nature de sa nour- riture tres-diflérente de celle qui convient au plus grand nombre de poissons : ils ont considéré Le seare comme occupant parmi ces poissons carnassiers la même place que les animaux ruminans qui ne vivent que de plantes, parmi les mammifères qui ne se nour- rissent que de proie ; exagérant ce parallèle, étendant les ressemblances, et tombant dans une erreur qu'il auroit été cependant facile d'éviter, ils sont allés jusqu’à dire que le scare ruminoit ; et voilà pourquoi, suivant Aristote, plusieurs Grecs l'ont appelé kypuxar. Les individus de cette espèce vivent en troupes; et le poète grec Oppien, qui a cru devoir chanter leur affection mutuelle , dit que lorsqu'un scare a été pris à l’hamecon, un de ses compagnons accourt, et coupe DEN t: PUO/T 2 8 20 NUS: 533 la corde qui retient le crochet et l'animal, avec ces dents obtuses dont il est accoutumé à se servir pour arracher ou scier l'herbe qui tapisse le fond des mers; il ajoute que si un scare enfermé dans une nasse cherche à en sortir la queue la première, ces mêmes compagnons l'aident dans ses eflorts en le saisissant avec leur gueule par cette queue qui se présente à eux, et en la tirant avec force et constance; et enfin, pour ne refuser à l'espèce dont nous nous occupons, aucune nuance d'attachement, il nous montre les mâles accourant vers une femelle retenue dans une nasse ou par un hamecçon, et s'exposant, pour l'amour d'elle, à tous les dangers dont les pêcheurs les me- nacent. Mais je n'ai pas besoin de faire remarquer que c’est un poète qui parle; et combien le naturaliste, plus sévère que le poète, n'est-il pas forcé de réduire à quelques faits peu extraordinaires, des habitudes si touchantes, et que la sensibilité voudroit conserver comme autant d'exemples utiles et d'heureux souve- nirs ! | Le scare s'avancoit, lors des premiers siècles de l'ère vulgaire, dans l'Archipel et dans la mer dite alors de Carpathie, jusqu'au premier promontoire de la Troade. C’est de ces parages que, sous l'empire de Tibère Claude, le commandant d'une flotte romaine, nommé Optaius Elipertius où Elipartius, apporta plusieurs scares vivans quil répandit le long du rivage dOstie et de la Campanie. Pendant cinq ans, on eut le soin 534 HISTOIRE NATURELLE de rendre à la mer ceux de ces poissons que les pêcheurs prenoient avec leurs lignes ou dans leurs filets; et par cette attention bien facile et bien simple, mais soutenue, les scares multiplièérent promptement et devinrent très-communs auprès des côtes italiques, dans le voisinage desquelles on n'en avoit jamais vu auparavant. Ce fait est plus important qu'on ne le croit, et pourroit nous servir à prouver ce que nous dirons, avant de terminer cette histoire, au sujet de l'accli- matation des poissons, à ceux qui s'intéressent à la prospérité des peuples. Le commentateur d’Aristote, l'Égyptien Philoponus, a écrit vers la fin du sixième siècle, ou au commen- cement du septième, que les scares produisoient quel- que son, lorsque, placés à la surface de la mer, et élevant la tête au-dessus des ondes, ils faisoient jaillir l'eau de leur bouche avec rapidité. Peut-être en effet faudra-t-il attribuer à ces cheilines la faculté de faire entendre quelque bruissement analogue, et par sa nature, et par sa cause, à celui que font naître plu- sieurs trigles et d'autres espèces de poissons cartilagi- neux ou osseux, dont nous avons déja parlé *. Dans le temps du grand luxe des Romains, le scare étoit très-recherché. Le poète latin Martial nous apprend que ce poisson faisoit les délices des tables les plus délicates et les plus somptueuses; que son foie LANNONNNSSS AE EE RU LE PORN ER ET Eee ES * Voyez le Discours sur lQ nature des poissons. 1 DIE SUP /ONI S SO NS. 535 étoit la partie de ce poisson que l’on préféroit ; et que même l’on mangeoit ses intestins sans les vider, ce qui doit moins étonner lorsqu'on pense que cet osseux ne vit que de végétaux, que de voir nos gourmets mo- dernes manger également sans les vider, des oiseaux dont l'aliment composé de substances animales est sujet à une véritable corruption. Dans le siècle de Rondelet, ce goût pour le scare, et même pour ses intestins, étoit encore très-vif: ce naturaliste a écrit que cet osseux devoit être regardé comme le premier entre les poissons qui vivent au milieu des rochers, que sa chair étoit légère, friable , facile à digérer, très-agréable, et que ses boyaux, qu'il ne falloit pas jeter, sentuient la violette. Mais le prix que l’on don- noit du scare, à l'époque où Rondelet a publié son Histoire des poissons, étoit bien inférieur à celui qu'on en offroit à Rome quelque temps avant que Pline ne mit au jour son immortel ouvrage. Ce poisson entroit dans la composition de ces mets fameux pour lesquels on réunissoit les objets les plus rares, et que l’on servoit à Vitellius dans un plat qui, à cause de sa grandeur, avoit été appelé le bouclier de Minerve. Les entrailles du scare paroissoient dans ce plat avec des cervelles de faisans et de paons, des langues de phé- nicoptères, et des laites du poisson que Îes anciens appeloient murène, et que nous nommons 724rCH0phis, - Au reste, ce ne sont pas seulement les plantes ma- rines qui conviennent au scare :il se nourrit aussi de 536 HTSTOHRE NS EUR ETC végétaux terrestres ; ef voilà pourquoi, lorsqu'on a voulu le pêcher, on a souvent employé avec succès, pour amorce, des feuilles de pois, de féves, ou d’autres plantes analogues à ces dernières *. * Le scare a le cœur anguleux, le foie divisé en trois lobes, l’estomac petit, le pylore entouré de quatre ou cinq cœcums, et le camal intestinal eourbé plus d’une fois. Ed C'ÉRAAIEC TINQE ER PT GPA SuivANT Commerson, dans les papiers duquel nous avons trouvé une note très-étendue sur ce cheiline encore inconnu des naturalistes, le trilobé a la gran- deur et une partie des proportions d’une carpe ordi- naire. La couleur générale de ce poisson est d'un brun bleuâtre relevé sur la tête, la nuque et les opercules, par des traits, des taches ou des points rouges, blancs et jaunes. Ses pectorales sont jaunes, particuliè- rement à leur base ; et ses thoracines variées de rouge. La tête et le corps du trilobé sent d'ailleurs hauts et épais. Presque toute sa surface est revêtue d'écailles arrondies, grandes et lisses. Les deux dents antérieures de chaque mâchoire sont plus longues que les autres. Deux lames composent chaque opercule. Indépendam- ment de la forme trilobée et de la surface très-étendue de la caudale, cette nageoire est recouverte à sa base et de chaque côté par trois ou quatre appendices … presque membraneuses, semblables par leur forme à des écailles longues , larges et pointues, et qui Hottent, pour ainsi dire, sur cette mème base, à laquelle elles * Cheiïlinus trilobatus, Labrus eapite guttato, caudà tricuspidatä, squamis membranaccis ad basim imbricatis. Commerson, manuscrits déja cités. TOME Ili. 2 TN [@e 538 EI STORE NAME IR FEMMES ne tiennent que par une petite portion de leur ,con- tour. La dorsale et l’anale se prolongent en pointe vers la caudale. Les deux ligues latérales sont très- droites : la supérieure règne depuis l'opercule jusque vers la fin de la dorsale; la seconde va depuis le point correspondant au milieu de la longueur de l'anale, jusqu'aux appendices de la nageoire de la queue; et chacune paroît composée de petites raies qui,.par leur figure et leur position, imitent une suite de caractères chinois. Commerson a observé le trilobé, en 1769, dans la mer qui baigne les côtes de l'Isle de la Réunion, de celle de France, et de celle de Madagascar ”. * 9 rayons aiguillonnés et 10 rayons articulés à la nageoire du dos. 12 rayons à chacune des pectorales. 6 rayons à chacune des thoracines. 3 rayons aiguillonnés et 9 rayons articulés à l’anale. 12 rayons à la nageoire de la queue. CENT 'SIXTEME. CEN RE LES CHEILODIPTÉRES. La lèvre supérieure extensible; point de dents incisives, ni mmolaires; les opercules des branchies, dénués de Piquans et de dentelure; deux nageoires dorsates. Le | e PMR EE M LEUR SO ULS =CE.NRIEE: Li La nageoire de la queue, fourchue, ou en croissant. ESPÈCES. CARACTÈRES. Sept rayons aiguitlonnés et plus longs que la 1. LE CHEILODIPTÈRE membrane, à la première nageoire du dos; HEPTACANTHE. la caudale fourchue ; la mâchoire infé- ( Cheilodiptérus heptacan-| rieure plus avancée que la supérieure ; les thus.) opercules couverts d’écailles semblables à x celles du dos, 2. LE CHEILODIPTÈRE sale, qui est arrondie; la caudale en crois- CHRYSOPTÈRE. sant ; les deux mâchoires à peu près aussi ( Cheilodipterus chrysopte- longues l’une que l’autre ; la seconde dor- rus.) sale, l'anale, la caudale et les thoracines dorées. E rayons aiguillonnés à la première dor- 3. LE CHEILODIPTÈRE RAYÉ. odie rus linealus.) Vw sale ; la caudale en croissant ; la mâchoire inférieure un peu plus avancée que la su- Le rayons aiguillonnés à la première dor- périeure ; les dents longues, crochues, et DAC HISTOIRE NATURELLE ESPÈCES. CARACTÈRES. séparées l’une de l’autre ; une bande trans- 3. LE CHEILODIPTÈRE : versale , large et courbe, auprés de la RAYÉ. à . MUErE caudale ; huit raies longitudinales de Cheilodipterus lineatus.) | : (Cheilodipterus lineatus.) . chaque côté du corps. Neuf rayons aiguillonnés à la première na- L L geoire du dos; quatorze rayons à celle de 4. LE CHEILODIPTÈRE MAURICE. (Cheilodipterus Mauritii.) l’anus; la caudale en croissant ; la tête et les opercules dénués d’écailles semblables à celles du dos ; la couleur générale argen- tée, sans bandes, sans raies et sans taches. ; SECOND' SOUSCRNTE we La nagcoire de la queue, rectiligne, ou arrondie. ESPÈCES. CARACTÈRES. £ ; Neuf rayons aiguillonnés à la premiere na- 5. LE CHEILODIPTERE CYANOPTÈRE. ( Cheilodipterus cyanopte- geoire du dos; les deux dorsales et la cau- dale bleues; la caudale rectiligne; la mâ- choire supérieure plus avancée que l’infé- Tus.) : PRES ; rieure, qui est garnie d’un barbillon. 6. LE CHEILODIPTÈRE BOOPS, (Cheilodipterus boops.) Cinq rayons aiguillonnés à la premiere dor- sale ; les yeux très-gros ; la mâchoire infé- rieure plus avancée que la supérieure. Dix rayons aiguillonnés à la première dor- 5. LE CHEILODIPTÈRE sale ; la caudale arrondie ; la mâchoire in- ACOUPA férieure plus avancée que la supérieure ; (Cheilodipterus acoupa.) plusieurs rangs de dents crochues et iné- gales; plusieurs rayons de la seconde dor- sale terminés par des filamens. MACROLÉPIDOTE. ( Cheilodipterus macrolepi- dotus.) £ CHEILODIPTÈRE Sept rayons aiguillonnés à la premiere na- ü. ENG ju 3 D E geoire du dos; la caudale arrondie; la mâchoire inférieure un peu plus Ne | que la supérieure; l’entre-deux des ye D'EPSN APE D DIS UISRONNTES- D4l 4 ESPÈCES. CARACTÈRES. 8 LE CHEILODIPTÈRE trés-relevé ; les opercules et la tête garnis MACROLÉPIDOTE. d’écailles de même figure que celles du (Chcilodipterus macrolepi-] dos; le corps et la queue revétus de grandes dotus.) écailles. Sept rayons aiguillonnés à la premiére na- geoire du dos; la caudale lancéolée ; les mâchoires égales; de petites taches sur les (Greilodipterus maculutus.)} deux dorsales , la caudale, et la nageoire de l’anus. 9. LE CHEILODIPTÈRE TACHETÉ. LE CHEILODIPTÈRE HEPTACANTHE ;, LE CHEILODIPTÈRE CHRYSOPTÈRE:, ET LE CHEILODIPTÈRE RAYÉ:. Le premier de ces trois cheilodiptères a été dessiné sous les yeux de Commerson, qui l'a vu dans le grand Océan équatorial. Nous lui avons donné le nom d’Aep- tacanthe*, pour indiquer les sept rayons aiguillonnés, forts et longs, que présente la première nageoire du dos, et à la suite desquels on appercoit un huitième rayon très-petit. Ba seconde dorsale est un peu en forme de faux'. Nous n'avons pas besoin de faire observer que le nom générique chcilodiptére désigne la forme des lèvres, semblable à celle que présentent : Cheïlodipterus beptacanthus. | : Cheilodipterus chrysopterus. ù Cheloniger ex auro et argenteo virgatus. Peintures sur vélin, d’après les dessins de Plumier. 3 Chelodipterus lineatus. 4 ‘Erre signifie sept, et éxerŸe piquant, épine, aiguillon. 5 24 rayons à la seconde dorsale de l’heptacanthe, 13 rayons à l’anale. . 19 rayons à la caudale. Poe L OU EE es bu nu £ : DA” 0: 0 4 del ; it ape ù Le RS LL iQ f è + LS PAT DR à eu 1 Tome - 3 ï is 21 33 Page 643 HAS FOR UN ANTAUR EL LE 54% les lèvres des labres, et les deux nageoires que lon voit sur le dos de l'heptacanthe et des autres poissons compris dans le genre que nous examinons. La seconde espèce de ce genre, celle que nous appe- lons /e chrysoptére”, est encore inconnue des natura- listes, de même que l'heptacanthe, le rayé, le cya- noptère et l’acoupa. Cet osseux chrysoptère vit dans les eaux de l'Amérique méridionale, où Plumier l'a dessiné. Ses couleurs sont très-belles. Indépendamment de celle qu'indique le tableau générique, il présente le ton et l'éclat de l'argent sur une très-grande partie de sa surface. Une nuance d'un noir rougeâtre ou violet est répandue sur le dos, sur les côtés, où elle forme, à la droite ainsi qu'a la gauche de l'animal, neuf grandes taches ou bandes transversales, un peu trian- gulaires et inégales, sur le premier rayon de l’anale; et sur le premier et le dernier rayon de la nageoire de la queue. Quatre raies longitudinales et dorées règnent d’ailleurs de chaque côté du chrysoptère, dont l'iris brille comme une topaze*. Le rayé *, dont nous avons fait graver la figure 1 euros veut dire 67, et mrepoy ageorre. * 1o rayons à la seconde dorsale du chrysoptère. 11 rayons à l’anale. 3 10 rayons à la seconde dorsale du rayé. 8 rayons à chaque pectorale. 12 rayons à l’anale. 15 rayons à la caudale. DAAN SH TISITLO RME IN ANDAUPR)E | TRE d'après un dessin trouvé dans les papiers de Com merson, habite, comme l'heptacanthe, dans le grand Océan équatorial. Ses yeux sont gros, très-brillans, et » entourés d’un cercle dont la nuance est très-éclatantes De J'eve Det Mary Ad. Renou Jeudp. 74 1. CHEIZ ODIP TERE. Ra ve” 2.7 UTIAN Hicrostome 3HO0OLOCEN TRE J'almoide LE CHEILODIPTÈRE MAURICE". 7 @ Nous rapportons au premier sous-genre des cheilo- diptères ce poisson, que Bloch a compris parmi les thoracins auxquels il a donné le nom de sciènes. Mais nous avons déja vu les raisons d’après lesquelles nous avons dû adopter une distribution méthodique diffé- rente dé celle de ee célèbre ichthyologiste. Cet habile naturaliste a décrit cette espèce d'après un dessin et un manuscrit du prince J. Maurice de Nassau -Siegen, qui, dans le commencement du dix-septième siècle, gouverna une partie du Brésil, et dont il a donné le nom à ce thoracin, pour rendre durable le témoi- gnage de la reconnoissance des hommes instruits envers un ami éclairé des sciences et des arts. Le chei- lodiptère maurice vit dans les eaux du Brésil, où il parvient à la grandeur de la perche. Sa ligne laté- rale est dorée; ses nageoires présentent des teintes couleur d’or mélées à ‘des nuances bleuâtres ; et ce même bleu règne sur le dos du poisson *. * Cheïlodipterus Mauritii. Guaru, au Brésil. Sciæna Mauritii. Bloch, pl. 307, fig. 1. : 2 rayons aiguillonnés et 15 rayons articulés à la seconde dorsale. 10 rayons à chacune des pectorales, 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines. 3 rayons aiguiflonnés et 11 rayons articulés à la nagcoire de lauus. 17 rayous à celle de la queue. TOME 111. 69 LE CHEILODIPTÈRE CYANOPTÈRE! “r, * - LE °CHEILODIPTERE -BOGR»e ET LE CHERLODIPTERE AC'OUP&4:. LE cyanoptère et l'acoupa n'ont pas encore été dé- crits. Nous faisons connoître le premier ( ès un dessin de Plumier, et le second d’après un Pdivi dut femelle qui m'a été adressé des environs de Cayenne par le citoyen le Blond, que j'ai déja eu occasion de citer avec gratitude dans cet ouvrage. Ces deux espèces vivent dans l'Amérique méridionale, ou dans la partie de l'Amérique comprise entre les tropiques. Quant au boops, il se trouve dans les eaux du Japon. fe nom spécifique de ce dernier, qui veut dire al de bœuf, * Cheïlodipterus cyanopterus. Gry-gry. Gro-gro. Chromis, seu tembra aureo-eærulea, linuris fuscis variegata. Peintures sur vélin d'après les dessins de Plumier. : Cheilodipterus Pool he Eabrus boops. Linné, édition de Gmelin. Houttuyn, Mém. de Haarl. vol. XX, p. 326. Labre grand-œil. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. ” 5 Cheilodipterus acoupa. ÉTSURIONUR E > NAMUR IPI INR NL, 547 désigne la grandeur du diamètre de ses yeux, qui, par une suite de leurs dimensions, sont très-rapprochés l'un de l'autre, et occupent presque la totalité de la partie supérieure de la tête. Ses opercules sont garnis d'écaiiles semblables à celles du dos. Ceux de l'acoupa sont Composés chacun de deux pièces. On compte une pièce de plus dans l'opercule du cyanoptère; et cette troisième pièce est échancrée du côté de la queue, assez profondément pour y présenter deux saillies ou rolongations, dont la supérieure a le bout un peu Monde l'inférieure l'extrémité très-aiguëé. L'acoupa montre une ligne latérale prolongée jusqu'à la fin de lainageoiré caudale. La ligne latérale du cyanoptère" divise d'une Mnière très -tranchée les couleurs de la partie supérieure de l'animal et celles de la partie inférieure *. Au-dessus de cette ligne, le cyanoptère est as © Kuava signifie bleu, et cyanoptère désigne la couleur bleue des dorsales et de la caudale du poisson auquel nous avons cru devoir donner ce nom spécifique. = x rayon aïiguillonné et 18 rayons articulés à la seconde dorsale du cyanoptére. 11 ou 12 rayons à chacune des pectorales. T rayon aiguillonné et 6 rayons articulés à chacune des thoracines. 12 rayons à la caudale. 12 rayons à la seconde dorsale du boops. 14 rayons à chacune des pectorales. 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines, 11 rayons à l’anale. 22 rayons à la caudale. + 548 H LS/TIONIR E/ N'A T'U\R ECS varié de nuances dorées, vertes et rouges, disposées par bandes étroites, inégales, ondulées, et inelinées vers la caudale, tandis qu'au-dessous de cette même latérale on voit des bandes plus irrégulières, plus sinueuses, plus inclinées, et qui n’oflrent guère que des teintes vertes et brunes. Au reste, les pectorales, les thoracines et l’anale du cyanoptère réfléchissent l'éclat de l'or. , à : - —— TRE > 6 rayons à la membrane des branchies de l’acoupa. 1 rayon aiguillonné et 18 rayons articulés à la LE dos. , % Ve $ 17 rayons à chacune des pectorales. 1 rayon aiguillonné et à rayons articulés à chacune désfthoracines: 1 rayon aiguillonné et 7 rayons articulés à l'anales 20 rayons à la caudale. x} #4. LI à , LE CHEILODIPTERE MACROLEÉPIDOTE Le Li ET # LE CHEILODIPTÈRE TACHETÉ:. ? ” de F, Dm, macrolépidote et le tacheté ont été décrits par Bloch. Le premier vit dans les Indes, suivant cet ichthyologiste. Les deux mâchoires de ce cheilodiptère sont hérissées de dents petites, a aiguës et égales. Ses écailles sont grandes, mais unies et tendres. Sa couleur générale est d’un jaune doré avec six ou sept bandes æ: transversa ales violettesaLes pectorales sont d’un jaune dir: les thoracines d’un rouge couleur de brique; les PS dorsales , l’anale, et la ue UE de la queue, jaunes dans la plus grande partie de leur surface, bleuâtres à leur base, et marquées de plusieurs rangs de taches a petites arrondies et brunes *. : Cheïlodipterus macrolepidotus. Sciène à grandes écailles. Block, pl. 298. + Cheilodipterus maculatus. Sciæna maculata, umbre tachetée. Bloch, pl. 299, fig. 2. 3 10 rayons à la seconde dorsale du De à 13 à chaque pectorale. 6 à chaque thoracine. r rayon aiguillonné et 10 rayons articulés à la nageoire de l'anus. 2 18 rayons à la caudale.. 4 550 HISTOMWRE NATURELLE. Les taches que Fon voit sur la caudale, l'affte et les dorsales du cheilodiptère tacheté, sont d'une nuance plus foncée, mais d’ailleurs presque sem- blables à celles du macrolépidote, et disposées de mème. Les nageoires du tacheté présentent aussi des couleurs générales de la même teinte que celles de ce dernier cheilodiptère : mais ses thoracines sont jaunes, et non pas rouges ; et de plus, au lieu de bandes Vio- lettes sur un fond d'un jaune doré , le corps et la quete offrent des taches brunes, grandes et irrégulières , placées sur un fond jaune. Le devant de la tête est, en outre, dénué d’écailles semblabl celles dusdos ; la langue lisse et un peu libre ; et chaque LP garnie de dents courtes, pointues, et séparées les unes des autres *. FR AN Le * 4 rayons à la membrane branchiale du tacheté. 9 rayons à la seconde nageoire du dos. 12 rayons à chaque pectora 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque S * 1 rayon aiguillonné et 7 rayons articulés à la nagcoire us, 15 rayons à celle de la queue. “' - CENT SEPTIÈME GEN R"E: " MES OPHICÉPHALES. Point de dents incisives ni molaires; les opercules des "A branchies dénués de piquans et de dentelure; une seule - naÿcoire dorsale; la téte aplatie, arrondie par-devant, semblable à celle d'un serpent, et couverte d'écailles polyeones, plus grandes que celles du dos, et disposées à peu prés comme celles que lon voit sur la 1cte de la di . #4 plupart des couleuvres ; LOus les ra LYONS des nageoires articulés. J " * ESPÈCES. CARACTÈRES,; 1 AIPOPHICÉPHALE KARRUWEY. (O:hicephalus karruwey.) Trente-un rayons à la nageoire du dos; tout le corps parsemé de points noirs. É {Quarante-trois rayons à la nageoi : : 2. L'OPHICÉPHALE wraur. Q He OS : ’ , u and nombre de bandes étroites , trans. (Ophicephalus wrahl ) | mi e de bandes étroites, trans versales et irrégulières. * L'OPHICÉPHALE KARRUWEY ;, 9 ET + # L'OPHICÉPHALE WRAHL: Lx naturaliste Bloch a fait connoître le premier ce genre de poissons , qui mérite l'attention des physi- ciens et par ses formes et par ses habitudes. Indépen- damment de la conformation particulière de leur tête, que nous venons de décrire dans le tableau générique, et qui leur a fait donner par Bloch le nom d'oplicc- phale, lequel veut dire zéte de serpent*, les osseux compris dans cette petite famille sont remarquables par la forme des écailles qui recouvrent leurs oper- cules, leur corps et leur queue. Ces écailles, au lieu d’être ou lisses, ou rayonnées, ou relevées par une arête, sont parsemées , dans la portion.de leur surface qui est découverte, de petits grains on de petites élé- vations arrondies qui les rendent rudes au toucher. Et Læ * Ophicephalus karruwey. Ophicephalus punctatus. Bloch, pl. 358. : Ophicephalus striatus, Bloch, pl. 359. : ù sad 3 "Os siguifie serpent; el x:farn, tête. À . =“ LE H'HSTOT RE NA TURMELE. 553 Les eaux des rivières et des lacs de la côte de Coro- mandel, et particulièrement du Tranquebar, nour- rissent ces animaux ; ils s'y tiennent dans la vase, et ils peuvent même s’enfoncer dans le limon d'autant plus profondément, que la pièce postérieure de cha- cun de leurs opercules est garnie intérieurement d'une sorte de lame osseuse, perpendiculaire à ce même opercule, et qui, en se rapprochant de la lame opposée, ne laisse pas de passage à la bourbe ou terre délayée, et ne s'oppose pas cependant à l'entrée de l'eau nécessaire à la respiration de l’ophicéphale. Le côté concave des arcs des branchies est d'ailleurs garni d'un grand nombre de petites élévations hérissées de pointes, et qui contribuent à arrêter le limon que l'eau entraineroit dans la cavité branchiale, lorsque l'animal soulève ses opercules pour faire arriver au- près de ses organes respiratoires le fluide sans lequel il cesseroit de vivre. On ne compte encore que deux espèces d'ophicé- phales:le arruwey, auquel nous avons'conservé le nom que lui donnent les Tamules; et le wrahl, auquel nous avons cru devoir laisser la dénomination employée par les Malais pour le désigner. Le premier de ces ophicé- phales a l'ouverture de la bouche médiocre, les deux mâchoires aussi longues l'une que l’autre et garnies de dents petites et pointues, le palais rude, la flangue lisse, l'orifice branchial assez large, la membrane branchiale cachée sous l’opercule, le ventre court, la TOME 111 70 b54 . HISTOIRE NATURELLE ligue latérale droite, le corps et la queue alongés, la caudale arrondie, la couleur générale d’un blanc sale, l'extrémité des nageoires noire, et presque toute la surface parsemée de points noirs *. C’est un de ces poissons que l'on trouve dans les rivières de la partie orientale de la presqu'isle de lInde, et particulière- ment du Kaiveri, lorsque, vers le commencement de lété et dans la saison des pluies, les eaux découlant abondamment des montagnes de Gate, les fleuves et les-lacs sont gonflés, et les campagnes arrosées ou inondées. Il présente communément une longueur de deux ou trois décimètres, est recherché à cause de la salubrité et du bon goût de sa chair, se nourrit de racines d’algue , et fraie dans les lacs vers la fin du printemps, ou le milieu de l’été. Le missionnaire John avoit envoyé des renseignemens sur cette espèce à son ami Bloch, en lui faisant parvenir aussi un individu de l'espèce du wrahl. Ce second ophicéphale a sa wartie supérieure d’un verd noirâtre, sa partie inférieure d'un jaune blan- châtre, et ses bandes transversales jaunes et brunes. Il parvient quelquefois à la longüeur de douze ou treize décimètres. Sa chair est agréable et saine; et comme 0 + * À la membrane branchiale dukarruwey, 5 rayons. à chacune de ses pectorales 16 à chaque thoracine 6 à l’anale 22 à la nageoire de la queue 14. MIVEr St P © I'ISFS ONE 555 il se tient le plus souvent dans la vase, on ne cherche pas à le prendre avec des filets, mais avec des bires ou paniers d'osier, ronds, hauts de six ou sept déci- mètres, larges vers le bas de quarante-cinq ou cin- quan(e centimètres, plus étroits vers le haut, et ouverts dans leur partie supérieure. On enfonce ces paniers en différens endroits plus ou moins limoneux; on sonde, pour ainsi dire; et le mouvement du poisson avertit de sa présence dans la bire le pècheur atten- tif, qui s'empresse de passer son bras par l'orifice su- périeur du panier, et de saisir l'ophicéphale *. * A la membrane branchiale du wrahl, 5 rayons. à chaque pectorale 17 à chaque thoracine 6 à la nageoire de l’anus 26 à la caudale, qui est arrondie, 17 CEN T'HUITIÈME CE NBI LES HOLOGYMNOSES. Toute la surface de l'animal dénuée d'écailles facile= nent visibles; la queue représentant deux cônes tron- qués, appliqués le sommet de l'un contre le sommet de l'autre, et inégaux en longueur; la caudale très-courte; chaque thoracine composée d'un ou plusieurs ra mous et réunis ow enveloppés de manière à imiter un. barbillon charnu. | ESPÈCE, CARACTÈRES, Dix-huit rayons à la nageoire du dos, qui est longue et basse; quatorze bandes trans- versales, étroites, régulières et inégales, et trois raies très-courtes et longitudinales, de chaque côté de la queue, L'HOLOGYMNOSE FASCÉ. (Hologymnosus fasciatus.) o # Hologymnosus fasciatus. > + %MHOLOGYMNOSE FASCÉ: Aucux auteur n'a encore parlé de ce genre dont le nom Aologymnose (entièrement nud°) désigne lun de sesiprincipaux Caractères distinctifs, son dénuement de toute écaille facilement visible. Nous ne comptons encore dans ce genre particulier qu'une espèce, dont nous avons fait graver la figure d'après un dessin de Commerson , et que nous avons nommée /’Lologymnose Jascé, à cause du grand nombre de ses bandes trans- versales. La forme de sa queue, qui va en s'élargissant à une certaine distance dela nageoire caudale, est très-remarquable, ainsi que la briéveté de cette cau- dale, qui est presque rectiligne. Les deux mâchoires sont à peu près égales et garnies de dents petites et aigués.…La dernière pièce de chaque opercule se ter- mine par une prolongation un peu arrondie à son extrémité. L'anale est moins longue, mais aussi étroite que la dorsale. Cette dernière offre, ayant chacun des dix derniers rayons qui la composent, une tache sin- gulière qui, en imitant un petit segment de cercle dont la corde s'appuieroit sur le dos du poisson, présente une couleur vive ou très-claire, et montre dans sa partie 2 O2» veut dire entier, €t yum signifie nud, 558 HISTOIRE (NATURE LE supérieure une première bordure foncée, et une seconde bordure plus foncée encore. Les quatorze bandes que l’on voit sur chaque côté de la queue,: n'aboutissent ni au bord supérieur ni au bord infé- rieur du poisson. Les trois raies qui les suivent ne touchent pas non plus à la caudale. On distingue une raie étroite et quelques taches irrégulières sur l’anale, et d'autres taches nuageuses paroissent sur la tête et sur les opercules*. L'hologÿymnose fascé vit dans le grand Océan équatorial. Nous ignuruns quelles sont les qualités de sa chair. « * 16 rayons à l’anale. 10 à la caudale. FIN DU TOME TROISIÈME. + DE L’'IMPRIMERIE DE PLASSAN. à LR } . 14: . L à « Ne | 20 L 2. LOVE È l L . : Le 2 AOL as À 1 v: L : _ PA l'O 1 . Lee - _ à - Jess : + » : nt, | . L … = | " . ” 0h D L . D : . à . L POULE. L | PU à h Er à à : il | L ‘L L à LEE : va : D LA Le | | | ‘Ni : ne 4 u : LE 104 | | 2" DU t su L |. 2) LS. VU nn... ” PAU | OR | 0 L L 41 L : : L - | di : L CCR L D nr L : Û D: 12 à E hr - ni D | . . . | DR L L L EN | 16 : ’ [ 7 . Ë FA : : L 4 eL | k JE PONS. LL r' D} L L | ” nn L œ : "h LE : Ds | Ü _ _ a : e . : : . ( " : ) . | . . } : : t Le E D _ e D Û 15,1 _ . : oi : n D : . h « 1 à | de eo û NN Az » ts 0 L : : LL ss . E L . 1e OL nn" à L LL : CA co + “a : L : De. L Ve L "en _ 1 | L = L CD h Dr D | « - . L D M. : ‘ L L Tr : : | | ._ Ed _ | L L . 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