%v f^ M, Ex Libris ^ ^ N. A. SAUCKROTTE. J LIBRARY OF ie85_IQ56 HISTOIRE NATURELLE DES INSECTES. ORTHOPTERES HEMIPTERES, •AK,S.-.MP.,MKn,B .'AO. MOESSAKO , nv^ o. F.^STEMEERC, ^.o « ,,,. HISTOIRE NATUREILL DES INSECTES, TP,AITA!\T DE LEIR ORGANISATION ET DE LEURS MOEURS EN GÉNÉRAL, Par m. V. AUDOUIN, PROFESSKLR-AnMIKlSTRATElTR VU M'JSKUM d'hiSTOIRE NATURELLH DE PARIS, CHEVALIER DE LA rÉoiOîi o'ïlOJVNEUR , ETC; LEUR CLASSIFICATION ET LA DESCRIPTION DES ESPKCES, Par m. a. BRULLÉ, AIDE-RATDRALISTE AD MUSEUM, MrMERE DE LA SOCJCTÉ ENTOMOLOGIQUE DF, FKA?fCE , CHEVAt.IEK UE l'ordre grec ru SAUVEUR, ETC.: Le tout accompagné de Planches gravées sur acier, d'après des peinlur exécutées pour cette édition sur la collection lUi Muséum de Paris. / A PAKIS, CHEZ F. D. PILLOT, ÉDITEUR, r. UE DE SEIKE-SAINT-GERM AIN, N.O 49. i855. HISTOIRE NATURELLE DES INSECTES, COMPRENANT LEUR CLASSIFICATION, LEURS MOEURS, et la description des especes; Par m. Adg. BRULLÉ. 9«'^9«^«««««-&«4»<0<&O«-3JS CINQUIÈME ORDRE. ORTHOPTÈRES, Les insectes compris sous Je nom d'Orthoptères, ont quatre ailes comme les Coléoptères. Les deux antérieures, moins solides que dans ces derniers, mais cependant de nature coriace, sont également désignées sous le nom delytres, parce qu'elles re- couvrent ordinairement des ailes postérieures plus minces et tout-à-fait membraneuses. Ces dernières sont plus grandes que les élytres, et ne pourraient I. Elyni. Sfâiç, droit; tI^S. ; aile. IXPFCTKS. IX. 2 D E S O R ï II O P T E P. E S. être cachées par elles, si elles ne se fermaient comme une espèce d'éventail, au moyen de plusieurs plis lon- gitudinaux qui diminuent de beaucoup leur diamètre. Telle est la structure qui a fait donner aux insectes de cet ordre le nom d'Orthoptères, qui veut dire ailes droites, par opposition à ce que sont ces mêmes or- ganes dans les Coléoptères, où ils se replient sur eux- mêmes pour pouvoir se loger sous les éiytres. Cepen- dant , la première famille des Orthoptères , ou celle des Forficuliens, nous présente des ailes membra- neuses beaucoup plus longues que les éiytres, et qui ne peuvent en être abritées qu'en se repliant deux fois. Malgré cette structure différente, nous trou- vons encore ici un point de ressemblance avec les autres Orthoptères, c'est que ces ailes se plient en éventail avant d'opérer leur double flexion transver- sale; On doit donc s'attacher de préférence à cette dis- position en éventail des ailes, pour caractériser les Orthoptères, au lieu de dire que ce sont des insectes à ailes droites ; néanmoins , le vrai caractère des Or- thoptères ne se trouve pas dans la structure des ailes , mais bien dans celle des parties de leur bouche. Les Orthoptères sont, comme les Coléoptères, des insectes broyeurs , mais ils s'en distinguent par la présence constante d'un palpe maxillaire interne , conformé de manière à pouvoir s'appliquer sur la mâchoire , qu'il semble alors protéger. De là le nom de galea , casque, imposé par Fabricius à ce palpe, et qu'Olivier a rendu en français par celui de galette. Ce palpe correspond exactement à celui que nous offrent les Carabiques , ou au palpe interne moins développé des autres Coléoptères , et que Latreille dé- DES OllTHOrïi: IIES. .) signait par le nom de lobe extérieur des màclioircs. Un autre caractère des Orthoptères est fourni par la lèvre inférieure qui se divise en deux parties dans sa lon- gueur, et sur laquelle on découvre également un palpe interne ou sorte de galette. Cette lèvre a pris ici les caractères d'une véritable mâchoire. Le nom d'Orthoptères, employé pour la première fois par Olivier, n'aurait pas dû obtenir la préfé- rence qu'on lui a généralement accordée sur un autre plus ancien ; de Géer, en effet, avait désigné le même ordre sous le nom de Dermaptères , pour indiquer l'épaisseur de la membrane des ailes antérieures. Linné avait compris les Orthoptères parmi les Hémiptères, dont ils s'éloignent cependant beaucoup par la struc- ture de la bouche et des ailes ; aussi les avait-il re- gardés comme des Hémiptères à mâchoires. Fabricius, qui imposa des dénominations nouvelles à tous les ordres d'insectes reconnus avant lui, appliqua celle d'U louâtes aux Orthoptères d'Olivier. Comme les Orthoptères présentent tous à leur bouche les mêmes pièces que les Coléoptères, nous ne reviendrons pas sur ce sujet. Leurs antennes ont des formes beaucoup moins variées que dans les Co- léoptères en général. Leur tête offre , la plupart du temps, indépendamment des deux yeux à facettes, des yeux simples nommés ocelles et qui sont au nombre de trois ; cependant les deux premières familles en sont tout-à-fait privées. Les ailes n'existent pas tou- jours, mais les ély très disparaissent rarement ; elles sont quelquefois rudimentaires, et même, dans la famille des Phasmiens , elles viennent à manquer tout-à-fait comme le prouvent les Pcrlaraorphes que nous ferons 4 DES ORÏllorXÈIlES. bientôt connaître. L'abdomen offre des appendices qui sont propres à cet ordre d'insectes. Tels sont des sortes de pièces inarticulées qui caractérisent les Forfi- cules; des filets simples ou formés de plusieurs articles, et que présentent les familles des Blattiens, des Man- ttenSj, des Grylliens et des Locusiiens; des lamelles ou plaques d'une seule pièce, comme celles des Phasmiens déjà cités. Les femelles, dans les Locustiens, sont pour- vues d'une tarrière plus ou moins saillante , destinée à la ponte des œufs. Les Acrydiens sont les seuls qui n'aient point d'appendices saillans. On reconnaît faci- lement les sexes au nombre des segmens de l'abdo- men, bien qu'il y ait, dans chaque famille, d'autres signes accessoires, mais moins sûrs. Les Orthoptères proviennent d'œufs qui sont pon- dus le plus ordinairement en masse; la femelle les en- ferme dans la terre , les fixe sur la tige des plantes, ou les dépose à la surface même de la terre, selon la fa- mille à laquelle elle appartient. Ces femelles sont en général très fécondes, et quelques espèces causent d'effrayans ravages par leur prodigieuse multiplication. Presque tous les Orthoptères se nourrissent de végé- taux; la seule famille des Mantiens renferme des in- sectes carnassiers, dont les femelles s'en prennent même à leurs mâles après avoir reçu leurs caresses. Ils ont tous des habitudes terrestres et sont ordinaire- ment agiles, si l'on en excepte toutefois quelques es- pèces de la famille des Phasmiens; on n'en connaît aucune espèce aquatique. Les pays chauds leur con- viennent de préférence , et présentent quelquefois des preuves affligeantes de leur voracité. Quelques Acry- diens voyagent par bandes innombrables, détruisent DES ORTHOPTERES. D on passant toutes les récoltes, et, par le nombre prodi- gieux de leurs cadavres, occasionnent des maladies con- tagieuses , dans les pays qu'ils ont dépouillés de toute production végétale. Cependant quelques peuples sau- vages s'en nourrissent avidement, et les Orientaux en particulier ont l'habitude de les manger rôtis. Les espèces les plus connues de cet ordre sont le Cri-Cri, insecte de la ville et des champs; la Sauterelle, que l'on désigne autour de Paris sous le nom de Cigale; \q Perce-Oreilles j redouté, mais à tort, comme pou- vant causer des blessures , à l'aide des pinces de son abdomen. Quoique les Orthoptères soient placés dans le voi- sinage des Coléoptères, ils en diffèrent beaucoup par leurs métamorphoses et par leur mode d'accroisse- ment. Quand un jeune Orthoptère sort de l'œuf, il ressemble à l'insecte qui lui a donné naissance, si ce n'est qu'il n'a pas encore acquis les organes du vol. A l'aide de plusieurs mues successives , il augmente de grosseur, et les rudimens d'ailes et d'élytres se mon- trent à l'avant dernière; c'est alors qu'on le regarde comme nymphe. Un dernier changement de peau, c'est ordinairement le sixième, le fait passer à l'état parfait; les organes du vol sont alors aussi développés qu'ils doivent l'être, et l'insecte peut s'accoupler. Nous ne retrouvons plus ici cet état de nymphe immobile , cette véritable période d'engourdissement, par laquelle passent les Coléoptères; nous ne voyons plus égale- ment un premier état bien distinct sous lequel la larve diffère de l'insecte parfait, au point que l'observation seule a pu nous apprendre à quel insecte elle apparte- nait. Au contraire, l'accroissemenl des Orthoptères est 6 DES Or.THOPTERES. plus analogue à celui des animaux élevés ; il a seulement conservé le caractère qui le distingue dans la classe des insectes, c'est de n'avoir lieu qu'au moyen de plusieurs changemens de peau. Il se déclare cependant, d'une mue à l'autre , quelque modification dans la forme extérieure; c'est ainsi que le thorax, indiqué d'abord par un seul segment, celui que l'on nomme ordi- nairement corselet, acquiert peu à peu un dévelop- pement plus complet. Les deux autres segmens se distinguent de ceux qui forment l'abdomen ; ils pren- nent un plus grand volume, et dans la période qui pré- cède le passage de l'état de larve à l'état parfait , dans cette période qui répond à l'état de nymphe des au- tres insectes, ces segmens sont pourvus de fourreaux, qui renferment les organes du vol. Sans attendre une nouvelle mue , ces fourreaux confondus d'abord sur le même segment se détachent, et l'on serait tenté de croire que l'insecte, dans ce dernier cas, vient de subir une nouvelle mue. Il n'y a donc pas de différence bien nette entre l'état de nymphe et celui de larve, et c'est par une simple analogie avec les autres ordres, que l'on désigne dans les Orthoptères ces époques de la vie qui, chez eux, sont bien moins distinctes. Leur développement s'opère peu à peu, et n'est point comparable au développement des insectes à méta- morphoses dites complètes. L'état de nymphe n'est bien reconnaissable que vers la fin de sa durée ; il n'a pas jusque là plus d'importance que les périodes qui l'ont précédé. On pourrait donc , à la rigueur, n'ad- mettre que deux états chez les Orthoptères, l'état de larve et celui d'insecte parfait. L'ordre tles Orthoptères est un des moins nom- DKS ORTllOPTKUES. 7 breux en espèces. Quoique les familles qu'il renterme soient pourvues de caractères d une valeur à-peu-près égale, on a essayé d'en détacher deux, celle des Forfi- culiens et celle des Blattiens, pour les ériger en ordres distincts. Nous ferons connaître plus loin les motifs de cette opinion que nous ne partageons pas. Nous lais- serons ces deux familles en tête des autres, avec lesquels la deuxième surtout se lie très bien par plusieurs carac- tères. Latreille, dans ses derniers ouvrages, partageait les Orthoptères en deux familles, celle des Coureurs et celle des Sauteurs , selon que leurs pattes de derrière sont semblables aux autres et propres à la marche, ou selon qu'elles ontles cuisses renflées, et par conséquent propres au saut. Dans son Histoire naturelle des In- sectes, il avait adopté une classification plus convena- ble et que nous reproduisons aujourd'hui ; les Or- thoptères formaient autant de familles qu'il y a parmi eux de types principaux, à l'exception de celle des Phasmieus, qui pendant fort long-temps fut réunie aux Mantiens. Latreille admettait six familles ; nous en avons une de plus , ce qui porte leur nombre à sept, dont voici les principaux caractères : Les FoRFicuLiENS ont des élytres courtes, solides, et qui se réunissent en formant une suture droite , comme dans les Coléoptères. Leur abdomen se ter- mine par deux organes alongés, inarticulés et qui for- ment une sorte de pince. Leurs ailes sont plissées en éventail, puis repliées deux fois sur leur longueur; le deuxième pli forme alors une saillie qui dépasse les élytres et qui en a presque la consistance. Leurs jambes sont toutes propres à la marche, et leurs tarses n'of- frent que trois articles. ô DES ORTHOPTERES. Les Blattiens n'ont plus les ëlytres réunies en ligne droite ; elles sont placées en recouvrement à leur mi- lieu, ainsi que cela se voit dans toutes les familles suivantes. Leur corps est large et plat, et l'abdomen est muni à l'extrémité de deux appendices courts , apla- tis et formés de plusieurs articles. Leurs ailes sont plissces en éventail, mais dans leur moitié interne seu- lement ; la moitié externe est plus épaisse que l'autre, et la recouvre comme elle est elle-même recouverte par les élytres. La tête des Blattiens est cachée sous le corselet et le dépasse souvent un peu. Les pattes sont toutes propres à la marche, et leurs tarses ont cinq articles. Les Mantiens ont le corps alongé , avec l'abdomen un peu aplati comme dans les Blattiens, et terminé également par deux appendices courts et formés de plusieurs articles. Leur tête est entièrement dégagée du corselet, et tout au plus appliquée contre lui, mais elle n'en est pas recouverte : ce dernier est quel- quefois très long. Les ailes sont pliées en éventail. Les pattes sont propres à la marche, et leurs tarses ont or- dinairement cinq articles. Le caractère le plus saillant de cette famille , c'est que les pattes antérieures sont propres à saisir ; la jambe est armée de fortes épines , et vient s'appliquer sur la cuisse, qui est armée de la même manière. Les Phasmiens se distinguent de tous les autres Orthoptères par les segmens de leur thorax, dont le premier est le plus court de tous, tandis que le suivant acquiert parfois une très grande longueur. Leurs jambes sont en général propres à la marche, mais dans quelques mâles les cuisses sont renflées : ici se termi- DES OHTUOPTERtS. Ç) ncnt les Orthoptères coureurs tle Latreille. Les tarses ont généralement cinq articles. L'abdomen est muni en dessous, dans les femelles, d'une grande plaque infé- rieure, de chaque côté de laquelle se trouve un feuillet de grandeur variable. Les Logustiens commencent la série des Orthop- tères sauteurs de Latreille. Leurs cuisses postérieures sont longues, renflées et propres au saut. Leurs an- tennes sont très longues et très minces surtout à l'ex- trémité. L'abdomen se termine dans les femelles par une tarrière saillante , et présente de chaque côté , dans les deux sexes, un appendice conique , articulé et court. Les tarses n'ont que quatre articles. Les Grylliens ont comme les précédens les anten- nes longues sétacées, les cuisses grosses et propres au saut, l'abdomen terminé par une tarrière dans les fe- melles ; mais cette tarrière est grêle et tout-à-fait droite et les appendices latéraux de l'abdomen sont d'une seule pièce et généralement longs. On ne leur compte que trois articles aux tarses. Les Acrydiens ont les antennes courtes et ordinai- rement filiformes; quelquefois elles sont renflées au bout, et quelquefois prismatiques. L'abdomen n'a que deux pointes coniques fort courtes, et point de tar- rière dans les femelles. Les cuisses sont grosses et ren- flées, et les tarses n'ont que trois articles. Les caractères de ces différentes familles seront ex- posés avec plus d'étendue à mesure que nous aborde- rons leur histoire d'une manière plus spéciale ; nous allons les résumer, en peu de mots, dans le tableau suivant : « <■ = s—s s i ■^ ^ -c """ ■r o 1-.^ B. o = 3 (î !r <î> ;j X 1 •£ ■f s" C 5 y k— 5 o ra C Ul C a 5' o o r» 3 >ç 05 v. c Ç 5 O H o" 2 3 s s ^ ^1 ^ ■^ ^"~- o- B> j ê "- S- d iri i Ul 5 ^S'S 5  s i-i-s o^ 1^ 3 O o UT a ô ~" VI 1 ■^ ? _^_ «- 2 c" 0 f- n" £ "0 ■ni ^- Q t> s 2 ^Ti K b ta n "" J^ O > n i-< tx) i- 3 w C/: d f H^ 21 2 g H H T? o g n 2 •:^ 21 tr C» 1^ ce en (j> [/j 2 C» w r^ w Cl a I O en O O H W ]• o r. ]• 1 c u L I r, N PREMIERE FAMILLE. LES FORFICULIENS. La forme singulière des deux appendices qui termi- nent le corps de ces insectes , leur a valu le nom de ForficuleSj, d'un mot latin qui signifie petits ciseaux ou petites pinces. Ces appendices, en effet, figurent assez bien des sortes de pinces , et semblent d'abord des- tinés à servire d'armes défensives aux insectes qui en sont pourvus. Ils se meuvent horizontalement l'un vers l'autre sur le dernier segment de l'abdomen , et sont ordinairement munis, dans les mâles, d'une ou plu- sieurs dents à leur côté interne. Un préjugé populaire a fait regarder les Forficules comme dangereuses à l'homme^ dans les oreilles duquel elles s'introduisent , dit-on , pour pénétrer dans le cerveau , et par suite donner lieu à la mort. Il est presque inutile de faire remarquer combien est peu fondée cette croyance ; elle a toutefois valu à ces insectes le nom de Perce- Oreilles , sous lequel tout le monde les connaît , et l'espèce la plus répandue en Europe , a reçu des na- turalistes le nom spécifique d'Auriculaire , qui n'est pour ainsi dire que la traduction en termes techni- ques du nom vulgaire de la rnême espèce. Les au- tres insectes n'offrent rien de semblable à ces sortes de pinces abdominales, dont l'usage n'est pas encore i2 OHTIIOI'TÈKES bien connu. Leur forme varie d'un sexe à l'autre ; dans les mâles elles sont pins arquées , plus longues , et leur permettent sans doute de s'emparer plus aisé- ment des femelles , tandis que ces dernières, dont les pinces sontpresques toujours droites, doivents'en ser- vir pour pondre leurs œufs, et pour les déposer en lieu de sûreté. Il est à remarquer, cependant , que les Forlicules n'enfoncent pas leurs œufs dans la terre, et ne les introduisent pas dans le tissu des végétaux. Les observations de de Géer et de quelques autres Naturalistes, nous apprennent que la femelle les dé- pose seulement sur la terre, à l'abri d'une pierre ou d'un corps quelconque, et qu'elle ne les quitte guère jusqu'au moment de leur éclosion. Elle en forme or- dinairement un petit tas sur lequel elle se place cons- tamment , et semble alors les couver à la manière des oiseaux. Une telle sollicitude est fort rare parmi les insectes, et nous verrons tout à l'heure qu'elle ne se borne pas là. C'est au commencement du printemps et pendant une grande partie de la belle saison que les Forficules pondent leurs œufs; chaque espèce semble même avoir une époque particulière pour cette ponte. La forme des œufs est ovalaire comme dans un très grand nombre d'insectes ; ils sont ordinairement lisses , de couleur blanche , et n'ont guère plus d'une ligne de longueur. La femelle en a tous les soins possibles : de Géer ayant un jour enlevé toute la couvée d'une Forficule, et l'ayant disséminée dans un vase qui ren- fermait de la terre , y plaça en même temps la mère dont la première opération fut de recueillir l'un après l'autre tous ses œufs, de les prendre avec ses maudibule> F ORF ICI) LIENS. IJ et de les réunir en un tas sur lequel elle se plaça aus- sitôt. Cette affection maternelle est aussi grande après leclosion des œufs; les petits viennent alors souvent se réfugier sous leur mère ; ils se placent entre ses pattes et semblent vouloir ainsi se mettre à l'abri d'un danger. Combien d'autres insectes , très prévoyans d'ailleurs pour leur progéniture , sont inférieurs sous ce rapport aux Forficules? La plupart ne voient même pas leurs œufs éclore; dès qu'ils les ont placés dans les circonstances les plus favorables , dès qu'ils ont pourvu à ce que les petits qui en sortiront trouvent leur nourriture autour d'eux , ils les abandonnent pour toujours , et ne tardent pas eux-mêmes à périr. Les Forficules , au contraire, survivent long-temps à leur ponte , et forment avec leurs petits des familles très nombreuses, qui se logent sous lesécorces des arbres, sous les pierres , sous les débris végétaux répandus à la surface de la terre. Lorsqu'une jeune Forficule vient d'éclore , sa taille est fort petite en proportion de ce qu'elle devien- dra bientôt ; mais elle paraît fort grande , si on la compare à l'œuf dont elle est sortie. Au moment de l'éclosion , l'air qui s'introduit dans le corps par les stigmates, le fait gonfler instantanément, et l'insecte paraît sur-le-champ trois fois plus gros que son œuf. Il n'offre alors ni élytres ni ailes; ses antennes sont moins longues que dans les individus parfaits, et les pinces de son abdomen ne sont aussi que rudimen- taires. Sa taifle augmente à chaque mue ou change- ment de peau, et ce n'est qu'au bout de plusieurs mues que paraissent les organes du vol. Les élytres sortent avant les ailes, les antennes acquièrent toute l4 ORTIIOPTERES îeur longueur, et les pinces prennent tout leur dé- veloppement. On regarde en général comme des larves les Forûcules qui n'ont ni ailes ni élytres; celles qui présentent ces derniers organes seulement passent pour être à l'état de nymphes, et celui d'in- secte parfait coïncide avec la présence de tout le système alaire. Il en est ainsi des autres Orthop- tères, qui éprouvent les mômes développemens ; quelques-uns , cependant , n'ont jamais été ren- contrés avec les organes du vol ; chez d'autres ils restent rudimentaires. Quand ces organes du vol n'existent pas, on ne saurait toutefois en conclure, avec quelques Naturalistes, que l'insecte ne ks aura jamais; tel est le cas de plusieurs Forficules que Latreille ap- pela Chélidoures. Soit que les individus pourvus d'ai- les se trouvent plus rarement que les autres, soit qu'ils vivent peu de temps à l'état adulte , soit même que la présence de ces organes ne doive pas être toujours un signe nécessaire de ce dernier état, il est des es- pèces que l'on rencontre toujours aptères. Mais s'ac- couplent-elles dans ce cas? Si la réponse est positive, on ne saurait affirmer que l'absence des organes du vol soit constante dans tous les individus d'une espèce; un Hémiptère fort cornmun chez nous , et dont nous parlerons plus loin^, offre la preuve du contraire. Au reste, tant que nous ne posséderons pas d'observation précise sur ce sujet, il sera permis de nier l'existence d'espèces toujours privées d'ailes dans l'ordre des Or- thoptères. Dans les Forficules , et même ailleurs , il serait possible de fixer cette incertitude , en observant les habitudes des Chélidoures. Puisque ces ins<^cles À. TA'iiœwi apte.rus. FOI'.FICULIENS. l5 vivent assez long-temps pour élever leurs petits, si l'on rencontre un Chélidoure donnant des soins à sa pro- géniture et placé sur ses œuls, ou mieux, si l'on par- vient à lui voir opérer sa ponte, c'est alors , que l'on pourra dire avec certitude que l'absence d'élytres et d'ailes n'empêche pas l'accouplement. Mais alors , comme dans le hygéc aptère , qui se montre ordinai- rement sans ailes , on trouvera peut-être aussi dans certaines années, des individus pourvus d'ailes, ainsi qu'on la observé au sujet de cette dernière espèce. Les Forficules se trouvent partout , comme le dit M. Léon Dufour, auteur d'un Mémoire qui a pour but des recherches anatomiques sur ces insectes : « Quoi- que ce genre d'Orthoptères ne compte qu'un petit nombre d'espèces, puisque les ouvrages d'Entomologie n'en mentionnent au plus qu'une trentaine , on les rencontre cependant dans les quatre parties du monde, où elles habitent des zones diverses , depuis la région des neiges dans les plus hautes montagnes, jusqu'aux contrées brûlantes de l'équateur. Leur genre de vie est tout aussi varié , et ces insectes cosmopolites pa- raissent omnivores ; du moins on a pu constater dans les espèces européennes, qu'elles se nourrissent de vé- gétaux et de substances animales. Le Forficula auri- cularirij, quiest l'espèce la plus commune, se trouve tan- tôt sur les fleurs ou dans quelques fruits qu'elle ronge, où elle vit aussi de très petits insectes qui s'y réfu- gient, tantôt sous les écorces et autres abris, où elle se rallie par troupeaux. Le F. minor voltige le soir au- tour des tas de fumier, où il paraît déposer sa progé- niture. Les F. higuttata_, bipunctata, qui ne diffèrent que parle sexe, se réunissent en société sous les pierres. 1 G O R T II O r T È R E s dans la région alpine de nos montagnes. Le F. lividi- pes vit aussi en compagnie dans les lieux secs de l'Es- pagne. Le F. gigantea ne se rencontre que sur les bords de la mer et des fleuves, dans le midi de l'Eu- rope, où il se nourrit de petits insectes ^. » Quoique les ouvrages d'Entomologie ne renferment qu'un petit nombre de Forficules, il en existe beau- coup , mais elles sont encore inédites. Il est rare que les voyageurs n'en rapportent pas quelques nouvelles espèces, qui toutes ont un caractère de famille, une similitude de formes, qui en font un seul et même genre , ainsi que M. Léon Dufour l'a bien remarqué. Cependant nous verrons un peu plus bas que tous les auteurs n'ont pas pensé de la même manière. Autant qu'on a pu s'en assurer, les Forficules vi- vent de substances végétales ; mais il est fort difficile de nourrir ces insectes et de les conserver long- temps. Si l'on vient à les priver de nourriture et qu'on en laisse plusieurs ensemble , ils ne tarderont pas à s'entredétruire, comme de Géer en a fait plusieurs fois l'expérience ; mais on sait que cette habitude est pro- pre à beaucoup d'insectes qui ne sont pas carnassiers. De Géer avait essayé de nourrir une femelle de For- ficule et toute sa couvée, avec quelques morceaux de pomme crue ; la femelle en mangea d'abord, mais elle ne tarda pas à périr. Les petits n'en goûtèrent même pas, et quand la mère eut cessé de vivre, ils se mi- rent à la dévorer. Ceux d'entre eux qui périrent en- suite furent dévorés à leur tour; mais de Géer n'assure pas qu'ils se soient attaqués pendant qu'ils étaient en vie. 1 . Recherches anatomiques sur les Labidoiires ou Perce-Oreilles , p;ir M. Léon Dufour, Annal, des Sciences naturelles, t. XllI, pag. i ?>. FORFICULIENS. I -J Lorsque le mâie et la femelle se rencoutrcnt, ils se placent sur une seule ligne , après s'être approchés l'un de l'autre à reculons. Les pinces, qui leur servent peut-être dans les préludes de l'accouplement, sem- blent alors devoir les gêner ; celles du mâle s'appli- quent sur un des côtés du corps de la femelle, tandis que celle-ci place les siennes de l'autre côté du corps de son mâle. On ignore combien il faut de temps pour que les œufs puissent éclore, mais la manière dont ils sont déposés et les soins que prennent les femelles pour leur conservation, donnent lieu de croire qu'ils ne passeraient point l'hiver. Il est plus probable, au contraire, que celles-ci font leur ponte dès le pre- mier printemps. A cette époque, on les prend déjà sous les pierres avec leur couvée, et les petits qui doi- vent bientôt en sortir donneront à leur tour une se- conde génération, qui survivra sans doute à la saison des froids. Nous en citerons pour preuve les obser- vations que nous transmet de Géer, au sujet d'une nichée de Forficules , de l'espèce la plus répandue. C'était au commencent d'avril que cet ardent ob- servateur trouva des œufs de Forficules. Il les garda avec la femelle , qui continua à les soigner comme auparavant ; l'éclosion eut lieu un peu avant le milieu de mai, c'est-à-dire plus d'un mois après que de Géer les eut transportés chez lui. La jeune nichée vécut assez bien d'abord, mais elle diminua peu-à-peu, et le dernier individu de toute cette race vivait encore à la fin de Juillet. Il était à l'état de nymphe , et un seul chan- gement de peau pouvait l'amener à l'état parfait. Or, on ne saurait supposer que, depuis le mois d'août, époque à laquelle aurait eu lieu sans doute son der- l8 ORTHOPTERES nier changement, cet insecte eût pu vivre jusqu'au printemps de l'année suivante. On peut croire avec plus de raison, qu'il aurait donné naissance à une se- conde lignée, destinée à passer l'hiver. La l'orme générale des Forficules rappelle assez bien celle des Brachélytres , parmi les Coléoptères. Elles ont comme eux des élytres fort courtes, qui ne cou- vrent guère que le quart ou tout au plus le tiers de l'abdomen. Sous ces élytres sont logées des ailes aussi longues que l'abdomen , mais qui sont repliées dans l'état de repos , et ne laissent voir alors qu'une petite saillie coriace , à-peu-près de même nature que les élytres. Ces ailes ont une structure assez singulière, et diffèrent sous ce rapport des ailes de tous les autres Orthoptères , avec lesquels elles n'ont de commun que d'être pliées en forme d'éventail. Nous entrerons dans quelques détails à ce sujet. Les ailes des Forficules (/;/. i, fig. i, b.) , plus longues que larges lorsqu'on les considère dans leur état d'expansion , présentent un bord antérieur beau- coup plus épais dans sa première moitié. De l'extré- mité de ce bord partent, comme d'un centre commun, toutes les nervures qui s'étendent sur la surface des ailes, à la manière des rayons d'une roue. Entre cha- cune de ces nervures, il en existe une autre plus courte, qui prend naissance au milieu des ailes; à l'origine de chacune de ces nervures accessoires, la membrane de l'aile est plus épaisse et forme là une sorte de tuber- cule. Enfin, une nervure voisine du bord extérieur, et dont elle suit le contour, réunit entre elles toutes les nervures en rayons. Voici maintenant le jeu de ces parties. Quand l'insecte veut fermer ses ailes , FORFICULIENS. ig toutes les nervures se rapprochent et la mem- brane se plisse en éventail ; puis il se forme, à l'en- droit d'où partent les nervures accessoires , c'est- à-dire vers le tiers postérieur de l'aile , un premier pli vers lequel la membrane a reçu plus d'épaisseur. Un second pli s'opère ensuite vers le tiers opposé, c'est-à-dire à l'extrémité de la partie plus solide du bord antérieur, et cette extrémité , qui a reçu à-peu- près la môme consistance et la même couleur que les élytres , fait ordinairement saillie en arrière de ces organes. On conçoit alors pourquoi cette partie est plus solide que le reste de l'aile, c'est qu'elle est exposée aux injures du dehors. Aussi l'abdomen des insectes privés d'élytres, et les Forficules, avec leurs élytres courtes , sont dans ce cas , ofTre-t-il en-dessus la môme consistance qu'en dessous. Cette remarque peut surtout s'appliquer aux Hyménoptères , et les Orthoptères eux-mêmes présentent celte disposition, à cause du peu de dureté qu'obtiennent généralement leurs élytres. Le mode tout particulier de structure de leurs ailes, et la manière dont elles sont plissées , distinguent les Forficules de tous les autres insectes. On ne peut s'empêcher ici d'admirer la sagesse qui a présidé à la disposition de ces organes ; en effet , mdgré leur vo- lume beaucoup plus grand que celui des élytres, ils peuvent aisément trouver un abri sous ces fourreaux protecteurs. Si l'on en excepte les pinces de l'abdomen , la briè- veté des élytres , et la structure des ailes , les autres parties du corps des Forficules n'offrent plus rien de particulier, que la forme des segmens de l'abdomen; 20 ORTHOPTIlRES nous reviendrons bientôt sur ce dernier sujet. Leur tête est aussi large que le corselet, et offre deux an- tennes sétacées ou filiformes, dont les articles sont en nombre varié. La lèvre supérieure est grande , ar- rondie au bord antérieur; l'inférieure se compose d'une languette divisée dans toute sa longueur et for- mée de plusieurs articles; les palpes maxillaires ex- ternes sont plus longs, mais tout aussi grêles que les labiaux. Les pattes sont terminées par un tarse de trois ar- ticles. On remarque , entre les crochets du dernier de ces articles, une pelotte quelquefois peu visible, mais qui semble toujours exister. L'abdomen des Forficules offre dans l'assemblage des segmens dont il se compose une organisation spéciale. Dans le reste des Orthoptères, comme dans l'ordre des Coléoptères , ces segmens sont formés par deux demi-arceaux réunis sur les côtés, à l'aide d'une membrane qui leur permet de s'écarter. Dans les Forficules, au contraire, les arceaux, au lieu de se réunir par un bord droit, se recouvrent sur les côtés, et sont imbriqués comme les tuiles d'un toit. Le dernier segment seul forme une sorte de boîte sous laquelle s'avance l'arceau supérieur du segment précédent, dont la forme varie selon les espèces ; quand cet arceau s'é- tend Jusqu'aux pinces abdominales, on le prendrait pour le dernier segment^ comme l'ont fait quelques Entomologistes. Outre la forme des pinces abdominales, qui sont, comme nous l'avons dit plus haut, dentées et arquées dans les mâles, plus droites et sans dents chez les fe- melles, on distingue aisément les sexes par le nombre FORFICULIENS. 21 des segmens de l'abdomen. Ce nombre est de neuf dans les mâles, et de sept dans les femelles, en y com- prenant le segment terminal , ou celui qui porte les pinces. Il est ordinairement plus facile de compter les segmens à la partie inférieure , à cause des ailes et des élytres qui couvrent l'origine de l'abdomen. Ce carac- tère sexuel semble n'avoir été observé avant nous que par M. Gêné , auteur d'une Monographie des Forfi- cules qui se trouvent en Italie. Il est même dit dans quelques ouvrages que le mâle, dans les Forficules, ne diffère en rien de la femelle, si ce n'est par la forme des pinces. Pour terminer ce qui regarde les caractères géné- raux de la famille des Forficuliens, nous mentionne- rons ici une petite plaque ordinairement carrée , qui se trouve entre les pinces ; cette plaque est quelque- fois visible et quelquefois cachée. C'est une sorte de petit volet qui ferme l'ouverture anale et qui semble propre aux deux sexes. M. Gêné fait entrer la forme de cette plaque au nombre des caractères qu'il assigne aux espèces de sa Monographie. Ces données suffiront sans doute pour aborder l'é- tude de toutes les espèces de Forficules. Il nous reste encore à parler de la classification de ces insectes, des caractères qui les distinguent entre eux, et des divisions que l'on a proposé d'y établir avant nous. Ce sera le sujet de l'article suivant , consacré au genre Forficule. «^.;w *v*N>*«-»w*«*e*' t*<*«»«*i*t«i*.*»*«>»«*« ORTHOPTERES GENRE FORFICULE. FOhFicvLA. Lin.* Les élytres des Forficules ne se recouvrant pas par leur bord interne et se rapprochant, au contraire, comme celles des Staphylins, Linné les plaça parmi les Coléoptères. L'exemple de ce grand naturaliste fut suivi par Geofifroy, qui les fit venir, ainsi que Linné , à la suite des Staphylins. Ils en diffèrent cependant à bien des égards , mais il faut avouer que l'analogie des formes générales pouvait d'abord Justifier ce rappro- chement. De Géer s'aperçut le premier que leur bou- che était organisée d'une tout autre manière que celle des Coléoptères ; il ne put se résoudre d'ailleurs à lais- ser dans un même ordre des insectes qui subissent des métamorphoses aussi différentes. En conséquence , il les plaça dans un ordre distinct , auquel il donna le nom de Dermaptères, pour exprimer l'épaisseur des ailes supérieures, que leur consistance ne permet plus d'appeler du nom d'élytres , si ce n'est dans les Forfi- cules. Les Blattes, les Mantes, les Sauterelles et les Grillons, vinrent compléter l'ordre des Dermaptères, dont Olivier changea depuis le nom en celui d'Orthop- tères, qui fut adopté de préférence. 1. Etym. Forfiçulœ , petites pinces. — Syn. Forficula, Forjicesila , Chelidoura, Latieille. — Les mêmes, et, de plas, Dlplatys , Pyragra, Psalis, Apachyus^ Serville.— For/ïcu/a, Labidura, Labia, Lcach j Forfi- cula, Léon Dufom-, Gêné et autres. FORFICULIENS. 2.) La manière dont les ailes des Forficules se re- plient sous les élytres, la forme et la connexion de ces élytres, les organes en pinces qui terminent l'abdo- men, engagèrent plusieurs Naturalistes à former de ces insectes un ordre particulier, intermédiaire entre les Coléoptères et les Orthoptères. M. Rirby fut le pre- mier qui émit cette opinion ; comme le nom de Der- maptères, proposé par de Géer, se trouvait libre par l'adoption de celui d'Orthoptères, qui a prévalu on ne sait trop pourquoi , l'illustre naturaliste anglais l'ap- pliqua spécialement à son nouvel ordre d'insectes. M. Leach adopta cette manière de voir, qui fut aussi partagée , tout récemment, par MM. Boisduval et La- cordaire ^. M. Léon Dufour, auteur d'un mémoire rem- pli d'intérêt sur ces insectes, et que nous avons déjà cité, préféra adopter, pour les Forficules, qu'il regarda également comme un ordre distinct, le nom de Labi- doures, que M. Duméril avait proposé long-temps au- paravant^ comme nom de famille. Cette manière de voir fut aussi celle de M. de Laporte^, qui rendit aux Orthoptères en général la dénomination sous laquelle de Géer les avait désignés. Malgré l'importance des caractères s*ur lesquels se fondent ces Naturalistes , pour séparer les Forficules des autres Orthoptères, nous suivrons ici l'exemple de Latreille, qui les y a toujours réunis. La présence d'un palpe maxillaire interne bien distinct, et surtout le mode de développement et de métamorphoses de ces insectes , ne permettent pas de les distinguer des au- l. Faune Entoinologique d«s environs de Paris, t. I. a. Voyez la Zoologie analytique. 3. Etudes Entomologiqiies , introJuclion. 2i ORTHOPTERES très familles de cet ordre. M. de Laporte fut de cet avis dans l'ouvrage que nous venons de citer ; il considéra les Forficules comme un simple sous-ordre. Nous aurions aussi envisagé la chose de la même ma- nière , s'il se fut trouvé plusieurs familles offrant les mêmes caractères que celle-ci, mais comme elle est unique , il nous a paru inutile d'introduire cette sub- division. On peut voir, par la synonymie assez nombreuse du mot de Forficule , que ce genre a été divisé à plu- sieurs reprises. Cependant, les caractères des espèces assez nombreuses qu'il renfei'me offrant de grandes variations , mais jamais de données bien certaines, les divisions que l'on a proposées jusqu'ici n'ont pas été, à notre avis, fort heureuses. M. Leach fut le premier qui présenta ces divisions. Considérant le nombre des articles qui composent leurs antennes, il admit dans les Forficules trois genres ainsi caractérisés : antennes de quatorze articles , Forficula ; antennes de trente articles, Labidura; antennes de douze articles, La- hia ^. L'emploi de semblables caractères offrait cet inconvénient grave , que s'il se rencontrait par la suite des espèces dont les antennes eussent un autre nom- bre , il faudrait les considérer à leur tour comme des genres distincts. Or, les nombres indiqués ne sont pas exactement ceux que présentent les antennes dans toutes les espèces. On pourrait bien, il est vrai, grou- per d'une part les espèces qui ont plus de quatorze articles, soit que ce nombre s'élevât ou non jusqu'à trente, mais il serait impossible de séparer en deux genres celles qui en ont douze et quatorze, d'autant 1. Zoological Miscellany, t. HT, pag. 99. FORFICULIENS. 25 plus que la forme des articles dans ces espèces , se res- semble d'une manière parfaite. Aussi Latreille, dans ses derniers ouvrages^, partagea bien à son tour les Forficules en trois genres : les unes qui n'ont que qua- torze articles aux antennes, furent pour lui, comme pour M. Leach , de véritables Forficules ; les autres ont plus de quatorze articles : il les nomma For- ficésiles, ne voulant pas sans doute appliquer à ce genre, avec l'auteur anglais, une dénomination déjà employée plusieurs fois et d'une manière différente, pour désigner un ordre d'insectes. Quant au genre Labia de M. Leach, Latreille le réunit avec raison aux Forficules, parce qu'il existe des espèces qui ont treize articles aux antennes , et qui auraient dû former encore un genre distinct. Ce naturaliste en admit à son tour un troisième sous le nom de Clielidoura j mais il n'est pas plus fondé que les autres : son caractère, en effet, est de n'offrir jamais ni élytres ni ailes ; du reste , il se rapporte très bien aux vraies Forficules pour la forme des antennes , quoiqu'elles présentent treize articles. Mais rien ne prouve encore que ces insectes soient toujours aptères , et d'ailleurs la chose serait-elle hors de doute, comment distinguerait-on des Chélidoures les larves des autres Forficules? Les Chélidoures ont, il est vrai, l'abdomen plus large en arrière , ce qui lui donne une forme pyramidale ; mais ce caractère dis- paraît dans quelques espèces, et conduit très bien à celles dont l'abdomen est plus large au milieu, telles que la Forficule à deux taches. Si les seules Chélidou- res avaient toujours treize articles aux antennes, on I. Familles naturelles du Règne animal, et la pat lie enloniologique du Règne animai de Cuvier, a.» édition. 20 on TU OPTÉ HE S pourrait peut-être revendiquer ce caractère en leur faveur, mais d'autres espèces offrent le môme nombre, et viennent en diminuer l'importance. Il nous reste à présenter le résultat d'un travail plus récent sur les Forficules, celui de M. Audinet- Serville, qui a subdivisé ces insectes en neuf genres, dans sa Revue méthodique de l'ordre des Orthoptè- res ^. Il se fonde sur la présence ou l'absence apparente d'une petite pelotte membraneuse qui existe entre les crochets des tarses, dans tous les insectes de cet ordre , mais qui n'est pas toujours visible à cause du changement qu'amène une dessication plus ou moins grande. Ce naturaliste , trompé sans doute par ces rap- ports apparens, partagea les Forficules en deux groupes principaux, l^es Pygidicraiies et les Spongiplwres, chez lesquels la pelotte est saillante, furent mis en tête de la famille ; dans l'autre division vinrent se placer les For- ficules vraies , dont les antennes ont de dix à quatorze articles ; les Forficésiles et les Diplatys, qui en ont de quinze à trente; les Pyragres où ce nombre s'élève jusqu'à quarante : tous ces genres sont ailés , mais le genre Chélidoure de Latreille vient terminer la série, à cause de l'absence des organes du vol et de la forme pyramidale de son abdomen. Il reste les genres Psalis et Apacliyus : le premier avait été formé sur des in- sectes en mauvais état. M, Serville l'a supprimé depuis dans ses manuscrits; le second paraît avoir pour ca- ractère le grand aplatissement de son corps. Il fallait distinguer les Spongiphores des Pygidicranes ; l'auteur observe que, dans les premiers, l'avant-dernier segment de l'abdomen recouvre tout le dernier segment, tan- I. Annales des Sciences nalui flics , l. XXll. FORFICULIENS. 27 dis que dans les rygidicranes, il n'eu recouvre qu'une partie. Les Diplatys s'éloignent des Forficésiles et de toutes les autres Forficules, par le grand développe- ment de leur dernier segment abdominal , qui occupe à lui seul le tiers de la longueur de l'abdomen. La présence ou l'absence d'une pelotte entre les crochets des tarses ne pouvant être constatée sûre- ment, et le nombre des articles des antennes étant d'ailleurs très variable, on voit que les cararctères employés pour distinguer ces genres sont loin d'être asse? importans. Le développement plus ou moins grand d'un segment ou d'une partie de segment ayant encore une valeur bien moindre , on sera forcé d'a- vouer avec nous que ces genres doivent être abolis. ITe ces trois manières différentes de classer les espè- ces de Forficules, celle de Latreille est encore la meil- leure , puisqu'on peut arriver par elle à reconnaître aisément , d'une part , les Forficules qui ont au plus quatorze articles aux antennes , de l'autre les Forfi- cules qui en ont au moins trente , et enfin les Chéli- doures, dont l'abdomen est pyramidal. Nous n'em- ploierons cependant ces trois coupes que comme de simples divisions, utiles sans doute pour arriver plus facilement aux espèces, mais qui ne sont pas appuyées sur des caractères d'une valeur réelle. Les Chélidoures et les Forficules ne sauraient être séparés d'après la forme de l'abdomen; les seules Forficésiles, par le nombre plus considérable des articles de leurs an- tennes, pourraient peut-être s'en distinguer. L'au- teur de l'intéressante Monographie des Forficules propres à l'Italie, M. Gêné, n'adopte pas d'autres divi- sions dans ce genre que les deux dernières ; nous sui- 'jS orthoptères vrons aussi cette marche , en commençant par les es- pèces dont les antennes ont un plus grand nombre d'articles. a, LES FORFICÉSILES. 1. LA FORFICULE GIGANTESQUE. (PI. 1. fig, 1.) Forficula gigantea. Fab.^ Cette espèce est d'un jaune pâle , avec le milieu de l'abdomen brun, tant en dessus qu'en dessous. Le des- sus de sa tête est d'un roux foncé, ainsi que le corselet et les élytres. Deux larges raies brunes forment sur le corselet une sorte de v. Les élytres offrent aussi une semblable raie qui s'étend sur la base. Le dernier seg- men de l'abdomen présente un tubercule à l'origine de chaque pièce des pinces, entre lesquelles on aper- çoit dans les mâles deux saillies en forme d'épines. Les pinces du mâle son,t un peu arquées, rousses, noi- râtres à l'extrémité, et munies au côté interne d'une saillie placée un peu au-delà du milieu. Dans la fe- melle, les pinces sont presque droites et crénelées à leur bord interne. (/}/. \,fis. i,«.) Cet insecte est répandu dans les parties méridiona- les de la France. On le trouve aussi dans d'autres con- trées, telles que la Sicile, l'Egypte, etc. Le mâle a quinze lignes de longueur, et la femelle un pouce et souvent moins. 1. F.iii. Sysl., t. lT,pag. 1 . — Failli. Fr; B L A T T I E N S. 5 1 de son corps et ses pattes sont jaunes, mais le dessus est presque entièrement brun ; cependant le bout de l'abdomen , les pinces , la base et l'extrémité des an- tennes sont plus clairs. Les élytres sont moins obscu- res que la tête et le corselet, et la base de l'abdomen est jaunâtre , ce qui ne se voit qu'en écartant les ély- tres. La partie coriace des ailes est aussi longue que la moitié des élytres. Les pinces du mâle sont un peu arquées et présentent à leur bord interne quelques dentelures espacées ; les pinces de la femelle sont droi- tes , épaisses et dépourvues de dentelures. On trouve cette jolie espèce dans presque toute la France. La longueur du mâle est de trois lignes; la femelle n'a guère qu'une demi-ligne de moins. Elle est plus large et plus épaisse que le mâle. DEUXIEME FAMILLE. LES BLATTIEINS. Les insectes que nous allons faire connaître ici , sont désignés par les Naturalistes modernes sous le nom de Blattes, qui semble venir d'un mot grec dont la signification rappelle les dégâts que causent ces ani- maux dans tous les lieux où ils se rencontrent. Le mot Annales des Sciences naturelles, t. XIII; Faiin. Franc., Orlhoptèi es, pi. i ; Charpenliet, Horœ eutomologica;; Germar, Fauna insectorum Eiuopsj Annales générales des Se. phys., t, Al,- Thuiiberg, nova Acta Soc. se. Upsal, t. IX; nova Acta naliir. curios., t. "\'I. 52 ORTHOPTKP.l-S de Blatta a été employé par plusieurs écrivains de l'ancienne Rome, et tous n'ont pas voulu désigner par là les mômes espèces ; il en est de ce mot comme de tous ceux qui nous restent des écrivains de l'antiquité, et qui servaient à désigner des insectes, c'est-à-dire qu'il règne la plus grande incertitude sur leur appli- cation véritable. Tous les pays du monde renferment des espèces de Blattes , qui font partout de grands ravages, en dé- truisant nos provisions de toute espèce, nos cuirs, nos vôtemens et même, dit-on, jusqu'au bois, qu'elles parviennent à ramollir au moyen d'un liquide particu- lier, et qui a des propriétés délétères. Ce liquide est dégorgé par la bouche , ainsi que dans beaucoup de Coléoptères ; il sert pour la première fois à l'in- secte lorsqu'il doit sortir de l'enveloppe qui renferme ses œufs, et que nous allons faire connaître. Les maisons de nos boulangers , nos cuisines , nos garde-manger sont visités par un insecte noir, aplati, assez agile, et que plusieurs fois on a confondu avec le Grillon , plus connu sous le nom de Cri-Cri. Cet insecte est une espèce de Blatte , que Ion a surnom- mée , à cause des lieux où elle se rencontre , Blatte des cuisines. Quelques autres espèces se rencontrent aussi chez nous , et chaque pays en offre également plusieurs. Les Blattes sont surtout fort abondantes dans tous les ports de mer, où les denrées que char- gent les navires leur fournissent un appât précieux. Aussi ces sortes d'insectes sont-ils fréquemment trans- portés d'une partie du monde dans une autre, et tous les navires en renferment un grand nombre, dont on ne peut jamais les débarrasser entièrement. Telle est BLATTIENS. 55 la prodigieuse multiplication des Blattes , que souvent des barils de substances comestibles ont été trouvés au bout de quelque temps, remplis de ces insectes, qui en avaient dévoré tout le contenu. Par suite de ces migrations continuelles, il est quelques espèces dont le pays natal est devenu un problème ; les noms qu'elles portent, tels que ceux de Blatte orientale y Blatte d'ÂmérU/ue y etc., ne leur conviennent plus réellement , et ne leur ont été donnés que sur des renseignemens d'une exactitude fort douteuse. C'est surtout dans les pays chauds que les Blattes exercent de grands ravages. D'après le rapport des voyageurs, une seule nuit sufTit à ces insectes pour peiv cer les malles, le linge et les livres eux-mêmes. Leur mul- tiplication rapide à certaines époques, en fait un des plus grands fléaux de nos colonies , où on les désigne ordinairement sous les noms de Kakkerlaques ^ Can- crelats ou Kakerlacs. Outre les ravages qu'elles occa- sionnent , les Blattes répandent encore sur les corps où elles passent une odeur repoussante. Dans les mo- mens où elles sont abondantes, les murs, les plan- chers, les lits, les tables même, tout en est infecté, et l'on a bien de la peine à préserver les mets de leur contact repoussant. Elles courent pendant le sommeil sur le visage de l'homme, et ne cessent de le harceler jour et nuit , soit dans sa personne, soit dans ses effets. L'île Bourbon est surtout désolée par la présence d'une de ces Blattes que nous décrirons plus loin sous le nom ô^ américaine , mais elle y rencontre fort heu- reusement des ennemis redoutables dans d'autres ani- maux. Il n'en est pas de plus acharné qu'une espèce d'Hyménoptère de la famille des Sphex , dont les liNSECTES IX, 04 ORTHOPTERES Blattes approvisionnent le nid. Cet insecte pénètre dans les maisons, et dès qu'il aperçoit une Blatte , il vole à sa rencontre. Malgré sa taille inférieure, il par- vient à l'intimider. La Blatte s'arrête ; il la saisit par les antennes, à l'aide de ses mandibules, et dès lors elle est à lui. Il marche à reculons, parvient à l'atti- rer dans son trou , et la piqûre de son aiguillon lui cause un engourdissement qui, sans la faire périr, la réduit à un état d'immobilité complète. Il pond alors ses œufs dans le même trou , et les larves qui en sor- tiront bientôt, trouveront à leur portée une nourri- ture convenable. Cet insecte n'est pas le seul ennemi des Blattes ; il paraît que les oiseaux de basses-cours en sont friands, et qu'ils en détruisent un grand nom- bre. Les autres oiseaux, et dans certains pays, les Co- léoptères carnassiers, doivent également en faire leur proie , car le ventre des Blattes est très volumineux et rempli de parties molles qui sont fort de leur goût. Ce qui rend surtout les Blattes intéressantes aux yeux de l'observateur, c'est la manière dont elles pon- dent leurs œufs. Elles les renferment dans une cap- sule que l'on peut comparer, à cause de sa structure , aux fruits de quelques légumineuses; cette capsule affecte des formes diverses selon les espèces , mais elle est toujours composée de deux pièces, que divi- sent àl'intérieur un certain nombre de compartimens , dans chacun desquels se trouve un œuf. Dans les Blattes de nos pays, cette capsule est en carré long, avec les angles émoussés, un peu semblable à une fève ou à un haricot ; une des arêtes présente une sé- rie de dentelures le long desquelles la capsule doit s'ouvrir, lorsque les œufs seront éclos. C'est alors que BLATTIENS. 55 les petites larves ramollissent, dit-on, cette capsule à l'aide du liquide cju elles dégorgent. Nous figurons , sous \en.° i,a, de la planche 3, la capsule d'une Blatte exotique, IsiBlatte de Madère, qui s'éloigne de la forme des capsules de nos Blattes indigènes. On peut voir la ligure d'une de ces dernières, sous le n." 5, « de notre pi. 3 ; elle appartient à la Blatte orientale. La femelle qui doit opérer sa ponte, porte pendant quelque temps la capsule qui renferme ses œufs ap- pendue , ou plutôt à moitié sortie de l'extrémité de son abdomen. C'est d'abord un corps blanc et dif- forme , mais peu à peu ses parois se durcissent et prennent la consistance nécessaire, pour préserver les jeunes larves des injures du dehors. Cette capsule est bientôt abandonnée au hasard , et les petites larves l'entr 'ouvrent pour se mettre à la recherche de leur nourriture. Les Blattes changent six fois de peau avant d'ar- river à l'état d'insecte parfait. Suivant M. Hummel , à qui l'on doit des observations suivies sur la Blatte germanique , c'est à la troisième mue que les deux derniers segmens du thorax deviennent plus grands que ceux de l'abdomen; après la cinquième seule- ment la plaque de chacun de ces segmens, d'abord réunie , se sépare , et chaque moitié devient le four- reau des ailes et des élytres ; c'est alors que la Blatte peut être considérée comme nymphe. 11 n'est donc pas possible de déterminer exactement le nombre des mues qu'a subies une Blatte, d'après la forme des anneaux de son thorax ; la dernière période seule de son cinquième changement présente des caractères distincts. Les observations de M. Hummel sont trop 36 ORTHOPTÈRES curieuses pour que nous n'en citions pas un fragment, en faisant remarquer toutefois que l'état de captivité a pu opérer des changemens dans les habitudes de l'espèce qu'il a observée ; car, dans l'état de liberté , il ne paraît pas que la femelle ouvre elle-même la cap- sule qui renferme ses œufs. « J'avais déjà, depuis plus d'une semaine , enfermé sous un verre une femelle de Blatte germanique^ por- tant un œuf ou plutôt une masse d'œufs à l'extrémité de son abdomen, lorsque le matin du i." avril , on m'ap- porta un grand œuf , tout frais , qui venait apparem- ment d'être jeté à l'instant même par quelqu'autre fe- melle. Il avait la forme d'un carré long , peu convexe , arrondi par les côtés et les deux bouts, rayé transver- salement et ayant à l'un des côtés une couture rele- vée. Il était long de trois lignes et large de moitié, de couleur jaunâtre tirant sur le brun , et moins foncé que l'abdomen de l'insecte. » A peine eus-je introduit cet œuf sous le verre , que ma prisonnière s'en approcha , le tâta et le retourna en tous sens. Elle le prit enfin entre ses pattes de de- vant et lui fit une ouverture longitudinale d'un bout à l'autre. A mesure que cette fente s'élargissait, je vis sortir de l'œuf de petites larves blanches, roulées et attachées deux à deux. La femelle présidait à cette opération ; elle les aidait à se développer en les frap- pant doucement avec ses antennes et en les touchant avec ses palpes maxillaires. Les larves commencèrent par remuer leurs longues antennes, puis leurs pattes, puis se détachèrent les unes des autres , et en quelques secondes elles furent en état de marcher. La coque restée vide montrait autant de petites cellules , sépa- BLATTIENS. Sy réespar des cloisons blanches et lisses, qu'il y avait eu de paires de larves, et le nombre de ces cellules cor- respondait en même temps à celui des raies que j'avais vues extérieurement sur l'œuf. » Toutes les jeunes Blattes une fois sorties , la fe- ineîle ne s'en occupa plus. Je comptais alors trente-six larves, toutes blanches et transparentes, n'ayant que les yeux noirs et un point foncé sur l'abdomen , qui indiquait les intestins. Mais en peu d'instans elles prirent une autre couleur, au commencement ver- dâtre , et bientôt noire , nuancée de gris jaune. Elles se mirent à courir; elles s'attachèrent aux miettes de pain qui se trouvaient sous le verre ; tout cela fut l'af- faire de vingt minutes. L'immense propagation de cette espèce, dont je parlerai plus au long dans la suite, s'explique facilement par la quantité de larves que ren- ferme une seule coque. » La Blatte germanique doit changer six fois de peau avant de parvenir à l'état d'insecte parfait. La première mue a lieu huit jours après la sortie de l'œuf. La larve est de nouveau toute blanche après avoir jeté sa vieille peau, mais elle reprend vite ses véritables couleurs. Elle est déjà beaucoup plus grande , plus ar- rondie par derrière. » Dix jours plus tard j'observai la deuxième mue. Toutes les larves ne l'ont cependant pas faite en même temps; il a fallu plusieurs jours à ma colonie pour su- bir cette métamorphose. » La troisième mue s'opéra au bout de deux se- maines. La larve sortit lentement , mais avec assez de facilité , de son étui, après s'être accrochée à quelque chose de fixe et avoir ouvert la peau sur le corselet. 58 ORTHOPTÈRES En sortant elle était très mince, fort alongée et pour ainsi dire cylindrique ; mais en quelques minutes elle reprit une forme oblongue et aplatie : elle avait plus de volume que la peau qu elle venait de quitter. Il lui fallut toutefois un peu plus de temps pour reprendre ses couleurs. Le bord jaune du corselet se dessinait alors, et l'on remarquait déjà les deux premiers anneaux de l'abdomen ^ qui sont plus larges et d'où naîtront ensuite les élytres et les ailes. Une tache jaune et car- rée se trouvait au milieu de ces anneaux. » Toutes ces différentes formes , qui indiquent ce que la larve deviendra un jour , sont beaucoup plus apparentes à la suite de la quatrième mue, qui arrive environ un mois après la troisième. » Un mois plus tard mes larves étaient nymphes ; elles méritent ce nom à leur cinquième transforma- tion. La nymphe est moins longue que l'insecte par- fait , mais elle est beaucoup plus plate et un peu plus large. Le corselet a déjà la forme qu'il gardera et porte deux lignes noires qui se continuent sur les deux anneaux dont j'ai déjà parlé plus haut , et qui débor- dent de beaucoup la poitrine. Le reste de l'abdomen est noirâtre en dessus avec quelques taches rouges au milieu ; en dessous il est brun et tel qu'il restera. Les pattes ont à peu près toute la grandeur et la consis- tance qu'elles doivent recevoir. En cet état la nymphe reste un mois ou six semaines. Peu à peu les fourreaux des ailes se séparent et s'étendent , la nymphe perd de sa vivacité , elle mange moins, ne court plus, cherche l'ombre et la solitude; tout à coup elle s'ac- 1 . C'est à tort que M. Humnio] les appelle anneaux de raLdoiiien , puis- qu'ils portent des pattes et appartiennent véritablement au thorax BLATTIENS. JQ croche , la peau s'ouvre et il en sort une Blatte par- faite, blanche comme la neige, avec des yeux noirs. Cette blancheur, cette propreté, qui la rendent fort jo- lie , ne durent cependant pas long-temps. A vue d'œil l'insecte reprend ses couleurs naturelles ; les antennes et les pattes brunissent les premières , puis ensuite l'abdomen; en trois heures le corselet a ses lignes noi- res parallèles ; les ély très se colorent les dernières, et dans l'espace de dix à douze heures toute la toilette est achevée. C'est la sixième et dernière mue. » Ilparaît que chaque femelle de Blatte nepond qu'une seule fois. Quand les œufs n'ont pas éclos à une pre- mière ponte , la femelle en opère quelquefois une se- conde , mais souvent aussi elle se borne à la première. Six mois environ sont nécessaires pour le développe- ment complet des petites Blattes , dans nos climats du moins , ce qui porte à deux le nombre des générations de chaque année. En considérant combien chaque fe- melle peut produire de petits , puisqu'il y en a trente- six dans les capsules de la Blatte germanique , on ne doit pas être surpris de la grande multiplication de ces insectes destructeurs. Cependant la Blatte orientale , ou des cuisines, pond une capsule qui ne renferme que seize petits; sa multiplication est donc bien moins rapide. Plusieurs des Blattes exotiques paraissent pon- dre un plus grand nombre d'œufs, comme le prouve la capsule déjà mentionnée de la Blatte de Madère , qui renferme au moins trente-deux loges. Les Blattes à l'état parfait sont des insectes larges , aplatis , munis d'ailes et d'élytres beaucoup plus gran- des que le corps. Cependant il est des espèces où les élytres sont fort courtes dans la femelle ; d'autres n'ont 40 ORTIIOPTLUES que des rudimens d'ailes ; dans quelques mâles , tels que ceux de la Blatte des cuisines , les élytres sont plus courtes que l'abdomen, et dans la femelle ces organes n'ont tout au plus que le tiers de la longueur de ce- lui-ci. Plusieurs auteurs ont pris, mais à tort, la nym- phe de cette espèce pour la femelle à l'état parfait : tels sont de Géer, Geoffroy et le comte de Fraula*^. Les élytres des Blattes ne se réunissent pas, comme dans les Forficules , par un bord droit et formant une suture; elles sont placées en recouvrement lune sur l'autre, et dans le cas le plus ordinaire, l'élytre gauche déborde celle du côté opposé. Très souvent, par suite de cette disposition, la partie cachée de l'élytre droite n'est pas aussi colorée que le reste, et dans quelques cas même, l'élytre gauche offre une tache impaire qui doit, en apparence, détruire la symétrie qui existe dans les insectes, entre les deux parties de leur corps; mais quand les élytres se recouvrent , la tache impaire occupe la ligne du milieu et îa symétrie se trouve rétablie. Les ailes, qui sont cachées par les élytres, sont ordi- nairement plus larges qu'elles, et les déborderaient sî elles n'étaient plissées , dans le repos , à la manière d'un éventail. Néanmoins , toute leur surface n'est pas ainsi plissée; le tiers antérieur, au moins, offre plus de consistance , plus de coloration , et souvent plus de longueur que le reste , et vient se placer sous chaque élytre en recouvrant la partie plissée. Les Blattes ont, comme les Forficules et tous les Coléoptères, un corselet formé par le prothorax, et qui toujours est très développé. Tantôt il recouvre 1h 1. Méni. de l'Acad. des Sciences de Bruxelles, t. III, année 1 780. BLATTIENS. 4^ tête et la protège comme un bouclier, en la débor- dant de toutes parts ; tantôt il est trop court pour la cacher en entier : on aperçoit alors le front et une grande partie des yeux. La tête est placée verticalement, ou même dans une position renversée. Elle n'offre jamais d'ocelles et n'a que des yeux à réseau ; cette particularité lui est com- mune avec la tête des Forficules. Les palpes sont alon- gés, du moins les maxillaires, qui ont une longueur double de celle des labiaux , et leur dernier article présente une face plus ou moins tronquée , fermée par une membrane molle qui semble destinée à tou- cher et à apprécier les objets. La lèvre supérieure est ovale et transversale ; l'inférieure est fendue dans presque toute sa longueur, et présente deux lobes comparables à des palpes maxillaires internes. Enfin , les antennes sont minces, sétacées, tantôt plus longues que le corps, tantôt de même longueur, et souvent même plus courtes que lui. Leurs trois premiers arti- cles sont les plus longs : leur surface est lisse ainsi que celle de plusieurs des suivans ; tous les autres sont re- vêtus d'un duvet fort court, et de quelques verticilles de poils : ils s'alongent et s'amincissent de plus en plus vers l'extrémité. Les pattes sont généralement longues, aplaties, et garnies d'épines nombreuses ; les hanches sont déta- chées du corps à peu près comme dans les Staphylins. La deuxième paire de pattes est plus longue dans toutes ses proportions que la première , et la troisième est plus longue que la seconde. Les tarses sont composés de cinq articles dont les proportions sont extrêmement variables et servent à grouper les espèces. 4^ ORTHOPTÈRES L'abdomen des Blattes nous offre deux organes que nous retrouverons dans tout le reste des Orthoptères, et qui sont analogues aux pinces desForficules. Ce sont deux pièces articulées, mobiles, un peu aplaties, de forme lancéolée, conique ou ovalaire, qui se trou- vent dans l'un et l'autre sexe. Les mâles ont de plus deux autres petites pièces inarticulées, placées en de- dans des précédentes, et quelquefois difficiles à voir; aussi M. Hummel , dont nous avons cité plus haut les recherches au sujet de la Blatte germanique, a cru que ces appendices n'existaient pas dans les mâles de cette espèce. Un caractère , plus facile à observer que le précé- dent, permet de reconnaître les sexes; c'est le nombre dessegmens dont se compose l'abdomen. On en compte huit dans les mâles en l'examinant en dessous, et six dans les femelles, tandis qu'en dessus ce nombre est de neuf dans l'un et l'autre sexe. Il est facile, au pre- mier coup d'œil, de distinguer un mâle d'une femelle, par la grandeur du dernier segment qui est toujours beaucoup plus développé dans celle-ci ; dans le mâle , au contraire, il est précédé d'un segment étroit. La plupart des Blattiens présentent sur la base de leurs élytres une strie arquée, qui part de l'angle ex- térieur et se dirige vers la suture en décrivant un demi- cercle; dette strie limite la troisième région de l'élytre dans les Orthoptères. Deux genres seulement , les Corydies et les Phoraspis, ne présentent point cette strie arquée ; la région intermédiaire et la postérieure se trouvent alors confondues. A l'aide de ce caractère et de plusieurs autres, on peut diviser les genres de la famille des Blattiens comme le montre le tableau suivant ; m o ^ Jî b o -^ t« H-l W H Q W ^ £ \ o o S? o 2 3 S < § =^ q ^ ^ ^ ^ ù. o:; 1 S § o cq Cl, û, ïï 3 1 -6 >• 'c 3 ,çS c ' i 5 1 « "o ^ « o l a «■ â 0. « c T E e J s '." C :; ■g 13 i 1 1 3 O „*■ E — ' „r^ ^1) 3 g c O « O n - V "«"^ 3 c: p,*^ CT- 3 ••^ •? C5 — ri c 44 ORTHOPTÈRES GENRE BLATTE. BLATTA. Linné*. Linné fut le fondateur de ce genre , qu'il plaça en tête de ses Hémiptères ; de Géer, Olivier et la plupart des Naturalistes qui vinrent après eux, en firent, le premier, des Dermaptères, nom dont nous avons vu l'o- rigine à l'article des Forficules ; les autres, des Orthop- tères. Malgré les rapports que présentent les Blattes avec les autres insectes du même ordre, tant dans la structure de leur bouche que dans leurs métamor- phoses, et même dans la présence de ces organes articulés qui terminent l'abdomen, on a voulu en for- mer un ordre distinct , à cause du mode de recouvre- ment des élytres. M. Leach , qui fut le fondateur de cet ordre, lui donna le nom de Dictyoptkres. Cet ordre fut adopté depuis par MM. Lacordaire et Boisduval, dans leur ouvrage déjà cité. M. de Laporte le regarde dans ses Etudes Entomologiques , comme un sous- ordre des Dermaptères. Il faut convenir que s'il y avait eu lieu à retirer quelque famille de l'ordre des Or- thoptères , on aurait pu le faire pour les Forficuliens ; mais rien ne justifie une semblable mesure à l'égard des Blattiens. La présence d'appendices articulés au bout de l'abdomen, est un nouveau rapport qui les lie I. Etyra. .SAiTrlw; je nuis. — Syn. Blaberus, Panesthia, Perisphœrus, Sciville. — Kakerlac, Lalreille. BLATTIENS. 4^ avec les autres familles, dans lesquelles ces organes varient de forme , mais où ils se retrouvent également. Dans les Phasmiens et les Grylliens, en particulier, leur développement est très considérable. Les Blattes offrent des caractères si constans, elles ont un aspect tellement uniforme, que pendant fort long-temps on les regarda toutes comme appartenant à un seul et même genre. Les espèces en sont cependant très nombreuses, mais elles ne donnent pas lieu à établir des sous-genres. Néanmoins le mouvement im- primé à l'Entomologie, depuis quelques années, s'é- tendit jusqu'à elles ; leurs caractères furent mieux étudiés, et les diflférences que plusieurs offrent dans leur forme générale , furent regardées comme des si- gnalemens génériques. Latreille isola d'abord, sous le nom de Kakerlacs , les espèces peu nombreuses dont l'un des sexes est , dit-il , privé d'ailes. Ce ca- ractère , en admettant son exactitude , est loin d'être suffisant pour l'établissement d'un genre; il ne peut d'ailleurs s'appliquer qu'à un fort petit nombre d'espè- ces, et comment savoir, lorsque l'on observe un mâle , si sa femelle est aptère. M. Serville, qui soumit en- suite les Blattes à un nouvel examen, adopta le genre de Latreille , et tout en répétant son caractère , il y plaça une espèce fort bien ailée dans l'un et l'autre sexe. Latreille avait donné pour type à ses Kakerlacs la Blatte des cuisines; M. Serville y ajouta la Blatte américaine. Toutefois, ce dernier Naturaliste y joignit un caractère tiré de la proportion des articles des tarses postérieurs, qui permet de grouper assez bien les espèces entre elles, mais qui n'a pas assez d'im- portance , pour établir une coupe générique. Quel- 46 ORTHOPTÈRES ques espèces ont les pattes conformées comme les Kakerlacs, et ne peuvent leur être rapportées sous les autres points de vue. D'ailleurs les parties de la bouche sont les mêmes dans les Blattes et les Kakerlacs ; les antennes sont plus longues dans ces derniers , mais leur longueur est si variable d'une espèce à l'autre, que l'on ne saurait fixer de limites certaines. Après avoir adopté le nouveau genre de Latreille , M. Ser- ville en établit plusieurs autres , dont les deux pre- miers, ceux de Blabcre et de Panestliie , n'avaient point, selon lui, de pelotte entre les crochets des tar* ses ; or, les espèces qui se rapportent à ces genres offrent distinctement ces pelottes. Les proportions des articles des tarses, le grand développement du corselet, peuvent faire regarder les Blabères comme une division du genre des Blattes, dont ils renferment les plus grandes espèces. Les Panesthies peuvent se reconnaître aux proportions différentes de leurs tarses, à leur corselet échancré , au bord extérieur sinueux de leurs élytres. Un autre genre de M. Serville , celui de Périsphère j, formé sur un individu sans ailes, et dont le seul caractère paraît être de pouvoir se rouler en boule à la manière des Cloportes, ne nous semble pas assez sûr pour être adopté maintenant. Il reste encore trois autres genres formés par M. Ser- ville, et que nous adopterons ici; ce sont les Pseudo- mops, les Corydies et les P/ioraspis. Nous y ajouterons, sous le nom de Poly pliage , un autre groupe que la forme de ses palpes, celle de sa larve et plusieurs autres traits, semblent propres à faire séparer des Blattes. En ffénéral , les larves des Blattes sont lon";ues et BLATTIENS. 47 plates; leur corps est plus étroit en avant. Au con- traire, celles des Polyphages sont courtes, bombées et presque hémisphériques; leurs pattes sont courtes, et leurs jambes, armées de fortes épines, sont ordinaire- ment grêles. Les Blabères , à l'état de larve, ressem- blent assez bien aux Mollusques que l'on a nommés Oscabrions. T^eur forme est en ovale arrondi , très peu bombée et leur corps entouré d'un rebord large et plat , que le corselet conserve seul dans l'insecte parfait. Toutes les autres Blattes ont des larves assez analogues entre elles , à l'exception de celles des Pa- nesthies, qui ont le corselet inégal, comme dans l'in- secte parfait. Les larves des Corydies, des Phoraspis et des Pseudomops ne sont pas encore bien connues. On peut faire une remarque générale au sujet des lar- ves de Blattes, c'est qu'elles offrent souve'nt des taches rouges ou jaunâtres , qui disparaissent dans l'insecte parfait. On peut citer pour preuve les observations de M. Hummel, et les larves des Blattes javanaise et égyptienne; la première est le type des Panesthies de M. Serville , la seconde est celui de nos Polyphages. Passons maintenant aux caractères du genre des Blattes et des sous-genres qui s'y rattachent , en dé- crivant un type des divisions que renferme le pre- mier. 1.° LES BLATTES proprement dites. Blatta des auteurs. Les caractères qui peuvent les faire reconnaître consistent, ainsi que l'indique le tableau, dans la pré- sence d'une strie arquée sur les élytres; dans la forme sétacée des antennes , qui sont de longueur variable , 48 ORTHOPTÈRES mais qui n'offrent que de petits poils disposés en ver- ticilles, et surtout dans la forme du dernier article des palpes maxillaires [pL 5, fig. i, b), qui est tronqué dans toute la longueur de son bord interne ; ce bord n'est pas coupé tout-à-fait droit , il est un peu arrondi ou convexe, et son extrémité ne forme point un angle aigu comme dans les Phoraspis. , <■ U. LES BLABÈBESi Les tarses postérieurs ont le premier et le dernier articles plus longs que les trois intermédiaires qui sont égaux entre eux; le corselet est large , débordant la tête en forme de bouclier. Cette division renferme les plus grandes espèces ; les unes ont les élytres entières dans les deux sexes, les autres n'ont que des demi- élytres dans les femelles. 1. LA BLATTE GÉANTE. (PI. 2.) Blatta gigantea. Lm. ^ Cette espèce mérite le nom qu'elle porte à cause de sa grande taille. Elle est en général d'un fauve clair, à l'exception de la tête, des palpes et des antennes, dont la couleur est brune. Une grande tache noirâtre et de forme carrée occupe la partie postérieure du corselet. Une ligne de la même couleur s'étend sur le commen- cement de la côte des élytres. Le disque des élytres 1. Mus. LuJov. Reginpe, pag. io6. — Fabricius, Ent. Syst. t. II, pag. 6. ( La figure de Diury, citée par Fabricius, ne se rapporte pas à cette espèce.) BLATTIENS. 49 gauche présente une grande tache brune peu régu- lière , en carré plus long que large , et qui se termine sur 1 elytre droite , dont la partie interne est tout-à- fait transparente ; une seconde tache moins visible et de forme irrégulière se remarque sur le tiers postérieur de l'élytre gauche. On trouve ce bel insecte au Brésil. La femelle est d'un tiers plus grande que le mâle ; elle est longue de deux pouces et demi, sans compter les ailes qui ont plus de six pouces d'envergure : quand les ailes sont fermées , elles occupent avec le corselet une longueur de plus de trois pouces. /3. Z.ES BLATTES VralcS. On reconnaît les espèces de cette division à leur corselet court et large , qui laisse à découvert le front et une partie des yeux. La proportion des articles des tarses postérieurs est à peu près la môme que dans les Blabères. Les organes du vol sont également dévelop- pés dans les deux sexes. Cette division se réduit à fort peu d'espèces et ne correspond pas tout-à-fait au genre Blatte de M. Serville. L'espèce la plus répandue est, 2. LA BLATTE DE MADÈRE. (PI. 5 , fig. 1.) Blatta Maderœ. Fap..^ Cette espèce diffère des deux précédentes par la saillie que forme la tête en avant du corselet. Sa cou- leur est plus ou moins brune , et quelquefois tout le 1. Ent. Syst., t. Il, pag. G. — B. major, Beauv., pag. 182, pi. i, b, fig. j, INSECTES. IX. 4 ÔO ORTHOPTERES corps est d'un fauve clair; c'est môme plus ordinaire- ment le cas des individus frais. Le corselet est jaunâ- tre , avec quelques taches brunes sur son disque. Les élytres sont de la même couleur que le corselet; leur côte extérieure est brune dans sa première moitié et la strie arquée offre cette nuance dans toute sa lon- gueur ; toute la surface des élytres, dans les deux tiers postérieurs , est marquée de petits traits bruns placés sur les nervures transversales. La partie postérieure des ailes offre aussi de semblables traits. Ce joli insecte ne se trouve pas seulement à Madère, il est répandu dans toutes les îles Canaries et se ren- contre aussi au Sénégal et dans les Indes orientales. On peut même croire qu'il existe dans beaucoup d'au- tres pays. Les deux sexes se ressemblent par la taille et par les couleurs ; leur longueur est de un pouce et demi sans les ailes, et d'un pouce trois quarts en les y comprenant ; l'envergure est de trois pouces et demi environ. y. lES PAMESTHIES. Les espèces de ce groupe ont les tarses à peu près conformés comme dans les deux précédens , et se re- connaissent surtout à leur corselet inégal , cachant toute la tête ou à peu près ; leurs antennes ne sont guère plus longues que le corselet et ont l'extrémité bien plus grêle que la base. Cette division ne corres- pond pas tout-à-fait au genre Panesthie de M. Ser- ville, qui lui donne pour type : BLATTIENS. ;M 3. LA BLATTE JAVANAISE. (PI. 4 » Û?- 1- ) Blatta javanica. Serv. '^ Cette espèce se fait surtout remarquer par la forme aplatie de ses organes du vol , tandis que dans les au- tres Blattes ils ont toujours une forme convexe. La couleur de celle-ci est un brun foncé et luisant qui de- vient ferrugineux à la base de l'abdomen et des pattes. Sa tête est lisse , avec le chaperon et l'extrémité du labre d'un roux ferrugineux ; les antennes ont l'extré- mité rousse. La surface de son corselet est inégale , et présente , un peu avant le milieu , un sillon transversal et sinueux; son bord antérieur offre une petite échan- crure dont les côtés et le milieu forment trois saillies en forme de dents , toujours plus marquées dans le mâle que dans la femelle. Quelques points épars sont répandus sur le corselet et en particulier sur la partie qui précède le sillon transversal. Les ély très sonttout-à- fait lisses et les nervures qui les parcourent y forment à peine quelques inégalités. Leur bord extérieur se replie brusquement sur les côtés et se rétrécit beau- coup vers le milieu de sa longueur; la partie comprise entre ce bord et la côte offre des points enfoncés nom- breux et profonds qui disparaissent avant le rétrécis- sement du bord. L'abdomen est couvert , tant en dessus qu'en dessous, de points très nombreux; l'a- vant dernier segment du mâle, et le dernier de la fe- melle, présentent de chaque côté une épine forte et ai- e;ue. On reconnaît surtout le mâle au dernier sesment qui est extrêmement court. I. Annales des Sciences naturelles, t. XXTt, pag. 38. 52 ORTIIOPTKUES Cet insecte vit aux Indes orientales , et en particu- lier à l'île de Java ; il atteint environ .deux pouces de longueur. Ses ailes et él^tres sont à peine plus longues que l'abdomen dans le mâle ; elles ne s'étendent même pas jusqu'à son extrémité dans la femelle. 4. LA BLATTE A TUBERCULES. (PI. 4 » ^'g- ^0 Btatta tuberculata. Dalm.'^ Ce joli insecte offre un défaut de symétrie plus re- marquable encore que dans la Blatte géante. Les élytres sont jaunes et marquées de plusieurs taches noires, savoir: deux à la base et trois vers l'extrémité; mais la tache qui occupe le milieu ne se voit que sur l'élytre gauche, parce que la portion analogue de l'é- îytre opposée se trouve cachée par elle. Le corselet est plus inégal que dans l'espèce précédente ; sa forme est à peu près la même , sauf l'échancrure du bord antérieur , et sa surface inégale présente surtout deux tubercules saillans ; elle est en outre parsemée de gros points enfoncés. La couleur du corselet est jaune avec le disque noirâtre ; cette dernière nuance s'étend quelquefois Jusqu'aux extrémités. La tête, tout le reste du corps et les pattes sont d'un brun foncé et luisant; l'extrémité seule des hanches est jaune ainsi que le bord de l'abdomen, surtout en dessus, et il est en- touré d'une bordure assez large. L'extrémité des ailes et dès élytres est souvent nuancée de brun. On reçoit cet insecte de l'Amérique et des Indes. I. Analecla Entoiii., i>ag. 87. — B. G-notata, Tliunbcig; , Mém. Acad. (les Sciences de Saint-Pétersboui'2 , l. X, IlLATTIENS. 53 Il a neuf lignes de longueur sans les ailes , un pouce en les y comprenant , et dix-neuf ou vingt lignes d'en- vergure. ^^ LES KAKERLACS. On peut reconnaître les espèces de cette division à la longueur considérable du premier article de leurs tarses postérieurs. Ainsi que dans les Blattes vraies, le corselet laisse à découvert une partie du front. Les cuisses présentent des épines plus ou moins nom- breuses, et disposées sur deux rangs. Les antennes sont quelquefois plus longues que le corps. Les fe- melles ont souvent les élytres fort courtes. Ici vien- nent se ranger les Blattes de la moindre taille, quoi- que cette division en renferaie d'aussi grandes que la Blatte géante. L'espèce la plus répandue peut-être de tout ce genre est , 5. lA BLATTE d'aMÉRIQUE (PI. .\, lig. 3.) Blatta Americana. Lm. * Le nom que porte cette espèce ne lui convient pas plus que celui de l'espèce suivante ; on trouve la Blatte d'Amérique dans différentes parties des deux continens où elle est transportée par les navires. Sa couleur est brune , ses antennes sont fort longues, et son corselet présente une bande jaune assez large qui en occupe tout le tour, sans en toucher les bords en avant ni en arrière ; un trait jaune, indiqué sur le milieu du disque , semble le partager en deux parties. Les I. Syst. nat., t. II, pag. 687. — Fabricius, Eut. Syst., t. II, pag. 7, — De Géer,Ins., t. III, pi. 44> ^g- 12. — Faun. Franc., Oithopt., pi. 2, fig. i. 54 ORTHOPTÈRES nervures des élytres sont bien marquées , et forment des rides nombreuses sur leur surface ; ces organes ont une forme plus alongée et plus étroite dans le mâle que dans la femelle. Les pattes sont garnies d'épines nombreuses. Cette espèce est longue d'un pouce et demi , et de deux pouces si l'on y comprend les ailes. Leur enver- gure est de près de trois pouces. 6. LA BLATTE ORIENTALE. (PI. 5, flg. 5.) Blatta orientalis. Lin. *. Cet insecte est encore plus répandu que le précé- dent et il n'est pas de partie du monde où il n'ait été transporté ; son nom semble cependant indi- quer que l'Orient fut d'abord sa patrie. On reconnaît aisément la Blatte orientale à ses élytres un peu plus courtes que l'abdomen , et coupées obliquement à l'extrémité dans le mâle ; elles en atteignent à peine le milieu dans la femelle. La couleur de l'insecte est brune ; le dessous de son corps et ses pattes sont or- dinairement plus clairs. La surface de son corselet est un peu inégale dans le mâle, un peu convexe et tout- à-fait plane dans la femelle. Les nervures des élytres sont très marquées et sillonnent toute leur surface. Les pattes sont armées de nombreuses épines. La longueur de cette Blatte est de neuf lignes. On la rencontre souvent dans les cuisines et dans les bou- langeries , et plusieurs auteurs la désignent sous le nom de Blatte des cuisines. I. Faun. Suec, n." 862. — Fab. Ent. Syst., t. II, pag. 9. — Faun. Franc., Orthopt., pi. 2, flg. ■?.-4. .BLATTIENS. 55 7. LA BLATTE GERMANIQUE. Blatta Germanica. Lin.*^ Elle est dans le même cas que la Blatte orientale. On la trouve dans toutes les parties du monde et parti- culièrement en Europe. Sa couleur est entièremenl jaune et son corselet seul est marqué de deux bandes longitudinales noires. Sa forme est alongée , sembla- ble dans les deux sexes, et ses élytres sont plus lon- gues que le corps. L'insecte atteint tout au plus six lignes. 8. LA BLATTE LAPONE.- Blatta Laponlca. Lin. ^ Malgré le nom qu'elle porte, cette petite Blatte se trouve dans une grande partie de l'Europe. On la dis- tingue de la précédente par la couleur de son corps , qui est tout noir en dessous, et par celle du corselet, dont le disque est de la même couleur. Les pattes sont 1. Syst. nat., t. II, pag. 688. — Fabricius, Ent. Syst., t. II, pag. 10. — La figure de la Faun. Franc., Orthopt., pi. 2, fig. 8, n'appartient pas à cette espèce. 2. Faun. Suec, n.o 863. — Fabricius, Ent. Syst., t. II, pag. 10. — Do Géer, t. III, pag. 533, pi. 25, fig. 8, 9. — Faun. Franc., Orthopt., pi. 2, fig. 5. — Voyez, pour les autres espèces : Tliunberg, Dissert. Entom. Upsal, 1784; — ibid-, Méin. de l'Acad. des Se. de Slokhohu, 1810, pag. i.58j — Kirby, Cent, of insects, in the Liun. Trans., t. XII, pag. 44^» — Charpen- tier, Horae Entomologicœ; — Mac-Leay, Appendice du voyage de King,t, II, pag. 438 ] — Nouv. Mém, de la Soc. Roy. de Danemarck, t. II , pag. 49 '■> — Nova Acta nat. curies, t. II, pag. 122; — l'Expédit. scient, de Morécj et, pour les espèces fossiles : Blalla pcrspicillata, Meni. de l'Acad. des Se. de Stockholm, 1825, pag.oj!),cl8laUina iÇMCc/wea, Germai;, Magasin, l. î, pag. i6. 56 ORTHOPTÈRES en grande partie brunes, et quelquefois presqu entiè- rement jaunes. Dans quelques individus le disque du corselet est roussâtre*. 2.° LES PSEUDOMOPS, — PseudOTHOpS. SeRV. ^ Ce sous-genre est de tous ceux qui avoisinent les Blattes le plus facile à reconnaître , à cause de ses «n- tenues ( pi. 5, fig. 2, a) qui sont hérissées, dans la pre- mière moitié de leur longueur, de poils très serrés et qui deviennent plus longs vers le milieu; le reste des antennes est formé d'articles peu alongés, qui di- minuent d'épaisseur en approchant de l'extrémité. Les palpes maxillaires sont tronqués obliquement dans toute l'étendue de leur bord interne, et leur extrémité estpointue.Les jambes sont en tout semblables à celles delà division des Kakerlacs. Tel est, le PSEUDOMOPS MI-PARTI. (PI. 3, fig. 2.) Pseudomops dimidiatus. Br. Sa couleur générale est un jaune roux , mais le dis- que de son corselet, sa tête, son thorax, la partie velue de ses antennes, les hanches et les cuisses de ses trois paires de pattes sont noirs. Le bord extérieur des han- ches et les trochanters sont d'un jaune pâle et blan- châtre. Le bord extérieur des élytres est plus pâle que le reste de leur surface que parcourent des stries bien 1. Tel est celui figuré clans la Faune Française sous le nom de Blatte Germanique, pi. 2, fig. 8. 2. Etym. ■^ivS'o/xai ,'\e trompe, û-^ , l'œil. — Syn. Blalta des auteurs. Type :Blattaohlongata^Lin. — Voyez, de plus, le Delecl. Jniin. arlicul, de M Peily. BLATTIENS. 37 marquées; le bout des élytres et des ailes est d'une couleur de brun foncé. Cet insecte se trouve au Brésil. Il a environ six li- gnes de longueur avec les ailes , et quatre seulement sans compter les organes du vol. 5.° LES poLYPHAGES. — Polyplitiga. Br. ^ Le caractère qui distingue essentiellement ce groupe du précédent consiste dans la forme du dernier article àes, palpes maxillaires , qui est tronqué obliquement à l'extrémité [pi. 3, fig. 5, a), mais non point dans toute l'étendue de son bord interne. Les antennes sont plus longues que la moitié du corps et presque mo- niliformes. Les jambes antérieures sont très courtes et armées de quelques épines très fortes ; les jambes pos- térieures sont très longues, avec des épines plus rares; les intermédiaires tiennent le milieu pour la longueur et sont les mieux armées. Les tarses postérieurs sont longs , grêles et semblables à ceux de la division des Rakerlacs. Les élytres et les ailes sont beaucoup plus longs que le corps. Tel est . LE POLYPHAGE d'ÉGYPTE. (PI. 5, fig. 3.) Polyphaga Mgyptiaca. Lin. ^ C'est un insecte brun, avec la base des pattes et le milieu du ventre un peu plus clairs. Le bord interne des ailes est blanchâtre , ainsi que la partie antérieure du corselet et la strie arquée des élytres. La surface 1. Etym. ttÔau , beaucoup; (piroçi mangeur. 2. Mus. Ludo»'. Reg., pag. 107 — Fabiîcius, Ent Syst,, t. II, pag. G, 58 ORTHOPTÈRES du corselet offre quelques inégalités ; celle des élytres présente à la base des rides en forme de réseau irrégu- lier, et dans le reste de leur longueur des stries obli- ques qui , ainsi que les rides , sont formées par les^ nervures. On trouve cet insecte dans Le midi de l'Europe , en Sicile, en Grèce; dans différentes parties de l'Afrique, telles que la Barbarie, l'Egypte, et enfin aux Indes orientales. Sa longueur est de neuf lignes sans les organes du vol, et de quinze lignes en les y compre- nant ; son envergure est de plus de deux pouces. Observation. On peut sans doute rapporter à cette espèce une larve presque hémisphérique, dont le bord du premier segment thoracique est coloré comme dans l'insecte parfait, et qui offre deux taches jaunâtres sur le milieu des deux segmens suivans , outre quelques autres sur l'extrémité de l'abdomen. Indépendamment de la ressemblance extérieure qu'offrent avec l'insecte parfait la forme du corps et sa coloration, les palpes, dont le dernier article est tronqué de la même ma- nière, les jambes antérieures, qiii sont armées d'un verticille d'épines très fortes , et enfin les proportions des articles des tarses postérieurs, ne laissent point d'incertitude sur l'opinion que nous émettons ici. On trouve d'ailleurs cette larve dans les mêmes con- trées que l'insecte parfait. Nous connaissons quelques autres larves que l'on peut rapporter à ce sous-genre , auquel il faut aussi ajouter les espèces figurées par M. Savigny, dans la planche a.** de l'ouvrage sur l'Egypte, sous les n.°' i et 2, ainsi que les larves que désignent les n.°' 7, 8 et 9 de cette même planche. BLATTIENP. Sq l\.° LES coRYDiEs. — Corydiu. Serv. * Ces insectes se distinguent des Blattes par leurs antennes , qui sont plus grosses au milieu qu'aux extrémités; les articles de la base sont courts, cylin- droides et très serrés; ceux du milieu sont plus écar- tés , mais guère plus longs ; et enfin ceux de l'extré- mité sont alongés et coniques. La forme de leur corps est presque hémisphérique , et leurs élytres n'ont pas de strie arquée ; leur côte marginale est courte et très saillante à sa partie inférieure. Les ailes sont fort courtes ou rudimentaires. La seule espèce de ce sous- genre est , LA CORYDIE DE PETIVER. (PI. 4s Ûg- 4-) Corydia Petiveriana. Lin. - Ce joli insecte est d'un noir velouté sur les élytres , qui sont ornées de sept taches d un jaune plus ou moins orangé , et tout-à-fait transparentes. Le bord extérieur de chaque élytre offre trois de ces taches , la septième est impaire et placée sur le bord interne de l'élytre gauche. La partie de l'élytre opposée , qui est cachée sous la précédente, est d'un roux vif, ex- cepté à son extrémité qui est noire. Cette colora- tion est aussi celle des ailes. Le corselet est tout par- semé de points enfoncés , d'où sortent des poils assez 1. Etym. xôpuï, casque; iJsa, formé. 2. Cassida Petit^eriana , Syst. i:at., t. I, pag. 578. — Blatta Petwe- riana, Fabricius, Syst. Ent., t. II, pag. 9. — Palisot-Beauv. Ins. d'Afrique et (rAmériqiif, pag. \i'] , pi. 2, fig. i . 60 ORTHOPTÈKES longs. Les côtés des segmens de l'abdomen sont jaunes , surtout en dessus. Les cuisses sont revêtues de poils , et les jambes armées de fortes épines. On trouve cette espèce aux Indes orientales , d'où on la rapporte assez souvent. Elle a neuf lignes de long sur six de large quand ses élytres sont fermées. 5.° LES PHORASPES. — P/wraspis. Serv. ^ Ils ont comme les Corydies le corps recouvert par une sorte de bouclier que forment le corselet et les élytres. Celles-ci présentent de même une côte mar- ginale courte très saillante en dessous , à partir de laquelle le bord de i'élytre est tout-à-fait libre; mais ce qui distingue surtout les Phoraspes , c'est le peu d'épaisseur de leurs antennes, qui sont sétacées ou plutôt filiformes ; leur premier article est long et plus gros que tous les suivans ; le deuxième est court et gros ; les suivans sont très courts , et ne commencent à s'alonger qu'au-delà du milieu des antennes; ils prennent alors une forme plus ovalaire à mesure qu'ils approchent de l'extrémité. Les ailes sont presque aussi grandes que les élytres. On connaît plusieurs es- pèces de ce groupe , qui rappelle assez bien la forme des Cassides, parmi les Coléoptères. Tel est, LE PHORASPE ARROSÉ. (PI. 5, fig. 4-) Pfioraspis conspersa. Br. Le corps et les pattes de cet insecte sont d'un noir brillant. Ses antennes sont brunes, à l'exception du 1. Etym. cpjpw, je porte j à<77rîç, bouclier. Voyez, de plus, Serville, Revue mélh. des Orthoptères^ — Periy, Delectus Anim. articul. MANTIENS. 61 deuxième article qui est jaune. Le front est d'un jaune roux. Le corselet et les élytres sont de la même cou- leur, et leur surface est criblée d'une multitude de petits points enfoncés. Le disque des élytres est plus obscur que les côtés , ce qui est dû à la présence de la tête, et offre dans toute sa longueur une ligne noire. Les élytres sont parsemées de petites taches noires qui ne se trouvent pas sur la base, où l'on observe , le long de la côte marginale, une bande oblique d'un jaune comparable à de l'ivoire, et qui couvre un es- pace tout-à-fait lisse. La partie du bord inférieur des élytres qui se trouve en dehors de cette bande est d'un noir brillant. Quelques individus offrent deux taches jaunes ou ferrugineuses sur le dernier segment de l'abdomen. On trouve cet insecte au Brésil. Sa longueur est de neuf lignes environ. TROISIEME FAMILLE. LES MANTIENS. L'attitude singulière que prennent les insectes de cette famille lorsqu'ils guettent leur proie, leur a fait donner le nom de Maîitis, qui signifie devin. Placées sur une route, dans un champ, ou dans tout autre lieu, immobiles, leur long corselet élevé en l'air, leurs pattes antérieures en avant, et n'attendant que le 62 ORTHOPTÈRES moment de saisir leur victime , les Mantes passent plusieurs heures dans cette position , et les habitans superstitieux des contrées où elles se rencontrent, se sont imaginé qu'elles indiquaient aux passans le che- min qu'ils devaient suivre , ou bien encore ils ont pensé , on ne sait trop pourquoi , qu'elles prédisaient l'avenir. Les longues pattes antérieures des Mantes , élevées en forme de bras, en même temps que la tête et le corselet, ont aussi fait comparer ces insectes à des hommes en prière, dé là le nom de prégadioit qu'ils portent dans le midi de la France. La même idée a été reproduite dans l'application des noms de religiosa, precaria, sancta , oraioria, et autres, qui désignent dans les ouvrages d'Entomologie certaines espèces de Mantes. Une autre a été nommée mendica, par suite de cette même position, qui l'a fait compa- rer à un mendiant , et sans doute que le nom de pau- perata n'a été appliqué à l'une de nos espèces que pour la même raison. On a encore donné à une Mante de l'Afrique et des Indes le nom de superstitiosa , à cause des idées superstitieuses^ qu'attachent à cet insecte les naturels de ces contrées , qui le regardent comme sacré, et ne Acculent lui faire aucun mal. En un mot , les Mantes qui habitent les parties méri- dionales de l'Europe et les régions chaudes des deux continens, ont été remarquées partout. Ce sont les seuls insectes de l'ordre des Orthoptères qui vivent de proie et de rapine, et ce sont aussi les plus agiles. Toute leur organisation concourt à remplir ce double but , car ils ont des pattes longues et grêles qui sup- portent un corps étroit et alongé. Leur corselet est lui-même fort long dans la plupart des espèces, et KANTIENS. 65 très mobile sur le reste du thorax, afin de pouvoir s'élever ou s'abaisser au gré de l'animal. La tête que supporte ce corselet est dans une position verticale et dégagée par une sorte de cou, ce qui lui permet des mouvemens de rotation très libres. Mais ce que l'or- ganisation des Mantes offre de plus curieux , c'est la structure de leurs pattes antérieures. Beaucoup plus larges que les autres, ces pattes servent aussi à la marche quand l'insecte veut fuir, mais le plus ordi- nairement elles ont pour usage la préhension des ali- mens. Elles se composent d'une hanche fort longue , {pi. 5, /t/^. 2, a) el que la plupart des auteurs ont re- gardée comme la cuisse , puis d'un petit article , le trochanter (/?) qui est suivi de la cuisse proprement dite (c), que l'on a souvent prise pour la jambe ; cette cuisse est armée en dessous de deux rangées de fortes épines, entre lesquelles vient se placer la jambe dans l'état de repos. Cette jambe (d) , considérée comme le tarse, ou comme une partie du tarse par quelques au- teurs, est armée d'épines dans toute sa longueur, et se» termine par un fort crochet recourbé vers la cuisse. A la naissance du crochet commence le tarse propre- ment dit (e), qui est composé de cinq articles grêles, comme les tarses des autres pattes. Quand une Mante veut se procurer sa proie , qui se compose de mouches ou d'autres insectes aussi faibles, mais très agiles, elle élève, comme nous l'avons dit , le devant de son corps en l'air, et se soutient sur les quatre pattes de derrière, dont deux s'avancent à cet effet; ses pattes de devant sont en arrêt, la jambe rapprochée de la cuisse , et dès qu'un insecte arrive à leur portée, il est saisi avec la rapidité de l'éclair. S'il 64 ORTHOPTÈRES se fait trop attendre , ou s'il a l'air de vouloir s'éloi-= gner , la Mante s'en approche en tapinois , comme un chat qui guette une souris , et cela avec tant de pré- caution, qu'on a peine à s'en apercevoir. Elle parvient ordinairement à s'emparer de sa proie , et la tient sai- sie entre la cuisse et la jambe de ses pattes de devant , qui lui servent de véritables mains pour la présenter à sa bouche. Il paraît, d'après les obsei-vations de Rœsel ^, que les Mantes ne mangent pas beaucoup. Cet auteur en a nourri pendant quelque temps, avec quatre ou cinq mouches par jour ; les femelles , dit-il , en mangent jusqu'à six, parce qu'elles sont plus grosses que les mâles. Mais l'instinct carnassier de ces insectes est tel, que lorsqu'on en enferme deux ensemble ils se livrent des combats violens , se portent des coups avec leurs pattes antérieures, et l'un des deux combattans finit ordinairement par couper la tête de son adversaire. Dès leur naissance, les petits s'attaquent entre eux, et quand le mâle approche de la femelle , il est quel- quefois victime de sa voracité. L'accouplement ter- miné, celle-ci se jette sur le mâle , ordinairement plus faible qu'elle, et le tue; on cite même une femelle qui , enfermée avec un mâle , lui coupa la tête , en reçut les caresses et finit par le dévorer 2. Ceci rap- pelle tout-à-fait la voracité des araignées qui n'é- pargnent même pas leur propre espèce, et chez lesquelles le mâle paie souvent de sa vie le plaisir de voir sa femelle. Aussi les enfans des Chinois, au rap- port de quelques voyageurs , achètent les Mantes I. Récréations Eiitomologiques, 4.e parlie , pi. 12. ■>.. Journal de Physique, par l'abhé Rozier, 1784, t. XXV, pag. 334- MANTiENS. 6:r comme on achète dans nos pïuys les Hannetons, et les enferment clans de petites cages, de bambous, pour se (donner le spectacle de leurs combats^. Mais si les habitudes des Mantes sont curieuses ,■ leur ponte né l'est certainement pas moins. Quand une femelle v£ut déposer sçs oeufs , elle se pilace sur la tige d'une plante,. ou sur quelqu'un de ses rameaux, et reste là pendant deux heures,. plus ou moins, sans autre mouvement qu'une progression très lente , à mesure que les œufs tombent de son abdomen. Ces œufs se couvrent, en sortant, d'une substance molle et blanchâtre , et foi-menl par leUr réunion un corps dont la figure varie avec les espèces, et qu'on pren- drait aisément pour un fruit. La. substance blanche .et molle qui les enveloppe se durcit promptement , et se coloré en jaune. Les œufs sont rangés dans son in- térieur en séries transversales et régulières, qui abou- tissent à une sorte de bourrelet saillant en dehors, .et foi-mé par l'extrémité des cloisons qui renferment les œufs; c'est ce que représente lai fig- 5 de la p/.' 5. Les petits qui sortent de l'œuf n'ont xju'à se glisser entre les feuillets, qui s'écartent pour leur livrer pas- sage. Dans tout le reste de sa surface, la masse totale des cëufs est revêtue d'une enveloppe fermée, qui ne s'appliqvfe pas toujours immédiatement sur eux , et qui sert à les protéger. Les œufs sont longs et étroits, appliqués les uns contre les autres,' comme la figure le fait voir, et leur nombre varie dans chaque enve- loppe, selon les espèces' auxquelles ils appartiennent. Rœsel , qui nous a transmis des observations très .curieuses sur la Manie religieuse, espèce propre au 1. Kiil)y, Inlrod. à l'Entomologie, t. I, pag. 375. * IIV.SECTES. IX. 66 0 HT H OPTÉ 11 ES midi de la France et de. l'Europe , a remarqué (jue les œufs restent près d'un an dans leur enveloppe. C'est en septembre que se fait la ponte, et l'éclosion n'a lieu qu'au, mois de juin suivant. Les petits en sortent avec la forme qu'ils- auront toute leur' vie, mais ils n'ont encore ni élytresj ni ailes. Rœsel. ayant ouvert un œuf avant son éclosion , a pri^ pour une nymphe le petit insecte qui y était renfermé, bien, qu'il eût entre ses mains. des Mantes pourvues de rudimens d'ailes, véritable état de nymphe chez tous les insectes de cet ordre. Les larves changent plusieurs fois de peau, et avant le lirois de s'eptembre , c'est-à-dire en moins de ti-ois mois , elles arrivent à l'état parfait. Les Mantes fréquentent ordinairement les lieujx expo- sés au soleil, et semblent surtout agiles quand le temps est très chaud. Dans nos climats méridionaux , elles sont beaucoup plus lentes vers le mois de novembre que dans les mois précédens, et se laissent alors prendre aisément. Il est. fort difficile, quand on veut saisir ces insectes, d'éviter les blessures qu'ils fon.t avec leurs pattes de devant. Les crochets acérés dont ces pattes sont armées pénètrent dans la peau des doigts et s'en dégagent avec peine; aussi comment l'insecte , comme le Caméléon, changer de CQuleur à volorité. La plu- part des Mantes connues se font remarquer par leur couleur verte et Sont ornées .quelquefois de teintes tort agréables : celles dont il s'agit ici ne varient que du gris pâle au brun ; les premières ont les élytres et les ailes aussi longues au moins que l'abdomen , les autres ont les organes du vol très courts et presque rudimentaires. Cepeiidant leurs élytres, d'un aspect si triste en dessus, sont parées le plus souvent en des-, sous de bandes d'un éclat brillant et quelquefois mé- tallique. TM. Alexandre Lefebvre, qui les a observées en Egypte; en a publié une monographie coïnplète et nous a fait connaître tout ce. qu'on peut apprendre gur ces- inçectes, en -traversant rapidement les parties arides du désert, où on les rencontre. Le groupe des Mantes en général est fort nombreux en espèces de toutes lès parties du monde, et peu de* 68 ORTHOPTÈRES grarijjs ^genres nous offrent des variations aussi re- marquables dans "tes formes. Si l'on en excepte les pattes de devant, dont la structure est toujours sem- blable , la lèvre supérieure presque ronde , des palpes cylindriques et grêles', toutes les autres parties du corps affectent les formes les plus variées. Le> anten- nes qui, dans les femelles, sont courtes et sétacées, ont une longueur plus que double dans les mâles, chez lesquels elles atteignent souvent l'extrémité du corps; elles sont quelquefois pectinées, c'est-à-dire ornées d'appendices semblables aux dents d'un peigne. La tête ordinairement verticale et plate .en avant, offre dans d'autres cas, sur la face, une petite lamelle sail- lante, et son front se prolonge quelquefois en un tu- bercule assez gros, qui supporte dans plusieurs espèces une sorte de feuillet membraneux. Dans toutes les Mantes connues le front présente trois ocelles ou yeux auxiliaires; cpux ordinaires ou à réseau, sont ordi- nairement globuleux et plus ou moins échancrés en dedans, mais quelquefois leurs côtés forment une sail- lie plus ou moins obtuse. Toutefois, ce n'est pas l'œil lui-même qui se prolonge en pointe; il s'applique sur une saillie de la ttte qui dépasse son extrémité. Le corselet lui-même, fort long dans la plupart des Mantes, se raccourcit beaucoup dans plusieurs ; il prend' alors une forme ovalaire, ou présente des lobes latéraux. Ses bords sont quelquefois garnis de dents et d'épines courtes ; d'autres fois il offre en avant un . élargissement latéral qui, dans certaines espèces, s'é- tend darvs toute sa longueur : il en est quelques-unes où ce corselet élargi devient un vaste bouclier entre la tête et les ély très. Les pattes, destinées à la marche. M A N T 1 E N S/ 69 sont simples et grêles dans un très grand nombre de Mantes, mais dans plusieurs les cuisses- présentent vejrslebout des appendices membraneux qui s'éten- dent quelquefois dans toute leur longueur. L'abdomen lui-même a ses bords membraneux et plissés comme ceux d'une feuille sèche, mais ce cas est le plus rare, et ses côtés sont presque toujours ^i$ses comme le reste de sa surface. On peut remarquer en général .que les membranes du corselet et des pattes, et celles de l'abdomen , n'offrent aucun caractère cons- tant ; elles existent en même temps quq toutes les autres variations de formes , et frappent de nullité les genres que l'on a voulu établir sur chacune de ces modifications. Les élytres des Mantes ne varient guère que dans leurs couleurs ; elles sont en général peii solides, et si l'on en excepte leur bord externe, elles offrent la même consistance que les ailes qu'elles recou- vrent. Cette observation peut surtout s'appliquer aux mâles, dont les élytres sont plus longues et plus étroi- tes que celles des. femelles, et toujours bien plus trans- parentes. Le bout des a'ilesi est plus épais que le reste de leur surface ; sa consistance est semblable à celle des élytres don^t il partage aussi presque toujours la colora- tion. Enfin l'abdomen est long et plat dans les femelles, où il prend une forme ovalaire ; ses bords sont presque toujours parallèles dans les mâles. De même que dans les Blattes, le dernier segment présenté deux appendi- ces articulés, mais dont la forme est conique, et <[ui se recourbent en bas. Les mâles ne semblent pas avoir, comme dans ces derniers insectes , deux petits filets inarticulés entre les précédens, mais on peut les re- connaître sûremenï au nombre des segmens de l'ab- -O OUTIIOPTERJES dbmen , qui est semblable sous ce rapport à celui des Blattes. Sans compter le nombre des segmens, il est facile de distinguer les femelles dans lesquelles le der- nier fort grand, est précédé par dès segmens égaux , tandis qu'il, est fort petit dans les mâles et vient après un segment très court. Ce nombre différent- des $eg- mens de l'abdorfien , qui n'avait été observé jusqu'ici que dans les Forficules , se retrouvera encore dans^le reste'des Orthoptères; il nous aura surtout servi dans la famille suivante, à éclaircir quelques points de clas- sification assez obscurs, comme nous l'exposerons bientôt en présentant son histoire. Les tarses ont ordinairement cinq articles dans toutes les. espèces de Mantes; quelques-unes cependant font exception à cette règle , et constituent un sous-genre particulier. D'autres espèces, qui ont les tarses con- formés comme dans le plus grand nombre, ont la tête engagée dans le corselet, le dernier article des palpes obtus et les élytres fort courtes ; on les a séparées des Mantes à cause de ces caractères. Le nombre des sub- divisions éta^^lies dans ces insectes s'élève à trois seule- ment, comme l'indique le tableau suivant : MA.NTIENS. TABLEAU DE LA DIVISION DE LA FAMILLE DES MANTIENS , EN GENRES ET EN SoUS-GENRES. postéri(îUis ayant trois articles HETERONYTARSUS . cinq arti-- \ .dans le corselet. .' EREMIAPHIL/f . c\k5; jjalpes ' I pointus; tête toiU-à- . -fait libre -.. MANTÎS. GENR-E .MANTE. MANTIS. LpN-^. Nous a,vons déjà uidiqué l'origine du nom de ce genre, qui fut établi par Linné et placé d'abord dans les Coléoptères, puis ensuite transporté .dans les Hé- miptères. Ce fut à l'occasion des Mantes que de Géer forma le nom de Dermaptères, destiné à renfermer ces insectes et lés autres de la même structure, aux- quels on a appliqué de préférence la dénomination d'Orthoptères. C'est ici que commencent, pour les auteurs qui divisent cet ordre , les véritables Orthop- tères; mais cette .division ne saurait être admise, la I. Syn. Enipusa, WVi^ev; Hymenopus , BlcpJiaris, Jlarpax , Oxypilus, Cliœ'raJodis, Epaphiodita, Tliespis, Schizoccphalns, Serville. . "Z^. OJlTHOPTliRES famille de^» Blattien;^ ayant, des rapports très nom- breux avec celle qui nous occupe , et le. caractère à l'aide duquel on l'a opérée se trouvant plus faible que ces rapports eux-mêmes. Tels sont, par exemple, la forme des antennes , le nombre de leurs articles et leur mobilité ; le nombre des segmeas de l'abdomen, la forme déprimée de cette partie du corps et les ap- pendices articulés qui la terminent; enfin, la forme même des hanches, qui sont libres et sailJaiites dans l'une et l'autre famille, et qui caractérisent des in- sectes coureurs. On a invoqué, pour établir leur sépa- ration, la manière dont les élytres se recouvrent à leur . bord interne, comme si ce caractère n'existait pas dans les Mantes, oùl'élytre du côt^ gauche cache presqu'en- tièrement celle du côté opposé. Les Mantes forment un genre si naturel , et, malgi:é toutes les variations de formes que nous avons indi^ quées, il est si facile de les. reconnaître , que pen- dant fort long-temps on les a laissées réunies. Illiger le premier les partagea en deux genres distincts, d'a- près l'absence ou la présence d'une sorte de feuillet ou de saillie frontale. Làtreille et les autres auteurs se bornèrent à cette division, et jusqu'à ces dernières années, les choses restèrent en cet état. M. Savigny, dans les belles planches de l'ouvrage publié, pour l'expédition d'Egypte, reproduisit exactement toutes les espèces que lui avait présentées cette contrée , et rendit plus saillantes, par les détails grossis des dif- férentes parties, les modifications de formes qlie ï'on observe dails quelques-unes; mais le texte dé ce bel ouvrage n'ayant. jamais paru, nous né savons pas comment cet auleur considérait les Mantes. S'appuyant M AN TIEN s. jJ, sur les dessins publiés par ce savant, etsurlçs formes singulières de. plusieurs espèces étrangères à l'Egypte, M. Serville isola, comme autant de genres distincts, toutes les Mantes qui avaient des rapports communs dans une ou plusieurs de leurs partieç ; il éleva ainsi à onze le noihbre de ces genres qui n'offrent cepen- dant pas de caractères essentiels , et que nous consi- dérerons simplement comme de^ divisions' du genre Mante, en signalatit les différences qui» peuvent les faire reconnaître. " * Les Mantes se laissent partager en deux sections , qui elles-mêmes se subdivisent à leur tour. Les unes, qui correspondent aux Jï^n/ms^s d'Illiger, du aux Gongyies de Tliunberg, ont -à la partie antérieure de la tête, ou sur le front, une sorte de feuillet qui s'en détache plus ou moins par en haut {Voy. pL 5, fig. i, a); les- autres ont le front tout-à-fait plane , et sont les véritables Mantes du même Naturaliste. Dans les Empuses, le front présente, aussi une saillie tantôt courte et bifide , tantôt conique et épaisse à la base , tantôt enfin, longue ^ aplatie et bifide à l'extrémité. Les espèces qui sont dans le dernier cas , forment les Empuses de M. Serville ; leurs cuisses offrent ordinai- rement à l'extrémité une petite membrane , .qui manque néanmoins dans quelques espèces ; leur cor- selet est à peu près' de la longueur de Kabdomen. Les autres Empuses ont le corselet court, arrondi et large sur les côtés. Celles dont les yeux se terminent en pointe , sont les Harpax de M, Serville , et peut- être une partie de ses  canthops, mnsi que les Hymé- nopes du même auteur. Dans ces derniers , les quatre cuisses de derrière ont une membrane large et qui . 74 ORTHOPTÈRES s'étend sur tqute leur longueur ; les Harpax n'ont au contraire qu'une petite membr.ane à l'extrémité de leurs cuisses. Les Empuses qui n'ont pas les yeux en pointe forment pour M. Serville les cernes Blép/uiris et Oxypile : le premier a de petites membranes aux cuis- ses, tandis qu'elles manquent dans le second. Les Blë- pharis et les Empuses présentent un caractère com- mun dans la forme de leurs antennes; ces organes sont pectinées dans le mâle et simples dans la femelle. On ne sait pas^'encore- si lesOxypiles ont ce caractère. Quant aux Mantes d'Illiger, dont la face est tout-à-fait plane , elles /offrent aussi dans leurs fornaes quelques variations, dont M. Serville a fait plusieurs genres. Les unes, aux yeux pointus coflime les Harpax, au corselet assez long, constituent les A^àntlwps ; d'autres, ouïes Epapju'ddites, oiOfrent sur les côtés du corselet une mem- brane arrondie qui ne s'étend pas jusqu'aux élytres ; il en est, comme les Chéradodes, chez lesquelles le cor- selet se prolonge de chaque côté et présente une lame supérieure très large, ef dont la forme varie selon les espèces : cette divfsion est la seule dans laquelle on •retrouve des membranes aux cuisses postérieures. En- fin les vraies Mantes n'ont pas le corselet élargi, et pré- sentent deux modiôcatioiis de formes : les unes au ■ C9rps très long et très étroit , constituent les ïhespis, les au très. ont l'abdomen élargi , et forment, les Mantes proprement dites. Voilà donc un' grand genre bien i^aturel que Ton a partagé .en dix autres, eu égard aux différences des formes extérieures , et • ces dix genres ne suffiraient déjà plus", si l'on adoptait le principe, qui les a fait établir. Il existe, eneffet, des modifications particu- MAiNTIEN.S. -^5 lières, qui ne se rapportent à aucune ^es précédentes, et'qili prouvent encore mieux le peu d'importance qu'elles présentent. C'est ainsi que des Empuses sans membranes aux pattes , mais ayant tous les autres ca- ractères de cette coupe-, ne pourraient pas y rester ; c'est ainsi qu'il faudrait placer entre les Empiises et les Chéradodes certaines Manies <'|ui ont des membra- nes au» cuisses comme les preùiières , et le corselet élargi comme les seconds; et même faudrait-il encore séparer desEmpuses, les espèces qui ont, comme le Gongylode ^ le corselet, muni en avant d'une large membrane, tandis qu'il est simple dans les autres espèces. Il se présentera sans doute bien d'autres différences qui- jetteront dans un grand embarras, si l'on s'arrête aux formes générales, et si l'on ne tient pas compte du peu d'importance d'une membrane soit aux cuisses, soit au corselet, dans une famille d'in- sectes où presque toutes les espèces varient tani sous tous les rapports. Nous nous bornerons donc à par- tager, comme l'a fait Illiger, les Mantes en deux di- visions, d'après l'absence ou la présence d'une sorte de feuillet sur le front. Nous n'avons rieii.dit jusqu'^ici du dernier genre que M. Seryille établit aux dépens des Mantes, ou de celui de Scliizo'céphalè. Il se distingue des autres par le peu de longueur des jambes de devant, et par les cuisses sur lesquelles elles se replient pour former les pinces. Comme les jambes sont fort courtes, les cuisses rfont que. quelques épines à l'extrémité , dans la partie qui correspond aux jam'bes , et le peu de longueur des pinces formées par ces dernières, constitue le seul ca- ractère des Schizocéphales. Leur corps est long , et yb OKTHOPTÈRKS étroit comme djins la division des The^is, et leurs yeux se terminent en pointe; ' • Enfin nous mentionnerons deux sous-genres qui se détachent des Mantes , et dont l'établissement est dû à M. Alexandre Lefebvre. Ils sont tous deux figurés dans les planches de l'ouvrage sur l'Egypte, et se com- posent de ces espèces singulières qui vivent dans les terrains les plus arides du désert, et qui ont la cou- •leur du sol sur lequel ils vivent. Ces deux sotis-genres se séparent assez bien des Mantes, par la forme obtuse du dernier article de leurs palpes, et par la brièveté de leurs élytres , qui les feraient prendre d'abord pour des Mantes à l'état de nymphe. Leur corps est plus court, plus trapu, leurs quatre. pattes de derrière sont plus longues, et leur tête plus. engagée dans le corse- let; ces caractères, joints à des habitudes difierentes, permettent de ne pas laisser dans les Mantes les in- sectes où on les a observés. 1." LES HÉTÉRONYTARSES. — Heîeronytarsus. Lef.'^ Le caractère le plus saillant de ces insectes, qui partagent l^s habitudes du sous-gerire suivant, consiste dans le- nombre des articles de leurs tarses. Ce nombre est de quatre aux deux tarses de devant, et de trois seulement à ceux des autres pattes. Un autre'trait frap- pant de leur organisation se trouve dans l'inégalité dés Crochets qui terminent les ^adXve tarjses postérieurs. l. Etym. ïrepoç , qui diffèrej ïi-uf , ongle. — Type H, yEgyptiacus,l-,e{, Annal. Soc. Entofn.. t. IV, pag. 5o3, pi. i3, fig..^- MANTIENS. 77 • * ■ 2." LES ERE]\nAPHiLE8. — EremiapkHu. Lef. ^ Ici le nombre des. articles des tarses est de cinq comme dans les vraies Mantes, -mais les- palpes ont le dernier article cylindroïde et obtus à l'extrémité. Les quatre pattes postérieures sont grêïeS, longues et leurs cuisses se terniinent quelquefois par une petite épine. L'avaat dernier segment de l'abdomen offre deux fortes saillies ou épines dans les femelles. Les élytres et les ailes sont toujours fort courtes. 5.° LES M\^TEs. — Mantis. Lin. Les nombreuses variations que présentent ces insec- tes ne nous permettent de leur assigner pour carac- tères que 4a forme grêle et presque pointue de leurs palpes. Les ailes et les élytres sont aussi longues que i abdomen dans la plupart des espèces connues, et l'a- vant dernier segment de celui-ci n'est jamais épineux. a. LES ÉmPUSES. 1. LA ÎHANTE MENDIANTE.' (PI. 6 , fig. I. ) Mantis meîidica. Fa.b.^ C'est une des 'plus jolies espèces de ce genre. Sa couleur est blanchâtre, agréablement variée de vert, 1. Etym. i^tifxia, le désert 5 tfixsw, j'aime. — ' T'y^^ey. Wantis-abbrei'iata, Stoll.,pl. 6, fig. 4- — Voyez, déplus, la Monographie ^e ce genre, par M. Lefebvre, dans le tome IV des Annales de la Société Entomologique. 2. Ertt. Syst., l. II, pag. 17. — Sloll., pi. 12, fig. 47- — Stivigny, Egypte, Ins. Orthopt., pi. I, fig. 9 7o" .ORTHOPTÈRES et son abdomen est jaune avec Kextréinito verte, Elle a les pattes annelées de vert et de blanchâtre ; le des- sous de ses cuisses antérieures, et la dernière moitié deshanches-de la même paire sont jaunes, tandis que la base de celle-ci est v_erte. Une tache. noire et étroite se remarque à la base des épines qui garnissent le dedans des cuisses antérieures. La tête est surmontée d'un gros tubercule conique qui' se termine par deux épines courtes. La lame saillante de la face est carénée dans toute sa longueur.- Les antennes du mâle sont pectinées des deux côtés, etleur couleur est jaunâtre; celles des femelles sotit ' presque moniliformes. Les bords latéraux du corselet sont armés d'épines courtes qui imitent un. peu les dents d'une scie. Le bord ex- térieur des élytres offre une série de tachés blanches, qui ressortent sur un fond brun, et l'extrémité des ailes est tachée de vert et de blanc comme les élytrès, tandis que le reste de leur surface est tout-àrfait inco- lore. Enfin , les quatre cuisses de derrière offrent une petite membvane placée en arrière let à l'extrémité. Cet insecte se trouve en Egypte, et dans les îles Ca- naries.Le mâle est plus grand que la femelle, et a deux pouces . et demi de longueur ; son envergure est dé près de quatre pouces. Cette espèce est le type des Blépharis de M. Serville. 2. LA MANTE GONGYLODE. (PK 6, tig...2. ) Mantis gongylodes. Lm.1; . L'aspect qu.'o{rre cette, espèce est des plus singu- liers, à cause des membranes qui se trouvent sur le 1: Mus; Ludov. Reginse, pg. lia. — Fab. Eut. Syst., t»II, pag. 17. — Stoll.,pl. i6, fig. 58ot 59. MANTIENS. 79 corselet et les cuisses. La couleur de l'iiisecte est d'un jaune assez obscur, mais elle paraît avoir été verte dans l'animal vivant. Son corselet, presque aussi long que le corps, est cylindrique, grêlé et feulement uu peu plus large en avant, où ses côtés offrent une mem- brane en losange dont les angles latéraux sont pointus. Le front est surmonté d'un feuillet long et bifide. Les quatre cuisses postérieures ont à l'extrémité une mem- brane arrondie et située au côté interne ; le côté op- posé offre deux petites membranes qui n'atteignent pas l'extrémité des cuisses. Les pattes antérieures se font remarquer par leurs cuisses élargies en dessus, et parles hanches qui se terminent en épine. Les côtés de l'abdomen sont munis de rebords larges et mem- braneux. Dans le mâle, les membranes du corselet et surtout celles des cuisses sont plus grandes que dans la femelle , et les élytres sont plus longues que l'abdo- men. Lesélytrés de la 'femelle sont larges, plus courtes que le ventre, ".et présentent à leur base et en dehors un lobe plus grand que dans le mâle. Il existe une variété de cette espècQ dont la couleur est entièrement brune : c'est çJle que*, nous avons figurée. On trouve ce joli insecte aux Indes-Orientalés; le mâle est long de trois pouces et demi, et la femelle. de quatre pouces. 3; LA 3IANTE APPAUVRIE. (PS. 5, fig. 1.) Mantis'pauperata.TRVNBA Cette espèce est d'un vert .pâle, qui se change en jaune foncé, et même en brun après.la mort de l'in- I. Gongy lus pauperatus ,Mén\. Acad. Vctcvshour s,, t. V, pag. agS. — Stoll., pi. io,fig. 4o- ' 8b ORTHOPTÈRES secte. Ses pattes sont jaunâtres, avec des bandes obli- ques et vertes, et ses quatre cuisses postérieures ont en dedans, à l'extrémité^ un petit appendice mem- braneux. Sa tête est surmontée, comme dans l'espèce précédente , d'un^ saillie membraneuse et bifide que supporte un long tubercule conique, qui n'est autre que le front lui-même. Le corselet est long, finement dentelé sur les côtés , et élargi vers l'extrémité. Les bords de l'abdomen sont lin peu membraneux; Les antennes du mâle sont pectinées des deux côtés comme dans la Mante gongylode, celles de la femelle , au con- traire, sont courtes et sétacées , composées d'articles presque globuleux. Les ailes sont d'un vert très pâle > ou presque blanches ; leurs nervures longitudinales, et même celles des élytres , sont bordées de brun à l'extrémité. • ' . Cet insecte est propre au midi de 1r France, et à d'autres contrées qui avoisineht la Méditerranée ; on le retrouve jusqu'en" Perse. Il a près de trois pouces de longueur. /3. LES MÀNTXiS vraics. 4-- l'A MANTE RELIGIEUSE. (PI. 5^ fig. 2.) Maiitis religiosa. Lm. ^ • Cette espèce est la plus répandue de toutes celles de ce senre, et se trouvé. abondamment dans le midi de la France. Sa couleur est un vert pâle orné d'une jolie I. Syst. not., t. I, pag. 690. — Rœsel , Insectes, pi. i , fig. 2 , et pi. 2 , fig. 5, et 4.e partie, pi. 12.— OmtoVia, Fab,, EnJ. Syst., t. II,. pag. 20. — Striaia, ejusd., pag. 20:— "Voyez, pour les autres espèces: Lichtenslein , Trans. of Linn. Soc . t. VI; — Obs. pbys. nied. Acad. natur. curies., PHASMIENS. 8l bordure rose sur le corselet et les ély très, mais il existe des individus , aussi communs que les autres, qui sont d'un jaune brun. Le front, les jambes et les antennes sont légèrement roses ; mais cette couleur est plus vi- sible dans le mâle que dans la femelle. Le bout des ailes est également rose , et quand l'insecte est dessé- ché, tout ce qui était. de cette jolie nuance semble avoir été brun. Les cuisses ont à leur base, au côté in- térieur, une tache oblongue et noire, qui en renferme quelquefois une petite d'un blanc jaunâtre. On trouve cet insecte dans presque toutes les par- ties chaudes de l'ancien continent : le mâle est long de o vingt-une lignes, et la femelle a un pouce de plus que lui. QUATRIÈME FAMILLE. LES PHASMIENS. Cette famille se compose d'insectes dont la forme remarquable, mais bizarre, a donné lieu à des déno- minations qui ne sont pas moins singulières ; telles t. II,pag. 8i, et t. III, pag. 95 j Thunberg, Dissert. Entom., 1784, et mém. Acad. des Se. de Saint-Pétersbourg, t. V, pag. 21g; Breynius, Philos. Trans. t. XXIV, pag. 2o45; Leach, Zool. raiscell,, t. I, pag. 78^ Pailas, Yoyage, t. II J Palisot Beauvois, Insect. d'Afrique et d'Amérique j Ahrens, Fauna insect. Europae; Kirby, Cent, of insects in tbeLinn, Soc, t. XII, pag. 449) Charpentier, Horse Entomologicaî 5 BruUé, Expéd. scieut. de Morée ; Mac- Leay, apjpeiid. du Voy. de King, t. Il, pag. 438. IKSECTES. IX. 6 82 ORTHOPTÈRES sont les espèces de nos colonies que 1 on a appelées cheval du diable, grand soldat de Cayenne, bâton am- bulant, et d'autres noms analogues ; telle est encore l'es- pèce connue, dans les Indes-Orientales, sous celui de feuille ambulante , h. cimse de la grande ressemblance qu'offrent ses élytres avec les feuilles de certains ar- bres. Les Naturalistes, de leur. côté , ont suivi l'impul- sion du vulgaire , en désignant par le mot de Spectre, qui fut plus tard changé en celui de Phasme, syno- nyme du premier dans une autre langue, toutes les espèces que nous allons faire connaître. Leur forme générale justifie quelques-unes de ces dénominations. Les unes, en effet, ont le corps très long, mince et presque cylindrique, des pattes longues et grêles qui s'appliquent sur le corps , ou s'étendent au devant de lui, et ressemblent tellement, dit-on, parleur couleur et leur immobilité, à de petits brins de bois, qu'elles échappent facilement à la vue de leurs ennemis ; ces espèces sont privées d'ailes, ou passent du moins pour n'en acquérir jamais. D'autres sont pourvues des organes du vol; mais* dans ce cas, ils s'appliquent sur le corps et ne servent à ces insectes que pour exécu- ter des mouvemens de déplacement assez rares , parce qu'en général ils sont peu agiles. Il en est enfin quel- ques-unes dont les pattes sont garnies de larges mem- branes : elles ont la couleur des feuilles sur lesquelles ils vivent, et on les a désignées à cause de cela sous le nom de Pliyllies; ce sont les mêmes insectes aux- quels on donne vulgairement le nom de feuille am- bulante , et dont nous avons parlé plus haut. Quoique les habitudes des Phasmiens soient jusqu'à présent peu connues, on sait qu'ils vivent de végétaux. l'HASMIENS. ^5 bien difféiens en cela des Mantes avec lesquelles on les avait confondus d'abord. La manière dont ils pondent leurs œufs n'est pas non plus la même, car, au lieu de les grouper comme les Mantes, dans l'intérieur d'une enveloppe commune, ils les déposent simple- ment à terre. Selon M. Cuningham , qui a séjourné dans la Nouvelle-Galles du sud , les espèces de cette famille qui s'y rencontrent ont des habitudes solitaires et paisibles ; elles ne se trouvent jamais qu'au nombre d'un ou de deux individus seulement, se traînent avec lenteur sur les arbrisseaux, les taillis, etc., où elles semblent passer leur existence pendant les mois les plus chauds de l'année , et où elles se nourrissent des jeunes pousses d'arbres résineux *. M. Say, naturaliste américain , qui nous a fait connaître un grand nombre d'insectes des Etats-Unis , a observé de son côté plu- sieurs espèces qui vivent sur les arbres, et dont une entre autres ^ laisse sortir, lorsqu'on la prend , par deux ouvertures de son thorax , un fluide comme lai- teux, d'une odeur forte, assez semblable, dit-il, à celle du gnap/ialium commun. Comme cette plante croissait abondamment auprès de l'endroit où l'on a trouvé ces insectes , il a conclu qu'elle faisait partie de leur nour- riture. Un autre observateur, Lansdown Guilding , cité par M. Gray, dans l'ouvrage mentionné plus haut, rapporte les détails suivans au sujet d'une espèce des Bactérie ^. « Cet insecte est très commun dans les broussailles de l'Amérique équinoxiale et des îles voi- sines, et il trompe ses ennemis par sa ressemblance 1 . Gray, Synopsis of Phasmidœ, pas;. lo. 2. Bacteria bupreitoidea . 3. B. bicornis. 8/f ORTHOPTÈRES avec une branche morte. Il dévore les feuilles avec avidité pendant la nuit. Ses mouvemens sont très in- certains : il applique ses pattes antérieures sur sa tête pendant le repos, et protège ainsi ses antennes déliées. On le rencontre pendant toute l'année , et son accou- plement a lieu pendant les mois de mai et de juin. La femelle pond une vingtaine d'œufs de septembre à no- vembre , et ce n'est qu'au bout de quatre-vingts ou de cent jours qu'a lieu l'éclosion de la larve , c'est-à-dire entre le mois de mars et celui d'août. Cette larve est pâle au sortir de l'œuf, et a les pattes fixées contre le corps, mais lorsqu'elle a déposé sa première enveloppe, elle se meut avec une grande rapidité. » Le même observateur mentionne un fait curieux dans l'histoire des insectes. Si une patte vient à être arrachée à cette espèce, elle se reproduira, au change- ment de peau suivant, avec un développement moins considérable. La collection du Muséum renferme un exemple de cette reproduction des pattes sur un indi- vidu de grande taille ^, qui offre une patte postérieure fort petite , tandis que *elle du côté opposé est très grosse et renflée comme dans les insectes sauteurs de cet ordre. On n'observe pas cette reproduction des pattes dans les insectes à métamorphoses complètes ; mais leurs larves jouissent peut-être aussi de cette même propriété; Un fait qui serait fort étrange , et qui fait craindre quelque méprise de la part de celui qui l'a observé , nous est transmis par M. Gray. « J'ai appris , dit cet auteur 2, de M. le docteur Harlan, pendant son séjour 1, Eurfcantha horrida. 2. Synops. of Phasmid., pa_g. ii. PIIASMIENS. 85 à Londres , que la femelle d'une espèce américaine a , été vue dévorant la tête de son malheureux compa- gnon, pendant les préliminaires de leurs mutuelles amours.» Or ne s'agit-il pas ici d'une espèce de la fa- mille des Mantes , plutôt que d'un Phasmien véritable, dont les habitudes pacifiques ne permettent pas de croire à un tel acte de voracité? Les œufs des Phasmiens en général , sont d'une grosseur assez remarquable ; mais leur forme est sur- tout curieuse , et les dessins dont ils sont ornés pré- sentent aussi quelque intérêt. Ces œufs sont de figure ovale , et se terminent à l'une des extrémités par un opercule aplati , dont les contours sont parfaitement lisses et qui s'adapte exactement à une rainure pra- tiquée sur le corps même de l'œuf. Le petit qui doit dn sortir n'ayant pas d'organes capables de percer les parois de sa prison, doit avoir la tête dirigée du côté de son opercule , et dès-lors il lui e.st facile de se faire jour en le poussant au dehors. Les dessins qui ornent la surface des œufs varient selon les espèces ; tantôt ce sont des sillons qui la parcourent, et tan^ tôt des lignes sinueuses qui offrent la figure d'une sorte de croix ou d'étoile. Les Transactions de la Société Linnéenne de Londres renferment le dessin d'un de ces derniers^, sur lequel on remarque une ligne sinueuse qui se contourne en une sorte de croix. Un grand nombre de ces œufs sont tout-à-fait lisses , et tous en général pourraient, au premier aperçu, être pris pour des graines de végétaux. D'après les remarques déjà citées de M. Guilding , les œufs sont abandonnés par la femelle et pondus au i Phasina (lilataliun. 86 ORTHOPTÈRES hasard, après être restés dans l'oviducte tout le temps nécessaire pour acquérir de la solidité. Stoll prétend, au contraire, K o f-^ Cl î:^ a: ts ^ :s o "O «; "^ ^ ^ lo kI u R5 t^ ^*^ s a ■M Ë s c 96" ORTHOPTÈRES GENRE PHASME. PHASMA. StoLL.^ Confondus d abor-d avec les Mantes, parmi lesquelles Linné, Fabricius, Olivier et quelques autres auteurs les avaient placés., les Phasmes furent isolés pour la première fois parStoll, qui leur donna d'abord le nom de Spectres. Il y substitua, dans la table du même ouvrage , celui de Pliasma , beaucoup plus convena- ble et qui fut généralement adopté. Dans l'origine, Linné avait compris les Phasmes dans le grand genre Grillas qui en renferme, comme nous le verrons, plu- sieurs autres. Fabricius en fit des Mantes dans ses pre- miers ouvrages, mais il adopta ensuite la séparation proposée par Stoll sous le nom de Phasme, et Lamarck fut le seul qui leur conserva le nom de Spectres. Ce genre ne se composait, dans l'origine, que d'une vingtaine d'espèces ; mais leurs formes étant très va- riées , les premiers auteurs qui s'en occupèrent , y établirent plusieurs divisions, afin de rendre leur dé- termination plus facile : tels furent Stoll, dont nous avons déjà parlé , et M. Lichtenstein qui présenta une monographie complète de ce genre 2. Ce dernier au- teur, cependant, ne mentionna que les espèces qu'il avait vues ; on doit du moins le supposer, car il n'en a I. Etym. (pâo-/xa, spectre, fantôme. — Syu. Speclrum, Stoll., Oliv., La-, marck, etc. — Gryllus, Lin., Oliv. j — Mantis, Lin., Fab., Olivier, etc. a. Transact. of Linnean Society, t. YI. PIIASMIENS. gj pas décrit un aussi grand nombre que Stoll, bien qu'il en ait présenté deux ou trois nouvelles. Latreille ne donna pas à la classification de^ces in- sectes une attention digne de leur importance. Il les plaça, dans tous ses" ouvrages , à la suite des Mantes, sans les élever au même rang que celles-ci , dont il fit tantôt une famille et tantôt le grand genre des Mantes, ce qui, dans sa manière de voir, est tout-à-fait équi- valent. Ce savant ne sépara même des Phasmes que le seul genre des Phyllies , déjà établi par Illiger et qui renferme des insectes essentiellement différens. Les Phasmes , en général , furent partagés en plu- sieurs genres, dans l'Encyclopédie méthodique, par MM. Lepéletier de Saint-Fargeau et Audinet-Ser- .ville. Ces deux naturalistes s'appuyèrent sur la présence où l'absence des ocelles, caractère dont nous avons déjà signalé le peu d'importance , pour séparer les Phasmes en deux grandes divisions. Ceux qui leur offrirent des ocelles, constituèrent les Phasmes pro- prement dits; les autres furent partagés d'après la présence ou l'absence des organes du vol. Nous ver- rons tout à l'heure que cette considération ne peut conduire qu'à des résultats inexacts. Les propor- tions du premier segment thoracique leur servirent à signaler les genres Phyllie , Prisope j, Cladoxère et Cyphocrane , dont les. trois derniers leur sont, pro- pres ; mais les Cyphocranes offrant souvent des ocel- les, sont dès lors mal placés d*ans cette seconde divi- sion. Parmi les espèces aptères, nous ne trouvons que deux genres, celui de Bactérie, d'une part, dont les antennes sont longues, et celui de Bacille, de l'au- tre , chez lesquels ces organes sont très courts. 98 ORTHOPTÈRES Bien que plusieurs des caractères employés par ces deux auteurs ne puissent plus l'être aujourd'hui d'une manière absolue , les genres qu'ils établirent sont bien fondés et nous les conserverons tous. Latreille, dans un de ses derniers ouvrages, adopta la classification présentée dans l'Encyclopédie; mais n'ayant point vé- rifié les caractère's énoncés il conserva la division tirée de la présence des ocelles. Il se servit de l'état ap- tère ou ailé des espèces, pour les placer dans deux sections différentes ; en un mot , il n'ajouta rien à ce qu'avaient fait ses devanciers, et ne corrigea pas leurs erreurs. Dans un travail où l'ordre entier des Orthoptères est passé en revue sous le rapport de la classification , M. Serville présenta les Phasmiens comme une fa-, mille distincte , sous le nom de Spectres. Il se con- forma à ce qu'il avait déjà fait avec M. de Saint-Far- geau dans l'Encyclopédie méthodique , et établit seu- lement un genre nojiveau sous le nom de Xérosome. Jusqu'ici, les Phasmiens avaient été divisés d'une manière assez naturelle et propre à séparer les espè- ces qui présentaient entre elles des caractères trop anomaux. Les Bactéries se composaient de tous ces Phasmiens à corps long et grêle , à antennes lon- gues et minces , et qui n'ont pas offert jusqu'ici les organes du vol. Les Bacilles renfermaient une ou deux espèces à antennes courtes et moniliformes , mais qui , pour le reste , ressemblent aux Bacté- ries. Les PhylHes , séparées depuis long-temps par lUiger , ofïVaient dans la forme différente de leurs an- tennes , de leurs élytres et de leurs ailes, suivant le sexe auquel elles appartiennent , des caractères suffi- PIIASMIENS. QÇf sans pour les faire reconnaître. Les Prisopes, avec leur forme large et aplatie, leurs segmens thoraci- ques presque carrés, leurs grandes ailes et surtout la forme des articles de leurs palpes, que l'on n'a pas encore signalée', pouvaient être admis sans difficulté. Les Xérosomes, voisins des Prisopes, n'ayant pas leurs ailes développées, leurs élytres longues et contour- nées, ni surtout leurs segmens du thorax de forme courte et carrée , ne pouvaient se rapporter ni à ceux-ci ni aux autres genres. Les Cyphocranes , qui renferment les géans de cette famille et même de tous les Orthoptères, avec leur mésothorax si long, leurs ailes plus courtes que le corps, formaient un groupe des plus naturels. Les Cladoxères à corps cylindrique et étroit ^ ressemblaient aux Bactéries en ce qu'on les connaissait plutôt à l'état aptère qu'à l'état d'insectes ailés ; mais outre qu'ils acquièrent les organes du vol , ils ont dans leurs antennes aussi longues que le corps , un caractère suffisant pour être séparés des autres Phasmiens. Enfin les Phasmes pro- prement dits formaient encore un des groupes les plus tranchés et les plus naturels, à cause de leurs antennes aussi longues ou même plus longues que le corps, et de leurs élytres très courtes , cachant à peine la base des ailes , qui de leur côté pouvaient aisément couvrir toute la longueur de l'abdomen. • Cette classification n'offiait que l'inconvénient d'être appuyée sur le caractère inexact, de la présence ou de l'absence des ocelles; mais on pouvait d'ailleurs re- connaître aisément les genres dans la petite famille des Phasmiens. Cependant quelques espèces, appor- tées récemment du continent Australien, nécessitèrent 100 ORTHOPTERES l'établissement de divisions nouvelles, que M. Gray fit connaître dans un premier fascicule d'insectes de ce pays. Ce môme naturaliste ayant publié, peu de temps après, une Monographie de toute la famille des Phas- miens, où il introduisit encore de nouvelles coupes , et dans laquelle il rappela celles de l'ouvrage précé- dent, nous les comprendrons l'un et l'autre dans le résumé que nous allons en faire. L'auteur anglais , ayant eu l'occasion de connaître un plus grand nombre de Phasmes qu'aucun de ses prédécesseurs, se trouva dans l'impossibilité de les rapporter tous au petit nombre de genres établis avant lui. Il reconnut que les organes de la bouche offrent, chez tous ces insectes , une conformité qui permet à peine d'en faire usage pour les subdiviser; mais, se croyant affranchi par là de l'obligation imposée au na- turahste, s'il veut être compris, de s'appuyer sur des caractères certains, il forma des groupes différens de tout ce qui lui offrit quelque forme nouvelle dans une ou plusieurs des parties du corps. Les caractères qui distinguent ses genres, sont tirés des variations de forme du corps en général, et plusieurs de ces caractères ne sont propres, selon nous, qu'à distinguer les espèces. Faute d'avoir reconnu les sexes , M. Gray rangea dans un genre particulier, certains mâles [Cténomorphes),ce qui ne l'empêcha pas , dans sa description générique, de parler des deux sexes. Il prit , pour base de sa classification , un caractère dont on ne peut attendre non-seulement des groupes naturels, mais encore des divisions commodes pour l'étude , nous voulons dire l'état aptère ou ailé des espèces de Phasmiens. Il en existe encore un trop grand nombre dont on ne sàu- PHASMIENS. 101 rait dire si elles sont à l'état de larve ou d'insecte par- fait; d'autres, que nous admettrons comme réellement aptères, ont tant d'analogie avec les espèces ailées, qu'on ne saurait les séparer sans violer les rapports naturels. C'est ainsi, pour ne citer qu'un exemple, que les Hétéropteryx sont très éloignés des Eurycanthes, tandis qu'il est à peine certain que ces deux genres puissent être séparés. D'ailleurs, un des genres aptères de M. Gray [Acanthodère], pourrait bien ne se com- poser que de larves d'un genre ailé. La première division établie par M. Gray , dans la famille des Phasmiens, et qui se compose d'espèces privées d'ailes, porte le nom d' A ptérophasmines. Elle se subdivise suivant que les antennes sont plus lon- gues ou plus courtes que le thorax; suivant que le métathorax est très court ou qu'il est alongé. Les pattes épineuses d'une part, ou comprimées de l'autre ; celles qui sont nues et celles qui offrent des mem- branes; la longueur même de ces pattes; l'état lisse et tuberculeux de la surface du thorax ; enfin le dé- veloppement égal ou inégal des pattes dans les deux sexes ; tels sont les caractères qui servent à distinguer les genres. Sur douze que renferme cette division; quatre nous semblent à adopter dans l'état actuel de la science ; il est vrai que plusieurs d'entre eux , tels que ceux de Diapliéromère, Anisomorplie, Loncliode et Hetéronémie^ ne nous sont connus que par des figures ou par des descriptions trop courtes. Nous conserve- rons ici les Eurycanthes de M. Boisduval, les Bactéries, les Bacilles déjà mentionnées, et les Pachymorphes, établis par M. Gray, mais nous réunirons aux Bactéries les Cladomorp/ieSjlesPrisomères, et provisoirement les ■102 OUÏ H or TER ES quatre genres que nous venons de nommer. Les Acan- thodères seront pour nous des larves mâles de Cypho- cranes, et enfin les Linocères seront réunis aux Ba- cilles, attendu la divergence d'opinion qui existe entre les auteurs sur le nombre d'articles dont se compo- sent leurs antennes. La seconde division des Pbasmiens, ou celle des Ptérophasmines, renferme les vingt autres genres de la méthode de M. Gray. Nous y voyons d'abord des es- pèces où le mésothorax est bien plus court que l'ab- domen. Tels sont les Perlamorplies, qui ont des ailes et point d'élytres, les Phasmes qui ont les élytres cour- tes, les Xérosomes déjà publiés, ainsi que les précé- dens, par M. Serville, et qui en dififèrent par leurs ailes plus courtes, enfin les Dinélytron où les élytres sont longues. Puis viennent des espèces à pattes élar- gies , telles que les Prisopes de M. Serville , auprès desquelles se placent, sous le nom de Platytèles , des Phasmes dont l'abdomen est élargi vers le bout; les Ectatosoines , chez lesquels trois segmens sont aussi élargis ; les Phyllies , dont les ailes sont courtes dans les femelles, et longues, au contraire, dans les mâles. •Un genre, qui fait une division à lui seul, celui 'de Tropidodèrej, a les quatre pattes de derrière élargies ; ceux de Podacanthe ^ de Xerodère et à'Hétéroptéryx , ont les pattes épineuses et simples. Avant d'aller plus loin , examinons séparément chacun de ces difle- rens genres. Les Phasmes, les Perlamorphes, les Xé- rosomes, et peut-être les Dinélytron, s'ils ne sont pas un double emploi du précédent, peuvent être adoptés avec avantage. Nous en dirons autant des Prisopes ; mais quant aux Platytèles, ils avoisinent beaucoup les PIIASMIENS. lOJ Ectatosomes; ces deux genres, et ceux de Podacan- the, de Tropidodère , et peut-être de Xérodère, sem- blent devoir n'en former qu'un seul, dans lequel les antennes sont courtes chez les femelles, longues et velues chez les mâles. Les Phyllies forment un genre naturel, comme nous l'avons dit plus haut ; mais les Hé- téroptéryx semblent ne différer des Eurycanthes, que par la présence des organes du vol. Arrivons mainte- nant aux espèces où le mésothorax est long , mais non pas, comme le dit ''M. Gray, presque aussi long que l'abdomen. Nous y voyons d'abord les Diaphérodes et les Aplopes; les premiers ne sont connus jusqu'ici qu'à l'état de nymphe , et les seconds doivent peut-être former un genre à part, à cause du peu de longueur des organes du vol et des pattes. Les espèces qui ont les ailes presque égales dans les deux sexes forment les genres Cyphocrane , Platycrane , Acropliylle , Cté- iiomorpfie, Cladoxère et Phibalosome. On peut com- prendre, sous le nom de Cyphocranes, tous ceux de l'auteur anglais, et, de plus, ses genres Platycrane, Acrophylle , dépourvus de bons caractères, ses Cté- nomorphes , formés sur des mâles , ses Acanthodères , qui n'en sont peut-être que des larves, et enfin ses Diaplîérodes qui sont des Cyphocranes imparfaits, c'est-à-dire à l'état de larve ou de nymphe. Il reste enfin les Cladoxères dont nous avons parlé plus haut, et les Phibalosomes , que nous ne pourrions distinguer des Cyphocranes, que par la longueur de l'oviducte. Nous les rapporterons à ce genre jusqu'à ce que nous les connaissions à l'état parfait ; ils nous semblent surtout avoisiner les Acrophylles. Tel est le résultat des tra- vaux publiés jusqu'à ce jour sur les Phasmes en gêné- 104 ORTHOPTERES ral. Cette famille , encore peu nombreuse et que les voyageurs nous mettront sans doute à même de mieux connaître avant quelques années, ne peut être classée d'une manière certaine , que sur la vue des insectes , ou d'après des descriptions étendues. N'ayant eu entre les mains qu'une partie des espèces décrites , et des détails trop peu circonstanciés sur celles que nous n'a- vons pas vues, nous rapporterons à des groupes connus quelques-uns des genres de M. Gray, que nous au- rions peut-être adoptés , si nous les eussions vus. Nous allons indiquer ici , avec quelques détails , Tes carac- tères des sous-genres que nous avons énumérés dans notre tableau synoptique. 1." LES CYPHOCRANES. — Cypliocraiia. Serv.^ Ils ont, ainsi que tous les autres sous- genres de cette famille, \^ lèvre supérieure transversale et échan- crée; les deux derniers articles de leurs palpes maxil- laires sont courts, et les trois derniers égaux en lon- gueur ; les antennes des femelles sont aussi longues que la tête et le thorax réunis, et vont en s'amincis- sant ; celles des mâles sont filiformes , velues et plus longues que le thorax; les élytres sont plus courtes que la moitié des ailes dans les femelles , et ont tout au plus le quart de leur longueur dans les mâles ; les ailes couvrent à peu près les deux tiers de l'abdomen dans les femelles, et les trois quarts de cette même partie dans les mâles ; mais si la longueur des ailes est plus considérable dans CQux-ci , leur largeur est plus 1. Etym. y-vipis, Lombé; xpévov, lête. — Syn. Platycrana^ Acrophylla, Cienomorpha, Acanlhoderus, Diaplierodes, Phibalosoma ? Gray . PIIASMIÊNS. 105 ;«;rande dans les femelles. Le mésothorax des femelles est parsemé de tubercules qui sont beaucoup plus saillans dans les mâles. Les appendices terminaux de l'abdomen sont plus longs dans les mâles que dans les femelles. Le premier article des tarses est beaucoup plus long que les suivans. Tel est, LE CYPHOGRANE GOLIATH. (PI. 7, le mâle.) Cypiiocrana Goliath. Gray.^ Cette grande et belle espèce est verte , avec les seg- mens de l'abdomen bordés en arrière d'un liséré jaune qui, en dessous au moins, est précédé et suivi d'une bande noire. Ses antennes sont jaunâtres, ainsi que ses pattes , qui sont entremêlées de taches vertes. Sa tête présente quatre bandes longitudinales d'un blanc jau- nâtre ; le milieu de son prothorax, et les côtés du méso- thorax sont ornés, dans toute leur longueur, d'une bande de cette même couleur. Les deux derniers seg- mens du thorax offrent en dessous des bandes transver- sales d'un vert foncé qui colorent des bourrelets saillans et chargés de quelques tubercules. Le mésothorax porte en dessus quelques tubercules peu saillans, qui sont épi- neux dans le mâle. Les élytres sont vertes en dessus , avec deux taches blanchâtres à la base , dont l'exté- rieure se prolonge sur la côte longitudinale du milieu ; ces taches sont transformées dans le mâle, en deux bandes longitudinales , et l'on en remarque une troi- sième qui naît du milieu de l'élytre , et se rend à l'ex- ■i. Acrophylla Goliath, Synops. of Phasmidaî, pag 39. 106 OllTirOPTÈRES trémité. Les ailes sont d'un vert peu foncé ; leur partie marginale épaisse offre dans sa. longueur une bande rougeâtre , et toute sa partie inférieure est d'un rouge de sang. Les pattes sont garnies d'épines nombreuses, de couleur verte , et qui sont toutes semblables entre elles; les cuisses antérieures ont ces épines analogues", pour la forme , à des dents de scie , et les jambes de derrière sont garnies de deux rangées d'épines moins nombreuses, mais inégales, dont les intérieures sur- tout acquièrent une plus grande longueur. Les feuillets terminaux de l'abdomen offrent trois côtés, ce qui est dû à la présence d'une lame qui s'implante sur le milieu de leur face dorsale. Cet insecte , un des plus grands de toute cette fa- mille , a jusqu'à huit pouces de longueur, sans comp- ter les feuillets de l'abdomen ; le mâle n'en a que six en y comprenant ces feuillets, qui sont plus longs que dans les femelles. 2." LES APLOPES. yJ plop US. GrAY A Nous ne connaissons ce sous-genre que par la figure de Stoll, et par un individu en mauvais état qui ap- partient à une espèce nouvelle. On reconnaît les Aplo- pes à la forme des articles de leurs palpes, qui sont plus larges que dans les Cyphocranes , à la longueur de leur oviducle qui dépasse de beaucoup l'abdomen, et à la brièveté de leurs pattes. Les ailes de ces insectes sont tout au plus aussi longues que le quart de l'ab- I. Etym. àTTAouç, simple; ttoïïç , pied. — Syn. Cyphocrana , Serville. Type : Cyphocrana niicroptera, Serv. Ann. Se. nat., l. XXTI, pag. 6i. — Phasrna angulata, Sloll. Spectres, pi. 21, fig. 77 PHASMIEiVS. 107 domen, et les élytres ont environ la moitié de la lon- gueur des ailes. Les pattes sont peu ou point épineu- ses , ce qui leur a valu le nom qu'ils portent , et quelquefois elles s'élargissent dans plusieurs de leurs parties. Tel est le cas de l'espèce que nous avons sous les yeux, mais que son état de conservation trop pauvre nous empêcherait de décrire avec exactitude. Les articles dejs tarses diminuent de longueur à partir du premier; mais le cinquième est plus long que les autres. . . 3.° LES BACTÉRIES. — Bactcriq. Latr. ^ Ce sont des espèces longues et étroites, qui n'ac- quièrent pas , à ce que l'on croit , les organes du vol. Leurs palpes et les parties de leur bouche en gé- néral sont semblables à ceux des Cyphocranes ; leur thorax offre les mêmes proportions, et ce n'est que dans les antennes qu'on peut leur assigner un carac- tère particulier : ces antennes sont plus longues que le thorax et d'une ténuité extrême. Les tarses ont le premier et le dernier articles plus longs que les autres qui sont inégaux entre eux. L'oviducte des femelles dépasse ordinairement l'extrémité de l'abdomen de toute la longueur des trois derniers arceaux inférieurs ; les deux feuillets de l'abdomen ne sont pas visibles. Une des plus grandes espèces de ce sous-genre est , 1. Etym. 'idx.T-fia. , bâlpn. — Syn. Cladoiiiorphus,Prisoinera, Bacteria^ Gray. — Bacteria, Serville. Il faut y ajouter, au moins provisoirement, les Diapheroinera, Anisomorpha, Lonchodes et Heteroneinia de M. Gray. J08 ORTIIOPTKRES LA BACTÉRIE A FEUILLE. (PI. 8.) Bacteria pliyUina. Gray.^ C'est une grande espèce d'un roux obscur, parsemé de petites taches irrégulières et nombreuses dont la couleur est blanche. Les trois segmens du thorax sont couverts de tubercules nombreux ; la couleur des an- tennes est rousse-à là partie supérieure et noirâtre à la partie opposée ; il faut en excepter les deux premiers articles qui sont entièrement roux. Les pattes sont armées d'un grand nombre de petites épines très courtes ; d'autres épines plus longues forment une série longitudinale à la face inférieure des quatre jam- bes de derrière. Ces mêmes jambes ofifrent, en des- sus, vers le milieu de leur face supérieure, un petit lobe membraneux qui se divise quelquefois en deux parties. Les cuisses intermédiaires sont armées vers leur base de deux fortes épines, et les cuisses posté- rieures n'en offrent qu'une seule , placée au côté ex- térieur. On observe d'ailleurs quelques variations dans la présence et le nombre de ces épines. Les cuisses et les Jambes de devant ont leurs angles un peu mem- braneux; le premier article de leurs tarses offre une carène membraneuse qui se remarque aussi sur le même article des tarses postérieurs où elle est moins élevée. Ajoutons, pour compléter les caractères de cette espèce , que lé quatrième segment de l'abdomen présente à son bord postérieur une petite membrane I. r/a Jo/«OA-/^/iUi p/j///mM5, Synops. ofPhasmidae, pag. i5. PIIASMIENS. 109 Jobée et surmontée de deux lignes élevées, qui dispa- raît quelquefois entièrement. Cet insecte paraît commun au Brésil. Il a ordinai- rement de. sept à huit pouces de longueur. 4-° LES CLADOXÈRES. — Clddoxerus. Serv.*^ Ce sous-genre peut se reconnaître aisément à ses antennes très grêles et qui acquièrent au moins la longueur du corps. Celui-ci est très-étroit, cylindrique et pourvu de pattes longues et grêles dont les cuisses , surtout les postérieures , sont un peu plus épaisses à l'extrémité qu'à la base. Les tarses sont remarquables par leur premier article qui est plus long que tous les suivans réunis. Les élytres , dans les mâles au moins, sont fort courtes , presqu'en forme de losange et sur- montées dans leur longueur d'une côte élevée comme dans les Cyphocranes. Les ailes, dans le même sexe , atteignent environ le milieu de l'abdomen. Celui-ci est terminé, dans les mâles , seul sexe que nous ayons vu, par deux folioles- alongées et coniques, qui ne sont guère plus longues que le dernier segment. 5.° les bacilles. — Bacillus. Latr. ^ Ce sont encore des insectes aptères, que l'on peut reconnaître au nombre des articles de leurs an- tennes , qui n'est que de douze , et à la forme de' ces articles (/;/. 9, fig. \, a), dont le premier est large , le deuxième court et étroit , et tous les suivans I. Etymî ;cxàJ'oï , rameau; ^«pôç. sec. — Voyez la Revue de M. Serville. 1. Etym. Bacillus, baguelte. — Syn.? Linocerits, Gray. IIO ORTHOPTÈRES courts, presque égaux entre eux, excepté le dernier qui- est aussi long que les trois ou quatre précédens; à par- tir du troisième article, les antennes diminuent de largeur et se terminent presque en pointe. L'abdomen présente deux appendices terminaux courts et coni- ques, comme dans les Cladpxères. Les pattes sont très inégales; celles de devant sont les plus longues, celles du milieu sont plus courtes que les postérieures, et les cuisses de ces deux dernières pattes sont plus grosses à l'extrémité qu'à la base. Le premier article des tarses est au moins aussi long que leS suivans réunis. L'une des espèces de ce sous-genre est , LE BACILLE GRANULÉ. (PI. 9, fig. 1- ) BaciUus granulatus. Br.^ C'est un insecte d'un vert pâle et quelquefois en- tièrement brun. Son thorax est parsemé de plusieurs carènes ou lignes saillantes , et ses quatre cuisses pos- térieures présentent , en dessus, vers l'extrémité, deux épines courtes et triangulaires. Une ligne longitudinale peu élevée parcourt l'insecte, en dessus, dans toute sa longueur. On le trouve dans le midi de la France, et dans la Provence en particulier. Il est ordinairement long de deux pouces et demi. Observation. Il existe une variété de cet insecte qui est brune , et parsemée de tacKes ou de nébulosités grisâtres ; les pattes elles-mêmes sont annelées de gris. On la trouve également dans le midi de la France , en 3. Expéd. Scient, de Morée , Insectes n." 48, pi. 29, fig. 6 PHASMIENS. 111 Grèce et en Barbarie. Il existe une autre espèce , qui est le type de ce sous-genre, B. Rossii, Fabr., figurée sous le n.° 2 de notre planche 9; elle est verte et sans tubercules. Les auteurs ne sont pas d'accord sur le nombre des articles de ses antennes; c'est ce qui nous a engagé à la représenter ici avec son antenne isolée {fig.2,a). ■ 6.° LES PACHYMORPHES. — Pacliymorplia. Q'^ky'^. Ces insectes sont très voisins des précédens, et ont comme eux douze articles aux antennes , mais à partir du troisième, ils sont tous de largeur égale, et leurs cô- tés sont anguleux ou carénés. Les pattes sont presque égales en longueur, cependant celles du milieu sont un peu plus courtes que les autres. Les trois articles intermédiaires des tarses sont les plus courts; les deux autres ont une longueur égale. Un caractère curieux de ce sous-genre , et que nous retrouverons dans les Eu- rycanthes, c'est que le dernier arceau supérieur de l'abdomen des femelles se prolonge sur l'oviducte dont il semble une pièce correspondante. L'abdomen est dépourvu de folioles, comme dans le sous-genre précédent 2. i.Etym. Traj-iiç, épais; ,uspif « , forme. — TjT^e-.Bacillus squaliduSyGray, Enlom. of Austral., pi. 3, fig. 2. — Ejusd. Synopsis, pag. 21. Q. L'absence de folioles est due à l'état incomplet de ces insectes, qui doivent acquérir des ailes, comme le prouve l'inspection du thorax dans le type du genre Pachymorphe que possède le Muséum. II se pourrait que le Diura roseipennis àeM. Gray (Entom. of Austral., pi. 7, fig. a), ne fut qu'une espèce de ce sous-genre à l'état parfait, ou peut être la même es- pèce. ORTHOPTERES 7.° LES EÙRYCANTUES. — Eurycaiitlia. BOISD.* Parmi les Phasmiens qui ont le mésothorax plus long que le segment précédent , les Eurycanthes peu- vent se reconnaître au défaut d'échancrure de leurs cuisses antérieures. Leurs pattes se trouvant insérées en dehors, par suite de la largeur du prothorax, la tête peut aisément se loger entre elles quand elles sont étendues. Les pattes des Eurycanthes sont courtes et robustes ; leurs cuisses postérieures sont plus grosses et un peu plus longues que les autres, et acquièrent dans les mâles une grosseur démesurée. Les tarses ont le dernier article aussi long que tous les précédens réu- nis. Les antennes, dans l'un-et l'autre sexe , sont séta- cées et presque aussilongues que les trois segmens du thorax. L'abdomen est cylindrique et étroit dans le mâle , large et plat dans la femelle ; il se termine dans celle-ci par deux plaques étroites, longues et voûtées , appliquées l'une au dessous de l'autre, et qui forment un oviducte complet. On ng connaît encore les Eury- canthes qu a l'état de larve , mais il nous semble hors de doute qu'ils acquièrent les organes du vol. Le type de ce sous-genre est , 1. Etym. .ifv., largej <ï.«v^« ; épine. - Syn.? Heteropteryx , Grày. Si, comme nous le pensons, ce synonyme appartient aux Eurycanthes, ils ont les organes du vol courts et capables de couvrir tout au plus les deux pre- miers segmens de l'abdomen, comme l'indique la figure du Phasma dda- tatum. (Trans. Linnéennes de Londres, t. IV, pi. 18.) PIIASMIENS. 11,) l'eurycantiie horrible. (PI. 10, le maie.) Eurycanllia liorrida. Boisd. ^ • C'est un insecte dont la couleur varie du brun au noir, et dont la forme est un peu aplatie. Les deux côtés de. son corps sont carénés- et armés de fortes épines le long de cette carène ; on en remarque aussi quelques-unes sur la ^tête. Presque tous les segmeris de l'abdomen offrent en dessus, vers leur bord posté- rieur, deux tubercules ou deux petites éjpines. Les pattes sont surmontées de plusieurs carènes qui sup- portent quelques épines courtes. Les pattes de derrière sont les mieux armées , et les cTuisses de cette paire de pattes ont en dessous, dans la femelle, une série d'é- pines assez courtes, qui sont remplacées dans le mâle par trois gros aiguillons, dont le dernier est très fort et un peu arqué. Les épines des jambes postérieures sont rares , mais fortes et aiguës. On trouve ce curieux insecte dans les îles de l'Ar- chipel Indien ou del'Océanie. Le mâle a plus de quatre pouces de longueur, et la femelle six environ. 8.° LES TRopiDODÈRÉs. — Tropidoderus. Gray.'^ Ici commence la série des Phasmiens à mésotliorax presque aussi court que le prothorax. Sa figure est pyramidale dans le sous-genre des Tropidodères ; ji 1. Yoyage de l'Astrolabe, Entom., pL lo, fig. 3. — Gray, Synops., pag.' 14. 2. Etym. TgoTTiç , iS-0% , carènej J'éç» , cou. — Syn. Podacanihus, Ecta- iosoina,- Xeroderus ? Gray, (Nous ne connaissons pas ce dernier groupe.) 1^!>ECTES. IX. 8 Il4 OllTHOPTiRES est très large" en arrière , et forme avec le mëtathorax la partie la plus épaisse du corps. Lés antennes des Tropidodères sont à peine aussi longues que le tho- rax, et sétacées dans les femelles; celles des mâles sont aussi longues que les deux tiers du* corps, et se composent d'articles longs, cylindriques et velus. Les pattes sont courtes et terminées par un tarse doiit lès articles sont inégaux, et vont en décroissait de lon- gueur jusqu'au dernier qui n'est cependant pas le plus court. Les ailes sont très développées et capables de couvrir tout l'abdomen ou à peu près; lies ély très des femelles sont larges , ovales et presque aussi longues que la moitié des ailes : dans les mâles, ces elytrcs sont plus étroites, plus com-tes et plus pointues. La forme et la longueur des feuillets de l'abdomen, varient selon les espèces ainsi que la forme, des pattes qui sont quelquefois pourvues de membranes. L'abdomen lui- même offre , sur les côtés de quelques-uns de ses seg- mens, de semblables membranes. Toutes les espèces' connues jusqu'ici se trouvent à la Nouvelle -Hollande. 9. " LES PHYLLiES. — P/iyUium. Illig. ^ Ce sont de curieux insectes dont les élytres , très développées dans les femelles, imitent fort bien la feuille d'un arbre , tant à cause de leur forme, que des nervures dojit elles sont pourvues. Les Phyllies ont en outre l'abdomen .garni latéralement d'une membrane qui règne dans toute sa longueur, et les pattes offrent aussi des deux côtés une membrane plus , ou moins large, dont la forme varie suivant les espèces. Les 1. Etym. ijiiJxxiov , feuille — Syn. Pleropus, Tlmnbcig. •PlIASMlENS. 1 l5 antennes des Phyllies sont très Courtes dans les fe- melles, et composées de neuf articles dont le premier et le troisième sont plus gros que les autres : tous les suivans sont courts ou égaux entre eux, excepté le dernier qui est ovaîaire. Les antennes des mâles , au contraire, sont longues et filiformes ; leurs élytres sont tout au plus assez longues pour couvrir la moitié des ailes qui atteignent à peu près l'extrémité de l'abdo- men. Dans les femelles, les ailes sont rudimentaires, et les élytres couvrent presque tout l'abdomen qui est beaucoup plus large que celui du mâle, et capable d'une grande dilatation. Toutes les Phyllies connues jusqu'à présent sont propres aux Indes-Orientales*. 10.-° LES PRisoPES. — Prisop US. Sekv."^ Ces insectes j .dont nous ne connaissons que des mâles, ont les antennes longues et filiformes; les trois segmens du thorax larges et plats, en dessous; l'abdo.- men large et muni sur les côtés d'une membrane peu étendue. Leurs pattes sont élargies, mais bien moins, que- dans les Phyllies, et les dentelures de la membrane qui les garnit, leur a valu le nom qu'ils portent; Les ailes des Prisopes sont très développées et capables de couvrir tout l'abdomen; leurs élytres ont environ les deux tiers de la longueur des ailes. Mais le caractère qui distingue surtout ce soUs-genre, c'est que les articles des palpes n'offrent pas lès saillies ou espèces de carènes qui les rendent anguleux dans les autres sous-genres de cette famille ; ces articles, quoiqu'un i. Voyez SloU , Spectres, pi. "j, fig. 24, mâle- 27, i'emclle. . •2. Etym. TTfi^-M , je scie; m\i<, . pied. — Syn.? Platytelus, Gray. Il6 ORTHOPTÈRES peu plats, ont leurs contours arrondis. Le premier et lé cinquième articles des tarses sont un peu plus longs que les autres. Les espèces de Prisopes qui nous sont connues se trouvent aux Indes-Orientales. 11.** LES xÉRosoMEs. — Xerosomu. Serv.^ Ces insectes tiennent de près aux précédens et aux suiyans. Ils ont des rapports avec lés premiers à cause de leur abdomen large et un peu aplati; mais ils se rapprochent surtout des suivans par leur mésotliorax qui est une fois plus long que le prothorax;, leUrs cuisses antérieures sont plus longues que les autres, et sinueuses.; leurs antennes sont sétacées et paraissent devoir être presque aussi longues que le corps dans le seul individu que nous ayons vu. Les élytres sont courtes, ovales, et couvrent seulement les deux pre- miers anneaux de l'abdomen. Les ailes sont tout au plus aussi longues que les trois quarts de celui-ci', et il s'en faut qu'elles soient aussi amples que dans les Prisopes ; elles ressembleraient à celles des Phasmés , si elles n'étaient plus courtes. Nous n'en connaissons qu'une seule espèce qui fait partie de la collection de M. Audinet-Serville. 12." LES PHASMES. ■ — Pliasma. Latr. Ce sous-genre et peut-être le suivant sont les seuls , parmi les Phasmiens à mésothorax court , dont les antennes soient aussi longues ou même plus longues que le corps. Ces antennes vont en diminuant d'épais- 1. Etym. l»fU , secj (ra/xa. , corps. — Syn.? Dinelytron, Gray. PHASMIENS. 117 seur vers le bout , et sont très grêles à l'extrémité. Les ailes sont aussi longues que le corps , mais les élytres en recouvrent à peine la base, et sont surmontées au milieu d'une carène saillante, qui est quelquefois épi- neuse. Les pattes sont grêles et terminées par un tarse dont les articles vont en décroissant de longueur; le dernier cependant est le plus long après le premier. Les espèces de Phasmes sont assez nombreuses et se rencontrent presque toutes en Amérique. 13." LES l'ERLAipoRPiiES. — Peiidmorpfius. Gray ^. Avec des antennes aussi longues que les Phasmes, ces insectes ont le thorax plus large et formé de seg- mens à peu. près carrés. Leurs cuisses antérieures man- quent de cette échancrure que présentent celles de la plupart des Phasmiens. Leurs torses sont plus longs que ceux des Phasmes , et composés d'articles courts, excepté le premier et le dernier, qui sont à peu près aussi longs que les trois autres pris ensemble.^ Les ar- ticles des -palpes sont peu ou point anguleux, et res- semblent sous ce rapport aux palpes des Prisopes. Enfin , ce qui n'est pas un deS caractères les moins saillans- de ce sous-genre , les élytres sont tout-à-fait nulles ; les ailes oiit le même développement que dans les Phasmes, et couvrent l'abdomen, en entier. On n'en connaît qu'une seule espèce. 1. Etym. Perla, perle, gençe d'insectes? //.îpijH , forme. ( Ce nom estjiy- bride, et par conséquent mauvais). — •'Pour les espèces de Phasmes, en gé- néral, nous reavoyons "à la Monographie de M. Gray (Synopsis of Phas- Tnidœ, iiT-S.o, i835), qui les renferme toutes, et qui indique les ouvrages où elles sont figurées. Il est indispensable de recourir à ces derniers pour prendre une idée exacte des différens sous-genres. ORTlIOrTERES CINQUIEME FAMILLE. LES LOCUSTIEINS. Cette famille se compose d'insectes essentiellement sauteurs. L'inégalité de leurs patte§, dont les posté- rieures sont très longues,. leur permet difficilement de marcher, et leur mode de progression se compose d'une suite de sajits réitérés. Leurs ailes, ordinaire- ment très amples, aident quelquefois à ces mouye- mens, quand l'aninial veut parcourir une distance plus grande ; mais leur vol est ordinairement lourd et fré- quemment interrompu. Les cuisses de leurs pattes de derrière, très renflées à la base, renferment des mus-, clés puissans, dont . l'action se communique à des jambes fort longues et que terminent plusieurs épines mobiles. Lorsque les muscles des cuisses viennent à se contracter; les jambes, qui tendent à se porter sur la même ligne qu'elles, s'appuient sur les épines, dont la mobilité permet à tout, le membre un mouvement élastique, qui poçte le corps en lair. Ainsi l'homme, voulant franchir en sautant quelque* espace , com- mence par fléchir ses jambes, puis lesraidissant lout- à-coup , se soulève sur les pieds et se transporte alors à une distance plus ou moins grande. . Les épines qui terminent les jambes postérieures des Sauterelles, sont plus fortes que toutes les autres LOCUSTIENS. JJ() épines des pattes ; mais elles ne sont pas les seules qui soient douées de mobilité. Le côté intérieur des jam- bes de derrière,' et les deux côtés, externe et interne, des autres jambes, soiit garnis dans toute leur longueur de semblables épines, qui sont quelquefois très lon- gues, très fortes et très acérées. Elles se meuvent dans une cavité peu profonde , par une surface arrondie et saillante , et ne peuvent s'écarter de la jambe sur la- quelle elles sont insérées, qu'en formant un angle assez aigu. Sans cette disposition, elles pourraient s'appli- quer é^lement sur toutes les parties de la jambe , et leur action dès lors serait tout-à-fait nulle. Quant aux épines nombreuses et fortes qui garnissent le dessus' des jambes de derrière, elles sont entièrement immo- biles, et servent probablement à la défense de l'ani- mal. Quand on se promène dans une prairie, pendant la belle saison, rien n'est plus ordinaire que de voir s'é- lever ça et là des Sauterelles que l'on reconnaît à. leur jolie couleur verte. Elles reçoivent même aux environs de Paris le nom de Cigale&, qui ne leur convient point. On entend fréquemment , dans les lieux qu'habitent ces Sauterelles , un petit bruit très souvent r.épété et qui se répand assez loin. C'est le chant amoureux des mâles : ils semblent convier les femelles à profiter des beaux- jours pour songer à leur postérité. Docile à cet appel , la femelle se transporte au lieu d'où partent les accens du mâle, et lui annonce sa présence, dit Rœsel, pardesbattemens multipliés d'antennes. Celui-.ci cesse alors de chanter et porte ses longues antennes en avant, comme pour s'assurer des dispositions amicales du nouveau venu. Il salue sa femelle et lui témoigne 120 OftTIlOPTÈUES sa joie par quelques nouveaux sons, que produit le frottement de ses élytre!5 l'une contre l'autre. Ces or- ganes offrent , à eét effet , vers la base, une facette de forme arrondie, qu'entourenfdes rides, et des saillies très fortes et que tapisse une membrane très légère," et souvent d'une grande transparence. Tantôt l'élytre gauche, dont le bord interne est .toujours recouvert par l'élytre opposée, présente seule une semblable facette , tantôt elle existe à la fois sur les deux élytres. Ce n'est que par le frottement des rides, et par la vibràtloTi de la membrane transparente, quelle son peut être produit, de même que dans les serpens à sonnettes, le frottement de quelques anneaux cornés, placés au bout de la queue, donne naissance à un bruit très distinct, même quand l'animal a péri. Dans quel- ques espèces de Sauterelles, où les organes du vol sont rudimentaires, les élytres, réduites à deux sortes' de cuillerons,. produisent encore par le frottement, lé même bruit que les autres. Les femelles sont tou- jours dépourvues de cet organe du chant , et l'on peut par là les distinguer aisément des mâles; mais iln caractère plus saillant les fait encore mieux recon- naître. Ce caractère , qui distingue' les femelles de cette fa- mille et de la suivante, de celles des autres Orthoptè- res j consiste d^ns la présence d'un organe appelé tarière ou oviducte , et qui termine l'abdomen. Cet organe, destiné à la ponte des œufs, est formé de deux lames cornées, qui s'appliquent l'une contre l'autre, dans une position verticale, et peuvent s'écarter au gré de l'animal. Dans les Sauterelles de nos contrées, la tarière, ou mieux l'oviducte, est large , droit ou un LOCLSTIENS. 121 peu recourbé. Quand la femelle veut pondre ses œufs, eye enfonce sa tarière dans le sol, en élevant un peu le bout de son abdomen ; elle choish; pour cela une terre légère et facile à percer. Après quelques mou- vemens , les deux lames de cettéf tarière parviennent assez avant, s'écartent et laissent ainsi les œufs tom- ber un à un. La femelle né les dépose guère qu'au nombre de sept ou huit; elle retire alors son oviducte, va se poser ailleurs , et recommence ainsi jusqu'à ce qu'elle ait épuisé tout ce que renfermaient ses ovaires. • La forme de la tarière est variable selon les espèces, mais dans le plus grand nombre elle est aussi longue que le ventre et quelquefois, davantage ; souvent aussi elle est fort courte et brusquement /ecourbée en haut. Dans les espèces à longue tarière, tantôt cet organe est courbé, tantôt il présente à sa partie supérieure une entaille, qui lui donne l'aspect d'un-sabre ou d'un long coutelas. Souvent ses bords offrent au bout de petites dentelures destinées à percer le sol, par le mouvement alternatif de ses deux lames, mais quel- quefois il est tout-à-fait lisse. Dans les espèces à ta- rière fort courte , elle est en général bien dentelée et recouverte d'aspérités nombreuses sur une grande par- tie de sa surface. On voit donc qu'il est très facile, à la première ins- pection de déterminer à quel sexe appartient une Sauterelle, sans avoir, recours, comme dans les fa- milles précédentes, au nombre dès segmens de son abdomen. D'ailleurs, là mollesse des tégumens per- mettent difficilement d'en compter les- anneaux dans les 'insectes desséchés ; sa face ventrale surtout se 122 ORTHOPTÈRES contracte, se plisse après la mort, et les incisions disparaissent en grande partie. Dans l'un et l'auti^p sexe, le boiit 'de ï'abdoinen offre deux plaques libres dans tout leur contour, excepté à la base, et qui varient de fortne dans quelques espèces; mais chez le plus grand. nombre , cfes. plaques, dont l'une tient à la face dorsale de l'abdomen , et l'autre à la face opposée ou ventrale , sont bifides à l'extrémité. Elles supporteïit souvent deux appendices ou filets inarti- culés , qu'il ne faut pas confondre, avec d'autres filets de longueur variable , analogues à ceux des Blattes et des Mantes, mais également d'une seule pièce, et qui sont insérés sur le dernier segment de l'abdomen , et sous la plaque libre de cette partie du corps. Leur forme est conique dans les femelles (/?/. i/|., fig. 4;. a),eX leur usage ne nous est pas connu, tandis que dans les mâles, ils. sont souvent pourvus d'une saillie au côté -interne , et servent à retenir la femelle, dans l'acte de l'accouplement [pi i4, /'g'. 4? ^)- I^^ plaque supérieure de l'abdomen est souvent dépourvue de filets, ou n'en oJBfre que de fort. courts; la plaque inférieure, au contraire, les montre très développés [pL xi^, fig: f^, c).- Les organes du vol, qui sont en même temps, pour les mâles , des organes de stridulation , présentent or- dinairement dans les Sauterelles un trè'S grand déve- loppement, et dépassent souvent l'abdomen. Les deux sexes ne présentent pas de. diCférences remar- quables dans la longueur des ailes et des'élytres> si ce n'est dans les derniers groupes de la famille. Les ailes viennent quelquefois à pianquer, tandis que les élytres existent toujours, ne fut-ce qu'à l'état rudimentaire ; LOCUSTIEiSS. 12:> ces derijières sont ordinairement plus développées dans les mâles, bien qu'il existe quelques exceptions à cette rèjjle. Dans leur état le plus parfait, les élytres sont lancéolées , quelquefois très étroites ; mais sou- vent aussi très larges* et d'une consistance plus grande que les ailes. Ces dernièrçs sont tranisparentes , mais lorsqu'elles dépassent les élytres*, comme dans le groupe des Phanéroplcres , leur bout est aussi coloré et presque aussi consistant que les élytres; dans quel- ques cas seulement , leur bord antérieur offre cette structure 'dans toute son étendue, comme nous le montrent quelques Saga , un des sous-génres de cettç même famille. . Les pattes sont toujours épineuses et de longueur à peu près égale, à l'exception des postérieures. Nous fe- rons cependant connaître sous le nom de Prockile, un sous-genre dont les pattes sont de Jongueur inégale. Dans l'état de repos, celles de derrière sont relevées contre le corps, à la manière des pattes des Faucheurs, ou de la plupart des Araignées ; elles.ne sont étendues que dans l'action du vol, auquel elles servent, pour ainsi dire, d'organes préparateurs. Les ailes, en effet, seraient dans l'impuissance d'élever en l'air une Sauterelle, si les longuespattes de celles-ci ne la soulevaient auparavant. Les articles de leurs tarses ont une striicture appro- priée au séjour qu'elles font sur les végétaux, qui cons- tituent leur principale nourriture. Ils sont larges, mem- braneux en-dessous, e* peuvent adhérer atix feuilles ou aux tiges des arbres et des plantes, à l'aide des deux crochets qui terminent leur dernier article. Ces tarses fournissent de plus un excellent moyen de reconnaître une Sauterelle , car le nombre de leurs articles est de 1^4 ORTHOPTÈRES. quatre, au lieu que, dans les auh-es familles, il est de trois ou de cinq. Il est vrai que si l'pn regarde le pre- mier de ces deux articles à sa face inférieure , on le trouve divisé par une ligne triansversale en deux por- tions inégales, ce qui senable indiquer qu'il s'est opéré, dans la partie solide, une réunion des deux premiers articles. Nous verrons, dans un des soùs-genres de cette famille [Scliizodactyle) , le développement re- marquable qu'ont acquis les articles des tarses, dont le nombi'e ayant échappé", à la faveur de leur forme bizarre, à l'attention des Naturalistes, l'avait fait rap- porter à la famille. suivante, à laquelle il n'appartient pas. Les Sauterelles sont herbivores, comme la plus grande partie des Orthoptères, et les livres des his-- toriens, les relations des voyageurs, sont remplis de dé- tails sur les ravages qu'elles causent aux moissons, dans quelques contrées de la terre. Les véritables auteurs de ces dévastations ne sont cependant pas les Saute- relles proprement dites ; aussi renvoyons-nous l'his- toire des d(Jgats, souvent prodigieux, qu'ils ont occa- sionnés, à l'article des Acridiens, dernière famille de cet ordre d'insectes. Les Locustiens, il est vrai, nui- sent bien à l'agriculture ; mais, comme ils sont beaucoup plus rares que ces derniers Orthoptères ,• leurs torts passent inaperçus. Ils rentrent dans le cas de la plupart des insectes, et doivent à peine être comptés au nom- bre de nos ennemis, quand on 4es compare à ces fléaux destructeurs, qui répandent la lamine et la peste dans les contrées où ils se développent , et dans celles où le besoin d'alimens les force de se transporter. C'est au printemps qu'éclosent les œufs pondus par LOCUSTIENS. 125 les femelles dans le courant de l'automne; ils restent ensevelis dans la terre pendant toute la saison des froids, aux approches de laquelle meurt l'insecte par- fait. Aussi, comme le remarque Rœsel , et comme l'observent tous ceux qui vont à la recherche des in- sectes, ne trouve-t-on pas de Sauterelles entièrement développées avant le milieu de l'été, Il n'existe avant la deuxième mue , aucune différence entre les deux sexes; cette mue a lieu environ deux mois après l'éclo- sion des œufs; les larves sont alors d'une très petite taille et ressemblent, pour la forme , à l'insecte parfait qui serait privé des organes du voL X/a tarière de la femelle se montre à cette mue, qui paraît suivie de deux autres, avant que la Sauterelle n'arrive à son en- tier développement. Lorsqu'on prend une Sauterelle , elle laisse tomber sur les doigts quelques gouttes d'un liquide acre et de couleur brune , qu'elle dégorge à la manière de la plu- part des autres Orthoptères. Sa bouche, armée de fortes mandibules, produit des morsures assez vives. Une espèce de notre pays, et que l'on trouve égale- ment en Suède, a été nommée roilge-verrues , verra- civora, parce que, dît-on, les paysans suédois lui font mordre les verrues de leurs mains , et le liquide que l'insecte y verse les fait entièrement disparaître. Lin- né, qui raconte ce fait dans sa Faune suédoise, ne croyait pas à ce préjugé populaire , qu'il a seulement voulu retracer dans la dénomination de l'insecte. On remarque , à la base des jambes de devant, dans tous les insectes de cette famille, une petite cavité dont l'usage nous est encore inconnu.. De Géer l'a signalée le premier, et Latreille l'a également aperçue, mais les 126 ORTHOPTERES autres auteurs ne l'ont pas mentionnée deJDuis. Cette cavité, dont la présence occasionne un petit gon- flement à la base de la jambe, est quelquefois très visible , et formée de chaque côté par une membrane très mince ; dans d'autres cas , elle est presque entiè- rement cachée par une sorte d'opercule que forment, en se continuant, les tégumens de la jambe. C'est sur les parties latérales que cette cavité s'aperçoit dans le premier cas , tandis que dans le second , il fini, placer la jambe de face pour parvenir à la distinguer. Les figures 3, à et l^, d de la planche 1 4 donneront une idée exacte de cette structure singulière. Sa présence dans les deux sexes laisse voir qu'elle n'a pas de rap- port avec l'organe de stridulation, qui n'appartient qu'aux mâles. Nous avons e'mployé, pour distinguer quelques groupes ,* la nature plus ou moins solide de l'opercule que' forme cette membrane, ou plutôt la position de ses deux orifices. Ce caractère doit cepen- dant avoir en général peu de valeur, car le groupe des Phanéroptères nous a présenté des espèces qui sont dans l'un et l'autre cas. Cette dernière considéra- tion nous a empêché de signaler la structure de cette' cavité des .jambes" antérieures , dans tous les groupes de la famille des Locustiens. ." . ■ Il nous reste peu de choses à dire sur la structure extérieure des Sauterelles en général , ou mieux des Locustiens. Nous présenterons- seulement .quelq;ues détails sur la forme des parties de leur bouche et des trois pièces de leur sternum , dont les modifications très nombreuses ont servi , dans ces derniers temps, à fonder plusieurs di-visions. La bouche, trop négligée sous ce rapport . présente cependant des données LOCUSTIENS. 127 plus sûres et beaucoup moins variables ; aussi lui don- nerons-nous la. préférence, dans l'exposé que nous allons offrif, des caractères les plus propres à. grouper convenablement lefe espèces." La lèvre supérieure , presque aussi longue que large, est arrondie ou un peu en losange , et cache des mandibules très fortes et sou- vent dentées à leur bord interne. L*es . mâchoires , toujours plus grêles et plus acérées que les mandi- bules, se terminent par qi^elques dentelures aiguës, et sont protégées en dehors par le palpe maxillaire in- terne, qui les recouvre en partie. La lèvre inférieure, où deuxième paire ^e mâchoires, se divise en d,eux lo- bes étroits, et pointus, qui sont accompagnés de deux autres pièces bien plus larges , obtiises et' arrondies , représentant une sorte de palpe. Uette lèvre, ainsi que les vraies mâchoires , supportent des palpes externes dont les proportions sont variables, et dont le dernier article est fermé au bout par une membrane, quelque- fois saillante au dehors,. et qui simili e un article sup- plémentaire; mais dans le plus grand nombre, cette membrane se retire après la qiort, et ne doit pas être comprise dans l'énumération* des articles ;, qui sont en nombre pareil à celui des autres Orthoptères. Les va- riations de forme et surtout de longueur, que nous ont présentées ces palpes externes, sont d'un emploi plus facde pour le- classement des espèces, que celles des mandibules et des mâclioires , -toujours difficiles à observer sans écarter les pièces dont elles sont re- couvertes. Nous n'avons donc employé , dans l'énu- mération de nos caractères ," que la forme des palpes et des articles des tarses. Quant aux modifications qu'offrent les pièces du sternum, elles ne sont pas 128 ORTHOPTÈRES d'une grande valeur. Il suffit d'examiner les espèces d'un groupe un peu nombreux , poiir se convaincre de leur peu d'importance. Nous en citerons pour preuye le grand nombre de genres que l'on a établis sur leur inspection, et jlont les uns ont un prosternum épineux, d'autres le proMernum et le mésosternum, et quelques- uns enfin les t-rois segmens du sternum à la fois; puis, quelques autres espèces n'ont pas d'épines au proster- num, tandis que les segmens suivans en sont pour- vus à leur tour. C'est ainsi qu'on est arrivé à ne laisser dans les vraies Sauterelles, qu'une seule espèce de notre pays. M. Savigny , faisant graver les espèces qu'il avait recueillies pendant l'expédition d'Egypte, a re- produit avec soin les différences de forme que lui offraient les pièces du sternum; mais il n'aurait pas fondé assurément, sur ce caractère, autant de genres distincts , .qu'il aurait trouvé d^ modifications dans Sa forme. Nous ne l'ayons employé que dans un petit nombre de cas , et dans ceux, en particulier, où l'as- pect extérieur, trop différent , semblait interdire toute réunion avec les groupes voisins. Le tableau suivant présente les caractères des diffé- rens groupes dont se compose la famille desLocustiens, ou le gi-and genre des Sauterelles , que trop d'analogie dans l'aspect extérieur, nous a empêché de partager en plusieurs autres'; c'est la marche que nous avons déjà suivie dans les quatre familles précédentes. z s INSECTES. IX. ORTHOPTEKES GENRE SAUTERELLE. LOCXJSTA. GeoFF.* Ce genre, aujourd'hui très nombreux en espèces, ne formait pour Linné qu'une partie de son genre Gry//«s,.dout nous ferons connaître plus loin les chan- "emens successifs. On aurait dû lui conserver le nom de Tettigonia, que Linné avait assigné à certaines es- pèces de son genre Gryllus en général , et laisser le nom de Locusta à celles qui exécutent des voyages lointains, et que tous les peuples et tous les historiens désignent sous le nom de Sauterelles. Mais Geoffroy ayant fait l'application plus spéciale du nom de Locustà aux insectes qui, nous occupent, réserva celui de Gryl- lus pour les espèces, que nous connaissons sous le nom vylgaire de Cri-Cri , et qui constituent en grande par- tie la famille suivante. Fabricius adopta la dénomina- tion de Geoffroy, au moins pour les insectes du genre Locusta j et elle a prévalu dans la science sur celle de Linné , qui devrait cependant lui être préférée. Les Sauterelles, répandues sur toute la surface du globe, sont la plupart du temps d'une couleur verte fort tendre , qui devient jaune après la mort ; quel- ques-unes seulement sont ornées de taches et de lignes plus ou moins brillantes. Un petit nombre d'entre elles a sur les élytres et les ailes de grandes taches ocellées dont les couleurs sont très vives; la largeur de leurs élytres, qui sont placées verticalement dans Étym. Locusta, nom de plusieurs animaux chez les Latins. LOCISTIENS. 101 îe repos et appuyées l'une contre l'autre, la grosseur et la disposition des nervures qui les parcourent, enfin leur forme pointue à l'extrémité , leur donnent telle- ment l'aspect d'une feuille , que si on les voyait dé- tachées de l'insecte , on pourrait s'y méprendre , sur- tout dans quelques espèces où leur couleur est entiè- rement verte. Telles sont celles dont on a formé le groupe ^les Ptéroclirozes. , Les formes des Sauterelles sont peu variées , si l'on compare ces insectes à ceux du genre précédent. Les proportions de leurs organes du vol ne diffèrent que dans quelques-uns des derniers sdus-geinres , et c'est d'après ce caractère que l'on a commencé à diviser le grand genre des Sauterelles. Leur corselet présente , dans la plupart des espèces , une forme aplatie en- dessus, comprimée sur les côtés et carénée entre le dos et les parties latérales. Dans quelques-unes, ce Qorselet est voûté, sans carène, et forme à peu près un demi-cylindre. Les trois segmens du sternum sont presque toujours surmontés de saillies plus ou moins grêles , quelquefois semblables à des épines : dans quelques cas, cependant, ils offrent des excavations; mais, dans le plus grand nombre, leur lame ou en- veloppe extérieure se détache sur les côtés, se re- lève et prend plus ou moins la forme d'un cœur. On a établi , dans ces dernières années, un grand nombre de genres fondés sur les modifications de ces pièces du sternum, sur leur prolongement en épines, ou sur l'absence totale de ces prolongemëns ; ces caractères sont cependant trop variables pour fournir des divi- sions bien fondées. Le sous-genrè des Sauterelles pro- prement dites ofire à lui seul presque toutes les mo- l32 . ORTHOPTÈRES difications possibles, sans que leur examen puisse mener à autre chose qu'à reconnaître leur, peu d'im- portance en classification. Il n'en est pas de même des palpes extérieurs ; ces organes , toujours faciles à voir, présentent, dans leurs.proportions et dans leurs formes , des caractères qui s'adaptent parfaitement aux différences qu'offre l'aspect du corps en général , et peuvent fournir, avfc^la position des antennes, les bases d'une dispositon assez satisfaisante des espèces de Sauterelles. Est-il besoin d'insister ici sur l'abus que l'on a fait de la forme générale du front, sui- vant qu'il se prolonge plus ou moins en avant,. ou qu'il est dépourvu de saillie ? Quand un groupe n'était pas appuyé sur d'àuties caractères, nous avons préféré le supprimer, plutôt que de charger inutilement cet ouvrage d'une nomenclature trop nombreuse. En gé- néral, les divisions établies depuis quelques années dans les Sauterelles, reposant sur des données trop faibles, nous avons cherché dans les parties de la bouche des caractères un peu plus certains; nous avons pu, de cette manière, conserver en grande partie les divisions déjà proposées , parce que les organes de la bouche, et les palpes en particulier, ont une structure moins uniforme que dans les familles précédentes. Les Sauterelles, L(?cws^fl de Geoffroy, GryUiis Tetti- gonia de Linné, restèrent pendant long-temps réunies dans un seul et même genre. Quelques espèces a élytres fort courtes, cachées sous le bord du c.orselet et réduites à de simples cuillerons , en furent retirées avec raison sous les deux noms de Barbilutes et à^E- pldppiger, T^roposés, l'un par M. Charpentier et l'autre par Latreille. Le premier de ces deux auteurs établit LOCUSTIENS. l33 encore les deux groupes connus sous les noms de Bradyporus et de Saga, qui font partie, ainsi que les Barbitistes, d'une même division naturelle, comme l'indique la forme des articles de leurs tarses. M. Kirby fit connaître, dans le Journal zoologique de Londres, une Sauterelle à antennes singulières, dont les pre- miers articles, très gros et très velus, leur firent assi- gner une place distincte sous la dénomination de Scapliura. Tous ces groupes fort bien établis, pré- sentent de bons caractères; il n'en est pas.de même de deux autres publiés par Thunberg, dans les Mémoi- res de l'Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg. Ces nouveaux genres, Conocephalus et Phyllop/iora ne se distinguent des autres Sauterelles; le premier que par leur tête prolongée en pointe entre les antennes , le second par son corselet grand , aplati en dessus , et par des ailes fort grandes, placées verticalement. Les Conocéphales ne sont autre chose que des Saute- relles proprement dites, et les Phyllophores renfer- ment deux espèces que l'on ne peut laisser ensemble. La première a été donnée depuis , par M. Serville , comme le type de son genre Steirodon ; la seconde ne semble être autre chose qu'une espèce à l'état par- fait, ou du moins à ailes plus développées, du genre Hyperomala de cet auteur. Latreille établit aussi une division aux dépens de quelques Sauterelles à ailes courtes dans l'un des sexes ; cette division , nom- mée Anisoptera , repose sur .des espèces qui ne nous sont pas bien connues. Tel était à peu près l'état de cette famille sous le rapport de la classification , lors- que M. Serville en aborda l'étude dans sa Revue déjà citée. Ce naturaliste s'aperçut bientôt que la sépa- 3^4 ORTHOPTERES ration déjà faite de quelques espèces de Sauterelles ne portait pas toujours sur celles qui différaient le plus entre elles ; il partagea donc toute la famille en vingt- huit genres, dont le dernier, ou celui des P ha lan- gopsis^ doit faire partie de la suivante. Sur les vingt- sept qui restent , vingt sont tout-à-fait nouveaux , mais ce nombre peut être réduit. La place que leur a donnée l'auteur dans sa méthode , étant Hée au choix de caractères autres que ceux qui nous ont servi de base, nou3 n'avons pas conservé la même disposition. Nous présenterons donc de suite le résultat de nos ob- servations, sans entrer dans plus de détails sur la clas- sification de M. Serville, dont la plupart des groupes nous paraissent bien établis, mais reposer sur des données trop faibles. Nous commencerons la série par deux groupes dont les espèces nous sont connues dans un état de conservation trop pauvre, pour que nous leur donnions la place qui leur conviei\t réellement. 1.° LES PROCHILES. Procflïlus. Br. ^ Ces insectes se rapprochent de ceux dé la famille précédente par le peu de grosseur de leurs cuisses de derrière , et leur corselet en carré long leur donne quelques rapports avec les Phasmes proprement tlits. Leur lèvre supérieure avancée et ovale les. distingue de tous les sous-genres qui vont suivre, ainsi que la forme étroite et alongéç de leurs élytres, qui dépas- sent les ailes en arrière. Leurs antennes^ sétacées et velues , ont le premier article gros et aplati , un peu plus long que les suivans ; leurs cuisses antérieures I. Etyin. Trpô , en avant" p^«î>.oç , lùvre. LOCUSTIENS. l35 sont un peu plus épaisses à l'extrémité qu'à la base et un peu arquées, comme dans la famille des Phasmiens. Les cuisses intermédiaires sont plus courtes que les précédentes. Enfin l'abdomen est long et étroit dans le mâle, seul sexe que nous ayons vu, et se termine par deux filets coniques et assez courts. La seule espèce que nous connaissions est , LE PROCHILE AUSTRAL. (PI. 11, fig. 1.) Prochilus Aùstralis. Br. La couleur de cet insecte n'est pas bien conservée et paraît avoir été d'un jaune roux taché de brun sur les pattes. Les antennes sont rousses et annelées de brun. Le vertex e.tiine large bande sur tout le corselet sont d'un brun fiancé entremêlé de petites taches roussâtres. Les élytressont d'une couleur rousse variée de brun et de blanc sale, et toutes leurs nervures sont obscures. Les ailes sont transparentes et ornées, sur les nervures qui les parcourent, de bandes brunes. et étroites. Cet insecte , qui fait partie de la Collection du Muséum , a été rapporté de l'île des Kanguroos (Nou- velle-Hollande) , par l'expédition du capitaine Baudin. Sa longueur est de quatorze lignes et son envergure de vingt-huit. . • "O' 2.° LES PTÉROCHROZES. — Pterochvoza. Serv.^ Ce sous-genre renferme . quelques jolies espèces dont les élytres ressemblent d'une manière frappante 1. Elym. Trijfôï, aile; j^pôa , colilciir, d'où ;^pâj(.) , je colore- — Lociistu des auteurs. Voyez SloU., Sauter., pi i, a, et 2, a, fig ■>.. l36 ORTHOPTÈRES à une feuille ; leur forme large , ovale, pointue à l'ex- trémité , la nervure qui les parcourt d'un bout à l'autre et qui est placée à peu près sur leur milieu , les neiTU- res accessoires qui partent de cette sorte de côte et la couleur quelquefois entièrement verte de ces élytres , contribuent à rendre cette ressemblance plus parfaite. Souvent ces élytres sont colorées en brun et imitent alors une feuille morte. Les ailes sont quelquefois transparentes et quelquefois colorées ; elles offrent le plus ordinairement, ainsi que les élytres, de grandes taches ocellées, formées de plusieurs couleurs et plus brillantes en dessous qu'en dessus. Les antennes de ces insectes sont longues, épaisses et velues, autant que nous avons pu en juger sur des individus en mauvais état et sur des figures trop anciennes pour présenter une grande exactitude. Les espèces de Piérochrozes sont d'ailleurs peu nombreuses. 5." LES PSEUDOPHYLLES. — Pseutlophyllus. Serv.^ Le nom de ce sous-genre indique aussi la ressem- blance de ses élytres avec une feuille, mais cette res- semblance est moins grande que dans les Ptérochrozes. Cela tient à la forme lancéolée des élytres, sur lesquelles des nervures très écartées forment un réseau lâche et trop régulier pour ressembler exactement à celui d'une feuille d'arbre. Mais les Pseudophylles peuvent -se re- connaître à leurs antennes minces et nues ; au der- nier article de leurs palpes maxillaires qui est tronqué à l'extrémité et même au côté intérieur ; à leur ster- num fort large, dont le "premier segment est armé de 1. Etym. ■^•iuS'i',, faussement j iùa/.ok , feuille. — Syn. Locusta, ibid. LOCUSTIENS. lÔ'J deux épines , et enfin à la longueur du dernier article de leurs palpes, qui est à peu près la même pour. les labiaux et les maxillaires. Leur corselet est court , arqué et prolongé en arrière , oii il forme un lohe arrondi. Leurs élytres sont un peu convexes et incli- nées en toit dans le repos; elles- recouvrent des ailes très minces et transparentes qui les dépassent un peu à l'extrémité. Le corps n'est guère plus long que la moitié des organes du vol , sans comprendre la tarière des femelles ( a, pi 12), qui est très large , un peu ar- quée et presque aussi longue que l'abdomen. Tel* est, LE PSEUDOPHYLLE FEUILLE DE NÉRIUM. (PI. 12.) PseudoyliyUas neriifolius. Stoll. ^ C'est un joli insecte de couleur verdâtre , avec le dessus de la tête , le corselet et les élytres d'un vert lavé de jaunâtre ; leur nervure principale est jaune et les nervures accessoires sont d'un vert plus foncé \ le bout des ailes lui-même et leur bord antérieur sont colorés en vert pâle. Les cuisses et les jambes de derrière sont armées de fortes épines dont l'extrémité est noirâtre ; la tarière de la femelle est rousse avec l'extrémité noire , ainsi que les bords qui l'avoisinent ; elle est un peu échancrée en dessus comme le serait un coutelas. On trouve cette belle espèce aux Indes-Orientales. Sa longueur , les ailes fermées , est d'un p.eu plus de quatre pouces ; son envergure en atteint jusqu'à sept. I . Locusta neriifoUa, Sauterdies, pL 4, «> fig- 1 1 , et Appcndix au iilOmc ouvrage contenant la liste et le nom des espèces. i38 oirnioi'TÈREs • 4." LES ACANTiipDEs. — AcanlliocUs. Serv. ^ Le nom que portent ces insectes indique un des traits saiilans de leur organisation , en rappelant les épines dont ils sont armés. Ces épines garnissent sur- tout le dessus des cuisses , et sont comprimées et ar- quées, tandis que celles que présentent les jambes de derrière, sont plus droites et plus semblables aux épi- nes des autres Locustiens. Les Acanthodes partagent du reste les caractères des précédens , mais leur ster- num est beaucoup plus large ; le trait qui sert à les en distinguer, c'est la longueur du dernier article de leurs palpes maxillaires j qui est double de celui des la- biaux. Il faut y ajouter que leurs élytres sont plus étroites à l'extrémité qu'à la base, et <^ue les aijes sont un peu plus courtes que les élytres. Les antennes ont souvent leur premier article surmonté d'une épine, et la tarière des femelles est quelquefois fort longue. Les couleurs qui distinguent ces insectes, sont surtout le jaune .et le brun. 5.° LES PLATYPHYLLEs. — Platyphylliun. Serv. - Les insectes compris sous ce nom ont les élytres alongées, ovales et souvent plus étroites à l'iextrémité. Leurs ailes sont très grandes et un peu plus courtes que les. élytres. La forme de leur corselet est la même que 1. Etyni. àxava^tttTuç , épineux. — Syn. Lociista des auteuis. Type : Zq- custa aquilina, de Géer, Ins., t. IIJ, pag.'/j5o, pi. 36, lig. 6, cl Sy, fig. i. 2. Elym. ir/rerù , large j ifÙAAov , feuille. — Syo. LocusUt des auteurs; Acanlhodis, Meroncldius, Ser ville. LocusnENs. i59 dans les deux sous-genres qui* précèdent , et , comme dans le dernier, le premier article des antennes est souvent épineux. Mais ce qui les distingue desPseudo- phylles et des Acanthodes , c'est qu'ils n'ont pas leur sternum large- et 'plat. Le prosternum offre deux lon- gues épines rapprochées, tandis qu'elles étaient éloi- gnées et courtes chez les précédens, et les autres sternums sont un peu relevés sur les côtés. La tarière des femelles est assez mince, arquée et plus courte que l'abdomen. Tel est, LE PLATYPHYLLE FEUILLE DE SAUGE. (PI. 11 , fig- 2.) Platypliyllum salvifolium. Licht. * Sa couleur est d'un vert qui devient jaunâtre après la mort, et qui offre même une teinte rosée sur l'ab- domen. Ses ailes sont d'u» rose assez vif avec une bor- dure plus pâle , et qui doit être blanchâtre dans l'in- secte vivant. La tarière de la femelle est brune vers l'extrémité. . Ce joli insecte se trouve au Mexique et fait partie de la Collection du Muséum. Il a près de deux pouces de longueur, et quatre pouces de largeur quand les ailes sont étendues. 6." LES POLYANCisTRES. — Poljancistrus. Serv.^ Ce sous-genre ne renferme qu'une seule espèce bien voisine des Platyphylles , mais qui s'en distingue ce- i. Locusta sahifolia, Trans. of Ijiniiœan Soc. of Ltrndon, t. IV, pag. 5 i . Voyez, de plus,' la Revue méthodique de M. Ser?ille. 2. Etym. TO/.Ù, noml)reux ; â>x(çpov , ciochei. — Syu. Locusta des au l4<> ORTHOPTÈRES pendant par les deux derniers segmens du sternum , dont les côtés sont relevés en épines; les deux épines du prosternum sont courtes. Le corselet se prolonge en arrière en un lobe triangulaire et relevé. Le premier article des antennes est surmonté d'iJne forte épine. . 7.° LES MÉCOPODES. -^ MeCOpOcld. SeRV. * Le caractère le plus apparent des espèces dont se compose ce sous-genre consiste dans la longueur des ailes qui dépasse un peu celle des élytres, et qui sont colorées comme ces dernières ; nous retrouverons cette structure dans les Phanéroptères. Le prosternum des Mécopodes offre deux épines longues et grêles; les deux autres segmens de la poitrine sont relevés sur les côtés, échancrés en arrière et pointus. Les antennes des Mécopodes sont beaucoup plus grêles que celles des sous-genres précédens. Leurs élytres et leurs ailes sont assez étroites et une fois plus longues que le corps. La tarière des femelles, est très longue et à peine arquée. LE MÉCOPODE VERTJ (PK lô , fig. 1.) , Mecopoda virens: Br. Sa couleul' est jaune sur le corps et les pattes, mais sa tête, son corselet et ses élytres sont verts. Les côtés teins. Type : Locusta serriilata, Palisot-Beauvois, Insectes d'Afrique et d'A- inciique, pàg. 218. Oithopt., pi. y, fig. 2. 1. Etym. juiïtiç , longueur j ito'iK, , 7ro/. i6,a), ont la bouche située plus en arrière que les antennes, et les mandibules entièrement cachées par la /élire supé- rieurCj, ce qui les distingue desMégalodons. Ce sont des Sauterelles alongées, dont les cuisses sont garnies de deux fortes rangées d'épines, excepté les postérieures qui n'ont que des épines très courtes. La longueur de ces dernières cuisses , et surtout leur peu de grosseur, les rendent inhabiles à sauter. Les ailes et les élytres, que l'on a cru pendant quelque temps tout-à-fait nulles chez ces insecte^ sont quelquefois aussi longues que le corps , s'il faut en croire certaines figures des au- teurs^ ; mais dans le cas le plus ordinaire , les femelles oiit les élytres plus courtes que la moitié de l'abdo- men , de forme lancéolée et dépassées par les ailes qui sont un peu plus longues et plus épaisses au bord intérieur. Ces ailes rùanquent dans les mâles , et les élytres ne consistent que dans des sortes de cuillerons plus grands que ceux des Bradypores et des Barbitistes, dont le côté extérieur est relevé et protège le reste de leur étendue; on y remarque une membrane destinée à produire le bruissement propre à tous les mâles de j. Etym. Saga, sorcière. — Syii. Locusta dos auteiirsj Giyllits, Yillci'S. 2. Locusta Indica , Archives dcFuosly, pi. 53, n.^ 2. LOCUSTIENS. l59 cette famille. La seule espèce de ce sous-genre qui se trouve en France est, LA SAGA A SCIE. (PI. i6, la femelle. ) Saga serrata. Fab.^ Sa couleur est verte dans l'état vivant et devient jaune après la mort ; le front , le sternum et les côtés du thorax sont blanchâtres; une ligne de même cou- leur s'étend sur la tête jusqu'aux yeux. L'abdomen est d'un brun roussâtre avec une ligne pâle, très étroite, qui règne dans toute sa longueur, une autre plus large entre celle-ci et le bord des arceaux supérieurs, et enfin une troisième placée sur le côté , à l'origine des arceaux inférieurs ; la ligne latérale des arceaux supérieurs est brisée, ce qui est dû à sa position oblique sur chacun des segmens, et bordée de chaque côté d'une bande bi^une plus ou moins marquée. La tarière est verte comme le dessus du corps , le thorax et les pattes; elle est moins longue que l'abdomen, un peu arquée et dentelée dans sa dernière moitié. Cet insecte se rencontre plus fréquemment en Hon- grie , en Grèce et dans la Russie méridionale que dans le midi de la France. La femelle , seul sexe Connu jusqu'ici, a plus.de quatre pouces de longueur, y com- pris la tarière. 1 . Locusta serrata, Ent. Syst., t, II, pag. 43. — L. Onos, Stoll., pi. 1 1, Cg.42, 43,niâle et femelle. — Tettigopsis vittata, Fischer, notice sur le genre Tettigopsis. — Voyez, pour d'autres espèces, ce dernier ouvrage, et pour plus de détails, les Horœ EnCoinologiœ de M. Charpentier, et l'Expédition scientifique de Morée. l6o ORTHOPTÈRES 22 ° LES LISTROSGÈLES. LtStrOSCelis. SeRV.^ Ce sous-genre et les deux suivans, se distinguent de tous ceux de cette famille par la longueur de leurs palpes maxillaires , qui est trois fois au moins aussi grande que ceUe des labiaux. Les pattes des Listro- scèles sont épineuses comme celle des Sagas, mais les épines qui hérissent les jambes de devant sont très longues, très fortes, arquées et très aiguës; elles re- présentent une sorte de double râteau. Un caractère qui les sépare nettement des Gryllacris, c'est que l'a- vant-dernier article de leurs tai'ses est beaucoup plus large que les précédens. Les élytres et les ailes sont au moins aussi longues que le corps. 20.° LES GRYLLACRIS. — Gryllacris. Serv.^ Ils ont les palpes maxillaires encore plus longs que ceux des Listroscèles, et se font surtout remarquer par la longueur prodigieuse de leurs antennes, qui égale trois fois celle du corps et des ailes. Les Grylla- cris ont aussi , comme les précédens , deux rangs d'épines longues et mobiles sur les jambes antérieu- res, et même sur les intermédiaires; cependant ces épines ne sont plus acérées, mais bien droites et gar- nies dé poils. Les élytres, et surtout les ailes, sont très 1. Etyra. xirTpov , râteau j «rxjAoç, jambe. — Syn. Cerberodon, Verty. — Voyez, pour les espèces de ce sous-genre la Bévue de M. Serville, et le De- lectus Animal, articul. de M. Perty (Voyage de Spix et Martius). 1. Etym. rpiAXoi; , Gryllon ; Azpiç, Sautei-elle. — Lyu. Zoc«sZ« des au- teurs. Pour les espèces, Voyez la Revue de M. Serville et le Voyage de M. Bélanger aux Indes-Orientales. LOCUSTIENS. ■ iGl développées dans ces insectes, et se recourbent sou- vent à l'extrémité, de manière à envelopper l'abdomen. Ce sont des insectes répandus dans les îles et sur le continent des Indes-Orientales, ainsi que dans l'O- céanie. On lés reçoit souvent à l'état de larve; les tarses n'ont pas alors les ai^ticles élargis comme dans l'insecte parfait. Les épines des jambes sont placées sans aucun ordre, et l'on ne peut reconnaître ce groupe que-par la longueur de ses palpes. — Quelques espèces, à mandibules très longues, élargies et den- tées au bout , ayant les lèvres supérieure et infé- rieure portées tout-à-fait en avant sur une espèce de tige membraneuse , devront former. un sous-genre distinct ; quand on les connaîtra dans le dernier état de leur vie. Nous les laissons provisoirement avec les Gryllacris. 34." LES scHizoDAGTYLEs. — Sckizodactylus. Br. ^ Ce singulier sous-genre , confondu jusqu'ici avec les Gryllons, s'en distingue au premier coup dœil par le nombre des articles de ses tarses. Ses palpes maxillaires bien plus longs que les labiaux, le pla- cent auprès des Gryllacris, avec'lesquels ils ont surtout des rapports dans le développement des organes du vol. Déjà très grands dans les Gryll.acris, ces organes très peu consistans se replient sur le corps, qu'ils embrassent sur les côtés et par le bout ; mais, dans les Schizodactyles , les ^élytres formant un angle droit s'appliquent sur les côtés du ventre , et leur i. ffxiioi, [e sens; J'aKlvÂj^ .doigt. — Syn. Gryllus, Diury et autres f ^c/ieZa, Faliriciiis. l62 ORTHOPTÈRES extrémité, trop longue pour rester libre, s'enroule et vient se placer sur les appendices qui terminent l'abdomen. Ce que les Schizodactyles offrent de plus surprenant, c'est là conformation singulière de leurs tarses.hes deux articles intermédiaires se prolongenfde chaque côté et forment de«x ïobes ovales et arqués qui s'élargissent un peu vers le bout (/)/.' l'j, fig. a) ; le pre- mier article des postérieurs est plus long que les autres, et ses côtés élargis ressemblent assez à un cœur qui serait échancré à sa base [fig. b); enfin lés crochets des tarses qui, dans les autres sous-genres, sont courts, écartés entre eux et un peu lobés en dessous, sont longs, grêles et arqués, et se tiennent constam- ment rapprochés. Les jambes ellies-mêmes participent de la singularité de structure qui distingue ces in- sectes; elles sont grosses et jenflées à la manière de celles des Méconèmes, et les deux rangs d'épines lon- gues et mobiles dont elles sont pourvues, ne sont pas opposées l'une à l'autre, comme dans les deux groupes précédens. Les jambes postérieures n'ont d'épines que sur leur partie supérieure et se terminent par cinq éperons aplatis et mobiles, dont les deux intérieurs sont fort longs et lancéolés. La seule espèce connue est, LE SCHIZODACTYLE MONSTRUEUX. (PI. I 7, fig. 1.) .Schizodactylus m.onstrosus. Drury^. - • • Cet insecte, originaire, des Indes-Orientales, est jaune dans l'état sec, tel qu'on le voit dans les Col- 1. Gryllus monstrosus, Illustr. of natur. liistor., t. II. pag. 81, pi. 4-^2 r.RYLLIEN?. l65 lections. Le bordinterne de ses mandibules, qui sont longues et très acérées, est noir ainsi que leur extré- mité. Sa tête offre sur le vertex quatre sillons longi- tudinaux, et" son corselet, fort court, en présente un en avant dont la direction est transversale et qui a beaucoup de- profondeur. Les angles de ce corselet sont aigus, et son bord postérieur est sinueux; sa longueur est moindre que dans tous les insectes de cette famille. Quand les ailes sont fermées, l'animal fi trois pouces de long,, tandis que son envergure en atteint au moins six. SIXIEME FAMILLE. LES GRYLLIE.NS. Les espèces qui composent cette famille ont la ptus grande analogie avec celles de la précédente. Comme llg. I. — Acheta inonstrosa,Fah., Ent. Syst., t. II, pag. 29. — II faut con- sulter, pour d'autres espèces de Sauterelles en général, la •Revue méthodi- que de M. Serville , où cet auteur en a décrit plusieurs bouvellosj — le tome Y des Mémoires de l'Académie des Sciences de Saint-Pétersljpiug; -^-les Horae Entomologiœ de M. Charpentier ; — les Archives de Fuesiy 5 — les Mémoires de de Géer; —les Insectes d'Afrique et d'Amérique de Pali- sot-Beauvois; — ^l'Expédition scientifique de Moréej — lej Actes de la So- ciété d'Histoire naturelle de Paris, 1792; — les Dissertations Entomologi- ques deThunberg;- — le lYaturalist's reposilory de Donovan • — l'Appendix au voyage du cap. King,par M. Mac-Leay , et enfin le British EntomoIog;\ de M. Curlis; — et les Orthoptera Rerolinensia de M. Philippi. rG'4 ORTHOPTÈRES les Locustiens en effet, les Grylliens sont pour la plu-* part des insectes sauteurs, pourvus à cet effet de cuisses postérieures très grosses et jnunis, à l'extrémité des jambes de. derrière, de quelques épines mobiles des- tinées à faciliter le saut. Dans plusieurs rnême , tels que le genre des Gryllons, le premier article des tarses postérieurs est terminé par deux semblables épines. L'abdomen des femelles est muni d'une tarière ordi-^ nairement droite et presque toujours aussi longue que le corps ; mais cette tarière est beaucoup plus grêle que celle des Sauterelles, et terminée par une sorte de petit bouton ou renflement dentelé, qui constitue la scie proprement dite. Le corps des Grylliens est en général plus gros et plus épais que celui des Saute- relles ; leurs ailes et surtout leurs élytres sont beaiu- coup moins développées ; leurs antennes acquièrent quelquefois une très grande longueur, et si l'on; en excepte un seul genre , celui de Tridactyle_, elles sont presque toujours beaucoup plus longues , du au moins aussi longues que le corps. Les mâles ont la propriété de faire entendre un bruit particulier, une stridulation analogue à celle que produisent les Sau- terelles; leurs élytres ont à cet effet toute leur partie dorsale, c'est-à-dire toute celle qui s'applique sur le dos de l'abdomen , ridée ou plissée et d'une grande transparence. Le bruit résulte, comme dans les Saii-- tereïles, du frottement alternatif de ces élytres l'une contre l'autre. Dans l'un et l'autre sexe, elles sont repliées sur les côtés de l'abdomen de manière à présenter en dehors une sorte de carène ; mais , pour que la flexion puisse s'opérer dans toute sa longueur, elles offrent à l'extrémité, le long; de cette carène. GRYLLIENS, 1 bU un espace alonge tout-à-fait membraneux, qui permet au bord extérieur de s'appliquer sur la partie dorsale, 'comme on le voit sous le n." 2 de la planche 18. Les ailes placées sous ces élytres, qu'elles dépassent à l'extrémité, se terminent, dans l'état du repos, par une sorte de filet recourbé , résultant fie la flexion de l'aile. .Nous avons vu , dans le dernier sous-genre des Sauterelles, une structure analogue, entièrement due au peu de fconsistance des ailes, que le choc des corps environnans, et surtout de la terre, sur laquelle mar- chent presque toujours ces insectes, aurait endom- nlagées sans cesse. Nous bornerons ici cet examen des parties du corps desGrylliens, que nous étendrons davantage en faisant l'histoire de chacun des trois genres dont se compose cette famille. .Toutefois "nous devons nous arrêter sur les traits distinctifs qui la séparent du reste. des Or- thoptères. Ces traits consistent surtout dans le nombre des articles des tarses qui fi'est que de trois , aux pattes antérieures et intermédiaires, et dans la longueur des soies ou filets qui terminent l'abdomen. Les tarses pos- térieurs 'offrent quelquefois quatre articles, mais dans la plupart des- espèces on n'en distingue bien que trois. Quant aux filets de l'abdomen, ils sont composés d'une seule pièce et beaucoup plus gros à leur base qu'à leur extrémité ; leur forme est celle d'un cône très long ou d'une espèce de stylet. Parmi les Orthoptères sauteurs, la famille des Acridiens, qui suit immédia- tement celle-ci, n'a aussi que trois articles aux tarses, mais la femelle est dépourvue de tarière saillante et les filets de l'-abdomen sont tout-à-fait rudîmeritaires. Considérés dans leurs habitudes, les Grylliens nous l66 OATHOPTÈRES offrent quelques différences. Ainsi le genre des Gryl- lons , quoique pourvu de fortes cuisses , saute mal et se tient presque toujours blotti dans sa retraite, tan-, dis que les Tridactyles, beaucoup plus vifs et plus* agiles, s'élèvent à line hauteur surprenante pour leur petite taille. Les Taupes-Gryllons , au contraire, ont dans la structure de leurs pattes antérieures ; confor- mées en Sorte de mains, un moyen de creuser la terre et de se dérober aisément à la vue de leurs ennemis. Leurs cuisses de derrière, assez grosses, mais suivies d'une jambe trop courte, ne peuvent les élever en l'air, et d'ailleurs le poids de leur corps permettrait bien difficilement ce mode de locomotion. Les Taupes- Gryllons sont cependant pourvus d'ailes et d'élytres, mais leurs dimensions, et surtout celles des élytres, font présumer que ces organes ne sont point propres au vol. La nourriture des Grylliens est encore pour ainsi dire un problème. Regardés par la plupart des auteurs comme vivant de 'substances végétales , La- treille leur attribue des habitudes carnassières, qui semblent appartenir dé préférence aux Ïaupes-Gryl- lons et aux Gryllons proprement dits. ÎSous verrons cependant qu'uniç espèce de ce dernier ^enre, qui vit presque à l'état de domesticité , se nourrit indiffé- remment de toute espèce de substances. Avant d'aborder l'histoire de chacun de ces genres, nous allons présenter le tableau de leurs caractères , et de ceux des sous-genres qui en ont été détachés. W H O. I P d'où celles-ci ne se dégagent qu'à l'époque du dernier changement de peau, qui constitue l'état parfait. Quelques individus, arrivés à ce dernier état, passent sous la terre- tout le temps de la mauvaise saison , lorsque l'hiver est doux; mais, dans le cas contraire , on ne trouve au printemps que les jeunes. Ces der- niers ont supporté les froids dans un état d'engour- dissement complet ; les premiers rayons du soleil les raniment à l'époque du printemps, et dès lors ils continuent à se développer jusque dans le milieu de la belle saison. Le Gryllon domestique se propage, 1-72 ORTHOPTIÎRHS dit-on, pendajit toute l'année, et n'est pas assujetti, comme celui des champs, à s'engourdii' pendant l'hi- ver. Il partage avec tous les animaux qui vivent sous le patronage de l'homme, le privilège de se dérober à l'influence des saisons. On trouve encore en France d'autres espèces de Gryllons, entre autres le Gryllon des bois, que nous décrirons plus loin; mais leurs habitudes ne sont pas particulièrement connues. On suppose avec quelque raison, qu'elles doivent être analogues à celles des deux espèces que nous avons mentionnées. Nous nous arrêterons peu à décrire la structure des Gryllons , car elle est analogue à celle des Saute- relles, que nous avons présentée avec plus de détails. Les fetaelles des Gryllons diffèrent, comme nous l'a- vons déjà dit , par une tarière plus étroite que celle des Sauterelles; elle est d'ailleurs plus relevée et son extrémité est dirigée en l'aire Les mâles ont à la partie ventrale de l'abdomen un segment de plus que les femelles ; on en compte sept dans celles-ci et huit dans les premiers. Les fdets abdominiaux sont aussi longs dans les mâles quç dans les femelles. Tous les^ Gryllons ne sont pas également sauteurs; la lon- gueur de leurs jambes postérieures peut donner une idée assez exacte de leuî- plus ou moins d'aptitude à ce genre de progression. Dans les espèces de no'tre pays, les jambes de derrière sont plus courtes que les cuisses, ou environ de la même longueur, tan- dis que , chez plusieurs espèces exotiques , appar- tenant aux sous-genres que nous détachons des Gryl- lons, ces jambes sont plus longues que les cuisses. Les épines disposées, sur deux rangs dont la face pos- •GRYLLIENS. 1^5 térieure de ces jambes est armée, sont plus fortes et plus nombreuses dans les espèces de Gryllons propre- ment dites, qu^ dans les autres sous-genres. La tarière est quelquefois très courte, mais ce cas est fort rare ; elle est ordinairement aussi longue, ou même plus longue que l'abdomen. Les tarses postérieurs, formés de quatre articles distincts dans quelques espèces-, telles que les Mcanthes en- particulier, semblent n'en avoir que trois dans les Gryllons proprement dits; il se pourrait cependant que les deux épines dont le premier article est surmonté à l'extrémité, fussent suppoi-téés par un article distinct, et qui serait fort court. Les palpes varient un peu en longueur; leur extrémité est élargie et tronquée d'une manière diffé- rente , dans chacun des *soùs-genres que nous ferons connaître. Avant de préseutei" les détails qui cpn- cernent ces groupes, apiis ferons remarquer que les Gryllons offrent, au-dessus des antennes, trois ocelles ou yeux lisses, dont l'un, celui du milieu, est quel- quefois peu visible ou même tout-à-fait caché. Ces ocelles , que nous trouverons aussi dans lu famille suivante, n'existent point dans les Locustiens. Si l'on ajoute à ce caractère le nombre des articles des 'tarses, on trouvera nécessaire l'établissement d'une famille distincte, formée d'abord par Latreille, mais supprimée depuis par lui-même, et abandonnée^ à son exemple, par tous les autres Naturalistes. Abordons maintenant l'étude des caractères à l'aide desquels on peut classer les espèces dans le grand genre des Gryllons, que nous partageons en cinq sous- •senres distincts. 174 ORTHOPTÈRES .1". LES iECA^TiiEs. — ^cant/uis. Serv. ^ Les insectes dont se compose ce petit groupe sont remarquables par leur forme alongée et étroite , sur- tout dans les femelles, où les organes du vol s'appli- quent autour du corps d'une manière plus exacte que daiis les mâles. Ceux-ci ont les élytfes plus larges, rcr plié.es sur les côtés; leur partie dorsale est gairnie dans toute sa longueur de plis ou rides destinées à produire la stridulation que fait entendre ce sexe. Le.s JEcan- thes se distinguent de tous les autres sous-genres par la forme grêle et cylindrique de leurs palpes (p/. 18, fig. 1 , «) , dont le dernier article est tronqué au côté interne, dans les deux tiers au moins de sa longueur ; par les articles de leurs^ tarses postérieurs, qui sont distinctement au nombre de quatre [/ig. \,b), et en- fin, par leur corselet conique et plus étroit vers la tête que du côté opposé. Les ailes sont plus longues que les élytres , mais cette longueur varie suivant les es- pèces. Le type de ce sous-geure est , ■l'acanthe TRANSPARENT (PI. 1 8, fig. 1.) Mcaniluis pellucens. Scopol i. ^ Cet insecte , dont la couleur est jaune après la mort , semble être pendant la vie d'un vert tendre ; ses ailes et 1. Etyra. «ixÉw, j'habite; av^oç , fleur._ — Syu. Gryllus , Jcliela des auteurs. 2. Gryllus pellucens^ Entoniol. Carniolica, n.» 324- — Acheta Ilalica, Fab. Entom. Syst.^ t. II, pag. 32; Panzei-, Faun._ Gerip. fasc. 22, n.o 17. — Ajoutez-y le Gryllus mueus, de Géer, Insectes, t. Ht, pag. 522, pi. ^3 , %. 6. . . ■ GRYLLIENS. 1^5 ses élytres sont très pâles et tout-à-fait transparentes. Une bande longitudinale brune s'étend sur la tête et le corselet , qui sont revêtus de quelques poils courts et brillans. L'abdomen est la partie du corps qui de- vient la plus obscuï*e; 11 est presque brun dans les in- sectes desséchés de nos Collections. Les aiks sont à peine plus longues que les élytres. . On trouve cette jolie espèce dans le midi de la France et en Italie. Sa longueur, les ailes fermées-, est de six lignes environ ; son envergure est de près d'un pouce. 2.° LES PHALANGOPSIS. PluilailgOpsis. SeRV. ^ • La longueur démesurée des antennes de ce sous- genre , qui dépasse plusieurs fois celle du corps ; la forme grêle et cylindrique des articles de ses tarses, ce qui le rapproche du précédent ; la longueur du*pre- mier article de ces mêmes tarses; la brièveté des ély- tres qui , dans les mâles au moins , couvrent au plus les deux tiers de l'abdomen ; enfin , la. longueur des palpes maxillaires , un peu élargis et tronqués à l'extrémité ; tels sont les caractères qui peuvent le faire reconnaître. Ile même que. dans les iEcànthes et dans le sous-genre suivant, les jambes postérieures sont au moins au^si longues que les. cuisses. Ce qui distingue surtout les Plialangopsis des ./Ecanthes, ou- tre la longueur différente des palpes maxillaires et la manière dont ris sont tronqués ^ c'pst que dans ' les premiers , les tarses postérieurs n'ont que trois articles distincts. Les élytres des mâles sont presque sembla- I. Etym. ifàxày^, «vvoç, sorte tl araignée,- 34"' aspect. — Voyez la Revue de M. Serville. l']6 ORTHOPTÈRES bles à celles, des iEcanthes, sice. n'est que-leur forme est plus courte et beaucoup plus large'; dans la fe- melle, ces organes sont presque aussi longs que l'ab- domen. 3.° LÉS PLATYDACTYLES. — Platycluctylus. B^:'^ • Ces insectes nous conduisent aux vrais Gryllons. Ils ont comme eux les palpes courts , épais et tronqués obliquement à l'extrémité; les tarses composés d'arti- cles gros et courts, mais déprimés de haut en bas, avec le deuxième élargi d'une manière remarquable. Leurs Jambes postérieures sont aussi loiigues que les cuisses, ce qui les distingue encore des Gryllons, chez lesquels le corselet n'a pas, comme ici, une forme conique. Enfin, les' organes du vol , et en particulier les élytres, sont plus longs que l'abdomen. Quelques mâles d'espèces étrangères n'ont pas les élytres dispo- sées pour la stridulation. 4.° LES GRYLLONS. — Gryllus. Geoffroy.- Les articles des tarses' comprîmes et les palpes maxillaires du double plus longs que les labiaux, servent à reconnaître ce sous-genre , qui a les cuisses postérieures plus épineuses • que dans les précédens. Le premier article des tarses postérieurs est beaucoup plus gros que les autres et surmonté, comme les i. Etym. TTAûtrùç , large; J^ax.1uAo«i doigt.' — Type: GryUus Surina- mensis, deGéer, Insectes, t. III, pag. 619, pi. 43, %. i- 2. Etym. vpuAAoç, nom d'on animal chez les (iiecs. — Syn. Gijlli.s Acheta, Linué : Acheta, Fabiicius et .-iutros. GRYLLIKNS. ■J l cuisses, de deux rangéësd'épines. Les élytres ne cou- vrent pas toujours l'abdoEtien en entier; elles sont parcourues dans les femelles par des nervures entre- croisées; dans les mâles, au contraire, elles sont plis- sées inégalement et deviennent des organes de stri- dulation. Les ailes sont plus longues que les élytres. LesGryllons ont tous la tête'd'une grosseur remarquja- ble, et leurs antennes sont très écartées à la base ; dans les sous-genres précédens, elles ne sont séparées l'une de l'autre que par un gros tubercule, où simple saillie du front. Par suite de \i grosseur de la tête, la lèvre supérieure est plus large que long-ue. Enfin, les aur- tennes ne sont guère qu'une fois plus longues que le corps. On trouve en France, plusie'urs espèces de ce groupe, qui sont : • 1. LE GRYLLON DOMESTIQUE. (PI. 1 8 , flg. 5.) Gryllus domesticus. LmA Cet insecte est nuancé de jaune et de brun ; cette dernière couleur forme des bandes transversales sur là tête,- le corselet et l'abtlomen, et une bande longitudi- nale de chaque côté du corselet. Les élytres ont surtout du brun le long de leur nervure principale ; les ailes offrent aussi une ou deux bandes obscures dans le sens de leur longueur. ' . Cette espèce n'a guère plus de neuf ou dix lignes de long, depuis la tête jusqu'à l'extrémité des élytres. On la trouve dans presque toute l'Europe. 1. Faun, Suec, n." 867. — Panzcr, Faiin. Gcrni. fasc. 88, n." 'j. IXSEC.TES. IX. i2 l-JÙ ORTHOPTERES 2. LE GRYLLON CHAMPÊTRE. (PI. 1 8, flg. 2.) GrylUis .campestris. Fab..^ Il est plus gros que le précédent et d'un noir luisant, avec lé côté intérieur des cuisses de derrière rou- geâtre ; cette dernière nuance s'étend plus ou moins sur les cuisses et gagne quelquefois aussi celles de devant. Les é.lytres sont d'un btun plus ou , moins foncé, mais toujours plus obscur dans les femelles que dans les mâles, et les ailes, qui sont transparentes, offrent deux bandes brunes, dont la seconde n'est visible que sur leur dernière moitié. Les élytres sont quelquefois ornées à la base d'une bande jaunâtre, qui se réduit souvent à un point. ' Cette espèce vit de préférence dans les campagnes, mais on la trouve aussi dans nos hal)itàtions; sa lon- gueur est de plus d'un pouce , mesurée de la tête à l'extrémité des élytres. On la rencontre dans tout l'an- cien continent et même aussi dans quelques parties du nouveau. , •• 3. LE GRYLL0T5I DES BOIS. (PI. l8, fig. 4-) Gryllus sylvestris. ¥ab.^ Cette espèce est de petite taille et se fait remar- quer surtout par ses élytres, qui sont à peine aussi ■I. Açheta'campestrls^ Ent. Syst., t. 11^ pag. 3i. — Fanzer, ibid. fasc. 88, n o g. — Le Gr. Capensis, Fah., ibid., appaituni à celte espèce. 2. Acheta sylveslris , Eut. Syst., t. IT, pag. 33. — La figuie donnée par Coquebert, Illustr. Dec, II, pL i , fig. 2, paraît se rapporter à notre Gr. lincolatus. GRYLLIENS. l'J^ longues que les deux tiers de l'abdomen dans les mâles, et qui n'en atteignent pas même le milieu dans les femelles ; sa couleur générale est noire. Sa tête offre entre les yeux deux lignes jaunes très étroites, qui se rapprochent en avant et y forment un losange à l'aide de deux traits de même cou- leur, qui viennent s'y accoler. Le diessous -du corse- let est jaune et plus ou moins taché de brun. Les élytres sont également jaunes, mais en dessus seule- ment; leur partie latérale est noire, ainsi que les ner- vures de la partie dorsale. Les pattes sont en grande partie jaunes , et les cuisses postérieures ornées de lignes obliques et brunes. La tarière des femelles est droite et plus longue que les stries quiternainent l'abdomen ; ce dernier est parsemé de taches jaunes. Cet insecte est surtout répandu dans- les parties méridionales de la France ; il a environ de quatre à cinq lignes de longueur. 4. LE GRYLLON A LIGNES. (PI. 1 8, flg. '5. ) Gryllus lineolatus. Bu. . On a confondu jusqu'ici ce Gryllon avec le précé- dent , dont il diffère surtout par' la couleur pâle de ses pattes, par les bandes longitudinales jaunes, au nombre de quatre , que l'on aperçoit sur sa tête , et qui sont beaucoup plus larges que les lignes obliques du Gryllds syhestris. Ses cuisses de derrière ont des lignes brunes à peine visibles, et- la tarière des fe- melles est plus courte que les filets de l'abdomen. Les élytr.es sont plus longues dans les fem.elles de cette espèce que dans la précédente ; elles Couvrent environ )8o ORTHOPTÈRES les deux tiers de l'abdomen et le cachent presque en entier dans le mâle. Cet insecte , de la taille du précédent, se trouve dans les Pyrénées. Il en a été rapporté par M. Audouin, qui l'a aussi rencontré dans le département desLandes, aux environs de Saint-SeVer- 5." LES SPHÉRIES. — Spliccrium. Charp.'^ ' Ce sous-genre est fondé sur une espèce aptère et de petite taille, qui ressemble à une larve de !31atte, si ce n'est qu'elle a. les cuisses postérieures renflées et les tarses composés de troi^ articles seulement. Les fdets terminaux de l'abdomen sont larges, plats et coniques; leur grosseur est considérable pour le corps de* l'insecte. Le dernier article des palpes maxillai- res est beaucoup plus gros que les autres. La tarière de la femelle est tout au plus aussi longue que les filets de l'abdomen. Les premiers auteurs qui ont connu le type dé ce groupe l'ont placé parmi les Blattes; il en a été retiré par Latreille et par M- Charpentiej-. On le trouve dans les fourmilières, et ce genre d'habitation explique la rareté de cet insecte. I. Etym. (TOfaipa, sphère* — Syn.Mynnecophila,LatreU]e.'Tjpe:J3/atla acer^/oruin, Panzer, Faun. Germ. fasc.68,n.o 24- — Voyez, sur cet insecte, Jes Hor.v Enloniologicte de M. Toussaint Cliarpentier, et, pour lesGiyllons en général, ce même ouvrage, et de plus : les Illustrations de Coquebert, les Annales générales des Sciences physiques, t.' VI, pag. Sb;^ les Actes de la Soc. d'Hisl. nat. de Paris, pag. 44, in-folio; le Journal de Philadelphie; t. IV, pag. 3o7 ; le Naluralist's rcposilory de Donovan ; le British Entomo- logy de M. Curtis ; le Zoolôgical Miscellany de M. Leach, t. I, pag. 56 et 5t ; l'Appendice au Voyage du capitaine King, par M. Mac-Leay, t. II, pag. 438. — Pour ce* qui concerne les habitudes et la structure extérieure de ces insectes, voyez les ouvrages de Rœsel, de Géer et Geofiroy. C.KYLLIENS. 181 ae«*J*4«-i*c *«<<)»« GENRE TAUPE-GRYLLON. GRYLLOT^iLPué. LàTREILLE. On aurait dû laisser aux insectes de ce genre le nom à' Acheta^ dont ils sont le type dans les* ouvrages de Linné et de Fabricius, puisqu'on avait appliqué celui de Gryllu.s à la plus grande partie des Acheta de ces auteurs; mais l'organisation des Taupes- Gryllons a sans doute paru assez remarquable à Latreille , pour qu'il leur donnât, comme dénomination générique, celle qui avait servi jusque-là à désigner l'espèce de nos contrées. Toutefois ce changement est nuisible et nous ne l'aurions pas adopté , si quelques Entonio- logistes n'entendaient encore par le nom d' Acheta les Gryllus de Geoffroy, et si nous n'avions craint l'obs- curité qui résuite toujours de la .nouvelle application d'un mot aban.donné. Le nom de Taupe-Gryllon indique le- trait le plus admirable de la structure de ce genre/ Ses jambes de. devant, élargies et dentées de manière à simuler une sorte de main, donnent à ces insectes une ana- logie marquée avec la taupe. Comme elle également, ils se creusent des galeries souterraines et forment avec la terre de petits monticules, semblables à ceux qu'élève ce mammifère , mais qui sont en rapport avec la grosseur bieii moindre de l'insecte. On désigne aussi les Taupes-Gryllons sous le nom de Courtilicres^ iS'2 ORTHOPTÈRES que l'on, fait venir d'un vieUx mot français courtille, qui signifie jardin. Rœsel nous apprend, de son côté, qu'on appelle en Silésie le même insecte Curtilla j, nom bien voisin du premier. Les rapports des CouFtilières ou Ïaupes-Gryllons avec les Gryllons véritables, ont été aperçus par les pre- miers auteurs, qui les ont placés dans le même genre sous le nom commun à'jjciieta. ï)e même que les Gryllons, les Courtilières ont l'abdomen terminé par deux filets très longs et les antennes sétacées ; comme eux aussi, ils ont les cuisses de derrière grosses et ren- flées. Leurs ailes, plus larges que les élytres, s'enroulent de même en sortes de lanières et dépassent le bout de l'abdomen ; mais leurs élytres sont courtes, ovales , et s'appliquent sur le corps, sans former une carène dis- tincte. Les élytres plus membraneuses ^ à . nervures plus rares dans les mâles, servent encore ici à pro- duire un bruit particulier. Cependant les Courtilières chantent moins que les Gryllons, et sautent aussi beau- coup nioins^, le grand volume de leur corps étant dis- proportionné avec k grosseur et surtout avec la lon- gueur des cuisses de derrière. Les jambes qui font suite à ces cuissessont plus courtes encore , et n'ont que des épines mobiles ; quelques, épines semblables arment l'extrémité des jambes intermédiaires ; quant aux an- térieures, elles en ont également, mais leur dimension plus grande donne à ces jambes un aspect différent , ainsi que* nous allons le voir. Un des caractères lés plus remarquables des Taupes- Gryllons consiste dans le volume de leur corselet ou prothorax. Assez semblable à une carapace d'Ecre- yisse , il embrasse les côtés du corps et ne semble avoir GRYLLIENS. iSo reçu un si grand dévelioppement. que. pour cacher la poitrine. Celle-ci, destinée à donner aux pattes 'anté- rieures une insertion plus solide et ., iS'jy, pag. 65. l88 ORTHOPTÈRES plantes ont été" attaquées à la racine, et non-seulement endommagées de manière à livrer passage à l'insecte, mais entamées dans une grande partie de leur lon- gueur, et quelquefois entièrement coupées. L'ob- servation suivante semble confirmer* cette remarque ; elle est due à un- homme digne de foi. M. Turpin ayant renfermé trois Courtilières dans un boîte, plaça sur la terre que renfermait cette boîte une feuille de romaine. Les Courtilières se tinrent. cachées pendant le jour; mais la- boîte ayant été ouverte dans la nuit, M: Turpin trouva les trois insectes hors, de terre , et mangeant avidement la feuille de romaine. Il ob- serva le même fait pendant les deux nuits suivantes; mais, à la 'quatrième, il vit la plus grosse des trois Courtilières dévorant les deux autres qu'elle avait tuées. 11 est donc hors de- doute , d'après cette der- nière expérience , que cet insecte se nourrit à la fois et de plantes et de substances animales. Lorsque les chaleurs de l'été commencent à se faire sentir, les Courtilières. mâles se transportent à l'entrée de leurs galeries, et se font entendre des femelles par une stridulation analogue à celle des Gry lions, mais plus^faible, en raison du développement moindre de la partie sonore de leurs ély très.. Après l'accouplement qui a lieu pendant la nuit, car ces insectes, de même que les Gryllons, sont nocturnes, la femelle s'occupe de construire le nid qi;ii doit recevoir ses œufs. Elle choi- sit, comme nous le disions tout à l'heure, une terre assez ferme pour résister" à l'action des pluies. Après avoir tracé une galerie circulaire, elle se creuse une nouvelle retraite à quelques pouces de celle-ci , éta- blit son nid au centre de la galerie circulaire, à une Ùll YLLliENS. 189 profondeur qui dépend de la température du moment, et , si la chaleur augmente , elle le creuse encore da- vantage. Il est facile de voir ici ce qui a causé l'erreur de Goedart; cet auteur parle bien du'fossé construit à l'entour du nid, mais il a cru remarquer que ce nid pouvait alternativement, selon que la température s'é- lève ou s'abaisse, être remonté ou descendu par la fe- melle , qui se tient dans le ibssé circulaire. Les gale- ries divergentes, qui partent du trou central, sont aussi creusées davantage ^ à mesure que fa chaleur devient plus incommode. Mais comment là Courtilière pourrait- elle déplacer le nid qu'elle a pratiqué dans une terre à laquelle il adhère de toutes parts? Elle y dépose donc ses œufs , tantôt vei^ le milieu, tantôt à la fin du prin- temps, et leur nombre s'élève de deux à trois cents environ; leur éclosion n'a lieu ordinairement qu'au bout d'un "mois. Tous les auteurs remarquent que les petits sont blancs au sortir de l'œuf; mais cette obser- vation s'applique à beaucoup d'autres insectes, et sur- tout à ceux de cet ordre. Ce n'est qu'au printemps suivant que les organes du vol commencent a se ma- nifester, après la quatrième ou peut-être la cinquième rpue. Dès la première , suivant Rœsel , les petits se dis- persent ; ils font l'essai de leurs forces, et se cons- truisent un nid auquel aboutissent des galeries envi- ronnantes. Selon M. Féburier, ils ne seraient -en état de se reproduire que dans la troisième année , ce qui indiquerait chez ces insectes une longévité remarqua- ble. Les autres Orthoptères ne vivent ordinairement qu'un an, et leur état parfait ne précède souvent leur mort que de quelques semaines. Il faut en ex- cepter le cas où l'accouplement «'a pas eu lieu pen- 1^0 ORTIIOPTÈRUS dant la belle saison; l'insecte passe alors l'hiver dans un état d'engourdissement complet , et périt au prin- temps suivant. Tous les auteurs s'accordent à dire que la Courtilière a les plus grands soins de ses petits, et qu'elle va pour eux à la recherche de leur nourriture 5 aussi Goedart les transforme-t-il en sentinelles vigilan- tes, qui veillent sans cesse autour de leur nid. On reconnaît, à la coulfîur de la végétation , qui est jaune et flétrie , les lieux infestés par les Courtilières. La terre qu'elles retirent de leurs galeries est amon- celée au dessus de l'ouverture principale de leur re- traite , et forme de petits monticules comparables à à ceux de la taupe. Il est inutile d'ajouter que les tas forrnés par celle-ci, sont en proportion de leur grosseur, qui n'est point comparable à celle des Taupes-Gry lions. Avec un peu d'attention , on pâment souvent à trou- ver le trou central du nid de la Courtilière. Parmi les moyens proposés pour détruire ces insectes, il n'en est pas encore un seul dont l'exécution soit possible sur une grande étendue. Ils consistent , soit à recher- cher les nids pour y verser de l'eau, de l'huile ou quelque autre liquide^ soit à placer en terre des vases remplis d'eau, dans lesquels les Courtilières puissent venir se noyer; ces procédés et plusieurs autres, que nous passons sous silence, applicables seulement 'sur un peti-t espace , seraient loin de suffire à la destruc- tion des peuplades entières de ces dangereux hôtes, qui se multiplient d'une manière effrayante. Il nous reste , pour terminer l'histoire des Couiti- lières, à mentionner une espèce du continent austra- lien , que, sa forme alongée et tout-à-fait cylindrique , distingue des vrais Taupes-Gryllons. Elle ressemble à GRYLLIENS. IC)! iin tube, privée qu'elle est des organes du vol, et se tient dans les tiges des végétaux, comme nous l'ap- prend M. de Laporte. Cette manière de vivre s'accorde très bien avec l'absence d'ailes et d'élytres. Cet insecte, qui forme le sous-genre Cylindp.ode, Cylindrodes de M. Gray, a été figuré, mais non décrit-, dans l'édition anglaise du Règne animal de Cuvier, sous le nom de C anif ) h eUi^.D' après les détails de structure que ren- ferme la planche de cet ouvrage , on voit que les Cy- lindrodes diffèrent des vrais Taupes-Gryllons, parleurs taises de devant qui sont filiformes, tandis que dans ces derniers, les deux premiers articles oilt en dehors une épine ou dent saillante , comme le fait voir le n.° 2, a de notre pi. 17. De plus, les divisions de la lèvre inférieure ne sont pas acérées dans les Cylindro- ' des, comme dans les Taupes-Gryllons. Le type de ce dernier sous-genre se trouve figuré sous le n.° 2 de la planche que nous venons de citer. L'espèce de nos pays, ou le Gryllotalpa vulgaris :,Liilr^", riese recon- naît pas à sa couleur d'un roux foncé, qui est propre à toutes les espèces , mais aux quatre dentelures de ses jambes de. devant , et à la saillie considérable du tro- chanter de la même paire de pattes. Ce dernier carac- tère la distingue d'une autre espèce qui se trouve dans plusieurs parties de l'ancien continent. Parmi lesCour- tilières d'Amérique, il en est dont les jambes de de-- vaut n'offrent que deux dentelures ,' mais qui sont beaucoup plus aiguës. 1. Tome XV, pi. II,- 2. Gênera Crust. et Insecr., t. III, pag. g5; — Grfllus Giyllotalpa ,'Linné, Faun. Siiec, n.» 866. -:— Acheta Gryllotalpa , fah. , Panzer, Faun. Germ. fasc, 88, n.o 5. — Voyez, pour les autres espèces, le Delectus Animalium arùculatoium de M. Perty (Voyage de MM. Spix et Marlius). IÇ)'2 ORTHOl'ÏERES ^■e'»8?»»»»»»e--»»'3?g'-»fra'?-ft-o««-8-?»g»e-fta.q»»go GENRE TRIDAGTYLE. TI\I D^4CTYLUS. LaTREILLE. Les espèces de ce petit genre soht dignes sous plus d'un rapport de l'attention des curieux, auxquels la petitesse de leur taille les a dérobées pendant fort long- temps. Ce sont , en effet , les pygmées de l'ordre des Orthoptères ; les Tétrix riiêiiie , dans la famille sui- vante, ne peuvent leur être comparés. C'est par suite d'une observation inexacte que l'on a nommé Tridac- tyles les insectes. dont nous allons faire l'histoire; on avait cru remarquer trois petits appendices au bout de leurs jambes postérieures. En décrivant ces appendi- ces, nous verrons que leur nombre n'est pas constam- ment le même dans tous les Tridactyles. Ce sont des insectes fouisseuses à la manière des Taupes-Gryllons , mais ils sautent beaucoup.mieux que ceux-ci et que les Gryllons véritables. Leur abdomen comme celui des Courtilières, est privé detarière dans les femelles; on ne reconnaît celles-ci qu'à la petite échancrure que pré- . sente le dessous du dernier segment. Le bout de l'ab- donien présente, dans l'un et l'autre sexe, quatre pe- tits, filets, dont les deux supérieurs sont biarticulés , analogues à ceux des autres genres de la môme far- mille ; ces filets , mais surtout les appendices des jam- bes postérieures, forment les caractères les plussail- îans des Tridactyles, Il faut y ajouter leurs antennes ORYLLIENS. \C)J filiformes, à peine aussi longues que la tête "et la moitié du corselet, et composées seulement de dix articles [pi. 18, pg. 6, a). Leurs élytres, trop courtes pour recouvrir l'abdomen , en atteignent à-peu-près le milieu , et sont de forme triangulaire. Les ailes sont plus longues que les élytres , et s'étendent quel- quefois au-delà de l'abdomen lui-même. Les cuisses postérieures sont très grosses et renferment des inuscles puissans; elles supportent une jambe mince, termi- née , au lieu de tarse , par ces appendices très mobi- les, alongés et plats, dont les uns sont placés sur les deux côtés, vers l'extrémité de la jambe, ou sur l'un des côtés seulement, suivant l'espèce où on les ob- serve et les autres à l'extrémité même de la jambe. Le nombre de ces, appendices n'est pas le même dans toutes les espèces. La présence de ces petites lamelles, dont les.plas courtes représentent les épines mobile^ des autres Orthoptères, tandis que les plus longues, celles qui s'articulent sur le bout de la jambe , sont les analogues du tarse, rend facilement raison de la dis- position toute particulière desTridactylespourle saut. Destinés à vivre sur un sol très peu résistant, il' leur fallait des organes assez mobiles pour y prendre un point d'appui passager; on peut alors comprendre comment ces insectes , venant à tomber sur la sur- face de l'eau, s'élancent de cette masse liquide avec autant de facilité que sur le sgble lui-même. C'est toujours au bord des rivières ou des lacs, aux environs des mares accidentelles qui résultent de la crue des eaux, que l'on rencontre les Tridactyles; mais une circonstance nécessaire à leur présence au- tour de ces eaux, c'est l'existence d'un sable très fin. INSECTES. IX. 1C)4 ORTHOPTERES Ces petits animaux y pullulent en quantité considé- rable, le sillonnent dans tous les sens, s'élèvent de toutes parts et voltigent avec une grande agilité. Rien de plus facile alors que de s'en procurer un grand nom- bre, en promenant autour de soi la poche ou filet de gaze avec laquelle on prend les Papillons. Les bords des rivières, dans le midi de la France et de l'Italie, ceux du Rhône en particulier, aux environs de Lyon, sont peuplés tous les ans par des milliers de ces petits insectes. Nous devons à M. Poudras, avocat dans cette dernière ville, des détails circonstanciés sur leur ma- nière de vivre. Les Tridactyles se creusent dans le sable une re- traite analogue à celle des Taupes-Gryllons. Elle se compose d'une galerie verticale , qui descend à quel- ques pouces de profondeur et d'où partent des gale- ries horizontales très voisines de la surface- 'du sol; ces dernières sont en très grand nombre , et l'insectiC les pratique avec tant de facilité, qu'elles s'étendent rapidement dans toutes les directions. Par suite d'une organisation spéciale, ses mandibules, destinées à en- tamer le sable, offrent quelques dentelures à l'extré- mité, et présentent en dedans une très forte sailhe, que recouvre une sorte de petite corbeille .formée par des élévations transversales et nombreuses ; ses jambes de devant sont élargies, garnies en dessous de quelques épines très fortes et peuvent recevoir le tarse qui, pendant le travail , se loge dans une rainure pratiquée à sa face antérieure; ses jambes intermédiaires, plus longues que les autres , sont également élargies, mais en ovale alongé : on ignore cependant si elles peuvent aider l'insecte dans son travail souterrain. Les jambes C.i'.YLLIENS. 195 antérieures ont pour usage de repousser en arriére les grains'de sable détaché's par les jnandibules , et qui viennent s'amonceler à l'entrée principale de la de- meure de nos Tridactyles. Les habitudes de ces insectes ont une grande res- setnblance avec celles des Courtilières. C'est également o pour chercher leur nourriture que les uns et les autres creusent dans toutes les directions, à partir de leur nid, des galeries horizontales ou obliques. La nourri- ture des Courtilières se compose d'insectes et de vé- gétaux, comme le prouvent les observations que nous avons rapportées ; celle des Tridactyles semble , au premier abord, ne consister qu'en grains de sable. M. Fondras les a vus s'en nourrir avec avidité et les rendre dans leurs excrémens. En suivant avec atten- tion, dans des vases où il les avait renfermés, la con- fection de leurs galeries, cet observateur a aperçu com- ment ils goûtent le sable, dont ils avalent une partie, pour rejeter avec leurs pattes celui qu'ils ont dédaigné ; ils semblent , en un mot , ne travailler ainsi que pour chercher leur nourriture. Si l'on soumet les Tridac- tyles à un Jeûne de quelques heures, comme l'a prati- qué M. Fondras , et qu'on leur présente ensuite un vase rempli de sable, on les voit alors s'y enfoncer avec ardeur, et l'on ne peut bientôt plus suivre tous leurs mouvemens. Comme ils creusent à la surface du sol , si l'on s'approche de trop près pour les examiner, ils s'élancent brusquement, soulèvent ainsi la voûte très mince qui les recouvre, et font sauter des parcelles de sable aux yeux de l'observateur. Le terrain toujours humide dans lequel ils vivent, renfermant nécessaire- ment quelques petits animaux infusoires, et des .débris 196 ORTHOPTÈr.ES • de végétaux qui sont restés dans Iç sol après la retraite des eaux, on peut- croire avec raison qu'ils e'n font ieur nourriture. Comment admettre, en effet, que le sable offre par lui-même assez de matière nutritive pour alimenter un être organisé ? Est-îl un tube di- 'gestif assez puissant pour dissoudre un corps inorga- nique aussi dur et se l'assimiler? Ce qu'il y a de cer- tain , c'est qu'une portion de aable se trouve ingé- rée avec les alimens et traverse les intestins. Dès les premiers jours du printemps, les.Tridac- tyles se montrent dans les lieux exposés au soleil ; ils y sont en grand nombre et à des états de développe- ment divers. Quelques-uns, à l'état parfait, ont passé l'hiver dans leur trou et cherchent à se reproduire ; les autres, larves encore, ont dû éclore vers la fin de l'année précédente , et vivre en terre pendant toute la mauvaise saison, claquemurés en quelque sorte, par les pluies de l'automne, qui ont bouché leurs trous. Combien les grandes inondations ne doivent-elles pas faire périr de ces petits insectes, en déplaçant le sable dans lequel ils se trouvent, et entraînant ainsi les jeu- nes larves, qui attendaient engourdies le retour de la belle saison? Les femelles de Tridactyles pondent au fond de leur trou des œufs, ronds , trarisparens et jaunes, qui doivent être en grand nombre, si l'on en juge, dit M. Poudras, par la masse des petits corps jaunes que renferme Jeur abdomen. Cependant il n'en a trouvé qu'une quarantaine dans chaque trou. On ignore si la ponte a lieu plus d'une fois- par an , et si tous les Tridactyles survivent à la mauvaise saison. C'est tou- jours la tête la première qu'ils entrent dans leur GKYLLIENS. 197 nid, dont ils ne sortent aussi qu'à reculons; c'est égSlement la tête en bas que l'on trouve les jeunes Tridactyles, quand on découvre au printemps la retraite où ils sont blottis. L'éclosion des larves a lieu à des époques inégales, ce qu'indique le grand nombre d'in- dividus de tous les états , que l'on trouve en même temps et dans les mêmes endroits. Ces insectes, à mesure qu'ils grossissent, augmentent la largeur de leur trou, qui est toujours en rapport avec la taille de l'individu qu'il renferme. On peut croire que les petits sortent du trou dans lequel ils "sont éclos, après leur première mué, pour se construire une demeure isolée ; cette circonstance explique le nombre prodi- gieux des galeries qui sillonnent le sol en tous sens. Les espèces de Tridactyles connues sont encore très limitées; elles se trouvent dans le midi de l'Eu- rope et dans le nord de l'Afrique. Une seule est propre à l'Amérique , et présente , dans ses carac- tères, des différences essentielles avec celles de notre continent; On en a fait, avec .raison, le type d'un sous-genre distinct. Les Tridactyles proprement dits se reconnaissent, surtout au nombre des articles de leurs tarses , qui est de trois comme dans les autres genres, et à la présence de quatre appendices ou filets velus placés au bout de l'abdomen; ces filets pour- raient bien avoir pour usage d'aider la' femelle à pon- dre ses œufs. Nous figurons, sous le n." 6 de notre planche i8,*!e Tridactyle VARIÉ, T l'idactylus varie gâtas, haXi^,ào\\l I. Gênera Ciust. el Insectorun), t. TK, pag. ijn . — Voyez , de plus sur ce genre d'insectes, l'ouvrage de M. Cliarpeuliér, Ilorse Éiitomologicae, et les Observations. de M." Foudras sur le Tridactyle panadié (Tiyon, 182g, 19*^ ORTHOPTÈRES nous avons décrit les habitudes. C'est un petit insecte long de deux lignes et demie, d'un brun noir, ou plu- tôt bronze, avec le tour des yeux, les bords latéraux du corselet, et ceux des cuisses postérieures, blanchâ- tres. Des taches de même couleur se remarquent sur les quatre pattes de devant, et les jambes postérieures sont presqu'entièrement blanchâtres, ainsi que les ély- tres,-dont la partie intérieure est brune. Les ailes, à peine plus longues que les élytres, doivent être nulles pour le vol. On trouve ce petit insecte dans le midi de la France et 'dans une partie de l'Italie. Le Tridactyle d'Amérique dont nous avons parlé, a été décrit, par M. Newmann, sous le nom de Ripipte- RYx ^ORT>É, Ripipieryx tnarginatus'^. Ce sous-genre se distingue surtout parce qu'il n'a que deux articles aux tarses, bien qu'en dessous le premier de ces articles soit partagé en deux pelottes distinctes; et parce que l'abdomen n'offre pas les quatre appendices des Tri- dactyles proprement dits. Les jambes postérieures se terminent par plusieurs appendices mobiles; Les ailes, in-8o). Toutes les parties extérieures du corps de ces insectes sont décrites dans l'un et l'autre avec de grands détails. — Le Journal de l'Académie des Sciences de Philadelphie renferme la description d'une espèce de Tri- dactyle [T. apicialis, Say), t. iy,pag. 3io. Elle paraît voisiné du Ripipteryx marginatus j mais il est impossible de décider, sur la seule description, si elle appartient à ce ijous-genre. — L'ooivrage d'Egypte-renferme la figure de deux espèces de Tridactyl.es et les détails des parties extérieures de leur corps. 'i. Entomological Magazine, n.o 'j, pag 2o4, pi- "j- — Toutes les parties extérieures de cet insecte sont décrites et figiirées en détail. Celui que nous y rapportons diffère de l'espèce type, par deux lignes blanches un peu obli- ques sur le devant du corselet, et par la bordure blanche des élytres, sa^S parler des appendices des jambes postérieures, qui, d'après M. Newmann, ne seraient qu'au nombre de deux. •ACRIDIENS. 199 plus longues d'un tiers que l'abdomen, sont beaucoup plus amples que celles des Tridactyles. La couleur de cet insecte est noire, mais le tour des yeux, les bords du corselet et des élytres sont blancs. Sa longueur est de six lignes, et l'envergure de ses ailes est de près de deux pouces. 11 se trouve au Brésil. SEPTIEME FAMILLE. LES ACRIDIENS. Cette famille, la dernière de l'ordre dés Orthop- tères, se compose d'insectes sauteurs, comme les deux précédentes, et qui sont souvent désignés, d'une ma- nière générale, sous le nom de Sauterelles. Les Natura- listes sont les seuls qui les en aient distingués, d'après des caractères que nous avons énoncés en tête de ce volume. C'est aux Acridiens que s'appliquent sur- tout les passages des voyageurs et des historiens , au sujet des ravages occasionnés, à différentes époques, par les innombrables bandes de ces insectes destruc- teurs. Sans être mieux organisés que les Sauterelles véritables, leurs cuisses postérieures plus grosses, et surtout leurs ailes plus développées, leur permettent d'entreprendre des courses souvent lointaines , dans lesquelles on nç peut douter qu'ils soient aidés par les vents. Une espèce connue depuis long-temps sous le ^OO ORTHOPTERES nom de Sauterelle de passage [A cridiummigratoriam) , quelques autres voisines, et même, dit-on, certaines Sauterelles de la famille précédente, sont les auteurs de ces ravages, sur lesquels les livres d'histoire, ren- ferment des détails quelquefois très curieux. Si les Taupes- Gry lions , dont nous avons parlé dans la famille précédente , causent à l'agriculture des pertes considérables, et sont regardés comme un fléau par les cultivateurs; quel nom pourra-t-on donner à ces myriades de Criquets, dont la présence dans une contrée fertile la change tout à coup en un désert aride? Comment désigner ces animaux dont le passage réduit souvent des régions entières à la disette la plus affreuse, et dont la mort n'est pas -môme un bienftdt, car elle occasionne souvent des maladies con- tagieuses qui achèvent de détruire une population que la famine avait épargnée? Awcune partie de l'histoire des insectes n'offre, comme celle des Acridiens, de dé- tails aussi effrayans des maux qu'ils occasionnent à l'espèce humaine. Aussi leurs ravages ont-ils passé dans le domaine de l'histoire , et les différentes épo- ques de leur apparition isont consignées dans les an- nales des peuples , comme les irruptions subites des hordes de barbares , qui sont quelquefois moins à craindre. On voit, dans l'histoire des Hébreux, qu'une deS sept plaies qui frappèrent le peuple de Pharaon , est due à la présence d'une immense quantité de Saute- relles. Les livres saints s'étendent fort peu sur la cause de leur apparition , qu'ils attribuent à l'inter- vention miraculeuse du ciel , comme les autres fléaux qui désolèrent l'Egypte, pendant la captivité des ACRIDIENS. iiOl Juifs. Mais nous voyons , dans les historiens anciens , plusieurs faits qui attestent la prodigieuse multiplica- tion des Criquets. Il existait, au rapport de Pline, dans quelques contrées' de la Grèce , une loi qui en- joignait aux habitans de détruire ces insectes, sous les trois états d'œufs, de larve et d'insecte parfait. Dans l'île de Lemnos, en particulier, chaque citoyen devait fournir dans l'année une certaine quantité de Criquets. On parle de légions romaines employées à cette des- truction dans le nord de l'Afrique; cette partie du monde et l'Orient semblent avoir été de tout temps les plus exposés aux apparitions redoutables de ces enne- mis de l'espèce humaine. Orésius nous apprend qu'en l'an 8qo, tout vestige de végétation disparut, par suite de leur présence, de la surface de la terre; Les. au- teurs de cette destruction furent ensuite entraînés dans la nier, et leurs corps, rejetés sur les côtes, ré- pandirent une odeur aussi infecte qu'auraient pu le faire les cadavres d'une nombreuse armée. On prétend même ^ sur le rapport de saint Augustin, qu'une peste, occasionnée par une semblable cause , détruisit dans le royaume de Numidie et dans les parties voisines, une population de 800,000 hommes. Mais l'Afrique ne fut pas la seule partie du monde que désolèrent ces Criquets; l'Espagne , l'Italie , la France, et, d'un autre côté, la Turquie, la Russie mé- ridionale, et même la Pologne et la Suède, ont été vi- sitées par leurs essaims destructeurs. On cite une ap- parition de ces insectes qui eut lieu, en Italie, dans l'année 591 de notre ère, et l'odeur qu'exlialèrent leurs corps amoncelés enleva , dit MoufTet, un nombre prodigieux d'hommes et de bestiaux. Dans le territoire ^O^ ORTHOPTÈRES de Venise , envahi par ces insectes , il se déclara une famine qui fit périr, dit-on , trente mille hommes. En 1600, ce fut le tour de la Russie , de la Pologne et de la Lithuanie; les Criquets y arrivèrent en si grand nombre qu'ils obscurcissaient l'air comme l'aurait fait un nuage. La Moldavie, la Valachie, la Transylvanie, la Hongrie et la Pologne furent inondées, pendant les années 1747 et 1748? par de semblables bandes de Criquets; les détails de cette apparition sont consignés dans les Transactions philosophiques. En 1749? ds pénétrèrent jusqu'en Suède , et l'on raconte que Charles XII, étant en Bessarabie,» se crut assaiUi par un ouragan accompagné d'une grêle effroyable, lors- qu'une" nuée de Sauterelles s'abattit brusquement sur son armée, couvrant à la'fois hommes et chevaux, et l'arrêta dans sa marche. Telle fut, dans cette invasion, la prodigieuse quantité de' ces Criquets, qu'on les a comparés à la chiite de la neige, ou bien à un nuage de fumée qui se déployait- rapidement, et tout, dans les pays où ils se montrèrent, avait l'aspect de la plus affreuse désolation. Après avoir détruifles herbes et les plantes les plus tendres, ils s'attaquèrent aux feuilles des arbres, et jusqu'à leur écorce. En 1 780 , le royaume de Maroc éprouva à son tour les ravages terribles de ces Criquets, qui y occasionnè- rent une famine affreuse. Les pauvres erraient, dit-on, par la contrée , pour déterrer les racines des végétaux. Ils cherchaient même, dans la fiente des chameaux, les grains d'orge qui n'avaient pas fermenté, et s'en nourrissaient avidement ; les chemins et les rues des villes étaient jonchés de cadavres. M. Barrow rapporte dans son voyage que, dans le sud de l'Afri- ACRIDIENS. 20v) que, ces insectes couvrirent le sol, en 1784 et 1797, dans l'espace de deux mille milles carrées. Poussés dans la mer, par un vent violent de nord-ouest, ils formèrent sur une longueur de cinquante milles, au- près de la côte , une barre de trois ou quatre pieds de hauteur. Quand le vent vint à changer, l'odeur de ces insectes en putréfaction se fit sentir à cent cinquante milles de l'endroit. Avant la peste qui désola les états Barbaresques en 1 799 , les Criquets couvrirent toute la surface de la terre de Mogador à Tanger, selon M. Jackson , et présentèrent même un fait assez sin- gulier. Toute la région qui confine au Sahara fut ravagée par ces insectes, tandis que, de l'autre côté de la rivière de El Kos, on n'en vit pas un seul. Ils avaient marché jusque là vers le nord; maïs, arrivés au bord de la mer, il§ se dirigèrent à l'est, et toute la partie nord à' El Araiclie abondait on légumes, en fruits et en grains, tandis que la contrée adjacente offrait le tableau de la* désolation la plus complète. Ces insectes furent enfin poussés par un violent ouragan vers l'Océan Atlan- tique; le rivage fut couvert de leurs corps, et la peste survint à la suite de l'odeur infecte qui se répandit dans l'air. Quand ce fléau eut cessé , les ravages des Criquets furent suivis d'une abondante récolte. Les Arabes du désert, ennemis déclarés des hommes, et qui se réjouissent des fléaux qui frappent les autres nations, se livrent à la joie quand ils voient arriver du nord les bandes de ces Criquets; leur présence an- nonce une mortalité générale qu'ils appellent el kliere, là bénédiction. Ils sortent alors de leurs contrées ari- des , et viennent fixer leurs tentes dans les pays qu'a frappés le fléau. 2o4 ORTHOPTEllES Le trait suivant nous offre une preuve incontestable de l'action des vents comme auxiliaires de la marche de ces Criquets; il est cité par M. Kirby, d'après un journal d'Amérique. Un vaisseau fut retenu, en 1811, par un calmé, à deux cents milles des îles Canaries, qui étaient la terre la plus voisine , et se trouva enveloppé par une nuée de ces insectes. Il s'éleva , dit la rela- tion, un vent léger du -nord-est, et en même temps il tomba des nues une quantité innombrable de gros- ses Sauterelles qui couvrirent le pont, les hunes, et, en un mot, toutes les parties du bâtiment sur lesquelles elles purent se poser. Loin d!être épuisées, comme on aurait pu le croire , elles s'élançaient en l'air au moment où l'on pensait n'avoir qu'à les prendre. Le vent fut très faible durant une heure entière , et les insectes ne cessèrent, pendant ce temps, de. tomber sur le navire. Une quantité considérable se noya dans la mer, où on les voyait flotter de toutes parts. La multiplication des Criquets est tellement prodi- gieuse , que dans les pays où ils se moçitrent«iinsi par bandes, on remplit en peu de temps plusieurs sacs ou plusieurs barils de leurs œufs. Dans le midi de la France, où quelques espèces se montrent à cer- taines époques, etcausent de grands ravages, on affecte des fonds à la récolte de ces oeufs que l'on détruit en- suite ; c'est ce qui arriva, en particulier, dans les an- nées 161 3, i8o5,. 1822 et 1824. On paie chaque kilo- gramme d'œufs à raison de cinquante centimes, et cha- que kilogramme d'insectes la moitié de ce prix. D'après un relevé, communiqué par M. Solier à la Société En- tomologique de France ^, la ville de Marseille dépensa, i. Joiuc IT, pag, 486. ACRIDIENS. 2o5 à la première- des époques que nous venons de citer, la somme de 20,000 francs, et la ville d'Arles 26,000 francs, pour faire* la chasse- à ces insectes et recueillir leurs œufs. Les autres années furent moins désastreu- .ses ; on ne dépensa plus que 1 ,227 francs en 1822, et 5,542 en 1824; tandis qu'en 1826, une somme de 6,200 francs fut affectée à cette dépense. Mais l'apparition des Criquets, dans ces dernières années, ne peut se comparer à celle qui eut lieu dans l'année 161 3; ils dé- truisirent, dit-on , 1 ,5oo acres de blé dans les environs d'Arles. Leur passage en 1780, dans la Transylvanie, ne fut pas moins funeste ; on employa quinze cents, per- sonnes à recueillir les œufs, et chacune d'elles en rem- plit un sac. On ne. remarqua point néanmoins, l'an- née suivante, de diminution sensible sur leur nombre, cardes le printemps, des millions d'œufs furent déter- rés et détruits par les habitans , qu'on avait levés en masse pour cette opération. Il est inutile de dire que l'on a confondu sous le nom de Sauterelle de passage, un grand nombre d'espèces, et que* toutes ne méritent pas ce nom. La plupart, en effet, de celles qui se montrent dans un même pays, comme le midi de la France en particulier, ne se por- tent pas au dehors ; elles sont plus ou moins abondan- tes , suivant les variations de chaud ou de froid , de sécheresse ou d'humidité , causes qui toutes influent beaucoup sur leur propagation. Quelques espèces, au contraire, multipliées outre mesure, dans certaines contrées de l'Oi'ient , par suite de circonstances fa- vorables , détruisent tl'abord la végé^tation des pays où elles ont pris naissance, et n'y trouvant plus de nourri- ture , se répandent alors dans les autres pays , jusqu'à 2o6 ORTHOPTÈRES ce que les vents qui les poussent dans 4a mer, ou la fin de la belle saison, en délivrent l'espèce humaine. L'année suivante, lorsqu'elle est chaude et sèche, donne encore naissance à de grandes quantités de Criquets, en faisant éclore les œufs qu'ils ont déposés sur leur route. C'est dans des sortes de tubes à peu près cylindriques, de quelques pouces de longueur, et près de la surface de la terre, que les femelles pon- dent leurs œufs. On découvre facilement ces tubes, dit M. Solier, par l'ouverture qui reste béante. Ils soùt construits de préférence dans les terrains incultes , et le nid qui leur fait suite a un pouce et demi de pro- fondeur, pour les espèces du midi de la France. Ces tubes sont formés par une couche de terre recouverte d'un enduit glutineux , et leur diamètre est le même que celui de l'abdomen des femelles; leur direction est presque toujours horizontale. Le nombre d'œufs que chaque tube renferme, est de cinquante à soixante environ ; ils sont ordinairement contenus dans une enveloppe très mince , qui est commune à plusieurs ensemble. Nous n'avons présenté jusqu'ici les Criquets que comme des insectes nuisibles; cependant, comme si l'homme voulait se venger en quelque sorte sur eux des dégâts qu'ils lui causent, il en fait, dans certaines contrées, un objet.de nourriture et de commerce. Quelques peuples de l'Arabie les ramassent en grand nombre, les font sécher et servir, dit-on, à une sorte de pain, destiné à suppléer aux récoltes peu abondan- tes ; ces denrées figurent dans lesmarchés de quelques villes d'Orient. Suivant les uns, on fait rôtir ces Cri- quets sur des charbons ardens, après leur avoir enlevé ACRIDIENS. 207 les pattes et les ailes, et on les inange eu cet état; d'autres prétendent qu'on leur enlève aussi les intes- tins. Dans plusieurs parties de l'Arabie, les femmes et les enfans les enfilent en chapelets pour les vendre. Enfin, il en est qui, dit-on, les assaisonnent, et d'autres qui les font bouillir. Quelque soit la ma- nière dont aient lieu ces apprêts de cuisine, il est certain que les Criquets servent à la nourriture de quelques peuplades sauvages auxquelles on a donné, pour cette raison , le nom à'Acridopliages. L'opinion des voyageurs, qui tous attestent ce fait, varie sur le plus ou moins jde saveur et de goût que leur a pré- senté ce mets. Selqn Forskael , il n'est pas savou- reux, et la plupart des Européens, qui en ont fait usage , semblent partager cette manière de voir. On a même prétendu que l'usage de cet aliment occasion- nait plusieurs maladies; mais les observations que l'on- trouve., à ce sujet, dans plusieurs ouvrages, ne sont pas assez sûres pour que l'on en tienne compte. Les femelles des Acridiens n'ont pas, comme dans les deux familles précédentes, ou comme chez les Locustiens, l'abdomen pourvu d'une tarière qui porte les cêufs dans la terre ; cependant son dernier seg- ment supporte quatre pièces courtes , anguleuses, et coniqu€S (/)/. 19, fig. 2, a), qui représentent les lames de la tarière des Sauterelles. Dans les mâles, les deux inférieures sont remplacées par une plaque à laquelle est due sans doute la différence qui existe entre les deux sexes, dans le nombre dessegmens de l'abdomen examinés à la partie inférieure ; il est de huit dans les mâles , et de sept dans les femelles. On remarque tou- jours , au bout de l'abdomen , deux filets courts et co- 5o8 ORTHOPTÈRES niques, ordinairement peu visibles et placés sur le dernier segment. Les antennes des Acridiens sont re- marquables par leur peu de longueur : déjà les Tridac- tyles, dernier genre de la famille précédente, nous offrent cette disposition*; elles sont en général fdifor- mes , et quelquefois plus grosses vers le bout. Telles sont les différences qui séparent d'une manière cer- taine les Acridiens des deux autres familles d'Orthop- tères sauteurs. Leur tête porte ordinairement trois ocelles, comme dans les Grylliens, chez lesquels ce- lui du milieu est presque toujours peu distinct; dans les Loeustiens , au contraire , ils n'existent jamais. Une autre différence sépare les Acridiens des deux familles précédentes; c'est la manière dont les mâles exécutent la stridulation par laquelle ils se font enten- dre de leurs femelles. Leurs élytres sont dépourvues •d'une plaque transparente et sonore, et ces organes, au lieu de passer rapidement l'un sur l'autre, restent ap- pliqués sur le corps. Ce sont les cuisses de derri'ère, surmontées dans toute leur longueur de petites lignes élevées et obliques, qui produisent , par un frottement rapide contre le bord de chaque élytre , un bruit par- ticulier, auquel les deux cuisses ne prennent jamais part à la fois. La jambe se replie sur cette cuisse , lors- qu'elle doit faire résonner l'élytre du même côté; l'autre cuisse recommence à son tour, et l'on prétend qu'une ouverture , située à la base de l'abdomen , en arrière des dernières pattes , n'est pas étrangère à ce bruit. La membrane mince et transparente, qui ferme cette ouverture, rend cette opinion très probable. Nous ne pousserons pas plus loin les considérations générales sur la structure extérieure des insectes de ACRIDIENS. 209 cette famille; elle difîere peu de celle des deux fa- milles précédentes, si l'on en excepte les particularités que nous avons signalées et auxquelles il faut ajouter le nombre des articles de leurs tarses. Ce nombre est de trois en dessus ; mais le premier article , qui est plus long que les autres , offre en dessous deux sillons qui le partagent en trois parties distinctes. Considérées comme des articles, dont elles sont en réalité les ana- logues , ces parties , réunies aux deux articFes suivans, en portent le nombre à cinq, ainsi que nous l'avons observé dans la famiUe des Locustiens, où le premier article semble divisé en'deux pièces, et dans celle des Grylliens , où il se partage ordinairement en trois. Cette disposition est une preuve de la tendance qu'ont les tarses, dans les insectes de cet ordre, à présenter cinq articles. Les métamorphoses des Acridiens ont lieu de la mêrne manière que celles des Locustiens , mais ils se montrent plutôt sous la forme d'insectes parfaits et sont plus nombreux en espèces. On les voit voler dans loB campagnes pendant la plus grande partie de l'été, s élevant ou se posant à terre à des intervalles très rapprochés. Le tableau suivant présente les caractères sur les- quels est fondée la classification des insectes de cette famille. t>SECTES. IX. 2- ts c 3. g '*' . "rs 1^ S '^■ H '^ k ^ s; S (."! O S "O O ^-i ►*. > fe t33 ^5- c ^ k te Cl t>. O <-n r^ te !< S \ c: lu D i ]•: n s. GENRE PROSCOPIE. PKoscopi^. Klug*. Si l'on s'en rapportait à la première vue, ces insectes sembleraient se placer naturellement parmi les sous- genres de la famille des Phasmiens. Leur corps très grêle, cylindrique, l'absence des organes du vol, la longueur du thorax , donnent aux espèces de ce genre de grands rapports avec les' Bactéries en parti- culier. Mais quand on les examine de plus près, on s'aperçoit que leurs tarses n'offrent que trois articles, comme dans tous lés Acridiens; que leurs cuisses pos- térieures sont longues, renflées et propres au saut, et surtout que la longueur de leur thorax est due au dé- veloppement de son premier segment, tandis que, dans les Phasmiens, ce segment est d'ordinaii;e beau- coup plus court que chacun des suivans. Dans les Proscopies, le méso et le métathorax sont très courts; les pattes qu'ils supportent sont fort rapprochées en- tre elles et très éloignées des antérieures. Leur tête pyramidale, insérée obliquement sur le thorax, a la bouche tout-à-fait à sa l^^se et les yeux placés vers l'extrémité ; leurs antennes courtes et grêles, compo- sées de huit articles environ, naissent entré les yeux à la partie antérieure, et sont protégées dans" le repos I. Etyni. Trpo , au devant j trA-rcluiai , je regarde. — ^ Voyez la Monogra- phie de ce genre par M. Klug, dafis les Horœ physicœ Berolinens.-s, Bonn, iii-folio', pag. 17 et suivantes. 212 ORTHOPTÈRES par une saillie de U tête qui s'avance au-delà dés yeux. L'abdomen se termine dans les mâles par une plaque inférieure semblable à celle de la plupart des Phas- miens , et présente dans ce sexe deux segmens de plus que dans l'autre, quand on le regarde à sa face ven- trale; à la face opposée, le nombre des segmens est le même dans l'un et l'autre sexe. L'abdomen de la femelle se termine par les quatre pièces qui for- ment la tarière rudimentaire de toutes les espèces de cette famille; il fournit ainsi un nouveau moyen de distinguer facileiiient les sexes. Quant au nombre des articles des antennes , qui , selon M. Klug , serait de six seulement chins les mâles et de sept dans les femelles , nous ne l'avons pas trouvé exact , et l'emploi de ce caractère oJBTre d'ailleurs quelque difficulté. Les antennes nous ont présenté huit articles dans chacun des sexes, mais ces articles ne se distinguent pas' tou- jours avec certitude ; le premier paraît immobile et fixé dans toute sa longueur. Les pièces dont se com- pose la bouche ne diffèrent pas essentiellement de celles des autres Acridiens, mais les palpes ne sont pas formés d'articles cylindriques , ainsi que le dit M. Klug; ils sont comprimés, anguleux et ressemblent, au moins dans les grandes espèces, à ceux de la plu- part des Phasmiens. On ne possède aucune donnée sur les habitudes des Proscopies. Ce sont des insectes propres au Nouveau- Monde , et qui n'habitent , selon toute apparence, que la partie méridionale de ce continent. Le nombre de leurs espèces est peu considérable. ACKIDIÊNS. GENRE CRIQUET. ^ cm Bill M. Geoffroy Lorsque Geoffroy assigna aux Gryllus Acheta de Linné la dénomination générique de GryUds,\\ appli- qua celle à'Acridiwn aux insectes que nous allons dé- crire. Le grand .Naturaliste suédois les avait compris sous le nom de Gryllus Locusta, pour se conforaier à l'opinion générale , qui désigne par le* nom de Saute- relles ces Orthoptères dont les dégâts nous ont occupé plus haut. A l'exception des Forficules, qui étaient pour lui des Coléoptères, à l'exception des Blattes, des Mantes, auxquelles il réunissait lesPhasmes, tous les Orthoptères de Linné vinrent se ranger dans le grand genre Gryllus. Mais voul^int en même temps se confor- mer à la disposition dictée en quelque sorte par la nature, et tenir compte des différences que présen- tent entre elles un grand nombre des espèces de ce genre , il les groupa dans un certain nombre de divi- sions, auxquelles il assigna des noms. C'est ainsi que sous celui à'Jcrida vinrent se ranger les Tryxales, ou le premier des sous-genres de nos Criquets. Les Gryl- Ins-Balla renfermèrent des insectes. d'une analogie as- sez obscure , tels que les Tropinotes de M. Serville , les Tétrix de Latreille , les Pneamores de Thunb'erg , mais qui ont tous des rapports entre eux par leur coV- 2 14 ORTHOPTERES selet caréné et saillant ; les Cryllas-zlchela se compo- sèrent des Gryllons véritables et cleV Taupes-Gryllons ■qui en sont«voisins ; les Gryllus-Tettigonia ne furent autre chose que notre grand genre Sauterelle, et enfin les GrylliLS-Lociista renfermèrent les Criquets des au- teurs modernes. Fabricius ne se conforma ni à la manière de voir de Linné , ni à celle de Geoffroy; Après avoir adopté les genres des Forfîcules , des Blattes , des Mantes et plus tard celui des Phasmes , il admit , sous le nom à'Acridiarn, lesTétrix déjà nommés, et établit, sous le nom des Truxale, qu'il faut écrire Tryxale , un genre que nous avons également mentionné. Les Gryllus- Aclieta de Linné furent pour lui simplement des Acheta, et se composèrent des Gryllons et des Taupes- Gryllons ; les Locusta furent, présentés comme l'avait fait Geoffroy, et enfin ,.sous le nom de Gryllus vinrent se placer les espèces du grand genre des Criquets , et de la famille des.Acridiens toute entière, à l'exception des Proscopies, qui ne lui étaient point connues. II résulta des travaux de ces trois auteurs, Linné, Fabricius et Geoffroy, que les Sauterelles (Locusta) furent généralement composées des Giyllus-Tetttgoiiia du premier. Les Gryllus de Geoffroy, les Acheta de Fabricius, sont cités tantôt sous le premier, tantôt sous le dernier de ces noms et celui-ci est plus répandu parmi les Naturalistes étrangers. Les Acridium de l'Entomologiste français sont dans le même cas que ses Gryllus; ils ont pour synonyme un nom de Fabri- cius [Gryllas) qui-, dans beaucoup d'ouvrages, a pré- valu Jusqu'ici. La cause de cette confusion, ou de ce double emploi des mêmes noms, vient de ce que les AcRiorENs. ai5 deux derniers auteurs ont également voulu assigner à quelqu'une des divisions de Linné le nom trop géné- ral de Gryllus; et surtout de ce que ceux qui les sui- virent n'eurent pas égard à l'antériorité, des travaux de chacun de ces Entomologistes. Les divisions et les sous-genres que nous allons dé- crire ont été presque tous établis il y a peu d'années. Thunberg a réuni sous le nom de Pneumorey des es- pèces singulières, dont la femelle a le corps d'un Cri- quet proprement dit , taudis que l'abdomen du mâle est renflé et vésiculeux; les antennes sont d'ailleurs conformées d'une manière analogue dans l'ufi et l'au- tre sexe. Latreille a proposé dans ses derniers ouvra- ges quelques sous-genres dont le caractère ne peut être observé que sur- les mâles : tels sont les Podismes,, les Gomphocères ; ou bien ce caractère ne consiste que dans une saillie du prosternum, sans que les espèces qui ont cette saillie diffèrent d'ailleurs des autres Cri- quets : tels sont les /Edipodes. Ces coupes ne peuvent être adoptées. M. Servilîe , dans sa Revue déjà citée plusieurs fois, a porté- à vingt-trois le nombre des di- visions génériques. Ses caractères , appliqués à des forme* générales , ou bien aux proportions relatives que présentent certaines parties très variables dans leur figure, nous ont paru dans quelques cas trop peu arrêtés, pour offrir des avantages certains dans la dis-r tinction des espèces. Cependant les rapports indiqués par ce savant auteur l'ont amené à des rapprochemens heureux, et sans adopter tous les groupes qu'il a pro- posés, nous suivrons exactement sa méthode, si ce n'est que l'un de ses genres , les Ommexeclies , et celui de Thunberg, déjà mentionné sous le nom de Pneu- 2\6 ORTHOPTÈRES more, seront placés d'une manière différente. Les genres que nous n'adopterons pas se placeront comme divisions dans ceux que nous avoûs exposés sur notre tableau, et dont nous allons énoncer ici les princi- paux caractères. 1." LES TKYxAL^s. -r- Tryxali S Fab.^ Ces insectes ont les antennes composées d'articles au nombre de seize àù moins, ce qui les distingue, ainsi que tous les sous-genres suivans, du genre des Proscopîes. La forme prismatique de ces antennes [pi. 19, fig. 1 ) sert à les distinguer de la plupart des autres groupes d'Acridiens, et la forme cylindrique de leurs palpes, la longueur égak des deux derniers articles des maxillaires [fig. i, a), sont les caractères essentiels auxquels on peut reconnaître les Tryxales en particulier. Leur tête est pyramidale comme dans les Proscopies, et se prolonge également au-delà des yeux. Leur corps est long, grêle, et leurs pattes postérieu- res, quoique fort minces, sont très bien organisées pour le saut. Les ailes et les élytres sont étroites, très àlongées , et se terminent presque toujours en pointe. Le type de ce sous-genre est , I. Etym. T(vfa.Ki<;, nom d'un insecte chez les Grecs. — Syn. GiYllits~ Acrida, Linné; Truxalis, Mcsops, Opsomala, iieiyWle. ACRIDIENS. 2\'] LE TRYXALE A NEZ. (PI. l9-»fig- 1-) Tryxalis nasutus. Lin. ^ . On a confondu cette espèce avec beaucoup d'au- tres, ou plutôt on ne la connaissait pas bien jusqu'à Ces derniers temps , et l'on y rapportait des Tryxales de divers pays, qui sont aujourd'hui regardés avec raison comme distincts. Le Tryxale à nez est vert ; il a le dessus de l'abdomen rosé , ainsi que. lé dessus des cuisses postérieures, les antennes, l'extrémité de la tête et quelques lignes longitudinales sur la tête et le corselet. Ses palpes sont d'une couleur rose pâle , ainsi que le reste des pattes , et ses élytres sont ornées de deux bandes longitudinales roses, dont l'intérieure, plus large, bordée de brun en dehors, et plus ou moins interrompue , existe seule dans le mâle où elle est continue, et quelquefois peu visible. Les ailes sont légèrement bordées de rose le long de leur côté antérieur; leur couleur est d'un vert un peu lavé de jaune , et leurs nervures sont roses pour la plupart. On trouve particulièrement cet insecte dans la par- tie méridionale de l'Afrique. La femelle a deux pouces et demi de longueur, et quatre et demi d'envergure , tandis que le mâle n'est guère plus long que d'un pouce et demi. — Les lignes roses de la tête et du cor- I. Gryllus nasuius, Mus. Lud. Reg., pag. 118. — Fab. Eot. Syst,, t. II, pag. 26. — Voyez, pour- les autres espèces: Palisot Beauvois, Inseet. d'A- frique et d'Amérique j Thunberg, Mém.' de l'Acad. dssSc. de Saint-Péters- bourg, t. V; le même auteur, dans les nova Acta Soc. Reg. Upsal, t. IX; Charpentier, Horae Entomologi^e ; Kliig, Symbolœ physicœ, et les planches du grand ouvrage sur l'Egypte; •Jlb ORTHOPTÈRES selet disparaissent en partie , et les bandes des élytres n'existent quelquefois plus; cette variété, aussi répan- due que le type de l'espèce, se^ trouve comme lui au cap de Bonne-Espérance , et se rencontre encore aux Indes-Orientales, au Sénégerl, en Egypte et même en Sicile. M. Bibron a rapporté au Muséum de Paris quel- ques individus de ce dernier pays. Observation. Une autre espèce, qui se voit en Mo- rée et dans les parties méridionales de l'Europe, con- fondue pendant long-temps avec le T. nasutus , a été distinguée par M. Rlug, sous le nom de variabilis. On la reconnaît aisément à ses élytres en partie vertes et en partie roses ou brunes, et parsemées de taches ovales blanches ; mais surtout à ses ailes, dont les ner- vures transversales $ont brunes et bordées de brun. On la trouve aussi en Egypte. Les Mésops et les Opsomales de M. Serville sont des ïryxales à corselet cylindrique et sans carène ; ils dif- fèrent des vrais Tryxales par la présence d'un tuber- cule entre les premières pattes. Les Mésops ont les organes du vol* plus courts que l'abdomen, et les yeux situés vers le milieu de la tête, assez loin des antennes. Dans les Opsomales, les ailes et les élytres sont lougues et les yeux rapprochés des antenne^. 2.° LES vAMVHAGES.—Pamp/iagus. Thunb.^ Nous comprenons , sous cette dénomination, les es- pèces à antennes prisiaditlcpies , dont la tête n'est point pyramidale , mais qui ont encore les palpes cylindri- I. Etyiu. Trâç, irâv , loutj (fàrm, mangeur. — Syii. ^kiccra, Portheiis, Xiphicera, Tropinotus, Serville. ÂCRIDIEINS. '^19 ques. On les distingue aisément des Tryxales, outre la différence de leurs formes, qui sont beaucoup plus épaisses, par la proportion des articles de \euvs palpes maxillaires, dont le dernier est plus long que le pré- cédent. Ce sous-genre renferme quatre groupes de M. Serville, que nous considérons comme de simples divisions, et qui peuvent se reconnaître aux caractères suivans : a. Les XiphiccreSj, dont les antennes vont ordinai- rement de la base à l'extrémité^. /3. Les AkiccreSy dont les derniers articles des anten- nes sont brusquement plus étroits que les autres 2. y. Les Porthétisj, qui ont presque les antennes des Xiphicères, et le corselet fortement élevé au milieu^. cT. Les Tropinotes, où le corselet est élevé comme dans les précédens, et se prolonge sur la base des élytres^. 5." LES TUYBLiQPHORES. — Tryhliopkorus. Serv. ^ Ce groupe est le dernier qui ait les antennes pris- matiques ; il se distingue des précédens par la forme singulière des articles de ses palpes maxillaires dont les deux derniers sont très élargis, et le dernier de figure arrondie et spatuliforme. 1. Voyez la Revue de M. Ser-/ille; et Stoll. Sauter., pi. 7, b, fig. 23. 2. Il>id. et Stoll. Sauter., pi. 3, b, fig. 12. 3. Ibid. et Stoll. Sauter., pi. 3, b, fig.<9 et 10. 4. Ibld. et Sloll. Sauter., pi. 4, b, fig. i4 et i5. — Ajoutez-y le Giyllus Australasiœ, Leach. Zool. Miscell., t. I, pag. 56. 5. Etym. T-^uÊA/o» , plat; cfopàç , qui porte, ^— Voyez, pour l'espèce uni- que qui compose ce sous-genre, la Revue do M. Serville. •220 ORTHOPTÈRES 4.° tES DïCTYoPHORES. — Dtctyophorus. Thunb. 1 Ce groupe renferme des espèces dont les antennes, grosses à la base, finissent en pointe, mais ne sont point comprimées; leur forme est ce que l'on appelle sétacée.Ce caractère suffit pour reconnaître lesDictyo- phores, qui ont d'ailleurs un sternum fort large. II^". renferment quatre genres de M. Serville que nous ré^ duirons au rôle de divisions ; ce sont : a. Les Pœcilocères. qui ont le corselet lisse ou pres- que lisse , les antennes souvent annelées et les élytres souvent tachetées de jaune ou de rouge ^. /3. Les P liymatées , dont le corselet est tubercule, et dont les élytres et les ailes sont ornées de taches jaunes ou rouges^. y. Les Pétasies , qui ne se distinguent des Phyma- tées que par leuçs élytres plus courtes que l'abdomen, ou au plus de la même longueur^. «T. Les Romalées, que leurs antennes plus aplaties, plus longues et plus grêles distinguent un peu des pré- cédens. Leur corselet se prolonge un peu en arrière, et leurs élytres sont plus courtes que l'abdomen^. 1. Etym. S-'ixlviy , i-ets, filet; tpepo? , qui porte. — Syn. Phymateus, Thuii- berg; Pœcilocerus, Serville, le même que Dec«*c«*, Klug (Synib. Phys.,);' Petasia^ Homalea, Serville; Thrinchus? Fisclier (Bulletin des Naturalistes de Moscou, t.-YI.') 2. A'^oyez de Géer, Ins., t. III, pi. 40, fig- 9; la Revue de M. Serville et les Symbolae physicae de M. Klug, sous le nom de Decticus. 3. Voyez Stoll. Sauter., pi. a, b, fig, 3, et la Revue de M. Serville. 4. Ihid., pi. 6,^, fig. 20, et la Revue de M. Serville. 5. Ibid., pi. 10, b, fig. 34, et pi. 6, fig. ig; Palisot Beauvois, Ins. d'Afr. et d'Amer. Orlhopt. ,pl. 4, fig-4> i, et la Revue de M. Serville. ACRIDIENS. 221 5." LES PNEUMORES. — Pneumora. Tiiunb. '' Ce groupe commence la série de ceux où les an- tennes sont filiformes, c'est-à-dire aussi épaisses à leur extrémité, qu a leur base. Les Pneumores se distin- guent de tous les sous-genres qui suivent, par la forme des derniers articles des antennes, qui sont courts et presqu'en grains de collier (/;/. 2\,fig' i,«). Les deux sexes n'ont de commun que la forme de ces organes et le prolongement du corselet , qui: s'avatice au des- sus des élytres. Les rnfdes ont l'abdomen très gros, senablable à une vessie remplie d'air; leur tête est fort petite; leurs ailes eC leurs élytres sont grandes, tandis que, dans les femelles, l'abdomen est semblable à ce- lui des autres Criquets : la tête grosse et plate en avant, semble avoir été tronquée de haut en bas. Tantôt les ailes et les élytres des femelles dépassent la saillie dû corselet; tantôt elles sont très courtes et tout-à-fait rudimentaires. Le type de ce curieux sous-genre est , LE PNEUMORE VARIÉ. (PI. .21, fig. 1,1e mâle.) Pneumora variolosa. Lin.- Ce joli insecte est d'un vert tendre et parsemé de taches blanches, disposées agréablement sur toutes les 1. Etym. Jivsœ, souffler. — Syn. partie des Grylhis-Bulla àe Linné, et des Gryllus de Fabricius. 2. Gryllus vaiiolosus^ Mus. Ludov. Rcg.,pag. i2o- — Fab. Eut. Syst,, t. II, pag,*5o. — Voyez, pour, les autres espèces, Thunberg , Acta Soc. Reg. Acad. Upsal, années 1775 et i8io; Id., Mém. de.l'Acad. de Saint-Pé- lersbourg, t, V, et le Règne animal de Cuvier. 222 ORTHOPTERES parties de son corps ^ excepté sur les ailes; ces taches sont d'un blanc plus brillant que l'ivoire dans les in- dividus frais, et celles qui ornent le corselet ont l'é- clat de l'argent. La carène de ce dernier est très rele- vée en avant, et forme un tubercule pointu qiie divisent les sillons transversaux. Les ailes sont blanches avec leurs nervures transversales colorées en vert; celles des élytres sont la plupart bleuâtres. Nous figurons, sous le n.° 2 de la même planche, la femelle de cet insecte , dans laquelle les organes du vol sont trop courts pour être aperçus sans relever le corselet. Cette espèce se trouve au cap de Bonne-Espérance comme toutes ses congénères. La longueur du corps, dans l'un et l'autre sexe , n'est pas tout-à-fait de deux pouces. 6.° LES TÉRATODES. — Tcratodes. Br. ^ On reconnaît les insectes de ce sous-genre à leurs antennes, dont tous les articles sont d'une longueur à peu près uniforme. Ces antennes courtes et épaisses, le grand développement du corselet, qui s'élève en forme de capuchon et se -prolonge au dessus des ély- tres, la figure de ces élytres, qui sont tout au plus de la longueur de l'abdomen ; tels sont les caractères qui distinguent les Tératodes de tous les autres Criquets. On n'en connaît qu'une espèce^. 1. Etym. TEparûtT»? , Tnonstriieux. 2. Giyllus monticoUis , Gray , in Griffith's Anim. Kingdonij vol. X\\ pag. 21 5, pi. 64. ACRIDIENS. 22.) ^/ LES MONACHIDIES. — Monaclùdiiim, ServJ Ils ont, comme les précédens, le corselet relevé et saillant en forme de capuchon; mais il s'avance' fort peu au dessus des élytres. Celles-ci et les ailés qu'elles recouvrent, sont plus longues que l'abdomen, qui est lui-même assez alongé. Mais ce qui caractérise surtout ces insectes, c'est la longueur à.e\evivs antennes et le peu d'épaisseur de leurs articles, qui sont parfaitement cylindriques; la longueur des antennes égale environ deux fois celle de la tête et du corselet réunis. Le type de ce sous-genre est, le monachidie a pattes jaunes. (PL ig^fig. 9.) Monacliidium flavipes: Serv.^ Cette jolie espèce est noire, avec le bout des cuis- ses , les jambes et les tarses d'un rouge vif, qui devient fauve après la mort de l'insecte, et qui se conserve ce- pendant quelquefois long-temps après. Le bord pos- térieur des segmens de l'abdomen et son extrémité sont de la même couleur. Les antennes sont jaunes, excepté les deux premiers articles; le corselet est quel- quefois obscur ou noirâtre. Cette dernière nuance est celle des élytres dont toutes les nervures transversales sont jaunes; on y remarque/aussi des bandes inégales plus ou moins interrompues, de la même couleur, et qui sont ordinairement au nombre de cinq, Les ailes sont d'un beau bleu violet à reflets métalliques. 1. Etym. «ofaj^oç , moine; tf^ia, forn>p, figure. 2. Revue méthodique des Orthopt., Annal. Se. nat., t. XXII. 224 ORTHOPTÈRES Càyenne est la patrie de ce bel insecte qui a deux polices et demi de long, et quatre et demi d'enver- gure. 8." LES CRIQUETS proprement dits. — Acrldium. Geoff.* ■ C'est le groupe le plus nombreux de cette famille. Son. caractère essentiel consiste dans la forme angu- leuse des articles des antemies, qui sont un peu com- primés et carénés sur les côtés. La longueur de ces antennes est variable; sans être janiais aussi considé- rable que dans les Monachidies , elle peut corres- pondre, dans quelques cas, à celle de la tête et du corselet réunis. Ainsi que dans le sous-genre précé- dent, les élytres sont la plupart du temps longues et étroites ;* mais les, ailés sont larges, peu étendues d'a- vant en arrière et revêtues «n général de couleurs très vives , qui font prendre ces insectes pour des Papillons quand on les Voit voler. Le sous-genre des driquets proprement dits en ren- ferjne plusieurs autres que nous considérons comme de simples divisions, ce sont : a. Les Criquets , que l'on reconnaît à la présence d'un tubercule entre la première paire de pattes, et à son corselet surmonté d'une carène saillante; la moitié antérieure de ce dernier est partagée par quatre sillons transversaux très distincts. Cette division renferme les plus grandes espèces de ce sous-genre et de toute cette famille. Tel est, I. Etym. àxpi>/!iv, diminutif d'ixpU » Sauterelle.—;- Syn. Gryllus-Lo- CHSta , lÀnwé -^ GryUus , YAhv'ichxs^ yEdipoda, 'Podisma , Gomphocerus , LatréiHe; Calliptainus , Ox^-y/, Servillo. ACRIDIENS. 2'2'S 1. LE CRIQUET DUC. (PI. 20. ) Acridiiim dux. Fab.* Sa couleur est verte dans l'état vivant, mais elle de- vient jaune après la mort, principalement sur le cor- selet et les pattes. La couleur des antennes est noire ou très foncée. La surface du corselet est parsemée de tubercules nombreux qui la rendent très rugueuse. Les élytres, d'un vert plus foncé que le reste du corps, sont veinées de jaune. Les ailes sont d'un rouge assez vif, avec les nervures d'une couleur de sang ; leur ex- trémité est verte comme les élytres, avec une bordure brune qui s'étend dans toute la longueur de leur bord postérieur ; plusieurs séries de taches brunes se pro- longent sur les principales nervures , et surtout dans les plis de la membrane des ailes. On trouve cet insecte au Brésil. Il a quatre pouces et demi de longueur, et plus de sept d'envergure. Observation. Une espèce que l'on trouve dans le midi de l'Europe, est 1'^. Uneola, Fab. Sa couleur est jaunâtre ou même d'un roux foncé, avec les élytres mouchetées de brun. Ses ailes sont transparentes , et leurs nervures brunes. Ses cuisses ont les deux carènes extérieures en partie brunes; l'extrémité des épines qui garnissent les jambes de derrière est de cette der- nière couleur. Il habite le midi de l'Europe, et en par- ticulier la Grèce et l'Italie. Sa longueur est de trois pouces environ. 1. Gryllus dux , Ent. Svst., t. II, pag. 47- — DriiiT, Illiistr.. t. I, pi. 44- INSECTES. IX. l5 226 ORÏHOPTÈIIES /3. Les Catliptames, qui ont aussi un tubercule entre les deux premières pattes ; mais ce tubercule est court et obtus dans cette division , tandis qu'il est plus long, plus grêle et presque pointu dans la première. Le cor- selet des Calliptames a trois carènes longitudinales peu élevées, et des sillons transversaux peu profonds. Ce groupe est peu nombreux et renferme des espèces d'assez petite taille. Tel est , 2.. LE CRIQUET d'iTALIE. Âcridiam Itaiicum. Lin. * C'est un insecte jaune ou roussàtre, dont la couleur est brune après la mort, et quelquefois aussi pendant la vie. Ses élytres sont parsemées de taches brunes , dont celles de là base sont assez grandes; ses ailes sont transparentes et ornées, dans les deux premiers tiers de leur longueur, d'une nuance de rose assez vif et presque carminée. Les jambes de derrière offrent aussi cette couleur. Les cuisses, roses en dedans, sont tra- versées en dessus par quelques bandes brunes. Les côtés du corselet offrent une tache blanchâtre et obli- que, surmontée d'une tache brune, et bordée en des- sous d'une ligne de la même couleur. Les deux carènes latérales du corselet sont quelquefois pâles, et les élytres offrent en arrière une ligne également pâle, et qui s'étend sur toute leur longueur. Ces individus sem- blent appartenir à une variété de cette espèce. On la trouve dans le midi de la France et de l'Eu- I. Gryllus Italicus, Mus. Liid. Reg., pag. 147. — Genrianicus , Fab., Ent. Syst., i. II, pag. 5;. ACRIDIENS. 227 rope, ainsi que dans le nord de l'Afrique. Sa longueur varie entre un pouce et un pouce et demi , et son en- vergure est d'un pouce et demi à deux pouces et au- delà. Observation. On rencontre dans le midi de la France une seconde espèce de cette division, J. morio, Fab. , qui est jaune, avec les ailes et la dernière moitié des élytres d'une couleur de suie. Les bords extérieur et intérieur de ces dernières sont verts ou jaunâtres dans toute leur longueur. Les cuisses postérieures sont jau- nes, avec le dessus rose ou de couleur de carmin; leur partie supérieure est plus ou moins ornée de brun , et leur extrémité est brune ainsi que l'origine des jam- bes; celles-ci sont roses comme le dessus des cuisses, et présentent vers la base un anneau de couleur jau- nâtre. Sa taille est la même que celle du précédent. y. Les Mdipodes, dont on ne peut séparer les Po- dism.es , qui n'ont pour caractères que leurs élytres courtes, se distinguent très facilement des deux pre- mières divisions par l'absence de tubercule entre les pattes antérieures. Ils ont, comme la première, une carène. saillante sur le milieu du corselet. Cette divi- sion, plus nombreuse que les deux autres, renferme la plupart des espèces d'Europe , et . en particulier celle à laquelle on attribue les plus grands ravages. Elle "a reçu , en conséquence , le nom de 228 ORTHOPTÈRES 5. CRIQUET VOYAGEUR. Acridium migraiorium. Lin. * Sa couleur est verte,. tachetée de brun, en quelques endroits, comme sur la tête et le corselet eH particu- lier. Les côtés intérieur et extérieur de ses cuisses pos- térieures sont plus ou moins tachés de brun, et ses jambes de derrière sont roses. Elle a les ailes transpa- rentes, légèrement lavées de vert jaunâtre à la base et tachées de brun à l'extrémité. Son principal carac- tère consiste dans les taches brunes dont sont parse- mées ses élytres. On trouve cet insecte en France , dans une grande- partie de l'Europe, en Egypte, dans tout l'Orient et jusque sur le continent de l'Inde. Sa longueur est de deux à trois pouces, et son envergure de quatre à cinq. Observation. Parmi les espèces de ce genre les plus remarquables qui se trouvent en France , nous cite- rons, 1." VA. nigro-fasciaimn de Géer, qui se recon- naît surtout à ses ailes ornées d'une large bande brune et arquée, placée vers leur milieu et s'étendant d'a- vant en arrière; la partie comprise entre la base et cette -bande est quelquefois transparente comme l'ex- trémité et quelquefois jaunâtre ; 2.° VA . Germanitum, Lin., qui a les ailes d'un beau rouge, avec une large bordure brune qui n'atteint pas tout-à-fait l'extrémité ; Celle-ci est incolore avec les nervures brunes. 1. Grylltts niigratorius, Mus. Ludov. Reg., pj^g. i^o. — Fab., Ent. Syst., t. II, pag. 53. — De Géer, Ins., t. III, pag. 466, pi. i\ fig. i. ACRIDIENS. 229 S, Les Gomphocères^, dont le caractère le plus ap- parent consiste dans la forme des antennes des mâles, qui ont leurs derniers articles comprimés et formant un bouton ovalaire. Dans quelques-uns , les pattes de devant sont très renflées et vésiculeuses. 9.° LES PHLOCÈRES. — P/ilocerus. Fischer^. Ce sous-genre a beaucoup d'analogie avec la divi- sion des Gompbocères parmi les Criquets; mais ses antennes très larges , comprimées dans presque toute leur longueur, présentent cette disposition dans les deux sexes, selon M. Fischer. C'est à ce titre seule- ment qu'on peut admettre ce groupe comme sous- genre. 10.° LES OMMEXÈQUES. — Ommexec/ia. S^ViV.^ Ces insectes ont le thorax très large et presque en forme de losange. Leurs élytres sont plus courtes et plus étroites que l'abdomen , et surmontées de petits 1. Type : Gijllus Siùiricus , Fab., Ent. Spt., t. II, pag. 58. — Panz., Faun. Germ. fasc, 33, n." 20. — Voyez, de plus, la Revue de M. Servillej et pour les espèces d^ Acridium en général, le Voyage de Pallas en Sibérie, celui d'Olivier en Orient; le tome V des Mém. de TAcad. de Saint-Péters- bourg; les Dissertaûones Enloniologicœ de Thunberg; les Nova Acia Soc. Reg. Upsal, t. VII; les Nova Conmenlaria Acad. Se. PelropoUlanœ , t. ILW :^Y American Entomology de M. Say ; les Hoiœ Eiiloinologicœ de M. Cliarpentier; les nouv. Mém. de la Soc. Royale de Dauemarck, t. II; le Journal de l'Acad. des Se. de Philadelphie, t IV; l'Expédition scienti- fique de Morée, et enfin le Delecîus Anlm. articul. de M. Perty. 2. Elym. n/Kciw , je broie; KÉp:*^, corne (antenne). — Voyez la Notice de M. Fischer sur le Phlocerus, imprimée en Russie, et reproduite dans le tome II de la Revue Entomologique de M. Silbermann. .3. Etym. 'i/xfio,, œil; t^ejc&v , saillant.— Voyez les fig. ^ et 3 de la plan- che 6 ile l'ouvrage sur l'Egypte. 2JO ORTHOPTERES tubercules disposés en séries longitudinales. Leur cor- selet s'avance un peu sur les élytres, et son bord est sinueux. Mais leur caractère le plus important consiste dans la saillie du prosternum vers la bouche, qu'il cache en grande partie. Ce prosternum n'a point de tubercule entre les pattes comme dans certains Cri- quets. Le dernier article des antennes est ordinaire- ment le plus long. 11.° LES TÉTRix. — Tetrix. Làtk.* Ces insectes ont, dans la disposition et la forme de leur prostcrnam , la plus grande analogie avec les pré- cédens dont ils diffèrent par leurs palpes anguleux, et surtout par le grand développement de leur corselet^ qui forme un lobe étroit plus long que l'abdomen. Les ailes sont aussi longues que le corselet ; mais les élytres, très courtes et de figure ovale sont situées de chaque côté au dessus des pattes intermédiaires. T. Etym. Tirpi^, nom d'un animal chez les Grecs. — Type : ^. subulatum, de Géer, lus , t. HT, pi. 28, fig. 1 7. — Voyez la Rcvue'de M. Seiville, les Horœ Entomologicœ de M. Charpentier, et le British Entomolo!^y de M. Curtis. HÉMIPTÈRES I)i:s llÉMIl'TÈUKS. '2JÔ SIXIÈME ORDRE. HEMIPTERES/ Les métamorphoses que subissent les insectes dont nous allons présenter l'histoire, les lient aux Orthoptè- res, avec lesquels ils furent d'abord confondus. Linné, qui s'appuya sur la disposition des ailes pour l'établisser ment de ses Ordres d'insectes, avait réuni en un seul groupe, les Orthoptères et les Hémiptères , qu'il distin- guait des Coléoptères par la consistance moins solide des élytres. 11 désignait plus spécialement les Orthoptères, ainsi que nous l'avons dit ailleurs, sous le nom d'Hé- miptères à mâchoires; lés autres, privés, en apparence, de ces organes, composent encore aujourd'hui l'ordre des vrais Hémiptères. Fabricius, qui avait entrepris .de changer toute la nomenclature, a donné aux Hé- miptères de Linné le nom. barbare de Rhyngotes, sans doute formé de ^'v-yx'^'^-, hec. La structure singulière que présentent les pièces de la bouche dans les Hémiptères, forme un de leurs attributs les plus remarquables. Ce sont des insectes I. r.iviii. «ais^us , demi; Tr'uf if , ailr. 204 DES HÉMIPTÈRES. suceurs, comme les Papillons ou les Mouches, mais dont les organes de succion offrent une organisation différente, ainsi qu'on peut le voir au commencement de cet ouvrage. Leurs mâchoires et leurs mandibules se présentent sous forme de soies très grêles, et cons- tituent, par leur réunion, une sorte de tube, dans lequel pénètrent les liquides soit animaux, soit végé- taux, dont l'insecte fait sa nourriture. Ces organes si déliés, ou ces espèces de soies, sont reçus dans la lèvre inférieure, autre tube plus volumineux, ouvert à ses extrémités, et destiné à servir de gaîne aux man- dibules et aux mâchoires. Enfin, la lèvre supérieure vient compléter cet appareil en s'appliquant sur son origine, qu'elle protège ainsi contre les agens exté- rieurs en comblant l'intervalle que laisse à cet endroit le fourreau formé par la lèvre inférieure. Telles sont les parties essentielles dont se compose la bouche d'un Hémiptère. On voit qu'elles se rappor- tent toutes aux mômes parties des Coléoptères et des Orthoptères, à l'exception peut-être des palpes, dont on ne trouve plus de traces que sur la lèvre inférieure de certaines espèces aquatiques : ce sont des palpes labiaux; quand à ceux des mâchoires, on conçoit dilli- cilement quels eussent été leurs usages, et comment ils auraient trouvé place dans un fourreau aussi étroit que celui où jouent les mâchoires. Ayant à considérer ici les pièces de la bouche sous le seul point de vue de la classification des Hémiptè- res, nous ne ferons guère usage que de celle de ces pièces qui est la plus variable dans ses formes, et, sur- tout la plus facile à voir ; telle est la lèvre . inférieure ou gaine [vagina) de la plupart des Entomologistes. DES HEMIPTERES. ll.yb Cette gaîne est formée de quatre articles distincts , mais on n'en aperçoit quelquefois que trois, à cause du peu de longueur du premier ; nous emploierons néanmoins le nombre apparent des articles pour dis- tinguer quelques familles. Une division d'un ordre plus, élevé sera tirée de l'insertion même de la bouche, qui part, dans quelques cas, du bord antérieur de la tête, mais qui, dans d'autres, naît entre les premièrespattes, à cause du développement remarquable que présente la partie frontale. La lèvre inférieure et les organes qu'elle renferme s'avancent le long de l'abdomen , entre la base de trois paires de pattes, et sa longueur assez variable, sa position, suivant qu'elle est libre ou en- gaînée dans une coulisse particulière , nous fourniront quelques données pour l'établissement des genres , et pour la disposition même de certaines familles de cet ordre. Le mode d'insertion de la bouche, ou du rostre j, comme on la nomme eh général dans les ouvrages d'Entomologie, réuni à une disposition particulière des ailes, a fait partager les Hémiptères en deux gran- des divisions, que plusieurs auteurs ont envisagées, dans ces derniers temps, comme deux ordres distincts. Dans ceux où la bouche naît du front, tels que les espèces connues de tout le monde sous le nom de Punaises des bois , les ailes supérieures , ou la pre- mière paire d'ailes, présentent, à quelques exceptions près, une consistance solide. dans la plus grande par- tie de leur longueur, et leur extrémité plus mince, a l'aspect d'une simple membrane ; cette struc- ture leur a fait donner le nom plus spécial d'Hémély- trcs ou demi-élytres , et l'on a groupé les insecles qui 23() DES IIÉMH'TÈRES. la présentent dans la section des Héléroptères, c'est-à- dire, à ailes de consistance diflérente. Dans les espè- ces, au contraire, où la bouche semble avoir son origine entre les pattes, la consistance des ailes supé- rieures est la même dans toute leur longueur, soit qu'elles ressemblent, sous ce rapport, à la seconde paire d'ailes , soit qu'elles offrent une coloration ou même une épaisseur différentes ; tels sont les Hé- miptères Homoptcres , ou Hémiptères à ailes sem- blables , dont la Cigale est le type. 11 ne faudrait pas néanmoins s'attacher d'une manière exclusive à cette structure apparente des ailes; il existe, en effet, des Hémiptères -hétéroptères, dont les élytres transpa- rentes, les feraient prendre pour des Homoptères; et , parmi ces derniers eux-mêmes , on trouve quelques espèces dont la base des élytres, plus forte- ment colorée, présente une consistance plus grande que leur extrémité. Le caractère tiré des ailes a pu fournir des dénominations commodes pour distinguer ces deux groupes, mais leur attribut essentiel réside dans l'insertion du rostre, et, comme nous le dirons plus loin , dans la structure des antennes. Les Hémiptères de chacune des sections que nous venons de nommer, proviennent, comme la plu- part des insectes , d'un œuf pondu par la fenielle. Ils se montrent, dès leur naissance, sous la forme .qu'ils doivent toujours garder, et les changemens qu'ils subissent consistent, comme chez les Orthop- tères, dans le développement des organes du vol. L'apparition des fourreaux qui renferment les ailes constitue chez eux l'état de nymphe et le dévelop- pement de ces derniers organes caractérise l'insecte DES HEMIPTK RCS. '2Ô'J parfait. Les Cigales s'éloignent des autres Hémiptères sous le rapport de leurs transformations, que l'on ap- pelle demi-complètes^ c'est-à-dire, qu'à l'état de nym- phe, avec une forme particulière et différente des autres états, elles ne cessent de marcher et de prendre leur nourriture. Les Hémiptères-homoptères offrent entre eux quelques différences, tant sous le rapport des transformations, que sous celui de la structure; ils en présentent surtout dans leur mode de reproduc- tion; nous développerons ces différences en présentant l'histoire de cette portion des Hémiptères, En bornant ici ces considérations générales sur les insectes des deux sections, nous éviterons de revenir sur des dé- tails propres à chacune d'elles , et nous nous confor- merons à la marche de la nature, qui leur a assigné une organisation différente, tout en leur donnant des rapports communs dans leurs caractères essentiels, tels que les métamorphoses et la structure de l'appareil buccal. Nous laisserons à chacun de ces groupes les noms de sections que leur a donné Latreille, et chaque section sera divisée en familles. Sous le rapport de l'intérêt que les Hémiptères peu- vent offrira l'observateur, la section des Homoptères occupe le premier rang. En effet, les Pucerons nous étonnent, d'un côté, par leur multiplication prodi- gieuse,et surtout par la manière surprenante dont elle s'opère d'une année à l'autre ; tandis que la Cochenille, le Chermès, indépendemment des usages auxquels ils sont employés dans les arts, nous surprennent par la structure si singulière des femelles. Les Fulgores nous offrent des sécrétions abondantes, une sorte de long duvet cotonneux sur différentes parties de leur corps. 258 DES HÉMIPTÈUES. et plusieurs Tettigones s'entourent d'une sorte d'é- cume, autre sécrétion destinée à les dérober a leurs ennemis, et qui ressemble, au premier abord, à la sa- live humaine. Dans les autres Hémiptères, ou les Hé- téroptères, nous trouvons moins de faits qui méritent notre admiration. Nous y voyons des espèces aqua- tiques et terrestres, qui sucent le sang des animaux et d'autres en plus grand nombre qui se nourris- sent du suc des plantes, mais dont les habitudes sont peu variées et dépourvues d'intérêt ; une seule es- pèce est plus connue que les autres par l'incommodité qu'elle nous cause en s'attachant à nous pour sucer notre sang avec avidité : c'est \di Punaise des lits, qui rencontre , à son tour , un ennemi dans une espèce d'une famille voisine. La larve de celle-ci se dérobe à la vue en se couvrant le corps de poussière , et de débris de toute espèce; mais cet insecte, que l'on s'est plu à regarder comme utile à l'homme , est trop peu répandu pour lui rendre service , et dans le cas con- traire il ne serait pour lui qu'un ennemi de plus, que sa grosseur rendrait plus redoutable. lIEMIPTERES-IMiTEROl'TÈUES. 20Ç) e-».o>o4^.8=«-s^-8»-»»e^-»<>^^-e<>.s«-»ft'»o»Q4»»tf-»»e>o^'»^ PREMIERE SECTIOJV. HÉMIPTÈRES-HÉTÉROPTÈRES Cette section de L'ordre des Hémiptères renferme un grand nombre d'espèces , dont quelques unes sont remarquables par la vivacité et par l'éclat de leurs couleurs ; il en est, parmi elles, qui présentent les nuances métalliques les plus riches et ne le cè- dent en rien aux plus belles espèces de Coléoptères. Mais si ces Hémiptères nous charment par la beauté de leur enveloppe , ils s'attirent bientôt notre dégoût par l'odeur fétide qu'ils exhalent. On sait combien est repoussante celle de notre Punaise des lits, et tout le monde a pu remarquer aussi l'odeur que les fruits ré- pandent lorsqu'une Punaise des bois s'est reposée sur eux. Cependant cette odeur n'est pas la même dans tous; il en est quelques unes que l'on aime à tenir dans ses doigts, mais c'est le petit nombre. Plusieurs répandent une odeur d'éther acétique , d'autres celle de différentes plantes, ou des exhalaisons analogues à celles de la plupart des Carabiques. Quelques espèces sont dépourvues de toute faculté odorante, 2^0 HEMIPTERES-HETEROl'TERES. et semblent ainsi privées d'un moyen de défense que possèdent plusieurs de leurs congénères. La plupart des Hémiptères carnassiers, car on peut ap- pliquer ce nom aux espèces qui se nourrissent de sang, produisent, lorsqu'on les prend, une douleur quel- quefois très vive en introduisant leur bec dans la peau ; tel est surtout le cas des Réduves , des espèces aquatiques et de toutes celles en général dont le bec est très court. Le produit de leurs glandes salivaires, déposé sous la peau, cause la douleur subite que l'on éprouve alors, comme le venin que porte dans nos chairs l'aiguillon de l'Abeille ou de la Guêpe. La faculté d'émettre un liquide odorant semble avoir été refusée aux espèces qui- ont le bec court et qui se nourrissent de proie, mais cette règle n'est pas générale ; de même , plusieurs de celles qui se nour- rissent de sucs végétaux , ne laissent pas de s'atta- quer entre elles dans certaines circonstances. C'est lorsqu'on irrite un Hémiptère , ou qu'il se voit en danger, qu'il laisse découler le liquide odorant par deux ouvertures que présente le dessus de son tho- rax, entre les deux dernières paires de pattes. Si l'on vient à surprendre un de ces insectes, sans en être aperçu, et que l'on s'en approche assez pour les flairer, on pourra se convaincre qu'il ne s'exhale de son corps aucune mauvaise odeur. C'est à M. Léon Dufour que l'on doit cette observation ; c'est encore à lui que nous emprunterons la suivante. Pour peu qu'on prenne entre les doigts une des espèces odorantes, on ne tarde pas à s'apercevoir de l'exha- laison causée par une vapelir invisible. Saisissez, dit l'observateur précité, une de ces Punaises avec une HÉMIPTÈRES-HÉTÉROPTÈRES. s/j.! pince , et plongcz-la dans un verre rempli d'eau claire ; armez votre œil d'une loupe, et vous verrez s'élever, de son corps , d'innombrables petites bulles qui , en venant crever à la surface du liquide, exhalent à l'ins- tant cette odeur qui affecte plus ou moins désagréa- blement l'odorat. Cette vapeur, essentiellement acre, exerce sur les yeux, quand elle les atteint, une action irritante très prononcée. Un caractère des insectes de cette première section qu'il nous reste à mentionner, c'est le grand dévelop- pement du prothorax , qui leur donne des rapports avec les deux Ordres . précédens. Souvent ce pro- thorax s'avance au-dessus de la base des ailes et sa forme varie beaucoup, bien qu'elle ait en géné- ral la figure d'un trapèze. Les élytres ou ailes su- périeures sont quelquefois très épaisses , et dans d'autres. cas, elles laissent voir les nervures qui leur servent pour ainsi dire de charpente. Ces ailes sont plus grandes que celles de la seconde paire et se re- couvrent en partie à leur extrémité , comme celles des Blattes parmi les Orthoptères ; leur base s'écarte pour laisser voir l'écussôn , dont le développement est quel- quefois tel, qu'il surmonte tout l'abdomen et ne laisse à découvert que le bord extérieur des élytres. Les antennes offrent des variations nombreuses sous le rapport du nombre et de la forme des articles dont elles se composent ; les pattes varient aussi dans leur forme et dans leur développement : tantôt les anté- rieures constituent des sortes de pinces , tantôt celles de derrière sont très renflées dans les mâles et armées de fortes épines. La section des Hétéroptères a été regardée comme IPiSECTES. IX. lf> 2l\2 HÉMIPTÈRES-HÉTÉROPTÈRES. un ordre distinct par plusieurs Entomologistes, en tête desquels il faut placer M. Leach. Nous croyons ce- pendant devoir abandonner cette opinion, parce que le plus grand nombre des caractères de l'Ordre con- vient aux deux sections réunies, qui ne diffèrent entre elles, à quelques exceptions près, que par le mode d'insertion de leur bouche et la consistance de leurs élytres. La structure de la bouche et le genre de mé- tamorphoses sont des considérations d'une importance bien plus grande que le point de départ de la bouche et l'aspect même des ailes. D'ailleurs, que l'on adopte ou non la division des Hémiptères en deux ordres, la classification de ces insectes n'en subira aucune mo- dification, puisque ces deux ordres doivent être placés l'un à la suite de l'autre. Nous commencerons par pré- senter les divisions principales ou familles, que l'on peut admettre parmi les Hétéroptères, et qui sont au nombre de onze, et nous indiquerons à chacune d'elles les divisions , groupes ou familles des autres Entomo- logistes, auxquelles elles correspondent en tout ou en partie. Parmi ces familles, les trois premières se reconnais- sent facilement à la brièveté de leurs antennes qui sont cachées sous la tête, et logées d'ordinaire dans une cavité située en-dedans des yeux. Ces trois familles correspondent à celle des Hydrocorises ou Punaises aquatiques de Latreille. Deux d'entre elles passent leur vie dans l'eau, et leurs pattes postérieures et inter- médiaires sont revêtues de longs poils qui les aident à nager; telles sont les Notoneciiens et les Népiens. Les premiers se distinguent par leurs pattes antérieures qui sont ou dépourvues de crochet terminal (les Co- HÉMIPTÈRES-HÉTÉROPTÈRES. S^O rises), ou terminées par deux crochets comme dans les autres insectes, mais sans structure appropriée à saisir une proie (lesNotonectes) ; les autres ont, au contraire, les pattes de devant organisées en sorte de pince : dans ce cas, la jambe et le tarse se replient sur la cuisse qui est quelquefois renflée. La troisième famille, ou celle des Galguliens , vit sur le bord des eaux et s'en- fonce dans la vase; elle n'a.pas les pattes postérieures garnies de poils pour nager, et dans quelques espèces les pattes de devant sont encore organisées pour saisir une proie. Viennent maintenant tous les Hémiptères de la sec- tion des Hétéroptères, que Latreille nommait Géoco- rises ou Punaises terrestres , par opposition avec les précédens, mais cette dénomination est inexacte en ce que plusieurs vivent toujours à la surface de l'eau. Dans les espèces de cette grande famille de Latreille, les antennes sont toujours extérieures et situées au bord antérieur de la tête ; elle forme pour nous huit familles, dont quatre se reconnaissent à l'absence de petites la- melles entre les crochets de leurs tarses et au nombre des articles de lem' bec Ou suçoir, qui semble n'être que de trois ; ce sont les Loptopodiens, les Véliens, les Réduviens et les Jradiens. Les insectes de la première famille , qui ne renferment que deux genres de petits Hémiptères riverains, se reconnaissent à l'extrême té- nuité de leurs pattes, à la largeur de leur tête qui porte deux yeux très saillans, et à la position tout à fait terminale des crochets de leurs tarses. Les Véliens sont des insectes d'eau , mais ils restent à sa sur- face, et ne s'y enfoncent pas comme les Hydrocorises de Latreille. On les reconnaît , soit à leurs tarses dont 244 HÉMIPTÈRES-HÉTÉROPTÊRES. le dernier article est échancré avant l'extrémité pour recevoir les deux crochets, soit à la longueur et à la ténuité de leurs pattes, dont les deux antérieures sont plus courtes que les autres et servent à saisir la proie, quoique rien dans leur structure n'annonce cette des- tination. Leur corps est revêtu de petites écailles qui tombent au moindre frottement et présente en dessous un duvet très fin qui le rend imperméable. Les Rédu- viens ont dans la forme de leur tête, étranglée en ar- rière en sorte de cou, dans la brièveté et la grosseur de leur bec toujours arqué , et surtout dans leurs an- tennes en soie, des caractères qui les distinguent des autres familles , et les Aradiens à leur tour s'éloignent des trois précédentes par leur trompe ou bec inséré dans une cavité dont les bords sont toujours saillans. Cette division renferme la Punaise des lits. Il reste à distinguer maintenant les quatre der- nières familles à antennes visibles ; ce sont les Coréens^ les Lygéens j les Myriens et les Ciiniciens. La der- nière se compose des espèces connues en général sous le nom de Punaises des bois, et correspond aux deux grands genres Scutellère et ^Penlatome de La- treille; on les reconnaît au grand développement de leur écusson, qui couvre quelquefois tout l'abdomen, et qui, dans les autres cas, s'avance au moins jusqu'au milieu de sa longueur. Leur corps est toujours large, ovalaire et quelquefois très bombé. Quant aux trois autres familles, dont l'écusson est de grandeur médio- cre , on les distingue facilement par la structure ou la position de leurs antennes. Dans les Myriens^ le dernier article des antennes est grêle, en forme de soie, et re- vêtu de poils courts, comme dans la plupart des Re- HÈMIPTEUES-HÉTÉROPTÈrxES. 245 duves, et la tête n'offre jamais d'ocelles, tandis que dans les Lygéens elle en présente la plupart du temps. Les an- tennes, dans cette dernière famille , sont filiformes et situées au-dessous du bord antérieur de la tête, ce qui la distingue des Coréens j, où ces antennes sont insérées sur le bord antérieur lui-même. Ce caractère, qui semble au premier abord dépourvu d'importance, en acquiert cependant beaucoup par le grand nombre d'insectes auxquels il se rapporte, par la structuré homogène des deux groupes qui nous le présentent, et surtout par sa permanence dans chacune de ces deux familles. Les Coréens ne sont autre chose que le grand genre des Corées; les Lygéens ont pour type les Lygées, et les Myriens le genre Myris , de même que les Ré- duves sont le genre;, principal de la famille des Ré- duviens. Les nouvelles espèces que les voyageurs nous ont fait connaître dans ces derniers temps , ont rendu insufïïsans les anciens genres et nécessité leur élévation au rang de familles , dans lesquelles sont ve- nus se placer quelques groupes tout à fait nouveaux. L'ordre des Hémiptères ^ et surtout la section des Hétéroptères, ont été le sujet de plusieurs travaux ré- cens, qui ont eu pour but principal la classification de ces insectes. Sans parler de l'ouvrage si remarquable de M. Léon Dufour sur l'anatomie des Hémiptères , où se trouvent jetées çà et là des vues ingénieuses sur leur classification et des observations pleines d'intérêt sur leurs habitudes , nous citerons en particulier VEssai d'une classification des 'Hémiptères ipar M. de Laporte, et la partie du Manuel d'Entomologie de M. Burmeis- ter, qui traite de cet ordre d'insectes. Nous nous som- mes en grande partie conformé à la marche de ce 9.q6 H É M I P T È R E S - H É ï É R O P T £ R E S . dernier ouvrage pour l'établissement des familles ; son auteur, qui a le mérite de les avoir très bien limitées, n'a pas fait preuve d'un tact aussi sûr, dans la forma- tion des coupes génériques. Quant à l'ouvrage de M. de Laporte , qui est venu le premier et dans un moment où la classification des Hémiptères était loin de sa per- fection , les familles y sont un peu plus nombreuses; mais la plupart des genres qu'elles renferment sont à adopter. On peut dire que , grâce à ces deux trai- tés , cette partie de l'ordre des Hémiptères est au- jourd'hui bien connue. La marche qu'a suivie M. de Laporte est un peu différente de la nôtre ; il a partagé les Hémiptères-Hétéroptères en deux tribus, selon que ces insectes vivent du suc des fleurs ou du sang des animaux, mais il a fait entrer dans la première des es- pèces qui vivent de rapine , et a laissé dans la seconde des Hémiptères qui ne se nourrissent que de végé- taux. A part cette imperfection , qui peut se réparer aisément , cette division des Hémiptères en deux tri- bus d'après leurs habitudes est assez naturelle; elle coïncide même dans les espèces à antennes décou- vertes, avec l'absence ou la présence des lamelles entre les tarses. Ainsi, les Hématheli^es de M. de La- porte se composent des sept premières familles de notre ouvrage , tandis que les quatre dernières cons- tituent les Hémiptères Antathelges du même auteur. Parmi ces derniers cependant , on observe aussi quel- quefois des habitudes carnassières; mais c'est une exception assez rare. NOTONECTIENS. '2l{'] PREMIÈRE FAMILLE. LES NOTONECTIENS. Ces insectes, essentiellement nageurs, comme l'in- diquent leurs pattes de derrière, qui sont garnies de longs poils, et beaucoup plus grandes que les autres, semblent pourvus de deux grandes rames , ce qui a fait donner à plusieurs d'entre eux le nom de Punaises à aviron. Ils ont les pattes intermédiaires plus courtes que les postérieures, et celles de devant plus courtes que les intermédiaires. Quoique leur nourriture se compose de sucs qu'ils puisent à l'aide de leur bec acéré dans le corps des autres insectes , la structure de leurs pattes n'offre rien qui fasse pressentir leurs habitudes voraces. Dans quelques uns seulement, ces pattes se terminent par un article large, comprimé, dépourvu d'ongles ou de crochets, et qui sert à retenir la proie, mais jamais elles ne présentent ces sortes de pinces qui caractérisent les insectes de la famille sui- vante. Quelques espèces de cette famille ont l'habitude de nager sur le dos , ce qui leur a valu le nom de Notonec- tes. Leurs gros yeux, également développés en des- sous et en dessus, leur permettent de voir dans toutes ^48 HÉMIPTÈKES-HÉTÉROPTÈRES. les directions. Ces insectes s'enfoncent à volonté dans l'eau , mais ils sont obligés de venir de temps en temps pour respirer à la surface. Les sexes sont peu distincts et ne se reconnaissent à l'extérieur que par la grosseur de la femelle, qui est "d'un tiers plus grande que le mâle. Cette famille est peu nombreuse et ne se com- pose que de deux genres, les CorisesetlesNotonectes. On a séparé , dans ces derniers temps , de chacun de ces genres, quelques espèces de petite taille, mais dont les caractères n'offrent pas une valeur réelle. Tel est, en particulier, le petit genre des Sigara de M. Leach, que nous laisserons avec les Corises. Quant à celui de Plea, proposé par le même auteur, et dont on a de- puis changé le nom en celui de Ploa, nous le conser- verons parce qu'il comprend des espèces fort distinctes des Notonectes. TABLEAU DE LA DIVISION DE LA FAMILLE DES NOTONECTIENS , EN GENRES ET EJV SOUS-GEKRES. Tarsks antérieurs n'ayant qu'un seul article ■>.... CORTXA. ayaîit dtux articles J i sans crochets NOTONECTA. les postérieurs ) Muunis de crftcliets PLOA. NOTONECTIENS. 2l^g »M>!i*»»e«»»»«a*f*o**e'5*9-(M-»e«»*»«o*ea»**»«« GENRE CORISE. conix^. Geoffroy^. Ce petit groupe d'Hémiptères aquatiques se recon- naît au premier coup d'œil à la structure singulière de ses pattes antérieures. La jambe , beaucoup plus courte que la cuisse , est suivie d'un tarse garni de longs cils [pi. 22, fig. 1, rt), qui sert à maintenir, de- vant l'orifice buccal, la proie dont se nourrit l'insecte. La tête se prolonge au-delà de l'origine des pattes de devant ; elle a très peu d'épaisseur et présente deux grands yeux aplatis et de forme triangulaire. Les man- dibules et les mâchoires, au lieu d'être engaînées par la lèvre inférieure, sont comprises dans le prolongement de la tête. Les deux lèvres forment ensemble Une sorte de gaîne triangulaire , garnie de poils sur les bords, et qui donne pa'ssage aux mâchoires et aux mandibules: dans l'état de repos, ces pièces sont retirées dans la gaîne, et n'en sortent que pour opérer la succion. Les antennes ont leur base cachée sous le bord inférieur de la tête et se composent de quatre articles, dont les deux derniers sont plus longs que les autres et à peu près égau?: entre eux ; le dernier se termine presque en pointe et forme un cône très alongé [pi 22, fig. i, b). I. Etym. xôp«7 , Punaise. — Syn. iVo^onec/a, Linné j 5f^a/«, Fabiicius: Corixa et Sigara de Leach. 250 HÉMIPÏÈRES-HÉTÉKOPTÈRES. Un autre trait remarquable de la structure des Ceri- ses, c'est la longueur des crochets'qui terminent leurs tarses intermédiaires ; ils sont grêles et aussi longs que le tarse qui n'offre d'ailleurs qu'un seul article, comme les antérieurs. Ceux de derrière sont les seuls qui présentent deux articles; le premier, beaucoup plus grand que l'autre , est un peu arqué et garni de poils ; le second, également velu sur les bords, se termine en pointe assez forte. Les Corises se tiennent ordinairement dans l'eau ; elles y grimpent sur les plantes aquatiques ou se traî- nent sur le fond vaseux des mares dans lesquelles elles vivent ; mais elles remontent de temps en temps pour présenter à la surface le bout de leur abdomen et res- tent ainsi suspendues. A la suite de chacune des se- cousses qui les porte en avant , elles ramènent vers la tête les deux pattes de derrière, qui semblent alors être les premières pattes ; les vraies pattes antérieures, très courtes et repliées sous le thorax , ne paraissent pas au dehors. Les deux postérieures, conformées en nageoires, servent seules à la locomotion, tandis que les intermédiaires aident aux pattes antérieures à rete- nir la proie, au moyen des deux longs crochets de leurs tarses. Cette grande disproportion des pattes rend leur marche fort difficile ; elles n'avancent sur le sol que lentement et comme par saccades. Mieux pourvues sous le rapport du vol, elles s'élèvent facile- ment en l'air et changent ainsi de demeure à leur gré. Elles répandent , lorsqu'on les prend , une odeur très fétide, comme la plupart des Hétéroptères. On a partagé les Corises en deux genres, d'après un caractère qui mérite bien peu d'attention. Les unes, ont AOTO.NECTIENS. 23 1 le corselet un peu avancé en arrière, et cachant pi^fesque tout l'écusson : telles sont les plus grandes espèces; les autres, bien inférieures aux premières pour la taille, ont le corselet plus droit, récussj>n plus découvert et constituent les Sigara de Leach. Malgré la dispro- portion de taille que présentent ces espèces, nous les laisserons dans le même genre, à cause de l'importance des caractères qui leur sont communs. La plus répan- due dans nos contrées est LA CORISE rONCTUÉE. (PI. 22 , fij^. 1.) Corixa punctata. Burm^. Cet insecte, d'une couleur blanchâtre ou d'un jaune très pâle , a le corselet rayé de brun en travers , les élytres parsemées de taches brunes fort nombreu- ses, de forme irrégulière et qui figurent des sortes de bandes transversales très sinueuses. Lé bord extérieur des élytres est pâle dans les deux tiers de sa longueur. On trouve cette espèce dans toutes les eaux stag- nantes de la plus grande partie de l'Europe. Le mâle est d'un tiers moindre que la femelle , et n'a guère que cinq lignes de longueur sur deux environ de largeur. Observation. \}ne autre espèce indigène, bien dis- tincte de la précédente, est le véritable Striata de I. Manuel crEiitoinologie, t. II, p. 187. — C. striata des auteurs, excepLe Linné. — Voyez, pour les autres espèces, le Systeina Rhyrigolorum de Fa- hricius; les Hydrocorides et JVaucorides Suecice, thèse soutenue, en 1814, à Luud, devant M. Fallen 5 une autre thèse soutenue, en 1819, à Aboé, devant M. Sahiberg, sur les Notonectides de Finlande j et, pour les genres de cette petite famille, un mémoire de M. Leach, inséré dans 1p tome 12.'" des Transactions Linnécnnes de Londres, 3D2 HEMIPTÈRES-HÉTJÉROPTÈRES. Linn^*. Les lignes noires de son corselet sont plus écartées, et les taches nombreuses de ses élytres sont remplacées par des lignes transversales bien distinctes et semblables A celles du corselet. Sa taille est de près de moitié moindre que celle du C. punctata. — Les espèces qui se rapportent aux Sigara du D"^ Leach , sont le C. coleoptrata, Fab.^, qui n'a pas, comme les précédens, la lèvre supérieure striée en travers , dont les élytres sont brunes , sans stries ni taches , avec le bord blanchâtre et qui a deux lignes de longueur ; et le C. minuta, Fab. , qui n'a pas tout à fait une ligne , et dont les élytres légèrement brunes offrent deux pe- tites taches noirâtres sur le bord extérieur. GENRE NOÏONECTE. NOTON ECTA. Linné. Nous avons dit que les espèces de ce genre sont appe- lées Notonectes, parce qu'elles nagent sur le dos. C'est encore elles que l'on a nommées en français Punaises à avirons , à cause de la longueur de leurs pattes de derrière , qui leur servent de rames; mais ce nom est également commun au genre précédent. Les pattes 1. f//i JwZûZa, Fallen. Hcmipt. Sueciae, pag. iSa. 2. Eiil. Sjst., t. IV, jiag. Co. — Paiiztr, Faim. Gcini. l'asc. 5o, n.» 34- NOTONECTIENS. 253 postérieures des Notonectes, garnies de poils en-de- dans, poussent rapidement ces insectes sur la surface de l'eau par l'amplitude des mouvemens qu'elles exé- cutent. Ces pattes, plus longues encore que dans les Cerises, dépassent notablement l'extrémité antérieure du corps, et quelquefois, dans l'état de repos, on les prendrait pour les pattes de devant. Les quatre pattes antérieures des Notonectes n'é- tant pas organisées pour nager, mais bien pour mar- cher au fond de l'eau et sur la surface du sol , se ter- minent par un tarse armé de deux crochets. Ces in- sectes sortent souvent des mares dans lesquelles on les trouve, et peuvent 'même se transporter en vo- lant d'un lieu à l'autre , à la manière des Corises. Les Notonectes se servent encore de leurs pattes anté- rieures pour s'emparer de leur proie, qui consiste en insectes d'eau , quelquefois d'une taille bien au-dessus de la leur. Leur bec n'est pas enfermé, comme celui des Corises, dans une sorte de gaîne for- mée par les deux lèvres, mais il s'alonge au-delà du labre, et la lèvre inférieure, qui lui sert de fourreau, atteint la base des premières pattes. Leurs antennes diffèrent aussi de celles des Corises par la forme de leurs articles (pi. 22, fig. 2, a), dont le dernier est ex- trêmement petit. Les Notonectes diffèrent encore des Corises par l'ensemble de leur structure. Leur tête est plus glo- buleuse , leur écusson fort grand , leur corps plus, épais et bombé; enfin, leurs pattes de derrière sont seules plus longues que les autres, tandis que dans les Corises c'étaient les quatre postérieures. Ces dernières n'ont pas, comme les Notonectes, l'habitude de nager 254 IlÉMIPTÈRES-HÉTÉROPTÈRES. sur le dos , ce qui n'a. pas empêché Linné de les réu- nir tous ensemble sous une même dénomination gé- nérique. Les femelles pondent un grand nombre d'œufs , qu'elles fixent sur les tiges et les feuilles des plantes aquatiques. Ces œufs ont une forme ovalaire et ne pré- sentent point d'a|jpendices comme ceux de la famille suivante. Ils éclosent au commencement du printemps , et les petites larves qui en sortent subissent plusieurs changemens de peau avant que d'acquérir les organes du vol. Elles arrivent à leur état parfait dans le cou- rant de l'été, et leur vie se prolonge rarement jusqu'au printemps suivant. On ignore s'il y a deux générations dans la même année, mais on peut le supposer avec quelque raison, car d'après les obse^-vations de Rœsel, les œufs éclosent au bout d'une fjuinzaine de jours, 6t la femelle vit après la ponte presque jusqu'à l'é- poque du développement complet des jeunes Noto- nectes. Ces insectes sont aussi répandus que les Corises à la surface de la terre et se trouvent dans tout l'ancien continent, mais leurs espèces semblent peu nombreu- ses. On les a partagés en deux groupes fort inégaux, et dont la forme présente des différences que justifie la structure de leurs tarses ; tels sont : 1.° LES NOTONECTES VRAIS. — Notonecta. LlN.^ Dont le corps est srlongé et qui sont dépourvus de crochets aux tarses postérieurs. L'espèce la plus com- I. Etym. vuTsç , dosj .lîy.lm, nageur. NOTONECTIENS. 2'ô'ù mune , celle qui se trouve dans toutes nos mares, est, LE NOTONECTE VERT. (PI. 22, fig. 2.) Notonecta glauca. hmA La couleur verte de cet insecte disparaît prompte- ment après la mort; mais elle se conserve plus long- temps sur l'abdomen, le devant de la tête et l'extré- mité des pattes; le reste de la tête et tout le corselet sont d'un jaune pâle, les élytres plus obscures et tachées de noir sur les bords et vers l'extrémité de leur partie solide. L'écusson noir et comme velu , se montre par transparence sous le milieu du corselet, qui semble ainsi noir à la base. Les crochets des tarses sont ob- curs ou même noirs. Une variété de cet insecte , que Fabricius a prise pour une espèce, sous le nom de Furctita, ne s'en distingue que par deux bandes obliques plus claires , situées à la base des élytres, et par l'absence de taches noires sur leur bord extérieur. — Une autre variété, Marmorea , Fab. , se reconnaît à ses élytres entière- ment parsemées de tâches brunes. La longueur de cet insecte est de six ou sept lignes, et sa largeur de deux environ. 2.° LES PLOÉS. Ploa. LeACH.2 Ce sous-genre établi sur un insecte de très petite taille, se distingue des Notonectes par les deux cro- 1. Faun. Suec, n.° go3. — Panzer, Faun. Germ., fasc. 3, n." 2o. 2. Etym. !rAλ, jenavigi-.e. — Syn. iVbïo/?ec«rt, Linné, Fabricius. 256 HÉMIPTÈRES-HÉTÉROPTÈRES. chets qui terminent ses tarses postérieurs ^ , par les pattes dépourvues de poils et qui ne semblent propres qu'à la marche , et enfin par la forme trapue de tout le corps , dont les élytres bombées se recourbent brusquement en arrière. La seule espèce connue est, LE PLOÉ TRÈS PETIT. (PI. 2 2,fig. 5.) Ploa minutissima. Fab.^ Le corps de ce petit insecte est entièrement jaune, à l'exception du ventre et de la poitrine, qui sont noirs. Tout le dessous de son corps est couvert de gros points enfoncés et profonds. On trouve cet insecte dans la plus grande partie de l'Europe ; il n'a guère qu'une ligne de longueur, sur une demi-ligne de largeur. DEUXIEME FAMILLE. LES NÉPIENS. Les insectes de cette famille vivent encore dans l'eau, et peuvent, comme ceux de la précédente, en 1. Les crochels sont tellement rapprochés, qu'il faut un fort grossisse- ment pour les distinguer tous les deux; ils semblent, d'abord, n'en former qu'un seul. 2. Syst. Rliyng., pag. 104. Ce n'est probablement pas le minutissima de Linné (voyez Burmeister, Manuel d'Entomologie, t. II, pag. 189, et les ou- vrages déjà cités au sujet des Cerises). NEPIENS. ^ 2^7 sovtir pour se transporter, à l'aide de leurs ailes, dans les pièces d'eau voisines. Us sont également obligés de se rendre à la surface pour respirer , et pré- sentent, d'ordinaire, un appareil spécial, une sorte de syphon, situé au bout de leur abdomen , et sem- blable à un tube .grêle dont les deux pièces , en se séparant, prennent l'apparence de deux longues soies. Chacune de ces pièces est creusée en gouttière et garnie de petits poils qui ia fixent plus fortement à l'autre. Quand l'insecte veut respirer, il vient présen- ter à la surface de l'eau l'extrémité de son tube ou syphon respiratoire, et périt infailliblement, comme l'a observé M. Léon Dufour, si on le force de rester au fond. La longueur du syphon est quelquefois con- sidérable et dépasse même celle du. corps, mais en général elle varie selon les espèces. . LesNépiens sont essentiellémentcarnassiers; ils font la guerre aux insectes qui vivent dans l'eau , et parti- culièrement aux larves d'Ephémères, qui sont la proie de beaucoup d'espèces aquatiques. La vue seule ^es pattes antérieures de quelques-uns des genres de cette famille, indique leurs habitudes; elles se terminent en une sorte de pince formée par la Jambe et le tarse qui se replient sur la cuisse. Les autres pattes, organi- sées pour la locomotion, sont garnies , 'dans quelques espèces, de soies fines qui constituent des sortes de rames en se déployant dans l'^au ; mais dans quelques autres, les pattes sont tout-à-fait nues, et rien chez elles ne caractérise des insectes nageurs. Les Népiens, en effet, nagent moins que les Notonectiens , et les Nèpes en particulier se trament au fond de l'eau, et ne parviennent à la surface qu'en grimpant sur la tige INSECTES. IX. 1 - 258 HÉMIPTÈRES-HÉTÉROPTÈRES. des plantes. La forme grêle et alongée des quatre pattes de derrière constitue un des caractères des in- sectes de cette famille, auquel il faut ajouter la struc- ture en pince des pattes de devant. Il en est de la distinction des sexes dans les Né- plens comme dans les précédens» Rien n'annonce à l'extorieur qu'ils sont mâles ou femelles, si ce n'est la grosseur du corps, toujours moindre dans les pre- miers, mais il faut, pour les reconnaître, avoir plu- sieurs de ces insectes sous la main au. moment de l'observation. Cette famille renferme un petit nombre de genres, dont nous présentons ici le tableau; on y verra les caractères essentiels qui servent à les distinguer. H Ph -m 't^' C/2 w. • Q W hJ kJ t« ^ P3 ^. W b ? -*1 >3 I-; ■g pa ^ p M .z o C/2 K^ Q O f^. ^ • w h-; ■ 26o HÉMIPTÈRES-HÉTÉROPTÉRES. GENRE RANATRE. B.ANATRA. FaBRICIUS.^ La forme singulière des insectes de ce genre leur a fait donner, par Geoffroy, le nom de Scorpion aqua- tique , non pas tant à cause de leur corps étroit que de la structure de leurs jambes antérieures ; il faut avouer, cependant, qu'elles ressemblent fort peu aux pinces du Scorpion,, et qu'elles n'ont de commun avec ces dernières , que de pouvoir saisir une proie. Les Ranatres stfnt des insectes très longs , cylindri- ques et munis de pattes longues et grêles;' on peut surtout les reconnaître à l'absence de crochets aux tarses antérieurs. Les hanches longues et très dévelop- pées des deux pattes de devant rappellent l'organisation des mêmes parties dans les Mantes; elles sont suivies d'une cuisse très longue et sinueuse, armée d'un fort crochet au dedans, vers le milieu de sa longueur; la jambe courte et arquée, qui vient se replier sur la cuisse, se termine contre le crochet, et derrière lui se pose le tarse, formé par un seul article : il est reçu dans une dépression de la cuisse. Cette structure compense avantageusement l'absence ou plutôt l'état rudimentaire du tarse, dans des insectes aussi car- nassiers que ceux-ci. Leur bec, court et acéré,. se I. Etym.? Rana, Grenouille. — Syn. Dfepa, Linné. NÉPIENS. 261 compose de trois articles , dans lesquels jouent les soies qui représentent les mâchoires. Il atteint faci- lement la base de la première paire de pattes, qui est tellement avancée vers la tête,, que Geoffroy l'a prise pour les antennes. « Le Scorpion aquatique , dit cet observatem- ordinairement si exact, a été ainsi appelé à cause de la forme singulière de ses anten- nes, qui ressemblent à des pinces de Crabe ou de Scorpion. » Comme, en Histoire naturelle, une erreur en entraîne souvent une autre, cet Entomologiste a été amené à conclure .que les Ranatres n'avaient que deux paires de pattes. La position des antennes , qui sont situées tout-à-fait sbus la tête et ordinairement cachées par elle, l'a empêché de les reconnaître, mais de Géer les a bien observées depuis; leur structure, dans ce genre et dans le suivant, n'est pas inoins singulière que celle des pattes. Dans les Ranatres, ces antennes (pi. 22, fig.l\^,a), composées de tfois articles, comme dans les genres voisins, ont.le premier plus court que les autres, le deuxième plus long et saillant en dehors, de manière que le dernier article, inséré à l'angle interne du précé- dent, vient se replier sur lui cornme pour former une sorte de pince. La forme de ce dernier article est ovalaire et un peu arquée. Les deux dernières paires de pattes des Ranatres sont propres à la marche et en môme temps à la na- tation; ces pattes, quoique très grêles, sont garnies de poils le long de leur bord interne. Le tarse qui les t'ermine est composé d'un seul article armé de deux crochets acérés. Ces deux paires de pattes sont très rapprochées à leur origine , et très écartées des anté- rieures a cause de la longueur du corselet. Les élytres 202 H E M I PTÈ R E S - H E TE R O PTÈ R ES. et les ailes sont longues, étroites et n'atteignent pas fout-à-fait l'extrémité de l'abdomen. Enfin le syplion respiratoire qui est situé au bout de l'abdomen acquiert une longueur vai;iable d'une espèce à l'autre, mais il est rarement plus court que le corps. Sous le rapport des habitudes, les Ranatres diffè- rent peu des autres Hydrocorises; elles vivent comme elles de rapine, et'subissent de la môme manière leurs transformations. Leurs œufs sont blancs, déforme alon- gée, et terminés par deux filets. La femelle les laisse- tomber au fond de l'eau, suivant Rœsel, et ils éclo- sent au bout de quinze jours. Geoffroy assure, au contraire , qu'elle les enferme dans la tige de quelque plante aquatique, et que les filets seuls font saillie au dehors. Onpeut, dit-il, conserver aisément dansl'eau ces tiges chargées d'œufs, et l'on voit. sortir chez soi, les petits Scorpions aquatiques. Ces insectes sont très voraces, et se nourrissent* d'autres insectes d'eau, qu'ils percent avec leur.trompe aiguë, tandis qu'ils les retiennent avec les pinces de leurs antennes. Ils volent très bien, principalement le soir et la nuit, et se ren- dent d'une mare à l'autre, surtout quand celle qu'ils occupent commence à se dessécher. Ce genre est peu nombreux en espèces, mais il s'en trouve dans les différentes parties du monde. La seule que l'on rencontre en France est , NÉPIENS. ■Jb'5 LA RANATRE LINÉAIRE. (PI. 22 , fiç. 4- ) Ranatra linearis. Lin.^ La couleur de cet insecte est un jaune sale qui de- vient plus vif en dessous, et l'on observe même une large ligne d'un rouge de carmin, dans presque louté la longueur du dessous du prothorax. Les ailes sont tout- à-fait transparentes, ornées de reflets irisés, et le des- sus de l'abdomen est d'un rouge vermillon, avec les bords jaunâtres. La longueur de cette Ranatre est d'un pouce et demi , sans y comprendre le syphon terminal , qui est un peu plus court. ««■«S9S«««»^««««»««««««««« GÊNR-E NÈPE. N EP A, Linné 2. Ce genre d'insectes, qui s'éloigne fort peu du pré- cédent, par ses caractères j a cependant une forme très différente. Son corps est large et plat, son pro- thorax ou corselet court et presque carré, ses élytres sont larges et ovales, son écusson grand. et trian- 1. Nepalinearis, Faun. Suec, w." goS. — Voyez, de plus, Rœsel, de Geer, Geoffroy, le British Eniomology de M.'Cmds, et la dissertation de Fallen, citée précédemment. ■i. Efym. JYepa, Scorpion, chez les Latins, — Syii. Hepa^ Geoffroy. 264 H É xAI I P T È 11 E s - 1 1 É r É R O P T È R E s . gulaire, tandis que celui des Ranatres'est en losange à cause de l'échancrure de leur corselet en arrière et des lobes latéraux qu'il forme au dessus des ély- tres. Les Nèpes ont les hanches antérieures courtes et grosses, les cuisses renflées à la base, et plus étroi- tes à l'extrémité, les jambes grêles, un peu arquées, se repliant dans une rainure qui longe tout le dessous de la cuisse ; enfin , les tarses , courts et d'un seul ar- ticle, se terminant, par un crochet inarticulé, qui -dé- passe la ramure de la cuisse, et vient se placer dans le repos entre celle-ci et le trochanter, qui la sépare de la hanche comme dans le genre précédent. Les quatre pattes de derrière sont dépourvues de poils, et à peu près aussi courtes que celles de la première paire; elles sont situées, comme dans les Ranatres, assez loin de celles-ci, et très rapprochées entre elles. L'abdomen se termine de môme que celui des Ra- natres, par un tube ou syphon respiratoire. Le bec des Nèpes est à peu près semblable à celui* des Ranatres, et les antennes ne diffèrent pas d'uneu, manière essentielle dans chacun de ces deux genres. Leur deuxième article est seulement un peu plus saillant, en dehors dans notre espèce indigène; mais, dans quelques espèces étrangères, les deux- derniers articles se prolongent d!une manière remarquable '^. Ainsi que dans les Ranatres , la longueur du syphon respiratoire varie beaucoup suivant les espèces ; il est plus court que lé- corps dans celles de notre pays. La démarche des Nèpes et tous leurs mouvemens en général sont dépourvus de vivacité ; ces insectes se I. JVepa ruhra, Lin. Mus. Ludov. Reg,, n.o i65. N ÉPI EN s. 265 traînent lentement au fond des eaux, et sont 1res fa- ciles à saisir quand on les en retire avec la vase dans laquelle ils vivent. Ils sont très carnassiers et s'atta- quent aussi bien à leur espèce qu'à celles des autres insectes. Ils saisissent leur proie avec la jambe et le tarse qu'tls replient sur la cuisse, à la manière des Ra- natres. Ih ont également la faculté de voler ou de se traîner au fond des eaux, qu'ils abandonnent de temps en temps pour venir présenter à la surface le bout de leur syphon respiratoire. Les œufs que pond la femelle diffèrent de ceux des Ranatres par les filets qui les terminent et qui sont au nombre de sept. Vers le' milieu de l'été , les petites Nèpes en éclosent, et leur développement complet de- mande environ deux mois. Quoique peu nombreuses en espèces, les Nèpes se trouvent dans les différentes parties de la terre, ou du moins de l'ancien continent. Les plus grandes se rencontrent dans les îles de l'Océan Indien. L'espèce que l'on trouve en France et dans presque toute l'Eu- rope, est une des moindres pour la taille; telle est, LA NÈPE CENDRÉE. (PI. 12 2, fig. 5.) N'epa cinereà. LmA Cet insecte est d'un gris sale, ou même brun, et presque toujours couvert des restes- de la vase dans laquelle il a vécu. Le dessous de son abdomen est ^ . I . Fauna Siicc, n.» 906. — Voyez, pour les autres espèces, le Systema Rhyngot. de Fabricins, et la Revue TEntomologique de M. Silbcrmann, . I, pag. 35. 266 HÉMIPTÈRES-HÉTÉROPTÈP.ES. d'un rouge vermillon parsemé de quelques taches bru- nes sur la ligne médiane et la limite de chacun des segmens ; l'extrémité de l'abdomen est brune. Les ailes sont comme enfumées, mais leur base est colorée en rouge , ainsi que les principales nervures. La longueur de cette Nèpeest de neuf à dîx lignes, sans y comprendre le syphon, qui en après de six. Sa largeur est de quatre à cinq lignes. GENRE BÉLOSTOME. EXOSTOM.^. LaTREILLE 1. Ce genre d'insectes aquatiques est assez nombreux en espèces, et renferme les géans de Tordre des Hé- miptères; aussi ne les tfouve-t-bn que dans les parties les plus chaudes des deux continens. Confondus d'a- bord avec les Nèpes, dont ils diffèrent cependant beau- coup, ils en furent séparés parLatreille et présentent en effet des caractères tout particuliers. Ainsi, leurs antennes se composent d'un article de plus que dans les Pianatres et les JNèpes, et leur structure est des plus curieuses dans les grandes espèces; chacun des trois derniers articles se prolonge en dehors, se re- courbe vers l'extrémité , et leur longueur diminue du 1. Ktym. 'îtAoç, trait; rôua , boirche. — Syn'. Ncpa, Linné, FaWicius, Pt autres. NEPIEN.S. 267 deuxième au dernier. L'ensemble de tous ces articles forme une sorte de peigne contourné et peu régulier*. Dans les espèces de grandeur moyenne j les trois der- nier* articles des antennes sont plus' régulièrement pectines, et peu arqués^^; c'est même sur une de ces dernières que Latreille a fondé le genre qui nous occupe. Ainsi les antennes des Bélostomes nous pré- sentent encore mieux la disposition en forme de pei- gne, que nous avons observée dans les deux genres qui précèdent ; mais ces insectes s'en distinguent aussi très bien par un second caractère, savoir le nojnbre des articles de leurs tarses. Ce nombre est toujours de deux, même aux pattes antérieures, qui se ter- minent tantôt par deux crochets, et tantôt par un seul. Les Bélostomes doivent être plus agiles que lesNè- pes, si l'on en juge d'après la structure de leur corps. Leur forme générale représente une ellipse, souvent un peu élargie vers l'extrémité postérieure, et doit leur permettre d'avancer rapidement; c'est, en effet, la plus convenable pour la locomotion dans l'eau.. De plus , leurs jambes postérieures larges , aplaties et ci- liées , et leurs tarses beaucoup plus développés, constituent deux .raines, très puissantes, xiuxquelles on ne peut comparer les pattes courtes des Nèpes, ni même celles des Ranatres, qui sont si longues et si grêles. Les Bélostomes diffèrent encore des Nèpes. par le Jarge rebord que forment sur les côtés lès seg- I .^ Nepa grandis, Linné, ou espèce très voisine. 2. Belpstoma- teslaceo-pallidum , Latieille, Gênera Crwst. et Inscit., t. III, pag. ,145. • " 5:68 HÉMIPTERES-yÉTÉROPTÈP.ES. mens de leur abdomen , et leur syphon respiratoire n'est pas' toujours assez long pour dépasser ce rebord qui se prolonge surtout à rex,trémité. En général , le syphon s'aperçoit rarement dans les espèces de ce genre, à cause de son peu de longueur, bien que, dans quelques-unes, il n'ait pas loin d'un pouce; il semble d'ailleurs très fragile, et peut-^tre aussi n'est- il pas propre aux deux sexes, que l'on ne peut guère reconnaître , de même que dans la plupart des autres Hydrocorises, d'après les caractères extérieurs. On» observe dans les Bélostomes une habitude sin- gulière qui leur est commune avec quelques reptiles de la famille des Batraciens. On sait que, dans ces ani- maux, la femelle se charge de ses œufs, et les porte sur son dos, renfermés dans une membrane agglutinante, jusqu'au moment de leur éclosion. On trouve ainsi dans les collections quelques Bélostomes couverts de leurs œufs, qui sont en très-grand nombre et disposés dans .un seul plan, dans une position verticale. Quand on exa- mine eri dessous la membrane qui supporte ces œufs, on voit qu'elle est divisée en un grand nombre de cel- lules à cinq ou- six pans, et que chacune de ces cellules renferme un œuf, ce qu'indique très-bien un point blanc placé vers le milieu. Les œufs sont ordinaire- ment de la même couleur que le corps de la femelle, et c'est encore là une disposition admirable de la na- ture , qui a voulu les préserver d'une cause certaine de destruction, en les dérobant à la vue des animaux qui en auraient fait leur proie. Les Bélostomes dont nous avons parlé jusqu'ici , présentent dans- leurs tarses antérieurs un troisième NEl'IENS. . 2i6iJ caractère qui sert à les distinguer du sous-genre que nous en détachons ; ces tarses se terminent dans l'in- secte parfait seulement , par un crochet tort et aigu^, tandis que, dans les larves, on voit deux crochets bien distincts. Les Diploniques , Diplonychus , Lap. - ont, au contraire à 1 état parfait, leurs tarses antérieurs munis de deux crochets courts et très rapprochés. Ce sont de, petits BéJostomes à. corps large, ovalaire ou presque arrondi, qui diifèrent surtout des autres par leurs antennes simples , dont les deux articles intermédiaires n'oflrent en dehors qu'une petite saillie en forme de dent. Ils sont peu nombreux en espèces. GENRE NAUCORE. NAvcoRis. Geoffroy*. Ce petit genre est encore un démembrement de celui de Nepa de Linné. Il ressemble beaucoup aiix Diplonyques , dont il ti la forme plate et les antennes 1. Voyez, |)our les espèces de ce genre, les Punaises de StoU, pi. i, fig. i', pi. 7, fig. 4i pl- 22, fig. i4," — l'ouviage de niademoiselle Mérian sur les insectes de Surinam, et le Manuel «ntomologique de M. Burmeister. 2. Etym. S-iw^.io^ , double, ôn^ .' ongle. — Syn. Belostoina, Latreille, lYepa, Linné etFabricius. — Réunissez-y les Sphœrode.iiia de M. de La- porte. Les espèces qui y rentrent sont les Nepa annulaia, Fab., Systema Rhyng., pag. 106; — Stoll, Punaise^ -pi. 7, fig. 6; — et JYepa rustica, Fabr. ibid. • 3. Etym. mûç , vaisseau j xôpn , punaise. — Syn. Nepa, Liuné. 270 HÉir.IPTÈRES-HÉTÉUOPTÈRES. simples j si ce n'est que le troisième article est beau- coup plus long et plus gros que le dernier; dans les précédens, au contraire, c'est le quatrième qui ofTre le plus de longueur. Les antennes des Naucores n'ojit pas le côté extérieur de leurs articles intermédiaires prolongé en sorte de dent comme dans les Dîplony- ques, mais ce qui les caractérise par dessus fout, c'est la forme large et triangulaire de leur lèvr^ supérieure (pi. 22 , fg. 6, a) , qui ne pénètre pas, sous forme de lanière étroite dans la gaîne formée par la lèvre infé- rieure, mais qui en recouvre l'origine en dessus. Ud autre trait remarquable de la structure des. Naucores, c'est la grosseur de leurs pattes de devant (^/ig. 6, b). Elles se composent , comme d'ans les Nèpes et les Bé- lostomes, d'une cuisse grosse, et renflée, mais courte, sur laquelle vient s'appliquer une jambe grêle, ar- quée et terminée par un " tarse d'un seul article. Ce tarse est terminé en pointe et dépourvu de crochets, tandis ^ue les deux autres paires de pattes ont un tarse de deux articles, armé de deux crochets distincts. Les quatre jambes dé derrière des Naucores sont hé- rissées de nombreuses épines et garnies , ainsi que les tai"ses, de longs poils pour la natation. ■ Ces insectes vivent comme tous le^ précédens; on les rencontre dans les mares des différentes parties du monde, mais le nombre de leurs espèces n'est pas en- core très grand. Ils nagent avec beaucoup de vitesse, et sortent aussi de l'eau pour voler, surtout à l'appro- che de la nuit. Les œufs de la Naucore-Punatse, selon M. LéonDufour, sont oblongs, cylindroides, peu cour- bés, blanchâtres, très lisses, et tvonqùés obliquement en avant. Un fiiet, qui forme une saillie tout autour • NE PIE IN s. ^271 de la partie tronquée, leur donne certains rapports avec un petit genre de coquilles terrestres appelée Maillot [Pupa). Suivant le môme auteur, la Naiicorc apure pond des œufs ovales obtus, non tronqués, dont l'en- veloppe paraît réticulée sous un fort grossissement, et présente des mailles arrondies^ traversées par des raies ou lignes noires, ce qui les distingue des œufs de l'es- pèce précédente, qui n'offrent rien de semblable. C'est vers la fin d'avril qu'il a vu ces Naucores pondre leurs œufs, qu'elfes collaient contre des brins de plan- tes aquatiques. On trouve en France deux espèces de ce genre, qui sont : . • 1. f.A NAUCORE-PUNAISE. (PI. 22 , fig. 6.). N aucoris cwiicoidcs. Lm..'^ '. Cet insecte est d'un vert pâle avec le ventre jaune et les élytres obscures ; les pattes et le bord postérieur du corselet sont les parties qui conservent le mieux la •couleur verte de l'insecte vivant. La tête, le corselet et l'écusson sont parsemés de points noirs qui forment des maculatures assez constantes. Le bord des segmens de l'abdomen est noir en dessus et sur les côtés du corps. Les ailes sont d'un blanc opaque et comme laiteux. Cette espèce a de six à sept lignes de longueur, sur trois et demie ou quatre de largeur. 1. Wepa cimicoides, Fauua suec, n." 907. 2-2 . HlUIirTEUES-IIETE ROPTE RES. •2. LÀ NAUCORE TACHETÉE. N aucoris maculata. Fab. ^ Elle diffère de la précétlente par sa taille qui est inférieure, par son corselet présentant Gj[uatre ban- des longitudinales de petits points noirs , ait lieu dç deux grandes maculatures et une tache en avant, par son écusson ordinairement plus pâle; et ses élytresplus vertes et ornées de taches inégales formées par 'des points noirs fort petits et nombreux. On la reconnaît surtout à l'absence totale d'ailes sous les élytres^ et à l'absence presque totale de la partie membraneuse qui termine ces dernières dans la Naucore-PunUise. Sa longueur est de quatre à. cinq lignes, et sa lar- geur de trois environ. •TROISIEME FAMILLE. LES GALGULIENS: Cette famille peu nombreuse se compose d'insectes qui fréquentent les bords des eaux et s'enfoncent dans le sable, surtout à l'état de larve. Elle se recon- I. Syst.Rhyngot., p. iio; — et Enlom. syst., suppl., pag. 525. ^- IVau- co'is optera, Dufour, Anatomie des Héinipicres, p;ig. 77. G ALGULIENS. naît à ses antennes dont le dernier article est plus gros que les autres , à son corps large et aplati , à ses pattes grêles, dont les postérieures sont un peu plus longues que les autres , et à ses yeux saillans. Le bord antérieur de la tête est un peu relevé, et forme une sorte de chaperon qui leur sert à soulever le sable dans lequel ils se creusent des chemins. Cependant toutes les espèces de Galguliens ne s'enfoncent pas en terre ; ainsi les Pélogones n'ont cette habitude qu'aux deux premiers états de leur vie. Ils sont alors pourvus d'un chaperon bien saillant, qui disparaît dans l'insecte parfait, et leur corps recouvert de petits grains de sable, indique suffisamment leur genre de vie. Les Pélogones adultes ont au contraire une enveloppe parfaitement nette, et les petits poils qui les revêtent offrent , dans leur propreté , la preuve d'une vie tout aérienne ; c'est qu'en effet, ces insectes chassent à la surface de la terre, et dans le voisinage des eaux, sans jamais y entrer. Les deux sexes des Galguliens se distinguent par la forme du dernier segment abdominal. Examiné en dessous, ce segment offre, dans les femelles des Gal- gules, un renflement ou tubercule très-saillant, qui n'existe pas dans le mâle; celui-ci est, en outre, un peu moindre que la femelle. Les Mononyx, sous-genre détaché des Galgules, paraissent offrir la même diffé- rence entre les deux sexes. Enfin, dans les Pélo- gones, les femelles ont encore le dernier segment de l'abdomen grand et relevé au milieu , tandis que ; dans les mâles, il est divisé en plusieurs articula- tions secondaires. M. Léon Dufour est le seul qui ait reconnu les sexes dans ce dernier genre ; quant aux INSECTES. IX. 274 HÉMIPTÈRES-HÉTÉROPÏÈRES. deux autres, ils nous paraissaient encore inconnus à cet égard. Le tableau suivant présente les caractères distinctifs des trois groupes qui composent cette famille : TABLEAU DE LA DIVISION DE LA FAMILLE DES GALGULIENS, EN GENRES ET EN SOCS-GEKRES. f à deux crochets / court ; 1 ( tarses aniérieurs S . .. GALGULUS. BEC 1 'à un seul crochet. .. . . .. MONOJVrX. \ très long , labre distinct ... PELOGONUS. GENRE CALCULE. GALGULUS. LaTREILLE^. Ces insectes constituent un genre peu nombreux, que Latreille a retiré des Naucores , avec lesquels Fa- bricius les avait placés. Ils n'ont pas, comme ceux-ci, la faculté de nager; leurs jambes, dépourvues de poils, mais hérissées d'épines, en font plutôt des in- sectes terrestres. Ils vivent, en effet, dans la vase au 1. Etyra. Galgulus, nom d'un oiseau chez les Latins.. — Syn. JYauco- ris, Fabricius. — Tyfe, JY. oculata, Fabr., Syst. Rhyng., pag m; — Latreille, Histoire des Insectes, t. XII, pi. gS, fig.g. GALGli LIENS. HJ-J bord des rivières et leur enveloppe porte la marque distinctive de leurs habitudes, car elle est couverte, surtout à 1 état de larve , de petites parcelles de sable. Leurs mœurs sont carnassières, comme l'indique la structure de leurs pattes antérieures , dont les cuisses renflées de la base à l'extrémité, et creusées dans toute leur longueur, présentent en dessous deux rangées de petites épines; la jambe , armée de la même manière , remplit, comme dans les Naucores, l'office d'une pince à l'égard de la cuisse, mais elle se termine par un tarse plus distinct que chez ces derniers. Les Galgules se laissent diviser d'une manière na- turelle, en deux groupes, dont on a fait deux sous- genres distincts. Ils ont un caractère commun dans leurs antennes qui se terminent par un article plus gros que les précédens, et dans la forme du bord antérieur de la tête , qui se relève en sorte de chape- ron. Mais les Galgules proprement dits ont deux crochets aux laisses antérieurs, ainsi qu'à ceux des autres pattes, tandis que les Mononyx, Lap.^, n'ont, pour tarse , qu'un crochet simple , fort et aigu. Leurs cuisses antérieures sont plus grosses que celles des Galgules véritables, et présentent, en dedans^ une forte saillie finement dentelée, contre laquelle vient s'appliquer le bord également dentelé de la jambe, ce qui forme une pince formidable destinée à saisir la proie. Les Mononyx ressemblent plus aux Naucores que les Galgules proprement dits, auxquels leurs yeux très saillans , leur corselet rétréci en avant , et leurs I. Etyni. /^OKx;, seul 5 à'i-vf , ongle. — Syn. Galgulus , Latreiile; — IVaucoris, Falnicius; — Type : IVaiicoris rapi.oria, Fab., Syst,. Ehyng. pag. in. !2-;6 IIÉMIPTÈRES-HÉTÉROPTÈRES. jambes postérieures plus longues, donnent une phy- sionomie un peu différente. GENBE PÉLOGONE. P E LOGO NU s. LatREILLE^. Les Pélogones semblent faire le passage des Hémi- ptèreS'hydrocorises à ceux qui vivent hors de l'eau. Les différens auteurs qui en ont parlé jusqu'ici, les ont placés avec ces derniers, à l'exception de M. Burmeis- ter, qui leur a assigné leur véritable place, en les rangeant avec les Galgules, ainsi que l'avait proposé M. Léon Dufour dans son intéressant ouvrage sur l'a- natomie des Hémiptères. Leurs antennes, situées sous lesyeux, et terminées, comme dans ces derniers, par un article presque globuleux; leur chaperon relevé et saillant, leurs jambes grêles, comme celles des Galgu- les, et surtout les postérieures, plus longues que les autres, sont des points de ressemblance qu'il est impossible de ne pas reconnaître. Dans la seule es- pèce de Galgule qui se trouve en Europe, les anten- nes ne se terminent cependant pas par un article en bouton ; mais il est ovalaire et les deux derniers sont plus grêles que les autres et à peu près d'égale longueur : ces antennes ne sont pas logées, comme celles des Galgules, dans une fossette profonde. Les yeux des Pélogones ne sont pas saillans, comme ceux des Galgules ; ces insectes ont d'ailleurs plus de I. Etymologie iucertaine. — Syii. Ochlerus, Latr., oliiu. GALGULIENS. 277 rapport avec les Mononyx qu'avec les Galgules pro- prement dits , mais rien n'est plus facile que de les distinguer des uns et des autres par la longueur de leur bec , qui s'ctend au-delà des pattes de derrière , tandis qu'il est fort court dans les Galgules et les Mononyx. Les Pélogones ne se rapprochent pas seulement de ces derniers insectes sous le point de vue de la structure extérieure , ils en sont encore très-voisins par leur manière de vivre. D'après M. Léon Dufour , qui a observé l'espèce du midi de la France , cet in- secte est essentiellement riverain, et doit se nourrir en suçant des animalcules. Il court assez vite , et s'é- chappe en sautant , lorsqu'on veut le saisir. Sa larve , un peu moins grande et plus arrondie que l'insecte par- fait , a la môme structure , à l'exception des organes du vol. Elle habite dans le sable humide, au milieu des racines , et , pour la faire paraître au dessus du sol, il faut presser la terre sous les pieds , à différentes re- prises, comme on le fait pour certaines espèces de Coléoptères de la famille desHélophojriens. Cette larve ne saute point comme l'inseote parfait ; elle a les bords du chaperon un peu relevés et garnis de cils ou poils raides. Cette organisation, bien plus visible encore dans les Galgules, indique suffisamment qu'eUefait sa demeure dans le sable. La seule espèce de France est , LE PÉLOGONE BORDE. (PI. 20, fig. 1.) Pelog,onus marginatus. Latr. '^ La couleur de cet insecte est un brun foncé qui [)résente un reflet de couleur olive et comme velouté I . Acanthia murginala , Histoire des insectes, t. XII, pag. 2^5 ; — Och- ^^7'^ II KMI PT K R ES-IIKTER O PTJ> RES. sur le corps. Il a le bord du chaperon et la partie de la lèvre supérieure qui lui est contiguë, d'une couleur jaune orangée, ainsi que les bords relevés du corselet, les pattes et l'extrémité de l'abdomen. Le bec est fer- rugineux dans une grande partie de sa longueur. On remarque en outre une tache jaunâtre en arrière du corselet et tout près de Fécusson. Enfin, les élytres sont marquées de quelques points ou taches transpa- rentes d'un blanc comme laiteux; ces taches sont plus nombreuses à l'extrémité que sur les bords latéraux. Cette petite espèce a environ deux lignes de lon- gueur, sur un peu plus d'une ligne de largeur. Elle se trouve dans les parties méridionales de l'Europe, et fut découverte, pour la première fois, aux environs de Bordeaux, par M. Dargelas. Latreille l'a retrouvée de- puis dans les environs de Brive, et M. Léon Dufour, qui a fait l'histoire de ses habitudes et de son anatomie , l'a rencontrée près de Nismes , et assez fréquemment depuis, sur les bords de l'Adour et des ruisseaux marécageux de Saint-Sever, dans le département des Landes. Ce même observateur l'a prise aussi dans plu- sieurs parties de l'Espagne , et nous apprend qu'elle cohabite avec le Tridaclyle varié, petit insecte de l'ordre des Orthoptères, que nous avons déjà fait con- naître. terus marginatus, ejusd. Gênera Crust. etiiisect,, t. III, pag. i43; — Fi- gura- dans Léon Dufour, Anat. des Héniipt ,pl. V, fig. 58. LEPTOPODIENS. QUATRIÈME FAMILLE. LES LEPTOPODIENS. 279 Cette famille se compose de deux genres peu nom- breux en espèces, qui habitent, comme les précé- dens, le voisinage des eaux. Leurs pattes longues et grêles leur donnent une grande agilité; ils font la chasse aux autres insectes, et les atteignent soit en sautant, soit à la course. Leurs yeux gros et saillans leur donnent un grand avantage pour découvrir leur proie, et leur permet aussi de se dérober prompte- ment à la poursuite de leurs ennemis. L'un des deux genres de Leptopodiens, ou les Acanthies, se lie d'une manière remarquable avec les Pélogones, le dernier de la famille précédente, et sans la structure diffé- rente, et surtout la position de leurs antennes, on pourrait les placer ensemble. L'autre genre , ou celui des Leptopes, fait le passage des insectes d'eau aux insectes terrestres, et présente surtout des rapports avec les Réduviens, parmi lesquels ils ont été rangés par M. de Laporte, Mais on ne saurait nier que leurs pattes très grêles, leurs yeux saillans, et leurs habi- tudes analogues, ne les rapprochent des Acanthies ; et, d'ailleurs, leurs antennes ne sont point exactement celles des Réduves , et leur tête n'offre pas , comme 28o IlÉMlPTjiRES-HÉTÉROPTÈRES. dans ces dernières, un étranglement distinct en arrière des yeux. Ces deux genres se distinguent très-facilement l'un de l'autre à l'aide des caractères suivans : . TABLEAU DE LA DIVISION DE LA FAMILLE DES LEPTOPODIENS , EN DEDX GEKRF.S. /long, sans épines, cuisses antérieures simples.. . ACANTHIA j 'court, épineux, cuisses antérieures épineuses. .. . LEPTOPUS GENRE ACANTHIE. ACANTHIA. LaTREILLE^. Bien qu,e les insectes de ce genre n'aient pas, comme le. suivant, les pattes antérieures armées d'épines, ils n'en offrent pas moins de très grands rapports avec lui. Leur corps est plat, ovalaire et rétréci en avant, comme celui des Leptopes, et leur abdomen large; leurs pattes sont grêles, et les postérieures, un peu plus longues que les autres , leur servent à sauter. Les ély- tres n'ont pas le bord membraneux et transparent, comme dans les Leptopes, mais il offre la même con- sistance dans toute son étendue. Au lieu d'un bec court , arqué , très fort et épineux , les Acanthies en ont un- long , presque droit , s'avançant jusqu'au- 1. Etym. axaï3-a:, épine. — Syn. Saîda, Fal);i(-ius, Burrueistcr j Cimex ., Linné. LEPTOPODIENS. '4ol delà des premières pattes, et leur lèvre supérieure, courte , large , de forme presque triangulaire, ne s'en- gage pas avec les mâchoires dans la gaine de la lè- vre inférieure. Cette structure du, bec et de la lèvre donne à ce genre de grands rapports avec les Pélogo- nes, mais on ne saurait, toutefois, les placer dans la même famille, comme le pense M. Léon Dufour, tant à cause de la forme, que de la longueur et de la po- sition des antennes, qui sont tout-à-fait différentes. Dans les Acanthies elles sont moins longues et moins grêles que dans les Leptopes , et les derniers articles acquièrent une certaine grosseur qu'ils n'ont jamais dans ceux-ci. Certaines espèces d'Acanthies ont les jambes pos- térieures hérissées de quelques épines grêles ; qui sont ordinairement le caractère des insectes sauteurs. Les Acanthies se dérobent, par un saut très vif, aux ennemis qu'ils ont à craindre; leur course est aussi très rapide, et leurs mouvemens sont agiles. On les rencontre , en général , dans le voisinage des eaux, soit douces, soit salées, et plusieurs se trouvent sur les plantes que les flots de la mer apportent au rivage. L'espèce la plus connue et la plus répandue en France est, l'aCANTHIE SAUTEUSE. (PI. 20 , fig. 2.) Acantilia saltatoria. Lin. ^ Tout le corps de cet insecte est noir et revêtu, en-dessus , d'un duvet très court et jaunâtre. Ses i. Ciinex saltatorius,YA\\nASufic., u." 954- — Rapportez à ce genre les Suida zosierœ , Fabr. ; Acanlhia pilosa , Fallen , — margiiiala , Lati . (Hist des ins., t. XII, p. 242) , etc. 202 HEMIPTÈRES-HETEROPTEIIES. élytres sont ornées de petites taches jaunes ou blan- châtres, tant sur leur partie solide , que sur leur partie membraneuse; ces taches sont irrégulières, et la pre- mière, plus grande -que les autres, occupe toute la lar- geur des élytres. La lèvre supérieure, le bord delà tête, le dessus des cuisses antérieures, l'extrémité des autres cuisses, et une partie des jambes, sont d'un jaune fauve. Les antennes sont à-peu-près aussi épaisses à la base qu'à l'extrémité. Il a deux lignes de longueur, sur trois quarts envi- ron de largeur. GENRE LEPTOPE. LEPTOPUS. LatREILLE^. Les Leptopes sont de petits Hémiptères très agiles et dont la structure, fait deviner tout d'abord les ha- bitudes carnassières. Munis de pattes d'une ténuité remarquable , et pourvus de deux gros yeux qui leur permettent de voir au loin, ils s'envolent avec la plus grande vitesse, lorsqu'on s'en approche pour les saisir. On les a comparés pour l'agilité aux Cicindèles, qui ont aussi des pattes très grêles et des yeux bien saillans, et qui poursuivent, de la même manière, les insectes dont elles font leur proie. Outre les yeux ordinaires , les Leptopes ont encore deux ocelles très rapprochés l'un de l'autre, et portés sur un pédicule commun, qui est presque aussi élevé que 1. Etyin. Afxlôç, grêle j ttouç, itul'ta , pied. LEPTOPODIENS. 285 les yeux à facettes. Les pattes antérieures et le bec des Leptopes constituent des armes redoutables, à l'aide desquels ces insectes se rendent maîtres de petits Diptères et autres espèces sur lesquelles ils se jettent avec rapidité. Le bec , formé de trois arti- cles, présente sur les côtés quelques épines raides, et les pattes de devant , plus grosses que les suivantes, sont hérissées de piquans très aigus, disposés sur deux rangs, à la face inférieure des cuisses, et sur un seul, à la face inférieure des jambes. A l'aide de toutes ces épines du bec et des pattes de devant , on conçoit comment le Leptope se rend maître de sa victime j quand il parvient à l'engager dans cette espèce de pince que forme la jambe, en se repliant sur la cuisse. Les antennes des Leptopes sont grêles et composées de quatre articles dont le premier seul est gros et court, et le troisième le plus long de tous. Le corps de ces insectes est plat, ovalaire, et la forme conique de leur corselet , étranglé en avant , forme un de leurs traits les plus caractéristiques. Leurs élytres sont épais- ses dans une grande partie de leur longueur ; leur bord latéral reste membraneux et mince comme l'extré- mité. Toute la surface du corps des Leptopes est revê- tue d'un duvet très épais, ou hérissée de poils raides et comme épineux, mais plus rares. Malgré cette dispo- sition,, qui avait fait croire, dans l'origine, que ces insectes vivaient dans fes lieux humides, il semble, au contraire , d'après les remarques de M. Léon Dufour, qu'ils ne fréquentent que les endroits secs. Si, comme le Leptope littoral, on les rencontre sur le bord des ri- vières, ce n'est jamais que dans les parties couvertes de cailloux exposés aux rayons du soleil. Les interstices 284 HEMIPTÈRES-IIÉTÉROPTÈRES. de ces cailloux leur servent de retraite et les rendent difficiles à prendre. Le temps le plus convenable pour se les procurer, c'est un ciel couvert et humide, qui semble paralyser leurs mouvemens, tandis que la cha- leur en augmente singulièrement la rapidité. La plus jolie espèce de ce genre , qui paraît pro- pre aux contrées méridionales est, LE LEPTOPE LAINEUX. (PI. 23, flg. 3.) Leptopus Uinosus. L. Dufour.'^ La couleur ardoisée de cet insecte , l'épaisseur du duvet cotonneux dont sont revêtues toutes les parties de son corps, excepté le ventre et les pattes, le font aisément reconnaître. Le bord de ses élytres , leur ex- trémité,, et quatre ou cinq taches sur leur partie so- lide, sont d'un blanc légèrement jaunâtre, qui est aussi la couleur des pattes et de l'origine du bec. Le reste de celui-ci et les tarses sont bruns. L'abdomen est d'un brun luisant, avec le bord des segmens jaunâtre. Ce petit Leptope a été trouvé dans le département des Landes, aux environs de Saint-Sever, par M. Léon Dufour. Il a deux lignes et demie de longueur, sur une seulement de largeur. Observation. On rencontre encore en France et dans les mêmes endroits, deux autres espèces.. L'une d'elles, L. littoralis, Duf. ^, se reconnaît aux poils raides dont son corps est hérissé, et aux épines que présentent les deux premiers articles de son bec. Elle est jaunâtre, tachée irrégulièrement de noir, avec les 1. Annales de la Soc. Ent. de France, t. III, pag. 354, P'- ^i ^S- ^■ j. lind. t. II, pag. 109, pl.6, fig. B 1, el t. lil, pag. 354 VÉLIENS. 285 segmens de l'abdomen bruns , et bordés de jaune comme le prétédent. L'autre, L. echinops, Duf. ^, se distingue par l'absence d'épines au premier article de son bec , et par les poils qui revêtent les yeux, les ocelles et l'écusson. Elle a le corselet peu rétréci en avant; sa couleur est cendrée, et ses élytres sont mé- langées de noir et de blanc. CINQUIEME FAMILLE. LES VÉLIENS. Les quatre familles d'Hémiptères .que nous avons vues jusqu'ici, se composent d'insectes carnassiers et pour la plupart aquatiques, et ceux d'entre eux qui ne vivent pas dans l'eau , fréquentent au moins les rivages. La cinquième famille renferme encore des espèces aquatiques, mais différentes de toutes les autres, en ce qu'elles se tiennent ordinairement à la surface de l'eau , où elles se promènent aussi aisé- ment que si elles couraient sur la terre. Ces insectes n'ont cependant point d'organes spéciaux pour ce genre de locomotion; des poils très courts forment seulement au-dessous de leurs tarses, un duvet très 1. Aunales delà Soc. Eut. de France, t. II, pag. ii3. 286 UÉMlPTÈRES-HÉTÉROPTÈr.ES. serré qui les préserve de l'humidité. Quelques uns néanmoins , c'est-à-dire le genre des Gerris, plongent rapidement au fond de l'eau quand on cherche à s'en emparer, tandis que les autres genres de la même famille restent toujours à sa surface. Les Yéliens se reconnaissent plus particulièrement au mode d'insertion des crochets de leurs tarses, qui sont placés en dehors dans une échancrure du dernier article , un peu avant son extrémité ; un seul groupe fait exception à ce caractère. Leurs antennes cylindri- ques, assez longues, composées d'ordinaire de quatre articles d'épaisseur égale, peuvent encore servir à les distinguer , ainsi que le court duvet qui garnit le des- sous de leur corps. Cette dernière circonstance était nécessaire pour les soustraire à l'action de l'eau , car leurs pattes sont trop longues pour soulever le corps au-dessus de la surface et ne servent qu'à l'y faire glis- ser rapidement. Bien que les Yéliens vivent de rapine comme tous les autres insectes d'eau, rien n'indique dans la struc- ture de leurs pattes, des habitudes carnassières ; celles de devant sont plus courtes que les autres, mais dépourvues d'épines pour retenir la proie , qui se compose cependant d'insectes assez gros. Quelques espèces terrestres, se rapportant au genre Grillon parmi les Orthoptères et dont certains Gerris ont été surpris fesant leur nourriture , prouvent que ces Hé- miptères abandonnent quelquefois leur séjour habi- tuel, pour se répandre dans le voisinage des eaux qu'ils habitent. Ils ont, la plupart du temps, des élytres et des ailes bien développées ; dans ce cas , les deux paires d'ailes se distinguent à peine par leur VÉLIENS. 287 consistance, et la paire antérieure n offre point cette portion épaissie de la base , qui se remarque d'ailleurs dans presque tous les Hétéroptères. Plusieurs, tels que les Hydromètres, semblent n'avoir que des ély très ; ces organes sont alors tellement courts, qu'ils ne sont là que comme des vestiges incapables de leur être utiles. Dans les autres Véliens, les ailes et les ély très couvrent tout l'abdomen , et sont d'une forme longue et étroite comme celle du corps de l'insecte. Une particularité digne de remarque dans l'Histoire des Yéliens , c'est que l'on rencontre souvent des in- sectes de cette famille , ayant toutes les parties du corps parfaitement développées , à l'exception des organes du vol. Geoffroy fut le premier qui s'aper- çut de ce fait ; cet Entomologiste , ayant rencontré dans l'acte de l'accouplement, des individus Aptères du genre des Gerris , en tira la conséquence que ces insectes avaient la faculté de s'accoupler à l'état de larve. De Géer rejeta avec raison cette idée, et consi- déra comme une espèce distincte , ces Gerris privés d'ailes. M. Léon Dufour, dans son ouvrage déjà cité sur l'anatomie des Hémiptères , sanctionna , de son au- torité , l'opinion de l'observateur suédois , et de son côté M. Schuramel, auteur d'une bonne Monographie des espèces de cette famille qui se rencontrent en Silésie, avait énoncé une opinion semblable. Le même fait fut observé depuis dans le genre des Yélies , et les individus aptères furent regardés comme une es- pèce distincte, par le savant Léon Dufour, tandis que M. Schummel les considéra comme pouvant acquérir dés ailes, quoique dans des cas fort rares. A l'égard de ces derniers insectes, l'observation directe, c'est-à-dire, '2^S IIÉMIPTÈIIES-IIÉTÉROPTÈRES. la rencontre àl'état d'accouplement des Yéliens de dif- férentes espèces, suggéra à M. Westwood une expli- cation ingénieuse du phénomène de l'apparition ou de l'absence des organes du vol. Dans un mémoire plein d'intérêt sur plusieurs genres d'Hémiptères^, il énonce l'opinion que les Yélies parviennent à un état de déve- loppement variable, d'après des circonstances qui nous sont encore inconnues, et que ce développement s'ar- rête ordinairement avant sa dernière période. L'examen des différens individus du genre Yélie, soit à l'état aptère, soit. à celui d'insectes ailés, semble confirmer cette opinion, et sauf le développement du corselet, qui est toujours plus grand dans les insectes pourvus d'ailes , on peut reconnaître que les Yélies , dont on avait fait deux espèces, n'en forment réellement qu'une seule. Cependant les caractères des Gerris ne permet- tent pas d'arriver à la même conclusion, et quelques traits de leur structure séparent les individus aptères des espèces ailées qui en sont voisines. Il faudrait donc admettre que dans ce genre , i! existe des espèces qui n'acquièrent jamais d'ailes, ou que du moins les in- dividus ailés n'ont pas encore été rencontrés. Quel- que contradictoire que paraisse celte proposition , la vue des insectes en nature, nous force de ne pas mettre dans la même catégorie, les deux genres Gerris et Yélie. Déjà cette manière de voir semble avoir été celle de M. Schummel , qui admet un Gerris à l'état aptère, tandis que les deux espèces de Yélies qu'il a décrites dans son travail, et qui doivent n'en former qu'une seule, peuvent quelquefois, selon lui, I . Annal, de la Soc. Enloii!. tle France, 1. 111, pag. (107. VÉ LIENS. ■ 289 présenter les organes du vol. NouS croyons donc de- voir nous conformera cette opinion, dans le classe- ment des espèces de cette famille, jusqu'à ce que des observations positives viennent lever toute incertitude. Nous ferons toutefois remarquer que les Gerris aptères, quoiqu'insectes parfaits ou regardés comme tels, pré- sentent la même imperfection du thorax que les Vé- lies privées d'ailes. La famille des Véliens n'est pas très nombreuse et les espèces dont elle se compose se trouvent dans les différentes parties du globe. Le tableau suivant pré- sente les caractères des divers groupes que l'on a éta- blis pour leur classification. INSECTES. IX. s I. Q • ias g -< W S tn D3 s > en CJ o ^ \: ^-l' s VKLIENS. ^9t GENRE VÉLIE. F ELU. LaTREILLE. Ce genre se compose d'insectes qui parcourent la surface des eaux , à la manière des Gerris et des Hy- dromètres, mais qui n'ont pas, comme les premiers, la faculté de plonger. Leurs tarses sont revêtus d'un duvet très serré , ce qui leur permet de rester au-des- sus de l'eau, car leurs pattes ne sont nullement orga- nisées pour nager. Les poils longs et crochus qui garnissent leurs jambes du milieu , sont peut-être aussi de quelque usage pour soutenir leur corps sur la surface liquide; la finesse de ces poils ne permet pas de croire qu'ils soient destinés à retenir la proie dont les Vélies se nourrissent, comme tous les insectes de cette famille. C'est dans les cours d'eau de peu d'étendue , dans les ruisseaux , les fontaines ombra- gées et solitaires , que l'on rencontre les Vélies ; elles y vivent en petites troupes. Ce sont des espèces fort agiles, que nous ne trouvons pas autour de Paris, mais que l'on rencontre assez abondamment dans le midi de la France et de l'Europe. Leur corps est assez trapu; leur thorax , ou la partie la plus large , s'avance au- dessus de l'écusson et recouvre l'origine des ailes, mais il est quelquefois tronqué en arrière et, dans ce cas, dé- pourvu des organes du vol. Leur abdomen est relevé 292 HÉMIPTÈRES-IIÉTÉROPTÈRES. de chaque côté et forme une lamelle saillante ; il se termine par deux pointes analogues à celles que l'on remarque dans les Gerris. Leurs ailes et leurs élytres sont presque semblables sous le rapport de la consis- tance ; ces dernières se distinguent cependant par leurs nervures plus saillantes. Leurs pattes sont insé- rées à égale distance, comme dans les Hydromètres, et se terminent par un tarse de trois articles. Les mâles ont les cuisses postérieures renflées et armées d'épines en dessous; les jambes de la même paire de pattes, offrent aussi quelques épines ou dentelures qui sont moins saillantes , mais plus régulières. Enfin , les antennes se divisent en quatre articles, dont les pro- portions sont variables. LesYélies , à l'état de larve, ressemblent beaucoup à l'insecte parfait; elles s'en distinguent cependant très bien par leurs tarses, qui ne sont formés que d'un seul article. Dans certaines larves exotiques, les tarses intermédiaires se composent de deux pièces, dont la seconde est divisée dans presque toute sa longueur et garnie de quelques longs poils; cette pièce a la forme d'un fuseau , et se termine , comme le dernier article des autres tarses, par deux petits crochets. Il est à regretter que l'état parfait de ces Yélies ne nous soit pas connu. Les espèces dont le premier article des antennes est plus long que chacun des suivans , et dont les élytres , lorsqu'elles existent, sont membraneuses dans toute leur étendue , constituent le sous-genre des VÉLIENS. 293 vÉLiES proprement dites. — Vella. Latr.^ A l'exception des espèces aptères, leur corselet s'a- vance sur l'origine des élytres où il forme une saillie triangulaire. Telle est , LA VÉLIE DES RUISSEAUX. (PI. 23, flg. 4-) Veliarivulorum. Fabr.- C'est un joli-insecte, dont la couleur est brune, à l'exception de l'abdomen qui est fauve , tant en des- sus qu'en dessous, avec l'extrémité noire. Le dessus de son corselet est d'un roux plus ou moins obscur. Ses ailes et ses élytres sont noires ; ces dernières offrent chacune quatre points ou taches blanchâtres, dont deux à la base auprès de l'écusson , et deux autres sur la même ligne , vers le milieu et à l'extrémité de l'é- lytre. Quelquefois les segmens de l'abdomen sont mar- qués d'une tache noire à leur extrémité , le long de la saillie qu'ils forment sur les côtés ; une bande noire plus ou moins marquée et souvent remplacée par des points, orne , dans quelques individus, les parties la- térales et inférieures de leur abdomen. Cette espèce vit dans le midi de la France , en Ita- lie et en Sicile. Elle a quatre lignes de longueur, sur une environ de largeur. Observation. Quand les organes du vol n'existent 1. Etyin.? vélum, voile. — Syn. Hydioinetra, Fabrjcius. 2. Gerris riwulorum, Ent. syst., t, IV, pag. 189. — Hrdrometra rivulo- rum, ejusJ. Syst. Rliyiig., pag. 259. 294 IIIÎMIPTÈRES-IIÉTÉROPTÈRES. pas, le corselet ou prothorax forme en arrière un lobe arrondi, comme dans l'espèce nommée Currens par Fabricius^, que M. Schummel distingue de la précé- dente, en admettant, dans l'une et l'autre, l'existence d'individus ailés. Malgré la différence qu'ils présentent dans la forme du corselet, ces insectes ne peuvent être considérés que comme une même espèce , et bien que le Ge?^ris aptère soit autre chose que le Gerris des marais, on ne saurait, ce nous sem- ble séparer la Félie vagabonde de la Vélie des ruis- seaux 2. Cette Vélie vagabonde est très voisine de la précédente, et ne s'en distingue que par l'absence d'ailes et d'élytres , par le peu de longueur du corse- let, et par la couleur brune du dessus de son abdomen, qui offre souvent, le long de la ligne médiane, une série de taches fauves. Les côtés de l'abdomen sont ornés d'une large bande noire, plus ou moins éten- due. La taille de ces individus est un peu inférieure à celle des précédons; on les rencontre aussi dans le midi de la France et dans une partie de l'Allemagne. On a séparé des Véiies deux sous-genres qui sont ; 1. Gerris curre.ns , Ent. syst., t. IV, pag. i^X~Hydrom. currens, ejusd., Syst. Rhyng., pag. i^g. — Felia currens, Sdiavnmel, {Ploteres) , pag- 19- — Léon Dufour, Anat. des TIéiniptèî-es, pag. n3. — Voyez, pour d'autres espèces, le Manuel d'Entomologie de M. Burraeister. 2. Voici ce que l'on trouve, à ce sujet, dans un ouvrage anglais : «On avait pensé que le Felm currens était la nymphe du riVu/oruw, mais ayant trouvé très souvent le F. currens dans l'acte de l'accouplerwent, je puis as- surer que ce sont deux espèces distinctes (Curtis, in London, Magaz. hist. liât., t. IV, pag. iDo). » Celte assertion, qui semble lever toute incertitude, est démentie par la rencontre d'insectes de l'une ou l'autre espèces, que l'on a pris dans les mêmes circoustauces. VÉLIENS. 295 i.°LES MicRovÉLiES. — Microveliu. Westw. ^ Ils ne se distinguent guère des Vélies proprement dites que par les proportions des articles des anten- nes, dont le premier est aussi court que les suivans, tandis que le quatrième est le plus long de tous. Ce groupe renferme de très petites espèces , propres au nord de la France , à l'Angleterre , et en général aux parties centrales de l'Europe. Observation. M. Léon Dufour a fait connaître, dans les Annales de la Société Entomologique de France, une petite espèce qu'il nomme Velia pygmœa ^ , et qui semble, au premier abord, se rapporter aux Micrové- lies, par le nombre et la proportion des articles de ses antennes. Mais , outre que le corselet ne se pro- longe pas en arrière , sur l'origine des élytres , ses tar- ses offrent des caractères qui l'en éloignent ; ceux des pattes de devant ne se composent que d'une seule pièce , tandis qu'on en remarque deux aux tarses des autres pattes. Les ailes sont membraneuses, comme dans les Microvélies. D'après les figures publiées par M. Westwood dans le même recueil, et d'après la description qu'en donne cet auteur, les tarses anté- 1. Etym. /^ixpoç , petit; Vclia, yéXve. — Syn. Hydroessa, Burmei- ster. — Velia? Léon Dufour. — Voyez les détails figurés par M. West- wood (Annales de la Soc. Eut. de Fiance, toni. III, pi -6, fig. 5, a-g). 2. Ibid., t. II, pag. ) i6, pi. 6, fig. B, \, a-d. — M. Burmeister (Manuel d'Entomologie, t. Il, p. 21 3.) regarde le Vdia pygmœa de M. Léon Du- four comme la même espèce que le Microveliu jjulchella de M. Westwood, ce qui n'est pas encore bien prouvé, et, comme pour mettre d ac- cord ces deux auteurs, il donne à cet insecte le nom d'T/^tZroeîSrt reticulata. Si l'on vient à constater l'identité de ces deux espèces, la dénomination im- posée par M. Léon Dufour aura pour elle l'antériorité. 296 HÉMIPTÈRES-HÉTÉROPTÈRES. rieurs des Microvélies se composent de deux arti- cles, et si les tarses postérieurs en ont trois, le pre- mier se distingue peu des suivans. Cette dernière cir- constance, et le doute exprimé par M. Léon Dufour sur le nombre d'articles qu'offrent les tarses antérieurs de sa f^élie pygmée, nous autorisent à croire que cette espèce se rapporte peut-être aux Microvélies de l'En- tomologiste anglais. •2." LES HÈBREs. — Hebrus. Westw.^ Ce petit sous-genre est analogue au précédent pour la taille et se rencontre dans les mêmes lieux, mais il s'en distingue très bien par l'insertion des crochets de ses laisses, qui sont fixés à l'extrémité de leur dernier article, et non pas avant l'extrémité, comme dans les Vélies et les Microvélies. Ses antennes , qui se divisent en cinq articles de longueur à peu près égale , fournissent encore un caractère pour distinguer ce sous-genre ; on peut y ajouter la forme tronquée du corselet en arrière, qui laisse voir l'éçusson, et l'épais- sissement de la première moitié des élytres. 1. Etymologie incertaine. — Voyez les détails figurés par M. West- wood dans les Annales de la Soc. Entom. de France, t. III, pi. 6, fig. 6, a-g. — Voyez, de plus, pour ce sous-genre et le précédent, le Manuel d'En- tomolosie de M. Burmeister. VÉLIENS. 297 •««»•»«*•«««»«»* »*e«»*o rf*<>*o*»»«*»«5««*e«-!i»o«t«o«*a GENRE GERRIS. gerhis. Fabricius'^. On voit courir, pendant l'été, sur l'eau des bassins dans les jardins publics, et à la surface de toutes les eaux stagnantes en général, des insectes portés sur de très longues pattes, et doués de mouvemens fort agiles ; ce sont des espèces de Gerris. Elles se meuvent dans toutes les directions, s'avancent par une suite de secousses, et peuvent assez bien se compa- rer aux Coléoptères du genre des Gyrins, vulgaire- ment nommés Tourniquets. Mais les Gerris ne nagent pas comme ces derniers ; ils marchent en quelque sorte sur l'eau , soulevés par leurs longues pattes, ou glissent par un'mouvement rapide. On les voit apparaî- tre dès le premier printemps , ce qui a fait supposer, avec assez de vraisemblance, que plusieurs d'entre eux passent l'hiver au fond de l'eau. Les Gerris ont les antennes aussi longues que la moitié du corps, et formées de quatre articles, dont le premier est plus long que tous les autres [pL 20, fig. 5, a). Ces insectes ont, dans les proportions de leurs pattes, des rapports avec plusieurs espèces de Nè- piens; les quatre dernières sont d'une longueur remar- I. Etym. Gerris, nom d'un animal ciiez les Latins. — Syn. Aquarlus, Schellenbeigj Hydrometra, Burmeister ; Halobales, Eschschoitz. '2g^ IIÉMIPTÈRES-HÉTÉROPTÈRES. quable, presque double de celle du corps, tandis que les deux premières sont courtes et ne servent pas à la marche. Celles-ci ont pour usage de saisir la proie , et de la porter à la bouche , qui forme un bec très arqué vers sa base , et droit dans le reste de sa lon- gueur. On ne devinerait pas , à l'inspection de ces pattes antérieures des Gerris, qu'elles. font l'office de mains ravisseuses, car rien, dans leur structure, n'an- nonce cette destination. La cuisse et la jambe sont fort grêles, et la patte se termine par un tarse de deux articles, dont le dernier porte deux crochets très fins, qui sont situés dans une échancrure du côté extérieur de l'article (pi. 23, fig. 5, b); ces tarses sont d'ailleurs entièrement garnis de poils, surtout à la face infé- rieure. Les autres pattes des Gerris sont plus grêles que les précédentes, et se terminent également par un tarse de deux articles dont les crochets ressemblent à ceux des pattes antérieures, et sont situés de la môme manière. Le trait le plus caractéristique de la structure des Gerris consiste dans la manière dont les pattes sont fixées au corps; les deux intermédiaires sont très rap- prochées des postérieures , et rappellent tout-à-fait la disposition des pattes dans le genre des Pvanatres, que nous avons déjà fait connaître ; elles sont en outre un peu plus longues que les suivantes. Les Gerris offrent aussi, dans la forme de leur corps, un caractère qui les distingue de beaucoup d'autres insectes, c'est la longueur de leur thorax et de leur abdomen ; cette longueur varie suivant l'âge de l'insecte, comme nous l'apprend l'histoire de son développement. VÉLIENS. 299 Dès le commencement de la belle saison , les Ger- ris se recherchent , et l'on n'a jamais vu , dit de Géer, de mâles plus ardens que parmi ces insectes ; il sem- blerait qu'ils ne sont occupés que du soin de propa- ger leur espèce. Le mâle , monté sur le dos de la femelle qu'il tient embrassée à l'aide de ses pattes antérieures, se laisser tramer par elle, et ne consent à lâcher prise , qu'après avoir atteint le but de ses dé- sirs. Suivant M. Léon Dufour, la femelle dépose ses œufs dans une espèce de bourre mucilagineuse, fixée sur des brins déplantes qui séjournent dans l'eau. Ces œufs sont alongés , de forme à peu près cylindrique; ils sont posés les uns à côté des autres, mais non con- tigus ni serrés contre eux. Vers le mois de juillet, les petits se dégagent de l'œuf en l'ouvrant vers le tiers antérieur ; ils paraissent aussi agiles que les indi- vidus plus âgés. On en voit d'abord, dit de Géer, qui ne sont pas plus gros qu'un grain de sable, et dont la forme est ovalaire ; ils ont leurs antennes courtes et grosses, et surtout le dernier article qui est alors le plus long. Le thorax est surmonté de quatre petites plaques, rudimens des organes du vol. Ces larves sont surtout remarquables par la brièveté de leur abdomen, dont l'extrémité dépasse à peine l'origine des pattes postérieures ce qui donne à l'insecte un aspect des plus singuliers [pi. 23, fig. 5, c). A mesure que les larves croissent, leur corps s'alonge, leurs pattes deviennent plus grêles, leurs antennes s'amincissent en prenant la forme et les proportions qu'elles doivent avoir par la suite, mais le ventre est toujours très court. Déjà le corps se revêt de ce duvet soyeux qui en recouvre la OOO HEMIPTÈRES-HÉTÉROPTÈRES. partie inférieure dans l'insecte parfait. La figure citée représente un de ces insectes, au moment de passer à son dernier état ; il ne lui manque alors que l'entier développement de l'abdomen. Pour compléter ce qui a rapport à la structure extérieure des Gerris, il nous reste à parler des organes du vol , et des dififérences que l'on observe entre les deux sexes. La présence des ailes et des élytres n'est pas constante dans toutes les espèces, aussi Geoffroy fut-il étonné de voir des individus aptères dans l'acte de l'accouplement , bien qu'il les regardât comme des larves ; il en conclut que ces insectes, par une exception rare, n'avaient pas besoin pour s'accoupler d'arriver à l'état parfait. Les élytres sont d'une consistance égale dans toute leur étendue, et ressemblent à des ailes très épaisses soutenues par des nervures saillantes, qui sont quelquefois revêtues de petites écailles , comme le corps de l'insecte lui-même. Les ailes, plus minces que les élytres, sont comme elles alongées et étroites, afin de s'appliquer sur l'abdomen, sans dépasser le re- bord saillant qu'il forme sur les côtés. On reconnaît les sexes, dans les Gerris, au nombre des segmens de l'abdomen , mais il faut , pour cela , les considérer en dessous. On voit alors que le sixième, ou celui qui se termine de chaque côté par une pointe, est suivi , dans la femelle , de deux autres segmens plus étroits, dont le dernier est pointu; dans le mâle, au contraire , on en distingue un de plus. Quelques espèces offrent aussi d'autres différences; dans cer- tains mâles, par exemple , le sixième segment est plus VELIENS. 001 échancré que dans la femelle; d'autres portent, sur ce même segment, deux saillies en forme de tuber- cules ou deux sortes de petites cornes. Les Gerris se rencontrent dans les diverses parties du globe, et quelques espèces vivent sur les bords de la mer. On -en trouve plusieurs aux environs de Paris, dont les deux plus répandues sont : 1. LE GERRIS APTÈRE. (PI. 23 , fig. 5.) Gerris aptera. Schum.^ Sa couleur est d'un brun de couleur olive, dû aux écailles qui recouvrent le corps. Ses pattes et ses antennes sont noires. Tout le dessous de son corps est revêtu de poils soyeux et comme argentés, qui n'empêchent pas de reconnaître la couleur jaune ou blanchâtre du milieu de la poitrine , des hanches et de la saillie que forme sur la ligne moyenne chacun des segmens de l'abdomen. L'ori- gine du rostre lui-même est jaunâtre, ainsi que le des- sous du prothorax ; la partie supérieure de celui-ci offre une ligne élevée dans toute sa longueur. L'ab- sence totale d'ailes et d'élytres distingue d'ailleurs cette espèce de tous les Gerris de nos contrées. La longueur de cet insecte est de six lignes pour le mâle , et huit pour la femelle ; sa largeur est d'une ligne environ ; la femelle a l'abdomen plus large que le mâle , et ses bords sont moins parallèles. 1. Schummel, Monographie des Ploteres ( Breslau, i832, in-8}, pag. 34- — G. canalium, Dufour, Anat. des Hémiptèies, pag. 69, pi. 5, fig. Sg. 3o2 H ÉMI P TÈ R E s - H É T É U 0 P TÈ RE s. 2. LA GERRIS DES MARAIS. Génois paludum. Fab.*^ Cette espèce est semblable à la précédente pour la grandeur et les couleurs; elle s'en distingue cepen- dant par plusieurs caractères qui sont la présence des organes du vol, celle de deux tubercules sur le corselet, un peu au delà du milieu, et d'une petite saillie située dans une dépression , sur le bord postérieur du mé- tasternum. Le milieu de la poitrine est noir , ainsi que celui de l'abdomen, dont la carène ou saillie médiane est beaucoup plus distincte. Le mâle a le sixième seg- ment de l'abdomen fortement échancré, et présente une saillie bien distincte à la base du premier des trois segmens terminaux. Observation. On a distingué , sous le nom d'Halo- hâtes , des insectes qui marchent sur les eaux de la mer ; cette circonstance , réunie à celle de la forme singulière du corps, les a fait séparer des Gerris. Cette forme est à peu près la même que celle de nos espèces indigènes, au moment où elles changent de peau, pour passer à l'état parfait. Est-il certain que les insectes d'Eschscholtz ne soient pas dans le cas de ces Gerris, et des observations positives sur leur développement ne viendront-elles pas démontrer que 1. Ent. syst., t.. IV, pag i88. — HyJromelra paludum, ejiisd., Systeiiia Rliyng., pag. 25S. — Scliuniniel, Mtjiiogr., pag. 29. — Voyez, pour les au- tres espèces, ce dernier ouvrage; le Gênera Crustaceorum de Latreille, t. m, pag. i33; et ajoutez-y les Halobales de l'Entomograpliie d'Eschs- choltz. VÉLIENS. OOÔ les Halobates ne sont que des Gerris imparfaits, dont les antennes et les pattes organisées sont déjà comme elles doivent rester, et qui, par conséquent, ressem- blent à nos Gerris indigènes? C'est la raison qui nous empêche de placer en série le genre des Halobates, qui ne diffère de celui des Gerris que par la forme rac- courcie du corps , et surtout de l'abdomen. GENRE HYDROMETRE. HY DROM ET RA. FaBRICIUS *. Il est peu d'insectes aussi remarquables que les petites espèces de ce genre ; elles courent avec assez de vitesse sur la surface des eaux. Leur forme longue et étroite, qui leur a valu le nom de Punaise-Aiguille, leurs pattes d une ténuité extrême , leur tête cylindri- que , alongée , portant les yeux vers le milieu et les antennes à l'extrémité, enfin, leurs élytres très étroites, logées dans une dépression du métathorax , et ne s'é- tendant pas assez pour couvrir l'abdomen; tels sont les traits qui les caractérisent. De même que dans les Gerris, les quatre pattes de derrière sont plus longues que les antérieures, mais les trois paires de pattes sont également espacées ; leurs tarses sont formés de deux articles, dont le dernier porte deux crochets. Leurs antennes offrent quatre articles; le premier est plus i.Etym. vJ^wp, eau; //«rpsa, je mesure. — Syn. ZjVwnoJates, Burmeisler. — Cimexj Linnéj Geoffroy, de Géer. 5o4 HÉMIPTÈRES-HKTÉnOPTÈRES. gros que les autres, et égal en longueur au suivant; les deux derniers sont extrêmement grêles et beau- coup plus longs que les précédens. Enfin , les sexes se distinguent par l'extrémité de l'abdomen; examiné à la partie dorsale, son dernier segment est à peu près aussi long dans le mâle que la moitié du précédent, tandis que, dans la femelle, il est beaucoup plus court; dans l'un et l'autre sexe , il se termine par une petite saillie. La seule espèce d'Europe est, l'hydromètre des étangs. (PI. 23, fig. 6.) Hydrometra stagnorum. Lin. ^ C'est un petit insecte brun, avec les cuisses, la base des jambes, la trompe et les antennes de couleur de rouille. Le dessus de son corselet ofire aussi quelque- fois la même nuance. Ses élytres sont de couleur grise, avec les nervures noirâtres. Les côtés de son abdomen sont aussi de couleur de rouille , à l'excep- tion d'un bourrelet fort étroit qui les borde, et qui est brun comme le corps. On le trouve en France , dans une grande partie de l'Europe , et il se rencontre également dans les iles Canaries. Sa longueur est de cinq lignes, et sa lar- geur d'un quart de ligne environ. I. Cimex stagtiorum, Fauna Suecica, n.o 971 ; Gerris stagnorum, Fa- bricius, Entom. Syst., t. IV , pag. i88j Hydrometra stagnorum , cjusd. Syst. Rhyng, pag. 258. — Voyez, aussi l'Entomographie d'Eschscholtz pour uHe deuxième espèce de ce genre. R li D U V I E N ! ««.»« »i-9« Ov««9^J■9«•&-^^^•S««4«^^'««^^a3^o.9>»9«â SIXIEME FAMILLE. LES RÉDUVIENS. Parmi les Hémiptères qui vivent toujours hors de l'eau, les Réduviens sont des plus carnassiers. Leur bec est moins long que dans la plupart des familles suivantes, mais il est fort et recourbé; ce trait de leur organisation, le rétrécissement de la tête à son in- sertion sur le thorax et surtout les antennes- dé- liées, constituent leurs caractères les plus apparens. Les Réduviens sont nombreux en espèces et pré- sentent des formes variées. Ils ont le corps générale- ment alongé , les pattes longues et grêles et dans quelques cas plus ou moins renflées, enfin les cuisses quelquefois garnies d'épines destinées à retenir la proie. Souvent aussi leur corselet offre des épines qui sont ordinairement l'apanage des espèces étroites et qui, d'après leurs structures, doivent être aussi les plus légères. Leurs couleurs sont assez variées , quoi- que, dans un très grand nombre, elles n'offrent que des teintes obscures ou des reflets métalliques. Les antennes des Réduves se divisent généralement en quatre articles; les deux premiers en sont toujours les plus gros, et souvent aussi les plus longs ; les deux autres se font remarquer par leur peu d'épaisseur : ils ont l'apparence de soies très grêles, quelquefois mul- 3o6 IIÉMIPTÈRES-HETÉROPTÈRES. tiarticulées. Le d ombre de ces articulations secondai- res varie souvent d'une antenne à l'autre et leur emploi dans les méthodes , n'offre au classificateur que des caractères équivoques. On peut en dire autant de la trompe ; la proportion des articles dont elle se com- pose est en général très variable, et les résultats aux- quels on arrive à l'aide de ces organes, ne coïncident jamais exactement avec ceux que fournissent les an- tennes. C'est donc dans la forme des tarses, dans le mode de leur insertion, dans la présence ou l'absence d'une pelotte au bout des jambes, que l'on trouve le moyen le plus avantageux de distribuer les Réduves. Les divisions qui en résultent renferment, il est vrai , des formes assez dissemblables, mais dont l'apprécia- tion ne conduit qu'à multiplier sans but les coupes génériques, et à charger la mémoire d'une foule de noms inutiles. Les Réduves sont généralement dépourvues de la faculté d'émettre un liquide odorant, vaporisable , mais, en revanche, leur piqûre est des plus dou- loureuses. On les rencontre sur les fleur:^, les arbres, et quelquefois aussi dans les maisons; leur proie, qui consiste en insectes, les rend également communes partout où il peut s'en trouver. Parmi celles qui fré- quentent nos habitations , une espèce a reçu le nom démasquée [Reduvius personatas), d'une habitude sin- gulière de sa larve; elle se revêt de toute espèce de dé- bris et d'ordures [pL 2^, p,g. 4? b), afin de se dérober plus aisément à la vue de ses» ennemis, ou de la proie qu'elle convoite. On pourrait penser que cette larve, ainsi recouverte de petits fragmens de poussière , aux- quels elle doit son aspect informe et l'on peut dire hi- KE DU VI EN s. 007 deux, les ramasse involontairement en passant dans les angles des murailles et les endroits obscurs de nos mai- sons, mais l'observation démontre le contraire. Ayant nous-même trouvé une de ces larves, et l'ayant renferr mée dans un cornet de papier, afin de l'observer plus tard, elle y resta oubliée pendant plus d'un mois. Au bout de ce temps, ayant ouvert le cornet, quel fut notre étonnement de trouver la larve encore vivante, et dé- pouillée de son ancienne peau ? Cet étonnement s'accrut encore lorsque , l'examinant de nouveau , nous vîmes qu'elle était couverte, comme auparavant, de fragmens de poussière, et que la dépouille rejetée se trouvait pres- que entièrement nette. Il était donc hors de doute que la Réduve, après sa nouvelle mue, s'était revêtue des débris empruntés à son ancienne dépouille. Blottie dans quelqu'endroit obscur, la Réduve attend, dans une immobilité complète, le passage de quelque in- secte à sa convenance ; ou bien elle s'avance par sacca- des, s'arrêtant fréquemment ; et , lorsqu'elle aperçoit sa victime, par un mouvement rapide, elle se jette dessus et la saisît à l'aide de ses deux premières pattes. Cette espèce n'est d'ailleurs pas la seule de cette fa- mille nombreuse qui offre une aussi singulière habitude; on la retrouve également dans le genre des Ploières. Les œufs des Réduviens sont d'une forme alongée, plus grosse à l'une des extrémités, et un peu courbée sur elle-même ; leur bout le plus mince est celui par lequel sort le petit insecte; pour cela il pousse en dehors un couvercle qui se trouve retenu par un rebord saillant. C'est une structure analogue à celle des œufs de certains Orthoptères, et c'est un rapport de plus entre ces deux ordres d'insectes qui se ressem- 3o8 HÉMIPTÊRES-HÉTÉROPTÈRES. blent déjà beaucoup par leur mode d'accroissement et leurs métamorphoses. Les difterences sexuelles des Réduvesne consistent, à l'extérieur, que dans la forme des derniers segmens de leur abdomen ; mais ces ca- ractères varient suivant qu'on examine l'un ou l'autre des groupes dont se compose cette famille. Le mâle est en général d'une taille un peu moindre que la fe- melle, comme cela a lieu dans beaucoup d'insectes, et les organes du vol sont souvent plus développés chez lui. On peut , en g;énéral , reconnaître les mâles à la forme de la région anale de l'abdomen qui est convexe, tandis que dans les femelles cette région offre une saillie conique. Ce dernier sexe se distingue encore par la présence d'un oviducte, ou sorte de ta- rière , dont nous constaterons mieux l'existence dans quelques unes des familles suivantes ; mais cet organe n'est pas toujours saillant : on n'aperçoit souvent qu'une simple fente longitudinale le long du dernier segment de l'abdomen. Le tableau suivant présente les caractères des différens groupes que l'on peut admettre dans cette famille. vus HILMIPTERES-HETEROPTERES, GENEE PLOIERE. PLOl Ahl A. SCOPOLI. * La forme alongée de ces insectes et la structure de leurs pattes antérieures, qui sont propres à saisir une proie, leur donnent de grands rapports avec les Man- tes, genre de l'ordre des Orthoptères. Ils ont, comme celles-ci, les pattes antérieures supportées par. une hanche plus longue que dans le reste des Réduviens; la cuisse, qui fait suite, est ordinairement armée d'épines à sa partie inférieure, et la jambe, tantôt aussi longue , tantôt plus courte que la cuisse , forme , en se repliant sur elle , une sorte de pince pour retenir la proie. Toutes les espèces de Ploièrés n'ont pas les cuisses armées d'épines, mais l'usage de leurs pattes de devant n'en est pas moins le même ; la longueur des hanches, moindre dans les espèces qui n'ont pas d'épines aux cuisses , leur taille même fort médiocre , indiquent qu'elles se nourrissent de petits insectes trop faibles pour leur résister, et qu'il suffit aux Ploièrés de surprendre pour s'en emparer. Les Ploièrés sont remarquables par la ténuité ex- trême de leurs pattes et de leurs antennes, dont le premier article est un peu plus gros à l'extrémité. La j, Etjni. TtAoïàjioi', petit It.ileau. RÉDUVIENS. 3ll brièveté de leurs pattes antérieures fait prendre les antennes, au premier abord, pour de véritables pattes, dont elles remplissent même les usages. Elles se cou- dent, en effet, à partir de leur deuxième article et servent, avec les quatre pattes de derrière, à soutenir le corps pendant la marche de l'insecte. Parce moyen, les pattes antérieures restent libres; elles sont ainsi toujours prêtes à saisir les insectes qui se présentent à leur portée. Elevées sur leurs antennes et leurs lon- gues pattes, les Ploières semblent montées sur des espèces d'échasses ; leur marche est lente , saccadée et comme compassée , mais elles prennent rapidement le vol lorsqu'on veut les saisir; plusieurs ressemblent à de petites espèces de Diptères de la famille des Ti- pules. Elles vivent à leurs premiers étals, parmi les ordures des maisons, et s'y rencontrent plus rarement à celui d'insecte parfait. Leurs habitudes se rappro- chent de celles de la Réduve masquée , autre espèce de la même famille ; elles sont aussi comme cette der- nière, assez rares dans nos habitations. Parmi les Ploières exotiques, plusieurs ont le corps très grêle, très alongé, ce qui leur donne des rapports avec le genre Hydromètre , de la famille précédente. La longueur des antennes et des pattes de ces grandes Ploières offre un aspect des plus singuliers. Leurs jambes antérieures, souvent plus courtes que les cuis- ses, rappellent assez bien la conformation des Thes- pis , parmi les Mantes, et, sans la présence de leur bec , on les prendrait souvent pour un de ces Ortho- ptères. Les Ploières se partagent en deux sous-genres , sui- vant que les tarses antérieurs présentent un seul ou Ù12 HEMIPTERES-HETEROPTERES. deux crochets à leur extrémité. Dans le premier cas elles constituent les Emèses, Emesa de Fabricius; ce sont les plus grandes espèces. Nous figurons, sous le n.° 1 , de la planche 24 , le type de ce sous-genre, ou I'Emèse fil, Emesa filum, Fab. ^, dépourvue des organes du vol, qu'elle semble acquérir quelquefois. C'est un insecte brun, avec les pattes de devant, les antennes et la partie antérieure du corps fauves , et qui atteint deux pouces de longueur ; il se trouve dans les parties orientales de l'ancien continent, et, plus particulière- ment dans les Indes et à l'Ile-de-France. Les Ploières proprement dites, ou le second sous- genre, renferment les espèces qui présentent deux crochets aux tarses de devant. Dans celles-ci, les jambes antérieures sont aussi longues que les cuisses, et, quand ces dernières sont armées d'épines, elles correspon- dent au genre Cérascope, Cerascopas de Heincken^. Parmi celles qui n'ont pas d'épines aux cuisses, on distingue surtout, LA PLOIÈRE vagabonde. (PI. 24, fig- 2.) Pbiaria vagabunda. Lin. ^. C'est un petit insecte jaunâtre avec les pattes et les antennes annelées de brun , et les ailes tachetées de la môme couleur; le dessous de son corps est entière- ment brun , et quelquefois aussi le dessus de sa tête 1. Syst. Rliyng, pag. 263. 2. Zoological Journal, t. V, pag. 35, pi, 2, fig. 5. 3. Ciinex vagabunduSyVnwTn» Suecica, n.» g^2. — Gcrris vagahundus. REDIJVIENS. Jl^ et de son corselet. Le bord inférieur des cuisses de devant est garni d'une frange de petits poils. On trouve cette espèce en France et dans une grande partie de l'Europe; sa longueur est de deux à trois li- GENRE RÉDUVE. REDVVIVS. FaBRICIUS. Ce groupe nombreux renferme toutes les espèces de la famille des Réduviens, dont les hanches anté- rieures ne sont pas plus saillantes que les autres. Les traits de l'organisation extérieure qui leur sont pro- pres, consistent dans la forme grêle et sétacée des antennes, à partir de leur milieu, et dans l'étran- slement du corselet, soit au milieu, soit vers l'une ou l'autre des extrémités. Confondues d'abord sous le nom de Réduves, que leur avait donné Fabricius, elles ont été divisées depuis par cet auteur lui-même; il en a distingué sous le nom de Xelm , des espèces que leur forme étroite et leurs longues pattes peuvent bien faire reconnaître ; mais comme il ne leur a pas assigné de caractères certains , un grand nombre peut être in- Fab., Syst. iiliyng, pag. 262; figuré dans Schellenberg, Cimices Helvetiae, pi. 8, et dans Wolf, Icônes Cimicum, pi. 20,fig. 197. — Voyez, pour les autres espèces de Ploières en géuéial, l'ouvrage de Scopoli ayant pour titre : Dellciœ Florœ et Faunœ iiisubricœ ,• de Géer, Insectes, t. III, et FAmeri- can Entomology, t. III, de Say. 5l4 IIÉMIPTÉRES-HÉTÉROPTÊRES. distinctement rapporté à l'une ou l'autre des deux di- visions. Cependant l'examen plus attentif de la struc- ture de leurs tarses ayant conduit à y découvrir des diflférences , les Zélus seront désormais distingués des Réduves d'une manière suffisante. Parmi les caractères employés d'abord par Latreille dans son Gênera Crus- taceoram, et ceux présentés par MM. de Saint-Fargeau et Serville, dans l'Encyclopédie méthodique, il s'en est trouvé dont l'importance réelle a permis d'établir quel- ques genres ; tels sont en partie ceux qu'a proposés M. de Laporte dans son Essai d'une classification des Hémiptères, et d'autres que M. Hahn^ a fait con- naître dans son ouvrage sur le même ordre d'insectes. Mais les variations fréquentes des antennes dans la gros- seur de leurs articles, le nombre de ceux-ci quel- quefois mal assigné , faute d'observations suffisantes , l'appréciation trop scrupuleuse de la forme générale, qui présente un certain nombre de types comme dans tous les. genres nombreux en espèces, ont porté les auteurs à multiplier tellement les genres de Réduves, que la moindre diffiirence offijrte par des espèces nou- velles, en entraînera nécessairement la formation de nouveaux. C'est le cas du tableau qu'en a présenté le D.' Burmeister dans son Manuel d'Entomologie , ou- vrage auquel on peut appliquer la même observation pour les autres familles d'Hémiptères. Si l'auteur avait voulu seulement indiquer les variations de formes, sans imposer à chacune d'elles un nom particulier, on n'au- rait pas à lui reprocher d'avoir grossi outre mesure la liste des noms génériques; mais il semble avoir donné une importance égale au genre le mieux carac- I, Wanzenaitiiren Iiistklen, UÉDU VIENS. 3l5 térisé par des traits invariables, et à celui dont les dil- férences consistent, par exemple, dans la position d'un sillon sur le corselet, dans la forme différente des pat- tes, dans la proportion des antennes. Ce dernier ca- ractère offre si peu de valeur, il est d'un emploi si in- certain, que l'on sera forcé par la suite de réunir en un seul plusieurs des genres que nous avons conservés. Les Entomologistes qui s'occupent d'une manière toute spéciale de la classification des insectes, seront pour le moment d'un avis différent, et blâmeront la manière dont nous entendons ici le sous-genre de Réduves pro- prement dites; mais comme il est impossible d'admettre tous les genres établis dans ces derniers temps, sans employer des caractères tirés de la forme générale , dont on ne saurait poser nettement les limites, nous avons préféré laisser dans le même groupe toutes les espèces dont les jambes de devant offrent à leur ex- trémité une portion membraneuse , une sorte de pelotte formée par une peau mince et molle , com- parable à celle qui termine les palpes dans les Orthoptères. Il est hors de doute qu'un caractère de cette importance, réunira des espèces ayant des habitudes communes , tandis que l'examen minu- tieux et futile , des changemens que subissent dans leur longueur les articles des antennes, la présence ou l'absence d'épines au corselet, et autres caractères de ce genre , ne devra conduire l'observateur qu'à ré- partir les espèces de chaque genre dans autant de petites divisions, que l'on peut fort bien reconnaître sans leur donner un nom distinct. Ne rappelant à la mémoire qu'une simple différence de forme, ce nom la fatigue en pure pente, et n'offrant ;( l'esprit qu'une 5l6 IlÉMIPTÈRES-HÉTÉROPTÈRES. circonstance dénuée d'intérêt, il le rebute, il l'éloigné de l'étude d'un science d'ailleurs remplie d'attraits, dont on veut aujourd'hui faire consister le mérite dans une longue et fastidieuse nomenclature de genres , nouvelle idole à laquelle sacrifie toute la génération présente des Entomologistes. Le genre Réduve , considéré d'une manière gé- nérale peut se diviser en dix sous-genres distincts, savoir : 1." LE zÉLUs. — Zelus. Fab.'^. Ce sous-genre renferme toutes les espèces de Ré- duves, dont les crochets des tarses comprimés, pré- sentent à la base une petite saillie en forme de dent [pL 2[\, fig. o, a). Tous les genres que nous citons comme synonymes de ce groupe, doivent être pris pour de simples divisions, fondées sur des caractères très variables d'une espèce à l'autre. Les Zélus sont en gé- néral des espèces à corps long et étroit, à pattes postérieures grêles, à antennes longues et minces. Les articles de leur bec offrent des proportions varia- bles; tantôt c'est le deuxième, tantôt c'est le troisième qui est le plus long. Les antennes ne sont pas moins variables , mais leur deuxième article est toujours le plus long et ordinairement aussi le plus gros; les deux derniers se présentent dans des proportions différen- tes', selon les diverses espèces. Le corselet des Zélus est surmonté de tubercules ou d'épines dans la plu- I. Etym. fiiAÉù) , je charme. — Syn. Partie des Reduuius , Fabricius; Hurpactor, Prionolus, Laportej 3Iyocoris, Ewagoras, Notocyrlus , Ari- Ins, Burmeister. REDUVIENS. 017 part des espèces étrangères; leur abdomen est sou- vent plus large que le corps. On trouve en France quel- ques espèces de ce sous-genre. LE ZÉLUS SANGLANT. (PI. 2[\, flg. 3.) Zelas cruentus. Fab.^ C'est un insecte dont la couleur d'un rouge foncé sur le corps et les pattes , est agréablement variée de noir; toute la poitrine et une partie plus ou moins grande du dos, suivant les individus, sont de cette dernière couleur; trois séries longitudinales de points noirs s'étendent sur l'abdomen; d'autres taches noires de forme carrée se remarquent sur ses bords latéraux, tant en dessus qu'en dessous ; enfin l'extrémité des cuisses et la base des jambes sont noires, ainsi que le dessus de la tête, les antennes, l'extrémité du bec et les tarses. Cette espèce se trouve surtout dans les parties mé- ridionales de la France. Sa longueur est de neuf lignes, et sa largeur de trois environ. o Observation. Le Z. annulatus, Lin. ^, est une es- pèce des environs de Paris, un peu moindre que la précédente, et dont le corps est noir, excepté les bords de l'abdomen qui sont tachés de rouge ; les cuisses sont annelées de noir et de rouge; les jambes 1. Ent. Syst., t. I\, pag. 198; Syst. Rhyng., pag. 272 j Wolf., Cimic , pi. 4, fig. 38. 2. Cimex annulalus,Fa.un.Saec.,n.° 943. — Fob. Syst. Rhyng, pag. 271. — Wolf. Ci.mc.,pl. 8, fig. 78. 3 1 8 II É M IPTK RES-HÉ TÉ II OTTÈ I\ E S. sont entièremeni rouges, les tarses et les antennes sont noirs. 2.° LES APiOMÈREs. — Jpiomerus. Hahn *. Ce sous-genre a, dans la grosseur des ([uatvc jambes de devant _, qui sont ordinairement très velues, et surtout dans la cavité ou le sillon que présente leur extrémité pour recevoir les tarses , des caractères qui le distinguent suffisamment de tous les autres. Il commence la série de ceux dont les crochets des tarses sont grêles et dépourvus de saillie à la base. 3." LES RÉDUVES proprement dites. — Reduvius. Fab. - On peut reconnaître les espèces de ce nombreux sous-genre, à la présence d'une pelotte à l'extré- mité des quatre jambes de devant^ qui ont à cet effet plus de largeur, et qui permettent à l'insecte d'adhérer fortement à la surface des corps sur lesquels il se pose [pL 24, fig- 4» ^)- Les Réduves présen- tent quelques variations dans leurs formes , et leurs antennes offrent, dans le nombre et dans la propor- tion de leurs articles, des caractères qui ne sont pas assez stables pour permettre l'établissement de sous- genres distincts. Les auteurs qui ont cru devoir les 1. Etyiii. ctTv'im, maigre; /x«poç, cuisse. — Syn. Bedui>ius des auteurs. Type : Reduuiiis hirtipes, Fab. Eut. Syst., t. IV, pag. 201, et Syst. Tihyug, pag. 2^4. 2. Etym. Reduuiœ, dépouilles. — ^yn. PlaLynieris , Macrophtkalmus , Hainmatocerus , Tapinus, Proslemma, Laporlc; Spiniger, Tiarodes, Bur- meisterj Opsicœlus, Pachynomus, Klug ; Ectrichodia , Lepeletier et Ser- ville; Loricerus, ./^pmy, Hahn; Nabis, Latreille. aÉDiiviE.Ns. v3i9 établir, se sont fondés sur des changemens dans les formes, que l'on devrait plutôt regarder comme des signes de divisions dans un môme sous-genre, que comme autant de sous-genres distincts. Tels sont : a. Les Réduves vraies et les Platymcres , dont la forme est alongée, le corps plat, avec la ligne trans- versale ou l'étranglement du corselet placé vers le bord antérieur. Tantôt ce corselet est armé de tuber- cules et d'épines, tantôt il en est dépourvu; sa sur- face, dans ce dernier cas, est simplement inégale. Le type de cette division est, LA RÉDUVE MASQUÉE. (PL 2^, Ûg. 4- ) Redavius personatus. Lm.^ Cet insecte, entièrement brun ou noirâtre , est re- vêtu de poils peu serrés, et se reconnaît à la couleur pfde des articulations de ses pattes et de ses anten- nes. Il a neuf lignes de longueur, et se trouve com- munément dans la plus grande partie de la France. /2. Les Macrops ^, dont les yeux sont très saillans, et dont les antennes ont les deux derniers articles ex- 1. Fauna Suec, n.° 942. — De Géer, Ins., t. III, pag. 281, pi. i5, fig.7. — Wolf, Icônes Cimicum , pi. 8, fig. 76. — Le type des Piatyineris de M. de Laporte est le Red. biguttatus, Linné, Syst. nat., t. Il, pag. 726. Fab. Elit. Syst., t. IV, pag. 2o5, et Syst. Rhyng, pag. 266; figuré dans Wolf, Icon. Cim. pi. 8, fig. 79, et mieux dans Stoll, pi. g, fig. 64. — A ce groupe se rapportent les genres Spiniger de M. Burmeister et Opsicœtus de M. Klug. 2. Burmeister, Macrophtlialnius, Laporte (nom déjà employé dans les Crustacés); type : M. pallens, Lap., Essai, etc., pag. ii . Ù20 HÉMIPTÈRES-.HÉTÉROPTÈRES. trêmement longs et grêles. Ils ont le corselet épineux, comme plusieurs espèces du genre précédent. -y. Les H ammatocères'^, qui ont les antennes divi- sées , à partir du troisième article , en un très grand nombre d'articulations distinctes, et qui se terminent , comme à l'ordinaire, par deux _articl., lab. ig, fig. 2. 3. Type : Stenop. cinerea, Laporle, Héiuipt., pag.26. — Rapportez ,1 ce groupe le Reduvius spinidorsis, Grayj Animal Kingd., pi. 91, fig, i. 324 HÉMIPTÈRES-HÉTÉROPTÈRES. aux espèces dont le premier article des antennes est aussi long ou plus long que la tête et dont les cuisses antérieures sont aussi minces que les autres et inermes; ils ont le corselet épineux. y. Les Pygolampes ^, qui ne se distinguent guère des vrais Sténopodes que parleur corselet sans épines, et par la longueur souvent plus grande du premier ar- ticle des antennes. 5.° LES PÉTALOCHIRES. — Petaloclùrus. Pal. Beauv.^ Ce sous-genre se rapproche des procédens par le peu d'épaisseur de ses antennes , dont le troisième ar- ticle est 4rès long; mais on le reconnaît surtout à la forme de ^es Jambes de devant, qui sont élargies de chaque côté , de manière à offrir la figure d'un petit bouclier. • 6.° LES coNORHiNES. — Conorhinus. Lap.^ Les antennes sont encore terminées ici par deux ar- ticles plus minces que les précédens, mais les pat- tes sont courtes, le corps est large et aplati, la tête longue et étroite, avec le premier article des antennes long au plus comme la moitié de la tête. . I. Type : Miris denticulata, Geimar, Voyage eu Dalmatie, pag. 276, ou OcJietopus spinicollis, Hahu, Wanzen, pi. 28, fig. 92. 2. Etym. Tv'iTa.Ktiv , feuillej x^'f ' ^'f'"- • ^^^'^- — Type : P. variegatus , Palisot Beauvais, Insectes d'Afrique et d'Amérique, Hémiptères, pi. 1, fig. 1. — Une autre espèce est figurée dans la même planche sous le nom de P. rubiginosus, fig. 2. 3. Etym. xâvo^, cône; piç, p/vôt , nez. — Syn. T'/iato/wrt, Laporle, olim. — Type: Reduviits gigas, Fab., Ent. sysl., t. IV, pag. igS, et Syst. RJiyng., pag. 267. — Figuré dans Wolf, Icônes cimicum, pi. \i, fig. 1 13- RÉDUVIENS. 3^5 7.° LES ciMBES. — Cimbus. Hahn.^ Avec la forme des précédens et leur tête alongée, les espèces de ce sous-genre -ont le premier article des antennes plus court que la tête, et ceux qui viennent après le troisième , sont fracturés en plusieurs articu- lations dont le nombre est au delà de deux 8,° LES HotoTRiCHLEs. — Holotricllius. BURM.'^. Ces insectes ont aussi les antennes formées, d'une sérje de petits articles distincts à partir du troisième, mais ils diffèrent des Cimbes par leur tête courte, ovalaire, et par le premier article de leurs antennes qui est plus long que la tête. 9.° LES LOPHocÉPHALES. — Lopfwcepkala. Lap.* La forme de ce sous-genre se rapproche beaucoup de celle des Cimbes; comme dans ces derniers, la tête est alongée et cylindrique; les antennes, dont le premier article est plus long que la tête , rapprocl^ent les Lophocéphales des Holotrichies , mais l'épaisseur égale de tous les articles dont elles se composent, les distingue suffisamment des trois derniers sous-genres. I. Etym.? K/'/xê»^, insecte. — Type C. producliis^ Hahn, Wanzen, pi. 6, ng.aS. 1. Etym. oAoç, laitj 3-çîf, T-p/j^éî, poil. — Type: H. tenebrosus, BUim., Manuel d'Entomologie, t. If, pag 248. 3. Etym. aÔçoï, crcle; Kç^àxii, tête. — Type : L. Guerini, Lap.,HémJpt. pag. i-i. 326 HÉMIPTERES-HÉTÉROPTÈRES. 10." LES HOLOPTILES. HolopttluS. LaP. et SeRV.^ Ces jolis insectes ont, comme les prccédens, les antennes de grosseur égale. dans toute leur étendue; leur troisième article est très long, et le deuxième plus court que la tête; mais ce qui caractérise surtout ce sous-genre , ce sont les poils nombreux qui garnis- sent les antennes dans toute leur longueur. Les jambes sout également velues , surtout les postérieures , qui forment dans quelques espèces comme deux pinceaux de longs poils. SEPTIEME FAMILLE. LES ARADIEISS. Cette famille peu nombreuse se compose de quatre genres principaux, dont le premier renferme la Pu- I. Etym. oAH , tout 5 trlif.at , duvet. — Type: H. iirsus, Lap. et Ser- ville» Encyclopcdie niethod., t. X, pag. 280; figuré dans le travail de M. de Laporte , pi. 54, fig- i. — Voyez, pour les autres espèces de Rédu- ves en général, le Manuel d'Entomologie de M. Burmeisterj les Insectes d'Afrique et d'Amérique de M. Palisot-Beauvais J l'x'inimal Kingdom; la partie entomologique du Voyage de l'Astrolabe j la même partie dans le Voyage de la Coquille j celle de l'Expédition de Morcelles Observations de Zoologie et d'Anatomie comparée du voyage de M. de Humboldlj la description des insectes du voyage autour du Monde de M.Meyer j l' Ame- rican Entomology de BI. Say;Ics Archives de Wiedemann, 1. 1, pag. 147 et suiv. j le Voyage de MM. Spix et Martius au Brésil; le tome 10. •^ de l'En- cyclopédie méthodique ■ et, enfin, la description de plusieurs espèces du genre Pirate, jiar M. Serville, dans les Annales des Sciences naturelles, année i83i. AllADIENS. 327 naise de nos appartemens, hôte aussi incommode que difficile à chasser. Les deux suivans, ou les Ara- des et les Tingis, ont dans la forme aplatie de leur corps un caractère commun avec les Punaises, et qui a passé en proverbe; mais ils se nourrissent du suc des plantes ou détruisent le parenchyme des feuilles, en les rongeant par dessous; ils attaquent quelquefois en grand nombre les arbres fruitiers, et l'on ne s'aperçoit de leur existence que lorsque les feuilles commencent à se faner. Les Phymates, ou le dernier genre de la famille, font au contraire la guerre aux insectes; leurs pattes de devant sont organisées de manière à pouvoir s'en saisir avec avantage, comme dans le genre des Naucores, parmi les Hépiiptères aquatiques. Les cuisses renflées des Phymates , qui leur ont peut-être valu le nom qu'ils portent, donnent à ces insectes un aspect bizarre, et les distinguent suf- fisamment des trois autres genres d'Aradiens. Les Tin gis présentent quelquefois, sur les côtés de leur cor- selet, des sortes de membranes transparentes formées par les bords mêmes de cette partie du corps , et leurs élytres diaphanes, souvent plus larges que l'abdo- men, offrent une réticulation en forme de réseau qui donne à ces insectes une apparence des plus bizarres; quelquefois même le corselet est surmonté de lobes membraneux qui lui donnent une forme irrégulière. Ce sont en général de très jolis insectes, mais d'une fort petite taille, excepté dans les ré- gions intertropicales , d'où l'on en connaît fort peu. Les Arades se font remarquer par l'aplatissement de leur corps , par les sinuosités qu'il présente quel- quefois sur les bords , et surtout par l'insertion 328 HÉMIPTÈRES-HÉTÉROPTÈRES. des organes du vol qui sont ordinairement reçus dans une dépression du dessus de l'abdomen; leur tête saillante entre les antennes, et presque pointue, forme encore un de leurs traits caractéristiques. Les Phlées, qui ont la forme aplatie des uns et des autres, mais qui renferment des espèces d'une plus grande taille, sont aussi des insectes herbivores. Ils ont, comme les Tingis, le corps entouré d'un rebord large et mem- braneux, mais leurs élytres ne sont pas transparentes ; ils s'en distinguent d'ailleurs fort bien par le nombre des articles de leurs antennes. L'insertion du rostre dans les Aradiens présente une disposition qui distingue cette famille de toutes les précédentes; il est reçu dans une espèce de sillon, dont les bords sont relevés, aU moins à son origine. On observe une disposition semblable dans quelques genres des familles suivantes , mais la présence des la- melles entre les crochets de leurs tarses, ne permet pas d'hésiter sur la place que l'on doit assigner à ces insectes. Le tableau suivant présente les caractères sur lesquels on a fondé les différens groupes de la famille des'Aradiens. 53o HÉMIPTÈRES-HÉTÉROPTÈRES. GENRE PUNAISE. ci M EX. Linné. Nous ne désignons pas, avec Fabricius, la Punaise de nos lits sous le nom d'Jcant/iia, pour réserver celui de Cimex à un groupe très nombreux de la dernière fa- mille des Hémiptères-Hétéroptères. Le type du genre qui va nous occuper est un des insectes les plus con- nus, parce qu'il est aussi l'un des plus nuisibles à l'homme, il était donc convenable de lui laisser, le nom vulgaire de Punaise. Sa forme plate , arrondie , mais un peu plus longue que large, son corselet court et échancré , ses antennes finissant en pointe , ou plu- tôt en soie très déliée, tels sont les caractères qui peuvent le faire distinguer des autres groupes de la même famille. Le nom de Punaise, formé, suivant Ménage, du latin Punicea, aurait été d'abord appliqué à une espèce fort commune au pied des arbres, et que nous ferons con- naître plus loin sous le nom de Lygée aptère ; mais on l'a étendu par la suite à la Punaise des lits, et même à toutes les espèces de la section des Hétéroptères. On a proposé d'autres étymologies de ce mot, mais comme elles sont bien moins probables, nous les passerons sous silence. Tout le monde sait combien l'odeur exhalée par la ARADIKiNS. 0.:)1 Punaise des lits, quand on l'écrase ou qu'on l'irrite, est fétide et nauséabonde ; c'est celui de tous les Hé- miptères, dont les émanations sont les plus infectes. On sait aussi combien cet insecte est avide de notre sans;, et combien il est difficile de se soustraire à ses attaques. Il multiplie d'une manière prodigieuse, sur- tout dans les endroits malpropres. Blotti, pendant le jour, dans les angles des murs et des lits, dans les plis des rideaux, il n'en sort que pendant la nuit. On a mis a profit la connaissance de cette habitude , pour lui présenter des claies d'osier , dans lesquelles il se réfu- gié, et dont on le fait aisément tomber, en les se- couant brusqueiftent. On a cru pouvoir se préserver de sa piqûre en éloignant le lit des parois de la chambre , mais l'insecte s'y prend de manière à déjouer notre pré- voyance. Il grimpe le long de la muraille, à laquelle il adhère aisément à l'aide des crochets de ses pattes, marche sur le plafond dans une situation renversée, et, se trouvant au dessus du lit, il n'a plus qu'à se laisser tomber. On le surprend dans cette manœuvre , en in- troduisant subitement de la lumière dans la chambre au milieu de la nuit. Dès que le jour arrive , il gagne de nouveau sa retraite, pour recommencer ses excur- sions nocturnes, après le coucher du soleil. Les Punaises, au sortir de l'œuf, sont d'une très pe- tite taille , qui leur permet aisément d'échapper à la vue; leur couleur est alors blanchâtre, mais, après plu- sieurs changemens de peau, elle devient brune ou rougeâtre. Leur forme , avant l'état parfait, est un peu différente de ce qu'elle doit être plus tard; elles ont les antennes de grosseur égale dans toute leur éten- due, le corselet carré, moins long que large; leur tête v332 HÉMIPTÈRES-HÉTÉROPTÈRES. offre une largeur égale à celle du corselet. On recon- naît l'état parfait à la présence de deux rudimens d'é- lytres qui couvrent le premier segment de l'abdomen, ainsi que le présente la figure 2 de la planche 26^. Les œufs de cet insecte sont blancs, de forme ovale et un peu courbés à l'une de leur extrémités, où ils présentent un petit couvercle entouré d'une sorte de bourrelet [pi. 25, fi g. 2, a), comme nous l'avons déjà dit au sujet des Réduves. La Punaise parvient aisé- ment à les dérober aux recherches, en les fixant con- tre les angles de murailles, et dans d'autres endroits où leur petitesse les rend inaperçus. C'est ainsi que l'usage de certaines liqueurs étendue^ sur les murs et les lits, peut faire disparaître les Punaises, en empê- chant leurs œufs d'arriver à leur éclosion; maison a multiplié, sur la manière de détruire ces insectes, des observations dans lé détail desquelles il serait superflu d'entrer. On a aussi prétendu leur trouver des pro- priétés médicales, ainsi qu'à beaucoup d'autres in- sectes; on sait aujourd'hui quelle valeur peuvent avoir de semblables remèdes. Ceux qui seraient cu- rieux de connaître combien sont variés les moyens de se délivrer des Punaises, ou du moins combien on en a signalé, pourront consulter l'histoire des insectes nuisibles et utiles du médecin Buchoz ^. Ces moyens sont pour la plupart d'un emploi difficile, quelque- fois dangereux, et le résultat que l'on en obtient, n'équivaut pas ordinairement à la peine que l'on s'est donnée. I. Ciinex lectularius, Linné, Fauiia Suecica, n." 909. — Do Gécr, Ins., t. III, pag. 296, pi. 17, fig. 9-25. a. Deux volumes in-i5, Paris, an VII. ARADIENS. 533 On a prétendu que les Punaises nous avaient été amenées d'Amérique, et qu'elles avaient été introdui- tes en Europe par l'Angleterre, où elles ne furent con- nues, dit-on, qu'en 1670; maison ne peut admettre ce fait, puisque les écrits des auteurs anciens font mention de ces insectes en plusieurs endroits. Suivant Mouffet, les premières Punaises ont été vues en An- gleterre en l'année i5o3, où deux dames nobles, dit-il , remplies de frayeur à la vue des pustules pro- duites par la piqûre des Punaises, se crurent attaquées de quelque contagion^. Il est possible en effet que cet insecte n'ait été connu que fort tard en Angleterre , mais on ne peut en dire autant de notre continent. L'homme n'est d'ailleups pas le seul être organisé, auquel s'attaquent ces insectes; îl paraît qu'ils se nourrissent aussi du sang de quelques animaux. Les Punaises, qui vivent sur ces derniers, appartiennent, dit-on, à des espèces différentes de la nôtre. <ê'i,^^^»»^^&«iS^^i>9^>o^'9-&o.&^e>o9^<^'Q^^e^.^9-è^i9>o^^^^^o GENRE ARADE. ARADUS. FaBRICIUS. Les Arades sont des insectes très plats, qui vivent sous les écorces des arbres, et s'y nourrissent de lar- ves d'autres insectes. On les reconnaît, dans cette famille, à la forme cylindrique de leurs antennes^, I. Insectorum sive miiioruru animalium theatrum,, pag. -y.-o. 334 IIÉMIPTÈRES-HÉTÉROPTÈRES. dont le quatrième et dernier article est rarement plus gros que les précédens. Leur front se prolonge entre les antennes tantôt en forme dé cône alongé , tantôt en forme de saillie simple ou bifide. Leurs ély- tres, ordinairement épaissies à la base ^ sont quelque- fois engagées dans une dépression de l'abdomen, et quelquefois tout-à-fait libres/ Les Arades se laissent partager en deux sous-genres, qui sont, 1." LES BRACHYRYNQUES. — Bracliyrynclius. Lap.* Doiît le bec est fort court et logé dans un sillon qui ne dépasse pas la tête. Ce groupe renferme les espè- ces à ailes et à élytres moins grandes que le corps et logées ordinairement dans une dépression de l'abdo- men. Celles dont le corselet s'avance sur les côtés en forme de lobe arrondi, et dont les bords de l'abdomen sont dentelés, constituent les Dysodies [Dysodius) de MM. Lepelletier et Serville^; les autres ont une forme plus étroite , et les côtés du corps tout-à-fait ou à peu près parallèles. Parmi ces dernières, la seule espèce indigène, dont M. Curtis a fait son genre Aneure [Aneurus), à cause de l'absence de nervures aux ély- tres qui sont presque entièrement transparentes, est, 1. Etym. (3pa;(vç, court j pu^j^oç, bec. — Syn. i5^*oJi«5, Lep. et Servillc j Aneurus, Curtis. 2. Type: Aradus lunatus, Fab,, Ent. syst., t. IV, pag. 72. — Stoll , Punaises, pi. 1 3, fig. 84. ARADIENS. 535 LE BRACIIYRYNQUE LISSE. (PI. 25, flg. 5.) Brachyrynchus tevis. Fab.*^ Dont la couleur est plus ou moins brune sur le corps , tandis que les pattes sont ferrugineuses. Ses élytres , dont l'angle extérieur est seul épaissi {fig. 3, «), sont jaunes vers la base et brunes dans tout le resté de leur étendue. On trouve cet insecte en Angleterre, en France et en Allemagne. Il a deux lignes de longueur et une en- viron de largeur. 2.°LES ARADES proprement dits. — Aradus. Fab.^ Qui ont le bec plus long que la tête et s'avançant plus ou moins entre les pattes. Leurs élytres sont plus développées que celles des Brachyrynques, et recou- vrent ordinairement l'abdomen en entier. On trouve surtout en France , l'arade du bouleau. (PI. 25,flg. 4') Aradus betulœ. Lm.^ C'est un insecte de couleur ferrugineuse , marqué de noir sur le corselet , l'écusson et chacun des seg- 1. Aradus leuis, Ent. syst., t. IV, pag, yS. — Aneurus leuis, Curtis, Bristisli Entomology, pi. 86. 2. Elymologie incertaine. — Syn. Piestosoma, Laporte. 3. Cimex betulœ, Fauna Suecica, n." 918. — De Géer, Ins., t. III, pag. 3o5, pi. i5,-fis- 16-19, 16-J7. — Acanihia corticalis,Wol{, Icônes cimi- cum^ pi. 9, fig. 81 . 556 HÉMIPTÈRES-HÉTÉROPTÈRES. mens de l'abdomen. Le dessous de son corps est en- tièrement noir, à l'exception des bords élargis de l'abdomen. Les pattes sont ferrugineuses avec les arti- culations Jaunes; celles du bec sont aussi de cette dernière couleur. Le corselet a ses bords dentelés, et son disque est surmonté de quatre lignes longitudi- nales élevées. L'éCusson offre. un tubercule au milieu et une ligne élevée sur les côtés; les nervures desélytres sont très grosses et saillantes. On trouve fréquemment sur le bouleau cet insecte et sa larve. Il atteint quatre lignes de longueur et deux environ de largeur. Observation. Le genre Piestosome de M. de La- porte^, semble n'avoir- été formé que sur une espèce dont les antennes présentent un petit article supplé- mentaire , comme il arrive si souvent dans la section des Hémiptères-Hétéroptères. Telle est une autre es- pèce de nos contrées : ^. depressus , Fab. i , dont la couleur est brune, avec le ventre rouge, les angles antérieurs du corselet et des élytres pâles, le reste des élytres est jaunâtre et taché de brun , surtout à l'extrémité ; les pattes sont jaunes avec des bandes brunes; les antennnes sont noirâtres et ont le premier article pâle. De même que dans le précédent, on dis- tingue sur le corselet quatre lignes longitudinales éle- vées, mais les côtés del'écusson forment deux lamelles plus saillantes. Sa longueur varie entre deux et trois lignes. I. Ent. syst., t. IV, pag. -ja. — Wolf, Icon. cim., pi. i3, fig. 123. — Voyez, pour les autres espèces, l'Essai de M. de Laporte, pag. 54; — le Manuel d'Enlomologie' de M. Burmeister,. pag. 253-257 j — le Voyage de rAstrolabo, Entomologie, t. II, pag. 64^-. '««■»49« <«>0«^>fr9«>05^4 ARADIENS. GENRK TINGIS. TINCrIS. FaBRICIUS. Ces insectes ont, dans leur forme aplatie, de grands rapports avec les Arades, mais il s'en distinguent géné- ralement par leurs antennes , dont le dernier article est presque toujours en bouton, et par le développe- ment des élytres qui sont plus grandes que le corps. Les bords de leur corselet et de leurs élytres sont quelquefois étendus sous forme d'expansions assez larges, et leur surface entièrement transparente, est parcourue par des nervures qui forment un réseau irrégulier et leur donnent un aspect des plus agréables. Le corselet se prolonge en arrière de manière à cacher l'écusson , excepté dans le sous-genre des Piesmes; quelquefois aussi son bord antérieur s'avance au-des- sus de la tête, et la recouvre comme une sorte de capuchon. Malgré les rapports extérieurs qui rapprochent les Tingis des Arades , leur manière de vivre est fort différente. Les Arades soiit carnassiers, les Tingis au contraire se nourrissent de sucs végétaux ; ils se tien- nent sur les fleurs , ou dans les feuilles qui les avoisi- nent; leur piqûre produit des excroissances, des sortes de maladies qui détruisent souvent les feuilles et les fruits dont ces. petits insectes dévorent le parenchyme. Les pétales de certaines fleurs ainsi attaquées, s'épais- sissent et ne tardent pas à se faner. Les Tingis mul- I^&F,CTr,s. jx. 22 338 HÉMIPTÈRES-HÉTÉROPTÈRES. tiplient rapidement et causent de grands dégâts dans lea.localités où ils se développent. Leur, forme aplatie leur permçt de se glisser facilement entre les feuilles florales des plantes et les pétales même des fleufs. Les Tingis se partagent d'une manière assez natu- relle en trois sous-genres ; le premier en renferme plusieurs qui nous ont paru fondés sur des caractères trop peu importans pour être conservés. Tels sont : 1." LES .TINGIS proprement dits. — Tiiigis ,Fa^. ^ Qui comprennent toutes les espèces à écusson caché, dont les antennes sent cylindriques , avec le dernier article plus gros que les précédens ou de là même grosseur, On peut y admettre les divisions suivantes : tf. Les Tingis vrais sontceux dont les côtés du cor- selet s'élargissent sous forme d'une membrane transpa- rente. . 1. LE TINGIS A CRÈTE. (PI. ^5, flg, 5.) Tingis cristata. Panz. 2 C'est un petit insecte dont le corps et les pattes sont ferrugineux , avec les côtés du thorax , la tête et les an- tennes obscurs : le troisième article de ces dernières est un peu plus clair; le corselet, surmonté de trois ca- rènes, forme au-dessus de la tête une sorte de petit ca- I. Etymologie incertaine. — Syn. Monanthia, Lep. et Serville j Piesma, Laporte, Burmeister ; Dictyonota, Cmtis. •3. Fauna germ.,fa^c. 99,«n.o 19. AllADIENS. 009 puchon [fig.-[^,a), transparent comme, les côtés de ce corselet et la totalité des élytres-; les nervures qui parcourent ces différentes parties sont d'un roux fer- rugineux. On trouve ce joli Tingisen France , dans les environs de Paris et en Allemagne. Sa longueur est d'une ligne et demie , et sa largeur d'une ligne environ. Observation. Une autre espèce, T. cardui , Fab. ^, n'a plus de renflement en capuchon sur le corse- let. Sa couleur est blanche ou jaunâtre en dessus, avec de nombreuses taches noires plus répandues* sur les bords élargis du corselet et des élytres. Le dessous de son corps est nojr, ainsi que la plus grande partie des cuisses et l'extrémité des antennes; le reste de celles-ci et des pattes est d'un jaune roux. Le corse- let offre dans sa longueur trois côtés saillantes à arête aiguë. L'insecte est long d'une ligne et demie. o - . • Do /2." Les Dictyonotes sont encore des Tingîs dont les' côtés du corselet sont membraneux, mais dont les an- tennes sont épaisses et revêtues d'aspérités nom- breuses. a. LE TINGIS' A GROSSES ANTENNES. (PI. ^5, fig. 6.) *ymgYscr^ssîC(7rms, F ALLEN. ^ Le corps, les antennes et les cuisses dé ce petit in- secte sont noirs ; ses jambes et ses tarses sont au con- traire ferrugineux. Le dessus de son corselet est jaune, et surmonté de trois carènes ou côtes a arête aiguë. 1. Syst. Rhyug. pag. 125, — Wolf. Icônes, pi. 5^ fig. 42. 2. Monogr. ciraicuDi Succiae, pas. 38. — Dictyonota crossiconiii. Cnr^ lis, Bristisli. Eiitoni., pi. i54 34o HÉMIPTÈRES-HÉTÉROPTÈRES. Les côtés élargis de son corselet et de ses élytres sont blancs avec des nervures noires. On le trouve dans une grande partie de L'Europe ; il a près de deux lignes de longueur et une environ de lafgeui;. y. Les Monantliies ne se distinguent des deux divi- sions précédentes que par l'absence de membrane sur les côtés du corselet. Tel est : . 3. LÉ TINGIS DU HOUBLON. (PI. 26, fig. 1.) Tingis liumuli,Ykv,A Le corps de ce Tingis est noir , excepté les bords , l'extrémité du corselet et les élytres , qui sont jaunes ; le troisième article des antennes, les jambes et les tarses sont d'un roux ferrugineux. Le corselet offre trois lamelles dont l'intermédiaire est la*plus longue. La plupart des nervures des élytres sont brunes ; telles sont en particulier celles de leur bord extérieur. Cette espèce est propre à l'Europe et se rencontre jusques en Grèce ; elle a une ligne et demie de lon- gueur. Observation. Une autre espèce de cette troisième division est le T. lœta, Fall.^, dont la couleur est noire sur la tête , le dessus du corps et presque tout le cor- selet; ce dernier aie bord antérieur et toute lap'arlie qui recouvre l'écussou de la couleur des élytres, c'est- 1. Syst. Rhyng., pag.. X'zG. — AcanUiia huinuli e]usd. , Ent. syst., t.IV, pag. 77- , 2. Monogr. cimic. Suec.,pag. 4o; ejusd., Hemiptera Sueciœ, pag.aoï. La même espèce a été décrite aussi par M. de Laporte sous le nom de Piesma tricolor (Essai sur la classific. des Hémipt., pag. 48} ARADIEN..S. 54 1 à-dire d'un jaune pâle. Les pattes sont d'un roux foncé et presque ferrugineux. La longueur de l'insecte est d'une ligne et un peu au delà. — La couleur du corselet* seinjDle avoir trompé M. de Laporte, qui assi- gne à cet insecte un écusson visible ; il aura pris pour l'écussou la partie du corselet colorée en jaune. Cet auteur a fait ainsi une fausse application du genre Piesma de l'encyclopédie, et M. Burmeister a suivi son exemple; les Piesmes de ces deux naturalistes ne peu- vent guère se séparer des vrais. Tingis. 2." LES EURYCÈRES. — Euryceru. Lap.^ On reconnaît aisément ce sous-genre à la structure singulière de ses antennes [pL 26, fig. 2, a), dont le troisième article a la /orme d'un cône renversé , et le quatrième est renflé dans toute sa longueur. L'écusson est encore caché sous la saillie du corselet comme dans le sous-genre des Tingis. La seule espèce que nous connaissions est, l'eurycère clavicorne. (PI. 26, flg. 2.) Eurycera davicornis. Lm.^ Elle a la tête, les antennes et le dessus du thorax noirs, tandis que le reste du corps est d'un roux pres- que ferrugineux. Le corselet, fortement ponctué, offre cinq côtes élevées, dont les deux extérieures sont les 1. Etym. fvpwç, Jarge; yJpaç, corne, aiiteDiie.— ^ S} n. pailie Ans Moncm- thia de M. Burmeister. 2. Clmex davicornis, Faun. suec, u.^gii. — Acanthia clcn>icornis^ Fab., Ent. syst., t. IV, pag. 70 ; — PanzerjTauaa germ., fasc. 23, ii.0 23. — Eurycera nigricornîs^lyAç. ^ Essai d'une classlfic. des Hémipl,, pag. 49- ù[\2 1IÉMIPTÈRK.S-HÉTÉROPTÈ11ES. plus courtes. Le bord latéral des élytres est orné d une série de taches blanches. On rencontre cette jolie espèce dans le midi de la JFrance, aux environiS de Paris et dans» une grande partie de l'Europe. Sa longueur est de deux lignes, et sa largeur de trois quarts dé ligne. • 5." LES piESMEs. — Piesma. Lep. et Serv.^ Ici viennent se placer les espèces de Tingis dont le corselet tronqué en arrière laisse à découvert Vécus- soji. Leurs antennes se rapprochent tout à fait de cel- les des Tingis proprement dits par la forme de leurs articles. Le corselet et les élytres ne s'élargissent pas sur les bords en forme de membrane. L'espèce, qui sert de type à ce groupe est , . . LE PiESME A GROSSE TÊTE. (PI. sG, flg. 5.) Piesma capitata. Wolf.^ Sa couleur est jaunâtre sur le corps , ef plus ob- scure en dessous. Sa tête, marquée de noir, offre en avant deux saillies ou-sortes de cornes, dont la couleur est jaune ainsi que celle des antennes. Le devant du corselet est d'un jaune assez vif; sa surface est en^ lièrement parsemée de points nombreux et profonds. Les élytres, ponctuées aussi, ont les nervures très saillantes, et se distinguent de celles des Tingis par I. Etym. tt.éIm, presser. —r Syn. 2oswe«£<5 , Laporte , Zosmerus (Bur- uieister). .a. Acantliia capitata. Icônes ciniiciim, pag. i3i, pi. laS. — Panzer? Fauna germ., fasc loo, n.p ig. — Une autre espècç est \ÎS. j/p l'absence de cette réticulation qui leur donne l'aspect d'une sorte de réseau. On trouve ce petit insecte en France et dans une grande partie de l'Europe. Il n'a qu'une ligne et un quart de longueur., sur un quart de ligne de largeur. Observation. Le P. quadricornis^hep. et Servr.^, que l'on rapporte à ce sous-genre, appartient aux vrais Tin- gis. Son corselet , moins pcolongé en arrière que dans lesTingis, forme seulement un lobe arrondi. Ce qui distingue surtout cette espèce, c'est la présence de quatre saillies ou sortes de cornes qui sont placées sur la tête et disposées sur deux rangs. Son corse- let est surmonté de cinq lamelles dont les deux extérieures sont obliques et plus courtes que les inté- rieures. La couleur de l'insecte est jaune, à l'excep- tion des antennes qui sont rousses, avec le dernier article brun. Sa longueur est de deux lignes et demie. GENEE PHLÉE. PHLXA. Lep. et Serv.2 Après les Tingis, doivent se placer les singuliers in- sectes que l'aspect inégal et la surface rugueuse de 1. Encyclopédie méthodique, l. X, pag. 653. . — Voyez, pour les au- tres espèces de Tingis en général : les Hémiptères de Suède de M. Fallen j le Manuel d'Entomologie de M. Burmeislerj l'Icones cimicum de Wolf; le Magasin de Zoologie de M. Guérin, t. I, n°^; le Bulletin des sciences naturelles de Ferussac, t. XXIÎ, pag. 470; et enfin , le British Entomology de M. Curtis.; 2. Etym. :f^oi5s, écorce. -j- Sy». Paracoris , Halin ; Phlœocoris , Bur- mcister. ' •)-|4 HKMIPTJi lUiS-HETliROPTÈRES. leur corps aplati ont fait comparer, à une écorce. Ils sont entourés, d'un rebord large et mince, presque ïnembraneux , comme dans la plupart des Tingis , et ont l'écusson découvert comlne dans le dernier sous- genre de ces insectes ; mais ils se distinguent de tous les groupes de cette famille, .sans exception, par leurs antennes formées de trois articles (pi. 26 , fig. l^, a). Leur bec, presque aussi long que le corps, et reçu dans un sillon qui s'étend jusqu'au dernier segment de l'abdomen, et la forme aplatie de leur corps, indi- quent chez eux des habitudes analogues à celles des Tingis. Mais les Phlées vivent dans les parties équi- noxiales.de l'Amérique, et leurs allures n'ont pas en- core été observées parles Naturalistes ; on sait seu- lement qu'elles se tiennent sous les écorces des arbres." Le "type de ce geiire remarquable, ou l'espèce la plus anciennement connue est, LA PHXÉE ÉCORCE. (PI. 26, fig. /f) P/ilœa corticalis. Drury ^. Dont la couleur.est d'un vert jaunâtre après la mort, avec de petits tubercules bruns répandus sur le corps, et deux lignes de même couleur sur chaque côté du corselet et de l'écusson. Le dessous de son corps est brun à l'exception du large rebord qui forme autour de lui une jolie ceinture jaunâtre. Ses cuisses sont brunes; le reste de ses pattes est jaunâtre, annelé de brun. Sa longueur est de près d'uil pouce. 1. Cimex corticalis, Exot. Ins., t. II, pi. ^o. — Phlœa cassidioides,hef. et Serv. Encycl. méth., t. X, pag. 1 1 1. — Ajoutez-y le Paracoris parado- xus, Hahn., Wanzenartig. Insekt. , p). 58, fig. 178. AllADIENS. 345 GENRE PHYMATE. PHYMAT A. LaTREILLE^. •. Les Phymates de Latreille , ou les Syrtis de Fabri- cius, c»' ce dernier auteur aimait à s'approprier la nomenclature, sont des insectes qui vivent de proie, ce que la vue seule de leurs pattes antérieures fait ai- sément deviner. La structure singulière de ces pattes rappelle celle des Naucores ; comme ces derniers, en effet , les Phymates ont les cuisses très grosses ," très renflées, avec la partie supérieure. amincie en formé; de lamelle tranchante; la jambe, forte et arquée, vient s'appliquer sur ce bord de la cuisse par son côté inférieur qui est lui-même tranchant [pL 26, fig. 5, a). Il résulte de cette organisation une sorte de pince à l'aide de laquelle l'insecte peut saisir ; les deux bords de cette pince sont même très finement dentelé*. Les jambes de devant supportent en dedans et avant leur extrémité, un tarse peu développé, qui s'applique sur la jambe quand l'insecte n'en fait point usage. Les Phymates se trouvent sur les. fleurs où ils don- nent la chasse à d'autres insectes. Leurs habitudes sont d'ailleurs peu connues. Leur corps est beaucoup plus épais que dans aucun des genres de la nïême fa- mille, et l'on pourrait peut-être les placer aussi bien dans celle des Coréens, avec lesquels ils ont de I. Syn. Syrtis, Yahiicïws. Ôl\b HÉMIPTÈRES- HÉTÉROPTÈRES. grands rapports, tant dans leur forme générale que dans la structure de leurs antennes; ces organe^ sont terrainés par un article plus gros que les autres, en forme de bouton plongé. L'insertion même de leur bec, dont la base est logée dans une gouttière profonde du dessous de la tête, les rapproche de quelques es- pèces de cette famille. Ce bec est cependant fort court; il ne dépasse pas l'origine des pattes antérieu- res, et les antennes sont d'ailleurs insérées un peu au- dessous du bord de la lête , ce qui éloigne tes Phy- mates des Coréens danS la méthode que nous suivons ici. Les Phymates semblent propres au continent amé- ricain. Le nôtre n'a présenté jusqu'ici que delix es- pèces de ce genre, qui appartiennent plus particuliè- rement aux Phymates proprement dits. 1." LES PHYMATES proprement dits. — Pliymata. Latr.^ Ils se reconnaissent à leurs antennes grêles et pres- que aussi longues que la tête et le corselet , dont le dernier article est ou plus grand ou plus court que les trois précédens réunis 2, et en forme de bouton alongé; elles sont logées dans un sillon situé siir les côtés du corselet, le long de leur bord extérieur. Leurécusson est petit, triangulaire; leur abdomen très élargi sur les côtés; les borfls de Jeur corselet sont plus ou moins dentelés , el; servent surtout à distinguer les espèces. 1. Etym. (fu/iâlfon, de jï/xa.-enûure. — Syn. jiartie de Syrtis de Fabi-i- ciusj Discomerus, Laporte. 2. Ce dernier caiactère a servi à M. de Laporte pour fonder le geure Discomerus, auquel se r.ipportcraieiit toutes les espèces, à l' exception* du Phymala crassipes. ARADIENS. >>4; LE PHYMATE A GROSSES PATTES. (PI. 26, fll,^ 5.) Pliymata crassipes. Fab,* C'est un insecte brun en dessus , et d'un jaune plus ou moins roux en dessous; ses pattes et ses antennes sont de cette même couleur. Les quatre premiers segméns de son abdomen sont bruns sur les côtés; les trois premiers ont leur bord d'un blanc ou d'un jaune d'ivoire et marqué de quelques points noirs. Sa tête est bifide en avant et son corselet présente en dessus des lignes longitudinales élevées et des sillons dans leur intervalle. Sa longueurest de quartre lignes, et sa largeur de deux et demie. Observation. Le P. wonstrosa, Fab.^, se distingue du précédent par les bords dentelés de son abdomen, dont les côtés des premiers segmens n'offrent pas de tache blanche. Sa tête à peine bifide est surmontée de tubercules ou d'épines sur les bords, et les côtés de son corselet sont très sinueux, dentelés et munis de plusietirs épines. Les lignes élevées du corselet .sont dentelées, ainsi que les bords de l'écusson et une li- gne longitudinale qui en parcourt le milieu. Sa lon- gueur est de trois lignes environ et sa largeur de deux. 2.° LES MACROCÉPHALES. MucrOCephciluS. SwEDERÙS ^. Les antennes très courtes, épaisses, formées d'ar- ticles globuleux, excepté le dernier qui est ovalaire; 1 , '^canthia crassipes. Eut. syst., t. IV, pag. 74. — Pan7,ér,Taun. gcrm , fasc. 20, n.° 24. — ■ Syrtis. crassipes,Sy si. Rliyng., pag. lai. 2. \Acanthia monstrosa. Eut. syst., t. l\ , i^a^, "j^.-^ Sfrlis moiistrosa, Syst. Rhyng., pag. 122. 3. Etym. aaxpH. long; Eçax» , tête. — Sy'n. Syrtis, Fabiicius. 348 HÉMIPTÈRES-HÉTÉROPTÈRES. Vccusson qui couvre, tout le corps; tels sont les ca- ractères qui séparent , au premier coup d'œil , ce sous-genre du précédent. Les antennes ne sont plus logées-, comme chez celui-ci, dans un sillon du cor- selet, car la tête est trop longue pour qu'elles puissent même y atteindre. L'abdomen est moins élargi que dans les vrais Phymates, et lés organes du vol sont ca- chés sous l'écusson , comme dans les Scuteilères. Tel est, LE MACROCÉ.PHALE CIMICOÏDE. (PI. ^6, fig. 6. ) Macrocephalus cimicoides. Swed.^ Dont la couleur est d'un roux brun , plus clair sous le ventre et les pattes. Il se reconnaît surtout à la présence d'u:ne tache alongée d'un jaune d'ivoire, si- tuée à la base de l'écusson :'Ja forme et la grandeur de cette tache offrent plusieurs variations. Cet insecte se trouve dans l'Amérique du nord, dans la Colombie et au Brésil. Il est long de quatre lignes et au delà, et large d'une et demie à deux lignes. HUITIÈME FAMILLE. LES CORÉENS. Parmi les Héniiptères que nous avons déjà passés en revue , la plupart tirent leur nourriture ' du sang I. Méin, de l'Àcad. des Sciences de Stockholm, année 1787, pag.. 181, pi. 8. — Syrlis manicata, Fith., Syst. Rhyug., pag. iiS. — Voyez, pour CORÉENS. . 349 des animaux; ceux qu'il nous reste à faire connaître, la puisent dans la substance des végétaux, et quel- quefois aussi dans le corps des chenilles et autres in- sectes sans défense. C'est pourquoi la division prop'osée par M. DumériU, et reproduite plus tard par M. de Laporte, des Hémiptères hétéroptères en deux grou- pes, suivant qu'ils vivent de substances animales ou de * sucs végétaux , ne peut être rigoureusement adoptée. • Les quatre dernières familles de cette section , sa- voir les Coréens, les Lygéens, les Scutellériens et les Myriens, mais surtout les trois premières, ont des ha- .bitudes communes. Elles se tiennent d'ordinaire sur les plantes, sur la tige des arbres, et quelquefois aussi dans les endroits abrités, tels que les fentes des murail- les, les cavités des pierres jetées à terre, et autres sein- blables. Plusieurs espèces vivent même en famille. On voit fréquemment, en été, des groupes plus ou moins nombreux de ces Hémiptères à tous les degrés de dé- veloppement. Ils se tiennent dans la plus complète immobilité pendant des heures entières, et, lorsqu'on s'en approche assez pour leur inspirer de la crainte , ils se dispersent en répandant l'odeur qui leur sert de défense, mais dont plusieurs sont néanmoins dépour- vus. Telle est en particulier cette espèce de la famille des Lygéens que nous décrirons sous le nom di!Astemme aptère^ et que l'on rencontre si souvent dans certains endroits. Ces quatre familles ont les tarses pourvus de deux les autres espèces de Phjmates, les ouvrages de Fabricius et de Wolf, et le Règne animal, édition anglaise, pi. gS, 6g* 4-. I. A'^oyez la Zoologie analytique Jt)0 HEMIPTERES-HETEROPTERES. appendices entre leurs crochets, mais celle des Co- réens se reconnaît à l'insertion dé ses antennes, qui sont situées en avant de la tête, sur la même ligne que les yeux et que le bord lui-même. Souvent leur tête est plate, et les antennes déprimées à leur base, semblent faire corps avec elle; ce qui donne aux espèces de cette famille un aspect tout particulier, et porte à regarder les antennes comme immobiles à leur origine. La forme anguleuse des articles dont elles se composent, a même valu à certaines espèces le nom de Gonocères. La figure de ces organes, ou plutôt celle de leur dernier article, est le meilleur moyen que nous ait donné la nature de distinguer les espèces entre elles. Ce n'est pas que les naturalistes n'en aient employé beaucoup d'autres ; ils ont, au contraire, ap- pbrté l'attention la plus minutieuse à l'examen des différentes formes de certaines parties de leur corps, et se sont ainsi laissé entraîner dans un labyrinthe de noms et de caractères; mais la plupart de ces carac- tères sont tout à fait dépourvus de valeur, et ne se retrouvent môme- pas dans des espèces d'ailleurs très voisines. En étudiant les Coréens, sous un point de vue plus élevé , en cherchant à saisir des rapports généraux dans la série des espèces qu'ils renferment , on trouve que tantôt le dernier article de ces an- tennes est ovalaire et semblable en petit au bouton de quelque fleur, et que tantôt il s'alonge, s'amin- cit et ressemblerait à un petit rouleau, s'il n'était un peu arqué. Dans le premier cas, cet article est aussi court, et quelquefois plus court que le pré- cédent; dans l'autre .cas il est plus long que lui.. Tels sont les caractères des deux genres principaux COREENS. Jbl que renferme cette famille, fort remarquable. à cer- tains égards, tels que celui de la grosseur des cuisses de derrière dans la plupart des mâles, surtout chez les espèces qui viennent des contrées les plus chaudes de l'un et l'autre continent. Si les épines robustes qui garnissent le côté intérieur dé ces cuisses ont pour but , comme. on l'a déjà vu dans plusieurs cas sembla- bles , d'empêcher la femelle d'échapper aux embras- semens du mâle, il faut convenir que ce but est par- faitement bien rempli. Souvent môme les jambes sont épineuses aussi ; quelquefois , au lieu d'épines , elles offrent de chaque côté une expansion mince, folia- cée , plus ou moins large , et qui contraste d'une ma- nière remarquable avec la forme longue et étroite des cuisseSi Ce disque membraneux des jambes de der- rière, donne aux insectes qui le présentent une appa- rence singulière, en ce qu'il semble destiné à faire l'office'd'une aile. 11 est presque inutile de dire que cet organe existant dans les deux sexes, son usage ne doit pas être le même que celui des épines qu'offrent les cuisses de la plupart des mâles. A l'exception de quelques espèces aquatiques de la famille des Népiens , celle des Coréens renferme les plus grands insectes de toute la section des Hétérop- tères. Leurs couleurs , généralement brunes ou jau- nâtres, sont quelquefois très vives, et, si lès nuances mé- talliques y sont rares, l'œil est dédommagé de leur peu d'éclat par le mélange heureux des diverses teintes. Là bizarrerie et la variété de leurs formes, que la na- ture a pris plaisir à diversifier, rend surtout ces insec- tes dignes de notre attention ; aussi les figures que nous en donnons ici suppléeront avec avantage aux 352 HÉMIPTÈRES-HÉTÉROPTÈRES. descriptions que le défaut de place nous a forcé de suppriragr. On peut généralement reconnaîti^e les sexes dans ces insectes à la forme du dernier segment de l'abdo- men cjui , dans les mâles , est entier et quelquefois renflé d'une manière très sensible; dans les femelles, aii contraire, il est fendu longitudinalement ou bifide. Quelques espèces d'Anisoscèles en particulier, faisant partie du sous-genre des Midis, ont à la base du ventre un ou plusieurs gros tubercules qui ne sont propres qu'aux mâles. Le tableau suivant présente, d'une manière som- maire, les difîerences essentielles sur lesquelles est fondée la distinction des divers groupes que nous admettons dans les Coréens. ip fRiiiia.131 apuiy INSECTES IX. HÉMIPTliREf-HETEROPTERES. GENRE NÉIDE. NEIDES. Lx'IREILLe'^. Ce petit groupe d'insectes pourrait se confondre , au premier abord, avec les Emèses, à causé de la forme étroite de son corps et de la longueur de ses pat- tes et de ses antennes. Mais les antennes des Emèse:^ se terminent en soie, comme dans tous les Réduviens, tandis que celles des Néides ont le dernier article en forme de bouton ovalaire. En outre , dans les Emèses, les pattes de devant sont organisées de manière à for- mer une sorte de pince, ce qui n'a pas lieu dans les Néides, où les Jambes antérieures sont aussi grêles que les autres et dépourvues d'épines. On reconnaît faci- lement ces insectes au renflement de leurs cuisses et du premier article de leurs antennes^ qui est plus gros à l'extrémité , et forme une sorte de petite massue. A partir de leur deuxième article, les antennes forment le coude d'une manière remarquable (./;/. 27, fig. 1 , a), et ce caractère suffit pour distinguer les Néides de tous les autres groupes de la même famille. La structure de ces insectes , et l'analogie qu'ils présentent sous ce rapport avec les Emèses, donnent lieu de croire que leurs habitudes sont les mêmes. Ils courent à terre, dans le gazon, et y donnent sans I. Etym.v», privatif j uS^a , je vois. — Syn. Ce/-;) 5. LE CORÉE A DÉCIIlPxURES. (PJ. 2^, flg. 5.) Coreus laciîûalus, Villeus *. C'est un joli insecte d'un jaune pâle, avec le corselet et chacun des lobes latéraux de l'abdomen traversés par une bande rose qui devient brune après sa mort; sa tête, les bords du corselet, ceux de l'abdomen, les cuisses, la base des antennes et des pattes sont hérissés d'épines; son corselet présente une échan- crure profonde au milieu du bord postérieur. On rencontre aussi ce Corée dans le nord de l'A- frique; il estlong.de trois à quatre lignes. «T. Les Syromastes n'ont pour caractère que la forme en losange de leur abdomen et la figure anguleuse des articles de leurs antennes. Tel est , 4- LE CORÉE CARRÉ. Coreus c/uadratas , Fab.^ Sa couleur est rougeâtre en dessus et d'tm jaune pâle en dessous; ses pattes sont pâles, et ses antennes rougeâtres avec le dernier article presque entièrement brun ; tout son corps est finement ponctué. Cette espèce est répandue dans une grande partie de l'Europe; sa longueur est de cinq à six lignes. 1. Entom., t. I, p. 4i3. — Coreus paradoxus,yVo\{, Cimic, pi. 19, fig. i84- — Le Coreus paradoxus de Fabricius se distingue surtout de ce- lui-ci par son corselet non prolongé en arrière. II est figuré dans Stoli, pi. i4,fig.ioi. 2. Ent. syst., t. IV, pag. lii. — Les C. rJiombeus et sitlcicornis, Fal», , ne s'en dislinguetit pas. 364 HÉMIPTÈRES-HÉÏÉROPTÈRES. î. Les Gonocères renferment une série d'espèces étrangères, dont les antennes sont grêles et le corps assez alongé; leur abdomen ne fait pas de saillie sur les côtés comme dans les précédens. Le type de ce groupe pour Latreille est , 5. LE CORÉE CHASSEUR. Coreus veiiator , Fab.* Sa couleur est rougeâtre en dessus et d'un jaune pâle en dessous ; il a les antennes entièrement, rou- geâtres et les pattes un peu moins foncées ; on le re- connaît surtout à la saillie anguleuse que forment les côtés de son corselet ; tout son corps est finement ponctué. Cet insecte habite surtout le midi de la France. Il est long de cinq à six lignes, et large de deux environ. t. Les. Oritères ^ sont des Corées exotiques , dont le corps est alongé et le corselet conique. Les mâles de certaines espèces ont les cuisses postérieures renflées. it. LesCfiondrocères ^ se reconnaissent à la forme des deux articles intermédiaires de leurs antennes, qui sont plus larges que les autres. 0. Les Charie&tères ^ ont pour caractère l'élargisse- ment total ou partiel du troisième article des antennes. 1. Elit, syst., t. IV, pag. 12S. 2. Peut-être les Homœocères de M, Burmeister. — Type : Oi itéras de- siructor, Hahn, Wanzen, pi. i, fig. 2. 3. Type: Chondrocera laticornis, Lap., Essai d'une classif. des Hémipt., pag. 45, pi. 53, fig. 7. 4. Type : Chariesleri/s gracilis , Lap., ibid., pag. 44 >P^' ^^j ^g- 7- — Ajoutez-y le Coreus antennator de Fabiicins qui en est très voisin . CORÉENS. 565 5." LES coRÉOcoREs. — Coveocoris. Hahn.^ Nous réunissons ici toutes les espèces dont \e der- nier article des antennes est en fuseau alongé et aussi mince que le précédent, dont il a ordinairement la longueur ; ces insectes ont l'abdomen en ovale élargi et dépassant les ély très sur les côtés ; dans certaines es- pèces, les cuisses postérieures des mâles sont renflées et épineuses. La plus remarquable de ce genre est , LE GORÉOCORE LUNULE. (PI. 27, flg. 6.) Coreocoris lunulatus. Lap.- Qui se reconnaît au prolongement latéral de chacun des côtés de son corselet , dont les bords sont dente- 1. L'étymologie de ce mot se compose du nominatif )-.op;ç, punaise, et de son génitif, zôpïwç. — Syn. Menenotus, Spartocera, hafoile; Sparlocerus , Discogoster ? et partie des Crinocerus, Burmeisler. 2. •Menenotus lunulatus, Classif. des Hémipt., pag. ^1. — Coreus cor- nutus, Perty, Delectus anim. articul., pag. 16g, pi. 33, Cg. i5. — Rappor- tez à ce sous-genre le Coreus butâtes, Fab. (Ent. syst., suppL, pag. 54o), qui paraît être le C. cinnamoineus, Halin, Wanzen, pi. 38, fig. 124, au- quel il faut peut-être aussi rapporter le Discogaster rhoinboiJeus,Burmei- ster, Manuel d'Entom, pag. 3i 5; enfin, le Coreus serrulatus , Perty, loc. cit.-, pi. 33, fig. 14, en paraît encore très Toisin. — Le C. sculptas de ce dernier auteur appartient aussi à ce groupe, ainsi que les C. calcara- tor et galeator de Fabricius, et le Crinocerus grylloides de M. Burmeister. — Voyez, pour les espèces de Corées, en général, les ouvrages suivans: le Magasin de Zoologie de M. Guéria; l'Iconographie du règne animal par le même j l'édition anglaise du Règne animal de Cuvierj le British Entomo- logy de M. Curtis; les Voyages autour du monde des corvettes la Coquille et l'Astrolabe; leA^oyage deM. deHumbold, dans l'Amérique équinoxiale; les Insectes d'Afrique et d'Amérique, publics par Palisot-Beauvois; ceux. d'Afrique, recueillis par M. Caillaud, et décrits par La treille ; le voyage'de MM. Spix et Martius ; l'Expédition scientifique de Morée ; les Observations 366 H É MI P TÈ K E S-ll É TÉ R O P TÈ R E s. lés irrégulièrement. Tout son corps est ordinairement noir à l'exception de l'abdomen qui est rougeâtre en dessus dans son entier, et sur les bords seulement en dessous. Dans la variété dont nous donnons la figure, la couleur de l'insecte est au contraire entièrement d'un fauve brun, avec des taches plus pâles sur les cô- tés de l'abdomen. Cet insecte n'est pas rare au Brésil ; il a environ un pouce de longueur et le milieu de son abdomen en atteint la moitié. GENRE ANISOSGÈLE. ANI SOSCELIS. LatREILLE. A l'exception de quelques espèces du premier genre, tous les Anisoscèles ont le dernier article des antennes plus long que le précédent. Le nom â'Jîiisosccle, qui veut dire jambes inégales, indique le trait le plus re- marquable de la structure de ces insectes , soit parce que leurs jambes de derrière sont presque toujours en disproportion avec les cuisses , soit parce que leurs zoologiques du DJ Meyer, dans le siippl. au t. XVII des Actes des cu- rieux de la nature de Bonn.; les Hémiptères de Suède, publiés sous forme de thèses par le professeur Fallen ; les Hémiptères décrits par M. Schilling dans l'ouvrage publié à Breslau par la Société des Natu- ralistes de Silésie , sous le titre de Beilraege zui; Entomologie; et , enfin , l'ouvrage de M. Hahn sur les Hémiplères-hétéroptèfes, qui se publie par petites livraisons. CORÉENS. 567 pattes postérieures , considérées dans leur étendue , sont plus longues que les deux premières paires. Les Anisoscèles l'emportent sur les Corées tant sous le rap- port de leur nombre et de leur grosseur, que par l'éclat de leurs couleurs, et la variété de leurs formes. C'est presque dire qu'ils sont étrangers à l'Europe, et en effet, le nombre des espèces indigènes est bien moindre que dans le genre précédent. Sans la loi que nous nous sommes imposée, de n'employer comme caractères de genres et de sous-genrès que la forme des organes aux- quels des variations moins fréquentes semblent assi- 2;ner une valeur ré.elle , nous aurions eu à présenter ici un grand nombre de divisions, admises dans les tra- vaux récens des Entomologistes; mais comme elles sont appuyées sur des différences trop légères , nous ne les avons pas adoptées. Quelques-uns de nos grou- pes seront, il est vrai, beaucoup plus riches en espèces, mais ils seront aussi plus faciles à caractériser, et leur connaissance ne restera plus l'apanage exclusif d'un petit nombre d'élus. Nous n'en admettons que sept parmi les Anisoscèles, savoir : 1." LES MICTES. Miclls. LeACH.^ Ces insectes se rapprochent du dernier sous-genre desCorées par la forme de leurs antennes, dont le der- nier article n'est pas plus gros que le précédent ; leur corps est alongé ; les côtés de leur corselet sont angu- leux et leurs cuisses postérieures sont très renflées I. ttymologie incertaine — Sjn. Lyi^ceus, Fabriciusj Ci inoceius , Bui- meisler; Acanthocerus^ Palisot-Beaii-vois; Hymvnyphera^ Lapoi*o. 568 HÉMIPÏÈRES-HÉTÉROPTÉRES. dans les mâles. Tel est le Micte profane , Midis pro- fanas, Fab.^, ainsi nommé par antiphrase à cause de la croix jaXine que présentent les élytres; il se trouve aux Indes orientales. Nous le figurons de grandeur na- turelle sous le numéro i de notre planche 28. 2.° LES PACHYLES. — Pacliylis. Lap. et Serv.- Qui renferment de grandes et belles espèces dont le troisième article des antennes est élargi en tout ou en partie, et le dernier mince et plus long, que le précédent. Le Mexique en offre une belle espèce , le Paghyle GÉANT (/>/. 2^,fîg. 2), Pac/iylis gigas,B\]fiM.^, dont le mâle a les cuisses postérieures plus renflées que dans les autres espèces du même groupe. 5.° LES ANisoscÈLES — Anisoscelis. Lat.^ Dont les antennes se terminent, comme dans le sous- genre précédent, par un article long et grêle ; elles n'ont pas le troisième article élargi. Tantôt les Anisoscè- Ics ont les cuisses postérieures fortement dentées et les jambes des mêmes pattes élargies dans toute leur lon- gueur, comme le montre I'Anisoscèle a pieds comprimés {pl.2S,fig. 5), Anisoscelis compressipes, Y Kv,.^ , belle es- I. Lygœus profanas, Sysl. Rhyug., pag. 211. — Midis cmcifera, Lcach, Zoological Miscellany, t. I, pag. 91. 2.* Etytn. 7ra>;vÀo^ , épais. — Syn. Lygœus, Fabricius. 3. Manuel d'Entomologie, t. II, pag. 338. .4. Etym. âviffcç, inégal j /. 28, fig. 5) A.nisoscelis caicarala, Lin.^, et I'Anisoscèle du géra- nium; Anisoscelis generanii , Dufour^. Celle-ci se dis- tingue de là précédente par sa grosseur et par la cou- leur jaune ou rougeâtre de ses jambes postérieures ; elle a d'ailleurs les cuisses beaucoup plus grosses et les jambes arquées, tandis que ces mêmes parties sont droites dans la première espèce". 4.° LES copius. — Copias. Thunberg.^ Sont des Anisoscèles à élytres transparentes dans toute leur étendue, avec les deux derniers articles des antennes élargis, comme dans la division des Chon- drocères parmi les Corées; leurs j^ambes postérieures sont ordinairement un peii élargies sur un de leurs côtés. Les espèces de ce groupe sont peu nombreuses et propres à l'Amérique équinoxiale; la plus répandue est le Copius bouffon; Copius histrio , Fab.'^, insecte du Brésil, dont nous donnons la figure sous le n.° 6 de la planche 28. 5.°LES HYPSÉLONOTES. — . Hypselonotus , Hahn.^ Se composent de petites espèces de l'Amérique équinoxiale, dont le dernier article des antennes e&t 1. Cimex calcaratus , Fauna suec, n." 968. — ^lydus'calcaratus,Tah., Syst. Rhyng., pag, 25i. 2. Anatpmie des Hémiptères, pag. 89, pi. 2, fig. 16. Ce sont des ^ly- dus des auteurs, auxquels il faut ajouter le genre Hypselopu's de M. Bur- meister. 3. Etym. xoîrîç, couteau tranchant. — Syn. A ly dus, Y abricms ; Holjnte- nia, Latreille.- 4. ./^/ytiMS Aw«rjo, Syst. Rliyng., pag. a 48. 5. Etym. v4«^«Ç. élevé; vôiloç dos. — Syn. Ly gœ us, Y ahncm s,. COllEENS. 071 plus gros , mais guère plus long que le précédent. Une d'entre elles , que l'on rapporte assez fréquemment du Brésil, est I'Hypsélonote veiné; Hypselonotus vejiosus, Fab. * ; nous la représentons un peu grossie , pi. 29, fig. 1 . 6.". LES STÉNocÉPHALES. — .Stenocep/iulus , Latr.^ Se distinguent de tous les précédens , parce que le premier article de leurs antennes est plus court que la tête. Les uns ont la tête terminée en pointe ; tel est le Sténocéphale badin {pi. 29, fig. 2); Sténo cep ha lus nugax, Fab.^, insecte des environs de Paris et de pres- que toute l'Europe ; les autres sont remarquables par leur forme étroite, et leur tête obtuse en avant; tel est le Sténocéphale des fossés ( pi. 29, pg. 5) ; Ste- nocep/ialus fossularum j, Fab. ''•, que l'on trouve dans le midi de la France et de l'Europe, tantôt avec les élytres et les ailes développées, comme le représente la figure citée, tantôt avec des rudimens d'élytres et sans aucun vestige d'ailes. 1. Lygœus venosus, Ent. syst., t. lY, pag. 142, auquel il faut rappoi'»- terle Lygœus striatuluf du même auteur, loc. cit., pag. 161, décrit de- puis comme nouveau sous le nom de dimidiatus, (Hjihn, Wanzen. pi 3o, fig- 97)- 2. Etym. rêVoç, éti-oit; xeifax», têle. 3. Coreus nugax , Syst. Rhyng., pag. 200. — Ly-gœus nugax, Ent syst., t. IV, pag." 162. C'est le y r ni ^^enr e Stenocephalusàe Latreille, publié depuis par M. Hahn sous le nom de Dicranomerus (Wanzen, 1. 1, pag. 22). 4. Hydrornetra fossularum, Syst. Rhyng., pag. 259. — Gerris fossu- larum, Ent. syst., suppl., pag. 543. C'est le genre Micreljtra de M. do Laporte, o\i Aclorus de M. Burmcister. M. Léon Dufour a décrit cet in- secte sous le nom à!Alydus apterus, dans son ^oatom.io dos Hémiptères pag. 41, et l'a représenté pi. 2, fig. i8. Ô']2 H E M I PT E R E S- H E T E R 0 P T E R ES. 7.'> LES MEROPACHYS. — Meropacliys. Lap.* Offrent dans la saillie des hanches de leurs pattes de derrière, un caractère qui les distingue de tous les autres groupes d'Anisoscèles. Quelques espèces ont l'écussonalongé et presque en forme de spatule; tel est le Mérophachys grêle (pL 2Q,fig- 4); Meropachy's gra- cilis y Burm.^, qui se trouve au Brésil; d'autres ont l'écusson triangulaire et forment le genre Pachymérie , Lap.^, ou Jrchimère, Bnrm.^ <»« «4 8-3 «e.»«^&g.&0^d^e:o.d«>â«««' NEUVIEME FAMILLE. LES LYCÉENS. Cette petite famille se compose du seul genre des Lygées, dont les espèces vivent sur les fleurs, sur les arbres, ou se cachent dans diverses retraites, soit cju'elles fuient la lumière du jour, soit qu'elles y recherchent les petits insectes qui s'y trouvent à l'état de larve. Les Lygées, en effet, comme cer- taines espèces des familles voisines , introduisent leur 1. Elym. /;H(çoî , cuissej irocxvi, épais. — Syn. Pachymeria, Laporte; Archimerus, Burmeister. 2. Manuel d'Entom, t. II, pag. 322. 3. Essai (l'une classification desHémiptèies, pag. 28. 4. Manuel d'Entom.," t, II, pag. 32 1. — Voyez, pour les espèces d'Ani- soscèles en général, les ouvrages que nous avons cités en note à la suite des Corées. LYCÉENS. • 373 bec dans le corps des larves , et les font périr en suçant toute la substance liquide qui s'y trouve renfermée. Quelques-uns, ou les Aphanes, plus généralement connus sous le nom de P^icAjmtT^s, présentent dans les épines qui garnissent le dessous de leurs cuisses anté- rieures, et dans la grosseur même de ces cuisses, une preuve de leurs habitudes voraces. Il semble en gé- néral que tous les Hétéroptères aient un penchant à se nourrir de sucs animaux, bien qu'on ait généralement adopté l'opinion contraire , au sujet de la plupart d'entre eux. Quelques espèces de Lygéens, au dire de certains auteurs , ne se nourrissent pas d'insectes vivans , mais bien de ceux qui commencent à entrer en putréfaction. Bien inférieurs aux précédens, sous le rapport de la taille, ces Hémiptères se font prin- cipalement remarquer j)ar la disposition de leurs cou- leurs , où dominent le rouge et le jaune , sur un fond ordinairement noir. Une seule espèce se distingué des autres par sa grande taille, c'est VAstemme géante • dont nous donnons ici la figure. La disposition des taches sur le corps de certains Lygées , leur a valu les noms, de chevalier et par extension de militaire, etc. ; et l'habitude qu'ont plusieurs espèces de vivre en pe- tites troupes, ou peut-être la multiplication prodigieuse de leurs races, leur a fait donner celui de familiaris et autres semblables. Une espèce indigène très répandue , appartenant à la même division que l'Astemme géant, est connue sous le nom d'Aptère;, par suite de l'état sous lequel on la rencontre le plus fréquemment ; cet in- secte est non-seulement dépourvu de la paire d'ailes qu'offrent les autres Lygées, mais la partie membra- neuse ou molle de ses élytres est elle-même complète- 574 IIÉMIPTÈRES-HÉTÉROPTÈRES. ment nulle. Lorsqu'on rencontre au pied des arbres les groupes nombreux de ce Lygée, qui ne se trouve guère qu'en famille , on est surpris de ne voir que des individus ou tout à fait aptères , et par conséquent à l'état de larve, ou présentant seulement la partie so- lide de leurs élytres ; c'est presque un phénomène que d'en trouver dont les organes du vol aient acquis tout leur développement. Dans certaines années cepen- dant, l'élévation de la température, plus favorable, sans doute, à leur développement, permet à ces insectes de parvenir à leur état complet. Il ne faut dpnc pas croire, comme l'ont pensé quelques auteurs, que cette espèce reste à l'état de larve , et peut s'accoupler ainsi ; elle est seulement dans le cas de certains Orthoptères, qui acquièrent tantôt leur entier développement, et tantôt un développement en apparence incomplet, sans être pour cela moins propres à perpétuer leur espèce. I^es habitudes du Lygée aptère cmt été étudiées avec soin par M. Hausmann , qui a publié le résultat de ses ob- servations dans un recueil allemand^. Ce travail étant fort peu connu en France , nous en donnons ici la tra- duction en ce qui concerne les mœurs de l'insecte. ' « Le Lygée aptère vit dans la saison chaude sur les troncs d'arbres . les buissons, les haies, les murailles, les pierres des tombeaux , mais le plus ordinairement sur la tige du tilleul. Pendant l'hiver, il se retire sous ï'écorce et la mousse des arbres , et sous les feuilles qui demeurent entassées au pied des arbres et des buissons. Souvent, dès les jours doux de dé- cembre et de janvier, certains. individus abandon- nent pour quelque temps leur retraite d'hiver. C'est j. Magasin tl'llligcr pour rEntoruolof^ie, t. I, pag. 229 cl suiv. LYGEJiNS. Ô75 ainsi que dès les 7 , 8 et 9 janvier de Tannée 1801, j'en ai rencontré plusieurs sur les boulevards de Got- lingue. J'en rapportai quelques-uns chez moi, mais il me fut impossible de les conserver vivans plus d'un jour, tandis qu'en été ils pouvaient en passer plusieurs ^ sans nourriture. C'est au commencement ou au milieu de mars que ces insectes se réveillent de leur en- gourdissement^. Pendant les premières semaines, ils se tiennent encore la plupart du temps sous les feuilles et ne paraissent qu'avec les rayons du soleil. Mais plus les jours s'adoucissent, plus on les rencontre fréquemment hors de leurs retraites. Depuis la fin de mars jusque dans le mois d'octobre, on les trouve pen- dant les jours de chaleur dès le grand matin et jus- qu'au coucher du soleil , dans tous les endroits déjà mentionnés. Ils s'y réunissent en grandes troupes et se tiennent serrés les uns contre les autres et souvent les uns sur les autres, la tête dirigée vers un point central. Vient-on à les toucher, ils se séparent promptement , courent ça et là, mais se réunissent bientôt comme au- paravant en un seul tas. Ils se tiennent sur la tige des tilleuls, à la partie inférieure du tronc, jusqu'à quatre pieds environ au-dessus de la racine , et sont constam- ment placés du côté du soleil. J'ai cru remarquer en 'outre que les jeunes individus, ceux qui n'ont pas encore atteint leur entier développement ,se tiennent immédiatement au-desstis de la racine et sur les ra- meaux qui en partent, tandis que les vieux, au contraire, se placent plus haut ; on ne les voit en outre que très rarement sur de jeunes arbres, mais bien plutôt sur ceux 1 . « En 1799, les premiers individus de cette espèce se nionticicnt eu avrii à Brunswick, mais dans les autres années, je lésai Uouvés bien plus tôt. » 3'jQ HÉMIPTJÈRES-HÉTÉROPTÈRES. dont l'écorce offre des fissures. Le nombre des indi- vidus qui vivent surjes mêmes arbres est très variable ; j'en ai souvent compté plusieurs centaines sur un seul tronc. Vers le soir et pendant les jours jin peu froids, , ds se cachent dans les fentes et les gerçures de l'é- corce et sous les feuilles qui garnissent le pied des arbres et des buissons. » Ces insectes se nourrissent généralement des sucs qu'ils puisent dans les feuilles tombées, dans l'écorce des arbres et dans le corps des insectes morts. Les feuilles qu'ils ont percées de leur trompe ressemblent à une crible très fm. Je n'ai jamais remarqué qu'ils se soient emparés d'insectes vivans pour se nourrir de leur substance. Ayant pris un jour un certain nombre de ces punaises , et les ayant laissé jeûner pendant plusieurs jours , je renfermai ensuite avec elles dans un vase, d'autres petits insectes vivans; mais elles ne les attaquèrent pas, bien qu'elles l'empor- tassent sur eux tant, par la force que par le nombre. Au contraire, leur ayant donné des mouches et d'autres insectes morts, elles se jettèrent dessus et même sur les cadavres de leur propre espèce , introduisirent dans le corps le premier article de leur bec, et en sucèrent avidement la substance. Comme elles n'ont pas besoin, ainsi que beaucoup d'autres insectes , de s étendre au loin pour chercher leur nourriture,. qu'au contraire elles trouvent pendanttout l'été des provisions suffisantes sur la tige d'un arbre et dans les feuilles qui tombent au pied des buissons, elles restent ordinairement tran- quilles dans un même endroit, excepté pendant le temps de leur accouplement. » L'époque de ce dernier acte n'est pas fixée pour LYGÉENS. 377 cette espèce comme ponr la plupart des insectes. La plus grande partie des individusqui passent l'hiver s'ac- couplent en avril et en mai, et un très grand nombre ne le fait qu'en juin , en juillet , en août et dans le commencement de septembre^. C'est pourquoi l'on trouve souvent en même temps et sur un même arbre, depuis le mois de juillet jusqu'à celui d'octobre, les œufs, les insectes imparfaits et les insectes parfaits. » Afin de pouvoir observer plus complètement la manière de vivre et en particulier l'accouplement de cette punaise , j'en renfermai un grand nombre dans un vase de verre , que je remplis à moitié de terre et que je couvris ensuite avec un morceau de gaze. J'ar- rosai la terré de temps en temps, et je la recouvris de feuilles mortes et de petites branches. De cette manière je pus conserver ces punaises vivantes pendant long- temps et les observer à mon aistî. » Dans l'accouplement, le mâle se place sur le dos; il saisit et embrasse la femelle avec ses pattes^ puis au bout de quelque temps, il se retourne et la suit partout à reculons 2. Je plaçai plusieurs couples dans des vases séparés , et je remarquai que l'accou- plement dure de trois à quatre jours sans interruption. Au commencement , les mâles et les femelles se 1. « En 1799, je trouvai les premiers accouplemenslestô avril et les der- niers au commencement de septembre. » 2. « De Géer a fait cette remarque sur d'autres espèces. Il dit que, dans l'acte de Taccouplement , les Punaises sont placées bout à bout ou dans une même ligne , les derrières attachées ensemble; le mâle se laisse ainsi entraîner par la femelle partout où elle marche, et ne se laisse pas volon- tiers séparer d'elle, au moins dans plusieurs espèces; car, dans quelques autres, j'ai observé qu'elles se séparent nu moindre attoiichemrnt, t. III, pag. 242, pi- i3, fig. if). » ayS IIÉMIPTÈRES-HÉTÉROPTÈRÉS. séparaient au moindre attouchement, mais lorsqu'il durait depuis quelque temps déjà, je pouvais les tou- cher, les saisir, les tourmenter sans qu'ils se séparas- sent. De Géer dit, à l'endroit déjà cité, que les mâles de quelques punaises se séparent difBcilement de la femelle pendant l'accouplement , et que dans d'autres espèces il a remarqué le contraire. Ne peut^ on pas en donner pour explication que , dans le premier cas , l'accouplement durait déjà depuis long- temps, tandis que dans le second , il ne durait que depuis quelques heures. » Le corps de la femelle s'élargit déjà pendant l'accouplement, et à la fin de cet acte, il a acquis un développement au moins double de ce qu'il était auparavant. La femelle se traîne lentement çà et là pendant quelque temps, et dépose ensuite dans les lieux humides, sous les feuilles, environ vingt œufs, disposés en un petit tas. Ces œufs ont la grosseur d'une demi ligne ; ils sont ovales , d'un blanc couleur de perle , très lisses et brillans. Il est très probable que les mâles et les femelles périssent bientôt après l'ac- couplement , car je ne pouvais plus alors les conserver vivans que pendant un temps fort court, et j'ai remar- qué d'ailleurs que le nombre de ceux que j'avais vus dans les lieux où ils vivaient en troupes si considéra- bles était bien diminué. » Les œufs acquièrent peu à peu une couleur plus bleuâtre et grossissent de plus en plus d'une manière insensible, jusqu'à l'éclosion des jeunes punaises , qui a lieu au bout de six à huit semaines^. Celles-ci* sont I. «Si tous les œufs donnaient naissance à une petite Punaise, cl si toutes celles qui éclosent demeuraient en vie , cent couples de ces in- LYGÉENS. 379 d'abord molles et blanchâtres, et ne prennent leur consistance et leur couleur qu'à l'air libre. Elles sont longues d'une ligne et ont déjà à peu près la forme de l'insecte parfait, si ce n'est que leurs hémélytres sont encore très courtes , noires et réunies à l'écusson. Ce dernier est noir comme dans l'insecte parfait , mais il offre au milieu une ligne longitudinale rouge. La tête est toute noire ainsi que le corselet, qui est bordé de rouge en avant et en arrière. L'abdomen est entière- ment rouge ; ses troisième et cinquième segmens ojffrent en-dessous une tache noire arrondie. L'anus et les pattes sont noires; celles-ci présentent des taches rouges sur toutes leurs articulations. Lorsque les jeunes punaises ont atteint deux lignes et demie de longueur, elles changent de peau pour la première fois. La peau se fend longitudinalement sur la tête et le corselet ; la punaise sort par cette ouverture , et se présente sous une enveloppe nouvelle, en se dépouillant peu à peu de l'ancienne. Son corps est d'abord mou et blan- châtre comme la première fois, mais au bout de quelques heures il. acquiert toute sa fermeté et sa colo- ration. Les hémélytres sont plus longues et plus poin- tues qu'auparavant, et chacun des segmens de l'abdo- men offre en dessous trois taches noires. Dans cet état. sectes qui vivraient en une seule troupe, produiraient après quatre gé- nérations , deux millions d'individus. Mais, d'après les observations que j'ai faites sur ce sujet, il n'éclot guère que la moitié des oeufs j ainsi, sur deux mille de ces oeufs que pondent cent femelles dans un été, il n'y en a que raille qui réussissent. Mais comme le nombre de ces Punaises est chaque année à peu près le même, on doit admettre que cent couples, par exemple, passent l'hiver et se propagent l'année suivante, tandis que les quatre cents couples r'estans deviennent la proie des autres animaux , ou périssent dt quelque manière que ce soit. » 58o HÉMIPTÈRES-HÉTÉROPTÈRES. la punaise croît jusqu'à ce qu'elle ail atteint la grosseur de quatre lignes ; elle se dépouille alors pour la seconde fois. L'écusson perd sa ligne longitudinale rouge, et le corselet au contraire se montre avec le bord postérieui» de cette même couleur ; les hémélytres s'alongent. Quand la punaise a acquis dans ce second état la lon- gueur de quatre lignes et demie à cinq, elle se dépouille encore, mais pour la dernière fois^, et parvient alors à l'état parfait. Les hémélytres acquièrent leur partie membraneuse et perdent leur couleur noire à l'excep- tion de deux taches; les pattes perdent aussi leurs taches rouges des articulations, et les segmens de l'ab- domen leur couleur rouge, à l'exception de leur bord latéral. »Ces individus devenus parfaits, s'ils ne deviennent la proie de quelqu'autre animal^ vivent ainsi jusqu'à l'année suivante et c'est alors qu'ils propagent leUr espèce. » Parmi les propriétés de cette punaise , il est à re- marquer que l'odeur désagréable que répandent la plupart de ses congénères, estàpeine-prononcée chez elle. Il y a d'ailleurs peu de choses à dire au sujet de l'utilité de cette punaise et des dommages qu'elle peut causer. Le nombre prodigieux de ses individus et leur profusion dans la nature, laissent à présumer qu'elle doit jouer un grand rôle dans son économie; ce qui rend cette opinion plus probable, c'est que cette es- pèce sert à la nourriture d'un grand noulbre d'oiseaux et d'autres insectes; elle aide d'ailleurs à la destruc- tion des feuilles et des insectes morts, qui autrement I. « Lçs individus ailés se dépouillent quatre fois, et n'acquièrent leurs, ailes qu'à la dernière mue. » LYGÉENS.. 38ï tomberaienten pourriture. Au contraire, les dommages qu'elle nous cause sont assurément très peu appré- ciables. » Les espèces de Lygées sont nombreuses , et quoique les contrées équinoxiales de la terre en nourrissent beaucoup , la plupart sont propres aux climats tempé- rés et même froids de l'Europe. Les femelles sont d'une fécondité prodigieuse , comme le prouvent les bandes innombrables de certains Lygées que l'on rencontre partout; elles déposent leurs œufs sur les feuilles, et les y fixent à l'aide de la matière agglutinante qui les enveloppe à leur sortie du corps. On distingue en gé- néral le mâle de la femelle par la présence d'une fente longitudinale qui se remarque sous le dernier segrrient de l'abdomen de celle-ci. C'est un caractère analogue à celui que nous ont ofifert les Corées, et nous le re- trouverons encore dans les familles suivantes. Les Lygéens présentent dans la position de leurs antennes, un ^caractère qui les distingue de la famille précédente; elles sont situées au-dessous d'une ligne idéale , tirée des yeux au bord de la tête. Leur der- nier article est ordinairement plus gros que les autres, et représente un bouton alongé, une sorte de fuseau ; la longueur du premier article varie , et offre , ainsi que la présence ou l'absence des ocelles et quelques autres caractères, des données à l'aide desquelles on peut reconnaître les différens groupes exposés dans le tableau suivant : LYCÉENS. 583 Nous allons passer en revue les caractères descliffé- rens groupes énoncés dans le tableau précédent. i.°LEs ASTEMMES. — Asteiiima. Lep. etSERV.^ Ce's insectes se reconnaissent à la longueur du pre- mier article des antennes , et à l'absence d'ocelles ou yeux lisses. Certaines espèces, propres aux contrées équatoriales , ont le corps o.valaire, assez large, et le corselet en cône tronqué , sans rebord aigu ni relevé sur les côtés; tel est FAstExMME a ailés rouges [pi. 29, fig. 5) ; yd stemme rufipennis, Lap.^, insecte du Brésil, remarquable par la couleur rouge de ses élytres, dont la partie membraneuse est noire comme tout le reste du corps. D'autres espèces, beaucoup plus nombreu- ses, se distinguent par les bords relevés et aigus des côtés de leur corselet ; telle est la belle espèce des Indes orientales, connue sous le nçm d'AsTEMME géant [pi. 29, fig. 6); Astemma grandis, Gray.^; telle est encore l'espèce si commune en Europe et même aux environs de Paris, et dont nous avons étudié plus haut les habitudes ; elle porte le nom d'AsTEMME aptère [pi. 3o, fig. 1); Astemma aptera , Lin.^ 1. Etym. a privatif; rkixixa., ocelle (par extension). — Syn, Dysderus , Boisduval; Ly'i^œus, Fabricius. 2. Essai d'une classif. des Hémipt., pag. Sg. — C'est le genre Euryoph- thalmus de M. de Laporte, ou Largiis de M.Hahn. 3. Animal K,ingdom, pi. 92, fig. 3. — C'est le genre Pyrrhocoris do M. Fallen, et OdontOftus de M. de Laporte. 4. Cimex aplerus , Syst. uatur., t. H, pag. ^27. — C'est le genre Mega- notus de M. de Laporte, ou Platynotus, de M. Schilling. 584 IlÉMLPTÈllES-IlÉTÉROPTIiUES. 2." LES ACINOCORES. ^ cinOCOnS , VLAïlfiA Ce sous-genre se compose de quelques espèces qui ont encore le premier article des antennes' très long, mais qui présentent deux ocelles, ce qui les distingue desprécédens. 3.°LESLYGÉES VRAIS. LygŒUS. F AB.^ Ici viennent se placer quelques espèces tant euro- péennes qu'étrangères, ordinairement variéesde rouge et de noir ou de jaune et de noir; on les reconnaît à la brièveté du premier article de leurs antennes, qui est plus court que la tête, et à la grosseur égale de leurs trois paires de pattes; toutes sont pourvues d'ocelles. Nous figurons comme type : . LE LYGÉE MOLITAIRE. (PI. 3o, fig. 2.) Lygœus militaris. Fab.^ Joli insecte rouge avec deux bandes longitudinales noires sur la tête et le corselet, et une bande transver- sale sur les élytres. Il a les pattes, les antennes et l'écus- son noir; sa poitrine est noire avec trois taches routçes de chaque côté , et le bord des segmens de son abdo- men est également noir. Cette espèce paraît répandue dans tout l'ancien con- tinent ; c'est le plus grand des Lygées indigènes; sa longueur est de sept lignes et sa largeur de deux et demie. 1. Etym. âxivii, nom d'une plante; xop/ç, Punaise. — Type: Acinocoris ca/trfj(5, Hahn, Wanzen ,pl. 64. fig. iy4- 2. Etym. M/yaîoç, obscur. 3. Ent. syst., t. IV, pag. 147. LYGÉÊNS. 58'5 Observation. Les autres Lygées que l'on trouve en France, sont : L. equestris. Lin. *, qui a le derrière de la tcte, les bords antérieur et postérieur du corselet , l'écusson, la poitrine , les pattes et les antennes noires; une bande noire traverse ses .élytres , dont la partie membraneuse est obscure et lacbée de blanc comme dans l'espèce précédente. — L. saxatilis , Lin. ^, qui a deux bandes noires sur la tète et le corselet, et dont 1 ecusson , le tour, de la partie solide des élytres et un point sur le. milieu de cette partie, sont noirs , ainsi que les pattes, les antennes et les bords des seg- mens, tant du thorax, que de l'abdomen en dessous; la partie membraneuse des élytres est entièrement ob- scure. — -L. familiaris.Vdh.'^ , qui a la tête, l'écusson, les pattes, les antennes et un gros point sur chaque élytre, noirs, ainsi que trois bandes longitudinales sous le tho- rax et trois séries de points sous l'abdomen; la partie membraneuse des élytres est bordée de blanc. — Enfin le L. punctum , Fab.'^, qui a la tête, l'écusson , les an- tennes, les pattes, le dessous du thorax et le bout de l'abdomen noirs, ainsi qu'une bande transversale et in- terrompue sur le corselet, et un petit point sur le milieu de chaque élytre; la membrane de ces der- nières est tachée et bordée (te blanc. — On a séparé dès vrais Lygées quelques espèces qui doivent y rester, et dont le caractère consiste seulement dans la petitesse des insectes qui s'y rapportent et dans la transparence presque complète de leurs élytres. Tel est le Lycée 1. Fauna suce, n.° 948. — Panzer, Faiin. gcrm., fasc. 79, n." 2. Syst. nat., t. II, pag. 727. — Panzer, ibid., n.» 22. ■ 3. Ent. syst,, t. IV, pag. 149. — Panzer, loc. cit., fasc. 70, o.» '. 4. Ent. Syst., t.lV,pag. — Wolf, Icon., pi. 8, %. 70. i\srx.TF.s. IX. 25 386 HÉMIPTÈRES-HÉTÉROPTÈRES. DU RÉSÉDA, Lygœus resedœ Panz.*, petit insecte jaune, avec les côtés du corps, la tête et le devant du corse- let obscurs. 4.° LES CYMES. — Cymus. Hahn.- Ce sous-genre renferme plusieurs petites espèces analogues aux dernières du groupe précédent par la consistance des élytres, mais dont le dernier article des antennes est. renflé et forme un bouton ovalaire ; tel est : LE CYME FAUVE. Cymus glandicolor. Hahn.' Dont la couleur est d'un jaune pâle, avec le dernier article des antennes obscur ; la membrane de ses élytres est tout à fait transparente. Cet insecte se trouve dans une grande partie de l'Europe ; il n'a guère que deux lignes de longueur. 5." LES SALDES. — Salda , Fab.'^ La largeur remarquable delà tête, la grosseur des yeux, leur forme ovalaire, et en général l'aspect large et aplati du corps, sont les seuls caractères qui distinguent ce sous-genrt des précédens; il a le dernier article des antennes renflé, mais plus grêle que dans le sous-genre des Cymes. L'espèce la. plus remarquable de ce groupe est : l.Faun. germ.jfasc. 4o, n.o 20. — C'est le genre AnOiocoris deM.Fallen, ou Cymus, de M. Burmeister. 2. Etym.? xii/*a, calamité. 3. Wauzen, pi. 12, fig. 45. 4. Etymologie incertaine. — Syn. OphOialmicus ^ Schilling, Hahn ; Geocoris, Fallen. LYGÉENS. 587 LE SALDE A TÊTE ROUGE. (PI. 5o, fîg. 5.) Salda erythrocephala. Lep. et Sekv. '^ C'est un insecte noir , parsemé de gros .points sur le corselet, l'écusson et sous la poitrine; ses élytres offrent deux ou trois rangées obliques de- semblables points. Sa tête., ses pattes et son bec sont d'un rouge vif; le dernier article de ses antennes et d'un jaune pâle. On le trouve dans les parties méridionales de la France; sa longueur est d'une ligne et demie, et sa largeur d'une Kgne. 6." LES APHANEs. — yJphanus. Lap.- Ici se placent toutes les espèces qui ont, comme les Lygées et les deux groupes suivants, le premier article des antennes fort court, mais qui se distinguent par leurs cuisses antérieures plus grosses que les autres , et ordinairenient épineuses en dessous vers leur extrémité. Un grand nombre d'entre elles ont la forme de VAstemme aptère; tel est I'Aphane de Rolander ; Aplianus Rolandri, Lin.^, insecte remarquable par sa livrée toute noir, sur laquelle ressort une tache jaune, placée sur la partie membraneuse des élytres. — On a formé un genre particulier avec quelques espè- ces dont les bords du corselet ne sont pas aigus ; tel est 1. Encycl. métliod., t. X, pag. 32 1. 2. Etyni. a. privalif^ ipaÎK» , je luis, — Syn. P.achyinerus, Lt^pelletier et Serville, Habn, Burnieister; Plalygusler el Pachymerus, Schilling; 5/t5«/*? Burmeisteij #//tvo/,o/«fl, Lapoi tf. 3. Faim, suec, n.^957. 388 HÉMIP.TÈRES-HÉTÉROPTÈRES. J'aphane de l'ortie, Aplianus iirticœ, Fab. ^ insecte vert avec le milieu du ventre, la base des pattes, et les élytres jaunâtres, au moins en partie. — Enfin, quelques espèces de très petite taille que l'on peut grouper au- tour du Lygœus sylvestris, Fab.^, et du Lygœm lava- terœ * du même auteur, ne paraissent pas devoir être séparées du sous-genre des Aphaneis. 7.° LES MYODOQUES. MyodocllUS , Lat/ Ce sont des insectes que l'on reconnaît facilement à leur tête étranglée en arrière et supportée sur un col long et étroit; ils ont les cuisses antérieures renflées et armées en dessous de quelques épinçs vers leur ex- trémité. Leur aspect est plutôt celui d'une Réduve que d'un Lygée, mais l'insertion de leurs antennes les place dans cette famille à .côté du sous-genre des Aplianes, qui nous offre également des cuisses anté- rieures renflées. Le type du groupe qui nous occupe est: LE MYODOQUE SERRIPÈDE (PI. 5o , fig. 5). Myodoc/ius serripcs. Oliv.^ Tout son corps est noir, avec les élytres fauves et 1. Ent. syst., t. IV, pag.166. — Figuré dans l'ouvrage de Hahn, pi. 1 1. C'est le genre Helero^oster de Schilling. 2. Ent. syst., t. IV, pag. 166. — SalJa syluestris, Panzer, Faun. germ., fasc. 92, n.o 21. 3. Ent. syst., t. IV, pag. 70. — Ces deux espèces et autres analogues se rapportent au genre Leptoineris,'La^ovte. Il faut y ajouter les Pedeti- cus àvL même, ou les Hylophila Stephens, Hhinariiis, Hahn, ainsi que les Xflccoris, DuHour (Ananl. Soc. Entom., t. II, pag. io4), JVœogeus, Lap. et les Microphysa, Weslwood (ibid., t. III, pag. 642, pi. Vî, fig- 3). — Le G.Platycoris, Perty'(Delectus anim. articul., pag. 176, pi. 34, fig.io), doit également se placer ici, ainsi que ]e Bedui>ius brachiatus. du même auteur, pag. 173, pi. 34, fig. lo. 4. Etym. fivïcB, mouche; .Toxéu, je parais. 5. Encycl, méth , t. VIII, pag. 106. — Voye?., pour les espèces de SCUÏELLÉRIENS. 589 brunes, bordées de blanc dans leur partie solide. Ses antennes sont jaunes avec la base et l'extrémité brunes , ainsi que la base de la trompe et le bout de toutes les cuisses; le reste des pattes et de la trompe est jaunâtre. Cet insecte a quatre lignes de longueur; on ignore quelle est sa patrie. Observation.Lsitre'ûleaivait, dans l'origine, rapporté à ce genre trois espèces figurées dansde Géeret qui n'en font plus partie; la première Cimex tipuloides, de Géer, pi. 55, fig. 18, forme le genre Leptocorise dé Latreille , (.voyez plus haut, page 569); la deuxième^ C. trispinosus de Géer, ibid, fig. Î9, se rapporte au genre Alyde; et la troisième, C. fulvipes , de Géer, ibid. page 2 1 , appartient à celui de Pacliymire. DIXIÈME FAMILLE. LES SCUTELLÉRIENS. Le nom de cette famille indique son caractère ; chez elle, en effet, l'écusson [scutellum), prenant un dé- veloppement inconnu jusque là, s'étend sur l'abdomen et le recouvre soit en entier, soit dans la plus grande partie de son étendue ; de là le nom de Scutellère, que Lygée en général, -les ouvrages cités à la suite du genre Corée, et de plus les Mémoires de l'Académie des Sciences de Stockholm, an. iSigj ceux de la Société royale de Danemarckj les Dissertations entomologiques de Thunberg, et les Annales de Sciences physiques. jgO HÉMIPTÈRES-HETEROPTÈRES. portent plusieurs de ces insectes. Si les Scutellériens joignaient à l'éclat de leurs couleurs, tantôt métalliques et brillantes, tantôt rehaussées des tons les plus vifs, la grande taille des Corées et des Anisoscèles, ils l'em- porteraient en beauté sur ces insectes , chez lesquels la bizarrerie des formes compense les avantages d'une brillante enveloppe ; mais à l'exception de quelques espèces, leur taille est médiocre , ce qui ne les empê- che pas d'exhaler une odeur plus fétide qu'aucun au- tre Hémiptère. Les espèces de nos contrées sont, comme on le pense bien, les moins grandes et les moins belles de toutes, et l'on doit regarder comme un bonheur que la taille d'un insecte ne soit pas en rapport avec l'abondance de ses sécrétions , car, dans ce cas , les Scutellériens des contrées chaudes du globe seraient des insectes les plus nuisibles; au con- traire, d'après le rapport des voyageurs qui ont exploré les régions brûlantes du globe, lés plus grandes espèces ne sont pas plus odorantes, et l'on peut ordinairement les saisir sans avoir à surmonter le dégoût qu'inspirent la plupart des nôtres. Les Scutellériens se tiennent sur les plantes où ils vivent quelquefois en famille. Les femelles gardent , dit-on, leurs petits avec une grande sollicitude, et sont obligées de les défendre non-seulement contre les au- tres insectes, mais contre la voracité des mâles. Au lieu de s'enfuir comme elles font d'ordinaire lorsqu'on s'en approche, elles s'agitent alors en tous sens et répandent leur exhalaison fétide pour écarter l'ennemi. Si le mâle ainsi repoussé rencontre quelque chenille, il ne tarde pas à venger sur elle l'accueil peu gracieux de sa femelle; il introduit son bec dans le corps du timide animal et SCUTELLERIENS. ô^l ne l'en retire que gorgé des sucs qu'il renferme. Ce genre de nourriture paraît à ces insectes plus succu- lent que la sève des plantes et que le parenchyme de leurs feuilles ; ils s'en accommodent pourtant faute de mieux, comme ceux des familles précédentes. L'accouplement des Scutellériens n'a pas lieu de la même manière que celui des Corées et des Anisoscèles, Leurs pattes, comme celles des Lygéens, sont trop courtes, et leur corps généralement trop large pour que le mâle se tienne sur le dos de la femelle. Les deux sexes se placent donc bout à bout, et rien n'est plus or- dinaire que de les trouver ainsi sur les feuilles, le mâle étant remorqué par la femelle , dont la volonté plus puissante , en raison de sa grosseur , impose un frein à «elle du mâle qui doit en suivre la loi ; quand le moment de la ponte est venu , la femelle se place sur une feuille et laisse tomber ses œufs un à un , en les disposant d'une manière symétrique sur plusieurs ran- gées transversales ; ces œufs , au nombre de vingt, et au- delà, sont fixés par une de leurs extrémités à l'aide du gluten qui les enveloppe. Leur forme est ou ovalaire ou. en barillet , c'est-à-dire ayant les deux bouts ap- platis , ou même de figure différente, suivant les es- pèces. Ils sont lisses , de couleur variée , le plus ordi- nairement verts ou blanchâtres, et tantôt noirs, tantôt revêtus de petits poils, de petites épines très courtes, ou ornés de dessins qui simulent une sorte de réseau ; mais ce qui rend surtout leur structure plus digne d'intérêt, c'est le petit opercule qui ferme leur extré- mité libre, et qui est tantôt plat, tantôt hémisphéri- que, en forme de petite calotte , et presque toujours entouré d'une sorte de bourrelet , soit continu, soit .)C)2 IIEMIPTERES-HETEROPTERES. composé d'une suite de petits tubercules. La cou- leur de ce bourrelet est plus pâle que le reste de l'œuf. Quand la petite larve veut en sortir, elle n'a qu'à sou- lever cet opercule , qui reste attaché comme par une charnière au corps de l'œuf ; on pourra juger de cette curieuse structure , analogue d'ailleurs à celle de cer- tains œufs d'Orthoptères de la famille des Phasmiens, par la figure que nous en donnons sous le numéro 2 a, de la planche 3 1 ^. •On reconnaît ordinairement les femelles , dans cette famille d'insectes, à la fente longitudinale que pré- sente le dernier segment de leur ventre ; il existe à ce "même segment dans le mâle, un certain- nombre de pièces latérales symétriques, qui font l'office de volets, et dont les deux premières sont les plus grandes et les plus faciles à observer. Rien n'est plus variable, dans les Sculellériens, que la forme du corps ; il est large ou étroit , aplati ou con- vexe , carré ou ovalaire , anguleux ou obtus , sui- vant qu'on examine l'une ou l'autre de leurs espèces, qui sont d'ailleurs très nombreuses. Tantôt leur tête est pointue , tantôt elle est arrondie , ou entière , ou échancrée et dentée ; leur trompe est courte ou alongée , leur abdomen et leur sternum tantôt pourvus d'une carène, tantôt sans aucune saillie. Si l'on voulait s'en tenir à la forme du corps, pour diviser cette famille en plusieurs genres , on en mul- tiplierait le nombre au-delà de toute expression , et l'on ne trouverait pas dans les organes de ces insectes des caractères qui vinssent les justifier. 1. Cimex /unipennus, hïnné^ Fauaa suce, n.° q3o. SCUTlLLLÉRiHNS. ^95 Aussi nous nous sommes borné i\ fonder les carac- tères de nos sous-genres sur le nombre des articles des antennes, sur leur mode d'insertion , sur le déve- loppement complet ou incomplet de l'écusson, et sur le nombre des articles des tarses , sans compter quel- ques modifications dans la structure des pattes. Les autres caractères exprimés dans les livres d'Entomolo- gie, ne nous ayant paru propres qti'à établir un peu d'ordre dans les espèces pour arriver plus facilement à les connaître, nous n'en avons pas tenu compte dans le tableau de nos divisions, que nous présentons ici, et que nous ferons suivre de quelques développemens. s 3- ™ a> --■ — 3 2, =? 3 re o -• 3 S" o r o 3 (T a' "0 H: 3^- D S Gn Ci &3 ►ri K) a 3 C5 O H g fq ^ Cl • > t^ H c^ o H Tm to c^' t« O 3 S ç^ •s k 5-, ^..j r/> O w O ts Z w CAi O W M H i— (■ ::2 >► «5 . *n O c >- ^ r^ z M rd H w O M C/2 r/i n • (^ H W M M ^ ■ W ^x*. C/3 SjCUTELLÉRIEINS. >)93 1." LES TESSARATOMES. — Tessaratomci. Lep. et Serv. ^ Ce groupe, peu nombreux, renferme les plus grandes espèces de cette famille> et se reconnaît au nombre des articles de ses antennes qui n'est jamais que de quatre. On y a établi plusieurs genres qui n'en doi- vent être regardés que comme des divisions. Le type de ce sous-genre est , LE TESSARATOME A PAPILLES. (PI. 3o, fig. 5. ) Tessaratoma papillosa. Fab. ^ Grand et bel insecte entièrement jaune , à l'excep- tion des pattes et des antennes qui sont brunes. Le dessous de son corps est plus brun que jaune', et son corselet s'avance au-dessous de l'écusson, dans les deux sexes. Chacune de ses cuisses est ornée de deux épines vers l'extrémité. On le trouve aux Indes-Orientales. Il atteint jusqu'à un pouce et demi de longueur. Observation. Quelques espèces se font remarquer par la petitesse du dernier article de leurs antennes, et quelquefois aussi par la saillie des côtés de leur corselet. Tel est le mégymène denté, Megymenam den- iatum, Boisd.^ insecte propre à l'Australie , et dont 1. Etym. TECTo-apa, quatre ; «,«», secliop, — Syn. Onconieris, JEuslheiies, Laportej Dinidor, haforte, ou Dinocoris, BarmeÈster , Megynienum, Gué- rin, ou Ainaurus, Bmmeïsiei ; A^apophyla, Guérin, et Aielocera,'Lxç. 1. Edessa papillosa, Syst. Rhyng., pag. i5o, figuré dans StoU, pi. i, fig. 2. 3. Voyage de l'Astrolabe, Entomologie, 2. «^partie, pag. 632, pi. li, fis. II. ^9^ llÉMIPTÈRES-IIÉTÉfiOPTÈRES. nous donnons la iigure sous le n.° 6 de la planche 5o. 2." LES PENTATOMEs. — Pentatoiiia. Latr,^ Ce sous-genre renferme un 1res grand nombre d'es- pèces qui ont toujours \es antennes composées de cinq articles, et la trompe ouïe bec logé à son origine dans une coulisse dont les bords sont saillans. On peut y établir un certain nombre de divisions, suivant que le sternum est caréné, telles sont les Edesses, ou plat comme la plupart des Pentatomes ; ou suivant que la tête est avancée, comme dans les Halys et les P/iyllo- céphales; mais la plupart des espèces indigènes se rap- portent à la division à laquelle on pourrait laisser le nom de Pentatome , dont le sternum est plat et la tête peu saillante. 11 faut en excepter quelques-unes dont la suivante est le type , et sur lesquelles on a fondé le genre Acanthosome; elles ont le sternum re- levé en carène. Tel est; LE PENTATOME BIÉPINEUX. (PI. 5 1 , ilg. 1 . ) Pentatoma hispina. Panz.^' Cet insecte est remarquable par la saillie des angles r. Etym. ttsits cinq; TOfj.ti, section — Syn. Raphigaster,'LaY>orle ; Edessa, Fabricius, (genre restreint par les auteurs modernes, et auquel il faut rap- porter celui de Clinocoris, HahnJ ; Empicoris, Hahn ; Halys, Fabricius, Latreille et autres (genre auquel semble devoir se rapporter celui d^Hete- roscelis , Latreille), Phyllocepliala , Megarynchus. Brachyslethus, Aspongopus, Eurydema, Laporlej Acanthosoma^ Curtis; Arma, Jalla; Tropicoris, Strachia, Eusarcoris, Hahn ; partie du genre Slirelrus, Bur- nieister, et la plus grande partie de celui de Cimex de Fabricius. 2. Cimex bispinus, Faun.germ., fasc. 24» o" ^^^ SCUTELLERIENS. 597 latéraux de son corselet , qui forment de chaque côté une très grosse épine noire , tandis que son corps est jaune ainsi que les pattes et les antennes. Cependant une partie du premier article de celles-ci, le dessus de la tête et le milieu de l'écusson sont noirs. Le corselet, l'écusson et IjCS élytres sont parsemés de petits points enfoncés et noifs. On trouve cette espèce en France et dans une grande partie de l'Europe. Elle a cinq lignes de longueur,» et deux et demie.de largeur, mesurée au milieu de l'ab- domen. Observation. Les espèces indigènes sont beaucoup trop nombreuses pour que nous puissions en donner la description ; nous figurons seulement comme type des Pentatomes à sternum plat, le Pentatome a pieds ROUX, [pL 01, fig, 2), Pentatoma rufipes. Lin. ^ qui est brun en dessus, avec le bout de l'écusson orangé. Le dessous de son corps, ses pattes et la plus grande partie de ses antennes sont d'un jaune roux. On le trouve autour de Paris. 3." LES sciocoREs. — Sciocons. Fallen.^ Nous comprenons sous le nom de Sciocores, toutes les espèces dont la base des antennes est cachée par un rebord saillant de la tête qui prend une forme plus ou moins discoïdale (de là le nom de Discocépliale, qui a été donné à certaines espèces ) ; ou dont le bord est quelquefois découpé, comme dans celles que l'on a i.C/mex ;7i/îpei, Fauna suec.,!!." 922. Figuré dans Wolf, pi. i, fig- 9. 2. Etym. cma., ombre; ■/oft%. Punaise. — Syn. Discocephala, Dryptoce- phalits, Laporte; Storîhia, Perty. 398 HÉMirTÈRES-IIÉTEROrXÈRES. appelées Dryptocép/mles. Nous en trouvons en France une espèce qui est , LA SCIOCORE BORDÉE. (PL 3 1 , fig. 3.) Sciocorisinarginaia. Vk^A Insecte brun en dessus, pâle en dessous, avec le milieu du corps et une tache vers le bout du ventre, de couleur bronzée; il se fait surtout remarquer par la bordure blanche des angles antérieurs de son corse- let et de la base de ses élytres. Il a les pattes ornées de points noirs et les deux derniers articles des antennes marqués d'un anneau de la même couleur. Sa longueur est de trois à quatre lignes, et sa lar- geur de deux à deux et demie. 4-° l'Es CYDNES. — Cydnus, Fajb.^ Le caractère essentiel des espèces de ce sous-genre consisté dans les épines nombreuses qui garnissent toutes leurs pattes ; celles de devant sont ordinaire- ment plus larges que les autres , et leur tête offre un bord saillant et revêtu de poils raides ; les trois der- niers articles de leurs antennes sont ovalaires, ce qui leur donne une apparence presque moniliforme ; tel est. 1. Ent. syst., suppl., pag. 523. — Figuré dans Panzer, Faun. gcrman., l'asc. 33, n.o i4, «"t dans Wolf, ïcon. ciraic, pi. 10, fig. 96. 2. Etym. x« Scutellera hottentota, Fab.*, et la Scu- tellère maure , Scutellera maura , Lin. ^. L'une et l'autre sont de coulaur fauve ou jaunâtre, mais on dis- tingue la dernière de la précédente par les deux sillons longitudinaux de la tête qui s'étendent Jusqu'au bord antérieur. Ces espèces et les deux précédentes auraient pu se grouper dans un sous-genre distinct, à cause de la saillie qui forme en dessous le bord antérieur de leur prothorax, si ce caractère ne se retrouvait pas, à di- vers degrés de développement, dans, le plus grand nombre de Scutellères. — Un autre groupe que l'on a établi sous le nom de Podops Lap. ^, ne se distingue que par ses yeux plus saillans. 7." LES oDOPjTOscÈLEs. -:- Odontoscelts ,La.t. ^ Outre les caractères des Scutellères , les espèces de ce sous-genre ont encore les Jambes épineuses comme les Cydnes; leurs antennes sont semblables à celles de ces derniers insectes., dont ils sont les analogues parmi les Scutellères. Tel est : 1. Ent. Syst. t. IV, pag. 87. 2. Fauna suec, 0.091 3. — Fab., Syst. Rhyng., pag. i3ti. 3. Essai d'uue classif. des Hémipt., pag. 72. 4. Etym. oJ'oït , dent 5 «, éclatj Kopiç, punaise. 4o4 HÉMIPTÈRES-HÉTÉROPTÈRES. (pi. 35, fig. 1, a), constituent le caractère de ce sous- genre. Il est peu nombreux en espèces et a pour type l'AuGOcoRE DE GoMEz , .Augocoris Gomesii, Burm. ^ (/?/. 33j fig. i), insecte du Mexique et du Brésil, qui varie par le nombre des taches du corselet et de 1 ecus- son et. par la couleur de la tête ; celle-ci est quelque- fois sans tache et quelquefois bronzée à la partie an- térieure. lo." LES PLATYCÉPHALES. — Platycephula ., hA?.^ Ce dernier sous-genre de la famille des Scutellériens se distingue de tous les précédens par ses tarses qui ne sont formés que de deux articles (pi 33, fig. 2, a). 11 se compose d'espèces assez remarquables par leur forme convexe et-plus large en arrière qu'en avant; leur tête large et étroite est encore un des traits qui les caracté- rise ainsi que le peu de longueur du deuxième article de leurs antennes [fig. 2, 6). Tel est le petit insecte connu sous le nom de • PLATYCÉPHALE GLOBE. (PI. 33, fig. 2.) Platycephala globus , Fab.'^ Dont la couleur est bronzée avec les bords de l'ab- domen , une tache sur le côté de chacun de ses seg- i.Manuel d'Entom., t. II, pag. 396. 2. Etyni. TrAiaTvç , large; x.iifu.kri , tête. —Syn. Thyreocoiis, 'Burmeister :, Brachyplatys, Boisduval ; Globocoris, Hahn; Coptoso.na, Laporte. Le genre Canopus de Fabricius, sur lequel M. Lefebyre a publié un Mémoire plein d'intérêt (Magasin de Zoologie, t. V, pag. ia6j, semble formé sur des larves, et doit sans doute se rapporter à ce sous-genre. 3. Ent. syst., t. IV^pag.88. — Voyez, pour les espèces de Scutellères, MIRIENS. qo'ô mens, les genoux, les tarses et la base des antennes pâles ou jaunâtres. Il est rare autour de Paris , et se trouve plus ordi- nairement dans le midi de la France. Sa longueur est de deux ligues et sa largeur d'une et demie. ONZIEME FAMILLE. LES MIRIENS. Cette famille , ou la dernière de la section des Hé- téroptères, renferme" des insectes assez nombreux en espèces , mais dont les formes sont très peu variées. L'éppque de leurs transformations , celle de leur ponte , etc. , ne sont pas encore connues. On les trouve sur les plantes ou dans le gazon, et ils se nour- rissent, selon les uns , de sucs végétaux, tapdis que selon d'autres , ils s'attaquent aux insectes eux- mêmes. Les Miriens, cependant, n'ont rien dans la structure de leurs pattes qui indique chez eux des habitudes carnassières; ils sont, au contraire, dépour- vus de toute espèce d'armes , et ne peuvent attaquer les autres insectes qu'avec leur bec. Leur texture est généralement molle, et la partie solide de leurs élyr très est plus colorée , mais non plus dure que leur en général, les différens ouvrages que nous avons déjà cités au sujet des Co- rées, des Anisoscèles et des Lygées, et de -plus V American Entomalogy do Say, eties Zoologicat Miscellany deLeach. 4o6 HÉMIPTÈRES-HÉTÉROPTÈRES. partie membraneuse. Leurs antennes sont autrement conformées que dans les trois familles précédentes , avec lesquelles les Miriens forment un petit groupe , à cause de la structure de leurs tarses : elles sont or- dinairement sétacées ; leur dernier article se termine en pointe fine et offre peu de solidité ; dans le pre- mier sous-genre seulement, les deux premiers articles des antennes sont beaucoup plus gros que les deux autres et comprimés : ils forment , avec ces derniers , un contraste qu'exprime leur nom. Enfin, pour ache- ver ce qui concerne la structure extérieure des Mi- riens , le ventre des femelles se termine par une tarière bien visible, et quelquefois très saillante. Cette conformation, dont nous avons indiqué des traces dans les familles précédentes, va se retrouver désormais dans la plus grande partie des Hémiptères- homoptères , auxquels les Miriens semblent faire le passage sous ce rapport. La place que doit occuper cette famille peut d'ailleurs donner lieu à des opinions difîerentes. Ainsi, la considération de leurs antennes, qui se tçrminent par un article grêle et délié, pourrait leur faire trouver des rapports avec les Réduves , et si l'on n'avait pas égard à la structure des crochets des tarses, on pourrait les en rapprocher ; mais il faudrait alors adopter une marche toute difierente de celle que nous avons suivie et renvoyer dans la famille des Co- réens le genre des Phymates, et peut-être aussi ceux des Tingis et des Arades, afin de placer les Miriens à la suite de la famille des Réduviens , que l'on ferait suivre ou précéder du seul genre des Punaises propre- ment dites. Nous avons éprouvé quelque regret, il faut l'avouer, à rejeter ainsi les Miriens tout à fait en MI RIENS. /|07 dehors des autres familles de cette section des Hémip- tères, et nous avons assez exprimé combien nous pa- raissaient grands les rapports qui lient les Phymates aux Corées, puisque nous les avons placés les uns à la suite des autres. Il ne restait plus dès lors d'autre place pour les Miriens que celle que nous leur assignons ici, et dans laquelle cette famille semble bien plutôt se lier avec les suivantes, par la saillie de la tarière des femelles et par la forme sétacée des antennes, qu'elle ne paraît tenir à celles qui la précèdent. Quoique les Miriens présentent dans leurs carac- tères fort peu de variations , puisque nous n'y adop- tons en tout que trois sous-genres, cependant les proportions de leur corps , tantôt large , tantôt étroit, quelquefois linéaire et quelquefois ovale , ont porté certains naturalistes, dans ces derniers temps, à les partager en plusieurs groupes qu'ils n'ont pas craint de regarder comme des genres. La conformation des antennes, dont le deuxième article a quelque ten- dance à s'épaissir à l'extrémité, a donné lieu égale- ment à la formation d'un geilre distinct, sous le nom de Capse, qui bien que mieux formé en apparence, n'est cependant pas plus admissible que les autres , à cause du passage insensible qui existe entre les espè- ces à antennes tout à fait sétacées et celles dont le deuxième article est renflé au bout. L'examen succes- sif des diverses espèces, et la place différente que les auteurs eux-mêmes assignent à plusieurs d'entre elles, font voir d'une manière certaine que les genres qu'ils ont admis ne méritent pas de l'être , puisqu'on ne sait où arrêter les caractères qui doivent les faire distinguer. 4o8 HEMIPTÈRES-HÉTÉROPTÈRES. ^ Les Miriens sont répandus dans la plus grande par-: lie de l'Europe , dont ils habitent surtout les contrées froides ou humides ; on en connaît fort peu qui nous viennent des régions «quinoxiales du globe. Aussi la Suède, l'Allemagne et la France sont les pays où l'on en a jusqu'ici le plus signalé. Leur taille est petite ou médiocre, même parmi les espèces exotiques, qui ne se font remarquer que par des couleurs plus bril- lantes. Le tableau suivant présente les caractères des trois groupes que nous admettons dans cette famille et dont la réunion constitue le genre des Miris. TABLEAU . DE LA DIVISION DE LA FAMILLE DES MIRIENS , EN GENRES ET EN SOUS-GEKRES. / simples; comprimées i \ la base. HETEROTOMA. 1 antennes CUISSES J postérieures^ sétacées MIRIS. f renflées. EURYCEPHALA. 1." LES HÉTÉROTOMES. — Hetevotoma. Latr.^ Ce petit groupe renferme lés espèces dont les deux 1. Etym. îTffs;, qui diffère ; rki^va^ je coupe, d'où ToiJ-tm , aiticle. — MIRIENS. 4^9 premiers articles des antennes sont beaucoup plus larges que les autres, et dont le deuxième surtout est comprimé dans toute sa longueur. 2.° LES MiRis proprement dits. — M iris. Fab.^ Nous comprenons, dans ce sous-genre, toutes les espèces qui n'ont pas les cuisses postérieures renflées et dont les antennes sont sétacées. Tantôt le corps est long et étroit , comme dans le miris vert, [pi. 33 , fig. 3), Miris virens, Lin.^, et qui est tout vert ainsi que l'indique son nom ; tantôt le corps est plus large , comme dans le Miris de Carcel ( pi. 35 , fig. 4), Miris Carceli, Dufour^; joli insecte rouge, avec les pattes et les antennes noires ainsi que la tête, deux points sur le corselet , deux taches sur chaque élytre, la poitrine et trois larges bandes longitudinales sur l'abdomen; tantôt, enfin, le deuxième article des antennes est renflé vers l'extrémité , comme dans le MIRIS A COL FAUVE [pi. 33, fig. 5), Miris flavicollis, Fab^. , qui est noir, avec la tête, le corselet et les pattes fauves. Type : Lygœus spissicornis, Fab. Ent. Syst., t. IV, pag. 18 1 . — Panzer, Faun. Germ. fasc; 2, n." 16. — Capsus spissicornis, Fab. Syst. Rhyng, pag. SiJB. 1. Etymologie incertaine. 2. Syst. nat. t. II, pag. 730. — C'est le genre Chorosoma, Curtis, ou Slenodema, Laporte, qui correspond à ceux de Phylus, Lopus et Cylleco- ris, Hahn. 3. Anat. des Hémipt., pag. 5o. — C'est le genre Phytocoris , Fallen, Hahn, Burmeisler, ou celui -de Lygus, Hahn, olim, auquel il faut réunir les Polymères du même auteur. 4. Ent. syst., t. IV, pag. 178/ figuré dans Wolf, Icon. cim., pi; 4? fig. 32. — C'est le genre Capsus de Fabricius. 4lO HÉMIPTÈRES-HÉTÉROPTÈRES. 3." LES EURYCÉPHALES. — Eurycephula. Lap.^ Ici viennent se placer quelques petites espèces qui ont la tête aussi large que le corselet et les antennes longues et grêles. On les reconnaît surtout à la lon- gueur .de leurs jambes de derrière, et à la grosseur des cuisses de cette même paire de pattes, qui sont organisées pour le saut. Tel est : l'eurycéphale aptère. (PI. 35, fig. 6.) Eurycephala aptera,Ijm.^ Dont la couleur est d'un vert bronzé obscur, avec le devant de la tête roux, et les antennes jaunâtres ainsi que les pattes , à l'exception des cuisses posté- rieures qui sont presque entièrement d'un vert bronzé. Cet insecte est dépourvu d'ailes , et ses élytres n'ont pas cette portion membraneuse de leur extrémité que l'on remarque dans les autres espèces. On le trouve dans une grande partie de l'Europe, et en particulier aux environs de Paris. Sa longueur est d'une ligne, et sa largeur de trois quarts de ligne en- viron. 1. Etym. tipvt, large j itsip*^» tête. — Syn. Haïtiens, Attus, Hnhn-^ La- bops , Burmeister; ^5ïem/wa, Lalreille. 2. Faima Suec, n.» 894 j figuré dans Wolf, Icon. cimic, pi. i3, fig. i2?. — Voyez, pour les autres espèces, les ouvrages déjà cités. FIN DU TOME NEUVIÈME. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS LE NEUVIEME VOLUME. ORTHOPTERES Pag. i FORFICULIENS II Forficule 22 Blattiens 3 1 Blatte 44 PseuJomops 56 Polyphage 57 . Corydie. 69 Phoraspe 60 Mantiens .• 61 MaDte 71 Héléronytarse 76 Erémiaphile 77 Mante = Ib. Phasmiens 81 Phasme 96 Cyphocrane 1 o4 Aplope 1 06 Bactérie.. . Cladôxère. 107 109 Bacille Ib. Pachymorphe / . . . m Eurycanthe .* 112 Tropidodère 1 1 3 Phyllie . 1 14 l\\2 TABLE. Prisope Pag. 1 15 Xérosome.. . 1 16 Phasme Ib. Perlamorphe 1 1^ LOCCSTIENS 1 18 Sauterelle ï 3o ProchUe i'34 Ptérochroze 1 35 Pseudopliylle 1 36 Acanthode 1 38 Platyphylle Ib. Polyancistre '. 1 ^g Mécopode 1 4o Phyllophore i-4 * Aspidonote ; 1 4' Phanéroptère . . . i45 Scaphuie 1 4S Gymiiocère Ib. Xiphidion i46 Sauterelle ^ 1 47 Dectique i49 Méconème .... 1 5o Acripèze. . i Sa Bradypore 1 54 Barbitiste j55 Mégalodon l56 Saga. 1 58 Listroscèle 1 6o Grryllacris Ib. Schizodactyle i6i Grtlliens i63 Gryllon l68 acanthe . ^74 Phalangopsis 17^ Platydactyle \'^Q> Gryllon ">. Sphérie •...;. 1 00 Taupe-Gryllon 181 Tridactyle IQ^ AcKiDiENS .• 199 Proscopie 211 Criquet 2 15 TABLE. 4^5 Tryxale Pag. 216 Painphage 218 Trybliophore * . 219 Dictyophore 220 Pneumore 22 1 Tératode 222 MonacLidie 2^3 Criquet 224 Phlocère 229 Ommexèque IL. Tétrix , 23o 233 Hémiptères-Hétéroptères 239 NOTONECTIEKS "^kl Coiise 249 Notonecte 252 Ploè 255 Népiens • 256 Ranatre 260 Nèpe 263 Bëlostome "i^^ Naucore 26g Galguhews • 272 Galgule • 274 Pélogone 276 Leptopodiens 279 Acanthie 280 Leptope 282 VÉLIENS 285 Vélie 291 Microvélie agS Hèbres 296 Gerris 297 Hydromètre • • 3oa RÉDUVIENS 3o5 Ploière 3io Réduve ■ • 3i3 Zélus 3i6 Apiomère. 3 1 8 Réduve , K»- 4l4 TABLE. Sténopode Pag. SaS Pétalochire 3a4 Conorhine Ib. Cimbe 3^5 Holotrichie Ib. Lophocéphale Ib. Holoptile 3a6 Aradieiss Ib. Punaise • 33o Arade 333 Brachyrinque 334 Arade 335 Tingis 337 Euiycère 34l Piesme ■ 34^ Phle'e 343 Phymate 345 Macrocéphale ' 34? Coréens 348 Néide 354 Corée 356 Mérocorise 357 Corise • 358 Pseudophléc 359 Corée • 36o Coréocore 365 Anisocèle 366 Micte 367 Pachyle 368 Anisocèle Ib. Copius 370 Hypsélonote Ib. Sténocéphale 371 Méropachys 372 Lycéens Ib . Astemme 383 Aciaocore 384 Lygée Ib. Cyme 386 Salde Ib. Aphaue 387 TABLE* l\lS Myodoque '. Page 388 ScDTELLÉRlENS 889 Tessaratome SgS Pentatome 896 Sciocore 897 Cydiie 398 Stirètre , 4^0 Scutellère ^oi Odontoscèl e 4*^^ Peltophoie 4^3 Augocore Ib. Platycéphale 4^4 MiRiErrs ^oS Hétérotome 4^8 Miris 409 Eurycépliale i 4' ^ FIN DE LA TABLE. ^*^w ^w^ ^^IN?^^ ■^: ^i-* '^9- %*•: m m^ir